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Full text of "Mémoires de la Société d'émulation du Doubs"

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BEQUEST 
UNlVERSrrV  .rWICHIGAN; 

t GENERAL  LIBRARY  _^J 


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MEMOIRES 

SOCIÉTÉ  DÉMULATION 

DU    DOUBS 


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MÉMOIRES 

Dl    LA 

SOCIÉTÉ  D'ÉMULATION 

DU    DOUBS 


CINQUIÈME     VOLUME 

1900 


IMPRIMERCE   DODIVERS    ET    C- 
Grande-Rue,    87 


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MÉMOIRES 

DE 

LA  SOCIÉTÉ  DÉMULiVTlOIN 

DU   DOUBS 


PROCES- VERBAUX  DES  SEANCES 


Séance  du  13  janvier  1900. 
Présidence  de  HH.  Jules  Gauthier  et  Charles  Bonnet. 


Sont  présenti  : 

Bureau  :  HM.  /ul«i  Gauthier  et  Charte»  Bonnet,  présidents  ; 
Meynier,  secrétaire  décennal;  VaUiitr,  vice-président  j  Kirek- 
ngr  et  Matdiney,  archivistes. 

Membres  :  MH.  Bouvard,  P.  Drouard,  L,  Gauthier,  A.  Gai- 
ehard,  P.  Guichard,  A.  Girardot,  M.  Lambert,  Uagnin,  Mon- 
tenoise,  Prinet,  Vautherin,  Yaraigne. 

La  pRFole  est  donnée  &  H.  Girardot  pour  une  communication, 
sur  ce  qu'il  appelle  fort  à  propos,  la  légende  du  ehAtaignier.  Les 
vieux  bisontins  racontent  volontiers  que  jadis  la  montagne  de 
Rosemont  ou  de  Rognon,  comme  ils  l'appellent,  était  couverte 
de  cti&laigniers,  et  ils  affirment,  à  l'appui  de  cette  assertion, 
que  les  charpentes  des  plus  anciennes  miûsons  de  notre  ville 
ont  été  construites  avec  du  bois  de  ch&taignier. 

Fait  singulier,  sur  plusieurs  points  de  la  Franche-Comté  et 
dans  diflérentes  parties  de  la  France,  à  Paris,  en  Bourgogne, 
en  Champagne,  lùlleurs  encore,  on  prétend  aussi  que  les  vieilles 


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cliarpentes  sont  en  cb&taignier.  Daubenton,  il  y  a  bien  long- 
temps déjà,  afait  justice  de  cette  légende  pour  Paris,  ea  mon- 
trant que  celles  de  la  Sainle-Chapelle  et  de  Notre-Dame  sont 
bien  réellement  en  chêne.  M.  des  Etangs  a  restitué  aussi  au 
chêne  celles  des  monuments  de  Reims,  de  Chartres,  de  Sens, 
de  Troyes,  el  M.  Matliiea,  professeur  à  l'Ecole  forestière  de 
Nancy,  considère  les  charpentes  en  châtaignier  comme  aussi 
chimériques  que  les  forêts  d'où  elles  auraient  été  tirées. 

Dès  lors,  il  semble  bien  douteux  que  les  vieilles  charpentes 
de  Besançon  et  d'Omans  soient  réellement  en  châtaignier; 
quant  â  celles  de  Pesmes,  elles  sont  certainement  en  chêne,  à 
en  juger  par  un  échantillon  emprunté  à  une  des  plus  anciennes 
maisons  de  la  localité,  le  Chàteau-Rouitlol.  Cet  échantillon, 
fragment  détaché  d'une  grosse  poutre,  a  été  étudié  au  labora- 
toire de  botanique  de  notre  université  par  MM.  Magnin  et  Par- 
mentier.  D'après  un  rapport  du  premier  de  ces  professeurs,  cet 
échantillon  n'appartient  pas  au  châtaignier,  mais  bien  certaine- 
ment au  chêne  pédoncule,  quercus  robur  peduncuialtu.  A  la 
différence  de  celui  du  châtaignier,  le  bois  de  ce  chêne  présente, 
sur  des  sections  histologiques  suflisammen!  étendues,  de  larges 
rayons  médullaires  qui  manquent  au  premier,  et  ce  caractère  se 
retrouve  très  nellemenlsur  l'échantillon  de  Pesmes.  Déplus,  la 
disposition  fasciculée  des  vaisseaux  du  bois  d'automne  et  leur 
épanouissement  en  éventail  dans  cette  partie  de  la  couche  an- 
nuelle du  chêne  en  question,  se  chercheraient  vainement  dans 
le  châtaignier.  Pour  conclure  de  celte  charpente  de  Pesmes,  â 
celles  que  l'on  a  signalées  ailleurs,  il  faudrait  étendre  &  ces 
dernières  le  même  genre  d'examen.  C'est  pourquoi  M.  Girardot 
iemande  en  terminant,  à  ceux  des  membres  de  la  société  qui 
pourraient  s'en  procurer,  l'envoi  d'autres  échantillons  à  M.  le 
professeur  Magnin. 

