Skip to main content

Full text of "Sainte Bible de Vence : en latin et en français avec des notes ..."

See other formats


"^'^f'.imeo)  , 


Digitized  by  tine  Internet  Arciiive 

in  2009  witii  funding  from 

University  of  Ottawa 


littp://www.arcliive.org/details/saintebibledeven23pari 


lAlMf  1  TOUI 


EN  LATIN  ET  EN  FRANCAIS. 


TOME  XXIII. 


IMPniMFRIE  DE  E.  D13VERGEB  , 
rue  tie  Verneuil,  n"  4. 


SAINTE  BIBLE 

EN  LATIN  ET  EN  FRANCAIS, 


DES  NOTES  LITTERAIRES,  CRITIQUES  ET  HISTORIQOES,  DES  PREFACES  ET 
DES  DISSERTATIONS,  TIREES  DU  COMMENTAIRE  DE  DOM  CAtMET  , 
ABBE  DE  SENONES ,  DE  l'aBBE  DE  VENCE ,  ET  DES  AUTRES  ACTETTRS 
LES  PLUS  CELEBRES,  POCR  FACII.1TER  t'lNTELLIGENCE  DE  l'eCRITTJRE 

saihte; 

(Bnrif  l)if  Ir'un  :^tUi6  rt  tfi  Cartas  ^h$tap\)iqnes. 
GINQUIEME  ilDITION, 

SOICKSUSEMBKT  BEVCE,  ET  ACGMENTEE  d'cK  CRAKD  NOMBRE  DS  HOTES 

PAR  M.  DRACH  ,    RABBIN  COKVEBTI  , 

ET  E>r.lCHIE  DE  ROUVEtLES  DISSEBTATIORS. 

TOME  VINGT-TROISliME. 


PARIS, 

MiQUIGNON-HAVARD ,  LIBRAIRE , 

RUE  DES  8AI>"TS-PEBES.  >"  10. 

BRUXELLES , 

MEMB  MAISOK  ,  HCE  DE  LA  CBAXCELLERIE 

.1830. 


iJUL  2  ^  iS37 


SAINTE  BIBLE. 

PREFACE 
SUR  LA  PREMIERE  EPITRE 

AUX  THESSALONICIENS. 


I  «EssALONiQUE  etoit  la  capitale  de  \a  Macedoinc.   Saint  Qu^'s  etoicnt 
Paul  ayant  ete  appele  de  Dieu  pour  pr^cher  dans  cette  pro-  'cs  Thessalo- 
vince  '  ,  vint  d'abord  a  Philippes  ,  ou  il  precha  d'abord  ceue?p",tre" 
rEvangilc.  Oblige  de  sortir  de  cette  ville ,  il  passa  par  est  adressee. 
Ainphipolis  ,  par  Apollouie  ,  et  vint  a  Thessalonique ,  ou  Quelle  fut 
il  y  avoit  une  synagogue  de  Juifs  ^.   11  avoit  alors  avec  lui  •^'•^s,'®^"^ 
Silas  ,  et  peut-etre  Timothee.  11  entra  dans  la  synagogue ,  quel  en  est ' 
et  parla  aux  Juifs  durant  trois  jours  de  sabbat.  Quelques-  lesujet. 
unscrurent,  et  se  joignirentalui,  comme  aussiune  grande 
multitude  de  Grecs  craignant  Dieu  ,  et  plusieurs  femmes 
de  qualite.  Mais  ceux  d'cntre  les  Juifs  qui  etoient  demeu- 
res  dans  I'incrednlite  exciterent  du  turaulte  ,  et  vinrent 
pour  forcer  la  maison  de  Jason ,  chez  qui  Paul  et  Silas 
s'etoient  retires.  Ne  les  ayant  point  trouves,  ils  trainerent 
Jason  et  que!ques-uns  des  freres  devant  les  magistrats  ,  les 
accusant  de  troubler  le  peuple,  et  d'etre  rebelles  a  Cesar. 
Jason  et  les  autres  donnerent  caution,  et  les  magistrats 
les  laisserent  aller,  Des  la  nuit  suivante,  les  freres  con - 
duisirent  hors  de  la  ville  Paul  et  Silas  pour  aller  a  Beree. 
BientAt  apres,  les  Juifs  de  Thessalonique  apprirent  que 
Paul  pr^choit  a  Beree,  el  ils  y  vinrent  emouvoir  le  peuple. 
Les  freres  se  haterenl  de  faire  sortir  Paul ,  et  le  conduisi- 
rent  par  mer  jusqu'a  Atbenes,  ou  ils  le  quittdrent,  apres 

•  Jet.  XM.  9.  elseqq — ^  Act.  ivii.  i.  el  %eq(i. 
23.  , 


avoir  recu  ordre  tie  iui  dc  dire  a  Silas  et  a  Timothee,  qui 
etoient  restes  a  Beree ,  qu'ils  vinssent  le  troiiver  au  plus 
tot.  11  paroit  que  Timothee  fut  le  seul  qui  vint  I'y  trouver ; 
car ,  par  cetle  epitre  meme  ,  nous  apprenons  que  Paul 
ayant  su  ,  apparemment  par  ce  disciple  ,  la  persecution  a 
laquelle  les  fideles  de  Thessalonique  avoient  ete  exposes  , 
resolut  de  denieurer  seul  a  Athenes ,  et  de  leur  envoyer 
Timothee  \  afin  qu'il  reconnut  I'etat  de  leur  E^lise,  et 
qu'il  les  exhortat  a  dcmeurer  fermes  dans  la  foi.  Pendant 
le  voyage  de  cc  disciple  ,  Paul  sortit  d' Athenes,  et  vint  a 
Corinthe^.   Timothee  s'etant  acquitte  de  sa  commission  , 
partit  de   Macedoine  avec  Silas  ,   avec  lequel  il  revint 
trouver  I'Apotrc  a  Corinthe^.  L'arrivee  de  Timothee  con- 
sola  beaucoup  Paul  par  le  temoignage  que  ce  disciple  Iui 
rendit  de  la  ferveur  des  fideles  de  Thessalonique.   Ce  fut 
alors  que  I'Apotre  leur  ecrivit  cetle  lettre  pour  les  con- 
gratuler,  et  les  exhorter  a  demeurer  fermes  dans  la  foi 
rnalgre  tous  les  maux  qu'on  leur  faisoit  souffrir  :  il  y  joi- 
gnoit  aussi  quelques  avis  conformes  a  leurs  besoins,  selon 
ce  qu'il  avoitappris  apparemment  dela  bouche  de  Timo- 
thee. 
Analyse  de      Saint  Paul  commence  cette   lettre  par  le  salut  ordi- 
cciie epitre.    naire  (chap,  i),  ou  il  est   remarquable  qu'il  lie  prend 
point  la  qualile  d'apotre^,  peut-etre  pour  ne  point  se 
mettre  par-la  au-dessus  de  Silas  et  de  Timothee  qu'il  s'as- 
socie  ,   ou  pUitot  parce  que  son  apostoiat  etoit  assez  re- 
connu  des  Thessaloniciens  ,  et  n'etoit  point  conteste  chez 
eux  ;  car  il  en  use  de  meme  en  ecrivant  aux  Phiiippiens  , 
sans  doule  par  la  meme  raison  :  et  au  contraire  il  prend  la 
quaUte  d'apoJre  dans  I'epitre  aux  Colossiens  et  dans  la  sc- 
conde  aux  Corinthiens,  quoique  dans  Tune  et  dans  I'autre 
il  s'associe  Timothee,  parce  que  son  apostoiat  etoitconteste 
a  Corinthe  ,  et  qu'il  ne  I'avoit  point  exerce  a  Colosse.  II 
'temoigne    aux    Thessaloniciens   que  sans  cesse  il    rend 
graces  a  Dieu  pour  eux  tous  ,  se  souvenant  toujours  d'eux 
clans  ses  prieres  ,  et  se  representantles  oeuvres  de  leur  foi, 
les  travaux  de  leur  charite  et  la  fermele  de  leur  cspe- 
rancc  '.  11  reconnoit  que  tout  cela  est  Teffet  de  I'ajuour 
que  Dieu  a  pour  eux ,  et  du  choix  qu'il  a  fait  d'eux  *".  11 

'  I.  T%ess.  III.  r.  etscqq.  -^  ^  jdci.  XVIII.  I.  —  "  Act.  xvtii.  5. — *  -j-  r. 
'?f  2 .  —  ^  -f  1.  et'i.  —  ''  y  4-  Scieiiies,  fratres  dilcciia  Deo,  electivneni  vcs- 
imin  ;  quia  E\'angeliiini  nosirum,  clc. 


SLR  LA  l'"*tplTnE  ALX  TIltSSALOMClENS.  3 

sp  rappellcde  quelle  manierc  Dieuafaiteclatersureuxson 
choix  el  son  amour,  non-sculement  en  leur  faisant  an- 
noncer  la  parole  de  I'Evangile  par  lui  et  par  ses  collcgues, 
inais  en  I'accompaijnant  de  miracles,  de  dons  spirituels, 
enfin d'une  pleine et  enticre  persuasion ;  trois circonslances 
qui  ont  caraclerise  le  ministere  que  lui  et  ses  coUegues  ont 
«xe'rce  parmi  eux  *.    Autre   marque   de  I'amour  et  du 
choix  de  Dieu  ,  le  zele  avec  lequel  ils  sont  devenus  les 
imitaleursde  Jesus-Christ  etde  ses  disciples  ,  ayant  recula 
parole  de  I'Evangile  au  milieu  meme  des  grandes  tribula- 
tions qui  ont  ele  les  suites  ,  et  ayant  conserve  au  milieu  de 
ces  tribulations  memes  une  joie  sainte  que  I'Esprit  de  Dieu 
repandoit  en  eux,  en  sorte  qu'ils  ont  servi  de  modcle  a 
tous  ceux  qui  ont  embrasse  la  foi  dans  la  Maccdoine  et 
dans  TAchaie  ^.    Car  encore  que  I'Evangile  eut  d'abord 
ete  preche  a  Philippes,  ses  progres  neanmoins  ne  furent 
pas  si  considerables  en  cette  ville  que  dans  Thessaionique, 
ou  il  fut  recu  avec  tant  d'eclat ,  que  le  bruit  s'en  re  pandit 
de  tous  cotes,  de  maniere  que  partout,  sans  que  I'Apotre 
fut  oblige  d'en  parler ,  on  lui  racontait  a  lui-memc  le  succes 
de  sa  predication  chez  eux^,  et  les  caracteres  essentiels 
de  leur  solide  conversion ,  qui  sont  d'avoir  abandonne  le 
culle  desidoles  ,  de  s'etre  appliques  a  servir  le  Dieuvivant 
et  veritable,  et  de  vivre  dans  I'altente  du  glorieux  avene- 
ment  de  Jesus-Christ*. 

L'Apotre  les  prend  eux-raemes  a  temoin  de  la  verite  de 
ce  qu'il  vieut  de  dire  (chap,  ii),  et  leur  fait  remarquer 
qu'ils  savent  eux-memes  que  son  entree  chez  eux  n'a  pas 
ete  vaine  et  sans  fruit  ^.  Les  succes  de  son  ministere  au 
milieu  d'eux  sont  pour  eux  un  motif  de  perseverer  dans  la 
foi  qu'il  leur  a  prechee.  Autre  motif,  la  conduite  meme 
qu'il  a  tenue  en  exercant  au  milieu  d'eux  son  ministere.  II 
leur  rappelle  done  qu'il  avoit  deja  beaucoup  souffert  dans 
Philippes  lorsqu'il  vint  a  eux;  que  malgre  ces  tribulations, 
mettant  sa  confiance  en  Dieu  ,  il  leur  precha  hardiment 
I'Evangile  parmi  beaucoup  de  nouveaux  combats'';  qu'il 
ne  leur  a  point  preche  une  doctrine  d'erreur  ou  d'impu- 
rete,  et  qu'il  n'a  point  eu  dessein  de  les  tromper  ' ;  que 
choisi  de  Di^u  pour  precher  I'Evangile  ,  il  ne  cherche 
point  a  plaire   aux  hommes  ,  mais  seulement  a  Dieu^; 

*T3. — -  y  O.et  7. — 5  y  8.  etg. — *  y  9.  et  10. — *v  r. — *  ^  2. — 'i  3. 
*f  4. 


rRKFACE 


qn'aiiisi  i!  n'a  point  use  de  flalleric  en  Icur  prechant  line 
tiocirine  favorable  a  leurs  erreurs  oua  leurs  vices;  qu'ilnc 
s'esl  point  servi  artificieusenient  de  son  ministcre  dans  des 
vucs  d'avarice ,  et  pour  leur  ravir  leur  bien ;  cjii'il  n'a  aussi 
recherche  aucune  gloire  de  la  part  des  hommes  ,  ni  d'eu.v 
ni  des  autres  ^  Sur  quoi  il  leur  fait  remarquer  qu'en 
qnaliie  d'apolre  de  Jesus-Christ  il  pouvoit  les  charger  de 
sa  subsistance  ^.  Mais  nc  voulant  point  user  de  ses  droits 
a  leur  cgard  ,  il  s'est  conduit  parmi  eux  comme  une  mere 
tendre  avec  ses  enfans;  et  loind'exiger  rien  d'eux,  il  au- 
roit  souhaite  de  leur  donner  sa  vie  meme ,  tant  il  les 
aimoit  ^.  11  leur  rappelle  les  peines  qu'il  avoit  souffertes 
en  leur  prechantrEvangile  ,travaillant  meme  de  ses  mains 
jour  et  nuit  pour  nc  point  leur  etre  a  charge  "*.  11  les 
prend  a  temoin  de  la  conduite  sainte ,  juste  et  irrepro- 
chable  qu'il  a  tenue  envers  eu\ ,  agissantavec  eux  comme 
un  pere  avec  ses  enfans,  les  exhortant,  les  consolant,  les 
conjurant  de  se  conduire  d'une  manicre  digne  de  Dieu , 
qui  les  a  appeles  a  son  royaume  et  a  sa  gloire  ^.  Ceci  lui 
donne  lieu  de  leur  donner  de  nouvelles  marques  de  son 
affection.  Il  leur  temoigne  done  qu'il  rend  a  Dieu  de  con' 
tinuelles  actions  de  graces  de  ce  qu'ayant  entendu  la  pa- 
role de  Dieu  qu'il  leur  a  pr^chee  ,  ils  Tont  recue  comme 
etant  ,  ainsi  qu'elle  Test  veritablement ,  la  parole  de  Dieu 
qui  agit  efficacement  en  eux  *".  II  prouve  cette  operation 
de  Dieu  par  cette  foi  qui  les  a  soulenus  au  milieu  des 
persecutions  :  il  leur  fait  remarquer  qu'ils  sont  ainsi  de^ 
venus  les  imitateurs  des  Eglises  de  Judee  ,  ayant  souffert 
de  la  part  de  leurs  concitoyens  ce  que  ces  Eglises  ont 
souffert  de  la  part  des  Juifs^  II  caracterise  ici  I'inlidelite 
des  Juifs  incredules  qui  ont  tue  meme  le  Seigneur  Jesus  , 
et  qui  apres  avoir  fait  mourir  les  prophetes  ,  ont  encore 
persecute  les  apotres  et  leurs  disciples  :  ces  hommes  en- 
durcis  et  pervers  ne  plaisent  point  a  Dieu  ,  et  ils  sont  en- 
nemis  des  hommes,  ayant  mis  le  comble  a  la  mesure  de 
leurs  pcches  en  voulant  empecher  les  ap6tres  d'annoncer 
aux  gentils  la  parole  qui  doit  les  sauver  ^  II  ajoute  que 
la  colere  de  Dieu  est  deja  tombee  sur  eux^,  parce  que 
I'aveuglement  meme  auquel  ilsavoient  ete  justenient  aban^ 

»f  5.ci6.— V  :._— ')^  t.clZ.-  V  9-— '>^  lo.ii.—^  i^.—T4  14. 
—  '^  i  i.5.et  i6.. —  '  y  lO.  Pavenii  (gr.  f^Oa^s,  pravenit)  ira  Dei  super 
I  Los. 


SI  li    LA   l"    EPURK    AL.V    1  llESSALOMCIETJS.  5 

doiines  ctoit  dejaun  effet  de  la  colcre  de  Dieu  sur  eux'. 
Va  il  dit  que  cette  colere  demeurera  sur  eux  jusqu'a  la 
fin^  ,  parce  que  (corame  le  reconnoit  toute  la  tradiiion  , 
ot  comme  nous  I'avons  prouve  par  le  temoignage  des  pro- 
phetes,  des  apotres  ,  et  de  Jesus-Christ  nienie)  I'aveugle- 
ment  qui  est  tombe  sur  une  partie  dlsrafil  des  le  temps  des 
ap6tres,  demeurera  sur  eux  jusqu'a  la  fin  des  siecles^ , 
c'est-a-dire  jusqu'a  ce  qu'alors  la  plenitude  des  nations 
elant  entree  dans  I'Eglise  ,  tout  Israel  sera  sauve  *,  etant 
alors  relabli  sur  sapropre  tige.  L'Apotre  continue  de  te- 
moigner  aux  Thessaloniciens  son  affection  ;  il  leur  marque 
que  separe  deux  de  corps  ,  non  de  ccEur  ,  il  avait  desire 
avec  beaucoup  d'ardeur  de  les  revoir  ,  et  que  plus  d'une 
fois  il  avoit  forme  le  dessein  de  retourncr  chez  eux  ,  mais 
que  Satan  Ten  avoit  empeche  par  les  obstacles  qu'il  lui 
avoit  suscites^.  Le  motif  de  ce  desir  qu'il  avoit  eu,  e'est 
qu'il  regarde  leur  affermissement  dans  la  foi  corame  le 
sujet  de  son  esperance,  et  comme  le  fondement  de  sa  joie 
et  de  sa  gloire  devant  Jesus-Christ  au  jour  de  son  avene- 
ment*" ;  nouveau  motif  pour  eux  de  perse verer  dans  cette 
foi  qui  doit  etre  aussi  pour  eux,  comme  pour  leur  apotre  , 
le  fondement  de  leur  esperance. 

SaintPaul  ajoute  que  voyant  toujours  ainsi  de  nouveaux 
obstacles  qui  I'arretoient ,  et  ne  pouvant  cependant  sou- 
tenir  plus  long-temps  de  n'avoir  point  de  leurs  nouvelles 
(chap,  ill) J  il  avoit  mieux  aime  demeurer  seul  a  Athenes 
en  leur  envoyant  Timothee,  afin  que  les  fortifiant  et  les 
exhortant  a  demeurer  fermes  dans  la  foi ,  il  put  ainsi  con- 
tribuer  a  empecher  que  personne  ne  fiit  ebranle  par  les 
persecutions  qu'ils  eprouvoient ,  et  qu'il  eprouvoit  uussi 
iui-meme  '.  Il  leur  represente  qu'ils  savent  eux-memes 
que  c'est  a  cela  que  sont  destines  ceux  qui  exercent  le 
rainislere  apostolique^.  Il  leur  rappelle  que  des  le  temps 
ou  il  etoit  parmi  eux  ,  il  leur  avoit  predit  qu'il  auroit  des 

^ Rom.xi.  ",.  etseqq.  Ceieri  exceecad sunt ,   sicut  scn'puim  est:  Dcdit 

litis  De  us  spirhum  compuncuonis,  oculos  ut  nonvideant,  etc 2  5.  Cce- 

citas  ex  pane  coniigil  in  Israel.  —  *  y  17.  U^que  in  finem.  —  ^  C'est  I'ex  - 
pression  du  P.  Mauduit  sur  ce  texte  radme  ;  c'est  la  penst'-e  de  D.Calmet.Vojez 
ce  qui  est  ditsur  cela  dans  \^  preface  sur  Mahchie,  torn,  xvii,  et  dans  la  Dis- 
sertalion  sur  les  signes  de  la  mine  deJerusalem  etdu  dernier  aven^mentde 
Jesus-Clirisi,  torn.  six.  — *  Rom.  xi.  25.  et  26.  Ccecitas  ex  parte  contigilin 
Israel  donee  pic  niindo  gentium  inti-aret,et  sic  omnis  Israel  salvus  Jicret. — 
'  jr  1 7 .  t/  I  •'? .  — "  y  1 9.  adjinem.—'  j  i .  3. — '  y  3. 


6  PKEFACK 

persecutions  a  soufTrir ,  conime  cela  est  arrive  *.  H  repute 
que  lie  pouvant  attendre  ,  il  leur  avoit  envoye  Timolhee 
pour  reconnoitre  I'ctat  de  leur  foi  ^.  11  ajoute  que  Timo- 
thee  etant  revenu  ,  et  lui  ayant  rendu  un  si  bon  te- 
moignage  de  leur  foi  et  de  leur  charile  ,  du  souvenir  qu'ils 
conservoient  delui,  et  du  desir  qu'ils  avoient  de  le  re- 
voir,  il  a  ete  console  dans  tous  ses  maux,  moins  cependant 
par  leur  affection  que  par  leur  foi  qui  etoit  elie-ineme 
Je  principe  de  leur  affection^.  II  leur  declare  que  c'est 
lui  donner  la  vie  ,  que  de  lui  apprendre  qu'ils  demeurenfc 
fermes  dans  le  Seigneur.  II  temoigne  qu'il  ne  sait  quelles 
assez  dignes  actions  de  graces ilpourra  rendre  aDieu  pour 
la  joie  qu'ils  ressent  devant  Dieu  a  cause  d'eux  ^.  II  leur 
marque  qu'il  se  sent  porte  a  deraandcr  a  Dieu  avec  encore 
plus  d'ardeur  de  pouvoir  aller  les  voir  ,  afin  d'ajouter  ce 
qui  pent  manquer  encore  a  leur  foi  ^.  Et  dans  le  moment 
lYieme  il  exprime  son  desir  ,  et  demande  que  Dieu  notre 
Pere  et  Jesus-Christ  notre  Seigneur  daigne  lui  ouvrir  une 
voie  favorable  pour  aller  chez  eux*.  A  ec  premier  sou- 
hait  il  en  ajoute  un  second  :  il  demande  que  le  Seigneur 
les  fasse  (Goitre  de  plus  en  plus  dans  la  charite  les  uns  en- 
vers  les  autres  et  meme  envers  tous ,  et  qu'il  affermisse 
leurs  coeurs  dans  la  saintete  en  les  rendant  irreprochables 
devant  Dieu,  et  dignes  dc  paroitre  avec  confiance  devant 
lui  au  jour  oii  Jesus-Christ  notre  Seigueur  paroltra  avec 
tous  ses  saints  '' ,  c'est-a-dire  avec  tous  ses  anges  ,  et  tous 
les  elus  parmi  les  hommes. 

L'Apotre  emploie  le  reste  de  cette  epitre  a  donner  aux 
Thessaloniciens  des  instructions  proportionnees  a  leurs 
besoins.  Et  d'abord  il  les  conjure  en  general  (chap,  iv)  de 
se  conduire  selon  les  preceptes  qu'il  leur  avoit  donnes  de 
la  part  de  Jesus-Christ^.  II  leur  recommande  parlicu- 
lierement  de  se  garder  de  loute  irapurete  ^,  de  s'avancer 
de  plus  en  plus  dans  I'exercice  de  la  charite  fraternelle  '**, 
et  de  s'appliqucr  au   travail^'.  II  vient  ensuite  aux  mo- 

^-^  4.-2  V-  5. — '-jJfi.  el-]. — *  -jJ-S.  et  9. — *  y  10.— "-jj-  11. — ''  i  12. Car 
tel  est  ici  le  sens  f?e5  jamts  .•  les  saints  anges,  et  les  fldeles  qui  composent 
I'Eglise  triomphanle  :  p.EToc  tmv  a-i'Jwv  auTou.Comparez  u  ceci  le  textede  saint 
Mallhleu,  XVI.  27  ;  Fi'lhis  cm'm  hominis  ventur'us  est  in  gloria  I'atris  sui 
cum  angelis  suis ;  ou  selon  saint  Marc,  vui.  38  ,  cum  angelis  Sanctis.  Et 
encore  dans  saint  Mallhleu,  xxv.  3i  :  Cum  venerit  Filiis  liominis  in  maje- 
^lale  sua,  etomnes  angelicum  eo.  Et  sainlPaul  meme  dans  la  seconde  epitre 
aux  ThessalonicienSj  i.  'j :  In  irvelatione  Domini  Jesibde  ccelo,  cum  angelis. 
virtutis  cj  us . — "  -^  i.  eti.  —  '-jJ^S.-S.  —  '''g.  efro.  —  "y-  rr.  eiia. 


StR  JLA  l"  EI'ITKE  AUX  THE6SALOMIC1E3IS.  7 

tifs  qui  doiven  t  les  consoler  dans  la  raort  de  leurs  freres,  el 
enipecher  qii'ils  ncs'atiristent  alors  comme  ceux  qui  n'ont 
])oint  d'esperance  pour   Ic  siecle  a  venir  *.     II  leur  le- 
presente  que  si  nous  croyons  que  Jesus-Christ  est  mori  et 
ressuscite,  nous  devons  croire  aussi  que  ceux  qui  s'endor- 
ment  avec  lui  du  sommeil  de  la  mort ,  ressusciteront  de 
meme  au  dernier  jour  ,  Dieu  les  amenant  alors  et  les  reu- 
nissant  avec  Jesus-Christ  ^.   II  ajoute  meme  au  nom  du 
Seigneur,  que  les  elus  qui  se  trouveront  alors  vivans  sur 
la  terre ,  et  en  la  personne  desquels  il  parle ,  ne  precede- 
ront  point  dans  la  gloire  de  la  resurrection  ceux  qui  seront 
inorts  avant  eux^.  11  s'explique  ,  et  il  declare  qu'aussitot 
que  le  signal  aura  ete  donne  par  la  voix  de  I'archange  et 
par  le  son  de  la  trompette  de  Dieu,  le  Seigneur  Jesus  des- 
cendra  lui-meme  du  ciel,  et  aussitot  ceux  qui  seront  morls 
en  Jesus-Christ  ressusciteront  d'abord ;  ensuite  les  elus 
qui  seront  vivans  et  qui  seront  demeures  sur  la  terre  jus- 
que-la ,  etant  dans  ce  moment  meme  changes  et  revetus 
de  I'incorruptibilite  corame  ceux  qui  seront  ressuscites  , 
seront  emportes  avec  eux  dans  les  nuees  ,  pour  aller  au- 
devant  du  Seigneur  au  milieu  de  I'air ;  et  reunis  ainsi  tous 
avec  le  Seisrneur,    ils  demeureront   eternellement  avec 
lui  *.  L'Apotre  exhorte  les  Thessaloniciens  a  se  consoler 
mutuellement  par  les  verites  qu'ilvientde  leur  annoncer^. 
Quant  au  temps  et  aux  circonstances  qui  doiventpre- 
ceder  cet  evenement  (chap,  v),  il  leur  represente  qu'ils 
n'ont  pas  besoin  d'en  etre  inslruits  par  ecrit'';  car  dans 
sa  seconde  letlre  adressee  aux  memes  fideles  ,  I'Apotre  dit 
lui-meme  que  lorsqu'il  etoit  avec  eux ,  il  leur  avoit  parle  de 
vive  voix  de  ce  qui  doit  arriver  dans  les  temps  qui  pre- 
cederontimmediatementravenementdu  Seigneur ;  et  dans 
le  meme  endroit  il  montre  assez  qu'ils  ne  veut  pas  s'en 
cxpliquer  aussi  clairement  parecrit".  II  secontente  done 

'  f  i3. — '^  14.  —  5  7  i5.  —  *  y  16.  «  17.  Ipse  dominus  ifijussu,  etin 
voce  aivhangeli,  et  in  tuba  Dei,  descendetde  ccelo  :  et  mortiii  qui  in  Cltn'sio 
sunt  resurgent  pri/w/(gr.  rpoiTiv,  primum).  Deinde  nos  tjuivivimus,  quire- 
linquiniur^  simuL  rapiemur  cum  illis  in  nubibus  obviam  Christo  in  aera.Et 
sic  semper  cum  Domino  erimus.  A  quoi  il  faut  comparer  le  texte  de  la  r'^epi- 
treauxCorinthienSjXy.  5a:  In  momenta,  in  ictu  oculi,  in  tiovissuna  tuba  [ca- 
neteniin  tuba),  et  mortui resurgent  incorrupti ,  et  nos  immutabimur.  Voyez 
AMSs'iXa^Dissenation  sur  la  resurrection,  tom.fxxii. — *  ^  c8.  et  tilt. — '-j^  i. 
De  temporibus  autem  etmomerUis  (gr.  Jltzl  ^k  tuv  xfc'vcv  y.al  rav  )Mt'.faiv), 
f-nlres,  non  indigetis  utscribamus  vobis. — ' a.'TTiess.  11.  5.  Non  reiin'ntis 
ifuodcum  adhuc  essem  apud  vos ,  hcec  dicebam  vobis  ?  Etnunc  quid  deli- 


ici  cje  leur  rappelcr  ce  qa'iU  savcnt  dejasi  bien,  que  Ic  jour 
tlu  Seigneur  viendra  comme  un  voleur  donton  estsurpris 
dans  la  nuit^  11  declare  expressement  que   celtc  ruine 
subite  viendra  fondre  sur  Ics  mechans  loi'squ'  ils  croiront 
pouvoir  jouir  d'une  paix  entiere  et  dune  plaine  securite^. 
Mais  en  meme  temps  il  represente  aux  fideles  a  qui  il  ecrit, 
qu'elanl  passes  des  tenebres  a  la  lumiere,  ils  ne  doiveni 
plus  etre  du  nombre  de  ceux  qui  seront  surpris  par  ce 
jour  terrible  ^.  Il  en  prend  occasion  de  les  exhorter  a  la 
vigilance  et  a  la  temperance  ,  soutenues  par  la  I'oi ,  I'es- 
perance  et  la  charile  *.  11  fonde  leur  esperance  sur  ce 
qu'etant  devenus  enfans  de  lumiere  ,  ils  onl  lieu  de  croirc 
que  Dieu  ne  les  a  pas  destines  a  etre  les  objets  de  sa  colere 
dans  I'eternite,  mais  qu'ils  les  a  destines   a  acquerir  Ic 
salut  par  Jesus-Christ,  qui  est  mort  pour  eux  ,  afm  que 
soit  qu'ils  veillent  en  demeurant  en  cetie  vie ,  ou  qu'ils 
dorment  du  sommeil  de  la  mort  ,  ils  vivent  toujours  avec 
lui^.   Sur  quoi  il  les  exhorle  de  nouveau  a  sc  consoler 
mutuelleraent  ,   et   a  continuer  de   s'edifier  les   uns   les 
autres*^.  11  s'adresse  aux  simples  fideles  ,  et  les  pric  d'ho- 
Morer  et  d'ainier  leurs  pasteurs  ,  et  de  conserver  toujours 
la  paix  avec  cux''.  11  s'adresse  aux  pasteurs ,  et  les  exhorle 
a  s'acquitter  fidelement  de  tous  les  devoirs  de  leur  rainis- 
lere  ^.    II  s'adresse  ensuite  a  tous ,  pasteurs  ou  simples 
jQdeles ,  et  les  exhorte  a  etre  toujours  dans  une  sainte  joie, 
a  prier   sans   cesse  ,  a  rendre  graces  a  Dieu  en   toutes 
choses  ^.  II  les  avertit  tous  de  ne  point  eteindre  I'esprit, 
e'est-a-dire  de  ne  point  empecher  que  ceux  qui  ont  recu 
quelque  don  surnaturel  n'en  usent  pour  redification  de 
leurs  freres  ^°  ;  de  ne  point  mepriser  les  prophetes ,  c'est- 
a  dire  I'usage  de  ce  don  surnaturel  qui  consistoit  a  expli- 
quer  les  obscurites  de  I'Ecriturc,  a  predire  les  choses  a 
venir,  et  a  decouvrir  ce  qui  pouvoit  etre  cache  a  I'esprit 
Immain^^  Mais  en  meme  temps,  il  veut  que  Ton  eprouve 

neat  sci'tis,  ut  reveletur  in  sua  tempore.  Nam  mysler-itim  jam  operaturini- 
(juilatis  :  tantum  ut  qui  tenet  nunc,  teneat  donee  de  medio  Ji at. \ojez  ce  qui 
sera  ditsur  celadansla  preface  sur  ccUe  secondecpitrc. 

*  -jf  2 ,  —  2  y^  3 .  Cum  enim  dixerint ,  Pax  et  securitas ,  tunc  I'epentinus 
eis  superveniet  interiius,  etc.  — ^  -^ i^.  et  5.  — *  f  G.-S. — '  8.-io.  Nos  aulr.m 
fjuidieisumus,  sobrii  simus  ,  induii  loricamjidei  ctchai-itatis ,  etf^rdcam 
spcm  salutis  :  quoniam  nonposuit  nos  Deus  in  iram  ,  scd  in  acquL'>ilronaii 
salutis,  etc. —  ^  y  »i.— -'  -jf^  12.  eti'S, — ^  >!•  14.  et  i5. — '^  ^  i6.-if>.  —  '"y  ly. 
Spivitum  nolile  exiingueve. — •"  ■j  20,  rtopkeLias  nolile  sperneiv. 


sua  LV    l'     tinXRE     AUX  IBESSALONU.IEXS.  (] 

tout ,  pour  discerner  si  les  esprit  sont  dc  Dieii ,  c'est-a- 
dhc  si  ceux  qui  croient  etre  inspires  par  I'esprit  dc  Dieu 
le  sont  veritabloment '.  11  veuL  que  Ton  n'approuvc  ct 
tjue  Ion  ne  rccoive  que  ce  qui  est  bon,  c'est-a-dire  ce  qui 
est  conforme  a  I'analogie  de  la  foi,  et  aux  regies  des 
mcBurs  ^.  11  veut  que  I'oa  s'abstienne  et  que  Ton  se  defie 
de  tout  ce  qui  a  quelque  apparence  de  mal ,  c'est-a-dire 
de  tout  ce  qui  paroit  s'ecarter  ou  des  regies  de  maurs  , 
ou  de  Tanalogie  de  la  foi'.  Voila  les  sages  regies  que 
I'Esprit  de  Dieu  prescrit  par  la  bouche  de  I'Apotre,  non- 
-eulement  aux  Thessaloniciens  ,  mais  aux  fideies  de  tous 
les  siecles ,  et  par  lesquelles  dans  tous  les  temps  on  doit 
juger  de  toules  voies  extraordinaires,  efTets  sine^uliers  ;, 
operations  surnaturelles.  Apres  cela  I'Apotre  souhaite  aux 
Thessaloniciens  que  le  Dieu  de  paix  les  sanctifie  en  toutes 
manieres  ,  et  que  tout  ce  qui  est  en  eux  soit  conserve  pur 
pour  I'avenenient  de  Jesus-Christ  *;  c'est  ce  qu'il  attend 
et  espere  de  la  fidelite  de  celui  qui  les  a  appeles,  ct  qui  se 
devant  a  lui-menie  1' execution  de  ses  decrets  ,  consora- 
mera  par  sa  grace  I'oeuvre  de  leur  sanctification^;  parce 
que  ,  comnie  le  dit  ailleurs  le  meme  apotre  ^,  ceux  que 
Dieu  a  predestines,  il  les  appelie  ,  il  les  justifie  ,  il  les 
glorifie.  L' Apotre  se  recommande  a  leurs  prieres  ,  et  les 
prie  de  saluer  de  sa  part  tous  les  freres  en  leur  donnant  le 
saint  baiser  '.  11  les  conjure  de  faire  lire  cette  lettre  devant 
tous  les  fuercs  ^.  Enfin  il  leur  souhaite  a  tous  la  grace  de 
Jesus-Christ  ^. 

Les  anciennes  souscriptions  grecques ,  le  syriaque  ^ 
I'arabe  ,  le  cophte  ,  Theodoret  ,  I'auteur  de  la  Synopse  at- 
tribuce  a  saint  Athanase  ,  les  inscriptions  latines  qui  se 
lisoient  a  la  tete  de  cette  epitre  ,  portent  qu'elle  a  ete 
ecrited'Athenes  ;  et  cette  opinion  estappareuanientfondee 
surce  que  I'Apotre  dit  au  chap,  iii.  ^  i.  etc.  :  Xe pouvant 
soujfrir  plus  long-temps  de  n  avoir  point  de  vos  7iouvelles  , 
j  aimai  mieux  demeurer  d  Athenes ,  ct  je  v o us  envoy ai  Timo- 
th/e.  Mais  le  y  6  prouve  que  cette  lettre  ne  fut  ecrite 
qu'apres  le  retour  de  Tiraothee  ;  et  le  livre  des  Actes 
montre  assez  que  saint  Paul  n'etoit  plus  a  Athenes,  mais 

'  y  2 1 .  Omnia  auieni  pjvbate. — *  2 1 ,  Quod  bonitm  est  tenete  — ••  y  ii. 
^boninispeoie  mala  abstinete  I'os. — *  -^  23. — '  y  2.',.  Ficlelis  est  qui locn- 
vit  vos,  qui  etiamjaciet. — •»  Rom.  viir.  3o.  Quos prcedestiaai'it,  hos  ctvoca- 
vit  :  etquos  focavit,  hos  ei  justijicuvii,  illosel  gioiijicayfic.  — '  y  jS.  ct  20. 
— '  27. — 'y  28.  e:  ult. 


lO 


PR^l'ACE  SUR  LA  l""^  EPITRE,  GtC. 


a  Corinthe,  lorsque  Timolhee  revint  de  Macedoine*. 
C'est  ce  que  nous  avons  expose  au  commencement  do 
cetle  preface  en  conciliant  le  texte  du  livre  des  Actes  avec 
le  texte  de  cette  eptlre.  Or,  ce  fut  vers  Tan  Sa  de  I'ere 
chr.  vulg.  que  saint  Paul  passa  d'Athenes  a  Corinthe  ,  oii 
il  demeura  dix-huit  mois.  On  peut  done  placer  cctlo 
epitre  vers  Tan  62  ou  53,  ct  c'est  I'opinion  commune. 

'u^cf.  xvm.  I.  S. 


PREMIERE  EPITRE 

DE  SAINT  PAUL 

AUX  THESSALONICIENS. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Saint  Paulsalueles  Thessaloniciens.  II  rend  graces  pour  eux.  Succes  dela 
predication  de  saint  Paul  parrai  eus.  lis  ont  servi  de  modele  aux  peuples 
Toisins,  chez  qui  leur  foi  estdevenuecelebre. 


1  pAFLrs,  et  Silvanus, 
et  Timotheus  ,  Ecclesiae 
Thessalonicensium  ,  in 
Deo  Patre  ,  et  Domino 
Jesu  Christo. 

2.  Gratia  vobis,  et  pax. 
Gratias  agimiis  Deo,  sem- 
per pro  omnibus  vobis  , 
inemoriam  vestris  facien- 
tes  in  orationibus  nostris 
sine  intermissione, 

3,  Memoresoperisfidei 
Testrse,  et  laboris  et  cha- 
riiatis,  et  sustinentia;spei 
Domini  nostri  Jesu  Chris- 
ti,  ante  Deum  et  Patrem 
nostrum  : 

4-  Scientes ,  fratres  di- 
lecti  a  Deo,  electionem 
vestram  : 


I.  PArt,  Silvain,'et  Timothee,  u 
I'Eglise  de  Thessalonique,  qui  est 
en  Dieu  le  Pere  et  en  noti'e  Seigneur 
Jesus-Christ. 

2.  Que  la  grace  et  la  paix  soient 

avec  vous.  '  Nous  rendons  sans 
cesse  graces  a  Dieu  pour  vous  tons, 
noussouyenant  continuellement  da 
vous  dans  nos  prieres, 

5.  Et  nous  representant ,  devant 
Dieu  qui  est  notre  Pere,  lesoeuvres 
de  votre  foi,  les  travaux  de  votre 
charite,  '  et  la  fermete  de  I'espe- 
rance  que  vous  avez  en  notre  Sei- 
gneur Jesus-Christ, 

4.  Car  nous  savons,  6  freres  che- 
ris  de  Dieu,  quelle  a  ete  votre  elec- 
tion; 


y  I .  C'est  le  m^me que  Silasdont  il  est  parle  dans  les  Actes.  Voyez  la  pre- 
face. 

y  2 .  Grec :  vous  soicnl  donnees de  Dieu  de  notre  Pere,  et  de  JesusCbpist 
notre  Seigneur. 

y  3 .  C'est  le  sens  du  grec. 


I"  ElMTRE  DE  S.\1\T  PALL  AUX  TlJESSALO>IClRi?fS. 


5.  Parce  que  la  piedication  que 
nous  vous  avons  laites  de  I'Evan- 
gile  n'a  pas  ete  s^eulement  en  pa- 
roles, mais  elle  a  etc  accompagnee 
dc  miracles,  de  la  vertu  du  Saint- 
Esprit,  ct  d'une  grande  ahondance 
de  graces.  Vous  Sixvcz  aussi  de 
quelle  maniere  nous  avons  agi  par- 
m'l  vous  pour  voire  salut. ' 

6.  Et  vous,.  vous  C'tes  devenus 
nos  imitateurs,  et  les  imilaleurs  du 
Seigneur,  ayantrecu  la  parole"  par- 
mi  de  grandes  afllictions ,  avec  la 
)oie  du  Sainl-Esprit : 

^..  De  sorte  que  vous  avez  servi 
de  modele  a  tons  ceux  qui  out  em- 
brasse  la  foi  dans  la  Macedoine  et 
dans  I'Ach  lie/ 

8.  Car  non-seulement  vous  etes 
cause  que  la  parole  du  Seigneur  ' 
s'est  repandue  avec  eclat "  dans  la 
Macedoine  et  dans  I'Achaie  ,  mais 
meme  la  foi  que  vous  avez  en  Dieu 
estdevenue  si  celebre  parlout  qu'il 
n'est  point  necessaire  que  nous  en 
parlions, 

9.  Puisqu'eux-memes  racontent, 
en  parlant  de  nous,  quel  a  ete  le 
succes  de  notre  arriveeparrai  vous; 
et  comment,  ayant  quitle  les  idoles, 
vous  vous  etes  couvertis  a  Dieu 
pour  servir  le  Dieu  vivant  et  veri- 
table , 

10.  Et  pour  attendre  du  ciel  son 
fils  Jesus ,  qu'il  a  ressuscite  d'entre 
les  morts,  et  qui  nous  a  delivres  de 
la  colereavcnir.' 


5.  Quia  Evangelium 
nostrum  non  fuit  ad  vos 
in  sermone  tanlum,  sed 
el  invirtnte,  et  in  Spiritu 
Sancto,  et  in  plenitudine 
multa,  sicut  scitis  quales, 
fuerimus  in  vobis  propter 
vos. 

6.  Et  vos  imitatores 
nostri  facti  eslis,  et  Do- 
mini, excipientes  verbum 
in  tribulatione  multa , 
cum  gaudio  Spiritus  Sanc- 
ti  : 

7.  Tta  ut  facti  silis  for- 
ma omnibus  credentibus 
in  Macedonia  et  in  Achaia. 

8.  A  vobis  enim  diffa- 
matus  est  scrmo  Domini 
non  solum  in  Macedonia 
et  in  Achaia  :  sed  et  in 
omni  loco  fides  vestra  , 
quae  est  ad  Deum,  profec- 
ta  est,  ita  ut  non  sit  nobis 
necesse  quidquam  loqui. 

9.  Ipsi  enim  de  nobis 
annuntiant  qualem  introi- 
tum  babuerimus  ad  vos  : 
et  quomodoconversi  estis 
ad  Deum  a  simulacris  , 
servire  Deo  vivo  et  vero, 

10.  Et  expectare  filium 
ejus  de  coelis  (quern  sus- 
citavit  ex  mortuis),  Je- 
sum ,  qui  eripuit  nos  ab 
ira  Ventura. 


ir  5.  N'ayant  ricn  omis  de  tout  ce  qui  pouvoit  y  conlrlbuer. 

•^6.  L'Evangile. 

■j  7 .  Thessaloniquc  ctoit  Ja  capitale  dc  la  Macedoine  ,  et  Corinllie ,  oii  t' Joit 
alors  saint  Paul,  clolt  la  capilalede  FAchale. 

-^  8.  Par  voire  conversion. 

Ibid.  C'eslle  sens  du  grcc. 

^^  10.  En  salisfaisaiit  lui-nicmc  pour  nous  a  la  justice  de  Dieu,  par  I'cffu- 
siondeson  san;:. 


CHAPITRK    11. 


CH.iprniE  n. 

:if;l^ ,  dt'sinlercssement ,  solHcitude  de  saint  Paul  dans  la  preJicalion  de 
i'fevangile.  FiJolit6  des  Tliessaloniciens.  Jiigement  terrible  sur  K-s  Juifs. 
Affeclion  de  saiiil  Paul  pour  les  Thessaloniciens, 


1.  NiM  ipsi  scitiji,  fra- 
-treSjintroilumadvoSjquia 
-non  inanis  fuit : 

2.  S«d  ante  passi  et 
contumeliis  affecti  (sicut 
scitis)  in  Philippis  ,  fidu- 
~'nm    habuiinus  in    Deo 

>?tro,  loqui  ad  vos  Evan- 
gelium  Dei  in  mulla  sol- 
licitudine. 

5.  Exhortatio  eniin  nos- 
tra non  de  errore,  neque 
de  immunditia,  neque  in 
dolo  : 

4.  Sed  sicut  probatisu- 
inu5  a  Deo,  ut  crederetur 
nobi!>  Evangelium  :  ita  lo- 
quimur,  non  quasi  houii- 
nibusplaccntes,  sed  Deo, 
qui  probat  corda  nostra. 

5.  Neque  enimaliquan- 
do  fuiraus  in  sennone  a- 
dulationis,  sicut  scitis  : 
neque  in  occasione  avari- 
tiae  :  Deus  testis  est  : 

6.  Kec  quaerentes  ab 
hominibus  gloriam,  ne- 
que a  Yobis,  neque  ab  a- 
liis. 

7.  Cum  possemus  vo- 
bis  oneri  esse  ut  Christi 


1.  Car  vous-memes,  6  frercs, 
vous  n'ignorez  pas  que  notre  arri- 
vee  vers  vous  n'a  pas  etevaine  :' 

2.  Mais  apres  avoir  beancoup  ^c: 
soufferl  auparavant,  comme  vous 
savez ,  et  avoir  ete  traites  avec  ou- 
trage dans  Philippes,  nous  ne  laissa- 
nies  pas,  en  nousconflant  en  notre 
Dieu,  de  vous  precher  hardinient ' 
TEvangile  de  Dieu  parmi  beancoup 

de  combats. 

3.  Car  nous  ne  vous  avons  point 
precbe  une  doctrine  d'erreur  ou 
d'impurete,  et  nous  n'avons  point 
eudessein  de  vous  iromper. 

4.  Mais  comme  Dieu  nousachoi- 
sis  pour  nous  confier  son  Evangile, 
nous  parlons  ainsi,  non  pour  plaire 
aux  hommes,  mais  a  Dieu  quivoit 
le  fond  de  nos  cceurs. 

5.  Car  nous  n'avons  use  d'aucune 
parole  de  flatterie  ,  comme  vous  Je 
savez  :  et  notre  ministere  n'a  point 
servi  de  pretexte  '  a  noire  avarice  ; 
Dieu  enest  temoin  : 

6.  Et  nous  n'avons  aussi  recher- 
cbe  aucurkj  gloire  de  la  part  des 
hommes,  nide  vous,  ni  d'aucun 
autre. 

7.  Nouspouvions,  commeapotres 
de  Jesus-Christ ,  vous   charger  de 


y  I.  Sans  fruit;  ainsi  ila'est  pas  necessairc  que  j'aie  recours  au  tpmoi- 
gnage  des  autres  pour  rtlever  le  merite  de  voire  foi,  et  le  fruit  de  mcs  predi- 
cations cliez  vous. 


W,       tl|. 


V  a.  C'eslle  sensdu  grec. 
7  5.  C'esl  le  sens  du  grv 


1 4 


1'«EP1TREDE  SAINT  PAUL  AUX  THESSALCHVICIEHS. 


apostoU  :  sed  facti  sumus 
parvuli  in  medio  vestrum, 
tamquam  si  nutrix  foveat 
fjlios  suos. 

8.  Itadcsiderantesvos, 
cupide  volebamus  tradere 
vobis,  non  solum  Evan- 
gelium  Dei ,  sed  etiam  a- 
iiimas  nostras  :  quoniam 


notre    subsistance  ;  '    mais    nous 

nous  sommes  rendus  petits  parmi 

vous, '  comme  une  mere  quia  soiu 

de  nourrir  ses  enfiins.' 

8.    Ainsi ,    dans  I'affection   que 

nous  ressentions  pourvous, '  nous 

aurions  souhaile  de  vous  donner, 

non-seidement  la  connoissance  de 

I'Evangile  de  Dieu,  mais  aussi  notre 

proprevie,  tant  etoitgiandl'amour     charissimi  nobis  facti  es- 

que  nous  vous  portions.  tis. 

Jet.  XX.  3.  Q.  Car  vous  vous  souvenez,  6  9.  Memoresenimcslis, 
i.Cor.iv.12.  freres,  de  la  peine  et  de  la  fatigue  fratres,  laboris  nostri  et 
^.Thess.  HI.  qnenousavonssouffertes, etcomme     fatigationis  :  nocte  ac  die 

nous  vous  avons  preche  I'Evangile      operanles,  ne  quem^  ves- 

de  Dieu,  en  Iravaillantdc  nos  mains     trum  gravaremus,  prajdi- 

jour  et  nuit,  pour  n'etre  a  charge  A     cavimus  ,  in  vobis  Evan- 

aucun  de  vous.  gelium  Dei. 

10.  Yons  etes  temoins  vous-mS-  10.  Vos  testes  estis,  et 
ines,  et  Dieu  Test  aussi,  combien  la  Deus,  quam  sancte,  et 
maniere  dont  jeme  suis  conduit  en-  juste,  et  sine  querela,  vo- 
vers  vous,  qui  avez  embrasse  la  foi,  bis,  qui  credidistis ,  fui- 
a  ete  sainte,  juste  et  irrcprocable. 

11.  Car  vous  savez  que  j'ai  agi 
envers  chacun  de  vous,  comme  un 
pere  envers  ses  cnfans, 


12.  Vous  exliortant, '  vous  con- 
solant,  et  vous  conjurant  de  vous 
conduire  d'une  maniere  digne  de 
Dieu,  qui  vous  a  appeles  i  son 
royaume  et  a  sa  gloire. 

i3.  C'estpourquoiaussinousrcn- 
dons  a  Dieu  de  continuelles  actions 


mus  : 

11.  Sicut  scitis  ,  quali- 
ter  imum  quemque  ves- 
Irum  (sicut  pater  filios 
suos), 

12.  Deprecantes  vosct 
consolantes,  testificati  su- 
mus, ut  ambularetis  dig- 
ne Deo,  qui  vocavit  vos 
in  suum  regnum  et  glo- 
riam. 

i5.  Idco  et  nos  gratias 
agimus   Deo    sine  inter- 


de  graces,  de  ce  qu'ayant  entendu     missione  :  quoniam  cum 


•j- 5.-'].  Autr.  el  noire  minislire  n'a  point  servi,etc. ,  et  nous  n'avons 
point  aussi  recherche,  etc. ,  quoique  nous  eussions  pu,  comme  ap6lres  de  Jd' 
sus-Chxht,  vous  charger  de  notre  subsistance.  Mais,  etc. 

Ibid.  Nous  nous  sommes  conduits  parmi  yous  avec  une  douceur  d'enfant. 

Jbid.  L'apotre  veul  dire  qu'il  a  ete  parmi  eux  comme  une  mere  qui  loin 
d'etre  a  charge  a  ses  enfans,  les  nourrit  de  sa  propre  substance. 

•^  8.  Bien  loin  de  vouloir  exiger  quelque  chosCi 

^11.  C'esl  le  sens  du  grec. 


CnAPlTHE   11.  iS 

(ipi^fclis  a  nobis  ver-  la  parole  de  Dieu  que  nous  tous 
..!iin  aiiditu3  Dei,  acce-  prfichions,  vous  I'avez  recue,  non 
pistis  ilhul ,  non  ut  ver-  comine  la  parole  des  hommes, 
i)um  hominuui ,  sed  (<icut  mais  comine  etant,  alnsi  qu'elle  Test 
est  vere)  verbum  Dei,  qui     yeritablement,  la  parole  de  Dieu, 

penitur    in  Tobi?  ,   qui     qui  agit  en  vous  qui  etes  fideles. 

:  edidistis. 
14.  Vos  enim  imitato- 
iL'S  lacti  eslis,  fratres,  Ec- 
desiarum  Dei,  quae  sunt 
in  Judaea  in  Christo  Jesu  : 
quia  eadein  passi  estis  et 


i4.  Car,  mesfrtres,  vous  etes  de- 
venus  les  imitateurs  des  Eglises  de 
Dieu  ,  qui  ont  embrasse  la  foi  de 
Jesus-Christ  dans  la  Judee,  ayant 
soufl'ert  les  menies  persecutions  do 
vos  a  contribulibus  ves-  la  part  de  vos  concitoyens  que  ces 
Iris,  sicutetipsiaJudaeis:     Eglises  ont  souiTertes  de  la  part  des 

Juil's, 

i5.  Qui  onttuememele  Seigneur 
Jesus  ,  et  les  prophetes  ',  qui  nous 
ont  persecutes,  qui  ne  plaisent  point 
a  Dieu,  et  qui  sont  enoemis  de  tous 
les  homuaes , 


i5  Qui  et  Dominum 
occiderunt  Jesum,  etpro- 
pbetas,  et  nos  persecuti 
sunt,  et  Deononplacent, 
ct  omnibus  houiinibusad- 
versantur, 

16.  Prohibentes  nos 
gentibus  loqui  ut  salvae 


16.  Qui  nous  empechentd'annon- 
cer  aux  gentils  la  parole  qui  doit 

fiant,  ut  impleant  pecca-  les  sauver,  pour  combler  ainsi  tou- 
ti  sua  semper  :  pervenit     jours  la   mesure   de  leurs  peches. 

Car  la  colere  de  Dieu' est  tombee 
sur  eux  jusqu'a  la  fin. ' 

17.  Aussi,  6  frercs,  ayant  ete 
pour  un  peu  de  temps  separes'  de 
vous,  de  corps,  non  de  cceur,  nous 

corde ,  abundantius  festi-  avons  desire  avec  d'autant plus d'ar- 
navimus  faciem  vestram  deur  et  d'empressement  de  vousre- 
videre  cum  multo  deside-     voir. 


enim  ira  Dei  super  illos 
usque  in  finem. 

17.  Nos autem,  fratres, 
desolati  a  vobis  ad  tem- 
pus  horae,  aspectu ,  non 


18.  Quoniam  voluimus  18.  C'est  pourquoi' nous  avons 

venire  ad  vos  :  ego  qui-  vouln  aller  vous  trouver  :  et  moi 

dem  Paulus ,  et  semel ,  et  Paul  j'en  ai  eu  le  dessein  plus  d'iine 

iieruni,  sed  impedivitnos  fois;'  mais  Satan  nous  en  a  emp€- 

Satanas.  chcs. 


y  1 5 .  G  rec  :  leurs  propres  prophetes. 

■^  i<).  Le  mot  Dei  n'est  pas  dans  le  grec. 

Jbid.  C'est-a-dire :  et  elle  denieurera  sur  cux  jusqu'a  la  fin  des  slecles. 
Voyez  ce  qui  est  dit  sur cela  dans  la  pn-face. 

'^  17.  C'est  lesens  du  grec. 

y  18.  C'est  le  sens  du  grec. 

Idici.  Gr.  autr.  C'est  jwurquoi  nous  avons  voulu  (/c  dis^  moi  Paul^  une  et 
deui  fois  vous  aller  trourer  J  ninis.elc. 


1'    EPiTUE  DE  SAINT  PAUL  AUX  THESSALONICIENS. 


!(>.  Car  quelle  est  notie  espe- 
rance.  notre  joie,  et  la  couronne  de 
noire  gloire?  N'est-ce  pas  vous  qui 
i'fites  devant  notre  Seigneur  Jesus- 
€hrist,  au  jour  de  son  avenemenl  ? 

20.  Car  vous  etes  notre  gloire  ct 
ct  notre  joie. 


ig.  Quic  est  enim  nos- 
tra spes,  aut  gaudium, 
aut  corona  gloriae  ?  Non- 
ne  Yos  ante  Dominuin 
nostrum  Jesum  Christum 
estis  in  adventu  ejus? 

20.  Vos  enim  estis  glo- 
ria nostra  et  craudium. 


CHAPITRE  in. 

Timotht'e  envnvo  aux  Tliessaloniciens  pour  les  forllfier  dans  leurs  tribula- 
lions.  Tc'moignage  avanlageux  qu'il  lend  de  le«r  foi  ct  do  leur  chariu'. 
Saint  Paul  desire  aller les  rolr.  II  leur  soubaile  I'accroissement  dans  Ic 
bicn. 


1.  AiNsi,  n'y  tenant  pas  plus  long- 
tf;mps,'nou3  preferames  demeurer 
seuls  ii  Athenes, 

Jci.  XVI.  I.  a.EtnousavonsenvoyeTimothee 
notre  frere,  et  ministre  de  Dieu" 
dans  I'Evangile  de  Jesus-Christ , 
afin  qu'ilvousfortifiat,  et  qu'il  vous 
exhortat  a  demeurer  fermes  dans 
votre  foi , 

3.  EtquepersonnenefOtebranle 
pour  les  persecutions  qui  nousarri- 
vent ;  car  vous  savez  que  c'est  a 
quoi  nous  sommes  destines. 

4.  Et  des  lors  meme  que  nous 
etions  parmi  vous,  nous  vous  pre- 
cisions que  nous  aurions  des  afflic- 
tions a  souffrir,  comme  nous  en 
avons  eu  en  efl<it,  ainsi  que  yous  le 
savez. 

5.  Ne  pouvant  done  attendre  plus 
long-temps  moi-meme,  je  vous  I'ai 
envoye,  pour  reconnoitre  I'etat  de 
votre  foi,  ayant  apprehende  que  le 


1.  Propter  quod  non 
sustinentes  amplius,  pla- 
cuit  nobis  remanere  Athe- 
nis ,  solis  : 

2.  Et  misimus  Thimo- 
theum ,  fratrem  nostrum , 
et  ministrum  Dei  in  E- 
vangelio  Christi,  ad  con- 
firmandos  vos,  et  exhor- 
tandos  pro  fide  vestra, 

3.  Ut  nemo  moveatur 
in  Iribulationibus  istis  : 
ipsi  enim  scitis  quod  in 
hoc  positi  sumus. 

4.  Nam  et  cum  apud 
vos  essemus ,  praediceba- 
mus  vobis  passuros  nos 
tribulationes,  sicut  et  fac- 
tum est,  et  scitis. 

5.  Propterea  et  ego 
amplius  non  sustinens , 
misi  ad  cognoscendam  fi- 
dem   vestram  :  ne  forte 


I.  Ne  pouvant  souffrir  plus  long-temps  de   n'avoir  point  de  vos  nou- 
velles,  etc.  que  vous  fussiez  sans  consolation. 
^'^  2.  Legrec  ajoutc  :  et  qui  travaille  avcc  moi. 


CHAPITRE    III. 


n 


tcnlaverit  vos  is  qui  tcn- 
tat,  ct  iuanis  fiat  labor 
iioster. 

6.  Nunc  autera  vcnien- 
te  Thiinotheo  ad  no3  a 
vobis,  et  annuntiante  no- 
bis  fidem   et   charitatem 


tcntaleur  no  vous  eQt  tentos,  et  quq 
i/otre  travail  ne  devint  inutile. ' 


6.  Mais  Timolhee  elant  rcTenu 
vers  nous  aprfes  vous  avoir  tus^  et 
nous  ayant  rendu  un  si  bon  teiuoi- 
gnage  de  votre  foi  et  de  votre  cha- 

vestram,  ct  quia  memo-     rit^,  et  du  souvenir  pleind'afl'ection 
riamnoslrihabetisbonam     que  vous  avez  sans  cesse  de  nous, 

qui  vous  porte  a  desirer  de  nous 
voir,  comme  nous  avons  aussi  le 
meme  desir  pour  vous  ; 

7.  C'est  ce  qui  fait,  6  freres, 
que,  dans  toutes  les  adlictions  et 
dans  tous  les  maux  qui  nous  arri- 
vent,  votre  foi  nous  a  fait  trouver 
notrc  consolation  en  vous. 

8.  Car  nous  vivonsmaintenaot ,' 
si  vous  demeurez  fermes  dans  le 
Seigneur. 

9.  Et  certes  quelles  assez  digncs 
actions   de   graces  pouvons-nous 

Deo  relribuerc  pro  vobis,     rendrc  a  Dieu  ,  pour'  la  joie  dont 
in  omni  gaudio,  quo  gau-     nous  nous  sentons  combles  devant 
demus  propter  vos  ante     lui '  i  cause  de  vous  ? 
Deum  nostrum, 

10.  Jiocte  ac  die  abun-  10.  Ce  qui  nous  porte  a  le  con- 
dantius  orantes,  ut  videa-  jurer  jour  et  nuit ,  avec  une  ardeiir 
mus  faciem  veslraui,.et  extreme,  de  nous  perraettre  d'aller 
compleamus  ea  quae  de-  vous  voir,  afin  d'ajouter  ce  quipeut 
sunt  fidei  vestrae?  manquer  encore  a  votre  foi. 

11.  Ipse  autem  Deus  1 1.  Je  prie  done  Dieu  notre  Pore, 
el  Pater  noster,  et  Do-  et  Jesus-Christ  notre  Seigneur,  qu'il 
minus  noster  Jesus  Chris-  lui  plaise  de  nous  conduiro  vers 
tus,  dirigat  viam  noslram    vou.s. 

ad  vos. 

la.  \o5  autem  Domi-  12.  Que  le  Seigneur  vous  fasse 
nus  muUiplicet,  ct  abun-  croitre  de  plus  en  plus  dans  la  cha- 
da re  facial charita tern  ves-     rite'  que  vous  avez  les  uns  envers 


semper,  desiderantes  nos 
videre,  sicut  et  nos  quo- 
que  vos  : 

7.  Ideo  consolati  su- 
mu5,  fratres,  in  vobis,  in 
omni  necessitate  et  tribu- 
latione  nostra ,  per  fidem 
vest  ram. 

8.  Quoniam  nuncvivi- 
mus ,  ti  vos  statis  in  Do- 
mino. 

9.  Quam  enim  gratia- 
ram  actionem,  possumus 


■^  5.  Gr.  aulr.  que  le  Icntatcur  vous  ayant  tenles,  noire  Iravai!  nc  devint 
inutile. 

■^  8.  Nous  sommes  conlcns  au  milieu  de  tous  nos  maux. 
y  9,  C'est  le  sensdu  grec. 
Il,:d.  Litl.  devant  noire  Dieu. 

V  1 2.  C'est  le  sensdu  grec  •  'rcXuvxaai  xat  irsf  taoijca;  rn  i-'XTrr.. 
a5.  ., 


I  irC  EPllRE  DE  SAINT  PAUL  AIJX  THESSALONICIENS. 


les  autres,  et  onvers  tons,  ct  qu'il 
la  rende  telle  que  la  notre  Test  en- 
vers  vou*s; 

i3.  Qu'il  affermisse  vos  coeurs , 
en  vous  rendant  irreprochables  par 
la  saintele  devant  Dieu  notre  Pere, 
au  jour  oii  Jesus-Christ  notre  Sei- 
gneur paroitra  avec  tous  ses  saints. 
Amen.  ' 


tram  in  inviccm,  ct  in 
omnes  ,  quemadmodum 
et  nos  in  vobis  : 

i5.  Ad  confirmanda 
corda  vestra  sine  querela 
in  sanctitate,  ante  Deuin 
et  Patrem  nostrum,  in 
adventu  Domini  nostri 
Jesu  Christi  cum  omni- 
bus Sanctis  ejus.  Amen. 


y^  1 3.  Get  jimen  n'esl  pas  dans  le  grec  imprime,   niais  il  est  dans  dc  tres 
bons  manuscrits.  Voycz  la  note  qui  est  dans  la  preface. 


CHA.PITRE  IV. 

Fuir  la  fornication  ;  garder  la  chastele  conjugale  ;  s'entr'aimer  lous  ;  Iravail- 
ler  de  ses  mains  :  se  consoler  de  la  mort  de  ses  frercs  par  i'esperancc  de  la 
resurrection.  Ordre  selon lequel  se  fera  la  resurrection. 


1.  Au  reste,  6  freres,  nous  vous 
supplions,  et  nous  vous  conjurons 
par  le  Seigneur  Jesus,  qu'ayant  ap- 
pris  de  nous  comment  vous  devez 
marcher  dans  la  voie  de  Dieu  pour 
lui  plaire,  vous  y  marchiez  aussi 
d'une  telle  sorte,  que  '  vous  vous  y 
avanciez  de  plus  en  plus. 
Bom.  xri.  2  2.  En  effet,  vous  savez  quels  pre- 
Ephea.  V.  17.  ceptes  je  vous  ai  donnes  de  la  part 
du  Seigneur  Jesus'. 

3.  Car  la  volonte  de  Dieu  est  que 
vous  soyez  Si.ints;'  que  vous  vous 
absteniez  de  la  fornication  ; 

4.  Que  chacun  de  vous  sachcpos- 


1.  DEcetero  ergo,  fra- 
tres,  rogamus  et  obsecra- 
mus  in  Domino  Jesu  ,  ut 
quemadmodum  accepistis 
a  nobis,  quomodo  opor- 
teat  vos  ambulare,  et  pla- 
cere  Deo,  sic  et  ambule- 
tis,  ut  abundetis  magls. 

2.  Scitisenimqiiaeprae- 
cepta  dederim  vobis  per 
Dominum  Jesum. 

3.  Hsec  est  enim  vo- 
luntas Dei,  sanctificatio 
vestra  :  ut  abstineatis  vos 
a  fornicatione , 

4*   Ut  sciat  unusquis- 


4  I.  Ces  mots,  sic  et  amhuletis,  ne  sont  pas  dans  Ic  grec  imprim^;  mais 
plusicurs  anciens  manuscrits  confirmentcette  leijon. 

■i  a.  Grec  nous  avons  donm's,  t^oSxaasv. — Combien  je  vous  ai  recommande 
de  vlvre  dans  la  justice  etla  saintetc  que  Dieu  demande  de  vous. 

y  3.  Purs. 


\r>lrum  vas  suuin  possi- 
dcrc  in  sanctificatioiic  ct 
lionorc  : 

5.  Non  in  passionc  de- 
siderii ,  sicut  el  gentes  , 
quaj  ignorant  Deuoi  : 

6.  Et  ne  quis  supergre- 
diatur,  neqiic  circumve- 
niat  in  negotio  fratrem 
suum  :  qiioniam  vindex 
est  Dominiis  de  his  omni- 
bus, sicut  praediximusvo- 
bis,  et  testiOcati  sumus. 

7.  Non  enim  vocavit 
nos  Deus  in  immundi- 
liam,  sed  in  sanclificatio- 
nem. 

8.  Itaque  qui  hacsper- 
nit,  non  hominem  sper- 
nit ,  sed  Deum  :  qui  etiam 
dedit  Spiritum  suum 
Sanctum  in  nobis. 

9.  De  charitate  autem 
fraternitatis,  non  necesse 
habemus  seribere  vobis  : 
ipsi  enim  vos  a  Deo  didi- 
cistiSjUtdiligatisinyicem. 

10.  Etenim  illud  facitis 
in  omnes  fratres  in  uni- 
vcrsa  Macedonia  :  roga- 
mus  autem  vos,  fratres, 
ut  abundetis  magis , 

11.  Et  operam  detis  ut 
quieti  sitis,  et  utvestrum 
iiegotium  agatis,  et  ope- 
remini  manibus  vestris  , 
sicut  praecepimus  vobis , 

12.  Et  ut  honeste  am- 
buletis  ad  eos  qui   l'ori.s 


seder  le  vase  do  son  corps  sainte- 
mcnt  ct  honnctement, 

5.  Et  non  point  en  suivant  les 
mouvemens  de  la  concupiscence , 
comme  font  ics  paiens  qui  ne  con- 
noissent  point  Dieu; 

6.  Que  personne  aussin'opprimc 
son  frere  ,  ni  ne  lui  fasse  tort  dans 
aucune  affaire  , '  parce  que  le  Sei- 
gneur est  le  vengeur  de  tons  ces 
peches,  comme  nous  vous  I'avons 
dejA  dieclare  et  proteste. 

7.  Car  Dieu  nenousapasappeles 
pour  6tre  impure* ,  mais  pour  Ctre 
saints. 

8.  Celui  done  qui  meprise  res 
regies,  meprise,  non  un  homme , 
mais  Dieu,  qui  nous  a  meme  donne 
son  Saint-Esprit. ' 

9.  Quant  a  ce  qui  regarde  la  cha-  Jo(in.\nu3\. 
rite  fraternelle,  ii  n'est  pas  besoin  ^v.  12.  17. 
que  nous  vous  en  ecrivions.puisqne  ^JoanM. 10. 
Dieu  vousaapprislui-mc'mea  vous  '^"  ^'" 
aimer  les  uns  les  autres. 

10.  Et  vous  le  failes  aussi  a  I'e- 
gard  de  tons  les  freres'qui  sont 
dans  toute  la  Macedoine;  mais  nous 
vous  exhortons,  u  fieres.  a  vous 
avancer  de  plus  en  plus  dans  cet 
amour ; 

1 1.  A  vous  etudier  a  vivrc  en  re- 
pos;  a  vous  appliquer  chacun  a  ce 
que  vous  avez  a  faire;  et  a  travailler 
de  vos  propres  mains,  ainsi  que 
nous  vous  I'avons  ordonne; 

12.  Afin  que  vous  vous  condui- 
siez  honnetement  envers  ceux  qui 


y  6.  Plusiciirs  croient  que  le  i;rcc  sv  rio  ■Trca'Yu.o'.Tt  peut  se  premlrt'  en  d''^ 
autre  sens  :  Que  pei-sonne  n'atlente  a  I'honneiir  de  son  frere,  et  ne  lui  fasse 
outrage  dans  cc  qui  rcjarde  Uijidtliu'  conjiigalc. 

'j^  8.  Pour  que  nous  pr^hions  dignement  son  EvangiV'. 
'<•     Les  li-li'-les. 


20 


jrcgpfxRE  DE  SAINT  PAUL  AUX  TIIESSALONICIENS. 


sont  hors  de  I'Eglise,  ct  que  votis 
vous  metliez  en  ctal  do  n'avoir 
besoin  de  personne.  ' 

i5.  Or,  nous  ne  voulons  pas,  6 
freres,  que  vous  ignoriez  ce  que 
vous  devez  savoir  touchant  ceux 
qui  dornient,  afin  que  vous  ne  vous 
en  attristrez  pas,  comme  font  Ics 
autres  qui  n'ont  point  d'espcrancc. 

14.  Car  si  nous  croyons  que  Je- 
sus est  mort  et  ressuscite,  nous  de- 
vons  croire  aussi  que  Dieu  amenera 
avec  Jesus  ceux  qui  sc  seront  cn- 
donnis  en  lui. " 
i.Cor.xv.23.  '5.  Aussi  nous  vous  declarons, 
comme  I'ayant  apprls  du  Seigneur, 
que  nous,  qui  vivons,  et  qui  soni- 
mes  reserves  pour  son  avenemeiit,' 
nous  ne  previendrons  point  ceux 
qui  sont  deja  dans  Ic  sommeil. ' 

16.  Car  aussitot  que  le  signal 
aura  etc  donne  par  la  voix  de  I'ar- 
change,  et  par  le  son  de  la  trompette 
de  Dieu,  le  Seigneur  meme  descen- 
dra  du  ciel,  ctceuxqui  seront  morts 
en  Jesus-Christ  rcssusciteront  Ics 
premiers  : " 

17.  Puis  nous  iiutres,  qui  sommes 
vivans ,  et  qui  serous  demeures  " 
jusqu'alors,  nous  serons  cmportes 
avec  eux  dans  les  nues,  pour  aller 


sunt  :  et  nullius  aliquld 
desiderelis. 

1 5.  Nolumus  autem  vos 
ignorare,  Iratres,  de  dor- 
uiienlibus,  ut  non  con- 
Irislemini,  sicut  etceteri, 
(jui  spem  non  liabenl. 

i4-  Si  enini  credimus 
quod  Jesus  mortuus  est, 
et  restiirexit  :  ita  et  Dcu* 
eos  qui  dormierunt  per 
Jesuin,  julducet  cum  eo. 

i5.  Hoc  enim  vobis 
dicinnis  in  verbo  Domini, 
quia  nos,  qui  vivimus, 
qui  resitliii  sunnis  in  ad- 
vcntum  Domini,  non  pr;o- 
vcniemus  eos  qui  dormie- 
runt. 

16.  Quoniam  ipse  Do- 
minus  in  jussu,  ctin  voce 
archangel!,  et  in  tuba 
Dei  descendct  de  cf»lo  : 
et  mortui  qui  in  Christo 
sunt,  resurgent  primi. 

17.  Deinde  nos  ,  qui 
vivimns,  qui  relincjuimur, 
sirnul  rapiemur  cum  illi.s 
in  nubibus  obviam  Chris- 


■jf  12.  C'eslU;  sensqu'indiquelegrec  :  xpsi'av  iyr,-rt. 
•^.  i3.  Du  sommeil  de  la  mort  donl  ils  seront  t'veilles  au  jour  de  la  resur- 
reclion. 

Ibt'd.  Qui  n'alteadent  point  d'autre  vie  aprus  cellc-ci. 

•)^  1 4 .  Par  la  verlu  de  Dieu  qui  (!'toit  en  lui . 

Jl)id.  Qu'il  les  fera  cntrer  dans  sa  gloire. 

■4-  x5.  Gr.  aulr.  nous  quiserons  vivans  et  qaiaumns  e7e  laisses  au  moudc 
jusqu'a  son  avenement. 

lliid.  Qui  sonl  doja  morls.  — Nous  n'cntrcrons  point  avanl  eux  en  posses- 
sion de  la  f^loire  que  Dieu  nous  a  pn'-paree. 

^  r(i,  (Ir.  ressusciieronl  d'abord:  puis  nous  autres,  etc. 

V  i-^.  Gr.  autr.  puis  nous  aulres  r/r/iscrnrm  vivans  ct  tjiti  anrons  I'lc'hh- 
ses  au  mondc  jnscju'alors. 


CIIAPITIIK    IV. 


to  in  aera  :  el  sic  semper 
rum  Domino  crimus. 

1 8.  Itiiquc  consolamini 
invicem  in  verbis  istis. 


au-devant  dii  Seigneur'  au  milieu 
de  I'air,  Et  ainsi  nous  serons  pour 
jamais  avec  le  Seigneur. 

1 8.  Consolez-vous  done  Ics  uus 
les  autres  par  ces  vcriles. 


y  17.  C'est  I'exjiression  dii  grec. 

y  i3.  Ne  vous  afflij;e/:  plus  de  la  raorlde  vos  prodies ,  qui  doil  filre  suivic 
d'une si  glorieuse  resurrection. 


CHAPITRE  V. 

Jour  da  Seigneur  incertain.  Surprise  des  mechans.  Eufans  du  jour  et  de  I.i 
nuit.  Anxiesspiriluelles.  Honneurdes  pasteurs.  Support  des  foibles.  Joie  el 
priere  continuelles.  Regiesdeconduile  a  I'egard  des  operations  surnaturel- 
les.  Salutation. 


1.  De  temporihus  au- 
temetmoinentis,  fratres, 
non  iiidigetis  ut  scriba- 
inus  vobis  : 

2.  Ipsi  enim  diligenter 
scitis,  quia  dies  Domini, 
sicut  fur  in  node ,  ita  ve- 
niet. 

3.  Cum  enim  dixerinl. 
Pax,  et  securitas,  tunc 
repcntinus  eissiiperveniet 
interilus,  .sicut  dolor  in 
utero  habeuti,  et  non 
efifujrient. 


4-  Vos  aufein  ,  fratres, 
non  eslis  in  tenebris,  jit 
vos  dies  ilia  tamquani  fur 
comprebendat. 

5.  Omneseniin  vos  fi- 
lii  lucis  estis,  et  filii  diei  : 


XVI.  1 5. 


1.  0»,  pour  ce  qui  regarde  hes 
temps  et  les  momens,'  il  n'est  pas 
besoin,  6  freres,  que  nous  vous 
en  ecrivions , 

a.   Parce   que  vous   savez   bien      -2.  Petr.m. 
vous-memes  que  le  jour  du  Sei-  10. 
gnem-  doit  venir  comme  un  voleur  -^pocut.  3. 
pendant  la  nuit.' 

3.  Car  lorsqu'il  diront,  Nous 
sommes  en  paix  et  en  sGrete,  ils  se 
trouveront  surpris  tout  d'un  coup 
par  une  mine  imprevue  ,  comme 
{'est  une  femme  grosse  par  les  dou- 
leurs  de  I'enfantement ,  sans  qu'il 
leur  reste  aucun  moyen  de  se  sau- 
ver. 

4.  Mais  quant  a  vous ,  6  freres  , 
vous  n'etes  pas  dans  les  tenebres,' 
en  sorte  que  ce  jour  puisse  vous 
surprendre  comme  un  voleur. 

5.  Vous  etes  lous  des  enfans  de 
lumiere,    el  des  enfans   du  jour/ 


y  I.  L'.|.<.iii:(;  de  cct  avi'nement  de  Jrsu.s-Cliri-t. 

y  a.  Sansqu'onlesache,  ni  qu'onl'at'ende. 

y  i .  Ceilcs  dc  I'ignoranceet  du  iieclie. 

y  5.  Par  la  foi  et  !a  charitc  qm;  Dicu  vous  a  donntcs. 


hid.  Lix.  17 


■Z'l  1'"   laniltE  UU  SAINT  I'AUL  AtX  T1IESSAL0;>(IC1ENS. 

liOiis  nosomiues  point'  cnrans  do  la  non  snmus  ijoctis,  iioqiic 

iiuit  ni  des  lellcbrc^.  tciiebrardin. 

(j.  Ne  dormons  done  pas  comme         6.  Jgitur  non  dt)t  inia- 

lesautres, maisveillons,  cl  ^Midons-  mus  sicut  et  ceteri ,  scd 

nous  de  renivrement  du  pcche.'  vigHeinus  et  sol)ru  siinas. 

7.  Car  ceux  qui  dormcut,  dor-  7.  Qui  enimdonniiuil , 
ment  durant  la  nuit;  et  ceux  qui  nocte  dormiunt  :  et  qui 
s'enivrent, s'enivrentdurantlanuit.  ebrii  sunt,   nocte    ebrii 

sunt. 

8.  Mais  nous  qui  sommes  enfans  8.  Nos  autem,  qui  diei 
du  jour,  gardons-nons  dc  cette  sumus,  sobrii  siinus,  in- 
ivresse,'et  armons-nousenprenant  duti  loricam  fidei  et  cha- 
pour  cuirasse  la  loi  ct  la  charite,  et  ritatis,  et  galeani  spem 
pour  casque  Tesperance  du  salut.  salutis. 

9.  Car  Dieu  ne  nous  a  pas  desti-  9.  Quoniam  non  po- 
nes pour  etre  lesobjelsdesacol6rc,  suit  nos  Deus  in  irani  : 
mais  pour  nous  laire  acquerir  le  sed  in  acquisitionem  sa- 
salut  par  notre  Seigneur  Jesus-  lutis  per  Dominum  nos- 
Christ ,  trum  Jesuin  Christum  , 

'10.  Qui  est  mort  pour  nous;  afin         lo.    Qui   inorluus   est 

que,  soit  que  nous  veillions,' soit  pro  nobis  :  ut  sive  vigi- 

que  nous  dormtons,'  nous  vivions  lemus,  sive  dorniiamus, 

loujours  avec  lui.  simul  cum  illo  vivamus. 

11.  C'est  pourquoi  consolez-  11.  Propter  quod  con- 
vous  '  mutuellenient ,  et  edifiez-  solamini  invicem,  ct  audi- 
vous  les  uns  les  autres,  ainsi  que  ficate  alterutrum,  sicut  et 
vous  le  faites.  facilis. 

12.  Or,  nous  vous  supplions ,  12.  Rogamus  autem 
6  freres,  de  considerer  beaucoup  vos,  fratres,  ut  noveritis 
ceux  qui  travaillent  parmi  vous,  eos qui  laborant  inter  vos, 
qui  vous  gouverneiit  selon  le  Sei-  et  praesunt  vobis  in  Do- 
gneur,  et  qui  vous  avertissent  de  niino,  et  monent  vos, 
votre  devoir; 

i5.  Et  d'avoir  pour  eux  une  par- 
ticuliere  veneration  "  par  un  senti- 
ment de  charite,  ;\  cause  qu'ils  tra- 
vaillent pour  votre  salut.  Conser-  pacem  habete  cum  eis 
vez  toujours  la  paix  avec  eux.' 

1^  5.  Nous  qui  faisons  profession  de  croire  en  J&us-Christ,  et  dc  Ic  servir. 

y  6.  Lilt,  etsoyonssobres. 

y- 8.  Lilt,  soyons  sobres. 

y  10,  En  demeuranl  en  cetle  vie. 

Ibid.  Du  sommeil  de  la  mort. 

y  II.  Gr.  autr.  exliorlez-vous. 

■^  r3.  C'esl  lesens  du  grec  d'avoir  pour  eux  une  v^ndration  particullire , 
par  un  sentinienl,  etc. 

Ibid.  Ne  faites  ricn  qui  puissc  les  indisposcr  i  votre  ogard. — Gr.  Conser- 
ves la  paix  entrecux. 


i3.  Ut  habeatis  illos 
abundantius  in  charitate 
propter    opus    illorum    : 


t;iiAj'i  iRi:  V. 


1^.  Hogamus  auicin 
%  OS,  fratres,  corriplte  in- 
(jiiictos,  coiisolauiini  pu- 
^illaiiinies,  su^jcipite  in- 
liimos ,  patientes  eslote 
ml  omncs. 

i5.  Videle  lie  qiiis  ma- 
lum pro  malo  alicui  red- 
ilat  :  sed  semper  quod 
bonuiii  est,  sectamini  in 
tuvicem  et  in  omncs. 

16.  Semper  gaudete. 

17.  Sine  intermissione 
orate. 

18.  In  omnibus  gratias 
agile:ha'C  est  enim  volun- 
tas Dei  in  Christo  Jesu , 
in  omnibus  vobis. 

19.  Spiritum  nolite  ex- 
linguere. 

lio.  Prophetias  nolite 
spernere.   ' 

31.  Omnia  autem  pro- 
bale  :  quod  bonum  est  te- 
uete. 

23.  Ab  omni  specie  ma- 
la abslinete  vos. 

5>.3.  Ipse  autem  Deus 
pacis  sanctificet  vos  per 
omnia,  ut  integer  spiritus 
vester,  ct  anima,  et  cor- 
pus sine  querela  in   ad- 


14.  Jc  vous  prie  encore,  o  freres, 
rcprenez  ceux  qui  sont  deregles;' 
consolez  ceux  qui  ont  I'esprit  abat- 
lu  ;  supportez  les  foibles  ;  soyez  pa- 
tiens  envers  tous. 


le  a  un  autre  le  mui  puui  lu  mui,  u.  w.  a:^. 
nais  soyez  toujours  prets '  A.faire  ^om  xn.17. 
lu  bien,  et  a  vos  frferes,  et  a  tout  't'etr.  1.1.  y. 


i5.  Prenez  garde  que  nulne ren- /Vo.'.  x\n. 
de  i  un  autre  le  mal  pour  je  mal;  ijJ.  xx.  11. 
mai 
di 
le  monde. 

16.  Soyez  toujours  dans  la  joie.  EccU.  xvuu. 

17.  Priez  sans  cesse.  aa. 

Luc.  XVII.  n. 

18.  Rendez   graces  i    Dleu   en  ^'- 1'- 2. 
toutes  choses ,    car  c'est  li  ce  que 

Dieu  veut  que  Yous  fassicz  tous  en 
Jesus-Christ. 

19.  N'eteigoei  pas  PEspril.' 

ao.  Ne  meprisei  pas  les  prophe- 
ties/ 

21,  Mais  eprouTCz  tout,  ct  ad- 
mettezce  qui  est  bon.' 

aa.  Abstenez-vous  de  tout  ce  qui 
a  quelque  apparence  du  mal. 

23.  Que  le  Dieu  de  paix  vous 
sancti6e  lui-meme  en  toute  ma- 
ni^re, '  afin  que  tout  ce  qui  est  eo 
vous, '  I'esprit,  I'ame'  et  le  corps, 
se  conservent  sans  tache  pour  I'a- 


y  i'\-  C'esl  le  sens  du  grec, 

y  i5.  Aulr.  cherchez  toujours  k  I'aire  du  Lien. 

Y  ly.  L'lisprildeDieu;  n'emp&hez  pas  ceux  qu'il  a  enrichis  de  qutl- 
iju'un  de  ses  dons,  de  s'en  servir  pour  I'utilite  de  I'Eglise. 

y  20.  Par  la  raison  qu'il  y  en  a  qui  debitent  leurs  imaginatians  pour  des 
prophelies.  L'Apotreentend  pary:;ny>A<;'f/'e  le  don  qu'avoient  quelques  fidelcs 
de  prcdire  I'avenir,  ou  d'expliquer  les  mysteres ,  cu  dc  detourir  les  veriles 
cacliees  dansl'tcrilure. 

y .  2 1 .  Coaformc  a  ce  que  la  loi  nous  enseigne. 

>  u3.  Grec :  el  \ousrende  parfaits  en  tout. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 

llid.  /.Vi/)m  marque  rentendemeut,ra/;ie,  la  voIolK- :  ainsi  cts  deux 
mots  nianitienlles  deux  principa^es  facullec  de  lame. 


3,4  iroEpilRE  DK  SAINT  PALL  ALX 

Tenement  de  notre  Seigneur  Jesus- 
Christ. 
I,  Cor.  I.  9.      24.  Celui  qui  yousa  appeles  est 
fiddle;  et  c'est  lul  qui  fera  cela  en 
vous. 

a5.  O  frt;res,  priez  pour  nous. 

26.  Saluez  tous  nos  fr^res ,  en 
Icur  donnant  le  saint  baiser. 

27.  Je  vous  conjure  par  le  Sei- 
gneur de  faire  lire  cette  lettre  de- 
vant  tous  les  saints  freres. 

28.  Que  la  grace  de  notre  Sei- 
gneur Jesus-Christ  soil  avec  \ous. 
Amen.' 


TlIBSSALOniClENS,  CtC. 

ventu  Domini  nostri  Jesu 
Chrisli  servetur. 

a4.  Fidelisest,  qiii  vo- 
cavit  vos  :  qui  etiam  fa- 
ciei. 

25.  Frates,  orate  pro 
nobis. 

26.  Salutate  fratres  om- 
nes  in  osculo  sancto. 

27.  Adjiiro  vos  per  Do- 
minum,  ut  legatur  epis- 
tola  hsec  omnibus  Sanctis 
fratribus. 

28.  Gratia  Domini  nos- 
iri  Jesu  Christivobiscum. 
Amen. 


■>^  28.  Les  exemplaires  grecs  portent  ici ;  Premiere  6pUre  aux  Thessalonir 
cicns,ecrile  d'Alheues,  euigS  versets. 


PREFACE 
SUR  LA  DEUXIEME  EPITRE 

Al'X  THESSALOINICIENS. 


Tl  est  evident  par  le  texte  de  cette  seconde  epitre  qu'elle     Quelle  fut 

est  une  suite  et  une  dependance  de  la  premiere.  Les  Thes-  loc«^asioade 

salonicieDS  avoient  ete  troubles  par  un  endroit  ^le  cette     gj^^^gj' 

premiere  epitre,  ou  I'Apotre  leur  parlant  du  jour  de  I'ave-  le  sujei. 

nement  du  Seigneur,  sembloit  s'exprimer  comme  si  ce 

jour  eut  ete  proche.  De  plus  il  avoit  appris  que  les  per- 

sonnes  oisives  qui!  avoit  aver  lies  dans  sa  premiere  lettre 

ne  se  corrigeoient  point.  II  comprit  qu'il  etoit  necessaire 

d'instruire  davantage  les  uns  ,  et  de  reprendre  plus  seve- 

rement  les  autres.  II  avoit  temoigne  aux  Jhessaloniciens 

le  desir  qu'il  avoit  d'aller  les  voir;  et  les  circonstances  ou 

ils  se  trouvoient   sembloient  rendre  ce   voyage   encore 

plus  necessaire ;  ne  pouvant  done  le  faire  ,  il  rcsolut  de 

leur  ecrire  cette  lettre 

L'Apotre  la  commence  de  m^me  que  la  precedenie  ,  en     Analysede 

sassociant  Silas  et  Timothee,  et  souhaitant  aux  Thessalo-  ^^^^^  epitre, 
_•    •  I  .1  •       /    I        •.  \t     Tl  .    et  rema roues 

niciens  la  grace  et  la  paix  (chapitre    i)'.  II  reconnoit  g^.  j^  ^^^^^^ 

qu'il  doit  a  Dieu  de  conlinuelles  actions  de  graces  pour  du  second 

eux  ,  puisque  leur  foi  s'augmente  ,  et  que  leur  charite  mu-  chapitre. 

tuelle  prend  de  nouveaux  accroissemens ,  de  sorte  qu'il 

a  lieu  de  se  glorifier  en  eux  a  cause  de  la  patience  el  de 

la  foi  avec  lesquelles  ils  soutiennent  les  persecutions  et 

les  afflictions  qu'ils  eprouvent*.   11  leur  Xait  remarquer 

que  les  maux  qu'ils  soulTrent  sont  une  marquQ  et  un  signe 

du  jugeraent  de  Dieu  qui ,  les  purifiant  ainsi  en  cette  vie 

pour  les  rendre  dignes  de  son  royaume  ,  fait  connoitre  en 

meme  temps  ce  que  les  mechans  ont  a  attendre  dans  la 

vie  future  ^  II  ajouie  qu'en  ellet  il  est  bien  juste  devant 

Dieu  qu'il  afflige  a  leur  tour  ceux  qui  les  alfligent  mainte- 

nant ,  et  qu'il  leur  donnne  a  eux  le  repo^  et  la  consolation 


itfi  pnL?FACR 

lorsquc  le  Seigneur  Jesus  viemlra  dans  sa  gloire^  II  en 
prend  occasion  de  decrire  encore  ici  Ic  dernier  avencment 
de  Jesus-Christ.  31  dit  done  que  Jesus-ChrisL  se  manifes- 
tera  alors  descendant  du  ciel  avec  les  anges  qui  sont  les 
ministres  de  sa  puissance ,  et  au  milieu  des  flammes  de 
Ibu ;  qu'il  exercera  alors  ses  justes  vengeances  sur  ceux 
quine  reconnoissent  point  Dieu  ,  et  qui  n'obeissent  point 
a  I'Evangile;  et  qu'il  se  glorifiera  alors  dans  ses  saints,  et 
se  lera  admirer  dans  tous  ceux  qui  am  ont  cru ,  tels  qu'c- 
toient  les  Thessaloniciens  memes^.  II  leur  lemoigne  que  , 
dans  I'attente  de  cette  recompense  qui  leur  est  promise, 
il  ne  cesse  de  demander  a  Dieu  qu'il  les  rende  dignes  d'ar- 
river  au  terme  de  leur  vocation,  et  que  pour  cela  il  ac- 
complisse  par  sa  puissance  tous  les  desseins  que  sa  bonte 
a  sur  eux  ,  et  qu'il  consomme  lui-meme  I'oeuvre  de  leur 
foi-* ;  afin  que  le  nom  de  Jesus-Christ  soit  gloi'ifie  en  eux , 
et  eux  en  lui  par  la  grace  de  Dievi  qui  est  le  prin- 
cipe  de  cette  gloire,  et  de  Jesus-Christ  qui  en  est  en  merac 
temps  et  le  principe  et  le  dispensateur*. 

Apres  cela  il  vient  a  ce  qui  les  avoit  effrayes  touchant 
I'avenement  de  Jesus-Christ,  et  la  reunion  des  elus  avec 
lui  ( chapitre  ii);  et  sur  cela  il  les  supplie^  de  ne  point 
se  laisser  legerement  ebranler  dans  leur  premier  senti- 
ment fonde  sur  ce  qu'il  leur  en  avoit  dit  de  vive  voix  lors- 
qu'il  etoit  avec  eux ;  il  leur  recomraande  de  ne  point  se  trou- 
bler  en  croyant  sur  le  temoignage  de  quelque  esprit  pre- 
lendu  prophetique  ,  ou  sur  quelque  discours  qui  lui  seroit 
attribue  a  lui-meme  ,  ou  sur  quelque  lettre  que  Ton  sup- 
poseroit envoy ee  par  lui,  que  le  jour  du  Seigneur  soit  prcs 
d'arriver*^.  II  les  exhorle  a  ne  se  laisser  seduire  en  aucune 
maniere  sur  cela.  Et  afin  de  les  premunir  contre  la  seduc- 
tion ,  Jl  leur  marque  deux  signes  eclatans  qui  doivent 
preceder  le  dernier  avencment  de  Jesus-Christ.  11  declare 
pren)ierement  que  le  jour  du  Seigneur  ne  viendra  point 
que  Ton  n'ait  vu  eclater  d'abord  Vaposlasie^ ,  c'esl  I'cx- 
pression  meme  de  I'Apotre  ,  OTcaraata;  c'est-a-dire  une 

'yO.t'f  7. — -^  7. -10. — ^^  11.  Iiiquo['^t.  Ei;  o,  in  (juod)  eliain  ora- 
luus  semper  ptv  vobis,  ut  digneiitr  vos  vocalione  sua  Deus  iiosier,  et  itn- 
pleat  ouineni  voluntaiem  bonilaLis,  eiopusjideiiii  virlute.  (Gr.  £v  ^uvaasi), 
—  *  7^^  I  ?..  et  ult.  —  •^  ^  I .  Jiogamus  auieni  vosfraLres ,  per  adventiim^  etc. 
(Gr.  uiv£pT"fl?  irapouaioK,  te  qui  pent  signifier,  de  aduenlu  Domini  nosiri  Jesu 
Chrisli,  et  nosiia  coiif^regatione in ipsum.) — ^ir'j2. — '-j^  'i.Nisi venent  dis 
cessio  primum.  (.Gr.  Eav  y.v!  cXO-iir,  s,7:coTaata  TvpwTCv.) 


SIR  LA  n*tI*ilRE  AIX  THESSAl.OJdCIEMS.  ^ -J 

*i(  icciion  dans  la  foi.  I.es  i^randes  heresies  ont  coinmetice 
ootie  defection  :  c'est  ce  (|iii  a  domic  lieu  aux  saints  peres 
lie  dire  quclquefois  que  Ton  ctoit  au  temps  de  I'aposlasie 
prcdile  par  saint  PauU.  Et  en  etTet  ces  grandes  lieresies 
<|ui  ont  entraine  des  peuples  entiers,  ont  commence  sur 
la  terre  cetle  luneste  aposlasie  :  elle  s'est  etendue  dans 
presque  tout  I'Orient  par  Ic  schisme  des  Grecs ;  elle  a 
enleve  presque  sous  nos  yeux  les  peuples  du  Nord  :  elle 
])enelre  insensibleraent  jusqu'au  milieu  de  nous  par  la 
depravation  des  moeurs  ,  par  ia  licence  des  opinions  ,  par 
!"  vsprit  d'irreligion  et  d'incredulite.  Grand  Dieu!  sauvez- 
>us  par  votre  grace  ,  et  ne  permettez  pas  que  nous  me- 
mnoissions  le  danger  terrible  qui  nous  menace. 
L'Apoire  declare  secondement   qu'a  la  suite  de  cette 
aposlasie  funesle  doit  paroitre  I'Antechrist ,  qu'il  designe 
sous  le  nom  d'hommc  de  peche  ^  :  voila  son  caractere ;  ce 
sera  un  homme  ,  raais  un  homme  de  peche,  e'est-a-dire  un 
impie  qui  sera  comme  un  compose  de  rhomrae  etdu peche, 
ou  le  peohe  incarne  ,  oppose  a  Jesus-Christ,  qui  est  un 
compose  de  I'homme  et  de  la  sainlete  meme  ,  ou  la  sain- 
tete  incarnee;  en  sorle  que  comme  I'Apotre  ditque  toute 
la  plenitude  de  ladivinite  habite  corporellementen  Jesus- 
rhrist,  de  meme  saint  Jerome  pense  que  toute  la  perver- 
e  et  la  maiignite  de  Satan  habitera  corporellement  dans 
cet  impie  ^.  Et  en  efTet  il  ne  seroit  pas  designe  sous  le  nom 
A' homme  de  peche  ,  s'il  ne  devait  meriter  ce  nom  par  un  ca- 
ractere de  perversile  qui  le  distinguera  entre  tous  ceux 
'  n  qui  le  peche  a  regne.  L'Apotre  le  designe  aussi  sous  le 
om  dejiis  de  perdition  "* ;  et  voila  quelle  sera  sa  fin ,  la  perte 
ft  la  damnation  a  laquelle  il  est  reserve,  et  qu'il  aura  me- 
rilee  par  ses  crimes.  Bientot  lApotre  expliquera  de  quelle 
saniere  cet  impie  doitperir,  lei  il  va  expliquer  comment 
I  I  impie  sera  un  homme  de  peche.  Et  d'abord  il  dit  que 
re  sera  un  adversaire  ,  un  homme  oppose,  ivTi/.e/fxn/o;^, 
<'esl-ii-dire  opposse  a  Dieu,  oppose  a  Jesus-Christ;  voila 
quel  sera  son  elat  et  sa  vie,  uue  opposition  formelle  a 
Jesus-Christ;  de  la  vient  que  des  le  siecle  des  ap6tres , 

'  C/iill.  Hieros.  Ca:ech.  ii.  ^•Jv  Si  s<jTtv  iTTCo-raaia.-  aTTiVrr.aav  yif  ct  iv- 
npMirc.  tt;  i;6f^  ^icreca;- — *  V  i.  El  revelaliu  fuerit  homo peccati. — *  Uier. 
iji  Dan.  va.  cvl.  iioi.iVV  vuni  puteiniis,  juxta  quoritmdam  opinionein  , 
I  litili iboluin  esse,  divmonem,  s%d itiiiun  de  lioininibus,  in  ijiio  lotus  Sola- 
ns htd'ilatuius  sit  coijjoiuliter. — *y  3.  Filius  pcrditionis . — '  j  4.  Qui  ad- 
■  isalur.  (Gr.  5  ivTUCcW-jvc^) 


28  PR^FACK 

il  a  ete  designe  sous  le  nom  &' Jntechrist ,  Avxlxp^oroiK 
L'Apotre  annonce  qu'il  s'elevera  au-dessus  de  Lout  ce  qui  est 
appeU  Dial ,  et  de  tout,  ce  qui  est  adore^  ;  voila  jusqu'a  quel 
exces  le  portex'a  son  orgueil ,  jusqu'a  so  mettre  a  la  place 
de  Dicu  :  et  saint  Jean  nous  annonce  aussi  que  toutc  la 
terrc  Tadorcra^,  c'est-a-dire ,  comme  saint  Jean  meme 
I'explique  ,  qu'il  sera  adore  de  tous  ceux,  d'entre  les  liabi- 
tans  de  la  terre  dont  les  noms  ne  sont  pas  eerits  dans  le 
livre  de  vie  de  TAgncau^.  II  s'opposera  ouvertement  au 
vraiDieuet  a  Jesus-Christ  son  (ils  :  mais  saint  Jean  nous 
annonce  que  ceux  qui  adoreront  cet  impie  adoreront 
aussi  le  dragon,  c'est-a-dire  le  demon  ,  qui  lui  aura  donne 
sa  puissance^.  II  ne  s'opposera  done  pas  au  cuke  des  faux 
dieux;  mais  il  s'elevera  au-dessus  de  tout  ce  qui  est  appele 
Dieu,  se  faisant  reconnoitre  et  adorer  comme  le  plus 
grand  de  tous  les  dieux  :  il  ne  s'opposera  pas  au  culte  des 
idoles  ;  mais  il  s'elevera  au-dessus  de  tout  ce  qui  est  adore, 
et  son  image  ,  a  laquelle  le  faux  prophete  fera  rendre  ,  se- 
lon  saint  Jean ,  les  hommages  divins*^ ,  sera  regardec 
comme  la  premiere  et  la  plus  respectable  de  toutes  les 
idoles.  L'Apotre  ajoute  que  cet  impie  oserameme  s'asseoir 
dans  le  temple  de  Dieu  pour  s'v  faire  adorer  comme  Dieu''  ; 
voila  jusqu'ouira  son  impieie  ,  jusqu'a  se  faire  rendre  les 
honneurs  divins  dans  le  lieu  meme  le  plus  particuliere- 
ment  consacre  au  culte  du  vrai  Dieu,  afin  d'insulter  da- 
vantage  a  la  religion  de  Jesus-Christo  C'est  ce  qui  est  deja 
arrive  en  partie  chez  les  Grecs,  ou  la  grande  eglise  de  , 
Constantinople  ,  autrefois  consacree  a  la  Sagesse  eternellc 
sous  le  nom  de  Sainte-Sophie  ,  qui  signifie  la  sainte  Sagesse, 
est  dcvenue  la  principale  Uiosquee  des  Mahometans.  Ce 
qui  est  arrive  aux  Grecs  est  un  exemple  pour  nous  :  et  en 
voyant  ce  quest  devenue  la  celebre  eglise  de  Sainte-So- 


'  Hieron.  adAlgasiam,  rjucest.  r  i .  Qui  culversatur  Christo,  el  uleo  voca- 
iurludnUchristiis. — ^  Hieron.  ad:Mgasiain.  Et  extolleUir  supraoinnc  quod 
dicilur  Deus,  aut  quod  colitur.  (Gr.  xat  UTTspa.tpo'|j.Evo;  im  Travra  Xs'^o[/.£vcv 
&im  71  diocLu^.a.. — "  jtpoc.  xni.  i.  Et  adinirata  est  universa  tenu  post  bes~ 
uam. — '^  Apoc.  xiir.  8.  Et  adoraverunl  eiiin  omnes  qui  inhabitant  terram, 
quorum  non  sunt  scfipia  nomina  in  libra  vitce  Agni. — *  Apoc.  xni.  /, .  Et 
adoraK>erunt draconem  quidedit  polestalem  bestice,  el  adorm'crunt  tjcstiant. 
— *  Apoc.  XIII.  II.  et ! ^.  Etvidi  aliain  besliam.  .  .Et  datum  est  ilU ul.  .  . 
facial  ul  qtiicumquc  non  adoras'erint  imagincm  bcsticc,  occidanlur. — '  y4. 
Ita  ut  in  tempto  Dei {gv.  addit.,  utVcus.)  sedeat.  (Gr,  ware  aOrev  at;  tov  vabv 
Ti5  0;s'j  wj  0EOV  jiaO^Jjat.) 


SLR  LA   II*  EpixRE  AUX  THESSALOMCIENS.  29 

phic ,  il  est  aise  ile  comprcndre  quel  peut  ^tre  le  temple 
aui^ustc  oil  rcniicmi  tic  Josus-Christ  s'assicra  pour  s'y  faire 
renclre  les  honncurs  divins.  Enfin  I'Apotrc  dit  que  cet  ini- 
pie  sc  monlrcra  commc  un  Dicii ' ;  voila  jusqu'ou  ira  sa  puis- 
sance ,  jusqu'a  operer  des  signes  et  des  prodiges  pour 
prouver  qu'il  est  Dicu;  car  I'Apotre  va  lui-meme  aimon- 
cer  <pic  rAnleclirist  viendra  acconipagnc  de  la  puissance 
de  Satan  avec  loutes  sorios  de  miracles,  de  signes  et  de 
prodiges  ironipeurs*;  et  saint  Jean  nous  annonce  aussi 
que  le  fau\  prophete  de  cet  impic  seduira  ccux  qui  habi- 
lent  sur  la  terre  ,  par  les  prodiges  qu'il  aura  le  pouvoir  dc 
faire  devant  cet  iinpie^.  L'Apotrc  ayant  asini  expose  en  peu 
de  mots  les  principaux  caracieres  de  cet  hiipie  ,  c'est-a- 
dire  son  ctat,  son  orgueil,  son  impiete  et  sa  puissance,  re- 
presente  aux  Thessaloniciens  que  lorsqu'il  etoit  encore 
avec  eux,  il  leur  avoit  parle  dc  toutcs  ces  choses  ,  c'est-a- 
dire  de  ce  qui  regarde  I'Antcchrist  et  I'apostasie  qui  doit 
lepreceder^. 

Aprcs  cela  il  vient  a  ce  qui  regarde  le  temps  ou  doit  pa- 
roitre  cet  impie  ;  et  comme  il  ne  veut  pas  on  parlor  ici  clai- 
remeiit,  il  commence  par  leur  rappeler  le  souvenir  de  ce 

I'il  leur  a  dit  sur  cela.  Il  leur  represente  done  qu'ils  sa- 
> ent  bien  ce  qui  rclarde  I'avenement  de  rAnlechrist ,  et  ce 
qai  empeche  qu'il  ne  paroisse  jusqu'a  ce  que  soit  venu  le 
temps  ou  il  doit  paroiire^.  11  avoue  que  dcjd  le  mystere 
(fimquitc  s'opcre^' ,  c'est-a-dirc  que  des  ce  lemps-la  meme 
commencoit  a  se  former  cetle  apostJisie  funeste  qui  devoit 
preparer  les  voies  a  cet  impie ,  et  dont  les  premieres  here- . 
sics,  qui  se  formoient  des  iors,  etoient  en  effet  les  pre- 
mieres semences,  Et  il  ajoute  qu'il  ny  a  plus  qn'iine  chose  , 
c  til ,  di\\.-\\ ,  que  celui  qui  lienl  maintcnanl ,  soil  ate  du  milieu 
dumonde;  carc'estce  que  porte  le  grec  :  Movov  6  •/aTs'/wv 
ocpTt ,  Kr);  r/.  UcVo'j  ysyyitat.  Tantum  qui  tenet  nunc,  donee  dc 
medio  fiaf .  «  Sous  le  nom  de  celui  qui  tient ,  I'Apotre  desi- 
• 

'  V  4  •  Ostendens  se  tanujiiam  sit  Deus.  (Gr.  k-m^fxryira.  Ja'JTCv  ?T!  firrl 
■^5?)  —  '  T  9-  Cujus  esOadnentits  secundum  operationcm  Satanee  in  omni 
rtute,  et  signis,  etprodigiis  mendacibus. — °  jipoc.  T.m.  ^^.[Et  scduxit 
ImbilaiUes  in  terra  propter  signa  qua  data  sunt  illi  fjccre  in  conspectu 
besttce.  — *  -f  5.  Non  reu'neiis  quod  cum  adhiic  cssem  apudvos,  luec  dice- 
bam  vobis?^ —  *  y  6.  Et  nunc  quid deiincal  scitis,  ut  reveletur  in  suo  tem- 
pore.— '-j^  S.  Nam  mrsterium  jamoperalur  inif/uiuitis.' —  '  Ibid.  La  Vul- 
pate  porte:  Tantum  ut  qui  tenet  nunc ,  teneat,  donee  de  medio  JiaL  C"e«t 
bien  au  fond  le  meme  sons.  Mais  le  mot  teneat ,  qui  jctte  quelque  obscarite 


PREFACE 


"  gnc,  clit  saint  Jerome^ ,  rempire  romain  :  Enm  qui  (end, 
«  romanum  imperium  ostcndit.  En  effet,  ajoutc-t-il,  selon  la 
"  prophetic  de  Daniel,  rAntechrisl  ne  viendra  point  que 
«  cet  empire  n'ait  etc  detruit  et  ote  du  milieu  du  mondc  : 
fi- Nisi  cnim  hoc  dcsfruciam  fuerit  sublatumque  de  medio, 
v^  jiixta  prophcliam  Daniciis ,  Antichristus  ante  nonvcnict. 
«  Et  si  I'Apotre  s'exprime  sur  cela  en  termesobscurs,  c'est 
«  parce  que  s'il  eut  voulu  s'expliquer  ouvcrtement,  il  au- 
«  roit  imprudemment  risque  d'exciter  la  rage  des  persecu- 
n  teurs  contre  les  Chretiens  et  contre  I'Eglise  encore  nais- 
«  sante  :  Quod  si  aperle  dicere  voluisscl ,  sluUe  perseculorum 
«  adversus  Chrislianos  ,  et  tunc  nasccnlcm  Ecclcsiam,  rahiem. 
«  concilassct.yi  Saint  Jean  Chrysostome  s'exprime  de  meme 
sur  I'obscurite  des  expressions  de  saint  Paul  en  cet  en- 
droit.  Et  en  general  la  plupart;  des  pcres  ont  pcnse  que 
1  Apotre  avoit  ici  en  vue  la  ruine  de  I'cmpire  romain  ,  et 
qu'il  I'annoncoitcomme  un  signe  de  I'avenement  de  I'An- 
techrist.  //  reste  seulement  que  celui  qui  tienl ,  soil  die  du 
milieu  da  monde :  Tantum  qui  tenet  nunc  ,  donec  de  medio 

FIAT*. 

L' Apotre  ajoute  que  cet  obstacle  etant  leve,  alorsparoi- 
tra  cet  impieque  le  Seigneur  Jesus  detruira par  le  souffle  de  sa 
louche ,  et  qu'ilperdrapar  V  eclat  de  sa  presence'^.  L' Apotre  a 
deja  annonce  la  fin  malheureuse  de  cet  impie,  en  disant 
que  ce  seroit  un  fils  de  perdition  :  il  explique  ici  de  quelle 
maniere  cet  impie  perira.  Jesus-Christ  le  detruira  j»ar  le 
souffle  de  sa  louche. }\%&cc^Ae,c^'&  I'Apotre  ait  icienvuecette 
parole  d'Isaie,  qui  parlant  du  Messie,  dit  :  II  frappera  la 
terre  par  la  verge  de  sa  louche, et  il  tucra  I' impie  par  le  souffle 
d£  ses  levres^.  Jesus-Christ  frappera  la  terre  par  la  verge  dc 
sa  bouche,  en  prononcant  Tanatheme  terrible  dont  il  doit 
lafrapperau  dernier  jour*:  etdememeil  tueral' impie  par 
le  souffle  de  ses  levres ,  il  le  detruira  par  le  souffle  de  sa 
bouche ,  en  prononcant  contre  lui  I'anatheme  dont  il  doit 

dans  cetle~phrase  ddji  assez  obscure  par  elle-m^me  ,  ne  se  lit  que  dans  Ics 
bibles  latines  :on  nele  trouve  point  dans  le  grec. 

'  Hieron.  in  Jerem.  c.  xxaj,  col.  65o.  —  -  Voyez  ce  qui  sera  dit  sur  cela 
dans  la  Dissertation  sur  l Antechist ,  placee  a  la  suite  de  cette  preface.  — 
■^  -j^  8.  Et  nunc  (gr.  tote, "tone)  revclnbitur  ille  iniquus  quern  Dominus  Je- 
sus inlerjiciet  (gr,  avaAtoaei,  cxievininahiC)  spiritu  oris  sui,  etdeslruei  illus- 
tratione  aihe  dus  sui  cum. —  ^  Isai.  xi.  4.  Petvutiet  ten-am  vii^'gn  oris  sui, 
ei  spiritu  labiorum  suontm  inlerjiciet  impium.  — *  Mai.  iv.  >'  nit.  Nc/brtc 
veniam,  etpetrutiam  teiramanathemalc. 


SLU  LA  U"  KPITRE  AU.V  TllESS\U).>!iCIE.\S.  3  I 

aiissi  le  frapper.  D'aillcurs  cette  expression,///.!?  dftraira 

par  Ic  souffle  dc  sa  bouche ,  inontro  en  ineme  leinps  ,  ct 
!'c\lrt'me  foiblesse  de  cet  impie  qui  sesera  rendu  si  rcdou- 
lablc sur  la  terre,  et  la  souverainepuissancc  de  Jesus-Chrisi 
contre  qui  cet  impie  aura  ose  s'elever  :  le  seul  soulTle  dc 
Jesus-Christ  suffira  pour  le  renverser.  Ce  n'est  pas  mcine 
encore  assez  dire  :  11  Ic  perdra  par  Ic  seul  eclaldc  sa  presence. 
Saint  Jean  nous  annonce  que  cet  impie  et  son  faux  pro- 
phete  seront  precipites  tout  vivans  dans  I'etang;  brulant 
defeu  et  de  soufre'.  Jesus-Christ  perdra,  detruira,  tuera 
cet  impie,  en  le  precipitant  aiusi  tout  vivant  dans  cetetang 
de  feu  ,  qui  est  la  seconde  mort,  scion  I'expression  memo 
de  saint  Jean  ^. 

Mais  saint  Paul  ne  nous  marque  pas  seulement  de  quelle 
maniere  Jesus-Christ  perdra  cette  impie ;  il  nous  marque 
encore  en  quel  temps  il  le  perdia,  lorsqu'il  dit  que  le  Sei- 
^eur  Jesus  le  perdra  par  I'eclal  de  sa  presence  ou  de  son 
avcnemcnt;  car  le  grec  r.c^.'.O'jniy.,  signifie  I'un  et  I'autrc;  la 
Vulgate  I'exprime  meme  par  advenlus ;  et  tous  les  peres  ont 
compris  que  saint  Paul  avoit  ici  en  vue  le  dernier  avene- 
mentde  Jesus-Christ.  Cependant  saint  Jerome  qui  n'igno- 
roit  certainement  pas  celle  parole  de  I'Apotre  ,  croit 
apercevoir  dans  Daniel  qu'il  y  aura  un  intervalle  de  qua- 
rante-cinq  jours  entre  la  ruine  de  I'Antechrisl  et  le  der- 
nier avenementde  Jesus-Christ.  iSous  en  avons  deja  parle 
ailleurs,  et  nous  aurons  lieu  d'y  revenir  encore  dans  la 
suited  Nous  remarquerons  done  seulement  ici  qu'au  fond 
cela  nest  pas  contraire  a  ce  que  saint  Paul  nous  dit  de  la 
ruine  de  cet  impie.  L'Evangile  nousavertit  que  le  dernier 
avenemenl  de  Jesus-Christ  sera  precede  de  signes  extra- 
ordinaires  et  cclatans.  11  pourroit  arriver  qu'au  milieu  de 
ces  signes  prodigieux  intimement  liesavec  le  dernier  ave- 
nement  de  Jesus-Christ ,  TAutechrist  fut  extermine  d'une 
maniere  eclatante ,  et  comme  par  le  souffle  du  Seigneur 
prct  a  paroitre  ;  en  sorte  que  quoique  Jesus-Christ  ne  dut 
peut-etre  paroitre  que  quarante-cinq  jours  apres,  cepen- 
dant il  seroit  vrai  de  dire  que  cet  impie  seroit  extermine 


^  Jtpoc.  XIX.  20.  Et  apprehensa  est  bestia  ,  et  cum  ea  pseudopropheta  : 

...  vivi  missi  stinthiduo  in  siagnum  ignis  ardentis  sulphure. —  -Apoc. 

\.  1^.  Et  infcrnns  el  mors  missi  sunt  in  stagnum  ignis  :  hcec  est  mors  se- 

undii. — ■'  \o)cz  \:ipT-e'face  sur  te  lix-re  de  Daniel,  torn,  xvi,  et  la  DisscrUi- 

tioti  surlAniechrisi,  h  la  suite  dc  la  presente  preface. 


PREFACE 


par  Teclat  dc  ravcncment  dc  cc  Dicu  Sauveur,  c'est-a-dire 
par  I'eclat  qui  precedera  de  si  pres  son  aveiiemcnt :  Ilk 
iniquus  quern-  Dominas  Jesus  inlerficiet  spirilu  oris  sui  ,ct  des- 
truel  illusLralione  advcnlus  sui. 

L'Apotre  ajoute  que  cet  impie  viendra  accompagne  de  la 
puissance  de  Satan ,  avec  f.oute  sorle  de  miracles^  de  signes  et  de 
prodiges Irompeurs^ .  Le  demon  agira  dans  cet  homme  eten 
f'aveurde  cet  homme;  I'operalion  dti  demon  sc  manifcstera 
par  les  effets  de  sa  puissance  ;  les  cilcts  de  sa  puissance 
seront  les  signes  etlesprodigesqu'iloperera  ;  mais  ces  pro- 
digcs  et  ces  signes  seront  des  signes  et  des  prodiges  de 
mensonge;  car  c'est  a  la  lettre  ^'expression  du  grec  :  In 
omni  virtule  ,  ct  signis ,  et prodigiis  mendacii;  ce  que  la  Vu!- 
gote  exprime  par,  In  omni  virlnte ,  ct  signis,  ct  prodigiis 
mendacihus ,  des  signes  etdes  prodiges  Irompeurs.  L*equi- 
voque  dc  cctte  expression  dans  le  grec  ,  et  meme  dans  le 
latin  ,  a  donne  lieu  a  deux  interpretations  diffcrentes.  Les 
uns  pensent  que  I'Apotre  a  voulu  marques  des  miracles  qui 
conduiront  au  mensonge,  a  i'erreur  :  les  autres  pensent 
qu'il  avoulu  marquer  des  miracles  faux  qui  tromperont  par 
une  fausse  apparence;  c'est  le  sentiment  deTheodoret  ^: 
saint  Jean  Chrysostome  propose  les  deux  sens\  De  la  nais- 
sent  aussi  deux  sentimens  sur  la  nature  des  miracles  de 
FAntechrist :  les  uns  croient  que  ce  sont  de  faux  miracles; 
il  semble  que  ce  soit  la  pcnsee  de  saint  Jer6me ,  qui ,  com- 
parant  les  prodiges  de  I'Antechrist  avec  ceux  des  magi- 
ciens  de  Pharaon,  dit  que,  «  comme  les  magicicns  de 
«  Piiaraon  resistant  par  leurs  mensonges  aux  signes  qucDieu 
«  operoit  par  MoTse ,  la  verge  de  Moise  devora  leurs  vei'ges, 
«  de  meme  la  verite  de  Jesus-Christ  devorera  le  mensonge 
«  de  I'Antechrist :  Quomodo  cnim  signis  Dei  qua;  opcraban- 
fl  turpcr  Moysen ,  magi  svisrestitere  me>'daciis  ,  et  virga  Moysi 
«  devoravit  virgas  eorum  :  ila  menuacium  Antichristi ,  Christi 
"  Veritas  dcvorahit^ .  »  Les  autres  croient  que  ce  seront  de 
vrais  miracles.  Saint  Augustin  en  plusieurs  endroits  deses 
ouvrages  soutient  que  les  demons ,  et  les  magicicns  par 
leur  moyen ,  peuvent  faire  de  vrais  miracles  ;  que  les  me- 
chans  peuvcnl  en  faire  quelqucfois  aussi  bien  que  les  bons  : 


■/.a.'.  roLOi  craeia  oux-  chawt.    uauu.ara.  — "  Chrysi.  inc.  Xspoai  ij'sudc.u;"  r-ci 
^iii^z\jau.hoK,  r,  et;  dcyfS'oc  aTfjort. — *  Hicron.  Algasice.  qiicest.  ii.  adfinem. 


soil  LA  n*^  J^piir.u  wx  tiikss.vloxicif.xs.  3S 

ri  cji'.ant  aux  miracles  der.ViUechrist,  il  dit  que  «  les  uus 
<«  croieiit  qu'il  sunt  appeles  prodigcs  de  vunsongc ,  parce 
<>  qu'ilsn'aurontpas  la  realite  ,  mais  seulementl'apparence 
>i  dcs  vrals  miracles,  et  qu'ils  trompcront  les  ycu.v  de  ceux 
-qui  en  seront  temoins;  et  que  d'autres  tiennent  qu'il.i 
»  sontainsinomraes, parce  qu'encore  que  cesoient  devrais 
«  prodiges,  ils  auront  pour  fin  d'enlrainer  dans  le  men- 
«  songe  et  dans  I'erreur  ceux  qui  croient  que  ces  prodigcs 
«  nc  peuvent  etre  opercs  que  par  la  puissance  de  Dieu , 
«  ne  sachaut  pas  quel  est  le  pouvoir  du  demon,  surtout 
«  dans  ce  temps  oii  il  recevra  une  puissance  si  grande  , 
a  que  jamais  il  ne  I'aura  eue  telle  :  jln  quia  ilia  ipsa  etium- 
«  sicrnnt  vera  prodigia ,  ad  mciulucimn  pcrtrahenl  crediluros 
a  non  ca  poluis^e  nisi  divimtus  Jieri ,  virtiitem  diaholi  nescicn- 
a  les  ,  maxiine  quando  tantam  quantum  nimqiLam  hahnit ,  acci- 
<i  pict polestalem^ .  n  On  a  traite  cette  question  ailleurs^, 
et  Ton  a  fait  voir  qu'il  peut  etre  egaleuient  vrai  de  dire 
qu'il  n'y  a  proprement  que  Dieu  qui  puisse  faire  de  vrais 
miracles,  etque  le  pouvoir  du  demon  dansl'ordre  surna- 
turel  lui  vient  de  Dieu,  comme  saint  Augusiin  meme  le  re- 
connoit  ici ,  en  disant  que  cette  grande  puissance  qu'il 
exercera  alors,  il  I'aura  recue  :  Maxime  quando  tantam 
quantam  nunqnam liahuit accipiet  polcstatcm.  Saint  Jeanne 
parle  pas  expressement  des  miracles  del'.Vntechrist;  il  dit 
seulement  que  le  dragon,  c'est-a-drre  le  demon,  lui  doii- 
nera  sa  force  et  sa  grande  puissance^;  mais  cela  merne 
peut  renfermcr  ce  pouvoir  extraordinaire  dansl'ordre  des 
signes  et  des  prodiges  ;  et  on  peut  dire  que  c'est  meme 
proprement  ce  que  signifie  cette  force  dont  parle  saint. 
Jean.  Mais  il  annonce  bien  expressement  les  miracles  du 
faux  propliele  de  I'Anteclirist,  lorsque  parlant  de  ce  faux 
Y)vopliete,  il  dit^  qu'il  fera  de  grands  prodiges,  jusqu'a 
faire  desccndrc  le  feu  du  cicl  sur  la  terre  devant  les  hom- 
mes;  et  quil  seduira  ceux  qui  habitent  sur  la  terre  par  les 
prodiges  qu'il  aura  le  ponvoir  de  faire  devant  la  bete.  Et 
plus  loin,  parlant  de  la  ruine  de  cette  bete  ,  qui  represenlc 
r.Vntechrist,  il  dit^  qu'elle  fut  prise,  et  avec  elle  le  faux 

'  jiiig.de  Cix'.l.  XX.  c.  19. — -  Voyez  la  Dissertation  sur  les  miracles , 
a  la  lele  de  I'Exode ,  lom.  n.  —  ^  Apoc.  xui.  2.  El  dedh  illi  dinco  viitttteM 
suam  eipotestatem  magnam.  —  *  Jpoc.  xisi.  i3.  14.  Et  fecit  signa  magrui , 
lUeiiam  igncm  fhccrct  de  calo  descende.iv  in  terrain  in  conspectu  honii- 
num ,  etc.  Et  seduxit  liabiianies  in  iciTa  propter  signa  ,  </K<e  dtitti  sunt  illi 
facav  in  con'tpcctit  beslice.  — '  Jpoc.  xrx.  20.  Et  apprehensa  est  Ic.'lia,  ct 
23.  3 


PBEFACK 


proph^tcqui  avoit  fait  desprodigcs  devantelle,  parlesquels 
ii  avoit  seduil  cciiv  qui  avoient  recu  le  caractere  de  cette 
bete ,  et  qui  avoient  adore  son  image.  Yoila  done  quels 
seront  les  prodiges  qui  accompagneront  cetimpie;  pro- 
diges  operes  peut-etre  d'abord  par  lui-meme,  mais  en- 
suite  principalement  par  le  faux  prophcte  qui  paroltra 
avec  lui. 

L'Apotre  ajoute  que  cet  impie  viendra  avec  loule  la  Sf- 
duction  capable  de porler  a  I'iniquUe  ceux  qui  perissent^,  A 
la  vertu  des  prodiges  trompeurs  il  joindra  I'arlifice  des 
raisonnemens  seduisans  et  captieux  :  et  de  nieme  que  Je- 
sus-Christ a  convert!  les  peuples  par  la  parole  et  par  les 
miracles,  de  meme  son  ennemi  emploira  la  parole  et  les 
miracles  pour  seduire  les  peuples  :  mais  cette  seduction 
n'entrainera  que  ceux  qui  perissent,  c'est  a  dire  ceux  qui, 
par  un  juste  jugcment  de  Dieu  seront  abandonnes  a  eux- 
mcmes  :  aucun  des  elus  ne  perira  ,  mais  ceux-la  seulement 
que  Dieu  a  laisses  dans  la  masse  de  perdition  ,  ou  qui  apres 
en  avoir  ete  tires,  auront  merite  d'y  retomber.  Etl'Apotre 
nous  marque  aussilot  qu'elle  sera  la  cause  de  I'abandon 
de  ceux-la.  lis  \iCY\Yon\.,  puree qii  Us  n  auront  pas  recti  et 
aimelaverile  pour  tire  saiivcs^.  Ce  malheur  menace  done 
principalement  les  incredules  et  les  apostats;  ceux  qui 
n'aurontpas  recu  la  verite ,  et  ceux  qui  I'auront  rcjetee  et 
abandonnee;  enun  mot  tous  ceux  qui  ne  I'auront  point 
aimee.  La  verite  seule  nous  delivre  et  nous  sauve  :  la  re- 
jeter  ou  lacombattre  ,  c'est  renoncer  au  salut.  Ainsi  I'a- 
postasie  meme  prepare  les  voies  a  I'Antechrist. 

C'est  ce  que  rApotreconfirme  aussitot,  en  ajoutantque 
parce  que  les  hommes  n'aaronl punt  recu  et  aime  la  verite, 
Dieu  leur  cnvcrra  une  operation  d'erreur ,  une  ejjicacite  d'er- 
rexir  ^  ;  car ,  comme  le  remarque  Cornelius  a  Lapide  ^ , 
«  ce  que  la  Yulgate  exprime  par  opcrationcm  crroris ,  c'est- 
«  a-dire  wie  operation  derreur,  le grec  I'exprirae  par  hi[y/dcf.v 
o  ~'/.dvr,c,,  qui  signifie  propremcrit  efjicaciavi  seduclionis , 
«  c'est.-a-dire  une efjicaci te  de  seduction  etdetromperie^  comme 
«  I'exprime  le  syriaque.    Dieu  permettra,  selon   Meno- 

cum  ea  pscudopropheta ,  qui  fecit  signa  coram  ipsa,  quibus  seduxit  eos  qui 
acceperunt  caraclerem  beslice,  et  qui adoravcrunt  imaginem  ejus. 

'  y  lo.  Et  omni  seductione  iniqii.itatisiis  qui percuiit. — -  Ibid.  Eo  quod 
cliaritatent  veritaiis  non  receperunt  utsali^ijiereiit.  — ^Ibid.  Idea  mitLttil- 
lis  Deus  opcrationcm  envris.  (Or.  ivep'^'siav  irXav/)?.)  —  *  Cornel,  a  Lapide 
/lie. 


SLIl    I.V  II*  ErilRE  AUX   TIIESSALOmCIEnS.  So 

«  chius  * ,  qu'ils  soient  trompes  par  les  faux  miracles  de 
n  I'Antcchrist ,  que  I'Apotre  appelle  hzoyzi7.\)  r/av/;^  ,  une 
a  efJicaciU  de  Iromperie^  parce  que  rAntechrist  les  attirera 
«  par-la  efficacemcnta  lui.  »  Estius  remarque  aussi'^  que  le 
grecporte,  vji'j'/iixv  7:).ai/y];,une  efficacite  d'erreur  ,  d'illu- 
sion  ,  d'imposture ;  et  il  ajoute  :  «  C'est-a-dire  que  Dieu 
a  leur  enverra  cet  hommequi  les  trompera  etles  engagera 
a  dans  I'errcur  par  I'operation  du  demon  qui  agira  effica- 
M  cement  en  lui :  Hoc  est ,  millet  homincm  ,  qui ,  diabolo  ef- 
^ijicaciter  in  se  operanle ,  deccpluras  eos  sit  et  in  errorem  duc- 
<i  turus.  II  r enverra,  continue- t-il,  non  que  Dieu  doive 
«  lui  commander  de  iromper  les  hommes,  ou  I'autoriser  a 
«  le  faire  ,  mais  parce  que  I'avenement  de  cet  impie  ,  con- 
«sidere  conime  destine  a  punir  les  peches  des  homines, 
n  est  un  evenement  qui  entre  dans  I'ordre  des  desseins  de 
V  Dieu  :  Millet  anlem  ,  non  quod auctoritalem  aut  mandalum 
nfallendi  homines  eidaturus  sit ,  sed  quia  adventus  ejus ,  qaa^ 
«  lenus  ad pnniendani  peccala  hoviinum ,  ordinalus  erit  a  Deo. 
«  Car  les  hommes  ne  souffrent  aucune  peine ,  aucun  mal , 
«  qui  ne  leur  soit  envoye  de  Dieu  :  Nullum  enim  malum 
o  patiunlur  homines ,  quod  non  Deus  immillat.  » 

L'Apotre  dit  que  Dieu  leur  enverra  cette  efficacite  d'er- 
reur ,  dzxoT.ia':i\)aaL  autou;  to  ^liidii ;  ce  que  la  Vulgate  ex- 
prime  par ,  ut  credant  mendacio.  L'unc  etl'autre  expression 
sont  equivoques;   elles  peuvent  marquer  la  fin  pour  la- 
quelle  Dieu  enverra  cette  efficacite  d'erreur,  ou  simple- 
ment  I'effet  qui  en  resultcra  :  c'est-a-dire  que,  dansnotre 
langue,  on  pourroit  traduire  avec  le  P.   VeronetdeMa- 
rolles  ,  Dieu  leur  enverra  cjjicacile  d'erreur  a.  cc  quils  croient 
au  mcnsonge.  Mais  de  quelque  maniere  que  Ton  traduise  , 
il  faut  remarquer  avec  Estius  ^  que    «  cette  parole  ne  si- 
«  gnifie  point  que  Dieu  se  propose  pour  fin  le  mensonge  , 
«  ni  la  foi  au  mensonge  :  Jam  nee  in  eo  quod  additur ,  ut 
«  CREDXNT  MENDACIO ,  vel  ut  ^imhrosianus  gi'ceco  Icxlui  con- 
i^Jormiler  legit',   in  hoc  lt  credant  mendacio;  signijicalur 
«  Deus  mcndacium  aut  mendaciifidem  inlendere.  IMais  ,  ajoute 
o  cet  intcrprete ,  ou  la  particule  ut  doit  etre  ici  consideree 
c<  comme  consecutive,  c'est-a-dire  comme  marquantseu- 
«  lement  leffet  quisuivra  ,  et  dcvant  ainsi  etre  prise  en 
X  ce  sens  :  De  cetlemanierc  il  arrivera  qu'ils  croironl  au  mcn- 
«  songe ,  c'est-a-dire  a  une  doctrine  fausse  :  Sed  vel  consrcu- 

*  Menoch.  hie. — -  Estius  hie. — *  Estius  hie. 


36  PREFACK 

«  tiva  panic  Ilia  est ,  ut  ,  hoc  scnsu,  itafiet  nt  crcdant  mcnda- 
«  cio  ,  id  est  .ifalsce  doctrime  ;  ou  elle  marque  rinlcnlion  de 
«  Dieu ,  qui  est  de  piinir ,  par  un  chatiment  dont  I'effel  est 
«  a  la  verile  non-seulcment  une  peine,  inais  memo  un 
«  peche  :  Vel  significalur  inlentio  Dcipunicvtispcr  id  quod 
«  non  lantum  poena  est ,  vcriim  eliain  pcccalnm.  Et  certes  , 
«  continue  ce  judicieux  interprcte  ,  qu'y  a-t-il  dc  plus  juste 
«  en  Dieu  ,  que  de  pcrmettre  que  ceux  (jvii  n'ont  pas  voulu 
«  recevoir  la  verite  tombcnt  dans  I'lirreur ,  et  croient  a 
«  la  faussete?  ^Ji/V/f/zm  opiid  Denm  jnslias ,  quam  ut  qui 
«  verilatcm  suscipe.re  noliierant ,  in  crrorcm  incidant ,  et  falsi- 
«  laticredant?  Ce  qui  nous  donne  lieu  de  dire,  ajoute-l-il, 
«  qu'il  y  a  veritableuicnt  certains  peches  qui  sont  la  peine 
«  des  peches  precedens  :  Undedicimus  qiuedamitaesse pec- 
«  cata ,  ut  ctiamprceccdentiiimpance  sint  pcccalornm.  » 

Et  c'est  ce  que  I'Apolre  nousmarqiie  lui-mcme  aussitot, 
en  ajoutant  que  Dieu  agira  ainsi,  ajin  que  Lous  ceux  qui 
n'ont  point  cru  a  la  vcritc ,  et  qui  ont  au  contraire  consenti  a 
I'iniquitc ,  soient  condamnes  :  Ut  junicENxiiu ,  omnes  qui  non 
crediderunt  verilali ,  sed  conscnserunt  iniquitali  *.  La  iin  que 
Dieu  se  propose  ,  c'est  ie  jugement  ctla  condanmation  de 
ceux  qui  ont  I'ejele  sa  lumicre  ,  et  qui  sc  sont  livres  au  pe- 
che :  ce  qui  donnc  lieu  a  saint  Thomas  de  dire  sur  cet  en- 
droit  meme  de  saint  Paul:  «  Voila  (|uelcst  !e  progres  dupc- 
«  che  :  prcmierement,  un  homme  ,  enpunition  dupremier 
«  peche,  est  delaisse  de  la  grace  ,  et  tombe  dans  un  autre 
«  peche  ,  et  ensuite  est  puni  elernellemcnt.  »  Et  avant  !ui 
saint  Augustin  avoit  ainsiexprime  lamenie  pensee  :«  Lors- 
«  qu'ondil  qu'ua  homme  est  livre  a  ccs  raauvais  desirs ,  ce 
«  qui  Ic  rcntl  coupable  est ,  qu'etant  abandonne  de  Dieu  , 
u  il  leur  cede  etil  y  consent ,  ilen  estlie,  il  en  est  entraiiic, 
«  il  en  est  pris  ,  il  en  est  possede ,  scion  qu'il  est  dit ,  que 
«  quiconque  est  vaincu,  est  esclave  de  ceiui  par  qui  il 
«  a  etc  vaincu ;  et  ainsi  le  peche  nouveau  qu'il  commet  est 
a  la  peine  de  son  peche  precedent  :  Cum  dicitur  homo 
«  tradi  desidcriis  suis,  indcjit  reus,  quia  descrlns  a  Deo  eis 
«  ceditate^ue  consenlit,  vincituvy  trahilur,capilur,  possidetur  : 
«  a  ffio  enim  rpiis  delictus  est,  huic  et  scrvus  addiclns  est  ;  d 
«  Jit  ei  pcccatum  conscqucns  pnccedenlis  pa:na  pcccali  ~,  » 
Et  il  est  inutile  de  demander  connnent  Dieu,  sans  etrc  r.u- 
leurdupeche,  peutexercer  sur  lespecheura  celtc  terrible 

^  y  II. — -  Aiii^-  contra  Jul.  hi.  lu.  c    3. 


SIR  I. A  n''  EpirRU  \\\  thessai.omcik.ns.  87 

juslice  par  laquclle  il  Ics  punit  en  Ics  livrant  aux  dcsirs  do 
lours  oauirs,  d'ou  il  arrive  que  les  nouveaux  peches  qu'ils 
lommettenl  sout  line  punilion  dc  leurs  peches  precedcns: 
il  sulfit  de  savoir,  comme  dit  encore  saint  Augnstin,  que 
u  cela  se  fait  d'une  maniere  merveilleuse  ct  ineffable  par 
"  celui  qui  sait  excrcer  scs  jugemcns,  non-seulement  sur 
«  les  corps  des  hommes,  mais  sur  leurs  coeurs  memes,  non 
«  en  produisant  en  eux  lenrs  mauvaises  volontes,  mais  s'en 
«  servant  comme  il  vcut,  lui  qui  ne  peut  rien  vouloir  d'in- 
"  jusle  :  Facil  hac  miris  cL  incfjahilibus  modis ,  qiiinovit  jusla 
v^  indicia  sua^  non  solum  in  corporibus  hominum,  sedct  in  ipsis 
II  cordifjiis  operari,  qui  non  facil  volimlalcs  malas ,  sed  utilur 
«  cis  ut  volucriL ,  cum  aliqaid  inique  vcllc  von  possit  *.  »  II 
suflit  de  reconnoitre  avec  Estius  qu'il  n'y  a  rien  en  elfet 
enDieu  de  plus  juste  que  de  permetlre  que  ceux  qui  n'ont 
pas  voulu  recevoir  la  verite  tombent  dans  I'erreur  et 
croient  a  la  faussete  :  Quidenim  opud  Dcum  juslius ,  quant  ut 
qui  veritalcm  suscipere  nolucruTit,  ineirorcm  incidanl,  eljalsi- 
lali  crcdant?  On  Irouvera  a  la  suite  de  cette  preface  une 
Dissertation  dans  laquelle  sera  expose  et  discute  plus  am- 
plement  tout  ce  qui  regarde  I'Antechrist. 

Apres  avoir  fait  connoilre  le  caractere  de  ceux  qui  se 

laisseront  seduire  par  1' Atcchrist,  1' Apotre  rassure  les  Thes- 

saloniciens,  et  se  console  lui-meme  en  considerant  qu'ils 

lie  sont  pas  tels  :  mais  parce  que  ce  discernement  vient  du 

choix  dc  Dieu,  et  que  le  choix  de  Dieu  vient  de  son  amour, 

il  les  considcre  comme  aimes  de  Dieu,  et  reconnok  qu'il 

lui  doit  de  continuelles  actions  de  graces  pour  eux,  parce 

qu'il  les  a  clioisis  des  le  commencement  pour  les  sauver 

par  la  sanctification  dc  son  Esprit,  et  par  la  foi  de  la  verite, 

a  quoi  il  les  a  appeles  par  I'Evangile  que  lui  Paul  leur  a  pre- 

che,  et  afin  de  leur  faire  acquerir  ainsi  la  gloire  de  notre 

Seigneur  Jcsus-Clirist^.  11  les  exhorte  a  demeurer  fermes, 

et  a  conservcr  fidelemcntlcs  traditions  qu'il  leur  a  apprises, 

soitde  vive  voix  ,  soit  par  ses  deux  lettres^.  «  Cela  fait  voir, 

«  dit  ici  le  P.  Mauduit ,  que  ce  n'est  que  par  occasion  que 

«  les  apotresontmis  par  ccrit  une  partiedece  qu'ils  avoient 


*  Aug.  contra.  Jul.  lib.  ni.  c.  4. — ^-^  12.  et  i3.  Nos  autein  debcmus gra- 
tias  agei-e  Deo  semper  pro  vobis,fralres  dilecti  a  Deo,  quod  elegen't  vos  Dcus 
priinhias  (j;r.  ir:'  apyr.c  ,  ab  inuio),  etc.  .  ■  in  qua  (  gr.  si;  I,  in  quod)  vocavit 
vos,  etc. — '-^  1 4-  Ita(iuc,fratixs,  stale  etlenete  Iraditionesquas  didicislis, 
sit/e  per  sermonem ,  si\,e  per  epistolam  nosiram. 


38  PIll^FACE 

«  pr^che ;  et  qu'en  particulier  nous  n'aurions  pas  la  seconde 
«  epitre  aux Thessaloniciens  , si  I'oubli  ou  ils  etoient  tombes 
«  de  ce  que  saint  Paul  leur  avoit  preclie ,  et  I'alarme  qu'ils 
«  avoient  prise  dc  quelques  termcs  de  la  premiere  epitre, 
n  ne  lui  avoient  donne  lieu  de  leur  ecrire  cetlc  seconde.  » 
Conduite  admirable  de  Dieu  a  I'egard  de  ses  elus !  Les  moin- 
dres  evenemens  entient  dansl'ordrede  sesdesseins.  L'ou- 
bli  et  I'alarme  des  Thessaloniciens  donnent  lieu  a  I'Apotre 
d'annonecr  par  ecrit  et  de  transmettre  ainsi  a  tous  les  sie- 
cles  des  verites  qui  ne  se  trouvent  expressement  marquees 
que  dans  cette  lettre.  Mais  de  plus ,  «  il  est  evident  par  ce 
n  texte  ,  dit  saint  Jean  Chrysostome  S  q"c  les  apotres  ont 
a  enseigne  de  vive  voix  plusieurs  veriles  qu'ils  n'ont  point 
a  ecrites  :  les  unes  et  les  autres  sont  egalement  dignes  de 
«  notre  croyance.  »  Ce  qui  est  conforme  a  ce  qu'ont  en- 
seigne  les  plus  anciens  pcres ,  dont  la  doctrine  a  ete  recon- 
liue  et  confirmee  par  le  concile  de  Trente,  qui  declare  que 
que  la  verite  et  la  discipline  de  I'Eglise  catholiquc  sont  com- 
prises ,  tant  dans  les  livres  saints  que  dans  les  traditions  qui 
ont  ete  recues  de  la  bouche  de  Jesus-Christ  meme  ,  ou  de 
ses  apotres ,  et  qui  ont  ete  conservees  et  transmises  jusqu'a 
nous  par  une  chatne  et  une  suite  non  interrompue.  Apres 
cela  I'Apotre  souhaite  aux  Thessaloniciens  que  Jesus-Christ 
et  Dieu  notre  Pere  les  console  lui-meme  et  les  affermisse 
dans  la  bonne  doctrine ,  et  dans  toutes  sortes  de  bonnes 
CEUvres  ^. 

11  leur  demande  le  secours  de  leurs  prieres  ( cliap.  Jii) , 
premierement  afin  que  la  parole  de  Dieu  se  repande  de 
plus  en  plus ,  et  qu'elle  soit  partout  en  honneur  comme 
chez  eux;  secondement ,  afin  qu'il  soit  delivre  de  la  con- 
tradiction de  certains  esprits  medians  et  intraitables  qui 
s'opposoient  aux  progrcs  de  I'Evangile  ^ ;  ce  qui  lui  donne 
lieu  de  remarqaer  que  la  foi  n'est  pas  commune  a  tous  '*.  11 
espcre  de  la  fidelite  merae  de  Dieu,  qu'il  les  affermira  dans 
le  bien  et  les  preservcra  du  mal  ^.  Plein  de  confiance  en 
la  bonte  du  Seigneur  pour  eux,  il  suppose  qu'ils  accom- 
plissent,  et  i!  espere  qu'ils  continueront  d'accomplir  tout 
ce  qu'il  leur  ordonne  *'.  Il  souhaite  que  le  Seigneur  dirige 
lui-meme  et  conduise  leurs  coeurs  a  I'apiour  de  Dieu  et  a 


*  Chiysost.  hie.  EvrsuOsv  SrX^^  on  oi  'K(M-va.  ^i'  eTriaToXr?  7rap6<Ji5'o(Tav, 
dXXa  leal  ai'pacpwi;.  Ou.oiw;  ^s  xdx.Etva,  xa.1  Tatj-ra  tarw  d^towKTra.  —  --^  i6. — 
■'  ■jj-  r,  et  a. — *  -^  3.  Non  eiii/n  omnium  estjidcs. — *  -^  5. — ^-^  4. 


SUR  LA  n"  I^fItKE  AUX   inKSSALOJIlClEMS.  3c) 

rattente  do  Jesus-Christ ',  double  motif  qui  doit  soutenir 
leur  fidelite.  Apres  les  avoir  ainsi  disposes  a  rccevoir  le  re- 
o;lement  qiVil  va  lour  prescrire,  il  leur  ordonne  au  nom  de 
Jesus-Christ de  se  separer  de  tous  ceux  d'enlre  leurs  freres 
qui  sc  conduisent  d'une  nianierc  dereglee,  et  non  selon  les 
principes  qu'ils  ont  recus  de  lui ,  taut  par  ses  instructions 
que  par  son  exemple  m^me  ^.  II  les  fait  souvenir  qu'il  n'y 
a  rien  eu  de  deregle  dans  sa  conduite  ,  et  qu'il  n'a  mange 
gratuitement  le  pain  de  personne  ,  mais  qu'au  contraire  il 
a  travaille  avec  peine  et  avec  fatigue  jour  etnuit,  pour  n'e- 
tre  a  charge  a  aucun  d'eux  ^.  11  leur  represente  qu'il  avoit 
toutefois  le  pouvoir  d'exiger  d'eux  sa  subsistance  ,  mais 
qu'il  a  prefere  de  leur  donner  lui-meme  I'exemple  ,  afin 
qu'ils  Timitassent  ^.  Il  leur  rappelle  qu'a  I'exemple  il  avoit 
joint  I'instruction  ,  et  leur  avoit  declare  que  celui  qui  ne 
veut  point  travailler  ne  doit  point  manger  ^.  Il  leur  temoi- 
gne  qu'il  a  appris  qu'il  y  en  a  quelques-uns  parmi  eux  qui 
sont  deregles,  qui  ne  Iravaillent  point,  et  qui  se  melent  de 
ce  qui  ne  les  regarde  pas  ^.  Il  ordonne  a  ces  personnes,  et 
il  les  conjure  par  Jesus-Christ  de  se  tenirrelirees  dans  leurs 
maisons,  de  travailler  de  leurs  mains  ,  et  de  gagner  ainsi 
leur  pain  par  leur  travail ".  Ensuite  il  s'adresse  a  tous,  et 
lesexhortea  ne  point  se  lasser  de  faire  le  bien^.  II  ordonne 
que  si  quelqu'un  n'obeit  pas  a  ce  qu'il  prescrit  par  sa  let- 
tre,  les  pasteurs  le  notent ,  et  que  les  fideles  n'aient  point 
de  commerce  avec  lui,  afin  qu'il  en  ait  de  la  confusion^. 
II  leur  recommande  de  ne  pas  le  regarder  toutefois  comrae 
ennemi,  mais  de  le  reprendre  a  I'a^  enir  comme  un  frere  ^^. 
II  souhaite  que  le  Dieu  de  paix  leur  donne  la  paix  en  tout 
temps  et  en  toute  maniere  ^^ ;  en  tout  temps  ,  en  conser- 
vant  la  paix  entre  eux  ,  et  ne  permettant  pas  qu'elle  fut 
troublee  par  aucune  resistance  a  ce  qu'il  vient  de  prescrire ; 
en  toute  maniere  *^,  en  leur  donnant  de  jouir  ainsi  de  la 
paix  non-seulement  entre  eux  ,  mais  encore  de  la  part  de 
ceux  qui  jusque-la  s'etoient  opposes  a  la  foi  et  les  avoient 
persecutes.  II  souhaite  que  le  Seigneur  soit  lui-raeme  avec 
eux  tous^^.  Pour  donner  plus  d'autoriteasa  lettre,  etpour 
empecher  peut-etre  qu'ou  n'en  produise  de  fausses  sous 
son  nom  ,  il  la  signe  de  sa  main  apres  I'avoir  dictee  :  il  y 

1  ^  5._2  ^  6.— 3-f  ,.  ct  8.— S'9-— '  i '0-— "^  l'- I''-— V  12.— »  T^  r3  . 
—  ^i  a.—'"  y  i5.— «>  -j^  r6.— "  Ibid.  In  omni  loco  (Gr.  vi  ttcvtI  rpoww,) 
omni  modo. —  "  Ibid. 


4o  PREFACE   sun  LA  n<=  EPITRK,  CtC. 

mer  pour  paraplic ,  commc' a  toutcs  ses  autrcs  cplfrcs,  le  - 
soiihait  tie  la  grace  cUi  Scii^^iieur  ^  Toutes  les  civililes  dn 
grand  doetcur  de  la  grace  de  Jesus-Christ  se  termiucut  a 
la  souliaiter  a  ses  amis.  G'est  son  caractere  et  son  scing  , 
parcc  que  c'est  I'amour  et  reffusion  continuelle  de  son 
cocr.r. 
Ucmarqucs      Les  inscriptions  grecques  qui  sc  lisent  a  la  fin  de  celle 
*"[ '  H^^'"o6    '-'P^'"^  portent  qu'elle  fut  ecrile  d'Alhenes  ,  comme  elles 
celle  «5piire"    ^''  "I'^'^q^'cnt  de  la  premiere.  Mais 'nous  avons  montre  que 
a  i't(5  (?crlie.     ctla  ne  pouvoit  etre  de  la  premiere,  et  que  saint  Paul  etoit 
passe  d'Atlienes  a  Corinthe,  lorsque  Timothee  revint  de 
Hacedoinc;  ctpar  consequent  celle-ci,  qui  est  postericure 
h  la  premiere ,  ne  pent  avoir  etc  ccrite  d'Alhenes  ,  ou  saint 
Paul  ne  paroit  pas  etre  retourne.  L'auteur  de  la  Synopse 
allribuce  a  saint  Athanase  ,  OEcumenius  ,  et  quclques  ma- 
nuscrits  grecs  ^,  portent  quelle  a  ete  envoyee  de  Rome  : 
mais  on  no  Irouve  dans  ceLte  epilre  aucun  caractere  qui  I'a- 
vorise  cctle  pretention  ;  I'Apotren'yparle  point  doses  liens : 
tl'ailleurs  ccla  elolgne  trop  cette  epitre  de  la  premiere,  qui 
fut  certainement  ecrite  de  Corinthe  ,  comme  nous  1' avons 
montre.  Le  syriaqueporte  que  celle-ci  fut  envoyee  de  Lao- 
dicec  de  Pisidie  par  Tychique ;  mais  ce  sentiment  n'est 
fonde  sur  aucune  preuve.  Les  inscriptions  qui  se  lisoient 
dans  les  exemplaires  latins  portent  qu'elle  fut  envoyee  par 
Tito,  diacrc,  ctpar  Onesimerce  qui  est  certain,  c'est  qu'elle 
n'a  pu  etre  envoyee  par  Onesime,  eselave  de  Philemon, 
pnisque  cet  Onesime  ne  fut  converti  que  long-temps  apres 
I'envoi  de  cette  lettre.  L'opinion  la  plus  vraisemblable  est 
que  cette  leitrc  fut  ccrite  do  Corinthe,  pen  de  temps  apros 
la  premiere  ,  c'ost-a-dire  vers  I'an  52  ou  53  de  I'cre  chrel. 
vulg.  La  conformite  des  matieres  qui  sont  traitees  dans  I'une 
et  dans  I'au  trc ;  les  explications  qui  se  trouvent  dans  celle-ci, 
et  qui  sont  des  suites  dc  ce  qui  est  marque  dans  la  premiere ; 
enfin  les  noms  de  Silvain  ou  de  Silas ,  et  de  Timothee ,  qui 
se  lisent  a  la  tete  de  Tunc  et  de  I'aulre,  toutes  ces  circon- 
stances  reunies  font  juger  que  ces  deux  letlres  sont  ecrites 
a  pen  de  distance  Tune  de  Tautre  ,  et  toutes  deux  du  memo 
lieu.  Saint  Paul  ayant  demeurc  dix-huitmois  a  Corinthe^, 
a  eu  le  loisir  d'y  recevoir  des  nouvelles  de  I'Eglise  de  Thes- 
salonique  ,  et  de  satisfaire  aux  difficultcs  des  fideles  dc  cette 
Eglise. 

'  y  17.  adfincm.  —  -  ride  var.  Lccl.  Mill,  ad  calcenihi/^uscifislohc .  — 

2  jtCt.  XVIIJ.    II. 


DISSERTATION   SliU  L'ANTECUniST.  4f 


DISSERTATION 

SUR 

L'ANTECHRIST. 


Le  nom  di  Antechrist  remonte  jusqu'au  temps  cles  apotres  ;      Remamues 

jioiis  le  irouvons  dans  les  livres  saints.  Saint  Jean  est  le  sur  le  nom 

seul  qui  se  serve  de  ce  mot :  mais  il  le  repcte  plusieurs  fois,  ll'-^«'ec//m^ 

ct  il  iait.  meme  entendre  que  ce  nom  etoit  deja  commun  ^'^'^''f^^  ^P" 

dans  le  langage  desfidcles:.'¥<?5/)^ftV^  cnfans ,  dit-il,  c'est  ^V^  ce'lrmm °Ceue 

la  (Ictiiiere  hcure  :  et  comine  vous  avez  entcnda  dire  que  l'Ainte-  Dissertation  a 

cuniST vient, ily a dejaaussi maintcnant plusieurs  Antcchrists^ .  pour oljjei 

Ce  noin  est  jrrec  :  et  il  est  compose  de  la  particule  ayr/ .  "°'q>^e  1  xin- 

°         ..  ,  ^       ,  .    .       .[.      „,     .    'Ifcliristqui 

qui  marque  opposition,  etdumotXjOfjtocquisigninc  t  knsl.  doitparoitre 

Tous  les  peres  et  tous  les  ecrivains  orthodoxes  couviennent  »  j^  fin  des 
que  le  nom  A' Aritechrisl  signifie  conlraire  ou  oppose  a  Jesus-  *'*^'^^'  - 
Christ  ~.  Ce  nom  considere  en  lui-meme  convient  a  tous 
ceux  qui  de  quelque  maniere  que  ce  soit  s'opposent  a  Jesus- 
Clirist.  De  la  vient  que  les  ap6tres  et  les  saints  peres  par- 
lant  des  heretiques  qui  par  leurs  erreurs  se  sont  elevcs  con- 
ire  Jesus-Christ,  les  ont  appeles  Antcchrists.  Nous  venons 
d' entendre  saint  Jean  qui  des  son  temps  disoit :  Ily  a  d/jd 
aussi  mainlenanl  plusieurs  Anlechrisls.  Et  c'est  ce  qui  donne 
lieu  a  saint  Cyprien  de  dire  :  «  Le  bienheureux  apotre  Jean 
«  a  appele  Anlechrisls  tous  ceux  qui  sorloieut  de  TEglise , 
«  on  qui  s'elevoient  contre  I'Eglise  :ce  qui  montre  que  tous 
«  ceux  qui  se  sont  evidemment  separes  de  la  charite  ou  de 
«  I'unite  de  I'Eglise  catholique,  sont  des  ennemis  du  Sci- 
«  gneur ,  des  xVnteclirists '.  »  De  meme  saint  Jerome,  apres 

*  r.  Joan.  n.  i8.  Vide  et  y  29..  etvi .  3.  el  2.  Joan.  4  7.  —  ^  Hilar,  ad 
Cathol.  episc.  coiHra  Arianos.  Nominis  AnlicJvisti  ptvpnelas  est  CItristo 
esse  couu-avmm.  Hieron.  ep.  ad  Algasiain  ,  quxst.  1 1 .  Ipse  est  enim  iini- 
fersuriim  perdnio  ,  quiad^ei-saturChrislo,  et  idea  vocaVir  Antichrislus. 
■^ug.  Tr.  3.  in  2.  Joan.  ep.  latine  Antichrislus,  conirarius  est  Cht-isto.  El 
"^"- — '  O?^'-  fp-  "S^'  ad  Magnum.  Bcutus  Joannes  apostolus  uni^crsos  qui 


42  DISSERTATION 

avoir  rapporte  le  texte  de  saint  Jean ,  ajoule  :  «  Car  il  y  a 
«  autant  d'Anlechrits  qu'il  y  a  de  dogmes  faux  :  Tot  enim 
«  Anlichrisli  sunt,  quot  dogmata  falsa  '.  »  Rien  n'est  plus 
coramun  que  ce  langage  dans  les  ouvrages  des  peres.  Mais 
\ Anlcchrisl  simplement  dit  est  celui  qui  selon  le   temoi- 
gnage  des  prophetes ,  des  apotres  et  de  toute  la  tradition , 
doit  s'elever  centre  Jesus-Christ  a  la  fin  des  siecles ,  et  qui 
par  I'exces  de  son  impiete  meritera  plus  que  tous  les  au- 
tres  le  nom  ^ Antechrist ;  c'est  de  celui-la  que  saint  Jean 
parle  ,  lorsqu'il  dit :  Vous  avezentendu  dire  que  l'Antechrist 
vient;  et  c'est  aussi  de  celui-la  seul  que  nous  nous  propo- 
sons  de  parler  dans  cette  Dissertation  '^. 
L'AnteclirUt       L'Antechrist  sera  un  horame.  Saint  Paul  menie  nous 
seraunjiom-  Papprgnd^  lorsqu'il  dit  ^  qu'avant  que  lejour  du  Seigneur 
pas'une  socje- ^"'^^'6  ,  doit  paroitre  I'homme  de  pecke  ,   homo    peccati  , 
Id  d'hommes.  6  avQooiT.oc.Trii  a^-afj-Loiq  ^  l' en/ant  de  perdition  ,rii.ivs  VERnnio- 
Nis  ,   6   vlo;  Tfii  arrw/cj'a^.  Get  article  grec  6  joint  au  mot 
avBor,-)T.oi ,  et  au  mot  moc,,  marque  certainenient  que  I'Apo- 
tre  parle  d'unepersonne  distincte.  C'est  ce  qui  resulteaussi 
de  cette  autre  parole  de  I'Apotre  :  Alors  se  decouvrira  cet 
impie,  ille  iniquus,  6  avo^og,  que  le  Seigneur  Jesus  detruira 
par  le  souffle  de  sa  bouche  *.  On  peut  encore  le  prouver 
par  I'expression  de  saint  Jean  ^,  qui  annoncant  la  ruine 
des  deux  betes  monstrueuses ,  qui ,  selon  toute  la  tradition , 
represenlent  I'Antechrist  et  son  faux  prophete ,  dit  que  ces 
deux  monstres  furent  jetes  tout  vivans  dans  I'etang  de  feu  : 
Vivi  missisunt  hi  duo  in  stagnum  ignis.  Et  aussit6t  il  marque 
la  ruine  de  ceux  qui  marchoient  a  la  suite  de  ces  deux  mons- 
tres :  Et  ceteri  occisisunt  in  gladio  sedentis  super  equum.  Ces 
deux  monstres  sont  done  deux  personnes  distinctes ,  qui 
seront  les  chefs  de  la  multitude  seduite  par  eux.  Saint  Cy- 
prien  etoit  persuade  que  I'Antechrist  viendroit  en  la  per- 
sonne  d'un  homme  ;  et  il  pretendoit  meme  le  prouver  par 

de  Ecclesia  exissent ,  cjuiquc  conira  Ecclesiam  facerent ,  Antichristos  ap- 
pellant. TJnde  apparct  adt'O-sarios  Domini  Aiilichristos  onines  esse  quos 
constet  a  charitate  atque  ah  uniiale  Ecclesice  catholicce  recess-isse. 

*  JJieron.  in  Nahum.  ii.  -j^i  i . — ^  Nous  avons  ici  fail  usage  principalement 
du  grand  ouvrage  de  Thomas  Maliienda,  dominicain  cspagnol,  professearde 
iheologie.  Cet  ouvrage  intitule ,  De  Antechrisio ,  parut  pour  la  premiere 
fois  hJiomeen  1604.  L'auteur. en  donna  une  seconde  edition  revue  etaugmen- 
tee,  qui  parut  a  Faience  en  162 1.  Sur  cclle-la  ful  faite  celle  qui  parut  a 
Lyon  en  1647.  C'est  sur  celle-ci  que  nous  avons  Iravaille.  ^ — ^  2.  Thess.  11.  3. 
— *  Jbid,  -^  8 . — *  Apoc.  XIX.  ao.  21. 


SIR   L  A."STEC:niUST.  43 

un  texte  d'lsale,  qu'il  rapportc  selon  I'ancienne  Vulgate 
faite  sur  la  version  ties  Scplantc  ' :  Item ,  de  Antichristo  quod 
IN  HOMiNE  venial,  apiid Isaiani'  : Hie  homo  qui concilat  ter- 
ram,  et  commovet regca ,  qui ponit orhern Icrrm  tolum  dcsertum. 
Ce  que  le  prophete  dit  du  roi  de  Babylone ,  selon  la  lettre , 
cepere  rentendallegoriquement  de  I'Antechrist.  Saint  Je- 
rome dit  aussi  :  «  Ne  croyons  point  que  TAntechrist  soit , 
«  comme  quelques-uns  le  pensent ,  le  diable  ou  quelque  dc- 
«  mon ;  niais  croyons  que  ce  sera  qlelql'un  d'entre  les 
«  hommes  en  qui  Satan  hahitera  tout  entiercorporellenient : 
(1  Sed  UNUM  de  homimbus,  in  quo  lotus  Salanas  hahilalurus 
a  sit  corporalilcr^.  »  C'est  aussi  lapensee  de  saint  Jean  Chry- 
sostome  :  «  Qui  sera  cet  Antechrist?  sera-ce  Satan?  Point 
«  du  tout ,  dit  ce  pere  :  mais  ce  sera  un  uomme  en  qui  se  trou- 
«  vera  toute  I'efficacite  de  Satan  ;  car  scion  I'Apotre  meme  , 
a  ce  sera  un  homme  qui  s'elevera  au-dessus  de  tout  ce  qui 
«  est  appele  Dieu  *.  »  Ce  sera  un  homme  ,  et  non  pas  une 
societe  d'hommes  ;  ce  sera  un  homme ,  et  non  pas  une  mul- 
titude d'hommcs  :  I'expression  de  I'Apotre  est  claire  ;  et  il 
n'cst  pas  possible  d'en  eluder  la  force  :  1"  Antechrist  sera  un 
homme  qui ,  distingue  entre  tous  les  autres  par  I'exces  de 
son  impietc ,  meritera  d'etre  appele  par  distinction  I' homme 
depeche ,  V et^Jant  de  perdition :  O  avS^coTTo;  r/^:  yjj.y.'j-.ixz,  6  'j:o; 

De  meme  que  Jesus-Christ  a  ete  figure  avant  sa  venue  ,     Tyrans  oa 
de  meme  se  sont  deja  eleves  plusieurs  tyrans  ou  imposteurs  imposieurs 
qui  ont  represente  I'Antechrist ,  ou  qui  ont  ete  ses  precur-  ^^]°^^  cieles 
seurs.Le  plus  distingue  est  I'impie  Antiochus;  c'est  la  remar-  jg  pAnte- 
que  de  saint  Jerome  ^;  et  saint  Cyprienparlantde  ce  prince  christ. 
disoit  aussi :  «  Antiochus  ce  roi  cruel ,  ou  plutotl' Antechrist 
«  represente  dans  la  personnede  ce  prince  :  Rex  Antiochus 
"  m/estiis  J  ivimo  in  Antiocho  Anlichrislus  expressus  ^.  » 

On  peut  aussi  regarder  conime  precurseurs  de  I'Anle- 
christ  Herode ,  roi  de  Judee  ,  qui  fit  massacrer  une  multi- 
tude d'enfans  pour  perdre  dans  ce  massacre  Jesus-Christ 
meme  ,  cenouveau  roi  dent  les  mages  lui  apprirent  la  nais- 
sance ' ,  et  Simon  lemagicien,  qui  par  ses  enchantemens  se- 

*  Cypr.  Testim.  lib.  m.  c.  ii8.  —  - Isai  xiv.  17.^/17.  —  ^ Hieron.  in 
Dan.  Til. — *  Cfiijsost.  horn.  3.  ini.  epist.  ad  Thess. — ^  Hieron.  in  Dan.  xi. 
Sicut  Salvalor  halel  et  Salonionem  el  ceteros  sanctos  in  lYjjitm  adventus  sui: 
ic  et  Antichrislus  pessimum  regem  Antiochum  qui  sanctos  persecutus 
•  St,  templumque  violavit,  recte  tjpum  sui  habuisse  credendus  est. — "  Cypr. 
in  exhort,  ad  Mailyrium,  c.  n. — '  Matt.  ii.  16. 


44  DISSERTATIOIX 

duisoit  los  pcuplcs  ,sc  disantelre  quclque  choso  dc  grand  ; 
(juelques  pores  prctendcnt  meme  que  cet  imposleur  se  di- 
soit  etre  le  Christ*  .  Nous  pourrions  encore  parler  do  B'ar- 
coquebas  et  de  piusieurs  autres  imposleurs  ,  sur  lesqucls 
on  pent  voir  cc  qui  a  cte  dit  dans  la  Dissertation  sur  les  faux 
Messies^.  ApoUonius  de  Tliyanes  ,  Neron,  Diocletien  et 
Julien  I'Apostat ,  peuventetre  encore  regardes  comme  des 
prccurscurs  de  I'Antechrist.  Ouelqucs-uns  ont  meme  cru 
que  Neron  rcssuscitcroita  la  fin  des  sieclcs  ,  ou  meme  qu'il 
n'etoit  pas  niort,  et  qu'il  reparoilroit  sur  la  terre  a  la  fin 
des  temps ,  et  seroit  1' Anlechrist  qui  doit  paroitre  alors  ^  ; 
niais  cette  vainc  opinion  est  si  peu  fondee,  que  saint  Au- 
gustin  la  refute  en  deux  mots,  en  disant :  «  La  prcsomption 
«  et  la  temcrite  de  ceux  qui  pensent  ainsi  me  paroit  bien 
«  etonnante  :  MiiUivm  mihi  inira  est  hmc  opinanlium  tanta 
<i prcesiimptio  *.  » 
Maliomet  pa-      Entre  tons  ceux  qui  peuvcnt  etre  regardes  comme  pre- 
loii  «;irc  non-  curseurs  de  r  Antechrist ,  le  plus  lameux  et  le  plus  distingue 
sculemeni       ggj-  pimpie  Mahomet ,  que  quelques-uns  ont  meme  cru  etre 
I ui"eurs  dT    ^^  veritable  An techrist.  Jean  Anniiis  de  Vilerhe,  religieux  de 
rAnicclirisi,  Tordre  de  saint  Dominique,  et  maitre  du  sacre  palais,  qui 
mais  meme     vivoit  au  quinzicme  siccle  ,  fit  un  petit  traite  intitule  :  Ques- 
le  fondateur    lig^^g  gn^  l' ylpocahmse ,  auA  dedia  au  pnpe  Sixte  iv  et  aux 
de  1  empire  i       •  i      -.•  i  i  i    -i        .  \    \ 

la  ti'ie  du-      princes  Chretiens ,  dans  lequei  li  entreprencl  de  montrer 

quel  paroitra  qne  Mahomet  est  lui-memc  1  Anlechrist.  Josse  Cliclou,  doc- 
lodernier  en-  leur  qui  a  flleuri  dans  le  seizicme  siecle  ,parott  avoir  en  vue 
ncinido  J.-G.  ^.^^  ouvrage  d'Annius  ,  lorsque  dans  son  commcnlaire  sur  le 
iv«  livre  fie  saint  Jean  Damascene  ,  sur  la  Joi  orlhodoxe 
chap.  xxvJi,  il  dit:  «  J'ajouterai  ici  que  quelques  hommes 
«  tres  instruits  pensent  que  cet  infame  Mahomet ,  auteur 
«  d'une  loi  execrable  et  abominable ,  est  en  personne  le 
«  vrai  Antechrist  annonce  dans  les  saintes  Ecritures,  parce 
«  qu'ils  voient  que  presque  lout  ce  que  les  Ecritures  predi- 
«  sent  de  rAntechrist  se  trouve  vcrifie  en  lui  ^.;»  Et  plus 

'  Acl.viu.  7. — '^Aiig.  de  han-es.  c.  1.  Assej'ebatse  esse  ClwisUim.  Da- 
masc.  Theophjl.  Maxim,  cp.  Taurta.  Hippolu.  mart. — ^CeUe  Dissertation 
se  trouve  placee  dans  le  tome  xix. — *  Victoria.  inApocal.  Aug.  dc  Ci\>.Dei, 
I.  XX.  c.  19.  Noniiulli  ipsiim  (  Nemnem)  resurrecturum  el  futuruiii  Anli- 
christum  su^picantui\  etc.  llier.  in  Dan.  xt.  Mulli  nostrorum  pulant  ob  scc- 
vilice  et  turpitudinis  magnitudiiiem,Domiliiim  Nei^nem  Anlichrisinm  foiv . 
Sever.  Snip.  Sacr.Hist.  lib.  11. — *  Aug.  ex  loco  citato.  —  ^  Jod.  Cliclitoi'. 
Id  union  hie  adjecerlm ,  quodnonnulli  viri  eruditissimi  seniiant  Maliomc- 
tem  ilium  spurcissimum ,  et  abominnbilis  execrandceque  Icgis  auclorem  , 
esse  verum  in  persona  Antichristuin  a  sacris  Utieris  prcenunliatum  :  quia 


SIR     L  A  N  I  1  (  lilSr. 


.....  ii  iivsiste  parliculiercment  sur  le  chap,  xiu  de  I'Apoca- 
Ivnse.  Jean  Hcnlen  ,  rcligieux  de  Tordre  dc  sainl  Domini- 
(|ue ,  qui  est  dii  m(^me  siecle  ,  et  qui  publia  Ic  commcnlairc 
li  Aretas  sur  I'Apocalypse ,  mil  a  la  lelc  de  cet  ouvrage  um; 
preface  quil  intitula  :  Jii^cmcnt  snrlJpocalypsc  ct  siirCin- 
lechrisl ,  dans  laquelle  il  entreprend  de  niontrer  que  cc  qui 
estditderAntechrist  dans  I'Ecriture  convienta  Mahomet, 
et  qu'ainsi  Mahomet  est  le  vrai  Autcchrist.  Cepcndant  il 
ne  I'affinne  pas  absolument ;  il  sc  conlente  de  proposer  mo- 
destemenlsa  pensee,  en  disant :  «  II  ne  me  paroit  pas  si 
«  liors  de  raison  de  croire  avcc  Jean  Annlus  de  Viterbe , 
«  que  la  bete  qui  est  decrite  aucbapitrexin  del' Apocalypse, 
«  et  que  Ion  interprcte  communement  de  l' Anlechrist,  soit 
"  le  faux  propbete  Mahomet,  etc.  ^  »  Cost  ainsi  qu'il  entre 
vn  maliere  sur  ce  poiui.  Lc  docte  Gimbrard,  qui  vivoit  a  la 
fm  du  meme  siecle,  parlant  dc  Mahomet  dans  sa  Cltronolo- 
gie  sainlc  ,  lime  n\ , page  i-2  ,  s'cxprhr.e  ainsi :  n  Je  croirois 
«  facilement  que  c'estl'Antechrist,  ou  aumoins  le  fondateur 
«  de  r empire  de  I'Antechrist :  ^^iii  sallum  rcgni  Anlichrisli 
«  condilorcm.  Car  le  nom  grec  Alaouf-rudonne  preciscment 
n  le  nombre  666 ,  qui  est  le  nombre  du  nom  de  la  bete  dont 
<i  parle  I'Apocalypse  au  chap,  xui  -.  »  Et  a  la  page  486,  il 
ajoute  :  «  Le  nombre  666  marque  dans  I'Apocalypse,  est 
« le  nombre  de  Mahomet  meme  ,  qui  est  le  vrai  Antechrist , 
«  ou  du  moins  le  fondateur  dc  son  empire  :  Vel  eerie  rcgni 
<i'eju<;  fumlaloris  ^.  »  Pierre  Bulcngcr ,  qui  vivoit  au  mcmc 
temps ,  et  qui  a  laisse  quatre  livrcs  sur  l\lpoealypse,  s'cs- 
primc  ainsi  en  expliquant  le  chap,  xni :  «  Je  croirois  facile- 
«  mcnt  avec  le  tres  docte  theologien  Gilbert  Genebrard  , 
«quc  ce  scelerat  ct  cet  imposteur  (Mahomet)  est  I'Ante- 
«  chrisl,  ou  au  moins  le  fondateur  de  I'empire  dc  I'Ante- 
"  Christ :  Ant  saltern  rcgni  Ant  ichrisli  condilorcm.  Et  certes  le 
"  nom  de  Mahomet  donne  le  nombre  du  nom  dc  ia  bete  , 
"  qui  est  666  '.  » 

vidt'jufen  tannia  quoe  Scripturce  de  Anlichristo  proBdicunt  in  eo  esse  ccm- 
pli'ta. 

*  Joan.  Ilenten,  Non  adinodum  videiur  absurdwn  id  quod  senu't  Joannes 
Aniiius  f  ilerbknsis,  qnml  besiia  qiiam  interpretatunr  cunununitcr  Anli- 
chrisUtin.  dp  qua  Apoc.  xiii.  til  spnidopropheta  Bfahomries,  elc. — -Geneor. 
llnncfacilp  cicdidevini  esse  Anlichrislum,  aitisallein  ixgiii  AuUchiisli con- 
ditofcm.  yam  ii»Gu.-ri;  reditu  numevum  nominis  bestla'  066  de  quo  Apoc. 
xni.  fbnme  Haii;. — "'  IdNumerus  666  in  Apoc.  c.  \\n.  \  i-.  noUUns,  nu- 
ineuis  esl  Maoinctis  t  cri  Aiitichrisii,  velcerte  ragn:  ejusfundatorjs.  — *Pc:r. 


4()  DI5SERTM10IX 

Francois  Fca-^rdent ,  religieux  dc  rordrc  de  saint  Fran- 
cois, et  docteur  de  I'universite  de  Paris  ,  qui  est  mort  au 
commencement  du  dix-ssptieme  siccle  ,  s'exprime  ainsi 
dans  SOS  nolcs  sur  saint  Irenee ,  livre  v  ,  chap,  xxx  :  «  Le 
«  sentiment  d'Annius,  de  Henten  ,  de  Clictou  et  de  Gene- 
«  brard,  hommes  docles  et  catholiqucs,  iRe  plait  beaucoup. 
«  lis  ont  cru  que  Mahomet,  cet  homme  impur,  ce  faux 
«  prophele ,  avec  ceux  qui  soutiennent  sa  secte  detestable , 
«  eloit  precisement  et  veritablcment  I'Antechrist  meme  , 
«  ou  au  moins  le  principal  et  le  plus  zele  fondateur  de  son 
«  empire  :    Vel  illius  regni  saltern  maximum  et  studiosissi- 
«  mum  condilorem.  Et  certes  il  n'y  a  personne  qui  ne  voie 
«  que  tous  les  caracteresde  la  belede  l' Apocalypse,  et  lout 
«  ce  qui  a  ete  anciennement  ecrit  de  I'Antechrist ,  ou  sont 
«  deja  accomplis  en  lui  pour  la  plus  grande  partie  ,   ou 
«  s'accomplissentde  jour  en  jour  :  In  illo  vel  majori ex  parte 
<i  jampridem  complela ,  vel  in  dies  compleri ,  nullus  est  qui 
v-non  videat.  Voici  leurs  conjectures  et  les  nolres  :  i"  Le 
«  nombe  du  nom  de  la  bete  designe  par  saint  Jean  ,  et 
«  considere  en  lettres  grecques ,  convient  au  nom  de  cet 
«  impie,  puisque  les  huit  lettres  de  ce  nom  JMaoue'-t;  ou 
«  MoausTt?,  comme  I'ecrivent  Euthyme,  Zonaras  et  Ce- 
«  drene,  forment  le  nombre  6G6  '.  »  11  ajoute  encore  onze 
conjectures  que  Ton  pent  voir.  Gabriel  de  Preau  ou  Pra- 
teole, ,  docteur  de  la  faculte  de  Paris,  qui  mourut  a  la  fin 
du  seizieme  siecle ,  s'exprime  ainsi  dans  son  Traite  des  Sec- 
ies et  des  hcrctiques  ,  livre  ii ,  au  mot  Mahomet :  «  Mahomet, 
«  cet  Arabe  digne  de  toute  malediction  ,  est  telleraent  le 
«  vrai  Antechrist  par  comparaison  avec  tous  les  autrcs  , 

Bulenger.  Huiic  certe  nebulonem  perditissimuin  cum  dociissimo  tJieologo 
Gilberto  Genebrardo  facile  crediderim  Anlichristum  esse,  ant  saltern  ivgni 
Antichristi  condilorem.  Et  sane  nomen  Maometis  reddit  numerum  nominis 
liestioi  G66, 

'  Franc.  Feu-Ardent.  Mild  senlenlia  doctorum  et  catholicorum  virorum 
Joannis  Annii,  Jodnnis  Hentenii,  Jodoci  CIiclitOi>ei,  ac  D.  Genebr'ardi 
V aide  grata  est :  qui Mahometem  impurum  pseudojuvphetam,  una  cum  ejus 
projligatam  ac  perditam  sectam  acritcr  tuentibus ,  vel  ipsum  definite  et 
vere  Anlichristum ,  vel  illius  regni  saltern  maximum  et  siudiosissimum 
condilorem  esse  existimarunt :  (juando  omnes  bestice  Apocalypseos  condi- 
tiones ,  et  singula  quw  apriscis  de  Anlicliristo  scripta  sunt,  in  illo  vel  ma- 
jori ex  pane  jampridein  completa  vel  in  dies  compleri ,  nullus  est  qui  nan 
videat.  Conjecturas  eorum  measque  subjicio  :  i"  Convenit  in  primis  illius 
appcllalioni  numerus  Gracarum  liilerarnm  nominis  bestia;  a  Joanne  de- 
signatusj  siquidem  oclo  litlerce  nominis  hujus  MaoasTt;,  sA'c  Mcap.c'7'.;,  lit 
scribiint  Euthjmius,  Zonaras  el  Cedrenus.  conjiciunt  numerum  666. 


sun  L  ANTECllKIST.  47 

«  quo  Ton  pourroit  presque  croire  qu'entre  tous  il  estlc 
«  sciil  veritable  Antechrist  qui  doive  venir.  II  n'y  a  point, 
«  il  n'y  a  jamais  eu  d'homme  qui  approchc  plus  dc  celui 
«  qu'annoncc  la  prophetic  de  saint  Paul ,  que  cet  homme , 
«  qui  est  le  plus  scelerat  de  tous  les  hommes,  en  sorte  que 
a  s'il  n'en  vient  point  d'autre ,  il  faudra  croire  que  toute  la 
fl  prophetic  est  acconiplie  dans  celui-la'.  »  Et  apres  avoir 
dit  que  Mahomet  est  la  figure  et  le  precurseur  de  I'Ante- 
christ,  il  ajoute  :  «  Et  par  consequent  sous  I'image  et 
«  I'exemple  de  Mahomet ,  Daniel  a  en  meme  temps  de- 
«  peint  TAntechrist,  et  a  remarque  que  ce  seroit  sous  un 
«  tel  empire  que  les  Chretiens  seroientopprimes,  et  la  pa- 
«  role  de  Dieu  presque  abolie^.  » 

II  est  vrai  que  Jean  Viguier  etquelques  autres  ont  refute 
par  occasion  I'opinion  de  ceux  qui  ont  pretendu  que  Ma- 
homet cloit  le  vrai  Antechrist  :  Benoit  Pereira  a  meme 
ecrit  sur  cela  un  livre  enlier  contre  Annius ;  et  au  fond  il 
est  certain  que  si  Ton  examine  soigneusement  le  temoi- 
gnage  des  divines  Ecritures  et  le  sentiment  des  peres  et 
des  theologicns,  on  reconnoltra  qu'en  effet  Mahomet  ne 
peutpas  etre  le  veritable  Antechrist.  C'est  ce  qui  donne 
]'\eu  li  Thomas  Malvenda,  dominicain  espagnol,  qui  ecri- 
voit  au  commencement  du  dix-septieme  siecle ,  de  con- 
clure  en  ces  termes  dans  son  grand  ouvrage  sur  I' Ante- 
christ:  «  II  doit  done  etre  regarde  cbmme  constant  que 
«  Mahomet  n'est  pas  le  veritable  Antechrist.  Mais,  ajoute 
«  cet  auteur,  si  quelqu'un  jette  les  yeux  sur  les  grands 
o  maux  que  cet  homme  de  perdition  a  causes  dans  le 
«  monde,  par  I'etablissement  de  sa  secte  pernicieuse  ,  qui 
«  a  deja  perdu  une  grande  partie  dc  la  terre  ,  scion  le  te- 
«  moignage  m6me  de  tous  les  historiens ,  il  aura  raison  de 
«  convcnir  que  Mahomet  est  un  des  plus  distingues  entre 
«  ceux  qui  ont  represenle  I'Antechrist  ou  qui  ont  ele  ses 
«  precurseurs  :  Jure  fatebilur  Mahomelem  magnum  fuissc 
«  Antichristitypum  ac  prcecursorem^ .  »Le  pape  Innocent  ni, 

*  Gabv.  Prateol.  Mahometes  ille  niaiedicU'ssiim/s  Aral's ,  adeo  prce  omiii- 
hus  Anticlinsiis,  Antichristus  vents  est,  tit  pivpemodum  uiius  ille  otnniiim 
olimvcnUiriis  ipse  crcdi  qiieat.  Nee  quisquatn  est  aiitfuitaliqtiaiulo  qui 
propius  accederetad  Paiili prupheliam,  alque  ille  homo,  homimini  iiequissi- 
iniis:  adeo  iitnisi alius  vctierii  ,  omiiisprophetia  in  hoc  Mahoinett,  impleta 
cxistimari  defeat. — ^  Id.  proinde  sttb  imagine  et  exemplo  hujus  Mahoinetis, 
siniul  depinxit  Daniel  Antichristiun  :  el  significavil  regnum  hujus  modi 
fun,  ill  quo  ajjligefcntur  Christiani ,  et  fct-e  deleretitr  vcfbttm  Dei.  — 
'  Mah'cnda,  de  Anticlrr:   I.  i.  c.  25.  Sit  i-'itur  extra  omiiem  controversiam 


'iS  DISSERTATIOX 

dans  la  buiic  qu'il  donna  en  1 2 1 3  pour  la  sixi^me  croisadc 
conlre  les  Sarrasins  ,  s'cxprimoit  ainsi :  «  Nous  eperoii^ 
M  que  la  puissance  de  Mahomet  finira  bientofc ,  puisquc  e'est 
«  la  bete  de  V Apocalypse  ,  dont  le  nombrc  est  six  cent 
«  six  et  il  y  en  a  deja  pres  de  six  cents  de  passes.  »  Quoi 
qu'il  en  soit  de  ce  norabre  mystcrieux,  du  moins  il  de- 
meure  evident  que  des  lors  on  pensoit  que  la  bete  de  I'A- 
pocalypse  pouvoit  reprcsenter  rerapiie  antichretien  de 
Mahomet;  et  on  en  etoit  si  persuade  ,  que  le  pape  ne  crai- 
gnoic  pas  de  le  dire  alfirmativement  dans  une  buUe  gene- 
rale  adressee  a  toute  la  chreliente  :  La  puissance  de  Maho- 
met EST  LA  BETE  LE  l'Apocalypse.  Sahil  Eulogc  dc  Covdouc  , 
qui  vivoit  dans  le  neuvieme  siecle,  au  temps  de  la  persecu- 
tion des  Sarrasins  ,  et  qui  donna  sa  vie  pour  la  defense  de 
la  foi ,  parlant  de  Mahomet  dans  son  Apologic pour  les  saints 
martyrs,  sexprime  ainsi  :  «  Get  liomme  qui,  anime  d'un 
«  esprit  impur  et  contribuant  a  opercr  le  mystere  d'ini- 
«  quite  comnie  un  vrai  precurseur  de  lAntechrist ,  ut 
«  verus  Antichristi prcccursor ,  a  donne  a  un  peuple  de  per- 
«  ditionje  ne  sais  quelle  nouvelle  loi,  qu'il  a  ctablie  de  son 
«  propre  mouvcment,  et  par  I'instinct  du  demon.  »  Saint 
Pierre  deMajume,  qui  vivoit  auhuitieme  siecle,  etdontsaint 
Jean  Damascene  fit  I'eloge,  regardoit  Mahomet  comme  Ic. 
precurseur  dc  V  Antcchrisl.  Saint  Jean  Damascene ,  qui  vivoit 
au  meme  siecle,  dit  aussi  a  la  fin  de  son  traite  dxs  Heresies  : 
«  Dans  ce  temps  regne  aussi  et  se  soutient  la  religion  de.s 
«  Ismaelites^  qui  entraine  les  peuples  dans  I'errcur;  culto 
«  impie  que  Ton  pent  appeler  en  quclque  sortc  le  precur- 
«  seur  de  I'Antechrist  :  Rcligio  quam  Antichristi  quasi pra- 
«  cursorem  appellarc  licet.  Et  il  est  constant,  ajoute  Ma!- 
venda,  que  plusieurs  autres  ont  ainsi  appele  Mahomet  : 
Quo  etiam  modo  constat  alios  Mahomctem  nwicupasse'K 
Remarqucs  Mahomet  n'est  done  que  le  precurseur  de  i'AntCchrist : 
lion  du  *^  ^^^^  done  paroitre  un  autre  imposteur  qui  scral'Antc- 

tompsauqucl  christ  veritable ;  quand  paroitra-t-il ?  il  est  impossible  dc 
doii  paroiire  satisfaire  pleinement  a  cette  question  :  on  pent  dire  seule- 
Ic  vcniablc  et  uj^j^t  qyCA  nc  paroitra  qu'a  la  fin  des  sieclcs;  c'stt  ce  qui 

MahoineLcm  non  esse  Anlichvisium  :  scd  si  (juisantc  ociilos  sibi  proponat 
ingenlia  malci  qucc  Iii'c  pcixliiissiiniis  homo  in  r.iimdinn  intulit,  coiuVin 
exiliali sccta,  tjitcc  juaf^iuim  oibis purlcin  jjcidiclil ,  ill  cinioli  Uujuinnur  an- 
nates,  jurcjhicliuiv  Malwmc.lcm  mci!j;niiV!  fu'isse  Antichrisli i.jp:ini  acjuic- 
cifrsorem. 

'  Mah-cnda,  de  JiUichi:  I.  \.  ciS. 


SLK  L  AATF.ciiaisr.  in 

n'sultc  dii  temoignagc  conslajU  de  I'Ecriturc  ct  do  la  irn-  dcmicr  Anto- 
diilun.  Mais  quand  arrivera  la  fin  dcs-siecles?  rien  de  plus  christ. 
incertain.  Combicn  Ic  monde  a-t-il  dcja  dure?  comhien 
tloit-il  durcr  encore?   questions  insolublcs.    En  effct , 
oombien  Ic  monde  a-t-il  deja  dure?  on  pourroit  compter 
ur  ccla  plus  de  quatre-vingts  opinions  dilt'crenles ;  mais 
!i  pent  les  reduire  a  deux  principales  :  I'une  fondee  sur  Ic 
ilcul   qui   resulle  de   la  version  des  Septante ,    ct  qui 
<,!onne  plus  de  cinq  mille  ans  depuis  la  creation  du  monde 
iusqu'a  la  naissance  de  Jesus-Christ,  I'autre  fondee  sur  le 
ilcuI  qui  resulte  du  texte  liebreu  lei  que  nous  lavons  a 
resent ,  et  icl  que  Tcxprime  notre  Vulgate  meme ;  ce  cal- 
iil  ne  donne  qu' environ  quatrc  mille  ans  depuis  la  crco- 
iiondu  monde  jusqu'a  la  naissance  de  Jcsus-Chrisl.  Nous 
avons  fait  voir  aillcurs'  qu'en  conciliant  ces  deux  calculs  , 
on  pourroit  compter  environ  quatre  mille  cent  cinquantc- 
six  ans  depuis  la  creation  du  monde  jusqu'a  la  naissance 
de  Jesus-Clnist :  c'est  I'opinion  qui  nous  paroit  la  mieux  fon- 
dee ;  mais  nous  avouons  quelle  est  encore  fortincertaine. 
Combien  le  monde  durera-t-il?  II  y  a  sur  cela  cliez  los 
Hebreux  une  tradition  celebre  sous  le  nom  d'Elie,  seloa 
laquelle  le  monde  doit  durer  six  mille  ans;  savoir  ,  deux 
mille  ans  avant  la  loi ,  deux  mille  ans  sous  la  loi,  et  deux 
mille  ans  sous  le  Messie^.  Quelques-uns  ont  cru  que  celtc 
tradition  venoil   du  prophete  Elie ;  mais  d'autres  I'attri- 
^'uent  a  im  rabbin  qui  portoit  le  nom  de  ce  prophete.  (.o 
^trincipal  fondcment  de  cettc  tradition  ,  scion  les  rabbins 
memes,  est  qr. '  le  repos  dans  lequel  Dieu  est  eutre  apres 
les  six  jours  de  la  creation,  represente  le  repos  que  Dica 
reserve  a  son  peuple  apres  un  intervalle  de  six  mille  ans 
qui  rt'pondront  aux  six  jours  de  la  creation  ;  selon  ce  que 
tlit  le  Psalmiste  ,  que  milk  ans  sonl  devant  Dica  comme  un 
jour^.  L'expression  du  Psalmiste  est  rappelee  par  saint 
Pierre* ;  et  saint  Paul  parlant  du  repos  de  I'eternite  bien- 
heureuse ,  le  designe  aussi  sous  le  nom  meme  de  Sabbat , 
Sabbalisinus^.   Quelques-uns  des   peres  ont    aussi  pense 
qu'en  effet  le  monde  ne  dureioit  que  six  mille  ans.  L'au- 
teur  du  livre  des  Questions  aux  orthodoxes  sous  le  nom 

'  Preface  sur  la  Gcncse. — ^Rabbi  Jacob  fiUus  Salomonis  in  CoUcctaneii  de 
rA/7.%/o,  e  Thdlintid,  Tt-act.  Sanliedtin,  capiteUelec.  iiUetprete  Genebnn- 
ih,  hcec  scn'bii  :  Docetdonus  Elite  :  Sex  mille  annis  erit  mtindus :  duobiis 
tnille  iiiaiiitas,  duobiis  mille  lex,  duobits  mille  dies  Messiie. — ^Ps.  lxxxix. 
—  '  2.  I'eir.  HI.  8. — '  Ilebr.  iv.  y. 


^O  DISSERTATION 


de  saint  Justin,  dit :  «  Selon  plusieurs  endroits  de  I'Ecri- 
«  ture ,  on  pent  conjeclurer  que  ceux  la  disent  vrai,  qui 
«  pretendent  que  la  duree  de  I'etat  present  de  ce  monde  j 
c(  sera  de  six  mille  ans  '.  »  Mais  pour  le  prouver,  il  suppose  '4 
que  Jesus-Christ  n'avoit  paru  que  dans  le  sixieme  mille- 
naire.  Saint  Irenee  dit:  «  Autantil  y  acu  dc  jours  pour  la 
«  creation  du  monde,  autant  il  y  aura  de  millenaires  pour 
«  sa  duree.  Ce  que  I'Ecriture  dit  de  ce  qui  est  arrive  alors 
«  est  en  meme  temps  une  proplietie  de  ce  qui  doit  arriver 
«  dans  la  suite.  Si  done  unjour  du  Seigneur  est  comme  mille 
«  ans ,  il  est  manifeste  que  toutes  choses  ayant  ete  creees 
«  en  six  jours ,  leur  duree  sera  de  six  mille  ans  ^.  Saint  Hip- 
polyle  martyr  le  pensoit  de  meme^;  mais  il  fondoit  sur 
cela  un  calcul  qui ,  comme  le  remarque  Photius,  prouvoit 
plut6t  I'imperfection  de  I'esprit  humain  que  la  vertu  de 
I'inspiration  celeste.  Lactance  dit  aussi  :  «  Toutes  les  oeu- 
«  vres  de  Dieu  ayant  ete  achevees  en  six  jours,  il  est  ne- 
«  cessaire  que  le  monde  demeure  dans  I'etat  present  pen- 
«  dant  six  mille  ans  ;  car  le  grand  jour  du  Seigneur  est  de 
«  mille  annees ,  comme  le  prophete  le  remarque  en  di- 
«  sant  :  Devanl  vos  rjeux ,  Seigneur,  mille  ans  sont  comme  un 
ujonr^.  »  Mais  Lactance  ajoute  a  ces  six  mille  annees  le 
repos  d'un  septieine  millenaire,  selon  I'idee  des  Juifs  et 
des  Chretiens  judaisans.  Saint  Hilaire,  a  I'occasion  de  ces 
paroles  de  saint  Mathieu,  Et  six  jours  aprcs  il  fut  transfi- 
gure, dit  :  «  Et  certes  cette  circonstance,  qu'apres  un  in- 
«  tervalle  de  six  jours  le  Seigneur  paroit  revetu  de  sa 
«  gloire ,  monlre  et  annonce  qu'apres  la  revolution  de  six 
«  mille  annees  succedera  la  gloire  du  royaume  celeste  : 
«  Nam  quod  post  dies  sex  glorice  dominicce  habitus  oslenditur , 
a  sex  millium  scilicet  annorum  temporibus  evolutis ,  regnicce- 
«  lestis  honor  prcejlguratur^,  »  Saint  Jerome  expliquant 
dans  une  lettre  le  psaume  lxxxix  ,  ou  se  trouve  cette  pa- 
role ,mille  ans  sont  devantvos  yeux  comme  lejourd'hier,  dit : 
«  Je  crois  que  c'est  de  cet  endroit  et  de  I'epitre  qui  portc 
«  le  nom  de  saint  Pierre  qu'est  venue  la  coutume  de  con- 
«  siderer  mille  ans  comme  un  jour,  en  sorte  que  comme  le 
«  monde  a  ete  fait  en  six  jours,  on  croie  qu'il  ne  subsistera 
«  que  six  mille  ans;  apres  quoi  viendia  le  nombre  septe- 

*  Auctov.  Qucest.  ad  oriliodoxos,  (jucest.  71. — *  Iren.lib.  v.  ad\>.  hceres. 
c.  i5. — ^  Jpiid Phot.  Bibl.  n.  202. — ''  Lact.  Instit.lib.  vm.  c.  i4-  etc.  25. 
— '  Hilar,  in  Matih.  xvu. 


sua  l'antechrist.  5i 

a  naire  et  oclonaire ,  dans  lequel  sera  celebre  le  vrai  sab- 
o  bat,et  sera  donnee  la  parfaitc  purete  de  I'enliere  circon- 
o  cision  :  » (c'est-a-dire  reternite  memo ,  qui  est  consideree 
en  meme  temps  conime  le  septieme  jour  relativement  aux 
six  mille  ans  qui  I'ont  precedee ,  et  comme  Ic  huitieme  re- 
lativement a  I'eternile  qui  a  precede  les  six  mille  ans  ): 
«  Ego  arbilror  ex  hoc  loco  et  ex  epislola  quce nomine  Petri  ins- 
«  cribitiir,  mille  anno s pro  una  die  solilos  appellari ,  ut  scili- 
«  cct,  quia  mundus  in  sex  diehus  Jabricatus  est ,  sex  millibus 
«  tantum  annorum  credalur  subsistere ,  et  postea  venire  septe- 
«  narium  numerum ,  ft  octonarium ,  in  quo  verus  exercetur 
«  sabbatismus  ,  et  circumcisionis puritasredditur^ . 

Saint  Augustin  expliquant  le  meme  lexte  ^  ,  s'eleve  con- 
tra ceux  qui  out  prelendu  fixer  ainsi  la  duree  du  monde  a 
six  mille  annees ;  illeur  oppose  ce  que  Jesus-Christ  dit  a 
ses  disciples  :  Ce  nest  point  a  vous  qu  il  appartient  de  savoir 
les  temps  et  les  momens  que  Dieu  a  reserves  el  sa  puissance  ^. 
Etil  est  vrai  qu'il  y  auroit  une  temerite  inexcusable  a  pre- 
tendre  determiner  comme  certaine  une  annee  qui  dut  etre 
le  terme  de  la  duree  du  monde.  Mais  celte  determination 
fixe  ne  resulte  pas  de  I'opinion  qui  ne  donne  que  six  mille 
ans  a  la  duree  du  monde ,  parce  qu'il  est  toul-a-fait  incer- 
tain  combien  le  monde  a  deja  dure.  Aussi  saint  Augustin 
meme  convient-il  ailleurs  "*  que  cette  opinion  pourroit  etre 
en  quelque  sorte  tolerable ,  Quce  opinio  esset  utcumque  to- 
Icrabilis ,  si  les  millenaires  n'en  avoient  pas  abuse.  II  avoue 
qu'il  a  quelquefois  lui-meme  suivi  cette  opinion  :  Etiam  nos 
hoc  opinali Juimus  alicjuando.  11  y  revient  meme  dans  eel 
endroit,  lorsqu'il  veut  expliquer  ce  qui  est  dit,  que  le  dra- 
gon est  enchaine  pour  mille  ans.  Car  la  premiere  interpreta- 
tion qu'il  en  donne ,  c'est  en  disant  c^ue  la  puissance  du 
demon  est  liee  par  Jesus-Christ  dans  cette  sixieme  et  der- 
niere  periode  de  mille  ans  vers  la  fin  de  laquelle  il  croyoit 
etre  ;  parce  qu'en  effet ,  selon  le  calcul  dcs  Septante  et  de 
I'ancienne  Vulgate  ,  qui  etoit  une  traduction  du  grec  des 
Septante ,  la  naissance  de  Jesus-Christ  se  trouvoit ,  comme 
nous  Tavons  dit,  au-dela  de  cinq  mille  ans  depuis  la  crea- 
tion :  Aul  quia  muLTiMis  annis  mille  ista  res  agitur ,  id  est 

SEXTO    ANNORUM  MILHARIO  ,    tamqUUm   SEXTO   DIE,  CUJUS  UUnC 

spatia posteriora  tolvuntur ;  sv.c\jj\:viO  deinde  sabbato  ,  quod 


•  Hier.  pp.  ad  Cypr.  olim  iSg. — *  -dug.  Enarr.  inpsal.  txr.xiv. —  »  Act. 
-. — *  ■^ug'  de  Ct'vit.  Dei,  lib.  x\.  c.  7. 


.52  I>ISSERTATIO:\ 

nonhahet  vespcriim,  reqiiic  scilicet  nanclorum ,  qiut  non  ha" 

het  Jinem.   Et  il  y  rcvieiH  encore   lorscjuo  voulant  cxpli- 

quer  commcntlc  dragonne  seduira  phis  !cs  nations  jusqu'd 

ce  que  mille  ans  soient  accomplis  ,  il  propose  d'abord  de  I'en- 

lendre  de  ce  qui  restc  de  ce  sixieme  jour  qui  renfermc  un 

espacc  de  mille  ans  :  Ant  quod  remanet  de  sexto  die  ,  qui 

constat  ex  mille  annis.  Dc  la  vient  que  Ics  uiodcrncs  sont 

trcspartagessur  cette opinion  :  Ics  unslaregardeni,  comme 

absolument  vaine;  d'autres  pensent  qu'clle  n'cst  pas  ab- 

solument  meprisable;  d'autres  enfin  la  regardenl  menie 

comme  assez  probable  ,  pourvu  toutefois  que  Ton  ne  pre- 

lendc point  en  conclurc  une  determination  fixe.  Rellarmin 

s'en  exprime  ainsi  :  «  II  y  a  sur  ccla  une  moderation  trcs 

«  sage  dans  saint  Augustin,  qui  a  regardc  cette  opinion 

«  comme  probable ,  etl'ameme  suivie  comme  telle  dans 

n  ses  livres  de  la  Cite  de  Dieu.  Mais  il  ne  s'ensuit  pas  que 

«  nous  sachions  le  temps  du  dernier  jour ;  car  nous  disoris 

«  qu'il  est  probable  que  le  monde  ne  durera  pas  plus  dc 

«  six  mille  ans;  mais  nous  ne  disons  pas  que  cela  soit  cer- 

«  lain  :  Neque  hinc  scquitur  nos  scire  tempns  ultima;  did :  dici- 

a  mus  cnini  probabile  esse  mmidum  non  duraturum  ultra  sex 

«  millia  annorum ,  non  autem  dicimus  id  esse  cerium  *.  »  «  Re- 

<v  jctons ,  dit  Gcnebrard ,  une  determination  fixe  ct precise 

a  du  nombre  dcs  annees;  mais  considerons  en  general 

«  comme  yraie  ia  tradition  du  rabbin  Elie ;  car  en  general 

«  elie  ne  manquera  pas  d'etre  verifice  par  Tevenement, 

«  sur  tout  puisque  meme  parmi  nous  la  meme  chose  a  etc 

«  enseignee  par  Lactance  et  autres  :  Dejinitam  ergo  et  nii- 

«  nnlam  annorum  circumscriptionem  rejiciamus ;  pronunlia- 

«  turn  autem  rabbini  Elice  universe  verum  intelligamus  :  nam 

«  non  carebit  suo  eventu  in  genere ,  pnesertim  cum  apud  nos 

n  idem  tradiderint  Lactanlius ,  etc.  ^.  »  Feu-Ardent  dans  ses 

notes  sur  saint  Irenee  ,  dit  :  «  Ce  sentiment  de  saint  Ire- 

«  nee  touchant  laduree  du  monde  est  soutenuet  confirmc 

«  par  tant  et  de  si  grands  hommes  ,  et  appuyc  sur  des  rai- 

a  sons  si  plausibles  ,  que  pourvu  que  Ton  ne  pretende  pas 

«  temerairement  donner  des  bornes  a  la  puissance  divine, 

«  j'entrcrois  assez  volontiers  dans  la  meme  pensee  :  Hcec 

«  Irencei  sentenlia  dc  mundi  per  mans  ionc ,  tot  tanlosquc  habet 

«  vindiccs  et  conjirmatorcs  J  ac plausibiles persuasioncs ,  mode 

'  BcUnvni.  de  Bern.  Pont.  lib.  m.  cajj.  3.  —  ^  Centbr.   Clmnogr.  lib.  i. 


SLR  i-'antechrist.  58 

n  (tivina^polestali  nihil  Icmere  prascribatur ,  ut  in  earn  itibens 
"  disccndfrrm  '.  »  Malvenda  dit  aussi  :  «  Si  Ton  preicnd  as- 
«  surer  que  le  mondo  iic  doil  diircr  que  six  millo  ans,  en 
«>  sorte  que  Ton  pretendc  en  conclure  qu'il  doit  se  Irouver 
H  preciscnient  deux  millc  ans  avant  la  loi,  deux  mille  ans 
.<  sous  la  loi,  el  deux  mille  ans  sous  le  Messie  ,  cela  est  as- 
«  surement  tres  faux  ,  tout-a-fait  intolerable,  ou  du  moins 
«  tres  temeraire  ;  car  on  pourroil  de  la  delerniiner  facile- 
«  nicnt  la  fin  du  monde ,  puisque  Ion  salt  combien  de 
«  temps s'estdejaccouledepuislanaissancedeJesus-Christ. 
«  Mais qu'en general  le  nionde  ne  doivedurer  que  six  mille 
«  ans ,  quoique  la  chose  soit  incertaine ,  cependant,  a  cause 
«  de  I'autorite  des  peres  qui  I'onl  ecrit  ainsi ,  je  ne  vou- 
«  drois  nullenient  condamner  cette  opinion  :  car  je  ne 
«  croirai  jamais  que  ces  grandes  lumieres  de  I'Eglise  aient 
«  avance  cela  sans  de  grandes  raisons  :  AHamen  universe 
«  sex  millibus  lantnm  annis  incliidi  mnndi  afatem ,  quamris 
■  res  sii  incerta ,  propter  aiictorilatem  nihilominus palnun  qui 
«  id  scripscrnnl ,  non  prorsus  damnaverim  :  71am  Ecclesice  ilia 
"  magna  lumina  ad  earn  diccndani  scnlcnliani  nunquam  e.xisli- 
o  maverim  sine  magnis  ralionibus  accessisse.  Mais  de  la  on  ne 
«  peut  pas  savoir  ni  connoitre  certainemcnt  la  fin  du 
«  monde ,  puisque  le  nombre  des  annees  qui  se  sont  ecou- 
«  lees  depuis  la  creation  est  jusqu'ici  si  incertain  etsiin- 
"  connu,  comme  nous  I'avons  deja  fait  remarquer  :  Nee 
a  inde  certn  sciri  cognosciquc  potest  mundi  Jinis;  cum  ratio 
CI  annorum  ab  orbe  condilo  adeo  incerta  et  inexplorata  hacle- 
«  nus  sit,  ut prcediximus.  kxx  reste,  qui  peut  nier  qu'on  ne 
n  puisse  on  quclque  maniere  pressentir  par  certaines  con- 
o  jectures  probables  la  fin  du  monde?  Quis  vero  luget  pro- 
«  babili  quadam  conjeclura  prasenliri  utcumque posse  rerum 
«  occasuiii  ^?  » 

Ge  qui  prouve  que  I'Antechrist  ne  doit  paroitre  qu'a  la 
fin  des  siecles,  c'est  1°  que,  selon  saint  Paul,  cet  impie 
doit  4tre  extermine  par  I'eclat  du  dernier  avenement  de 
Jesus-Chrisfe  ^ ;  c'est  2°  que  ,  selon  saint  Jean  et  selon  Da- 
niel, saperscculion  ne  doit  durer  que  quarante-deuxmois, 
ou  trois  ans  ct  demi^,  et  qu'aussitot  apres  cette  perse- 
cution ,  Ic  monde  doit  etre  juge  ^.  C'est  done  unc  verite 


'  Feu  -^rdeiuins,  in  tiotis  ad  S.  Ji-en.  lit/,  v.  c.  28.  —  -  MaL'enda  ,  ile 
Anlicla:  lib.  11.  cap.  23. — '  j-.Thess.  n.  8. — *  Pan.  xii.  7.  Jpoc.  xi.  2. — 
'  Dan.  VII.  8.  <j.  2  1.-2C.  Jpoc.  xi.  iti.ctseqr/. 


•^^  DISSERT  ATIOJS 

fondee  sur  I'autorite  iii^me  dcs  divines  Ecritures  ;  et  loute 
la  tradition  rend  temoignage  a  cetle  verite.  II  seroit  inutile 
d'accumuler  ici  les  expressions  des  peres ;  il  suffit  de  rap- 
porter  cette  parole  celebre  de  saint  A.uguslin  :  «  Voici ,  dit 
«  cepere,  ce  que  nousavonsappris  devoir  arriverau  temps 
«  de  ce  dernier  jugement  ou  vers  ce  temps  :  I'avenement 
«  d'Elie  de  Thesbe  ,  la  conversion  des  Juifs  ,  la  persecution 
«  de  rAntechrist,  I'avenement  du  souverain  .Tuge,  etc.  : 
«  In  illo  itaque  judicio  vcl  circa  illud  judicium,  has  res  didi- 
«  cimus  esse  venturas ,  Eliam  Thesbitem ,  fidein  J udceorum  , 
«  Anlichrislum  persccuturum ,  Christum  vcnturum ,  etc.  *,  » 
Rernarques      L'opinion  commune  dc     peres  sur  la  naissance  de  I'An- 
st.i  anais-     techrist  est  qu'il  sortira  du  milieu  de  la   nation  iuive. 
techrist.  Sor-  Samt  Jerome  ,  dans  son  commentaire  sur  Daniel ,  dit  e.v- 
lira-t-il  du     pressement   :    «   L'Anlechrist  doit  s'elever  d'une  nation 
mi!ieu  des       „  foible,  c'est-a-dire  du  peuple  juif :  Consurgere  debet  Anli- 

ui  s,  c  pir-  ^^  chrislus  de  modica  frcnte ,  id  est,  de  populo  Judceorum^.  » 
ticulierement  ..  c       \  >  ii 

de  la  tribu  de  Ccttc  opmion  est  londee  sur  ce  que  la  plupart  des  peres 
Dan?  ont  aussi  cru  qu'il  sortiroit  de  la  tribu  de  Dan,  et  qu'il  se- 

roit recu  par  les  Juifs  en  qualite  de  Messie  ,  qui  ne  peut 
ctre  que  juif. 

Trois  textes  des  sainles  Ecritures  ont  donne  lieu  de 
croire  que  rAntechrist  sortiroit  de  la  tribu  de  Dan  :  le  pre- 
mier texte  est  la  prophetic  de  Jacob  touchantla  tribu  de 

Dan  ,  dont  il  dit  :  Dan  jugcra  son  peuple et  il  deviendra 

eomme  un  serpe7it  dans  le  chemin ,  ct  comme  un  ceraste  dans  le 
sentier,  quimord  le  pied  du  chcval,  ajin  que  celui  qui  le  monte 
tombe  a  la  renverse  ^.  Sur  quoi  saint  Augustin  s'exprime 
ainsi  ;  «  Ce  que  Jacob  dit  de  Dan  en  benissant  ses  enians 
«  donne  lieu  de  penser  que  c'est  de  cette  tribu  que  naitra 
«  rAntechrist :  Cum  Jacob Jilios  suos  benediceret ,  lalia  dixit 
«  de  islo  Dan,  ut  de  ipsa  tribu  existimelur  nasciturus  Anti- 
«  chrislus^.  »  Saint  Gregoire-le-Grand  dit  aussi :  «  Quel- 
«  ques-uns  disent  que  TAnlechrist  viendra  de  la  tribu  de 
«  Dan,  parce  que  dans  cetendroit  il  est  dit  que  Dan  de- 

«  viendra  comme  un  serpent  et  qu'il  mordra Et  il  est 

«  compare  non-seulement  au  serpent ,  mais  encore  au  ce- 
«  rasle ;  car  le  mot  grec  y.ioy.-zy.  signifie  des  comes ,  et  on  dit 
«  que  ce  serpent  apyjele  ceraste  porte  des  cornes  ;  ce  qui 
«  marque  fort  bien  I'Antechrist,  parce  que  lorsqu'il  vien- 

'  Aug.  dc  CzV.  Dei,  l.\x.  c.  3o.  —  -  Hier.  in  Dan.  xi.  — •*  Gen.  XLix, 
iG.  et  17.—  *  jdiii^.quwst.  22,  in  Josue.  ^ 


^1   i;    I    ANTECHHIST.  55 

«  dra  ,  il  allaqueia  les  fideles  par  la  morsure  d'une  prcdica- 
"  tionpestiferee,  ct  s'annera  conlre  cux  dcs  comes  de  la 
«  puissance  :  Per  quern  digne  Anlichrisii  advcnlus  asserilur , 
n  quia  conlrn  Jidelinm  vilam  cum  morsu  pcstifera;  pra'dicatio- 
u  nis  ,armalur  cliam  conubus  polestatis.  Et  parce  que  c'est  a 
«  la  fin  du  monde  que  1' Antechrist  deploiera  tous  ses  efforts, 
«  il  est  dit  aussi  que  ce  ceraste  iiiordra  le  pied  du  cheval , 
«  car  c'est  mordre  Ic  pied  du  cheval  que  d'atlaquer  les 
«  hommos  a  la  fin  des  siecles  :  Et  quia  Antichristus  cxlremu 
«  mundi apprehcndere  nililur ,  cerastes  isle  equi  ungulas  mor- 
«  derc  pcrhihetur  :  ungulas  quippe  ccpii  mordcre  est  cxtrema 
«  seculi fericndo  contingere.  Et  parce  que  les  Juifs  pris  dans 
a  les  filets  de  leur  erreur  attendent  un  faux  Christ ,  au  lieu 
«  du  Christ  veritable  ,  Jacob  ajoule  fort  bien  aussitot  :  Le 
u  salut  que  vous  domicrez ,  Seigneur,  sera  I'objet  demonat- 
^^  tcnte ;  c'est-a-dire,  je  n'atteudrai  point  un  faux  Christ 
«  comme  ces  hommes  infideles,  mais  je  croirai  au  Christ 
«  veritable ,  et  je  lui  serai  fidele  :  Et  quia  Judma  eiroris  sui 
«  laqueis  capta ,  pro  Christo  Antichristum  expectat ^  bene  Ja- 
«  cob  dicit  :  Salutare  tuum  rxpcctabo  ,  Domine ;  id  est ,  non 
«  sicut  injideles  Antic hristum,  sed  vcrum  credendo  Jideliter 
n  Christum  '.  »  Beaucoup  d'autres  ont  explique  dans  le 
raeme  sens  cette  prophetie  de  Jacob. 

Le  deuxieme  texte  qui  a  porte  a  croire  que  I'Anlechrist 
sortiroit  de  la  tribu  de  Dan ,  est  la  prophetie  de  Jeremie 
qui  dit  :  On  entend  de  Dan  le  bruit  de  sa  cavalerie  ;  toute  la 
terre  retentit  des  hcnnissemens  de  ses  chevaux  de  bataille  :  ils 
sont  venus ,  et  ils  ont  devore  la  terre  et  ses  fruits ,  les  villes  et 
leurs  habitans  ^.  Ce  qui  faisoit  dire  a  saint  Irenee  parlantde 
I'Antechrist :  «  Jeremie  a  fait  connoitre,  non-seulement 
o  son  avenem'ent  subit,  mais  encore  la  tribu  d'ou  il  vien- 
«  dra;  car  il  dit  :  Nous  cntendrons  de  Dan,  etc.  ^.»  Saint 
Hippolyte,  saint  Gregoire-le-Grand ,  et  plusieurs  autres 
I'entendent  ainsi. 

Le  iroisienie  texte  sur  lequel  est  elabli  ce  sentiment ,  est 
I'omission  de  la  tribu  de  Dan  dans  le  denombrement  des 
douze  tribus  au  chap,  vn  de  TApocalypse.  Saint  Irenee , 
apres  avoir  dit  que ,  selon  la  prophetie  de  Jeremie  ,  1' Ante- 
christ doit  sortir  de  la  tribu  de  Dan  ,  ajoute  :  «  Et  c'est 
«  pour  ce!a  que  dans  1' Apocalypse  cette  tribu  ne  se  trouve 

'  Greg.  Mag.  in  Job,  lib.  xxxi.  cap.  lo.  —  '  Jercrn.  vm.  ;  '•  -  ^  Ii'cu- 
ad^.  hwres.  I.  y.  c.  1. 


56  DISSERTATION 

«  point  dans  Ic  denombrcment  de  coux  d'cntre  les  enfahs 
«  d'lsrael  qui  doivcnr  etre  sauves^.  »  Andre  el  Arelas,  eve- 
([iics  de  Ccsarce  ,  le  venerable  Bede  ,  et  plusicurs  aulres 
penscntainsi, 

Mais  quant  a  la  prophetic  dc  Jacob  ,  clle  pent  s'cntendre, 
scion  la  letlre  ,  dc  Samson  qui  etoit  de  la  tribu  de  Dan ,  qui 
jugea  Israel,  ct  nuisit  bcaucoup  auK Philistins.  C'est  ainsi 
que  I'cxplique  saint  Jerome  :  Sanrson  judex  Israel  de  Iribu, 
Dan  fail :  hoc  ergo  dicil ,  etc.  ^.  Et  plusieurs  meme  de  ceux 
qui  pretcndent  appliquer  ce  texte  a  rAntcchrist  recon- 
noissent  ce  premier  sens. 

Quant  a  la  prophetic  dc  Jeremic,  die  peut  s'cntendre,  a 
la  Icttrc  ,  de  I'irruption  de  Nabuchodonosor  sur  la  Judec ; 
et  alors  Dan  signifiera  la  vlUe  de  ce  nom  ,  qui  se  trouvoit 
situee  a  I'extremilc  septentrionale  de  cette  province  :  c'est 
ainsi  que  I'explique  saint  Jerome  :  Describitur  aiilem  a  Dan 
per  Phcenicem  vcniurus  cum  cxcrcilu  Nabuchodonosor :  in  quo 
loco  Jluvius  Jordanis  oritur  ^ . 

Quant  a  I'omission  de  latribu  dc  Dan  dans  I'Apocalypsc, 
Rellarmin  se  contcnte  dc  dire  qu'on  ne  sait  point  assez 
pourquoi  cette  tribu  est  ainsi  omise  :  Cur  aulcm  Apocal.  vii 
omittalur  Dan ,  non  satis  constat'^.  Et  Jean  le  Mercier  con- 
jecture que  dans  cc  denombrement ,  au  lieu  de  Manasse , 
il  faudroit  peut-etre  lire  Dan,  parce  que  Manasse  pouvoil 
etrc  deja  compris  sous  le  nom  de  Joseph :  Dan  sane  in  Jpo- 
calypsi  omittitur  :  qua  de  causa  ignoralur ,  nisi  forte  pro  Ma- 
nasse Dan  legendum  sit,  quia  jam  trihus  Joseph  meminerat  "^ . 
Et  en  cU'et  il  peut  se  (aire  qu'cn  grec,  de  A  AN  soit  venu 
par  crreur  de  copiste  MAN  ,  ct  de  la  Manasses. 

Ainsi  Ics  trois  preuvcs  sur  lesquclles  est  fondcel'opinion 
qui  faitnaitre  I'Antcchrist  dc  la  tribu  de  Dan  ne  sont  point 
absolumentconvaincantes:  c'est  pourquoiBcllarmin,aprcs 
avoir  rapporte  les  tcmoignagcs  des  peres  qui  ont  tenu  ccltc 
opinion  ,  conclut  ainsi  :  «  Cclte  opinion  est  tres  probable 
«  a  cause  de  I'autorile  de  ces  hommes  si  respectables ;  mais 
«  ccpendant  elle  n'est  pas  tout-a-fait  certaine  :  Non  tamen 
«  omnino  ccrta;  soit  parce  que  la  plupartdes  pcresne  discnt 
«  point  cxpressement  qu'ils  savent  cela,  mais  insinucnt  scu- 
«  Icment  que  cela  est  probable ;  soit  parce  que  I'Ecriturc 


'/re/j.  ads',  lucres.  I.  v,  c.  ^.—-IJicwn.  in  trad.  Hcbr.  —''  Hicivn.  in 
Jcrcm.  ym.—'"  Deltann.  dc  RoM.  Ponlif  lib.  in.  c.  12.— ^ Joan.  Mcrccrus 
in  Gen.  XLix.  ■jJ'  17- 


SLll   L  A.NTKCHRISr  .  5" 

i  n'cn  donno  auciinc  prcuvc  convaincanlc  :  Turn  qiiianulla 

Sciipluru  amvincil^.  » 

Maintcnant ,  pour  savoir  si  I'Anlechrist  doit  sortir  de  la 
nation  juive ,  il  nous  rcsteroit  a  examiner  s'il  doit  etre  recu 
par  les  Juifs  :  nous  aurons  occasion  d'y  revenir  dans  la 
suite.  Passons  a  ce  qui  regarde  Ic  lieu  dc  sa  naissance. 

C'cslune  opinion  assczcomnuineque  rAntcchristnaitra  I^'Anieclnisi 

I  Babvlonc.  Saint  Jerome  ,  dans  son  commentaire  sur  Da-  "^V"^?'   •» 

.    I     \-  ,,  .  I     .  t  11  .        .    .  .         lial)yIone; 

luel ,  clit  que  1  Antechrist  naitra  de  la  nation  juive ,  et  Yien-  viendra-t-Il 

dra  de  Babylone  :  Qui  iiascilurus  est  de populo  Juda;orum  ,  decc\)ays-\ii^ 
ct  de  Babylone  vcnlurus  ^.  Andre  et  Aretas,  eveques  de  Ce- 
sarce  ,  s'expriment  a  peu  pres  de  raeme  :  le  venerable  Bede 
dit  expressement  que  c'est  de  cette  ville  qu'il  tirera  sa  nais- 
sance :  De  Babylone  nalum^ .  Et  beaucoup  d'autres  le  disent 
dc  meme. 

Cette  opinion  peut  avoir  pour  fondement ,  i^  le  temoi- 
gnage  de  saint  Jean ,  qui  nous  fait  assez  connoilre  que  le 
second  malheur  annoncc  au  son  de  la  sixieme  trompette  , 
et  termine  par  la  persecution  dc  rAiitechrist ,  doit  venir 
de  I'Euphrate ,  ou  est  siluee  Babylone.  En  efiet,  Andre, 
eveque  de  Cesaree  ,  expliquant  ces  mots  de  1' Apocalypse , 
Dclicz  les  quatre  anges  qui  sent  lies  sur  le  grand  Jleuve  de 
rEiiphrate  '* ,  dit  :  «  11  est  croyable  qu'il  est  ici  fail  men- 
«  lion  dc  TEuphrate  ,  parce  que  Ton  ci^oit  que  I'Antc- 
«  christ  doit  sortir  de  ces  lieux  ^.  »  Aretas  le  pense  de 
meme. 

2"  Le  temoignage  des  anciens  prophetes,  etspecialement 
d'Isaie,qui  semblent  designer  1' Antechrist  sous  lesymbole 
et  meme  sous  le  nom  de  roi  de  Babylone.  Nous  avons  dcja 
vu  que  saint  Cyprien  applique  a  1' Antechrist  ^  ce  qu'Isaic 
dit  lilteralement  du  roi  de  Babylone  "^ . 

3"  La  prophetic  de  iNahum ,  qui  s'adrcssant  a  la  eapitale 
desennemis  du  peuple  du  Seigneur,  lui  dit :  De  loi sorlira 
un  homme  qui  former  a  de  noirs  desseins  conlre  le  Seignew^. 
C'est  precisement  ce  que  dit  I'auteur  du  livre  de  1' Ante- 
christ attribuc  a  Nicolas  Orcsme  :  «  Quant  au  lieu  ou  1' An- 
te icchrisl  doit  naitre ,  Ic  prophets  Nahum  paroit  dire  que 
«  ce  sera  dans  Babylone,  eapitale  de  I'empire  des  Assy- 
M  riens  :  de  la  vient  que  ce  prophetc  s'adrcssant  a  la  capi- 
«  tale  de  cet  empire,  scion  quelques-uns ,  lui  dit  :  De  loi 

'  Bcllcsnn.  (le  Rom.  Pont.  I.  in.  c.  12.  —  -  Ilietrjii.  in  Dan.  xi.  —  ^  Bedu 
in  J/mcul.  xviii.  —  *  Jpocal.  ix.  14.  —  ^  ^,iJ,.  Ccesai:  ih  J/wc.  c.  27. 
— ^r>/«\  Tcstim.  lib.  iii.  c.  1 1^.—'' Isai.  xiv.  iG.  tl  16.—'*  Nalium,  1.  n. 


58  DISSERTATION 

«  sortira  un  h  omme  qui  formcra  de  noirs  dcsseins  conlre  le 
«  Seigneur  ^ .  » 

Mais  Oresme  confond  ici  les  Assyriens  et  les  Chakleens. 
11  est  bien  vrai  que  le  prophete  parle  a  la  capitale  ties 
Assyriens  ,  mais  cettc  capitale  etoit  Ninive ,  dont  le  meme 
prophete  annonce  expressement  la  ruine.  Babylone  etoit 
la  capitale  des  Chaldeens  ,  dont  le  prophete  ne  parle  point. 
Quant  aux  temoignages  des  autres  prophetes ,  qui  sem- 
blent  annoncer  1' Antechrist  sous  le  syrabole  et  sous  le  noni 
de  roi  de  Babylone  ,  on  ne  peut  en  conclure  que  cet  inipie 
doive  tirer  son  origine  de  cette  ville. 

II  en  est  de  meme  du  teraoignage  de  saint  Jean  ,  duquel 
on  pourroit  peut-etre  seulement  conclure  que  1' Antechrist 
viendra  de  ce  pays-la ;  Andre  et  Aretas  n'en  disent  pas  da- 
vantage  ;  et  saint  Jerome  memCse  contente  de  dire  qu'il 
viendra  de  Babylone  ,  De  Babylone  venturus ;  ce  qui  ne  si- 
gnifie  pas  qu'il  y  naitra,  Ou  plutot  le  temoignage  de  saint 
Jean  peut  prouver  seulement  que  le  fleau  qui  precederala 
persecution  de  1' Antechrist  viendra  de  ce  pays-la. 
L'Antechrist  Nous  n'examinons  point  quelle  sera  la  naissance  de  I'An- 
seraleplus  techrist,  ni  quelle  sera  son  education  :  ce  sont  de  vaines 
sc^lerat  de  questions  auxquelles  on  ne  peut  repondre  que  par  de  vaines 
conjectures.  Nous  remarquerons  seulement  ici  que  selon 
le  temoignage  meme  de  saint  Paul ,  ce  sera  le  plus  seelerat 
de  tous  les  hommes  ,  puisque  cet  apotre  I'appelle  par  dis- 
tinction I'liommc  de peche^ ;  et  nous  avons  vu  que  saint  Je- 
rome ne  craint  pas  de  dire  que  Satan  habitera  tout  entier 
corporellement  dans  cet  homme  '.  In  quo  lotus  Salanas  ha- 
bilaturus  sit  corporalilcr^ .  Cependant  il  ne  faut  pas  en  con- 
clure que  Satan  habitera  subslanliellement  et  hyposta- 
tiquement  dans  cet  homme,  comme  la  divinite  habite 
substanticUcment  ct  hypostatiquement  en  Jesus-Christ  : 
mais  seulement  que  toute  la  malice  de  Satan  se  trouvera 
en  lui,  qu'il  sera  anime  plus  qu'aucun  autre  de  I'esprit  de 
Satan.  G'est  preciscment  la  pensee  de  saint  Jean  Damas- 


*  Oresm.  de  Aniichr.  lib.  nt.  cap.  2.  num.  8.  II  y  a  lieu  de  douter  que 
eel  ouvrage  ait  pour  auleur  Nicolas  Oresme.  On  y  trouve  deux  epoques  qui 
montrent  qu'il  a  ele  compos<^  vers  I'an  laSo,  au  temps  de  la  vacance  de  I'em- 
pire,  apres  la  deposition  de  I'empereur  Frederic.  Alors Oresme  nVtoitpas  ne; 
mais  c'cloil  Ic  temps  do  Guillaume  de  Saint-Amour,  qui  pourroit  bien  etre 
I'auteur  de  cet  ouvrage.  Yoyez  le  Merciire  d'oclobre  1750,  page  61  et  suiv. , 
sous  ce  titre,  liemarques  siir  Nicolas  Oresme,  wequede Lisieux.  {Njte  dela 
prec^dente  edition.) — ^  2.  Thcss.  11.  3.- — "  Hieron.  inDan.  vn. 


tous  les  bora 
mes 


SLR  L  ANTECHRIST.  OQ 

cene  ,  qui  s'en  exprime  ainsi  :«  11  ne  faut  pas  pretendre 
«  que  comme  Ic  Seigneur  a  pris  la  nature  humaine ,  de 
«  ui^me  le  diable  sera  fait  homnie ;  loin  de  nous  celte  pen- 
«  see  :  mais  cet  homnie  recevra  toute  I'inapiration  de  Sa- 
«  tan '.  »  C'est  aussi  ce  que  dit  saint  Jean  Chrystomc  :  a  Cc 
a  sera  un  homnie  qui  possedera  toute  la  puissance  de  Sa- 
il tan  ^.  »  Theophylacle  s'cxprime  de  meme  :  «  Ce  sera  un 
«  honiine  qui  aura  recu  loute  la  puissance  de  Salan  ^ .  »  Nous 
aurons  lieu  de  parler  dans  la  suite  de  ses  vices  ,  de  sa  doc- 
trine et  de  ses  miracles.  Voyons  maintenant  quels  sont  les 
sigues  qui  doivent  preceder  et  annoncer  son  avenement 
et  son  regne. 

Toute  la  tradition  enseigne  que  I'Antechrist  ne  paroitra     ^^'0"^  qui 
point  que  Tcmpire  roniain  ne  soit  detruit ,  et  que  la  mine  ^^*^  ^^ 
de  cet  empire  sera  I'un  des  principaux  signes  qui  annon-  ^.j  jg  re^ne  de 
ceront  I'avenement  de  cet  impie.  « 11  y  a  encore  pour  nous,  rAniechrisi : 
«  disoitTerlullien  dans  son  Apologetique  ,  une  plus  grande  laruineen- 

«  necessite  de  prier  pour  les  empereurs,  et  niemc  pour  tout  ^^"^       ^^' 

,,  .  •      .  ^  I  11  pire  romam. 

n  1  empu'c  ;  c  est  que  nous  savons  que  la  grande  violence 

«  que  tout  I'univers  doit  eprouver  ,  et  les  maux  horribles 
a  qui  doivent  accompagner  la  fin  des  siecles ,  sont  retardes 
o  par  la  duree  de  I'empire  romain  :  Romani  imperii  com- 
ix mealu  scimiis  retardari* .  »  Et  ailleurs,  rappelantles  expres- 
sions de  saint  Paul  qui  ecrivoit  aux  Thessaloniciens  :  fous 
savez  bicn  ce  qui  emptcke  qii'il  nc  vienne ,  ajin  qu'il pai'oisse 
en  son  temps.  Car  le  mystere  d'iniquile  se  forme  des  a  present. 
iSe ulement  que  celui  qui  li cut  maintenant ,  lienne  jusqn'dce  qu'il 
soit  die  du  monde^  :  a  Qui  esi-ce  qui  tient,  dit  Tertuliien  , 
«  sinon  I'empire  romain  ,  dont  la  division  et  la  separation 
o  en  di\  rovaumes  amenera  TAntechrist ,  selon  ce  que  I'A- 
a  pdtre  ajoute  :  Et  alors paroitra  eel  impie ,  etc.  ?  Quis  tenet , 
«  nisi Romanus  status ,  cujus  abscessio  in  decern  reges  dispersa 
n  jinlichristum  superinducet.  Et  tunc ,  etc.®  ».  Lactance  dit 
aussi ,  parlant  du  regne  de  I'Antechrist :  «  Alors  une  dcso- 
"  lationaffreuse  se  repandra  dans  toute  la  terre ;  et  la  cause 
«  de  ce  ravage  sera  que  le  nom  romain  ( j'ai  horreur  de  le 
<  dire  ,  mais  cepcndant  je  le  dirai  parce  que  cela  sera )  sera 
«  ote  de  dessus  la  terre  :  I'empire  retournera  dans  I'Asie  , 
«  rOrient  donjinera  de  nouveau  ,  et  1' Occident  sera  assu- 

'  Damasc.  Fidei  Orthod.  lib.  iv.  cap.  i-.  —  *  ChysosL  horn.  3.  in  a. 
Thess. — 5  TheoffhyL  in  a.  Tlwss.  — *  7'ertuU.  iJi  Jfjologet.  cap.  3i.  — *  2. 
Thess.  11.  Q.eiseqq. — ^Tertull.  de Resur. camis ,  cap.  24. 


Co  DISSEUTATIOM 

«  jeli  :  Romanum  nomen,  quo  nunc  regitur  01  bis  [horrel  ani- 
«  mus  diccre ,  scd  dicam  quia  fat  urum  est ) ,  lolletur  de  terra , 
«  ct  impcrium  in  Asiam  rcvertetur ,  ac  rursus  Oricns  domina- 
«  bitur ,  atque  Occulens  scrviet'^ ,  »  Saint  Cyrille  de  Jerusa- 
lem dit :  Le  demon  amen  era  nn  liomme  fameux  qui  usur- 
«  pera  la  puissance  de  Tempire  remain  «  cet  Anlechrist 
«  viendralorsque  le  temps  de  I'empire  romain  sera  rempli , 
«  et  que  la  fin  du  monde  approchera  *.  »  Nous  avons  deju 
fait  remarquer  •*  ailleurs  que  saint  Jerome ,  dans  son  cpm- 
inenlaire  sur  Jeremie,  reconnoit  que  saint  Paul  sous  le 
nom  de  cclui qui  ticnt ,  entend  I'empire  romain.  Hie  repete 
dans  une  de  scs  leltres^,ou  apres  avoir  fait  remarquer 
qu'il  etait  de  la  prudence  de  I'xVpotre  de  ne  pas  dire  ouver- 
tement  qu'il  falloit  que  I'empire  romain  fut  detruit  avant 
que  rAnlechrist  vint ,  il  rapporte  les  expressions  de  I'Apo- 
tre  :  Seulemcnt  que  cclui  qui  lietU ,  etc. ,  et  il  les  explique 
ainsi :  «  Seulement  que  I'empire  romain  qui  tient  mainte- 
«  nant  sous  sa  puissance  toutes  les  nations ,  se  retire  et  soit 
«  ole  de  ce  monde  ;  et  alors  I'Antechrist  viendra  :  Tantum 
«  ul  Romanum  impcrium ,  quod  nunc  universas  genles  tenet , 
«  recedat  et  de  medio  Jiat;  ct  tunc  Antichristus  veniet.  »  Il  y  a 
encore  sur  cela  un  celebre  passage  de  ce  pere  dans  son 
commentaire  sur  Daniel;  nous  aurons  lieu  de  le  rappeler 
dans  la  suite.  Saint  Jean  Chrysostome  expliquant  le  texte 
de  la  seconde  epitre  auxTliessaloniciens ,  dit :  a  On  pourra 
«  demander  ce  que  I'Apotre  entend  en  disant :  Vous  savez 
«  ce  qui  empeche  qu'il  ne  paroisse;  ct  ensuite  on  voudra  sa- 
«  voirpourquoiilenaparlesiobscurement.  Qu'cst-cedonc 
o  qui  Tempcche  de  paroitrePLes  uns  disent  que  c'esl  la 
«  grace  du  Saint-Esprit ;  les  autres,  I'empire  romain  ;  et  jc 
«  suis  fort  de  leur   avis.  Pourquoi?  Parce  que  s'il  avoit 
«  voulu  parlor  du  Saint-Esprit,  il  se  scroit  exprime  claire- 
«  ment ;  et  d'ailleurs  il  y  a  long-temps  que  les  dons  graluits 
«  ont  cesse.  Mais  parce  qu'il  a  en  vue  I'empire  romain,  c'est 
«  avec  raison  qu'il  parle  d'unc  manicrc  couverte  et  enigma- 
«  tique  ,  pour  ne  pas  irriter  inutilement  les  Remains.  11  dit 
«  done  :  Seulement  que  celui  qui  tient ,  tienne  jusqu'd  ce  qu'il 
a  soit  ole  ;  c'est-a-dire  ,  quand  Tempirc  romain  sera  ote  du 
«  monde,  alors  rAnlechrist  viendra.  Quand  cet  empire  sera 


'  LncUintAiisiu.  lib.  vit.  cnj).  i3.  I'ide  cl  cap.  aS. — ^  Cyrill.  Ilieros. 
Calecli.  t5.— ^  Voyez  la  preface  sur  la  seconde  <^pilre  aux  Tlicssa'.oniciens. 
— -'  Tlicr.  cj),  ad  jflgasiain,  olim  i5i.  ijuccsi.  11. 


sin   L  ANTECHRIST*  6  I 

a  dclruit,  TAntcchrist  le  irouvera  vacant ,  s'cn  emparcra  , 
(I  ctciitreprcndradcs'arrogerainsil'enipireetdeshommcs, 
«  et  menic  de  Dieu.  Car  comine  les  aulrcs  empires  qui  ont 
«  precede  ont  ete  renverses  ,  celui  des  Mcdes  par  celui  des 
a  Babvloniens  ,  celui  des  Babyloniens  par  celui  des  Perscs  , 
«  celui  des  Perscs  par  celui  des  Macedoniens ,  ct  celui  des 
«  Macedoniens  par  celui  des  llomains  ,  de  raemc  celui  des 
o  Remains  sera  renverse  par  I'Antechrist,  et  rAntcchrist 
«  sera  extermine  par  Jesus-Christ.  C'est  ce  que  Daniel  nous 
<>  montre  dune  nianiere  tres  evidente  *  n.  Saint  Auguslin, 
dans  son  grand  ouvrage  de  la  Cite  de  Dieu  ,  rappelle  aussi 
ic  texte  de  saint  Paul ,  et  dit :  «  Quelques-uns  croicnt  que 
w  I'Apotre  parle  de  I'empire  romain ,  et  que  c'cst  pour  cela 
n  qu'il  n'a  pas  voulu  parler  clairement  :  Quidam putant  hoc 
«  dc  imperio  dictinn  fmssc  Romano  :  et proptcrea  Paulum  apos- 
a  tolum  non  id apcrle  scribere  voluisse'^.-a  Et  un  peu  plus  bas 
0  il  ajoute ,  «  que  ce  n'est  pas  sans  raison  que  Ton  croit  que 
a  I'Apotre  en  cet  endroit  parle  de  I'empire  romain  :  Non 
a  absurde  de  ipso  liomano  imperio  crcdilur  dictum.  »  Theo- 
phylacte,  sur  la  seconde  epitre  auxThcssaloniciens,rcpete 
precisement  ce  qui  avoit  etc  dit  par  saint  Jean  Chrysos- 
tomc,  et  il  ajoute  :  «  Recevez  celte  explication  de  saint  Jean 
o  Chrysostome  comme  la  plus  vraie.  »  OEcunienius  suit  de 
nieme  saint  Jean  Chrysostome.  Et  presquc  tons  ceux  qui 
sont  vcnus  depuis  sont  aussi  convcnus  qu'il  y  auroit  une 
liaison  inlime  entre  la  mine  de  Tempire  remain  ct  I'avene- 
ment  de  I'Antechrist ;  c'est  ce  que  reconnoit  Malvcnda, 
qui  avoit  soigneuseraent 'examine  cette  maticre  :  Atqui  Ro- 
manum  imperium  prius  destriundum  et  abolcndnm  ,  qnam  ve- 
nial Antichristxis ,  atqueco  imperio  everso ,  mox  venturum  An- 
tichrislum  ,  posterioresfere omnes  siimmo  consensu  docuerunt  ^. 
Celte  opinion  est  done  fondee  ,  i"  sur  Ic  temoignage  de 
saint  Paul;  i^  sur  le  temoignage  de  Daniel.  Quant  au  te- 
moignage de  saint  Paul ,  il  nous  suffira  de  remarquer  ici 
avec  Malvenda ,  qua  la  verite  il  y  a  quelque  partage  de 
senlimens  sur  le  sens  de  ce  texte  ,  mais  que  lintcrpretation 
sur  laquelle  cette  opinion  est  fondee  est  la  plus  approuvee 
et  la  plus  recue  :  Ilia  omnium  probalissima  ac  receplissima 
laudalur  iiurito  hujiis  oraculi  Paali  explanatio  *. 

Depuis  cet  oracle  de  I'Apdtre  ,  I'empire  romain  a  dcja 

'  Chysost.  in  2.  Thess.  fiomil.  4. — -  ^ug.  de  Civ.  Dei,  I.  xx.  c.   19. 
—    Miilxeuilui  dt:  Antichr.  lib.s    ztp.  \8.  —  ^ Ibid.  cap.  ly. 


62  DISSERTATION 

souffcrt  differcntcs  revolutions.  Lorsque  I'Apdtre  ecrivoit, 
Rome  etoit  la  capitale  de  cot  empire  ;  et  eile  posseda  cet 
avantage  jusqu'au  temps  de  Constantin  ,  qui  transfera  le 
siege  de  I'cmpire  a  Constantinople.  Apres  la  morl  de  I'em- 
pereur  Theodose  ,  I'empire  fut  divise  entre  ses  deux  fils  : 
Arcade  eut  I'Oricnt,  et  Honorius  I'Occident;  Constanti- 
nople fut  la  capitale  de  I'empire  d'Orient,  et  Rome  la  capi- 
tale de  I'empire  d'Occident.  Lcs  barbares  se  jetcrent  sur 
les  provinces  de  I'empire  :  Rome  fut  prise ,  et  I'empire 
d'Occident  fut  eteint  dans  la  personne  d' Augustule.  Cepen- 
dant  I'empire  d'Orient  subsistoit  toujours  ,  et  continua  de 
subsister  jusqu'a  Constantin  Paleologue  ,  en  qui  cet  empire 
fut  eteint,  lorsque  Constantinople  fut  prise  par  Mabomet  ii, 
empereur  des  Turcs,  qui  y  etablit  le  siege  de  son  empire. 
Mais  long-temps  auparavant  I'empire  d'Occident  avoit  ete 
releve  par  Charlemagne  ;  et  il  subsiste  encore  aujourd'hui 
dans  I'empire  d'Allemagne.  Malvenda  le  reconnott  et  le 
prouve  ;  et  il  ajoute  :  «  11  nous  reste  done  a  comprendre  de 
«  la  que  la  pensee  claire  et  certaine  de  saint  Paul  et  des 
o  peres  est  que  ,  puisqu'il  est  certain  que  I'empire  romain 
«  subsiste  encore  aujourd'hui  dans  I'AlIemagne ,  I'Ante- 
«  christ  ne  viendra  point  qu'auparavant  ce  memc  empire 
«  n'ait  ete  entierement  detruit ;  et  qu'ensuite  cet  empire 
«  etant  detruit ,  alors  paroitra  I'Antechrist :  Reslat  igilur  ut 
«  inlelUgamus hanc  esse  certametperspicuam  Paiili palrumque 

«  mentem;  cum  cerium  sit  Romanum  ipsum  impcrium ad 

a  hcec  usque  nostra  tevipora  in  Germania  adhuc  stare non 

«  venturum  Anlichristum  ,nisi prius  hoc  ipsum  imperium.Ro- 
<nm,anmn  quod  hodieque subsislit ,  tollatur penitus  de  mundi.,. . 
«  sublato  autem  omnino  imperio  Romano ,  mox  revelandum 
«  Anlichristum  ^ .  » 

Venons  maintenantau  temoignage  de  Daniel ,  ou  plutot 
vcnons  aune  opinion  fort  commune  fondee  sur  le  temoi- 
gnage de  Daniel ;  c'est  celle  que  saint  Jerome  exprime  en 
ces  termes  :  «  Disons  ce  que  lous  les  ecrivains  ecclesiasti- 
«  ques  ont  enseigne ,  qu'a  la  fin  du  monde ,  lorsque  le  temps 
«  de  la  destruction  de  I'empire  romain  sera  venu ,  il  y  aura 
«  dix  rois  qui  partageront  entre  eux  cet  empire  ,  et  il  s'en 
«  elevera  un  onzieme  qui  sera  d'abord  plus  foible  que  les 
«  autres ( c'est  I'Antechrist ) :  Ergo  dicamus  quodomnes  scrip- 
»  tores  ecclesiastici  tradiderunl ,  in  consummalione  mundi, 

*  Malvenda,  de  Anlichr.  lib.  y.  cap.  20. 


SLR   I.'A.?«TECURISr.  63 

n  (jiumt/orepium  deslruendum  est  Romanorum  ,  decern  fniaros 
«  reses  qui  orbcm  Romanum  inter  se  dividanl ,  el  iindecimum 
"  surrectnnimesseregcmparvulum,  etc.  *.  »  Cela  est  fonde  sur 
la  prophetic  du  chap,  vii  de  Daniel ,  c'est-u-dirc  sur  la  vi- 
sion desquatre  betes  ,  dont  la  quatrieme  porte  sur  son  front 
dix  comes  ,  du  milieu  desquelles  une  petite  s'eleve,  qui  de- 
vicnt  cnsuile  plus  puissautc  que  toutes  les  autres.  Mais  nous 
avons  fait  voir  aillcurs  ^  que  le  deraembrement  annonce 
par  Daniel  paroit  etre  celui  que  I'empire  romain  a  eprouve 
au  temps  de  I'irruption  des  barbares  ;  et  nous  avons  fait 
remarquerque  c'est  precisement  apres  ce  demembrement 
que  commence  de  s'elever  I'empire  antichretien  de  Maho- 
met, qui  paroit  etre  ainsi  represente  par  celte  petite  corne 
qui  s'eleve  du  milieu  des  dix  cornes  de  la  quatrieme  bete. 
«  lis  sont  venus  ces  dix  rois  ,  dit  I'abbe  de  la  Chetardie ; 
«  ilsontdemembrectpartage  I'empire  romain  :  ilfautdonc, 
CI  si  Ton  veut  entrer  dans  I'esprit  et  la  tradition  de  tous  les 
<(  premiers  Chretiens  qui  ont  ecril  sur  cette  matiere,  recon- 
«  noitre  que  I'empire  antichretien,  ou  celui  d'ou  doit  sor- 
«  tir  I'Antechrist ,  a  paru  dans  cette  conjoncturc  ,  c'est-a-  ' 
<i  dire  des  le  commencement  du  septieme  siecle  ^'.  «  Ufaut 
icidistinguer  deux  choses  ,  le  demembrement  de  I'empire 
romain  ,  et  sa  ruine  enticre ,  la  naissance  de  I'empire  an- 
tichretien, etravenementde  I'Antechrist.  Daniel  annonce 
le  demembrement  de  I'empire  romain  et  la  naissance  dc 
I'empire  antichretien ;  et  on  peut  dire  que  cela  est  verifie. 
Saint  Paul  annonce  la  ruine  entiere  de  I'empire  romain  et 
I'avenement  de  lAntechrist ;  et  c'est  ce  qui  reste  a  tfccom- 
pUr.  Le  demembrement  de  Tempire  romain  a  ele  bientot 
suWi  de  la  naissance  de  I'empire  antichretien  ;  de  merae  la 
ruine  entiere  de  I'empire  romain  sera  bientot  suivie  de  I'a- 
venement de  I'Antechrist,  parce  que  ,  comme  le  dit  saint 
Paul ,  II  reste  scidement  que  celui  qui  lienl  soil  ole  du  monde ; 
el  alors par 0 lira  cct  impie. 

Mais  saint  Paul  nous  decouvre  encore  un  autre  signe  qui  Autre  signe 
doit  annoncer  I'avenement  dc  I'Antechrist,  c'est  I'apostasie  ^,"'  precedera 
dont  il  parle  ,  lorsqu'il  dit  :  Le  jour  du  Seigiieur  ne  viendra  eUerI™c"de 
point  que  I'apostasie  ,  anc-JtaTta  ,  ne  soil  arrivee  apparavant ,  I'Antechrist : 


^Hieron.  in  Dan.  vii. — *  Voyezla  Disscilalion  sur  les  qiiatie  empires,  a 
la  t^le  de  la  prophetic  de  Daniel,  torn.  xvi.  —  s  Explication  de  I'Apocalvpse  , 


64 


DISSi:nTAT10W 


saint  Paul. 


I'aposfasic      ct  qiion  nait  vnparoiire  I'homme  depechc'^,  H  y  a 8ur  ce  textc 

pnditc  par     trois  senLimcTis  differens. 

Les  iins  ont  pretendu  que  sous  le  nom  fS!apostas{e  I'Apf^- 
polre  designoit  ici  rAntcchrist  mcme.  C'cst  la  pensee  de 
saint  Jean  Chrysostomc  qui  s'cn  cxplique  ainsi  :  «  Qu'esl- 
«  cc  que  I'Apolrc  appelle  ici  I'apostasie?  G'estl'Antechrist 
«  mcme  ,  comme  devant  olre  Touteur  et  le  principe  d'une 
«  grande  apostasie  ^.  »  G'est  le  sens  qui  a  ele  le  moins 
suivi. 

D'autrcs  ont  cru  que  I'Apotre  ,  sous  le  nom  d'aTO!7Ta(7ia, 
discessio  on  dcfeclio,  niarquoit  la  defection  et  la  revoke  des 
nations  soumises  a  I'empire  roniain.  C'est  la  pensee  de  saint 
Jerome,  qui  rappelant  le  texte  de  saint  Paul ,  I'cxplique 
ainsi  :  «  Le  jour  du  Seigneur  ne  viendra  point  qu'aupara- 
«  vant  ne  soit  arrivee  la  defection  qui  est  appelee  en  grec 
«  OTouiaG-ta ;  en  sorte  que  toutos  les  nations  qui  sont  sou- 
«  misesarempireromain  se  retircnt  derobcissancetiu'elles 
«  lui  rendent :  Nisi,  inquit,  venerit  discessio  primum  ,  quod 
fi.  grcece  dicitur  caiooxaoict. ,  lUfimnes  gcnlcs  qiice  impcrio  Ro- 
«  mano  subjacent ,  reccdant  ab  co^ .  »  G'est  I'opinion  qui  a 
ele  la  plus  suivie. 

Mais  il  y  en  a  une  troisleme  qui  est  encore  cclcbrc,  scion 
la  rcmarque  nieme  de  Malvenda ;  c'est  celle  qui  entend  ici 
sous  le  nom  d'apostasie  une  defection  tres  grande  et  pres- 
que  universelle  a  I'cgard  de  la  foi  en  Jesus-Ghrist,  ct  dc 
I'obcissance  et  soumission  legitimement  due  a  I'eveque  de 
Uouie  ,  vicaire  de  Jesus-Ghrist,  et  successeur  de  saint 
Pierre  ,  dont  le  siege  est  le  centre  de  I'unite  catholique  : 
Ilia  quoque  Celebris  habelur  hnjus  loci explanatio  ,  quce  apos- 
tasiam  scu  discessionem  intelligit  discessionem  sen  dejcclionein 
viaximam  etpene  universalcm  omnium  genlium  ctnationum  , 
a  fide  Chrisli ,  ct  ab  obedientia  ct  subjectione  Romani  ponliji- 
cis,  Chrisli  vicarii^. 

G'eloit  la  pensee  de  saint  Gyrille  de  Jerusalem ,  qui  s'en 
exprime  ainsi : «  Quant  ace  que  cet  Ap6tre  dit,  que  le  jour 
u  du  Seigneur  ne  viendra  point  qu'auparavanl  ne  soit  arri- 
«  vee  I'apostasie ,  et  qu'on  n'ait  vu  paroitre  I'homme  de  pc- 
«  che ;  et  des  a  present  voici  I'apostasie  ;  car  les  hommes 
«  abandonnent  la  vraie  foi,  en  soile  que  les  unsconfondcnt 
«  en  Dicu  le  Pcre  avec  le  Fils,  les  autres  meltent  Jesus- 

'  ■>..  lliess.  II.  3. — ^  Chiys.  in  ■>..  Tltcss. — ^  Hieivn.  ep.  ad  Algasiani, 
ohm  I  5 1. —  ^Malvenda,  dc  Anlkkf.  I.  v.  c.  Zi. 


SCR  i/antechrist.  65 

<t  Christ  au  nonibrc  ties  creatures.  Lcs  homines  s'eloig;nent 
«  de  la  verite  ,  et  ont  une  demangeaison  d'entendre  I'er- 
«  reur  ;  la  pkipart  ont  de  I'eloignement  pour  les  saines  in- 
«  structions  ,  el  ils  prefcrent  ce  qui  est  niauvaisa  oe  qui  est 
«  bon  ;  voila  done  I'apostasie  ;  et  il  ne  nous  reste  plus  qu'a 
«  attendre  I'ennemi  de  Jesus-Chrisl*.  »  Dans  I'afFaire  du 
monolhehsme  ,  saint  Maxime,  moinc  de  Constantinople  , 
disoit  aux  defenseurs  du  type  de  Constant:  «  Prenez  garde 
a  que  sous  pretexte  de  paix  nous  ne  tombions  dans  I'apos- 
«  tasie  qui,  selon  I' Apolre,  doil prcceder  V Anlechrist^ .  »  Saint 
Thomas  d'Aquin  ,  Liran  ,  Estius  ,  Cornelius  a  Lapide ,  Uel- 
larmin,  Suares ,  et  plusieurs  autres ,  enlendent  ainsi  le 
texte  de  saint  Paul.  Et  TA-potre  expliquc  lui-meme  sa  pen- 
see  ,  lorsque  bient6t  apres  il  ajoule  :  Dcs  dpresenL  le  mys- 
tere  d'iniquite  s'opire.  Le  mystere  d'iniquite  commencoit  de 
s'operer  dcs  lors  par  les  premieres  heresies  qui  des  lors 
prii  ent  naissance  ,  el  commencerent  d'operer  cette  apos- 
tasie  funeste.  Mais  il  s'expliquc  encore  plus  clairement , 
lorsque  ensuite  il  ajoute-*  que  cet  i-mpie  viendra  avec  toutes  les 
illusions  capables  de  porler  a  I'iniquite  ccux  qui  peris  sent  ^ 
puree  qu'ils  n'auront  pas  rccu  V amour  de  la  virile  pour  ttre 

SaUVCS  :  Eo    quod    CHARITATEM    VEIIITATIS    KON    RECET'ERLNT    ut 

SALvi  FiERE?nT.  C'csl pourquoi ,  continue  I'Apotrc  ,  Dieu  leur 
enverra  des  illusions  si  efjicaces ,  qu'ils  croironl  aumensongc , 
ajin  que  tous  ceux  qui n  auront point  cru  a  la  vei'ile,mais  qui 
auront  coHsenli  a  I'iniquite ,  so ienl  condamnes  :  Ux  judicentur 

OMNES   QUI  NON  CREDIDERUKT   VERITATI  ,    SED   CONSEKSERUNT    I.M- 

QUiTATi.  L'apostasicprepareradonclesvoiesarAntcchrisl; 

ou  plutotdeja  depuis  long-temps  I'apostasie  lui  prepare  les 

"voies.  Les  premieres  heresies  qui  s'eleverent  des  le  temps 

des  ap6tres  ;   I'arianisme   qui  parut  ensuite  ;    les  autres 

grandes  heresies  qui  se  f'ormerent  dans  lcs  siecles  suivans; 

le  mahometisme  ,  le  schisme  des  Grecs  ,  les  heresies  de 

Luther  et  de  Calvin  ,  sont  les  degres  et  les  progres  de  cette 

aposlasie :  en  sorte  que  cellequi  prccedera  I'avenementde 

lAntechrist  ne  fera  que  consommer  ce  que  les  autres  ont 

commence  ;  et  alors  paroitra  cct'impie. 

Lorsque  cet  impie  paroitra,  I'cmpire  romain  sera- t-il      Lorsque 

divise  entre  dix  rois?  de   ces  dix  rois  ,    rAntechrist   en  I'Antechrisi 

abattra-t-il  trois?  C'est  I'opinign  commune  des  anciens.  P'"''^i'.'''^i 

*  i  empire  rc- 

^  Cjrrill.  Hiews .  caiecli.  i5. —  ^  Jet.  S.  Maxinii.  —  '2.  Ihess.u.  10. 
el  seqq. 

25.  5 


GG  DISSERTATION 

main  sera  til  Salnt-.Terome  s'on  expliquc  ainsi  :  «  Dlsonri  done  ce  que 

divis6 eniro     ^^  xqus  Ics  ccrivaiiis  ecclcsiasliqucs  out  eriscigne  ,  qua  1<'» 

cesilixrois      "  ^^^  ^"  nionde  ,   lorsque  Ic  lemps  de  la  destruction  de 

cnabattra-L-   «  I'empire  romain  sera  venu  ,  il  y  aura  dix.  rois  qui  parta- 

iliroie?  «  geront  cnlre  eux  cet  empire,  et  un  ou/iemc  s'elevera, 

«  qui  d'abord  sera  foible  ,  et  surmontcra  cnsuite  iroisroi* 

«  de  ces  dix  ,  savoir  ,  les  rois  d'Egypte  ,  d'Afrique  et  d'E- 

«  thiopie  :  lesquels  etant  tues  ,  les  sept  autres  se  soumet- 

«  tront  au  vainqueur  :  Undecimun  surrccliirum  esse  regein 

«  parvulum ,  qui  Ires  regesde  decern  prior  ib  as  superalurus  est , 

«  id  est ,  Epjpfioriim  regem,  et  Africa  ,  el/Elhiopice  :  qiiihns 

«  inierfectis,eliam  seplemaliircges  viclori  colla  suhmitlent> .  » 

G'est  aussi  la  pensee  de  plusieurs  dcs  modernes. 

Cette  opinion  est  fondee,  i"  sur  la  prophetic  duchap.  vu 
de  Daniel ,  ou  Ton  voit  *  que  du  milieu  des  dix  cornes 
qui  sont  sur  le  front  de  la  quatricmc  bete  il  s'cn  eleve  une 
onzieme  qui  d'abord  est  plus  petite  que  les  autres  ;  et  en- 
suite  trois  des  premieres  tombent  devant  elle :  ce  que  I'ange 
explique  en  disant  que  les  dix  cornes  sont  dix  rois ,  aprcs 
lesquels  il  s'en  clcvera  un  autre  qui  abattra  trois  rois. 

2"  Sur  la  prophetic  du  chap,  xi  du  meme  prophcte  ,  ou 
il  est  dit  ^  qu'il  s'clevera  un  homme  meprisable  ,  a  qui  Ton 
nc  donnera  point  les  honneurs  de  la  royaule ,  mais  cjui 
\iendra  a  petit  bruit,  etsc  rendra  mailre  du  royaume  par 
fraude ;  et  que  ce  prince,  desigvie  sous  le  nom  de  roi  de 
laqiiilon ,  viendra  contre  le  roi  du  midi ,  qu'il  se  rendra 
niaitre  de  I'Egypte ,  et  qu'il  passera  aussi  par  la  Libye  et 
par  I'Ethiopie  :  sur  quoi  saint  Jerome  s'explique  ainsi  : 
o  Nos  ecrivains  rapportant  cela  a  rAntechrist,disent  qu'il 
«  combattra  d'abord  contre  le  roidu  midi  ,c'est-a-dire  de 
«  I'Egyptc ,  et  qu'il  vaincra  cnsuite  les  Libyens  et  lesEthio- 
«  piens  :  ce  sont  la  les  trois  cornes  cpiidoiventctrebrisees 
«i  par  lui ,  comme  nous  le  lisons  plus  haut  :  Noslri  aiilem 
«  ad  Antichristam  et  isla  rejercntes ,  dicunl  quod priinum. pii- 
«  gnatiirus  sit  contra  regem  aiistri ,  id  est  ,  Egypli,  et  poslca 
«  Libyas  et  Ethiopas  superalurus :  quee  de  decern  comibus 
«  tria  contrita  curnua  supra  Icgimus  "*.  » 

Quanta  la  prophetic  du  chap,  xi ,  les  ancicns  et  les  mo- 
dernes conviennent  que  dans  le  sens  litlcral  et  immediat 
elle  regarde  Anliochus  Epiphancs.  «  La  conduite  d'Antio- 

*  Hicroiiym.  in  Dan,  vn.  —  -  Dun.  \\i.  S.  2/, .  —  ^  Dan.  xt.  7.1.  40.  42. 
43. — ^  Ilicron.  in  Dan.  xi. 


sun  L  ANTECHRIST.  C)! 

n  ohus  ,  dit  Uollin  rappelant  ccltc  prophetic  ,  fait  voir 
«  combien  en  effetil  etoit  meprisable —  II  ne  monta  sur 
«  le  trone  ni  par  ie  droit  de  sa Tiaissance....  ni  par  !e  choi.v 
«  volontairc  dcs  pcuples —  Etant  revenu  d'Occident  a 
«  petit  bruit  pour  surprendre  son  rival ,  il  sut  gagner  Ic 
«  peuple  par  ses  artifices ,  et  par  les  dehors  d'une  clemence 
«<  etudiee  '.  »  Rien  n'est  plus  celebre  que  les  diverses  ex- 
peditions d'Antiochus  sur  I'Egypte.  L'auteur  menie  du 
i^''  livre  des  Machabees  dit  expresseraent  qu  yhiUochus 
elanl  entre  dans  I'Egypte  avec  une puissanle  armie ,  pril  les 
villes  les  plus  fortes  de  ce  pays,  et  s'enrichit  de  ses  dcpoiiilles  ^, 
II  estvrai  que  I'hisloire  ne  dit  point  qu'il  ait  passe  par  la 
Libve  et  par  I'Ethiopie.  Mais  d'abord  le  texte  hcbreu  ne 
dit  jpas  expresseraent  qu'il  dut  y  passer  :  on  y  lit  sculement 
que  Us  peuples  nommes  Lubun  et  Cuschim  eloieiit  a  ses  pas  ^ ; 
ce  qui  peut  signifier  seulement  qu'a  sa  suite  il  y  avoit  dcs 
peuples  de  ce  nom.  De  plus  la  version  grecque ,  recue 
dans  le  canon  des  Ecritures  ,  et  qui  est  pour  ce  livre  celle 
deTheodotion,  porle  qu'enserendant  niaitre  des  trcsors 
des  Egyptiens  ,  il  se  rendit  maitre  aussi  des  Libyens  ct  des 
Ethiopicns  qui  etoient  dans  leurs  forteresses  '.  Ce  qui  forme 
un  sens  fort  naturel  ;  car  comme  la  Libye  et  I'Ethiopie 
etoient  voisines  de  I'Egypte  ,  il  est  fort  vraisemblable  que 
le  roi  d'Egyptc  avoit  appele  ces  peuples  a  son  secours. 
Enfin  ,  ccs provinces  elant  voisines  de  I'Egypte,  il  aurait 
pu  se  faire  qu'Antiochus  y  fut  entre  sans  que  I'histoire  en 
outparle.Toute  la  prophetic  du  chap,  xi  de  Daniel  se  rap- 
porte  visiblement  au  temps  des  Lagides  et  des  Seleucides, 
successeurs  d' Alexandre  ;  et  eile  a  ete  alors  verifiee^  d'unc 
manicre  si  exacte,  qu'il  est  fortdouteuxqu'elledoiverece- 
voir  unnouvel  accomplissement.  On  peut  bicn  dire  qu'An- 
tiochus etoit  la  figure  de  I'Anlechrist  par  les  violences  qu'il 
a  cxercees  sur  le  peuple  fidcle  ;  mais  il  n'en  resulte  pas 
que  tout  ce  qui  est  dit  d'Antiochus  doive  s'entendre  aussi 
de  I'Antechrist. 

Quant  a  lapi'ophelie  du  chap,  vn  ,  quelqucs-uns  d'ontre 
les  modcrnes  pcusent  quelle  peut  regarder  I'empire  anli- 
chretien  de  Mahomet.  IJn  arabe  d'une naissance  obscure, 
avec  une  poignee  d'hommes  qui  se  joignent  a  lui ,  voila 
I'origine  de  cet  empire  :  Cornu parvulum.  Ce  n'est  d'abord 

*  Hist.  anc.  liv.  xviii.  art.  2.  §  2.  —  *  t.  Mack.  i.  17.-20.  —  '  CD^D*^! 


08  DISSEIITATION 

qu'une  petite  conie  ;  mais  bienl6tcette  come  dcvient  plus 
puissante  que  les  autrcs  :  dcvaiit  cUe  tombe  d'al)ord  Tem- 
pirc  dcs  Perscs  ,  premiere  corne  abattue  ;  ensuitel'empire 
des  Grecs  ,  secbnde  corne  abattue  :  une  troisicme  corne 
subsiste  ,  dont  la  ruinc ,  comme  nous  I'avonsvu  ,  doit  pre- 
ce'der  et  annoncer  I'avenement  de  I'Antechrist :  Ties  reges 
hmniliabil.  C'est  ce  que  nous  avons  explique  plus  ample- 
nient  ailleurs  '.   Les  commencemcns  et  Ics  progres   de 
Tempire  anlichretien  ayantdonc  ainsi  verifiela  prophetic 
de  Dani'jl  ,  il  pourra  bien  arriver  quelle  ne  recevra  pas 
d'autre  accomplisscment.  Les  trois  rois  que  les  anciens 
croyoienl  devoir  etre  abattus  par  rAnlcchrist  auront  ete 
abaltus  ainsI  avant  lui  par  rcmpire  a  la  tete  duquel  il  doit 
paroilre. 
QueTloscra      C'est  ainsique  se  formcra  le  vaste  empire  au  milieu  du- 
roiondue  de    quel  cet  impie  doit  regner.  Saint  Jean  parlant  de  cette  bete 
empiie  <.  o         -^  nioule  de  I'abime  ,  et  qui  ,  selon  toute  la  tradition  ,  re- 
ct  comment     prescntc  cct  mipie,  declare  expressement  que  la  puissance 
II  se  formera.  lui  Jul  donnec  sur  to  ale  Iribu ,  lout  paiplc  ,  toule  langue  et 
loule nation  ^.  Toute  la  tradition  reconnotl  que  I'Antechrist 
dominera  sur  toute  la  terrc.  Nous  avons  deja  vu  que, 
selon  TertuUien ,   la  grande  violence  que  cet  impie  doit 
exercer  menace  tout  I'univcrs  :  Vim   maximam  universo 
orhi  imminenlem  ^ .  Le  martyr  saint  Hippolyte  dit  que  toute 
la  terre  et  la  mer  lui  obeiront  *.  Lactance  dit  qu'il  tour- 
mentera  I'univcrs  par  une  insupportable  domination  : 
InsuslentabiU  dominatione  vexahit  orbem  ^.  Sulpic-e  Severe, 
'  d^  moins  dans  quelques  exemplaires  de  ses  Dialogues,  dit 

avoir  appris  de  la  bouclie  de  saint  Martin  que  tout  I'uni- 
vcrs ,  toutes  les  nations  ,  doivent  etre  reduites  sous  la 
puissance  de  I'Antechrist  :  Sub  illius  jintichrisli  potcstate 
nniversum  orbem,  cnnclasque  genles  esseredigendas  ".  Saint 
Jerome  croyant  que  cet  impie  seroitjuif,  disoit  :  «  Aucun 


*  Voyezla  Dissertation  sur  les  qualre  empites ,  a  la  t6te  de  la  prophetic 
de  Daniel,  torn.  xvi. — "^Jpoc.  xni.  7. — ^Tertull.  Apolog.  c.  Sa. — '^Hippol. 
Mart,  de  Consuniinat.  inundi.  — *  Laclant.  Instil.  I.  vii.  c.  \6.- — ^  Sulpit. 
Sever,  dial.  1 .  de  vita  S.  Mart.  Le  fragment  d'oii  cetle  parole  est  liree  ne  se 
trouve  point  dans  la  plupart  des  manuscrils ,  et  dans  quelques-uns  il  se  trouve 
renvoye  a  la  tin.  On  y  reinarque  en  effet  quelques  ideas  singulieres  qui  pa- 
)oissent  pcu  dignes  de  saint  Martin :  ce  qui  dcnne  lieu  de  soupgonner  qu'il  ne 
\  lent  pas  de  Sulpice  Severe,  mais  d'une  main  otrangere.  Quoi  qu'il  en  soil,  du 
nioins  la  parole  qui  est  alle.^uee  ici  u'a  rien  qui  ne  soit  Ires  digue  de  Sulpice 
Severe  el  de  saint  Martin  son  maitre  :  c'est  le  sentiment  commun. 


>l  i;    I.  AMKCHKIST.  69 

a  des  Juifs  n'a  jamais  regne  dans  tout  ruiiivers  ,  exceple 
«  rAntcclirist ,  a  qui  cela  est  reserve  ?  Nullns  Judaoruin 
«  absque  .IfUichrisfo  in  lo(o  unquam  orbc  regnavW.  »  Saint 
Auguslin  parlant  de  la  persecution  que  cet  impie  doit 
cxercer,  dil  :  «  Ce  sera  la  la  deniiere  persecution;  elle 
«  eclalcraauxapprocliesdu  dernier  jugenient ;  et  lasainlc 
«  Eglise  I'eprouvera  dans  toute  la  terrc  ,  c'est-a-dire  que 
a  toute  la  cite  de  Jesus-Christ  eprouvera  cette  persecution 
«  de  la  part  de  toute  la  cite  du  diable  ,  dans  toute  I'eten- 
o  due  qu'elles  auronl  alors  I'une  et  lautre  suria  terra  : 
«  Uac  crilnovissima  persecnlio ,  novissimo  imminenle jndicio , 
«  quam  sancla  Ecchsia  to  to  terrarum  orbe  patielur ,  iiniversa 
a  scilicet  civitas  Christi  ab  universa  diaboli  civitale  ,  qiianta- 
o  cumque  ulraque  crit  super  lerram'^.  »  Et  entre  les  moder- 
nes  Bcllarmin  dit  aussi  :  «  jNous  lisons  dans  les  Ecriturcs 
«  que  TiVnlechrist  deviendra  le  monarque  de  tout  I'uni- 
«  vers ;  In  Scripliiris  legimiis  Antichristiim  monarcham  tofius 
«  mundi  eiasamm  ^.  »  Enfin  ,  Acosta  inslstant  sur  !e  te- 
moignage  de  saint  Jean,  dit :  ««  II  est  certain  que  rcnipire 
u  de  I'Antechrist  ii'aura  d'autres  bornes  que  celles  de 
o  I'univers  ,  selon  ce  que  nous  lisons  dans  1' Apocalypse  : 
V.  La  puissance  lui  fat  donnee  sur  toute  tribu  ,  lout  peuple , 
o  toute  langue  et  toute  nation.  Tputes  les  terres  connues  lui 
«  seront  done  assujeties  :  Illldest  certum  imperium  An- 
«  tichristi  teircejinibus  terminandurn  ,  ut  legimus  Apocalyps. 
«  xni  .•  Data  est  illi  potestas  in  omnem  tribum,  et  poplldm, 
«  et  linglam,  iLiGZti-i^yi.Quidquidergoterrarumrcpcrtumesl, 
«  illius  imperio  ccdet*. »  Ceux  qui  renvoien  t  a  la  fin  des  siecles 
la  formation  de  Tcmpire  de  I'AntecIirist  trouvent  ici  unc 
difBculte  que  Malvenda  propose  lui-meme  en  ces  lermes  . 
•  II  se  presente  seulement ,  dit-il ,  une  difhcuKe ,  c  est 
«  que  I'esprit  huniain  ne  peut  concevoir  comment  en  si 
«  peu  de  temps  un  seul  homme  pourra  etendre  et  etabiir 
«  son  empire  et  sa  monarchie  dans  toutes  les  regions  de 
n  I'univers ,  sans  en  excepter  aucune  ,  quelque  eloignee 
«  qu'elle  soil ,  ce  qui  paroit  absoluinent  impossible  :  His 
o  illud  dwntaxat  obslare  ridetur  ,  quod  humana  mens  capere 
«  non possit ,  quonampacto  tarn  brevi tempore,....  unus  homo 
fi  omnium  ,  nulla  relicta ,  quantumvis  extremarum  mundire- 
«  gionum  ,  imperium  el  monarchiam  nancisci  et  stabilire  va- 

'  Hieron.  in  Dan.  xi.  —  *  -dug.  de  Civ.  lib.  xi.  cay.  \  i. — ^  Beltarm.  de 
fiom.  Pont.  lib.  in.  cap.  i6. — '  Acoita,  de  Nwiss.  Tenip.lib  w.  cap.  «j. 


JO  mSSERIAlIOfC 

«  /eat,  quodfactu  vidctur  prorsus.  impossihile  '.  »  11  repond 
a  cela  en  faisant  rerfarqucr  que  l' Antechristscra  un  homme 
extraordinaire  ,  et  qu'alorstoutrenl'er  sera  dechalne pour 
liii  soumetirc  I'univers.  Sans  doute  cela  y  contrihuera 
Ijeaucoup  ;  mais  il  est  fort  vraisemblable  que  tout  !e  pro- 
gres  qu'a  deja  fait  I'empire  dc  Mahomet  et  celui  qu'il 
pourra  faire  encore ,  n'y  contribueront  pas  peu.  Get  em- 
pire deja  repandu  dans  I'Asie  ,  dans  I'Afrique ,  et  dans  unc 
partie  de  I'Europe ,  occupera  peut-etre ,  malgre  sa  mal- 
heureuse  compagne  de  1829,  tout  cet  hemisphere  avant 
que  TAntechrist  paroisse  ,  en  sorte  que  cette  irapie  venan'e 
alors  ,  il  ne  lui  resteroit  plus  qu'a  porter  I'etendue  de  son 
empire  jusque  dans  le  nouveau  monde.  D'ailleurs  il  faut 
observer  que  selon  I'Apocalypse  mcme ,  quolquc  la  puis- 
sance doive  lui  etre  donnee  sur  toute  la  terre ,  cependant 
il  ne  regnera  pas  seul  sur  la  terre.  Saint  Jean  dit  expres- 
sement  qu'il  vit  la  bete  ,  et  avec  elle  les  rois  de  la  terre  el 
Icurs  armi'c^.  Il  y  aura  done  aiars  avec  lui  sur  la  terre  plu- 
sieurs  autres  rois  ,  mais  qui  lui  seront  tous  soumis:  et  leur 
soumission  ne  sera  pcut-elrepas  lant  I'effet  de  ses  conque- 
tes  que  I'elfet  de  leur  etonnement  et  de  leur  admiration  a 
la  vuedesa  puissance  :  c'estce  que  saint  Jean  memeinsinue 
en  disant :  Et  toute  la  terre  Hant  dans  I' admiration ,  siiiv it  la 
bete :  Et  admirata  est  universa  terra  post  bestiam  ^. 
CWi  Bcra  lo  L'Antechrist  sera  done  en  ce  sensle  monarque  de  I'uni- 
ei^gederem-  vers  :  mais  ou  serale  siege  de  son  empire  ?  I'opinion  com- 
piredel  An-  uj^jig  ggt  que  ce  sera  a  Jerusalem.  Saint  Irenee  s'en  ex- 

Icclinsl  •  •      • 

plique  amsi  :  «  L'Antechrist,  au  temps  de  son  regne, 
«  transfererale  siege  de  son  empire  dans  la  Jerusalem  ter- 
«  restre  ,  et  il  s'assiera  dans  le  temple  de  Dieu  ■*.  »  G'etoit 
peut-etre  ce  que  Lactance  avoit  en  vue  ,  lorsqu'il  disoit 
que  I'empire  devoit  relourner  dans  I'Asie  :  Imperinm  in 
Asiam  revcrtetur  ^. 

Cette  opinion  est  fondee,'  i°  sur  le  temoignage  de  saint 
Paul ,  qui  dit  que  cet  impie  sassiera  dans  le  temple  de  Diea'^. 
Plusieurs  croient  qu'il  rebalira  Jerusalem  et  son  temple  , 
et  qu'il  ctablira  la  le  siege  de  son  empire  et  de  sa  religion 
impie. 

Cetle  opinion  est  fondee,  2°  sur  le  temoignage  de  saint 

^ Malvendd ,  de  Jntichr.  I,  vi.  cap.  35,  — ^  Apoc.  xix.  ry.  Vide  et%\u 
14.— 5  yijwc.  xiir.  3. —  ^  Lvn.  adv.  hccres.  I.  v.  c.  25. — *  Lactam.  Instil 
lib.  VI.  c.  i5, — "  2.  Thess,  11.  4. 


SUR   L  ANTECHRIST.  7  I 

Joan  ,  qui  dit  que  Ics  deux  temoins  seront  mis  a  niort  tlans 

la  grande  ville  oh  kiir  Seigneur  a  clecrucific  \  Ges  mols  ca- 
ractcrisent  asscz  Jerusalem  ;  ct  on  en  conclut  que  si  les 
tleux  teiHoiiis  sont  mis  a  mort  dans  cctte  vilie  ,  c'est  parcc 
«jue  I'Anlechrist  y  auralc  ^lit^e^  deson  empire. 

Cette  opinion  est  i'ondee,  3"  sur  la  prophetic du  chap,  xi 
de  Daniel  ,  oil  il  est  dit  que  le  roi  da  se.pltnlrion  cnlrera 
dans  la  terre  d€  gloirc ,  qui  est  la  Judce  ;  et  plus  loin  le  pro- 
j)heteajoule  que  ce  prince  drcsserasa  tcnle  siir  la  monlagnc 
celehrc  et  sainle  ,  qui  est  le  lieu  ou  il  doit  perir  ^.  On  pre- 
tend que  cette  niontagne  sainte  et  celebre  est  la  monlagne 
des  Qij^viers  d'oii  Jesus-Christ  est  monte  au  cie||||^ 

Mais  quant  a  la  prophetic  du  chap,  xi  de  Daniel  _,  nous 
avons  deja  fait  remarquer  que  ,  scion  la  leltre  ,  elleregarde 
Antiochus  Epiphanes  et  a  ete  verifie  en  lui.  Antiochus 
cloit  le  roi  da  septenLrion,  par  rapport  au  roi  d'Egyptc ,  que 
le  prophete  nomme  roi  da  midi  ,•  tout  le  monde  sait  qu'il 
entra  dans  la  lerre  de  gloire ,  c'est-a-dire  dans  la  Judee  :  ce 
que  la  Vulg;atc  exprime  par  la  montagtie  celebre  et  sainte  , 
rhebreurexprime  par  la  monlagne  sainte deSabi on  Sabci^:; 
c'est  ainsi  qu'Aquila  et  Theodotion  I'avoient  rendu  ,  selon 
la  remarque  meme  de  saint  Jerome  ;  et  nous  le  trouvons 
ainsi  encore  aujourd'hui  dans  la  version  grecque  authen- 
tique ,  qui  est  celle  de  Theodotion  ^.  Or ,  I'auteur  du  a*' 
livre  des  Machabecs  nous  dit  expressement  qu' Antiochus 
etant  alle  dans  un  pays  eloigne  ,  y  mourut  miserablement 
dans  les  montagnes  :  In  omnibus  ^.  Polybe  et  Quinte- 
Curce  nousdisent  que  ce  fut  dans  un  lieii  nomme  Tabw , 
Ta'oat  ^.  Porphyre  ,  ennemi  du  christianisme  ,  convenoit 
que  c'etoit  la  precisement  le  lieu  marque  par  Daniel  ; 
parce  qu'en  effet  chez  les  Orientaux  et  chez  les  Grecs  la 
letlre  5,  sipna,  tsade,  se  confond  aisement  avec  Ic  T, 
tau  ou  teth.  C'est  la  remarque  d'un  grand  nombred'in- 
terpretes  sur  cet  endroit;  d'ou  Rollin  conclut  en  ces 
lermes  :  «  Le  prophete  marque  done  qu' Antiochus  cam- 
«  pera  pres  de  la  monlagne  de  Sabi  (  la  meme  sans  doute 
«  que  Tahce ,  ou  Polybe  dit  qu'il  mourut ) ,  et  que  la  il 
«  trouvera  sa  fin ,  et  perira  abandonne  de  Dieu  et  sans 

•  Afioc.  XI.  7.  8.  — *  Dau.  xi.4r.  ei  45.  —  '  ^Q•m  l'^'^  ^nS-  —  *  Edit. 
Horn.  SiaexEtv.w?.?.  Alex.  Sageiv.  Edit.  Compl.  IolQu.  —  «  Much.  ix.  28. — 
'^  Poljrb.  in  Excerpt.  Fales.  p.  t45.  Q.  Curt.  I  v.  c.  iS. 


7  a  DISSEHTATION 

«  seco'urs  '.  »  On  peut  voir  ce  que  nous  avons  dit  de  ce 
texte  dans  la  preface  et  dans  les  notes  sur  la  prophetic  de 
Daniel ,  torn.  xvi. 

Quant  au  temoignage  de  saint  Jean  touchant  la  mortdes 
deux  tcmoins ,  il  est  aise  de  coMcevoir  que  les  deux  pro- 
phetes  peuvent  etre  mis  a  mort  dans  Jerusalem  par  I'ordrc 
de  I'Antechrist ,  sans  que  I'Antechrist  ait  alors  dans  cette 
ville  le  siege  de  son  empire ,  meme  sans  qu'il  y  soit  alors 
residant. 

Quant  au  temoignage  de  saint  Paul  ,  qui  dit  que  cet  im- 

pie  s'assiera  dans  le  temple  de  Dieii,  il  n'est  pas  certain  qu'en 

cet  endroiUsaint  Paul  ait  en  vue  le  temple  de  Jerusalem  : 

les  sentimens  sont  partages  sur  cela.  Saint  Jerome  expli- 

quantcesparolesde  I'Apotre ,  s'exprime  ain?i :  «  Ils'assieray 

«  dit  I'Apotre  ,  dans  le  temple  de  Dieu ,  c'est-a-dire  ,  ou  dans 

n  Jerusalem  ,  comme  quelqucs-uns  le  pensent  ,  ou  dans 

«  I'Eglise,  ce  qui  nous  paroit  plus  vrai  ;  Vel  Jcrosohjmis  , 

«  ut  qiiidani putant ;  vel  in  Ecclesia  ,  iitteriasarbitramur^.  » 

Saint  Jean  Chrysostome  ditaussi  expliquantce  texte  :  «  // 

■«  s'assiera  dans  le  temple  de  Dieu  ,  non  dans  celui  de  Jeru- 

«  lem  ,  mais  dans  le  temple  de  I'Eglise  ^.  »  Mais  comment 

I'Antechrist  s'assiera-t-il  dans  I'Eglise  ,  dans  le  temple  de 

I'Eglise  ?  Theodoret  Texpliquc  ,  lorsque   interprelant  ce 

meme  texte  il  dit  :  «  Ce  que  I'Apotre  appelle  le  temple  de 

«  Dieu ,  ce  sont  les  eglises  dans  lesquelles  cet  impie  pren- 

«  drale  premier  rang ,  la  premiere  place  ,  s'efforcant  de  se 

«  faire  reconnoitre  pour  Dieu  ''.  »  Ti)eophylacte  s'exprime 

«  encore  plus  clairement  en  disant  :  «  //  s'assiera  dans  le 

«  temple  de  Dien ,  non  pas  specialement  dans  le  temple  de 

«  Jerusalem ,  mais  simplement  dans  les  eglises  ,  dans  tout 

«  TEMPLE  coNSACRE   A  DiEU  ^.  »    OEcumcnius   dit   aussi  : 

«  Dans  le  temple  de  Dieu ^  c'est-a-dire  ,  non  pas  dans  le 

«  temple  de  Jerusalem  ,   mais  dans  I'Eglise  de  Dieu  ^.  » 

Saint  Augustin  laisse  la  question  indecise  :  «  Mais  quel  est, 

«  dit-il ,  le  temple  de  Dieu  oil  I'Antechrist  doit  s'asseoir? 

«  Sera-ce  sur  les  ruines  du  temple  que  Salomon  avoit  fait 

«  batir?  sera-ce  dans  I'Eghse  de  Dieu?  cela  est  incer- 

«  t,ain '.  »  Saint  Hilaire  I'entendoit  de  nos  temples  ,  et 

'  Hisl.  anc.  1.  xviii.  art.  2.  §  4.  —  ^  ffigron.  d'Mgasiam. ,  qucest.ii.  — 
'  Chiys.  in  2.  Ttiess.  11.  —  *  Theodor.  in  1.  Thess.  n.  —  *  Theophyl.  in 
2.  Thess,  II.—®  OEcumen.  in  2,  Thess.  i\. — ''■^ug,  de  Cis^.  I.  xx.  c.  19. 


suR  l'awtecurist.  78 

regardoil  meine  celte  interpretation  comme  indubitable. 
Cest  ce  que  Ton  voit  dans  son  ecrit  conlre  Auxenoe  ,  ou 
c\horlant  les  catholiques  a  fuir  la  communion  des  ariens  , 
il  leur  dit  :  «  Vous  faites  mal  de  tant  aimer  les  murailles  , 
M  de  respecter  en  celte  maniere  I'Eglise  dans  ses  balimeiis, 
«  etde  vous  couvrir  de  ce  pretexte  pour  faire  valoir  le  nom 
n  de  paix.  Peut-on  douter  que  TAntcchrist  ne  doive  s'as- 
«  seoir  dans  ces  memes  lieux  '  ?  »  Entre  les  modernes , 
Cajelan  dit :  «  Le  nom  de  temple  de  Dieii  ne  signifie  point 
«  ici  un  certain  temple  determine ;  mais  en  quelque  temple 
«  que  ce  soit ,  qui  soil  consacre  a  Dieu ,  cet  impie  s'y  as- 
o  siera  ,  comme  etant  lui-meme  le  dieu  de  ce  temple  :  Sed 
«  in  quocumque  templo  Deo  dicafo  sedebit  tamquam  sibi  di- 
o  cato  ^.  »  Estius  embrasse  aussi  le  mcme  sens.  Et  certes 
c'est  a  quoi  conduit  fort  naturellement  I'usage  que  les  Ma- 
hometans font  de  nos  eglises  qu'ils  changent  en  mosquees. 
Que  rAntechrist  paroisse  ,  et  qu'il  se  fasse  rcndre  les  lion- 
neurs  divins  ,  par  exemple  dans  la  grande  mosquee  de 
Constantinople,  qui  eloil  autrefois  la  celebre  eglise  de 
Sainte-Sophie  ,  ne  seroit-ce  pas  la  veritablement  I'homme 
de  peche  assis  dans  le  tenjple  de  Dieu  ?  Faudra-t-il  autre 
chose  pour  verifier  I'expression  de  saint  Paul  ? 

Mais  souvenons-nous  que  I'empire  romain  doit  elre  en- 
tierement  detruit  avant  que  I'Antechrist  paroisse  ;  souve- 
nons-nous que  tout  I'univers  doit  etre  assujeti  a  cet  impie. 
Et  que  sait-on  si  dans  celte  revolution  Irs  ennemis  du  nom 
chrelien,  qui  en  se  rendant  mailres  de  Constantinople  y 
ont  etabli  le  siege  de  leur  empire  ,  ne  prelendroienl  point 
un  jour  a  transferer  le  siege  de  leur  empire  dans  Rome 
meme?  «  Certes ,  dit  Lessius  ,  il  ne  doit  paroitre  incroyable 
«  a  personne  que  Rome  recouvre  un  jour  son  ancien  em- 
«  pire.  El  que  sait-on  si  un  jour  les  Turcs  appeles  ou  invites 
«  par  des  Chretiens  impies  ne  se  rendroient  point  maitres 
«  de  I'lialie  ,  et  n'etabliroient  point  dans  Rome  le  siege  de 
«  leur  empire  ?  Neque  alicui  videri  debet  incredibile ,  Romam 
«  ahquando  rursus  imperium  oblenlnram.  Quid enini  si  Tiirca 
«  Ilaliam,  impiis  quibusdam  C/iristianis  eum  acccrsenlibus  vel 
u  miilantibus  ,  aliquando  oblineal ,  et  sedem  regni  Romce  cons- 
«  tUnat  ^?  »  Bellarmin  reconnoit  que  rien  n'empeche  que 

'  Hilar,  in  Auxent.  n.  12.  — -  Cajelan.  in  2.  Thess.  11.  --  ^  Lessius,  tie 
■dniichrisio,  demonsir.  1 2 .  §  TeJtio  pivbalur. 


74  DlSSERTATlOn 

«  Romo  no  puissc  a  la  fin  des  siccles  tomber  entre  les  mains 
«  dcs  enneniis  du  nom  clirclien,  «  Mais  de  telle  sorle  ce- 
«  pendant  que  le  souverain  pontife  seia  tou jours  appele ,  et 
<<  sera  en  clfet  toujours  pontife  romain,  quoique  peiit-etre 
«  la  violence  dcs  cnncmis  rempechc  d'habiter  dans  Home , 
«  commc  il  arriva  au  temps  de  Totila  roi  des  Goths  :  Ttinc 
«  cliam  siimmus  pontifcx ,  Romanus  pontifcx  diccliir  ct  erit , 
«  licel  Romce  non  habilet ,  sicut  accidit  tempore  Totilce  regis 
«  Golhormn  '.  A  quoi  nous  ajouterons  avec  Malvenda,  que 
«  quand  cela  arriveroit,  TEglisc  de  Jesus-Christ,  quoique 
"  affligec,  chassee,  fugitive  au  milieu  dc  cette  affreuse  tem- 
«  pele  ,  demeurera  toujours  neanmoins  constante  ct  invio- 
«  lable  dans  la  religion  chretienne  et  dans  la  foi  orthodoxc, 
«  avec  le  pontife  romain  son  pasteur  legitime  ,  parce  que 
«  les  portes  de  I'enfer  ne  prevaudront  jamais  contre  elle  : 
»  Veruvi  hie  opportune  monemus ,  si  ea  opinio  vera  ulca7nque 

«  esset Ecclesiam  tamcn  Christi,  cum  suo  legitimo  pastore 

«  Romano  ,  inter  eas  procellas  ct  turbines ,  etsi  a/Jlictani ,  cjec- 
«  tarn  ,  profugam ,  nihilominus  conslantem  et  inviolabilem  in 
<iji(le  et  rcligione  Christiana  et  orthodoxa  mensuram :  siquidejn 
«  nunquam  advcrsus  cum  portm  inferi  prcevalebunt^ .  »  Bos- 
suet,  s'elcvant  contre  Tabus  que  les  protestans  faisoient  de 
cette  opinion  ,  disoit  trcs  bien  dans  sa  Refutation  du  Catc- 
chisme  de  Paul  Ferry  :  «  Quand  j'accorderai  au  ministre 
«  que  rAntcchrist  rcgncra  dans  Rome,  ct  que  Rome  sera 
«  le  siege  de  son  empire  ,  je  n'en  respecterai  pas  moins  I'e- 
«  glise  romaine.  Les  Neron,  les  Domitien  ,  etautrcs  perse- 
«  cuteurs  des  fidcles ,  y  ont  bien  regne  autrefois  ;  et  ncan- 
«  moins  ce  seroit  une  pensee  trcs  extravagante  de  croire 
«  queregliscromaineensoitdeshonoree.llfautfairegrande 
«  difference  entre  I'eglisc  de  Rome  et  la  ville  ^.  » 
Quel  sera  Sous  quel  nom  paroitra  ce  monarque  puissant  ct  impie 
Ic  nom  de  qui  doit  dominer  sur  toute  la  terre?  Saint  Jean  nous  dit 
rAntcchrist  ?  sculement  que  le  nombre  du  nom  dc  cet  impie  sera  six 
cent  soixante-six  ^ .  Mais  quel  sera  le  nom  qui  renfermera  ce 
nombre?  II  est  impossible  de  le  savoir  avant  que  cet  impie 
paroisse.  Nous  rappellerons  seulement  ici  ce  que  nous 
avonsdejafait  remarquer,  que  ce  nombre  se  trouve  preci- 

'  BcUaiin.  de  Horn.  Pont.  lib.  iv.  cap.  /|.  Vide  et  lib.  ni.can,  i3.  — 
^Malvenda  ,  de  Anticlir.  lib.  y .  cap.  8.  —  'Bossuef ,  Ucfuf.  du  Calocli.  do 
Ferry,  ic\i\..\\.  —  '^Apoc.  xiu.  i8. 


SLR  t  AMECHRIST. 


Rcment  dans  le  noin  grec  dc  Mahomet,  prccurseur  M  4o 

Je  cet  impic  ,  ct  fondateur  d'un  empire  antichre-  A  i 

lien  ,  qui  semble  elre  celui  a  la  tete  duquel  parol-  O  70 

Ira  cct  impie.  Nous  ferons  aussi  observer  que  le  M  io 

prince  Ottoman  qui  subjugua  I'cmpirc  des  Grecs  E  ^   5 

portoit  aussi  le  nom  de  Mahomet;  en  sorte  que  T  3oo 

dans  le  nom  de  ce  prince  se  retrouYoit  encore  le    I  10 

jiombre  du  nom  de  la  bete.  Peut-elre  arrivera-t-il  S  200 
que  I'Antechrist  portera  aussi  lui-meme  le  nomde 

Mahomet  '.  jjgj* 


Quel  sera  le  caractere  de  cet  homme  ?  Nous  avons  deja    Q"t'J ««"  Io 
fait  remarquer  que  ce  sera  le  plus  scelerat  des  hommes  ;  pT''l'*^K^  •  \y 
mais  on  croit  que  sa  sceleratesse  sera  couverte  du  voile  de  vices  qu'on 
riiypocrisie ;  et  en  ce  sens  on  lui  applique  cette  parole  de  luiauribue. 
I'un  des  amis  de  Job  :  Dicufait  rcencr  I' homme  hypocrite  a 
cause  des  pcches  da  peuple^.  Sur  quoi  saint  Gregoire-le- 
Grand  s'exprirae  ainsi :  «  Celte  parole  peut  designer  le  chef 
«  meme  de  tous  les  hypocrites,  c'est-a-dirc  I'Antechrist  ; 
«  car  alors  ce  seducteur  se  couvrira  du  voile  meme  de  la 
saintete  pour  entrainer  les  hommes  dans  I'iniquite.  Et 
Tempire  qu'il  exercera  alors  sur  les  impies  sera  I'effet 
«  non  de  I'injustice  du  souverain  Juge,  mais  de  I'iniquite 
«  meme  de  ceux  qui  auront  merite  de  lui  etre  assujctis  :  In 
<t  eo.... potest ipsiim oviJiiiim  hypocritarum  caput  Antichrislus 
v^designari :  seductor  quippe  ille  tunc  sanctitatem  simulabil , 
«  utad  iniqu'Ualcm  trahat.  Quod  ergo  tujic  Antichristus  super 
«  impios  rcgnabit,  non  est  ex  injustitia  judicantis ,  sedex  culpa 
i<^  patient  is  •*.  » 

On  lui  attribue  la  ruse  et  I'artifice  ;  et  I'on  pretend  le 
Irouver  ainsi  caracterise  dans  la  prophetic  de  Jacob  tou- 
chant  la  tribu  de  Dan  *  ,  dans  la  prophetic  des  chap,  viii 
etxi  de  Daniel  ^  ,  dans  ccUc  du  chap,  vii  du  meme  pro- 
phete*',  et  dans  celle  du  chap,  xiu  de  I'Apocalypse  ".  Mais 

•  Un  souscripteurde  cetle  Bible  a  Lien  voulu  adresser  a  Tediteur,  dans  une 
Jeltre  anonyme,  quelques  observations  relativement  a  la  personne  de  I'Ante- 
christ.  L'opinion  que  ce  cruel  ennemi  du  nom  chretien  sera  un  sectateur  de 
Rlahomel  lui  parotl  plus  ingenieuse  que  solide ,  et  il  lui  oppose  les  revelations 
altribuees  d  unesainle  religieuse ;  ces  revelations,  selon  nous,  necontredisenl 
en  ricn  notre  sentiment.  Tout  en  regrettant  de  ne  pouvoir  nous  ranger  de  son 
avis,  nous  offrons  nos  sinceres  remercimens  i  cet  excellent  Chretien,  dans 
lequel  ,  a  en  juger  par  sa  letlre  ,  la  piele  se  trouve  unie  au  savoir.  —  -  Job. 
Xixiv.  3o. — ^  Gi-eg.  inJob,  lib.  xss.  c.  14. — *  Genes,  xlix.  17.  — '  Dan. 
VII.  24.  eiji.1.  21.  cr 24. — "Dan. VII.  8.cf  20.  —''  Jpoc.  xiii.  i. 


76  DISSEHTATION 

nous  avons  fait  remarquer  que  la  propheiie  do  Jacob  re- 
garde  plutot  Samson;  celles  des  chap,  viii  et  xi  dc  Daniel 
se  rapportent  plulot  a  Antiochus.  Dans  celle  du  chap,  vu 
on  insistc  sur  ce  que  celle  pelite  corne  que  vit  Daniel  avoit 
des  yeux  commc  des  ycux  d'homrnes;  mais  nous  avons  fait 
voir  ailleurs  que  ce  caractere  convient  particulicrcment  a 
Mahomet  meme^,  fondaleur  de  I'empire  anlichrctien.  En- 
fin  ,  dans  la  prophetic  du  chap,  xni  de  I'Apocalypse ,  on  in- 
siste  sur  ce  que  la  bete  que  saint  Jean  vit  s'elever  de  I'a- 
bime  avoit  le  corps  du  leopardei  les  pieds  de  Vours,  ce  que 
Ton  regarde  commc  deux  symboles  de  la  ruse  et  de  I'arti- 
fice  de  I'Antechrist  represente  par  cette  bete  :  mais  nous 
pourrions  montrer  que  cette  bete  paroit  representcr  en 
meme  temps  et  I'Antcchrist  et  son  empire;  et  que  cet  as- 
semblage du  corps  du  leopard  avec  les  pieds  de  Xours  pour- 
roit  signifier  que  I'empire  antichretien  reunira  deux  em- 
pires puissans,  representes  dans  Daniel  par  I'ours  et  par  le 
leopard ,  c'est-a-dire  les  Perses  et  les  Grecs  ;  c'etoit  la  pen- 
see  d' Andre  ,  cveque  de  Cesaree  ,  qui  remarquoit  dans  les 
trois  parties  qui  composent  cette  bete  les  trois  premiers 
empires  designes  par  Daniel :  «  Le  leopard  ,  disoit-il ,  re- 
«  presente  I'empire  des  Grecs  ;  Tours,  I'empire  des  Perses ; 
«  le  lion ,  I'empire  des  Babyloniens  :  et  ces  trois  empires 
«  seront  reunis  sous  I'Antechrist^.  »  Et  en  effct,  deja  nous 
voyoHS  toute  cette  vaste  elendue  de  pays  soumise  aux 
■  Mahometans. 

On  attribue  encore  a  rAntechrist  I'impudence,  I'audace 
et  la  teracrite  ;  et  on  insiste  principalement  sur  cette  pa- 
role du  chap,  vni  de  Daniel  :  //  s'eUvera  iin  roi  qui  aura 
I'impudence  sur  le  front  ^ .  Mais  la  prophetic  du  chap,  vni 
regarde  ,  selon  la  lettre  ,  Antiochus. 

On  attribue  a  I'Antcchrist  toute  la  science  et  toute  la 
vertu  de  la  magie  ;  et  ccla  est  fonde  sur  ce  que  saint  Paul 
dit ,  qu'il  viendra  avec  la  puissance  de  Satan,  operant  toutes 
sortes  de  miracles ,  de  signes  et  deprodiges  de  mensonge  ^.  Nous 
en  avons  parle  ailleurs  ^. 

On  lui  attribue  une  ardeur  insatiable  pour  les  richesses : 
on  insiste  sur  ce  que  Daniel  dit  d' Antiochus,  c[\x  il enlrera 
dans  les  villes  les  plus  grandes  et  les  plus  riches ,  et  c^^ilamas- 

*  Voyez  1^  Disserlalion  sur  les  quaire  empires,  a  la  tele  de  la  prophctio  Je 
Daniel,  tom.xvi.  —  ^Andrceas  Ccesar.  in  Jpoc.  \ni.~—^  Dan.  viii.  23.  — 
■•a.  Tkess.  n.  9. — *  Voyez  la  preface  qui  precede  cette  Dissertation. 


SLR   !-  ANTECHRIST.  7   « 

sera  iin  £rnnd  hatin  de  Icnrx  dcpouilles  ,  ct pillcra  (antes  Icurs 
richesses^.  L'aiitcurclu  i^  livre  desMachabeesnonsapprend 
(ju'en  e^elAntiochus  prit  les  villcs  Ics  plus  fortes  de  I'Egypte, 
ct  s'enrichit  de  ses  dcpouilles  ^.  On  insiste  encore  sur  quel- 
([ues  autres  textes  qui  regardent  de  meme  A.ntiochus,  au 
nioins  selon  la  leltre  ^.  On  y  ajoute  cette  parole  du  livre  de 
Job ,  ou  le  Seigneur  parlant  de  Leviathan  ,  dit ;  //  marchera 
sar  lor  comme  sur  la  boue^.  Job  parle  de  deux  raonstres, 
Behemoth  et  Leviathan;  et  si  I'un  Je  ces  deux  monslres  a 
quelque rapport  a  I'Antechrisl,  qui  estl'un  des  deux  mons- 
tres  dont  parle  saint  Jean ,  il  y  a  lieu  de  croire  que  c'est 
plutot  Behemoth  ,  dont  le  nom  meme  signifie  en  hebreu  la 
bete ,  qui  est  le  nom  sous  lequel  saint  Jean  designe  tou jours 
TAntecbrist;.  cn^orte  que  Leviathan  designcroit  plutot  le 
monstre  que  saint  Jean  appelle  lejaux prophcte  de  la  btie. 

Enfin  ,  on  atlribue  a  rAntechrist  la  passion  pour  les 
femmes.  Et  on  insiste  sur  unc  parole  de  Daniel ,  que  la  Vul- 
gate exprime  ainsi  '.II  sera  dans  la  passion  des  femmes^.  Mais 
celtc  parole  qui  est  du  chap,  xi  regarde ,  selon  la  lettre , 
Antiochus  ,  en  qui  elle  se  trouve  verifiee  ,  selon  la  remarque 
in6nie  de  saint  Jerome  ,  qui  reconnoit  que  ce  prince  passe 
pour  avoir  ete  tres  debauche  :  Antiochus  luxuriosi&simus 
fuisse  dicitur^.  Et  on  voit  une  preuve  de  la  passion  de  ce 
prince  dans  le  second  livre  des  Machabees  ",.ou  il  est  rap- 
porte  qu'il  donna  a  une  de  ses  concubines  deux  villes  de 
Cilicie  ,  ce  qui  fut  regarde  comme  une  insulte  faite  aux  ha- 
bitans  de  ces  deux  villes.  On  pent  aussi  remarquer  que 
cette  parole  peut  avoir  un  autre  sens  :  saint  Jerome  meme 
dit  que  le  texte  hebreu  pourroit  signifier  :  //  n'aura  aucim 
( gard pour  les  femmes  ;  ct  qu'Aquila  avoit  traduiten  cesens^  ; 
il  en  conclut  que  I'Antechrist  alfectcra  les  dehors  de  la 
chastele.  Mais  cette  parole  ainsi  traduile  peut  marquer  la 
cruaute  d'Anliochus,  qui  en  efTet  dans  les  sanglantes  exe- 
cutions qu'il  ordonna  contre  les  Juifs  ,  n'eut  aucun  egard 
pour  les  femmes ,  comme  on  le  voit  par  les  livres  des  Ma- 
chabees^. 

L'Antechrist  aura-t-il  tous  les  vices  qu'on  lui  altribue  ? 

*Dan.  XI.  24.  —  *  I.  Mach.  r.  20.  —  ^  Dan.  xi.  2S.  3S.  39.  43.  ^^viii, 
25. — *  Job,  XLi.  21. — *  Dan.  \i.  St. —  *  Hicron.  in  Dan.  xi. — '  2.  Macli. 
IV.  io. — "  C'esl-a  lijre,  qu'au  lieu  de  Iraduire  :  Et  erii  in  conciipiscenliisfe- 
miiiarum,  nee  quemquam  Deiim  cunibil,  on  pourroit  Iraduire:  Etdecon- 
cupisccnlia  feniir.arum,  el  de  omniDeo  non  curabit.' —  '  i-  Macti.  i.  34 
G'{.  64.  eti.  Alccli.y.   iS. 


78  DISSERTATION 

Cela  pourra  ctrc ;  mais  ii  faut  avouer  que  la  plupart  dcs 
preuvcs  sur  Icsquelles  on  se  fonde  pour  les  liii  altribuer , 
ne  sont  pas  bien  convaincantes  ,  parce  qu'il  n'cst  pas  cer- 
tain qu'i[  soil  Tobjet  de  la  plupart  des  textes  d'ou  Ton  pre- 
tend tirer  les  preuves  de  tous  les  vices  qu'on  lui  attribue. 
1/Anieclirist       Quelle  sera  la  doctrine  de  I'Antechrist?  S'annoncera-t-il 
s'annonccra-    conuuc  le  Christ?  C'est  I'opinion  commune.  Saint  Irenee 
Clirist  ^Sera-  "'''  ^1"  <^"  ^  asseyant  dans  le  temple  de  Jerusalem  ,  il  tentera 
i-il  rocu  par    dc  se  faire  reconnoitre  pour  le  Christ  \  Lactance  dit  qu'il 
JcsJuifs?        supposera  etre  le  Christ,  ct  s'annoncera  comme  ie\ :  Se 
ipse^Christum  mentietiir^.  Saint  Cyrille  de  Jerusalem  dit 
qu'il  s'altribuera  faussement  le  nom  de  Christ  ^.  Saint  Am- 
broise  dit  qu'il  se  servira  meme  des  saintes  Ecritures  pour 
prouver  qu'il  est  le  Christ :  Ex  Scripturis  contcndens  esse  sc 
Christum'^.  La  plupart  des  anciens  etdes  modernesliennent 
le  meme  langage. 

Cette  opinion  est  fondee  sur  ce  que  Ton  croit  comraune- 
ment  qu'il  sera  recu  par  les  Juifs.  Saint  Cyrille  de  Jerusalem 
tht  qu'en  s'attribuant  faussement  le  nom  de  Christ,  il  trom- 
pera  par  ce  nom  les  Juifs  qui  attendent  le  Christ,  c'est-a- 
dire  le  Messie  ^.  Plus  loin  il  dit  que  par  I'imposture  de  la 
magic  il  seduira  les  Juifs ,  leur  persuadant  qu'il  est  le  Christ 
(ju'ils  attendent.  Saint  Jerome  pensoit  qu'en  effet  rAntc- 
christ  seroitrecu  par  ics  Juifs.  Ils'en  explique  ainsi  '\"  «  Le 
«  Seigneur  parlant  de  I'Antechrist  dit  aux  Juifs  :  Je  suis 
«  venu  au  nom  de  nion  pere ,  et  vous  n'avez  point  cru  en 
«  moi ;  un  autre  viendra  en  son  nom ,  et  vous  le  recevrcz  : 
«  Riirsnnique  de  Aniichrislo  loquilur  Dominus  ad  Jiidceos  : 
'(  Ego  I'cni  nomine  Patris  mei ,  et  non  crcdidistis  mihi  :  alius 
il.  vcniei  in  nomine  sua,  ilium  suscipielis.  »  Et  pkis  loin  il 
a  joule  :  «  L'Aniechrist  fera  toutes  ces  choscs,  dit  I'Apotre , 
t<  non  par  sa  vertu ,  mais  par  la  permission  de  Dieu  a  cause 
«  des  Juifs  ,  en  sorte  que  comme  ils  n'ont  point  voulu  rece- 
«  voir  I'amour  de  la  verite ,  c'est-a-dire  I'esprit  de  Dieu  par 
«  Jcsus-Christ , —  Dieu  leur  enverra,  non-seuiement  un 
a  operateur  d'errcur,  mais  I'operation  meme,  c'est-a-dire 
<t  la  source  del'erreur,  en  sorte  qu'ilscroientaumensonge  : 
«  MillelillisDeusnonsolum  operalorem,scdopcralionemipsain, 
«  idest  ,Jo7ilcmerroris,  ul credant  mendacio .  "Etbicntotapres 

*  Iivn.  ath.  lucres,  lib.  v.  cap.  25.  ■ —  -  Laclaiit.  Inslit.  lil>.  vn.  caj).  i<). 
— ^  Cyj'ill.  Jlierus.  calcch.  i5. — "•  Ambr.  in  Luc.  xn.  —  *  Cjn'll.  llicixi.';. 
€<aiech.  i5. — "  Jlietvn.  ad  Algasicnn,  .yi/asi.  n. 


SIR   L  ANTECIIRIST.  79 

il  s'cxpliqiie ,  en  disanl  que  «  Ics  Juifs,  apres  avoir  nicprise 
'  la  vcriU'  en  la  pcrsonnc  tie  Jcsus-Clirist,  recevront  le  inon- 
songc  en  rccevant  rAntcclirist :  Chrisliveritate  contempfa, 
>.  mendaciiim ,  id  est ^  ^lulichtislum  susccpturi  sunt.  » 

Cette  opinion  est  fondee  sur  deux  lextes.  i°On  vientde 
voir  que  sainl  Jerome  I'etablit  d'abord  sur  cette  parole  que 
Jesus-Christ  adressc  aux  Juifs  :  Je  suis  venu  an  nom  de  moit 
Perc ,  et  vous  fie  m'avez  point  rerii;  si  iin  autre  vient  en  son 
hom  ,  vous  le  recevrez^ .  Saint  Irenee ,  saint  Cyrille  de  Jeru- 
ilem,  saint  Ambroise,  saint  Jean  Chrysostome,  saint 
Vuguslin ,  saint  Prosper,  saint  Cyrille  d'Alexandrie,  Theo- 
tlorct,  saint  Gregoire-le-Grand ,  Theophylacte,  OEcume- 
nius,  et  la  plupart  des  modernes  I'entendentainsi;  ils  sont 
persuades  que  par  cette  parole  Jesus-Christ  annonce  que 
r\nlechrist  sera  recu  par  les  Juifs;  et  il  iie  pent  I'etre 
qu'en  s'annoncant  comrae  le  Christ  et  le  Messie  promis  a 
leursperes.  II  est  vrai  que  saint  Thomas  remarquant  que 
deja  plnsieurs  faux  Messies  ontparu,  qui  ont  etc  recus  par 
les  Juifs,  tels  que  fut,  par  exeraple,  le  iaraeux  Barcoque- 
bas,  il  en  conclut  que  par  cette  raison  ,  ce  texte  considere 
(^n  hii  merae  ne  paroit  pas  absolument  convaincant  en  fa- 
A  cur  de  I'opinion  commune  ,  mais  que  cependant  il  peut 
etre  recu  en  ce  sens  a  cause  de  I'aulorite  des  saints  peres 
qui  I'ont  entendu  ainsi :  Locus  probabilis  est  propter  auctori- 
lalcm  sanctorum patrum^. 

On  insiste  2°  sur  cette  parole  de  saint  Paul :  Puree  qu'ils 
ont  point  recu  V amour  de  la  verite  pour  etre  sauves  j  Dieu 
icur  enverra  unc  operation  d'erreur,  en  sorte  qu'ils  croiront  an 
mcnsonge^.  11  est  vrai  que  ccttc  parole  en  clle-raeme  ne  rc- 
garde  pas  plus  les  Juifs  incredules  que  les  gentils  apostats 
ou  infideles  quiabandonneront  la  verite,  on  qui  reluscront 
de  la  rccevoir  ;  mais  il  est  vrai  aussi  quelle  peut  conve- 
nir  egalement  aux  uns  et  aux  autrcs.  On  vient  de  voir  que 
que  saint  Jerome  I'appliquoit  aux  Juifs  :  saint  Irenee, 
saint  Jean  Chrvsostome  ,  saint  Angus  tin  ,  saint  Prosper  , 
saint  Cyrille  d'Alexandrie  ,  Theodoret ,  Tlieophylacte  , 
OEcumenius,  saint  Gregoire  -  le  -  Granil  ,  saint  Jean 
Damascene,  et  plusieurs  des  modernes  en  font  le  nit'nie 
usage. 

Mais  il  y  a  encore  deux  autres  textes  qui  peuvent  scrvir 

*Jonn.  T.  43. — -  Jliom.  ditp.  5\,  seel,  i .  5  Dicoterlr'o. — '  2.  Thess.  n. 


8o  DISSERTATlOi^J 

aussia  prouver  que  I'Antechrist  s'annoncera  sous  le  nom 
de  Christ :  c'est  d'abord  ce  que  dit  Jesus-christ  a  ses  dis- 
ciples ,  en  leur  annoncant  la  seduction  des  derniers  temps  ; 
et  ceci  regarde  peut-elre  les  premiers  commencemens  de 
I'Antechrist  avant  qu'il  soil  monte  sur  le  trone  :  Alors,  dit 
Jesus-Christ,  si  qiielqiiim  voiis  (lit :  Le  Christ  est  ici ,  ou  il 
est  Id,  ne  le  croyez point , parce  qiiil  s'elevera  dejaux  christs 
et  defaiix  prophetes ,  qui  fcront  dc  grands  prodiges  ^t  des 
choses  etonnanles ,  jusqu'd  seduirc ,  s'il  etoit possible  ,  les  elus 
meines.  J'aivoulu  vous  en  avertir  auparavant.  Si  done  on  voas 
dit :  Le  void  dans  le  desert,  ne  sorlez  point  pour  rj  aller.  Si  on 
vous  dit :  LjC  voicidans  le  lieu  le  phis  retire  de  la  maison ,  ne  le 
croyez  point;  car  comme  un  eclair  qui  sort  de  V orient paroit 
toutd'un  coup  jusqu'd  I' accident,  ainsi  sera  I'avenement  da 
Fils  de  I'homme^.  Et  dans  une  autre  occasion  il  disoit  en- 
core en  s'adressant  specialement  a  ses  disciples  :  Ilviendra 
un  temps  oil  vous  desirerez  voir  un  des  jo  urs  da  Fils  de  Vhomme, 
et  vous  ne  le  verrezpoint.  Et  on  vous  dira:  II  est  ici,  ilest  Id. 
Mais  n'y  allez  point ,  et  ne  le  suivezpoiyit;  car  comme  un  eclair 
brille  et  se  fait  voir  dun  cote  du  del  jusqu'd  I' autre  ,  ainsipa- 
roitra  le  Fils  de  I'homme  en  sonjour^.  C'est  ce  qui  donne  lieu 
a  saint  Cyrille  de  Jerusalem  de  penser  que  le  demon  pro- 
fltera  de  I'attente  ou  sc  trouveront  et  les  Juifs  et  meme  les 
Chretiens  :  les  Juifs  qui  attendent  leur  Mcssie ;  ctles  Chre- 
tiens qui  alors  desirant  voir  un  des  jours  du  Fils  de  I'homme 
pour  les  consoler  dans  leurs  maux ,  seront  dans  I'attente 
du  dernier  avenement  de  Jesus- Christ.  «  Lorsque  le  vrai 
«  Christ  sera  pres  de  paroitrepour  la  seconde  fois,  dit  ce 
«  pere  ,  notre  adversaire ,  prenant  occasion  de  I'attente 
n  des  simples  etprincipalement  de  celle  de  Juifs,  suscitera 
«  un  hommc  qui  prendra  faussement  le  nom  de  Christ^.  » 
Saint  Gregoire  pensoit  aussi  que  I'Antechrist,  non-seule- 
ment  prendroit  !e  nom  de  Christ,  et  s'oft'riroit  comme  tcl 
aux  Juifs ,  mais  qu'il  tenteroit  meme  de  seduire  sous  ce 
nom  les  Chretiens  qui  attendent  Jesus-Christ ;  c'est  ce  qu'il 
marque  assezclairement  lorsqu'il  dit  que  les  hommes  alors 
seront  enlraines  par  une  erreur  contagieuse ,  de  raaniere 
qu'en  servant  I'Antechrist  ils  croiront  servir  bien  plus 
reellement  le  vrai  Christ;  et  tout  ce  qu'ils  feront  par  une 
injuste  perhdie  ,  ils  croiront  le  faire  pour  la  verite  de  la  foi 

^  MaUh.  x\w.  I'S.  etseqcj ^  Liic-nyu.  11,  eiseqq.—'''  Cyrill.  Hieros. 

catech.  r5. 


SLR  L  ANTECHRIST. 


8l 


la  plus  pure  :  Pestijero  enore  persuasi ,  si  in  islis famulantur 
Antichristo ,   ut   lutic  vcrius  prcebere  sc  astimenl  obsequium 

ihrislo Levialluin  isle  ila  seducet  corda  rcproborum ,  ut 

quidquid  agunl  ex  iniquilale  perjidia ,  pro  vent  ate  recta  Jidei 
se  agere  suspicentur,  quasi  bene  eis  olet  id  quodzelo  religionis 
exerccnt^ . 

II  paroit  done  qu'a  la  fin  des  lemps  il  doit  s'elever  plu- 
sieurs  faux  prophetes,  plusieursfaux  christs,  entre  lesquels 
sera  le  dernier  Antechrist;  et  que  lorsque  cet  impie  com- 
mencera  a  se  montrer,  ce  sera  d'abord ,  comme  dit  lEvan- 
gile  ,  dans  des  lieux  deserts  ct  secrets  :  In  deserlo  ,  inpene- 
tralibus ;  il  s'annoncera  sous  le  nom  de  Christ,  et  Ion 
dira  :  Le  Christ  est  ici ,  ou  il  est  la  :  Ecce  hie  est  Christus  , 
aiil  illic.  Sous  ce  nom  respectable  ,  et  par  I'eclat  des  pro- 
di^es  qu'il  fera,  il  seduira  peut-etre  une  partio  des  Chre- 
tiens, mais  principalement  la  plupart  des  Juifs.  Son  parti 
se  fortifiera ,  sa  puissance  s'accroitra  ;  et  pour  augmenter 
le  nombre  de  ses  sectateurs  en  attirant  a  lui  tous  les  enne- 
mis  de  Jesus-Christ ,  il  se  declarcra  lui-meme  ouvertement 
contre  Jesus-Christ  et  contrc  les  Chretiens  fideles,  qui  re- 
fuseront  de  le  reconnoitre. 

«  II  s'attribuera  faussement  le  nom  de  Christ,  dit  Lac-     Orpo^'*»<''» 
o  tance,  et  il  combattra  le  Christ  veritable  :  Se  ipse  ^^''^-y- lAntechrist 
•  lam  menlieliir ,  et  contra   verum  dimicabit^.  »  C'est  cela  a leganide 
menie  qui  lui  a  fait  donner  le  nonnW-Zntechrist ,  c'est-a-dire  3.-C. 
oppose  a  Jesus-Christ.  Trois  textes  de  saint  Jean  nousde- 
couvrent  quelle  sera  la  doctrine  de  cet  impie  touchant 
Jesus-Christ. 

11  niera  lincarnation  du  Verbe  :  c'est  ce  que  saint  Jean 
nous  marque,  lorsqu'apres  avoir  dit :  Plusieiirs  seducteurs 
se  sent  eleves  dans  le  monde  qui  ne  confessent  pas  que  Jesus- 
Christ  est  venu  rcvttu  de  noire  chair,  il  ajoute  :  Tel  est  le  se- 
ductearet  V Antechrist  /Oi/To;  h-vj  o  rlx-joz  y.xl  r.A'j-Jyc.Kxoc.K 
Carilfautbienremarquer  qu'ilnedit  pas:  Ojto;  h-i  -lobjoq 
xai  AvTc/iis-o;  :  C'est  Id  un  seducteur  et  un  Antechrist ;  mais 
il  dit  bien  expresseraent  :  Telest  le  seducteur  et  I' Antechrist ; 
^.  ^^^"'^-"''■e ,  lel  sera  ce  seducteur  qui  doit  venir  a  la  fin  des 
siecles,  et  qui  sera  par  distinction  rAntechristpropremeait 
dit :  OvTo'-c  z'j-vj  6  z'/uafvoc  /.'A  i  Av':J/ct7T0--.Il  niera  done  que 
Jesus-Christ  soit  venu  revetu  de  notre  chair.  C'est  ce  que 

'  Gt-eg.  Mor.  in  Job.  Ub.  xxxjv.  n.  3  r .  «  32 .  -  *  Lact.  Instit.  I.  vie.  c. 
19.  —  '2.  Joan,  f  7. 

23.  '  a 


DlSSERTAl'lON 


saint  Jean  confirnie  et  explique  encore  dans  un  autre  en- 
droit^  lorsqu'il  dit :  Void  a  quoivous  reconnoilrez  I' esprit  de 
Dieu.  Tout  esprit  qui  confesse  que  Jesus-Christ  est  vena  revetu 
de  notre  chair ^  est  de  Dieu.  Mais  lout  esprit  qui  divise  Jesus- 
Christ  (  c'est  ['expression  de  la  Vulgate  ;  le  grec  porte  : 
Tout  esprit  quine  confesse  pas  que  Jesus-Chrits  est  vena  revetu 
de  noire  chair )  n  est  pas  de  Dieu  :  et  c'est  Id  I'  Antechrist ,  ou 
selon  le  grec  ,  c' est  la,  I' esprit  de  V Anlechrist  dont  vous  avez 
enlendu  dire  qu'ildoit  venir :  Kat  to'jto  iattv  zo  tou  Avri/piffTO'j, 
0  ar/]/.o'aT£  ov.  Ip/eiat'-  Saint  Jean  ne  pouvoit  s'expliqucr 
d'une  nianicne  plus  exprcsse. 

Get  impie  niera  que  Jesus  soit  le  Christ.  C'est  ce  que 
saint  Jean  nous  enseigne  encore  dans  un  autre  endroit 
lorsqu'il  dit  :  Qui  est  le  menteur?  Tt;  iaziv  b  'j^sucrr/];,  sinon 
celui  qui  nie  que  Jesus  soit  le  Christ  ?  C'est  Id  I' Anlechrist , 
OuTo;£(7Ttv  6  AvTt'xpwTo;^  :  ou  il  faut  encore  remarquer 
qu'il  ne  dit  pas  seulement  Oiito;  eanv  Avziypi^xo^  :  C'est  Id 
un  Anlechrist;  mais  precisement,  C'est  Id  V Anlechrist , 
O'jTo;  £i7Ttv  6  kvxiyrA'szoz,.  Ce  sera  la  son  caractere  propre. 
11  Jiiera  que  Jesus  soit  le  Christ. 

II  niera  le  pere  et  le  fds.   C'est  encore  ce  que  saint 
Jean  nous  apprend  au  meine  endroit :  C'est  Id  V Anlechrist 
qui  nie  le  Pere  et  le  Fils  :  Ovzoz  laziv  6  Ayxi'/oiazoq,  6  apyou- 
P.£vo;t6v  T.axipy.y.oLixov  utov.Il  niera  que  Jesus-Christ  soitFils 
de  Dieu ;  il  niera  que  Dieu  soit  le  pere  de  Jesus-Christ  no- 
tre Seigneur. 
Mission  d'E-       ^^  homme  si  ouvertement  ennemi  de  Jesus-Christ ,  et 
Jitetd'Hc-     deja  soutenu  par  un  parti  puissant  forme  de  Juifs  incredu- 
noch  qui         les  ,  et  dc  gcntils  ou  infideles  ou  apostats ,  sera  bientot  re- 
viendront       connu  pour  chef  par  les  ennemis  du  nom  chretien  :  place 
rActeclu-ist.  alors  a  la  tete  de  I'empire  antichretien,  qui  depuis  si  long- 
temps  lui  prepare  les  voies,  il  se  verra  bientot  en  etat  de 
faire  eclater  sa  fureur  conlre  le  peuple  fidele.  Mais  saint 
Jean  nous  apprend  que  les  quatre  vents  prets  a  exciter  alors 
surlaterrela  plus  alireuse  tempete,  sont  suspendus  jusqu'a 
ce  que  les  cent  quarante-quatre  mille  Israelites  choisis  des 
douze  tribus  d'Israel ,  soient  marques'  du  sceau  de  Dieu^. 
C'est  alors  que  doivent  paroitre  les  deux  lemoins  dont  I'un 
sera  Elie  qui  doit  etre  envoye  pour  operer  la  conversion 
des  Juifs. 

'  I   Joan.  IV.  2.  et  3. — ^  i.  Joan,  ii,  22. — '^  Jpoc.  vm.  t.  etseqq. 


suu  l'\ntechrist.  83 

Toute  la  tradition  a  reconnu  que  les  deux  temoins  dont 
parle  saint  JeanS  sont  Elie  et  Henoch ,  et  que  Tobjet  de 
leur  mission  sera  de  s'opposer  a  TAnlcchrist,  qui  est  re- 
presente  par  cette  bete  qui  monte  de  Tabime  ,  et  par  la- 
quelle  ils  doiventetre  nils  a  mort.  Et  en  efiet  ces  deux  pro- 
phetes  sont  les  seuls  dont  I'Ecriture  nous  apprenne  la 
'j^  conservation,  et  dont  elle  nousannonce  le  retour.  Moise 
'"nous  apprend  qu'Henoc  ayant  vecu  sur  la  lerre  pendant 
trois  cent  soixantc-cinq  ans,  et  ayant  marche  dcvant  Dieu, 
ne  parut  plus ,  parce  que  Dieu  I'enleva  :  Non  apparuit,  quia 
tulit  earn  Deus'-^.  L'auteur  du  iv*  livre  des  Rois  nous  ap- 
prend qu'Elie  etant  pret  d'etre  enleve  au  ciel ,  etoit  avec 
son  disciple  Elisee,  lorsqu'un  char  de  feu  ct  des  chevaux 
de  feu  les  separerent  tout  d'un  coup  I'un  de  I'autre,  et  EHe 
^  monta  au  ciel  etant  enleve  par  un  tourbillon  :  Et  ascendil 
^  E  lias  per  Lurbinem  in  coeliim^.  L'auteur  du  livre  de  I'Eccle- 
siastique  nous  decl;\re  qu'Henoch  ayant  plu  a  Dieu  a  ete 
transfere  dans  le  paradis  pour  faire  entrer  un  jour  les  na- 
tions dans  la  penitence  :   Translalus  est  in  paradisum ,  ut 
DET  GENTiBLS  poENiTENTiAM*.  Et  plus  loin  ,  cu  parlaut  d'Elie, 
et  s'adressant  meme  a  lui,  il  dit  :  Qui  pent  sc  glorijier 
comme  vous  ? vous  qui  avez  ete  enleve  au  ciel  dans  un  tour- 
billon de  feu  ,  et  dans  un  char  tratnepar  des  chevaux  ardens  ; 
vous  qui  avez  tie  destine  pour  reprendre  les prevaricaleurs  dans 
le  temps prescrit,  pour  apaiserla  colere  du  Seigneur  avant  que 
sajurcur  s'enjlamme ,  pour  reunir  le  cceur  des  peres  et  des  en- 
fans  ^  et  pour  retablir  les  tribus  de  Jacob  :  et  restitleue  tri- 
al's Jacob"^.  Le  Seigneur  dit  aussi  par  la  bouche  du  pro- 
phete  Malachie ,  en  s'adressant  aux  enfans  d'Israel  et  do 
Juda  :  Je  vous  enven^ai  le  prophete  Elie  avant  que  le  grand  et 
leirible  jour  du  Seigneur  arrive ,  el  il  reunir  a  les  cceur s  des 
peres  avec  Icurs  enfans ,  et  des  enfans  avec  leur s  peres ,  de  peur 
queje  neviennc ,  et  que  je  ne  frappe  la  terre  d' analheme^ .  Et 
Jesus-Christ  meme  dit  a  ses  disciples  :  //  est  vrai  qu'Elie 
doit  venir,  et  ilretablira  toules  choses  :  Elias  quidem  veniu- 

RUS  EST,  ETRESTITUET  OMNIA  ^.  Tcls  SOnt  IcS  ICXtCS  SUF  Icsquels 

les  saints  peres  ont  ete  fondes  a  dire  que  ces  deux  prophe- 
sontles  deux  temoins  que  saint  Jean  annonce  dans  TApo- 
calypse. 

*  ^poc.  XI.  3.  etseqff. — *  Gen.  v.  24. — '  4.  Reg.  ir,  ii.—'^Eccli.  xliv. 
16. — *  Eccli.  TttTHi.  4t  etseqq. — <"'  Mai.  iv.  5.  et6. —  ''Matt.  xvii.  11. 


DISSEnTMION 


Saint  Justin  ,  apr^s  avoii'  fait  remarquer  que  ,  comme 
il  devoit  y  avoir  deux  avenemcns  du  Messie ,  Elie  est  re- 
serve pour  etrc  le  precurseur  du  second,  ajoule  :  «  Et 
«  cerles  notre  Seigneur  I'a  aussi  enseigne  ,  lorsqu'il  a  dit 
«  qu'Eliememeviendroit;  et  nous  savons  que  cela  arrivera 
«  lorsque  notre  Seigneur  Jesus-Christ  sera  pres  de  venir 
«  du  ciel  dans  sa  gloire*.  »  Tertullien  dit  :  «  Henoch  et 
n  Elie  ont  ele  transferes,  eton  ne  trouve  point  leur  mort, 
«  parce  quelle  est  differee.  Mais  ils  doiventmourir,  etils 
«  sont  reserves  pour  eteindre  I'Antechrist  par  leur  sang  : 
o  Ceternm  moriluri  reservanlur ,  ul  Anlichrisium  sanguine 
«  suo  extinguanl  ^.  »  C'etoit  sans  doute  d'Elie  que  Lactance 
parioit,  lorsqu'il  disoit :  «  La  (in  des  temps  etant  proche  , 
«  Immincnte  jam  lempormn  conchisione,  un  grand  prophete 
«  sera  envoye  dc  Dieu,  pour  rappeler  les  homines  a  la 
«  connoissance  de  leur  Dieu,  etc.  ^.  »  Le  martyr  saint  Hip- 
polyte  dit :  «  Le  premier  avenement  de  Jesus-Christ  a  eu 
«  pour  precurseur  saint  Jean  -  Baptiste ;  ie  second  aura 
«  pour  precurseurs  Elie  et  Henoch  *.  »  Saint  Ephrem  dit : 
«  Dieu  dans  sa  misericorde  enverra  Elie  et  Henoch  qui  ex- 
tthorteront  ouvertement  le  peuple  a  ne  point  croire  a 
«  I'Antechrist  ^.   »  Saint  Hilaire  dit :   «  Le  Seigneur  re- 
«  pondit  a  ses  disciples  qu'Ehe  viendroit  et  retabliroit 
«  toutes  choses ,  c'est-a-dire  qu'il  viendroit  pour  rappeler 
«  a  la  connoissance  de  Dieui  ce  qu'il  restera  alors  d'lsrae- 
«  lites  sur  la  terre  °.  »  Saint  Ambroise  pai^lant  d'Elie  et  dc 
saint  Jean-Baptiste,  dit  :  «  Celui-ci  a  ete  le  precurseur  du 
«  premier  avenement  du  Seigneur  ,  celui-la  le  sera  du  se- 
tt cond  :  Hie  prions ,  ille  sequentis  dominici  prcecursor  erit 
(^  adventas  "^ .  »   Et  ailleurs  :  «  Cette  bete,  dit-il,  qui  est 
«  I'Antechrist ,  monte  de  I'abime  pour  combatlre  contre 
«  Elie  et  Henoch  qui  ont  ete  envoy es  sur  la  terre  pour 
«  rendre  temoignage  a  Jesus-Chiist ,  comme  nous  le  lisons 
«  dans  I'Apocalypse  de  saint  Jean  ^,  »  Saint  Jerome  dit  : 
«  Selon  la  prophetic  de  Malachie  ,  Elie  doit  preceder  le 
«  Sauveur  dans  son  second  avenement,  et  annoncer  la 
«  venue  du  souverain  Juge  :  In  secundo  Salvaloris  advoilu,. 

'  Justin.  Dial,  cum  Tryph. — *  Teitull.  de  Anima.,  c.  5u.  —  ^  Laclant. 
Inslit.  I.  VII.  c.  17.  —  *  Ilij'pol.  Mart.  Onit.  de  Amichristo.  ■ — •  ^ Ephrcum. 
Sciin.  ne  Antichr. — ®  Hilar,  cap.  17.  in  Matt. — ^  Ambr.  in  Luc.  r. — *  Id. 
inps.  W.V. 


SCR  l'amtecmrist.  85 

«  juxla  Malachiam ,  prceccssarus  est  Elias ,  et  venturiim  Ju- 
a  tticein  nantiatnrus  ^  »  Et  ailleurs  *  :  «  Selon  I'Apocalypse 
c.  de  saint  Jean ,  il  est  dii  qu'Henoch  mcmc  et  Elie  doivent 
«  mourir.  »  Et  plus  bas  :  «  11  n'est  pas  question  ici  d'He- 
«  noch  et  d'Elic,  dont  rApocalypse  annonce  ravencnient 
o  et  la  mort.  »  Saint  Augustin  reconnoit  ^  que  Ton  croit 
a  qu'Henoch  et  Elie  ,  qui  sont  soumis  a  la  mort  en  la  per- 
«  Sonne  d'Adajn,  et  qui  portent  dans  leur  chair  une  se- 
tt mence  de  mort ,  doivent  revenir  dans  celte  vie  pour 
«  payer  ce  tribut,  et  subir  enfmla  mort  qui  leur  a  ete  si 
«  long-temps  differee.  »  Saint  Prosper  traite  fort  au  long 
de  la  mission  des  deux  temoins,  Elie  el  Henoch;  et  il  re- 
connoit que  «  comme  Dieu  a  envoye  conlre  Pharaon  dieux 
a  temoins ,  Moise  et  Aaron,  et  contre  Neron  deux  temoins, 
«  saint  Pierre  et  saint  Paul  ,  il  enverra  dc  meme  contre 
«  rAntechrist  deux  prophetes,  Henoch  et  Elie  :  Et  contra 
«  jiritichristum  duo,  Henoch  et  Elias prophe tee  ^.n  Saint  Jean 
Chrysostome  dit  :  «  Les  prophetes  font  mention  des  deux 
«  avenemens  de  Jesus-Christ,  et  ils  assurent  qu'Elie  sera 
«  le  precurseur  du  second  ^.  »  Saint  Cyrille  d'Alexandrie 
dit :  «  Elie  le  Thesbite  doit  un  jour  paroilrc  a  nos  yeux  , 
«  lorsqu'il  viendra  annoncer  a  tous  les  hommes  I'avene- 
«  ment  du  souverain  Juge  ^.  »  Theodoret  dit  :  «  L'Ante- 
«  christ  se  portant  a  ces  exces,  le  grand  Elie  paroitra  an- 
«  noncant  aux  Juifs  I'avenement  du  Seigneur".  »  Saint 
Gregoire-le-G rand  dit  «  qu'Elie  precedera  le  second  ave- 
«  nement  du  Seigneur  ^.  »  Ailleurs,  parlant  des  deux  te- 
«  moins,ildit  «  que  ces  deux  excellens  predicateurs  ont 
«  ete  soustrails  a  la  mort  pour  etre  a  la  fin  rappeles  et  em- 
«  ployes  au  ministere  de  la  predication  :  Duo  illi  priedica- 
«  tores  eximii  dilata  morle  subtracti  sunt ,  ut  ad  prcedica- 
«  tionis  usum  in  fine  revocentur  ^.  »  Ailleurs  il  les  nomme  , 
et  il  dit  que  «  par  la  predication  d'Elie  et  d  Henoch  ,  la  plu- 
«  part  de  ceux  d'entre  les  Juifs  qui  etoient  restes  jusqu'a- 
«  lors  dans  I'infidelile  reviendront  a  la  connoissance  de 
«  la  verite  :  Elia  et  Henoch  pnedicante ,  multi  ex  his  qui 
«  tunc  in  Judcea  in  injidelitate  remanserint ,  ad  cognitionem 

*Hieron.  iriMaU.xx.  Et  j'lirsus  in  Matt.  xvii.  Ipse  {Elias )  tfui  ventu- 
rus  est  tn  secundo  ad\>entu  Sal^atoris  juxta  corporis  Jidem.  —  ^  Hieron- 
ad  Marceliam,  ep.  olim.  148.  —  ^  Aug.  de  Gen.  ad  lilt.  lib.\^.  cap.  6.  — 
♦  Prosp.  in  Dim.  temp.  c.  i3.  —  '  Chrysost.  in  Matt.  horn.  58.  —  «  Cy rill- 
Alex,  in  Mai.  IV. — '  Theodoret.  in  Dan.  xn.  P'ide  et  in  Mai.  it.— ■*  Gjvg 
magn.  in  Evang.  hom.-;. — ^  Greg.  magn.  in  Job,  l.ix.  c.  3. 


8fi  DISSERTATIOW 

«  verkalis  redeunt  *.  »  Ailleurs ,  parlaiit  dc  I'Antechrist,  il 
dit  o   qu'Elie  et  Henoch  seront  envoyes  au  milieu  dcs 
«  hommes  pour  s'opposer  a  lui  :  Elias  et  Henoch  i7i  ejus  ex- 
n  probralionem  ad  medium  deducuniur  ^.  »  Mais  il  est  inutile 
de  pousser  plus  loin  cetle  tradition  ;  c'est  la  doctrine  de 
tous  les  siecles. 
Conversion      £|jg  gg,,^^  Jonc  alors  envoye ,  et  il  est  principalement 
]  ^miiiistere    ^lestinc  pour  retablir  Ics  tribus  de  Jacob  :  Restiluere  Iribus 
d'Elie,  Jacob.    C'est  done  alors  que  les  Juifs  seront  rappeles  et 

convertis  par  son  ministere.  Nous  ne  rassemblerons  point 
ici  toutes  les  preuves  que  les  divines  Ecrilurcs  nous  fournis- 
sent  de  leur  futur  retour  ;  nous  rernarquerons  seulement 
que  la  conversion  future  de  ce  peuple  est  clairement  an- 
noncee  par  saint  Paul  dans  I'epttre  auxRomains ,  chap,  xi. 
V  25.  et  26.  :  Quia  ccecilas  ex  parte  contigit  in  Israel ,  donee 
plenitudo  gentium  intraret ,  et  sic  omnis  Israel  salvus  Jieret. 
Nous  ajouterons  qu'elle  est  annoncee  par  les  anciens  pro- 
phetes,  principalement  sous  Ic  syrabole  du  rappel  de  la 
maison  d'Israel ,  et  de  sa  reunion  avcc  la  maison  de  Juda 
qui  represente  I'Eglise  de  Jesus-Christ  ^.  Enfin  ,  nous  ob- 
serverons  qu'elle  est  annoncee  par  saint  Jean  dans  I'Apo- 
calypse  sous  le  symbole  de  ces  cent  quarante-quatre  milie 
Israelites ,  qui  sont  marques  du  sceau  de  Dieu  precisement 
entre  louverture  du  sixieme  et  du  septicme  sceau  ;  ce  qui 
concourt  visiblement  avec  la  mission  des  deux  temoins 
qui  est  aussi  placee  de  meme  entre  le  son  de  la  sixieme  et 
de  la  septieme  trompette  ;  parce  que  ,  comme  le  remarque 
tres  bien  I'Abbe  de  la  Chetardie  ,  les  symboles  qui  accom- 
pagnentl'ouverture  des  septsceaux  etle  son  des  sept  trom- 
pettes  representcnt  I'histoire  de  I'Eglise  partagee  en  sept 
ages  ,  et  qu'a  la  fin  du  sixieme  age  doivent  se  rencontrer 
ces  deux  evenemens  ,  la  mission  des  deux  temoins  el  la 
conversion  des  Juifs. 

Et  certes  ,  «  quoique  nous  sachions ,  dit  ici  Malvenda  , 
«  que  ce  nombre  de  serviteurs  de  Dieu,  choisis  d'entre  les 
«  Juifs  pour  etre  marques  du  sceau  de  Dieu,  est  explique 
«  diversement  par  les  interpretes  ,  cependant  quelque 
«  grande  que  soit  1' obscurite  de  1' Apocal  ypse ,  nous  croyons 
«  que  ce  n'est  point  une  interpretation  etrangere  ,  que  de 
«  dire  que  par  ce  nombre  de  douze  mille  de  chaque  tribu 

^  Greg.  magn.  iiiEzech.  horn,  ii.- — -Id.  in  Job,  l.xy.c.  39. — '  Voyez 
les  prefaces  que  nous  avons  raises  a  la  lelc  dcs  livresdes  proplieles. 


SLR  L  a:stechrist. 

«.  d'lsrael,  marques  du  sceau  de  Dieu  ,  saint  Jean  a  enlcndu 
n  le  nombre  des  Israelites  qui ,  appeles  de  chaque  tribu... , 
u  einbrasseront  la  reliiiioii  rhretienne  vers  la  fin  du  nionde 
u  a  ia  predication  d'Elie  ct  d'Henoch  ,  recevront  le  saint 
«  bapieme  ,  cL  seront  marques  du  signe  de  la  croix  :  /« 
a  tmita  tamcn  ^pocalypsis  obscuriUUe  ,  haud  alicnam  illam 
a  interprclationem  exislhiMJuus ,  quco  docet  Joannem  hie  per 
a  numerum  istinn  duodecim  milliuin  signatorum  ex  unaqua- 
«  que  Israelidca   Iriha  ,  intcUexisse  ninnenim  Israelilarum  , 

I,  qui  ex  singulis  I  rib  ub  us in  jine  mundi ,  prcedicatione 

«  Henoch  el  Elia ,  christianam  religionem  amplectenlur ,  bap- 
«  tismale  sacro  iniliabunlur ,  el  signo  crucis  consignabuntur.  » 
Ensuile  il  fait  remarqucr  qu'enlre  les  anciens,  Victorin  , 
Andre  et  Vretas ,  eveques  de  Cesaree ,  ont  eu  oette  pensee. 
Victorin  dit  :  «  Saint  Jean  montre  ici  ie  nombre  de  ceux 
a  d'entre  les  Juifs  qui  seront  ramenes  a  la  foi  par  Elie.  » 
Andre ,  aprcs  avoir  presente  d'abord  un  autre  sens  , 
ajoute  :  «  Ou  ce  qui  nous  paroit  beaucoup  plus  crovable 
n  et  plus  vraisemblable,  c'est  ici  le  nombre  de  ceux  d'entre 
B  les  Juifs  qui  a  la  fin  des  siecles  seront  sauves  par  la  foi.  n 
Aretas  preferant  ce  sens  dit  aussi :  o  Cela  se  verifiera  d'une 
«  maniere  plus  parfaite  au  temps  de  I'Antechrist.  »  Entre 
les  modernes,  I'auteur  du  traite  attribue  a  Nicolas  Oresme 
remarque  expressement  «  qu'au  cliap  vii  de  1' Apocalypse 
«  il  est  dit  qu'un  grand  nombre  de  Juifs  sont  marques  du 
«  sceau  de  Dieu  ,  afin  quits  ne  perissent  pas  cntieremcnt 
u  par  la  seduction  de  I'Antecbrist ,  qu'ils  quitteront  pour 
u  retourner  a  Jesus-Cbrist  ^  lorsqu'ils  seront  rappeles  par 
«  la  predication  d'Elie  et  d'Henoch  :  Jpocal.  cap.  vii,  di- 
«  cilur  quia  de  Judceis  plurimi  signanlur ,  nc per  ilium  ( An- 
li  lichrislumj  lotaliter  percant ,  per  prcedicationern  Henoch  ct 
«  Elice  ab  ipso  ad  Christum  Dominum  revcrsuri  *.  »  Liran , 
Gagnee,  Ribera ,  Pereira ,  et  quelques  autrrs  ont  aussi 
adopte  celte  interpretation.  Mais  independamment  de 
cette  interpretation  ,  toule  la  tradition  a  reconnir  que  les 
Juifs  seront  rappeles  a  la  foi  par  le  ministere  d'Elie  a  la  fin 
des  siecles,  et  au  temps  meme  de  I'Antechrist.  On  peut  se 
rappeler  ici  ce  que  nous  avons  dit  ailleurs  de  la  liaison  in- 
timc  de  la  mission  d'Elie  ,  et  de  la  conversion  des  Juifs  , 
avec  le  regne  et  la  persecution  de  I'Antechrist  2. 

'  Nic.  Oresmti,  de  ^ndchr.  I.  in.  c.  lo.  — *\ojcz\a  Preface  stir  Mar 
lachi'e,  torn,  xtii,  ot  la  Disseitation  sur  les  sigiies  dc  la  mine  tie  J,rifs<i- 
lem  el  du  dernier  ave'nementde  Jesus~Ch:st,loni.  xtx. 


88  DISSEKTATIO?« 

Gorversion      ^  m^me  qu' autrefois  saint  Pierre  fut  choisi  pour  an- 

d'une  multi-  noncer  I'Evangile ,  principalement  aux  circoncis,  et  saint 

lude  innotn-    Paul  pour  Tannoncer  principalement  aux  incirconcis  ' ,  do 

hrable  de        meme  a  la  fin  des  temps ,  Elie  sera  envoye  principalement 

mini'stere^'^  ^  pour  retablir  les  Iribus  de  Jacob  ,  et  Henoch  principale- 

d'H''noch  et   ment  pour  faire  cntrer  les  nations  dans  la  penitence  :  Ut 

par  Ve-nemi>le  del  gentibus  panitentiam.  Mais,  d'ailleurs,  selon  la  remar- 

etlezeledes    que,  et  selon  les  expressions  memes  de  I'Apotre  :  Si  la 

chute  des  Juifs  a  ete  la  richesse  da  monde ,  et  sileiir petit  nom- 

bre  a  ete  la  richesse  des  gentils ,  combien  leur  plenitude  enri- 

chira-t-elle  le  monde  encore  davantage  P  Si  leur  reprobation  est 

devenue  la  reconciliation  du  monde  ,  que  sera  leur  rappel ,  si- 

non  un  retour  de  la  mort  d  la  vie  ^  ?  Des  a  present  disperses 

partout ,  ils  annonceront  partout  I'Evangile  ;   ils  seront 

alors  comma  une  semence  sainte  qui  en  peu  de  temps  pro- 

duira  une  abondante  moisson.  Aussi  voyons-nous  qu'a- 

pres  que  les  cent  quarante-quatre  mille  Israelites  ont  ete 

marques  du  sceau  de  Dieu  ,  saint  Jean  voit  paroitre  devant 

ie  trone  de  Dieu  U7ie  multitude  innombrable ,  turbam    ma- 

GNAM   QLAM  DINUMERARE  NEMO    POTERAT  ,    de    tOUtC   nation^   de 

loule  tribu ,  de  tout  peuple  ,  et  de  toute  langue  ,  vetus  de  robes 
blanches  ,  et  tenant  des palmes  en  leur  main  ^ .  Et  il  lui  est  dit 
precisement  que  ce  sont  ceux  qui  sont  venus  de  la  grande  tri- 
bufdztion:  Ovxoi  daiv  oi  Ipj^ofzcvot  f/.  zri^  S"}.r-{;;w;  iric,  txiyaJr,:;,  *; 
ou  il  faut  bien  remarquer  qu'on  ne  lui  dit  pas  simplement 
qu'ils  sont  venus  d' une  grande  tribulation ,  iy.  S-}.t'^£oo;  ^syo:- 
}:riq,,  mais  qu'ils  sont  venus  de  la  grande  tribulation,  eKX-/iQ 
y/Mzw-Tvii  u.syJ}:ri;,  c'est-a-dire  de  cette  derniere  tribula- 
tion que  I'Ante.christ  doit  alors  exciter,  et  qui  sera  la  plus 
grande  que  I'Eglise  ait  jamais  eprouvee.  Dieu  appellera 
done  alors  une  multitude  innombrable  d'elus  de  toutes  les 
nations  ,  qui  passeront  tons  par  cette  grande  tribulation  : 
OuTOj'  ehiv  ol  epy6fj.evot.  iz  to;  S-At^l^ew;  r/y;  ^lydlriz.  Et  plus 
loin  ,  lorsque  saint  Jean  voit  paroitre  ces  cent  quarante- 
quatre  mille  Israelites  avec  I'Agneau  sur  la  montagne  de 
Sion  ^  ,  aussitot  il  ajoute  ^  qu'il  vit  un  autre  ange  qui  voloil 
par  le  milieu  du  del portant  I' Evangile  etemelpour  I' annoncer 
dtous  ceux  qui  sont  sur  la  terre  ,  a  toutes  les  nations  ,  a  toutes 
les  tribus ,  d  toutes  les  langues  ,  et  d  fous  les peuples ,  disant  d 
haute  voir  :  Craignez  Dieu,  et  rendez-lui  gloire , parce  que 

*  Gal.  II.  7.  8. — -Rom.  xi.  11.  tS. — ^  Apoc.  vn.9. — ^J]x)c.  vii.  14. — 
'  Jpoc.  .\iv.  I .  ctseqcj. — *  jdpoc.  XIV.  G.  ef  7. 


stR  l'a!«techrist.  8g 

r funre  d4  son  jugement  esl  veiiue  ;  el  adorez  celui  qui  a/ait  le 

id  et  la  terre ,  la  mer  et  ks Jontaines .  Ce  sera  principale- 

uient  Henoch  qui  sera  le  ininistre  de  cette  predication  en 

faveur  desgentils  :  a  sa  predication  sejoindront  Texemple 

(tie  zeletles  Juifs  coiivertis  parle  niinistered'Elie;  etc'est 

linsi  que  se  forniera  sur  la  terre  cette  multitude  innom- 

brabie  de  toute  nation  qui  doit  elre  appelee  lorsque  I'heure 

du  juj^ement  sera  proche  ,  et  qui  doit  passer  par  la  grande 

tribulation  qui  precedera  celte  heure  si  terrible  pour  les 

mechans  ,  et  si  desirable  pour  les  elus. 

C'est  done  alors  que  doit  s'elever  cette  grande  tribula-  L'Aniechrist 

tion  :  le  souffle  des  quatre  vents  jusque-la  suspendu  se  re-  "surptrale 

pandra  enfiu  sur  la  terre  pour  v  exciter  la  terapete  la  plus  """^ ,?    '  ."^ 
cc  II  '     '     i      ^  tt  1     ■  11  '  -1      inlenlira§t-il 

iitreuse  et  la  plus  generate.  L  Antecnrist,  abandonne  cles  i,.  cultedes 

luifs  et  d'une  multitude  innombrable  de  gentils,  excitera  idoles? 

contre  eux  toute  la  fureur  des  ennemis  du  nom  chretien. 

hisque-la  il  avail  seulemenl  affecte  le  nom  de  Christ  et  de 

Messie  ^  pour  s'attacher  les  Juifs  ;  et  s'il  avoit  ose  prendre 

plus  tot  le  nom  de  Dieu  ,  cela  seul  aaroit  suffi  pour  les 

eloigner  de  lui.  Mais  abandonne  d'eux ,  il  ne  craindra  plus 

de  s'elever  jusqu'a  se  faire  rendre  les  hommages  divins  ; 

c'est  alors  que,  selon  I'oracle  de  I'Apoire,  cet  inipie  s'e- 

llvera  aii-dcssus  de  tout  ce  qui  est  appele  Dieu,  on  qui  est 

adore  ,  jusqu'd  s'asseoir  dans  le  temple  de  Dieu, ,  voulant  lui- 

mime passer  pour  Dieu  '.  Et  saint  Jean  nous  annonce  qu'en 

effet  cette  bete  dont  il  parle  et  qui  represente  cet  impic  , 

sera  adorec  par  tous  ceux  qui  habitent  sur  la  terre  ,  dont  les 

noms  ne  sont  pas  ccrits  dans  le  litre  de  vie  de  I' Agneau  ^.  Il  va 

plus  loin  ,  et  il  nous  dit  ^  qu'il  vit  une  autre  bete  qui  monloit 

de  la  terre ,  au  lieu  que  la  premiere  etoit  montee  de  la  mer ; 

cette  scconde  bete  avoit  deux  comes  semblables  d  celles  de 

I'Apicau  ,  mais  elle  parloit  comme  le  dragon.  La  suite  des 

lemps  nous  apprendra  quelle  est  cette  seconde  bete  ,  que 

>aint  Jean  appelle  ailleurs  Ic  faux  prophete  de  la  bete  ^,  et 

diiiit  on  ne  pourroit  parle r  maintenant  que  par  conjecture. 

Nous  remarquOns  seulementici  que  selon  le  temoignage 

de  saint  Jean,  cette  seconde  bete  seduisit  ccux  qui  habitent 

sur  la  terre  a  cause  des  prodigcs  quelle  exit  le  pouioir  de  faire 

dcvant  la  premiere  bctc  ,  en  disant  d  ceux  qui  habitent  sur  lei 

terre  qu'ils  drcssassenl  une  image  a  la  btle. . .  Et  il  luifut  donne 

'a.  'lliess.  II.  4 — ^  Jpoe.  x«".  s ^Jpoc.  xiii.  n.  elsetfq.—*Jffoc. 

X\I.    iS.  XIX.  20.  xt.    lo. 


«0  DJSSEKTATiO 

le pouvoir  d'animcr  I' image  de  la  bete  ,  ajin  que  celte  image 
parldty  etdejaire  luer  tons  ccux  qui  n  adoreroient pas  V image 
de  la  bete  \  On  adorera  done  ct  I'Anlccliristet  son  image, 
et  c'est  ce  qui  donncra  lieu  a  celte  terrible  et  violente  per- 
secution qui  doit  s'elever  alors  ,  en  sorte  qu'il  y  aura  peine 
de  mort  prononcee  contre  tous  ceux  qui  n'adoreront  pas 
la  bete  ou  son  image.  L'Antechrist  se  fera  adorer  dans  Ic 
lieu  de  sa  residence ;  ct  dans  les  villes  et  les  provinces 
eloignees  ,  on  adorera  son  image  ,  sa  statue  ,  son  idole. 

Yoila  done  une  idolatrie  qui  sera  repandue  alors  par 
toute  la  terre.  Mais  I'Antecbrist  interdira-t-il  toute  autre 
especed'idolatrie,  lout  autre  culted'idoles?  C'estl' opinion 
commune.  Saint  Ircnee  dit :  «  II  deprimera  les  idoles,  pour 
«  persuader  qu'il  est  le  seul  vrai  Dieu,  se  mettant  ainsi  lui 
«  seul  a  la  place  dc  toutes  les  idoles^.  »  Saint  Cyrille  de 
Jerusalem  dit  que  «  I'Antecbrist  aura  en  baine  les  idoles  , 
«  mais qu'il  s'assiera  lui-meme  dans  le  temple  de  Dieu  pour 
«  se  faire  adorer^.  »  Saint  Jean  Chrysostome  dit  que 
<(  I'Antecbrist  n'entrainera  point  les  bommes  dans  I'idola- 
«trie,  mais  qu'il  s'elevera  lui-meme  contre  Dieu,  qu'il 
«  renversera  et  deprimera  tous  les  Dieux,  et  se  fera  lui- 
«  meme  adorer  comme  Dieu"*.  » Saint  Jerdme  dit  que  «  I'An- 
«  tecbrist  s'opposera  a  Jesus-Cbrist,  et  que  cVst  pourcela 
«  meme  qu'il  est  appele  AnlcchrisL  ^  ct  qu'il  s'elevera  au- 
*y  dessus  de  tout  ce  qui  est  appele  Dieu,  en  sorte  qu'il  fou- 
«  lera  aux  pieds  les  dieux  cle  toutes  les  nations,  et  toute 
«  religion  recue,  ainsi  quela  religion  veritable;^M/  advcrsa- 
«  lur  Chrislo,  et  ideo  t^ocrt/Mr  Antichristus;  et  extollilar  supra 
«  omne  quod  dicitur  Deus ,  ul  cunctarum  gentium  deos  ,  sive 
ta  probatam  omnem  el  vcram  religionem ,  suo  calcet pede^ .  » 

Cette  opinion  est  done  fondee,  i"  sur  le  texte  de  saint 
Paul ,  qui  dit  que  eel  impie  sera  un  adversaire  qui  s'elevera 
au-dessus  dc  tout  ce  qui  est  appele  Dieu,  ou  qui  est  adorf^ ; 
2°  sur  la  propbelie  du  cbap.  xi  de  Daniel  qui  dit  que  le  roi 
du  septentrion/cVtr^^m  et  porlera  lejaste  de  son  orgueil  contre 
tout  bien  ;  o^\' il  pari  era  insolemmcnt  contre  le.Dieu  des  dieux  ; 
fYOi'il  n'aura  aucun  tgard  an  Dieu  d£  ses  pcrcs ;  et  qa'ifne  se 
souciera  de  quclque  Dieu  que  ce  soit^ . 

Mais  quant  a  la  propbelie  du  cbap.  xi  de  Daniel,  nous 

^jdpoc.  xiir.  1 4.  el  1.1.  —  ^  I/vn.  adv.  hceres.  I.  v.  c.  2.5.  —  ^  Cyrill. 
Uieros,  catech.  i5. — *  Clays,  ini.  Thess.  11.  —  '  Hieron.  ad  jdlgasiam, 
qucest.  II. — "  2.  Thess.  yu  4. — "  Dan.  xi.  36.  37. 


SUH  L  A^fTECHRIST.  QI 

avons  deja  fait  remarquer  que  Ic  roi  du  septentrion  dont 
elle  parle  est  Antiochus  Epiphancs,  en  qui  elle  se  trouvc 
verifiee.  «  Epiphanes  ,  dit  lloUin ,  iraduisoit  toutes  les 
a  religions  en  ridicule.  11  pilla  les  temples  de  la  Grece  ,  et 
a  voulut  encore  depouiller  celui  d'Elymaide  :  et  il  exerca 
a  principalement  sa  fureur  inipie  contre  Jerusalem  et  les 
o  Juifs".  »  D'ailleurs  celte  prophetic  ne  dit  pas  qu'il  ren- 
versera  les  idoles,  et  qu'il  en  interdira  le  culte ;  elle  dit 
seulement  qu'il  les  meprisera  ,  et  qu'il  s'elevera  au  -  dessus 
d'elles  :  Ele.vahitur  et  magnificabitur  adversus  omnem  Deiim; 
ou  selon  I'licbreu  rendu  plus  littcralement,  supra  omnem 
Deum^. 

Et  c'est  aussi  ce  que  dit  I'Apotre,  en  parlant  de  I'Ante- 
chrisl :  Cet  impie  s'elevera  au-dessus  de  lout  ce  qui  est  appeU 
Dleu ,  ou  qui  est  adore  :  Extollitl  r  supra  omne  quod  dicitur 
Decs,  aut  quod  colitur.  Car,  comme  le  remarque  tres 
bien  saint  Jerome,  il  ne  faut  pas  confondre  dans  ie  texte 
de  I'Apolre  adversalur  avec  cxtollilur;  ces  deux  expressions 
renferment  deux  caracteres  difTerens  de  I'Antechrist  :  il 
sera  oppose  a  Jesus-Christ,  et  il  s'elevera  au-dessus  de  tout 
ce  qui  est  appe'e  Dieu  :  c'est  ainsi  que  saint  Jerome  meme 
I'explique ,  comme  on  vicnt  de  le  voir  :   Qui  adversatur 
Christo  ,  et  extollitur  supra  omne  quod  dicitur  Deus.  II  s'op- 
posera  a  Jesus-Christ;  etcest  pour  cela  meme  qu'il  est  ap- 
pele  Antechrist  :  Qui  adversalur  Christo ,  el  ideo  vocatur 
Aktichristus  ;  et  il  est  visible  que  c'est  cela  meme  que  I'A- 
potre marque  par  I'expression  6  u'jxiY.iiu.z'jo:,  qui  pourroit 
meme  signifiersimplement  quicst  adversarius.  Mais  I'Apotre 
nc  dit  pas  qu'il  s'opposera  au  cuke  des  idoles  ;  il  dit  seule- 
ment qu'il  s'elevera  au-dessus  de  toutes  les  idoles  :  jE"/ £;^- 
lollitur  supra  omne  quod  dicitur  Deus.  S'il  interdisoit  le  culte 
de  toutes  les  idoles,  il  pourroit  trouver  de  I'opposition 
dans  les  infideles  memes  ;  mais  laissanrsubsister  le  culte  de 
toutes  les  idoles  ,  etse  conciliant  ainsi  la  multitude  des  in- 
fideles, il  se  contentera  de  se  faire  adorer  comme  le  pre- 
mier de  tous  les  dieux  ;  et  I'eclat  de  sa  puissance  lui  attirera 
de  la  part  des  infideles  cet  hommage  qui  laissera  subsister 
toutes  leurs  autres  superstitions  :  Et  extollitur  supra  omne 
quod  dicitur  Deus, 

II  y  a  plus  ;  c'est  qu'il  semble  que  saint  Jean  insinue  cela 
dans  I'Apocalypse.  Et  d'abord  il  nous  rapporte  que  dans 

*  Hist.anc.l.xv-ii.  art.  2.  §  4.— "Sx  SsSy  SliTI'l 


92  DISSERTATION 

une  autre  vision  oa  cette  meme  bete  lui  fut  monlree,range 
lui  (lit :  La  bete  que  vous  avez  vue  etoit ,  elle  nest  plus ,  et  elle 
doit  monler  de  I'ahtme,  et  perir  ensuite  malheureusement ;  et 
les  hahitans  de  la  ten'e  dont  les  noms  ne  sont  pas  ecrits  dans  le 
livre  de  vie  des  le  commencement  du  monde ,  s' etonneront  de 
voir  cette  bete  qui  etoit,  qui  n  est  plus ,  et  qui  doit  venir^ .  Cette 
bete  sur  laqueile  etoit  alors  montee  la  grande  proslituee  , 
representoit  dans  cette  vision  I'empirc  romain  dont  Rome 
paienne  etoit  la  capitale.  Get  empire  idolalre  etoit  au  lemps 
des  persecuteurs  paiens;  il  n'existe  plus  depuis  Constan- 
tin;  mais,  selon  cette  parole  de  I'ange  ,  il  doit  reparoitre 
pour  perir  ensuite  malheureusement :  et  les  habitans  dela 
terre  s'etonneront  de  voir  cet  empire  idolatre  qui  etoit , 
qui  n'est  plus,  et  qui  alors  reparollra.  Ce  n'est  pas  tout; 
cette  bete  avoit  sept  tetes;  et  I'ange  dit  a  saint  Jean  :  Ces 
sept  teles  sont  sept  rois  ;  dont  cinq  sont  marts  ;  il  en  reste  un  ,  et 
t autre  n'est  pas  encore  venu,  et  quand  il  sera  venu ,  il  doit 
demeurer  peu  detemps^.  Nous  pourrions  faire  remarquer 
avec  I'abbe  de  la  Chetardie  que  ce  dernier  est  ou  Julien 
I'Apostat  qui  entreprit  de  rctablir  I'idolatrie,  ou  plutot 
I'Antechrist  represente  par  Julien ,  et  que  les  six  autres 
sont  les  six  principaux  tyrans  qui  ont  persecute  I'Eglise 
dans-les  trois  premiers  siecles  :  Neron,  Domitien  ,  Dece  , 
Valerien,  Aurelien  et  Diocletien.  Or  ,  lorsque  saint  Jean 
voit  cette  bete  monter  de  rabime,  il  nousdit^  qu'elle  avoit 
recu  une  plaie  mortelle  dans  I' une  de  ses  sept  tetes ,  et  qu'a- 
lors  cette  plaie  fut  guerie;  et  toute  la  terre  etonnee  suiuit  la 
bete.   L'empire   idolatre  a  recu  une  plaie  mortelle  dans 
I'unetle  ses  sept  tetes,  c'est-a-dire  dans  la  personne  de 
Diocletien ,  en  qui  cet  empire  a  commence  d'expirer ; 
mais  au  temps  de  I'Antechrist  cette  plaie  mortelle  sera 
guerie  :  I'empire  idolatre  sera  done  alors  retabli ,  non  par 
un  ordre  expres,  mais  par  une  tolerance  impie  ;  et  c'est 
cela  meme  qui  entrain  era  dans  le  parti  de  I'enncmi  de  Je- 
sus-Christ toute  la  multitude  des  infideles :  Et  plaga  mortis 
ejus  curata  est;  et  admirata  est  universa  terra  post  bestiam. 
C'est  aussi  par  ce  motif,  selon  saint  Jean^,  que  le  fauxpro- 
phete  de  la  bete  persuadera  aux  habitans  de  la  terre  de 
dresser  une  image  a  cette  bete,  qui  represente  en  meme 
temps  I'Antechrist  et  son  empire  :  il  leur  dira  de  dresser 

*  Jimc.  XVII.  8. — ^  Ayoc.  xvii.  lo. — ^ 4poc.  xni.  3.  12. — ^Jpoc.  xm- 
14 


SUK  l'antechiust.  gS 

uno  iina<^e  a  la  b^leqiii ,  ayant  ete  blcssce  par  I'epec  ,  sera 
oopcndant  encore  vivante.  C'est  clans  I'une  de  ses  teles 
tiu'elle  a  ele  blessee;  c'est  par  I'une  de  ses  teles  qu'ellc 

I  Hvivra  :  elle  a  (3te  blessee  ii  morl  dans  la  personne  de  Dio- 
t  leiicn  ;  elle  revivra  dans  la  personne  de  I'Anlechrist :  et 
Ic  faux  prophcte,  pour  engager  plusaisement  !a  multitude 
dcs  infideles  dans  le  parti  de  eel  impie  ,  les  invitera  ,  en 
leur  reprc>sentant  que  c'est  a  lui  qu'ils  doivcnt  le  rcjiablis- 
seraent  de  I'empire  idolatre  :  Dicens  hahilantibiis  in  lend , 
ut  faciantimuginem  heslice  quce  habet plagam  gladii,  et  vixil. 

II  y  a  plus  encore;  c'est  que  saint  Jean  dit  expressement* 
que  ceux  qui  adoreront  la  bete ,  adoreront  aussi  le  dragon, 
c'est-a-dire  le  demon  meme  dans  leurs  idoles.  Ils  adore- 
i.ENT,  dit  saint  Jean ,  le  dragon  qiiiavoit  Jonne  sa  puissance 
a  la  bile,  et  ils  adorerem  la  bete,  en  disant :  Qui  est  sem- 
hlablf  a  la  bete ,  et  qui  pourra  combattre  contre  cllc?  Voila 
deux  cultes  differens  bien  distingues,  et  qui  subsistent  en 
m^me  temps  ;  le  culte  du  dragon  ,  et  le  culte  de  la  bele  ; 
le  culte  du  demon  ,  et  le  culte  de  rAntecliristqui,  sans  in- 
terdire  le  culte  des  idoles,  se  contentera  de  s'eiever  au- 
dessus  de  tdfiteslcs  idoles  :  Et  adorayerlnt  draconeji,  qui 
dtdil poteslalem  bestice  :  et  adoraverunt  bestiam,  (//c^w/^^  .• 
Quis  similis  bestia: ,  et  qnis pcterit pugnare  cum  ea? 

Mais  tandis  que  cet  impie  tolerera  le  culte  profane  des    inti  rdiction 
idoles  ,  et  se  fera  rendre  a  lui-meme  un  culte  sacrilege  ,  il  Ju  culte  de  la 
lournera  toute  sa  fureur  contre  le  peuple  fidele ,  et  s'effor-  '■p''8'o"  chre- 
cera  d'abolir  le  culte  divin  de  la  religion  chretienne.  C'est  pAn'tecbrist. 
ce  que  Daniel  annonce  lorsqu'au  chap,  xii  de  sa  prophe- 
tie,  il  marque  le  temps  d'une  dcisolation  alTreuse  au  milieu 
de  laquelle  le  sacrifice  perpclucl  sera  aboli'~.    On  pretend  y 
rapporter  aussi  les  propheties  des  chap,  vni  et  xi,  ou  I'a- 
boliticm  da  sacrifice  perpeluclle  se  trouve  aussi  marquee'. 
Quelques-uns  y  ajoutent  meme  la  prophetic  du  chap,  ix, 
ou  se  trouve  annoncee  V abolition  des  sacrijices  au  milieu 
de  la  demiere  des  septanle  semaines*. 

Mais  quant  a  la  prophetic  du  chap,  ix,  elle  regarde  uni- 
quement  I'abolition  des  sacrifices  anciens  par  I'etablisse- 
ment  du  sacrifice  nouvean,  c'est-a-dire  par  la  mort  meme  de 
Jesus-Christ  au  milieu  de  laderniere  desseptantese<naines, 
que  Ton  pretendroit  en  vain  etendre  au-dela.  Les  septanle 

*  Jpoc.  xin.  4. — *  Dan.  xii.  ii. — ^  Dan.rw.  1 1.  ra.  i3.  et  xi.  3i. — 
*  Dan.  i\.  27. 


9^  D£S8RKTAT10H 

semaines  annoncees  par  Daniel  se  lerminent  a  la  raort 
de  Jesus-Christ,  laquelle  sc  trouve  precisemcnt  au  milieu 
dela  derniere,  comme  Daniel  I'avoit annonce  :  nous  I'avons 
montre  ailleurs  *.  Cette  prophetic  est  pleinement  accom- 
plie:eten  vainen  attendroit-onunnouvelaccomplissement. 
Quant  aux  propheties.  des  chapitres  viii  et  xi ,  nous 
avons  fait  remarquer  que ,  selon  la  lettre  ,  elles  regardent 
Antiochus  ;  et  elles  ont  ele  accomplies  en  lui.  Les  livres 
des  Machabees  nous  apprennent  ^  que  ce  prince  impie 
ayant  rendu  une  ordonnance  qui  obligeoit  tous  les  Juifs 
de  changer  de  rehgion  sous  peine  de  la  vie ,  envoya  a  Jeru- 
salem des  officiers  avec  ordre  de  souiller  le  temple,  et  d'y 
faire  cesser  le  culte  du  Seigneur,  lis  dedierent  cc  temple 
a  Jupiter  Olympien  ,  et  y  placerent  sa  statue,  lis  erigerent 
dans  toute  la  ville  des  temples  et  des  autels  profanes ,  et 
contraignirent  les  Juifs  d'y  sacrifier,  et  de  manger  des 
viandes  immolees  aux  idoles. 

Mais  quant  a  la  prophetic  du  chapitre  xii,  il  est  evident 
qu'elle  ne  peut  regarder  que  le  temps  de  I'Antechrit , 
parce  qu'il  y  est  clairement  parle  de  la  resurr^tion  gene- 
rale  qui  doit  suivre  cette  derniere  desolation.  C'est  ce  qui 
faisoit  dire  a  saint  Jerome  au  commencement  de  ce  cha- 
pitre ^  :  «  Jusqu'ici  Porphyre  s'est  soutenu  comme  il  a 

a  pu Mais  que  dira-t-il  de  ce  chapitre  ou  se  trouve 

a  marquee  la  resurrection  des  morts ,  dont  les  uns  ressus- 
«  citent  pour  la  vie  eternelle  ,  et  les  autres  pour  un  op- 
o  probe  qui  ne  finira  jamais?  Haclenus  Porphyrius  utcum- 
«  que  se  tenuit —  De  hoc  capilulo  quid  diclurus  est ,  in  quo 
«  mortuorum  describilur  resurrectio  ,  aliis  suscilatis  in  vitam 
«  atemam ,  aliis  in  opprobrium  scmpilernum?  »  Et  quand  il 
vient  a  I'endroit  ou  Daniel  dit  que ,  depuis  le  lemps  oil 
le  sacrifice  perpetuel  sera  aholi ,  et  oil  V abomination  de  la 
desolation  sera  etablie  ,  il  se  passera  mille  deux  cent  quatre- 
vingt- dix  jours  y  il  s'exprime  ainsi :  «  Porphyre  pretend 
«  que  ces  mille  deux  cent  quatre-vingt-dix  jours  de  de- 
«  solation  ont  ete  accomplis  au  lemps  d' Antiochus  ,  et 
«  dans  la  desolation  du  temple  ,  tandis  que,  comme  nous 
«  I'avons  fait  remarquer  ,  Josephe  et  le  livre  des  Macha- 
«  bees  marquent  que  cette  desolation  ne  dura  que  trois 

*  Voyez  la  Dissertation  sur  les  septante  semaines ,  a  la  t6te  de  la  prophe- 
tic de  Daniel,  torn.  xvf.  —  *  i.  Mach.  i.  3o.  et  seqq.  et  i.  Mach.  vi.  i.  et 


seqq. 


-^Hieron.  in  Dan.  xii. 


S'        I    ANTECMRIST.  9> 

;iiis  '.  D'ou  il  estclair,  Ex  quo  pcrspicaum  est ,  que  ces 
"  Uois  ans  et  clemi  doiit  Daniel  parle  ici,  regardent  le 
>.  temps  de  I'Antcchrist ,  qui  pcrsecutera  les  saints  pen- 
>;  ii!t  irois  ans  et  denii ,  c'est-a-dire  pendant  douze  cent 
.  ..iire-vingt-dix  jours  ;  Ex  quo  perspicuiim  est  Ires  islos 
el  semis  annos  de  Antichrislidicitemporibus,  qui  tribiis  et 
semis  annis  ,  hoc  est  mille  duccntis  nonaginta  diebus  sanclos 
persecuturus  est.  Ainsi,  ajoutc-l-il ,  depuis  I'abolitionde  ce 
que  les  Grecs  appellent  e'voz/.i/t^jio; ,  et  que  nous  avons 
rendu  par  jige  sacrificilm,  le  sacrifice  perpetual ,\ots- 
"  que   I'Anlechrist  occupant  toute  la   terre ,  aura  inter- 
«  dit  le  cuke  de  Dieu,  jusqu'a    sa  mort,   il   se  passera 
u  trois  ans    et  demi ,  c'est-a-dire    douze  cent    quatre- 
vingt-dix  jours.  A  tempore  igitur  abJationis   vjozi:/i'zu/^\)  , 
quod  lies  intcrprctati  sumus  jlge  sacrificilm,  quando  An- 
tichristus  orbem  obtinens ,  Dei  cullum  inlerdixerit,  usque  ad 
interfeclionem  ejus ,  tres  et  semis  anni ,  id  est  mille  ducetUi 
el  nonaginta  dies  complebuntur.  »  Quelques-uns  ont  nienie 
pcnse  que  sous  le  nom  de  sacrijice  ptrpetud  est  ici  designe 
specialemenl  le  saint  sacrifice  de  la  messe  ,  qui  est  la  par- 
tie  la  plus  essenlielle  du  culte  de  Dieu,  etle  vrai  sacrifice 
perpeiuel  qui  a  succede  aux  sacrifices  de  I'ancienne  loi. 
C'est  le  sentiment  de  Liran  ,  de  Maldonat ,  de  Bellarmin  , 
de  Suarcs  ,  de  Malvenda  et  de  plusieurs  autres;  non  que 
ce  sacrifice   doive  jamais  eire   entieremcnt  aboli,   mais 
parce   que  I'ennemi  de   Jesus-Clirist  fera  tout  ce   qu'il 
pourra  pour  I'abolir  ,  qu'il  en  lera  cesser  entierement  la 
elebration  publique,  en  sorte  qu'au  milieu  de  cette  yio- 
icnte  persecution  il  ne  sera  plus  possible  de  I'offrir  que 
dans  le  plus  profoud  secret,  comme  autrefois  au  temps  des 
persecutions  que   I'Eglise  eut   a  souflrir  des  empereurs 
paiens  :  c'est  la  remarque  et  I'expression  de  Malvenda  : 
Sic  enim  olim  fieri  consueverat  in  primceva  Ecclesia,  quando 
principes  seculi immanitcr debacchabantur  in  Christianos  ~. 

L'Antechrist  nc  se  contentera  pas  d'interdire  le  culte     Persecution 
sacre ,  il  y  aura  peine  de  mort  prononcee  contre  le  peuple  del'Ante- 

fidele.  Saint  Jean  nous  le  declare  expressement.  Et  d'a-f'"'^Tr* 
1         1  ,  ,  ,..,*,.  ,  ^ -1    '^  peuple  n- 

oora ,  pariant  des  deux  temoms,  il  nous  dit  qu  apres  qu  lis  j^ig;  sa  du- 

auronl  ac/ieie  f/e  rendre  leiir  temoignage  ,  la  bite  qui  monte  de  ree. 

/'a^/'w^,  c'est-a-dire  1' Antechrist ,  leiir fera  la  guerre,  les 

'  I.  Mach.  I.  5-.  IV.  S2,  clseqq.  —  -  Mulv.  de  Jntichr.  lib.  ix.  cap.  it. 


g6  DISSERTATIOIT 

vaincra,  el  les  tucra  '.  Plus  loin  ,  decrivanl  et  caraclerisant 
cette  bete  ,  il  ditqu'e//^;  reciiL  le poiivoir\de faire  la  guerre  ^  ; 
et  Lientot  apres  ii  s'explique  en  ajoutant :  il  liiifut  donne 
de  faire  la  guerre  aux  saints  ct  dc  les  vaincre  ^ ;  c'est-a-dire 
de  les  persecuter  et  de  les  faire  mourir  ,  comme  elle  aura 
fait  mourir  les  deux  temoins.  El  la  puissance  luifuldonnie, 
continue  saint  Jean  ,  sur  les  homines  de  toute  Irihu ,  de  lout 
peuple  ,  de  loule  langue  et  de  toute  nation.  Celte  persecution 
sera  done  universelle.  Enfin  saint  Jean  parlani  de  la  se- 
conde  bete  qui  est  le  faux  prophete,  dit  preciscment  qu';/ 
lui  Jut  donne  de  Jaire  tuer  Lous  ceux  qui  nadoreroienl  pas 
Vintage  de  la  premiere ^e/e  *.  C'est  done  alors  que  doit 
s'elever  cette  grande  tribulation  ^  par  laquelle  doit  passer 
cette  multitude  innombrable  d'elus  de  toule  nation  et  de 
tout  peuple  qui  paroissent  a  la  suite  de  cent  quarantc- 
quatre  mille  Israelites.  C'est  done  alors  qu'arrivera  cette 
desolation  affreuse  dont  il  est  parle  au  chap,  xn  de  la  pro- 
phetic de  Daniel,  lorsque  Fange  lui  dit  :  //  viendra  un 
lemps  lei  qu'on  n'en  aura  point  vu  dc  semblable  dcpuis  que  les 
peuples  sont  ctablis  jusqu' alors  ^.  Jamais  il  n'y  aura  eu  de 
persecution  ni  si  universelle  ni  si  sanglante  que  cellc  que 
i'Eglise  eprouvera  alors  de  la  part  de  cet  impie.  Saint  Je- 
rome reconnoit  que  c'est  la  le  sens  le  plus  veritable  dc 
cette  prophetic  de  Daniel  :  Tempore  autem  Antichristi 
talem  tribulationem  fore ,  qualis  numquam  fuit  ex  quo  gentes 
esse  cceperunt ,  verius  intelligilar. 

Combien  de  temps  cette  persecution  durera-l-elle?  Da- 
niel et  saint  Jean  nous  le  marquent  expressemcnt.  Daniel 
ayant  demande  jusqu'a  quand  seroit  differee  la  fin  de  ces 
choses  etonnantes  ",  il  lui  fut  repondu  qu'elles  dureroient 
un  temps,  deux  temps  et  la  moitie  d'un  lemps.  Saint  Jean  par- 
lant  de  la  bete  qui  representc  I'Antechrist  et  son  empire  , 
nous  dit  aussi  que  le  pouvoir  lui  fut  donne  de  faire  la 
guerre  durant  quarante-deux  mois  ^.  Cette  parole  myste- 
rieuse  pourroit  designer  en  meme  temps  la  duree  de  I'em- 
pire  antichretien  marque  par  cette  bete ,  et  la  duree  de  la 
persecution  de  I'Antechrist  marque  par  I'une  des  sept 
tetes  de  cette  bete.  Ces  quarante-deux  mois  font  precise- 
ment  I'intervalle  de  trois  ans  et  demi ,  qui  repondent  aux 

*  Apvc.  »i.  7. — -  Apoc.  xni.  5. —  '  Jpoc.  xm.  7.  — ''  Apoc.  xin.  i5, — 
*  Apoc.yn.  i4- — ^  Dan.  xn.  i. — '  Hieron.  in  Dan.  xn.  — ^  Dan.  xn.  fi.  7. 


SUB  l'antechrist.  97 

Irois  temps  et  tlemi  marques  de  m^me  par  Daniel  en  par- 
lant  do  rcmpirc  antichretien  *,  eten  parlant  dc  la  jicrse- 
cution  do  TAntcchrist  ^.  Enfin  nous  venons  de  voir  que 
^elou  la  prophelie  de  Daniel,  dcpuis  que  le  sacrifioe  pL-r- 
petucl  aura  ete  aboli  il  se  passera  milk  deux  cent  quairc- 
vingt-dix  jours  ^.  Nous  avons  vu  aussi  que  saint  Jerome 
*?toit  persuatle  que  ces  mille  deux  cent  qualre-vingl-div 
jours  sont  le  menie  intervalle  que  les  trois  temps  ct  demi 
dont  il  avoit  ete  parle  d'abord  :  Tres  ct  semis  anni ,  id  est , 
mille  ducenli  ct  nonaginla  dies  *.  II  est  vrai  que  douze  cent 
quatre-vingt-dix  jours  font  un  peu  plus  de  trois  ans  et 
demi ;  et  que  si  Ton  compte  les  mois  a  trente  jours  cliacun , 
les  douze  cent  quatre-vingt-dix  jours  ferontquarante -trois 
mois  :  cependant  saint  Jean  ne  parle  que  de  quarante- 
deux  mois;  et  il  le  repete  meme  lorsque  parlant  de  cette 
meme  persecution  il  dit  ^  qu'alors  les  gentils  louleront  aux 
pieds  la  ville  sainte  pendant  quarante-deux  mois.  II  y  a  sur 
cela  deux  voies  de  conciliation,  i"  Les  quarante-deux  mois 
a  trente  jours  font  precisement  douze  cent  soixante  jours : 
et  peut-etre  qu'originairement  dans  le  texte  on  lisoit  1 2G0  , 
au  lieu  de  1 290.  Saint  Jerome  meme  lisoit  peut-etre  ainsi. 
2"  En  supposant  m^me  douze  cent  quatre-vingt-dix  jours , 
il  se  pent  faire  que  I'interdiction  du  sacrifice  perpetuel 
commence  quelques  jours  avant  la  persecution  ouverte. 
Et  c'est  peut-etre  bien  le  sens  le  plus  naturel.  Les  mois  dc 
trente  jours  ne  sont  usites  ni  chcz  les  Chretiens,  ni  chez 
les  Mahometans.  Les  Chretiens  comptent  par  annees  so- 
laires  de  trois  cent  soixante-cinq  jours  ,  etles  Mahometans 
par  annees  lunaires  de  trois  cent  cinquante-quatre  jours. 
Les  douze  cent  quatre-vingt-dix  jours  font  quarante-deux 
mois  et  douze  jours  chez  les  Chretiens  ,  ou  quarante-lrois 
mois  et  vingt-un  jours  chez  les  Mahometans.  II  peut  done 
arriver  que  I'interdiction  du  sacrifice  perpetuel  etant  I'e- 
poque  des  douze  cent  quatre-vingt-dix  jours ,  la  persecu- 
tion ouverte  eclate  environ  quinze  jours ,  ou  peut-etre 
seulement  six  ou  sept  semaines  apres  ,  et  alors  sera  I'epo- 
que  des  quarante-deux  mois  qui  repontlent  aux  trois  temps 
etdemi. 

L'ange  qui  parle  a  Daniel  ajoute  :  Heureux  celui  qui  attend  Woii  Je  TAn 
>  I  qui  arrive  jus  qu  a  mille  trois  cent  trente -cinq  jours  ^' ;  ce  que  tccbrisi.  Der- 

'  Dan.  vu.  a5.  — -  Dan.  xa.  7.—'  Dan.  xii.  11  .~*Hieron. in  Dan.  xn. 
--'^poc.xw. — *  Dan.XM.  la. 

25. 


sus-Glirist. 


98  DISSERT  A.TIOIX 

nierav(^ne-  saint  Jer6mo  explique  ainsi  :  «  Heureux  celui  qui  apres  Ic 
mcnt^dcJc-  „  mort  de  rAntechrist  attend  encore  au-dela  dcs  douze 
«  cent  quatre-vingt-dix  jours  qui  vicnaent  d'etre  marques, 
«  quarante-cinq  jours,  aprcs  lesquels  Jesus-Christ  notre 
«  Seigneur  et  notre  Sauveur  viendra  dans  sa  majcste  :  Bea- 
«  tiis  qui ,  inter feclo  AnlickrisLo  ,  dies  supra  nnmerum  prcefini- 
«  turn  quadraginta  quinque prceslolalur ,  quihus  est  Dominus at- 
n  que  Salvator  in  sua  majestale  venturus.  Pourquoi,  continue 
«  ce  pfere  ,  ce  silence  de  quarante-cinq  jours  apres  la  mort 
«  de  I'Antechrist?  il  n'appartient  qu'a  Dieu  dc  Ic  savoir ,  si 
«  ce  n'est  que  nous  puissions  dire  que  Dieu  diflere  de  mettre 
«  les  saints  en  possession  du  royaumc  eternel ,  afm  d'cprou- 
«  ver  par-la  leur  patience  :  Quare  autem  post  interfectionem 
«  Antichrisli,  quadraginta quinque  dierum  silentinm  silPdivinee 
«  scientice  est :  nisi  forte  dicamus  ,  Dilatio  regni  sanctorum  , 
a  palientice  comprobatio  est  *.  »  En  effet  nous  avons  deja  rc- 
marque  que  selon  toute  la  tradition ,  I'Apolre  parle  du  der- 
nier avenemcnt  de  Jesus-Christ,  lorsqu'apres  avoir  an- 
nonce  I'avenement  de  I'Antechrist,  il  ajoute  ^  que  le  Sei- 
gneur Jesus  dctruira  cet  impie  par  le  soujjle  de  sa  houche,  et  le 
perdrapar  V  eclat  de  sa  presence ,  ou  merae  de  son  avenement ; 
car  le  mot  grec  r.apovaia.  signifie  I'un  et  I'autre,  et  la  Vulgate 
liieme  prefere  avenement :  Ille  iniquus  quern  Dominus  Jesus 
interjiciet  spiritu  oris  sui,  et  destruet  illustratione  adventus 
sui. 

Mais  de  ce  lexte  nieme  nalt  ici  une  observation ;  car  si 
Jesus-Christ  doit  exterminer  cet  impie /?ar  V eclat  de  son  ave- 
nement ,  comment  saint  Jerome  a-t-il  pu  penser  qu'il  y  au- 
roit  une  distance  de  quarante-cinq  jours  entre  la  mort  de 
I'Antechrist  et  le  dernier  avenement  de  Jesus-Christ?  Nous 
avons  deja  rcpondu  a  cette  objection  en  faisant  remarquer 
qu'il  pourroit  arriver  qu'au  milieu  des  signes  prodigieux 
qui  preccderont  immediatement  le  dernier  avenement  de 
Jesus-Christ ,  I'Antechrist  {\x\  extermine  d'une  maniere 
eclatante ,  et  comme  par  le  souffle  du  Seigneur  pres  de  pa- 
rottre  ,  en  sorte  que  quoique  Jesus-Christ  ne  dut  peut-^tre 
paroitrc  que  quarante-cinq  jours  apres ,  cependantil  seroit 
vrai  de  dire  que  cet  impie  seroit  extermine  par  I'eclat  de 
I'avenement  de  ce  Dieu  Sauveur ,  c'est-a-dire  par  I'eclat  qui 
precedera  de  si  pres  son  avenement.  Et  Malvenda  dit  aussi: 
«  On  entend  ici  par  V  avenement ,  ou  la  presence  du  Seigneur, 

*  Hiemn.  in  Dan.  xn. — -  1.  Thess.  u.  8. 


SIR    1.  ANTECHR1ST.  ()(j 

"  rnvenement  ineme  de  Jesus-Christ  au  temps  du  dernier 
"  jiigement ;  non  que  fAntechrist  doive  etre  extermine  par 
«  Jesus-Christ  precisement  a  ravencmeut  de  Jesus-Christ 
a  au  jour  m^nie  du  dernier  jugement ,  puisqu'en  effet  il  doit 
«  sc  trouver  un  inlervalle  de  pUisieurs  jours  entre  la  mort 
«  de  I'Antechrist  et  le  dernier  jugement ,  comme  nous  le 
«  ferons  voir  ;  mais  parce  que  V avcntmenl  da  Seigneur  doit 
«  se  prendre  ici  dans  un  sens  phis  etendu  ,  en  sorte  que 
n  sous  ce  terrae  se  trouve  compris  toutle  temps  qui  s'ecou- 
«  lera  depuis  la  mort  de  I'Antechrist  jusqu'au  jugement , 
«  qui  sera  alors  tres  prochain  :  Hie  ,  adventum  seu  pr.esen- 
o  TiAM  DoMi:«i ,  inlcllifunt  ipsiim  Chrisli  ad  judicium  adven- 
«  Inm  ;  non  quod  proEjixe  in  ipso  advenlu  Chrisli  ad  judicium 
«  sit  Anlichristus  interjiciendus  a  Christo  ,  cum  revera  plurcs 
«  dies  interccssuri  sunt  a  morte  Antichrisli  ad  diem  judicii ^  uZi 
«  cap.  X  ostendemus  ;  sed  late  el  exlense  dicalur  adve:<tus 
n  DoMiM  latum  illud  tempns ,  quod  eril  a  Jine  AyUichristi 
«  usque  ad  judicium ,   quod  in  proximo  erit  ^.  »  II   expose 
ensuite  les  differens  sentimens  des  interpretes  soit  sur  les 
raille  trois  cent  trente-cinq  jours  dont  parle  Daniel ,  soit 
sur  la  liaison  plus  ou  moins  intime  de  la  mort  de  I'Ante- 
christ et  du  dernier  avenenient  de  Jesus-Christ ;  et  il  con- 
clut  en  ces  termes  :  «  Au  reste ,  si  nous  considerons  bien 
«  les  paroles  de  Daniel,  et  I'interprelation  de  saint  Jerome, 
«  de  Theoderet ,  et  des  autres  qui  ont  pense  Qomrae  ces 
«  deux  peres ,  nous regarderons  comme  bfeaucoup  plus  pro- 
u  bable  que  depuis  la  mort  dn  I'Antechrist  jusqu'au  juge- 
n  mentil  n'y  aura  que  quarante-cinq  jours  d'intervalle  ;  et 
«  c'est  aussice  que  pensentdes  theologiens  distingues,  lels 
«  que  Bellarmin,  Acosta,  Valentia,  Suares  ,  Henriques  : 
«  Ceterum  si  verba  Danielis ,  si  interprelcUionem  sancli  Hiero- 
«  nymi ,  Theodoreti ,  et  aliorum  cUlente  considerernus  ,  mullo 
» probabilius  exisUmabimus  ,  a  nece  Antichristi  (td  judicium 
n  non  nisi quadraginta  quinque  dies  inter Jluxuros.  Sicquoque 
<i  sentiunt  prcBSlantes  quique  ikeologi ,  B ellar minus ,  elc.^.  n 
Sur  cela  nait  encore  une  objection  :  S'il  doit  y  avoir  un 
intervalle  precisement  de  quarante-cinq  jours  entre  la  mort 
de  I'Antechrist  et  le  dernier  avenement  de  Jesus-Christ , 
ceux  qui  seront  temoins  de  la  mort  de  I'Antechrist  pour- 
ront  done  connoitre  quel  sera  le  jour  du  jugement ;  et  ce- 
pendant  selon  I'Ecriture  ce  jour  doit  etre  inconnu.  ('cite 

'  Malvenda,  de  ^nticfir.  1.  xni.  c.  7. — *  Ibid.  c.  10. 


lOO  DISSERTATION 

objection  a  ele  prcvue  et  refulee  specialemcnt,  par  Bellar- 
niin  ct  Suarcs ;  et  voici  ce  que  Malv^nda  y  oppose  *  : 

a  i"Le  jour  du  jugement  a  toujours  ete  inconnii  aux 
«  hommcs,  et  ils  Tignoreront  jusqu'a  la  dernicre  extremite 
«  des  siecles  ;  mais  alors  la  fin  du  monde  elant  proche  ,  et 
«  rAnteclirist  exer^ant  deja  son  regne  tyrannique,  il  ne 
«  peut  pas  etre  douteux  que  les  homines  pieux  et  instruits 
«  des  Ecritures ,  reconnoissant  alors  TA-ntechrist ,  ne  com- 
«  prennent  en  meme  temps  que  le  monde  sera  pros  de  finir , 
«  et  que  le  dernier  jugement  sera  proche  ,  puisque,  de  I'a- 
«  veu  de  tons  les  orthodoxes ,  il  est  certain  que  I'Antechrist 
«  ne  doit  venir  que  vers  la  fin  du  monde  ;  et  quoiqu'ils  ne 
«  puissent  designer  ou  determiner  d'une  maniere  certaine 
«  le  jour  du  jugement ,  cependant  ils  comprendront  facile- 
«  ment  que  ce  jour  sera  tres  proche. 

«  1^  A.  la  vue  de  ces  signcs  horribles  que  le  Seigneur  a 
«  predit  devoir  arriver ,  signes  dans  le  solcil ,  dans  la  lune , 
«  dans  les  etoiles ,  dans  la  mer ,  les  hommes  ne  sauront-ils 
«  pas  certainement  que  le  jour  du  jugement  sera  alors  tres 
«  proche,  que  le  Juge  sera,  pour  ainsi  dire  ,  a  la  porte? 
«  n'en  seront-ils  pas  saisis  de  frayeur  ?  et  Jesus-Christ 
«  meme  ne  dit-il  pas  ^  qu'alors  les  hommes  secheront  dc 
i.i  frayeur  dans  Valtcnle  de  la  revolution  que  I'univers  seraprcs 
«  d'eprouver?  Et  certes  pourquoi  le  Seigneur  a-t-il  averti 
«  de  ces  signes  ses  serviteurs^  sinon  afin  qu'ils  pussent  con- 
«  noitre  et  comprendre  I'approche  de  ce  jour?  Cependant 
«  ils  ne  pourrontpas  encore  par-la  connoitre  ce  jour  d'une 
«  maniere  certaine  et  precise. 

«  3"  De  ce  que ,  entre  la  mort  de  I'Antechrist  et  le  juge- 
«  ment  dernier  se  trouve  determine  un  intervalle  de  qua- 
«  rante-cinq  jours ,  il  ne  s'ensuit  pas  que  le  dernier  jour 
«  pourra  etre  connu  d'une  maniere  certaine  ;  parce  qu'au 
«  fond  iln'estpointenseignecommeune  chose  absolument 
«  certaine  et  indubitable  qu'il  ne  doive  y  avoir  que  cet  in- 
«  tervalle  entre  la  mort  de  I'Antechrist  et  le  dernier  juge- 
«  ment,  puisque  les  opinions  des  interpretes  varient  sur 
«  cela ,  et  que  I'oracle  de  Daniel  sur  cette  chose  future  est 
«  tres  obscur,  et  explique  en  differens  sens  :  I'intcrpreta- 
«  tion  dont  il  s'agit  ici  est  seulement  proposce  commc  pro- 
«  bable ,  vraisemblable ,  appuyee  sur  les  meilleures  conjec- 
«  tures;  or,  rien  n'empeche  de  conjecturer  reloignemen t 

*  Mah'enda,  de  Andchr.  I.  xiii,  c.  lo. — -  Luc.  xxi.  26. 


Sl'H  L  ANTBCURIST.  lOl 

«  ou  la  proximitc  tlu  dernier  jugcment :  Conjecluris  autem 
t<  invtsli gave  judicium  nihil  vetat.  » 

Ajoulons  que  cclte  determination  de  jours,  quelque  in- 
ccrlaine  qu'elle  puisse  elre,  est  cepcndant  un  secours  ,  uu 
soulagement,  unc  consolation  que  Dieuaprepareepourses 
serviteurs  dans  ces  derniers  temps.  11  n'a  pas  voulu  leur 
laisser  iii^orer  la  duree  de  cette  desolation  afi'reuse,  de  cello 
persecution  violente ,  dont  ils  sont  menaces  :  il  leur  an- 
nonce  par  la  bouche  de  Daniel  quelle  durera  un  temps,  (hiix 
temps ,  et  la  moitie  d'nn  temps.  Cette  expression  pouvoit 
avoir  quelque  obscurile ;  Jesus-Christ  nous  I'explique  par 
la  bouche  de  saint  Jean  ,  en  nous  declarant  deux  fois  que 
cette  persecution  durera  quaranle-dexix  mois,  ce  qui  fait  con- 
noitre  que  les  trois  temps  etdemi  marques  par  Daniel  signi- 
fionl  certainemen  t  trois  ans  e  t  demi .  Ce  n'est  pas  tout  encore ; 
le  nombre  m^me  des  jours  est  marque ;  et  Dieu  nous  declare 
par  la  bouche  deDaniel ,  que  depuis  I'interdiction  du  sacrifice 
perpetucl,il  se  passera  mille  deux  cent  quatre-vingt-dix  jours  : 
il  sera  aise  de  les  compter ;  et  ce  sera  sans  doute  une  consola- 
tion pour  les  fideles.  Enfin  le  Seigneur  ajoute  qu'heureuxest 
celui  qui  attendrajusqu'au  nombre  de  millc  trois  cent  trcnte- 
cinq  jours  :\\  ne  dit  point  ce  qui  arrivera  apres  ce  terrae  ;  il 
neditpasmeme  d'oiidoitse  prendre  le  commencement  de 
ce  nombre  de  jours ;  mais  en  nous  declarant  par  saint  Paul 
que  I'auteur  de  celte  persecution  doit  elre  cxtcrmine par 
V eclat  de  I' averumcnt  de  Jesus-Christ ,  il  nous  laisse  a  com- 
prendre  que  le  terme  heureux  qu'il  promet  a  ses  serviteurs 
est  I'avenement  meme  de  Jesus-Christ,  que  ce  terme  heu- 
reux ue  pent  elre  differe  beaucoup  au-dela  de  celte  perse- 
cution ;  qu'ainsi  ces  mille  trois  cent  trente-cinq  jours 
doivent  avoir  la  meme  epoque  que  les  mille  deux  cent 
quatre-vingt-dix  dont  il  vient  de  nous  parler;  qu'ainsi  il 
n'y  aura  que  quaranle  cinq  jours  d'intervalle  entre  la  fin 
de  cette  persecution  et  le  dernier  avenement  de  Jesus- 
Christ;  que  la  fin  de  cette  persecution  ne  pent  guere  avoir 
pour  cause  que  la  mort  de  I'Antechrist;  qu'ainsi  il  y  aura 
quarante-cinq  jours  d'intervalle  enlre  la  mort  de  r.\nte- 
christ  et  le  dernier  avenement  de  Jesus-Christ;  et  afin  de 
donner  plus  de  poids  a  ces  conjectures,  il  veut  qu'elles 
nous  soient  proposees  par  celui  d'entre  les  saints  docleurs 
sur  qui  il  a  repandud'unemanierc  plus  particuliere  le  don 
de  rintelligence  des  saintes  Ecritures  :  Beatns  qui ,  inler- 
frclo  Anlichristo^dics  supra  numcrum prajinitum  quadraginla 


I02  DiSSER  TiiTlON 

qiiinque pratsiokUur,  quibus  est  Dominus atque Salvator  in  sua 
maj estate  va^ turns. 
JUV^apituU;-       Voici  done  a  quoi  peuvent  se  reduire  les  differens  points 

tion  el  con-     quenous  avons  eu  lieu  d'examiner  dans  cette  dissertation. 

dusion.  1/Anlechrist  sera  un  hoiume  qui,  par  I'exces  de  son  ini- 

piele  et  do  son  opposition  a  Jesus-Christ,  meritera  d'etre 
appele  par  distinctiou  V Anlechrist ,  c'est-a-dire  I'ennenii 
de  Jesus-Christ.  Cet  homme  impie  a  deja  eu  differens  pre- 
tnirseurs,  entre  lesquels  le  plus  distingue  est  Mahomet, 
fondateur  d'un  empire  anlichretien  qui  semble  etre  celui 
a  la  tete  duquel  paroitra  enfin  le  dernier  ennemi  de  Jesus- 
Christ.  Ce  veritable  et  dernier  Antechrist  ne  paroitra  qu'u 
la  fin  des  sidcles  ;  mais  on  ignore  quand  arrivera  la  fin  des 
siecles  :  une  tradition  assez  repandue  enseignc  que  le 
monde  ne  durera  que  six  mille  ans;  mais  corabien  a-t-il 
deja  dure?rien  de  plus  incertain.  L'opinion  commune  est 
que  cet  enfant  de  perdition  naitra  de  la  nation  juive  ,  et 
meme  de  la  tribu  de  Dan  ;  il  n'est  pas  certain  que  ce  soit 
de  cette  tribu;  mais  la  suite  donne  lieu  de  penser  qu'en 
effet  cc  sera  de  cette  nation.  Plusieurs  croient  qu'il  vien- 
dra  de  Babylone,  ou  meme  qu'il  y  naitra :  sur  cela  rien  de 
certain.  En  vain  chercheroit-on  quelle  sera  sa  naissance 
ou  son  education;  ce  que  Ton  sail  c'est  que  ce  sera  le  plus 
mechant  de  tons  les  homraes.  Deux  signes  principaux  doi- 
vent  precederet  annoncer  son  aveneraent;  premier signe, 
I'entiere  destruction  des  derniers  restes  de  I'empire  ro- 
main ;  second  signe  ,  la  consommation  de  cette  apostasie  , 
qui  depuis  les  premiers  siecles  de  I'Eglise  a  deja  fait  tant 
de  progr^s  par  cette  suite  d'heresies  et  de  schismes  qui  se 
sontsuccedes  d'age  en  age.  Lorsque  1' Antechrist  paroitra, 
rerapireromain  sera-t-il  divise  en  dix  rois?  de  cesdixrois, 
en  abatlra-t-il  trois?ll  paroit  que  cela  regarde  plutot  son 
empire  que  lui-meme.  Mahomet  s'est  eleve  precisement 
apres  le  demembrement  de  I'empire  romain  ;  et  I'empire 
antichretien  qu'il  a  fonde  a  deja  subjugue  deux  empires 
puissans.  L' Antechrist  dominera  sur  toute  la  terre;  mais  il 
ne  faut  pas  attendre  que  son  empire  se  forme  dans  un  clin 
d'oeil :  depuis  plus  de  onze  siecles  Tempire  de  Mahomet 
deja  repandu  dans  I'Asie ,  dans  I'Afrique  et  dans  I'Europe  , 
lui  prepare  les  voies.  Ou  sera  le  siege  de  cet  empire  im- 
mense? plusieurs  ont  cru  que  ce  seroit  a  Jerusalem;  quel- 
ques-uns  croient  que  cet  impie ,  alors  maitre  de  toute  la 
terre,  pourroit  bien  placer  son  siege  dans  Rome  m,eme. 


stR  l'antechrist.  108 

Ouani  au  noiii  de  cet  homme  ,  personne  nc  le  sail ;  saiut 
Jean  uous  apprend  seulementque  dans  ce  norase  trouvera 
le  nombre  sijf  cent  soLvantc-six;  cenombre  se  trouve  dans  le 
uomde  Mahomet;  le  deslructcur  de  I'empire  gi*ec  portoil 
le  meme  uom ;  lei  sera  peut-etre  aussi  le  nom  du  dernier 
enuemi  de  Jesus-Christ.  Cetiinpie  se  couvrira-t-il  du  voile 
de  rhyocrisie?  celapourra  etre  dans  les  commencemens. 
Faul-il  lui  attribuer  la  ruse  et  rartificc,  rimpudence  et 
I'audace,  I'amour  des  richesses,  la  passion  pour  les  fem- 
mes?  sur  tout  cela  rien  de  certain.  Possedera-t-il  toute  la 
science  et  toute  la  vertu  de  la  niagie?  Saint  Paul  nous  dit 
seuleuient  que  cet  impie  viendra  avec  toute  la  puissance  do 
Satan  ,  operant  toutes  sortes  de  miracles ,  de  signes  et  de 
prodigcs  trompeurs.  S'annoncera-t-il  comme  le  Christ , 
ct  sera-t-il  recu  comme  tel  par  les  Juifs?  e'est  I'opinion 
commune  fondee  principalement  sur  ce  que  Jesus- Christ 
meme  paroit  le  predire  ainsi.  Mais  son  caractere  essentiel 
etdistinctif,  e'est  qu'apres  avoir  usurpe  lenom  de  Christ , 
et  avoir  tente  de  seduire  par  ce  nom  les  Juifs  et  meme  les 
Chretiens  ,  il  s'opposera  ouvertement  a  Jesus-Christ ;  il 
niera  que  le  Fils  de  Dieu  se  soit  fait  homme  en  la  personne 
de  Jesus-Christ;  il  niera  que  Jesus  soit  le  Christ  promis,  et 
qu'il  soit  Fils  de  Dieu.  Aux  progres  de  la  seduction  de  ce 
laux  Christ  viendront  s'opposer  les  deux  temoins  que  Dieu 
doit  envoyer  ,  Elie  et  Henoch.  Par  le  ministere  d'Elie  ,  les 
Juifs  seront  rappeles  et  converlis.  La  vocation  et  la  con- 
version d'une  multitude  innombrable  de  gentils ,  sera  le 
fruit  etdu  ministere  d'Henoch,  et  du  zele  des  Juifs|pour 
Jesus-Christ.  L'Antechrist  alors  abandonne  des  Juifs,  mais 
toujours  soutenu  par  les  ennemis  du  nom  chretien ,  s'ele- 
vera  jusqu'a  se  faire  rendre  les  hommages  divins  :  il  n'est 
pas  certain  qu'il  interdise  pour  cela  le  culte  des  idoles;  il 
paroit  meme  qu'il  ne  I'interdira  pas ;  mais  il  est  certain 
qu'il  s'elevera  au-dessus  de  tout  ce  qui  est  appele  Dieu. 
Par  lui  le  sacrifice  perpetuel  sera  aboli,  c'est-a-dire  inler- 
dit;  et  il  ne  sera  plus  possible  de  rendre  publiquemeut  au 
vrai  Dieu  le  culte  qui  lui  est  du.  Par  lui  les  deux  temoins 
seront  mis  amort;  il  aura  le  pouvoir  de  faire  la  guerre  aux 
saints  et  de  les  vaincre  ,  c'est-a-dire  de  les  perseculer  et 
de  les  faire  mourir ;  et  cette  persecution  durera  quarante- 
deux  mois  ,  c'est-a-dire  trois  ans  et  demi;  elle  remplira  le 
nombre  des  mille  deux  cent  quatre-vingt-dix  jours  qui 
doivent  s'eco-uler  depuis  Tinterdiciion  du  sacrifice  perpe- 


lOl  DISSERTATION   SUR  L  ANTECHRIST. 

tuel.  Enfin  Ic  tcrme  de  cette  persecution  sera  la  mort 
meme  dc  cct  impie ,  que  le  Seigneur  Jdsus  detruira  par  le 
souffle  de  sa  bouche,  et  perdra  par  I'eclat  de  son  avene- 
nicnt:  niais  il  paroit  qu'enlre  la  mort  de  cet  impie  et  le 
dernier  avenement  de  Jesus-Christ,  il  y  aura  un  intervalle 
de  quarante-cinq  jours  qui  acheveront  le  norabre  des  millo 
troiscent  trenle-cinq  jours  dontle  terme  nous  eslannonce 
comme  heureux  et  desirable.  Alors  Jesus-Christ  descen- 
dra  des  cieux ;  un  feu  vengeur  le  precedcira  :  les  morts  res- 
suscileront;  tous  les  hommes  seront  juges;  les  bons  etles 
mechans  seront  separes  ;  le  monde  embrase  sera  renou- 
vcle.  Ainsi  se  verifiera  ce  que  saint  Augustin  avoit  appris 
de  ceux  qui  avoient  vecu  avant  lui,  ce  que  toute  la  tradi- 
tion a  enseigne  apres  lui,  etce  que  nous  attesterons  aussi 
nous-memes  en  demeurant  inviolablemcnt  attaches  a  cette 
chaine  respectable*  :  In  illo  judicio  vcl  circa  illudjudlciiivi^ 
has  res  didicimus  esse  venturas ,  Eliam  Thesbitem  ,JidemJii- 
dccoraniy  yintichristum perseculurum ,  Chrislum  venturum  ju- 
dicalnrum :  mortaorum  rcsurrcctionem ,  bonorum ,  malorum- 
qiie  diremptionem ,  mundi  conjlagralionem ,  ej usque  renova- 
iioncm  i'quce  omnia  quidem  ventura  esse  credcndum  est ;  seel 
quibus  modis  vel  quo  ordine  veniant,  tunc  magis  docebil  re- 
rum  expcrienlia ,  quam  nunc  ad  perjeclum  inlelligenlia  homi- 
num  valet  consequi.  Exislirnolamen  co  quo  ame commemorala 
sunt  ordine  esse  ventura. 

'  *dtfi^.  de  Ctw.  Dei,  I.  xx.  cap.  ult. 


DEUXIEME  EPITRE 

DE  SAINT  PAUL 

AUX  THESSALOMCIKNS. 


CHAPITRE  PREMIER. 


SainI  Paul  salue  lea  Thes^toniciens.  II  rend  graces  i  Dlen  de  leur  foi,  et  de 
leur  Constance  dans  les  maux.  II  anoonce  les  vengeances  qui  seront  cier- 
cecs  sur  les  mecbans,  et  la  gloire  dont  les  justes  seront  combles  a  I'avene- 
ment  de  Jesus-Christ. 


1.  Paclcs  et  Silvanus  , 
et  Titnotheus,  Ecclesiae 
Thessalonicensiuin ,  in 
Deo  Patre  nostro ,  et  Do- 
mino Jesu  Christo. 

2.  Gratia  vobis  et  pax 
a  Deo  Patre  nostro ,  el 
Domino  Jesu  Christo. 

5.  Gratias  agere  debe- 
mus  semper  Deo  pro  vo- 
bis, fratres,  ita  ut  dignum 
est,  quoniamsupercrescit 
fides  vestra,  et  abundat 
charitas  uniuscuj  usque 
vestrum  in  invicem  : 

4-  Ita  ut  et  nos  ipsi  in 
vobis  gloriemur  in  Eccle- 
siis  Dei ,  pro  patientia 
vestra,  et  fide,  et  in  om- 
nibus persecutionibus 
vestris,  ettribulatiouibus, 
quas  sustinelis , 

o.  In  exemplum  justi 


1.  Paul,  Silvain '  et  Timolhee  , 
a  I'Eglise  de  Thessalonique  ,  qui  est 
en  Dieu  notre  Pere,  et  en  Jesus- 
Christ  notre  Seigneur. 

a.  Que  Dieu  notre  Perc  et  le 
Seigneur  Jesus-Christ  vousdonnent 
la  grace  et  la  paix. 

3.  Nous  devons,  6  frires,  rcndrc 
pour  vous  a  Dieu  dc  continuelles 
actions  de  graces;  et  ilestbieu juste 
rue  nous  le  fassions ,  puisque  votre 
foi  s'augmente  de  plus  en  plus,  et 
que  la  charite  que  vous  avez  les  uns 
pour  les  autres  s'accroit  tous  les 
jours; 

4.  De  sorte  que  nous  nous  glo- 
rifions  en  vous  dans  les  Eglises  de 
Dieu ,  a  cause  de  la  patience  et  de 
la  foi  avec  laquelle  vous  demeurez 
fermes  dans  toutes  les  persecutions 
et  les  afflictions  qui  vous  arrivent, 

5.  Qui  sont  les  marques  du  juste 


>  I 


G'estic  m6me  que  Silas   Voyez  la  preface  sur  la  i'«^pitrc 


ir  EPITRE  DE  SAINT 

jiigeinent  de  Dicu',  pour  nous  rcn- 
drc  dignes  de  son  royaume',  pour 
iequcl  aussi  vous  souiFrez  , 

6.  Cai-'  il  est  bien  juste  devant 
Dieu  ,  qu'il  aillige  a  leur  tour  ccux 
qui  vous  affligent  uaaintenant; 

7.  Et  qu'il  vous  console  avec 
nous,  vous  qui  etesdansralfliction, 
lorsque  le  Seigneur  Jesus  descen- 
dra  du  ciel  et  paroitra  avec  les  anges 
de  sa  puissance, 

8.  Lorsqu'il  viendra  au  milieu 
des  flammes  so  venger  de  ceux  qui 
ne  connoissent  point  Dieu,  et  qui 
n'obeissent  point  a  I'Evangilo  de 
notre  Seigneur  Jesus-Christ, 

Q.  Qui  souffriront  la  peine  d'une 
iternellc  damnation',  etant  confon- 
dus  par  la  face  du  Seigneur,  et  par 
la  gloire  de  sa  puissance, 

10.  Lorsqu'il  viendi-a  pour  fitre 
glorifie  dans  ses  saints ,  et  pour  s© 
faire  admirer  dans  tons  ceux  qui 
auront  cru  en  lui,  puisque  le  temoi- 
gnage  que  nous  avons  rendu  a  sa 
parole  a  ete  recu  de  vous  dans  I'at- 
tenle  de  ce  jour-la  : ' 

11.  C'est  pourquoi '  nous  prions 
gans  cesse  pour  vous,  et  nous  de- 
mandons  i  notre  Dieu  qu'il  vous 
rendre  dignes  de  sa  vocation,  et 


SSSALONICl 

judicii  Dei,  ut  digni  ha- 
beamini  in  regno  Dei , 
pro  quo  et  palimini  : 

6.  Sitamen  justum  est 
apud  Dcum  ,  retribuere 
tribulalionem  iis  qui  vos 
tribulant , 

7.  Et  vobis  ,  qui  tribu- 
lamini,  requiem  nobis- 
cum  in  revelatione  Do- 
mini Jesu  de  coelo  cum 
angelis  virtutis  ejus, 

8.  In  flamraa  ignis  dan- 
tis  vindictam  iis  qui  non 
noverunt  Deum  ,  et  qui 
non  obediunt  Evangelio 
Domini  nostri  Jesu  Chris- 
ti  : 

9.  Qui  poenas  dabunt 
in  interitu  aeternas  a  facie 
Domini,  et  a  gloria  virtu- 
tis ejus, 

10.  Cum  venerit  glori- 
ficari  in  Sanctis  suis,  et 
admirabilis  fieri  in  omni- 
bus qui  crediderunt,  quia 
creditum  est  testimonium 
nostrum  super  vos  in  die 
illo. 

11.  In  quo  etiam  ora- 
mus  semper  pro  vobis,  ut 
dignetur  vos  vocatione 
sua  Deus  npster,  et  im- 


^  5.  Parce  que  si  Dieu  punit  en  cetto  vie  Ics  bons  mdmes  ,  conibien  pu- 
nira-l-il  les  raechans  en  I'autre? 

Ibid.  En  vous  puriliant  de  vos  peches. 

y-  6.  C'est  le  sens  du  grec. 

•^  9.  C'est  le  sens  du  grec  :  o't.ve;  (S'avjv  Tiaouoiv,  oXsOpov  atwvijv  k  la  letlre, 
lesquels  subiront  la  peine  d'une  eternelle  perdition. 

■^10.  Autrement  et  selon  le  grec  :  qu'il  vous  console,  dis-je ,  lorsqu'il 
viendra  pour  etre  glorifie  dans  ses  saints,  et  pour  se  faire  admirer  en  co  jour- 
lA  dans  tons  ceux  qui  auront  cru  en  lui,  par  la  gloire  dont  il  les  coinblera  , 
ct  a  laquelle  vous  participercz  aussi  vous ,  puisque  le  tcmoiguagc  que  nous 
avons  rendu  i  sa  parole  a  ^te^  reiju  de  vous. 

■>^  1 1 .  Sachant  les  giands  bieus  qui  vous  sont  prepares. 


LIIAIMTHE    I. 


I  07 


plciil  omneui  voluntalem  qu'il  accoraplisse,  par  sa  puissance, 

l)Oiiilatis,  etopusfiJei  in  lous  les  desseins  fnvorables  que  <»a 

viilutc,  bonlc  a  sur  vous,  el   roeuvre   ile 

\otre  foi ; 
12.  Ll  clarificetur  no-  12.    Afin   que  le  nom  de    noln- 

incn  Domini  nostri  Josu  Seigneur  Jesus-Clirist  soil  f^lorilie 

Christi  in  vobis,  ct  vos  in  en  vous,  et  que  vous  soyez','lorifies 

illo  ,   secundum    gratiani  en  lui,  par  la  grace  de  noire  Dieu  , 

Dei    nostri,    et    Domini  et  du  Seigneur  Jesus-Christ. 
Jeju  Christi. 


CHAPITRE  II. 


\l>ostasie  qui  doit  pr^cder  I'av^nement  de  Jesus-Clirist.  Mystere  d'iniquite 
qui  s'opere  jusqu'a  I'aveuement  de  I'Anlcchrisl.  Caracleres  decethomme 
de  p^che  qui  doit  6ire  extermin^  par  i'avenement  de  J^sus-Christ.  Saint 
Paul  rend  graces  de  la  foi  des  Tbessalonlciens ,  et  les  exbortc  ^  garder  les 
traditions  qu'il  leur  a  laissees. 


1 .  RoGAMus  autem  vos , 
I'ralres ,  per  adventum 
Domini  nostri  Jesu  Chris- 
ti ,  et  nostras  congrega- 
tionis  in  ipsum  : 

2.  Ut  non  cito  movea- 
uiini  a  veslro  sensu,  ne- 
que  terreamini ,  neque 
per  spiritum  ,  neque  per 
sermonem,  neque  per  e- 
pistolam  tanquam  pernos 
missam,  quasi  instet  dies 
Domini. 

3.  Nequis  vos  seducat 
ullo  mode  ,  quoniam  nisi 
venerildiscessioprimum, 
et  reveiatus  fuerit  homo 


1.  Oh,  nousTOus  conjurons,  nos 
frferes,  par  I'avenement  de  notre 
Seigneur  Jesus-Christ,  et  par  notre 
reunion  avec  lui ', 

2.  Que  vous  ne  vous  laissiez  pas 
legereinent  ebranler  dans  voire 
premier  sentiment,  et  que  vous  ne 
vous  Iroubiiez  pas,  en  croyant,  sur 
la  foi  de  quelque  esprit  propheti- 
que,  ou  sur  quelques  discours,  ou 
sur  quelque  leltre  qu'on  supposeroit 
venir  de  nous,  <^ue  le  jour  du  Sei- 
gneur est  prfes  d'arriver. 

5.  Que  personne  ne  vous  seduise,  Ephes.  v.  6. 
en  quelque  maniere  que  ce  soil ; 
car  ce  jour-la  ne  viendra  point  que 
la  revolte  et  Tapostasie  '  ne  sort  ar- 


y  I.  Gr.  aulr.  tonchaat  I'av^nemeat  de  noire  Seigneur  Jesus-Christ ,  el 
notre  reunion  avec  lui. 

y  3.  C'esl  rexpression  propre  du  grec  ;  et  plus  bas  {-i  7)   saint  Paul    re 
marque  que  le  niyslere  d'iniquit^  commen^oil  k  s'operer  des  son  temps.  Ainsi 
les  beresies  des  premiers  siecles,  et  surtout  I'arianisme,  et  les  autres  qui  ont 
iUrain6  des  peuples  en  tiers  ,  ont  commence  sur  la  terre  cetle  funeste  aposta- 
te; elle  s'es4  etendue  presquc  dans  lout  I'Orient  par  le  scbisme  des  Grecs  ; 


-^ 


Io8  11°   EPITRE  DE  SAINT  PAUL  ALX  TUESSALOMCIENS. 


Isai.  X.1 . 


rivee  auparavant,  et  qu'on  n'ait  vu 
paroilre  cet  homme  dc  pcche,  qui 
doit  pcrir  miscrablemeut ', 

4.  Qui,  s'opposant  a  Dieu  ,  s'eld- 
vera  au-dessus  de  tout  ce  qui  est 
appcle  Dieu  ,  ou  ce  qui  est  adore  , 
jnsqu'a  s'asseoir  dans  le  temple  de 
Dieu,'  voulant  lui-meme  passer 
pour  Dieu. 

5.  Ne  vous  souvient-ils  pas  que 
je  vous  ai  dit  ces  choses  lorsque 
j'ctois  encore  avec  vous  ? 

6.  Et  vous  savez  bicn  cc  qui  cm- 
pechc  qii'il  ne  vienne,  alia  qii''il 
vienne  en  son  temps". 

7.  Car  le  mystere  d'iniquite  se 
forme  des  a  present ;  mais  que  celui 
qui  a  la  foi  la  conserve  jusqu'a  ce 
que  cet  homme  °  soil  detruit. 

8.  Et  alors  se  decouvrirarimpie, 
que  le  Seigneur  Jesus  detruira"  par 
le  souffle  de  sa  bouche,  et  qu'ilper- 
dra  par  Teclat  de  sa  presence  : 


peccati,  filius  perdilionis. 


4-  Qui  adversatur,  et 
exloUitur  supra  omne 
quod  dicitur  Deus,  aut 
quod  colitiir,  ita  ut  in 
templo  Dei  sedeat,  os- 
tendens  se  tamquam  sit 
Dcus. 

5.  Non  relinetis  quod 
cum  adhuc  essem  apud 
vos,  ha;c  dicebam  vobis  ? 

6.  Et  nunc  quid  deti- 
neat  scitis,  ut  revcletur 
in  suo  tempore. 

7.  Nam  mysteriurajam 
operatur  iniquitatis  :  tan- 
tum  ut  qui  tenet  nunc  , 
teneat  donee  de  medio 
fiat. 

8.  Et  tunc  revelabitur 
ille  inlquus,  quern  Domi- 
nus  Jesus  interficet  spiri- 
tu  oris  sui ,  et  destruet 
illustrationc  adventus  sui 
eum  : 


elle  a  enleve  presque  sous  nos  yeux  les  peuples  du  Nord ;  die  pc'nelro  insensi- 
Lleinentjusqu'au  milieu  dc  nous  par  la  depravation  des  mouurs  ,  par  licence 
des  opinions,  par  l'esprild'irr61i^ion  et  d'incredulite. 

it  i.  Liu.  cet  enfant  de  perdition.! 

■)^  4.  Le  grec  ajoute  :  comme  s'il  cloitDicxi. 

f  6.  La  fermete  de  la  foi  des  Chretiens  ,  qui  dolt  5tre  affoiblie  un  jour  a 
I'avenemenl  de  I'Anteclirist. 

•^  7.  Aulr.  celle  aposlasie. 

Jbid.  Le  grec  peut  se  Iraduire  :  tantum  qui  tenet  nunc,  donee  de  medio 
fiat.  C'est-a-dire  et  il  resle  sculement  que  celui  qui  ticnt  mainlenant,  soil 
file  du  monJe.  Sous  le  nom  de  celui  qui  iient,  saint  Jerome,  saint  Jean  Cbry- 
soslome ,  et  la  plupart  des  peres,  entendent  I'empire  remain  ,  et  pensent  que 
l'Ap6lre  annon^ant  ici  la  destruction  decet  empire,  s'cxprimc  en  termes  cou' 
verts,  pour  ne  pas  blesser  la  delicatesse  des  Remains ,  sous  la  domination  des- 
quels  I'Eglise  se  trouvoit.  Ceux  d'entre  les  interpretes  modcrnes  qui  out 
suivi  en  cela  le  sentiment  des  peres  ,  observent  que  I'empire  romain  detruit 
dans  rOccident  s'esl  main lenu  long-temps  dans  I'Orient,  et  qu'avant  qu'il  y 
fut  detruit,  il  a  ete  rcleve  dans  I'Occidenl  en  la  personne  de  Cbarlernaiine ,  en 
sorle  qu'il  subsisle  encore  aujourd'Lui  dans  rempire  d'Alleniagne ,  donl  la 
conservation  nous  prouve  que  nous  ne  touclions  point  encore  a  la  lin  des  temps. 

y  8.  C'est  Ic  sens  du  grec. 


^^ 


»).  Cujus  est  adventus 
^ocmiduin  opcrationciii 
SiitaiuT,  in  omni  virtute, 
vt  siguis,  etprodigiis  men- 
ilacibus, 

10.  Et  in  omni  seduc- 
tione  iniquitatis  iis  qui 
pereuut :  eo  quod  chari- 
taleiri  veritatis  non  rece- 
perunt  ut  salvi  fierent. 
Idee  mittet  illis  Deus  ope- 
rationcm  erroris ,  ut  crc- 
dant  niendacio ; 

11.  Ut  judicentur  om- 
nes  qui  non  crediderunt 
veritati,  sedconsenserunt 
iiiiquitali. 

1 2.  Nos  autcm debemus 
gratias  agere  Deo  semper 
pro  vobis ,  fratres  dilecti 
a  Deo,  quod  elcgerit  vos 
Deus  primitias  in  salu- 
tem,  in  sanctiQcaiipne 
Spiritus  et  in  fide  verita- 
tis : 

i5.  In  qua  et  vocavit 
vos  per  Evangeliuui  nos- 
trum ,  in  acquisitionem 
gloriae  Domini  nostri  Jesu 
Christi. 

i4.  Itaque,  fratres,  sta- 
te :  et  tenete  traditiones, 
quas  didicistis  sive  per 
•^crmonem,  sive  per  epis- 
tolam  nostram. 

i5.  Ipse  autem  Domi- 
minus  noster  Jesus  Chris- 
tus,  et  Deus  et  Pater  nos- 


riiAi'iinE  11.  J  09 

9.  Get  impie  qui  doit  vcnir  ac- 
coiiipagne  de  la  puissance  do  Satan 
avcc  toutes  sortes  de  miracles,  de 
signes  et  de  prodigcs  trompeurs,' 

10.  Et  avec  toutes  les  illusions 
qui  peuvent  porter  a  I'iniquite  ceux 
qui  perissent ,  parce  qu'ils  n'ont 
])as  recu  et  aimc  la  verite '  pour 
filre  sauves.  C'est  pourquoi  Dieu 
leur  envcrra  des  illusions  si  elFica- 
ces '  qu'ils  croiront  au  mensonge , 


11  Afin  que  tons  ceux  qui  n'ont 
point  cru  la  verite,  et  qui  ont  con- 
senti  ii  I'iniquite ,  soient  condamnes. 

12.  Mais  quant  a  nous,  6  freres 
cherisdu  Seigneur,"  nousnoussen- 
tons  obliges  de  rendre  pour  vous  i 
Dieu  de  continuelles  actions  de  gra- 
ces, de  ce  qu'il  vous  a  choisis  des 
le  commencement, '  pour  vous  sau- 
ver  par  la  sanctification  de  I'Esprit- 
Saint'  et  par  la  foi  de  la  verite  , 

1 3.  Vous  appelant  i  cet  etat'  par 
notre  Evangile,  pour  vous  faire  ac- 
querir  la  gloire  de  notre  Seigneur 
Jesus-Christ. 

i4'  C'est  pourquoi,  nos  frferes, 
demeurez  fermes ,  et  conservez  les 
traditions  que  vous  avez  apprises, 
soit  par  nos  paroles,  soit  par  notre 
lettre. 

i5.  Que  notre  Seigneur  Jesus- 
Christ,  et  Dieu  notre  Pfcre,  qui 
nous  a  aimes,  et  qui  nous  a  donnc 


i  9.  Voyez  I'analyse. 

y  10.  Litt.  parce  qu'ils  n'onl  pas  recu  I'amour  de  la  verile. 
fj^'d.  A  la  leltre  ;  Dieu  leur  enverra  une  ef(icacit(5  d'orreur ;  I'l  fjennettm 
qu'ils  soient  scduiis  et  trompes.  Voyez  I'analyse. 
■^  XI.  C'est  I'expression  du  grec. 
Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 
Ihid.  Qu'il  vous  a  communique, 
f  i3.  C'est  le  sens  du  grec :  ei;  5  acoXeosv  up.a«. 


I  lO 


11^    EPITRE  DE  SAINT  PAUL  AUX  TIIESSALOiNIClEINS. 


par  sa  grace  une  consolation  cter-     qui  dilexit  nos ,  et  dedit 
nelle  et  une  si  hciiseuse  esperancc,     consolationcni     aetcrnaiTi 


16.  Console'lui-menievoscoeurs, 
et  vous  affermissedanstoutes  sortes 
de  bonnes  oeuvres,  et  dans  la  bonne 
doctrine. " 


et  spciYi  bonaJTi  in  gratia  , 
iG.  Exbortetur  corda 
vestra ,  et  confirmet  in 
on:ini  opere  et  sermone 
bono. 


■j^  16.  C'esl  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Gr.  litt.  dans  la  bonne  doctrine  et  dans  toutes  sortes  de  bonnes 
ccuvres. 


CHAPITRE  III. 


Saint  Paul  demande  aux  Thessaloniciens  Je  secours  de  ieurs  prleres.  II  les 
avertit  de  se  relirer  de  ceux  qui  vivoient  d'une  maniere  dercglee.  II  ieur 
recommande  le  travail.  II  Ieur  souhaite  la  paix.  Salutation. 


Ephes.vT.  If) 
Col.  IV.  3. 


I.  Au  reste ,  nos  i'rferes,  priez 
pour  nous,  afin  que  la  parole  de 
Dieu'  se  repande  de  plus  en  plus  , 
et  qu'elle  soit  partout  en  bonneur' 
ainsi  qu'elle  Test  parmi  vous  ; 

a.  Et  afin  que  Dieu  nous  garan- 
tisse  des  hommes  deraisonnables  * 
et  mecbans , '  car  la  foi  n'est  pas 
commune  a  tons;' 

3.  Mais  Dieu'  est fidele ,  et  il  vous 
affermira'et  vous  preservera  du  ma- 
lin  esprit'. 

4.  Quant  a  vous ,  nous  avons 
cette  confiance  en  la  bonte  du  Sei- 


1 .  De  cetero ,  fratres, 
orate  pro  nobis,  ut  sermo 
Dei  currat,  et  clarificetnr, 
sicut  et  apud  vos  : 

a.  Et  ut  liberemur  ab 
importunis  et  malis  homi- 
nibus  :  nonenim  omnium 
est  fides. 

5.  Fidelis  autem  Deus 
est,  qui  confirmabit  vos  , 
et  custodiet  a  malo. 

4.  Confidimus  autem 
de  vobis  in  Domino, quo- 


Ibid. 
Ibid. 


Gr.  litt.  du  Seigneur.' 
Grec :  en  gloirc. 

C'est  le  sens  du  §rec. 
Qui s'opposent  au  progris  de  I'Evangile,  auquel  ils  ne  veulenl  point 


Ibid.  Dieu  par  un  juste  jugement  en  laisse  plusieurs  dans  Ieur  aveuglc- 
ment. 

f  3. 

Ibid. 

Ibid. 
quel  ils 


Gr.  litt.  le  Seigneur. 
Dans  la  foi  que  vous  avez  embrass^e. 

De  tout  le  mal  que  lui  et  ses  ministres  voudroient  vous  faire,  et  au- 
voudroient  vous  porter. 


CHAPITRE   III. 


1  I  I 


iiiam    qua;   praecipimii? , 
el  facitis,  et  facleti*. 

5.  Dominus  aiitem  di- 
rigat  corda  vcstrain  cha- 


gncur',  que  vous  aocomplissez,  et 

que  vous  acconiplirez  toujours  que 

nous  vous  ordonnons. 

5.  Que  le  Seigneur  vous  donne 

un  cceur  droit  '  dans  Tamour  de 
ritate  Dei ,  et  patientia  Dieu  ,  et  dans  la  patience  de  Jesus- 
Christi.  Christ. 

6.  Denuntiamus  aulem  6.  Nous  vous  ordonnons ,  no? 
vobis,  fratres,  in  nomine  freres,  au  noin  de  notre  Seigneur 
Domini  nostriJesu  Chris-  Jesus-Christ,  de  vous  retirer  '  de 
ti ,  ut  subtrahatis  vos  ab  tons  ceux  d'entre  vos  freres  qui  se 
omni  fratre  anibulante  conduisent  d'unemaniere  dereglee, 
inordinate,  et  non  secun-  et  non  selon  la  tradition  '  qu'ils 
dum  traditionetn  quam  ont  recne  de  nous, 
acceperunt  a  nobis. 

7.  Ipsi  enim  scitis  7.  Car  vous  savez  vous-memes 
quemadmodum  oporteat  ce  qu'il  faut  faire  pour  nous  imiter, 
imitari  nos  rqnoniamnon  puisqu'il  n'y  a  rien  en  de  deregle  ' 
inquieti  fuimus  inter  vos  :     dans  la  maniere  dont  nous  avons 

vecu  parmi  vous. 

8.  Ncque  gratis  panem        8.  Et  nous  n'avons  mange  gra-  -^ct.^x.  34. 
manducavimus    ab     ali-    tuitement    le    pain   de    personne ;  'X^/j  ^'^■^^' 
quod,  sed  in  labore  et  in    mais   nous  avons  travaille  jour  et  ^'       *•"•<.< 
fatigatione,  nocte  et  die     nuit  avec  peine  et  avec  fatigue  , 
operantes,  ne  quem  ves-    pour  n'etre  a  charge  a  aucuu   de 

trum  gravarenius  :  vous. 

9.  Non  quasi  non  ha-  9.  Ce  n'est  pas  que  nous  n'en 
buerimus  potestatem,  sed  eussions  le  pouvoir,  '  mais  c'est 
ut  nosmetipsos  Ibrmam  que  nous  avons  voulu  nous  donner 
daremus  vobis  ad  imitan-  nous-memespour  module,  afin  que 
dum  nos.  vous  nous  iraitassiez. ' 

10.  Nam  et  cum  esse-  10.  Aussi,  lorsque  nous  etions 
musapndvoSjhocdenun-  avec  vous,  nous  vous  declarions 
tiabamus  vobis  :  quoniam  que  celui  qui  ne  veut  point  travail- 
si  quis  non  vult  operari,     ler,  ne  doit  point  manger. 

neo  manducet. 


y  5.  Antrement  et  selon  le  gfec  :  que  le  Seigneur  conduise  et  porte  vos 
ifpurs  a  Tamour  de  Dieu  ,  et  k  I'altente  de  Jesus-Cbrisl. 

y  6 .  De  Tous  separer. 

Ibid.  La  forme  de  vie. 

Ibid.  Par  Texemple  que  nous  lear  avons  montr^ ,  et  pw  Ics  instractions 
qne  nous  leur  avons  donnees. 

y  7.  C'est  le  sens  du  grec 

y  9-  Que  nous  n'eoseions  droit,  en  voos  pr^hant  I'Evangile,  de  recevoir 
devous  notre  subsistance. 

Ibid.  En  travaillant,  comme  tout  le  monde  doit  faire,  pour  avoir  droit  de 
manger. 


I  12 


11°  EPITRE  DE  SAINT  PAUL  AUX  TIIESSALONICIENS. 


11.  Car  nous  apprenons  qu'il  y 
a  parini  vous  quelqucs  gens  in- 
quietS,'  qui  nc  travaillent  point, 
mais  qui  sc  mCIent  de  ce  qui  ne  les 
regardc  pas. 

12.  Or,  nous  ordonnons  h  ces 
personnes,  et  nous  les  conjurons 
par  notre  Seigneur  Jesus-Chrjst , 
de  manger  leur  pain,  en  travaillant 
en  silence. ' 

Oal.\i.().  i5.  Et  pour  vous,  nos  frtres, 

ne  vous  lassez  point  de  faire  le 
bien.  ' 

i4-  Si  quelqu'un  n'obeit  pas  ill  ce 
que  nous  ordonnons  par  notre  lettre, 
notez-le,  et  n'ayez  point  de  com- 
merce avec  lui,  afin  qu'il  en  i)it  de 
la  confusion. 

i5.  Ne  le  considerez  pas  nean- 
moins  comme  votre  ennemi;  mais 
avertissez-le  '  comme  votre  frfere, ' 

i6.  Cependant  jeprie  le  Seigneur 
de  paix  de  vous  donner  la  paix  en 
tout  temps  et  en  tout  lieu. '  Que  le 
Seigneur  soit  avec  vous  tous. 

17.  Je  vous  salue  ici  de  ma  pro- 
pre  main,  moi  Paul  :  c'est  la  mon 
seing  dans  toutes  mes  lettres  :  j'e- 
cris  ainsi. 

18.  La  grace  de  notre  Seigneur 
Jesus-Christ  soit  avec  vous  tous. 
Amen.' 


11.  Audivimus  enim 
inter  vos  quosdam  ambu- 
larc  inquicte,  nihil  opc- 
rantes,  sed  curiose  agen- 
tcs. 

12.  lis  autem  qui  ejus- 
modi  sunt,  denuntiamus, 
et  obsecramus  in  Domino 
Jesu  Christo  ,  ut  cum  si- 
lentio  operantes,  suum 
panem  manducent. 

i3.  Vos  autem,  fratres, 
nolite  deficere  benefacien- 
tes. 

i4-  Quod  si  quis  non 
obedit  verbo  nostro  per 
epistolam ,  hunc  notate , 
et  necommisceaminicum 
illo,  ut  confundatur  : 

i5.  Et  nolite  quasi  ini- 
micum  existimare ,  sed 
corripite  ut  fratrem. 

16.  Ipse  autem  Domi- 
nus  pacis,  det  vobis  pacem 
sempiternam  in  omni  lo- 
co. Dominus  sit  cum  om- 
nibus vobis. 

1 7.  Salutatio  mea  manu 
Pauli  :  quod  est  signum 
in  omni  epistola  :  itascri- 
bo, 

18.  Gratia  Domini  nos- 
tri  Jesu  Christi  cum  om- 
nibus vobis.  Amen. 


y^  1 1.  Gr.  der^gles  aToarw?.  C'est  la  m6me  expression  qu'aux  -j^  fi.  et  7. 
■5^  12.  Gr. autr.  en  repos. 

•j^  i3.  De  vous  coiftduire  cpnformement  k  ce  que  nous  vous  avons  enseign^. 
y^  1 5.  C'est  ie  sens  dugrec. 
Ibid.  Atcc  douceur  et  aveccharite. 

y^  r6.  Le  grec  imprime  III  :  en  touto  maniere,  ev  uavTi  Tpo'irw, 
f  18.  Les  exemplaires  grecs  portent  ici  :  La  seconJe  aux  Thessalonicjens 
fut  ecrite  d'Athenes  en  106  versets. 


PRE FACE 
SUR  LA  PREMIERE  EPITRE 

A  TIMOTHEE. 


TiMOTHEE  etoit  de  Lycaonie ,  cl  apparcniment  <lc  la  villc     r.cranrquf= 
<le  Lyslres  ,  ou  I'Apotre  le  Irouva  '.  Ori<^ne  a  cru  ^  qu'il  snrTiraothec, 
etoil  parent  de  saint  Paul ,  sur  ce  que  cet  apolre  salue  les  aquiceiteepi- 
Romains  de  la  part  de  Timolhce  le  compagnon  de  s€s  Ira-  H^  'o^Ii^ 
vaux ,  (le  Luce,  de  Jason  et  de  Sosipatre  ses  parens  ^.  Tinio- gigmetdecct- 
tl.ee  auroit  pu  etre  parent  de  saint  Paul  du  cfke  d'Eunice  iccpitre, 
sa  mere  ,  laquelle  etoit  Juiye  ;  mais  le  texte  de  cet  apotre 
ne  le  prouve  point.  Quoi  qu'il  en  soit ,  Timothee  avoit  ete 
eleve  dans  I'eLude  des  saintes  letlres  des  son  enfance  ^, 
et  il  etoit  deja  du  nombrc  des  fideles  ,  avant  que  saint 
Paul  arrivat  a  Lyslres  ^.  Les  freres  lui  rendoient  un  te- 
moignage  avantageux ;  et  saint  Paul  souhaila  de  I'avoir 
pour  disciple,  et  pour  compagnon  de  ses  voyages.  Comme 
il  n'avoit  pas  reru  la  circoncision ,  parce  que  son  pere 
etoit  gentil ,  saint  Paul  le  prenant  avec  lui ,  le  circoncit 
aLystres,  afin.de  ne  pas  irriter  les  Juifs,  qui  auroient 
trouve  fort  mauvais  qu  il  prit  avec  lui  un  incirconcis. 

Timothee  recut  I'ordination  episcopale  ,  en  conse- 
quence d'une  prophetie  et  d'un  ordre  particulier  du 
Saint-Esprit  "^ ,  et  ce  fut  saint  Paul  meme  qui  lui  imposa 
les  mains'  ;  mais  on  ne  salt  pas  distinctement  le  temps  de 
son  ordination.  On  sait  seulement  que  s'elant  une  fois 
attache  a  I'xVpotre,  il  ne  le  quilla  plus  que  par  se.s  ordres , 
et  qu'il  travailla  avec  lui  a  la  predication  de  I'Evangile , 
comme  un  fils  avec  son  pere  ®.  lis  passerent  ensemble 
de  I'Asie  en  Macedoine;  et  lorsque  saint  Paul  fut  oblige 

'  Jlcl.  XVI.  I.  fide  Chrys.  in  Bom.  horn.  ig.  et  in  2.  Tim.  horn.  8.  et 
Theodoret.  in  Rom.  xvi.  21.  Tillemont,  note  i.sur  saiulTiniotUec. — -Oii- 
gen,  in  Bom. p.  fi32. — ^  Bom.  \\i.  ai. —  *  2.  Tim.  iii.  i5. — * ^ct.  xvi.  i. 
etsetjq. — *  I.  Tim.  iv.  14. — '  2-  Tim.  i.  6. — '  Philipp.  11.  22. 

23.  8 


1  I  i  PREFACE 

de  quitter  Beree  ,  pour  aller  a  A.thcnes  ,  il  laissa  en  Mace- 
tloine  Silas  et  Timothec  '.  Aussitot  que  I'/Vpotrc  fut  arrive 
a  Alhenes,  il  leur  manda  de  venir  promptemcnt  le  trouver. 
Tiriiothee  y  etant  vcnu  ,  saint  Paul  le  renvoya  d'Athenes  a 
Thessalonique  ^  ,  pour  y  fortifier  les  fidcles  dans  les  per- 
secutions qu'its  souffroient  alors.  Pcu  de  temps  apres  il 
revint  ti^ouver  saint  Paul  a  Corinlhe  ^. 

Il  y  a  assez  d'apparence  qu'il  accompagna  cet  apotre 
dans  le  voyage  qu'il  fit  de  Jerusalem  a  Corinthe ;  et  a  son 
retour  de  Jerusalem  a  Ephese.  Saint  Paul  I'envoya  d'E- 
phese  en  Macedoine  *  et  en  Achaie''  avec  Erastc  ,  pour  y 
faire  preparer  les  aumones  qu'il  recueilloit  pour  les  Chre- 
tiens de  Jerusalem.  Timothee  vint  quelque  temps  apres 
retronver  saint  Paul  a  Ephese ,  et  lui  rendit  compte  de 
son  voyage.  lis  partirent  ensuite  d'Epliese*^,  et  allerent 
ensemble  en  Macedoine  et  a  Corinlhe,  d'ou  saint  Paul 
revint  en  Asie,  pour  de  la  passer  a  Jerusalem.  On  ne  sait 
pas  precisement  si  Timothee  I'accompagna  dans  lout  son 
voyage ;  mais  on  apprend  de  saint  Paul  meme  ,  qu'il  de- 
nieuroit  a  Rome  avec  lui,  puisque,  quand  cet  ap6tre  y 
etoit  dans  les  liens ,  il  le  nomme  conjointement  avec  lui 
dans  le  litre  des  trois  lettres  qu'il  ecrivit  a  Philemon,  aux 
Philippicns  et  aux  Colossiens-' ;  et  il  y  etoit  libre  ,  puisque 
I'Apotrc  marque  aux  Philippiens  qu'il  espere  le  leur  en- 
voyer  bienlot^. 

II  parott  qu'il  fut  mis  en  prison  un  pen  avant  la  deli- 
vrance  de  saint  Paul;  car  dans  I'epitre  que  celui-ci  ecrivit 
aux  Hebreux  vers  I'an  (53  de  I'ere  chret.  vulgaire  ,  il  leur 
mande  que  Timothee  est  delivre  de  prison,  et  que  s'il  re- 
vient  bientot,  il  ira  les  voir  avec  lui'-'.  On  ne  sait  ou  etoit 
alors  saint  Paul.  Timothee  vint  le  rejoindre ;  ils  se  trouve- 
rent  ensemble  a  Ephese ,  ou  1' Apotre  le  laissa  pour  avoir 
soin  de  cette  Eglise^".  D'Ephese  saint  Paul  passa  en  Mace- 
doine ;  et  il  paroit  que  c'est  de  la  qu'il  lui  ecrivit  cette  pre- 
miere epitre  ,  dans  laquelle  il  lui  marque  tous  les  devoirs 
de  son  ministere,  non  que  Timothee  put  les  ignorer,  lui 
qui  avoit  ete  si  long-temps  son  disciple  ,  mais  afin  que  les 
eveques  de  lous  les  siecles  eussent  dans  les  instructions 


*  ^ct.  xvu.  r4.  et  seqq. — -  i.  7'hess.  iir.  r.  ctsecjq. — ^Act.  xvin.  5. — 
*  Act.  XIX.  22.  —  *  I.  Cor.  svi.  10. — ^  Act.  xx.  4.  —  ''  Philipp.  i.  i.  Co- 
loss.  I.  r.  Philem.  -jj^  i.  -— *  Philipp.  ii.  19.  ?.3.  —  »  Hebr.  xm.  aS.  — '"  i. 
Tim.  1.3. 


SlU  LA  l"   KPITRE   A  TIMOTKKE.  I  I  j 

iju'il  lui  (lonne  un  excellent  abrege  cle  toutcs  leurs  obli- 
i^alions.  Cost  ce  qui  a  fail  dire  a  saint  Augustin  que  ceux 
<jiii  sont  destines  a  servir  I'Eglise  doivent  avoir  continuel- 
lemcntdevantlesyeux  Ics  deux  epitresaTimothee,  et  celle 
a  Tite. 

L'Apotre  salue  son  disciple  bien-aime  (  chap,  i ) ,  en  lui  Analyse  de 
souhaitant  la  grace  ,  la  misericorde  et  la  pais'.  II  veut  d'a-  ct«eepitrc. 
bord  lui  recoinmander  d'observer  fidelement  Ics  devoirs 
dont  fl  I'a  charge  en  le  placant  a  la  tete  de  I'Eglise  d'E- 
phese  ;  et  c'est  ce  qu'il  commence  a  lui  dire  en  lui  rappe- 
lant  la  priere  qu'il  lui  fit  en  partant  pour  la  Macedoine,  de 
denieurer  a  Ephese  pour  veiller  a  la  conservation  du  depot 
de  la  foi ,  et  avertir  certains  faux  docteurs  de  ne  point 
enseigner  une  doctrine  qui  s'en  ecarte,  etde  ne  point  s'a- 
muser  a  des fables  et  a  des  analogies  sans  fin,  qui  servent 
plutot  a  exciter  des  disputes  qu'a  former  et  elever  I'edi- 
fice  de  Dieu,  qui  ne  se  construit  etne  s'eleve  que  par  la 
foi"^.  Ceci  regarde  apparemment  certains  docteurs  iuifs 
qui ,  comptant  pour  un  grand  avantage  d'etre  nes  de  la  race 
d'Abraham,  s'appliquoient  a  recueillir  et  a  discuter  les 
preuves  de  cette  naissance  pour  eux-memes  et  pour  leurs 
disciples.  Et  parce  que  ces  faux  docteurs  se  glorifioient  de 
leur  zele  pour  la  loi,  I'Apotre  interrompant  ici  la  phrase 
qu'il  avoit  commencee ,  fait  remarquer  a  son  disciple  que 
la  fin  des  commandemens  est  la  charite  qui  nait  non-seule- 
ment  d'un  coeur  pur  et  d'une  bonne  conscience ,  raais  en- 
core d'une  foi  sincere,  de  laquelle  ces  faux  docteurs  s'ecar- 
tent^  II  avoue  que  la  loi  est  bonne ,  si  on  en  use  comnie 
on  doit  en  user  ^,  c'est-a-dire  comme  d'un  moniteur  fidele 
qui  nous  montre  la  voie  ou  nous  devons  marcher,  et  nous 
conduit  a  Jesus-Christ ,  a  qui  seul  il  appartient  de  nous  y 
taire  marcher  par  le  secours  de  sa  grace.  Et  en  meme 
temps  il  declare  qu'il  sait  que  la  loi  n'est  pas  pour  le  juste, 
qui  la  pratique  deja,  parce  qu'il  la  porte  gravee  dans  son 
ccEur  par  I'impression  de  I'araour ;  inais  pour  les  mechans 
qui  s'en  ecartent ,  et  contre  qui  elle  prononce  sesanathe- 
jnes-*.  Le  denombrement  de  ccux  contre  qui  la  loi  est  eta- 
blie  le  conduit  a  les  renfermer  tous  sous  im  seul  caractcro 
qui  est  celui  d'infracteurs  de  la  sainte  doctrine  de  I'Evan- 
gile  dont  la  dispensation  lui  a  ete  confiee''.  Ccci  lui  donne 

•  V"  1.  eii.  — *y  3.  tV  .;.  — ^  V  5.-7. — *  y  3.  —  '  y  9.  et  in.—"  >-  10. 
et  n. 


ii6 


PKEFACE 


lieu  d'insisler  sur  son  apostolat  conlre  lequel  les  faux  apo- 
Ires  elolent  loujours  prets  a  s'elever.  II  rcmercle  Jesus- 
Christ,  qui  a  fait  eclater  sur  lui  les  riehesses  de  sa  grace,  en 
le  changeant  dc  persecuteur  en  ap6tre*;  et  il  reconnoit 
qu'en  cela  comme  dans  tout  le  reste  I'lionneur  et  la  gtoife 
sont  dus  a  Dieu  dans  tous  les  siecles^.  Apres  cela  if  re- 
prend  la  phrase  qu'il  avoit  interrompue ;  et  il  recommandc 
a  Timothee  I'avertissement  et  le  prccepte  qu'il  lui  avoit 
laisse  de  se  tenir  en  garde  contre  les  fauxapotres,  afin 
qu'il  s'acquilte  des  devoirs  de  la  milice  sainte ,  en  conser- 
vant  la  foi,  et  evitant  le  naufrage  de  ceux  qui  s'en  sont 
ecartes^,  entre  lesquels  il  en  note  deux  qu'il  a  livres  a  Sa- 
tan ,  pour  leur  apprendre  par  ce  chatiment  a  ne  plus  blas- 
phemer*. 

De  la  I'Apotre  prend  occasion  de  recommander  tres 
expressement  ( chap,  n  )  a  son  disciple  de  faire    toutes 
sortes  de  prieres  et  d'actions  de  grace  pour  toUs  les  hom- 
mes,  sans  distinction  de  Juifs  ou  de  gentils,  et  speciale- 
ment  pour  les  rois ,  et  pour  ceux  qui  sont  eleves  en  di- 
'      ,'^^y^\le^.  11  declare  que  ce  zele  pour  le  salut  des  gentils 
"^  inemes  est  bon  et  agreable  devant  Dieu  qui  veut  que  tous 
les  homines,  sans  distinction  de  peuples  ou  de  nations  , 
soientsauves  ,  et  viennent  a  la  connaissance  de  la  verite*^. 
Car,  comme  il  est  dit  ailleurs ,  Dieu  n'est-il  le  Dieu  que  des 
Juifs?  ne  I'est-il  pas  aussi  des  gentils?  Oui  certes,  il  Test  aussi 
des  gentils;  car  il  n'y  a  qu'un  seul  Dieu  qui  justifie  par  la 
foi  les  circoncis  et  les  incirconcis'.  Et  c'est  aussi  ce  qu'il 
dit  ici :  II  n'y  a  qu'un  Dieu,  et  un  mediateur  entre  Dieu  et 
les  hommes,  Jesus-Christ  homme  quis'est  livre  lui-meme 
pour  etre  le  prix  de  la  redemption  de  tous ,  sans  distinction 
de  circoncis  ou  d'incirconcis ,  en  rendant  ainsi  dans  le 
temps  marque  un  temoignage  eclatant  a  I'amour  ineffa- 
ble de  Dieu  pour  les  hommes**.  Ce  qui  lui  donne  lieu  de 
confirmer  encore  son  apostolat,  en  ajoutant  que  c'est  pour 
faire  connoitre  ce  temoignage  meme  de  Jesus-Christ  qu'il 

'  -jj-  i9..-tfi. — ^  i  I-;.  — 5  ^  i8.  ct  iQ.  —  *  -j^  20.  etult.  —  ^  f  t.eti.  — 
c  -j^  J.  cf  4.  Qui  ornnes  homilies  {§r.  r.mTO.^  avOpraw&Ui;)  vult  salvos  fieri ,  et 
ad  agnitionem  veriiatis  venire. — ^  Rom.  iii.  29.  ef3o.  An  Jiidceorum  Deus 
tanluin  ?  noiine  et  gentium  ?  Imino  et  gentium.  Quoniam  quidem  unus  est 
Deus,  qui  j  ustifical  circumcisionem  ex  fide.,  et  prcepulium  per  fidem.  — 
"  ^  5.  eiG.  Unus  enimDeus,  unus  et  mediator  Dei  et  liominum  homo  Chris- 
tus  Jesus,  qui  dedit  redemplionem  semetipsum  pro  omnibus ,  testimonium 
temporibus  suis.  (Gr.  i^ioi^,  ptvpriis .) 


sua  LA   l'*  EPITRK  A  TIMOTHEE.  I  I  "J 

a  cle  ciabli  predicatcur  ct  apotre ,  et  specialemcnt  tloctcur 
lies  nations  pour  les  inslruire  de  la  foi  et  de  la  verite'.  Ce 
011*11  vienL  do  dire  de  la  priere  lui  donne  lieu  de  regler 
les  dispositions  inlericures  et  exlerleures  meme  avec  les- 
quellcs  doivent  s'acquittcr  de  cet  exercice  en  tout  lieu  les 
personnes  dc  I'un  etde  I'autresexe*.  De  la  il  passe  aux  de- 
voirs parliculiers  des  fenunes ,  a  qui  il  recommande  spe- 
cialement  la  modestie  ,  la  soumission  et  le  soin  de  leurs  en- 
fans. 

Apres  cela  il  vient  aux  devoirs  des  ev^ques  (  chap,  iii ). 
11  declare  d'abord  que  si  quelqu'un  desire  I'episcopat ,  it 
desire,  non  un  vain  lionneur  qui  doive  I'enfler ,  mais  une 
ceuvre  saintc  qui  exige  des  dispositions  qui  y  soient  pro- 
poriionnees  * ;  et  aussitot  il  les  expose ,  et  en  fail  le  denom- 
hremenl^.  Ce  qu'il  dit  de  I'eveque  est  egalement  applica- 
ble aux  prelres  qui  partagent  avec  lui  les  fonctions  de  son 
luinisterc;  c'est  pourquoi  il  passe  aussit6t  aux  diacres, 
dont  il  prescrit  aussi  les  qualiles ''.  II  declare  a  son  disciple 
que  quoiqu'il  espcre  le  revoir  dans  peu,  il  lui  ecrit  ces 
choses ,  afin  que  si  son  retour  a  Ephese  est  retarde  par 
quelque  evenement  imprevu,  il  sache  comment  il  doit  se 
conduire  dans  la  maisou  dc  Dieu  qui  est  I'Eglise  du  Dieu 
vivant,  la  colonne  et  la  base  de  la  verite',  dans  le  sein  de 
laquelle  les  gentils  se  reunissoient  aux  Juifs  fideles.  La  for- 
mation de  I'Eglise  par  la  reunion  des  deux  peuples  en  Je- 
sus-Christ eloit  un  mystere  que  les  Juifs  charnels  ne  com- 
prenoient  point :  c'est  pourquoi  I'Apotre  qui  les  avoit  en 
vue  des  le  commencement  de  cette  epitre,  insisle  ici  sur  la 
grandeur  de  ce  mystere  ,  qu'il  appelle  ailleurs  le  mystere 
tie  Jesus-Christ^.  11  I'appelle  ici  viysUrc  de  piete^ ,' puree 
qu'en  effet  ce  mystere  estl'objet  essentiel  de  la  piete  ;  et 
le  considerant  dans  toutes  ses  parties ,  il  remonte  jusqu'au 
moment  de  I'incarnation  qui  en  est  le  principe.  Jl  dit  ail- 

'  T  7  -  -^  8.  ef  Q.  Iii  omniloco,  etc.  (  Gr.  ev  •rtav:'.  to'ttw  ,  etc.) — ^f  lo, 
ad  flnem. — *  ji. — *  •^'pt.-'j. — ^  -^  8.-r3. — "y  14.  .:  i5. — ^Cphes,  111,  4.  et 
seqtf.  Potestis  legeiues  intelli'gere  prttdenliam  meqm  in  mysterio  Chi-isiS 
(jucd  aliis  geueralionibus  non  est  agnitnni  filiis  hominum,  sicuti  nunc  re- 
velatiim  est  Sanctis  apostolis  ejus  el  proplietis  in  spin'tu  :  Gentes  esse  cohere- 
des,  et  coucorporales,  et  comparticipes  promissionis  ejus  in  Christo  Jesii 
per  Evatigelium.  Col.  1.26.  ef  27.  Mysverium  quod  abscondilum J'uit  a  se- 
cutis  et geneixuionibus ,  nunc  autern  inani/estatum  est  Sanctis  ejus,  qui- 
bus  voluit  Deus  notasj'acere  dii'itias  glorice  sacranientihujus  ingentibus, 
quodest  Christus  in  vobis  spes  glorite. — ^  1^  16.  i^tmanifpste  magnum  est 
pietalis  sacramentum. 


1  I  8  PREFACE 

leurs  que  ce  mysl^re  c'est  Jesus-Christ  meme  rccu  des  gen- 
tils  ct  (leveiiu  Tesperancc  de  leur  gloire^ ;  ct  de  meme  ici 
il  declare  que  ce  inystcre  c'est  Dieu  meme  (  car  c'est  ainsi 
que  porte  le  grec,  non-seulcment  dans  les  editions  impri- 
mees ,  mais  dans  presque  tous  les  manuscrits ,  et  dans  tous 
les  peres  grccs ) ,  c'est  Dieu  meme  manifeste  dans  la  chair, 
justifie  par  I'esprit,  vu  des  anges ,  preche  aux  nations ,  cru 
dans  le  monde  ,  recu  dans  la  gloire  ^ ;  c'est  Dieu  manifeste 
ilans  la  chair;  c'est  le  Verbe  fait  chair ;  c'est  Dieu  vu  sur  la 
terre  ,  revetu  de  la  forme  humainc  ,  et  conversant  parmi 
les  hommes;  c'est  Dieu  jiistijie  par  V Esprit ;  Jesus-Christ 
meme  avoit  annonee  que  I'Esprit  de  verite  qu'il  repan- 
droit  sur  ses  disciples  lui  rendroit  temoignage  ,  ct  le  jus- 
tifieroit  en  attestant  jon  innocence  et  sa  justice,  etprou- 
vant  qu'etant  vraiment  Fils  de  Dieu  ,  il  etoit  vraiment  re- 
monte  vers  son  Pere  ^ ;  c'est  en  effet  ce  qui  resulte  des  dons 
surnaturcls  communiques  aux  disciples  de  Jesus-Christ, 
et  des  prodiges  operes  par  eux  en  son  nom  :  ces  prodiges 
ct  ces  dons  procedoient  de  I'Esprit  de  Dieu ;  et  c'est  ainsi 
que  le  Verbe  de  Dieu,  apress'etre  manifeste  dans  la  chair, 
a  ete  justifie  par  FEsprit.  Ce  mystere  ,  c'est  Dieu  vu  des 
anij^es  dans  la  forme  humaine  dont  il  s'est  revetu  :  les  hom- 
mes n'ont  vu  en  lui  sur  la  terre  que  sa  forme  humaine; 
mais  les  anges  ont  vu  sa  forme  divine  meme  que  les  hom- 
mes ne  pouvoient  voir.  Ce  mystere ,  c'est  Dieupreche  aaa: 
nations,  annonee  aux  gentils  ainsi  qu'aux  Juifs,  comme 
devant  etre  egalement  pour  tous  I'esperance  de  leur 
gloire,  le  bien  souverain  a  la  possession  duquel  ils  sont 
tous  egalement  appeles;  c'est  Dien  cm  dans  le  mond^ ,  vu 
des  anges  et  cru  des  hommes,  rejete  par  les  Juifssuperbes 
et  incredules ,  et  cru  par  ceux  que  Dieu  lui-raeme  a  choisis 
d'entre  les  Juifa  et  d'entre  les  gentils,  sans  distinction 

'  Col.  I.  a;.  Ill  supra. — ^^  17.  Quod  manijestatum  est  in  came,  jusli- 
Jicalum  est  in  spiriiu,  apf>ai'uit  angelis,  prccdicatum  est  gentibus^  credilum 
est  in  mundo,  assumplum  est  in  gloria.  (Gr.  0£oj  ti^ avEpwQn  ev  csa.^x[ ,  etc.) 
Deus  manifestatus  est  in  co.fne,  etc.  II  y  a  lieu  de  conjecturer  que  les  deux 

firemleres lellres  de  ©ebc  ayant  disparu,  on  aura  lu  os;  eiaavepwOr) ,  comme  on 
e  trouve  meme  dans  quelques  exemplaires.  Et  parcequelemasculin  &;  con- 
venoit  mal  avec  le  neulre  [/.uoTTipicv,  on  aura  mis  le  neulre  0,  d'oii  sera  venue 
la  le^on  que  suppose  notre  Vulgate,  3  ecpavepwOyi. — '^  Joan.  xv.  26.  Cum  au- 
teni  venerit  Paracletus  quern  ego  mitlam  vobis  a  Patre,  Spiritum  veritatis 
qui  a  Patre  pi-ocedit ,  ille  testimonium  pcrhibcbit  de  me.  Etxvi.  8.  ro.  Et 
cum  venerit  ille  J  aiguet  muiulum  de  peccato,  etde  justitia,  etde  judicio... 
De  justitia  vero ,  quia  adPatrem  vado. 


SLR  LA  1"EP1TUE  A  TIMOTIIEE.  I  ly 

(!c  pcuples  ni  de  nations.  Enfin  c'est  Dieu  manifeste  dans 
!a  chair ,  el  recu  dans  la  gloire  ;  c'est  Jesus-Christ  fils  de 
Dieu  eieve  dans  le  ciel ,  et  assis  a  la  droite  de  Dieu  son 
pere. 

Apres  cela  I'ApAtrc  annonce  a  son  disciple  ( chap,  iv  ) 
les  heresies  qui  devoient  s'elever  dans  le  temps  a  venir  * ; 
il  desigue  principalernent  deux  erreurs ,  Tune  qui  sera  d'in- 
lerdire  et  de  condamner  le  mariage  ,  et  I'autre  de  defendre 
I'usage  de  certaines  viandes^.  Ces  deux  erreurs  furent 
communes  a  plusieurs  des  heretiques  qui  s'elcverent  des 
le  temps  menie  des  apotres ,  ct  dans  les  siecles  suivans  : 
lesebionites  ,  les  encratites,  Marcion,  Saturnin,  Montan  , 
ct  autres.  Quelques-uns  croient  que  cette  prediction  de 
TApolre  regarde  principalernent  Manes  et  ses  sectateurs  , 
dont  les  autres  avoient  ete  en  quelque  sorte  les  precur- 
seurs.  L'Apotre,  sans  s'arreter  a  la  premiere  erreur,  qui  se 
detruit  d'elie-meme  ,  refute  seulement  la  seconded.  11 
exhorte  son  disciple  a  enseigner  loujours  la  bonne  doctrine 
qu'il  a  recue  ,  et  a  fuir  les  fables  de  lerreur*.  II  lui  recom- 
mande  de  s'exercer  de  plus  en  plus  a  la  piete,  dont  il  lui 
fait  sentir  I'avantage  en  comparant  cet  exercice  spirituel  a 
i'cxercice  corporel  des  athletes^;  comparaison  qu'il  em- 
ploie  aussi  ailleurs*".  11  assure  la  verite  de  ce  qu'il  vient  de 
dire  des  avantages  de  la  piete  pour  la  vie  presente  et  pour 
la  vie  future '^ ,  et  il  declare  que  ce  qui  le  soulient  au  milieu 
dc  tous  ses  travaux,  c'est  I'esperance  des  biens  qu'il  attend 
du  Dieu  vivant  qui  est  le  sauveur  de  tous  les  hommes  ,  sans 
distinction  de  Juifs  ou  de  gentils,  mais  principalernent  de 
ceux  d'entre  ces  deux  peuples  qui  croient  en  lui^.  Il  I'ex- 
horte  a  annoncer  et  enseiguer  ces  choses^.  II  lui  recom- 
mande  de  faire  en  sorte  que  personne  ne  meprise  sa  jeu- 
he^e ,  mais  de  s'atlirer  le  respect  en  se  rendant  I'exemple 
des  fideles^".  Il  lui  prescrit  les  principaux  devoirs  qu'il 
doit  remplir  pour  se  sanctifier  lui  et  ceux  qui  ecoutent  sa 
voix^*. 

II  Ivri marque  de  quelle  maniere  il  doit  se  conduire  ( cha- 
pitre  v)  avec  les  personnes  jeunes  ou  agees  de  I'lm  et  de 
I'autre  sexe^'.  11  lui  recommande  d'honorer,  c'est-a-dire 


!20 


PHEFACK 


d'assistcr  les  vraies  veuves^ ;  il  lui  marque  qu'clles  doivcnt 
etre  les  qualiles  dc  celles  a  qui  il  doit  accorder  cettc  assis- 
tance ^.  II  en  cxclut  parliculierement  les  jeunes  veuves 
pour  les  motifs  qu'il  expose  ^  11  ordonne  que  les  fideles'as- 
sistent  eux-memes  les  veuves  qui  leur  sont  proches,  afin 
que  I'Eglise  puisse  suffire  a  celles  qui  sont  vraiment  veuves 
et  qui  ont  besoin  dc  son  assistance"*.  II  ordonne  que  les 
j)retres  qui  gouvernent  bien  soient  doublement  honores 
dans  la  distribution  des  offrandes:  etil  en  marque  un  dou- 
ble motif\  Il  avertit  son  disciple  de  la  conduite  qu'il  doit 
tenir  a  I'cgard  des  pretres  accuses  ou  coupables'' .  Et 
comme  cetle  matiere  est  tres  grave ,  il  le  conjure  dans  les 
termes  les  plus  forts  de  ne  suivre  en  cela  aucun  prejuge, 
aucune  passion  '.  II  lui  recommande  de  n'imposer  legere- 
ment  les  mains  a  personne,  dans  la  crainte  de  se  rendre 
ainsi  participant  des  peches  d'autrui^.  Il  I'exhorte  a  se 
conserver  lui-^meme  pur^.  A.  cette  occasion ,  il  modere 
I'austerite  de  spn  disciple ,  en  lui  conseillant  d'user  d'un 
peu  de  vin  a  cause  de  la  foiblesse  de  son  temperament^".  Il 
revient  a  ce  qui  regarde  I'examen  et  le  choix  de  ceux  a  qui 
on  peut  imposcr  les  mains;  il  montre  la  necessite  de  cet 
examen^*. 

U  regie  ensuite  les  devoirs  des  fidelcs  qui  sont  sous  le 
joug  de  la  servitude  (  chap,  vi  ) ,  et  il  prescrit  a  son  dis- 
ciple les  avis  qu'il  doit  leur  donner  '^.  Apres  cela  il  s'elcve 
avec  force  conlre  quiconque  enseigneroit  une  doctrine 
qui  ne  sei'oit  pas  conforme  a  celle  qu'il  enseigne  ,  et  qui 
est  etablie  sur  les  saines  instructions  de  Jesus-Christ  et 
conforme  aux  regies  de  la  vraie  piete  ;  et  il  ordonne  a  son 
disciple  de  se  separer  de  ces  sortes  de  personnes  *■*.  11  in- 
siste  principalcment  centre  ceux  qui  regardent  la  piete 
comme  unmoyen  de  s'enrichir.  Il  refute  cet  abus  par  plu- 
sieurs  considerations ,  ct  montre  le  danger  de  I'amour  des 
richesscs'^.  Ilexhorte  son  disciple  a  fuir  cette  funesle  pas- 
sion et  les  malheurs  qu'elle  entraine  apres  elle,  et  il  lui 
marque  les  vertus  auxquelles  il  doit  principalcment  s'ap- 
pliquer'''.  11  lui  ordonne  devant  Dieu  et  devant  Jesus- 
Christ  de  garder  fidelement  les  preceptes  qu'il  lui  donne , 
en  se  conservant  sans  tache  et  sans  reproche  jusqu'a  la 
manifestation  de  Jesus-Christ  que  doit  faire  paroltre  en 

'  i^.  —^  y  4.- to. — ^  ii.-r5. — ^  ir  lo. — 'f  17.  ci  18. —  *  y^  19.  et-io. 
'-''i  21.— ",^22.— »  I6id.—  >o  y^aS.— ")^  24.  adjinem.^^*i  i.efa. 


SLR  LA  I*"*  EPirRE  A  TIMOTHEE.  12  1 

son  lemps  Ic  Dicu  supreme  dont  il  relcve  ici  les  principaux 
atlribiils  '.  II  marque  a  son  disciple  les  devoirs  qu'il  doit 
prescrire  au.v  riches  du  siccle '.  Enfin  il  I'exhorte  a  ijarder 
ildclemeut  le  dep6t  de  la  foi  qui  lui  a  ete  conQe,  et  a  eviter 
pour  cela  toules  les  profanes  nouveaules  de  paroles  et  de 
discours  contraires  au  langage  pur  de  la  foi,  et  toutes  les 
vaiues  objections  fondees  sur  une  doctrine  qui  porte  faus- 
sement  le  nom  de  science  ^  :  il  lui  fait  remartjuer  que 
quelques-uns  faisant  ainsi  profession  d'une  science  fausse, 
se  sont  egares  de  la  foi  ^.  Etapres  lui  avoir  montre  le  dan- 
ger contre  lequel  il  doit  se  premunir  ,  il  le  quitte  en  lui 
souiiaitant  la  grace  du  Seigneur  ^. 

Les  souscriptions  qui  se  lisent  a  la  fin  des  cxemplaires  Remarqucs 
crccs  portent  que  celle  epilre  fut  ecrite  dc  Laodiccc,  capi-  suHe  iem|>s 
tale  de  la  Fkrygie  pacaliaine.  Mais  ces  souscriptions  ne  sont  ^^^^^  epUre 
par  elles-memes  d'aucune  autorite  ,  comme  etant  assez  fut  ecrite. 
nouvelles,  et  ayant  ete  ajonlees  par  des  auteurs  sans  aveu. 
Le  nom  de  Phrype  pacatienTic  n'a  ete  connu  que  depuis 
I'empire  de  Constantin.  Le  texte  du  chap,  i"^  de  cette 
epitre ,  i^  3.  :  Coinire  tn  pari  ant  pour  la  Maccdoinc  ,je  vols 
ai prie  de  dcmeuTt,!  d  Kphlse ,  etc.,  seniblc  insinuer  que 
I'Ap^tre  etait  iiv.  Mc  ■  :^  ine  lorsqu'il  ecrivit  cette  epitre  , 
et  qu'il  u'y  avoi..  ;  •  :  icine  long-temps  qu'il  avoit  quitte 
Timothee.  C'estit  ..cutimentqui  a  ete  suivi  par  saint  Atha- 
nase  ^ ,  par  Theodoret ' ,  et  par  nos  meilleurs  critiques  ^. 
On  trouvea  la  fin  du  comnienlairede  Theodoret  la  meme 
souscription,  a  peu  de  chose  pres,  que  dans  les  imprimes  ; 
raais  il  y  a  apparence  que  ce  savant  eveque  ne  I'y  lisoit  pas 
et  qu'on  I'y  a  ajoutee  depuis,  ou  du  moins  qu'il  ne  faisoit 
aucun  fond  sur  cela,  puisque  dans  son  prologue  sur  I'epitre 
aux  Roraains  ,  il  dit  formellement  que  la  premiere  a  Timo- 
thee a  ete  ecrite  de  Macedoine.  On  voit  la  meme  chose 
dans  les  inscriptions  qui  se  lisent  a  la  tete  de  cette  epitre 
dans  quelques  manuscrils  grecs  ,  et  dans  quelques  impri- 
mes^. Baronlus  croit  qivelle  futenvoyee  par  Tychique  ;  et 
le  cophte,  par  Tite  ;  i7"ais  on  n'a  aucune  preuve  ni  dc  I'un, 
ni  de  I'autre.  II  paroit  que  cette  lettre  peut  avoir  ete  ecrite 
vers  I'an  64  ou  65  de  I'ere  chr.  vulg. ,  qui  est  le  temps  ou 
saint  Paul  devoit  etre  en  Macedoine. 

'  i  i3.-i'i.— i  ^  17.  _,g._s^  20.— *  y^  21.— «  Ibid.—^  AJian.  inSy- 
nopsi. — ''I'heodor.pnef.  in  Rom. — '  Grot,  Baron.  Ligf.  Horn.  Ca/>eU.  in 
Jppendice  cn'iic.  p.  3919.  TiUemont.  Got/ioft-ed.  MilL  Est. — ^  Edit. 
Complul.  et  Fivhen.  Msi.  Lin.  Laud.  1.  lioe  2.  IftaU.  1.  fide  Mill  .d 
calcem  hujus  epist. 


PREMIERE  EPITRE 


DE  SAINT  PAUL 


A  TIMOTHEE. 


CHAPITRE  PREMIER. 


Saint  Paul  salue  TImolhee.  Questions  non  ddifiantcs.  Charity,  fin  dcs  com- 
mandomens.  Saintelc  et  iisago  de  la  loi.  Paul  donne  pour  excmple  de  la  mi- 
scricordc  de  Dieu.  Vie  cpiscopale,  milicc  sainte. 


I.  Paul,  apotre  de  Jesus-Christ, 
par  Pordre  de  Dieu  notre  Sauveur, 
et  de  Jesus-Christ  notre  esperance; 


Act.  XVI.  I.  2.  ATimothee  son  cher' fds  dans 
la  foi  :  que  Dieu  notre  Fere,  et  Je- 
sus-Christ notre  Seigneur  vous 
donnent  la  grace ,  la  misericorde  et 
la  paix. 

3.  Je  vous  prie,  comme  je  I'ai 

fait  en  partant  pour  la  Macedoine, 

de  demeurer  a  Ephese,  et  d'avertir 

quelques-uns  de  ne  point  enscigner 

une  doctrine  etrangerc , 

Infr.  IV.  7.         4-  Et  de  ne  point  s'arreter  i  des 

■i. Tim. II.  2  3.  fables  et  a  des  genealogies  sans  fin,' 

Til.  in.  9.     qui  scrvent  plutot  A  exciter  des'dis- 


1.  Paitlus  apostolus 
Jesu  Christ!  secundum 
impcrium  Dei  Salvatoris 
nostri ,  et  Christi  Jesu 
spei  nostras  : 

2.  Timotheo  dilccto  fi- 
lioinfide  :  gratia,  miseri- 
cordia  et  paxa  Deo  Patre 
et  Christo  Jesu  Doinino 
nostro. 

3.  Sicut  rogavi  te  ut 
remaneres  Ephesi ,  cum 
irem  in  Macedoniam,  ut 
denuntiaresquibusdam  ne 
aliter  docerent, 

4.  Neque  intenderent 
fabulis,  et  genealogiis  in- 
tenninatis   :   qua)   quaes- 


^  2.  Le  grec  imprim^  lit:  son  vrai  fds,  •prKJiM  -exvw. 

■^  4.  Comme  faisoient  les  Juifs  pour  prouvcr  qu'lls  dcscendoient  d'Altra- 
ham,  croyant  que  la  Wnediclion  de  Dieu  n'ctoit  promise  qu'a  la  race  dece 
patriarche. 


,^ 


r^LI'llHB   DK  SAIXT    PALL  A  HMOIIIKE,    CHAP.  1. 


12.3 


tioiic<  pra;stant  magis 
(|iiaiii  a'lHficationem  Dei, 
(jute  est  ill  fide. 

5.  Finis  autem  pra;- 
(opti  est  charitasde  corde 
puro,  et  couscientia  bo- 
na, et  fide  non  ficta  : 

6.  A  quibus  quidatn 
aberranles,  conversi  sunt 
in  vaniloquium, 

7.  Volentes  esse  legis 
«U>ctorcs,  non  inlelligen- 
tes  ncque  quae  loquuntur, 
ucqiie  dc  quibus  allir- 
nianf. 

8.  Scimus  autcm  quia 
bona  est  lex,  si  quis  ea 
legitime  utatur  : 

g.  Sciens  boc  quia  lex 
justo  non  est  posita ,  sed 
injustis  et  non  subditis, 
impiis  et  peccatoiibus, 
sceleratis  et  contaminatis, 
parricidis  et  matricidis, 
homicidis, 

10.  Fornicariis,  mas- 
lulorum  concubitoribus, 
plagiariis ,  mendacibus , 
et  perjuris,  et  si  quid 
jiliud  Sanaa  doctrinae  ad- 
Aersatur, 

11.  Qu<e  e$t  secundQiri 
Evangel! um  gloriae  beati 
5>ei ,  quod  oreditum  est 
mihi. 


putes ,  qu'i  fonder  par  la  foi  I'edi- 
fice  de  Dieu. 

5.  Or,  la  fin  des  commandcmens 
c'est  la  charite  qui  nait  d'un  coeur 
pur  ,  d'une  bonne  eonscience  et 
d'une  foi  sincere. 

6.  Dont '  quelqnes-uns  se  detour- 
nant ,  se  sont  egares  en  de  vains 
discours , 

7.  Voulant  ctreles  docteurs  de  la 
loi ,  et  ne  sacbant  ni  ce  qu'ils  disent 
ni  ce  qu'ils  aflinncnt. 

8.  Or,  nous  savons  que  la  loi  est  Rom.  vn.  12. 
bonne ,  si  on  en  use  scion  I'esprit 

de  la  loi/ 

g.  En  reconnaissant  que  la  loi 
n'est  pas  pour  le  juste , '  mais  pour 
les  mechaus  et  les  esprils  rebclles, 
pour  les  impies  et  les  pccbeurs , 
pour  les  sc^lerats  et  les  profanes  , 
})our  les  meurtriers  de  leur  pere  ou 
de  leur  mere,  pour  les  homicides  , 


10.  Pour  les  fornicateurs,  les  abo- 
minables,'  les  voleurs  d'esclaves,' 
lesmenteurs,  les  parjures,  et  s'il  y  a 
quelque  autre  chose  qui  soit  oppo- 
see  a  la  .saine  doctrine, 

1 1.  Qui  est  selon  I'Evangile  de  la 
gloire  de  Dieu  bie.'iheureux,  TE- 
vaugile  qui  m'a  etc  confie. 


•i-  S.  Liu.  :  «  qu'a  redificalion  de  Dieu  dans  les  ames.  »  La  chariuS  est 
VodiGce  de  Dieu  dans  les  ames. 

y  Ct.  Lilt,  desquelles  choses. 

•jr  8.  Liu.  legitimemeat ;  comnie  on  doit  en  user. 

f  9.  La  loi  ne  fait  que  commander,  en  menacant  et  punissant.  Le  juste  , 
jvirte  au  bien  par  amour  et  sans  contrainte  ,  pratique  la  loi  pour  ainsi  dire 
spontancmeni ,  parce  qu'elle  est  gravee  dans  son  cceur. 

y  10.  Adonnes  au  pech^contre  nature,  si  commun  parmi  les  paiens. 

Ibid.  Ou  plut6t :  ccux  qui  volent  des  hommes  libres  pour  en  fairc  des 
esclaves. 


124 


ire    EPITRE  DE  SAINT  PA 


12.  Je  rends  graces  k  notre  Sei- 
gneur Jesus-Christ ,  qui  m'a  forti- 
fie,  dece  qu'il  m'a  juge  fidele  ,"  en 
m'etablissant  dans  son  ministere; 

i3.  Moi  qui  etois  auparavant  un 
blasphcmateur,  un  persecuteur  et 
un  cnnemi  outrageux:  mais  j'ai  ob- 
tenu  inisericorde  de  Dieu ,  '  parce 
que  j'ai  fait  tous  ces  maux  dans 
rignorance,  n'ayantpasla  foi. ' 

i4-  Kt  l<i  gi'ace  de  notre  Seigneur 
s'est  repandue  sur  moi  avec  abon- 
dance,  on  me  remplissant  de  la  tbi 
et  dc  la  charite  qui  est  en  Jesus- 
Christ. 

Mau.  IX.  i3.  i5.  C'est  une  verite  certaine,  et 
Marc.  II.  17.  (ligne  d'etre  recue  avec  une  en- 
tiere  deference ,  que  Jesus-Christ 
est  venu  dans  ce  monde  sauver  les 
pecheurs,  entre  lesqueis  je  suis  le 
premier.  '  , 

16.  Mais  aussi  j'ai  recu  miseri- 
corde,  afin  que  je  fusse  le  premier 
en  qui  Jesus-Christ  fit  eclater  son 
extreme  patience , "  et  que  je  ser- 
visse  d'exemple  i  ceux  qui  croi- 
ront  en  lui,  pour  avoir  la  vie  eter- 
nelle. 

17.  An  Roi  des  siecles ,  immor- 
tel, '  invisible,  a  I'unique  Dieu,' 
soit  honneur  et  gloire  dans  les  sie- 
cles des  siecles.  Amen. 


ULA  TIMOTHEE, 

12.  Gralias  ago  ei  qui 
me  confortavit ,  Christo 
Jesu  Domino  nostro,  quia 
fidelem  me  existimavit, 
ponens  in  ministerio  : 

i3.  Qui  prius  blasphe- 
mus  fui,  et  persecutor, 
etcontumeliosus :  sed  mi- 
sericordiam  Dei  consecu- 
tus  sum,  quia  ignorans 
feci  in  incredulitate. 

1^.  Superabundavitau- 
tem  gratia  Domini  nostri, 
cum  fide  et  dileclione, 
quae  est  in  Christo  Jesu. 

i5.  Fidelis  scrmo,  et 
omni  acccptione  dignus, 
quod  Christus  Jesus  vcnit 
in  hunc  mundum  pecca- 
tores  salvos  facere ,  quo- 
rum primus  ego  sum. 

16.  Sed  ideo  misericor- 
diam  consccutus  sum  :  iit 
in  me  primo  ostenderet 
Christus  Jesus  omnem 
patientiam,  ad  informa- 
lionem  eotum  qui  credi- 
turi  sunt  illi ,  in  vitam 
ajternam. 

17.  Ilegi  autem  secu- 
lorum  immortali ,  invisi- 
bili,  soli  Deo,  honor  et 
gloria  in  secula  seculo- 
rum.  Amen. 


■j^  12.  Fidele  dlspcnsalcur  de  sa  parole  et  de  sa  grace. 

^  i3.  Ce  moi  Dei n^esl  pas  dans  le grec. 

Ibid.  Ne  croyant  pas  que  Jfsus-Christ  fiit  le  Messie. 

y- 15.  Le  plus  insigne ,  le  plus  coupable.  II  sc  qualifie  ainsi  par  une  pro- 
fondeliumilite,  a  cause  de  racharnement  avec  lequel  il  aralt  persecute'  I'figUse 
de  J(5sus-Christ.  ' 

V  if).  Lilt,  afin  qu'en  moi  premier  Jcsus-Chrisl  fit  eclater,  etc. 

•)^  17.  Gr.  lilt.  incorruplible,"a<pGaf>T». 

Jdid.  Le  grec  imprime  111 :  au  seulDieu  sage,  ou  a  Dieu  qui  est  le  scu!  sage. 
Mais  les  mcilleurs  manuscrils  el  la  plupart  des  anciens  peres  lisent  couform^- 
meut  a  la  Vulgale. 


CHAPITRK    1. 


I  20 


18.  Ce  que  je  vous  rccommande 
done,  nion  fils  Tiuiolhee,  c'esl 
qu'accomplissaiit  les  propheties 
qu'on  a  faites  autrefois  de  vous, 
vous  vous  acquittiez  de  tous  les  de- 
voirs de  la  milice  sainte  / 

19.  Conservant  la  foi  ct  la  bonne 
conscience ,   a   laquelle    quelques- 

quain    quidam  repellen-     unsayantrcnooce,  ont  fait  naufrage 
tes,  circa  Gdem  naufraga-     en  la  foi. 
verunt  : 

20.  Ex  quibus  est  by-  20.  De  ce  nombre  sont  Hyraenee 
nienaeus,  et  Alexander,  et  Alexandre,  que  j'ai  livres  a  Sa- 
quos  tradidi  Satanae,  ut  tan,'  afin  qu'ils  apprennent  a  ne 
discant  non  blaspheinare.     plus  blasphemer.  ' 


18.  Hoc  prspceplum 
t  oinuiendo  tibi,  liliTinio- 
ihce  ,  secundum  praece- 
dentes  in  te  prophetias, 
ut  niilites  in  illis  bonam 
uiilitiacn, 

19.  Habens  fldein,  et 
bonaui      conscientiam    , 


y  18.  C'est  ainsi  qu'il  appelle  lestravaux  aposloliques. 

•^  to.  Que  j'ai  frappes  del'excommunication. 

Ibid.  A  ne  rien  enseisner  dc  contraii'e  k  la  foi  de  Jesas-Christ. 


CHAPITRE  II. 

Prief  €»  rendre  giaces  pour  t6tts.  Volonte  de  Dieo  a  I'egard  dasalut.  Media- 
tion et  redempilon  de  Jesus-ChrisL  Paul  apotre  des  genlils.  Condilions  de 
la  priere.  Modeslie  et  sounaission  recummandees  aux  femmes. 


1.  Obsecko  igitur  pri- 
mOm  omnium  fieri  obse- 
crationes,  orationes,  pos- 
tulationes ,  gratiarum  ac- 
tiones  pro  omnibus  homi- 
nibus  : 

2.  Pro  regibus,  et  om- 
nibus qui  in  sublimitate 
sunt,  ut  quietara  et  tran- 
quillam  vitam  agamus, 
in  omni  pietate  et  casti- 
tate. 

3.  Hoc  enim  bonum 
est,  et  acceptum  coram 
Salvatore  nostro  Deo , 


1.  Je  vous  conjure  done,  avant 
toutes  ehoses,  que  Ton  fasse  des 
supplications,  des  prieres,  des  de- 
mandes  et  des  actions  de  graces 
pour  tous  les  hommes, 

2.  Pour  les  rois,  et  pour  tous 
eeux  qui  sont  eleves  en  dignite, 
afin  que  nous  menioiis  une  vie  pai- 
sible  et  tranquille  dans  toute  sorte 
de  piete  et  d'honnetete. ' 

5.  Car  cela  est  bon ,  et  agreable 
5  Dieu  Dotre  Sauveur, 


i  a .  C'est  Ic  seaa  du  grec. 


laG 


jre  EPITUE    DE  SUNT    PAUL   A   TIMOTHEE, 


4-  Qui  veut  que  tons  les  homines 
soient  sauvcs,  et  qu'ils  viermcnt  ii 
la  connoissance  de  la  verite'. 

5.  Car  il  n'y  a  qu'un  Dieu  et  un 
mediateur  enlre  Dieu  et  les  hom- 
raes,  Jesus-Christ  homme, ' 

6.  Qui  s'est  livre  lui-merae  pour 
la  redemption  de  lous,  en  rendant 
temoignage  '  dans  les  temps  mar- 
ques. 

■n.  C'est  pour  cela  que  j'ai  ete 
etabli  moi-meme  predicateur  et 
apotre  (  je  dis  la  verite  et  je  ne 
mens  point)",  le  docteur  des  gentils 
dans  la  foi  et  dans  la  verite. 

8.  Je  veux  done  que  les  hommes 
prient  en  tout  lieu,  elevant  des 
mains  pures,  avec  un  esprit  eloi- 
gne  de  colere  et  de  contention, 

9.  Que  les  femmes  aussi  prient, 
etanl  vetues  comme  I'honnetele  le 
demande    :   qu'elles   se   parent  de 

i.Petr.  III.  3.  modcstie  et  de  chastete  ',  et  non 
avec  des  cheveux  frises,  ni  des  or- 
nemens  d'or,  ni  des  perles,  ni  des 
habits  somptueux; 

10.  Mais  avec  de  bonnes  ceuvres, 
comme  doivent  le  faire  des  femmes 
qui  font  profession  de  piete.  ' 

11.  Que  les  femmes  se  tiennent 
en  silence '  et  dans  une  entiere  sou- 
mission  lorsqu'on  les  instruit. 

1.  Cor.  XIV.        12.   Je    ne    permets    point   aux 
34. 


/'|.  Qui  omncs  homines 
vuit  salvos  fieri ,  et  ad 
agnitlonem  veritalis  ve- 
nire . 

5.  Unus  enim  Deus, 
unus  et  mediator  Dei  ho- 
ininum  homo  Christus 
Jesus  : 

().  Qui  dedit  redemp- 
tionem  scmetipsum  pro 
omnibus  ,  testimonium 
temporibus  suis  : 

7.  In  quo  positus  sum 
ego  praedicator  et  apos- 
tolus (  veritalem  dlco, 
non  mentior  )  ,  doctor 
gentium  in  fide  et  vcri- 
tate. 

8.  Volo  ergo  viros  ora- 
re  in  omni  loco ,  levantes 
puras  manus  sine  ira  et 
disceptalione. 

9.  Similiter  et  mulieres 
in  habitu  ornato ,  cum 
verecundia  et  sobrietale 
ornantes  se,  et  non  in 
tortis  crinibus ,  aut  auro, 
aut  margaritis,  vel  veste 
pretiosa  : 

10.  Sedquod  decet  mu- 
lieres, promittentes  pie- 
tatem  per  opera  bona. 

11.  Mulier  in  silentio 
discat  cum  omni  subjec- 
tione. 

12.  Docere  aulem  mu- 


■f  4.  Etant  tous  crees  par  le  m^me  Dieu  ,  et  rachelcs  par  le  m^me  Jesus- 
Christ. 

■f  5.  Homme  et  Dieu  tout  ensemble. 

•^  6.  C'est-a-dire  en  rendant  temoignage  a  la  verite. 

f  7.  C'est  le  sensdu  grec  :  /e^Ks-Christ  m'est  temoin  que  jedls  la  vi'rile. 

■j^  9,  Autr.  avec  modeslie  etavec  chastete. 

•j^  10.  C'est  le  sensdu  grec,  qui  renferme  entre  parentheses  ces  mots    0 
wpETrei -j'uvat^'tv £7tayyeX>vop.£vai?  GEoasSatav.Lelatinlpeut  se  traduirea  laletlre 
mais  comme  il  sied  a  des  femmes  qui  font  voir  leur  pi<^t6  par  Icur  vie  reglce. 

-jr  i\.  Aulieu  de  causer  etdes'entretenir  dans  rEglise>  selon  la coutume 
de  ce  scxe.  (Bible  de  Sacy.) 


CHAPITRE    II.  127 

litri  non  periniUo,  neque  feinines  d'enseigner  '  ni  de  prcndri; 

(lominari   in  virum,   sed  autorite  sur  leurs   maris;   mais  je 

(•5se  in  silentio.  lour  ordonne  de  demeurer  dans  le 

silence , ' 

i5.  Adam  cniin  primus         i5.  Car  Adam  a  ete  forme  le  pre-  Ce/i.  t.  27. 

lormatus  est  deinde  He-  mier,  et  Eve  ensuite; 
va  : 

14.  Et   Adam   non  est         14.  Et  Adam  n'a  pas  ete  seduit, 

-t'ductus  :  niulier  autem  mais  la  femme  ayant  ete  seduile,  Gen.m.e. 

t'ducta  in  praevaricatione  est  tombee  dans  la  desobeissance, 
nit. 

i5.    Salvabilur   autem         i5.  Se   sauvera    par  les  enfans 

per    filiorum    generalio-  qu'elle  mettra  au  monde,  en   fai- 

nem  ,   si    permanserit  in  sant  qu'ils  demeurent '  dans  la  foi , 

flde  ,    et    dilectione  ,    et  dans  la  charite,  dans  la  saintete  et 

sanctificatione    cum    so-  dans  une  vie  bien  reglec 
brietate. 


o* 


y  12.  Publiquemcnt  et  dans  I'Eglise  Voy.  x.Cor.  xi.  5.  xxiv.  34.  35. 

I6id.  Dans  la  soumission  et  la  dependance  qu'elk-s  leur  doivent. 

y^  14.  Dans  la  revolle  conire  Dieu ,  et  elle  y  a  engage  son  marl ,  qui  s'est 
lalsse  entrainer  par  I'amour  qu'il  portait  a  cello  que  Dieu  lui  a^oit  donnee 
pour  aide  et  moilie. 

T^  i5.  C'est  le  sens  du  grec  :  eiv  ixEivfexrw.  Selon  la  Vulgate  :  «  elle  se  sau- 
vera neanmoins  (la  femme)  en  mettant  des  enfans  au  monde,  si  elle  demeure 
dans  la  foi,  dans  la  charite,  dans  la  saintete,  etdans  une  vie  bien  reglee  »  parce 
qu'alors  elle  elevera  scs  enfans  dans  la  crainte  de  Dieu.  —  Apres  avoir  fait 
defense  a  la  femme  de  precher  et  d'enseigner  publiquement,  rAp6tre  la  con- 
sole en  lui  offrant,  corame  par  compensation  ,  la  ressource  d'exerccr  le  don 
de  la  parole  sur  ses  enfans  dans  I'interieur  de  sa  maison.  La  plus  belle  voca- 
tion d£  la  femme  est  d'elever  saintement  sa  jeune  famille  ,  et  ce  doit  ^tre  sa 
principaje  occupation. 


CHAPITRE  HI. 

Qualites  des  ^v^ques  et  des  pr^tres.  Qualiles  des  diacres  et  des  diaconesses. 
L'Eglise  est  la  maison  de  Dieu,  la  colonne  et  la  base  de  la  verite.  Gran- 
deur da  raystere  de  Jesus-Christ 

1.   FiDEtis  sermo  :  Si         x.  C'est  une  verile  certaine,  que 

quis    episcopatum    desi-  si  quelqu'un  souhaite  I'episcopat,  il 

derat,  bonum  opus  desi-  desire  une  ceuvre  sainte. ' 
derat. 

•jf  I.  Une  fonction  qui  demande  desaintes  dispositions.  L'episcopat  Impo- 
soit,  surtout  dans  les  premiers  temps,  un  travail  rude,  continuel,  difficile,  ac- 


128 


ire  EI'lTRE  DE  SAINT  lAU!,  A    TJMOTIILIE, 


Tit.  1. 7.  2.  II  faut  done  que  I'cvGque  '  soil 

irrepreJicnsiblc,  qu'il  n'ait  cpoiise 
qu'une  femmc,  "  qu'il  soil  sobre, 
prudent,  grave  ct  modeste,'  chas- 
te, "aimant  a  exercer  I'hospilalite, 
capable  d'instruire ; 

3.  Qu'il  ne  soil  ni  sujet  au  vin, 
ni  violent  et  prompt  i\  frapper; ' 
mais  equitable  etmodere, "  cloigne 
des  conteslations,  desinteresse; ' 

4.  Qu'il  gouvernc  bien  sa  propre 
I'amille,  et  qu'il  maintienne  ses  en- 
fans  dans  I'obeissance  ct  dans  toule 
sorte  d'honngtete. ' 

5.  Car  si  quelqu'un  ne  sait  pas 
gouverner  sa  propre  famille  ,  com- 
ment pourra-t-il  conduiie  I'Eglise 
deDieu? 

6.  Que  ce  ne  soit  point  uu  neo- 
phyte', de  peur  que  s'elevant  d'or- 
gueil ',  il  ne  tombe  dans  la  raeme 
condamnation  que  le  diable. " 

7. 11  faut  encore  qu'il  ait  bon  te- 
moignage  de  ceux  qui  sont  hors  de 
riglise,  de  peur  qu'il  ne  tombe 


3.  Oportet  ergo  epis- 
copum  inoprchensibilcin 
esse,  unius  nxoris  virum, 
sobrium,  prudentem,  or- 
natum,  pudicum,  hospi- 
!  ilem,  doctorem  : 

3.  Non  vinolentum  , 
non  percussorem  5  sed 
modestum  :  non  litigio- 
sum,    non  cupidum,  sed 

4.  Suae  domui  bene 
prtepositum,  filios  haben- 
tem  subditos  cum  omni 
castltate. 

5.  Si  quis  autem  domui 
suae  praeesse  nescit,  quo- 
modo  Ecclesiae  Dei  dili- 
gentiam  habebit? 

6.  Non  neophytum  :  ne 
in  superbiam  elalus,  in 
judicium  incidat  diaboli. 

7.  Oportet  autem  ilium 
et  testimonium  habere 
bonum   ab   iis   qui   ibri-s 


compagnc  d'une  persecution  frcquente,  ct  termlne  ordinairement  par  le  mar- 
tyre  et  lamort. 

•^  2.  Quelques-uns  croienl  que  sous  le  nom  A''e^>eque  saint  Paul  comprend 
id  les  prelrcs  :  il  paroit  que  les  noms  de  pretres  et  d^e'wc/ues  se  metloient 
alors  I'un  pour  Tautre  :  ici  on  volt  qu'aux  qualiles  dos  cvequ'es  saint  Paul 
joint  aussit6t  les  quaUtes  des  diacres  ;  ce  qui  paroit  supposer  que  les  pretres 
sont  comprls  eux-memes  ici  sous  le  nom  d'ewtjiies  ,  qui  signilie  a  la  leltre  , 
surweillans .  Quoi  qu'il  en  soit,  on  convient  que  ce  qui  scroit  dit  ici  des  6y&- 
ques  seuls  pourroit  aussi  s'appliquer  aux  pretres. 

Ibid.  Dans  ces  commcncemens  on  ne  pouvoit  prcsque  Irouver  pour  le  saint 
ministere  que  des  liommes  veufs  ou  maries. 

Ibid.  Le  molgrec  xc.'a[i.tov  renferme  ce  deux  idees. 

Ibid.  Le  mot  pudicum  n'est  pas  dans  le  grec. 

■]>■  3.  De  ces  deux  expressions  la  premiere  explique  la  seconds  qui  esll'ex- 
pression  litlerale  du  texte. 

Ibid.  Le  mot  grec  STrteot^  rcunlt  ces  deux  idees. 

Ibid.  Le  sed  qui  est  dans  la  Vulgafe  n'est  pas  dans  le  grec. 

^  4-  C'cslle  sens  du  grec  osjAvoTriTO?. 

i-  6.  C'est-a-dire  un  homme  nouvellement  converli  a  la  foi. 

Ibid.  En  se  voyantdans  les  premieres  dignites  de  I'Eglise,  sitolapressa 
conversion. 

Ibid.  Qui  ue  put  soutenir  Ic  poids  de  la  gloire  oii  Dieu  I'avoit  crcc. 


CHAPITRE  III. 


sunt,  ut  non  m  oppro- 
brium inridat,  el  in  la- 
queum  diaboli. 

8.  Diaconos  simililer 
pudicos,  non  bilingues, 
non  multo  vino  deditos , 
non  turpe  lucrum  sec- 
tantes  : 

9.  Habentes  mystc- 
riuui  fidci  in  conscientia 
pura. 

10.  Et  bi  aulem  pro- 
bentur  primuui  :  et  sic 
ininistrent,  nullum  cri- 
men habent€S. 

11.  Mulieres  similiter 
pudicas,  non  detrahen- 
tes,  sobrias,  fideles  in 
omnibus. 

12.  Diaconi  sint  unius 
uxoris  viri  :  qui  filiis 
suis  bene  praesint,  et  suis 
domibus. 

i3.  Qui  enim  bene  mi- 
nistraverint,  gradum  bo- 
num  sibi  acquirent,  et 
multam  fiduciam  in  fide, 
qua  est  in  Christo  Jesu. 


dans   I'opprobre,  et  dans   le  piege 
du  demon,  ' 

8.  Que  les  diacres  de  raeme 
soient  honn^les  '  et  bien  regies ; 
qu'ils  ne  soieut  point  doubles  dans 
leurs  paroles,  ni  sujets  aboire  beau- 
coup  de  vin;  qu'ils  ne  cherchent 
point  de  gain  honteux; 

9.  Mais  qu'ils  conservent  le  rays- 
tere  de  la  foi  avec  une  conscience 
pure.  ' 

10.  lis  doivent  aussi  elrc  eprou- 
ves  auparavant ,  puis  admis  dans  le 
ministcre,  s'ils  ne  se  trouventcou- 
pables  d'aucun  crime.  ' 

11.  Que  les  femmes  de  meme  ' 
soient  honneles  et  d'une  conduite 
reglee',  exemptes  de  raedisance, 
sobres,  fideles  en  toutes  choses. 

12.  Qu'on  prenne  pour  diacres' 
ceux  qui  n'auront  epouse  qu'une 
femme,  qui  gouvernent  bien  leurs 
enfans  et  leurs  propres  families.  ' 

1 5.  Car  le  bon  usage  qu'ils  au- 
ront  fait  de  leur  minislere  les  fera 
monter  a  un  degre  plus  haut ,  et 
leur  donnera  une  grande  confiance 
dans  la  foi  qui  est  en  Jesus- 
Christ.  ' 


y  7.  Qui  DC  manqueroit  pas  de  se  servir  da  meprls  qu'on  auroil  pour  cct 
homme,  pour  le  degotiter  de  la  sainlele  de  la  religion  direlienne,  el  pour  Ten- 
gager  de  nouveau  dans  le  crime. 

y  8.  C'esl  if  sensdugrec  ,  dont  I'expression  osavcj-  est  relative  a  cellc 
duy4.  ^ 

y  9.  Evitaot  tout  ce  qui  a  apparence  de  poche. 

y  10.  Autreinent  et  selon  le  grec  :  s'ils  sent  sans  reproche. 

yii.  C'est-a-dire les  diaconesses qui  eloient  des  femmes  cliargees  d'as- 
sister  et  quelquefois  d'inslruire  les  personnes  de  Icur  scxc. 

Ibid.  C'esl  le  sens  du  grec. 
-     y  12,  Lorsqu'on  sera  oblige  de  prendre  pour  cela  ties  licmracs  marii's. 

Ib/'d.  AGn  qu'on  ait  lieu  d'espcrer  qu'ils  s'acquiucrcnt  do  mdme  des  de- 
voirs de  leur  ministere. 

y  1 3 .  Pour  I'annoncer  avec  hardiesse,  et  poor  repreadre  les  pecheurs  avec 
force. 

23.  cj 


[3o 


1T9  i^piTRE  I>E  SAINT  PAUL  A  TIMOTHKE. 


14.  Je  vous  ecris  ceci,  quoique 
j'espcre  allcr  bientot  vous  voir; 

i5.  Afin  que  si  je  tardois  phis 
long-temps,  vous  sachiez  coiTinient 
vous  devez  vous  conduire  dans  la 
maison  de  Dieu,'qui  est  I'Eglise  du 
Dieu  vivant,  la  colonne  et  la  base 
de  la  verite. 

16.  Et  sans  doule  c'est  quelque 
chose  de  grand  que  ce  mystfere  d'a- 
mour  '  qui  '  s'est  fait  voir  dans  la 
chair',  qu'il  a  ete  justifie  par  I'Es- 
prit ',  qu'il  a  ete  manifeste  aux  an- 
ges,  preche  aux  nations,  cru  dans 
le  monde ,  recu  dans  la  gloire. ' 


14.  IIa;c  libi  scribo, 
sperans  ine  ad  te  venire 
cito  : 

i5.  Si  aulem  tarda- 
vero ,  ut  scias  quonnodo 
oporteat  te  in  dorao  Dei 
conversari,  qua?  est  Ec- 
clesia  Dei  vivi,  colunina 
et  firmamentum  veri- 
tatis. 

16.  Et  manifeste  ma- 
gnum est  pietatis  sacra- 
mentum  ,  quod  manifes- 
talum  est  in  came,  justi- 
ficatum  est  in  Spiritu , 
apparuit  angelis,  prredi- 
catum  ert  gentibus,  cre- 
dilum  est  in  mundo,  as- 
sumptum  est  in  gloria. 


•j^  i5.  Sur  laquelle  vous  6tes  etabli, 

^  x6.  A  la  leUre  et  selon  le  grec:  ce  mystcre  de  piele  ;  c'esl-a-dire  qui  est 
I'objet  essentiel  de  la  piete. 

Ibid.  Grec:  Dieu  qui  s'esl ,  etc.  La  Vulgate  a  la  leltre  :  ce  mystcre  de 
piete  qui  a  paru  dans  la  chair,  qui  a  cl6  justifie  par  I'Esprit ,  etc'  Pietatis 
sacramentum,  quod  manifestatum  est  in  carne,  j ustijicatum  est,  etc.  Les 
manuscrits  latins  et  les  peres  latins  lisent  ainsi.  Mais  les  peres  grccs  et  pres- 
que  tous  les  manuscrits  grecs  lisent  ici  le  mot  Deus  ,  ce  qui  donne  ce  sens  : 
pietatis  sacramentum,  [quod)  Deus  manifesialus  est  in  carne,  justijicalum 
est,  etc.,  comme  I'exprime  ici  la  traduction  paraphrasee.  Voyez  I'analyse. 

Ibid.  Dans  le  corps  humain  dont  ils'etoilrev^tu. 

Ibid.  Par  le  saint  Esprit  dans  son  baptdme. 

Ibid.  A  son  ascension. 


CHAPlTftE  IV. 

Heresies  annoncees.  Timolliee  exliorte  a  se  nourrir  de  la  bonne  doctrine  ,  a 
fuir  I'erreur,  k  s'exercer  a  la  piet6,  a  se  rendre  le  modele  des  fideles,  a  lire 
et  eriseigner,  i  ne  pas  negliger  la  grace  de  son  ordination. 


iTim.  III.  I        1.  Or,  I'Esprit  de  Dieu  dit  ou-         i.  Spiritus  autem  ma- 
\.Petr.uu  verlement, '  que  dans  les  temps  a     nifeste  dicit,  quia  in  no- 
3. 

y  r.  C'est  I'exnression  du  grec. 


CHAPITRB   IV. 


l3l 


vissiints  tcmporibus  dii- 
oedenl  quidain  a  fido , 
atteudente?  spiritibus  cr- 
roris,  et  doctrinis  daemo- 
niorum . 

2.  In  hypocrisi  loquen- 
tium  mendacinm ,  et  cau- 
teriatam  hahentium  suam 
conscientiam  , 

5.  Prohibenliuinnube- 
re.abstinere  a  cibi?,quo8 
Deuscrcayil  ad  percipien- 
dum  cum  gratia  rum  ao 
tione  fidclibus,  et  iis  qui 
cognoverunt  veritatem  : 

4-  Quia  omnjs  crealura 
Dei  bona  est,  et  nihil  re- 
jiciendum  quod  cum  gra- 
tiarum  actione  percipi- 
lur  : 

5.  Sanctifica'ur  enim 
per  verbum  Dei,  et  ora- 
tionem  : 

6.  Hsec  proponens  fra- 
tribus  ,  bonus  eris  minis- 
terChrisli  Jesu.  enulritu3 
verbis  fidei ,  et  bnnae  doc- 
trinal, quam  assecutus  es. 

7-  Ineptas  autem  et 
aniles  fabulas  devita  : 
exerce  autem  teipsum  ad 
pietatem. 

8.  Namcorporalisexer- 
citalio,  ad  modicum  uti- 
'is  est  :  pieta?  autem  ad 
omnia  ulilis  est ,  promis- 


venir' quelques-uns  abandonneront  •^"•^'-  '8. 
la  foi,  en  suivant  des  esprits  d'or- 
reur  et  des  doctrines  diaboliques, 


3.  Enseignces  par  des  imposteurs 
pleins  d'hypocrisie ,  dont  la  con- 
science est  noircic  de  crimes , 

5.  Qui  interdiront  le  mariage ,  oi 
I'usage  des  viandes  '  que  Dieu  a 
creees  pour  etr%rerues  avec  action 
de  graces  par  les  fideles ,  et  par 
ceux  qui  connoissent  la  verite. 

4.  Car  tout  ce  que  Dieu  a  crcc 
est  bon,  et  on  ne  doit  rien  rejeler 
de  ce  qui  se  mange  avec  action  dc 
graces , 

5.  Parce  qu'il  est  sanctifie  par  la 
parole  de  Dieu,  et  par  la  priere.  ' 

6.  En  enseignant  ceci  a  nos  fre- 
res,  vous  serez  un  bon  ministre  de 
Jesus-Christ,  vous  nnurrissant  des 
paroles  de  la  foi,  et  de  la  bonne 
doctrine  que  vous'avez  apprise.  ' 

7.  Fuyez  les  fables  impertiuentes  Supr.  i.  4. 
et  pueriles,  '  et  exercer-vous  u  la  ^.T'j/j/.  11.23. 
piete.  ^''--  '"•  y- 

8.  Car  les  exercices  corporels 
.«;ervent  i  peu  de  chose  ; '  mais  la 
piete  est  utile  a  tout,et  c'est  a  elle 
que  les  biens  de  la  vie  pr^sente  et 


0. 


C'est  le  sens  du  grec  Voyez  I'analyse. 

y  3.  Tels  Furent  depuis  cette  prediction  les  Marcioniles  ct  les  Manlclieens. 
lis  condamnoient  tout  mariage,  et  soutenoient  que  le  vin  et  la  chair  ctoienl 
de  leur  nature  quelque  chose  de  mauvais,  dont  on  ne  peut  se  servir  sanspeche. 

■/  5.  Que  Ton  fait  en  lerecevant. 

y^  6.  Gr.  autr.  que  vous  avez  suivie. 

y  7.  Lilt,  et  scmblables aux  contes  que  les  vleilles  femmes  font  aux  petits 
€nfans. 

V  S.  N'ayant  pour  recompense  qn'^ne  gloire  passagere et  une  couronne  pe- 
ri ssable. 


1  32  1"  EPITRE  DE  SAINT  PAUL 

ceux  de  la  vie  future  ont  ete  pro- 
mis. 

9.  Ce  que  je  vous  dis  est  une  ve- 
rite  certaine  ,  et  digne  d'etre  recue 
avec  une  entifere  soumission. 

10.  Car  ce  qui  nous  porte  a  souf- 
tVirtous  les  maux  et  toutes  les  ma- 
ledictions '  dont  on  nous  charge , 
c'est  que  nous  esperons  au  Dieu 
vivant,  qui  est  le  Sauveur  de  tous 
les  hommes,  et  principalement  des 
fideles  , '  .    « 

1 1.  Annoncez  '  ces  choses,  et  en- 
seignez-Ies. 

12.  Ayez  soin  que  personne  ne 
vous  meprise  a  cause  de  votre  jeu- 
nesse;  mais  rendez-vous  le  modele 
des  fiddles  dans  les  entretiens,  dans 
la  maniere  d'agir  avec  le  prochain, 
dans  la  charite,  dans  la  foi,  dans  la 
chastete. 

i3.  En  attendant  que  je  vienne, 
appliquez-vous  a  la  lecture,  a  I'ex- 
hortation  et  a  I'instruction. 

14 •  Ne  negligcz  j5as  la  grace  qui 
est  en  vous,  qui  vous  a  ete  donnee, 
suivant  une  revelation  prophetique, 
par  I'imposition  des  mains 'des  pre- 
tres. 

i5.  Meditez  ces  choses,  soyez- 
en  toujours  occupe,  afin  que  votre 
avancement  soit  connu  de  tous. 

16.  Veillez  sur  vous-meme  et 
sur  I'instruction  : '  demeurez  ferme 
dans  ces  exercices;  car  agissant  de 

y^  10.  Gr.  litt.  tous  les  outrages. 

Ibid.  Nous  atlendons  avec  une  enliere  confiance  la  gloire'<5lernene    qu'il 
nous  donnera  pour  recompense  de  notre  fidelite. 

■5}^  1 1 .  C'est  Texpression  du  grec. 

■j}  14.  Qui  a  ele  faile  sur  vous  dans  votre  ordination,  selon  I'ordre  qu'on  en 
avoit  recu  du  Saint-I]sprit. 

Ibid.  Ou  des  anciens,  c'est- a-dire  desdveques,  et  particulierement  de 
saint  Paul.  0..  Tim.  i.  Ci. 

i  16.  Sur  la  purctc  de  la  doctrine  que  tous  devez  cnseigner. 


A  TIMOTHEE. 

sionem  habens  vitae,  quae 
nunc  est ,  et  futurae. 

9.  Fidelis  sermo,  et 
omni  acceptione  dignus, 

10.  In  hoc  enim  labo- 
ramus  et  maledicimur, 
quia  speramus  in  Deum 
vivuin,  qui  est  Salvator 
omnium  hominum,  maxi- 
me  fidelium. 

1 1 .  Praecipe  haec ,  et 
doce. 

12.  Nemo  adolescen- 
tiam  tuam  'contemnat : 
sed  exemplum  esto  fide- 
lium, in  verbo,  in  con- 
versatione,  in  charitate, 
in  fide,  in  castitate. 

i5.  Dum  venio,  atten- 
de  lectioni,  exhortationi, 
et  doctrinae. 

14.  Noli  negligere  gra- 
tiam  quae  in  te  est,  quae 
data  est  tibi  per  prophe- 
tiam,  cum  impositione 
manuum  presbyterii. 

i5.  Haec  meditare,  in 
his  esto  :  ut  profectus 
tuus  manifestus  sit  om- 
nibus. 

16.  Attende  tibi  ^  et 
doctrinae  :  insta  in  illis. 
Hoc    enim    faciens,     et 


^ 


CUAPITRE    IV. 


33 


teipsum   salvum    facies  ,     la  sorle,  vous  vous  sauvercz  vous- 
et  eos  qui  te  audiunt.  inenie ,  et    ceux   qui    vous  ecou- 

tent. 


CHAPITRE  V; 

Regies  de  condjiite  a  legard  des  personnes  igees  ou  jeunes.  Veuves  qui  m^ri- 
tent  d'etre  assistces.  Veuves  qui  meriteni  d'etre  employees  pour  Ic  service 
de  I'Eglise.  Recompense  des  pretres.  Accusation ,  reprehension,  ordination 
des  pretres. 


1.  Sekiobem  ne  incre- 
paveris,  sed  obsecra  ut 
patrem  :  juvenesj  ut  fra- 
tres: 

2.  Anus,  ut  inatres  : 
jurenculas,  ut  sorores, 
in  omni  castitate. 

3.  Viduas  honora,  quae 
vere  viduae  sunt. 

4-  Si  qua  autem  vidua 
filios  aut  nepotes  habet  : 
discat  primum  domuin 
suam  regere,  et  mutuam 
vicem  reddere  parenti- 
bus  :  hoc  enim  acceptum 
est  coram  Deo. 

5.  Quae  autem  vere  vi- 
dua est  et  desolata,  spe- 
ret  in  Deum,  et  instet 
obsecrationibus  et  oratio- 
nibus  nocte  ac  die. 


1 .  Ne  reprenez  pas  les  vieillards 
avec  rudesse ;  mais  avertissez-les  ' 
comme  vos  peres,  les  jeunes  hom- 
mes  comme  vos  freres; 

2.  Les  femmes  agees  comme  vos 
meres,  les  jeunes  comme  vos 
soeurs,  avec  une  purete  parfaite. 

3.  Honorez'  les  veuves  qui  sont 
vraiment  veuves. ' 

4.  Mais  si  quelque  veuve  a  des 
CIs  ou  des  pelits-fils,  qu'elle  ap- 
prenne  premiferement  a  gouver- 
ner  sa  famille,  et  k  rendre  a  ses 
pere  et  mere  ce  qu'elle  a  recu 
d'eux,'  car  cela  est  agreable  '  a 
Dieu. 

5.  Que  la  veuve  qui  est  vraiment 
veuve  et  abandonnee  espere  en 
Dien,  et  qu'elle  persevere  '  jour 
et  nuit  dans  les  prieres  et  les  orai- 
sons. 


y  1.  C'est  le  sens  du  grec. 

T  3.  C'est-a-dire  assislez. — Le  mot  Titta,  ea  hebreu  "123  ^  <P'  signifie  ho- 
norer  seprenoit  souvent  au  sens  A^assister.  Infr.  -j-  it. 

luid.  Denaees  de  tout  secours.  —  C'est  ce  q>ie  signifie  en  grec  le  nom 
meme  de  veuve  -ji.za.  de  xff  sc  depoiiille. 

T  4.  En  leurdonnant  1  assistance  dont  ilsontbesoin  ,  comme  ils  I'ont  as- 
sistee  depuis  sa  naissance  jusqu'a  ce  qu'elle  fiit  eleyee.  —  Grec  :  «  qu'ils  ap- 
prennent,  etc. ,  »  lout  le  reste  au  pluriel. 

Ibid.  Grec :  cela  est  juste  (a  la  lettre  ,  bean  xaXov)  et  agreable  Ik  Dieu. 

•j  5,  C'est  le  sensdu  grec.  Ou  plulot  selon  le  grec  a  la  lettrre:  Mais  la  veuve 
qui  est  vraiment  veuve  ,  etc.,  espere  en  Dieu,  etelle  pers^ere ,  etc.  Et  pou5 
celle  qui  vil  d^s  les  delices,  etc. 


1 34 


if«  Ei'iinu  Dt  sAmr  pall  a  timotiiee. 


6.  Nam  quae  in  delicib 
est,  vivens  mortua  est. 


6.  Car  pourcelle  qui  vit  dans  Ics 
deliccs , '  elle  est  morle  ,"  quoi- 
qu'elle  paroisse  vivanle. 

7.  Failes-leur  done  entendre  ceci, 
afin  qu'elles  se  conduisent  d'une 
inaniere  irreprehensible. 

8.  Que  si  quelqu'un  n'a  pas 
soia  dessiens,  et  particuli^rement 
de  ccux  de  sa  xnaison,'  il  a  renoncc 

k  la    tbi  ,   et  est   pire  qu'ua   infi-     fidein  negavit,  et  est  infi 
dfele.' 

9.  Que  la  veuve  qui  serachoisie," 
n'ait  pas  moins  de  soixanto  ans, 
qu'elle  n'ait  eu  qu'un  uiari ; 


7.  Et  hoc  praecipe,  ut 
irreprehensibiles  sint. 

8.  Si  quis  autem  suo- 
rum,  et  maxiuie  domes- 
ticorum  curain  non  habet, 


deli  deterior. 

9.   Vidua  eliKatur  non 


scxairinta    anno- 


imnus 

rum,    quaj   i'uerit   unius 


viri  uxor^ 

10.  In  operibus  bonis 
testimonium  habens  ,  si 
Olios  educavit,  si  hospitio 


10.  Etqu'on  puisse  rendrc  temoi- 
gnage  de  ses  bonnes  ceuvres ,  si 
elle  a  bieu  elevo  ses  enfans,  si  elle 
a  exerce  I'hospitalite,  si  elle  a  lave  recepit,  si  sanctorum  pe- 
les  pieds' des  saints,  si  elle  a  se-  deslavit,  si  tribulationem 
couru  les  afiliges,  si  elle  s'est  ap-  patientibus  subministra- 
pliquee  a  toutes  sortes  d'exercices  yit,  si  omne  opus  bonum 
de  picte.  '  subsecula  est. 

11.  Mais  n'admettez  point  en  ce  11.  Adolescentiores  au- 
nombre  de  trop  jeunes  veuves,  tern  viduas  devita.  Ci^m 
parce  que  la  mollesse  de  leur  vie  enim  luxuriate  fuerint  in 
les  poitant  a  secouer  le  joug  '  de  Cliristo,  nubere  volunt  : 
Jesus-Christ,  elles  Yeulent  se  re- 

marier , 

13.   S'engageant    ainsi   dans    la  12.  Habentes  damna- 
condamnation,  '  par  le  violement  tionem,  quia  primam  fi- 
de la  fol  qu'elles  lui  avoient  donnee  dem  irritam  fecerunt. 
auparavant. 


■f  6,  II  parle  de  la  veuve  riche  ou  ais^e  qui  ne  demeure  dans  I'etat  de  vi- 
dtill^  que  pour  mieux  jouir  de  son  inddpendance,  et  se  livrer  sans  reserve  aux 
plaisirs  du  nionde. 

Ibi'J.  Scion  la  Grace  et  aus  yeux  de  Dieu. 

y  S.  De  sa  proprc  famille. 

Ibid.  Qui  ne  luanqueroit  jamais  de s'acquilter  de  ces  devoirs  de  la  loi  natu- 
relle. 

4-  g.  Pour  6lre  raise  au  rang  des  diaconessea  employees  au  service  de  I'E- 
gKse,  et  entretenues  4  ses  depens. 

f  10.  G'etoit  une  civilile  commune  autrefois  dans  toutl'Orient. 

Ibid.  Lill.  de  bonnes  ceuvres. 

•jj-  II.  Grec  :  lorsqu'elles  se  sont abandonn^s  a  la  mollesse  centre  Jesus- 
Christ. 

•)}  12.  Attirant  sur  elles  !a  colore  deDicu. 


ij.  Sanul  uuteia  et 
oliosa)  discunt  circuirc 
(lomos  :  non  solum  otio- 
i',  sed  et  verbosje,  ct 
.  siriosa;,  loqiientes  quae 
DOD  opoi  let. 

14.  Volo  ergo  juniores 

iiubere,  filios  procreare , 

raalres  familias  esse,  nul- 

lain  occasionem  dare  ad- 

crsario  lualedicti  gratia. 


i5.  Jam  enim  quadam 
unverstc  sunt  retro  Sa- 
tauam. 

16.  Si  quis  fidelis  habet 
\iduas,  subministret  illis, 
ct  non  gravetur  Ecclesia  : 
ut  lis  quae  vera  vidua; 
sunt,  sufficiat. 


CUAPURE    V.  I  So 

i3.  Mais  du  plus  dies  devienneut 
faineantes;  ellcs  s'accoutument  a 
courir  par  les  maisons  ,  et  elles  ne 
sont  pas  seulement  faineantes,  mais 
encore  causeuses  el  curieuses,  s'en- 
tretenant  de  choses  dont  eiles  ne 
devroient  point  parler. 

14.  J'aime  done  mieux  que  les 
jeunes  veuves  se  remarient,  qu'elles 
aient  des  enfans,  qu'elles  gouver- 
nent  leur  menage ,  et  qu'aiosi  elles 
ne  donnent  aucun  sujet  aux  enne- 
mis  de  notre  religion  de  nous  iaire 
des  reproches. 

i5;  Car  deja  quelques-unes  se 
sont  egarees  '  pour  suivre  Satan. 


17.  Qui  bene  praesunt 


16.  Que  si  quelqu'un  des  fiddles' 
a  des  veuves,'  qu'il  leur  donnece  qui 
leur  est  necessaire ,  et  que  I'Eglise 
n'en  soit point chargee,afin  qu'elle 
puisse  sufflre  i  I'enlretien  de  celles 
qui  sont  vraiment  veuves.' 

ly.  Que  les  pretres  qui  gouver- 
presbyteri ,  duplici  hono-  ncnt  bien  soient  doublement  bo- 
re dignihabeanlur:  maxi-  nores;'  principalement  ceux  qui 
me  qui  laborant  in  verbo  travaillent  a  la  predication  de  la 
ct  doctrina.  parole,  et  a  I'instructlon  des  peu- 

ples. ' 
18.  Dicit  enim  Scriptu-         18.  Car  I'Ecriture  dit:  Vous  ne /)^„/.  xit.  v. 
ra  :  Non  alligabis  os  bovi    Herez  point  la  bouche  au  boeuf  qui  i.  Cor.  ix.g. 
trituranti  :  Et,  Dignusest     foule  le  grain  ;  et  :  Celui  qui  tra-  Maa.  x.  10. 

vaille,  est  digne  du  prix  de  son  tra-  ^"^-  ^-  '■ 
•vail. 

19.  Ne  recevez  point  d'accusa- 
tion  contre  un  pretre  ,  que  sur  la 
deposition  de  deux  ou  trois  te- 
moins. 

ao.  Reprenez  les   pecheurs'  de- 


operarius  mercede  sua. 

19.  Adversus  presbyte- 
rum  accusationem  noli 
recipere,  nisi  subduobus 
aut  tribus  testibus. 

20.  Peccantes    coram 


y  1 5.  C'estle  sens  du  grec ;  ou  plus  liltcralement :  ee  sont  d^tourn^. 

y  i6.  Gr.  si  ua  homme  fidele  ou  une  femme  fidele. 

Ibid.  Des  veu?es  qui  lui  soienl  procbes. 

Ibid.  Qui  n'ont  personne  qui  puisse  les  assister. 

y  1 7 .  En  ce  qui  regarde  leur  sul>sistaDce.  Vofez  la  premiere  note  sar  le 

■i  10.  Lc$  pecheurs  publics  ct  scandalcux. 


i38 


l'^  EPITRE  DE  SAINT  PAUL  A  TIMOTHEE. 


\aiit  loutle  raondc/afin  que  les  au- 
tres  aient  de  la  crainte. ' 

21.  Je  vous  conjure,  devantDieu 
ct  devant  Jesus-Christ,  et  les  an- 
ges  elus,  d'observer  ces  choses  sans 
prevention,  ne  liiisant  rien  par  des 
affections  particuiieres. 

33.  N'imposez  legerement  les 
mains  a  personne  ,  et  ne  vous  ren- 
dez  point  participant  des  peches 
d'autrui. '  Conservez  -  vous  pour 
Yous-ineme. 

35.  Ne  continuezplus  a  neboire 
que  de  I'eau ;  inais  usez  d'un  peu 
de  vin,  a  cause  de  voire  estomac  , 
et  de  vos  IVequentes  maladies. 

34-  H  y  a  (les  personnes  dont  les 
peches  sonl  connus'  avant  le  juge- 
ment. '  H  y  en  a  d'autres  qui  ne  se 
decouvrent  qu'ensuite.  ' 

25.  II  y  en  a  de  raeme  dont  les 
bonnes  ceuvres  sont  visibles ;  *^  et  si 
elles  ne  sont  pas  visibles,'  elles  ne 
demeureront  pas  long-temps  ca- 
chees. 


omnibus  argue  :  ut  et  ce- 
teri  timorem  habeant. 

21.  Tester  coram  Deo 
et  Christo  Jesu,  et  electis 
angelis,  ut  haic  custodias 
sine  prejudicio,  nihil  ta- 
ciens  in  alteram  partem 
declinando. 

32.  Manus  cito  nemini 
imposueris,  neque  com- 
municaverispeccatis  alie- 
nis.  Teipsum  castum  cus- 
todi. 

23.  Noli  adhuc  aquam 
bibere,  sed  modico  vino 
utere  propter  stomach um 
tuum,  et  frequentes  tuas 
infirmitates. 

34-  Quoruradam  homi- 
num  peccata  manifesta 
sunt,  praecedentia  ad  ju- 
dicium :  quosdam  autem 
et  subsequuntur. 

35.  Similiter  et  facta 
bona  manifesta  sunt :  et 
quae  aliterse  habent,  abs- 
condi  nonpossunt. 


f  2o.  Aulr.  reprenez,  devant  eux  tous,  ceux  d'eiitre  eux  qui  sui'  la  depor- 
sidon  de  ces  temoins  seronl  trouves  coupables  de  crimes  j  afin  que  les  au- 
tres,  etc. 

Ibid.  Soicnt  relenues  par  cette  confusion, 

y^22.  Par  des  ordinations  inconsiderees. 

>'^  24.  Lilt,  sont  connus  et  se  pr^sentent  avant,  etc. 

Jbid.  L'examen  qu'on  pourroit  en  faire. 

Ibid.  Apres  cet  examen  ;  c'est  pourquoi  il  faul  le  faire  avec  loute  la  dili- 
c;ence  et  I'exactitude  possible,  afin  de  n'y  etre  pas  tromp6.  Quant  aux  preiniers^, 
its  portent  en  quelque  sorte  avec  eux  leur  condaranation. 

y  25.  Avant  qu'on  les  elise :  el  ceux-la  dolvent  etre  admis  sans  difficulte. 

Ibid.  Dans  plusieurs  autres,  qui  onl  cependanl  beaucoup  de  mcrile. 

Ibid.  Litt.  elles  ne  peuventdemeurercachees. 


CHAPITIIE    VI. 


i37 


CHAPITIIE  VI. 

Devoirs  des  scrvileurs.  Faux  docteurs.  Pauvrete  coil  ten  te.  Piege  des  richesses. 
Verlus  d'un  liomine  de  Dieu.'Avenement  de  Jesus-Christ.  Avis  pour  les 
riches.  Depot  de  la  foi. 


1.  QciccMQDE  sunt  sub 
jugo  servi,  dominos  suos 
oiiini  honore  dignos  ar- 
hitrentur  ,  nc  iioinen  Do- 
mini ,  et  doctrina  blas- 
phcmatur. 

2.  Qui  autem  fidelea 
habent  dominos,  noncon- 
lemnant  ,  quia  fratres 
sunt  :  sed  magis  serviant, 
quiafideJessuntet  dilecti, 
qui  beneficii  participes 
sunt.  Haec  doce,  et  ex- 
liortare. 


3.  Si  quis  aliter  <iocet, 
et  non  acquiescit  sanis 
sermonibus  Domini  nos- 
tri  Jesu  Christi,  etei,  quae 
secundum  pietatem  est, 
doctrinae  : 

4.  Superbus  est ,  nihil 
sciens,  sed  languens  circa 
quaestiones  ,  et  pugnas 
verborum  :  ex  quibus 
oriuntur  invidiae,  conten- 
tiones,  blasphemiae,  sus- 
piciones  malae, 

5.  Conflictationes  ho- 
minum  mente  corrupto- 


1.  Que  lous  ceux  qui  sontsousle 
joug  de  la  servitude  sachent  qu'ils 
sont  obliges  de  rendre  toute  sortc 
d'honneur  a  leurs  maitres,  aQn  de 
n'etre  pas  cause  que  le  nom  et  la 
doctrine  de  Dieu"  soient  exposes  a 
la  medisance'  des  hommes. ' 

2.  Que  ceux  qui  ont  des  maitres 
fideles  ne  les  mcprisent  pas,  parce 
qu'ils  sont  leurs  freres  ;  mais  qu'ils 
les  servent  au  contraire  encore 
mieux,  parce  qu'ils  sont  fideles, 
etplusdignes  d'etre  aimes,  comme 
etant  participansdela  meme  grace. 
C'est  ceque  vous  devez  leur  ensei- 
gner,  et  A  quoi  vous  devez  les  ex- 
porter. 

3.  Si  quelqu'un  enseigne  autre 
chose  et  n'embrasse  pas  les  salutai- 
res  instructions  de  notre  Seigneur 
Jesus-Christ,  et  la  doctrine  qui  est 
selon  la  piete, 

4.  II  est  enfle  d'orgueil;  il  nesait 
rien ;  mais  il  est  possede  d'une  ma- 
ladie  d'esprit,  qui  I'emporte  en  des 
questions  et  des  combats  de  paro- 
les, d'oii  naissent  I'envic,  les  con- 
testations, les  medisances,'  les 
mauvais  soupcons  , 

5.  Les  disputes  pernicieuses  de 
personnes  qui  ont  I'esprit  corrom- 


T^  I .  C'est  rexpregsion  du  grec. 

Ibid.  C'est  If  sens  du  grec. 

Ibid.  Coniuie  s'il  favorisoit  la  desobeissance  des  serviteurs. 

y  4 .  C'est  le  sens  du  grec. 


i38 


ire  EpiTRE  DE  SAINT  PALL  A   TIMOTIIKE. 


i 


Job. 


■26. 


pu,  quisontprivees  de  la  verite,  et 
qui  s'imaginent  que  la  piete  doit 
leur  servir  de  moyen  pour  s'enri- 
chir. ' 

6.  II  est  vrai  neanmoins  quec'est 
une  grande  richesse  que  la  piete  , 
et  la  moderation  d'un  esprit  qui  se 
contente  de  ce  qui  suffit. ' 

7.  Car  nous  n'avons  rien  apporte 
Eccli.  V.  14.  en  cemonde;  et  il  est  hors  de  doute 

que  nous  n'en  pouvons  aussi  rien 
euiporter. 
"•      8.     Ayant  done   de   quoi    nous 
nourrir  et  de    quoi  nous  couvrir, 
nousdevons  etre  satislaits.' 

9.  Parce  que  ceux  qui  veulent 
devenir  riches  lombent  dans  la 
tentalion  et  dans  le  piegedu  diable, 
et  en  divers  desirs  inutiles'  et  per- 
nicieux  ,  qui  precipitent  les  hom- 
mes  dans  I'abiLne  de  la  perdition  et 
de  la  damnation. 

10.  Car  I'amour  des  richesses' 
est  la  racine  de  tous  les  maux;  et 
quelques-uns  en  etant  possedes,  se 
sont  egares  de  la  foi ,  et  se  sont  em- 
barrasses dans  une  infinite  d'afflic- 
tions. 

11.  Mais  pour  vous,  6  homme 
de  Dieu,  fuyez  ces  choses ;  et  sui- 
vez  la  justice,  la  piete,  la  foi,  la 
charite,  la  patience,  la  douceur. 


12.  Soyez  fort  el  courageux  dans 
le  saint  combat  de  la  foi  rtravaillez 
a  remporter  le  prix  de  la  vie  eter- 
nelle,  a  laquelle  vous  etes  appele  , 


rum,  et  qui  veritate  pri- 
vati  sunt,  existimantium 
quaestum  esse  pietatem. 

6.  Est  autem  qusestus 
magnus ,  pietas  cum  suf- 
ficientia. 

7.  Nihil enimintulimus 
in  hunc  mundum  :  baud 
dubium  quod  nee  auferre 
quid  possumus. 

8.  Habenles  autem  ali- 
menta,  et  quibus  tcga- 
mur,  his  contenlisimus. 

g.  Nam  qui  volunt  di- 
vites  fieri,  incidunt  in  ten- 
talionem  et  in  laqueum 
diaboli,  et  desideria  mul- 
ta  inulilia,  etnociva,  quaj 
mergunt  homines  in  in- 
teritum  et  perdilionem. 

10.  Radix  enim  om- 
nium malorum  est  cupi- 
ditas  :  quam  quidam  ap- 
petentes  ,  erraverunt  a 
fide,  etinseruerunt  se  do- 
loribus  multis. 

1 1.  Tu  autem,  0  homo 
Dei,  haec  fuge  :  sectare 
vero  juslitiam,  pietatem, 
fidem,  charitatem,  pa- 
tientiam,  mansuetudi- 
nem. 

12.  Gerta  bonum  cer- 
tamen  fidei :  apprehende 
vitam  seternam,  in  qua 
vocatus  es,  et  confessus 


■jl^  5.  Le  Grecajoute:  Separez-vous  de  ces  sortes  de  personnes. 

y-  6.  De  ce  qui  est  n^cessaire  pour  les  besoins  de  la  vie  pr^sente;  c'est  tout 
ce  que  nous  devonssouliailer.  ' 

y  8.  C'est  le  sensdugrecdpK5(79-/i(7c;p,e9a.  Dans  les  exemplaircs  latins  ou  a 
varie :  les  uns  ont  mis  simus  el  les  autres  sumus;  mais  les  meilleurcs  ^itions. 
portent  simus,  etle  sens  de  !a  plirase  I'cxige. 

•^g.  Gr.  insenses. 

yio.  C'est  le  sens du  grec. 


CUAPITRE  VI. 


189 


nam  confessionein  co- 
in mullis  teslibus. 


ayant  si  excellemineat  confesse  la 
Ibi  en  presence  de  plusieiirs  te- 
moins. 

i3.  Pi aecipiolibi  coram         i5.  Je  vousordonnedevanlDieu,    Mau.  xxvn, 
:  'CO,  qui  vivifical  omnia,     qui  viviGe  toutes  choscs  ,  et  devaiii  1 1. 
et  Christo  Jesu ,  qui  les-     Jesus -Christ   qui  a  rendu  ,    sous    Joan,  \siii. 
timonium    reddidit    sub     Ponce  Pilate,  un  si  excellent    te-  ^^' 
Pontio  Pilato,  bonamcon-     moigoage  i  la  verite  , 
'■'"5sionem  : 

14.  Ut  serves  manda-  14.  De  garder  les  preceptes  que 
luia  sine  macula,  irrepre-  Je  vous  donne,  en  vousconservant' 
kensibilu  ,  usquo  in  ad-  sans  tache  et  sans  reproche,  jusqu'a 
ventum  Domini noslri  Je-  I'Hvenenient '  de  notre  Seigneur  Je- 
suChrisll,  Bus-Christ, 

ID.  Quern  3uis  tempo-         i5.  Que  doit  faire  paroitreenson 
ribus   osteodet  bcalus  et     temps  celui  qui  est  souverainement 
solus  potens,  Rexregum,     heureux,  qui  est  le  seul   puissant,  ^poc.  xvii. 
et     Domiuus     domioan-     le  Roi  des  rois,  et  le  Seigneur  des  '4  xix.  iG. 
tium  :  seigneurs  : 

i(j.  Qui  solus  habetiinr         16.  Qui  seul  posside  I'immorta- 
mortalitatem  ,   et    lucem     Iit6,  qui  habite  une  lumiere  inac- 
inhabitat  inaccessibilem  :     cessible,  que  nul  des  hommes  n'a  Joan,  i  iS. 
quem  nullushonanumvi-     yu  ni  ne  pent  voir,  a  qui  est  I'hon-  i.Joan.  iv.i. 
dit,  sed  nee  videre  potest:     neur  et    I'empire  dans   I'eternite. 
cui  honor    et  imperium     4iiid- 
sempiternum.  Amen. 

j^.  Divitibus  hujus  se-  17.  Ordoonez  aux  riches  de  ce 
cull  praecipe,  uon  subli-  monde  de  n'etre  point orgueilleux; 
ine  sapere,  neque  sperare  de  ue  point  mettre  leur  confiance 
inincerto  diviliarum,  sed  dans  lesrichesses  incertaines,  mais  Luc.  \\\.  17 
in  Deo  vivo  (  qui  praestat  dans  le  Dieu  vivant,  qui  nous 
nobis  omnia  abunde  ad  fournit  avec  abondance  tout  ce  qui 
fruendum)  est  necessaire  a  la  vie; 

18.  Bene  agere,  divites  18.  D'etre  charitables  et  bienfai- 

sans ;  de  se  rendre  riches  en  bonnes 
oeuvres  ;  de  donner  I'aumonc  de 
bon  cceur;  de  faire  part  de  leurs 
biens ; 

ig.  De  s'acquerir  un  tresor,  etde 
fundamentum  bonum  in  s'etablir  un  fonderaent  solide  pour 
futurum,  utapprehendant  I'avenir,  afln  d'arriver  a  la  veritable 
veiam  vitam.  vie. ' 


fieri  in  bonis  operlbus, 
facile  tribuere,  coranmni- 
care  , 

19.    Tbesaurizare    sibi 


y  14.  C'esl  le  sensdugrec. 

Ibid.  Gr.  litt.  jusqu'i  la  manifestation. 

y  19.  Gr.  litt.  a  la  vie  etemelle. 


1  4o  l*^    EPITRE  DE  SAINT  PAUL  A  TIMOTHEE,  CHAP.  VI. 

20.  0  Timothee,  depo- 
situm   cuslodi  ,   devitans 


20.  O  Timothee,  gardez  le  de- 
pot' qui  vous  a  ete  confie,  fuyant 
les  profanes  nouvcautes  de  paroles, 
etloute  doctrine  contrairequi  porte 
faussement  le  nom  de  science;" 

21.  Dont  quelques-uns  faisant 
profession ,  se  sont  egares  de  la 
foi. '  Que  la  grace  soit  avecvous. 
Amen. 


profanas  vocum  novita- 
tes  ,  et  oppositiones  falsi 
nominis  scienliae  : 

31.  Quam  quidam  pro- 


mittentes. 

ciderunt. 

Amen. 


circa  fidem  ex- 
Gratia   tecum. 


-^  2o.  La  foi,  la  doctrine  chrelienne. 

Ibid.  Saint  Paul  paroit  avoirici  en  vue  principalement  les  gnostiques,  dont 
le  nom  signifie  ceux  qui  possedent  la  science. 

y  2 1 ,  Preferant  la  philosopliie  paienne  a  la  lumiere  de  I'Evangile. 

Les  exemplaires  grecs  portent  a  la  fin  de  celte  cpitre  :  «  Premiere  a  Timo- 
thee ecrile  de  Laiceeod  ,  capitale  de  la  Phrygie  Pacalienne,  en  23o  versets.  » 


PREFACE 
SUR  LA  DEUXIEME  EPITRE 

A  TLAIOTHEE. 


Saint  Paul  etant  parti  de  Macedoine  ,  vint  passer  I'hiver  c\ 
Nicopolis  ,  ville  d'Epire  ^  11  en  sortit  au  commencement  Quelle  fut 
du  printemps  pour  retourner  en  Asie  :  il  passa  a  Troade  ^,  J'o<^cas'on  do 
et  vint  ensuite  a  Ephese  voir  Timothee  ,  comme  il  le  lui  ^  f  *^^'  "^f ', 
avoit  promis  ^.  11  demeura  peu  avec  Im,  et  il  le  quitta  syjet. 
pour  retourner  a  Rome.  Avant  de  sortir  d'Asie  ,  il  alia  a 
Milet,  oil  il  laissa  Trophime  malade  *.  De  Milet,  il  passa  a 
Corinthe,  ou  Eraste,  I'un  de  ses  disciples,  demeura^,  et  il 
arriva  a  Rome  au  commencement  de  I'ete.  II  s'y  employa 
a  la  conversion  des  Juifs  et  des  gen  tils  avec  son  zele  ordi- 
naire. Saint  Jean  Chrysostome  dit  '^  qu'ayant  converti 
une  concubine  de  Neron ,  ce  prince  le  fit  arreter.  II  y  a 
beaucoup  d'appaience  que  ce  fut  alors  qu'ii  parut  devant 
I'empereur  pour  sa  premiere  justification  ',  et  que  Dieu 
lui  fit  la  grace  de  le  delivrer  de  ce  lion.  On  ne  sait  pas  s'il 
fut  absolument  renvoye  absous ,  et  delivre  de  prison ,  ou 
s'il  evita  simplement  le  danger  de  la  mort ;  mais  il  est  cer- 
tain qu'il  etoit  dans  les  liens  lorsqu'il  ecrivit  a  Timothee 
celte  seconde  lettre  *.  Le  temps  de  son  martyre  appro- 
choit ;  et  il  se  consideroit  comme  une  victime  deja  arrosee 
des  libations,  et  prete  a  etre  consumee  ^.  Aussi ,  selon  la 
pensee  de  saint  Jean  Chrysostome  ,  on  peut  regarder  cette 
lettre  comme  le  testament  de  I'Ap^tre  *".  II  I'ecrivit  pour 
prier  Timothee  de  venir  le  trouver  ;  mais  en  meme  temps 
il  la  remplit,  comme  la  premiere,  de  plusieurs  instructions 
tres  importantes  pour  ce  cher  disciple  et  pour  tons  les  mi- 
nistres  de  Jesus-Christ. 

'  TiL  HI.  12.—*  2.  Tim.  IV.  i3.— '  I.Tim,  ui.  14.  iv.  i3.— *2.  Titn. 
TV.  20. — *  Ibid. — «  Chr/sost.  in  Act.  liomil.  46. — ^  2.  Tim.  iv.  16.  el  17. 
—  *2.  Tim.  I.  8.  ei  n.  9.  —  »2.  Tim.  iv.  6.  8.  —  ^^  Chyysost.  homil.  n. 
pag.  6i5. 


T-ia  PREFACE 

Analyse  de  L'Apotre  salue  Tiniolhec  (  chap,  i  )  en  liii  sonbailanr, 
ccue  cp  tic,  comme  dans  sa  premiere  epitre  ,  la  grace  ,  la  misericorde 
et  la  paix  :  la  grace  pour  faire  le  bien ,  la  misericorde  pour 
effacer  ses  fautes,  la  paix  pour  le  consoler  et  le  soutenir 
au  milieu  des  travaux  de  son  ministcre  ^.  11  rend  graces  a 
Dieu  de  ce  que  dans  ses  prieres  il  se  souvient  conlinuelle- 
menl  de  ce  disciple  ^.  11  lui  temoigne  que  se  souvenant  de 
son  affection  et  de  sa  foi ,  il  desire  le  voir  pour  elre  con- 
"  sole  et  rempli  de  joie  par  sa  presence  ^.  II  I'avertit  de  ral- 

lumer  en  lui  le  feu  de  la  grace  qui  lui  a  etc  conferee  dans 
son  ordination  ,  dont  lui  Paul  a  ele  le  ministre^.  II  lui  re- 
presente  que  I'Esprit  de  Dieu  repandu  sur  les  ministres  de 
I'Evangile  n'est  pas  un  esprit  de  timidite ,  mais  un  esprit 
de  courage  J  d'amour  et  de  sagesse  *.  11  I'exhorte  a  ne 
point  rougir  de  Jesus-Christ ,  ni  de  lui  Paul  ^,  mais  a  souf- 
frir  avec  lui  scion  la  force  qui  lui  vientde  Dieu  ,  etpar  un 
motif  de  reconnoissance  pour  les  bicnfaits  de'  Dieu  qui 
nous  a  sauves  par  son  election ,  et  nous  a  appeles  par  sa 
vocation  sainte  ,  c'est-a-dire  dont  la  saintete  estl'objet''. 
II  fait  remarquer  la  gratuite  de  cette  vocation  ,  en  ce  que 
Dieu  nous  a  appeles  non  selon  nos  oeuvres,  mais  selon  le 
decret  de  sa  volonte,  et  selon  sa  grace,  c'est-a-dire  par 
I'operation  meme  de  sa  grace  ^.  II  fait  remarquer  que  cette 
grace  nous  a  ete  donnee  en  Jesus-Christ  avant  tous  les  sie- 
cles  dans  les  desseins  de  Dieu,  et  qu'elle  a  paru  dans  le 
temps  par  la  manifestation  de  Jesus-Christ,  en  ce  que 
Jesus-Christ  a  detruit  la  mort ,  et  a  decouvert^  et  en  quel- 
que  sorte  mis  au  jour ,  la  vie  et  Tincorruptibilite  ^ ;  la  vie 
que  Dieu  repand  en  nous  par  sa  grace  dans  le  siecle  pre- 
sent ,  I'incorruptibilite  dont  nous  possedons  des  a  present 
les  gages  en  Jesus-Christ,  et  dont  nons  serons  nous-menies 
revetus  dansle  siecle  futur.  11  ajoute  que  ces  deux  avan- 
tages  sont  annonces  par  TEvangile  pour  lequel  il  a  ete 
etabli  predicateur  et  apotre  ,  et  maitre  des  nations  ^**.  Et 
excitant  le  courage  et  le  zele  de  son  disciple  par  son 
propre  exemple ,  il  lui  represente  que  les  motifs  qu'il  lui 

^^i.eti.—  ^i^.  —  ^i  4.ef5.— *T^6.  — *T^7.— fiy-8.— 7>'-8.cf(). 
Sed  collabora  Ei>angelio  secundum  virtutem  Dei,  qui  nos  libevavit  el  voca- 
vit  vocatione  sua  sancta, — "  ■jj-  9.  Non  secundum  opera  nostra,  sed  secun- 
dum propositum  suum  ,  etgraiiam. — ^  yg.  et  10.  Et  graiiam  quce  data  est 
nobis  in  Christo  Jesu  ante  tempora  secularia,  manifestata  est  autcm  nunc 
jfer  illuminationem  (gr.  ETri'^avE'.ct;,  id  est  manifestationem)  Sahatoris  nostri 
Jesu  Chiisli. — '°^  10.  <?i  1 1. 


9l'R  LA   II"  ^pitRB  A   TIMOTIIBE.  1  ^Z 

propose  sont  aussi  ceux  qui  le  soutiennent  lui-m6me,  ct 
renipechent  de  rougir  des  maux  qu'il  souffre  '.  Aux  motifs 
qu'il  vient  de  proposer,  et  qui  sont  tous  renfermes  dana 
celui  dc  la  reconnoissance ,  il  en  ajoute  un  autre  qui  esi 
celui  de  la  puissance  du  Dieu  supreme  qui  a  resolu  de  nous 
combler  de  ses  bienfaits  :  il  declare  done  que  ce  qui  le 
souiient  encore  ,  c'est  qu'il  sail  qui  est  celui  a  qui  il  se 
confie  en  lui  consacrant  ses  travaux  et  ses  soufTrances  ,  et 
qu'il  est  certain  que  celui  a  qui  il  remet  ce  depot  est  tout- 
puissant  pour  le  lui  garder  jusqu'au  dernier  jour,  c'est-a- 
dire  pour  lui  conserver  la  recompense  de  ses  soufTrances 
et  de  ses  travaux  ^.  II  exhorte  son  disciple  a  se  proposer 
pour  modele  les  saines  instructions  qu'il  a  recues  de  lui 
louchant  la  foi  et  la  charite  ,  ce  qui  comprend  et  le  dogme 
qui  est  lobjet  de  la  foi ,  et  la  morale  qui  est  toute  ren- 
fermee  dans  la  charite  ^.  11  I'exhorte  a  garder  I'excellent 
depot  qui  lui  a  ete  confie  ,  c'est-a-dire  le  dep6t  meme  de 
la  saine  doctrine ;  et  en  meme  temps  il  lui  fait  vemarquer 
que  ce  sera  par  la  vertu  du  Saint-Esprit  qu'il  sera  fidele  a 
garder  ce  depot"*.  Ceci  lui  donne  lieu  de  lui  apprendre 
raffoiblissement  des  Asiatiques  qui  etoient  a  Rome,  et  qui 
setoient  eloignes  de  lui ,  et  au  contraire  la  fidelite  d'One- 
siphore  qui  I'ayant  assiste  a  Ephese  ,  I'avoit  aussi  souvent 
soulage  a  Rome  ^.  II  souhaite  que  Dieu  repande  sa  miseri- 
cordc  sur  la  famille  de  celui-ci ,  et  lui  fasse  trouver  grace 
devant  lui  au  dernier  jour  •";  ce  qui  insinue  qu'il  etoit  mort ; 
et  la  suite  le  confirme. 

De  la  il  prend  occasion  d'exhorter  Tiraothee  a  se  forti- 
fier dans  la  grace  (  chap,  n  ) ,  et  a  confier  a  des  hommes 
fideles  le  depot  des  verites  qu'il  a  apprises  de  lui '.  Il  I'ex- 
horte a  souffrir  constamment  toutes  les  peines  de  son  mi- 
nist^re  ^.  11  emploie  diverses  comparaisons  par  lesquelles 
il  I'avertit  de  ne  point  s'embarrasser  dans  les  affaires  du 
siecle ,  et  de  corabatlre  pour  Jesus-Christ  selon  les  lois  sa- 
crees  de  la  milice  sainte ;  et  il  le  soutient  par  I'esperance 
de  la  recompense  ^.  II  lui  recommande  de  bien  com- 
prendre  le  sens  de  ces  comparaisons ,  et  lui  souhaite  que 
Dieu  lui  donne  I'intelligence  en  toutes  choses  *°.  II  lui  rap- 
pelle  I'exemple  de  Jesus-Christ  meme  qui  apres  tous  les 
travaux  de  sa  vie  mortelle  ,  en  a  recu  la  recompense  daus 

1  y  12.— 2  Ibid.—^  i  ii.—*i  iSf—'i  i5.  et  i6.— «y  17.  ad/mem.— 
■  f  I.  et  a.— »  i  3.-»  y  4.-6— '«  i  7- 


d 


1 44  PREFACE 

sa  resurrection  glorieuse  *.  II  lui  propose  de  nouveau  son 
propre  exemple,  et  lui  represente  que  les  peines  qu'il 
soulfre  ,  et  les  chaines  memes  tlout  il  est  charge  ,  n'arre- 
tent  point  les  progrcs  de  I'Evangile  ,  parce  que  la  parole 
de  Dieu  ne  peut  elre  liee  ^.  U  declare  que  c'est  ce  qui  le 
porte  a  souffrir  tout  avec  courage  pour  procurer  aux  elus 
le  salut  et  la  gloire  ^.  II  revient  a  I'exemple  de  Jesus- 
Christ,  et  il  declare  que  c'est  une  verite  ires  certaine  que 
si  nous  avons  part  aux  souffrances  de  Jesus-Christ ,  nous 
aurons  part  a  sa  gloire  *.  11  ajoute  que  si  nous  le  renon- 
cons ,  il  nous  renoncera;  et  que  si  nous  lui  sommes  infi- 
deles,  il  ne  laissera  pas  de  demeurer  fidele  dans  ses  pa- 
roles ,  en  faisant  tomber  sur  nous  I'effet  de  ses  menaces  ^. 
11  exhorte  son  disciple  a  annoncer  ces  verites,  et  a  re- 
primer  ceux  qui  s'amusent  a  de  vaines  et  pernicieuses  dis- 
putes de  paroles^.  Il  I'exhorte  a  bien  dispenser  lui-meme 
fa  parole  de  la  verite  ''.  11  lui  recommande  encore  de  re- 
primer  les  discours  vains  et  profanes ,  dont  il  lui  repre- 
sente les  progres  et  les  effets  funestes  ^.   11  rassure  son 
disciple  en  lui  faisant  remarquer  qu'au  milieu  de  ces  maux 
le  solide   fondement  de  Dieu,  c'est-a-dire  son  decret 
eternel  et  invariable  en  faveur  de  ceux  qu'il  a  choisis  ,  de- 
meure  ferme  ,  ayant  pour  le  sceau  authenlique  de  sa  fer- 
mete  la  prescience  infaillible  de  Dieu  ,  qui  connott  et  dis- 
cerne  sans  se  tromper  ceux  qui  lui  appartiennent ;  etpour 
le  sceau  de  sa  notoriete  et  de  sa  manifestation  a  I'egard  de 
chacun  de  nous,  la  fidelite  a  s'eloigner  de  I'iniquite,  selon 
qu'il  convient  a  quiconque  porte  le  nom  de  Jesus-Christ , 
et  se  declare  son  disciple  ^.  II  explique  la  cause  des  pro- 
gres de  I'erreur,  par  la  comparaison  qu'il  fait  entre  I'E- 
glise  remplie  de  bons  et  de  mechans  ,  d'elus  et  de  re- 
prouves,  et  une  grande  maison  ou  se  trou vent  des  vases 
riches  destines  a  des  usages  honnetes,  et  des  vases  vils 
destines  a  des  usages  honteux'";  et  il  ajoute  que  quiconque 
se  gardera  pur  de  I'erreur  et  de  la  corruption,  sera  re- 
connu  comme  un  vase  d'honneur  ^^  11  exhorte  son  dis- 

1  ^  8, — 2  ^  g  , — 3  ^  ig,  Ideo  omnia  susdneo  pivpier  clecios,  lit  et  I'psi 
salutein  consecjuantur  quce  est  in  Christo  Jesu,  cum  gloria  coelesti. — 
•y^  ix.etii.  —  "f  12.  et  i3.— fi-jj-  14. —  ^-j^rS. —  ^i  i(i.-i8. —  '^  it(). 
Sed  firmiim  fundamentum  Dei  st-it,  liabens  signaculum  hoc  :  Cognovit 
Dominus  qui  sunt  ejus :  et,  Viscedat  ab  iniquiiaie  ,  omnis  qui  nominal 
nomen  Domini.  ( Gr.  wa?  6  &vop.a'Cwv  to  ovoaa  XptaTCu.)  Ce  qui  pourroit 
signifier  :  omnis  qui  nominat  se  nomine  Christi.  — '"  i^  20. — *•  ^  ai. 


SUU    LA  ll'fipixRB  A    TIMOTHEK.  1  15 

iplo  a  fuir  les  passions  des  jcunes  gens  ,  et  lui  nionlre  ce 
nil  tloit  suivre  *.  11  lui  present  la  manieredont  il  doit  sc 
>nduire  envers  ceux  qui  resistentala  verite,  et  les  motifs 
le  celte  conduile  ^. 

II  lui  annonce  (  chap,  iii )  que  dans  les  derniers  jours  , 
il  y  aura  des  temps  fachcux  et  pleins  de  perils  pour  Ic 
salut,  parce  qu'il  s'elevera  alors  des  hommes  vicieux  et 
corrompus  en  toules  manicrcs  \  U  les  caracterise  par  une 
suite  alTreuse  de  passions  et  dc  vices  *.  Avant  d'avoir 
aclieve  cettc  peinture ,  il  ordonne  a  son  disciple ,  ou  plulot 
en  sa  personne  aux  pasteurs  qui  se  trouveront  en  ccs 
te.mps  ,  de  fuir  ces  homnnes  pervers  ^ ;  et  a  la  fin ,  il  ajoute 
pour  la  consolation  des  pasteurs  et  des  fideles  qui  ^ivront 
alors,  que  Dieu  meltra  des  bornes  aux  progres  de  ces 
hommes  corrompus  ^ ,  et  qu'il  rendra  leur  folie  aussi  ma- 
nifeste  que  le  fut  celle  des  magiciens  qui  resislerent  a 
Moise  ".  Aux  moeurs  et  aux  sentimens  de  ces  faux  docteurs, 
il  oppose  son  exeraple  comme  un  raodcle  que  doivent 
suivre  les  ministres  fideles  ^  :  il  insiste  parliculierement 
sur  les  persecutions  qu'il  a  eu  a  souffrir  ,  et  dont  Dieu  I'a 
delivre  ^ ;  et  il  declare  que  la  persecution  est  une  epreuve 
inevitable  pour  tous  ceux  qui  voudront  vivre  avec  piete 
en  Jesus-Christ  '".  Il  annonce  de  nouveau  les  progres  des 
mechans  ** ;  et  il  exhorte  son  disciple  a  denieurer  ferrae 
dans  les  choses  qu'il  a  apprises  et  qui  lui  ont  ete  confiees , 
sachant  de  qui  il  les  a  recues ,  c'est-a-dire  d'un  apotre 
instruit  par  Jesus-Christ  '^  ;  tel  est  aussi  le  devoir  de  tous 
les  pasteurs ,  de  conserver  le  depot  precieux  de  la  verite 
qu'ils  ont  recu  par  une  succession  non  interrompue  qui 
reraonte  jusqu'aux  ap6tres  et  jusqu'a  Jesus-Christ.  A  cctte 
chaine  respectable  de  la  tradition  se  joint  I'autorite  divine 
des  saintes  Ecritures ,  sur  quoi  I'Apotre  insiste' en  rappe- 
lant  a  son  disciple  la  connoissance  qu'il  avoit  des  saintes 
lettres '\  dont  il  releve  aussitot  I'excellence  et  I'utilite  : 
I'excellence,  en  ce  qu'elles  sont  inspirees  de  Dieu ;  ruliliie, 
en  ce  qu'elles  servent  a  enseigner  la  verite ,  a  refuter  I'cr- 
reur  ,  a  corriger  le  vice  ,  et  a  conduire  dans  la  vertu  '* : 

*/22.  —  *y^a3.  adfmem.  —  ^  ^  r .  eti.  Hoc  autem  scito  (jnodin  no- 
vissimis  diebus  [h  iT/ji-x'j;  ritspxi?)  instabunt  lempora peri-:ulosa,  etc.  — 
*  ^  ?'~,^'  —  *  ^  ^"  ^*  devita.  —  *y  9.  Sed  ultra  ivon  pixjicieiu.  (Gr. 
Sjlk  ca wf oxiiJ-j-Jdiv  e7:wT>.ci!;v.)  —  ^  Ibid.  —  * f  lo.  —  *  ^  it . — *"  y  12.  Et 
omties  (jitipie  volunt  vwere  in  Chn'sio  Jesu,  penecuu'onem  patieiilnv.  — 
"y  i3.^"V  U.— •'>'  i5.— i»y  ifl. 

a3.  10 


l46  PREFACE   SUR  LA  11'=  ^^PITRE,  elC. 

ulilile  csseritielle  pour  un  pasteur  qui  se  formant  a  I'exer- 
cice  de  ces  quatre  fonctions  par  I'etude  des  livres  saints  , 
devient  parfait ,  et  dispose  a  remplir  tous  les  devoirs  de 
son  ministere  ^. 

Apres  cela,  employ  ant  les  expressions  les  plus  fortes 
(  chap.  IV  ) ,  I'Apotre  conjure  son  disciple  d'annoncer  la 
parole  du  Seigneur  en  tout  temps  et  de  toutes  manieres 
sans  se  lasser  ^.  11  predit  un  temps  oil  les  hommes  ne  pou- 
vant  plus  souffrir  la  saine  doctrine ,  fermeront  I'oreille  a 
la  verite,  et  I'ouvriront  aux  fables  de  I'erreur  ^.  Enfin  il 
exhorte  son  disciple  a  remplir  tous  les  devoirs  de  son  mi- 
nistere ,  qui  consistent  principalement  dans  la  vigilance , 
la  patience  et  le  travail  ^.  Et  terminant  ainsi  les  instruc- 
tions qu'il  lui  donne ,  il  lui  declare  qu'il  est  comme  une 
victime  pr^te  a  etre  immolee ,  et  qu'il  ne  lui  reste  plus 
qu'a  atlendre  la  couronne  de  justice  qui  lui  est  reservee  ^. 
II  lui  mande  de  venir  le  trouver  au  plus  tot ,  et  lui  marque 
I'abandon  ou  il  se  trouve  ^.  Il  lui  donne  quelques  autres 
ordres  ' ,  lui  fait  savoir  I'etat  de  son  affaire,  et  lui  temoigne 
sa  vive  confiance  dans  le  secours  du  Seigneur  **.  II  le  prie 
de  saluer  de  sa  part  Prisque  et  Aquilas,  et  la  famille 
d'Onesiphore ;  ce  qui  confirme  qu'Onesiphore  etoit  mort^. 
II  lui  marque  encore  quelques  autres  nouvelles  *",le  presse 
de  venir  avant  I'hiver  *' ,  le  salue  de  la  part  des  fideles  de 
Rome  ^^,  lui  souhaite  I'assistance  de  Jesus-Christ,  et  sa 

n  grace  a  toute  I'Eorlise  d'Ephese  i^. 

Uemarques  "  o  i   _ 

gur  le  temps  ^^  cophtc  et  le  manuscrit  alexandrm  portent  que  cette 
et  le  lieu  ou  lettre  fut  ecrite  de  Laodicee  ;  et  le  cophte  ajoule  qu'One- 
cette  epitre  sime  en  fut  le  porteur.  Mais  tous  les  autres  conviennent 
quelle  fut  ecrite  de  Rome  ;  et  on  ne  sait  qui  la  porta  a  Ti- 
niothee  ,  si  ce  n'est  que  Ton  puisse  dire  que  ce  fut  Tychi- 
que  meme  que  saint  Paul  envoyoit  a  Ephese  **,  pour  con- 
duire  cette  Eglise  pendant  I'absence  de  Timothee.  La  fin 
de  cette  lettre  prouve  qu'elle  fut  ecrite  vers  I'automne  de 
I'an  65  de  I'ere  chretienne  vulgaire  *^,  environ  neuf  mois 
avant  le  martyre  de  saint  Paul  dont  la  date  la  plus  probable 
tombe  au  29  juin  de  Tan  66. 

*  -jf^  17.  etult.  ■ — ^  -^  I.  et2.  —  3  f  S.  ei4.  —  '  ^  5.  Tu  veiwigila,  in 
omnibus  labora  (gr.  jcaxoiraflviaciv),  opus  fac  ef^angelistce,  minisierium  tuum 
imple.  Le  soh-ius  esto,  que  la  Vulgate  ajoute,est  un  second  sensdu  motgrec 
vr«pe,  rendu  auparavant  itar  vigila. — *  -^  6.-8, — ®  ^  9--ii- — ^  T^  12. -i5. — 
8  j  16.-18,  — 9^19.  — '"t^  20.  —  "^21.— 12/W.— <='^22.  etult.— 
"  a.  Tim.  :v.  12.— *»  2.  Tim.  iv.  6.  8.  21. 


fut  ecrite. 


DEUXIEME  EPITRE 


DE  SAINT  PAUL 


A  TIMOTHEE. 


CHAPITRE  PREMIER. 


Saint  Paol  saluc  TimotWe,  lui  t^moicine  «on  affection,  J'eiborle  i  raUumcr 
CD  Jui  la  grace de  son  ordiDalion,eta  ne  point  rougirda  Seigneur.  II  met  sa 
conBance  en  Jesus -Christ.  Plusieurs  rabandonneDt.  II  rend  temoignage  au 
8el«  d'Ondsiphore. 


1.  Paclus  Apostolus  Je- 
su  Christiper  voluntaletti 
Dei ,  secundum  protnis- 
sionem  vitae  qua  est  in 
Christo  Jesu  : 

a.  Timotheo ,  charissi- 
mo  filio  :  gralia,  miseri- 
cordia,  pax  a  Deo  Patre  , 
et  Christo  JesQ  Domino 
nostro. 

3.  Gratias  ago  Deo,  cui 
serrio  a  progenitoribus  in 
conscientia  pui-a  ,  quod 
sine  intermissionehabeain 
lui  memoriam  in  oratio- 
nibus  meis,  nocte  ac  die: 

4.  Desiderans  te  ride- 


1.  Papl,  apotre  de  Jesus-Christ, 
par  la  Tolonte  de  Dieu  ,  selon  la 
promesse  de  la  vie  qui  esten  Jesus- 
Christ: 

a.  A  Timothee,  son  fils  bien-ai- 
tne  :'que  Dieu  le  pere  et  Jesus- 
Christ  notre  Seigneur  vous  don- 
nent  la  grace,  Ja  misericorde  et  la 
paix. 

5.  Je  rends  grace  A  Dieu,  que  je 
sersdesmesancetres'  avec  une  con- 
science pure,  dc  ce  que  nuit  et  jour 
je  me  souviens  continuellenienl  de 
vous  dansmespri^res;' 

4.  Et  me  representant  vos   lar- 


y  2.  C'est  le  sens  dn  grec. 

-f  3.  Que  je  sers  des  mes  ancetres ,  c'est-a-dire  le  Dieu  veritable  que  mcs 
anc^tres  ont  senri  dans  I'altente  du  Messie  promis,  comme  je  le  sers  anres 
raccomplissement  de  cette  promesse,  unique  but  de  toutcs  les  proplielies. 

y  3.-5.  Gr.  aulr.  me  souvenant  contiauellement  dc  vous  dans  les  priercs 
que  je  lui  adresse  jour  et  nuit,  me  representant  vos  larmes  ,  et  desirant  vous 
voir,  afin  d'etre  rempli  de  joie,  et  conservant  le  souvenir  de  cette  foi,  etc. 


lis 


Il«    EPITRE  DE  SAINT  PAUL  A    TniOTHKE. 


mes,  jo  (loijirc  vous  voir,  afin  d'etre 
rempli  de  joie, ' 

5.  Dans  le  souvenir  que  j'ai  dc 
cettc  foi  sincere  qui  est  en  vous, ' 
qu'ont  cue  premiereincnt  Loide 
voire  aieule,  etEunice  votrc  mere, 
ct  que  je  suis  aussi  tres  persuade 
que  vous  avez. 

6.  G'est  pourquoi  je  vous  avertis 
dc  rallumer' ce  feu  de  ia  grace  de 
Dieu  que  vous  avez  repue  par  ['im- 
position de  uies  mains. ' 

Rom.ym.  i5.  r,.  Car  Dieu  nc  nous  a  pas  donne 
un  esprit  de  timidite ,  mais  un  es- 
prit de  courage  ,  d'amour  et  de  sa- 
gesse. ' 

8.  Ne  rougissez  done  point  de 
notre  Seigneur,  que  vous  devez 
confesser,  ni  de  moi,  qui  suis  son 
captif:  '  mais  souffrez'  avec  moi 
pour  I'Evangile,  selon  la  force  que 
vous  recevrez  de  Dieu  , 

g.  Qui  nous  arachetes'  et  nous 
a  appeles  par  sa  vocation  sainte , 

Tic.  ni.  5.  non  selon  nos  ocuvres  ,  mais  selon 
le  decret  de  sa  volonte  ,  et  selon  la 
grace  qui  nous  a  cte  donnee.en  J6- 
sus-Christ  avant  tous  les  sifecles, 


1 0.  Et  qui  a  paru  mainlenant  par 
I'avenement  '  de    notre    Sauveur 


re  ,  mcmor  lacrymarum 
tuarum ,  ut  gaudio  im- 
plear, 

5.  Rccordationem  acci- 
piens  ejus  fidei ,  quae  est 
in  te  non  ficta,  quae  et  ha- 
bitavit  primum  in  avia 
tua  Loide ,  et  matre  tua 
Eunice  :  certus  sum  au- 
lem  quod  et  in  te. 

6.  Propter  quam  cau- 
sam  admoneo  te,  ut  re- 
suscites  gratiam  Dei,  quae 
est  in  te  per  impositio- 
ncm  manuum  mearum. 

7.  Non  enim  dedit  no- 
bis Deusspiritumtimoris, 
sed  virtulis  ,  et  dilectio- 
nis,  et  sobrietatis. 

8.  Noli  itaque  erubes- 
cere  testimonium  Domini 
nostri ,  neque  me  vinc- 
tum  ejus  :  sed  coUabora 
fivangelio  secundum  vir- 
tutem  Dei : 

9.  Qui  nos  liberavit,  et 
vocavit  vocatione  sua 
sancta  ,  non  secundum 
opera  nostra,  sed  secun- 
dum propositum  suum  , 
et  gratiam  quae  data  est 
nobis  in  Christo  Jesu  ante 
tempora  secularia  : 

10.  Manifestata  est  au- 
tem  nunc  per  illuminalio- 


i  ^.  Ayant  aupres  de  moi  une  personne  dont  j'ai  re^u  des  t^molgnages 
d'amilie  si  sensibles,  et  qui  montre  une  si  grande  Constance  k  souffrir. 

■j^  5.  Cost  le  sens  du  grcc,  ejus  quai  in  te  estjidei  nonjictce. 

f  &.  C'cst  I'expresslon  du  grcc. 
^  Ibid.  De  concevoir  une  nouvcUe  fervcur  pour  annoncer  la  parole  de  Dieu 
avec  force  et  avec  hardiesse. 

■^  7.  C'est  le  sens  du  grec  acofovtafAcii. 

■^  8.  Elantdans  les  fers  pour  I'amour  de  lui. 

Ibid.  C'cst  le  sens  du  grec. 

^  9.  Vulg.  lilt,  qui  nous  a  delivrcs.  Gr.  lilt,  qui  nous  a  sauves. 

■j-  10.  C'est  le  sens  du  grcc  qui  peut  se  Iraduire  a  la  Icttre  :  par  la  mani- 
festation. 


iiem  Salvatoris  iiostri  Je- 
sii  Christi,  qui  destruxit 
quidem  mortem  ,  illumi- 
navit  aulem  \itam  et  in- 
corruptioncm  per  Evan- 
gelium  : 

1 1 .  In  quo  positus  sum 
ego  praedicator,  et  apos- 
tolus, et  magister  gen- 
tium. 

la.  Ob  quam  causam 
rliara  haec  patior  :  sed 
non  confundor.  Scioenim 
cui  credidi,  et  certus  sum 
quia  potens  est  deposi- 
tum  meum  servare  in  il- 
ium diem. 

i5.  Formam  habe  sa- 
norum  verboruui ,  qua;  a 
rae  audisti  in  fide  et  in 
tlilectione  in  Christo  Jesu. 

14.  Bonum  depositum 
custodi  per  Spiritum 
Sanctum  ,  qui  habitat  in 
nobis. 

i5.  Scis  hoc,  quod 
aversi  sunt  a  me  omoes 
qui  in  Asia  sunt,  exquibus 
est  Phygellus,  et  Hermo- 
genes. 

16.  Del  mlsericordiam 
Dominus  Onesiphori  do- 
mui  :  quia  saepe  merefri- 
geravit,  etcatenammeam 
non  erubuit  : 

17.  Sed  cum  Romam 


IIIAPIIHE   I.  lig 

Jesus  -  Christ  ,  qui  a  dctruit  la 
mort, '  et  a  d^couvert  an  monde  , 
par  I'Evangile ,  la  vie  et  riaconup- 
tibilile.  ' 


11.  C'est  pour  cela '  que  j'ai  ete  '•  Tim.w.', 
etabli  predicateur,  apotre  et  maitre 
des  nations  : 

13.  Et  c'est  aussi  ce  qui  m'a  at- 
tire les  maux  que  je  souflre;  mais 
je  n'en  rougis  point;  car  je  sais  a 
qui  je  me  suis  confie:'  et  je  suis 
persuade  qu'il  est  assez  puissant 
pour  me  garder  mon  depot  jusqu'u 
ce  grand  jour. ' 

i5.  Proposez-vous  pour  modele 
les  saines  instructions  que  vous  avez 
entendues  demoi,  touchant  la  foi 
el  la  charite  '  qui  est  en  Jesus- 
Christ.  ^^ 

14.  Gardez,  par  le  Saint -Esprit 
qui  habile  en  nous,  rexcellent  de- 
pot' qui  Tous  a  ete  confie. 

ID.  Vous  savez  que  tousceux  qui 
sont  en  Asie  '  se  sont  eloignes  de 
moi  :  Phygelle  et  Hermogine  sont 
de  ce  nombre. 

16.  Que  le  Seigneur  repande  sa  /n/r.-jv.  19. 
misericorde  sur  la  famille  d'Onesi- 

phore,  parce  qu'il  m'a  souYent  sou- 
lage,  el  qu'il  n'a  point  rougide  mes 
chaines; 

17.  Maisqu'etant  venu  a  Rome, 


y  10.  En  se  ioumeltant  lui-meme  a  la  morl. 

Hid.  Qu'il  destine  a  seselus. 

y  1 1  .  Pour  annoncer  aux  hommes  cette  vie  incorroplible. 

y  12.  Lorsqoe  j'ai  mis  ma  confiance  en  J^sas-Christ. 

Ibid.  Auquel  j'espere  recevoir  de  lui  une  Tie  glorieuse  et  immortelle , 
pour  cette  vie  languissante  et  p^rissable  que  je  remets  aujourd'hui  entre  scs 
lunins,  et  que  je  sacrifie  pour  lui. 

y  i3.  Aulr.  en  conservant\3t.  foi  et  la  charite,  etc 

y  14.  La  saine  doctriDC. 

y  t5.  On  pcJt-^r^    *''r.^  ccwx  q".!  sont  d'Asie. 


lOO 


H8  EPllRK  DK  SAli:«T  PAUL  A  TIMOTHEE. 


il  m'a  cherchd  aveo  grand  goin,  et  il     venisset,  soUiclte  me  qua;- 
iii'a  trouve. 

18.  Que  le  Seigneur  lui  fasse  la 
grace  de  trouver  misericorde  de- 
vantlui,"  en  ce  jour, 'car  vous  savez 
mieux  que  personne  combien  d'as- 
sistances  il  ui'a  rendues  h  Ephfese. 


eivit,  et  uivenit. 

18.  Det  illi  Domlnus 
invenirc  nibericordiani  a 
Domino  in  ilia  die.  Et 
quanta  Ephesi  ministravit 
mihi,  tu  melius  nosti. 


■)^  18.  On  croit  qu'On&iphore  otoif  mort,  parceque  ci-dessus  -f-  i6,  et  ou 
chap.  IV.  ■)?■  19,  saint  Paul  ne  parlo  que  de  sa  famille. 

Ibid.  Au  jour  out  II  viendra  juger  le  mondo  ,  el  rendre  a  chacun  selon  scs 
ccuvres,  pour  le  rccompenser  de  la  chjirito  qu'il  a  euc  pour  moi,  et  donl  vous 
pouvez  rendre  tdraoignage. 


CttAPlTRE  II. 


DepAt  de  doctrine.  Vie  laboriense  des  ministrcs  evangel iques.  Souffrir  avec 
Jcsus-Christ  pour  regner  avec  lui.  Vaines  disputes.  Doctrine  contagieuse. 
Solide  fondemcntde  Dieu.  Ya?es  d'bonpeur  et  d'ignominie.  Fuir  les  con- 
testations. 


1.  FoHTiFiEz-vors  done ,  6  mon 
fils,  par  la  grace  qui  est  en  Jesus- 
Christ : 

2.  Et  gardant  ce  que  vous  avez 
appris  de  moi  devant  plusieurs  t.e- 
moins,  donnez-le  en  depot  a  des 
hommes  fiddles ,  qui  soient  eux- 
raemes  capables  d'en  instrutre  d'au- 
tres. 

3.  Travaillez'  comme  uti  bon 
soldat  de  Jesus-Christ : 

4.  Celui  qui  estenrole  au  service 
de  Dieu ,  ne  s'embarrasse  point 
dans  les  affaires  seculieres,  pour  ne 
s'occuper  qu'a  plaire  u  celui  a  qui 
il  s'estdonne.' 

5.  Celui  qui  combat  dans  les  jeux 


1.  Tu  ergo,  fili  mi, 
confortare  in  gratia  qua; 
est  in  Christo  Jesu  : 

2.  Et  qua;  audisti  a  me 
per  multos  testes ,  ha;c 
commenda  fidelibus  ho- 
minibus,  qui  idonei  erunt 
et  alios  docere. 

5.  Labora  sicut  bonus 
miles  Christi  Jesu. 

4.  Nemo  militans  Deo 
implicat  se  negotiis  secu- 
laribus  :  ut  eiplaceat,  cui 
se  probavit. 

5.  Nam  et  qui  certat  in 


f  3.  Selon  le  groc :  souffrez  constamment  toutes  ies  peines  de  votre  minis- 

tere. 

rassc  point  1 
qui  I'a  enr61e. 


j.  Le  grec  lit:  Celui  qui  est  enriAi  au  service  d'un prince,  ne  s'embar- 
point  dans  les  emplois  dela  vie  civile ,  afin  d'etre  prdt  a  satisfaire  celui 


CHAPITRE  II. 


161 


agoaO)  non  coronatur  nisi     publics,    n'cst  couronn6  qu'apres 
li'gitiine  cerlaverit.  avoir  combattu  selon  la  rfegie  des 

combats ; 

6.  Laboranleui  agrlco-  C.  Un  laboureur  qui  a  bien  tra- 
lain  oportet  primum  de  vaille  doit  avoir  la  premiere  part 
Iructibus  percipere.  dans  la  rccolte  des  fruits. ' 

7.  Intellige  quae  dico  :         7.  Comprenez  ce  que  je  dis;  car  - 
.labit  enim  tibi  Dominus     le  Seigneur  vous  donnera  I'intelli- 
iu  omnibus  intellectum.       gence  en  toutes  choses.' 

8.  Memor  esto  Domi-  8.  Souvenez-vous  que  notreSei- 
num  Jesum  Chrisum  re-  gneur  Jesus-Christ,  qui  est  ne  de 
gurrexisse  a  mortuis   ex     la  race   de   David ,  est  ressuscite 

d'entre  lesraorts, '  selon  I'Evangile 
que  je  preche,' 

g.  Pour  lequel  je  souffre  beau- 
coup  de  maux, '  jusqu'a  etre  dans 
les  cbaines  corame  un  malfaiteur; 
mais  la  parole  de  Dieu  n'est  point 
enchainee. 

10.  C'est  pourquoi  j'endure  tout-  ' 
neo  propter  electos,  ut  et     pour  I'amour  des  elus,  afin  qu'ils 
ipsi   salutem  consequan-     acquierent   aussi  bien  que  nous  le 
tur,   quae  est  in   Christo     salut  qui  est  en  Jesus-Christ,  avec 
Jesu,  cum  gloria  coelesti.     la  gloire  du  ciel. ' 

11.  C'est  une  verite  tres  assuree, 
que,  si  nous  mourons  avec  Jesus- 
Christ  ,  nous  vivrons  aussi  avec 
lui; 

12.  Si  nous  souffrons  avec  lui ,  Mattx.  33. 
nous  regnerons  aussi  avec  lui;  si  Marc. rm. 3 S 
nous  le  renonfons,  il  nous  renon- 
cera  aussi; 

i3.  Si  nous  lui  sommes  infidfeles,'  Rom.  m.  3. 


semine  David,  secundum 
Evangelium  ineum, 

9.  In  quo  laboro  usque 
ad  vincula  ,  quasi  male 
operans  :  sed  verbum  Dei 
uon  est  ailigatum. 

10.  Ideo  omnia  susti- 


1 1.      Fidelis     sermo  : 
Namsicommortuisumus, 
t  convivemus  : 


12.  Si  sustinebimus , 
el  conregnabimus  :  si  ne- 
gaverimus,  etille  negabit 
nos  : 

i3.  Si   non  credimus , 


fGthe  v.  deCarrieres  traduit  :  et  qu'un  labourenr  doit  premierement 
traTailler,  et  ensuite  recueillir  les  fruits  de  son  travail.  On  a  pretendu  que 
le  grec  pouvoit  se  prendre  ea  c«  sens ;  mais  le  grec  ne  s'y  prete  pas  plus  que 
la  Vulgate. 

y  7 .  Gr.  autr,  Comprenez  bien  ce  que  je  vous  dis  ici,  et  non-seulement  ce 
(jue  je  vous  dis  ici;  car  je  souhaite  que  le  Seigneur  vous  donne  Tintelligence 
en  toutes  choses. 

y  8.  Gr.  lilt.  souvenez-TOus  de  Jesus-Christ,  ^uz&to/it  n£'de  la  race  de 
David,  est  ressuscite  d'entre  les  morts. 
Ibid.  Lilt.  Selon  mon  Evangile. 
•j^  g.  C'est  le  sens  du  grec. 
i  10.  Gr.  litt.  la  gloire  ^ternelle. 
T  1 3 .  Si  nous  abandonnons  son  ocuvre. 