Les  châtaigniers,  étant  â  la  fois  silicicoles  et  calcifuges,  ne 
sauraient  se  développer  sur  nos  formations  calcaires.  M.  le  doc- 
;eur  Meynier  fait  remarquera  ce  propos  que  la  nomenclature 
;erriioriaIc  de  notre  région  en  fournil  de  bonnes  preuves.  On 
chercherait  vainement  dans  le  Jura  Franc-omtois  le  nom  de 
[^hâtenay  ou  de  Chàtenoy  qui  signifie  bois  de  châtaigniers  {Cas- 
'.anetuntj. 


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Il  ne  se  trouve  que  dans  la  partie  vosgîenne  de  ta  Franche- 
Comlê,  les  arrondissements  de  Betfort  et  de  Lure,  et  dans  le 
poiotement  primitif  de  la  Serre,  arrondissement  de  Dole.  Chftte- 
nois,  canton  de  Belfort,  Chàtenay  et  Chàtenois,  canton  de  Saulx, 
Qi&lenbis,  cantoa  de  Rocherori,  au  total  quatre  localités,  rap- 
pellent par  leur  nom,  la  présence  du  châtaignier  sur  leur  terri- 
toire. C'est  peu  quand  on  sait  qu'il  y  u  en  France  près  de  deux 
cents  localités  qui  sont  dans  ce  cas. 

H.  Léon  Gauthier  lit  un  intéressant  traviûl  sur  le  r61e  des 
finanexen  lombard*  à  la  cour  d'Othon  IV,  comle  palatin  de  Bour- 
gogne. Ce  prince,  toujours  à  court  d'argent,  devait  forcément 
devenir,  à  un  moment  donné,  la  proie  des  usuriers.  Après  avoir 
livré  son  pays  au  roi  de  France  Philîppe-Ie-Bel,  son  principal 
créancier,  le  malheureux  prit,  comme  lui,  pour  conseillers  in- 
times, des  financiers  plus  ou  moins  louches,  particulièrement 
des  banquiers  lombards.  Cinq  de  ces  derniers  dirigëreht  sur- 
tout ses  finances  -,  c'étaient  :  Jacques  Scaglia,  de  Florence  ;  Lau- 
duche  Moreti  aussi  de  Florence;  Ardeçon,  d'Ivrée  ;  Reynon  et 
Dimanche  Aainier,  d'Asti.  Comme  tous  les  gens  de  leur  espèce, 
ces  personnages,  de  minime  valeur  morale,  s'enrichirent  plus 
par  le  prêt  sur  gage  à  grosse  usure,  que  par  le  négoce  honnête, 
ce  qui  ne  les  empêcha  pas  d'arri\er  &  la  noblesse  et  d'ouvrir  à 
leur  descendance  la  porte  de  la  puissance  et  des  honneurs. 

Sont  présentés  pour  faire  partie  de  la  société  : 

Comme  membre  résidant  : 

H.  le  vicomte  Henri  de  Truchi»  de  Varennet,  par  HU.  J.  Gaii- 
ttaier  et  A.  Ueffroy  ; 

Comme  membre  correspondant  : 

U.  Léon  Nardin,  pharmacien  à  Belfort,  par  HH.  Charles 
Bonnet  et  Paul  ûuichard. 

Le  prindent.  Le  teerétaire. 

Bonnet.  Dr  J.  Heynier. 


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Séance  du  10  févriei-  1900. 
Présidence  de  H.  Jules  Gauthier. 


Sont  présants  : 

Bureau  :  HM.  JuUt  Gauthier,  vice-président  ;  Jlfeytiter,  secré- 
taire décennal  ;  Vaiuier,  deuxième  vice-président;  FauquigniM, 
trésorier  ;  Kirehner,  archiviste. 

Membres:  MM.  if.  Bruehon,  Girardot,  A.  Guiehard,  P.  Gui- 
chard,  Ledoux,  Lieffrojf,  abbé  Louvot,  Em.  Louvot,  Magnin, 
Pingaud. 

M.  l'abbé  Louvot  a  lu  une  intéressante  étude  sur  le  peintre 
Wirteh  d'apri»  ton  dernier  biographe,  H.  l'abbé  Jean  Amberg, 
curé  de  Lucerne. 