*5af 


li'^  I^piinK  Dli  SAINT  PALL  A   lIlttOTIlKE. 


ii  ne  lalssera  pas  de  demeurci-  fi- 
dele;'car  il  ne  peut  so  deinenlir 
lui-niGuie.  ' 

14.  Donncz  cet  avertissemcnt,  et 
prenez-en  le  Seigneur  a  tcinoin.  ' 
Ne  vous  ainusez  point'  a  des  dispu- 
tes de  paroles,  quinesont  bonnes 
qu'a  perverlir  ceux  qui  les  ecou- 
tent. 

i5.  Mettez-vous  en  etat  de  pa- 
roitre  devant  Dieu  comme  un  mi- 
nistre  digne  de  son  approbation , 
qui  ne  fait  rien  dont  il  ait  sujet  de 
rougir,  el  qui  sait  bien  dispenser' 
Ja  parole  de  vcrite, 

iG.  Fuyez '  Ics  entretiens  rains 
et  proCanes,  car  its  contribuent 
beaucoup  u  iuspirer  I'impiete  :  ' 

17.  Et  les  discours  qu'y  tiennent 
certaines  gens  sont  comme  une 
gangrene  '  qui  repand  insensible- 
ment  sa  corruption.  De  ce  nombre 
sont  Hjmenee  et  Philete , 

18.  Qui  se  sont  ecartes  de  la  vi- 
rile, en  disant  que  la  resurrection 
est  deja  arrivee, '  et  qui  ont  ainsi 
renverse  la  foi  de  quelques-uns. 

19.  Mais  le  fondement  de  Dieu' 
demeure  ferme",  ayant  pour  sceau 
cette  parole  :  Le  Seigneur  connoit 
ceux  qui  sont  a  lui ; '  et  cette  autre  : 


ille  fidelis  permanet,  nc- 
garo  seipsum  non  potest. 

14.  HytJC  commone  , 
tcstificans  coram  Domi- 
no. Noli  contendere  ver- 
bis :  ad  nihil  enim  utile 
est,  nisi  ad  subversionem 
audientium. 

J  5.  SoUicite  cura  te- 
Ipsum  probabilem  exhi^ 
bere  Deo  ,  operarium  in- 
confusibilem,  recte  trac- 
taatem  verbum  vcritatis. 

16.  Profana  autem,  ct 
vaniloquia  devita  :  mul- 
tuui  enim  proficiunt  ad 
impietatem  : 

17.  Et  sermo  eorum  ut 
cancer  serpit  :  ex  quibus 
est  Hymcnajus ,  et  Phile- 
te s  , 

18.  Qui  a  verftate  exci- 
derunt ,  dicentes  resur- 
rectioncm  esse  jam  lac- 
tanij  et  subverlerunt  quo- 
rumdam  fidem. 

19.  Sed  firmum  funda- 
mentum  Dei  stat ,  babens 
signaculum  hoc  :  Cogno- 


y  1 3.  II  saura  bien  I'accomplir  sans  nous. 

Ibid.  II  operera  par  un  autre  moyen  le  salut  de  ses  elus. 

y  14.  Commed'unev6ril6  incontestable. 

Ibid.  Gr.  aulr.  Rappelez  cesclioses  dans  la  memoiro  desjideles;  lesLon- 
jurant  devant  le  Seigneur  de  ne  point  s'amuser,  etc. 

ir  i5.  -C'est  Je  sens  du  grec. 

y  16.  Gr.  autr.  rcprimez. 

Ibid.  Aulrement  el  selun  le  grec  :  car  ceur  (juiL's  tiennent,  crohront  de 
plus  en  plus  dans  rimpii'to,  et  leur  discours  serout  conirae,  etc. 

y  17.  C'esl  I'expression  du  grec  :  -Yayfoatva. 

•j^  18.  Qu'elle  s'esl  faite  dans  notre  banlcme,  ou  nous  sommcs  morts  cl  res 
suscites  avec  Jesus-Christ ;  qu'il  n'y  en  a  point  d'autre  a  attendre. 

^19.  Son  decret  clerncl ,  sur  lequel  est  fonde  le  salut  de  ses  cIus. 

Ibid.  Malgre  tons  les  efforts  du  demon. 

Ibid.  Et  il  nes'en  perdj'A  aucun. — Cette  paivile  c^t  prise  <ln  livTc  !,^  ^     ,. 
bres,sYi.  5,  scion  la  version  des  Septantc. 


CMAIMTKE  II.  I  63 

TilDoininusquisuntejus:     Que  quiconquc  invoque  le  nom  ilu 
eU  Uiscechit  al)  iiiiqiiilate,     Seigneur  '  s'eloigne  do  I'iniquile. ' 
ouinis  qui    uoininat   no- 
luei)  Domini. 

20.  In  iiiogna  autcin 
doiDO  nort  sulutn  sunt 
vasa  aurea  et  argentea, 
sed  et   lignea  et  ilctilia  : 


et  quaedain  quidem  inho- 
norem,  quacdamautetn  in 
coDtutneliam. 

2  1.  Si  quisergo  emun- 
daverit  se  ab  istls  ,  erit 
vas  in  honoreni  sanctifi- 
catum,  el  utile  Domino  , 


ao,  Dans  une  grande  maison,  il 
n'y  a  pas  seuleraent  des  vases  d'or 
et  d'argcnt,  mais  aussi  de  bois  et 
terre ;  et  les  uns  sent  pour  des 
usages  honorables ,  et  les  autres 
pour  des  usages  honteux. ' 


a  I.  Si  queJqu'un  done  se  garde 
pur  de  ces  choses , '  il  sera  un  vase 
d'honneur,  sanctifle ,  et  propre  au 
service  du  Seigneur, '  prepare  ponr 
ad  omne  opus  bonum  pa-  toutes  sortes  de  bonnes  oeuvres.  ' 
ratum. 

22.  Juveniliaautemde-  aa.  Fuyez  les  passions  des  jeu- 
siilcria  fuge  :  sectare  vero  nes  gens ;  elsuivez  la  justice,  la  foi, 
justitiam,  fidem,  cbarita-  la  charite  et  la  paix,  aveo  ceux  qui 
ttm,  el  pacem  cum  iis  qui  invcquent  le  Seigneur  d'un  cceur 
invocant  Dotnlnum  de  pur. 
corde  puro. 

20.    Slultas  autem    et  aS.  Quant  aux  questions  imper-  r.T'iffi.i. - 

iine  disciplinaquasslioaes     tinenles  et  inutiles  ,  '  evilez  -  les ,  ^''<- "i>  9- 
devila  :  sciens  quia^ene-     sachant  qu'elles  sont  une  source  de 

conlestalions. 

24-  Or,  il  ne  faut  pas  qu'un  ser- 
teur  du  Seigneur  dispute  ;  mais  il 
dolt  etre  modere  envers  tout  le 
omnes  docibilem,  patlen-  monde,  capable  d'instruire,  et  pa- 
tera, tient;' 

a5.  Cum  modestia  cor-         aS.   II  doit  reprendre  avec  dou- 


ranl  lites 

34-  Servum  autem  Do- 
mini non  oportet  liligare, 
ged  mansuetum  ess©   ad 


y  19.  Grec  :  le  nom  de  Jesus-Christ.  Voyoz  I'analyse. 

Ibid.  Cetle  parole  peut  faire  allusion'au  texte'du  livre  desNombres  ,  xti, 
R^,cn  sorle  que  les  deux  paroles  rapportees  ici  seroieDt  relatives  Tune  el 
Tautre  au  m^me  chapitre  du  texte  de  ^loise. 

^"^  50.  Ainsi  dans  I'EgUse  de  Dieu  il  y  a  des  dlus  et  des  rcprouv^s.  O^xt- 
ferez  Rom.  ix.  aa.  a3. 

j'  2.1.   L'eloigne  decee  crreurs. 

Ibid.  Gr.  lilt,  du  mailre. 

Ibid.  Au  oontraire  ceux  qui  les  suivent,  et  qui  se  liyrenl  4  la  corruption 
de  ieur  cceur,  el  aux  ^garemens  de  leur  esprit,  seronl  dans  la  maison  de  Dieu 
comniedes  vases  honteux. 

y  23.  Lilt.  insens<5es  el  sans  discipline ,  sans  regie  el  sans  discreiiott. 

y  24.  Grec  :  patient  enrers  les  m<5tbans;  ou,  palient  dans  les  maus. 


1^4 


n°   KPilRK  DE  SAINT  PALL  A  IIMOIUEE. 


ccur '  ceux  qui  rcsistent  i  la  verite, 
dans  resperance  que  Dieu  pourra 
leur  donner  un  jour  I'esprit  de  pe- 
nitence pour  la  leur  faire  connoi- 
tre, 

26.  Et  qu'ainsi  revenant  de'  leur 
egarcincnt,  ils  sortiront  des  pieges 
du  dial)ie,  qui  les  tient  captifs  pour 
en  faire  ce  qu'il  lui  plait. ' 


ripientem  eos  qui  resis- 
tant vcritati  :  nequando 
Deus  det  illis  poeniten- 
tiara  ad  cognoscendam 
verilatem  , 

26.  Et  resipiscant  a  dia- 
boli  laqueis,  a  quo  captivi 
tenenturad  ipsius  volun- 
talem. 


f  i5.  C'est  lesens  du  grec. 

i  26.  Gr.  autr.  lantque  Dieu  le  lui  permet. 


CHAPITRE  III. 

Faux  docteurs  annoncds  et  caract^risds.  II  faut  les  fuir  :  leur  progrcs  aura  des 
Lornes.  Saint  Paul  exhorte  TImothee  a  suivre  son  cxemple,  A  souffrir  la 
persecution,  i  conserve rle  depot  de  la  foi,  as'inslruire  par  I'ficriture. 


1.7mm,  IV.  1.  i.Oa,  sachezque  dans  les  derniers 
^.Pefr.  III. ]3.  jours  ,  il  viendra  des  temps  fS- 
lud.  18.        cheux  • 

a.  Car  il  y  aura  des  horatnes 
personnels,  avares,  '  glorieux,  su- 
perbes,  medisans,'  desobeissans  i 
leurs  peres  et  a  leurs  meres,  in- 
grats ,  impies," 

3.  Denatures,  ennemis  de  la 
paix,'  calomniateurs,  intemperans, 
inhumains,  sans  affection  pour  les 
gens  de  bien,' 

4.  Traitres,  insolens,  enfles  d'or- 
gueil ,  et  plus  amateurs  de  la  vo- 
lupte  que  de  Dieu, 


1.  Hoc  autem  scito 
quod  in  novissimis  diebus 
instabunt  tempora  peri- 
culosa  : 

2.  Erunt  homines  se- 
ipsos  amantes  ,  cupidi  , 
elati,  superbi,  blasphemi, 
parentibus  non  obedien- 
tes,  ingrati,  scelesli , 

3.  Sine  affectione,  sine 
pace  ,  criminatores  ,  in- 
continentes,  immites,  si- 
ne benignitate , 

4.  Proditores,  proter- 
vi,  tumidi,  et  voluptatum 
amalores  magis  quam 
Dei  : 


■j^  I .  Dangereux  pour  le  salut.  C'est  le  sens  du  grec. 

■jJ-  a.  C'est  Ic  sens  du  grec'dans  les  trois  expressions. 

)?■  3 ,  Gr.  autr.  sans  tendresse  pour  leurs  pjvches ,  sans  fid^Iile  a  leurs 
promesses. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec  acpiXa-jafloi ;  sans  affection  pour  les  gens  do 
bien,  ou  pour  le  bien. 


CHAPITHE   111. 


1^6 


5.  Habentes  speciem  5.  Qui  auroDt  unc  apparence  de 
qiiideni  pielalis,  virtutem  piete  ,  niais  qui  en  ruineront  la 
aulem  ejus  abnegantes.  yerite  et  I'esprit.  Fuyez  done  ces 
J5t  hos  devita  :  personnes. 

6.  Ex  his  enim  sunt,  6.  Car  de  ce  nombre  sont  ceux 
qui  penetrant  domos,  et  qui  s'introduisent  dans  les  maisons, 
caplivas  ducunt  mulier-  ct  qui  trainent  apres  eux,  comme 
culas  oneratas  peccatis ,  captives ,  des  femmes  chargees  de 
qua;  ducuntur  variis  desl-  peches,  et  possedees  de  diverses 
deriis  :  passions, 

7.  Semper  discentes,  et  7.  Lesquelles'  npprennent  tou- 
nunquam     ad    scientlam  jours,  et  n'arrivent  jamais' jusqu'ii 


ventatis  pervcnientes. 

8.  Quemadmodum  au- 
tem  Jannes  et  Mambres 
restiterunt  Moysi  :  ila  et 
hi  resistunt  veritati ,  ho- 
mines corrupt!  meote,  re- 
probi  circa  fidem. 

g.  Sed  ultra  non  profi- 
cient :  insipientia  enim 
eorum  manifesla  erit  om- 
nibus ,  sicul  et  Ulorum 
fait. 

10.  Tu  autero  assecatas 


la  connoissance  de  la  rerite. ' 

8.  Car  comme  Jannes  et  Mam-  Excd.vit.it. 
br6s,  *  resisterent  I'k  Molse ; '  ceux- 

cl  do  meme  resistent  a  la  verite. ' 
Ce  sont  des  hommes  corrompus 
dans  Tesprit ,  et  pervertis  dans  la 
Col, 

9.  Mais  le  progrfes  qu'ils  feront 
aura  ses  bornes,  car  leur  folic  sera 
connue  de  tout  le  monde  ,  comme 
le  fut  alors  Celle  de  ces  magiciens. 


10.  Quant  k  vous,  vous  savez 
esmeam  doctrinam ,  ins-  quelle  est  ma  doctrine,  quelle  est 
tilutionem,  propositum  ,     ma  mani^re  de  vie,  quelle  est  la 

fin  que  je  me  propose,  quelle  est 
ma  foi,  ma  tolerance  ,  '  ma  charite, 
et  ma  patience; 

11.  Quelles  ont  ete  les  persecu- 
tions et  les  afflictions  qui  me  sont 
arrivees,  coinme  celles  d'Antioche, 


£dem  ,  longanimitatem  , 
dilectiooem,  patientiam, 
11.  Persecutiones,  pas- 
siones  :  qualia  mihi  facta 
sunt  Antiochise  ,  Iconii, 
et  Lystris  :  quales  perse- 


cutiones sustinui ,  et  ex     d'Icone,'et  de  Lystres;   combien 


y  :•  L'expression  de  la  Vulgate  peut  Aire  «?qaivoque  ;  iDaiscelie  du  grcc 
ne  Test  pas :  discentes  se  rapporle  a  niulierculas. 

Ibid.  Gr.  lilt,  et  ne  peuvent  jamais  arriver. 

Ibid.  Etant  irompees  par  ces  imposleurs. 

7  ^-  Celebres  magiciens  d'Egypte.  Ces  noma  ne  se  trouvent  point  dans 
1  Ecrilure  :  on  pense  qu'ils  avoient  ete  conserres  par  tradition. 

Ibid.  Devant  Pharaon,  opposant  leurs  prestiges  a  ses  miracles. 

Ibid.  Lui  opposant  leurs  illusions. 

y  10.  Lilt,  ma  longanimity. 

1^  ri.  C'est-a-dire  d'Antioche  de  Pisidic.  Act.  xiu.  5o.  m  seqq. 


i56 


11^   EPiTRE  DE  SAINT  PALL  X  TIMOIIILE. 


grandes  otit  ete  oes persecutions  que 
j'ai  souffertes;  et  comment  le  Sei- 
gneur m'a  tire  de  toutes. 

12.  Car  tons  ceux  qui  veulent 
vivre  avec  picte  en  Jesus-Christ, 
seront  persecutes. 

i3.  Mais  les  hommes  medians  et 
les  imposteurs  '  se  fortifieront  de 
plus  en  plus  dans  le  mal,  etant  dans 
I'erreur,  et  y  faisant  tombcr  les 
autres. 

14.  Quant  a  vous ,  demeurea 
ferme  dans  les  choses  que  vous 
avez  apprises,  et  qui  vous  out  ete 
confiecs,  sachant  de  qui  vous  les 
avez  apprises ; ' 

i5.  Et  considerant  que  vous  avez 
ete  nourri  des  votre  enfance  dans 
les  lettres  saintes,  qui  peuvent 
vous  instruire  pour  le  salut  par  la 
tbi  qui  est  en  Jesus-Christ. ' 

16.  Toute  ecriture  qui  est  ins- 
piree  de  Dieu  est  utile  '  pour 
instruire ,  pour  reprendre  ,  pour 
corriger,  et  pour  conduire  a  la  jus- 
tice : 
2.  Pe//-.  1. 20.  17.  Afin  que  I'homme  de  Dieu 
soit  parlait  et  dispose  ii  toutes 
sortes  de  bonnes  oeuvres. 


omnibus  eripuit  me  Do- 
minus. 

la.  Et  omnes  qui  pie 
volunt  vivere  in  Cbristo 
Jesu ,  persecutionem  pa- 
tientur. 

J 3.  Mall  autem  homi- 
nes, et  seductores,  profi- 
cient in  pejus,  errantes, 
et  in  errorem  mitt(?ntes. 

i/}.  Tu  vero  permane 
In  iis  quae  didicisti,  et 
credita  sunt  tibi  :  sciens  a 
quo  didiceris  : 

i5.  Et  quia  ab  inlantia 
sacras  lilteras  nosti ,  quae 
te  possunt  instrucre  ad 
salulem ,  per  fidem  quae 
est  fti  Christo  Jesu. 

16.  Omnis  scriptura  di- 
vinitus  inspirata,  utilis 
est  ad  docendum,  ad  ar- 
guendum,  ad  corripien- 
dum  in  justitia  : 

17.  Ut  perfectus  sit  ho- 
mo Dei,  ad  omne  opus 
bonum  inslructus. 


y  1 3.  C'est  le  sens  du  grels. 

f  14.  Vous  souvenant  que  c'est  d'un  apotre  instruil  par  la  revelation  de 
Dieu,  et  par  la  Louche  de  Jt'sus-Clirist,  de  loutes  les  verltes  de  sa  religion. 

y^i5.  G'cst-a-dire  que  lessainles  ecritures  de  I'Ancien  Testament  appre- 
naient  aux  hommes  lanccessite  de  la  foi  en  Jesus-Christ,  commeclant  le  seul 
par  qui  on  put  etre  sauve. 

i  16.  Gr.  aulr.  Toute  (kriturc  est  inspir^e  de  Dieu  ct  utile,  etc. 


CMAPIIRE  IV. 


107 


CHAPITRE  IV 


DcToirs  d'un  evik[uc.  Faux  docteurs  anaoac^s.  Saint  Paul  prcdil  sa  mort 
prochainc.  II  prie  Timoihee  devenir  le  trouvcr,  et  I'insiruit  de  sod  etat 
present.  II  (init  pardes  salutations- 


1.  TEsTiFicoa  coram 
Deo,  et  Jesu  Christo, 
qui  judJcaturus  est  vivos 
ct  mortuos,  per  adven- 
tutn  ipsius,  et  regnum 
ejus  : 

a.  Praedica  Terbum  : 
insta  opportune  ,  impor- 
tune :  argue  ,  obsecra, 
increpa  in  omni  patientia 
et  doctrina. 

3.  Erit  eniin  tempus, 
cum  sanam  doctrinam 
non  sustinebunt ,  <ed  ad 
sua  desideria  coaccrva- 
bunt  sibi  magistros,  pru- 
rieotes  auribu?  : 


4.  Et  a  veritate  quidem 
aoditum  avertent,  ad  fa- 
bulas  autem  converten- 
tur. 

5.  Tu  vero  Tigila,  in 
omnibus  labora ,  opus  fac 


1.  Jetous  conjure  donc'dcvanl 
Dicu ,  et  devant  Jesus-Christ , '  qui 
jugera  les  vivans  et  les  morts  dans 
son  arenement  et  dans  I'etablisse- 
ment  de  son  regne, 

2.  D'annoncer  la  parole.  Pressez 
les  hommes  a  temps  et  a  contre- 
temps; reprenez,  suppliez,  mena- 
cez,  sans  vous  lasser  jamais  de  les 
tolerer  '  et  de  les  instruire. 

5.  Car  il  viendra  un  temps  oii 
les  hommes  ne  pourront  plus  souf- 
frir  la  saine  doctrine;  au  contraire, 
ayant  une  extreme  demangeaison 
d'entendre  ce  qui  les  flatte  ,  ils  au- 
ront  recours  a  une  foule  de  doc- 
teurs propres  a  satisfaire  leurs  de- 
sirs  : 

4.  Et  fermant  I'oreille  a  la  verite, 
ils  I'ouvriront  h  des  fables. 


5.  Mais  pour  vous,  veillez  con- 
tinuellement,  '  souffrez    constam- 


y^  I.  Cette  particule  est  dans  le  greo. 

Hid.  Grec :  le  Seigneur  Jesus-Christ. 

Ibid.  Autrement  et  selon  la  Vulgate  i  la  letlre  :  je  vous  en  conjure  par  son 
avenement  .^forieiMr  (le  grec  a  la  letlre ,  sa  manifestation),  et  par  l'e'uil>lisse- 
ment  de  son  regne. 

y  2.  C'est  le  sens  du  grec  qui  signifie  k  la  lettre  :  avec  toute  sorte  de  lon- 
ganimite  ou  de  tolt'rance. 

•^  5.  AGn  d'arr^ter  le  cours  de  ces  desoidres. —  Gr.  autr.  gardez-vous  de 
I'enivrement  de  lame.  C'est  ce  que  la  Vulgate  exprime  k  la  fin  du  verset  par 
ces  mots,  Sobrius  esto ,  qui  ne  sonl  pas  dans  le  grec ,  ou  plut6t  qui  ne  sont 
qu'une  seconde  version  de  I'expression  qui  est  ici  dans  le  grec. 


58 


11«    EPilRE  DE  SAINT  PALL  A  TIMOTHEE. 


merit  toutes  sortes  de  travaux  :  ' 
laites  la  charge  d'un  e^angeliste  ; " 
remplissez  tons  les  devoirs  de  vo- 
ire ininistere.  Soyez  sobre. ' 

6.  Car  pour  moi,  je  suis  comrne 
une  victime  qui  a  deji  repu  I'asper- 
sion  pour  gtre  sacrifice ;  '  et  le 
temps  de  ma  mort '  s'approche. 

7.  J'ai  bien  combattu,  )'aiachev6 
ma  course;  j'ai  garde  la  fot. 

8.  Au  teste,  lacouronne  de  jus- 
tice m'est  reservee,  couronnc  que 
le  Seigneur,  comme  un  juste  juge,' 
me  rendra  en  ce  grand,  jour;  '  et 
non-seulement  i  moi ,  mais  encore 
a  tous  ceux  qui  aiment  son  avene- 
ment.  '  Hatez-vous  de  venir  me 
trouver  au  plus  tot; 

9.  Car  Demas  m'a  abandonne, 
s'etant  laisse  emporter  a  I'amour 
du  sifecle ;  et  il  s'en  est  alle  a  Thes- 
salonique; 

10.  Crescent  en  Galatie;  '  Tite 
en  Dalmatie. 

Col.  IV.  t4t  11.  Luc  est  seul  avec  moi.  Prenez 
Marc "  avec  vous ,  et  I'amenez,  car 
il  pent  beaucoup  me  servir  pour  le 
ministere  de  I'Evangile. 


evangelistaj,  mlnisterium 
luum  jmple.  Sobrius  esto. 


6.  Ego  enim  jam  deli- 
bor,  et  tempus  resolutio- 
nis  meae  instat. 

^.  Bonum  certamen 
certavi,  cursum  consum- 
mavi,  fidem  servavi. 

8.  In  reliquo  reposita 
est  mihi  corona  justitiaj, 
quam  reddet  mihi  Domi- 
nus  in  ilia  die  Justus  ju- 
dex :  non  solum  aulem 
mihi,  sed  et  iis  qui  dili- 
gunt  adventum  ejus.  Fes- 
tina  ad  me  venire  cito. 

g.  Demas  enim  me  re- 
liquit,  diligens  hoc  secu- 
lum ,  et  abiit  Thessaloni- 
cam  : 

10.  Crescens  in  Gala- 
tiam,    Titus   In    Dalma- 
tiam. 
11. 
solus. 


Lucas  est  mecum 
Marcum  assume  , 
et  adduc  tecum,  est  enim 
mihi  utilis  in  minisle- 
rium. 


f  5.   C'est'le  sens  da  grec. 

Ibid7  Qui  annoDce  I'Evangile  dans  toute  sa  purete. 

Ibid.  Sobrius  esto,  n'est  pas  dans  le  grec.  , 

f  6.  Chez  les  anciens  Grecs  et  Romains,  on  rcpandoit  des  grains  et  des  li- 
queurs sur  la  victime  avant  I'immolation. 

Ibid.  Ou  plus  litleraleraent:  de  ma  delivrance,  du  moment  oil  mon  ame 
tera  degagee  des  liens  du  corps. 

•^  8.  Qui  donne  a  cliacun  ce  qui  lui  appartient. 

Ibid.  Oil  il  viendra  juger  le  monde. 

Ibid.  Qui  s'y  preparent  par  toutes  sortes  de  bonnes  auvres.  —  Gr.  Hit.  sa 
manifestation,; 

■^  to.  Aulr.  en  Gaule.  Le  nom  de  Galatie,  dans  lesauteurs  grecs,  se  prend 
sonvent  pour  la  Gaule.  Plusieurs  I'entendent  ici  en  ce  sens. 

■j>  i  I .  C'est  Jean  Marc,  cousin  de  saint  Barnabe,  dont  il  est  par!«5  dans  les 
Actes,  xii.etsuiv. 


\}.  Tychicutn  autem 
inisi  Kphesum. 

1 3.  Penulam  quam  re- 
liqui  Troade  apud  Car- 
puiTi,veniensafler  tecum, 
ct  libros,  maxime  auteui 
membranas. 

14.  Alexander  aerarius 
imilta  mala  mihi  ostendit : 
rcddet  illi  Dominus  se- 
cundum opera  ejus  : 

i5.  Quem  et  tu  devita , 
valde  enim  restitit  verbis 
nostris. 

16.  In  prima  mea  de- 
fensione  nemo  mihi  af- 
fuit  :  sed  omnes  me  dere- 
liquerunt :  non  illis  impu- 
tetur. 

17.  Dominus  autem 
mihi  astitit.  et  conforta- 
vit  me  ,  ut  per  me  praedi- 
catio  impleatur,  et  au- 
diant  omnes  gentes :  et  li- 
beratus  sum  de  ore  leonis. 

18.  Liberavit  me  Domi- 
nus ab  omni  opere  malo, 
et  salvum  faciet  in  reg- 
num  suum  coeleste  :  cui 
gloria  in  secula  seculo- 
rum.  Amen. 

19.  Saluta  Priscam  et 
Aquilam,  et  Onesiphori 
domum. 

20.  Erastus  remansit 
Corinthi.  Trophimum  au- 
tem reliqui  infirmum  Mi- 
leti. 


CHAriTRBIII.  169 

12.  J'ai  aussl  envoys  Tychique  a 
Epht'se. 

i5.  Apportez-moi  en  venant  Ic 
manteau  que  j'ai  laisse  <i  Troade 
chez  Carpus,  et  mes  iivres ,  et  sur- 
tout  mes  papiers.  ' 

14.  Alexandre  rouvrieren  cuivre 
in'a  fait  beaucoup  de  mal  :  le  Sei- 
gneur lui  rendra  selon  ses  ceu- 
vres.  ' 

i5.  Gardez-vous  de  lui,  parce 
qu'il  a  fortement  combattu  la  doc- 
trine que  nous  enseignons. 

16.  La  premiere  fois  que  j'ai  de- 
fendu  ma  cause,'  personne  ne  m'a 
assiste;mais  tous  m'ont  abandon- 
ne.  Je  prie  Dieu  de  ne  leur  point 
imputer. 

17.  Mais  le  Seigneur  m'a  assiste, 
et  m'a  fortifie  '  aOn  que  j'achevasse 
la  predication  de  I'Evangile  ,  et  que 
toutes  les  nations  I'entendisseut  : 
et  j'ai  ete  delivre  de  la  gueule  du 
lion.  ' 

1 8.  Le  Seigneur  me  delivrera  * 
de  toute  action  mauvaise,  et  me 
sauyant,  me  conduira  dans  son 
royaume  celeste.  A  lui  soit  gloire 
dans  les  siecles  des  siecles.  Amen. 

19.  Saluez  Prisque  et'Aquilas,  et 
la  famille  d'Onesiphore.  Supr.  i,  16. 

20.  Eraste  est  demeure  A  Corin- 
the.  J'ai  laisse  Trophime  malade  a 
Milet. 


y  i3.  Litt.  mes  parchemins.  \oyez  la  Dissertation  sur  la  mau'ere  ct  la 
forme  des  Iivres  anciens  torn.  xi. 

■j^  1 4 .    II  prWit  ce  qui  lui  arrivera  sans  le  lui  soubaiter. 

y  16.  Que  j'ai  comparu  devant  le  tribunal  de  I'empereur. 

y  1 7 .  Quelques-uns  expliquent  I'expression,  Dominus  mihi  astitit,  comme 
si  cela  signifioit  :  le  Seigneur  m'a  apparu. 

Ibid.  C'est-A-dire  de  la  fureur  de  Neron. 

i  18.  C'est  le  sens  du  grec  :  Uberabit. 


l6o  lie   EptlRE  Dli  SAINT  I'Al  L  A   TIMOTHI'E,  CtC. 

a  I.   Festina  aiilc  hie- 

mem  venire.  Saliiliint  te 

EiibuluSj,  ct  Piidens,  ct 

Linus,  el  Claudia,  ct  fra- 

tres  omnes. 

22.  Que  le  Seigneur  Jesus-CIiiist         22.      Dominus     Jesus 

soit  avec  votre  esprit.  La  grace  soit     Christus  cum  spiritu  tuo. 

avec  vous. '  Amen.  Gratia  vobiscum.  Amen. 


21.  Iiritez-vous  de  vcnir  avant 
I'hiver.  Eubule  ,  PucLent  ,  Lin  , 
Claudie,  et  tons  les  freres  '  vous 
saluent. 


■jf-  21.  Les  fidelcs. 

■jj^  22.  Plusieurs  anciens  lisent :  la  grace  soit  avec  nou». 

Les  exemplaires  grecs  portent  a  la  fin  de  ccltc  cpitre  :  La  secondo  (^pUre  i 
Timolliee,  ordonne  premier  eveque  de  I'Eglise  d'EpIiese ,  a  6tii  ccrile  dc 
Rome.,  lorsque  saint  Paul  y  parut  devant  Neron  pour  la  seconde  fois. 


PHEFACE 
SUR  L'EPJTRE  A  TITE. 


TiTE  etoit  gcnlil  ot  incirconcis  '  ;on  ne  sail  pas  a  quelle     R*  maniiies 
occasion  il  s'allacha  a  saint  Paul ;  mais  ce  qui  est  certain  ,  sui  Tiie,  a 
c'cst  que  cct  apolre  se  scrvit  do  lui  trcs  utilcment  pour  !e  'I"'  '^<^"'^^f*'' 
j^ouvernemcnt  de  I'Es^lise.  II  le  mena  avee  lui  a  Jerusalem  s[;c.Quellerut 
pour  soulenir  la  liberie  de  I'Evangile  contrc  les  partisans  I'occasion  de 
de  la  circoncision  ^.  II  I'envoya  a  Corinthe  pour  remedicr  '^ei'^  epHrp 
a  quelques  desordrcs  qui  etoient  dans  cette  Eglise^ ,  et  en- 1"5'  '''^  *^*'*^ 
core  uue  seconde  lois  pour  y  porter  sa  seconde  lettre  et  ^^^''  ' 
prendre  soin  de  la  collectc  qui  devoit  s'y  faire  pour  les  fi- 
dcles  de  Judee  ^.  Saint  Paul  apres  son  premier  voyage  de 
Rome,  ayant  etc  mis  en  liberie,  en  I'annee  63  de  Jesus- 
Clirisl ,  revint  en  Orient ;  il  precha  ,  a  ce  qu'on  croit ,  dans 
rtlc  de  Crete,  aujourd'hui  appelee  Candie  ,  et  y  jeta  les 
fondemens  de  la  loi  ^.  II  n'eut  pas  le  loisir  d'y  demeurer 
assez  long-temps  pour  donncr  an.\  Eglises  toutes  les  ins- 
tructions necessaires  ,  ni  pour  etablir  dans  toutes  les  villes 
des  pretres  pour  les  gouvcrner.  II  y  laissaTite  son  disci- 
ple ,  I'ordonna  eveque  ,  et  lui  donna  commission  de  sup- 
pleer  a  ce  qu'il  n'avoit  pu  faire  par  lui-merae  ;  apres  quoi 
il  passa  apparcmment  dans  la  Judee  ,    coiumc  il  I'avoit 
promis  aux  Hebreu\  dans  la  lettre  qu'il  leur  ecrivit  ''.  iT 
revint  ensuile  en  \sic  ' ,  d'ou  il  se  rendit  en  Macedoinc  **. 
11  rcsolut  de  passer  I'hiver  a  ^'icopole  ^ ,  villc  dc  Thrace  , 
a  1  entree  dc  la  Macedoine,  suivant  les  peres  grecs,  ou  a 
^iicopole ,  villc  d'Epirc,  sur  le  golfe  d'Ambracic,  seloa 
saint  Jerome  ct  la  plupart  des  nouveauv  critiques.  11  etoit 
deja  a  Nicopole  ,  ou  plulot  il  etoit  en  chemin  pour  v  aller  , 
loisqu'il  ecrivit  a  Tite.  Ce  fut  pour  lui  ii^ander  de  venir  le 
trouver  '^' ;  mais  en  meme  temps  il  lui  donnc  ,  commc  :i 

'  Gal.  II.  3. —  -  Gill.  11.  I. — '  2.  Cor.  vir.  6.  elseqij.  xii.  i3.  —  ':j.  Cot\ 
vn.  6. — '  Tit.  I.  5. — *  Ilebr.  xiii.  23.  —  ^  a.  Tim.  iv.  i3.' — ^  Phili'pp.  ii, 
a.   -»  Tit.xu.  I?  -'»//>.;/. 

25.  I  I 


i6: 


PREFACE 


Tiniolhee  ,  plusieiirs  instructions  touchant  les  fonctions  de 
son  minist^re. 
,j   f  [[®  Saint  Paul  s'annonce  ici  comme  serviteur  de  Dieu  ct 

.  e  i,pi  r  .  gp^^j,g  ^g  Jesus-Christ  (  chap,  i  ) ,  et  il  marque  pour  la  fin 
de  son  apostolat  la  foi  qu'il  devoit  precher  aux  elus  dc 
Dieu^  ;  car  encore  que  plusieurs  autres  aient  part  a  la 
parole  et  aux  autres  traces  que  Dieu  fait  aux  hommes , 
c'est  neanmoins  pour  les  elus  que  tout  se  fait  dans  1  EgUse , 
aussi  bien  que  dans  le  monde.  II  fait  consisterceite  foi  dans 
la  connoissance  de  la  verite  ^  ;  mais  comme  la  philosophie 
et  la  loi  de  Moise  faisoient  aussi  connoitre  la  verite  en  leur 
manicre  ,  il  designe  cette  connoissance  qui  vient  de  la  foi 
par  deux  caract^res  qui  la  dislinguent  de  I'une  el  de 
I'autre  :  dela  philosophie  ,  parce  que  la  foi  donne  une  con- 
noissance qui  est  selon  la  piete  ^ ,  c'est-a-dire  qui  a  pour 
finle  vrai  cuUe  de  Dieu  ,  au  lieu  que  la  philosophie  paienne 
ne  regardoit  que  les  verites  naturelles  et  les  devoirs  civils ; 
de  la  loi  de  Moise ,  parce  que  ce  culte  de  la  foi  est  fonde  , 
non  sur  la  promesse  des  biens  temporels,  que  les  Juifs 
charnels  avoient  principalement  en  vue  ,  mais  sur  I'espe- 
rance  de  la  vie  eternelle ,  que  Dieu  qui  ne  pent  mentir 
nous  a  promise  et  destinee  avant  tons  les  siecles  •*.  Et  pour 
donner  plus  d'autoriie  aux  reglemens  qu'il  doit  etablir 
dans  cette  epitre,  il  ajoute  que  cette  promesse  eternelle 
nous  a  ete  signifiee  en  son  temps  par  la  predication  de 
I'Evangile  qui  lui  a  ete  confiee  par  I'ordre  de  Dieu  notre 
Sauveur  ^.  11  termine  cette  inscription  en  saluant  Tite ,  et 
lui  souhaitant  la  grace  et  la  paix  ^.  II  lui  rappelle  d'abord 
les  ordres  qu'il  lui  a  donnes  touchant  les  deux  objets  prin- 
cipaux  du  ministere  qu'il  lui  a  confie  en  le  laissant  en 
Crete ;  I'un  ,  d'y  regler  ce  qui  restoit  a  y  regler  ;  I'autre  , 
d'y  etablir  des  pretres  ou  des  eveques  ^  De  la  il  prend 
occasion  de  lui  exposer  les  qualites  que  doit  avoir  celui 
qui  est  choisi  pour  etre  eleve  au  sacerdoce  ^.  Et  comme  le 
sacerdoce  etoit  dans  ces  premiers  temps  un  degre  qui  con- 
duisoit  souvent  a  I'episcopat,  il  passe  aussit6t  aux  devoirs 

'  y^  I .  Paulus  seivns  Dei,  apostolus  autem  Jesu  C/irisli,  secundum  Ji- 
dem  electorum  Dei.  —  *  Ibid.  Secundum  fidem  electorum  Dei,  et  agniiio- 
nem  veritatis. — '  Ibid.  Qnce  secundum pietatem  est.  — *  -^  7..  In  spem  vitce 
cetcrnce,  quam  promisit,qui  non  meniitur  Deus,  ante  tempora  secularia.  — 
*)f  3.  Manifesta\'it  autem  tempoiibtis  suis  verbum  suum  in  prcedicatioiie 
quce  credita  est  mihi .secundum  prceceptum  Salvatoris  nostri  Dei  — *  ^  4. — 
'-j^  5. — "  if  6. 


SLR  l'epitre  a  the.  |63 

des  ev^ques ,  et  entre  sur  cela  dans  un  plus  grand  detail '. 
En  finissant  il  insiste  sur  la  capacile  necessaire  pour  con- 
vaincre  ceux  qui  s'opposent  a  la  saine  doctrine  ;  ce  qui  lui 
donnelieu  des'elever  contre  les  faux  docteurs  qui  se  trou- 
voient  dans  cette  ile  ,  el  qui  etoient  principalement  des 
Juifs  zcles  pour  les  observances  legales  ;  il  prcscrit  a  son 
disciple  de  lour  fermcr  la  bouche  ^.  11  caracterise  ensuite 
le  naturel  vicieux  des  peuples  dc  cette  ilc  ,  et  il  ordonne  a 
son  disciple  de  les  reprendre  fortement ,  afin  qu'ils  s'atta- 
chent  a  la  purete  d«  la  foi,  et  qu'ils  n'ecoutent  point  les 
faux  docteurs  ^,  11  refute  en  passant  ces  faux  docteurs  sur 
ce  qui  regarde  I'abstinence  de  certaines  viandes  comnie 
impures  *  ;  et  il  les  caracterise  comme  des  gens  qui ,  fai- 
sant  profession  de  connoitre  Dieu,  le  renoncent  par  leurs 
ocuvres ,  et  de  qui  on  ne  pent  attendre  aucun  bien  taudis 
qu'ils  persev^rent  dans  leurs  dispositions  *. 

Apres  cela  il  prescrit  a  son  disciple  (  chap,  ii )  la  saine 
doctrine  qu'il  doit  enseigner  pour  regler  les  moeurs  de 
chaque  condition  ^.  11  marque  les  devoirs  des  personnes 
agees  de  I'un  ct  de  I'autre  sexe'.  II  confie  aux  femraes 
sigees  le  soin  de  la  conduite  des  jeunes  feraraes  ,  dont  il 
prescrit  aussi  les  devoirs  ^.  II  laisse  a  son  disciple  le  soin 
des  jeunes  homraes  ,  dont  il  reduit  les  devoirs  particuliers 
a  celui  dune  raodeste  et  sage  retenue^.  II  I'avertit  de  se 
rendre  lui-meme  I'exemple  des  autres  par  toufes  sorles  de 
bonnes  oeuvres  ;  d'observer  dans  ses  instructions  une  in- 
tegrite  exempte  de  toute  erreur  ,  et  une  gravite  sans  me- 
lange de  choses  vaines  ;  et  de  veiller  en  toute  occasion  sur 
ses  paroles,  en  sorte  qu'elles  soient  toujours  saines  et  irre- 
prehensibles  ^*'.  II  vient  ensuite  aux  devoirs  particuliers 
des  esclaves*'.  II  pouvoit  sembler  que  les  esclaves,  quisont 
Ja  demiere  condition  des  hommes  ,  ne  meritoient  pas 
qu'il  s'abaissat  ainsi  jusqu'a  eux  dans  le  reglement  des  de- 
voirs des  fideles  ;  mais  il  declare  que  la  grace  de  Dieu  notre 
Sauveur  a  paru  a  tous  les  hommes,  de  quelque  condition 
qu'ils  fussent;  et  il  marque  tout  ce  quelle  a  fait  pour  nous'^. 
L'Ap6tre  renferme  ici  en  quatre  versets  les  plus  grandes 
verites  de  la  religion,  et  pour  ainsi  dire  I'abrege-de  tout 

*  1^7.-9- — 'yro.ef  ii. — '^".-14.— i*  71 5.  —  *  -^  i&.etuU.—^-^  i. 
— T  y  a.  et  3.—'  y  4.  et  5.— » -^  6.— »"  r  7-  «  8.—"  y  9.  el  lo.— 'S-^n.- 
1 4 .  Apparuit  enim  gratia  Dei  Salvatan's  iioslri  omnibus  liominihus  (iraoiv 
iv6p«iiici;),  erudiens  nos,  etc. 


Ic  christianisme  ct  de  loulc  la  morale  cranf^clique ;  car 
tout  consisle  dans  reconomie  dcs  dcu\  avenemcns  de 
Jesus-Clirisl  distingues  ici  :  I'un  d'abaissement  cl  dc  soul- 
frances  ,  deja  accompli ;  I'aulre  ,  de  gloirc  et  de  puissance, 
que  nous  altcndons  :  le  premier,  pour  nous  rendre  saints, 
en  nous  apprenant  la  loi  dc  Dieu,  nous  la  faisant  aimer 
par  sa  grace,  et  nous  separant  pour  cela  du  monde  et  ilu 
peche  ;  le  second  ,  pour  nous  rendre  heureux. ,  en  nous 
unissant  a  Dieu,  en  nous  consommant  dans  sa  gloire  ,  et 
en  perfectionnant  en  nous  la  charite  par  la  destruction  dc 
toute  cupidite.  La  grace  de  Dieu  aparii,  dit  I'Apotre  '  ; 
la  loi  a  ete  donnee  par  Molise  ;  la  grace  a  ete  laite  par  Jesus- 
Christ.  11  est  lui-mcme  la  grace  substancielle,  essenticUe 
et  divine  ;  la  splendeur  de  son  Pere  et  son  image  eternelle, 
emanee  de  lui  comme  sa  bcaute  et  I'eclat  de  sa  gloire  ;  le 
premier  don  gratuit  fait  aux  pecheurs  ,  qui  comprcnd  et 
dou  dcrivent  tous  les  autres  ;  la  beaute ,  la  perihelion  et  la 
grace  par  laquelle  est  agreable  a  Dieu  tout  cc  qui  lui  est 
agreable.  La  grace  de  Dieu  notre  Sauveur  2,  non  grace 
du  Createur  donnee  a  Adam  ,  et  qu'il  a  perdue  en  se  per- 
dant  lui-meme  ;  mais  grace  du  Sauveur ,  grace  de  redemp- 
tion ,  de  reparation ,  de  guerison  et  de  salut ,  qui  se  con- 
serve etse  sentient  ellc-meme  ,  en  nous  soutenant  et  nous 
sauvant.  Ou  ,  selon  le  grec  ,  la  gbace  salut atre  df.  Dieu  '. 
La  loi  est  une  grace,  et  une  grande  grace  ;  mais  par  elle- 
meme  elle  est  infructueuse  pour  le  salut ;  et  elle  est  une 
loi  de  mort  et  de  condainnation,  si  la  grace  vivifiante  dc 
Jesus-Christ,  cette  grace  salutaire  qui  opcre  le  salut,  ne 
raccompagne  point.  La  grace  de  Dieu  a  paru  *  ;  le  Verbe 
de  Dieu,  sa  grace,  son  image  et  sa  beaute  invisible,  le 
Sauveur  si  long-temps  desire  ,  si  long-temps  attefidu ,  a 
paru  au  monde  ,  s'est  rendu  visible  par  Tincarnation  :  la 
grace  du  Sauveur,  cachee  sous  les  ombres  de  la  loi,  et 
donnee  a  plusieurs  avant  la  loi  et  sous  la  loi  durant  quatre 
mille  ans  ,  est  rcpandue  plus  abondamment  au  temps  de 
I'Evangile,  el  manifestce  clairement  en  Jesus-Christ.  La 
grace  de  Dieu  (ipara  a  tous  les  hommes  ^.  La  loi  de  MoJfse 
n'etoit  que  pour  un  seul  peuple,  et  pour  un  temps  limile  ; 
!a  loi  et  la  grace  du  nouvcau  testament  sont  pour  tous  les 

'  tJ-  ( I .  Crratia  Dei.  —  "■  Ibid.  Gratia  Dei  Sabaloiis  noslri.  —  «  A  x«?'? 
Tou  0£ou  r  owrrif  ic;.  Gmu'a  Dei saltttaris. — *  Ibid.  Jpparuit. — ^  Ibid.  Otn- 
nibushominibus,-KOL^vt  avOpcdicot;. 


SLU   l/l^PITRB  \  HIE.  I  (Ji 

Uuinines  Uc  toulcs  Ics  nations  ct  de  tous  Ics  si6clcs ,  snns 
t'M'oplion  lie  scxt; ,  d'ages  etde  conditions.  11  n'y  a  point 
ini  autre  livangile  pour  les  riches  et  les  grands  du  nionde  , 

I  on  aiiire  }>our  Ics  ])auvrcs  et  la  lie  du  peuplc  :  tons 
.(iitiajucme  loi,  les  nieiues  obligations  de  renoncer  au.v 
desirs  du  siccle,  de  garder  la  sobriete  ,  la  justice  ,  et  les 
lois  tie  la  religion  ,  comme  tous  ont  le  in6mc  Dicu ,  le 
incuie  Sauveur,  et  les  menics  prdniesses.  Et  ei.i.e  nols  a 
vrrr.is  *.  ISouveau  niaitre ,  nouvellc  ecole  ,  nouvelles  le- 
mons, nouvcllc  maniere  d'cnseigner,  nouvelles  graces, 
nouvelles  esperances,  tout  estnouvcau  en  Jesus-Christ.  11 
Irappe  les  sens  par  sa  parole  et  par  ses  exemples  ;  et  il 
louche  el  enleve  le  cocur  par  sa  grace.  11  n'appartient  qu'a 

clui  (|ui  est  lui-nieme  la  parole  ,  la  verite  ,  la  luniiere,  la 
-cience ,  et  limago  subslanticlle  de  son  Pere,  et  qui  ne 
respire  eternellenicnt  avec  lui  que  la  charite  ,  de  parlor  a 
des  cu'urs  qui  ne  sont  faits  que  pour  la  verite  el  pour  la 
«  harile.  iNi  Moise  ,  ni  les  prophetes  ,  ni  les  apotres  memes 
u'ont  pu  cnscigner  les  honimes  que  par  le  son  ou  I'ecriture 
exlcrieure  des  paroles  ;  la  maniere  d'cnseigner  du  Sau- 
veur est  de  porter  ia  iumierc  de  la  verite  dans  les  espriis, 
li  en  repandrc  Tamour  dans  le  cocur,  et  d'y  ecrire  sa  loi 
!vce  le  doigt  de  Dieu  qui  est  le  Saint-Esprit,  et  par  I'in- 
lusion  de  la  charite  meme.  Elle  nous  a  appris  qle  reno.n- 
TANT  ,  etc.  ^.  La  premiere  lecon  de  .lesus-Christ ,  et  la 
;i'ace  propre  du  christianisme ,  sont  une  lecon  et  une 
-,race  d'abnegalion  et  de  renoncement ,  et  dune  circonci- 
sion  interieure  de  lout  ce  qu'il  y  a  en  nous  de  vicicux  ,  de 
dercgle  et  de  corrompu  par  la  generation  d'Adam  ,  pour 
idherera  ce  que  le  Sainl-Esprit  a  fait  en  nous  par  noire 
regeneration  en  Jesus-Christ.  C'est  a  cetle  condition  que 
nous  somraes  entres  dans  la  I'amille  et  dans  le  corps  de  .Je- 
sus-Christ. Ellenous  a  appris  que  renoncant  al'impiete,  etc.  ^. 
Nousnaissous  impies,  puisque  nous  naissons  ennemis  de 
Dieu  ,  attaches  aux  creatures  comme  des  idolalres  ,  et  dans 
I'oubli  etl'ignorancedenos  devoirs  en  vers  noire  Crealeur : 
le  peche  nous  plonge  de  nouveau  dans  rimpiele,  puisque  le 
pecheur,  en  meprisanl  la  loi,  les  menaces  et  les  promessesde 
son  Dieu,  ne  cherchequ'en  lui-meme,  sans  y  penser,  la  regie 
de  sa  vie,  le  principedubien  ,  et  la  source  de  son  propre 
bonheur.  Elk  nous  a  appris  que  rcnonrant  a  I'impicU  et  aux 

'  r  12.  Ei-uditns  1WS —  -  Ibid.  Ui  abncgantcs.  — *  Ibid.  Impieiatem. 


1 66  Pli£FA£E 

PASSIONS  Mo?«DAinES  ,  ctc.  *.  Non  3  I'usage  modere  ,  mais  a 
I'usage  et  aux  desirs  deregles  des  choses  du  monde  :  Jesus- 
Christ  ne  nous  cnseigne  pas  seulement  a  renoncer  a  la 
oi'uaute ,  a  I'impiete,  a  I'orgueil^  a  I'envie,  et  aux  vices 
honteux  ou  grossiers,  mais  aux  passions  du  siccle  ,«c'est- 
a-dire  a  tout  ce  qu'on  a  d'atlachement  et  de  passion  au 
luxe  des  habits  et  des  ameublemens ,  aux  delices  de  la  ta- 
ble ,  a  la  magnificence  des  maisons ,  aux  ajustemens  super- 
flus,  aux  ornemens  de  la  vanite,  al'amour  deregle  et  ex- 
cessif  de  cette  vie  mortelle,  de  la  reputation,  du  faux 
honneur  et  des  autres  choses  du  siecle ,  commc  il  arrive 
quand  on  en  jouit ,  non  par  necessite  et  par  rapport  au 
siecle  a  venir,  mais  par  I'amour  du  plaisir  present ,  en 
quoi  consiste  la  cupidite.  Que  renoncant  a  I'impiele  et  aux 
passions  mondaines ,  nous  devons  vivre  dans  le  siecle  pre- 
sent, etc.^,  vivre  dans  le  sieete  comme  dans  un  exil ;  il  ne 
fout  pas  jouir  du  siecle  comme  de  sa  patrie  ,  ni  s'attacher 
a  la  vie  par  le  plaisir  ,  mais  la  souffrir  par  la  patience  ;  il  ne 
faut  pas  la  passer  a  se  divertir,  mais  I'employer  a  faire  pe- 
nitence, a  s'acquiter  des  devoirs  de  son  etat,  et  a  se  rendrc 
digne  d'une  vie  meilleure  et  eternelle.  Qiu  nous  devons 
vivre  dans  le  siecle  present  ky%c  temperance^;  sobrement , 
avec  mesure,  en  nous  renfermant  dans  les  bornes  de  la 
necessite  ,  dans  les  regies  de  Tutilite  moderee  ,  et  dans  la 
fin  de  la  charite.  Le  pecbe  nous  a  prives  de  tons  les  droits 
que  nous  avions  a  I'usage  des  creatures,  qui  ontete  confis- 
quees  a  la  justice  de  Dieu  :  Jesus-Christ  nous  en  a  rachete 
I'usage  necessaire;  hors  cela  c'est  une  usurpation  du  pe- 
cheur,  et  une  espece  de  revolte  contre  la  justice  de  Dieu. 
Que  nous  devons  vivre  dans  le  siecle  present  avec  justice*. 
Quiconque  se  laisse  dominer  par  les  desirs  du  siecle ,  est 
toujours  pret  a  commettre  toutes  sortes  d'injustices  con- 
tre son  prochain ,  dans  sa  reputation,  dans  son  corps,  dans 
ses  biens  :  les  devoirs  memes  de  la  charite  sont  des  devoirs 
de  justice,  puisque  Dieu  nous  y  oblige  ,  et  que  les  parties 
d'un  meme  corps  sontredevables  les  unes  aux  autres.  Que 
nous  devons  vivre  dans  le  siecle  present  avee  piete  ^.  Rien  ne 
nous  detourne  de  ce  que  nous  devons  a  Dieu  que  la  cupi- 
dite des  choses  que  sa  loi  nous  interdit ;  plus  I'homme  est 
fidele  a  retirer  son  coeur  des  affections  de  la  terre ,  plus  il 

'■j^  12.  Et  secularia  desi'deria. — ^ Ibid.  Fivainus  in  hoc  seculo. — ^  Ibid.. 
Sobrie.—  *  Ibid.  Et  Juste. — ^  Ibid.  Etpie. 


SUR  l'epItRE  A    THE.  167 

est  embrase  de  Tainour  de  la  vraie  justice  et  de  la  sagessc 
iminuable ,  en  quoi  consiste  la  veritable  piete.  C'est  une 
illusion  de  s'imaginer  qu'on  ii'est  impie  ct  idolatre  que 
que  quaiid  on  adore  lor  et  I'argent  sous  la  figure  dune 
statue,  et  qu'on  ue  Test  pas  quand  on  livre  son  coeur  a 
I'araour  de  Tor  et  de  I'argent  monnoye  ou  sous  une  autre 
lorine,  qu'on  se  rend  esclave  de  lafaveur  des  hommes  ,  et 
que  les  creatures  occupent  tout  notre  esprit.  C'est  injuste- 
ment  qu'un  homine  pretendroit  avoir  de  la  religion  et  de 
la  piete ,  quand  il  en  a  fait  exaclement  les  exercices  exte- 
rieurs,  s'il  ne  regarde  la  loi  et  la  justice  etemelle  coinme 
la  regie  surlaquelle  il  doit  former  ses  desirs,  ses  moeurs  et 
ses  actions ;  s'il  n'adore  et  n'aime  Dieu  corame  le  principe 
de  sa  justice  et  de  son  bonheur ;  et  s'il  ne  reconnoit  que 
Jesus-Christ  est  son  Sauveur,  et  que  non-seulement  il  lui 
doit  la  connoissance  du  bien  et  de  ses  devoirs,  mais  encore 
que  c'est  lui  qui  lui  lait  vouloir,  pouvoir  et  faire  tout  ce 
qu'il  fait  de  bien.  Etam  toujolrs  daxs  l'atte>te  de  la.  bea- 
TiTLDE  qlenolsespero:«s^  A  voir  la  plupart  des  Chretiens 
Iravailler  a  se  faire  une  beatitude  sur  la  terre ,  diroit-on 
qu'ils  en  attendent  une  autre  dans  le  ciel?  II  faut  renoncer 
acelle-la,  si  nous  pretendons  a  celle-ci.  Ce  n'est  pas  une 
esperance  chretienne ,  mais  une  presomption  aveugle  et 
Icmeraire  ,  que  de  s'attendre  a  recevoir  I'effet  des  promes- 
ses,  sans  vouloir  le  meriter  par  raccoraplissement  de  la  loi : 
c'est  alors  qu'on  pent  I'attendre  avec  confiance,  si  renon- 
cant  a  toute  impiele  et  a  toutes  convoitises  pour  I'amour 
de  Dieu ,  on  vit  avec  retenue  et  mortification  en  soi-nieme, 
avec  equile  et  bonne  foi  envers  le  prochain,  avec  religion 
etamour  al'egard  de  Dieu.  Etant  toujours  dans  V attenle.. ,. 
DE  l'avekemem  glorieux  ,  ctc.^.  La  grace  du  judaisme  con- 
sistoit  a  attendre  un  Dieu  humilie  et  souffrant ;  la  grace  du 
christianisme ,  a  attendre  un  Dieu  glorifie  et  triomphant. 
Le  judaisme  renfermoit  une  religion  pompeuse  et  magni- 
fique  dans  ses  ceremonies  ,  pour  figurer  et  attendre  I'ave- 
nement  d'un  Dieu  pauvre  et  aneanti  ;  le  christianisme 
demande  un  coeur  conlrit  et  humilie ,  pour  se  disposer  a 
ravenement  d'un  Dieu  dans  I'eclat  et  la  splendeur  de  sa 
gloire  :  gloire  terrible  et  accablante  pour  les  superbes  qui 
auront  vecu  dans  I'oubli  de  cet  avenement ;  gloire  aimable 
etbeatifique  pour  les  humbles  qui  auront  gemi  et  soupire 

'  V  i3.  Expecuinles  beatam  spent . — -  Ibid.  Et  advenUim  glorice. 


1  (i^  I'UEI'ACE 

(lanscelto  atlenlo.  Elanl  toujoars dans  I'aUcntc — deVavlnc- 
inenl  i^'lorieux  du  cnAivD  DiEU  i:r  notre  Sau  vkuii  Jesus-Ciir  isi ' . 
Qui  ne  se  rend  a  revidcncc  de  celte  prenvc  de  la  divinile 
de  Jesus-Clij'ist,  est  ou  un  Juif  qui  a  le  bandeau  sur  les 
ycux  ,  ou  un  ijnpie  (jue  la  corruption  dc  son  eojur  avcugle. 
Union  aimahio  de  ccs  irois  nonis,  qui  font  ioute  notre  cs- 
])erance!  11  n'esl  J/sus  (}ue  parcc  qu'il  est  Sauveur ;  ii  n'cst 
Saavcur  que  parce  qu'il  est  Dicii;  el  il  est  dans  la  gloirc  dc 
Dieu  par  le  droit  de  sa  naissanee  elernelle ,  et  par  le  njerilc 
dc  son  abaissement  dans  la  chair.  Qui  s'est  i.ivkk  uji-meme 
vouH  Nous^.  O  bonlc  infinie  d'un  Dicu,  qui  ne  se  donnc 
pas  seuleuient  a  nous  en  s'incarnaiit ,  mais  qui  se  livre 
pour  nous  en  se  sacrifiant!  Qui  s'esI  livue  lli-meme.  La 
souveraine  niajeste  s'est  livree  aux  opprobres,  la  gloire  a 
I'ignominie,  la  sagcsse  a  la  lolie  de  la  croix,  Dieu  aux 
bourrcaux,  la  vio  a  la  mort,  par  un  sacrifice  tout  volon- 
laire  ,  irremeable  et  sans  reserve.  Pour  nous  :  Dieu  pour 
ses  cnnemis,  le  itiaitre  pour  les  esclavcs,  la  saintele  pour 
les  pcchcurs,  la  bonle  memc  pour  les  ingrats.  Le  juge  a 
pris  la  place  du  criminel ,  et  if  est  condamne  au  dernier 
supplicc  pour  fairc  montcr  le  criminel  sur  le  tribunal  et 
sur  le  trone.  Dicu  se  livre  a  rhomme  pour  rhommc  ;  et  a 
peine  I'liomme  veut-il  se  donner  a  Dieu  pour  son  proprc 
bien !  nous  nous  pretons  plutot  que  nous  ne  nous  donnons 
a  Dieu ;  mais  avec  quelle  violence ,  avec  combien  de  reser- 
ves ,   avec  quelle  froidcur  ,  avcc  quelle  infidelite,  avec 
combien  de  retours!   Qui  s'est  livre  lui-meme  pour  nous, 

AFIN  de  nous  RACHETER  DE  TOUTE  INIQUME,  ET  DE  NOUS  PURI- 
FIER POUR  SE  FAHIE  UN  PEUPLE  PARTICULIEREMENT  CONSACRE,  ET 

FERVENT  DANS  LES  RONNEs  oEuvRES^.  Aduiirons  ici  Ics  divcrs 
degres  de  I'operation  de  Jesus-Christ  noire  Sauveur  ,  et  les 
divers  eliets  de  son  sacrifice  en  nous,  i"  11  nous  rachete  et 
nous  'retire  de  la  puissance  du  demon  par  son  sang ;  2"  il 
nous  purifie  de  nos  peches  par  son  esprit ;  3"  il  nous  con- 
sacre  a  Dicu  dans  la  saintele  et  I'unite  de  son  corps  ;  4"  il 
nous  fait  faire  le  bien,  et  nous  enrichit  de  meritesparsa 
grace.  Par  le  premier,  il  nous  meritc  la  charitc ;  par  le 
second ,  il  repand  en  nous  la  charitc ;  par  le  troisieme ,  il 

•  -j}^  I'i.  MagniDei  el  Sahntoris  noslri  Jesu  Chrisli.  —  -  ^  14.  Quidedit 
semelipsuin  jn-o  nobis.  —  ^  Ibid.   Ut  nos  ivdinio-et  ah  omiii  inn/iiitatt; ,  el 
ini/ndarel  sibi  poptdiiui  accc/Hidn'lcm  (^vepiciiaiov),  scctatorcm  bonorum  of>e- 
.  rum.  Ge  mot  icEpiouai&v  scxa  cxjiliquo  plus  bas. 


SLii  L^pirnE  A  riTE.  i  '>  > 

110U9  enraciac  daiis  la  charito;  par  Ic  guatritinc  ,  U  fait  agir 
til  Moiisla  charile.  Afin  de  nols  uacuftkr'.  L'Uoinme  sans 
•lesus-Clirisl  est  done  un  eselave  ;  il  n'a  done  dc  vraie  ,  do 
{>;ulailc  liberie  pour  le  bicii  que  ce  que  Jesus-Christ  lui 
eu  a  acquis;  noii  que  le  libre  arbilre  soit  peri,  et  ait  eto 
uneanti  ])ar  le  peclie  d' Adam ;  niais  parce  que  par  sa  pro- 
prc  cupidito  il  est  eomme  lie  a  legard  du  bien ,  ct  qu'il  a 
bcsoin  que  la  graee  de  Jesus-Christ  le  previenne  et  I'ac- 
coinpa<,'iie  pour  laire  ce  bien  surualurel  et  meriloire  du  sa- 
lut.  Mulheureuv  mille  fois  ,  el  niillc  fois  ingrat,  s'il  use  de 
sa  liberie  conlre  sou  liberaleur !  A  qui  som:nes-nous? 
pour  qui  devons-nous  travailler?  au  service  de  qui  som- 
incs-nous  obliges  de  consumer  noire  vie ,  sinon  de  celui 
qui  nous  a  racheles?  Mais  dc  quoi  raclietes.'  de  tolte  ini- 
ytiTE--  Quand  Jesus-Christ  ne  nous  auroit  rachetes  quo 
dun  seul  peclie  mortel ,  ce  seroit  toujours  de  la  servitude 
ilu  peche,  de  la  concupiscence,  du  demon  ,  de  I'enfer  ,  ct 
de  la  mort  cternelle,  qu'il  nous  auroit  rachetes  :  qu'est-cc 
done  d'avoir  cle  rachetes  de  loule  iniquile  originelle  et  ac- 
luellc ,  volontaire  et  involontaire  ,  passee ,  presente  et 
avenir,  dans  sa  racinc  et  dans  ses  branches?  Qui  porte  la 
cupidite  dans  son  sein,  v  porte  toute  iniquile  dans  son 
principe  :  il  n'y  a  que  Tiniusion  de  la  charile  qui  nous  de- 
hvre  de  la  servilude  de  la  cupidite  ;  delivrance  de  remis- 
sion pour  le  passe,  d' operation  pour  le  present,  de  pre- 
vention pour  I'avenir.  O  Jesus!  en  combien  de  manieres 
vous  etes  notre  liberaleur!  Et  quel  est  le  moment  ou  je 
n'aie  pas  besoin  que  vous  mc  delivriez  de  la  domination 
de  ce  raonde  d'iniquite  qui  est  en  moi?  Ut  non  dominelur 
vui omnis  vijuslitia.  Ex  de  nous  plrifier^.  Le  peche  nous 
rend  incapables  de  tout  ce  qui  est  de  Dieu  :  si  le  sacrifice 
de  Jesus-Christ  ne  nous  purifioit ,  nous  serions  eternelle- 
ment  indignes  d'etre  sacrifies  et  consacres  a  Dieu.  Quelle 
impurele  qui  ne  pent  etre  lavee  t[ue  dans  le  sang  d'un 
Dieu  I  quelle  bonte  d'un  Dieu ,  de  vouloir  bien  faire  de  son 
sang  un  bain  pour  nous  purifier !  pour  se  faire  ln  pelple 
PARTiCLLit;REMEM  coNSACRE*.   Qu'cst-ce  que  I'homme,  6 

'  y  14.  Ut  nos  rediinci'el. —  *  Ibni.  Ab  omni  I'niquitatc.  —  ''  Ibul.  El 
mundaret.  —  *  Ibid.  Et  miindiiret  sibi  pvpulum  acceptabilem  (— cpioaonv). 
Sur  quoi  saint  Jer6me  s'explique  ainsi  daus  soncommcnlalre  :  So'/tc  meciim 
consulemns  quki sibi  velletxiei-bnnC^i^'.riit'jt.r,'),  ct  a  siipicniibus  htijus  secuU 
itueirogans  sijhrte  id  alicubi legissent ,  niimjutun  inveniiv potui.  Qitamob- 
rem  compuUus  sum  ad  veius  Testnmenuim  recurrere,  unde  arbitrabttr  et 


170  PREFACE 

inonDieu!  pour  que  vous  vous  souvcniez  de  iui?  mais 
qu'est-ce  que  riiomme,  pour  meriter  que  vous  nieltiez 
votre  gloire  a  avoir  son  coeur;  que  vous  fassiez  consister 
le  fruit  de  votre  sacrifice  et  de  vos  raysteres  a  vous  former 
d'entre  les  hommes  un  peuple  parliculierement  consacre'  : 
que  vous  fixipz  vos  regards  sur  ce  peuple ;  que  vous  I'ai- 
miezd'un  amour  de  jalousie,  comme  votre  domaine,  voire 
royaume?  Le  christianisme  pratique  ne  consiste  done  pas 
dans  quelque  action  passagere  de  piete,  ni  dans  un  eloi- 
gnement  exterieur  du  mal,  qu'une  crainte  d'amour-pro- 
pre  peut  operer,  ni  dans  quelques  devoirs  auxquclsl'habi- 
lude ,  la'bienseance,  ou  I'interet  peuvent  nous  engager; 
inais  dans  une  consecration  interieure,  permanente  et  in- 
violable, qui  en  nous  purifiant  du  peche  et  nous  separant 
de  I'amour  des  richesses  ,  des  honneurs  et  des  plaisirs  du 
monde,  nous  attache  a  Dieu ,  par  une  charite  qui  nous 
reude  ses  vrais  adorateurs  en  esprit  et  en  verite,  et  les 
fideles  imitateurs  de  son  fils.  Faites,  6  mon  Dieu!  que  je 
comioisse,  que  j'estime ,  que  j'aime,  que  je  conserve  aux 
depens  de  toule  chose  une  consecration  si  glorieuse.  Mal- 
heur a  moi,  si  je  vous  ole  jamais  mon  co3ur  pour  ie  don- 
ner  au  monde  etau  peche!  Jesus, prelre  et  victime  de  mon 
Dieu ,  c'est  a  vous  de  conserver  ma  consecration  ,  puisque 
c'est  par  vous  et  en  vous  que  je  Iui  suis  consacre.  Et  feu- 

Aposloliim  sittnpsisse  quod dixerat.  Hebrccus  enirn  ex  Uehrceis^  et  secundum 
legem  pharisceus,  utique  id  ponebal  in  epistola  sua  quod  in  vetei'i  Tesia- 
menlo  legisse  se  noi'crat.  In  Deuteronomio  ilaque  reperi:  Quoniaiii  popuIu& 
sanctus  tu  Domino  Deo  luo ;  et  in  te  complacuit  Domino  Deo  luo  :  ul  esses  ei 
in  populum  Trjpi&uaiov  ex  omnibus  populis  qui  sunt  super  faciem  terrae.  Et  in 
psalmo  cxxxiv  ubi  nos  habemus  :  Psaliite  nomini  ejus  ,  quoniam  suave  est, 
quoniam  Jacob  elegit  sibi  Dominus ,  Israel  in  possessionem  sibi ;  pro  eo  quod 
est  in  possessionem,  in  grceco  scriplum  est  ei?  Trsfiouaiacrabv,  quod  quidem 
Aquila  etquinta  editio  £i;  •jveoioucgv  expresserunt ,  Septuaginta  verx>  et 
Theodotio  7rEpioua[aff[j,ov  tfansjerentes,  commututionem  sjrllabcejecere,  non 
sensus.  Symmachus  igilurptv  eo  quod  est  in  grceco  Tcepicuaiov  ,  in  hebrceu 
autem  Segola,  expressit  s^aipsTov,  id  est  egregium  velprcecipuum  .'pro  quo 
uerbo,  in  alio  volumine  ,  latino  sermone  ulens,  peculiarem  interpretatus 
est.  Rede  igitur  Christus  Jesus,  magnus  Deus  noster  alcjue  Sal^ator,  rede-^ 
mit  nos  in  sanguine  suo,  ut  sibi  christianum  populum  PECVhiA.HEM  Jaceret, 
quipECVUARis  tunc  esse  posset,  si  bonorum  operum  (emulator  existeret.  Le 
lextedu  Deuleronomecite  par  saint  Jerome  estceluidu  chap.  vn.  ^6.  ounous 
nous  lisons  dans  la  Vulgate :  Te  elegit  Dominus  tuus  ut  sis  ei  popblus  pecu- 
LiARis.  (Sepl.  Xaiv  wepioufftov.)  Et  au  chap.  xiv.  -jJ^  2.  Ut  sis  eins  popcldm 
PBCULiARFM.  (Sept.  Xstov  auTw  ikEptouaiov.)  Et  au  chap.  xxvi.  ■j^  iH.Ut  sis  ei 
POPOLU8  PEcnLiARis  (Sept.  Xabv  TTcptouatov.)  A  quoi  on  peut  encore  ajouter  cc- 
Iui  dc I'Exode.  xix.  5.  Eritis  mihi  in  peculium.  (Sept.  Xao;  ivepiouati;.) 


SLR  l'epItRK  a  TITE.  I  7  I 

VK5T  DASS  LES  BONNES  OELVREs*.  Nous  DC  sommes  pas  con- 
sacres  a  Dieu  pour  vivre  dans  I'oisivete.  La  charite  qui 
nous  consacre  a  lui  ne  peut  subsister  sans  les  bonnes 
oeuvres,  comme  les  bonnes  oeuvres  ne  peuvent  nous 
eire  parfailenient  utiles  ,  ni  entierement  agreables  a 
Dieu  sans  la  charite.  Ce  n'est  pas  assez  a  un  Chretien  de 
faire  dc  bonnes  oeuvres ,  il  faut  encore ,  pour  ainsi  dire,  en 
^tre  anioureux,  en  chercher  partout  les  occasions,  les 
embrasser  avec  joie,  les  executer  avec  ardeur,  prompti- 
tude ,  courage  et  perseverance  ,  par  I'amour  fervent  et  li- 
bre  de  la  justice,  non  par  una  crainte  froide  et  servile  de 
la  peine.  C'est  done  a  I'amour  des  bonnes  oeuvres,  c'est- 
a-dire  a  accomplir  de  bon  coeur  la  loi  et  la  justice  de  Dieu, 
que  I'Apotre  rcduit  les  desseins  de  Dieu  surleshommes 
dans  rincarnation,  dans  la  mort  et  dans  le  sacrifice  de  Je- 
sus-Christ; c'est  le  caraciere  d'un  Chretien,  le  parlage 
dcs  enfans  ,  la  difference  du  peuple  choisi  d'avec  le  peuple 
rcprouve,  le  sceau  de  notre  consecration,  I'assurance  de 
notre  election,  et  la  marque  la  plus  certaine  dc  I'accom- 
plissement  de  la  redemption  de  Jesus-Christ  en  nous ,  et 
de  notre  liberte  en  lui.  Phecuez  ces  verites,  ajoute  I'Apo- 
tre'.  Ce  sont  done  la  des  verites  qu'il  faut  precher ,  qu'on 
ne  preche  point  assez,  et  qu'on  ne  sauroit  trop  precher. 
La  servitude  dc  I'homme  par  le  peche  ,  la  necessite  d'un 
liberateur  ,  son  incarnation  et  son  sacrifice,  ses  desseins 
et  son  Evangile,  sa  morale ,  ses  jugemens  et  son  avenement 
dernier,  ses  bienfaits ,  I'obligation  d'y  repondre  par  une 
vraie  charite,  et  la  puissance  de  sa  redemption  et  de  sa 
grace  pour  nous  delivrer  de  la  cupidite,  et  creer  en  nous 
la  charite  :  Pnchez  ces  verites :  H^c  loquere.  Mais  I'Apotre 
ne  se  contente  pas  d'exliorter  son  disciple  a  instruire  ainsi 
tout  le  monde  en  annon^ant  a  tous  ces  verites  importan- 
tes;  il  I'avertit  encore  d'exhorteretencourager  les  foibles, 
de  reprendre  et  presser  les  opiniatres ,  et  de  se  comporter 
en  tout  et  partout  avec  Tautorite  et  la  majeste  d'un  niinis- 
Ire  de  Jesus-Christ ,  mais  en  meme  temps  avec  la  douceur 
et  la  tendresse  d'un  pere  ,  de  sorte  qu'il  ne  rende  le  minis- 
tere ,  ni  meprisable  par  des  manieres  basses  et  pueriles , 
ni  odieux  par  une  conduite  fiere  et  hautaine ;  mais  qu'il 
parlc  et  agisse  avec  la  dignite  d'un  homme  qui  tient  la  place 

y  14.  Secuuorem  bonorum  operuni.  —  *y  iS.  et  uU.   Heec  loc/ueiv. 


J  72  PREFACE 

lie  J(5su8-Christ ,  aulanl  pour  la  charilc  que  pour  I'auto- 
rite*. 

Apr6s  cela  il  marque  a  son  disciple  les  principaux  de- 
voirs qu'il  doit  prescrire  au  cominun  des  fidelcs  (chap,  in), 
cL  il  insiste  parliculicremcnt  sur  la  douceur  qu'ils  doiveiit 
temoigner  a  I'egard  de  tous  les  liommes^,  e'cst-a-dire  a 
regard  meuie  des  plus  aveugles  et  des  plus  corrompus.  11 
en  apportc  deux  inotifs  :  le  premier,  c'est  qu'eux-memes  , 
avant  leur  conversion,  avoientele  dans  le  meine  elat  d'a- 
veuglementet  de  corruption^;  le  second,  c'est  I'cxemple 
de  .fesus-Christ  meme ,  qui  nous  aimant  gratuitcment  nous 
a  sauves ,  non  a  cause  des  onivres  de  justice  que  nous  eus- 
sions  faites ,  niais  a  cause  de  sa  scule  uiisericorde*.  11  ne  se 
conteiite  pas  de  nous  faiie  remartpier  la  gratuile  du  salut 
qui  nous  est  procure  par  Jesus-Christ,  mais  pour  en  faire 
sentir  ertcore  davanlage  I'excellcnce,  il  en  marque  le  com- 
mencement, qui  est  la  regeneration  et  le  renouvellement 
que  I'Esprit-Saint  a  produit  en  nous  par  les  eaux  du  bap- 
teme';  la  cause,  qui  est  la  riche  et  abondante  effusion 
du  Saint-Esprit  que  Dieu  a  repandu  en  nous  par  Jesus- 
Christ  notre  Sauveur  dans  le  bapleme  et  dans  la  confirma- 
tion"'; i'effet  et  le  caractero  propre  ,  qui  est  notre  juslifi- 
cation  par  sa  grace ' ;  la  fin ,  qui  est  d'etre  deja  les  heri- 
tiers  presomptifs  de  la  vieeiernelle,  et  d'avoir  mie  ferme 
el  solide  esperance  de  la  posseder  un  jour  comme  notre 
heritage^.  II  confirme  toutes  ces  choscs ,  et  il  ordonne  a 
son  disciple  de  les  assurer  en  les  prochant  comme  des  A^e- 
rites  tres  certaines ,  afin  que  ceux  qui  croiont  en  Dieu ,  et 
qui  ont  mis  leur  confiance  en  lui ,  se  distinguent  par  les 
bonnes  oeuvres ,  comme  etant  les  seules  choses  qui  leur 
soienl  utiles  et  avantageuses''.  Apres  avoir  regie  la  doc- 
trine que  son  disciple  doit  precher,  il  lui  prescril  la  ma- 
niere  dont  il  doit  se  conduire  envers  ceux  qui  la  combal- 
tent.  S'ils  I'attaquent  par  des  questions  folles  et  insensees, 
par  des  genealogies  sans  fm,  par  des  disputes  outrees,  et 
par  des  entctemens  sans  raison  touehant  les  ceremonies  de 
la  loi ,  il  ordonne  a  son  disciple  de  n'y  point  repondre  , 


'  if  i5.  Hcec  loquejv,  ctcrJivHarc,  el  argue  cum  oinni  imperio  :  nemo  tc 
conlcinnal. — ^^  i.  eii. — ^  -jr  3. — ^  ^ li.  cL5.  Non  ex  opcribus  jusliliw  quoi 
feciinus  /los,  sed  sccundutn  suum  miscviconliam. — '^  Ibid. — "  v  (i. — 'y  7. 


SIR  l/tpiTRE  \   TITE.  I«3 

mais  d'etoufier  toiitcs  ces  disputes  dcs  le  comincnccmciit , 
<()mmc  cntiercmcnt  vaines  et  iuulilcs'.  S'ils  souliemieni 
opiniatremcnt  Ijiirs  errcurs ,  il  vcut  que  son  disciple  les 
avcrlissc  une  et  deux  fois;  et  qu'aprcs  deux  monitions  inu- 
liles,  il  les  evile  et  se  separe  d'eux.^.  11  en  donne  deux 
rajsons  :  la  premiere,  c'cst  qu'un  hommc  dans  cetle  dis- 
position peut  etre  regarde  conirae  un  esprit  incurable  ,  et 
en  qui  rcdifice  de  la  foi  est  enlierement  renverse^;  I'autre, 
c'est 'que  ces  gens-la  s'etant  separes  yolontairement  les 
premiers  du  sentiment  de  I'Eglise,  ils  se  sont  condamnes 
eux-m^mes  parleur  propre  jugement,  en  sorte  qu'on  ne 
leur  fait  point  de  tort  en  executant  au  dehors  la  sentence 
qu'ils  ont  deja  porteecontre  eux-memes*.  Le  resle  de  cetle 
epilre  ne  regarde  plus  que  quelques  affaires  personnelles  , 
et  quelques  recommandations.  L'Apotre  mande  a  son  dis- 
ciple de  venir  le  trouver  a  Nicopolc  ,  ou  il  avoit  rcsolu  do 
passer  Thiver;  mais  en  meme  temps  il  lui  marque  de  ne 
partir  que  lorsqu'il  lui  auroit  envoye  Artemas  ou  Tychi- 
que  pour  gouverner  I'Eglise  de  Crete  en  son  absence^.  II 
lui  mande  d'envoyer  devant  lui  Zenas ,  dorteur  de  la  loi , 
et.VpoUon,  et  de  prendre  soin  qu'on  leur  fournissc  tout 
ce  (|ui  leur  scroit  neccssaire  pour  leur  voyage,  en  sorte 
qu'il  ne  leur  manque  rien  de  la  part  des  fidcles'',  qui  doi- 
vent  menager  ces  occasions  de  prendre  part  aux  bonnes 
oeuvres  ,  selon  que  la  necessite  le  demande  ,  s'ils  veulcnt 
que  leur  foi  ne  soil  pas  sterile".  II  le  salue  de  la  part  de 
tons  les  fideles  qui  sont  avec  lui ;  et  il  le  prie  de  salucr  de 
sa  part  tous  ceux  qui  ont  pour  lui  cette  affection  sainte  qui 
ravit  les  ca^urs  par  I'esprit  de  la  foi.  II  souhaite  a  tous  la 
grace  deDieu*. 

La  souscriplion  grecque  qui  se  trouve  a  la  fin  dc  cctlc     Rcranrquos 
epilre  porte  qu'ellc  fut  ecrite  de  la  ville  de  Nicopole  en  Ma-  ^i""  'c  tcmp^ 
cedoine  ;  ce  qui  s'accorde  avec  Topinion  des  pcrcs  grccs  ,  ^^      ,  ."  **" 
soil  que  celtc  opinion  soil  fondee  sur  celte  souscriplion  fuu^;riu•^^ 
meme,  soil  que  celte  souscriplion  ait  pris  naissance  de 
celte  opinion,  qui  d'ailleurs  pourroit  etre  aussi  appuyee 
sur  ce  que  dans  cette  lettre  I'Apolre  mande  a  son  disciple 
de  venir  le  Irouver  a  Nicopole^.  MaisD.  Calmet  remarque 
que  celte  parole  de  I'Apolre  pourroit  simplemenl  sigriifier 

'  ^9.— ->■   10.— sy  It.— t/W.— »f  11.—^  i  i3.— V  !'».  — '■^i''- 
etult. — *  Tit.  HI.  12. 


17^^  PREFACE  SLR  L'l?PlTnE  A  TITE. 

qu'il  etoit  alors  en  chemin  pour  aller  en  cette  ville,  qu'il 
croit  etre  plut6t  Nicopole  ,  ville  d'Epire  ,  comme  le  pen- 
sent  la  plupart  des  nouveaux  critiques  apres  saint  Jerome. 
II  suppose  que  cette  lettre  fut  ecrite  vers  Tautomne  dc 
I'an  Gi  del'ere  chret.  vulg.,  et  que  I'Apotre  etait  encore 
^lors  dans  la  Macedoine  ou  dans  la  Grece, 


EPITRE 
DE  SAINT  PAUL  A  TITE. 


CHA.PITRE  PREMIER. 


Paul  salue  Tile.  Devoirs  des  pretres  et  des  cv4ques.  11  exliorte  Tite  a  repren- 
dreles  faux  docteurs.  Tout  est  pur  pourceux  qui  sent  purs.  On  renonce 
Dieu  en  vivant  tnal. 


1.  PAtLcs,  servusDei, 
apostolus  autem  Jesu 
Christi  secundum  fidem 
electorum  Dei,  et  agni- 
tloncm  veritatis.  quae  se- 
cundum pietatemest, 

2.  In  spem  vitcc  aeter- 
oae,  quam  promisil  qui 
non  mentitur,  Deus,  ante 
tempora  secularia  : 

3.  Manifestavit  autem 
temporibus  suis  rerbum 
suum  in  praedicatione  , 
qua;  credita  est  mihi  se- 
cundum praeceptum  Sal- 
vatoris  nostri  Dei  : 

4.  Tito  diiecto  filio  se- 
cundum communem  fi- 
dem :  gratia  et  pax  a  Deo 
Patre ,  et  Christo  Jesu 
Salvatore  nostro. 

5.  Hujus  rei  gratia  reli- 
qui  te  Cretae,  ut  ea  quae 
desunt  corrigas,  et  consti- 


1.  Pavl,  serviteur  de  Dieu,  et 
apolre  de  Jesus-Christ,  pour  ins- 
truire  les  elus  de  Dieu  dans  la  foi 
et  dans  la  connoissance  de  la  veri- 
te ,  qui  est  selou  la  piele , 

2.  Et  qui  donne  I'esperance  de 
la  vie  eternelle,  que  Dieu,  qui  ne 
peut  nientir,  a  promise  et  destince 
avant  tons  siecles, 

5.  Ayant  fait  voir  en  son  temps 
raccomplissement  de  sa  parole  dans 
la  predication  de  I'Evangile  qui 
m'a  ete  confiee  par  I'ordonnance  de 
Dieu  notre  Sauveur; 

4-  A  Titesonfils  bien-aime'dans 
la  foi  qui  nous  est  commune  :  que 
Dieu  le  Pere  et  Jesus-Christ  notre 
Sauveur  vous  donnent  la  grace  '  et 
la  paix. 

5.  Je  vous  ai  laisse  en  Crete,  afin 
que  vous  y  regliez  tout  ce  qui  reste' 
a  y  regler,  et  que  vous  etablissiez 


y  4-  Gr.  litt.  son  vrai  fils. 

Ibid.  Grec  :  la  grace,  la  misericorde  et  la  paix. 

V  5.  C'est  le  sensdu  prec  :  TaXsiirovTa. 


170 


I'l'iru 


E   nE  SAINT  PAUL  A   TITE. 


T  .Tint.nx,  •>., 


(Ics  prCtres  '  en  chaquo  villo,  pclon 
I'ordrc  que  Je  vous  en  ai  donne ,  ' 

6.  Choisissant,'  cclui  qui  sera 
irroprochabic, '  ct  qui  n'aura  opou- 
se  qu'unc  fcinmc, "  donl  les  cnfans 
seront  fidcles,  non  accuses  de  de- 
bauchc,  ni  desobeissans. 

7.  Car  H  faut  que  r6v6quo  soil 
ineprochable,  '  comme  etant  le 
dispensaleuret  I'ecoiiome'de  Dieu; 
qu'il  ne  soit  point  altier,  ni  colere, 
ni  sujet  au  vin,  ni  violent  et 
prompt  a  Irapper,  nl  porle  i'l  un 
gain  bontcux  : 

8.  Mais  qu'il  exerce  I'hospita- 
lite,  °  qu'il  soit  affable,  '  sobre ,  ' 
juste,  saint,  temperant.  ' 

9.  Qu'il  soit  fortement  attache 
aux  verites  de  la  foi,  lelles  qu'on 
les  lui  a  enseignees,  afin  qu'il  soit 
capable  d'exhorter  selon  la  saine 
doctiine,  et  de  convaincre  ceux 
qui  s'y  opponent. 

10.  Car  il  y  en  a  plusieurs,  ct 
surtoiit  d'enlre  Ics  Juifs,"  qui  ue 
veulent  point  se  souinetlre,  "  qui 
s'occupent  a  conter  des  fables,  et 
qui  seduisent  les  ames.  ' 


tuas  per  civitatcs  presbj- 
fcros,  sicut  el  ego  dispo- 
siii  libi  : 

0.  Si  quis  sine  crlnilnc 
est,  unius  uxoris  vir,filio.s 
babcns  fidcles,  non  in  ac- 
cusalione  luxuriaj  ,  aut 
non  subditos. 

7.  Oportet  enini  epis- 
copuin  sine  criinine  esse, 
sicut  Dei  dispensatorein": 
non  supcrbum ,  non  ira- 
cundum,  nonvinolentum, 
non  pcrcussorem  ,  non 
turpislucri  cupidum  : 

8.  Sed  hospilalcm  ,  bc- 
nignuni,  sobriiun,  jus- 
tum,  sanctum,  continen- 
tem , 

9.  Amplectentem  euin 
qui  secundum  doclrinam 
est,  fidelem  sermoncm  : 
ut  potens  sit  exhortari  in 
doctrina  sana,  et  eos  qui 
contradicunl,  arguere. 

10.  Sunt  enim  mulli 
etiam  inobcdicnies,  vani- 
loqui,  seductores  :  maxi- 
me  qui  de  circumclsione 
sunt  : 


■j^  5.  Ccux  qui  prcnnent  a  la  Ictlrc  Ic  noni  d^euC'que  au  V^  7 .  croienl  qu'ici 
le  noni  dc  prvtrcs  se  prcnd  pour  cvcqtics. 
Ibid.   Cost  le  sens  du  grcc. 

y^  0.  Pour  CO  minislere  8acr(5. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Voyez  i.  2im.  iit.  2. 

y  7  Voyez  I.  Tim.  lu.  2. 

Ibid.  Ces  deux  expressions  rendenl  le  sens  du  grec  owcvJoxv. 

-^  8.  Gr.  aulr.  qu'il  aime  a  exercer  riiospilalite. 

Ibid.  Le  grec  (fiXa-yaOov  signifie:  qu'il  aimelcs  gens  dc  bien;  ou,  qu'il  ninn- 
le  bien. 

Ibid.  Gr.  autr.  sage  et  bien  j-egle. 

Ibid.  Maitre  de  ses  passions  ot  de  scs  appelils. 

i-  ID.  De  ceux  qui  out  embrasst^  I'fivangile.  Lilt,  d'enlre  les  circoncis. 

Ibid.  Qui  refusent  de  se  soumeltre  a  lout  te  que  I'Kgliscleur  cnseii^iic. 
C'est  rexpression  du  grcc. 


CHAPITUK    ). 


ni 


11.  Quos  oportet  re-  ii.  Ilfaut  fermer  la  houche  '  a 
ilargui :  qui  iiniversasdo-  ces  personnes  qui  renversent '  les 
inos  subveitunl,  docentes  fainiiies  enlieres,  enseignant,  par 
quae  non  oportet,  lurpis  un  interet  horiteux,  ce  qu'on  ne 
lucri  gratia.  doit  point  enseigner. 

13.  Dixit  quidam  ex  il-  12.  Un  d'entre  cenx  de  cettc  ile, 
lis,  proprius  ipsorum  pro-  dont  ils  se  font  un  proplu'te , '  a  dit 
phcta  :  Cretenses  semper  d'eux  :  Les  Cretois  sont  toujours 
inendaces  :  malje  bestiae,  menteurs;  ce  sont  de  mechantes 
ventres  pigri.  betes ,  qui  n'aiment  qu'a  manger  el 

a  ne  rien  faire. 

i5.  Testimonium   hoc         i3,   Ce   temoignage  qu'il   rend 

verum  est.  Quam  ob  cau-     d*cux,  est  yeritable.  C'est  pour- 

sam  increpa   illos  dure,     quoi  reprenez-les  forlement,  afin 

ut  sani  sint  in  fide  ,  qu'ils  conservent   la  purcte  de  la 

foi, 
i4.Non  intendentes  ju-  14.  Et  qu'ils  ne  s'arretent  point 

daicis  fabulis,  et  mandatis  a  des  fables  judaiques,  '  et  a  des 
hominum  aversantium  se  ordonnances  de  personnes  qui  se 
a  veritale.  detournent  de  la  verite. ' 

i5.      Omnia      lounda  i5.  Or,  tout  est  pur  pour  ceux  liom.xiY.io. 

muiidis  :  coinquinatis  au-  qui  sont  purs;'et  rien  n'est  pur 
lem  el  infidelibus  nihil  pour  ceux  qui  sont  irapurs  et  infi- 
est  mundum  :  sed  inqui-     deles   :    mais   leur   raison   et   leur 

conscience  sont  impures  et  souil- 

lees. 

1 6.  lis  font  profession  de  con- 

noitre  Dieu,  mais  ils  le  renoncent 
ncgant  :  cum  sint  abomi-     par  leurs   ceuvres,   etant  detesla- 
nati ,   et  incredibiles  ,  et     bles,  '  et  rebelles ,  '  et  reprouves 
ad  omne  opus  bonum  re-     a  I'egard  de  toute  bonne  oeuvre. 
probi. 

y  II.  C'est  le  sens  du  grec  t— lorcaS^sw 

Ibid.  Penrertissent. 

y  12.  C'est  Epimenides,  poete  celebre  natif  de  Crete. 

>*■  i4-  Aux  ridicules  et  absurdes  inlerprelalions  et  allegories  des  rabbins. 

Ibid.  En  enseignant  qu'il  y  a  des  viandes  impures  par  elles-mdmes,  dont 
on  ne  sauroit  manger  sans  contracter  quelque  impurele. — Gr.  autr.  qui  ont  de 
I'aversion  pour  la  verite. 

y  1 5.  Qui  n'usent  des  creatares  que  selon  les  regies  que  la  foi  et  ia  charite 
leur  prescrivent. 

Ibid.  Tout  devient  impur  entre  leurs  mains,  par  la  mauvaise  disposition  de 
leur  coeur, 

y  1 6.  Par  la  corruption  de  leurs  mccurs. 

Ibid.  Rebelles  aux  instruclions  qu'on  leur  donne.  — C'est  le  sens  du  grcc. 


natae  sunt  eorum  et  mens 
et  conscientia. 

16.  Confitentur  se  nos- 
se   Deum ,    factis  autem 


,78 


EPITRE  DE  SA^INT   PAUL  A   TITE. 


CHA.P1T1\E  II. 

Avis  que  Tite  doit  donner  aux  vieillards  et  aux  jeunes  gens  de  I'un  et  do  I'au- 
tre  sexc.  Conduite  qu'il  doit  garder  lui-m6nie.  Avis  qu'il  doit  donner  aux 
serviteurs.  Abrcge  de  tout  le  chrislianisme  renferme  dans  rcconomie  des 
deux  avenemens  de  Jesus-Glirist. 


1.  Mais  pour  vous,  instruisez 
votre  peuple  d'une  maniere  qui 
soil  digne  de  la  saine  doctrine  : 

2.  Enseignez  aux  vieillards  a  ctre 
sobres,  '  chastes,  "  prudens,'  et  i\ 
se  conserver  purs  dans  la  Ibi ,  dans 
la  charite,  ct  dans  la  patience. 

3.  Apprcnez  de  meme  aux  fem- 
raes  avancees  en  age  a  faire  voir 
dans  tout  leur  exlerleur  une  sainte 
modestie , "  a  n'etre  point  medisan- 
tes,  ni  sujettes  au  vin ;  mais  i  don- 
ner de  bonnes  instructions, 

4.  En  inspiranl  la  sagesse  '  aux 
jeunes  femmes,  et  en  leur  appre- 
nant  a  aimer  leurs  maris  ct  leurs 
enfans, 

5.  A  avoir  une  conduite  reglee,' 
chastes,  sobres,"  attachees  a  leur 
menage,  bonnes,  soumises  a  leurs 
maris;  afin  que  la  parole  de  Dieu 
ne  soit  point  exposee  au  blasphe- 
me.' 


1.  Tu  autem  loquere 
quae  decent  sanam  doctri- 
nam  : 

2.  Senes,  ut  sobrli  sint, 
pudici  ,  prudentes  ,  sani 
in  fide,  in  dilectione,  in 
patientia  : 

3.  Anus  similiter  in  ha- 
bitu  sancto  ,  non  crimina- 
trices,  non  multo  vino 
servientes ,  bene  docen- 
tes  : 

4.  Ut  prudentiam  do- 
ceant  adolescentulas ,  ut 
viros  suos  ament ,  filios 
suos  diligant, 

5.  Prudentes,  castas, 
^obrias,  domus  curam  ha- 
bentes,  beniguas,  subdi- 
tas  viris  suis,  ut  non  blas- 
phemetur  verbum  Dei. 


■jj-  2.  Gr.  autr.  vigilans;  ou,  selon  toute  la  force  de  ['expression  vv,cpaXtou;, 
exempts  de  rassoupissemenl  que  cause  I'ivresse  du  siecle. 

Ibid.  Gr.  autr.  honneles,  d'une  gravUe  decenie  etf/ui  les  rende  respec- 
tables. 

Ibid.  Gr.  autr.  sages  et  nioderes. 

■f  i.  C'est  Ic  sens  du  grec ,  ou  mieux  encore  :  une  modestie  digne  de  leur 
saint  etat. 

y- 4.  C'eslle  sens  du  grec. 

■jl-  5.  C'est  le  sens  du  grec  cwcppova;. 

Ibid.  Ce  mot  sobrias  est  une  double  version  du  mot  grec  auippova;  dejk 
tradult  par  prudentes,  comme  on  le  voit  par  le  -^  suivant. 

Ibid.  Atin  que  les  infideies  ne  prenncnt  pas  de  Id  occasion  de  calomnier  la 
doctrine  clireliennc ,  comme  favorisant  le  dereglenient  ou  Tanibilion  des 
femmes. 


CBAPITfE    II.  179 

6.  Juvenes  simililer  6.  Exhorleiaussi  les  jeunes  hora- 
hortarc,  ut  sobrii  sint.         ines  a  etre  sobres. ' 

y.  In  omnibus  teipsum  7.  Rendcz-vous  TOus-mSme  un 
prsebe  exemplum  bono-  modele  de  bonnes  oeuvres  en  toules 
rum  opernm,  in  doctrina,  choses,  dans  la  purete  de  la  doc- 
in  integritate,  in  gravi-  trine,  dans  I'integrite  de  voire  vie, 
tale  :  dans  la  gravile  de  vos  mceurs.  ' 

8.  Verbum  sanum,  ir-         8.  Que  vos  paroles  soient  saines 
reprehensibile  :  ut  is  qui     et  irreprehensibles ,  afin  que   nos 
ex  adverse  est ,  vereatur,     adversaires  rougissent,  u'ayant  au- 
nibil  habens  malum  dice-     cun  mal  a  dire  de  nous, 
re  de  nobis. 

g.  Servos  dominis  suis 
subditos  esse,  in  omni- 
bus placentes,  non  con- 
tradicentes , 

10.  Non  fraudantes, 
sed  in  omnibus  fiilem  bo- 
nam  ostendeutes  :  utdoc- 
trinam  Salvatoris  nostri 
Dei  ornent  in  omnibus. 


11.  Apparuit  enim  gra- 
tia Dei  Salvatoris  nostri 
omnibus  hominibus, 

12.  Erudiens  nos,  ut 
abnegantes  impielatem  , 
et  secularia  desideria ,  so- 
brie  ,  et  juste,  et  pie  vi- 
vamus  in  hoc  seculo, 

i5.  Expectantes  bea- 
tam  spem,  et  adventum 
gloriae  raagni  Dei,  et  Sal- 


9.  Exhortez  les  serviteurs  ii  etre  Ephes.  vi.  5. 
bien  soumis    a    leurs    maitres,    a  Co/- i"- 22. 
leur  complaire  en  tout ,' a  ne   les  f^-Petr.n.i^. 
point  contredire  , 

10.  A  ne  detourner  '  rien  de  leur 
bien,  mais  a  leur  temoigner  en  tout 
une  entiere  fidelite ;  '  afin  qu'en 
toules  choses  ils  fassent  honneur 
a  la  doctrine  de  Dieu  ootre  Sau- 
veur. ' 

11.  Car  la  grace  de  Dieu  notre  Jnfr.  ni,  4. 
Sauveur '  a  paru  a  tous  les  hom- 

mes , 

12.  Et  elle  nous  a  appris  que, 
renoncant  a  I'impiete  et  aux  pas- 
sions mondaines,  nous  devons  vi- 
vre  dans  le  siecle  present  avec 
temperance ,  avec  justice  -^t  avec 
piete, 

10.  Etant  toujours  dans  I'aUente 
de  la  beatitude  que  nous  esperons, 
et    de   I'avenement  '  glorieux  du 


V' 6-  Modestesel  bien  r^les. — C'estlesensdu  grec.  L'expression  ao>- 
VpcvEw  est  relative  a  celle  du  y  precedent. 

T^  7-  Gr.  autr.  que  Tolre  doctrine  soit  exempte  de  corruplion  et  accompa- 
gnee  d'une  gravile  qui  la  fasse  respecter. 

y .  9  En  ce  qui  est  juste  et  conforme  a  la  voloale  de  Dieu. 

y^  I  o.  C'est  le  sens  du  grec. 

ibid.  Gr.  lilt,  mais  a  temoigner  toute  sorte  de  bonne  foi. 

Ibid.  Faisant  voir  dans  toute  leur  conduite  la  justice  et  la  saintete  qu'elle 
inspire  k  ceux  qui  la  suivent. 

"i^i.  Gr.  autr.  la  grace  salutairedeDiea. 

y^  i3.  Gr.  litt,  de  la  manifestation,  ijti<fav£tav. 


i«o 


EPITIIE  DE  SAINT  PAUL  A  TITE. 


grand  Dieu  et  notreSauvcur  Jesus-  vatoris  nostri  Jesu  Chris- 
Christ,  "  ti  : 

14.    Qui   s'est   livre   hii-meme  14.  Qui  dedit  seraetip- 

pour  nous,  afin  de  nous  racheter  sum  pro   nobis,    ut    nos 

de  toute  iniquitc ,  et  de  nous  puri-  redimeret  ab  ornni  iniqui^ 

fier,  pour  se  faire  un  peuple  parti-  tate,     et    mundaret    sibi 

culierement   consacre   a    son  ser-  populum    acceptabilem  , 

vice,"  et  fervent  dans  les  bonnes  sectatorembonorurn  ope- 

ceuvres.  rum. 

i5.  Prechez  ces  verites;  exhortez  i5.    Ha^c   loquere  ,    ct 

et  reprenez  avec  une  pleine  auto-  exhortare  ,  et  argue  cum 

rite.  Faites  en  sorte  que  personne  omni  imperio.      Nemote 

ne  vous  meprise.  contemnat. 

^  i3.  La  construction  du  grec  prouve  que  magni  Deise  rapporle  k  Jesu 
Christi. 

•j^  1 4 .  C'csl  le  sens  du  grec.  Voyez  ce  qui  est  dit  sur  cela  dans  la  preface. 


CHAPITRE  III. 

ftoumisslon  aux  princes.  Effusion  de  la  grace  de  Jesus-Christ.  D'ou  il  nous  a 
tires  ;  a  quoi  il  nous  destine.  S'appliquer  aux  bonnes  oeuvres.  Fuir  les  dis- 
putes. Eviter  les  herctiques.  Saint  Paul  prie  Tite  de  vcnir  Ic  trouver.  Sa- 
lutations. 


1.  AvEBTissEZ-LEs' d'etre  soumis 
aux  princes  et  aux  magistrals ,  de 
leur  rendre  obeissance,  d'etre  prets 
c\  faire  toutes  sortes  de  bonnes  oeu- 
vres ; 

2.  De  ne  medire  '  de  personne , 
de  fuir  les  contentions,  d'etre  mo- 
deres ,  '  et  de  temoigner  toute  es- 
pfece  de  douceur  a  I'egard  de  tous 
les  hommes. 

5.  Car  nous  etions  aussi  nous- 
memes  autrefois  insenses ,  deso- 
beissans,  '  egarcs,  'asservis  a  une 

•jj-  r.  Gr.  litt.  faites-les  souvenir. 

•^  2.  C'est  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Gr.  autr.  d'etre  dquitables, 

"5^  3.^ C'est  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Detournes  du  cbemin  de  la  veritc. 


1.  Admonb  illos 'princi- 
pibus  et  potestatibus  sub- 
ditos  esse ,  dicto  obedire , 
ad  omne  opus  bonum  pa- 
ratos  esse  : 

2.  Neminem  blasphe- 
mare,  non  litigiososesse, 
sed  modestos  ,  omnem 
ostendentes  mansuetudi- 
nem  ad  omnes  homines. 

3.  Eramus  eniin  ali- 
quando  et  nos  insipientes, 
increduli,  errantes,  ser- 


vientes  desidcriis  et  vo- 
luplatibus  variis,  in  m;jli- 
lia  el  invitlia  agentes, 
odibiies ,  odienles  invi- 
cem. 

4.  Cum  autem  benigui- 
Jas  et  hutnanitas  apparuit 
SaWatoris  nostri  Dei , 

5.  Non  ex  operibus  jus- 
liliae,  quae  fecimus  nos, 
sed  secundum  suammise- 
ricordiam  salvos  nos  fecit, 
per  lavacrum  regenera- 
lionis  el  renovationis  Spi- 
ritus  Saocti, 

6.  Quem  effudit  in  nos 
abunde  per  Jesum  Chris- 
tum Salvatorem  nos- 
trum : 

7.  Ut  justificatl  gratia 
ipsius,  heredes  simus , 
secundum  spem ,  vitae 
aeternae. 

8.  Fidelis  sermo  est : 
et  de  his  volo  te  confir- 
niare ,  ut  curent  bonis 
operibus  praeesse  qui  cre- 
dunt  Deo.  Haec  sunt  bona 
et  utilia  hominibus. 


9.  Stultas  autem  quaes- 
tioues ,  et  genealogias,  et 
contentiones,  et  pugnas 
legis  devita  :  sunt  enim 
inutiles  et  Tanae. 

10.  Haereticum  homi- 
nem ,  post  unam  et  se- 
cundam  correptionem  de- 
vita. 


cuAPirnE  III.  181 

infinite  de  passions  et  de  vohiptes, 
pleins  de  malignite  et  d'envie ,  di- 
gnes  d'etre  hais,et  noushaissant  les 
uns  les  autres. 

4.  Mais  depuis  que  la  bonte  de  Supr.u.  fi. 
Dieu  notre  Sauveur,  et  son  amour 
pour  les  hommes,  a  paru  dans  le 
monde, 

5.  II  nous  a  sauves,  non  h  cause  2.  Tim.  1.  9. 
des  oeuvres  de  justice  que  nous  eus- 
sions  faites ,  raais  a  cause  de  sa  mi- 
sericorde ,  par  I'eau  de  la  renais- 
sance, '  et  par  le  renouvellement ' 
du  Saint-Esprit, 

6.  Qu'il  a  repandu  sur  nous  arec 
une  riche  effusion  ,  par  Jesus- 
Christ  notre  Sauyeur, 

r.  Afin  qu'etant  justifies  par  sa 
grace ,  nous  devinssions  les  heri- 
tiers  de  la  vie  eternelle,  selon  I'es- 
p^rance  que  nous  en  avons. 

8.  C'est  une  verite  trfcs  certaine, 
et  dans  laquelle  je  desire  que  vous 
affermissiez  les  fideles,  que  ceux 
qui  croient  en  Dieu  doivent  etre 
toujours  les  premiers  a  pratiquer 
les  bonnes  oeuvres.  Ce  sont  la  des 
choses  vraiment  bonnes  et  utiles 
aux  hommes. 

9.  Mais  evitez  les  questions  im- 
perlinentes  ,  les   genealogies,    les  ^        '' '*  ^' 
disputes  et  les  contestations  de  la  ^^''       „•, 

,    .^  ,1,  .  n.Jitn.ii.ii 

loi ,  parce  qu  eiles  sont  vaines  et 
inutiles. 

10.  Fuyez  celui  qui  est  hereti- 
que  ,  apres  I'avoir  repris'  une  et 
deux  fois  ; 


y^  5.  Du  baptdme. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec  qui  porte  k  la  lellre :  per  lavacrum  regetieratio- 
nis  et  renovalionem  Spiritus  Sancli. 
•f  I  o.  Gr.  autr.  averii . 


l82 


EPITKE  DE  SAINT  PAUL  A  TITE. 


11.  Sachant  que  quiconque  est 
en  cet  etat  est  perverti,  et  qu'il 
p6che  ,  etant  condamne  par  son 
propre  jugement- " 

12.  Lorsque  je  vous  aurai  en- 
voye  Artemas  ou  Tychique  ,  hatez- 
vous  de  venir  me  trouver  a  Nico- 
pole ,  '  parce  que  j'ai  resolu  d'y 
passer  I'hiver. 

i3.  Envoyez  devant  Zenas  doc- 
leur  de  la  loi ,  et  Apollon,  et  ayez 
soin  qu'il  ne  leur  inanque  rien. " 

14.  Et  que  nos  freres  aussi  ap- 
prennent  a  etre  toujours  les  pre- 
miers a  pratiquer  les  bonnes  oeu- 
Yres,  lorsque  le  besoin  et  la  neces- 
site  Ic  demandent ,  afm  qu'ils  ne 
demeurent  point  steriles  et  sans 
fruit.' 

i5.  Tons  ceux  qui  sont  avec  moi 
vous  saluent.  Saluez  ceux  qui  nous 
aiment  dans  I'union  de  la  foi.  La 
grace  de  Dieu  soit  avec  vous  tons. 
Amen.' 


11.  Sciens  quia  subvcr- 
sus  est,  qui  hujusmodi  est, 
et  delinquit,  cum  sit  pro- 
prio  judicio  condemna- 
lus. 

12.  Cum  misero  ad  te 
Arteniam,  aut  Tychicum, 
festina  ad  me  venire  Nico- 
polim :  ibienimstatui  hie- 
mare. 

i3.  Zenam  legisperi- 
tum,  et  Apollo  sollicite 
praimitte,  ut  nihil  illis 
desit. 

i4«  Discant  autem  et 
nostri  bonis  operibus  prae- 
esse  ad  usus  necessarios, 
ut  non  sint  infructuosi. 


i5.  Salutant  te  quime- 
cum  sunt  omnes.  Saluta 
eos  qui  nos  amant  in  fide. 
Gratia  Dei  cum  omnibus 
Yobis.  Amen. 


•^11.  Par  la  sentence  qu'il  prononce  conlre  lui-m^me,  en  s'eloignant  de 
la  doctrine  de  I'Eglise,  et  seseparantdu  corps  des  fideles,  qui  est  cclui  de  Je- 
sus-Christ. 

■^12.  Les  unsl'entendentde  Nicopole,  ville  de  Macedoine ;  lesautres,  de 
Nicopole,  ville  d'Epire.  D.  Calmet  prefere  ce  dernier  sentiment.  Voyez  la 
preface. 

y^  1 3.  Gr.  aulr.  Ayez  soin  du  depart  de  Zenas  le  docteur  de  la  loi ,  el  d'A- 
pollon,  afin  qu'il  ne  leur  manque  rien. 

y^  14.  Afin  qu'ils  ne  re£;ardent  pas  comme  une  charge  lorsqu'on  les  excite  a 
pratiquer  les  ceuvres  de  misericorde  :  care' est  pour  eux  une  occasion  de  cueil- 
lir  les  fruits  derelernite  bienheureusc. 

■)f  r5.  Les  exemplaires  grecs  portent  ici:Ecrite  de  Nicopole,  en  MaccdoinCjj 
i  Tite  qui  a  ^le  ordonne  premier  ev6que  de  I'Eglise  de  Crete,  en  97  versets. 


PREFACE 
SUR  LEPITRE  A  PHILEMON. 


Philemo  ,  homme  riche  et  de  qualile ,  de  la  \ille  de  Co-  Remarquts 
losse  ea  Phrygie,  avoit  ele  converti  a  la  foi,  ou  par  I'apolre  ^"''^J'J^*'^™*'"' 
saint  Paul  lorsqu'il  precha  a  Ephese  ,  oupar  Epaphras  son  ^pitreest  ad- 
disciple  ,  qui  avoit  annonce  le  premier  I'Evangile  a  Colosse.  ressee.  Occa 
11  avoit  fait  un  si  grand  progres  dans  la  vertu,  que  sa  mai-  sioneisujetde 
son  etoit  devenue  comrae  une  Eglise^  par  la  piete  qu'il '^"^^P''"'^- 
avoit  inspiree  a  toute  sa  famille,  et  par  les  bonnes  oeuvres 
qui  se  pratiquoient  chez  lui  ^  Onesime  son  esclave,  loin  de 
profiler  des  bons  exemples  qu'il  avoit  devant  les  yeux , 
n'en  devint  que  plus  mechant.  II  vola  son  mailre  ,  et  s'en- 
fuit  a  Rome ,  ou  Dieu  permit  qu'il  trouvat  saint  Paul  qui  y 
etoit  prisonnier  pour  la  premiere  fois.  Get  apotre  qui  se 
faisoit  tout  a  tons,  pour  gagner  tout  le  monde  a  Jesus- 
Christ,  recut  cet  esclave  avec  une  charite  et  une  tendresse 
vraimentpaternelle.  II  I'instruisitdela doctrine  de  I'Evan- 
gile, le  convertit  a  la  foi ,  et  le  baptisa^.  II  pensa  ensuite 
ale  retenir  aupres  de  lui,  afin  qu'il  lui  rendit  les  services 
que  son  maitre  meme  auroit  ete  bien  aise  de  lui  rendre 
dans  les  chaines  qu'il  portoit  pour  Jesus-Christ;  mais  il  ne 
voulut  pas  le  faire  sans  le  consentement  de  celui  a  qui  il  ap- 
partenoit,ni  priver Philemon  dumerited'une bonne oeuvre 
alaquelle  il  etoit  persuade  qu'il  se  feroit  un  plaisir  de  cou- 
tribuer^  11  resolut  done  de  lui  renvoyer  Onesime  charge 
de  cette  lettre ,  par  laquelle  il  le  prie  de  lui  pardonner  son 
larcin  et  sa  fuite.  C'est  en  ce  genre  un  chef-d'oeuvre  d'elo- 
quence.  Rien  n'est  plus  tendre,  plus  pressant,  plus  per- 
suasif ,  plus  anime,  11  y  mele  les  prieres  avec  I'autorite ,  les 
louanges  avec  lesrecommandations,  les  motifs  de  religion 
avec  ceux  de  I'honnetete  et  de  la  reconnaissance  ;  enfin  il 
y  met  tout  en  oeuvre  pour  reconcilier  I'esclave  avec  le  mai- 
tre.  II  y  reussit  comme  il  le  souhaitoit.  Philemon ,  non- 

••  Phileni.  y  2.  cl  6. — •  y  10.  et  11. — ^  -^  i3.  eti\. 


l84  PnEKACE 

seulement  re^ut  Onesimc  clans  ses  bonnes  graces ,  mais 
il  le  renvoya  pen  de  temps  apres  a  Rome  aupres  de  I'Apo- 
tre  ,  afin  qu'il  continual  de  lui  rendre  toutes  sortes  de  ser- 
vices. 
Analyse  de  Des  I'inscription  meme  de  sa  lettre,  TAptkre  dispose 
ceiie  epitre.  Philemon  a  lui  accorder  sa  demande.  U  s'annonce  d'abord 
adniiraUede  ^o^^ii^e  prisonnier  de  Jesus-Chrisl,  Paulas  vinctus  Chrisli 
saint  Paul.  Jesu^ ,  qualite  la  plus  propre  a  toucher  le  coeur  de  Phile- 
mon, et  a  lui  rendre  recommandables  cette  lettre  qui  lui 
estadressee,  ct  la  demande  qu'elle  contient,  et  Tesclave 
meme  qui  en  est  I'objet.  Mais  pour  donner  encore  un  nou- 
veau  poids  a  son  intercession,  il  y  joint  celle  de  Timotheo 
qu'il  appelle  son  frere ,  Et  Timothcusf rater,  disciple  connu 
de  Philemon  comme  etant  du  meme  pays,  et  outre  cela 
fort  celebre  dans  I'Eglise,  compagnon  presque  insepara- 
ble de  saint  Paul,  etpour  lors  a  Rome  avec  lui.  11  s'adresse 
a  Philemon,  et  il  ne  se  contente  pas  de  lui  donner  le  litre 
de  cher  et  bien-aime,  Philomeni  dilecto  ,  qualite  qui  lui 
etoit  commune  avec  tous  les  fideles;  il  le  nomme  encore 
son  cooperaleur,  Et  adjutori  (selon  le  grec,  cooperat07'( ) 
noslro  ,  comme  pour  partager  avec  lui  le  fruit  et  la  gloire 
des  iravaux  de  son  apostolat ,  parce  qu'apparemmenl  ce 
disciple  fidele  s'applfquoit  a  contribuer,  aulant  qu'il  etoit 
en  lui,  aux  progres  de  I'Evangile.  Pour  interesser  davan- 
tage  Philemon,  il  falloit  interesser  aussi  Appie  son  epouse; 
I'Apotre  la  salue  en  lui  donnant  le  litre  de  chere  soeur  :  Et 
Appicb^  sorori  cfiarissimce  (  ou  ,  selon  le  grec  traduit  plus 
lilleralement ,  dilectcB) ,  litre  fonde  sur  la  foi  et  la  piete  de 
cette  femme  digne  de  I'epoux  a  qui  elle  etoit  unie.  Ce  n'est 
pasassez;  TApotre  veut  interesser  encore  celui  qui  con- 
duisoit  alors  I'Eglise  de  Colosse  :  I'eveque  Epaphras  etoit 
prisonnier  a  Rome  ^ ;  et  en  son  absence  il  paroil  que  cette 
Eglise  etoit  gouvernee  par  Archippe^.  L'Apolre  le  salue  , 
et  en  I'appelant  le  compagnon  de  ses  combats,  il  rend  le- 
moignage  a  ses  travaux  et  a  son  zele  :  Et  Archippo  commi- 
Utoni  nostra.  Ce  n'est  pas  tout  encore  ;  il  falloit  interesser 
la  maison  de  Philemon  :  mais  cette  maison  etoit  fidele ,  et 
formoit  ainsi  une  Eglise  domestique  ;  et  c'est  sous  ce  litre 
que  I'Apotre  la  salue  :  Et  Ecclesice  quce  in  domo  twi  est.  II 
souhaite  a  tous  la  grace  et  la  paix  de  la  part  de  Dieu  notre 
Pere  et  de  Jesus-Christ  notre  Seigneur  ;  c'est  son  salut  or- 

*  -^  I. — -  >^  2. — '  ■)}  23.—''  Coloss.  IV.  17. 


SUR   t'EPllKE  A  rniLEMON.  1  85 

(liiiuire  :  mais  quo  pouvoil-il  ajouter  de  plus?  Que  pouvoit- 
il  leur  souhaiter  tie  plus  avantageux  que  la  grace  qui  est 
Ic  priucipe  de  tout  bien  salutaire,  et  la  paix  qui  en  est  le 
iruit  et  la  recompense?  Gratia  vobis  ct  pax  a  Deo  Patrc 
fioslro  el  Domino  Jesu  Christo  *.  Apres  ce  salut  et  cette  ins- 
cription, I'Apotre  commence  sa  letlre  dans  laquelle  on  peut 
distinguer  trois  parties,  qui  sonl  I'exorde,  la  proposition 
et  la  conclusion. 

L'exorde  consiste  dans  un  eloge  Ires  delicat  de  la  vertu 
tie  Philemon ,  eloge  qu'il  tourne  en  actions  de  graces  et  en 
congratulation  qui  en  sont  comme  les  deux  parties.  L'A- 
potre  commence  done  par  teraoigner  qu'il  rend  graces  a 
Dieu  :  Gratias  ago  Deo  meo-.  L'action  de  grace  estl'eloge 
le  plus  parfait  et  le  seul  digne  dun  Chretien  qui  salt  que 
tout  bien  vient  de  Dieu  a  qui  seul  en  est  due  la  louange ;  et 
en  meme  temps  elle  est  le  temoignage  d'un  coeur  affec- 
lionne  qui  s'interesse  au  bien  de  ceux  pour  qui  il  rend 
graces.  C'eloit  done  deja  s'insinuer  favorablement  dans 
1  esprit  de  Philemon  ,  que  de  commencer  par  lui  presen- 
ter cette  idee  generale   d'aclion  de  graces  :  Gralias  ago 
Deo  meo.  Mais  voici  quelque  chose  de  plus  personnel ,  de 
plus  interessant ,  de  plus  touchant,  c'est  que  cette  action 
de  graces  regarde  Philemon  meme ,  c'est  que  non  -  seulc- 
ment  dans  le  moment  present ,  mais  dans  tous  les  temps , 
semper  J  Paul  conserve  le  souvenir  de  Philemon ,  memoriam 
tui  faciens:  mais  encore  dans  quelles  circonstances  s'en 
souvient-il?  dansses  prieres  :  in  orationibus  meis.  L'Apotre 
pouvoit-t-il  marquer  a  ce  disciple  fidele  une  affection  plus 
lendre,  que  de  lui  apprendre  qu'il  rend  graces  pour  lui, 
qu'il  se  souvient  de  lui,  qu'il  prie  pour  lui,  et  cela  dans 
tous  les'  temps?  Mais  quel  est  !e  sujet  de  ses  actions  de 
graces?  c'est  particulierement  ce  qu'il  apprend  de  la  cha- 
rile  el  de  la  foi  de  Philemon  :  Audiens  charitatem  tuam  et 
fidem^  \  deux  dispositions  qui  doivent  egalement  porter 
Philemon  a  accorder  la  grace  que  I'Apotre  va  lui  deman- 
der.  11  s'agit  ici  d'une  oeuvre  dont  la  charite  sera  le  prin- 
cipe  ,  et  dont  la  foi  sera  le  motif :  voila  done  pourquoi  I'A- 
potre insiste  particulierement  sur  ces  deux  dispositions  ; 
voila  pourquoi  il  insiste  d'abord  sur  la  charite  ,  et  ensuite 
sur  la  foi.  Foi  envers  le  Seigneur  Jesus  :  Quam  habes  in 
Domino  Jesu ;  et  cela  mdrae  est  encore  important,  car  il 


I 


186  PREFACE 

s'agitici  d'un  membre  de  Jesus-  Christ.  Charite,  non-seu- 
lement  envers  les  saints  en  general,  non-seulement  envers 
tous  les  saints  sans  distinction,  mais  envers  tousles  saints 
sans  exception ;  car  c'est  ce  que  marque  le  grec  ,  qui  porte 
non  simplement ,  xat  eic,  r.ocvi:ot.g  ayioviy  qui  marque  tous  sans 
distinction,  mais  y.c/.iek'Ka.VT(xgzobc,dyiQvc,y  qui  marque  tous 
sans  exception^  :  Etin  omnes  sanclos;  et  celameme  encore 
interesse  dans  la  circonstance  presente ,  car  les  saints  sont 
les  fideles  ,  et  il  s'agit  d'un  fidele,  et  par  consequent  d'un 
saint.  Non-seulement  rAp6tre  a  appris  quelle  est  la  cha- 
rite et  la  foi  de  Philemon ,  mais  il  a  appris  comment  la  li- 
beralite  de  Philemon  (  car  c'est  ce  que  signifie  dans  le  Ian- 
gage  de  I'Apotre  le  mot  Y.oiv(tiviy.  que  la  Vulgate  rend  a  la 
lettre  par  communicatio ,  liberalite  qui  consiste  a  communi- 
quer  aux  autres  les  biens  que  Ton  possede ,  a  leur  en  faire 
part ,  ce  qui  est  I'exercice  meme  de  la  charite ) ,  il  a  appris 
comment  cette  liberalite  qui  nait  de  la  foi  de  Philemon 
devient  evidente;  c'est  I'expression  de  la  Vulgate  :  Ut 
communicatio  Jidei tuce  evidens  fiat  ^  ;  expression  qui  prouve 
que  le  traducteur  latin  lisoit  dans  le  grec ,  ivapyriq ,,  qui  si- 
gnifie evidens ;  on  lit  aujourd'hui  dans  le  grec  ivepyYjq,  qui 
signifie  ejjicax :  il  a  appris  comment  la  liberalite  de  Phile- 
mon devient  efficace  :  ce  qui  rentre  a  pen  pres  dans  le 
meme  sens ;  mais  cependant  la  lecon  que  suppose  la  Vul- 
gate parolt  preferable ,  parce  qu'elle  convient  mieux  avec 
la  suite  ;  car  cette  liberalite  devient  evidente,  parce  qu'elle 
se  fait  connoitre  par  toutes  sortes  de  bonnes  ceuvres  ;  et 
c'est  le  sens  fort  nalurel  qu'exprime  la  Vulgate  :  Ut  com- 
municatio Jidei  tuce  evidens Jiat  in  agnitione  omnis  operis  boni; 
et  voila  encore  deux  motifs  qui  contribuent  a  assurer  le 
succes  de  la  demande  de  I'Apotre ;  car  dans  les  circons- 
tances  presenles  Philemon  ternira-t-il,  effacera-t-il  I'eclat 
de  ses  liberalites  par  un  refus?Lui  qui  embrasse  toutes  sor- 
tes de  bonnes  ceuvres ,  pourra-t-il  refuser  celle  que  I'Apo- 
tre va  lui  demander,  et  ou  il  ne  s'agit  pas  meme  de  repandre 
dans  des  mains  etrangeres  des  biens  dont  il  est  si  liberal , 
mais  seulement  de  rendre  sa  bienveillance  et  son  amitie  a 
un  de  ses  esclaves?  Mais  il  y  a  encore  ici  deux  circonstan- 

*  C'est  ce  que  I'on  volt  clans  le  verset  sulvanl  m6me,  oii  I'expression  Travro; 
a-yaOou  signifie  tout  bien  sans  distinction  ,  c'csl-a-dire  toute  sorte  de  bien  ,  an 
lieu  que  s'il  y  avoit  wavTo;  roii  a-yaOou  ,  ce  seroit  tout  bien  sans  exception, 
c'est-^-dire  tout  le  bien  possible. — *)f  6, 


SLR   l'^pItBE  A  PHILEMON.  187 

ces  que  I'ApAtre  ne  neglige  pas ;  et  d'abord  e'est  que  ces 
bonnes  ceuvres  qui  rendent  ainsi  evidente  la  liberalite  de 
Philemon ,  ne  se  trouvent  pas  seuleraent  en  lui ;  toute  sa 
maison  y  contribue;  c'est  un  bien  qui  leur  est  commun  : 
Omrns  operis  boni  quod  est  in  vobis.  Puisqu'ils  contribuent 
ainsi  tous  aux  bonnes  oeuvres  qui  naissent  de  la  foi  de  Phi- 
lemon, ils  contribueront  aussi  sans  doute  volontiers  a 
cclle  que  1' Apotre  va  demander ,  et  pour  laquelle  il  les  in- 
teresse  enrappelantle  souvenir  de  toutes  celles  auxquelles 
ils  ont  deja  contribue.  Mais  de  plus  c'est  que  tout  cela  se 
fait  pour  Jesus  -  Christ ,  car  c'est  ce  qu'exprime  le  grec  : 
zi;  XoiTT&v  \r,'jO'jv,  in  Christum  Jesum.  Or,  c'est  pour  un 
membre  de  Jesus-Christ  que  I'Ap^tre  va  interceder;  sa 
demande  ne  pourra  done  pas  etre  refusee.  Ainsi  voila  deja 
beaucoup  de  motifs  capables  d'appuyer  la  demande  de 
r Apotre;  mais  il  ne  les  presente  qu'indirectement,  et  en 
disant  simplement  qu'il  rend  graces  de  toutes  ces  choses. 
A  Taction  de  graces  iljointla  congratulation,  c'est-a-dire  le 
temoignage  de  cette  joie  qui  est  le  principe  meme  de  son 
action  de  graces.  II  declare  done  que  s'il  rend  graces  aDieu 
pour  Philemon ,  c'est  parce  qua  I'occasion  de  ce  disciple 
fidele,il  a  ete  touche  d'une  grande  joie  :  Gaudium  enim 
magnum  habui^ ;  et  cette  joie  a  ele  pour  lui  une  consolation 
au  milieu  de  ses  afflictions  et  de  ses  maux  :  Gaudium  enim 
magnum  habui  et  consolalionem.  Le  sujet  de  cette  consola- 
tion et  de  cette  joie  etoit  sans  doute  en  meme  temps  et  la 
foi  et  la  charite  qu'il  trouvoit  dans  ce  disciple ,  et  dont  il 
vient  de  rendre  graces  :  mais  insistant  toujours  davantage 
sur  la  charite  qui  devoit  etre  le  principe  de  I'oeuvre  qu'il 
valui  demander,  il  ne  parle  ici  que  de  cette  seule  vertu  : 
in  charitate  tua.  Il  a  ete  console  parce  qu'il  a  su  que  ses 
freres  I'etoient:  ce  que  Philemon  a  fait  pour  le  soulagement 
et  la  consolation  des  saints ,  Paul  I'a  regarde  comme  un 
soulagement  et  une  consolation  pour  lui-meme ;  il  a  ete 
console  par  la  charite  de  Philemon ,  parce  qu'il  a  su  que 
les  entrailles  des  saints  avoient  ete  consolees  et  soulagees 
par  Philemon  :  Quia  viscera  sanctorum  requieverunt  per  fe. 
N'est-ce  pas  lui  insinuer  qu'il  tiendra  comme  fait  a  lui- 
meme  ce  qu'il  va  lui  demander  pour  cclui  dont  les  inte- 
rets  lui  sontchers?  Et  pour  mieux  marquer  a  Philemon  son 
affection ,  il  termine  cette  congratulation  par  le  tendre 


l88  PUEFACE 

iiom  de  frere  ,  quia  viscera  sanctorum  requieverunt per  le  , 
frater. 

11  vient  ensuite  a  la  proposition  qui  est  le  principal  ob-  i 
jet  de  sa  leltre  ;  et  d'abord  il  fait  sentir  a  Philemon  que  | 
tout  ce  qu'il  vient  de  dire  ne  fait  qu'exprimer  le  motif 
sur  lequel  est  appuye  ce  qu'il  va  ajouter  :  Propter  quod^\ 
L'autorite  du  ministere  dont  il  est  revetu  lui  donne  le 
droit  de  commander  a  Philemon;  etil  ne  neglige  pas  ce 
motif:  mais  comme  ce  n'est  pas  la  voie  qu'il  juge  a  propos 
de  prendre  dans  cette  occasion ,  il  se  contente  de  repre- 
senter  a  Philemon  qu'il  pourroit  en  Jesus-Christ  prendre 
la  confiance  et  la  liberte  de  lui  commander  une  chose  qui 
est  tres  convenable ,  et  qu'il  auroit  m^me  beaucoup  de 
sujet  de  le  faire :  multamjiduciam ,  izoKkriV  'naopri'jia.v,  habens 
in  Christo  Jesu  imperandi  tibi  quod  ad  rem pertinet.  Apres 
avoir  ainsi  seulement  montre  ce  motif,  il  I'abandonne 
et  temoigne  qu'a  cause  de  I'affection  qu'il  a  pour  Phi- 
lemon ,  il  aime  mieux  prendre  la  voie  de  demande  et 
de  supplication  :  Propter  charitatem  magis  obsecro  ^. 
Mais  en  meme  temps  il  releve  cette  priere  par  la  con- 
sideration de  ce  qu'il  est  a  I'egard  de  Philemon  :  Cum 
sim  talis;  c^Y  c'est  Texpression  du  grec,  towlIto;  wv.  II 
lui  represente  done  ce  qu'il  est,  cum  sim  talis.  II  pourroit 
insister  sur  son  apostolat,  et  il  I'avoit  deja  fait  sentir  en 
parlant  de  la  liberte  qu'il  pouvoit  prendre  en  Jesus-Christ: 
ici  done  il  se  contente  d'abord  de  se  nommer,  ut  Paulus. 
Ce  seul  mot  disoit  beaucoup :  mais  ce  n'est  pas  tout;  a 
l'autorite  de  sa  dignite  il  ajoute  celle  de  son  age,  c'est-a- 
dire  de  sa  vieillesse  :  Senex  ;  et  enfin  celle  des  liens  qu'il 
porte  actuellement  pour  le  nom  de  Jesus-Christ  :  Nunc 
autem  et  vinctus  Jesu  Christi.  Tant  de  titres  si  respectables 
lui  donnoient  bien  le  droit  de  commander;  mais  enfin  il 
aime  mieux  prier;  il  le  repete  done  :  Obsecro  te^.  Mais 
pour  qui  prie-t-il?  pour  un  de  ceux  qu'il  regarde  comme 
ses  enfans  en  Jesus-Christ :  Projilio  meo.  II  y  a  plus  ;  ce 
fils  lui  est  d'autant  plus  cher,  que  c'est  dans  ses  liens  qu'il 
I'aengendre:  Quern  genui  invinculis.  Mais  quel  est -il  ce 
fils  si  cher?  L'Ap6tre  enfin  le  nomme;  c'est  Onesime  : 
Onesimo.  Ce  nom  rappelle  aussilot  au  souvenir  de  Phile- 
mon le  tort  que  lui  avoit  cet  esclave  :  rAp6tre  I'avoue 
tacitement  en  reconnoissant  que  Philemon  n'avoit  pas 

1  ^  8. — -y  9-—'  y- 10. 


SIR  L  EPITREA  PHILEMON.  1  8,^ 

recti  tie  cet  esclave  I'utilite  qn'il  devoit  en  attendre  :  Quid 
tibi aliquando  iniitilis  fuit^.  Et  il  y  a  ici  dans  le  fjrec  une 
allusion  secrete  entre  le  nom  d'Onesime  ,  OviViuo;_,  qui  en 
celle  langue  signifie  avanlagenx ,  et  le  mot  a.yor,rr:o^  qui  si- 
gnifie  inutile.  L'Apotre  avoue  done  qu' autrefois  Onesime 
n'a  pas  rempli  aupres  de  son  maitre  la  signification  de  son 
nom;  qu'il  ne  lui  a  pas  ete  utile  :  Qui  libi  aliquando  in- 
utilis  fuil;  mais  il  lui  declare  que  maintenant  il  est  tout 
different  de  ce  qu'il  etoit  alors;  cet  esclave  que  Paul  a 
engendre  a  une  nouvelle  vie  ,  est  maintenant  capable 
d'etre  utile  a  Philemon  et  a  Paul.  La  Vulgate  porte :  Nunc 
avUem  et  mihi  el  libi  utilis  :  et  le  grec  :  Nuvi  Bs  aol  /.xl  iaoi 
rJyorjTrov  :  Nunc  autem  libi  el  mihi  utilis.  Enfin  il  de- 
clare a  Philemon  que  c'est  lui-meme  qui  le  lui  a  en- 
voye  :  Quern  retnisi  libi.  C'etoit  deja  assez  I'inviter  a  le 
recevoir ;  mais  il  le  lui  demande  en  termes  expres  ,  et  de 
la  maniere  la  plus  pressante  :  Tu  autem  ilium,  ut  viscera  mea, 
suscipe^.  11  avoit  temoigne  la  joie  et  la  consolation  qu'il 
avoit  recue  de  ce  que  par  la  charite  de  Philemon  les  en- 
trailles  des  saints  avoient  ete  soulagees;  mais  maintenant 
ce  sont  les  entrailles  de  Paul  meme  qui  seront  soulagees 
par  la  charite  avec  laquelle  Philemon  recevra  Onesime  : 
quel  motif  plus  pressant?  Tu  autem  ilium  ,  ut  viscera  mea  , 
suscipe.  Paul  vient  de  dire  qu' Onesime  pouvoit  mainte- 
nant etre  utile  el  a  lui  et  a  Philemon  meme  ;  il  s'explique, 
et  il  montre  comment  Onesime  pouvoit  lui  etre  utile.  11 
declare  done  qu'il  avoit  eu  dessein  de  retenir  aupres  de 
lui  ce  disciple  :  Quern  ego  volueram  mecum  detincre^ .  II  vou- 
loit  le  retenir  pour  recevoir  de  lui  les  services  dont  il  avoit 
besoin  :  Ut  mihi  minislraret ;  mais  services  qu'il  avoit 
droit  d'attendre  de  Philemon  meme,  et  que  cet  esclave 
lui  auroit  rendus  au  nom  et  en  la  place  de  son  maitre  :  Ut 
pro  te  mihi  ministraret ,  services  dont  Philemon  meme  se 
seroit  fait  un  honneur,  non-seulement  a  cause  de  la  dignite 
ct  de  lage  de  I'Apotre,  mais  encore  a  cause  des  liens  que  \ 

I'Apotre  portoit  alors  pour  I'Evangilc  :  Ulpro  te  ?fii hi  mi- 
nislraret in  vinculis  Evangelii.  Paul  avoit  done  droit  de  rete-  , 
nir  aupres  de  lui  cet  esclave  qui  lui  auroit  ete  vrairaent                           j 
utile  ;  mais  il  n'a  rien  voulu  faire  sans  I'avis  de  Philemon                           \ 
a  qui  cet  esclave  appartenoit  :  Sine  consilio  autem  tuo  nihil 
volui facer e'^.  Pourquoi?  parce  qu'il  n'a  pas  voulu  user  de 

•y  ii._St^i2._->  f  i3.— ♦y  14. 


I  go  PREFACE 

son  autorite  pour  obtenir  cela  de  Philemon ;  il  n'a  pas  voulu 
que  le  bien  que  Philemon  feroit  en  lui  laissant  cet  esclave 
fut  un  bien  pour  ainsi  dire  force  ,  et  accorde  seulement 
a  la  necessite  :  Ud  ne  velut  ex  necessitate  bonum  tuum  esset. 

II  le  lui  renvoie  done  ,  afin  que  si  ensuite  Philemon  juge  a 
propos  de  le  laisser  retourner  a  Rome  pour  y  etre  utile  a 
Paul, ce soil  de  sa  partune  bonne oeuvre  toute  volontaire: 
Utine  velut  ex  necessitate  bonum  tuum  esset,  sed  volunta- 
rium.  Aprcs  cela  Philemon  pourra-t-il  refuser  de  recevoir 
avec  charite  ce  disciple  que  Paul  lui  recommande  ,  et  dont 
il  seprive  par  attention  pour  lui?  Ne  s'empressera-t-il  pas 
plutot  de  rendre  son  amilie  a  Onesime  ,  et  de  le  renvoyer 
en  son  nom  et  de  sa  part  vers  Paul?  Mais  voici  encore  un 
autre  motif  qui  a  determinePaul  a  renvoyer  Onesime,  et  qui 
doitporterPhilemon  ale  recevoir;:  c'est  que  cet  esclave  n'a 
peut-etre  quitte  son  mattre  ( ou,  selon  le  grec,  n'a  ete  separe 
de  son  mattre) pour  un  temps,  qu'afin  que  son  maitrelere- 
couvrat  ensuite  pourjamais:  Forsitan  enimideo  discessit[^r. 
separatum  est)  ad  horam  a  te  ,ut  celemum  ilium  reciperes  '  ;  et 
qu'il  le  recouvrat  non  plus  comme  un  esclave,  mais  comme 
un  frere ,  a  cause  de  sa  nouvelle  naissance  en  Jesus-Christ , 
Jam  non  utservum,  sed  pro  servo  fratrem^  ;  et  un  frere  bien- 
2im\e,fratrem  c^fVec^awi;  c'est  la  construction  du  grec  ;  aulieu 
de  quoi  la  Vulgate  porte ,  charissimumfratrem :  au  fond  c'est 
la  meme  chose  ,  mais  la  gradation  est  mieux  observee  dans 
la  construction  du  grec.  L'apolre  justifie  cette  expression, 
en  faisant  remarquer  que  ce  disciple  est  en  effet  un  frere 
bien-aime  principalement  pour  lui  en  particulier  :  Maxi- 
me  mihi  ;  et  que  s'il  lui  est  cher ,  a  lui  auquel  il  n'appar- 
tient  que  par  les  liens  de   la  foi ,   il  doit   I'etre  encore 
plus  a  Philemon ,  auquel  il  appartient  et  selon  la  chair  et 
selon  le  Seigneur ,  c'est-a-dire  et  par  le  tiire  de  son  an- 
cienne  servitude ,  et  par  le  titre  de  sa  nouvelle  naissance  : 
Quanto  autem  magis  tibi ,  et  in  carne  et  in  Domino  ?  Mais  ce 
lien  de  fraternite  qui  unit  ensemble  tous  les  fideles  ,  four- 
nit  encore  ici  a  Paul  un  nouveau  motif.  En  demandant 
qu'Onesime  fut  recu  comme  ses  propres  entrailles,  il  s'e- 
toit  exprime  d'une  maniere  tres  vive ,  mais  au  fond   ce 
n'etoit  cependant    qu'un    motif  d'humanite  :    il  s'el^ve 
plus  haut ,  et  il  emploie  un  motif  de  foi.  II  fait  abstraction 
de  son  apostolat  qui  le  meltoit  au-dessus  de  Philemon  ; 

»^  i5.— 2>^  If). 


sua  L  EPITRE  A  PHILEMON.  igi 

il  se  considereseulement  comme  disciple  de  Jesus-Christ , 
et  par  consequent  etroitement  uni  a  Philemon  par  les 
liens  de  cette  commune  fraternite  ;  il  suppose  qu'au  moins 
Philemon  le  considcre  comme  lei  :  Si  ergo  habes  me  so- 
ciiim  * ;  et  sous  ce  point  de  vue  il  le  prie  de  recevoir  One- 
sime  comme  il  le  recevroit  lui-meme  ,  parce  que  Onesime 
qui  lui  est  devenu  en  Jesus-Christ  un  frere  bien-aime,  est 
en  effet  un  autre  lui-raeme  :  Suscipe  ilium  sicut  me.  Est- 
il  possible  de  se  refuser  a  de  telles  instances  ?  ne  pas  re- 
ceroir  Onesime,  ce  serait  blesser  les  entrailles  de  Paul, 
ce  seroit  le  rejeter  lui-meme  :  que  repondre  a  deux  motifs 
si  pressans  ?  Ilium  ,  ut  mea  viscera .  .  .  Sucipe  ilium  sicut 
me.  Mais  Onesime  a  fait  tort  a  Philemon  ,  et  il  lui  reste 
redevable  :  I'Apolre  veut  bien  encore  le  supposer,  ou 
plutot  ill'avoue  ,et  il  suppose  seuiement  que  Philemon  lui 
lasse  cette  objection  :  Siaulcm  aliquid  nocuit  libi , ' aut  de- 
bet^ ;  mais  en  ce  cas,  il  consent  que  tout  lui  soit  impute  a 
lui-meme  :  Hoc  mihi  impula.  Et  pour  mieux  assurer  cette 
caution  si  tendre  et  touchante,  il  marque  expressement 
que  c'est  lui-meme  ,  lui  Paul ,  qui  ecrit  cela  de  sa  propre 
main  :  Ego  Paulus  scripsi  m^a  manu  ^.  Ce  n'estpas  assez  ; 
non-seulement  il  consent  que  tout  lui  soit  impute ,  mais  il 
prometqu'en  effet ,  s'il  le  faut ,  il  rendra  tout :  Egoreddam. 
Cependantil  n'oublie  point  sa  dignite ;  Philemon  doit  sen- 
tir  que  loin  d' accepter  la  caution  de  Paul ,  et  d'exiger  quel- 
que  chose  de  lui ,  il  se  doit  lui-meme  tout  entier  a  Paul  de 
qui  Dieu  s'etait  servi  pour  appeler  les  nations  a  la  foi  dont 
il  avait  ete  rendu  participant :  I'Apotre  temoigne  done  qu'il 
ne  veut  pas  meme  insister  sur  cela :  Utnon  dicam,  libi  quod 
et  teipsummihi  debes. 

Enfiu  vient  la  conclusion.  L'Apotre  la  commence  par 
une  invitation  tendre  et  pathetique;  et  donnant  encore 
une  fois  a  Philemon  le  nomde  frere,  il  le  presse  et  lui  de- 
mande  que  lui  Paul  puisse  recevoir  de  lui  Philemon  cet 
avanlage  comme  un  effet  de  cette  union  intime  qui  esten- 
tre  eux  en  Jesus-Christ  notre  Seigneur:  Ita  ,  frater ,  ego 
le  Jruarin  Domino^,  c'est  I'expression  de  la  Vulgate  ;  mais 
le  latin  ne  pent  pas  rendre  ici  toute  I'energie  du  grec  : 
^a£j  i'^i/.^s  eyoj  {>ou  ovaiariv  svKjotcj).  Le  parallele  de  ces 
deux  idees  rapprochees,  ego  le ,  moi  Paul ,  vous  Philemon, 
a  aussi  une  force  singuliere  que  le  latin  meme  conserve 


192  PHEFACE 

assez ,  mais  que  la  langue  francaise  ne  pent  cxprimcr  , 
ISaly  a^elcohj,  syw  cou  6vc(.iiJ.-f]v  h  Kupto).  L'Apotre  rcunit  en- 
suite  les  deux  motifs lesplus  puissans  qu'il  avait  employes ; 
c'est  d'accorder  ce  soulagement  aux  entrailles  de  Paul , 
mais  de  I'accorder  en  vue  du  Seigneur,  parce  que  c'est 
dans  le  Seigneur  meme  que  ses  entrailles recevront  ce  sou- 
lagement :  Rejice viscera  meain  Domino.  II  lui  declare qu'en 
lui  ecrivant  cette  lettre  il  a  beaucoup  de  confiance  dans  sa 
docilite  et  sa  soumission  :  Conjidens  in  ohedienlia  luascripsi 
libi^.  U  va  plus  loin ;  et  il  tcmoigne  qu'il  est  persuade  que 
Philemon  fcra  meme  plus  qu'il  ne  luidemande ;  c'est-a-dire 
qu'il  espere  que  non-seulement  Philemon  recevraOnesime 
sans  rien  exiger  de  lui,  mais  qui  lui  rendra  toute  son  ami- 
tie  ,  et  le  renverra  meme  vers  Paul  pour  lui  etre  utile  : 
Paul  a  seulement  demande  qu'Onesime  fut  recu  ;  mais  il 
est  persuade  que  Philemon  fera  plus  :  Sciens  quoniam  et 
super  id  quod  dico fades.  Apres  cela  il  prie  Philemon  de  lui 
preparer  un  logement ,  parce  qu'il  espere  que  Dicu  le  ren- 
dra a  Philemon ,  a  sa  famille  et  a  toule  I'Eglise  meme  de 
Colosse  par  lemerite  de  leurs  prieres :  Simul  autem  et  para 
mihi  hospilium  :  nam  spero  per  orationes  vestras  donari  me 
vohis^.  II  salue  personncllement  Philemon  de  la  part  de 
d'Epaphras,  evequede  cette  ville,  quietaitprisonnier  avec 
lui  a  Rome  pour  la  cause  de  Jesus-Christ :  Salutat  le  Epa- 
phras  concaptivus  meus  in   Christo  Jesu^.  Au  salut  d'Epa- 
phras  il  joint  ceux  de  Marc ,  cousin  de  Barnabe  dont  il 
parle  dans  I'epttre  aux  Colossiens  *,  d'Aristarque ,  Juif  dont 
il  parle  aussi  au  meme  endroit ;  de  Demas ,  qui  alors  lui 
etait  attache  ,  et  dans  la  suite  se  separa  de  lui  ^  ;  il  y  joint 
le  salut  de  Luc  Tevangeliste  ;   il  les  appelle  tous  ses  aides 
et  les  compagnons  de  ses  travaux  :  Marcus  ,  Aristarchus  , 
Demas  et  Lucas,  adjutores  (^selon  legrec,  cooperatores)mei^. 
Enfin  il  salue  Philemon  et  toute  sa  famille ,  et  leur  souhaite 
a  tous  que  la  grace  de  Jesus-Christ  notre  Seigneur  soit 
avec  leur  esprit:  Gratia  Domini nostri  Jesu  Christi  cum  spi- 
piritu  vestro.  AmenK 
Remarques      La  souscription  qui  est  au  bas  de  cette  epttre  dans  les 
sur  le  temps    exemplaires  grecs  ,  marque  qu'elle  fut  ecrite  deRome  ,  et 

el  le  lieuou    portee  par  Onesime  :  le  texte  meme  prouve  I'un  et  I'autre; 

celleepilre      ^  K^        ,.,  -      •,  *,        1  m-       -   f  >•  ... 

fut  ecrite.  el   ^^  T  ^o^*-  ^"  "^  esperoit  etre  delivre  de  ses  hens  ,  et  retour- 

*  y  21.= — -  >'  32. — '^  <jt  23. — *  Coloss.  IV.  lo. — "  2.  Tim.  iv.  q. — ^  j^  2/,. 

.-■'1^25. 


suR  l'epitre  a  PHILEMO.1.  igS 

ner  en  Phry^e;  ce  qui  prouve  que  c'etoit  au  temps  de  sa  sursacanoni- 
preniiere  captivite,  c'est-a-dire  vers  Tan  62  de  I'ere  ch.  *^'*^' 
vulg. 

Saint  Jer6me  remarque '  qu'il  y  avail  quelques  personnes 
qui  trouvaient  quele  sujet  de  cette  epitre  etoit  peu  digne  du 
soin  de  I'Apotre  ,  et  qui  par  celle  raison  voulaient  qu'elle 
ne  fut  pas  de  lui ,  ou  du  moins  pretendoient  qu'elle  ne  me- 
ritoit pas  d'etre  mise  au  rang  des  saintes  Ecriturcs ,  comme 
n'ayant  rien  de  necessaire  pour  notre  edification  ,  ni  qui 
fut  digne  du  Saint-Esprit.  Mais  ce  raisonnement  m^me  est 
bien  indigne  de  ceux  qui  adorent  un  Dieu  qui  n'a  pas  de- 
daigne  de  mourir  pour  des  esclaves  rebelles  et  impies ,  et 
qui  savent  que  ce  Dieu  choisit  ce  qu'il  y  ade  plus  foible 
selon  le  raonde  ,  pour  confondre  ce  qu'il  y  a  de  plus  fort , 
et  ce  qu'il  y  a  de  plus  bas  selon  le  monde  pour  confondre 
ce  que  le  nionde  estinie  de  plus  grand.  Aussi  cette  epitre 
a-t-elle  toujours  ete  recue  dans  I'Eglise ,  qui  I'a  regardee 
comme  eiant  tresdigne  du  zele  et  de  la  charite  de  saint 
Paul ,  et  trespropre  a  faire  comprendre  aux  premiers  pas- 
teurs  de  I'Eglise  le  soin  qu'ils  doivent  avoir  des  moindres 
de  leurs  brebis.  On  peut  aussi  tirer  de  cette  epitre  beau- 
coup  d' instructions  tres  utiles  pour  tous  les  fideles. 

^  Hieron.  prooem.  in  ep.  ad  Philem. 


a3.  i3 


EPITRE 


DE  SAINT  PAUL 


A  PHILEMON*. 


CHAPITRE  UNIQUE. 

Philemon  exhorle  h  recevoir  On^sime  son  esclave  ,  qui  s'elant  enfui  de  cbez 
lui,  etoit  venu  Irouver  saint  Paul  a  Rome ,  et  y  avoit  re^u  le  bapleme. 


1.  Paul,  prisonnier  pour  Jesus- 
Christ,  et  Timolhee  son  frere,  a 
notre  cher  Philemon,  notre  coope- 
rateur, ' 

2.  A  notre  tr  eschere'  soeur  Ap- 
pie,'  a  Archippe  '  le  compagnon 
de  nos  combats,  '  el  a  I'Eglise  qui 
est  dans  votre  maison  : 

3.  Que  Dieu  notre  Pere  et  Jesus- 
Christ  notre  Seigneur  vous  don- 
nent  la  grace  et  la  paix. 

4.  Me  souvenant  sans  cesse  de 
vous  dans  mes  prieres,  je  rends 
graces  a  mon  Dieu  , 

5.  Apprenant    quelle  est   votre 


1.  PAULcsvinctus  Chris- 
ti  Jesu,  et  Timotheus  fra- 
ter  ,  Philomeni  dilecto  , 
et  adjutori  nostro, 

2.  Et  Appiae  sororicha- 
rissimse ,  et  Archippo 
commilitoni  nostro ,  et 
Ecclesiae  quae  in  domo 
tua  est  : 

3.  Gratia  vobis  et  pax 
a  Deo  Patre  nostro ,  et 
Domino  Jesu  Christo. 

4-  Gratias  ago  Deo 
meo ,  semper  niemoriam 
tui  faciens  in  orationibus 
meis, 

5.  Audiens  charitatera 


*  La  preface  de  celte  ^pitre  peut  lenir  lieu  de  commentaire  sur  tous  les  ver- 

setsduchapitre^ 

•^  r.  C'estrexpression  du  grec. 

f  2.  Selon  le  grec :  notre  chere  Appie.  Le  mot  de  soeur  n'est  pas  dans  le 
grec  imprime. 

Ibid.  Son  epouse. 

Ibid.  C'estceluidont  iIestparIedansr^pilr^auxColossiens,iv.  17.  On 
croit  qu'alors  il  etoit  pretre  ou  ni^me  ev6que  ,  etqu'il  gouvernoit  I'Eglise  de 
Colosse  en  I'absence  d^Epaphras,  qui  en  etoit  rap6tre  el  le  premier  dveque,  et 
qui  ^toit  alors  prisonnier  i  Rome.  fnfr.  7^  1 3, 

J  bid.  De  nos  travaux  evangeliques. 


liiam,etfiJeinquam  ha- 
lies  in  Domino  Jesu,  et 
in  onmcssanctos  : 

0.  Ut  coiumunicalio 
(idei  tiiac  evulens  fiat  in 
a^nitione  omnis  operis 
boui,  quod  est  in  Yobis  in 
Christo  Jesu. 


ep!tre  DE  SAinr  PAUL,  etc.  laS 

foi    envers  le  Seigneur  Jesus,  et 
votre  chariteenverslous  les  saints;* 


6.  Et  de  quelle  sorte  la  liberalite* 
qui  nait  de  votre  foi  eclate  aux 
yeux  de  tout  le  monde  ,  se  faisant 
connoitre  par  lanl  de  bonnes  ceu- 
vres  qui  se  pratiquent  dans  votre 
maison  pour'  I'amour  de  Jesus- 
Christ. 

7.  Car  Totre  charite  ,  mon  cher 
frere,  nous'  a  connbles  de  joie  et 
de  consolation  ,  voyant  que  les 
coeurs'  des  saints  ont  recu  tant  de 

requieverunt  per  te  ,  fra-     soulagement  de  votre  bonte. 
ter. 


7.  Gaudium  enlm  ma- 
'j^num  habui ,  et  consola- 
tionein  in  cbaritate  tua  : 
quia    viscera    sanctorum 


8.  Propter  quod  mul- 
tam  fiduciam  habens  in 
Christu  Jesu  imperandi 
4ibi  quod  ad  rem  pertioet : 

9.  Propter  charitatem 
magis  obsecro  ,  cum  sis 
talis  ,  ut  Paulus  senex  , 
nunc  autem  et  vinctus 
Jesu  Christi : 

1  o.  Obsecro  te  pro  meo 
fdio,  quem  genui  in  vin- 
culis,  Onesirao: 

11.  Qui  tibi  aliquando 
inutilis  fuit,  nimc  autem 
et  mihi  et  tibi  utilis  : 

12.  Quem  remisi  tibi. 
Tu  autem  ilium,  ut  mea 
viscera,  suscipe ; 


8.  C'est  pourquoi  ,  encore  que 
je  puisse  prendre  en  Jesus-Christ' 
une  enti^re  liberte '  de  vous  ordon- 
ner  une  chose  qui  est  de  votr€  de- 
voir; 

g.  Neanmoins  ,  a  cause  de  I'a- 
mour que  j'ai  pour  vous,  et  puis- 
que  vous  etes  si  charitable,  j'aim« 
mieux  vous  en  supplier,  comme 
Paul,  comme  vieillard,  et  comme 
prisonnier  pour  Jesus-Christ. ' 

lo.Or,  la  priere  que  je  vous  fais 
est  pour  mon  fils  Onesime,  que  j'ai 
engendre  dans  mes  liens  : ' 

1 1.  Qui  vous  a  ete  autrefois  inu- 
tile, mais  qui  vous  sera  maintenant 
utile,  aussi  bien  qu'a  moi. 

12,  Je  vous  le  renvoie;  et  je 
vous  prie  de  le  rccevoir  comme 
mes  entrailles  : ' 


y  5.  LesfiJeks. 

■f  6.  C'est  le  sens  du  grec 

Ibid.  C'esl  le  sens  du  grec :  m  Chriititm  Jesunt. 

i  7.  C'esl  le  sens  du  grec  :  habuiinus. 

Ibid.  Liu.  lesenlrailles. 

y  8.  Comme  son  ap6lre. 

/Aiirf.  C'est  le  sens  du  gi-ec. 

V^  9 .  Grec  :  quoique  je  sois  lei  que  je  suis,  cest-d-dirc  que  je  sois  Paul,  etc, 

y  10.  L'ayanl  converti  k  la  foi  depnis  que  je  suis  en  prison . 

y  1 5.  Comme  mon  cher  fils. 


EPITIIE    DE  SAINT   PAUL 


196 

i3.  J'avois  pense  de  le  i-etenir 
aupr6s  rle  mol ,  afin  qu'il  me  rendit 
quelque  service  en  voire  place, 
dans  les  chaines  que  je  porte  pour 
I'Evangile; 

14.  Mais  je  n'ai  rien  voulu  faire 
sans  votre  consentemcnt , '  desirant 
que  le  bien  que  je  vous  propose 
n'ait  rien  de  force,  mais  soit  en- 
tierement  volontaire. 

i5-  Car  peut-elre  qu'il  n'a  ete 
separe  de  vous  pour  un  lenips 
qu'afln  que  vous  le  recouvrassiez 
pour  jamais, 

16.  Non  plus  comme  un  simple 
esclave  ,  mais  comme  celui  qui 
d'esclave  est  devenu  I'un  de  nos 
fr^res  bien-aiines  , '  qui  m'est  tres 
cher,  i  moi  en  particulier,  et  qui 
vous  le  doit  etre  encore  beaucoup 
plus,  etant  i  vous,  et  selon  le 
monde,'  et  selon  le  Seigneur.' 

17.  Si  done  vous  me  considerez 
comme  etroitement  uni  a  vous,  re- 
cevez-le  comme  moi-memc. 

i8.  S'il  vous  a  fait  tort,  ou  s'il 
vous  est  redevable  de  quelque 
chose, mettez  cela  surmon  compte. 

ig.  C'est  moi  Paul  qui  vous 
I'ecris  de  ma  main ;  c'est  moi  qui 
v^us  le  rendrai ,  pour  ne  pas  vous 
dire  que  vous  vous  devez  vous- 
meme  a  moi. ' 

20.  Oui,  mon  frere ,  que  je  re- 
coive  de  vous  cette  joie'  dans  le 
Seigneur;  donnez-moi  au  nom  du 
Seigneur  cette  sensible  consola- 
tion. 


i3.  Quern  ego  rolue- 
ram  mecum  detinere  ,  ut 
pro  te  mihi  ministraret  in 
in  vinculis  Evangelii  : 

14.  Sine  consilio  au- 
temtuo  nihil  voluifacere, 
uti  ne  velutex  necessitate 
bonum  tuum  esset ,  sed 
voluntarium. 

i5.  Forsitan  ideo  dis- 
cessit  ad  horam  a  te,  ut 
Eeternum  ilium  reciperes; 

16.  Jam  non  ut  ser- 
vum,  sed  pro  servo  cha- 
rissimum  fratrem,  maxi- 
me  mihi  :  quanto  autem 
magis  tibi ,  et  in  carne  et 
in  Domino? 


17.  Si  ergo  habes  me 
socium,suspice  ilium  sic- 
ut  me. 

18.  Si  autem  aliquid 
nocuit  tibi,  aut  debet, 
hoc  mihi  imputa. 

ig.  Ego  Paulus  scripsi 
mea  manu  :  ego  reddam, 
ut  non  dicam  tibi  quod 
et  teipsum  mihi  debes. 

20.  Ita,  frater,  ego  te 
fruar  in  Domino  :  refice 
viscera  mea  in  Domino. 


y^  14.  Lilt,  sans  votre  avis. 
V- i5,  C'est  I'expression  du  grec. 
■j^  16.  C'est  le  sensdu  grec. 
Jbid.  Comme  votre  esclave  par  sa  condition. 
Ibid.  Comme  votre  frere  par  la  foi  en  Jesus-Christ. 
■i  10.  Qi^cje  pourrois  vous  demander  la  grace  d'Oncsime,  en  compensation 
decelle  du  salul  que  je  vous  ai  procuree. 
4  20.  Gr.  autr.  cet  avantage. 


a  I.  Confidens  in  obe- 
ilientia  tua  scripsi  tibi  : 
sciens  quoniam  et  super 
id  quod  dico,  facies. 

33.  Siiiiul  autem  et 
para  mihi  hospitium  : 
nam  spero  per  orationes 
vestras  donari  rae  vobis. 

aS.  Salutat  te  Epapbras, 
concaptivus  meus  in 
Christo  Jesu , 

24.  Marcus ,  Aristar- 
chus,  Demas  ,  et  Lucas  , 
adjutores  mei. 

25.  Gratia  Domini nos- 
tri  Jesu  Christi  cum  spi- 
ritu  vestro.  Amen. 


A  PHILEXON.  1^1 

21.  Je  Tous  6cris  ceci  dans  la 
confiance  que  rotre  soumission  me 
donne,  sachant  que  yous  en  ferez 
encore  plus  que  je  ne  dis. 

22.  Je  vous  prie  aussi  de  me  pre- 
parer un  logement ,  car  j'espire 
que  Dieu  me  redonnera  a  vous  en- 
core une  fois,  par  le  raerite  de  vos 
prieres. 

20.  Epaphras ,'  qui  est  comme 
moi  prisonnier  pour  Jesus-Christ, 
TOus  salue, 

24.  AvecMarc,'  Aristarque,  De- 
mas et  Luc,  qui  sont  mes  aides  et 
mes  compagnons. ' 

25.  Que  la  grace  de  notre  Sei- 
gneur Jesus-Christ  soil  avec  Totre 
esprit.  Amen. 


■/  2  3.  Voyez  la  note  sur  le  f  a. 

^  24.  Quelques-uDs  croientqae  c'est  Jean  Marc ,  cousin  de  Bamabe.  Col. 

IT.  10. 

Ibid.  Dans  le  ministere  de  I'ETangile.  — Selon  le  grec :  qui  sont  mes  coop^- 
rateurs. 

Les  exemplaires  grecs  portent  ici :  Ecrilede  Rome  k  Philemon  parl'entre- 
mise  d'On^sime,  en  37  versets. 


PREFACE 

SUR 

LEPITRE  AUX  HEBREUX 


L'epItre  aux  Hebreux  est  un  des  plus  beaux  et  des  plus 

c.'n^ralesTur'  P^^^^^ux  monuniens  que  possede  I'Eglise  chretiennc.  La 

.eiie  opiire.    grandeur  des  choses  ,et  rimporlance  de  la  matiere  y  soril 

Tariage  de      partout  soulenues  par  la  noblesse  des  expressions  et  par 

cc'.iepretat^e.  I'elevation  du  style.  Mais  aussi  nulle  autre  epitre  n'a  donne 

plus  d'exercice  aux  interpretes,  et  n'afourni  plus  de  ma- 

tieres  a  la  contestation  ;  nulle  autre  n'a  ete  plus  combal- 

tue ,  et  n'a  ete  exposee  a  plus  de  jugemens  divers.  On  a 

doute  de  son  authenticite,  et  del'inspirationde  son  auteur; 

on  I'a  contestee  a  saint  Paul ,  et  on  I'a  altribuee  a  saint 

Clement  pape ,  ou  a  saint  Luc ,  ou  a  ApoUon  ,  ou  a  Barnabe  ; 

on  a  dispute  sur  la  langue  dans  laquelle  elle  a  ete  ecrite, 

si  c'est  en  grec  ou  en  hebreu ;  enfin  on  a  forme  des  difficul- 

les  sur  le  lieu  d'oii  elle  avoit  ete  envoyee  ,  sur  le  temps  au- 

quel  elle  a  ete  ecrite,  sur  le  rang  quelle  doit  tenir  parmi 

les  Epttres  de  saint  Paul,  et  sur  les  personnes  a  qui  elle  est 

adressee.  Nous  allons  examiner  chacun  de  ces  points;  et 

apres  avoir  rapporte  les  raisons  pour  et   contre,   nous 

prendrons  le  parti  qui  nous  paroitra  le  plus  conform  e  a  J  a 

verite. 


ARTICLE  PREMIER. 

De  I'auteur  de  I'^pltre  aux  Hebreux. 

Opinion  de      Orig&ne*,  apres  avoir  balance  tout  ce  que  Ton  disoitde 
ccnx  qui  oni   I'auteur  dc  cette  lettre  ,  avoue  que  Dieu  seul  en  connoit 

allribiic  telle     > 

'  Origen.  komil.  in  epist.  ad Hebrceos,  apudEuseb.  lib.  vi.cap.  aS.  Hisl. 


PREFACE  SUB  t'EPtTRE  AUX  IIEUREUX.  I  QQ 

le  veritable  autcur.  II  clit  que  Ics  uns  rattribuoicnt  a  saintVpiireAsaint 
Clt'ineul  pape ,  qui  a  vecu  avec  les  apolres,  et  d'autres  aCltmcut. 
levani^elisle  saint  Luc.  Pour  lui  il  croit  que  le  fond  des 
pensees  est  de  saint  Paul ,  mais  que  le  style ,  la  composi- 
tion et  I'arrangement ,  sont  de  quelque  autre  qui ,  etant 
rempli  des  senlimens  de  I'Apotre  ,  les  a  rediges  par  ecrit 
dans  cet  onvrage.  11  soulient ,  el  il  en  prend  a  temoin 
tons  ceux  qui  ont  lu  les  ecrits  de  saint  Paul ,  et  qui  sont 
capables  d'en  juger,  que  le  style  et  le  tour  en  sont  plus 
beaux  et  plus  polis  que  ceux  de  ses  autres  lellres.  Le  sens 
et  les  pensees  en  sont  admirables  ,  et  comparables  a  tout 
ce  que  les  apotrcs  ont  ecrit  de  plus  grand  et  de  plus  ins- 
Iructif. 

Ceux  qui  du  temps  d'Origene  attribuoient  cette  epilre 
au  pape  saint  Clement  se  fondoient  premierement  sur  la 
ressemblance  du  style  *  qui  se  remarque  entre  cette  epitre 
et  celle  de  saint  Clement  aux  Corinthiens;  et  ensuite  sur 
ce  que  ce  saint  pape  emprunte  souvent ,  et  les  pensees, 
et  les  tours  de  phrases ,  et  meme  les  propres  paroles  de 
I'epilre  aux  Hebreux  ,  sans  toutetois  la  nommer  ;  ce  qui 
semble  insinuer  qu'il  la  regardoit  comme  son  propre  ou- 
vragc.  Muhis  de  epislola  qiice  sub  Pauli  nomine  ad  Ha- 
braos  fertur ,  non  solum  sensibus ,  sed  juxla  verborum  quo- 
que  ordinem  abutilur ,  dit  saint  Jerome  apres  Eusebe  de 
Cesaree^. 

Ce  dernier,  quoiqu'il  ait  Tort  bien  remarque  la  confor- 
mile  du  style  de  ces  deux  epitres,  et  les  morceaux  de  I'e- 
pitre  aux  Hebreux  que  saint  Clement  avoit  inseres  dans 
sa  lettre  aux  Corinthiens ,  n'ose  pas  dire  toutefois  que  ce 
saint  pape  ait  compose  celle  qui  est  adressee  aux  Hebreux : 

eccl.  Ti;  St  c  ff  aij^ct;  ttv  s-toroXiJrv,  to  ulJv  iXr.Oe;  ©eb;  cl^rv,  %  Si  eu;  riAOC  <pOd- 
oao*  iff-ropia  Itko  t'.vmv  u.£v  XE-yivrwv  oti  IQr^an?  6  •'pr.vo'p.Evc;  Iitiotccitc;  Pouaiuv 
£-ypat{/£  -rh  eiTt(rro).T,v,  uiro  twojv  ^e  OTt  Avjy^SL;  6  "i^d^au;  to  euayysAicv,  xal  to? 
1730451;.  Et  un  peu  plus  haul:  E-jto  Si  aTTC9awou.»vc;  s'tvoiu.'  iv,  cti  Ta  jjisv 
voTaotTa  TC'j  A7TC<rTC/cu  iazh,  r,  SI  osast;,  xat  r  ffuvfleot;  a7rc(Avr,u.cv£U(T»vT5'; 
two;  toc  dicGOToXixa,  xat  etoxEp  cxoXicypa^iffot'/TO^  ri  tipujuva  urcb  tgu  <J'i^tt<rxa- 
Xcu. 

*  Idem  ibidem  :  Oi  Sk  tov  RXxjAEvTa  toutcv  airbv  lpfiTrȣt3(iai  Xe'-ycudi  viy 
-jrpacpT.v.  O  xal  [xoXXo'tf  e'r,  av  i>.rfiii  to  tov  ou-cicv  tt;  9paa£&>;  x*p**'"i?*  "^  '^ 
Tcu  K).T.p.cVTO?  eiTKrrcXTr*,  xal  tt<  ■ttjo;  Eopaicu;  aTrcdu^eiv.  —  *  Hieronym .  in 
Catalogo,  voce  Clemens.  Eiiseb.  Hist.  eccles.Jib.  lu.  cap.  38.  Ev  -rr,  wfb; 
KcptvBio'jjjTTi;  TTfb;  E6pa:0'j;  izuj.k  vcxjAaTa  napaOEt; ,  fiSr,  Sk,  xal  aoToXe^Et 
priTci;  Tta".  i^  aurjj;  xfr.'ji^i.vtci,  tjcL^iTrcnx  raps(TTr,ot  on  (xt  vjov  uirapxet  to 
a\rY{fOiu.u.x.  Vide  Clem,  epist.  paragr.  17.  36.  43.  58. 


200  PREFACE 


il  temoigne  seulemenl  qu'on  lui  imputoit  de  I'avoir  tra- 
duite  de  I'Hebreu  en  grec'.  Mais  nous  esperons  renverser 
celte  opinion  par  son  fondement ,  en  faisant  voir  que  i'e- 
pitre  aux  Hebreux  ne  fut  jamais  ecrite  en  hebreu.  A.  I'egard 
de  la  ressemblance  du  sLyle  ,  elle  ne  paroit  pas  assez  sen- 
sible pour  pouvoir  en  interer  que  ces  deux  epttres  soient 
du  meme  auteur^.  11  est  vrai  que  saint  Clement  a  copie 
quelques  passages  de  I'eptlre  aux  Hebreux ,  sans  la  citer  ; 
mais  souvent  il  en  use  ainsi,  de  meme  que  saint  Polycarpe 
et  saint  Ignace  :  ils  emploient  les  paroles  des  apolres  et  de 
notre  Seigneur,  comme  si  c'ctoient  leurs  propres  expres- 
sions ,  soit  qu'ils  le  fassent  pour  orner  leurs  discours  ,  soit 
pour  donner  du  poids  a  leur  raisonnement.  De  plus  ,  tou- 
tes  les  circonstanccs  qui  se  remarquent  dans  cette  epttre 
ne  conviennent  nullement  a  saint  Clement,  lequel  d'ail- 
leurs  n'a  jamais  passe  dans  I'Eglise  pour  un  esprit  inspire  , 
au  lieu  que  I'auteur  de  cette  epitre  a  ete  regarde  comme 
tel  des  le  commencement  du  christianisme. 
Opinion  de      Les  peres  qui  paroissent  les  plus  favorables  a  saint  Cle- 
cevixquiont    nient  n'ont  pas  ose  la  lui  attribuer  absolument :  ils  par- 
auribue  ceue  jgj^j.  aygc  doute ;  ils  reconnoissent  que  plusieurs  la  don- 
dpilre  i  saint        •      .  v       .       ,    '      ,  ^        *  •        t  '      •. 

j^m;  noient  a  saint  Luc ,  les  uns  croyant  que  saint  Luc  en  etoit 

le  veritable  et  premier  ecrivain ,  et  les  autres  qu'il  n'en 
etoit  que  le  traducteur ,  ou  au  plus  que  le  secretaire  ,  qui 
rendoit  en  grec  d'un  style  plus  pur  et  plus  poli  ce  que 
saintPaul  lui  dicloit  d'une  maniere  raoins  elegante  et  moins 
correcte.  On  fait  aussi  vnloir  ici  la  conformile  du  style  ;  et 
on  ajoute  rattachement  de  saint  Luc  a  saint  Paul ,  et  la 
confiance  de  saint  Paul  en  saint  Luc ,  comme  des  motifs 
propres  a  persuader  qu'il  est  au  moins  traducteur  de  cette 
piece, 

Mais  de  toutes  ces  raisons  ,  celle  de  la  ressemblance  du 
style  est  la  seule  qui  merite  qu'on  s'y  arrete.  Or,  on  irouve 
sur  cela  bien  de  la  diversitc.  Saint  Clement  d'Alcxandrie^ 
croyoit  y  voir  les  memes  caracleres ,  le  meme  gout ,  la 
meme  couleur,  comme  il  parle ,  que  dans  les  ecrits  de  saint 


^Euseb.JIist.  eccl.  I.  iii.  c.  38, — ^ Spanheim.  de  Auctore  epist.ad  Hehr. 
parle  i.e.'].  n.  7.  8.  • —  "^  Clem.  Alex.  lib.  hypotypos.  apud  Euseb.  Hist. 


7r,aTt  Tvi;  £~iCT<j?.r)?,  >c(/.;  rwv  vrf  a^srov. 


sun  l'epitrk  alx  h^breux.  aoi 

Luc.  Grotius*  trouve  dans  I'epkre  aux  Hebreux  plusieurs 
manicrcs  de  parler  qui  sont  familieres  a  saint  Luc ;  et  quoi- 
qu'il  avoue  que  cette  epitre  est  d'un  style  beaucoup  plus 
releve  que  I'Evangile  et  les  Actes,  il  reraarque  que  saint 
Luc  n'est  pas  toujours  egal  dans  son  style ,  et  que  dans  les 
endroits  ou  il  peut  donner  un  pen  plus  de  liberte  a  son 
discours,  comnie  quand  il  n'est  pas  contraint  de  rappor- 
ter  les  propres  paroles  de  Jesus-Christ,  etqu'il  s'abandonne 
a  son  genie,  il  est  beaucoup  plus  eloquent.  Erasme^  re- 
connoit  aussi  dans  I'epitre  aux  Hebreux  le  meme  style  ou 
un  style  fort  approchant  de  celui  des  Actes  des  apotres  : 
Et  Lucas  quid£m  ipse  in  Acds  apostolicis  parum  abest  ab  hu- 
jiis  epistoUe  eloquentia.  Malgre  tout  cela,  il  n'ose  I'attribuer 
a  saint  Luc  ;  il  aime  niieux  la  donner  au  pape  saint  Clement : 
Admodam  probabile  est  quod  subindicavit  D.  Hieronymus  , 
Clevientem  ,  Romanuni  pontijiccm  a  Petro  quartum ,  auclo- 
rem  kujiis  epislolcejuisse.  Mais  Grotius  va  plus  loin ;  il  ne 
se  contente  pas  de  dire  que  saint  Luc  I'a  traduite  ,  ou  qu'il 
lui  a  donne  son  style  avec  I'agrement  de  saint  Paul;  il  veut 
qu'il  I'ait  composee,  et  envoyee  de  son  chef. 

Spanheim  pretend  au  contraire  que  cette  piece  n'est 
point  I'ouvrage  de  saint  Luc  ,  principalement  a  cause  de  la 
difference  du  style  ;  le  langage  de  saint  Luc ,  selon  lui ,  est 
plus  grec  que  celui  de  cette  epitre  :  Stylus  epistolce  a  dic- 
tione  et  phrasi  Luccb  magis  grcecanica  longissime  distat^. 
Jacques  Capelle  soutient  de  meme  qu'il  y  une  grande  dif- 
ference entre  le  style  de  saint  Luc,  et  celui  de  I'auteur  de 
la  letlre  aux  Hebreux  :  Cum  hujus  epistolce  stylus  stylo  Lucce 
sit  dissiniillimus*.  Apres  des  sentimens  si  opposes,  quel 
fond  peut-on  faire  sur  les  jugemens  des  plus  habiles  criti- 
ques touchant  la  pretendue  conformile  ou  difference  des 
styles? 

Venons  a  ceux  qui  I'ont  attribuee  a  saint  Barnabe.  Ter-     Opinion  de 
tullien  est  le  premier  auteur  de  cette  opinion  :  Extal  ^^  ceux  qui  ont 
Bamabce  litulus  ad Hebrceos^ .  Et  ce  qui  est  remarquable  ,  Lj^re^a  saini 
ilia  lui  atlribue  sans  temoigner  aucun  doule  ,  et  comme  Barnabe. 
si  c  eut  ele  le  sentiment  commun  de  I'Eglise  d'Afrique  ou 
il  eioit,  et  de  I'Eglise  romaine  qu'il  altaquoil.  Saint  Jerome 
en  plus  d'un  endroit*^,  et  apres  lui  saint  Philaslre  ,  eveque 

^Groi.  in  cpist.  ad  Ilebrceos,  prcef.—^Evasm.  sub  finem,  annot.  in  epist. 

adHebr.  —  'Spanheim  toco  citato',  pane  2.  c.  7.  etpavl.  3.  c.  n.  9.  10.  — 

Jac.  Capell.  prcef.  in  epist.  ad  Hebr.—'  Ten.  de  Pudic.  c.  10.— ^Hier. 


a02  PREFACE 


de  Bresse^,  rapporlent  la  meme  opinion,  mais  sans  I'ap- 
prouver.  Cameron^  enlre  les  modernes  en  a  entrepris  [a 
defense;  et  par  un  gout  assez  bizarre,  il  la  croit  la  plus 
probable  de  toutes. 

On  ne  fait  pas  valoir  ici  la  conformite  du  style.  On  rc- 
connoit  qu'il  y  a  bien  de  la  difference  a  cet  egard  entre 
I'epttre  aux  Hebreux  et  celle  qui  est  attribuee  a  saint  13ar- 
nabe.  Mais  comme  on  doute  que  cette  derniere  piece  soit 
de  saint  Barnabe  ,  on  ne  pent  en  tirer  aucun  argument  cer- 
tain dans  la  question  dont  il  s'agit  ici.  On  ne  pcut  pas  se 
prevaloir  non  plus  de  I'autorite  des  anciens.  Nul  des  peres 
grecs  qui  ont  vecu  avant  ou  apres  Tertullien ,  ou  de  son 
temps,  n'a  donne  a  saint  Barnabe  I'epitre  aux  Hebreux. 
11  n'y  a  aucun  fondement  de  cette  conjecture  ni  dans  la 
lettre  meme,  ni  dans  la  vie  de  saint  Barnabe  ,  ni  dans  I'His- 
loire  ecclesiastique.  On  ne  sail  d'ou  Tertullien  avoit  puise 
cette  opinion,  si  ce  n'est  peut-etre  qu'ayant  entendu  par- 
ler  d'une  lettre  de  saint  Bai  nabe ,  qu'il  ne  connoissoit  que 
de  reputation,  et  voyant  que  quelques-uns  contestoient 
celle-ci  a  saint  Paul,  il  se  sera  imagine  que  c'etoit  celle  de 
saint  Barnabe  :  peut-etre  sa  conjecture  etoit-elle  aussi  fon- 
dee  sur  ce  que  dans  Tune  et  dans  I'autre  on  se  propose  de 
prouver  I'abolition  des  ceremonies  legales  :  et  cet  auteur 
ayant  cnsuite  hasarde  cette  conjecture  avec  la  confiance 
quilui  etoit  assez  ordinaire,  elle  a  ete  recueillie  par  d'au- 
Ires ,  dont  elle  a  frappe  I'attention  par  sa  singularite  Quant 
aux  preuves  dont  Cameron  s'efforce  de  I'appuyer ,  elles 
sont  si  peu  solides ,  qu'on  croiroit  perdre  le  temps  en  les 
rapportanl^. 
Opinioiis  do  Le  martyr  saint  Hippolyte*,  dans  son  livre  contre  les  lie- 
couY  qui  oni  resies ,  et  saint  Irenee  dans  Etienne  Gobar  Tritheite ,  cite 
iitiribue  celle  jg^s  Photius^,  disoient  que  Paul  ,  auteur  de  I'epttre  aux 
PaJincoiimi  Hebreux  ,  etoit  un  certain  Paul  different  de  I'Apotre.  Mais 
ou  a  Apollon,  on  ne  nous  donne  aucune  preuve  d'une  opinion  si  singu- 

in  Catalog,  in  voce  Paulas  :  Epislola  quasfertur  ad  Hebrceos,  non  Pauli 
preditur,  propter  siyli ,  sermonisque  distantiain ;  sed  vel  Barnabce  ,  juxta 
Tertullianum :  vel  Lucce  evangelistce,  juxta  quosdam;  vel  Clementis , 
Romance  postea  ecclesice  episcopi. 

'  Philast.hceres.  4 1 . — *  Camera,  qucest.  2.  inepist.  adHebr. — ^  On  peut 
les  Toir  refutees  dansSpanheim,  Tract,  de  Auct.  epist.  ad  Ucbr.  pait.  2.  c. 
8.  — ■  ^  Hippolyt.  lib.  contra  Jioires.  apud  Phot.  cod.  111.  As'-yei  81  aXXxri 
Ttva  dcjcpiSsia;  XeiTTo'aeva,  x.a.\  on  •«  Trpb;  ESpaiou;  imarolr,  oux  roii  aTvoffroXcu 
IlauXou.  —  *  Photius,  cod.  2  32.  IirTro'XuTO? ,  xal  Etpyivalo?  nov  itpo;  ESpat'ou? 
ETnaroXTiv  TlauXou  cujt  sxeivo'j  v.t%\  cpaot. 


SIH  l'^pItHB  AUX  HEBHEU\.  ftoS 

licrc.  Qui  etoitcc  Paul?  d'ou  etoit-il?  quand  vivoit-il?  Un  «"  *  8^'"* 
lioinme  du  merite  et  de  la  capacite  de  cet  ecrivain,  quel  ^l',"^*^',,*^"  * 
qu'ilsoit,  seroit-il  cnseveli  dans  roubli? 

Quelques-uns*  ont  altribue  celte  epttre  aApollon,  cc, 
Juif  converii ,  dont  saint  Luc  fait  une  si  honorable  men- 
tion dans  les  Actes*,  et  saint  Paul  dans  la  premiere  epiire 
aux  Corinthiens'.  C'etoit  un  homme  eloquent ,  savant  dans 
les  Ecritures  ,  rempli  de  zele  ,  et  en  fort  grande  reputation 
dans  les  Eglises.  Si  Ton  avoitdansl'antiquite  ecclesiastique 
de  quoi  appuyer  la  conjecture  dont  nous  venons  de  par- 
lor ,  il  n*y  auroit  peut-etre  aucun  homme  qui  meritat  mieux 
qu'on  lui  fit  honneur  de  cette  excellente  piece.  Mais  les 
auteurs  qui  la  lui  attribuent  sont  nouveaux ,  et  ils  n'ont  pas 
de  preuves  assez  solides  pour  oser  eux-memes  se  declarer 
affirmativementsur  cesujet;ilsn'euparlentqu'avec  doute, 
et  en  hesitant. 

Ceux  qui  I'ont  attribuce  a  Saint  Marc  "*  sont  encore 
moins  fondes.  Mais  ceux  qui  ont  voulu  la  donner  a  Tertul- 
lien  ^  sont  refutes  par  Tertullien  menie ,  qui  veut  en  faire 
Barnabe  I'auteur,  et  par  tous  les  anciens  qui  ont  vecu  avant 
Tertullien ,  et  qui  citent  cet  ouvrage  comme  un  monument 
du  temps  des  ap6trcs,  ou  comme  ayant  ete  ecril  par  saint 
Paul  mem c. 

Reste  a  examiner  le  sentiment  commun  des  Eglises  grec-      Sentiment 
que  et  latine,  qui  croient  aujourd'hui  unanimement  que  co™™"" '^*^* 
I'epitre  aux  Hebreux  est  I'ouvrage  de  saint  Paul.  Tout  con-    ^  'ses  grec- 
courl  a  nous  faire  embrasser  ce  sentiment;  I'autorite  deSquicroient 
anciens ,  les  caracteres  memes  de  cette  epitre ,  les  circons-  que  cette  epi- 
tances  de  la  vie  le  I'Apotre ,  et  enfinla  foiblesse  des  raisons  ^'"^  estl'ou- 
que  Ton  apporte  pour  I'atlribuer  a  d'autres.  Si  elle  n'est  p'^^°5  J^®*^" 
d'aucun  des  auteurs  que  Ton  vient  de  dire ,  il  y  a  toute  tiree  du  te- 
sorte  d'apparence  qu'elle  est  de  saint  Paul.  moignage  de 

1^  premiere  preuve  que  Ton  apporte  pour  notre  senti-  saint  Pierre, 
ment ,  est  I'autorite  de  I'apotre  saint  Pierre**,  qui^  au  ju- 
gcment  de  quelques  savans',  a  voulu  parler  de  I'epitre 
aux  Hebreux  dans  ces  paroles  de  sa  seconde  epitre ,  ecrite 
peu  de  temps  avant  sa  mort ,  et  plus  d'un  an  apres  celle 
aux  Hebreux  :  Paul  notre  Jirere  bien-aime  vous  a  ecrit  snr  ces 

'  Luther,  in  Genes,  xltiii.  20.  Bezaepist.  ad  Hebr.  —  *  Act.  xviii.  24- 
— ^  r.  Cor.  I.  12.  III.  4.  6. — ^ Quidam apud Spanheim,  loc.  cit. parte  i.c- 
<).  —  '  Quid.  apudSixt.  Sen.  Biblioih.  Z.  vii.  c.  8.  —  ^2.  Pelr.  lii.  14.  — ■ 
''Baron,  an.  66.  Pearson.  Oper.  posth. p.  58.  Spanheim,  alii. 


204  ■  PREFACE 

choses ,  suivant  la  sagesse  qui  lui  a  ete  communiquee ,  ainsi 
qu'il  le  fait  dans  loutes  ses  lellres ,  oil  il parlede  ces  mimes 
choses  y  el  dans  lesquelles  il  y  a  certains  endroits  difjiciles  d 
entendre  ,  auxquels  des  pcrsonnes peu  instruites  et  pen  cons- 
tantes  donnent  unfaux  sens ,  de  meme  qu'aux  aulres  Ecritu- 
res  , pour  leur propre  ruine^. 

Ces  ecrivains  trouvent  dans  ces  paroles  quatre  carac- 
teres,  qui  les  portent  a  croire  quesaintPierre  y  parle  de 
I'epitre  aux  Hebreux.  i*'  II  dit  que  saint  Paul  a  ecrit  aux 
memes  personnesque  celles  a  qui  ii  ecrit  lui-meme  :  Scrip- 
sit  vohis.  Or  ,  ces  personnes  sont  certainement  des  Juifs 
convertis  ,  corame  il  paroit  par  ces  paroles  du  ch.  in.  i.: 
Void  la  seconds,  lettre  que  je  vous  ecris,  comparees  a  celles- 
ci  du  commencement  de  sa  premiere  lettre  :  Pierre  ,  apo- 
tre  de  Jesus-Christ  ^  d  ceux  qui  ont  ete  choisis  ,  et  qui  sont 
disperses  hors  de  leur  pays ,  dans  les  provinces  du  Pont,  de  la 
Galatie ,  de  la  Cappadoce,  etc. 

2°  II  dit  que  saint  Paul  a  fait  paroitre  dans  cette  lettre 
la  sagesse  dont  il  est  rempli  :  Secundum  datam  sihi  sapien- 
tiam  ;  or  ,  la  sagesse  de  saint  Paul,  et  la  sublime  connais- 
sance  qu'il  avoit  des  secrets  de  Dieu  et  des  mysteres  de 
notre  religion  ,  ne  paroissent  nulle  part  ailleurs  avecplus 
d'evidence  que  dans  son  epitre  aux  Hebreux. 

3"  Saint  Pierre  dit  qu'il  y  a  dans  les  epitres  de  cet  ap6- 
tre  des  endroits  difficiles  a  entendre  dont  on  abuse  :  In 
quibus  sunt  qucedam  difjicilia  intellectu  ,  etc.  Et  il  y  a  aussi 
dans  cette  epitre  plusieurs  choses  difficiles  a  entendre,  dont 
les  esprits  mal  faits  peuvent  abuser,  et  dont  ils  ont  abuse 
en  effet  5  comme  par  exemple  ce  qu'il  dit  de  I'impossibi- 
lite  qu'il  y  a  que  ceux  qui  ont  ete  une  fois  illumines ^soient 
de  nouveau  renouveles  a  la  penitence  ,  etc. 

4:"  Enfin  ,  saint  Pierre  dit  que  saint  Paul  leur  a  ecrit  sur 
le  meme  sujet  que  lui :  Loquens  in  eis  ( epistolis)  de  his.  Or, 
saint  Pierre  dans  sa  seconde  lettre  exhorte  les  fideles  a  la 
purete  de  vie  ,  a  I'attente  des  jugemens  de  Dieu  ,  a  la  pe- 
nitence. Saint  Paul  traite  le  meme  sujet  dans  I'epttre  aux 
Hebreux  ^.  II  n'y  a  aucune  autre  de  ses  epitres  ou  il  traite 
ces  choses  ,  nulle  autre  a  qui  tous  ces  caracteres  convien- 
nent  ;  c'est  done  de  I'epttre  aux  Hebreux  que  saint  Pierre 

*  Nous  mellons  I'epitre  aux  Hebreux  en  I'an  63  de  I'ere  chr.  vulg. ,  et  celle 
de  saint  Pierre  en  I'an  65. — *  Hebr.  vi.  4.  6.  x.  26.  27.  xii.  i5.  16.  17.  — 
'  Hebr.  vi,  la.  x.  25.  et  seqq.  xii.  xin. 


suR  l'epItre  aux  hebreux.  2o5 

a  voulu  parler.  Car  ce  que  quelques-uns  ont  voulu  dire 
que  cette  epitre  de  saint  Paul ,  dont  parle  saint  Pierre , 
est  perdue ,  se  dit  sans  aucune  apparence  et  sans  aucun 
fondeinent. 

L'epitre  aux  Hebreux  a  un  caractere  d'autorite  qui  ne     Preuves  ti- 
peut  convenir  qu'a  un  ap6tre  ;  et  toulefois  elle  n'est  d'au-  r^del'opi- 
cun  de  ceux  qui  ont  ete  formes  iramediatement  par  Jesus-  V®  m^me 
Christ ,  mais  d'un  homme  instruit  par  les  apotres  ,  et  te-  ° 

moin  des  ceuvres  merveilleuses  qu'ils  avoient  faites  parmi 
les  Juifs  ,  pour  confirmer  la  verite  de  leur  predication  : 
^4b  eis  qui audierunl ,  in  nos  conJirmtUa  est  *.  Quelques-uns^ 
ont  voulu  inferer  de  ce  passage  que  saint  Paul  n'en  etoit 
pas  I'auteur ,  parce  que  partout  ailleurs  ^  il  paroit  fort 
jaloux  de  I'honneur  qu'il  a  eu  d'etre  enseigne  immediate- 
meut  par  Jesus-Christ  meme ,  duquel  il  declare  qu'il  a 
re^u  sa  mission,  non  pas  de  la  part  des  hommes,  ni  de 
la  part  des  autres  apotres.  Mais  on  doit  bien  distinguer 
ce  que  saint  Paul  a  recu  par  la  revelation  immediate  de 
Jesus-Christ ,  et  ce  qu'il  a  appris  par  le  canal  des  ap6tres 
et  des  disciples  qui  avoient  vuet  connule  Seigneur.  Jesus- 
Christ  lui  a  revele  les  principaux  mysteres  de  la  religion, 
et  les  verites  les  plus  importantes  du  christianisme  ;  mais 
pour  ce  qui  est  du  detail  des  actions,  des  maximes  ,  des 
miracles  de  notre  Seigneur  ,  des  circonstances  de  sa  mort 
et  de  sa  resurrection  ,  c'est  des  ap6tres  et  des  disciples 
qu'il  I'a  recu  immcdiatement. 

Uue  autre  preuve  que  cette  epitre  est  de  saint  Paul , 
c'est  la  promesse  qu'il  fait  aux  Hebreux  d'allerles  voir,  et 
de  mener  avec  luiTimothee  son  cher  frere  *, circonstan- 
ces qui  ont  fait  tant  d'impression  sur  I'esprit  de  quelques 
savans  critiques  ^,  qu'ils  ont  cru  qu'elles  suffisoientseules 
pour  lui  assurer  cette  epitre.  Il  y  fait  mention  de  ses 
liens  ,  comme  dans  toutes  celles  qu'il  a  ecrites  d'ltalie  ^. 

*  Hebr.  ii.  3.  — *  Qu/if  apud  OEcumen.  prcefat.  in  ep.  ad  Hebr.  fi  7:30? 
E'J?*i;v»;  £:Tt<rro>.r,  ^cxeT  asv  cjjc  eivai  HavXcj  8<.i  te  tov  xapax-rnpa,  jcat  to  avi 
TTSS-fpaGs'.-;  w;  sv  irraaji;  i>^ai;  -%:%  £iT'.(jTC/,aI;,  x-al  to  Xs-j'tiv  77a>;  Tu-=t;  sxq/£U— 
5ofic6a,  eic.  Vide  Calvin,  in  Heb.  ri.  3.  Grot,  alios,  ibidem.  —  ^  Galat.  i. 

-  r .  12.  Evangelium , quia  non  est  secundum  hominem  :  neque  enim 

ab  ftomine  accepi  illud,  neque  didici,  sedper  revelationem  Jesu  Christi. 

.  iJe  etEphes.  ni.  3.  et  i.  Cor.  xv.  i.  2.  3. — *  Hebr.  xiii.  23.  II  lui  donne 

aussi  le  nomde  frere,  i.Cor.  1.  i.Coloss.  1.  r.r  .TTiess.  in.  1.  etc. — 'Pearson, 

du  Pin,  Tillemont^Mille. — ^Uebr.  x.  34.  La  Vulgate  porte  :  Nai]i  et  vinctia 

iipassi estis  :  Vous  avez  eu  compassion  des  prisooniers.  Mais  le  grec  lit : 

'U»  avez  eu  compassion  de  mes  liens  :  Kxt  -yip  tiic  ^eapLoI^  a&aajwjaradwars. 


206 


PREFACE 


On  remarque  dans  cette  cpitre  ,  comme  dans  les  aulres  de 
saint  Paul ,  la  menie  metliode ,  la  meme  nianiere  de  citer 
et  d'inlerpreter  I'Ecriture ,  les  memes  allusions  el  applica- 
tions des  passages.  On  y  voit  regner  le  grand  dessein  dont 
il  etoit  rempli ,  et  qu'il  ne  perd  jamais  de  vue  ,  qui  est  de 
montrer  I'inutilite  des  ceremonies  legates  ,  1' abrogation 
du  sacerdoce  d' Aaron ,  des  sacrifices  sanglans  ;  1' abolition 
de  I'ancienne  alliance  ,  et  I'etablissement  de  la  nouvelle  ; 
la  duree  passagere  de  la  premiere  ,  etl'eternile  de  la  se- 
conde.  La  maniere  dont  il  conclut  celte  lettre  est  la 
meme  que  celle  qui  se  voit  dans  I'epilre  aux  Romains,  et 
dans  les  deux  aux  Thessaloniciens.  Lesvoeux  qu'il  fait,  les 
prieres  qu'il  demande  aux  Hebreux,  le  salut  qu'il  leur 
donne  ,  et  vingt  autres  particularites  qui  se  font  sentir  a 
ceux  qui  sont  accoutumes  a  son  style  ,  sont  aussi  des  preu- 
ves  capables  de  persuader  que  cet  ouvrage  est  de  lui. 
Preuve  liree  L'autorite  et  le  consentement  des  Eglises  ,  des  peres  et 
de  I'autorite  des  commentateurs  qui  donnent  cette  epilre  a  TApotre  , 
eidu  consen-  g^j^j.  gjjcore  un  des  plus  forts  arsfumens  dont  on  se  serve 

iciiicnl  Qcs  •  •  . 

pour  la  lui  attnbuer.  L'Eglise  grecque  a  toujours  ete  per- 
suadee  de  cette  verite  ;  si  I'Eglise  latine  a  balance  quelque 
temps  a  mettre  cette  epitre  parmi  celles  de  saint  Paul,  elle 
s'est  reunie  sur  ce  point  d'assez  bonne  heure  aux  peres 
grecs  ,  et  depuis  le  quatrieme  siecle  nous  voyons  sur  cet 
article  une  parfaite  conformite  de  sentimens  entre  Tune 
etl'autre  Eglise. 

Saint  Clement  d'Alexandrie  la  cite  souvent  sous  le  nom 
de  saint  Paul ,  quoiqu'il  suppose  qu'elle  ait  ete  traduilepar 
saint  Luc*.  Origene  ,  dont  nous  avons  rapporte  ci-devant 
le  temoignage ,  la  cite  assez  souvent  sous  le  nom  de  saint 
Paul  ^.  El  quoique  ailleurs  il  temoigne  quelque  doute  sur 
son  auteur,  il  avoue  toutefois  qu'elle  renferme  les  senti- 
mens de  cet  apotre  ;  que  si  quelque  Eglise  la  tient  sous  son 
nom,  elle  doit  conserver  cette  tradition  ,  car  ce  nest  pas 
en  vain ,  dit-il ,  que  les  anciens  I'ont  attribuee  d  saint  PauP. 
Eusebe  de  Cesaree  en  plus  d'un  endroit  se  declare  pour 
le  meme  sentiment*.  La  lettre  de  saint  Denis  d'Alexan- 


Eglises,des 
peres  et  des 
commenta- 
teurs. 


*  Clem.  Alex,  hypotypos.  apttd  Euseb.  Hislor.  cedes,  lib.  vi.  c.  14.  el 
Strom,  lib.  n.pag.  43o.  etlib.  w.pag.  5 14.  et  alibi.  — ^  Origen.  lib.  111, 
contra  Cels.pag.  143.  Philocal.  p.  17.  55.  Protrept.  adMart.  el  I.  de  era 
p.  89.  97.  99.  hom.  1.2.3.  4.  in  Cant.  Comni.  in  Joan.  p.  56.  58.  4  16.  e 
alibipassim. — ^  Oiigeii.  apudEuseb.  lib.  ti.  Hist,  codes,  cap.  5. — *  Eu- 
seb.  Hist.  lib.  m.  cap.  3.  et  32.  etalibi. 


i 


SUR  L  EPITRE  AliX  UEBREUX.  307 

drie ,  et  cellc  du  concile  d'Aiitioche  a  Paul  de  Samosatc  , 
cellc  d'Alexandre  eveque  d'Alexandrie  ,  saint  Athanase  , 
saint  Cyrille  de  Jerusalem  ,  saint  Basile ,  saint  Gregoire  de 
Nazianze,  saint  GregoiredeNysse,  saint  Amphiloque,  saint 
Epiphane ,  le  concile  de  Laodicee  ;  en  un  mot  tous  les  Grecs 
depuis  ceux-la,la  reconnaissentunanimement  comme  de 
saint  Paul'. 

Les  sentimens  des  peres  latins  ne  sont  pas  tout-a-fait  si 
uniformes.  Caius  ,  pretre  de  I'egUse  de  Rome  ,  qui  vivoit 
au  commencement  du  troisieme  siecle  ,  ne  reconnoissoit 
que  treize  epitres  de  saint  Paul ,  et  il  disoit  que  la  quator- 
zierae,  qui  est  celle  auxHebreux ,  n'etoit point  de  lui :  Epis- 
lolas  quoque  Pauli  tredecim  lantum  enumerans ,  decimam 
quartam ,  qua  fcrtur  ad  Hebraos  ,  dicit  ejus  non  esse^. 
Saint  Jer6me  ajoute  qu'encore  de  son  temps  les  Remains 
doutoient  qu'elle  fut  de  cet  apotre  :  Sed  et  apud  Romanos 
usque  hodie  quasi  Pauli  apostoli  non  habetur^.  Et  lorsqu'il 
cite  cette  epitre ,  il  temoigne  ordinairement  quelque  doute 
sur  son  sujet ,  en  disant ,  par  exemple  :  Si  toutefois  on  la 
recoit  comme  de  saint  Paul  :  Si  quis  tamen  ad  Hebrceos 
epislolam  suscipit ;  ou  bien  :  Quoique  plusieurs  des  Latins 
doulenl  qu'elle  soil  de  saint  Paul :  Licet  de  ea  multi  Latino- 
rum  dubitent  quit  scribitur  ad  Hebraos  *  ;  ou  enfin  :  Lisez 
I'epitre  de  saint  Paul  aux  Hebreux,  ou  de  quelque  autre 
que  ce  soit  a  qui  vous  aimiez  mieux  I'attribuer  :  Relege  ad 
Hebrceos  epistolam  Pauli  apostoli  ,  sive  cujuscumqu€  alterius 
earn  esse  putas^.  Cependant  lememe  pere,  dans  I'epitre  a 
Dardanus^,  dit  qu'elle  est  recue  comme  de  saint  Paul  par 
toutes  les  Eglises  ,  lant  de  lOrienl  que  de  la  Grece  ;  que 
si  quelques Latins  ne  la  recoivent  point ,  pourlui  il  declare 
qu'il  aime  mieux  la  recevoir,  et  s'attacher  en  ce  point  aux 
uicicns. 

Quoique  saint  Augustin  reconnoisse  "  que  de  son  temps 
quelques-uns  nioient  que  cette  epitre  fut  de  saint  Paul ,  et 
que  d'autres  craignoient  ^  de  Tadmettre  dans  le  canon  , 

'  On  peut  voir  les  temoignages  recueillis  dans  Spanbeim,  Ttnct.  de  ^uc- 
toreepist.  ad  Bebr. part.  i.  cap.  6.  Tillemont,  nole^a.  sur  saint  Paul,  Mill, 
prolog,  inepist.  adHebr. — *  Hieron.  catal.  de  Caio,  etEuseb.  I.  ti.c.  14. 
— °  Hieron.  in  Szech.wyiii. — ^ Idem,  in  Matt  xiti.  — '  Idem,  in  ep.  ad 
Tit.  cap.  II.  —  ^ Idem,  epist.  lay,  Hanc  epistolam,  qiice  inscrititur,  uid 
Hebrceos,  non  solum  ab  ecclesiis  Orientis,  sed  ab  omnibus  retro  ecclesiasli- 
cis  grceci  sermonis  scriploribus  ,  quasi  Pauli  apostoli  suscipi.  —  ^  -^ug. 
lib.  XVI.  de  Civil,  cap.  22. — *  In  ep.  ad  Rom.  Exposit,  inchoata,  pag.  g'ii. 


208  PREFACE 

parce  que  le  nom  de  saint  Paul  ne  s'y  trouve  pas  ,  toule- 
fois  il  dit  ^  qu'il  aime  mieux  suivre  Tautorite  des  eglises  d'O- 
rient ,  qui  la  recoivent  comme  canonique  ,  aussi  bien  que 
les  autres  epitres  de  saint  Paul.  II  la  cite  quelquefois  sous 
le  nom  de  saint  Paul ,  mais  plus  souvent  sous  le  simple  nom 
dUEpilre  aux  Hebreux. 

On  ne  trouve  aucun  pere  latin  dans  les  trois  premiers 
siecles  qui  I'ait  citee  expressement  comme  de  saint  Paul. 
Elle  est  alleguee  dans  quelques  ouvrages  faussement  at- 
tribues  a  saint  Cyprien ,  comme  dans  le  livre  des  OEuvres 
cardinales ,  et  dans  I'exposition  du  symbole ,  mais  jamais 
dans  les  ouvrages  incontestables  de  ce  pere.  Eusebe  de 
Cesaree  ^  dit  qu'encore  de  son  temps  I'Eglise  romaine  ne 
convenoit  pas  qu'elle  fut  de  saint  Paul.  Saint  Philastre  ^ 
dit  que  plusieurs  la  lui  contestoient  ;  mais  il  marque  cette 
opinion  comme  un  sentiment  heretique.  Saint  Isidore  de 
Seville  dans  son  ouvrage  des  Offices  ecclesiastiques ,  etRa- 
ban  Maur  dans  son  livre  de  la  maniere  d'elever  les  clercs, 
soit  qu'ils  copient  simplement  les  anciens ,  par  exemple 
saint  Jerome  ;  soit  qu'ils  nous  expriment  le  sentiment  de 
quelques  auteurs  de  leur  siecle  ,  assurent  que  plusieurs 
Latins  doutoient  encore  que  cette  epttre  eut  ete  ecrite  par 
I'Apotre,  a  cause  de  la  difference  du  style  :  Ad  Hebrceos 
epistola plerisque  Lalinis  ejus  esse  incerta  est , propter  disso- 
nantiam  sermonis. 

Voila  ce  que  Ton  peutapporter  de  plus  fort  contre  notre 
sentiment.  Mais  on  pent  opposer  a  ces  autorites  celle  de 
tous  les  peres  latins ,  depuis  les  quatrieme  et  cinquieme 
siecles ,  qui  I'ont  citee  comme  de  saint  Paul  * ;  par  exem- 
ple ,  saint  Hilaire ,  saint  Ambroise  ,  Faustin  pretre  romain, 
saint  Gaudence  eveque  de  Bresse  ,  Rufin  ,  saint  Paulin  ,  le 
pape  Innocent  i^'"  dans  son  catalogue  des  livres  sacres , 
Idace  ,  Bacchiarius  ,  Sedulius  ,  Cassien  ,  Cerealis  ,  Fauste 
deRies  /Victor  d'Utique,  saint  Gregoire-le-Grand ,  etune 
infinite  d'autres  ;  car  on  pent  dire  que  c'est  le  sentiment 
general  de  tous  les  peres  qui  ont  vecu  ,  et  des  conciles  qui 
se  sont  tenus  depuis  ce  temps-la. 

Quant  aux  modernes ,  nous   n'en  connoissons  qu'un 

^ De peccat.  metit.  lib.  i.  c.  27.  —  ^ Euseb.  I.  in.  Hist.  c.  38.  On  -{e.  ^t.^ 
Ttve;  •fiTibri^a-oi.  ty)v  Trpb;  E^patou;  irpb?  tt?  i*w{i.aiwv  exxXriffia;,  w;  p.yi  IlauXou 
ou<rav  auTVjv  avTiXs''j'£(i9atcp75(javTe?,  ou  ^txaiov  dpoelv, — '  Philasir.  hceres.  41. 
— *  Fide  apud  Spanheim,  Tract,  de  Auct.  epist.  ad  Hebr.  parte  i.e.  7. 


StR  L  EflTRK  ALX  HKBRLUX.  aOQ 

nvscz  pelil  nomhre  qui  aicnl  la-dessus  dcs  seniimcns  par- 
ticulicrs.  Grolhis  la  tloiine  a  saint  Luc  '  ;  Erasme  a  saint. 
Clement  papc  ^ ;  Luther  '  et  Beze  *  a  Apollon ;  Cameron  ^ 
a  saint  Barnabe.  Calvin  I'atlribue  a  saint  Luc ,  ou  a  saint 
Clement ;  Joseph  Scaliger  ^  a  nn  helleniste.  Louis  Vivez " , 
le  cardinal  Cajetan  '^  ,  Erasme  ,  Schmidt  ,  Tanegui  le 
Fevre^,  Saumaise '" ,  et  pcut-dlre  quelques  autres  out 
doute  qu'elle  apparllnta  saint  Paul.  Mais  qu'est-ce  que  ce 
petit  nonibre  de  critiques ,  en  comparaison  d'unc  foule 
d'ecrivains  de  tons  les  ages ,  de  toutes  les  societes  ,  de 
toutes  les  communions ,  qui  s'accordent  a  dire  qu'elle  est 
de  saint  Paul  ? 

11  n'est  pas  malaise  de  salisfaire  aux  objections  que  Ton     R^ponse  A 
fait  contre  le  sentiment  que  nous  venons  d'etablir  ;  el  on  Tobjection 
\  a  deja  en  quelque  sorte  repondu  dans  tout  ce  que  Ton  a  prisede  la  di- 
dit,  en  refutant  les  opinions  qui  lui  sont  contraires.  La  ^[lie.' 
principale  raison  de  nos  adversaires  se  tire  de  la  diver- 
site  du  style  de  cette  epitre^  comparee  a  celles  qui  sont 
indubitablement  de  saint  Paul.  Nous  ne  voulons  pas  con- 
tester  ici  cette  diversite  ;  elle  paroit  sensible  :  mais  saint 
Paul  n'a-t-il  pas  pu,  ce  qui  nous  arrive  tous  les  jours ,  di- 
versifier  son  style,  et  ecrire  dilTeremment  une  lettre,  un 
traite  ,  une  dissertation  ?  11  n'est  pas  bien  certain  si  cette 
piece  est  ime  lettre ,  ou  un  livre.  Elle  ne  commence  point 
a  la  maniere  des  lettres  ,  et  I'auteur  s'y  excuse  sur  la  brie- 
vete  de  son  ecrit  ".Si  c'est  un  livre,  il  est  assez  court ; 
mais  si  c'est  une  lettre ,  elle  est  bien  longue. 

De  plus  saint  Paul  n'a-t-il  pas  pu  employer  la  plume  dc 
saint  Luc  ou  de  saint  Clement ,  pour  donner  le  tour  a  cette 
piece  ,  et  pour  la  mettre  en  style  ''^ ,  comme  il  arrive  tous 
les  jours  que  Ton  fait  retoucher  ses  ouvrages  par  ses  amis, 
qui  y  refoiinent  certaines  manieres  de  parler  moins  correc- 
tes,  ou  qui  nous  avertissent  de  certaines  fautes  de  langage 
ou  d'exactitude ,  qui  echappent  aux  phis  attentifs?  Sans 
iaire  rienperdre  aux  sens  et  aux  penseesde  saint  Paul  dans 

'  Gix)t.  inepist.  ad  Hebr. —  *  Et-asm.  in  c.  xni.  ad Hebi-^ —  ^Lutlier.  in 
Gen.  XLvni.  20. —  *  Beza  in  episi.  ad  Hebr.  —  *  Cameron,  qu.  2.  in  epist. 
ad  Hebr. — *  Jos.  Scalig.  in  excerpt,  voce  Uellenisla. — 'Lud.  AVe;  in  lilt. 
XVI.  c.  11.  Aug.  de  Civil. — «  In  ep.  ad  Hebr. — '  Tanaq.  Fab.  I.  n.  ep.  14. 
— '**  Salmas.  de  Prim,  papce,  apparat.  p.  19.  —  "  Hebr.  xui.  22.  Eteniin 
perpaucis  .^cripsi  I'obis.  —  **  Origen.  apitd  Euseb.  Hist.  eccl.  I.  vi.  c.  25. 
Est.  inepist.  ad  Hebr.  quce.it.  2.  Eellann.  I.  t.  de  Verba  Dei.  c.  27.  Hy- 
peinus  prolegom.  in  ep.  ad  Hebr. 

%o.  li 


2IO  PREFACE 

ses  aulres  cpitres,  on  pourroit  sans  douLe  leur  donner 
beaucoup  plus  de  clarte  et  d'elcgance.  Pourquoi  ne  I'au- 
roit-on  pas  fait  dans  celle-ci  ?  Nous  ne  parlons  pas  de  I'opi- 
nion  qui  veut  que  1' Apotre  ayant  d'abord  ecrit  cette  lettre 
en  hebreu ,  elle  ait  ensuite  ete  traduite  en  grec  par  quelque 
autre.  Nous  allons  faire  voir  que  ce  sentiment  est  insoute- 
nable. 

Spanheim,qui  a  travaille  fort  au  long  sur  ce  sujet,a 
montre  que  cette  diversite  de  style  n'estpas  si  grande  qu'on 
sel'imagine,  et  que  Ton  rencontre  encore  dans  cette  epttre 
un  tres  grand  nombre  d'expressions  paralleles  a  celles  qui 
se  voient  dans  les  autres  lettres  de  saint  Paul ;  qu'on  y  voit 
ses  raisonnemens  ,  sa  methode,  ses  tours  memes^  et  ses 
hebraisraes ,  moins  frequens  a  la  verite  ,  et  moins  rudes  , 
mais  toutefois  assez  sensibles  pour  faire  comprendre  quelle 
est  du  meme  ecrivain  que  les  autres. 


ARTICLE  II. 

En  quelle  langue  cette  ^pilre  a-l-cUe  el&  Scrite  ? 

Opinion  de  '^  y  ^  deux  sentimens  divers  sur  ce  qui  regarde  la  langue 
ceuxquiont  en  laquelle  cette  epltre  a  ete  ecrite  :  les  uns  soutiennent 
pretendu  que  qu'elle  a  ete  ecrite  en  hebreu ,  et  les  autres  en  grec.  Saint 
cette  lettre  Clement  d'Alexandrie  * ,  Eusebe^,  Theodoret^ ,  un  auteur 
Ecrite  en  he-  8^^^  dans  OEcumenius  * ,  saint  Jerome  ^,  et  quelques  nou- 
breu.  veaux^,  conjecturent  que  saint  Paul  ecrivant  a  des  Juifs, 

^Clem.  Alex,  hypolypos.  apudEuseb.'l.  vi.  c.  14.  Hist.  eccl.  fi  Tupoc  E€- 
paiou;  iTiiaxoXri  IlauXcu  [xe'v  eari.  repaTVTat  $&  feSpatoi?s6pai)C'^  (fiMvvi.Aouxa?  Si 
^iXoTt[J.M;  auTTiv  u.£6ep[i.viveuaa?  e^l(5'«)4£  toi;  EXXr.at. — ^  Euseb.  Hist,  in.  c.  38. 
fegpaiot;  -j'ap  Sik  tt;  ivaTpiou  '^\MTTn(;  i-^'^^'X(f<>i<;  MpLtXYUtOTO?  tou  IlauXou  oi  jxev 
Tov  Eua'Y'ysXiaTyiv  Aouicav,  ol  Si  ^li  tov  RXTjAswa  toutov  auTov  epjAriVeuffai  Xs- 
■voufft  T7)v  'Ypa«pviv.  O  -/.aX  |i.aXXov  ei-fl  av  alribkt;,  to  tov  ojaoiov  tt)?  cppaasw?  ya.- 
paxTvipa,  Tviv  ts  tou  KXxp-evTO?  EinffToXxv,  xaiTYiv  7vpb;fe6pa(ou?  aTTOdwCetv.  — 
^  Theodoret.  prosf-  in  ep.  ad  Hebr.  rs'-ypacps  81  cdivh  tt!  feSpatwv  tpwvvi ,  Ip- 
uvivcu6vivat  8\  auTYiv  cpauiv  otco  KXTO|ievTo;.  — ^Anonym,  apud  OEcumen. 
prcef.  ad  epist.  Hebr.  tlpb^-Yap  fcSpaiou;  t^  acpwv  (S'taXejcTw  •ypacpsTaa,  uaTspov 
(i.eSepu.weuGwaiXs'YSTat,  w?  {asv  tivs;  utto  Aouxa,  w;  ^e  ol  ttoXXoI  utto  KX7i|xev- 
To;.  — '  Hieronym.  catalog,  in  voce  Paul.  Agobard.  ep.  adFredeges.  — 
®  Jmbrosiast.  Piimas.  Hay  mo.   Tena  piwlud.   4.  Riber.  Baron.  Albert. 


S«B  lVHItUE  \V\  HEUUEU.X.  '21  I 

Icuraeoritcn  Icurproprc  languc^  et  que  saint  Luc  ou  saint 
Clement  iraduisircnt  son  epilre  en  grec  :  delavient,  se- 
lon  saint  Jerome ,  qu'elie  est  pluseloquenlc  ct  mieux  ccrite 
que  ses  autres  leltres,  parce  que  comme  Juif  il  ecrivoit 
plus  polinienl  en  sa  langue  qu'en  une  langue  ctrangere ; 
et  que  saint  Luc,  qui  I'a  rendue  en  grec,  possedoit  celto 
derniere  langue  beaucoup  plus  parfaitcment  que  saint 
Paul.  Ainsi  d'un  ouvrage  bien  ecrit  en  hebreu  ,  il  eloit  na- 
turel  qu'il  fit  une  belle  traduction  en  grec.  On  ne  doit  done 
pas  s'elonner  si  cette  piece  se  trouve  d'un  style  assez  dif- 
ferent des  autres  letlres  de  I'Apotre.  Scripsit  tit  Hcbrceus 
Hebrceis  hehraice ,  id  est  Stto  eloquio  disertissime ,  ut  ea  qxicc 
Hoquenler  scripta  fucrant  in  hcbrao ,  tloquentius  verlcrenlur 
in  gracum  ,  et  hanc  cansam  esse  ^  quod  a  ceteris  Pauli  episto- 
lis  discrepare  vidcatnr,  C'est  ce  que  dit  saint  Jerome. 

L'original  Hebreu  de  saint  Paul  s'esl  perdu,  dit- on  , 
il'assez  bonne  heure ,  puisqu'aucun  ancien  ne  temoignc 
I'avoir  vu ,  ni  en  avoir  eu  connoissance  ;  mais  cela  ne  doit 
point  tropsurprendre^puisque  I'evangilede saint Mattbicu, 
si  respectable  par  une  infinite  d'endroits,  et  connu  par 
Origcne  et  par  saint  Jerome ,  qui  I'aToient  vu  et  consul  te, 
est  toutefois  absolument  inconnu  depuis  plus  de  douze 
cents  ans.  Ilpeut  en  etre  arrive  de  meme  a  I'epitre  dont 
nous  parlons.  La  traduction  grecque  que  Ton  en  avoit ,  et 
qui  etoit  faite ,  a  ce  qu'on  disoit  >  par  saint  Luc  ,  fut  cause 
qu'on  se  mit  moins  en  peine  de  conserver  Toriginal  he- 
breu ,  d'autant  que  presque  tons  les  Juifs  convertis  de  la 
Palestine  ,  et  tous  ceux  des  provinces,  parloient  commu- 
nernent  grec. 

Quelques  savans ,  comme  Vidmanslad  et  Guides  Fabri- 
cius,  qui  les  premiers  ont  fait  imprimer  le  Nouveau- Tes- 
tament en  syriaque  ,  se  sont  imagine  que  I'epitre  aux  He- 
breux,  que  nous  avons  aujourd'hui  en  cette  langue,  etoit 
l'original  de  saint  Paul ;  ils  supposcnt  avec  raisori,  et  per- 
sonne  ne  pent  leur  contester ,  que  saint  Paul  savoit  le  sy- 
riaque ,  qui  etoit  la  langue  des  Hebreux  de  Judee  et  de 
Syrie.  Mais  on  leur  conteste  que  ce  syriaque  que  nous 
avons  de  Tepitre  aux  Hebreux,  soit  l'original  de  saint 
Paul.  On  a  diverses  preuves  tirees  de  ce  texte  meme ,  qui 

Vidmanslad,  Guido  Fabricius,  Matlh.  Galenas,  Cornel.  aLapide,  qitidam 
Codd.  Gra^et  apud  Mill,  ad  calcent  hujus  epislola: ,  Tossan.  Zancliius  , 
Snlmas.  Hrllenistica,  parte  t .  alii pliires  apiid  Spnnhrim. 


2 1 2  PREFACE 


montrent  qu'il  a  etc  prissur  le  grec  ,  etque  cen'estqu'uiie 
\ersion  ,  mais  trcs  ancienne.  La  mcme  cpitre  aux  Hebreux 
se  trouve  aussi  imprimee  en  hebreu ;  mais  on  convient 
que  c'est  une  version  assez  nouvelle  ,  ct  faile  sur  le  grec. 
Le  sentiment  qui  veut  que  saint  Paul  ait  ecrit  celte  epi- 
tre  engiec  ,  est  moins  fort  en  aulorite  ,  mais  il  I'cmporle 
en  bonnes  raisons.  La  plupart  des  anciens  se  sont  laisse 
entrainer  par  I'autorite  cle  saint  Clement  d'Alexandrie , 
d'Eusebe  ,  et  de  saint  Jerome  ,  qui  ont  cru  qu'elle  avoit 
ete  d'abord  ecrite  en  hebreu.  Ce  denouement  leur  servott 
a  expliquer  la  diversite  du  style  ,  qui  a  toujours  ete  une 
raison  embarrassante  pour  ceux  qui  I'attribuoient  a  saint 
Paul.  Par-la  ils  sauvoient  toutesles  difficultes.  Saint  Paul, 
disoient-ils,  a  ecrit  aux  Hebreux  en  leur  langue  ;  cela  est 
naturel.  II  a  ecrit  plus  eloquemment  et  plus  poliment  en 
sa  langue  qu'en  une  autre  langue  ;  cela  est  specieux.  On 
trouve  dc  la  ressemblance  de  style  entre  cette  piece  et 
I'cpitre  dc  saint  Clement  pape  ,   et  les  Actes  des  Apotres  : 
cela  n'a  rien  d'incompatible  ,  saint  Luc  ou  saint  Clement 
I'ayant  iraduite  d'hebreu  en  grec. 
Rofuiaiion      Mais  quand  on  examine  tout  cela  de  plus  pres,  il  n'y  a 
nioTceife'    ^'^"^  ^®  l^'"*^  foible,  ni  de  moins  fonde.  Saint  Clement  d'A- 
leiireaeic      lexandrie  ne  parlepas  de  I'original  hebreu  de  cette  epttre, 
ecriieengrec,  commc  I'ayant  vu  et  connu.  II  n'en  parle  que  par  conjec- 
comraelepen-  ture.  Origene  \  qui  etoit  si  instruit  de  ces  matieres  et  si 
sent  aujour-    (.ypjg^x  des  vrais  originaux  hebreux  ,  n'a  eu  garde  d'en 
habiles  criti-  pai'ler.  II  reconnott  qu'elle  est  ecrite  en  grec  ;  et  pour  ce 
ques.  qui  est  de  la  difference  du  style  ,  il  s'en  tire   en  disant 

que  saint  Clement  ou  saint  Luc  I'ont  ecrite  sous  saint 
Paul ,  et  mise  en  leur  style.  Eusebe  et  saint  Jerome  n'ont 
pas  examine  la  chose  a  fond  ,  et  n'ont  pas  connu  I'original 
hebreu  de  cette  epttre  ;  ce  qui  fait  grandement  soupcon- 
ner  qu'il  n'existoit  point,  vu  leur  curiosile  ,  et  leur  atten- 
tion a  deterrer  ces  sortes  de  monumens.  L'evangile  he- 
breu de  saint  Mathieu  subsistoit  encore  de  leur  temps.  Ils 
en  parlent,  ilsle  citent ;  mais  non  pas  lapretendue  epttre 
hebfaique  aux  hebreux. 

Croire  que  les  Hebreux  de  la  Syrie  et  de  la  Palestine 

*  Origen.  apud  Eiissb.  I.  vi.  c.  26.  Hist.  eccl.  6  x,apa)CT7)p  ttj;  Xs^sw?,  t^i; 
TTobc  ESpaiou?  dTTioToXy);,  cu;c  e/^a  to  ev  Xo'-j'm  iiJtOTtJCOv  toO  ATrca-oAcu.  AXXa  ecTtv 
TQ  STTiaToXvi  duvOEdst  Tyj;  Xe'leo);  ^Kkf,•^v/.mx^aoL  m;  mc  h  eiriffTaaevc;;  y.pivetv  cppaatw? 
^wti^opa;  iji-oXoynidai  av. 


SI  R  I.'EPirRE  ACX.  H^BRELX.  Q  |  3 

auxquels'on  prelencl  que  cctte  lellre  etoit  principalement 
adressee,  ne  parloient  quhebreu  ,  c'est  se  faire  volontai- 
rement  illusion.  Le  grec  n'etoit  pas  moins  commuii  dans 
celle  province  que  I'hebren  *.  Et  si  I'on  suppose,  avec 
Spanheiin^,  qu'elle  etoit  adressee  aux  Hebreux  de  toutes 
les  provinces  d'Orient  ,  ii  y  aura  encore  moins  de  neces- 
sile  de  I'ecrire  enhebreu,  puisque  dans  tout  I'Orient,  oil 
il  y  avoit  des  Israelites,  on  parloit  grec  depuis  les  con- 
quetes  d'Alexandre-le-Grand  ;  et  la  plupart  des  Juifs  hcl- 
lenistes  qui  demeuroient  dans  ces  provinces  ne  savoient 
pas  memc  le  syriaque  ^.  Saint  Pierre,  saint  Jacques  et  saint 
Jean  ont  ecrit  aux  Hebreux  ,  de  meme  que  saint  Paul ;  et 
toutefois  ils  leur  ont  ecrit  en  grec;  pourquoi  done  saint 
Paul  ne  leur  auroit-il  pas  ecrit  en  la  meme  langue  ? 

On  s'imagine  que  saintPaul  savoit  beaucoup  mieux  I'bc- 
breu  que  le  grec.  L'hebreu,  dit-on  ,  etoit  sa  langue  natu- 
relle.  Nous  parions  toujours  mieux  notre  langue  naturelle 
qu'une  langue  elrangere.  H  y  a ,  ce  semble ,  dans  cette  sup- 
position deux  faussetes.  i"  Nous  pensonsque  la  langue  na- 
turelle de  saint  Paul  etoit  la  langue  grecque,  qui  etoit  celle 
que  Ton  parloit  a  Tarse  ,  capitale  de  Cilicie,  ville  celebre, 
qui  se  piquoit  alors  de  politesse  et  de  science  ,  de  meme 
qu'Athenes  ct  Alexandrie*.  SaintPaul  n'etoit  pas  ignorant 
en  grec.  II  avoit  lu  les  poetes.  L'obscurite  de  ses  epitres 
ne  vient  point  tant  de  I'ignorance  de  cette  langue  que  de 
la  vivacite  de  son  genie  ,  et  de  I'elevation  et  de  la  multi- 
tude de  ses  pensees.  II  ne  paroit  nullement  que  ce  soit  la 
langue  hebraique  qui  lui  ait  gate  le  style.  Cette  langue  au- 
roit  peut-eire  ete  plus  propre  a  le  rendre  clair  et  serre  ; 
la  langue  bebraique  ne  souffrant  point  ces  transpositions 
et  ces  renversemens  qui  rendent  souvent  son  grec  diffi- 
cile a  entendre.  INous  croyons  que  I'hebreu  etoit  plutdtsa 
langue  d'ctude  ,  et  le  grec  sa  langue  naturelle.  2**  11  n'est 
pas  toujours  vrai  que  nous  parlions  mieux  noire  langue 
naturelle  qu'une  langue  apprise  par  I'etude.  On  a  une  in- 
finite  d'exemples  du  contraire.  Ainsi ,  quand  on  avoueroit 
que  saint  Paul  n'a  su  le  grec  que  par  etude ,  il  ne  s'ensui- 
vroit  pas  qu'il  le  sut  etqu'ille  parlatplusmal  que  I'hebreu, 
que  Ton  supposeroit  etre  sa  langue  naturelle.  Ce  qui  con- 


^  Tain; lid.  MegiUa,fol.  7 1 .  coL  1.  et^.etin  Sola  ,fol.  » i .  col.  2 .  et  in 
Schekalim  per  3 .  halac.  2 .  —  *  Spanheim,  partie  i .  cap.  2 .  de  Auct.  epist. 
<id  Uebr. — -^  Hieronvm  procem.  inep.  ad  Galat. — *  Sti-abo,  I.  xvl. 


21*  PREFACE 

firmo  cette  scconclo  reflexion  ,  c'est  quo  saint  Paul  insiuue 
iui-meme ,  cc  me  semblc ,  que  I'hcbreu  etoit  sa  langue  na- 
lurelle ,  lorsqu'il  dit  qu'il  eloit  Hebraus  ex  Hebrceis^. 
Nous  avons  lait  remarquer  sur  cela  qu'il  y  avoit  alors  deux 
sortes  de  Juils  :  les  Juifs  helUnisles ,  qui  parloient  grec  , 
et  les  Juifs  hebreux  ,  qui  parloient  hebreu*  Ainsi  il  paroit 
que  I'hebreu  etoit  reellement  lalangue  naturelle  de  saint 
Paul;  mais  cela  n'empeche  pas  qu'il  ne  put  parler  tres  pu- 
rement  le  grec  qui  etoit  la  langue  de  sa  patrie. 

D'ailleurs  la  lecture  meme  do  cette  piece  nous  fournil 
des  preuves  qu'elleaete  originairement  ecrite  en  grec. 
On  y  voit  des  allusions  qui  ne  subsistent  que  dans  cette 
langue*.  Les  expressions  ,  le  tour,  le  style  sont  d'un  grec 
pur  et  original ,  et  nullement  d'une  traduction  ;  il  y  a 
moins  d'hebraisraes  ici  que  dans  les  autres  ecrits  de  saint 
Paul  ;  au  lieu  que  si  elle  avoit  ete  ecrite  originairement 
en  hebreu  ou  en  syriaque  ,  il  devroity  en  avoir  un  plus 
grand  nombre.  L'auteur  y  cite  les  Ecrilures  ,  non  selon 
I'hebreu,  mais  selon  la  version  grecque  ^  ;  et  il  fait  des 
raisonnemens  fondes  sur  la  signification  des  termes  grecs 
dans  le  style  des  hellenistes  ou  des  Grecs  ,  qui  ne  prou- 
veroient  rien  en  conservant  les  mots  hebreux.  Par  exem- 
ple  ,  les  Septante  traduisent  ordinairement  I'hebreu  TiH^, 
Jcediis  ,  alliance ,  par  8iaBriY.y\  ,  testamentwm  -  Ts'^'n  signifie 
une  alliance,  et  ^la-Briyy^  un  testament;  en  sorte  que  dans 
le  langage  des  hellenistes  conjirmer  le  testament  signijie  ^ 
confirmer  1' alliance.  L'auteur  de  cette  epitre,  sans  faire 
attention  a  la  signification  hebraique  de  nn:?,  prend  §ici.BY,r.r\. 
dans  le  sens  de  leslament ,  etfonde  sur  cela  un  grand  rai- 
sonnement ,  qui  n'a  nul  rapport  a  la  signification  iS' al- 
liance. Enfin  l'auteur  donne  des  inlerprelalions  des  noms 
hebreux  qu'il  rapporte  ,  par  exemple  ,  de  Melchisedech  *  ; 
et  il  n'auroit  pas  eulieu  d'expliquer  ainsi  ces  noms,  si  la 
piece  cut  ele  en  hebi*eu. 

Ceux  des  anciens  qui  ont  cru  que  cette  epitre  avoit  ete 
traduite  par  saint  Clement ,  sentiment  qui  est  devenu  le 
plus  commun  depuis  Eusebe  de  Cesaree,  n'ont  pas  ffait 
attention  que  saint  Clement  n'etoit  point  Hebreu,  et  qu'on 
n'a  aucone  preuve  qu'il  ait  su  la  langue  hebraique  :  du 


'  Philipp.  m.  5. — '  Hebr.  v.  8.  £[ji.a6cv  acp'  wv  i'ltotOe.  xi.  37.  Eirpiaflviaavy 
iicEipoujd^aav.  —  '  Vide  Ileb.  1,7.  et  n.  7.1V.  12.  etx.  6. — *  Hebr.  vu.  2. 


SUA  L'EPiTRE  4UX  B^BRKUX.  ai5 

niuins  les  anciens  supposenl  qu'il  etoit  Grcc  ou  Romain  ; 
ainsi  il  n'y  a  nulle  apparence  qu'il  ait  traduit  I'epitre  aux 
Hebreux  d'hebreu  en  grec.  Ceux  qui  luidonnoient  toule 
cette  piece  raisonnoient  plus  consequemment ;  mais  ils 
supposoient  un  fait  faux  ,  comme  nous  I'avons  niontre. 
Cette  lettre  est  sureraent  de  saint  Paul ,  et  elle  a  etc  ecrite 
en  grec,  comme  toutes  les  autres  du  merae  apotre.  C'est 
le  sentiment  d'Origene ,  et  des  plus  habiles  critiques  d'au- 
jourd'hui'. 


ARTICLE  III. 

En  quel  lieu ,  en  quel  temps ,  k  quelle  occasion ,  et  k  qui  cette  ^pltre  a-t-elle 

etc  icrile? 

Cette  lettre  a  ete  ecrite  avant  la  destruction  du  temple     En  quel 
de  Jerusalem  ,   comme  il  paroit  par  tout  ce  que  I'auteur  temps  et  en 
dit  des  pretres  et  des  sacrifices  de  la  loi.  Il  marque  assez  ^p-jre'a^i^^^^He 
qu'il  etoit  en  Italic  lorsqu'il  I'ecrivit ,  puisqu'a  la  fin  de  sa  ^t^  ecrite? 
lettre  il   dit  :  Les  frcres  d' Italic  vous  saluenl^.  Saint  Jean 
Chrvsostome  ^,  Theodore^,  le   manuscrit  alexandrin^,  et 
quelques  autres*^  croient  qu'il  I'ecrivit  de  Rome  ,   un  peu 
avant  ou  un  peu  apres  qu'il  fut  delivre  de  ses  liens.  D'au- 
Ires  pensent  que  ce  fut  plutot  dans  quelque  ville  d'ltalie. 
S'il  eut  ecrit  de  Rome  ,  il  n'auroit  pas  manque  den  dire 
nn  mot,  et  il  ne  se  seroit  pas  contente  de  dire  :  Lesjreres 
(t Italic  vous  saluent ;  mais  ,  Lesjreres  de  Rome. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  on  ne  doute  point  qu'il  ne  I'ait  ecrite  - 
dans  un  temps  ou  il  avoit  la  liberie ,  ou  du  moins  ou  il 
etoit  sur  de  I'obtenir  bientot ,  puisqu'il  promet  aux  Hebreux 
d'aller  les  voir  avec  Timothee ,  si  celui-ci  venoit  vers  lui 
assez  tot ;  et  qu'il  parle  de  ses  liens  comme  d'une  chose 
passee  :  Vous  avez  eu,  dit-il ,  compassion  demes  liens^ .  Nous 

^  Estius  prolog,  in  ep.  ad  Hebr.  Du  Pin,  Spanheim  de  Auct.  ep.  ad 
Hel)r.  part.  2.  c.  2.  Mill.  var.  led.  in  ep.  ad  Hebr.  Givt.  Pise.  Jac.  Capell. 
Ligf.  Hamm.  Le  Clerc.  alii plures. — -  Hebr.  xiii.  24. — '  Chrysost.  in  ep. 
ad  Rom.  prolog. — *  Tfieodoret.  prolo.  in  Horn.  MsTa  tou-t/j;  ESpaici^  ejvs- 
(TTtiXe,  xal  TcuTsi?  9i  -js  im  Puar,?.  —  *  MS.  Alex,  ad  calcem  hujus  episU 
Upb;  Bopsticu;  e^fotcpe  airb  ^^au-t^, — *  Capell.  append,  ad  hist.  Apost.  Span- 
heim, parte  2.  c.  k-n.  8.  Baron.  Blondet.   Usser.  —  '  Hebr.  x.  34.  Toij 


ca 


2'"  I'niilACK 

(  royons  done,  avec  Ic  plus  grand  nombre  des  anciens  et 
des  iiouveaux  conimcntateurs  ctchronologistes  '^qu'il  I'e- 
rriv'n  I'an  soixante-troisieme  de  Jesus-Christ  et  le  dixicme 
dc  1  empire  de  Neron  ,  lorsqu'apres  avoir  demeure  pen- 
dant deux  ans  a  Home  dans  les  liens  ,  sous  la  garde  d'uii 
soldat  qui  le  eonduisoit,  il  fut  enfm  renvoye  absous  par 
Neron.  II  I'ecrivit  peu  de  temps  aprcs  celles  aux  Philip- 
piens^et  a  Philemon  %  dans  lesquelles  il  fait  esperer, 
comme  dans  eelle-ci,  qu'il  ira  bient6t  voir  ceux  a,qui  il 
ecrit. 

A  qii  Uo  oc-  On  croit  qu'il  I'ecrivit  principalement  pour  consoler  les 
canon  ceiie  Hebreux  convertis  dans  les  persecutions  qu'ils  souffroient 
(^leccriie?  "*^ '"  pa^tcles  Juitsmcredules  ,  qui  lesalHigeoient  par  toutes 
sortcs  de  mauvais  trailemens  * ,  les  chassoient  et  du  temple 
et  des  synagogues^,  leur  ravissoient  impunenient  leurs 
biens  ,  et  les  reduisoient  a  la  derniere  pauvrete.  II  avoit 
aussi  apparemment  en  vue  de  les  consoler  de  la  mort  de 
leur  cveque  saint  Jacques  le  Mineur ,  qui  avoit  etc  precipite 
du  haut  du  temple  par  I'ordre  d'Ananus,  environ  un  an 
auparavant'^  ;  c'est  peut-etre  a  cela  qu'il  fait  allusion  par 
ces  paroles  :  Souvenez-vous  de  ceux  qui  vous  onl  gouvcmes  , 
el  qui  vous  onl  enseigne  la  parole  de  Dieu  ,  et  considerant 
quelle  a  etelajin  de  leur  vie,  imitet  leur  foi^.  Comme  il 
avoit  appris  aussi  la  part  qu'ils  avoient  prise  a  ses  liens,  il 
les  en  remercie^. 

Le  zele  dont  ilbrAloit  de  repandre  partoutla  lumiere  de 
la  verite,  et  la  forte  persuasion  ou  il  etoit  de  I'inutilite  des 
ceremonies  legales  ,  et  des  sacrifices  qui  se  faisoient  dans 
le  temple  ,  I'cngagent  a  parler  d'abord  de  la  grandeur  de 
Jesus-Christ  au-dessus  des  prophetes ,  des  anges  et  de 
i^Ioise  ;  cnsuite  il  etablit  la  vertu  de  son  sacrifice  et  de  son 
saccrdoce  ,  d'ou  il  infere  I'abrogation  du  sacerdoce 
d'Aaron ,  et  des  sacrifices  ordonnes  parlaloi.  11  montre 
aussi  que  les  prophetes  ayant  promis  une  alliance  nouvelle, 
(jui  devoit  succeder  a  I'ancienne ,  cette  alliance  n'est  autre 
(}ue  celle  dont  Jesus-Christ  est  le  mediateur,  et  qu'il  a 

*  Cluysosi.  et  Theodore t.  ptvlog.  in  epist.  ad  Rom.  Theophjl,  prolog,  in 
cp.  ad  Hebr.  BaJ'on.  Blondel,  Spanh.  Tillemont,  alii  passim.  — -  Philipp. 
I.  26.  Pei'mcum  adi>ejUum  ilerum  advos. — ^Philemon.  -^  22.  Pammihi 
Iiospilium:  nam  spero  per  oniliones  vestras  donari  me  vohis.  —  *  Hebr.  x. 
3a.  33.—'  Hebr.  xiii.  i3.— «  Hebr.  x.  3/|.— 'L'an  62  de  Jesus-Chrisl  i  la 
f^le  tlu  PAquo.  Voyez  Euscb.  I.  11.  c.  a3.  Hisl.  eccl.  —  '^  Hebr.  xm.  7.  -  - 
»  Hebr.  x.  34-  Grace. 


StR  L  EPITRE  AUX  IIEBRELX.  217 

sccllee  parson  sang.  II  proiive  la  nccessite  et  les  avantagcs 
de  la  foi ,  par  une  longue  induction  de  la  vi©  des  pairiar- 
ches ,  des  prophctes  ,  et  des  aulrcs  saints  de  I'Ancien  Tes- 
tament, dont  it  releve  le  meritc. 

Mais  comma  il  savoit  que  non-seuleraent  son  nom  etoit 
odicux  parmi  Ics  Juifs  qui  no  croyoient  point  en  Jesus- 
Christ  ,  mais  que  plusieurs  meme  du  nombre  des  fideles  de 
cette  nation  avoient  concu  de  facheux  prejuges  contre 
lui,  s'imaginant  qu'il  etoit  I'enncmi  de  la  loi  et  des  cere- 
monies ,  il  a  la  prudence  de  ne  pas  mettre  son  nom ,  ni  sa 
qualite  d'apotre  a  la  tete ,  ni  dans  le  corps  de  cette  epitre  * ; 
mais  il  propose  d'une  maniere  si  convaincante  les  verites 
qu'il  elablit ,  il  les  appuie  de  tant  de  preuves  ,  il  les  expose 
avec  tant  de  discretion ,  que  les  plus  entetes  et  les  plus  pre- 
vcnus  devoient  se  sentir  comme  forces  de  s*y  rendre.  De 
j)lus,  comme  il  n'etoit  point  propreraent  ap6tre  des  He- 
breux  ^ ,  il  jugea  a  propos  de  ne  pas  intituler  de  son  nom 
une  piece  qu'il  leur  ccrivoit  dans  la  vue  de  les  consoler , 
de  lessoutenir,  et  de  les  instruire.  Principium  salulalorium 
de  induslria  dicilur  omisisse,  dit  saint  Augustin  ,  ne  Judai 
quiadversus  eiivi  piignaciter  oblalrabant ,  nonune  ejus  ojfensi, 
rel  imviico  animo  legerent ,  vel  omnino  legere  non  curarent 
quod  ad  eorum  salulem  scripserat^.  On  peut  ajouter  avec 
quelques  peres ,  que  le  respect  souverain  qu'il  avoit  pour 
Jesus-Christ,  dontil  devoit  parler  dans  toute  cette  epitre, 
et  principalement  dans  le  premier  chapitre ,  ne  lui  permit 
pas  d'y  mettre  ni  son  nom ,  ni  sa  qualite  d'apotre  *. 

A  la  verite  quelques-uns  ^  on  pretendu  mferer  de  ce  que 
le  nom  de  saint  Paul  ne  paroit  pas  a  la  tete  de  cette  epitre. 


^  Clem.  Alex,  apud Euseh.  Hist.  eccl.  I.  yi.  c.  14.    Ou  Trpc-^^Ysairrai  <?« 
T-,  llauXc;  i7K'aTc).c;  cOcs'tuc.  E6f  aist? -yap  £-:n<rri'>J.wv  Tz^i't.r^u  eu.r,<px<ji  xar' 
auTiJ,  XXI  UTto-Trrj'jc'jai  auTOv  •    (rjvi-rw?  Tjavj  cux  vt  OL^yri  aTs'(TTSc({(cv  xutou;  to 
o/Cft*  Oicij.  Hieronym.  Catalog,  voce  Paiilus:  Quia  Paulus  scribebat  ad 
Ilebi-CEOs,  propter  invidiam  suiapud  eos  itominis  ,  tititlum  in  principio  sa- 
liitationis  amputavit.  Idem,   in  epist.  ad  Gal.  1.   TheodoreL  Ambrosiast. 
Chrysost.  prcef.  in  ep.  ad  Hebr.  etc.  —  *  Clem.  Alex,  apud  Euseb.  lib.  vi. 
cap.   6.  Hist.  eccl.  )i8r,8\  w;  d  aoxap ic?   e>.e-y£  KseoCuTcpcj,  e— ci   6   Kiipit; 
a:7c<rrcACC  «v  tij  Travrcxp xTcpc?  i:Tc(rrx>.Tj  '—pi;  feocxicu;  ,   S:ii  lisrsisTT-a  0 
nouXCr?  w;  iv  et^  ri  eSvy,  aTTSdray^ivc;  svx  £f-ypa9£i  eaurbv  fcSsatwv  aTrcffrcXov. 
— '  Aug.  exposit.  inclioata  in  epist.  ad  Rom.  n.  ti.p.  93  r. — *  Clem.  Alex, 
loco  cit.  TTtemiorct.  apiidOEcumen.  Aixttv  irpo^riv  Kuptcv  tijat."'  lOx  e-j-]ff*~ 
W'.  savTov.  Hieivnjm.  in  cap.  i.  ad  Galal.  Nonfuit  congruum  ut  ubi  Chris- 
tus  ajMsiolus  dicendus  erat,  etiam  Paulus  apostolus  poneretur.  —  *  Caj'et. 
Calv.  Erasm.  Grot.  Camera. 


ai8 


PREFACE 


qu'elle  n'etoit  pas  de  lui.  Les  anciens  sc  scrvoicntdQ  cetle 
raison  pour  la  lui  conlester  ^  D'autres  ^  ont  cru  que  le 
litre  en  etoit  perdu  ;  mais  sans  recourir  a  cette  exception , 
on  peut  repondre  avec  Primasius  ^ ,  en  retorquant  Targu- 
ment  contre  nos  adversaires  :  Si  Ton  conclut  qu'elle  n'est 
point  de  saint  Paul ,  parce  qu'elle  ne  porte  point  son  nom^ 
on  peut  en  conclure  de  meme  qu'elle  n'est  de  personne, 
parce  qu'elle  ne  porte  le  nom  d'aucun  auteur;  ou  plutot 
qu'elle  est  d'un  auteur  inconnu  et  sans  nom :  mais  nous 
avons  prouve  ci-devant  d'une  maniere  qui  doit  contenter 
les  lecteurs  non  prevenus,  que  cette  epitre  a  tons  les  ca- 
racteres  qui  peuvent  la  faire  donner  a  saint  Paul ;  qu'elle 
lui  a  ete  attribuee  de  tout  temps  par  I'Eglise  grecque  ,  et 
dcpuis  le  quatrieme  siecle  par  I'Eglise  latino  ;  il  faut  done 
la  lui  attribuer,  encore  qu'elle  n'en  porte  pas  le  nom. 
A  qui  ceiie  La  plupart  des  anciens  *  et  des  nouveaux  commenta* 
«^|)Ure  a-i-el!e  teurs  ont  cru  que  cette  epitre  etoit  ecrite  aux  Juifs  de  Je- 
eit^<5truc?  rusalem  et  de  la  Palestine.  Le  nom  dLHebreuxlQxxr  con- 
vient  particulierement.  On  donne  aux  Juifs  des  autres  pro- 
vinces le  nom  d^ Hellenistes.  Quand  I'apdtre  promet  d'aller 
les  voir  ^ ,  il  y  a  toute  sorte  d'apparence  qu'il  I'entend  de 
ceux  de  la  Palestine,  et  en  particulier  de  Jerusalem  ;  car 
peut-on  dire  qu'il  promette  aux  Juifs  de  toutes  les  provinces 
de  I'empire  d'aller  les  voir?  Ce  qu'il  dit  ailleurs^  ,  qu'ils 
ont  souffert  avec  joie  le  ravissement  de  leurs  biens ,  les 
designe  aussi  particulierement.  Les  Juifs  convertis  eureni 
plus  a  souffrir  de  la  part  de  leurs  freres  en  Judee  qu'en 
aucun  autre  endroit  du  monde  ,  parce  que  leurs  ennemis 
y  etoient  plus  puissans  ,  plus  animes,  et  plus  interesses  a 
supprimer ,  s'ils  eussent  pu,  le  nom  de  Jesus-Christ. 

Mais  s'il  est  vrai,  comme  on  vient  de  le  dire,  que  saint 
Paul  ait  ecrit  principalement  aux  Juifs  de  Jerusalem  et  de 
Palestine,  comment  soutenir  I'opinion  que  nous  avons  pro- 
posee  ci-devant ,  que  saint  Pierre  parle  de  I'epltre  aux  He- 
breux  dans  celle  qu'il  ecrit  aux  Juifs  convertis,  disperses 
dans  les  diverses  provinces  de  I'Asie  ;  dans  la  supposition 


»'  *  T^ide  Atfuinas.  dialog,  i.  de  Trim't.  et  Theodoret.  prolog,  in  epist  ad 
Hebr.  ■ —  *  Ita  Gerhard,  et  Hyper,  in  ep.  ad  Hebr.  —  ^  Primas.  prcefat  in 
epist.  Pauli :  Si propterea  Paulinon  erit,  quia  ejus  non  habet  nomen  j  nee 
alicujus  est ,  quia  nullius  nomine  tilulatur.  Quod  si  absurtlum  est,  ipsius 
magis'credenda  est  quce  tanlo  doctrince  sucefulget  eloquio.  —  *  Chryaost. 
Theodoret.  Theophyl.  Ambrosiast. — *  Hehr.  xiii.  ii.—'^Hebr.x.  3i. 


SLR  b'EPtTilE  AQ^\  II^BRELX.  21 Q  *" 

que  TApolrc  uvoit  ecrit  aux  lu^ines  personnes  auxquelles 
saint  Pierre  lui-m^me  ecrivit  depuis? 

Pour  se  tirer  de  cette  difficulte ,  Spanheim  *  repond , 
i**  que  celle  epitre  aux  Hebreux  a  pu  etre  ecrite  aux  Juifs 
de  toutes  les  provinces  de  I'A-sie  ;  ce  qui  ne  nous  paroit 
nullcmenl  probable  ,  pour  les  raisonsque  nous  avons  alle- 
i;uees  ci-devant.  2''  II  ditque  l' Apotre  ecrit  principalement 
aux  Hebreux  de  la  Palestine  ,  et  que  c'est  aussi  a  eux  prin- 
cipalement que  s'adresse  la  promesse  qu'il  leur  fait  de  les 
aller  voir  au  plus  t6t ;  niais  que  cela  n'empeche  pas  que  son 
epilre  ne  se  soil  aussi  repandue  dans  les  provinces  aux- 
quelles saint  Pierre  ecrivit  plus  d'un  an  apres  ;  et  de  cette 
inaniere  il  a  pu  leur  dire  que  Paul  son  frere  bien-aime  leur 
avoit  ecrit  auparavant  avec  sa  sagesse  ordinaire ,  des 
choses  fort  diflQciles  a  comprendre ,  etc.  Et  c'est  ce  qu'on 
pent  repondre  de  plus  plausible  a  cette  objection,  qui,  mal- 
j^re  tout  cela ,  souffre  encore  assez  de  dilBcultes. 

il  est  remarquable  que  dans  cette  epitre  il  ne  parle 
qu'aux  simples  fidelcs  d'entre  les  Hebreux.  Il  ne  donne 
aucun  avis  aux  superieurs  *.  11  prie  seidement  les  Hebreux 
de  sa'.uer  de  sa  part  ceux  qui  etoicnt  a  leur  tete  ,  de  con- 
server  pour  eux  beaucoup  de  respect ,  de  leur  rendre  une 
parfaite  obeissance  ,  d'imiter  leur  bonne  conduite  et  leur 
Kox,  et  de  faire  en  sorte  qu'ils  s'acquittent  de  leur  devoir 
avec  joie.  C'est  sans  doute  par  un  trait  de  sa  sagesse  et  de 
sa  raodestie  qu'il  ne  voulut  pas  s'eriger  en  maitre  envers 
les  cliefs  de  I'Eglise  de  Jerusalem,  qui  etoient  ou  des 
apotres ,  ou  des  disciples  iramediats  de  Jesus-Christ ,  gens 
sur  qui  il  n'avoit  aucune  autorite. 

11  est  bon  de  remarquer  aussi  que  plusieurs  anciens  ma-    Kang  qui  lui 
nuscrits',  et  presque  tous  ceux  qu'avoit  vus  saint  Epi- ^' J*""?^.^"" 
phane*,  que  Theodoret ,  I'auteur  de  la  Synopse  sous  le  j^^^^^^^j^J^ 
nom  de  saint  Athanase ,  Euthalius ,  le  manuscrit  alexandrin, 
et  un  autre  de  la  bibliotheque  de  Coislin  ^ ,  qui  est  tres 
ancien ,  et  que  Ton  croit  etre  du  cinquieme  ou  sixiemc 
siccte,  sans  parler  de  beaucoup  d'autres  ,  mettent  cette 
epitre  immediatement  apres  la  seconde  aux  Thessaloni- 
ciens.  II  n'est  pas  aise  de  donner  la  raison  de  cet  ordre. 
Quelques-uns**  ont  cru  que  c'eloit  afiu  de  mettre  tout  de 

'  Spanheim  de  Auct.  ep.  cdHebr.  parte  \.  c.  i.n  8.9.  —  '  Hebr.'xiii. 
17.-24.  — ^  ^lex.  peu't.  3.  Roc.  2.  Colb.  7.  Tres  MSS. penes  Bezam,  et 
Cod.  ag.  Bibl.  Coislin. — *  Epiphan.  hceres.  \-i.  Marcionis.  —  '  Cod.  202. 
BibUoth.  Coislin —^  Beza,  Mill. 


2  30  PREFACE 

suite  lejs  epltres  qui  avoient  etc  ecriles  a  des  Ej^lises ,  et  tie 
les  separer  de  cellos  qui  ont  ete  ecrites  a  des  parliculiers. 
Theodorel  '  semble  croire  que  I'Eglise  I'a  mise  exprcs 
immediatement  apres  celles  aux  Thessalonicicns,  pour 
niontrcr  qu'elle  la  recoit  au  nombre  des  canohiques  et 
des  vrais  ouvrages  de  saint  Paul.  11  accuse  les  ariens  de  Ten 
avoir  separee,  et  de  I'avoir  mise  apres  celles  a  Tile  et  a 
Philemon  ,  comme  pour  s'autoriser  a  nier  son  authenlicite, 
et  pour  I'oter  a  saint  Paul. 


ARTICLE  IV. 

De  I'authenticit^  et  de  la  canonIcil(5  del'c^pitre  aux  H^breux. 

Auiheiukiu^        D'apres  ce  que  nous  avons  dit  ci-devant  de  Tauteur  de 

intrinsequc     cclte  epitrc  ,  que  nous  avons  tache  d'assurer  a  saint  Paul, 

deceticepi-    j|  gst  aise  de  decider  la  question  proposee  ici ,  si  elle  est 
ire,  prise  de    .         .    ,  .  ^  ^  r   .  '       .  ,  v       . 

rinspiration    ^^ispirce  et  canonique.  Personne  n  a  jamais  conteste  a  sanit 

desonauieur.  Paul  la  qualite  d'auteur  inspire  ;  et  ceux  qui  ont  voulu  nier 
I'authenticite  et  la  canonicite  de  celte  epttre  ,  ont  com- 
mence par  soutenir  qu'elle  n'ctoit  pas  de  saint  Paul ;  c'est 
ce  que  pretendoient  les  ariens^  ;  ou  par  supposer  qu'elle 
etoit  corrompue  et  tronquee ;  c'est  ce  que  disoient  les  mar 
cionites^.  Saint  Clement  pape  ,  a  qui  quelques-uns  I'ont 
atlribuee ,  n'a  jamais  passe  pour  un  auteur  divin.  L'opi- 
nion  qui  I'attribue  a  saint  Luc  ou  a  saint  Barnabe  ,  n'est 
fondee  sur  aucune  bonne  preuve.  Si  done  cetteepitre  est 
fle  I'Apotre  ,  comme  on  I'a  montre  d'une  maniere  incon- 
testable, il  s'ensuit  qu'elle  est  inspiree  ,  el  d'une  autorite 
divine. 

A II ill 01) lie i  10        Mais  outre  cette  canonicite  el  celle  autorite ,  qu'on  pent  " 
oKiriosequc,    appelcr  intrinscqucs ,  elle  a  aussi  de  la  partdu  temoignage 

priSC  Qll  iC"  a.      1        1  >  •  1        1 » r^      1*  J  1   '     " 

inoi'^na"e  el     ^^  "^  ^  acceptation  de  1  Lglise  ,  lout  ce  qu  on  peut  desirer 
deraccepta-    d'autorite.  Les  Grecs  I'ont  toujours  reconnue  pour  cano- 

*  TJiiiodoret.  prcefat.  in  ep.  ad  Heb?'.  ©auaadTOv  ourS'sv  ^'pwai  oi  nfiv  Apst- 
aviXTjv  £i(i(5'£?a(A£VGt  vc'a&v,  xara  twv  aTCoaroAauv  '/uttwvtsi;  'ypai^.f/.aTwv,  xai 
Tf;v  irpoc  feopai&u;  stckitoXviv  tuv  Xootwv  (XTVoxpivovTSi; ,  y.a\  vo'Oov  Taurr,v  (XTroxa- 
X&uvre?. — -f^ide  J'heodoiel.  prcefat.  in  episl.  adHebr.  —  ^  Epiphan.  ha^rei. 
4a.  Hieivnym.  procem.  in  epist.  ad  I'itum. 


SUR  L  EPITIIE  \V\  HECREUX.  21!  I 

nique  ,  et  Ics  Latins  ,  depuis  le  quairieme  et  le  cinquieme  t'ondeTE- 

siecle ,  Tont  recue  de  memc.  Saint  Clement  d' Alexaudrie' ,  p'ise.Temoi- 

OriffcneS  Eusebe  \  les  lettres  de  Denvs  d'Alexandrie  ,  ^"^?.  ^' ''*;" 
*?*.,,.'.,       V  „,,      c    '  II  ceplalionsde 

et  du  concile  u  Antioche  a  Paul  de  bamosate  ,  la  lettrc  FEglise  grec- 

d'Alexandre  d'Alexandrie  au  concile  de  Constantinople '',  que  des  les 

saint  xVthauase  ^,  saint  Cyrille  de  Jerusalem '',  le  soixan- P'"*^™'*^''®  ^"^" 

tienie  canon  du  concile  de    Laodicee  ,    saint  Epiphane",  ^  *^^,*^,  '^"? 

r.      •!    «        .       ^     ,       .        1     i»T      •  o         •       y-T  .       •       toule  la  suile. 

saint  Basilc**,  samt  Gregoire  de  Nazianze   ,  saint  Gregoire 

dh  Nysse  "*,  saint  Amphiloque '*,  saint  Gregoire  Thauma- 
turge '^,  Tite  de  Boslres^^,  saint  Ephrem  '^,  et  les  autres 
I'ont  admise ,  I'ont  citee  comme  Ecrilure  divine  ,  et  ont 
lueme  regarde  corame  heretiques  ceux  qui  la  rejetaient. 

Theodore  *^  reproche  aux  ariens  de  rejeter  cette  epi- 
Ire  ,  contre  I'autorite  de  I'EgUse  qui  I'avoit  recue  de  son 
temps  comme  de  saint  Paul ,    et  contre  le   temoignage  t 

d'Eusebe  nieme  ,  qu'ils   regardoient  comme  le  patron  de  T 

leurs  dogmes  ,  et  qui  I'avoit  citee  comme  de  saint  Paul 
etcanonique.  Saint  Jerome  ^''  temoigne  aussi  qu'elle  etoit 
reconnue  comme   canonique  par  toutes  les  egliscs  d'O-  ' 

rient ,  et  par  tous  les  peres  grecs  :  Illiul  noslris  dicendiivt  ,, 

est ,  hanc  epistoldm  qua  inscribiliir ,  Ad  Hchraos  ,   non  so-  \ 

lum  ab  ecjclesiis  Orir.ntis  ,  sed  ab  omnibus  retro  ecelesiasti- 
cis  gntci  scrmonis  scriploribus  ,  quasi  Paali  apostoli suscipi. 
Et  dans  un  autre  endroit  ^' ,  il  dit  nettement  que  tous  les  I  ^ 

Grecs  recoivent  I'epitre  aux  Hebreux  :  jE/jw/o/^z/m  ad  He-  \ 

hraos  omnes  Graci  recipiunt ,  et  nonnulli  Lalinorum. 

A  I'egard  de  I'eglise  latine ,  elle  a  balance  plus  long-  ,  Pariage  de 

temps  a  la  reconnoitre   comme  etant  de  saint  Paul  ,   et  a  ,  ^?^  ^  '.'**^ 
, ,    ,  r  .    ,       .    ,       '  dans  les  prc- 

1  admettre  dans  le  canon.  >[Ous  avons  cite   ci-devant  ce  miers siecles : 
qu  Eusebe  de  Cesaree  ,  saint  Jerome  ,  saint  Augustin  ,  Phi-  lemoignages 
lastre,  Isidore  de  Seville,  etRaban  Maur  ontecritsur  cela.  ^}  accopta- 
Caius  ,  pretre  de  I'eglise  romaine,  disputant  a  Rome  sous  **p°^j  ^^ 
Zephirin ,  en  2 1  o ,  ne  compte  que  treize  lettres  de  saint  depuis  les 

'  CUm.  Jlex.  apifd  Etiseb.  lib.  ti.  c.  i4.  Hisi.  eccl.  —  *  Origen.  apud 
Eitseb.  I.  VI.  c.  25.  Hist.  eccl. — ^  Euseb.  I.  jn.  c.  3a.  Hist  eccl. — *.Jpud 
Tlieodoret.  l.i.  c.  4.  Hist.  eccl. — *  Aihaiias.  de  Niccen.  Decret.  de  Synod. 

epist.  ad  Serapion.  etc.  — ®  Cyrill.  Jeixtsol.  catech.  4.  —  ^  Epiphan.  hoeres.  ':  ',. 

42.  et  39. — ^ Basil,  constit.  mon.  c.  aa.  et  alibi.  —  '  Nazianz.  cann.  34.  et  !p*! 

orat.  2r.  —  ^^  Nrssen.  de  Hypost.  t.  3.  p.  35.  —  *•  Amphiloch.  apud 
Greg.  Naz.  car.  ia5. — '-  Gi-eg.  Jltaumat.  Exposit.Jideiab.ein. — ^^  Tit. 
Bostr.  Comment,  in  Luc.  xiiii. —  **  Ephrem.  Syr.  de  virtutib.  et  vit.  pag. 
3i.  de  toimentis  injeriii  pag.  204  et  alibi. — "  Theodoi-et.  prcefot.  in  epist. 
adUebr.  —  '*  Hieron.  ep.  129.  ad  Dardan.  —  *^  Idem,  ep.  126.  adEva- 
gritm,  vel  Evangelium. 


22  2  PUEFACK 


quatrii^mcct  Paul ,  et  omet  cello  aux  Hebreux.  Le  commenlaire  giir 
cinquiemo  I'Apocalypse  aUribue_  a  saint  Yiclorin  ne  parle  pas  non 
siccles.  pj^^  jjg  celie  aux  Hebreux.  Le  faux  Ambroise  ,  ct  Pelage  , 

dont  on  a  des  commentaires  sur  les  epitres  de  saint  Paul , 
n'en  ont  point  fait  sur  celle  aux  Hebreux.  On  ne  la  trouve 
point  citee  dans  saint  Cyprien,  ni  dans  les  peres  latins 
des  trois  premiers  siecles.  Eusebe  '  dit  qu'encore  de  son 
temps  plusieurs  eglises  ne  la  fecevoient  point  comme  de 
saint  Paul. 

Saint  Jer6me^  recon  loh  que  la  coutume  des  eglises 
latines  ne  I'admettoit point  aunombre  des  Ecritures  cano- 
niques  :  Quod  si  earn  Latinoram  consuelndo  non  recepil  inter 
Scripturas  canonicas,  etc.  Et  ailleurs  :  L'Apotre  saint  Paul  a 
ecrit  a  sept  eglises  *.  car  la  huitieme  epttre ,  qui  est  celle  aux 
Hebreux  ,  est  mise  hors  du  canon  par  plusieurs  Latins^ 
Et  dans  son  commentaire  sur  Isafe  :  Earn  ladna  consuelndo 
inter  canonicas  Scripturas  non  reeipit^.  Et  dans  nn  autre 
commentaire  :  L' Apolre  parlant  de  Sioncl  de  Jerusalem,  si 
loutefois  la  lalinite  ne  rejelle  point  I'autorite  de  la  Grcce  dans 
I'epitre  aux  Hebreux ,  etc.  ^.  Du  temps  de  saint  Augustin  ^, 
plusieurs  craignoient  de  la  mettre  dansle  canon  des  Ecri- 
tures ,  parce  que  le  nom  de  saint  Paul  ne  paroissoit  pas  a 
sa  tete  :  Unde  nonnulli  earn  in  canonem  Scriplurarum  red- 
pere  timuerunt.  11  temoigne  dans  ses  livres  de  la  Cite  de 
Dieu ,  que  la  plupart  la  recevoient  comme  de  saint  Paul , 
et  que  d'autres  nioient  qu'elle  fut  de  lui''. 

Mais  le  meme  pere ,  dans  ses  livres  de  la  Doctrine  chre- 
tienne  ^ ,  compte  quatorze  epitres  de  saint  Paul ,  et  par  con- 
sequent admet  celle  aux  Hebreux  au  nombre  des  autres 
quisont  incontestables.  11  la  cite  partout  comme  canoni- 
que.  Le  concile  de  Carthage^  I'admet  dans  le  catalogue 
des  livres  sacres.  Saint  Jerome ,  qui  lui  paroit  quelquefois 
assez  peu  favorable ,  la  cite  souvent  comme  Ecriture  sa- 
cree  ,  et  il  declare  dans  sa  lettre  a  Dardanus,  qu'il  la  re- 
coit  ^",  suivant  en  cela  plulot  I'autorite  des  anciens  ,  que 
celle  de  quelques  Latins  de  son  temps ,  qui  ne  la  recevoient 


*  Euseb.  I.  VI.  0.  20.  Hist.  eccl.  —  ^  Hieron.  ep  129.  ad  Dairian.  — 
■^  Idem,  ep.  io3.  adPaulin. — *  Inlsai.  vni.  - —  '  In  Zachar.  viii. — ''Aug. 
exposit.  inchoata  in  ep.  ad  Rom.  n.  11.  ■ — ■  '  Aug.  I.  xvi.  de  Cii>.  c.  •!■.■?.. 
Quamplures  aposwli Pauliesse  dicunt;  quidain  vcro  negant.  —  ^  Aug.  de 
Doctr.  clirist.  lib.  u.cap.  8.  — ^  Concil,  Carth.  3.  c.  27. — '"///ip/wj.  fpist. 
129.  adDa}xlan. 


m 


Sl'R  l/EPirnE  A.UX  HEBRF.rX.  223 

pas  :  Nos  tamen  lUramqiu  (  Apocalypsin ,  et  epistolam  ad 
Hebraos  )  suscipimus  ,  nequaquam  hujus  lemporis  consuelu- 
fiiftem  ,  sed  veterum  scriptorum  aucloritatcm  sequentes  ;  qui 
plerumque  lUri usque  abutunlur  leslimoniis  ,  nonut  inlerdum 
de  apocrypkis  facere  solent ,  sed  quasi  canonicis  et  aposto- 
lic is. 

Depuis  le  quatrieme  et  le  cinquiemesiecles,  on  la  trouve 
tres  souvent  alleguee  par  les  peres  latins  ,  et  comme  de 
saint  Paul,  et  comme  Ecriture  canonique.  C'est  ainsi 
qu'elle  est  citee  par  saint  Hilaire*,  Lucifer  de  Cagliari*, 
saint  Ambroise*,  Rufin  *,  Salvien,  ^,  Cassien'',  le  pape  In- 
nocent I"  ecrivant  a  Exupere  ,  I'Ambrosiaster  sur  la  se- 
conde  epitre  a  Tite  ,  ch.  !«%  Phebade  ",  Victorin^,  et  les 
autres  que  Ton  a  deja  nomraes  ci-devant  dans  la  chaine 
de  la  tradition  des  peres  latins,  pourprouver  que  cette 
epitre  est  de  saint  Paul.  On  peut  ajouter  a  tous  ces  temoins 
les  conciles  et  les  auteurs  de  I'eglise  latine,  et  les  manus- 
crits  qu'ils  nous  ont  donne  des  catalogues  -des  Ecriture^ 
canoniques  ;  tous  ces  monumens ,  ces  conciles ,  et  ces 
ecrivains  metlent  tous  quatorze  epitres  de  saint  Paul. 

Mais  dans  les  premiers  siecles  memes  ,  nous  la  trouvons 
citee  comme  Ecriture  divine  par  des  auteurs  qui  ontecrit 
dans  rOccidenl.  Par  exemple,  saint  Clement  pape  em- 
prunte  souvent  des  expressions  et  des  passages  dc  cette 
epitre  ,  quoiqu'il  n'en  nomme  pas  I'auteur.  Saint  Irenee 
s'en  sert  dans  ses  livres  contre  les  heresies^.  Tertullien  '" 
la  cite  de  meme  ,  quoique  dans  un  autre  endroit  il  I'at- 
tribue  a  saint  Barnabe.  Novatieu  emprunte  aussi  son  au- 
torite  dans  son  livre  de  laTrinite ,  ch.  xv.  Etienne  Gobare  ' ' 
n'excepte  que  saint  Hippolyte  et  saint  Irenee,  du  nombre 
de  ceux  qui  ont  admis  I'epitre  aux  Hebreux  ;  il  met  saint 
Clement  pape  et  Eusebe  au  nombre  de  ceux  qui  la  recon- 
noissent  comme  de  saint  Paul.  Or,'on  a  vu  que  saint  Irenee 
la  citoit  comme  Ecriture  canonique.  Les  ariens memes  ne 


'  Hilar.  I.  it.  de  Trinit.p.  21,  —  '  Lucif.  Calarit.  de  non  conveniendo 
cum  hcereticis. — '  Ambros.  de  fide  adGratian.  Ub.  1.  cap.  4.  etc. — *  Ru- 
Jin.  exposit.  Symboli,  apud  Cyprian.  —  *  Salvian.  l.iy.  ad  Eccles.  catJtoL 
— ^Cassian.  collat.  i.e.  14. — '' Phcebad.  lib .  contra  Jlrianos. — ^  P'icton'n. 
Afer adi>ersus  Arium ,  I.  i.  2.  ettract.de  Homous.  —  '  Iren.  1. 11.  c.  55.  et 
l.Vi.c.ii.  24. — "*  TertuU.  contra  J  udceos,  c.  2.  etconlra  Marcion.  I.  11. 
c.  8.  etde  pudicit.  c.  20.  —  ^^  Apud  Phot,  cod.  232.  lO.rar,;  p.svT-ci,  xat 
E'joe'Sh;,  xai  ttoXu;  ^tXXc;  twv  deooo'pMv  iraWpcov  ^jxiXs;  ral;  dJXXai?  (rjvapid|i.cu(n 


224 


PKEFACK 


I'ontpas  rejetee  dans  le  commencement  de  leur  heresie  ; 

et  Marcion  ne  nioit  pas  qu'elle  ne  fut  de  saint  Paul  ,  niais 

il  la  croyoit  corrompue  depuis  lui. 
Quelle  a  pu      Qjj  ^^oh  cnie  ce  qui  a  le  plus  contribue  a  faire  hesiler 
eire  la  cause  1.^1  1,^    .^^      ,     .         v  ,.     .  , 

du  pariage  de  Pendant  quelque  temps  1  Eglise  lalme  a  ladmettre  dans  le 

I'Eglise  laiine  canon  des  livres  saints,  est  I'heresie  des  novaliens,  qui 
dans  las  pre-  commencerent  a  troubler  I'Eglise  a  la  fin  du  troisiemc 
miers  siecles.  gi^cle.  Comme  ces  heretiques  abusoient  de  certains  pas- 
sages de  cette  letlre^  pour  autoriser  leur  erreur  sur  la  pe- 
nitence ,  on  jugea  prudemment  a  propos  de  ne  pas  donner 
trop  de  credit  a  une  piece  dont  ils  tiroicnt  avanlage.  Lcs 
ariens  etant  venus  ensuite  au  commencement  du  quatrierae 
siecle  ,  et  se  servant  de  quelques  autres  passages  pour  sou- 
tenir  leur  sentiment  contre  la  consubstantialite  et  reternite 
du  Verbe  ^,  cela  fut  cause  qu'on  demeura  dans  la  memo 
reserve  sur  cette  epitre.  Spanheim  croit  que  les  marcioni- 
tes  quis'etoient  jetes  en  Italie  des  le  second  siecle  de  I'E- 
glise ,  avoient  aussi  contribue  a  entretenir  rindif'ferencc 
ou  Ton  paroissoit  a  I'egard  de  cette  lettre,  dont  ils  con- 
testoient  la  verite^  Quoi  qu'il  en  soit,il  est  certain  que 
depuis  le  quatrieme  et  le  cinquieme  siecle ,  I'Eglise  latine 
est  d'accord  avec  la  grecque  sur  la  canonicite  de  cette  epi- 
tre, et  qu'il  y  a  plus  de  treize  siecles  que  I'Apotre  en  est  en 
possession,  dans  laquelle  il  a  ete  confirme  en  dernier  lieu 
par  le  concile  de  Trente,  qui  I'a  mise  dans  le  canon  au 
nombre  des  Epitres  de  saint  Paul. 


ARTICLE  V. 

Analyse  ou  explication  sommaire  de  I'ppitre  aux  Hebreux. 

Excellence  L'apotre  ne  commence  pas  cette  epllre  comme  les  au 
de  J.-C.  an-  tres  par  une  inscription ,  dans  laquelle  il  s'annonce  et  salue 
dessus  des  ceux  a  qui  il  ecrit.  Comme  il  etoit  connu  pour  apotre  des 
'^n't^ "r'uda^s  ^^'*'^*'^'  ^^  craignoit  peut-etre  que  son  nom  ne  prevint 
I'ancicnpeu-  contre  lui  les  Juifs,  pour  I'instruction  desquels  principa- 
ple.  lement  il  ecrivoit.  II  entre  done  d'abord  en  matiere  par  un 

'  Voyez  Hebr.  vi.  4.  6.x.  26.  a'j.xii.  i5.  16.  17. — -  Hebr.  i.  }.  't.  etu\. 
2. — ^Spanheim  dcAuctore  ej>.  ad  HcLi:  paHe  i .  c. 8.a/t.  1 1 .  12 .  1 3 .  i  ', . 


SIR   L  EPITRE  AtX  HEBRELX.  221 

eloi;e  magnifique  de  Jesus-Christ ,  qu'il  releve  au-dessus  de 
tous  les  prophctes  qui  avoient  paru  dans  I'ancien  peuple , 
el  au-dessus  des  angesmemes,  par  qui  la  loi  avoitcte  don- 
nee  aux  Juifs.  11  commence  par   comparer  Jesus-Christ 
avec  les   prophetes   qui  avoient  paru  dans  ccttc  nation 
(  chap.  I ).  II  represente  aux  Juifs  que  Dieu  avoit  autrefois 
parle  a  leurs  peres  en  differentes  occasions  et  en  diverses 
manieres  par  les  prophetes;  mais  que  dans  ces  derniers 
temps  il  leur  avoit  parle  par  son  Fils  ,  qui  est  lui-meme  ce 
prophete  que  Moise  leur  avoit  promis  ;  mais  prophete 
d'autant  plus  eleve  au-dessus  des  autres  ,  que  ceux-la  n'e- 
toient  que  les  serviteurs  du  Seigneur  ,  au  lieu  que  cclui-ci 
est  son  propreFils^  L'Ap6tre  developpe  ici  les  caracteres 
augustcs  qui  distinguent  le  Fils  de  Dien  :  et  d'abord  c'est 
lui  que  Dieu  a  etabli  heritier  de  toutes  choscs ,  en  lui  assu- 
jetissant  tout'.  Non-seulement  il  est  I'heritier  de  toutes 
choses,  mais  il  en  est  le  principe  ;  c'est  par  lui  qve  Dieu  a 
fait  jps  siecles ,  et  tout  ce  que  les  siecles  renferment^.  Ainsi 
il  est  eleve  au-dessus  de  toutes  les  creatures ;  mais  en  meme 
temps  il  est  egal  et  consubsiantiel  au  Createur  :  il  est  la 
splendeur  de  la  gloire  de  son  Pere ,  de  qui  il  procede  eter- 
nellement  comme  le  rayon  procede  du  soleil  sans  en  etre 
separe ;  il  est  le  caractere  de  sa  substance  ,  son  image  vi- 
vante ,  subsistante  et  substanlielle ,  qui  represente  parfai- 
lement  tout  ce  qu'il  est  lui-meme*.  Non-seulement  il  est 
I'heritier  ,  le  principe  et  le  createur  de  I'univers  ,  mais  il 
en  est  encore  avec  son  Pere  le  conservateur  :  il  soutient 
tout  par  sa  parole  puissante  ;  il  conserve  par  sa  volonte 
I'eire  qu'il  a  donne  a  toutes  les  creatures ;  il  opere  en  elles 
par  sa  puissance ;  il  regie  leurs  mouveraens  et  leurs  actions 
par  sa  sagesse  ^.  Non  -  seulement  il  est  le  conservateur  de 
i'univers,  mais  il  est  encore  a  I'egard  des  hommes  leur  re- 
dempteur  et  leur  reparateur  :  il  est  lui-meme  notre  pretre 
et  noire  victime,  qui  dans  la  plenitude  des  temps  nous  a 
purifies  de  nos  peches  en  les  expiant  par  son  sang^;  il  est 
noire  mediatcur  et  noire  avocat,  et  assis  au  plus  haut  du 
ciel  a  la  droite  de  la  souveraine  Majeste ,  il  intercede  sans 


'  y  I.  eti.  Multijariam  mullisqite  modis  ohm  Deits  loquens  patribus  in 
pmphetis  :  iicvissime  diebiis  isli's  loculus  est  nobis  in  Filio.  —  *  -jf  2 .  Quern 
constituit  heredem  iiniversorum. — ^  Ibid.  Per  quern  fecit  et  secula. — *  •jf  3. 
Qui  cum  sit  splendor  glorice  etjigura  substaniice  ejui. — *  Ibid.  Portans- 
que  omnia  verba  virtulis  sure.  —  ^  Ibid.  Purgalionem  peccalorumfaciens 

a3.  1 5 


U-Aij  PREFACE 

(esse  pour  nous  aupres  tie  son  Pere'.  Mais  il  n'est  ainsi 
assis  au  plus  haul  du  ciel  a  la  tlroile  de  son  Pcre ,  que 
parcq  qu'il  est  la  splendeur  de  sa  gloire  et  le  caractere  de 
sa  substance  ,  c'est-a-dire  parce  qu'il  lui  est  egal  et  con- 
substantiel  ^.  Et  ceci  donne  lieu  a  TApotre  de  faire  remar- 
quer  aux  Hebreux  combien  Jesus-Christ  est  eleve  ,  non- 
seulement  au-dessus  des  prophetes  ,  mais  encore  au-dessus 
des  anges  par  qui  la  loi  avoit  ele  donnee  a  I'ancienpeuple. 
Le  premier  titre  de  I'excellence  de  Jesus-Christ  au-des- 
Excellencc  sus  des  esprits  celestes,  c'est  le  nom  meme  qu'il  a  recu  , 
de  J.-C.  au-  et  qui  renferme  en  abrege  les  principaux  caracteres  de  sa 
(lessus  des  grandeur^L'Apotre  demande  done  a  qui  des  angesDieu  a 
iTfol'S'^"'  jamais  donne  le  nom  de  fils" ;  et  pour  prouver  que  ce  titre 
donnee aTan-  auguste  appartient  a  Jesus-Christ,  il  cite  deux  lextes  de 
cien  peuple.  I'Ecrilure,  ou  ce  nom  est  donne  au  Messie,  c'est-a-dire  a 
Jesus-Christ  meme  :  Tun  est  tire  du  psaume  n  ,  ou  David 
parlant  au  nom  du  Messie  dont  il  annonce  le  regne ,  declare 
que  Dieu  lui  a  dit  :  Foas  ties  mon  fils  ;  jc  vous  ai  entendre 
aujourd'hiii^  :  I'autre  est  tire  de  ia  promesse  que  Dieu  fit  a 
David  par  la  bouchc  de  Nathan ,  en  lui  annoncant  le  Messie 
qui  devoit  sortir  de  sa  race ,  et  dont  il  lui  dit :  Je  serai  son 
Pere,  el  il  sera  mon  JiW^ .  Les  Juifs  reconnoissoient  done 
alors  que  ces  deux  textes  regardoient  le  Messie,  et  ceux  a 
qui  I'Apotre  ecrivoit  etoient  persuades  que  Jesus-Christ 
etoitlui-meme  le  Messie,  unique  objet  de  ces  predictions 
et  de  ces  promesses.  Autre  preuve  de  I'excellence  de  Je- 
sus-Christ au-dessus  des  anges ,  c'est  que  Dieu  ordonneaux 
anges  de  I'adorer'.  Ici  I'Apotre  apporte  en  temoignage  un 
texte  du  psaume  xcvi ,  qu'il  ne  craint  point  encore  d'appli- 
quer  au  Messie ,  et  a  Jesus  -  Christ  meme  comme  elant  le 
Messie.  11  fait  remarquer  dans  ce  psaume  ,  Dieu  qui  intro- 
duit  son  premter-ne  dans  le  monde",  c'est-a-dire  Dieu 
qui,  apres  avoir  glorifie  le  Messie  qui  devoit  elre  son  fils 
et  son  fils  premier-ne ,  I'introduit  dans  le  monde  en  y  eta- 
blissant  son  regne ;  car  c'est  precisement  ce  qu'annonce  le 
psaume  qui  commence  par  ces  mots  :  Le  Seigneur  est  enlre 
dans  son  regne  ,  etc.  Le  Seigneur ,  ou  a  la  lettre  selon  I'he- 

*  Ibid.  Sedet  ad  dexteram  majestatis  inexcelsis.  —  ^  -^  3.  Qui  cum  sit 
splendor  glovice  etjigura  substantice  ejus. . .  sedet  ad  dexteram  niajestalis 
in  excelsis. — ^  -^  4.  Tanio  melior angelis  ejfecius,  etc.  — *  y  5.  Cin  enuu 
dixit  alic/uaiido  angelorum,  etc. — *  f  5.  Filius  meus  es  tu  :  ego  hodwgenin 
le. — ^  Ibid.  Et  rursum  :  Ego  ero  illiinpatrem,  etc.  —  ''  -^G.  —  "  Ibid.  Et 
cum  iteruiii  inlroducit primogenitum  in  orbem  terrai,  dicit,  etc. 


SUR  L  EPITRE  AIX  HEBREUX.  227 

breu,  Jehova  ,  est  ici  Ic  Messie  meine ,  qui ,  ^tant  /ils  .rfe 
Dieu  egal  a  son  Pere ,  est  desigiie  sous  le  nom  le  plus  res- 
neeiablc ,  sous  !e  grand  nom  de  JtuovA  qui  n'appartient 
qu'a  t)ieu.  Et  qu'ajoute  le  Psalmiste  parlant  toujours  du 
Messie?  Que  ious  Us  an^es  de  Dieii  I'adorent^.  C'est  de  la 
que  I'Apotre  tire  sa  preuve.  11  est  done  certain  que  ce 
texte  regarde  le  Messie ;  sans  cela  la  preuve  seroit  sans 
force.  C'est  ce  qui  rend  ces  teraoignages  bien  importans 
pour  rintelligencc  des  Ecritures  anciennes.  Autre  preuve 
de  I'excellence  de  Jesus-Christ  au-dessus  des  anges  ,  c'est 
qu'ils  ne  sont  que  les  envoyes  etles  minislres  du  Seigneur, 
et  que  Jesus-Cbrist  est  lui-meme  le  Roi  et  le  Dieu  dont  ils 
sonLles  ministres  et  les  envoyes^.  Sur  quoi  I'Apotre  cite 
encore  deux  textes  :  Tun  da  psaunie  cm,  ou  le  prophete 
celebrant  les  merveilles  de  la  redemption  sous  le  voile  des 
merveilles  de  la  creation,  dit  que  Dieu  se  sert  du  soufjle 
des  vents  pour  enjaire  ses  envoyes  ,  el  de  lajlamvie  da  feu, , 
pour  en  [aire  ses  ministres ,  des\gnant  sous  le  syrabole  du 
soafjle  des  vents  ,  et  de  \a  Jlamme  du  feu  ,  dont  Dieu  se  sert 
pour  executer  ses  volontes ,  les  esprits  celestes  niemes  plus 
purs  que  le  feu,  etplus  spirituals  que  ce  qu'il  y  a  parrai 
nous  de  moins  palpable  :  ou  plutot  le  raeme  mot  en  he- 
breu,  en  grec  et  en  latin  m?,  r:vzv;j.Xj  spiritus^  signifie  es- 
prit et  vent, el  le  meme  mot  aussi  "]S;r,  X/'/iioz,  signifie  ange 
atenvoj/e:  en  sorte  que  rien  n'est  plus  naturel  que  cette 
allegoric  dans  ces  trois  langues.  Dieu  se  sert  du  souffle  des 
vents  pour  en  faire  ses  envoyes ,  et  de  la  flamrae  du  feu 
pour  en  faire  ses  ministres,  c'est-a-dire  qu'il  se  sert  des  es- 
prits celestes  memes  pour  en  faire  ses  envoyes  et  ses  minis- 
tres :  c'est  ainsi  que  I'Apotre  Tentend  ;  et  c'est  de  la 
qu'il  tire  sa  preuve^.  L'autre  texte  qu'il  cite  est  tire  du 
psaume  xliv,  qui  estevidemmentle  cantique  destine  a  ce- 
lebrer  Talliance  ineffable  de  Jesus-Christ  avec  son  Eglise  ; 
c'est  la  que  I'Apotre  nousmontre  le  Fils  de  Dieu,  c'est-a- 
dire  le  Messie,  Jesus-Christ  meme,  designe  par  ces  mots  : 
Voire  trune ,  6  Dieu  ,  estun  Irone  eternel;  et  le  sceptre  de  voire 
empire  est  un  sceptre  (fequite ;  d'oii  il  resulte  que  Jesus- 
Christ  est  Roi,  puisqu'il  a  un  lr6ne,  un  sceptre,  un  em- 
pire; que  son  tr6ne  est  eternel,  et  que  son  sceptre  est  un 

W  C.  El  adult nt  etimomnes  angeli Dei. — -  y  7.-9.  £t  ad angelos  r/ui- 
dem  dici'tf  etc. . .  adFilium  auteni ,  etc.  — '  y  •^,  Etad  angelos  qiiulem  dicit : 
^Jii!  f'acu  angclos  si/os  sftivilus,  etmrttisiros  suns /larrm^r:  ignk. 


i28  Pit  EF  ACE 

sceptre  d'equite ;  et  qu'enfin  I'eternite  cle  son  tr6ne,  et 
I'equite  de  sa  domination  sont  fondees  sur  ce  qu'il  est. 
Dieu  egal  et  consubstantiel  a  son  Pere  *.  A.  cette  premiere 
prcuve  de  la  royaute  et  de  la  divinite  de  Jesus-Christ, 
I'Apotre  en  ajoute  une  seconde  tiree  de  la  suite  de  ce 
meme  texte  ,  ou  le  Psalmiste  continuant  de  parler  a  ce  Roi 
eternal  ,ala  gloire  duquelilconsacrececantique,illuidit : 
F'ous  avezaime  la  justice,  et  vous  avez  ha'i  I' Iniquile ;  c  est 
pourquoi ,  6  Dieu ,  voire  Dieu  vous  a  ointd'une  huile  dejoie , 
dune  maniere  plus  excellente  que  tous  ceax  qui  participent  a 
voire  gloire.  C'est  le  sens  des  Septante  et  de  la  Vulgate ,  ce 
qui  suppose  que  le  prophete  parle  ici  non  de  la  premiere 
onction  dont  Jesus-Christ  fut  oint  dans  sa  concepl^io^  ,  et 
qui  preceda  tout  merite  dans  son  humanite,  niais  de  celle 
dont  il  fut  oint  dans  sa  resurrection  par  la  gloire  ineffable 
dont  le  Pere  recompensa  les  merites  de  son  humanite.  On 
lit  presentement  dans  le  texte  de  saint  Paul  et  dans  les 
Septante  memes  au  nominatif :  Unxit  te  Deus  ,  Deis  ti;us, 
Dieu  qui  est  voire  Dieu  vous  a  oint'^.  La  Vulgate  et  Thc- 
breu  pourroient  se  prendre  dans  le  meme  sens  :  mais 
I'hebreu  pourroit  aussi  se  prendre  au  vocatif :  Unxit  te  , 
Deus,  Deus  tuus,  6  Dieu,  votre  Dieu  vous  a  oint,  etc.  Plu- 
sieurs  pens^nt  que  les  Septante  I'avaient  traduit  ainsi;  et  il 
parait-que  saint  Paul  I'entendait  en  ce  sens,  puisque  apres 
avoir  deja  apporte  en  prcuve  de  la  divinite  de  Jesus-Christ 
le  texte  :  Thronus  tuus,  Dels,  f^otre  trone ,  o  Dieu,  il  y 
joint  le  texte  suivant  comnie  pour  en  tirer  une  seconde 
prcuve  ,  ce  qui  suppose  qu'il  le  lisoit  ainsi  :  Unxit  te  , 
Deus,  Deus  tuus,  ()  Dieu  ,  voire  Dieu  vous  a  oint ,  etc.  Je- 
sus-Christ est  done  Dieu  :  le  premier  texte  en  fournit  une 
preuve  incontestable ;  le  second  en  fournit  une  nouvelle 
preuve ;  et  Tonction  qui  y  est  imprimce  est  encore  une 
marque  de  sa  royaute.  Jesus-Christ  est  en  meme  temps 
Fils  de  Dieu  et  Fils  de  I'homme ;  c'est  aussi  ce  que  prouve 
ce  meme  texte  :  comme  fils  de  Dieu ,  il  est  Dieu  egal  a  son 
Pere ;  comme  Fils  de  I'homme,  son  Pere  est  son  Dieu ;  et 
c'est  aussi  comme  Fils  de  I'homme  qu'il  est  oint  de  Dieu 
son  pere ,  mais  oint  d'une  maniere  plus  excellente  que  tous 
ceux  qui  participent  a  sa  gloire,  parce  qu'il  a  recu  dans 
son  humanite  la  plenitude  de  cette  onction  ineffable  dont 

*  ^  8.  AdFilium  auiem  ,  thronus  ijius  ,  Deus,  etc.  —  '  T^  9-   Dilexisti 
j usiiiiatn,  et  odisli  iiiiquitcuem  :  propterea  unxit  te,  etc. 


SI  R  l'epitre  al°\  he&heux.  ^ag 

ceux  qui  participeiil  a  sa  gloire  ne  reeoivent  que  I'ecou- 
lement^.  Autre  preuve  de  la  diviuite  de  Jesus-Christ  dans 
le  psaume  ci^.  Le  Juif  charnel  ne  vait  dans  ce  psauine 
que  les  geuiissemens  de  ses  peres,  adresses  aDieu  par  le 
Psalmiste  au  nora  de  toul  Israel;  mais  rAp6tre  inspire  par 
le  uieme  Esprit  qui  inspira  le  Psalmiste ,  decouvre  que  sous 
le  voile  des  aftlictions  de  I'ancien  peuple  sont  representees 
les  afflictions  du  peuple  nouveau ,  et  que  le  Dieu  invoque 
par  le  Psalmiste  pour  la  delivrance  de  son  peuple  ,  est  le 
Messie  meme ,  Jesus  -  Christ  qui  est  en  meme  temps  le  Roi 
de  ce  peuple  et  le  Dieu  que  ce  peuple  adore,  etant  Fils  de 
Dieu ,  Dieu  lui-meme  egal  a  son  Pere.  C'est  done  a  Jesus- 
Christ  que  s'adresse  le  Psalmiste  anime  de  I'esprit  prophe- 
tique  ;  I'Apotre  n'en  doute  point ;  c'est  a  Jesus-Christ  que 
le  Psalmiste  parle  ,  en  disant  :  Seigneur,  vous  avez  cree  la 
terre  des  le  commencement  du  monde ,  et  les  cieux  sont  I'ou- 
vruge  de  vos  mains.  De  la  il  resulte  que  Jesus-Christ  est 
Dieu ,  puisqu'il  est  designe  sous  le  tire  le  plus  auguste , 
sous  le  nom  meme  souslequel  est  invoque  TEtre-Supreme, 
Jehova..  De  la  il  resulte  que  Jesus-Christ  selon  sa  divinite 
est  avec  son  Pere  le  createur  du  ciel  et  de  la  terre ;  c'est 
parluique  toutaete  fait,  etriendece  quiaete  faitn'a  ete 
fait  sans  lui^.  II  etoit  done  avant  toutes  choses;  il  existoit 
done  de  toute  eternite  :  et  il  existera  aussi  dans  toule  I'e- 
ternite  ;  c'est  ce  que  le  prophete  marque  aussitot ;  et  c'est 
encore  sur  quoi  I'Apotre  insiste  en  rapportant  la  suite  des 
expressions  du  Psalmiste  ,  qui  continuant  de  parler  au 
meme  Dieu ,  ou  plutot  a  la  meme  personne  divine ,  c'est-a- 
dire  a  Jesus-Christ,  lui  dit  :  Les  cieux periront;  mais  pour 
vous,  vous  dtmeurerez ;  ils  vieillirorU  tous  comme  un  ve'te- 
ment,  et  vous  les  changerez  comme  un  manleau  ,  et  ils  seront 
changes :  mais  pour  vous  ,  vous  serez  toujours  le  meme ,  et  vos 
annees  ne  Jinircrnt  point.  D'ou  il  resulte  que  Jesus -Christ 
qui  comme  Fils  de  Dieu  etoit  avant  tous  les  temps,  serade 
meme  au-dela  de  tous  les  temps  ;  que  comme  c'est  lui  qui 
a  cree  I'univers  ,  c'est  aussi  lui  qui  le  renouvellera;  et  que 
toujours  immuable,  il  subsistera  toujours,  parce  qu  il  est 
Dieu  meme  egal  a  son  pere*.  Qui  d'entre  nous  auroit  ose 
assurer  que  ces  grandes  et  imporlantes  verites  sont  ren- 

'  T  9-  Vnxit  te,  Deus,  Deus  Uiiis,eic.  —  *t^  10.-12.  Et:  Tu  in [jrincipi'o ^ 
Domine,  etc.  —  *  -^  10.  Tu  in piincipio ,  Domine  ,  terram  fundasii ,  ete.  — • 
j  1 1 .  p£  1  2 .  Ipsi peribunt,  tu  aiiiem permanebis,  etc. 


aSo  PREFACE 

fermees  dans  ce  psaurae ,  si  un  apotre  inspire  par  I'Esprit 
de  Dieu  ne  nous  I'eut  attesle  par  la  preuve  meme  qu'il  en 
tire?  Combieu  de  tresors  precieux  sont  done  renfermes 
sous  la  lettre  des  saintes  Ecritures!  et  qu'il  est  important 
de  bien  profiler  des  ouvcrtures  que  nous  donnent  les 
apoires  I  C'est  d'eux  que  nous  devons  apprendre  a  entrer 
dans  le  sens  de  ces  divins  livres.  Autre  preuve  de  Texcel- 
lence  de  Jesus-Cbrist  au-dessus  desanges  ,  c'est  que  Jesus- 
Christ  est  assis  a  la  droite  de  Dieu  son  Pere  ,  d'ou  il  exerce 
la  puissance  souveraine  d'un  empire  sans  bornes;  au  lieu 
queles  anges  sont  des  serviteurs  etdesministres  employes 
a  executer  les  ordres  de  Jesus-Christ  meme  et  de  Dieu  son 
Pere'.  Et  ici  1' Apotre,  pour  prouver  la  souveraine  puis- 
sance que  Jesus-Christ  exerce  a  la  droite  de  son  Pere,  cite 
un  texte  du  psaume  cix ,  qui  regarde  evidemment  le  Messie 
dont  il  marque  bien  expressement  la  divinite ,  la  royaute  , 
le  sacerdoce ,  et  sous  un  langage  figure  les  souffrances 
memes  par  lesqucUes  il  doit  entrer  dans  sa  gloire.  L' Apo- 
tre demande  done  a  qui  d'entre  les  anges  Dieu  a  jamais 
dit  ce  que  Dieu  dit  au  Messie,  c'est-a-dire  a  Jesus -Christ 
meme,  dans  ce  psaume  :  Asscyez-vous  a  ma  droite  jusqu  a 
ce  que  jaie  reduit  vns  ennemis  a  vous  servir  de  marchcpied ; 
paroles  d'ou  il  resulte  que  Jesus-Christ  est  assis  a  la  droite 
de  Dieu  son  Pere  ,  et  que  par  consequent  il  lui  est  egal  et 
consubstantiel,  puisque  nul  ne  peut  etre  assis  a  la  droite 
de  Dieu  sans  lui  etre  egal ,  et  que  rml  ne  peut  lui  etre  egal 
sans  lui  etre  consubstantiel,  parce  que  Dieu  est  necessai- 
rement  un  par  essence  :  paroles  d'ou  ii  resulte  que  Jesus- 
Christ  assis  a  la  droite  de  Dieu  son  pere  exerce  sur  les 
hommes  une  puissance  souveraine ,  en  sorte  que  quicon- 
que  ne  cederapas  volontairement  aux  charmes  puissans  de 
sa  grace,  sera  force  de  ceder  aux  redoutables  jugemens  de 
sa  justice,  lorsquetous  ses  ennemis,  apres  bien  des  efforts 
impuissans,  seront  abattus  a  ses  pieds  pour  subir  un  ana- 
theme  terrible  ,  et  etre  ecrases  sous  le  poids  de  ses  justes 
vengeances^.  Jamais  aucun  des  anges  ne  fut  eleve  a  un  si 
haut  degre  de  puissance ;  mais  ils  ne  sont  tous  que  de  sim- 
ples creatures  dont  les  prerogatives  consistent  uniquement 
en  ce  que  ce  sont  des  creatures  purement  spirituelies,  des 

^  ir  1 3.  ef  i4.  Adtjuem  auiem  angclorum  dixit  ahV/uando,  clc  — -  ■j'^  i  ^. 
Sede  a  dextris  meis,  c/uoaditsque  ponam,  etc. 


SUR  i/ePITUE  AliX   JJKHHEHX.  '2.3  I 

creatures  dont  Dieu  dispose  commede  ses  serviteuisetde 
ses  ministres,  dcs  creatures  dont  le  ministere  a  priricipale- 
inent  pour  objet  ceux  qui  doivent  elrc  les  hcritiers  du salut'. 

L'Apotrc  ,  apri's  avoir  ainsi  (;tabU  Tcxcellence  de  Jesus-  Combien  im- 
Clirist  non-seulernent  au-dcssus  des  prophetes  ,  mais  en-  portanteet 
core  au-dessus  des  anges,  enconclut  (chap.  1 1  )  que  ceu.v  indispensable 
aui  ont  cru  a  I'Evangile  de  Jesus-Christ  doivent  s'attacher  f.*^'obliga- 

*  ,,  11-  I  'I  liondobeira 

avecdautant  plus  de  soin  aux  cnoses  qu  ils  ont  enlen- i'Evan"iIequi 
dues  ,  pour  n'etre  pas  comme  des  vases  entr  ouverts  qui  a  etc  annona'- 
laissent  ecouler  ce  qu'on  y  met :  et  afin  que  cet  avertisse-  parJ.-C.  m^ 
ment  fut  mieux  recu  ,  il  se  met  hii-meme  au  nombre  de  ™^' 
ceux  qui  doivent  y  etre  attentifs^.  Mais  en  meme  temps 
pour  donner  plus  deforce  a  cet  avertissement,  I'Ap^tre 
developpe  sa  pensee  en  comparant  la  loi  avec  I'Evangile. 
11  fait  remarquer  aux  Hebreux  que  si  la  loi  qui  a  cte  an- 
noncce  par  les  anges  est  demeurce  ferme  dans  ses  me- 
naces comme  dans  ses  promesses  ,  et  si  tons  les  violemens 
de  ses  preceptes  ,  et  toutesles  desobeissances  de  ceux  qui 
I'ont  transgressee  ,  ont  recu  ,  souvent  meme  d'une  ma- 
niere  sensible  ,  et  des  cette  vie  ,  la  juste  punition  qui  leur 
etoit  due ,  il  ne  sera  pas  possible  d'eviter  la  peine  qui  me- 
nace ceux  qui  transgresseront  une  loi  aussi  excellente  et 
aussi  recommandable  que  I'Evangile  ^.  Les  expressions 
memes  dont  il  se  sert  en  parlantici  de  ces  deux  lois  ,  font 
sentir  I'excellencede  la  seconde  sur  la  premiere.  La  c'est 
la  parole;  ici  c'esi  le  saluf*:  la  loi  parle,elle  commandeet 
elle  defend,  die  promet  et  elle  menace  ;  mais  I'Evangile 
sauve  ,  en  donnant  et  les  vertus  que  la  loi  commande,  et 
les  recompenses  figurees  par  cellesquela  loi  promet.  C'est 
lesalut ,  mais  le  salut  leplus  excellent  et  le  plus  desirable: 
la  loi  promet ,  selon  la  lettre  ,  des  avantages  temporels  , 
unelongue  vie,  une  nornbreuse  posterite  ,  la  j'ej'tilite  des 
campagnes,  la  fecondite  des  troupeaux ,  la  irauquillite  et 
la  prosperite  sur  la  terre  :  mais  I'Evangile  donne  des  biens 
infiniment  plus  precieux ,  les  biens  spirituels,  les  biens 
eternels  figures  par  les  biens  temporels  etsensibles  que  la 
loi  promettoit  ^.  Voila  en  quoi  consiste  I'excellence  de  la 

'  y-  i4-  etith.  Nonne  oin lies  sunt  adiniiiistralorii spirilus  in  ministei iuin 
iiiissi pi-opter  ens  qui  hcreditatem  capient salmis?  —  'i  r.  Propterea  ab- 
undaiuius  oportetobsetvare  nos,  etc.-^^  -^  -i.ttZ.  Si  eiiiiii  qiiiper  angelos 
dictus  estsenno,  etc.  —  *  Ibid.  Sieiiim  qui  per  angelos  diclus  est  sernio, 

f actus  estjiimus quomodo  nos  effugiemus ,  si  tantam  neglexerimus. 

salulem  ? — '  ^^  3.  Si  tantam  neglexerimus  salutem  ? 


282  PREFACE 

loi  nouvelle  :  mais  voici  ce  qui  la  rend  iiifinimcnt  recom- 
inandable  :  c'est  que  lesalut  quelle  procure  a  d'abordete 
annonce  par  le  Seigneur  raeme  ;  la  loi  a  etc  donnee  par 
ies  anges ;  mais  Dieu  meme  en  la  personne  de  Jesus-Christ 
son  Fils  nous  a  apporte  lEvangile  du  salut  ^  Autre  carac- 
tere  :  le  salut  annonce  d'abord  par  Jesus-Christ  a  ete  en- 
suite  confirme  par  le  temoignage  de  ceux  qui  ravoient 
entendu  de  sa  bouche ,  et  qui  en  ont  instruit  tous  ceux 
ou  qui  ne  I'avoient  pas  entendu  ,  ou  qui  n'en  avoient 
pas  alors  profile^.  Autre  caractere  :  le  temoignage  des 
apotres  a  ete  confirme  par  le  temoignage  de  Dieu  raeme  , 
>  qui  y  a  mis  le  sceau  par  Ies  signes  et  Ies  prodiges  qu'il 

a  operes  par  eux ,  et  en  meme  temps  par  Ies  differens 
effets  de  sa  puissance  ,  et  par  Ies  differens  dons  de  son 
Esprit,  qu'il  a  distribues  en  eux  et  par  eux  selon  sa  vo- 
lonte  ■*;  en  sorte  que  refuser  de  croire  ou  d'obeir  a  I'Evan- 
gile  ,  c'est  rejeter  non-seulement  le  temoignage  de  Jesus- 
Christ  et  des  apotres  ,  mais  le  temoignage  de  Dieu  meme  ; 
c'est,  pour  ainsi  dire  ,  accuser  Dieu  de  faux  temoignage. 
L'Apotre  Aprescette  courte  digression surrimporlante obligation 
continue  Je  d'obeir  a  I'Evangile  du  salut  annonce  par  Jesus-Christ, 
cellencede  ~  I'Apotre  reprend  I'eloge  de  Jesus-Christ ,  et  continue  de 
J.-C.  audes- niontrer  combicn  il  est  eleve  au-dessus  des  anges.  Ici 
susdesanges.  I'Apotre  fait  observer  que  Dieu  n'a  point  soumis  aux  anges 
le  monde  futur  ,  au  lieu  que  ce  monde  futur  est  soumis  a 
Jesus-Christ*.  Remarquez  que TApotre  dit  expressement 
que  ce  monde  futur  est  celui  dont  il  parle^,  c'est-a-dire 
le  monde  uouveau  forme  par  Jesus  r  Christ ,  son  Eglise 
raeme.  Avant  Jesus-Christ ,  ce  monde  etoit  futur  a  I'egard 
de  son  etablissement ;  et  depuis  Jesus-Christ,  ilest  encore 
futur  a  I'egard  de  son  entiere  consommation.  Pour  prou- 
ver  que  ce  monde  futur  est  soumis  a  Jesus-Christ,  I'Apotre 
cite  un  texte  du  psaurae  via ,  ou  sous  le  voile  des  raer- 
veilles  de  la  creation  ,  et  des  prerogatives  nalurelles  de 
rhomme  ,  le  Psalmiste  celebre  Ies  merveilles  de  la  re- 
demption, et  Ies  prerogatives  sureminentesde  Jesus-Christ 
meme  dont  il  marque  en  meme-temps  Ies  abaissemens, 
L'Apolre  rappelle  done   ici  ce  que  le  Psalmiste  dit  des 

*  7?^  3.  Quce  cum  initium  accepisset  enarrari  per  Dominuin.  —  *  Ibid. 
Ah  eis  qui audierunt ,  in  nos  conjirmata  est.  —  '  y  4.  Contestante  Deo  si- 
gnis  et ponentis,  etc. — *  y  5.-3.  JVon  enim  angelis  subjecit  Dens ,  etc.  — 
?)^  5.  Orbem  Lerrce  fulurian  de  quo  loquimur. 


SLR  LEPtxRE  kVX  HEBREUX.  a33 

abaisscmens  et  des  prerogatives  de  Jesus-Christ'.  Car  il 
faut  observer  que  ce  meme  homme  dont  le  Psalraiste  dit : 
Qu'esi-ce  que  I' homme  pour  vous  souvenir  de  lui ;  ou  h  Jih 
de  r homme  pour  que  vous  levisiticzP  est  celui-la  meme  dont 
il  parle  aussitot  en  ajoutant :  Fbus  I'avez  rendu  unpea  (  ou, 
pour  unpeu  de  temps  )  infer ie ur  au.v  anges  ;  mais  vous  I'avez 
couronne  de  gloire  et  dhonneur.  Vous  tavez  etabli  sur  les 
ouvrages  de  vos  mains  ,  et  vous  avez  mis  loules  choses  sous  ses 
pieds.  Ces  trois  versets  sont  si  intimement  lies ,  qu'ici 
meme  I'Apotrenelesseparepas.  C'estdonc  de  Jesus-Christ 
que  le  Psalmiste  parle  dans  ces  trois  versets  :  I'Apotre  en 
est  persuade.  Dans  le  premier  de  ces  trois  versets  le  Psal- 
miste nous  montre  les  abaissemens  de  Jesus-Christ  ;  dans 
le  second  ,  il  reunit  et  ses  abaissemens  et  sa  gloire ;  dans 
le  troisieme  ,  il  continue  de  nous  montrer  sa  gloire.  Les 
abaissemens  de  Jesus-Christ  consistent  en  ce  que  dans  sa 
personne  leVerbe  deDieu  s'est  fait  homme, premier  abais- 
sement^  ;  le  Verbe  de  Dieu  s'est  fait  fils  de  I'homme  ,  se- 
cond abaissement  ^ ;  le  Verbe  de  Dieu  a  voulu  paroitre 
comme  le  dernier  des  hommes  ,  et  dans  les  jours  de  ses 
souffrances  ila  voulu  paroitre  comme  indigne  du  sou- 
venir et  des  regards  de  Dieu  sou  Pere  selon  son  huma- 
nite  ,  troisieme  abaissement  *.  Ainsi  revetu  dune  chair 
passible  et  mortelle,  qu'il  a  prise  dans  le  sein  dune  vierge, 
et  dans  laquelle  il  a  souffertles  douleurs  et  la  mort  la 
plus  ignominieuse  ,  il  a  ete  rendu  inferieur  aux  anges, 
mais  pour  un  peu  de  temps  ^;  car  c'est  precisement  le 
sens  de  I'expression  desSeptante  etdesaintPaul,  SoayJtt. 
II  est  vrai  que  I'expression  I3y2  de  I'hebreu  est  equivo- 
que ;  elle  pent  egalement  signifier  le  degre  d' abaissement, 
ce  qui  semble  etre  le  sens  de  I'expression  de  la  Vulgate  , 
paulo  minus,  ou  la  duree  de  cet  abaissement,  ce  qui 
est  proprement  le  sens  du  grec  ,  (3oa/;j  -i;  et  il  falloit 
qu'elje  eut  ce  double  sens  ,  a  cause  du  double  sens  du 
psaume.  Car  dans  le  sens  litteral  et  immediatement  ou 
le  Psalmiste  paroit  ne  parler  que  de  I'homme  ,  il  devoit 
dire  :  Vous  I'avez  rendu  un  peu  inferieur  aux  anges  :  cette 
expression  ne  pouvoit  alors  marquer  que  le  degre  de  I'a- 

'  y  6.-8.  Testatus  estauiem  I'n  quoda/n  loco  quis,  diceiis,  etc.  —  •  "^  6. 
Quid  est  homo? — *  Ibid.  AiufiUus  hominis? — *  Ibid.  Quid  est  homo,  quod 
memor  es  ejus?  autjilius  hominis,  quoniani  visitas  eum? — *  y  7.  MinuisH 
eum  paulo  minus  (fjf  *y,'J  ti)  ab  angelis. 


2  34  PREFACE 

baissement.  Mais  dans  le  sens  mysterieux  ct  prophetique 
ou  le  prophete  annonce  ce  qui  regarcle  le  Fils  de  Dieu 
fait  honiine ,  il  falloit  dire  :  f^ous  I'avez  rendu  pour  un 
pea  de  temps  inferieur  aux  anges  :  I'expression  du  prophete 
ne  pouvoit  alors  marquer  que  la  duree  de  I'abaissement. 
L'homme  a  ete  rendu  un  pen  inferieur  aux  anges  ;  mais 
cet  abaissement  devoit  durer  pendant  une  longue  suite 
de  siecles.  Au  eontraire  le  Fils  de  Dieu  fait  homnie  a  ete 
abaisse  non-seulement  un  peu  au-dessous  des  anges,  mais 
jusqu'a  paroitre  comme  le  dernier  des  hommes,  selon 
I'expression  d'lsaie  ^ ;  jusqu'a  pouvoir  se  comparer  a  un 
ver  plutot  qu'a  un  homme ,  selon  qu'il  le  dit  lui-meme 
par  la  bouchedu  Psalmiste^ ; mais  cetabaissement  extreme 
devoit  durer  peu.  L'Esprit-Saintadonc  voulu  que  lePsal- 
miste  employat  une  expression  qui  renferme  les  deux  sens, 
afin  qu'elle  put  egalement  convenir  et  a  I'abaissement  de 
l'homme  ,  et  a  I'abaissement  du  Fils  de  Dieu  fait  homme. 
D'ailleurs  il  est  aise  de  s'apercevoir  que  I'expression  du 
Psalmiste  convient  encore  mieux  au  Fils  de  Dieu  qu'a 
l'homme.  L'homme  n'a  pas  ete  reellement  abaisse  au-des- 
sous de  I'ange ,  puisque  jamais  il  n'avoit  ele  au-dessus;  il 
a  ete  seulement  place  au-dessous  de  I'ange.  Au  eontraire 
le  Fils  de  Dieu  qui  par  sa  nature  estinfiniment  au-dessus 
de  I'ange  ,  a  ete  reellement  abaisse  au-dessous  de  I'ange 
par  le  corps  passible  ct  mortel  dont  il  s'est  revelu.  Mais 
le  Psalmiste,  aprcs  avoir  airisi  marque  I'abaissement  tres 
reel  du  Fils  de  Dieu  fait  homme  ,  marque  aussitot  sa  gloire 
et  son  elevation  ,  en  disant  que  celui  que  Dieu  a  ainsi  au- 
paravant  abaisse  ,  Dieu  la  ensuile  couronne  d'honneur  et 
de  gloire ,  premier  degre  d'elevation  •* :  il  ajoute  que  Dieu 
I'a  etabli  sur  les  ouvrages  de  ses  mains,  second  dcgre^: 
enfin  il  declare  que  Dieu  lui  a  assujeti  toutes  choses,  troi- 
sieme  degre'.  Car  ,  comme  I'Apotre  le  remarque  aussitot, 
en  disant  que  Dieu  lui  a  assujeti  toutes  choses ,  le  pro- 
phete n'a  rien  laisse  qui  ne  soit  ainsi  assujeti  a  Jesus- 
Christ  *".  11  est  vrai  que  nous  ne  voyons  pas  encore  que 
tout  lui  soit  assujeti ;  c'est  aussi  la  remarque  de  TApolre ' . 


^Isai.  Liii.  3.  No\'issimum  vii-orum.  —  ^  Psal.  xxi.  7.  Ego  niitein  sum 
veimis  ctnon  liomo.  — ^  -^  7 .  Gloria  et  honorc  coronasti  eum.  —  *  Ibid.  Et 
consliluisli eiim  super  opera  inaiiuum  tuaruiii.  — ^  ^  8.  Omnia  siibjecisli 
sub pedibus  ejus. — <•  Ibid.  In  co  eniin,  etc. .  .  .nihil dimisil  non  subjecluin 
ei.  — '  Ibid.  Nunc  aulem  necdum  videmus,  etc. 


sL'ii  l'epitre  ALX  HEBREUX.  235 

Mais  voici  ce  que  nous  voyons  :  nous  voyons  que  Jesus 
qui  a  ete  rendu  pour  un  peu  de  temps  inferieur  aux  an- 
ges ,  a  ete  couronne  de  gloire  ct  d'honneur  a  cause  de  la 
mort  qu'il  asoufterte*.  Or,  cequi  est  accompli  est  un  gage 
pour  ce  qui  reste  a  accomplir ;  il  resuUe  done  de  ce  texte, 
que  tout  est  assujeti  a  Jesus-Christ,  que  le  monde  futur 
lui  est  soumis  ,  que  les  anges  menies  dependent  de  lui,  et 
sontses  serviteurs  etses  ministres. 

Mais  la  mort  que  Jesus-Christ  avoit  soufTerte  etoit  re-  L'Apoire  le- 
gardee  par  les  Juifs  incredules  comme  un  scandale  qu'ils  ^^'*^  **^"*^^}*^ 
ne  cessoient  dc  reprocher  aux  Juifs  fideles;  I'Apotre  pour  j  q 
lever  ce  scandale  va  expliquer  ici  pourquoi  Jesus-Christ 
a  voulu  souHrir  la  mort.  11  declare  d'abord  que  c'est 
pour  satisfaire  au  dessein  de  la  bonte  de  Dieu  a  I'egard 
des  homnies,  Dieuayant  voulu  que  son  propre  filsgoutat 
et  eprouvat  ainsi  la  mort  pour  tous^;  c'est-a-dire  que 
Dieu  par  sa  bonte  ineflfable  a  voulu  que  son  propre  Fils  put 
tenir  la  place  de  tons  les  pecheurs  sur  la  croix  ,  en  mou- 
rant  pour  tous  ,  et  a  ccnsenti  de  recevoir  la  mort  tempo- 
relle  de  son  Fils  au  lieu  de  la  morteternelle  qui  nous  etoit 
due  ,  et  a  laquelle  nous  etions  condamnes.  O  grace  du 
Pere,  qui  nous  a  aimesjusqu'a  immoler  ainsi  pour  nous  son 
Fils  !  O  bonte  du  Fils  ,  qui  s'est  ainsi  lui-meme  offert  pour 
nous  a  son  Pere  !  Mais  pourquoi  Dieu  a-t-il  voulu  que  son 
Fils  goutat  ainsi  la  mort  pour  tous?  c'est  ce  que  I'Apotre 
explique  en  faisant  remarquer  qu'il  etoit  convenable  que 
Dieu,  pour  lequei  etparlequel  sont  toutes  choses,  vou- 
lant  conduire  a  la  gloire  plusieurs  enfans  ,  consommat  et 
perfectionnat  par  les  souflVances  celui  qui  devoit  etre  le 
chei  et  I'auteur  de  leur  salut^.  En  effetrien  n'etoit  plus 
digne  de  la  majeste  souveraine  de  celui  qui  est  le  principe 
et  la  fin  de  toutes  choses  ,  que  cette  voie  du  sacrifice  et 
de  la  mort  du  Fils  de  Dieu  pour  la  satisfaction  due'  a  son 
Pere  et  pour  la  reconciliation  des  hommes :  ony  voit  eclater 
sa  grandeur,  qui  mcrite  un  tel  sacrifice  ;  sa  justice,  qui 
recoit  une  satisfaction  si  abondante;  sa  puissance  ,  qui  sait 
sefaire  rendre  plus  d'honneur  quesa  creature  n'est  capable 

*  y-p.  Eum  aiitem  qui  modico  {^?<t'/jj  ~'-)  (juam  aiigeli  minoraiiis  est,  etc. 
— -  ^  9.  Ut  gratia  Dei,  pro  omnibiis  gustnr-et  mortem.  —  ^  y  lo.  Decebat 
enim  eum,  etc. .  .  .quimultosjilios  ingloriam  addtixeral  (gr.  alit.  adduce- 
bat,  iifa^ovra),  auclorem  {zvi  apxTlfo*),  salutis  eorum  perpassionem  con- 
summare. 


a 36  PREFACE 

de  lui  en  oter  ;  sa  sagesse  ,  qui  Irouve  un  remade  si  excel- 
lent au  plus  incurable  de  tous  les  maux  ;  sa  haine  impla- 
cable centre  le  peche  ,  qui  eclate  dans  la  severite  qu'il 
exerce  sur  son  propre  et  unique  Fils  ;  sa  saintete ,  qui  ne 
pent  souffrir  le  peche  impuni  dans  celui  qui  est  I'inno- 
cence  meme ,  et  qui  n'est  charge  que  des  notres  ;sa  charite 
excessive  pour  nous ,  qui  va  jusqu'a  livrer  a  la  mort  I'au- 
teur  de  la  vie.  Mais  pourquoi  falloit-il  que  I'auteur  et  le 
chef  du  salut  passat  par  les  souffrances ,  et  comment  pou- 
voit-il  y  passer?  C'est  ce  que  I'Apotre  developpe  en  faisant 
d'abord  remarquer  que  dans  I'economie  admirable  des 
desseins  de  Dieu  pour  le  salut  des  hommes ,  celui  qui  sanc- 
tifie  et  ceux  qui  sont  sanctifies  viennent  tous  d'un  meme 
principe  ,  ont  tous  la  meme  origine  ,  participent  tous  a  la 
meme  nature  ^.  Dieu  ayant  forme  le  dessein  de  donner 
aux  hommes  son  propre  fils  pour  chef  et  pour  sauveur  ,  et 
de  sanctifier  et  sauver  les  membres  dans  la  personne  du 
chef,  en  sorte  qu'ils  eussent  un  meme  Pere  avec  lui  dans 
le  ciel  par  la  grace  de  I'adoption,  comme  il  a  sur  la  terre 
une  meme  nature  avec  eux  par  le  mystere  de  I'incarnation , 
il  etoit  convenable  que  le  Fils  de  Dieu ,  devenu  semblable 
aux  hommes,  entrat  danslevirs  foiblesses,  dansleurs  dettes, 
dans  leurs  interets ,  dans  leurs  devoirs  ,  et  dans  I'engage- 
ment  a  la  souffrance  et  a  la  mort  que  leur  commune  nature 
a  contracte.  Pour  montrer  que  ce  rappojrt  et  cette  union 
intime  de  celui  qui  sanctifie  ,  et  de  ceux  qui  sont  sanctifies, 
etoit  annoncee  par  les  prophetes,  I'Apotre  ajoute  que 
c'est  a  cause  de  cette  union  meme ,  que  celui  qui  sanctifie 
ne  rougit  point  d'appeler  ses  freres  ceux  qui  sont  sancti- 
fies par  lui  ^.  Sur  quoi  il  cite  un  texte  du  psaume  xxi ,  qui 
est  tout  prophetique  des  souffrances  et  du  triomphe  du 
Messie.  C'est  le  Messie  meme  qui  parle  ,  et  qui  annoncant 
son  triomphe,  dit  :  Je  ferai  connotlre  voire  nom  d  mes 
freres ;  je  publierai  vos  louanges  au  milieu  de  I'assemhlee  de 
voire  peuple  ^.  Si  le  Christ  promis  nous  appelle  ses  freres , 
il  doit  done  etre  de  meme  nature  que  nous ;  il  doit  done 
avoir  le  meme  principe.  C'est  ce  que  I'Apotre  prouve  en- 
core par  un  autre  texte  qui  paroit  etre  pris  du  psaume  xvii, 
ou  sous  le  symbole  des  victoires  de  David  sont  celebrees 
celles  du  Messie  meme  dont  David  etoit  la  figure.  C'est  en- 

^  -^  11.   Qui  enim  sanciijicat,  etc ex  uno  omnes.  —  *  Ibid.  Pmpter- 

(juam  causam  nonconjundiiur,  etc. — ^-^  ii,  et  12.  Dicens  :Nuntiabo,  etc. 


SLR  l'ePITRE  AUX   HEBREUX.  287 

core  le  Messie  m^me  qui  parle ;  I'Apdtre  n'en  doute  point: 
mais  que  tlit  en  cet  endroit  le  Messie?  Z)/<?u  est  ma  force ,  et 
je  mettrai  ma  conjiancc  en  lui^.  Le  Messie  s'exprime  comme 
I'un  de  nous ;  il  doit  done  ^tre  semblable  a  nous ;  il  doit 
done  avoir  la  meme  nature  que  nous.  Jesus-Christ  nous 
appelle  ses  freres,  parce  qu'il  a  la  meme  nature  que  nous  : 
mais  en  meme  temps ,  comme  epoux  de  I'Eglise  qui  est 
notre  mere ,  il  est  lui-m^me  notre  pere ,  et  nous  sommes 
ses  enfans;  c'est  encore  un  motif  pour  lequel  le  Fils  de 
Dieu  a  voulu  participer  a  notre  nature.  L'A.p6tre  nous  le 
fait  remarquer  en  rappelant  d'abord  ce  que  dit  Isaie  :  Me 
void ,  moi  et  Us  enfans  que  Dieu  ma  donnes  ^.  Le  prophete 
en  disant  cela  representoit  Jesus-Christ ;  et  I'Apotre  ne 
craignant  point  d'appliquer  ces  paroles  a  Jesus-Christ  au 
nom  de  qui  elles  onl  ete  prononcees,  ajoute  aussit6t  que 
comme  les  enfans  donnes  a  Jesus-Christ  sont  d'une  nature 
composee  de  chair  et  de  sang  ,  Jesus- Christ  a  voulu  par- 
ticiper aussi  lui-meme  a  leur  nature  *.  Mais  pourquoi?il 
en  marque  deux  raisons  :  premierement ,  afin  de  detruire 
par  sa  mort  celui  qui  etoit  le  prince  de  la  mort,  c'est-a- 
dire  le  diable  ^ ;  secondement ,  afin  de  mettre  en  liberte 
ceux  que  la  crainte  de  la  mort  tenoit  dans  unc  continuelle 
servitude  pendant  leur  vie  "*.  Et  en  effet  tel  a  ete  le  double 
fruit  de  la  mort  et  de  la  resurrection  de  Jesus-Christ.  Le 
demon  avant  attente  sur  la  vie  de  Jesus-Christ  qui  etoit  la 
justice  et  I'innocence  meme ,  et  sur  lequel  par  consequent 
il  n'avoit  aucun  droit ,  a  merite  d'etre  depouille  du  droit 
que  le  peche  lui  avoit  acquis  sur  les  vrais  coupables  qu'il 
a  plu  a  Dieu  de  rappeler  a  lui  en  les  rendant  participans 
de  la  justice  de  Jesus-Christ ;  et  la  resurrection  de  Jesus- 
Christ  etant  devenue  le  gage  de  la  resurrection  de  ceux 
qui  auront  cru  en  lui ,  la  mort ,  qui  sans  cela  u'auroit  pu 
etre  qu'un  objet  d'horreur  au  pecheur  durant  toute  sa 
vie  ,  comme  devant  etre  pour  lui  le  passage  d'une  mort 
temporelle  aune  mort  eternelle,  est  devenue  au  contraire 
pour  le  juste  un  objet  desirable  ,  comme  devant  ^tre 
pour  lui  le  passage  de  la  mort  a  la  vie.  II  falloit  done  que 

'  y- 1 3.  Et  iterum :  Ego  erojidetis  in  eum.  ( Gr.  E"|fu  z<s<,u.%\  ircTvciflft)!;  i-r'' 
a.j-ii.)  C'est  I'expression  dont  les  Septante  se  servent  en  traduisant  le  can- 
tique  rapportfi  au  11*  livredes  Rois  ,  chap,  ixii  ,  ou  on  lit  au  y-  3.  :  newsidfo; 
Edcaai  E17'  a'jTO).  Ce  cantique  est  le  m^meque  le  ps.  xvii. — --y  j3.  El  iterum: 
Ecce  ego  et  piierimeiquos  dedit  mihi  Deus. — '-f  r4 .  Quia  ergo pueri,  etc. 
— *  Ibid.  Ut  per  mortem  destnieret,  etc.  — '  ^  i5.  Eililieraret  eos  qui,  etc. 


•2ZS  PREFACE 

Jesus-Christ  moui'ut  pour  detruire  I'empire  clu  demon ;  il 
falloit  qu'il  ressuscilaL  pour  etablir  la  confiance  de  ceux 
qui  croiroieut  en  lui ;  et  afin  qu'il  ressuscitat ,  il  falloit 
qu'il  mourut;  et  afin  qu'il  mourut ,  il  falloit  qu'il  participat 
a  la  mortalile  de  notre  nature.  11  falloit  done  qu'il  participat 
a  la  nature  de  ceux  dont  il  devoit  etre  en  meme  temps  et 
le  frere  selon  la  nature ,  et  le  pere  dans  I'ordre  du  salut  : 
il  falloit  qu'il  participat  a  la  nature  de  ceux  dont  il  devoit 
etre  le  liberaleur.  C'est  ce  qui  donne  lieu  a  I'Apotre  de 
nous  faire  remarquer  que  le  Fils  de  Dieu  a  fait  pour  les 
hommes  ce  qu'il  n'a  point  fait  pour  les  anges  ,  car  il  ne 
s'est  pas  rendu  le  liberateur  des  anges  ,  mais  il  s'est  rendu 
le  liberateur  de  la  race  d' Abraham  * ;  ou  ,  comme  le  tra- 
duit  I'abbe  de  Marolles  ,  Car  il  ne  procure  pas  le  salut  des 
anges  ,  mais  il  procure  le  salut  de  la  semence  d' Abraham , 
c'est-a-dire  de  la  race  d' Abraham;  non  toutefois  de  la  seule 
race  charnelle  de  ce  patriarche ,  mais  de  tous  ceux  qui  par 
I'esprit  de  la  foi  sont  reputes  enfans  de  ce  patriarche,  qui 
est  le  pere  de  tous  ceux  qui  croient,  soit  circoncis,  soit 
incirconcis  ,  comme  le  dit  ailleurs  le  meme  apotre  ^.  Car  , 
comme  il  le  dit  encore  dans  un  autre  endroit,  ce  sont  les 
enfans  de  la  prOmesse,  qui  sont  reputes  etre  la  race 
d' Abraham  ^  Et  dans  une  autre  epitre  :  Si  vous  etes  d 
Jesus-Christ ,  dit-il ,  vous  etes  done  la  race  d^ Abraham ,  et 
Us  heritiers  selon  la  promesse  ^.  Jesus-Christ  s'est  done 
rendu  le  liberateur  de  ceux  qui  par  I'esprit  de  la  foi  doi- 
venl  etre  reputes  enfans  d'Abraham  ;  et  I'Apotre  nous  fait 
remarquer  que  c'est  pour  cela  meme  que  Jesus-Christ  a 
du  se  rendre  en  tout  semblabie  a  ceux  qui  devoient  etvc 
ses  freres  ^ ;  c'est-a-dire  qu'il  a  fallu  qu'il  participat  non- 
seulement  a  notre  nature  ,  mais  a  toutes  les  foiblesses 
memes  de  notre  nature,  excepte  le  peche.  Mais  ponr- 
quoi  Jesus-Christ,  en  se  rendant  notre  liberateur,  a-t-il 

*■  -f  iQ>.  Nuscjuam  enrm  angelos  apprehendit,  sed  semen  AbTohce  appre- 
Iwndil.  Oil  il  faut  remarquer  que  le  mot  grec  siriXap-gavsrai  est  au  present,  et 
signifie  proprement  Taction  de  prendre  un  homme  par  |la  main  pour  le  tirer 
de  la  servitude.  11  faut  comparer  cette  expressionde  I'Apotre  avec  celle  de  la 
sainte  "Vierge  dans  son  cantique  :  Suscepit  (AvreXocgcTC/)  Israel  pueriim 
suinn.  C'est  la  meme  pensee.  — -i?0OT.  iv.  n.  eti-}..  IJt  sit  pater  omniinn 
credentium  per  prwputium, . .  .  et  sit  pater  circiimcisioms,  non  iis  lantinn 
qui  s.unt  ex  circuincisione,  sed  et  iis  (fui  sectantuv  vestigia Jideiquce  est  in 
pra'piitio  patris  nosiri  AbraliK . — ^  Rom.  ix.  8.  Qui Jilii  sunt promissionis, 
eesiimaniur  insemine.  — ■*  Gal.  iii.  29.  Siauiem  vos  Chrisii,  trgo  semen 
Al/rahm  eslis,  secundum promissionem  hcredes. — '  y  17.  XJnde  debuit  per 
omnia  frairibus  siwilari. 


SLR    I-  El'iTRE  AL\   lltllREt  X.  23o 

clA  parliciper  a  notre  nature  et  au.v  infirmites  niemes  de 
noire  nature?  L'Apotre  en  a  deja  marque  deux  raisons  prin 
cipales ,  il  va  niaintenant  en  marquer  trois  autres  :  C'cst 
premiereracnt ,  afin  que    le  sentiment  de  la  misere  hu- 
niaine  aui*»iienlat,  s'il  etoit  possible  ,  sa  compassion  pour 
nous  ' ;  secondement ,  afin  de  temoigner  sa  fidelite  a  Dieu 
son  pere  ,  en  s'acquittant  des  devoirs  de  son  sacerdoce  de 
la  maniere  la  plus  di^ne  de  Dieu  ^ ;  troisiemement ,  afin 
d'etre  aussi  victime  pour  le  peche ,  et  d'expier  les  peches 
ilu  peuple  de  la  maniere  la  plus  parl'aite  ^.  II  a  done  du 
parliciper   aux  infirmites   de  noire  nature  ,  parce  qu'il 
devoit  etre  pretre  et  victime.   Coaime  pretre,  il  devoit 
reunir  en  sa  personne  la  misericorde  pour  les  pecheurs , 
ot  la  fidelite  aux  inter^ts  de  la  justice  et  de  la  grandeur  de 
Dieu  ;  et  il  failoit  que  sa  misericorde  fut  fondee  sur  I'ex- 
perience  meme  de  nos  miseres  ,  et  que  I'experience  meme 
de  nos  miseres  conlribuat  a  sa  fidelite.  Commc  victime, 
ii  failoit  qu'il  fut  revelu  dune  nature  passible  et  mortelle, 
dans  laquelle  il  put  souffrir  pour  I'expialion  de  nos  pe- 
ches. Mais  comment  peut-on  dire  qu'il  failoit  que  Jesus- 
Christ  nous  devint  semblable  ,  pour  devenir  misericor- 
dieux  ?  c'est  ce  que   IWpotre   explique    lorsqu'il  ajoute 
qu'en  cela  meme  que  Jesus-Christ  a  soulfert  les  epreuves 
que  nous  soufirons,  il  peut  secourir  ceux  qui  souffrent  de 
semblables  epreuves  *;  c'est-a-dire  qu'il  est,  pour  ainsi 
parler,  plus  dispose  a  nous  secourir  dans  nos  epreuves  , 
dont  il  est  instruit  par  son  experience  meme.  11  connois- 
soit  deja  nos  besoins  avant  qu'il  les  eiit  eprouves:  mais 
depuis  qu'il  les  a  eprouves  ,  nous  ne  pouvons  plus  douter 
qu'il  ne  les  connoisse  ;  nous  ne  pouvons  plus  douter  qu'il 
n'y  compatisse ,  et  qu'il  ne  soil  dispose  a  nous  y  secourir. 
Ainsi ,  quoique  I'experience  de  nos  miseres  nait  pas  pu 
reellement  augmenter  sa  misericorde  consideree  en  elle- 
meme  ,  cependant  elle  I'a  en  quelque  sorte  augmentee  par 
rapport  a  I'idee  que  nous  en  pouvions  avoir.  Elle  a  servi  a 
nous  convaincre  de  sa  misericorde  de  la  maniere  la  plus 
persuasive,  et  la  plus  capable  de  bannirdenos  cceurs  tout 
doute  et  toute  defiance,  \oila  done  pourquoi  Jesus-Christ 
a  du  parliciper  a  la  mortalite  de  notre  nature  ;  c'est  parce 

*  -^  t-j.  Ut mi'sericors  fieret  —  -Ibid.  Et fidelis pontifex  adDeiim.  — 
Ibid.  Ut  reptvpitiar-et delicca populi.  — ■*  ^  iS.  et  uk.  In  eo  enim  in  quo 
passtis  est  ipse  et  tenlaliis,  potens  est  et  eis  qui  lentanUn-  auxiliari. 


24o  PREFACE 

qu'il  devoit  etre  notre  liberateur  ;  c'est  parce  qu'en  cette 
qualite  ,  il  devoit  etre  en  meme  temps  pour  nous  pretre 
et  victime ;  c'est  parce  que  sa  mort  meme  devoit  etre  le 
prix  de  notre  delivrance  ,  et  que  sa  resurrection  devait 
en  etre  le  principe  et  le  gage.  II  a  fallu  qu'il  fut  passible  et 
mortel, parce  que,  par  un  effet  admirable  de  la  grace  etde  la 
bonte  deDieu,  il  a  fallu  qu'il  goutat  la  mort  pour  tous;  c'est 
ce  que  I'Apotre  avoit  d'abord  avance ,  et  c'est  a  quoi  peut 
se  reduire  tout  ce  qu'il  a  ensuite  ajoute  pour  expliquer  ce 
mystere  profond  et  ineffable  qui  merite  notre  adoration , 
nos  actions  de  graces,  noire  amour  et  notre  confiance. 
Excellence      L'Apolre  a  interrompu  I'eloge  de  Jesus-Christ  pour 
de  J.-C.  au-   lever  le  scandale  de  sa  mort :  il  va  maintenant  reprendre 
dessus  de        la  suite  de  cet  eloge  ;  et  apres  avoir  montre  combien  Jesus- 
Moise.  Christ  est  eleve  au-dessus  des  prophetes  et  au-dessus  des 

anges  ,  il  va  fairc  voir  combien  il  est  eleve  au-dessus  de 
Moise,  qui  etoil  le  plus  distingue  d'entre  les  prophetes,  et 
de  qui  les  Juifs  avoient  recu  la  loi  qui  avoit  ete  annoncee 
par  les  anges  (  chap,  ni ).  Il  vient  de  moutrer  Jesus-Christ 
comme  un  pontife  compatissant  et  fidele  ,  il  en  prend  oc- 
casion d'exhorter  les  Hebreux ,  etprincipalement  ceuxqui 
avoient  eu  part  a  la  grace  de  la  vocation  celeste  ,  et  qu'il 
appelle  pour  cette  raison  ses  freres  saints ,  a  considerer 
Jesus-Christ  comme  I'apdtre  et  le  pontife  de  la  religion 
que  nous  professons  ^  ;  apotre ,  pour  en  etablir  le  fonde- 
ment  qui  est  la  foi ,  par  la  parole  de  Dieu ,  qu'il  a  lui-meme 
annoncee  ,  et  que  ses  ministres  annoncent  en  son  nom  ; 
pontife ,  pour  exercer  les  fonctions  qui  en  sont  I'ame  et  la 
perfection ,  et  qu'il  a  lui-meme  exercees  sur  la  terre ,  qu'il 
f  continue  d' exercer  dans  le  ciel,  et  qu'il  exerce  encore  sur 
la  terre  en  la  personne  de  ses  ministres ,  par  eux  et  avec 
eux ,  en  communiquant  aux  hommes  la  grace  et  les  dons 
de  Dieu  par  les  sacremens ,  et  en  offrant  a  Dieu  la  recon- 
noissance  et  les  devoirs  des  hommes  par  le  sacrifice.  Ce 
qu'il  fait  d'abord  remarquer  en  Jesus-Christ  revetu  de  la 
double  qualite  d' apotre  et  de  pontife,  c'est  sa  fidelitea  I'e- 
gard  de  celui  qui  I'a  etabli  ^,  c'est-a-dire  a  I'egard  de  Dieu 
son  pere  de  qui  il  a  recu  cette  double  qualite.  II  en  prend 
occasion  de  comparer  Jesus-Christ  avec  Moise  ;  et  il  me 
semble  d'abord  I'egaler  a  Moise ,  en  disant  qu'il  a  ete  fidele 

*  jr  i.XJnde,fratres  sancti,  vocationis  ca-lestis participes,  considerate,  etc. 
—  2  y^  a.  Quijidelis  est  ei  qui  fecit  ilium. 


SUR  l'ePITRE  AUX.HEBBEUX.  ail 

commeMoise  '.  Mais  aussitotil  le  releve  au-dessusde  Moise, 
en  declarant  que  le  peuple  entier  aii  milieu  duquel  MoIse 
a  exerce  son  niinistere,   n'eloit  aulre  que  la  niaison  meme 
de  celui  que  Dieu  a  etabli  I'apotre  et  le  poulife  de  notre 
religion  ^.  II  explique  et  developpe  sa  pensec  ,  en  ajoutant 
qu'en  effet  Jesus-Christ  a  ete  juge  digue  d'une  gloire  d'au- 
tant  plus  grande  que  celle  de  Moise,  que  celui  qui  a  bati 
la  niaison  est  plus  estimable  que  la  maison  meme^.  II  fait 
remarquer  que  toute  maison  suppose  necessairement  un 
architecle  par  qui  elle  a  ele  batie  *.  Or  ,  le  peuple  juif ,  qui 
est  celle  maison  dans  laquelle  Moise  a  exerce  son  minis- 
lere  ,  n'cst  lui-meme  qu'une  partie  d'un  plus  grand  ediOce 
qui  est  tout  I'univers ;  ce  grand  edifice  suppose  done  un 
architecle  qui  a  toutcree;  et  cetarchilecte  est  Dieu  meme^; 
de  la  resulle  I'excellence  infinie  de  Jesus-Christ  au-dessus 
de  Moise.  C'est  ce  que  I'Apotre  developpe  en  comparant 
Moise  avec  Jesus-Christ.  Moise  a  ete  fidele  dans  toule  la 
maison  de  Dieu  ,  comme  un  serviteur  ^  ;  et  son  niinistere 
se  bornoit  a  annoncer  au  peuple  tout  ce  qu'il  lui  etoit  or- 
donne  de  dire,  et  a  lui  rendre  ainsi  lemoignage  des  vo- 
lonles  du  Seigneur  " .  Mais  Jesus-Christ  comrae  fils  egal  et 
consubstantielaDieuson  pere  ,  est  fidele  a  I'egard  de  Dieu 
son  pere  dans  I'aulorite  que  Dieu  son  pere  lui  a  confiee , 
et  qu'il  exerce  sur  la  maison  de  son  Pere  qui  est  aussi  sa 
propre  maison  ^.  Moise  n'est  que  serviteur  de  Dieu  ;  Jesus- 
Christ  est  fils  de  Dieu  ,  Dieu   lui-meme.  L'Apotre  n'ex- 
prime  pas  ici  en  quoi  consistele niinistere  de  Jesus-Christ, 
et  en  quoi  il  differe  de  celui  de  Moise,  parce  qu'il  I'a  deja 
assc'.  marque  en  disant  que  Jesus-Christ  est  I'apotre  et  le 
pontife  de  notre  religion.  Moise  ,  charge  seulement  d'an- 
noncer  les  volontes  de  Dieu  a  son  peuple  ,  n'exercoit  ainsi 
qu'une  parlie  des  fonclions  que  Jesus-Christ  devoit  exer- 
cer  :  il  exercoit  a  I'egard  de  son  peuple  le  ministere  de  I'a- 
poslolat ;  le  sacerdoce  eloil  confie  a  Aaron  :  mais  Jesus- 
Christ  reunit  en  sa  pcrsonne  le  sacerdoce  et  Tapostolat; 
et  il  exerce  I'un  et  I'aulre  d'une  maniere  bienplus  parfaite 
el  bien  plus  excellenle. 

*  f  ^.  SicutetMojse*.  —  *  Ibid.  Inomni  domo  ejus.  —  '  -jl-  3.  AmpUo- 
ris  enim  glorice  I'siepree  Moyse,  etc. — *  /  4.  Omnis  namque  domusfabri- 
ealurab  aliquo. — *  Ibid.  Qui  autem  omnia  creavit,  Deus  est.  —  *  V  5.  Et 
MoYses  cf u idem  Ji delis  erat  in  tola  domo  ejus,  tamjuam  famulus.  — ''Ibid. 
In  tesiimonium  eorum  quce  dicenda  eratit. — *  ^  6.  Christus  vero  taniquam 
fiUus  in  domo  sua  (gr.  ijn  tcv  iUiv  auTVj,  super  domum  ejus). 

a3.  16 


2  4s  PREFACE 

L'Ap6tre  ex-  Apr^s  avoir  ainsl  etabli  rexcellence  de  Jesus-Christ  spe- 
horte  les  H6-  cialement  au-dessus  de  Moise  ,  I'Apdtre  va  en  prendre  oc- 
bieuxa  s  af-  (.ggiQj^  d'exhorter  les  Hebreux  a  s'aiiermir  dans  la  foi ,  et  a 
lermirdans  la   ,  ,     ,  i    '     v    ,  »  /^m     •        ti  i 

foi  etade-     demeurer  perseveramment  attaches  a  .lesus-Llirist.  II  leur 

meurer  perse-  reprcsente  donc  qu'ils  sonl  eux-memes  la  maison  de  Dieu, 
veramment  Jg  majson  de  Jesus-Christ ,  ainsi  que  tons  ceux  qui  sont 
aiiaches  a  comme  eux  participans  de  la  vocation  celeste  par  le  don  de 
Jpsus-Christ.  ,     r  ■  1  •  *  .  -11  »-^ 

II  leur  cite      '^  '^i    ;  mais  en  meme  temps  ii  les  avertit  que  nous  ne 

sur  cela  I'ex-  pouvons  tous  conserver  ce  precieux  avaniage  ,  qu'autant 
horiation  que  que  nous  coMScrverons  jusqu'a  la  fin  une  ferme  confiance 
Esprii-Saint  g^  ^^^  attente  pleine  de  joie  des  biens  que  nous  espe- 
leuradresse  ,  ..  '  .  •'  ,  p  -.    •.   m 

au  ps.  xciv      rons  ^ ;  ce  qui  msmue  assez  que  leur  contiance  etoit  ebran- 

lee ,  et  qu'ils  supporloient  avec  peine  les  epreuves  dans 
lesquelles  ils  se  trouvoient.  lis  avoient  donc  besoin  que 
I'Apotre  Vint  au  secours  de  leur  foi ,  et  employat  les  motifs 
les  plus  pressans  pourles  preserver  de  la  chute  funeste  dont 
ils  etoient  menaces  ;  c'est  aussi  sur  quoi  il  va  beaucoup  in- 
sister :  et  afin  queson  discours  leur  fasse  plus  d'impression , 
il  les  rappelle  aux  anciennesEcritures,  dontrauloritcleur 
etoit  si  respectable  ;  et  il  leur  fait  remarque**  que  c'est  le 
Saint-Esprit  meme  qui  y  parle  ^.  Le  texte  qu'il  leur  cite  est 
tire  du  psaume  xciv,  qui  est  une  invitation  que  I'Esprii- 
Saint  met  dans  la  bouche  du  peuple  fidele  ,  et  qu'il  adresse 
a  toutes  les  nations  ,  et  particulierement  a  la  nation  juive  , 
pour  I'attirer  ,  elle  et  tous  les  peuples  ,  a  I'obeissance  de  la 
foi ,  a  la  religion  sainte  de  Jesus-Christ.  D'abord  I'invita- 
tion  s'adresse  a  toutes  les  nations  de  la  terre  jusque-la  en- 
veloppees  dans  les  tenebres  de  Tignorance  et  de  I'infide- 
lite  :  elles  sont  invitees  a  venir  se  rejouir  dans  le  Seigneur, 
etrendre  graces  au  Dieu  Sauveur,  parce  qu'il  est  lui-meme 
le  grand  Dieu  et  le  grand  Roi  eleve  au-dessus  de  tous  les 
dieux  ;  qu'il  estle  maitre  des  plus  profonds  abimes,  et  des 
montagnes  les  plus  hautes  ;  que  la  nier  est  son  ouvrage ,  et 
que  c'est  lui  qui  a  forme  la  terre.  Ensuite  I'invitation  est 
adressee  a  ceux  que  Dieu  avoit  choisis  pour  etre  son  peu- 
ple ,  c'est-a-dire  aux  Juifs  memes  ;  ils  sont  invites  a  venir 
adorerle  Dieu  Sauveur  qu'ils  ontmeconnu  ;  a  venir  se  pro- 
sterner  devant  lui,  et  pleurer  en  la  presence  du  Dieu  qui 
les  a  fails  ,  le  crime  qu'ils  ont  comrais  contre  lui ,  parce  que 

'-;}  0.  Qiice  (oO,  Cujus)  domus  surntis  nos.  — *y  6.  Si  Jiducianiet  glo- 
fiani spei  [to  xau)(^Y)(xa t^?  ilmS'oi;)  usque  ad  Jinem^  Jinnam  relineamus .  — 
'  /  7-  Qitoptvpicr  sicut  dicit  SpiriiiisSancLus,  etc. 


SLirt'EPlTRE  ALX  HEBREUX.  iziS 

ce  Dieu  Sauveur  qu'ils  ont  meconnu  est  lui-m^me  le  Sei- 
<;neur  leur  Dieu ,  le  Dieu  que  leurs  peres  ont  adore  ,  le 
Dieu  que  nous  adorons  ,  et  qu'ils  adorent  eu.v-memes  sans 
le  connoitre  tel  (ju'il  est ;  que  nous  sommes  nous-memes  ce 
qu'ils  etoient  autrefois,  et  ce  qu'ils  serdYit  un  jour  avec 
nous,  le  peuple  que  sa  main  conduit,  et  les  brebis  qu'il 
nourrit  dans  ses  paturages.  lis  sont  exhortes  a  ne  pas  fer- 
raer  les  oreilles  a  la  voix  de  ce  Dieu  Sauveur ,  et  a  ne  pas 
endurcir  leurs  coeurs,  conime  firent  autrefois  dans  le  desert 
leurs  peres ,  qui  par  leur  infidel  ite  perseverante  meriterent 
d'etre  exclus  du  repos  que  le  Seigneur  leur  avoit  prepare. 
5/'  vous  entendez  aujourct/iui  sa  voix ,  nendurcissez  pas  vos 
caurs ,  comme  il  arriva  au  temps  de  la  contradiction  et  aujour 
de  la  lentalion  dans  le  desert,  oh  vos  peres  me  tenlerent ,  dit  le 
Seigneur  ,  oa  ils  voalurent  eprouver  ma  puissance ,  et  oil  ils 
rirenl  mes  anvrts  pendant  quarante  annees.   Ce  Jut  pour  cela 
que  je  les  supportai  avec  peine  et  avec  degout ,  et  je  dis  :  Ce 
peuple  se  laissc  toUjonrs  emporler  a  tegarement  de  son  cceur , 
et  line  connoit  point  vies  voies.  C'est  pourquoi  je  leur  jarai 
dansiiiacolere  qu  ils  nenlrcroient  point  dans  mon  repos  '.  C'est 
ainsi  que  I'Apotre  rapporle  ce  texte  ,  qui  est  celui  sur  le- 
quel  il  insiste;  et  rien  ne  pouvoit  mieux  convenir ,  puisque, 
comme  on  vient  de  le  voir ,  ce  texte  regarde  proprement 
les  Juifs  memes,  et  que  le  Dieu  Sauveur  dont  I'Esprit-Saint 
les  exhortea  ecouter  la  voix,  est  eviderament  Jesus-Christ 
meme.  C'est  I'Esprit-Saint  qui  parle  ;  c'est  de  Jesus-Christ 
qu'il  parle  ;  c'est  aux  Juifs  memes  qu'il  parle  dans  le  texte 
que  I'Apotre  rapporte.  Ce  sont  trois  verites  que  I'Apotre 
reconnoit,  et  qui  sont  lefondement  de  toutce  qu'il  va  dire. 
S'il  y  a  quelques  differences  entre  son    texte  et  le  texte 
hebreu  ,  c'est  qu'il  suit  la  version  des  Septante.  Mais  ces 
differences  sont  peu  importantes,  et  n'interessent  point 
les  consequences  que  I'Apotre  va  tirer  de  ce  texte.  L'Apotre 
s'adresse  done  aux  fidelesd'entre  les  Hebreux ,  et  les  appe- 
lant ses  freres ,  il  les  avertit  de  prendre  garde  que  quel- 
qu'un  d'euxne  tombe  dans  un  dereglement  de  coeur  et  dans 
uueincredulite  qui  le  separe  du  Dieu  vivant  ^  ;  et  de  s'ex- 
horter  chaque  jour  les  vms  les  autres ,  pendant  que  dure  te 
temps  que  TEsprit-Saint  dcsigne  dans  ce  psaurae  par  ce 
mot,  Aujourd! hui^ ;  parce  qu'en  effet  comme  ce  psaume 

'  7  7- '  I .  Hodie  si  rocem  ejus  audieriiis,  etc.  —  --^  11.  Vidtte,  f retires., 
ne  forte  sit  ill  aliquo  vestrum,  etc.  — -^ -j^  i3.  Sed  adhorutminivosmetipsos 
per  singulos  dies  donee  Hodie  cognominati/r. 


a44  *       PREFACE 

regarde  Jesus-Christ,  ce  mot  Aujourd'hui  renferine  lout  le 
temps  qui  doit  s'ecouler  depuis  le  premier  avenement  de 
Jesus-Christ  jusqu'ason  dernier  avenement.  L'Apotre  les 
avertit  done  de  s'exliorter  les  uns  les  autres,  de  peur  que 
quelqu'un  d'eux-etant  seduitpar  le  peche,  ne  tombe  dans 
I'endureissement  *.  II  les  console  en  reconnoissant  qu'ils 
sont  devenus  participans  de  Jesus-Christ,  qu'ils  ont  eu 
part  a  ses  graces  ,  ainsi  que  tous  ceux  qui  ont  ci'u  en  lui  ^  ; 
maisen  m^me  temps  il  les  avertit  qu'aucun  de  ceux  qui  ont 
cru  en  Jesus-Christ  ne  pent  conserver  le  precieux  avantage 
de  cette  excellente  participation  ,  qu'autant  cju'il  conserve 
inviolablement  jusqu'a  la  fin  le  commencement  de  Tetre 
nouveau  que  Jesus-Christ  a  mis  en  lui  ^  ,  et  qu'i!  persevere 
ainsi  tantque  dure  ce  temps  dont  I'Esprit-Saint  parle  lors- 
que  les  invitant  a  croire  en  Jesus-Christ ,  il  leur  dit ,  Au- 
jourd'hui si  vous  entendez  sa  voix ,  ri endurcissez pas  vos  cceurs, 
comme  il  arriva  au  temps  de  la  contradiction  ^ ,  Il  developpe  les 
menaces  terribles  renfermees  dans  ces  paroles ,  et  dans 
celles  qui  les  suivent ;  et  il  leur  fait  sur  cela  trois  questions ; 
car  saint  Jean  Chrysostome  et  Theodoret  reconnoissent 
que  tel  est  le  sens  du  grec  ,  et  que  c'est  aussi  le  sens  le  plus 
clair  et  le  mieux  lie.  11  leur  demande  done  premierement 
qui  sont  ceux  qui  ayant  entendu  la  voix  du  3eigneur  dans 
le  desert,  I'irriterent  par  leurs  contradictions:  a  quoi  il 
repond  par  une  autre  interrogation  ,  en  leur  demandant  si 
ce  n'est  pas  tous  ceux  que  Moise  avoit  fait  sortir  de  I'E- 
gypte;  parce  qu'en  eifet  des  six  cent  mille  hommes  compris 
dans  le  denombrement  de  ceux  qui  sortirent  de  I'Egypte 
sous  la  conduite  de  Moise ,  il  n'y  en  eut  que  deux  ,  Josue  et 
Caleb ,  qui  ne  prirent  point  part  aux  murmures  et  aux  con- 
tradictions du  peuple ,  et  qui  echapperent  ainsi  aux  ven- 
geances du  Seigneur^.  L'Apotre  leur  demande  seconde- 


*y^  i3.  Ut  non  ohduretur quis  ex  vobis  fallacia  peccati.  — ^f  14.  Par- 
ticipes  enim  Chrisd  effecti  sumus .  —  ^  Ibid.  Si  lame n  initium  substantice 
ejus  usque  adfinemfirmum  retineamus. — *  -^  i5.  Eum  dicitur :  Hodie  si 
VQceni  ejus^  etc. — *  >^  16.  La  Vulgate  porteaffirmalivement.•QM^i/aw  enim 
audientes  exaceibauerunt,  sed  non  univeisi  qui  profecti sunt  ex  Mgypto 
per  Moysen  :  et  cela  est  vrai ,  parce  que ,  comme  on  vient  de  le  voir,  il  faut 
cxcepter  de  ces  six  cent  mille  hommes  Josue  et  Caleb ;  mais  celte  exception 
n'eH>peche  pas  que  Moise  ne  repete  quatre  fois  que  toute  la  multitude  prit 
part  au  murraure  :  Omnis  multitudo.  Num.  xiv.  i.  5.  7.  ef  ro  Et  lorsque 
Dieu  prononce  la  condamnation  dc  ces  murmurateurs,  il  declare  et  repet«  que 
tous  ceux  qui  ont  vu  ses  merveilles ,  et  qui  ont  ete  compris  dans  le  denombre- 


SUA  L'^ptxRS  AUX  Hl^BREUX.  a45 

ment,  qui  sont  ceux  que  Dieu  a  supporles  avec  peine  et 
avec  degoiit  durant  quarante  aiis  dans  le  desert ;  et  repon- 
dant  encore  a  ceia  par  une  autre  interrogation  ,  il  leur  de- 
mande  si  ce  n'est  pas  ceux  qui  avoient  peche  contre  le  Sei- 
gneur, et  dont  les  corps  deineurerent  etendus  dans  le 
desert'  .  Enfin  il  leur  demande  troisieinement  qui  sont 
ceux  a  qui  Dieu  a  jure  qu'ils  n'entreroient  jamais  dans  son 
repos  ;  et  continuant  la  meme  interrogation  ,  il  leur  de- 
mande si  ce  n'est  pas  ceux  qui  ont  ele  incredules  et  re- 
belles  a  sa  parole  ^.  II  ajoute  qu'en  efTet  on  voit  qu'ils  n'ont 
pu  y  enlrer  a  cause  de  leur  incredulite  ^.  11  va  lui-meme 
montrcr  aux  Hebreux  quelles  consequences  ils  doivent 
lirer  de  la. 

II  les  avertit  done  (  chap,   iv  )  que  s'appliquant  cette     L'Apdtre 
menace  terrible,  ou  plutol  cet  arret  redoutable  que  Dieu  continue 
prononca  contre  les  incredules  de  son  peuple ,  ils  doivent  d'exhorter 
r  --J  .  -I  J    •..  1  -J  •  1    •       «  les  Hebreux 

tous  craindre ,  et  il  doit  le  cramdre  aussi  lui-meme  avec  ,    'affermir 

eux ,  que  s'ils  vieiment  a  negliger  la  promesse  qui  leur  est  jans  la  foi. 
faite  d'entrer  dans  le  repos  de  Dieu  ,  il  n'v  ait  quelqu'un  II  leur  mon- 
d'entre  eux  qui  en  soit  exclus ,  meme  d'une  maniere  vi-  tre  lesconse- 
sible  par  une  apostasie  ouverte  a  laquelle  il  seroit  aban-  <1"^6°<^"  . 
donne^.  L'Apotre  developpe  sa  pensee  par  le  parallele  de  venuirerdu 

raent,  perlronl  tons  dansle  desert,  omnes,  excepte  seulement  Caleb  et  Josue. 
Ibki.  22.  ef  29.  Legrec  de  saint  Paul  lei  qu'il  est  accentue  et  ponctue  au- 
jourd'hui,  estconforme  a  la  Vulgate  :  Ttvs;  -yap  dxiioavTe;  :;af  E'JTixp avav  j 
a)J.'  c'j  -avT£;  ol  £;£>.eivTe;  i;  AipTrrcj  8\.k  Muffjuj.  Mais  I'usage  des  accens 
etde  la  ponctuation  n'est  pas  de  la  premiere  antiquity  :  saint  Jean  Chrysos- 
lome  et  Theodoret  reconnoissent  qu'il  faut  lire  ces  deux  phrases  dans  un 
sens  interrogaiif'qui  s'exprime  ainsi  :  Tivs;  •j'ocp  ixxcuaavTE?  ^istfeTTOcaixvav; 
iXX'  cii  TTavTcc  d  zli'jfyit-t^  li  AiyjTTTCJ  ^ti  Mtooiu;  ;  c'est-^-dire  ,  Quinam 
enini  audientes  exacerbaverunt?  iionne  iiniversi  qui  profecti  sunt  ex 
Mgjrptoper  MoYsen  ?  Et  on  vienl  de  voir  que  ce  sens  est  pleinement  autorise 
etjustiliepar  les  expressions  de  Moise  et  de  Dieu  m^me,  parce  qu'il  ne  s'agit 
ici  que  d'une  tolalite  morale ,  dont  on  excepte  seulement  Caleb  et  Josue.  Ce 
qui  a  donne  lieu  a  requivoque,  c'est  I'expression  iX>.'  cu,  qui  k  la  verite  dans 
une  proposition  direcle  signifie ,  Sed  non  \  mais  la  m^me  expression  se  prend 
interrogatiyement  pour  iionne  :  sur  quoi  Henri  Etienne  dans  son  diclion- 
naire  cite  entre  autres  exemples  cette  phrase  de  Demosthene :  aXX'  eux  a> 
t&jt'  ev6£«;  eiKotsv ;  imo  vero  nonne  staiini  hoc  di'cerent?  Voyez  la  douzieme 
Dissertation  du  P.  Mauduit ,  ou  il  montre  que  tel  est  le  sens  de  ce  texte  de 
saint  Paul. 

'  y-  17-  Quilms  aulem  infensus  est  quadraginta  annis?  Nonne ,  etc. 
—  *  V^  18.  Quibus  autem  juravii  non  iiitroire  in  requiem  ipsius\  nisi  illis 
qui  increduli fuerunt?  (Gr.  Tci;  iret6Tffaffi  )  — '  ^  19.  ef  ult.  Et  videmus 
quia  non  potueruni  introire  propter  increduliiatem.  ■ —  *y  i.  Timeamui 
fT^o  ne  forte  relicta  pollicitatione,  etc. 


246  PREFACE 

texte  qu'il      ee  qui  arriva  aux  Hebreux  du  temps  de  MoYse  ,  avec  ce  qui 
vient  de  ci-    jg^^j,  arrivoit  alors  depuis  Jesus-Christ;  mais  pour  les  me- 
iiager ,  il  se  contente  de  commencer  ce  parallele  ,  et  leur 
laisse  le  soin  de  I'achever.  II  leur  represente  done  qu'on 
leur  a  annonce  a  eux-memes  aussi  bien  qua  leurs  peres 
une  heureuse   nouvelle^,  qui   est  cette  proniesse  meme 
d'entrer  dans  le  repos  de  Dieu.  Au  temps  de  Moise ,  Dieu 
en  promettant  a  leurs  peres  de  les  faire  entrer  dans  son 
repos,  s'ils  etoient  dociles  a  sa  voix,  leur  promettoit  en 
meme  temps  le  repos  figuratif  qu'il  leur  preparoit  dans  la 
lerre  promise ,  et  le  repos  veritable  qu'il  reserve  a  ses  elus 
dans  son  sein  :  au  temps  de  Jesus-Christ  Dieu  leur  pro- 
mettoit ,  non  plus  le  repos  figuratif  donne  aux  enfans  de 
,  ceux  qui  etoient  morts  dans  le  desert,  mais  le  seul  repos 

veritable,  qui  est  seul  vraiment  son  repos.  L'Apotre  con- 
tinue la  premiere  partie  du  parallele ,  et  fait  remarquer 
aux  Hebreux  que  la  parole  que  leurs  peres  enlendirent , 
c'est-a-dire  la  promesse  qui  leur  fut  faite,  ne  leur  servit 
de  rien^.  II  leur  laisse  a  conclure  qu'ils  doivent  craindre 
que  la  parole  qu'ils  ont  eux-memes  entendue  ne  leur  de- 
vienne  aussi  inutile,  et  que  la  promesse  qui  leur  a  ele  faite 
ne  demeure  de  meme  pour  eux  sans  effet.  11  leur  fait  re- 
marquer que  si  la  parole  adressee  a  leurs  peres  leur  fut 
inutile ,  c'est  parce  qu'elle  ne  fut  pas  jointe  avec  la  foi  en 
ceux  qui  Tentendirent^  ;  et  il  leur  laisse  a  conclure  que 
s'ils  se  laissent  afl'oiblir  dans  la  foi,  ils  s'exposent  a  perdre 
de  meme  I'effet  de  la  promesse  qui  leur  a  ete  faite.  Mais 
les  Hebreux  pouvoient  objecter  que  les  enfans  de  ceux 
qui  etoient  morts  dans  le   desert  avoient  ete  introduits 
par  Josue  dans  le  lieu  de  repos  que  Dieu  avoit  annonce  a 
leurs  peres ,  c'est-a-dire  dans  la  terre  que  Dieu  leur  avoit 
promise ;  qu'ainsi  la  promesse  etant  accomplie ,  il  n'y  avoit 
plus  d' autre  repos  a  attendre.  11  falloit  done  leur  montrer 
que  la  promesse  n' avoit  point  recu  son  entier  accomplisse- 
ment;    qu'il  restoit  encore   un  autre  repos  don t  celui-la 
n'etoit  que  la  figure  :  il  falloit  expliquer  en  quoi  consiste 
ce  vrai  repos  promis  et  reserve  au  peuple  de  Dieu ;  c'est 
ce   que  I'Apotre  va  faire  en   continuant  d'expliquer  les 

*y-2.  Eteaim  et  nobis  niintiatum  est^  quemadmodum  et  iUis.  (Gr.  Kai 
•^ip  6(T(i.sv'£ur)"i''^tXiCT[Asvot,  etc. —  ^  Ibid.  Sed  non profuit  ilLis  sermo  auditus. 
— ^  Ibid,  Non  admistusjideiex  iis  qui  audierunt,  (Gr.  rot;  ixou(!(x.(si ,  in  lis 
qui  audierunt.) 


St'U  t'CPiTRk  A6X  uisREUX.  2^7 

verites  iniporlantesrenfermces  dans  le  lexle  du  psauine  xciv 
qu'il  a  cite.  Aprcs  avoir  fail  remarquer  que  ce  sont  les  in- 
credulcsqui  par  leur  incredulile  nicme  denieurent  cxclus 
du  repos  proniis,  il  en  conclut  que  lous  ceux  qui  croient 
entreront  en  ce  repos' ,  c'est-a-dire  tons  ceux  qui  croient 
de  cetle  foi  vive  qui  opcre  la  charite.  Pour  prouver  que 
ceux  qui  croienl  entreront  dansce  repos ,  il  se  contente  de 
rappeler  ranallienie  prononce  centre  ceux  qui  ne  croient 
pas:  Je  leur  ai  jure  ,  dit  le  Seigneur,  qiiils  n  entreront  point 
dans  mon  repos^.  II  va  developper  toule  la  force  de  cette 
preuve.  Et  d'abord   il  insiste  sur  cette  expression,  doTis 
mon  repos;  et  il  fait  remarquer  que  I'unique  repos  qui 
puisse  etre  verilablement  appele  le  repos  de  Dieu  est  celui 
ou  Dieu  est  cntre  apres  avoir  acheve  ses  ouvrages  dans  la 
creation  du  monde^.  Sur  quoi  il  cite  ce  qui  est  dit  dans  la 
Genese,  ou  Moise  parlant  du   septieme  jour,  s'exprime 
ainsi :  Dieu  se  reposa  le  septieme  jour  apres  avoir  ackete  toules 
ses ceuvres*.  A  cette  parole,  ou  le  r^pos  de  Dieu  est  bien 
marque,  il  compare  aussitotle  texte  qu'il  vient  de  citer  , 
ou  le  Seigneur  dit :  lis  7i  entreront  point  dans  mon  repos  ^  '^  et 
il  laisse  a  comprendre  que  le  rapport  de  ces  deux  expres- 
sions etant  si  sensible  etsi  marque  ,  il  en  rcsulte  clairement 
que  le  repos  dont  Dieu  a  parle  par  la  bouche  du  Psalmiste, 
est  celui-la  meme  dont  il  parle  par  la  bouche  de  Moise , 
et  dans  lequel  il  est  entre  apres  les  six  jours  de  la  creation 
Or,  cette  parole  :  lis  n  entreront  point  dans  mon  repos ,  en 
excluant  les  unsde  ce  repos,  prouve  que  d'autresdoivent 
y  entrer;  elle  prouve  que  ce  repos  meme  eloit  annonce 
et  promis  aux  anciens  Hebreux  sous  le  symbole  du  repos 
de  la  terre  promise;  elle  prouve  que  ce  fut  de  ce  repos 
meme  qu'ils  furent  exclus  par  leur  incredulite  :  I'Apotre 
reunit  ces  trois  verites'',  el  il  en  conclut  que  ceux-la  ayant 
merite  d'etre  exclus  de  ce  repos  par  leur  incredulite,  il  a 
fallu  que  ce  repos  fut  annonce  a  d'auires  afin  que  d'aulres 
pussent  y  entrer;   c'est  ce  qu^il  exprime  en  disant  que 
puisqu'il  resulte  de  cet  anatheme  meme  que  quelques-uns 

y  3.  Insrediemurenini  in  requiem,  qui  credldimus.  —  -Ibid.  Qitem- 
admodum  dixit:  Sictttjuravi  in  ira  mea,  SiinliviSunt  in  requiem  meam. 
— •'  y  3.  Etquidem  operibus  ab  insliiutione  miiiidi peij'ectis. — *  y  \.  Dixit 
enim  in  quodam  toco  de  die  seplima  sic  :  El  r.quiex'it  Deus  die  seplima  ab 
omnibus  suis.  —  *  ^^  5.  Et  in  isio  rursum  :  Si  introibunt  in  lequiem  meani. 
— *  y  6.  Quoniam  ergo  superesi  intt-oire  quosdam  in  illam  .  et  ii  qiiibus 
prioribus  annuniialum  est,  non  iiuroieruiu propter  incr€duli,.aiem,  etc. 


2^8  PREIACE 

doivent  entrer  dans  ce  repos ,  et  les  premiers  a  qui  ce  re^ 
pos  a  ete  annonce  ,  n'y  sont  point  enlrcs  a  cause  de  leur 
desobeissanix^e ,  c'est  pour  ceia  meme  que  Dieu  determine 
encore  un  jour  particulier  qu'il  appelle  Aajourd'hui,  en 
disant  tant  dc  temps  apres  par  David  :  Aujourd' hai si  vou$ 
enlendez  sa  voix  ,  n  endurcissez  pas  vos  cceursK  II  fait  remar- 
quer  que  si  Jesus,  c'est-a-dire  Josue ,  eut  donne  aux  He- 
breux  le  vrai  repos  que  Dieu  leur  avoit  promis ,  Dieu  ne 
parleroit  pas  ensuite  par  la  bouche  de  David  d'un  autre 
jour  dans  lequel  ii  est  encore  temps  de  travailler  a  entrer 
dans  le  repos  qu'il  promet  et  qui  est  seul  vraiment  son  ra- 
pes^. Etil  conclut  qu'il  reste  done  encore  unsabbat,  c'est- 
a-dire  un  repos  pour  le  peuple  de  Dieu^.  Remarquons  ici 
en  passant  combien  etoit  frivole  I'argumentque  les  mille- 
naires  pretendaient  tirer  de  ce  texte  pour  montrer  que  le 
peuple  de  Dieu  jouiroit  d'un  repos  de  mille  annees  sur  la 
terre  avant  d'entrer  dans  I'eternelle  felicite  que  Dieu  a 
preparee  a  ses  elus  dans  son  sein.  L'Apotre  vient  de  mon- 
trer que  ce  repos  reserve  au  peuple  de  Dieu  n'est  autre 
que  le  repos  de  Dieu,  c'est-ardire  le  repos  donl  Dieu  jouit 
en  lui-,meme,  et  dans  lequel  il  est  entre  apres  les  six  jours 
de  la  creation  :  ce  repos  n'est  done  autre  que  reternelle 
felicite  meme  que  Dieu  a  preparee  a  ses  elus  dans  son  sein. 
Et  c'est  encore  ce  que  FApotre  confirme  lorsque  paracte- 
risant  ce  repos  il  ajoute  que  celui  qui  est  entre  dans  le 
repos  de  Dieu  se  repose  aussi  lui-meme,  en  cessant  de 
travailler,  comnie  Dieu  s'est  repose  apres  ses  ouvrages^. 
Tout  repos  limite,  tout  repos  distingue  du  repos  ^ternel 
qui  est  le  vrai  repos  de  Dieu,  n'est  point  le  vrai  repos  que 
Dieu  a  promis  a  son  peuple.  L'Apotre ,  apres  avoir  ainsi 
montre  qu'il  y  a  verilablementun  repos  reserve  au  peuple 
de  Dieu,  et  quel  est  le  caractere  distinctif  de  ce  repos, 
exhorle  les  Hebreux ,  et  s'exborte  lui-meme  avec  eux  ,  k 
faire  tous  leurs  efforts  pour  entrer  dans  ce  repos^,  et  surr 
tout  a  bien  prendre  garde  qu'aucun  d'eux  ne  se  laisse  torn 
ber  dans  une  incredulite  semblable  a  celle  qui  fut  cause 


*-^'].  Tterum  terminat  diemc/uenidom,  Hodi'e  ,  in  Daui'd  dicendo,  eic. 
— *  ^  S.  Nam  si  eis  Jesus  ref/uiem  prcestldsset,  nunquam  dc  alia  loquet^- 
turposiliac  die.  —  ^  V^  9.  liaque  rellnquerctur  sabiatismus  popido  Dei.  — 
*  ^  10.  Qui  enim  ingressus  est  in  requiem  ejus ,  eliam  ipse  requievit  ab. 
operibus  suis,  sicui  a  suis  Deus.  —  *  ^  1 1.  Festinemus  (gr.  (J7rou<y^a<i«[A£v) 
frgo  ingrediin  illam  requiem. 


commenta- 
teurs. 


SUR  l'ePITRE  AUX  HEBREUX.  249 

que  leurs  pferes  demeurferent  cxclus  de  ce  repos  que  Dieu 

leur  avoil  annonce  et  promis '. 

Mais  avant  de  quitter  ceci,  remarquons  tout  I'avantage     Remarques 

que  rAp6tre  a  su  tirer  du  texte  qu'il  a  cite ,  toutes  les  ^^^  ,  "a*^??  ^ 
^         ,    r    ,   .    ,  ,.,  J,  ^       o  ¥i  J         quelApotre 

grandes  ventes  qu  il  y  a  decouvertes.  i    11  a  reconiiu  dans  fait  id  da 

ce  texte  ,  comme  dans  toutes  les  autres  parties  des  divines  texte  du  ps. 

Ecritures,  la  voix  de  I'esprit-Saint  ^ ,  la  voix  de  Dieu  par-  xciv.Cette 

lant  par  la  bouche  de  David  ^ ,  ainsi  que  par  celle  des  au-  p^^e  j/galn, 

ires  ecrivains  sacres.  2°  11  a  reconnu  que  le  Dieu  Sau- pa^i  auxH^- 

veur  dont  il  est  parle  dans  ce  psaume ,  et  dont  il  faut  breux  est  un 

ecouter  la  voix ,  est  Jesus-Christ  meme  ,  puisqu'il  n'em-  ^^^  P'*"  ^^7 

,    •  ,      .  TT  '!_  »•!     J    •    cellens  mcxie- 

ploie  ce  texte  que  pourprouver  aux  Hebreux  qu  ils  "O^- jeg  que  puis- 

vent  ecouter  la  voix  de  Jesus-Christ  *.  3"  II  a  reconnu  que  sent  se  propo 
I'exhortation  qui  termine  ce  psaume  regarde  particuliere-  series  inter- 
ment les  Juifs  dont  les  peres  tenterent  et  irriterent  le  pretes  et  les 
Seigneur  dans  le  desert ,  puisque  c  est  ici  aux  Juifs  memes 
qu'il  adresse  cette  exhortation,  etqu'en  la  leur  adressant, 
il  insiste  partioulierement  sur  ce  qui  est  dit  de  I'incredulite 
de  leurs  peres  ^.  Ce  n'est  pas  que  nous  ne  puissions  aussi 
nous  appliquer  a  nous-memes  cette  exhortation  :  tout  ce 
qui  est  ecrit  est  ecrit  pour  notre  instruction  ,  et  nous  de- 
vons  profiler  de  tout;  mais  il  est  toujours  vrai  que  cette 
exhortation  regarde  encore  plus  particulierement  les 
Juifs ;  les  expressions  memes  du  texte  le  prouvent  assez. 
4"  L'Apotre  a  reconnu  que  ce  mot  Aujourd'hui  regarde 
particulierement  le  temps  du  Messie ,  et  comprend  tout 
le  temps  qui  doit  s'ecouler  depuis  le  premier  avenement 
de  Jesus-Christ  jusqu'a  son  dernier  avenement;  c'est  ce 
qu'il  fait remarquer  en  insistant  plusieurs  fois  sur  I'etendue 
de  ce  mot  Hodie ,  et  I'appliquant  toujours  au  temps  de 
TEvangile  *'.  5"  11  a  reconnu  que  cette  voix  de  Dieu  qu'il 
faut  ecouter ,  cette  voix  du  Dieu  Sauveur  ,  est  celle  de 
Jesus-Christ;  c'est  une  consequence  qui  resulte  necessai- 
rement  de  ce  que  ce  Dieu  Sauveur  est  Jesus-Christ ,  et 
c'est  ce  qui  lui  a  donne  lieu  d'insister  jusqu'a  trois  fois  sur 

^•^  ti.Vt  ne  in  idipsum  quit  indicai  incredulitatis  exemplum. — ^Supr' 
III.  -J.  Sicut  dicil  Spiritus  Sanctus.  — ^ Supr.  iv.  7.  in  Dai>iddicendo. — 
*  Supr.  111.7.  Quapropier. .  .  .Hodie  sivocem ejus  audierilis,  etc. — '  Supr. 
HI.  7.  etseqq.  Quapropter,  sicut  dicit  Spiritus  Sanctus.  .  .  Nolite  obdurare 
coi-da  vestra.  .  .  secundum  diem  lentationis  in  deserto,  ubi  tentaferunt  me 
palres  veslri,  etc. — ^Supi:  in.  i3.  Per singulos  dies,  donee  Hodie  cogno- 
mineuur.  Ety  li-  et  1 5.  Usque  adjlnem .  .  .dtim  dicitur,  Hodie  si  vocem 
ejus,  etc.  Et  IV.  7.  Iterum  terminat  diem  quemdam  Hodie. 


aSo.  PREFACE 

cette  parole  :  Aujourd'hui  si  vous  erdendei  sa  voix  ,  en  ex- 
hortant  les  Hebreux  a  ecouLer  la  voix  cle  Jesus-Christ  et  a 
lui  etre  dociles  '.  6°  II  a  insiste  particulierement  sur  cetie 
parole  :  N'endurcissez  pas  vos  cceiirs  ^  ;  et  il  en  a  pris  occa- 
sion d'exciter  les  Hebreux  a  s'entre^exhorter  chaque  jour 
les  uns  les  autres  ,  pendant  que  dure  ce  temps  que  I'Ecri- 
ture  appelle^M/OM^</'Awf,  de  peur  que  queiqu'un  d'eux  no 
tombat  dans  I'endurcissement  en  se  laissant  seduire  par 
le  peche  ^  7"  II  a  insiste  encore  sur  cette  parole  :  Comme 
il  arriva  au  temps  de  la  contradicUon  * ;  et  il  en  a  pris  occa- 
sion de  rappeler  aux  Hebreux  quels  progres  et  quels  ra- 
vages fit  dans  le  desert  cette  contradiction  par  laquelle 
leurs  peres  irriterent  contre  eux  le  Seigneur  :  il  leur  a 
rappele  le  souvenir  de  ce  que  Moise  leur  avoit  appris  que 
tous  ceux  qu'il  avoit  fait  sortir  de  I'Egypte  avoient  pris 
part  a  cette  contradiction  ,  a  I'exception  de  deux  seule- 
ment  ^  :  souvenir  terrible  ,  bien  capable  de  leur  imprimer 
cette  crainte  salutaire  qu'il  leur  inspire  ensuite  ^.  8°  II  n'a 
pas  insiste  de  meme  sur  ces  mots  :  Comme  au  jour  de  hi 
tenlalion  dans  le  desert ,  oil  vos  peres  me  tenterenl ,  oii.ils  rou- 
lurent  eprouver  ma  puissance  ,  et  ils  virevt  mes  ceuvres.  Il  les 
a  rapportes  pour  ne  pas  interrompre  la  suite  du  texte  " ; 
niais  il  n'y  a  pas  insiste,  parce  que  cela  ne  touchoit  pas 
particulierement  ceux  a  qui  il  ecrivoit.  Us  etoient  portes  a 
la  contradiction  et  au  murmure,  a  I'incredulite  et  a  la 
revoke  contre  Dieu;  et  voila  sur  quoi  I'Apotre  insiste. 
Mais  ils  n'etoient  pas  portes  a  tenter  Dieu,  ni  a  vpuloir 
eprouver  sa  puissance  :  I'Apotre  ne  leur  fait  sur  cela 
aucun  reproche  ;  et  voila  sans  doute  pourquoi  il  n'insiste 
pas  sur  cette  partie  du  texte  qu'il  a  cite.  II  proportionne 
ses  instructions  a  la  disposition  de  ceux  a  qui  il  les  adresse. 
9°  11  insiste  sur  ces  mots  :  J'ai  supporte  ce  peuple  avcc peine 
ct  degout  ^ ;  il  demande  aux  Hebreux  qui  sont  ceux  que 

^Siipr.  m.  7.  Qitapropter .  . ,  Hodie  si  voceni  ejus  audieritis.  Et  ^  i5. 
Dum  dicitur^  Hodie  sivocem  ejus  audieritis.  Et  iv.  7.  Sicut  supra  dictum 
est:  Hodie  sivocem  audieritis. — ^Supr.  in.  7.  Noliie  obdurare  cordavestra, 
Etrursum  -^  i5.  Et  iterum  iv.  7.  —  "  Supr.  ni.  i3.  Sed adhoriarnini vos- 
metipsos  per  singulos  dies  donee  Hodie  cognominalur,  ut  non  obdurctur 
quis  ex  vobisfallacia peccati.  —  *  Supr.  111.8.  Sicut  in  exacerbaiione.  Et 
rursus,  -jJ^  i5.  —  'Supr.  iir.  16.  ex  Gr.  Quinani  enim  audienies  exacerba- 
i'erunt?  nonne  wwersi  cjui  profecli  sunt  ex  jEg/pto  per  Moysen?  — 
—  *  Supr.  IV.  I.  Timeainus  ergo  ne  forte ,  etc. —  '  Supr.  ui.  8.  9.  Secun- 
4umdiemtentationis,  etc. — ^  Supr.  in,  10.  Pivpler  quod  ojffinsusfui ge- 
neixuionihuic. 


SUR  l'epItRE  ACS  HEBRELX.  35  I 

Dieu  a  supportes  ainsi :  il  leur  fait  remarquer  que  ce  sont 
ceu\  qui  avoient  peche  contre  lui  ,  et  dont  les  corps  de- 
nicurcrent  eiendus  dans  le  desert  :  ainsi  en  deux  mots  il 
leur  faitsentir  quels  I'urent  la  cause  el  refiet  de  ce  degout : 
la  cause  ,  le  peche  de  leurs  peres ;  reffet,  la  mort  de  leurs 
pores  '.  Quelle   impression  de  crainte  et  d'elTroi   cette 
parole  ne  devoit-elle  pas  faire  sur  eux  !  io°  On  peut  dire 
qu'il  insiste  sur  ces  mots  Et  j'ai  dit  :  Ce  peuple  se  laisse 
toujoiirs  emporter  a  VegarenurU  de  son  caur^ ,  lorsqu'il  ex- 
horte  les  Hebreux  a  prendre  garde  qu'il  n'y  ait  dans  leur 
coeur  quelque  mauvaise  disposition  qui  les  porte  a  se  se- 
parer  de  Dieu  ^.  1 1°  II  n'in'siste  pas  sur  ces  mois  :  lis  n'onl 
point  contiu  mes  voies ,  parce  que  cela  ne  regardoil  point 
du  lout  ceux  a  qui  il  ecrivoit :  ils  etoient  instruits  ;  ils  con- 
noissoient  la  voie  du  Seigneur  ;  et  le  reproche  qu'il  leur 
fera  dans  la  suite  sera  plutot  de  ne  pas  profiler  assez  des 
lumieres  qu'ils  ont  recues^.  Ainsi  on  volt  encore  en  cela 
raltention    de   I'Apotre  a  proportionner  son  discours  a 
I'elat  de  ceux  a  qui  il  parle.   i  2°  11  insiste  beaucoup  sur 
cette  parole  :  Je  tear  ai jure  dans  ma  colere  quits  n'enlre- 
ront  point  dans  mon  repos^.  11  demande  aux  Hebreux  qui 
sont  ceux  contre  qui  cet  anatheme  a  ete  prononce ,  etil 
leur  fait  remarquer  que  ce  sont  ceux  qui  furent  incredules 
a  la  parole  du  Seigneur  ^;  il  leur  fait  remarquer  qu'en 
effet  ces  hommes  incredules  furent  exclus  du  repos  du 
Seigneur,  a  cause  de  leur  incredulite.  Ainsi  il  leur  fait 
encore  ici  sentir  quels  furent  la  cause  et  I'effet  de  cet  ana- 
theme  :  la  cause  ,  I'incredulite   de  leurs  peres  ;  I'effet , 
I'exclusion  de  leurs  peres ,  prives  d'entrer  dans  le  repos 
du  Seigneur";  exclusion  visible  du  repos  figuralif,  figure 
de  I'exclusion  invisible   du  repos  veritable  a  I'egard  de 
ceux  qui  pcrsevererent  dans  leur  incredulite.  Et  de  la  il 
prend  occasion  de  les  exhorter  a  craindre  que  negligeant 
la  promesse  qui  leur  est  faite  d'entrer  dans  le  repos  de 
Dieu,  il  n'y  ait  quelqu'un  d'entre  eux  qui  en  soit  exclus  , 

'  Supr.  III.  17.  Quibus  autem  in/ensus  est  quadraginta  annis?  Nonne 
Wis  quipeccavenint,  quorum  cadavera  prostrata  sunt  in  deserto  ? — *  Supr. 
in.  10.  Etdixi:  Semper  errant  corde. — ''Supr.  m.  11.  FideLe.  fra'.res,  ne 
forte  sit  inediquovestrum  cor  malum  increduUtatis.  discedendi  a  Deo  vb'o . 
— *  Infr.  V.  1 1.  et  seqq. — *  Supr.  iii.  1 1 .  Sicutjuravi  in  ira  mea  :  Si  in- 
troibunt  in  requiem  meam.  —  *  Supr.  m.  18.  Quibus  autem  juravit  non 
introire  in  requiem  ipsius.,  nisi  illis  qui incredulifuerunt? —  '  Ibid,  t^^  »9- 
Et  videmus  quia  npn  poiuerunt  introire  propter  incredulitatem. 


aSa  PREFACE 

meme  en  quelque  sortc  d'une  maniere  visible  *.  i3°  11 
insiste  particulierement  sur  cette  parole  :  Dans  mon  repos  ; 
et  il  montre  par  le  temoignage  de  Moise  ,  que  le  repos  de 
Dieu  est  celui  dans  lequel  Dieu  est  entre  apres  la  crea- 
tion ^.  14°  De  la  il  conclut  que  ce  repos,  qui  est  le  seul 
vrai  repos  de  Dieu ,  a  ete  annonce  aux  anciens  Hebreux 
memes,sous  le  symbole  du  repos  figuratif^.  1 6° Il  con- 
clut que  c'est  aussi  de  ce  repos  meme  qu'ils  ont  ete  exclus 
par  leur  increduUte,  c'est-a-dire  que  ceux  qui  perseve- 
rerent  dans  leur  incredulite,  furent  exclus  non-seulement 
du  repos  figuratif,  mais  encore  du  repos  veritable,  qui 
est  seul  proprement  le  repos  de  Dieu  ^.  1 6°  II  conclut  que 
ceux-la  ayant  ete  exclus  du  vrai  repos  de  Dieu  ,  d'autres 
doivent  y  entrer ;  parce  que  Dieu  ayant  resolu  de  commu- 
niquer  aux  hommes  la  gloire  et  la  felicite  de  son  repos  ,  si 
ceux-la  ont  merite  d'en  etre  exclus  a  cause  de  leur  incre- 
dulite ,  d'autres  qui  seront  justifies  par  la  foi  y  entreront^. 
17°  11  fait  remarquer  que  c'est  pour  cela  meme  que  Dieu , 
par  la  bouche  de  David  ,  si  long-temps  apres  la  marche 
des  Israelites  dans  le  desert ,  determine  encore  un  jour 
ou  il  est  encore  temps  de  se  preparer  a  entrer  dans  son 
repos,  lorsque,  par  la  bouche  de  ce  prophete,  il  dit, 
parlant  du  Dieu  Sauveur  :  Aujourd' hui ,  si  vous  entendez  sa 

voix ,  n  endurcissez pas  vos  cceurs comme  vos  peres ,  a  qui 

j'ai  jure  quails  nentreroient point  dans  mon  repos  ^.  L'Apotre 
ne  doute  point  qu'il  n'y  ait  du  mystere  dans  la  liaison  de 
cet  avertissement ,  Aujourd' hui n  endurcissez  pas  vos  cceurs, 
avec  cette  parole,  Je  leur  ai  jure  qu'ils  nentreront  point 
dans  mon  repos.  II  reconnoit  que  cette  liaison  mysterieuse 
est  fondee  sur  ce  qu'encore  aujourd'hui ,  c'est-a-dire  an 
temps  de  I'Evangile ,  Dieu  fait  annoncer  aux  hommes  la 
promesse  de  les  faire  entrer  dans  son  repos.  18°  U  est  si 
convaincu  que  tel  est  le  fondement  de  cette  liaison  myste- 
rieuse ,  qu'il  en  tire  un  argument  centre  ceux  qui  lui 
objecteroient  que  Josue  a  fait  entrer  les  Hebreux  dans  le 
repos  que  Dieu  leur  avoit  promis.  Il  auroit  pu  repondre 

*  Supr.  IV.  I .  Timeamus  ergo  ne  forte  relicia  pollicitadone  intmeundt 
in  re(jiiiem  ejus,  exisiimetur  alicjuis  ex  vobis  deesse .  —  ^  Supr.  iv.  ^3 .  ef  4 . 
Eiquidem  operibus  ah  institutione  mundi  perfeais.  Dixit  enirn  in  quodam 
loco,  etc.  —  '  Supr.  iv.  6.  liquibus  prioribus  annuntiatum  est.  —  *  Ibid. 
Non  iniroierunt  propter  incredulitatem.  —  *  Supr.  iv.  6.  Superest  iniroire 
(juosdam  in  illam. — «  Supr.  iv.  7.  Iterum  terminal  diem  quemdam,  Hodie, 
m  Daynd  dicendot  etc. 


suR  l'epitrb  AUX  HKBREUX.  253 

que  ce  repos  n'etoit  point  proprement  le  repos  de  Dieu  , 
puisque ,  conime  il  I'a  niontre ,  le  vrai  repos  de  Dieu  est 
celui  dans  lequel  Dieu  est  entre  apres  la  creation.  Mais 
sans  rappeler  ce  principe  qui  auroit  pu  suffire  pour  de- 
truire  I'objection  ,  il  se  contente  de  repondre  que  si  Josue 
e6t  etabli  les  Hebreux  dans  le  vrai  repos ,  Dieu  ne  parle- 
roit  pas  ensuite  ,  par  la  bouche  de  David,  d'un  autre  jour 
ou  Ton  pent  encore  se  disposer  a  entrer  dans  son  repos  *. 
II  est  done  certain  que  par  la  liaison  myslerieuse  de  ces 

paroles,  Aujounf  hui n  endurcissez pas  vos  ccturs comnu 

vos  peres ,  a  qui  j'ai  jure  quits  n'enlreroient  point  dans  mon 
repos ,  Dieu  marque  un  jour,  c'est-a-dire  un  temps  ou  son 
repos  sera  encore  annonce  ,  et  oii  Ton  pourra  encore  se 
disposer  a  y  entrer.  19'  C'est  de  cette  liaison  mysterieuse 
nieme  qu'il  conclut  qu'il  reste  encore  un  sabbat  ou  un 
repos  pour  le  peuple  de  Dieu  ^ ;  repos  qui  est  le  vrai  repos 
de  Dieu;  repos  dont  celui  qui  fut  donne  par  Josue  n'etoit 
que  la  figure ;  repos  qui  consiste  dans  la  cessation  de  tous 
les  iravaux  et  de  toutes  les  peines  de  cette  vie ,  de  meme 
que  le  repos  dans  lequel  Dieu  est  entre  apres  la  creation 
consiste  uniquement  dans  la  cessation  de  ses  ouvrages  ^. 
20°  Enfin ,  apres  avoir  fait  remarquer  que  ceux  qui  ont  ete 
exclus  du  repos  du  Seigneur  en  ont  ete  exclus  a  cause  de 
leur  incredulite ,  H  en  conclut  que  ceux  qui  croiront  a  la 
parole  du  Seigneur  entreront  dans  son  repos  * ;  et  il  en 
prend  occasion  d'exhorter  les  Hebreux  a  faire  tous  leurs 
efforts  pour  entrer  dans  ce  repos,  et  surtout  a  bien  prendre 
garde  de  tomber  dans  une  incredulite  semblable  a  celle 
qui  en  fit  exclure  leurs  peres  ^.  C'est  ainsi  que  TApotre 
nous  apprend  par  son  exemple  1' usage  que  nous  devons 
faire  des  divines  Ecritures.  Ce  morceau  est  un  des  plus 
excellens  modeles  que  puissent  se  proposer  les  inlerpreles 
et  les  commentaleurs  des  livres  sacres ,  particulierement 
des  livres  prophetiques ,  et  plus  specialement  encore  du 
livre  des  Psaumes. 

L'Ap6tre,  apres  s'etre  ainsi  servi  des  expressions m^mes     L'ApAire 

continue  d'ex- 

'  Sitpr.  IV.  8.  Nam  si  eis  Jesus  requiem prcestitisset ,  nunquam  de  alia 
loquereiur posthac  die. — *  Supr.  w.  9.  luique  relinquitur  sabbatismus po- 
pulo  Dei.  —  *  IV.  10.  Qui  enim  ingressus  est  in  requiem  ejus,  etiam  ipse 
requievit  ab  openbus  suis,  sicut  a  suis  Deus.  —  *  Supr.  iv.  3.  Ingrediemur 
eium  in  requiem,  quicredidimut. — *  Supr.  iv.  1 1.  Festinemus  ergo  ingredi 
in  illam  requiem  :  ut  ne  in  idipsum  quia  indical  incrtduliuuis  exempUtm. 


234  PREFACE 

hor'.cr  les       jg  I'Ecriture  pour  exhorler  les  Hebreux  a  demeurer  fer- 
Hebreux  a  i         i     /•  •        ^  ^         .       •  i  .       i       r 

s'affermir       "^^^  clans  la  toi ,  et  a  se  tenir  en  garde  centre  les  lunestes 

dans  la  foi ;    progres  d'une  incredulite  qui  pourroit  avoir  des  suites  si 

il  existe  sur    terribles  ,   excite  sur  cela  leur  vigilance;  et   afin  qu'ils 

cela  leur  vigi-  craignissent  non-seulement  les  effels  exterieurs  dc  I'incre- 

lance,  et  ra-     i    i-"'  ■  •      •  »         i  i 

nime  leur       dulite  ,  mais  ses  principes  meme  les  plus  secrets ,  souvent 

confiance.  caches  dans  le  fond  du  coeur,  il  leur  represente  que  la 
parole  deDieu,  son  Verbe  meme,quiainstruitleshonimes 
de  sa  propre  bouche  ,  et  qui  continue  de  les  instruire  par 
labouche  deses  ministres,  est  bien  differente  de  la  parole 
de  Ihomme.  La  parole  de  Thomme  est  par  elle-meme 
comme  morte  et  sans  subsistance  ;  ce  n'est  qu'un  son  qui 
frappe  lair  et  s'evanouit  aussitot :  la  parole  de  Dieu  est 
vivante ,  elle  subsiste  par  elle-meme\  La  parole  de 
I'homme  est  faible  et  impuissante  ,  elle  ne  pent  par  elle- 
meme  executer  ni  ses  menaces  ni  ses  promesses :  la  parole 
de  Dieu  est  efficace  ;  elle  se  suffit  a  elle-meme  pour  I'exe- 
cution  de  ses  promesses  et  de  ses  menaces^.  La  parole 
de  rhomme  frappe  I'oreille ,  et  ne  peut  penetrer  plus 
avant;  elle  ignore  ce  que  produisent  au  fond  de  I'ame  les 
ideas  et  les  jugemens  qu'elle  exprime  :  la  parole  de  Dieu 
est  plus  penetrante  qu'une  epee  a  deux  tranchans  ;  elle 
penetre  jusqu'au  fond  du  coeur  ,  non-seulement  pour  y 
operer,  mais  encore  pour  le  juger^  :  elle  eutre  jusque 
dans  le  profond  repli  qui  en  meme  temps  distingue  et  unit 
I'ame  et  I'esprit,  c'est-a-dire  la  partie  animale  et  la  partie 
spirituelle*.  Ce  n'est  pas  encore  assez  dire  ;  les  expres- 
sions nous  manquent  pour  (aire  connoitre  jusqu'ou  va  sa 
penetration  :  elle  perce  ,  si  on  peut  parler  ainsi ,  jusque 
dans  les  jointures  et  dans  les  moelles ,  jusque  dans  le  fond 
le  plus  intime  de  I'ame  ^ ;  en  un  mot ,  elle  discerne  les  pen- 
sees  les  plus  secretes  et  lesmouvemens  du  cceur  les  plus 
caches  ^.  INulle  creature  ne  lui  est  invisible  :  tout  est  nu  et 


I  *  Cap.  IV.  -f  12.  ^/Vm5  est  enirn  sermo  Dei  (gr.  6  ).o-fo;  tcu  0ec&) ;  on  au- 
roit  pu  traduire  Ferbum  Dei:  la  suite  inontre  que  c'est  le  sens  du  grec;  et  il 
y  a  lieu  de  croire  quec'eloit  aussi  la  pensee  de  I'ancien  interprele  latin  ,  qui 
dans  I'Evangile  meme  de  saint  Jean  avoit  rendu  le  mot  Xo'-yo;  ^ar  Ser-ino , 
comme  on  le  \oit  dans  saint  Cyprien,  qui  lisoil  au  commencement  de  cet  evan- 
gile:  In  principioerat  Sermo,  ei  Sevmo  erat  apud  Deum  ,  et  Deiis  erai  Ser- 
mo, Jd^.Jud.  /.II.  c.  3.  ei  6. — -  Cap.  iv.  -^  12.  Etejficax. — -^  Ibid.  El pe- 
netrabilior  omni gladio  ancipiii. — '^Ibid.  Et pertingens  usque  addivisionein 
animce  ac  spiritus. —  'Ibid.  Compagum  quoque  ac  meduilarum.  —"  Ibid. 
Et  discretov  cogitaiionum  et  iiUentionum  cordis. 


SUR  L  EPITRE  ALX   HEBRKCX.  203 

a  decouvcrt  devantses  yeux'.  D'oii  I'Aptitre  leur  laisse  a 
coiiclure  que  quand  ils  pourroient  dissiniuler  leur  incre- 
dulile  a  la  vue  des  homines ,  qui  ne  voienl  que  les  dehors, 
ils  lie  pourroient  la  derober  aux.  yeux  de  Jesus-Christ,  qui 
estlui-meme  cette  parole  si  penetrante  qui  connoit  tout 
ce  qu'il  y  a  de  plus  secret  dans  le  fond  de  leur  coeur :  mo- 
tif hicn  puissant  pour  les  porter  a  rejeter  lout  ce  qui  seroit 
capable  d'eniretenir  ou  de.  faire  naitre   au  fond  de  leur 
ame  une  disposition  si  funeste.  Apres  avoir  ainsi  excite 
leur  vigilance  et  leur  zele  ,  il  ranime  leur  ferveur  et  leur 
confiance  par  deux  motifs  :   la  grandeur  de  Jesus-Christ 
considere  comme  notre  pontife ,  et  sa  tendre  compassion 
pour  les  homnies^.  II  leur  represente  la  grandeur  de  Je- 
sus-Christ considere  couime  un  pontife  que  trois  carac- 
teres  distinguent  des  pontifes  de  I'ancienne  loi.   Ceux-la, 
tous  egaux  entre  eux  ,  n'etoient  superieurs  qu'aux  autres 
prelres  qui  partageoientavec  eux  les  fonctions  de  leur  mi- 
nislere  ;  mais  celui-ci  est  le  grand  Pontife  par  excellence , 
iuOniment  eleve  au-dessus  de  tous  les  autres  pontifes''.  Le 
privilege  le  plus  distingue  de  ceux-la  etoil  de  pouvoir  seii?s 
penetrer  une  seule  fois  I'annee  dans  le  lieu  le  plus  saint 
du  temple  du  Seigneur  :  celui-ci  a  penetre  jusqu  a*  plus 
haut  des  cieux  ,  ou  il  est  resle  assis  a  la  droite  de  £)ieu^. 
Ceux-la  ne  sont  que  des  homraes  mortels  ,  engendres  par 
des  hommes  mortels  comme  eux,  a  qui  ils  ont  succede  : 
celui-ci  est  le  fils  de  Dieu,  egal ,  consubstantiel  et  cocter- 
nel  a  Dieu  son  pere  ^.  C'est  d'abord  par  ce  motif  qu'il  les 
exhorte  a  demeurer  fermes  dans  la  religion  qu'ils  profes- 
sent,  et  qui  a  ainsi  pour  pontife  le   Dieu  meme  qu'elle 
adore  •".  Mais  parce  que  la  grandeur  supreme  de  ce  pon- 
tife pourroitpeut-etre  leur  faire  craiudre  qu'il  ne  fut  moins 
dispose  a  compatir  a  leurs  souffrances,  qui  etoient  alors 
pour  eux  la  tenlation  la  plus  violente,  il  leur  represente 
qu'a  cette  grandeur  supreme  ce  pontife  joint  la  compas- 
sion la  plus  tendre.  II  leur  declare  done  d'abord  que  ce 
pontife  n'est  point  tel  qu'il  ne  puisse  compatir  a  nos  foi- 
blesses  et  a  nos  infirmites'  ;  et  il  le  prouve  aussit6t  en  leur 


'  y  i3.  Et  non  estuUa  creatura  invisibilis  in  conspectu  ejus.  etc.  — 

y  1 4.  et  i5.  Habentes  ergo  Pontiftcem  magnum .,  etc.  — ^  y  li.  Habentes 

ergo Ponlificem  magnum.  —  ^  Ibid.  Qui peneiroi'it coelos.  —  'Ibid  Jesum 

Filium  Dei.  —  *  Ibid.  Teneamus  confessionem.  — '  -^  1 5.  Non  enim  Imbe- 

rnus  Poiuijicem  qui  noiifjossit  conipaii  infimiitatibus  nostris. 


256  PREFACE 

faisant  reraarquer  que  ce  pontife  ,  si  grand  et  si  eleve  , 
s'est  abaisse  jusqu'a  eprouver  comme  nous  toutes  les  foi^ 
blesses  que  nous  pouvions  avoir  a  eprouver;  les  humilia- 
tions ,  les  souffrances  ,  la  mort ,  tout  enfin  ,  excepte  le  pe- 
che  ,  qu'il  ne  pouvoit  pas  eprouver ,  mais  dont  il  a  voulu 
cependant  porter  pour  nous  la  peine  ^  II  en  conclut  qu'ils 
doivent,  ou  plut6t  que  nous  devons  tous  ,  nous  presenter 
avec  confiance  devant  le  trone  de  grace  sur  lequel  est 
assis  cepontife  si  eleve  et  en  meme  temps  si  compatissant^; 
et  il  marque  aussitot  les  deux  choses  pour  lesquelles  nous 
devons  nous  en  approcher,  et  qui  doivent  etre  I'objet  de 
toutes  nos  prieres  :  c'est  premierement  afin  d'y  recevoir 
misericorde  pour  nos  peches  passes  ^;  c'est  secondemenfc 
afin  d'y  trouver  grace  pour  etre  secourus  dans  nos  besoins 
presens  et  futurs*. 

J.-C.  est         Jusqu'ici  I'Apdtre  a  suppose  en  Jesus  Christ  la  qualite 
vraiment  no-   ,  .-r        -i  •    »  .  >  m     \  , 

tre  pontife;  et  ^^  pontile  ;  il  va  mamtenant  prouver  qu  en  effel  Jesus- 
comment  '  Christpossede  cette  qualite  (  chap,  v ).  Mais  avant  de  mon^ 
cette  quality  trer  comment  cette  qualite  appartienta  Jesus-Christ ,  qui 
luiconTient  esj  fiig  Jg  Dieu ,  il  commence  par  faire  remarquer  auels 
etluiappar-    j    •        ^  ».        i  ^>  j,^  -r         .      7,         m"^  " 

tient.  doivent  etre  les  caracteres  d  un  pontife  pris  d  entre  les 

hommes^.  Premier  caractere :  il  estetabli  pour  les  hommes 
en  ce  qui  regarde  le  culte  de  Dieu  *' :  et  le  principal  exer- 
cice  de  son  ministere  a  cet  egard ,  c'est  d'offrir  a  Dieu  de 
la  part  des  hommes  des  dons  et  des  sacrifices  pour  les  pe- 
ches^  Second  caractere  :  ilfautqu'il  soit  dispose  a  entrer 
dans  les  sentimens  d'une  juste  compassion  pour  ceux  qui 
pechent  par  ignorance  et  par  erreur  ^ ;  le  fondement  de 
cette  compassion  ,  c'est  qu'il  est  lui-meme  environne  de 
foiblesse  ^  ;  et  la  preuve  de  cette  foiblesse  ,  c'est  qu'il  est 
obhge  d'offrir  le  sacrifice  de  I'expialion  des  peches  pour 
lui-meme  comme  pour  le  peuple  **'.  Troisieme  caractere  : 
c'est  que  nul  ne  doit  s'atlribuer  a  soi-meme  cethonneur, 
mais  il  faut  y  etre  appele  de  Dieu  ,  comme  Aaron '^  L'A- 

•  y^  i5.   Tenlatum  autemper  omnia  pro  similiiudiiie  absque  peccato. 

—  *  y^  i6.  etult.  Adeamus  ergo  cumfiducia  adihronum  gratice. ^  Ibid. 

Ut  misericordiam  consequamur. — ^Ibid.  Etgratiam  inveniamus  in  auxilio 
oppoHiino. — *  T^  I  .-4.  Omnis  namquepontifex  ex  hominibus  assumptus,  etc. 

—  ^  Ibid.  Pro  hominibus  constituitur  in  iis  quae  suntad  Deum. ''Ibid. 

Ut  ojfferat  dona  el  sacrijicia  propeccatis.—^  j  2.  Qui  condolere possit  iis 
qui  ignorant  et  errant.  —  »  Ibid.  Quoniam  et  ipse  circumdalus  est  tnfirmi- 
tate. — 'oy^S.  Etpropterea  debet,  quemadmodum  pro populo,  ita  eiiam  et 
pro  semetipso  offerre  pro  peecatis.  —  "  V^  4.  Nee  quisquam  sumit  sibiho- 
norem,  sed  qui  vacatur  a  Deo  tanquam  Aaron. 


SUR  L  EPITRE  \LX   HEBREUX.  2^- 

p6lreva  monlrer  comment  ces  irois  caractercs  convien- 
nent  a  Jesus-Christ.  11  commence  par  le  dernier,  et  il  fait 
reraarquer  que  Jesus-Christ  n'a  point  pris  de  lui-ra^me  ]a 
qualite  glorieuse  de  pontife ,  mais  que  c'est  Dieu  son  Pere 
qui  la  lui  a  donnee  K  Pour  le  prouver  il  va  citer  le  temoi- 
gnage  des  divines  Ecritures  ,  et  il  va  montrer  que  le  sacer- 
doce  de  Jesus-Christ  y  est  aussi  clairement  marque  que  sa 
filiation  divine.  C'est  pour  cela  qu'il  commence  par  rap- 
peler  un  texte  qu'il  a  deja  cite  ,  et  qui  prouve  la  filiation 
divine  de  Jesus-Christ ,  c'est  celui  du  psaume  ii ,  oil  Ton 
voit  que  Dieu  son  Pere  luiadressecette  parole  quine  peut 
convenir  qu'a  lui :  f^oust'les  monFils  ;je  vous  ai  engendre 
anjourdhni^.  11  declare  done  qu"  le  Dieu  supreme  qui  a 
ainsi  declare  et  reconnu  Jesus-Christ  pour  son  fils  es(!^ 
aussi  celui  quil'a  etabli  pretre;  et  il  le  prouve  par  ce  texte 
du  spsaume  cix  :  F'ous  etes  le  prttre  etemel  selon  tordre  de 
Melchisedech  ^.  Et  en  effet  I'Apotre  a  deja  fait  remarquer 
que  Jesus-Christ  estle  seul  a  qui  puisse  etre  adressee  celte 
parole  du  Seigneur,  rapportee  dans  le  meme  psaume  : 
Asseyei-vovLS  a  via  droite.  C'est  done  aussi  a  Jesus-Christ 
seul  qu'est  adressee  cette  autre  parole  qui  en  est  la  suite  : 
l^ous  etes  le  prttre  etemel.  Jesus-Christa  done  veritablement 
ele  appele  de  Dieu  au  sacerdoce  :  premier  caractere  qui 
est  en  lui  le  fondement  de  cette  auguste  qualite.  Deux  an- 
tres  caractcres  doivent  en  etre  la  marque  :  la  compassion 
a  regard  des  hommes  ,  et  la  mediation  entre  les  hommes 
et  Dieu  :  c'est  sur  quoi  I'Apotre  va  insister.  Et  d'abord  il 
rappelle  le  souvenir  dece  que  Jesus-Christa  fait  eteprouve 
dans  les  jours  de  sa  chair,  c'est-a-dire  dans  les  temps  de 
sa  vie  mortelle  :  il  fait  remarquer  qu'alors  Jesus-Christ  a 
ofFert  ses  prieres  et  ses  supplications  a  celui  qui  pouvoit 
le  tirer  de  la  niort ;  il  temoigne  que  ce  fut  meme  avee 
larmes  et  avec  un  grand  cri ,  c'est-a-dire  avec  celte  vive 
instance  qui  est  le  criducceur  ;  et  il  ajoute  que  cette  priere 
si  fervenle  a  ete  exaucee  a  cause  de  l' humble  respect  de 
celui  qui  I'ofTroit  *.  Ce  que  Jesus-Christa  fait  alors  eloit 
I'exercice  m^me  de  sa  mediation  ;  et  ce  qu'il  a  eprouve  est 

le  fondement  dcsa  compassion  ,  ou  plut6t  en  est  pour  nous 

• 

*  y  5.  ^f  6.  Sic  et  Chrislus  non  scmeiipsian  clarijicavit  ut ponvfex Jieret, 
sedtjui  locutus  est  ad  eunt ,  etc. — -  y  5 .  Sed  qui  locittus  est  ad  eum  :  Filtus 
meus  eslu,  etc.  —  ^  -f  6.  Quemadmodum  tt  in  alio  loco  dixit :  Tu  es  sa- 
cerdos.  etc. — *  y  7 .   Qui  in  diebus  carnis  sua,  etc. 

a5.  T 


258  rREFACE 

la  preuve  et  le  {?age.  Et  en  effet  ici  I'ApAtre  nous  fait  re- 
marquer  que  Jesus  ,  en  se  soumettant  aux  soufiVances  et 
a  la  mort ,  quoiqu'il  fut  Fils  de  Dieu  ,  a  appris  par  tout  ce 
qu'il  a  souffert  ce  que  nous  coute  I'obeissance '  ;  ce  qui 
confirme  ce  qu'il  aditplus  haul, qu'il n'est  paspossible  que 
Jesus-Christ  ne  compatisse  pas  a  nos  foiblesses  apres  qu'il 
les  a  lui-meme  eprouvees.  II  ajoute  que  Jesus  etanl  con- 
somme ,  c'est-a-dire  etant  enlre  dans  la  consommalionde 
sa  gloire,  est  devenu  la  cause  et  I'auteur  du  salut  eternel 
pour  tous  ceux  qui  lui  obcissent  :  Jesus  est  done  notre 
mediateur,  et  dans  ses  souffrances,  et  dans  sa  gloire,  qu'il 
a  meritee  par  ses  souffrances  ^.  Ainsi  il  reunit  en  lui  les 
trois  caracteres  du  sacerdoce ,  la  mediation ,  la  compas- 
^  sion  ,  et  la  vocation.  L'Apotre  insiste  encore  une  fois  sur 
ce  dernier  caractere ,  en  faisant  remarquer  de  nouveau  que 
c'est  Dieu  meme  qui  a  etabli  Jesus-Christ  pontile  en  le  de- 
clarant tel  ^  ;  mais  s'il  y  insiste  ainsi ,  c'est  pour  faire  re- 
marquer en  meme-temps  la  difference  essentielle  qui  se 
trouve  entre  Jesus-Christ  et  Aaron:  I'un  et  I'aulre  ont  ele 
appeles  de  Dieu,  mais  pour  un  sacerdoce  different ;  Jesus- 
Christ  est  pontife  ,  non  selon  I'ordre  d' Aaron,  mais  selon 
I'ordre  de  Melchisedech^. 
L'Apoirere-      Ceci  lui  donne  licudefaireunenouvelledigression.il 
proche  aux      declare  done  qu'il  auroit  beaucoup  de  choses  a  dire  sur 
Hebreux  leur  (.g{_jg  difference  qui  se  trouve  entre  le  sacerdoce  d'Aaron 
sitionaentrcr  *^'-  ^^  sacerdoce  de  Jesus-Christ,  represente  par  celui  de 
dans  I'inielli-  Melchisedech  ;  mais  qu'il  lui  est  difficile  de  les  bien  expli- 
gencedes        qucr  a  ceux  a  qui  il  ecrit,  parce  qu'ils  sont  devenus  pour 
grandes  ven-  j^^  plupart  peu    capablcs  d'entendre  ces   mysteres  pro- 
gion     '         fonds^.  11  leur  reproche  qu'au  lieu  que,  depuis  le  temps 
qu'on  les  instruit,  ils  devroient  deja  etre  capables  d'en- 
seigner  les  autres ,  ils  auroient  encore  besoin  qu'on  leur 
apprit  les  premiers  elemens  meme  par  oii  Ton  commence 
a  expiiquer  aux  hommes  les  verites  de  la  religion  ^ ;  il 
les  compare  a  des  enfans  a  qui  il  ne  faut  que  du  lait,  et 
dont  le  foible  estomac  ne  pourroit  digerer  une  nourriture 


*  ^  8.  Etquidem  cum  esset  Filius  Dei,  didickex  its  fjuce passus  est  obe- 
dieiuiam.  —  ^  V'  9-  Et  consummalus  Jacius  est  omnibus  obtemperaiuihus 
sibi causa  salutis  eeternce.  —  ^  -^  lo.  ^ppellalus  a  Deopontifex.  —  *  Ibid. 
Juxla  oi'dinem  Melchisedech.  —  *  y  ii.  De  quo  nobis  grandis  sermo,  et 
ininlerprelabilis  (a,r.  J'uacfu.vivEUTc;)  ad  dicenduin,  quoniam,  etc.  —  "y  la. 
Etenim  cum  debervtis  magistri  esse  propter  tempus,  etc. 


SIR  l'ei'Itre  ALX  HE^RELX.  25q 

plus  solide  '.  11  explique  cetle  coinparaison  ;  ct  il  declare 
que  quiconque  est  ainsi  reduit  au  lait,  c'est-a-dire  aux 
jilus  loibles  instructions  ,  est  incapable  d'entendre  les  dis- 
tours  do  la  justice^,  c'est-a-dire  les  discours  qui  regar- 
dcnt  le  principe  et  la  source  de  la  vraie  justice ,  les  dis- 
cours qui  tendenta  monirer  que  la  justice  ne  vient  point 
de  la  loi ,  mais  de  la  foi ;  car  c'etoit  precisement  ce  que  les 
Kebreux  avoient  plus  de  peine  a  comprendre,  comme  on 
I'a  vu  par  les  epttres  adressees  aux  Galates  etaux  Romains, 
ou  I'Apolre  combat  l«i  docteurs  judaisans  sur  I'origine  et 
le  principe  de  la  vraie  justice  ;  et  c'etoit  aussi  a  quoi  devoit 
lendre  ce  que  TApotre  avoit  a  expliquer  touchant  la  diffe- 
rence du  sacerdoce  d'Aaron  et  du  sacerdoce  de  Jesus- 
Christ;  il  s'agissoitde  montrer  que  le  sacerdoce  d'Aaron, 
avec  toutes  ses  ceremonies ,  ue  pouvoit  donner  la  vraie  j  us- 
tice ,  et  que  cette  vraie  justice  ne  pouvoit  nous  etre  meritee 
et  appliquee  que  par  le  sacerdoce  de  Jesus-Christ  :  tels 
etoientces  discours  de  justice  dont  plusieurs  d'entre  les 
Hebreux  n'etoient  pas  capables  ,  etant  devenus  semblables 
a  des  enfans  par  la  foiblesse  de  leur  intelligence  ^.  L'A- 
polre  ajoute  que*  la  nourriture  solide ,  Tinstruction  forte 
qui  renferme  le  developpement  des  graudes  verites  de  la 
religion,  est  pour  les  parfaits  ,  c'est-a-dire  pour  ceux  dont 
I'esprit,  par  une  habitude  et  un  long  exercice ,  s'est  accou- 
tume  a  discerncr  le  bien  et  le  mal,  le  vrai  et  le  faux*, 
et  a  ne  pas  se  scandaliser  de  ces  verites  fortes  qui  surpas- 
sent  I'intelligence  des  foibles  ;  et  en  effet ,  par  les  epitres 
aux  Romains  et  aux  Galates ,  on  a  vu  combien  alors  etoit 
commune  chez  les  Chretiens  judaisans  cette  disposition  des 
ames  foibles ,  toujours  pretes  a  se  scandaliser  de  la  doc- 
trine et  de  la  conduite  de  ceux  qui  abandonnoient  le  dis- 
cernement  des  viandes  et  les  autres  ceremonies  legales 
comrae  inutiles  en  elles-memes  ,  et  dangereuses  a  ceux  qui 
les  croyoient  necessaires. 

L'Ap6tre  ,  apres  avoir  ainsi  reproche  aux  Hebreux  cette  L'ApAire  ei- 
espece  d'enfance  spirituelle  dans  laquelle  plusieurs  d'entre  ,^^  .,T 
eux  etoient  retombes  par  leur  inapplicalion  aux  grandes  veraveclui 
verites  de  la  rehgion,  les  exhorte  a  s'elever  avec  lui  a  ces  aux  grandes 

'  y  12.  Elfacii  estis  quibus  lade  opus  sit,  non  soUdo  cibo.  —  'j  i3. 
Omnis  enini  quilaclis  est particeps,  expers  est  (gr.  a— sifc;,)  seimonis  j usti- 
lice. —  '  Ibid.  Parvulus  enim  est.  —  *y  14.  et  ult.  Perfectorum  autem  est 
solidus  cibus,  eorum  qui  pro  consuetudine,  etc. 


2  6o  PREFACE 

verltesdoniil  grandes  verites  dont  il  va  leur  parler  (  chap,  vi ) ;  et  e«i 

doilies  in-     consultant  I'ulilite  de  ces  homnies  parfaits  qui  sont  ca- 

siruire,et  pables  des  plus  fortes  instructions',  il  invite  les  foibles  a 
Icur  fait  sen-  ',  >,  '■  »    ^      »      •  j>  •»'!.• 

i;- 1«  A^^rr^^  s  elever  avec  eux  et  a  s  animer  d  une  samte  emulation 
iir  le  aan£;er  .  '  .,,,,. 

de  Taposiasie  pour  les  suivre.  II  les  exnorte  done  tous  et  il  s  anmic  lui- 
alaquelleles  meme  a  s'elever  au-dessus  des  premieres  instructions  que 
contluisoit  j'qjj  donne  a  ceux  qui  ne  font  que  commencer  a  croire  en 
leur  atfoiblis-  ,,  ^,     •  .       -i    i  j      .        i         ^     i 

sement  dans    Jesus-Chrisl ;  il  leur  propose  de  tendre  a  des  connois- 

la  foi.  sances  plus   parfaites^.  II  leur  fait  sentir  que  revenir  a 

ces  premiers  elemens ,  ce  seroit  re^mmencer  un  ouvrage 
qui  avoit  ete  fait,  ce  seroit  en  quelque  sorte  jeter  de  nou- 
veau  dans  leurs  coeurs  les  premiers  fondemens  de  la  reli- 
gion ;  et  c'est  ce  qu'il  n'a  pas  dessein  de  faire  ^.  II  expose 
en  quoi  consistent  ces  premiers  fondemens ,  c'est-a-dire 
ces  premieres  verites  dont  on  doit  instruire  ceux  qui  se 
presenlent  pour  embrasser  la  foi ,  et  dont  il  n'a  pas  dessein 
de  parler.  Ce  sont  celles  qui  ont  pour  objet ,  i"  la  peni- 
tence des  oeuvres  mortes ,  c'est-a-dire  le  renoncement  au 
peche  et  les  exercices  qui  disposoient  au  bapteme  ;  2°  la 
foi  en  Dieu ,  c'est-a-dire  la  connoissance  des  principaux 
mysleres  dont  il  falloit  etre  inslruit  avant  d'etre  baptise  ; 
3°  la  doctrine  des  baptemes,  c'est-a-dire  la  difference  es- 
sentielle  qui  se  trouve  entre  le  bapteme  institue  par  Jesus- 
Christ  et  les  autres  baptemes  ou  lustrations  pratiquees 
chez  les  Juifs  ou  meme  aussi  chez  les  genlils  ;  4"  I'im- 
position  des  mains,  c'est-a-dire  la  vertu  de  cette  impo- 
sition des  mains  par  laquclle  le  Saint-Esprit  est  confere 
aux  fideles ,  avec  I'abondance  de  ses  graces  et  de  ses  dons ; 
5"  la  resurrection  des  morts  ;  6°  le  jugement  elerneP. 
Voila  les  verites  dont  on  doit  instruire  les  commencans  , 
et  dont  I'Apotre  declare  qu'il  ne  parlera  pas  ici :  il  se  pro- 
pose de  s'elever  plus  haut,  et  il  promet  de  le  faire,  si 
Dieu  le  lui  permet  ^.  Mais  auparavant  il  explique  pour- 
quoi  il  ne  revient  pas  a  ses  premieres  instructions  :  c'est 
qu'il  est  impossible  que  ceux  qui  ont  ete  une  fois  eclaires 
par  le  don  de.lafoi,  qui  ont  goute  le  don  celeste  dans  la 
divine  eucharistie  ,  et  qui  ont  ete  rendus  participans  du 
Saint-Esprit  par  I'imposition    des  mains ,  qui  ont  aussi 

*  7^  r .  Quapwpler  inlcrmhientes  inchocuionis  Christi  sermonem ,  adper- 
fectiorafevamur.  —  *  Ibid.  Non  rursum  jacientesjundamentum. — *  -jJ  i. 
et  2 .  Fundamentum  pceniientice  ab  operibus  moriuis,  etc.  —  ^  ^  3 .  Et  hoc 
facieniiis^  si  quidein  peimiserit  Deus. 


SUR    t'EPilRK  AtX  UKBR£UX.  iGl 

goi^te  I'excellence  de  la  parole  de  Dieu  par  le  don  de  I'in- 
telligence,  et  les  biens  meines  du  siecle  futur  par  la  vertu 
dc  I'esperance'  ;  il  est  impossible  que  ceux  qui  apres  cela 
sont  tombes  ,  en  abandonnant  la  toi^;   car  c'est  precise- 
ment  de  quoi  il  s'agissait  a  I'egard  des  Hebreux  a  qui  saint 
Paul  ecrivoit  ;  il  est  impossible  que  ceux-la  soient  encore 
renouveles  par  la  penitence ,  c'esl-a-dire  recus  de  nouveau 
a  cette  penitence  des  ceuvres  mortes  qui  disposoit  au  bap- 
t^me ,  en  un  mot  a  un  second  catechumenat^  parce  qu'ils 
ne  peuvent  recevoir  un  second  bapleme  ;   c'est  ce  que 
rAp6tre  lui-m^me  explique  en  ajoulant  qu'il  est  impossi- 
ble qu'ils  soient  ainsi  renouveles  crucifiant  de   nouveau 
pour  eux-memes  le  Fils  de  Dieu,  car  c'est  precisement  ce 
que   porte  le   texte  :  Rursuin  cracifigenles  sibinutipsis  Fi- 
lium  Dei  *:  c'est  I'expression  de  la  Vulgate,  et  le  grec  y 
est  conforme.  Etl'Apotre  explique  lui-memesapensee  lors- 
que  ecrivant  aux  Galates,  il  leur  fait  remarquer  que  Jesus- 
Christ  a  ete  crucifie  en  eux  :  In  volis  crucifixus  ^.  C'est 
par  le  bapteme  meme  que  Jesus-Christ  a  ete  crucifie  en 
nous  ,  parce  que  nous  sommes  baptises  en  sa  mort ;  le  Dap- 
t^me  est  pour  nous  I'application  de  sa  mort;  en  sorteque 
par  le  bapteme  Jesus-Christ  est  vraiment  crucifie  en  nous 
et  pour  nous.  Or,  comme  Jesus-Christ  ne  peutpas  mou- 
rir  une  seconde  fois,  et  qu'il  est  ressuscite  pour  ne  plus 
mourir,  il  est  impossible  de  reilerer  le  bapteme ,   qui  fest 
le  mystere  de  son  unique  mort.  Pour  renouveler  les  pe- 
cheurs  par  cette  voie,  il  faudroit  que  Jesus-Christ  fut  de 
nouveau  crucifie  en  eux  et  pour  eux ;  c'est  ce  que  I'Apotre 
declare  etre  impossible.  Maisnon-seulementce  seroit  cru- 
cifierde  nouveau  Jesus-Christ  ,  ce  seroit  encore  I'exposer 
a  I'ignominie^  ;  ce  seroit  rendre  meprisable  I'application 
de  ses  mysteres.  Pour  leur  faire  sentir  la  justice  de  ce  ju- 
gement  que  Dieu  exercesur  les  apostats  en  ne  permettant 
pas  qu'ils  puissent  ere  recus  a  un  second  bapteme ,  il  em- 
ploie  une  comparaison  prise  de  la  conduite  ordinaire  des 
hommes,  et  du  jugement  qu'ils  portent  d'une  bonne  et 
dune  mauvaise  terre.  11  leur  represente   done  que  lors- 
qu'une  terre  ,  etant  souvent  abreuvee  des  eaux  de  la  pluie 

•  ^  \.  ei  5.  Imposibile  est  enim  eosqtii  semel  sunt  illuminali ,  eic.  — 
'  y  6.  Et prolapsi  sunt. — ^  Ibid.  Ritrsus  renovari  ad pcenitentiam :  scilicet 
pcenitentiain  aboperibusmonuis,  de  qua  locutus  est  supra  ^  i . — '  Ibid.  (Gr. 
avadTOupcjvTai  ia'JTcI;  tov  ut«  tcO  ©ecu.) — *  Gal.  in.  i. — *  ^  6.  Etostenlui. 
habentes.  (Gr.  xcli  Tzx^a.^i'.-f^cLTZ'''*'^-) 


262  PRfiFACK 

qui  y  tombe  ,  produit  des  herbages  propres  a  ceux  qui 
la  cultivent ,  elle  rccoit  la  benediction  de  Dieu  ;  on  la  re- 
garde  comme  une  terre  que  Dieu  benit ,  et  on  souhaite 
qu'il  continue  de  repandre  sur  elle  ses  benedictions  ' : 
mais  quand  une  terre  ne  produit  que  des  ronces  et  des 
epines,  elle  est  rejetee  etreprouvee,  regardee  comme  une 
mauvaise  terre;  elle  est  proche  de  la  malediction,  pcu  s'en 
faut  qu'on  ne  la  maudisse,  et  sa  (in  est  d'etre  brulee;  le 
maitre  qui  la  possede  y  met  le  feu  ^.  Telle  est  done  aussi  la 
condamnation  terrible  qui  menace  ceux  qui  abusent  des 
dons  de  Dieu,  etqui,  apres  I'avoir  connu  et  servi,  re- 
tombent  ou  par  une  apostasie  ouverte  en  renoncant  a  la 
foi ,  ou  par  la  depravation  des  moeurs  en  cessant  de  vivre 
selon  leur  foi.  Ce  n'est  pas  qu'il  ne  leur  reste  encore  une 
ressource  dans  la  penitence;  c'est  une  planche  que  Dieu 
leur  laisse  encore  apres  le  naufrage;  et  I'Apdtre  ne  le  nie 
pas  :  il  dit  sculement  qu'il  leur  est  impossible  de  revenir  a 
cette  penitence  des  oeuvres  mortes  qui  disposoit  au  bap- 
teniQ,  et  de  crucifier  de  nouveau  pour  cux  le  Fils  de  Dieu 
en  recevant  un  second  bapteme.  Ainsiils  demeurent  en- 
tierement  prives  de  la  ressource  d'un  second  bapteme 
semblable  au  premier;  et  s'ils  perseverent  dans  leur  infi- 
delite ,  s'ils  continuent  a  ne  produire  ainsi  que  des  ronces 
et  des  epines,  leur  fin  sera  d'etre  condamnes  au  feu  eter- 
nel :  voila  a  quoi  se  reduit  ici  la  pensee  de  I'Apotre. 
L'Apotre  ra-  Cela  meme  sulfisoit  encore  pour  repandre  la  terreur 
jiimelacon-    dans  le  ccEur  des  Hebreux,  qui  sentoient  leur  affoiblisse- 

iiancedes        nient,  et  qui  en  recevoient  actuellement  des  reproches  de 
Hebreux:  il    ,  i      1.  »      «  »        ,      1  •       •      •    m  1  »       -i  1 

excite  leur      ^'^  P^^''  de  1  Apotre.  Apres  les  avoir  amsi  ebranlcs,  11  les 

select  leur  consolc ,  ct  ranime  leur  esperance;  il  leur  temoigne  son 

courage  par  affection ,  et  leur  declare  que  quoiqu'il  leur  ait  parle  ainsi, 

lemoiifde  j[  ^  cependant  une  meilleure  opinion  d'eux  et  de  leur 

dontilleur'  ^^^^^^  "*•  Mais  sur  quoi  est  fondee  cette  confiance?  il  le 

monireles  marque  aussitot  :  elle  est  fondee  en  meme  temps  sur  la 

fondemcns  justice  meme  de  Dieu,  ct  sur  leurs  bonnes  ceuvres;  car 

inebrania-  Dieu  n'est  point  injuste  pour  oublier  leurs  bonnes  oeuvres'*. 

Et  entre  leurs  bonnes  ceuvres  I'Apotre  distingue  particu- 

'  /  7.  Terra  em'in  scepe  venientem  super  se  bibens  imhrem,  etc. ,  acci- 
pitbeiiedictionem  a  Deo.- — -^-^B.  Proferens  autem  spinas  ac  tribulos,  rc- 
probaest,  et  nialedi'cio  proxima  ;  cujus  consuminatio  in  combustionein.  ■ — 
^  y-  9.  Confidimus  autem  de  vobis,  dileciissimi,  meliora  etviciniora  saluti, 
tainetsiila  lorjuiinur. — * -jj-  10.  Non  enim  injuslus  Deus  ut  obh\'iscatiir 
operis  vestri. 


SL'R  l'ePITRB  AUl  UEBREUX.  ^63^ 

Kerement  celles  tie  leur  charite,  qu'ils  ont  temoignee  par 
les  assistances  qu'ils  ont  rendues  et  qu'ils  rcndent  encor© 
aux  saints  en  son  nom  '.  Mais  ce  ne  sont  pas  tant  les 
bonnes a?uvres  que  la  perseverance  dans  les  bonnes  oeuvres' 
qui  aft'ennit  notre  esperance;  c'est  pourquoi  I'Apdtre  leur 
temoigne  qu'il  souhaite  que  chacun  deux  fasse  paroitre 
jusqu'a  la  fin  le  meme  zele ,  afin  que  leur  esperance  soil 
remplie  ^ ;  il  souhaite  que,  toujours  animes  de  zele,  ils  ne 
tombent  point  dansune  funesle  indolence  pour  les  choses 
du  salut  ^ ,  mais  qu'ils  deviennent  imitaleurs  de  ceux  qui 
par  leur  foi  et  par  leur  patience  sont  devenus  heritiers 
des  proraesses*  ,  parce  qu'en  effet  Ic  zele  et  le  courage 
evangelique  doit  venir  de  la  foi,  et  se  terminer  a  la  patience. 
Entre  ceux  qui  par  la  foi  et  par  la  patience  ont  obtenu  I'effet 
des  promesses,  il  leur  cite  I'exemple  d' Abraham  m^me,- 
qui  estle  pere  des  crovans.  II  leur  rappelle  le  souvenir  de 
la  promesse  que  Dieu  fit  a  ce  patriarche ,  et  qu'il  scella  de 
son  serment:  il  leur  represente  done  que  Dieu,  dans  la 
promesse  qu'il  fit  a  ce  patriarche ,  n'ayant  point  de  plus 
grand  que  lui  par  qui  il  put  jurer,  jura  par  lui-meme,  et 
lui  dit :  Assurez-vous  que  je  vous  comblerai  de  benediction, 
et  que  je  multiplierai  abondamment  voire  race^.  II  leur  fait 
remarquer  que  ce  patriarche  ayantaltendu  avec  patience, 
a  recu  I'effet  de  cette  promesse''.  II  a  persevere  jusqu'a 
la  fin  dans  I'esperance;  et  il  a  recu  I'effet  de  cette  pro- 
messe non-seulement  dans  Isaac  et  dans  la  nombreuse 
posterite  de  Jaqob ,  mais  bien  plus  encore  dans  Jesus- 
Christ  meme  ,  ne  de  sa  race ,  et  devenu  le  pere  d'une  mul- 
titude innombrable  de  fideles  de  toutes  nations,  sur  qui 
se  repandent  les  benedictions  promises  a  Abraham  et  a  sa 
race.  II  insiste  sur  le  serment  que  Dieu  joignit  a  cette  pro- 
messe; il  fait  remarquer  que  comme  les  hommes  jurent 
par  ceiui  qui  est  plus  grand  qu'eux,  et  que  le  serment  est 
la  plus  grande  assurance  qu'ils  puisscnt  donner  pour  ter- 
miner tous  leurs  differens,  Dieu  voulant  aussi  faire  voir 
avec  plus  de  certitude  aux  heritiers  de  la  promesse,  c'est- 

*  1^  lo.  El  dilectioTUS  quean  ostendistis  in  nomine  ipsius,  etc.  —  -  i  1 1 . 
Cupimiis aiiiem  unumquemqiie  vestrum,  etc. — '  •^ii.Ut non  segnes  ejji- 
ciamini.  —  *  Ibid.  Verum  imitaiores  eorum  quijide  et  patienlia  heredita- 
bunt  (gr.  xXrpsvctJuivTwv,  hereditaverunt)  vromissiones.  —  •  7  i3.  et  i4- 
Jlbrahie  nanique promiUens  Deus,  etc. — *y  1 5.  Etsic  lonQanimiierJerens,. 
adeptus  est  repromissionem. 


264 


PREFACr. 


a-dire  aux  enfans  de  la  foi ,  la  fermete  immuable  de  sa  re- 
solution, a  ajoute  le  serment  a  sa  parole  S  afin  qu'elant 
appuyes  sur  ces  deux  choses  inebranlables ,  par  lesquelles 
il  est  impossible  que  Dieu  nous  trompe  ,  nous  ayons  une 
puissante  consolation ,  nous  qui  avons  mis  notre  refuge  a 
nous  tcnir  attaches  a  I'esperance  qui  nous  est  proposee  ^. 
II  marque  ici  deux  caractercs  de  I'esperance    chretienne; 
elle  est  pour  notre  ame  comme  une  ancre  tres  ferme  et  assu- 
ree  qui  doit  la  souteniraumilieudestempetesetdes dangers 
dont  elle  est  agitee  ^ ;  elle  penetre  jusqu'au  dedans  du 
voile,  jusqu'au  sanctuaire  celeste,  oil  Jesus  est  entre  pour 
nous  comme  precurseur  * .   Ceci  le  ramene  a  son  sujet ; 
et  il  fait  remarquer  que  Jesus  est  ainsi  entre  dans  le  sanc- 
tuaire celeste,  comme  ayant  ete  etabli  pontife  eternel  selon 
I'ordre  de  Melchisedech  ^. 
Caracieres       L'Apotre  va  donc  maintenant  remplir  la  promesse  qu'il 
deWelcluse-   a  faite  de  s'elever  au  dessus  des  premiers  elemens  de  la 
sacerdoce  est^  religion ,  et  de  passer  a  des  verites  plus  hautes  et  plus  su- 
le  symbole  du  blimes.  11  va  expliquer  ce  qui  regarde  le  sacerdoce  de 
saccrdoce  de   Jesus- Christ;  il  va  montrer  comment  Jesus-Christ  est 
^■-^-  pontife  selon  I'ordre  de  Melchisedech ,  et  en  quoi  consiste 

I'excellence  de  son  sacerdoce  au-dessus  de  celui  d'A.aron. 
Et  ici  il  va  nous  apprendre  a  etudier  Jesus-Christ  dans  les 
Ecritures  anciennes ,  et  a  y  decouvrir  ses  mysteres  et  ses 
plus  grandes  qualites  cachees  dans  les  figures;  il  va  nous 
montrer  que  tout  parle  dans  les  divines  Ecritures,  jusqu'aux 
noms  memes  des  personnes  et  des  lieux,  bien  plus,  jus- 
qu'au  silence  meme,  et  que  qtielquefois  ce  silence  dit 
beaucoup  ,  si  on  saitbien  I'entendre.  Etudions  avec  atten- 
tion un  si  excellent  modele. 

L'Apotre  rappelle  donc  d'abord  ce  que  Moise  dit  de 
Melchisedech  (chap,  vii),  et  il  y  remarque  cinq  circon- 
stances.  Il  est  dit  qu'il  etoitappele  Melchisedech  ^,  qu'il  etoit 
roi  de  Salem  \  qu'il  etoit  pretre  du  Dieu  tres  haut^ ;  il  est 
dit  qu'etant  venu  au-devant  d' Abraham  lorsque  ce  pa- 

'  -f  r6.  et  17.  Homines  enim per  majorem  suijitrant,  etc.  In  quo  abun- 
duntius  volens  Deus,  etc. — ^  -jf  i8.  Ut  per  duas  res  immobiles,  etc.^  for- 
iissimum  solatium  haleamus,  qui  coiifugimus  ad  lenendam  propositam 
spem.  —  '  -^  19.  Quam  sicut  anchoram  fuibemus  animal  tutam  acjirmam. 
— *  ^  19.  ef  20.  El  incedeniem  usque  adinteriora  velaminis,  ubiprcecur- 
sorpro  nobis  intivii'it  Jesus. — « -j-  20.  et  ult.  Secundum  ordinem  Melchi- 
sedech pontifex  foetus  in  miernum.  —  "  ^f^  r.  Hie  enim  Melchisedech.  — 
''Ibid.   Hex  Salem. — ^  Ibid.  Sacej-dos  Dei  summi. 


SUR   l'epItRK  ALX  Hi^BHELX.  260 

iriarche  revenoil  de  la  defaite  des  rois  ,  il  le  benit  • ;  en6n 
il  est  dit  qu'Abrahain  lui  donna  la  dime  de  tout  ce  qu'il  avoit 
pris  ^.  Sur  cela  I'Apotre  remarque  d'abord  que  le  nom  de 
Melcliisedech  est  mysterieux,  et  signifie  rot  de  justice^,  de 
iSo ,  roi ,  et  pTX ,  justice.  II  remarque  que  le  nom  merae  de 
la  ville  dont  Melcliisedech  eloit  roi  avoit  aussi  une  signi- 
fication mysterieuse,  en  sorte  que  dans  I'hebreu  ce  nom 
de  roi  de  Salem  signifie  roi  de  paix  de  ZyTH ,  paix  *.  Avant 
de  passer  aux  irois  autres  circonstances,  il  insiste  sur  le 
silence  meme  de  I'Ecriture;  et  il  fait  remarquer  que  par 
ce  silence  il  se  trouve  que  ce  pretre  paroit  dans  I'Ecriture 
sans  pere ,  sans  mere ,  sans  genealogie  ,  et  sans  qu'on  voie 
ni  le  commencement  ni  la  fin  de  sa  vie  ^ ;  il  ajoute  qu'en 
cela  meme  ce  pr^trc  est  rendu  semblable  au  Fils  deDieu, 
qui  demeure  pretre  pour  toujours  •".  Apres  cela  il  vient  a 
la  cinquieme  et  derniere  circonstance  ,  qui  est  la  dime 
payee  par  Abraham  a  Melchisedech  ;  il  fait  remarquer 
combien  grand  devoit  elre  ce  pretre  ,  puisque  le  patriar- 
che  Abraham  meme  lui  donna  la  dime  de  ses  depouilles  '. 
Pour  developper  sa  pensee ,  il  compare  cette  dime  payee 
par  Abraham  avec  celle  que  les  pretres  de  la  race  de  Levi 
recevoient  de  leurs  freres;  il  montre  que  ceux  qui,  etant 
de  la  race  de  Levi;,  entrent  dans  le  sacerdoce ,  ont  droit, 
selon  la  loi ,  de  prendre  la  dime  du  peuple ,  c'est-a-dire  de 
leurs  freres ,  quoique  ceux-cisoientsortis  d' Abraham  aussi 
bien  qu'eux  ;  mais  que  Melchisedech ,  qui  n'a  point  de  part 
dans  leur  genealogie  ,  a  pris  la  dime  d' Abraham  .  Si  done 
c'est  une  distinction  et  une  prerogative  pour  les  pretres 
de  la  race  de  Levi  de  recevoir  la  dime  de  leurs  propres 
freres,  combien  plus  pour  Melchisedech  de  recevoir  la 
dime  d' Abraham  meme ,  pere  de  Levi !  II  vient  a  la  qua- 
trieme  circonstance,  qui  est  encore  plus  remarquable. 
Non-seulement  Melchisedech  a  recu  la  dune  d' Abraham , 

*  y^  I.  Qui  obviavit  Abrahcc  regresso  a  ccede  regum,  et  benedixit  ei.  — 
*  •f  2.  Cui  etdecimas  omnium  divisit  Abraham.  —  ^  Ibid.  Primum  quidem 
quiinterpretatur  rex  justitioe. — *  Ibid.  Deinde  autem  et  rex  Salem,  quod 
est  rex  pads.  —  *  T^  3.  Sine  poire,  sine  matre,  sine  genealogia,  neque  ini- 
tium  dierum,  neque  Jinem  vitce  habens.  —  *  Jbid.  Assimilatus  autem  Filio 
X>ei  (subauditur,  qufj,  manet  sacerdos  inperpetuum.  L'ellipse  du  relatif  qui 
est  un  hebraJsme  fort  commun.  Yoyez  ce  qui  a  el6  dit  sur  cela  dans  la  Disser- 
tation sur  Melchisedech,  torn.  i*'.  —  '  ^^  4-  Intuemini  atitem  quantus  sit 
hie,  cuiet  decimas  deditde  proecipuis  Abi-aham  patriarclia.  —  '  ^^  5.  el&. 
Et  quidcm  defiUis  Leui  sacerdotium  accipientes,  etc. .  .  .  Cujus  autem  ge- 
netxitio  non  anniimeratur  in  eis,  decimas  sumpsit  ab  Abraham. 


eance. 


26 n  rREFACE 

mais  il  a  beni  Abraham,  Abraham  a  qui  les  promesses  du 
Seigneur  etoient  faites  '.  Or  il  est  sans  contredit  que  ceUil 
qui  recoit  la  benediction  est  inferieur  a  celui  qui  la  liii 
donne  ^.  Melchisedech  est  done  grand  et  par  la  dime  qu'il 
recoit  et  par  la  benediction  qu'il  donne.  L'Apckre  revient 
encore  a  cette  dime,  et  il  fait  remarquer  que  dans  la  loi 
ceuxquirecoiventladime  de  leurs  freressontdes  hommes 
mortels,  au  lieu  que  celui  a  qui  Abraham  i'a  payee  n'est 
represente  dans  I'Ecriture  que  comme  vivant  ^.  11  ajoute 
que  Levi,  qui  recoit  la  dime  dans  la  personne  de  ses  des- 
cendans,  I'a  lui-meme,  pour  ainsi  dire,  payee  en  la  per- 
sonne d' Abraham ,  puisqu'il  etoit  encore  dans  Abraham 
son  aieul  lorsque  Melchisedech  vint  au-devant  de  ce  pa- 
triarche  ^. 
Changement  Enfin  il  vient  a  la  troisieme  circonstance  qui  est  la  plus 
Icvhiaue  eUe  ^^sentielle ,  et  a  laquelle  se  rapportent  toutes  les  aulres  ; 
la  loi  mosai-  c'est  que  Melchisedech  etoit  pretre  du  Dieu  tres  haut,  et 
que,  fondesur  encelala  figure  de  Jesus-Christ,  qui  est  appele  pretre  selon 
leur  insuffi-  I'ordre  de  Melchisedech.  Sur  quoi  I'Apotre  propose  une 
question  qui  tend  a  montrer  en  meme  temps  1  insuinsance 
et  du  sacerdoce  levitique  et  de  la  loi  donnee  par  Moise.  II 
remarque  done  que  ce  fut  sous  le  sacerdoce  levitique  que 
le  peuple  d'Israel  recut  la  loi  des  mains  de  Moise  ;  et  en 
supposant  que  ce  sacerdoce  cut  pu  commencer  I'ouvrage 
de  la  reconciliation  et  de  la  sanclification  des  hommes, 
il  demande  comment  il  pouvoit  etre  necessaire  qu'il  s'elevat 
en  la  personne  de  Jesus-Christ  un  autre  pretre  qui  fut  ap- 
pele pretre  selon  I'ordre  de  Melchisedech ,  et  non  selon 
I'ordre  d' Aaron  ^.  Il  ajoute  que  le  sacerdoce  etant  change, 
il  faut  nccessairement  que  la  loi  soit  aussi  changee  '' : 
parce  que  ,  comme  il  vient  de  le  dire  ,  c'est  sous  ce  sa- 
cerdoce que  la  loi  a  ete  donnee  :  la  loi  est  la  condition 
de  I'alliance  dont  le  sacerdoce  est  le  fondement;  ces  trois 
choses  sont  inseparables.  Pour  prouver  le  changement  du 
sacerdoce ,  TApotre  fait  d'abord  remarquer  que  celui  dont 

*  y^  6.  £t  liunc  qui  hahebat  repivmissiones  henedixii. —  *  ^  7 .  Sine  iilla 
contradictione ,  quod  minus  est  a  meliore  benedicilur. — ^  -^  8.  Ethic  qui- 
dem  decimas  morientes  homines  accipiunt ;  ibi  auiem  coniestalur  quia  vi- 
vit.  —  *  -j?^  9.  e£  10.  £i  (  ut  ita  dictum  sit^  per  Abraham  et  Lei/i  qui  decimas 
accepit,  decimatus  est.  Adhuc  enim,  etc.  —  "  ^  11.  Si  ergo  consummalio 
per  sacerdotium  le^ilicum  erat  [populus  enim  sub  ipso  legem  accepit),  quid 
adhuc  necessarium  fait  secundum  ordinem  Melchisedec  alium  surgere  sa- 
cerdotem,  et  non  secundum  ordinem  Aaivn  did? —  *  ^f  12.  2ranslat<x 
enim  sacerdotio,  necesse  est  ut  el  Icgis  translatio  fiat. 


SLR  l'epItre  aux  hebreux.  267 

ces  choses  ont  ele  prediles  ,  c'est-a-dire  celui  qui  a  ele 
predit  et  figuie  dans  la  personne  de  Melchisedech ,  est 
dune  autre  tribu  dont  nul  n'a  jamais  servi  a  I'autel , 
puisqu'il  est  certain  que  notre  Seigneur  est  sorti  de  la 
Iribu  de  Juda  ,  a  laquelle  Molse  n'a  jamais  attribue  le 
sacerdoce  *.  Autre  preuvc  encore  plus  claire  et  plus  ma- 
nifeste  ;  c'est  que  ce  nouveau  Pretre  qui  s'eleve  estpretre 
non  selon  I'ordre  et  la  ressemblance  d'Aaron  ,  mais  selon 
I'ordre  et  la  ressemblance  de  Melchisedech  ^.  Autre  diffe- 
rence qui  prouve  encore  le  changement :  c'est  que  le  sa- 
cerdoce d'Aaron  est  attache  par  la  disposition  raeme  de 
la  loi  a  la  succession  charnelle  des  fils  a  leurs  peres  ,  qui 
n'ont  eu  de  droit  au  sacerdoce  que  comme  les  enfans  de 
leurs  predecesseurs  ;  au  lieu  que  le  nouveau  Prelre  est 
etabli  dans  cetle  dignite  en  vertu  de  sa  resurrection ,  et 
par  la  puissance  d'une  vie  rmmortelle ,  qui  fait  que,  ne  suc- 
cedant  a  personne,  personne  aussi  ne  lui  succede  ^.  Ici 
I'Apotre  prouve  I'eternite  du  sacerdoce  de  Jesus-Christ 
par  le  temoignage  du  psaume  cix,  ou  il  est  die :  Vousttes  le 
prttre  eternel  selon  I'ordre  de  Melchisedech  *.  Puis  il  fait  re- 
marquer  la  cause  pour  laquelle  cette  loi  d'une  succession 
charnelle  est  abolic;  car  ayant  designe  cette  loi  sous  le 
nom  de  loi d une  ordonnance  charnelle ,  il  dit  maintenant  que 
la  precedente  ordonnance ,  c'est-a-dire  celte  loi  meme  d'une 
succession  charnelle  qui  a  precede  le  nouveau  sacerdoce , 
a  ete  abolie  a  cause  de  sa  foiblesse  et  de  son  inutilite  ^.  11 
s'explique  aussitot  en  disant  que  la  loi  meme  en  general 
n'a  jamais  rien  conduit  a  la  perfection'^ ;  voila  ce  qu'il  en- 
lend  par  la  foiblesse  et  I'inutilite ;  et  il  ajoute  qu'au  lieu  de 
cette  loi  par  elle-meme  foible,  et  de  ce  sacerdoce  parlui- 
m^me  impuissant ,  Dieu  a  substitue  une  mcilleure  espe- 
rance  par  laquelle  nous  nous  approchons  de  Dieu  ,  une 
loi  plus  parfaitc,  et  un  sacerdoce  plus  elTicace  ,  qui,  nous 
rapprochant  de  Dieu  par  une  vraie  reconciliation  ,  de- 


•  y  1 3.  ef  1 4  •  /«  quo  eiiim  hcec  diciintiir,  de  alia  tribu  est  de  qua  nulltts 
aliari  prcBstofuiL  Manifestum  est  eiii'in,  eic. —  --f  i5.  EtampUus  adhuc 
manifestum  est;  si  secundum  similitudinem  Melchisedech  exurgat  alius 
sacerdos. — '  y^  16.  Qui  non  secundum  legem  mandali  carnalisjaclus  est, 
sed secundum  virtutem  vita insolubilis. — *  -jf-  17.  Contestatitr  enim:  Quo- 
niam  tu  es  sacerdos  in  aeiemum  secundum  ordinem  Melchisedech. — *  y  iS. 
Reprobatio  quidem  Jit  prcecediiuis  nutndati  pivpter  injirmilalem  ejus  et 
inutili:aiem.~~^  -i  f).  Nihil  enim  ad  petfectum  adduxii  lex. 


268 


PUEFACE 


viennent  pour  nous  le  double  fondement  d'une  meilleure 

esperance  *. 

ExcelleDce      Autre  difference  dont  I'Apotre  va  conclure  I'excellencc 

deralliance    de  Talliance  nouvelle  :  c'est  que   ce  sacerdoce  nouveau 
nouvelle  el  de  ^>     „„,'»'    '^   ui-  o     t  >  i      »  r  •       i 

J.-C.quiea    "  ^  P^^  <^te  etabli  sans  serment^.  L  Ap6tre  fait  done  re- 
estle  media-   niarquer  que  les  autres  pretres,  les  pretres  levitiques, 
leurparson    ont  ete   etablis  sans  serment,  au  lieu  que  celui-ci  a  ete 
sacerdoce.       etabli  avec  serment' ;  et  il  le  prouve  par  le  temoignage 
pretre  saint  et  ^^Psalmiste  :  Le  Seigneur  a  jure ,  el  ilne  sen  repentira  pas  : 
immoriel.        f^ous  ^tes  le  pretre  eternel  selon  Vordre  de  Melchisedech  *.  Et 
il  en  conclut  que  TaUiance  dont  Jesus-Christ  est  le  media- 
teur  est  d'autant  plus  parfaite  ^,  parce  qu'en  effet  le  sa- 
cerdoce ancien  n'etoit  sans  serment  que  parce  qu'ildevoit 
etre  aboli  et  I'aliiance  changee  ;  au  contraire  le  sacerdoce 
nouveau  est  etabli  avec  le  serment ,  parce  qu'il  doit  etre 
immuable  et  I'aliiance  eternelle  :  le  sacerdoce  et  i'aliiance 
sont  inseparables.  Autre  difference  qui  prouve  I'excellence 
du  Pretre  nouveau;  c'est  qu'au  temps  de  I'ancienne  alliance, 
il  y  a  eu  successivement  plusieurs  pretres ,  parce  que  la 
mort  les  empechoit  de  I'etre  toujours ;  mais  comme  celui- 
ci  demeure  eternellement ,  il  possede  un  sacerdoce  qui  est 
eternel  ^.  II  peut  bien  avoir  des  ministres  ou  des  vicaires 
qui  participenta  son  sacerdoce, et  qui  en  exercentlesfonc- 
tions  ;  mais  il  ne  peut  avoir  de  successeur  ,  parce  qu'il  vit 
eternellement,  et  que  son  sacerdoce  est  eternel.  Quelle  est 
done  la  dignite  du  sacerdoce  de  I'eglise  chretienne ,  qui 
rend  un  homme  pretre  du  sacerdoce  meme  de  Jesus-Christ, 
non  en  le  faisantsucceder  a  Jesus-Christ,  mais  en  le  faisant 
un  seul  et  meme  pretre  par  lui ,  avec  lui  et  en  lui !  De  I'im- 
mortalite  du  Pretre  nouveau  et  de  I'eternite  de  son  sacer- 
doce, I'Apotre  en  tire  un  motif  de  confiance,  etfait  remar- 
quer  que  ce  prelre  peut  toujours  sauver  ceux  qui  s'appro- 
chent  de  Dieu  par  son  entremise, etant  toujours vivant  pour 
interceder  pour  eux  ^.  Mais  son  immortalite  est  une  preuve 

*  -j^  1 9 .  Introductio  vero  melioris  spei,  per  quam  proximamus  ad  Deum . 
— -  y^  20.  efi.1.  Etcjuantum  est  non  sine  jurejuraiido.  ..  .  intanlumme- 
lioris  testamenti  sponsorjactus  est  Jesus.  —  ^  -^  10.  efi.  i.  Alii  quidem  sine 
jureju7-ando  sacerdotesjacti  sunt,  hie  autem  cum  jure jurando. — *  -^  ar. 
Per  eum  qui  dixit  ad  ilium  :  Juravit  Dominus.  —  ^  ^  7.1.  In  tantum  me- 
lioris testamenti  sponsor  factus  est  Jesus. —  ^y-  23.  ei  24.  Et  alii  quidem 
plures  facti  sunt  sacerdotes,  etc.  Hie  autem ,  eo  quod  maneat  in  oiter- 
num,  sempilernum  habet  sacerdotium.  —  ^  -^  25.  Unde  etsaluarc  in  perpe- 
tuum  potest  accedentes  per  semetipsum  ad  Deum  ,  semper  vivens  ad  inter 
pellandum  pro  nobis  {^r.pro  eis). 


SLR  I.  EPITRE  AUX  HEBREIX.  269 

de  sa  sainlele  ,  de  laquelle  on  lire  encore  une  difierence  es- 
sentielle  qui  le  distingue  ;  c'est  ce  qui  donne  lieu  a  I'Apd- 
ire  de  dire  qu'en  eflet  il  etoit  bien  convenable  que  nous 
eussions  un  pontife  tel  que  celui-ci  '  :  saint,  etant  lui- 
ineme  la  justice  el  La  sainlele  par  essence  ^  ;  innocent, 
etant  incapable  de  peche  ,  etant  I'innocence  meme  ^  ; 
sans  tache  ,  incapable  d'aucune  souillure  ,  ni  inlerieure  , 
ni  ni^me  exterieure  ,  parce  qu'clles  ne  peuvent  venir  que 
du  pecbe  dont  il  etoit  incapable  ,  ou  de  rassujetissement 
adeslois positives  el  ceremonielles  auxquelles  il  n'etoitpas 
sujel  *  ;  separe  des  pecheurs  par  sa  nature  divine  ,  qui  est 
la  sainlele  el  I'innocence  meme  ,  el  par  son  humanite 
meme,  loute  pure  el  loule  saiute  des  sa  naissance,  el  de- 
venue  impassible  el  immortelle  dans  sa  resurrection^ ;  enfin 
plus  eleve  que  les  cieux,  residant  dans  la  splendeur  du 
sanctuaire  celeste ,  dans  le  centre  de  la  sainlele  meme  , 
dans  le  seiu  de  son  Pere ,  qui  a  place  au  plus  haul  des  cieux 
le  trone  de  sa  gioire  "  ;  pontife  cjui  par  cette  raison  n'est 
point  oblige  comrae  les  aulres  d'offrir  lous  les  jours  des 
viclimes ,  premierement  pour  ses  propres  pecbes,  efc  en- 
suite  pour  ceux  du  peuple  '.  II  a  suffi  qu'il  le  fit  une  fois , 
non  pour  lui-meme  considere  en  lui-meme  ,  mais  pour  son 
peuple  qu'il  represenloit  el  donl  il  avoil  pris  sur  lui  les  pe- 
cbes; elil  Ta  fallen  s'offrant  lui-meme*'.  Ainsi  la  sainlele  et 
rimmorlalite  du  Prelre  nouveausonl  en  meme  temps  deux 
qualiles  qui  le  dislinguenl  des  aulres  pretres ,  el  deux 
preuves  de  son  excellence  infinie  :  c'est  ce  que  I'Apolre 
fait  remarquer  ici,  en  disant  que  cette  derniere  difTerence 
qu'il  vientde  montreren  Jesus-Christ  et  les  aulres  pretres 
*  est  fondee  sur  ce  que  la  loi  n'elablil  pour  pretres  que  des 
hommes  foibles,  c'csl-a-dire  sujels  au  peche  et  a  la  mort  ^, 
au  lieu  que  cette  parole  que  Dieu  prononce  depuis  la  loi,  et 
qu'il  confirme  parle  serment ,  etablit  pour  ponlife  le  Fils 
de  Dieu  ,  qui  est  parfail  pour  toujours,  saint  el  immorlel 
de  loute  eternite  selon  sa  nature  divine  ,  saint  dans  son  hu- 
manite des  le  premier  moment  de  son  existence  ,  immorlel 
dans  son  humanite  depuis  le  moment  de  sa  resurrection , 

'  >-  26  Talis  eni'm  decebat  ut  nobis  esset pono'fex . — *  Ibid.  Sanctus. — 
'  Jbiti.  Imiocens. — *  Ibid.  Impollutus. — 'Ibid.  Segfegatus  a peccatoribus. 
— ^ Et  excelsior  coelis  factus. — •'  ya?.  Qui  non  habet  necessiiaiem  quoti- 
die,  quemadmodum  sacerdotes,  pfiuspro  suis  deliciis  hosiias  offerrc,  deinde 
propopuli. — '  Ibid.  Hoc  enim  fecit  semel,  seipsum  offerendo.  —  *  T  28.  t 
ult.  Lex  enim  homines  conslititit  saceidoles  injirmiialem  habentes." 


^ 


a'TO  PREFACE 


depuis  laquelle  il  reunit  ainsi  pour  toujours  dans  son  hu- 

manite  cesdeux  perfections  qu'il  possede  de  loute  elernite 

selon  sa  divinite  ^. 

Excellence       ^  ces  deux  qualites  qui  marquentrexcellence  infiniede 

,    ^^cerdoce   Jesus-Christ  au-dessus  des  pretres  de  I'ancienne  alliance  , 
de  J.-L.,  qui,  ,,  .      ^  .  n     /     i  \  .  .,  . 

assis  dans  le   ^  Apotre  en  ajoute  ennn(  chap,  viii )  une  troisieme  qui  y 

ciela  la  droite  met  le  comble ;  car  ,  comme  le  remarquent  :res  bien  saint 
de  son  Pere,  Jean  Chrysostomc  et  Theodoret,  c'est  le  sens  de  cette  ex- 
o  redans  le  p^ession  :  Capilulam  aulem  super  ea  quae  di'cunlur ,  ou  au- 
lesteunevicii-  trement  selon  le  grec,  super  ea  quce  dicta  sunt  ^.  Ainsinon- 
me  celeste,  seulement  Jesus-Christ  est  un  pontife  saint  et  immoriel ; 
mais  de  plus  il  est  tel  qu'il  est  assis  dans  le  ciel  a  la  droite 
du  trone  de  la  souveraine  majeste,  elant  le  ministre  du 
sanctuaire  celeste  et  du  tabernacle  veritable  qui  a  ete 
dresse  deDieu  meme  et  non  pasde  la  main  d'un  homme^. 
Mais  puisqu'il  s'agit  ici  du  ciel ,  pourquoi  parler  de  sanc- 
tuaire et  de  tabernacle?  c'est  pour  micux  faire  sentir  que 
Jesus-Christ  y  exerce  une  vraie  sacrificalure.  Car  tout 
pontife  est  etabli  pour  offrir  a  Dieu  des  dons  et  des  victi- 
mes  ;  c'est  pourquoi  il  est  necessaire  que  celui-ci  ait  aussi 
quelque  chose  qu'il  offre*;  et  le  lieu  ouil  offre  ne  peutelre 
niieux  designe  que  par  I'idee  du  tabernacle  et  du  sanctuaire. 
Ce  pontife  doit  doncnecessairement  offrir  une  victime,  et 
cette  victime  qu'il  offre  va  encore  prouver  I'excellence  de 
sonsacerdoce.  Car  si  ce  qu'il  doit  offrir  eut  ete  sur  la  terre, 
si  c'eut  ete  quelque  chose  de  terrestre,  il  n'auroit  pasmeme 
ete  prelre,  puisqu'il  y  avoit  deja  sur  la  terre  des  pretres 
qui  offroient  ces  dons  terrestres  presents  par  la  loi^.  Ici 
I'Apotre  fait  remarquer  que  le  culte  que  ces  pretres  ren- 
doient  a  Dieu  dans  le  tabernacle  terrestre  n'etoit  que  la* 
figure  et  I'ombre  des  choses  celestes^;  et  il  le  prouve  par 
cette  parole  meme  que  Dieu  dit  a  Moise  en  lui  donnant  ses 
'  ordres  pour  la  construction  du  tabernacle  dans  le  desert '' : 


•  -jj^  28.  et  lilt.  Sermo  autem  jurisjurandi  qui  post  legem  est,  Filium  in 
celeriium  perfeclum. — -  7^  i.  KecpaXaiov  8k  im  toT;  XE-^op-svot;.  — ^-jr  i.  ef  2. 
Talem  habcmus  ponlijicem  qui  consedit  in  dexiera  sedis  magniludinis  in 
coelis,  sanctorum  minisier;  et  tabernaculi  z>eri  quod  Jixit  Dominus  et  non 
homo. — ■*  y  3.  Omnis  enim pontifex  adojferendum  munera  ethostias  con- 
stiluilur  :  undo  necessc  estethwic  habere  aliquid  quod  offer  at. — '  -^  l^.  Si 
ergo  esset  super  lerram ,  nee  esset  sacerdos,  cum  essent  qui  offerrent  se- 
cundum legem  munera. — ^  ^  5.  Qui  exemplari  et  umbrx  deserviuntcoe- 
lestum.- — ''Ibid.  Sicut  JVsponsum'esiMoysi,  cum  consummaret  {gt.  fi.£XXwv 
i77t7c?.£Tv,  cum  consummaturus  esset)  tabcrnaculum. 


SL  R  I.  EPITRB  AUX  HEBREUX.  27  I 

Ayez  soin  dtfaire  tout  selon  le  modcle  qui  vous aite  montre  sur 
ia  monlapie  *  :  parole  bien  remarquable  clans  la  bouclie  de 
^lolse  ,  qui  la  rapporie  ;  encore  plus  remarquable  dans  la 
bouclie  de  saint  Paul ,  qui  en  montre  le  sens  et  I'applica- 
tion:  c'est  la  clef  de  toutle  culte  figuratif  present  par  les 
lois  de  Moisc.  Toutes  ces  choses  ont  ete  faites  scion  le  mo- 
dcle qui  lui  avoit  ete  montre  sur  lamontagne;  etce  mo- 
dcle ,  ce  sont  les  choses  celestes  raemes,  dont  celles-la  n'e- 
toient  que  la  figure  et  I'ombre  :  Qui excmplari el  umhr(B  de- 
serviunt  cccleslium  ,  sicut  responsu7n  est  Afoi/si ,  cum  consum- 
maret  (ou  consummaturus  essel)  tabernaculum :  Vide  ,  inquit, 

OMMA  FACITO  SECLJiDLM  EXEMPLAR  QLOD  TlBl   OSTENSUM  EST   I\ 

MOME.  Le  culte  exerce  par  le  sacerdoce  levitique  n'etoit 
done  qu'un  culte  terrestre  et  figuratif :  maismaintenant  le 
Pontife  nouveau  a  rcou  une  meilleure  sacrificature  ^,  et  le 
culte  qu'il  rend  a  Dieu  son  Pere  est  pn  culte  celeste  ,  qui 
est  la  substance  meme  et  la  realitc  dont  I'autre  n'etoit  que 
Tombre  et  la  figure.  Non-seulement  il  est  le  ministre  du 
sanctuaire  celeste,  niais  la  victime  meme  qu'il  oftre  est 
toute  celeste.  Un  pretre  celeste  etspirituel  ne  peut  offrir 
qu'une  victime  celeste  el  spirituelle  ;  et  telle  est  la  nature 
humaine  uuie  a  la  personne  du  Yerbe  en  Jesus-Christ-,  la- 
quelle ,  sans  rien  perdre  de  ce  qui  est  de  I'e^sence  du  corps 
humain  et  de  I'ame  raisonnable  ,  est  entree  par  la  gloire 
dans  I'etat  etdans  les  prerogatives  des  choses  spirituelles, 
et  est  devenue  comme  toute  divine.  La  sacrificature  de 
Jesus  -  Christ  est  done  infiniment  au-dessus  de  celle  d' Aa- 
ron ;  elle  est  d'autant  plus  excellente  que  Jesus-Christ  est 
le  mediateur  d'une  meilleure  alliance  qui  est  etablie  sur 
de  meilleures  promesses  ^.  Le  pretre  est  etabii  pour  etre 
mediateur  ;  le  mediateur ,  pour  une  alliance  ;  Talliancc 
renferme  des  promesses  ,  et  le  sacrifice  en  est  le  sceau  : 
aulantque  ces  promesses  et  cette  alliance  sont  spirituelles, 
celestes  et  eternelles  ,  autant  le  sont  aussi  le  pretre  et  le 
sacrifice. 

Ici,  pour  montrer  auxHebreux  qu'ilsnedoivent  pas  etre  InsufBsance 
surprisd'enleudre  parler  d'une  alliance  nouvelle  meilleure  ^^  I'ancienne 
que  la  premiere,  saint  Paul  ieur  fait  remarquer  que  si  la  ^'''^"ce'proa- 

'  *  Tee  par  la  pro- 


',y  5.  Vide,  inquit,  omnia facilo  secundum  exemplar  (jucd  tibioslen- 
sum  est  ill  monie. — '  y  c.  Nunc  autem  melius  soititus  est  minisiei  ium.  — 
•"  Hid.  Quando  et  melioris  tcslameiui  mediator  est ,  quod  in  melioribus  re- 
pi-omissionibus  saitcitum  sit. 


272  PREFACE 

niesse  mSme  premiere  alliance  n'avoit  rien  eu  de  defectueux,  Dieu  n'au- 
iiou"*^lt  '^"'^^  ^^^^  P^^  pense  a  y  en  substituer  une  seconde  ',  et  que  ce- 
pendant  lui-meme,  au  milieu  des  reproches  qu'il  fait  a 
ceux  qui  apparlenoient  a  la  premiere  alliance ,  en  annonce 
une  seconde  ^.  11  cite  sur  cela  le  temoignage  de  Jeremie  ^: 
Ilviendra  un  temps,  dit  le  Seigneur,  auquel  je  fcrai  une  nou- 
velle  alliance  avec  la  maison  ct Israel  et  avec  la  maison  de 
Juda,  non  selon  I' alliance  que  j'ai  faile  avec  leurs  peres  au 
jour  oil  je  les  pris  par  lamainpour  les  [aire  sorlir  de  I'Egypte; 
parce  qu'ils  ne  sont  point  demeures  dans  cetle  alliance  que 
j'avois/aite  avec  eux;  et  c'est  pourquni  je  les  ai  meprises ,  dit 
le  Seigneur  (  c'est  I'expression*  des  Septante):  mais  void 
V alliance  que  jeferai  avec  la  maison  d Israel,  apres  que  ce 
temps  sera  renu,  dit  le  Seigneur:  J'imprimerai  mes  lois  dans 
leur  esprit,  et  je  les  ecrirai  dans  leur  cceur;  etje  serai  leur  Dieu, 
et  ils  seront  mon peuple;  el  chacun  d'eux  n'aura  plus  besoin 
d'enseigner  son  prochain  et  son  frere,  en  disanl :  Connaissez  le 
Seigneur;  parce  que  tous  me  connoitront  depuis  le  plus  petit 
jusqu'au  plus  grand;  car  je.  leur  pardonnerai  leurs  iniquites, 
etje  ne  me  souviendrai  plus  de  leurs  peches.  II  y  auroit  eu  sur 
tout  cela  bien  des  choses  a  dire:  et  il  paroit  que  ce  n'est 
pas  sans  dessein  que  I'Apotre  rapporte  ainsi  au  long  toute 
cette  proplietie.  II  est  evident  que  cette  prophetic  re- 
garde  I'alliance  nouvelle  dont  Jesus-Christ  est  le  media- 
teur,  et  dans  laquelle  sont  compris  les  deux  peuples  repre- 
senles  dans  le  langage  des  prophetes  sous  le  symbole  des 
deux  maisons  d'Israel  et  de  Juda.  Mais  il  est  remarquable 
'  que  selon^les  expressions  memes  deJeremie  cette  prophetic 
regarde  specialement  la  maison  d'Israel :  Foici  I'alliance 
que  je  Jerai  avec  la  maison  d'Israel  apres  que  ce  temps -Id 
sera  venu,  dit  le  Seigneur:  c'est-a-dire  que  cette  prophetic 
regarde  specialement  les  Juifs,  que  Dieu  fera  entrer  en 
participation  de  I'aliiance  qu'ilafaite  avec  la  maison  de 
Juda,  c'est-a-dire  avec  I'Eglise  de  Jesus-Christ.  Mais  saint 
Paul  n'insiste  ici  que  sur  une  seule  chose,  ou  plutot  sur  un 
seul  mot;  c'est  que  I'alliance  que  le  prophcte  annonce  est 
une  alliance  nouvelle.  II  fait  remarquer  qu'en  disant  cela  le 
prophete  a  faitassez  connoitre  que  la  premiere  vicillissoit, 


'  •)?•  7.  Nam  si  iilucl  priiis  culpa  vacasset,  non  utiqiie  seciinclilocus  in- 
quireretiir. — -^  8.  Fituperans  enim  eos  dicit ,  elc — ^  -^  S.et  siciq.  Ecce 
dies  venienl ,  dicit  Dominus,  etc. — *  Kafa>  rfxeXy.oa  auTtiv.  LXX.  I'^dit. 
Rom.  Kal  s-,'w  r.^j-iXxaa.  aurcov.  MS.  Alex.  Ka-j'a. 


Il 


sun  l'e'pitre  AUX  H^BREUX.  2-j3 

ct  scroit  im  jour  appcle  I'ancienne  alliance  a  cause  de  la 
nouvelle  qui  liii  auroit  succede  '  ;  et  il  inonlre  que  cela 
luemc  annoncoit  la  fm  de  I'ancienne  alliance,  parce  que, 
clans  I'ordre  commun,  lout  cc  qui  se  passe  etvieillit  tend 
a  sa  fin  *. 

Apres  avoir  montre  I'insufiisance  de  I'ancienne  alliance     insuffisan 
par  la  promesse  meme  de  I'alliance  nouvelle,  I'Ap^tre  va  del'ancien 
maintenant  prouver, paries  ceremonies memes  de  I'ancien  sacerdoce,  et 

culle,  et  I'insuffisancede  I'ancien  sacerdoce  et  la  perfection  P<^"^^'oi  du 

di  /I  .     ,1  r  •       sacerdoce  nou- 

u  sacerdoce  nouveau  (chap.  ix).  II  commence  par  faire  ^pj,u       y. 

observer  que  cette  premiere  alliance  a  eu  des  lois  et  des  vees  par  les 
regleraens  touchant  le  culte  de  Dieu,  et  un  sanctuaire  ter-  ceremonies 
restre  ^.  II  fait  la  description  des  diverses  parties  qui  com-  ™^™.^  ^^ 
posoient  ce  sanctuaire.  11  y  avoit  d  abord  un  premier  ta- 
bernacle ,  ou  etoierit  le  chandelier,  la  table  et  les  pains  de 
proposition ;  et  cetie  panic  s'appeloit  ie  Saint  * .  Apres 
le  second  voile  etoit  un  second  tabernacle  appele  Ic  Saint 
des  saints,  ou  etoient  un  encensoir  d'or,  que  le  grand- 
prelre  y  portoit  tous  les  ans,  et  I'arche  de  I'alliance,  toute 
couverte  d'or,  dans  laquelle  etoit  une  urne  d'or  pleine  de 
mannc,  la  verge  d' Aaron  qui  avoit  fleuri,  etlesdeux  tables 
de  I'alliance  (I'Apotre  decritceschosescomme  elles  etoient 
dans  le  tabernacle  que  Moise  construisit  dans  le  desert), 
Au-d€ssus  de  I'arche,  il  y  avoit  des  cherubins  pleins  de 
gloire  ,  qui  couvroient  de  leurs  ailes  le  propitiatoire  ^.  lei 
I'Apotre  s'arrete,  en  disant  que  ce  n'estpas  le  lieu  de  par- 
ler  de  toules  ces  clioses  en  deiaiP,  soit  pour  les  decrire, 
soit  pour  les  expliquer;  car  comme  il  vicnt  de  le  dire,  tout 
cela  n'etoit  que  des  ombres  ct  des  figures.  II  n'en  a  fait  ici 
mention  que  pour  venira  ce  qu'ilvadire.  Ilremarquedonc 
que  toutes  ces  choses  elant  ainsi  disposees,  les  pretrcs  qui 
exercoient  le  saint  ministere  entroient  en  tout  temps  dans 
le  premier  tabernacle  " ,  mais  qu'il  n'y  avoit  que  le  seul 
grand  pontife  qui  entrat  dans  le  second,  qu'il  n'y  entroit 
qu'une  seule  fois  I'annee  ^,  et  que  quand  il  y  entroit,  ce 

*  y  i3.  elult.  Dicendo  autem  novum,  veierauit pnus .  —  *  y  i3.  Quod  - 
auteiti  antiquatur  et  senescit,  prope  interiutm  est.  —  ^-^  i.  Habuitquident 
et  prius  j uslijicaliones  cuUurce,  et  sanctum  seculare.  —  *  t  ^.  Tabema- 
culum  enimjlictum  est  pn'mum.  etc.  —  *  y  3.-5.  Post  velamentum  autem 
secundum,  etc. — *  -^  5.  De  quibus  nan  est  modo  dicendum  per  singula. — 
^ -j^  6.  His  vero  ila  compositis ,  in  priori  quidem  tabemaculo,  semper  in- 
troibant  sacerdotes ,  sacrijiciorum  qfficia  consummantes.  —  "^  In  secundo 
autem  seme  I  in  anno  solus  poiitifex. 

23.  i8 


i>-j4  PHEF/VCE 

n'etoit  qu'en  y  portant  du  sang  qu'il  offroit  pour  ses  peches 
et  pour  ccux  du  peuple  *.  Et  il  fait  observer  que  par-la  le 
Saint-Esprit  moniroit  que  la  voie  du  vrai  sancluaire  n'etoit 
point  encore  decouverte  pendant  que  le  premier  taber- 
nacle subsistoit  ^  :  e'est  ce  que  marquoit  ce  voile  qui  etoit 
dresse  devant  le  Saint  des  saints,  et  qui  ne  s'ouvroit  qu'au 
seul  grand-pretre  et  une  seule  fois  chaque  arinee,  pour 
njontrer  queJesus-Cbristseul,par  son  uniqueoblation,  au- 
roit  le  pouvoir  d'ouvrir  le  ciel.  L'A.p6lre  fait  reniarquer 
que  ces  choses  etoienl  ainsi  une  parabole  par  rapport  au 
temps  ou  cela  se  passoit  ^ ,  pendant  lequel  on  offroit  des 
dons  et  des  sacrifices  qui  ne  pouvoient  purifier  la  con- 
science de  ceux  qui  rendoient  a  Dieu  ce  culte  *,  puisqu'ils 
ne  consistoient  qu'en  des  viandes  et  des  breuvages,  en 
diverses  ablutions  ct  en  des  ceremonies  charnelles  ^  ;  et 
il  ajoute  que  tout  cela  n'etoit  impose  et  ordonne  que  jus- 
qu'au  temps  de  la  correction  ^ ,  c'est-a-dire  jusqu'au  temps 
ou  ce  culte  imparfait  devoit  etre  corrige  par  un  culte  plus 
parfait.  A.insi  I'etat  de  I'ancien  culte  montroit  que  le  ciel 
n'etoit  pas  encore  ouvert;  et  en  meme  temps  il  faisoit  con- 
noitre  comment  il  seroit  ouvert  lorsque  le  temps  marque 
seroit  venu.  C'est  ce  que  I'Apotre  explique  en  faisant  ob- 
server que  Jesus-Christ, qui  estle  pontife  des  biens  futurs, 
ayant  enfin  paru,  est  entre  dans  le  vrai  sanctuaire,  mais 
par  un  tabernacleplus  grandet  plus  excellent,  qui  n'a  point 
ete  fait  par  la  main  des  hommes,  c'est-a-dire  qui  n'a  point 
etc  forme  par  la  voie  commune  et  ordinaire  " ;  qu'il  y 
est  entre  ,  non  avec  le  sang  des  boucs  et  des  veaux,  mais 
avec  son  propre  sang  ^ ;  el  qu'il  y  est  entre  une  seule  fois, 
ayant  acquis  par  cette  unique  oblation  une  redemption 
eternelle^.  Ceci  lui  donne  lieu  de  faire  sentir  I'excellence 


*  -jj^  6.  Non  sine  sanguine  quern  offeri  pi-o  sua  et  populi  ignorantia.  — 
*  j}  8.  Hoc  signifiC(nite  Spivilu  Sanctn,  nondum  pivpalalam  esse  sanclo- 
ruinviam,  adhuc  priore  iabernnculo  habente  slaturn. — ^  f  9.  Quce  para- 
bola esttemporis  instaulis.  (Gr.  H  rt;  fcapaStXri  ei;  tov  xatpov  tov  £Vc(iTV,)co'ra. 

'i  Ibid.  Juxtaquam  (y-afl'  '6^  fuxta  quod)   inunera  ethoslia;  ojfernntur, 

quce  non  possunt  J uxta  conscientiam  perfecium  faccre  seivicnlem. — '  ^  9. 
et  10.  Soiiimmodo  in  cibis  et  potibus,  et  vaJ-iis  baplismalibus,  et  j'ust/tris 
carnis. — *"  l^  lo-  Usque  adtempus  correciionis  imposilis. — '  -^  r  r.  Chtistus 
autem  assislens  (  gr.  Trapa-ysvofj.cvo?)  ponlifex  futuvorum  bonovum  per  am- 
plius  et  perfeciius  tabernaculum  non  manufacium,  id  est,  non  hujus  crea- 
tionis.  —  "  T^  '2-  Neque per sanguinem  hircorum  aut  vitulorum,  sedper 
pmpriutn  sanguinem.  —  '  Ibid.  Intiviuit  semel  in  sancta,  ceterna  redem- 
ptione  invenUt. 


SUR  l'ePITRE  AUX  HEBREUX.  *      275 

(Ju  sang  de  cette  victime  nouvelle  au-dessus  du  sang  des 
viclimes  ancienncs ;  cai'  si  le  sang  des  boucs  et.  des  tau- 
reaux,  el  I'aspersion  de  I'eau  melee  avee  la  ccndre  dune 
genisse,  sanetifient  ceux  qui  ont  ete  souilles  en  leur  don- 
nant  une  purete  exlerieure  et  cliarnelle,  combien  plus  le 
sang  de  Jesus-Christ,  qui  par  le  Saint-Esprit  s'est  offerl  lui- 
menie  a  Dieu  comnie  une  viclime  sans  lache ,  purifiera-t-il 
notre  conscience  des  oeuvres  mortes  pour  nous  faire  rendre 
un  vrai  culte  au  Dieu  vivant*]  Nous  avons  passe  rapide- 
ment  sur  tout  cela  ,  parce  que  I'Apotre  s'exprinie  d'une 
maniere  assez  claire;  niais  cependant  lout  cela  merilcroit 
bien  d'etre  approfondi.  Nous  remarquerons  seulement  ici 
un  enchamement  admirable  qui  merite  une  attention  par- 
ticuliere.  L'insuffisance  del'ancien  saceidoce  consistoit  en 
ce  qu'il  ne  pouvoit  ouvrir  le  ciel;  il  ne  pouvoit  ouvrirle 
ciel,  parce  qu'il  ne  pouvoit  purifier  les  peclios;  il  ne  pou- 
voit purifier  les  peches,  parce  que  le  sang  qu'il  offroit 
n'etoit  que  le  sang  des  animaux.  II  falloit  done  qu'un  sang 
plus  excellent  fut  offert;  il  falloit  qu'il  s'elevat  un  nouveau 
Pretre  d'un  ordre  plus  sublime, qui  par  I'oblationd'un  sang 
plus  excellent  put  purifier  les  peches  et  ouvrirle  ciel.  C'est 
ce  que  la  loi  meme  annoncoit;  et  c'est  ce  qui  a  ete  accom- 
pli en  Jesus-Chrisl,  devenu  en  meme  temps  pretre  et  vic- 
time. 

Ici  I'Apotre  fait  observer  que  c'est  par  la  reunion  de  ces      Mediation 
deux  qualiles  que  .Tesus-Christ  a  merite  d'etre  le  media-  ^^  J-C  fon- 
teur  du  testament  nouveau'*.  Pourquoi?  parce  qu'il  falloit  ^^^-^^^ ^ 
que  cela  fut  ainsi,  afin  que  par  la  mort  qu'il  a  soutferte  il  ex-  meme  temps 
piat  lesiniquites  qui  se  commeitoient  non-seulement  avant  pretre  et  vit- 
celte  premiere  alliance,  mais  encore  sous  cette  premiere  al-  V™^'  ^*^'^*-'*- 
liance  meme,  et  qu'ainsi  ceux  qui  sontappeles  de  Dieu  pus-  ^^^.^  ^^^j  ^ 
sentelre  reconcilies  et  recevoir  I'heritage  etcrnel  qui  leur  Prix  inCni  de 
est promis^  Mais pourquoifalloit-il  que  lesiniquites  fussent  son  sang. 
ainsi  expiees  par  sa  mort,  et  que  ceux  qui  sont  appeles  de 
Dieu  a  I'heritage  celeste  enlrassent  en  possession  de  cet 
heritage  par  la  mort  meme  du  medialeur  ?  C'est  parce 


*  y  i3.  ef  i4-  Si enim  sanguis  hircorum  et  taurorum  ,  et  cinis  vitulce 
aspersiis,  inqtiinaios  sanctificat  ad  emundaiionem  carnis .  quanlo  ma- 
gis,  etc. —  -fi5.  Etideo  luy^i  lesiamenti  mediator  est. — ^  Ibid.  Utmoite 
mtercedente,  in  redemptionem  earum  prcevaricationum  quae  erant  sub 
priori  lestamento,  repromissionem  accipiant  qui  vocati  sunt  ceternte  here- 
diiatis. 


276  PREFACE 

qu'ici  le  mediateur  estlui-meme  le  testateiir.  Cardansla 
conduite  merae  ordinaire  des  hommes,  lorsqu'il  y  a  un 
testament ,  il  est  necessaire  que  la  mort  du  testaleur  in- 
tervienne,  parce  que  le  testament  n'est  affcrmi  par  I'exe- 
ciition  qu'apres  la  mort  du  tcstateur  ,  et  qu'au  contraire  il 
demeure  sans  force  etsans  execution  tant  que  le  lestateur 
vit  ^.  Or  Jesus- Christ  est  lui-meme  le  testateur  ,  parce 
qu'il  est  Dieu ;  et  il  a  soufFert  la  mort  ,  parce  qu'il  est 
homme.  II  falloit  done  que  le  mediateur  entre  Dieu  et  les 
hommes  fut  lui-meme  Dieu  et  homme  ,  et  que  ce  media- 
teur Dieu  et  homme  mourut  pour  reconcilier  les  hommes 
avec  Dieu  ,  et  pour  les  rendre  heritiers  de  Dieu.  Pour  re- 
concilier les  hommes  avec  Dieu,  il  falloit  qu'un  homme 
mourut  ;  mais  il  falloit  que  cet  homme  fut  Dieu,  afm  que 
sa  mort  eut  un  prix  capable  de  satisfaire  a  la  justice  de 
Dieu.  Pour  rendre  les  hommes  heritiers  de  Dieu  ,  il  falloit 
que  ,  s'il  etoit  possible  ,  Dieu  meme  mourut;  et  Dieu  ,  im- 
mortel  par  sa  nature ,  ne  pouvoit  souffrir  la  mort  que  dans 
une  nature  mortelle  qui  lui  fut  si  intimement  unie  qu'elle 
ne  format  avec  lui  qu'une  seule  personne.  11  falloit  done 
que  le  testament  nouveau  fut  scelle  par  le  sang  de  Jesus- 
Christ  ;  et  ici  I'Apotre  fait  remarquer  que  c'est  pour  cela 
que  le  premier  testament  meme  ne  fut  confirme  qu'avec 
le  sang  ^.  Pour  prouver  cette  circonstance,  il  rappelle  ce 
qui  est  ditdans  I'Exode  :  Moise  ,  ayant  recite  devant  tout 
le  peuple  toutes  les  ordonnances  de  la  loi,  prit  du  sang  des 
veaux  et  des  boucs  avec  de  I'eau ,  de  la  laine  teinle  en  ecar- 
iate  et  de  I'hysope ,  et  en  jeta  sur  le  livre  meme  et  sur  tout 
le  peuple  en  disant  •*  :  C'est  le  sang  da  leslament  que  Dieu  a 
fait  en  votre  faveur  [du  testament  ou  de  V alliance,  car  le  mot 
grec  §La%ySi  et  le  mothebreunn^peuvent  signifier  I'un  et 
I'autre)  ;  il  jeta  encore  du  sang  sur  le  tahernacle  et  sur 
tous  les  vases  qui  servoient  au  culte  de  Dieu  *.  L' Apotre  re- 
marque  aussi  que  selon  la  loi  presque  tout  se  purifie  avec 
le  sang  ^ ,  et  qu'en  general  il  n'y  a  point  de  remission  sans 

.         1 

^  -^  16.  etl'^.  Ubi  eniin  testamentrim  est,  mors  necesse  est  mterccdat  tes-^^* 
taloris ;  testamentum  enim  m  mortin's  confirmatuin  est :  alioquin  nondiim 
valet,  duin  v'lvit  qui  testalus  est.  — ^  -j^  iS.  Unde  nee  prirnum  qiiidem  sine 
sanguine  dedicatum  est. — ^ -^  19.  et-xo.  Lecto  enim  omni  maiidalo  legis  a 
Moyse  unii'erso  poptilo,  etc.  —  *y^  ar.  Etiam  tabernacubnn  et  ovinia  vasa 
niinisterii sanguine  similiter  aspersit. — *  y  22.  Etomniapene  in  sangtn'm 
secundum  legem  mundalur. 


sua  l']^p1trb  aux  u^drbux.  377 

effusion  de  sang ' ,  le  peche  ne  pouvant  ^tro  cxpic  que  par 
lesani^cruncvictime  capable  de  salisl'aireaDieu.Le  sangdc 
Jesus-Christ  eloit  done  necessaire  ct pour  scellcr  I'alliance 
et  le  testament  de  Dieu  on  favenr  des  hommes,  et  pour 
purifier  les  hommes  et  les  reconcilier  avec  Dieu  :  la  lot 
ni^me  en  rcndoit  temoignage ,  mais  par  des  ombres  et  des 
figures  auxquelles  eloit  proportionne  le  sang  impuissant 
des  animaux.  Ce  qui  donne  lieu  a  I'Ap^lre  de  conclure 
qu'il  etoit  necessaire  que  celui  qui  n'etoit  que  la  figure  des 
choses  celestes  fut  purifie  par  le  sang  des  animaux ,  maiis 
que  les  celestes  monies  le  fussent  par  des  victimes  plus  ex- 
cellentes  que  n'ont  ete  les  premieres^.  Le  tabernacle  fi- 
guralif  etoit  purifie  par  le  sang  des  animaux  ;  mais  il  falloit 
que  le  tabernacle  celeste ,  qui  est  I'Eglise  meme  ,  ful  puri- 
fie par  un  sang  excellent ,  par  le  sang  d'un  homme-Dieu  , 
seul  capable  de  satisfaire  a  Dieu  pour  les  hommes.  Car 
quoique  le  tabernacle  par  lequel  on  enlroit  dans  le  sanc- 
tuaire  represente ,  comme  I'Apotre  vient  de  le  dire ,  le 
corps  meme  de  Jesus-Christ ,  qui  est  ce  tabernacle  excel- 
lent par  lequel  Jesus-Christ  est  entre  dans  le  sanctuaire  ce- 
leste, qui  est  le  sein  de  son  Pere ;  cependant,  sous  un  autre 
point  de  vue,  et  par  I'union  intime  m^me  de  Jesus-Christ 
avec  I'Eglise  qui  est  son  corps ,  il  est  egalement  vrai  dedire 
que  I'Eglise  est  elle-meme  la  maison  de  Dieu  ,  comme  I'A- 
potre le  dit  ailleurs ,  sa  demeure,  son  temple  ,  son  taber- 
nacle ;  et  c'est  ce  tabernacle  qui  avoit  besoin  d'etre  puri- 
fie par  le  sang  d'un  homme-Dieu.  Ccci  ramene  I'Apotre  a 
ce  qu'il  a  ditdela  ctiremoniede  I'expialion  solennelle,  dans 
laquelle  legrand-prelre  seul  entroitune  fois  chaque  anuee 
dans  le  sanctuaire  avec  le  sang  des  animaux.  11  falloit  que 
cetie  figure  fut  accomplie  en  Jesus-Christ ;  mais  pour  cela 
il  talloit  qu'il  put  presenter  un  sang  plus  excellent,  parce 
qu'il  devoit  entrer,  non  dans  ce  sanctuaire  fait  de  la  main 
des  hommes,  qui  n'eloit  que  la  figui'e  du  veritable  ,  mais 
dansle  cielmeme;  car  c'est  la  qu'il  est  enlre,  afindese  pre- 
senter maintenantpour  noufi  devaut  la  facede  Dieu^.  Mais 
uneautre  difference  qui  distingue  encore  excellemmenl  la 


r  22.  Et  sine  sanguinis  ejjfusione  non  Jit  remissio. —  -  f  23.  Necesse 
est  ergo  cxempiaria  quidem  coelestium  his  mundari ;  ipsa  autem  coeleslia 
melioribus hosiiis  quaniprimis. —^  ■^  24.  Non  eniin  in  manufacta  sancta 
Jesus  miimi^^ii ,  exeniplaiia  veivi-um,  sed  in  iijstim  ccehwi ,  lU  appaieal 
nunc  titUuiDei piv nobis. 


278  PREFACE 

\erite  d'avec  la  figure ,  el  qui  inontre  bien  encore  le  prix  du 
sang  de  Jesus-Christ,  e'estque  Jesus-Christ  eLant  entre  dans 
le  ciel,cen'est  point  pour  yfaireune  oblation  qu'ilsoitobli- 
ge  de  reiterer  plusieursfois,  en  s'offrant  plusieurs  fois  hii- 
raeme,  comme  legrand-pretre  entroit  chaque  anneedans le 
sancluaireavec  unsangetranger  ^  ;  autrementil  auroitfallu 
qu'il  eut  souffert  plusieurs  fois  la  mort  depui?  la  creation 
du  nionde,  au  lieu  qu'il  n'a  paru  qu'une  fois  dans  la  con- 
sommation  des  siecles  ,  pour  abolir  le  peche  en  s'offrant 
lui-memepour  victinie^;  et  c'etoit  ce  qui  marquoit  I'obla- 
tion  meme  du  grand-pretre ,  qui ,  quoique  reiteree  lous  les 
ans  ,  etoit  cependant  unique  dans  chaque  annee  :  c'etoit 
I'annonce  reiteree  d'une  oblation  qui  devoitetre  unique; 
unique  toutefois  par  sa  nature ,  niais  perpetuelle  dans  sa 
duree.  Jesus-Christ  ne  devoit  mourir  qu'une  fois;  et  il  ne 
pouvoit  entrer  qu'une  fois  dans  le  ciel  pour  y  presenter  son 
sang ,  parce  que  sa  mort  et  son  sang  etant  d'un  prix  infini , 
nous  ont  acquis  une  redemption  eternelle.  Mais  I'oblation 
que  Jesus-Christ  a  faite  de  son  sacrifice,  il  I'a  conimencee 
des  le  premier  moment  de  sa  vie  ,  ct  la  continuera  dans 
le  ciel  et  sur  la  terre  jusqu'a  la  fin  des  siecles.  C'est  un  sa- 
crifice d'expiationet  d'impetration  qu'il  continuera  d'offrir 
jusqu'a  I'entiere  consommation  du  mystere  de  Dieu  ,  qui 
est  la  sanctification  et  la  glorification  des  elus  ;  c'est  un 
sacrifice  d'adoration  etd'actionde  graces,  qu'il  continuera 
d'offrir  eternellement  avecleselus.  L'uniquemort  deJesus- 
Christ  donne  lieu  a  I'Apotre  de  faire  remarquer  le  rapport 
et  la  difference  qui  se  trouvent  a  cetegard  entre  les  hora- 
mes  et  Jesus-Christ.  Comme  il  est  arrete  que  les  hommes 
meurent  une  fois,  et  qu'apres  cela  ilssoient  juges,  ainsi  Je- 
sus-Christ a  ete  offert  une  fois  sur  la  croix  pour  porter  et 
expier  les  peches  de  plusieurs  ;  et  apres  cela  il  paroitra 
une  seconde  fois  sans  avoir  plus  rien  du  peche,  pour  le  sa- 
lut  de  ceux  qui  I'attendent  ^.  Les  hommes  meurent  pour 
etre  ensuite  juges;  Jesus-Christ  est  mort,  mais  pour  juger 

'  y-  25.  Neque  ut  scepe  ojjferat  semetipsum ,  quemadmodum pontifex  in- 
tvnt  ill  Sanctn  !>er  siiii^ulos  annos  in  sanguine  alieno.  —  ^-^  26.  Alioquin 
opoHehal  earn  frequenter  pad  ab  origine  mundi:  nunc  autem  semel  in  con- 
summalione  seculorum  addestilutioneni  peccaliper  hostiam  suam  apparuit. 
—  3-^27.  ad  Jin.  Et  quemadmodum  statutum  est  hominibus  semel  mori, 
post  hoc  autem  judicium  :  sic  et  Christus  semel  oblatus  est  ad  muborum  eoc 
hauriendn  {i'/c'/t'^fi^)  peccatn ;  secundo  sine  peccato  upparebil  expectanti- 
bus  sc  in  scluiem. 


Sl!R  l'epItRE  AUX  HKBRELX.  279 

ensuiie  les  homraes.  Ou  plul6t  I'Ap^tre  ne  considerant  ici 
que  ce  que  Jesus-Christ  fait  pour  les  elus,  il  so  contente 
de  dire  que  quand  il  paroitra  pour  la  seconde  lois ,  ce  sera 
pour  le  salut  de  ceux  qui  latiendent.  Et  ici,  par  un  seul 
mot ,  I'Apolre  nous  montre  quel  estle  caraclere  dun  vrai 
chretien  ,  le  caractere  dun  elu :  c'est  un  homme  qui  se  re- 
gardant comme  elranger  dans  ce  monde,  "vit  dans  le  desir 
et  dans  I'attente  du  siecle  a  venir  et  de  ravenement  glo- 
rieux  de  Jesus-Christ. 

L'Apotre  revient  ici  a  ce  qu'il  a  dit  de  la  reiteration  de  Insuffisance 
I'oblation  qui  se  faisoil  au  jour  de  rexpialion  soleunellc ,  J„ai'«  "j^ur 
dans  laquelle  le  grand-prelre  renouveloit  chaque  annee  la  ai^iition.  Ef- 
confession  de  toules  les  iniquiles,  de  toules  les  prevarica-  ficaciie  du 
tions,  el  de  tous  les  peches  des  enfans  disrael' ,  c'esl-a-  sacrifice  de 
dire,  non-seuleinent  des  peches  qui  avoient  ete  cominis  "  • 
depuis  I'annee  precedente,  raais  de  tous  ceux  qui  avoient 
ete  commii  par  ce  peuple  depuis  qu'il  exisloit;  et  de  cette 
reiteratio^  de  la  meme  oblation  pour  les  memes  peches, 
il  en  cone  ut  I'insuffisance  des  victinies  legales  (  chap,  x  ). 
Et  d'abor  J  il  remarque  que  la  loi  n'avoit  que  I'ombre  des 
Liens  fut  rs ,  et  non  I'iniage  meme  des  choses^.  Les  ex- 
pression* dont  se  sert  ici  I'Apolre  paroissenl  fondees  sur 
une  simi  ilude  prise  de  lapeinlure,  ou  il  y  a  une  grande 
difieren</e  entre  I'ombre  et  I'esquisse  d'un  portrait  ou 
dune  image ,  el  le  portrait  ou  I'image  :  mais  comme  il  y  a 
encore  de  la  difference  entre  I'image  el  la  verile ,  quelques 
peres  et  quelques  interpretes  pensent  que  I'Apolre  distin- 
gue ici  trois  choses  :  I'ombre  des  biens  fulurs ,  I'image  des 
choses ,  et  les  choses  memes  ou  les  biens  fulurs.  C'est  ce 
que  saint  Ambroise  explique  en  disant :  «  C'est  a  la  per- 
«  fection  et  a  la  verite  cles  mysteres  que  nous  devons  aspi- 
«  rer.  Ici-bas  se  Irouve  I'ombre ,  ici-has  se  trouve  I'image  ; 
«  mais  c'est  la-haul  que  se  trouve  la  verite.  L'ombre  est 
«  dans  la  loi ,  I'image  dans  I'Evangile ,  la  verile  dans  le  ciel. 
«  Ilia  nobis  expetenda  sunt,  in  quibus perfeclio ,  in  quibus  ve- 
il ritas  est.  Hie  umbra ,  hie  imago ,  Ulic  Veritas.  Umbra  in 
o  lege,  imago  in  Evangelic,  Veritas  in  calestibus.  On  sacri- 
o  6oit  auireiois  des  veaux  et  des  agneaux ;  voila  I'ombre  : 
«  maintenant  on  offre  Jesus-Christ  meme,  mais  on  I'offre 
u  ici-bas  sous  une  image,  sous  un  voile  sensible  ;  aulieu  que 

•  Levit.  XVI.  ai .  —  -  f  i .    Umbrani  cnim  habetis  exfuturum  boiiorum, 
non  ipsam  imaginem  rer  urn. 


28o  TREFACE 

«  dans  le  ciel  il  est  oltcrt  sans  voilo  et  sans  image ,  dans  la 
«  verite  toute  pure  :  u4nte  ag7ius  ojferebatur  clvilnlas:  nunc 
«  Chrislus  offerlar..,.  hie  in  imagine,  ibi  in  verilaU^ .  »  La 
loi  n'avoit  que  Tombre  des  biens  futurs ,  sans  en  avoir  la 
la  realite  :  sous  I'Evangile,  nous  avons  la  realitc,  mais 
couvcrte  sous  une  image  :  dans  le  ciel,  nous  aurons  la  rea- 
lite seule  sans  ombre  etsans  image.  Voila  done,  ce  semble, 
ce  que  dit  rAp6tre  :  La  loi  n'avoit  que  I'ombre  des  biens 
futurs ,  et  non  I'image  des  choses ,  ou  les  choses  memes 
couvertes  sous  des  images.  II  ajoute  que  la  loi,  n'ayant 
ainsi  que  des  ombres,  ne  pouvoit  jamais  par  I'oblation 
des  memes  hosties,  c'est-a-dirc  d'hosties  toujours  sem- 
biables  qui  s'offroient  perpetuellement  chaque  annee 
dans  ce  grand  jour  d'expiation,  ne  pouvoit  jamais  rendre 
justes  etparfaits  ceux  qui  s'approchoient  de  Dieu,  n'ayant 
a  iui  presenter  que  ces  viclimes  impuissanies*.  II  re- 
marque  que  si  ces  victimes  eussent  ete  suffisantes  ,  et 
qu'elles  eussent  opere  I'expiation  et  la  justification  de  ceux 
pour  qui  on  les  oftroit,  on  auroit  cesse  de  les  offrir,  parce 
que  ceux  qui  Iui  rendoient  ce  culte  n'auroient  plus  senti 
leur  conscience  chargee  de  peches  ,  en  ayant  ete  une  fois 
purifies'.  Si  le  peuple  eihtete  une  fois  purifie  par  une  ex- 
piation generale,  il  n'auroit  plus  ete  necessaire  de  reiterer 
cette  expiation;  et  si  quelques  particuliers  fussent  apres 
cela  retombes  dans  le  peche  ,  ceux-la  seuls  auraient  eu  be- 
«oin  d'une  expiation  particuliere.  Mais  I'expiation  generale 
se  reiteroit  toutes  les  annees;  toutes  les  annees  on  y  re- 
nouveloit  la  memoire  de  toutes  les  iniquites  d'Israel ,  et  on 
en  chargeoitles  victimes  que  Ton  offroif*  :  pourquoi  cette 
perpetuelle  reiteration  ?  parce  qu'il  etoit  impossible  que 
le  sang  des  animaux,  teis  que  des  boucs  et  des  taureaux, 
otat  et  expiat  les  peches^.  Ainsi  I'Apotre  prouve  ici  d'a- 
bord  I'insuffisance  des  victimes  legales  par  la  reiteration 
perpetuelle  de  cette  meme  oblation  pour  les  memes  pe- 
ches. De  leur  insulfisance  vientleur  abolition  :  leur  aboli- 
tion va  former  ainsi  une  nouvelle  preuve  de  leur  insuffi- 

*  Amhr.  Offie.  I.  r.  c.  48.  —  2^  r.  Umhram  enim  habenslex,  etc 

per  singulos  annos  ekdern  ipsis  hosti'is  r/nas  offerunt  iiidesinenter,  nuin- 
quain  pulesi  accedeiiics  perjectas  faceiv .  —  ^  >'^  2.  AUoquiii  cessasseiit  of- 
ferri  -.  idea  fjuod  nullam  hahercnt  ultra  conscienliam  peccali,  cultores  se- 
mel  inundaa.  —  *  -j^  3.  Sed  in  ipsis  comineinovalio  peccatorurn  per  singu- 
los annos  Jit. — '  ^  4.  Irnpossibile  enim  est  sanguine  tautvrum  et  hircoriim 
iti'Jerri  peccata. 


SUR  L'EptTltB  ACX  HEBREUX.  28  I 

sance  ,  ct  cctlc  abolition  va  etre  prouvee  par  le  lemoignage 
lie  Jesus-Christ  inoine,  s'exprimant  par  la  bouche  du  Psal- 
iniste  dans  le  psainne  xxxix.  Ce  psaume  est  done  la  voix  de 
Jesus-Christ.  L'Ap6tre  en  est  si  assure,  qu'il  fonde  sur  cela 
sapreuvc;  et  d'ailleurs  ii  est  assez  evident  que  les  expres- 
sions qu'il  va  rapporter  ne  peuvent  en  effet  convenir  qu'a 
Jesus-Christ.  Ce  psaume  est  compose  de  deux  parties  prin- 
cipales  :  il  commence  par  une  action  dc  graces,  et  il  finit 
par-une  priere  tres  instante;  dans  I'une  et  dans  I'autre, 
c'est  Jesus-Christ  qui  parle.  D'abord  il  rend  grace  a  son 
Pere  du  secours  qu'il  a  recu  de  lui  dans  les  jours  de  ses 
humiliations  et  de  ses  souffrances,  dont  il  est  sorti  plein 
dc  gloire  par  sa  resurrection ;  ensuite  il  presenle  a  son 
Pere  les  maux  extremes  qu'il  souffre  encore  dans  ses  mem- 
bres,  et  il  sollicite  pour  eux  son  secours.  C'est  au  milieu 
de  son  action  de  graces  que ,  renouvelant  le  souvenir  des 
merveilles  de  Dieu  son  Pere,  il  rappelle  ce  qu'il  a  dit  lui- 
meme  a  son  Pere  en  entrant  dans  le  monde  ,  comme  le 
reraarque  I'Ap^tre,  qui  tire  de  la  sa  preuve^  Voici  done 
ce  que  dit  Jesus-Christ  par  la  bouche  du  Psalmiste  :  F'ous 
n'avez  point  voulu  d'hoslie  ni  d' oblation;  mais  vous  m'avez 
fonnc  an  corps  :  vous  n'avez  point  agree  les  holocausles  ni  les 
sacrifices  pour  le  peche  ;  alors  j'ai  dit  (  c'est  ceci  que  Jesus- 
Christ  dit,  entrant  dans  le  monde  )  Me  voici ;jeviens,  scion 
qu'il  est  ecritde  moi  dans  le  livre ,  pour Jaire ,  d  Dieu,  voire 
volonlc.  Sur  quoi  voici  le  raisonnement  de  I'Apotre  :  Jesus- 
Christ  commence  par  dire  :  Vous  n'avez  point  voulu  cthoslie 
nid oblation  ;  et  vous  n'avez  point  ag-ree  les  holocaustes  ni  les 
sacrifices  pour  le  peche ,  qui  sont  toutes  choses  qui  s'oflrent 
selon  la  loi^.  Ensuite  il  ajoute  :  Alors  j' ai  dit :  Me  voici ,  je 
viens pour faire ,  6 Dieu,  voire  volonte^ .  Done  par  ces  paroles 
memes  il  montre  qu'il  ote  et  abolit  ces  premiers  sacrifices 
pour  etablir  le  second*.  lei  I'Apdtre  lait  remarquer  une 
autre  consequence  qui  resulie  encore  de  ces  memes  pa- 
roles; c'est  que  c'est  la  volonte  dc  Dieu  qui  nous  a  sancti- 
fies par  I'oblation  du  corps  de  Jesus-Christ  qui  a  ete  faite 
ime  fois  par  une  immolation  sanglaute^.  La  volonle  de 

*  y-  5.  etseqq.  Ideo  ingrediens  mundum  dicil :  Hostiam,  et  oblaU'onem, 
noLii'sO,  etc. — *  ^  8.  Superius  diceiis  :  Quia  hostias,  el  oblationes,  etc. .  . . 
ifute  secundum  legem  nj/eruntui:  —  '  ^  9.  7'uiic  di'xi  (gr.  shr^i-t,  dixit) ; 
Ecce  vcnio,  etc.  — *  Jl>id.  AufcH pi-imum  ut  scf/ueiu  statuat.  —  "^  10.  In 
ijua  txiluntate  sancli/iccui  sumus ,  per  oblalionem  ccrjjcrii  Jesu  Chrisli 
sumcL. 


282  PREFACE 

Dieu  est  la  source  de  notre  sanctificalion ,  et  le  sacrifice  de 
son  Fils  en  est  le  moyen.  Ceci  donne  lieu  a  rAp6tre  de 
comparer  I'impuissance  de  toutes  les  viclimes  legaies  avec 
reffieacite  de  1' unique  vie  time  offerte  par  Jesus-Christ. 
Tous  les  pretres  qui  exercent  le  sacerdoce  levitique  se  pre- 
sentent  tousles  jours  a  Dieu,  sacrifiant  et  offrant  plusieurs 
fois  les  memes  hoslies  qui  ne  *peuvent  jamais  6ter  les  pe- 
ches  ^  :  mais  celui-ci,  d'un  ordre  tout  different,  n'a  ofl'ert 
qu'une  seule  victime  pour  les  peches  ;  et  apres  cela  il  est 
assis  pour  toujours  a  la  droile  de  Dieu ,  ayant  obtenu  notre 
redemption  et  noire  sanctificalion,  el  n'ayautplas  rien  a 
attendre  que  Taccomplissement  de  la  promesse  que  Dieu 
son  Pere  lui  a  faite,  en  lui  disant  alors  :  yisseyez-vous  d 
ma  droile  jusqu'd  ce  que  je  reduise  vos  ennemis  d  vous  servir 
de  marc/iepied^.  Car  par  cetle  unique  oblation  de  son 
corps  qu'il  a  immole  sur  la  croix,  il  a  consomme  et  rendu 
parfaits  pour  toujours  ceux  qu'il  a  sanctifies  par  cette  obla- 
tion meme^.  Par  cette  unique  oblation  ,  il  a  merite  toutes 
les  graces  necessaires  pour  notre  sanctificalion,  Et  pour 
monlrer  qu'en  effet  ceile  unique  oblation  a  pleinement 
expie  nos  peches,  I'Apotre  rappelle  la  prophetic  de  Jere- 
mie  qu'il  a  deja  citee,  touchant  I'alliance  nouvelle :  et  il 
fait  voir  que  dans  cette  prophetic  meme  I'Esprit-Saint , 
qui  parlait  par  la  bouche  du  prophele  ,  rend  lui-meme  le- 
moignage  a  Tefficacite  de  cetle  unique  oblation*.  11  fait 
done  remarquer  qu'apres  avoir  dit :  Void  I'alliance  que  je 

Jeraiavec  eux  apres  que  ce  temps-Id  sera  venu  ,dil  le  Seigneur ; 

f  imprimerai  mes  lois  dans  leur  cceur,  et  je  les  ecrirai dans  leur 
esprit  ^1,  le  Seigneur  ajoute  :  Etje  ne  me  souviendrai plus  de 
leur s  peches  ni  de  leurs  iniquites^.  II  y  aura  done  alors  une 
entiere  remission  des  peches  et  des  iniquiles  de  ceux  qui 
auront  part  a  cette  alliance;  et  lorsqu'il  y  a  une  entiere 
remission,  il  n'est  plus  besoin  d'une  nouvelle  oblation 
pour  les  peches''.  II  resulte  done  de  cetle  prophetic  meme 

^  ■^  11.  Et  omnis  quidem  sacerdos  prceslo  estquotidie  miiiislrans,  et  eas- 
dem  scepc  offerens  hosti'as  quce  numquam  possiiiit  aiiferre  peccala.  — 
*  y^  12.  et  i3.  Hie  autem  itnam pro  peccatis  ojjferens  hosliam,  in  sempiler- 
num  sedetin  dextera  Dei,  de  cetera  expectans  donee ponantiir  inimicicjus 
scabellum  pedum  ejus. — ^  y-  i4.  Una  enim  oblatione consummavit  in  sem- 
pilernum  sanctifieatos. — *  ^  i5.  Contestatur  autem  nos  et  Spirilus  Sanetus. 
—^  ^  iS.  et  16.  Postquam  enim  dixit :  Hoc  autem  testamenlum  quodies- 
tabor  ad  illos  post  dies  illos,dicitDominus  ,  etc.  — *  ^  17.  Etpeccalorum 
et  iniquitatum  eorum  jam  non  recordabor  amplius.  —  't^  18.  Ubi autem 
Jiorum  remissio,  jam  non  est  ablatio  ptv  peccato. 


SLR   U  KPITRK  AUX  HEBRELX. 


l83 


que  I'alUance  nouvelle  devoit  etre  scellee  par  le  sang  d'une 
victime  dorit  I'unique  oblation  devoit  suffire  pour  effacer 
les  iniquitcs  qui  jamais  ne  pouvoient  etre  effacees  par  au- 
cunc  des  victimes  que  la  loi  prescrivoit. 

Apresavoir  ainsifaitconnoilre  rexcelleiicedu  sacerdoce  L'Ap6treex- 
et  du  sacrifice  de  Jesus-Christ,  l' Apotre  va  mainlenantras-  ^°^^^  les  He- 
sembler  Ics  consequences  qui  en  resultent;  c'est  ce  qu'il  pr^^erde^ 
va  faire  par  une  exhortation  vivc  et  tendre,  mais  en  meme  Dieuaveccon- 
temps  pleine  de  force.  11  represente  aux  Hebreux  que  par  fiance,  a  de- 
la  vertudu  sangdeJesus-Christilsont  maintenantia  liberie  meurerfer- 
,,,,  "  «  -^.  1''.  mesuansla 

de  s  elever  avec  contiance  vers  Dieu,  et  de  penetrer  par  ^^j   ^  s'entre- 

I'esprit  de  la  foi  jusque  dans  le  sanctuaire  celeste,  en  sui-  eshorter 

vant  cette  voie  nouvelle  et  vivante  que  Jesus-Christ  leur  muiuelle- 

a  lui-meme  tracee  par  I'ouverture  du  voile  qui  est  sa  pro-  ™^"'-  ^' '" 

pre  chair  brisee  et  dechiree  sur  la  croix'.  II  ajoute  q"^  doubfe  motif 

par  I'excellence  du  sacerdoce  de  Jesus-Cbrist  ils  ont  I'a-desmaux 

vantage  d'avoir  en  lui  un  pontife  qui  est  infiniment  plus  qu'ils  au- 

grand  et  plus  eleve  que  les  auires,  et  qui  est  etabli  avec  "^'eni  a 

•  ^      •'  ...1  ■  iT-w-  1  craindresils 

une  souveraine  autoriie  sur  toute  la  maison  de  Dieu,  dans  .  - 

iaquelle  les  autres  n  eloient  que  des  serviteurs^.  Amsi  le  roieotpas,  et 

prix  du  sang  de  Jesus-Christ  et  rexcellence  de  son  sacer-  des  biens 

doce  sont  le  double  fondement  de  I'exhortation  qu'il  va  1" '.'^  °"*.^ 

leur  adresser,  et  qui  se  reduit  a  trois  points.  Premierement,  *^*^^I,ln| 

il  les  exhorte  a  s'approcher  deDieu,  mais  a  s'en  approcher 

avec  un  coeur  sincere,  et  avec  une  pleine  foi,  comme  ayant 

recu  dans  le  bapteme  une  double  purification,  dont  I'une 

est  le  symbole  de  I'autre,  leurs  coeurs  ayant  ete  interieure- 

ment  purifies  des  souillures  dela  mauvaise  conscience,  tan- 

dis  que  leurs  corps  etoient  exterieurement  laves  dans  une 

eau  pure"*.  Secondement,  il  les  exhorte  a  demeurer  ferraes 

et  iuebranlables  dans  la  profession  qu'ils  ont  faite  d'esperer 

les  biens  proniis*  ;  et  sur  cela  il  ajoute  un  nouveau  motif: 

c'est  la  fidelite  de  celui  qui  a  prorais  ces  biens^.  Troisieme- 

ment,  il  les  exhorte  a  se  considerer  les  uns  les  autres,  afin 

de  s'entr'exciter  a  la  charite  et  aux  bonnes  oeuvres  par  le 


*  y  19.  ef  ao.  Habentes  itaque^fratres,  fiduciam  in  introitu  (eicTTr»  ewo- 
•Jcv,  in  introitum)  sanctorum  :  quam  iniliavit  nobis  viam  (id  est,  inviam 
(fitam  iniiiavit  nobis)  ncam  el  viventem  per  velamen,  id  est,  carnem  suam. 
— * i-  m.Et  sacerdotem  magnum  super  domumDei. — '  f  7.1.  Ecce  damus 
cunt  veto  corde  in  plenitudine  Jidei,  aspersi  corda  a  conscientia  mala  ,  et 
abluli corpus atjua  munda. — *y  2  3.  Teneamus  spei nostrce  confessionem 
indeclinabilem . — *  Ibid.  Fidelis  enim  esttfui  repromisii. 


284  PREFACE 

bon  exemple  * ;  a  ne  point  se  retirer  de  rassemblee  des  fi- 
dcles,  comme  quelques-uns  avoient  coutume  de  faire  ^, 
mais  a  s'entr'exhorter  les  uns  les  autres  ',  ct  a  le  faire  avec 
d'autant  plus  de  zele  qu'ils  voient  approcher  davantage  le 
jour"*;  il  veut  dire  le  jour  ou  ils  doivent  etre  juegs  par 
Jesus-Christ;  mais  il  n'acheve  pas,  et  il  s'interrompt  lui- 
meme  pour  insister  vivement  sur  ce  motif.  II  leur  repre- 
sente  done  que  si  apices  avoir  re9U  la  connoissance  de  la 
vcrite  ils  pechent  volontairement,  en  abandonnant  vo- 
lontairement  la  foi ,  et  renonQant  volontairement  a  Jesus- 
Christ  ,  il  ne  leur  reste  plus  d'hostie  pour  Ic  peche  ^ ;  car 
les  premieres  etant  abolies  a  cause  de  leur  impuissance , 
s'ilsrejettent  encore  la  nouvelle  qui  est  Jesus-Christ  meme, 
seule  victime  dont  le  sang  soit  efficace ,  il  est  evident  qu'il 
lie  leur  en  restera  plus  d'autre.  Et  par  consequent  tandis 
qu'ils  persevereront  dans  cette  funeste  apostasie,  il  ne 
leur  restera  que  I'attente  terrible  du  jugement,  et  I'ar- 
deur  du  feu  qui  doit  eternellement  devorer  les  ennemis 
de  Dieu,  au  nombre  desquels  ils  se  seroient  volontaire- 
ment remis  *^.  11  leur  represente  ce  qu'ils  savoient  si  bien 
cux-memes ,  que  celui  qui  a  viole  la  loi  de  Moise  est  con- 
damne  a  mort  sans  aucune  misericorde  sur  la  deposition 
de  deux  ou  trois  temoins  '' ;  et  il  leur  demande  combien 
plus  doit  etre  grand  le  supplice  que  merite  celui  qui  par 
une  apostasie  volontaire  commet  trois  crimes  horribles  * ; 
c'est-a-dirc  qui  foule  axix  pieds  le  Fils  de  Dieu ,  en  se  reu- 
nissant  a  ceux  qui  I'ont  traite  avec  ignominie  ^;  qui  regarde 
comme  une  chose  vile  et  profane  le  sang  precieux  de  I'al- 
liance  nouvelle  ,  par  le  merite  et  I'application  duquel  il  a 
etc  sanctifie  *";  enfin  qui  fait  outrage  a  I'esprit  de  la  grace, 
qui  avoit  ete  repandu  sur  lui  et  en  lui,  et  qu'il  chasse  de 
son  coeur  ^^  Afin  qu'ils  pussent  mieux  en  juger,  il  leur  rap- 

'  -jj^  24.  Et  consideremus  invicem  in  piv^'ocalionem  chafitalis  et  bonoruin 
operum. — ^y-  iS.Non desereiites  colleclioiiem  nostram,  siciit  consuetudiiiis 
estffuibusdam. — ^  Ibid.  Sed  consolanles  (wapaxiaXouvTe;). — *  Ibid.  Et  tanlo 
tnagis  quanta  videritis  apptvpinquaiitem  diem.  —  *  "jJ^  26.  f^oluntarie  enint 
peccantibus  nobis  post  acceptam  notitiam  vejilatis,  jam  non  r-elinqiiilur 
pro peccatis hoslia. — ^-jf-ay.  Terribilis  aiiiem  quadam  expectatio  judicii, 
et  ignis  cemulalio  qux  constimplura  estadi>ersarios. — ^  y  28.  Irriiam  quis 
faciens  legem  Moysi,  sine  iilla  miseratione  duobus  vel  tribus  testibus  mo- 
ritiir.  —  ^  -^  29.  QuaiUo  magis putatis  deteriora  mereri  siipplicia ,  etc.  ■ — 
'  Ibid.  Qui  Filium  Dei conculca^'erit. — *°  Ibid.  Et  sanguiucm  testamenii 
polluium  duxerii ,  in  quo  sanctijicalus  est.  —  "  Ibid.  Et  spin'tui  gratice 
contumeliam  feccrit. 


I 


SUR  L  EPITRE  AL'X  HEBREDX.  280 

pelle  ce  que  Dieu  meine  dit  dans  un  cantique  qui  dcvoit 
lour  t^tre  bien  connu  ;  c'cst  le  £;rand  cantique  que  MoTsc 
])ronon9a  avantsa  mort,  dans  Icquel  le  Seigneur  dit  par 
sa  bouche  :  Oest  d  moi  qii  apparlienl  la  vengeance  ^  ct  c'est 
moi  qui  hi  rendrai^ ;  et  presque  aussitot  Moise  ajoute  :  Lc 
Scipienr  jngera  son  peuple  '^.  Sur  quoi  I'Apotre  remarque 
que  c'est  une  chose  terrible,  que  de  tomber  entre  les 
mains  du  Dieu  vivant  ^ .  lis  doivent  done  craindre  de  s'ex- 
poser  aux  supplices  terribles  que  meriteroit  leur  apostasie; 
niais  ils  doivent  craindre  aussi  de  perdre  la  recompense 
qu'ils  ont  merilee  par  les  travaux  de  leur  foi :  autre  motif 
sur  lequel  I'Apotre  va  insister.  11  les  exhorte  done  a  se 
rappeler  le  souvenir  de  ce  premier  temps  ,  auquel ,  apres 
avoir  ele  eclaires  par  le  don  de  la  foi ,  ils  ont  soutenu  dc  si 
grands  combats  dans  les  afflictions  qu'ils  onteu  a  souflrir'*. 
II  en  distingue  de  deux  sortes :  les  unes  qn'ils  ont  souffertes 
dans  leurs  propres  personnes,  ayant  etc  eux-memes  ex- 
poses devant  tout  le  monde  aux  injures  et  aux  mauvais 
traitemens  ^ ;  les  aulres  qu'ils  ont  souffertes  dans  la  per- 
sonne  de  leurs  freres,  ayant  pris  part  a  I'etat  de  ceux  qui 
ontsouffert  de  semblables  indignites,  et  particulierement 
aux  liens  de  I'Apotre  meme*^.  Non-seulcment  ils  ont  souf- 
fert  de  mauvais  traitemens ,  mais  ils  ont  vu  meme  piller 
lous  leurs  biens,  et  ils  I'ont  vu  avec  joie ,  sachant  qu'ils 
avoient  dans  le  ciel  d'autres  biens  plus  excellens  ,  et  qui 
ne  periront  jamais  '' .  Ici  I'Apotre  les  exhorte  a  ne  pas 
perdre  cette  confiance  ,  c'est-a  dire,  selon  le  grec,  ce  cou- 
rage qui  doit  recevoir  un  jour  une  si  grande  recompense  ^. 
II  leur  represente  que  dans  la  disposition  ou  ils  sont ,  la 
patience  est  presque  la  seule  chose  qui  leur  soil  necessaire 
pour  obtenir ,  par  une  perseverante  fidelite  dans  I'accom- 
plissement  de  la  volonte  de  Dieu ,  la  possession  des  biens 


•ySo.  Scimus  em'm  tjui  dixit :  Mihi  vindicta,  et  ego  relribuam. — 
•  Ibid.  Et  iterum  :  Quia  judicabit  Dominiis  populiim  suiim. — '  ^  3 1 .  Hor. 
rendum  est  indiderc  in  manus  Dei  viventis.  —  *  y  32.  Rememoramini 
aiitem  prislinos  dies  in  qiiibim  illuminati niagtutm  certamen  sustiniiistis 
passionem. — *  ^  3i.  Et  in  altera  qnideni  cpprobrlis  ettribiilationibiis  spec- 
tacidunifacti.  —  ^-^  33.  et  34.  In  altera  auiem  socii taliter conversantium 
effecti.  Nam  et  vinctis  ( tcI?  ^eoaol;  acu,  linculis  meis)  compnssi  estis.  — 
^  y  34 .  Et  rapinam  bonorum  vesfrorun  cum  gaudio  snscepistis  ,  cognos- 
centes  vos  habere  meliorvm  etmanenlem  substantiam.  Le  grec  ajoute  :  m 
ccelis.  —  'y  35.  Nolite  itaque  amitlere confidcntiam  (wapprmav)  lestrani, 
quce  magnam  habetremunerationem. 


286  PREFACE 

qui  leur  sont  promis  '.  Pourquoi?  parce  qu'ayanl  deja  la 
foi,  il  ne  leur  reste  plus  que  d'attendre  encore  un  peu  de 
temps  pour  reccvoir  les  biens  qu'ils  esperent ;  en  sorte  que 
la  patience ,  conservant  et  soutenant  leur  foi ,  leur  fera 
acquerir  dans  peu  le  salut  eternel.  Encore  un  peu  de 
temps  ,  el  celui  qui  doit  venir  viendra,  el  ne  lardcra poinl  ^.  II 
est  evident  que  I'Apolre  a  ici  en  vue  la  proplietie  d'Ha- 
bacuc  ^,  qui  dans  un  premier  sens  regarde  Ic  premier  ave- 
nement  de  Jesus-Christ,  lorsque  ce  Dieu  Sauveur  est  venu, 
dans  rinfirmitq  de  sa  chair,  sauver  son  pcuple  par  I'effu- 
sion  meme  de  son  sang  :  mais  les  expressions  du  prophete 
regardent  plus  particulierement  encore  le  dernier  avene- 
ment  de  Jesus-Christ,  lorsque  ce  Dieu  Sauveur  viendra 
dans  Teclat  de  sa  majeste  consommer  I'entiere  delivrance 
de  ses  elus  a  la  fin  des  siecles.  C'cst  de  eel  avenement 
meme  que  Jesus-Christ  parloit  a  ses  disciples,  lorsqu'aprcs 
leur  avoir  dit  *  :  Encore  un  peu  de  temps ,  el  vons  ne  me  verrei 
plus,....  parce  queje  nrCen  vais  a  mon  Pcre ,  il  ajouloit :  En- 
core un  peu  de  temps  .  et  vous  me  ver'rez,.. .  et  voire  cceur  se  re- 
jouira  ,  el personne  ne  vous  ravira  voire  joie.  Voila  done  aussi 
ce  que  dit  I'Apotre  :  Encore  unpeu  de  temps,  et  celui  qui  doit 
venir  viendra.  Mais  d'ailleurs  cet  avenement  de  gloire  est 
precede  dun  avenement  de  misericorde  pour  chacun  des 
elus  a  I'heure  de  la  mort;  en  sorle  que,  soit  a  I'egard  de 
labrievete  de  la  vie,  soit  a  I'egarddela  rapidite  des  siecles, 
il  est  egalement  vrai  de  dire  qu'il  n'y  a  tou jours  qu'un  peu 
de  temps  a  attendre.  L'Apotre  continue  d'employer  les 
expressions  du  prophete  :  Le  juste  qui  m'apparticnt  vivra 
de  la  foi;  mais  s'il  se  retire,  il  ne  me  sera  pas  agr cable  ^.  C'est 
ce  que  ditle  Seigneur  par  la  bouche  du  prophete  dans  le 
rneme  endroit.  L'Apotre  change  seulement  I'ordre  des  ex- 
pressions ,  en  metlant  pour  premiere  phrase  celle  qui  est 
la  secondc  dans  le  texte  du  prophete  qu'il  rapporte  selon 
la  version  des  Septanle  ^\  et  insistant  sur  cela  ,  il  leur  te- 
moigne  qu'il  a  cette  confiance  que  ni  lui  ni  eux  ne  sont  du 

*  y-  3fi.  Patienlia  eniin  vobis  necessaria  est,  ut,  volunlaiem  Dei facien- 
tes,  I'epoHetis pi-omissionem . — *  -f  37-  Adliuc  cn/'m  modicum ah'quantulum, 
quiventiirus  est  veniet,  etnon  tardabil.  —  ^  Hab.  u.  3.  Semens  veniet,  et 
non  taidabit.Sepl.  Epx^"-''''?  X^^i,  Jtai  cu,  ari  7__pcvt(Tri .  L'Apotre  dit :  O  £p7,c- 
|i.evo?  r.^3t,  /-al  ou  x^c\'.'J..  —  *  Joan.  xvi.  i6.  22.  —  "f  38.  Justus  autem 
meusexfidevivit{%v.X,%oz-x\,vivet):  quod  si  subtraxerit  se,  nonplncebit 
animce  mece.  —  *  Hab.  ir.  4.    :feav  uTroaTEi'Xy.Tat ,  my.  eutJcjceT  ii  ifiyr,  u.cj    tv 


SI  R    I.  EPITUE  \UX   HEBRF.l  X.  2^7 

nombrc  de  ceux  qui  en  se  relirant  de  Dieu  s'exposent  a 
perir  pour  toujours ,  mais  qu'ils  sont  plutot  du  nombre  de 
cpux  qui  vivant  de  la  foi,  acquierent,  par  la  foi  et  par  la  pa- 
tience ,  le  saint  de  leurs  anies  '. 

De  la  I'Apdtre  prend  occasion  de  relever  lexcellence  et     Dofinitlon 
les  avantages  de  la  foi  (  chap,  xi ).  II  commence  par  la  de-  excellente, 

finir,  en  disant  que  c'est  I'cxistence  anticipee  des  choses  ^^aD'as^'s «' 

It  -.^ii'  •.•         lu  •        modeles  de  la 

que  1  on  espere  ,  et  la  plenie  conviction  des  choses  qu  on  f^j 

ne  votl  pas^.  Ensuite  ,  pour  prouver  I'excellence  de  celte 
vertu,  il  fait  remarquer  aux  Hebrcux  que  c'est  par  c\fe 
que  tous  les  anciens  jnstcs  qui  les  ont  precedes  ont  me- 
rite  de  recevoir  un  tcinoignage  avantageux^.  II  remonte 
jusqu'au  commencement  dec-  siecles ,  et  il  fait  remarquer 
que  c'est  par  la  foi  que  les  hommes  ont  connu  ,  ce  que  les 
Hebreux  reconnoissent  eu\-memes,  que  le  monde  aete 
fait  par  la  parole  de  Dieu*;  que  c'est  par  la  foi  qu'Abel 
offrit  ime  victime  plus  excellente  que  celle  de  Cai'n^; 
(|ue  c'est  par  la  foi  qu'Henoch  merita  d'etre  enleve  du 
monde  sans  mourir*^;  que  c'est  par  la  foi  que  Noe  prit 
la  resolution  de  construire  I'arche  selon  I'ordre  du  Sei- 
gneur, et  devint  heritier  de  la  justice  qui  nait  de  la  foi" ; 
que  c'est  par  la  foi  qu' Abraham  obeit  a  Dieu  en  sortant 
de  son  pavs^;  que  c'est  par  la  foi  que  ce  patriarche  de- 
meura  dans  la  terre  qui  lui  avait  etc  promise  ,  comme 
dans  une  terre  etrangere,  habitant  sous  des  tentes  avec 
Isaac  et  Jacob,  qui  devoient  etre  heritiers  de  cette  pro- 
messe  avec  lui^ ;  que  c'est  par  la  foi  que  Sara  ctant  ste- 
rile recut  la  vertu  de  concevoir,  et  eut  un  fils  lorsqu'elle 
n'eioit  plus  en  age  d'en  avoir'";  que  c'est  aussi  dans 
celte  disposition  de  foi  que  tous  ces  saints  patriarches  sont 
morts,  n'ayant  point  recu  les  biens  que  Dieu  leur  avoit 
promis,  mais  les  vovant  et  comme  les  saluanl  de  loin  ,  et 
confessant  qu'ils  etoient  etrangers  et  voyageurs  sur  la 
terre".  Ici  I'Apotre  s'arrete  pour  faire  sentir  que  ce  Ian- 
gage  prouvoit  assez  la  foi  de  ces  saints  patriarches;  puisque 
s'ils  eussent  regarde  comme  leur  patrie  celles  qu'il  avoient 

'  y  39.  et  uU.  Nos  atttem  non  sumus  siibtractionisjilii  inperditionem, 
sed  fidei  in  acquishionem  aniitKe. — '  >'•  ' .  Est  autemjides,  etc.  — •^  -^  1.  In 
hac  e  .im,  elc.  —  *!?•  3.  Fide  iiUelli^imus ,  etc.  —  *  1^  4-  Fide pluriniam 
hostiam  Abel,  etc. — *  -^  5.  rt  6.  Fidie  Henoch,  etc. — ^  f  7 .  Fide  Noe,  etc. — 
'  y^  8.  Fide  quivocatur  Abnihamobedi^it,etc.-^^-js^.  et  lo.  Fidedemora- 
tus  est,  etc. —  '°  y^  1 1 .  e/  1 2.  Fide  et  ipsa  Sara,  etc.  —  '  *  -f  1 3 .  Juxtajidem 
defuncii sunt  omiies  isii,  etc. 


288  PREFACE 

qulttee,  iis  pouvoient  y  rctourner ;  et^  n'y  retoumant  point 
i!s  montroient  assez  que  celle  qu'ils  cherchoient  etoit  cette 
patrie  celeste  que  Dieu  Icur  avoit  preparee,  et  qu'ils  ne 
connoissoient  que  par  la  foi^  L'Apotrc  reprend  le  de- 
nomhrement  de  ceux  en   qui  la  foi  a  parliculicrement 
oclate ;  et  revenant  a  Abraham  qui  est  le  pere  des  croyans, 
il  fait  remarquer  que  c'est  par  la  foi  qu' Abraham  oft'rit  a 
Dieu  son   fils  Isaac  sur  qui  reposoient  ies  promesses  ■' ; 
que  c'est  par  la  foi  qu'Isaac  donna  a  ses  deux  fils  Jacob  et 
Esati  une  benediction  qui  regardoit  I'avenir^;  que  c'est 
par  la  foi  que  Jacob  mourant  benit  aussi  chacun  des  enfans 
de  Joseph*;  que  c'est  par  la  foi  que  Joseph  aussi  mou- 
rant parla  do  la  sortie  des   enfans  d' Israel  hors  de  I'E- 
gypte^;  que  c'est  par  la  foi  que  le  pere  et  la  mere  de 
Moise  le   linrent  cache  a  sa  naissance,   n'apprehendant 
point  I'edit  de  Pharaon^;  que  c'est  par  la  foi  que  Moise 
devenu  grand  renonca  a  la  qualite  de  fils  de  la  fdle  de 
Pharaon  ,  preferant  des  lors  de  participer  aux  ignominies 
futures  du  Christ  promis' ;  que  c'est  par  la  foi  qu'il  quitta 
i'Egypte  a  la  tete  des  enfans  d'lsrael ,  sans  craindre  la  fu- 
reur  du  roi  ^ ;  que  c'est  par  la  foi  qu'il  celebra  la  Paque ,  et 
qu'il  fit  i'aspersion  du  sang  de  I'agneau^;  que  c'est  par  la 
foi  que  Ies  Israelites  passerent  au  travers  de  la  mer  Rouge'^; 
que  c'est  par  la  foi  que  Ies  murs  de  Jericho  tomberent** ; 
que  c'est  par  la  foi  que  Rahab  merita  de  n'etre  point  enve- 
loppe  dans  la  ruine  des  incredules^^;  qu'enfin  le  temps  lui 
manqueroit  s'il  vouloit  parler  de  Gedeon,  de  Barac ,  de 
Samson ,  de  Jephthe ,  de  David ,  de  Samuel  et  des  prophe- 
tes  ,  qui  par  la  foi  ont  conquis  Ies  royaumes,  opere  la  jus- 
tice ,  acquis  Ies  promesses ,  ferme  la  gueule  des  lions , 
eteint  la  violence  du  feu ,  evite  le  tranchant  des  epees  , 
etc.  '^.  L'Apotre  termine  ce  denombrement  en  faisant  re- 
marquer que  toutes  ces  personnes,  a  qui  I'Ecriture  rend 
un  temoignage  si  avantageux  a  cause  de  leur  foi,  n'ont 
point  rc9u  sous  Fancienne  alHance  la  recompense  qui  leur 

» -j^  1 4 .- 1 6 .  Qui  enim  hcec  dicunt,  etc.  —  ^fi'i.-ig.  Fide  obtulit  Abra- 
ham Isaac,  etc.  ■ —  ^"i  20.  Fide  et  defutiiris  benedixit  Isaac,  etc.  —  *  if  2 1 . 
Fide  Jacob  moriens,  etc. — *  -j^  22.  Fide  Joseph  moriens,  etc.  — ®  -jf-  aS.  Fide 
Morses  natus,  etc. —  ^  -^  24.-26.  Fide  Moyses  grandis,  etc.  —  '7?^  27.  Fide 
felinuit ^gfptum,  etc. — ^  7^28.  Fide  celebravit Pascha,  etc. — '"y^  29.  Fide 
transiernnt  mare  Ilubrum,  ^tc. — **  ^  3o.  Fide  muri  Jericho,  etc. — ^'  -^  3 1 . 
Fideliahab  meretrix,  etc.  —  '^  ^  32.-38.  Etquid  adhuc  dicam  ?  Dejicict 
me  tempus,  etc. 


SLR    L'EPitREAtX  HEBREUX.  289 

rioit  promise  ,  Dieu  ayant  voulu,  par  unc  faveur  particu- 

liere  qu'il  nous  a  I'aitc  ,  qu'ils  ne  recussent  qu'avec  nous 

I'accomplissement  ilc  leur   bonhcur,  soil  quani  a  leurs 

anies,  qui  ne  sont  cnlrees  clans  le  bonheur  du  ciel  que 

(Jcpuis  que  le  ciel  a  etc  cuvert  pour  nous  coniuie  pour 

eui  au jour  de  I'ascension  triomphante  de  Jesus-Christ; 

soil  quant   a  leurs  corps  ,   qui  ne   seront  glorifies  que 

quand  les  notres  le  seront  au  jour  de  la  resurrection  ge- 

nerale*. 

Apres  avoir  ainsi  rassemble  cetle  grande  nuce  de  te-     L'Apoire  sc 

nioins  qui  deposent  en  faveur  de  la  loi ,  par  laquelle  ils  ont  *crt  de  tous 

merite  d'avoir  part  a  raccomplissement  dcs  promesses  ^ , '^^^  "^^^^'j^^. 

I'Apotre  en  tire  un  motif  (  chap,  xii)  pour  exhorter  les  j^  H^breux a 

Hebreux  a  deposer  tout  ie  poids  de  la  douleur  que  leur  couHr  avec 

causent  les  afflictions  auxquelles  ils  se  voient  exposes^,  a  P^^^^^pf  '^°"' 

ne  point  se  laisser  entrainer  par  I'infidelite  de  ceux  qui  /^^^'■"f'"^1" 

»         ,,  ,         ,  I     r  •  A    V  ff.  •  ^      leurestou- 

autour  d  eux  abanclonnent  la  toi*,  a  soulirir  patiemment  ^rte.  lUeur 

les  niaux  qui  tombent  sur  eux^,  enGn  a  courir  avec  une  propose 

sainte  ardeur  dans  la  carriere  qui  leur  est  ouvertc ,  a6n  I'^emple  de 

de  remnorter  le  prix  qui  leur  est  propose'^.  A  I'exemple    "'  '^  •°*'®  ^ 
1  •  I.  »      »  ■  I    •     1       T  '         /->L    •  .  surunlexte 

des   saints   I  Apotre  ajoute  celui  de  .lesus-Lnrist  memo ,  ju  livre  des 

qui  est  I'auteur  et  le  consominateur  de  la  foi'  :  I'auteur,  Proverhes. 
parce  qu'il  en  est  le  principe,  et  que  c'est  de  Ini  que  nous 
la  recevons;  le  consoramateur ,  parce  que  c'est  lui  qui  la 
soutient  et  qui  la  couronne.  L' Apotre  fait  done  remarquer 
aux  Hebreux  que  Jesus-Christ,  au  lieu  de  la  vie  tranquille 
et  heureuse  dont  il  pouvoit  jouir  par  le  droit  de  sa  nais- 
sance  eternelle  et  de  sa  parfaile  innocence ,  a  voulu ,  en  se 
faisant  homme  et  prenant  sur  lui  nos  peches,  soulirir  le 
supplice  de  la  croix,  en  nieprisant  I'ignoniiniequi  accom- 
pagnoit  ce  supplice''.  11  leur  fait  remarquer  que  Jesus- 
Christ,  en  se  soumeltant  a  ce  supplice  ci  a  cette  ignomi- 
nie ,  a  merite ,  selon  son  humanite ,  d'etre  maintenant  assis 
a  la  droite  de  Dieu  son  Pere^.  II  les  exhorte  a  se  rappeler 

*  y  39.  ad  Jin.  Et  hiomnes  testimonio  Jtdei  probati  ^  non  acceperunt  re- 
pronii'ssionem,  Deo  pro  nobis  melius  aliquid  providente  ,  ut  non  sine  nobis 
consummarentur. — *  y  i .  Ideoque  et  nos  tanUim  habenies  imposilam  nubem 
testium.  —  '  Ibid.  Deponentes  omne  pondus  (o-]pccv).  — ■•  J  bid.  Etcircum- 
stans  nos  peccatum. — *  Ibid.  Per patientiam.  —  *  Ibid.  Curramus  adpro- 
posilum  certamen. — ^  -j-  a .  j4spicieiu.es  in  auctoremjidei  et  consummalorem 
Jesum. — '  Ibid.  Quiproposito  (ivri  rrc  -^cy.nuifr/;,  pro  proposito)  sibi  gau- 
dio  stistinuit  crucem  ,  confusione  contempia.  —  '  Ibid.  Jttqite  in  dextera 
sedis  Dei  sedet. 

a3.  iQ  i» 


290  i'ri::f4Ce 

Ic  souvenir  de  ce  Dieu  Sauveur  qui  a  souffert  une  si  grande 
contradiciion  de  la  j)arl  des  pecheurs  qui  sesonteleves 
centre  lui ,  et  a  tirer  de  la  unmolif  pourne  point  se  decou- 
rager,  et  ne  point  tomber  dans  labattemcnt'.  11  leur  re- 
presente  qu'ils  n'ont  point  encore  resiste  comme  Jesus- 
Christ  jnsqu'au  sang  en  combattant  contre  le  peche , 
contre  I'infidelile  de  ceux  qui  veulent  les  seduire  et  leur 
f'aire  abandonner  la  foi^.  A  I'exemple  de  Jesus-Christ  et 
<les  saints  il  ajoute  I'exhortation  que  la  sagesse  divine  leur 
adresse  par  la  bouche  de  Salomon;  il  leur  demande  s'ils 
ont  oublie  cette  exhortation  qui  s'adresse  aeux,  puis- 
qu'ils  sont  eux-memes  les  enfans  de  Dieu ,  qui  s'exprime 
ainsi  par  la  bouche  de  ce  prince  :  Monfils ,  ne  nigligez  pas 
le  chaiiment  donl  le  Seigneur  vous  corrige ,  et  ne  vous  lais^ez 
pas  aballre  lorsqu'il  vous  reprend ;  car  le  Seigntur  chdlie 
celuiquil  aime  ,  el  ilfrappe  de  verges  tous  ceux  qu'ilrecoit  au 
7iombre  de  ses  enfans^.  L'Ap6tre  rapporte  ce  texte  comme 
on  le  trouve  dans  la  version  des  Septante:  et  il  va  de- 
velopper  les  instructions  qu'il  renfcrme.  Et  reniarquons 
ici  que  cette  epitre  fournit  seule  d'excellens  modeles  aux 
commentateurs  pour  I'interpretation  des  irois  parties  qui 
composent  le  corps  des  livres  de  I'Ancien-Tcstament.  Les 
reflexions  que  I'Apotre  a  faites  sur  ce  qui  est  dit  de  Mel- 
chisedech,  et  sur  les  ceremonies  du  sacerdoce  levitique , 
nous  apprennent  a  etudier  Jesus -Christ  et  son  Eglise 
dans  tout  ce  que  renferment  les  livres  meme  historiques. 
L'usage  qu'il  a  fait  de  tant  de  propheties ,  et  specialement 
du  psaume  xciv,  nous  apprend  dans  quel  esprit  nous  de- 
vons  etudier  les  livres  prophetiques.  Enfin  les  reflexions 
qu'il  va  faire  sur  ce  texte  du  livre  des  Proverbes  vont  nous 
apprendre  avec  quel  soin  nous  devons  profiter  des  in- 
structions que  renferment  les  livres  moraux.  L'Apotrefait 
done  d'abord  remarquer  aux  Hebreux  que  s'ils  recoivent 
des  chatimens ,  Dieu  les  traite  en  cela  comme  ses  enfans*. 
C'etoit  la  consequence  naturelle  du  texte  qu'il  venoit  de 
citer.  II  y  ajoute  I'exemple  de  la  conduite  ordinaire  des 
hommes,  en  leur  demandant  qui  est  I'enfant  qui  ne  soit 


'  y^  3.  Recogiiate  enini  eum  qui  talent  sustinuit,  etc.  — '  V^  4.  Nondum 
enim  usque  ad  sauguinein,  eLc.  —  '  -J-  5.  ef  fi.  Et  obliii  estis  consolationis 
(7Tapa)4XT'<T5W{,  exhortalionis  )  qua:  vobis  tamquamfiliis  loquitur,  dicens  : 
Fill  mi.  etc. — *  y  7  In  disciplina perseveraie  (gr.  Ei  TraKJetoiv  u7f6(Ae'v«Te,  Si 
dlsciplinam  sustinetis) :  tamquamjiliis  vobis offertse  Deus. 


SUR  L  EPITRE  ADX  UEBREUX.  20  I 

point  chatic  par  son  pere  '.  II  en  conclul  que  s'ils  ne  sont 
point  chaties  ,  tons  les  autres  I'ayant  ele ,  ils  sont  done  ba- 
lards  etnon  de  vrais  enfans^,  II  continue  le  parallele,  et 
representant  aux  Hchreuv  qu'ils  ont  dii  respecter  les  pere,s 
de  leurs  corps  lors  merae  qu'ils  en  recoivent  des  chati- 
mens,  il  leur  demande  s'ils  ne  doivent  pas  encore  bien 
plus  de  soumission  pour  celui  qui  est  le  pere  des  esprits, 
afin  de  recevoir  de  lui  la  vraie  "vie^.  II  ajoute  que  leurs 
peres  les  chatioient  comme  il  leur  plaisoit,  et  afin  de  les 
regler  pour  le  peu  de  jours  que  dure  cette  vie ;  mais  que 
celui-ci  nous  chatic  pour  notre  bien  veritable  ,  afin  de 
nous  rendre  eternellcment  participant  de  sa  saintete*. 
Enfin  il  avoue  que  tout  chatiment,  lorsqu'on  le  recoit, 
semble  causer  de  la  iristesse  etnon  de  la  joie;  mais  il  fait 
remarquer  qu'ensuite  ce  chatiment  fait  recueillir  en  paix 
les  fruits  de  la  justice  a  ceux  qui  ont  ete  ainsi  exerces^. 
Ainsi  la  qualite  meme  du  traitemcnt  qui  nous  est  fait ,  le 
caractere  de  celui  qui  nous  le  fait,  le  motif  pour  lequel  il 
nous  le  fait,  et  le  fruit  que  nous  devons  en  recueillir,  sont 
quatre  raisons  qui  doivent  nous  porter  a  recevoir  les  af- 
flictions avec  amour,  avec  respect,  avec  reconnoissance, 
avec  joie.  Voila  ce  que  I'Apotre  a  su  tirer  de  quatre  pa- 
roles qu'il  cite.  Qu'il  est  avantageux  d'apprendre  d'un  si 
excellent  maitre  I'art  de  decouvrir  les  richesses  inestima- 
bles  renfermees  dans  ces  divins  livres,  qui  sont  vraiment 
ecrits  pour  notre  instruction  et  notre  consolation !  Apres 
avoir  ainsi  expose  cette  excellente  morale,  rAp6tre  en 
tire  les  consequences,  et  il  exhorte  les  Hebreux  a  relever 
leurs  mains  languissantes,  et  a  fortifier  leurs  genoux  affoi- 
blis" ,  c'est-a-dire  a  ranimer  leur  courage  ,  et  a  aplanir  les 
voies  par  lesquelles  ils  doivent  marcher",  c'est-a-dire  a 
adoucir  par  ces  reflexions  Tamertume  des  afflictions 
qu'ils  auront  a  souffrir;  afin  que  s'il  y  en  a  quelqu'un 
d'eux  qui  soit  boiteux  ou  chancelant,  il  ne  soil  pas  porle 
a  sortir  d'un  chemin  qui  lui  paroitroit  trop  dur  et  trop  dif- 


*  r  7 .  Qtiis  enim  Jiliui  qttem  non  com'pit pater? — '  y  8 .  Quod  si  extra 
ditciplinam  estis,  etc.  — '  -f  ii.DeinJe  patres  quidem  carnis  nostrce,  etc. — ■ 
*-)r  lo.  Et  7 Ui  quidem  in  tempore paiicorum  dierum  (gr.  — po?  oAifot;  ru-spoj, 
adpaucos  dies)  secundum  voluntatem  suam,  etc.  —  *  y-  1 1 .  Omnis  aulem 
disciplina,  in  prtesenli  quidem,  etc.  —  ^  -^  a.  Propter  quod  remissas  ma- 
nus,  etc. — V  li.  £t  gressus  rectos  (gr.  TSCX'i;  if^'  orhitas  rectas)  facile 
pedibus  vestris. 


292  I'R^FACE 

ficile,  maisque  plut6t  il  se  guerisse  et  s'affermissc  dans  la 

foi'. 
L'A])6treex-       L'Apotre  passe  ensuile  a  des  avis  plus  particuliers ;  et 
horie  les  He-  d'abord  il  exhorte  les  Hebreux  a  tacber  d'avoir  la  paix  avec 
reuxaiccier  j^^^j^  le  monde ,  mais  en  memo  temps  a  conserver  avec 
u  avoir  la  paix       ,,  ,,  1  ni  t^-o 

avec  toutle     som  la  purete  du  coeur,  sans  laquelie  nul  no  verra  Dieu^  : 

inonde,  mais  deux  cljoses  qui  sont  quelquclois  difficiles  a  allier,  parce 
en  ni^me        q^g  souvent  il  arrive  que  pour  conserver  la  paix  on  blesse 

temps  a  con-  pg^^^  purete  dc  I'ame.  Pour  eviler  ce  malbeur,  I'Apolre  ex- 
server  iivec  ^  v  ■■  .  *■ 

soin  la  purete  tiorte  les  Hebreux  a  prendre  bien  garde  que  quelqu'un 
de  leur  ame.  d'eux  Tie  manque  a  la  grace  de  Dieu,  et  que  quelque  racine 
II  Jeor  repre-  amere,  poussant  en  hautsatige,  n'empecbe  la  bonne  se- 

sentecombien  jj^gj^gg  gj  ^g  souille  Tame  de  plusieurs^  :  c'est-a-direqu'il 
iL  leur  scroll  t  '  * 

dangereux  "c  s'eleve  au  milieu  d'eux  quelque  docteur  du  mensonge 
d'abandonner  qui  arrete  Icurs  progres  dans  la  foi ,  ct  souille  leurs  ames 
I'alliance  di-    g^  jgyj.  inspirant  I'amour  impur  de  ses  vaines  erreurs  ^  en- 

yine  aque  e  ^^^  qu'ilne  se  trouveparmi  eux  quelque  fornicaleur'*,  c'est- 
jisonieu  ptiri,  ^     i«  i>  ■  i  ii       !»/»•• 

a-dire  quelqu  un  qui  se  rende  coupable  u  une  lornication 

spiritueJle ,  en  abandonnant  le  Seigneur  pour  s'attacher 
aux  idoles  du  mensonge  et  de  I'erreur;  quelque  profane 
comme  Esaii,  qui,  pour  se  rassasier  une  seule  fois  ,  vendit 
a  son  frere  son  droit  d'ainesse^ ;  quelque  ame  profane  qui, 
pour  se  conserver  les  vils  avantages  des  biens  temporels  et 
d'un  repos  passager,  abandonne  les  precieuses  preroga- 
tives de  la  foi.  Les  Juifs  fideles  etoient  vraiment  les  aines 
a  I'egard  des  gentils  convertis  a.  la  foi  :  ainsi  de  leur  part 
renoncer  a  la  foi ,  c'etoit  veritablement  abandonner  leur 
droit  d'ainesse.  L'Apotre  insiste  done  sur  ce  parallele  si 
naturel,  et  il  leur  represente  que  ce  profane  enfant  d'lsaac, 
desirant  ensuite  rececoir  comme  premier  heritier  la  bene- 

'  y^  1 3.  Ut  non  claudicans  qiii's  erret,  magis  autem  sanetur.  — *  V"  ^4  • 
Pncem  sequimini  cum  omnibus ,  et  sanctimoniam  sine  qua  nemo  videbit 
Deifm.  —  '  y^  1 5.  Contemplantes  ne  quis  desk  g  rati  ce  Dei :  ne  qua  radix 
amaritudinis  sursum  germinans  impediat,  etper  illam  inquinenturmuUi. 
II  faul  comparer  cela  avec  ce  que  dit  Moise  :  Ne  forte  sit  inter  vos  vir  aut 
mulier,  faniilia  aut  iribus,  cujus  cor  ad\>ersum  est  Jiodie  a  Domino  Deo 
nostra;.  ....  etsit  inter  vos  radix  germinans  fel  et  amaritudinem .  Deut. 
XXIX.  18. — ^-^  ifi.  iVe  (/Mw/or/zicato/'.  Dans  le  style  des  Hebreux  rien  n'est 
si  commun  que  celle  expression  prise  dans  le  sens  d'une  fornication  spiri- 
luelle.  De  la  vient  que  le  Psaimisle  disoit :  Ecce  qui  elongant  se  a  te  peri- 
bunt  ;  perdidisti  omnes  qui  fornicantur  abs  te  :  Mihi  autem  adhcenre  Deo 
bonumest,  ponere  in  Domino  Deo  meo  spem  meam.  Psal.  lxxii.  27.  28, 
— "Ibid.  Autprofanus  ulEsau,  quijiropier  unam  escam  t'endiditprimiti^>a 
sua. 


SUR  L'EPiTBB  JMX  HEBREUX.  298 

clicLiou  de  son  pfere,  fut  rejete,  et  ne  put  le  porter  a  revo- 
quer  ce  qu'il  avail  fait  pour  Jacob ,  quoiqu'il  Ten  conjurat 
avec  larmes'.  II  leur  laisse  le  soin  de  se  faire  a  eux-memes 
lapplication  de  eel  exeraple  terrible  ,  qui  a  ete  depuis  si 
exactcment  verific  sur  le  corps  cntier  de  cette  nation  in- 
credule.  11  leur  represente  que  quoitjue  laloi  nouveile  n'ait 
pas  ete  publiee  avec  un  appareil  aussi  terrible  que  la  loi 
ancienne,  cependant  il  n'y  a  pas  moins  de  danger,  et  au 
coutraire  meme  il  y  en  a  plus  encore  a  la  violer.  11  avoue 
que  pour  recevoir  cette  loi,  ils  ne  se  sont  point  approches 
corame  autretois  d'une  raontagne  sensible  et  terrestrc , 
d'uti  feu  brulant,d'un  nuageobscuret  tenebreux,  des  teni- 
petes  et  des  eclairs,  du  son  dune  trompette  ,  et  du  bruit 
d'une  voix  qui  etoit  telle  que  ceux  qui  I'entendirent  sup- 
plierent  qu'on  ne  leur  parlat  plus^.  11  remarque  que  leui's 
percsne  pouvoient  porter  la  rigueur  de  cette  menace  qui 
fut  alors  prononcee ,  que  si  une  bete  meme  touchoit  la 
montas^ne  elle  serait  lapidee^.  Il  ajoute  que  tout  etoit  alors 
si  terrible  que  Molse  meme  dit  :  Je  suis  lout  Iremhlant  et 
tout  cjfraye^.  On  suj^)Ose  que  cette  parole,  qui  semble  ne 
point  se  trouver  dans  les  livres  de  Moise  ,  avail  apparem- 
raent  ete  conservee  par  tradition.  Peul-etre  que  saint  Paul 
fait  allusion  a  quelques  expressions  de  la  version  des  Sep- 
tante ,  telles  que  celle  du  Deuleronome  ,  ix ,  1 9 ,  oil  on  lit 
comme  ic'x,  E  xteirilus  suvi^ .  Quoiqu'il  en  soil,  on  voit  done 
icique  dans  la  publication  de  la  loi  ancienne  tout  etoit  ter- 
rible, tout  inspiroit  la  crainte  ;  mais  dans  la  publication  de 
la  loi  nouveile  tout  inspire  en  meme  temps  el  le  respect 
etramour.  Illeur  represente  done  que,  pour  recevoir  cette 
loi  nouveile,  ils  se  sont  approches  de  la  montagne  de 
Sion,  c'est-a-dire  de  la  cite  du  Dieu  vivant,  c'est-a-dire  de 
la  Jerusalem  celeste  *";  comment  cela?  parce  que  par  la  foi 
ils  se  sont  approches  et  de  la  troupe  innombrable  des  an- 
ges,  et  de  I'Eglise  des  premiers-nes,  de  I'assemblee  des 
elus,  donl  les  noms  sont  ecrits  dans  le  ciel,  et  de  Dieu 
meme  qui  est  !e  juge  de  tous,  des  anges  el  des  hommes'  : 


'  V"  I : .  Scitote  enhn  quoniam  el  posiea  cupiens  heredhare  benedict/o- 
nem,  reprobatus  ,  etc. — *  y  t8.  et  19.  Non  enini  accesiistis,  etc.  —  ^  f  20. 
Non  enim  portabaiU,  etc.  — ^ -^  11.  El  ha  urribile  erat,  etc.  — *  Deut.  11. 
19.  Dans  la  version  des  Seplanle ,  on  lit  commc  ici  acccSi;  iw.,  Exiemlus 
sum.  —  *y  22.  Sed  accessisus  ad  Sion  montem,  et  civilaiem  Dei  vivenlis, 
Jerusalem  coelestem. — ^  -jl-  aa.  eta3.  Et  muUonun  milUum  angelorum  fix- 


29*  PKEFACi: 

par  la  foi  ils  se  sont  approches  et  des  esprits  des  jusles  qui 
sont  deja  parfaits  et  consommes  dans  la  gloirc,  et  de  Jesus 
qui  est  le  mediateur  de  Talliance  nouvelle,  et  enfin  d'un 
sang  qui  a  ete  repandu  sur  eux  ,  et  qui  parle  plus  avanta- 
geusement  que  celui  d'AbeU;  car  celui  d'Abel  ne  parloit 
que  pour  demander  vengeance  ,  au  lieu  que  celui-ci  parle 
pour  demander  grace,  puisque  c'est  pour  cela  meme  qu'il 
a  ete  repandu.  Apres  celal'Apotre  les  exhorte  a  bien  pren- 
dre garde  a  ne  pas  mcpriser  celui  qui  leur  parle  ,  c'est-a- 
dire  Jesus-Christ  meme,  qui  estle  legislateur  delaloi  nou- 
velle^. II  leur  represente   que  si  ceux  qui  ont  meprise 
I'ange  qui  leur  parloit  sur  la  terre  do  la  part  de  Dieu  n'ont 
pu  echapper  a  la  peine,  a  plus  forte  raison  nous  ne  I'evite- 
rons  pas  si  nous  rejetons  le  divin  legislateur  qui  nous  parle 
duciel^;  car  comme  il  I'a  ditplus  haul,  c'est  par  lesanges 
que  la  loi  a  ete  annoncee ,  au  lieu  que  I'Evangile  du  salut 
est  anonce  par  Jesus-Christ  meme.  Mais  Jesus-Christ  etant 
lui-meme  le  Verbe  de  Dieu,  c'est  lui  aussi  qui  a  parle  des 
lors  par  la  bouche  de  I'ange,  et  qui  par  sa  voix  pleine  de 
puissance  et  de  terreur  a  alors  eljrHple  la  terre*;  et  c'est 
lui  qui  dans  la  suite  a  annonce  par  la  bouche  d'Aggee  un 
nouvel  ebranlement ^.  Le  Seigneur  dit  par  la  bouche  de  ce 
prophete:  Encore  Mwg/o/V(c'est  I'expression  desSeptante^, 
et  i'hebreu  y  est  conforme,)  encore  une  fois,  etj'ebranleraile 
del  el  la  lerre.  L'Apotre,  instruit  par  I'Esprit  de  Dieu  qui  le 
rend  attentif  a  toutes  les  expressions  des  divins  oracles, 
remarque  que  par  la  bouche  de  ce  prophete  le  Seigneur 
dit  :  Encore  une  fois ,  et  j'ebranlerai  non-seule.ment  la  lerre , 
mais  encore  le  del  meme^.  Dans  I'etablissement  de  I'an- 
cienne  alliance  ,  Dieu  ebranla  seulement  la  terre ;  le  ciel 
demeura  ferme,  et  le  culte  que  Dieu  etablit  alors  sur  la 
terre  fut  un  culte  terrestre  el  charnel :  mais  dans  I'etablis- 
sement de  I'alliance  nouvelle  il  ebranle  en  meme  temps  le 


quentiam ,  el  Ecclesiam  priniiiivorum  qui  conscripti  swU  in  coelis ;  etj'u- 
aicem  omnium  Deum. 

'  y -j'}.  efi!^.  EtspiriLus  justorum  peifectorum,  et  tesUunenti  noi>i  me- 
duitorcm  Jesum  ,  et  sanguinis  aspersionem  melius  loquentem  quam  j4bel. 
Gr.  alit.  sanguinem  aspersionis  melius  loquentem^  etc. — ^  ^  2^.  f^idele  ne 
j-ecusetis  loquentem. — ^  Ibid.  Sienimilli  nonejfugeruntrecusanies  (wa- 
saiTr,aa[Asvot)  eum  qui  super  terram  loquebatur{y^fr.iJ.oL-:'.^C;-j~a.),  muUo  magis 
nos,  etc. — ''  y^  2G.  Cujus  vox  mu\>it  terrain  tunc. — *  Jbid.  Nunc  aulem  re- 
promiUildicens.  —  ^  Agg.  11. -j.  £ti  oct;*;.  /ipjj^  -jiy.  Adhuc  semel. — '7  ati. 
Picens:  Adhuc  semel,  et  ego  uiovebo  non  solum  tenam,  sedet  caelum. 


SLR  L  £P1THE  AL\  UEBREUX.  2^i> 

ciel  et  la  terre  ;  il  ouvre  le  ciel,  et  il  eiablit  sur  la  terre  un 
cuke  spirituel  et  celeste.  Apres  cela  rAp6tre  insisie  sur  ce 
mot,  Encore  ime fois ;  el  il  fait  reiuarquer  qu'eii  disant 
cela  le  Seigneur  montre  qu'il  va  faire  encore  un  change- 
uient  qui  sera  le  dernier;  qu'il  va  faire  cesser  les  choses 
inuables  conime  elant  faites,  c'est-a-dire  comaie  etant  par- 
venues  aulermeouelles  tie  voienllendre  etouellesdevoient 
6nir,  et  qu'il  va  y  subslituer  celles  qui  sont  immuables  et 
qui  demeureront  loujours '.  II  est  done  vrai  que  dans  cette 
parole  d'Aggee,  Encore  unefois,  dit  le  Seigneur,  elfebran- 
lerai  le  ciel  et  la  terre  ^  saint  Paul  a  vu  le  changement  de 
Tancienne  loi  et  du  premier  etat  de  la  religion ,  comme 
nous  le  disions  ailleurs,  d'apres  un  interprete  savant  et  ju- 
dicicux,  en  expliquant  cette  prophetic  d'Aggee^;  et  la 
suite  du  discours  de  saint  Paul  en  fournit  encore  une  nou- 
velle  preuve  :  car  apres  avoir  ainsi  developpe  le  sens  pro- 
fond  et  mvsterieux  renferme  dans  cette  prophetic,  il  en 
conclut  que,  recevant  des  a  present  le  regne  iramuable  , 
et  ayant  part  aux  avantages  de  ce  changement  que  Dieu  a 
opere  en  ce  qui  regarde  la  religion,  et  apres  lequel  il  n'y 
en  aura  point  d'autre,  nous  recevons  de  Dieu  par  Jesus- 
Christ  cette  grace  salutaire  par  laquelle  seule  nous  pouvons 
lui  rendre  un  culte  qui  lui  soit  agreable^.  Mais  en  meme 
temps  il  fait  remarquer  que  ce  culle  doit  etre  accompagne 
d'une  crainte  respectueuse*  qui  nous  rende  atlentifs  a  ne 
rien  faire  qui  puisse  luideplaire  ;  parce  que,  comme  le  dit 
Mo"ise,  notre  Dieu  est  unjeiudevoratii,  et  un  Dieu  jalotix  ^ , 
qui  par  son  amour  consomme  dans  sa  vie  et  dans  son  unite 
divine  la  creature  qui  lui  a  ete  fidele  ,  mais  qui  par  sa  justice 
consume  dans  une  mort  et  une  separation  eternellesle  pe- 
cheur  rebelle  a  sa  loi  ct  violateur  de  son  alliance,  qui  se 
separe  de  lui  pour  s'attacher  aux  creatures. 

L'Apotre  continue  de  donner  au  Hebreux  les  avis  par-  L'Ap6irecon- 
liculiers  qui  peuvent  leur  etre  necessaires ,  et  il  enire  ''""e  de  don- 


ner aux  He  - 


'  y  a  7 .  Qitod  autem,  jddhttc  semel,  dicit ,  declarat  mobilium  translaiio- 
tiem,  tanujuamfactorum  ,  utmnnrantea  quce  sunt  immobilia. — '  Voyez  la 
preface  sur  Aggee,  torn .  xva.  — 'y  '^S.  Itaque  rcgniim  immobile  swcifjien- 
tes,  fialemus  gmiiani  per  quain  seryi'tmus  placentes  Deo.  —  *  Ibid.  Cum 
metu  et  revei'emia.  —  '  -^  ay.  et  uU.  Elenim  Deus  noster  ignis  consumens 
est.  Cetle  parole  est  prise  du  Deuleronorae,  if,  24-  3IoIse  ajoule  :  Deus  (emu- 
lator^ parole  qui  convienl  si  naturellement  ici  que^  I'du  peul  dire  ou  que 
I'ApAtre  laisse  aux  H<»breax  de  la  sous-enJendre,  ou  que  peut-ilre  m^me  I'a- 
▼oit-il  exprimee.  ' 


296  PREFACE 

brciix  quel-    maintenaiit  sur  cela  dans  1111  plus  errand  detail  ( chap,  xiu ). 

quesavis        II  Icscxliorte  a  conscrvcr  touiours  la  charite  envers  leurs 

i>arliculiers;    /.  ,  1     ti  1  1      i  •    .       '    i-  i» 

j|  !es  console   "^^'^s  *.  11  leur  rccommande  de  ne  point  negliii^er  1  exer- 

tle  la  peine      cice  de  Thospitalitc  ;  et  pour  les  y  engager  davanlage,  il 

qu'ilsavoient  leur  rappelle  (ju'eri  Texercant  quelques-uns  autrefois,  sans 

de  se  voir      j^  savoir  ont  recu  pour  holes  des  an":es  memes  ^  ;  il  leur 
cnasses  de  la   ,   .        v  "  1  >  1  \  1 

svna"o''ue       l»JSse  a  compro^ndre  qu  un  plus  grand  avantage  encore  leur 

est  reserve,  c'est  de  recevoir  Jesus-Christ  meme  en  la  per- 

sonne  de  ceux  qu'ils  recevront  en  son  nora.  11  les  avertit. 

de  se  souvenir  de  ceux  qui  sont  dans  les  chaines  ,  comme 

s'ils  y  etoient  eux-memes  avec  eux,  et  de  ceux  qui  sont 

affliges,  comme  portant  eux-memes  un  corps  passible  et 

mortel  ^.  U  leur  recommande  que  le   manage  soil  traile 

de  tous  avec  honnelete,  etquele  lit  nuptial  soil  sans  tache, 

parce  que  Dieu  condamnera  les  fornicateurs  et  les  adul- 

teres  *.  Il  leur  recommande  aussi  que  leur  vie  soil  exempte 

d'avarice  ,  et  il  les  exhorte  a  se  contenler  de  ce  qu'ils 

ont  ^.  Il  leur  rappelle  ce  que  Dieu  dit  a  Josue  :  Je  ne  vous 

laisserai  point ,  et  je  nevous  abandonnerai  point^  :  parole  qui 

marque  le  soin  que  Dieu  prend  de  ceux  qu'il  choisit  et 

qu'il  aime.  11  enconclut  que  nous  pouvons  dire  tous  avec 

confiance  ce  que  le  Psalmiste  disoil  en  noire  nom  :  Le 

Seigneur  est   mon   secours  ;  je  ne  craindrai  point  ce  que  les 

hommcs pour r ont  mefaire  \  11  les  exhorte  a  se  souvenir  de 

leurs  conducteurs  cpii  leur  ont  preche  la  parole  de  Dieu , 

et  a  imiter  leur  foi  en  considerant  quelle  a  ete  la  fin  de 

leur  sainle  vie  * :  deja  Jacques  ,  frere  de  Jean ,  et  Jacques, 

frere  du  Seigneur  et  eveque  de  Jerusalem,  avoient  ter- 

mine  leur  vie  par  le  martyre  dans  celte  ville  meme.  Le 

motif  qui  doit  porter  les  Hebrcux  a  imiter  la  foi  de  ces 

hommes  fidelcs,  c'est  que  Jesus-Christ ,  a  qui  ces  hommes 

fideles  ont  rendu  temoignage,  est  toujours  le  meme;  il  est 

aujourd'hui  ce  qu'il  etoit  hier,  etil  sera  le  meme  dans  tous 

les  siecles  -',  En  consequence  de  ce  principe  admirable  qui 

doit  etre  dans  tous  les  temps  le  soutien  et  la  consolation  de 

tous  ceux  qui  connoissent  et  qui  aiment  la  verile ,  I'Apolre 

exhorte  les  Hebreux  a  ne  point  se  laisser  emporter  a  une 

'  ■)!•  1.  Cliajnlas  frniernitatis  maneat  in  vobis.  — -  j-  7..  Ethospitaliuttem 
noliie  obliwisci,  etc. — ^  ^  3.  Mementole  vinctorum,  etc. — ■*  -^  4.  HoiwrabUe 
connubium,  etc. — °  ^  5.  Sim  mores  sine  avaritia,  etc.—  ''  Ibid.  Ipse  cniin 
dixit :  Non  le  deseram,  etc. — '  ^  0.  Iia  ul  conjidenter  dicamus :  Dominus 
inihi  adjulor,  etc.  —  "V^  7-  Mementole  fnwposiioriiin  vcslrorum ,  etc.  — 
''  f  8.   Jesus  Chrisms  hcri,  el  hodic  :  ipse  et  in  scciila. 


Sl'K    L  EPllUK   At  .\   HKIlHhLX.  207 

diversite  d'opinions  et  a  des  doctrines  etrangeres  qui  s'e- 
cartent  de  lar^gle  simple  de  la  vraie  foi '.  Etparce  que 
ecus  qui  etoient  encore  attaches  aux  observances  legales 
insistoient  particulierement  sur  le  discernement  des  vian- 
des  ,  il  leiir  represente  qu'il  vaut  bien  mieux  alTermir  son 
cceur  par  la  grace  que  de  s'attacher  a  ce  discernement  des 
viandes,  qui  de  lui-meme  n'a  jamais  servi  pour  le  salut  a 
ceux  qui  I'ont  observe  ^  ,  et  qui  etoit  devenu  encore  plus 
inutile  depuis  qu'il  etoit  aboli  par  I'alliance  nouvelle  qui 
avoit  mis  fin  a  toutes  les  observances  legales.  Quant  aux 
Tiandcs  des  victimes  dont  les  Juifs  fideles  se  irouvoient 
prives  par  Texcomniunication  prononcee  centre  ceux  qui 
crovoient  en  Jesus-Christ ,  il  console  les  Hebreux,  d'abord 
en  leur  representant  qu'ils  ont  dans  la  religion  de  Jesus- 
Christ  un  autel  a  la  victime  duquel  ne  peuvent  participer 
ceux  qui  rendent  dans  le  tabernacle  judaique  un  culte 
abroge  qu'ils  regardent  encore  comme  le  seul  culte  legi- 
time ^  ;  et  a  cette  occasion  il  leur  rappelle  une  ceremonie 
qui  etoit  la  figure  de  cette  verite  meme.  11  leur  represente 
done  que  selon  la  loi  les  corps  des  animaux  ,  dont  le  sang 
etoit porte  parle  souverain  pontife  dans  le  sanctuaire  pour 
I'expiation dupeche  au grand  jourde  I'expiation  solennelle, 
etoient  brules  tout  entiers  hors  du  camp  ^,  sans  qu'il  fut 
permis  aux  pretres  ni  a  aucun  autre  d'en  manger ,  pour 
montrer  que  ceux  qui  demeureroient  attaches  a  ce  culte 
figuratit",  sans  en  reconnoitre  I'insuffisance  ,  n'auroient  au- 
cune  part  a  la  divine  victime  dont  le  sang  devoitetre  porte 
dans  le  sanctuaire  celeste.  Mais  c'etoit  hors  du  camp  que 
ees  victimes  etoient  brulees;  et  c'etoit  encore  une  figure, 
dont  rAp6tre  leur  developpe  le  sens  en  leur  faisant  remar- 
qner  que  c'est  aussi  pour  cela  meme  que  Jesus ,  devant 
sanctifierle  peuple  par  son^u^pre  sang,  a  souffert  hors 
de  la  porte  de  la  ville  ^ ,  jPbmplissant  ainsi  par  cette 
tirconstance  de  sa  mort  ce  qui  etoit  annonce  par  cette 
imcienne  ceremonie ;  et  si  I'Apotre  insiste  ici  sur  cette  cir- 
constance ,  c'est  pour  en  tirer  encore  un  motif  de  consola- 

'  y^  9.  Doctrinis  variis  elperegrinis  nolite  abduci.  — ^  Ibid.  Optimum 
est  enim  gratia  si-ibilin:  cor,  iioii  escis  qitce  lonprofiteruntambularuibus 
miis. — 'y  10.  HdLeinus  aliare ,  de  qtio  edere  non  habentpoiesialem  qui 
tabemaculo  deser>-iunt.  —  *  y  11.  Quorum  enim  animalium  inferiur  san- 
guis pro  peccato  in  sancla  per  pijiui/icem  ,  horuin  corpora  ctvmanlur  extra 
Castra.  —  '712.  Propter  quod  cl  Jesus,  ut  sanctijicaietper  suum  sangui- 
nempopulum,  extra  portam  passits  est. 


a^S  PREFACE 

tion  pourlesHebreux,en  leurfaisantconsiderer  que  Jesus- 
Christ,  ayantainsisouffert  la  morthors  tie  la  portede  la  ville, 
comme  un  homme  digne  d'etre chasse  du  milieu  du  peuple 
d'lsrafil,  ils  ne  doivent  plus  craindre  de  sortir  du  camp 
pour  aller  a  lui,  c'est-a-dire  de   souffrir  de  la  part  des 
hommes  des  tribulations  a  cause  de  leur  foi,  mais  au  cou- 
traire  s'eslimer  heureuxde  participer  ainsi  aux  opprobres 
de  Jesus-Christ  ^  EnGn  un  troisieme  motif  qui  doit  en- 
core les  consoler,  et  les  porter  a  souffrir  courageusement 
toutes  les  privations  et  les  separations  qu  on  leur  fait  subir, 
c'estque  la  cite  terrestre  dont  onlesseparen'est  pascelle  a 
laquelle  ils  doivent  etre  plus  attaches,  parce  que  nous  n'a-, 
vons  point  ici  de  cite  permanente  ;  mais  la  cite  future  est 
la  seule  que  nous  devons  rechercher  preferablement  a 
tout  ^.  Apres  avpir  propose  aux  Hebreux  ces  Irois  motifs 
de  consolation,  I'Apotre  les  exhorte  a  ne  plus  penser  qu'a 
offrir  par  Jesus-Christ  a  Dieu  son  Pere  I'unique  hostie  di- 
gne de  Dieu  ^ ,  qui  n'est  autre  chose  que  Jesus  -  Christ 
meme  sous  les  especes  eucharistiques  :   mais   parce  qu'a- 
lors  il  ne  lui  etoit  pas  libre  de  s'exprimer  clairement  dans 
une  lettre  ,  en  parlant  de  ce  mystere  ineffable  qui  n'etoit 
connu  que  des  fideles,  il  designe  cette  divine  hostie  sous 
deux  nomsquila  caraclerisent ;  et  d'abordil  I'appelle  /los- 
tie  de  louange^',  c'est  le  nom  meme  sous  lequel  le  Seigneur 
la  designe  dans  le  psaume  xlix  ,  ou  ,  apres  avoir  marque 
•en  termes  expresl'insuffisanceetmeme  I  abolition  desvic- 
times  figuralives  ,  il  ajoute  cette  parole  :  Immplez^d  Dieu. 
I'hoslie  de  louange  ^.  Et  a  la  fin  de  ce  meme  cantique  il  dit 
encore  :  L' hostie  de  louange  est  celle  qui  m'honoreva  ^.  Une 
hostie  de  louange,  capable  non-seulement  d'etre  offerte  , 
mais  d'etre  immoUe,  et  seule  digne  d'etre  substituee  a  tou- 
tes les  victimes  figuratives,  est  assez  manifesteraent  la  vic- 
time  eucharistique  :  il  y  a  p|p  memo,  c'est  que  ce  nom  de 
victime  eucharistique  est  precisement  celui  que  le  prophete 
lui  donne  dans  le  texte  original ,  car  I'expression  du  texte 
original  signifie  I'hoslie  d' actions  de  graces  ^  qui  est  preci- 

*  y^  i3.  Exeamus  igiturad  euni  extra  casira,  imprvperium  ejus portari- 
tes. — 'y-  14.  Non  enim  habemus hie  manentem  civitatem,  sed  Jutnrain  in- 
quirimus. — '  ^^  i5.  Per  ipsum  ergo  offeramus  hostiam  laudis  semper  Deo. 
—  *  Ibid,  hostiam  laudis  0jmav  aivsoctoc.  —  '  Ps.  xliv.  i  4.  Immola  Deo 
sacrljicium  laudis.  lxx,  ©liaov  tw  0sw  G'Jaiav  aivsosw;. — *  Ibid.  7^  2  3.  Sacri- 
Jicium  laudis  honorijicabil  me.  lxx.  ©jata  v.hiauoi  ^o^acte'.  [i.e.  —  '    ri3^ 

•mm. 


SUR  L  EPITRE  AUX  HEBRELX.  200 

setncnt  ce  que  signifie  le  nom  de  victime  eucharistique.  Mais 
d'ailleurs  I'Apdtre  s'explique  en  ajoutant  que  ce  qu'il  ap- 
pelle  L'hoslie  de  louange,  c'est  celle  qui  est  le  fruit  des  levres 
de  ceux  qui  rendent  gloire  an  nom  de  Dieii  *.  Urie  hostie  qui 
est  U/rait  des  levres,  et  le  fruit  des  litres  de  ceux  qui  rendent 
gloire  aunom  de  Dieu  ;  cette  expression  peut-elle  etre  plus 
exactement  verifiee  que  dans  le  sacrifice  eucharistique  , 
dont  I'hostie  est  vraiment  le  fruit  des  levres  du  pretre  qui 
la  consacre ,  et  qui  est  lui-merae  du  nombre  de  ceux  qui 
rendent  gloire  au  nom  de  Dieu  ,  et  qui  actuellement  rend 
gloire  au  nom  de  Dieu  par  la  consecration  meme  de  cette 
hostie  qui  est  le  fruit  de  ses  levres?  Mais  a  cette  hostie  de 
louange  l' Apotre  en  ajoute  encore  d'autres ,  qui  sont  celles 
de  la  charite  qui  nous  portc  a  faire  du  bien  a  nos  freres,  et 
a  leur  faire  part  meme  de  tout  ce  que  nous  avons  :  il  re- 
commande  aux  Hebreux  de  ne  point  oublier  I'exercice  de 
cette  vertu ,  et  leur  declare  que  c'est  par  de  telles  hosties 
qu'on  se  rend  Dieu  favorable  ^.   II  les  invite  a  obeir  a 
leur  conducteurs,  et  a  leur  etre  soumis  :  le  motif  qu'il 
leur  propose  ,  c'est  que  leurs  conducteurs  veillent  pour  le 
bien  de  leurs  ames  ,  comrae  devant  en  rendre  compte ; 
d'ou  il  conclut  que  par  reconnoissance  les  fideles  doivent 
obeir  a  ceux  qui  les  conduis^t ,  afin  que  ceux-ci  puissent 
s'acquitter  de  leur  devoir  avec  joie ,  et  non  en  gemissant , 
ce  qui  ne  seroit  pas  avantageux  a  ceux  qui  seroient  ainsi 
un  sujet  de  douleur  pour  les  pasteurs  fideles  qui  les  con- 
duisent  ^. 