Dans  sa  séance  du  10  décembre  1860,  la  Société  entendait  la 
lecture  d'une  belle  élude  de  M.  Francis  Wey,  sur  Melchior 
Wirfchet  le»  peintre»  hi»onlin».  Notre  éminent  compatriote  la 
terminait  par  ces  mots  :  «  Aucune  notice  n'a  paru  en  France,  et 
rien  d'étudié  n'a  paru  en  Allemagne  sur  ce  peintre,  qui  a  laissé 
tant  d'excellents  ouvrages,  dirigé  deux  écoles,  formé  des  élèves 
connus  et  que  deux  patries  pouvaient  revendiquer,  puisqu'il  fut 
nommé,  par  lettres  patentes,  citoyen  de  la  ville  de  Besancon. 
On  n'a  pas  gravé  un  seul  de  ses  tableaux  qui  ne  sont  classés 
nulle  part.  Les  pages  que  je  viens  lui  consacrer  ici  deviennent 
une  sorte  d'exhumation.  Cependant,  les  rechercties  que  j'ai  fait 
faire  à  Lucerne  depuis  2  ou  3  ans  ont  ému  le  Comité  historique 
de  cette  ville,  et  l'on  m'a  écrit  que  le  président,  H.  Sneller,  pré- 
pare une  biographie  do  Melchior  Wirsch.  s 

Sneller  fit  bien,  en  effet,  le  plan  d'une  étude  sur  Wirsch, 
mais  il  ne  l'acheva  pas.  Dans  le  courant  de  l'année  1863.  Hess 
publia  une  biographie  de  notre  peintre  dans  la  nouvelle  feuille 
de  ta  Société  des  artistes  à  Zurich.  Il  en  est  aussi  très  briève- 
ment parlé  dans  le  premier  volume  de  la  Galerie  des  Suisses  cé- 
lèbres. Enfin  en  1898  paraissait  h  Lucerne  une  nouvelle  étude 


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lur  Wineh  par  H  l'abbé  Aniberg,  curé  de  Lucerne.  L'occasion 
de  cetle  publication  fuL  le  centenaire  du  combat  du  9  sep- 
tembre 1798,  et  on  la  trouve  dans  le  volume  de  souvenirs  inti- 
tulé :  «  Le  Nidteatden  U  y  a  cent  ant.  Il  a  paru  A  H.  l'abbé 
Louvot  qu'il  y  avait  un  certain  intérêt  à  la  signaler  au  moment 
où  la  Société  se  prépare  it  célébrer  le  centenaire  de  Luc  Breton, 
l'ami  et  le  collaborateur  de  Wirsch  à  notre  ancienne  école  de 
peinture  et  de  sculpture. 

La  société  a  entendu  ensuite  la  lecture  d'une  Notice  biogra- 
phique sur  letnycolague  franc-eotntoit  docteur  Qailet  par  H.  Ant. 
Magnin.  Lucien  Quélel,  né  à  Montécheroux  le  Hjuillet  1832,  avait 
été  destiné  par  ses  parents,  protestants  zélés  comme  tous  les 
gens  de  ce  village,  à  la  carrière  ecclésiastique  et  envoyé  par 
eux,  ses  premières  études  faites,  à  la  Faculté  de  théologie  de 
Strasbourg.  Hais  notre  futur  naturaliste  lui  préféra  la  Faculté 
de  médecine,  qui  lui  conférait,  en  1856,  le  diplOme  de  docteur. 
Il  vint  s'établir,  la  même  année,  à  Hérimoncourt,  où  il  a  passé 
toute  son  existence  partagée  entre  la  pratique  de  la  médecine 
et  des  recherches  d'histoire  naturelle.  Doué  d'un  remarquable 
esprit  d'observation,  auquel  il  joignait  un  coup  d'oeil  sûr,  Quélet 
les  a  appliqués  à  l'étude  de  presque  toutes  les  branches  de  la 
botanique.  Mais  les  groupes  les  plus  diHIciles  et  les  plus  ordi- 
nairement délaissés,  eurent  bientôt  ses  préférences,  et  les  cham- 
pignons ne  tardèrent  pas  à  être  l'objet  de  ses  investigations 
favorites.  Les  résultats  des  travaux  qu'il  leur  a  consacrés  depuis 
1870,  sont  consignés  dans  de  nombreuses  publications  dont 
M.  Hagnin  donne  une  liste  complète.  Quélet  a  pris  une  part  ac- 
tive, avec  le  docteur  Antoine  Mougeot  de  Bruyères,  et  le  doc- 
teur René  Ferry  de  Saint-Dié,  à  la  fondation  et  à  l'organisation 
de  la  Société  mycologique  de  France,  d'abord  constituée  à  Epinal 
en  1884,  puis  transférée  à  Paris,  société  actuellement  très  pros- 
père. Il  est  mort  le  'i5  août  1899. 