II  leur  demande  le  secours  de  leurs  prieres ;  et  pour  ef-  L'ApAtre  de- 
facer  lesniauvaises  impressions  que  les  faux  apotres  avoient  mande  aux 
pu  repandre  centre  lui  dans  I'esprit  de  ceux  a  qui  il  ecrit,  Hebreux  le 

il  leur  declare  qu'il  a  la  confiance  de  dire  que  sa  conscience  ^etours  e 
,.,,/»  ,  *  ,  leurs  pneres. 

lui  rend  temoignage  de  son  mnocence,  et  qu  en  toutes  prj^re admi- 
choses  il  n'a  d' autre  desir  que  de  se  conduire  comrae  il  le  rable  qu'il 
doit,  c'esl-a-dire  d'une  raaniere  conforme  a  la  volonte  de  f^''  lui-m^™® 

Dieu*.  11  les  prie  particulierement  de  demander  a  Dieu  ?P"'^,^'*^'  j„ 
...  .  ,r        ,r  1  A.       ,         -     T  ...  Conclusion  de 

quil  puisse  leur  eire  rendu  au  plus  tot,  c  est-a-due  qu  "ceue^pUre. 
puisse  retourner  bientot  aupres  d'eux^.  II  forme  ici  pour 
eux  une  priere  admirable  qui  a  rapport  en  m^me  temps 

•  y  1 5.  Id  est,  frucUun  labiorum  confiteiUium  nomini  ejus.  —  -  -f  1 6 . 
Beneficentice  auie/n  et  communionis  nolite  oblivisci  :  lalibus  enirn  Iiostiis 
promeretur  Deus. —  ^ -^  17.  Obedke  prcepositisv'eslris,  eic. — *y  18.  Orate 
pro  nobis,  confidiinus  enim,  etc. — '  j  19.  Amplius  autem  deprecor  I'os,  eie. 


3oO  PIIEFACE 

et  a  la  situation  ou  ils  se  trouvoient  et  a  la  doctrine  conte- 
nue  dans  cette  epttre  qu'il  leur  adresse.  lis  etoient  dans 
I'agitation et  dans  le  trouble ,  et  il  commence  par  invoquer 
sur  eux  le  secours  du  Dieu  de  paix^  On  leur  reprochoit 
comme  un  scandale  la  mort  ignominieuse  de  Jesus-Christ; 
il  y  oppose  la  gloire  de  la  resurrection  de  ce  Dieu  Sau- 
veur^.  On  leur  exaltoit  la  gloire  dc  Moise,  que  Dieu  avoit 
autrefois  etabli  pour  etre  lepasteur  de  son  peuple ;  il  y  op- 
pose la  gloire  surcrainente  de  Jesus-Christ,  qui  est  par  ex- 
cellence le  grand  pasteur  des  brebis  du  Seigneur  ^  On  af- 
fectoit  de  leur  rendre  recommandables  et  I'alliance  an- 
cienne  dont  Moise  avoit  ele  le  mediateur,  et  le  sang  des 
viclimes  que  Ton  avoit  offertes  des  lors,  et  que  Ton  conti- 
nuoit  encore  d'oifrir;  il  y  oppose  I'excellence  de  I'alliance 
oternelle  dont  Jesus- Christ  a  ete  le  mediateur,  et  le  prix 
infini  dc  son  sang  qui  a  mis  le  sceau  a  cette  alliance'*.  Apres 
avoir  ainsi  efface  le  scandale  de  la  mort  de  Jesus-Christ 
par  la  gloire  de  sa  resurrection,  par  ie  pouvoir  supreme 
qui  lui  a  ete  donne ,  etpar  le  prix  de  son  sang ,  il  le  nomme 
avec  le  titre  augusle  qui  lui  convient  comme  an  Fils  unique 
du  Pcre  ,  egal  et  consubstantiel  au  Dieu  supreme,  qui  est 
seulappelepar  excellence  le  Seigneur^.  Le  plus  grand  be- 
soin  des  Hebreux  etoit  d'eWe  appliques  a  tout  bien ,  en 
sorte  qu'ils  fissent  en  tout  la  volonte  du  Seigneur;  et  c'est 
precisement  I'unique  avantage  qu'il  leur  souhaite''.  Et  sur 
cela  I'ecueil  le  plus  dangereux  qu'ils  eussent  a  craindre 
etoit  de  meconnottre  I'origine  de  la  vraie  justice;  c'etoit 
d'oublier  que  la  vraie  justice  est  celle  qui  vient  de  Dieu ,  et 
qui  est  le  fruit  de  la  grace  de  Jesus-Christ;  il  leur  rappelle 
ces  deux  verites  en  leur  temoignant  qu'il  souhaite  que 
Dieu  lui-meme  fasse  en  eux  par  Jesus-Christ  ce  qui  est 
agreable  a  ses  yeux''.  Principes  admirables  renfermes  ici 
en  peu  de  mots  :  c'est  Dieu  qui  nous  dispose  a  tout  bien, 
afin  que  nous  fassions  sa  volonte  ,  voila  1' operation  de  la 
grace  :  c'est  nous-memes  qui  faisons  sa  volonte ,  voila  la 
cooperation  du  libre  arbitre.  II  nous  dispose  afin  que  nous 
fassions  :  sa  grace  nous  previent.  Nous  faisons  sa  volonte. 


*  ^  10.  Deus pads. — ^  Ibid.  Qui eduxii  de  moftuis.  —  '  Ibid.  Pastotem 
magnum  avium. — *  Ibid.  In  sanguine  leslamcnti  ueterni.  —  '  Ibid.  Tov  Ku- 
piov  incoiiv,  Dominuin  Jesum.  La  Vulgale  porte  :  Dominum  noswum  Jesum 
Ckrislum.  — ^  -j  21.  J[ptei  vos  in  omni  bono.,  ut facialis  ejus  i>oluntaie~' 
— ^  Ibid.  Faciens  in  vobis  quod  placeat  coram  se. 


SLR  l'epitre  al'x  hkbuflx.  3oi 

lui-meme  faisant  en  nous  ce  qui  est  agreable  a  ses  yeux  : 
sa  grace  nous  accompagne.  Ainsi,  comnie  le  remarque 
tres  bicn  saint  Bernard ,  «  ce  que  la  grace  seule  commence, 
«  la  grace  et  le  libre  arbitre  I'aclievent  ensemble  :  Quoda 
n  sola  gratia  capluvi  est ,  paritcr  ab  utroque perjicitur  ;  ■mv^'is 
n  de  telle  sorie  que  dans  chaque  action  Tun  et  Tautre  agis- 
«  sent  ensemble  etpar  une  operation  commune,  non  sepa- 
«  rementni  par  une  operation  successive  :  Ut  mtxtim  ,  non 
«  singulatim ,  simulnon  vicissim  ,  per  singulos profectus  ope- 
«  rentur.  Le  bien  que  nous  faisons  n'est  point  produit  en 
«  partie  par  la  grace  et  en  partic  par  le  libre  arbitre ; 
n  maisla  grace  et  le  libre  arbitre  I'operent  ensemble  tout 
a  entier  par  une  operation  indivisible  :  Non  partim  gratia, 
upartim  libcriim  arbitrium ,  sed  tolum  singula  opere  individao 
^i peragunt.  Le  libre  arbitre  fait  tout,  et  la  grace  fait  tout : 
«  Tolum  quidem  hoc ,  et  totiim  ilia;  mais  de  telle  sorte  que 
<<  comme  tout  se  fait  dans  le  libre  arbitre,  tout  aussi  vient 
«  de  la  grace  :  Sed  ut  tolum  in  illo  ,  sic  tolum  ex  ilia  ^.  »  Et 
nous  pouvons  dire  ici  ce  que  disait  saint  Bernard  a  la  suite 
dcs  expressions  memes  que  nous  venons  de  rapporter  : 
«  Nous  esperons  etnous  croyons  que  le  lecteur  verra  avec 
«  satisfaction  que  dans  tout  ceci  nous  ne  nous  ecartons 
a  en  ricn  de  la  pensee  de  I'Apotre  :  Credinius  placere  lec- 
<ii  tori ,  quod  a  sensu  Apostolinusquamrecedimus.  »  En  effet 
il  est  aise  de  reconnoitre  que  tout  ce  que  ce  saint  docteur 
vient  de  dire  n'est  que  I'expression  tres  exacte  et  tres  fidele 
de  la  doctrine  renfermee  dans  ces  precieuses  paroles  : 

Deis  p.vcis aptet  vos  i.\  om>i  bono,  ut  faciatis  ejus  vo- 

lcntatem,  faciens  in  vobis  quod  placeat  coram  se.  enfin 
coiume  tout  bien  vient  de  Dieu  par  Jesus-Christ ,  aussi 
loute  gloire  est  due  a  Dieu  par  Jesus-Christ  dans  le  temps 
et  dans  leternite;  et  c'est  par  la  que  I'Apotre  termine  sa 
priere^.  Apres  cela  il  supplie  les  Hebreux  de  vouloir  bien 
soutTrir  etderecevoir  favorablement  ce  qu'il  vient  de  leur 
dire  pour  leur  consolation  etpour  I'affermissement  deleur 
foi^ ;  etil  s'excuse  dece  qu'il  ne  I'afait  qu'en  peu  demots*; 
parce  qu'en  effet  si  Ton  considere  la  grandeur  et  I'impor- 
tance  des  veriles  dont  il  vient  de  parler,  il  est  aise  de  com- 
prendre  qu'il  auroit  pu  s'etendre  beaucoup  plus  sans  ex- 


*  Bernard,  de  grat.  et  lib.  orb.  cap.  xiv.  n.  46.  —  '  y^  2  r .  Cui  est  gloria 
in  secula seculorum.  Amen.  —  ^  V-  22.  Rogo  autem  vos,  etc.  —  *  Ibid.  El~ 
enim  perpaucis  scripsi  vobis. 


• 


302 


PREFACE 


ceder  les  bornes  de  son  sujct.  11  leur  apprend  queTimo- 

thee,  son  frere  en  Jesus-Christ,  aete  mis  en  liberie  ,  et  il 

ajoute  que  si  ce  disciple  fidele  vient  bientot,  il  ira  les  voir 

avec  lui^.  II  leur  recommandc  de  saluer  de  sa  part  tous 

ceux  qui  les  conduisent,  et  en  general  tous  les  saints^, 

c'est-a-dire  tous  les  fideles  qui ,  dans  ces  jours  heureux  , 

etoient  tous  regardes  comme  saints.  II  les  salue  de  la  part 

des  freres,  c'est-a-dire  des  fideles  qui  se  trouvoient  alors 

dans  ritalie  ^ ;  ce  qui  montre  que  c'est  de  la  que  cette  lettre 

a  ete  ecrite.  Enfin  il  souhaite  que  la  grace  soit  avec  eux 

tous*;  c'est  son  souhait  ordinaire  ,  et  c'est  par  la  qu'il  ter 

mine  cette  lettre  ainsi  que  toutes  les  autres. 

Recapitula-      Dans  cette  epitre  I'Apotre  lait  remarquer  d'abord  I'ex- 

M°"^*^*P*'.'""  cellence  de  Jesus-Christ  au-dessus  des  prophctcs  qui  ont 
cipaux  points  i  i,         •  is  1*1  ^ 

traitesdans     paru  Clans  I  ancien  peuple^,  et  an-dessus  des  anges  memes 

ceueepitre.  par  qui  la  loi  a  ete  donnee  a  I'ancien  peuple^.  il  montre 
combien  est  importante  et  indispensable  I'obligalion  d'o- 
beir  a  I'Evangile,  qui  a  ete  d'abord  annonce  par  Jesus- 
Christ  meme".  11  continue  de  faire  voir  combien  Jesus- 
Christ  est  eleveau-dessus  des  anges.  II  prend  soin  de  lever 
le  scandale  de  la  croix,  en  expliquant  pourquoi  il  a  fallu 
que  Jesus-Christ  mourut^.  11  reprend  I'cloge  de  Jesus- 
Christ,  et  il  montre  combien  Jesus-Christ  est  eleve  au- 
dcssus  de  Meise^.  II  exhorte  les  Hebreux  a  s'affermir  dans 
la  foi,  et  a  demeurer  perseveramment  attaches  a  Jesus- 
Christ;  il  leur  cite  sur  cela  I'exbortation  quel'Esprit-Saint 
leur  adresse  dans  le  psaume  xciv*".  II  leur  applique  ce 
lexte";  il  leur  montre  les  consequences  qu'ils  doivent  en 
tirer'^.  II  continue  de  les  exhorter  a  s'affermir  dans  la 
foi ;  et  il  excite  sur  cela  leur  vigilance ,  et  ranime  leur  con- 
fiance*^.  II  montre  que  Jesus-Christ  est  vraiment  notre 
pontife;  il  fait  voir  comment  cette  qualile  lui  convient  et 
lui  appartient**.  II  reproche  aux  Hebreux  leur  peu  de  dis- 
position a  enlrer  dans  I'intelligence  des  grandes  veriles  de 
la  religion'^.  II  les  invite  a  s'elevcravec  lui  aux  grandes  ve- 
rites  dont  il  va  les  instruire,  et  leur  fait  sentir  \e  danger 
de  I'apostasie  alaquelle  les  conduisoit  leur  affoiblissement 

*  y^  2  3.  Cognoscite  fraLrem  nostrum^  etc. — -  •)r  24.  Salutaie,  etc. — '  Ibid. 

Salutantvos  de  Italia fratres. — *  -f  aS.  Gratia  cum  omnibus  vobis.  .i4men. 

.   —'Chap.  1"  .  -f  I. -3. — ^-jr  4.  jusqu'a  lafin. — 'Chap.  11.  i  r.-4- — *  i  5. 

■  jusqu'a  la  fin. — 'Chap.  iii.  -j-  1.-6.  —  '°^  6.-11. — "  i  la.  jusqu'a  la  fin. 

•    — '*,Chap.  IV.  -j^  i.-ir.  —  "i^  12.  jusqu'a  \a  fin.  —  **  Chap.  v.  i.-  10.  — 

"  -i  II.  jusqu'^  la  fin. 


SIR  l'ePITRE  AUX  HEBREUXi  3o3 

ilans  la  foi '.  II  raninie  leur  confiance;  et  il  exite  leur  zele 
ot  leur  courago  par  le  motif  cle  I'esperance  dont  il  leur 
montre  les  fondemens  inebranlables^.  Il  vient  aux  gran- 
des  verites  dont  il  a  proniis  de  parler ;  et  d'abord  il  expose 
it's  caraclcres  de  Melchiscdech  dont  le  sacerdoce  est  le 
svmbolc  du  sacerdoce  de  Jesus-Christ^.  II  montre  que  le 
sacerdoce  levitique  et  la  loi  mosaique  sont  changes;  etque 
leurchangement  est  fonde  sur  leur  insuffisance*.  11  releve 
i'excellence  de  ralliance  nouvclle  ,  et  de  Jesus-Christ  qui 
en  est  le  mcdiateur  par  son  sacerdoce  :  il  fait  rcmarquer 
que  Jesus-Chrisl  est  un  pretre  saint  ct  immortel''.  II  releve 
I'excellence  du  sacerdoce  de  Jesus-Christ  qui,  assis  dans 
le  ciel  a  la  droilc  de  son  Pere ,  offre  dans  le  sancluaire  ce- 
leste  une  victime  celeste^.  II  prouve  I'insuffisance  de  I'an- 
cienne  alliance  par  le  temoignagc  de  Jeremie  meme,  qui 
annonce  ciairementunc  alliance  nouvclle".  II  prouve  I'in- 
sufSsance  de  I'ancien  sacerdoce  et  la  perfection  du  sacer- 
doce nouveau  paries  ceremonies  memesde  Tancien  culte". 
11  faitremarquer  que  la  mediation  de  Jesus-Christ  est  fon- 
dee  sur  ce  que  Jesus-Christ  est  en  meme*  temps  pretre  et 
victime;  ce  qui  Ini  donne  lieu  de  montrer  de  nouveau  la 
necessiie  de  la  raort  de  Jesus-Christ  et  le  prix  infini  de  son 
sang^.  Il  fait  remarquer  I'insuffisance  des  victimes  legales  ; 
il  prouve  leur  abolition;  il  montre  I'efficacite  du  sacrifice 
de  Jesus-Christ '''.  II  exhorte  les  Hebreux  a  s'approcher  de 
Dieu  avec  confiance ,  a  demeurer  fermes  dans  la  foi ,  a  s'en- 
tr'edifieret  s'entr'exhorter  mutuellement :  il  lespresse  par 
le  double  motif  des  maux  qu'ils  auroient  a  craindre,  s'ils 
ne  perseveroientpas ,  et  des  biens  qu'ils  ont  a  esperer  s'ils 
perseverent^'.De  la  il  prend  occasion  de  parler  de  la  foi  : 
il  en  donne  la  definition;  il  en  releve  I'excellence  et  les 
avantages  dansle  denombrement  quil  fait  de  ceux  en  qui 
celte  verlu  a  plus  eclate'^.  Il  se  sert  del'exemple  de  tous 
ceshommesfideles  pour  exhorter  les  Hebreux  acouriravec 
patience  dans  la  carriere  qui  leur  est  ouvertc  :  il  leur  pro- 
pose I'exemple  de  Jesus-Christ,  et  insisteparliculierement 
sur  I'instruciion  que  Dieu  leur  donne  par  la  bouche  de  Sa- 
lomon'^. 11  les  exhorte  a  tacher  d'avoir  la  paix  avec  tout 

'  Chap.  VI.  y  I. -8.  —  •  7  9.  jusqu'a  la  (in.  —  ^  Cbap.  vii.  y  i.-io.  —  *  y 
1 1. -19. — *  T  2(1.  jusqn'a  la  fin. — *  Cbap.  vni.  y  1.-6. — "  ^  7.  jusqu'ala  fin. 
— *  Chap.  IX.  y  I.-I4- — '  T  i5.  jusqu'a  la  fin. — '"  Cbap.  x.  j  1.18. — "  T 
x«).  jusqu'a  la  fin. — "  Chap.  xi.  y  x.  jusqu'a  la  fin. — "  Chap.  xii.  ^  i.-i3. 


^o4  PREFACE 

le  monde,  mais  en  m^me  temps  a  conserver  avec  soin  la 
purete  de  leur  ame  :  il  leur  represente  combien  ii  Icur  se- 
roit  dangereux  d'abandonner  TaUiance  divine  a  laquelle  ils 
ont  eu  part^  11  continue  de  leur  donner  quelques  avis 
particuliers  :  il  les  console  de  la  peine  qu'ils  avoient  de  se 
voir  chasses  de  la  synagogue  ^.  Enfin  il  leur  demande  le 
secours  de  leurs  prieres,  forme  lui-meme  pour  eux  I'ex- 
cellente  priere  que  nous  venons  tie  voir ;  et  terminc  par 
les  salutations  ordinaires  cette  lettre  precieuse  que  Ton  ne 
peut  trop  etudier  ni  trop  mediler^. 
Paralltle  des      Ainsi  cette  lettre  admirable  acheve  de  confirmer  et  de 
trois  epitres    developper  les  grandes  verites  que  1' Apotre  avoit  deja  trai- 
de  sainiPaul  ^^^^  j^j^^  j^g  ^pitj-gs  aux  Galates  et  aux  Romains.  Dans  ces 
Romaius,  aux  ^^^^^  epitres  1  Apotre  e  tab  lit  la  necessite  de  la  foi  en  Jesus- 
<Ja1ateseiaux  Christ;  mais  il  le  fait  de  trois  manieres  diffe rentes ,  selon 
Hebreux.        ]es  differentes  dispositions  de  ceux  a  qui  il  ecrivoit.  Aux 
Romains,  il  prouve  la  necessite  de  la  foi ,  en  leur  prouvant 
I'insuffisance  dc  la  philosophie  et  meme  de  la  loi.  Aux  Ga- 
lates, il  prouve  la  necessite  de  la  foi,  en  leur  prouvant 
non-seulement  I'insuffisance  de  la  loi ,  mais  encore  le  dan- 
ger meme  de  s'attacher  aux  ceremonies  charnelles  qu'elle 
prescrivoit ,  et  de  les  regarder  comme  necessaires  depuis 
qu'elles  etoient  abolies.  Aux  Hebreux  ,  il  prouve  la  neces- 
site de  la  foi,  en  leur  prouvant  Tinsuffisance  et  de  I'alliance 
ancienne,  et  dusacerdoce  leviiique  qui  en  etoitle  fonde- 
ment ,  et  de  la  loi  mosaique  qui  en  etoit  la  condition.  Aux 
Romains,  il  prouve  Tinsuffisance  de  la  loi  meme  morale, 
qui  seule  et  par  elle-meme  ne  peut  donner  la  vraie  justice, 
Aux  Galates,  il  prouve  I'insuffisance  de  la  loi  ceremo- 
nielle ,  et  meme  le  danger  de  la  regarder  comme  neces- 
saire  depuis  qu'elle  est  abolie  par  Jesiis-Christ.  Aux  He- 
breux ,  il  prouve  non-seulement  I'insuffisance  de  la  loi  mo- 
rale et  de  la  loi  ceremonielle,  qui  etoient  I'une  et  I'autre 
les  conditions  de  I'ancienne  alliance  ,  mais  encore  I'insuf- 
fisance de  cette  alliance  ancienne  et  du  sacerdoce  levitique 
qui  en  etoit  le  fondement.  Aux  Romains  et  aux  Galates ,  il 
prouve  expressement  la  necessite  de  la  foi ,  et  implicite- 
ment  I'excellence  de  Jesus-Christ,  et  de  I'aUiance  nou- 
velle  dont  il  est  le  mediateur.  Aux  Hebreux  ,  il  prouve  ex- 
pressement non-seulement  la  necessite  de  la  foi,  mais 
encore  rexcellence  de  Jesus-Christ,  rexcellcnce  de  son 

'  •}  I/,,  jusqu'a  la  fin.— ^  Cliap,  xm.  >^  i  .-17.—^  >!■  iS.  jusqu'a  la  fin. 


SliR   l'spItRE  Ar\  HKBRKVX.  3o6 

sacerdore  et  de  son  sacrifice ,  rexcellencc  de  lalliancc 
nouvelle  dont  il  est  le  mediateur.  Au\  Komains  ,  il  prouvc 
en  m^me  temps  et  la  necessite  de  la  foi ,  et  la  gratuite  dii 
don  dc  la  foi.  Aux  Galates ,  il  se  contente  de  prouver  la 
necessite  de  la  foi.  Aux  Hebreux,  il  prouve  en  nieme  temps 
et  la  necessite  de  la  foi ,  et  les  avanlages  de  la  foi.  Insuffi- 
sance  de  la  philosophic  ,  insuffisance  de  la  loi  mosaique  , 
insufBsance  des  observances  charnelles  prescrites  par  celte 
loi ,  insufGsance  du  sacerdoce  levitique  ,  insuffisance  des 
victimes  legales ,  insuffisance  de  I'alliance  ancienne ;  ne- 
cessite de  la  foi,  gratuite  du  don  de  la  foi,  avantages  du 
don  de  la  foi,  excellence  de  Jesus-Christ,  perfection  de 
son  sacerdoce ,  prix  infini  de  son  sang  ,  prerogatives  de 
I'alliance  nouvelle  dont  il  est  le  mediateur ;  ce  sont  les 
grandes  verites  respeclivement  etablies  dans  ces  trois  epi- 
tres  ,  qui  renferment  aussi  tout  le  fond  de  la  seule  religion 
veritable  que  nons  avons  le  bonheur  de  professer. 


aS.  so 


EPITRE 

DE  SAINT  PAUL 

AUX  HJ&BREUX. 


CHAPITRE  PREMIER. 


Excellence  de  Jesus-Christ  au-dessus  des  proplietes  qui  ont  paru  dans  I'an- 
cien  peuple ,  et  au-dessus  des  anges  par  qui  la  loi  a  6l^  donnce  k  I'ancien 
peuple. 


1.  DiEC  ayant  parle  autrefois  a 
nos  peres  en  diveises  occasions,  et 
en  diverses  manieres,  par  les  pro- 
phetes  , 

2.  Nous  a  parle  de  nos  jours,' 
par  son  propre  Fils ,  qu'il  a  fait  he- 
ritier  de  loutes  choses,  el  par  qui 
il  a  cree  les  siecles  :  ' 

Sap.yn.  a6.  3.  Et  comme  il  est  la  splendeur 
de  sa  gloire ,  et  I'image  parfaite  de 
sa  substance  ,  et  qu'il  soutient  tout 
par  la  puissance  de  sa  parole,  apr6s 
nous  avoir  purifies  de  nos  peches ,' 
il  est  assis  au  plus  haut  du  ciel,  a 
la  droite  de  la  souveraine  majeste. 
4.  Etant  aussi  eleve'  au-dessus 
des  anges ,  que  le  nom  qu'il  a  repu ' 
est  plus  excellent  que  le  leur. 


1.  MULTIFARIAM  ,    mul- 

tisque  modis  dim  Deus 
loquens  patribus  in  pro- 
phetis  :  novissime 

2.  Diebus  istis  locutus 
est  nobis  in  Filio,  quein 
conslituit  heredem  uni- 
versorum,  per  quern  fecit 
et  secula  : 

3.  Qui  cum  sit  splen- 
dor gloriae ,  et  figura  sub- 
slantiae  ejus,  portansque 
omnia  verbo  virtulis  suae, 
purgationem  peccatorum 
faciens,  sedet  ad  dexteram 
majestatis  in  excelsis  : 

4.  Tanto  melior  an- 
gelis  effectus,  quanto 
differentius  prae  illis  no- 
men  hereditavit. 


■^  2.  Gr.  litt.  nous  a  enjin  parl^  dans  ces  derniers  jours. 
Ibid.  C'est-a-direle  monde. 

y  3.  Par  son  propre  sang  qu'il  a  repandu  pour  nous.  —  Le  grecajoule  : 
par  lui-m^me. 

7^4.  C'esl  Ic  sens  du  grec. 
Ibid.  Lin.  donl  il  a  horile. 


EpItRE  DK  SAIMT  PAtL  ALX  HEBREUX,  CHAP. 


^07 


5.  Cui  enJm  d'lXh  all-         5.  Car  qui  est  I'ange  a  qui  Dicu 
quando  angeloium  :  Fi-     ait  jamais  dil  : '  Voiis  fttes  nion  fils, /**.  11.  7. 
lius  mens  estu,  ego  hodie     je  vous  ai  engetidre  aujourd'hui? 

genui   te  ?    Et   rursum    ;     Et  ailleurs  :  Je  serai  son  Pere,  et  ^.^e^j-yii.  i4- 
Ego  ero  illi  in  Patrem,  et     il  sera  ncou  Fils? 
ipse  erit  inihi  in  Filium? 

6.  El  cum  iterum  in-         6.  Et  lorsqu'il  introduit  de  nou- 
troducit  primogenilum  in     veau  son  preniier-ne  dans  le  monde,'  ^'■'-  ^^vi.  -. 
orbem  lerrae  ,  dicit  :  Et     il  dit  :  Que  tous  les  anges  de  Dieu 
adorent  euni  omnes  an-     I'adorent. ' 

geli  Dei. 

7.  Et  ad  angelos  qiii- 
dem  dicit  :  Qui  facit  an- 
gelos suos  spiritus  ,  et 
ministrossuos,  flammam 
ignis. 

8.  Ad  Filium  autem  : 
Thronus  luus ,  Deus ,  in 


7.  Aussi  I'Ecriture  dit  touchant 
les  anges  :  Dieu  fait  des  esprits  ses  p^_ 
anges,  et  des  flammes  ardcntes  ses 
ministres. ' 

8.  Mais  elle  dit  au  Fils  :'  Voire  p,. 
trone,  6  Dieu  !  sera  un  trone  eler- 


ecul.i     :    rirga     iiel;  le  sceptre  de  voire  empire  sera 
virga     regni     un  sceptre  d'equite. 


seculum 

aequilatis 

tui. 

9.  Dilexisti  justiliam, 
et  odisti  iniquilatem  : 
propterea  unxit  te,  Deus, 
Deus  luus,  oleo   exulta 


p.  Vous  avez  aime  la  justice,  et 
vous  avez  hai  I'iniquite:  c'estpour- 
quoi,   6  Dieu!  voire  Dieu'  vous  a 
sacre  d'une  huile  de  joie,   en  une 
lionis    prae    parlicipibus     manifere  plus  excellenle  que  tous 
tuis.  ceux    qui    participeront    a    voire 

gloire.' 


y  5.  Comme  a  Jesus-Christ  dans  sa  generation  clemelle,  son  incarnalion 
etsa  resurrection. 

y  6.  Lorsqu'il  I'enToie  k  la  fin  dessiecles  pour  juger  les  vlvans  et  les 
morts.  —  Autr.  Et  encore  lorsqu'il  introduit  son  premier-ne  dans  le  monde  . 
ettju'apres  I' avoir  glorifie,  il  luidonne  la  puissance  sur  les  nations  et  e'ta- 
blit  son  regne  sur  la  lerrej  il  dit,  eic.Voyez  I'analvse. 

Ibid.  Ce  qui  moatre  combien  il  est  au-dessus  d'eux. 

y  7-  Autr.  Aussi  quant  aux  anges,  I'Ecriture  dit :  Dieu  se  s/crldu  souffle 
des  vents  pour  en  faire  ses  ambassadeurs  el  ses  anges  ,  el  des  Dammes  de  feu 
pour  en  faire  ses  ministres.  Mais  quant  au  Fils  ,  elle  dit,  etc.  En  hebreu,  en 
grec,  et  en  latin  le  meme  raot  qui  siiinitie  eji/7/'/isignifie  aussi  vent,  et  le  m^me 
mot  qui  signifie  aiige,  signifie  aussi  ambassadeur.  Vojez  I'anaKse. 

y  8.  Le  considerant,  non  comme  un  serviteur  de  Dieu,  mais  comme  etant 
Dieu  lui-radme. 

y  9.  Vojez  ce  qui  est  dit  decc  texle  dans  I'analyse. 

Ibid.  Vous  ayant  donne  la  plenitude  de  la  grace  ,  dont  ils  n^auront  qu'un 
rconlcment  et  une  participation,  et  vous  ayant  eleve  a  on  de§re  de  gloire  au- 
quel  ils  n'arriveront  jamais. 


3o8 


lipilRB    DE  SAIN  I     PAUL  ALX    HEBREtX. 


P.t.  CIX.  I. 
I  .Cor.w.'iH. 


10.  Et  ailleurs  : '  Seigneur,  vous 
avez  cree  la  terre  dfes  le  commence- 
ment, et  lea  cieux  sont  I'ouvrage 
de  vos  mains. 

11.  lis  periront,  mais  vousde- 
meurerez  :  ils  vieilliront  tous 
comme  un  vStement  : 

1 2.  Et  vous  les  changerez  comme 
un  manteau,  et  ils  seront  changes  ;' 
mais  pour  vous ,  vous  serez  tou- 
jours  le  meme ,  et  vos  annees  ne 
finiront  point.' 

i3.  Aussi,  qui  est  I'ange  auquel 
le  Seigneur  ait  jamais  dit :  Asseyez- 
vous  a  ma  droite,  jusqu'a  ce  que 
j'aie  reduit  vosennemis  a  vous  ser- 
vir  de  marchepied  ?  ' 

14.  Tous  les  anges  nesont-ils  pas 
des  esprits,  destines  pour  servir, 
elant  envoyes  pourexercer  leur  mi- 
riistere  en  faveur  de  ceux  qui  doi- 
vent  etre  les  heritiers  du  salut  ?' 


10.  Et  :  Tu  in  priiici- 
pio ,  Domine ,  terram 
iundasti  :  et  opera  ma- 
nuum  tuarum  sunt  coeli. 

1 1.  Ipsi  peribunt,  tu 
autem  permanebis  :  et 
omnes  ul  vestimentum 
veterascent  : 

12.  Et  velut  amiclum 
mutabis  eos,  et  muta- 
buntur  :  tu  autem  idem 
ipse  es,  el  anni  tui  non 
deficient. 

i3.  Ad  quern  autem 
angelorum  dixit  aliquan- 
do  :  Sede  a  dextris  meis, 
quoadusque  ponam  ini- 
micos  tuos  scabellum  pe- 
dum tuorum? 

14.  Nonne  omnes  sunt 
administratorii  spiritus, 
in  ministerium  missi  prop- 
ter eos  qui  hereditatem 
capient  saiutis  ? 


y  10.  L'ficriture  le  reconnoissant  pour  le  Createur  de  toutes  choses  ,  lui 
parle  en  ces  lermes. 

y-  ra .  Voyez  dans  ce  volume  la  Dissertation  stir  la  Jin  du  monde. 

Ibid.  Toutes  ces  paroles,  qui  s'entendent  du  Messie,  c'esl-Mire  de  Jesus- 
Christ,  marquent  admirablement  sa  grandeur,  el  font  voir  combien  il  esteleve 
au-dessus  des  anges. 

y  r3.  Ces  paroles  n'ont  ^leditesqu'.^  Jesus-Christ,  a  qui  cette  place  est  due 
comme  elant  Fils  unique  de  Dieu  ,  et  non  pas  aux  anges  qui  nesontque  des 
serviteurs  etdes  ministres. 

y  14.  Au  lieu  que  Jesus-Christ  est,  con.me  nous  venons  de  le  voir,  le  Fils 
eooternel  el  consubjstanlie!  de  Dieu,  egal  en  toutes  choses  a  son  Pere. 


«;H\PiTnK  It. 


S09 


CHAPITKE  11. 


Cooibieii  est  importanle  el  indispensable  robligalion  d'ob^ir  k  I'ETangilc  qui 
a  it6  annonc^  par  J^sus-Christ  m&ine.  Autres  preuves  de  I'excellence  d« 
Jesus  Christ  au-dessus  des  anges.  Principes  qui  servcnt  k  lever  lescandate 
de  sa  luort. 


I.  PROPTEHEi  abuodan- 
tius  oportetobservare  nos 
ea  quae  audirimus ,  ne 
tbrte  perefHuaiuus. 


u.  Si  enim  qui  per  an- 
geloj  dictus  est  sermo, 
factus  est  firmus,  et  om- 
nis  praevaricatio  et  inobe- 
dientia  accepit  justam 
mercedls  retributionem  : 

3.  Quomodo  nos  effu- 
giemus ,  si  tantam  ne- 
glexerimus  salutem,  quae 
cum  initium  accepisset 
enariari  per  Doininum  , 
ab  eis  qui  audierunt ,  in 
iio:-  confirmata  est , 

4.  Contestante  Deo  si- 
gnis  ,  et  porteiitis ,  et  ya- 
riis  Tirtutibus,   el  Spiri- 


I.  C'est  pourquoi '  nous  devon* 
observer  ayec  encore  plus  d'exac- 
titude  les  choses  que  nous  avons 
entendues,' pour n'etre pas  commc 
des  vases  entr'ou verts,  quilaissent 
ecouler  ce  qu'on  y  met.' 

12.  Carsilaloi,  qui  a  seulement 
ete  annoncee  par  les  anges ,'  est  de- 
menree  ferme;  et  si  tons  les  viole- 
mens  de  ses  preceptes,  et  toutes 
les  desobeissances  ont  recu  la  juste 
punition  qui  leur  etoit  due, 

3.  Comment  pourrons-nous  !*e- 
viter,'  S4  nous  negligeons  une  doc- 
trine salutaire  , '  qui  ,  ayant  ete 
premi^renient  annoncee  par  le  Sei- 
gneur meuie,  a  ete  confirmee  parmi 
nous  par  ceux  qui  Tout  entendue,' 

4.  Auxquels  Dieu  a  rendu  tenioi-  Maiwwi. 
gnage  par  les  miracles,  par  les  pro - 

diges^  par  les  differens  eSets  de  sa 


y  I.  Si  Qous  avont  ete  obliges  de  garder  fidelement  les  ordonoanocs  de  la 
ioi. 

Ibid.  De  la  bouche  de  Jesus-Chrisl  m^me.  —  Gr.  autr.  nousdeTons  uoiis 
ailacher  avec  encore  plus  de  soin  aux  choses  que  nous  avons  entendues,  etc. 

Ibid.  Pour  ne  pas  laisser  sortir  de  notre  esprit  el  de  noire  <.oeur  les  divine? 
paroles  que  Dieu  nous  a  fait  annoncer  par  son  propre  Fils.  —  Autr.  pour 
n'etre  pas  comme  de  I'eau  qui  s'ecoule  ef  seperd.  Litt.  afin  que  nous  ne  nous- 
ecoulions  pas. 

7!^  a.  Les scnriteurs  de  Dieu. 

•^  i.  fcviter  cette  punition. 

Ibid.  Lilt,  un  tel  salut. 

Ibid.  Par  les  \p6Uv*  qui  Pont  eniendne  de  ca  pn>prc  boiitho. 


3io 


EPITRE  DE  SAIKT  PAV  L  ALX  HEBUEUX. 


puissance,  et  par  la  distribution 
des  graces  du  Saint-Esprit,  qu'il  a 
partages  comine  il  lui  a  pin  ?' 

5.  CarDieu  n'a  point  soumis  aux 
anges  le  monde  futur  dont  nous 
parlons.  ' 

6.  Aussi  quelqu'un  a  dit  dans  un 
Ps(,l.  Till.  5,  endroit  de  I'Ecriture  :  '  Qu'est  ce 

que  riiomme  ,  pour  meriter  votre 
souvenir?  et  qu'est-ce  que  le  flis  de 
I'homme,  pouretre  favorise  de  vos 
regards  ? 

7.  Vous  I'avez  rendu  pour  un  peu 
4(     de  temps'   inferieur   aux   anges,' 

vous  I'avez    ensuite   couronpe   de 

gloire  et  d'honneyr  :  vous  lui  avez 

donne  I'empire  sur  les  ouvrages  de 

vos  mains; 

Mati.  ixvni.       8.      Vous    avez    assujeti    tontes 

»8.  choses  sous  ses  pieds.   Or,  en  di- 

i.C'or.xv.sG  sant    qu'il    lui   a    assujeti    toutes 

choses,  il  n'a  ^-ien  laisse  qui  ne  lui 

soil  assujeti'  :  cependant  nous  ne 

voyons  pas  encore  que  tout  lui  soit 

assujeti.' 

9.  Mais  nous  voyons  que  Jesus, 
qui  avail  ete  rendu  pour  un  peu 
de  temps'  inferieur  aux  anges, 
a  cte  couronne  de  gloire  et  d'hon- 
iieur,  a  cause  de  la  mort  qu'il  a 


tus  Sancti  dislributionibus 
secundum  suam  volun- 
tatem? 

5.  Non  enim  angelis 
subjecit  Deus  orbem  ter- 
rae  futurum  ,  de  quo  lo- 
quimu^". 

6.  Testixtus  est  autem 
in  quodam  loco  quis  ,  di- 
cens  :  Quid  est  homo, 
quod  memor  es  ejus  : 
aut  filius  hominis  ,  quo- 
niam  visitas  eum? 

7.  Minu^sti  eum  pauIo 
minus  ab  angelis  :  gloria 
et  honore  coronasti  eum  : 
et  constituisti  eum  super 
opera  manuum  tuarum. 

8  Omnia  subjecLsti  sub 
pedibus  ejus.  In  eo  enim 
quod  omnia  ei  subjecit » 
nihil  dimisit  non  subjec- 
tum  ei  :  nunc  autem  nec- 
duni  videmus  omnia  sub- 
jecta  ei. 

9.  Eum  autem  qui 
modico  quam  angeli  mi- 
noratus  est,  videmus  Je- 
sum  ,  propter  passionem. 
mortis  glpria   et   honore 


>'^4-  Dontl'effusion  a  el' en  m^me  temps  une  preuve  incontestable  de  la 
verite  de  I'Evangile,  et  une  marque  evidenlede  la  grandeur  de  Jesus-Christ, 
qui  en  est  le  premier  ministre,  elquiestetabli  roi  et  chefdu  monde  Qouveau, 
c'est-a-dirc  de  I'Eglise,  dont  le  renouvellement  commence  ici  par  la  grace  ,  et 
se  consomme  dans  le  ciel  par  la  gloire. 

■j^  5.  Maisbien  k  Jesus-Cbrist,  qui  en  est  le  pere  el  le  souverain  adminis- 
trateur. 

■jj  G.  Kn  admirant  le  pouvoirque  Dieu  lui  a  donne,  et  la  grandeur  ou  la 
nature  bumaine  a  ete  elevee  en  sa  personne divine. 

i  7.  el  9.  C'est  le  sensdu  grcc :  Ppay^u.  Voyez  ce  qui  est  dit  de  ce  textedans 
I'analyse. 

Ibid.  En  le  rcndant  passible  et  mortel. 

y  8.  Puisque  Ics  bommc?  impies  et  Jes  anges  aposla'is  se  n'vollcnl  san> 
ccsseconlre  lui. 


CHAPITKE  II. 


coronatum  :  ut  gratia 
Dei  pro  omnibus  gustaret 
niorlcm. 

10.  Decebat  enimeum, 
propter  quein  omnia  .  et 
per  quem  omnia ,  qui 
mullos  filios  in  gloriam 
adduxerat,  auctorem  sa- 
lutiseorum  perpassionem 
coflsummare. 

11.  Qui  enim  sanctifl- 
cat,  et  qui  sanctiGcantur, 
ex  uno  omnes.  Propter 
quam.  causam  non  con- 
funditur  fratres  eos  yo- 
care  ,  dicens  : 

la.  Nuntiabo  nomen 
tuum  fratribus  meis  :  in 
medio  ecclesiae  laudabo 
te. 

i3.  Et  iterum  :  Ego 
ero  fidens  in  eum.  Et 
iterum  :  Ecce  ego,  et 
pueri  mei  quos  dedit  mi- 
hi  Deus. 

i4-  Quia  ergo  pueri 
communicaverunt  carni 
et  sanguini ,  et  ipse  simi- 
liter participavit  eisdem  : 
ut  per  mortem  destrueret 
eum  qui  babebat  mortis 
imperium,  id  est ,  diabo- 
lum  : 

1 5.  Et  liberaret  eos  qui 


soufferlCj  Dieu  par  sa  bonte  ayaat 
voulu  quMI  mourOt  pour  tou3.' 

ID.  'Caril  etoit  bien  digne  de 
Dieu,  pour  lequel  et  par  lequel 
sont  toutes  choses,  que,  voulant' 
conduire  a  la  gloire  plusieurs  en- 
fans,  il  perfectionnat  par  les  souf- 
frances  celui  qui  devoit  etre  I'au- 
teur '  de  leur  salut. 

11.  Car  celui  qui  sanctifle ,  et 
ceux  qui  sont  sanctifies,  yiennent 
tous  d'un  mSme  principe : '  o'est 
pourquoi  il  ne  rougit  point  de  les 
appeler  ses  freres, 

12.  En  disant  :  J'annoncerai  to-      "'•  "'•^3, 
tre  nom  a  mes  frferes;  je  chanterai 

Tos  louanges  au  milieu  de  I'assem- 
blee  de  votre  peuple. 

1 3.  Et  ailleurs  :  '  Je  mettrai  ma  ^•»-  ^^i-  3. 
confiance  en  lui.'  Et  encore  dans     '"•^'"•''• 
un  autre  endroit  :  Me  voici  avec 

les  enfans  que  Dieu  m*a  donnes.' 

14.  Etainsl,  parceque  les  enfans 
sont  d'une  nature  composee  de  chair 
et  de  sang,  il  a  aussi  lui-meme 
participe    a   cclte   meme    nature, 

afin  de  detruire  par  sa  mort  celui     *^^'*"'-^4- 
qui  etoit  le  prmce  de  la  mort ,  c  est- 
a-dire  le  diable  j 

i5.  Et  de  mettre  en  liberie  ceux 


ir  9.  Si  done  les  impics  parmi  les  bommes  et  parmi  les  auges  lui  resistent 
eii  ce  monde  ,  ils  !ui  seront  assujetis  dans  I'autre  ;  et  la  parole  du  prophcte 
s'accomplira  ence  point,  comme  nousToyonsqu'elle Test  dans  les  autres. 

y  to.  II  ne  faul  pas  s'etonner  que  Dieu  ait  choisi  ce  moyen  pour  nous 
sauver. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Le  grec  a  la  leUre  :  le  chef  et  le  prince. 

y  1 1.  Jesus-Christ,  comma  homme,  ctant  enfant d' Adam,  aussi  bien  que 
les  autres  hoinmes,  quoique  d'une  manierediffi'rente. 

y-  1 3.  Jesus-Chrisl  ditces  paroles  en  parlant  de  Dieu. 

Ibid.  Ce  qu'il  n'auroit  pu  dire,  s'il  ne  s'eloit  rabaisse  au-deJ<sous  de  Diea 
son  pere,  en  se  faisant  homme. 

Ibid.  Vojoz  ce  qui  est  dil  dc  cc  texte  dans  I'analyse. 


3ia 


EPITRE  DE  SAINT  PAUL  AUX  HEBREUX. 


quelacrainte  de  la  morltenoit  dans 
une  continuelle  servitude  pendant 
leur  vie.' 

16.  Car  il  ne  s'est  pas  rendu  le 
liberateur'  des  anges;  mais  il  s'est 
rendu  le  liberateur  de  la  race  d'A- 
braham.' 

17.  C'est  pourquoi  il  a  fallu  qu'il 
f'Qt  en  tout '  semblables  h  ses  freres, 
afin  qu'il  fOt  devant  Dieu  un  pon- 
tife  compatissant'  et  fidele  en  son 
ministere,  afin  d'expier'  les  peches 
du  peuple.' 

18.  Car  c'est  des  souffrances 
paemes,  par  lesquelles  il  a  ete 
tente,'  qu'il  tire  la  vertu  tt  la  force 
de  secourir  ceux  qui  sont  aussi 
tentes.' 


timore  mortis  per  totam 
vilam  obnoxii  erant  ser- 
vituti. 

i6.  Nusquam  enim  an-^ 
gclos  apprehendit,  sed 
semen  Abraha?  apprehen- 
dit. 

17.  Unde  debuit  per 
omnia  fratribus  similar!, 
ut  misericors  fieret,  et  fi- 
delis  pontifex  ad  Deum, 
ut  repropitiaret  delicta 
populi. 

18.  In  eo  enim,  in  quo 
passus  est  ipse ,  et  tenta- 
tus,  potens  est  et  eis  qui 
tentantur,  auxiliari. 


•^  i5.  En  leurdonnant  I'esperance  qu'elle  seroit  suivie  d'une  heureuse  r^ 
surrection.  C'est  une  faveur  qu'il  a  falte  aux  hommes ,  et  qu'il  n'a  pas  faite 
aux  anges. 

y^  16.  C'est  le  sens  du  grec.  Voyez  I'analyse. 

Ibid.  C'est-a-dire  de  tous  ceux  qui  devoient  croire  en  Jesus-Christ ,  selon 
ce  qui  est  dit  ailleurs  qu' Abraham  est  le  pere  des  croyans,  et  que  les  enfans  de 
lafoisont  les  en  fans  d' Abraham.  Rom.n.  16.  Hal.  ni.  7. 

y- 1 7.  Excepte  le  peche. 

Ibi'd.  Compatissant  a  leurs  folblesses  ,  etant  instruit  par  sa  propre  expe- 
rience des  infirmitcs  de  leur  nature. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Afin  de  trouver  dans  I'immolation  d'une  chair  mortelle ,  unie  a  sa 
nature  divine  ,  de  quoi  satisfaire  a  lout  ce  que  la  nature  humaine  devoit  a  la 
justice  de  Dieu  ,  el  de  quoi  m^riter  aux  hommes  les  secours  et  les  graces  dont 
ils  avoient  besoin. 

•jf^  18.  Eprouve  d^ns  sa  chair  nouvelle. 

Ibid.  Autr .  Car  ayant  cle  tente  et  eprouve  par  les  peines  qu'il  a  souffertes, 
il  est  dispose  a  secourir  ceux  qui  sont  aussi  tenles  et  eprom'es.Yoyez  I'analyse, 


CHAPITKU   HI 


3l3 


CHAPITRE  HI. 

Excfllence  de  J^sus-Christ  au-dessus  deMoise.  Les  H^breui  sont  exhortfc 
a  s'affermir  dans  la  foi ,  et  a  demeurer  persev^ramment  attaches  4  Jesus- 
Christ.  Exhortation  que  TEsprit- Saint  leur  adresse  dans  le  livre  des 
psaumes. 


I.  Unde,  fratres  sancti, 
vocalionis  coeleslis  parli- 
cipes ,  considerate  apos- 
tolum  et  pontificem  con- 
fessionis  nostrae  Jesuin  : 

a.  Qui  fidelis  est  ei  qui 
fecit  ilium  ,  sicut  et 
Moyses  in  omni  domo 
ejus. 

5.  Amplioris  eniin  glo- 
riaeiste  prae  Moyse  dignus 
est  habitus,  quanto  am- 
piioiem  honorem  habet 
domus  ,  qui  fabricavit  ii- 
1am. 

4.  Omnis  namque  do- 
mus fabricatur  adaliquo  : 
qui  autem  omnia  creayit, 
Deus  est. 

5.  Et  Moyses  quidem 
fidelis  erat  in  tota  domo 
ejus  tamquam  famulus, 
in  testimonium  eorum 
quae  dicenda  erant : 

6.  Christus  vero  tam- 
quam filius  in  domo  sua  : 


1.  Voxjs  done,  mes  saints  freres, 
qui  avez  part  a  la  vocation  celeste  ,' 
considerez  Jesus,  qui  est  I'apotre 
et  le  pontife  de  la  religion  que  nous 
professons  , 

2.  Qui  est  fiddle  i  celui  qui  I'a 
etabli,  comme  Moise  lui  a  ete  fiddle 

dans  toute  sa  maison.  Num.  xri.7, 

3.  Car  il  a  etc  juge  digne  d'une 
gloire  d'autant  plus  grande  que  celle 
de  MoTse,  que  celui  qui  a  bSti  la 
maison  est  plus  estimable  que  la 
maison  meme.' 

4.  Car  il  n'y  a  point  de  maison 
qui  n'ait  ete  biltie  par  quelqu'un  ; 
et  celui  qui  est  Tarchitecte '  et  le 
createur  de  toutes  choses ,  c'est 
Dieu.' 

5.  Quant  k  Moise,  il  a  ete  fidfele 
dans  toute  la  maison  de  Dieu  , 
comme  un  serviteur,  pour  annon- 
cer'  tout  ce  qu'il  lui  eloit  ordonne 
de  dire  : 

6.  iMaisJesus-Christ,  comme  Fils, 
a  Tautorite  sur  sa  maison;  et  nous 


y  I.  Qui  fttesdu  nombre  de ceui  que  Dieu  a  cboisis  pour  les  rendre  parli- 
cipansde  sa  gloire. 

■f  3.  Or,  c'est  Jesus-Christ  qui  a  biti  la  maison  dans  laquelle  Moise  a  ete 
fidele,  et  dent  il  «?loit  lui-m^me  une  partie. 

y  4.  C'eslcequ'exprimela  force du  mot  grecxaraoxsuaca;  qui  est  relatifa 
la  similitude  prise  d'une  maison  bAtie  par  un  architecte. 

Jbid.  Notre  Seigneur  Jesus-Christ  qui  est  Dieu  ,  et  par  consequent  il  est 
infiniment  au-dessus  de  Moise. 

■jr  5.  Au  peuple  juif,  qui  etoit  ct- He  maison. 


3i4 


EPITRE  DE  SAINT  PAUL  AUX  UEBREUX. 


somrnes  nous-uiemes  sa  maison  , 
pourvu  que  nous  conservfons  jus- 
qu'a  la  fin  une  ferme  confiance  , 
et  une  attente  pleine  d«  joie  '  des 
biens  que  nous  esperons  ; 

7.  G'est  pourquoi ,  le  Saint-Es- 
prit  a  dit'  :  Si  vous  entendez  au- 

Psal.  xciv.  8.  jourd'hui  sa  voix, 
tnj'r,  IV.  7 , 

8.  N'endurcissez  pas  yos  coeurs  , 
comme  il  arriva  dans  le  desert,  au 
jour  de  la  tentation ,  et  dans  la 
contradiction," 

9.  Oii  vos  peres  me  tenterent,  oii 
ils   voulurfint  eprouver  ma  puis- 


quae  domus  sumus  nos, 
si  fiduciam ,  et  gloriam 
spei  usque  ad  finem  ,  fir- 
mam  retineamus. 

7.  Quapropter  sicutdi- 
cit  Spiritus  Sanctus  : 
Hodie  si  vocem  ejus  au- 
dieritis  , 

8.  Nolite  obdurare 
corda  vestra  ,  sicut  in 
exacerbatione,  secundum 
diem  tentatimiis  in  de- 
serto  , 

9.  Ubi  tentaverunt  me 
patres   vestri  ,    probave- 


SJ^nces  ,  et  ou  ils  virent  les  grandes     runt,  et  viderunt   opera 


choses  que  je  fis. 

10.  J'ai  supporte  ce  peuple  avec 
peine  '  durant  quarante  ans ';  et  j'ai 
dit  en  nioi-meme  :  lis  se  laissent 
toujours  emporter  a  I'egaremcnt 
de  leur  coeur;  ils  ne  cunnaissent 
point  mes  voies.' 

1 1.  Aussi  ai-je  fait  serment  dans 
ma  colere,  qu'ils  n'entreront  point     mea  :  Si  introibunt  in  ce 
dans  mon  repos. '  quiem  meam. 


mea 

10.  Quadraginta  an- 
nis  :  Propter  quod  infen- 
sus  fui  generationi  huic, 
el  dixi  :  Semper  errant 
corde.  Ipsi  autem  non 
cognoverunt  vias  meas  : 

11.  Sicut  juravi  in  ira. 


y  6.  C'est  le  sens  du  grec  :  cujus  domus  sumus  nos. 

Ibid.  Maison  figuree  par  I'eglise  judaique. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 

"3^^  7.  En  parlant  de  Jesus-Christ. 

f  8.  Dans  le  lieu  qui  fut  depuis  appel^  le  lieu  de  la  coiUfadicu'on  etdu, 
murmure.  Autr.  au  temps  de  la  contradiction,  el  au  jourde  la  tentation  dans 
le  desert. 

•^  9.  Sans  toutefois  qu'ils  crussent  que  je  pusse  les  nourrir  dans  le  desert  , 
ni  les  mettre  en  possession  de  la  terre  que  je  leur  avois  promise. 

■^  10.  C'est  ce  qu'exprime  la  force  du  mot  grec 

Ibid.  Dit  Dieu  dans  le  m^me  endroit.  —  A  la  leltre,  selon  la  ponctuation 
du  grec  et  du  latin  :  oii  ils  virent  les  grandes  choses  que  je  fis  pendant  qua- 
rante ans,  C'est  jiourquoij'ai  supporte  ce  peuple  avec  degout ,  et  j'ai  dil,  etc. 
Mais  quelques  manuscrits  grecs  omeltent  ici  \a  con]oncUon  ptvpter  c/uod,  et 
reunissent  ces  mots:  J'ai  supporte  ce  peuple  avec  degout  pendant  quarante 
ans,  etc.  C'est  ainsi  qu'il  se  lit  dans  le  psaume ;  et  la  suite  suppose  cette  le^on. 
Infr.il']. 

Ibid.  Ils  ne  veulent  point  suivre  celles  que  je  leur  ai  marquees,  ni  secon- 
fier  en  mes  paroles. 

ill.  Le  saint  Apotre  expliqiie  lui-menic  auchapitre  suivant  y  3  serfq.  ce 
qu'il  entend  par  ce  repos. 


CHAPITRE  III. 


3l. 


la.  Videte,  fratres,  ne 
forte  sit  in  aliquo  ves- 
trum  cor  malum  incredu- 
litatis,  discedendi  a  Deo 
vivo  : 

i3.  Sed  adhortamini 
vosmelipsos  per  siogulos 
dies,  donee  Hodie  cogno- 
minatur,  ut  non  obdure- 
tur  quis  ex  yobis  fallacia 
peccati. 

i4>  Participe?  enim 
Christi  effccti  sumus  :  si 
tamen  initium  substan- 
tiae  ejus  usque  ad  fineui 
Hrmum  retineamus  : 

1 5.  Dum  dicitur  :  Ho- 
die si  Tocem  ejus  audie- 
ritis,  nolite  obdurarecor- 
da  vestra ,  quemadmo- 
dum  in  ilia  exacerbatione. 

16.  Quidam  enim  au- 
dientes  exacerbarerunt , 
«ed  non  universi  quipro- 
fecti  *unt  ex  .Egypto  per 
Moysen. 

17.  Quibus  autem  in- 
fensus  est  quadraginta 
annis  ?    nonne   illis    qui 


1  i.Prenezdonc  garde,  mes  freres, 
que  quelqu'un  de  vous  ne  tombe 
dans  un  dereglement  de  cceur  et 
dans  une  incredulite  qui  le  separe 
du  Dieu  vivant.' 

1 3.  Mais  eihorlez-TOUS  chaque 
jour  les  uns  les  autres ,'  pendant 
que  dure  ce  temps  que  I'Ecriture 
appelle  Aujourd'hui',  de  peur  que 
quelqu'un  de  vous  etant  seduit  par 
le  peche,  ne  tombe  dans  Tendur- 
cissement;' 

i4-  Car  il  est  vrai  que  nous  som- 
mes  entres  dans  la  participation  de 
Jesus-Christ,  pourru  que  nous 
conservions  inviolablement  jusqu'a 
la  fin  le  commencement  de  I'ltre 
nouTcau  qu'il  a  mis  en  nous,' 

i5.  Pendant  que  Ton  nous  dit  ; 
Aujourd'hui ,  si  vous  eniendez  sa 
voix,  n'endurcissez  pas  vos  coeurs, 
comm^  il  arrira  au  lieu  de  la  con- 
tradiction.' 

16.  Car  quelques-uns  de  ceux ' 
qui  I'enlendirent '  irriterent  Dieu 
par  leurs  contradictions; '  mais  cela 
n'arriva  pas  a  tons  ceux  que  Moise 
avoit  fait  sortir  de  I'Egypte/ 

17.  Et  qui  sont  ceux  que  Dieu 
supporta  a?ec  peine  '  durant  qua- 
ranteans,  sinon  ceux  qui  avoient  2v^ufl,,xiT.3. 


y  12-  G>miii€  ce  people  rebelle  fut  exclus  de  la  terre  promise ,  a  cause  de 
ses  incrpdulites. 

T^  i3.  Encouragez-vous  mutuellement  a  persevercr  dans  la  foi  que  rous 
avcz  embrassee,  el  a  demeurcr  fortement  altaches  k  Dieu. 

Ibid.  C'est-a-dire  le  temps  de  notre  vie. 

Ibid.  Et  qu'ainsi  il  ne  soit  exclus  du  repos  que  nous  attendons,  el  que  nous 
aurons  en  effet,  si  nous  deraeurons  fideles  a  notre  Tocation. 

T  14.  Le  pronom  ejus  n'est  pas  dans  le  grec. 

Ibid.  Demeurant  fermes  dans  la  foi  qu'il  nous  a  annoncee,  el  dans  la  jus- 
tice qu'il  nous  a  communiquee. 

y  i5.  Autr.  au  temps  de  la  conlradiction. 

J  16.  Vojez  ce  qui  est  dil  de  ce  texle  dans  I'analysjS. 

Ibid.  CeUcvoix. 

Ibid.  Leurs  desoboissances  et  leurs  munnnres. 

Ibid.  II  n  y  euld'exceplesque  Caleb  el  Josu6.  Voyez  Panalysv. 

T  '7-  Vovcz  sur  le  y  10. 


3i6 


KPITUE  DK  SAINT  PALL  \UX  HKBREUX. 


p6che,    dont   les  corps  deuieur^- 
rent  etendus  dans  le  desert  ? 

i8.  Et  qui  sont  ceux  ^  qui  Dieu 
jura  qu'ils  n'entreroient  jamais 
dans  son  repos,  sinon  ceux  qui 
n'obeirent  pas'  i  sa  parole  ? 

19.  En  effet,  nous  voyons  qu'ils 
we  purent  y  entrer  ,  a  cause  de  leur 
incredulite.' 


peccaverunl,  quorum  oa- 
davera  prostrata  sunt  in 
deserto? 

18.  Quibus  autem  ju- 
ravit  non  Introire  in  re- 
quiem ipsius,  nisi  iliis 
qui  increduii  fuerunt  ? 

19.  Et  videmus,  quia 
non  potuerunt  introire 
propter  incredulitatem. 


■^  rS.  G'esl  le  sens  du  grec. 

^  19.  Car  ils  moururent  presque  tous  dans  le  d&ert. 


CHAPITRE  IV. 


L'ApAlre 'continue  d'exhorler  les  Hebreux  k  s'affermir  dans  la  foi.  il  leur 
montre  les  consequences  qu'ils  doivenl  tirer  du  texte  qu'il  vient  de  citer.  11 
excite  leur  vigilance,  et  ranime  leur  confiance. 


Ps.  xcir.   I 


1 .  GaAiGNONs  done  que  ,  negli- 
geant  la  promesse  qui  nous  est 
faite  d'entrer  dans  le  repos  de  Dieu,' 
il  n'y  ait  quelqu'un  d'entre  vous 
qui  en  soit  exclus. ' 

2.  Car  on  nous  I'aannoncee  aussi 
bien  qu'Aeux;  maisla  parole  qu'ils 
entendirent  ne  leur  servit  de  rien, 
n'etant  pas  accompagnee  de  la  foi 
dans  ceux  qui  I'avoient  entendue.' 

3.  Pour  nous  qui  avons  cru , 
nous   entrerons    dans    ce    repos ,' 

I .  selon  qu'il  est  dit :  J'ai  jure  dans  ma 
colore  qu'ils  n'entreront  point  dans 
mon  repos, '  repos  oii  il  est  entre 


1.  TiMEAMTJs  ergo  ne 
forte  relicta  poUicitatione 
introeundi  in  requiem 
ejus,  existimetur  aliquis 
ex  vobis  deesse. 

2.  Etenim  et  nobis 
nuntiatum  est ,  quemad- 
modum  et  illis  :  sed  non 
profuit  illis  sermc  audi- 
tus ,  non  admistus  fidei 
ex  iis  quae  audierunt. 

3.  Ingrediemur  eniiTi 
in  requiem ,  qui  credidi- 
mus  :  quemadmodum 
dixit  :  Sicut  juravi  in  ira 
mea    :    Si    introibunt  in 


•^  t.  Dontcelui  de  la  terre  proniise  n'etoit  que  Tombre  et  la  iigure. 
fbj'd,  Litt.  qui  paroisse  en  Atre  exclus.   Ou  selon  le  grec  aulreraent  j  qui 
veuille  en  6tre  exclus. 

y  u .  C'est  le  sens  du  grec. 

y  H.  Ce  repos  donl  l(s  incredulcs  seronl  exclus. 


CHAPITRB  IV. 


3.7 


h 


requiem  nieain  :  vl  qui- 
dem  operibus  ab  institu- 
lione  muadi  perfectis. 

4.  Dixit  eniui  in  quo- 
dam  loco  de  die  septima 
sic  :  Et  requievit  Deus  die 
septima  ab  omuibus  ope- 
ribus suis. 

5.  £t  iu  isto  rursum  : 
Si  introibunt  iu  requiem 
meam. 

6.  Quoniam  ergo  super- 
est  introire  quosdam  in 
illam  ,  et  iiquibus  priori- 
bus  annuntiatum  est,  non 
introierunt  propter  incre- 
dulitatem  : 

7.  Iterum  terminat 
diem  quemdam,  Hodie, 
in  David  dicendo,  post 
lantum  temporis,  sicut 
supra  dictum  est  :  Hodie 
si  vocem  ejus  audieritis, 
nolite  obdurarecordayes- 
tra. 

8.  Nam  si  eis  Jesus  re- 
quiem praestitisset,  nun- 
quam  de  alia  loqueretur 
posthac  die. 


apr^s  avoir  acheve  ses  ouvrages 
dan.s  la  creation  du  raonde. ' 

4-  Car  I'Ecriture,  parlantdu  sep- 
tierae  jour ,  dit  en  quelque  endroit : 
Dieu  se  reposa  le  septifeme  jour, 
aprfes  avoir  acheve  ses  ceuvres. 

5.  Et  il  est  dit  encore  ici  :  lis 
n'entreront  point  dans  mon  repos. ' 

6.  Puis  done  qu'il  faut  que  quel- 
ques-uns  y  entrent ,  et  que  ceux  a 
qui  la  parole  en  fut  premierement 
portee  n'y  sont  point  enlres  k  cause 
de  leur  incredulite ,' 

7.  Dieu    determine    encore   un 
jour  particulier  qu'il  appelle  Au- 
jourd'hui ,  en  disant,  tant  de  temps  ^'^"p''-  »"•  7- 
apres,'  par  la  bouche   de    David  , 

ainsi  que  je  viens  de  le  dire  :  Au- 
jourd'hui  si  vous  entendezsa  voix, 
n'endurcissez  pas  ros  cceurs. ' 

8.  Car  si  Josue' les  avoit  etablis 
dans  ce  repos  /  I'Ecriture  n'auroit 
jamais  parle  d'un  autre  jour  poste- 
rieur.' 


y  3.  Le  repos  dont  Dieu  parte  en  cet  endroit  est  le  mdme  que  celui  dans 
lequel  il  est  entre  apres  avoir  acheye  I'oeuvre  de  la  creation. 

•f  5.  Ainsi  ce  repos  ,  dans  lequel  les  incredules  n'entreront  point ,  etanf 
appel^  le  repos  de  Dieu ,  est  sans  doute  celui  dans  lequel  il  pst  entr^  lai- 
mime,  apres  avoir  acher^  loutes  ses  ceuvres. 

■f  6.  Parce  que  le  repos  que  les  Israelites  ont  trouve  dans  la  terre  promise 
n'est  pas  celui  dont  nous  parlons. 

y  7.  C''est-i<iire  apres  Ten  tree  des  Juifs  dans  la  Palestine. 

fbid.  Ce  qui  fait  voirqu'il  y  a  encore  aujourd'hui  un  repos  que  Dieu  nous 
propose  ,  et  qui  est  bien  different  de  celui  que  les  Juifs  ont  trouve  dans  la 
lerre  promise. 

y  8.  A  la  lettre,  Jesus  :  c'est  ainsi  que  Josue  est  nomme  dans  la  version 
grecque  des  Septante. 

•   Ibid.  En  les  mettanten  possession  de  la  lerre  sainle. 

/6m/.  Jour  dans  lequel  elle  nous  exhorte  si  ne  pas  endurcir  nos  cteurs,  de 
fpur  d'Alre exilus  du  re[o»  de  Dieu. 


3i8 


EPITRE  DE  SAIKT  PAUL  AUX   HEUREUX. 


9.  Aiosi  il  est  reserve  un  autre 
sabbat'au  vrai  peuple  de  Dieu.' 

10.  Car  celui  qui  est  entre  dans 
le  repos  de  Dieu  se  repose  aussi 
lui-ineme  ,  en  cessant  de  travailler, 
comrne  Dieu  s'est  repose  apres  ses 
ouvrages.  ' 

11.  Hutons-nous'  done  d'entrer 
dAns  cc  repos,'  de  peur  que  quel- 
qu'un  ne  tombe  dans  une  des- 
obeissance  semblable  a  celle  de  ces 
incredules. 

12.  Car  la  parole' de  Dieu  est  vi- 
vifiante  etefficace,  etelleperceplus 
qu'une  epee  a  deux  tranchans  :  elle 
entre  et  penetre  jusque  dans  les 
replis  de  I'ame  et  de  I'esprit,  jus- 
que dans  les  jointures  et  dans  les 
inoelles;  et  elle  demele  les  pensees 
et  les  mouvemens  du  coeur. 

Ps.xixii.iG.       *^*   Nulle  creature  ne  lui  est  ca- 
Eccli.xv.  20.  chee;  car  tout  est  11  nu  et  a  decou- 

vert  devant  les  yeux  de  celui  dont 

nous  parlous.' 

14.  Ayant  dotic  pour  grand  pon- 
tife  Jesus  Fils  de  Dieu .  qui  est 
monte  au  plus  haut  des  cieux,  de- 
meurons  fermes  dans  la  foi  dont 
nous  avons  I'ai^ profession.' 


g.  Ilaque  relinquitur 
sabbatismus  populo  Dei. 

10  Qui  enim  ingressus 
est  in  requiem  ejus  :  etiani 
ipserequievit  ab  operibus 
suis,  sicut  a  suis  Deus. 

11.  Festineinus  ergo 
ingredi  in  illain  requiem  : 
ut  ne  in  idipsum  quis  in- 
cidat  incredulilalis  exem- 
plum. 

12.  Vivus  est  enim  ser- 
mo  Dei,  et  elTicax ,  et 
penetrabilior  oinni  gladio 
ancipiti  ret pertingens  us- 
que ad  divisionein  animae 
ac  spiritus,  cou)pagum 
quoque  ac  medullarum  , 
et  discretorcogitationum 
et  intentionum  cordis. 

1 5.  Et  non  ulla  crealu- 
ra  invisibilis  in  conspectu 
ejus  :  omnia  autem  nuda 
et  aperta  sunt  oculisejus, 
ad  quern  nobis  scrmo. 

i4-  Plabentesergo  pon- 
tificem  magnum,  qui  pe- 
netravit  coelos  ,  Jesum 
fdium  Dei  :  tenenmus 
confessionem. 


•^  9.  Un  autre  repos. 

Ibid,  G'esl-a-(lire  aux  Chretiens,  dont  le  peuple  juif  n'etoit  que  la  figure. 
I's  iloivent  se  roposer  apres  les  travaux  de  cetle  vie,  conime  Dieu  s'est  repose 
lui-mdme  apres  I'ouvrage  des  six  jours. 

y^  I  o.  Celui  qui  veut  entrer  dans  le  repos  de  Dieu,  doit  s'abslenir  de  toutes 
les  ceuvres  du  vieil  homme.  Yoyez  les  -^^  suivans. 

y^  II.  Grec  :  effor^ons-nous  done. 

Ibid.  Par  noire  altacliemenl  a  la  foi,  et  noire  fidelile  a  Jesus-Glirisf. 

if  11.  L'expression  du  grec  :  o  Xo'-^o;  signifie  en  m^rae  temps  la  parole  ou 
le  Verbe  de  Dieu.  Voyez  le  -^  suivant  et  I'analyse. 

•^  i3.  C'esl-a-dire  de  Jesus-Clirist ,  qui  est  la  parole  substanticlle  du 
Pere,  son  Verbe  elernel ,  el  en  menu;  temps  I'apblre  el  le  pontife  de  la  reli- 
gion que  nous  profeJssons. 

T^  14.  Et  si  nousa\ons  ele  asscz  malheurcux  pour  lomber  dans  quelqiie  infi- 
delile  a  son  egard,  relevons-nous  an  plus  lot  en  recourant  au  sacrement  dc  pe- 
nitence, et  relournons  a  lui  aver  confianre  ,  etanl  persn.idf's  qu'il  aura  pillc  d« 
nous,  et  nous  fera  miserirorde. 


1 5.  Non  eniin  liaheiniis 
Ponlificein  qui  non  possit 
coinpali  infirmilatibiis 
nostris  :  tentatiiin  aiitem 
per  omnia  pro  similitudi- 
ne  absque  peccalo. 

i6.  Adeainus  ergo  cum 
fiducia  ad  thronum  gra- 
tise  :  ut  misericordiam 
consequamur,  et  gratiam 
inveniaraus  in  auxilio  op- 
portuno. 


CHAPITRE  lY.  3l  9 

i5.  Carle  Pontile  que  noiisavons 
n'est  pas  tel  qu'il  ne  puissc  compa- 
tir  a  nos  foiblesses  ;  mais  il  a  eprou- 
vecomme  noustoutes  sorles  deten- 
tations  ,  hormis  lepeche. ' 

i6.  Allons  done  nous  presenter 
avec  confiance  devant  le  trone  de 
sa  grace,'  afin  d'y  recevoir  mise- 
ricorde^  et  d'y  trouver  ie  secours 
de  so  grace  dans  nos  besoins.  ' 


y  1 5.  Autr.  mais  11  a  ele  lenle  et  e'pwnue'de  m^me  que  nous  en  toutes  ma- 
il ieres,  sans  etre  ne'atwiouis  sujci  au  peche. 

y  i6.  Litl.  devant  Ie  tr6ne  de  la  grace :  c'est-i-dire  devanl  le  lr6ne  du  Fere 
des  misdricordes,  aupres  de  qui  nous  avons  acces  par  Jesus-Christ. 

Ibid.  Litl.  et  d'y  trouver  grace  pour  dtre  secourus  dans  nos  besoins. 


CHAPITRE  V. 


Jesus-Christ  est  vraimenl  notre  pontife  :  comment  cette  qualite  lui  cOnvient 
et  lui  appartient.  L'Apotre  reproche  aui  Hebreux ,  a  qui  il  ecrit,  leur 
peu  de  disposition  4  entrerdans  rinlelligencedes  grandes  verites  de  la  re- 
ligion. 


1.  Omm?  namqiie  pon- 
lifex  ex  hominibus  as- 
sumptus,  pro  hominibus 
constituilur  in  iis  quae 
sunt  ad  Deum,  ut  offerat 
dona  et  sacrificia  pro  pec- 
catis  : 

2.  Qui  condolere  pos- 
sit iis  qui  ignorant  el  er- 
rant :  quoniam  et  ipse 
circumdatus  est  infirmi- 
tate, 


1.  Car'  tout  pontife  est  pris  d'en- 
tre  les  hommes  et  est  etabli  pour 
les  hommes  ,  en  ce  qui  regarde  le 
culte  de  Dieu,  afln  qu'il  offre  des 
dons  et  des  sacriGces  pour  les 
peches  , 

2.  Et  qu'il  puisse  etre  louche  de 
compassion'  pour  ceux qui  pechent 
par  ignorance  etparerreur,  comme 
etant  lui  meme  environne  de  foi- 
blesse. 


y  I.  L'Apotre  prouve  ce  qu'il  a  dit,  que  le  pontife  que  non«  avon<  n'est  pas 
tel  qu'il  ne  puisse  comptir  a  nos  foiblesses. 
y  a.  Autr.  d'une  juste  compassion.  C'cst  Ie  sens  du  grec. 


320 


EPITUE  DE  SAINT   PALL  AUX  HEBREUX. 


3.  (Etc'estce  quiroblige  tl'offrir 
pour  lui-mSme,  aussi-bien  que  pour 
lepeuple,  les  sacrifices  pour  I'ex- 
piation  des  peches  ) ; 
Exod.xxvin.      4*  Et  nul  ne  s'attribue  a soi-meme 
I,  cet  honneur ;  mais  il  faut  y  etre  ap- 

i.Par.hxxvi.  pele  de  Dieucomme  Aaron. 
i8. 

5.  Ainsi  Jesus-Christ  ne  s'est 
pointeleve  de  lui-menie  a  la  dignite 
de   souverain   pontife;    mais  il  I'a 

Psal.  cix.  4.  repue  de  celui  qui  lui  a  dit  :  Yous 
etes  mon  Fils,  je  vous  ai  engendre 
aujourd'hui  : 

6.  Cornme  il  lui  a  dit  dans  un 
Psal.  n.  7,      autre  endroit  :  Vous  gtes  le  pretre 

eternel  selon  I'ordre  de  Melchise- 
dech  : 

n.  Aussi  durant  les  jours  de  sa 
chair,  ayantoffert,  avec  un  grand 
cri  et  avec  larines,  ses  prieres  et 
ses  supplications  i  celuiqui  pouvoit 
le  tirer  de  la  raort ,'  il  a  ete  exauce 
de  son  humble  respect  pour  son 
Pfere. 

8.  Et  quoiqu'il  fat  le  Fils  de  Dieu, 
il  a  appris  I'obeissance  ,  par  tout  ce 
qu'il  a  souffert.' 

g.  Et  par  sa  consommation  il  est 
devenu  I'auteur  du  salut  eternel 
pour  tous  ceux  qui  lui  obeissent , 

lo.  Dieu  I'ayant  declare  pontile 
selon  I'ordre  de  Melchisedech. 


3.  Et  propterea  debet , 
quemadmodum  pro  popu- 
lo,ita  etiam  et  pro  semet- 
ipso  ofFerre  pro  peccalis. 

4.  Nee  quisquam  su- 
mit  sibi  honorera ,  sed 
qui  vocatur  a  Deo ,  tam- 
quam  Aaron. 

5.  Sic  et  Christus  non 
semetipsum  clarificavit  ut 
pontifex  fieret  :  sed  qui 
locutus  est  ad  eum  :  Fi- 
lius  mens  es  tu,  ego  ho- 
die  genui  te  : 

6.  Quemadmodum  et 
in  alio  loco  dicit  :  Tu  es 
sacerdos  in  aeternum  se- 
cundum ordinem  Melchi- 
sedech. 

;;.  Qui  in  diebus  carnis 
suae,  preces  supplicatio- 
nesque  ad  eum  qui  possit 
ilium  salvum  facere  a 
morte,  cum  clamore  va- 
lido  et  lacrymis  offerens , 
exauditus  est  pro  sua  re- 
verentia. 

8.  Et  quidem  cum  es- 
set  Filius  Dei,  didicit  ex 
iis  quae  passus  est  obe- 
dientiam  : 

9.  Et  consummatus , 
factus  est  omnibus  ob- 
temperantibus  sibi  causa 
salutis  eeternae, 

10.  Appellatus  a  Deo 
pontifex  juxta  ordinem 
Melchisedech. 


•^  7.  Le  ressusciter. 

■^  7  et  8.  Autremenl;,  et  selon  legrec  :  De  plus  il  a  etc  environn4  defoi- 
blesse  et  diiifirmite,  et  il  est  devenu  comjuuissant  a  nos  miseres  par  ses  souf- 
frances.  Carnous  voyons  que  dans  les  jours  de  sa  chair,  ayant  offert  avecun 
grand  cri  et  avec  larmes  ses  prieres  et  ses  supplications  a  celui  qui  pouvoit  le 
tirer  dela  morl,  etayanl  etc  exauce  a  cause  de  son  bumble  respect /wwr  son 
Pere,  quoiqu'il  fiit  le  Fils  de  Dieu,  il  a  appris  ce  que  coutoit  I'oWissance ,  par 
tout  ce  qu'il  a  souffert  ^owroArYr  a  son  Pere;  et  I'tant  entrf,  etc. 


1 1.  Dequo  nobis  gran- 
dis  serino  et  ininterpreta- 
bilis  ad  dicendutn  :  quo- 
niatn  imbecilles  facti  estis 
ad  audiendum. 

13.  Etenim  cum  debe- 
relis  magistri  esse  propter 
tempus  :  rursum  indigetis 
ut  vos  doceamini  quae  sint 
elementa  exordii  seriuo- 
nuin  Dei :  et  facti  estis 
quibuslacte  opus  sit,  non 
solido  cibo. 


i3.  Omnis  enim  qui 
lactis  est  partlceps ,  ex- 
pers  est  serraouis  justi- 
liae  :  parvulus  enim  est. 

i4>  Perfectorumautem 
est  solidus  cibus  :  eorum 
qui  pro  consuetudine  ex- 
crcitatos  habent  sensus 
ad  discretionem  boni  ac 
mali. 


HAPITBET.  32  1 

1 1 .  Sur  quoi  nous  aurions  beau- 
coup  de  choses  a  dire  ,  mais  qu'il 
est  difficile'  de  bien  expliquer, 
parce  que  vous  vous  etes  rcndus 
peu  capables  de  les  entendre. 

12.  Car  au  lieu  que,  depuis  le 
temps  qu'on  vous  instruit,  vous 
devriez  dejii  etre  maitre ,  vous 
auriez  encore  besoin  qu'on  -vous 
apprit  les  premiers  elemens  par  oii 
I'on  commence  d'expliquer  la  pa- 
role de  Dieu  ;  et  vous  gtes  devenus 
comma  des  personnes  a  qui  on  ne 
devroit  donner  que  du  lail,  et  non 
une  nourriture  solide. 

i5.  Or,  quiconque  n'est  nourri 
que  de  lait  est  incapable  d'entendre 
les  discours  de  la  justice,'  comrae 
etant  encore  enfant. 

i4'  Mais  la  nourriture  solide' 
est  pour  les  parfaits,  pour  ceax 
dont  I'esprit,  par  un  long  exercice, 
s'est  accoutume  a  discerner  le  bieu 
el  le  mal. 


y  1 1 .  C'est  le  sens  du  grec. 

y  i3.  C'est-a-<lire  les  discours  qui  re§ardent  le  principe  el  la  source  de  la 
vraie  justice.  Voyez  ranalyse. 

y^  14.  La  connoissance  des  grands  mysteres  dela  religion. 


CHAPITRE  VI. 

L'Apolre  exhorte  les  Hebreui  a  s'elever  avec  lul  aux  grandes  v^rit^s  dont 
il  doit  les  iastniire;  et  il  leur  fait  sentlr  le  danger  de  I'apostasiei  laquelle 
les conduisoit  leur  affoiblissementdansia  foi.  II  ranime  leur  confiance,  el  il 
eicile  leur  zele  el  leur  oarage  par  le  molif  de  I'espcrance  dont  il  lear 
montreles  fondemens  inebranlables. 


I .  QriPROPTER  inter- 
mittentes  inchoatioriis 
Christi  sermonem ,  ad 
perfectiora  feramur ,  non 


1.  QciTTjiyr  doncles instructions 
que  Ton  donne  a  ceux  qui  ne  font 
que  de  coinmencer  a  croire  en  Je- 
gus-Cbrist ,   passons    a   ce  qui  est 

31 


322 


EPITRE  «E  SAINT  PAUL  AUX  IIEBREUX. 


Ic  plus  parfait,  sans  nous  arreter 
a  etablir  de  nouveau  ce  qui  n'est 
que  le  fondement  de  la  religion, 
comme  est  la  penitence  des  oeuvres 
rnortes,  lafoi'en  Dieu, 

2.  Et  ce  qu'on  enseigne  touchant 
les  differentes  sortes  de  baptemes," 
I'imposition  des  mains,  la  resur- 
rection des  morts ,  et  le  jugement 
elernel. 

3.  C'est  aussice  que  nous  ferons, 
si  Dieu  nous  le  permet. 

3Iait.xu.f^5.  4-  Car  il  est  impossible  que  ceux 
Infr.x.iQi.  qui  ont  ete  une  Ibis  eclaires,"  qui 
i.Petr.  11.28.  ont  goute  le  don  du  ciel ,"  qui  ont 

ete   rendus   participans   du    Saint- 

Esprit ," 

5.  Qui  sesontnourris  dela  sainte 
parole  de  Dieu  et  de  I'esperance 
des  grandeurs  du  siecle  a  venir, 

6.  Et  qui  apres  cela  sont  tom- 
bes  ;'  il  est  impossible  qu'ils  se 
renouvellent  par  la  penitence;" 
parce  que,  autant  qu'il  est  en  eux, 
ils  crucifient  de  nouveau  le  Flls  de 
Dieu,  et  I'exposent  a  I'ignominie.' 


rursum  jacientes  funda- 
mentum  poenitentiae  ab 
operibus  raortuis ,  et  fidei 
ad  Deura, 

2.  Baptismatum  doc- 
trinae,  impositionis  quo- 
que  manuum,  ac  resur- 
rectionis  mortuorum,  et 
judicii  seterni. 

5.  Et  hoc  faciemus,  si 
quidem  permiserit  Deus. 

4.  Impossibile  estenim 
eosqui  semel  sunt  illumi- 
nati,  gustaverunt  etiam 
donmn  coeleste,  et  parti- 
cipes  facti  sunt  Spiritus 
Sancti , 

5.  Gustaverunt  nihilo- 
niinus  bonum  Dei  ver- 
buni,  virtutesque  seculi 
venluri , 

6.  Et  prolapsi  sunt  : 
rursus  renovari  ad  poe- 
nitentiam  ,  rursum  cru- 
cifigenles  sibimetipsis  Fi- 
lium  Dei ,  et  ostentui 
habentes. 


•jj^  I.  Des  pcches  commis  avanl  le  bapt^me. 

jja.  Ou  simplement :  touchant  le  bapteme.  Quelques  manuscrits  lisent 
ainsi ;  saint  Augustin  litdememe.  En  supposant  que  ce  soient  les  baptemes  , 
cela  s'enlendde  la  difference  qu'il  y  avoit  enlre  le  bapt^mc  de  Jesus-Christ 
et  les  autres  baptemes  ou  lustrations  pratiquees  chez  les  Juifs  et  chez  les 
gentiis. 

y-4.  Qui  ont  recu  la  lumiere  de  la  foi  dans  le  sacrement  de  dapt^mc. 

Ibid.  Dans  la  Ires  sainte  eucharistie. 

Ibid.  Dans  la  confirmation. 

y^fi.  Dans  I'apostasie,  ou  dans  quelque  autre peche  mortel. 

Ibid.  C'est-a-dire  par  un  second  bapteme  ,  qu'ils  recouvrenl  par  ce  sacre- 
ment cette  nouveaute  de  vie  qu'ils  y  avoient  recue. 

Ibid.  Le  bapleme  etant  une  parfaite  image  de  la  mort  et  de  la  resurrection 
de  J^sus- Christ,  il  ne  peut  elre  donne  qu'une  fois,  comme  Jesus-Christ  n'est 
mort  et  ressuscile  qu'une  fois ;  et  il  faudroit  ,  pour  le  reiterer,  que  Jesus- 
Christ  mourut  de  nouveau ;  en  sorte  qu'on  peut  dire  de  ceux  qui  en  perdent 
la  grace  par  leurs  crimes,  qu'autant  qu'ils  peuvent  ils  crucifient  de  nouveau  en 
eux-m6mes  le  Fils  de  Dieu,  et  I'exposent  encore  a  I'ignonomie  de  la  croix  , 
puisqu'ils  le  metlent  dans  la  nccessite  de  subir  une  seconde  fois  ce  honteux 


'•.  Terra  eiiiiu  stepe 
venientem  super  se  bi- 
bensimbrem,  et  generans 
herbam  opportunam  iliis 
a  quibus  colitur  ,  accipit 
benediclionem  a  Deo  : 

8.  Proferens  autein 
spinas  ac  tribulos,  repro- 
ba  est ,  ct  maledicto  pro- 
xima  :  cujus  consumma- 
tio  in  combustionem. 

9.  ConOdimus  autem 
de  vobis,  dilectissirai  , 
meliora  ,  et  viciniora 
saluti  :  tametsi  ita  loqui- 
mar. 

10.  Non  enim  injustus 
Deus,  ut  obllviscatur  0- 
peris  vestri,  et  dilectiouis 
quam  ostendistis  in  no- 
mine ipsius,  qui  minis- 
trastis  Sanctis,  et  minis- 
tratis. 

11.  Cupimus  autem 
unumquemque  vestrum 
eamdem  ostentare   solli- 


CHAPITRE  VI.  323 

7.  Car  lorsqu'une  terre,  etant 
souvent  abreuvee  des  eaux  de  la 
pluie  qui  y  tombe  ,  produit  des 
herbages  propres  a  ceux  qui  la  cul- 
tivent,  elle  recoit  la  benediction 
de  Dieu  : ' 

8.  Waisquand  elle  ne  produit  que 
des  ronces  et  des  epines ,  elle  est 
abandonnee,  elle  est  proche  de  la 
malediction ;  et  a  la  fiu  on  y  met 
le  feu. 

9.  Or,  DOusayoDSune  meilleure 
opinion  de  tous  et  de  voire  salut, 
mes  tres  chers  freres,  quoique 
nousparlioDs  de  cette  sorte. 

10.  Car  Dieu  n'est  pas  injuste 
pour  oublier  tos  bonnes  oeuvres, 
et  la  charite  '  que  vous  avez  temoi- 
gnee  par  les  assistances  que  yous 
avez  rendues  en  son  nom ,  et  que 
vous  rendez  encore  aux  saints. 

1  J.  Or,  nous  souhaitons  que 
chacun  de  vous  fasse  paraitre  jus- 
qu'a  la  fm  le  meme  zele,  afin  que 


sapplice ,  pour  leur  redonner  cette  premiere  innocence  qu'il  leor  avoit  com- 
muniquee.  etqu'ils  perdent  ainsi  ptarleurs  peches.  Mais  comme  Jesus-Christ 
ne  peut  plus  mourir,  ils  ne  peuvent  plus  aussi  la  recouvrer  dans  le  sacremeol 
de  bapteme  ;  el  ainsi,  s'ils  n'ont  recours  au  bapteme  laborieux  de  la  penitence, 
ils  n'ont  k  altendre  que  la  malediction  de  Dieu  et  le  feu  de  I'enfer,  pour  les 
punirdeleur  ingratitude,  et  du  mauvais  usage  qu'ilsont  fait  de  la  grace  qu'ils 
avoient  reque.  Ainsi  il  seroit  inutile  de  nous  arrdter  a  vous  instruire  deces 
premiers  principes  de  la  religion  chrelienne  ,  comme  si  nous  voulions  tous 
disposer  de  nou\eau  a  recevoir  la  grace  du  bapteme  :•  on  ne  la  recoit  qu'unc 
fois ;  et  on  ne  la  recouvre  plus  ,  si  on  est  ensuite  assez  roalheureux  pour  la 
perdre.  —  Autr.  il  est  impossible,  dis-je,  qu'ils  se  renouvellent  par  la  peni- 
tence, par  une  penitence  semblable  a  celle  qui  prepare  au  bapteme^  en  cru- 
ciflant  de  nouveau  dans  eux  {ou  pour  eux)  le  Fils  de  Dieu  par  un  second  bap- 
teme, et  I'eiposant  en  cjuelque  sorte  i  I'ignominie  en  rendani  me'prisable  par 
cette  reiteration  meme  V application  de  ses  mysteres.  Cette  penitencequi  dis- 
posoit  au  bapteme  est  marque  dans  I'epltre  aux  Galates,  111 .  i .  Voy&c  cc  qui 
a  e!e  dit  de  ce  texte  dans  Tanalyse. 

y  7 .  Aulr.  on  I'appelle  une  terre  benie  de  Dieu. 

y-  10.  Le  grec  imprime  lit :  et  le  travail  dela  charite.  Mais  les  plusanciens 
et  les  meilleurs  manoscrits  grecs  sont  conformes  a  la  Vulgate. 


324  EpItRE  DE  Saint  PAUL  AUX  HEBREUX 

voire  esperance  soit  accomplie  ;' 


12.  Et  que  vous  ne  soycz  pa? 
lenls  et  paiesseux; '  mais  que  vous 
vous  rendiez  les  iinitaleurs  de  ceux 
qui,  par  ieur  foi  et  par  leur  pa- 
tience, sont  devenus'  les  heritiers 
des  promesses.' 

i5.  Car  Dieu,  dans  la  promesse 
qu'il  fit  a  Abraham,  n'ayant  point 
de  plus  grand  que  lui  par  qui  il  pQt 
jurer,  jura  par  lui-meme. 

Gen.xxu.i6.  i^.  Lui  disant  :  Assurez-vous 
que  je  vous  coniblerai  de  benedic- 
tions ,  et  que  je  inultiplierai  beau- 
coup  votre  race. 

i5.  Et  ainsi  Aljraham  ayant  at- 
tendu  avec  patience,  a  obtenu 
I'effet  de  cette  promesse.' 

16.  Car  comme  les  hommes  ju- 
rent  par  celui  qui  est  plus  grand 
qu'eux,  ct  que  le  sernient  est  la 
plus  grande  assurance  qu'ils  puis- 
sent  donner  pour  terminer  tous 
leurs  diirereus, 

17.  Dieu,  voulantaussi  fairevoir 
avec  plus  de  certitude  ,  aux  heri- 
tiers de  sa  promesse,  la  fermete 
immuable  de  sa  resolution,  aajoute 
le  serment  a  sa  parole, 

18.  Afin  qu'etant  appuyes  sur  ces 
deux  choses  inebranlables,  '  par 
lesquelles  il  est  impossible  que 
Dieu  nous  trompe  ,  nous  ayons 
une   puissante    consolation,   nous 


citudinem  ad  expletioneila 
spei  usque  in  finem  : 

12.  Ut  non  segues  ef- 
ficianiini,  verum  imitato- 
res  eorum  qui  fide  et 
patientia  hereditabunt 
promissiones. 

i3.  Abrahse  namque 
promiltens  Deus,  quo- 
uiam  neminem  habuit  per 
quem  juraret  majorem, 
juravit  per  semetipsum , 

14.  Dicens  :  INisi  bene- 
dicens  benedicam  te,  et 
multiplicans  multiplicabo 
te. 

i5.  Et  sic  longanimiter 
ferens,  adeptus  est  re- 
promissionem. 

i().  Homines  enim  per 
majorem  sui  juraut  :  et 
omnis  controversias  eo- 
rum finis,  ad  confirma- 
tionem,  est  juramentum. 

17.  In  quoabundantius 
volens  Deus  ostendere 
pollicitationis  heredibus 
immobilitatem  consilii 
^ui,  interposuit  jusjuran- 
dum  : 

18.  Ut  per  duas  res 
immobiles,  quibus  im- 
possibile  est  mentiri 
Deum,  fortissimum  so- 
latium    habeamus ,    qu  i 


y-  1 1 .  Gr.  autr.  soit  forme  et  assuree. 

y^  1 2.  A  vous  avancer  dans  la  connoissance,  et  dans  la  pratique  des  veritea 
chretiennes.  C'esl  ce  que  I'Apotre  prouvera  au  chap.  xi. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Que  Dieu  avoit  faites  a  Abraham,  el  qu'il  avoit  contirm^es,  en  Jurant 
par  lui-m^me. 

^  r5.  La  naissance  d'Isaac  qui  devoit  ^tre  le  chef  de  la  po»terit<^  nom- 
breusequilui  avoit  ele  promise.  Gen.  xxi.  i. 

■^  18.  La  parole  el  le  serment  de  Dieu. 


CHAPITRK  YI. 


3a5 


confugiinus  ad  teoendam     qui  avons  mis  notre  refuge  dans  la 


propobitam  spein  : 


19.  Quam  sicut  ancho- 
ram  haljerau«  animae  tu- 
tam  ac  firmam,  et  ince- 
dentem  usque  ad  interio- 
ra  Teiaiiiinis  : 

ao,  Lbl  praecursor  pro 
nobis  introivit  Jesus  ,  se- 
cundum   ordinem     Mel- 


recherche  et  I'acquisilion  des  biens 
qui  nous  sont  proposes  par  I'espe- 
rance , 

19.  Laquelle  sert  u  notre  ame 
comme  d'une  ancrc  ferme  et  assu- 
ree  ,'  et  qui  penelre  ju$(]u'aii  sanc- 
tiiaire  qui  est  au  dedans  du  voile,' 


20.     Oii 


Jesus,    comme    notre 
precurseur,  est  entre  pour  nous,' 

ayant  ete   elablis    ponlife  eternel, 

chisedech  poutifcx  Cactus     selon  I'ordre  de  Melchisedech. ' 
in  aeternum. 


y  19.  Qai  la  rend  inebranlable  au  milieu  des  troubles  et  des  agttatious  de 
cette  Tie. 

Ibid.  C'est-i^iire  jusqu'au  sein  de  Dieu,  ou  elle  nous  lient  attaches. 
y  ao.  AGn  d'y  preparer  le  lieu  de  notre  repos  Eternel ,  et  pour  »'j  offrir 
Mternellement  en  sacrifice  pour  noos. 
Ibxl.  Dont  le  sacerdoce  est  Eternel . 


CHAPITRE  VII. 

Caracteres  de  Melchiscdecb,  dont  le  sacerdoce  est  le  svmbole  du  sacerdoce  de 
Jesus-Christ.  Cbangement  du  sacerdoce  levitique  etdelaloi  mosaique , 
fonde  sur  leurinsufOsance.  Excellence  de  ralliance  nouvelle  ,  et  de  Jcsus- 
Christ ,  qui  en  est  le  mediateur  par  son  sacerdoce.  Jesus-Christ  est  un 
pr^lresaintct  immortel. 


1-  Hic  enim  Melchise-  1.   Car  ce  Melchisedech,  roi  de  Gen.  xiv.  i! 

dech,  rex  Salem,  sacerdos  Salem  ,' pretre  du   Dieu  tres  haul 

Dei  summi,  qui  obviavit  qui  vint  au-devant  d'Abraham  lors- 

Abrahae  regresso  a  caede  qu'il   retournoit  de    la  dcfaite  des 

regum,   et  benedixit  ei  :  rois,  et  qui  le  benit, 

2.  Cui  et  decimas  om-  2.  Auquel  aussi  Abraham  donna 

nium   dirisit    Abraham  :  la  dime  de  lout';   ce  Melchisedech 

primum  quideui  qui   in-  qui  s'appelle ',    selon   I'interpreta- 

y  r.  C'est-a-direde  Jerusalem. 

T  a-  De  lout  ce  qu'il  atoit  pris  sur  las  rois  Taincus. 

r  a  et  3.  Gr.  autr.  il  s'appelle,  etc.,  il  paroil  sane  pefe,  «ic.,  «t  il  a'a,«te. . 


326 


EPITRE  DE  SAINT  PAUL  AUX  HEBREUX. 


Deut.xv\ii.?t 
Jos.  XIV.  4. 


lion  de  son  nom,  premierement 
roi  de  justice/  puis  roi  de  Salem, 
c'est-a-dire  roi  de  paix,' 

5.  Sans  pere,  sans  mere,  sans 
genealogie  ;"  qui  n'a  ni  commence- 
ment, ni  fin  de  sa  vie,  ctant  ainsi 
I'image  du  Fils  de  Dieu ,  demeure 
pretre  pourtoujours. 


4-  Considerez  done  combien 
grand  il  doit  etre ,  puisque  le  pa- 
triarche  meme  Abraham  lui  donna 
la  dime  de  ses  depouilles. 

5.  II  est  vrai  que  ceux  qui ,  etant 
de  la  race  de  Levi,  entrent  dans  le 
sacerdoce,  ont  droit,  selon  la  loi , 
de  prendre  la  dime  du  peuple  , 
c'est-a-dire  de  leurs  (Veres,  quoi- 
queceux-ci  soient  sortis  d' Abraham 
aussi  bien  qu'eux. 

6,  Mais  celui  qui  n'a  point  de 
place  dans  leur  genealogie'  a  pris 
la  dime  d' Abraham  ,  el  a  bcni  ce- 
lui a  qui  les  promesses  ont  ete 
faites.' 


terprelatur  rex  justitiae  : 
deinde  autem  ct  rex  Sa- 
lem ,  quod  est  rex  pacis  : 

3.  Sine  palre  ,  sine 
matre  ,  sine  genealogia  , 
neque  initium  dierum, 
neque  finem  vitaj  habens , 
assimilatus  autem  Filio 
Dei,  manet  sacerdos  in 
perpctuum. 

4.  Intuemini  autem 
quantus  sit  hie ,  cui  et 
decimas  dedit  de  prseci- 
puis  Abraham  patriarcha. 

5.  Et  quidem  de  filiis 
Levi  sacerdotium  acci- 
pienles  ,  mandatum  ha- 
bent  decimas  sumere  a 
populo  secundum  legem , 
id  est,  a  fratribus  suis  : 
quamquam  et  ipsi  exierint 
de  lumbis  Abrahae. 

6.  Cujus  autem  gene- 
ratio  non  annumeratur  in 
eis  ,  decimas  sumpsit  ab 
Abraham,  et  hunc  qui 
habebat  repromissiones , 
benedixit. 


etant  ainsi  I'image  du  Fils  de  Dieu,  qui  demeure  pretre  pour  toujours.  II  est 
tres  ordinaire  aux  H^breux  de  sous-entendre  ainsi  le  pronom  (juij  si  1  on  ne 
s'en  aperQoitpasdansles  versions,  c'est que communement  les  versions  I'ex- 
priment,  lors  m^me  qu'il  n'est  pas  exprime  dans  le  texte.  Ainsi  dans  le  grec 
de  I'epitre  aux  fiphesiens,  1 1.  5.;  on  lit  •  Dieu  nous  a  rendu  la  vie  en  Jesus- 
Christ,  par  la  grace  duquel  vous  etes  sauves :  cujus  gratia  estis  salvati ;  ce 
cujus  n'est  pas  exprime  dans  le  grec.  Voyez  la  Dissertation  sur  Melchise'- 
dech,  torn,  i" . 

i  2.  Melchisedech  est  compose  des  deux  mots  hebreux  "^70  et  p-jy  qui 
signlfient  le  premier  roi,  et  le  seconde yMsa'ce. 

Ibid.  Salem  est  le  mot  hebreux  qV^  schalem,  qui  signifie  paix. 

-^3.  L'ecriture  garde  un  silence  remarquable  touchant  I'origine  de  Mel- 
chisedech, sa  vie  et  sa  mort. 

•5^  6.  Etqui  n'est  point  deleur  tribu. 

Ibid.  C'est  en  cela  m^me  que  parott  davanlage  la  grandeur  de  Melchise- 
dech ;  et  c'est  ce  qui  montrc  clairement  combien  il  est  au-dessu»  des  levites. 


f.  Sine  ulla  autem 
<  ontradictione,  quod  mi- 
nus est,  a  meliore  bene- 
dicitur. 

8.  Et  hie  quideni  deci- 
mas  "inorientes  homines 
accipiunt :  ibi  autem  con- 
testatur,  quia  Ti?it. 


CHAPiTRE  VII.  827 

7.  Or,  il  est  sans  Joule'  que  ce- 
lui  qui  recoit  la  benediction  est  in- 
lerieur  a  celui  qui  ia  donne.' 


Et   (  ut   ita  dictum 
per    Abraham  ,   et 


8.  Aussi  dans  la  loi,  ceux  qui 
recoirent  la  dime  sont  des  hommes 
mortels:  mais  celui  qui  la  recoit 
ici '  n'est  represente  que  comme 
vivant. 

9.  Et  de  plus.  Levi,  qui  recoit  la 
dime  des  autres,  I'a  payee  lui-me- 
me,  pourle  dire  ainsi,  dans  laper- 
sonne  d'Abraham ; 

10.  Puisqn'il  etoit  encore  dans 
Abraham  son  aieul,  lorsque  Mel- 
chisedech  vint  au-devant  de  ce  pa- 
triarche. 

1 1.  Car  si  le  sacerdoce  de  Levi, 
sous  lequel  le  peuple  a  recu  la  loi , 
aToit  pu  rendre  les  hommes  justes 
ptparfaits,  qu'etoit-il  besoin  qu'il 
se  levat  un  autre  pretre ,  qui   fOt 

sarium    fuit,     secundum     appele  pretre  selon  I'ordre  de  Mel- 
ordinem       Melchisedech     chisedech,  et  non  pas  selon  I'ordre 
alium    surgere    sacerdo-     d' Aaron  ?' 
tem,    et  non    secundum 
ordinem  Aaron  dici?- 

12.  Translate  enim  sa- 
cerdotio,   necesse   est  ut 


9- 

sit  ) 

Levi,  qui  decimas  accepit 

decimatus  est. 

10.  Adhuc  enim  in 
lumbispatriserat,  quando 
obviavit  ei  Melchisedech. 

11.  Si  ergo  consum- 
matio  per  sacerdotium  le- 
viticum  erat  (  populus 
enim  sub  ipso  legem  ac- 
cepit), quid  adhuc  neccs- 


et  legis  translalio  fiat. 
10.  In  quo  enim  haec 


12.  Carle  sacerdoce  etant  change, 
il  faut  necessairement  que  la  loi 
aussi  soit  changee.' 

i5.  Car  celui  dont  ces  choses  ont 


y  7.  Liu.  sans  contredit. 

Ibid.  Absi  Abrabam  est  inferienr  a  Melcbisedecb  ;  et  par  consequent 
Melcbisedecb  est  fort  aa-dessus  des  levites. 

y  8.  Melcbisedecb. 

y  10.  Toutes  ces  circonslances  relevent  admirablement  Melcbisedecb  et 
son  sacerdoce  ,  et  font  voir  en  m6me  lemps  que  Jesus-Cbiisl,  dont  Melcbi- 
sedecb n'etoil  que  la  figure,  est  infiniment  au-dessus  d'Abrabam ;  et  que  son 
gacerdoceest  infiniment  au-dessus  de  celui  des  leTiles,  qui  sans  doate  ne  pou- 
yoitconduire  les  hommes  a  une  justice  aussi  parfaite. 

^11.  ?«ous  voyons  que  Dieu  a  ela  Lli  un  autre  pr^lre,  qui  est  selon  I'ordre 
de  Melcbisedecb  ;  que  le  sacerdoce  de  Levi  selon  I'ordre  d' Aaron  a  cle  aboli ; 
la  loi  par  consequent  a  dii  ^tre  aussi  cbangee  en  meme  temps  que  le  sacer- 
doce de  Jesus-Christ ,  qui  eat  ce  prfitre  selon  Tordre  de  Melcbis^ech  ,  a  ^te 
etabli. 


328 


EPITRE  DE  SAINT  PAUL  AUX  HEBRELX. 

dicunlur ,   de    alia    tribu 


Psal.  cix.  \ 


tie  predites'  est  d'une  autre  tribu, 
dont  nul  n'a  jamais  ser?i  a  I'autel  ; 

14.  Puisqu'il  est  certain  que  notre 
Seigneur  est  sorti  de  Juda,  qui  est 
une  tribu  a  laquelle  Moise  n'a  ja- 
mais attribue  le  sacerdoce.  ' 


i5.  Et  ceci  *paroit  encore  plus 
clairement,  en  ce  qu'il  s'eleve  un 
autre  pretre  selon  I'ordre  '  de  Mel- 
chisedech  , 

16.  Qui  n'est  point  elabli  par  la 
loi  d'une  succession  charnelle  / 
mais  par  la  puissance  de  sa  vie  im- 
mortelle,' 

17.  Ainsique  I'Ecriture  le  declare 
par  ces  mots  :  Yous  etes  le  pretre 
eternel,  selon  I'ordre  de  Melchise- 
dech. 

18.  Ainsi  la  premiere  loi'  est 
abolie  ,  a  cause  de  sa  foiblesse  et 
de  son  inutilile;' 

19.  Parce  que  la  loi  n'a  Hen  con- 
duit a  la  perfection.  Mais  aussi  une 
meilleure  esperance,  par  laquelle 
nous  nous  approchons  de  Dieu,  a 
ete  substituee  en  sa  place.' 

20.  Et  de  plus,'  ce  sacerdoce' 


est,  de  qua  nuUus  altari 
praesto  fuit. 

14.  Manifestum  est 
enim  quod  ex  Juda  ortus 
sit  Dominus  nosier  :  in 
qua  tribu  nihil  de  sacer- 
dotibus  Moyses  locutus 
est. 

i5.  Et  amplius  adhuc 
manifestum  est,  si  secun- 
dum similitudinem  Mcl- 
chisedech  exsurgat  alius 
sacerdos, 

16.  Qui  non  secundum 
legem  mandati  carnalis 
factus  est,  sed  secundum 
Yirtutem  yitae  insolubilis. 

17.  Contestatur  enim  : 
Quoniam  tu  es  sacerdos 
in  seternum,  secundum 
ordinem  Melchisedech. 

18.  Reprobatio  quidem 
fit  praecedentis  mandati, 
propter  infirraitatem  ejus, 
et  inutilitatem  : 

19.  Nihil  enim  ad  per- 
fectum  adduxit  lex  :  in- 
troductio  vero  melioris 
spei ,  per  quam  proxima- 
mus  ad  Deum. 

20.  Et  quantum  est  non 


y^  i3.  A  qui  i!  a  ete  dit:  Vous  eles  pretre  selon  I'ordre  de  Melchisedech. 

■^  Ik.   Au  lieu  de  de  sacerdotibus ,  legreclit,  de  sacerdolio  ;   mais  cela 
rentre  dans  le  meme  sens. 

y  i5.  Lilt,  selon  la  ressemblance. 

y^  16.  Commecelui  d' Aaron,  qui  passe  du  pere  aux  enfans. 

Ibid.  Ce  qui  fait  qu'il  ne  succede  a  personne  ,  et  que  personne  ne  lui  suc- 
C(de,  demeurant pretre  pour  Voujours. 

y  18.  Aulr.  la  premiere  ordonnance  ^oMc/irtnt  le  sacerdoce. 

Ibid.  Inefficacite  pour  le  salut. 

■jf^  19.  Parle  sacerdoce  de  Jesus-Christ,  qui  nous  donne  ,  par  I'abondance 
desa  grace,  un  acces  libre  et  plus  facile  aupresdu  Pere. 

•^  20.  L'expression  r/uantum  dc  ce  versel  repond  h  in  tantum  du  ^aa., 
re  que  Ton  pourroit  exprimer  ainsi  a  la  leltre:  Et  d'aulant  que  ce  sacerdoce 
n'a  pas  elc  etabli  sans  serment  (car  au  lieu  ,  etc.,  dc  Melchisedech ) ;  d'autant 
I'alliance  doni  Jesus,  elc. 
*^    Ihid.  Celui  de  Jesus-Christ. 


CHAPURE    VII.  329 

sine  jurejurando  (alii qui-     n'a   pas   ete   etabli    sans    serment; 
detn  sine  jurejurando  sa-     car  au  lieu  que  les  autres  pretres 


cerdotes  facti  sunt 

21.  Hicautem  cum  ju- 
rejurando, per  euin  qui 
dixit  ad  ilium  :  Juravit 
Dominus,  et  non  pceni- 
tebit  eum  :  Tu  es  sacer- 
dos  in  aeternum  )  : 

22.  In  tantum  melioris 
lesta^enli  sponsor  factus 
est  Jesus. 

23.  Et  alii  quidem 
plures   facti   sunt    sacer- 


ont  ete  etablis  sans  serment , 

2 1 .  Celui-ci  I'a  ete  avec  .«erment ; 
Dieu  lui  ayant  dit :  Le  Seigneur  a  Psai.  cix.  4- 
jure;    et   son   serment  demeurera  ^ 

immuable  :  '  vous  etes   le  pretre 
eternel,' 


22.  Tant  il  est  vrai  que  ralliance 
dont  Jesus  est  mediateur'  est  plus 
parfaile  que  la  premiere. 

23.  Aussi  y  a-t-il  eu  autrefois 
successivement  plusieurs  pretres  , 

dotes,  idcirco  quod  mor-     parce  que  la  mort  les  empechoit  de 
te  prohiberentur  perma-     I'etre  toujours; 


24.  Mais  comme  celui-ci  de- 
meure  eternelleraent ,  il  possede 
un  sacerdoce  qui  est  eternel,' 


nere  : 

24-  Hie  autem  eo  quod 
maneat  in'aeternum,  sem- 
piternum  habel  sacerdo- 
tium. 

25.  Unde  et  salvare  in  25.  C'est  pourquoi  il  peut  tou- 
perpetuum  potest  acce-  jours  sauver  ceux  qui  s'approchent 
dentes    per    semelipsum     de  Dieu  parson  entremise,   etant 

toujours    vivant    pour    interceder 
pour  nous. ' 


adDeum  :  semper  vivens 
ad  interpellandum  pro 
nobis. 

26.  Talis  enim  decebat 
ut  nobis  esset  pontifex, 
sanctus  ,  innocens  ,  im- 
poUutus ,     segregatus    a 

peccatoribus  et  excelsior     eleve  que  les  cieux  , 
ccelis  factus  : 

27.  Qui     non     habet         27.     Qui   ne    fDt    point    oblige,  Zci'.  xti.  6. 
necessitatem      quotidie  ,     comme  les  autres   pontiles,  '  d'of- 
quemadmodum  sacerdo-     fiir  tons   les   jours  des    yictimes, 

les,  prius  pro  suis  delictis     premierement     pour    ses    propres 
hostias    offerre,    deinde     peches  ,   et  ensuite  pour  ceux  du 


26.  Car  il  etoit  convenable  que 
nous  eussions  un  pontife  comme 
celui-ci,  saint,  innocent,  sans  ta- 
che,   separe  des  pecheurs,  et  plus 


■)^  21.  Lilt,  et  il  nc  s'en  repenlira  pas. 

Ibid.  Legrec  ajoute  ces  mots :  selon  I'ordre  de  Melcbis^ech. 

-j^  aa.  Lilt,  le  garant. 

"i;  a4 .  Gr.  litt.  qui  ne  passe  point,  quin'estpas  successif. 

y  25.  Gr.  pour  eux. 

-^  27.  elaS.  C'est  Texpression  du  grec. 


33o  EPITUE  DE  SAINT  PAUL  AUX  HEBREUX. 

peuple,   I'ayant   fait   une    fois   en  pro  populi   :    hoc   enim 

s'offrant  soi-mtMne/  fecit  semel ,  seipsum  of- 

ferendo. 

28.   Car  la  loi  etablit  pourpon-  28.  Lex  enim  homines 

tifes' ties  hommes  pleins  cle  foibles-  conslituit   sacerdotes  in- 

ses  :  inais  la  parole  de  Dieu  ,   con-  firmitatem  hahentes  :  ser- 

firmee  par  Ic  serment  qu'il  a  fait  mo    autem   jiirisjurandi , 

depuis  la  loi,  etablit  pour  pontife  le  qui   post  legem  est,  Fi- 

Fils,    qui  est  saint  et  parfait  pour  Hum  in  aeternum  perfec- 

iamais.  turn. 

y^  27.  Toules  ces  excellentes  qualiles  ,  qui  se  Irouvent  rcunies  en  Jesus- 
Christ,  noire  souTeraia  ponlife,  font  voir  d'ane  maniere  admirable  la  diffe- 
rence qu'ii  V  a  entre  les  pretres  de  la  loi  ancienne  et  celui  de  la  nouvelle  al- 
liance. 


CHAPITRE  VIII. 


Excellence  du  sacerdoce  de  Jesus-Christ,  qui,  assisdans  leciel  aladroite  de 
son  Pere ,  offre  dans  le  sanctuaire  celeste  une  viclime  celeste.  Insuffi- 
sance  de  I'ancienne  alliance  prouvee  par  la  promesse  m^me  d'une  alliance 
nouvelle. 


1.  Tout  ce  que  nous  venons  de  1.  CAPiTDLtiM  autem 
dire  se  reduit  i  ceci  : "  Que  le  pon-  super  ea  quae  dicuntur  : 
tife  que  nous  avons  est  si  grand ,  Talem  habemus  pontifi- 
qu'il  est  assis  dans  le  ciel  a  la  droite  cem ,  qui  consedit  in  dex- 
du  trone  de  la  divine  majeste.  tera  sedis  magnitudinis  in 

coelis, 

2.  Etant  le  ministre  du  sane-  3.  Sanctorum  minister, 
tuaire,  et  de  ce  veritable  tabernacle  et  tabernaculi  veri ,  quod 
que  Dieu  a  dresse,  et  non  pas  un  fixit  Dominus,  et  non 
homme.'  homo. 

5.  Car  tout  pontife  est  etabli  pour  5.  Omnis  enim  ponti- 

offrir  des  dons  et  des  victimes  :  c'est  fex  ad   offerendum  mu- 

pourquoi  il  est  necessaire  que  ce-  nera  et  hostias  constitui- 


y  I .  Gr.  autr.  Mais  ce  qui  met  le  comble  a  tout  ce  que  nous  venons  de 
dire,  c'est  que,  etc. 

•^  2.  Bien  different  par  consequent  de  celui  dans  lequcl  entrent  les  pretres 
de  la  loi ,  qui  a  etc  dresse  par  Moise ,  et  qui  n'est  que  I'ombre  et  la  figure  de 
celui-ci,  dans  lequel  Jcsns-Christ  exerce  les  fonctions  de  son  ministcre. 


cUAPiiKE  vm. 


33i 


tiir  :  unde  necesse  al  et  lui  k;i  ait  aussi  quelque  chose  qu'il 
iiunc  habere  aliquid  quod  puisse  oflfrir. 
iTerat. 
4.  Si  ergo  esset  super  4-  Si  doncli  n'avoit  dQetrepre- 
terrain,  nee  esset  sacer-  tre  que  sur  la  lerre,  il  ne  rauroit 
dos  :  cum  esset  sacerdos  :  point  ele  du  lout,  puisqu'il  y  ea 
cum  essent  qui  offerreut  avoit  deju  d'etablis  pour  olTrir  des 
secundum  lejiemmunera,     dons  selon  la  loi, 

5.  Et  qui  rendent  en  effeta  Dieu 
le  cuUe  qui  consiste  en  des  figures 
et  des  ombres  des  choses  du  ciel  : 
ainsi  qu'il  fut  dit  a  Moise  ,  lorsqu'il 
devoit'  dresser  le  tabernacle  :'  Ayez 
soin  de  faire  tout  scion  le  modele 
ecundum  exemplar  quod  qui  vous  en  a  ete  montre  sur  la 
tibi  osteosum  est  in  raon-     montagoe. 


5.  Qui  exeniplari  et 
umbrae  deserviunt  coeles- 
tium ,  sicut  responsum 
est  Moysi,  cum  consum- 
maret  tabernaculum  :  \  i- 
ie,  inquit,  omnia  facito 


te. 

6.  Nunc  autein  melius 
sortitus  est  ministerium, 
quando  et  melioris  testa- 
menti  mediator  est,  quod 
in  melioribus  repromis- 
sionibus  sancitum  est. 

7.  Nam  si  illud  prius 
culpa  vacasset,  uon  uti- 


6.  iMais  quant  a  notre  pontife,  il  Exod.xx-v.^o 
a  obtenu  une  sacriflcature  d'autant  Jci.yu.  44. 
plus  excellente  ,  qu'il  est  le  media- 

teur  d'une  meilleure  alliance,  et 
qui  est  etablie  sur  de  meilleures 
promesses.' 

7.  Car  s'ilo'y  avoit  rien  eu  dede- 
fectueux  a  la  premiere  alliance,'  il 


■que  secundi  locus  inqui-     n'y  auroit  pas  eu  lieu  d'y  en  sub- 


reretur. 

8.  Vituperans  enim  eos 
dicit  :  Ecce  dies  venient , 
dicit  Dominus  :  et  con- 
-ummabo  super  domum 
Israel ,  et  super  domum 
Juda,  testamentum  no- 
rum. 


stituer  une  seconde.' 

8.  Et  cependant  Dieu  parle  ainsi,  jer.  xixi.  3i. 
en  blamant  ceux  a  qui  la  premiere 
avoit  ete  donnee  :  II  viendra  un 
temps,  dit  le  Seigneur,  auquel  je 
ferai  une  nouvelle  alliance  avec  la 
maison  d'Israel  et  avec  la  maison 
de  Juda.' 


•fS.  Cestle  seusdu  crec. 

Ibid.  Ou  I'arche  d'alliance  devoit  reposer. 

■f6.  La  premier* alliance  promettoit  les  biens  de  la  terre  pour  recompen- 
ser  ceux  qui  en  garderoient  fidelement  toutes  les  conditions ;  au  lieu  que  la 
nouvelle  alliance  ,  en  noos  detachant  des  biens  d'ici-bas  ,  nous  promet  le^ 
biens  du  ciel  et  la  possession  deDieu  merae.  pour  recompense  de  notre  fidelite. 

y  7.  Gr.  litt  Si  la  premiere  alliance  avoit  ele  irreprehensible ,  qu'on  n'eut 
pu  Y  trouwer  aucun  defauL 

Ibid.  Litt.  on  n'auroit  pas  chercbe  lieu  a  une  seconde ,  on  n'auroitpas 
pense  a  y  en  subsliuter  une  seconde. 

y  8.  Aulr.  com  me  avec  la  maison  de  Juda.  La  preposition  et  se  prend 
quelquefois  pour  ut;  et  la  suite  proure  (y- 10. )  quececi  regarde  principale- 
ment  la  maison  d'Israel. 


EPITRE  DE  SAINT  PAUL  AUX  HEBREUX. 


33a 

9.  Non  selon  I'alliance  que  j'ai 
faite  avecleurs  peres,  au  jour  oti  je 
les  pris  par  la  main  pour  les  faire 
sortir  de  I'Egypte  ;  parce  qu'ils  ne 
sont  point  dcineures'  dans  cette 
alliance  que  j'avois  faite  avec  eux; 
etc'est  pourquoije  les  ai  ineprises, 
dit  le  Seigneur.' 

10.  Mais  voici  ralliance  queje 
ferai  avec  la  maison  d'Israel,  apres 
que  ce  temps-la  sera  venu,  dit  le 
Seigneur  :  J'imprimerai  mes  lois 
dans  leur  esprit,'  et  je  les  ecrirai 
dans  leur  coeur;  et  je  serai  leur 
Dieu  ,  et  ils  seront  men  peuple ; 


11.  Et  chacun  d'eux  n'aura  plus 
bcsoin  d'enseigner"  son  prochain  et 
son  frere  ,  en  disant :  Connoissez  le 
Seigneur;  parce  que  tous  me  con- 
noilront,  depuis  le  plus  petit  jus- 
qu'au  plus  grand; 


12.  Car  je  leur  pardonnerai  leurs 
iniquites,  et  je  ne  me  souviendrai 
plus  de  leurs  peches. 

i3.  Or,  en  appelant  cette  al- 
liance une  alliance  nouvelle  ,  il  a 
montre  que  la  premiere  se  passoit 
et  vieillissoit.  Or,  ce  qui  se  passe 
et  vieillit  est  proche  de  sa  fin.' 


9.  Non  secundum  tes- 
tamentum  quod  feci  pa- 
tribus  eorum,  in  die  qua 
apprehend!  manum  eorum 
ut  educerem  illos  de  terra 
vEgypti  :  quoniam  ipsi 
non  permanserunt  in  tes- 
tamento  meo ,  et  ego  ne- 
glexi  eos,  dicit  Dominus. 

10.  Quia  hoc  est  tesla- 
mentum,  quod  disponam 
domui  Israel  post  dies 
illos  ,  dicit  Dominus  : 
Dando  leges  meas  in 
mentem  eorum,  et  in 
corde  eorum  superscri- 
bam  eas  :  et  ero  eis  in 
Deum ,  et  ipsi  erunt  mihi 
in  populum  : 

11.  Et  non  docebit 
unusquisque  proximum 
suum  ,  et  unusquisque 
fratrem  suum,  dicens  : 
Cognosce  Dominum  : 
quoniam  omnes  scient 
me,  a  minore  usque  ad' 
majorera  eorum  : 

12.  Quia  propitius  ero 
iniquitatibus  eorum,  jam 
non  memorabor. 

i3.  Dicendo  autem  no- 
vum ,  veteravit  prius. 
Quod  autem  antiquatur 
et  sencscit,  prope  interi- 
tum  est. 


^  9.  C'est  I'expression  dcs  Septante. 

Ibid.  Liu.  je  les  ai  neglig6s.  C'est  rexpression  des  Sepfanle.  Voyez  la  note 
8ur  ce  teste  de  Jerdmie. 
»     y^  10.  C'est  Texpression  des  Septante. 

y^  II.  Litt.  n'enseignera  plus. 

^  i3.  Ainsi  la  premiere  alliance  a  d6  finir  ,  selon  le  lemoignage  m^me  de 
I'EcrJture,  et  faire  place  a  la  seconde,  qui  est  infinimenl  plus  parfaite. 


r.H\PITKE   IX. 


3S3 


CHAPITRE  IX. 


Insuffisance  de  Tanciea  sacerdoce  el  perfection  du  sacerdoce  nouveau  prou'vees 
par  les  ceremonies  mdmes  de  I'ancien  culte.  ^Mediation  de  Jesus-Christ 
fondee  sur  ce  qu'il  est  cd  meme  lemps  pr^lre  et  viclime.  Necessite  de  la 
morl  de  J^us-Christ.  Prix  infini  de  son  sang. 


1.  Habuit  quideni  et 
prius,  justificationes  cul- 
turiE ,  et  sanctum  sccu- 
lare. 

2.  Tabernacuiuin  eniiii 
factum  est  primum,  in 
quo  erant  candelabra,  et 
mensa,  et  propo.«ilio  pa- 
nutn,  quaedicitur  Sancta. 

5.  Post  velamentum 
autem  secundum,  taber- 
naculum  quod  dicitur 
Sancta  sanctorum  : 

4.  Aureum  habeos  thu- 
ribuium  ,  et  arcani  tesla- 
menti  circumtectam  ex 
omni  parte  auro,  in  qua 
urna  aurea  habens  manna, 
et  rirga  Aaron  ,  quai  fron- 
duei-at,  et  tabulae  lesta- 
menti  : 


1.  La  premiere  aliiaDce  a  eu  des 
lois  et  des  reglemens'  touchant  le 
culte  de  Dieu  ,  et  un  sanctuaire  tcr- 
reslre ; ' 

2.  Car  dans  le  tabernacle  qui  fut  Exod.  xxvi. 
dresse,    il   y  aroit    une   premiere  x.xxxvi.  8. 
partie   oii   etoit   le   chandelier,    la 

table,  et  les  pains  de  proposition  ;' 
et  cette  partie  s'nppeloit  le  Saint. 

5.  Apres  le  second  voile,'  etoit 
le  tabernacle  appele  le  Saint  des 
Saints, 

4.    OCi  il  y  aroit  un   encensoir  Lev.  xvi. 
d'or, '  et  I'arche  de  I'alliance  cou-  Num.  xti. 
verte  d'or ,  dans   laquelle   etoient 
une  urne  d'or  pleine  de  manne,  la 
verge  d'Aaron  qui  avoit  fleuri,  et  3.fleg^.vrii.  9 
les  tables  de  ralliance.'  2.  Par.r.  10. 


y  I.  Le  mot  justi/icationes  s'employoit  en  ce  sens,  comme  on  le  yoit  par- 
ticulierement  dans  lepsaume  cxtiii. 

Ibid.   Materiel. 

y  2.  Qu'on  ineUoil  dessus  pour  dtre  exposes  devant  le  Seigneur. 

■f  3.  Lf  premier  voile  etoit  i  I'entreedu  Saint,  el  le  separoitdu  parrls;  le 
second  voile  separoil  le  Saint  d'avec  le  Saint  des  saints. 

y  4.  Autr.  ayanl  au  dehors  et  devant  le  voile  un  autel  d'or,  sur  lequelon 
offivil  leparfum;  eVau  dedans  rarche  de  I'alliance ;  etc.  Molse  ne  parle 
point  d'un  encensoir  d'or ;  mais  il  parle  de  I'autel  d'or  qui  ^toit  Tautel  des 
parfums.  Dans  le  grec  il  est  aise  de  confondre  le  mot  ftudistfrnfictcv  qui  signi- 
fie  autel.  avec  SuaiaTTpio'*  qui  signifie  encensoir.  Cel  aatel  etoit  pres  du  ■voile 
qui  fermoit  le  sanctuaire.  Exod.  x\x.  i .  3.6.  xl.  5.24.  Au  reste  ,  le  grand- 
pr^tre  portoit  un  encensoir  d'or  lorsqu'il  entroit  une  fois  cbaque  annee  dans 
le  sanctuaire,  elpeut-dtre  qu'il  le  laissoit  devant  I'arche.  Levit.  xvi.  12. 

Ibid.  L'Ap6tre  decrit  ces  choses  comme  elles  Etoient  dans  le  lab«macl« 


334 


EPITRE  DE  SAINT  PAUL  AUX  HEBREUX. 


5.  Au-dessus  de  I'arche ,  il  y  avoit 
des  cherubins  de  gloire  ,  qui  cou- 
vroient  le  propitiatoire ;"  mais  cc 
n'est  pas  ici  le  lieu  de  vous  en  par- 
ler  en  detail. 

6.  Or,  ces  choses  etant  ainsi  dis- 
posees,  lespretresentroient  en  tout  positis,  in  priori  quidem 
temps  dans  le  premier  tabernacle  ,  tabernaculo  semper  in- 
lorsqu'ils  exercoient  les  fonctions 
de  leur  ministere  :  " 


Exod.  XXX. 

lO. 

Lev.  XVI.  IS 


5.  Superque  earn  erant 
cherubim  gloriae  obum- 
brantia  propitiatorium  : 
de  quibus  non  est  modo 
dicendum  per  singula. 

6.  His  vero   ita  com- 


7.  Mais  le  grand  pontife  seul 
entroit  dans  le  second ,  et  une  seule 
fois  I'annee ,  non  sans  y  porter  du 
sang  qu'il  offroit  pour  ses  igno- 
rances '  et  pour  celles  du   peuple  ; 

8.  Le  Saint-Esprit  nous  montrant 
par-la  que  la  voie  du  vrai  sanc- 
tuaire  , '  n'etoit  point  decouverte, 
pendant  que  le  premier  tabernacle 
subsistoit. 

9.  Et  cela  lueme  etoit  I'image  de 
ce  qui  se  passoit  en  ce  temps-la  , 
pendant  lequel'  on  offroit  des  dons 
et  des  sacrifices  qui  ne  pouyoient 
purifier"  la  conscience  de  ceux  qui 
rendoient  a  Dieu  ce  culte,  puis- 
qu'ils  ne  consistoient  qu'en  des 
viandes  eten  des  breuvages, 

10.  En  diverses  ablutions,  eten 
des  ceremonies  charnelles,'  et  qui 
n'avoient  etc  imposees  que  jus- 
qu'au  temps  que  cettp  loi  seroit 
corrigee.' 

1 1 .  Mais  Jesus-Christ ,  le  pontife 


troibant  sacerdoles,  sa- 
crificiorum  officia  con- 
sumnianles  : 

7.  In  secundo  autem 
semel  inanno  solus  ponti- 
fex,  non  sine  sanguine, 
quem  ol'fert  pro  sua  et 
populi  ignorantia  : 

8.  Hocsignificante  Spi- 
ritu  Sancto,  nondum  pro- 
palatam  esse  sanctorum 
viam,  adhuc  priore  taber- 
naculo habentestatum. 

g.  Qua)  parabola  est 
temporis  instantis  ,  juxta' 
quam  munera  et  hostiae 
offerantur,  quae  non  pos- 
sunt  juxta  conscientiam 
perfectum  facere  servien- 
tem ,  solummodo  in  cibis 
et  in  potibus, 

10.  Et  variis  baptisma- 
tibus,  et  justitiis  carnis 
usque  ad  tempus  correc- 
tionis  impositis. 

1 1 .  Christus     autem 


que  Moi'se  construisit  dans  le  desert.  Voyez  la  Dissertation  sur  lamanne, 
lom.  It. 

•jj-  5.  Le  couvrant  de  leurs  ailes. 

^6.  C'est  le  sens  du  grec. 

■^  7.  C'est-a-dire  pour  ses  peches.  Levit,  xvi.  2  etsecjcf. 

■j  8.  Du  ciel  dont  ce  second  sanctuaire  etoit  la  figure. 

■5^  9.  C'est  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Lilt,  perfectionner. 

■f  ID.  Qui  ne  pouvoientsanctifier  I'ame. 

Ibid.  Par  une  meilleure  alliance. 


CHAPITRK    IX.  336 

assistens  pontifex  future-  des  biens  futurs  '  etant  venu  '  dans 
rum  bonorum,  per  am-  le  monde  ,'  est  entrc  une  fois  dans 
le  sanctuaire,'  par  un  tabernacle 
plus  grand  et  plus  excellent',  qui 
n'a  point  ete  fait  par  la  main  des 
hommes,  c'est-a-dire  qui  n'a  point 
ele  forme  par  la  voie  commune  et 
ordinaire.' 

12.  Et  il  est  entre,  non  avec  le 
sang  des  boucs  et  des  yeaux,  mais 
avec  son  propre  sang,  nous  ayant 
acquis'  une  redemption  eternelle.' 


plius  et  perfectius  laber- 
uaculuui  non  manufac- 
tum,  id  est,  non  hujus 
creation  is : 


12.  Neque  per  sangui- 

neni-hircorum  aut  vitulo- 

rum,   sed   per   proprium 

^anguinem ,  introivit  se- 

mel  in  sancta,  seleroa  re- 

demptione  inventa. 

i3.    Si    enim    sanguis         i5.    Car  si  le  sang  des  boucs  et  Z.ev.  xvi.  i5. 

hircorum  et  taurorum,  et     des  taureaux,  et  I'aspersionde  I'eau 

cinis  vitulse  aspersus,  in-     melee    avec  la   cendre   d'une  ge- 

nisse '  sanctifie  ceux  qui  ont  ete 
souilles,  en  Icur  donnant  une  pu- 
rete  exterieure  et  charnelle. 

14.  Combien  plus  le  sang  de  Je-  i.  Pe/r.1.19. 
sus-Christ,  qui  par  le  Saint-Esprit  *•  Joan.  1.7- 
s'est  offert  lui-nieme  a  Dieu  comme  ^P°^-  '• 
une  victime  sans  tache,  purifiera- 
t-il    notre  conscience  des  oeuvres 

scientiam  nostram  ab  ope-     mortes ,'  pour  nous  faire  rendre  un 

ribus  mortuis,  adservien-     vrai  culte  au  Dieu  vivant ! 


quinatos     sanctiGcat     ad 
emundatioaem  carnis  : 

14.  Quanto  magis  san- 
guis Christi,  qui  per  Spi- 
itum  Sanctum  semetip- 
-  um  obtulit  immaculalum 
Deo  ,     emundabit    con- 


5. 


dum  Deo  viventi? 

i5.  Et  ideo  novi  testa- 
menti  mediator  est  :  ut 
morte  intercedente  ,  in 
redemptionem        earum 


i5.  G'est  pourquoi  aussi  il  est  le  GaU  \\\. 
mediateur  du  testament  nouveau, 
aGnque,  par  la  mort  qu'il  a  souf- 
ferte  pour  expier  les  iniquites  qui 


■f  1 1.  Des  bieas  celestes,  dont  par  sa  sacrificature  il  doit  nous  mettre  ea 
possession. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Par  son  incarnation. 

Ibid.  Le  ciel. 

Ibid.  C'est-a-dire  par  sa  chair,  qui  etant  le  temple  oii  la  Divioite  babite 
corporeliement ,  est  un  tabernacle  plus  grand  et  plus  evellent  que  celui  de 
laloi. 

Ibid.  Mais  par  I'op^ralion  du  Sain  t-Esprit,  dans  le  sein  etdn  plus  pur  sang 
d'une  vierge  S  jamais  intacte. 

y  12.  Par  I'effusion  de  ce  sang  adorable. 

Ibid.  Et  par  consequent  bien  differenle  de  la  puret^  que  Ton  recevoit  par 
les  sacrifices  de  la  loi. 

y  1 3.  L'eau  d'expiation  ou  lustrale.  Yoycz  Nombremx.  1.  S. 

■f  i4-  Des  souillures  que  nous  avons  contractees  par  nos  p&hes. 


336  EPITRE  DE  SAINT  PAUL  AUX  HEBREUX. 

96  commettoient  sous   le  premier 


Exod.  ixiv. 


testament ,  ceux  qui  sont  appeles 
repoivent  I'heritage  eternel  qu'il 
leur  a  promis.' 

16.  Car  oOi  il  y  a  un  testament, 
il  est  necessaire  que  la  mort  du 
testateur  intervienne. 

17.  Parce  que  le  testament  n'a 
lieu  que  par  la  mort,  n'ayant  point 
de  force  tant  que  le  testateur  vit. 


18.  C'est  pourquoi  le  premier 
testament  meme  ne  fut  confirm^ 
qii'avec  le  sang. 

19.  Car  Moise,  ayant  recite  de- 
vant  tout  le  peuple  toutes  les  or- 
donnances  de  la  loi,  prit  du  sang 
des  veaux  et  des  boucs,  avec  de 
I'eau  et  de  la  laine  teinte  en  ecar- 
late,  et  de  I'hysope,  et  en  jeta  sur 
le  livre  mOme,  et  sur  tout  le 
peuple, 

20.  En  disant  :  Voici  le  sang  du 
testament '  que  Dieu  a  fait  en  votre 
faveur. 

21.  II  jeta  encore  du  sang  sur  le 
tabernacle  ,  et  sur  tous  les  vases 
qui  servoient  au  culte. 

22.  Et,  selon  la  loi,  presquc  tout 
sepurifie  avec  le  sang;  etlespeches 
ne  sont  point  remis  sans  effusion  de 
sang. 

20.  II  etoit  done  necessaire  que 
ce  qui  etoit  la  figure  des  choses 
celestes  fftt  purifie  par  le  sang  des 
animaux;  mais  que  les  celestes 
memes  le  fussent  par  des  victimes 
plus  excellentes  que  n'ont  ete  les 
premieres. 


praevancationum  ,  qua 
erant  sub  priori  testa- 
mento,  repromissionem 
accipiant,  qui  vocati  sunt, 
aeternae  hereditatis. 

16.  Ubienim  testamen- 
tum  est,  mors  necesse  est 
mtercedat  testatoris. 

17.  Testamentum  enim 
in  mortuis  confirmatum 
est  :  alioquin  nondum 
valet,  dum  vivit  qui  tes- 
tatus  est. 

18.  Unde  nee  prinium 
quidem  sine  sanguine  de- 
dicatum  est. 

19.  Lecto  ehim  omni 
mandato  legis  a  Moyse 
universo  populo,  acci- 
piens  sanguinem  vitulo- 
rum  et  hircorum,  cum 
aqua,  et  lana  coccinea, 
et  hysopo,  ipsumquoque 
librum  et  omnem  popu- 
luin  aspersit, 

20.  Dicens  :  Hie  san- 
guis testamenti  ,  quod 
mandavit  ad  vos  Deus. 

21.  Etiam  tabernacu- 
lum  et  omnia  vasa  minis- 
terii  sanguine  similiter 
aspersit. 

22.  Et  omnia  pene  in 
sanguine  secundum  le- 
gem mundantur  :  et  sine 
sanguinis  effusione  non  fit 
remissio. 

25.  Necesse  est  ergo 
exeroplaria  quidem  coeles- 
tium  his  nuindari  :  ipsa 
autem  ccelestia  meliori- 
bus  hostiis  quam  istis. 


y  i5.  Heritage  qu'ils  n'ont  pu  recevbir  qu'apres  la  morl  de  Jesus- Christ, 
•jf  20.  C'est  Teipression  de  I.t  version  des  Septanle. 


i4-  Nonenira  in  manu- 
facla  sancta  Jesus  introi- 
vit ,  exemplaria  vcroruin  : 
sed  in  ipsum  cceluin  ,  ut 
appareat  nunc  vultui  Dei 
pro  nobis  : 

a5.  Neque  ul  saepe  offe- 
ratseiTietip.<uni,  quematl- 
modmn  ponlifex  intrat  in 
sancta  per  singulos  annos 
in  sanguine  alieno  : 

26.  Alioquin  oportebat 
eum  frequenter  pali  ab 
origine  mnndi  :  nunc  au- 
tem  semel  in  consumnna- 
tione  seculorum,  ad  de- 
stitutionetn  peccali ,  per 
hostiam  suam  apparuit. 

27.  Et  quemadmodum 
statutuui  est  hoininibus 
semel  mori,  post  hoc  au- 
tena  judicium  : 

28.  Sic  et  Christus  se- 
mel oblatus  est  ad  niulto- 
rum  exhaurienda  pcccata : 
secundo  sine  peccato  ap- 
parcbit  expectantibus  se , 
in  salutem. 


CHAPITRR  IX.  S37 

24.  En  effet  Jesus-Christ  n'est 
point  entre  dans  ce  sanctuaire  fait 
par  la  main  des  hommes  ,'  lequei 
n'eloit  que  la  figure  du  veritable; 
mais  il  est  entre  dansle  ciel  meme, 
a  fin  de  sa  presenter  maintenant 
pour  nous  devanl  la  face  de  Dieu. 

25.  Et  il  n'y  est  pas  aussi  entre 
pours'offrirlui-memeplusieursfois, 
comme  le  grand-prOtre  entre  tons 
les  ans  dans  le  sanctuaire  ,  portanl 
un  sang  elranger ;' 

26.  Car  aulrement  il  efit  fallu 
qn'il  eQt  souffert  plusieurs  fois  de- 
puis  la  creation  du  monde ;  au  lieu 
qu'il  n'a  parujqu'une  fois  vers  la 
fin  des  siecles,'  pour  abolir  le  pe- 
che,  en  s'offrant  lui-m§me  '  pour 
victime. 

27.  Et  comme  il  est  arrete  que 
les  hommes  meurent  une  fois,  et 
qu'ensuile  ils  soicnt  juges, 

28.  Ainsi  Jesus-Christ  a  ete  offert  Rom.  y.  9. ' 
une  fois   pour  effacer'   les   peches  i.Petr.\u.i%. 
de  plusieurs  ;  et  la  seconde  fois  ,  il 
apparoitra   sans    peche,'  pour  le 
salut  de  ceux  qui  I'atlendent. 


T^  24.  Dans  le  saint  des  saints  qui  etoit  aa  dedans  du  second  voile, 
if  a 5.  Lesang  des  viclimes,  et  non  le  sien  propre. 

y  a6.  Aulrement  ct  a  la  leUre :  dans  la  consommation  des  siecles  ,  lorstjue 
la  plenitude  des  temps  marques  a  ete  accompUe. 
Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 
7  a8.  Gr.  autr.  pour  porter  sur  soi. 
Jbid.  Sans  avoir  plus  rien  du  peche  a  expier. 


3» 


338 


KPITRE  DF.  SAINT  PAUL  AUX  HEBREUX. 


CHAPITRE  X. 

Insuffisance  des  victimes  legales  :  leur  abolition.  EfEcacite  du  sacrifice  de  Je- 
sus-Christ. L'Ap6tre  exhorte  les  Hebreux  a  s'approcher  de  Dieu  avec  con- 
fiance,  a  demeurer  fermes  dans  la  foi ,  a  s'entr'edifier  et  s'entr'exhorter.  II 
les  presse  par  le  double  motif  des  maux  qu  ils  auroient  a  craindre,  s'ils  ne 
perseveroient  pas,  et  des  biens  qu'ils  ont  a  esperer,  s'ils  per8<5verent. 


/'». 


i.CARlaloi  n'ayant  que  l'on:ibre 
(les  biens  a  venir,  et  non  Timage' 
meme  des  choses  ,'  ne  peut  jamais , 
par  I'oblation  des  memes  hosties 
quis'offrent  toujourschaque  annee, 
rendre  parfaits  ceux  qui  s'appro- 
chcnt  de  I'autel. 

2.  Autrement  on  auroit  cesse  de 
les  offiir,  parce  que  ceux  qui  ren- 
dent  ce  culte  n'auroient  plus  senti 
leur  conscience  chargee  de  peches , 
en  ayant  ete  une  fois  purifies. 

5.  Cependant  en  offrant  ces  sa- 
crifices on  parle  de  nouveau  lous 
les  ans  de  peches  a  expier. 

4-  En  effet  il  est  impossible  que 
le  sang  des  taureaux  ct  des  boucs 
otc  les  peches. 

5.  C'est  pourquoi  le  Fils  de  Dieu 
entrant  dans  le  monde  dit'  :  Vous 
n'avez  point  voulu  d'hostie  ni  d'ob- 
lation;"  mais  vous  m'avez  forme 
un  corps;' 

6.  Vous  n'avea  point  agree  les 
holocaustes  et '  les  sacrifices  qu'on 
vous  ofFre  pour  le  peclie  ; 


1 .  Umbkam  enim  habcns 
lex  futurorum  bonorum. 
non  ipsam  imaginem  re- 
rum,  per  singulos  annos 
eisdem  ipsis  hostiis,  quas 
offerunt  indesinenter  , 
numquam  potest  acce- 
dentes-perfectos  facere  : 

2.  Alioquin  cessassent 
offerri :  ideo  quod  nuUam 
haberent  ultra  conscien- 
tiam  peccati,  cultores  se- 
mel  mundati : 

3.  Sed  in  ipsis  comme- 
moratio,  peccatorum  per 
singulos  annos  fit. 

4.  Impossibile  enim  est 
sanguine  taurorumethir- 
corum  auferri  peccata. 

fi.  Ideoingrediensmun- 
dum  dicit  :  Hostiam  el 
oblationem  noluisti  :  cor- 
pus autem  aptasti  mihi  : 

6.  Holocautomata,  pro 
peccato,  non  tibi  placue- 
runt  : 


^  I.  Voyez  ce  qui  est  dit  surceladans  I'aiialysc. 

Ibid.  De  celles  qui  y  etoient  represenlc'es. 

T^  5.  En  parlant  a  son  Pere. 

Ibid.  Telles  qu'on  vous  les  offre  dans  ia  loi. 

Ibid.  Qui,  etant  uni  a  la  divinile  ,  sera  une  victime  digne  de  voire  majesle 
supreme.  C'est  le  sens  de  la  version  des  Seplante. 

y  6.  Les  holocaustes sont  differens  des  sacrifices  pour  Ic  peche.  Pro  peccalo 
ne  se  rapporle  pas  a  IfohcniitomaUi . 


CIIAPITRE  X. 


339 


7.  Tuncdi\i  :  Ecce  ve- 
nio  :  in  capile  libri  scrip- 
turn  est  de  me,  ut  faciam, 
Deus,  voluntatem  tuani. 

8.  Superiiis  dicens  : 
Quia  hostias  et  oblatione?, 
el  holocautomata  ,  pro 
peccato,  uoluisti,  nee  pla- 
cila  sunt  tibi ,  quae  secun- 
dum legem  otTeruntur  : 

9.  Tunc  dixi  :  Ecce  ve- 
nio  ,  ut  faciam,  Deus, 
■voluntatem  tuam  :  aufert 
primum,  ut  sequens  sta- 
tuat. 

10.  In  qua  roluntate 
sanctificati  sumusper  ob- 
lationera  corporis  Jesu 
Christi  semel. 

11.  Et  omnis   quidem 


7.  Mors  j'ai  dil  :  Me  yoici ;  jc  Ps. 
viens  selon  qu'il  est   ecrit  de  moi 
dans  le  livre  ,'  pour  faire,  6  Dieu, 
TOtre  volonte.' 

8.  Apres  avoir  dlt :  Vous  n'ave* 
point  voulu  ni  agree  leshosties,  les 
oblations,  les  holocaustes,  et'les 
sacrifices  pour  le  peche  ,  qui  sont 
toutes  choses  qui  s'offrent  selon  la 
lot ; 

9.  II  ajoute  '  ensuite  :  Me  voici; 
je  viens  pour  faire,  6  Dieu,  voire 
volonte.'  Done  il  abolit  ces  premiers 
sacrifices,  pouretablir  le  second.' 


10.  Et  c'est  celte  volonte  qui 
nous  a  sanctifies,  par  I'oblation  du 
corps  de  Jesus-Christ,  qui  a  ete 
faite  une  seule  fois. 

1 1 .  \ussi  au  lieu  que  tous  les 
sacerdos  praesto  est  quo-  pretres'  se  presentent  tous  les  jours 
tidie  ministrans,  et  eas-     pour sacrifieret  pour offrirplusieurs 

fois  les  memes  hosties  qui  ne  peu- 
vent  effacer  les  peehes ;' 


dem  saepe  offerens  hos- 
tias,  quae  numquam  pos- 
sunt  auferre  peccata  : 

12.  Hie  autem  unam 
pro  peccatis  offerens  hos- 
tiam,  in  sempiternumse- 
det  in  dextera  Dei, 

i5.  De  cetero  expee- 
tans  donee  ponantur  ini- 
mici  ejus  scabellum  pe- 
dum ejus. 

i4>  Una  enim  oblatio- 


12.  Celui-ci ,  ayant  offert  une 
seule  hostie  pour  les  peehes,  s'est 
assis  a  la  droite  de  Dieu  pour  tou- 
jours  , 

i5.  Ou  il  attend  ce  qui  reste  a 

accoraplir     :     que     ses     ennemis 

soient  reduits  k lui  servirde  marche-  „ 

.     1  Fs.  cix.  a. 

pied.  ^  r 

r     r-  I        ui   .•  I. Cor.  XV.  a5 

i4-  Car,  par  une  seule  oblation, 


f  7.  Dans  le  Tolume  de  la  loi  el  des  pronhetes.  C'est  !e  sens  du  grec  et 
de  I'hebreu,  qu'on  peul  traduire  k  la  leltre :  dans  le  volume  ou  le  rouleau  du 
liyre. 

Ibid.  Pour  ^tre  immole  a  votre  justice  ,  a  la  place  de  ces  TJclimes  qui  ne 
peuvent  vous  Atre  agreables. 

■/  8.  Voyez  Supr.  -^  6. 

■^  9.  C'est  le  sens  du  grec. 

Jbid.  Pour  Aire  immole  a  votre  justice. 

Ibid.  Celui  de  son  corps,  qu'il  a  offert  sur  la  croix  pr  I'ordre  el  la  volenti 
de  Dieu. 

y  1 1 .  De  Tancienne  loi. 

Ibid.  Comme  oette  repetition  l«montre  a<««e/. 


34o 


Ept 


XRE  DE  SAINT  PALL  ALX  HEBaEUX. 


il  a  rendu  parfaits'  pour  toujours 

ceux  qu'il  a  sanctifies, 

i5.  Et  c'est  ce  que  le  Saint-Es- 

prit    nous  declare  lui-meuie;   car 

apr^s  avoir  dit : 
/er.  XXXI. 33.       16.  Yoici  Talliance  que  je  terai 
.9K;>r.  viir.  8.  avec   cux  apres    que  ce    temps-la 

sera  arrive,  dit  le  Seigneur  :  J'im- 

primerai  mes  lois  dans  leur  coeur; 

et  je  les  ecrirai  dans  leur  esprit; 


17.  II  ajoule  :  Et  je  ne  me  sou- 
viendrai  plus  de  leurs  peches,  ni 
de  leurs  iniquites.' 

18.  Or,  quand  les  peches  sont 
remis,  on  n'a  plus  besoin  d'obla- 
tion  pour  les  peches.' 

19.  Puis  done,  mes  freres,  que 
nous  avons  la  confiance  '  d'entrer 
dans  le  sanctuaire  '  par  le  sang  de 
Jesus-Christ ,' 

20.  En  suivant  cette  voie  nou- 
velie  et  vivantequ'ii  nous  a  le  pre- 
mier tracee  par  I'ouverture  du  voile, 
de  sa  chair , 

21.  Et  que  nous  avons  un  grand- 
pretre  qui  est  etabli  sur  la  maison 
de  Dieu  ; 

22.  Approchons-nous  de  lui  avec 
un  cceur  vraiment  sincere,  et  avec 
une  foi  parfaite,  ayant  les  coeurs 
puriGes  des  souillures  de  la  mau- 
vaise  conscience  ,par  une  aspersion 
interieure  ,  et  les  corps  laves  dans 
I'eau  pure.' 

a3.    Demeurons    fermes    et   in- 


ne,consummavit  in  sem- 
piternum  sanctificatos. 

i5.  Contestatur  autem 
nos  et  Spiritus  Sanctus^ 
Postquam  enim  dixit : 

16.  Hoc  autcm  testa- 
mentum,  quod  testabor 
ad  illos  post  dies  illos,  di- 
cit  Dominus  :  Dando  le- 
ges meas  in  cordibus  eo- 
rum,  et  in  mentibus  eo- 
rum  superscribam  eas  : 

17.  Et  peccatorum  et 
iniquitalum  eorum  jam 
non  recordabor  amplius. 

18.  Ubi  autem  horum 
remissio  :  jam  non  est 
oblatio  pro  peccato. 

19.  Habentes  itaque, 
fratres  ,  fiduciam  in  in- 
troitu  sanctorum  in  san- 
guine Christi , 

20.  Quam  initiavit  no- 
bis viam  novam  et  viven- 
tem  per  velamen,  id  est, 
carnem  suam, 

21.  Et  sacerdotem  ma- 
gnum super  domum  Dei: 

22.  Accedamus  cum 
vero  corde  in  plenitudine 
fidei  ,  aspersi  corda  a 
conscientia  mala,fct  ab- 
luti  corpus  aqua  munda  , 


25.  Teneamus  spei  nos- 


ir  14.  C'esl  le  sens  (lu  grec. 

y  17.  Ce  qui  marque  qu'el les  sont  entif'rementcffaceesr 

■j-  i8.  Eton  peul  enlrer  dans  le  sanctuaire,  sans  y  porter  le  sang  d'une 
nouvelle  victime  :  c'est  la  grace  que  nous  avons  re(;ae  par  le  sang  de  Jesui- 
Christ,  qui  nous  a  ouvert  I'entree  du  ciel  pour  toujours.  * 

•jf  19.  Gr.  autr.  la  liberte  d'en'.rtr  avec  confiarce. 

Ibid.  Dans  leciel. 

Ibid.  Gr.  autr.  par  le  sang  de  Jesus. 

y  22.   Dans  Teau  salutaira  du  bapt^mc. 


CHAPITRE  X. 


34  r 


trae  confessioneua  inde- 
clinabilem  (  fidelis  enini 
est  qui  repromisit), 


a4.  Et  consideremus 
invicem  in  provocatio- 
nem  charitatis,  ct  bono- 
rum  operum  : 

20.  Non  deserentescol- 
lecuonem  nostram ,  sic- 
ul  consuetudiuis  est  qui- 
busdani :  sed  consolantes, 
et  tanto  magisquanto  vi- 


ebranlables  dans  la  profession  que 
nous  avons  faite  d'csperer  ce  qui 
nous  a  ete  promis,  puisque  celui 
qui  nous  I'a  promis  est  tr^s^fidele 
dans  ses  promesses. 

24*  Et  considerons-nous  les  uns 
les  autres  ,  aGn  de  nous  entr'ex- 
ciler  a  la  charite  et  aux  bonnes 
oeuvres. 

25.  Et  loin  |de  nous  retirer  dcs 
assemblees  des  fidefes ,  comme 
quelques-uns  ont  couturae  defaire, 
exhorions-nous'  au  contraire  les 
uns  les  autres,   d'autant  plus  que 

deritis  appropinquantem     vous  voyez  que  le  jour' s'approche. 

diem. 

26.  Yoluntarie    enim         26.  Car  si  nous  pechons  volon- '^"/"'- ▼«•  4- 
peccantibus    nobis    post     tairement  apres  avoir  recu  la  con- 
acceptaui   notitiam  veri-     noissance  de  la  verite,'  il  n'y  a  plus 

talis,  jam  non  relinquilur     desormais  d'hoslie  pour  les  peches.' 
pro  peccatis  hostia, 

27.  Terribilis  autem  27.  31ais  il  ne  leur  reste  qu'une 
quaedam  expectalio  judi-  attente  effroyable  du  jugement  et 
cii,  et  ignis  seinuhitio,  uu  feu  vengeur  qui  doit  devorer 
quae  consumptura  est  ad-     les  eoncmis  de  Dieu. 

versarios. 

28.    Celui  qui  a  Tiole  la  loi  de 
Molse  est  condamnc  u  mort    sans  Deut.xyu.6. 
misericorde,   sur  la  deposilion   de  ^MiiaA.  xtiu. 
deux  ou  trois  teuioins  ,  ^^• 

20.  Combien  done  croyez-vous  •/ocn. vm.  17. 
que  celui-la  sera  juge  digne  a  un 
plus  grand  snpplice,  qui  aura  foule 
aux  pieds  le  Fils  de  Dieu,  qui  aura 
tenu  pour  une  chose  vile  et  pro- 
duxerit,  in  quosanclifica-  fane'  le  sang  de  Talliance  par  le- 
tusest,  et  spiritui  graliae  quel  il  avoit  ete  sanctifie,  ct  qui 
contumeliam  fecerit  ?  aura  fait  outrage  a  I'esprit  de   la 

grace  ?' 

y  2  5.  C'est  le  sens  du  grec. 

I6id.  Le  jour  du  jugement. 

i-  26.  Si  nous  abandonnoDs  Jesos -Christ,  apres  Fa-oir  connu. 

If>id.  Puisque,  comme  nous  venons  de  voir,  toules  les  victimes  de  la  loi  ne 
peuTent  les  ef facer,  et  qu'il  u'y  a  que  le  sang  de  Jesus-Chrislqui  ail  celte  Tcrtu: 
ceui  done  qui  j  renoncent  n'ont  point  de  salul  aesperer. 

y  ag.  C'est  le  seas  du  grec. 

Ibid.  Qu'il  a  re«ju  par  le  baptdme  et.I'impoiition  det  mains.  Ce  «onl  la 


28.  Irritam  quisfaciens 
legem  Moysi,  sine  ulla 
miseratione ,  duobus  vel 
tribus  testibus,  morilur  : 

29.  Quanto  niagis  pu- 
tatis  deteriora  merer!  sup- 
plicia  ,  qui  Filium  Dei 
conculcaverit,  et  sangui- 
neni  testamenti  pollutum 


Deut.  xxxii 

35. 

Horn.  xn.  i( 


342  EPITRE  DE  SA,1NT   PALL  AUX  HEBREUX. 

3o.  Car  nous  Savons  qui  est  celui  5o.    Sciinus  enim  qui 

qui  a  dit  :  La  vengeance  m'est  re-  dixit:   Mihi  vindicta,  et 

serves,  et  je  i'exercerai;'  et  qui  egoretribuam.Etiteruin: 

a  dit  encore  :  Le  Seigneur  jugera  Quia  judicabit  Dominus' 

son  peuple.*  populum  suum. 

oi.  II  est  terrible  detomberentre  3i.  Horrendum  estin- 

les  mains  du  Dieu  vivant.'  cidere  in  manus  Dei  vi- 

ventis. 

32.  Oi,  rappelez  en  votre  me-  52.  Ilememoraminiaii- 
uioire  ce  premier  temps  auquel,  tern  pristinos  dies,  iu 
apres  avoir  ete  eclaires  ,  vous  avez  quibus  illuminati  ,  ma- 
soutenu  de  grands  combats  et  de  gnum  certamen  sustinuis- 
grandes  afflictions.  tis  passionum  : 

33.  Puisque,  d'une  part  vous  33.  Etinalteroquidem, 
avez  servi  de  spectacle  an  monde,  opprobriiset  tribulationi- 
par  les  opprobres  el  les  mauvais  bus  spectaculum  facli  :  ia 
traitemens  que  vous  avez  soufferls,  alteroautem,  socii  taliter 
etque,  de  I'autre,  vous  etes  deve^  conversantium  effecti. 
nus  les  compagnons   de   ceux  qui 

ont  souffert  de  pareils  outrages.' 

34-  Car  vous  avez  compali  a  ceux 
qui  etoient    dans   les  chaines;  "  et 
vous  avez  vuavecjoie  tous  vosbiens 
piilc'S,     sachant  que    vous   aviez'     gaudio    suscepistis,  cog- 
d'autrcs  biens  plus   excellens,    et      noscentes  vos  habere  me- 
qui  ne  periront  jamais. 


34-  Nam  et  vinctis  com- 
passi  est  is,  et  rapinam 
bonorum  vestrorum  cum 


liorem  et  manentem  sub- 
stantiam. 

35.  JNolite  itaque  amit- 
tere     confidentiam    ves- 


35.   Ne  perdez  done  pas  la  con- 
fiance  que  vous  avez  /  et  qui  doit 
etre   suivie   d'une    grande   recom-     tram ,  quae  magnam  ha- 
pense.  bet  remunerationera. 


comrae  autant  de  t^moins  qui  s'eleveront  centre  lui,  etqui  demanderonl  ven-; 
f^eance  a  Dieu. 

■f  3o.  Le  grec  ajoute:  dit  le  Seigneur. 

Ihid.   Autr.  le  Seigneur  rendra  justice  a  son  peuple,  et  le  vengem  des  torts 
ctdes  oiilr-ages  que  lui  font  les  medians.  Yoyez  au  Deuteronome,  xxxii.  3(5. 
y  3i.   A   quels  supplicesdoivent  done  s'atlendre  ceux  qui  i rri ten t  ce  Dieu 
vengeur,  qui,  ne  cessanl  jamais  de  vivre,  necesse  aussi  jamais  do  punir? 

^  33.  Par  la  part  que  vous  avez  eue  a  leurs  maux,  et  par  les  senlimens  de 
compassion  que  vous  avez  eus  pour  eux  —  Gr.  autr.  el  que  de  I'autre  vous 
•■ivc/;  pris  part  k  la  peine  de  ceux  qui  eloient  dans  la  meme  situation. 
■^  34.  Gr.  Car  vous  avez  compali  ames  liens. 

Ibid.  Grec  iniprinie  :   que  vous  a- ez  eu  vous-memes.    Ou  selon  dautres 
exemplaires  :  que  vous  aviez  dans  les  cieuxd'autres  biens,  etc. 

■j'  35.  Gr.  autr.  In  conliance  et  la  liberie  avec  luquelle  vous  avezjusquici 
conjesse  J e!s us- Christ. 


36.  Palientia  enim  vo- 
bis  necessaria  est :  ut  vo- 
luntatem  Dei  facientes, 
reporletis  promissionem. 

Zy.  Adhuc  enim  mo- 
dicum aliquantulum ,  qui 
venturus  est,  veniet,  et 
non  tardabit. 

58.  Justus  autem  meus 
ex  fide  vivit :  quod  si  sub- 
traxerit  se  ,  non  placebit 
animae  meae. 

59.  Nos  autem  non  su- 
nius  subtractionis  filii  in 
perditionem,  sed  fidei  in 
acquisitionem  animae. 


CUAPITRE  X.  tit 

36.  Car  la  patience  vous  est  ne- 
cessaire  ,  afin  qu'en  faisant  la  vo- 
lont^  de  Dieu  ,  vous  puissiez  obtenir 
les  biens  qui  vous  sont  proniis. 

37.  Encore  ud  peu  de  temps,  et 
celui  qui  doit  venir  viendra;  et  ii 
ne  tardera  point. 

38.  En  attendant,   le    juste  qui 


vit   de  Ha  foi;   que  ifabac.  u.  3 


m'appartient 

s'il  s'eloigne,   il  ne   me  sera  plus 

agreable. 

39.  Pour  nous ,  nous  n'avons 
garde  de  nous  retirer  et  de  nous 
affoiblir;'cequi  seroit  noire  ruine: 
mais  nous  demeurons  fermes  dans 
la  foi,  pour  le  salut  de  nos  ames. 


Rom. 
GaL 


1^  38.  Le  pronom  meus  n'est  pas  dans  le  grec  imprime  ,  ni  ici,  ni  dans  le 
texte  d'Habacuc. 

■/  39.  Le  moX  Jilii  n'est  pas  dans  le  grec. 


CHAPITRE  XI. 


Definition ,  excellence ,  avantages  et  modeles  de  la  foi. 


1.  Est  autem  fides  spe- 
randarum  substantia  re- 
rum,  arguraenlum  non 
apparentium. 

2.  In  hac  enim  testi- 
monium consecuti  sunt 
senes. 

3.  Fide     intelligimus 


1.  Ok,  la  foi  est  le  fondement' 
des  choses  que  Ton  doit  esperer,'  et 
une  pleine  conviction  de  celles  qu'oii 
ne  voit  point. 

2.  Car  c'est  par  la  foi  que  les  an- 
ciens  peres  onl  recu  un  temoi- 
gnage  si  avantageux  dans  PEcri- 
ture. ' 

3.  C'est  par  la    foi,    que  nous  G«n. 


1.3. 


y  I .  Litt.  la  substance,  et  en  tfuelque  sorte  la  re'aUte. 

Ibid.  Gr.  des  choses  que  I'on  espere. 

y  2.  C'est  lette  foi  qui,  en  lour  inspirant  une  ferme  confiance  dans  If* 
promeises  deDieu,  leur  a  merile  les  litres  glorieux  de  terrileurs  (ideles.  d'amis 
ct  d'enfans  de  Dieu,  que  I'Ecriture  l«ur  donne. 


344 


EPHKE  DE  SAIM   PALL  AUX  HEBREUX. 


Savons  que  le  monde  a  ete  fait  par 
la  parole  de  Dieu;  et  que  d'invi- 
sible  qu'il  etoit  auparavant ,  il  est 
devenu  visible.' 

Gen.  IV. 4.  4,  C'est  par  la  foi  qn'AbcI  ofTrit 

a  Dicu  line   plus  excelicnle  hoslie 

i»fa«.xxu.35.  que  Caiii ;'  et  qu'il  est  declare  juste, 
Dieu  lui-inenie  rendant  temi)ig;Mage 
a  ses  dons;"  el  c'est  a  cause  de  sa 
foi  qu'il  parte  encore  apres  sa  mort." 


Gen.  V.  24 
Eccli.  XLir 
i6. 


5.  C'est  par  la  foi  qu'Henoch  a 
ete  enleve  pour  ne  pas  mourir;  et 
on  ne  I'a  plus  vu  ,  parce  que  Dieu 
Tavoit  transporte  ailleurs  :  "  car 
I'Ecrilure  lui  rend  temoignage, 
qu'avant  d'avoir  ete  ainsi  enleve,  il 
plaisoit  a  Dieu. 

6.  Or,  il  est  impossible  de  plaire 
u  Dieu  sans  la  foi;  car  pour  s'ap- 
procher  de  Dieu ,  il  fiiut  croire 
premierement  qu'il  y  a  un  Dieu  , 
et  qu'il  recompense  ceux  qui  le 
clierchent." 

Gen.  VI.  14.        7«  C'est  par  la  foi  que  Noe  ayant 

Eccli.  xLiv.    rccu  averlissement  du  ciel ,"  et  ap- 

'7*  prehendant  ce  qu'il  ne  voyoit  pas 

encore,    balit  I'arche   pour  sauver 

sa   famille  ;   et  la  batissant,   con- 


aptata  esse  secula  verbo 
Dei  :  ui  ex  invisibilibu* 
visibilia  fierent. 

4.  Fide  plurimam  hos- 
tiam  Abel,  quamCain, 
obtulit  Deo  :  per  quam 
testimonium  consecutus 
est  esse  )ustus,  testimo- 
nium perhibenle  muneri- 
busejus  Deo  ,  et  perillam 
defunctus  adhuc  loqui- 
tur. 

5.  Fide  Henoch  trans- 
latus  est  ne  videret  mor- 
tem, et  non  inveniebatur, 
quiatranstulitillum  Deus: 
ante  translationcm  enim 
testimonium  habuit  pla- 
cuisse  Deo. 

6.  Sine  fide  autem  im- 
possibile  e.-t  placere  Deo. 
Credere  enim  oportet  ac- 
cedentem  ad  Deum  quia 
est,  et  inquirenlibus  se 
renumerator  sit. 

7.  Fide  Noe',  response 
acceplo  de  iis  quae  adhuc 
non  videbantur,  metuens 
aptavit  arcam  in  salutem 
doraus   suae ,    per  quam 


■jJ^  3.  Gr.  litt.  en  sorle  que  les  clioses  visibles  n'ont  point  ete  formees  de 

choses  qui  fussent  visibles. 

■jf  4.  Parce  que  reconnoissant  Dieu  pour  le  createur  el  le  souverain  de  lou- 
tos  choses ,  il  lui  sacrifia  ce  qu'il  avoit  de  meilleur;  ce  que  ne  Gt  pas  son 
frere. 

Ibid.  Parle  feu  du  ciel  qu'il  fitdescendre  pour  consumer  son  sacrifice,  ou 
par  quelque  aulre  signe  cxlorieur  qui  fit  connoitre  ce  qui  est  remarque  dans 
I'Ecriture,  que  Dieu  avoil  regarde  favorablemenl  Abel  et  ses  prcsens. 

Ibid.  Car  sa  vie  sera  un  modele  de  piele  et  de  foi  pour  toutes  les  genera- 
tions. 

■\^5.   \oyez\a  Dissertation  sui^  Henoch,  torn.  i^'. 

y  6.  Et  ce  n'estque  par  la  foi  qu'on  peut  ^tre  assure  de  cette  verity*. 

y  7.   C'est  Ic  sen5  du  grec  :  x?i'i{A«'~t<j6£f,{. 


CBAPITRB  XI.  345 

dawDavit   uiuaduui  :   et  damna  le  inonde,'et  derint  heritier 

juslitiae,  quae   per    fidem  de  la  justice  qui  nait  de  la  foi. 
est,  heres  est  instilulus. 

8.     Fide    qui    vocalur         8.  Cast  par  la  foi  que  celui  qui  Gen.xu.i. 

Abraham ,  obedivil  in  lo-  a   recu  le   nom   d'Abraham'    obeit 

cum  exire,  quern  accep-  a  Dieu  ,  en  s'en  allant  dans  la  terre 

turuseratin  bereditatem:  qu'il  devoit  recevoir  pour  heritage; 

et    eiiit,     nesciens    quo  et   qu'il    partit    sans    savoir  oii    il 

iret.  alloit. 

g.  Fide  demoralus  est         g.  C'estparla  foi  qu'il  demeura 

in  terra  repromissionis,  dans  la  terre  qui  lui  avoil  ete  pro- 

tamquam  in  aliena,  in  ca-  mise  ,  commedans  une  terre  etran- 

sulishabitando,  cum  Isaac  gere,     habitant   sous    des  tentes  , 

et  Jacob,  coheredibus  re-  comme  firent  aussi  Isaac  et  Jacob, 

promissionis  ejuf-dem.  lieriliers  d'une  meme  promesse. 

10.  Expeclabal  enim  lo.  Car  il  attendoit  cette  cite 
fundamenta  habenlem  ci-  batie  sur  un  fondement  dont  Dieu 
vitatem  :  cujus  artifex  et  inerne  est  le  fondateur  et  I'archi- 
conditor  t)eus.  tecte.' 

11.  Fide   et   ipsa   Sara  ji.    C'est  aussi   par  la  foi    que  Gen.xvii.  ijj. 
sterilis  virtuteni  in   con-     Sara  etant  sterile  recut  la  vertu  de 
ceptionem  scminis  acce-     concevoir   dans   son   sein,  '  lors- 

pil ,  etiam  praeter  tempus  qu'elle    n'etoit  plus  en   age    d'en 

aetatis  :  quoniam  fidelem  avoir;  parce  qu'elle  crut  fidele  ce- 

credidit  esse  eum  qui  re-  lui  qui  le  lui  avoit  promis. 
promiserat. 

12.  Propter  quod  et  ab  12.  C'est  pourquoi  il  est  sorti 
uno  orli  sunt  (  et  hoc  d'un  homme  seul,  et  qui  etnit  deji 
emortuo),  tamqna  m  si-  comme  mort,'  une  posterile  aussi 
dera  coeli  in  multitudi-  nombrcuse  que  les  etoiles  du  ciel, 
nem,  et  sicut  arena,  quae  et  que  le  sable  innombrable  qui 
est  ad  oram  maris,  innu-  est  sur  le  bord  de  la  mer. 
merabilis. 

i3.    Juxta    fidem    de-  i3.  Tousceux-cisoot  raorts  dan3 

functi   sunt  omnes   isli ,  la  foi ,'  sans  avoir  recu  I'effet  des 

nonacceptis  repromissio-  promesses ;  mais  les  voyant ,  et  les 

nibus,  sed  a  longe  easas-  saluantdc  loin ,'  etconfessant  qu'ils 

•j^  7 .  Le  monde  iocredule  qui  se  inoquoit  de  sa  timide  precaution. 

y  8.  Au  lieu  de  celui  d'Abram  qu'il  porloil  auparavant. 

■jr  10.  La  celeste  partie  dont  la  terre  promise  n'etoit  que  la  figure;  ainsi 
il  sc  mel'.oit  peu  en  peine  de  s'^lablir  dans  la  terre  de  Chanaan,  qui  n'en  eloit 
que  la  Ugure. 

y  1 1 .  Grec  :  qu'clle  cut  un  fils. 

y  12.  Par  son  extreme  vielllesse. 

■jr  i3.  Y  ont  persevere  jusqu'a  la  fin. 

Ibid.  Us  etoient  persuades  qn^elies  s'aocompliroient  dans  la  pertonne  de 
)«ors  enfans. 


346 


EPITRE  DE  SAINT  PAUL  AUX  HKKREUX. 


etoienl  etrangers  et  voyageurs  sur 
la  terre/ 


picientes  ,  et  salutantes  ^ 
et    coiifitentes  quia  per- 
egrini    et    hospites    sunt : 
super  terrain. 

14.  Qui  enim  haec  di- 
cunt,  significant  se  pa- 
triain  inquirere. 

i5.  £t  si  quidem  ipsius 

memiuissent  de   qua  ex- 

ils  auroient  eu  assez  de  temps  pour     ierunt,   habebant  utique 


14.  Car  ceux  qui  parlent  de  la 
sorte  font  voir  qu'ils  cherchent 
leur  patrie.' 

i5.  Que  s'ils  avoient  eu  dans 
I'esprit  celle  dont  ils  etoient  sortis, 


Gen.  xxti.  i 
Eccli.  XXIV. 

21. 


y  retourner; 

16.  Mais  ils  en  desiroient  une 
ineilleure  ,  qui  est  la  patrie  celeste. 
Aussi  Dieu  ne  rougit  point  d'etre 
appele  leur  Dieu  ,  parce  qu'il  leur 
a  prepare  une  cite. 

17.  G'est  par  la  foi  qu'Abraham, 
lorsque  Dieu  voulut  le  tenter/  lui 
offrit  Isaac  son  fils  unique:  et  quoi- 
qu'il  eQt  recu  en  lui  les  promesses , 


Gen.\k\.  11.       18.  Et  qu'il  eQt  6te  dit  :'  C'est 
H  om.  IX.  7.      d'Isaac  que  sortira  la  race  qui  por- 
tera  votre  nom. 

ig.  Mais  il  pensoit  en  lui-meme 
que  Dieu  pourroit  bien  le  ressusci- 
ter  apr^s  sa  mort  :  et  ainsi  il  le  re- 
couvra  pour  servir  de  figure.' 

20 .  C'est  par  la  foi  qu'lsaac  donna 
•k  Jacob  et  a  Esaii  une  benediction 
Gen.  XLviii.    qui  regardoit  I'avenir. ' 
**•  21.  C'est  par  la  foi  que  Jacob, 

en  mourant,  benit  chacun  des  en- 


Gen.  XXV 11 

27.  39. 


tempus  revertendi  : 

16.  Nunc  autem  me- 
liorem  appetunt,  id  est, 
coelestem.  Ideo  non  con- 
funditur  Deus  vocari  Deus 
eorum  :  paravit  enim  illis 
civitatem. 

17.  Fide  obtulit  Abra- 
ham Isaac  cum  tentare- 
tur,  et  unigenitum  offe- 
rebat ,  qui  Susceperat  re- 
promissiones  , 

18.  Ad  quern  dictum 
est  :  Quia  in  Isaac  voca- 
bitur  tibi  seirien : 

19.  Arbitrans  quia  et  a 
mortuis  suscitare  potens 
est  Deus  :  unde  eum  et 
in  parabolam  accepit. 

20.  Fide  et  de  futuris 
benedixit  Isaac,  Jacob  et 
Esau. 

2 1 .  Fide  Jacob  ,  mo- 
riens,    singulos  filiorum 


•^  1 3.Se  regardanl  comme  tels  aa  milieu  de  celle  deChanaan  qui  leur  avoit 
ele  promise,  ils  souplroient  apres  leur  veritable  patrie ,  c'est-ci-dire  le  ciel. 

•^  Ik.  Puisqu'ils  se  regardaient  corame  etrangers  et  voyageurs  dans  leur 
propre  patrie. 

V"  1 7 .   C'est-^-dire  I'eprouver. 

■^  17.  et  18.  Gr.  autr.  C'est  par  la  foi  qu' Abraham  offrit  Isaac  ,  lorsque 
Dieu  voulut  le  XenXev  ou  V eprouv/er ,  et  qu'il  offrit  ce  fils  unique  sur  qui 
etoient  pass^es  les  promesses,  et  dont  il  lui  avoit  ete  dit :  C'est  d'Isaac ,  etc. 

■ji-  19.  II  lui  fut  rendu  comme  d'entre  les  morts,  en  figure  de  la  resurrection 
de  Jesus-Christ,  immole  par  la  volonlede  son  Pere  sur  I'autclde  la  croix. 

^20.  Qui  marquoit  cequi  dcToit  arrivcr  a  ces  deux  freres. 


CHAPITHE  XI. 


347 


Joseph  benedixit :  et  ado- 
ravit  fastigium  rirgaeejus. 


fans  de  Joseph,  et  qu'il  s'inclina 
profondement  devant  le  b3toa  '  de 
commaademeDt  que  portoil  son 
fiis.' 

a2.  Cest  par  la  foi  que  Joseph ,  Gen.  l.  a3. 
en  meurant,  parla  de  la  sortie  des 
enfans   d'lsrael  hors  de  I'Egypte ; 
et   qu'i!   ordoona  qu'on  en  trans- 
portat  ses  os. 

20.    Cest  par  foi   qu'apres  qne  Exod.  11.  2. 
Moise  fut  ne ,  son  p^re  et  sa  mere 


2a.  Fide  Joseph,  mo-, 
riens,  de  perfectione  fi- 
liorum  Israel  memoratus 
est ,  et  de  ossibus  suis 
inandavit. 

a3.  Fide  Moyses,  na- 
tus,  occultatus  est  nieu- 

sibus  tribus  a  parentibus     le  tinrent  cache  durant  trois  mois, 
suis,    eo  quod  vidissent     ayant  vu  que  c'etoit  unbel  enfant;'  Exod.  1.  17. 
elegantem  iofantem,    et     ils  n'appreheodferent  point  I'edit  du 
noDtimueruntregisedic-     r  o.' 
turn. 

34.  Fide  Moyses  grao- 
dis  factus  negavit  se  esse 
filium  filiae  Pharaoois, 


I 


aS.  Magis  eligens  af- 
fligi  cum  popuio  Dei, 
quam  temporalis  peccati 
habere  jucunditatem , 

26.  Majores  divitiasaes- 
timans  thesauro  .Egyp- 
tiorum   ,       improperium 


24.  Cest  par  la  foi  que  lorsque  Exod.  n.  ir. 
Moise  fut  devenu  grand  ,  il  renon- 
ca '  a  la  qualite  de  (lis  de  la  fille  de 
Pharaon,' 

25.  Et  qu'il  aima  mieux  etre  af- 
flige  avec  le  peuple  de  Dieu,  que 
de  jouir  du  plaisir  si  court'  qui  se 
trouve  dans  le  peche , 

26.  Jugeant  que  I'ignnminie  de 
Jesus-Christ  etoif  un  plus  grand 
tresor  que  toutes  les  richesses  de 


y  21.  Cest  ainsi  que  la  plupart  exprimeat  le  sens  du  grec  des  Septante, 
ici  et  dans  la  Genese ,  xlvii.  3r.  Quelques-uns  traduisent :  et  qu'il  adora 
Dieu,  e'tant  appuye  sur  son  Mton.  II  faut  remarquer  que  I'hebreu  ponctue 
par  les  rablns  porle  :  s'inclina  sur  lehautdu  lit  HliErT,  mais  le  saint  Ap6lre 

est  d'accord  avec  les  Septante  qui  ont  lu  riBSn  le  bdton. 

Ibid.  ReTprant  en  sa  personne  la  grandeur  et  I'autorit^  de  J^us-Christ, 
dont  Joseph  etoit  la  figure. 

V'  23.  Ayant  reconnu,  par  leur  foi,quecette  beaule  estraordinaire  etoit  un 
presage  de  sa  future  grandeur,  et  du  dessein  que  Dieu  avoit  des'en  servir  pour 
en  faire  le  chef  et  le  liberateur  de  son  peuple. 

Ibid.  Qui  ordonnoil  qu'on  jelAt  les  enfans  miles  dans  le  fleuve. — Quelques 
cremplaires  grecs  et  latins  inserent  ici  ce  verset :  Cest  par  la  foi  que  lorsque 
Moise  fut  devenu  grand  ,  il  tua  I'figyptien  ,  elant  louche  de  Thumiliation  de 
ses  freres. 

•f  ii.  Cest  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Laquelle  I'avoll  adopte. 

y  25.   Cest  le  sens  du  grec  :  Trsooxatpov  temporalem  jucunditatem- 


348 


EpItRE  DE  saint  PAUL  AUX  HEBREUX. 


Exod:. 


I'Egypte,  parce  qu'il  envisageoit  la 
recompense.' 

27.  C'est  par  la  foi  qu'il  quitta 
I'Egypte,'  sans  craindre  la  furcur 
du  roi ;  car  il  demeura  ferine/ 
comme  s'il  eut  vu  le  Dieu  invisible.' 

Exod.x11.11.  28.  C'est  par  la  foi  qu'il  celebra 
la  Piique  ,  et  qu'il  fit  I'aspersion  du 
sang  de  I'agneau  /  afin  que  I'ange, 
qui  tuoit  les  premiers  nes,  nc  tou- 
chut  point  aux  Israelites. 

29.  C'est  par  la  foi  qu'ils  passe- 
rent  au  travers  de  la  mer  Rouge  , 
comme  sur  la  lerre  ferme;  au  lieu 
que  les  Egypticns,  ayant  voulu 
tenter  le  meme  passage,  furent  en- 
gloutis  dans  les  eaux. 

30.  C'est  par  la  foi  que  les  mu- 
railles  de  Jericho  tombercnt  par 
terre,  apres  qu'on  cut  fait  le  tour 
sept  jours  durant. 

3i.  C'est  par  la  foi  que  Rahab, 
auparavantcourtisane,  ayant  sauve 
les  espions  de  Josue  qu'elle  avoit 
recus  chez  clle, '  ne  fut  point  enve- 
loppee  dans  la  ruine  des  incredu- 
les.' 

32.  Que  dirai-je  davantage  ?  Le 
temps  me  manquera,  si  je  veux 
parler  encore  de  Gedeon  ,  de  Ba- 
rac,  de  Samson,  de  Jephte,  de  Da- 
vid, de   Samuel  et  des  prophetes  , 

33.  Qui  par  la  foi  ont  conquis  les 


Jos.M.  20. 


Jos.  II.  3. 
Jac.  II. a 5 


Christi  :  aspicicbat  eaim 
in  remunerationem. 

27.  FidereliquitiEgyp- 
tum ,  non  veritus  animo- 

•  sitatem  regis  :  invisibilem 
enimtamquam  videnssus- 
tinuit. 

28.  FidecelebravitPas- 
cha,  et  sanguinis  effusio- 
nem  :  ne  qui  vastabat 
primitiva,  tangeret  eos. 

29.  Fide  transicrunt 
mare  Rubrum  tamquam 
per  aridam  terra m  :  quod 
expcrti  ^gyptii  devorati 
sunt. 

30.  Fide  muri  Jericho 
corruerunt,  circuitu  die- 
rum  septem. 

3i.  Fide  Rahab  merc- 
trix  non  periit  cum  in- 
credulis,  excipiens  explo- 
ratores  cum  pace. 


32.  Et  quid  adhuc  di- 
cam  ?  Deficiet  enim  me 
tempus  enarrantetn  de 
Gedeon,  Barac,  Samson, 
Jephte,  David,  Samuel  et 
prophetis: 

33.  Qui  per  fidem  vi- 


•^  26.  La  recompense  eternelle  que  recevroient  ceux  qui  auroient  le  bon- 
heur  d'jr  parliciper. 

•f  27 .  Lorsqu'il  en  fit  sorlir  tout  le  peuplcd'israel. 

Ibid.  Constant  dans  Tespdrance  du  bon  succes  de  son  entreprise. 

Ibid.  Qui  devolt  d^livrer  son  peuple. 

T?- 28.  Sur  toutes  les  portes  des  maisons  des  Israelites.  VoyezExod.  xii. 
11.  23. 

•^  Zi.  Litt.  ayant  recu  pacifiquement  les  espions  de  Josue. 

Ibid.  C'est-a-dire  des  habilaus  de  Jericho  ,  qui  ne  voulurent  pas  croire  , 
eomine  elle,  que  Dieu  fut  assez  puissant  pour  livrer  leur  rille  a  son  peuple. 


CHAPITREXI.  849 

ceruntregna,  operatisunl  royaumes , '  ont  accompli  les  de- 
justiliain,  adepti  sunt  re-  voirs  de  la  justice,'  ontrecu  I'efTet 
promissioncs,  obturave-  des  promesses,  ont  ferine  la  gueule 
runt  ora  leonum ,  des  lions  , ' 

54.  Extinxerunt  impe-  54.  Ont  arrete  la  violence  du 
turn  ignis,  effugerunt  a-  fen,'  ont  evite  le  tranchant  des 
ciem  gladii,  convalue-  epees,  '  ont  elegucris  de  leurs  ma- 
runt  de  inGrmitate  ,  for-     ladies,'  ont  etc  remplis  de  force  et 

de  courage  dans  les  combats,  ont 

mis  en  fuite  les  armees  des  ctran- 

gers,' 

35.  Et   ont  rendu  aux  femmes 

leurs  enfans  morls,   les  ayant  res- 

suscites. '  Les  uns  ont  ete  cruelle- 
distenli  sunt,  non  susci-  ment  lourmentes,' nevoulant  point 
pientes     redemptionem,     racheter   leur   vie    presenle ,    aOn 

d'en  trouver  une  meilleure  dans  la 

resurrection : 

56.  Les  aulres  ont    souffert  lea 

moqneries  et  les  fouets,'  les  chai- 

nes  et  les  prisons. ' 


tes  facti  sunt  in  bello, 
castra  verterunt  extero- 
rum  : 

55.  Acceperunt  mulie- 
res  de  resurrectione  mor- 
tuos    suos.     Alii    autem 


ut   meliorem    inveuirent 
resurrectionem  : 

56.  Alii  vero  ludibria 
et  verbera  experti,  insu- 
per  et  vincula  et  carce- 
res: 

57.  Lapidati  sunt,  secti  57.  lis  ont  ete  lapides,'  ils  ont 
sunt,  teutati  sunt,  in  oc-  ete  scies,'  ils  ont  ele  eprouves'  en 
cisione  gladii  mortui  toute  maniere,  ils  sont  morls  par 
sunt  :  circuierunt  in  me-  le  tranchant  de  I'epee  :  ils  eloient 
lotis,  in  pellibus  capri-  errans,  converts  de  peaux  de  bre- 
nis,  egentes,  angustiati,  bis  et  de  peaux  de  ohcvres,  elant 
afllicti  :  abandonnes,  affliges,  persecutes; 


y  33.  Tels  furent  Josa^,  Gedeon,  etles  aatres  qu'il  yient  de  nommer. 

Ibid.  De  la  \crtu. 

Jbid.  Cela  regarde  principalement  Samson,  David  et  Daniel. 

y  34.  Cela  regarde  les  trois  jeiines  Helireux  jetcs  dans  la  fournauc. 

Ibid.  Cela  peul  reganler  £lie,  tlisee,  Michee,  etc. 

Ibid.  Cela  pent  regarder  Job,  Ezcchias,  etc. 

Ibid.  Cela  peut  regarder  principalement  les  Macliabeea. 

y  35.  Cela  regarde  Elie  et  Eli*ee. 

Ibid.  Le  mot  grec  srjaTiavia^.jzv  peut  s'entendre  particulierement  de  la 
peine  du  tympanum  :  ce  qui  peut  regarder  le  vieillard  Eleazar.  Vojez  la  Dis- 
sertation sur  les  suppliccs,  torn,  in . 

y  36.  Cela  peul  regarder  les  sept  freres  Machabees,  etc. 

Ibid.  Cela  peut  regarJer  Jeremie,  etc. 

y  37 .  Cela  peut  regarder  Zacbarie  fils  de  JoTada,  etc. 

Ibid.  On  croit  quele  prophete  Isaie  souffritcesapplice.  Vojez  la  Disser- 
tation sur  les  supplices. 

Ibid.  Quelques  exemplaires  grecs  ne  lisoient  point  le  mot  (intpaad)!«av, 
exprimepar  te/Uaa*  ju/it;  et  quelques  interpretcs  croient  qu'il  a  pu  etre  mi» 
au  lieu  de  sTTfiofrr.oav,  qui  signifie  secti  sunt. 


36o  EPITRE   DE  SAINT  PAUL  AUX   HEBREUX 

58.  Ceux  dont  le  monde  n'etoit 


pas  digne  erroient  dans  les  deserts 
et  dans  les  montagnes,  et  se  reti- 
roient  dans  les  antres  et  dans  les 
cavernes  de  la  terre. 

59.  Cepeiidant  toutes  ces  per- 
sonnes,  a  qui  I'Ecriturerend  un  te- 
moignage'  si  avantageux  a  cause 
de  leur  foi ,  n'ont  point  recu  la  re- 
compense promise; 

40.  Dieu  ayant  voulu,  par  une 
faveur  singuliere  qu'il  nous  a  faite  , 
qu'ils  ne  repussent  qu'avec  nous 
raccomplissement  de  leur  bon- 
heur. ' 


58.  Quibus  dignus  nort 
erat  mundus  :  in  solitu- 
dinibus  errantes,  in  mon- 
tibus  et  speluncis ,  et  in 
cavernis  terrae. 

59.  Et  hi  omnes  testi- 
monium fidei  probati , 
non  acceperunt  repromis- 
sionem, 

40.  Deo  pro  nobis  me- 
lius aliquid  providente, 
ut  non  sine,  nobis  con- 
summarentur. 


fSg.  C'est  le  sens  du  grec. 

^40.  Leur  r&ompense  fut  dlff^ree  jusqu'apres  I'ascension  de  Jesus-Christ. 
Ce  delai  de  la  beatitude, qui  devoit  4tre  la  recompense  de  leur  foi,  ne  I'a  point 
diminuee  :  ils  ne  I'ont  pas  attendue  avec  moins  deconfiance;  ils  ne  I'ont  pas 
cherchee  avec  moins  d'ardeur  :  ils  regardoient  a  la  v^rite  celte  f^licite  comme 
^tant  encore  fort  eloignee  d'eux  ;  mais  cette  vue  ne  faisoit  que  les  animer  k 
une  plus  grande  patience,  et  qu'augmenter  le  m^rite  de  leur  fot 


•    CHAPITRE  XII. 

L'apdtre  se  sert  de  tous  ces  exemples  pour  exhorter  les  Hebreux  a  courir  avec 
patience  dans  la  carrierequi  leur  est  ouverle.  II  leur  propose  I'exemple  de 
Jesus- Christ ,  etinsistesur  un  texte  du  livredes  Proverbes.  TAcherd'avoir 
la  paix  avec  lout  le  monde ;  mais  en  m^me  temps  conserver  la  purete  de 
I'ame,  Combien  il  seroit  dangereux  d'abj^ndonner  I'alliance  divine. 


1.  Puis  done  que  nous  sommes 
environnes'  d'une  si  grande  nuee 
^om.  V1.4.  ^^  temoins,  '  degageons-nous  de 
Ephes.  ly.^i.  tout  ce  qui  nous  appesantit ,  et  des 
Col.  III.  8.  liens  du  peche  qui  nous  serrent  si 
X.  Petr.  11.  I.  etroitement,'  et  courons  par  la  pa- 

IV.  2. 


1.  Ideoque  et  nos  tan- 
tam  habentes  impositam 
nubem  testium  ,  depo- 
nentes  omne  pondus,  et 
circumstans  nos  pecca- 
tum,  per  patientiam  cur- 


■jj^  1 .  C'est  I'expression  du  grec  TCepwsi(Aevcv. 

Ibid.  Qui  nous  ont  precedes  dans  la  voie  de  la  foi ,  et  qui  y  ont  marchc 
constamment  nonobstant  toutes  les  difficultes  qu'ils  y  ont  rencontr^es. 

Ibid.  Gr.  autr.  degageons-nous  de  tout  le  poids  de  la  douleur  que  nous 
causent  les  tribulations ;  degageons-nous  des  piege.s  que  nous  tendV'\n^- 
delite  de  la  multitude  qui  nous  environne. 


ramus  ad  proposituui  no- 
bis certaraen  : 

a.  Aspicientes  in  auc- 
torei'i  fidei,  et  consum- 
matorem  Jesum  ,  qui , 
proposito  sibi  gaudio , 
sustinuit  crucem,  confu- 
sione  contetupta,  atque 
in  dextera  sedis  Dei  se- 
det. 

5.  Recogitate  enim  eum 
qui  talem  sustinuit  a  pec- 
catoribus  adTersum  se- 
metlpsum  contradictio- 
neui  :  ut  ne  fatigemini , 
anirois  vestrisdeficieotes. 

4.  Nondum  enim  us- 
que ad  sanguinem  resti- 
tislis,  adversus  pecratum 
repugnantes. 

5.  Et  obliti  estis  con- 
solatioais  ,  quae  Tobis 
tamquam  filiis  loquitur, 
dicens  :  Fili  mi,  noli  ne- 
gligere  disciplinam  Do- 
mini :  neque  fatigeris  dum 
ab  eo  argueris. 

6.  Quern  enim  diligit 
Dominus,  castigat :  fla- 
gellat  aulem  omnem  fi- 
lium  quern  recipit. 

7  In  disciplina  perse- 
verate  :  tanquam  filiis  vo- 
bis  offert  se  Deus  ;  quis 
enim  filiusquem  oon  cor- 
lipit  pater? 


CHAPITREXII.  35f 

tience  dans  ctte  carriere '  qui  nous 
est  ouverte , 

a.  Jetant  les  yeux  sur  Jesus, 
comme  sur  I'auteur  et  le  consom- 
mateur  de  la  foi ,  qui,  dans  la  vue 
de  la  joie  eternelle  qui  lui  etoit  pro- 
posee,'  a  souflFert  sur  la  croix,  en 
raeprisant  la  honte,'  et  qui  est 
maintenant  assis  a  la  droite  da 
trone  de  Dieu. 

5.  Pensez  done  en  vous-mSme* 
a  celui  qui  a  souffert  une  si  grande 
contradiction  de  la  part  des  pe- 
cheursqui  se  sont  eleves  contre  lui, 
afin  que  vous  ne  tous  decouragiez 
point,  etque  yous  netombiex  point 
dans  i'abattement. 

4.  Car  tous  n'arez  pas  encore 
resiste  jusqu'a  repandre  votre  sang, 
en  combattant  contre  le  pccbe. ' 

5.  Et  avez-Tous  oublie  cette  ex- 
hortation '  qui  s'adresse  a  vous, 
comme  etantenfans  de  Dieu  :  Men  Prw.  m.  it. 
fils,  ne  negligez  pas  le  chatiment  ^A'o<^«ui- »9' 
dont  le  Seigneur  vous  corrige;  et 
ne  vous  laissez  pas  abattre  lorsqu'il 
vous  reprend? 

6.  Car  le  Seigneur  chiitie  celni 
qu'il  aime,  et  il  frappe  de  verges 
tous  ceux  qu'il  recoit  au  aombre  de 
ses  enfans.  ' 

7.  Ne  vous  lassez  done  point  de 
souffrir  :  '  Dieu  vous  traite  en  cela 
comme  ses  enfans:  car  qui  est  I'en- 
fant  qui  ne  soil  point  chutie  parson 
pfere? 


•f  I .  C'est  le  sens  dn  grec ,  oa  la  proposition  ad  ne  se  trouve  pas. 

V^  a.  Quelques-uns  traduisent  ainsi  le  grec  :  qui  au  lieu  de  la  Tie  JranquiHe 
et  heureuse  dont  il  pouvoit  jouir,  etc. 

Ibid.  L'ignominie  atlacbee  a  ce  suppiice. 

f  4-  Comme  a  fait  Jesus-Cbrist ,  qui  a  sourfert  la  mort  pout  le  drlmire  en 
vous. 

f  5.  C'est  le  sens  du  grec. 

i  6.  C'est  le  sens  de  la  version  des  Septante. 

f  7.  Gr.  yi  vous  recevez  des  chAiimens. 


352 


IpiTRE  DE  SAINT  PAUL  AUX  HEBREUX. 


8.  Et  si  vous  n'etes   point  ch5-  . 
ties,   tous    les  autres  I'ayant  ete, 
vous  etes  done  des  batards,  et  non 
pas  de  vrais  enians. 

9.  Et  de  plus,  si  nous  avons  eu 
du  respect  pour  les  peres  de  notre 
corps,  lorsqu'ils  nous  ont  chalies, 
coinbien  plus  devons-nous  etre 
soumis  a  celui  qui  est  le  pere  des 
esprits,  afiu  que  nous  virions  ? 

10.  Car  quant  a  nos  peres,  ils 
nous  chalioient  comine  il  leur  plai- 
soit,'pai-  rapport  a  une  vie  qui  dure 
si  peu  ; '  mais  Dieu  nous  chutie  au- 
tant  qu'il  nous  est  utile,  pour  nous 
rendre  capables  de  participer"  a  sa 
saintete. 

1 1.  Or,  toutch3timent,lorsqu'on 
Ic  recoit  semble  elre  un  sujet  de 
trislesse  et  non  de  joie;  mais  en- 
suite  il  fait  recueillir  dans  une  pro- 
fonde  paix  le  fruit  de  la  justice  a 
ceux  qui  auront  ete  ainsi  exerces. 

12.  Relevez  done  vos  mains  lan- 
guissantes,  et  fortifiez  vos  genoux 
affoiblis. 

i3.  Conduisez  vos  pas  par  des 
voies  droites,  afin  que,  s'il  y  en  a 
quelqu'un  qui  soit  chancelant,'  il 
ne  s'ecarte  point  du  veritable  che- 
min ,'  mais  plutot  qu'il  se  redresse.' 
Rom.xu.  18.  i4.  Recherchez  la  paix  avec  tout 
le  monde,  et  la  saintete' sans  la- 
quelle  nul  ne  verra  Dieu. 


8.  Quod  si  extra  disci- 
plinam  estis,  eujusparti- 
cipes  facll  sunt  omnes  : 
ergo  adulleri ,  et  non  filii 
estis. 

9.  Deinde  patres  qui- 
dem  carnis  nostrse,  eru- 
ditores  habuimus ,  et  re- 
verebamureos:  non  mul- 
to  magisobtemperabimus 
Palri  spirituum ,  el  vive- 
mus? 

10.  Et  illi  quidem  in 
tempore  paucorum  die- 
rum,  secundum  volunta- 
tem  suam  erudiebant  nos: 
hie  autem  ad  id  quod  uti- 
le est  in  recipiendo  sanc- 
tificationem  ejus. 

ii.Omnis  autem  dis- 
ciplina  ,  in  praesenti  qui- 
dem videtur  non  esse 
gaudii ,  sed  mceroris : 
postea  autem  fructum  pa- 
calissimum  exercilatisper 
earn  reddet  justitiae. 

12.  Propter  quod  re- 
missas  manus  et  soluta 
genua  erigite, 

1 3.  Et  gressus  rectos 
faeite  pedibus  vestris  :  ut 
non  claudicans  quis  er- 
ret,  magis  autem  sane- 
tur. 

\^.  Pacem  sequimiui 
cum  omnibus  etsanctimo- 
niam,  sine  qua  nemo  vi- 
debit  Deum : 


■j^  ro.  N'ayant  quelquefois  en  cela  d'autre  regie  que  leur  passion  et  leur 
caprice. 

Ibid.  Pour  nous  former  k  la  vie  civile. 

Ibid.  Autr.  pour  nous  rendre  participans  de  sa  saintete. 

y  1 3.  Mai  affermi  dans  la  foi. 

Ibid.  Gr.  autr.  il  ne  se  laisse  pas  renverser. 

Ibid.  Qu'il  s'affermisse  de  nouveau ,  y  etant  excite  par  voire  exemple. 

f  i^.Le  grec  tov  aftaau-bv  pent  signifier,  la  puret^,  la  cbastat^. 


CHAPITRE    Xll.  360 

i5.  Contemplantes  ne         i5.  Prenez  garde  que  personne 

quis  desit  gratiae  Dei  :  ne  ne  manque  a  la  grace  de  Dieu  , '  de 

qua    radix    amaritudinis  peur  que '  quelque   racine  amere, 

sursum  germinans  impe-  poussant  en  haut  ses  rejelons  ,  n'e- 

diat ,  et  per  illaui  inqui-  toufle    la   bonne  semence,'  et  ne 

nentur  niulli.  souille  I'ame  de  plusieurs. ' 

16.  Ne  quis  fornicator,  16.    Qu'il   ne    se   trouve   parmi 
aut   profanus    ut    E.«au,  vous  quelque  fornicateur,' ou  quel- 

qui  propter  unam  escam  que    profane,    conime   Esaii  ,    qui  Gc/i. xxt.33. 

Tendidit  primitiva  sua.  vendit  son  droit  d'ainesse  pour  un 

seul  plat. ' 

17.  Scitote  enim  quo-         17.  Car  vous  savez  qu'ayant  de-  Gen.  xxvu. 
niam    et    postea  eupiens  puis  desire  d'avoir,  comrae  premier  3S. 
hereditare       benedictio-  heritier,  la  benediction  deson  perc, 

nam,  reprobatus  est :  non  il  futrejete;  et  il  ne  put   lui  faire 

enim  invenit  poenitcntijB  clianger   de   resolution, '  quoiqu'il 

locum,  quamquam  cum  Ten  eQt  conjure  aYec  larmes.  ' 
lacrymis  inquisisset  earn : 

18.  'Son  enim  accessis-  18.  Car  vous  ne  yous  etes  pas  Exod  xix. 
tis  ad  tractabilem  mon-  approches  '  d'une  montagne  mate- ^*- "•  *'• 
tern,  et  accensibilem  ig-  rielle  ,  d'un  feu  brulant.  d'un  nuage 

nem,  et  lurbinem,  et  ca-  obscur  et  tenebreux,  de  tempeles 

liginem  ,  et  procellam,  et  des  eclairs  , 

19.  Et  tubae  sonum,  et         19.  Du  son  d'une  trompette,  et 
Tocem  verborum,  quam  du  bruit  d'une  voix  qui  etolt  telle, 


y  i5.  N'abandonne  la  foi. 

Ibid.  Ou  p]ul6t :  Pi-enez  garde  tfue,  etc. 

Ibid.  Quelques-uns  conjeclurenl  qu'au  lieu  du  mot  grec  itcylr,,  rendu  par 
hnpediat,  il  faudrait  lire,  it  yO.i,,  qui  signifie  infelle,  selon  I'eipression du 
Deut.  XXIX.  iS.  ,  d'oii  cette  parole  paroit  etre  emprunlee  :  c'est-a-dire ,  que 
quelque  racine  amere  ne  pousse  en  baut  des  rejetons  de  flel ,  et^we  itnjide- 
Ute,  etc. 

Ibid.  En  les  entrainant  par  le  mauTais  exemple. 

-f  16.  Dans  TEcriture ,  la  fornitatlon  signifie  souTent  Tinfidclite  de  Tame 
qui  s'attatbe  aox  creatures  :  il  y  a  lieu  de  penser  que  I'ApAlre  I'entend  ici  en 
ce  sens.  Voyez  I'aualyse. 

Ibid.  Qui  prt'fera  ainsi  le  plaisir  de  se  rassasier  pour  un  moment,  a  la  be- 
nediction de  son  pere  qui  deToit  le  reudre  beureux  pour  toute  sa  vie. 

y  1 7.  Le  porter  a  revoquer  en  sa  faveur  ce  qu'il  avoil  fait  pour  Jacob. 

Ibid.  Prenez  done  garde  qu'il  ne  se  Irouve  aussi  parmi  vous  quelqu'un  qui 
soit  assez  malbeureux  pour  pr^ferer  les  plaisirs  passagers  et  les  biens  peris- 
sables  de  cc;te  vie,  aux  benedictions  ct'Iestes  qui  le  regardenl  comme  enfant 
de  Dieu.  de  peur  qu'aprcs  avoir  renonce  a  celte  qualite  pour  consencr  ces 
avanlages  lemnorels ,  il  ne  puisse  plus  recouvrer  son  droit,  ni  engager  Dieu  a 
lui  donner  part  a  an  bonbeur  qu'il  auroit  si  pen  estime. 

y^  1 8.  Comm*  cent  qiii  re^arenl  la  loi  anciCTine. 

a5.  -ih 


354 


KPMKE  l)i:  SAJiM   I'AliL  AUX  HEBREllX. 


Exod.  xrx. 
r3. 


que  ceux  qui  reutendireul  supplie- 
reut  qu'on  neleurparlat  plus." 

20.  Car  ils  ne  pouvoienl  porter 
ia  rigiieur  dc  cette  menace  :  Que  si 

.  une  bete  meme  touchoit  ia  monta- 
gne  ,  elle  seroit  lapidee. ' 

21.  Et  ce  qui  paroissoit  etoit  si 
terril)le,  que  Moise  dit  lui-meme  : ' 
Je  suis  treinblant  et  saisi  d'etfroi. 

22.  Mais  vous  vous  etes  appro- 
ches  de  la  montagne  de  Sion  ,  de  la 
vilie  du  Dieu  vivant,  de  la  Jerusa- 
lem celeste,  d'une  troupe  innom- 
brable  d'anges, 

25.  De  I'assemblee  et  de  I'Eglise 
des  premiers-nes '  qui  sont  ecrits 
dans  le  ciel ,  de  Dieu  qui  estle  juge 
de  tous,  des  esprits  des  juslesqui 
sont  dans  la  gloire  ;' 

24.  De  Jesus  qui  est  le  mediateur 
de  la  rtouvelle  alliance,  et  de  ce 
sang'  dont  on  a  fait  I'aspersion  ,  ' 
qui  parle  plus  avantageusement 
que  celui "  d'Abel. ' 

25.  Prenez  garde  de  mepriser  ce- 
lui qui  vous  parle;  car  si  ceux  qui 
ontmoprise   celui  qui  leur  parloit 


qui  audierunt,  excusave- 
runt  se,  ne  eis  fieret  ver- 
bum. 

20.  Non  enim  porta- 
bant  quod  dicebatur  :  Et 
si  beslia  teligerit  moh- 
tem,  lapidabitur. 

21.  Et  ita  terribile  erat 
quod  videbatur  :  Moyses 
dixit  :  Exterritus  sum,  et 
Iremebundus. 

22.  Sed  accessistis  ad 
Sion  montem.  et  civita- 
lem  Dei  viventis,  Jerusa- 
lem coelestem  ,  et  multo- 
rum  millium  angelorum 
I'requentiam  : 

23.  Et  Ecclesiam  pri- 
mitivorum,  qui  conscrip- 
ti  sunt  in  ccelis,  et  judi- 
cem  omnium  Deum,  et 
spiritus  justorum  perfec- 
torum, 

24.  Et  testamenti  novi 
mediatorem  Jesum ,  et 
sanguinis  aspersionem 
melius  loquentem  quam 
Abel. 

25.  Videte  ne  recusetis 
loquentem.  Si  enim  illi 
non  effugerunt.  recusan- 


y  19.  Mais  que  Dieu  leur  fil  connoilrc  ses  volontes  par  Moise. 

y  20.  Lc  grec  imprime  ajoute :  ou  percce  d'un  dard.  Cela  est  dans  le  texle 
dt;  I'Exode  ,  xix  ,  i3. 

•^  2  r.  On  suppose  que  celte  parole ,  qui  ne  se  trouve  point  dans  les  livres  de 
Moise,  avoit  ete  conservee  par  Iradilioa.  Peut-^tre  que  saint  Paul  fail  allusion 
a  ce  quiest  rapjprtedansleDeuteronome,  ix.  19. ,  ou  la  Vulgate  di  t :  Timiti 
enim ,  et  ou  la  version  des  Seplante  dit  comme  iii :  Extenitus  sum. 

y  i3.  C'est-a-dire  des  elus. 

Ibid.  A  la  lettre  <;t  selon  le  grec  :  qui  sont  consommes. 

■jf^  24.  Le  sang  adorable  qu'il  a  repandu  sur  la  croix. 

Ibid.  Sur  nous  dans  noire  bapl^me. — ^C'est  !a  construction  du  grec  :  el 
saiiquinem  asjiersionis  melius  lotjuentem ,  etc. 

Ibid.  C'esl  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Pulsqu'il  demande  i  Dieu  misericorde  pour  nous,  au  lieu  que  celui 
d'Abel  dcmandoil  vengeance  centre  son  frere. 


CHAPITRE   \II. 

sur  la    terre  '   n'oot 


3.5o 


leseuin  qui  super  tenau)  sur  la    terre     n  oot    pu     eviier  la 

loquebalur  :  uiuito  magis  peine,   nous  pourrons  bien  moins 

nos,  qui  tie  coeli?  loquen-  I'eviter,  si  nous  rejetons  celui  qui 

teui  nobis  avertiimis  :  nous  parle  du  liel; 

a6.  Cujus  vox    moTit         26.  Lui  dont  la  voix  alors  ebran- 

terram  tunc:  nuncautem  la  la  terre,  et  qui  maintenant  de- 

repromiltit,  dicens  :  Ad-  clare  ce  qu'il  doit  faire,  en  disanl : 

htic  seinel,  ct  ego  move-  J'agirai  encore  une  iois,'  et,  non-  Jgg.  u.  7. 

bo   non    solum    terrain ,  seulement  j'ebranlerai    la    terre , 

sed  et  coelum.  mais  le  ciel  meine, 

27.  Quod  auteui,  ad-  27.  Or,  en  disant  :  encore  une 
hue  semel  ,  dicit  :  decia-  fois,  il  declare  qu'il  fera  cesser  les 
rat  noobiliutn  translalio-  choses mobiles,  corame  etant  faites 
nein  tanquain  factorum,  seulement  pour  un  temps  ,  afin  que 
ut  maneant  ea  qua*  sunt  celles  qui  sont  immol)iles  demeu- 
immobilia.  rent  pour  toujours. 

28.  Itaque  regnum  im-  28.  C'est  pourquoi,  commencant 
mobile  suscipientes,  ha-  deja  a  posseder'  ce  royaume  qui 
bemusgratiam  :perquara  n'est  sujet  it  aucun  changement, 
serviamus  placentes  Deo,  conservons'  la  grace,  par  laquelle 
cum  metu  et  reverentia.  nous  puissions  rendre  a   Dieu  un 

culte  qui   lui  soit  agreable  ,   etant 
accompagne  de    respect  et  d'une 
sainte  frayeur ;' 
39.  Etenim  Deus  nos-         29.  Car  notre  Dieu   est   un   feu  D««t  iv.  a4. 

ter  ignis  consumens  est.  devorant. ' 


■^  15.  L'ange  qui  !eur  parloit  de  la  part  de  Dieu.  —  C'est  le  sens  du  grec  : 
qui  leur  parloit  sur  la  terre  de  la  part  de  Dieu. 

ya6.  C'est  I'expression  de  la  version  des  Septante  ,  et  ITi^breu  y  est  con- 
forme. 

^^  aS.Parlafoi. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec :  habeamus  gmiiam.  La  Vulgate  lit :  hal>emtu^ 
c'est-a-dire  .  nous  avons  la  grace ,  etc. 

Ibid.  Gr.  aulr.  de  puJeur  et  de  res[>ect. 

y  29.  Qui  nous  consumera  ctemellement,  si  nous  ne  lui  sommes  Bd^les,  et 
si  nous  n'observons  exactement  tout  ce  qu'il  nous  ordonne. 


356 


EPITHE  DK  SAINT  PAUL  kVX  HEBREUX. 


CHAPITRE  XIII. 


L'Ap6tre  continiie  de  donner  aux  Hebreux  quelques  avis  parliculiers.  Il  le» 
console  de  la  peine  qu'ils  avoient  de  se  voir  cliass('-s  de  la  synagogue.  II  de- 
mande  aux  Hebreux  le  secours  de  leurs  prieres.  Priere  admirable  qu'il  fait 
lui-ni^me  pour  eux.  Conclusion  de  celte  epitre. 


1.  CoNSERVEz  toujours  la  charite 

envers  vos  freres , ' 
^oTO.xn.  i3.       2.  Et  ne  negligez  pas  d'exercer 
X.  Pe/r.iv.  9.  I'liospilalite  ;  car  c' est  en  la  prati- 
Gen.x\'in.  3.  quant  que   quelques-uns   ont  recu 
XIX.  a.  pour  botes  des  angos  sans  le  sa- 

voir/ 

3.  Souvenez-vous  aussi  de  ceux 
qui  sont  dans  les  chaines ,  comma 
si  vouseliez  vous-memes  enchaines 
aveceux;  et  de  ceux  qui  sont  af- 
fliges,  comme  etant  vous-memes 
dans  un  corps  mortel.' 

4.  Que  le  mariage  soit  traite  de 
tons  avec  honnetete ;  et  mie  le  lit 
nuptial  soit  sanslache;  car  Dieu 
condamnera  les  fornicateurs  et  les 
adulteries. 

5.  Que  votre  vie  soit  exempte 
d'dvarice  :  soyez  contens  de  ce  que 

Jos.  I.  5.  vous  avtz;  puisqu'il  dit:  Je  nevous 
lai.sserai  point,  et  je  nc  vous  aban- 
donnerai  point,' 

6.  C'est    pourquoi  nous   disons 
Ps.ctviuB.    avec  confiance  :    Le  Seigneur   est 

mon  secours;  je  ne  craindrai  point 
ce  que  les  hommes  pourront  me 
fa  ire. 

7.  Souvenez-vous  de  vos   con- 


1.  Cbauitas  t'ratcrnita- 
tis  maneat  in  vobis  : 

2.  Et  bospilalitatem 
nolite  oblivisci  t  per  banc 
enim  latuerunt  quidam, 
angelis  bospitio  receplis. 

3.  Mementote  vincto- 
rum ,  tanquam  simul 
vincti,  et  laborantium  , 
tanquam  et  ipsi  in  corpo- 
re  morantes. 

4.  Honorabile  connu- 
bium  in  omnibus,  et  tbo- 
rus  immacuiatus  :  forni- 
catoros  enim  et  adulteros 
judicabil  Dens. 

5.  Suit  mores  sine  ava- 
ritia,  contenli  prajsenti- 
bus  :  ipse  enim  dixit  : 
Non  te  dcseram,  neque 
derelinquani  : 

6.  Ila  ut  confidenter 
dicainus  :  Dominus  mibi 
adjutor:  non  timeboquid 
taciat  mibi  bomo. 

7.  Mementote   praepo- 


y-  r.  C'est  un  des  premiers  preceptes  de  la  loi. 

•jf^  2.  Comme  Lot,  Manue  etsa  femme,  etc. 

-^  3.  Sujel  aux  m^mes  peines  et  aux  memes  infirmit^s. 

y^  5.  Ne  vous  defiez  done  point  de  la  providence  de  Dieu. 


CHAPITRE    XIII.  867 

titonim  vestrorum,   qui     ducteurs,'  qui  vous  ont  preche  la 
vobis  locuti  sunt  verhum     parole    de    Dieu  ;    et    considerant 

quelle  a  ete  la  fin  de  leur  vie ,  iini- 

tez  leur  foi- ' 


Dei  :  quorum  intuentes 
exilum  conversalioiiis  , 
imilamiiii  fi>lcni. 

8.  Je-sns  Chri.xlus  heri , 
el  hodie:  ipse  et  in  secula. 

9.  Doctrinis  variis  et 
peregriui?  nolite  abduci. 
Opiiniuniest  eniin  gratia 
stabilire   cor,  non  escis  : 


ID.    Habemus   altare  , 
de  quo  cdere  non  habent 


8.  Jesus-Cbrist  etoithier,  il  est 
aujourd'bni.  et  il  sera  le  meme 
dans  tons  les  siedes.' 

9.  Ne  vous  lais.»ez  point  empor- 
ter  a  une  diversite  d'opinions  et  a 
des  doctrines  elrangeres;'  car  il 
est  bon  d'afiFerinir  son  coeur  par  la 

non  profuerunt  ambulan-     grace,  au  lieu  de  s'appuyer  sur  des 

tibus  in  eis.  discernemens  de  viandes  qui  n'ont 

point  serTi  a  ceux  qui  les  ont  ob- 
serves. ' 

10.  Nous  avons  un  autel'dont 
ceux  qui   rendent  encore  un  cult& 

poteslalein  ,  qui  laberna-     au  tabernacle'  n'ont  paspouvoir  de. 

culo  deserriunt.  manger.  Lev.  xsu 

11.  Quorum  enim  ani-  11.  Car  les  corps  des  animaux, 
inalium  infertur  sanguis  dont  le  sang  eloit  porle  par  le  sou- 
pro  peccato  in  Sancta  verain  pontife  dans  le  sancluaire 
per  ponlificem,  borum  pour  I'expiation  du  peche ,  sont 
corpora  cremantur  extra     brules  hors  le  camp. 

castra. 

12.  Propter  quod  et  12.  El  c'est  pour  celte  raison' 
Jesus,  ut  santlificaret  per  que  Jesus-Christ  devant  sanctifier 
suuin  sanguinem  popu-  le  peuple  par  son  propre  sang  ,  a 
lum, extra  porlam  passus     soufiert  hors  de  la  porte. ' 

est. 

i3.  Exeamus  igitur  ad         i5.  Sortons  done  hors  du  camp;' 


T^  7 .  C'est  I'expresslon  du  grec. 

Ibid.  Ne  vous  laisscz  point  ebranler  non  plus  qu'eux  par  ia  persecution  et 
par  les  lourmens. 

^  8.  Toujours  imtnuable  dans  ses  qu.nlites,  dans  sa  doctrine.  —  Gr.  aulr. 
Jesus-Clirist  est  aujourd'liuide  memequ'il  ctoit  hier;  el  ilsera  le  memediaa 
tous  les  si'xles.  ' 

■j^  9.  DifFerenles  decelies  qa'on  vous  a  annoncees  de  )a  part  de  Jesus-Christ. 

Ibid.  El  qui  ne  vous  sersironl  de  rien  non  plus  a  vous  pour  voire  sanclifi- 
cation . 

•f  10.  Un  autel  sur  leqiiel  Je'sus-Chrisi  ineme  est  offer%  comme  la  vie-' 
time  qui  peul  seule  nous  sanciijier. 

Ibid.  Dans  le  lemple  des  juifs  de  Jerusalem. 

•f  1 2 .  Pour  rempHr  cetle  fiuure. 

Ibid.  Hors  de  la  ville  de  Jerusalem. 

^  i3.  Quittont  la  synagogue,  loa  temple .  si-s  facriiices. 


"358 


EPITKE  DE  SAINT  PAUL  AUX  HEBREUX. 


etallons  a  Jesus-Christ,  enportant 
rignominie  de  sa  croIx  ' 
Mich.u.  10.  i4-  Clar  nous  n'avons  point ici  dc 
ville  perraanente;  mais  nous  cher- 
chons  celle  oCi  nous  devons  habiter 
un  jour. ' 

i5.  Offrons  done  par  lui  sans 
cesse  c\  Dieu  une  liostie  de  louange, 
c'est-a-dire  le  fruit  des  levrt-s"  qui 
rendent  gloire  a  son  nom. 

16.  Souvenez-vous  d'exercer  la 
charite  ,  et  de  faire  part  de  vos 
biens"  aux  autres;  car  c'est  par  de 
semblables  hosties  qu'on  se  rend 
Dieu  favorable. 

17.  Obeissez  a  vos  conducteurs  ,' 
et  demeurez  soumis  a  leurs  ordres, 
afin  qu'ainsi  qu'ils  veillont  pour  le 
bien  de  vos  aines,"  comme  devant 
en  rendre  compte  a  Dieu,  ils  s'ac- 
quiltent  de  ce  devoir  avec  joie,  et 
non  en  gemissant;  ce  qui  ne  vous 
seroit  pas  avanlageux. 

18.  Priez  pour  nous,  car  nous 
croyons,  selon  le  temoignage  que 
notre  conscience  nous  rend,  que 
nous  n'avons  point  d'aulre  desir 
que  de  nous  conduire  saintement 
en  toutes  choses. 

ig.  Et  je  vous  conjure  de  le  faire 
avec  une  nouveile  instance,  afin 
que  Dieu  me  rende  plus  lot  a  vous. 

20.  Que  le  Dieu  de  paix  ,  qui  a 


euin  extra  castra,  impro- 
perium  ejus  portantes- 

14.  Non  enimhabemiis 
hie  manentcm  civitatein , 
sed  futuram  inquirimus. 

i5.  Per  ipsum  ergo  of- 
feramus  hostiam  laudis 
semper  Deo,  id  est,  fruc- 
lum  labiorum  confiten- 
tium  noniini  ejus. 

16.  Beneficentiae  autem 
et  eommunionis  nolile 
oblivisci  :  talibus  enim 
hostiis  promeretur  Deus. 

17.  Obedite  proposilis 
vestris,  et  subjacele  eis  : 
ipsi  enim  pervigilant , 
quasi  rationem  pro  ani- 
mabus  vestris  reddituri  : 
ut  cum  gaudio  hoc  £ia- 
ciant,  et  non  gementes  : 
hoc  enim  non  expedit  vo- 
bis. 

18.  Orate  pro  nobis  : 
confidimus  enim  quia  bo- 
nam  conscientiam  habe- 
mus  in  omnibus  bene 
volentes  conversari. 

ig.  Amplius  autem  de- 
precor  vos  hoc  facere  , 
quo  celerius  restituar  vo- 
bis. 

20.  Deus  autem  pacis, 


^  1 3.  La  confusion  d'adorer  et  de  suivreun  Dieu  crucifie. 

•^  14.  Cette  Jerusalem  celeste, dont  la  J«^riisalemd'ici-bas  n'est  quel'ombre 
el  la  figure,  et  dans  laquelle  nous  ne  pouvonsentrer  que  par  Jesus-Clirist  et 
avec  Jesus-Christ. 

■j-  1 5.  Ceci  peut  s'entendre  du  sacrilice  eucharislique.  Voyezcequi  en  est 
ditdansl'analys.e. 

if  16.  C'est  le  sens  du  grec. 

>'^  1 7.  C'est  I'expression  du  grec. 

Ibid.  C'est  la  construction  du  grec  :  Ipsi  enim  pervigilant  pro  animabus 
vestris,  quasi  rationem  reddituri.  Autrement  el  i  la  lellrc:  Car  ils  veil 
lent ,  p!c.  ;  obeissez-letir  done,  afin  qu'il?  s'a<:quiu<iit. . . 


qui  eiluxit  de  uiorluispas- 
torein  magnum  ovium. 
in  sanguine  testamenti 
jeterni ,  Dominum  nos- 
trum Jesum  Christum, 

21.  Aptet  vos  in  omni 
bono,  ut  faciatis  ejus  vo- 
luntatera  :  faciens  in  vo- 
bis  quod  placeat  coram  se 
per  Jesum  Christum  :  cui 
est  gloria  in  secula  secu- 
lorum.  Amen. 

aa.  Rogo  autem  vos, 
fratres  ,  ut  sufferatis  ver- 
bum  solatii.  Etenim  per- 
paucis  scrips!  vobis. 

23.  CognoscJte  fratrem 
nostrum  Thimotheum  di- 
missum  :  cum  quo  (  si 
celerius  venerit  )  videbo 
vos. 

24-$alutate  omnes  prae- 
positos  vestros,  et  omnes 
sanctos.  Salutant  vos  de 
Italia  fratres. 

25.  Gratia  cum  omni- 
bus vobis.  Amen. 


lAPITRE  XIII.  3.5;> 

ressuscite  d'enlre  les  morts  Jesus- 
Christ  notre  Seigneur,  qui,  par 
le  sang  du  testament  eternel  ,  est 
devenu  le  grand  Pasteur  des  bre- 
bis , 

21.  Vons  rende  disposes  a  loute 
bonne  ceuvre,'  afin  que  vous  fas- 
siez  sa  volonte ,  lui-meme  faisani 
en  vous  ce  qui  lui  est  agreable 
par  Jesus  -  Christ  ,  auquel  soit ' 
gloire  dans  les  si(;cles  des  siecles. 
Amen. 

22.  Je  vous  supplie ,  mes  fr^res, 
d'agreer  ce  que  je  vous  ai  dit  pour 
vous  consoler,  ne  vous  ayant  ecrit 
qu'en  peu  de  mots. ' 

20.  Sachez  que  notre  frere  Ti- 
mothee  est  en  liberie;  et  s'il  vient 
bientot  ici ,  j'irai  vous  voir  avec 
lui. 

24-  Saluez  lous  ceux  qui  vous 
conduisent  et  tous  les  saints. '  Nos 
freres  d'ltalie  vous  saluent. 

25.  Que  la  grace  suit  avec  vous 
tous.  Amen.' 


y^  v>  I .  Le  mot  o/ieiv  est  exprim^  dans  \e  gree. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec  ,  qui  porte  simplement :  cui  gloria,  etc. 

■f  22 .  Par  rapport  a  la  muhitude  des  choses  que  j'atois  k  tous  dire,  et  a  In 
grandeur  des  mysteres  quej'avois  a  trailer. 

V  24 .  Tous  les  cbreliens  qui  sonl  parmi  vous. 

■jf  25.  Les  esemplaires  grecs  porlentici  :  Ek;rile  d'ltalio  aux  Hebreux  par 
I'entremise  de  Timoih^e  en  -o>  versets. 


PREFACE  GENERALE 

SUR 

LES  EPITRES  CA.NONIQUES. 


Remarqucs  Qj,  appelle  ipitres  canoniqucs  ,  ou  calhohques,  les  sept  ept- 

surlenomde,  ^   ■■  *  ^    ,       ^  i  -i  i  >  ii        j  •    ^ 

cescpitrcs.       ^^^  ^"^  ^^  trouvent  dans  nos  bibles  apres  celles  de  saint 

Paul;  savoir,  I'epUre  de  saint  Jacques  le  Mineur,  les  deux 

de  saint  Pierre  ,  les  trois  de  saint  Jean,  et  celle  de  saint 

Jude.  Le  nom  de  canoniques^ ,  qu'on  Icur  donne  ,  pourroit 

marquer  qu'ellcs  conliennent  ties  regies  imporlanles  pour 

laconduiie  des  mosurs,  et  des  instructions  sur  les  malieres 

de  la  foi.  Le  mot  grec  y.avwv  canon,  d'ou  derive  celui  de 

'  canonique,  signifie  proprement  une  regie.  Mais  peut-etre 

n'ont-elles  ele  nommees  canoniques  que  parce  qu'elles  sent 

rcnfermees  dans  le  canon  des  divines  Ecritures. 

On  les  appelle  d^wssi cathoUques'^ ,  et  ce  nom  leur  estaf- 
fecte  plus  communement  parmi  les  anciens.  C'est  a  pea 
pres,  dit  Theodoret^  comme  qui  divo'ii  epkres  circulaires, 
parce  que,  n'elantenvoyees  a  aucune  egliseen  parliculier, 
elles  sont  communes  a  toutes  celles  qui  professentla  foi 
de  Jesus-Christ,  ou  du  moins  a  celles  qui  etoienl  compo- 
sees  de  Juifs  convertis  au  christianisme  ,  et  repandus  alors 
dans  presque  toutes  les  parties  du  monde ;  a  quoi  fait  al- 
lusion le  nom  de  calhoUque  ,  qui  signifie  proprement  uni- 
Tersel.  Les  Orientaux  appellent  le  livre  qui  contient  ces 
epitrcs,  Catholicon  ou  CalhoUque  ;  et  quand  ils  en  citcnt 
quelques-unes  ,  ils  disent,  par  exemple,  Saint  Pieire  ^  dans 
le  Catholicon. 


'  Concil.  Laodicen.  can.  60.  Cassiodor.  de  Institut.  Diuin.  Liu.  cap.  8. 
Hieron.  sen  alius  Prolog,  in  cpist.  cnnovicas.  —  ^  Ita  P aires  passim.  • — 
''  Prolog.  Jlieodorct..  in  epist.  cnlholic.  in  edit.  Roberti  Sieph.  KaO'JXwai 
Xs-j'OVTai  aiirat,  iaovsl  STX.ujc/.ict,  ou  -yap  dcpopK7t/.svu;  I'Qvei  hi,  r  ttoXe'.,  wc  0  Oetc; 

IlauXo?, oil/.a  >ca6o'Xou  toI;  ■Tiiaroii  viroi  i&u^aioi;  toI?  ev  rf  ^ladiro- 

fa,  «;  riETfcc,  %  -Af).  775(7'.  Tot{{)7rb  TTv  ucOttiv  TTiffTtv  Xpt(motvbt{  TiXoHai. 


PREFACE  SLR  LES  EpixRES  CA>0!IIQUES.  36  1 

L'ordre  que  ces  epitres  tiennent  enlre  elles  n'a  pas  ete     Remapqaei 
unifornie,  parliculierement  panni  les  Latins.  L'auteur  du  surl'arrange- 
prologue  que  Ion  a  sur  les  epilres  canoniques,  prologue  ?^"^  ^*** 
que  les  imprinies  et  plusieurs  manuscrits  attribuent  a  saint 
Jerome,  ct  que  plusieurs  savans'  iui  conteslent,  pendant 
que  d'autres^  souliennent  qu'il  est  delui;  cet  auteur,  quel 
qu'il  soit,  nous  apprend  que  les  Grecs  catholiques  et  or- 
thodoxes  les  rangeoient  autrement  que  les  Latins^,  ll  dit 
que,  duns  la  traduction  qu'il  en  a  faile  sur  le  gr6c,  il  les  a 
retablies  dans  leur  ordre  naturel,  et  y  a  remis  un  passage 
important,  que  les  copistes  latins  en  avoient  mal  a  propos 
relranche;c'estverset7.  du  chap.vde  la  premiere  epitrede 
saint. lean, verset  qui  regarde  les  trois  tenioins  qui  rendent 
temoignage  dans  le  ciel :  Tres  sunt  qui  testimonium  dant  in 
calo,  Pater,  J'erbum,  ct  Spiritus  Sanctus  ;et  hi  Ires  unum  sunt. 

Les  Grecs  arrangeoient  les  sept  epitres  canoniques 
comme  nousles  voyons  aujourd'hui  dans  nos  bibles,  savoir : 
1°  celle  de  saint  Jacques,  2°  les  deux  de  saint  Pierre,  3° les 
t:  ois  de  saint  Jean,  et  i"  celle  de  saint  Jude.  C'est  ce  qu'on 
remarque  dans  lesperes  et  dans  les  manuscrits  grecs.  Eu- 
sebe*,  saint  Gregoire  de  Nazianze^,  le  concile  de  Laodi- 
cee*^,  saint  Atlianase',  saint  Jean  Damascene^,  les  mettent 
toujours  dans  cct  ordre.  Mais  les  Latins  les  arrangeoient 
autrement,  comme  on  le  voit  dans  saint  Auguslin,  qui  met 
d'abord  les  deux  de  saint  Pierre,  puis  les  trois  de  saint  Jean, 
et  celle  de  saint  Jude,  et  en6n  celle  de  saint  Jacques.  Le 
fameux  manuscrit  de  Clermont  les  dispose  de  meme.  Le 
P.  Martianay  cite  un  manuscrit  latin  de  la  bibliotheque  de 
Colbert'',  oil  les  sept  epitres  canoniques  sont  placees  dans 
cet  ordre  :  les  deux  epitres  de  saint  Pierre  ,  celle  de 
saint  Jacques,  les  trois  de  saint  Jean  ,  et  celle  de  saint 
•Jude.  Le  commentaire  de  saint  Clement  d'Alexandrie  sur 
les  epitres  canoniques,  et  que  nous  avons  en  latin  dans 
Cassiodore,  met  d'abord  la  premiere  de  saint  Pierre,  puis 

•  Mille,  le  P.  Martianay.  Roger,  Simon.  —  -  Erasme,  Sukcniop,  le  Clerc, 
Ketner,  etc. — ^Prolog,  in  -  episc.  canonic.  Non  idem  ordo  est  apud  Grce- 
cos  qui  iniegre  sapitint  etjidim  rectam  seclantur,  epislolarum  septem  quce 
canonicce  nunciipantur,  qui  in  laiinis  codicibus  iiwenitur.  Quod  quia 
Pelrus  primus  est  in  numero  apostolavum,  primce  sint  eliam  ejus  epistolae,- 
in  ordiiie  celerarum.  —  *  Euseb.  lib.  n.  cap.  23.  Hist,  eccles.  —  *  Greg. 
Naziaii.  Carm.  de  Can.  Script. — *  Cone.  Laodic.  can.  60. — 'jithan.  episc. 
Festi.  Idem,  in  Synopsi.  —  *  Damascen.  I.  iv.  de  Fide  cath,  c.  18. — '  Mss. 
Colbert,  n.  245. 


3^2  PREFACE 

celle  de  saint  Jude ,  puis  la  premiere  de  saint  Jean,  puis  la 
seconde.  II  ne  parle  ni  de  celle  de  saint  Jacques,  ni  de  la 
seconde  de  saint  Pierre,  ni  de  la  troisieme  de  saint  Jean. 
Le  menie  CassiodoreS  donnant  la  division  des  sainles  Ecri- 
tures  selon  saint  Jerome,  distribue  ainsi  les  epttres  des  ap6- 
tres  :  i"  les  deux  de  saint  Pierre,  puis  les  quatorze  de  saint 
Paul ,  puis  les  trois  de  saint  Jean  ,  celle  de  saint  Jacques, 
celle  de  saint  Jude,  les  Actes  des  apotres  ,  I'Apocalypse. 
Innocent  P',  dans  son  epilre  aExupere,  metlcsepitres  de 
saint  Jean  les  premieres,  et  celle  de  saint  Jacques  la  der- 
niere  ;  dans  quelquesanciennes  bibles  latinesmanuscrites^, 
on  met  les  epitres  canoniques  entre  les  A.ctes  des  apotres 
et  les  epitres  de  saint  Paul.  On  les  voit  de  m^me  dans  les 
manuscrils  syriaques  ,  et  dans  la  bible  moscovite. 

Le  dernier  des  canons  qui  portent  le  nom  des  apotres* 
metpremierementcellede  saint  Pierre,  puis  celles  de  saint 
Jean,  celle  de  saint  Jacques,  et  celle  de  saint  Jude.  Saint 
Augustin,  au  livre  de  laFoi  et  des  OEuvres,chap.  xiv,  suit 
le  meme  ordre  ;  mais  dans  le  livre  ii,  chap.viii,  de  la  Doc- 
trine chretienne^  il  met  d'abord  les  deux  epitres  de  saint 
Pierre,  les  trois  de  saint  Jean ,  celle  de  saint  Jude  ,  et  enfin 
celle  de  saint  Jacques.  Eusebe  ,  dans  un  endroit  de  son 
Histoire  ecclesiaslique^,  met  immedialement  apres  les  Epi- 
tres de  saint  Paul  la  premiere  de  saint  Jean  ,  et  ensuite  la 
premiere  de  saint  Pierre ,  lesquels  n'ont  jamais  ete  contes- 
tees  ;  mais  ailleurs^  il  dit  expressement  que  I'epitre  de  saint 
Jacques  est  la  premiere  des  catholiques.  Rufin  dans  I'expo- 
sition  dusymbole,leconcile  de  Carthage^  en  397,  can.  47, 
Junilius'  eveque  d'Afrique  dans  le  sixieme  siecle  ,  et  d'an- 
ciens  denombremens  des  versels  des  livres  saints,  rappor- 
tes  dans  les  notes  de  Cotelier  sur  saint  Barnabe,  mettent 
I'epitre  de  saint  Pierre  a  la  tete  des  canoniques. 

De  tout  cela  on  peut  conclure  qu'anciennement  Tordre 
que  les  epitres  canoniques  devoient  tenir  entre  elles  n'e- 


'  Cassiodor.  de  instit.dw.  Script,  c.  8. — ^  Biblia  Mss.  sancti  Gennani a 
pratis  et  PP.  Prcepost.  Pontimussa.  —  '  Can.  apost.  cap.  lxxxiv.  IIsTpou 
^^TTiffToXat  ^uo,  Iwavvou  Tpet?,  laxMSou  [Aia,  t&ui^*  [*''«•  —  *  Euseb.  lib.  iii.  c 
XXV.  Hisi.  eccles. — *■  Euseb.  lib.  ii.  cap.  xxin.  Hist,  eccles.  —  *  Ce  concllr 
met  I'ppilre  de  sainl  Jacques  toule  la  derniere,  el  les  deux  de  saint  Pierre  les 
premieres.  —  '  .Junil.  lib.  i.  de  Pan.  diwince  leg.  cap.  v.  Get  auteur  ne  met 
que  cinq  epUres  canoniques,  celle  de  saint  Jude,  et  les  deux  derniercs  de  sainl 
Jean.  Mais  immediatement  anparavant  il  avoil  mis  la  premiere  de  saint, 
Pierre,  et  celle  do  saint  Jean,  aprrs  celle  ilc  saint  Paul  aux  Hohretix. 


I 


SLR  LES  EPiTRES  CANOMIQUES.  %6$ 

toil  nuUement  fixe  ni  chez  les  Grecs  ni  chez  les  Latins ,  et 
que  I'auteur  du  prologue  siir  ces  epitres,  attribue  a  saint 
Jer6nie,  a  eu  raison  do  dire  que  lesLatinsprincipalememt 
mettoienl  les  epitres  de  saint  Pierre  a  la  lele  des  autres , 
parce  qu'il  eloil  le  chef  des  apotres  :  Quia  Pelras  primus 
est  in  numero  apoxtolorum,  prima:  sini  etiam  ejus  epistola  in 
ordine  celerarum.  Les  Grecs  donneientplus  communement 
le  premier  rang  a  celle  de  saint  Jacques ,  soit  a  cause  qu'ils 
ia  croyoient  plus  ancienne  que  celle  de  saint  Pierre  ,  ou 
parce  que  saint  Jacques  fut  fixe  a  Jerusalem  en  qualito 
d'eveque  avant  que  les  autres  apotres  eussent  mis  leurs 
sieges  dans  aucune  autre  ville  ,  ou  enfin  parce  que  son  epi- 
tre  est  plus  catholique  ou  plus  universelle  que  celle  de  saint 
Pierre  el  que  toutes  celles  des  autres',  comme  ayanl  ele 
ecriles  indefiniment  aux  douze  iribus,  qui  eloienl  dans  la 
dispersion.  Quoi  qu'il  en  soil,  cet  ordre  et  cet  arrange- 
ment esl  assez  arbiiraire :  et  quand  les  epitres  de  saint 
Pierre  ne  seront  point  mises  au  premier  rang,  cela  ne  de- 
roge  point  du  tout  a  sa  primaute. 

Saint  Gregoire  de  Nazianze^  remarque  que  les  anciens     Reiuarques 
etoient  partages  surle  norabre  des  epitres  calholiques.  Les  surle  r ombre 
uns  les  recevoient  toutes  sept,  et  les  autres  seulement       " ^'P'^'^*^ 
Irois;  savoir,  celiede  saint  Jacques,  la  premiere  de  saint 
Jean  ,  et  la  premiere  de  saint  Pierre.  On  verra  a  la  lete  de 
chacune  de  ces  epitres  les  difficultes  qu'ou  a  formees  sur 
leur  canonicile.  Les  deux  dernieres  epitres  de  saint  Jean  , 
quoique  ecriles  a  des  particuliers;  onl  ele  recues  au  nora- 
bre des  epitres  calholiques,  apparemment  pourne  pas  les 
separer  de  la  premiere  epilre  du  meme  evangeliste,  qui  est 
generate,  et  dont  I'aulhenticite  n'a  jamais  ete  contestee. 
II  y  a  meme  d'assez  bonnes  raisons  de  croire  que  la  seconde 
et  la  troisieme  sont  des  especes  de  lettres  de  creance  ou 
de  recommandation,  ecriles  a  des  eglises  particulieres. 

Le  but  general  des  epitres  calholiques  est,  selon  la  re-  Remarques 
marque  de  saint  Augustin  ^,  de  refuler  les  heresies  nais-  *"'  ''o^et  de 
santes  de  Simon  le  magicien,  des  nicolaltes,  et  autres  sem-  ^^  ^F'"^'- 

^  Scholutsi.  GrtBc.    annontm.  in  Cod.  Mss.  Beg.   it.  -ub.' apud Mill, 
p.  542. — *  Nazianz.  Carm.  de  Script,  canon.  Ka9c).ocd)v  Ei7tcTc"/.wv 

Xcrivii,  Ji'/^ccOai  rry  lixeiocj  u.iav, 

M-av  Je  Ile'Tf  C'J,    TTV  ~t  ItdStWOU  {Aiav. 

— '  uiitfr.  lib.  de  Fide  et  Operib.  cap.  xit. 


364  PREFACE 

blables  hcretiques ,  qui,  abusant  de  la  liberie  evangelique, 
et  prenant  a  con  Ire-sens  les  paroles  et  les  sentimens  de 
saint  Paul,  enseignoient  que  la  foi  sans  les  oeuvrcs  etoit 
suffisanle  pour  le  salut,  quoique  I'Apotre  se  fut  explique 
assez  clairement  sur  cela  ,  en  disant  qu'il  enlendoit  la  foi 
agissante  par  la  charite,:  jP/V/i?^  qace per charilatem  operalur^. 
Et  dans  ses  epitres  il  a  allaque  assez  souvent  les  faux  apo- 
tres,  qui  Iroubloient  I'Eglise  ou  par  leurs  dogmes  nou- 
vcaux ,  ou  par  leur  fausse  et  dangereuse  liberte ,  ou  par 
Tabus  qu'ils  faisoient  de  ses  principes  ,    pour  corrompre 
la  morale  de  I'Evangile  ,  ou  pour  en  rendre  les  verites 
nieprisables  ou  odieusqs. 
Remarques      L'epitre  de  saint  Jacques  est  visiblement  contre  ceux 
Bur  le  carac-    qui  nioient  la  necessile  des  bonnes  CEUvres ;  celles  de  saint 
tere  de  ces      pierre,  contre  les  disciples  de  Simon,  contre  les  faux  (Joc- 
^^'  teurs,  et  contre  les  heretiques  en  general.  La  seconde  de 

saint  Pierre  et  celle  de  saint  Jude  n'ont  qu'un  meme 
objet;  elles  attaquent  surtout  les  faux  apotres,  qui  blas- 
phemoienl  contre  les  verites  saintes,  par  I'abus  qu'ijs  en 
faisoient ,  et  par  la  pernicieuse  doctrine  qu'ils  repandoient 
dans  TEglise.  Celle  de  saint  Jude  emprunte  meme  plu- 
sieurs  expressions  de  la  seconde  de  saint  Pierre.  La  pre- 
miere de  saint  Jean  est  aussi  contre  les  memes  bereliques 
et  les  novateurs  ;  elle  prouve  I'obligalion  des  actions  de 
piete,  et  la  necessite  de  pcrseverer  dans  la  foi  etdans  la 
patience. 

Saint  Jerome,  dans  I'ppitre  a  Paulin,  donne  le  vrai  ca- 
raclere  de  ces  epitres  ,  en  disant  qu'elles  sont  aulant  rera- 
plies  de  mysteres  qu'elles  paroissent  succinctes  :  elles  sont 
abregees  dans  les  paroles,  mais  longues  dans  le  grand  sens 
qu'elles  renfermcnt  :  Tam  mysticas,  quam  succinctas ;  et 
breves  pariler ,  et  longas  :  breves  in  verbis  ;  longas  in  senten- 
liis.  11  y  a  peu  de  personnes  qui  ne  soient  eblouies  en  les 
lisanl ,  et  qui  ne  s'apercoivent  que  leurs  lumieres  sont  trop 
bornees  pour  en  penetrer  loute  I'elendue  et  la  profon- 
deur  :  Ut  rarus  sit  qui  non  in  earum  leclione  cceculiat.  Ceux 
qui  voudront  comparer  ce  que  saint  Pierre ,  saint  Jacques 
et  saint  Jean  etoient  avant  leur  apostolat  et  avant  la  des- 
oente  du  Saint-Esprit,  avec  I'esprit ,  la  force,  la  grandeur, 
,  les  sentimens  qu'on  remarque  dans  leurs  lettres,  ne  pour- 

ront  s'empecher  d'y  admirer  la  main  du  Tres  Haut,  et  le 

'  Galal.  V.6. 


SL'R  LES  KpItrES  CANOMIQLES.  36.5 

miracle  de  sa  sagesse  et  de  sa  puissance.  Mais  nous  laisse- 
rons  au  lecteur  la  satisfaction  d'en  decouvrir  lui-mtme 
toutes  les  beautes.  Nous  craindiions  d'abuser  de  sa  pa- 
tience, si  nous  nous  elendions  sur  ces  epiues  autantque 
sur  celles  qui  precedent ;  nous  passerons  done  rapidenient 
sur  le  texte  de  ces  epitres,  dans  I'analyse  que  nous  en  don- 
nerons.  m 


PREFACE 


SUR 


LEPITRE  DE  SAINT  JACQUES. 


Il  y  a  beaucoup  de  diversite  de  sentimens  sur  I'auteur  de  Remarques 
celte  epiire.  Les  uns  i'aiiribuent  a  saint  Jacques  le  Majeur,  surl'auteurde 
fils  de  Zebedee ,  frere  de  Jean  ,  qui  fut  decapile  par  Herodc 
Agrippa  *  I'an  44  de  I'cre  chrel.  vulg. ,  onze  ans  apres  la 
mort  de  Jesus-Christ.  D'aulres  la  donnent  a  saint  Jacques, 
fils  d'Alphee,  surnomme  le  Mineur,  et  le  frere  du  Sei- 
gneur. Dautres  en  font  auteur  Jacques  le  Juste ,  eveque  de 
Jerusalem  ,  dont  parlent  saint  Clement  d'Alexandrie,  He- 
gesippe  et  Euscbe  ^.  II  est  certain  qu'Eusebe  ^  et  saint  Je- 
rome * ,  soil  qu'ils  parlent  en  leur  nom  et  suivant  leur 
sentiment,  soit  qu'ils  expriment  le  doule  des  autres,  re- 
marquent  que  plusieurs  la  croyoient  supposee  ,  sous  le 
nora  de  saint  Jacques ;  et  ils  en  parlent  comme  doutant 
eux-memes  quelle  fut  de  lui.  Quelques  nouveaux  inter- 

# 

*  ^cL  XII.  2.  Occidit  aiitcm  Jacobum  fratrem  Joannis  gladio. — *  Clem. 
Jlei.  et  Hegesipp.  aptid Eitseb.  lib.  ii.  Hist.  eccl.  cap.  xxiii.  — '  Eitseb. 
lib.  II.  cap.  xx'ii.  ioxeocCJ  t,  :73<arr,  rtiv  cvcaaJJaar/cov  Ka8sXoMl>v  Ett'.ctc/mv 
eivai  /i-j'srat.  Imivi  S'k  i);  vc6j'J£Tai  aiv  •  cu  ■ttsXXcI  "jcCiv  7t>v  rraXatov  aorn; 
etjLvracvjJciav. — *  Hieron.  de  Script.  Eccles.  in  Jacobo.  Jacobus  qui  appel- 
laturfraier  Domini  unam  taniiim  scripsit  epislolam,  quce  de  seplem  caiho- 
licis  est :  quce  et  ipsa  ab  alio  quodam  sub  nomine  ejus  edita  asseritur,  licet 
paulau'in  tempore procedente  obtinuerit  auctcritfitem. 


■h 


366  PREFACE 

pretes  *  les  ont  suivis ,  et  se  sont  exprimes  avec  beaucoup 
moins  de  retenue,  dans  un  temps  ou  le  consentement  des 
eglises,  et  la  possession  d'une  si  longue  suite  de  siecles , 
auroient  du  la  mettre  a  convert  de  leurs  temeraires  cen- 
sures. 

Ceux  qui  I'attribuent  a  saint  Jacques ,  fils  de  Zebedee, 
croient  que  ce  saint  apoti^e  ,  ayant  preche  la  foi  aux  Espa- 
gnols  ,  leur  ecrivit  cette  lettre  apres  son  retour  a  Jerusa- 
lem ;  I'auteur  qui  a  mis  les  titres  a  la  version  Syriaque  pu- 
bliee  par  Vidmanstad  croit  que  c'est  la  premiere  ecriture 
sacree  du  Nouveau-Teslament.  La  version  arabique  citee 
par  Cornelius  a  Lapide  I'attribue  de  meme  a  saint  Jacques, 
fils  de  Zebedee  :  mais  ni  le  syriaque  ni  I'arabe  imprimes 
dans  les  polyglottes  de  Paris  et  de  Londres,  ne  portent 
rien  de  semblable.  L'ancienne  version  italique  publiee  par 
le  R.  P.  Martianay  ^  lit  a  la  fin  de  cette  epltre  ces  mots  : 
Ea;plicit  epistola  Jacohi,Jilli  Zebedcei. 

Dans  le  catalogue  des  ecrivains  ecclesiastiques  de  saint 
Jerome,  a  la  fin  de  I'article  de  saint  Matthieu,  on  lit  que 
Jacques  ,  fils  de  Zebedee  ,  precha  I'Evangile  aux  douze 
tribus  qui  etoient  dans  la  dispersion,  ce  qui  insinue  qu'il 
leur  ecrivit  aussi  cette  epilre  :  mais  cet  endroit  est  une 
addition  faite  au  lexte  de  saint  Jerome,  laquelle  ne  merite 
aucune  croyance.  Le  faux  Lucius  Dexter  dans  sa  chroni- 
que  ,  Isidore  ^  auteur  de  la  vie  et  de  la  mort  des  Saints,  et 
la  liturgie  des  Mozarabes ,  appuient  ce  sentiment.  On  le 
remarque  aussi  dans  la  fausse  epttre  de  Sixte  in,  laquelle 
se  trouve  dans  la  bibliotheque  des  peres.  Gaspard  San- 
chez ^  rapporte  toutes  ces  autoriles  dans  son  Traite  sur  le 
voyage  de  saint  Jacques  en  Espagne ,  et  il  ne  paroit  pas 
desapprouver  ce  sentiment. 

Mais  saint  Jacques ,  fils  de  Zebedee  ,  ayant  ete  mis  a 
mort  par  Herode  onze  ans  apres  I'ascension  du  Sauveur, 
il  est  bien  difficile  que  I'Evangile  eut  deja  fait  parmi  les 
Juifs  disperses  par  tout  le  monde  autant  de  progres  qu'il 
paroit  par  cette  lettre  qu'il  en  avoit  fait.  De  plus  les  lettres 
•de  saint  Paul  aux  Romains  et  aux  Galates ,  auxquelles  saint 
Jacques  fait  visiblement  allusion  dans  celle-ci ,  dans  les 
instructions  qu'il  donne  aux  chretiens  hebraisans ,  et  dans 

*  Luther.  Hunnius,  Centuriatores,  Caj'et.  Fide  et  Erasm. — *  Fide  Not. 
MaHtan.  in  epist.  Jacob,  pag.  igi.  — ^  Jsidor.  de  Vila  el  Morte  SS.  cap. 
Lxxiii. — *  Sand,  ifaclat.  3.  de  Pmfeclione  sancii  Jacobi  in  His]>an.  c,  12. 


SUR  LES  EPlTBEJi  CANONIQUES.  36<j 

les  abus  qu'il  leur  reproche;  ces  letlres  tie  saint  Paul  n'e- 
•toienl  pas  encore  ecrites  lorsque  saint  Jacques,  tils  de  Ze- 
beclee,  fut  decapite.  Enfin  les  auteurs  qu'on  nous  cite  ne 
sont  ni  anciens,  ni  respectables  par  aucuu  endroit;  ce 
sont  desecrivains  interesses  a  soutenir  la  mission  de  saint 
Jacques  en  Espagne ,  et  trop  nouveaux  pour  meriter  d'etre 
crus  sur  un  (ait  de  cette  nature.  Les  inscriptions  et  sous- 
criptions  des  epitres  des  apotres,  que  Ton  trouve  dans  les 
manuscrits,  sont  d'ordinaire  tres  incertaines,  et  leur  auto- 
rite  seule  n'est  jamais  decisive, 

Ceux  qui  veulent  distinguer  Jacques  le  Juste,  eveque 
de  Jerusalem ,  de  saint  Jacques  le  Majeur ,  et  de  saint 
Jacques  le  Mineur  ' ,  se  londent  sur  le  temoignage  de 
saint  Clement  d'Alexandrie  et  d'Hegesippe,  qu'ils  pre- 
tendcnt  eire  tavorables  a  ce  sentiment.  Mais  plus  on  exa- 
mine leur  texte  ,  plus  on  est  porte  a  penser  qu'ils  ont  cru 
que  Jacques  le  Juste  ,  et  Jacques  le  frere  du  Seigneur ,  ne 
sont  qu'une  m^me  personne,  et  la  preuve  en  est  claire. 
Ce  saint  Jacques  le  Juste,  eveque  de  Jerusalem ,  est  connu 
par  Josephe  ^  cite  dans  Eusebe ,  comme  frere  de  Jesus- 
Christ.  Or  ce  Jacques  ,  frere  de  Jesus  ,  etoit  I'apdtre  sur- 
nomme  le  Mineur;  et  saint  Paul  meme  ^  lui  donne  le  nom 
d'apotre  :  Aliiim  auteni  aposlolorum  vidi  neinincm  ,  nisi  Ja- 
cobum ,  fralrem  Domini.  Jacques  le  Juste,  et  le  frere  du 
Seigneur,  ne  sont  done  qu'une  meme  personne. 

11  y  a  sur  cela  assez  de  diversite  d'opinions  parmi  les  an- 
ciens. Les  Grecs  modemes  *  presque  generalement  les 
distinguent.  Saint  Jean  Chrysostome  ",  saint  Gregoire  de 
Nysse*^,les  Constitutions  des  apotres  ',  TAmbrosiaster **, 
les  anciens  martyrologes ,  saint  Epiphane  -' ,  et  quelques 
autres  semblent  en  faire  deux  personnes.  Saint  Jerome 
a  fort  varie  sur  cela.  Mais  plusieurs  autres  les  mettent 
comme  un  meme  homme.  On  pent  voir  la  note  i  deTille- 
mont  sur  saint  Jacques  le  Mineur ,  ou  il  traite  de  cette  dif- 
ficulte  avec  son  exactitude  ordinaire.  Or ,  si  Jacques  le 
Juste,  fils  d'Alphee,  different  de  Jacques  frere  du  Seigneur, 
n'a  jamais  existe  ,  il  est  visible  que  I'epitre  que  nous  exa- 
minons  ne  peut  6tre  de  lui. 

'  Vide  Grot,  el  Hamm.  Laurent.  Erasm. — ^  Joseph.  Aiitiq.  lib.  xx.  cap. 
VIII.  —  '  Galat.  I.  19.  —  *  Coteler.  Not.  in  Barnab.  et  alios  Script. p.  1-5. 
— *  Chrysost.  in  Mauh.  homil.  5.  el  in  Actahomil.  33.  — ^ Nyssen.  torn.  3. 
p.  4i3. — '  Constit.  Apost .  lib.  ti.  cap.  in. — '  Ambrosiast.  in  Galat.  i.  19. 
— '  Epiphan.  hieres.  -g.  cap. in. 


368  PREPACK 

EUe  ne  peutdonc  etre  quedc  saint  Jacques  le  Mineur, 
frere  du  Seigneur  ;  et  c'est  le  sentiment  qui  a  ete  le  plus' 
comniun  parini  les  ancienS)  et  qui  est  encore  le  plus  suivi 
parmi  les  modernes.  Elle  est  citee  sous  son  nom  par  Ori- 
gene  ^ ,  par  saint  Aihanase  ^  ,  par  saint  Hilaire  ^ ,  par  saint 
Cyrillede  Jerusalem'*,  par  saint  Ambroise  ^,  par  saint  Epi- 
phane  ^  ,  par  saint  Basile ",  par  saint  Jerome  mcme  en  plus 
d'un  endroit  ^ ,   par  saint  Auguslin^,  et  par  plusieurs  au- 
tres.  Sixte  de  Sienne  dit  que  les  plus  anciens  exemplaires 
latins,  et  nieme  quelqucs  grecs ,  donnent  le  titre  d'ap6lre 
a  saint  Jacques  an  commencement  de  cette  Icttre  ;  cequ'il 
.         ne  faut  pas  entendre  du  texle  de  la  lettre,  ou  le  nom  d'apo- 
tre  n'a  jamais  ele  ,  mais  du  titre  qui  se  lit  ainsi  dans  la  Vul- 
gate :  Epistola  catholica  beali  Jacohiapostoli.  On  lit  la  meme 
chose  dans  quelques  exemplaires  grecs.  Mais  Tancienne 
Italique  ,  et  plusieurs  exemplaires  grecs  et  latins  lui  don- 
nent simplementle  nom  d'^y?//r^r/(e.y«m^./a^^M^x.  D'ailleurs 
ces  titres  en  eux-memes  sout  d'une  assez  foible  autorile  , 
surtout  lorsqu'ils  varient.  Ainsi  ou  n'cn  peut  rien  inferer 
en  faveur  de  saint  Jacques  I'apotre.  Mais  on  a  assez  d'au- 
tres  preuves  pour  la  iui  attribuer. 
Abrege  de  la       Saint  Jacqucs  le  Mineur  etoit  fils  de  Marie,  sceur  de  la 
viedesaint     gainte  Vierge  ,  fille  deCleophas,  etepouse  d'Alphee.  Saint 
ne*uT*ioui '  J^an  TappcUe  Marie  de  Cleophas^^  \  ce  que  les  uns  expli- 
cettet^piireest  quent  en  disant  qu'elle  etoit  fille  et  d'autres  qu'elle  etoic 
pluscominu-    femme  de  Cleophas.  Plusieurs  anciens  ^^  ont  cru  que  saint 
nementatiri-  Jacques  ,  surnomme  le  frere  du  Seigneur,  etoit  ne  d'une 
premiere  lemme  que  samt  Joseph  avoit  cue  avant  cl  epou- 
ser  la  sainle  Vierge.  Mais  cc  sentiment  ne  pout  se  soulenir, 
puisque  Marie  de  Cleophas ,  mere  de  saint  Jacques  ,  vivoit 
encore  au  temps  de  la  passion  de  notre  Seigneur.  Saint 
Jacques  avoit  pour  frcres  Jose  ou  Joseph''^,  et  saint  Jude'^. 
et  peut-etre  saint  Simon  '*,  qui  est  compris  avec  les  deux 
autres  nommesyS-^r^^  du  Seigneur,  c'est-a-dire  cousins  ge 

'  Ori'gen.    in  Rom.  v.  i.   torn.  2.   pag.  52o.   cl  Homil.  3.  in  Exod.  -, 

*  Athai.as.  oral.  4-  inJrianos,  et  de  Nica'nis  Decreti^,  png.ibT.. — ^Hi'la 
'-                      de  Trinit.   cap.  iv.  pag.  20.  —  *  Cyrill.  JerosoL   Catccli.  Mystag.  5.  - 

*  Ambros.  de  Arbove  inlerdicta. — *  Epiphan  hcet-es.  70.  pag.  3. — ^  Bast 
de  Baplismo,  lib.  i.  cap.  11. — ^  Hieron.  in  Helvid.  cap.  vii.  el  in  Isai.  xvi1rt| 
el  ep.  io3.  de  ^ins  lilusir. — »  August,  in  Crescenl.  lib.  11.  cap.  xx.xvir.  et 
epist.  29.  pag.  42.  —  ^°  Joan.  xix.  25.  —  *'  Hicivn.  in  Hehnd.  Epiphan. 
hceres.  28.  cap.  vii.  efL\wii\.Euseb.  lib.  n.  cap.  i.  Hist,  ecclcs.  —  ^-Marc. 
x-r.in. — "  Jtid.  y  t.  —  ^*  Marc.  vi.  3. 


J 


SIR  l'ePITHE  DK  saint  JACQUES.  36q 

mains  de  Jesus-Christ  par  leur  mere  ;  ou  simplement  ses 
proches parens,  sui van t  I'opinion  des  hommes,  s'i!  est  vrai 
qu'ils  fussent  fils  de  Cleophas  ,  que  plusieurs  anciens  font 
frere  de  saint  Joseph. 

On  ne  sait  pas  precisement  ce  quia  fait  donner  a  saint 
Jacques  le  nom  de  Mineur  ;  si  ce  n'est  pour  le  distinguer 
de  Jacques  ,  fils  de  Zebedee ,  qui  pouvoit  etre  plus  age 
que  lui ;  ou  peut-etre  parce  que  le  premier  etoit  d'une 
taille  plus  avantageuse  ;  ou  plutot  parce  que  sa  vocation 
fut  posterieure  a  cello  de  saint  Jacques ,  surnomme  le  Ma- 
jeur.  II  fut  aussi  nomme  \e  Juste ,  ct  Ophlias ,  qu'on  pre- 
tend signifier  rempart ,  soutien  du  peuple.  Hegesippe 
dit  qu'il  fut  consacre  a  Dieu  des  le  sein  de  sa  mere ,  qu'il 
garda  toute  sa  vie  les  regies  des  Nazareens,  et  qu'il  etoit 
pr^tre  '.  II  fut  fait  eveque  de  Jerusalem  apres  I'ascen- 
sion  du  Sauveur;  et  quelques  peres^  disent  que  Jesus- 
Christ  meme  lui  confia  son  trone  sur  la  terre,  et  les  enfans 
qu'il  avoit  conTcrtisde  la  Synagogue.  D'aulres  croient  que 
les  apotres  le  choisirent  pour  remplir  cette  place  ^.  C'est 
apparemment  pour  marquer  son  episcopat,  et  sa  qualite 
de  pretre  du  Tres-Haul ,  qu'il  portoit  une  lame  d'or  sur  le 
front*.  On  remarque  la  meme  chose  de  saint  Jean  I'evan- 
geliste^etde  saint  Marc  *".  Sa  vie  etoit  tres  austere;  car,  ou- 
tre I'abstinence  du  vin  ,  qu'il  pratiquoit  en  qualite  dc 
Nazareen ,  il  n'usoit  ni  de  bain,  ni  d'huile  pour  se  frotter, 
et  ne  mangeoit  rien  qui  eut  eu  vie  ;  il  ne  portoit  point  de 
sandalcs ,  ni  d'habits  de  laine,  mais  seulement  de  lin  ;  il  se 
prosternoit  si  souvent  en  terre  pour  faire  oraison  ,  que 
son  front  etses  genoux  s'etoient  durcis  comme  lapeaud'uu 
chameau. 

Sa  vertu  lui  acquit  restime'universelle  de  tous  les  Juifs  ; 
aussi  lui  donne-t-on  le  nom  de  Juste^^v  excellence.  I!  est 
fort  connu  dans  le  Thalmud  sous  le  nom  de  Jacques  dis- 
ciple de  Jesus  le  charpentier.  Josephc'rend  un  temoi- 
gnage  magnifique  desa  vertu ;  et  les  ancienscitent, comme 
de  Josephe ,  que  la  guerre  et  tous  les  malheurs  que  les 

■  fide  Hegesipp.  apud  Euseb.  lib.  n.  cap.  xxiii.  HisL  eccl.  —  -  Hienn. 
in  Galat  Epiphan.  hieres.  -8.  cap.  vii. — '  Clem.jdlex.  apud  Euseb.  lib.  ii. 
c.  I.  el  lib.  II.  c.  xxiii.  Hist,  eccles.  Jlhan.  in  Sjrnopsi.  Hieinnym.  de  Viris 
illustr.  Ambrosiast.  in  Galat.  i.  19. — ^  Epiplutn.  heeres.  7S.  Nazai'enorum, 
— '  Polycrat.  Ephes.  apud  Euseb.  lib.  v.  cap.  xxiv.  Hist,  eccles.  —  *  Hist. 
Manuscr.  MartrriiS.  Marciapiid.  f^ales.  Not.  in  Eus.  lib.  v.  cap.xiiw 
pag.  104 .  —  'Joseph.  Antiq.  lib.  xx.  cap.yxii. 

a3.  54 


'"^70  PREFACE 

Juils  souffrirent  de  la  part  des  Remains  ,  furent  regardes 
comine  une  puriition  de  la  mort  qu'ils  avoient  fait  souffrir 
a  Jacques  le  Juste  ,  frere  de  Jesus'.  Ce  fut  Ananus ,  fils 
dii  celebre  Ananus,  ou  Anne  ,  dont  il  est  parle  dans  I'E- 
vangile  ,  qui  le  fit  mourir.  On  le  fit  monter  sur  un  endroit 
fort  eleve  du  temple  ^  ,  et  on  lui  demanda  ce  qu'on  devoit 
croire  de  Jesus-Cbrist.  11  repondit  qu'il  etoit  Fils  de  Dieu, 
assis  a  la  droite  du  Pere,  d'ou  il  devoit  venir  juger  les  vi- 
vans  etles  niorts.  A  ces  mots  plusieurs  crurent  en  Jesus- 
Christ;  mais  les  docteurs  et  les  pharisiens  ,  irrites  de  ee 
temoignage,  monterenta  l' endroit  ou  il  etoit,  et  le  preci- 
piterent  du  haut  du  temple.  Comme  il  etoit  encore  en  Tie, 
et  qu'il  prioit  pourses  persecuteurs  ,  ils  le  lapiderent  par 
ordre  d' Ananus.  11  fut  enterre  aupres  du  temple,  au  lieu 
meme  ou  il  avoit  ete  lapide. 
Temps  au-  L'epitre  que  nous  avons  de  lui  fut  ecrite  apparemment 
quel  cettc  assez  peu  de  temps  avant  sa  mort,  que  Ton  place  en  I'an  62 
ecriio  Ouelle  ^^'^  chret,  vulgaire  ,  la  nuitieme  ou  neuvieme  annee 
en  fut  I'oua-  ^e  Neron.  11  paroit  f^ire  allusion  dans  cette  epitre  a  ce  que 
sion,queIen  saint  Paul  avoit  ecrit  aux  Romains  I'an  58  de  I'ere  chret. 
estl'objet.  vulg.  J  et  aux  Galates  I'an  56 ,  aur  I'abrogation  de  la  loi ,  et 
leite^'piire  I'inutilitedes  ceremonies  legalespour  lesalut.  11  semble  que 
Tapolre  n'ait  point  eu  d'autre  dessein  que  de  traiter,  pour 
I'instruction  des  fideles  ,  principalement  d'entre  les  Juifs, 
divers  points  de  la  foi  et  de  la  morale  chretienne,  sans  y 
observer  d'autre  ordre  que  celui  dans  lequel  ils  se  pre- 
sentoient  a  son  esprit.  On  peut  neanmoins  la  reduire  assez 
naturellement  a  I'instruction,  a  la  correction,  et  a  la  con- 
solation. L'apotre  commence  par  instruire  les  fideles  dans 
le  chap.  I ,  qui  contient  trois  instructions  importantes  :  la 
premiere  ,  touchant  le  bon  usage  des  souffrances  ^  ;  la  , 
seconde,  touchant  I'origine  du  bien  et  du  mal ''  ;  la  troi-  J 
sieme ,  touchant  I'ordre  qu'on  devoit  observer  dans  les  as- 
semblees,  et  le  fruit  qu'on  devoit  en  tirer  "*.  Depuis  le  com- 
mencement du  chap.  II,  jusqu'au  1^7  du  ch.  v,  il  corrige 


*  Origen.  contra  Cels.  lib.  i.pag.  35.  in  Mali.  pag.  22?.  Ilieron.  de^'i- 
ris  Illustr.  Eiiseb.  lib.  11.  cap.  xxui.  pag.  65.  O  -ycuv  I(0(tv,oc?  cu)4  aizMXvr.ai 
KOA  TCiiTO  d-j-ysacpw?  sKtaap-rjpacrSai   ^t'  wv  (Dr,ol  Xs'^ewv.  Taura  S'k  c'jfi.63'S-/!X£v 

XstoTGU.  Mais  on  ne  trouve  plus  ces  paroles  dans  Josephe. — ^ Euseb.  lib.  ix. 
cap.  xxm.Hist.  eccles.  Hieronym.  de  Viris  illustr.  Epiphan.,  etc. — ^  Cap. 
1.  y  2.-t2. — *  V^  ri.-i8  — "  -^  ig.  adjinem. 


SUR  L'EpiTRE  DE  SAINT  JACQUES.  37  1 

les  abus  el  les  erreurs  qui  avoient  commence  a  se  glisser 
dans  I'Eglise,  et  qu'il  prevoyoit  devoir  y  augmenter  dans 
la  suite  des  temps.  II  les  reduit  a  quatre  principaux.  Le 
premier  est  I'acception  dos  personnes  enlre  les  fideles  :  et 
quolques-uns  croient  que  c'est  ici  ime  espccc  de  parabole 
sous  le  voile  de  laquelle  rap(5tre  attaque  principalement 
la  simonie  ou  I'acception  des  personnes  dans  le  choix  des 
ministres  del'Eglise  '  Le  second  abus  est  I'erreur  de  ceux 
qui  pretendoient  que  la  foi  seule,  a  Texclusion  de  lajcharite 
et  des  bonnes  oeuv res,  suffisoitpour  la  justification  et  pour 
le  salut  ^.  Le  troisieme  est  le  schisme  de  la  doctrine,  soil 
qu'il  rompe  aussi  la  communion  exterieure,  soit  qu'il  la 
garde  encore  ^ .  Le  quatrieme  est  le  dereglement  des 
niceurs,  dans  lequel  il  distingue  I'amour  des  richesses  * , 
I'aniour  des  plaisirs  sensucls  ^,  le  vice  de  la  detraction  ^, 
I'infidelite  a  I'egard  de  la  Providence  " ,  le  mauvais  usage 
des  richesses  ^.  Enfin  depuis  le  y  7  du  chap,  v,  jusqu'a  la 
fin  ,  il  console  et  instruit  les  fideles  persecutes  :  il  les  porte 
a  la  patience  par  diverses  considerations  ^  ;  il  leur  donne 
divers  avis ,  ou  plutot  diverses  regies  de  conduite  par  rap- 
port aux  divers  etats  ou  ils  se  trouvent '". 

La  maniere  d'ecrire  de  saint  Jacques  est  serree  et  sen-     Bemarqoes 
tentieuse.  11  nes'astreint  point  a  suivre  son  sujet,  et  a  lier  surle  style  de 
ses  sentences  les  unes  aux  autres.  11  enseigne  la  morale  "^'^^P*^^- 
comme  Salomon  dans  les  Proverbes ,  et  comme  font  les  ,  °„^"^  ,f  ,  . 
(Jrientaux ,  c  est-a-dire  par  maximes  separees  ,  et  non  pas  «icrite.  Ver- 
par  raisonnemens.  II  ne  laisse  pas  d'appuyer  ce  qu'il  ditsur  sions  latines 
i'Ecriture  et  de  I'orner  par  des  similitudes  et  des  allusions  ^^  ceueepi- 
aux  paroles  des  livres  saints.  II  cite  quelques  passages"  ^' 
qui  ne  se  trouvent  pas  en  termes  expres  dans  I'Ecriture : 
mais  les  auteurs  sacres  du  Nouveau-Testament,  surtout 
lorsqu'ils  parlent  aux  Hebreux  qui  savoient  les  Ecritures 
et  qui  sentoient  tout  d'un  coup  les  allusions  qu'on  v  faisoit, 
ne  s'assujelissoient  pas  toujours  a  citer  mot  pour  mot.  Ils 
se  contentoient  de  rapporter  le  sens  ,  etde  suivre  I'inten- 
tion  de  I'ecrivain  sacre  '-. 

On  croit  que  saint  Jacques  ecrivit  cette  epilre  en  grec. 
11  y  t'ile  I'Ecriture  suivant  les  Septante  :  par  exeraple,  ce 

•  Cap.  II.  i  i.-i3. —  *it\.  adfinem.  —  '  Q^p  ,„  y  ,  adjinem.  — 
*C<V».  ".  f  1.-3.— *y4.-io.— «^  ir,_i3._Ty  ,j  adfnem.—"  Cap.v. 
T>i.-6.—' y  7.-11. —  *'^  i  i-i.ad/inem — "  Jacob,  w.  5. — "Joan.wi.  34, 
Ephes.  V.  I '»,  etc. 


372  P KEF ACE 

passage  qui  ne  se  trouve  que  dans  leur  version  en  ce  sens  : 
Dieu  resisle  aux  superhes ,  et  donne  sa  grace  aux  humbles  '. 
Quoique  les  Juifs  ,  auxqnels  il  ecrivoit  principalement , 
conservassent,  dans  tous  les  lieux  ou  ils  etoient  disper- 
ses, quelque  usage  de  langue  hebraique  ou  syriaque,ils 
parloient  neanmoins  communement  grec  ,  qui  etoit  la 
langue  la  plus  universellement  usitee  dans  tout  I'Orient , 
depuis  Tempire  d'Alex?.ndre-le-Grand.  La  version  latine 
qu'on  en  a  ,  et  qui  est  aujourd'hui  usitee  dans  TEglise  la- 
tine  ,  a  ete  faite  par  saint  Jerome.  Le  P.  Martianay  a  fait 
imprimer  celle  qui  etoit  en  usage  avant  ce  pere  ,  et  dont 
I'auteur  est  inconnu. 
Oanonlcit^  Nous  avons  deja  remarque  ,  apres  Eusebe  et  saint  Je- 
de  cetie  epi-  r6me,  que  quelques  anciens  avoient  conteste  I'aulhenticite 
^'''^-  et  la  canonicite  de  oette  epitre.  Quelques  nouveaux  la  lui 

disputent  aussi.  Mais  elle  est  mise  dans  le  catalogue  des 
saintes  Ecritures  par  saint  Anathase  ^,  par  saint  Cyrille  de 
Jerusalem  ^ ,  par  le  soixantieme  canon  du  concile  de  Lao- 
dicee ,  par  le  quarante-septieme  du  concile  de  Carthage 
en  397,  par  saint  Gregoire  de  Nazianze  *,  par  saint  Amphi- 
loque  '',  par  Rufin  *',  par  saint  Augustin ",  par  Innocent  i*"^  *, 
et  enfin  par  tous  les  peres  dont  nous  avons  parle  ci-devant, 
quil'attribuent  a  saintJacquesap6tre,etfreredu  Seigneur. 
Saint  Jerome  s'en  sert  souvent,  aussi  bienque  saint  Au- 
gustin ,  comme  d'une  piece  indubitable.  Ainsi  des  lors  elle 
passoit  pour  incontestablement  canonique.  On  avoue  avec 
Eusebe  ^  que  les  anciens  I'ont  assez  rarement  alleguee  : 
mais  Eusebe  menie  reconnoit  qu'elle  avoit  acquis  depuis 
beaucoup  d'autorite. 
Ouvragcs  On  a  attribue  autrefois  a  saint  Jacques  quelques  ecrits 
faussenieiit  qui  n'ont  jamais  ete  re^us  dans  le  canon  des  Ecritures.  Par 
aitribu(  s  a  exemple  ,  le  pape  Gelase  condamne  un  evangile  de  saint 
iTMineur"'^^  Jacques ,  fils  d'Alphee.  Origene  '"  parle  d'un  livre  de  saint 
Jacques,  qu'il  joint  au  faux  evangile  de  saint  Pierre.  Les 
ebionites,au  rapport  de  saint  Epiphane  ",  lui  avoient  sup- 
pose divers  ecrits.  On  lit  dans  la  Synopse  de  saint  Atha- 


*  Jacob.  IV.  6.  ex  Pivv.  m.  34. — *  ^tfian,  in  Synopsi. — °  Cyi'ill.  Hiero- 
sol.  Caiech.ti. — ■•  Nazianz.  t.  "i.p.  98.  — *  Amphiloch.  apud  Gi-egor.  Na- 
•zianz.  Wm.  "i.p.  194-  —  ^  Rufin.  Expo.sil.  symboli.  —  ''Aug.  lib.  11.  de 
Doct.  Christ,  cap^  vrii.  —  *  Innoc.  i.  ep.  hi.  ad Exuper.  can.  7. — '  Euseb. 
Hist.  eccL  lib.  11.  cap.  xxrii.  —  '"  Ot-igeii.  in  Matth.  p.  2a3.  Edil.  Huei.  — 
"  Epiphan.  hates.  3o.  cap.  xxii'. 


SCR  L'EPilRE  DE  SAIMT  JACQUES.  373 

nase  quil  avoit  traduit  en  grec  I'evangile  hebreu  de  saint 
Matthieu.  On  lui  attribue  encore  une  liturgie  que  nous 
avons  sous  son  nom  dans  la  bibliotheque  des  peres.  Eile 
est  citee  dans  une  oraison  attribuee  a  saint  Procle ,  arche- 
v^que  de  Constantinople  *  ,  et  dans  le  trente-deuxieme 
canon  du  concile  tenu  dans  la  meme  ville ,  dans  le  dome 
du  palais  imperial,  en  692.  Mais  les  savans  reconnoissent 
que  ceite  liturgie  est  entierement  supposee ,  ou  quelle  a 
ete  extr^mement  alteree  dans  les  siecles  posterieurs.  Les 
anciens  peres  ne  I'ont  point  connue  ;  et  saint  Basile  ^  dit 
que  les  ap6tres  qui  ont  regie  ce  qui  devoit  s'observer  dans 
nos  mysteres ,  leur  ont  conserve  la  reverence  qui  leur 
etoit  due  ,  sans  les  publier.  lis  ne  croyoient  done  pas  que 
les  apotres  eussent  ecrit  ou  public  des  liturgies. 

'  Procl.  onu.  aa.  pag.  58o. — 'Basil,  de  Spiritu  Sancto,  cap.xjav- 


EPITRE  CATHOLIQUE 

DE  SAINT  JACQUES. 


Bont.y.  3. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Jole  dans  les  souffrances.  Demander  a  Dieu  la  sagesse.  Prier  avec  foi. 
Pauvres  eleves;  riches  abaisses.  Souffrances  heiireusps.  Dieu  ne  lente 
point.  II  est  I'auleur  de  tout  bien.  ficouter  volonliers;  parler  peu.  Prali- 
quer  la  veril6.  Caractere  de  la  vraie  pietc. 


1.  Jacques,  serviteur  de  Dieu  et 
de  notre  Seigneur  Jesus-Chrisl , 
aux  douze  tribus'  qui  sonl  disper- 
sees  ,'  salut. 

2.  Mes  freres,  considerez  comme 
le  sujet  d'une  extreme  joie  les  di- 
verses  afflictions  qui  vous  arrivent, 

3.  Sachant  que  I'epreuve  de  vo- 
ire foi  produit  la  patience.  ' 

4-  Or,  la  patience  doit"  etre  par- 
faite  dans  ses  oeuvres  ,'  afin  que 
vous  soyez  parfaits  et  accomplis 
en  toute  maniere,  et  qu'il  ne  vous 
manque  rien.' 

5.  Que  si  quelqu'un  de  vous 
manque  de  sagesse,  qu'il  la  deman- 
de  a  Dieu,  qui  donne  a  tous  libera- 


1.  Jacobus,  Dei  et  Do- 
mini nostri  Jesu  Christi 
servus,  duodecim  tribu- 
bus,  quae  sunt  in  disper- 
sione ,  salutem. 

2.  Omne  gaudiumexis- 
limate,  fratres  mei,  cum 
in  tentationes  varias  inci- 
deritis: 

3.  Scientes  quod  pro- 
batio  fidei  vestrae  patien- 
tlam  operatur. 

4.  Patientiaautemopus 
perfecium  habet :  ut  sitis 
perfecti  etintegri,  in  nul-^ 
lo  deficientes. 

5.  Si  quls  autem  ves- 
trum  indiget  sapientia  , 
postulet   a  Deo  ,  qui  dat 


^  I .  Des  Juif*. 

Ibid.  Repandues  par  toute  la  terre. 

y-  3,  Fait  connoilre  et  rend  pubiique  cette  verlu  qui  est  en  vous. 

f  4.  C'est  lesens  du  grec,  qui  porte  a  la  leltre  :  Que  la  patience  soit  par- 
faitedans  ses  oeuvres  :  ep-^ov  xs'Xaiov  e^sTO).  Opus  perfecium  liabcat. 

Ibid.  Elle  doit  etre  accompagnee  de  fermete  ,  de  perseverance,  de  charitd, 
et  de  toutes  les  autres  vertus  cliretiennes. 

Ibid.  Rien  de  tout  ce  qui  est  necessaire  pour  arrivcr  a  la  gloirc  qui  doit 
etre  la  recompense  de  votre  patience. 


umnibus  a/Iluenler ,  el 
non  improperat  :  eJ  dabi- 
tur  ei. 

6  Postulet  autein  in 
fide  nihil  hxsitaiis  :  qui 
euitn  hajsitat .  similis  est 
fluctui  maris,  qui  avento 
uovetur  et  circuinfertur. 

7-  Non  ergo  sestimet 
homo  ille  quod  accipiat 
aliquid  a  Domino. 

8.  Vir  duplex  animo , 
iticoDstanscst  in  omnibus 
Tiissuis. 

9.  Glorietur  autem  fra- 
ler  humilis  in  exaltatione 
sua : 

10.  Dives  aulcm  in  hu- 
militate  sua,  quoniaiu  sic- 
ut  flos  fenl  traosibit. 

1 1.  Exortus  est  enim 
sol  cum  ardore  ,  et  arefe- 
cit  fenum,  et  flos  ejus  lic- 
cidit,  et  decor  vultus  ejus 
deperiil  :  ita  et  dives  in 
itineribus  suis  inarcescet. 

12.  Beatus  vir  qui  suf- 
fert  tentalioiiem  :  quo- 
niam  cum  probatus  fue- 
rit,  accipiet  coronam  vi- 
tae,  quam  repromisit  Deus 
diligentibus  »e. 

i3.  Nemo,  cum  tenla- 
tur,  dicat  quoniam  a  Deo 
tentatur  :  Deus  enim  in- 


cuAPiTRE  1.  376 

lement  sans  reprocher  ses  dons  ;  et 
la  sagesse  lui  sera  sera  accordee. 

G.  Mais  qu'il   la  deniande  avec -Wa«- *>'•  :• 
foi,  sans  defiance  ;  car  celui  qui  est  ^"-  '*• 
dans  la  defiance,  ressemble  au  flot  ^^"^^  *>•  '*• 
de  la  mer,  qui  est  agite  et  eniporte     "'^•*'-  9- 
ca  et  la  par  la  violence  du  veut.        ^^^  ^3 

7.  II  ne  faut  done  pas  que  celui- 
las'iinagine  qu'il  obtiendra  quelque 
chose  du  Seigneur. 

8.  L'homme  qui  a  I'esprit  parta- 
ge  est  inconstant  dans  toutes  ses 
voies. 

9.  Que  celui  d'eotre  nos  freres 
qui  est  d'une  condition  basse  se 
glorifie  de  sa  veritable  elevation  ; ' 

10   Et  que  celui  qui  est  riche  se 
glorifie  de  son  abaissement, '  parce  „    .. 
que    le    nche    passera    comme   la  ,    .       _ 
fleur  de  I'herbe.  ^..Petr.\.^xt^. 

11.  Carau  lever  d'un  soleil  brii- 
lant,  I'herbe  se  seche,  la  fleur  tom- 
be,  et  perd  loute  sa  beaute;  ainsi 
le  riche  sechera  et  sc  fletrira  dans 
ses  voies. 

12.  Heureux  celui  qui  !soufl"re  pa-  J^jb.y.  17. 
tiemment  les  tenlalions, 'parceque 
lorsque  sa  vertu  aura  ete  epiouvee, 
il  recevra  la  couronne  de  vie,  que 
Dieu  a  promise  a  ceux  qui  I'ai- 
ment. ' 

i3.  Que  Mul  ne  disc,  lursqu'il 
est  tente ,  que  c'est  Dieu  qui  le 
tente  :   car  Dieu   est  incapable    de 


y  8.  Et  iodigne d'etre  ecoulede  Dieu. 

1^9.  Cette elevation  coDsistedan$.l'bonoeur  qu'il  a  d'etre  enfant  de  Dieu, 
et  membre  de  Jesus-Cbrist. 

y  lo.  De  I'etat  d'buniiliatioo  oil  la  religion  chrrtieiine  le  f;iil  paroilre  aux 
yeux  des  bommes ;  qu'il  se  glorifie  dans  la  bassesse  apparenle  de  celle  religion , 
et  non  pas  dans  la  grandeur  de  ks  ricbessc-squi  n'oni  rien  de  solide. 

y  \i.  Les  maux  de  cette  vie,  ids  que  la  pauvri'te  el  les  miseres. 

Ibid.  Qui  souffrent  pour  Taniour  delui. 


376 

tenter  et  de  pousser   personne  au 
mal.  ' 


EPITRE  CATHOHQUE  DE  SAINT  JACQUES. 

tentator    malorum    est  : 
ipse  autem  neminem  len- 


14.  Mais  chacun  est  tente  par  sa 
propre  concupiscence  ,  qui  I'em- 
porte  et  qui  I'atlire  dans  le  peche  ; 

i5.  Et  ensuite,  quand  la  concu- 
piscence a  concu,"  elle  enfante  le 
peche;' et  le  peche  etant  accom- 
pli," engendrela  mort.' 

16.  Ne  vous  y  trompez  doncpas, 
mes  trfes  chers  freres. ' 

17.  Toute  grace  excellenle-,  et 
tout  don  parfail  vicnt  d'en-haut , 
et  descend  du  Pere  des  lumieres, 
qui  ne  peut  recevoir  ni  de  change- 
ment,  ni  d'ombre  par  aucune  re- 
volution. 

18.  Car  c'est  volontaireinent 
qu'il  nous  a  engendres  par  la  pa- 
role de  la  verite/  afin  que  nous  fus- 
sions  comme  les  premices  de  ses 
creatures. " 

19.  Yous    le    savez ,    mes    tres 
Pfov.wn.-x'].  chers   frores.'  Que  chacun  de  vous 

soil  pret  a  ecoutcr,   lent  a  parler, 
lent  a  se  mcttre  en  colfere. 


20.    Car  la   colere  de   I'homme 
n'accomplit  point  la  justice  deDieu.' 


tat. 

14.  Unusquisque  vero 
tentatur  a  concupiscentia 
sua  abstractus,  etillectus: 

10,  Deinde  concupis- 
centia cum  conceperit , 
parit  peccatum :  peccatum 
vero  cum  consummatum 
fuerit,  generat  mortem. 

16.  Nolite  itaque  er- 
rare  ,  fratres  mei  dilectis- 
simi. 

17.  Omne  datum  opti- 
mum et  omne  donum 
perfectum,  desursum  est, 
descendens  a  Patre  lumi- 
num,  apud  quern  non  est 
transmutatio,  nee  vicissi- 
tudinis  obumbratio. 

18.  Yoluntarie  enini 
genuit  nos  verbo  veritatis, 
ut  simus  initium  aliquod 
creaturae  ejus. 

19.  Scitis,  fratres  mei 
dilectissimi.  Sit  autem 
omnis  homo  velox  ad  au- 
diendum  :  tardus  autem 
ad  loquendum  ,  et  tardus 
ad  iram. 

20.  Ira  enim  viri  jus- 
titiam  Dei  non  operatur. 


y- 1 3.  Gr.  autr.  car  comme  Dieu  ne  peut  Aire  tent^  d'aucun  mal ,  11  ne  tenle 
aussi  personne. 

•^  1 5.  Par  les  mauvais  dcsirs  qu'elle  inspire. 

Ibid.  Par  le  consentement  qu'on  y  donne. 

Ibid.  Ou  par  le  consentement  de  la  volonte,  ou  par  Paction  m^me. 

Ibid.  Tue  Tame. 

•j^  16.  Ne  regarde;;  pas  Dieu  comme I'auteur  des  tentationsqui  vous  portent 
au  peche,  lui  qui  cstle  prlncipe  et  la  source  de  toute  grace  et  de  toute  sainlet^. 

^18.  Par  le  saint  fivangile,  parle  bapt^me. 

Ibid.  Du  nouveau  raonde  regenere  en  J.-C. 

y  19.  Gr.  Ainsi,  mes  cbers  freres,  que  chacun,  etc. 

f  9.0.   Puisqu'ello  jious  fait  tomber dans  des  excesconlraires  a  celle  justue. 


CUAPJlRt:  I. 

ai.  Propter  quod  abji- 
cientes  omnem  iniinun- 
ditiain,  et  abundantiam 
maiitix,  in  mansuetudine 
suscipite  insituin  verbum, 
(|uod  potest  salvare  ani- 
iiias  Testras. 

23.  Estote  auteru  fac- 
tores  verbi,  et  non  audi- 
tores  taDtum,  fallentes 
vosmetipsos. 

25.  Quia  si  quis  audi- 
tor est  verbi ,  et  non  fac- 
tor, hie  comparabiturviro 
(onsideranti  vultum  nati- 
\itatis  suae  in  speculo  : 

34.  Consideravit  enim 
^e,  et  abiit,  etstatim  obli- 
tus  est  qualis  fuerit. 

25.     Qui    auteni   per- 


377 

31.  C'est  pourquoi  rejetant  tou- 
tes  les  propositions  impures  et  su- 
perflues  du  peche  ,  recevez  avec 
douceur  et  avec  docilite  la  parole 
qui  a  ete  entee  en  vous,  et  qui  pent 
sauver  vos  ames. 

32.  Ayez  soin  de   mettre   cette  ■*''^- '"  ** 

parole  en  pratique  ;  et  ne  vous  con-  i^' 

f     .  1      I,'        »  Rom.  II.  1 3. 

tentez  pas  de   1  ecouter,    en   vous 

trompant  vous-memes; 

20.  Car  celui  qui  ecoute  la  parole 
de  Dieu  sans  la  pratiquer,  est  sem- 
blable  a  un  homme  qui  jetant  les 
yeux  sur  un  miroir,  y  voit  son  vi- 
sage naturel ; 

24.  Et  qui  a  peine  I'y  a  vu,  qu'il 
s'en  va,  et  oublie  a  I'heure  meme 
quel  iletoit. 


25.  Mais  celui  qui  considere 
spexerit  in  legem  perfec-  exactementlaloiparfaite'delaliber- 
tamlibertatis,  etperman-  te,  qui  y  demeure  attache  perseve- 
serit  in  ea,  non  auditor  ramment',celui-lane  I'ecoutant  pas 
obliviosus  factus,  sed  fac-     seulement  pour    oublier  aussitot , 

mais  faisant  ce  qu'il  ecoute,  trou- 
vera  son  bonheur  dans  ce  qu'il  fait. 

26.  Si  quelqu'un  d'entre  vous' 
croit  avoir  de  la  religion  ,  et  qu'il 
ue  retienne  pas  sa^ngue  comme 
avec  un  frein,  mais  que  lui-meme 
seduise  son  cceur,'  sa  religion  est 
vaine. 

27.  La  piete'  pure  et  sans  tache 
aux  yeux  de  Dieu  notre  pere,  con- 
siste  a  visiter  les  orphelins  et  les 
veuves  dans  leur  affliction  ,  et  a  se 

in  tribulatione  eorum,  et    conserver  pur  de  la  corruption  du 
immaculatum   se    custo-     siecle  present, 
dire  ab  hoc  seculo. 


tor  operis  :  hie  beatus  in 
facto  suo  erit 

26.  Si  quis  autem  putat 
se  religiosum  esse,  non 
refrenans  linguam  suam  , 
sed  seducens  cor  suum, 
hujusvana  est  religio. 

27.  Religio  munda  et 
immaculata  apud  Deum 
et  Patrem ,  haec  est  :  Vi- 
sitare  pupillos  et  viduas 


y  25.  L'fevangilc. 

y  a6.  Ces  deux  mots  sont  dans  le  grec  v*  «("■». 
Ibid.  En  s'abandonDant  a  rindiscretion  de  sa  langue. 
y  27.  Litl.  la  religion. 


378 


EPitHE  CATHOLIQUE  DE  SAINT  JACQUES. 


CHAPITRE  II. 

Acception  des  personnes  condainnee.  Estime  pourles  pauvres.  Ne  violer  la  loi 
en  aucun  point.  Faire  misericorde  pour  I'obtenir.  La  foi  sans  les  ceuvres  est 
inutile  pour  le  salut.  Abraham  justifie  par  ses  ceuvres  jointes  a  sa  foi. 


XIV.  19. 
Prou.  XXIV 
i3. 


1.  Mes  freres,  n'ayez  point  la  foi 
Le^^.  XIX.  i5.  de  la  glojre  de  notre  Seigneur  Je- 
Deut.i.i'].    sus-Christ  en  acception  des  per- 
sonnes.' 

2.  Car  s'il  entre   dans  votie  as- 
Eccli  \Lii  r   s^^^'^'^e  un  homme  qui  ait  un  an- 

'  neau  d'or  et  un  habit  magnifique,' 
et  qu'il  y  entre  aussi  quelque  pau- 
vre  avec  un  niechant  habit; 

3.  Et  qu'arrStant  votre  vue  sur 
celui  qui  est  magnifiquemcnt  vctu, 
vous  lui  disiez  :"  Asseyez-vous  ici; 
et  que  vous  disiez  au  pauvre  :  Te- 
nez-vous  li  debout,  ou  asseyez- 
vous  a  mes  pieds  : ' 

4.  N'est-ce  pas  la  faire  difference 
en  vous  memes  entre  I'un  et  I'au- 
Ire,  et  suivye  des  pensees  injustes 
dans  le  jugement  que  vous  en  fai- 
tes?' 

5.  Ecoutez,  mes  trcs  chers  fre- 
res :  Dieu  n'a-t-il  pas  choisi  ceux 
qui  etoient  pauvres  dans  ce  monde 
pour  etre  riches  dans  la  foi,  et  he- 


1.  Fratres  mei,  nolile 
in  personarumacceptione 
habere  fidem  Domini  nos- 
tri  Jesu  Christi  gloriae. 

2.  Etenim  si  introierit 
in  conventum  vestrum 
vir  aureum  annulura  ha- 
bens  in  veste  Candida , 
introierit  aulem  etpauper 
in  sordido  habitu, 

3.  Et  intendatis  in  eum 
qui  indutus  est  veste  prae- 
clara,  etdixerit  ei  :  Tu  se- 
de  hie  bene  :  pauperi  aii- 
tem  dicatis  :  Tu  sta  illic, 
aut  sede  sub  scabello  pe- 
dum meorum  : 

4.  Nonne  judicatis  apud 
vosmetipsos,  et  facti  es- 
tis  judices  cogitationum 
iniquarum  ? 

5.  Audite  ,  fratres  mei 
dilectissimi  :  nonne  Deus 
elegit  pauperes  in  hoc 
mundo ,    divites    in   fide 


y  I .  Autrement :  N'ajez  point  de  respect  buniain  pour  la  condition  des  person- 
nes lorsqu  il  s'agit  de  donner  des  minisLres  a  I'Eglise ; ou  hrsqu'il  s'agil  des 
places  et  du  rang  dans  les  assemblees  de  la  religion  {infr.  -^1.  e«  3.),  vous 
qui  avez  la  foi  de  la  gloire  de  noire  Seigneur  Jesus-Christ  ,  et  qui  devez  etre 
insensibles  a  tout  le  faux  eclal  de  la  gloire  humaine  et  charnelle. 

^  ■?. .  C'est  le  sens  du  grec  Xaj^-irpa. 

y  3.  En  lui  assignant  une  place  honorable. 

Ibid.  Litt.  au  bas  demon  marche-pied. 

-f  4.  Puisque  vous  n'avez  egard  ni  a  la  verlu,  niau  merile,  mais  seulemcnt 
a  la  pompc  et  aux  richesses. 


et  hei-edes  re^i «  quod 
repromisit  Deus  diligen- 
lihus  se  ? 

a.  Vos  autem  exhono- 
■  i.-tis  pauperein.  Nonne 
divites  per  poteiitiaiu  op- 
primunt  vos  ,  et  ipsi  Ira- 
hunt  Tos  ad  judicia? 

7.  Nonne  ipsi  blasphe- 
mant  bonuui  aoiiien  , 
quod  iiivocatum  est  super 

TOS  ? 

8.  Si  tauien  legem  per- 
ticilis  regalem  secundum 
Scripturas :  Diligesproxi- 
mumtuuiiisicutteipsum : 
bene  facitis  : 

9.  Si  autem  personas 
accipitis,  peccatum  ope- 
ramini,  redarguti  a  lege 
quasi  trausgressores. 


CUAFITKE   II.  379 

ritiers  du  royauuie  qu'il  a  promis  a 
ceuxqui  I'aimenl  ? 

6.  Et  V0U5,  au  contraire,  vous 
deshonoroz  le  pauvre.'  Ne  sont-ce 
pas  les  rh'hes  qui  vous  oppriuient 
par  leur  puissance?  ne  sont-ce  pas 
eux  qui  vous  Irainent  devant  les 
tribunaux  de  la  justice?' 

7.  Ne  sont-ce  paseux  quidesho- 
noreiit'  le  saint  nom  de  Jesus- 
Christ,  dont  rous  avez  tire  le  v6- 
tre?' 

8.  Que  si  vousaccomplissez  laloi 

royale  en  suivant  ce  precepte  de 

I'Ecriture  :  Vous  aimerez  voire  pro-  Le^>.  xjx.  i8. 

chain  comme  vous-meme,'   vous  Mauh.xxn. 

faites  bien  :  ^9- 

q.  Mais  si  vous  avez  egard  a  la  ''jfaiv.xn.ii. 
^  "  nom.  xiir.  9. 


condition  despersonnes,  vous  com-  ^^^  ^  ^ 
mettez  un  peche,  et  vous  etes  con- 
damnes  par  la  loi  comuie  en  etant 
les  violateurs; ' 

10.  Car  quiconque  ayant  garde  Mau.y.  19, 
toute  la    loi ,  la  viole  en  un  seul 
point,  est  coupable  comme  I'ayant 
toute  violee; 

1 1 .  Puisque  celui  qui  a  dit  :  Ne 
commetlez  point  d'adultere,  a  dit 

Non  occide.  Quod  si  non,  aussi :  Ne  tuez  point.  Si  done  vous 
moechaberis,  occides  au-     tuez,  quoique  vous  ne  commettiez 


10.  Quicumque  uutem 
totam  legem  servaverit, 
offendat  autem  in  uno, 
faclus  est  omnium  reus. 

11.  Qui  enim  dixit, 
Non  moechaberis,  dixit  et. 


y  6.  Enlui  preferant  le  rithe,  sans  autre  raison  que  ses  richesses. 

Ibid.  PouFTousy  faire  condamner  a  leur  payer  ce  qu'ils  pretendenlque 
vous  leur  devez. 

•^  7 .  Fonl  blasphemer  par  leurs  violences  el  leurs  injustices. 

Ibid.  Celui  de  Chretiens. 

y  8.  Sans  distinction  de  riche  ou  de  pauvre.  L'apdtre  appelle  le  oommande- 
mentde  la  charite  la  loi  royale,  parce  qu'il  est  I'abregede  toute  la  loi  deDieu. 
Voje2  5.  Matth.  xxii.  3y. 

y^  8.  el  9.  Ou  simplemenl  :  Si  vous  accomplissez  la  loi  royale  de  la  cfuirite, 
en  suivant  ce  precepte  de  TEcriture  :  Vous  aimerez  voire  prochain  comme  vous- 
meme  ;  et  si  c'est  iordre  de  la  charite  qui  regie  les  honneurs  et  les  defe- 
rences dans  vos  assemble'es,  vous  faites  bien ,  et  il  n'j  a  rien  en  cela  que  de 
louable ;  mais  si  vous  avez  rgard  seulemeru  a  la  condition  des  personnes,  si 
c'est  par  iesiiine  des  seules  richesses  que  vous  distn'buez  les  rangs,  rous 
commetle/  un  peche,  etc. 


38o 


EPITRE  CATHOLIQLE  DE  SAINT  JACQUES. 


point  d'adultere,  vous  gtes  viola- 
teur  de  la  loi. 

12.  Reglez  done  yds  paroles  et 
YDS  actions,'  conanae  dcYant  etre 
juges  par  la  loi  de  la  liberie. ' 

i3.  Car  celui  qui  n'aura  point  fait 
raisericorde  sera  juge  sans  miseri- 
corde  :  mais  la  misericorde  s'ele- 
vera  au-dessus  de  la  rigueur  du  ju- 
gernent. 

14.  Mes  fr^res ,  que  serYira-t-il 
a  quelqu'un  de  dire  qu'il  a  la  foi , 
s'il  n'a  pas  les  ceuYres?  La  foi 
pourra-t-elle  le  sauver? 


I.  Joan.  in.        i5.  Que  si  un   de  yos  freres  ou 

J  7"  une   de  vos  sceurs  n'ont  point  de 

quoi  se  Yfetir,  et  qu'ils  nianquent  de 

ce  qui  leur  est  necessaire  chaquc 

jour  pour  YiYre; 

16.  Et  que  quelqu'un  d'entre 
vous  leur  dise  :  Allez  en  paix ,  je 
vous  souhaite  de  quoi  vous  couvrir 
etdequoi  manger,  sans  leur  donner 
neanmoins  de  quoi  satisfaire  aux 
necessites  de  leur  corps ,  a  quoi 
leur  serviront  vos  souhaits? 

17.  Ainsi  la  foi  qui  n'est  point  ac-< 
compagnee  des  oeuvres,  est  morte 
en  elle-meme. 

18.  On  pourra  done  dire  : '  Vous 
avezla  foi  ^  et  moi  j'ai  les  oeuvres  : 
montrez-moi  voire  foi  qui  est  sans 
oeuvres  ;  et  moi  je  vous  montrerai 
ma  foi  par  mes  oeuvres. 

19.  Vous  croyez  qu'il  n'y  a  qu'un 
Dieu,  vous  faites  bien  :  mais  les 
demons  le  croienl  aussi ,  et  ils  en 
tremblenl. 


tem,  factus  es  transgres- 
sor legis. 

13.  Sic  loquimini  et 
sic  facite,  sicut  per  legem 
libertatis  incipientes  judi- 
cari. 

i3.  Judicium  enim  si- 
ne misericordia  illi  qui 
non  fecit  misericordiam  : 
superexaltat  autem  mise- 
ricordia judicium. 

14.  Quid  proderit  fra- 
Ires  mei,  si  fidem  quis  di- 
cat  se  habere,  opera  au- 
tem non  habeat?  TSum- 
quid  poterit  fides  salvare 
eum? 

i5.  Si  autem  frater  et 
soror  nudi  sint,  et  indi- 
geant  victu  quotidiano  , 


16.  Dicat  autem  ali- 
quis  ex  vobis  illis  :  Ite  in 
pace,  calefacimini  et  sa- 
turamini  :  non  dederitis 
autem  eis  quae  necessaria 
sunt  corpori,  quid  prode- 
rit? 

17.  Sic  et  fides  et,  si 
non  habeat  opera ,  mor- 
tua  est  in  semetipsa. 

i8.  Sed  dicet  quis  :  Tu 
fidem  habes  ,  et  ego  ope- 
ra habeo.  Ostende  mihi 
fidem  tuam  sineoperibus : 
et  ego  ostendam  tibi  ex 
operibus  fidem  meam. 

19.  Tu  credis  quoniam 
unus  est  Deus  :  bene  fa- 
cis :  et  daemones  credunt, 
el  contremiscunt. 


y^  12.  C'est  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Cette  loi  qui  aura  egard  ,  non  a  la  condition  des  personnes ,  mais  k 
leur  m^rite,  et  aux  oeuvres  de  misericorde  qu'ils  auront  faitei. 
-f  18.   A  celui  qui  a  ainsi  la  foi  sans  les  oeuvres. 


CMAPITRE   II. 


38l 


ao   Vis  atitein  scire ,  o         20,  Mais  voulez-rous  savoir,  6 
homo    inanis,    quoniam     homme  vain,  que   la  foi  sans  les 
fides  sine  operibus  mor-     oeuvres  esl  morte  ?  ' 
tuaest? 

ai.  Abraham  paler  nos-         21.  Notre  pere  Abraham  ne  ful-  Gen.xxn.9. 
ter.   nonne  ex   operibus     il  pas  justific  par  les  oeuvres,  lors- 
justificatus   est,    oflferens     qu'il  offrit  son  fils Isaac  surl'autel?' 
Isaac  filium  suum    super 
altare? 

23.  Vides  quoniam  fi-  22.  Ne  Toyez-vous  pas  que  sa  foi 
des  cooperabatur  operi-  etoit  jointe  A  ses  oeuvres, '  et  que 
bus  illius  :  et  ex  operibus  sa  foi  fut  consoramee  par  ses  oeu- 
fides  consummata  est?         vres? 

25.     Et    suppleta    est         23.  Et  qu'ainsi  cette   parole   de 
Scriptura,  dicens  :  Credi-     I'Ecriture   fut  accomplie  :  '  Abra- Gtf/i.xT.6. 
dit  Abraham  Deo,  et  re-     ham  crut  ce  que  Dieu  lui  avoit  dit;  ^om.  iv.  3. 
putatum  est  illi  ad  justi-     et  sa  foi  lui  fut  imputee  a  justice,  Gal.m.6. 
liam,  et  amicus  Dei  ap-     et  il  fut  appele  ami  de  Dieu? 
pellatus  est. 

24-  Videtis  quoniam  ex         24-^'ous  voyezdoncqueThomme 
operibus  justificatur  ho-     est  justifie  par  les  oeuvres,  et  non 
mo,  et  non  ex  fide  tan-     pas  seulementparia  foi. 
turn. 

23.  De  meme  Rahab,  la  courti- 
sane,  ne  fut-elle  pas  justifiee  par 
les  oeuvres  en  recevant  chez  elle 
les  espions'  de  Josue,  et  les  ren- 
voyant  par  un  autre  chemin  ? 

26.  Car  comme  le  corps  est  mort 
lorsqu'il  est  sans  ame  ,  ainsi  la  foi 
est  morte  lorsqu'elie  est  sans  oeu- 
vres. 


25.  Similiter  et  Rahab 
meretrix,  nonne  ex  ope- 
ribus justificata  est,  sus- 
cipiens  nuntios,  et  alia 
via  ejiciens? 

26.  Sicut  enim  corpus 
sine  spiritu  mortuum  est, 
ita  et  fides  sine  operibus 
mortua  est. 


y  20.  Inatile  pour  la  justice. 

y  2 1 .  Qu'il  fut  pret  a  en  faire  un  sacriBce  a  Dieu: 

y  22.  Litt.  coop^roiti  ses  oeuvres. 

y  23.   C'est  Je  sens  du  grec,  impleta  est. 

/  25.  Litt.  lesenvoyes.  Quelques  exemplaires  grecs  lisent  :  les  espions. 


38j 


EPITRE  CATHOLIQUE  DE  SAINT  JACQUEa. 


CHAPITRE  III. 

Craindre  de  devenir  maitres.  Langue  source  de  maux  ;  difficuUe  de  la  con- 
tenir.  Sagesse  terrcstre  amie  des  disputes.  Caract^re  de  la  sagessequi  vienl 
d'en-haut. 


I.    Mes   frferes^  gardez-vous   de 

I'ambition,  qui  fait  que  plusieurs 

Mati.Kwu  a.  veulent  devenir  maitres,"  sachant 

que  cette  charge  vous  expose  a  un 

jugement  plus  severe. 

a.  Car  nous  faisons  tous  beau- 
coup  (j[e  fautes:"  si  quelqu'un  ne 
fait  point  de  fautes  en  parlant,  c'est 
un  hooime  parfait;  et  il  peut  tenir 
en  bride  tout  le  corps. ' 

3.  Ne  voyez-vous  pas  que'  nous 
mettons  des  mors  dans  la  bouche 
des  chevaux,  afin  qu'ils  nous  obeis- 
sent,  et  qu'ainsi  nous  gouvernons 
tout  leur  corps  ? 

4.  Ne  voyez-vous  pas  aussi 
qu'encore  que  les  vaivsseaux  soient 
si  grands,  et  qu'ils  soient  pousses 
par  des  vents  impetueux,  ils  sont 
tournes  neanmoins  de  tous  cotes 
avec  un  tres  petit  gouvernail,  selon 
la  volonte  du  pilole  qui  les  con- 
duit? 

5.  Ainsi  la  langue  n'est  qu'une 
petite  parlie  du  corps  :  et  cepen- 
dant  combien  peut-elle  se  ranter' 


1.  NouTE  plures  ma- 
gistri  fieri ,  fratres  mei , 
scientes  quoniam  majus 
judicium  sumitis. 

a.  In  multis  enim  of- 
fendimus  omnes.  Si  quis 
in  verbo  non  offendit : 
hie  perfectus  est  vir.  Po- 
test etiam  freno  circum- 
ducere  totum  corpus. 

3.  Si  aulem  equis  frena 
in  ora  mittimus  ad  con- 
sentiendum  nobis,  et  om- 
ne  corpus  illorum  cir- 
cumferimus  : 

4.  Ecce  et  naves,  cum 
magnae  sint,  et  a  ventis 
validis  mlnentur,  circum- 
feruntura  modico  guber- 
naculo  ubi  impetus  diri- 
gentis  voluerit  : 


5.  Ita  et  lingua  modi- 
cum quidem  membrum 
est,    et   magna    exaltat : 


i-  I.  C'est-a-dire  maitres  pour  enseigner.  C'est  ce  que  signifie  I'expres- 
siondu  texte. 

y  2.  Et  surtout  par  la  langue  :  ainsi  des  emplois  qui  nous  obligent  a  parler 
et  a  inslruire  nous  mettent  en  danger  de  commettre  un  grand  nombre  Je 
peches. 

Ibid.  Maitriser  toules  ses  passions. 

■^  3.  C'est  le  sens  du  grec :  Ecce  equis ,  etc. 

y  5.  C'est  le  sens  du  grec. 


ecce  qiiaiitu*  ignis  quam 
inagnntn  silvaminccndlt! 


6.  Et  lingua  ignis  est, 
universilas  iniquitatis:  lin- 
ffua  constituitnr  in  mera- 
bris  nostris,  quae  maculat 
totum  corpus,  et  inflam- 
matrotain  nalivitatis  nos- 
trae,  inflammata  a  gehen- 
na. 

7.  Omnis  enim  natura 
bestiaruin,  et  volucrum, 
et  serpentium ,  et  cetero- 
rum,  domantur,  et  domi- 
ta  sunt  a  natura  humana  • 

8.  Linguam  autein  nul- 
lus  hominum  dotnare  po- 
test :  inquietum  malum, 
plena  veneno  morlifero. 

9.  In  ipsa  benedicimus 
Deum  et  Patrem  :  et  in 
ipsa  maledicimus  homi- 
nes, qui  ad  similitudinem 
Dei  facti  sunt. 

10.  Ex  ipsa  ore  proce- 
dit  benedictio  et  male- 
dictio.  Non  oportet,  fra- 
tres  mei,  haec  ita  fieri. 

11.  Numquid  fons  de 
eodem  foramine  emanat 
dulcem    et   amaram    a- 


CHAPITRE  III. 

de 


383 


faire  de  grandes  choses!  Ne 
voyez-vous  pas  comment  un  petit' 
feu  est  capable  d'a  II  umer  une  grande 
fordt?' 

6.  La  langue  aussi  est  un  feu. 
C'est  un  monde '  d'iniquite ;  et  n'e- 
tant  qu'un  de  nos  membres,  elle 
infecte  tout  noire  corps;  elle  en- 
flimme  tout  le  cercle  et  tout  le 
coursdenotre  Tie,  etest  elle-meme 
enflammee  du  feu  de  I'enfer. 

7.  Car  la  nature  de  I'homme  est 
capable  de  dompter  et  a  dompte  en 
eftet  toutes  sortes  d'animaux,  les 
betes  de  la  terre,  les  oiseaux,  les 
reptiles ; ' 

8.  Mais nulhommenepeut  domp- 
ter la  langue  :  c'est  un  mal  qu'on 
ne  peut  contenir;  elle  est  pleine 
d'un  renin  mortel. 

9.  Par  elle  nous  benissons  Dieu 
notre  Pere ;  et  par  elle  nous  mau- 
dissons  les  hommes,  qui  sent  crees 
ii  I'image  de  Dieu  : 

10.  La  benediction  et  la  maledic- 
tion partent  de  la  meme  bouche. 
Ce  n'est  pas  ainsi ,  mes  freres, 
qu'il  faut  agir. 

11.  Une  fontaine  jette-t-elle  par 
une  meme  ourerture  de  I'eau  douce 

«  et  de  I'eau  amere? 


quam? 

12.    Numquid    potest,  12.  Mes  freres,  un  figuier  peul-il 

fratres    mei,  ficus    uvas  porter  des  raisins  ,' ou  une  vigne 

facere,  aut  vitis  ficus  ?  Sic  des  figues  ?  Ainsi  une  fontaine  d'eau 


f  5.  C'est  I'expression  du  grec. 

Ibid.  Grec:  allume  one  matiere  considerable. 

y  6.  C'est  I'expression  du  grec. 

y  7.  Au  lieude  serpentium  et  cetemrum ,  le  grec  lit :  reptilium  et  mari- 
iiorum.  Quelques-uns  soupQonnent  qu'on  lisoit  dans  la  Vulgale  :  serpentium 
etcetorum. 

7^  la.  Gr.  des  o1  ires. 


384 


EPITRE  CATHOLIQUE  DE  SAINT  JACQUES. 


salee  ne  peut  jeter  de  I'eau  douce. ' 

i3.  Y  a-t-il  quelqu'un  parmi 
nous  qui  soil  sage  et  savant  ?  qu'il 
fasse  paroxtre  ses  oeuvres  dans  la 
suite  d'une  bonne  vie,  avec  une 
sagesse  pleine  de  douceur. ' 

14.  Mais  si  vous  avez  dans  le 
coeur  une  jalousie  pleine  d'amer- 
tume,  et  un  esprit  de  contention," 
ne  vous  glorifiez  point,  et  ne  men- 
tez  point  contre  la  verite. ' 

i5.  Carce  n'est  pas  la  la  sagesse 
qui  vient  d'en-haut,  mais  c'est  une 
sagesse  terrestre,  animale  et  diabo- 
lique; 

16.  Car  oiy  il  y  a  de  la  jalousie  et 
un  esprit  de  contention,  il  y  a  aussi 
du  trouble,  et  toute  sorte  de  mal. 

17.  Mais  la  sagesse  qui  vient 
d'en-haut  estpremi^rement  chaste, 
puis  amie  de  la  paix ,  moderee,' 
docile,  susceptible  de  tout  bien,' 
pleine  de  misericorde  et  de  fruits  de 
bonnes  oeuvres  :  elle  ne  juge  point,' 
elle  n'est  point  dissimulee. 

18.  Or,  les  fruits  de  la  justice' 
se  sfement  dans  la  paix,  par  ceux 
qui  font  des  oeuvres  de  paix. 


neque  salsa  dulcem potest 
facere  aquam. 

i3.  Quis  sapiens,  et 
disciplinatus  inter  vos? 
Ostendat  ex  bona  conver- 
satione  operationemsuam 
in  mansuetudine  sapien- 
tise. 

14.  Quod  si  zelum  a- 
marum  habetis,  et  con- 
tentiones  sint  in  cordibus 
vestris  :  nolite  gloriari,  et 
mendaces  esse  adversus 
veritatem. 

i5.  Non  est  enim  ista 
sapientia  desursum  des- 
cendens,  sedterrena,  ani- 
malis,  diabolica. 

16.  Ubi  enim  zelus  et 
contentio  :  ibi  inconstan- 
tia,  etomneopuspravum. 

17.  Quae  aulem  desur- 
sum est  sapientia,  primum 
quidem  pudica  est,  deinde 
pacifica,  modesta,  suadi- 
bilis,  bonis  consentiens, 
plena  misericordia  et  fruc- 
tibus  bonis,  non  judicans, 
sine  simulatione. 

18.  Fructus  autemjus- 
titiae,  in  pace  seminatur, 
facienlibus  pacem. 


•j^ia.  Le  grec  lit:  Ainsi  nulle  fonlainene  peut  jeter  de  I'eau  sal^e  et  de  I'eau 
douce. — Que  la  langue  done  aussi ,  qui  est  faite  pour  louer  Dieu  et  le  benir, 
ne  serve  jamais  a  Toffenser. 

f  i3.  Autr.  qu'il  fasse  parol tre ,  par  la  suite  d'une  bonne  vie,  que  ses 
CEUvres  sonl  accompagnees  d'une  sagesse  pleine  de  douceUr. 

y^  14.  Le  mot  sint  n'est  pas  dans  dans  le  grec. 

Ibid.  En  vous  attribuant  une  vertu  que  vous  n'avez  pas. 

y  1 7 .  Le  mot  grec  imtixrii  r^unit  les  deux  sens ,  de  modere  et  d'^qui- 
table. 

Ibid.  Ces  mots  bonis  consentiens  ne  sont  point  dans  le  grec. 

Ibid.  Necondamne  point  lemerairement  les  autres. 

y  18.  Que  produit  cette  sagesse. 


CRAPITRB    IT. 


385 


CHAPITRE  IV. 


Divisions  produites  pat  les  passions.  On  n'obtient  pas ,  parce  qu'on  de- 
mande  mal.  Amiti^  du  monde  ennemie  de  Dieu.  Se  soumettre  i  Dieu  ;  re- 
sister  au  demon.  S'affliger  par  ta  penitence.  Ne  point  medire;  ne point  juger. 
Ne  point  s'appuyer  sur  I'incertidude  de  la  vie. 


1.  Unde  bella  et  litesin 
vobis?  Nonne  hinc?  ex 
concupiscentiis  vestris , 
quae  militant  in  membris 
vestris  ? 

2.  Conciipiscitis ,  et 
non  habetis  :  occiditis  et 
zelatis ,  et  non  potestis 
adipisci  :  litigalis  et  belli- 
geratis,  et  non  habetis, 
propter  quod  non  postu- 
iatis. 


3.  Petitis,  et  non  acci- 
pitis  :  eo  quod  male  pe- 
tatis,  ut  in  concupiscen- 
tiis vestris  insumatis. 

4.  Adulteri ,  ncscitis 
quia  amicitia hujus  raundi 
inimica  est  Dei?  Quicum- 
que  ergo  voluerit  amicus 
esse  seculi  hujus,  inimi- 
cus  Dei  constituitur. 

5.  An  putatis  quia  in- 
aniter    Scriptura    dicat  : 


1 .  D'on  viennent  les  guerres  et 
les  proces  entre  vous?  N'est-ce  pas 
de  vos  passions,  qui  combattent 
dans  votre  chair? 

2.  Vous  ^tes  pleins  de  desirs,  et 
vous  n'avez  pas  ce  que  vous  desi- 
rez  :  vous  tuez,'  et  vous  etes  ja- 
loux,  et  vous  ne  pouvez  obtenir  ce 
que  vous  voulez  :  vous  plaidez,  et 
vous  failes  la  guerre  les  uns  contra 
les  autres;  et  vous  n'avez  pas  nean- 
moins  ce  que  vous  tachez  d'avoir, 
parce  que  vous  ne  le  demandez  pas 
a  Dieu. 

3.  Vous  demandez  et  vous  ne 
recevez  point ,  parce  que  vous  de- 
mandez mal ,  demandant  pour 
avoir  de  quoi  satisfaire  a  vos  pas- 
sions. 

4.  Ames  adulteres ,'  ne  savez- 
vous  pas  que  I'amour  de  ce  monde 
est  une  inimitie  contre  Dieu,  et 
que  par  consequent  quiconque  vou- 
dra  etre  ami  de  ce  monde  '  se  rend 
enneuii  de  Dieu? 

5.  Pensez-vous  que  I'Ecriture 
dise   en   vain  :  L'esprit  qui  habite 


i  a.  Quelques-uns  8oap<2onnent  qa'on  llsoit  originairement :  vous  Ales  en- 
vicux  et  jaloux. 
t 

•f  4.  Gjrrompues.  — Gr.  lilt,  hommes  adulteres  et  ferames  adulteret. 

Ibid.  C'est  I'expression  du  grec. 

23.  a5 


386 


EPixKE  CATHOLIQUE  DE  SAINT  JACQUES. 


en  vous  vous  aime'  d'un  amour  de 
jalousie?' 

6.  Mais  aussi  il   donne  de  plus 
Prot'  in  3/'.  grandes  graces.'  G'est  pourquol  il 

est  dit :  Dieu  resiste  aux  superbes, 
et  donne  sa  grace  aux  humbles.' 

7.  Soyez  done  soumis  a  Dieu, 
resistez  au  diable',  et  il  s'enfuira  de 
vous. 

8.  Approchez-vous  de  Dieu,  et  il 
s'approchera  de  vous  :  lavez  vos 
mains,  pecheurs;  et  purifiez  vos 
coeurs,  vous  qui  avez  Tame  dou- 
ble.' 

9.  Affligez-vous  vous-memes ; ' 
soyez  dans  le  deuil  et  dans  les  lar- 
mes;'  que  voire  ris  se  change  en 
pleurs,  et  votre  joie  en  tristesse.' 

10.  Humiliez-vous  en  la  pre- 
sence du  Seigneur,  et  il  vous  ele- 
vera.' 

11.  Mes  freres,  ne  parlez  point 
mal  les  uns  des  autres.  Celui  qui 
parle  contre  son  frere,  ou  qui  jugc 
son    frere,  parle  contre  la  loi '   et 


Ad  invidiam  concupiscit 
spiritus  qui  habitat  in  vo- 
bis? 

6.  Majorem  autem  dat 
graliam.  Propter  quod 
dicit :  Deus  superbis  re- 
sistit,  humilibus autem  dat 
gratia  m. 

7.  Subditi  ergo  estote 
Deo,  resistite  autem  dia- 
bolo,  et  fugiet  a  vobis. 

8.  Appropinquate  Deo, 
et  appropinquabit  vobis. 
Emundate  manus,  pecca- 
tores  :  et  purificate  corda, 
duplices  animo. 

9.  Miseri  estote,  et  lu- 
gete ,  et  plorate  :  risus 
vester  in  luctum  conver- 
tatur,  et  gaudium  in  moe- 
rorem. 

10.  Humiliamini  in 
conspectu  Domini,  etex- 
altabitvos. 

11.  Nolite  detrahere 
alterutrum ,  fratres.  Qui 
detrahit  fratri,  aut  qui  ju- 
dicat  fratrem  suum  ,  de- 


y  5.  L'esprit  de  Dieu.  Selon  le  grec :  L'esprit  de  Dieu  qui  habile  en  nous 
nous  aime  d'un  amour  de  jalousie.  Ce  passage  ne  se  trouve  pas  en  lernies  ex- 
pres  dans  I'Ecrilure :  mais  il  peut  avoir  rapport  a  divers  endroils  de  I'Ecri- 
lure,  ou  Dieu  se  compare  a  un  <5poux  jaloux  de  la  fidelilede  son  peuple. 

ILid.  II  ne  peul  pas  souffrir  que  vous  vous  altachiez  impunement  a  d'autres 
(ju'i  lui. 

i  6.  Plus  precieusesque  tous  les  biens  du  monde.  C'est  pour  celaqu'il  ne 
peut  souffrir  I'orgueil  qui  nous  porte  a  la  mepriser  et  a  lui  preferer  les  biens 
el  les  lionneurs  du  siecle.  ^ 

/^ 7c?.Ce passage  est  cil^  selon  la  version  dcsSeplante. — L'Ecrilureveul  nous 
engager  par-la  a  eviter  cet  orgueil  qui  dcplait  si  fort  a  Dieu,  et  i  enlrer  dans 
les  senlimens  d'humilile  el  de  sournission  qui  altirent  sa  grace  en  nous. 

y  8.  Partag^e  enlreDieu  el  le  monde. 

y-  9.  Par  une  veritable  penitence. 

Ibid.  Pour  laver  vos  peches. 

Ibid.  Les  ris  et  les  joies  du  monde. 

y  10.  Vous  fera  niisericorde  el  vous  comblerade  ses  graces. 

y  1 1 .  Parce  qu'il  agll  contre  la  defense  de  la  loi. 


trahit  legi,  et  judical  le- 
gem. Si  aulein  judicas 
legem,  non  est  factor  le- 
gis,  sed  judex. 

la.  Unus  est  Legisla- 
tor, et  Judex,  qui  potest 
perdere  et  liberare. 

i3.  Tu  autem  quis  es, 
qui  judicas  proximum? 
Ecce  nunc  qui  dicilis  : 
Hodieaut  crastino  ibimus 
in  illam  civilatem ,  et 
facicmus  ibi  quidem  an- 
num, et  mercabiniur,  et 
lucrum  faciemus  : 

14.  Qui  ignoratis  quid 
erit  in  crastino. 

i5.  Quae  est  enim  Tita 
vestra  ?  vapor  est  ad  mo- 
dicum parens,  et  dein- 
ceps  exterminabitur.  Pro 
eo  ut  dicalis  :  Si  Domi- 
nus  voluerit,  et :  Si  vixe- 
rimus ,  faciemus  hoc ,  aut 
illud. 

16.  Nunc  autem  exul- 
tatis  in  superbiis  reslris. 
Omnis  exultatio  talis , 
maligna  est. 

17.  Scienti  igitur  bo- 
uum  facere ,  et  non  fa- 
cienti,  peccatum  est  illi. 


CHAPITRE  IV.  387 

juge  la  loi  :  si  vous  jugci  la  loi , ' 
Tous  n'en  etes  point  observateur, 
maid  rous  vous  en  rendez  le  juge. 

13.  II  n'y  a  qu'un  Legislateur  et 
qu'un  Juge 'qui  peut  sauveret  qui 
peut  perdre. 

i5.  Mais  vous,  qui  etes-vous, /?om. xit.  4. 
pour  juger  votre  prochain  ?  Je  m'a- 
dresse  maintenant  a  vous  qui  dites  : 
Nous  irons  aujourd'hui  ou  deraain 
en  une  telle  ville,  nous  demeure- 
rons  la  un  an,  nous  y  traCquerons, 
nous  y  gagnerons  beaucoup ; 

14.  Quoique  vous  ne  sachiez  pas 
meme  ce  qui  arriverademain.' 

i5.  Car  qu'est-ce  que  votre  vie, 
sinon  une  vapeur  qui  paroit  pour 
un  peu  de  temps,  et  qui  disparoit' 
ensuite  ?  Au  lieu  de  cela  vous  de- 
vriez  dire  :  S'il  plait  au  Seigneur, 
et  si  nous  vivons,  nous  ferons  telle 
ou  telle  chose. 

16.  Et  vous  maintenant,  vous 
vous  elevez'  dans  vos  pensees  pre- 
somptiieuses. '  Toute  celte  pre- 
somption  est  mauvaise.' 

17.  Cehii  done  qui  sait  le  bien 
qu'il  doit  faire,  et  qui  ne  le  fait 
pas,  est  coupable  de  peche. 


■j^  X  I .  Que  vous  en  meprisiez  les  ordonnances. 

y  12.  Ce  mot  €1  judex  n'est  pas  dans  le  grec  imprime  ;  mais  il  se  Irouve 
dans  plusieurs  manascrits  grecs. 

y  i4.  Si  vous  serez  encore  en  vie. 

-jl-  i5.  C'est  I'expression  du  grec. 

y  16.  C'esl  le  sensdu  grec. 

Ibid.  Vouscomplez  sur  I'avenir,  comme  s'il  dependoit  de  vous. 

Ibid.  Elle  esl  d'autant  plus  criminelle  chez  vous,  que  vous  savez  trcs  bien 
qa'elledeplait  k  Dieu,  qui  veut  que  vous  viviez  dans  une  grande  dependance 
de  sa  Tolonte. 


388 


EPITRE  CATHOLIQUE  DE  SAINT  JACQUES. 


CHAPITRE  V. 


Riches  avares  severement  punis.  Patience  dans  las  afflictions,  soutenue  par 
I'attente  de  I'av^nement  du  Seigneur.  Souffrances  des  prophetes  el  de 
Job.  Eviter  le  jurement.  ExtrAme-onction.  Confession  des  peches.  Priere 
du  juste.  Conversion  du  pecheur. 


I.  Maintenant  a  vous,  riches; 
pleurez,  poussez  des  cris  et  des 
hurlemens,  dans  la  vue  des  misferes 
qui  doivent  fondre  sur  vous/ 

a.  La  pourciture  consume  les  ri- 
chesses  que  vous  gardez  :  les  vers 
mangent  les  vetemens  que  vous 
avez  en  reserve : 

3.  La  rouille  gate  Tor  et  I'argent 
que  vous  cachez  :  et  cette  rouille 
portera  temoignage  centre  vous,' 
et  devorera  votre  chair  comme  un 
feu  :  c'est  le  tresor  de  colere'que 
vous  vous  amasse:i  pour  les  der- 
niers  jours. 

4.  Sachez  que  le  salaire  que  vous 
faites  perdre  aux  ouvriers  qui  ont 
fait  la  recolte  de  vos  champs,  crie 
contre  vous ;  et  que  leurs  cris '  sont 
montes  jusqu'aux  oreilles  du  Sei- 
gneur des  aririees.' 

5.  Vous  avez  vecu  sur  la  terre 
dans  les  delices  et'  dans  le  luxe; 


1 .  Agite  nunc,  divites, 
plorate  ululantes  in  mi- 
seriis  vestris ,  quae  adve- 
nient  vobis. 

2.  Divitiae  vestrae  pu- 
trefactae  sunt  :  el  vesti- 
menta  vestra  a  tineis  co- 
mesta  sunt. 

5.  Aurum  et  argentum 
vestrum  aeruginavit,  et 
aerugo  eornm  in  testimo- 
nium vobis  erit,  et  man- 
ducabit  carnes  vestras 
sicut  ignis  :  thesaurisastis 
vobis  iram  in  novissimis 
diebus. 

4.  Ecce  merces  opera- 
riorum,  qui  messuerunt 
regiones  vestras ,  quae 
fraudata  est  a  vobis,  cla- 
mat  :  et  clamor  eorum  in 
aures  Domini  sabaoth  in- 
troivit. 

5.  Epulati  estis  super 
terram ,    et    in    luxuriis 


y  I.  Pour  Tous  punir  de  votre  avarice. 

■^  3.  Au  jugement  de  Dieu. 

Ibid.  Get  mot  iram  n'est  pas  dans  le  grec. 

f  4-  Selon  le  grec :  et  que  les  cris  de  ceux  qui  ontraoissonne  vos  teires  sont 
monies ,  etc.  L'ancienne  vulgate  I'exprimoit  ainsi :  et  voces  eorum  qui  messi 
suntt  ad  aures,  etc. 

Ibid.  C'est  ce  que  signifie  le  mot  hebreu  mXDJf ,  tsabaot,  ici  employe  dans 
le  texte  original  et  dans  la  Vulgate. 

^  5.  Le  grec  joint  ainsi  ces  deux  reproches. 


■ 


enutrbtis  cordo  vestra,  in 
die  occisionis. 

6.  Addixistis,  et  occi- 
distis  justutn,  et  non  re- 
stitit  vobis. 

7  Patientes  igitur  es- 
tote,  fratres,  usque  ad  ad- 
Tentum  Domini  :  ecce 
agricola  expectat  pretio- 
sum  fructum  terrae,  pa- 
tienter  ferens  donee  ac- 
cipiat  temporaneum  et 
serotinum. 

8.  Patientes  igitur  es- 
tote  et  vos,  confirma\e 
corda  vestra  :  quoniam 
adrentus  Domini  appro- 
pinquavit. 

9.  Nolite  ingemiscere  , 
fratres,  in  allerutrum,  ut 
non  judicemini.  Ecce  Ju- 
dex ante  januam  assistit. 

10.  Exemplum  accipi- 
le,  fratres  ,  exitus  mali , 
laboris,  et  patienliae,  pro- 
phetas  qui  locuti  sunt  in 
nomine  Domini. 

11.  Ecce  beatificamus 
eosqui  sustinueruul.  Sut- 
ferentiam  Job  audi«tis,  et 
finem    Domini    vidistis , 


CHAPITRE    v.  88^ 

vous  V0U8  etes  engraisses  comme 
des  Tictimes  preparees  pour  le  jour 
du  sacrifice; 

6.  Yous  avez  condamn^  et  tue  le 
juste,  sans  qu'il  reus  ait  fait  de  re- 
sistance : ' 

7.  Mais  vous,  mes  freres,'  per- 
severez  dans  la  patience  jusqu'a  la 
I'ayenement  du  Seigneur  :  vous 
voyez  qut  le  laboureur,  dans  I'es- 
perance  de  recueillir  le  fruit  pre- 
cieux  de  la  terre ,  attend  patiera- 
ment  que  Dieu  envoie  les  pluies' 
de  la  premiere  et  de  I'arriere-sai- 
son. 

8.  Soyez  ainsi  patiens ,  et  affer- 
missez  vos  coeurs^;  car  I'avenement 
du  Seigneur  est  proche. ' 


g.  N'ayez  point  d'aigreur,'  mes 
freres,  les  uns  contre  les  autres, 
afin  que  vous  ne  soyez  point  con- 
damnes.  Yoila  le  Juge  qui  est  a  la 
porte  : ' 

10.  Prenez,   mes  freres,    pour 
exemple  de  patience,  dans  les  mau- 
vais  succes  et  dans  les  afflictions, 
les  prophetes  qui  ont  parle  au  nom 
du  Seigneur. 

11.  Voila  que  nous  les  appelons 
bienheureux  de  ce  qu'ils  ont  taut 
souffert:'  vous  avez  appris  aussi 
quelle  a  ete  la  patience  de  Job;  et 


T  6.  Cela  s'eulend  generalement  des  pauvres  que  les  riches  opprimaient 
et  faisaient  condamner  injuslemeat. 

y^  7-  Vous  qui  souffrez  ces  oppressions  et  ces  injustices. 
Ibid.  Le  mot  imbrem  est  exprimc  dans  le  grec. 

y  8.  II  •viendra  dans  peu  vous  delivrer  de  la  misere  et  de  I'accahlement  ou 
vous  ^les. 

y  9.  Lilt,  ne  gemissez  point ,  ne  faites  point  de  plaiiUes. 

Ibid.  L'aTenement  du  Seigneur  qui  »'approche. 

y  10.  C'est  le  sens  du  grec. 

y  1 1 .  Autremenlet  a  la  lettre:  Vous  vojecque  uout  appelons  bienheureux 
ceuz  qui  *ouffr«i)t  avec  patience- 


quoniam  misericors  Do- 
minus  est,  et  miserator. 


890        EPITRE  CATHOLIQUE  DE  SAINT  JACQUES. 

voiis  avez  vu  la  fin  du  Seigneur;' 
car  le  Seigneur  est  plein  de  com- 
passion et  de  misericorde. 
iWaa.  V.  24.  12.  Mais  avant  toutes  choses, 
mes  frferes,  ne  jurez  ni  par  le  ciel, 
ni  par  la  terre,  ni  par  quelque  au- 
tre chose  que  ce  soit;  mais  conlen- 
tez-Yous  de  dire  :  Cela  est;  ou, 
Cela  n'est  pas;afin  que  vous  ne 
soyez  point  condamnea. 


12.  Ante  omnia  autem, 
fratres  mei,nolite  jurare, 
neque  per  coelum,  neque 
per  terram ,  neque  aliud 
quodcumque  juramen- 
tum.  Sit  autem  sermo 
Tester  :  Est,  est  :  Non  , 
non  :  ut  non  sub  judicio 
decidatis. 

i3,  Tristatur  aliquis 
vestrum  ?  oret.  iEquo  ani- 


i3.  Quelqu'un  parmi  vous  est-il 
dans  la  tristesse  ?  qu'il  prie.  Est-il 
dans  la  joie  ?  qu'il  chanie  de  saints     mo  est?  psallat. 
cantiques. 

i4-  Quelqu'un  parmi  vous  est-il 
malade?  qu'il  appelle  les  pretres 
de  I'Eglise,  et  qu'ils  prient  sur  lui , 


en  I'oignant  d'hiiile  au  nom  du  Sei- 
gneur. 

1 5.  Et  la  priere  de  la  foi '  sauvera 
le  malade  :   le  Seigneur  le  soula- 


14.  Infirmatur  quis  in 
vobis  ?  inducat  presbyte- 
ros  Ecclesiae,  et  orent  su- 
per eum,  ungentes  eum 
oleo  in  nomine  Domini  : 

i5.  Et  oratio  fidei  sal- 
vabit  infirmum ,  et  alle- 


f.uc.i\.  25. 


gera;  et  s'il  a'  des  peches,   ils  lui     viabit  eum  Dominus  :  et 
seront  remis. ' 

16.  .Confessez  done*  vos  fautes 
I'un  k  I'autre ;  et  priez  I'un  pour 
I'autre,  afin  que  vous  soyez  sauves; 
car  la  priere  perse verante  du  juste' 
peut beaucoup.  ^ 

17.  Elie  etait  un  homme  sujet, 
comme  nous,  a  toutes  les  miseres 
de  la  vie:  et  cependant,  ayant  prie 
Dieu  avec  ferveiir  qu'il  ne  plut 
point,  il  cessa  de  pleuvoir  sur  la 
terre  xluraiit  trois  ans  et  demi ;  " 


si  in  peccatis  sit ,  remit- 
tentur  ei. 

16.  Confitemini  ergo 
alterutrum  peccata  vestra, 
et  orate  pro  invicem,  ut 
salvemini  :  multum  enim 
valet  deprecatio  justi  as- 
sidua. 

17.  Elias  homo  erat  si- 
milis  nobis,  passibilis  :  et 
oratione  oravit  ut  non 
plueret  super  terram  ,  et 
non  pluit  annos  tres  et 
menses  sex. 


y^  II.  La  u'compense  que  le  Seigneur  accorda  a  la  patience  de  Job.  Fi/i. 
dans  le  toxte  liebreu  jp:;  ,  signide  souvent  recompense. 

■^  i5.  3ointe  a celte  onctioh  sainte. 

Jhid.  Gr.  lilt,  et  s'il  a  commis  des  peches. 

Ibid.  S'il  a  recours  a  la  confession  que  Jesus-Christ  a  etablie  dans  son 
Eglise. 

y  i6.  Cette  parlicule  n'est  pas  dans  le  grec. 

Ibid.  Grec  :  La  priere  fervenle  du  jusle,  etc. 

y  17.  Cos  trois  ans  et  demi  ne  sont  pas  expresseraent  marques  dans  les 


»8.  Et  rursum  orarit : 
et  ccelum  dedit  pluviam, 
et  terra  dedit  fructum 
suum. 

19.  Fratres  mei,  si  quis 
exTobis  erraverit  a  veri- 
tate,  et  converterit  quis 
eum: 

20.  Scire  debet,  quo- 
niam  qui  converti  fecerit 
peccatorem  ab  errore  viae 
suae ,  salvabit  aniinam 
ejus  a  niorte,  et  operict 
'multitudinem      peccato- 


CHAPITBBY.  .  391 

18.  Et  ayant  pri6  de  nouveau,  le 
ciel  donna  de  la  pluie,  et  la  teixe 
produisit  son  fruit. 

19.  Mes  freres,  si  I'un  d'enlre 
vous  s'ecarte  du  chemin  de  la  \e- 
rite,  et  que  quelqu'un  I'y  fasseren- 
trer, 

20.  Qu'il  sache  que  celui  qui 
conyerlira  un  pecheur,  et  le  reti- 
rera  de  son  egarement,  sauvera  sa 
propre  ame  de  la  naort,  et  cou- 
vrira  la  multitude  de  ses  propres 
peches. ' 


livres  de  I'Ancien-Testament :  mais  la  tradition  pouvoit  avoir  conserr^  cetta 
circonstance,  et  Jesus-Christ  meme  en  parle dans  I'Evangile,  Xuc.  iv.  aS. 

y  20.  Gr.  litt.  sauvera  una  ame  de  la  mort ,  et  couvrira  la  multitude  des 
peches.  Vulg.  litt.  sauvera  de  la  mort  Tame  de  ce pecheur,  et  couvrira  la  mul- 
titude des  peches.  Quelques  exemplaires latins  lisent :  suam...suorum:  sau- 
vera son  ame  de  la  mort ,  et  couvrira  la  multitude  de  ses  p&hes. 

Les  exemplaires  grecs  portent  ici:  L'Epitre  de  Jacques  a  ete  ^rite  cd  a4a 
TCrsets. 


PREFACE 
SUR  LA  PREMIERE  EPITRE 

DE  SAINT  PIERRE.. 


Abr^ge  de  la  Pierre  ,  autrement  Simon ,  fils  de  Jean ,  ou  de  Jonas  , 
vie  de  saint  etoit  de  Bethsaide,  autrement  Juliade ,  vilie  de  Galilee ,  sU 
Pierre  depms  ^^^^  au-dela  du  Jourdain ,  pres  de  rembouchure  de  ce 
;„c:nn  nn  flcuve  dahs  le  lac  de  Genesareth.  II  etoit  frere  de  saint  An- 
temps  ou  il  dre,  etfutappele  par  lui  a  la  suite  de  Jesus-Christ*.  II  etoit 
ecrivitceite  marie  ^  et  avoit  sa  maison  a  Capharnaiim  ^;  il  y  etoit  oc- 
epitre.  cupe  a  la  peche  avec  son  frere  Andre ^ ,  lorsque  le  Sauveur 

les  appelapour  toujours  ason  service.  Saint  Pierre  temoi- 
gna  dans  toute  occasion  son  zele  pour  son  Maitre ,  et  il 
se  distingua  par-la  au-dessus  des  autres  apotres;  aussi  Je- 
sus-Christ lui  marqua  toujours  une  bonte  toute  particu- 
liere  ;  il  voulut  qu'il  fut  temoin  de  sa  transfiguration*;  et  il 
lui  declara  une  autre  fois  qu'il  etoit  la  pierre.sur  laquelle  il 
vouloit  batir  son  Eglise  ^,  contre  laquelle  les  portes  de  I'en- 
fer  ne  prevaudroient  point. 

Quoique  saint  Pierre  eiit  eu  le  malheur  ou  la  foiblesse 
de  renoncer  Jesus-Christ  dans  sa  passion,  le  Sauveur  ne 
laissa  pas  ,  apres  sa  resurrection  ,  de  lui  donner  de  nouvel- 
les  preuves  de  son  ami  tie  *^;  il  lui  conserva  la  primautc  sur 
les  autres  apotres ,  et  le  fit ,  d'une  maniere  expresse ,  le  chef 
visible  de  son  Eglise,  lorsque  lui  ayant  dit  par  trois  fois  '^ : 
Simon  Jils  de  Jean ,  m'aimez-voas  plus  que  ceux-ci?  et  saint 
Pierre  lui  ayant  repondu  autant  de  fois  qu'il  Taimait,  Jesus 
lui  dit  :  Paissez  mes  agneaux  et  mes  brebis. 

Apres  la  descente  du  Saint-Esprit  sur  les  Apotres ,  saint 
Pierre  ,  corame  chef  de  I'assemblee ,  monta  au  temple  et  fit 


^  Joan.  I.  42.  — ^  Match .  vm.  14.  Luc.  iv.  38.  —  ^  Luc.  v.  8. — *Luc. 
IX.  28.  Malt.  XVII.  r. — *  Matili.  xvr.  18.  —  "  Marc.  x\i.  7.  — '  Joan.  xxt. 
;5.  16.  17. 


PREFACE  sua  LA  l'"  EpItRE  DE  SAINT  PIERRE.  SgS^ 

au  peuple  assemble  un  discours  qui  convertit  trois  mille 
personnes*.  Peu  de  jours  apres,  comnie  il  parloit  encore 
au  peuple  dans  le  temple,  if  futarrele  et  mis  en  prison  par 
le  credit  et  la  puissance  des  pretres  et  des  saduceens*; 
mais  cela  ne  ralentit  pas  son  ardeur,  et  n'abattit  pas  son 
courage.  Ayant  ete  oblige  de  comparoitre  devant  I'assem- 
blee  des  principaux.de  la  nation,  il  leur  precha  hardiment 
Jesus-Christ ,  et  leur  dit  qu'il  falloit  plut6t  obeir  a  Dieu 
qu'aux  homraes. 

Nous  ne  nous  arreterons  point  a  raconter  ici  toutes  les 
actions  de  saint  Pierre;  nous  nous  contenterons  de  mar- 
quer  les  principales,  pour  conduire  le  lecteur  jusqu'au 
temps  ou  il  ecrivit  cette  epitre.  Apres  la  mort  de  saint 
Etienne,  tous  les  fideles,  excepte  les  Ap6tres,  furent  dis- 
perses et  se  sauverent  de  Jerusalem^.  Les  Samaritains 
ayant  recu  I'Evangile  par  la  predication  de  saint  Philippe 
diacre  ,  saint  Pierre  vint  a  Samarie  pour  leur  donner  le 
Saint-Esprit  :  Simon  le  magicien  voulut  acheter  a  priv 
d'argent  le  don  de  pouvoir  aussi  conferer  le  Saint-Esprit ; 
mais  saint  Pierre  le  rejeta,  et  le  chassa  de  I'Eglise  de  Jesus- 
Christ. 

Quelque  temps  apres,  Dieu  fit  voir  a  saint  Pierre  qu'il 

vouloit  qu'on  ouvrit  la  porte  de  I'Evangile  aux  gentils ; 

c'est  ce  que  cet  ap6tre  apprit  par  une  vision  qu'il  eut  a 

Joppe,  d'un  linceul  rempli  de  toutes  sortes  de  reptiles 

que  Dieu  lui  dit  de  tuer  et  de  manger*.  II  donna  done  le 

bapteme  a  Corneille  ^ ,  ne  fit  plus  de  difficulte  de  manger 

et  de  converser  avec  les  gentils,  ou  de  leur  precher.  II 

alia  bientot  apres  a  Antioche^,  ou  il  etablit  son  premier 

siege.  Eiant  de  retour  a  Jerusalem,  vers  I'an  87  de  I'ere 

chretienne  vulg. ,  saint  Paul  vint  I'y  trouver  pour  rendre 

ce  respect  a  sa  dignite  de  premier  ap6tre ;  il  y  demeura 

quinze  jours  aupres  de  lui,  et  ne  vit  aucun  autre  ap6tre 

que  lui  et  saint  Jacques  proche  parent  du  Seigneur,  les 

autres  elant  alles  precher  I'Evangile  dans  divers  autres 

endroits. 

Saint  Luc  ne  nous  dit  plus  rien  de  saint  Pierre  ,  jusqu'a 
sa  prison  en  I'an  44  de  I'ere  chret.  vulg.  :  ainsi  on  pent 

'  Act.  II.  14.  ei  setftf.—  ^  Act.  iv.  i.  et  seqq.  — ^  Act.  via.  i.  el  seqq.  — 
*  Act.  X.  9.  10.  el  seqq.  —  *  Act.  \.  47.  48.  — ^  Hieronvm  in  Gal.  tu 
Chrysost.  torn.  5.  homil.  12.  yide  Concil.  loni.  f.  p.  i6c).  ettom.S.p. 
1169,  etc. 


39^  PREFACE 

njettre  entre  I'an  87  et  Tan  44  ce  que  I'Histoire  de  I'Eglise 

nous  apprend'  de  sa  predication  aux  Juifs  repandus  dans 

le  Pont,  dans  la  Galatie,  dans  la  Bithynie,  dans  la  Cappa- 

doce  et  dans  I'Asie ;  apres  quoi  il  alia  a  Rome  pour  y  eta- 

blir  son  siege. 

Temps  au-      l\  etoit  dans  cette  viile,  lorsqu'il  ecrivit  sa  premiere 

trTfuT  &rhe'  epitre ;  mais  comme  on  croit  qu'il  y  a  fait  plusieurs  voya- 

A  qui  elle  fut  S^^ '  ^"^  "^  P*^"*^  decider  precisement  si  ce  fut  avant  I'an  44, 

adress^e.        auquel  il  etoit  surement  a  Jerusalem  ,  a  la  fete  de  Paques, 

et  ou  il  fut  mis  en  prison  par  Herode  Agrippa^ ;  ou  si  ce  fut 

dans  un  sepond  voyage  qu'il  fit  en  cette  ville. 

Ce  qui  est  certain ,  c'est  i"  qu'alors  on  donnoit  commu- 
nement  le  nom  de  Chretiens,  dans  les  provinces,  aux  disci- 
ples de  Jesus-Christ^ ;  ce  qui  commenca,  selon  saint  Luo*, 
par  I'eglise  d'Antioche,  et  que  Ton  ne  peutmettre  qu'en 
I'an  43  de  I'ere  chret.  vulg.  2°  Saint  Marc  etoit  aveclui, 
et  n'etoit  point  encore  venu  precher  en  Egypte,  ce  qu'on 
croit  qui  n'arriva  que  vers  I'an  49.  3"  Les  Eglises  d'Asie  , 
de  Pont ,  de  Galatie ,  de  Bithynie ,  auxquelles  il  ecrit , 
etoient  nombreuses  et  souffroient  beaucoup  de  la  part  des 
Juifs  incredules  et  des  gentils^.  4°  Enfin  saint  Pierre  dit  ici 
que  le  temps  approche  ou  Dieu  va  comniencer  son  juge- 
ment  par  sa  propre  maison^;  ce  qui  parott  marquer  les 
vengeances  pretes  a  eclater  sur  la  nation  juive  ,  et  la  ruine 
prochaine  de  Jerusalem.  Ainsi  on  peut  mettre  cette  epitre 
entre  Tan  45  et  I'an  5o  de  I'ere  vulg.,  sans  toutefois  rien 
decider  absoluraent  sur  cela. 

Comme  il  etoit  I'apotre  de  la  circoncision ,  de  meme 
que  saint  Paul  I'etoit  des  gentiis,  iladresse  son  epttre  prin 
cipalement  aux  Hebreux ,  qui  avoient  embrasse  la  foi  dans 
les  provinces  donl  on  vient  de  parler  ;  ce  qui  n'empeche 
pas ,  selon  saint  Augustin  "  et  quelqucs  nouveaux  com- 
mentateurs^,  qu'il  ne  parle  aussi  aux  gentiis  convertis  qui 
etoient  raeles  parmi  eux  :  et  on  croit  remarquer  certains 
traits  et  certains  avis  qui  paroissent  ne  pouvoir  regarder 
que  les  gentiis  qui  avoient  embrasse  la  foi;  par  exemple  , 
ce  qu'il  dit^,  qu' avant  leur  conversion  ils  etoient  plonges 

^Euseb.l.  HI.  c.  I.  p.  71.  Hieron.  de  Viris  Illustr.  c.  i.  LeoMagn. 
serm.  8.  —  *  Act.  xii.  i.  et  seqq.  —  '  r.  Petr.  iv.  16.  —  ^  Act.  xi.  26.  — 
*  I.  Petr.  1.  6.  7.  et  11.  20.  21.  et  seqq.  iv.  12.  i3.  et  seqq.  —  ®  i.  Petr.  iv. 
17.  18. — ^  August,  inpsnl.  cxlvi.  etin  Faust,  lib.  xxii.  cap.  8g.  —  '  Fide 
Est.  prcefat.  D.  Thorn.  Reda,  Gloss.  Limn.  etc.  Theodoret.  preefal.  apud 
Mill.  pag.  55ji.— '  i.  Petr.  11,  10.   n.  etiy.  3,  4.  el  i.  8. 


8UR  LA   l"  l^ptTRE  DB  SAINT  PIERRE.  Zt^S 

dans  toutes  sortes  de  desordres  et  dans  I'idolatrie  ;  qu'ils 
aimoient  Jesus-Christ,  quoiqu'ilsne  I'eussent  point  vu,  etc. 
Toutefoisnoiiscroyons,avec  beaucoupd'autres*,  qu'il  n'y 
a  rien  ici  qu'on  ne  puisse  aisement  expliquer  des  seuls 
Juifs  convertis  a  Jesus-Christ. 

Le  but  principal  de  I'Apotre  estde  confirraer  dans  la  foi  OLjet  princj- 
les  fideles  auxquels  il  ecrit ,  de  les  soutenir  au  milieu  des  f'  ^^  ^^^^ 
afllictions  et  des  persecutions  qu'ils  soufTroient,  de  leur  j^P'^'^^  ^.^^^ 
faire  voir  qu'il  etoit  parfaitement  d" accord  avec  saint  Paul  ^'pitre. 
sur  le  fond  de  la  doctrine ,  et  dc  refuter  les  erreurs  de  Si- 
mon et  des  nicolaides,  qui  prelendoient  que  la  foi  seule 
sans  les  oeuvres  suffisoit  pour  nous  sauver.  Cette  epitre 
peut  sc  diviser  en  doctrine  et  en  exhortation.  La  premiere 
comprend  les  douze  premiers  versets;  et  eile  se  trouve 
encore  repandue  dans  plusieurs  autres  endroits ,  lorsqu'il 
fonde  ses  preceptes  sur  des  raisons  tirees  des  mvsteres  de 
la  foi.  Saint  Pierre  y  represente  I'excellence  incomparable 
de  i'heritage  celeste  auquel  les  fideles  sont  appeles  ,  et  les 
raisons  solides  qu'ils  ont  d'esperer,  comme  la  fin  et  le  fruit 
de.leur  foi,  cebonheurdont  la  possession  leurest  ouverte, 
selon  les  prophetes,  depuis  I'aYeneraent  du  Seigneur*. 
L'exhortation  occupe  tout  le  reste  jusqu'a  la  fin.  L'apotre 
y  parle  d'abord  en  general  a  tous  les  chretiens,  qu'il  porte 
a  conserver  avec  soin  la  purete  et  I'innocence  de  leurs 
ames,  telle  qu'ils  I'ont  recue  dans  le  bapteme';  a  mor- 
tifier  leurs  passions  ,  a  edifier  les  infideles  par  de  bons 
exemples ,  a  etre  soumis  aux  puissances  temporelles*.  En- 
suite  il  descend  aux  conditions  particulieres,  en  commen- 
^antpar  cellesdesesclaves  ,  pour  les  releverdel'opprobre 
et  du  mepris  qu'on  en  faisoit  dans  le  monde  :  il  marque 
leurs  devoirs^.  Apres  cela  il  expose  les  devoirs  des  femmes 
et  de  leurs  maris *".  II  vient  aux  devoirs  communs  a  toutes 
les  conditions'.  II  s'adresse  a  tous  ceux  a  qui  il  a  ecrit;  il 
les  console  tous  de  la  persecution  qu'ils  souffroient^.  II 
leur  donne  encore  quelques  avis  generaux^.  II  y  ajoute 
quelques  avis  particuliers  pour  les  martyrs*",  pour  les 


*  Euseb.  lib.  m.  Hist.  eccl.  cap.  iv.  Hieron.  Catalog.  Scriptorum  Eccl. 
Vidjrmus,  OEcumen.  Cajet.  Tilelman.  Canus,  lib.  n.  delocis,  aliipUires. 
— *  Cap.  1.  y  i.-t2. — ^y  1 3.  adjinem^  et  cap.  ii.  ^  i.-io. — *  -^^  11.-17. — 
*ixi.adfin.—^  Ca;>.  III.  ^1.-17.— V  8.-16.—"  4  f,.  ad  Jin.— ^  Cap. 
IT.  I. -I  I. — "  y  I  a.  ad  fin. 


396  PREFACE 

pasteurs*,  pour  les  jeunes  gens  *,  et  pour  tout  le  peuple'. 

II  termine  sa  lettre  par  des  souhaits  et  des  saluts*,  dans  les- 

quels  il  leur  marque  que  TEglise  qui  est  a  Babylone  les 

salue.  Sous  le  nom  de  Babrjlone  il  design e  Rome  :  et  ceci 

donnera  lieu^a  une  Dissertation  sur  le  voyage   de  cet  ap6- 

tre  a  Rome. 

Remarques      On  remarque  dans  cette  epttre  diverses  similitudes  et 

surle  style  de  diverses  expressions  qui  sont  loutes  pareilles  a  celles  qui 

En  auell^'^^     ^^  voient  dans  saint  Paul ;  par  exemple,  sur  la  predestina- 

langue  elle  fut  ^^^^  de  Jesus-Clirist,  sur  les  effets  de  sa  mort,  sur  le  bap- 

&rite.  t^me  :  on  y  trouve  les  memes  avis  aux  ev^ques ,  aux  per- 

sonnes  mariees ,  et  la  meme  attention  a  recommander  aux 

fideles  I'esprit  de  douceur  dans  les  souffrances  ,  et  I'obeis- 

sance  aux  princes  etaux  magistrals.  Grotius  ^  y  trouve  une 

force,  une  vehemence,  une  vigueur  dignedu  prince  des 

ap6tres  ;  Erasme  et  Estius^'reconnoissentqu'elleestpleine 

d'une  majeste  apostolique,  et  renferme  de  grands  sens  en 

peude  mots. 

Baronius  a  conjecture  que  cette  premiere  epitre  avoit 
ete  ecrite  en  liebreu  par  saint  Pierre  ,  et  traduite  en  grec 
par  saint  Marc ;  mais  on  croit  communement  qu'elle  a  ete 
ecrite  en  grec ,  quoique  adressee  aux  Hebreux  convertis. 
On  parloit  grec  dans  loutes  les  provinces  ou  ils  etoient  dis- 
perses; et  d'ailleurs  saint  Pierre  y  cite  toujours  TEcriture 
selon  la  version  des  Seplante.  Saint  Jerome  "^  remarque 
entre  les  epttres  de  saint  Pierre  des  differences  de  style, 
de  caractere ,  de  melhode ;  ce  qui  lui  fait  dire  que  saint 
Pierre  se  servoit  tantot  d'un  inlerprele,  tantot  d'un  autre, 
suivant  les  rencontres  :  on  coraprend  bien  que  cette  diver- 
site  d'inlerpretes  pouvoit  emporter  la  difference  du  style. 
Saint  Marc  etoit  son  interprete  ordinaire ;  et  on  sail  qu'il 
etoit  alors  a  Rome  avec  lui ,  puisqu'il  fait  ses  complimens 
aux  fideles  a  qui  il  ecrit,  chapitre  v,  verset  1 3.  Ces  inter- 
pretes  n'etoient  pas  employes  a  traduire  d'hebreu  ou  de 
syriaque  en  grec  ce  que  les  apotres  leur  disoient,  mais  a 

•  Cap.  V.  ■^  I. -4-  — *  -^  5. — 'y^  5.-9. — *  -^  10.  adfinem. — *  Grot,  prce- 
fat.  in  hanc  epist.  Habethcea  epistolary  a(Oo$^m  conveniens  principi  apo- 
stolorum. — ®  Erasm.  et  Estius,  prcefat.  in  epist.  i.  Petri.  Est  autem  epistola 
profecto  digna  apostolorum  principe,  plena  authoritatis  et  majestatis  aposto- 
lic ce  :  verbis  parca,  sententiis  referta.  — ■ '' Hieron.  epist.  r5o.  qucest.u. 
lib.  lu.  p.  1 39.  Duoe  epistolce  quceferuniur  Petri,  stylo  inter  se,  et  caractere 
differunt ,  slructuraque  verborum,  ex  quo  inielligimus  pm  necessitate  tv- 
ritin  diversis  eiim  tisum  inlerpretibus. 


SUR  LA    l''  EPixRE  DE  SAINT  PIERRE.  897 

reduire  en  meilleur  style  ce  qu'ils  leur  disoient  en  grec  , 
ou  en  latin,  suivanl  qu'ils  etoient  inspires;  en  sorte  que 
le  Sainl-Esprit,  qui  leur  accordoit  le  don  des  langues,  ne 
leur  en  donnoit  pas  toute  la  perfection  et  toute  la  delica- 
tesse ,  pour  des  raisons  que  nous  ne  pouvons  penetrer. 
Saint  Jer6me  en  parlant  de  Tite  dit  qu'il  faisoit  cette 
fonction  aupres  de  saint  Paul ,  parce  que  cet  apotre  ne 
pouvoit  avec  son  langage  ordinaire  parvenir  a  la  raajeste 
des  choses  divines  qui  lui  etoient  revelees  :  Qui  divinorum 
sensuum  majestatem  digno  nonpolerat  gracieloquii  expUcare 
sennone, 

Tertullien '  et  saint  Cypprien  ^  citent  cette  lettre  sous  .  Denomina- 
le  nom  d'epitre  a  ceux  du  Pont  :  Epistola  ad  Ponticos ,  ^  j,pg  p^j. 
parce  que  ces  peuples  sont  les  premiers  uommes  dans  elle  precedee 
i'inscription.  Erasme  ',  et  apres  lui  Grotius  *,  ont  cru  dune  autre? 
que  saint  Pierre  avant  cette  epitre  en  avoit  ecrit  une  autre  ^^  canonicite. 
aux  Juifs  convertis ,  disperses  dans  les  provinces  d'Asie ;  Dhes^sousle 
ils  se  fondent  sur  ces  mots  du  chapitre  v,  verset  12  :  nom  de  saint 
Je  vous  ai ,  ce  me  semble,  ecrit  bvievement  par  notre  frere  ^i^ne. 
Sylvain.    iMais   ces    paroles    s'expliquent  fort    naturelle- 
ment  de  cette  epttre  meme ,  que  saint  Pierre  envoya  par 
Sylvain,  et  qui  lui  paroit  etre  courte ,  comrae  elle  Test 
en  effet,  par  rapport  a  la  grandeur  de  la  matiere  qu'elle 
contient. 

Au  reste,  cette  epitre  a  toujours  passe  pour  canonique, 
comme  le  remarquent  Origene  ^  ,  Eusebe  ^ ,  saint  Je- 
r6me  ' ,  et  les  autres  anciens,  qui  la  citent  souvent.  Pour 
la  seconde  epitre  du  meme  apotre ,  elle  a  ete  long- 
temps  contestee  ,  comrae  on  le  verra  dans  la  preface  sur 
cette  epitre.  On  a  attribue  a  saint  Pierre  quelques  autres 
ecrits  apocryphes ,  comme  une  Apocalypse ,  un  voyage 
ou  un  itineraire  ,  des  Actes ,  un  evangile ,  un  livre  in- 
titule la  Predication,  et  un  autre,  le  Jugement  de  saint 
Pierre. 

*  TertuU.  Scorjtiac.  cap.  xii.  — *  Cyprian,  lib.  m.  cap.  xxti.  Testim.  — 
^ Erasm.prcefat. — *  Grot,  ad  i.Petr.v.  11.  —  *  Origen.  apudEnseb.  lib. 
n.  cap.x-iy.  et  in  Joan.  pag.  88. — ^Euseb.  Hist.  lib.  in.  cap.  in. — ^  Jfie- 
ron.  de  Scriptorib.  Eecl. 


DISSERTATION 


SUR 


LE  VOYAGE  DE  SAINT  PIERRE 

A  ROME. 


Accord  des  On  avoit  cru  sans  difficulte ,  jusqu'au  seizi^me  siecle  de 
anciens  sur  le  I'Eglise  ,  que  saint  Pierre  avoit  ete  a  Rome,  qu'il  y  avoit 
samfpf'rre    ^^"'^  ^^  premiere  et  sa  seconde  epitre,  qu'il  en  avoit 
aRome.Cause  fonde^  et  gouveme  I'Eglise ,  qu'il  y  etoit  moi-t ,  que  c'etoit 
de  la  contra-    cette  ville  qu'il  avoit  designee  sous  le  nom  de  Babylone , 
diction  de       en  disant  :   L'Eglise  qui  est  dans  Babylone  vous  salue^ . 
derner^PIan  ^ ^^^  ^"1'  ^^^^ »  ^'^  sur  les  promesses  de  Jesus-Christ  faites 
de  cette  Dis-    ^  saint  Pierre,  qu'on  avoit  reconnu  generalement  dans 
sertation.        tout  le  monde  Chretien  que  Rome  etoit  la  premiere  des 
Eglises,  le  centre  de  I'unite;  et  que  les  souverains  pon- 
tifes,  sUccesseurs  de  saint  Pierre,  etoient  les  chefs  visibles 
du  troupeau  de  Jesus-Christ.  Les  plus  grands  adversaires 
du  saint-siege  n'avoient  ose  con  tester  a  Rome  sa  primaute ; 
et  les  paiens  memes  ,  convaincus  par  la  voix  publique  et 
par  le  respect  profond  que  tous  les  fideles  lui  portoient , 
la  regardoient  comme  la  capitale  du  monde  chretien  et 
le  siege  de  la  premiere  dignite  et  de  la  plus  haute  autorite 
parmi  ceux  qui  faisoient  profession  de  croire  en  Jesus- 
Christ.  Tertullien ,  deja  monlaniste  ^ ,  appelle  en  raillant 
le  pape  le  souverain  pontife ,  c'est-d-dire  eveque  des  eveques , 
parce  que  les  catholiques  lui  donnoient  ces  titres.  Am- 
mien  Marcellin^,  auteur  paien ,  reconnoit  que  la  princi- 
pale  autorite  parmi  les  chretiens  reside  dans  I'eveque  de 
Rome. 

Ce  n'est  que  depuis  les  dernieres  heresies  que  Ton  a 
commence  a  contester  a  Rome  ses  prerogatives ,  au  pape 

*  r.  Petr.s.  i3.  —  *  TeHulL de pudicitia,  cap.  xiii.  — ^  Ammian.  Mar- 
eell.  li'b.xy.  cap.  vn. 


DISSERT.  SUR   LE  VOYAGE  DE  SAINT  PIEKRE   A  ROME.        899 

sa  primaute  ;  et  qu'on  a  revoque  en  doute  le  voyage  de 
saint  Pierre,  et  I'etablisseraent  de  son  siege  a  Rome. 
L'eiigageinent  ou  Ton  s'est  trouve  de  soutenir  ce  que  I'oa 
avoit  avance  sur  cela  ,  a  fait  aussi  qu'on  a  nie  que  le  nora 
de  Babylone,  marque  dans  la  premiere  epilre  de  saint 
Pierre ,  fut  un  terrae  figure  qui  signiGat  la  ville  de  Rome. 
On  a  pretendu  qu'il  falloit  I'entendre  de  la  vraie  Baby- 
lone.  Mais  quelle  est  celte  vraie  Babylone?  car  il  y  a  plus 
d'une  ville  de  ce  nom.  C'est  sur  quoi  les  auteurs  protes- 
tans  se  sont  partages ,  et  sur  quoi  ils  ne  s'accordent  point 
encore  aujourd'hui.  Les  uns  soutiennent  que  c'est  la  fa- 
meuse ,  la  grande  Babylone  ,  situee  sur  I'Euphrate ,  dans 
la  Chaldee ;  dautres ,  que  c'est  Babylone  d'Egypte ,  ou 
ils  prelendent  que  saint  Pierre  passa  apres  avoir  fonde 
I'Eglise  d'Alexandrie.  C'est  ce  que  nous  examinerons  ci- 
apres. 

Pour  trailer  avec  quelque  ordre  cette  question,  que 
nos  controversistes  ont  deja  discutee  en  tant  demanieres, 
nous  etablirons  d'abord  quelques  principes;  puis  nous 
en  ferons  I'application  au  fait  dont  il  s'agit;  apres  cela 
nous  prouverons  le  voyage  de  saint  Pierre  a  Rome  par  les 
monuraens  anciens  qui  nous  restent;  et  enfin,  nous 
tacherons  de  satisfaire  aux  objections  de  ceux  qui  le 
nient. 

I.  C'est  Une  regie  de  critique  recue  par  tout  le  monde  ,  Principes  gd-^ 

qu'un  fait  historique  rapporte  par  des  auteurs  contempo-  n^|^«^  qui 

•  "  '!■'  11  doivent  servir 

rams  ou  presque  contemporains,  eclaires  et  de    bonne  ,     .  j    , 

foi ,  et  qui  ne  sont  contredits  par  aucun  auteur  plus  ancien  I'examendela 

ou  plus  instruit ,  doit  passer  pour  indubitable.  question  dont 

II.  tn  fait  public  ,  et  qui  inleresse  toute  I'Eglise,  qui  a  ''  ^'^oJ*  >"• 
ete  cru  et  avoue  par  lous  les  fideles ,  et  meme  par  les  liere- 

tiques  et  les  schismatiques  ,  pendant  quinze  siecles ,  doit 
etre  recu  comme  certain  ,  quand  meme  on  n'en  auroit 
point  d'autre  preuve  ni  d'aulre  monument  existant  que 
ce  consentemcnt  et  cette  tradition;  surtout  si  Ion  pent 
montrer  que  Ion  a  perdu  plusieurs  livres ,  plusieurs  mo- 
numens  et  plusieurs  histoires  ou  ce  fait  pouvoit  etre  ex- 
prime  formellement. 

III.  En  maliere  de  fait  et  d'histoire ,  ce  ne  sont  pas 
seulement  les  livres  et  les  ecrits  qui  font  foi ;  ce  sont  les 
monumens  publics,  les  tombeaux  eriges,  les  eglises  ba- 
lies  ,  les  privileges,  les  biens,  et  les  prerogatives  accordes 
el  acquis  a  certains  lieux  ,  a  certains  peuples ,  a  certaines 


4oo 


DISSERTATIOM 


communautes.  Ces  sortes  de  choses  sont  des  preuves  aussi 
indubitables  que  les  histoires  les  plus  authentiques. 

IV.  11  est,  pour  ainsi  dire ,  du  droit  des  gens  et  de  la 
foi  publique  de  se  rapporter  a  chaque  peuple ,  a  chaque 
pays ,  a  chaque  republique ,  a  chaque  ville ,  de  ce  qui 
concerne  sou  histoire ,  ses  droits,  ses  pretentions;  car 
qui  peut  mieux  les  savoir,  et  qui  a  plus  d'interet  de  les  con- 
server  ? 

V.  Enfin ,  pour  detruire  un  fait  avance  par  des  histo- 
riens  contemporains  ou  presque  contemporains ,  fonde 
sur  une  possession  paisible,  et  sur  une  tradition  imme- 
moriale  de  tant  de  siecles ,  sur  une  infinite  de  monumens 
publics,  des  tombeaux ,  des  batimens  ,  des  privileges, 
etabli  dans  la  croyance  des  peuples;  pour  detruire  un 
fait  de  cette  nature,  il  faut  des  preuves  plus  que  com- 
munes 5  il  faut ,  pour  ainsi  dire  ,  des  demonstrations  histo- 
riques. 

Or  le  vogage  de  saint  Pierre  a  Rome  est  de  la  nature  de 
ces  faits  dont  nous  venons  de  parler.  11  est  avance  par 
Papias  ,  disciple  de  saint  Jean  I'evangeliste ,  par  saint 
Clement  d'Alexandrie,  par  Origene ,  par  Tertullien ,  et 
par  une  infinite  d'autres  auteurs  du  second  et  du  troisieme 
siecle  et  des  siecles  suivans;  il  estatteste  par  vingt  monu- 
mens tres  anciens ,  qui  ont  subsiste  et  qui  subsistent  en- 
core dans  la  ville  de  Rome.  On  y  montroit  des  les  pre- 
miers siecles  les  tombeaux  des  apotres ,  le  lieu  de  leur 
martyre,  et  des  eglises  baties  en  leur  honneur.  Les  pon- 
tifes  romains  sont  en  possession  ,  depuis  saint  Pierre  et 
saint  Paul,  de  la  primaute  dans  I'Eglise  chretienne,  et 
des  prerogatives  attachees  a  cette  primaute.  C'est  leur 
heritage  ;  ils  en  conservent  et  en  produisent  les  litres  et 
les  preuves.  On  ne  doit  done  pas  attaquer  ces  faits  et 
contester  ces  droits ,  a  moins  qu'on  ne  produise  des  rai- 
sons  d'une  solidite ,  d'une  evidence  et  d'une  certitude 
qui  I'emportent  sur  tout  ce  que  Ton  vient  de  dire. 
Preuves  du  Nous  pourrions  avancer  que  le  voyage  de  saint  Pierre  a 
voyage  de  Rome  est  prouve  par  saint  Pierre  meme  ,  qui  marque  ex- 
Mint  Pierre  pj-essement  qu'il  a  ecrit  sa  lettre  de  Baby  lone ,  c'est-a- 
^  Rome.    Re-*:.        in  t         t  i  •      „ 

marques  sur   dire  de  Rome  ,  comme  nous  1  expliquons  avec  les  anciens. 

lenom  deBa- Cette  preuve  seule  suffiroit  pour  trancher  la  difficulte; 
bylone  d'oii  mais  comme  elle  est  contestee ,  nous  ne  pouvons  nous 
saint  Pierre  ^^  prevaloir  que  nous  n'ayons  refute  ce  que  nos  adver- 
miere  iftWre.  saires  nous  opposent  contre  ce  passage.  L  apotre  marque 


SLR  LE  VOVAGE  DE  SAINT  PIERRE  A  ROME.  4oi 

cxpressemenl  qu'il  ecrit  dc  Babylone,  disent-ils;  pourquoi  L'Apiirede- 

prcndre  ses  expressions  dans  un  sens  fisrure?  Est-ce  I'usafire  signe  sousce 
K  ,11'.    1-1  I  non>  Rome 

dans  des  lettres  a  un  style  simple  et  nalurel,  comme  est  m^me.  Au- 
la sienne,  d' employer  ainsi  des  maniercsde  parler  allego-  teuis  proics- 
riques  et  figurees ,  sans  y  avoir  aiiparavant  prepare  I'es-  tans  qui  re- 
prit  du  Iccteiir?  Ici  pn  ne  voit  rien  qui  conduisc  a  la  figure,  conno'ssent  le 
a  I'allegorie.  ...  ,         sSpierre  4 

On  repond  que  saint  Pierre  pouvoit  avoir  plus  d'une  Rome, 
raison  d'en  user  ainsi :  i°  pour  ne  pas  decouvrir  le  lieu  ou 
il  eloit.  Les  apotresayant  de  loules  parts  une  infinite  d'en- 
nemis,  il  etoit  de  leur  prudence  de  ne  'pas  s'exposer  te- 
merairement  a  la  persecution. 

2"  II  ecrivoit  aux  Hebreux  convertis  au  christianisme, 
accoutumes  de  jeunesse  a  ccrtaines  expressions  propheti- 
ques  et  figurees.  lis  exprimoient,  par  cxemple,  sous  le 
nom  de  Sodome,  une  ville  corrompue;  sous  le  nom  d'^"- 
gypte,  un  pays  ennemi  et  abandonne  a  I'idolatrie;  sous  le 
nom  dc  Chanaan,  un  peuple  maudit;  sous  le  nom  de  Ba- 
bylone,  une  ville  ennemie  etplongee  dans  le  desordre. 

3°  Babylone  avoit  cte  le  lieu  de  la  captivile  de  leurs 
peres  ,  la  capitale  de  I'empire  des  Chakleens,  les  plus 
grands  ennemis  qu'aient  eus  les  Juifs,  et  les  destructeurs 
de  leur  monarchie.  Rome  etoit  de  meme  alors  la  maitresse 
du  monde;  les  empereurs  romains  avoient  reduit  la  Judee 
en  province,  et  liii  avoient  ote  ses  plus  beaux  privileges; 
les  fideles  etoient  exposes  a  la  haine  des  peuples  et  aux 
persecutions  des  empereurs;  saint  Pierre  se  trouvoit  a 
Rome;  il  ecrivoit  aux  Juifs  convertis  dans  le  Pont,  dans  la 
Galatie,  dans  la  Bithynie,  dans  la  Cappadoce,  dans  I'Asie; 
il  etoit  naturel  qu'il  s'expiimat  comme  il  a  fait,  et  qu'il 
leur  designat  Rome  sous  le  nom  de  Babylone;  nom  que 
les  Juifs  entre  eux  lui  donnoient  apppremment,  puisqu'on 
voit  dans  I'Apocalypse  saint  Jean  qui  la  designe  sous  le 
meme  nom  ^,  de  I'aveu  meme  de  nds  adversaires^,  et  du 
consentement  des  anciens  peres  ^ . 

i"  Papias,  disciple  de  saint  Jean  I'evangeliste,  et  qui 
vivoit  au  second  siecle  *,  nous  dit  expressement  que  saint 

^Apoc.  XIV.  8.  XIV.  19.  xvii.  5.  xviii.  2.  10  21. — -  Luther  a  ctrilun  livre 
de  la  captivile  de  Babylone  ,  \ouIant  marquer  I'Eglise  romaine.  —  '  l^erlull. 
lib.  HI.  conttn  Marcion.  cap.  i3.  Andrceas  et  AfeOias  in  Apoc.  xvii.  Hie- 
ronym.  in  Isai.  xxiv.  xlvii.  Et  lib.  ii.  contntJovin.  August,  etc.  — *  Pa- 
pias apuclEuseb.  Hislor.  eccles.  lib.  11.  cap.  14.  sen  cap.  i5.  edit,  [f^'ales. 

23.  a6 


4o2  DISSERTATION 

Pierre  ecrivit  de  Rome  sa  premiere  epttre,  etque  c'est  cetle 
ville  qu'il  a  voulumarquer  d'une  maniere  figuree,  en  disant : 
L'Eglise  qui  est  d  Bahylone,  et  qui  est  elue  de  Dieu  aussi  bien 
que  votts,  vous  salue.  Nous  savons  que  Valois  '  a  rapporte 
le  nom  dcPapias,  cite  parEusebe,nonau  passage  que  nous 
venons  de  rapporter,  mais  au  precedent,  qui  porle,  selon 
lui,  que  Papias  lemoigne  que  saint  Pierre  etanl  venu  a 
Rome,  et  ayantcombaltu  Simon  le  magicien,  !es  fideles  de 
cctle  ville  engagerent  saint  Marc  a  leur  laisser  par  ecrit 
I'Evangile  que  saint  Pierre  leur  avoit  preche.  Mais  quand 
nous  n'aurions  pas  le  temoignage  de  Papias  pour  I'expli- 
cation  du  passage  particulier  dc  I'epitre  de  saint  Pierre, 
nous  I'avons  toujours  pour  son  voyage  de  Rome,  et  pour 
sa  qualite  d'apotre  etd'evequedecette  ville, qui  est  le  point 
essentiel  donl  il  est  question.  De  plus  on  ne  peut  au  moins 
nous  conlester  le  temoignage  d'Eusebe,  qui  ne  parle  que 
selon  le  sentiment  des  anciens  qui  I'avoient  precede,  ou 
meme  de  Papias,  ou  dc  saint  Clement,  qu'il  vient  de  ciier 
immediatcment  auparavant,  qui  entendoient  comnie  lui  la 
ville  de  Rome  sous  le  nom  de  Bahylone. 

Au  reste,  le  meme  Yalois  ne  peut  s'empecher  de  temoi- 
gner  quelque  indignation  conlre  ceux  qui  nient  que  saint 
Pierre  ait  ete  a  Rome.  II  n'y  a  rien,  dit-il,  dans  toule 
I'Histoire  ecclesiastique,  de  plus  certain,  deplus  clair,  de 
plus  autorise  que  ce  voyage:  Atqxii  nihil  in  lota  Historia 
ecclesiastica  illustrius^  nihil  certius  atquc  testatius,  quam  ad- 
ventus  Petri  apostoli  in  urhem  Romam.  Il  estatteste  par  Pa- 
pias, par  saint  Clement  d'Alexandrie,  par  saint  Denys, 
eveque  de  Corinthe  dans  sa  lettre  au  pape  Soter,  par  le 
pretreCaius  dans  sa  dispute  centre  Procle,  par  sain  tirencc, 
par  Origene,  etpar  tous  ceux  qui  sont  venus  apres  eux.  II 
ajoule :  Ceux  quiveulent  sous  le  nom  de  Bahylone  entendre 
la  capitale  de  I'empire  des  Assyrians  (ou  plutot  des  Chal- 
deens),  sont  refutes  par  le  temoignage  de  tous  les  anciens 
peres.  Quelle  impudence  n'est-ce  pas  de  vouloir  soutenir 
ce  qu'aucun  des  anciens  n'a  jamais  avance?  Qu'ils  nous 


Moxpc 
6  uto?  y.cu. 

*  Vales,  not.  in  eitm  Etisebiiloc.  II  marque  que  Rufin  et  Musculus  I'ont 
pris  dans  le  sens  que  nous  avons  marqu^ ;  et  il  est  certain  que  la  plupart  d< 
ceux  qui  I'ont  cit6  I'ont  prig  de  mime. 


I 


SLR  LE  VOYAGE    DE   SAINT  PIERRE  \   ROME.  4oS 

produisent  les  (tisles  tie  I'Eglise  tie  Babylone;  qu'iisnoas 
fassenlvoir  une suite  tl'tjv^ques  de  ceMeville,  commenoos 
leur  en  inontrons  une  non  inlerrompue  ties  eveques  tic 
Rome.  Voila  ce  que  dit  Valois. 

Saint  Clement  d'Alexandrie  ',  dans  son  sixiemc  livre 
des  Hypotyposes,  ou  dcs  Institutions,  temoigne  que  le  de- 
mon ayant  conduit  Simon  le  magicien  a  Rome,  la  Provi- 
dence y  amena  saint  Pierre,  qui  detruisit  lout  ce  que  ce 
setlucteur  y  avoit  fait,  et  qui  y  fit  briller  la  lumiere  de  la 
veritt*.  Saint  Irc-nt-e  ^,  qui  vivoit  aussi  au  second  siecle,  et 
qui  avoit  vu  Ics  disciples  des  apotres,  reconnoit  que  I'E- 
glise romaine  a  etc  fondee  par  saint  Pierre  et  saint  Paul: 
Maxima:,  ct  anliquisshna ,  et  a gloriosissimis  duo b us  apos tolls 
Petro  el  Paulo  Romce  fundatce  et  constilutce  ecclesia. 

.  §aint  Denys,  eveque  de  Corinthe  ',  qui  vivoit  de  meme 
au  second  siecle,  ecrivant  aux  Romains,  Icur  dit  que  les 
apotres  saint  Pierre  el  saint  Paul  ont  preche  et  a  Corinthe 
et  a  Rome;  et  qu'titant  alles  a  Rome,  ils  y  soulTrircnt  le 
martyreen  meme  temps.  Caius  ,  pretre  de  I'oglise  romaine, 
qui  vivoit  du  temps  du  pape  Zephirin  *,  ecrivant  contre 
Procule,  montaniste,  dit  qu'il  peut  montrer  a  Rome  les 
Irophees  des  deux  apotres  saint  Pierre  et  saint  Paul,  fon- 
daleurs  tie  I'eglise  romaine;  que  I'un  repose  au  Vatican,  ct 
I'autre  sur  le  chemin  dOstie. 

Origene  ^  nous  apprend  que  saint  Pierre,  apres  avoir 
preche  I'Evangile  dans  le  Pont,  la  Galatie,  la  Bithynie,  la 
Cappadoce  et  I'Asie,  alia  enfin  a  Rome,  ou  il  fut  crucifie 
la  tele  en  has,  comme  il  I'avoit  souhaile.  TertuUien,  en 
plusieurs  endroits,  temoigne  que  saint  Pierre  aeteaRome, 
qu'il  y  a  ele  martyrise,  qu'il  y  a  etabli  son  siege,  qu'il  y  a 
eu  des  successeurs  *".  Que  les  hereliqucs,  dit-il,  nous  pro- 
duisent la  suite  de  leurs  ("veques,  venus  jusqu'a  eux  par  une 


'  Clem.  Alex.  apudEuseb.  lib.  ii.  Histor.  eccles.  cap.  xiv.  et  xt.  K'j.r.- 
tir,;  ev  i/t,~<a  uiterj-jrwoswv  TrxpaTsOsira'.  rr.v  imsiav.  —  *  Iren.  lib.  in.  contra 
k/eres.  —  ^  Dionys.  Corinth,  apud  Eiiseb.  lib.  n.  Hist,  eccles.  cap.  \x\\-, 
seu  XXV.  Ta^ra.  v.%\  ujajI;  ^li  rr;  tgcx-jt/:;  vcu^sato;  rf.v  a:7i  XliTpi-j  n.a}.  Ilai- 

tli  7T.V  T.aiTspav  KopwOov  cyTt'jaavTt;  Tjii^  ,  iixo'w;  Si  xa;  ei;  —iy  tro/.tav 
dfisfn  (J'.^a|xvT£?,  eu.aprj2T.ffav  xa-ra  riv  ajriv  xatpov. — *  Apud.  Euseb.  ibi- 
dem, ir^  Si  Ta  Tpiirata  tuv  a-rrcffrcAWv  tyu  Sv^ai.  Eti  -ya:  bi/.rar^  ars/ScIv 
im  Tov  BaT'Jiaviv,  t,  irr.  rh  c^sv  tt.v  (iGz'.nt,  tOprflEt?  ra  rpi^ata  twv  raj-rry 
i^pucaaivwv  r»r»  Exx).T.<Jtav . — *Origen.  torn.  3.  Erplan.  in  Genes.  npudEu- 
stb.  I.  m.e,  I.  Hist.  ece».—  '  TmuU.  de  Prcescripn.  cap.  xxxn. 


4o4  DISSERTATION 

succession  non  interrompue,  depuis  les  ap6tres,  ou  les 
homines  apostoliques;  car  c'est  ainsi  que  Rome  nous  rap- 
porte  Clement,  comme  ayanteteordonne  par  saint  Pierre  : 
Edant  or'igines  ecclesiaram,  el  volvant  ordinem  episcoporum 
suorum  ita  per  successionem  ab  initio  decurrentem ,  ut primus 
ille  episcopiis  aliquem  ex  apostolis,  vel  aposlolicis  viris,  ha- 
hueril  auctorem  el  anlecessorem;  hoc  enim  modo  Romanorum 
ecclesia  Clemenlem  a  Petro  ordinal  am  referl.  Ailleurs  ^  il  re- 
leve  le  bonbeur  et  la  gloire  de  Rome,  que  les  apotres  saint 
Pierre  et  saint  Paul  ont  eclaireq  par  leur  predication,  et 
qu'ils  ont  arrosee  de  leur  sang:  Islaquamfelix  ecclesia,  cui 
tantam  doctrinam  aposlolicum  sanguine  sua  prof ude runt;  ubi 
Petras  passioni  dominicce  adcequatur! 

Saint  Cyprien  ^  reconnoii  que  dans  I'eglise  romaine  est 
la  cbaire  de  saint  Pierre,  la  principale  auloriie,  le  centre 
de  I'unitc  saccrdotale:  Ad  Petri  calhedram,  atque  ad  eccle- 
siam  principalem,  unde  unitas  sacerdotalis  exorta  est.  Ar- 
nobe  ^,  Hegesippe  *,  saint  Ambroise  ^,  saint  Jer6me^, 
Eusebe  ^,  saint  Augustin  ^,  Lactance  -',  Theodoret  ^'',  Paul 
Orose  ^•j  Optat  de  Mileve  *^,  saint  Epiphane,  saint  Jean 
Chrysostome,  saint  Atbanase,  les  conciles;  et  qu'est-il  be- 
soin  de  les  alleguer  tons  par  leurs  noms,  puisqu'ilest  cer- 
tain que  tous  les  anciens  enseignent  que  saint  Pierre  a  ete 
a  Rome,  qu'il  y  a  etabli  son  siege,  et  qu'il  y  a  soulfert  le 
martyre,  sans  qu'aucun  ait  jamais  dit  le  contraire? 

Saint  Clement  d'Alexandrie  '^,  sur  ces  paroles  de  la 
premiere  eptlre  de  saint  Pierre,  Marc  monjils  vous  salue, 
dit  que  saint  Pierre  ayant  precbe  Jesus-Christ  a  Rome  en 
presence  de  quelques  officiers  de  I'empereur,  ces  officiers 
prierent  saint  Marc,  qui  etoit  son  disciple,  de  leur  mettre 
par  ecrit  ce  que  saint  Pierre  leur  avoit  annonce.  Saint  Je- 
rome '*  dit  expressement  que  cet  apotre  a  voulu  marquer 

*  Tenull.  de  Pra'script.  cap.  xxxvi.  Voyez  aussi  Scorbiac.  cap.  xv.  et 
lib.  IV.  contra  Marcion.  cap.  \.  et  lib.  de  Bnpdsmo.  —  ^  Cyprian,  ep.  55. 
ad  Cornel.  Pap. — ^  Arnob.  lib.  ii. — ^Hegesipp.  de  Excid.  Jerosol.  cap.  3. 
el  cap.  I. — ^  Ainbms.  Serrn.  deBasilicis  hairetiiis  non  tradendis.  — *  Hier. 
ep.  17.  adMarcell.  et  1. 11.  contra  Jovinian.  et  in  Catalog. — '  Euseb.  Hist. 
I.  II.  cap  xiti.  XIV.  XV.  —  *  '^I'fj-  de  hwres.  c.  i.  el  alibi  non  seinel.  — 
^  Lactam.  I.  IV.  cap.  11.  —  *o  Theodoret.  ep.  11 3.  ad  Leon.  Magnum.  — 
^^Paul.  Oros.  Z.  vii.  cap.w. —  '*  Optal.  Mile\>.  1. 11.  contra  Parnienian.  — 
*^  Clem.  Alex,  in  Lalinis  Cassioduri  in  r .  Petr.  v.  Ma}vus  Petri  sectalor, 
palamprcedicanle  Petro  Ewangelium  liomce  coram  quibusdam  Cassareanis 
eqiiilibus,  peiitns  ab  eis,  scripsit  de  Ins  cjuai  a  Petro  dicta  sunt  Evange- 
lium. — "  Hieronjrm.  Catalog.  Fir.  illusir,  m  Marco. 


sua  LE  VOYAGE  DE  SAINT  PIERRE  A   ROME.  4o5 

Rome  sous  le  nom  de  Babi^lone.  Bede  ^  le  dit  de  meme, 
aussi  bien  qu'OEcumenius,  et  generaleraent  tous  les  an- 
ciens  comnientateurs  de  cette  epilre. 

Aussi nos ad veisaires  ne  nous  opposentni  le  temoignage 
des  historiens  ecclesiastiques,  ni  cclui  des  peres,  mais 
seulement  le  prelendu  silence  de  I'Ecriture,  et  quelques 
raisons  de  convenance,  qui  leur  paroissentplus  forles  que 
ce  consentement  unanime  des  anciens,  donl  eux-memes 
cerlainement  feroient  un  grand  cas,  s'il  etoit  favorable  a 
leur  pretention. 

Mais  ne  taisons  pas  1' injustice  de  faire  dire  a  tous  les 
protestans  sans  exception  que  saint  Pierre  n'a  pas  ete  a 
Rome.  Pearson^  a  prouve  le  contraire  par  toute  I'auto- 
rite  de  la  tradition,  et  a  fait  voir  qu'on  n'a  jamais  doute 
dans  I'antiquite,  ni  qu'il  eut  fonde  I'eglise  romaine,  ni 
que  les  papes  fussent  ses  successeurs.  Grotius  ^,  et  apres 
lui  Hammond,  reconnoissent  de  bonne  foi  que  les  anciens 
ont  entendu  Rome  sous  le  nom  de  Bahylone  dont  parle 
saint  Pierre  dans  son  epitre;  et  Grotius  declare  nettement 
qu'il  est  en  cela  de  leur  avis,  et  qu'aucun  chrelien  n'a  ja- 
mais doute  que  saint  Pierre  n'eut  ete  dans  cette  fameuse 
capitale  de  I'empire:  De  Bahylone  dissident  veteres  ctnovi 
interpretes.  Veteres  Romam  inlerprclantur,  iibi  Petrumjuisse 
nemoveriis  christianus  dubitabil;  novi Babylonem  in  Chaldaa. 
Ego  veleribas  assenlior. 

Usserius  *  reconnoit  aussi  avec  toute  I'antiquite  que 
saint  Pierre  et  saint  Paul  moururent  a  Rome  sous  iempire 
de  Neron.  II  dit  qu'il  ecrivit  de  la  sa  seconde  lettre  aux 
Juifs  convertis  dans  le  Pont,  la  Galalie,  la  Bitbynie,  la 
Cappadoce;  et  il  insinue  que  c'est  aussi  de  la  qu'il  leur 
ecrivit  sa  premiere  epitre. 

Cbamier^  avoue  que  le  consentement  des  peres,  qui 
croient  le  voyage  de  saint  Pierre  a  Rome,  est  trop  respec- 
table pourl'attaquerlegerement.  Blondel^  dit  partoutque 
I'eglise  romaine  a  ete  fondee  et  etablie  par  saint  Pierre  et 
saint  Paul,  Francois  Junius,  Scaliger,  Casaubon,  Pierre 
du  Moulin,  Samuel  Petit,  Selden,  Vedel,  et  tous  ceux  qui 
ont  travaille  sur  les  epitres  de  saint  Ignace,  dans  I'une  des- 
quelles,  qui  est  celle  aux  Romains,  le  saint  martyr  dit: 

^Beda  in  i.  Petri y.  i3.  —  '  Pearson.  Opera posi/ium .  pag.  a;.  3r.  32. 
43. — ^Grot-in  i.Petriy.  i3. — *Ussui:  ad  an.  Christi6G.C>~. — 'Chaniier. 
Pansirat.  t.  a.  /.  xni.  cap.  4.  —  «Blondel,  de  la  Primaule,  etc.  pag.  14, 
19.  etc. 


4o6  DISSERTATIOM 

Je  ne  vous  ordonne  pas  comme  onlfait  Pierre  el  Paul^;  lous 
ces  auteurs  protestansreconnoissentque  saint  Pierre  aete 
a  Rome.  Patricius  Junius,  dans  ses  notes  sur  I'epilre  de 
saint  Clement,  dit  que  le  marlyre  de  saint  Pierre  a  Rome 
est  trop  connu  pour  oser  le  revoquer  en  doute;  et  Ham- 
mond "^  ne  croit  pas  qu'apres  le  tenioignage  de  Caius,  pretre 
de  I'eglise  romaine,  et  de  Denys,  eveque  de  Corinlhe,  on 
puisse  contester  cette  verite. 

Louis  Capelle^  conjecture  qu'il  faut  entendre  ici  sous  le 

nom  de  Babylone  la  ville  de  Jerusalem,  qui,  depuis  la  mort 

duSauveur,  etoit  devenuejal'egard  de  I'eglise  chretienne, 

comme  une  Babylone  spiriluelle,  par  les  violences  qu'elle 

exercoit  contre  les  saints,  et  par  la  captivite  ou  elle  dete- 

noit  les  serviteurs  de  Jesus-Christ  qui  tomboient  entre  ses 

mains.  Cet  auteur  a  bien  senti  tout  I'inconvenient  de  I'opi- 

nion  qui  prend  ici  Babylone  dans  son  sens  liiteral  ct  histo- 

rique  pour  la  capitale  de  la  Chaldee,  ou  pour  Babylone 

d'Egypte  pres  du  Grand-Caire;  mais  ne  voulant  pas  en- 

tierement  abandonner  le  sentiment  de  son  parti,  il  a  cru 

devoir  chercher  Babylone  dans  Jerusalem  merae,  quoique 

alors  cette  ville  futexempted'idolatrie,  etqu'ellefutencore 

le  siege  de  la  religion  judaique,  dont  les  apolres  memes 

pratiquoient  les  ceremonies,  aussi  bien  que  les  Hebreux 

convertis  au  cbristianisme. 

Reponses         Jules  Scaliger  surlachronique  d'Euscbe,  Saumaise  dans 

aux  argumens  son  ouvrage  sur  la  primaute  dupape,  Marca  dans  son  livre 

tie  ceux  qui    de  Concordia  imperii  el  sacerdotii  *,  et  Basnage  dans  sa  con- 

pr^iendent      linuation  de  Josephe,  soutiennent  que  Babylone  marquee 

d'oi  saint°"*^  ^^"^  sdXnX.  Pierre  est  la  fameuse  ville  de  Chaldee.  Drusius 

Pierre  date  sa  ecrivant  sur  la  seconde  epitre  de  saint  Pierre,  chap,  ii, 

i«epiiren'est  ^  i5  ,  croit  meme  remarquer  quelques  traces  du  langage 

pas  Rome,      babylonien  dans  cette  epitre,  que  Ton  croit  avoir  ete 

lone  de  Chal-  ^crite  du  meme  lieu  que  la  premiere.  Saint  Pierre  appelle 

dee,  ou  Baby- Balaam y?/^  de  Bosor,  ou  nalifde  Bosor,  au  lieu  de  nalifde 

loned'Egypie.  Peihor,  en   changeant  le  /*<?  D  en  Beth  2,  et  le  Thaunen 

Schin  'C ;  owjilsde  Bear,  en  changeant  le  Hain  y  en  Schin. 

Ces  auteurs  ne  conviennent  pas  que  Babylone  fut  alors 
aussi  deserte  qii'on  le  pretend,   ni  que  tons  les  Juifs  en 


1  Ignat.ep.  ad  Roman.  Oux,  m;  IIjVpc;  y.at  na'JXoi;  ^taTaa(jo(/.at  ojilv.  E/.sT- 
vti  Awo'aTC/.ot  tnoou  XptdTou,  s-^tb  8i  iXdyimzz.  — ^  Hamniond.  Dissert.  5.  de 
episcojns  etpi'esliytet'is,  etc. — ^Lud.  Capell.  HisUn:  apostolorum. — ^  Marca 
de  Concord., parte  ?,  l.vi.  c.i.  n.  4, 


SUR  LE  VOYAGE  D£  9AIIVT  PIEHHS    A   ROME.  4o7 

fussent  sorlis  apres  raflfaire  d'Anileus  et  Asineus,  et  dcs 
auties  Juifs  qui  fureut  tallies  en  pieces  par  ceux  de  Seleu- 
cie  *.  lis  ajoutent  qu'il  u'y  a  aucune  preuve  que  saint 
Pierre  ait  ele  en  Egypte,  ni  qu'il  ait  fondc  les  eglises  de 
.  Babylone  d'Egypte  et  d'Alexandrie;  mais  qu'il  est  tres 
naturel  que  d'Antioche  ii  soit  passe  en  Orient,  et  qu'il  ait 
ete  a  Babylone ,  oii  il  y  avoit  plusieurs  Juifs.  De  plus  on 
sait,  a  n'en  pouvoir  douter,  que  cet  ap'6tre  a  preche  dans 
la  Bithyuie,  dans  la  Galatie,  dans  le  Pont,  dans  la  Cap- 
padoce,  provinces  assez  voisines  de  I'Euphrate,  et  quil 
avoit  pu  parcourir,  ou  en  allant  a  Babylone,  ou  en  reve- 
uant  de  cctte  ville  dans  la  Syrie.  11  parle  aux  .Tuifsde  ces 
provinces  comme  un  perc  a  ses  enfans,  coiniue  un  apotre 
a  ses  neophytes;  il  leur  parle  de  leur  lentation  et  de  leur 
joic,  comme  en  etant  bien  informe,  apparcmment  par  les 
lettres  qu'ils  lui  avoient  ecrites,  ou  par  le  commerce  qu'il 
avoit  eu  avec  eux.  Dans  sa  lettre  il  s'adresse  d'abord  aux 
provinces  qui  etoient  pluagvoisines  de  Babylone,  et  finit 
par  les  plus  eloignees.  Et  if  ne  passa  pas  sculement  a  Ba- 
bylone; il  y  demeura  assez  long-temps,  puisque  dans  ses 
lettres  on  s'apercoit  qu'il  a  pris  quelque  chose  du  langage 
de  cette  ville.  Voila  ce  qu'on  dit  de  plus  plausible  pour  ce 
sentiment. 

Ceux  qui  tiennent  pour  Babylone  d'Egypte  exagerent 
taut  qu'ils  peuvent  la  solitude  et  la  desertion  de  Baby- 
lone de  Chaldee ,  d'ou  les  Juifs  avoient  ete  chasses;et 
comme  ils  veulent  trouver  une  ville  qui  ait  porle  reel- 
lement ,  et  non-seulement  en  figure ,  le  nom  de  Baby- 
lone ,  ils  n'en  trouvent  point  d'autre  que  celle  d'Egypte  , 
oil  ils  supposent  qu'il  y  avoit  alors  beaucoup  de  Juifs  ,  et 
que  saint  Pierre  y  alia  apres  avoir  preche  a  Alexandrie. 
Ainsi  ce  que  les  uns  s'efforcent  d'etablir  est  renverse 
par  les  autres.  Mais  la  verile  tient  le  milieu;  et,  san^ 
se  faliguer  a  chercher  une  Babylone  reelle,  elle  sou- 
tient  qu'il  ne  s'agit  que  dune  Babylone  mystique  et 
figuree. 

Certes  dans  le  temps  que  saint  Pierre  ecrivoit  aux  Juifs 
convertis ,  ils  ne  pouvoient  entendre  sous  le  nom  de  Ba- 
bylone,  ni  celle  de  Chaldee  ,  ni  celle  d'Egvpte.  Cette  der- 
niere  etoit  Irop  peu  connne ,  el  peut-etre  ne  reloii-elle 
point  du  tout  des  Juifs  convertis  de  Pont ,  de  Galatie  ,  de 

*  Vide  Joseph.  Atuiq.  I.  xtiii.  cap.  uk. 


4o8  DISSERTATION 

Bithynie,  de  Cappadoce  et  d'Asie  ,  auxquels  il  adresse  son 
epttre,  Babylone  d'Egypte  avoit  ele  fonde'e  lorsque  Cam- 
byse  se  rendit  maltre  de  I'Egypte  '.  Quelques  Perses  a  qui 
ce  prince  permit  de  s'etablir  dans  le  pays ,  la  batirent ,  et 
y  fixerent  leur  demcure.  Du  temps  de  Strabon  ^,  c'etoit 
une  forteresse  importante  ou  les  Remains  entretenoient 
une  des  trois  legions  qui  etoient  destinees  a  la  garde  de 
I'Egypte.  Nous  ne  trouvons  en  aucun  endroit  qu'il  v  ait 
eu  alors  dans  cetle  ville  aucuns  chretiens ,  ni  aueuns  Juifs 
et  nul  des  anciens  n'a  dit  que  saint  Pierre  y  ait  ete ,  ni 
qu'il  y  ait  precbe;  de  plus  on  n'y  voit  point  d'eveques 
pendant  plusieurs  siecles.  Le  premier  eveque  de  Babylone 
d'Egypte  que  Ton  connoisse  est,  selon  Spanheini  ^ , 
Cyrus ,  dont  le  nom  se  trouve  dans  le  premier  acte  du 
concile  de  Chalcedoine.  Selon  Baronius  ,  c'est  un  uomme 
Zozime,  que  Ton  remarque  dans  Sophronius  ,  sous  Tem- 
pire  de  Justin  le  jeune ,  empereur  au  cinquieme  si^cle. 
Est-il  croyable  qu'une  eglisa.  fondee  par  saint  Pierre 
fut  demeuree  si  long-temps  clans  robscurite?  Si  saint 
Pierre  eut  voulu  marquer  cette  ville  aux  Juifs  a  qui  il 
ecrivoit,.il  auroit  du  la  designer  par  quelque  epitbete, 
ou  par  quelque  terme  qui  la  leur  lit  connoitre ;  car  natu- 
rellement  lorsqu'ils  entendoient  le  nom  de  Babylone,  ils 
devoient  porter  leur  attention  sur  la  grande  Babylone 
de  Chaldee ,  ville  plus  voisine  de  leur  pays ,  plus  connue 
dans  leur  histoire  ,  et  trop  celebre  par  les  disgraces  de 
leur  nation. 

Or,  celie  celebre  ville  etoit  alors  dans  un  etat  tel 
que  I'on  ne  pouvoit  soupconner  saint  Pierre  d'ecrire  de 
la  aux  fideles  des  provinces  voisines.  Elle  n'etoit,  pour 
ainsi  dire,  qu'un  grand  amas  de  ruincs.  Pline  ^  dit  que  le 
voisinage  de  Seleucie  I'avoit  en  quelque  sorte  epuisee 
et  reduite  en  solitude  :  In  soliludinem  rediit  exhausta  vi- 
cinilale  Seleucice  ob  id  conditio  a  Nicanore.  Strabon  dit 
qii'elle  etoit  presque  entierement  deserte;  et  Diodore  , 
qu'il  n'y  en  avoit  qu'une  trcs  petite  partie  qui  fut  habitee. 
De  plus  les  Juifs  avoient  ete  obliges  de  sortir  de  Baby- 


piov  £pup.v6v,  dTCOaravTcov  evTauSa  BaSuXwvi'wv  Tivc"iv,  dza.  S'ia7:fa.^a.iJ.ivo}'t  s'v- 
TauSx  xaxoi/ciav,  etc. — ^  Spanhem.  Dissert,  de  temere  cvedila  Petri  in  ui-bcin 
flomain  pj'ofectione,  art.  4. — *  Plin.  lib.y\.  cap.  xxvi. 


SUR  LE  VOYAGE  DK  SAINT  PIERRE  A  ROME.  4og 

lone ,  sous  le  regne  meme  de  Calus,  peu  avanl  I'empire  de 
Claude  son  successeui%  sous  lequel  cctle  epitre  fut  ecriie. 
1  Josephe  '  raconte  assez  au  long  cet  evenement.  11  dit  que 
les  Babvlonicns  ayant  fait  main,  basse  sur  Anileus ,  Juif 
revoke ,  et  sur  sa  Iroupe ,  ils  attaquerent  les  Juifs  de 
Babylone ,  qui ,  ne  se  senlant  pas  assez  forts  pour  leur. 
tenir  tetc ,  se  retirerent  de  Babylone  a  Seleucie ,  ou  ils 
deraeurcrent  pendant  cinq  ans  assez  en  repos.  Mais  au 
bout  de  ce  terme,  la  ville  de  Babylone  ayant  ete  frappee 
de  la  peste ,  ce  qui  y  restoit  de  Juifs  fut  oblige  de  se  retirer 
encore  a  Seleucie,  oii  il  leur  arriva  le  plus  grand  de  tous 
les  malheurs;  car  les  Svriens  et  les  Grecs  qui  peuploient 
cette  ville,  et  qui  jusqu'alors  avoient  toujours  ete  en 
guerre ,  se  reconcilierent ;  et  le  gage  de  leur  reconcilia- 
tion fut  la  perte  entiere  des  Juifs  qui  s'etoient  refugies 
dans  leur  ville ,  laquelle  fut  resolue  et  executea  presque 
en  meme  temps.  II  perit  a  Seleucie  plus  de  cinquante  mille 
Juifs.  Ceux  de  cette  malheureuse  nation  qui  purent  se 
sauver  de  Babylone  et  de  Seleucie  (  car  ces  deux  villes 
leur  etoient  egalement  ennemies  )  se  retirerent  a  Neerda 
et  a  Nisibe,  oii  ils  se  crurent  plus  en  surele  qu'ailleurs. 
Ces  circonstances  ne  sont  certaineraent  pas  favorables 
a  ceux  qui  tiennent  que  saint  Pierre  etoit  alors  dans 
Babylone  ,  et  qu'il  y  avoit  la  une  eglise  de  chretiens  assez 
nombreuse. 

D'aillcurs  on  n'a  pas  la  moindre  preuve  que  saint  Pierre 
ait  jamais  passe  I'Euphrate,  ni  qu'il  ait  fait  quelque  resi- 
dence a  Babylone;  ni  I'Ecriture,  ni  les  historiens  eccle- 
siasliques,  n'en  disent  un  mot.  Pourquoi  done  assurer 
un  fait  comme  celui-la,  sans  aucune  preuve  ,  et  pourquoi 
abandonner  le  sentiment  comraun  des  peres  et  des  inter- 
pretes  ,  qui  entendent  sous  le  nom  de  Babylone  la  ville 
de  Rome?  Les  Juifs  converlis  a  qui  cet  apotre  ecrivoit, 
ne  pouvant  I'entendre  ni  de  Babylone  de  Chaldee  ni  de 
celle  d'Egypte  ,  ainsi  qu'on  I'a  montre,  devoient  naturel- 
lement  recourir  au  sens  figure  ,  et  I'expliquer  de  la  ville 
de  Rome  ,  dans  laquelle  ils  ne  trouvoient  que  trop  de  ca- 
racteres  de  conformilc  avec  Tancienne  Babylone,  ennemie 
des  saints  ,  et  siege  de  I'idolatrie  ct  de  la  corruption  des 
moeurs. 

Le  passage  dont  il  s'agit  ici  n'est  point  du  nonibre  de 

'  Joseph.  Antiq.  lib.  xtiu.  c.  ult. 


4lO  DISSERTATION 

ceux  dont  le  sens  a  pu  denieurer  vag^e  et  inconnu  pen- 
dant plusieurs  siecles ,  comnie  plusieurs  autres  qui  ont 
pour  objet  des  choses  speculatives ,  et  peu  interessantes 
pour  le  commun  des  lecteurs.  Gelui-ci  frappoit  d'abord 
lout  homme  qui  le  lisoit,  ou  qui  I'entendoit  lire  ;  el  ia  c.u- 
riosite  nalurelle  portoit  a  demander  aussitot  s'il  falloit  le 
prendre  a  la  letlre ,  ou  dans  un  sens  figure  ;  si  saint  Pierre 
avoit  ete  reellement  a  Babylone  ,  ou  s'il  avoit  ecrit  cette 
epitre  de  Rome  ,  et  designe  cette  ville  sous  une  expres- 
'  sion  allegorique  :   e'etoit  un  de  ces  faits  dont  naturelle- 

ment  on  aime  a  s'instruire ,  et  dont  reclaircissement  est 
aise  et  a  la  porlee  des  plus  sirnples ,  el  qu'il  est  impossible 
d'oublier  ,•  quand  une  fois  on  les  a  sus.  Or,  nous  remar- 
quons  que  les  anciens  nous  disent  naturellement  que  Ba- 
bylone en  eel  endroit  signifie  Rome^  sans  lemoigner  Ja 
nioindre  diversite  de  sentimens  ni  le  moindre  doute  sur 
cet  article.  Nous-memes,  en  lisant  I'epitre,  nous  enlrons 
d'abord  comuie  naturellement  dans  cetle  pensee.  On  doit 
done  conclure  que  c'est  uue  tradition  recue  de  I'apotre 
meme  et  de  ses  disciples  ,  et  que  les  modcrnes  ne  sont 
plus  en  droit  de  revenir  conlre  elle  ,  n'ayant  pour  eux  ni 
raisonsni  autorite.  D'ailleurs  rien  ne  fait  mieux  sentir  I'in- 
certitude  de  leur  hypothese  que  le  peu  de  concert  qui  est 
entre  eux,  nous  ne  dirons  pas  dans  quelques  legeres  cir- 
constauces ,  mais  dans  le  sujet  principal  de  la  dilficulte. 
On  a  vu  la  diversite  de  leurs  sentimens;  encore  aujour- 
d'hui  ils  sont  desunis  sur  cet  article.  Or,  la  verite  est  une, 
et  le  plus  sensible  de  ses  caracteres  est  la  reunion  des 
sentimens  a  la  reconnoitre  et  a  la  soutenir.  Tous  les 
peres  el  les  commentaleurs  depuis  les  premiers  siecles 
jusqu'a  ces  derniers  teujps ,  ont  cru  et  enseigne  sans  con- 
tradition  que  Babylone  marquee  dans  la  premiere  epitre 
de  saint  Pierre  etoit  Rome.  C'est  done  le  seul  vrai  sens  de 
cet  endroit. 
Reponses  aux  I^  Gst  superflu  de  nous  objecter  quelques  ecrivains  ca- 
objeciions  iholiques ,  comme  Marca,  dont  on  a  deja  parle,  Jean- 
quelesm^mesgapjiste  Manlouan,  Michel  Cezenas,  Marsile  de  Padoue , 
auteursfor-  j^^^^  Avenlin  ,  Jean  Lelandus,  Charles  du  Moulin,  et 
I'opinion  peut-etre  quelques  autres ,  qui  ont  temoigne  quelque 
•ommune.  doute  sur  cela.  Ce  sont  des  doutes  produits  au  hasard  , 
et  fondes  uniquement  sur  les  raisons  des  protestans  ,  que 
nous  venons  d'examiner,  et  qui  sont  telles  qu'elles  n'ont 
pu  satisfaire  les  plus  raisonnables  de  leur  parti  nidme. 


SUR  LE  TOYAGE  DE  SAINT  PIERRE  A  ROME.  i  t  I 

On  forme  encore  contre  nous  quelques  autres  objec- 
tions ;  par  exeniple  ,  que  les  anciens  ne  sont  pas  unifor- 
nies  sur  I'annee  ou  ils  placenl  I'arrivee  de  saint  Pierre  a 
Rome.  Ce  fait  ne  leur  eloit  done  pas  connu  distincte- 
ment;  c'etoit ,  dit-on  ,  une  tradition  sans  fondement,  un 
prejuge  denue'de  preuves.  Lactance  '  dit  qu'il  y  alia  sous 
Neron;  Eusebe  *,  saint  Jerome  ^,  Adon  ,  et  plusieurs 
autres ,  1  y  font  aller  la  seconde  annee  de  Claude  ;  Paul 
Orose  * ,  au  commencement  du  regne  du  meme  prince ; 
quoiqu'on  sache,  a  n'en  pas  douter,  qu'il  etoit  a  Jeru- 
salem la  seconde  ou  meme  la  quatrieme  annee  de  Claude 
a  la  fete  de  Paques  ^,  et  que  le  roi  Agrippa  I'y  fit  mettre  en 
prison ,  d'ou  il  fut  delivre  par  un  ange. 

De  plus ,  plusieurs  anciens  *"  le  font  demeurer  eveque  de 
Rome  pendant  vingt-cinq  ans;  el  toutefois  ont  sait  certai- 
nemenl  qu'il  etoit  a  Jerusalem  au  concile  qui  se  tint  en 
cette  ville  la  dixieme  annee  de  Claude",  et  qu'un  peu 
apres  le  concile  de  Jerusalem  il  alia  a  Aniioche ,  oii  il  fut 
repris  par  saint  Paul^.  Saint  Paul ,  qui  a  ecrit  plusieurs  de 
ses  epitres  de  Rome^,  ne  fait  en  aucun  endroit  mention 
de  saint  Pierre;  ce  qu'il  n'auroit  pas  sans  doute  manque 
de  faire,  si  saint  Pierre  y  eut  ete  ,  comme  on  le  pretend. 
L'Apotre  ecrivit  aux  Remains  I'an  quatrieme  de  Neron. 
Saint  Pierre  devoit  etre  alors  a  Rome ,  suivant  Ihypo- 
these  de  ceux  qui  I'y  font  sieger  pendant  vingt-cinq  ans. 
Saint  Paul  fait  un  grand  denombrement  des  personnes  qu'il 
salue  ,  et  ne  nomme  pas  meme  saint  Pierre.  II  n'etoit  done 
pas  alors  dans  cette  ville.  Saint  Luc  dans  les  Actes  ne  dit 
pas  un  mot  qui  insinue  que  saint  Pierre  ait  jamais  ete  a 
Rome. 

Lorsque  saint  Paul  y  arriva  I'an  sixieme  de  Neron,  60  de 
Jesus-Christ,  les  chretiens  de  cette  ville  allerent  au-devant 
de  lui;  mais  saint  Pierre  ne  paroit  ni  pour  le  recevoir,  ni 
apres  son  arrivee ,  pour  le  consoler  et  pour  le  defendre. 
Les  premiers  de  la  synagogue  des  Juifs  elant  venus  le 
voir,le  prierent  de  leurdi.'-e  ce  que  c'etoit  que  le  christia- 
nisme  :  «  Car  nous  savons,  disent-ils,  que  cette  secte  est 
«   contredite  et  combattue  de  tous  cotes  :  yam  de  secta  hac 

'  Lactam,  de  morte  persscuiorum.  —  -  Euseb.  in  Chronico.  —  '  Hieron. 
Catalogo  in  Pelro.^ Paul  Oros.  I.  vir.  c.  ri.  —  *  ^ct.  \v.  3.  4.  et  seqq. 
— *  Ponti/icale  Damasi,  Beda.  Isidor.  Hispal.  Ado.  alii.  — ^  Jet.  xv.  i .  et 
seqq.  —  «  Galat.  it.  11.  —  '  Les  epttrea  aux  Colo«s.  aux  Philipp.  aux  Ephe- 
sicn?,  la  seconde  a  Timothee. 


4l2 


DISSERTATION 


«  nolum  est  nobis  quia  ubique  ei  conlradicitur^  . 
croyable  qu'ils  dussent  parler  ainsi  de  la  religion  chre- 
tienne  ,  si  saint  Pierre  eut  etc  a  Rome  des  le  commence- 
ment de  I'empereur  Claude  ,  et  s'il  y  eut  etabli  son  siege  ? 
Enfin  on  nous  dit  que  saint  Pierre  et  saint  Paul  s'etoient 
partage  I'ouvrage  de  I'Evangile;  en  sorte  que  saint  Pierre 
ne  devoit  precher  qu  aux  Juifs,  et  saint  Paul  aux  gentils  : 
Cum  vidissent  quod  crediUim  est  mihi  Evangelium  prapulii , 
sicul  et  Peiro  circumcisionis , ....  dexLras  dederant  mihi el Bar- 
nabce  societatis ,  ut  nos  in  gentes ,  ipsi  auleni  in  circumcisio- 
nemP-.  Saint  Pierre  n'a  done  pas  du  precher  a  Rome,  qui 
etoit  une  ville  toute  paienne;  c'eloil  un  champ  destine  a 
saint  Paul.  Ajoutez  que  Tempereur  Claude  avoit  chasse  les 
Juif's  de  Rome  la  neuvieme  annee  de  son  regne ,  49  de  Je- 
sus-Christ, ou  quelques  annees  plus  tard.  Ainsi  saint  Pierre 
n'a  pu  y  dcmeurer  apres  ce  temps;  cela  ne  lui  etoit  plus' 
pei'mis,  et  sa  presence  y  etoit  inutile,  puisque  les  Chre- 
tiens circoncis^qu'on  ne  distinguoit  pasalors  des  Juifs,  en 
furent  chasses  comme  eux. 

Voila  les  objections  qui  me  paroissent  les  plus  fortes 
contrele  sentiment  que  nous  avons  soutenu  jusqu'ici ;  car 
pour  les  autres  dilficultes  que  Ton  forme  contre  nous,  elles 
ne  meritent  pas  la  peine  d'etre  relevees.  On  peut  done  re- 
pondre  en  general  a  celles  qui  regardent  la  chronologic , 
et  les  divers  sentimens  de  nos  auteurs  et  de  nos  historiens 
sur  I'annee  de  la  -venue  de  saint  Pierre  a  Rome,  i"que  I'E- 
glise  n'adopte  aucune  de  ces  epoques,  ni  aucun  dc  ces 
sentimens  en  particulier,  el  quelle  s'interessc  uniquement 
a  soutenir  la  verite  du  fait  du  voyage  de  saint  Pierre  a 
Rome.  Qu'il  y  soit  venu  deux  ou  plusieurs  fois,  qu'il  y  soit 
arrive  la  premiere,  la  seconde,  la  troisiemeoulaquatrieme 
annee  de  Claude,  ce  sont  des  details  qu'elle  abandonne 
aux  recherches  des  chronologistes. 

2^  II  n'y  a  aucune  opposition  entre  ceux  qui  font  alier 
saint  Pierre  a  Rome  la  seconde  annee  de  Claude ,  et  ceux 
qui  disent  qu'il  y  alia  au  commencement  du  regne  dc  ce 
prince.  La  seconde  annee  n'est-elle  pas  le  commencement 
d'un  regne  qui  a  dure  treize  ans  huit  mois  et  vingt  jours  ? 
11  pouvoit  etre  a  Jerusalem  a  Paques  de  la  seconde  annee 
de  Claude,  et  arriver  a  Rome  sur  la  fin  de  I'ele  dc  la  meme 
annee.  II  n'y  a  la  aucune  contradiction. 

'  Acl.  xxvm.  22.—  '  Galat,  ii.  7.  9.  Vide  Salmas.  de  Pviinaiu  Petri. 


SUR  LE  VOYAGE  DE  SAINT  PIERRE   A  ROME.  4l3 

3"  Quand  on  dit  que  saint  Pierre  a  siege  a  Rome  pendant 
vingt-cinq  ans,  c'est  deja  une  chose  que  I'on  nc  pretend 
pas  soutenir  avec  opiniatrete ,  et  qui  n'est  point  avouee  do 
tout  le  monde.  Mais  quand  on  voudroit  la  soutenir,  ce  n'est 
pas  qu'on  pretende  que  pendant  ces  vingt-cinq  ans  il  ait 
toujours  ete  residant  a  Rome  ;  il  a  pu  en  sorlir  souvent,  et 
enlreprendre  durant  cet  intervalle  divers  voyages  et  en 
Orient  et  en  Occident,  suivant  les  besoins  de  I'Eglise  et 
I'inspiration  du  Saint-Esprit.  Ainsi  rien  n'empeche  qu'il 
li'ait  ete  a  Jerusalem  en  la  quatrieme  annee  de  Claude,  et 
que  sept  ans  apres  il  n'y  ait  preside  le  concile  qui  s'y  tint 
sur  la  necessite  des  ceremonies  legales,  sans  touletois  quit- 
ter son  siege  de  Rome ;  non  plus  que  les  eveques  ne  sont 
point  censes  quitter  leurs  sieges  lorsque  pour  le  besoinde 
I'Eglise  ils  sont  obliges  de  s'absenter  pour  assister  a  des 
conciles.  Or,  depuis  la  seconde  annee  de  Claude  jusqu'a 
la  treizieme  de  Neron ,  qui  est  celle  de  la  mort  de  saint 
Pierre,  il  y  a  environ  vingt-cinq  ans. 

4"  Peut-etre  aussi  ne  laut-il  point  lant  insister  sur  ces 
vingt-cinq  annees  :  le  P.  Mabillon  rapporte^  un  catalogue 
tres  ancien  des  pontifes  romains  depuis  saint  Pierre  jus- 
qu'au  pape  Yigile  ,  ou  on  lit :  Petrus  seditannos  xx  menses  u 
dies  III.  Selon  ce  calcul ,  saint  Pierre  ne  scroit  venu  fixer 
son  siege  a  Rome  que  dans  I'annee  47  de  I'ere  chret.  vulg. , 
septieme  du  regne  de  Claude. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  diversites  de  sentimens  qui  se  re- 
marquent  dans  les  anciens  et  dans  les  modernes  au  sujet 
de  I'annee  de  Tarrivee  de  saint  Pierre  a  Rome ,  ne  prouvent 
rien  pour  nos  adversaires.  11  y  a  dans  cette  dispute  deux 
choses  a  disiinguer,  dont  I'une  est  capilale,  et  I'autre  ac- 
cessoire.  La  premiere  est  que  saint  Pierre  a  veritablement 
fait  le  voyage  de  Rome ;  la  seconde,  qu'il  la  fait  a  telle  ou 
telle  epoque ,  qu'il  y  est  demeure  plus  ou  moins  d' annees , 
qu'il  est  passe  par  telle  ou  telle  ville.  Les  anciens  convien- 
nent  unanimement  du  premier  fait;  mais  ils  peuvent  etre 
partages  sur  le  second,  sans  que  I'arlicle  essentiel  en  souffre 
aucune  atteinte.  Doutera-t-on  de  la  mort  de  Jesus-Christ , 
parce  que  les  anciens  ont  varie  sur  I'annee  en  laquelle  elle 
est  arrivee?  Les  varietes  des  circonstances  qui  supposent 
le  fait  sont  pluspropres  a  I'affermir  qu'a  le  detruire. 

De  plus  saint  Pierre  ayant  ete  une  fois  a  Rome  depuis  le 

^  Mabill.  Analect.  i-eter.  Paris.  i~ii,p.  21S. 


4l4  DISSERTATION 

regne  de  Caligula  jusqu'a  la  fin  du  r^gne  de  Neron ,  sous 
lequel  il  mourut,  il  y  a  moyen  de  concilier  les  sentimens 
divers.  II  apu  y  aller  au  commencement  de  Claude,  c'est- 
a-dire  en  la  seconde  annee  de  son  regne ,  suivant  Eusebe , 
saint  Jerome,  et  Orose ;  etencoreladouziemeoulatreizieme 
annee  de  JNeron  ,  peu  de  temps  avant  qu'il  y  souffril  le  mar- 
tyre.  En  effet  plusieurs.anciens  nous  apprennent  qu'il  y 
alia  pour  combaltre  Simon  le  magicien,  et  qu'ayant  ete 
mis  en  prison  avec  saint  Paul ,  ils  furent  enfm  tous  deux 
couronnes  du  martyre  Van  67  de  Jesus-Christ,  treizieme 
du  regne  de  Neron. 

Que  saint  Paul ,  ecrivant  aux  Remains ,  n'ait  fait  aucune 
mention  de  saint  Pierre,  non  plus  que  dans  Ics  Icttres  qu'il 
ecrivit  depuis  etant  a  Rome  ,  cela  n'est  nullement  surpre- 
nant ,  puisqu'il  est  ires  possible  que  saint  Pierre  n'y  fut  pas 
actuellement  lorsqu'ii  ecrivoit,  ou  qu'il  fut  dans  un  autre 
quartier  de  cette  grande  ville ,  ou  que  ceux  a  qui  I'Apotre 
ecrivoit  n'eussent  aucune  liaison  particuliere  avec  saint 
Pierre. 

Quant  a  ce  que  les  Juifs  de  Rome  qui  vinrent  voir  saint 
Paul  dans  son  logis  ou  dans  sa  prison ,  lui  dirent  qu'ils 
souhaitoient  entendre  son  sentiment  sur  la  secte  des  Chre- 
tiens, et  qu'ils  savoient  seulementqu'elle  eloit  contredite 
en  tout  lieu,  cela  ne  fait  aucune  difficulte.  Ce  sont  des 
Juifs  non  convert  is  qui  parlent ;  ilsne  connoissent  propre- 
ment  le  christianisme  que  de  nom;  ils  etoient  remplis  des 
fausses  idecs  que  les  Juifs  de  Judee  leur  en  avoient  don- 
nees  par  leurs  lettres  etpar  leurs  calomnies.  Comme  saint 
Paul  arrivoit  de  ce  pays-la ,  et  qu'on  le  connoissoit  pour  un 
homme  fort  eclaire ,  ils  etoient  bien  aises  de  I'cntendre,  et 
de  savoir  ce  que  c'etoit  que  les  Chretiens ,  que  toutes  les 
synagogues  avoient  on  horreur.  11  y  avoit  a  Rome  beau- 
coup  de  fideles  convertis  tant  du  judaisme  que  du  paga- 
nisme,  comme  il  paroit  par  I'epilre  que  saint  Paul  leur 
ecrivit  peu  auparavant :  mais  ces  fideles  ne  s'assembloient 
pas  dans  la  synagogue  des  Juifs ;  et  il  est  tres  probable  que 
la  lettre  (jue  saint  Paul  leur  avoit  ecrite  ne  fut  pas  connue 
des  Juifs  non  convertis,  et  que  ceux-ci  n'etoient  nulle- 
ment informes  des  dispositions  de  saint  Paul,  ni  du  pro- 
gres  qu'il  avoit  fait  dans  le  christianisme,  ni  des  causes  qui 
I'amenoient  a  Rome  ,  comme  ils  le  declarent  eux-memes  : 
Nos,  neque  lilteras  accepimus  de  le  a  Judcca  :  neque  adve. 


SIR  l.E  VO\A(_,K  DE  SAINT  PIERBE  A   ROME.  4l5 

nietis  aliqais /ralram  nuntiavit ,  aut  locutus  est  quid  de  U  ma- 
lam^. 

Quand  on  partage  la  predication  de  I'Evangile  entre 
saint  Pierre  et  saint  Paul ,  en  sorte  que  saint  Pierre  n^ 
devoit  precher  qu'aux  Juifs,  et  saint  Paul  aux  gentils,  on 
ignore  les  vrais  senlimens  et  la  pratique  des  deux  apotres. 
lis  prechoicnt  I'uu  et  I'autre  aux  Juis  et  aux  genlils;  et  on 
saitque  I'un  et  I'autre  en  ont  converli  et  baptise  un  grand 
nombre.  Saint  Pierre  ne  baptisa-t-il  pas  Corneille  et  toule 
sa  maison^,  et  ne  declara-t-il  pas  dans  le  concile  de  Je- 
rusalem qu'il  Y  avoit  long-temps  que  Dieu  Tavoit  choisi 
pourannoncer  aux  gcntils  la  parole  de  I'Evangile,  et  pour 
les  amener  a  la  foi  ^  ?  Et  saint  Paul ,  dans  lous  ses  voyages , 
ne  commencoit-il  pas  toujours  par  precher  aux  Juifs,  lors- 
qu'il  en  trouvoit?  et  apres  cola  il  venoit  aux  gcntils,  s'il 
rencontroit  parnii  eux  de  I'ouverture  a  I'Evangile  *.  Saint 
Pierre  s'attachoit  principalement  aux  Juifs,  mais  sans  ne- 
gligerles  gentils;  saint  Paul  au  contraire  donnoit  ses  prin- 
cipaux  soins  a  la  conversion  des  gentils,  mais  sans  aban- 
donner  les  Juifs. 

Mais  suppose  meme  que  saint  Pierre  se  bornat  aux  seuls 
Hebreux ,  il  trouvoit  dans  Rome  de  quoi  exercer  son  zele , 
puisqu'.il  y  avoit  un  tres  grand  nombre  de  Juifs.  Apres  la 
raort  du  grand  Herode ,  douze  mille  Juifs  se  joignirent 
aux  cinquanle  deputes  qu'on  avoit  envoyes  de  Jerusalem 
pour  demander  que  la  Judee  fut  delivree  de  la  domina- 
tion des  rois  ^.  Philon  ^  temoigue  que  sous  Caligula  la  plus 
grande  partie  de  la  villa  au-dela  du  Tibre  etoit  occupee 
par  les  Juifs.  Sous  le  rcgne  de  Claude,  ils  y  ctoient  en  si 
grand  nombre,  que  ce  prince  n'osant  les  en  chasser,  de 
peur  de  quelque  tumulle,  leur  defendit  simplement  de 
s'assembler  '.  Enfin  il  les  chassa  ,  a  ce  qu'on  croit ,  la 
neuvieme  annee  de  son  empire  ,  a  I'occasion  des  troubles 
continuels  qu'ils  causoient  dans  la  ville  a  cause  du  chris- 
tianisme  *. 

Saint  Pierre  en  sortit  alors  apparemmcnt  avec  les  au- 
tres  :  mais  cela  n'empeche  pas  qu  il  ny  soit  revcnu  sous 

*  AcL  xmii.  2  1. — '  Act.  X.  47.  43. — ^Act.  iv.  6.  7.  8.  p. — *  Act.  xiii. 
46.  Vobis  oportebat  primitm  loqui  verbum  Dei :  sed  quoniam  repellitis 
Ulud,  et  indignos  vos  judicads  cetemie  vita; ,  ecce  converiimur  ad  gen- 
tes,  etc.  —  '  Joseph.  Anliq.  I.  xvii.  cap.  11.  p.  6io.  —  *  Philo.  Legat.  ad 
Caum.  —  '  Dio,  I.  ix.  Hist.  —  *  Sueton.  in  Claudio.  Judaos  impulsort 
Christo  assidue  tumtiltitantes  Roma  expub't. 


4  1  6  DISSERTATION 

I'empire  de  Neron.  Ce  prince  ne  fut  pas  contraire  aux 
Juifs ,  mais  seulement  aux  chretiens.  Lorsque  saint  Paul 
arriva  a  Rome ,  la  sixieme  annee  de  Neron ,  il  y  trouva 
un  grand  nombre  de  Juifs  et  de  chretiens  ^.  Saint  Pierre 
et  saint  Paul  y  vinrent  certainement  pour  la  derniere 
fois  sur  la  fin  du  regne  de  cet  empereur ,  et  y  furent  cou- 
ronnes  du  martyre  ,  comme  nous  I'apprennent  tous  les 
anciens. 

Nons  ne  parlons  pointdu  silence  de  saint  Luc  dans  les 
Actes,  dont  on  veut  tirer  une  preuve  contre  le  voyage 
de  saint  Pierre  a  Rome ;  comme  si  le  saint  evangeliste 
s'etoit  engage  a  nous  faire  I'histoire  de  saint  Pierre,  qu'il 
paroit  avoir  entierement  perdu  de  vue  ,  pour  ne  s'alta- 
cher  qua  saint  Paul ,  depuis  le  seizierae  chapitre  des 
Actes. 

Spanheim  ^  entre  dans  un  long  detail  pour  faire  ob- 
server que  Ton  a  debite  beaucoup  de  fables  sur  le  voyage 
de  saint  Pierre  a  Rome;  que  Ton  montre  dans  cette  ville  , 
et  dans  diverses  autres  villes  d'ltalie,  grand  nombre  de 
monumens ,  d'eglises ,  de  lieux  consacres  par  sa  presence ; 
qu'on  honore  plusieurs  eveques  de  villes  fameuses ,  que 
Ton  croit  avoir  ete  compagnons  de  son  voyage.  11  ras- 
semble  plusieurs  circonstances  de  temps  et  de  lieu ,  dou- 
teuses  ou  fabuleuses  ,  pour  tacher  de  rendre  suspecte  ou 
raeme  de  faire  tomber  entierement  la  croyance  de  ce 
voyage.  Mais  on  ne  doute  pas  qu'il  n'ait  eu  aussi  assez 
d'equite  pour  remarquer  que  nos  savans  n'adoptent  ni  ces 
fables ,  ni  ces  circonstances  douteuses  ,  ni  tout  ce  que  la 
tradition  populaire  enseigne  sur  ces  sories  de  choses.  On 
n'auroit  eu  garde  d'inventer  ces  particularites  si  peu  di- 
gnes  de  respect  et  de  consideration,  si  le  fait  du  voyage 
n'eut  passe  pour  indubitable.  Si  les  mauvaises  traditions 
et  les  faussetes  ajoutecs  aux  actions  celebres  de  Jesus- 
Christ  et  des  apotres  etoient  des  raisons  suffisantes  pour 
nous  faire  abandonner  les  histoires  authentiques  ,  ou  en 
serions-nous  aujourd'hui,  au  milieu  de  tant  de  fables 
dont  les  siccles  d'ignorance  ont  enveloppe  les  verites  les 
plus  certaines  et  les  faits  les  plus  incontestables?  Le  ve- 
ritable usage  de  la  critique  est ,  non  pas  de  rejeter  tout, 
mais.  de  choisir ,  et  de  distingaer  le  vrai  du  faux ,  le  certain 

^  Act.  xt.y ill.  17.  i8.  etc. — ^Spanheni.^  Dissert. de  temere  credita  Petri 
in  urbem  Romam  pi'ofeclione,  art.  i.  eti. 


SLK   LE    VOYAGE  DE  SAIXT  PIERRE   A  ROME.  4  I  ■» 

du  douteux,  les  fails  historiques  indubitables ,  des  cir- 
tonstances  peu  sures  dont  on  a  -voulu  les  embellir  ou  les . 
obscurcir.  • 

Pour  nous  rendre  suspecte  la  venue  de  saint  Pierre  a 
Home ,  et  rinlerpretation  que  nous  donnons  au  passage 
qui  fait  le  principal  sujet  de  cette  Dissertation  ,  on  taclie 
d'afToiblir  I'jutorite  des  premiers  auteurs  qui  nous  I'ont 
fait  connoitre.    On  fait  voir   que  Papias  etoit   un   petit 
genie ,  un  homme  simple  et  credule ;  on  rapporte  quel- 
ques-unes  de  ses  traditions,  dont  on  releve  I'incertitude. 
On  fait  ce  qu'on  peut  pour  nous  faire  douter  que  le  pas- 
sage de  saint  Ignace  le  martyr,  ev^que  d'Anlioche,  soit 
vrai,  et  que  I'epitre  qu'il  ecrivit  de  Smvrne  aux  Ilomains 
soit  de  lui.  On  parle  de  saint  Irenee  et  de  saint  Clement 
d'Alexandrie ,   do  Tertullien  et   d'Origcne ,   comme   de 
gens   trop  credules,  peu  exacts,  qui  sont  tombes  dans 
differentes  erreurs  tant  en  matiere  de  fait  qu'en  matiere 
de  doctrine.  On  rassemble  avec  soin  les  fautes  qu'ils  ont 
faites ,  et  on  en  conclut  qu'ils  ont    bien   pu    raanquer 
d'exactilude  ,  de  critique ,  de  lumiercs  dans  cet  endroit 
et  sur  cet  article,  comme  dans  tant  d'autres  qu'on  leur 
reproclie. 

Mais,  de  bonne  foi,  quelle  est  cette  metliode  de  re- 
pondre  a  I'autorile  des  peres?  Si  les  peres  des  trois 
premiers  siecles  sont  gens  sans  credit  ,  sans  autorite , 
gens  credules  ,  simples  ,  et  qui  donnent  dans  des  erreurs 
manifestes,  de  qui  apprendrons-nous  notre  religion?  Les 
prolestans  qui  voudroieut  ne  reconnoitre  pour  mailres 
<pie  les  peres  des  trois  premiers  siecles ,  comment  s'as- 
surent-ils  de  leur  lemoignage  en  matiere  de  dogme  et  de 
doctrine  ,  si  ces  peres  sont  si  peu  circonspects  en  matiere 
de  fait  et  d'histoire?  Plusieurs  dogmes  de  notre  religion 
ont  tant  de  connexion  avec  les  fails,  qu'on  ne  peut  les 
en  separer.  Si  les  Ignace  ,  les  Clement  d'Alexandrie,  les 
Origene  et  les  Tertullien  ne  suffisent  pas  pour  appuyer 
un  fait ,  s'ils  ne  sont  pas  de  bons  temoins ,  nous  deman- 
dons  ou  il  faudra  en  aller  chercher  de  meilleurs,  de 
plus  graves  ,  de  plus  eclaires ,  de  plus  saints ,  de  meii- 
leure  foi. 

Mais  il  est  sur ,  dit-on  ,  qu'ils  sc  sont  trompes  en  bien 
des  choses.  Us  etoient  hommes  ,  nous  I'avouons ;  mais 
qu'on  me  justifie ,  par  des  preuves  reelles  et  de  fait,  qu'ils 
se  sont  veritablement  trompes  ici ,  et  qu'on  ne  se  conlente 

20.  37 


•4  I  8  DISSERTATION,  etc. 

pas  de  ce  mauvais  raisonnement  :  lis  ont  pu  se  tromper 
ici  comiiie  ailleurs ,  done  ils  se  sont  trompes.  Qu'on  nous 
inontre  et  qu'on  nous  prouve  Icur  erreur  ou  leur  inadver- 
lance,  etiious  en  conviendrons  ;  mais  sans  cela  leur  au- 
torile  est  pour  nous  d'un  Ires  grand  poids  ,  surtout  lors- 
qu'il  s'agit  d'un  fait  public,  connu,  celebre,  interessant, 
simple  el  d'une  tres  grandc  consequence  poui  la  religion, 
et  pour  la  discipline  de  I'Eglise,  pour  savoir  ou  residera 
la  principale  autorite,  et  quel  siege  sera  considcre  comme 
le  centre  de  I'unite  ;  enfin  un  fait  dont  ils  conviennent 
tous  unanimement,  quoiqu'ils  varient  peut-etre  dans  quel- 
ques  circonstanccs  peu  importantes,  et  qui  ne  changent 
rien  au  fond. 
Conclusion.         j)g  ^q^j-  ^g  q^g  Pq,^  ^  j|t  jusqu'ici ,  on  peut  conclure 
que  le  voyage  de  saint  Pierre  a  Home  est  un  fait  certain 
el  indubitable  ,  fonde  sur  le  temoignage  de  toute  I'anti- 
quite ,  et  sur  cclui  de  plusieurs  savans  critiques,  meme 
du  nombre  des  prolestans;  que  le  passage  de  la  premiere 
epitre  de  saint  Pierre  ,  qui  porte  qu'il  I'ecrivit  de  Baby- 
lone ,  ne   doit  s'entendre  ni  de  Babylone  de  Cbaldee  , 
ni  de  Babylone  d'Egypte,  ni  de  Jerusalem,  mais  de  la 
ville  de  Rome,  ainsi  que  I'ont  pris  les  anciens;  et  que 
tout  ce   que  Ton  oppose  a  ce  sentiment  si  ancien  ,   si 
general ,  si  bien  appuye ,  merite  a  peine  que  Ton  y  re- 
ponde,    puisqu'on  ne  lui  objecte  que  des  argumens  ne- 
gatifs ,    ou  des  varietes   de   circonstanccs,   qui   ne  tou- 
chant  point  le  fait  essentiel ,  le  laissent  toujours  subsister 
en  entier. 


PREMIERE  EPITRE 
DE  SAINT  PIERRE. 


CH.VPITRE  PREMIER. 


SainlPierre  rend  graces  a  Dieudc  ia  rocalion  des  HJeles.  Affliclions,pprcuvcs 
de  la  foi.  Salut  aiinoncepar  les  prophetes,  el  objetdeleur  alien Jion.  Saiu- 
lete  de  conduile.  Estime  du  prix  de  nos  ames.  Charite  pure  et  sincere.  Re- 
generation par  la  parole  de  lEvangile. 


1.  PETRI'S  iipostolus 
Jesu  Clirisli,  electis  ad- 
venis  dispersionis  Ponli, 
Galatise  ,  Cappadociae  , 
Asiae,  et  Bithyniae, 

2.  Secundum  prae- 
scientiam  Dei  Patris,  ia 
sanclificationera  Spiritus, 
in  obedientiaui,  et  asper- 
sionem  sanguinis  Jesu 
Chrisli  :  gratia  vobis  et 
pax  njultiplicetur. 

5.  Benediclus  Deus  et 
Pater  Domini  nostri  Je>u 
Cluisti,  qui  secundum 
misericordiam  <uam  ma- 
gnam  regeneravit  nos  in 
spem  vivam  ,  per  resur- 
rectionem  Jes^  Cbristi  ex 
mortuis, 


1.  Pierre,  apotre  de  Jesus- 
Christ  ,  aux  fideles  qui  sont  etran- 
gers  et  disperses  dans  les  provinces 
du  Pont,  de  la  Galatie  ,  de  la  Cap- 
padoce,  de  I'Asie, '  et  de  la  Bilhy- 
nie, 

2.  Qui  sent  elus,  selon  la  pres- 
cience de  Dieu  le  Pere  ,  pour  rece- 
voir  lasantiOcation  du  Saint-Esprit, 
pour  obeir  a  la  foi^  et  etre  arroses 
du  sang  de  Jesus-Cbrist :' que  Dieu 
Tous  comble  de  plus  en  plus  de  sa 
grace  et  de  sa  pais. 

5.  Beni  soit  le  Dieu  et  le  Pere' 
de  noire  Seigneur  Jesus-Christ,  a.  Cor.  i.  3. 
qui,  selon  la  grandeur  de  sa  mi- Ephes.  i.  i. 
sericorde,  nous  a  regeneres  par 
la  resurrection  de  Jesus-Christ 
d'entre  les  morts,  pour  nous  don- 
ner  I'esperance  de  la  vie, ' 


y  I .  L'Asie  se  prcnd  ou  pour  Tune  des  quatre  parlies  du  mor:dc  ,  ou  pour 
I'Asie  mincure ,  ou  pour  celle  proyiiice  de  I'Asie  ir.ineure  donl  Epliese  eloit 
lacapilale;  il  paroit  quVII.- esl  prise  ici  en  ce  dernier  sens,  puist|ue  lePont, 
la  Galatie,  la  Cappadoce  et  la  Bilhynie  sent  aussi  comprises  dans  les  pro- 
Tjnces  de  I'Asie  niineure. 

y  2.  Autr.  pour  obeir  i  Jcsus-Chrisl  et  itre  arroses  de  son  sang. 

y  3.  Autr.  Beni  soil  Dieu  Pere  de  noire  Seigneur  Jcsus-Clirisi. 

Jbi'd.  De  la  vie  bienheureuse,  commc  il  I'ezplique  au  y  suivant. 


42() 


I"   EpItRE  DE  saint  PIERHE. 


4-  De  cet  heritage,  oCi  rien  ne 
pent  ni  se  detruire ,  ni  sc  cor- 
rompre ,  ni  se  fletrir,  qui  vous  est 
reserve  dans  les  cieux,  a  vous 

5.  Que  la  vertu  de  Dieu  garde  par 
la  I'oi,  pour  vous  faire  jouir  du  salut 
qui  doit  etre  montre  a  decouvert  a 
la  fin  des  lenips. 

6.  C'est  ce  qui  doit  vous  trans- 
porter de  joie,  iors  uieme  que  pen- 
dant cettc  vie,  qui  est  si  courte  , 
vous  seriez  affliges  de  plusieurs 
maux/ 

7.  Afin  que  votre  foi  ainsi  eprou- 
vee  ,  etant  beaucoup  plus  precieuse 
que  Tor ,  qui  est  eprouve  par  le  feu,' 
se  trouve  digue  de  louange,  d'hon- 
neur  et  de  gloire ,  a  I'avenement 
glorieux '  de  Jesus-Christ, 

8.  Que  vous  aimez,  quoique 
vous  ne  I'ayiez  jamais  vu,  et  en  qui 
vous  croyez,  quoique  vous  ne  le 
voyiez  point  encore  maintenant; 
ce  qui  vous  fait  tressaillir  d'une 
joie  ineffable  et  pleine  de  gloire ,' 

9.  Et  remporter  le  salut  de  vos 
ames,  pour  recompense'  de  votre 
foi  : 

10.  Ce  salut,  dans  la  connais- 
sance  duquel  les  prophetes,  qui 
onl  predit  la  grace  que  vous  deviez 
recevoir,  ont  desire  de  penetrer, 
I'ayant  recherche  avec  grand  soin; 

1 1.  Etayant  examine,  dans  cette 
recherche,  en  quel  temps  et  en 
quelle  conjoncture  I'Esprit  de  Je- 


4.  In  hereditatem  in- 
corruptibilem  ,  et  incon- 
taminatam,  et  immarces- 
cibilem,  conservatam  in 
ccelis  in  vobis, 

5.  Qui  in  virtute  Dei 
custodimini  per  fidem  in 
salutem  paratara  reve- 
lari  in  tempore  novissi- 
mo. 

6.  In  quo  exultabitis  , 
modicum  nunc  si  oportet 
contristari  in  variis  ten- 
tationibus  : 

7.  Ut  probatio  vestrie 
fidei  mullo  pretiosior  au- 
ro  (quod  per  ignem  pro- 
batur),  inveniatur  in  lau- 
dem ,  et  gloriam,'  et 
honorcm,  in  revelalione 
Jesu  Christi  : 

8.  Quem  cum  non  vi- 
deritis  ,  diligilis  :  in  quem 
nuncquoque  nonvidentes 
creditis  :  credentes  autem 
exultabitis  laetitia  inenar- 
rabili  et  glorificata  : 

g.  Ueportantes  finem 
fidei  vestrae,  salutem  ani- 
marum. 

10.  De  qua  salute  ex- 
quisierunt ,  atque  scrutati 
sunt  prophetse ,  qui  de 
futura  in  vobis  gratia 
prophetaverunt  : 

1 1.  Scrutantes  in  quod 
vel  quale  tempus  signi- 
ficaret     in     eis     Spiritus 


y^  6.  A  la  leltre  selon  le  grcc  :  Jors  rafime  que  ,  s'il  le  faut ,  pendant  ceUc 
vie  qui  est  si  courte  .  vous  eles  affliges  de  plusieurs  maux. 

•^  7.  Gr.  qui ,  bicn  que  corruplible  ,  est  neanmoins  eprouve  par  le  feu. 

Ibid.  Litt.  a  la  manil'estalioii  de  Jesus-Christ. 

y^  8 .  Gr.  et  en  qui ,  iriaintenant  encore  ne  le  voyant  point ,  mais  croyant  en 
lui ,  vous  tressaiilez  d'une  joie ,  etc. ,  et  vous  remportez,  etc. 

•^•c).  Litteral.  comme  fin  de  votre  foi.  f^oy.  saint  Jacques,  v.  11. 


\ 


\ 


Chrisli  :  praenmitians  eas 
quae  in  Chrislo  sunt  pas- 
siones  ,  et  posteriores 
glorias  : 

la.  Quibus  revelalura 
est,  quia  non  sibimetipsis, 
Tobis  autem  miiiistrabant 
ea  qua3  duiic  nuntiata 
sunt  vobis  per  eos  qui 
evangeliraverunt  vobis , 
Spiritu  Sanclo  misso  de 
coelo,  in  quern  dcsiderant 
aogeli  prospicerc. 

i5.  Propter  quod  suc- 
cincli  lumbos  mentis  ves- 
trae,  sobrii  perfecte  spe- 
rate  in  earn  ,  quae  olTertur 
Yobis  ,  gratiani,  in  reve- 
lationem  Jesu  Christi  : 

14.  Quasi  fdii  obedien- 
tiae,  non  configurali  prio- 
ribus  ignorantiae  vestrae 
desLderiis  : 

i5.  Sedsecunduineuui, 
quivocavit  vos.  Sanctum : 
et  ipsi  in  omni  conserva- 
tione  sancti  silis  : 

16.  Quoniam  scriptum 
est  :  Sancti  erilis,  quo- 
niam ego  sanctus  sum. 

1 7.  Et  si  Patrem  invo- 
catis  eum  qui  sine  accep- 
tione  personarum  judical 
secundum  uniuscujusque 
opus,  in  timore  incolatus 
vestri  tempore  conversa- 
mini  : 


CHAPITRE  I.  421 

sus-Christ,  qui  les  instruisoit  de 
I'avenir,  leurmarquoitquedevoient 
arriver  les  souffrances  de  Jesus- 
Christ,  et  la  gloire  qui  devuit  les 
suivre  , 

I  a.  II  leur  fut  revele  quo  ce  n'e- 
toit  pas  pour  eui-mSmcs,  mais 
pour  vous,  qu'ils  etoient  ministres 
etdispensateursdeschoses  queceux 
qui  vous  ont  pr^che  I'Evangile  ,  par 
le  Saint-Esprit  envoye  du  ciel,  vous 
unt  maintenant  annoncees  ,  et  dans 
le  secret  desquelles  '  les  anges 
memes  desirent  de  penetrer. 

10.  C'est  pourquoi  oeignant  les 
reins  de  voire  ame,'  et  vivant  dans 
la  temperance,  attendez  avec  une 
esperancc  parfaite  la  grace  qui  vous 
sera  donnee  a  I'avenement'  de 
Jesus-Christ  : 

14.  Evitant  comme  des  enfans 
d'obeissance.  de  devenir  semblables 
ii  ce  que  vous  eliez  autrefois,  lorsque, 
dans  votre  ignorance,  vous  vous 
abandonniez  a  vos  passions; 

ID.  Mais  soyez  saints  dans  toute 
laconduitede  votre  vie,  comme ce- 
lui  qui  vous  a  appeles  est  saint , 

16.  Selon  qu'il  est  ecrit  :  Soyez'  Lev.xi.  44. 
saints,  parce  que  je  suis  saint.  ^'^-  ^'  ^■^- : 

17.  El   puisque  vous   in voquez  Z>eHf.  x.  17. 
comme  votre  Pere  celui  qui ,  sans  Rom.  u.  ii. 
avoir  egard  a  la  difference  des  per-  ^^-  ^'-  ^• 
sonnes,  juge  chacun  selon  ses  ceu- 
vres,    ayez  soin  de  vivre  dans  la 
crainte   durant  le  temps  que  vous 
demeurez  comme  etrangers  sur  la 

terre. 


■jf^  1 2 .  C'est  le  sens  du  grec ,  in  quee. 

y-  I  J.  C'est-a-dire avanlunegrande  vigilance.  Noasavonsrencontre  cetleex- 
pression  deja  un  grand  nombre  de  fois.  ElJe  a  rapport  a  I'nsagedesOrientaux, 
qui  se  disposent  a  I'ouvragc  en  Tetroussant  leurs  veJcmens  au  moyen  dc  leur 
ceinlure,  a(in  d'avoir  lesmouTcmens  pluslibrcs. 

Jbid.  Lilt,  dans  la  manifestation. 

y  I  f> .  I^  erec  s'evprimp  ainsi . 


-122 


l"   KPITRE  DE  SAIiM  PIERRE. 


I. Cor. VI.  20. 

VII.  23. 

Ilebr.  IX.  r4- 
r .  Joan  .1.7. 
udpoc.i.  5. 


18.  Sachant  que  ce  n'est  poinl 
par  deschoses  corruptibles,  coQiine 
de  Tor  ou  de  I'argent,  quevousavez 
etc  rachetes  de  la  vaine  superstition 
oi"i  vous  avoit  fait  vivre  la  tradition 
de  vos  pores ; 

19.  Mais  par  le  precicux  sang  de 
Jesus-Christ,  coinme  de  I'agneau 
sans  tache  et  sans  deiaut , 

20.  Qui  avoit  ete  predestine  avant 
la  creation  du  monde,  mais  qui  a 
ete  manifesto  dans  les  derniers 
leinps  pour  I'amour  de  vous. 

21.  Qui  par  iui  croyez  en  Dieu , 
lequel  I'a  ressuscite  d'entre  les 
morts,  et  I'a  comble  de  gloire,  afin 
que  vous  missiez  votie  foi  et  votre 
esperance  en  Dieu/ 


23.  Rendez  vos  ames  pures'  par 
une   obeissance   d'amour ,   et    que 
Taffection  sincere  que  vous   aurez 
pour   vos    freres    vous  donne    une 
attention  continuelle  a  vous  temoi- 
gner   les  uns  aux  autres  une  ten- 
dresse  qui  naissedu  fond  du  coeur.' 
23.  Ayant  etc  engendres  de  nou- 
veau,  non  d'une  semence  corrup- 
tible,   mais   incorruptible,   par   la 
parole  de  Dieu  qui  vit  et  subsiste 
eternellemcnt.' 
Jsai.  XL.  6.         24.    Car  toute  chair  est  comme 
Eccli.-i.\\.ii.  I'herbe,  et  toute  la  gloire  de  Thomme 
Jac.  I.  ro.      ^.g^   comme   la    fleur   de   Therbe  : 
i'herbe  seche ,  et  la  fleur  tombe  ; 


18.  Scientes  quod  non 
corruptibilibus  auro  vel 
argento  redempti  estis  de 
vana  vestra  conversatione 
paternae  Iradilionis  : 

19.  Sed  pretioso  san-i 
guine  quasi  agni  imma- 
culati  Christi ,  et  incon- 
taminali  : 

20.  Praecogniti  quidem 
ante  mundi  constitutio- 
nem,  manifestati  autem 
novissimis  temporibus 
propter  vos, 

21.  Qui  per  ipsum  fide- 
les  estis  in  Deo  qui  sus- 
citavit  eum  a  mortuis,  et 
dedit  ei  gloriam,  ut  fides 
vestra  et  spes  esset  in 
Deo  : 

22.  Animas  vestras  cas- 
tificantes  in  obedientia 
charitatis,  in  fraternitatis 
amore,  simplici  ex  cordc 
invicem  diligiteattcntius : 


23.  Renati  non  ex  se- 
mine  corruptibili,  sed  in- 
corruptibili,  per  verbum 
Dei  vivi,  et  permanentis 
in  ajternum  , 

24.  Quia  omfiis  care  ut 
fenum ,  et  omnis  gloria 
ejus  tamquam  flos  feni  : 
cxaruit  fenum ,  et  flos 
ejus  decidit : 


y  2 1 .  Que  vous  atlendissiez  de  Iui  la  m^me  grace. 

•^  22.  Pour  vous  mettre  en  elat  de  recevoir  celte  gloire. 

Ibid.  Gr. Puis  done  que  vousavezpurifievosamesenobeissant  Alaverilepar 
le  Sa//if-Espril ,  aimez-vous  ardeinment  les  uns  les  autres  avec  un  coeur  pur, 
lonservant  enlre  vous  une  amitie  fraternelle  ,  exemple  d'hypocrisie. 

■j^  2  3.  El  alnsi  cette  nouveile  naissance  ,  qui  vous  est  commune  a  lous  ,  doil 
former  enlre  vous  une  union  bicii  plus  stable  et  plus  solideque  cellc  qu  y  tor- 
rneroient  la  chair  et  le  sang. 


CHAPITRK  I.  isS 

25.  Verbuni  autem  Do-  25.    Mais  la  parulu  du  Seigneur 

mini  manet  in  aeternum  :  demeure    eternellement ;   est  c'est 

hoc    est   autem    Terbiim  cette  parole  qui  vous  a  ete  annoncee 

quod  cvangelizatum  est  in  par  I'Evangile. 
vos. 


CHAJPITRE  11. 


Croitreen  Jesus-Christ.  S'approcher  de  luicomme  de  la  pierre  angulairc.  II 
est  una  source  d'honneur  pour  ceux  qui  croient,  el  une  pierre  d'acLoppe- 
ment  pour  les  incredules.  Caracteres  des  Chretiens.  S*abslenir  Jes  passioDs 
cbarnolles.  Etre  soumis  aux  puissances.  Gioire  du  Chretien  ,  souffrir 
comiue  Jesus-Christ. 


1.  Deposertes  igitur 
omneni  malitiam,  et  om- 
neni  dolum  et  simula- 
tiones,  et  invidias  et  ora- 
nes  detractiones  : 

2.  Sicut  modo  geniti 
infantes,  rationabile,  sine 
doio,  lac  concupiscite,  ut 
m  eo  crescatis  in  salutcm : 

3.  Si  tamen  gustastis 
quoniam  dulcis  est  Do- 
minus. 

4.  Ad  quern  accedentes 
lapidein  vivuni,  ah  ho- 
minibus  quidem  reproba- 
tum,  a  Deo  auloui  elec- 
tuin  et  honorificalum   : 

5.  El  ipsi  tamquam  la- 
pides  vivi  superaediGca- 
mini ,  domu::  spiritualis, 


1.  Yocs  etant  done  depouilles  de  Rom.  vi.  &,. 
toute  sortede  malice, de  tromperie,  Eph.iy.  aa. 
de  dissimulation,  d'envie  et  de  me-  Co/,  iw.  8. 
disance,  Heli:   su. 

2.  Comme  des  enfans  aourclle- 
ment  nes,  desirez  ardemment  le 
lait  spirituel  et  pur, '  afin  qu'il  tous 
fasse  croilre  pour  le  salut ;  ' 

3.  Si  toutefois'  vous  avez  goOte 
combien  le  Seigneur  est  doux. 

4.  Et  TOUS  approcfaant  de  liii 
comme  de  la  pierre  vivante  que  les 
hommes  a  la  verite  ont  rejetee, 
mais  que  Dieu  a  choisie  et  mise  en 
honneur, 

5.  Entrez  vous-memes  aussi  dans 
la  structure  de  cet  edifice,  comme 
elant   des  pierres  Yivantes ,    pour 


y  1.  La  parole  de  Dieu,  et  la  tres  sainte  Eucharistie  ,  qui  ix>nlient  Je 
corps,  le  .<ing,  et  Taoie  et  la  divinite  de  Jesus-Christ. — l-'est  le  sens  du  grec  , 
oil  Ton  voit  que  le  sine  dolo  se  rapporte  a  lac. 

Ibid.  Ces  deux  mots  in  salw.em  ne  sent  pas  dans  \e  grec  imprime,  mais 
ils  soDt  dans  uu  grand  nombre  de  manuscrils. 

T  3.  Gr.  autr.  puisquc  vous  avez  goiile,  etc. 


424 


l"    El'lTRE  DE  SAINT  PIERRE. 


Isai.  xxviii. 

tfi. 

Rom.  IX.  33 


Psal.  cxvii. 

•2  2. 

Isai.  VIII.  24- 
Matt,  xxt.42. 
^ct.  IV.  I  r. 


composer  une  maison  spiritiielle  et 
un  oidre  de  saints  preties,  afin  d'ol- 
tVlr  a  Dieu  ties  sacrifices  spirituels 
qui  liii  soient  agreables  par  Jesus- 
Christ.  ' 

6.  C'cst  pourquoi  il  est  (lit  dans 
I'Ecriture  :  Je  vais  meltre  en  Sion 
la  principale  pierre  de  Tangle ,  la 
pierrc  choisic  et  precieiise;  et  qui- 
conque  aura  t'oi  en  celte'  pierre  ne 
sera  point  confondu.  " 

7.  Ainsi  cette  pierre  est  une 
source  d'honneur  pour  vous  qui 
croyez;  mais  pour  les  incredules  , 
la  pierre  que  les  architectes  out  re- 
jetec,etqui  neanmoins  est  deve- 
nue  la  tete  de  Tangle  , 

8.  Leur  est  une  pierre  contre  la- 
quelle  ils  se  heurtent,  et  une  pierre 
((ui  les  fait  tomber,  eux  qui  se 
heurtent  contre  la  parole,'  par  une 
incredulite  a  laquelle  ils  ont  ete 
abandonnes.' 

9.  Mais  quant  a  vous,  vous  etes 
la  race  choisie,  Tordre  des  pretres 
rois,  la  nation  sainte,  le  peuple 
conquis,  afin  que  vous  publiiez  les 
grandeurs  de  celui  qui  vous  a  ap- 
peles  des  tenebres  k  son  admirable 
lumiere  ; 

10.    Vous   qui  vrtutrefrtis   n'etiez 

fiom.  IX.  25.  point  son  peuple,  mais  qui  inainte- 

nant  etes  le  peuple  de  Dieu  ;  vous 

qui  autrefois  n'aviezpoint  obtenu" 


Osee,  II.  24- 


sacerdotium  sanctum,  of- 
ferre  spirituales  hostias  , 
acceplabiles  Deo  per  Je- 
sum  Christum. 

6.  Propter  quod  conti- 
net  Scriptura  :  Eccc  pono 
in  Sion  lapideni  summuin 
angularem,  electum,  pre- 
liosum  :  et  qui  crediderit 
in  euin,  non  confundctur. 

7.  Vobis  igitur  honor 
credentibus  :  non  creden- 
tibus  autem,  lapis  quern 
reprobaverunt  asdifican- 
tes,  hie  factus  est  in  caput 
anguii , 

8.  Et  lapi's  offensionis, 
et  petra  scandali  his  qui 
offendunt  verbo,  nee  cre- 
dunt,  inquoetpositisunt. 


g.  Vos  autem  genus 
electum ,  regale  sacerdo- 
tium, gens  sancta,  popu- 
lus  acquisitionis  :  ut  vir- 
tutes  annuntietis  ejus  qui 
de  tenebris  vos  vocavit  in 
admirabile  lumen  suum. 

10.  Qui  aliquando  non 
populus,  nunc  autein  po- 
pulus  Dei  :  qui  non  con- 
secuti       misericordiam  , 


^  5.  Notre  Seigneur  J<5sus  Christ  est  la  principale  pierre  de  cet  edifice, 
I'objet  de  notre  foi,  et  le  fondement  de  notre  esperance. 

f  6 .  Croira  en  celui  qui  est  figure  par  celte  pierre,  et  y  mettra  sa  confiance. 

Ibid.  C'est  lesens  des  Septante:  et  cette  Iccon  peut  etre  fondce  sur  I'hebreu 
meme. 

■j^  8.  Contre  TEvangile,  en  le  rejeiarit. 

■jf  7.  et  8.  Autr.  mais  pour  les  incredules  ,  c'est  la  pierre  que  les  archi- 
tectes ont  rejetee ,  ef  ^wt  neanmoins  est  devenue  la  tele  de  Tangle;  c'est 
une  pierre  d'achoppement  et  une  pierre  de  scandale  pour  ceux  qui  se 
heurtent ,  etc. 

y  10.  Autr.  vous  qui  autrefois  n'aviez  point  recu  misericorde  ,  mais  qui 
maintenant  avez  rec^^i  misericorde. 


CHAPITRE    II. 


i2a 


niisericortle,  uiai^  qui  maiiUeaaat 
avez  obtenu'  inisericorde. 

II.  Je  voui?  exhorte ,  mes  bien-  ^om.xm.  U- 
aimes ,  a    vous    abslenir,    cotrime  ^'''•'''' ^^" 
etrangers  et  voyageurs,' des  desirs 
charnels     qui    combattent    cootrc 


nunc    aulem    misencor- 

diam  consecuti. 

II.   Charissimi,   obse- 

cro  vos  tanujuiiin  advenas 

et    peregiinos    abstinere 

vos  a  carnalibus  de^ide- 

riis,  qua' militant  adver-     Tame 

aiis  aniinam  : 

13.       Converi^ationem         la.  Con  duisez-vous    parini    les 

veslrain  inter  gentes  ba-     gentilsd'une  manierepureetsainte, 

bentes  bonam ,  ut   in  oo     afin  qu'au  lieu  qu'ils   inedisent  de 

quod  detractant  de  vobis     vous,  comme  si  vous  etiez  des  me- 

tauiquaiu  de  malefactori-     chans,  les  bonnes  oeuvresqu'il  vous 

verront  faire  les  portent  a  rendie 
gloire  a  Dieu,  au  jour  ou  il  daignera 
les  visiter.' 

i3.   Soyez  done   soiinais,    pour  ^^*^'^'" 
I'amour  de  Dieu  ,  a  tout  hoinme,' 
soil  au  roi  comme  au  souverain  , 


bus  ex  bonis  operibus  vos 
considerantes,  gloriGcent 
Deum  in  die  visitationis. 

i3.  Subjecti  igilur  es- 
tote  omni  humanaj  crea- 
tura)  propter  Deuiu:  sivc 
regi ,  quasi  praecellenti : 

i4-  Sive  ducibus,  tam- 
quain  ab  eo  missis  ad 
viadictam  malefactorum, 
laudem  vero  bonorum  : 


i4-  Soit  aux  gouverneurs  comme 
a  ceux  qui  sont  envoyes  de  sa  part, 
pour  punir  ceux  qui  font  mal,  et 
pour  trailer  favorablement  ceux 
qui  font  bien. 

i5.  Car  la  volonte  de  Dieu  est 
que,  par  votre  bonne  vie,  vous 
fermiez    la   boucbe   aux  hommes 


1 5.  Quia  sic  estvolnn- 
i.is  Dei  ut  bene  facientes 
obmutescere  faciatis  im- 
prudentium  hominum  i-     ignorans  etinsenses  ; 
gnoraotiam  : 

16.  Quasi  liberi,  et 
non  quasi  velamen  ba- 
bentes  malitiie  liberta- 
lem,  sed  sicut  servi  Dei. 


17.  Omnes  honorate  : 
fraternitatem  diligite  : 
Deum  timete  :  regem  bo- 
noriflcate. 

18.  Servi,  subditiestote 


16.  Etant  libres  ,  non  pour  vous 
servir  de  votre  liberte  comme  d'un 
voile  qui  couvre  vos  mauvaises  ac- 
tions, mais  pour  agir  en  serviteurs 
de  Dieu.' 

17.  Rendez  honneur  a  tous  ;  ai- 

mez  vos  freres;  craignez  Dieu;  ho-  Rom.  xii.  10. 
norez  le  roi. 

iS.Serviteurs,  soyez  soumis  a  vos  Ephes.  m.  5. 


y  II.  Tels  que  vous  &\es  ea  ce  monde. 
-^  12.  Leur  accord er  sa  grace.  — Litl.  au  jourde  la  visitc. 
-.  I  3.  Qui  a  autorile  surrous. 

y  It).  C'esl  a  Dieu  m^oie  que  nous  obeissons   quaad  nyus  rendons  au\ 
ommcs  cc  que  !a  justire  el  la  cbarite  nou=  prescrivent. 


Col.  111. aa. 
JlC.  II,  9. 


^26  1"   EPITRE  DE  SAINT  PIERRE 

maitres   avec  toule  sorte  de  res- 


Jsai.  LUi.  g. 
t.  Joan.  III. 5. 


Jsai.  Lin.  5. 


pect,'  non-seuleinent  u  ceux  qui 
sont  boris  et  doux,'  mais  aussi  a 
ceux  qui  sont rudes  et  lucheux; 

19.  Car  ce  qui  est  agreable  a 
Dieu  est  que,  dans  la  vue  de  lui 
plaire,  nous  enduiions  les  peines 
qu'on  nous  fait  soufFrir  avec  injus- 
tice. 

20.  Aussi  quel  eujet  de  gloire 
aurez-vous,  si  c'est  pour  vos 
fautes  que  vous  endurez  les  mau- 
vais  traitemens?'  Mais  si,  en  fai- 
fiant  du  bien,  vous  souffrez  avec 
patience,  c'est  la  cequi  estagreable 
a  Dieu, 

21.  Car  c'est  a  quoi  vous  avezete 
appeles,'  puisque  Jesus  -  Chrit 
meme  a  souffert  pour  nous,  vous 
laissant  ainsi  un  exemple,  afin  que 
vous  marchiez  sur  ses  pas, 

22.  Lui  qui  n'avoit  commis  au- 
cun  peche,  et  de  la  bouche.  duquel 
nulle  parole  trompeuse  n'est  jainais 
sortie. 

23.  Quand  on  I'a  charge  d'inju- 
res',  il  n'a  point  repondu  par  des 
injures  :  quand  on  I'a  nialtraite,  i! 
n'a  point  fait  de  menace;  mais  il 
s'est  livre  entre  les  mains  de  celui 
qui  le  jugeoit  injustement.' 

24.  C'est  lui  qui  a  porte  nos  pe- 
ches  en  son  corps  sur  la  croix,  afin 
qu'etant  morts  au  peche  ,  nous  vi- 
vions  pour  la  justice  ;  c'est  par  ses 


in  omni  timore  dominis  , 
non  tantuin  bonis  et  mo- 
deslis.  sed  etiam  dvsco- 
lis, 

19.  Haec  est  enim  gra- 
tia, si  propter  Dei  con- 
scientiam  sustinet  quis 
tristitias,  patiens  injuste. 

20.  Qua'  enim  est  glo- 
ria, si  peccantes,  et  cola- 
phizati  suffertis?  sed  si 
Ijene  facientes,  patienter 
suslinetis  :  haec  est  gratia 
apud  Deum. 

21.  In  hoc  enim  vocati 
estis  :  quia  et  Chrislus 
passus  est  pro  nobis  ,  vo- 
bis  relinquens  exemplum 
ut  sequauiini  vestigia 
ejus  : 

22.  Qui  peccatum  non 
fecit ,  nee  inventus  est 
dolus  in  ore  ejus  : 

25.  Qui  cum  maledici- 
tur  ,  non  male  dicebat : 
cum  pateretur  non  com- 
minabatur  :  Iradebat  au- 
tem  judicanti  se  injuste  : 

24.  Qui  peccata  nostra 
ipse  pertulit  in  corpore 
suo  super  lignum  :  ut  pec- 
catis  mortui ,  justitlae  vi- 


■jf  18.  Lilt,  decrainte. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 

•^  20.  Liu.  les  soufflets  de  vos  raailres. 

■j^  2  r .  Lorsque  Jesus-Chrisl  vous  a  mis  au  rang  de  ses  disciples. 

■^  a3.  C'esl  le  sens  du  grec  :  mais  il  a  rerais  sa  cause  enlrc  Ics  mains  de 
celui  qui  ju£,eselon  la  justice.  Quelques  anciens  peres  latins  Hsoienl  aussi 
dans  la  Yulgatey/^sJe  aulieude  injusic. 


CMAPITRE   n.  427 

vnmus  :  cujuslirore  Sana-  meurtrissures' que   veus   avez   etu 

ti  estis.  gueris.' 

25.  Eratis    enini    sicut         25.  Car  vous  etiez  comme   des 

oves  enantes  :  sed  con-  brebis    egarees ,  rnais  maintenant 

versi  eslis  nunc  ad  pasto-  rous  etes  retournes  au  pasteur  et  a 

rem    et   episcopum   ani-  I'eveque'  de  vos  ames. 
tnarum  vestraruuj. 

y  a4.  Par  ses  plaics. 

Ibid.  Des  plaies  que  le  peche  vous  avoil  faites ,  et  des  ^garemens  ou  il  tous 
avoil  jetes. 

y^  2  5.  Le  nom  Seveque  vient  da  grec  Ewtoscc'Tio;,  et  signifie  celui  qui  a  I'in- 
ipectioa  sur  qaelque  chose. 


CHAPITRE  III. 


Devoirs  des  femmes  envers  leurs  maris  et  des  maris  erivers  leurs  femmes. 
Charite  mutuelie.  Benirceux  qui  maudissent.  Seslimer  heureux  de  souf- 
frir  pour  la  justice.  Souffrances  de  Jesus-Christ.  Eaux  du  deluge,  figure  des 
eaux  du  bapteme. 


1.  SiMiMTER  etmulieres 
Bubditse  sint  viris  suis  :  ut 
et  si  qui  non  credunt 
Terbo,  permulieruincon- 
versationem  sine  verbo 
lucrificant, 

2.  Considerantes  in  ti- 
more  castam  conversatio- 
nem  vestram. 

5.  Quarum  non  sit  ex- 
trinsecus  capillatura,  ant 
circumdatio  auri ,  aut  in- 
dumenti  vestimentorum 
cultus : 

4.  Sed  qui  abscondilus 
est  cordis  homo,  ^n  in- 
corruptibilitate  quieti  et 


1.  Vocs   aussi ,    femmes,   sojez  Ephes.y.^i. 
soumises  a  vos  maris,  afin  que,  s'il  Col.  in.  18. 
y  en  a  qui  ne  croient  pas  a  la  pa- 
role ,'  ils  soient  gagnes  par  la  bonne 

vie   de  leurs  femmes ,  sans  le  se- 
cours  de  la  parole  ; 

2.  Considerant  la  purele  dans 
laquelle  vous  vivez  et  le  respect 
que  vous  avez  pour  eux. ' 

5.  Nc  mettez   point   votre  orne-  i.Tim.u.  9. 
ment  a  vous  parer  au  dehors,  par 
la  frisure  des  cheveux,  les  enrichis- 
semens   d'or  et    la  beaute  des  ha- 
bits;' 

4.  Mais  a  parer  I'homme  invisi- 
ble cache  dans  le  cceur,  par  la  pu- 
rete  incorruptible  d'un  esprit  plein 


y  I .  A  rEvangile. 

•jr  a.  El  elanl  porlcs  par-la  a  aimer  une  religion  qui  ins['ii'c  ces  senliraens. 
■f  3.  C'cst  ?a  construction  du  grec :  quarum  sit  non  exuinsecus  capilLitn- 
rce,  aut  circumdationis  auri,  aut  indumenti  vestimentorum  cultus. 


4a8 


l"    EPITRE  DE  SAIM  PIERRE. 


de  douceur  et  de  pais;"  ce  qui  est 
un  riche  et  magnifique  ornement' 
aux  yeux  do  Dieu. 

5.  Car  c'estainsi  qu'autrefois  les 
sainles  femmes,  qui  esperoient  en 
Dieu,  se  paroienl,  etantsoumises  a 
leurs  maris; 


<^e/j.xvm.  12' 


6.  Telle  ctoit  Sara  ,  qui  obeissoit 
a  Abraham,  I'appelaiitson  seigneur; 
Sara,  dont  vous  Otes  devenues  les 
filles,  en  imitant  sa  bonne  vie,  et 
ne  vous  laissant  abattre  par  aucune 
crainte. 
I.  Coiwii.  3.  y,  Et  vous  de  inGme,  maris  ,  vi- 
vez  sagement'  avec  vos  femmes, 
les  Iraitanl  avec  honneur  et  discre- 
tion, comme  le  sexe  le  plus  foible  , 
et  considerant  qu'elles  sent  avec 
vous  heriti^res  de  la  grace  qui 
donne  la  vie;  afin'  qu'il  ne  se 
trouve  en  vous  aucun  empeche- 
ment  a  la  priere.' 

8.  Enfin,  qu'il    se   trouve  entre 
vous   tons  une   parfaite  union   de 
senlimens,    une    bontc    compatis- 
sante,    une  amitie  de   frcres  ,  une 
charite   indulgente,"  accompagnee 
de  douceur  et  d'humilito.' 
/'rot'.  XV 11. 1 3      9.  Ne   rcndez    point    mal    pour 
/iom.  XII.  17.  naal,  ni  outrage  pour  outrage  :  mais 
i.J/ies.v.ij.  ^^  contraire  rcpondez  par  des  be- 
nedictions, sachant  que  c'est  a  cela 
que  vous  avez   ete  appeles,  afin  de 
recevoir  ,  comme  un  heritage  ,  la 
benediction  de  Dieu. 


modesti  spiritus ,  qui  est 
in  conspectu  Dei  locuples. 

5.  Sic  cnim  aliquando 
et  sanctse  mulieres  ,  spe- 
rantes  in  Deo  ,  ornabant 
se  ,  subjectaj  propriis  vi- 
ris. 

6.  Sicut  Sara  obediebat 
Abrahae  ,  dominum  eum 
vocans  :  cujus  eslis  filiai 
benefacientes,  etnon  per- 
timeiltes  ullam  perturba- 
tionem. 

7.  Viri  similiter  cohabi- 
tantes  secundum  scien- 
tiam,  quasi  infirmiori  vas- 
culo  muliebri  impartien- 
tcs  honorem  ,  tamquam 
et  coheredibus  gratiae  vi- 
tae  :  ut  non  impediantur 
orationes  vestrae. 

8.  In  fine  aulem  ,  om- 
nen  unanimes  compatien- 
tes,  fraternitatis  amato- 
res  ,  misericordes  ,  mo- 
desti, humiles  : 

9.  Non  rcddentes  ma- 
lum pro  malo,  nee  male- 
dictum  pro  malediclo , 
sed  e  contrario  benedi- 
centes  :  quia  in  hoc  voca- 
ti  estis ,  ut  benedictio- 
ncm  hereditate  possidea- 
tis. 


^4.  C'est  le  sens  du  grec. 

Ibid.   G'esl  le  sens  du  grec  :  quod  est  in  conspecLu  Dei  locuples. 

y  7.  Lilt,  selon  la  science. 

Ibid.  Vivant  dans  la  purele  el  la  chastcte  conjugale. 

Ibid.   Aux  exerciccs  de  la  religion. 

■^  S.  Gr.  aulr.  une  affection  pleine  de  tendresse. 

Ibid.  Ces  deux  mots  modesti,  humiles  ,  repondenl  h  un  mot  qui  se  Iron  v.' 
dans  les  ancicns  manuscrils  grecs  TaTTEtvoopovec.  L'expression  qui  se  trouve 
dans  le  grec  imprime  peut  se  traduirc  :  une  douceur  qui  tjagne  les  corurs. 


CHAPITRE  III. 


429 


10.  Qui  eniiTJ  vult  ti- 
lain  tlilij,'ere,  el  dies  vi- 
dere  Uonos  ,  coerceat 
lin<;iiain  suam  a  nialo,  et 
labia  ejus  ne  loquantur 
dolum. 

11.  Declinet  a  malo  , 
et  facial  ijonuin  :  inquirat 
pacein,  el  sequatur  earn. 

12.  Quia  oculi  Domini 
super  justos,  et  aures  ejus 
in  preces  eoruin  :  vult  us 
auteni  Domini  super  fa- 
cientes  mala. 

1 5.  Et  quis  est  qui  vo- 
bis  noceat,  si  boni  aemu- 
latores  fueritis  ? 

14.  Sed  et  si  patimini 
propter  justitiam,  beati. 
Timorem  auteni  eorum 
ne  timueritis,  et  non  con- 
turbemini  : 

i5.  Doniinum  autem 
Christum  sanctificate  in 
cordibus  vestris  ,  parati 
semper  ad  satisfactionem 
omni  poscenti  vos  ratio- 
nem  de  ea,  quae  in  vobis 
est,  spc  ! 

16.  Sed  cum  modestia 
et  timore  conscientiam 
habentes  bonam,  utineo, 
quod  detrahunt  vobis , 
confundantur,  qui  calum- 
niantur  vestram  bonam 
in  Christo  conversatio- 
nem. 

17.  Melius    est    enim 


I  o.  Car  si  quelqu'un  aime  la  vie,'  /'i.xxtnt.  1 3 . 
et  desire  d'avoir  des  jours  heu- 
reux,  qu'il  empeche  sa  langue  de 
se  poller  a  la  medisance,  et  que 
se.s  levres  ne  prononcent  point  de 
paroles  de  tromperie. 

1 1.  Qu'il  se  detourne  du  mal,  et  ^^'"-  *•  '*"'- 
qu'il  fasse  du  bien ;  qu'il  recherche 

la  pais,  et  qu'il  travaille  pour  I'ac- 
querir. 

12.  Carle  Seigneur  a  les  yeux 
ouverts  sur  les  justcs,  et  les  oreil- 
les  ^Utentives  a  leurs  prieres;  piais 
il  regarde  les  mechans  avec  colere. 

i5.  El  qui  sera  capable  de  vous 
nuire ,  si  vous  ne  pensez  qu'a 
faire  du  bien? 

14.  Si  neanmoins  vous  souSre.z  Mfiu.r.  10. 
pour   la  justice,   vous  serez  lieu- 
reux.    jSe   craigncz  done  point  les 
maux  dont   ils  veulent  vous  faire 
peur,  et  n'en  soyez  point  troubles; 

10.  3Iais  ayez  soin  de  sanctifier 
dans  vos  coeurs  le  Seigneur  Jesus- 
Christ.'  Soyez  toujours  prets  a  re- 
pondre  pour  voire  defense'  a  tons 
ceux  qui  vous  demanderont  raison 
de  I'esperance  que  vous  avez, 

16.  Le  faisant  toulefois  avec '*''7"- "•  *'-■ 
douceur  et  avec  modestie,'  et  con- 
servant  votre  conscience  pure,  aGn 
que  ceux  qui  decrient  la  vie  sainte 
que  vous  menez  en  Jesus-Christ 
rougissent  de  vous  diffamer.' 


17.  Car  11  vaut  mieux  Stre  mal- 


■^  10.  C'estcequesignifie  i'expressiondapsauraexxxui.iS.selon  I'liebreu, 
les  Septan  te  el  la  Vulgate  :  Qui  vultvitam,  et  diligil  dies  videre  bonos. 

•j^  i5.  Par  la  puret^  de  votre  foi,  et  par  lasaintete  de  TOtre  vie.  —  Legrec 
imprime  lit:  Le  Seigneur  Dieu, 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 

y- 16.  C'esl  le  sens  du  grec. 

Ibid,  Le  srec  aioule  :  comnie  les  medians. 


i3o 


EPITKE  Dli   SAINT  I'lERUF.. 


traites,  si  Dieu  le  veut  ainsi,  en  fai- 
sant  bien,  qu'en  faisant  mal ; 

Horn.  V.  6.  1 8.  Puisque  Jesus-Christ  meme  a 

riebr.  \x.  aS.  souffert  une  fois  la  mort  pour  nos 
peches,  le  Juste  pour  les  injustes, 
afin  qu'il  pQt  nous  offrir'  a  Dieu  ; 
etant  inort  en  sa  chair;"  niais  etant 
ressuscite  par  I'Esprit  : ' 

19.  Par  Icquel  nussi  il  alia  pre- 
cher  aux  espritsqui  eloient  retenus 
en  prison  ,' 

20.  Qui'  autrefois  avoient  ele  iu- 
credules,  lorsqu'au  temps  deNocils 
s'attendoient  a  la  patience  de  Dieu  ' 
pendant    qu'on    preparoit  I'arcbc, 

Gen.yn.  7.  dans  laquelle  si  peu  de  personnes, 
Muu.xxw.Z-j  savoir  huit  seulement,  furent  sau- 
L,uc.  xvn.  26.      '     •  ■!•        J     i» 

vees  au  milieu  de  1  eau. 

21.  Ce  qui  etoit  la  figure  a  la- 
quelle rcpond  maintenant  le  baptfi- 
me,  qui,  ne  consistant  pas  dans  la 
purification  des  souillures  de  la 
chair,  mais  dans  la  promesse  '  que 
Ton  fait  a  Dieu  do  garder  une  con- 
science pure,  vous  sauve  par  la  re- 
surrection de  Jesus-Christ, 

22.  Qui  ayant  detruit  la  mort, 
afin  que  nous  devinssions  les  heri- 
tiers  de  la  vie  eternelle,  '  est  monte 


benefacientes  (  si  volun- 
tas Dei  velit),  pati,  quam 
malefacientcs  : 

18.  Quia  et  Christus 
semel  pro  pcccatis  nos- 
Iris  mortuus  est,  Justus 
pro  injustis,  ut  nos  offer- 
ret  Deo,  mortificatusqui- 
dem  carne  ,  vivificatus 
autein  Spiritu  : 

19.  In  quo  et  his,  qui 
in  carcere  erant,  spirili- 
bus,  veniens  praedicavit , 

20.  Qui  increduli  fue- 
rantaliquando,quando  ex- 
pectabant.  Deipatieiitiam 
in  diebus  Noe,  cum  fabri- 
carcturarca:  inquapauci, 
id  est  octo  animae  salvse 
I'actae  sunt  per  aquam. 

21.  Quod  et  vos  nunc 
similis  forinoe  salvos  facit 
baptisma  :  non  carnis 
depositio  sordium  ,  sed 
conscienliae  bonae  inler- 
rogatio  in  Deum  per  re- 
surrectionem  Jesu  Chris- 

22.  Qui  est  in  dextera 
Dei ,  deglutiens  mortem 
ut   vitae    aeterna;  heredes 


•^  1%.  Gr.  aulr.  qu'il  nous  amen&t. 

Ibid.  Pour  nous  fairc  mourir  au  pcchc. 

Ibid.  Par  I'Esprit  de  Dieu  qui  etoit  en  lui ;  pour  nous  fairc  vivre  hi  la  grace 
et  a  la  justice  parle  m^me  Esprit. 

y^  19.  Dans  lesenfers,  ou  son  ame  descendit  pendant  que  son  corps  dtoit 
dans  le  tombeau,  atin  d'y  porter  I'beureuse  nouvcllc  dc  la  redemption  et  de  la 
delivrance  de  ces  memcs  esprils. 

•jr  20,  Jesus-Christ  alia  prdcher  aux  espriis  qui,  etc. 

Ibid.  Grrc  :  la  patience  de  Dieu  les  atlendoit  a  penitence.  —  On  est  par- 
tape  si  Jcsus-Chrisl  est  descendu  vers  ceux  de  ces  incredules  qui  s'etoient  con- 
vertis  dans  les  derniers  momens  quand  le  deluge  ne  laissa  plus  de  refuge ,  ou 
s'il  s'cslmonlre  aux  impenitens  pour  confondre  leur  increduliti^. 

y  2 1 .  C'est  le  sens  du  grec. 

jJ  aa.  Ces  mots,  deglutiens  mortem  ut  vita!  ceternce  heredes  ejjlceremi 
ac  sont  point  daus  le  grec. 


cuAPiTnE  III.  43i 

efficeremiir:  profectns  in  au  ciel ,  et  est  A  la  droite  de  Dieu , 

ccelum,  subjcctis  sibi  an-  les  anges,  les  dominations  et  les 

gelis,  ct  potestatibus,  et  puissanc£S  lui  etant  assujetis. 
virtutibus. 


CHAPITRE  IV. 

Vivre,  non  selon  les  passions  des  homines,  mais  selon  !a  volonte  de  Dicu- 
Veiller  et  prier.  Praliquer  la  charite.  Parler  et  agir  par  i'Esprit  de  Dieu- 
Se  rejouir  dans  les  souffranccs.  Dieu  juge  ici  les  siens,  ct  leur  est  lidele. 


1.  Christo  igitnr  passo 
in  carne ,  et  vos  eadcm 
cogitatione  armamini  : 
quia  qui  passus  est  in 
carne ,  desiit  a  peccatis  : 

2.  IJt  jam  non  deside- 
fUs  hominum,  sed  volun- 
tati  Dei,  quod  reliquum 
est  in  carne,  vivat  tem- 
poris. 

3.  Sufficitenim  praete- 
ritum  tempus  ad  volun- 
tatem  gentium  consum- 
mandam,  his  qui  ambu- 
laverunt  in  luxuriis  , 
desideiiis  ,  vinolentiis  , 
comessationibus  ,  pota- 
tionibus,  et  illicitis  ido- 
loruni  cultibus. 

4.  In  quo  admirantur 
non  concurrentibus  vobis 
in  eamdeui  luxurise  con- 
fusionem  ,  blaspheman- 
tes  : 


1.  Puis  done  que  Jesus-Chiist  a 
souffert '  en  sa  chair,  annez-vous 
de  celte  pensee,  que  tout  homme 
qui  est  mort  a  la  concupiscence 
charuelie  '  a  cesse  de  pecher ; 

2.  Ell  sorle  que,  durant  tout  le  Ephes.  it.iS. 
temps  qui  lui  reste  de  cette  \ie  mor- 

telle,  il  ne  vive  plus  selon  les  pas- 
sions des  homines,  mais  selon  la 
volonle  de  Dieu. 

5.  Car  c'est  bien  assez  que  dans 
le  temps  de  voire  premiere 'YJ^, 
vous'  vous  soyez  abandonnes  aux 
memes  passions  que  les  paiens,  vi- 
vant  dans  les  impudicites,  dans  les 
mauvais  desirs ,  dans  les  ivrogne- 
ries,  dans  les  banquets  de  dissolu- 
tion et  de  debauche  ,  dans  les  exces 
du  vin ,  et  dans  le  culte  sacrilege 
des  idoles. 

4.  lis  trouvent  maintenantetran- 
ge'  que  vous  ne  couriez  plus  avec 
eux,  comme  vous  faisiez,  a  ces  de- 
bordemens  de  debauche  et  d'intem- 
perance ;  et  ils  prennent  de  la  sujet 
de  vous  charger  d'execrations  : ' 


y  I.  Le  grec  ajoute  :  pour  nous. 

Ibid.  Lilt,  celui  qui  a  souffert  dans  sa  chair  par  la  mortification  des  pas- 
sions. 

•f  3.   Le  grec  lit  nous  :  la  suite  suppose  p!ut6t  tous. 
y  4.   Cost  le  sens  du  grec. 
Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 


432 


I"    EPITRE  DE  SAINT  PIERRE. 


5.  Mais  ils  reiidront  compte  i\ 
celui  qui  est  pret  a  juger  les  vivans 
et  les  morts. 

6.  Car  c'est  pour  cela  que  I'Evan- 
gile  a  aussi  ete  preche  aux  morts, ' 
aGn  qu'ayant  ete  punis  devant  les 
hommes  selon  la  chair ;  '  ils  recus- 
sent  devant  Dieu  la  vie  de  I'es- 
prit. 

7.  Au  reste,  la  fin  de  toutes 
choses  s'approche.  Conduisez-vous 
done  avec  sagesse,  et  soyez  vigilans 
dans  la  priere.  ' 

8.  Mais  avant  toutes  chos'es,  ayez 
une   charite   perseverante    les    uns 

Pvov.  X.  12.   pour  les  autres;  car  la  charite  cou- 
vre  beaucoup  de  peches. 


Rom.  XII.  i3.      9.  Exercez  entre  vous  I'hospita- 
Heb.  xni.  2.    lite  sans  munnurer, 
Phil.  w.  Ik-         10.  Que  chacun  de  vous  rende 
Rom.  XII.  fi.   service  aux  autres  selon  le  don  qu'il 

a  recu,  conime  etant  de  fidfelcs  dis- 
I.  Cor.  IV.  2.  pensateurs  des  diiferentes  graces  de 

Digu. 

1 1.  Si  qnclqu'un  parle  ,  qu'il  pa- 
roisse  que  Dieu  parle  par  sa  bou- 
che  ;  '  si  quelqu'uu  exerce  quelqiie 
ministere ,  qu'il  le  i'assc  coitiiiie 
n'agissant  que  par  la  vertu  que 
Dieu  lui  doniie;  afin  qu'en  tout  ce 
que  vous  faites,  Dieu  soit  glorifie ' 
par  Jesus-Christ,  a  qui  appartient 
la  gloire  et  I'einpire  dans  les  sifecles 
des  siecles.  Amen. 


5.  Qui  reddent  ratio- 
nem  ei  qui  paratus  est 
judicare  vivos  et  mor- 
tuos. 

6.  Propter  hoc  enim 
et  mortuis  evangelizatum 
est :  ut  judicentur  quidem 
secundum  •homines  in 
carne,  vivant  autem  se- 
cundum Deum  in  spiritu. 

7.  Omnium  autem  finis 
appropinquavit.Estoteita- 
que  prudentes ,  et  vigilale 
in  orationibus. 

8.  Ante  omnia  autem  , 
mutuam  in  vobismctipsis 
charitatem  continuam  ha- 
bentes  :  quia  charitas  ope- 
rit  multitudinem  pecca- 
torum. 

g.  Hospitales  invicem 
sine  murmuratione. 

10.  Unusquisque,  sicut 
accepit  gratiam,  in  alteru- 
trum  illam  administran- 
tes ,  sicut  boni  dispensa- 
tores  multiformis  gratiae 
Dei. 

11.  Si  quis  loquitur, 
quasi  sermones  Dei  :  si 
quis  ministrat,  tamquani 
ex  virtute  quani  adminis- 
Irat  Deus  :  ut  in  omnibus 
honorificetur  Deus  per 
Jesum  Christum  :  cui  est 
gloria  et  imperium  in  se- 
cula  seculorum.  Amen. 


■jr  6.  Que  les  idolatrcs  ont  ^te  eclaires  des  lumieres  tie  la  foi. 

Ibid.  Par  les  maux  dont  Dieu  periiiet  qu'ils  soient  affliges  dans  ce  monde. 

Ibid.  On  pourroil  aussi  entendre  par  ces  mols  ceux  dont  il  a  ete  parle  au 
cliap.  preced.  -jr  19.  el  20. 

•^  7.  Gr.  aulr.  soyez  done  temp^rans  el  vigilans  pour  ctre  mieux  di.'tposes 
a  la  priere. 

>'-  II,  Liu.  que  ce  soient  comme  des  paroles  de  Dieu. 

Ibid.   C'est  I'expression  du  gree. 


II.  Charissiini,  nolile 
]5cregrin;iii  in  fervore  , 
qui  ad  tenlalionem  vobi^ 
fil ,  qiinsi  iiovi  uliquiil  vo- 
bis  coiitingat  : 

i5.  Setl  coimminiciintes 
Chrisli  passioiiibiis  gaii- 
dclc,  ut  ct  in  revclalione 
gloria;  ejus  gaudealisexul- 
lantes. 

14.  Si  exprobramini  in 
nomine  Clirisli,  beali  eii- 
tis  :  quoniam  quod  est  ho- 
noris gloriie  ,  et  virlutis 
Dei ,  et  qui  est  ejus  Spiri- 
tus    super  vos  requicscit. 

1 5.  Nemo  aulem  ves-^ 
Irum  patiatur  ul  homi- 
cida,  aut  fm-,  aul  male- 
dic'us,  aut  alienorum  ap- 
petitor. 

16.  Si  aulem  ut  Cliris- 
tianus,  non  erubescat  : 
glorificet  autera  Oeum  in 
isto  nomine. 

17.  Quoniam  tempus 
est  ul  incipiat  judicium  a 
domo  Dei  :  si  aulem  pri- 
mum  a  nobis,  quis  finis 
eorum  qui  non  credunt 
Dei  Evangelic? 

18.  Et  si  Justus  vix  sal- 
vabitur,  impius  et  pec- 
cator  ubi  parebunt? 


CHAPITRE  IT.  43S 

12.  Mcs  tri-'S  chers  freres,  ne 
soyez  point  surpris  '  lorsque  Dieu 
vous  eprouve  par  le  feu  dcs  afllic- 
tious ,  comme  si  quclque  chose 
d'extraordinaire'  vous  anivoit  : 

id.  Mais  rejouissez-vous  plulot 
de  ce  que  vous  parlicipei  aux  sout*- 
frances  de  Jesus-Christ,  afin  que 
vous  soyez  aussi  comblcs"  de  joie 
dans  la  manifeslalion  de  sa  gloire. 

i4>  Vous  eles  bienheureux  si 
vous  so6ffrez  des  injures  et  des  dif- 
famalions  pour  le  nom  dc  Jesus- 
Christ;  parce  que  I'honneur,  la 
gloirq,  la  verlu  de  Dicu',  et  son  Es- 
prit, repose  survous.' 

i5.  tMaisqiie  mil  devous  nesouf- 
fre  comme  homicide ,  ou  comme 
larron,  ou  couime  niediiant',  ou 
comme  envious  du  bien  d'autrui.  ' 

16.  S'il  souffle  comme  Chretien, 
qu'il  n'cn  ait  point  de  lionte ;  mais 
qu'ii  en  '  glorilie  Dieu. 

17.  Car  voici  le  temps  oii  Dieu 
doit  commencer  son  jiigement  par 
sa  propie  maison  ;  et  s'il  commence 
par  nous  ,  '  quelle  sera  la  fin  de 
ceux  qui  rejeltent  '  I'Evangile  de- 
Die  u  ? 

18.  Si  le  juste  meme  se  sauve  '  Piw.  xi   3c, 
avcc  tant  de  peine,  que  deviendront 
les  impies  et  les  pccheurs? 


f  12.  C'esl  le  sens  du  grec  ixr,  ^^•^lU'^'•,  qui  pcut  sc  traduire  a  la  lettre  : 
ne  trouvez  point  elrange.  C'est  la  meme  expression  qu'au  ^  4. 

Ibid.  Gr.  litt.  d'etraiigc. 

i  14.  Gr.  aulr.  parccque  Tcsprit  de  Dieu  qui  est  I'espt ii  de  s,\oire  repose 
sur  vous;  cet  Es/jritffuiest  blaspheme  par  eux  et  glorifie  par  vous. 

y^  i5.  Gr.  ou  comme  maifaiteur. 

Ibid.  Gr.  autr.  ou  comme  se  mdlant  d'affaires  qui  ne  le  regardent  pas. 

-jr  16.  Vulg.  lilt,  en  son  nom.  Plusieurs  anciens  manuscrits  erecs  lisent 
ainsl.  Le  grec  iinprime  lit :  en  cette  parlie. 

y^  17.  Nous  qui  sommes  ses  serviteurs,  et  qui  croyons  en  lui. 

„/*'''■•,  Vl;.''"-  *J"'  "^  "°'^"'  I^'"'-  ^''-  bit.- qui  noLrisscnt  point  a 
rtvangile  deDieu. 

y  18.  C'est  ainsi  que  s'exprime  le  grec,  saiuatur. 

23.  ,5 


434 


1™   EPITRE  DE  SAINT  PIERRE. 


ig.  C'est  pourquoi  ,  que  ceux 
qui  souffrent  selon  la  volonte  de 
Dieu,  perseverant  dans  les  bonnes 
oeuvres ,  remettent  leurs  aines  cntre 
les  mains  de  celui  qui  en  est  le  crea- 
teur,  et  qui  leur  sera  fidele. 


19.  Ilaque  el  hi  qui  pa- 
tiuntur  secundum  volun- 
tatem  Dei,  fideli  Creatori 
commendent  animas  suas 
in  benefaclis. 


CHA^PITRE  V. 

Avis  aux  ministres  de  I'EgUse.  Avis  a  tous  les  fideles.  S'humilier  devant 
Dieu  :  se  reposer  en  lui.  Veiller  sur  soi ;  rcsisler  au  demon.  Benediction. 
Salutation. 


1.  Je  tous  prie  done,  vous  qui 
etes  pretres,  '  elant  pretre  aussi 
comme  vous,  et  lemoiu  des  souf- 
frances  de  Jesus-Christ,  et  devant 
participcr '  a  sa  gloirc  qui  sera  un 
jour  decouverte  : 

2.  Paissez  le  troupeau  de  Dieu 
qui  vous  est  commis,  veillant  sur  ' 
sa  conduite,  non  par  une  necessite 
forcee ,  mais  par  une  affection  vo- 
lontaire  qui  soit  selon  Dieu ;  '  non 
par  un  honteux  desir  du  gain,  mais 
par  une  charite  desinleressee; 

3.  Non  en  dominant  sur  I'heri- 
tage  '  du  Seigneur,  mais  en  vous 
rendanl  les  modeles  du  troupeau , 
par  une  vertu  qui  naisse  du  fond 
du  coeur.  ' 

4.  Et  lorsque  le  prince  des  pas- 
te urs 'paroitra,  vous  remporterez 


1.  Sesiobes  ergo,  qui 
in  vobis  sunt,  obsecro ; 
consenior  et  testis  Christi 
passionum  :  qui  et  ejus , 
qua?  in  futuro  revelanda 
est,  glorias  communica- 
tor : 

2.  Pascite  qui  in  vo- 
bis est  gregem  Dei,  pro- 
videntes  non  coacte , 
sed  spontanee  secundum 
Deum  :  neque  turpis 
lucri  gratia,  sed  volun- 
tarie  : 

3.  Neque  utdominantes 
in  cleris,  sed  forma  facti 
gregis  ex  animo. 


4.  Et  cum   apparuerit 
princeps  pastorum,  perci- 


•^  I.  C'est  le  sens  du  grec  ,  ou  plus  litleralement :  C'est  a  ceux  d'entre 
vous  qui  sont  pretres  c/ue  je  m'adresse  ici ,  etant  pretre  comme  eux  et  te- 
inoin,etc.  Sous  le  nom  des  pretres  peuvent  etre  comprls  ici  meme  leseveques. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 

^  1.  C'est  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Ces  deux  mots  secundum  Deum  ne  sont  pas  dans  le  grec  imprime. 

y-  3.  C'est  ce  que  signifie  I'expression  in  cleris,  imitee  du  grec  tuv  xXrpwv. 

Ibid.  Ces  deux  mots  ex  animo  ne  sont  pas  dans  le  grec. 

f  4.  Jesus-Christ. 


I 


CHAPlTRB   V. 


435 


pietis      immarcescibilem     une  couronnede  gloire  qui  nese  fl6- 
gloriae  coronam.  trira  jamais. 

5.  Similiter,  adolescen-         5.  Vous  aussi,  jeunes  gens, '  sou- 
Ics,  subditi  estote  senio-     mettez-vous  aiix  prGtres.  '  Tacliez 
ribus.  Omnes  aiitem  in-     de  vous  inspirer  tous  I'humilite  les  ^o»i.  xu.  iS. 
vicem    humilitalem  iusi-     uus  aux  autre*,'  parce   que  Dieu  •^'^<^- 'v-  6. 

resiste  aux  superbes,  et  donne  sa 

crace  aux  humbles. ' 


nuale,quia  Deus  superbis 
rcsistit,  humilibus  autem 
dat  graliam. 

6.  Ilumiliamini  igilur 
sub  potenii  manu  Dei,  ut 
vos  exaltel  in  tempore  vi- 
sitationis  : 

7.  Omnem  sollicitudi- 
nem  vestram  projicientes 
in  eum,quoniamipsi  cura 
est  de  vobis. 

8.  Sobrii  estote,  et  Ti- 
gilate  ,  quia  adversarius 
vester  diabolus  tamquam 
leo  rugiens  circuit,  qujE- 
rens  quern  devoret  : 

9.  Cui  resistite   fortes 


6.  Humiliez-Yous  done  sous  la/ac  iv.  21. 
puissante  main  de  Dieu  ,  a  fin  qu'il  P^-  "v-  3o, 
Yoiis  eieve  dans  Ic  temps  de  sa  vi- 

site, ' 

7.  Jetant  dans  son  sein  toutes  vos  Matt.  vi.  aS. 
inquietudes  et  vos  peines,  parce  Lmcxu.  22. 
qu'il  a  soin  de  vous. 


8.  Soyez  sobres, '  et  veillez;  car 
le  demon  voire  ennemi  tourne  au- 
tour  devous  comme  un  lion  rugis*- 
sant,  cherchant  qui  il  pourra  de- 
vorer. 

g.  Resistez-Iui  done,  en  demeu- 
in  fide  :  scientes  eamdem  rant  fermes  dans  la  foi ,  sachant  que 
passionem    ei  ,    quae    in     vos  freies  qui  sont  repandus  dans 

le  monde  souffrent  les  raeme?  af- 
flictions que  vous  souffrez. 

10.  3Iais  je  prie  le  Dieu  de  toute 
grace  ,  qui  nous  a  appeles  en  Jesus- 
Christ  a  son  eternelle  gloire  ,  qu'a- 
in  Christo  Jesu,  modicum  pres  que  vous  aurez  souQert  un  peu 
passos ipse  perCciet,  con-  de  temps,  il  vous  perfectionne,  il 
iirmabit,  solidabitque.  vous  forlifie ,  '  et  vous  affermisse 

sur  un  solide  fondemeut. ' 
II.  Ipsi  gloria  el impe-  11.  A  lui  scit  la  gloire  et  I'em- 


mundo  est,  vestra;  frater- 
nitati  fieri. 

10.  Deus  autem  omnis 
gratia?,  qui  vocavit  nos 
in  aeternam  suam  gloriam 


y  5.  Ou:  qui  ctcs  jeunes.  Quelques-uns  croient  que  ceci  s'adresse  aux 
ministres  infcrieurs  de  I'Eglise. 

Ibid.  C'esl  le  sens  du  grec,  ou  le  m^me  nom  sigaifie  anciens  etpreires. 

Ibid.  Autrement  et  scion  le  grec :  Vous  tous  tous  soumetlant  les  uns  aux 
autres ,  rev^tez-vous  d'humilite ;  parce  que,  etc.  Ici  saint  Pierre  s'adresse  a 
tous  les  lideles. 

Ibid.  Celle parole  se  trouve  dans  la  version  des  Septante.  Prct>.  in.  34. 

y  6.  Le  mot  visitationis  n  est  pas  dans  le  grec. 

•jl  8.  Gr.  autr.  gardez-vous  de  I'enivrement  du  siecle. 

y  10.  Ce  mot  est  dans  legrec  :  il  vous  forlifie  et  vous  elablisse  sur  lui 
comme  sur  un  solide  fondement. 

Ibid.  Sur  la  pierre  spirituelie.  C'est-a-dire  sur  Jetos-Cbrist  lui-Badme. 


486  l"   EPITRE  DE  SlIWT   PIERRE.     CHAPITRE    V. 

pire   dans  les   siecles    des   siecles.  Hum  in  seculaseculorum. 

Amen.  Amen. 

12.  Je  vous  ai  ecrit,  ce  me  scm-  12.  Per  Sllvanum  fide- 

ble  ,   asscz   brieveinent   par    noire  1cm  fratrem  vobis,  ut  ar- 

frere  Silvaiii , '  qiii  est  un  lioinnie  bitror,   breviler   scripsi  : 

fidele;  vous  dccl-jrant  et  vous  pro-  obsecrans  et  conleslans  , 

lestaiit  que  la  vriiie  grace  de  Dieu  '  banc  esse  veram  gratlam 

est  celle  dans  laquelle  vous  demeu-  Dei,  in  qua  slatis. 
rez  fermes. 

i5.  L'Eglise  qui  est  dans  Baby-  i3.  Salutat  vos  Eccle- 

lone,   '    et    qui    est    elue    commc  sia ,  quae  est  in  Babylone 

vous.  et  mon  fib  Marc,  '  vous  sa-  coekcta ,  et  Marcus  filius 

luent.  mens. 

14.  Saluez-vouslcsunsbisaiilres  j^.  Salulate  iuviocm  in 

par  un  saint  baiser.  '  Que  la  paix"  osculo  sancto.  Gratia  vo- 

soit  avec  vous  tons  qui  Gtes  en  Je-  bis  omnibus,  qui  estis  in 

sus-Chiist.  Amen.  '  Cbristo  Jesu.  Amen. 


■i  12.  On  croit  que  c'estle  m^me  que  Silas,  dont  il  est  parli  dans  les 
Actes,  XV.  3o.  XVI.  19.,  el  quiesl  aussi  notnme  Silvain  par  saint  Paul,  a 
Cor.  1. 19.,   I.  lliess.  1.  I. 

loid.  la  foi  pure. 

f  1 3.  C'esl-ii-dire  RomcVoyez  la  Dissertation  sur  le  voyage  de  saint 
Pierre  a  Home.,  a  la  leto  de  celle  epilre. 

I^id.  On  ne  doule  point  que  ce  ne  soil  saint  Marc  Tevangeliste,  reconnu 
pour  disciple  de  sain  I  Pierre. 

■^  14.  Le  grec  inipiimc  lil :  par  un  baiser  de  cliarile. 

Ibid.  CVst  Texpression  du  grec.  La  Vulijale  lit:  la  grace. 

Ibid.  Les  exemplaires  grecs  portent  ici :  La  premiere  epitre  de  saint  Pierre 
A  eteecrile  en  a36  versels. 


PREFACE 
SUR  Lk  SECONDE  EPITRE 

DE  SAIM  PIERRE.. 


Depvis  que  saint  Pierre  eut  envoye  sa  premiere  letlre     Suiiedela 
qu'il  ecrivit  de  Rome,  enlre  Van  45  el  I'an  oo  de  I'ere  ^ie  de  saint 
chretieune  vulsraire,  comme  nous  I'avons  montre  dans  la  Pierre  der»uis 
preface  sur  celle  cpilrc^  n  retourna  dans  la  Falestme.  On  y  j,  ^p^r^.f  sa 
tint  en  I'an  -ii  le  concilede Jerusalem,  ou  saint  Pierre  sou-  ,«  cpjirejos- 
tint  qu'il  ne  falloit  point  imposer  aux  fidcles  le  joug  de  la  qu'asamort. 
loi;  ct  son  sentiment  ayani  ete  appuye  par  saint  Jacques, 
fut  embrasse  par  toule  Tassemblee,  comme  la  decision  du 
Sainl-Esprit.  Apres  ce  concile,  ce  prince  des  apoires  alia 
a  Anliociie,  ou  il  fut  repris  par  saint  Paul,  comme  il  est 
dit  dans  Tepiire  aux  Galates  '.  Depuis  ce  temps  on  ne  sait 
pas  distinctement  ce  que  fit  saint  Pierre,  jusqu'a  son  der- 
nier voyage  de  Rome.  11  y  fut  conduit  par  lo  Saint-Esprit, 
pour  rendre  temoignage  a  la  verite  devant  Neron,  et  pour 
y  combattre  Simon  le.  magicien,  qui  y  seduisoit  plusieurs 
personnes  par  ses  prestiges.  Saint  Paul  s'y  trouva  dans  le 
meme  temps,  I'an  65  de  Jesus-Christ,  et  ils  se  joignireut 
ensemble  pour  s'opposer  a  cet  ennemi  de  I'Evangilc  ^. 

Nous  croyons  que  ce  fut  dans  cclleville  que  saint  Pierre 
ecrivit  cette  seconde  epltrc;  et  quoiqu'il  u  y  paile  ni  dc  sa 
prison  nl  de  ses  liens,  il  y  a  toute  apparence  qu'i!  !a  cora- 
posa  apres  une  apparition  qu'il  eul  de  Jesus-Chrisl,  comme 
il  sorloit  de  Rome  pour  se  derober  aux  poursuiies  de  Ne- 
ron. Noire  Seigneur  se  montra  a  lui.  comme  il  etoit  deja 
a  la  porle  de  la  ville;  et  saint  Pierre  lui  ayant  demande  ou 
il  alloit,  le  Sauveur  repondit:  Je  liens  a  Rome  pouryelre 


'  Gnlat.  u.  n.  elseijq.  —  '  \ajez  M.  deTillemont,  taint  Pi€rr«,  art.  33, 
34. 


438 


PREFACE 


criicijie  de  nouveau  *.   Ces  paroles   firent  comprendre  a 
saint  Pierre  que  bientot  il  devoit  consommcr  son  martyre; 
et  c'est  apparemment  a  cela  qu'ii  fait  ici  allusion,  lorsqu'il 
dit  que  le  temps  auquel  la  tenle  de  son  corps  doit  etre 
abattuc,  est  proche,  comme  noire  Seigneur  Jcsus-Christ  le 
liiiajait  connoilre'^.  En  effet,  peu  de  temps  apres,  il  fut 
arrete  et  mis  en  prison,  ou  il  demeura,  dit-on,  pendant 
neuf  mois,  et  n'en  sortit  que  pour  aller  au  martyre,  qu'il 
souffrit  Tan  67  de  I'ere  chret,  Tulg.  ^  i 
Objetet  ana-      Cette  epitre  peut  done  etre  consideree  comme  le  testa- 
lysedecetie    nient  spirituel  de  cet  apotre  :  elle  contient  les  derniers 
^     '  avis  qu'il  donne  aux  fideles.  Le  premier  regarde  le  soin 

qu'ils  doivent  avoir  de  travailler  a  leur  sanctitication  et  a 
leur  perfection  ^.  Le  second  concerne  les  perils  qui  nie- 
nacent  I'Eglise  du  cote  des  heretiques;  il  ne  marque  que 
ceux  qu'elle  aura  a  essuyer  dans  son  premier  age  et  quelle 
eprouvoit  deja  des  lors  ^,  et  ceux  auxquels  elle  se  verra 
exposee  dans  son  dernier  age  a  la  fin  des  siecles  ^;  ce  qui 
renferme  une  preuve  invincible  de  sa  perpeluite.  Car 
comme  ces  derniers  perils  doivent  altaquer  la  meme 
Eglise  qui  a  deja  cssuye  les  premiers,  ainsi  qu'il  paroit  par 
toute  la  suite  de  cette  epilre,  ou  TApolre  parle  loujours 
aux memes fideles,  c'est-a-direala  meme  societe,ala  meme 
Eglise,  il  en  resultenecessairement  que  la  meme  Eglise  qui 
a  essuye  les  premiers  pejiis  dont  elle  etoit  menacee  dans 
son  premier  age,  subsistera  jusqu'a  la  fin  des  siecles,  ou 
elle  doit  encore  eprouver  de  nouvcaux  perils  auxquels 
succedera  la  paix  parfaile  dont  elle  jouira  dans  I'eternite 
hienheureuse.  Ce  que  saint  Pierre  dit  ici  dc  la  fin  du  monde 
donnera  lieu  a  une  Dissertation  sur  ce  grand  evenement, 
laquelle  sera  precedee  d'une  autre  Dissertation  sur  le  sys- 
teme  du  monde. 
R^ponses  Saint  Gregoire-le-Grand  ^  dit  que  quelques-uns  attri- 
aux objections  buoient  cette  epitre  a  Cephas,  a  qui  saint  Paul  resista  en 
deceuxqui  ^^^^  ^  Antioche,  comme  il  est  dit  dans  I'epitre  aux  Ga- 
conleslenta      ,  „  ,.,  >  i    •       .     a.         i-cc       \    j      i'   „«. 

saint  Pierre    ^''^^es  ^,  et  qu  lis  pretendoient  etre  diiterent  de  1  apotre 

ccite epitre.    saint  Pierre.  Mais  ce  saint  pape  refute  solidcment  cette 

*  Jml/ros.  serm.  68.  Origen.  G.  L.  in  Joan.  torn.  21.  pag.  xt8,  eL  2;)'?. 
Gregor.  Meg.  ser.vu.  in/jsal.  ci.  — *  2.  Petri,  i.  14-  —  ^  Cette  epoque 
est  conteslee.  Yoyez  Tillemonl ,  no'.e  40,  sur  sain:  Pierre  ;  ell'^ri  de  vevi- 
Jier  les  dales,  setonde  edition,  page  238,  oil  I'on  s'est  determine  pour  Fan  66. 
— *  Cap.  I.  -^  I.  adfinem. —  '  Cup.  n.  f  1.  adjinem.  — ®  Cap.  in.  i  i- 
ad  finem. — ^  Gregor.  in  Ezech.  humil.  iS. — '  Galat,n.  n. 


SLR  LA   ll'  EpJtHE  DE  saint  PIERRE.  iZ^ 

opinion.  Grotius,  entre  les  modernes,  est  celui  qui  a  porte  ^JJ"^":^^*'® 
le  plus  loin  le  sentiment  qui  conteste  cette  epitre  a  saint  Remai^uw' 
Pierre.  II  veut  attirer  dans  son  parti  ceux  des  anciens  qui  sur  son  siyle. 
ne  I'ont  pas  reconnue  pour  canonique;  et  en  effet  s'ils 
I'eussent  crue  do  ce  saint  ap6tre,  il  n'y  a  nulle  apparence 
qu'ils  I'eussent  rejetee  du  canon.  II  ajoute  que  le  style  est 
assez  different  de  celui  de  la  premiere;  et  cette  difference 
est  remarquee  par  Eusebe '  et  par  saint  Jer6me  ^.  11  dit  de 
plus  qu'elle  a  ete  ecrite  apres  la  ruine  de  Jerusalem,  et  par 
consequent  qu'elle  ne  peut  etre  de  saint  Pierre,  qui  fut 
martyrise  sous  Neron.  La  preuve  qu'elle  a  ete  ecrite  apres 
la  ruine  de  Jerusalem,  selon  cet  auteur,  est  quelle  parle 
du  jugement  dernier  comme  prochain;  or,  persoune  n'a 
jamais  cru  que  le  jugement  dernier  dut  arriver  avant  la 
ruine  de  Jerusalem.  11  croit  qu'elle  a  ete  ecrite  sous  I'em- 
pire  de  Trajan,  et  qu'elle  pourroit  bien  etre  I'ouvrage  de 
Simeon,  ou  Simon,  eveque  de  Jerusalem,  successeur  et 
imitateur  de  saint  Jacques-le-Mineur.Enfin,  il  suppose  que 
certains  trails  qui  semblent  demonslratifs  pour  I'attribuer 
a  I'apdtre  saint  Pierre,  y  ont  ete  ajoutes  par  ceux  qui  en- 
treprirent  de  lui  donner  du  credit,  et  de  la  faire  passer 
sous  le  nom  de  cet  apotre. 

11  faut  convenir  que  plusieurs  anciens  I'ont  eue  pour 
suspecte,  et  n'ont  pas  voulu  I'admettre  dans  le  canon  des 
livres  sacres.  Quelques-uns  I'ont  soupconnee  de  supposi- 
tion; etDidyme^  I'a  crue  corrompue.  Origene  dit  qu'elle 
est  douteuse  *  et  contestee.  Eusebe  ^  avance  que  saint 
Pierre  n'a  ecrit  qu'une  epitre  certaine,  connue  et  citee  par 
les  anciens.  Saint  Amphiloque  ^  remarque  que  de  son  temps 
on  douloit  encore  qu'elle  fut  de  saint  Pierre.  Saint  Jerome 
temoigne  le  meme  doute. 

Mais  elle  porte  avec  elle  les  preuves  de  son  authenticite 
et  de  sa  verite.  Elle  ne  contient  rien  qui  ne  soit  digne  de 
saint  Pierre,  rien  de  contraire  a  son  esprit  et  a  son  carac- 

•  Nousne  trouvons  rien  de  ccla  dans  Eusebe .  I.  iii.  c.  3.  et  25.  Hist,  ce- 
des.— -  Hieron.  de  f-ins  illuso:  c.  i .  Scripsit  duas  epistolas ,  qua  catho- 
licce  nomincnlur,  (juarum  secunda  a  pletis<iiie  ejus  esse  negatur,  propter 
styli  cum  priore  dissonantiain.  — *  Didym.  Comment,  in  hanc  epist.  ad 
Jinem.  Nun  estignonnidum  piwsentem  epistolam  esse  Jalsatam  :  {juce  licet 
publiceiur,  non  lamen  in  caiione  est.  —  *  Origen.  in  Joan.  pag.  88.  Mi*v 
Ewj(m>.Tr<  cu.cAO'j'iuai'vr.v  xaToy.e'/.c'.iTc.  EoTt)  (J's  xal  ^euTs'sav  iu.€acA>.£ra'. -yap. 
— *  Euseb.  Hist.  ecel.  lib.  \n.  c.  8.  et  aS. — ^  Amphiloch.  apud  Greg.  Na- 
zianz.  Carm.  n. 


44o  PREFACE 

tere,  rien  d'oppose  aux  circonstances  du  temps  auqnel  il 
a  vecu.  Elle  porte  en  tetc  le  nom  de  cet  apolre  ';  elle  est 
d'un  des  trois  apotresqui  furent  prcscns  a  la  transfiguralion 
de  Notre  Seigneur  ^;  elle  rappelle  la  premiere  epilre  do 
saint  Pierre  ^,  commc  ayanteie  ecritepar  le  memo  auteur: 
Hanc  ecce  vobis  seciindam  scrlho  epistolam.  Aucun  des  pas- 
sages qui  ont  parn  douteux  a  Grolius  ne  manque  dans  les 
anciens  manuscrits.  Origene'*  la  cite  sans  dilfieulte  comme 
de  saint  Pierre.  Novatien  ^ ,  qui  vivoit  du  temps  tie  Ter- 
tullien,  saint  Cyprien*",  saint  Justin  meme  le  martyr  ",  ou 
la  citcnt,  ou  y  font  allusion.  Saint  Jutle,  dans  son  epilre 
catholique,  allegue  les  propres  paroles  de  eel le-ci,  e ties  cite 
comme  ayant  ete  dites  par  les  apotres  de  Notre  Seigneur 
Jesus-Christ:  Memores eslole  verhoriim  qiice prcedicla  sunt ab 
apostolis  Domini  Noslri  Jesu  Chrisli,  qui  dicebanl  vobis, 
qiioniam  innovissimo  tempore  vcnient  illusores,  etc.^  ;  ce  qui 
est  en  termes  expres  dans  le  troisieme  chapilre  de  cette 
seconde  epilre  de  saint  Pierre. 

II  est  inutile  de  citer  saint  Cyrille  de  Jerusalem  '^,  saint 
Alhanase*'*,  saint  Gregoire  do  Nazianze'*,  saint  Epiphane, 
saint  Hilaire'^,  saint  Augustin'^,  saint  Ambroise  '^,  saint 
Jerome'^,  Facuntlus,  Salvicn,  saint  Macaire,  Ic  concile  de 
Laoclicee '^,  le  troisieme  de  Carthage*^,  et  tous  ceux  qui 
sont  venus  depuis^  et  qui  nous  ont  donne  des  catalogues 
des  iivres  saints,  puisqu'iis  sont  tous  d'accord  sur  ce  sujet, 
et  qu'ils  reconnoissent  sans  diffioulle  cette  epilre  comme 
canqnique.  Or,  si  elle  est  canonique,  elle  est  aussi  certai- 
nement  de  saintPierre;  car  si  elle  n'est  pas  de  cet  apotre, 
cile  est  d'un  insigne  Iburbe.  Si  elle  ne  se  trouve  pas  dans 
quelques  exempiaires  syriaques,  c'est  qu'elle  a  ele  autre- 
fois contesice.  Elle  se  lit  dans  d'autres  exemplair«s  des 
Syriens.  Saint  Ephrem'^etsairit  Jean  de  Damas  qui  etoient 
Syriens,  se  sont  servis  de  son  temoignage;  et  saint  Jean 


*  2.  Pelr.i.  r. — ^  2.  Peir.  i.  rS.  —  '  2.  Pelr.  in.  i.  —  *  Origen.  in  Josne 
hoin/'l.  7. — '  Nouati'an.  lib.  de  Tiinit.  c.  3. — ^  CyjU'ian.  ep.  73. — '^Justin. 
Dicilngo  cum  Tiyphonc.  OO  /-.evoTj  £iriaTE6Gaui.EV  p-iJOctj,  cutS"' avaTTC^stxroi; 
//j'-j'ct;,  aXAa  u.i'orcti;  TTvs'jy.XTc;  dc-j-iou. — *  Jiidce  ■jf  17  Conjl-r.  2.  Peir.  in.  3, 
cum  Judce  /  iS. — '  Cyrdl.  Caiech  — '"  Aihan.  Synops.  el  oral.  2.  contra 
Arum, — "  Nazianz.  Car.  34.  —  ^^ Hilar,  lib.  i.  de  Trinil.  —  '^  Jiigus!. 
lib.  II.  c.  8,  de  Doclr.  Christ  —  '*  Ambros.  de  Incnrn.  cap.  8. — '*  Hieron. 
lib.  I.  cap.  24.  contra  Jovinian. — *^  Concil.  Laodicen.  cap.  &o. — '^  Concil. 
Carthag,  "?.  can.  i"]. — '"  Ephrem.  serm.  contra  Impudic. 


SL'R  LA  II*  EPITRE  DE  5AIM  PIERRE.  44  I 

Damascene '  la  met  exprcsstimcnt  an  nombre  des  livres 
canoniques. 

I.a  diversile  de  style  que  saint  Jerome  a  rcmarquee  dans 
celte  epitre,  et  que  Grolius  apres  lui  fait  valoir  pour  la 
conlester  a  saint  Pierre,  n'a  pas  paru  iorl  sensible  a  plu- 
sieurs  habiles  critiques-;  et  saint  Jerome  ^,  qui  est  le  seul 
qui  I'ait  relevee,  nous  en  decouvrc  une  raison  qui  paroit 
lort  probable :  c'est  que  saint  Pierre  sc  servant  de  dillerens 
intcrpretes,  tantot  de  Glaucias  *,  et  tantot  de  saint  Marc, 
le  style  de  ses  leltres  se  sentoitnecessairement  de  la  diver- 
site  de  ses  secretaires.  Saint  Marc,  qui  etoit  avec  lui  lors- 
quil  ecrivit  la  premiere  ^ ,  n'y  etoit  pas  lorsquil  dicta 
ccllo-ci. 

Ceque  Grotius  ajoute,  qu'elle  a  ete  ecrite  apres  le  siege 
et  la  ruine  de  Jerusalem,  et  quo  Simon,  eveque  de  Jeru- 
salem, en  est  I'auteur,  ne  merite  pas  une  refutation  se- 
rieuse,  parce  que  cela  n'est  appuye  sur  aucune  preuve 
soiide.  Les  passages  qui  embarrassent  Grotius,  et  sur  les- 
quels  il  auroit  souliaile  que  quelqu'un  consullatles  anciens 
manuscriis,se  trouventdanstousceuxqu'a  consultesMille, 
qui  y  a  fait  une  attention  louie  particuliere,  comme  il  le 
remarque  sur  tous  ces  endroils. 

Nous  croyons,   avec  le  commun  des  commenlaleurs,      Aquiceu* 
qu'elle  a  ete  ecrite  aux  memes  chreiiens  hebraisans  a  qui  pp'ureest 
saint  Pierre  envoya  sa  premiere  epitre.  11  I'insinue  assez^  ^*^^^' 
lorscju'il  dit:  Void  la  seconde  eptlre  que  js  tous  ecris  ^.  De 
plus,  il  leur  parle  comme  a  gens  insiruits  dans  les  Ecri- 
tures,  et  qui  s'appliquoient   fort  sericuseu^.cnt  a  I'elude 
des  prophetes,  qui  etoicnt  entre  leurs  mains  ~.  L'auleur 
dulivredesPromesses,allribueasaint  Prosper^, la nomme 
r Epitre  aux  genlils;  el  I'auteur  du  Sermon  de  Cataclysmo, 
ou  du  Deluge^  parmi  les  oeuvres  de  saint  Auguslin^,  lui 
donne  le  nom  de  seconde  Epitre  de  saint  Pierre  aux  genlils. 
Quelques  commenlateurs  '"  croient  qu'en  eflel  on  pent  la 
regarder  comme  ecrite  aux  genlils  converlis,  aussi  bien 
qu'aux  Juifs;  et  pour  prouver  leur  sentiment,  ils  se  servant 

*  Damnscen.  I.  iv.  iS.de  Jicle  ortlvodoxa.  — -  3Iagdeuurgcns.  Gemar. 
OerJinid.  Cajet.  Est.  Comet,  ati'i. — ^  Hieron.  Duos  episiolee  qztce  fcruniitr 
Petri,  siylo  inter  se  et  caractere  (tiscrfpanl,  stritcturatjtie  veriorunt :  ex 
quo  iiiieitigiinus  pro  necessitate  rerum  di^'ersis  eum  usum  inlerpretibus.  — 
*Clem.  Stwm.  I.  vii.  p.  764.  —  *  i.  Pelr.  v.  i3.  —  ^2  p^^  ,,j  j — 7  j 
19.  20. — *  Prosper,  seu  alius,  Promission.  I.  iv.  c.  i.  —  ^f'ide  apud  Au- 
gust, lorn.  f> ,  not:  edit.  p.  606.  —  •<>  Qriidam  apud Est.  hie. 


442  PREFACE  sua  LA  11®  EPITRE  DE  SAINT  PIERRE. 

de  ces  paroles  du  chapitre  i" :  Simon  Pierre,  apolre  de  Jesus- 
Christ,  dceux  quiont  recii  la  memefoiquc  nous; paroles  qu'on 
pretend  designer  les  gentils,  appeles  aussi  bien  que  les 
Juifs  a  la  religion  chretienne.  Mais  rien  n'est  plus  nature! 
que  de  les  expliquer  des  Juifs  fideles,  qui,  au  milieu  de  tant 
d'autres  Juifs  qui  demeuroient  dans  rendurcissement, 
avoient  eu  le  bonheur  de  croire  en  Jesus-Christ. 


DISSERTATION 
SUR  LE  SYSTEME  DU  MONDE 

SELON  LES  ANCIENS  HliBREUX. 


Difficulte  de  J  L  ^^^  surprenant  que  Ton  connoisse  si  peu  le  monde. 
connoitrele  Depuis  tan  I  de  siecles  que  I'univers  est  livre  aux  re- 
vrai  sysieme  cherches  et  aux  disputes  des  hommes ,  Mundum  IradidiC 
u  mon  e.  disputalionieorum  %  a  peine  sait-on  la  disposition  et  la  struc- 
ture de  la  terre  que  nous  habitons ;  et  encore  n'en  con- 
noit-on  que  la  superficie,  et  la  moindre  partie.  Sur  la  plus 
grande  partie  de  I'univers,  on  est  reduit  a  faire  des  sys- 
temes ,  el  a  batir  de  simples  hypotheses ,  sans  esperance 
de  parvenir  jamais  a  une  connoissance  cxacte  et  demons- 
trative des  choses  qu'on  etudie.  Presqiie  tout  ce  que  les 
anciens  avoient  invente  en  ce  genre ,  toutes  les  decou- 
vertes  qu'ils  croyoient  avoir  faites ,  tous  leurs  systemes  du 
monde ,  ont  ete  ou  renverses  ou  reformes  dans  ces  der- 
niers  siecles.  Et  qui  doute  qu'a  notre  tour  nous  ne  soyons 
un  jour  refutes  et  abandonnes  par  ceux  qui  viendront  apres 
nous ,  du  moins  sur  un  grand  nombre  dc  points?  II  y  aura 
toujours  sur  cette  matiere  des  obscurites  et  des  difficultes 

'  Eccl.  ui,  1 1 . 


DISSERTATION  SLR  LE  SYSTUMF.  DU  MONDE.  443 

insurmonlables.  Il  scmble  que  Dieu ,  jaloux,  pour  ainsi 
dirc,de  la  beaule  et  de  la  magnificence  de  sou  ouvraj^e , 
se  soil  reserve  a  Ini  seul  la  parfaite  connoissance  de  sa 
structure ,  et  le  secret  de  ses  mouvemens  et  de  ses  revo- 
lutions. 11  nous  en  laisse  assez  voir  pour  nous  obliger  a 
reconnoitre  la  sagesse  ,  et  pour  nous  faire  admirer  le  pou- 
voir  infini  de  I'Ouvrier;  mais  non  pas  pour  contenter 
notre  curiosite  et  notre  inclination.  L'etude  du  monde 
et  de  ses  parlies  est  une  de  ces  occupations  penibles  que 
le  Seigneur  a  donnees  aus.  homraes ,  afin  qu'ils  s'y  exer- 
cassent :  Hanc  occupalionem  pessimam  dedil  Deus  Jiliis  ho- 
tninam,  ut  occuparenlur  in  ea  ^  Un  grand  nombre  de  ses 
oeuvres  plus  grandes  que  celles  que  nous  voyons  nous  sont 
cachees  ;  car  nous  n'en  voyons  qu'un  petit  nombre  :  Mnlla 
ahscondila  sunt  majora  his ;  pauca  enivi  vidimus  operum 
ejus  ^. 

On  n'a  jamais  exige  ni  pretendu  que  les  ecrivains  sa-     Svsicmedu 
cres  s'expliquassent  dans   la  rigueur  pliilosophique  ,  et  monde  selon 

dans  la  precision  que  les  professeurs  des  sciences  hu-  'f^  anciens 

•         .11  T      •    1  T  'T-        •.  c    ■    »  I     lleureux  fort 

raaines  exigent  de  leurs   disciples.    L  Lsprit-aamt  P^rle  ^jj^j^^^.^^^,  j^^ 

pour  tout  le   monde ;  il  veut  se  faire  comprendre  aus  n6tre.  Mc- 

ignorans  comiue  aux  savans.  Ceux-ci  entendent  les  ex- prisedelaplu- 

pressions  populaircs  ,  comme  le  peuple  :  niais  le  peuple  ne  F*"^  '^^  ^°^- 
*  •.        .        I       I  11  1  •  ,       1       mcnlateurs 

pourroit  entendre  les  expressions  philosopniques  et  rele- ^^^j,  ^     .^^ 

vees.  Ainsi  il  n'est  pas  indigne  de  la  sagessc  de  Dicu  de  se  pim  deceue 

proportionner  aux  simples  dans  ses  manieres  de  parler  ,  Dlsseriaiion. 

surlout  dans  des  livres  ou  Ion  doit  etudier  ses  devoirs  et 

non  la  physique  ou  I'astronomie.  II  peut  laisser  aux  savans 

le  soin  de  penetrer  dans  la  grandeur  et  la  raajeste  de  ses 

CEuvres. 

Les  commentateurs  qui  se  sont  charges  de  developpcr 

les  sens  caches  des  livres  saints  et  d'en  expliquer  les  termes 

obscurs ,  n'ont  pas  toujours  fait  assez  d'atlention  a  ce  prin- 

cipe.  Des  qu'ils  ont  rencontre  de  ces  endroits  ou  I'auteur 

sacre  s'exprime  d'une  maniere  populaire  ,  au  lieu  detu- 

dier  les  sentimens  qu'il  supposoit  dans  I'esprit  de  ceux  a 

qui  il  parloit ,  ils  se  sont  appliques  a  monlrer  la  verite  de 

ce  qu'il  vouloit  dire ,  el  a  reformer  ses  expressions  sur  les 

idees  que  la  religion  el  la  philosophic  leur  fournissoient. 

Lors  ,  par  exemple  ,  que  I'Ecriture  donne  de  lintelligence 

^aux  animaux  ,  un  corps  a  Dieu ,  une  ame  aux  choses  insen- 

^Eccl.  I.  r3.—« fee/.  XLiii.  36.' 


444  DISSERTATION 

sibles,  les  interpreles  ne  manquent  pas  d'avertir  que  cc 
sont  des  inanieres  de  parler  populaires  :  cela  est  bon ; 
mais  il  faudroit  aussi  nous  dire  ce  que  le  peuple  pensoit 
sur  ccla,  quelle  etoit  son  idee  vraie  ou  fausse ,  et  ensuite 
la  refuler ,  si  la  chose  en  valoit  la  peine.  Au  lieu  de  cela  , 
cbaque  commenialeur  a  voulu  rappeler  I'auteur  sacre  a  sa 
propre  opinion  ;  il  lui  a  fait  dire  lout  ce  qu'il  a  voulu;  on  a 
fait  parler  Moise  ou  Salomon  comme  auroient  faitr*tolo- 
mee ,  Galilee,  Buffon,  Lalande  ou  Cuvier.  On  a  trouve 
dans  le  premier  cbapitre  de  la  Genese,  qui  regarde  la 
creation  du  monde  ,  lous  les  systemcs  dont  on  etoit 
rempli.  Cela  est  si  vrai ,  qu'on  a  imprime  autrefois  un 
iivre  intitule,  Cartesius  mosaTsans ,  ou  Ton  enlreprend  de 
montrer  que  le  monde  de  Moise  est  le  merae  que  celui  de 
Descartes. 

Nous  ne  pretendons  point  ici  imposer  des  lois  aux  au- 
tres  ,  ni  fairc  croire  que  nous  ayons  plus  de  lumieres  que 
ceux  qui  nous  ont  precede.  Nous  avouons  mcme  qu'asscz 
souvent ,  dans  noire  commcnlaire  ,  nous  avons  suivi  le 
torrent,  et  que,  prevenu  des  opinions  de  I'ecole ,  nous 
avons  suppose  que  I'auteur  sacre  vouloit  dire  ce  que  nous 
pensions.  Mais,  en  comparant  les  diverses  expressions  de 
rEcrilure  sur  la  disposition  des  parties  de  I'univers  ,  nous 
avons  remarque  que  le  sysleme  du  monde  scion  les  an- 
ciens  Hebreux  etoit  fort  different  du  notre ,  ct  que  sou- 
vent  nous  faisions  inal  a  propos  violence  au  tcxte,  en  vou- 
lant  rajuster  a  nos  prejuges.  Ce  qui  nous  a  le  plus  servi  a 
nous  delromper ,  et  a  fixer  nos  doutes  sur  celte  maliere,  a 
ele  la  lecture  des  anciens  philosophes  et  des  peres.  l.es 
premiers,  soil  par  tradition  ou  autrement,  cloient  r»  peu 
pres  dans  les  niemes  opinions  que  les  Israelites  sur  la 
structure  du  monde  ;  les  autres,  penelres  de  respect  pour 
les  divines  Ecritures  et  nc  se  donnant  pas  si  aisement  la 
liberie  de  les  conformcr  a  Icurs  opinions,  mais  les  pre- 
nant  a  la  lettre  et  suivant  la  premiere  idee  qui  se  pre- 
sente  a  I'esprit,  s'en  etoient  forme  un  sysleme  suivi,  et 
tout  conforme  a  celui  des  anciens  Hebreux.  Apres  avoir 
propose  les  termcs  des  Ecrivains  sacres,  nous  appuierons 
leur  hypoihcse  par  la  ressemblance  de  celle  des  anciens 
philosopbcs  et  des  peres.  C'esl  la  methode  que  nous  nous 
sommes  proposee  dans  cette  Dissertation. 


SUR  LE  STST^ME  Di;   MONDE.  ^^< 


ARTICLE  PREMIER. 

Dc  la  creation  du  mondc. 


RiE.N  n'est  plus  simple  que  le  recit  que  fait  Molse  de  la  RecitdcMoIso 
creation  de  I'uriivers  :  Au  commencement  Dieu  crea  le  ^''^^ c°"aiJo"'de 
et  la  lerre.  Or,  la  lerrc  eloit  informe  el  toule  nue ,  et  les  le-  I'univers. 
nebres  eloienl  rcpamhies  sur  la  face  de  I'abimc  ,  ell'esprilde 
Dieu  eloil  poTle  sur  les  eaux.  Alors  Dieu,  dil .  Que  la  Inmiere 
soil ,  el  la  lumiereful.  El  il  separa  la  lumiere  d'avcc  les  leni- 
bres  ;  el  il  donna  a  la  lumiere  Ic  nom  de  jour,  et  aux  timbres 
le  nom  de  nuit '.  C'est  la  rouvrage  du  premier  jour.  Apres 
cela  le  Seigncurfit  le  firmament ,  el  il  separa  les  eaux  in- 
ferieures  d'avec  les  eaux  superieures  ,  par  le  moycn  de  ce 
firmament,  auquel  il  donna  le  nomde  del;  c'est  ce  qui  fut 
fait  le  second  jour.  Le  troisieme  jour,  Dieu  ordonna  que 
toutes  les  eaux  se  retirassent  en  un  lieu;  que  la  terre 
parfit,  et  quelle  produisit  toutes  sortes  d'herbes  el  d'ar- 
bres  :  et  cela  fut  fait  ainsi.  Le  quatrieme,  il  fit  les  aslres 
pour  eclairer  la  lerre  le  jour  et  la  nuit :  il  crea  done  un 
grand  corps  lumineux  pour  presider  au  jour  ;  c'est  ie  so- 
leil  ;  et  un  autre  grand  corps  de  lumiere  pour  presider  a 
la  nuit,  avec  les  etoiles  ;  ce  second  corps  lumineux  est  la  • 
lune.  Le  cinquieme  jour  furent  crees  les  poissons  et  les 
oiseaus;  le  sixieme,  les  animaux  terrestres  ,  et  I'homme. 
Voila  ce  que  Moise  nous  apprend. 

II  n'est  pas  fort  etonnant  qu'un  recit  aussi  concis  ait  ete 
susceptible  de  tant  de  sens  divers ,  et  que  chaque  philo- 
sophe  ait  cru  trouverson  hypolhese  dans  Molse.  Ce  legis- 
lateur  nous  represente  le  Seigneur  comme  un  ouvrier 
tout-puissant,  qui  ayant  d'abord  prepare  toule  la  maliere 
sur  laquelle  il  veut  travailler,  la  dispose  ,  et  I'arrangc  dans 
la  suite  d'un  certain  nombre  de  jours  ,  apres  lesquels  il  se 
repose.  II  nous  dit  que  Dieu  crea  la  lumiere  ,  et  distingua 
la  nuit  et  le  jour,  avant  la  production  du  soleil  et  des  au- 
tres  corps  lumineux  ,  ce  qui  n'etoit  pas  fort  aise  a  conce- 


Ctnes. 


■"f9- 


4i6  DISSERTATION 

voir  avant  que  les  pbysiciens  eussent  considere  la  lumiere 
€omme  un  fluide  repandu  dans  Tespace  ,  et  dont  I'exis- 
tence  ne  depend  pas  necessairement  de  celle  du  soleil  et 
des  autres  corps  lumineux. 
Dlvorssyste-  L'idee  de  la  creation  du  monde  s'etoit  conservee  chez 
mes  des  an-  presque  tous  les  peuples  ;  et  nous  avons  encore  dans  les 
ciensiouchant  gjjciens  le  systeme  de  la  plupart.  Par  exemple  ,  celui  des 
Egyptiens  dans  Diodore  de  Siciie  ',  celui  des  Pheniciens 
dans  Sanchoniaton  ^,  celui  des  Chaldeens  dans  divers 
fragmens  rassembles  depuis  quelques  annees  dans  la  phi- 
losophic chaldeenne  K  Job  *  nous  a  donne  celle  des  Idu- 
meens,  qui  est  la  meme  que  celle  des  Hebreux.  Les  Grecs, 
quoique  moins  attentifs  a  conserver  les  traditions  an- 
ciennes  et  moins  exacts  sur  cela  que  les  peuples  barbares, 
comme  le  Icur  reproche  I'oracle  ^,  avoient  toutefois  con- 
serve cclte  tradition;  et  on  en  trouve  plus  d'un  systeme 
dans  leurs  philosophes^.  C'cst  de  la  que  I'avoient  recue 
les  Latins  ,  et  d'ou  Ovide  I'a  si  bien  exprimee  dans  ses  Me- 
tamorphoses. La  plupart  reconnoissoient  que  le  monde 
n'etoit  point  eternel ;  mais  ils  ne  convenoient  pas  de  celui 
qui  I'avoit  cree.  Les  uns  en  attribuoient  la  creation  a  I'Erre 
souverain  et  tout-puissant;  d'autres,  a  I'ame  du  monde; 
d'autres,  au  mouvement;  d'autres,  a  I'air;  d'autres,  a 
I'amour,  qui  donna  le  mouvement  et  la  fecondite  au 
chaos ,  et  lui  fit  produire  la  terre  et  les  animaux.  Les  epi- 
curiens  croyoient  la  matiere  eternelle  ,  et  soutenoientque 
le  hasard  seul  avoit  donne  la  forme  aux  etres  que  nous 
voyons.  Enfin,  il  n'y  eut  jamais  rien  dc  bien  fixe  sur  cela  ; 
et  on  ne  crut  pas  la  religion  interessee  a  oter  aux  philoso- 
phes  la  liberie,  d'abonder  en  leur  sens ,  et  de  proposer 
leurs  conjectures  sur  cette  matiere. 
Sjsiemc  des  l\  n'cn  fut  pas  de  meme  parmi  les  Hebreux;  et  c'est  ce 
Hebreux  lou-  ^^^j  donnc  a  leur  systeme  du  monde  un  grand  avanlage  sur 
tion°  '  '  *°"^  ceux  des  anciens  philosophes.  Leurs  sentimens  furent 
toujours  uniformes  sur  ce  fait  important  de  la  creation  de 
I'univers.  lis  furent  toujours  persuades  que  Dieu  seul  est 
le  crealeur  des  etres  visibles  et  invisibles  ;  et  ce  point  fut 
toujours  un  des  premiers  articles  de  leur  religion.  lis  tien- 

^Di'odorus  Si'cul.  I.  i.  —  ^  J^pud  Euseb.  prcepar.  Evang.  I.  i.e.  lo.  — ' 
'  Apud  Stanley,  Mist,  philosoph.  part.  xrii.  —  *  Job.  xxxviii.  4.  et  seqq. 
—  '  Poiphyr.  ex  oraculo  Deljjhico ,  apud  Theodoret.  seim,  i.  contra  gen- 
tcs. — *  f  ide  jdristophan.  et  Euseb.  lib.  1. prcepar.  cap.  •]•  et  i^.  et  Tail.  lib. 
II.  Jcademic.  Quosst. 


sun  LE  SYST^MF.  Dlj   MONDE.  iif 

nent  que  rest  par  la  parole  toute-puissante  du  Seigneur 
que  le  chaos  et  toutes  les  creatures  sont  sorties  du  neant  * ; 
({ue  la  production  des  choses  ne  lui  a  coule  qu'un  Fiat^; 
que  c'est  par  sa  volonte  que  tout  a  ete  cree  et  que  tout 
subsiste  ^ ;  que  la  meme  puissance  et  la  merae  sagesse  qui  a 
cree  conserve  aussi  tous  les  etres ;  qu'il  pent  les  laisser 
tomber  dans  le  neant ,  comme  il  a  pu  les  en  faire  sortir ; 
que  tout  est  egalement  soumis  a  sa  volonte,  et  gouverne 
par  sa  providence.  Voila  la  croyanee  generale  des  He- 
breux  de  tous  les  temps. 


ARTICLE  II. 

De  la  leiT§. 

La  lerre  nous  est  toujours  representee  dans  I'Ecriture    Expressions 
comrae  un  corps  tres  vaste  recouvert  en  partie  par  la  mer  de  I'Ecriture 
et  suspendu  dans  le  vide  ou  le  neant  materiel.    CW /^  ^"""'^^  fonde^ 
Seipieur  qui  etend  le  septentrion  sur  le  vide ,  dit  Job  ,  et  qui  "^"^ 
ticnt  la  terre  suspend  ue  sur  le  neant  *.  Et  Isaie  :  Qui  est  celui 
qui  renferme  toutes  les  eaux  dans  le  creux  de  sa  main  ;  qui  sur 
sa  main  elendue pese  les  cieux ;  qui  soutient  avec  trois  doigts  la 
masse  de  la  lerre  ^7  Ces  expressions  insinuent  que  la  terre 
est  suspendue ,  et  comme  flottante  dans  I'espace ;  et  cette 
opinion  a  et6  tres  commune  dans  I'antiquite,  comme  on 
le  verra  dans  la  suite. 

C'est  au  fond  des  abimes  ,  et  au  centre  de  la  terre  ,  que    Sysiemedes 
les  Hebreux  placoient  I'enfer.  C'est  la  que  les  geans  genus-  Hebreux,  des 


sent  sous  les  eaux  '^ ,  ct  ou  sont  detenus'  les  tyrans  ,  et  ces  P?'^"^^'  j^^s 
superbes  dominateurs  des  peuples  qui  ont  desole  la  terre  f^Tt^onde* 
el  opprime  les  nations.  C'est  la  que  les  prophctes  '  nous  I'enfer. 
represenlent  les  rois  d'Assyrie,  de  Babylone  ,  d'Egyple , 
couches  dans  ces  sombres  et  tenebreux  cachots.  C'est  la 
que  Ton  ne  voit  que  les  impies  et  les  scelerats ,  qui  s'y  de- 

^  Psalm,  xxiii.  6.  — *  Psalm,  ixxn.  9.  cxlthi.  5.  —  ^  Auoc.  iv.  11. 
—  *Job.  XXVI.  :.  —  *  Isai.  xl.  12.  —  ^Job.  xxvi.  5.  Prov.  it.  iS.  Jd in- 
feros (Hebr.  Jd  gigantes).—''  Isai,  xiv.  9.  Ezech.  xxxi.  18.  etixtu.  i8. 
et  seqq. 


448  DISSKRTATION 

sesperent  sans  esperance  den  sorlir  ^   Enfin,  c'est  la  ce 
que  les  paiens  appeloient  le  noir  Tartare,  et  le  royaume  de 
Pluton  ,  ou  d'yidcs.  Les  expressions  des  poetes  grecs  et 
latins,  qui  eioient  les  theologiens  du  paganisme,  s'accor- 
dent  parf'aitement  sur  ce  point  avec  cellcs  do  rEcrilurc. 
Les  pcres  uieilcnt  I'enfer  les  uns  sous  la  terre  ^,  les  autres 
au  fond  des  abiines ,  et  les  autres  hors  de  la  terrc  ^  et  dans 
CO  qu'ils  appellent  les  lenebres  exlerieares ;  ce  qui  etoit, 
suivant  I'idee  de  ceux.  qui  ne  croyoient  pas  que  le  soleil 
tournat  aulour  de  la  lerre,  la  meme  chose  que  les  anti- 
podes, ou  Ton  ne  voyoit,  scion  eux ,  jamais  de  lumiere. 
Expressions      La  terre,  ainsi  fondee ,  dcmeure  immobile  et  inebran- 
dcrEcriiure    lable.   Une  race passe ,  et  line  autre  race  vient ,  dit  rEccle- 
sur  !a stahiliie  sias»e ;  mais  la  lerre  demeure  toujqurs Jerme'^ .  Et  le  Psalraistc 
a  crre.      ^|j^ .  11  a  fonde  la  terre  sur  ses  bases,  et  elle  he  sera  jamais 
ebrardee^ .  Et  ailleurs  :  Voiis  avez  njjermila  lerre ,  et  elle  de- 
meure immobile^'.  Si  la  terre  tremble  quelquefois,  c'est  le 
Seigneur  qui  la  fait  trcmfjler  par  sa  colere.  11  la  regartlc 
dans  sa  fureur  et  elle  s'etVraie;  elle  s'agite  et  elle  se  fond 
en  quelque  sortc  en  sa  presence'^.  C'est  ce  que  dit  le  Psal- 
miste  :  La  terre  trembla  a  la  vue  du  Seigneur ,  a  la  vue  du 
Dieu  de  Jacob.  Et  ailleurs  :  II  regarde  la  lerre ,    et  elle  trem- 
ble ^.  Et  encore  :  Que  la  terre  soil  emue  en  sa  presence  ;  car  il 
I'a  afjermie ,  en  sorle  quelle  ne  sera  point  ebranlee^.  Et  Jere- 
mie  :  Oest  le  seigneur  qui  a  affenni  la  lerre  par  sa  sagesse  ^'*. 
Et  le  cantique  de  la  mere  de   Samuel  :   C'est  au  Seigneur 
quappartiemient  les  solides Jondemens  de  la  ierre  ;  et  il  a  mis 
sur  eux  le  monde^^ . 
LesIIebreux       Lcs  Hebreux  etant  dans  ces  sentiinens  n'avoicnt  garde 
considcroieni  Je  croire   qu il  y  eiat  des  antipodes,   ni  que  la  terre  fut 
la  terre  roude  ,  el  (luc  le  soleil  et  la  lune  tournassent  aulour  d'ellc. 


comme  nne 


"^  Prov.vk.  iS.  XXI.  ifi.  Isai.  xxvi.  i\.  Morientes  non  fi^ant,  giganies 
non  resurgaiit.  (Hebr.  Mortuinon  invent,  giganies  non  resurgent.  )  Ps. 
Lxxxvii.  1 1.  Numquid  nwrluis  fades  miiabiiia?  aiit  medici  suscilabunl? 
(Hebr.  autgiganles  resurgent?)  —  ^  f^'tde  Aug.  Beiract.  Z.  ii.  c.  4-  —  ^  S. 
Cluysosl.  Homil.  3i.  inEp.  ad  Rom.  On'gen.  tract.  33.  in  MntOi. — ^Eccl. 
I.  4.  Terra  aulein  in  ailernum  (Hebr.  liu.  in  seculuin)  stat. — '  Psalm,  cm. 
5.  Qui fundasti teiTam  super  stabililalem  suam  :  non  inclinabitur  in  seen- 
turn  seculi.  (Hebr.  Quifundasaierram  super  bases  suas  :  non  dimo\'ebilur 
in  seculum  el  cevuin.)  —  '•Psalm,  cxviri.  go.  —  "  Psalm,  cxiir.  7.  ud facie. 
Domini,  mota  est  (Hebr.  contremuii)  terra.  —  "  Psalm,  cm.  32.  Quirespicit 
terram,  etfacit  earn  tremere.  —  [llahr.  et tremii).  —  ^  t.  Par.  xvi.  3o.  Ps. 
vcv.  9.  —  ^°Jerem.  x.  12.  li.  i5.  —  **i.Reg.n.  8.  Domini enim  suntcar- 
dines  lerrce.  (Hebr.  alitor,  solidajimdamenta  terra;.) 


La  terre,  suivant  leur   systeme,  ii'avait  qu'une  surface  surface  plate, 
plate,  a  i'exception  des  monlagnes  qui  s'elevent  d'espace  p^endue  sur 
en  espacc  ,  et  qui  y  causcnt  quelque  incijalite.  Dans  The-      ""''' 
hren,  la  terre  n'cst  jamais  appclee  du  nora  de  boule,  ni 
d'aucun  autre  qui  ait  rapport  a  ceu.\  que  les  Latins  em- 
pWie.nt,  Old  is  et  globus.  Le  mot  hebreu  Vzn  ihehel ,  qui  est 
ordinairement  traduit  par  orbis  ,  signific  propremenl  le 
melange  ,  ou  I'assemblage  des  creatures  terrcstres;  et  dans 
I'original  nous  lisons  en  quelques  endroifs  que  la  terre  est 
elenduesur  les  eaux,  commele  metal  qu'ou  elend  a  coups 
de  marteau  sur  Tenclume;   par  exemple,  Isaic  dit  :   // 
ete7t(i  la  terre  avec  lout  ce  quelle  produit^.  Et  le  Psalmiste  : 
//  elend  la  terre  sur  les  eaux^.  Dans  ces  passages,  c'est  le 
mot  hebreu  'jn-\  d'oii  derive  celui  de  jj'pT  qui  est    tra- 
duit par  le  firmament ;  (\e  maniere  que  Ion  pourroit  dire 
en  quelque  sens  que  la  terre  est  a  I'egard  des  eaux  infe- 
rieures  ce  qu'est  le  firmament  a  I'egard  des  eaux  supe- 
rieures.  De  meme  que  celui-ci  sert  comme  de  digue  aux 
eaux  superieures,  et  les  empeche  de  tomber  sur  la  terre  ; 
de  meme  la  terre  empeche  les  eaux  sur  lesquelles  clle  nage 
de   se  repandre  ,  et  de  plonger   I'univers  dans   I'ancieu 
chaos.  Nous  aurous  lieu  de  rapporter  encore  d'autres  pas- 
sages, qui  justifient  que  e'etoit  la  I'idee  des  anciens  He- 
breux. 

Nous  ne  remarquons  rien  de  bieti  distinct  sur  la  figure  Les  Hebreus 
de  la  terre.  On  ne  voit  pas  bien  s'ils  la  crovoient  ronde  ou  croyoicnt-ils 
carree.  Quelquefois  ils  semblent  dire  qu'elle  est  carree  :  '^  terre  ronde 
Le  Seigneur  appellera  ses  elus  des  qualre  vents  ^ .  Saint  Jean 
dit  qu'il  vit  qualre  anges  aux  quatre  coins  de  la  terre*,  et 
que  Satan  sortira  de  sa  prison  pour  seduire  les  nations  qui 
sont  aux  quatre  coins  de  la  terre ^.  Et  David  parlant  de 
Salomon  figure  du  Messie  ,  qui  devoit  eteudre  sa  domina- 
tion sur  toute  la  terre ,  s'exprime  ainsi  :  Jl  dcmiiura  depuis 
une  vier  jusqu'd  V autre ,  et  depuis  lejleuve  jusqu'aux  exlremi- 
les  du  viondc'^.  lis  concevoient  la  mer  Mediterranee  a  I'oc- 
cident,  et  la  mer  Caspienne  ou  le  Pont-Euxin  a  I'orient; 
voila  les  deux  mers  :  I'Euphrate  au  nord,car  TEcriture"  le 
met  ordinairement  de  ce  c6te-la,  el  rextremile  du  raonde 


•/sai.  XLu.  5.  Firmans  (Hebr.  Expandens)  terram,  et  qua  germinant  ex 
ea. — -  Psal.  cxxxv.  6.  QuiJirmavu[^t:hT.  expandh)  lemiin  super  aquas. 
— ^Matth.wiv.  3i. — *^p0c.  Tii.  i. — ^  Apoc.s.'L.  7. —  ^  Ps.  lxxi.  3.  — 
^ Jcrem.  i.   i3,  lu.  la.  18.  XLvn.  2.  etpassim. 

a3.  utj 


450  DISSERTATION 

aux  confins  tie  I'Arabie  heureuse  sur  TOc^an.  Tout  cela  in- 
sinue  que  la  terre  eloit  consideree  comme  presque  carree; 
mais  nous  allons  voir  d'aulres  expressions  qui  pourront 
nous  donner  un  plus  grand  jour  sur  cela.  II  est  certain  que 
les  anciens  geographes  '  ont  cru  la  lerre  habitable  beau- 
coup  plus  longue  que  large;  c'est-a-dire  qu'ils  croyoient 
quelle  s'etendoit  beaucoup  plus  de  I'orient  a  i'occident , 
que  du  septentrion  au  midi.  lis  en  parloient  suivant  ce  qui 
leur  en  etoitconnu. 


ARTICLE  III. 

Dc  la  mer,  ct  dc  loutes  les  eaax  qui  sorlent  de  la  terre. 

«^ysi6mc  dcs  L.v  mer  envcloppoit  la  terre  de  toutes  parts,  de  maniere 
Hebreux  lou-  que  celle-ci  n'eloit  que  comme  une  ile  tres  vaste  qui  etoit 
chant  la  siiua-  jq^^  environnee  et  touts  penetree  d'eaux  ,  qui  flottoit  sur 
cet  element,  et  y  etoit  arretee  par  la  toute-puissance  du 
Seigneur.  La  mer  avoit  pourboniesd'un  cote  la  terre  que 
nous  habitons,  et  de  I'autre  une  autre  tevre  sur  laquelle  le 
ciel  portoitpar  ses  extremite;:.  Au  moins,  c'est  ce  qui  pa- 
roitpar  quelques  passages  de  I'Ecriture.  Par  exemple,  la 
Sagesse  dil :  J'efois  avcc  liii  lorsqiiil  metloit  un  cercle ,  ou 
une  ligne  de  circonvallalion,  a  I'abirnc'^.  Et  Job  :  II a  mis 
un  cercle-  autourcles  eaux^ .  II  les  a  comme  ^nfermees  par 
une  ligne  tirec  au  compas.  Et  ailleurs':  C'est  le  Seigneur 
qui  a  mis  des  barrieres  a  la  mer,  en  lui  disant  :  Vousvien- 
drezjusqu'ici,  c'est-a-dire  jusqu'au  rivage,  elvous  n'irezpas 
plus  avanl ,  cL  Id  vous  briserez  I'orgueil  de  vos  Jlols^  ;  ex- 
pressions qui  se  trouvent  repetees  en  plusieurs  autres 
endroits  de  TEcriture^.  Voila  done,  ce  semble,  deux 
limites  oudeux  termesdanslesquelles  la  mer  est  resserree : 


'  Slrabo,  I.  II.  p.  79-  Dionys.  Periegei.  Cicero,  Soma.  Scipionis.  — 
*  Pro\'.  viii.  27 .  Qiiando  ceHa  lege  etgjro  vallabat  abyssos.  (Hebr.  Quando 
descrilebaL  c ire iilum  super  fnciem  abyssi.)  —  ^Job.  xxvi.  10.  Terminum 
circunidedit  acjuis.  (Hebr.  Descripsit  circnlum  super faciem  acjuarum.) 
—  *  Job.  xxxYii'.  10.  I  r.  —  '  Pi,tt,l.  xxxii.  7.  Prov.  viii.  29.  Jerem.  v. 
3  2.  etc. 


SLR  L£  SVSTEME  DV  MONDE.  45  I 

1  un  intcrieur,  c'est  la  lerre  que  nous  hdbitons;  ct  i'aulre 
extericur,  qui  est  une  terre  inconnue  el  inaccessible  aux 
niortels,  ct  clans  laquelle  Ics  bieuheureux  menent  apres 
leur  niort  unc  vie  plcine  dc  dclices.  Nous  parlous  suivant 
Topinion  dcs  e^scnicns,  rapporlec  par  Josephe\  qui  con- 
firme  en  cela  le  sysleme  que  nous  venous  de  proposer.  C'est 
I'idee  que  les  anciens  s'en  ctoient  formee,  comme  on  Ic 
voit  dans  Ic  moine  Cosnie  I'Egyptien^.  Les  nonis  de  cercle, 
de  compas ,  de  ligne ,  de  circonvallalion ,  que  TEcriture 
emploie  pour  marquer  les  bornes  de  la  mer,  nous  font 
croire  que  les  Hebreux  crovoient  la  terre  ronde ,  ou  a  peu 
pres. 

C'est  par  une  suite  de  cette  idee  qu'ils  disoient  par  hy- 
perbole d'un  prince  dont  Tcmpire  devoit  etre  tres  etendu, 
qu'il  domincroit  d'une  mer  a  I'autre  :  Dominabitiir  cL  mart 
nsque  ad  mare^ -^  c'esl-a-dire  par  loute  la  terre,  depuis  un 
bord  de  I'Ocean  jusqu'a  I'autre.  De  la  vient  aussi  que  les 
exlrimiles  de  la.  mer  se  mettent  pour  tout  le  plus  loin  oii  un 
homrae  puisse  allcr.  Sije  prends  les  ailes  de  laurorc  ,  et  qut 
faille  habiter  a  VcxirlmiU  de  la  mer,  ce  sera  votrs  main  qui 
vi'ycotidiu'ra*.  El  pour  marquer  que  les  pluies  et  les  nues 
vienncnl  de  la  mer,  ils  disent  que  le  Seigneur  elcve  les  nues 
dt  I'cxlremite  de  la  lerre'",  e'esL-a-dire  qu'il  les  eleve  de  la 
mer,  qui  borne  de  tous  coles  la  terre.  Moise^,  decrivant 
I'etat  ou  etoit  la  terre  au  commenceraentdu  nionde,  nous 
dii  que  I'abime  envcloppoit  toule  la  icrre ;  et  le  Psalmistc'j 
que  les  eaux  couvroienl  toutc  la  terre.  comme  un  man- 
teau  couvre  I'homme.  Lcrsquc  le  Seigneur  voulut  faire  pa- 
roilre  I'element  aride  ,  il  ordonna  que  les  eaux  qui  etoient 
repandues  sur  toule  sa  surface  ,  a  une  tres  grande  hauteur, 
se  reiirassent  dans  les  abiraes^;  de  maniere  que  la  terre 
parut  tout  dim  coup,  comme  ces  iles  que  I'on  a  vues 
quelqucfois  s'elever  du  fond  de  la  mer,  et  se  raontrer  sur 
I'eau. 

Les  Hebreux  crovoient  aussi  que  les  fonlaines,lesfleuves,     Srsit-meJes 

elgenera!emenitoulesleseauxquisortenldelalcrre,ouqui  ^''^""^"^  'o«i- 
1.11  ,  .'.,  ,  •  *      cliant  les  fon- 

coulent  dans  les  canaux  des  rivieres  ou  desruisseaux,  ve-  y^^^^  les 

noient  de  la  mer'*  :  Tousles  fleuves  cnlrent  dans  la  mer,  etelle  flcuves,  et 

'  Joseph,  de  Bella  jitd.  I.  ii.  c.  ',.p.  7 S3.  —  -  Cosmos  Mg^ptius,  I.  i\. 
p.  186.  et  ieq.  —  ^  Psalm,  lxxi.  8.  Fide  Amoa^  viii.  la.  Mich.  tii.  la. 
Zach.  IX.  10.  —  *  Psalin.  cxxxviii.  9.  Si sumjisero pennas  meas  diluculo 
{Uehr. pennas  auroree),  ethahiUu'ero,  etc. — '  Ps.  cwi-w.";.  Jerem  x.  i3. 
— *  Genes.  1.  2. — '  Ps.  cm.  6. — *  Genes.  1.  5.  10. — '  Ecde.  1.  7. 


45a 


DISSERTATION 


loiiie*  J<;s        fic regofgepoml; lesrivUresreLournent  aulieu  d'oii  elks  sontsor- 

nui  qui  so <  -  ^^^^ ^^c^  qu'elles  CO  ulenl  de  no  uvea u .  C'esl  par  un effel  de  la  science 

Jerro,  ^^^  beigneur,  dit  Salomon  ,  que  les  eaux  de  I  abime  se  rom- 

penl  el  viennent  sourdre  sur  la  terre.  Jacob  en  donnnnt  sa 

(lernicre  benediction  a  Joseph^jlui  ?,o\x\idi\{.c  les  benedic- 

fions  du  cicl  d'en-haut ,  c'esl-a-dire  les  phiies  et  les  rosees  ; 

el  les  bentdictions  deVabtme  qui  est  couche  par-dessous ,  c'est- 

a-dire  I'abondance  des  eaux  des  sources  ,   qui  viennent 

toules  de  la  mer,  sur  laquelle  la  lerre  surnage,  comme 

on  I'a  dit  ci-dcvant.   Moise  repete  les  memos  termes^   en 

benissanl  la  Iribu  de  Joseph ,  peu  avant  sa  niort.  Lorsqu'il 

decrit  le  deluge  *,  il  dit  que  les  calaracles  du  del  s'ouvrirent, 

el  que  toules  les  sources  du  grand  abime  se  romp irenl,  en  sorle 

que  les  eaux  du  ciel  tombant  avec  une  abondance  prodi- 

gieuse  et  celles  de  la  mersortant  avccinipetuosite  du  fond 

dela  terre,  comme  un  fleuve  qui  rompt  ses  digues,  on  vit 

bientot  la  terre  habitable  abimee  sous  les  eaux.  Lorsque 

le  deluge  cessa  ^ ,  Dieu    ferma  ses  sources,  et  empecha 

que  les  eaux  de  I'abime  ne  continuassent  a  briser  leurs 

digues. 

Remarque        Suivant  cetle  idee,  on  ne  doit  ])as  s'elonner  qu'aujour- 

Ei\r  la  source   d'hui  on  ne  irouve  plus  les  qualre  fleuves  du  paradis  ler- 

desquatre       reslre  "^  au  meme  lieu,   el  sortant  d'une  meme  source, 

ileuves  du  pa-  .   i      i 'i  r^'      .  ^  »        -i  i       '     ' 

radis  terrcs-    comme  avant  le  deluge.  L  est  que,  dans  ce  terrible  eve- 

tre.  nemcnt,  les  sources  furent  rompues,  suivant  I'expression 

de  Moise,  les  terres  s^alCaisserenl,  les  eaux  s'ouvrirent  de 
nouvelles  routes,  le  cours  des  fleuves  fut  derange,  leurs 
csnaux  remplis,,  leurs  sources  changees.  Et  lorsqu'apres  le 
deluge  le  Seigneur  iernia  ces  sources,  et  ne  laissa  plus 
couler  qu'autant  d'eau  qu'il  en  falloit  pour  humecter  la 
terre,  les  sources  ancienncs  ne  se  trouverent  plus  en  la 
meme  place,  mais  dans  une  distance  considerable  de  leur 
anciernie  issue.  Nous  n'examiuons  point  ici  la  verite  ou  la 
faussele  de  I'hypolhese  de  Moise:  mais  il  suffit,  pour  veri- 
fier ce  qu'il  dit  de  la  disposition  primitive  de  ces  quatre 
fleuves,  que  depuis  le  deluge  on  remarque  encore  leurs 
quatre  sources  dans  le  meme  pays  qu'autrefois,  el  dans 

'  I'^•o^'.  IK.  20.  Sapient/a  illius  crupetunt  abyssi.  (Hebr.  Scienlia  tilt  us 
scissi  sunt  abyssi).  —  *  Genes,  xlix.  i5.  Benedicdoiiibus  abyssi  jacentis 
cfeori«/w.  (Hebr.  aliter,  desubier.) — ^Deul.  xxxiu.  i3.  Aicjue  abysso  subja- 
cente  [Hahr.  jaceiiLe desubier.) — *  Genes,  vii.  11. — '  Geues.ym.  2. — *  Ge- 
nes. II.  10.  et  serj/e/.\oyez  la  Dissertation  sur  le  paradis  terrestre,  torn.  i"^. 


I 


BUK  LE  SYST^ME  Dt    MO>DE.  453 

une  distance  qui  n'cst  pas  fort  grande,  si  Ton  fait  attention 
al'extr^me  renversement  que  cette  inondationadu  causer 
dans  toute  la  terre.  Quand  les  eau\  no  viendroient  pas 
immediatementdelaraer,commelecroYoientlesHebreux, 
on  ne  pent  nier,  sans  dementir  Moise,  qu'alors  les  sources 
des  rivieres  et  des  fleuves  ne  se  soient  rompues;  et  la  chose 
ne  pouvoit  arriver  aulreraent,  apres  tant  de  pluies  qui 
etoient  tombees.  Les  souteriains,  etant  irop  remplis,  re- 
gorgerent  sans  doute,  s'ouvrirent  de  nouvelles  issues,  et 
en  supprimerenl  beaucoup  d'anciennes.  C'en  est  autant 
qu'il  en  faut  pour  juslifier  ce  que  dit  Moise,  et  pour  accor- 
der  son  recit,  en  parlant  de  ce  qui  etoit  avant  le  deluge, 
avec  ce  que  nous  voyons  aujourd'hui. 

Tous  les  pavs  ou  Ton  ne  pouvoit  aller  que  par  mer  Ce  que  les 
etoient  compri's  par  les  Hebreux  sous  le  nom  Allies  a'^^  Hebreux  en- 
nations.  lis  regardoient  la  tcrre  conime  un  tres  vasle  con-  i^  nom  d'ile*. 
tinent ,  qui  comprenoit  divers  fleuves  et  divers  lacs,  qu'ils 
appeloient  aussi  mers.  Mais  dans  la  grande  mer  etoient  re- 
pandues  differentes  iles ,  separees  de  la  terre  de  tout  cote. 
Ce  que  Ton  dit  communement,  que  dans  leur  langage  le 
nom  diile  se  prend  pour  tous  les  pays  marilimes,  n'est 
point  vrai  dans  toute  la  rigueur.  Us  avoient  la  meme  no 
tion  A'lle  que  nous  :  mais  corame  ils  connoissoient  fort 
peu  la  geographic ,  et  qu'ils  ne  voyageoient  que  tres  rare- 
ment  par  mer,  il  est  arrive  quelquefois  qu'ils  ont  donne 
le  nom  d'ile  a  des  pays  maritimes  qu'ils  croyoient  separes 
de  leur  continent ,  f)arce  qu'ils  n'y  alloient  que  par  mer. 
Par  exemple,  ils  disent  que  les  descendans  de  Javan  peu- 
plerent  les  iles  des  nations  ^  ,  c'cst-a-dire  I'Asie  mineure , 
les  lies  de  I'Archipel ,  le  Peloponese.  Et  ailleui's-,  ils 
donnent  le  nom  A' He  de  Cethim  a  la  Macedoine  ,  et  celui 
da  lie  d^Elisa  ^  a  I'Elide  dans  le  Peloponese.  C'est  une  faute 
qui  leur  est  tres  pardonnable;  les  anciens  en  ont  fait  de 
pareilles  et  de  bien  plus  grandes  en  maliere  de  geographic, 
et  cela  dans  des  temps  beaucoup  plus  eclaires  que  ne  I'e- 
toient  ceux  oii  ecrivoient  les  auteurs  sacres  ,  et  parmi  des 
peuples  bien  plus  polls  et  plus  instruits  que  ne  pouvoient 
etre  les  Hebreux.  S'il  y  a  de  I'erreur  dans  ces  expressions, 
elle  est  toute  sur  Ic  compte  du  people,  et  nullement  sur 
celui  de  I'ec'rivain,  qui  a  du  se  proporlionner  a  son  lecteur 
et  a  son  auditeur,  pour  se  rendre  inlcliigible. 

'  Gf/i«,  X.  5. — ^Jerem.  ii.  lo.  Isai,  xxiir.  i.  la. — '  Ezech.  xxtii.  -. 


k 


4i4  I)ISSEUTATIO> 


ARTICLE  IV. 

Dos  cicus. 


LesHebreux      Les  Hebreux  reconnoissenl  trois  cieux  divers,  et  d'unc 

reconnois-      elevation  inegale.  Le  premier  et  le  moins  eleve  estl'air,  ou 

soient  trois     yolcnt  les  oiseaux  du  cieP  ,  et  ou  sont  les  nues ,  qui  re- 
cieux  diTers.  ,         ,  ,  ^.        i^  r  j 

pandent  les  eaux  sur  la  terre.  C  est  la  que  sc  torment  les 

vapeurs  et  la  rosee  ,  suivant  leur  opinion.  Le  second  ciel, 

superieur  au  premier,  est  le  firmament,  dans  lequel  sont 

comme  enchassees  les  etoiles ,  et  ou  ie  soleil  et  la  June  ont 

leur  route  marquee  par  les  ordres  du  Tout-Puissant.  Au- 

dessusdu  firmament  sont  les  eaux  superieures,  dont  on  par- 

lera  dans  la  suite.  Enfin,  le  troisieme  ciel,  et  le  plus  eleve 

de  tous  J  est  ^elui  ou  reside  la  majeste  du  Tres-Haut  ^. 

C'est  la  ou  saint  Paul  fut  ravi ,  et  ou  il  enlendit  des  choses 

qu'il  n'est  pas  perrais  a  Thomme  de  pubiier  ^ 

Solidlie  du      L'air  est  asse./CDnnu,  et  personne  n'ignore  que  parmi 

firmament  se-  ]q^  Hebi'eux  iS  ii'ait  ^orte  le  ncra  de  ciel.  Ouant  au  firma- 

lon  les  an-  ..     n/r   ..  '  i  a  .- •        d  .        ''     i    • 

dens  H(5-       ment,  Moise  nous  apprend  *  que  Diea  I  ayant  cree,  lui 

breux;  donna  le  nom  de  ciel,  et  y  placa  le  soleil,  la  lune  et  les 

astres;  et  qu'il  servit  h  separer  les  eaux  inferieures  d'avec 
les  eaux  superieures.  L'f.nliquile  chrerienne  a  ele  fort  par- 
tagee  sur  la  nature  et  les  qualiles  du  firmament,  et  encore 
aujourd'h'ji  les  comaienlaleurs  juifs  et  chretiens  sont  sur 
ceia  assez  peu  d'accord  entre  sux.  Les  uns  ^  croient  que 
c'est  comme  une  glace  solide  et  Ires  dure ,  qui  soutient  au- 
dessus  d'elle  une  prodigieuse  quantite  d'eaux;  d'autres  *• 
I'ont  forme  d'une  matiere  de  feu  ;  d'aulres  ' ,  d'eau  simple; 

*  Genes,  i.  26.  28.  n.  19.  etpassim. — -  Ps.  cxiii.  24. — ^  2.  Cor.  X11.2. 
4-  —  *  Genes.  1.  7.  8.  —  *  Joseph.  Antiq.  I.  1.  c.  2.  Tov  cupavcv  toI;  oXot; 
e7nT;8y,(ii...  y-puffraXXovTE  TuioiTrr'^a;  aurw,  x-al  vJ-sisv  auTOv,  zxt  uiTw^r, ,  ex. 
Sever.  Gabal.  Oral.  2.  Cyr'dl.  Jeros.  Calech.  9.  No^'al.  lib.  11.  de  Trinit. 
cap.  8.  Ambi-os.  lib.  11.  cap.  4.  Ilcxaemer.  Uicronym.  Ep.  82.  ad  Ocean. 
Tlieodoret.  c/.ii.  in  Genes.  Mart,  f^ict.  lib.  i,  carm.  in  Genes.  Cosm. 
Mirypt.  l.x.  Beda  Ilexaemer.  Raban.  in  Genes,  i.  Honor.  Aiiguslod.  I. 
II.  de  Imag.  mundt.  Procop.  in  Genes. — ^  Hildebert.  J^uron.  tract.  Thtot. 
cap.  23.  Hugo  Viclor.  Hil.  in  Psal.  cxxii.  et  alii.  —  '  Fide  Damascen. 
I.  u.  de  Fide,  c.  6. 


SUR  LE  STST^ME  VV  XUNDE.  455 

d'aulres  ' ,  de  vapeurs,  d'air,  ou  de  fumee;  d'aulres  enont 
fail  un  compose  des(juatreelemens;  et  d'aulres  enfin  veu- 
leut  que  ce  soit  un  cinquierae  elemenl,  different  des  qualre 
autres. 

Mais  loutes  les  expressions  de  I'Ecrilure  nous  persuadent 
que  les  anciens  Hebreux  croyoient  le  firmament  un  corps 
Ires  solide,  et  capable  de  supporter  un  ires  grand  poids, 
tel  qu'est  celui  des  eaux  superieurcs  dont  il  est  charge.  On 
pent se  le reprecenter  comme  unc  voute  extremement  vaste 
el  massive.  C'est  I'idee  qu'en  a  eue  Josephe  ^  lorsqu'il  dit 
que  Dicu  a  enveloppe  le  ciel  de  glace.  Le  mot  hebreuv»p"i, 
rakt'ah,  que  Ton  a  traduil  parj^V/W2waj/«?»,  signifie  pro- 
prement  une  plaque  de  metal  etcndueacoups  de  marteau. 
Dans  Job  ^,  les  cieux  sont  compares  a  un  miroir  de  bronze 
batlu  au  marteau.  JsaJc  *,  suivant  la  traduction  des  Sep- 
tante,  du  syriaque  et  de  I  arabe,  dit  que  le  Seigneur  itend 
les  cieux  comme  une  voulr;  et  c'est  de  la  que  la  plupart  des 
peres  ont  pris  leur  idee  du  firmament.  Moise  ^  nous  dit  que 
lorsque  Dieu  voulut  envoyer  le  deluge,  il  ouvrit  les  cala- 
ractes  du  ciel,  et  fit  tomberl'eau  avec  impetuosite;  etlors- 
qu'on  demande  que  le  Seigneur  descende  du  ciel,  on  le 
prie  de  le  rompre  :  Utinam  dirumpcres  ccelos,  et  descenderes!^ 
Saint  Matthicu "  et  saint  Marc  ^  disent  qu'au  bapleme  de 
Jesus-Christ,  les  cicux  se  fendirent  sur  lui,  et  qu'on  vit 
rEsprit-Saint  descendre,  et  se  reposer  sur  sa  personne. 

II  est  vrai  qu'en  quelques  endroits  on  compare  les  cieux 
a  une  lenle.  Le  Psalmiste  dit :  Voiis  etendez  les  cieux  comme 
une  coiirtine^.  Et  Isale  :  Void  ce  que  dit  le  Seigneur,  qui  cree 
les  cieux,  cl  qui  les  etend^".  Et  ailleurs:  Fous  avez  ouhlie  le 
Seigneur  qui  vous  a  cree,  qui  a  efendu  les  cieux,  etj'ondi  la 
terre^^.  Et  Jeremie:  Celui  quia  cree  la  terre  par  sa  puissance, 
et  qui  I' a  ajfermie  par  sa  sages  se,  et  qui  a  etendu  les  cieux  par 
sa prudence^^ .  Et  Isaie  dit  aussi  que  les  cieux  se  rouleront 


^ Baiil.  Hi.mil.  3.  in  Hexaem.  Ctrg.  Nyss.  in  Hexaem.  Euseb.  ptcep. 
I.  XI.  o.  1 6.  .^ug.  opere  imperfecta  in  Genes,  ad  litter.  Rupert,  in  Genes. 
— *  Joseph,  lib.  i.  c.  i .  uintiq.  —  ^  Job.  xxxvii.  i  8.  Tujhrtisan.  cum  eo 
fahricatus  es  ccelos,  qui  solidissimi  quasi  cere  fusi  sunt.  (HcLr.  Ntimquid 
expandisii  (quasi  malico)  cw/w  eo  ccelos  ,  valklos  sicut  speculum  fusum.) 
—  *  Isai.  XL.  aa.  O  otv;ox;  w;  xouapav  nt  cusaviv,  xal  (T'.xrE'va;  w;  (wr;vTv 
xaTcixtlv.  —  *  Genes.  \a.  ri.  —  *  Isai.  hit.  i  .  —  '  MaU.  in.  i6.  — 
•  Marc.  I.  10.  — ^Psal.  cm.  3.  —  *°  Jsai.  xm.  5.  —  *'  Isai.,  hi.  i"?.  — 
•'  Jirem.  li.  i  5. 


4oG  DISSEKTATIOIS 

comme  un  litre  * ,  lorsque  le  Seigneur  exercera  ses  ven- 
geances. Enfin  le  passage  que  nousavons  cite  auparavant, 
et  que  lesSeptante  traduisentpar,  //  elendles  cieux  comme 
une  voute,  porle  selon  I'hebreu^  :  //  etend  les  cieux  comme 
une/oilejine,  ou  une  peau  deliee.  Mais  dans  ces  passages  on 
veut  simplement  relever  la  puissance  infinie  du  Seigneur, 
qui  a  forme  les  cieux ,  ct  qui  leur  a  donne  leur  consistance 
etleur  elendue,  avec  aulant  de  facilile  que  s'il  eut  voulu 
simplement  etendre  une  tente,  ou  deplier  un  linge.  Enfin, 
lout  ce  que  Ton  vient  de  dire  confirme  admirablement 
I'hypothese  qui  veut  que  le  firmament  soil  au-dessus  de  la 
terre  en  forjue  de  voute  ,  en  sorte  que  ses  extremiles  por- 
tent sur  cettc  terre  que  Ton  concevoit  au-dela  de  I'Ocean. 

„„^*^1"^  '*^'      C'est  en  effet  I'idee  que  I'Ecriture  nous  en  donne;  les 
Hebreux  en-         ^    >     •.  •      j        •   \  ..  >  t.  . 

tendoicnt  par  extrcmiles  du  ciel  sont  marquees  comme  une  distance  et 

les  extremiles  uneloignement  infini.  Quandvous  seriez  repousses jusqu^ aux 
du  ciel,  extremiles  da  ciel^je  saurai  vous  enfaire  revenir,  dit  le  Sei- 

gneur^. Et  ailleurs  "^j  il  menace  Babylone  de  lui  susciter 
des  enncmis  de  tons  cotes,  et  de  les  appeler  contre  elle 
des  extremiles  du  ciel.  Et  le  Psalmiste  ^,  decrivant  la  course 
journaliere  du  soleil,  ihl  qu'il  s'elance  comme  un  geant;  il 
part  d' une  cxtremile  du  ciel,  el  sa  course  s'etendjusqu'd  V autre 
exlremile,  et  iln'y  a  personne  quipuisse  se  cacher  d  sa  chaleur. 
Job  dit :  Les  colonnes  du  ciel  tremhlent,  el  sont  saisies  de 
frayeur  lorsque  le  Seigneur  fait  eclaler  sa  colere  ^.  Et  I'auteur 
de  I'Ecclesiastique:  Le  ciel  et  le  ciel  des  cieux,  Vabime,  la 
terre,  et  tout  ce  qui  y  est  compris,  seront  ehranles  par  ses  re- 
gards; les  monlagnes ,  les  coUines,  el  les  fondemens  de  la  !erre„ 
Ircmbleront  de  frayeur  d  son  aspect  "' .  Toutes  ces  manieres 
de  parler  nous  donnent  I'idee  d'un  edifice  qui  est  ebranle 
par  ses  fondemens,  et  dont  I'agilation  se  repand  partout, 
et  jusqu'aux  toils.  Le  ciel  est  comme  le  toit  de  cet  edifice 

* /$a/.  XXXIV.  4.  Complicahimtur  (Hebr.  Fohe::tur)  sicul  liber  cceli. 
—  ^  Isai.  XL.  22.  Qui  cxiendit  velut  iiihilum  {Hebr.  vehtt  conopoeum) 
coelos. —  ^  Detu.  xxx.  \.  Si  ad cardines  cceli  fiieris  dissipatus.  (llebr.  Si 
fuerit  de.pulsio  tun  in  exlremo  cceloriim.'  1.  Esdr.  i.  (j.  Kiiainsi  abducti 
fucriiis  ad  exii-ema  cceli.  (Hebr.  Si  fuerit  depuhio  vesira  in  extrcmo  cce- 
loruin.)  —  ''/5a/.  XIII.  5.  A  sumniitale  cceli.  (Hebr.  Ab  exlremo  coelo- 
rum.)  —  *  Ps.  xviii.  7.  A  sumino  coelo  (  Hebr.  Ab  exlremo  ccehrum ) 
egressio  ejus  :  el  occursus  ejus  uscjue  ad  summum  ejus.  (Hebr.  el  rwolu- 
tio  ejus  super exirema  eorum.)  — ^  Job.  xxvi.  11.  Columnce  cceli contrc- 
miscunt,  eipavent  ad  nuium  ejus.  '^Hebr.  ab  increpalione  ejus.) —  ^Ercli. 
XVI.  18.  19. 


sun  LE  SYSxiMB  DU  MOMDE.  467 

dont  la  terre  porte  les  colonnes.  On  fera  voir  ci-apres  que 

ces  notions  n'etoient  point  particulieres  aux  Hebreux,  et 

que  plusieurs  philosophes  les  ont  concues  de  meme. 

La  solidite  et  rimmobilite  des  cieux  sont  des  suites  des     Immobiliio 

principes  que  Ton  vient  de  proposer.  Si  ce  sont  des  "laces  ^es  cieux  se- 
K,  *^        '  1  1.  I  »  •         ''11-1  lonlesanciens 

d  une  grandeur  et  d  une  durete  impenetrable,  ils  ne  peu-  Hetreux. 

vent  etre  que  tres  solides;  s'ils  sont  fondessur  la  terre  qui 
est  au-dela  de  I'Ocean,  s'ils  sont  supportes  sur  des  co- 
lonnes etablies  par  la  main  de  Dieu  meme,  ils  ne  peu  vent 
manquer  d'etre  immobiles  et  inebranlables.  Le  Seigneur 
par  sa prudence  a  ajfermiles  cieux,  dit  Salomon  ';  et  la  Sa- 
gesse  declare  quelle  etoit  presente  lorsque  le  Tout-Puis- 
sant rendoit  les  cieux  fermes  et  stables  ^.  Lorsque  I'Ecri- 
ture  veut  raarquerunc  chose  stable,  etd'une  duree  infinie, 
elle  dit  qu'elle  durera  autant  que  le  ciel.  Le  Psalmiste 
parlant  du  regne  du  Messie,  sous  le  symbole  de  celui  de 
Salomon,  dit  que  son  tro?ie  subsistera  autanl  que  le  cieP.  Et 
Moise  parlant  aux  Hebreux  :  Le  Seigneur  a  promis  avec  ser- 
vunt  d  vos peres  de  leur  donner  cette  terre,  pour  la  posseder 
aussi  long-lemps  que  le  ciel  sera  aii-dessus  de  la  terre  *. 

Les  eaux  superieures  qui  sont  au-dessus  du  firmament     Systemedes 

ont  beaucoup  exerce  les  anciens  et  les  nouveaux  inter-  ^*^'"'^"^  *<*"" 
,  *  ,  ,  ,  .      .  I  chanties  eaux 

pretes;  les  uns  ayant  pretendu  que  ce  n  etoit  autre  chose  superieures. 

quelesnues;d'autres,  de  simples  vapeurs^.  Mais  lesanciens 

Hebreux  I'entendoient  tout  simplcment  et  sans  finesse;  ils 

croyoient  qu'il  y  avoit  la  de  veritablcs  eaux,  fluides,  cou- 

lantes,  et  de  meme  nature  que  les  eaux  sublunaires.  Et  c'est 

eneffetridee  qu'en  donne  I'Erriture,  et  celle  qu'en  onteue 

la  plupart  des  anciens  peres  *".  Moise  '  nous  dit  que  c'est  de 

la  que  fondirent  les  eaux  qui  inonderent  la  terre  au  temps 

du  deluge,  les  cataractes  du  ciel  s'etaut  ouvertes,  et  Dieu 

ayant  rompu  les  digues  de  ces  immenses  reservoirs.  Un 

abimc  appelle  un  autre  ahinu,  dit  le  Psalmiste  *  ;  Tabime  des 

eaux  superieures  semble  exciter  I'abime  des  eaux  infe- 

ricures,  au  bruit  des  eaux  quevous  faites  tomber.  J'exaucerai 


*  Pfvi'.  lit.  19. —  ^ Pros',  vin.  27.  Quando  proeparabat  (Hebr.  stabilie- 
bat)  coelos.  —  '  Psal.  lxxiviii.  3o.  —  *  Deut.  xi.  21 .  —  *  f'lde  Aug.  de 
Genes,  ad  Liuer.  I.  11.  c.  5.  —  *  Justin,  seu  alius,  Qui  ad  Oithodar.  qu. 
93.  Eustach.  j4nlioch.  in  Ilexaem.  Basil,  liomil  iii.  in  Hexaem.  Nyssen. 
ill  Hexaein.  Amlros.  in  Hexaeni.  l.u.  c.  3.  Severi  Gabal.  orat.  11.  de 
creat.  Theod  qu.  11.  in  Gen.  Pivcop.  Beda,  Raban.  in  Genes.  Fide  et 
jdugustin.  de  Genes,  ad  lilt.  lib.  u.  c.  i. — ''Genes,  vii.  1 1. — *  Ps.  ill  8. 


■458  DISSERTATION 

hscieux,  dit  le  Seigneur  ',  el  les  cieiix  exauceront  la  terre; 
les  cieux  recevront  de  moi  les  eaux  pour  les  repandre  sur 
la  terre.  J'elois  avec  lui,  dil  la  Sagesse,  lorsqii  il ajjermissoil 
le  del  eleve  aa-dessus  de  la  terre,  et  quilforlijioil  les  sources 
de  I'ahime  ^,  c'est-a-dire  limmense  reservoir  des  eaux  su- 
perieures.  Ailleurs  I'Ecrittfre  ^  nous  depeint  les  nues 
comme  des  outres  qui  se  reraplissent  a  mesure  que  le  fir- 
mament s'ouvre  et  laisse  venir  ces  eaux  dans  leur  capacite. 
Lorsque  le  Seigneur  menace  con  ^Deuple  de  lui  envoyer  la 
steriiite,  il  dit  qu'il  termer?  le  :el,  et  que  la  pluie  ne  tom- 
bera  point  *;  que  le  ciel  sera  pour  eux  un  ciel  de  fer  ^.  En 
un  mot,  comme  I'Ocean  est  la  source  de  toutes  les  eaux 
inferieures,  le  firmament  est  la  source  de  toutes  les  eaux 
superieures. 


ATICLE  V. 

Des  astres  et  des  meteores. 


Systemedes      La  vivacite  du  genie  des  Hebreux  anime  dans  leurs  dis- 

Hebreux  lou-  cours  loute  la  nature;  et  si  Ton  prenoit  leurs  expressions  a 

chant  les  as-   jg  ig^pg    qjj  diroit  qu'ils  consideroient  le  soleil  et  la  lune 

tres.  1       A  ^.      ,  .        ,,.  .  ^1 

comme  des  etres  animes  et  inlelligens,  qui  annonccntla 

grandeur  de  Dieu,  et  dont  la  voix  se  fait  entendre  par 
toule  la  terre,  et  jusqu'aux  extremites  du  monde*";  comme 
des  etres  qui  connoissent  leur  route,  et  le  temps  de  leur 
lever  et  de  leur  coucher  '';  qui  obeissent  aux  ordres  du 
Seigneur;  quis'avancent,  qui  s'arretent,  qui  retrogradent, 
des  qu'il  le  leur  ordonne  *;  qui  ss  couvrent  de  tenebres  en 
plein  jour  ^,  et  qui  retirent  leur  lumisre  au  dedans  d'eux- 


*Osee,  II.  21.  —  *jP7W.  vrii.  27.  Quando  cethera  fii-mabat  sursiim, 
ctlihrabatfontes  cequarum.  (Hebr.  et  roborabat  fonies  abyssi.)  —  ^'/o*. 
xxxviti.  37.  Quis  enarrabu  coelorum  ralionem?  el concentum  cceli  quis 
dormiT-e faciei?  {Hebr. ']uxta  quosdam  :  Quis  dinumerabit  nitbes  sapienlia? 
et  aires  cceli  quis  dec umbere faciei?)  —  *  3.  Reg.  via.  35.  —^  Le\'il. 
XXVI.  19.  —  ^  Psal.  XYiii.  5.  —  '  Ps.  cm.  19.  —  ^  Jos.  x.  12.  i3. 
Habac.  111.  ir.  4.  Reg.  xx.  y.  to.  11.  Isai.  xxxviii.  8.  — '  Jmot.  Tin.  9, 
Jerem.  xv.  9.  etc. 


SLR   LE  SYSlfcMF.  DL"  MO.^DE.  i5g 

meines,  aussil6tque  le  Tout-Puissant  se  met  en  colcre  '; 

cnfm  CCS  deux  astres  sont  representes  comme  le  roi  et  la 

reine  du  ciel  *,  donl  I'un  preside  au  jour,  el  I'aulre  a  la 

nuit,  el  excrccntleur  domination  sur  ies  aulres  astres,  ap- 

yclvs  dans  le  style  des  Hebreux  I'armcc  da  cicP .  Mais  toules 

ces  expressions  sont  des  metapliorcs  donl  on  ne  pcutrien 

conclurc  touchanl  I'idee  simple  et  naturelle  que  Ies  He-  ^ 

breux  avoient  de  lous  ces  astres.  lis  ne  Ies  supposoient 

point  reellement  animes;  mais  ils  supposoient  que  le  so- 

leil  et  la  lune  etoient  reellemeut  Tun  et  I'autre  dans  un 

mouvement  continucl  pour  ailcr  del'orient  a  I'occident, 

et  de  roccident  a  Torient. 

Nous  ne  trouvons  pas  dans  I'Ecriture  un  systeme  bien    Sysiemedes 

marque,  pour  la  raaniere  dent  ie  soleil  relourne  de  I'occi-  Hebreux  tou- 

dent  a  Torient:  et  Ies  anciens  ont  eu  sur  cela  des  opinions  ^'^°    ..  ,^ 
, . ,  .  r       _         course  du  so- 

assez  sm2;uheres,  que  nous  exposerons  ci-apres.  \  oici  ce  igii. 
que  I'Ecriture  nous  en  dit:  Les  cieux  annoncent  la  gloire  de 
Dieu —  Le  jour  porte  I'ordre  au  jour;  el  la  nuit  le  declare  d 
la  nuit.  Leiir  voix  se  Jail  entendre  jasquaux  exlremiles  da 
monde;  il  Ies  fait  servir  dc  lenle  au  soleil.  Ccl  aslre  parott 
corimc  un  epoux  qui  sort  de  sa  chamhre  nuptiale;  il  s'elance 
plcin  (Tardcur  comme  ungeantpourfournirsacarriere.  II part 
(fune  extrcmiU  du  riel,  .:l  sa  course  s'elend  jusqu'd  I'autre 
cxlrtniite;  cl  ilnij  a percoTtne  qui puissc  se  cachcr  a  sa  cha- 
Icur  *.  Le  sage  dans  I'Ecclesiasle  nous  dit  quelque  chose 
de  plus  expres  :  Le  soleil  se  leve  et  se  couche;  et  il  relourne 
lout  es souffle  a  son  lieu  oil  il  se  live:  il  ra  vers  Ic  midi,  el  il 
relourne  vers  le  septenlrion  ^.  Salomon  marque  ici  deux 
cboses;  la  premiere,  le  mouvement  diurne  et  quotidien  du 
soleil  de  I'orient  a  I'occident,  et  son  retour  de  I'occident 
a  I'orient :  Use  leve  el  se  couche;  el  il  relourne  loul  essouf/le  d 
son  lieu  oil  il  se  leve.  La  seconde  est  le  mouvement  annuel 
du  soleil  d'un  tropique  a  I'aulre,  dans  Ies  differens  signes 
du  zodiaque;  c'est  ce  que  Salomon  exprime  par  ces  mots: 
//  va  au  midi,  et  il  lourne  vers  le  scplailrion.  \pres  avoir 
parcouru  Ics  signes  qui  sont  au  midi,  il  retournc  vers  ceux 

•  Joel.  II.  lo.  m.  i5. — *  Genes   i.  i6.  Ps.  cxxxt.  8.  i). — ^  4.  Reg.  itii. 

16.  XXI.  3.  5.  xxiii.  4.  5.  2.  Par.  xxxiii.  3.  Isai.  xxxix.  4.  Jei-etn.  viii.  2. 
XIX.  I  3. — *  Psalm,  xviii.  5.  6.  In  sole  posuit  tabemaculuni  sttum.  ^Hebr. 
Soli  posuit  tabemaculuni  in  eis.)  Et  ipse  tairujua'n  sponsus,  etc. — *  Eccle. 
1.  5.  6.  Oritur  sol  et  occidii ,  et  ad  Lcum  suuni  revertitur  :  ilitfite  renas- 
ceiis,  gjrratper  meridiem,  etfleclitur  ad  aquilonem  (Hcbr.  Oriiur  sol,  ei 
occidii  sol,   et  ad  locum  suum  anhelat  uii  oritur  :  vadit  ad  meridiem ,  et 

Jleciiiur  aquilonem.) 


46o  DlSSEHTATIOIt 

qui  sont  au  septentrion,  et  fait  ce  niouvemcnt  par  une  cir- 
culation continucUe.  Le  mouvement  du  soleil  de  rorient  a 
I'occident  est  sensible,  de  meme  que  son  mouvement  du 
midi  au  septentrion;  mais  la  difficulte  consiste  a  expliquer 
le  retour  de  roccident  a  {'orient. 

Les  anciens  avoient  sur  cela  deux  systemes ;  le  premier, 
que  le  soleil,  arrivant  a  I'occident,  se  plongeoit  dans  la 
mer  ,  et  y  reparoit,  par  la  fratcheur  et  I'humidite  de  cet 
element ,  I'epuisement  qu'il  avoit  souffert  durant  tout  le 
jour  '.  De  la  il  se  rendoit  au  lieu  de  son  lever,  par  des 
routes  inconnues  aux  hommes.  Le  second  systeme  etoit 
que  le  soleil  etant  arrive  a  I'occident ,  y  rencontroit  du 
cote  du  midi  une  tres  haute  montagne  ,  de  figure  conique, 
ou  de  pomme  de  pin  ,  autour  de  laquelle  il  tournoit  pen- 
dant la  nuit ;  en  sorte  que  les  jours  etoient  plus  ou  moins 
longs,  suivant  que  le  soleil  tournoit  autour  de  I'endroit 
ou  la  montagne  etoit  plus  ou  moins  epaisse  ^.  Nous  ne 
dirons  point  ce  que  pensoient  les  Hebreux  sur  cela  ;  peut- 
etre  meme  Salomon  vouloit  dire  que  chaque  nuit  le  soleil 
parcourt  alternativement  les  parties  meridionales  et  sep- 
tentrionales  de  la  terre  ,  pour  les  eclairer  pendant  la  nuit , 
comme  il  nous  eclaire  pendant  le  jour. 
SyBteme  des  II  semble  que  les  Israelites  regardoient  les  eclipses,  lant 
Hebreux  tou-  (J^  soleil  que  de  la  lune  ,  comme  des  effets  miraculeux  ,  et 
chanties  '-i    i  ■      ^  •  .        n  i>        *,.        i        ' 

Eclipses  du  so-  ^^       ^^  croyoient  aussi  surnaturelles  que  1  arret  ou  la  re- 

leileidela      trogradation  de  ces  deux  astres.  Dans  Job  ^ ,  Eliu  semble 
lune.  dire    que  Teclipse    est  causee   par   I'interposition  de  la 

main  de  Dieu  enlre  nous  et  I'astre  eclipse  :  //  cache  avec  ses 
mains  la  lumiere.  Et  ailleurs  Job  lui-meme  dit :  Dieu  ordonne 
au  soleil,  et  le  soleil  ne  se  leve  point ;  il  enjerme  les  etoiles 
comme  sous  le  sccau  *.  Ezechiel  ^  parle  d'une  maniere  plus 
populaire ,  lorsqu'il  dit  que  le  Seigneur  couvre  le  soleil 
d'un  nuage  ,  quand  il  veut  nous  en  derober  la  vue  par  une 
eclipse.  A  la  mort  de  Pharaon,  roi  d'Egypte  ,  toute  la  na- 
ture sera  en  deuil  :  Je  couvrirai  le  del,  et  j'obscurcirai  les 
etoiles  ;  je  mettrai  un  nuage  sur  le  soleil ,  et  la  lune  ne  re- 

'  Homer.  Iliad.  0.  x.  485. 

Ev  (5''  ETrea'  (oxsavio  Xau.7;pbv  cpab?  viaXtoio. 

EXxov  vuxTa  [j.sXatvav....  etc. 
Vide  et  Iliad.  H.  Et  Strabon.  1. 1.  Georg. — *  Cosmas  Egyplius,  I.  iv.  Cas- 
mograph . p .  i^^.elseq   — ^  Job.xxxn.  3a.  — *  Job.  ix.  7. —  '  Ezech. 
xxxn.  7. 


SUR  I.ESYST^ME  DU   MONIIK.  46 1 

pandra  poml  sa  lumiere.  Joel '  uuirque  clairement  en  irois 
enLlroiis  robsciirdsscment  du  soleil  ct  dc  la  lunc  ,  comme 
une  des  plus  grandes  marques  de  la  colere  de  Dieu  contre 
!cs  lioninies. 

Le  tonneirc  etoit  aussi  considere  corame  un  pheuo-  Systemedes 
mene  en  quelque  sorte  surnaturel ,  et  comme  un  elTet  de  chantT^tMi^" 
la  colere  tie  Dieu.  Les  Hebreus;  lui  donncnt  toujours  le  nerre. 
iiom  de  la  voix  du  Seigneur  ^.  Mon  cceur  a  etc  saisi  d' effroi , 
r.l  s  est  elancc  hors  dc  sa  place  ,  ditEliu  dans  le  iivre  de  Job  ^. 
Ecoutcz  avcc  attention  le  son  terrible  de  sa  voix ,  et  le  rugisse- 
ment  qui  sort  de  sa  houthe.  II  en  fait  retentir  le  bruit  sous 
toule  I' ct  endue  du  cicl ;  ct  il  en  fait  briller  la  lumiere  jusqu  aux 
extremites  de  la  terre.  jlpres  la  lumiere  vient  le  rugissement 
de  sa  voix ;  il  tonne  cTune  voix  majestueuse ,  et  sa  voix  ne 
tarde  pas  a  se [aire  entendre.  II  tonne  d'unc  voix  qui  remplit 
d' admiration  ;  il  fail  de  grandes  choses  que  nous  pouvons  com- 
prendre.  On  peut  voir  lout  le  psaume  xxviii ,  qui  est  dans 
le  sens  lilteral  une  description  de  la  force  et'des  effets  du 
tonnerre.  La  voix  du  Seigneur  sf-  fait  entendre  sur  les  eaux  ; 
le  Dieu  de  gloire  a  tonne  :  le  Seigneur  tonne  sur  les  grandes 
eaux  J  c'est-a-dire  sur  les  nuees.  La  voix  du  Seigneur  se  fait 
entendre  avec  force ;  la  voix  du  Seigneur  se  fait  entendre  avcc 
majeste.  La  voix  du  Seigneur  brise  les  cedres;  le  Seigneur 
brise  les  cedres  du  Liban;  il  les  fait  sauter  comme  de  jeunes 
taureaux;  il  fait  sauter  les  montagnes  du  Liban  et  de  Sir  ion 
comme  les  petits  des  licomes.  La  voix  du  Seigneur partage  les 
flammes  de  feu;  la  voix  du  Seigneur  fait  trembler  le  desert ; 
le  Seigneur  fail  trembler  le  desert  de  Ccules.  La  voix  du  Sei- 
gneur fait  avorter  les  biches ,  et  elle  depouille  lesforcts^. 

Les  eclairs  sont  desii^nes  ordiuaircment  sous  le  nom  de     Sysicmedes 
traits  enflammcs  et  Aefleches  du  Seigneur.  Unfeu  s'est  allume  "•^•^■^"^  *°"~ 

*  Joel.  II.  lo.  3x.enii.  i5. — '  Psal.  xviti.  t4.  xxvni.  3.  et  seq.  Exod. 
IX.  23.  XX.  1 8.  —  '  Job.  xxxvn.  i.  et  seqq.  Hebr.  Expavit  cor  meuin  ,  et 
iubsiliil  de  loco  suo.  Audite  auditionem  in  terrore  vocis  ejus,  et  sonum  de 
ore  illius  procedeiuein.  Suljtcr  oinne  coelum  einitiet  ilium;  et  lumen  illius 
super  terminos  tenw.  Post  itlud  rugiet  vox  :  tonabit  z'oce  magnficentice 
sure,  et  non  lardauit  eos,  ut  audiaiur  vox  ejus.  Tonabit  Deus  in  voce  sua 
mirabiliter .  qui  facit  magna  quce  nesciemus.  —  *Pi.  xxviii.  3.  et  seqq. 
(ox  Domini  super  aquas ,  etc.  El  commlnuet  eas  tamquam  I'itulum  IJ- 
hani,  el  dilectus  quemadmodam  filius  unicornium.  (  Hebr.  Et  subsilire 
faciei  eas  tamquam  vitulum;  Libanum  et  Sirion  sicutjilium  unicornium.) 
(ox  Domini,  etc.  et  commovebit  (Hebr.  et  concutiet)  Dominus,  etc.  Vox 
Donii  i pneparaniii  cen'os ,  et  revelabit  condensa.  (  Hebr.  Vox  Domini 
parerej'aciel  certas,  et  denudabit s/li>a3.) 


•4^2  DISSERTATION 

i'laL.'*  ^^'^^  ma/urcur,  dit  le  Seigneur ,  et  il  brAlera  jusqu'au  fond 
de  I'enjer,  Je  lirerai  conlreeux  Louies  mesjleches^.  Et  David  : 
Le  [Seigneur  a  lonne  du  haul  da  del ,  et  le  Tres-Haul  a  fait 
entendre  sa  voix ;  il  a  envoy e  ses  flcches  contre  mes  ennemis  , 
et  il  les  a  dissipes ;  il  a  lance  ses  eclairs ,  et  il  a  jele  le  trouble 
pamii  eux  ^.  Et  en  parlant  aux  pecheurs  :  Si  vous  ne  vous 
convertisscz ,  il  va  aiguiser  son  epee;  il  a  dejd  bande  son  arc  , 
et  I' a  dresse ;  il  s' est  prepare  dcs  insirumens  de  mort ;  il  s'est 
fait  des  flcches  contre  ceux  qui  sontardens  a  me  persecuter  ^. 
Et  ailleurs  :  Seigneur ,  abaissez  vos  cieux  ,  el  descendez;  tou- 
chez  les  montagnes ,  etelles  s'en  iront  enfamce.  Faites  eclater 
vos  eclaiis ,  et  vom  les  dissiperez;  envoyez  vos  ftiches,  et  vous 
meftrez  i<  rrcuhle paxmi  eux  ^. 
Systcraedes      j^^j^  p'/aics ,  les  Teuts  ,  liv  tempete  ,  la  ffrele  ,  !'arc-en- 

Hebrcux  tou-     .   ,  '  v       •  ^  <  > 

chaniles  ciel,nous  sont  orJniaireroent  representes  comma  cnlre 
pluies,  les  les  mains  ae  Dieu ,  et  ne  pairoissent  que  par  ses  ordres ,  et 
Tents,  la  tern-  pour  pun'ir  ou  pour  secourir  les  hommes  '.  Les  Hebreux 
P  le,  agreie  g'expriment  toujours  comine  si  ces  phcnomenes,  qui  ont 
ciel_  des  causes  purement  nalurelles  ,  etoicnt  aes  eltels  divins 

et  roiracvi'eux.  JJ eclat  des  ctoiles  est  la  beaute  da  del ;  d  la 
parole  da  Saint ,  elks  se  tiennent  prdes  pour  execuler  ses  or- 
dres ,' ei  eiles  sont  infatigables  dans  Icurs  veilles.  Considerez 
V  arc-en-ciei )  et  benissez  celai  qui  I' a  fail..  Le  Seigneur  ^  par 
son  commandcment ,  fait  tout  d'un  coup  parokre  Ic  neige  ,  il 
se  hale  de  lancer  ses  eclairs  pour  I' exec  alien  de  ses  jugemens. 
II  ouvre  ses  Iresors ,  el  ilfait  voter  les  nuages  ccmrne  des 
oiseaux.  Par  la  grandeur  de  son  pouvoir  il  epaissit  les  nuies  , 
et  en  fait  sortir  la  grele  covfime  des  pierres.  Par  un  de  ses  re- 
gards il  ebranle  les  montagnes  ,  et  par  sa  volonte  ilfait  souf- 
fler  le  vent  du  midi,  etc.  ".  La  grele  est  done  ,  suivant  cette 
idee  ,  comme  des  morceaux  detaches  d'une  immense  mon- 
tagne  de  glace  ,  a  peu  pres  comme  les  pierres  que  Ton  ar- 
rache  de  la  carriere ,  ou  celles  que  Ton  detache ,  pour 
lancer  contre  I'ennemi. 

^Deu[.%x\it.  2s.  23.  — ^  Psal.  xvii.  i'».  i5.  FulguTa  mulLijAicavit. 
[Kehr.  jaculalus  est.)  —  ^  Psal.  vii.  i3.  14.  Nisi cotwersi  fucralis ,  gla- 
diutn  suum  vibrabit  (  Heltr.  acuel)  arcuin  suum  leLendit,  etc.  —  *  Psal. 
cxLTu.  5.  6. — '^  Fide  Psal.  cx.xxiv.  7.  cxlvii,  iG.  etserj.  Jerem.  x.  i3.  1,1. 
16. — '^  Eccli.  xLiii.  iG.  et  secf.In  magniludine  sua  posiiit  (gr.  voboravit) 
nubes,  etc 


■ 


SUR  LB  STST^MBDU   MONDE.  463 


ARTICLE  VI. 

Conformity  du  sentimeDt  d«  anciens  philosophes  et  des  peres  avcc  le  sysleme 
des  Hcbreux. 

-      ,  Svslerae  des 

Le  sysleme  du  monde ,  tel  que  nous  venons  de  le  re-  anciens  sur  le 
presenter,  etoit  a  peu  pres  le  m^me  chez  les  plus  anciens  premier  prin- 
peuples,  et  parmi  les  premiers  philosophes  de  la  Grcce.  cipe  des  6tres 
Les  Pheniciens    si  Ton  s'en  rapporte  a  Sanclioniaton ,  ou  *^°*'   *'" 
plulot  a  Porphyre  qui  nous  a  produit  eel  auieur  ,  recon- 
noissoient  pour  principe  ou  pour  premiere  matiere  des 
eires  sensibles  ,  le  chaos  ',  ou  Ic  melange  confus  des  corps 
Tun  avee  I'aulre.  Les  Indians ,  au  rapport  de  Megasthene*, 
faisoient  Teau  principe  des  choses  ;  mais  il  y  a  toute  appa- 
rence  que  chez  eux,  dememe  que  chez  les  anciens  Grecs  , 
I'eau  et  le  chaos  etoientle  merae ;  et  cest  ainsi  que  Ion 
concilie  Homere ,  Hesiode  et  Thales.  Homere  dit  ^  que 
rOcean   est  I'origine  de  toutes  choses  ,  et  le  pere   des 
dieus  et  des  hommes.  Hesiode  *  dit  que  le  chaos  est  le 
premier  des  ctres  qui  aient  existe.  Enfin  Thales  ^  a  cru 
que  I'eau  etoit  !e  premier  principe  materiel  des  creatures. 
Mais  Plutarque  "'  soutient  que  le  chaos  des  anciens  n'etoit 
autre  que  I'eau ;  et  Moise  fait  voir  clairement  la  meme 
chose  des  le  second  verset  de  la  Genese,  ou  il  appelle  le 
chaos  Vabime  :  Et  Unebra  erant  super  Jiaciem  abyssi. 

La  lerre  ,  suivant  I'opinion  de  Thales  '  et  des  stolciens ,    Systeraedi* 
etoit  portee  sur  les  eaux  comrae  un  grand  vaisseau  qui  anciens  sur 

I  Euseb.  Prcepar.  lib.  i.  c.  lo.  Ttt*  Tt)v  oXwv  apy^rr*  u-ff07:8sT5:i  ic'sa  ^r,- 
'^to$r.,  xx:  ■mvj'j.XTta^r, ,  x»l  yasj  5o).ef 5V  ioiZSift^.  —  '  Megasthen.  apud 
Strab.  I.  xv./>.  713.  — *  Iliad.  14.  Oy.-vii-i-t  bzLit  liWiv  xal  urrcpa  Tr.6uv. 
El  alibi :  Q;  -fsvsot;  Ttxt-iam  Hmxra.'..  Et  Orpheus  : 

Qxtx-ili  xoJ.s'u  ?r»r£p'  a^SioTO"*  atUv  60vt* 

—  *  Hesiod.  TTieogon.  nxvTwv  [isv  T;jti6i5Ta  yac?  -^-sveti.  —  '  Thales  apud 
Plutarch,  deplachis  Philosoph.  1. 1.  c.  3."ea>.T^  0  MtXrff'.cc  i^yr.-i  tuv  svtwv 
i-ri^KLT-.,  TO  jiJcdp. — *  PliiUtrch.  lib.  Aquane  an  i3,nis  sit  utiUor.  Tci;  sXei-  * 

(TTci;  -j^si  ovc(jLay.iv*t  3'cxeI  ri  'jJwp  rcoTiv  riv  rp^'niJ  {nempe  yi'-^)  irapi  -rh 
•fr.<s\t. — '  Thales  apud  AHstot.  I.  de  mundo,  c.  i3.  Yf:t  TrXfc>r»rv  tivai  aivij- 
QWi  »ff::ip  ^uXev,irrc'.  tcivjtcv  mpcv.    ndt  et  Metaphytic.  I.  i.  c.  3. 


4C4  DlSSERTAllON 

les  fondemciis  flolte  sur  la  nier  :  Terram  lotam  subjccto  indicans  [TudX^^  ) 
delaierre.      hiimore  porlari ,  cl  innatare Hac  unda  sustinetur  orhis , 

velul  aliquod  grande  navigium  ,  et  grave  ^  (lit  Sencque  ^. 

Manilius  dit  de  meme  : 

Ipsa  natal  tellus  pelagi  lustrala  corona  , 
CingcnLis  medium  li'^jfuidis nmplexibas oibem-. 

Zenon%  et  apres  lui  les  stoi'ciens,  placoient  la  terre 
ferme  et  immobile  au  cenlrc  du  monde ,  et  I'eau  oulour 
d'elle ,  ayant  avec  la  terre  un  centre  commun;  en  sortc 
que  toute  la  terre  etoit  environnee  de  I'Ocean  ,  et  nageoit 
sur  les  eaux.  Apres  les  eaux  etoit  rair,.qui  enveloppoit  de 
toutes  parts  ce  grand  corps.  Horaere  ^  croyoit  de  meme 
la  terre  environnee  de  tous  coles  par  I'Ocean;  opinion  qui 
est  adoptee  par  Strabon  qui  la  rapporte.  Seneque  le  tragi- 
que  exprime  le  meme  sentiment  dans  ce  vers  : 

Oceanus  claitsitm  dum  Jluctibus  ambie.t  orbem. ' 

Les  Perses  *"  disent  que  la  terre  nage  dans  I'eau  , 
conuBC  un  melon  d'eau  ,  c'est-a-dire  qu'elle  y  est  enfon- 
cee  de  toute  la  moitie  de  sa  masse.  Saint  Pierre  dit''  que 
la  terre  est  sortie  du  sein  de  I'eau,  et  quelle  a  sa  consistance 
au  milieu  des  eaux^  Elle  en  est  penetree ,  elle  y  est  comma 
plongee. 

On  pourroit  rapporfer  un  nombre  d'autoritesbeaucoup 
plus  grand  sur  cet  article;  mais  en  voiUi  autant  qu'il  en 
f'aul.  Les  Peres  ont  eu  la  meme  idee  de  la  situation  de  la 
terre.  Theodoret ,  sur  ces  paroles  du  psaume,  Qui Jirmavit 
terram  super  aquas'^ ,  tient  expressement  que  la  terre  se 
soulient  sur  les  eaux;  et  saint  Hilaire  dit:  Terra  super 
aquas pendulajirmit ale  consistil^. 

On  a  remai^que  dans  le  systeme  des  Hebreux  qu'ils  don- 
noient  a  la  terre  certains  fondemens  qui  portoient  dans  les 
eaux.  On  voit  a  pen  pres  la  meme  chose  cliez  les  philoso- 
phes.  Xenopbane   de  Colophon^'',  pour  se   sauver  des 

•  Senec.  nai.  qucest.  I.  vi.  c.  6.  —  *  Manil.  Astronomie.  I.  iv.  — '  Laert. 
in  Zencne,  I.  7.  Tr.v  -y^v  axtv/iTOv  cucav.  .  .  .  Etposl  multa.  Micr,^  ttv  "ffn 
Xi'vTDC'J  Xo'f  cv  E77£xou(7av,  ji.e6'  iiv  tc  ufS'wp  acpaipost(5'£;,  iyjj-i  to  aurb  Xcvrpcv  -r, 
"vri,  oaxi  Try  -y"«v  ev  vi^att  eivai  p-era  to  ilJtop  S^k  ixi^a.  ea^atpoac'vov. — ^Horner, 
apud  Strab.  I.  i.  nptircv  jasv  tco  wxsavw  TVcpixXuiTTOv  oxncz^  eaTiv  aTctwryi-j 
auTviv.  —  *  Senec.  OEdip.  act.  2.  —  ^  Chardin ,  Voj'age  de  Perse  ,  torn.  2 . 
chap.  XI.  p.  r53. — '2.  Pelr.  iii.  5.  Kai  "pi;  ij^aTo;,  xal  ^t'  U(5'aTOC  ouvs- 
OTuxia. — ^  Psal.  cxxxv.C. — "  Hilar,  in  I'sal.  cxxxv.  n.  11.  12. — '"  Xeno- 
plion  apud  Aristot.  I.  i.de  ccelo,  cap.  i3.  Auctocv  to  xaTci  Tvi;  "p;  elvai  g«- 
■    atv  e7v'  aTTEtpov  auTT,v  tppt!J«a6ai  Xs-^cvtej,  warep  Esvooiavr,;  0  KcXcifeovsc;. 


I 


sun  LE  SYSTEME  Dt  MONDE.  if. '» 

questions  cmbarrassantes  qu'on  lui  fornioit  sur   ce   qui 
pouvoitsoutenir  la  lerre  sur  les  caux,  disoit  qu'elle  etoit 
posee  sur  des  fondemens  inebranlables  ,  et  d'unc  profon- 
deur  infinic.  AniYimene,  Anaxagore  el  Deniocrite  '  ne  lui 
donnoient  point  d'aulre  fondement  que  Tairmeme,  sur 
lequel  elle  etoit  portee.son  extreme  etendue  empechant 
quelle  ne  put  cnfoncer.  Thales  et  ses  sectateurs  en  di- 
soientde  niemede  la  terreporlee  surleseaux.Ils  croyoient 
que  les  treniblemens  de  terre  ne  venoient  que  de  ce  que 
la  masse  de  la  terre  ,  flottant  comrae  un  vaisseau  sur  I'O- 
cean,  etoit  de  temps  en  temps  ebranlee  ou  penchee  par 
I'agitaticn  des  eaux  :  Terrarum  orhemaqua  sustineri  et  vehi 
more  navigii ,  mobilitaleque  ejus  Jluctuare  j  (am  cum  dicitur 
trcmere^. 

Platon^,  Aristote,  Empedocle  ,  Anaximandre  ,  et  ceux 
que  nous  venons  de  citer,  avec  presque  tous  les  anciens , 
croyoient  la  terre  fixe  et  immobile ,  aussi  bien  que  les  He- 
breux.   Saint  Basile*,  et  apres  lui  saint  Anibroise^,  ne 
■voudroient  pas  que  Ton  format  la  question  sur  quoi  la 
terre  est  fondee  et  arretee  :  car,  ajouient-ils  ,  si  vous  diles 
que  e'est  sur  I'air,  on  vous  demandera  comment  il  se  pent 
faire  que  I'air,  qui  est  un  corps  si  mince  el  si  fluide ,  puisse 
soutenir  une  masse  aussi  lourde,  aussi  grande  el  aussi 
massive  que  la  lerre.  Si  vous  dites  qu'elle  flotte  sur  I'eau, 
on  vous  lera  la  meme  difficulte.  Enfin ,  si  vous  lui  cberchez 
quelque  autre  londcment  plus  solide  ,  il  faudra  savoir  quel 
il  est,  ou  il  est,  sur  quoi  lui-mc'me  est  appuye,  et  ainsi  a 
I'infini.  II  vaut  done  mieux  mettre  des  bornes  a  sa  curio- 
site,  el  demeurer  dans  le  silence  sur  cet  article.  Ces  peres, 
comme  on  le  voit,  ne  douloicnt  nullement  que  la  terrene 
fut  immobile;  et  s'il  eiit  t'allu  se  determiner  a  lui  donner 
I'air  ou  I'eau  pour  fondement,   la  plupart^  eloienl  pour 
I'air  preferablementa  I'eau,  et  tous  nioient  absolument  les 
antipodes. 

On  regardoit  cette  opinion  comme  insoutenable ,  et  Le  systeme 
comme  dangereuse  dans  la  religion.  On  peut  voir  Thaon  <^^^  imtipodes 
dans  Plularquc  ",  Laclance*,  saint  Augnstin^,  Vepltre  du  r°a„J^^/ 

'  Apud  Arisioi.  loco  cvaio.  —  -  Scnec.  Qittest.  natural.  I.  iii.  c.  i3.  — 
^P.ato  inTimceo. — ^ Basil,  lioniil.  i.  iiiHeiaemer. — ^Ambros.  iiiHexaemer. 
jib  1.  cap. 6.  n.  22. — *  ficle  Basil,  locociiato.  JmLros.  in  Psalm,  cxviii. 
serm.i  2.  Aug.  I.  xiu.  dc  Cit>it.  c.  18.  et  I.  xvi.  c.  9.  Beda,  denatara  re.rvm, 
c.  ijb.  Bruno  Si^niac  lib.  iv.  sentent.  c.  3. — Tlmarch.  lib.  de  facie  orbe 
Luncr,  p.  <)24. — ■*  Lactam.  Instil,  tin.  c.  i\. — '^Jt/prdecicit.  I.  xvi.c:y. 

25.  3o 


4GG  DISSERTATION 

commeinsou-  pape  Zacharic  a  saint  Boniface,  archeveque  de  Mayence*, 
tenable  ct       Procope  sur  la  Genese.  Saint  A.uguslin  eroitque  quand  on 
™       dange-  avoueroitque  la  terre  soit  ronde,  il  seroit  plus  convena- 
ble  de  dire  que  la  partie  qui  est  opposee  a  notre  hemi- 
sphere est  couverte  d'eaux,  que  propre  a  servir  d'habitation 
Ji  des  hommes  et  ades  aniniaux.  Quoi  de  plus  ridicule  que 
le  sentiment  de  ceux  qui  croient  qu'il  y  a  des  antipodes? 
dit  Lactance.  Y  a-t-il  des  gens  asscz  fous  pour  croire  qu'il 
y  ait  des  hommes  dont  la  tele  soit  plus  basse  que  les  pieds, 
et  qu'il  y  ait  un  monde  oii  tout  ce  qui  est  droit  chez  nous 
soit  suspendu  et  renverse?  Quidilli,  qui  esse  contrarios  ves- 
ligiis  nostris  antipodes  putanl ,  num  aliquid  loquuntur ?  An 
est  Quisquam  lam  inepfus  ,  qui  credal  esse  homines ,  quorum 
vestigia  sint  suj/eriora,  quam  capita?  Aut  ubi qua  apud  nos 
jacent ,  inversa  pendeant? 

Ceux  qui  croyoient  la  terre  plate,  et  qui  nioient  que  le 
ciel  Tenveioppat  par  dessous,  et  que  le  soleil  et  les  autres 
aslres  fissent  le  lour  de  la  terre  ,  etoient  encore  plus  eloi- 
ges  d'admettre  des  antipodes.  Or  ce  dernier  sentiment  a 
ete  fortcommun  dans  I'anliquite'.  Cela  se  vbit  aussi  dans 
la  cosmographie  du  moinc  Cosme%  et  dans  les  figures 
qu'il  a  tracees  de  la  terre ,  et  qu'on  nous  a  donnees  dans 
I'ediiion  qu'en  a  faite  le  pere  de  Monlfaucon.  lis  tenoient 
que  le  ciel  et  la  terre  etoient  joints  ensemble ,  et  ne  com- 
posoientque  comme  une  voute  immense,  dont  la  terre  et 
la  mer  etoient  comme  la  base  et  le  pave ,  et  le  ciel  la  voule 
et  la  couverlure.  Cette  opinion  a  ete  soutenue  jusqu'au 
quinzieme  siecle  ;  en  sorle  que  Toslat,  eveque  d'Avila'', 
peu  d'annees  avant  la  dccouvertede  I'Amerique,  rejeloit 
I'opinion  de  la  rondeur  de  la  terre  ,  comme  temeraire,  et 
comme  d'une  dangereuse  consequence  dans  la  foi.  Et  ce 


*  Zachar.  Bonifacio,  Ep.  lo.  anno  748. — ^  C/eome/zes  KuxXixr?  Oswpi'aj, 
1. 1.  Horat.  I.  1.  carm.  Ode  aa.  Lucan.  I.  9.  Pharsal. 

Terrarum  primain  Libyen,  nam  proxima  coeto  est , 
XJtprobat.  ipse  calor. 

Sil.Ital.l.  3. 

Adjinem  coeli  medio  tenduntur  ab  orbe 
Squalentes  cawpi 

PUn.  I.  ir.  c.  78.  Mihiopes vicini sideris  colore  torrentur.  — ^ Cosmas  Mo- 
iiach.  I.  iv.pag.  186.  et  seqq.  t.  2.  no\>a  collect.  Grcecorum  PP.  f^ide  nolas 
D.  Bern,  de  Monlfaucon  in  eundem  libr. — *  Tostat.  in  Genes,  c.  i. 


SLR   LE  SYSTKME  Dli   MONDE.  4G7 

qui  est  bicn  reniarquable ,  c'est  que  les  peres  qui  se  sont 

delerminesacc  sentiment  no  I'ont  fait  que  par  respect  pour 

les  divines  Ecrilures ,  ou  ils  croyoi^nt  ie  voir  clairenient 

marque. 

La  source  dcs  fonlaines ,  des  fleuves ,  et  generalement      Sentimen! 

des  eau.\  qui  se  voient  sur  la  terre ,  est  attribuee  a  I'Ocean  ^     ?""["'  • 

par  les  anciens  pbilosdphes ,  de  menie  que  par  les  Hebreux.  n\nc  des  fon- 

Plalon*  dit  que  la  terre  est  percee  en  une  infinite  d'en-  laines,  des 

droits  comme  une  eponere,  en  sorte  que  les  eaux  sortent  fleuves  eide 
,    •  1      •.        ^  .         1  i»      .  »•!  toutesleseau; 

par  certains  endroits  et  rentrent  par  daulres:  qui!  va  „^„„, 

*  ,  .„.,,,  y  .        P  '    T         ^       qui  se  voienl 

sous  la  terre  une  innnite  de  reservoirs  ,  qui  enlerment  des  jm-ja  terre. 

eaux  de  diverscs  sorles  ,  les  unes  chaudes,   et  les  aulres 

froides,  les  unes  pures ,  les  autres  boueuses.   Au  centre 

de  la  terre  est  le  Tartare  ;  c'est  le  receptacle  comniun  de 

toutes  les  eaux.  C'est  la  que  se  decbargent  tons  les  fleuves , 

et  c'est  de  la  que  leur  viennent  leurs  eaux,  comme  d'un 

reservoir  commun.  Et  comme  cet  amasprodigieux  d'eaux 

n'a  ni  fond  ni  base  sur  laquelle  il  soit  appuye  ,  c'est  ce  qui 

produit  son  mouvement  et  sa  circulation  continuelle  dans 

les  Fontaines  et  dans  les  fleuves.  Pline  croit^que  la  terre, 

aride  comme  elle  est  par  sa  nature,  lie  pourroit  subsister 

sans  ce  melange  de  I'bumide ;  et  que  reciproquement  I'eau 

qui  est  un  corps  fluide  et  coulant,  ne  pourroit  se  soutenir 

si  elle  n'etoit  affermie  par  la  terre.  Ainsi  ces  deux  elemens 

s'embrassent  et  se  souliennent  mutuellement;  et  touie  la 

masse  de  la  terre  est  entrecoupee  d'une  infinite  de  veines 

et  de  conduits  souterrains,  par  lesquels  les  eaux  coulent  a 

peu  pres  comme  le  sang  circule  dans  le  corps  humain. 

Virgile  a  exprime  la  meme  cbose  par  ccs  vers  : 

Speluncisque  lacus  clauses,  lacosque  sonanles 

Omnia  sub  maf^na  labentia  Jlumina  terra, 
Spectabat  dwersa  loci's '. 

Servius  remarque  sur  cet  endroit  que  ce  n'est  point  la 
une  fiction  poetique ,  mais  une  opinion  tres  ancienne ,  qui 
tiroit  son  origine  de  la  tbeologie  des  Egyptiens,  d'oii  Tha- 

'  PL:to  in  Phcedone,  p.  1 1 1 .  H2.  E:;  -jip  tj-jts  (Taprapcj)  rb  y.awux  (rjf- 
fc'o'Jfl'.Tc  iravTs;  oj  — oTaaol,  ica.i  £v  to'Jtcj  TraXw  aavrs;  r'.pi'-jar  r,  $k  atTia  Esrt 

c'iJi  fJxffiv  TO  u-fsovTcuTO. — -Plin.  I.  11.  c.  65.  Cum  terra  arida  et  sicca  con- 
stare  per  se,  et  sine  humore  non  posset,  nee  rursus  stare  aqua,  sine  susti- 
nenie  terra,  mutuo  complexu  junguntur :  lute  sinus pandcnte,  ilia  vera  per- 
meante  totam,  intra,  extra ,  infra,  venis  ut  vinculis  discurrentibus ,  atejue 
ciiam  in  summis  jugis  erumpente. — '  Virgil.  Georg.  iv.  v.  364. 


468  DrssKm\Tio?( 

les  avoil  pris  soascMliincnt,  epic  TOceari  <''foit  le  principe 
de  toutes  ehoses.  Enfhi  Homere*  s'exprime  aussi  claire- 
meut,  et  presquc  en  memes  termes  que  Salomon  dans 
rEcclesiaste,  II  cHt  que  rOcean  est  la^source  tie  tousles 
fleuves,  de  toutes  les  mers,  de  toutes  les^ Fontaines  et  de 
tous  les  puits. 
Sysieme  des      Quant  au  svsleme  des  cieux  ,  nous  remarquons  dans  les 

aiiciens  tou-  \  "         ,       .        i  «  •  i  » 

chant  le  ciel     anciens  presque  routes  les  memes  idees  que  nous  avons 

Yues  dans  les  ecrivains  sacres.  lis  les  croyoient  solides, 
inebranlables ,  d'une  forme  de  derai-cercle,  qui  couvroit 
la  terre  par-dessus  en  maniere  de  voute. 

Qiiceqiiefrelo  cava  cceruleo  corUna  recepiat  *. 

Ces  opinions  sont  si  communes  dans  I'anliquite  ,  qu'on 
ne  regardoit  qu'avec  une  espece  d'insulte  et  de  mepris 
ceux  qui  etoient  d'un  sentiment  contraire.  Oil  sont  ceux 
qui pretendcnt  que  les  cieux  sont  mobiles ,  et  que  leur  Jorme 
est  spherique  et  circulaire?  dit  saint  Jean  Chrysostome  ;^. 
Ce  qui  a  engage  quclques  anciens  dans  I'erreur  ,  dit  Lac- 
tance  *,  et  ce  qui  leur  a  fait  croire  que  les  astres  Caisoient 
le  tour  de  la  terre,  c'est  qu'ils  voyoient  tous  les  jours  le 
soleil ,  la  lune  et  les  autres  astres  se  lever  et  se  coucher  a 
peu  pres  au  meme  endroit ;  ils  en  ont  infere  que  la  terre 
etoit  comnie  une  boule,  autour  de  laqueile  ces  corps  lu- 
mineux  faisoient  chaque  jour  un  ccrcle,  ou  un  tour  parfait, 
ignorant  ia  vraie  route  qu'ils  tenoient  pour  parvenir  de 
I'occident  a  I'orient.  C'est  de  la  meine  source  que  leur  est 
venue  I'idee  des  antipodes ,  s'iinaginant  que  cette  partie 
de  la  terre  qui  est  opposee  a  la  notre  etoit  peuplee  et  ha- 
bitee  comnie  celle-ci.  Que  dirai-je  de  ces  sortes  de  gens , 
conclutLactance,  sinon  qu'ayantune  fois  de  fauxprincipes, 
ils  s'egarent  de  plus  en  plus,-et  dcfendent  des  opinions 
fausses  par  de  vains  prejuges?  Pour  moi ,  je  pourrois 
montrer ,  par  plusieurs  raisons,  qu'ii  est  impossible  que 
le  ciel  soit  au-dessous  de  la  terre  :  At  ego  mullis  argu^ 


'  Homer.  Iliad,  xxi. 

Kat  iraffat  x.py;vai,  zaA  (ppstaxa  p-axpoc  vaoutji. 

— *  Ennius. — '  Chrysost.  hoinil.  14.  in  Episl.  ad Hebra;os,  ethomil.  17.  m 
tandem.  —  ^  LacUtnt.  Iiistit.  I.  ni.  c.  24. 


SUR  LE  Slbl  tMb  DU  MO^iDE.  ^Gq 

nuTiLis  probare  possem ,  nulla  viodo  fieri  posse  ul  ccelam  terra 
sit  iit/erius. 

L'auteur  clu  commenlaire  sur  les  Psaumes ,  aitribue  a 
saint  A.lhanase',  n'estpas  moins  formel.  Ecoutons  ,  dit-il , 
ce  que  le  prophete  nous  enscigne  ,  pour  fermer  la  bouchi* 
a  ces  barbarcs  qui ,  parlant  sans  preuve  ,  avancenl  que  le 
ciel  s'elencl  aussi  par-cJessous  la  terre.  Le  prophete  s'elevc 
centre  eux,  lorsqu'il  dit  :  Le  Seigneur  elcnd  le  ciel  comme 
unepeau  ^,  ou  une  courting.  Qui  dit  une  courtine  de  tente, 
ne  dit  qu'un  demi-cercle  ,  et  non  une  spliere  parfaite. 
IsaTe  ne  dit-il  pas  aussi  que  le  ciel  est  comme  une  route  ,  el 
que  le  Seigneur  I'e tend  comme  une  tente  oil  I' on  dcmeure^'^ 
Le  ciel  ne  tourne  pas,  niais  il  demeure  immobile  ,  connne 
dit  le  prophete  :  II  a  arrc'te  et  fixe  le  ciel.  On  peut  voir 
l'auteur  des  Questions  aux  orlhodoxes,  sous  le  nom  de 
saint  Justin  *,  Severicn  de  Gabale  ^,  saint  Cesaire  ^, 
Procope  ■' ,  Diodore  de  Tharse  dans  Photius  ^ ,  et  Theo- 
dore de  Mopsueste  ^  dans  Jean  Philoponus ,  et  une  infi- 
nite d'autres  anciens  ,  qui  ont  cru  que  les  cieux  sont  en 
demi-cercle  et  comme  une  voute ,  au-dcssus  et  non  au-  • 
dessous  de  la  terre.  Eusebe  ,  dans  son  comnientaire  sur  les 
Psaumes  ,  reconnoil  que  plusieurs  soutiennenL  que  le 
monde  est  spherique  ,  et  concoivent  les  cieux  comme  en- 
veloppant  la  terre  de  toutes  parts ;  mais  dans  son  com- 
mentaire  sur  Isaie  chap,  xl,  il  etablit  clairement  I'opinion 
conlraire.  Saint  Jerome,  sur  I'epitre  aux  Ephesiens  "^ , 
traite  de  stuUiloquium  I'opinion  de  ceux  qui  croient  que 
les  cieux  sont  en  forme  de  voute;  mais  sur  le  chap,  in  de 
la  meme  epitre  y  1 8,  il  semble  tenir  que  le  ciel  n'a  pas  plus 
d'etendue  que  la  terre,  quoiqu'il  reconnoisse  que  quel- 
ques-uns  le  croient  spherique. 

De  lout  ce  qui  a  etc  dit  jusqu'a  present ,  il  paroit  que  le     Jugement 
systeme  du  monde  selon  les  Hebreux  ,  tel  que  nous  I'avons  que  Ton  doit 
expose ,  a  une  tres  grande  conformite  avec  celui  des  an-  Pp'"'e'^'*"sjs 
ciens  philosophes  ;  que  cette  hypothese  est  simple,  aisee  ,  cjens  He- 
intelligible  ,    proporlionnec   a    la   portce   des   peuples  ,  breux,  etdes 
propre  a  leur  douner  une  grande  idee  de  la  sagesse  et  du  expressions 

*  Miliarias,  in  Psal.  cm.  3.  — *  Psal.  c.ii.  3.  70.  E/.Tc:vtiv  t:v  :-;7.  :- 
ta(sv.  (i'ifirt. — '  Isai.  XI.  22.  70.  O  ffrraa;  oj;  xxuapiv  to*  cO^avov,  xa:  Sixrii- 
va^  wj  mcnrry  xarcixclv.  —  *  Juslin.qucEst.  ad  Orthodox,  qitcest  93.  y4.  — 
*  Severian.  Gabal.  01  at.  3.  de  Civatione.  —  ®  Cesar.  Diulo^.  i.  qucest.  67. 
ftgS.  —  '  Prjcop.  in  Genes.  —  *  Photius,  cod.  223.  —  '  Philopon.  I.  iii. 
d*  mundi opiftcio,  cap.  9.  10. — '**  Hieron.  in  Ephes.  v.  4.  p.  38o.  nov^edit. 


470  DISSERTATION  SVR  LE  SYSTEME  DU  MOINDE. 

desauteurs  pouvoir  de  Dieu,  et  a  leur  inspirer  de  grands  sentimens 
sacres  confer- j^lg  leur  propre  foiblesse  et  de  leur  entiere  dependance. 
temc.  Cost  done  la  plus  utile  dans  le  dessein  du  Saint-Esprit, 

qui  est  de  nous  conduire  a  Dieu  par  la  crainte  et  par 
I'amour.  C'est  la  la  fin  de  toutes  les  Ecritures.  Finem 
loquendi  par  iter  omnes  audiamas  :  Deum  time ,  ct  mandata 
ejus  observa  :  hoc  est  enim  omnis  homo  '.  L'erreur  dans  ces 
sortes  de  choses  n'est  d'aucune  consequence  pour  I'eter- 
nite  :  c'est  pourquoi  I'Esprit-Saint  n'a  pas  voulu  nous  en 
inslruire,  comme  le  remarque  saint  Augustin  ^,  qui  s' ex- 
prime  ainsi :  II  faut  dire  que  nos  auleurs  sacres  out  su  toute 
la  verite  du  systeme  du  monde;  mais  que  I'Esprit-Saint , 
qui  parloit  par  leur  bouche ,  n'a  pas  juge  a  propos  d'en 
instruire  les  hommes ,  parce  que  ce  sont  des  choses  qui  ne 
font  rien  au  salut ,  et  qui  n'influent  pas  a  nous  rendre  plus 
justes  et  meilleurs.  Dicendam  est  hoc  de  Jigura  cceli  scisse 
auctorcs  nostros  ,  quod  Veritas  habet ,  sed  Spirit  urn  Dei  qui 
per  ipsos  loquebatur ,  noluisse  ista  docere  homines ,  nulli  sa~ 
luti  profutura. 

Et  qu'on  ne  nous  disc  pas  que  ce  qu'ils  enseignent  sur 
cela  etant  contraire  a  la  verite  et  a  I'experience  ,  on  nc 
peut  faire  aucuu  fond  sur  le  reste  de  leurs  discours ;  car 
sur  ces  questions  de  physique,  ils  n'ont  point  assure  que 
les  choses  fussent  telles  qu'ils  les  ont  dites  ;  ils  les  ont 
simpleuient  supposees ;  ils  ont  expose ,  non  leur  propre 
sentiment,  mais  I'opinion  du  peuple.  II  n'y  a  pas  un  seul 
chapitre  dans  toute  I'Ecriture  destine  a  nous  instruire  pre- 
cisement  sur  ces  matieres,  qui  sont  si  indifferentes  par 
rapport  :i  notre  derniere  fin.  Oblige-t-on  les  philosophes 
et  les  theologiens  ,  lorsqu'ils  parlent  au  peuple,  de  se 
servir  des  memes  expressions  que  dans  I'ecole  ,  et  dans  les 
livres  composes  expres  pour  expliquer  les  secrets  de  la 
nature  ou  les  mysleres  de  la  religion?  Et  si  Ton  permet 
tous  les  jours  aux  savans  et  aux  philosophes  de  sc  servir 
des  expressions  conformes  aux  idees  du  peuple,  pourquoi 
ne  le  permettra-t-on  pas  a  des  auteurs  qui  vouloient  se 
rendre  utiles  a  plusieurs  ,  et  s'exprimer  d'une  maniere  qui 
fut  intelligible  aux  plus  simples? 

*  Eccl.  XII.   t3. — ^  Aug.  de  Genes,  ad  litter,  lit.  2.  c.  9. 


DISSEiriATION 
SUR  LA  FIN  DU  MONDE, 

ET  SUR   l'eTAT  UU    MONDE  APRES  LE  DERNIER  Jt'GEMEKT. 


La  philosophic  a  ete  parta^ree  sur  la  corruptibihte  et  la     ^ar»ete  de 
1       .      1        "^      1       »        *^  ^  ••!    '.     i    '»  1     •       sentimcns  des 

duree  du  monde.  Les  uns  out  cru  cfu  ii  etoit  etemel ,  m-     j^^g  ^^ 

corruptible  \  anipie^;  qii'il  etoit  Dieii  nieme  \  D'aulres  juifs  etdes 

I'ont  cru  cree  ,  nouveau ,  corruptible  ,  perissable  *.  Les  Chreiiens  sur 

rabbins  ^  se  sont  aussi  divises  sur  celle  question.  Les  caba-  la  dune  du 

!•   .  •       .    .  I  I  '    •  .  '       .•     monde.  Objet 

iistes  croient  tous  que  le  monde  perira  ,  et  sera  aneanli;  gj division  de 
les  autrcs  rabbins  pensent  qu'il  ne  finira  jamais;  la  plu- ^eite  Disseria- 
part  soutiennent  qu'il  ne  finira  que  pour  etre  change  en  tion. 
un  etat  meilleur  et  plus  parfait. 

La  foi  et  la  religion  chrelienne  fixent  nos  doutes  et  nos 
sentimens  sur  ces  grandes  questions.  Elles  nous  appren- 
nent  que  le  monde,  c'est-a-dire  la  terre  et  ce  qui  I'envi- 
ronne,  Fair  et  les  elemens,  doivent  un  jour  finir  par  le 
feu.  C'est  ce  terrible  changement  qui  doit  faire  le  sujet  * 

de  cette  Dissertation.  Nous  y  examinerons  i"  la  maniere, 
et  2°  le  temps  de  la  fin  du  monde;  3"  si  le  monde  sera 
aneantijou  seulement  change;  et  4",  suppose  qu'il  soit 

'  fide  Philon.  I.  iivum  mundus  sh  incorrupt ibi'lis.  Laert.  lib.  vn.  U%- 
vairc;  8i  a^ftasTCv  i-^o-vKt-'j  t«v  jciau-cv,  xal  K>.c'a.v6r,c  ,  xat  AvTiTraToo?.  — 
— -  Zeno  a  pud  Laert.  I.  vii.  Ot'.  Si/.r'.  !Iucv  s  icaas;,  xa.1  /.c-juc&v,  xal  iu,- 
({(•jy//V,  xat  vccpbv,  x*l  XpuaiTrrro;  croi,  xxl  A^rc/Ji.o'Jwsi;  ,  xal  IlsucwS'uvic;. — 
^  Laert.  lib.  \ii.  in  Zenone :  A3"yc'J(n  S'k  xcWcv  rpt/^w;,  aOriv  ts  thi  ©cc'v. 
Senec.  Ep.  97.  Totum  hoc  quo  tenemur,  et  unum  at,  et  Deus  est.  ManiL 
lib.  I. 

Qua  pateat  nnindum  divino  Numine  verti, 

Jttque  ipsum  esse  Deum. 
— *  Sloiciapud  Laert.  lib.\M.  pag.  45 i.  kzi<jy.v.  Si  aurcl;,  xxi  c6asT5v  sivati 
70V  xc(jai-<,  x-z  -ftvvT.TOv  Tb)  ).o"]f<<>  Twv  Ji'   aioSrlffito;  vs'joc'vwv,   O'jtc  ri  oipu 
^OLZ-i  =<rri,  jcatt  TO  SXov,  etc.  —  *  fide  Menasse-Ben-Israel  de  Resurrect, 
mart.  lib.  in,  c.  4. 


472  DISSERTATION 

seulenient  change ,  quelle  sera  sa  forme  et  son  etat  apres  le 
jugement  dernier. 

L'Ecriture  nous  parle  ordinaireraent  du  monde,  non 
pas  selon  ce  qu'il  est  en  lui-meme ,  mais  scion  ce  qu'il  pa- 
roit  anos  sens,  et  selon  ce  qu'il  est  a  notre  egard.  La  terre 
que  nous  liabitons  nous  est  representee  oomme  la  plus 
considerable  partie  de  I'univers ,  et  tout  le  reste  comme 
accessoire  a  la  terre  et  a  rhomme.  Ainsi  quand  I'Ecrilure 
nous  dit  que  le  monde  finira  ,  qu'il  sera  consume  par  le 
leu ,  qu'il  y  aura  de  nouveaux  cicux  et  une  nouvelle  terre  , 
on  peut  fort  bien ,  sans  donner  atteinte  a.  la  verile  des 
livres  saints ,  I'entendre  seulement  de  la  terre  que  nous 
babitons,  qui  est  tres  souvent  dans  I'Ecriture,  et  meme 
chcz  les  auteurs  profanes,  appelee  du  nom  de  monde, 
quoique  dans  la  rigueur  elle  ne  fasse  qu'une  tres  petite 
partie  de  I'univers ,  et  du]  monde  pris  dans  toule  son 
etendue  '. 


ARTICLE  PREMIER. 

Que  le  monde  finira  par  le  feu. 

Texies  de        I-Es  passages  qui  prouvent  que  le  monde  finira  ,  et  qu'i! 

I'Ecrilure  qui  finira  par  le  feu ,  ne  sont  ni  obscurs  ni  en  petit  nombre. 

prouvent  que  f^^g  cieux  se  dissiperont  comme  lafumee  ,  dit  Isaie  ,  et  la  terre 

le  monde  fini-  ^.^^  ^y^  ^^  poiissieve ,  comme  un  vetement  use  ^.  Et  ailleurs  : 

linira  par  le     Toute  la  milice  da  cicl sechera  de  frayeur ;  les  cieux  se  roule- 

feu.  rant  comme  un-  livre,  et  toute  leur  armce,  toutes  leurs  etoiles, 

tomheront ,  comme  on  voit  tomber  les  feuilles  du  figuier  et  de 

la  vigne  ^  Et  le  Psalmiste  :  Seigneur ,  les  cieux  periront ; 

mais  pour  vous  ,  vous  demeurerez  rils  sont  semblables  d  un 

vetement  qui  s'use;  mais  pour  vous  ,  vous  etes  toujours  le 

meme  '*.  Saint  Pierre  dit  que  le  jour  du  Seigneur  viendra 

comrne  un  voleur ,  et  c{\xalors  les  cieux  passer  ont  avec  grande 

impetuosite  :  les  Siemens  se  dissoudront  par  I'ardeur  de  la 

Jlamme;  la  terre  avec  tout  ce  quelle  conlient  sera  consumee 

par  le  feu  ^. 

*  Jug.  de  Ci\'.  Dei,  lib.  \x.  cap.  24. — ^  Isai.  li.  6.  —  '  Isai.  xxxiv.  4. 
-.—* I'saltn.  CI.  37.  28. — *  2.  Petri,  ni.  10.  et  setjq. 


SLR   LA  KIN   DU   MONDt.  ilZ 

Isaie  parle  clairement  en  deux  endroits  d'un  ciel  nou- 
veau  et  d'une  terra  nouvelle  :  Je  vat's  crier  de  nouveaux 
cieiix  et  une  terrc  nouvelle ;  el  on  ne  se  souviendra plus  des pre- 
miers ;  iln'en  sera  plus  fail  menlion  '.  C'est  a  quoi  saint  Jean 
fait  allusion  dans  1' Apocalypse  :  Je  vis  de  nouveaux  cieux  el 
une  terre  nouvelle  ;  car  les  premiers  cieux  et  la  premiere  terre 
sont  passes ,  et  la  mer  nest  plus  ^.  jNolre  Sauveur  parle  sou- 
vent  dans  I'Evangile  de  la  consomniation  des  sitjcles  et  de 
son  second  avenement  ^ ;  et  saint  Paul  nous  en  decrit  * 
plusieurs  circonstances  dans  ses  deux  epitres  aux  Thessa- 
Joniciens  *. 

11  est  superflu  d'entasser  ici  des  passages  des  auteurs    Cette  verity 

juifs  et  Chretiens  qui  rendent  temoignage  a  cctte  verite.  estreconnue 

Elle  fait  un  des  nrincipaux  articles  de  leur  crovance  et  de  P^""  '^^  P ;'  °" 
1  ,  ,  1  -1  'i  ,  .,  "  wi '         sophes  me- 

la  nutre.  Les  phiiosophes  memes  I  onl  reconnue.  Hera- njgg .  mais 

elite  "  croyoit  que  le  monde  seroit  un  jour  embrase  par  cette  revolu- 

les  flammes,  et  quensuite  il  renaitroit  du  milieu  du  feu.  tionnesera 

Les  stoiciens  soutinrent  dans  la  suite  le  meme  sentiment ;  P,^''  "-o"""^ 

„.     ,  ,,  ,     ,  .,  lis  lepensent, 

et  Ciceron  I  a  marque  d  une  raaniere  tres  expresse  dans  „„  simple  ef- 

son  second  livre  de  la  nature  des  dieux  :  Ex  quo  evenlurum  fetnaturel. 
u,t  ad  exlremum  omnis  mundus  ignesceret ,  cum ,  humore  con- 
sump  to  ,  neque  terra  all  posset,  neque  remearel  aer ,  cujus 
ortus ,  aqua  omni  exhausla ,  esse  non  posset  :  ita  relinqui 
niful  prceter  ignem  ;  a  quo  rursum  animanle  ,  ac  Deo  ,  re- 
novatio  mundi  Jieret ,  etc.  ^.  Lucain  "'  I'a  exprime  de 
meme,  en  apostrophant  Jules  Cesar  :  II  est  inutile,  o 
prince ,  de  s'empresser  a  bruler  ces  corps  :  le  temps 
\iendra  ou  ils  seront  consumes  par  les  flammes,  avec  le 
resle  de  la  terre. 

Hos,  Ccesar,  populos  si  nunc  non  usserit  ignis, 
Uret  cum  terns,  uiet  cum  gurgine  ponti : 
Communis  mundo  superesi  rogus. 

Et  Lucrece^  fait  remarquer  a  Menenius  que  le  monde, 
etant  compose  de  trois  eleraens  aussi  contraires  que  le 
sontl'eau,  la  terre  etle  feu,  sera  un  jour  detruitetrenverse  : 

'  Isai.  i,xv.  17.  Lxvi.  11. —  ^  Jpocal.  xxi.  i.  — ''  Matt.  x:n.  3(j.  xxiv. 
3.  xxviii.  20.  etc.  —  *  r.  Thessal.  v.  i.  et  seqq.  2.  Thessal.  11.  r.  etseqq. 
— -*  Simplicius  Comment,  in  Jristot.  lib.  de  coelo,  lib.  i.  c.  9.  flpic/E'.Tc; 
Si  T.'.-i  •xvi  r.iiiTT^ifjOjl  or.fSiTri  xcaacv,  Ticrk  Si  ix.  — joi;  7.j9i;  (rjv.crX'J^ac.i. 
TawT/.;  Js  -rf.;  S6jr.;  ucrrsssv  c'-j-c'vcvro  c[  ircwoi.—  «  Tull.  I.  11.  de  Nat.  deo- 
rum,  n,  1 18.—'  Lucan.  l.vii. — '  Lucret.  I.  iy. 


A^i  DISSERTATION 

Tria  talia  texta 

Una  dies  daha  exitio;  mulloscjue  per  annos 
Sustentata  met  moles,  et  machina  mitndi. 

Ovide  '  parle  de  I'ancienne  tradition  des  peuples  qui 
croyoient  qu'un  jour  la  terre  ,  la  mer  et  les  cieux  seroient 
enibrases ,  et  que  toute  la  machine  du  monde  seroit  prete 
a  retourner  dans  son  chaos  : 

Esse  quoque  in  fads  reminiscitur  adfore  tempus. 
Quo  mare,  quo  lellus,  conrptaque  regia  coeli 
^vdeat,  el  mundi  moles  operosa  labofet. 

Les  physiciens  et  les  aslronomes^  trouvent  meme  dans 
la  nature  des  preuves  ou  du  moins  des  apparences  de  cette 
terrible  revolution  dont  I'univers  est  menace,  lis  reraar- 
quent  dans  la  terre  des  derangemens  trcs  notables ^  et  des 
preuves  sensiblesdela  vieillesseetdelacaducite  du  monde. 
Scire  dehes  senuisse  jam  mundum ,  dil  saint  Cyprien  ;72on 
illis  viribus  stare ,  quibus  steterat ,  nee  vigore  et  robore  eo  va^ 
lere ,  quo  ante  prcevalebat.  Hoc  mundas  ipse  jam  loquitur  ^  et 
occasum  sui  rerum  labentium probalione  testatur  ^. 

Copernic,  Joachim  Rheetius,  Gemma Frisius"*,  trouvent 
quelesoleiiserapproche  tropde  la  terre.  S'il  arrivoitsur  la 
terre  desexces  de  chaleuraussi  grands etaussi  continusque 
I'ont  ete  les  exces  du  froid  que  nous  avons  ressenti  dans 
les  hivers  les  plus  vigoureux,  tels  que  celui  de  cette  annce 
i83o  ,  et  que  les  Icux  souterrains,  que  le  froid  et  I'humi- 
dite  retiennent  concentres  sous  la  terre,  s'echappassent 
comme  ils  ont  fait  quelquefois  par  les  monts  Etna  etVe- 
suve,  et  que,  joints  auxfcux  qui  sont  sur  la  terre,  ils  em- 
brasassent  les  matieres  inflammables  qui  sont  repandues 
au  dehors  et  au  dedans  de  cet  element,  bientot  on  verroit 
les  flammes  dominer  sur  tout  ce  qui  a  vie ,  et  sur  tout  ce 
qui  peut  leur  servir  de  pature.  Omni  Jlagranie  materia  ,. 
una  igne  quidquid nunc  ex  disposito  lucet ,  ardebit''. 

Mais  la  fin  du  monde  que  nous  atlendons  n'est  pas  un 

*  Oiiid.  Metamorph.  i.  —  -  Columel.  lib.  i.e.  i .  de  Re  rust.  Multo  jam 
memorabiles  auccores  comperi persuasum  habere  longo  Kvi  situ  qualitalem 
cvcli,  staUimque  mtilari;  eorumque  consuhissimum  aslrologice  professorem 
Hipparcum  prodidisse  iempus  fore  ,  quo  cardines  mundi  loco  mo^erentur  ; 
idque  etiam  noii  spernendus  auctor  rei  -rustical  Saserna  videtur  accredi- 
disse. — ^  Cyprian,  ad  Demeirianum. — *  f^'ide  apud  Gint.  not.  in  lib.  i.de 
Fericrelig.  Christ,  art.  xtlu.  pag.  120.  —  '^  Senec.  ad Marciam,  versus 
/in. 


SLU   LA  FIX  Dli   MONDE.  476 

simple  eflet  naturel  qui  depende  du  concoars  des  causes 
secondes  ;  c'esl  la  incrveille  du  pouvoir  do  Dieu  ,  qui  dans 
les  lamps  marques  par  sa  providence  ,  et  lorsque  le  nombre 
de  ses  elus  sera  rempli ,  et  que  ses  desseins  sur  le  genre 
hnmain  seront  accomplis,  permetlra  que  les  elemens,  dont 
riiarmonie  et  I'union  conservent  le  nionde  dans  I'etat  oil 
nous  le  voyons ,  entrent  en  guerre,  et  causent  le  renverse- 
nient  de  son  propve  ouvrage.  Alors  les  crealures  qui  alien- 
dent  avec  ardeur  la  manifestation  des  enjans  de  Dicu ,  parce 
qu'elUs  sont  assiijelies  malgre  elks  a  la  vanite ,  el  n'y  demea- 
rent  soumises  qua  cau^e  de  cclui  qui  les  a  assujelies,  seront 
heureusenunl  deliirees  de  eel  assujetissement ,  pour parliciper 
d  la  liberie  de  la  gloire  des  enjans  de  Dieu ,  comme  le  dit  saint 
Paul*. 

Puis  done  que,  selon  saint  Pierre  ,  les  cieux  et  la  lerre     Lembrase- 
d^  d  present  sont  reserves  pour  clre  brides  par  le  feu  au  jour  du  ment  par  le- 
iu^ement ,  et  deja  mine  des  impies  ^ ,  on  demande  si  ce  feu  1"^'  '^  monde 

•^.-1  •  |.  ',j  •  T  .•  Hnira,  precc- 

preccdera  ou  suivra  le  jugement  dernier.  Les  sentmiens  jera-i-il  ou 
des  docteurs  sont  partages  sur  cela.  Les  uns  soutiennent  suivra-t-il  le 
qu'il  le  precedera,  d'autres  qu'il  le  suivra  ;  d'autres  pren- jugement  der- 
nent  un  milieu  ,  et  prelendent  qu'il  commencera  avant  ie  °"^'"- 
jugement  dernier,  qu'il  conlinuera  pendant  cet  intervalle, 
et  qu'il  achevera  de  consumer  le  niondc  apres  que  Dieu 
aura  juge  les  vivans  et  les  morts.  C'estce  qu'il  faut  mon- 
trer  plus  au  long. 

Pour  prouver  que  le  feu  precedera  le  jugement  dernier, 
on  se  sert  de  ce  passage  du  psaume  :  Le  feu  marchera  de- 
lanl  lui ,  el  il  embrasera  de  loutes  parts  ses  ennemis.  Ses 
(clairs  onl  paru  sur  la  lerre ,  la  lerre  les  a  vus ,  et  en  a  ele 
(branlee.  Les  nwnlapus  se  sont  fondues  comme  la  cire  devant 
Ic  Seigneur.  Les  cieux  onl  annoncc  sa  justice ,  el  tons  les  peu- 
ples  onl  vu  sa  gloire  ^.  De  plus  saint  Paul  dit  que  le  jour  du 
Seigneur  fa-a  voir  quel  est  V ouvrage  de  chacun  ,  parce  qu'il 
paroilra  accompagne  de  feu,  el  que  le  fen  mctlra  a  I'epreuve 
V ouvrage  de  chacun  ,  et  fera  voir  quel  il  est  *.  Voila  un  feu 
bien  marque  qui  met  a  I'epreuve  les  ceuvres  de  chaque 
personne  avant  qu'elle  paroisse  au  jugement  de  Dieu. 
Saint  Thomas  "  cite  encore  ces  paroles  de  I'epltre  aux  Ro- 
mains  :  Les  creatures  atlendent  avec  grand  desir  la  manifes- 
tation des  enfans  de  Dieu ,  parce  qu'elles  sont  assujeties  d  la 

*  Jtooi.MU.  19.  etseqq. — ^i.PcXtr.  iii.  -. — ^ Psalm,  xori.  3.  elseffq. — 
*  t.  Cor.  iij.  r3. — '  D.  Thorn,  in  4.  dist.   \-.  qucesl.  a.  an.  1. 


47  G  DISSERTATION 

V unite ,  quoique  malgre  dies ,  el  elks  onl  I'esperance  d'etre 
delivrees  de  eel  asservissement  a  la  corruption ,  pour participer 
d  la  liberie  de  la  gloire  des  enfans  de  Dieu  *.  Ce  qui  insinuc 
que  comme  les  corps  des  bienlieureux  seront  renouveles  , 
les  creatures  seront  aussi  renouvelees ;  et  cela  avant  le  juge- 
ment  dernier.  Enfin  on  se  sert  de  cet  autre  passage  :  Si 
Vouvrage  de  quelqu'un  est  hrule ,  il  en  soufjrira  laperle;  toule- 
fois  il  ne  laissera  pas  d'etre  sauve  ,  mais  cdmme  en  passant  par 
lefen'^.  11  faudra  done  que  nosoeuvres  soienl  eprouvees  et 
purifiees  par  le  feu,  avant  que  nous  puissions  aller  dans 
les  airs  au-devant  de  Jesus-Christ,  qui  viendra  pour  juger 
le  monde.  Saint  Pierre  dit  que  le  ciel  et  la  lerre  d'aujour- 
d'hui  sont  reserves  pour  etre  emhrases  au  jour  du  jugement , 
et  de  la  perle  des  impies  ^.  Et  saint  Paul  ,  que  le  Seigneur 
Jesus  se  manifestera  du  ciel  avec  les  anges  qui  sont  les  minis- 
Ires  de  sa  puissance ,  lorsqu'il  viendra  au  milieu  des  Jlammis 
se  venger  de  cenx  quine  connois  sent  point  Dieu  ^.  De  tous  ces 
passages  on  conclut  que  le  feu  precedera  le  jugement 
dernier;  et  ce  sentiment  est  suivi  par  saint  Thomas  ^, 
par  le  Maltre  des  Sentences,  par  Paludanus,  Durand, 
Major,  Richard,  Gabriel ,  Sotus,  et  plusieurs  autres^. 

Toutefois  saint  Augustin  a  cru  le  contraire.  11  a  pretendu 
que  le  feu  ne  devoit  paroitre  qu'aprcs  le  jugement  et  la 
resurrection  des  morts.  On  vcrra ,  dit-il ,  premieremenl 
Elie,  puis  la  conversion  des  Juifs,  la  persecution  de  I'An- 
techrist,  I'avenement  de  Jesus-Christ ,  la  resurrection  des 
morts ,  la  separation  des  bons  et  des  mechans ,  et  enfin 
I'incendie  et  le  renouvellement  du  monde  ".  Et  ailleurs  ^ 
il  dit  qu'apres  le  jugement  le  ciel  et  la  terre  que  nous 
voyons  ne  seront  plus ,  et  que  Ton  verra  alors  un  ciel 
nouveau  et  une  terre  nouvelle ,  suivant  ces  paroles  da 
saint  Jean  dans  1' Apocalypse  :  Je  vis  un  grand  trdne  blanc , 
el  quelqu'un  qui  y  etoit  ass  is ,  devant  la  face  duquel  le  ciel  et 
la  lerre  s'enfuirent  ^.  11  marque  cetle  fuile  du  ciel  et  de  la 
terre  comme  une  chose  qui  doit  suivre  le  jugement : 
Per  ado  quippe  judicio ,  tunc  esse  desinet  hoc  ccelum  et  hcec 
terra,  quando  esse  incipiet  caelum  novum  et  terra  nova.  Et 


'  Rom.  viii.  ig.etseqq.  —  *  i.  Cor.  in.  i5.  —  •*  2.  Pelr.wi.  7.  —  *  2. 
Thess.  I.  7.  8.  —  '  /).  Tliom.  in  .'>.  dist  47.  —  ®  Fide  Teiiain  in  epislol. 
ad  Hebr,  cap.  i.  difficult.  i3,  sect.  6.  eL  Cornel,  a  Lapide  in  2.  Petr.  ni. 
7. — '  -^ug.  de  Cii'it.  lib.  xx.  c.  3o.  n.  5.—-  '  Idem  de  Civit.  lib.  xx.  c.  14. 
— •  Jpoc  XX.  It. 


StR  LA  FIN  DU  MONDE.  477 

dans  un  autre  endroit  il  se  lait  celte  objeclioa  '  :  Si  le 
mondc  n'cst  embrase  qu'apres  le  jugement ,  et  si  ce  feu 
precede  la  production  du  ciel  nouveau  et  de  la  terre  nou- 
veile  ,  que  deviendront,  durant  cet  ineendie  general  ,  les 
saints  rcssuscites  avec  leurs  corps?  II  repond  qu'ils  pour- 
ronl  se  retirer  dans  les  parties  superieures  de  I'air,  oii  ce 
feu  n'arrivera  pas,  de  nienie  qu'au  deluge  les  eaux  ne  mon- 
terent  pas  plus  de  quinze  coudees  au-dessus  des  plus  hautes 
montagnes;  car  leurs  corps  seront  dc  telle  nature,  qu'ils 
seront  partout,  ou  ils  voudront  etre  :  et  d'ailleurs  ce  feu 
qui  brulera  le  monde  n'agira  point  sur  des  corps  incor- 
ruplibles  et  iinmortels  :  Talia  quippe  I'lli's  inerunt  corpora  , 
ui  illic  sint ,  ubi  esse  volucrinl;  sed  nee  ignem  conjlagra' 
lionis  illius  perlimescent ,  immortales  alque  incorruplibiles 
facll. 

Louis  Tena  -  et  Cornelius  a  Lapide  -*  ,  pour  concilier 
ces  deux  senlimens,  croient  que  d'abord  Dieu  alluinera 
le  feu  qui  doit  embraser  le  nionde  ,  soit  qu'il  le  fasse  sortir 
des  enfers,  selon  quelques-uns ,  ou  qu'il  le  fasse  descendre 
du  ciel,  comme  autrefois  sur  Sodome  et  sur  les  autres 
villes  criniinelles,  selon  d'aulres ;  ou  enfm  qu'il  Tallume 
sur  la  terre  par  le  niinistcre  des  angcs  ,  qui  se  serviront 
des  matieres  combustibles  qui  s"y  trouvent ,  comme  le 
croient  communement  les  scolastiques  *.  Ce  premier  feu  , 
qui  embrasera  d'abord  toule  la  superficie  dc  la  terre,  et 
qui  fera  raourir  tons  les  honnnes  et  les  animaux  *,  se  re- 
pandra  par  tout  le  mondc,  et  n'epargneraque  celte  partie 
de  la  terre  ou  le  Seigneur  exercera  son  jugement ,  et  qui 
sera  comme  le  theatre  de  sa  justice.  Apres  le  jugement, 
les  parties  les  plus  subiiles  de  ce  feu  relournei'ont  dans 
leur  lieu  naturel ,  qui  est ,  dit-on,  au-dessus  de  I'air ,  dans 
la  region  du  feu;  et  la  partie  la  plus  grossiere  suivra  les 
damnes  dans  I'enfer.  Mais  il  est  boa  de  se  souvenir  que 
tout  ce  detail  est  dc  I'inventiou  des  speculatifs  et  des  sco- 
lastiques; et  il  vaut  certaincment  beaucoup  mieux  se  taire 
sur  une  matiere  aussi  inconnue  que  celle-la ,  que  d'en 
parler  temerairement  et  au  hasard. 


^  '  Aug.  de  Civil.  Ii6.x\.  cap.  tS.  —  -  Tena.  insist,  ad  Hehr.  c.  i. 
difficuh.  i3.  sect.  7.  —  *  Cornel,  in  •>-.  Pelr.  \\\.  7.  —  ■*  AcosUt,  el  sco- 
lasticiapud  Tenant,  inepist.  ad  He  It  r.  c.  i.  dif/icftU.  i3.  sect.  7.  —  '  D. 
I  Thorn,  in^t.dist.  ',7.  vt  Bonment.  ihuhni.  el  Les.^.  (k  Di^-in.  atuibul.  lib. 
x\u.  cap.  io.  * 


478  DISSERTATION 

Qui  son t  Plusieurs  anciens  peres  ont  enseigne  que  le  feu  qui  doit 

ceux     entre    enflammer  le  monde  sera  rinstrument  de  la  iuslice  de 
les  hoinmes      __ .  ,       ,  •' 

quipasseront  i^icu  sur  tous  les  hommes.  fous  passeront  par  ce  feu,  et 

par  ce  feu,  et  I'ouvrage  de  chacun  d'eux  y  sera  eprouve.  Les  justes  s'y 
comment  r6-  puritieront  de  toutes  les  souillures  qui  peuvent  leur  rester 
prouveront-  jj  expicr;  en  sorte  qu'aprcs  le  dernier  jour,  il  n'y  aura  plus 
de  purgaloire.  Ceux  qui  n'auront  rien  a  expier  sortiront 
de  ce  feu  pliis  purs  et  plus  glorieux  ,  comme  les  metaux  les 
plus  precieux  passent  par  le  creuset  sans  souifrir  aucune 
diminution  ni  alteration. 

Origene  *  cr oil  qii  aprcs  la  resurrection  ,  nous  aurons  be- 
soin  d'un  sacrement,  pour  nous  purifier  et  pour  nous  laver  , 
parce  que personne  ne  ressuscitera  sans  defaut.  Et  quel  est  ce 
bapteme  qui  nous  purifiera  dans  I'autre  vie ,  si  ce  n'est  ce 
feu  par  ou  nous  passe r on s  ?  C'est  ainsi  que  I'entend  saint 
Ambroise  ^  apres  Origene  :  Omncs  oportet  per  ignem  pro- 
bar  i ,  quicumque  ad  paradisum  redire  desiderant;....  omnes 
oportet  trans  ire  per  Jlammas ,  etc.  ^.  II  croit  que  ce  feu  etoit 
figure  par  Tange  qui  tenoit  un  glaive  etincelant  a  Ten  tree 
du  paradis  terrestrc.  On  lit  dans  deux  sermons  attribues 
autrefois  a  saint  Augustin  *,  que  tous  les  hommes  passeront 
par  le  feu  apres  le  jugcment;  mais  que  les  flammes  ,  en 
quelque  sorte  raisonnables  et  eclairees,  n'agiront  sur  nous 
qu'autant  que  le  demanderont  nos  peches  :  Quanta  fuerit 
peccati  materia  ,  tanta  el  per  trans  eundi  mora  ;  quantum  exe- 
gerit  culpa ,  tantum  sibi  ex  homine  vindicabit  qucedam  Jlam- 
THce  ralionalis  disciplina.  Le  nieme  auteur  dit ,  en  parlant 
du  patriarche  Jacob  ,  que  Dieu  I'a  purifie  en  cc  monde  de 
toutes  ses  taches  ,  afin  qu'en  I'autre  vie  ce  feu  intelligent 
ne  trouvat  rien  a  bruler  dans  lui  :  Ab  ilia  omnes  maculas' 
peccatorum  abslersit,  ut  in  eo  ignis  ille  arbiter,  quodexureret, 
invenire  non  posset  ^. 

Saint  Hilaire  *"  parlc  en  plus  d'un  endroit  de  ce  feu  que 


*  Origen.  in  Luc.  homil.  14.  Vide  et  homil.  3.  in  psa.l  xxxvi.  —  -^n 
bros.  in  psalm,  xxxvi.  num.  26.  Vce  mihi  si  opus  meum  arserit,  et  laboris 
hit  jus  paliar  detrimentum  !  Et  si  saluos  faciet  Dominus  seivos  suos ,  salvi 
erimus  perjldem  ;  sic  tamen  salvi  quasi  per  ignem,  et  si  non  exurimur,  ta- 
men  uremur,  etc.  Vide  et  inpsalm.  cxviu.  serm.  3.  niim.  i4-  Etetiam  bap- 
tisminn  inparadisi vestibiilo .^quod  antea  noneratj  sed posteaquam peccato'' 
exclusus  est,  coepit  esse  rhomphcea  ignea  quam  posuit  Deus.  etc.  —  '  Am- 
bros.  in  ps.  cxMii.  senn.  10.  n.  la. — ^August,  serm.  oliin.i6.cx  homii. 
5o.  nunc 7.^1.  in  append,  n.  3. — "Serm.  olim.  82.  detempore,  nunc  x5.  in 
append.,  torn.  5.  noi',  edit.  n.  4. — *  Hilar,  inpsafm.  cxvni.  litt.  3.  n.  ra. 


SL'R  LA  FIN  DU  MONDE.  470 

tous  les  homines  ,  et  les  justes  meines  ,  doivent  subir  apres 
cetle  vie.  Qui  osera  desirer  ce  jour  terrible  auquel  nous 
serons  obliges  de  rendre  compte  ,  meme  de  nos  paroles 
oiseuses,  et  auquel  nous  devons  subir  ce  feu  terrible  qui 
fxpiera  nos  peches?  yin  cum  ex  omni  olioso  verbo  rationem 
simus  prastiluri ,  diem  judicii  concupiscemus ,  in  quo  nobis 
est  Hie  indejessus  ignis  subeundus ,  etc.  ?  11  donne  a  ce  feu  le 
nom  de  baptcme  *. 

Saint  Basile  *  fait  aussi  mention  de  ce  baptdme  de  feu , 
qui  nous  neltoiera  de  nos  simples  souillures  au  jour  du  ju- 
gement  :  et  Lactance^  dit  que  les  bons  et  les  medians  pas- 
seront  par  le  feu  ,  mais  avee  cette  difference  que  les  bons 
n'en  souft'riront  aucune  incommodite  ;  le  feu  les  epar- 
jjnera  ,  leur  innocence  les  meltra  a  couvert  de  son  ardeur  : 
Tanta  enim  virtus  est  innocenlite ,  ut  ab  ea  ignis  Hie  rejugiat 
innoxius ,  qui  accepit  a  Deo  hanc  potestatem  ut  impios  urat, 
justis  obtemperet.  Les  mechans  au  contraire  en  seront 
brules ,  sans  en  etre  consumes  :  le  feu  en  les  penetrant 
leur  rendra  autant  de  leur  substance  qu'il  en  otera  par 
son  activite;  leur  corps  renaitra,  pour  ainsi  dire,  au  mi- 
lieu des  flammes  :  Divinus  ignis  una,  cademque  vi ,  alque 
potenlia  ,  et  cremabit  impios ,  et  recreabit :  et  quantum  e  cor- 
poribus  absumet ,  tantum  reponet ;  ac  sibi  ipse  at ernum  pa- 
bulum subministrabit ;  quod poeta  in  vulturcm.  Tilyi transtu- 
lerunt. 

Saint  Thomas  * ,  saint  Bonaventure  ^ ,  Lessius  ^ ,  et  plu- 
sieurs  aulres,  croient  que  le  feu  qui  preccdera  le  juge- 
ment  dernier  fera  mourir  tous  les  iiommes  qui  se  trouve- 
ront  alors  en  vie ,  lant  les  bons  que  les  mechans ,  et  qu'il 
causera  aux  uns  et  aux  aulres  des  douleurs  proportionnees 
a  ce  qu'il  trouvera  en  eux  de  mal  et  d'imperfections.  Les 
justes,  en  qui  il  n'y  aura  rien  a  purifier,  n'en  sentiront 
aucune  douleur  :  les  autres  en  souffriront  chacun  suivant 
ses  demerites.  En  ce  sens,  rien  n'empeche  qu'on  n'ad- 
mette  avant  le  jour  du  Seigneur  un  feu  qui  eprouve  et  les 
personnes  et  les  oeuvres  de  tous  les  hommes  qui  se  trouve- 

^  In  psalm.  cx.\\n.luteraZ.i!.  !^. — 'Basil,  inlsai.  n.  pag.  124.  Tpei? 
timv  al  eirivotai  tcu  ^a:TTi<7{A*TC;;,  wits  tcj  furrou  xaOasKrao;,  %%:  r.  ^li  tcG 
wveuaaTc;  ivafcvvTiOi;,  )4a.l  t,  ev  Tt>  ■irjfi  TJi?  xjiosco?  |i«ffxvo;,  etc. — ^  Lartant. 
lib.  \\i.  de  vero  Sap.  cap.  21.  —  *  D.  Thorn,  in  4,  distinct.  47.  —  '  Bona- 
vent.  inl^.  distinct.  47.  —  *  Lessius,  lib.  xiii  de  divin.  atU'ilut.  cap.  20. 
Videet  Cornel,  in  2.  Petri m.  to.,  et  Tenam,  in  epist.  cd  Hebr.  c.  i.  dif- 
ficult. i3.  sect.  7. 


sur  la  duree 
du  monde. 


48o  DISSERTATION 

ront  alors  en  vie ,  et  meme  ceux  qui  se  Iroiiveront  dans 
le  purgatoire.  Mais  la  foi  de  I'Eglise  ne  nous  permet  point 
d'y  assujetir  les  bienheureux  qui  jouissent  depuis  long- 
temps  de  la  beatitude ,  ni  les  justcs  dont  I'innocence  est 
cntiere. 


ARTICLE  II. . 

Quand  le  monde  finira-l-il? 

Opinions  des  C'est  une  question  que  Ton  a  souvent  faite ,  et  que  Ton 
philosoplies  yj'a  jamais  resolue.  Les  Egyptiens '  croyoient  qu'apres  une 
revolution  d'annees  ,  qu'ils  fixoient  a  trente-six  mille  cinq 
cent  vingt-cinq  ,  tous  les  astres  se  rencontreroient  au 
meme  point,  et  qu'alors  le  monde  se  renouvelleroit,  ou 
par  un  deluge ,  ou  par  un  embrasement  general ;  en  sortc 
que  le  deluge  repondoit  en  quelque  maniere  a  I'liiver,  et 
I'embrasement  a  I'ete  de  nos.  annees  ordinaires  ^,  lis  se 
figuroient  que  le  monde  avoitdeja  ete  renouveleplus  d'unc 
fois  de  cette  sorle,  et  qu'il  devoit  encore  se  renouvcler 
dans  la  suite  des  siecles. 

Les  stoiciens  ^,  et  avant  eux  Heraclite  d'Ephese,  avoient 
embrasse  ces  sentimens.  Aristarque,  cite  dans  Censorin, 
croyoit  que  cette  revolution  etoit  de  deux  mille  qualre  cent 
quatre-vingt-quatre  arts;  Aretes  de  Dyrrachium  ,  de  cinq 
mille  cinq  cent  cinquante-deux  ans;  Heraclite  et  Linus ,  de 
mille  huit  cents,  ou  de  dix-huit  mille  ans;  Dion,  de  dix 
mille  huit  cent  quatre-vingt-qaatre ;  Orphee,  de  cent  mille 
vingt  ans ;  Cassandre  ,  de  trois  millions  six  cent  mille  ans. 
D'autres  enfin  ont  preiendu  que  ce  retour  du  ciel  et  des 
astres  au  meme  point  etoit  infini  et  impossible.  Josephe^ 

'  f'i'Jc,  si fjlacet.  MeiTsham.  Cano?i.  /Egjpii,  nooz-araaxsuiri,  p^g'  ^^-  ^^■ 
■ — -  jdr-isLot.  MeLeor.  lib.  i.  cap.  i5.  Censorin.  de  die  natali ,  cap.  i8.  Est 
jircelei-ea  annus,  quern  AHstoteles  maximum  potius  quam  magnum  appel- 
lai,  quern  solis  el  lunoi,  vagaruinque  quinque  stcllarum,  orbes  conjiciunl, 
cum  ad  idem  signum,  ubi  quondam  simulfuerunt,  u)ia  referuntur ;  cujus 
anni  hyems  summa  eif  za.Ta/.).'Jaab;,  quam  jiostri  dilmnum  vacant;  a'sias 
auiem  exT^uftiati;,  quod  est  mundi  incei,dium. — '^  Or! gen.  contra  Cels.  lib. 
V.  *a(jl  8'i  o\  aTTo  zTi;  area;,  >caTa  TT£pto<5'cv,  s/tTT'jfWff'.v  tcu  ttoivtc;  "yevEaOat, 
/.at  i^Tti  au-.vi  <5'ta!'.o<j[^.r,(jiv  Tt&ivx'  aTrapaW.a'xT'  f/waM. — '"Joieph.  aniiq.  lib.  i 
cap.  3.  npor,py,>co'70?  AiJaacu  acanaaov  roiv  &Xwv  e'dsofiaf  rev  ;.•.£•/  'xar'  lay^ti 
TTupi;,  Tov  Eiepov  Si  xara  fitav  xat  ttXxOo;  'j(5'aTc;. 


SUH  LA  FIJI  DL   MOMDE.  iSl 

semble  altribuer  a  Adam  la  decouverte  dc  ces  revolu- 
tions. II  tlit  que  ce  premier  homtne  ayant  pfedit  que  Ic 
nionde  periruit  deu\  tois,  Tuue  par  I'eau,  ct  I'autre  par 
le  feu,  Ics  enlaus  de  Sulh,  pour  prevcuir  ce  malheur, 
Hrent  graver  leurs  observations  asironomiques  et  leurs 
decouvertes  suv  deux  colonnes,  I'unc  de  briques  pour 
resister  au  feu  ,  et  I'autre  de  pierres  pour  resister  a  I'eau. 
Mais  eel  autcur  ne  donne  ala  grande  anncie  que  six  cents  ans. 

Saint  Augustin  '  renianjue  que  Platon  et  toute  son 
ecole ,  aussi  bien  quOrigenc,  etoieut  dans  cette  faussc 
persuasion ,  que  divers  uiondes  sc  succederoient  les  uns 
aux  aulres.  It  les  refute  ,  en  montrant  que  si  le  monde ,  les 
homnies,  et  !es  animaux.,  perissoicnt  tons  par  le  feu  ou 
par  lo  dtjiuge  ,  il  scroit  impossible  qu'il  en  revint  d'autres , 
a  nioins  dune  creation  toute  nouvellc,  que  les  philoso- 
phes  n'auront  garde  d'admettre  dans  la  nature.  Et  en  effet, 
pourquoi  delruire  toute  I'espece  des  homnics  ,  si  elle  doit 
etre  reparee  peu  de  temps  apres?  Cette  revolution  conti- 
nucUe  de  divers  mondes  qui  perisssnt,  et  qui  reparoissent 
de  nouveau,  ne  nous  donne-t-elle  pas  une  certaine  idee 
d'inconslauce  qui  ne  convient  pas  a  la  Divinite?  Origene^ 
empioyoit,  pour  prouver  le  sentiment  de  Ja  pluraliie  et  de 
la  succession  des  mondes,  ces  paroles  de  I'Ecclesiaste  : 
Qu'esl-ce  qui  a  ele  ?  ce  qui  sera.  El  quest-ce  qui  a  Ue  fait?  ce 
qui  sera Jait.  Rien  n  est  noiiveaii  sous  le  soleil.  Qui peut  dire  : 
Foici  qui  est  nouveau?  Cela  a  dejd  etc  dans  les  siecles  qui  ont 
(teai  ant  nous  ^. 

Le  rabbin  Barhyhia.  *  dit  que  les  pliilosophes  convieu- 
nent  assez  que  le  monde  perira  ou  sera  renouvele  apres 
un  certain  nombre  d'annecs;  mais  qu'ils  ne  sont  pas 
d'accord  sur  leur  nombre  precis;  les  uns  raetlent  quatre 
millions  trois  cent  vingl  mille  ans,  a  la  fin  desquc's  chaquc 
cbose  doit  retourner  au  premier  point  de  sa  creation. 
D'autres  donnoient  au  nionde  cinquaute-six  mille  ans, 
juaqu'au  retour  de  tous  les  astres  au  meme  point  ou  ils 
eloient  a  leur  creation.  D'autres  croyoient  que  le  monde 
dureroit  irois  cent  soixantc  mille  ans;  d'autres  quarante- 
neuf  mdie  ans;  d'autres  sept  mille  ans;  anres  quoi  le 
monde  relomberoit  dans  le  chaos ,  puis  se  retabliroit ,  et 


'  -^ug.  lib.  xn.  de  Civit.  cap.  ii  et  12.  —  -  Ori^en.  Ilipl  ipx^v,  lib.  m. 
cap.  '2  5.  —  ^  Eccl.  i.  9.  —  *  Bab.  jlbrah.  BaH>jhiu ;  in  lib.  Megilat.  Ha- 
megila,  npud  Menasse-Ben-Israel,  de  Resurrect,  mart.  Lb.  n.  cap.  i. 


482  DISSERTATION 

se  retrouveroit  au  meme  etat  qu'aiiparavant.  ,Ce  rabbin 
remarque  fort  bien  qu'apparernment  ces  philosophes 
avoient  recu  de  leurs  peres  quelqne  tradition  de  la  fin  du 
monde,  mais  que  mal  a  propos  ils  en  rapportoient  la  cause 
au  coursdes  planetes  et  dcs  astres,  dontl'aspectetlemou- 
vement  n'ont  aucune  influence  sur  la  duree  ni  sur  la  na- 
ture des  choses  d'ici-bas. 

En  effet,  selon  les  philosophes,  le  monde  devoit  clre 
renouvele  par  des  causes  pureoient  nalurelles;  comme, 
dans  nos  annees  ordinaires  ,  I'ele  et  I'hiver,  le  jour  et  la 
nuit ,  sc  succedent  naturellement  Tun  a  I'autre.  Mais  les 
Ecritures  nous  donnent  une  autre  idee  de  la  fm  du  monde. 
Elles  nous  la  reprcsentent  comme  le  moment  de  la  ven- 
geance du  Seigneur,  et  comme  un  jour  qui  sera  precede 
et  accompagne  de  toutes  les  marques  de  sa  colere;  jour 
inconnu  aux  hommcs  et  aux  anges  memes  \  et  qui  viendra 
nous  surprendre  comme  un  voleur  pendant  la  nuil  ^. 
r.es  disciples  ayant  un  jour  demande  a  Jesus- Christ  quand 
arrivcroit  la  fm  du  monde  ,  il  leur  ditque  les  anges  memes 
dans  le  ciel  n'en  savoient  ni  le  jour  ni  I'heure;  que  lui- 
meme  comme  homme  I'ignoroit ;  nulle  creature ,  quelque 
parfaite  qu'elle  fut ,  ne  pouvant  par  elle-meme  penetrer 
dans  ce  profond  mystere ,  dont  le  Pere  eternel  s'est  re- 
serve la  connoissance  :  De  die  autem  illo  vel  hora  nemo  scit, 
neque  angeli  in  ccelo  ,  neque  Filius ,  nisi  Pater^ . 
Tradition ju-  Mais  ces  declarations  precises  ne  regardent  proprement 
<laique  sur  la  ^^g  j^  j^^j.  ^^  I'heure  de  cet  evenement  :  De  die  illo  vel  hora 

duree  du  *  -^        ^      i      •  .  , 

monde.  'nemo  scit ;  et  plus'.eurs  anciens  ont  pense  que,  sans  con- 

tredire  a  cette  parole  de  Jesus-Christ,  on  pouvoit  con- 
jecturer  que  la  duree  du  monde  se  trouvei'oit  fixee  a  six 
mille  ans  :  savoir ,  deux  mille  ans  sous  I'etat  de  la  simple 
nature,  deux  mille  ans  sous  la  loi ,  et  deux  mille  ans  sous 
le  Messie.  Cette  opinion  est  fondee  principalement  sur 
une  tradition  judaique  assez  ancienne  "*  et  attribuee  a  Elie, 
non  le  grand  prophete  de  ce  nom ,  mais  un  autr« ,  qui  a 
vecu  cent  cinquante-quatre  ans  apres  le  retablissemcnt  du 
temple  et  le  retour  de  la  captivite  babylonienne.  On  lit 
dans  le  Thai  mud  ^  que  le  monde  durera  six  mille  ans ,  et  qu'il 
sera  detriiit  dans.im;  ce  que  plusieurs  rabbins  ^  expliquent 

'  Maiv.xw.  32. —  2  2  Petri  lu.  lo.  Utfur  (Gr.  addit',  in  node)— 
^  Marc.  xin.  2i. —  *  Gcmar  Abod.  Zarce .,  cap.  i.  Vide  MaU-end.  de  Jnii- 
christo,  I.  I.  cap.  28.  agef  3o. — '  Thalmud.  trailc Sanhedrinfol.  97  Jvcto. 
— *  f-^ide  Menasse-Benlsracl,  l.  in.  de  Besurr.  moHiior.j  cap   ^.  p.  371. 


SI  n  L\  FIN  DC  MONDE.  483 

d'un  scptieme  millenaire  ,  durant  lequel  le  monde  retom* 
bera  dans  son  ancicn  chaos.  Apres  cela  on  verra  un  nou- 
veau  monde  ,  lequel ,  apres  pareil  nombre  de  six  niille  an- 
nces,  rclournera  encore  dans  le  chaos;  et  qu'ainsi ,  par 
une  revolution  continuelle,  on  verra  plusieurs  niondes 
paroilre  et  disparollre,  jusqu'apres  quarante-neuf  mille 
ans  ;  qu'alors  ic  cicl  el  la  terre,  et  tout  ce  qu'ils  contien- 
nent,  seronireduitsauneant.  lis  tachent  de  prouver  cette 
opinion  par  IKcrilure  ;  car  telle  est  la  melhode  des  rab- 
bins :  ils  n'avancent  rien  sans  I'appuyer  de  quelque  texte, 
bien  ou  mal  allegue.  Ils  disent  done  que  de  meme  que  le 
monde  a  ele  cree  en  six  jours,  ainsi  le  monde  durera  six 
raille  ans,  parce  que,  devant  Dieu,  mille  ans  ne  sont  que 
commc  un  jour'.  De  plus  la  letlre  Akph  ,  qui  se  prerid 
pour  niille  ,  se  trouve  six, ibis  dans  le  premier  verset  de  la 
Gencse.  Enfin  le  Seigneur  ordonne  dans  sa  loi  ^  de  cul- 
tiver  la  terre  pendant  six  ans ,  et  de  la  laisser  reposer  pen- 
dant un  an;  et  qu'au  bout  de  sept  semaines  d'annees, 
c'est-a-dire  a  la  cinquanticme  annee  ,  on  celebre  le  jubile. 
Les  six  ans  marqucnt  les  six  mille  de  la  duree  du  monde; 
et  I'annec  du  jubile,  la  dernicre  revolution,  el  I'entier 
deperissement  de  I'miivers.  Mais  comme  le  Messie  ,  selon 
leur  tradition  et  leur  supputation,  devoit  paroitre  ou  au 
commencement  ou  enfin  dans  le  cours  des  deux  derniers 
millenaires  ,  et  que  le  sixieme  est  aujourd'hui  fort  avance, 
sans  qu'ils  voient  aucun  changement  dans  leur  condi- 
tion ,  ni  aucune  appaience  qu'elle  doive  devenir  meil- 
leure  dans  la  suite  ,  les  cabalistes  en  sont  venus  a  rejeter 
absolument  I'opinion  qui  ne  doune  au  monde  que  six 
mille  ans  ,  et  qui  croit  qu'il  finira  au  bout  de  ce  terme  ^. 

Quelques  peres  ont  appuye  I'opinion  qui  veut  que  le    Anclenspe- 
monde  nq  dure  que  six  mille  ans;  et  elle  a  ete  renouvelee  rcsetnou- 
par  quelques  savans  du  dernier  siecle.  Saint  Cyprien  *  ,  ^^a^auj^"" 
Lactance  ^,  saint  Arabroise  *',   saint  Jerome  ',  et  saiut  c"ae"opinion. 
Augustin  *,  ont  suivi  ce  sentiment ,  aussi  bien  que  saint 
Irenee  ^,  saint  Hilaire  ***,  saint  Gaudence  de  Bresse  '% 

'  Psalm.  Lxxxix.  ;.— *  Excd.  .xxiii.  ii.  —  ^  fide  R.  3Ios.  de  Leon,  in 
Sepker  Harimischal,  et  alios  apud  Menasse-Ben- Israel ,  dc  Ptesuir.  niurt. 
I.  III.  c.  4- — *  Cyprian,  ad Fununat.  de  exhort,  ad mnrlj  riutn . — '  Lr:ctaiU. 
I.  VII.  c.  14. —  *  jimbros.  in  Luc.  lib.  vit.  c.  7. — '  Hieron,  ej).  ad  Cyprian. 
—  *  August,  de  Civit.  I.  XX.  c.  7.  —  '  Irenee.  lib.  r.  cap.  ult. —  *"  Hilar. 
Canon.  17.  in  Matth  sen  cap.  17.^.  693.  noi'.  edit,  f^ide  notas  CouUuitU 
ibidem. —  "  Gaudent.  Brixiens.  tract,  ro. 


484  DISSERTATION 

Tautcur  des  Questions  aux  orthodoxes  ,  sous  le  nom  de 
saint  Justin  le  martyr  ' ,  Victorin  sur  I'Apocalypse  ^  , 
Piaban  Maur  sur  le  Dcuteronomi;  ^ ,  Germain  archev^que 
de  Constantinople,  Julius  Hilarion,  saint  Isidore  et  un 
tres  grand  nombre  de  nouveaux  auteurs ,  cites  par  Cor- 
nelius a  Lapidc  sur  I'Apocalypse,  chap,  xx,  '^.  5.  Et  cet 
autcur  soutient  que  ce  sentiment  est  ties  probable, 
pourvu  touti'fois  que  Ton  ne  prenne  pas  les  six  mille  ans 
dans  unc  precision  rigoureuse  et  malhematiquc,  mais 
simp'ement  dans  une  acception  morale;  en  sorte  que  le 
monde  ne  passcra  pas  le  seplieme  miilenaire,  et  n'ira 
guere  au-deia  du  sixieme.  Bcllarmin  *,  Genebrard  ^, 
Feu-ardent *" ,  et  plusieurs  autres,  paroissent  assez  favora- 
bles  a  cctle  opinion  ;  du  moins  ils  n'osent  ouvertemcnt  se 
declarer  conlrc. 
Refutation  ]i  est  vrai  que  saint  Augustin ,  que  Ton  cite  pour  I'opi- 
e  ams  que  jjJq,^  aCfirmativc  qui  lient  que  le  nionde  iinira  au  bout  de 
res  oni  fail  de  '^^^  mule  ans  ,  s  cxpuque  aiUeurs  '  assez  lortement  conlre 
cette  opinion,  la  tcmerite  de  ceux  qui  ont  ose  assurer  que  le  monde  ne 
dureroit  que  six  milic  ans  ,  quoiqu'ils  sussent  que  le  Sau- 
veur  a  prononce  dans  I'Evangile  que  le  Pere  .seul  s'est  re- 
serve la  connoissance  de  ce  dernier  jour  ^.  II  craignoit 
qu'on  n'abusat  de  cette  opiriion,  dont  en  effet  les  mille- 
naires  ont  abuse.  Aretas  de  Crete,  ecrivant  sur  1' Apoca- 
lypse °,  rapporte  le  sentiment  des  millenaires  ,  qui 
croyoient  qu'au  bout  de  six  niiUe  ans  arriveroit  la  pre- 
miere resurrection  des  seulsjustes;  et  qu'apres  un  inter- 
valle  de  raille  ans,  pendant  lequel  Jesus-Christ  regneroit 
avec  les  saints  sur  la  terre ,  et  les  y  feroit  jouir  dun  parfait 
repos  ,  on  verroit  la  seconde  resurrection  ,  qui  seroit.  la 
resurrection  generale.  Mais  Aretas  rejette  ce  sentiment , 
commc  n'ayant  eie  ni  rccu  ni  autorise  par  I'Eglise.  Bcde 
en  plus  d'un  endroit  le  rejette  de  meme ,  et  le  traite  de 
vaine  et  frivole  opinion ;  et  il  est  suivi  en  cela  par  un  assez 
bon  nombre  de  nouveaux  auteurs  ,  dont  les  uns  aban- 
donnent  cette  opinion  comme  denuee  de  preuves  et  dau- 
torile  '",  et  d'auires  la  meprisent  et  la  rejettent  comme 

'  Justin,  qiicest.  "j  i .  —  ^  yictorin.  in  J/joc.  xx.  '>. —  ^  Raban  in  Deut. 
I.  1.  cap.  11. —  ■''  Bellarm.  I.  m.  de  liomano  Pcniif.  c.  3. — "  Genebr.  lib.  i. 
Chronographicn,  pag.  2. —  ^  Feu-ardent,  notis  in  S.  livnccum.  — '  August, 
in  psalm,  lxxxix.  —  ^  Mauh.  xxiv.  36.  Act.  i.  7. —  ^  Andiceas  et  Aretas  in 
Apoc.  XX.  —  "*  Suarez,  torn.  2.  disput.  53.  sect.  4.  dist.  43.  f/ucest.  3. 
art.  2, 


1 


SUH  LA  FIN  UL    MONDE.  485 

absoluiuenl  fausse  el  iusoulenable '.  QueUjues-uns  sus- 
pendent  lour  jusjement,  ct  croient  qu'on  doit  allendre  de 
i'evenement  iiieme  la  decision  de  cette  cjuesiion'.  Mais 
disons  plulot  que  Ion  doit  sen  tenir  a  cctle  parole  de 
Jesus-Chrisl  :  Lc  Umps  viendra  oil  tons  ccux  qui  sont  dans 
les  sipulcres  erUendronl  la  voix  da  Fits  de  Vhonime  ;  et  alors 
ceivv  qui  aurontfait  de  bonnes  auvrcs  sortiront pour  ressas- 
citer  d  la  vie ;  el  ceax  qui  auront  fail  de  mauvaises  ceutres  sor- 
lironl  pour  ressusciter  a  Icur  condamnalion  ^.  Cettc  parole 
prouve  invinciblenient  que  les  justes  et  les  medians  res- 
suscileront  tous  ensemble ;  et  qu'ainsi  la  resurreclion  des 
Justes,  dent  Jcsus-Chrlst  parle  ailleurs  ^ ,  marque  seule- 
ment  rimmorialile  glorieuse  dont  les  justes  seront  alors 
revetns ,  et  qui  seule  distingucra  la  resurreclion  des  justes 
d'avec  la  resurreclion  des  mechans.  Si  Ton  veut  lire  seu- 
lement  avec  attention  et  sans  prejuge  ce  que  sainl  Jean  dit 
de  la  premiere  resurreclion  dans  TApocalypse  " ,  on  y  verra 
qu'il  ce  parie  que  des  anics  des  saints ,  animeis;  et  qu'ainsi 
la  premiere  resurrection  dont  il  parle  n'est  autre  que  la 
Tie  bienbeureuse  dans  laqucile  sont  admises  les  ames  des 
saints  avant  la  resurrection  generale.  Le  regne  de  mille  ans 
dont  saint  Jean  fait  mention  a  pour  epoque  I  enchainement 
du  dragon  '^ ;  rencbainenient  du  dragon  a  pour  cpoquela  des- 
truction de  son  regne  ct  la  fin  de  ses  corabals ;  la  fin  de  ses 
combatset  la  destruction  de  son  regne  ont  pour  epoque  la 
deruiere  ruine  de  I'idolairie  par  la  clefaile  de  Licinius ,  der- 
nier empereurpaien  ;  le  regne  de  mille  ans  a  done  pour  epo- 
que le  regne menie  de  Constaritin  ,  premier  empereur  dire- 
lien;  le  regne  de  mille  ans  est  done  le  regne  tcmporcl  de  Je- 
sus-Cbristsur  la  lerre  en  la  personne  des  princes  chreliens 
depuis  Constantin  qui  fut  le  premier,  il  est  vrai  que  ces 
mille  ans  sont  revolus  ;  et  le  regne  de  Jesus-Christ  subsiste 
encore  dans  la  personne  des  princes  chreliens.  ^lais  il  en 
resulle  seulemeni  que  cc  nombre  de  mille  ans  est  un  nom- 
bre  complet  pour  un  nombre  incomplet;  il  peut  exclure 
un  second  millenaire  sans  esclure  un  nombre  incomplet 
pris  entre  le  premier  el  le  second  millenaire.  Et  il  estre- 
uiarquable  que  ce  nest  qu'apres  I'expiration  de  ces  mille 

'  Malvendii.  I.  i.  dc  Aiiiichrisio.  c.  3).  Pioculdubh  asseHio  estfalsissi- 
ma  ei  intolerabilis  ,  gnu'iorem  ceiisitram,  ttl  par  est,  sacro  Ecclestce  tri- 
iur.ali  veseivantes. —  *  Galalin.  I.  iv.  c.  20.  Finus ,  lib.  v.  c.  11.  Sixt. 
Sen.  Bibliot.  lib.  v.  uinnot.  190. —  ■•  Joan.  y.  28.  29. —  *  Luc.  xiv.  »4. — 
*  jdpoc.  XX.  4.  el  ieqq. —  ^  Apoc.  xx.  i.  et  seqtj. 


486 


DISSERTATION 


ans  que  Tempire  anllchretien  dc  Mahomet  a  eu  le  pouvoir 

d'enlamer  H'empire  des  princes  chretiens  en  subjuguant 

I'enipire  d'Oricnt.  Enfin.  !e  sahhat  ou  le  repos  que  saint 

Paul  dit  elre  reserve  au  peiiple  de  Dieii  ^ ,  est  explique  au 

nieme  endroit  par  sanit  Paul  meme  :  cet  apolre  dit  bicn 

expressement  qutt  ce  rcpos  est  le  repos  de  Dieu ,  ou  le  re- 

pos  oil  Dieu  est  entre  aprcs  la  crcalion ,  en  un  mot  le  repos 

de  reternitc  bienheureuse.  Le  peuple  dc  Dieu  n'a  point 

d'autrc  rcpos  a  atlendre.  Et  si  Ton  pent  dire  avec  les  an- 

ciens  que  ce  repos  est  figure  par  celui  du  sabbat,  et  qu'il 

succedera  aux  six  mille  ans  de  la  duree  du  monde,  il  efi 

resultera  une  nouvelle  preuve  contre  les  millenaires,  qui 

seront  alors  obliges  de  recoinioitre  qu'apres  les  six  mille 

ans  de  la  duree  du  monde,  le  repos  qui  succedera  sera 

celui  de  Teternite  bienheureuse. 

Vainescon-      Apollinaire  de  Laodicee,  cite  par  saint  Jerome^,  pre- 

jec  ures  sur    j.gj^(jQij-  q^g  q  jgire  cent  trente-quatre  ans  apres  la  hui- 

lepoqueuela    .,  »      i     i,  r^i        i       i  i  -        r-i-        • 

fin  du  monde.  tieme  annee  de  1  empereur  Claude,  le  propliete  Ehe  vien- 

droit ,  et  que  Ton  verroit  rebatir  le  temple  et  la  ville  de 
Jerusalem  dans  I'espace  de  trois  ans  et  demi ;  et  qu'enfm 
TAntechrist  paroitrcit.  D'autres,  dont  parle  saint  Phi- 
lastre  ^,  croyoient  que  le  monde  ne  dureroit  que  trois 
cent  soixante-cinq  ans  depuis  I'incarnation  du  Sauveur. 
D'autres  ,  cites  dans  saint  Auguslin  * ,  ne  mettoient  que 
quatre  ou  cinq  cents  ans  depuis  I'ascension  de  Jesus- 
Christ  jusqu'a  la  fin  des  siecles.  D'autres  y  mettoient 
mille  ans. 

Saint  Vincent  Ferricr  ^  dit  qu'il  y  avoit  certaines  gens 
qui  donnoient  au  monde,  depuis  la  naissance  de  Jesus- 
Christ  jusqu'a  la  consommation  des  siecles,  autant  d'an- 
nees  qu'il  y  a  de  versets  dans  le  psautier.  (  H  y  en  a  environ 
deux  mille  cinq  cent  trente-sept.  )  D'autres  '^pretendoient 
que  le  monde  dureroit  autant  depuis  Jesus-Christ  jusqu'au 
dernier  jugement,  qu'il  avoit  dure  depuis  le  commence- 
ment du  monde  jusqu'au  deluge ;  c'est-a-dire  environ  seize 
cent  cinquante-six  ans.  Enfin  il  y  en  avoit  d'autres  qui  lui 
donnoient  une  bien  plus  grande  duree,  puisqu'ils  croyoient 
que  depuis  la  venue  de  Jesus-Christ  jusqu'a  la  fin  rlu  monde, 
il  y  auroit  autant   d'annees  que  depuis   la   creation   du 

I  *  Ililbr.  IV.  9.  Voyez  I'analyse  de  lepilre  aux  Hcbreux,  inseree  dans  la 
preface  sur  ceUe  epilre. —  -  jipolUnar.  Laodicen.  apiid  Uietonym.  in  Dan. 
u. — ""  Vhilast.  de  hceres. —  *  .dug.  de  Ci\>it.  I.  xviii.  cap.  55. —  *  Vincent, 
fairer,  ep.  ad Benedictum  xiii,  —  ^  Jpud Perer.  in  Genes,  lib.  i.  adjinem. 


II 


SUR  LA,  KIN  DV  MOHDE.  ^87 

inonde  jusqu'a  la  venue  ilu  Messie ,  c'est-a  dire  an  nioin^ 
quatre  niille  aiis  :  ils  se  fondoient  sur  ces  paroles  d'Ha- 
bacuc  :  Seii^nicur ,  to  us  manifeslerez  voire  ouvrage  an  7nilieu 
(Us  aniiees  '.  Chretien  Drutmare  ^ ,  nioine  de  Corbie  ,  qui 
vivoit  au  neuvieine  siecle ,  rapporte  une  tradition  ,  qu'il 
disoit  avoir  ete  laissee  j  ar  ecrit  par  les  ancicns,  qui  est 
que  le  monde  avoit  ele  cree  le  huilienie  jour  d'avanl  les 
calendes  d'avril ,  c'esl-a-dire  le  25  dc  mars;  que  noire 
Sauveur  s'etjit  incarne  et  etoit  mort  le  meme  jour;  et 
qu'enfin  le  monde  finiroit  aussi  le  25  de  mars.  Mais  il  est 
inutile  de  s'arreler  a  eombattre  serieusement  des  conjec- 
tures aussi  frivoles  que  celles-la. 

Plusieurs  anciens  ont  avance  que  le  monde  finiroit  la     Le  monde 

nuit,  etque  Jesus-Christ  viendroit  \\x"pr  les  vivans  et  les  f'""^^*'lj'^^°* 
„      ^     I  ,  ,  1      •     1  ■  la  nuilr  cela 

raorts  lorsqu  on  s  y  attcndroil  le  moms  ,  comme  un  vo-  ^^j  inceriain. 

leur  qui  vient  percer  la  muraille  pendant  la  nuit.  Ils  se  Finira-t-il  en 
fondcnt  sur  ces  paioles  de  saint  Pierre,  Le  jour  da  Set-  un  momeni? 
gneur  viendra  comme  un  volcur  pendant  la  nuit  ^ ;  et  sur  ces  '^^l^  ^^  ^^^^^ 
autres  de  I'Evangile,  Au  milieu  de  la  nuit,  on  enlendit  un 
grand  cri:  F'oici  I'epoux  qui  vient ;  allez  au-devant  de  lui^. 
Sur  quoi  saint  Jerome  remarque  que  c'est  une  tradition 
apostolique,  que  le  Seigneur  viendra  la  nuit;  de  la  vient 
qu'a  la  nuit  de  Paqucs ,  que  Ton  passoit  dans  I'eglise , 
I'ev^que  ne  oongedioit  le  peuple  pour  retourner  dans  sa 
maison  qu'apres  minuit,  parce  qu'on  croit  que  le  Sau- 
veur doit  venir  en  ce  meme  temps,  auqucl  autrefois  il 
frappa  les  premiers-nes  de  I'Egypte.  Lactance  ^  dit  aussi 
que  Jesus-Christ  paroitra  au  milieu  de  la  nuit ,  que  le  ciel 
s'ouvnra ,  et  que  le  Sauveur  descendra  precede  d'une 
grande  clarte  ;  Tunc  ccclum  inlempesta  node  patejiet ,  et 
descendet  Chrislus  in  virtule  magna,  et  anleccdet  cum  cla- 
ritas  ignea.  Saint  Jean  Chrysostome  ^ ,  Theophylacte  , 
Eulhyme  ,  rendent  temoignage  a  la  meme  tradition ;  et  on 
la  Yoit  aussi  dans  d'anciens  vers  attribues  a  une  sibylle  ". 
D'autres  pretendent  que  le  Sauveur  viendra  au  point 
du  jour,  comme  on  le  voit  dans  ces  vers  de  Prudence  ^  : 

'  Habac.  m.  2. —  -  Christian.  Dmtmar.  in  MattJi.  xvi. —  °  ■?..  Petr.  iii. 
10.  ^dvenietdies  Domini  ut  fur  {Gt.  addit,  in  node.) — ^  MaoJi.  xxv.  6. 
—  *  Lactam.  Instit.  Epiiom.  et  I.  vii.  de  difin.  prcem.  c.  39. —  *  Chris,  in 
Matt.  XIV. —  '  Sibylla  apud.  Lactam.  I.  vii.  c.  ag. 
OinrsV  av  ikH 

•  Pnident.  hym.  Cathemer. 


488  DISSERTATION 

Et  mane  illud  ultimum 
Quodprcestolaniurcernui, 
In  luce  nobis  ejjfliiat , 
Dum  lioc  canore  concivpat. 

C'esl-a-dire  ,  que  le  dernier  matin  que  nous  atlendons  avec 
frayeur  nous  trouve  occupes  a  chanter  vos  louanges.  Saint 
Thomas',  Tostat^,  Suarez%  croientque  le  jugementse  fera 
en  plein  jour;  et  c'est  de  quoi  il  n'est  pas  permis  de  dou- 
ter,  puisque  la  luniiere  ,  le  i'eu ,  la  majestc  qui  accoinpagne- 
ront  le  souverain  Juge  ,  rendront  la  nuit  meme  aussi  ecla- 
tante  que  le  jour. 

Quelques-uns  croient  que  le  monde  nc  finira  pas  tout 
d'un  coup,  mais  dans  la  suite  d'un  raiJlier  d'annees  ;  c'est 
ce  que  nous  avons  vu  dans  le  Thalmud*.  Mais  quelques 
docteurs  juifs  ^  soutiennent  qu'il  fmira  en  UJi  jour,  et 
menie  en  un  moment;  et  c'est  ainsi  qu'ils  expliquent  ce 
mot  en  un.  Mais  ce  que  nous  savons  certainement ,  c'est 
que  le  monde  fmira  par  le  feu*";  que  le  Seigneur  viendra 
lorsqu'on  s'y  attendra  le  moins'^;  que  dans  un  moment, 
dans  un  din  d'oeil  les  morts  ressusciteront,  et  seront 
changes^;  que  le  jour  et  le  moment  precis  de  la  fin  du 
monde  ,  et  du  second  avenement  de  Jesus-Christ,  sonten- 
tierement  inconnus  aux  hommes^;  et  qu'il  est  superflu 
et  temeraire  de  vouloir  en  marquer  le  temps  et  la  manicre, 
puisque  Dieu  n'a  point  voulu  nous  le  reveler"^.  Et  tamen 
aiisi sunt  homines prcEsiimere  scienliam  iemporum ,  quod  scire 
cupienlibus  discipulis  Dominus  ait :  Nan  est  vesiruin  scire 
lempora  quce  Paler  posu.it  in  sua  poleslale. 

'  D.  Thorn.  3,  parte  in  sitpplemenlo ,  qucest.  77.  a7^t.  3.  —  ^  Toitat.  in 
Matth.  25.  —  ^  Suarez.  i.pari.  loin.  2.  disptit.  5-.  Fide  Cornel,  a  Lapide 
in  2.  Peir.  in.  c.  10.  —  *  Tlialmiid.  traite  Sanhedrin.  fol.  97.  recio. — 
*  Rab.  Isaac.  Loria  Cabalisla  insignis ,  apud  Mcnasse-Bcn-Israel,  de  Re- 
suiTect.  moH.  lib.  in.  c.  \. — *  Psalm,  xcvi.  3.  i.  Cor.  in.  I'i  eti.  Petriui. 
7.  is>.  —  ''  Matlh.xxiv.  36.  42.  44.  2.  Petri  lu.  10. —  "  i.  Cor.  xv.  St.. 
- — ^  Marc.xui.  32. —  "*  Fide  S.  August,  in  psalm,  lxxxiv.  4. 


SUH  LA  ¥iy  DU   MO?«DE.  48g 


ARTICLE  III. 


Le  cbaugement  qui  arrivera  au  monde  a  la  6n  des  siecles  sera  t-ll  subslanliel , 
oa  accidenlel?  Le  uiond.'  scra-t-il  ancanli ,  ou  sculenient  change? 

JusQu'ici  celle  queslloii  est  denieuree  problemalique.      Testes  qui 

Quelquefois  Ics  auleurs  sacres  parlcnt  cle  la  fin  c'u  monde  semMcot  au- 

comme  dun  aneanlisscment  reel ;  par  exemple  ,  Isaic  dit  :  "°'?*^^'". '^" 

...  t     r  I  '        •      an«"3nlisse- 

Lcs  cieux  se  dissiperon*  comrne  lajumec ,  el  la  lerre  s  en  ira  n,p„i  r,'.j.|, 

tn  poiissure  comme  un  viteme.nl  use^ .  El  saint  Jean  dans  I'A-  Temoignagcs 
pocalypse  :  L'angt  jura  par  celui  qui  vil  dans  lous  les  sie-  ^^\  anciens 
Ics,  et  qui  a  criele  cicl el  la  lerre  ^  qu'il  n'lj  aar oil  plus  de  ^!^\^^'^*^^ 
mps'^.  On  salt  que  le  temps  est  la  mesure  des  ehoses  jjuainsi. 
creees;  des  qu'il  n'y  a  plus  dc  temps,  il  n'y  a  plus  de  crea- 
tures scnsibles,  plus  dc  succession,  plus  de  mouvement 
local.  Je  vis ,  dit  saint  Jean  dans  un  autre  endroit,yV  vis  un 
iiouveaa  ciel  el  une  nouvelie  lerre;  car  le  premier  del  el  la  pre- 
miere lerre  etoienl  passes,  el  la  mern'eloil  piiis^.  El  Jesus-  " 
Christ  dans  sairit  Malliieu  :  Le  ciel  el  la  Icnepa^'sercnl,  mais 
mes paroles  ne passeronl pas*',  expression  qui  se  trouve  en 
lusieurs  endroiisdu  Aouveau-Teslament. 
Dans  les  psaumes',  il  est  dit  expressement  que  les  cieux 
periront,  Ipsi  peribunl ,  mais  que  le  Seigneur  subsistera 
eternellement.  L'opposiliouque  Ton  met  entrele  Seigneur 
qui  subsiste  eterneilement  et  ie.s  cieux  qui  doivenl  perir, 
insinuc  un  aneaiitissement  reel  de  ceux-ci.  Saint  Pierre*^ 
dit  clairemenl  qu'au  dernier  jour  lous  les  Hemens  elant  em- 
hrases  par  le  feu  ,  se  dissoudronl ,  se  fondronl ,  el  que  la  lerre 
aiec  ce  quelle  conlienl  sera  consumee  par  lejeu.  Et  dans  Isaie", 
le  Seigneur  dit  qu'il  crcede  noiiieaux  cieux  el  une  lerre  ;2oa- 
?^//e,  comme  pour  les  subslituer^iux  anciens  cieux  et  a  I'an- 
cienne  terre ,  qui  ne  subsisleront  plus  ,  mais  qui  seront  ab- 
solument  deiruits  et  aneaniis. 

Les  cabalistes  parmi  les  Hebreux  croient  tons  laneanlis- 
sement  fulur  du  nionde^.  Porphyre''se  railloit  desChre- 

•  Isai.  LI.  6.  —  -  Apoc.  x.  G.  —  ^  Jpcc.  xxi.  i. —  *  Mauh.  xsiv.  35. — 
^  Psalm.  CI.  27.  —  '  2.  Peiri  III.  10.  12.  —  '  Jsai.  vxv.  17. —  *  Jpud 
Menasse-Ben-Israel  de  Resurrect,  mort.  I.  in.'c.  4.  — '  Jipud  Aug.  de 
Ch'h.  t.  ',.  I.  XX,  c.  2  i . 


^  490  DISSERTATION 

liens  qui  soutenoient  que  le  monde  seroit  detruit :  Por- 
phyrins Chrislianos  oh  hoc  arguit  maximc  sLxdlilm ,  quod  is- 
lam mundumdi  cunt  esse  perkurum.  Si  les  Chretiens  n'eus- 
sent  pretendu  autre  chose  sinon  que  le  monde  devoil 
prendre  une  nouvelle  forme,  ils  n'auroient  rien  dit  que 
les  philosophes  n'enseignassent  publiquement.  Les  Chre- 
tiens soutf;noient  done  que  le  monde  periroit  reellement ; 
et  e'est  en  effet  I'opinion  des  plus  anciens  peres. 

L'auteur  du  livre  des  Recognitions  '  fait  dire  a  saint 
Pierre  qu'il  y  a  deux  sortes  de  cieux  :  les  uns  sont  invi- 
sibles ,  et  c'est  le  lieu  de  la  demeure  des  bienheureux ;  ces 
cieux  sont  eternels  et  immuables  :  les  autres  sont  exposes 
a  Motrevue,  nous  y  voyons  brilJer  les  astres;  ces  cieux 
visibles  sont  sujets  a  la  corruption,  et  ils  seront  en  effet 
corrompus  et  detruits,  lorsque  les  hommes  ,  pour  les- 
quels  ils  ont  ete  crees,  ne  seront  plus  sur  la  terrc.  Et  dans 
le  livre  suivant,  on  fait  ainsi  raisonner  saint  Pierre  :  De 
meme  que  la  coque  de  I'ceuf ,  toute  propre  qu'elle  paroit , 
doit  toutefois  etre  rompue  afin  que  le  poulet  qui  y  est  en- 
ferme  puisse  en  sortir,  puisqu'elle  n'est  faite  que  pour  cc 
poulet ;  ainsi  le  monde  qui  subsite  aujourd'hui  doit  dispa- 
roitre ,  afin  que  le  bonheur  du  royaume  des  cieux  soil  ma- 
nifesle. 

Saint  Basile^  refute  ceux  qui  vouloient  inferer  que  le 
monde  etoit  eternel ,  et  qu'il  ne  finiroit  jamais ,  de  ce  qu'il 
a  une  figure  ronde  ou  spherique  :  il  montre  que  le  monde 
ayant  eu  un  commencement ,  doit  avoir  aussi  une  fin ;  et  il 
le  prouve  par  I'Ecriture  ,  qui  dit  que  la  figure  de  ce  monde 
passe ,  et  que  Ic  del  el  la  terre  pas  seront.  Saint  Ambroise  ^  a 
imite  la  meme  pensee  de  saint  Basile  :  Quce  autem  initimn 
habenl ,  et  Jinem  habent ;  et  quib us  finis  dalus ,  initium  datum 
constat.  11  ajoute  que  les  parties  du  monde  etant  corrupti- 
bles  et  perissables ,  on  ne  pent  douter  que  le  monde  meme 
dans  son  tout  ne  soil  aussi  sujet  a  la  corruption  :  Cujus 
partes  corruptioni  ct  mutabilitati  subjacent ,  hujus  necesse  est 
univcrsitatem,  iisdem  passionibus  subjacere.  Saint  Gregoire 
de  Nysse  *  emploie  les  memes  raisons  que  saint  Basile  son 
frere  pour  prouvcr  que  le  monde  doit  perir. 

^  Recognuionum  I.  11.  —  2  Basil,  homil.  i.  in  Hexamer.  Ta  airb  /.pivou 

aY)  ajAcpiSaXXTi;  Tiapl  tou  teXo'j;.  — ^  Ambix>s.  in  Hexamer.  I.  i.  c.  3. —  *  Gfcg. 
rfyssen,  de  creau'one  hominis,  c.  -ili. 


SUR  LA  Fir»  DU   MO.tDE.  i^l 

Saint  Justin  le  martyr',  ou  rauicur  que  Ton  cite  sous 
son  noni,  clans  les  Questions  aux  orihodoxes,  dit  que  le 
cicl  et  la  terre  qui  seront  apres  la  resurrection  seront  fort 
dilTerens  de  ceux  d'aujourd'hui;  qu'on  verra  alora  la  faus- 
scte  deTopinion  des  philosopbes  qui  croient  les  cicux  in- 
crees  et  incorruplibles;  les  cieux  d'alors  seront  d'aulres 
cieux,  unc  autre  lerre,  d'autres  elemens.  Ce  sentiment  se 
trouve  dans  plus  d'un  auteur  catlioliqne^,  eldansplusieurs 
auteurs  proteslans,  coinnic  Luther,  Melanclon  ,  Brentius, 
Buccr,  Beroalde,  Vorstius,  Gerliardus,  etc. 

Le  senlment  qui  soutient  que  le  monde  ne  sera  pas  Texics  qui 
aneanti,  mais  seulementperfeclionneet  change  en  mieux,  ^."°o"^*^"'  "" 
est  bicu  plus  autorise  dans  les  peres  et  dans  les  theologiens.  „cnHnt.  Te- 
L'Ecriture  meme  lui  est  fort  favorable.  Elle  dit ,  par  exem-  moigna-es des 
pie,  dans  lAncien  et  dans  le  Nouveau  Testament^,  que  ie  ['ercsquH'ont 

Seis^neur  fcradcnouieaux  cieux  el  line  nouvelle  lerre.  Elle  ne  p^'enduainsi. 

dv      ,  ■  .    I       .         .  -I  Cesllesenti- 

it  pas  aaulres  cieux  et  aautres  lerres ,  mais  de  nouveaax  ^^^^  |^.    [^g 

cieux  el  unc  nouvelle  lerre ,  pour  marquer  leur  renouvelle-  autorise. 
ment.  Non  dixit :  alios  cq^Ios  el  aliarn  lerram  videbimas  ,  dit 
saint  Jerome,  sed.  veleres  et  anliquos  in  melius  commutalos  ^. 
Lorsqu'un   enfant  devient  jeune  homme,   que  de  jeune  , 

bomme  il  devient  homme  fait ,  et  que  d'homme  fait  il  de- 
vient vieillard ,  on  ne  dit  point  qu'il  perit  a  chaque  fois  que 
son  age  se  change  :  c'est  toujours  le  meme  homme  ^  mais 
accru,  et  passe  d'un  etat  a  un  autre,  II  en  est  de  meme 
lorsqu'un  architecte  ,  dune  ancienne  maison  en  fait  une 
nouvelle;  ou  lorsque  le  laboureur  defriche  un  terrain  in- 
culte  et  abandonne,  et  le  rend  par  ses  soins  fertile  et 
riant. 

Quand  le  Psalmiste^  parle  de  la  destruction  des  cieux  , 
il  la  marque  sous  I'idee  d'un  velement  qui  s'use  et  qui  se 
change  ;  mais  cela  est  fort  different  de  ce  qui  est  reduit  au 
neant :  Ipsi  perihunt,  el  omnes  sicul  vestimenlum  veterascenl , 
et  sicul  operlorium  mutabis  cos.  Isaie"^,  decrivant  I'etat  du 


ffJV 

da 


pc'.oda-.  TO  <TT£f;eMp.a,  w-  ay_iy,<rrcv  ov,  etc.  — -  Catharin.  Sabneron ,  Sera- 
riiis,  Ilieivn.  Magius,  Franc.  Vallesius,  Lud.  Molina,  etalii  cpudConi. 
a  Lapide  in  Isai.  sxxit.  4-  ei  a.  Petri lu.  lo.  — «  IsatLvt.  17.  lxvi.  22. 
Jpoc.  XII.  I. —  *  Hieronjm.  in  Isai.  u  et  lit.  —  *  Ps.  u.  27. —  *  Isai. 
XXX.   26. 


Kev^ 


^9^  l>lSSEKr\110N 

moiule  apr^sla  resurrection ,  dit  que  le  soleil  el  la  lune  s'y 
vcrront  coinme  auparavaiit,  mais  dans  un  eclat,  infiuimeiit 
plus  grand  :  La  lune ,  dit-il ,  brillera  coinme  le  soleil ,  et  le  so- 
led aura  sept  fois plus  de  clarle  qu'il  n'en  a  aujourd' hui. 

Saint  FauP  dil  que  toutes  les  creatures  se  voient  avec 
doulcur  souniises  a  la  vanite  ;  qu'clles  gemissenl  dans  I'at- 
tente  de  leur  dciivrance;  qu'clles  cspirenl  elre  delivrees 
de  celte  corruption ,  et  avoir  part  a  la  gloire  des  enl'ans  de 
Dieu.  Elles  souhailent  done  leur  renouvellemcnt  et  leiir 
alfranchissement,  mais  non  pas  leur  aneanti.ssement,  ni 
leur  destruction  quant  a  la  suljstance.  Le  Sauveur  nous  dit 
dans  rEvangile^^J?c  lecielctla  lerrepasseronl;  ctrApolre"*, 
que  la  figure  ou  I'apparence  de  ce  monde  passe :  Pritteritji.gura 
liujus  mundi.  lis  ne  disent  pas  que  le  monde  perira  (pianta 
sa  su])slancc,  ni  que  les  cieu\  etla  terre  retourncrontdans 
leur  ncant ;  mais  simplement  qu'ils  passcront  de  I'elat  ou 
nous  les  voyons  dans  im  autre  plus  parfait  et  plus  beau. 
SaintPierre'*,  dans  I'endroit  le  plus  formel  que  nous  ayons 
sur  ce  sujet ,  dit  simplement  que  le  jour  du  Seigneur  viendra 
comme  un  volcur;  qu'alors  les  cienx  passeront  avec  beaucoup 
de  bruit  et  d'impeluosite  ;  que  les  eltmcns  seroni  dis sous  par 
la  chaleuT  ;  que  la  terre  sera  bruUe  avec  ce  qui  est  en  elle.  Or 
rien  de  tout  cela  ne  prouveraneantissement. 

Dicu  nous  a  revele  la  creation  de  I'univers ;  il  nous  a  dit 
qu'il  I'avoit  tire  du  neant;  mais  il  ne  nous  a  declare  en  au- 
cun  endroit  qu'il  dut  reduire  son  ouvrage  an  ncant.  Nous 
avouons  qu'il  pent  I'un  comme  il  a  pu  I'autrc  ;  mais  nous 
ne  voyons  point  dajis  ses  Ecritures  que  ce  soit  la  son  des- 
sein.  L'aneantissement  meme  est  v>ne  chose  que  nous  ne 
comprenons  pas. 

Salomon^  nous  assure  qu'il  a  appris  que  tout  ce  que  le 
Seigneur  a  fait  doit  demeurer  eternellcment :  Didici  quod 
omnia  opera  quee  fecit  Deus  ,  perseverent  in  perpeluum.  C'est 
ce  que  saint  Gregoire-le-Grand^  explique  fort  bien ,  en 
conciliant  I'Eeriture  avec  elle-meme,  lorsqu'elle  dil  d'un 
cote  que  la  terre  demeure  eternellemcnt,  et  de  I'aulre  que 
les  cieux.  et  la  terre  passeront :  ils  passeront  quant  a  leur 
figure ,  mais  non  quant  a  leur  essence  :  Per  earn  quam  riunc 
habent  imagincm  transeunt ,  sed  lamen  per  essentiavi  sine  fine 


"  Horn.  VIII.  ly.  a  scci<j.  —  2  j\Jauh.  xxiv.  35.  el  v.  18.  —  '  i.  Cor.  vii. 
3i. —  *  2.  Petri  iii.  10.  —  «  fJccL  iir.  14.  —  *  Givgor.  Mag-  lib.  x.a'ij. 
moral,  in  Job.  c.  5. 


I 


sua  LA  Fl.-S   Dl-    MO    DK.  4;)3 

JM/'^^v/«/i/.b)lquand^Ec^ilurepar!edenollveanxcieu^eld« 
tcrrcnouvcUe,cl!en'entend  pasqueDieucn  crcera  denou- 
veaux,  niais  qu'il  rcnouvellera  les  anciens  :  JVon  alia  con- 
(icnda  sunt ,  sed  hicc  ipsa  renovantur.  Le  menie  saint  Gre- 
goirc  compare  ce  cliajigeinent  a  celui  (jue  nous  voyons 
arriver  loiis  les  ans  dans  !a  revolution  des  saisons  :  I'hiver 
succede  a  I'eie,  et  le  prinieinps  a  i'hiver  :  la  tcrrc  change 
do  face  dans  ces  difierentes  saisons  ,  mais  elle  est  loiiiours 
la  meme  ('uanl  asa  substance. 

L'autcur  de  Icpitre  de  sainl  Earnabe '  ne  dit  pas  que 
Dieu  detruira,  mais  c\\\'il  c/iani^'era  le  soleil,  la  iune  et  les 
aslrcs.  Philon  ,  ou  I'ancien  auleur  que  Ion  a  sous  son  nbni, 
dans  le  livre  qui  a  pour  titre  Si  le  monde  est  conaptihle , 
monlre  Ibrl  au  long  que  le  monde  ne  pent  etre  corrompu 
ou  detruit ,  mais  seulenient  cliange  dans  queiques-unes  de 
ses  parties. 

Saint  Irenee  ,  et  tous  les  anciens  qui  ont  soutenu  I'opi- 
nion  des  niilltnaires  ,  supposoient  qu'apres  la  premiere- re- 
surrection ,  !e  r.ionde  subsisteroit,  et  que  la  terre  seroit  la 
meme ,  a  cela  pres  qu'elle  seroit  plus  let  onde ,  et  que  Ton 
n'y  vcrroit  plus  ces  changemens  et  ces  vicissitudes  qui  y 
causent  aujourd'hui  tant  de  derangemens.  Saint  Justin  le 
martyr^,  que  nous  avons  cite  ci-devant  comme  einnt  pour 
Tenticre  destruction  du  monde,  ne  veut  autre  chose  que 
refuter  I'opinion  des  philosophcs  qui  soutenoient  que  le 
monde  eloit  clernelet  incorruptible.  Pour  lui,  ii  reconnoit 
de  nouveaux  cieux  et  une  nouvellc  terre,  ou  les  bonset  les 
medians, aprcs  la  resurrection,  rccevront  la  recompense 
ou  la  peine  qui  leur  sont  dues.  II  dit  avcc  I'Ecriture  que  ie 
ciel  et  la  terre  passeronl,  mais  non  pas  qu'ils  seront  anean- 
tis.  Saint  Basiic  de  meme  prouve  fort  bien  que  le  monde 
finira;  mais  il  ne  pretend  pas  qu'il  sera  reduitau  neant.  II 
dit  que  ces  paroles  de  TEcriiure  :  La  figure  de  ce  vwnde 
passe ,  el  ceiles-ci ,  Le  ciel  et  la  terre  passeronl,  prouvent 
ej^alement  ces  deux  verites ,  et  la  consommation  du  monde, 
etson  chaniicmcnt  en  mieux'. 


*  Epist.  Barnab.  pag.  55    PO^.iXi:  zb-i  r>.tiv,  x,%:  ty.v  cz'j.r:ir.t,  y.xl  tou; 
TTs'px;.  —  *  Jusiin.  seu  alius,  qucest.  gS.  ad  Orihodox.  Et  y.n-k  tov  kma- 

p.  4.  Ilaf  a'-vei  ■»■«;  -'r,  a^rxi.7.  Tsvi  /.C(7u.c-j  rcurc-j-  xr.';  i  c'j:avb;  xal  %  •^  T»pe>.!U- 


ig'i  D1SSERTATI07* 

Mais  personne  ne  s'cst  cxplique  sur  cette  mati^fe  d'llnc 
facon  plus  expresse  et  plus  claire  que  saint  Auguslin  ' ;  il 
dit  que  le  feu  qui  brulera  le  monde  au  dernier  jour  chan- 
gera  les  qualiles  des  elemens  corruplibles ,  et  que  ce  qui 
convenoit  a  nos  corps  sujels  a  la  corruption  sera  change 
en  d'autres  qualites  qui  conviendront  a  nos  corps  incor- 
ruptibles ;  en  sorte  que  le  monde  ainsi  renouvele  sera 
proportionne  a  la  nature  des  hommes  ressuscites  :  Ut 
scilicet  mundtts  in  melius  innovatus  ,  apte  accommodelur  ho- 
minibus  etiam  carne  in  melius  innovalis.  11  dit  dans  un  autre 
endroit  ^  que  le  ciel  et  la  terre  seront  renouveles  apres  le 
jugement;  qu'ils  passcront,  mais  qu'ils  ne  periront  pas. 
Mulalione  namque  rerum ,  non  omnimodo  inlerilu ,  Iransihit 
hie  mundiis —  Figura  ergo praterit ,  non  nalura.  II  compare 
le  feu  qui  doit  embraser  le  monde  a  la  fin  des  siccles  aux 
eaux  du  deluge  ^ ;  et  il  fait  le  parallele  des  expressions 
dont  se  sert  I'Ecriture  pour  exprimer  I'un  et  I'autre  de 
ces  deux  grands  evenemens.  Dans  le  premier  il  est  dit  que 
le  monde  peril  *  ,  de  meme  que  Ton  dit  qu'il  perira  dans  le 
second.  Mais  comme  on  sait  que  par  ce  motperir  I'Ecriture 
n'a  voulu  marqucr  qu'un  changement  extraordinaire  , 
ainsi  dans  la  consommation  des  siccles ,  lorsqu'elle  dit 
que  le  monde  perira,  ccla  veut  dire  qu'il  sera  seulement 
change  quant  a  ses  qualites ,  mais  qu'il  subsistera  quant  a 
sa  substance. 

Saint  Epiphane  ^  cite  Proclus  et  Methodius,  qui  soute- 
noient  qu'il  n'y  auroit  dans  le  monde  qu'un  changement 
accidentcl,  ctunmouvemenldeschosessublunaires.  OEcu- 
menius*^  prouve  au  long  le  meme  sentiment.  11  dit  que  la 
terre  ct  les  elemens  seront  detruits;  que  de  meme  que 
nous  faisons  passer  les  metaux  par  le  feu  pour  les  rendrc 
plus  purs  et  plus  precieux ,  de  meme  lorsque  Dieu  menace 
de  detruirc  le  monde  par  le  feu  ,  il  n'a  nulle  envie  de  I'a- 
neanlir.  11  detruira  simplemcnt  les  choses  qui  ne  servent 
qu'a  I'usage  de  cette  vie  mortelle  et  perissable ,  les  ani- 
maux,  les  planles,  les  arbrcs,  et  tout  ce  qui  n'a  aucun 
.  rapport  a  i'etat  d'imraortalite  et  d'incorruption  ou  nous 

oovTOOf  wpoavatpoiv/iat;  to>v  irspl  cr'JvTeXeiac  (5'o-/ij,aTWv,  xal  Tvapl  xr,i  tou  xo'sjj.o'j 
fASTaTvciTioecd;,  etc  —  *  ^«^-  ^'^-  xx.  de  Ciyit.  c.  i6. —  -  ^i/g.  lil>-  xi.  de 
Civit.  cap.  i4.  —  '  Idem,  ibidem,  cap.  i8.  —  *  a.  Petri  m.  6.  Cceli  crant 
prius,  el  terra ,  de  aqua  eiper  aquain  consistens  Dei  vcrbo:  per  qjue  ( gr. 
alit.  per  quos)  Hie  tunc  mundus  aqua  inundatus  periit.- — '  Epiplian. 
hares.  64.  —  '  OEcumen.  in  1.  Petri  in. 


SIR  LA  FIN  DU  MONDE.  AgB 

serons  apres  la  resurrection  ties  corps ;  mais  il  conservera 

tout  le  reste  clans  un  ciat  plus  parfait  et  plus  heureux , 

pour  Tornement  ct  la  beaute  de  ce  ciel  nouveau  ct  de  cette 

terre  nouvelle  qui  nous  sont  promis  ,  et  pour  contribuer 

a  la  beatitude  des  justcs  qui  vivront  aiors.  De  meme , 

dit-il ,  que  celui  qui  batit  une  maison  ncuve  ne  la  balit  pas 

dc  rien  ;  ainsi  Dieu  formera  les  cieux  uouveaux  etJa  terre 

nouvelle  aprcs  Ic  jugement,  de  la  maliere  des  cieux  et  de  la 

lerre  qui  subs-stent  aujourd'hui,  niais  qu'il  changera  en 

un  etat  plus  parfait  *. 

On  dispute  si  les  elemens  qui  subsistent  aujourd'hui ,  et     Les  cpiaire 

qui  composent  tous  les  etres  corporels,  subsisteront  de^'^mensqui 

meme  apres  la  resurrection?  Saint  Pierre  ^  nous  dit  que  f"^*'*!^"!^"" 
1        M  >  1-  r       I  III  •       jourd  huisuD- 

Jes  elemens  seront  dissous  et  londus  par  la  chaleur ;  et  samt  sisteront-'ils 

Jean  dans  1' Apocalypse  ^ ,  que  la  mer  ne  sera  plus  :  Marc  apres  cechan- 
Jam  nonest.  En  effet ,  de  quoi  serviroit  la  mer,  puisqu'il  s^™^"*'  }^ 
n'y  aura  plus  de  poissons,  plus  de  pluies,  plus  de  naviga-  n>er  subsisie- 
tions?  Bede-le-Venerable  sur  eel  endroit  de  l' Apocalypse  , 
et  encore  sur  la  seconde  epitre  de  saint  Pierre  ,  chap,  iii, 
dit  nettement  que  la  mer  nc  subsistera  point  apres  le  ju- 
gement dernier.   Andre  de  Crete  ,  et  Aretas ,  semblent 
croire  la  meme  chose  ,  aussi  bien  qu'Haimon  ,  Rupert ,  et 
saint  Anselme,  ou  I'auleur  du  commentaire  qui  lui  est 
atlribue  sur  I'Apocalypse.  Saint  Augustinen  parle  d'une 
maniere  plus  douteuse  :  Utrum  maximo  illo  ardore  sicce- 
tiir ,  an  cl  ipsum  verlalur  in  melius ,  non  facile  dixerim*. 

Saint  Thomas  '•' ,  traitant  cette  question ,  dit  qu'il  v  a  sur 
cela  deux  sentimens.  Les  uns  croient  que  tous  les  qualre 
elemens  subsisteront  quant  a  la  substance  ,  mais  non  pas 
quant  aleursqualites  naturelles.  D'aulres  soutiennent  qu'il 
n'y  aura  que  le  feu  et  I'eau  qui  periront ,  et  que  I'air  et  la 
terre  subsisteront,  mais  dans  un  etat  plus  parfait.  Saint 
Thomas  n'adoptc  aucun  de  ces  deux  sentimens.  11  pretend 
qu'il  n'y  a  pas  de  raison  d'avancer  que  le  feu  et  I'eau  seront 
plus  tcjt  delruits  que  lair  et  la  terre  :  puisque  les  quatre  ele- 
mens sont  egalement  necessaires  pour  la  perfection"  et  le 
complement  de  I'univers.  11  ne  croit  pas  non  plus  que  les 
qualre  elemens  soient  alors  prives  de  leurs  qualites  natu- 
relles, ni  qu'ils  subsistent  simplement  quant  a  lenr  sub- 

*  Ude  et  CyriU.  I.  \v^  in  Isai.  cap.  li,  —  *  a,  Petr.  ni.  lo.  t2. — 
*  JfMC.  XXI.  I . — *  Aug.  I.  XL.  de  Civft,  c.  i6. —  *  D.  TTK-m.  in  ^.distuict. 
47.  tjiicpst,  a.  art.  t. 


49C  DlSSEnXATlON 

Stance.  L'Ecriture  nc  le  dit  en  aucun  endioit;  et  il  n'y  a 
aucune  raison  de  croire  que  les  elres  que  Dieu  a  crecs  au 
commencement ,  cl  qu'il  a  tires  du  chaos ,  doivent  etre 
depouilles  de  leurs  qualitcs  simples  et  essentielles.  De 
plus ,  il  dit  que  le  feu  qui  consumera  ce  qui  est  sur  la 
lerre  ne  parviendra  pas  jusqu'a  la  region  du  feu,  qui  est 
au-dessusde  i'air;  etque  par  consequent  le  feu  elemcntaire 
)ie  soutfrira  rien  de  cet  inccndie  qui  brulera  le  monde. 

Saint  Auii^ustin  * ,  comme  on  a  pu  le  remarquer  en  pas- 
sant ,  un  peu  plus  haut ,  croit  en  effel ,  et  c'est  aussi  le  sen- 
timent des  plushabiles  ihcologiens^,  que  quand  il  est  dit^ 
que  les  cieux  passeront  avec  impeluosile,  et  avec  roideur,  ou 
avec  grand  bruit,  cela  ne  doit  s'entendre  que  des  cieux 
qui  sont  autour  de  la  terre  ,  des  cieux  aeriens,  de  I'air, 
qui  est  souvent  appele  del ,  comme  quand  on  dit  Ics  oiseaiix 
du  del.  Mais  la  raison  que  la  plupart  des  ecrivains  en 
donnent  ne  paroit  pas  convaincante.  lis  disent ,  1°  que  de 
mcmc  que  les  eauv  du  deluge  ne  s'eleverent  que  de  quinze 
coudees  au-dessus  des  plus  hautes  montagnes  ,  ainsi  le 
feu  qui  brulera  le  monde  ne  se  fera  pas  senlir  plus  haut 
que  cela;  2°  que  les  cieux  superieurs ,  le  fumament ,  le 
ciel  on  sont  les  astrcs  ,  etant  incorruptibles  et  inallerables , 
selon  Aristole  * ,  ils  ne  scront  done  point  endommages  par 
le  feu;  3°  que  les  cieux  superieurs,  dont  on  vient  de  parler, 
n'ayant  point  eu  de  part  a  la  corruption  des  hommes , 
a  leurs  crimes  ,  a  I'abus  qu'ils  ont  fait  des  creatures ,  ils  ne 
doivent  done  pas  passer  par  le  feu. 

On  peut  repondre  a  cela  ,  i"  que  Ton  n'a  aucune  preuve 
que  le  feu  qui  doit  consumer  le  monde  ne  doive  pas  pas- 
ser au-dela  de  quinze  couilees  par-dessus  le  sommetdes 
plus  hautes  montagnes.  Si  celaetoit,  I'atmosphere  meme 
ne  seroit  pas  purifiee  par  les  flammes  ;  ce  qui  est  contre 
I'hypothese  de  ceux  qui  croicnt  que  les  cieux  aeriens  pas- 
serontparle  feu.  2°  11  est  encore  plus  douteux  que  les  cieux 
superieurs  soient  inalterables  :  les  nouveaux  philosophes 
croicnt  avoir  des  preuves  demonslralives  du  contraire. 
3'  Si  Tabus  que  les  hommes  ont  fait  des  creatures,  des 
elemens,  des  metaux,  etoit  un  motif  pour  croire  qu'au 

'  Aug.  de  Ci\'h.  lib.  xx.  cap.  14.  I6.  i9<.  9,4.  —  ^  l^'idc  Gvegor.  Mai^. 
lib.  XVII.  Moral,  cap.  i5.  Damascen.  lib.  11.  de  fide ,  cap.  0.  Schulasiici 
in  k.  Sentent.  dist.  4.7.  48.  Tena,  in  cap.  i.  ad Uebr.  Inierpr-  ad  2.  Peiri 
m.  10.  —  ^  2.  P(?.7'im.  10.  Coeli magna  iiiipelii'igr.  '^uZrM^)  iransienL, — 
^  An'sto:.  I.  J.de  generatione. 


St  R  LA  FIX  OU  MONDK.  i   )~ 

dernier  jour  ils  cloivenl  etre  purifies  par  !e  feu,  n'cn  peut-on 
pas  dire  autant  des  astres ,  du  soleil ,  de  la  lune  ,  du  ciel  , 
du  firmament ,  dont  les  hommes  ont  si  etrangement  abuse, 
en  leur  rendant  les  honneurs  divins? 

11  est  vrai  que  les  preuves  que  Ion  apporte  de  I'Dpinion 
contraire ,  qui  veut  que  les  cieux  superieurs ,  que  les  astres 
doivent  elrealors  purifies  paries  flammes,  ne  sontpasmeil- 
leures  que  celles  que  nous  venons  de  refuter.  Aussi  ne  pre- 
tendons-nous  pas  Tadopter  ni  la  defendre  corame  une  chose 
certaine.  L'autorile  des  philosophes  qui  I'ont.soutenue  ne 
nous  louche  que  peu  ;  la  matiere  dont  il  s'agit  ici  ne  doit 
pas  se  decider  par  Icur  suffrage.  L'autorile  des  peres  est 
phis  digne  de  respect ;  mats  il  y  en  a  peu  qui  aient  soulenu 
ce  sentiment :  il  n'a  jamais  etc  decide  dans  I'Eglise  ;  et  le 
partage  seul  des  opinions  suffit  pour  nous  dispenser  de  les 
suivre  sans  examen.  Ils  n'oiit  propose  sur  cela  que  de  sim- 
ples conjectures.  Le  systeme  du  monde  qu'ils  suivoient 
passe  aujourd'hui  pour  fauxchezlaplupart des  philosophes. 
On  ne  croil  plus  les  cieux  solides  et  massifs,  capables  de 
se  fondre  comme  une  glace ,  ou  de  resister  au  feu ,  comme 
feroit  une  voule  de  bronze. 

Pour  expliquer  done  les  expressions  de  TEcriture,  et 
pour  satisfaire  aox  difQcultes ,  il  nous  suffit  de  dire  que  la 
terre,  et  tout  ce  qu'elle  contient,  passera  par  le  feu ;  qu'elle 
sera  changee  en  un  etat  plus  pur  et  plus  parfait  qu'elle  n'est 
aujourd'hui;  que  les  cieux,  c'cst-a-dire  I'air ,  ou  Tatrao- 
sphere,  seront  embrases  comme  Ic  resle  ;  qu'apres  la  re- 
surrection ,  ni  la  terre  ni  I'air  ne  seront  plus  sujets  aux. 
alterations  et  aux  changemcns  que  nous  y  reniarquons,  el 
qui  ne  conviennent  qua  I'ctat  de  corruption  et  de  mor- 
talite  ou  nos  corps  sonl  aujourd'hui :  Ut  mundus  in  7nelius 
innovatus ,  apte  accomviodelur  hominibus  etiam  came  in  melias 
innovatis  ^ . 


'  August,  de  Cn>it.  lib.  \\.  cap.  i6. 


.'(C)8  DISSEIITATIOX 


ARTICLE  IV. 

Quel  sera  I'etal  de  la  terre  apres  la  resurrection  ? 

Seniimcnt  Cette  question  ne  regarde  que  ceux  qui  croient  qu'a- 
<le  saint  Tho-  pres  la  resurrection  la  terre  sera  simpjement  changee  se- 
inas  et  auires  JQjj  ses  qualites,  et  non  selon  sa  nature.  Saint  Thomas ' 
inoc  ernes  sur  ^j^^jj.  qu'aJors  I'eau  sera  comme  le  cristal,  I'air  aussi  pur 
1  elatdela  i        •   i  •      r>  •  i     -n  i  *   i 

lerrc  apres  la  4^16  le  ciel ,  ct  le  teu  aussi  briilant  que  les  astres  et  que  Je 

resurrection,  soleil;  que  la  terre  dans  sa  superficie  sera  aussi  claire  et 
aussi  transparente  que  le  verre.  li  ne  ditpas  ce  qu'elle  sera 
dans  sa  profondeur  :  mais  d'autres  scolastiques  soutien- 
nent  qu'elle  sera  toute  claire  et  transparente  dans  loute  sa 
profondeur ,  a  I'exception  du  lieu  ou  sera  I'enfer  ,  qui  de- 
meurera  opaque  et  tenebreux ,  pour  le  tourment  des  dam- 
nes.  Paludanus  ^  et  Suarez  ■*  veulent  que  la  transparence 
de  la  terre  s'elende  jusqu'aux  limbes,  ou  sont  les  enfans 
morts  sans bapteme.  Autrement ,  di«ent-ils ,  leur  condition 
seroit  Irop  dure ,  s'ils  devoient  demeurer  eternellement 
dans  les  tenebres. 

Les  mcmes  ecrivains  croient  que  les  cieux  ne  seront 
plus  en  raouvement  comme  aujourd'hui ;  que  Ton  ne 
verra  plus  cette  vicissitude  de  saisons ,  de  nuit  et  de  jour. 
Les  cieux  et  les  elemens  demeureront  dans  un  etat  fixe  et 
invariable,  suivant  ces  paroles  d'lsaie  :  Le  soleil  ne  vous 
eclairera  plus  diirant  le  jour ,  ni  la  lane  durant  la  nuit;  mais 
le  Seigneur  vicnie  sera  voire  lumiere  pendant  loute  Velemite. 
Voire  soleil  ne  se  couchera  plus ,  et  voire  lune  ne  souffrirn 
plus  de  diminution,  parce  que  le  Seigneur  vous  eclairera  eler- 
nellement  *.  Et  saint  Jean  dans  I'Apocalypse  :  La  nouvelle 
Jerusalem  n'a  hesoin  ni  da  soleil  ni  de  la  lune  pour  I'eclairer, 
parce  que  c'est  la  gloire  de  Dieu  qui  I' cclaire ,  et  que  V Agneau 
en  est  la  lumiere  ^ ,  Et  encore  :  //  n'y  aura  plus  de  nuit,  et 
Von  n  aura  plus  hesoin  de  la  lumiere  de  la  lampe  ou  de  celle  du 
soleil ,  parce  que  le  Seigneur  meme  les  eclairera,  etc.  ^.  Toute- 

'  D.  Thorn,  in  4.  distinct.  48.  rjitcest.  a.  ant.  4.  —  -  Paludan,  in  4.  dis- 
tinct. 48.  — "'  Suurez.  2.  torn.  3.  pai-l.  disp.  56.  sect.  1.  — *  Isai.  lx.  19. 
20.  —  *  Apoc.  XXI.  a3.  —  '■  Apoc.  xxir.  5. 


Sl'R  LA  FIN  Dli   MONDE.  -ioQ 

fois  Isaie  dil  dans  un  aulre  cndroit  c\uaIors  la  lumiire  de 
la  lane  sera  comnu  celle  dii  soUil ,  et  que  celle  du  soleil  sera 
sept Jois  plus  grande  quelle  nest  a  present  '.  A.insi  la  terre 
sera  loujours  egalement  eclairee  ,  ct  dans  une  tempcraiure 
loojours  egale;  les  astres  et  les  elemens  toujours  senibla- 
bles  en  eux-memes  et  a  notre  egard ,  sans  aucune  des  im- 
perfections que  nous  y  remarquons  a  present.  Saint  Je- 
rdme  ^  croit  que  le  soleil  ne  sera  plus  sujet  aux  eclipses  , 
aux  obscurcissemens  et  aux  Ticissitudes  auxquelles  il  est 
souniis  aujourd'hui. 

Le  sentiment  qui  veut  qu'apres  la  resurrection  le  sole;! 
ne  se  couchera  pas ,  et  ne  fera  plus  comme  aujourd'hui 
sOu  tour  autour  de  la  Icrre,  pouvoit  peut-etre  paroitre 
plausible  a  ceux  qui  nioient  les  antipodes ,  ou  a  ceu\  qui 
ne  croyoient  pas  que  le  soleil  fit  reellement  le  tour  de  la 
terre;  raais  ce  sentiment  ne  peut  plus  se  soutenir  aujour- 
d'hui,  puisqu'il  s'ensuivroit  que  les  hommes  qui  sont  aux 
antipodes,  et  qui  doivent  ressusciter  comme  nous  ,  ne 
jouiroient  jamais  de  la  lumiere  du  soleil ,  et  que  ces  vastes 
regions  seroient  condamnees  a  demeurer  dans  des  tene- 
bres  eternelles. 

On  ne  met  point  au  nombre  des  imperfections  des  ele- 
mens leur  epaisseur  ou  leur  rarete,  leur  pesanteur  on 
leur  legerete,  puisqu'enfin  il  faudra  qu'iis  gardent  entre 
cux  quelque  ordre  dans  I'univers.  lis  conscrveront  aussi 
leurs  qualites  actives,  comme  la  chaleur  et  le  froid  ,  I'liu- 
midite  et  la  secheresse ;  car  sans  cela  ils  ne  seroient  plus 
elemens.  Mais  ces  qualites  ne  produiront  plus  leurs  effeis 
sur  les  corps  comme  auparavant,  parcc  qu'alors  il  n'v 
aura  ni  generation  ni  corruption  ,  Dieu  suspendant  leur 
aclivite  par  un  miracle  qui  devicndra  en  ce  temps-la, 
comme  naturel ,  a  cause  de  I'etat  ou  sera  le  monde.  C'est 
ainsi  que  du  temps  de  Josue  le  soleil  et  la  lune  demeure- 
rent  sans  mouvement ,  et  que  I'activite  du  feu  de  la  four- 
naise  de  Babylone  futsuspendue  pendant  quelques  heurcs 
en  faveur  des  trois  jeunes  Hebreux. 

Quoique  la  terre  doive  etre  depouillee  de  ses  plantes  et 
de  ses  auimaux  ,  et  de  tous  les  corps  mixtes  ,  qui  en  font 
aujourd'hui  la  beaute  et  lornement,  comme  le  dit  saint 
Pierre  ,  Terra,  et  qua  in  ipsa  sunt  opera ,  exurentur^ ,  on  ne 
pourra    pas  dire   toutefois   qu'elle  soit  imparfaite ,  sans 

'  hat.  xix.  :»6.  —  '  Hieronym.  mHabac.  iii.  —  '  a.  Pein'tn.  lo. 


OOO  DISSERTATIOJI 

bcaute  et  sans  ornement,  puisqu'elle  aura  alors  tout  ce 
qui  peut  contribuer  a  sa  perfection  dans  I'etat  de  stabilite 
et  d'incorruption  ou  elle  sera,  quoiqu'elle  n'ait  plus  eer- 
taines  beautes  qui  lui  convenoient  dans  son  premier  etat 
d'imperfection.  Les  ornemens  qui  convenoient  a  la  maison 
d'un  particulicr  ne  lui  conviennent  plus  des  qu'on  en 
a  fait  le  palais  d'un  grand  prince.  Les  saints  ne  gouteront 
plus  le  plaisir  du  boire  et  du  manger  ;  mais  ils  n'en  se- 
ront  pas  pour  cela  moins  heureux.  Ce  plaisir,  qui  est 
une  suite  dc  notre  besoin  et  dc  notre  foiblesse  ,  sera 
bien  compense  par  d'autres  delices  plus  pures  et  plus  re- 
levees. 
Seniimeni  Les  millenaircs  croyoient  que  les  justes  ressusciteroient 
des  iHilIenai- avant  le  jugement  dernier;  que' ces  justes  ressuscites,  et 

r^s  sill*  I  t^idt  *  *  1  *  '     '  *  1 

,   ,   ,  ceux  qui  seroient  alors  vivans ,  regneroient  sur  la  terre 

tic  ia  icrrc  c*—  *  .  , 

ores  la  rcsiir- <^vec  Jesus-Christ  descendu  du  ciel ,  pendant  mille  an- 

noiioM.  nees,  dans  une  nouvelle  ville  de  Jerusalem;  que  pendant 

tout  ce  icuips ,  ils  jouiroient  de  tons  les  plaisirs  permis 
du  boire,  du  manger,  et  de  I'usage  du  mariage  ;  que  la 
nouvelle  Jerusalem  seroit  un  sejour  agreable  ;  que  la 
terre  fourniroit  abondamment  toutes  sortes  de  fruits; 
que  les  animaux  vivroient  ensemble  dans  une  entiere 
union ,  et  parfaitcment  soumis  aux  hommes.  Saint  Ire- 
nee  *  rapporte  une  circonstance  qu'il  pretendoit  avoir 
apprise  des  disciples  de  saint  Jean,  d'uue  multiplication 
de  grains  et  de  fruits  ,  que  la  terre  devoit  produire  avec 
une  abondance  incroyable.  Terluliien  ^  s'est  imagin(; 
que  la  nouvelle  Jerusalem  devoit  descendre  du  ciel 
toute  batie  et  tout  ornee;  il  raconte  que  Ton  en  avoit  vu 
de  son  temps  pendant  quarante  jours  un  modele  suspend u 
on  i'air. 

On  voit  par-la  que  ces  anciens  peres  avoient  une. idee 
de  la  terre  apres  la  resurrection ,  bien  differente  de  celle 
de  nos  scolastiques,  que  nous  avons  rapportee  ci-devant. 
Mais  aussi  ils  ne  croyoient  pas  que  la  terre  dont  ils  par- 
lent,  et  dont  ils  nous  donnent  la  description  ,  eut  encore 
passe  par  le  feu.  Toutefois  Lactance  ^ ,  qui  pretendoit  que 
la  resurrection  des  morts  ,  et  le  jugement  dernier  ,  et  Tin- 
cendie  du  monde  ,  precederoient  le  regne  de  mille  ans  sur 
la  terre,  n'a  pas  laisse  de  faire  une  description  de  la  terre 

*  Ifen.  I.  V.  c.  Sa.  —  *  Tenull.  I.  v.  24.  coiiLra  Marvion. —  ^  Lactam, 
de  Pramio ,  lib.  vii.  cap.  24.  collalum  cum  epitome ,  cap.  i  r . 


SLR  L\  KIN  DU   MONDE.  5oi 

a  peu  pres  pareillc  a  celle  que  nous  venons  de  voir.  ]1  dit 
(jue  Ton  baiira  une  vi!le  pour  la  demeure  des  saints  au 
luilieu  de  la  terre,  ou  Dieu  regnera  avec  ses  serviteurs , 
qui  vivront  dans  I'innocence  et  dans  la  justice,  et  dans 
I'usage  dc  toules  series  de  plaisirs.  lis  auront  meme  des 
enlans.  Le  feu  qui  se  rcpandra  sur  la  terre  sera  un  feu 
rairaculeux  qui  n'endonimagera  point  les  plantes  :  Sine 
vdlo  virescentium  corporum  delrimento  ,  adiiret  tantum  ,  ac 
sensH  doloris  afjiciel  '.  Alors  Ic  monde  sera  delivre  de 
toutes  sortes  de  maux  et  de  disgraces  ;  plus  de  nuit  ni  de 
lenebres  :  la  June  sera  aussi  brillante  que  le  soleil,  et  ne 
souffrira  plus  aucuue  diminution  ;  le  soleil  sera  sepl  fois 
plus  brillant  qu'il  ne  lest  aujourd'hui  ;  la  terre  prodiiira 
toute  s(>rte  de  fruits  ;  le  miel  decoulera  des  rochers  ;  le 
vin  coulera  dans  les  ruisseaux  ;  les  fleuves  an  lieu  d'eau 
donneront  du  lait  :  les  betes  farouches  quilteront  leur 
ferocite  ;  le  lion  et  le  veau  mangeront  dans  la  meme  cre- 
che ;  les  enfans  se  joueront  avec  les  aspics  :  enfin  on  verra 
alors  ce  que  les  poetes  nous  ont  appris  de  I'age  d'or  sous 
le  regne  de  Saturne.  Comme  nos  prof#ietes  ont  coutume 
de  parler  des  choses  futures  comme  ^  ellcs  etoient  pas- 
sees ,  les  poetes,  qui  ignoroient  ce  'angage,  ont  pris, 
dit-il ,  leurs  expressions  comme  si  elles  regardoient  un 
temps  passe. 

Cela  arrivera,  dit  Laclance  ,  six  mille  ans  apres  la 
creation  du  monde,  et  ce  regne  heureux  durera  mille 
ans  entiers.  Apres  ce  lerme ,  le  prince  des  demons  sera 
delie,  et  il  fera  la  guerre  aux  saints.  Ceu\-ci  se  cache- 
ront  sous  la  terre  pendant  trois  jours  ,et  Diea  fera  eclater 
sa  vengeance  par  une  infinite  de  prodiges  contre  les  en- 
nemis  de  son  nom.  Puis  la  terre  s'ouvrira,  et  les  mon- 
tagnes  s'affaisseronl  de  tous  cotes;  les  corps  seronl  ras- 
sembles  dans  une  profonde  vallee,  ou  Dieu  les  ressuscitera. 
11  renouvellera  le  monde;  le  ciel  sera  p!ie  comme  uu 
rouleau  que  Ton  enveloppe ;  la  terre  sera  changee  ,  et 
Dieu  transformera  les  hommes  en  anges  :  ils  seront  aussi 
blancs  que  la  neige  :  ils  demeureront  eternellement  en 
la  presence  du  Seigneur,  lui  offriront  des  sacrifices,  et 
le  serviront  durant  toute  leternite.  Alors  se  fera  la  se- 
conde  resurrection  ,  dans  laquelle  les  mechaus  memes 
ressusciteront  pour  etre  eternellement  tourmenles  dans 

*  LaclancL  de divino  Prtemio,  lih.  tit.  rajt    •  i 


503  DISSERTATION 

les  enfers.  Voila  ce  que  Lactance  donne  comme  la  foi  des 
Chretiens. 
Reinarques      Mais  il  ne  faut  pas  s'imaffiner  que  toutes  ces  particu- 
.„»„., i«<=        larites  aient  jamais  ete  crues  universellement  et  unifor- 
milI6naiies.    memeiit  dans  1  tglise.   On  y  croit  la  fin  du  monde  ,  la 
venue  de  Jesus-Christ ,  le  jugement  dernier ,  la  resurrec- 
tion des  morts  ,  la  recompense  ou  le  regne  des  jusles  , 
et    le    supplice    des    medians,    le    renouvellement    du 
monde ;   mais   le   temps  ,   la  manicre  ,  les  circonstances 
de  la  plupart  de  ces  choses ,  nous  sont  certainement  tres 
inconnues. 

Celui  qui  a  donne  plus  de  credit  au  systems  des  mille- 
naires  est  Papias  ,  disciple  de  saint  Jean  I'evangeliste  ,  et 
compagnon  de  saint  Polycarpe  ;  il  pretendoit  avoir  recti 
des  apotres  et  de  leurs  disciples  I'opinion  du  regne  de 
Jesus-Christ  sur  la  terre  pendant  mille  ans  ^  C'est  ce  qui 
a  engage  saint  Irenee  ',  saint  Justin  le  martyr  ^,  Ter- 
tullien  "*,  Victorin  dans  son  commentaire  sur  I'Apoca- 
lypse  ^ ,  Lactance  ^ ,  et  quelques  autres,  c'est  ce  qui  les 
a  engages  dans  c€  sentiment,  qui  a  ete  combaltu  par  di- 
vers auteurs  des  ks  premiers  siecles  de  I'Eglise.  Et  certcs 
la  remarque  que  fait  Eusebe  sur  le  caraclere  de  I'esprit 
de  Papias  doit  suffire  pour  faire  tomber  son  autorite  sur 
cet  article.  C'etoit  un  homme  d'un  genie  fort  mediocre  , 
qui,  n'ayant  pas  su  comprendre  ce  que  les  apotres  lui 
disoient,  a  pris  dans  un  sens  litteral  ce  qui  devoit  s'en- 
tendre  dans  un  sens  niysterieux".  Saint  Denys  d'Alexan- 
drie^,  dans  le  troisieme  siecle,  refuta  expressement  un 
nomme  Nepos  qui  avoit  compose  un  livre  pour  soulenir 
le  sentiment  des  millenaires,  Caius  '-^ ,  prelre  de  Teglise 
romaine,  qui  vivoit  au  second  siecle,  le  traite  de  fable 
inventee  par  Cerinthe.  Origene  le  rejette  en  plus  d'un 
endroit  de  ses  ouvrages  *°.  Et  on  peut  conclure  avec  un  - 
habile  homme  '^ ,  qui  a  traile  a  fond  cette  matiere  ,  que 
ie  sentiment  des  millenaires  est  contraire,  et  a  I'Evan- 

*  Euseb.  lib.  iii.  Nisi.  eccl.  cap.  3i).  —  -  Iren.  lib.  v.  c.  33.  et  apiid 
Euseb.  lib.  iii.  cap.  39. —  ^  Justin.  Maviyr.  Dial,  cum  Tryph. —  *  Teriull. 
lib.  m.  contra  Marcion.,  cap.  24. —  ^  f^ictorin.  apud  Hieronym.  in  Ezech. 
XXXVI. —  ^Lactam,  lib.  vii.  cap,  24. — '  Euseb.  lib.  in.  cap.  39.  Hist.  eccl. 
— "  Dionys.  Alex,  apud  Euseb.  lib.  vii.  c.  24.  Hist,  eccles. — -^  Caius 
apud  Euseb.  lib.  iii.  cap.  28.  —  Hist.  eccl.  —  ***  Origen.  lib.  nde  Princ. 
cap.  1..  el  in  Mallh. —  ''  M.  du  Pin  ,  sur  les  millenaires  ,  Dissert,  ix ,  qui  est 
la  neuvieine  de  ses  Dissert,  sur  1 'Apocalypse. 


Stn  L\  H.N  DU  MONDE.  5o3 

gile,  et  a  la  docirioe  de  saint  Paul,  et  nullement  fonde 
clans  I'Apocalypse.  Ce  syslerae  doit  sa  naissancc  a  la  su- 
perstition judaique ,  son  introduction  dans  le  christia- 
nisme  a  la  milice  de  Cerinthe,  son  elablissement  parmi 
les  Chretiens  a  la  credulite  de  Papias ,  son  accroissement 
a  la  facilite  des  auteurs,  qui,  sans  examiner  si  Papias 
etoit  un  temoin  digne  de  foi  ,  se  sont  laisse  entrainer  par 
I'autorite  que  lui  donnoil  la  qualite  de  disciple  de  saint 
Jean,  et  enfin  sa  vraisemblance  apparente  aux  mauvaises 
explications  de  I'Apocalypse.  Ainsi,  quelque  ancien  qu'il 
soit  dans  I'Eglise  ,  et  quelque  grande  que  soit  I'autorite  de 
ceux  qui  I'ont  soutenu  ,  seduits  par  le  faux  sens  que  Papias 
a  donne  aux  discours  des  apolres,  il  est  absolument  insou- 
lenable. 

Pour  conclure  cctte  Dissertation,  il  est  bon  de  faire  Conclnsion 
trois  reniarques  :  Premierement ,  que  plusieurs  des  pas-  "*^  '"^V*^ 
sages  que  Ton  a  cites  ,  conime  contenant  la  description  de 
ce  qui  arrivera  a  la  fin  du  monde  ,  sont  des  descriptions 
figurees  de  I'etat  des  Juifs  apres  leur  retour  de  Babylone  , 
et  de  I'elat  de  I'Eglise  depuis  la  venue  dc  Jcsus-Christ ,  el 
qu'ainsi  on  ne  doit  point  insister  a  les  prendre  a  la  Iclire. 
Secondement ,  qu'on  ne  pent  sans  temerite  fixer  le  temps,  • 
la  maniere  ,  ni  les  autres  circonstances  de  la  fin  du  monde, 
a  I'exception  de  celles  qui  sont  marquees  dans  I'Ecriture 
clairement,  sans  equivoques  et  sans  figures;  et  celles-lu 
sont  en  tres  petit  nombre ,  la  plupart  des  autres  qui  y  sont 
exprimees  etant  marquees  sous  des  expressions  figurees, 
dont  on  ne  pent  exaciement  fixer  le  vrai  sens  et  la  juste 
etendue.  Troisieraement ,  que  la  foi  ne  nous  oblige  de 
croire  sur  cela  que  ces  trois  articles  :  le  premier  ,  que  le 
monde  finira;  le  second,  qu'il  finira  par  le  feu;  Ic  troi- 
sieme  ,  que  le  monde  ne  sera  pas  aneanli ,  niais  seulemcnt 
change  et  perfectionne :  et  par  consequent  tout  ce  que  Ion 
dit  sur  la  duree  du  monde ,  sur  la  nature  et  les  qualiles  du 
feu  qui  doit  bruler  le  monde  ,  s'il  precedera  ou  s'il  suivra 
le  jugement,  sur  la  forme  et  les  autres  qualites  de  la  terre 
et  des  elemens  apres  le  jugement ,  tout  cela  est  problema- 
tique  et  douteux.  Or,  on  doit  compter  pour  beaucoup  de 
savoir  douter  a  propos. 


DEUXIEME  EPJTRE 
DE  SAINT  PIERRE. 


CHAPITRE  PREMIER. 


Dons  de  Dieu  accordes  aux  fideles.  Encliainement  de  verlus  qui  commencent 
par  la  foi ,  ct  qui  se  terminent  par  la  charity.  Affermir  son  election  par  les 
bonnes  ceuvres.  Transfiguralion  de  Jcsus-Christ.  Usage  des  prophcties. 


1.  Simon  Pierre,  serviteur  et  apo- 
tre  de  Jesus-Christ,  a  ceux  qui  sont 
comnie  nous  participaiis  du  pre- 
cieux"  don  de  la  ioi  par  b  justice 
de  notre  Dieu  et  Sauveur  Jesus- 
Chrit : ' 

2.  Que  la  grace  et  la  paix  croisse 
en  vous  de  plus  en  plus,  par  la  con- ' 
noissance    de    Dieu    et   de   Jesus- 
Christ  notre  Seigneur. 

3.  Comme  sa  puissance  divine 
nous  a  donne'  toutes  les  choses  qui 
regardent  la  \ie  et  la  piete,  en  nous 
faisant  connoitre  celiii  qui  nous  a 
appeles  par  sa  propre  gloire  et  par 
sa  propre  vertu  , 

4  Et  nous  a  ainsi  communique 
les  grandes  et  precieuses  graces 
qu'il  avoit  promises,  pour  vous 
rendre  par  ces  memes  graces  parti- 
cipans  de  la  nature  divine,  si  vous 
I'uyez  la  corruption  de  la  concupis- 
cence qui  regne  dans  le  siecle  par 
le  dereglement  des  passions  ; 


!.  Simon  Petrus,  servns 
et  apostolus  Jesu  Christi , 
iis  qui  cosequalem  nobis- 
cum  sortiti  sunt  fidenn  in 
justitia  Dei  nostri,  et  Sal- 
vatoris  Jesu  Christi  : 

2..  Gratia  vobis  et  pax 
adimpleatur  in  cognitione 
Dei,  et  Christi  Jesu  Do- 
mini nostri : 

5.  Quomodoonmia  no- 
bis dlvinae  virtutis  suae  , 
quae  ad  vilam  et  pietateui 
donata  sunt ,  per  cogni- 
tionem  ejus  qui  vocavit 
nos  propria  gloria  et  vir- 
tute, 

4-  Per  quom  maxima 
et  pretiosa  nobis  promissa 
donavit  :  ut  per  hsec  effi- 
ciamini  divinae  consortes 
naturae  ,  fugientes  ejus  , 
quae  in  mundo  est,  cpn- 
cupiscentiae  corruptio- 
nem. 


V  1.  Cest  le  sens  da  grec  laoTtaov. 

Ibid.  Ou  plutol  et  selou  le  grec:  (jui  nous  est  cominuniquce  par  la  grace 
de  Jesus-Christ  noire  Dieu  el  noire  Sauveur. 
y  ;».  C'esl  le  sens  du  grec. 


5.  Yos  autem  curani 
uinnein  subinferentes  , 
niinislrale  in  fide  vestra 
virtiitem  ,  in  Ti'itute  au- 
t'  ni  soientiam, 

G.  In  scientia  autein 
ul)>itinen(iain,  in  abtincn- 
tia  autem  patientiam,  in 
patientia  anteni  pielatem. 

7.  In  pietate  autem 
amorem  fraternitati?,  in 
amore  autem  fraternitatis 
charitatem. 

8.  Haec  enim  si  vobis- 
cum  adsint,  et  superent : 
non  vacuos ,  nee  sine 
fructu  YOS  constituent  in 
Domini  nostri  Jesn  Chri>- 
ti  cognitione. 

9.  Cui  enim  non  praes- 
to  sunt  haec,  csecus  est. 
et  manii  tenlans,  oblivio- 
nem  accipiens  purgationis 
veterum  suorum  delicto- 
lum. 

10.  Quapropter,  fra- 
tres,  magis  satagile,  ut 
per  bona  opera  certam 
vestram  vocationem  el 
electionem  facialis  :  haec 
enim  facientes,  non  pec- 
cabilis  aliquando. 

11.  Sic  enim  abundan- 
ter  ministrabitur  vobis 
introitus  in  jeternum  re- 
gnum  Domini  nostri  et 
Salvatoris  Jesu  Christi. 


cm  HI  lut  1.  5o5 

5.  Apportez  aussi  de  voire  part 
tout  votre  soin  pour  joindre  a  votre 
toi,  la  \erlu;  a  la  vertu,  la  science; 


G.  A  la  science,  la  temperance; ' 
a  la  temperiince,  la  patience  ;  a  la 
patience,  la  pictc  ; 

7.  A.  la  piete  I'amour  de  vos  fre- 
res ;  eta  Tamour  de  vos  freres,  la 
charite. ' 

8.  Car  si  ces  graces  se  trouvent 
en  vous,  et  qu'clles  y  croissent  de 
plus  en  plus,  elles  feront  que  la 
connoissance  que  vous  avez  de  no- 
tre  Seigneur  Jesus-Christ  ne  sera 
point  sterile  et  infructueuse. 

9.  3lais  celui  en  qui  elles  ne  sont 
point,'  est  un  aveugle'  qui  marche 
a  tatons  :  il  ne  se  souvicnt  pas  de 
qjielle  sorte  il  a  ete  purifie  des  pe- 
ches  de  sa  tie  passee.' 

ID.  Efforcez-vous  done  de  plus 
en  plus,  mes  freres,  d'affermir  vo- 
ire vocation  et  voire  election  par 
les  bonnes  oeuvres;  car  agissant  de 
cetle  sorte,  vous  ne  pecherez'  ja- 
mais; 

11.  El  par  ce  moyen  Dieu  vous 
donnera  une  entree  favorable  au 
royaume  elernel  de  notre  Seigneur 
et  Sauveur  Jesus-Christ.' 


■jr  6.  C'esl  le  sens  du  grec. 

y^  7.  C'est-a-dire  I'amour  du  prochain  en  Tue  de  Dieu. 

y  9.  Quelque  pclairc  qu'il  soil  des  lumieres  de  la  foi. 

Ibid.  Gr.  est  un  aveugle  qui  Toil  a  peine  te  qui  est  Jout  proche  de  scs 
yeux  ivjb^—x^bfi . 

Ibid.  De  quelle  oianierc  il  s'est  oblige  par  son  bapteme  a  vivre  dans  la 
piele  el  la  justice  clirclienne ,  el  d  ne  desirer  que  les  clioses  du  ciel. 

y  10.  Gr.  lilt,  vous  ne  toraberez  jamais. 

y  ir.  Autr.  Dieu  vous  fera  enlrer  dans  le  rovaume  elernel  de  noire  Sei- 
gneur el  Sauveur  en  vous  comblaiud' ane  ricbc  abondanco  de  scs  graces. 


5oG 


II*  lU'lTKE  I)E  SAI?<T  PIERRE. 


Joan.  XXI. 


1 3. 


12.  C'est  pourquoi  j'aiirai  tou- 
jours  soin'  de  vous  faire  reSvSouve- 
venir  de  ces  choses,  quoique  vous 
soyez  deja  inslruits  et  confirmcs 
dans  la  verite  dont  je  vous  parle, 

i3.  Croyarit  qu'il  est  bien  juste 
que  ,  pendant  que  je  suis  dans 
celte  lenle,'  je  vous  reveille,  en 
vous  en  renouvelant  le  souvenir. 

14.  Car  je  sais  que  dans  pen  de 
temps  je  dois  quitter  cette  tenle, 
comme  notre  Seigneur  Jesus- 
Christ  me  I'a  fait  connoitre.' 

i5.  Mais  j'aurai  soin  que,  meme 
apres  ma  mort,'  vous  puissiez  tou- 
joiirs  vous  remeltre  ces  choses  en 
memoire. 


i.Cor.i.  17.  16.  Au  reste,  ce  n'est  point  en 
suivant  des  fables  et  des  fictions 
jngenieuses  que  nous  vous  avons 
fait  connoitre  la  puissance  etl'ave- 
nement  de  notre  Seigneur  Jesus- 
Christ;  mais  c'est  apres  avoir  ete 
nous-memes  les  spectateurs  de  sa 
majestt';. 

17.  Car  il  recut  de  Dieu  le  Pere 
unglorieux  temoignage  d'honneur, 
lorsque ,  de  cette  nuee  ou  la  gloire 
de  Dieu  paraissait  avec  tantd'eclat/ 

Matt.  xvii.  5.  on  entendit  cette  voix  :  Voici  mon 
Fils  bien-aime,  dans  lequel  j'ai  mis 
toute  mon  affection,  ecoutez-le.' 

18.  Et  nous  entcndimes  nous- 
memes  cette  voix,  qui  venoit  du 
ciel,  lorsque  nous  etions  avec  lui 
sur  la  sainte  montagne.' 


12.  Propter  quod  inci- 
piam  vos  semper  commo- 
nere  de  his  :  et  quidem 
scientes  et  confirmatos 
vos  in  praesenti  veritate. 

i5.  Justum  autem  ar- 
bitror,  quumdiu  sum  in 
hoc  tabernaculo  ,  susci- 
tarevosin  commonitione: 

i4-  (^ertus  quod  velox 
est  depositio  tabernaculi 
mei,  secundum  quod  et 
Dominus  noster  Jesus 
Christus  significavit  niihi. 

i5.  Dabo  autem  ope- 
ram  et  frequenter  habere 
vos  post  obitum  meum, 
ut  horum  memoriam  fa- 
ciatis. 

16.   Non   enim   uoctas    J 

fabulas  secuti ,  notam  fe-    \ 
....  -^ 

ciraus  vobis  Domini  nos- 

tri  Jesu  Christi  virtutem 

et  praesentiam  :  sed  spe-  ,1 

culatores  facti  illius  mag-   I 

nitudinis. 


17.  Accipiens  enim  a 
Deo  Patre  honorcm  et 
gloriam,  voce  delapsa  ad 
eum  hujuscemodi  a  mag- 
gnifica  gloria  :  Hie  est  Fi- 
lius  mens  dilectus,  in  quo 
mihi  complacui  :  ipsum 
audite. 

18.  Et  banc  vocem  nos 
audivimus  de  ccelo  alla- 
tam,  cum  essemus  cum 
ipso  in  monte  sancto. 


■jr  11.  G'esl  le  sens  du  grec. 
y- i3.  Dans  ce  corps  mortel. 
■jf  14.   Voyez  la  preface. 
)?•  i5.  Gr.  litt.  apres  mon  depart  de  cette  vie. 
y  17.  Sur  le  Thabor. 
Ibid.  Ces  deux  mots  ,  ijisum  aiidite ,  ne  sont  pa»  ici  dans  le  grec  j  inais  on 
Irs  trouve  dans  I'li^vangile  :  Matt.  xvii.  5.  etc. 
y  18.   Le  Thabor. 


i6. 


CHAPITRE  I.  .■)07 

19,  Et  habeiuiis  firmio-  19.  Mais  nous  avoiis  les  oracleS 

rem  propheticuin  sermo-  des  prophete<,  dont  la  certitude  est 

nem  :  cui   benefacitis  at-  plus  affermie,'  auxquels  vous  faites 

tendentes  ,  quasi  lucernaj  bien  de  vous  arreter,  conune  a  une 

lurenti  in  calig^inoso  loco,  lampe  qui  luit  dans  un  lieu  obscur, 

donee  dies   elucescat,   et  jusqu'a  ce  que  le  jour' commence 

luciferoriatur  in  cordibus  a  paroitre  ct  que  I'etoiie  du  matia 

restris  :  se  It^ve  dans  vos  coeurs/ 

21.  Hoc  primum  intel-  20.  Etant  persuades  avant  loutes    «-  Tint.  111. 

ligentes,  quodomnis  pro-  choses  que  nulle  prophetic  de  FE- 

phttia  Scripturae  propria  criture  ne  s'explique  par  une  inter- 

iuterprelalionc  non  fit.  pretation  particulit-re. 

31.  Non  enim  volunta-  21.  Car  ce  n'est  point  par  la  vo- 
te huraana  allata  est  ali-  lonte  des  hommes  que  ies  prophe- 
quando  prophetia  :  sed  ties  nous  ont  cte  anciennement 
Spiritu  Sancto  inspirati,  apportees  ,  mais  c'est  par  le  mou- 
locuti  sunt  sancli  Dei  ho-  vement  du  Saint-Esprit  que  les 
mines.  saints  hommes  de  Dieu  ont  parle.' 

y .  19.  La  cerliludedes  oracles  sorlis  de  la  bouclie  des  prophetts  eloit  plus 
aftermie  dans  I'esprit  des  Juifs,  qui  avoienl  loujours  era  au  ti'moignage  des 
proplieles,  mais  qui  avoient  peine  a  croire  au  U'moignage  des  apolres,  et  a 
qui  les  apolres  etoien I  obliges  de  dire  ,  comine  on  le  veil  ici :  Ce  ne  sont  point 
eles  fables  que  nous  vous  prechons;  mais  nous  vous  disons  ce  que  nous  avons 
vu  de  nos  yeux ,  et  ce  que  les  propheles  ra6mes  vous  ont  annonce. 

Jbid.  Une  foi  plus  vive. 

Ibid.  C'est-a-dire  que  cette  foi,  qui  est  coinme  IVtoile  du  matia,  vous 
donne  une  connoissance  parfaile  de  Jesus-Cbrist.  —  Autr.  jusqu'a  ce  que  le 
grand  joar  de  ie'ternile  paroisse  ,  et  que  Jesus-Christ  qui  est  I'etoiie  du 
matin  ( Jpoc.  xxii.  i6.)  se  leve  dans  noscoeurs  en  sc  manifestanta  nous  dans 
la  gloire. 

y  21.  C'est  aussi  par  le  mume  esprit  et  par  I'Eslise  qa'il  eclaire  et  qu'il 
conduit ,  que  nous  devons  recevoir  I'interprclalion  de  ces  divines  jwroles. 


CHAPITRE  II. 


Faux  docteurs ;  cbiliment  qui  leur  est  resene.  Exemples  de  la  justice  de  Dieu 
sur  les  demons ,  sur  le  moode  par  le  deluge ,  sur  Sodome  et  Gomorrbe.  Fau^ 
docteurs  caraclerises.  Recbule  pire  que  le  prtinier  6tat. 


1.  FuERUNT  vero  ct  1.  Or,  coninie  il  y  a  eu  de  faux 
pscudoprophetae  in  po-  prophfetes  parmi  le  peuple,  il  y 
pulo,   sicut  et   in  vobis     aura  aussi  parmi  vous  de  faux  doc- 


5o8 


11"  EpItRE  DE  saint  PIERRE. 


teurs  qui  introduiiont'  de  perni- 
cieuses  heresies,'  et  qui,  renoncaiit 
au  Seigneur  qui  les  a  rachetes,  at- 
lireront  sur  eux-memes  une  sou- 
daine  ruine. 

2.  Et  plusieurs  les  sulvront  dans 
leurs  debauches ;  et  a  cause  d'eux 
on  blaspheinera  la  vuie  de  la  \e- 

.rite  : 

3.  Et  qui,  vous  seduisanl  par 
des  paroles  arlificieuses,  trafique- 
ront  de  vos  ames  pour  salisl'aire 
leur  avarice  :  mais  la  condamnation 
qui  les  menace  depuis  long-temps 
s'avance  i  grands  pa:i ;  et  la  main 
qui  doit  les  perdre  n'est  pas  endor- 
mie. 

Job.  IV.  i8.      4-  Car  si  Dieu  n'a  point  pardonne 
Jud.  6.  aux  anges  qui  ont  pechc,  mais  le's 

a  prccipites  dans  I'abime,"  on  les 
tenebres' sont  leurs  chaines  ,  pour 
etre  tourmentes,'  et  icnus  coirnne 
en  reserve,  jusqu'au  jugeraent;' 

5.  S'il  n'a  pas  epargnc  I'ancien 
monde,  mais  n'a  sauve  que  sept 
f.en.  vn.  i.  personnes  avec  Noe  predicateur  de 
la  justice,  en  faisant  tbndre  les 
eaux  du  deluge  sur  le  monde  des 
mechans  ; 
^e«.  XIX.  25  6.  S'il  a  puni  les  villes  de  So- 
dome  et  de  Gomorrhe,  en  les  rui- 
nant  de  fond  en  conible,  et  les  re- 
duisant  en  cendres,  et  en  a  fait  un 
exemple  pour  ceux  qui  vivroient 
dans  I'impiete;     ' 


erunt  magistri  mendaces, 
(jui  introducent  sectas 
perditionis  ,  et  eum  qui 
emit  eos  ,  Doniinum  ne- 
gant ,  superducentes  sibi 
celerem  perditionera. 

2.  Et  mulli  sequentur 
eoruin  luxurias,  per  quos 
via  veritatis  blasphema- 
bitur  : 

3.  Et  in  avaritia  flctis 
verbis  de  vobis  negotia- 
buntur:  quibus  judicium 
jam  oiim  non  ccssat,et 
perditio  eorum  non  dor- 
mitat. 


4.  Si  enim  Deus  ange- 
lis  peccantibus  non  pe- 
percit .  sed  rudentibiis 
infcrni  detractos  in  tarta- 
rum  tradidit  cruciandos, 
in  judicium  reservari  : 

5.  Et  originali  mundo 
non  pepercit,  sed  octa- 
vum  Noejuslitiae  praeco- 
nem  custodivit,  diluvium 
mundo  impiorum  indu- 
cens. 

6.  El  civitales  Sodo- 
morum  et  Gomorrhaeo- 
rum  in  cinerem  redigens, 
eversione  damnavit:ex- 
emplum  eorum  qui  iin^ 
pie  acturi  sunt,  ponens  : 


'^  I.  Grec:  IntroJuiront  en  secret. 

Ibid.  G'est  I'expression  du  grec. 

^  4 .  Voyez  la  Dissertation  sur  les  Ions  et  les  manuals  anges ,  loin.  xix. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 

Ibid.  Le  mot  cruciandos  n'csl  pas  dans  le  grec ,  qui  lit  simplement :  poui 
etre  lenus  comme  en  reserve,  etc. 

Ibid.  Qui  en  sera  fait  a  la  fin  du  monde ,  oil  leur  maliiC  sera  esposce  a  H 
vue  de  toutes  les  creatures,  el  oii  Dieu ,  apres  les  avoir  depouilles  du  pouvoi^ 
qu'ils  ont  de  nuire  aux  liommes,  les  cnfermera  pour  toujours  dans  le  puiM 
tie  I'abime. 


CUAPITllE   il.  OU^ 

7.  Ll  juslum  Lol  op-  ^.  Et  s'il  a  ilciiMe  le  jiisle  Lot, 
pressum  a  ncrandoruui  que  ces  abominal)les  affligeoienl  et 
injuria  ac  Inxuriosa  con-     persecutoient  par  leur  vie  inl'ame, 

\  I'l  satioiie  eripuit  : 

8.  Aspectu  eninj  et  an-  8.  Ce  juste  qui '  Jenieuroit  parmi 
tJitu  juslu*  erat  :  liabi-  eux,  etant  lous  les  juurs  tourniente 
tans  apud  eo?  qui  de  die  ill  dans  son  ame  juste  par  leurs  ac- 
dieiu  aniuiani  justam  ini-  tions  detestables,  qui  offensoient 
quis  operibus  cruciabant.  ses  yeux  et  ses  oreilles: 

9.  !Novit  Dominus  pios  9.  Le  Seigneur  sail  delivrer  ceux 
lie  teutalione  eripeie  :  qui  le  craignent,  des  uiaux  par  les- 
iniquos  vero  in  diem  ju-  quels  ils  sont  eprouves,  et  reserver 
dicii  reservare  crucian-  les  pecheurs  au  jour  du  jugetnent, 
ilos  : 

10.  Magis  aulem  cos 
qui  post  carnem  iu  con- 
cupiscentia  iinuiunditia? 
ambulant  :  dominalio- 
iieinque  conteuinunt,  au- 
daces  ,  sibi  placentes  , 
sectas  nou  luetuunt  iii- 
troducere  bkspheinan- 
tes  : 

J I .  Lbi  angeli  fortitu- 
dine  et  rirtute  cum  sint 
uiajores,  non  portant  ad- 
\crsuin  se  execrabile  ju- 
dicium. 


la.  iJi  vero  velut  irra- 
tionabilia  pecora ,  natii- 
I'.ililer  iu  caplioneni  et  in 
perniciem ,  in  his  qu;c 
ignorant  blasphemant^is, 
ill  corriiptionc  sua  pcri- 
lumt. 


pour  etre  punis  : 

I  o.  Et  principalement  ceux  qui , 
pour  satijiaire  leurs "ilesirs  impurs, 
suivent  les  mouvemens  de  la  chair; 
qui  meprisent  les  puissances;  qui 
sont  audacieux;  qui  sont  amoureux 
d'eux-memes;  et  qui  blasphemant 
la  saine  doclriiic  ,  ne  craignent 
point  d'inlroduire  des  secies  n«>n- 
velles ;  ' 

1 1.  Au  lieu  que  les  anges  ,  quoi- 
qn'ils  soienl  plus  grands  en  force  et 
en  puissance .  ne  se  condamnent 
point  les  uns  les  autres,  avec  des 
paroles  d' execration  et  de  maledic- 
tion. ' 

19..  Mais  ceux-ci,  comme  des 
animaux  sans  raison  ,  qui  ne  sui- 
vent  que  le  mouveuient  de  la  na- 
ture ,  et  qui  sunt  nes  '  pour  eifie  la 
proie  des  hommes  qui  les  font  perir. 
attaquant  par  leurs  blasphemes  ce 
qu'ils  ignorenl,  '  periront  dans  les 
infamies  ou  ils  se  plongent, 


X  S.  Cesl  la  construction  Ju  grec. 

y  10.  Grec  :  at  qui  ne  craignenl  poinl  de  mauJirc  ceux  qui  se  sont  elevcs 
.1  digniie. 

y  II.  Voki  comment  quelques-uns  expliquent  le  grec:  au  lieu  que  les 
angcs ,  fjuoiqu'ils  soient  plus  grands  en  force  et  en  puissance ,  ne  les  condam- 
nent poinl  avec  des  paroles  de  maI«!diclion  :\  cause  de  VautorUe  du  Seiciieiir 
dont  lis  sont  revetus. 

y  12.  Ce  mot  est  expriiue  dans  Ic  grec:  nala  in  captiotieni ,  etc. 

Ibid.  Dechirant  par  leurs  medisances  el  lears  calomnics  ce  qa'il  j  a  de 
plus  respeclalile. 


n    EI'lTUE  DE  SAIM   PIEKRE. 


6  1  () 

i3.  Recevant  la  rocompeiiso  quo 
inerite  leur  iniquile.  lis  meUenl  la 
felicitc  a  passer  chaque  jour  dans 
los  dcliccs;  ils  s'y  abandounent  de 
telle  soite,  qu'ils  ne  sont  qu'or- 
dure  et  inlamie  ,  et  quo  ce  n'est 
qu'exces  dans  Ics  festins  dc  charile 
qn'ils  font  avec  vons. 

i4-  Il'j  ont  les  yeuxplcins  d'adul- 
tere,  et  d'un  pcche  qui  ne  cesse  ja- 
mais :  ils  attirent  a  eux ,  par  des 
amorces  trompeuses,  les  ames  le- 
gcres  et  inconstantes  :  ils  ont  dans 
le  cocur  tonics  les  adresses  qne  I'a- 
varice  pent  suggerer;  ce  sont  des 
enfans'de  malediction. 
J   1  J  ^  1 5.  lis  ont  quitte  Ic  droit  chemin, 

et  se  sont  egares,  en  suivant  la  voic 
de  Balaam  ills  de  Bosor,  '  qui  aima 
la  recompense  de  son  iniqnite, 

i6.  Mais  qui  fut  repris  de  son  in- 
juste  "  dessein;  une  rmesse  inuctle, 
Nu/n.x\n.  qui  parla  d'une  voixhumaine,  ayant 
22.  reprime  la  tblie  de  ce  prophete. 


Jiid.  12.  17.  Ce  sont  des  fontaines  sans 

eau,  des  nuees  qui  sont  agitees  par 

des  tourbillons;   de  noires  et  pro- 

fondes  tenebres   leur  sont    reser- 

'  vees.' 

18.  Car  tenant  des  discours  d'in- 
solence  et  de  iblie,  ils  amorcent, 
par  les  passions  de  la  chair  ot  les 
Yoluplcs  sensuellcs  '  ceux  qui  peu 
de  temps  anparavant '  s'etoient  re- 
tires des  personnes  infectees  d'er- 
reur ; 

19.  Leur  promettant  1-a  libcrte, 


i3.  Percipienles  mer- 
cedem  injustitioc,  volup- 
latem  exislimanles  diei 
delicias  :  coinquinatioiies 
et  maculae,  deliciis  af- 
fluentcs,  in  oonviviis  suis 
luxuriantes  vobiscum, 

1^.  Oculos  hahentes 
plenos  adulterii ,  et  in- 
cessal)i!is  delicti  :  pelli- 
cientes  animas  instabiles, 
cor  exercitatum  avaritia 
habenles,  inalediclinnis 
Glii  : 

i5.  Derelinquentesrec- 
tam  viani  erraverunt,  se- 
cuti  viam  Balaam  ex  Bo- 
sor, qui  mercedem  ini- 
quitatis  amavit  : 

16.  Correptionem  vero 
habuitsuac  vesaniae:  sub- 
jugale  mutum  animal, 
hominis  voce  loquens, 
prohibuit  prophetae  insi- 
pientiam. 

17.  Hi  sunt  fontes  sine 
aqua,  et  nebulae  turbini- 
bus  exagitalae  ,  qnibus 
caligo  tenebrarum  reser- 
vatur. 

18.  Superba  cnim  va-i 
nitatis  loquentes,  pelli-| 
ciunt  in  desideriis  carnisi 
luxuriae  eos  qnipaululuinj 
effugiunt,  qui  in  errorc 
conversantur  : 

19.  Libertatem     illis 


^  i5.  Quelques  manuscrits  grccs  lisent :  Bi'or;  et  c'esl  ainfi  qu'il  est] 
nomme  au  livre  des  Norabres,  xxn.  5.  xxiv.  3. 
•5?-  16.   C'est  le  sens  du  grec. 
■jJ^  17.  Le  grec  ajoule :  pour  relcniile,  ei;  aiwva. 
■^18.  Auxquclles  ils  permclU  nl  dc  s'abandonncr. 
Ibid.  C'esl  le  sens  du  grec. 


CHAP  I  IRE  II. 


5ll 


promittentes  ,    ciiin   ipsi     quoiqu'eux-in6uies  soieni  esclaves 
servi  sint  corruptionis  :  a     de   la  corruption,   parce  que   qui- •/o^t/i.tim.  3.;. 
quo  enim  quis  superatus     conque  est  vaincu ,  est  esclave  de  ^om.  yi.  i6. 
est ,  hujus  et  servus  est.        celui  qui  I'a  vaiacu  , '  ^••• 

20.  Si  enim  refugicn-         20.   Parce  que,  si,    apres  s  etre      Matih.xu. 
tes  coiiiquinationes  mun-     retires  des  corruptions   du  monde  ^5 

di  in  cognitione  Domini     par  la  connoissance  de  Jesus-Clirist 

nostri,  et  Salvatoris  Je!?u     notre  Seigneur  et  Sauveur,  ils  se 

Christi,   his   rursus   im-     laissent  vaincre  ,  en  s'y  engageant //eir.  n.  4. 

plicati  superantur  :  facta     de  nouveau,  Icur   dernier  elat  est  -'/"'M".  45 

sunt  eis  posteriora  date-     pire  que  le  premier ; 

riora  prioribus. 

21.  Melius  enim  erat  21.  Car  il  eOt  micux  valu  pour 
illis  non  cognoscere  viaiu  eux  n'avoir  point  connu  Ja  voie  de 
justitiae,  quam  post  agni-     la  justice,  que  de  retourner  eu  ar- 

ricre  apres  I'avoir  connue  ,  et  d'a- 
bandonner  la  loi  sainte  qui  leur 
avoit  ete  prescribe 


tionera ,  retrorsum  con- 
vert! ab  eo,  quod  illis  tra- 
ditum  est,  sancto  man- 
dalo. 

22.  Contigit  enim  eis 
illud  veri  proverbii  :  Ca- 
nis  reversus  ad  suum  vo- 
initum  :  et,  Sus  lota  in 
volutabroluti. 


22.  Mais  ce  qu'on  dit  ordinaire- 
ment,  par  un  proverbe  veritable, 
leur  est  arrive  :  Le  cLien  est  re- 
tourne  a  ce  qu'il  avoit  lui-meme 
vomi :  et  le  pourceau,  apres  avoir 
ete  lave,  s'est  vautre  de  nouveau 
dans  la  houc. 


y  1 9.  Ainsi  ils  les  engagent  dans  une  servituJe  plas  cruelle  que  celle  oii  ils 
eloient  autrefois. 

>  20.  Quelquesexemplairesgrecs  lisenl:  Car  ceux  qui  apres,  etc. 


CHAPITRE  III. 

Imposleurs qui  mepriseronl  la  promesse  du  second  avenement  de  J^sus-Christ. 
Enjbrasement  du  monde.  Patience  de  Dieu.  Avenement  de  Jesus-Clirisl. 
Monde  renouvele.  Saint  Paul  loue;  diflicidte  de  ses  epilrcs.  Croitre  en 
sjrace  et  en  science. 


1.  Ha5c  ecce  vobis, 
cliaii'simi  ,  secundam 
scribo  cpistolam,  in  qui- 
bus  ve?tram  excito  in 
commonitioMe  sinceram 
mentem  : 


I.  Mes  bien-aimes,  voici  la  se- 
conde  lettre  que  je  vons  ecris  :  ct 
dans  loutes  les  deux  je  tache  de  rc- 
veiller  vos  ames  simples  et  sincere* 
par  mcs  averlisseniens  ,   ■ 


6l  2 


11"  EPITRE  DE  SAINT 


I.  Tim. IV 
5>..  Tim.  111. 
J  lid.  1 8. 


2.  Afin  que  vous  vouS  souveniez 
(les  paroles  des  saints  propheles 
dont  j'ai  deja  parle,  '  et  des  pre- 
teptes  de  noire  Seigneur  et  Sau- 
vein-  que  vous  avez  recus  de  nous, ' 
qui  soilimes  vos  aputres. 

3.  Sachez,  avant  toutes  choses, 
qu'aux  derniers  temps  il  viendra 
des  scducteurs  '  pleins  d'arliflce 
qui  suivront  leurs  propres  pas- 
sions,' 


Ezech.  xn.      4-  E*^  1"i  diront : '  Qu'est  devenue 
7-  la  promesse  de  son  second  avene- 

ment?'  car  depuis  que  nos  peres 
sont  dans  le  somineil ,  '  toutes  cho- 
ses demcureni;  au  ineaie  etat  oti 
elles  ctoient  au  commencement  du 
monde. 

5.  Mais  c'est  par  une  ignorance 
Yolontaire  qu'ils  ne  considerent  pas 
que  les  cieux  furent  faits  d'abord 
par  la  parole  de  Dieu ,  aussi  bien 
que  la  terre  qui  parnt  hors  de 
I'eau ,  et  qui  subsiste  au  milieu  de 
I'eau ; 

6.  Kt  que  le  monde  d'alors  perit, 
etant  submerge  par  le  deluge  des 
eaux.  ' 

7.  Aussi  les  cieux  et  la  teri-e  d'u 
present  sont  gardes   par  la   meme 


PIEURE. 

2.  Ut  meinores  si  I  is 
eorum,  qutc  praedixi  ^ 
verborum  a  Sanctis  pro- 
phetis ,  et  apostolorum 
vestrorum,  praeccptoium 
Doiriini  et  Salvatoris. 

3.  Hoc  primum  scien- 
tes,  quod  venient  in  no- 
vissimis  diebus  in  decep- 
tione  illusores  ,  juxta 
proprias  concupiscentias 
ambulantes  , 

4.  Dicentes  :  Ubi  est 
promissio,  aut  adventus 
ejus  ?  ex  quo  enim paties 
dormierunt  ,  omnia  sic 
perseverant  ab  initio 
creaturse. 

5.  Latet  enim  eos  hoc 
volenles,  quod  cceli  erant 
prius,  et  terra,  de  aqua 
et  per  aquam  consistens 
Dei  vcrbo  : 


6.  Per  quae,  ille  tunc 
mundus  aqua  inundalus 
periit. 

7.  Coeliautem  qui  nunc 
et  sunt,  et  terra,  eoilem 


■^  2.  Gr.  auU-.  des  paroles  qui  out  ele  autrefois  prononcees  par  les  saints 
j)rophelcs. 

Ibid.  C'l'Sl  le  sens  du  grec. 

•y  3.  Lilt,  des  moqueurs. 

•jr  4.  Pour  pecher  avec  muins  de  reiiiords ,  el  etouffcr  on  eux-m6raes  el 
dans  les  aulres  la  crainle  des  jugeinens  de  Dieu. 

Ibid.  De  Jesus-Clirisl ;  avenemenl  cu  I'on  disoil  qu'il  devoil  vcnir  changer 
loutes  choses?  Nous  ne  voyons,  diront-ils,  aucune  appnrence  h  ce  change- 
nient;  el  cet  embrasement  universel ,  dont  on  nous  nieuaooit,  n'est  qu'une 
purechimere. 

Ibid.  Sont  morls. 

•y  6.  Plusieurs  expliquenl  ainsi  le  grec  :  SC  wv,  par  lesquels ;  jiar  les  ciciix 
qui  laisserenl  loniber  sur  la  lerre  les  eaux  du  deluge.  Quelques-uns  I'expli- 
quent  \>ar  f^er  (/ncc  ,  au  sens  d'/aVo :  Et  cela  elanl  ainsi  ,  le  inoiide  d'aiors 
peril,  elanl  submerge  par  le  deluge  des  eaux.  IMais  ks  cieux  el  la  lerre  d"a 
present ,  elc. 


\erbo  repositi  sunt,  igni 
reservati  in  diem  judicii , 
et  pcrditionis  impiorum 
hominum. 

8.  Lnum  vero  hoc  non 
laleal  vos  ,  charissinii, 
quia  unus  dies  apud  Do- 
ininum  sicut  uiille  aani, 
et  niille  anni  sicut  dies 
unus; 

9.  Nontardat  Dominus 
promissionem  <uain,  si- 
cut quidam  existimant  : 
sed  patienler  agit  propter 
vo«,  nolens  aliquos  pe- 
rire,  sed  onines  ad  poeni- 
tentiam  reverli. 

10.  Adveniet  autem 
dies  Domini  ut  fur,  in 
quo  cceli  magno  impetu 
transient,  elementa  vero 
calore  solventur  ,  terra 
autem,  et  quae  in  ipsa 
sunt  opera,  exurentur. 

11.  Cum  igilur  haec 
omnia  dissolvenda  sint, 
quales  oportet  vos  esse 
in  Sanctis  conversalioni- 
bus  et  pietatibus, 

1 2.  Expectantes  et  pro- 
perantes  in  adventum 
diei  Domini,  per  quern 
cceli  ardentes  solventur, 
et  elementa  ignis  ardore 
tabescent. 

i5.  Novos  vero  ccelos 
et  novam  terram  secun- 


CHAPITRE  III.    "  5i3 

parole,  '  et  sont  reserves  pour  etre 
briilcs  par  le  feu  ,  au  jour  du  juge- 
ment  et  de  la  mine  des  hommes 
mc'chans  et  impies.  ' 

8.  Mais  il  y  a  une  chose  que  vous 
ne  devtz  pas  iguorer,  mes  bien- 
aimes,  qui  est  qu'aux  yeux  du 
Seigneur  un  jour  est  comrae  mille 
ans,  et  mille  ans  corame  un  jour. 

9.  Ainsi  le  Seigneur  n'a  point  re- 
tarde  Taccomplissement  de  sa  pro- 
messe,  conime  quelques-uns  se 
I'imaginent;  mais  il  vous  '  attend 
avec  patience  ,  ne  voulant  pas 
qu'aucun  perisse  ,  mais  que  tous 
rctournent  a  bii  par  la  penitence. 

10.  Car  le  jour  du  Seigneur  vien-  i.  Thess.y.*, 
dra  comme  un  voleur  :  '  et  alors,    Jpoc.  wi.Z. 
dans  le  bruit  d'une  effroyable  tem-  ^'*'-  ^^' 
pete,  ies  cieux  passeront,  les  ele- 
mens  embrases  se  dissoudront,  et 
la  terre,  avec  tout  ce  qu'elle  con- 
tient,  sera  consumee  par  le  feu.  ' 

11.  Puis  done  que  toutes  ces 
choses  doivent  perir,  quels  devez- 
vous  etre ,  et  quelle  doit  etre  la  sain- 
tele  de  votre  vie  et  la  piete  do  vos 
raceurs  ? ' 

1 3.  Attendant  et  hatant '  par  vos 
desirs  I'avenement  du  jour  du  Sei- 
gneur, ou  I'ardeur  du  feu  dissoudra 
les  cieux,  et  fera  fondre  les  e!c- 
mens. 

i5.  Car  nous  attendons,  selon  sa  isai.i.\\.  17. 
promesse,   de   uouveaux  cieux  et  lxvi.  -22. 


y  - .  C'esl  le  sens  du  grec :  gardes  par  la  mdmc  parole  comme  dans  le  tre- 
sor  de  Dieu  ,  elc. 

Ibid.  Voyez  la  Dissertation  sur  la  Jin  du  monde ,  a  la  Idle  de  celte  epUrf-. 

y  y.  Le  grec  lit :  nous.  ^ 

y  10.  Grec:  durant  la  nuit. 

Ibid.  Aulr.  sera  brulee.  Voyez  la  Dissertation  sur  lajin  du  monde ,  a  l.i 
tAte  de  cette  epitre. 

y  X  I.  Vous  devez  yiTte  dans  nn  grand  d^tachenient  de  toutes  les  choses  de 
la  terre. 

■f  1  a.  C'est  le  sens  du  grec. 

20.  33 


5i4 


IV  EPITKK   r)C  SAIN  1  PIERRE. 


Jpoc.wi.  I.  une  nouvelle  terre,  dans   lesqiiels 
habitera  la  justice. 

14.  C'est  pourquoi,  mes  bien- 
aimes,  vivant  clans  I'attente  de  ces 
choses,  faites  en  sorte  que  Ic  Sei- 
gneur vous  trouve  dans  la  paix,  et 
que  vous  soyez  purs  el  irreprehen- 
sibles  a  ses  yeux  ; 
Horn,  II.  4.  i5.  Kt  croyez  que  la  longue  pa- 

tience dont  use  notre  Seigneur  est 
pour  votre  bien ,  "  et  c'est  aussi  ce 
que  Paul,  noire  Ires  cher  frere ,  ' 
vous  a  eorit,"  selon  la  sagesse  qui 
lui  a  ete  donnee  ; 

16.  Comnie  il  fait  aussi  en  tou- 
tes  ses  lettres,  oi'l  il  parle  de  ces 
meines  choses;  dans  lesquelles  it  y 
a  quelques  endroils  difficiles  u  en- 
tendre, que  des  homines  ignorans 
et  legers  , "  detournent  en  de  mau- 
vais  sens  aussi  hicn  que  les  autres 
Ecritures,  dont  ils  abusent  a  leur 
propre  mine. 

17.  Yousdonc,  mes  frires, '  qui 
connoissez  toutes  ces  choses,  pre- 
nez  garde  a  /ous ;  dc  peur  que,  vous 
laissant  emporter  aux  egarcniens  dc 
ces  hoinmes  insenses,  '  vous  ne 
tombiez  de  I'elat  solide  oi"i  vous 
etes  etabiis. 

18.  Mais  croisscz  de  plus  en  plus 
dans  la  grace  el  dans  la  connois- 
sance  de  notre  Seigneur  et  Sauveur 
Jesus-Christ.  A  lui  soil  gloire,  el 
main!enant ,  et  jusqu'au  jour  de 
I'eternite.  Amen. 


dum  promissa  ipsius  ex- 
pectamus,  in  quibus  jus- 
titia  habit-it. 

14.  Propter  quod,  cha- 
rissimi,  hoec  expectantes, 
satagite  iunnaculati'  et 
inviolati  ei  invcniri  in 
pace  : 

1 5.  Et  Domini  noslri 
longanimitatem  salutem 
arbitremini  :  sicut  et  cha- 
rissimus  frater  nosier 
Paulus  se(;undum  datam 
sibi  sapientiam  scripsit 
vobis , 

16.  Sicut etin  omnibus 
epislolis,  loquens  in  eis 
de  his  ,  in  quibus  sunt 
qua^dam  difficilia  intel- 
lectu,  qua?  indocti  et  in- 
stabiles  depravant,  sicut 
ot  ceteras  Scripturas,  ad 
suam  ipsorum  perditio- 
nem. 

17.  Vos  igitur  ,  I'ratres, 
praescientes  custodite  :  ne 
insipientium  errore  tra- 
ducti  excidatis  a  propria 
finnitate. 


18.  Crescite  vero  in 
gratia  el  in  cognitione 
Domini  noslri  et  Salva- 
toris  Jesu  Christi.  Ipsi 
gloria  el  imnc,  et  in  diem 
ailernitalis.  Amen. 


•f  i5.  Ne  difforanl  son  second  avenement  que  pour  vous  donner  le  temps 
de  vous  convcrlir.  —  Liu.  pour  voire  salut. 

Idid.  Gr.  lilt,  noire  frere  bien-aime. 

I/ji'd.  U  paroil  que  cela  regarde  I'epitreaux  HcLreux.  Voycz  \^pirf(ice  stir 
cetle  ipilre. 

■^  16.  Ou  peu  affermis  dans  la  foi.  —  C'esl  le  sens  du  grec:  ignorans  et 
peu  affermis. 

T^  17.  Gr.  lilt,  mes  bien-aimes. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 


PREFACE 
SliR  LA  PREMIER E  EPITRE 

DE  SAIM  JEAN. 


L\  premiere  epilre  de  saint  Jean  a  toujours  passe  pour     Aquicette 
canoniquedansl'Eglise.  Onignore  le  temps,  le  lieu  ou  die  pp'tre  est  a- 
a  ele  ecrite,  etles  personnes  auxqueiles  elle  a  ete  adressee ;  "'^*^'* 
mais  on  propose  sur  ceia  diverses  conjectures.   Saint  Au- 
gustin  '  et  quelques  autres^  la  citent  sous  le  nom  d  .£y>//r<' 
a'jj:  Parthes :  et  Grotius  croit  que  sous  ce  nom  on  doit 
entendre  tons  les  Juifs  convertis,  qui  etoient,  non  sous 
I'enipire  des  Romains,   mais  sous  celui  des  Parthes,  qui 
contesloient  alors  aux  Romains  I'enipire  d'Orient;  et  sur- 
lout  les  Chretiens  hebraisans,  qui  etoient  au-dela  de  I'Eu- 
phratc  ,  a  Nearda  ,  a  Nisibe  .  et  autres  lieux. 

De  cette  inscription  A' Epilre  aux  Parthes ,  Baronius  a 
infere  que  saint  Jean  avoit  preche  aux  Parthes^;  etlesmis- 
sionnaires  deslndesracontent  que  les  Indiens  tiennentpar 
tradition  qui!  a  preche  dans  leur  pays;  mais  la  chose  n'est 
nulleroent  certaine.  On  nc  voit  drms  I'antiquild  aucune 
trace  que  saint  Jean  ait  jamais  ele  dansce  pays-la.  Etquand 
il  seroit  vrai  que  son  epitre  auroit  ete  adressee  aux  Parthes, 
il  ne  s'ensuivroit  pas  qu'il  evit  ete  chez  eux.  Saint  Paul 
ecrivit  aux  Romains  qu'il  n'avoit  jamais  vus.  11  ne  paroit  pas 
non  plus  qp'il  ait  jamais  preche  aux  Colossiens,  auxqaels 
il  ecrivit. 

Liijhtfooi*  a  propose  une  autre  conjecture  sur  I'egiise  a 
laquelle  cette  epilre  est  adressee.  Saint  Jean  dit  dans  sa 
troisieme  epilre  ecrite  a  Gaius ',  qu'il  a  eUjd  ecrit  d  I'egiise. 

'  -^"S-  Queest.  Evangel  lib.  ii.  c.  I9.  —  *  Posfdins  Indicul.  oper.  S. 
Aug.  Idac.  Clar.  contra  f^afimad.  jfihanas.  apud  Bed.  Prolog,  in  epist. 
Canonic.  Vide  et psetido-IIygin.  ep.  1.  c  i.  el  Joan.  i'.  ad  ralcriiim.  —  ' 
'  Baron,  ad  an.  i^.  §  3o.  —  *  Ligktfoot  horte  Uebr.  in  1.  Ccr.  ''■  14-  — 
*  3.  Joan,  y  9.  Scripsissem  forsitan  Ecclesice ;  sfd  is  qui  nnial  primatum 
gerereeis,  DioCrephes,  nonrecipiinos.  Grcec.  t:-zxlx  rf  tw.'/.r,a'.7.. 


5l6  PREFACE 

A  quelle  eglise ,  sinon  a  celle  dont  Gaius  etoit  mcmbre? 
Saint  Paul*  nous  apprend  qu'il  n'a  baptise  a  Corinthe  que 
Crispus  et  Caius,  ou  Gaius;  c'est  done  a  I'eglise  de  Corin- 
the que  saint  Jean  a  ecrit.  Et  quelle  autre  epitre  peut-il  leur 
avoir  ecritc  que  la  premiere  dont  nous  parlons  ici?  II  vaut 
mieux  sans  doute  le  croire  ainsi ,  que  de  dire  que  cette  pre- 
miere epitre  dc  saint  Jean  a  l' Eglise  d'ou  etoit  Caius  ,  est 
perdue.  C'est  le  raisonnement  de  Lightfoot,  qu'il  laisse  au 
jugementdes  savans.  Nous  doutons  qu'il  trouve  beaucoup 
d'approbatours.  Le  fondement  de  sa  conjecture  est  rui- 
neux.  On  doule  avec  raison  que  Caius  ou  Gaius  ,  auquel 
saint  Jean  ecrit  sa  troisieme  epitre,  soit  de  Corinthe;  il 
etoit  pluiot  d'Asie. 

On  doute  aussi  si  la  premiere  epitre  de  saint  Jean  est 
ecrite  aux  genlils  ou  aux  Juifs  convertis.  Laplupart  croient 
qu'il  I'ecrivit  aux  Juifs  convertis;  et  nous  ne  voyons  rien 
dans  toule  la  tcrre  qui  ne  revienne  a  ce  systeme.  Barthe- 
lemi  Pierre  ,  qui  a  continue  I'ouvrage  qu'Eslius  avoit  com- 
mence et  presque  acheve  sur  cette  epitre,  infere  qu'il I'a- 
voit  aussi  ecrite  aux  gentih,  de  ce  que  sur  la  fin  de  sa 
lettre  il  les  exhorte  a  eviter  le  culte  des  idoles  :  Custodile 
vos  a  simulacris.  Mais  ne  peul-on  pas  donner  cet  avis  a  des 
Juifs  convertis  qui,  vivant  loin  de  leur  pays,  au  milieu  des 
gentils  et  des  idolatres,  etoient  tous  les  jours  exposes  a 
I'idolatrie? 
Saint  Jean      L'auteur  ne  met  son  nom  ni  au  commencement,  ni  a  la 
estl  auteurde  gj^    gj  jjg  parle  pas  de  sa  personne  dans  tout  le  corps  de  la 
celte  epitre.     •    „  ■,    '  ^  -^  -^     .        \      r  •  at   • 

*  lettre  ,  d  une  maniere  qui  puisse  le  laire  remarquer.   Mais 

son  style  etsa  maniere  de  raisonner,  ses  principes,  la  cha- 
rite  dont  il  etoit  picin,  et  qui  eclale  de  toute  part  dans 
cetle  epitre,  le  font  assez  connoilre.  On  y  sent  I'esprit  de 
I'apotrc  bien-aime.  11  la  commence  comme  son  evangile , 
par  :  In  principio.  II  se  sert  du  mot  Acyo;^,  pour  designer 
le  Fils  de  Dieu;  et  du  verbe  grec  io'^zdoi^,  qui  signifiepro- 
prement  inlerroger,  ipour  prier.  S'il  n'a  pas  mis  son  nom  a 
la  tete  de  cet  ouvrage ,  comme  il  a  fait  a  I'Apocalypse, 
c'est,  dit  Grotius,  qu'il  I'envoyoit  par  des  marchands 
d'Ephese,  dans  des  pays  qui  etoient  en  guerre  avec  les 
Remains,  et  que  ceux-ci  auroient  pu  prendre  ombrage 
de  cet  innocent  commerce   de  lettres ,   et  en  auroient 

*  I,  Cor.  I.   14.  —  -  r.  Joan.  v.  7.  —  ^  i.  Joan.  v.  16.  Ou  itspt  exttvvj; 
Xe'-^u  v/a.  epwTTiari. 


SUR  LA   1"  EpItRE  DE  SAINT  JEAN,  5l7 

fait  porler  la  peine  aux  chreliens.  Baronius  croit  que  le 
titre  en  est  perdu ,  et  qu'elle  etoit  intilulee  :  Epilre  aux 
Parlkes. 

Grotius  veut  qu'elle  ait  ete  ecrite  de  I'ile  dePalmos,     Quel  est  le 
peu  de  temps  avant  la  ruine  de  Jerusalem.  II  senible  en  temps   et    le 
elTet  qu'au  chap,  ii  >''  i8  il  parle  de  la  ruine  prochaine  de  ','®"  ""rv'^'j* 
Jerusalem  .  lorsqu'il  dit  que  la  dernirre  heure  est  venue  :  ^^{^^ 
Filioli ,  novisslma  hora  est.  Mais  Grotius,  qui  la  faitecrire 
de  rile  de  Patmos,  ne  se  souvient  pas  que  saint  Jean  ne 
fut  relegue  dans  celie  ile  que  par  I'empercur  Domitien', 
plusieurs  annees  apres  la  guerre  des  Juifs  et  la  destruc- 
tion de  Jerusalem. 

D'autres^  croient  qu'elle  i'ut  ecrilc  long-temps  apres 
son  retour  de  I'exil  de  Patmos.  Mais  s'il  est  vrai  qu'elle  ait 
ete  ecrite  contre  les  disciples  de  Simon  et  de  Cerinthe,  et 
autres  heretiques  de  ce  temps-la ,  qui  nioient  la  divinite  de 
Jesus-Christ,  etqui  soulenoient  qu'il  n'avoit  paru  dans  le 
monde  qu'en  apparence  ;  si  done  elle  est  ecrite  contre  ccs 
heretiques,  comme  on  ne  pent  guerc  en  douler  si  on  la  lit 
avec  attention,  et  comme  saint  Clement  d'Alexandrie, 
saint  Epihane  ,  saint  Jerome,  et  plusieurs  autres  le  temoi- 
gnent,  on  pourra  la  mettre  quelque  temps  avant  la  guerre 
des  Romains  contre  les  Juifs,  et  long-temps  avant  que  saint 
Jean  ecrivit  son  evangile ;  car  Cerinthe  et  Simon  vivoient 
du  temps  meme  de  saint  Paul ,  comme  on  le  voit  par  les 
Epilres  de  cet  apotrc^,  et  comme  le  lemoigne  saint  Epi- 
phane'*.  En  sorte  que  suivant  cettc  idee ,  on  peul  regarder 
cette  epilre  comme  une  espece  de  preface  ou  de  prelude 
de  I'Evangile  de  saint  Jean. 

Quelques  souscriptions  portent  qu'elle  fut  ecrite  d'E- 
phese.  11  est  assez  croyable  qu'il  1  ecrivit  de  I'Asie  mi- 
neure^,  ou  les  anciens  nous  apprennent  qu'il  demeura 
assez  long-temps.  Mais  personne  jusqu'ici  n'en  a  pu  fixer 
I'annee  precise.  Si  elle  est  anterieure  a  la  destruction  de 
Jerusalem ,  il  faut  la  mettre  avant  I'an  70  de  I'ere  chr.  vulg. 

*  TertuU.  Prcescript.  pag.  345.  JuJi.  Qua'st.  in  f  el.  el  N.  T.  inter 
opera  Jugitst.  qncest.  72.  torn.  3.  Append,  p.  71.  Sulpit.  Sever.  I.  11. 
Primas.  et  Viclorin.  in  Apocal.  alii.  —  -Baron,  ad  an.  Christ.  99.  art. 
-.  8.  —  5  Vovez  le  commentaire  de  D.  Calmet  sur  les  cpilrcs  aux  Galates  , 
auxThessaloniciens,  elc.  —  *  Eplphan.  hceres.  a8.  Voyez  M.  de  Tillemont, 
torn.  a.  art.  des  Cerinthiens.  —  •  II  pul  venir  en  Asic  vers  I'an  66  on  67  de 
I'ere  chret.  vulg.,  c'esl-4-dire  en  I'annee  du  marlyre  de  saint  Pierre  et  de 
saint  Paul . 


6 1 8  PREFACE 

Saint  Jean  pouvoit  alors  etre  en  Asie,  age  d'environ  70 

ou  74  ans.  S'il  I'ecrivit  apres  son  retour  dc  I'ile  de  Patmos, 

et  apres  son  Evangile  ,  il  faudra  la  meltre  I'an  96  de  I'ere 

chr.  vulg.,  saint  Jean  etant  age  de  pres  de  cent  ans. 

Dtssein  et      Quant  au  dessein  de  cette  epitrc ,  il  est  aise  de  voir  que 

analyse  decet-      •.t  1  'r»  o  •••..1         ' 

tedpitre         saint  Jean  a  voulu  y  reluter,  1"  ceu?;  qui  nioient  la  neces- 

sitedes  bonnes ceuvres  ;  2"  ceux qui divisoient  Jesus-Christ, 
et  qui  soutenoient  que  Jesus  n'etoit  pas  le  Christ;  3"  ceMx 
qui  croyoient  que  Jesus-Christ  n'etoit  venu  qu'en  appa- 
rence.  Yoila  ies  principales  erreurs  qu'il  se  propose  de 
combaltre.  Elles  etoient  enscignees  par  Simon  le  magicicn 
et  par  Cerinlhe  ,  et  par  leurs  emissaires,  qui  causoient  de 
grands  ravages  dans  I'Eglise.  11  propose  d'abord  I'abrege 
de  I'Evangile  ,  en  annoncant  I'incarnation  du  Verbe  :  il 
expose  Ies  motifs  de  credibilite  qui  doivent  porter  Ies  fi- 
deles  a  recevoir  I'Evangile ,  et  ies  motifs  de  charite  qui  le 
portent  a  leur  annoncer  Jesus-Christ'.  11  leur  explique 
Ies  lois  et  Ies  conditions  sur  lesquelles  est  fondee  la  sociele 
chretienne^.  11  en  tire  Ies  consequences  qui  sont  Ics  fon- 
demens  du  chrislianisme  ;  et  ceci  lui  donne  lieu  d'exposer 
Ies  avantages  propres  aux  justes^.  II  leur  enseigne  Ies 
moyens  de  conserver  ces  avantages,  ct  dc  defendre  leur 
innocence  contre  Ies  avantages  du  dehors  ,  (|ui  viennent 
de  la  corruption  du  monde  *  et  de  la  seduction  des  here- 
tjques^,  ct  contre  Ies  perils  du  dedans  qui  viennent  prin- 
cipalement  de  I'inconstance  et  de  la  foiblesse  de  notre 
volonle''.  11  leur  montre  le  caractcre  et  la  necessite  de 
I'amour  du  prochain,  qui  est  encore  une  condition  essen- 
tielle  pour  conserver  et  fairc  croitre  la  vie  spirituelle  de  la 
grace'^.  II  Ies  avertit  de  ne  pas  croire  a  tout  esprit,  et  il 
etablit  Ies  regies  du  discernement  dont  i!s  doivent  user^. 
II  revient  encore  aTamour  du  prochain  ,  et  il  en  etablit  Ies 
motifs^,  De  la  il  passe  a  ce  qui  regarde  I'amour  de  Dieu'". 
II  etablit  la  foi  dc  la  divinite  de  Jesus-Christ  et  du  mystere 
de  I'incarnation  '^  11  ajoute  trois  maximes  importantes 
qu'il  assure  avec  loutc  la  divinite  apostolique  pour  la  con- 
solation des  fideles,  qu'elles  relevent  infiniuient  au-dessus 
des  idolatres'^ ;  et  il  finit  en  Ies  exhortant  tous  a  se  garder 
de  prendre  part  au  culte  des  idoles'^.  Dans  ce  qu'il  dit  de 

*  Cap.  1.  f  I. -4.  —  *  -j  5.  adfinem. —  °  Cap.  ii.  -j^  r.-i4.  ■ — *  i  i5.- 
17.  —  *  "^  18  ad  finem. —  *  Cap.  in.  ^  i.-to.— '  ^  10  ad  fin. — 
*  Cap.  IV.  y  I. -6.  —  ^  -i  T.-ie.  —  *<•  ^  17  adfinem.  -  "  Cap.  \.  i  «.- 
17.  —  '^  ■}}  1 8.-20.  ---*■'  -jj  21.  et  lilt. 


SUR  LA   l"    EPITBE  DE  SAI.M  JKA>.  6  I  if 

la  divinite  de  Jesus-Christ  il  y  a  un  texte  celebre  donl  on  a 
contesie  rauthenlicile ;  ce  lexte  va  faire  le  sujel  d'une  dis- 
seriation. 


DiSSI-RTATION 


SUR 


LE  FAMEIX  PASSAGE 

DE  LA  PREMIERE  EPITRE  DE  SAIM  JEAN. 


CHAPITRE  V,  ^  7  , 


lies  ?unl  qui  testimonium  dant  in  ccelo.  Pater.  Verbum,  et 
Spiritus  Sanctus  :  et  hi  tres  unum  sunt.  //  j  en  a  trois  qui 
retident  temoignage  dans  le  del ,  le  P^re  ,  te  Verbe ,  et  le  Saint- 
Esprit;  et  ces  trois  ne  sont  qu'  un. 


II  n'estpas  rare  de  voir  des  varietes  de  lecons^ns  les     Varicie  de 

livres  sacres  de  i'Ancicn  et  du  Nouveau  Testamei^:  mais  lecons  ici  plus 

il  n'est  pas   commun  d'en  voir  d'aussi   importanles  que  importante 

celles  que  Ton  remarque  dans  le  cinquienie  chapiire  de  la  ^V'  ^"J^j-^ 

premiere  epilre  de  saint  Jean.  Laplupart  des  autres  diver-  pinions  sur 

sites  de  lecons  ne  resfardent  que  certains  mots  mis  en  la  I'auibcniiciie 

place  d'aulres  mots,  certains  termes  omis  ou  ajoules;  ra-  <J"  paf^^age 

rement  ces  diversites  interessenl  la  reli5;ion  et  resrardent  1°".' !  *^S"- 
,,.-,....,,.,,  '    •     1  •.  •  Division  de 

la  loi.  iMais  ici  n  s  agit  d  une  penode  ejiUere  ,  qui  manque  ct^^  Disser- 

dans  un  tres  grand  nombre  d  exemplaires,  et  donl  I'orais-  laiion. 
sion  est  d'une  tres  grandc  consequence  ,  puisque  les  enne- 
mis  de  notre  foi  s'en  prevalent  pour  aliaquer  la  croyance 
de  I'Eglise  sur  la  Trinite  ,  et  pour  appuyer  leurs  sentiniens 
errones  contre  la  divinite  du  Fils  el  du  Saint-Esprit,  et 
contre  I'egalite  et  ia  consubstantialite  des  personnes  di- 
vines. 


520  DISSERTATION 

Ce  ne  sont  pas  seulement  les  ennemis  de  la  Trinite  qui 
orit  pretendu  que  ce  passage  n'etoit  point  authentique  et 
legitime ;  plusieurs  memesde  ceux  quicroient  comme  nous 
a  la  Trinite,  I'ont  attaque  ,  soil  que  le  grand  nombre  des 
exemplaires  ou  il  ne  sc  lisoit  pas  anciennement  eut  fait 
impression  sur  leur  esprit,  soit  que  Tenvie  de  se  distin- 
guer,  etla  demangeaison  de  critiquer  les  eussent  emportes, 
il  est  certain  qu'ils  n'ont  pas  parle  sur  cc  sujet  avec  tou.te  la 
circonspection  qui  seroit  a  souhaiter.  Erasme ,  par  exem- 
ple ,  a  supprime  ce  passage  dans  les  premieres  editions  du 
Nouveau-Testament  en  grec  et  en  latin  qu'il  a  donnees*. 
Luther  de  memo  ne  I'a  point  mis  dans  sa  traduction  alle- 
mande.  Ce  passage  ne  paroit  pas  dans  un  bon  nombre 
d'impressions^  faites  par  des  catholiques,  que  Ton  ne  doit 
pas  soupconncr  d'avoir  voulu  donner  atteinte  a  la  foi  de 
I'Eglise  sur  la  Trinite. 

Richard  Simon  %  connu  par  son  histoire  critique  du 
Yieux  et  du  Nouveau-Testament,  a  soulenu  expressement 
et  au  long  ,  que  ce  passage  eloit  ajoute  dans  nos  exemplai- 
res de  la  Bible,  et  que  saint  Jean  ne  I'avoit jamais  ccrit. 
Christophe  Sandius ,  socinien ,  a  rassemble  avec  grand 
soin  tout  ce  qui  pent  rendre  ce  passage  suspect.  Quelques- 
uns  ont  pretendu  que  les  ariens  I'avaient  supprime  :  d'au- 
Ires  ont  cru  que  les  catholiques  I'avaient  insere  dans  le 
texte  ;  et  Grotius  a  soupconne  les  ariens  memes  de  I'avoir 
mis  dans  le  texte  de  saint  Jean. 

Mais  la  plupart  des  plus  judicieux  et  des  plus  savans  cri- 
tiques iftant  catholiques  que  protestans,  I'onireconnu  pour 
authentique.  Stunica^leP.  Alexandre^  xMille*^,  le  P.  Bu- 
kcntop',  Ketner^,  Selden^,  le  P.  Martianay '",  Schmith, 
et  en  dernier  lieu  Roger'',  ont  ecrit  expressement  pour  la 
defense  du  passage  en  question.  Je  ne  parle  pas  des  com- 


'  ^n  i5i6  et  i5i9.  Basilece.  — -Edit.  Aldi,  Venel.  ryrS.  Volfii ,  jii-- 
gentor.  an.  iSa^.  Colincel ,  Paris,  an.  i534.  f'ide  etedilionein  Lcwaniens. 
Liigd.  an.  iSCa. — ^  Simon,  Histoire  crilique  du  Nouveau-Testament,  el 
dans  sa  Dissertation  a  la  fin  de  celte  critique. — ''  Stunica  ad^ersus  Finsmiuu 
in  r.  Joan.  v.  7.  Compluli ,  rSig. —  ^  Natal.  Alex,  in  Nov.  Test.  torn.  i. 
an.  de  epistolis  canonicis. —  ^  Millius  Dissert,  in  i.  Joan.  y.  7.  adcalcem. 
vat:  led.  in  epist.  i.  Joan. —  '  Buhenlop,  Lux  de  luce,  lib.  w.p.  '06. — • 
"  Kctner.  Defensione  hujus  loci ,  Dissert,  singulari. —  ^  Selden.  lib.  11.  de 
Synedriis,  cap.  iv.  p.  i33  et  seq.  —  ^^  Marti  an  ce  Not.  in  Pivlog.  epist. 
catholic,  pag.  1669.  1670.  torn.  i.  ncv.  edit.  S.  Hiemnymi. —  "  Roger, 
Dissert,  critico-theolog.  in  hinic  loc.  Paris.  171 3. 


SUR  LE  FAMELX    PASSAGE  UE  SAINT  JEAN.  52  1 

menlateurs,  qui  presque  tous  ont  souicnu  son  anthcnlicite 
ct  sa  verile. 

Pour  instruire  pleinenient  !c  lecteur  sur  celte  question  , 
il  est  bon  de  rapporter  ici  les  raisons  que  Ton  produit 
pour  et  contre,  afin  de  le  mettre  en  etat  d'en  tirer  de 
justes  consequences,  avec  une  entiere  connoissance  de 
I  a  use. 


ARTICLE  PREMIER. 

Preuves  alleguees  par  ceux  qui  contestcnt  i'anlhenlicite  du  -jf  -  du  cliapitre  v 
de  la  premiere  epilre  de  saint  Jean. 

O.N  peut  partager  les  exemplaires  tant  iraprimes  que     Varit-ie  de 

nianuscrits,  en  trois  classes.  Les  unsomettent  enlierenient  ^^loos  sur  le 
I  1  II-  texle  do^t  il 

ce  passage  ;  les  autres  le  portent  comme  nous  le  iisons  au-   ^    .^ 

jourd'hui  dans  la  Vulgate;  et  les  autres  varicnt.  De  ces 
derniers  piusieurs  le  lisent  a  la  marge  :  d'autres  le  portent 
dans  le  corps  du  texte,  mais  avec  celte  difference  que  quel- 
quefois  le  f  8  est  mis  avant  le  y  7,  de  celte  sorle :  Ires 
sunt  qui  lesUmonium  dant  (  ou  dicunt )  in  terra ,  spiritus ,  aqua 
ft  sanguis :  et  hitres  unum  sunt.  Et  tres  sunt  qui  testimonium 
dicunt  in  calo  ,  Pater,  Fcrbum ,  ct  Spiritus  :  et  hi  ires  unum 
sunt^.  D'autres  exemplaires  ne  mettentque  ces  mots  :  Tres 
sunt  qui  testimonium  dant  in  calo,  Pater,  Verbum  ,  ct  Spiri- 
tus :  et  tres  unum  sunt'^ ;  et  omettent  ce  qui  suit  :  Tres  sunt 
qui  testimonium  dant  in  terra ,  etc,  D'autres  lisent  au  "j^  8  '  : 
Et  tres  sunt  qui  testimonium  dant  in  terra  ^  spiritus ,  aqua  el 
sanguis;  et  omettent  :  Et  hi  tres  unum  sunt.  Et  saint  TLo- 
liias*  souticnt  que  ces  derniers  mots  ne  se  lisoient  pas  dans 
les  vrais  exemplaires.  Lorin  ,  Luc  de  Bruges  et  Hessel  re- 
connoissent  qu'il  y  a  piusieurs  exemplaires  latins  oil  ils  ne 
se  trouvent  point.  On  ne  les  lit  ni  dans  le  grec  ni  dans  le 
latin  de  la  bible  polyglottc  de  Complute  ,  ni  dans  le  manu- 

*  /  ide  Cod.  Corbei.  n.  2.1.  apitd  Maru'ance.  pag.  1G7J.  I  la  el  E 11  gen. 
Cai-ihng.  lib.  de  Cadwl.  Fide  (-'ide  el  Idacium  advcrs.  f'^arimand.  et  I'lil- 
gsnliuin  Besp.  contra  Arianos.  El  miiha  Fitlgatce  exemphria.  finger. 
P-  128.  —  *  I  la  Cod.  dua  Muibac.  el  iintis  Compend.  a  me  visi.  El  alii 
quidam.  —  '  Omiuit  Complut.  ei  Cod.  Britannic.  Codd.  Lat.  Lovan.  i5.— 
*  D.  Thorn,  opuscul.  24. 


DISSKRTAIIOIN 


scrit  alexaudrin ,  ni  cliins  celui  d'Anglelerre  dont  parle 
Erasme^ni  daus  deux,  nnuiusciits  do  Saint-Gcrniain-des- 
Prcs,  11°'  43  el  44.  D'autrcs  ajoulenl '  :  Ei  hi  Ires  unumsunl 
in  Christo  Jesu;  comma  \io\iv  eloigner  Tidee  que  Ton  au- 
roit  que  I'esprit,  I'eau  el  le  sang  sent  un  ,  de  la  meme  ma- 
niere  que  Ic  Pcre  ,  le  Veibe  el  le  Saiul-Esprit.  Les  exem- 
plairesgrecs  au  lieu  de  :  Et  Lres  unum  sunt ,  du  iJ^  8 ,  porlent: 
Et  Ires  in  miiim  sunt.  Vigile  de  Tapse,  el  I'auteur  de  la 
fausse  epitre  de  Hygin  ,  lisent  :  Innohis  sunt. 
Deuxargu-       Le  premier  argument  de  ceux  qui  nient  I'aulhenLicite 

mens  de  ccux  Je  ce  passage  ,  esl  qu'il  ne  se  trouve  point  dans  les  anciens 

qui  coRicstent  j^janugcrits  grecs  ,  qui  sonl  les  originaux  ;  ni  dans  la  ver- 

1  aulhtnticile     .  .        ^  •  i        i  •  i 

decc  passage,  sion  syriaque ,  qui  est  la  plus  ancienne  des  versions  orien- 

Premier argu-  tales;  ni  dans  I'arabe  ,  ni  dans  I'ethiopienne  ,  nidansplu- 
ment  lire  de  sieurs  anciens  exemplaircs  latin  :  le  second  argument  et 
omission  e  j^,  pj^^^,  fort,  est  que  ce  passage  n'esi  pas  cite  dans  les  au- 
las exemplai-  ciens  peres  grecs  et  lalins  qui  ont  ecrit  conlre  les  erreurs 
res  nianu-  d'Arius ,  ni  par  les  conciles  qui  se  sont  tenus  contre  cot 
scrits.  heresiarque  ,  quoique  ce  passage  fut  un  des  plus  forts  et 

des  plus  expres  que  Ton  put  allegner  conlre  lui :  ce  qui  ne 
peut  veiiir  que  de  ce  que  eel  endroit  leur  etoit  inconnu. 
Or  ,  si  dans  la  plus  profonde  antiquile  ,  et  dans  les  siecles 
les  plus  eclaires  de  I'Eglise  ,  on  n'a  pas  coniiu  ce  passage , 
c'est  une  marque  qu'il  n'etoit  pas  dans  les  premiers  origi- 
naux, el  qu'il  ne  s'est  glisse  dans  les  exemplaires  de  saint 
Jean  que  plusieurs  siecles  apres  lui. 

On  cite  le  manusci  it  alexandrin ,  et  celui  du  Vatican, 
qui  passent  pour  ires  anciens,  et  qui  sont  peut-^tre  les  plus 
vieuxqui  soient  dans  le  monde;  on  y  lit  simplemenl :  II  y 
en  a  Lrois  qui  rendent  lemoignage  ,  V esprit ,  V eau  el  le  sang : 
et  ces  trois  nesont  qu'un;  et  tout  le  reste  y  est  omis.  On 
voit  la  meme  omission  dans  quinze  ou  seize  manuscrits 
grecs  qui  sonl  cires  par  Mille.  Rich.  Simon  en  cite  en- 
core cinq  de  la  bibliotiieque  du  roi,  et  six  de  la  biblio- 
theque  de  Colbert ,  ou  Ton  voit  la  meme  chose.  Brunei , 
eveque  de  Salisbury  ,  en  a  vu  deux  de  meme  dans  la  bi- 
bliotiieque de  Bale ,  et  un  de  Venise.  Un  autre  manuscrit 
de  la  bibliolheque  de  I'empereur  ,  un  de  la  bibliotheque 
de  Leiceslre,  el  quantite  d'autres  omettcnt  ces  mots:   In 

*  Ila  Clciii.  Alex,  in  latinis  Cassiodori  Jinbros.  lib.  v.  cap.  ii.  de  Spiiiiu 
Sanclo.  F'igil.  Taps,  sen  alius  lib.  de  Fide  ad  Thcophil.  lib.  de  i/nica, 
Deiinte  Trinilnds. 


I 


SLR  LE  FAMEUX  TASSAGE  »E  SAINT  JEAN.  628 

iiclo,  Palely  Verbum  el  Spirilus  Sane  I  us :  el  hi  Ires  unum 
sioil;  el  Ires  sunt  qui  Icstimonium  dunl  in  terra. 

L'edition  grecque  d'Alde  faiie  a  Venise  Tan  1 5 18  ,  celles 
de  Bale  par  Erasnic  en  i5i6  et  i5i9,  cclle  d'Haguenau 
en  1021 ,  celle  de  Strasbourg  en  i524  ,  celle  de  Paris  par 
Simon  Coline  en  i63i,  les  ometient  de  nieme.  Robert 
Etienue  dans  sa  belle  edition  grecque  du  Nouveau-Testa- 
nient  en  i55o,  a  mis  dans  le  lextc  tout  Ic  passage  de  la 
mauiere  qu'on  le  lit  aujourd'hui  dans  la  Vulgate  ,  ot  dans 
les  exemplaires  grecs  imprimes  depuis  lui:  mais  ilremarque 
en  marge  qu'il  n'a  Irouvecetle  lecon  que  dans  la  seule  edi- 
tion de  Complute;  en  sorte  que  de  sept  e.\emplaires  grecs 
manusorits  qu'il  avoil  pour  tes  epilres  canoni({ues  ,  il  n'y 
en  avoit  pas  un  seul  '  qui  lut  ce  passage  comme  nous 
I'avons  dans  nos  bibles. 

Al'egard  delediiion  de  Complute,  que  Robert  Etienne 
jugea  a  propos  de  suivre  dans  cet  endroit ,  on  fait  voir 
que  I'autorile  nen  est  pas  grande.  Le  cardinal  Ximenes  , 
qui  procura  l'edition  de  la  poiyglottc  de  Complute,  n'avoit 
de  manuscrit  grec  que  celui  de  Rhodes  ,  et  quelques  au- 
tres  de  Rome ,  qui  lui  avoieut  ete  envoyes  par  le  pape 
Leon  X.  Or,  on  sait  qu'aucun  de  ces  manuscrits  ne  li- 
soit  le  passage  en  question.  Jacques  Lopes  Stiuiica,  qui 
avoit  vu  les  exemplaires  grecs  dont  on  s'etoit  servi  a 
Complute,  ne  put,  dans  la  dispute  qu'il  eut  sur  ce  sujel 
avec  Erasme,  citer  aucun  exeniplaire  qui  renferinatce  pas- 
sage. Et  lorsquc  ,  sous  le  pape  Ijrbain  YIIl ,  on  voulut  Ira- 
vailler  a  une  nouvelte  edition  grecque  du  Nouvean-Testa- 
ment ,  et  qu'on  eut  pour  cela  rassemble  avec  grand  soin 
tout  ce  qu'il  y  avait  de  manuscrits  a  Kouie  ,  tant  dans  la 
i)ibliotbeque  du  Vatican  que  dans  celle  des  Barberins  ,  on 
ii'en  trouva  queliuitquiconlinssentlcsepitres  canoniques, 
ct  aucun  des  ces  liuit  n'avoit  le  passage  qui  fait  le  sujel  de 
celte  dissertation  ^. 

Le  manuscrit  que  Seidel  a  apporle  de  I'Orient  a  Berlin, 
et  dont  parle  Kuster  dans  sa  nouvelle  edition  du  Nouveau- 
Teslamcntde  Mille  en  i7io,omet  ie  verset  dont  il  s'agit 
ici.  Rich.  Simon  assure  qu'il  n'en  a  vu  aucun  dans  la  bi- 
bliothequc  du  roi  qui  eut  ce  passage ,  quoiqu'il  v  en  ait 

'  /Vf/t;  Ilogeri  DisseH.  §  3,  pag.  «)  el  sec[  Ces  sept  manuscrits  son  I  Ics  4 , 
5,  :  '  9  .  10  ,  r  I  ,  li.  —  *  y  ide  prcefat.  Joannis  MatOicei  Carjophylli  ad 
c.Tlcem  Cnien.  Grcec.  edit.  Pelri  Possini  in  Marc,  fiomce,  1^73. 


524  DISSERTATION 

consulte  au  raoiiis  huit ;  et  entre  ces  manuscrits  grecs  ,  il 
y  en  a  plusieurs  de  tresnouveaux;  cc  qui  fait  juger  que  les 
Grecs  modernes,  non  plus  que  les  anciens  ,  ne  le  recon- 
noissent  pas  pour  autiienlique.  Roger  en  cite  encore  trois 
autres  de  la  meme  bibiiotheque  du  roi  * ,  lesquels  y  ont 
ete  donnes  par  Letellier ,  archeveque  de  Reims ,  et  qui 
sont  lout  semblables  aux  autres,  quant  a  I'omission  du 
passage. 

Les  manuscrits  latins  sont  plus  conformcs  a  la  Vulgate. 
11  s'en  trouve  toutefois  un  Ibrt  grand  nombre  qui  ne  lisent 
pas  rendroit.en  question.,  L'auteur  du  prologue  sur  les 
epitres  canoniques ,  lequel  porte  le  nom  de  saint  Jerome, 
et  dont  on  parlera  ci-apres  plus  au  long ,  cet  auteur  se 
plaint  de  ce  que  les  traducteurs  n'ont  pas  mis  exactement 
ce  passage  dans  leurs  exemplaircs  ;  d'ou  Ton  infcre  qu'il 
y  en  avoit  alors  un  bon  nombre  qui  ne  le  lisoient  pas.  Ce 
prologue  ne  paroit  pas  etre  de  saint  Jer6me;  mais  il  est 
au  plus  tard  du  huitieme  siecle.  On  le  trouve  dans  des 
manuscrits  d'une  grande  anliquite^. 

Erasme  cite  deux  exemplaires  latiiis  de  la  bibiiotheque 
de  saint  Donatien  de  Bruges,  qui  nc  lisoient  pas  ce  pas- 
sage. Miile  en  cite  deux  apres  Gilbert  Burnet;  I'un  de  la 
bibiiotheque  de  Bale  ,  et  I'autre  de  Zurich ,  qu'il  croit  de 
plus  de  huit  cents  ans  d'anliquile;  et  il  en  cite  deux  au- 
tres de  Strasbourg ,  de  meme  age,  ou  encore  plus  rieux. 
Cinq  manuscrits  cites  par  les  docteurs  de  Louvain  a  la 
marge  de  leur  bible  ,  un  ancien  manuscrit  de  la  bibiio- 
theque de  Bodley,  trois  manuscrits  de  Saint-Germain- 
des-Pres  ,  un  de  Saint  -  Aubin  d'Angers  ,  ot  un  autre  de 
Saint-Serge  de  la  meme  ville  ,  tous  deux  venerables  par 
Icur  antiquite;  la  belle  bible  de  Louis-lc-Debonnaire  dans 
la  bibiiotheque  de  Colbert;  un  manuscrit  de  Saint-Martin-' 
des-Champs  ecrit  du  temps  de  Charlcs-le-Chauve;  rancieii 
Gorrectoire  de  la  bible  cite  par  Luc  de  Bruges  ;  enfin 
quaniite  d'autres  latins  omettent  entierement  les  paroles 
dont  il  est  ici  question. 

D'autres  latins  les  omettent  dans  le  corps  de  I'ouvrage 
ou  du  texte;  mais  ils  les  lisent  a  la  marge  ,  comme  le  ma- 


*  Codd.  ■>.•}.'.<,')-,  2S67,  342,*),  —  ^  On  le  voit  dans  les  dcnx  bibles  ma- 
nuscrilesdc  Saint-Aubin,  et  de  Saint-Serge  d'Angers,  dont  la  premiere  a 
neuf  cents  et  I'aulre  au  moins  huit  cents  ans  d'antiquilc;  on  le  voilaussi^ 
dans  d'autres  anciennes  bibles  ecrites  du  temps  de  Charles-Ie-CIiauve. 


I 


SLR  LE  FAMELX  PASSAGE  DE  SAI>T  JEA5.  525 

nuscrit  des  Cordeliers  d'.Vnvers  cite  par  Erasme ,  celui  de 
la  bibliolheque  du  roi,  cole  3o84 ,  dont  parle  Rich.  Si- 
jnon  ,  qui  ajoule  a  la  marge  ces  mots  :  In  calo  ,  Paler  ,  Ver- 
biivx ,  el  Spiritus;  el  Ires  sunt  qui  feslimoTu'um  dant  in  terra  ; 
el  hi  tres  unurn  sunt;  et  un  autre  de  la  bibliolheque  de  Col- 
bert, n"  i58,  a  la  marge  duquel  vis-a-vis  ces  mots  :  Tres 
sunt  qui  testimonium  dant,  on  lit :  In  calo ,  Paler,  Verbum^  el  . 
Spiritus  ;  el  Ires  sunt  qui  testimonium  dant  in  terra  ,  sanguis, 
aqua,  el  r.aro.  Dans  la  bibliolheque  de  Saint-Germain- 
des-Pres,  il  y  a  un  ancien  manuscrit,  a  la  marge  duquel 
le  y  7  est  ecrit  lout  au  long  ,  et  ce!a  de  la  meme  main  qui  a 
ecrit  Ic  resle  du  manuscrit.  II  y  a  divers  autres  manuscrits 
tant  grecs  que  latins,  ou  Ton  Irouve  ainsi  a  la  marge  des 
additions  qui  ne  sont  pas  toujours  uniformes  quant  aux 
termes ,  mais  qui  reviennent  a  peu  pres  au  meme  quant 
au  sens. 

Nous  avons  deja  remarque  en  passant,  qu'il  y  a  des 
manuscrits  latins  oil  le  y  8  est  mis  avant  le  y  7  ;  mais  cctte 
diversite  n'est  pas  contraire  a  la  lecon  recue  aujourdhui 
dansTEglise.  Quant  aux  versions  orienlales,  ellesomettent 
toules  ce  passage,  a  i'exceplion  de  I'armenienne  ,  qui  le 
porle.  Le  svriaque  ,  I'arabe  ,  I'ethiopien  ,  le  russe ,  le 
cophte,  lisent  simplenient  le  ^  8  :  II  y  a  trois  temoins , 
V esprit ,  I'eau ,  et  le  sang :  et  ces  trois  nefonl  quun  ,  sans  lire 
dans  la  terre ,  qui  est  dans  le  grec  et  dans  la  Vulgate.  Tre- 
mcllius  supplea  le  l^  7  dans  son  edition  de  la  version  sy- 
riaque  en  1069  ;  mais  il  n'osa  le  mettre  dans  le  teste  ;  ii  sy 
<  ontenla  de  le  [>lacer  a  la  marge.  Gutbirius  a  ete  plus 
hardi;  il  I'a  insere  dans  le  lexle.  Il  est  pourlant  certain 
qu'i!  ne  se  irouve  ni  dans  les  manuscrits  ,  ni  dans  la  pre- 
miere edition  du  Nouveau-Testament  en  syriaque  par  Vid- 
manstad  en  1062. 

Les  anciens  peres ,  tant  grecs  que  latins ,  n'onl  point  lu     Second  ar- 

pour  la  plupart  le  y  7  en  question;  du  moins  ils  ne  le  g'^ment tire 

Client  pas  dans  les  lieux  ou  la  raatiere  qu'ils  traitoient,  et  J"  silence  des 
,   I     I  •       1      ■  ..,  y  ,  ,    .         anciens  peres 

ou  le  besom  de  la  cause  qu  ils  soulenoienl,  demandoient  „„;  n'o„t 

qu'ils  le  citassenl.  Saint  Irenee  '  ,  voulanl  prouver  la  divi-  point  paHede 

nile  de  Jesus-Christ,  cite  souvent  cette  epiire  do  saint  <^e  *^^'^' .'o"^ 

Jean,  et  meme  ce  chapitre  v,  sans  loutefois  laire  aucune  ™^^^*^  1"''* 

1      V         c    •    .  T-k  '     «  i>  A  I  I    •         '      •    avoienll  occa- 

menlion  du  y  7.  hamt  Denys ,  eveque  d  Alexandne ,  ecri-  sion  den  par- 
vant  a  Paul  de  Samosatc ,  emploie  en  plus  dun  endroit  le  ler. 

*  /ran,  Ub.  iii.  c.  i3.  num.  16,  in  nov.  edit. 


•)2b  DISSEKTATIO.N 

■^  8  du  chap,  v  de  celte  cpkre ,  sans  toucher  le  i/  7,  qui 
etoit  decisis poul"  la  divinite  de  Jesus-Christ,  et  pour  la 
Trinitij  qu'il  defeiidoit, 

Millc  ne  croil  pas  qu'aucun  des  peres  grecs  qui  ont 
vecu  avant  le  concile  de  Nices  ait  jamais  cite  le  passage 
dont  i!  s'agit.  Saint  Athanase  ,  qui  a  ete  pendant  toute  sa 
vie  occupe  a  combattre  i'arianisme  et  les  erreUrs  qui  y 
ont  da  rapport,  ne  I'a  jamais  etnploye  ,  quoiqu'il  ncn  ne- 
glige aucun  de  ceux  qu'il  croit  propres  a  la  defense  de  la 
cause.  On  peut  en  dire  antant  de  saint  Epiphane  ,  des 
peres  du  concile  de  Sardique,  de  saint  Basile-lc-Grand  , 
de  saint  Alexandre  eveque  d'Alexandrie,  de  saint  Gregoire 
de  Nyssc  ,  de  saint  Gregoire  de  Nazianze,  de  Didyme  ,  de 
saint  Jean  Chrysostome ,  de  saint  Cyrille  d'Alexandrie ,  et 
de  grand  nonibre  d'autres  ,  qu'il  est  inutile  de  citer  ici , 
qui  se  sont  trouves  engages  dans  des  disputes  contre  les 
ennemis  de  la  divinite  de  Jesus-Christ  ou  du  Saint-Esprit  , 
et  dans  I'obligalion  de  soutenir  la  foi  de  I'Eglise  sur  la 
Trinite  et  la  consubstantialite  ,  sans  qu'ils  aient  jamais  mis 
en  oeuvre  un  passage  si  precis  ,  si  formel ,  si  decisif  pour 
la  cause  qu'ils  soutenaient.  On  peut  done  conclure  qu'as- 
surenient  ils  ne  !e  lisoient  point  dans  leurs  exemplaires  ; 
car  pour  pen  qu'on  sache  quelle  etoit  leur  methode  ,  on 
comprendra  qu'ils  n'auroientpas  neglige  I'avantage  certain 
et  indubitable  quils  auroient  tire  de  cetendroit, 

L6s  peres  latins  ne  paroissent  pas  I'avoir  beaucoup  plus 
connu  que  les  Grecs.  L'auteur  du  Traite  du  bapteme  des' 
hei'eliqucs ,  parmi  ies  CBuvres  de  saint  Cypricn  ,  et  dont 
personne  ne  conteste  I'antiquite,  joint  ensemble  les  ves- 
sels 6  et  8  de  ce  chapitre  v ,  et  omet  le  7  qui  est  celui  dont 
il  s'agit  ici.  Novatien  ,  dans  son  livre  de  la  Trinile  ,  entasse^ 
grand  nombre  de  passages  pour  prouver  la  divinite  dn 
Verbe  ,  et  ne  dit  pas  un  mot  de  celui-ci ,  qui  suffisoit  pour! 
decider  la  question.  Saint  Hilaire  ,  qui  a  tant  ecrit  sur  la 
Trinite  et  sur  la  consubstantialite  ,  en  a  use  de  meme. 
Lucifer  de  Cagliari  ne  le  cite  point  non  plus  dans  son 
Traite  qu'il  ne  faut  point  avoir  de  commerce  avec  les  hereti- 
qiies;  ni  dans  ses  autres  traites,  ou  il  avoit  si  belle  occasion 
de  le  faire. 

Saint  Ambroise  ^  non-seulement  ne  le  cite  point ,  mais' 
il  joint  les  versets  fi  et  8  et  omet  le  verset  7  ,  de  cettd 

*  Ambios.  I.  III.  de  Spiritii  Sancto,  c.  11. 


•   VMEUX  PASStCE  DE  SAIM  JKV.N.  027 

lam  eC  'Spin'tinn   veiiit  Christiis  Jesus.    Xon 
n  ,  sed  per  aqnam  ,  tt  sanguinem  ;  el  spirilus, 
'li ,  quoniam  spin'tus  est  verilatis.   Quia  Ires  sunt 
r'tus ,  aqna  ,  et  savgnis  :  et  hi  Ires  unum  sunl  in 
hristo  Jesu.  Saint  Phebade  ,  eveque  d'Agen  ,  et  Fauslin, 
III  cm  ecrit  lous  deux  sur  la  Trinile  et  conire  les  ariens , 
c  fcHit  tiiille  mention  du  passage  en  question.  Saint  Je- 
rome ue  r;i5U'giic  jamais,  non  plus  que  saint  .\uguslin.  Ce 
tlernier  insiiiiie  memo  assez  quil n'eloit  pas  dans  ses  c\em- 
plaires  ',  puis<:[ue  ,  aprcs  avoir  cite  ces  mots  ,  //  y  en  a  Irois 
qui  rendcnl  lemoignase ,  V esprit ,  le  <;aTig,  el  I'eau ,  il  ajoute 
que  c*s  trois  choses  niarquenl  le  Pere,  le  Fi!s ,  et  le  Sainl- 
'  Esprit;  etil  leprouve  pardesendroits  del'Ecriture  amenes 
d'ailleui's  avec  assez  de  violence.  Si  son  le'-te  cut  porte , 
Ily  en  a  trois  qui  rendenl  temoigtiage  dans  le  del ,  le  Pere ,  le 
rerOe,et  U  Saint-Espril ,  auroit-il  oublie  de  s'en  servir 
dans  cette  rencontre  ,  et  dans  toutcs  les  autres,  ou  i!  vcul 
prouver  la  divinitc  du  Fils  et  du  Saiiit-Esprit ,  et  leur  con- 
substaniialite  avec  le  Pere? 

Le  grand  saint  Leon  ,  qui  a  eu  occasion  d  en  parler  dans 
son  epilre  a  Flavien  ,  n'en  dit  pas  un  mot.  Facundus,  eve- 
que d'Hermiane  ^  ,  apres  avoir  cite  le  versel  8  I'explique, 
en  disant  que  V Esprit  marque  le  Pere ,  suivant  cette  pa- 
role ,  Dieu  est  Esprit  ^ ;  que  lean  marque  le  Saint-Esprit , 
dont  il  est  ecrit,  Celui  qui  recetra  le  Sainl-Esprit  produira 
nnjleave  dean  live  *  ;  que  le  sang  designe  Jesus-Christ ,  qui 
s'est  revetu  de  notre  chair  :  explication  qu'il  avoit  tiree  de 
saint  Augustiii ,  ct  qui  est  devenue  assez  commune  dans  ia 
suite.  Auroit-il  ele  chercher  ces  detours,  s'il  eut  vu  le 
versel  7  dans  ses  exempinires?  Cerealis  ,  dans  son  ouvrage 
contre  .Maximin ,  ou  il  s'eHorce  de  prouver  I'unite  du  Pere, 
du  Fils,  et  du  Saint-Esprit,  ne  rapporte  pas  ce  passage, 
quoiquo  in6niiricnt  plus  favorable  a  sa  cause  que  les  autres 
qu'il  cite  en  grand  nombre. 

Enfm  le  venerable  Bede  ,  et  les  autres  qui  ont  ecrit  ex- 
pres  ou  par  occasion  sur  cette  epitre  de  saint  Jean  ,  n'ont 
pas  parle  de  ce  fameux  vei*set.  II  faut  done  qu'i!  n'ait  pas 
ete  dans  leurs  exemplaires.  -Si  Didyme  ,  ni  saint  Clement 
d'Alexandrie  ,  ni  OEcumenius  dans  leurs  commentaires, 
ni  sixchainesgrecques  nianuscrites  que  Rich  Simon  a  con- 


'  August.  I.  11.  contra  Maximin.  .  peg.  726. —  -  Faciind.  I.  1 . 

J-  —  ^  Joan,  w . -i'y .  —  */(vj/i.v.. 


028  DISSERTATION 

sultees  expres  sur  ce  passage ,  ne  portent  point  le  verset  7 
Saint  Euclier,  dans  ses  Questions  sur  le  Nouveau-Tesia- 
ment,  cxplique  ces  mots  ,  // ?/  e7i  a  Irois  qui  rendent  temoi- 
gnage^  Veau,  le  sang ,  el  V esprit ,  en  disanl  que  I'eau  designe 
le  Pere  ,  le  sang  Jesus-Christ,  et  I'esprit  le  Saint-Esprit, 
de  meme  que  saint  Auguslin  et  Facundus  I'ont  explique  ; 
au  lieu  de  ciler  le  verset  7  qui  auroit  du  etre  immediate- 
ment  avant  celui  qu'ils  citoient,  et  qui  auroit  ete  si  precis 
et  si  decisif  pour  leur  sentiment. 

De  tout  ce  qu'on  vient  de  dire  ,  il  paroit  que  jusqu'aux 
septieme  et  huiiicme  siccles  on  ne  lisoit  ce  verset,  ni  dans 
les  eglises  d'Orient ,  comme  on  I'a  vu  par  les  peres  grecs, 
et  les  manuscrits  ecrils  en  cette  langue,  ni  dans  I'eglise 
syrienne  ,  ni  dans  les  autres  eglises  qui  ne  parlent  point 
grec,  dont  les  bibles  ne  le  portent  pas  encore  aujour- 
d'hui ;  ni  dans  I'eglise  romaine  ,  comme  on  i'inl'ere  de  ce 
que  nous  avons  dit  de  saint  Leon  et  de  Novatien  ;  ni  dans 
Tcglise  d'Afrique ,  connne  il  paroit  par  saint  Augustin , 
Cerealis,  Junilius,  et  Facundus;  ni  dans  celle  de  Milan  , 
comme  on  I'infere  du  silence  de  saint  Ambroise  ;  ni  dans 
celle  de  France ,  comme  on  le  conclut  de  ce  que  saint  Hi- 
laire  ,  saint  Phebade  ,  saint  Eucher  ne  I'ont  point  cite,  et 
de  ce  qu'il  ne  paroit  point  dans  I'ancien  Lectionnaire  qui 
etoit  autrefois  a  I'usage  de  cette  eglise,  etqui  a  ete  donne 
par  le  P.  Mabillon.  Enfin  Lucifer  de  Cagliari  est  temoin 
pour  I'eglise  de  Sardaigne ,  et  le  venerable  ftede  pour 
celle  de  la  Grande-Bretagne  ,  que  ce  passage  n'etoil  point 
dans  leurs  bibles.  II  y  a  done  toute  sorle  d'apparence  1 
qu'il  a  d'abord  etc  ajoute  par  forme  de  glosc  a  la  marge 
de  quelques  exemplaires,  d'ou  il  est  ensuile  passe  dans  le 
texte. 
Coniectures  Cette  consequcncc  est  fondee  sur  une  preuve  de  fait 
que  Ton  a  pre-  indubitable  ,  qui  est  que  le  passage  en  question  se  trouve 
tendu  tirei  de  a  la  marge  d'un  bon  nombre  de  manuscrits  latins  assez 
cesdeuxargu-  ajjciens.  Et  comme  on  a  I'experience  que  plusieurs  autres 
choses  sont  ainsi  passecs  dcs  marges  des  livres  dans  le 
texte  ,  on  a  droit  de  conclure  que  la  meme  chose  s'est  pu 
faire  ici.  Quelques  catholiques  zeles  voyant  I'avanlage 
que  Ton  pouvoit  tirer  de  ce  passage  contre  les  ariens , 
les  macedoniens ,  et  les  autres  ennemis  de  la  Trinite  ,  et 
le  trouvant  sur  la  marge  de  leur  excmplaire  ,  I'ont  appa- 
remment  insere  dans  le  texte.  Cela  ne  s'est  point  fait  dans 
*  le  fort  des  disputes  ;  les  ariens  s'en  seroient  apercus  ,  et 


3UR  LE  FAMEUX  PASSAGE  DE  SAINT  JEAN.  629 

se  seroient  recries  centre  la  corraplion.  Mais  cela  s'est  fait 
vers  le  neuvieme  ou  dixierae  siecle  ,  ou  Ton  commence  de 
voir  ce  passage  passer  insensiblement  dans  le  texle. 

On  ne  peut  pas  raisonnablement  soupconner  les  ariens 
de  i'avoir  relranche;  les  cathoiiques  n'auroient  pas  man- 
que de  s'en  plaindre ,  et  de  crier  a  la  mauvaise  foi.  De  plus, 
les  ariens  n'etoient  pas  maitres  des  exemplaires  qui  se 
conservoienl  dans  les  grandes  et  principales  eglises  d'O- 
rieut  ct  d'Occidenl;  et  ils  h'auroient  pu,  avec  tout  leur 
credit,  supprimer  un  seul  mot  que  Ton  auroit  era  etre  du 
texte  de  saint  Jean. 

Grolius  les  a  soupconnes  d'avoir  ,  non  re  tranche ,  mais 
ajoute  ce  verset  7,  pour  favoriser  leur  heresie ,  et  pour 
niontrer  que  Tunion  du  Pere,  du  Fils  ,  et  du  Saint-Esprit 
n'est  point  une  unite  de  substance  ou  d'essence ,  mais 
une  conformite  de  temoignage  ,  telle  qu'elle  est  entre 
I'esprit,  I'eau  ,  et  le  sang,  marques  ici  au  verset  8.  Mais 
cette  conjecture  n'a  aucun  fondement;  le  passage  dont 
il  s'agit  est  says  coraparaison  plus  contraire  aux  ariens 
qu'il  ne  leur  est  favorable.  A.ucun  ancien  n'a  forme  contre 
ces  heretiques  le  soupcon  dont  Grotius  les  charge.  Les 
ariens  n'ont  jamais  employe  cc  passage  en  faveur  de  leur 
dogme ;  et  les  peres  memes  qui  ont  ecrit  contre  eux 
se  servent  du  v.erset  8 ,  ou  il  est  parle  du  temoignage 
de  I'esprit,  de  I'eau,  et  du  sang,  pour  prouver  I'unite 
d'essence  tlans  la  Trinite.  A  plus  forte  raison  auroient-ils 
employe  pour  cela  I'autre  passage  ,  qui  est  si  positif  et  si 
formel. 

On  cite  un  fameux  passage  attribue  a  saint  Jer6me,      Valeur  du 

dans  lequel  il  est  dit  que  ics  interpretes  qui  ont  traduit  lemoignagcde 

Tepitre  de  saint  Jean  du  grec  en  latin ,  ont  commis  une  '^"*^'""  <^"  . 

grande  infidelile,  en  omettaut  le  temoignage  du  Pere ,  P™?°"^^.  y 
o  1      r-    •  •  •  .'^      '-'  ^     '  bueasainlJe- 

du  Verbe  ,  et  du  Samt-Esprit,  qui  est  si  avantageux  a  la  r6me,  oii  Po- 

foi  catholique,  et  qui  etablit  d'une  maniere  si  forte  la  con-  niission  de  ce 

substantialite  el  la  divinite  du  Pere  ,  du  Fils  ,  et  du  Saint-  Passage  est  at- 

Esprit :  In  qua  ah  injidelibus  Iranslatoribus  multum  erratum  t"(i"^te^^ 

esse  Jidei  verilate  comperimus  :  triiim  tantum  locabula,  hoc 

est  aqua ,  sanguinis ,  et  spiritus  in  sua  edilione  ponentes;  el 

Palris ,    Verbique ,  ac  Spiritus  testimonium  omittentes.   In 

quo  maxime  etjides  catholica  ivboralur  ,  et  Patris  ,  et  Filii  , 

ac  Spiritus  Sancti ,  una  divinilatis  substantia  comprohatur  *. 

'  yide  Prolog,  f^ulgalum  D.  Bieivnjrmi  in  epistolas  canonicas. 
23.  34 


53o  DISSERTATION 

Si  ce  passage  ctoit  vraiment  de  saint  Jerome,  il  nous 
tlonneroit  une  grande  ouverture  pour  juger  des  pre- 
miers auteurs  de  la  variel(5  qu'on  remarque  dans  les  ma- 
nuscrits.  II  faudroit  la  mettre  sur  le  compte  des  copistes 
negligens  ,  ou  des  interpretes  peu  exacts  ,  qui  auroient 
omis  ce  qu'il  y  a  de  plus  essentiel  et  de  plus  important 
dans  ce  chapilre. 

Mais  de  fort  habiles  critiques  croient  que  ce  prologue 
n'est  point  de  saint  Jerome.' Erasme  I'avoit  deja  soup- 
conne  de  faux,  puisqu'i,!  dit  '  que  Ton  ignore  lauleur  des 
prologues  des  livres  qui  sont  apreS  I'Evangile.  Richard 
Simon  a  pretendu  aussi  que  ce  prologue  portoit  a  faux 
le  nom  de  saint  Jerome  ;  ct  le  P.  Martianay,  dans  sa  nou- 
velle  edition  de  ce  pere  ^,  a  appuye  ce  sentiment  sur  cinq 
raisons. 

i^  L'auteur  du  prologue  appelle  les  sept  epitres  ,  Cano- 
niqiies  ;  et  saint  Jerome  les  nomme  toujours  CathoUques. 
2°  11  dit  que  I'ordre  de  ces  epitres  n'cst  pas  le  meme  chez 
les  Grecs  orthodoxes  que  chez  les  Latins  \Non  idem  ordo 
est  apud  Grcecos  qui  inlegre  sapiunt ,  ct  Jidcm  reclam  sec- 
tanlur,  epistolarum  septcm  quce  canonicce  nunciipantur,  qui 
in  lalinis  codicibus  invenitur;  ce  qui  est ,  dit-on ,  une  er- 
reur  dont  saint  Jerome  n'etoit  pas  capable  ,  puisque  le 
concile  de  Laodicee^,  Eusebe*,  saint  Cyriile  de  Jerusa- 
lem^, saint  Alhanase'',  saint  Gregoire  de  Nazianze',  saint 
Jean  Damascene^,  les  manuscrits  grecs,  les  rangent  dans 
le  memo  ordre  que  nous.  Mais  ce  n'estpas  la  ce  que  lau-j 
teur  du  prologue  veut  dire  ;  il  veut  marquer  que  les  exem« 
plaires  latins  de  son  temps  differoient  des  grecs  dans  I'ar- 
rangement  de  ces  epitres,  et  que  pour  lui  il  a  reforme  cet 
abus,  eta  remis les choses  dansleur  ordre  naturel, a I'imita- 
tion  des  Grecs.  Le  fait  qu'il  avance  est  indubitable;  et  nous 
avons  montre  dans  la  preface  sur  les  epitres  canoniques, 
que  saint  Augustin,  et  d'autres  apres  lui  et  apres  saint  Je- 
rome, suivoicnt  I'ancienne  maniere  d' arranger  les  epitres 
canoniques,  fort  differente  de  celle  dont  les  Grecs  et  les 
Latins  les  arrangent  aujourd'hui. 

3"  Cet  auteur  se  vante  comrae  d'une  importante  restitu- 

^  Erasm.  Censu?:  prcefal.  in  Joan.  —  -  Tom.  3.  Epist.  Hieronym.  — 
^  Concil.  Laodic.  can.  6o.  —  ••  Euseb.  lib.  iir.  Hist,  cap.  25.  —  *  Cyrill. 
Jerosolym.  Caiech.  4.. —  •■  Ailianas.  Epistol.  Festi\>a ,  et  in  Synopsi. — 
^  Gregor.  Nazianz.  Ctivm.  de  Geniii.  Script.  —  '  Damascen.  lib.  iv.  de 
Fide  orthodox,  c,  i<S. 


sun  LE  FAMELX  PASSAGE  Dt  SAINT  JEAX.  53  I 

lion,  davoir  rcmis  les  sept  epilres  canoniqiies  dans  leur 
ordrc  aiicien  et  primitif.  C'est,  dit-on  ,  une  chose  dc  si 
petite  importance,  que  saint  Jerome  n'auroit  pas  voulu 
en  tirer  vanile.  4°  On  reniarque  dans  ce  prologue  quelque 
difference  de  style,  compare  aux  vrais  ouvrages  de  saint 
Jerome.  5°  On  dit  que  saint  Jerome  meme  n'arrangeoit 
pas  les  epilres  canoniques  conime  elles  le  sont  dans  les 
manuscrits,  puisque  Cassiodore  '  donnant  le  catalogue 
des  livres  saints  suivant  saint  Jerome  ,  met  d'abord  les 
deux  epilres  de  saint  Pierre,  puis  les  quatorze  de  saint 
Paul,  ensuiteles  irois  de  saint  Jean  ,celle  de  saint  Jacques,  ' 
ct  enfin  ceile  de  saint  Jude.  Toutes  ces  raisonsne  sont  pas 
egalement  fortes;  mais,  reunies  ensemble,  elles  suffisent 
pour  faire  au  moins  douter  de  la  verite  du  prologue  en 
question.  Et  ce  qui  le  rend  encore  plus  suspect ,  c'est  que 
saint  Jerome,  dans  ses  ouvrages  indubitables,  ne  cile  ja- 
mais le  passage  conteste  de  la  premiere  epitre  de  saint 
Jean. 

Mais  Erasme^,  et  apres  lui  Socin,  Le  Clerc^,  Ketner*, 
et  le  P.  de  Bukenlop^,  soulicnnent  que  le  prologue  dont 
dont  on  vient  dc  parler  est  vraimenl  de  sainl  Jerome  ;  et 

rils  en  tirent  chacun  des  consequences  conformes  a  leur 
dessein  et  a  leur  interet,  quoique  tres  diflerentes  entre 
elles.  Erasme,  Socin,  et  Le  Clerc  accusent ou  soupcon- 
nent  saint  Jerome  de  mauvaisc  foi ,  d'avoir  avance  que  les 
anciens  exemplaires  grecs  portoient  le  passage  des  Irois 
temoins,  tel  que  nous  I'avons  dans  nos  bibles,  quoiqu'il 
dut  savoir  le  contraire'^  Reiner  et  le  P.  Bukentop  en  con- 
cluent  que  des  le  temps  de  saint  Jerome  ,  les  bons  et  sin- 
ceres  manuscrits  grecs  lisoientccmme  nous  le  vcrset  7  du 
V  diap.  de  repilre  de  saint  Jean  ,  quoiqu'il  y  cut  un  grand 
nombre  d'esemplaires  d'oii  les  copistes  negligens  et  infi- 
deles  I'avoient  relranche. 

Quant  a  nous,  nous  aimons  niieux  rejeter  le  prologue      Conclusion 
conime  une  piece  sans  autorite  ,  que  d'admellre  Tune  ou-*''^.,'^^"*^  P."^" 
I'autre  de  ces  consequences.  Saint  Jerome  etoit  certaine-  """^"^P^ 
ment  trop  habile  pour  ignorer  ce  que  portoient  les  manu- 

*  Cassildor.  lib.  de  Insu'tutione  Difin.  Lit.  cap.  18. — ;  -  Erasm.  Censur. 
vrcpfal.  in  Joan.  — ^  Biblioih.  wiwers.  an.  1689  ,  pag.  453.  et  in  Quces- 
tionii.  Hieronym.  —  *  Dissert,  in  hunc  Inc.  —  *  Bukentop.  Liix  dc  luce , 
lib.  u.pai;.  3<i6.  —  •  I^oclerc,  dans  son  Art  critique,  a  reconnu  qucce  pro- 
logue n'ctoit  point  de  saint  Jerome.  J.  Clerici.  An.  Crit.  Part.  lu.  sect.  t. 
cap.  XIV,  n.  I  J. p.  243,  tnm.  ii.  Jmstel.  1700. 


552  DISSERTATION 

scrits  de  son  temps ;  il  etoit  trop  sincere  pour  nousdebiter 
un  mensonge  ;  il  etoit  trop  sage  et  trop  humble  pour  se 
vanter  d'une  chose  qu'il  n'auroit  pas  faite.  Ainsi  nous  nous 
en  tenons  a  ce  que  nous  avous  conclu  d'abord,  et  qui  est 
indubitable  ;  savoir,  que  le  plus  grand  nombre  des  anciens 
manuscrits  grecs  el  latins,  et  les  versions  orientales ,  ne 
lisent  point  le  passage  que  nous  cxaminons;  quelaplupart 
des  peres  tant  de  I'Orient  que  de  I'Occident,  ne  I'ont  pas 
connu ;  qu'on  ne  pent  convaincre  ni meme  raisonnablemen t 
soupconner  les  ariens  de  I'avoir  ajoute  ou  relranche .;  qu'on 
ne  pent  non  plus  en  rejeter  la  faute  sur  les  catholiques. 
Mais  avant  d'en  tirerune  conclusion  absolue,  favorable  ou 
contraire  a  I'authenticite  et  a  la  verite  du  passage,  nous  al- 
iens examiner  ce  que  Von  produit  en  sa  faveur,  comme 
nous  avons  rapporte  ce  qui  lui  est  oppose. 


ARTICLE  II. 

Preuves  qui  si iveiU  a  olaLlir  raullienticile  du  passage  donl  il  s'agil  ici. 

Deux  argu-      Pol  r  prouver  que  le  passage  dont  il  s'agit  est  canonique, 

mens  en  fa-    et  qu'il  a  ele  des  le  commencement  dans  le  texte  de  saint 

veur  de  1  au-  jg^j^    qjj  gg  ggj-j-  jg  I'autorite  dcs  manuscrits ,  des  versions, 

Ihenlicite   de    ,  ,  ^    ,  i         ^  •  ■       ..      i  •  i 

o  rinccnw       des  peres  ,  et  des  conciles ;  a  quoi  on  a  oute  des  raisons  de 

ce  passdac.  i  ^i  ■>  ^  ^       r  •  > 

Premier  argu-  convenance  ctde  vraisembiance,  appuyos  sur  les  tails  qu  on 
meat  tire  du  a  exposes.  Les  manuscrils  anciens  oule  passage  ne  se  trouve 
temoignage  p^g  gQj^  j  ^^  p^^g  pr^-jind  nombre  que  ceux  ou  il  se  rencontre ; 
des  anciens       "^      .     .,  i  i         •  i     .^    ■ 

e\cmnlaires    ^^^^^^  il  y  en  a  de  ces  derniers  de  tres  anciens  ,  et  un  assez 

bon  nombre  qui  le  lisent,  ou  dans  !e  texte  ou  a  la  marge. 
Erasme,  qui  d'abord  I'avoit  ote  des  deux  premieres  editions 
du  Nouveau-Teslament  grec  et  lalin  qu'il  donna,  le  reta- 
blit  dans  la  Iroisicme  sur  la  foi  du  manuscrit  de  la  Grande- 
Brelagne'. 

Les  theologiens  employes  par  Ic  cardinal  Ximenes  a  J'e- 

'  iV.  T.  edit.  3.  an  iSaa.  Sic  liabet.  5ti  rpsl;  ebiv  ol  [jiapTupouvTe?  ev  -&> 
cupavfa),  llaTTip ,  Ao'-foc ,  y.at  IIveiijAa  ,  jcat  curct  ct  rpsl;  sv  sttjiv.  Kal  Tpei?  ciciv 
(jLaprupouvTE;  sv  rri  fvi,  Trveuaa  ,  OtJ'wp,  >cai  aifxa.  Et  Ty,v  aocprupiav  xwv  avOpw- 
■TTuv,  etc- 


SLU  I.E  FAMEL'X  PASSAGE  DE  SAIM  JEAN.  533 

dilion  de  Complule,  le  mirent  aussi  dans  leiir  lexle,  fondes 
sans  doutc  sur  rautbrile  tie  quelques  bonsmanuscrils;  car 
(111  ne  doit  pas  les  soupronncr  de  I' avoir  mis  dc  leur  chef, 
d'apres  ce  qu'ils  discut  dans  leur  preface,  qu'ils  ont  suivi 
(Kins  leur  edition  des  manuscrils  tres  anciens  ,  auxquels  il 
n'etoit  paspermis  de  ne  pas  croire  :  Exemplaria  and'quis- 
sima  ,  quibas Jid^m  abrogare  tie/as  videbatur. 

Robert  Etiennc  le  mil  aussi  dans  son  edition  de  i55o  , 
qu'il  n'eqtreprii  qu'apres  avoir  raniasse  des  anciens  nianus- 
crits  ires  venerables,  anUquissivia ,  et  vetnslalis  speck  pent 
adoramta^  de  diflerentes  bibliothcques  ,  particulierement 
de  cclle  du  Roi.  Les  savans  ont  ete  parlages  sur  ie  nombre 
des  manuscrits  qu'il  avoil  suivis  dans  les  epilres  canoni- 
ques.  Plusieurs  ont  iru  que  la  lecon  dont  il  s'agit.  ici  s'e- 
toit  trouvee  dans  lous  les  sept  qu'il  avoit  en  main.  Mais  Ro- 
ger' a,  ce  semble ,  demonire  qu'il  navoit  suiyi  que  la 
seule  edition  de  Complule  dans  cet  endroit^. 

On  pent  ajouier  a  ces  editions  celles  de  Froben  a  Bale 
en  1 54 1 ,  celle  d'Hervage ;  et  en  un  mot  toules  les  editions 
grecqucsduNouveau-Tesiament.  Al'exceptiondequelques- 
unes  dont  on  a  parle  auparavant,  loutes  les  autres  ont  mis 
dans  leur  texte  le  verset  en  question.  II  semble  que  c'est 
Erasme  qui  a  autorise  les  autres  a  I'omettre  par  ses  deux 
editions  dc  1 5 1 G  et  de  1619.  Celle  d'Alde-Manuce  de  1018 
I'a  aussi  omis;  car  celle  d'Haguenaufaite  en  102  1,  celle  de 
Strabourg  en  1021,  et  celle  de  Paris  par  Colineen  i534, 
ne  paroisscnt  pas  avoir  ete  faites  sur  les  manuscrits.  11  n'en 
est  point  parle  par  les  imprimeurs  ou  editeurs  qui  les  ont 
procurees.  Ce  sont  de  simples  reimpressions  des  premieres 
editions. 

11  est  done  inutile  d'en  citer  d'autres,  qui  ont  ete  prises 
dans  la  suite  sur  cellesla,  comme  a  fait  Christophe  San- 
dius.  Ces  derniercs  ne  doivent  passer  que  pour  une  seule, 
puisqu'elles  sont  de  simples  copies  des  premieres  dErasme 
ou  de  Manuce.  Or  ,  on  a  deja  remarque  qu'Erasme  meme 
avoit  enfin  rendu  hommage  a  la  verite ,  en  faisant  imprimer 
le  passage  entier  dans  sa  troisieme  edition  faite  en  1622 , 
et  dans  celles  qui  I'ont  suivie ;  quoique  dans  la  suite  il  n'ait 


*  Roger,  Dissert,  §  3.  pag,  g.  et  seq.  —  '  Complut.  an.  i5i5.  sic  legit: 
6ti  TfEt;  eioiv  cl  |i.ap■n>pcu'<T^  it  tu  cipavu,  5  nxTTip,  xai  0  Ao'-jfc;,  yt-aX  to  A-jtov 
nveu{i.x.  K»l  c'l  TfEi;  ei;  rb  fv  eiaw.  Kal  Tf &i;  eioiv  01  [taprufcuvre^  izi:  vfn  pit, 
TO  7r#eu{A»,  xal  to  u^wp,  xai  to  aipia.  Ei  ttv  (tajTUpiav,  ^. 


534  UlSSERTATlOiN 

pas  assez  marque  de  Constance  dans  son  sentiment,  puis- 
qu'Jl  s'est  efforce  de  miner,  ou  du  moins  d'affoiblir,  I'au- 
torite  du  manuscrit  d'Angleterre  qu'il  avoit  d'abord  suivi 
avec  tant  de  respect. 

Richard  Simon',  toutcontraire  qu'il  est  au  verset7  dont 
nous  parlons,  avoue  que  les  manuscrits  ou  il  ne  se  trouve 
point  du  tout ,  sont  au-dessous  de  six  cents  ans  d'antiquite; 
que  dans  plusieurs  anciens  le  passage  se  lit  en  marge.  A 
regard  de  i'eglise  grecque  d'aujourd'hui,  ce  qui.est  deci- 
sifsur  I'approbation  qu'elle  donne  a  ce  passage,  c' est  que 
leur  Lectionnaire ,  ou  le  recueil  des  epitres  qu'ils  lisent 
dans  I'eglise  ,  et  qu'ils  appellent  I'Apotre,  AposLolos ,  im- 
prime  a  Venise  en  1602,  porte  le  passage  entier;  etlaRu- 
brique  ordonne  qu'on  lelira  le  jeudi  de  la  trente-cinquieme 
semaine  d'apres  Paques;  et  dans  la  derniere  confession  de 
foi  qu'ils  ont  envoyee,  ils  declarent  que  leur  croyance  est 
que  toutes  les  trois  personnes  de  la  Trinite  n'ont  qu'une 
meme  essence;  ce  qu'ils  prouvent  par  le  passage  en  ques- 
tion ,  qu'ils  y  alleguent  expressement. 

Nous  ne  parlons  pas  des  manuscrits  du  marquis  de 
Velez ;  il  y  a  toute  apparence  qu'ils  ont  ete  reformes  sur 
la  Vulgate.  Ainsi  ils  ne  peuvent  nous  servir  a  etablir  la 
maniere  de  lire  dont  nous  disputons.  On  trouve  aussi  ce 
passage  dans  un  manuscrit  grec  assez  nouveau,  dont  parle 
le  P.  le  Long  de  I'Oratoire  ^,  et  dans  un  fragment  grec 
du  concile  de  Latran ,  tenu  sous  Innocent  in,  fragment 
qui  est  une  traduction  d'une  decision  ou  instruction  dc  ce 
concile  ou  Ton  sait  que  les  Grecs  assisterent.  La  version 
armenienne  ^  lit  aussi  notre  passage,  comme  nous  I'a- 
vons  deja  remarque ,  de  meme  que  la  traduction  italienne 
de  Brultioli,  faite  sur  le  grec,  et  imprimee  a  Venise  en 
i532. 

A  I'egard  des  manuscrits  latins  ,  la  lecon  que  nous 
examinons  y  est  plus  commune  que  dans  les  grecs.  Erasme 
cite  deux  manuscrits  latins  de  Constance  ,  et  encore  un 
autre  manuscrit  de  Bale,  oii  elle  etoit.  Jean  Gerard  et 
Ketner  parlent  de  deux  manuscrits  de  I'academie  d'lena  ; 
et  Luc  de  Bruges  d'un  autre  manuscrit  de  saint  Andre, 
ou  elle  se  trouvoit  de  meme.  Elle  est  dans  un  fort  beau 


1  Simon,  Dissert.  cHiic.  de  Mss.  N.  T. —  ^  Bibliol.  sacrce ,  torn.  i. 
fjag.  672.  ("ideet Roger.  Dissert,  in  hiinc  loc.pag.  120.  121. — ^ Mill,  ex 
Guillelmo  Cisio. 


SUR  LE  FAMEL'X  PASSAGE  DE  SAINT  JEA.1.  635 

ntanuscrit  du  grand  couvent  des  peres  doniintcains  de 
Paris  ,  et  que  Ion  dit  avoir  ele  ecrit  en  i  234  par  I'ordre 
de  Jourdaiu  ,  general  de  I'ordre  de  Saint-Dominique. 
Elle  se  voit  aussi  dans  un  ancien  correctoire  de  Sor- 
bonne  ecrit  au  dixieme  siecle  ,  comme  le  croit  Richard 
Simon. 

Luc  de  Bruges  qui ,  par  ordre  des  theologiens  de  Lou- 
vain,  avoit  collationne  I'edition  Vulgate  sur  trente-trois 
manuscrits,  n'en  marque  que  cinq  ou  ce  verset  manquat. 
U  est  vrai  qu'il  pouvoit  y  avoir  un  assez  bon  nombre  de 
ces  exemplaires  qui  ne  contenoient  point  les  epiires  cano- 
niques ;  mais  il  etoit  malaise  qu'il  n'y  en  eut  pas  plus  de 
cinq  qui  les  continssent. 

On  lit  notre  passage,  mais  avec  quelques  petites  va- 
rietes  ' ,  dans  un  ancien  manuscrit  de  I'abbaye  de  Saint- 
Germain-des-Pres ,  ecrit  en  I'an  809.  On  le  Irouve  a  la 
marge  de  plusieurs  autres  anciens  manuscrits  de  la  bi- 
bliotheque  du  Roi ,  et  de  Colbert.  On  le  reraarque  aussi 
dans  plusieurs  anciens  missels,  au  rapport  d'Hesselius; 
et  on  le  chantoit  autrefois  comme  on  le  chante  encore 
aujourd'hui  pour  dernier  repons  de  matines  dans  les 
dimanches  depuis  la  Trinite  jusqu'a  I'avent  -.  Enfin  on 
le  lit  dans  plusieurs  exemplaires  de  la  Vulgate,  tant  im- 
primes  que  manuscrits  ^ ;  mais  dans  quelques-uns  les  ver- 
sets  7  et  8  sont  deranges  ;  c'est-a-dire  que  le  verset  8  s'y 
lit  avant  le  y  7  ,  de  cette  sorte  {if  S):  Trcs  sunt  qui  tes- 
timonium dant  in  terra  ,  spiritus ,  aqua ,  et  sanguis ;  et  hi 
tres  unum  sunt  (y  1  )  :  Et  Ires  sunt  qui  testimonium  dant  in 
ccelo ,  Pater ,  Ferbum,  el  Spiritus  Sanctus  ;  et  hi  Ires  unum 
sunt. 


'  Voici  ce  que  porte  ce  manuseril  :  Sunt  tres  qui  testiinonium  dant,  spi- 
ritus ,  aqua ,  et  sanguis  ,  tl  tres  unum  surU;  et  tres  sum  qui  de  ccelo  lesti- 
ficantur.  Pater,  f^erbum,  et  Spii-ilus ,  et  ires  unum  sunt.  On  y  a  ajoule 
au-dessus  de  la  ligne  ces  mots ,  In  terra ,  apres  testimonium  dant.  —  *  Dans 
un  breviaire  romain  manuscrit  dequatre  cents  ans,  le  verset  en  question  ne 
se  lit  dans  aucun  des  neuf  repons  de  matines  du  jour  de  la  Trinite ,  non  plus 
que  dans  les  dimanches  suivans,  ou  il  est  marque  qu'on  rcpetera  ces  repons  au 
iroisieme  nocturne.  Mais  au  jour  de  la  Trinite,  le  capitule  de  tierce  est :  Spi- 
ritus est  qui  testijicaiur,  quoniam  Chrislus  est  Veritas  :  quia  tres  sunt  qui 
testimonium  dant  in  ccelo,  Paler,  f'crbum  ,  el  SpiriWs  Sanctus,  et  hi  tres 
unum  sunt.  —  ^  Cod.  S.  Aiulrece  a  Luc.  Brug.  citatus  Codd.  2.  Constan- 
tiens.  ab  Erasmo  laudati.  Cod.  Dominicanorum  Paris.  Codd  5.  Bibl. 
Bodleiance.  Cod.  S.  German,  ann.  809.  Codex  ArgenloraU  Cod.  f^enet.  eC 
Cod.  FlorenL  visia  Gilberto  Bunieto.  Idacius  conti-a  f'ariinand.  Et  atii.. 


536  DISSEUTATION 

Quoique  Lulher,  comme  on  I'a  cleja  dit,  ait  supprime 
le  verset  7  dans  sa  traduction  allemande ,  fonde  appa- 
remment  sur  quelques-unes  des  editions  grecques  d'alors, 
qui  ne  le  lisoient  point ,  conimc  celle  d'Haguenau  de 
i52i  ,  ou  celle  d'Alde  de  i5i8;  toutefois  les  lutheriens 
ses  sectateurs  Tont  retabli  dans  la  suite  dans  leurs  bi- 
bles; et  ils  n'ont  point  fait  difficuljLe  de  reconnoitre  ' 
que  Luther  menie ,  s'il  eut  vecu  encore  quelque  temps, 
et  qu'il  eut  vu  I'edilion  de  Robert  Etienne  ,  n'auroit 
Second  ar- pas  manque  de  le  remettre  dans  le  texte,   lant  il  avoit 

guraenitire     de   Consideration  et  de  deference  pour  cet  imprimeur 

des^ancicns     celebre. 

Les  calvinistes  n'ont  point  varie  sur  ce  verset ;  ils 
Tent  toujours  constamment  conserve  dans  leurs  bibles. 
Theodore  de  Beze ,  qui  n'ignoroit  pas  qu'il  etoit  omis 
dans  plusieurs  exemplaires  grecs ,  soutient  toutefois  qu'il 
n'y  faut  rien  changer.  Et  Diodali  ,  dans  sa  traduction 
italienne ,  I'a  conserve  comme  il  est  dans  noire  Vulgate. 

Venons    a    present  au    temoignage  des   peres.  Avant 
toutes  choses,  il  est  bon  de  faire  ici ,  apres  Bossuet^, 
une  remarque  generale  sur  leur  autorite  ,  qui  est  qu'elle 
est  beaucoup  plus  forte  et  plus  expresse  que  celle  des 
manuscrits,  pour  deux  raisons  :  la  premiere,  parce  que 
les  peres  sont  presque  tous  plus  anciens  que  les  manus- 
crits les  plus  vieux  qui  soient  parvenus  jusqu'a  nous;  car 
ou  est  le  manuscrit,  par  exemple,  qui  soit  du  temps  de 
TertuUien  ,  ou  de  saint  Cyprien?  La  seconde,  c'est  que 
le  temoignage  des  peres  est  lie  avec  I'hisloire  de  leur  siecle 
et  de  leur  personne  ,  et  avec  le  temoignage  de  I'Eglise  de 
leur  temps ,  ce  qui  leur  donne  un  nouveau  degre  de  force 
et  de  superiorite.  Si  saint  Cyprien  et  TertuUien  citent  ce 
passage  ,  i!  etoit  done  dans  les  exemplaires  de  leur  temps 
et  de  leur  pays;  il  contenoit  la  doctrine  et  la  foi  de  leur 
Eglise.  Car  enfm  ce  passage  n'est  point  sur  une  mati^re 
indiffercnte  et  commune  ;  il  regarde  un  des  points  les  plus 
importans  de  notre  croyance.  Il  n'etoit  point  aise  de  le 
retrancher  des  exemplaires  s'il  y  etoit ,  ni  de  I'y  ajouter 
s'il  n'y  etoit  pas. 

TertuUien  ^  fait  allusion  a  ce  passage  dans  ce  qu'il  dit 

'  Tubingens.  Lutherani  contra  Sherrerum  et  Scherrer.  ipse  apud  Serrar. 
qiicest.  1.  in  cap.  6.  Libri  Jucliih,  et  Comment,  in  i.  Joan.  t.  7.  Fide  Roger 
Dissert,  pag.  iSa.  i38. —  2  Censure  conlre  le  N.-Testamenl  de  M.  Simon 
—  '  Ter^ull.  contra  Praxeam,  cap.  2 5. 


SLR  LE  FAMEL'X  PASSAGE  DE  SAINT  JEAN.  53' 

centre  Praxeas ,  que  Tunion  du  P^re  dans  le  Fils ,  et  du 
Fils  dans  le  Saint-Esprit ,  fail  que  ces  trois  personnes  ainsi 
reunies  ,  ne  font  qu'une  substance  en  trois  personnes  ,  et 
non  pas  une  seulc  personne.  I  la  connexus  Patris  in  Filio 
el  Filii  in  Paraclilo ,  Ires  cfficil  cohccrenUs  aUerum  ex  allero, 
qui  Ires  unum  sunt ,  non  unus  :  qnomodo  dictum  est ,  Ego  el 
Pater  unum  sumus  :  ad  subs  tan  lice  unilatem,  non  ad  numeri 
singularitaUm. 

Saint  Cypricn  '  voulant  prouver  que  le  bapleine  de 
certains  heretiques  etoit  nul ,  raisonne  de  cette  sorte  : 
S'il  a  pii  recevoir  validement  le  baptenie  chez  les  here- 
tiques ,  il  a  pu  anssi  y  recevoir  le  pardon  de  ses  peches. 
S'il  y  a  recu  le  pardon  de  ses  peches ,  il  a  recu  la  grace 
sanctifiante,  el  est  devenu  le  temple  de  Dieu.  El  de 
quel  Dieu?  est-ce  du  Createur?  et  comment  cela ,  s'il  nc 
croit  point  en  lui?  Esl-ce  de  .lesiis-Christ ?  et  comment 
])eut-il  devenir  son  temple,  s'il  nie  que  Jesus-Christ  soil 
Dieu?  Est-ce  du  Saint-Esprit?  Puisque  les  trois  personnes 
ne  sont  qu'une  substance,  comment  le  Saint-Esprit  peut-il 
liabiterdans  celuiquiest  ennemiduPere  etduFils?  Si  Spi- 
rit us  Sane  li?  Cum  Ires  unum  sint ,  quomodo  Spiritus  Sanctus 
placatus  esse  ei potest ,  qui  au!  Palris  aut  Filii  inimicus  est? 
Dans  son  livre  de  I'Lnite  de  I'Eglise ,  ouvragc  que  per- 
sonne ne  lui  coniestc,  il  est  plus  expres  ,  puisqu'il  dit 
formellement  que  I'Ecriture  porte  que  le  Pere ,  le  Fils , 
et  le  Saint-Esprit  ne  sont  qu'une  meme  substance  :  Dicit 
Dominus  :  Ego  et  Paler  unum  sumus ;  et  iterum  de  Patre  ,  el 
Filio ,  et  Spirit u  Sancto  ,  scriptum  est :  Et  hi  Ires  unum  sunt. 

Richard  Simon  ^  se  sentant  embarrasse  de  ce  passage 
si  expres  de  saint  Cyprien  ,  a  pretendu  que  ce  saint 
martyr  avoit  voulu  citer ,  non  le  versel  7  en  question, 
qui  comprcnd  le  temoignage  que  le  Pere  ,  le  Verbe  ,  et  le 
Saint-Esprit  rendent  dans  le  ciel,  mais  le  versel  8  qui 
porte  :  //  y  en  a  trois  qui  rendent  lemoignage  sur  la  terre, 
I' esprit  ,  I'enu  et  le  sang  ;  et  ces  trois  ne  sont  qu'un.  II  croit 
qu'il  entendoit  le  Pere  sous  le  nom  di' esprit ,  le  Fils  sous 
le  nom  de  sang,  et  le  Saint-Esprit  sous  le  nom  de  I'eaa. 
II  fonde  sa  conjecture  sur  le  lemoignage  de  Facundus  ^, 
eveque  d'Hermiane  ,  ville  de  la  province  Byzacene  en 
Afrique,  qui  ecrivoit  au  sixieme  siecle,  qui  apres  avoir 

*  S.  Cyprian,  ept'st.  adJubaiam.  —  *  Simon,  Hist.  crit.  du  N.-T.  ch.  18. 
—  ^  Facund.  I.  i.  c.  3.  Je  iriLus  CapiutUs. 


^38  UISSEKIATION 

cite  le  verset  8  el  lui  avoir  donne  1' explication  dont 
nous  venons  de  parler ,  confirme  son  sentiment  par  I'au- 
torite  de  Saint  Cyprien  ,  qu'il  pretend  I'avoir  entendu 
comme  lui. 

Mais  sans  recourir  aux  differentes  solutions  qu'on  a 
essaye  de  donner  a  cette  difficulte  ,  nous  pensons  qu'on 
peut  s'en  tenir  a  celle-ci.  Facundus  ne  lisoit  point 
dans  son  exemplaire  de  Tepiirc  de  saint  Jean  le  verset  7 
qui  fait  la  difficulte  de  ce  passage,  mais  le  verset  8  que 
personne  ne  contesle.  Et  comme  il  voyoit  que  saint 
Cyprien  ,  pour  prouver  I'unite  d'essence  des  trois  per- 
sonnes  de  la  Trinite,  avoit  emplove  ces  mots,  El  hi  Ires 
unurn  sunt,  qu'il  ne  trouvoit  en  aucun  autre  endroit  de 
I'Ecriture,  qu'au  verset  8  du  chap  v  de  la  premiere 
epitre  de  saint  Jean ,  il  emprunta  de  saint  Augustin  une 
explication  figuree  de  ce  verset  8,  ou  accommodee  a  la 
sainte  Trinite,  et  crut  lui  donner  un  grand  poids,  en  I'ap- 
puyant  du  nom  de  saint  Cyprien. 

Saint  Augustin  ?  et  Facundus  etoient,  quant  au  fond, 
dans  la  meme  croyance  que  saint  Cyprien  sur  la  Trinite  : 
et  comme  i!s  ne  connoissoient  pas  le  passage  dont  saint 
Cyprien  s'etoit  servi  pou.'-  prouver  son  sentiment ,  lis 
en  prirent  un  autre  qu'ils  adapterent  au  meme  mys- 
lere.  Mais  il  y  a  bien  de  la  difference  entre  la  force  . 
I'energie  et  la  precision  des  termes  de  saint  Cyprien,  el 
celle  de  Texplication  de  saint  Augustin  et  de  Facundus. 
Saint  Cyprien  prouve  son  sentiment  en  un  mot,  parce 
que  son  texte  est  formel.  Les  autres  appuient  leur  expli- 
cation par  divers  autres  passages  ramasses,  parce  que  le 
texte  qu'ils  citent  n'est  point  formel,  et  que  les  explica- 
tions figui'ees  ou  accommodees  ne  decident  point  en  raa- 
liere  de  foi. 

Si  Ton  vent  des  temoins  de  la  ra^me  eglise  d' Afrique , 
et  plus  anciens  et  en  plus  grand  nombre  que  ceux  que 
nous  venons  de  citer ,  on  peut  produire  saint  Fulgence 
eveque  de  Ruspe  ,  Eugene  eveque  de  Carthage  ,  Vigile  de 
Tapse,  et  quatre  cents  eveques  catholiques  de  la  meme 
eglise,  qui  citenl  le  >v^  7  en  question  pour  prouver  leur 
croyance  sur  la  Trinite.  Lequel  est  plus  digne  de  loi,  ou 
Facundus  qui  ecrit  a  Constantinople ,  si  loin  de  son  pays, 
son  Traite  contre  ies  trois  chapitres ,  et  qui  fait  parler 

•  Augustin.  coiilru  Maximin.  lib.  ii.  cap,  22. 


Stn  LE  FAMEUX  PASSAGE  DE  SAINT  JEA>f.  53<) 

aim  Cvprien  contre  son  usage;  car  on  sail  que  ce  saint 
cveque  est  tres  reserve  a  rapporter  ties  explications  alle-" 
i,oriques  et  figurees;  ou  saint  Fnlgence,  Eugene,  et  Vi- 
gile  ,  et  quatre  cents  eveques  qui  ecrivent  au  milieu  do 
I'AlVique  d'une  maniere  simple,  naturelle  et  sans  figure? 
Ces  quatre  cents  eveques  parlent  ainsi,  non  dans  un  ou- 
vrage  obscur  et  sans  aveu ,  mais  dans  une  profession  de 
loi  qu'ils  presenterent  I'an  484  a  Huneric  roi  des  Van- 
dales.  Voici  leurs  paroles,  comme  elles  sont  rapportees 
par  Victor  de  Vite  :  Et  ut  adhiic  luce  clarius  unius  divini- 
tatis  esse  cumPatre,  et  Filio ,  Spirilum  Sanctum  doceavms  , 
Joannis  evangelistce  testinionio  coviprobatur  :  ait  namque , 
Tres  sunt  qui  testimonium  perhibent  in  ccelo ,  Pater,  Ver- 
bum,  et  Spiritus  Sanctus ;  et  hi  tres  unam  sunt '.  Ce  passage 
etoit  done  dans  les  exeinplaires  des  Ecritures  de  I'eglisf 
d'Afrique  ;  il  etoit  reconnu  pour  authentique  par  tous  les 
eveques  qui  souscrivirent  a  la  profession  de  loi  dressee  par 
Eugene  dc  Carthage.  Non-seulement  les  catholiques,  mais 
les  ariens  memes,  sujets  d'Huneric,  devoient  le  trouver 
dans  leur  exemplaire  ,  et  le  reconnoitre  pour  canonique. 
Aulrement ,  a  quoi  se  seroicnt  exposes  les  eveques  deten- 
seurs  de  la  foi  de  I'Eglise  ,  sous  uu  prince  arien  ,  et  obsede 
d'eveques  de  sa  communion? 

Saint  Fulgence  ne  le  cite  pas  seulement  une  fois  et  en 
passant,  mais  il  le  cite  dans  trois  dilferens  ouvrages  contre 
les  ariens  ^  ;  et  il  assure  dans  I'un  des  trois  ,  que  le  saint 
martyr  Cyprien  I'a  cite  avant  lui ,  et  dans  le  meme  sens. 
Vigile  de  Tapse »  qui  vivoit  au  sixieme  siecle  dans  I'Afri- 
que  ,  allegue  le  meme  passage  ,  aussi  bien  que  I'auteurdes 
fausses  decretales  attribuees  a  Hygin  et  au  papc  Jean  ii. 
Le  fabricateur  de  ces  fausses  pieces  vivoit  apparemmeni 
au  liuitieme  siecle. 

Nous  ne  repetons  point  ce  que  nous  avons  dit  ci-devant 

•  f^ictor  yitens.  lib.  iii.  de  Perseciuione  f^aiidal.  —  *  Fulgent,  lib.  de 
Trinit.  cap.  4.  Ego,  inquit,  et  Pater,  iinum  sumus ;  unitin  ad  naturani 
refeire  nos  decet,  sumus,  ad  personas :  similiter  et  illud:  Tres  sunt  qui 
leslimonium  dicunt  in  ccelo ,  Pater,  f^^erbuui ,  et  Spiritus ,  et  Id  ires  unuin 
sunt.  Idem  in  dejensione Jidei adversus  Pintam.  Item  in  lib.  Hesponsionum 
contra  Arianos ,  llesp.  lo .  Beatus  enim  Joannes  apostolus  testalur  dicens  : 
Tres  sunt  qui  testimonium  peHiibent  in  ccelo  ,  Pater,  Verbum ,  et  Spiritus, 
ft  Ires  unum  sunt.  Quod  eliain  beaiissimus  maHjrr  Cjprianus  in  epistola  de 

u/iiiaie  EcclcsicE  conjiietur  dicens Dicit  Dominus  :  Ego  et  Paler  unuin 

sumus;  et  iienim  de  Pane  ,  et  Filio  ^  etSpiritu  Sane  to  scnplum  est :  Et  tres 
unum  sunt. 


54o  DISSERTAriON 

touchant  le  passage  de  I'auteur  dc  la  preface  sous  le  nom 
de  saint  Jerome  ,  sur  les  epilrcs  canoniques.  Get  auLeur 
vivoit  il  y  a  plus  de  neuf  cents  ans,  puisqu'on  trouve  ce 
prologue  dans  dcs  manuscrits  qui  ont  cet  age.  On  trouve 
en  termes  exprcs  le  \ei-set  7  dont  nous  parlons  ,  dansl'ou- 
vrage  d'Idacius  '  contre  Yirimandus;  soit  que  cet  ouvrage 
soil  de  Vigile  de  Tapse,  qui  ecrivoit  au  sixieme  siecle , 
comme  I'ont  cru  divers  savans ,  soit  qu'on  I'attribue  a 
Idace  ,  Espagnol ,  et  eveque  dans  la  province  de  Galice, 
qui  vivoit  vers  le  milieu  du  cinquieme  siecle ,  comme  I'a 
montre  le  P.  de  Montfaucon  ^.  Vigile  de  Tapse ,  dans 
un  ouvrage  qui  ne  lui  est  point  conteste  ^,  et  qui  a  etc 
autrefois  attribue  a  saint  Atlianase  ,  cite  encore  sans 
difficulte  le  passage  qui  fait  le  sujet  de  cette  dispute. 
Voila  asscz  de  temoins  de  I'eglisc  laline  ;  venons  a  I'eglise 
grecque. 

L'auteur  de  la  dispute  contre  les  ariens  ,  soutenue  au 
concile  de  Nicee  ,  et  attribuee  a  saint  Athanase  ,  cite  ces 
paroles  comme  de  saint  Jean,  pour  prouver  I'unito  de 
nature  des  trois  personnes  de  la  Trinite  :  Et  ces  Lrois  nc 
sont  qa'im  ^.  On  sait  que  I'ecrivain  de  celte  piece  n'esl 
pas  saint  Athanase;  mais  on  convient  qu'il  est  ancien. 
L'auteur  du  Traite  de  unica  Deitate  Trinilalis ,  parmi  les 
oeuvres  du  meme  saint  Athanase,  cite  le  passage  entier  de 
cette  sorte  :  Dicente  Joanne  evangelista  in  epislola  sua  :  Tres 
sunt  qui  testimonium  dicunt  in  ccelo  ,  Paler,  Verbum ,  et 
Spiritus  Sane t us. 

Les  percs  du  concile  de  Latran  sous  Innocent  iii,  ouse 
trouverent  en  personne  les  patriarches  de  Constantinople 
et  de  Jerusalem,  et,  par  leurs  legats,  ceux  d'Alexandrie  et 
d'Antioche ,  avec  quantite  d'eveqnes  de  Grece  leurs  suf- 
fragans, dresserent  une  instruction  ,  dans  laquelle  ce  pa  - 
sage  est  cite  ^  comme  reconnu  par  les  deux  eglises,  et 
employe  pour  confirmer  un  dogme  de  leur  foi.  Dans  ce 


*  Idatius,  I.  I.e.  5.  contm  Varimand.  —  ~  D.  Bernard,  de  Montfau- 
con. jddmonii.  in  libb.  de  Trinit.  Adianasio  supposkos.  —  '  f^igit.  ther- 
eat, ad^ersus  Arium^  Sabellium ,  et  Phodnum ,  lib.  \i.  n.  45.  —  *  Author. 
Disput.  in  concil.  Ntca^no,  inter  opera  Athanas.  npb;  Sk  tcutoi;  iraai  iMavvvi 
cpacjCEi,  y.aX  ot  Tpel;  to  ^^  etatv.  —  *  Fragment,  concil.  Lateran.  iv.  in  edit, 
concil.  Labbwana.  Ov  rpo— cv  ev  ty)  ;tavovi)ffi  to  Iwavvou  ErnGToXri  ava'c'vcooxe- 
Tat,  OTt  Tpst;  eidiv  cl  p.apTupouvTe?  ev  oupavw  ,  o  IlaTVip,  A.o'"j'OC,  axI  nvsD[J.a 
A-yiov.  Ka";  ouTOt  oiTpet;  ev  eiat.  EuGu;  Te  TTpcoTiOnat  )ca6w;  ev  Ttat  Mo^i^it  eupioxe- 

TKl. 


SLR  LE  I  VMEUX  PASSAGE  DE  SAINT  JEAN.  64  I 

mernc  endroil  *  ii  est  dit  que  ces  mots  :  Et  Us  Irois  ne  sonl 
qu'un ,  sc  trouvoieut  dans  quelqncs  cxemplaires  apres  le  >^  8 . 
Ce  que  ces  pcres,  aussi  bien  qu'Innoceut  in  et  saint  Tho- 
mas d'Aquin  n'approuvoientpas,  etne  croyoient  pasqu'on 
diit  le  lire  dans  les  bons  exemplaires  de  cette  epitre.  Ma- 
nuel Calecas'  ,  dans  son  livre  des  principes  de  la  foi  ca- 
tholique ,  cite  ce  meme  passage  comme  canonique.  Il  vi- 
voit  an  Srcizieme  siecle  ,  ct  assista.au  concile  de  Lyon. 

Apres  tout  ce  qu'on  vient  de  dire  contre  laulhenticite  ,  Conclusion 
t  r  r  •«»•..*         '^de  cetle  Dis- 

de  ce  lameux  passage  ,  et  en  sa  taveur  ,  il  s  agit  a  present  sg^^jjo^ 

d'en  lirer  les  consequences,  et  de  se  determiner  ale  recon-  Double  au- 

noitrc  pour  canonique  ,  ou  a  le  rejeter  comme  faux  et  sup-  iheniicitede 

pose.  Mais  pour  lever  ici  toule  equivoque  ,  il  faut  observer  ce  passage. 

qu'il  y  a  par  rapport  aux  divines  Ecritures  deux  series  po^i^^Q 

d'authenticite.  II  y  a  une  authenticile  intrinseque,  par  rap-  prise  de  I'o- 

port  aux  originaux  des  livres  saints  :  cette  authenticite  se  mission  des 

tire  de  I'inspiration  du  Saint-Esprit  qui  les  a  dicies  :  et  les  manuscnts  ei 

d-    •  •  u  •  1  •  du  silence  des 

J  e  ces  origmaux,  aussi  bien  que  leurs  vei"sions,  par-    ,^^ 

ticipent  a  cette  authenticite  lorsqu'elles  sont  conformes  a 
ces  originaux.  Mais  en  meme  temps  il  est  une  authenticile 
extrinsequo  par  rapport  aux  copies  ct  au\  versions  de  ces 
originaux  :  et  cetle  aulhenlicite  se  tire  de  I'autorite  de  TE- 
glise  qui  les  declare  authentiques  en  les  adoptant  comme 
fideles,  exacles ,  ou  ne  contenant  rien  de  contraire  a  la  foi 
ni  aux  bonnes  moeurs, 

Ainsi ,  quant  au  passage  dont  il  s'agit,  si  par  I'authen- 
ticite  de  ce  passage  on  entend  lauthenlicile  intrinseque  , 
c'esl  alors  qu'il  est  vrai  de  dire  que  le  tout  consiste  a  savoir 
si  ce  passage  etoit  originairement  dans  I'epitre  de  saint 
Jean  ;  parce  que  s'il  n  y  eloitpoint,  nuUe  autorile  ne  pour- 
roil  le  faire  reconnoitre  pour  authenlique  ,  de  cette  au- 
thenticite qui  se  tire  de  i'inspiration.  L'Eglise  peut  bien 

'  Dans  retlition  des  ConcIIes,  apres  lib-j;  -i  ^rfcfrrO/.c;,  il  y  a  un  inlervalle 
comme  s'il  manquoit  la  quelque  chose  ;  apres  quoi  il  met  :  Kx9c>;  ev  rtal  xo- 
^i;iv  vj-Arsy.tiT.'..  Le  P.  C^ssarl  a  cm  que  tout  le  -f  8.  du  chap.  t.  de  la  pre- 
miere de  saint  Jean,  c'toit  omis  eii  cet  endroil,  et  il  I'a  supplee  a  la  marge. 
Mais  Rich.  Simon  ayanl  tonsulte  I'ori^ina!  grec,  qui  est  dans  la  bibliolbeque 
du  Koi ,  n'y  a  remarque  aucun  infervalle  vide ;  et  il  prouTe  fori  bien  que  Ton 
a  seulement  voulu  marquer  que  ces  mots :  Et  hi  tres  utium  sunt ,  otoient  dans 
quelques  manuscrils  au  huitieme  verset.  II  appuie  son  sentiment  snr  un  pas- 
sage dune  decrclale  d'Innocent  in  a  Teveque  de  Ferrare;  el  sur  saint  Thomas 
contre  Fabbe  Joaclum.  Voye.z  Simon ,  Dissert,  criu'q.  des  MSS.  du  N.  T.  — 
-  Manuel.  Caleas,  lib.  de  Pnncip.Jidei  calhol.  apud  Combejis  Aucluar. 
pag.  5 19. 


A/. 


DISSEJITATIO' 


nous  declarer  quelles  sont  Ics  Ecritures  sacrees ;  mais  ellc 
lie  pent  pas  les  former  ,  ni  rendre  autheiuique  a  cet  egard 
ce  qui  ne  Test  point. 

Au  contraire  I'Eglisc  peut  donner.  I'aullienticite  extrin- 
seque  qui  se  tire  de  sa  propre  aulorite  ;  et  a  cet  egard  ,  le 
tout  consistc  a  savoir  non  pas  si  ce  passage  cloit  originai- 
reinent  dans  I'epttre  de  saint. Jean  ,  mais  si  I'Eglise  I'a  de- 
clare authenlique  en  I'adoptant.  Et  c'est  ici  que  Ton  peut 
apporter  en  preuve  la  decision  du  concile  deTrente.  Ce 
concile  *  a  declare  sacres  et  canoniques  tous  les  livres 
tant  de  I'Ancien  que  du  INouveau-Testament,  avex  loules 
leurs  parlies ,  de  la  manii're  que  VEglise  calholique  les  lit 
dans  I'edilion  laline  de  la  Viilgaie.  Or,  ce  passage  fait 
panic  du  chap,  v.  de  la  i""*"  cpitre  de  saint  Jean  dans  les 
exemplaires  de  la  Vulgate.  II  faut  done  le  recevoir  comme 
le  reste  pour  authentique.  Sur  quoi  il  y  a  deux  choses  a 
observer:  ce  concile  nous  oblige  a  recevoir  la  i"^*  epitre 
de  saint  Jean  comme  Ecriture  sacrce  et  canonique  ,  c'est- 
a-dire  comme  au  then  tique,decetteauthenticiteinlrinseque 
qui  se  tire  de  Tinspiration  du  Saint- Esprit;  mais  de  plus  il 
nous  oblige  a  recevoir  la  version  Vulgale  de  cette  epitre 
pomme  sacree  et  canonique,  c'est-a-dire  comme  authen- 
tique de  cette  authenticile  exlrinseque  tiree  de  I'autorite 
de  I'Eglise,  quidiscerneetadopte  les  copies  et  les  versions 
des  Ecritures  sacrees  ,  comme  fideles ,  exactes  et  ne  con- 
tenant  rien  de  contraire  a  la  foi  ni  aux  bonnes  mcBurs.  Car, 
selon  le  lemoignage  de  Salmeron,  qui  avoit  assisle  au  con- 
cile de  Trente^^  ['intention  de  ce  concile,  en  declarant 
la  Vulgale  authentique,  futseulement  de  decider  qu'entre 
les  versions  latines  des  divines  Ecritures ,  cette  version 
etoit  la  seule  que  I'Eglise  adoptat,  comme  ctant  la  meil- 
leure  et  la  plus  sure  ,  et  comme  ne  con  tenant  rien  de 
contraire  ni  a  la  foi  ni  aux  bonnes  moeurs. 

Ainsi  quand  rauthenticite  intrinseque  du  passage  dont  il 
s'agit  pourroit  etre  douteuse ,  son  authenticile  extrinseque 
Tien  seroit  pas  moins  certaine;  elle  est  assuree  par  la  de- 
cision du  concile  deTrente.  Mais  I'authenticite  intrinseque 
meme  de  ce  passage  est  reconnue  par  la  plupart  des  ecri- 
vains  catholiqucs ,  qui  admettent  ce  passage  comme  elant 

'  Concil.  Ti^denl.  sess.  4.  Si  fpji's  autp.m  libros  ipsos  intcgrns  ci/tn  cni- 
nibiis  suis  pnrtihits  ,  prorit  in  Ecclesia  cntltoh'cn  legi  cnn.irtet'ri-i/nl ,  ft  in 
veteri  vulgain  ediiione  liahentnr,  pro  sncris  ct  cnnonicis  uon  suscepcrit... 
anathema  sil.  —  *  Salniero.  Pinlefsnm.  3. 


SLR  LE  FAMBl'X  PASSAGR  DE  SAINT  JEAN.  543 

originairement  de  I'epitrc  de  saint  Jean,  fondes  sur  ce  que 
pliisieurs  ancicns  petes  Font  cite  commc  de  saint  Jean  ; 
que  toute  I'eglise  d'Afrique  I'a  adopte  comme  tel  dans  iin 
lie  solennel  et  public,  presenle  a  un  roi  aricn  an  cin- 
ijuienic  siecle  ;  et  qu'eufin  il  se  trouve  dans  un  bon  nombre 
d'anciensexeniplaires  i^recs  et  latins. 

Les  protestans ,  tant  lulheriens  que  calvinistes ,  I'admct- 
lent  comme  nous ,  iondes  uniquement  sur  Tautorite  des 
ancicns  monumens  ,  des  percs  el  des  exemplaires  ou  on  le 
trouve  cite.  Les  sociniens,  et  ceux  qui  a  leur  exempie  en 
contestent  la  verite  ,  soutiennent  que  ce  passage  nc  fut  ja- 
mais dans  I'original  grec  de  saint  Jean.  Mais  d'oii  vient 
qu'il  est  cite  par  Terlullicn  ,  par  saint  Cyprien  ,  par  saint 
Fulgence,  par  Vigile  de  Tapse  ,  par  Eugene  de  Carthage  , 
par  toute  I'eglise  d'Afrique  ecrivant  contre  les  ariens,  qui 
avoient  tant  d'interet  de  le  contester,  et  qui  n'ont  jamais 
cse  s'incrire  en  faux  contre  lui?  Comment  s'est-il  glisse 
dans  I'ancien  manuscrit  d'Angleterre,  et  dans  tant  d'autres 
'alius  d'une  si  respectable  antiquite?  D'ou  vient  qu'on  I'a 
-iipplee  anx  mar£:es  de  ceux  ou  il  ne  se  trouvoit  point? 

Onavoue  qu'exceple  Tegiise  d'Afrique,  iesanciensperes 
grecs  et  latins  ne  paroissent  pas  I'avoir  connu  ,  ni  lu  dans 
leurs  exemplaires,  et  que  jusqu'aux  seplieme  el  huitieme 
siecles  ,  il  est  rare  de  le  trouver  dans  les  peres  et  dans  les 
manuscrits  :  mais  c'est  apparemmerit  que  quelques-uns  des 
premiers  exemplaires  copies  sur  I'origina!,  s'etant  trouves 
(lefectueux  par  la  negligence  ou  la  precipitation  des  co- 
pistes,  la  plupart  des  copies  qu'on  en  lira,  et  ensuite  les 
traductions  que  Ton  fit  sur  ces  copies  imparfailes,  se  re- 
pandirent  partout ;  le  respect  qu'on  avoit  pour  I'antiquite 
etl'impuissance  oul'on  etoitde  confronlcrles  exemplaires 
nvec  les  originaux,  firent  qu'on  se  defia  meme  des  exem- 
plaires les  plus  corrects  ou  il  etoit :  en  sorte  que  plusieurs 
siecles  s'ecouleren  t  avanl  que  I'on  put  reconnoitre  le  defaut 
et  I'erreur.  On  ne  les  reconnut  qu'a  la  longue  ,  d'ou  vient 
ijue  plusieurs  ne  les  mirent  encore  que  sur  la  marge  de 
leurs  exemplaires.  Enfin  la  verite  cclata  peu  a  peu ;  et  de- 
puis  plus  de  six  cent  quinze  ans  '  les  deux  eglises  ,  grec- 
que  etlatine  sont  enliereraent  d'accord  sur  cet  article. 

*  A  dater  du  iv  concilede  Latran  en  i2i5,  dont  noas  avons  alleguc  plus 
haul  le  temoignage,  on  peul  compter  aujourd'hui ,  en  iS3o  ,  six  cent  qainze 
ans. 


544       DISSERT,  sun  le  fameux  passage  de  saint  jean. 

Ce  que  nous  supposons  tie  la  corruption  fortuite  de  plu 
sieurs  des  premieres  copies ,  n'est  ni  incroyable  ni  extraoi*- 
dinairc.  On  a  dans  rEcrilurc  nieme  de  rAncien-Testament 
des  fautes  de  copistes  qui  y  subsistent  depuis  plusieurs 
siecles,  et  qui  ne  viennent  que  de  I'ignorance,  ou  de  la  ne- 
gligence ,  ou  de  la  meprise  des  copistes  *.  Cela  arrive 
encore  lous  les  jours  ,  surtout  lorsqu'il  s'agit  de  copier 
des  textes  ou  le  meme  mot  se  trouve  plus  d'une  fois;  a 
moins  d'une  attention  extraordinaire ,  ou  d'une  revision 
triis  exacte  ,  on  est  tres  expose  a  se  tromper.  Dans  cet  en- 
droit  I'ecrivain  ayant  trouve  deux  fois  ces  mots  :  Tres  sunt 
qui  tesUmonium  dant ,  a  saute  du  premier  au  second  ;  et 
comme  cela  n'interrompoit  point  le  sens,  on  ne  s'est  apercu 
de  la  meprise  que  tres  long-temps  aprcs ,  lorsqu'on  a  com- 
pare les  anciennes  copies  les  unes  avec  les  autres. 

Aureste,  on  ne  doit  pas  s'imaginer  que  dans  les  pre- 
miers siecles  les  copies  des  epitres  canoniques  fussent  fort 
communes.  Encore  aujourd'hui ,  elles  sont  assez  rares 
dans  les  anciens  manuscrits.  Les  premiers  temps  du  chris- 
tianisme  furent  fortagites  par  Icsperseculions.  Ces  epitres 
n'etoient  point  si  necessaires  ,  si  publiques,  nisi  generates 
que  les  autres,  dont  la  plupart  avoient  etc  ecrites  a  de 
grandes  eglises.  La  premiere  de  saint  Jean  en  particulier 
a  ete  envoyee  aux  Parthes  ,  scion  les  anciens ,  c'est-a-dire 
aux  Juifs  convertis  d'au-dela  de  I'Euphrate.  Or  ,  il  n'etoit 
pas  aise  d'en  tirer  des  copies  de  ces  pays  si  eloignes,  et  si 
ennemis  de  I'empire  romain, 

*  Vojez  le  P.  Martianay,  notes  sur  le  prologue  de  saint  Jerome  sur  les  cpi- 
Ues  canoniques  ;  et  Roger,  Dissertation  sur  ce  passage  ,  §  3o.  p.  171. 


PREMIERE  EPITRR 
DE   SAINT  JEAN. 


CHAPITRE  PREMIER. 

Jesus-Christ  vie  elernelle  apparue  aux  bommes.  Soclete  entre  Dieu  et  nous. 
Marcher  Jans  la  lumiere  pour  avoir  soci^te  avec  Dieu.  Se  dire  sans  peche, 
c'est  mentir,  et  accuser  Dieu  meme  de  mensonge. 


I.  QioD  fuit  ab  initi«) 
quod  audivimus  ,  quod 
vidimus  oculi^  nostris, 
quod  perspeximus  ,  et 
manus  nostrae  cotitrecta- 
verunt  de  verbo  vilaj  : 

2.  Et  vita  manifestata 
est,  et  vidimus,  et  te>ta- 
mur,  et  annunliamus  vo- 
bis  vitam  a;ternam,  quae 
erat  apud  Patrem,  el  ap- 
paruit  nobi>  : 

5.  Quod  vidimus  et  au- 
divimus, anauntiamusvo- 
bis ,  ut  et  vos  societatem 
habeatis  nobiscum,  et  so- 
cietas  nostra  sit  cum  Pa- 
tie,  et  cum  Filio  ejus  Jesu 
Christo. 

4.  Et  haec  scribimus  vo- 
bis  ut  gaudeatis,  et  gau- 
diuin  vestrum  sit  ple- 
num. 


1.  Nous  vous  annoncons  Ja  pa- 
role de  vie  qui  etoit  des  le  commen- 
cement, que  nousavons  entendue, 
que  nous  avons  vue  de  nos  yeux, 
que  nous  avons  regardee  avec  at- 
tention, et  que  nous  avons  tou- 
cbee  de  nos  mains; 

2.  Car  la  vie  meme '  s'est  ren- 
due  visible ;  nous  I'avons  vue  ;  nous 
en  rendons  lemoignage;  et  nous 
vous  I'annoncons,  celte  vie  eter- 
nelle,  qui  etoit  dans  le  Pere,  et  qui 
est  venue  se  montrer  a  nous. 

5.  Nous  vous  annoncons  ce  que 
nous  avons  vu,  et  ce  que  nous 
avons  entendu  ,  afin  que  vous  en- 
triez  vous-memes  en  societe  avec 
rious,  et  que  notre  sociele  soit  avec 
le  Pere,  et  avec  son  fds  Jesus- 
Cbrist.  ' 

4.  Et  nous  vous  ecrivons  ceci  afin 
que  vous  en  ayezde  la  joie  ;'  el  que 
voire  joie  soit  complete.  ' 


y  2.  Le  Verbe  Je  Dieu.  t'oy.  s.  Jean.  1.  4. 

■^  3.  Par  la  foi  que  nous  aurons  tous  en  lui ,  et  par  la  charite  dontelle  sera 
suivie. 

y  4.  Le  mot  gaiideatis  n'est  pas  dans  le  grec,  qui  lit  simplement :  afin  que 
Totre  joie ,  etc. 

Ibid.  Dans  la  vue  des  graces  que  Diea  vous  fait ,  et  des  biens  qu'il  vous 
destine. 

a3.  35 


>46 


EPITRE  DE  SAIST  JEAN. 


p,  5.  Or,  ce  que  nous  avoiis  appris 
de  Jesus-Clirist  '  et  ce  que  nous 
Joan.vm.  12.  vous  enseignons  ,  est  que  Dieu  esl 
la  luniiere  meme,  et  qu'il  n'y  a 
point  (le  tenehres  en  lui  : 

6.  De  soi'te  que  si  nous  disons 
que  nous  avons  sociele  avec  lui, 
et  que  nous  marchions  dans  Ics  te- 
nebres_,''  nous  mentons,  et  nous  ne 
pratiquons  pas  la  verile. 

n.   Mais  si  nous  marclions  dans 

la  lumierc,  coaime  11  est  lui-meine 

Hebr.  ix   i4-  ^^j^g  j.j  luiniere,   nous  avons  en- 

1.  Fet.  1.  19.  ggj-jji^ig  ^^J^Q  societe  niutuelle  ;  el  le 

sang  de  Jesus- Christ  son  Fils  nous 

purifie  de  tout  peche. 


3.  lieg.-vm, 
46. 

2. Part. VI. 36 
Prou.  XX.  9. 
/tec/.  VI r.  21.  point  en  nous 


8.  Si  nous  disons  qne  nous  som- 
mes  sans  peche,  nous  nous  sedui- 
sons  nous-inemes,  et  laVcrite  n'csl 


g.  Mais  si  nous  confessons  no5 
peches,  il  est  fidele  et  juste  pour 
nous  les  remettre,  et  pour  nous 
purifier  de  toute  iuiquite. 


to.  Que  si  nou.**  disons  que  nous 
n'avons  point  peche,  nous  le  fai- 
sons  menteur,  et  sa  parole  n'cst 
point  en  nous.  ° 


5.  Et  haec  est  annun- 
tiatio ,  quam  audivimus 
ab  CO,  et  annuntiamus 
vobis  :  Quoniam  Deus  lux 
est,  et  tenebrte  in  eo  non 
sunt  uH?c. 

6.  Si  dixerinius  quo- 
niam  socielatemhabemus 
cum  eo ,  et  in  lenebrls 
ambulanius ,  mentimur , 
et  veritateni  non  faci- 
inus. 

7.  Si  autein  in  luce  am- 
bulamus ,  sicul  et  ipse  est 
in  luce  ,  societalem  habe- 
nius  ad  invicem,  et  san- 
guis Jesu  Christi  ,  Filii 
ejus,  eniundat  nos  ab 
omni  pcccato. 

8.  Si  dixeriinus  quo- 
niam  peccalum  non  habe- 
nius,  ipsi  nos  seducimus, 
et -Veritas  in  nobis  non 
est. 

g.  Si  confiteaniur  pec- 
cata  nostra,  fidelis  est,  et 
Justus,  ut  remittat  nobis 
pcccata  nostra  ,  et  emun- 
det  nos  ab  omni  iniqui- 
tate. 

10.  Si  dixerimus  quo- 
iiiam  non  peccavimus  : 
mendacein  facinius  eum, 
et  verbum  ejus  non  est  in 
nobis. 


y  5.  Qui  est  cette  parole  de  vie  et  ce  Vcrbe  eternel. 
^  6.  Dans  I'erreur  el  le  peche. 

■jl^  10.  Puisqu'elle  nous  enseigne  parloul  que  nous  sommes  lous  pecheurs, 
el  que  nous  avons  un  besoin  conlinucl  de  sa  mis^ricorde. 


CHAPITRE  II. 


0*7 


CHA.PITUE  II. 


Jesus-Chrisi  viclime  de  propilialion  pour  les  p<xhes  de  tout  le  monde.  Qui 
demeure  en  iui ,  doit  marcher  conirnc  lui.  Qui  bait  son  frere ,  est  dans  les 
tenebres.  Qui  aime  le  monde,  n'aime  point  Dieu.  Triple  concupiscence. 
Plusiciirs  ar'techrists.  L'onclion  divine  ensei:;ne  tout. 


1.  Fition  mt'i  ,  haBc 
scribo  vobis,  ul  noii  pec- 
cetis.  Sed  et  si  quis  pec- 
caverit,  advocalum  habe- 
mus  apud  Patrem  Jesum 
Christum  justum  : 

2.  Et  ipse  est  propitia- 
tio  pro  peccatis  nostris, 
non  pro  nostris  autem 
tantiiin ,  sed  etiam  pro 
lotius  mundi. 

5.  Et  in  hoc  sciraus 
quoniatn  cognovimus 
cum ,  si  mandata  ejus 
observemus. 

4-  Qui  dicit  se  nosse 
euia,  et  uiandata  ejus 
non  custodit,  mendax  est, 
et  in  hoc  yeritas  non  est. 

5.  Qui  autem  servat 
verbum  ejus,  vere  in  hoc 
charitas  Dei  perfecta  est : 
et  in  hoc  scimus  quoniam 
in  ipso  sumus. 

6.  Qui  dicit  se  in  ipso 
manere  ,  debet ,  «icut  ille 
ambulavit,  et  ipse  ambu- 
lare. 


1.  Me»  petits  enfans ,  je  vous 
ecris  ceci,  afin  que  vousne  pechiez 
•point.  Si  neanmoins  quelqu'un  pi- 
che,  nous  avons  pour  avocat  en- 
vers  le  Pere,  Jesus-Christ  qui  est 
juste.  ' 

2.  Car  c'est  lui  qui  est  la  vic- 
time  de  propitiation,  '  pour  nos 
peches  ;  et  non-seulement  pour  les 
notres,  mais  aussi  pour  ceux  de 
tout  le  monde. ' 

3.  Or  ce  qui  nous  fait  connoitre 
que  nous  le  connoissons  veritablc- 
ment,  '  est  si  nous  gardens  ses 
commandemens. 

4.  Celui  qui  dit  qu'il  le  coniioit, 
et  ne  garde  pas  ses  commandemens, 
est  un  menteur;  ct  la  verite  n'est 
point  en  lui. 

5.  Mais  si  quelqu'un  garde  sa 
parole,  '  I'amour  de  Dieu  est  vrai- 
ment  parfait  en  lui  :  c'est  par-la 
que  nous  connoissons  que  nous 
sommes  en  lui.  ' 

6.  Celui  qui  dit  qu'il  demeure  en 
Jesus-Christ  ,  doit  marcher  lui- 
meme  comme  Jesus-Christ  a  mar- 
cher. 


•^  I.  Saint. 

j  2.  Qui  s'est  offert  comme  viclime ,  et  qui  s'offre  encore  lous  les  jours. 
li/id.   De  sorte  que  lous  ceux  qui  ont  recours  a  lui.  dans  les  senlimens 
d'unewritablepenilence.  trouventenluietparlaila  remission  dcleurspcihes. 
y  3.  Que  aotre  foi  est  sincere  et  verilable. 
y  5.  Fait  cequ'elleordonne. 
Ibid.   C'est-A  dire  en  Jesus-Cbrist. 


548 


l"   EPITIIE  DE  SAINT  JEAN. 


7.  Mes  bieii-aimes ,  '  jc  ne  vous 
ecris  point  un  coiiunandement  nou- 
veau ,  uiais  le  commandcment  an- 
cien  que  vous  avez  recti  dcs  le 
commencement;  et  ce  commande- 
meP.t  ancien  est  la  parole  qne  vous 
avez  entcndue.  ' 
Joan.  xiii.  8,  ya  ncanmoins  je  vous  dis  que 
.. i.xv.  1-2.  jg  commandcment  dont  je  vous 
parle  est  Jiouvcau  :  ce  qui  est  vrai 
en  Jesus-Christ,  et  en  vous,"parce 
que  les  tenebres  "  sont  passecs,  et, 
que  la  vraie  Inmiere  *  commence 
deja  a  luire. ' 

9.  Celiii  qui  pretend  elre  dans  la 
lumicre,"  et  qui  ne.lnmoins  hait 
son  frere  ,  est  encore  dans  les  tene- 
bres. ' 
Infr.  iir.  i/|.  10.  Celui  qui  aime  son  fr^re, 
demeure  dans  la  lumi^re ;  et  le 
scandale  n'est  point  en  lui.  ' 

1 1.  Mais  celui  qui  hail  son  frere 
est  daiis  les  tenebres,  il  marche 
dans  les  tenebres ,  et  il  ne  salt  oi'i 
il  va,  parce  que  les  tenebres  I'ont 
aveugle. 

12.  ,le  vous  ecris,  mes  pelits 
en  Fans  ,  parce  que  vos  peches 
vous  sont  remis  au  nom  de  Jesus- 
Christ.  ' 


7.  Charissimi  ,  nori 
mandatum  novum  scriba 
vobis,  sed  mandatum  ve- 
tus,  quod  habuistis  ab 
initio  :  mandatum  vetus 
est  verbum  quod  audis- 
tis. 

8.  Iterum  mandatum 
novum  scribo  vobis,  quod 
verum  est  et  in  ipso,  et  in 
vobis  :  quia  tenebrae  trans- 
icrunt,  el  verum  lumen 
jam  lucet. 

9.  Qui  dicit  se  in  luce 
esse,  et  fratrem  suum 
odit,  in  tenebris  est  usque 
adhuc. 

10.  Qui  diligit  fratrem 
suum,  in  lumine  manet, 
el  scandalum  in  eo  non  est. 

1 1.  Qui  aulem  odit  fra- 
trem suum ,  in  tenebris 
est,  et  in  tenebris  ambu- 
lat,  et  nescit  quo  eat  : 
quia  tenebrjE^  olDcaecave- 
runt  oculos  ejus. 

12.  Scribo  vobis,  fillo- 
li,  quoniam  remittuntur 
vobis  peccata  propter  no- 
men  ejus. 


•^  7.  Gr.  lilt,  mes  frercs. 

Ibid.  Gri'c :  que  vous  avez  entcndu  dcs  lo  commencement. 

y  8.  En  Jcsus-Clirist ,  parce  qu'il  a  pralique  la  cliarile  d'une  raanlere 
loulc  nouvclle  ,  ayant  porle  I'cxces  de  sa  cliarite  jusqu'a  mourir  pour  ses  cn- 
nemis  ;  el  en  vous  qui  avez  recu  ce  preceple  et  le  praliqucz  a  I'excmple  de  ce 
divin  modele  d'une  maniere  toule  nouvelie.  —  Voyez  daws  I'evangile  de  saint 
Jean  ,  xiir,  34. 

Ibid.  L'ignorancc  ou  "sous  etiez  a  I'egard  de  I'clendue  de  ce  prcceptc. 

Ibid.  A  la  foi. 

Ibid.  A  ('clairer  vos  toeuis  ,  el  a  vous  apprendre  que  voire  cbarit6  doit  al- 
ler  jusqu'a  aimer  vos  ennemis. 

y  9.  De  la  grace  et  (!e  la  verite. 

Ibid.  De  I'erreur  el  du  peche. 

•f  10.  Parce  que  sa  charite  fait  qu'it  ne  clierche  point  ses  propres  inlerets 
aux  depens  de  ses  freres,  et  qu'il  ne  prend  point  de  leurs  fautes  une  occasion 
de  pecher. 

^12.   Et  je  souliaile  que  vous  ne  vous  y  cngagiez  pas  de  nouveau. 


i3.  Scribo  vobis,  pa- 
dres, quoniam  cognovis- 
lis  eum  qui  ab  initio  est. 
Scribo  vobis,  adolescen- 
tcs,  qiioniaui  vicislis  iiia- 
ligniiui. 

14.  Scribo  vobis  ,  in- 
fantes .  quoniam  cogno- 
vistis  patrem.  Scrii)0  vo- 


CHAPITRE  II.  549 

1 5.  Jo  Tousecris,  peres,  '  pa  roe 
que  vous  avez  connu  celui  qui  est 
di'S  le  cominencemeut. '  Je  vous 
ecris,  jeunes  gens,  parce  que  vous 
avez  vaiocu  le  lualiu  esprit.' 


14.  Je  vous  ecris,  petits  enfaas,' 
parce  que  vous  avez  connu  le 
Pere.  '  Je  vous  ecris,'  jeuaes  gens, 
bis,  juvenes,  quoniam  parce  que  vous  eles  forts,  que  ia 
fortes eslis, el  verbuui  Dei  parole  de  Dieu  demeure  en  vous, 
manet  in  vobis,  el  vicistis  et  que  vous  avez  vaincu  le  maUa 
malignum.  esprit. 

i5.       Nolitc      diligere  i5.  N'aimez  point  le  monde  j,  ni 

mundum,  ncque  ea  qua?     cequie'rt  dans  le  monde.  Si  quel- 
in  mundo   sunt.   Si  quis     qu'un  aiuie  ie  monde,  I'amour  du 
diligit  mundum,  oon  est     Pere  n'est  point  en  lui. 
cbaritas  Patris  in  eo  : 

16.      Quoniam     orane  16.  Car  tout  ce  qtii  est  dans  le 

quod  est  in  mundo,  con-  monde  est,  ou  concupiscence  de  la 
cupiscentia  carnis  est,  et  chair,  ou  concupiscence  des  yeux, 
concupiscentiaoculorum,     ou   orgueil  de  la   vie;  ce   qui  ne 

vient    point    du    Pere  ^    raais    du 
monde.' 


et  superbia  vita; :  quae  non 
estex  Patre,sed  ex  mundo 
est. 

17.  Et  mundus  transit, 
et    concupiscentia    ejus. 


17.    Or,    le    monde  passe  ainsi 
que  la  concupiscence;'  mais  celui 
Qui  uutem  facit  volunta-     qui  fait  la  volonte  de  Dieu,demeure 
tern  Dei,  manet  in  aeter-     eternellement.' 
nuucL. 


y-  r3.  11  appelle  ainsi  ou  Ics  horamesa-vancesen  Age,  ou  les  juifis  nouTeaox 
convertis,  mais  anciens  dans  h  connoissance  du  vrai  Dieu.        0 

Ibid.  Et  je  desire  que  cette  connoissance  ne  soil  pas  sterile  en  vous. 

Ibid.  Et  je  veux  que  yous  conserviez  le  fruit  de  celte  victoire. 

y  14.  II  appclle  ainsi  tous  les  fideles  en  general.  Comme  ci-dessus  y  12. 

Ibid.  Et  jc  souiiaile  que  vous  profiliez  de  cette  connoissance ,  et  que  tous 
demeuriez  attaches  a  un  Pere  si  tcndre  et  si  bon. 

Ibid.  Le  grec  repele  ici  ces  mots :  Je  vous  ecris,  peres,  parce  que  vooa 
avez  connu  celui  qui  est  dcs  le  commencement.  Ou  plutot  scion  !c  grec  A  la 
letlre  :  Je  vous  ai  ecrit,  peres...  Je  vous  ai  ecrit,  jeunes  gen?  ,  eic. 

y  1 6.  Le  monde  nous  porte  ct  I'amour  des  plaisirs ,  au  desir  des  richesses 
et  a  ia  recherche  des  bonueurs ,  comme  au\  seals  biens  qoe  Ic  monJe  coonoit, 
elqu'ilestime. 

y  17.  Tout  ce  que  la  coacupiscence  troure  d'aimablc  dans  les  choees  du 
monde,  passe  avec  lui. 

Ibid.  Altachons-nous  done  k  raccomplissementde  celte  divine  volont^  ,  ct 
fuyons  le  monde  avec  tous  ses  enchantemens.  Rien  n'est  plus  propre  a  nous  en 
degouter  que  leor  instabilite,  et  le  peu  de  temps  que  nous  aurionsA  les  poss^er. 


36o 


I"  EPITKE  DE  SAINT  JEAN. 


18.  Mes  petits  enfans,  c'est  ici 
la  derniere  heiire  :  el,  coinnie  vous 
avez  entendu  dire  que  rAntechrist 
doit  venir,  "  il  y  a  des  maintenant 
meme  plusieurs  anlechrisls  ;  ce  qui 
nous  fait  connoitre  que  nous  som- 
mes  dans  la  derniere  heure. ' 

19.  lis'  sont  sortis  d'avec  nous, ' 
mais  ils  n'etoient  pas  des  notres; 
car,  s'ils  eussent  ete  des  nolres,  ils 
fussent  demeures  avec  nous;  mais 
ils  en  sont  sortis,  afin  qu'on  recon- 
nul  clairemenl  que  tons  ne  sont  pas 
des  notres. 

20.  Pour  vous,  '  vous  avez  ret'u 
ronclion  du  Saint,  '  et  vous  con- 
noissez  toutes  choses. " 

21.  Je  ne  vous  ai  pas  ecritcom- 
me  a  des  personnes  qui  ne  connus- 
sent  pas  la  verile ,  mais  comme  a 
ceux  qui  la  connoissent,  et  qui  sa- 
vent  que  nul  mensonge  ne  vient 
de  la  verite. 

23.  Qui  est  mcnteur,  si  ce  n'est 
celui  qui  nie  que  Jesus  soit  le 
Christ  ?  "  Celui-la  est  un  Ante- 
christ,  qui  nie  le  Pore  et  le  Fils.  " 

25.  Quiconque  nie  le  Fils,  ne 
reconnoit  point  le  Pere  ;  et  quicon- 
que confesse  le  Fils,  reconnoit 
aussi  le  P^re. 

24-  Faites  done  en  sorte  que  ce 
que  vous  avez  appris  des  le  com- 


i8-  Filioli,  novissiraa 
hora  est  :  et  sicut  audistis 
quia  Antichristus  venit, 
et  nunc  antichristi  multi 
lacti  sunt  :  unde  scimus 
quia  novissima  hora  est. 

19.  Ex  nobis  prodie- 
runt ,  sed  non  eiant  ex 
nobis  :  nam  si  fuissent 
ex  nobis  :  permansissent 
ulique  nobiscum  :  sed  ut 
manifesti  sint,  quoniam 
non  sunt  omnes  ex  no- 
bis : 

20.  S<;d  vos  unctionem 
habetis  a  Sancto,  et  nos- 
tis  omnia. 

21.  Non  scripsi  vobis 
quasi  ignorantibus  verita- 
tem  ,  sed  (juasi  scientibus 
earn  :  et  quoniam  omne 
mendacium  ex  veritate 
non  est, 

22.  Quis  est  mendax, 
nisi  is  qui  negat  quoniam 
Jesus  est  Chiistus?  Hie 
est  Antichristus,  qui  negat 
Patrein  et  Filium. 

'lb.  Omnis  qui  negat 
Filium,  nee  Patrem  ha- 
bet :  qui confitetur  Filium, 
et  Patrem  habet. 

24.  Yos  quod  audistis 
ab  initio,   in   vobis  per- 


•jf  i8.  Voyez  dans  ce  volume  la  Disserlation  de  V aniechrist ,  a  la  tete  de 
la  seconue  epilre  aux  Thessaloniciens. 
Ibid.  Le  dernier  Age  du  monde. 
>'■  19.  Ges  anlechrisls. 

Ibid.  Us  n'on  J  jamais  ete  de  vrais  et  solides  chreliens. 
■f  ao.   Vous  ,  vrais  fideles. 
Ibid.  C'est-i-dire  de  Jesus-Christ  qui   est  le   Saint    des   saints.   Voyez 

au  -^  27- 

Ibi^.  De  sorte  que  vous  ne  sercz  pas  trompes  par  ces  s^ducteurs. 

■jj^  22.  C'est-a-dire  I'OintdeDieu. 

Ibid.  En  niant  la  filiation  eternelle  de  Jesus-Christ. 


maneat.  Si  in  vobis  per- 
inanserit  quod  audistis  ab 
initio,  et  vos  in  Filio  et 
Patre  nianebiti^. 

25.  El  haec  est  repro- 
inisiiio,  quam  ip;;e  polli- 
citus  est  nobis,  vitam 
aelernam. 

36.  Haec  scripsi  vobis 
de  his  qui  seducunt  vos. 

27.  Et  vo<  unctionem 
quam  accepislis  ab  eo , 
maneat  in  vobis.  Et  non 
necesse  habelis  ut  aliquis 
doceat  vos  :  sedsicutunc- 
lio  ejus  docet  vos  de  onn- 
nibus,  el  verum  est,  et 
non  est  menduciuui  :  et 
sicut  docui.t  vos,  nianele 
in  eo. 

28.  Et  nunc,  filioli, 
manete  in  eo  :  ut  cum  ap- 
parueril ,  habeamus  fidu- 
ciam,  5t  non  confimda- 
mur  ab  eo  in  adventu 
ejus. 

•jg.  Si  scitis  quoniam 
Justus  est,  scitote  quo- 
niam el  oranis  qui  facit 
justitiam,  ex  ipso  natus 
est. 


CHAPITREII.  5$t 

mencement '  demeure  tonjours  en 
vous.  Si  ce  que  vous  avez  appris 
d^s  le  commencoment  demeure 
toujours  en  vous,  vous  deraeurerei 
aussi  dans  le  Fils  et  daus  le  Pire. 

25.  Et  ^-'est  ce  que  lui-meme 
nous  a  promis,  en  nous  promet- 
tant  la  vie  eternelle.  ' 

26.  Voila  ce  que  j'ai  cru  devoir 
vous  ecrire  touchant  ceux  qui  vous 
seduisent. 

27.  Mais  pour  vous,  que  I'onc- 
tion  que  vous  avez  recue  du  Fils  de 
Dieu  ,  demeure  en  vous; '  et  vous 
n'aurez  pas  hesoin  qu'aucun  vous 
enseigne  ;  mais  comme  cette  nieme 
ooclion  '  vous  enseigne  loutes 
choses,  el  qu'elle  est  la  verite 
exemple  de  tout  mensonge,  de- 
meurez  dans  ce  qu'elle  vous  en- 
seigne. 

28.  iMaintenant  done,  mespetits 
enfans,  demeurez  dans  le  Fils  de 
Dieu,aGn  que,  lorsqu'il  paroitra , 
nous  soyons  pleins  de  confiance , 
et  que  nous  ne  soyons  pas  confon- 
dus  par  sa  presence. 

29.  Si  vous  savcz  que  Dieu  est 
juste,  sachez  aussi  que  tout  hom- 
me  qui  vit  selon  la  justice,  est  ne 
de  lui. ' 


724.  Touchant  J^us-Christ  qui  est  le  fib  de  Dieu,  et  toucbaot  toute  la 
doctrine  du  christianisme. 

'^  i5.  Qui  consiste  dans  cetie  unioa  avec  le  Fere  et  avec  le  Fils. 

y  27.  Grec  :  L'onclioo....  demeure,  u.svei. 

ibid.  C'est  le  sens  du  grec  :  7b  airi  /,f  ioaa. 

y  aS.  O'est  le  sens  du  srec.  Aulr.  selon  la  Vulgale,  dans  son  av^nement. 

y-  39.  Est  du  nombre  de  ses  enTans. 


562 


l"  EPITUE  DE  SAINT  JE/xN. 


CHAPITRE  111. 


Chretiens  enfans  de  Dieu.  Qui  commet  le  peche,  est  enfant  du  diable.  Qui  est 
ne  de  Dieu  ,  ne  peche  point.  Qui  n'aime  point  son  frere  ,  demeure  dans  la 
mort.  Aimer  non  de  parole  mais  en  verite.  Dieu  demeure  en  nous  par  son 
esprit. 


1.  CoNSiDERKz  quel  amour  lePere 
nous  a  tenioigne,  de  vouloir  que 
nous  soyons  appeles,  et  que  nous 
soyons  en  effet  '  enfans  de  Dieu. 
Cast  pour  cela  que  le  monde  ne 
nous  counoit  pas,  "  parce  qu'il  ne 
connoil  pas  Dieu.  ' 

2.  Mesbien-aimes,  nous  sommes 
dejii  enfans  de  Dieu;  raais  ce  que 
nous  serons  un  jour,  ne  paroit  pas 
encore.  Nous  savons  que  lorsque 
Jesus- Christ  se  montrera  dans  sa 
gloire,  nous  serons  sexnblables  a 
lui,' parce  que  nous  le  verrons  tel 
quMl  est. ' 

3.  El  quiconque  a  cette  esperanc«? 
en  lui,  se  sanctifie,  coinme  ii  est 
saint  lui  -  n>eme.' 

4.  Tout  honime  qui  coniinet  un 
peche  fait  une  iniquite ' ;  car  le  peche 
est  une  iniquite. ' 


1.  ViDETE  qualem  cha- 
rilatein  dedit  nobis  Pater, 
ut  filii  Dei  noininemur  et 
simus.  Propter  hoc  mun- 
dus  non  novit  nos  :  quia 
non  novit  eum. 

2.  Charissimi  ,  nunc 
filii  Dei  sumus  :  et  non- 
dum  apparuit  quid  eri- 
mus.  Scimus  quoniam 
cum  apparuerit,  similes 
ei  erimus  :  quoniam  vide- 
bimus  eum  sicuti  est. 

3.  Et  omnis  qui  habet 
banc  spem  in  eo,  sancti- 
ficat  se,  sicut  et  ille  sanc- 
tus  est. 

4.  Omnis  qui  facil  pec- 
calum  ,  et  iniquitatem 
facit :  et  peccatum  est  inir 
quitas. 


•^  1 .  Ces  mots,  et  simus ,  ne  sont  pas  dans  le  i,'rec  :  mais  nous  ne  sommes 
appeles  tels  que  parce  que  nous  le  sommes  en  effel,  conime  saint  Jean  le  dil 
au  -j-  suivant. 

Ibid.  Qu'il  nous  meprise. 

Ibid.   Qui  est  notre  pere. 

■j^  2.  Cette  vue  nous  transformera  en  son  image  et  a  sa  ressemblance.  — 
Aulr.  Nous  savons  que  lorsque  ce  que  nous  devons  ^!re  paroitra .  nous  serons 
semblables  a  Dieu  ;  parce  que ,  e'c. 

■^  3.  Car  il  n'y  a  que  ceux  qui  participent  a  sa  sainlete ,  qui  puissent  avoir 
part  a  sa  gloire. 

■jr  4-   Commet  aussi  un  violement  de  laloi  de  Dieu. 

Ibid.  Eslle  violement  de  la  loideDieu:  et  ainsi  tout  homme  qui  peche, 
est  bien  eloigne  de  participer  a  la  sainlete  de  Jesus-Christ ,  qui  a  toujours  fait 
la  volonte  de  son  pere. 


CHAPITRE  III. 


553 


5.  Et  scUis  quia  ille  ap- 
paruit  ut  peccata  nostra 
lolleret :  et  peccatuin  in 
eo  lion  est. 

6.  Omnis  qui  in  eo  ma- 
il et,  non  peccat  :  et  om- 
nis qui  peccat,  non  vidit 
eum,  nee  cognovit  eum. 

7.  Filioli  ,  neino  vos 
-educat.  Qui  facit  justi- 
tiam  ,  Justus  est :  sicut  et 
ille  Justus  est. 

8.  Qui  facit  peccatum  , 
ex  diabolo  est :  quoniam 
ab  initio  diabohis  peccat. 
Inhocapparult  Filius  Dei, 
utdissolvat  opera  diaboli. 

9.  Omnis  qui  natus  est 
ex  Deo,  peccatum  non  fa- 
cit :  quoniam  semen  ipsius 
in  eo  manet,  et  non  potest 
peccare  ,  quoniam  ex  Deo 
natus  est. 

10.  In  hoc  manifest! 
sunt  Glii  Dei,  et  filii  dia- 
boli. Omnis  qui  non  est 
Justus,  non  est  ex  Deo,  et 
qui  non  diligit  fratrem 
suum  : 


5.  Vous  savez  qu'il  s'est  rendu 
visible  pour  se  charger  '  de  nos  pe- 

ches,  et  qu'il  n'y  a  point  de  peche    Isai.  lui.  9. 
en  lui.  i.Pelr.w.  aa. 

6.  Quiconque  deineure  en  lui ', 
ne  peche  point :  et  quiconque  peche, 
ne  I'a  point  vu,  et  ne  I'a  point  con- 
nu. ' 

7.  Mes  petits  enfans,  que   per- 
sonne  ne  ?ous  seduise.  '   Celui  qui 
fait  les  ceuvres  de  justice  ,  c'est  lui 
seul  qui  est  juste  comme  Jesus 
Christ  est  juste. 

8.  Celui  qui  commet  le  peche  est     Joan.  vm. 
enfant  du  diabie.  parce  quelediable  "5  '»• 
peche  des  le  commencement;'  et 

c'est  pour  detruire  les  (euvres  du 
diabie  que  le  Fils  de  Dieu  est  venn 
au  monde. 

g.  Quiconque  est  ne  de  Dieu,'ne 
commet  point  de  peche,  parce  que 
la  semence  de  Dieu  '  dcmeure  en 
lui ;  et  il  ne  pent  pecher,  parce  qu'il 
est  ne  de  Dieu. 

10.  C'est  en  cela  que  Ton  connoit 
ceux  qui  soiit  enfans  de  Dieu ,   et  ^ 

ceux  qui  sont  enfansdii  diabie.  Tout 
homme  qui  ne  fait  point  les  oeuvres 
de  justice,'  n'est  point  enfant  de 
Dieu,  non  plus  que  celui  qui  n'aime 
point  son  frere. 


•f  5.  Gr.  aulr.  pour  6ler  et  ahoUr  nos  pethes. 

T?  G.  Par  une  foi  vive ,  une  esperancc  ferme  ,  el  una  charile  ardente. 

Hid.  Puisquesa  connoissance  n'a  point  produit  en  lui  !cs  fruits  de  justice 
ijd'elle  devoit  y  produire  ,  et  qui  devoieut  le  rendre  semblable  d  Jesus-Cbrist 
autant  qu'ua  liommc  peut  I'^lre. 

}f  •;.  En  vous  persuadant  qu'il  sufGt  de  croire  ea  Jesus-Christ  pour  6lre 
juste  comme  Jesus-Christ. 

•^  S.  II  est  le  pere  cl  le  clief  de  lous  les  pecheurs. 

y  9.  Kst  vrairaenJ  enfant  de  Dieu. 

Ibid.  Sa  grace  sanctiliante  que  le  Sainl-Esprii  repand  dans  son  ame. 

Hid.  Que  Tesprit  de  I'adoption  divine  dont  il  est  anim^,  lui  inspire  une 
3i-den:echarite  pour  Dieu,  et  une  horreur  extreme  du  peche.  Auchap.  i.  -f  8, 
I'Apo'.re  dit  que  nul  n'est  exempt  de  peche ,  c'esl-a-dire  dc  fautes  legeres  j 
mais  ici  il  est  parte  du  peche  mortel  et  d'une  funeste  perseverance  dans  le 
peche. 

^  10.  C'est  I'eipression  du  grec.  ^txa'.o<rjV7r<. 


1"  EPllUK  DE  SAINT  JEAN. 


Joan.xm.'Hy 

XV.   12. 


Gen.  IV.  8. 


Lev.  XIX.  17 
Supr.  II.  II. 


Joan.  XV.  I -J 


Luc.  III.  II. 
/flC.  11.  i5. 


554 

1 1.  Car  oeqiii  voiisa  t'lc  annoiice, 
ct  que  vous  avez  entenchi  cles  le 
commencement,  est  que  vous  vous 
aimiez  les  uns  les  auhes  : 

12.  Ne  faisant  pas  comme  Cain, 
qui  etoit  enfant  du  malin  esprit,  et 
qui  tua  ?on  frere.  El  pourquoi  le 
lua-t-il?  Parce  que  ses  actions 
etoient  mauvaises,  ct  que  ccUes  ile 
son  frtre  etoient  justes. 

10.  Ne  vous  etonnez  pas,  mes 
freres ,  si  le  monde  vous  hait.  ' 

14.  Nous  reconnoissons,  a  I'a- 
mour  que  nous  avons  pour  nos  fre- 
res ,  que  nous  sommes  passes  de  la 
mort  "  a  la  vie.  '  Celui  qui  n'aime 
point  son  frere  ,' demeu re  dans  la 
mort. 

i5.  Toutiiomme  qui  hait  son  fre- 
re est  homicide.  Or,  vous  savez  que 
nul  homicide  n'a  la  vie  clerneile  re- 
sidente  en  lui". 


16.  Nous  avons  reconnu  I'amour 
de  Di^ju  envers  nous,  en  ce  qu'il  a 
donn«i  sa  vie  pour  nous;  nous  de- 
vons  aussi  donner  notre  vie  pour 
nos  freres  '. 

17.  Si  doncquelqu'un  a  des  biens 
de  ce  monde,  et  que,  voyant  son 
frere  en  necessite,  il  lui  ferme  son 


11.  Quoniam  hajc  est 
annunliiitio,  quam  audis- 
tis  ab  initio,  ut  diligalis 
alterutrum  : 

12,  Non  sicut  Gain,  qui 
ex  maligno  erat,  et  occi- 
dit  fratremsuum.  Etprop- 
terquid  occiditeum?Quo- 
niam  opera  ejus  maligna 
erant :  fratris  autem  ejus, 
jus  la. 

i5.  Nolite  mirarl,  fra- 
tres,  si  odil  vos  mundus. 

i4'  Nos  scimus  quo- 
niam Iranslati  sumus  de 
morte  ad  vitam,  quoniam 
diligimus  fratres.  Qui  non 
diligit,  manet  in  morte. 

1 5.  Omnis  qui  odit  fra- 
trem  suum,  homicida  est, 
Et  scilis  (pioniam  omnis 
homicida  non  habet  vitam 
seternam  insemetipsoma- 
nentein. 

16.  In  hoc  cognovimus 
charitatem  Dei,  quoniam 
ille  animam  suam  pro  no- 
bis posuit :  et  nos  debe- 
mus  pro  fratribus  animas 
ponere. 

17.  Qui  habuerit  sub- 
stantiani  hiijus  mundi,  et 
viderit  fratrem  suum  ne- 


■^  la.   Parce  qu'il  ne.  pul  supporter  !a  vue  de  sa  sainlele,  qui  condamnoit 
la  corruption  de  son  coeur. 

■jr  i.'i.  Le  monde  esl  plein  de  corruption  et  de  malice  ,  et  il  ne  peul  souffrir 
voire  piete  et  voire  saintete. 

f  i\.  Du  peclie. 

Jbid.   A  la  grace. 

Ibid.  Ce  mot  est  dans  legrec.  rbv  a^sXcpov. 

•^  i5.  Et  par  consequent,  celui  qui  hait  sou  frere  est  mort  aus  yeux  de 
Dicu.  Craignons  done  de  tomlerdans  celte  liaine  de  nos  freres  ,  et  excitons- 
nous  a  avoir  pour  eux  une  cliarite  sincere.  C'est  par  les  oeuvres  que  nous  con- 
noitrons  que  nous  !es  aimons  veritableinenl  comme  il  I'explique  dans  le  verset ; 
suivant. 

-^  i(3.-  Du  moins  ^lie  dans  la  dis^posilion  de  le  fairo  ,  si  ccla  eloil  necessairel 
pour  leur  salut. 


CUAPITRE  III. 


565 


cessilatem  habere,  et  clnu- 
serit  viscera  sua  ab  eo  : 
quoniodo  charitas  Dei  ma- 
net  in  eo? 

1 8.  Filioli  mei,  non  dili- 
ganius  verbo,  ncque  lin- 
gua, scdopere  et  veritale. 

19.  In  hoc  cognoscimus 
quoniam  ex  verilate  su- 
inus  :  et  in  conspeclu  ejus 
suadebimus  corda  nostra. 

20.  Quoniam  si  repre- 
henderit  nos  cor  nostrum  : 


coeur,'  comment  I'amour  de  Dieu 
demeureroit- il  en  lui  ? 


18.  Me?  petits  enfans,  n'aimons 
pa:?  de  parole  et  dc  la  langue,  raais 
par  CEUvres  et  en  verite. 

ig.  C'est  par-la  que  nous  con- 
noissons  que  nous  sommes  enfans 
dc  laAerite,  etque  nous  en  periua- 
derons  notre  coeur  en  la  presence 
de  Dieu. 

20.Si  notre  coeur  nouscondamne,' 
que  ne  fera  point  Dieu  ,  qui  est  plus 
major  est  Deus  corde  nos-  grand  que  notre  coeur,  et  qui  con- 
tro,  et  novit  omnia.  noit  toutes  choses? 

21.  Chari.-ijimi ,  si  cor  21.  Mesbien-aimes,  si  noire  coeur 
nostrum  non  reprehende-  ne  nouscondamne  point,nousavons 
rit  nos,  flduciam  habemus     I'assurance  '  devant  Dieu  ; 

ad  Deum : 

22.  Et  quidquid  pelieri-         2a.  Et  quoi  que  ce  soil  que  nous 
mus,  accipiemus  ab  eo  :     lui  demandions ,   nous  le  recevrons 
quoniam     manda'a     ejus     delui;  paixe    que    nous    gardens      Mau.  xxi. 
custodimus  ,   et    ea    quae     ses  commandemens,'  et  que  nous  22. 

sunt  placila  coram  eo  fa-     faisons  ce  qui  lui  est  agreable. 
cimus. 

2J.  Et  hoc  est  manda-         20.  Et  le  commandement  qu'il  Joan.  vr.  29. 
tum  ejus,  ut  credamus  in     nous  a  fiiit,  est  decroireau  nom  de  ivu.  3. 
nomine     Filii    ejus    Jesu     son  Fils  Jesus -Christ,    et  de  nous      Joan.  xiu. 
Chrislijetdiligamus alter-     aimer  les  uns  lesautres,  comme  il  ^^'  *^''  '^" 
utrum  sicutdedit  manda-     nous  Ta  cominande. 
tum  nobis. 

24.  Et  qui  servat  man-  24.  Or,  celui  qui  garde  les  corn- 
data  ejus,  iii  illo  manet,  et  mandemens  de  Dieu,  demeure  en 
ipse  in  eo :  et  in  hoc  sci-  Dieu,  ei  Dieu  en  lui;  et  c'est  par 
mus  quoniam  manet  in  .  I'esprit  qu'il  nous  a  donnc ,  '  que 
nobis,  de  spiritu  quern  de-  nous  connoissons  qu'il  demeure  en 
dit  nobis.  nous. 


# 


Y  17.  Lilt,  ses  enlrailles. 

y  20.  Nous  rt'proclie  notre  durele. 

y  21.  Lttl.  dc  la  coniiaDce. 

722.   Ainsi  qu'il  paroit  par  ce  l>jn  tc'inoigna^'e  de  notre  conscieucc. 

y  2  5 .  Qui  est  I'esprit  de  cbarite ,  ou  piulol  qui  est  la  cbarite  in^me. 


»5G 


EPllHE  Di:  S.VINT  JEAN. 


CHAPITRE  IV. 


Discerncinenl  des  csprils.  S'aimer  les  u!!S  les  aulres.  Amour  dc  Dieu  envers 
nous,  luodeic  de  TaiKour  que  nous  devo.'is  a  nos  frercs.  Qui  denieure  dans 
ramour,  doiiicure  en  Dieu.  Conllance  qu'inspire  la  cliarite.  Qui  hail  son 
frere,  n'aiiue  poinl  Dieu. 


1 .  MEsbicn-aiines,  ne  ciojez  pas 
a  tout  esprit;  niais  epionvcz  si  Ics 
tisprits  soiit  de  Dieu  ;  car  plusieurs 
fgux  propbetes  se  sont  tilevos  dans 
le  monde. 

a.  Voieiaquoion  reconnoil  qu'un 
esprit  est  de  Dieu  :  Tout  esprit  qui 
coni'esse  que  Jesus-Christ  est  venu 
avec  une  chair  veritable,  est  de  Dieu ; 

3.  Ettout  esprit  qui  detruit  Jesus- 
Christ,'  cclui-h'i  n'estpointde  Dieu, 
et  e'est  h\  I'esprit  de  I'Anlechrist , 
dont  vous  avez  entendu  dire  qu'il 
doit  venir  ;  et  il  est  deja  veiiu  dans 
le  monde. ' 

4.  Mcs  pelits  enlans,  vous  I'avez 
vaincu  '  vous  qui  etes  de  Dieu,  par- 
ce  que  cciui  qui  est  en  vous,  est 
plus  grand  que  celui  qui  est  dans 
le  monde. 

5.  lis  sont  du  inonde:  c'est  pour- 
quoi  lis  parlcnt  le  langage  du  mon- 
de ;  et  le  monde  les  ecoute. 

6.  Mais  pour  nous,  nous  sommes 
de  Dieu  ;  et  celui  qui  connoit  Dieu, 


1.  Charissimi  ,  nolile 
omni  spiritui  credere,  sed 
probate  spiritus  si  ex  Deo 
sint :  quoniam  multi  pseu- 
doprophcla3  exierunt  in 
mundum. 

2.  In  hoc  cognoscitur 
Spiritus  Dei:  Omnis  spi- 
ritus qui  confitetur  Jesum 
C  bristum  in  carne  venisse, 
ex  Deo  est : 

5.  Et  omnis  spiritus,  qui 
solvit  Jes'jm,  ex  Deo  non 
est,  ethic  est  Anlichristus, 
de  quo  audislis  quoniam 
venit  :  et  nunc  jam  in 
mundo  est. 

4.  Vox  ex  Deo  eslis,  fi- 
lioli:  et  vicislis  eum, quo- 
niam major  est  qui  in  vo- 
bis  est,  quam  qui  in  mun^ 
do. 

5.  Ipsi  de  mundo  sunt : 
ideode  mundo  loquuntur, 
et  mundus  eos  audit. 

6.  Nos  ex  Deo  sumns  : 
qui    novit    Deum  ,    auditj 


y  3.  En  nianl  la  verile  de  son  ii-^arnation,  ou  de  sa  filiation  divine.  — 
Aulr.  qui  di  vise  Josus-C/z/"i5/,  qniiiie  que  Jesus  soil  le  Chrisl.  [Supr.  it.  22.) 
Le  giec  lit :  Et  tout  esprit  qui  ne  confesse  pas  que  .lesus-Ghrisl  soit  venu  dans 
une  chair  veritable  ,  n'est  point  de  Dieu.  Cette  lecon  se  Irouve  dans  quelques 
peres,  parliculieremenl  dans  saint  Polycarpe,  disciple  de  saint  Jean.  Plusieurs 
lisenl  comme  porte  la  Vulgate.  Quelques-uns  cilent  Tune  et  I'autrc  le9on. 

f  4.  Gel  antechrlst.  Le  Grec  lit :  vous  les  avez  vaincns  ,  ces  faux piv-. 
phetes ,  ces  antechr-ists. 


no<:  qui  non  est  ex  Dt-o, 
lion  audit  no?* :  in  lioc  cog- 
nosciimis  Spiritum  veri- 
tatis,  el  spiritum  erroris. 

7.  Charissimi  ,  diliga- 
MiusnosinTiccm:quiacha- 
ritaset  Deo  est :  el  omnis 
(|ui  diligil.  ex  Deo  naliis 
isl ,  et  cognoyfit  Deum. 

8.  Qui  non  diiigit,  non 
novit  Deuin  :  quoniam 
Dens  charitas  esl. 

g.  In  hoc  apparuil  cha- 
ritas Dei  in  nobis  ,  quo- 
niam Fiiimn  suum  unige- 
nitum  misit  Deus  in  mnn- 
dum,  ut  vivamuspereimi. 

10.  In  hoc  est  charitas  : 
non  quasi  nos  dilexerimus 
Deum,  sed  quoniam  ipse 
prior  dilcxil  no?  ,  el  misit 
Filium  suum  propitiatio- 
nem  pro  peccalis  nostris. 

1 1.  Cliarissimi ,  si  sic 
Dcus  dilexit  nos:  et  nos 
debemus  allerutruih  dili- 
gere. 

12.  Deum  nemo  vidil 
unquam.  Si  ditigamus  iu- 
vicem,  Deus  iu  nobis  ma- 
nel  ,  et  charitas  ejus  in 
nobis  perfecta  est. 

i5.  In  hoc  cognoscimus 
quoniam  in  eo  manemus, 
el  ipse  in  nobis  :  quoniam 
de  Spirilu  suo  dedil  nobis. 

14.  Et  nos  vidimus  ,  et 
testiCcamur,  quoniam  Pa- 


ciiAriTUE  IV.  007 

nous  ecoute  :  celui  qui  n'est  point 
de  Dieu,  ne  nous ccoulc  point ;  c'est 
par-la  que  nousconnoissonsl'espiil 
de  vcrite  et  I'esprit  d'erreur.  ' 

7.  Mes  bien-aimes,  aimons-nous 
les  ims  les  an  ires :  car  I'amour  '  est 
de  Dieu;  el  tout  homme  qui  aime,' 
est  ne  de  Dieu,  ct  ii  connoit  Dieu. 

8.  Celui  qui  n'aime  point,  ne 
connoit  point  Dieu  ,  car  Dieu  esl 
amour; 

9.  C'est  en  cela  que  Dieu  a  fait 
paroilre  son  amour  envers  nous,  en 
ce  qu'il  a  envoye  son  Fils  unique 
danslemonde,  afin  que  nousvivions 
par  lui. 

10.  Et  cet  amour  consiste  en  ce 
que  f-e  n'est  pas  nous  qui  avons  aime 
Dteu,  mais  que  c'est  lui  qui  nous  a 
aimes  le  premier,  et  qui  a  envoye 
son  Fils  afin  qu'il  fut  la  victime  de 
propitiation  pour  nospeches. 

11.  Mes  bien-aimes,  si  Dieu  nous 
a  aimes  do  cette  sorte ,  nous  devons 
aussi  nous  aimer  les  uns  les  autres.' 

12.  Nul  homme  n'a  j'amais  vu 
Dieu.   Si  neanmoins  nous  nousai- 
uions  les  uns  les  autres,   Dieu  de-  Joan.  i.  18. 
nieure  en  nous,    et  son  amour  est  i.T'/wi.ti.  16. 
parfait  en  nous. 

i5.  Ce  qui  nous  fait  connoitre 
que  nous  demeurons  en  lui,  et  lui 
en  nous  ,  c'est  qu'il  nous  a  rcndus 
parlicipans  de  son  Esprit ; 

14.  Et  nous  avons  vu  '  et  nous 
rendons  lemoignage'  que  le  Pere  a 


J  C.  Ceax  qui  sont  animes  de  I'Esprit  de  Tcrite,  el  ceus  qui  sont  pousses 
par  I'espri  I  d'erreur. 

■j^  7.  La  charile. 

Ibid.  Qui  est  ciiarilable. 

T^  8.  La  connoissance  de  Dieu  nous  portc  a  I'i nailer  dans  sa  charile  et  son 
amour,  en  aimant  nos  frorcs  ,  comme  il  nous  a  aimes. 

T^  1 1 .  Pour  nous  rendre  Ics  imitaleurs  de  noire  Pere  celeste. 

■f  t4.  Par  la  lumieredecel  Esprin  divin. 

Jlfid.  Pjt  la  force  qu'il  nous  Joiine,  et  par  les  miracles  qu'il  nous  fait  faire. 


L 


i58 


EPITRE  DE  SAINT  JEAN. 


envoye  son  Fils  pour  SlreSauveiir 
dumonde.  ' 

i5.  Quiconque  done  aura  con- 
fepse  que  Jesus  est  Ic  Fils  de  Dieu  , 
Dieudemcurcen  lui,etluien  Dieu.' 

16.  El  nous  avons  connu  et  cru' 
Pamourque  Dieu  apournous  Dieu 
est  amotu' :  et  ainsi  quiconquo  de- 
ineure  dans  I'amour,  denieure  en 
Dieu  ,    et  Dieu  demeure  en  lui. 

17.  Or,  c'est  en  cela  que  consiste 
la  perfection  de  noire  amour  envers 
Dieu  ,  si  nous  somnics  tcls  en  ce 
monde  que  Jesus- Christ  y  a  ele  , 
afin  que  nous  ayons  confiaiice  an 
jour  du  jugement. ' 

18.  La  crainte  n'est  point  avec  la 
charite  ;  mais  la  charite  parfaite 
chasse  lacrainle,  parce  que  la  crainte 
esl  accompagnee  dc  peine:  et  celui 
qui  craint  n'est  point  parfait  dans 
la  charite.' 

19.  Aimons  done  Dieu,  puisqu'il 
nous  a  aimes  le  premier.' 

•20.  Si  quelqu'un  dit,  J'aimeDieu, 
et  qu'il  haisse  son  frere ,  c'est  un 


ter  misit  Filium  suum  Sal- 
vatorem  mundi. 

ID.  Quisquis  confessus 
itieril  quoniaui  Jesus  est 
Filius  Dei ,  Deus  in  eo 
manet,  et  ipse  in  Deo. 

16.  Etnos  cognovimus, 
et  credidimus  charitati , 
quam  hahet  Deus  in  nobis. 
Deus  charitas  est:  et  qui 
manet  incharilate,  in  Deo 
manet,  et  Deus  in  eo. 

17.  In  hoc  perfecla  est 
charilas  Dei  nohiscum,  ut 
fidnciam  haheamus  in  die 
judicii :  quia  sicut  ille  est, 
et  nos  sumus  in  hoc  mun- 
do. 

18.  Timor  non  esl  in 
charitate  :  sed  perfecla 
charitas  foras  miltit  tinio- 
rem:  quoniam  limor  poe- 
nam  habet  :  qui  aulem  ti- 
met, non  est  perfectus  in 
charitate. 

19.  No?  ergo  diligamus 
Deum ,  quoniam  Deus 
prior  dilexit  nos. 

20.  Siquisdixerit,Quo- 
niam  diligo  Deum,  et  fra- 


y  14.  Aulr.  el  nous  avons  vu  de  vos yeux,  le  Verbe  de  vie  ifiii  a  peril 
dans  le  monde  [.lupr.  i.  1.  0..),  et  nous  rendons  trmoignage  que  Dieu  Ic 
I'ere ,  etc. 

y  i5.  Pour\u  que  ceUe  coiifessioo  soil  acconipagnce  de  reconnoissance  et 
d'amour. 

y^  16.  Par  la  foi. 

■j^  17.  Elanlprdts  a  donner  noire  vie  pour  nos  frcres,  comme  il  a  donne  la 
sienne  pour  nous. —  Gr.  autr.  C'esl  encelaqueconsislela  perfection  de  notre 
amour,  si  nous  sommes  en  ce  monde  tcls  que  Dieu  est  envers  nous  ,  nous 
aimanl  les  uns  les  autres ,  comme  Dieu  nous  a  aimes ,  afin  que  ,  etc.  Le  mot 
Dei  n'est  pas  dans  le  grec. 

Idid.  Que  nous  raltendions  sans  crainte. 

■^18.  La  cliarile  qui  inspire  la  confiance  ,  la  joie  el  la  paix.  —  Lacrainle 
que  saint  Jean  a  dessein  d'cxclure  est  la  cralnle  servile,  celle  du  jugemenl, 
qu'il  veut  que  nous  altendlons  avec  plus  de  confiance  que  de  frayeur. 

-jV  19.  Tcmoignons-lui  notre  amour  par  I'amour  que  nous  aureus  pour  nos 
freres.  C'est  la  preuvede  celui  que  nous  avons  pour  Dieu. 


CHAPITRE    IV.  069 

tremsnumo(Ierit,uiendax  menleur ;   car  comment  celui  qui 

est.    Qui  iniin  non  dilifjit  u'aimc  pas  son fieic qu'il  voil,  pent- 

IVatrem  siiiim  qucm  videt.  ii  aiiiuT  Dien  qu'il  ne  voii  pa«  ? 
Deuin,    qucm  non  videl, 
quomodo  polest  diligere  ? 

ai.  I't  hoc   inandaluin         ai.  Et  c'esl  de   Dieu  meme  que      Joan.xm. 

habenius  a  Deo.    ul  qui  nousavonsrccu  cecommandement,    ^" 

diligit    Deiini  .    diligal   et  que  celui  qui  aime  Dieu,  aimc  aus*i  ^_^"\   „ 

fi-atrem  suiiDi.  confrere. 

y  -2 1 .  En  sorU'  que  celui  qui  n'obsene  pas  ce  coramandement  iif  peut  dire 
qu'il  aime  Dieu,  piii?que  ramourdc  Dicu  ccn?istc  dans  I'oLiservation  de  ses 
com  1  audemcn?. 


CHAPITRE  V. 


Amour  de  Dieu  el  du  pro-hain.  Commanderaens  de  Dieu  non  peniblcs.  Foi 
victorieuse  du  monde.  Tomoins  qui  deposenl  \X)ut  Jesus-Christ.  Qui  ne 
croil  pas  CD  Jesus  Ciirist ,  fail  Dieu  menleur,  el  n"a  point  la  vie.  Demandes 
eiaucees.  Pi'cbeqiii  conduil  a  la  niorl.  Jesus-Christ  vrai  Dieu.    . 

1.  Omsis  qui  credit  quo-  i.  Qciconqbe  croil  que  Jesus  est 
niam  Jesus  est  Chtistus,  le  Christ,  '  est  ne  de  Dieu  :  et  qui- 
ex  Deo  natus  est.  El  oni-  conque  aiine  ceiui  qui  a  cngendre, 
nis  qui  dih"git  eum  qui  ge-  aime  anssi  ceiui  qui  en  a  ete  engen- 
nuit ,  diligit   et   eum   qui  dre: 

natus  est  ex  eo. 

2.  In  hoc  cognoscimus  2.  Nous  connoissons  que  nous  ai- 
quoniam  diligiujus   natos  mens  les  enfan-  dc    Dieu,    quand 
Dei,  cum   Deum    diiiga-  nous  aimons  Dieu,  et  que  nous  gar- 
ni us  ,  et  maudata  ejus  la-  dons  ses  commandemens, 
ciamus. 

5.  Haec  est  enim  chaii-  5.  Farce queTamourde  Dieu  cou- 

tas  Dei ,    ut  mandata  ejus  siste  a  garder  ses  commandemens; 

custodiamus  :  et  mandata  et  ses  commandemen;5  ne  sont  point 

ejus  gravia  non  sunt.  penibles. 

4.  Quoniamomnequod  4-  Carious  ceux  qui  sont  n{i>  de 

y  I.  Le  Sauveur  que  Dieu  a  oinl  de  la  divinitc  mime,  par  I'union  de  la 
nature  divine  ct  de  la  nature  humaine  en  sa  personne. 

Ibid.  En  sorle  que  quiconque  aime  Dieu ,  qui  esl  le  pere  des  fideles  par  la 
foi  qu'il  leur  inspire ,  aime  aussi  les  fideles  qui  re^ivent  cette  foi ,  ct  qui  de- 
vicnnent  par-la  les  cafans  de  Dieu. 


•^6o  l"    liPlinE  DE  SAINT  JEAN. 

Dieu  sont  Tictorieux  du  inonde  ; '  et  natum  est  ex  Deo  ,  vincit 
oelle  victoire  par  laquelle  le  inonde  mundum  :  et  haec  est  vic- 
estvaincu,  est  Fcftel  de  notre  foi.      loria,    quae    vincit  inun- 

diini,  fides  nostra. 

5.  Qui  est  celuiqui  est  victorieux  5.    Quis  est  qui  vincit 
I.  Cor.  XV.  du  monde,  sinon  celuiqui  croit  que     inundum  ,   nisi  qui  credit 

~-                 Jesus  est  le  Fils  de  Dieu?"  quoniain  Jesus  est  Filius 

Dei  ? 

6.  C'est  ce  mcme  Jesus-Christ  ().  Hie  est  qui  venitper 
qui  est  venu  avec  I'eau  et  avec  le  aquam  et  sanguinem,  Je- 
sang  :  non-seulcnieut  avec  I'eau,'  sus  Chistus  :  non  in  aqua 
mais  avec  I'eau  et  avec  le  sang,  solum,  sed  in  aqua  et  san- 
Etc'estl'Esprit'quiiendlemoignage  guiiie.  Et  Spiritusest,  qui 
que  Jesus-Christ  est  la  verite. '  testificatur  qsioniam  Chri- 

stus  est  Veritas. 

7.  Caril  y  en  a  Irois  Iqui  rendent  7.  Quoniain  tres  sunt, 
temoiguage  dans  le  ciel,  "  le  Pere,  qui  testimonium  dant  in 
le  Yerbe,  et  le  Saint  -  Esprit ;  et  ses  coelo  :  Pater  ,  Verbum  ,  et 
trois  sont  une  meme  chose.  '  Spiritus    Sanctus  :    et  hi 

tres  unum  sunt. 

8.  Et  il  y  en  a  trois  qui  rcndent         8.  Et  tres  sunt,  qui  tes- 
'    temoignagc  dans  la  terre,"  i'esprit,'     limoniuni  dant  in  terra: 

I'eau  , '  et  le  sang  :  "  et  ces  trois  sont     spirilus  ,  et  aqua ,  et  san- 
une  meme  chose.'  guis  :  ethitres  unumsunt. 

■^  4.  Le  monde  s'oppose  par  ses  cncbantemens  a  cette  observation  des  com- 
mandemens  de  Dieu,  el  tache  de  la  rendre  diflicile. 

■^  5.  Celui  qui  met  en  lui  toulc  sa  confiance,  comme  en  celui  qui,  ayant 
^aincu  le  nionde  par  sa  croix,  nous  a  aussi  merile  la  grace  de  le  vaincrc 
nous  mdmes. 

•)!' 6.  Conime  Jean-Dapllste. 

I/jt'd.  Qui  sorlirent  de  ^on  f6le  sur  I'arbre  dc  ia  croix,  el  qui  sonl  fes 
preuvcs  inconlestables  de  la  verilede  son  incarnation. 

I/ji'd.   L'espril  qu'il  rcmil  cnlreles  mainsde  son  pere  au  inomenlde  sa  mort. 

Ibid.  C'esl-a-dire  qu'il  esl  verili'.bicment  homme,  ainsi  qu'il  I'a  assure. 
^  Scion  le  grec:  et  c'esl  FEsprit-Sainl  repandn  sur  les  liommes  qui  en  rend 
lenioignage;  parce  que  I'Espril-Saint  est  la  verite. 

y  7.  Ce  lexte  se  trouve  mot  a  mot  dans  la  cclebre  confession  de  foi  de 
loute  I'eglise  d'Afrique  au  roi  Huneric.  Dcsle  Iroisieme  siecle,  saint  Cyprien 
I'avoil  cit6  dans  deux  de  ses  ecrits.  ■ —  Voyez  la  Dissertation  sur  ce  texte  a  la 
tele  de  cette  epitre. 

Ibid.   A  la  divinit(5  de  Jcsus-Christ.  ^ 

Ibid.   IN'ayant  qu'une  meme  natuie  et  une  meme  essence, 

y  S.  A  rhumanile  de  Jesus-Chrlst. 

Ibid.  Qu'il  rendit  sur  la  croix. 

Ibid.   Qui  sorlit  de  son  cole. 

Ibid.  Qui  coula  de  ses  plaies. 

Ibid.  C'est-a-dire,  ainsi  que  le  grec  rexprime:  et  ces  (rois  temoins  sont 
your  altesternne  meme  chose,  savoir,  que  Jesus-Christ  esl  vraimentliomme, 
Comme  nous  ne  pouvons  douter  qu'il  ne  soil  vraimcnt  Dieu. 


CHAPITRE  V.  5^  I 

<).  Si  testimonium  ho-  9.  SinGus^ecevonslelt:moignage 
Ininum  accipimus,  testi-  tics  hommes,  celui  de  Dieu  est  plus 
uionium   Dei  majus  est :     grand;    or.,  c'est  Dieu  memc  qjii  a 

rendu  ee  grand  temoignage  eii  fa- 

veur  de  son  Fils.' 


10.  Celui  qui  croil  au  Fils  de  •'oon.  in.  36, 
Dieu,  a  dans  lui-meme  le  temoigna- 
ge  de  Dieu ;'  celui  qui  n'y  croit  pas 
fail  Dieu  menteur,'  parce  qu'il  ne 
croit  pas  au  temoignage  que  Dieu  a 
rendu  de  son  Fils. 


quoniaui  hoc  est  testimo- 
nium Dei,  quod  majus  est, 
quoniam  testificatus  estde 
Filio  suo. 

10.  Qui  credit  in  Fi- 
lium  Dei ,  habet  testimo- 
nium Dei  in  se  :  qui  non 
credit  Filio  ,  mendacem 
facit  eum  :  quia  non  cre- 
dit in  testimonium  quod 
testificatus  est  Deus  de  Fi- 
lio sue. 

1 1.  Et  hoc  est  testimo-  1 1.  Etcetemoignage  est  que  Dieu 
niuni ,  qnowiam  vitam  ae-  nous  a  donne  la  vie  cternelle,  etquc 
teriiauj  dedit  nobis  Deus:  c'est  dans  son  Fils,  '  que  se  trouve 
et  hasc  vita  in  Filio  ejus     cette  vie. 

est. 

1 2.  Qui  habet  Filium ,  1 2.  Celui  qui  a  le  Fils  ',  a  la  vie ; 
habet  vitam:  qui  non  ha-  et  celui  qui  n'a  point  le  Fils '  n'a 
bet    Filium  ,    vitam    non     point  la  vie. 

habet. 

i5.  Haec  scribo  vobis  , 
ut  sciatis  quoniam  vitam 
habetis  aeternam,  qui  cre- 
ditis  in  nomine  Filii  Dei. 

14.  Et  haec  est  fiducia, 
quam  habemus  ad  eum  : 
quia  quodcumque  petieri- 
raus  secundum  volunta- 
tem  ejus,  audit  nos. 


1 5.  Je  vous  ecris  ces  choses  afin 
que  vous  sachiez  que  vous  avez  la 
vie  eternelle,  vous  qui  croyez  an 
nom  do  Fils  de  Dieu.' 

14.  Et  ce  qui  nous  donoe  de  la 
conlianre  en  Dieu,'  c'est  qu'il  nou«; 
exauce'  dans  tout  ce  que  nous  lui 
demandons,  qui  est  conforme  a  sa 
volonte. 


y  9.  De  J«^us-Christ ,  et  qui  a  dtvlare  si  positirement  qu'il  cloit  son  fils 
par  la  voix  quMI  fit  entendre  sur  Ie«  bords  du  Jourdain  et  sur  le  Thabor.  — 
Gr.  autr.  et  ce  lemoignage  de  Dieu  est  celui  qu'il  a  rendu  de  son  Fils.  C'esl- 
a-dire,  qu'on  n'y  troure  pas,  quod  majus  est,  qui  au  fond  ne  fait  que  re- 
peler  ce  qui  vient  d'etre  dit. 

y  10.  Le  mot  Dc/n'est  pas  dans  le  grec. 

Ibid.  Gr.  celui  qui  ne  croit  pas  a  Dieu,  le  fail  menteur. 

T  tr.  Jesus-Christ  notre  Seigneur. 

■f  12.  Par  sa  foi  en  Jesus-Christ. 

Ibid.   Le  Fils  de  Dieu.  — Qui  ne  croit  point  en  lui. 

y  i3.  Par  I'espefance  que  Totre  foi  vous  donne  de  Tobtenir  un  jour  par  sa 
grace  et  par  ses  merites. 

r  14.  Ce  qui  nous  fait  esperer  de  receroir  de  lui  cette  vie  glorieuse. 

Ibid.  Litt.  qu'il  nous  ecoute. 

a3.  56 


i62 


1"  EPITRE  DE  SAINT  JiiAJN. 


i5.  Et  nous  Savons  qu'il  nous 
exauce  dans  tout  ce  que  nous  lui 
demandoils,  parce  que  nous  avons 
deja  recu  I'effet  des  dcmandes  que 
nous  lui  avons  faites.  ' 

16.  Si  quelqu'un  voit  son  I'rerc 
commettre  un  peche  qui  ne  va  pas 
a  la  naort,  qu'il  prie;  et  Dieu  don- 
nera  "  la  vie  a  ce  pecheur,  si  son 
peche  ne  va  point  a  la  mort,  Mais 
il  y  a  un  peche  qui  va  u  la  mort " 
et  ce  n'est  pas  pource  peche-la  que 
je  vous  dis  que  vous  priiez. 

17.  Toule  iniquite  '  est  peche; 
mais  il  est  un  peche  qui  va  a  la  mort." 

18.  Nous  savons  que  quiconque 
est  ne  de  Dieu,  ne  peche  point  :  " 
inais  la  naissance  qu'il  a  recue  de 
Dieu  '  le  conserve  pur,  et  le  malin 
Esprit  ne  le  touche  point. ' 

19.  Nous  savons  que  nous  som- 
mes  nes  de  Dieu  ,  et  que  tout  le 
monde  est  sous  I'einpire  du  malin.' 

20.  Et  nous  savons  encore  que  le 


i5.  Et  scimus  quia  au- 
dit nos  quidquid  pelieri- 
mus:  scimus quoniam  ha- 
bemuspetitiones  quaspo- 
stulamus  ab  eo. 

16.  Qui  scit  fratrera 
suum  peccare  peccatum 
non  ad  mortem,  petat,  et 
dabitur  ei  vita  peccanti 
non  ad  mortem.  Est  pec- 
catum ad  mortem :  non 
pro  illo  dico  utroget  quis. 

1 7.0mnis  iniquilas  pec- 
catum est:  et  est  pecca- 
tum ad  mortem. 

18.  Scimus  quia  omnis 
qui  natus  est  ex  Deo,  non 
peccat  :  sed  gcneratio  Dei 
conservat  eum,  et  malig- 
nus  non  tangit  eum. 

19.  Scimus  quoniam  ex 
Deosumus:  etmundusto- 
tus  in  inaligno  positus  est. 

20.  Et  scimus  quoniam 


4  1 5.  Autremcnl  et  seloa  le  grec:  Etcomme  nous  savons  qu'il  nous  ecoute 
dans  tout  ce  que  nous  lui  demandons,  nous  savons  aussi  que  nous  recevrons 
I'effet  des  demandes  que  nous  lui  avons  faites. 

■f  16.  C'est  le  sens  du  grec,  qui  porle  a  la  lettre:  il  donnera. 

Ibid.  Un  peche  qui  est  du  nombre  de  ces  peches  contre  le  Saint-Esprit , 
qui  conduisent  a  I'impenitence  finale. 

Ibid.  C'est-a-dire  je  ne  dois  pas  vous  donner  la  conliance  d'oblenir  la  gue- 
rison  de  celui  qui  le  coramet. 

y  1 7 .  Tout  violement  de  la  loi  de  Dieu. 

Ibid.  Elant  un  pech^  de  pure  malice  ,  ou  I'effet  d'une  passion  qu'on  alme 
et  qu'on  serolt  faclie  de  quitter.  —  Selon  le  grec :  11  est  vrai  que  toute  ini- 
quile  et  tout  violement  de  la  loi  de  Dieu,  est  un  peche  ;  mais  il  y  a  un  peche 
qui  neva  point  a  la  mort,  qui  ne  conduit  pas  de  lui-meme  a  l  impenitence. 
Selon  plusieurs  graves  commenlaleurs,  I'Apotre  distingue  ici  entre  le  peche 
morlel  el  le  pech^  veniel. 

■5^  18.  Ne  tombe  pas  aiseraent  dans  le  peche. 

Ibid.  Dans  le  bapleme ;  et  I'Esprit  de  I'adoption  divine,  qui  lui  a  etc 
communique  par  ce  sacrement. 

Ibid.  Gr.  inais  celui  qui  est  ne  de  Dieu  S8  conserve  pur  par  V esprit  de 
Vadopdon  divine  qui  lui  a  e'te  communique  ,  et  le  maliu  e.ipT'it  ne  le  touche 
point. 

■5^  19.  C'esl-a-ilire  du  demon. 


CHAPITBE  V. 


563 


Filius  Dei  venit ,  et  dedit 
nobis  sensum  iit  cognos- 
canius  venun  Deum  ,  et 
simus  in  vero  Fiiio  ejus. 
Hie  est  rerus  Deus,  et  vi- 
ta acterna. 

2 1 .  Filioli,  custodite  vos 
a  simulacris.  Amen. 


Fils  de  Dieu  est  venu,'  et  qu'il  nous  Luc,xxi\,\5. 

a  donne  I'intelligence  ,'    afin  que 

nous  connoissions  Ic  vrai  Dieu,  et 

que  nous  soyons  en  son  vrai  Fils.  ' 

C'est  lui  qui  est  Je  vrai  Dieu  et  la 

vie  eternelle. 

21.  Mes  petits  enfans, '  gardez- 
vous  du  culte  des  idoles.  Amen.' 


-/  ao.fn  est  vena  dans  le  monde  parson  incarnation. 

■f  ao.  Par  la  foi  qu'il  nous  a  inspiree. 

Ibid.  En  Jesus-Christ  notre  Seigneur,  comme  ^tant  ses  freres  et  ses  cohe- 
rltiers.  —  Selon  le  grec:  et  nous  sommes  eu  ce  vrai  Dieu  ,  e'tant  en  Jesus- 
Christ  son  Fils ;  car  il  est  lui-meme  comme  son  Pen ,  le  vrai  Dien,  etc. 

y  2  r .  Demeurez  forlement  attaches  a  ces  v^ril^s. 

Ibid.  Plusieurs  exemplaires  grecs  ne  lisent  point  Amen. 

Lcs  exemplaires  gre»'s  portent  ici :  La  premiere  epitre  catholique  de  Jean  a 
et^  ecrite  en  278  versets. 


PREFACE 
SUR  LA  DEUXIEME  EPITRE 

DE  SAIINT  JEAN. 


cien. 


Ouelestrau-      Cette  secondc  epitre  et  la  suivante  ont  souvent  ele 

teur  de  ceiie  contestees  u  saint  Jeanl'apotre^  On  Jes  a  donnecs  a  un 

rpitre  et  de  la  autre  Jean,  surnommerAncien,dontparle  Papias,  Eiisebe 

suivante.  Re-  g^  saint  Jerome,  et  dont  on  montroille  tombeau  a  Ephese. 

filiation  de       ^        ,.         .  •        .  .       ,  ,        ,    ,•         .  ,         ,      / 

1  opinion  de     ^^^  disputes  qui  ont  partake  les  eguses  jusqu  apres  le  qua- 

cenx  qui  les  trieme  siecle,  ont  ete  renouvelees  de  nos  jours  par  quel- 

coniestenta     ques  nouvcaux  critiques^,   qui  se  sont  inscrits  en  laux 

saint  Jean,  el  ^,Qj^j(^j,g   ^^^  epitres ,   pretendant  qu'elles  n'etoient  point 

qui  les  attn-  ,,  i  •    ^  t  i'  '  'i-  I        i-.         •    •  i 

I'uentaunau-  ^  ouvrage  de  saint  Jean  1  evangeliste.  Lt  voici  les  prenves 
tie  Jean  sur-  dont  ils  se  servent  pour  appuyer  leur  opinion,  i"  L'auteur 
nomme  I'An- de  cette  epitre  ne  prend  pas  ie  noni  d'apotre,  mais  celui 
depretre ,  ou  de  vieillard.  2"  Ces  deux  dernieres  epitres  fu- 
rent  long-temps  rejetees  par  les  eglises,  et  ne  furent  tra- 
duites  en  leur  langue  qu'assez  tard.  3 'II  n  est  nullement 
croyable  qu'un  chretien  ait  eu  I'insolence  de  s'opposer  a 
un  apotre,  comme  ici  dans  la  troisieme  epitre  ,  f  ().  Dio- 
trephes  ne  veut  point  rccevoir  celui  qui  est  au teur  de  cette 
lettre. 

Mais  on  repond  que  les  apotres  ne  mettent  pas  toujours 
leur  nom  ni  leur  qualite  d'apotre  a  la  tete  de  leurslettres. 
Saint  Paul  n'a  mis  ni  I'un  ni  I'autre  a  la  tete  de  I'epitre 
aux  Hebreux  ;  ni  saint  Jean  a  la  tete  de  sa  premiere  epitre, 
que  jusqu'icipersonne  iielui  a  contestee,  Etquinousempe- 
cbede  dire  ici  ce  que  Grotius  a  dit  en  pariant  de  cette  pre- 

*  Origen.  apud  Eiiseb.  lib.  vi.  cap.  26.  Hist,  eccles.  iumrr.i  xaralsAci- 
Tcev  y.at  EnusToXry....  E'^'w  rTi  y.xl  ^euTspav,  x.al  TfiTr.v,  etteI  cj  iravTj;  oy.ai  frr,- 
(Tic'j;  Eivai.  Eiiseb.  lib.  iii.  cap.  24.  AvTiXs'i'wvTai  Si  aj.  XcTral  Siio.  Hiei-onym. 
de  Fin's  Illnstfib.  c.  o.  Reliquce  dure  epislolce  JoannispresbyLeri  asseriin- 
tur,  cujiis  et  hodie  aUerum  sepiilchrum  apud  Ephesum  osienditur.  fide 
Papiam  apud  eumd.  cap.  18.  Nazianz.  car.  i5i.  Triv  7'  iwavvou  piav.  Tive; 
Si  TKSTpel;.  — 2  Grot.  Ita  ceiiset  Erasmus.  Dubiiat  Cajetan. 


PREFACE  SUU  LA  U*  EPITRE  DE  SAI.>(1  JEAN.  oG3 

miere  epiire,  quece  qui  a  oblige  saint  Jean  an'y  pas  melire 
son  nom  ,  a  ete  la  pcur  qu'elle  nc  tombat  enire  Ics  mains 
lies  inficleles ,  et  qu'on  ne  I'interpretat  dans  un  mauvais 
sens'?  11  faut  convenir  que  ces  deux  deruicres  epiiresfu- 
renl  assez  long-temps  sans  elre  recues  universellement 
dans  Ic  canon  des  Ecritures ;  mais  on  ne  peut  pas  dire 
qu'elles  aient  jamais  etc  absolunient  rejetees.  Nous  mon- 
trerons  ci-apres  que  depuis  le  premier  siecle  jusqu'aux 
quatrieme  et  cinquieme ,  auxquels  elles  ont  ele  reconnues 
unanimement  pour  cauoniques,  elles  ont  souvent  ete  ci- 
tees  par  piusieursperes  comme  Ecrilure  sacree. 

On  avance  sans  preuve  qu'elles  n'ont  ete  traduiles  dans 
les  autres  langues  qu'assez  lard.  Nous  les  voyons  dans  tous 
les  recueils  des  Latins  ,  des  Syriens  et  des  autres  Orien- 
laux  ;  et  on  ne  peut  nous  montrer  aucun  temps  auquel  elles 
aient  ete  rejetees  par  ces  peuples.  Le  doute  de  quelques 
eglises,  et  la  circonspection  de  quelques  peres  ne  sont 
point  une  preuve  centre  leur  aulhenticite.  L'insolence  de 
Diotrephes,  etlemepris  qu'il  faisoit  del'apotre  saint  Jean, 
sont  de  foibles  preuvescontre  I'aulorile  de  cetapotre.  De 
quoi  n'est  pas  capable  unambitieux,  un  superbe  ?  Saint 
Paul  meme  n'a-t-il  pas  ete  expose  an  mepris^?  Les  disci- 
ples de  Simon  et  de  Cerinthe,  et  les  autres  precurseurs  de 
I'Anlechrist,  centre  lesquels  saint  Pierre,  saint  Paul, 
saint  Jacques  et  saint  Jean  s'elevent  avec  tant  de  force  , 
portoient  le  noni  de  chretiens,  et  n'avoient  toutefois  au- 
cun respect  ni  pour  la  personne  ni  pour  la  doctrine  des 
apotres. 

Ce  Jean  I'Ancien  que  Papias^  reconnoit  pour  son  mai- 
tre  ,  et  que  Ton  a  pretendu  etre  I'auteur  de  ces  deux  der- 
nieres  epitres ,  n'est  pas  bien  connu;  et  saint  Jerome"*, 
qui  dit  que  Ton  monlroit  son  tombeau  a  Ephese  avec  ce- 
lui  de  saint  Jean  I'evangeliste ,  dit  aussi  que  plusieurs 
croyoientque  ce  second  tombeau  etoit  un  autre  monument 
du  meme  saint  Jean  I'Evangeliste.  Ceux  qui  out  conjecture 
que  I'auteur  de  ces  deux  pieces  pouvoit  elre  Jean-Marc^ , 
connu  dans  les  Actes  des  apotres*^,  n'apportent  aucuue 
bonne  preuve  de  leur  opinion.  Ainsi,  puisque  le  style  ,  les 


'  Voycz  Leclerc,  note  sur  cet  endroit.  — -2.  Cor.  x.  10. —  '  ^puJ. 
Eased,  lib.  111.  cap.  3r).  Hist,  eceles. —  *  Hieivii/ni.  de  Firis  Illustrib. 
c.  9.  NonnuUi putaiU  dttas  memorias  ejusdem  Joaiinis  ei'imgelisUe  esse. — 
'  Dodvel,  Dissert,  i.  in  Ircn. —  *  Act.  xii.  2 5. 


566  PREFACE 

scnliniens  ,  les  raisonnemens  ,  et  toutes  les  autres  cir- 

conslances,  et,  par-dessus  tout,  la  possession  de  tant  do 

siccles,  nous  determinent  a  I'attribuer  a  saint  Jean  I'e- 

vangeliste  ,  et  que  les  raisons  qu'on  apporte  pour  les  lui 

ravir  sont  si  peu  solides ,  nous  ne  croyons  pas  pouvoir 

toucher  aux  bornes  que  nos  ancetres  ont  posees,  et  nous 

rangeons  ces  deux  lettres  au  nombre  des  veritables  ecrits 

de  cet  apotre. 

Canoniciic      Sur  ce  principe  ,  nous  sommes  aussi  obliges  de  les  re- 

dcceiteepitre  connoitre  pour  canoniques,  et  nous  avons  pour  garansles 

prouyeepar  e  ^Qj^gjigg  g^  jgg  peres  ,  qui  les  ont  citees  corame  ouvraeres 

tcinoignage       .         ./i«-.-w-'t  i'*  •        t 

des  peres  et     inspu'cs  du  Saint-Espnt.  La  seconde  epitre  de  samt  Jean 
desconciles.    est  citee  comme  de  cet  apotre  par  un  eveque  du  grand 
concile  de  Carthage  sous  saint  Cyprien*.  Saint  Cyrille 
de  Jerusalem  la  met  dans  son  catalogue  des  livres  canoni- 
ques^, aussi  bien  que  saint  Gregoire  de  Nazianze^,  le  ca- 
non Go  du  concile  de  Laodicee ,  le  troisieme  concile  de 
Cartage  del'an  897,  canon  47,  et  saint  Clement  d' Alexan- 
dria dans  ses  Hypotyposes'*.  Saint  Jerome  ,  qui  ne  lui  pa- 
roit  pas  favorable  dans  son  livre  des  Hommes  illustres,  la 
cite  en  d'autres  endroits  avec  eloge  :  La  trompelte  du  Jils 
du  tonnerre ,  que  le  Seigneur  aima  particulierement ,  et  qui 
puisa  dans  le  sein  du  Sauveur  les  fleuves  de  la  doctrine  ,  sefait 
entendre  avec  eclat ,  en  disant :  Lepretre  a  la  dame  Eiecle,  et  a 
ses  Jils  que  j'aime  en  verite ,  etc.  ^.  Saint  Irenee  ^  la  cite  aussi 
sous  le  nom  de  Jean  disciple  de  Jesus-Christ;  Alexandre 
eveque  d'Alexandrie'',  et  saint  Athanase  ,  sous  le  nom  du 
bienheurcux  Jean.  Le  meme  saint  Athanase ,  dans  son  epi- 
tre pascale,  et  dans  sa  Synopse,  la  reconnott  aussi  pour 
canonique.  Enfin  Rufin^,  saint  Augustin^,  le  pape  Inno- 
cent I"  ^''j  et  ceux  qui  sont  venus  depuis ,  ne  font  nulle  dif- 
ficulte  sur  cela. 
A  qui  cciie      Rcste  a  examiner  qui  etoit  cette  Electe ,  a  qui  saint  Jean 
ipitre  est  a-  adressa  cette  seconde  epitre.  Le  sentiment  commun  est 
drcsscc.  quelle  etoit  une  personne  de  qualite,  demeurant  aux  envi- 

rons d'Ephese,  a  qui  saint  Jean  ecrivoit,  et  a  sa  famille, 
pour  les  precautionner  contre  les  heretiques  qui  atta- 
quoient  la  divinite  du  Fils  de  Dieu ,  et  qui  nioient  la  verite 

^  Jpud  Cyprian,  pag.  4o3.  —  *  Cyn'll.  Catech.  4-  —  '  Gregor.  Na- 
zianz.  car.  24. —  *  Jpud  Euseb.  lib.  vi.  cap.  14.  — *  Hieronym.  ep.  S5. 
—  ^  Irenee ,  lilf .  I .  cap.  12.  i3.  lib.  ni.  cap.  i8.  —  '  Alex,  apud  Socrat. 
lib.  I.  c.  1 6.  —  "  Ruf.  Expos.  Symb.  iipud  Cypr.pag.  553.  — •  ^  August, 
de  Doct.  Chi-ist.  lib.  \t,cap.  8. —  '<>  Innocent,  i    epist.  3.  cap.  7. 


SUR  LA  11"  EPITRE  DE  SAINT  JE\N.  567 

de  SOU  incarnation.  Mais  ce  sentiment  souffre  de  grandes 
difficultes.  Saint  Athanase*  croitquolenonide  celle  dame 
est  Kyria  ,  ou  Domiiia ,  ct  que  Electa  est  ime  epithele  ou 
un  litre  d'lionneur  que  saint  Jean  lui  donne  :  v/  Kyn'a  , 
choisie  dcDieu.  D'autres^  soutiennentque  ie  nom  de  la  per- 
sonne  a  qui  saint  Jean  ecrit  n'est  pas  exprime  dans  cette 
ep  tre,  et  que  Electa  et  Kyria  sontdes  noms  d'honneur  et 
de  civilite;  saint  Jean  ayant  juge  a  propos  ,  pour  des  rai- 
sons  particulieres ,  de  n'y  mettre  ni  son  nom  ni  celui  de 
cette  dame.  Le  porteurdela  leltre,  Ie  caractere  dont  elle 
etoitecrile,  etle  style,  la  faisoient  assez  connoitre.  II  en 
use  a  peu  pres  de  meme  dans  lepilre  suivante,  ou  ii  ne  se 
designe  que  souslc  nom  d'Ancien ;  et  celui  auquel  il  ecrit , 
que  sous  celui  de  Gai'us ,  ou  Cuius,  qui  etoit  un  prenom  , 
ct  non  pas  un  nom  propre. 

Quelques  aulres  ^  ont  pretendu  que  cette  epitre  etoit 
ecrite  ,  non  a  une  personne  ,  raais  a  une  eglise  entiere.  J I 
la  uomme  Electa  et  Kyria  ,  Elue  et  Dame ,  par  un  langage 
figure  et  euigmatique.  11  lui  donne  des  enfans;  il  lui  parle 
ensuile  en  pluriel,  en  la  considerant  comme  ne  faisant 
qu'un  avec  ses  enfans.  II  la  salue  a  la  fin  de  la  lettre  de  la 
part  iX Electe  sa  sanr,  et  de  ses  Jils;  c'est-a-dire  ,  discnt  ces 
auteurs,  de  la  part  de  I'eglise  d'Epliese,  et  des  fideles  qui 
la  composoient.  Dans  la  premiere  epitre  de  saint  Pierre,  a 
la  fin  du  chapilre  v,  on  lit  Ie  salutxie  I'eglise  de  Babyloue 
sous  le  nom  de  Ecclesia  qacB  est  in  Babylone coekcta:  I'Eglise 
choisie  qui  est  a  Babyloue  ,  c'est-a-dire  a  Rome,  Les  Chre- 
tiens sont  souvent  appeles  elus  dans  lesecrits  des  apotres*. 
Si  la  dame  Elue  signifie  une  eglise  ,  et  si  sa  saur  Elue  avec 
ses  enfans  signifie  une  autre  eglise  ,  c'est  certainement  un 
langage  assez  extraordinaire.  Mais  il  y  a  des  temps  et  des 
circonstancesquiobligent  d'employer  des  termes  figures  , 
pour  cacher  ce  que  Ton  ne  yeut  pas  que  tout  le  monde 
sache.  Saint  Pierre  dans  son  epilre^,  et  saint  Jean  dans 
rApocalypse**,  appellent  Pionie  ^a/^y/oH^r  ••  saint  Paul  ap- 
appelle  iSeron  le  Lion' .  Les  prophetes  sont  pleins  de  pa- 
reilles  manieres  de  parler.  On  ne  doit  done  pas  mepriser 
le  sentiment  qui  croitqu'il  s'agit  icinon  d'une  dame,  mais 

*  Allianas.  in  Synopsi.  —  '  Bartliol.  Petr.  El  Leclerc.  —  '  Quidam. 
npiid  OEcumen.  hie.  Mauduil,  Dissert.  23.  Qornel.  a  Lapide  Serar.  ad 
V  1 3.  Bukeniop.  Luxde  Luce,  lib.  i.  p.  124.  jdmmond.  —  *  Coloss.  in.  12. 
/I'.iw.  xTi.  i3.  I.  Petri,  i.  i.  —  *  1.  Petri  s.  i3.  —  *  Jpoc.  \.y\\.  5.  xviit. 

■i.  10.  2  I .  —  "  2 .   Timot.  IV.   17. 


•VeS  PREFACE  SUR  LA  II'  KpItRE  DE  SAINT  JEAN. 

(I'unc  eglise.  La  foi  n'est  nullement  interessee  dans  celle- 
question.  Saint  Clement  d'Alexandrie  ,  dans  soncommen- 
taire  sur  celte  epilrc,  traduit  en  latin  par  les  soins  de  Cas- 
siodore,  dit  que  jE'/^f^^etoit  une  danic  de  Babylone  a  qui 
saint  Jean  ecrivoit. 
Quel  est  le      On  ignore  le  temps  precis  auquelcettelettre  a eteecrite. 

temps   et   le  Qj,  p^^^^  j^  mettre  vers  le  merae  temps  que  la  precedente. 

^pitre   a  ete  ^^'^^  attaque  les  memes  personnes  et  les  memes  erreurs  ; 

ecriie.  c'cst-a-dire  celles  de  Simon ,  de  Cerinthe ,  et  des  gnosti- 

ques.  Ily  aquelque  apparence  qu'elleaete  ecriie  d'Ephese, 
lorsque  rAp6tre  gouvernoit  cette  eglise  et  toutes  les  au- 
tres  de  I'Asie.  11  proniet  a  Electe  d'aller  la  voir  incessara- 
ment. 
Analyse  de      Cette  epilre  dans  sa  brievete  pent  se  diviser  en  deux 

ceue^pitre.  parties.  La  premiere  est  une  congratulation  a  celle  qu'il 
nomme  Electe  ;  il  la  felicite  de  la  foi  et  de  la  vertu  qu'il 
avoit  trouvees  dans  quelques-uns  de  ses  enfans.  II  les  ex- 
horte  eux  et  leur  mere  a  se  confirmer  de  plus  en  plus  dans 
la  charite ,  comme  etant  le  commandement  essentiel  et 
fondamental  du  christianisme ,  et  dont  la  marque  indubi- 
table est  I'observation  desautres  commandemens'.  La  se- 
conde  partie  les  previent  contreles  heretiques  basilidiens, 
qui  n'attribuoient  a  Jesus-Christ  qu'une  chair  apparente 
et  fantastique  :  il  leur  ordonne  de  les  eviter,  et  il  leur  pres- 
crit  de  quelle  maniere  ils  doivent  se  conduire  avec  ces  se- 
ducteurs^. 

*  i  i.-(j.  —  -  -^  7.  acljtnem. 


DEUXIEME  EPITRE 


DE   SAINT   JEAN. 


CHAPITRE  UNIQUE. 

Saint  Jean  exhorte  Electe  et  ses  fils  a  Jemcurer  fermes  dans  la  cbarile  et  dans 
la  foi ,  d  ^yiler  Ics  heretiques ,  et  a  n'avoir  poinl  de  commerce  avec  eux 


i.  Senior  Electae  do- 
ininae,  et  natis  ejus,  quos 
ego  diligo  in  vcritate,  et 
non  ego  solus,  sed  et  om- 
nes  qui  cognoverunt  veri- 
tatem, 

2.  Propter  veritatem 
quae  permanel  in  nobis, 
et  nobiscuin  erit  in  leter- 
num. 

3.  Sit  vobiscum  gratia, 
misericordia,  pax  a  Deo 
Patre,  et  a  Christo  Jesu 
Filio  Patris,  in  veritate  et 
charitate. 

4.  Gavisus  sura  valde, 
quoniam  inveni  de  fiiiis 
tuis  ambulantes  in  verita- 
te, sicut  mandatuui  acce- 
piinus  a  Patre. 

5.  Et  nunc  rogo  te , 
dornina,  non  tainquain 
mandatum  novum  scri- 
bens  tibi,  sed  quod  ha- 


i.  Le  pretre,'  a  la  dame  Electe,' 
et  a  ses  enfans,  que  j'aime  dans  lit 
verite,  et  qui  ne  sont  pas  ainies  de 
moi  seul ,  mais  que  tous  ceux  qui 
conooissent  la  verite  aiment  comme 
moi , 

2.  Pour  I'amour  de  celle  verite 
qui  demeure  en  nous,  et  qui  sera 
en  nous  eternelleuient. 

3.  Que  Dieu  le  Pere,  et  Jesus- 
Christ,' Fils  du  Pere,  vous  donnent 
la  grace,  la  misericorde  et  la  paix  , 
dans  la  verite  et  dans  la  charitc. 

4.  J'ai  eu  bien  de  la  joie  de  voir 
quelques-uns  de  vos  enfans  mar- 
cher dans  la  verite,'  selon  le  com- 
mandement  que  nous  en  avons 
recu  du  Pere. 

5.  Et  je  vous  prie  maintenant, 
madame ,  non  comme  vous  ecri- 
vant  un  commandement  nouveau, 
mais  celui-la  meme  que  nous  avons 


y  I.  C'est  le  sens  du  grec.  i  irpeoCurepo^,  que  la  Vulgate  Iraduit  litlerak- 
ment. 

Ibid.  Voyez  la  preface. 

y  3.  Grec :  Je  Seigneur  Jesus-Christ. 

y  4.  Daus  la  purele  de  I'fivangile. 

Ibid.  Autr.  de  ce  qu'ayant  tu  quelques-uns  de  vos  entans,  j'ai  Irouve  qu'il» 
inarchent,  elc. 


11"  EPITRE  DE  SAINT  JEAN. 


recu  (16s  le  commencement,  que 
nous  ayons  une  charite  mutuclle 
les  uns  pour  les  autres. 

6.  Or,  la  charilc  consiste  a  mar- 
cher selon  les  commandemens  de 
Dieu.  'C'est  la  le  conimandement 
que  vous  avez  recu  d'abord,  afin 
que  vous  I'observiez. 


buimus  ah  Initio,  ut  dili- 
gamusalterutrum. 

6.  Et  hacc  est  charitas, 
ut  ambulemus  secundum 
mandala  ejus.  Hoc  est 
enjm  mandatuin,  utquem- 
admodum  audislis  ab  ini- 
tio, in  eo  ambnletis : 

7.  Quoniam  uiulli  sc- 
ductores  exierunt  in  mun- 


7.  Car  il  s'est  eleve  dansle  monde 
plusieurs  hiiposteurs  qui  ne  conl'es- 
sent  point  que  Jesus -Christ  est  diim,  qui  non  confitentur 
venu  dans  une  chair' veritable.  Ce-  Jesum  Christum  venisse 
lui  qui  ne  le  confesse  point  est  un  in  carnem  :  hie  est  seduc- 
seducteur  et  un  Antechrist.  tor,  et  Antichristus. 

8.  Prenez  garde  a  vous  ,  afin  que         8.  Videte  vosmetipsos, 
vous  ne  perdiez  pas  les  bonnes  oeu- 
vres  que  vous  avez  laites;  mais  que 
vous  en  receviez  unepleine  recom- 
pense.' 

9.  Quiconque  ne  demeure  point 
dans  la  doctrine  de  Jesus-Christ , 

mais  s'en  eloigne,' no  possede  point  trina  Christi ,  Ueum  non 
Dieu;  et  quiconque  demeure  dans  habet  :  qui  permanet  in 
sa  doctrine  , '  possede  le  Pere  et  le  doctrina,  hie  et  Patrem 
Fils. 

10.  Siquelqu'unvient  vers  vous, 
ne  fait  pas  profession  de  cette  doc- 
trine, ne  le  recevez  pas  dans  votre 
maison,  et  ne  le  saluez  point. 


ne  perdatis  quae  operati 
esiis  :  sed  ut  mercedem 
plenam  accipiatis. 

g.  Omnis  qui  recedit, 
et  non  permanet  in  doc- 


u.  Car  celui  qui  le  salue  parti- 
cipe  a  ses  mauvaises  actions. ' 

}2.    Quoique   j'eusse    plusieurs 


et  Filium  habet. 

10.  Si  quis  venit  ad  vos, 
el  banc  doctrinam  non 
affert,  nolite  recipere  cum 
in  domum  ,  nee  Ave  ei 
dixeritis. 

11.  Qui  enim  dicit  illi 
Ave ,  communicat  operi- 
bus  ejus  malignis. 

12.  Plura  habens  vobis 


autres  choses  a  vous  ecrire,  je  n'ai     scribere,  nolui  per  char- 


i^  6.  Non-seulement  a  aimer  le  prochain ,  mais  aussi  a  faire  les  choses  qu'il 
nous  ordonne ,  et  a  croire  toules  les  \eritcs  qu'il  nous  enseigne. 

i-  7.  On  lit  ici  dans  la  Vulgate  i/i  carnem  pour  in  came ,  conime  on  le  lit 
dans  la  prt'cedente  epilre,  iv.  2.  etdans  le  grec  ici  ev  crapxi. 

■j-  8 .  Rtcompense  qui  ne  sera  accordce  qu'a  ceux  qui  auront  conserve  la  pu- 
rele  de  la  I'oi.  , 

^  9.  Gr.  aulr.  mais  sort  des  bornes  de  la  verile. 

Ibid.  Grec  :  dans  la  doctrine  do  Je'sus-ChnsU  —  Croyant  tout  cc  qu'elle 
enseigne,  et  faisant  tout  ce  qu'elle  ordonne. 

■)f  ir.  II  paroit,  par  cette  -ivilite  qu'il  lui  rend,  n'avoi'"  pas  assezd'horreur 
de  ses  desordrcs. 


tarn  et  atramentura  :  spe- 
roenim  me  futurumapud 
vos,  et  03  ad  os  loqui  :  ut 
^audium  Testrum  plenum 

i5.  Salulant  te  filii  so- 
roris  tua;  Electae. 


CH4P1TRK  UNIQUE.  671 

pas  voulu  Ic  falre  sur  du  papier,  et 
avec  de  I'encre,'  esperant  aller  vous 
voir,  et  vous  entretenir  de  vive 
voix,  afin  que  votre  joie  soil  com- 
pile. 

i3.   Les  enfans  de   votre   soeur 
Electe '  vous  saluent. 


^  I  a .  Voyez  la  Dissertation  sur  la  madere  et  la  forme  des  ln>res  anciens, 
torn.  XI. 

■^  \S.  Voyez  la  preface. 

Les  exemplaires  grecs  portent  icl :  la  seconde  ^pilre  de  Jean  a  et^  ecrite 
cri  3o  versels. 


PREFACE 
SUR  LA  TROISIEME  EPITRE 

DE  SAINT  JEAN. 


Canonicite      A  la  tete  de  la  seconde  epitre  de  saint  Jean  ,  nous  avons 

de  ceiie  epi-  paj-je  Jg  I'aulhenticile  ct  de  la  canonicite  de  cclle-ci.  Nous 
tre.  Uuel  en  ,  ,  .  ,  ,  , 

estl'auteur.    ^  avons  remarquc  que  quelques  anciens   avoient  doute 

qu'elle  fut  de  saint  Jean  I'apotre  ,  et  I'avoient  attribuec  a 

un  autre  Jean  surnomme  i'Ancien  ,    dont  Papias   parle 

comme  de  son  maitre.  Mais ,  et  les  caracteres  de  veritc 

qui  se  remarquent  dans  celle-ci,  et  le  style  ,  et  les  aulres 

circonstances ,  et  enfin  I'autorite  unanime  des  eglises  de- 

puis  le  quatrieme  siecle  ,  ne  permcttent  pas  de  douter 

qu'elle  ne  soit  I'ouvrage  de  I'apotre  saint  Jean,  et  qu'elle 

ne  soit  Ecriture  sacree  et  canonique. 

A  qui  cette      Caius  ,  a  qui  cette  epitre  est  adressee ,  est  apparemment 

epitre  est  a-  pjjj^  jgg  deux  disciples  de  saint  Paul  qui  portoient  ce  nom. 

dressee.  hn     j         ir  t    •    ^     ^^      •      a  t  •       -       n      t 

quel  lieu  el  en  ^^^  P'"^  lameux  est  celui  de  Cornithe  ,  chez  qui  samt  Paul 

quel  temps  logeoit  etant  dans  cette  ville  ,  et  auquel  il  donne  cet  eloge 
elle  a  ei^  e-  ecrivant  aux  Romains  ^  ,  qu'il  est  non-seulement  son  hole , 
^"^®"  mais  encore  celui  de  toute  V Eglise.  II  avoit  ete  converti 

et  baptise  par  saint  Paul  ^.  Bede  ^  ,  I'Ambrosiaster  ^ , 
Adon  ,  et  apres  eux  Lightfoot  ^  et  la  plupart  des  commen- 
tateurs ,  croient  que  c'est  a  lui  que  saint  Jean  a  ecrit  cette 
iroisieme  epitre.  D'autres  ^  veulent  avec  plus  de  vrai- 
semblance  que  ce  soit  Caius  de  Derbe ,  connu  dans  les 
Actes  ''.  II  parolt  certain  que  Caius  ,  dont  il  s'agit  ici , 
vivoit  en  Asie  plutot  qu'a  Corinthe.  Saint  Luc  parle  aussi 
d'un  jCaius  ,  Macedonien  * ,  disciple  de  saint  Paul ,  qui 
etoit  venu'avec  lui  a  Ephese,  et  qui  y  fut  en  danger  dans 

'  lioni.  XVI.  2  3.  Caius  hospes  meus  et  iinwersa  Ecclesia.  Grcec.  Fctio? 
0  ^jvo?  [jLou ,  xai  rJii;  E)4)cXY)ff(a;  oXy);.  —  *  i .  Cor.  i.  1 4-  —  ^  Beda  in  3.  Joan, 
pag.  754.  —  *  Ainbrosiasier.  ad  Rom.  xvi.  —  ®  Lightfoot.  Chronogr.  pag. 
iSi.  Hugo,  Ghssa,  Liran.  Men.  Tit.  —  ^  Tiliemont,  torn.  t.  Saint  Paul , 
.irl,  a3.  el  not.  29.  —  '  Act.  xx.  4.  —  '^  Act.  xix.  29. 


PREFACE  DE  LA  III*'  EPITRE  DE  SAINT  JEAN.       ^iS 

la  sedition  de  Deraelrius.  Grolius  *  veut  que  ce  dernier 
Caius  soil  Ic  m^me  que  celui  de  Derbe  :  il  eloit ,  dit-ii ,  ori- 
^inaire  de  Derbe  en  Lycaonie ,  et  ne  aTiiessalonique.  Mais 
il  faut  avouer  que  nous  n'avons  rien  de  certain  sur  cela. 

Cc  que  nous  savons  certainement  de  Cains ,  dont  il  est 
parleici.  est  qu'il  eloit  fort  cheri  de  saint  Jean  ^  et  qu'il 
exercoit  I'hospitalite  avec  beaucoup  de  zele  et  de  genero- 
site  ,  nialgre  les  dureles  et  les  mauvaises  manieres  de  Dio- 
trcphes ,  qui  paroit  avoir  ele  eveque  du  lieu  ou  demeuroit 
Caius  ,  el  qui  ne  vouloit  pas  qn'on  cxercat  I'liospitalite  en- 
vers  les  freres  qui  cloient  couvertis  du  judaisme.  ■Non-seu- 
lement  il  ne  les  recevoit  point,  mais  il  ne  vouloit  pas  que 
les  autres  les  rccussenl;  et  il  excorainunioit  ceux  qui  les 
rccevoient.  Tous  les  freres,  et  saint  Jean  nieme,  rcndoient 
uii  teuioignage  avanlagcux  a  la  picte  et  a  la  vertu  de  Caius. 
Saint  Jean  lui  ])roinct  d'aller  le  voir  bienlot,  et  de  repri- 
mcr  I'ori^ucil  de  Diolrephes.  Grolius  croit  que  Cains  eloit 
habitant  de  Tune  des  sept  eglises  dont  il  est  .parle  dans 
I'Apocalypse^.  Ligblfoot  veut  qu'il  aitdemeyre  a  Corinthe. 
]Mais  nous  supposons  que  saint  Jean  ecrivit  cette  epitrc  a 
Ephese  ,  et  qu'il  I'envoya  dans  quelque  ville  voisine.  Pour 
iaune^:  en  laciueilc  elle  a  ete  ecrite ,  il  est  inutile  de  la  re- 
chercher,  puisqu'on  n'a  aucune  voie  pour  la  connoitre  avec 
certitude.  Baronius,  et  plusieurs  ecrivains  apres  lui,  niet- 
tent  les  trois  epitres  de  saint  Jean  vers  la  quatre-vingt-dix- 
septienie  annee  dc  saint  Jean  ;  mais  d'aulres  les  placent 
avanl  son  evangile  et  son  Apocalvpse. 

II  y  a  beoMcoup  d'apparence  que  cette  letire  fut  portee    OLjet  cecei- 
par  des  Juifs  converlis,  qui  voyageoient  pour  precher  I'E-  te epltre. Con- 
vangile  ,  et  qui  se  faisoient  une  religion  de  ne  point  enlrer  '^*'"'  ^^^  "P^ 
chez.  lescrenliis,  el  dene  rien  recevoir  d'eux.  On  peul  con-  \''^^'^'''"*  "^"^ 
siderer  celle  epitre  comme  une  letire  de  recommandation 
en  faveur  de  ces  bommes  aposioliques.  Voycz  les  ver- 
sels  6,6,7,8,9,    10.  II  paroit  par  celte  cpitre  que  les 
^entils  converlis  n'eloient  pas  tonjours  d'accord  avec  les 
Chretiens  hebraisans ,  et  qu'il  i'allut  beaucoup  travailler 
pour  lever  rantipathie  mutuelle  qui  eloit  cntre  les  deux 
peuples  ,  meme  apres  leur  conversion.  On  remarqne  dans 
les  epitres  de  sainl  Paul  les  niemes  semences  de  division 
cntre  les  juifs  et  les  gentils  converlis,  el  ce  fut  un  des 
premiers  soins  de  TA-potre,  de  reprimer  d'uue  part  dans 

'  Grot,  in  ^cta.  -~-  -  Jjtnc.  t.  .'j.  el  sefjq. 


574  PREFACE  SUR  LA  HI*  EPITRE  DE  SAINT  JEAN. 

les  Juifs  Ics  sentimens  de  vanite  et  de  suffisance  qui  fai- 
soienl  qu'ils  se  preferoient  beaucoup  aux  gentils;  ct  dans 
les  gentils  une  autre  sorfce  d'orgueil,  qui  leur  faisoit  me- 
priser  les  Juils.  On  pcut  voir  toute  I'epitre  aux  Remains. 
Ailleurs  il  modere  la  hardiesse  des  gentils  convertis ,  et  les 
empeche  de  donner  du  scandale  aux  Juifs  ,  en  se  prevalant 
imprudemment  de  la  liberie  ou  les  met  I'Evangile  d'user 
indifferemment  de  toute  sorte  de  nourrlture.  Voyez  les 
epttres  aux  Corinthiens.  Enfin ,  partout  il  tient  tete  aux 
Hebreux  convertis ,  qui  vouloient  imposer  aux  gentils  le 
joug  de  la  loi.  Voyez  principalement  I'epitre  aux  Galates  , 
et  celle  aux  Philippiens.  Tout  cela  marque  le  concert  ad- 
mirable des  apotres  entre  eux  sur  les  points  de  foi  et  de  dis- 
cipline. 
Analyse  do       Qn  peut  dislinguer  dans  cette  leltre  deux  parties.  Dans 
celle  epiire.     ^^  premiere  ,  I'apotre  congratule  Caius  sur  ses  bonnes  oeu- 
vres ,  et  lui  recommande  quelques  predicateurs  de  I'Evan- 
gile qui  devoient  lui  rendre  cette  lettre  en  passant  par  le 
lieu  de  sa  depieure  ^  Dans  la  seconde,  il  se  plaint  de 
Diotrephes ,  qui  affectoit  I'independance  ,  et  il  propose  a 
Caius  I'exemple  de  Demetrius ,  fidele  disciple  de  Jesus- 
Christ  ^ 

*  3  I.- 8.  —  "  >^  9.  adjincm. 


TROISIEME  EPITRE 


DE  SAINT  JEAN. 


CHAPITRE  UNIQUE. 

Affection  de  saint  Jean  pour  Cams,  dont  il  loue  la  piete.  Diolrephes  ne  revolt 
point  saint  Jean.  T(5moignage  de  la  vertu  de  Demetrius.  Saint  Jean  espere 
alier  voir  Calus. 


1.  Semor  Gaio  charis- 
simo,  qiiem  ego  diligo  in 
veritate. 

2.  Charissime ,  de  om- 
nibus oratlonetn  facio 
prospefe  te  ingredl ,  et 
valere,  sicut  prospereagit 
aniina  tua. 

5.  Gavisus  sum  valde 
venientibus  fratribus,  et 
testimonium  perhibenti- 
bus  Teritali  tua3,  sicut  tu 
in  veritate  ambulas. 

4.  Majoremhorum  non 
habeo  gratiam  ,  quam  ut 
audiam  filios  meos  in  ve- 
ritate ambulare. 

5.  Charissime,  fideliter 
facis  quidquid  operaris  in 
fratres,  et  hoc  in  peregri- 
nos, 

6.  Qui    testimonium 


1.  Le  pretre',  a  mon  cherCaius,' 
que  j'aime  dans  la  verite. 

2.  Mon  bien-aime ,  je  prie  Dieu 
que  tout  soit  chez  vous  en  aussi  bon 
etut,  pour  ce  qui  regarde  vos  affai- 
res et  votre  sante,  que  je  sais  qu'il 
y  est  pour  ce  qui  regarde  votre 
ame. 

5.  Car  je  me  suis  fort  rejoui, 
lorsque  les  freres  qui  sont  venus 
ici,  ont  rendu  temoignage  a  votre 
piete  sincere  et  a  la  vie  que  vous 
menez  selon  la  verite. 

4.  Je  n'ai  point,  de  plus  grande 
joie '  que  d'apprendre  que  mes  en- 
fans'  marchent  dans  !a  verity.' 

5.  Mon  bien-aime ,  vous  faites 
une  bonne  oeuvre  d'avoir  un  soin 
charitable  pour  les  freres,  et  parti- 
culierement  pour  les  etrangers, 

6.  Qui  ont  rendu  temoignage  a 


^  I.  C'est  le  sens  du  grec:  0  wpEcrcuTepo;,  que  la  Vulgate  rend  lilteralement. 

Ibid.  La  Vulgate  le  norame  Gains,  conformement  au  grec;  on  le  nomine 
plus  communement  Cuius  :  c'est  le  radme  nom  diversement  prononce.  Voyea 
la  pr(^face. 

y  4.  C'est  le  sens  du  grec. 

Il>id.  Ceux  que  j'ai  engendrus  en  Jesus-Cbrist. 

Ibid.  La  sainteledel'fivangile. 


Iir  EI'lTRE  DE  SAfNT  JEAN. 


^76 

votre  charite,  cu  presence  de  I'E- 
glise.  Et  voiis  ferez  hien  de  les 
laire  conduire  et  assister  dans  leurs 
voyages'  d'une  manicre  digno  de 
Dieu.' 

7.  Car  c'est  pour  la  gloire  de  sou 
nom'  qu'ils  sont  parlis  sans  rece- 
voir  aucune  assistance  des  gentils." 

8.  Nous  sommes  done  obliges  de 
trailer  favorablenient  ces  sortes  de 
pcrsonnes,  pour  travailler  avec  elles 
al'avancement  de  la  verity." 

g.  J'aurois  ecrit  a  I'Eglise';  mais 
Diolrephes/  qui  aime  ay  tenir  le 
premier  rang,  ne  veut  point  nous 
recevoir. 

10.  C'est  pourquoi,  si  je  viens 
jamais  chez  vous,  je  lui  represente- 
rai  le  mal  qu'ii  commet,  en  seiuant 
contre  nous  des  medisances  mali- 
gnes;  ct  no  se  contentant  point  de 
cela,  non-sculcment  il  ne  recoit 
point  les  Ireres',  mais  il  empeche 
menie  ceux  qui  voudroieot  les  re- 
cevoir, et  il  leschasse  de  I'Eglise. 

11.  Mon  bien-aime,  n'imitez 
point  CO  qui  est  mauvais,  mais  cc 
qui  est  ben.  Celui  qui  fait  bien,  est 
de  Dieu;  mais  celui  qui  fait  mal, 
ne  connoit  point  Dieu. 

12.  Tout  le  m'onde  rend  un  te- 
xnoignageavantageuxa  Demetrius,' 
et  la  verite  meme  le  lui  rend.  Nous 
le  lui  rendons  aussi  nous-memes  , 


reddiderunt  charitati  tuae 
in  conspectu  Ecclcsia;  : 
quos,  benefaciens,  dedu- 


ces digne  Deo. 


7.  Pro  nomine  eniin 
ejus  profocli  sunt,  nihil 
accipientes  a  genlibus. 

8.  Nos  ergo  debeinus 
suscipere  hujusmodi,  ut 
cooperatores  simus  veri- 
tatis. 

9^  Scripsisscm  forsitan 
Ecclesiae  :  sed  is  qui  amat 
primatum  gerere  in  eis  , 
Diotrephes  ,  non  rKci[)it 
nos. 

10.  Propter  hoc  si  ve- 
nero  ,  comnionebo  ejus 
opera,  quajfacit,  verbis 
maliguis  garriens  in  nos  : 
et  quasi  non  ei  isla  suffi- 
ci;mt  :  nequc  ipse  suscipit 
fratres,  ut  eos  qui  susci- 
piunt,  prohibet,  et  de  Ec- 
clesia  ejicit. 

11.  Charissime,  noli 
imitari  malum,  sed  quod 
bonum  est.  Qui  benefa- 
cit,  ex  Deo  est :  qui  male- 
facit,  non  viditDeum. 

12.  Demetrio  testimo- 
nium redditur  ab  omni- 
bus, et  ab  ipsa  veritate, 
sed  et    nos  testimonium. 


^6.  Mainlenant  qu'ils  vont  repasser  chez  vous. 

Ibid.   Doiit  ils  sont  les  fideles  ministres. 

y  7.  PourretablissementderEvangile. 

Ibid.  Des  Genlils  qu'ils  ont  convertis  a  la  foi ,  voulant  leur  6tcr  tout  lieu 
de  croire  qu'ils  leur  eussent  preche  I'Evangile  par  interet. 

■^  8.  Pour  participer  a  leur  grace  et  i  leur  merite.  —  Gr.  lilt,  afin  que 
nous  soyons  cooperateurs  awec  elles  pour  la  vdrlle. 

3>^  9.  A  cello  qui  est  daus  votre  ville,  pour  lui  recommander  ces  etrangers. 

Ibid.  Voyez  la  preface. 

y  10.  Les  fideles  etrangers. 

■^11.  Ce  Demetrius  exer^ait  I'hospitalit^  envers  les  fideles  etrangers,  ainsi 
que  les  aulres  vertus  chretiennes. 


CHAPITRE  CrilQUE. 


perhibcinus  :et  nostiquo- 
iiiam  tesllinoniuin  nos- 
trum Teriim  est. 

i3.  Multa  habui  tihi 
scribere  :  sed  nolui  per 
atramentuiii  et  calaiimin 
scribere  tibi. 

14.  Spero  autem  pro- 
tinus  tc  videre,  et  os  ad 
OS  loquemur.  Pax  tibi. 
Salulant  te  amici.  Saliila 
amicus  nominatim. 


et    vous    save/,    que   notre    temoi- 
gnage  est  veritable. 

i3.  J'aurois  encore  plusieurs 
choses  a  vous  dire,  mais  je  ne  veux 
point  le  faire  par  ecrit ,' 

i4'  Parce  que  j'cspere  vous  voir 
bieniot,  etque  nous'nous  entretien- 
drons  I'un  i'adtre  de  vive  voix.  La 
paix  soil  avec  vous.  Saluez  de  ma 
part  nos  amis  chacun  en  particu- 
iier. '  . 


V  1 3.  Litl.  avec  une  plume  et  de  I'encre. 

T  14.  Les  etemplaires  grecs  portent  ici  :   La   troisieme  epitre   de  Jeaii 

de  3i  versel*. 


07 


PREFACE 


LRP3TRE  DE  SA.TNT  JUDE. 


Quelesirai-  Jijde  ,  aulrement  Thaddee ,  ou  F^ebbee,  ct  surnomme  U 
/nu're  etda  \^^^^ >  seloii  Origene^,  saint  Jean  Chrysostomc  ^,  saint  Je- 
elleesladres- r6me  ^,  Ic  pape  Gelase  *,  et  quelques  autres  ,  est  aussi 
seo.  quelquefois  nomme yr^r<?  dii  Seigneur  ^,  parce  qu'il  etoit 

fils  de  Marie  soeur  de  la  sainle  Viergc  et  frere  t^p  saint 
Jacques-le-Mineur ,  apotre  et  eveque  de  Jerusalem*^.  11 
fut  marie  et  eut  des  cnfans,  puisque  Hegesippe  ''  parle  de 
deux  martyrs  scs  petits-fils.  L'epttre  que  nous  avons  sous 
son  nom  ,  et  qui  est  la  derniere  des  epitres  catholiques, 
n'cst  adressee  a  aucune  eglise  particulierc  ,  niais  en  ge- 
nera! a  tous  Ics  fideles  ,  qui  sont  aimcs  du  Perc  et  ap- 
peles  par  le  Fils  notre  Seigneur.  II  paroit  par  le  verset 
17,  oil  il  cite  la  seconde  epitre  de  saint  Pierre,  et  par  tout 
ie  corps  de  la  lettre  ,  ou  il  imite  les  expressions  du  merae 
ap(kre,  comnie  deja  connues  a  ceux  a  qui  il  parle,  que 
son  dessein  a  ete  d'ecrirc  aux  Juifs  convertis,  et  repandus 
dans  les  diverses  provinces  d'Orient.  Toute  la  suite  de 
son  discours  s'y  rapporte  fort  naturellement. 
Analyse  de  i{  tle(.lare  d'abord  que  depuis  lonff-temps  il  avoit  des- 
son  <le  leur  ecrire  ,  mais  qu  11  s  y  eloit  ennn  trouve  en- 
gage par  la  necessite  dc  combattre  certains  mauvais  doc- 
teurs,  qui  corrompoient  la  saine  doctrine,  jetoient  le 
trouble  clans  I'Eglise,  etla  scandalisoient  par  les  deregle- 
njehs  de  leurs  moeurs.  On  croit  **  qu'il  avoit  en  vue  prin- 

^  Or! gen.  in  Mallh.  torn.  35.  p.  lyf).  —  ^  Cluysost.  torn.  5.  oral.  32. 
pag.  409. —  '^  Ilieronym.  in  Galat.  iv.  et  In  Ilehid.  cap.  7. — *  fide  Flo- 
rent.  MaHyrolog.  pag.  170.  — *  Matlh.  xiii.  55.  —  ^  Voyez  Tillemont , 
torn.  I.  pag.  682.  not.  2.  sur  saint  Jude. —  "^  Hegcsip.  apiid  Eiiseb.  Hislor. 
eccles.  lib.  111.  cap.  20.  —  '  Epiphan.  Itanes.  26.  OEciirnen.  hie  ad  i  i. 
Athanas.  in  Syiiopsi,  Aliivecenlioi'es  pleriquc . 


PREFACE  sun   t'EPilRE  DE  SAINT  JLDL.  679 

cipalemenl  les  simoniens  ,  les  nicolalles ,  et  les  autres 
hereti(jues  d'alors ,  qui  sont  connus  dans  I'hisioire  sous  le 
nom  lie  gnostiques ,  et  dont  les  opinions  exlravagantes  et 
les  desordres  honteux  et  criminels  nous  sont  decrits  par 
saint  Epipbane  ,  par  saint  Irenee  ,  et  par  les  autres  aneiens 
peres.  Saint  Jude  en  fait  ici  une  peinture  qui  n'cst  nuUe- 
ment  flatlee  ;  mais  on  nc  pouvoit  parler  avec  Irop  dc  force 
centre  des  ennemis  aussi  dangereux  que  ceux-la.  C'est 
contre  eux  qu'il  parle  dans  la  premiere  pariie  de  sa 
lettre  *.  Dans  la  seconde  pariie,  il  paroit  avoir  principa- 
Icment  en  vue  ceux  qui  doivent  s'elever  a  la  tin  des 
temps  :  et  il  exhorte  les  fideles  qui  vivront  alors  a  de- 
meurcr  fermes  dans  la  foi  qu'ils  ont  recue,  s'appliquant 
a  la  priere,  perseverant  dans  la  charitc  ,  et  attendant  la 
misericorde  de  notre  Seigneur  Jesus-Christ ,  et  la  vie 
elcrnelle  cju'il  leur  a  promise.  Il  les  conjure  de  ne  pas 
negliger  Ic  salut  de  leurs  freres  qui  pourroient  s'etre 
laisse  seduire ,  et  de  tirer  comme  du  milieu  du  feu  ceux 
qui  auroient  eu  le  malheur  de  suivre  les  egaremens  de 
ces  heretiques^.  Aiusi  on  peut  dire  de  cette  epitre  ce  que 
nous  avons  dit  de  la  seconde  de  saint  Pierre ,  a  laquelle 
elle  a  beaucoup  de  rapport  :  saint  Jude  ,  en  s'elevant 
comme  saint  Pierre  contre  les  premieres  et  dernieres 
heresies  ,  a  etabli  invinciblement  la  perpeluite  de  I'Eglise 
calholiquo. 

On  ne  sail  pas  dislinctement  eu  quel  temps  cette  lettre     En  quel 
a  ete  ecrite.  On  sail  seulement  qu'elle  n'est  que  depuis  la  ',^™rs  cetie 
naissance  de^i  nicolaitcs  et  des  gnostiques  ,  sortis  de  I'e-  ';P'^''^ 
cole  de  Simon ,  et  que  saint  Jude   y  parle   des  apotres 
comme  de  personnes  deja  raortes  depuis  quelque  temps  '. 
II  se  sert  des  paroles  de  la  seconde  epitre  de  saint  Pierre  , 
el  semble  faire  allusion  a  celles  de  la  seconde  de  saint 
Paul  a  Timothee  * ;  et  par  consequent  elle  ne  peut  avoir 
ete  ecrite  qu'apres  I'an  66  ou  67   de  Jesus-Christ ,  qui 
est  le  temps  de  la  raort  de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul. 
Ce  fut  done    apparemment   aprcs   le   regne  de   Neron  , 
et  peut-etre  apres  la  mine  de  Jerusalem,  que  saint  Jude 
I'ecrivit. 

Ceite  epitre  n'a  pas  toujours  ete  recue  dans  le  canon   .  Canonkiie 

des  Ecritures  par  toutes  les  cglises.  Plusieurs  aneiens  ont  ^^  "^^^'^  *^P'" 

tre.  Ileionses 

'  V  I.  16. —  *  -^  i^.  adjinem. —  ^yi;.  —  *  Comi>arez  Jitd.j  iS.ay^ 
1.  Timolh.  in.  i.  et  i.  Pet.  ui.  3. 


.^8o  I'liEl'ACE 

.•tu\ objections  do ule  de  SOU  authenticite.  Eusebe  ',  saint  Jerome  ^, 
duceuxquisy  j.,jj^(^  Amphiloque  ^,  temoignent  que  quelques-uns  con- 
resloient  sa  canonicite.  Lusebe  cut  de  plus  *  que  peu 
d'anclens  I'avoient  citee.  Mais  il  remarque  en  meme 
ten^ps  qu'on  la  Itsoit  publiquement  dans  plusicurs  eglises. 
Cc  qui  la  fait  rejeter  par  plusieurs,  c'est  i*^  que  I'auteur 
y  cite  un  temoignage  d'Henoch  ,  qui  paroit  ^tre  lire 
d'un  pi'etendu  livre  d'Henoch  reconnu  pour  apocryphe; 
2°  qu'il  y  cite  aussi,  touchant  le  corps  de  Moisc,  un  fait 
qui  ne  se  trouve  point  dans  I'Ecrilure  de  rA.ncien-Testa- 
uient,  et  qu'on  croit  avoir  etc  tire  d  un  aiUre  livro  apo- 
cryphe, intitule  :  I'Assomplion  de  Mo'ise. 

Mais  on  repond  ^  a  ccla  que  quand  saint  Jude  auroit 
effectivement  cite  ccs  deux  ouvragcs  apocryphes  ,  il  a  pu^ 
comme  piophete  ,  discerner  dans  ces  ouvrages  ce  qui 
etoit  vrai  de  ce  qui  etoit  faux,  il  y  avoit  dans  ces  ecrits 
plusieurs  verites  que  saint  Jude  pouvoit  avoir  apprises 
d'ailleurs.  Cc  qui  regarde  le  livre  d'Henoch  va  lairc  le 
sujet  d'une  Dissertation  particaliere ;  et  a  I'egard  de  PAs- 
somplion  de  Mo'ise  ,  et  du  combat  de  saint  Michel  contre  le 
dejnon  a  ''occasion  du  corps  de  Moisc  ,  nous  en  avons 
parle  dans  une  Dissertation  placce  a  la  tele  du  Deulero- 
nonie,  tome  iv.  Saint  Jerome  *"  ne  trouve  pas  plus  d'in- 
convenienC  a  dire  que  saint  Jude  ait  cite  un  livre  apo- 
cryphe ,  qu'il  y  en  a  a  dire  que  saint  Paul  a  cite  des  poctes 
profanes.  Mais  la  difference  est  grande  ,  en  ce  que  saint 
Paul  cite  les  profanes  comme  profanes,  et  que  saint  Jude 
cite  Henoch  comme  etant  prophete  ". 

Grotius  s'est  imagine  que  cette  cpitre  etoit  I'ouvragc 
de  Judas  ,  quinzieme  eveque  de  Jerusalem  ,  qui  vivoit 
sous  Adrien  ,  un  peu  avant  que  Barcochebas  parut.  11 
croit  que  ces  mots  qu'on  lit  a  la  tete  dc  I'epitre,  Fratcr 
aiitem  Jacohi,  y  out  ete  ajoutes  par  les  copistes,  inte- 
resses  a  la  faire  passer  pour  I'ouvrage  d'un  apotre.  il  dit 
de  plus  que  Judas ,  ou  Jude  ,  lie  se  qualifie  point  apotre  , 
mais  seulement5^rr«V<?«rfl?5  Jesus-Chrisl :  ce  qui  est  contre 
I'usage  dcs  vrais  apotres,  qui  ont  grand  soin  de  meltrc 
leur  qualite  a  la  tele  de  leurs  epitres  pour  leur  concilier 

*  Etiseh.  lib.  III.  cap.  '^.i.  Hist.  EccL  — -  Hieivn.  de  (-^irls  liluslr.  c.  l\- 
—  ^  Ampldloch.  Caini.  ad  Scleiic.  Nazianz.  cairn.  i7.5.  —  *  Euseb.  lib.  ti. 
crtp.i'^  — *  f^i'de  Jiigitsl.  lib.  xv.  de  Civ.  cap.  23.  el  lib.  xviii.  cap.  38. 
BarOiol.  Petri,  hie  et  alios.  —  "  llieron.  in  Til.  c.  i .  • —  '  Jiidce  f.  t ',.  Pro- 
pJiela.'it,  dchis  scpliinits  ah  Ad-tm  Henoch. 


SIR  l'ePITRE  DE  S\1M  JLDE.  58  I 

plus  d'autorite.  Enfin  il  ajoutc  que  si  on  I'dit  crue  Jc 
saint  Judc  ap6tre,  aucune  eglise  ne  I'auroit  rejetee,  ci 
que  toutes  se  seroient  empressees  a  la  iraduirc  en  lour 
languc  des  les  commencemens  ;  ce  qu'il  ne  paroit  pas  que 
Ton  ait  fait '.  Luther,  les  centuriateurs,  les  anabaptistes  , 
et  Kcmnitius,  la  rejettent  aussi  comme  douteuse,  sans  en 
donncr  aucune  bonne  preuve;  car  celles  qu'on  vient  dc 
proposer  sont  Louies  des  plus  foibles. 

On  n'a  pas  la  nioindre  preuve  que  ces  mots,  Fraler 
nutcm  Jacobi,  aicnt  ete  ajoutes  par  les  copistes;  ils  sc 
trouvent  dans  les  plus  anciens  exemplaircs  ,  comme  dans 
tous  les  nouveaux.  La  suppression  de  la  qualitc  A'npolre 
a  !a  tele  de  cette  epilre  ne  fait  ricn  contre  I'apostolat  de 
saint  .Uide,  q«ii  est  si  connu  d'ailleurs  par  I'Evangile. 
Saint  Paul  ne  se  qualifie  point  apotre  a  la  lele  de  I'epitre 
aux  Ephesiens,  ni  dans  les  deux  aux  Thessaloniciens,  ni 
dans  cellc  a  Philemon ,  ni  dims  cellc  aux  Hebreux  ,  ni  saint 
Jean  dans  aucune  de  ccs  trois  ephrcs,  ni  snint  Jacques  a 
la  tete  de  la  sienne.  Le  doute  de  queiques  eglises  sur  la 
cnnonicile  de  Tcpitre  de  saint  Jude  ne  doit  pas  faire  plus 
de  tort  a  son  auteur  qu'uu  doute  pareil  que  Ton  a  forme 
sur  la  seconde  epilre  de  saint  Pierre  ,  sur  les  deux  der- 
nieres  de  saint  Jean,  et  sur  celle  de  saint  Paul  aux  He- 
breux ,  n'en  fait  aux  apolres  qui  en  sonl  les  vrais  autcurs. 
11  n'y  a  rien  dans  cette  epitre  qui  ne  convienne  a  la  per- 
sonne ,  au  temps,  et  aux  autres  circonslances  que  nous 
connoissons  de  la  vie  de  I'apotre  saint  Jude.  Les  hereti- 
ques  qu'il  y  combat,  les  erreurs  qu'il  y  attaque  ,  etoient 
en  vigueur  de  son  temps.  II  y  cite  ,  sans  la  nommer ,  la 
seconde  epitre  de  saint  Pierre  ,  et  parle  des  apotres 
comme  etant  raorts  depuis  quelque  temps.  Rien  de  tout 
cela  n'est  contraire  au  temps  on  a  vecu  saint  Judc;  car 
il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  a  survecua  la  prise  de  Jerusalem. 
\ucun  des  anciens  qui  ont  cite  cette  epitre  n'a  lemoigne 
de  doute  sur  son  auteur.  lis  I'attribuent  unanimement  a 
saint  Jude  apotre.  Personne  avant  Grotius  n'a  songe  a  la 
donncr  a  Jude ,  quiuKieme  evrque  de  Jerusalem ,  dont  on 
ne  connoit  proprement  que  le  nom. 

A  I'egard  du  doute  de  queiques  auteur o ,  on  peut  leur 


'  On  I'a  en  syriaqui- ,  en  aral>e  et  en  elhiopien  dan?  la  po'.yglotic  d'Angle- 
lerre :  elle  est  en  syriaquc  et  en  arabe  dans  la  polygloUedf  Le  Jay.  et  aillears. 
\  oyc*  Cornel,  a  Lajnde ,  preface  sur  celle  epilre. 


58a  PHEFACE   SLR  e'eI'ItKE  UE  SAIN T  JTjDE. 

opposer  Origene',  qui  fait  I'elog^e  de  cette  epitre,  en 
disant  que  saint  Jude  a  ecril  une  lettre  qui ,  dans  le  peu  de 
lignes  qu'elle  contient,  renferme  dos  discours  plcins  de 
la  force  et  de  la  grace  du  ciel.  Saint  Epiphane  ^  dit  qu'il 
croit  que  le  Saint-Esprit  a  inspire  a  saint  Jude  le  dessein 
d'ecrire  contre  les  gnosiiques  dans  I'epitre  que  nous  avons 
de  lui.  Saint  Clement  d'Alexandrie  ,  dans  son  commen- 
taire  sur  cette  epitre  ,  traduit  par  les  soins  de  Cassiodore, 
dit  que  ce  saint  apotre  n'a  pas  voulu  par  modeslie  se  qua- 
lifier frere  du  Seigneur  ,  mais  seulement  serviteur  de  Jesus- 
Christ ,  et  frlre  de  Jacques.  Le  mcnie  saint  Clement  d'A- 
lexandrie dans  ses  Stromates  ,  et  dans  son  Pedagogue  ^ , 
et  Tertullien  dans  son  livre  des  Parures  des  femmes  * , 
la  citent  comme  Ecriture  canonique  ,  et  comme  de  saint 
Jude. 

Elle  est  inseree  dans  les  anciens  caialogues  des  Hvres 
sacres  ,  comme  dans  celui  du  concile  de  Laodicee  ^ ,  dans 
celui  du  troisieme  concile  ae  Carthage  ^  ,  dans  I'epitre 
pascale  de  saint  Alhanase ,  et  dans  sa  Synopse  ;  dans 
saint  Cyrille  de  Jerusalem  \  dans  saint  Gregoire  de  Na- 
zianze  ^ ,  dans  Rufin  ^ ,  dans  saint  Augustin  '",  dans  Inno- 
cent !*•■  ",  et  dans  ceux  qui  sont  venus  dopuis.  Elle  est 
citee  par  les  peres  que  Ton  vient  de  nommer ,  et  par  Lu- 
cifer de  Cagliari  '^,  par  saint  Ambroise  ^^,  par  saint  Je- 
r6me  '*,  et  par  beaucoup  d'autres  :  de  maniere  qu'on  ne 
peut  aujourd'hui  raisonnablement  douter  qu'elle  ne  soil 
reconnue  par  toule  I'Eglise  ;  et  elle  Test  incontestable- 
ment  depuis  le  quatrieme  siecle. 

'  Origen.  in  MaUh.p.  aaS.  Icu(5'*;  v^^aAfii  EuKjToXr.v  6XfYc'<jriy_ov  u,£v,  tts- 
TrXmpwaj'vTv  ^s  rwv  rr;  o-jpavtcj  j^apiTo;  afpwfj-svMv  Xo'-j-wv,  i'art;  svtw  TTopcciatM 
Etpwsv  U\jSa.%,  etc.  l^'ide  et  homil.  7.  in  Joan.  —  -  Epiplmn.  hares.  26. 
Kat  T.y/i  TOUTtdv  (twv  TvocTaSiv),  cip-at,  i>t.nr.6-fi  70  A")'tcv  nvEu[J.a  s'v  tm  ATTOa- 
To'Xw  Iou(5'a  ,  Xs'-^w  Sk  i•^  -ri  utt'  auroO  "^ooLwdari  /iaOo/.txrj  eTriaToXr.  — ^  Clem, 
^lex.  Pcedagog.  lib.  iii.  et  Strornat.  lib.  ni.  —  *  Tertull.  de  Cullii  femin. 
cap.  4.  —  *  Laodicen.  Can.  60. —  ^  Carthag.  Can.  47.  —  ^  Cyrill.  Jerosol. 
Catech.  4. —  *  Nazianz.  Cam.  34. —  '  liiijin.  Exposit.  in  Symbol,  apud 
Cyprian,  p.  55'i. —  '°  August,  de  Doctrin.  Christ,  lib.  11.  cap.  8. — 
"  Innocent,  i.  epist.  3.  cap.  7.  —  **  Calariian.  Tract.  De  non  com-eniendo 
cum  huireiic.  —  "  Ambros.  in  hue.  vrii.  -^  28.  —  "  Hieron.  in  Jerem. 
XXIX.  8.  etin  Ezech.  xxxr. 


DISSERTATION 
SUR  LE  LIVRE  D'HENOGH 


II  est  surprenani  que  les  deuil^premiers  siecles  de  I'E-    Trois  soris 
i^lise,  qui  onl  cte  les  plus  illustres  par  la  saintelt'  cies  fide-  d'ennemis 
les  ,  et  par  le  nombic.  des  martvrs,  par  les  miracles  el  par  q^elareligion 
la  doctrine  des  apolrcs  et  de  leurs  disciples ,  ajent  aussi  ete  ^^^^  j^^^  j^^ 
les  plus  souilles  par  les  heresies  au  dedans ,  et  les  plus  atla-  pnrniers  sio- 
ques  au  dehors  par  des  cnneniis  dangereux  qui  repandi-  des:  les 
rent  centre  la  religion  chrelienne  une    infinite  de  calora-  pa'cns.leslic- 
nies,  pour  tacher  de  la  decrier  et  de  la  deshonorer.  De  la  i^s'^y,  /^j^ 
lant  de  faux  evangiles,  de  faux  Actes  des  Apotres  ,  de  Combien    I.-s 
fausses  Apocalypses  ou  revelations ,  de  faux  recils  de  la  IWres  apocrj-- 
vie  et  de  la  niorl  des  plus  illustres  personnages  de  I'Eglise ;  P''?*  falx'  - 
de  la  les  sectes  aborainables  des  simoniens  ,  des  nicolaites ,  f^^^  ^|g  ^" 
des  gnosliques  ,   des  carpocratiens  ,  des  basilidiens  ,   des  toient  capa- 
menandriens  ,  et  tant  d'autres,  donl  chacune  avoit  ses  l>les  de  nusre 
evangiles ,  et  ses  autres  livrcs ,  differens  de  ceux  de  I'Eglise,  ^  '*  religion, 
forges  expres  pour  soulenir  leurs  erreurs,  el  pour  tendre 
des  pieges  a  I'ignorance  des  simples. 

On  vit  aussi  paroilre  dans  le  nieme  temps  une  autre 
horles  d'enncmis,  qui,  avec  des  intentions  moinsnoires,  ne 
iaisscrcnt  pas  de  faire  un  tre§  grand  tort  a  la  religion,  et 
furcnl  les  auteurs  de  certains  livres  apocryphes  ,  composes 
sous  le  nom  des  plus  grands  hommes  de  la  Synagogue  , 
de  I'Eglise,  ou  m^me  du  paganisme,  pour  atlirer  a  la  reli- 
gion chrelienne  les  Juils  el  les  paiens,  en  vouiant  leur 
persuader  que  leurs  plus  celebres  personnages  avoient 
predit  Jesus -Christ  d'une  maniere  pleine  de  clarte  et 
d'evidcnce.  C'esl  ce  qui  a  prf»duit  les  (jeuvrts  de  Trisme- 
giste  et  des  sibylies  ,  le  livre  d'Henoch  ,  le  quairieme 
d'Esdras  ,  le  Testament  des  douze  patriarches  ,  el  quelques 
autres ouvrages  de  cetle  nature,  qui  onl  quelqucfois engage 
dans  des  meprises  de  tres  anciensperes  de  I'Eglise.  lesquels 
ne  se  precaulionnoient  pas  assez  conlrc  Timposture  ,  et  a 
qui  un  grand  nom  imprimoit  du  respect. 


)84 


DISSERTATION 


nocli . 


Get  artifice  etoit  d'autant  plus  dangercux  ,  que  I'effet  en 
paroissoit  infaiUible ;  car  ,  ou  ces  mauvais  livres  devoient 
etre  re^us  comme  vrais  et  comme  composes  par  les  au- 
teurs  dont  ils  portoient  les  noms ,  et  alors  les  erreurs  qui 
y  etoient  melees,  passant  pour  des  vcrites  respectables, 
infectoient  tous  les  esprits ,  et  la  fourberie  avoit  tout  son 
effet ;  ou  ces  livres  etoient  rejetes  et  leur  faussele  recon- 
nue,  et  alors  les  vrais  ouvrages  des  apotrcs  et  de  leurs  dis- 
ciples en  souffroient,  en  devenanl  par-la  douteux  a  plu- 
sieurs  fideles  et  a  tous  les  etrangers  qui  ne  pouvoient  ou  ne 
vouloient  pas  prendre  llf  peine  de  faire  le  dicernement  des 
pieces  authentiques  et  veritables,  d'avec  les  pieces  apo- 
cryphes  et  supposecs  :  or,  c'eloit  loujours  un  grand  mal 
de  reussir  a  decrier  ou  a  affoiblir  I'autoriie  des  saintes 
Ecritures  dans  I'esprit  des  infideles  ou  des  fideles. 
Divers  juge-       Lg  livre  d'Henoch,  dont  nous  entreprenons  de  parler 
mens  que   es  -^j    ^-^^  j,^^^^  assez  diversement  dans  I'Eoflise.  A-U  commen- 
poru's  sur  le  Cement ,  il  y  tut  estime  par  piusieurs  iideles  ;  et  le  temoi- 
livred'Hc-     gnage  que  I'apotre  saint  Jude  paroissoit  lui  avoir  rendu 
dans  son  epttre  ,  le  fit  regarder  comme  canoniquc ,  ou  du 
nioins  comme  un  ouvrage  qui  ne  contenoit  rien  de  con- 
traire  a  la  religion ;  ce  fut  ainsi  qu'il  fut  recu  par  un  assez 
bon  nombre  d'ancieus  percs  ,  tandis  que  d'autres  plus  al- 
tentifs  et  plus  circonspects  s'en  deficrent  et  le  rejeterent. 
Les  premiers  y  puiserent  un  sentiment  insoulenablc ,  et 
qui  n'a  pas  laisse  d'avoir  grand  cours  dans  I'antiquite  ; 
c'est  cju'une  troupe  d'anges  prevaricateurs  ,  ayant  concu 
an  amour  impur  pour  !cs  filles  des  homnies,  s'etoientsou- 
leves  contre  Dieu,  avoient  epouse  ces  femmes  et  en  avoient 
eu  des  enfans ,  qui  furent  ce^  hommes  connus  dans  I'anti- 
quile  sous  le  nom  de  Geans ,  celebres  par  leur  taille  pro- 
digie.use  et  par  leurs  crimes. 

Saint  Jude  est  le  premier  qui  ait  parle  d'une  prophetic 
d'Henocb.  Apres  cela  on  voit  le  bvrc  d'Henoch  cite  dans 
le  Testament  des  douze  patriarches  ,  qui  est  certainement 
aneien.  puisque  Origcne  en  fait  mention  ^  C'est  dans 
ce  livre  que  saint  Justin  le  martyr^,  saint  Clement 
d'Alexandrie  \    saint    hence"*,    TertuUien  ^.,    Athena- 

»  Origen.  Hornil.  xv.  in  Josiie.  —  ^  Justin,  mavlyv.  Jpolog.  i.  pag. 
44  el  Jpolog.  u.  pag.  55.  —  ^  Clem.  Alex.  lib.  iii.  el  v.  Sirom.  et  lib.  n. 
Pcedag.  c.  i.  —  *  Ircn.  lib.  i\.  cap.  So.  sen  cap-  i6.  nov.  edil.  el  cap.  70. 
num.  36.  —  *  Tcrtull.  lib.  de  Jdololat.  cap.  9.  dc  Cullu  miiUer  c.  10.  de 
peland.  in'rgin.  c  ?• 


I 


SLR  LE  LIVr.E  D'nL."<OCn.  o8-J 

i;oi  e  ' ,  saint  Cyprieii  *  ,  Laot.-snie  * ,  Sulpice-Sevcrc  * ,  !Mi- 
niitius  Felix  ^ ,  saint  Ambroisc  ®,  Prorlus  et  Psellus  . 
philosophes  chretiens  ,  out  piiise  leur  sentiment  sur  le 
mariaeje  des  anijcs  avec  !es  filles  des  honimes  :  erreur  que 
laulcur  du  livre  d'Henoch  avoit  apparcmment  tjrec  de 
quelques  excniplaires  de  la  version  des  Septante  ,  oii  on  li- 
soit :  Lss  tinges  de  Dieii '  voyant  que  les  JiUes  des  homines 
etoient  belles ,  prirenl  d'enlre  elles  pour  Jemmes  loutcs 
ecllcs  qii'ils  atoicnt  choisies ,  au  lien  que  les  aiitres  excni- 
plaires porleni  eonforniemenl  a  I'hebreo  et  a  la  Vulgate  : 
Les  enjans  de  Diea  voyant  que  le<;  Jilles  des  hcmmes  ,  etc. 
Cest  sur  ce  texte  ma!  entendu  que  I'autcur  doni  nous  par- 
Ions  a  compose  son  histoire  de  la  revoke  des  angcs  et  de 
leur  prelendu  manage. 

Cetouvrao;e  nesubsiste  plus  dans  son  enlier,  niais  on  en  '  i.  ;-."<.ii> 
trouve  divers  fraemens  ,  qui  sonl  assez  considerables  pour  ''"'  "«u^  r<^ 
nogs  en  uonner  une  juste  Kiee.  Plusieurs  croient  que  sanil  j'H'.!:(x1i. 
Jude  cite  ce  livre  ,  lorsqu'il  dit :  Henoch,  qui  est  le  seplieme 
depuis  Adam  ,  a  prophrtise  ,  el  a  dit  en  parlant  de  ces  per- 
sonnes  (  des  heretiques  qni  corrompirent  la  docti'ine  de 
Jesus-Christ,  auxquels  saint  Jude  attribue  ce  qui  est  dit 
des  impies  qui  vivoient  avant  le  deluge  ) :  Voicile  Seigneur 
qm  vient  avcc  ses  milliers  de  saints  pour  juger  fous  les 
hoinmes ,  et  pour  convaincre  to  us  les  impies  de  lonles  les  im- 
pietes  qa'ils  orU  commises ,  et  de  toutes  les  paroles  insolenles 
que  les  pecheurs  et  les  impies  onl  proferces  conlre  lui  **. 
L'auteur  du  Testament  des  douze  patriarchcs  en  cite  aussi 
plusieurs  passages  doni  nous  rapporlerons  les  nrinci- 
paux  ci-apres.  Saint  Irenee^  dil  c^a'Heiiock  ,  quoiqn'il  ne 
flit  qu'un  simple  homme ,  fat  envoye  dc  la  part  dc  Dim 
comvie  amhassndeur  vers  les  anges  rebellcs.  Saint  Juslin  , 
ot  plusieurs  autres  que  nous  avons  noinmes  ci-devant , 
parlentde  Tamour  impur  que  les  anges  concurent  pour 
les  filles  des  horames.  Tertullien  ^^  fail  le  denombre- 
mcnt  dos  inventions  que  le  livre  d'llenocli  aitr.bue  a  ces 
anges  rebelles.  Saint  Hilaire  '*  dil  qu'ils  s'engagerenl  par 

*  AJteiiag.  legul.  pi-o  ChrUliaiiis .  — *  Cjpu'an.  de  dfsciil.  et  llabiiu 
vifg.  .1.  54.  —  5  l,actanL.  lib.  11.  cap.  14.  ^  *  Sulph.  SenT:  hist.  sacr. 
I.  I.  —  *  Minutius  in  GcUn'io.  —  *  Jmiros.  lib.  de  Noe .  e:  Area,  c.  4. 
nlib.  I.  de  t  irginih.  — '  On  I il  encore  aiiisi  dans  If  MS.  alex.  Gen.  w. 
1.  O;  AY]f2>.£t  Tty  QiiO,  :t/..  —  *  Judce.  ep.  canon.  <  i\.  \5.  —  '  It-eit. 
lib.  IT.  c.  3o.  —  «"  Icnull.  dp  Culitt  femin.  li,'.  <•  Hit,.r.  in 

pifdm.  ili.  y  3. 


o86  DISSERTATION 

d'horrlbles  analhemes  a'la  revoke  conlre  Dieu ,  sur  une 
montagne  qui  depuis  ce  teinps-la  fiit  riomuit-o  Hermon  ^ 
c'est-a-dire  Analhcme. 

Mais  le  plus  important  de  ccs  fVagmcns  est  celui  qui  nous 
aete  conserve  par  Georges  Syncelle  dans  sa  Clironique  ' , 
ct  qui  a  ete  donne  au  public  pour  la  premiere  fois  par  Jo- 
seph Scaliger '^,  On  y  lit  qua  les  veillans ,  en  grec  iyorcjoool 
(  c'est  ainsi  que  le  livre  d'Henoch  appelle  Ics  anges ,  a 
rimilation  de  Daniel  ^  _,  (jui  leur  donne  Ic  nienie  nom)  , 
etantepris  de  Tamour  des  fernmes ,  s'exhortercni  les  uns 
lesautresa  prendre  pour  epouses  toutes  celles  qui  leur  plai- 
roient  davantage.  Le  prince  des  veillans ,  nomme  Semiexas 
ou  Samsa'i ,  les  ayant  assembles  au  nombre  de  ^  deux 
cents  sur  une  haute  montagne  ,  leur  dit :  «  Je  crains  que 
vons  ne  refusiez  d'executer  le  projet  que  nous  venons  de 
I'ormer,  et  que  me  trouvanlscul  engage  danscette  resolu- 
tion ,  et  convaincu  de  celte  revoke  ,  Dieu  n'en  fasse  re^om- 
ber  sur  moi  seul  toute  la  peine  ;  ainsi  confirnions-la  par 
serment,  et  engageons-nous  par  des  anathemes  a  accom- 
plir  ce  dont  nous  sommes  convenus.  »  Alors  ils  lirenl  des 
sermens  et  des  imprecations  horribles  contre  ceux  qui  s'en 
dcpartiroient ;  el  de  la  est  vcnu  le  nom  <\'Hermon  p'Dnn  , 
c'est-a<lire  AnaLhcme ,  donne  a  la  montagne  oii  ils  jurcrent 
ce  complot.  Or,  voici  les  noms  des  principaux  chefs  de 
ces  anges  rebelles.  Le  premier,  Semiexas;  le  second, 
Alareuph ;  le  troisieme  ,  Araciel;  le  quatriemc,  Cohabiel ; 
le  cinquieme  ,  Horammame ;  le  sixieme  ,  Ramiel ;  le  sep- 
tieme ,  Sampsich;  le  huilienie,  Zacicl;  le  neuvieme  ,  Bal- 
ciel\  le  dixieme,  Azabzel;  le  onzicme,  Pharmarus ;  le  dou- 
zieme  ,  Amaricl;  le  treizieme  ,  ylnagcmus  ;  le  (jualorzieme  , 
Thaiisail;  le  quinziem  > ,  Samicl ;  le  seizieme  ,  Sannaa  ;  le 
dix-septieme,  Eumiel;  le  dix-huitieme  ,  Tyriel ;  le  dix-neu- 
vieme  ,  Juiniel;  le  vingtieme  ,  Sariel. 

Ce  fut,  dit  I'auteur ,  I'an  du  monde   1170  "^ ,  que 


TP^ 


*  Syncelli  Chroiiog7-ajjh.  pag.  1 1.  ef  24-  —  ^  Joseph.  Scaliger,  adGn 
Euseb.p.  4o3.  —  ^  Dan.  iv.  to.  r4.  20.  Hebr.  "VJ  Hir.  Jqii.  Sym-t^^  . 
ppo?,  l^'Jgil- — *  Quelques-uns  ne  lisenl  que  cent.  Origcne  contre  Celse, 
\.  V,  pag.  267,  poi-le  iju'ils  descenclireni  au  nomhre  Je  60  011  70.  —  *  Syn- 
celle^  pag.  16,  dit  que  les  veillans  descendlrent  du  ciel  Fan  du  monde  io58. 
Dans  la  suite  11  dit  qu'Hcnoch  rc^ut  la  revelalion  du  deluge  fulur  I'an  du 
monde  i42j  ;  qu'il  fut  transporle  au  paradis  Tan  du  monde  148S  5  que  Dieu 
prononca  la  sentence  contre  les  veillans  I'an  du  monde  2 1 2  r  ,  et  que  le  deluge 
arriva  I'an  du  monde  224.1 :  en  sorte  que  depuis  la  descenle  des  veillans  j 
qu'au  deluge,  il  y  a  118 3  ans. 


SLR  LE   LIVRE  d'hkNOCH.  687 

angesoules  veillansprircntdcsCemmes,  ctilsles  j;ardercm 
jusqu'au  deluge.  Ces  femmes  leur  produisirent  Irois  races 
d'enlaiis  :  savoir,  des  fils  nommes  Enakini ;  dcs  petits- 
(ils  ,  nouwwc^,  Xephilim  ;  et  dcs  arricTe-pelits-fils,  appcles 
Elidiiun.  Les  Euakim  ,  ou  les  geans  ,  enseignerent  a  leurs 
egaux  et  a  leurs  femmes  les  cnchantemens,  el  I'usage  du 
poison.  Ab/azcl,  ou  Azabzel ,  qui  est  le  dixierac  d'cntrc 
les  chefs  de  ces  raauvais  anges  ,  monlra  aux  liomines  la 
chiriiie  ,  la  maiiiere  do  fondre  el  de  preparer  les  melaux  , 
dc  forger  dcs  anncs  etdcs  instrumens  de  guerre,  de  polir 
et  de  mettre  en  oeuvrc  les  pierres  precieuses,  ct  d'employer 
lesparurcspouraugmenterlabcaute  des  femmes.  Semiexas, 
le  chef  de  tous  ,  leur  inspira  la  hahie,  la  vengcance^el  la 
maniere  de  faire  perir  les  hommes  par  le  sue  veneritux  des 
herbes.  Pharmarus  '  ,  le  onzieme  de  ces  princes ,  decou- 
vril  les  arts  curieux  de  la  magie  ,  des  sortileges.  Balciel 
apprit  aux  hommes  Ic  coui's  des  aslres;  Cobabiel  leur  mon- 
tra  I'astrologie  ;  Zaclel  leur  expliqua  les  signes  de  I'air  ; 
Araciel ,  ceux  de  la  terre  ;  Sampsich  ,  ceux  du  solcil ;  Sa- 
riel ,  ceux  de  la  lune  ,  pour  en  tirer  des  presages  de  I'a- 
venir. 

Or,  les  gcans  s'etani  mis  ase  nourrir  de  chair  humaine, 
le  nombre  des  hommes  diminua  notablement ,  en  sorte 
que  ceux  qui  resterent,  voyant  leur  espece  presque  anean- 
lie  ,  eleverent  leurs  voix  vers  le  ciel,  et  priereut  Dieu  de 
sesouvenir  d'eux.  Alors  les  quatre  premiers  anges,  Michel, 
Uriel,  Raphael  et  Gabriel  s'adresserent  au  Seigneur,  et 
lui  represenlerent  les  maux  infinis  que  les  anges  apostats 
avoient  fails  sur  la  lerre  ',  ct  ceux  que  les  geans  y  commet- 
toient  tous  les  jours  ;  ils  lui  remoalrerent  que  les  esprils 
des  ames  de  ceux  qui  avoicnl  ete  mis  d  morl~  ,  soupiroient 
jusqu'au  ciel,  et  nc  pouvoicnt  sortir  de  la  terre  a  cause 
des  crimes  qui  s'y  commettoient ,  et  dont  elle  etoit  toute 
souillee. 

Le  Tout-Puissani  dii  a  Uriel :  Allez  vers  Noe  ..  fils  de 
Lamech ,  el  diles-Iui  de  ma  part  que  je  dois  bieulot  en- 
voyer  le  deluge  sur  la  tcrrc ;  qu'il  annouce  aux  hommes 
leur  malheur  prochain  ,  ct  qu'il  se  dispose  a  eviter  ce  dan- 
ger, afin  qu'il  puisse  reparer  la  perte  de  toutes  lesplantes, 


'  Quelques-uns  lisent  Phaitnacus,  ou  Phanneceus ,  qui  signifie  un  em~ 
poieonneur.  —  •  Voyez  la  Dissertation  suf  la  nature  de  lame  »elon  les  Ht- 
irettr ,  torn.  xi. 


588  DISSKHTATIO^ 

el  qu'il  rcproduise  sur  la  tcrrc  une  race  nouvclK'  qu;  sub- 
sis!cra  jusqn'a  la  fin  des  siecles. 

Dieu  dit  aussi  a  Rapha(il  de  prendre  le  mauvais  ange 
A.zael ,  de  ie  charger  de  chaincs  ,  de  le  jeler  dansles  tene- 
brea,  d'ouvrir  le  fond  du  desert  de  Dudael,  d'y  jeler  cet 
ange  revoke  dans  uneprofonde  obscurile  ,sur  desrochcrs 
durs  ct  poinlus  de  guerir  la  terre  de  toutes  ses  iniquiles  , 
et  de  dresser  un  etat  de  tous  les  crimes  qui  s'y  etoient 
eommis. 

11  dit  ensuite  a  Gabriel  :  AUez  trouver  les  geans ,  ces 
superbes  fils  des  veillans  ,  meltez  entre  eux.  une  telle  di- 
vision ,  qu'ils  se  fassenl  la  guerre  ct  se  delruisent  i'un 
raiH|;e. 

Enfi'n  le  Seigneur  dit  a  saint  Michel  :  Allez  prendre  Se- 
miexas,  le  chef  des  anges  rebellcs  ;  et  apres  qu'il  aura  etc 
leniyjn  dcla  mort  de  ses  fils  les  geans.  conduisez-le  a  I'ex- 
treraitjj  de  la  terre,  afin  qu'il  y  dcmeure  pendant  soixante- 
dix  generations  ,  jusqu'au  jonr  du  jiigenient.  Alors  il  sera 
precipite  dans  le  chaos  du  feu  ctcrnel ,  et  resserre  dans  les 
liens  d'une  elernelle  prison,  ou  ildemeurcra  avcc  ceux  qui 
scronldamnesavec  lui.  Ilajouta:  Quant  aux  geans  qui  sent 
sorlis  de  la  conjonction  des  veillans  avec  les  filles  des 
homines,  lis  seront  sur  la  terre  commc  de  mauvais  csprits, 
qui  y  causcront  toutes  sorfes  de  desordres,  des  meurtres  , 
des  ravages;  ils  possederont  leshommes,  les  jetteront  par 
terre;  ils  y  vivront  sans  nourriture  ,  feront  paroitre  des 
spectres ,  seront  affliges  de  lasoif ,  attaqueront  les  hommcs, 
et  lourmenleront  les  onfans;  ^|cela  depuis  le  moment  de 
leur  mort  jusqu'au  dernier  jour  du  jugement  a  la  fin  des 
siecles.  A  I'egard  de  la  montagne  sur  laquelie  ils  se  sont 
'  engages  au  crime  et  a  !a  rcvo'.te  par  des  scrmens  et  des 
execrations^  elle  demcureramaudiic,  etlivree  aux  neiges, 
aux  (Voids  et  au>:  frimas  jusqu'aTi  jour  du  jugement;  alors 
elle  sera  fondue,  et  consumee  par  les  flammes. 

On  lisoit  dans  le  meme  ouvrage  que  Fan  d'Henoch  i66, 
du  monde  i  286, 1'ange Uriel,  qui  est  le  prince  des  astres, 
fut  envoye  de  Dieu  a  Henoch  pour  lui  reveler  ce  que  c'est 
que  lemois,  I'annee,  et  le  solstice.  Voila  le  precis  de  ce 
que  contient  !e  fragment  du  livre d'Henoch,  qui  a  ete  con- 
serve par  Synccile.  Cet  ouvrage  avoit  au  moins  deux  li- 
vres,  puisque  Syncelle  cite  le  premier  livre. 
OninronsJi-  ^^^  J>as5age  d'Henoch  cite  par  I'apotre  saint  Jude  ne 
verses  sur  le  sc  Irouvc  pas  dans  les  fragmens  qui  nous  en  restent ,  et  it 


V  a  dcs  ecrivains  qui  doulcnt  qu'il  y  ait  jamais  ete.  l.cs  uns  tomoignage 
oroient  que  saint  Jude  ravoil  appris  par  la  tradition ,  et  ne  d  Henoch  ciio 
I'avoit  lu  dans  aucuu  livre  ;  d'aulrcs,  que  le  Sain l-Esprit  ^^"^ 
lui  avoii  revele  immediateuient  qu'Henoch  avoit  autrefois 
prophetise  cc  qu'il  en  cite  :  d'autrcs'  out  soupconne  que 
I'auteur  du  livre  d'Henoch  n'avoit  ecritson  ouvragequa- 
pres  coup,  et  qu'il  avoit  pris  loccisiondu  passage  cite  par 
j^aint  Jude  pour  le  composer,  voulant  lui  procurer  ducre- 

it,  en  faisant  croire  que  cet  apolre  Tavoit  connu  et  cite 
ilans  son  epilre. 

Mais  Ics  peres  qui  conuoissoienl  le  livre  d'Henoch  ,  cL 
<}ui  I'avoicnt  en  main  ,  semblent  avoir  reconnu  que  le 
passage  qui  est  cite  par  saint  Jude  s'y  Irouvoit  en  termer 

\pres ;  et  saint  Jerdme^  dit  que  la  raison  pour  laquelle 
piusieurs  rejetoient  I'epitre  de  saint  Jude,  etoit  qu'il  y  ci- 
loit  le  livre  d'Henoch.  Tertullien^ ,  au  contraiie  ,  inferoit 
lauthenticite  et  la  divinite  de  ce  livre  de  ce  que  saint 
Jude  Pavoit  cite.  Enfiu,  de  quelle  autorite  auroit  ete  cellc 
prophetic  citee  par  saint  Jude  aux  fideles  nouvellemeni 
converiis,  si  elle  n'eut  jamais  exisle  ,  ou  qu'elle  ne  leur 
e6t  pas  ete  connue?  Un  auteur  inspire  peul  queiquetois 
citer  un  poete  paien  en  parlant  a  des  gcntils  ,  pour  Ics  con- 
vaincre  par  leurs  propres  auleurs ,  oul'alleguer  aux  fideles 
pour  monlrer  que  les  verites  qu'il  annonce  onl  ete  con- 
nues  meme  des  profanes.  Mais  il  ne  s'avisera  pas  d'alle- 
guer  une  prophetic  inconnue  et  sans  aveu,  ayant  lui-meme 
toute  I'autorite  neccssaire  pour  se  faire  croire  ,  sans  avoir 
besoin  de  produire  d'autres  temoins  ni  d'autres  garan?.  11 
faut  done  conclure  que  la  prophetic  d'Henoch  etoit  a'ors 
ecrite,  ou  du  moins  qu'elle  etoit  connue  des  fideles  prr  !a 
tradition. 

Car  il  faut'reconnoitre  qu'il  y  avoit  parmi  les  Juii.s  Ji-      Traditions 
verses  traditions  non  ecrites ,  et  qui  ne  se  conscrvoient  ion  ecriies 
que  dans  la  memoire  du  peuple  :  par  cxemple,  ce  que  dit  cliez  Ics  Juifs. 

»IoTse  de  Jannes  et  Mambres^  qui  s'opposerent  a  Moise  en^ce'rar"  le 
dans  !a  cour  de  Pharaon,  et  ce  que  raconte  saint  Jude  '  de  tcmoignage 
la  contestation  cntrc  saint  Michel  eilc  demon  loiichant  le  d'Henoch  ciie 

parS.  Jude? 

'  /  i:ie  Herman.  I  itsii.  Meleiem.  Leideiis.  p.  ooi.  et  Heideggcv.  Hisc. 
pntriarcharum.  —  '.  Uitronjrm.  in  catalogo  script.  Eccles.  c.  .',.  Quia  de 
liOi-h  Henoch,  qui apocrrphiis  est ,  in  ea  (  epistola  )  assumit  ies  imonium,  a 
pierisque  rejicitiir.  Fide  et  in  caput  i.  ep.  ad  Tiitim.  —  ^  J'cilull.  lib.  \. 
V.  3.  dc  CuUuJ'einin.  Accedlt  quod  Henoch  ad  Judam  aposiolum  testimo- 
nium perhibet.  —  *  2.  Timofh.  HI.  S.  —  *  Jtida  epist.  j-  9. 


•■'Qf*  DISSEUTATION 

corps  de  rvloise  :  IraJition  qui  semble  avoir  dorine  lieu  a 
nil  livre  que  nous  avons  encore  aujourd'hui  sous  le  litre  dc 
nWD  m''J3  PelimUi  Mosche ,  ou  Mort  de  xMoise,  qui  a  ete 
ecrit  depuis  Jesus-Christ ,  puisqu'il  parle  de  la  ruine  du 
second  temple,  et  qui  est  different  de  celui  que  les  anciens 
ont  citesous  le  nom  (X yissomplionde Mo'ise  ,  puisque  ce  qu'iis 
en  citent  ne  s'y  lit  pas.  Enfin  les  particularites  de  la  vie 
de  ce  legislateur  qu'on  lit  dans  .Tosephe',  et  qui  ne  se 
irouvent  pas  dans  I'Ecrilure  ,  sont  encore  apparemment 
de  ces  anciennes  traditions  qui  s'etoient  conscrvees  dans 
la  memoire  des  peuplcs,  et  qui  ne  s'ccrivirent  qu'assez 
tard. 

La  prophetic  d'Henoch  pouvoit  etre  de  la  meme  sorte  , 
et  elle  a  pu  fournir  la  matiere  du  livre  qui  a  ete  compose 
sousle  nom  de  ce  patriarche.  Nousn'osons  decider  sic'est 
avant  ou  apres  saint  Jude  qu'il  a  ete  ecrit,  parce  que  nous 
ne  Savons  pas  preciscment  la  dale  dc  I'epitre  de  cet  apotre. 
Maisil  est  certain  qu'il  n'a  ete  compose  que  depuis  la  ruine 
du  temple  de  Jerusalem  par  les  Romains,  puisque  I'auteur 
parle  de  cet  evenementdans  ce  qu'on  en  trouve  cite  dans 
le  Testament  de  Levi.  II  n'estpas  impossible  que  saint  Jude 
ait  survecu  assez  long-tems  a  la  destruction  du  temple ,  qu'il 
ait  pu  voir  le  meme  livre  d'Henoch  que  les  peres  ont  vu  et 
cite,  et  qu'il  en  ait  tire  le  passage  en  question,  dont  il  de- 
melala  verite  parmi  les  fables  qui  s'y  trouvent  repandues, 
soil  que  la  verite  de  ce  passage  lui  fut  connue  par  une  re- 
velation particulicre,  soit  que  d'ailleurs  il  la  connut  par  la 
tradition  de  son  peuple.  Mais  onne  pent  rien  decider  avec 
assurance  sur  ce  sujet. 
Seiui:neni  Grotius^  croitquc  cet  ouvrageetait  originairement  assez 
de  Groiiiis  et  (^om't^  mais  que  dans  la  suite  on  y  fit  plusieurs  additions  , 
de  saini  Au-  •!..•'  ^  i        i  ^   i  •      -v     '  ,.       .. 

"    r   «  r  I'o-  comme  li  est  arrive  a  la  plupart  de  ces  cents  secrets  etapo- 

riglne  et  sur  cryphcs.   Lcs  Juifs  ont  grand  nombre  de  ces  traditions 

la  valour  du  qu'ils  attribuciita  leurspatriarches^,  sousle  nom  desquels 

livre  d'Hc-      leurs  docteurs  allegoriques  et  cabalistes  ont  dans  la  suite 

^  '  compose  differens  ouvrages  remplis  de  fables  et  d'imperti- 

nences  ,  et  oil ,  sans  se  mettre  en  peine  de  ce  qui  est,  ils  ne 

se  sont  appliques  qua  ecrire  ce  qui  leur  paroissoit  plus 

propre  a  reveiller  la  curiosite  des  lecteurs.   Georges  Syn- 

celle  *  croit  que  I'ecrit  d'Henoch  a  ete  corrompu  dans  la 

•  Joseph,  cintiq.  I.  ii.  c.  5.  —  -  Grot,  m  epist.  Juda ,  ^  14, —  'Rich. 
Simon,  Hist.  cri(iq.  1.  lu.  c.  ai.  —  *  S^ncell. pag.  o.j. 


SLR   LE  MVRK  D  HK.NOCH.  .jgi 

suite  par  Ics  Juit's  et  les  heretiques.  Mais  ces  conjectures 
sont  avancees  sans  prcuves ;  il  iaudroit  marquer  oil  sent 
ces  additions .  Ic  temps  auquel  elles  ont  ete  faitcs ,  ct  qui  en 
sont  lesauleurs. 

Saint  Augustin'  ne  doutoit  pas  qu' Henoch  n'eut  com- 
pose quelque  Ecrilure  sacree,  puisque  saint  Jude  I'a  cite  : 
Scripsisse  notmulUi  divina  Henoch,  ilium  seplimum  ah  Adam, 
negate  non possumns ,  cum  hcc  in  epislola  canonica  Judas 
apostolus  dical.  Mais,  ajoutc-t-il  ,  la  synagogue  a  eu  de 
bonnes  raisons  pour  ne  pas  admettre  ces  ecrils  dans  le 
canon  des  livres  saints  qu'elle  conservoit  precieusenient 
dans  le  temple,  et  apparemment  I'extreme  antiquite  de 
I'autear  a  fait  douter  de  I'authenlicite  et  de  la  vcrite  de 
I'ouvrage  :  Ob  antiquitatem  suspecloe  Jid^i  judicata  sunt. 
D'ailleurs,  continue-t-il ,  on  volt  dans  ie  livre  qui  porte  le 
nora  d'Henoch  ,  des  Tables  qui  sont  manifestement  faites  a 
plaisir,  comme  ce  qu'il  dit  des  geans  qui  ont  des  anges  pour 
peres  :  ce  qui  fait  juger  aux  plus  sages  que  ce  livre  estune 
production  des  imposteurs  ou  des  heretiques,  qui  ont  forge 
plusieurs  autres  ouvrages  de  celte  nature  ,  sous  les  uoms 
des  prophetes  et  des  grands  honimes ,  et  que  I'eglise  a  ran- 
ges parnii  les  apocrvphes. 

Ce  saint  docteur  croyoit  done  que  saint  Jude  avoit  cite 
un  livre  d'Henoch ,  ce  qui  ne  paroit  pas  clairement  par 
I'endroit  ou  cet  apotrc  allegue  le  temoignage  d'Henoch.  II 
n'y  dit  pas  qu'Henoch  ait  ecrit,  ni  qu'on  lise  dans  Henoch, 
mais  siniplemenl  c\\x  Henoch  a  prophelise ;  ce  qu'il  pouvoit 
savoir  par  la  tradition  ,  ainsi  qu'on  I'a  dit.  Mais  quand  il 
auroit  ecrit  quelque  chose,  saint  Angustin  montre  fort 
bien  que  ce  ne  peut  etre  le  livre  que  nous  avons,pour 
deux  raisons  :  la  premiere,  parcc  les  Juifs  ne  font  pas  recu 
dans  le  canon  des  Ecrilures ;  et  la  seconde,  parce  qu'il 
contient  des  choses  conlraires  a  la  foi  et  a  la  verile. 

Joseph  Scajiger-  croitle  livre  d'Henoch  tres  ancien.  II       Sentiment 
veul  que  les  Juifs  iaient  ecrit  en  hebreu,  pour  imposer  aux  de  Joseph  Sca- 
simples  par  le  grand  nom  d'Henoch,  Mais  il  ne  s'explique  ii^^jf'  ^^ 
pasassez  sur  son  antiquite,  pournShs  faire  connoitre  s'il  I'amiqtiitrdu 
le  croyoit  anlerieur  ou  posterieur  a  Jesus-Christ ;  car  il  ne  livre  d'He- 
laisseroit  pas  d'etre  fort  ancien,  quand  il  ne  seroit  que  du  ^'^■ 
second  siecle  de  I'Eglise.  Quant  a  ce  qu'il  avance  qu'il  a 

*  ^//^.  lib.  \\.  (k  Cifil.  cap.  23.  el  lib.  xviir.  cap.  3S.  —  «  Joseph. 
Scalig.  not.  fid  Giteca  Euseb.pag.  ^o5. 


.592  DISSEUTATION 

d'abordele  ecrit  en  hehreu,  il  est  difficile  d'en  convenir  : 
onn'envoitaucuncprouve  dans  I'ouvrage.Ilestvrai  qu'il\ 
a  des  hebraismes ;  inais  on  en  trouve  dans  presque  tons  les 
ouvrages  composes  en  grec  par  des  heUenistes,  par  eseni- 
ple,  dans  les  auleurs  du  Nouveau-Testament,  et  dans  les 
Maehabees.  Hollinger  croit  memo  trouver  dans  le  noni  de 
Pkarmariis ,  on,  comrae  il  lit,  Pharmacus ,  le  onzieme  des 
princes  des  veiilans  ,  line  preuve  que  Tauteur  etoit  grec  : 
Pharmaceus  en  grec  signifie  empoisonneur. 

Grabbe  '  pretend  que  I'auteur  du  livre  d'Henoeh  est  un 
Juif  qui  vivoit  assez  long-temps  avant  Jesus-Christ ;  etil 
prouve  son  sentiment  par  des  raisons  :  la  premiere,  parce 
qu' Alexandre  Polyhistor,  cite  dans  Eusebe^,  dit  qu'Eupo- 
leme  avoit  ecrit  qu'Henoch  etoit  inventeur  de  I'astrologie^ 
dont  les  profanes  attribuoient  I'invention  a  Atlas,  et  que 
I'Atlas  des  Grecs  etoit  le  meme quel' Henoch  des  Hebreux. 
La  seconde ,  que  le  livre  Zohar,  que  I'on  dit  avoir  ete  ecrit 
peu  de  temps  apres  la  ruine  du  temple  de  Jerusalem  par 
Titus,  cite  deja  le  livre  d'Henoeh  ,  aussi  bien  que  le  rabbin 
Manahem  ,  qui  vivoit  au  treizieme  siecle. 

A  ces  raisons  on  peut  repondre ,  1°  que  ni  Eupol^me,  ni 
Polyhistor,  ni  Eusebe  ,  ne  disent  qu'Henoch  ait  rien  ecrit 
sur  I'astrologie.  Eupoleme  ne  fait  que  rapporter  ce  que  la 
tradition  des  Juifs  attribuoii  a  Henoch.  C'est  un  simple  te- 
moin  de  I'opinion  ou  de  la  tradition  des  Hebreux.  Ces  tra- 
ditions ont  ete  long-temps  dans  la  bouche  et  dans  la  me- 
moire  des  peuples  avant  d'etre  redigees  par  ecrit.  2*^  Quand 
Eupoleme  auroit  dit  expressement  qu'Henoch  auroit  le 
premier  compose  des  livres  d'astrologie,  nous  ne  serions 
pas  obliges  de  Ten  croire  sur  sa  parole.  3'^  Les  Juifs  et  les 
Arabes  lui  attribuent  beaucoup  d'ouvrages  sur  cette  ma- 
tiere ;  niais  personne  ne  les  croit  temoins  suffisans  pour 
nous  en  persuader.  Les  Arabes''  disent  qu'Edris,  ou  Idris, 
qui  est  le  meme  qu'Henoch ,  fut  le  premiej*  homme  qui 
s'appliqua  a  I'astronomie ;  que  Dieu  lui  en  envoya  trente 
volumes;  qu'illes  enferma  avec  les  livres  de  Seth,  dans  le 
cercueil  d'Adam;  qu'«Draham  ayant  ouvert  ce  cercueil,  y 
trouval'ouvrage  d'Henoeh,  etc. 

L'auteur  hebreu  du  livre  luchasim^  dit  aussi  qu'Henoch 

*  Ernest.  Grabb.not.  inSpicileg.  PP.  t.  2.  p.  345.  —^Euseb.  Prtepar. 
I.  XIX.  c.  17.  — '  Ebnacin.  apud  Hottingev.  lib.  i.  cap.  3.  Hist.  Orient- 
Aben.  Neph.  apud Kircher.  torn.  i.  QEdip.  pag.  67.  etc.  —  *  Author.  Ju- 
chasim.fol.   i43.  Vide  August.  PJefeir.  exercit.  de  Henoch,  cap.  4. 


SUR  I.E  LIVRF.  d'hENOCII.  SgS 

fut  le  premier  qui  composa  des  livres  d'aslronomie.  Les 
rabbins  Salomon  Solem  '  ou  Sullam  ,  et  Schem-Tob'*,  ci- 
tent  CCS  livres  qui  trailent  des  cieux  ,  des  astres ,  et  de  la 
magie.  Tout  cela  prouve  I'antiquite  de  la  tradition  qui  a 
voulu  faire  d'Hcnoch  un  fameux  astroloj^ue;  mais  il  ne 
s'ensuit  pas  qu'Henoch  ait  jamais  rien  ecrit,  ni  que  ses 
livres  soient  venus  jusqu'a  nous,  ni  que  ceux  que  client 
les  Arabes  et  les  rabbins,  suppose  qu'ils  existent,  soient 
anciens,  ni  cnfm  que  ce  soit  le  livrc  d'Henocli  qui  fait  le 
sujet  de  cette Dissertation  ,  et  qui  n'cst  pas  assurement  un 
livre  d'astronomie,  quoiqu'il  y  ait  quelque  petite  chose  qui 
pent  y  avoir  du  rapport. 

A  la  seconde  raison  de  Grabbe,  on  peut  repondre  que 
le  livre  d'Henochcite  dans  I'ouvragede  Simeon  Joachides, 
intitule  Zohar^  et  dans  le  rabbin  Manahem^  de  Recanali, 
est  different  de  celui  que  les  peres  de  I'Eglise  ont  eu  et 
cite,parce  que  les  passages  qucces  rabbins  en  rapportent 
ne  se  trouvent  point  dans  les  fragmens  qui  nous  resfent  du 
livre  d'Henoch,  et  qu'il  n'est  nullement  vraisemblable 
que  des  autcurs  juifs  veuilleiit  adopter  un  ecrit  qui  parle 
aussi  clairement  dc  Jesus-Cbristque  fait  le  livre  d'Henoch, 
dont  nous  traitons  ici.  Enfin  quand  on  supposeroit  que  ce 
seroit  le  meme  ouvragc  qui  est  cite  par  saint  Jude ,  et  par 
le  livre  Zohar,  et  quand  on  accorderoit  au  livre  Zohar 
toutc  I'antiquite  que  lui  donnent  les  Juifs  cabalistes,  on 
ne  pourroit  pas  en  conclure  que  le  livrc  d'Henoch  soit 
fort  ancien  :  il  a  pu  etre  compose  immcdiatement  apres  la 
ruine  du  temple  par  Titus,  et  ensuite  etre  cite  par  saint 
Jude,  et  par  Simeon  Joachides  ,  quatre  ou  cinq  ans  apres. 
On  voit  dans  Josephe  une  bonne  par  tie  des  scntimens  les 
plus  absurdes  qui  se  liscnt  dans  le  livre  d'Henoch  :  par 
exempie  ,  que  les  anges  devinrent  amoureux  des  femmes^; 
que  les  ames  des  medians  obsedent  et  tourment  les 
hommes'*.  11  parle  du  secret  que  gardoient  les  esseniens 
sur  les  noms  des  anges".  Le  livre  d'Henoch  n'a  fait  appa- 
remment  que  mettre  en  evidence  ce  que  la  tradition  et  les 
livres  secrets  des  Juifs  renfermoient  et  tcnoient  cache  de- 
puis  long-temps. 

'  Rab.  Salorn.  Solem  addiiam.  ad  lib.  luchasim.  pag.  1 34.  —  -  Schem- 
Tob.  ill.  lib.  Emunodi.  parte  3.  cap.  4-  —  ^  Vide  Fabric.  Apocryph.  V.  T. 
pog.  2oS.  aog.  not.  —  *  Fide  Drus.  lib.  de  Henoch,  et  Grab.  Spicileg. 
pp.  I.  2,  p.  355.  not.  —  '  jintiq.  I.  i.  cap.  ^. pag,  8.  —  ^  De  belln  Jiid. 
lib.  Tii.  cap.  25.  pag.  981.  —  '  De  bello  lib.  :i.  cap.  in.ff^.  786.  g. 

a5.  38 


SqA  dissertation 

Sentiment      La  plupart  des  aiicicns  percs  ,  doiit  on  a  ci-devant  rap- 

<^es  anciens ,  pQ^j^  jgg  noms ,  persuades  que  saint  Jude  avoit  cite  le  livre 

rement  de     d'Hcnoch  ,  n'ont  pas  fait  diificulle  de  le  reconnoitre  pour 

TeriuUicn  sur  authentique  :  sans  cela  auroient-ils  embrasse  un  sentiment 

rautheniicite  aussi  absurde  que  celui  qu'ils  ontsoutenu  rclativenient  au 

<]u  hvred'He-  p^^tendu  amour  des  angespour  les  feninies  ,  a  la  naissance 

""^  ■  desgeansproduitspariesangesrebelles,etc.  ?Si  saintJude 

I'a  cite,  disoient-ils,  il  le  croyoit  done  vrai?  Un   apolre 

rempli  de  i'Esprit  de  Dieu  auroil-il  voulu  de  propos  deli- 

bere  se  servir  du  temoignagc  d'un  imposteur,  et  engager 

par-la  toule  I'Eglise  dans  I'erreur  et  dans  TillusionPou  au- 

roit-il  ete  lui-meme  surpris  !e  premier  par  le  nom  d'un 

prophele  et  d'un  patriarche  mis  a  la  tete  d'un  livre  rempli 

de  faussetes? 

II  faut  toutefois  avouer  que  partout  ces  memes  peres 
supposent  qu'il  n'est  ni  dans  le  canon  des  Hebrcux,  ni 
dans  celui  des  Chretiens.  TertuUien  ,  qui  est  un  des  plus 
zeles  partisans  de  ce  livre,  reconnoit  que  les  Juifs  ne  le 
recoivent  point  dans  leur  bibliollieque  sacree  :  Scio  scrlp- 
Inram  Henoch  non  recipi  a  qiiibiisdam ,  quia  nee  in  armaria 
Judceoram    admitdtur  ^ .    Origene ,  qui  le  cite   assez  sou- 
vent,  et  qui  semble  en  adopter  la  doctrine  en  certains 
points,  avoue  qu'il  n'est  point  reconnu  pour  divin  dans 
I'Eglise  :  NeuUquam  pro  divinis  in  Ecclesia  habentur  ^.  Et 
ailleurs,   qu'il  ne  passe   pas   pour   authentique  chez  les 
Hebreu\  :  Non  tidenliir  apud  Hebrceos  in  aucloritate  ha- 
heri  ■*.  lit  apres  avoir  cite  ce  livre  ,  il  ajoute  :  Si  cui placet 
admitlere  librum  ut  sanctum  ^.  Mais  s'il  ne  passoit  pas  pour 
canonique  ,  ils  en  rejetoient  la  faute  ou  sur  les  heretiques 
qui  I'avoient  corr-ompu ,  ou  sur  son  excessive  antiquite 
qui  le  rcndoit  douteux,  ou  sur  d'autres  circonstances  qui 
ne  touchoient  pas  le  fond  de  I'ouvrage. 

TertuUien  ^  est  de  tous  les  anciens  celui  qui  en  a  parle 
avec  plus  d'estime.  II  est  persuade  que  I'ouvrage  est  du 
prophcte  Henoch,  et  qu'il  I'a  ccrit  par  I'inspiration  du 
S^\n\.-}^?,'^v\l  :  Hcec  prcevidens  Spiritus  Sanctus...  prcecinit 
per  anliquissimum  prophetam  Henoch^.  II  croit  que  ce  qui 
a  empeche  les  Chretiens  de  le  recevoir  pour  canonique  , 


*  Terlull.  de  Ciiliufemm.  I.  i.  cap.  3.  —  ^  Origen.  lib.  v.  contra  Cel- 
sum. — '  Idem,  in  Nunier.  xxxiv .  homil.  28 . —  *  In  Joan.  torn.  8.  pag.  1 3*. 
edit.  Huet.  —  "  Terlull.  lib.  n.  cap.  10.  De  CuUufemin.  —  *  Terlull.  I.  i. 
c.  3.  de  Cuhu  femin. 


SIR   LE  LITRE  D  HENOCH.  Sc)!) 

c'est  que  les  Juifs  ne  I'avoient  pas  recu  ;  et  que  ce  qui  I'a 
fait  exclure  du  canon  des  Juifs  ,  c'est  qu'ils  n'ont  pas  cru 
qu'un  livre  ecrit  avant  le  deluge  eut  pu  echapper  a  ce 
malheur  qui  enveloppa  tous  ceux  qui  n'eloient  point  dans 
I'arche  :  Opinor,  noii  putavernnt  illam  (  Script uram  )  ante 
calaclysmum.  editam ,  post  eum  casum  orbis  omnium  reram 
abolilorem ,  salvain  esse  potuisse.  Comrpe  si  Noe,  qui  etoit 
arriere-petit-fils  d'Henoch,  ct  qui  survecut  au  deluge  ,  qui 
avoit  tant  d'interet  a  conserver  la  memoire  et  la  reputa- 
tion de  son  bisaieul ,  qui  lui  avoit  succede  dans  Temploi 
de  predicateur  de  la  penitence,  eut -voulu  negliger  un 
ouvrage  si  important,  et  si  uiile  a  la  religion?  Et  quand 
meme  ic  livre  d'Henoch  eut  j^le  detruitpar  le  deluge,  Noe 
n*auroit-il  pas  ete ,  dit-il ,  aussi  en  elat  de  le  reparer , 
qu'Esdras  le  (ut  pour  retablir,  apres  la  captivite  de  Baby- 
lone,  les  Ecritures  de  i'Ancien-Testament,  qui  avolent  ete 
ou  perdues  par  les  guerres ,  ou  detruites  par  les  Babylo- 
niens  a  la  prise  de  Jerusalem?  Noe  poluit  earn  (  Scriptaram  ) 
abolefactam,  violentia  cataclysmi  in  Spirilii  rursiis  re/brmare  ; 
quemadmodum  el  Jcrosolymis  babylonia  expugnalione  dt- 
lelis ,  omne  inslrumentum  judaicce  UUeraturce  per  Esdram 
constat  reslilalum. 

11  ajoute  que  le  livre  d'Henoch  etant  si  avantageux  a 
notre  religion ,  ct  parlant  si  clairement  de  JesusChrist , 
nous  devons  le  rccevoir  comme  un  monument  qui  nous 
apparlient  :  Ciivi  Henoch  cadem  Scriptnra  etiam  de  Domino 
prcedicaverit ,  a  nobis  quidem  nihil  omnino  rejicicndum  est 
quod  perlineat  ad  nos  ;  d'autant  plus  que  nous  lisons  que 
toute  Ecriiure  propre  a  edifier  est  inspiree  du  Saint-Esprit. 
Si  les  Juifs  ont  rcjele  celle-ci ,  c'est  peut-elre  parce  qu'elle 
parle  trop  clairement  de  Jesus-Christ.  Enfin  saint  Jude 
ayant  rendu  temoignage  a  cet  ouvrage  ,  c'est  un  tres  grand 
prcjuge  en  sa  faveur. 

Voila  ce  que  TertuUien  dit  pour  prouver  rauthenlicile 
et  I'inspiraiion  du  livre  d'Henoch.  II  n'y  a  personne  qui 
ne  voie  la  foiblesse  de  ses  prcuves,  et  le  faux  de  son  rai- 
sonnement.  Henoch  a  pu  ecrirc  un  ouvrage  avant  le 
dehige  ;  Aoe  a  pu  le  conserver  :  qui  en  doute?  11  a  pu  le 
relablir  et  le  refaire  de  nouveau  .  s'il  eut  ete  perdu  , 
comme  Esdras  a  repare  les  livres  de  rAncien-Teslament : 
quel  raisonnement  1  Le  livre  d'Henoch  parle  de  Jesus- 
Christ ;  il  nous  est  favorable:  il  est  meme,  si  Ton  vcut, 
edifiant  :   done  il  est   inspire    et   divin ;    quelle   conse- 


SgG  DISSERTATION 

quencc  !  Saint  .liicle  lui  rend  lemoignage  :  c'cst  de  quoi 
il  s'agit.  II  rend  temoignage   a  la  prophetic  qu'il  cite  , 
mais  non  pas  au  resle  du  livre  qu'il   n'a   peul-6tre  ja- 
mais vu. 
Seniiment      Le  P.   Boulduc ,  capucin  ^  va  en  quelque  sorle  encore 
singulierdu    plus  loin  que  Terlullien.  11  entreprend  de  retabiir  I'au- 
P.Boulduc      torile  du  livre  d'Henoch  ,  et  de  le  lirer  de  dessous  le 
sur  1  autorite  1     •  i         '         ..  i         i        j   i-  ti  h 

ci  le  sens  du  ^o'^seau  pour  ie  remeltre  sur  ie  chandelier.  II  appelle 

livre d'He-     ^  SOU  secours  tous  les  anciens  peres  qui  I'ont  cite  avee 
nocli.  honneur,  et  qui  ont,  dit-il ,  si  mal  pris  sa  pensee.  II  dc- 

mande  pardon  a  saint  Jerome  et  a  saint  Augustin,  qui 
Font  cru  suppose,  ou  corrompu  ,  ou  suranne.  11  pretend 
que  tout  le  livre  d'Henoch  n'est  qu'une  narration  allcgo- 
rique ,  ou  I'auteur  a  caciie  sous  des  termes  figures  une 
histoire  tres  simple  et  ires  bien  marquee  tians  Moise.  Les 
veiilans,  ou  los  anges  desccndus  du  ciel,  epris  de  Tamour 
des  femmes,  revokes  conlre  Dieu,  peres  des  geans,  in- 
venleurs  des  malefices ,  de  la  mngie ,  des  vaines  parures 
des  femmes ,  du  fard ,  des  arines,  de  Tor,  de  I'argent,  ces 
veiilans  no  sont  aulres  que  ceux  que  I'Ecriturc  appcMe  ^ 
les  enfans  de  Dieu ,  les  descendans  de  Seth  et  d  Enos  ,  qui 
ayant  acquis  une  profonde  science  des  secrets  de  la  na- 
ture, en  abuserent  pour  seduire  les  fillcs  des  honimes, 
c'est-a-dire  les  filles  des  descendans  de  Cain. 

Ces  enfans  de  Dieu,  ces  anges  du  ciel,  ayant  fait  pro- 
fession de  la  vie  religieuse  dans  I'ordre  d'Enos  ct  de 
Cainan  ,  et  elanl  par-la  egales  aux  anges  memes  ,  aposta- 
sierent,  renoncerent  a  leur  etat,  et  epouserent  des  fem- 
mes dont  les  moeurs  etoient  toutes  corrompues.  lis  en 
eurent  les  geans ,  ces  enfans  de  la  lerrc ,  c'est-a-dire  ces 
hommes  superbes ,  qui  egalerent  ou  meme  qui  surpasse- 
rentleurs  peres  en  mechancete  et  en  cruautc.  Les  princes 
des  veiilans  sont  des  chefs  de  monasteres,  tant  de  I'ordre 
des  cineens  que  de  I'ordre  des  enosiens  ,  qui  engage- 
rent  dans  I'apostasie  et  dans  le  crime  ceux  qui  leur  etoient 
soumis. 

Voila  le  sens  de  Ihisloire  allegorique  composee  par  le 
patriarche  Henoch  ,  et  conservee  dans  I'arche  par  Noe  , 
son  arriere-petit-fils,  avec  les  os  du  premier  pere  Adam. 
Henoch  n'a  peut-etre  pas  ecrit  tout  ce  qui  est  dans  le  livre 
qwi  porte  son  nom ,  surtout  les  choses  qui  ne  sont  arrivees 

*  Boulduc,  de  Ecclesia  ante  legem  ,  Z.  i.  c.  14.  —  *  Genes,  vi.  a. 


SLR  LB  UVRS  d'hENOCH.  697 

que  Jepuis  son  enlevement ;  mais  Noe ,  ou  quehjue  autre 
renipli  clu  menie  esprit ,  a  pu  I'ajouter  pour  I'inslruclion 
cle  la  posterite. 

On  ne  peut  pas  nier  que  Boulduc  ne  fasse  paroitre  assez 
tl'esprit  (Jans  riinagiuation  cle  son  sysleme ,  et  dans  le 
lour  qu'il  donne  a  celte  histoire  :  mais  il  n'est  pas  ques- 
tion de  payer  ici  d'csprit;  il  faul  du  solide  el  des  preuves 
de  fail. 

Si  le  livre  d'Henocb  eAl  ete  reconnu  pour  authentique      ObjecUoa 
par  les  Juifs,  quel  respect  n'auroient-lls  pas  eu  pour  |ui?'°"''"f  .*'f,"~ 
les  auleurs  sacres  ne  Tauroient-ils  pas  cite?  auroit-il  ete  ,.'^"^\^u^.'   " 
incooQU  a  Josephe  ot  a  Philon;  (Quelle  recherche  n  auroit-  noch. 
on  pas  faite  sur  le  caractere  et  la  langue  dans  laquelle  il 
auroit  d'abord  ete  ecrit?  Comment ,  par  quel  canal  est-il 
venu  jusqu'a  nous?  Origene,  Eusebe  ,  et  saint  Jerome  ,  si 
curieux  de  decouvrir  les  textes  originaux  des  livres  saints, 
ont-ils  jamais  parle  du  lexle  d'Henocb?  L'Eglise,  si  rem- 
plie  de  respect  pour  Henoch  et  pour  saint  Jude  qui  I'a  cite, 
i'auroit-ellc  laisse  dans  le  mepris  et  dans  I'obscurile^  si  elle 
I'eiit  juge  digne  du  nom  qu'il  porle?  Ceriainement  c'est 
faire  injure  au  Saint-Esprit  que  de  lui  impuler  un  ouvrage 
aussi  rempli  de  pauvretcs,  d'absurdites  et  d'erreurs  que 
celul-la. 

H  n'est  pas  de  la  bonne  foi  de  se  prevaloir  de  rautorite 
et  du  nom  de  saint  Jude ,  qui  a  cite  Henoch  et  qui  en  a 
rapporte  une  sentence.  Saint  Paul  a  bicn  ciie  des  poetes 
paiens;  et  selon  quelques-uns,  il  a  cite  meme  des  livres 
apocryphes  :  a-l-il  voulu  pour  cela  les  approuver  et  les 
canoniser?  11  cite  Aralus  ',  Menandre^,  Callimaque  ou 
Epimenide  ^.  11  cite  dans  Tepitre  aux  Ephesiens  ces  mots  : 
Levez-vous ,  vous  qui  dormez  ,  ei  ressortez  dentre  les  morts , 
et  Jesas-Christ  vous  eclairera  *,  ce  que  quelques-uns  croient 
etre  tire  d'un  livre  apocrypbe  attribue  a  Jeremie.  S'en- 
suit-i!  qu'il  ait  regarde  ces  auleurs  conime  inspires?  L'Es- 
prit-Saint,  qui  parloit  en  lui,  le  dirigeoit ,  et  lui  faisoil 
distinguer ,  d'uue  maniere  infaillible ,  ce  qu'il  y  avoit  de 
vrai  dans  ces  ouvrages  de  ce  qu'il  y  avoit  de  faux;  et  rien 
ne  nous  oblige  a  recevoir  ce  qu'il  n'a  ni  cite  ni  reconnu 
pour  authentique  :  Qui  putant  totum  tibrum  debere  sequi 
earn  qui  libri  parte  usus  sit ,  videntur  niihi  et  apocrypkum 
Henochi ,  de  quo  Judas  in  epistola  sua  testimonium  posuit , 

*  Act.  xvu.  a8  ,  —  *  I .  Cor.  xv.  33.  —  '^  Tit.  i.  12.  —  *  EpJics.  r.  i\/ 


5y8  DISSERTATION 

inter  Ecclesm  Scripturas  recipere  ,  et  mulla  alia  quce  Jpos- 
tolas  de  reconditis  est  locutus ,  dit  saint  Jerome  '. 
ru'j)onses  a      §[  quelques  anciens  peres,  surpris  par  le  nom  vene- 

rirgument      i^abi^  d'Flenoch  et  par  le  temoignage  de  saint  Jude ,  ont 
piis clu  temoi-     .    ,  .    .  ^  .  ,         "  i,  » 

Kiirite  tic  quel- ^'^^  ct  suivi  cet  ouvrage ;  si  quelques  autres  ont  paru  1  e- 
qucs  anciens  galer  aux  Eeritures  canoniques,  c'est  une  meprise  qu'on 
pcrts  qui  ont  doit  pardonner  a  lour  bonne  foi,  Le  respect  religieux 
ciU"teiouvra-j.jj'-|g  ayoient  pour  les  noms  de  saint  Jude  et  d'Henoch 
ec.   Les   plus  /  a    i    >      n  i  i  v    i         t 

T'dain's  d  en-  '^^  ^  empeches  d  employer  les  regies  de  critique  pour 
trc  Ics anciens  jugcr  de  la  vcrile  de  ce  livre.  Leur  erreur  est  pluiot  une 
ot  d'onire  les  errcur  de  fait  que  de  sentiment;  elle  ne  doit  pas  etre  liree 
luo'lerness  ac-  ^  consequence.  Nous  ne  crovons  pas  qu'iJ  v  ait  personne 
ieier  cet  ou-  a^jourd'hui  qui  s'interesse  a  soutenir  que  ce  livre  est 
viage.  d'Henoch;  et  s'il  n  est  point  d'Henoch  ,  il  est  d'un  impos- 

leur,  et  ne  merite  par  lui-meme  aucune  croyance ,  a 
nioins  qu'un  auteur  inspire  ne  vienne  nous  y  demcler  le 
vrai  du  faux, 

Au  reste,  il  s'en  faut  bien  que  toute  I'anliquite  ait  ete 
prevenue  en  faveur  de  ce  Uvre.  Les  plus  eclaires  d'enlre 
les  peres  en  ont  parle  avec  beaucoup  de  mepris  et  d'indif- 
ference.  Nous  avons  dejarapporte  le  sentiment  d'Origene, 
qui  dit  qu'il  n'est  recu  ni  par  I'Eglise ,  ni  par  la  synagogue. 
Saint  Hilaire'^  ne  daigne  pas  lui  donner  le  nom  de  livre 
d'Henoch  :  iV<£;.yc/o  c?//M^  liber  extat.  Un  livre  de  je  ne  sais 
quel  ecrivain.  L'auteur  du  commentairc  sur  les  Psaumes 
sous  le  nom  de  saint  Jerome  ,  I'appelle  un  certain  livre  apo- 
cryphe  assez  connu^.  Il  s'excuse  en  quelquc  sortede  I'avoir 
cite  ,  et  il  dit  qu'il  I'afait,  non  pour  en  tirer  de  I'autorite, 
niais  simplementpour  rapporter  ce  qu'il  dit  :  Non  inauc- 
toritatem,  sed  in  commemoralioneTn^  11  reprend  Origene  qm 
•  se  sert  de  ce  livre  apocryphe  pour  appuyer  son  heresie. 

Saint  Jerome  ^  dit  que  plusieurs  fideles  rejetoient  I'epitre 
de  saint  Jude  ,  parce  qu'il  y  cite  le  livre  apocryphe  d'He- 
noch :  Quiade  libido  Henoch,  qui apocryphus  est,  in  eaassu- 
mil  testimonium ,  a  plerisque  rejicilur.  On  a  vu  ci-devant  le 
sentiment  de  saint  Auguslin  sur  cet  ouvrage.  11  en  parle 
avec  sa  sagesse  et  sa  moderation  ordinaire;  et  il  croit  que 
la  principale  raison  qui  a  porte  les  Juifs  etles  Chretiens  a 
le  rejeler,  est  la  crainte  d'autoriser  le  faux ,  au  lieu  du  vrai, 
dans  un  ecrit  si  ancien  ,   et  par-la  si  suspect  :    Quorum 

'  IliPivnym.  in  ep.  ad  Tit.  c.  \.  —  -  Uilai:  in  psalm,  cxxxxil.  -f-  3.  — 
'  HieJ-on/m.  inpsalm.  cxxxu.  3. — *  Hieron^m.  incatalog.  sciipt.  EccLc.  4. 


SUR  LK  LIVRE  d'uENOCH.  699 

scripla  utapudJudaos  ct  apiulnos  in  auctoritalt  nori  essent , 
nimia  fecit  velustas ,  propter  quam  videbanlur  habenda  esse 
suspecta ,  ne  proferrentur  falsa  pro  veris\  Les  plus  eclaires 
d'entre  les  critiques  modernes  ne  lui  sont  pas  plus  favo- 
rables  que  les  peres  que  nous  venons  de  citer. 

Si  Ton  nous  dcmandc  qui  est  done  I'auleurdulivre  dont    Aquiceiou- 
nous  parlons  ,  nous  repondrons  que  nous  ne  pouvons  vm^e  peui-il 
croire  que  ce  soit  ni  Henoch,  ni  Noe,  ni  aucun  ecrivain  <'''"^'_^^'''"i- 
inspire ,  ni  un  Juifqui  I'ait  ecrit  en  hebreu  long-temps 
avant  .lesus-Christ.  Nous  croyons  que  c'est  un  Chretien 
converti  du  judaisme,  qui  I'ecrivit  en  grec,  suivant  les 
traditions  de  son  peuple ,  et  qui  y  niela  divers  passages 
concernant  Jesus-Christ  ,dans  le  dessein  apparemmerit  de 
converlir  les  Juifs  ses  freres.  Tertullien  v  avoit  remarque 
un  si  grand  nonibre  de  ces  traits  qui  regardent  le  Sauveur, 
qu'il  avoit  soupconne  les  Juifs  de  le  rejeter  principalemcnt 
a  cause  de  cela  :  ^/  Judccis  potest  jam  videri  propterea 
rejecta  (  ista  scrip  tura  )  ,  sicut  et  cater  a  quce  Christum  so- 
nant ^. 

En  effet ,  dans  le  testament  des  douze  patriarches ,  il  y  a 
plusieurs  endroits  qui  ne  peuvent  avoir  ele  ecrils  que  par 
un  Chretien.  Par  exempie,  dans  le  Testament  de  Levi :  lis 
mettront  la  main  sur  le  Seigneur  en  toute  malice ;  vos  freres 
seront  charges  de  confusion  a  cause  de  to  us ,  ct  vous  serez  ex- 
poses a  la  risce  de  tontes  les  nations.  Et  un  pen  plus  has  : 
Vous  irailerez  de  seducteur  celui  qui vient  renouveler  la  loi ,  et 
cL  la  fin  vous  croirez  le  faire  mourir,  ne  sachant pas  qu'il  res- 
suscitera,  et  que  son  sang  innocent  relombera  sur  vos  tetes  :  ce 
qui  sera  cause  que  votre  temple  sera  reduit  en  solitude  et  pro- 
fane,  et  que  vous  serez  un  sujet  de  malediction  parmi  tous  les 
peuples.  f^ous  serez  reduits  au  desespoir  jusqu  d  ce  qu'il  vous 
visile  de  nouveau  ,  et  qu'il  vous  recoive  dans  sa  misericorde par 
lefeu  etpar  I'eau.  Et  dans  le  Testament  de  Nephthali  :  f^'os 
descendans  tomberont  dans  I'impiete ,  et  le  Seigneur  les  disper- 
serasur  toute  la  surface  de  la  terre,  jusqu  au  temps  de  la  mise- 
ricorde du  Seigneur ,  jusqu  a  la  venue  de  I'homme  qui  fait  mi- 
sericorde et  justice  enters  tous,  tant  envers  ceux  qui  sont  eloignes 
qu'envers  ceux  qui  sontpres.  Et  dans  le  Testament  de  Benja- 
min :  Toutes  les  nations  s' as semblerontau  temple  du  Seigneur, 
qui  sera  ball  dans  votre  partage;  le  Seigneur  y  repiera;  el 
toutes  les  Iribus  et  les  nations  s'y  qssernbleront ,  jusqu'd  ce  que 

*  Aug.  de  Cu'it.  lib.  xviii.  c.  38.  —  *  Tcrtuli  dc  Cultufemin.  I.  i.e.  3. 


6oO  DISSERTATION 

le  Seigneur  envoieson  salut  par  la  visile  de  son  Fils  unique.  II 
enlrera  dans  le  premier  lemple  (  peut-etre  dans  la  premiere 
partie  du  lemple),  et  le  Seigneur  y  sera  outrage  el  meprise , 
el  Sieve  snr  le  hois ;  et  le  voile  du  temple  sera  rompu ,  el  l' Es- 
prit du  Seigneur  descendra  sur  les  nations  en  forme  de  feu;  il 
sorlira  des  enfers ,  ilmontera  de  la  terre  au  del,  et  Use  sou- 
viendra  de  l' humiliation  oil  il  a  ete  sur  la  terre ,  el  de  la  gloire 
qu'il possede  au  ciel. 

La  seule  lecture  de  ces  passages  demontre  que  I'auteur 
faisoit  profession  du  christianisme  ;  I'affeclalion  que  fait 
paroitre  I'auteur  du  Testament  des  douze  patriarches  a 
citer  tres  frequemment ,  etsans  aucune  necessite,  le  livre 
d'Henoch,  donne  lieu  de  soupconner  qu'il  pourroitbien  en 
etre  I'auteur.  Le  style  en  est  fort  semblablc;  on  sent  dans 
I'un  et  dans  I'autre  de  ces  deux  ouvrages  la  barbaric  etja 
rudesse  du  style  d'unhelleniste,  et  les  frequens  hebraismes 
dont  les  ecrivains  juifs  ne  se  defont  que  tres  difficilement; 
on  y  voit  des  traditions  et  des  sentimens  propres  a  la  sy- 
nagogue ;  Jesus-Christ,  sa  venue  ,  sa  passion  ,  sa  mort,  sa 
resurrection  ,  son  ascension,  la  descente  du  Saint-Esprit , 
la  ruine  du  lemple  de  Jerusalem,  la  dispersion  des  Juifs  , 
I'opprobre  dont  ils  sont  charges  par  tout  le  monde  depuis 
la  mort  duSauveur,  tout  cela  y  est  marque  d'unemaniere 
plulot  historique  que  prophetique.  Or,  cela  ne  peut  avoir 
ete  ecrit  qu'aprcs  coup  ,  et  par  un  Chretien  qui  avoit  du 
zele,  mais  non  pas  selon  la  science;  notre  religion  n'a  pas 
besoin  de  fraudes  pieuses  pour  se  faire  aimer  et  recevoir ; 
ce  n'est  point  la  methodc  que  les  apotres  ont  employee 
en  prechant  I'Evangile;  ils  ont  preche  sans  crainte  Jesus- 
Christ,  et  JGsus-Christ  crucifie^,  qui  est  un  scandale  aux 
Juifs,  et  une  folic  aux  gentils,  mais  qui  est  la  verlu  et 
la  sagesse  dc  Dieu  pour  ceux  a  qui  Dieu  a  donne  le  don 
de  la  foi.  Si  done  saint  Jude  a  verilablemenl  vu  le  livre 
d'Henoch ,  il  faut  qu'il  I'ait  vu  assez  peu  aprfes  qu'il  fut 
compose ;  car  nous  ne  pouvons  meltre  ce  livre  qu'apres  la 
ruine  du  lemple  par  les  Romains  ,  et  Tepilre  de  saint  Jude 
ne  peut  pas  avoir  eie  ecrile  long-temp  apres  cet  evene- 
ment. 
Autreouvra-  Outre  le  livre  d'Henoch,  qui  fait  le  principal  sujet  de 
gi;  auribue  a  cette Disscriation,  et les  trente  volumcspretcndus envoyes 
^^'■?'^.'!,^  .^?~  de  Dieu  a  Edris,  et  les  autres  livres  d'astronomie,  atlribues 

portedLtluo- 

*  I,  Cor.  I.  2  3.  2',. 


sun  LE  LivRE  d'he;<ocm.  6oi 

a  Henoch  par  les  Juifs,  et  dont  nous  avons  deja  parle  ,  les  pieenEgypte, 
Kthiopiens  en  ont  un  sous  le  nom  de  ce  patriarche ,  dont  ^'^  prance! 
nous  ne  pouvons  nous  dispenser  de  dire  ici  un  mot ,  afin 
de  n'ometlre  aucun  des  ouvrages  qui  lui  sont  attribues. 
Gasscndi,  dans  la  vie  de  Pciresk,  raconte  que  ce  grand 
homme  ayant  appris  par  le  P.  Gilles  de  Loches,  capucin  , 
qui  avoit  etc  plusieurs  annees  en  Egypte  ,  qu'il  y  avoit  en 
ce  pays-la  un  livre  d'Henoch  en  caractere  ethiopien,  en- 
tierementinconnu  en  Europe,  n'epargna  ni  peine  ni  de- 
pense  pour  le  faire  venir.  Apres  sa  mort,  ce  manuscrit 
passa  dans  la  bibliotheque  du  cardinal  Mazarin  ,  et  de  la 
dans  celledu  roi ,  ou  il  se  conserve  encore  aujourd'hui  fort 
precieusement. 

Ludolfelant  venu  a  Paris  en  i683*,  y  vli  ce  manuscrit, 
dont  il  avoit  souvent  entendu  parler;  et  il  trouva  que 
I'auteur  qui  I'a  compose  s'appelle  Bakaila  Michael;  que 
ce  manuscrit  n'est  autre  chose  qu'un  recueil  de  diverses 
reveries  ,  pareillesa  celles  qui  se  lisent  dans  le  livre  d'He- 
noch ,  cite  dans  Syncelle,  livre  que  I'auteur  paroit  avoir  eu 
en  main  ,  et  sur  lequel  il  a  encore  encheri.  11  y  met,  par 
excmple,  une  bien  plus  grande  liste  des  inventions  perni- 
cieuses  qu'il  pretend  que  les  mauvais  anges  ont  enseignees 
aux  honnnes.  On  y  trouve  aussi  un  traite  particulier  de  la 
naissance  d' Henoch.  L'auteur  est  un  visionnaire  qui  y  intro- 
duit  un  ange  parlant  du  mystere  de  la  Trinite,  et  I'expli- 
quant  comme  feroit  un  theologien;  il  explique  aussi  quel- 
ques  passages  de  TEcriture  qui  ont  rapport  a  ce  mystere; 
ce  qui  prouve  evidemment  que  celui  qui  I'a  ecrit  etoit 
Chretien.  Apres  cela  il  raconte  une  guerre  enlre  saint  Mi- 
chel et  le  prince  des  demons,  qu'il  nomme  Selnael.  La 
description  des  deux  generaux  et  de  leurs  troupes  est  quel- 
que  chose  de  si  grotesque  et  de  si  ridicule  qu'on  ne  peut 
s'empecher  d'en  rire.  II  dit,  par  exemple ,  que  Setnael  est 
liaut  de  cent  mille  sept  cents  coudees  angeliques;  que  sa 
bouche  est  de  quarante  coudees,  son  visage  de  la  longueur 
d'une  journee  de  chemin ;  la  distance  de  ses  deux  sourcils, 
de  deux  journees;  sa  tele  est  comme  uneprodigieusemon- 
lagne  ;  il  lui  faut  sept  jours  pour  tourner  un  de  ses  yeux  , 
taut  lis  sont  enormes  par  Icur  grandeur;  quand  il  crache, 
il  jelte  comme  un  fleuve  d'eau.  Voila  un  echantillon  de  cc 

'  Ludolf.  Comment,  in  Hist.  .EOiiop.p.  34;. 


6o2  DISSERTATION  SUK  I.E  LIVKE  d'hKNOCH. 

fameux  livre  d'Henoch,  que  Pelresk  fit  venir  d'Egypte  a  si 
grands  frais. 
Conclusion  De  tout  ce  que  nous  avons  dit  jusqu'ici ,  on  peut  con- 
de  ceiie  Dis-  clure  :  i"qu'Henoch  n'ecrivit  appareniment  jamais  aucun 
sertaijon.  Jiyre ,  du  moins  que  tous  ceux  que  I'on  nous  cite  sous  son 
noni  ne  sont  certainement  pas  de  lui.  2"  Qu'il  n'est  pas 
certain  si  saint  Jude  a  tire  le  passage  qu'il  cite  sous  le  nom 
d'Henoch  du  livre  dont  nous  avons  des  fragmens ,  ou  si 
Tauteur  de  ce  livre  apris  occasion  du  passage  cite  par  saint 
Jude  de  composer  son  ouvrage.  3°  Que  ce  livre  n'a  ete 
ecrit  que  depuis  la  ruine  du  temple  de  Jerusalem  par  les 
Romains,  etapres  I'an  70  dei'erc  chret.  vulg.  4°  Quel'au- 
teur  etoit  un  Chretien  converti  du  Judaisme  ,  qui  pourroit 
hien  etre  le  meme  qui  a  compose  le  Testament  des  douze 
patriarches.  5"  Que  cet  ouvrage  n'a  jamais  ele  reconnu 
pour  canonique ,  ni  par  les  Juifs ,  ni  par  les  Chretiens. 
G°  Qu'il  ne  paroit  pas  meme  bien  assure  que  les  Juifs  Taient 
connu  ,  car  leslivres  d'Henoch,  qui  sont  allcgues  dans  les 
livres  Zohar  ex.  lachasim ,  etdans  quelques  rabbins,  parois- 
sent  assez  differens  de  celui  que  les  peres  grecs  et  latins 
ont  cite.  7°  Qu'il  y  a  une  tradition  tres  ancienne  parmi  les 
Orientaux  qu'Henoch  est  le  premier  auteur  des  livres  d'as- 
tronomie ,  et  que  c'est  sur  cela  qu'on  lui  a  attribue  tant  de 
livres  composes  depuis  sur  celte  matiere.  8°  Enfin  que  le 
livre  d'Henoch  apporte  d'Ethiopie  en  Egypte  est  nouveau, 
et  ne  merite  qu'un  souverain  mepris. 


EPITRE  CATHOLIQUE 
DE  SAINT  JUDE. 


CHAPITRE  UNIQUE. 

Gombaltre  pour  la  foi  et  pour  la  tradition.  Exemples  de  la  justice  de  Diea. 
Faux  docteurs  caractcrises.  Coatestalioa  touchant  le  corps  de  MoTse.  Pro- 
phelied'Henocb.  Foi,  priere,  confiance,  amour  de  Dieu,  hainede  la  chair. 


1.  JcDAS,  Jesu  Christi 
servus,  frater  autem  Ja- 
cob! ,  his  qui  sunt  in  Deo 
Patre  dileclis  ,  et  Christo 
Jesu  conservatis,  et  voca- 
tis  : 

2.  Misericordia  vobis, 
et  pax  ,  et  charitas  adiin- 
pleatur. 

5.  Charissimi ,  omnem 
sollicitudinein  faciens 
scribendi  vobis  de  com- 
muni  vestra  salute  ,  ne- 
c^sse  habui  scribere  vo- 
bis:  deprecans  supercer- 
tari  semel  traditae  Sanctis 
fidei. 

4.  Subinlroierunt  enirn 
quidam  homines  (qui  olim 
praescripti  sunt  in  hoc  ju- 
dicium impii,  Dei  nostri 


1.  JcDE,  serviteur  de  Jesus- 
Christ,  et  frere  de  Jacques  ,  a  ceux 
que  Dieu  le  Fere  a  aimes,  et  que 
Jesus-Christ  a  conserves  par  sa  vo- 
cation :  ' 

2.  Que  la  misericorde,  la  paixet 
lacharile  s'augmentent'  en  vous  de 
plus  en  plus. 

5.  Mes  bien  -  aimes  ,  ayant  tou- 
jours  souhaite  avec  une  grande  ar- 
deur  de  vous  ccrire  touchant  le  sa- 
lut  qui  nous  est  commun  ,' je  m'y 
trouve  maintenant oblige  parneces- 
site,  pour  vous  exhorter '  a  combat- 
tre  pour  la  foi ,  qui  a  ete  une  foi 
laissee  par  tradition  aux  saints. 

4.  Car  il  s'est  glisse  parmi  vous 
oertaines  gens  dont  il  avoit  ete  pre- 
dit  il  y  a  long-temps  qu'ils  tombe- 
roient  dans  ce  jugement : '  gens  im- 


Y  I .  Pour  les  rendre  las  enfans  adoptifs  de  Dieu ,  et  participans  de  sa 
gloire.  —  Ou  plutot  et  selon  le  grec :  a  ceux  qui  ont  ete  appcles  d  lajbi/que 
Dieu  le  Pere  a  sarictilies ,  el  que  Jesus-Christ  a  conserves. 

y  2.  C'est  le  sens  du  grec. 

y  3.  Litt.  touchant  voire  commun  salut.  Quelques  exemplaires  grecs  li- 
sent:  touchant  notrc  commun  salut. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec. 

1^  4-  D'dtre  abandonnes  en  ce  monda  aux  egarcmens  de  leur  esprit  et  de 
leur  cceur,  et  livrea  dans  I'autre  aux  flammei  eternelles. 


6o4 


EPITRE  DE  SAIMT  JUDE. 


pies,  qui  changent  la  grace  de  notre 
Dieu '  en  une  licence  de  dissolution, 
et  qui  renoncent  Jesus-Christ  notre 
unique  maitre,  notre  Dieu,'et  notre 
Seigneur. 

5.  Or,  je  veux  vous  faire  souve' 
nir  de  ce  qu'autrefois  sans  doute 
vous  aurez  appris,'  qu'aprfes  que  le 
Seigneur  Jesus  '  eut  sauve  le  peuple 
d'lsracl,  en  le  retirant  de  I'Egypte, 

Num.  XIV.  il  fit  perir  ensuite  ceux  qui  furent 
^1-  incredules. 

6.  Et  qu'il  retient  lies  de  chaines 
eternelles  dans  de  profondes  tene- 
bres  ,  et  qu'il  reserve  pour  le  juge- 
ment  du  grand  jour  '  les  anges  qui 
n'ont  pas  conserve  leur  premiere 
dignite  ,  uiajs  qui  ont  quitte  leur 
propre  demcure: 

Ge/t.  XIX.24.  r>.  Et  que  de  meme  Sodome  et 
Gomorrhe,  et  les  villes  voisines  qui 
s'ctoient  debordees  commes  elles 
dans  les  cxces  d'impurele  ,  et  s'e- 
toient  portees  a  abuser  d'une  chair 
etrangere,'  sont  devenues  un  exem- 
pledu  feu  eternelpar  la  peine  qu'el- 
les  ont  souITerte. " 

8.  Apres  cela  neanmoins,ces  hom- 
mes'  souillent  la  chair  par  de  senibla- 
bles  corruptions,  et  ils  meprisent  la 
domination,  etinaudissent  ceux  qui 
sont  eleves  en  dignite. ' 


gratiam  transferentes  in 
luxuriam  ,  et  solum  Do- 
minatorem  et  Dominum 
nostrum  Jesum  Christum 
negantes. 

5.  Commonerc  autem 
vos  volo  ,  scientes  semel 
omnia  ,  quoniam  Jesus 
populum  de  terra  iEgypti 
salvans  ,  secundo  eos  qui 
non  crediderunt,  perdidit: 

6.  Angelos  vero ,  qui 
non  servaverunt  siium 
principatum,  sed  derelin- 
querunt  suum  domici- 
lium,  in  judicium  magni 
diei,  vinculis  ajternis  sub 
caligine  reservavit  : 

7.  Sicut  Sodoma ,  et 
Gomorrha,  et  finitimaeci- 
vitates  simili  modo  exfor- 
nicalaj,  et  abeuntes  post 
carnem  alteram  ,  factae 
sunt  exemplum  ignis  ae- 
terni,  poenam  sustinentes. 

8.  Similiter  et  hi  car- 
nem quidem  uiaculant , 
dominationem  autem 
spernunt,  majestatem  au- 
tem blaspheniant. 


2 ,  etc.  Br 


■5^  4.  La  liberie  de  son  Evaogile. 

Ibid.  Ce  niol  esl  Jans  le  grec:  6eov. 

y  5.  C'esl  le  sens  du  grec. 

Ibid.   Le  grec  lit  simplement:  qu'apres  que  le  Seigneur  eut  sauve  , 
nom  de  Jesus  mis  ici  dans  la  Vulgate  ,  signilie  Sauveur,  et  peut  ici  s'entcndre 
du  Verbe ,  qui  depuis  son  incarnation  a  pris  le  nom  de  Jesus. 

■jr  6.   Voyez  la  Dissertation  sur  les  bons  et  mauwais  anges  ,  torn.  xix. 

Ibid.  En  se  revoltant centre  Dieu. 

j^  7.  Par  un  crime  abominable  dent  parle  saint  Paul ,  Piom.  i.  27. 

Ibid.  Ayant  ete  consumees  par  une  pluie  de  feu  et  de  soufre  que  Dieu  fit 
lomber  du  ciel ,  et  souffrironl  eternellement  dans  le  feu  exterieur,  c'est-a  dire 
de  I'enfer. 

y-  8.  Grec  :  se  l^issant  aller  a  leurs  reveries. 

Ibid.  C'est  le  sens  du  grec.  Lilt,  blasphement  la  majeste:  selon  les  uns, 
les  aatoriles  de  la  terre ;  selon  d'aulres ,  la  majesty  dc  N.  S.  J.-C. 


(HA 

9.  Cum  Michael  archan- 
'  lus  cum  diabolo  dispu- 

..ins  altercarelur  de  Moysi 
t  orpore,  non  est  aususju- 
dicium  inferre  blasphe- 
mia?  :  sed  dixit  :  Imperet 
tibi  Dominus. 

10.  Hiautera,quaecuin- 
que  quidem  ignorant, bias- 
phemant :  quaecumque  au- 
tein  naluraliter,  taraquara 
muta  animalia,  norunt,  in 
his  corrumpuntur. 

1 1 .  Vae  illis,  quia  in  via 
Cain  abierunt ,  et  crrore 
Balaam  mercede  effusi 
sunt,  et  in  contradictione 
Core  perierunt. 


13.  Hi  sunt  in  epulis 
suis  maculae,  convivantes 
sine  timore,  semeiipsos 
pascentes,  nubes  sine  a- 
qua,  quae  a  ventis  circum- 
feruntur,  arbores  autum- 
nales  ,  infructuosae  ,  bis 
mortuae,  eradicatae, 


i3.  Fluctus  feri  maris, 
despumantes  suas  confu- 
siones,    sidera   errantia  : 


PITRE  IMQLE.  6o5 

g.  Cependanl  i'archan^e  Michel,  Zach.  m.  2. 
dans  la  contestation  qu'il  eut  arec 
le  diable,  touchant  le  corps  deMoIse,' 
n'osa  le  condamner  avec  execration ; 
mais  '  il  se  contenta  de  dire  :  Que 
le  Seigneur  te  reprime.  ' 

10.  Au  lieu  que  ceux-ci  condam- 
nent  avec  execration  tout  ce  qu'ils 
ignorent,  et  se  corrompent  en  tout 
ce  qu'ils  connoisscnt  naturelle- 
ment,'comme  les  betes  irraisonna- 
bles. 

1 1.  Malheur  sur  eux,  parce  qu'ils  ^^"-  ^-  ^■ 
suivent  la  voie  de  Cain,'  et  qu'etant 
trompes  comme  Balaam,  et  empor- 
tes  par  le  desir  du  gain,'  ils  s'aban- 
donnentauderefflement,  et  qu'imi-       ,. 
tant  la  rebellion  de  Core  ,   ils  pen-, 

ront  comme  lui. 

12.  Ces  liommes-la  sont  le  des- 
honneur  des  festins  de  charite  , ' 
lorsqu'ils  y  mangent  avec  vous  sans 
aucune  retenue:  ils  n'ont  soin  que 
de  se  nourrir  eux-memes  ;   ce  sont 

des  nuecs  sans  eau,  que  le  vent  em-  a-  Pet.n.  17- 
porte  ca  et  la ;   ce  sont  des  arbres 
qui  ne  fleurissent  qu'en  antomne, ' 
des    arbres    steriles  ,     doublement 
morts  et  deracines. 

i5.  Ce  sont  des  vagues  furicuses 
de  la  mer,  d'ou  sortent,  comme  une 
ecume  sale,  leurs  infamies  :  ce  sont 


Num.  xTii. 

23. 


■f  9.  Quecetespril  de  malice  vouloitdccouvrir  aupeuple  juif  pour  le  porler 
il  lui  rendre  des  honneurs  divins,  — Voye2  la  Di'sseruttiou  suj-  la  inert  et  In 
sepulture  de  Molse ,  torn.  it. 

Ibrd.  Respeclant  en  lui  raulorite  dont  il  avoit  ^le  revetu. 

Ibid,  C'esl  le  sens  du  grec  :  ii:'.~iu.r,<sxi. 

y  10.  Suivant  les  mouvemens  de  leurs  passions. 

•^  n.  Qu'ils  rimilent  dans  son  envie. 

Ibid.  Comme  ce  faux  prophete. 

Ibid.  Par  leur  rcrolle  con  Ire  Dieu  et  contre  son  t^iise. 

Ibid.  Scront  de  m^me  enserelis  dam  les  enfers. 

J  la.  Grec  :  de  vos  festins. 

Ibid.  Aulr.  des  arbres  d'automne ,  y«i  n'ont  que  desjeuilles. 


EPITRE  DE  SAINT  JUDE. 


606 

des  etoilcs  errantes/auxquelles  une 
tempete  noire  et  tenibreusc  est  re- 
servee  pour  I'eternite. 
Apoc.  I.  7.  14.  C'est  d'eux  qu'Henoch,  qui  a 

6te  le  septieme  depuis  Adam,  apro- 
phetise  en  ces  lerrncs  :  '  Voila  le 
Seif;neurqui  va  veniravec  unemul- 
tilude  innombrable  de  ses  sainls, 

i5.  Pour  exercer  son  jugement 
sur  tous  les  liommes  ,  et  pour  con- 
vaincre  tous  les  iinpies  "  de  toutes 
les  actions  d'impiete  qu'ils  ont  com- 
niises,  et  de  toutes  les  paroles  in- 
jurieuses  que  ces  pecheurs  impies 
ont  proferees  contre  lui. 

16.  Ce  sent  des  murmurateurs 
qui  se  plaignent  sans  cesse,  qui  sui- 

Ps.  XVI.  10.  vent  leurs  passions  ,  dont  les  dis- 
cours  sontpleins  de  f'aste  et  de  va- 
nile,  et  qui  se  rendent  admiraleurs 
des  personnes  ,  selon  qu'il  est  utile 
pour  leur  inieret. 

17.  Mais  pour  vous^  mes  biens- 
x.Tim.w.i.  aimes,  souvenez-vous  '  de  ce  qui 
a.  Tim.  ni.  i.  a  ele  predit  par  les  apotres  de  notre 
^.Pei.  III.  3.  Seigneur  Jesus-Christ, 

18.  Qui  vous  disoientqu'aux  der- 
niers  temps  il  s'eleveroit  des  im- 
posteurs  ,  qui  suivroient  leurs  pas- 
sions dereglees  etpleines  d'impie- 
tes. 

ig.  Ce  sont  des  hommes  qui  se 
separent  eux-memes, 'hommes sen- 
suels'qui  n'ont  point  I'Esprit  de 
Dieu. 


quibus  procella  tcnebra- 
rum  serVala  ei<t  in  octer- 
num. 

\[\.  Prophetavit  autem 
et  de  hisseptimusab  Adam 
Henoch,  dicens:  Ecce  ve- 
nit  Dominus  in  sanclis 
millibus  suis. 

i5.  Facere  judicium 
contra  omnes  ,  et  arguere 
omnesimpios  de  omnibus 
operibus  impielas  ecrum, 
quibus  impie  egerunt ,  et 
de  omnibus  duris,  quae  lo- 
cuti  sunt  contra  Deum 
peccatores  impii. 

16.  Hi  sunt  murnuira- 
t  ores  querulosi, secundum 
desidei  ia  sua  ambnianles, 
et  OS  eorum  loquitur  su- 
perba,  mirantes  personas 
quaeslus  causa. 

ir,  Yos  autem,  charis- 
simi,  memores  estote  vcr- 
borum  quae  praedicta  sunt 
abapostolis  Domini  noslri 
Jesu  Christi, 

18.  Qui  dicebant  vobis, 
quoniam  in  novissimo 
tempore  venienlillusores, 
secundum  desideria  sua 
ambulanles  in  impietali- 
bus. 

19.  Hi  sunt,  qui  segre- 
gant  semelipsos  ,  anima- 
les,  Spirilum  non  haben- 
tes. 


•j^  1 3 .  Cela  peut  s'enlendre  de  ces  meteores  enflammcs  qui  apres  avoir  paru 
quelque  temps  dans  I'air,  se  dissipent. 

•jj-  1 4.  Yoyez  la  X>«'s5<  nation  sur  le  li\>re  d' Henoch,  a  la  t^te  de  celle^pitrc. 

y^  i5.  Grec:  tous  leurs  impies,  c'et-a-cire  tous  les  medians  d'enlre  eux. 

>^  1 7.  Si  vous  eles  surpris  de  voir  des  horami'S  si  corrompus  sorlir  du  sem 
derfiglise. 

y  19.  lis  se  separent  du  corps  de  Jesus- Christ  parle  schisme  qu'ils  for- 
ment  dans  I'Eglise. 

Ibid.  Lilt,  des  hommes  d'une  vie  animale. 


CHAPITRE  UNIQUE.  607 

20.  Vosaulem,  charis-  20.  Mais  vous ,  mes  bien-aimes, 
siini  ,  superaeilificantes  vous  elevant  vous-mfimes  coinme 
vosinetip.sos  sanclissimae  un  edifice  spiriluelsurle  fondement 
veslrae  fidei ,  in  Spiritu  de  voire  tres  sainte  foi,et  piiant  par 
saiiclo  oranlcs,  le  Saint-Esprit, 

21.  Vosmelipsos  in  di-  21.  Conserver-vous  en  i'anttour 
leclione  Dei  servate,  ex-  de  Dieu  ,  attendant  la  misericorde 
pectanles  misericordiam  de  notre  Seigneur  Jesus  -  Christ, 
Domini  nosti  i  Jesu  Christi  pour  avoir  la  vie  eternelle. 

in  vitam  aelernam. 

22.  Et  hos  quidem  ar-  22.  Reprenez  ceux  -  ci  apres  les 
guite  jiidicatos  :  avoir  convainous  ; 

20.  Illos  vero  salvate,  20.  Sauvez  ceux-Ia  ,  en  les  ti- 
de igne  rapientes.  Aliis  rant  du  feu.'  Ayez  compassion  des 
autera  miseremini  in  ti-  autres  ,  '  en  craignant  pour  vous- 
more  :  odientes  el  earn,  memes:' et  haissez  comme  un  vele- 
quae  carnalis  est,  macula-  ment  souiile  tout  cc  qui  tient  de  la 
tarn  tunicam.  corruption  de  la  chair. 

24.  Ei  aulem  quipotens  24.  A  celui  qui  est  puissant  pour 
est  vos  conservare  sine  vous  conserver  sans peche,  e't  pour 
peccato  ,  et  constiluere  vous  faire  comparoilre  devant  le 
ante  conspectum  gloriae  trone  de  sa  gloire  purs  et  sans  ta- 
suae  immaculatos  in  exul-  che,  et  dans  un  ravisseraent  de  joie, 
talione  in  adventu  Domini  a  Tavenement  de  noire  Seigneur  Je- 
noslri  Jesu  Christi;  sus-Christ;' 

25.  Soli  Deo  Salvatori  25.  A  Dieu  seul  notre  Sauveur 
nostro  per  Jesum  Chris-  par  notre  Seigneur.  Jesus  -  Christ, 
turn  Dominuni  nostrum  ,  gloire  et  magnificence  ,  empire  et 
gloria  et  magnificenlia  ,  force,  avanttous  lessiecles  etmain- 
imperium  et  potestas  ante  tenant,  et  dans  tous  les  slecles  des 
omne  seculum,  et  nunc  et  siecles.    Amen.' 

in  omnia   secula   seculo- 
rum.  Amen. 

y  a3.  Des  flainiues  de  I'enfer  ou  ils  semblent  ^Ire  dcja  par  leur  endurcisse- 
ment  et  leur  malice. 

Ibid.  Qui  sonl  dans  raveuglement  el  dans  I'erreur. 

y  aa.  et23.  Le  grec  lit :  Ayez  pilie  des  uns,  usanl  de  discememenl^our 
les  ramener  avec  douceur;  sauvez  les  autres  en  leur  iuspiraiu  de  la  crainle  . 
el  les  tirant^coinme  du  feu  :  el  haissez,  etc. 

•i  24.  Ces  mols ,  7/1  adventu  Domini  nostri  Jesu  Christi,  ne  sont  pas  dans 
le  grec,  ni  meme  dans  quelques  exemplaires  latins  ;  ils  paroissent  pris  de  la 
i"  ep.  aux  Tbess.  111.  i3. 

y^  q5.  Le  grec  lit  simplement :  A  Dieu  notre  Sauveur,  qui  est  le  seul  sage, 
soil  gloire  et  magnificence  ,  force  et  empire ,  maintenant  et  dans  tous  les  sie- 
ves. Amen. 

Les  exemplaires  grecs  portent  ici :  I'epitre  catholique  de  Jude  de  7 1  verseU. 

FIN  DD  VINGT-TROISIEME  VOLUME. 


TABLE  DES  MATIERES 

CONTENUES  DANS  CE  VOLUME. 


Preface  sur  la  premiere  epitre  de  saint  Paul  auxThessa- 

loniciens i 

Premiere  epitre  de  saint  Pacl  Atx  Thessaloniciens 1 1 

Preface  sur  la  deuxieme  epilre  aux  Thessaloniciens 25 

Dissertation  sur  I'Antechrist 4' 

Decxieme  epitre  de  saint  Paul  aux  Thessaloniciens io5 

Preface  sur  la  premiere  epitre  a  Timolhee 1 13 

PREMliiRE     epitre     DE    SAINT    PauL    A    TiMOTHEE 122 

Preface  sur  la  deuxieme  epitre  a  Thimothee i4i 

Deuxieme  epitre  de  saint  Paul  a  Timothee i47 

Preface  sur  Tepitre  a  Tite 161 

Epitre  de   saint  Paul  a  Tite 17$ 

Preface  sur  I'epitre  a  Philemon i83 

Epitre  de  saint  Paul  a  Philemon 194 

Preface  sur  I'epitre  aux  Hebreux 198 

Epitre  de  saint  Paul  aux  Hebreux 5o6 

Preface  generale  sur  les  epitres  canoniques 56o 

Preface  sur  I'epitre  de  saint  Jacques ^ 365 

Epitre  de  saint  Jacques , ^74 

Prefiice  sur  la  premiere  epitre  de  saint  Pierre 5g2 

Dissertation  sur  le  voyage  de  saint  Pierre  a  Rome SgS 

Premiere  EPiTRF,  de  saint  Pierre 4i9 

Preface  sur  la  deuxieme  epitre  de  saint  Pierre 4^7 

Dissertation  sur  le  systeme  du  monde  selon  les  anciens 

Hebreux 44^ 

Dissertation  sur  la  fin  du  monde 47* 

Deuxieme  epItre  de  saint  Pierre 5o4 

Preface  sur  la  premiere  Epitre  de  saint  Jean 5i5 

Dissertation  sur  le  fameux  passage  de  la  premiere  epitre  de 

ssixnt  Jean  :  Tres  sunt  qui  testimonium  dant,  etc 5 19 


TABLE  DES  MATI&RES.  6  I  I 

PhEHIEBE  ipiTRB  DE  SAIIIT  JbAIT 545 

Preface  sur  la  deuxi^me  ^pttre  de  saint  Jean 564 

DeVXIEME  EPITRE  OB  SAIITT  JbAN 569 

Preface  sur  la  troisi^me  epitre  de  saint  Jean.  .......  5^3 

TbOISIEME  EPITBB    DBSAlITr  Jban 575 

Preface  sur  I'epitre  de  saint  Jude 5^8 

Dissertation  sur  le  lirre  d'Henoch 583 

Epithb  de  saint  Jude 6o5 


FIK    DE   LA    TABLE  DES    HATIEBES. 


3d 


v.23> 


['■'•."'■:''. 

i'.'' 

■•::'i;i: 

1 

iiiiHiiiiiii 


1 

imy.