Après  un  vote  d'admission  en  faveur  des  candidatures  pro- 
noncées à  la  dernière  séance,  M.  le  président  proclame  : 

Membre  Téald&nt  i 
H.  Henri  de  Truchis  de  Varennes  : 


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—  X  — 

Membre  oorreapondant  : 
M.  Léon  Nardin,  pharmacien  à  Belfort. 

La  Préfident,  Le  Secrétaire, 

i.  Gauthier.  D'  J.  Meynier. 


Séance  du  i7  mars  1900. 

pRhISIDENCE  DE   M.   CHARLES  BONNET. 


Sont  présents  ; 

Bureau  :  HH.  Bomiel,  présldenl;  Meynier.  secrétaire  décen- 
nal ;  J  Gauthier,  premier  vice-président;  Vaiisier,  deuxième 
vice-président  ;  Kirchner  et  Maldiney.  arciûvistes; 

Membres  :  MM.  A.  Boytton  d'Ecole,  Bruchem  père,  A.  Girar- 
dot,  A.  Guichard,  MontenoUe,  Magnin. 

La  Société  a  entendu  d'atiord  de  1res  intéressanles  considé- 
rations de  M.  le  docleur  Anl.  Magnin  sur  l'influence  de  la 
composition  du  sol  sur  la  vigitation.  M.  Magnin  a  rappelé  l'im- 
portance de  celte  (|uestion  au  point  de  vue  tliéorique,  comme 
au  point  de  vue  pratique,  en  ce  qui  concerne  les  agriculteurs, 
les  silviculleurs ,  tes  viticulteurs.  Puis  il  est  entré  dans  cer- 
tains détails  généraux,  uu  sujet  du  rûlc  des  diiïérenls  facteurs: 
facteurs  climatiques,  facteurs  édafiques  (<Safi><,  soll  engejques 
ou  encore  biotiques  (pioTi;,  vie)  sur  la  formation  des  associa- 
tions végétales,  générales  ou  locales.  L'étude  particulière  des 
substances  édaphiques  chimiques  comprend,  en  premier  lieu, 
celle  de  Tinlluence  des  substances  contenues  dans  le  sol,  sur 
la  plante  et,  en  second  lieu,  l'influence  de  ces  substances  sur 
le  tapis  végétal.  Au  point  de  vue  de  la  première,  ces  substances 
se  divisent  :  en  substances  alimentaires,  en  substances 
toxiques,  et  en  substances  indifférentes.  Leur  action  varie  avec 
leur  solubilité,  avec  leur  degré  de  concentration,  avec  l'électi- 


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—  XI  — 

vite  des  racines  poar  elles,  ëleclivUé  dont  l'action  peut  se 
produire  même  à  l'égard  des  substances  nuisihles.  En  effet, 
les  substunces  alimentaires,  il  en  est  en  cela  pour  tes  plantes 
comme  pour  lee  animaux,  peuvent  devenir  nuisibles  à  une 
certaine  dose,  à  un  certain  degré  de  concentration,  pour  cer- 
taines plantes  non  adaptées  au  eol.  Le^  individus,  les  races 
d'une  même  espèce  peuvent  s'adapter  à  certaines  substances 
nuisibles  pour  d'autres.  La  même  plante  peut  présenter  des 
variétés  selon  qu'elle  croit  sur  un  sol  ou  domine  telle  ou  telle 
substance.  Celte  influence  sur  la  plante  isolée  peut  s'étendre  à 
l'ensembli?  des  plantes  qui  constitue  ce  qu'on  appelle  le  tapis 
végétal.  H.  Hagnin  termine  par  l'étude  particulière  de  l'induence 
du  calcaire  sur  la  plante  el  sur  la  constitution  du  tapis  végétal. 
11  fait  ressortir  ce  que  l'appétence  ou  t'udaptation  peut  être  sui- 
vant la  région,  et.  expose  la  lliéorie  de  la  compensation  ou 
suppléance  des  facteurs  écologiques  (oaot,  maison),  ceux  qui 
déterminent  l'haliilat.  Enfin,  il  conclut  à  la  prépondérance  des 
induences  chimiques  sur  les  influences  ptiysiques  en  ce  qui 
concerne  le  sol. 

H.  le  docteur Hey nier  a  lu  ensuite  une  note  sur/semore  muni- 
cipe,  puis  vicut,  qui  a  de  l'intérêt  pour  tous  les  Séquanais.  On 
a  cherché,  dans  celte  localité  de  l'Ain,  l'Alètia  de  César,  et 
VOtinda  ou  Oùndentis  urb»  de  la  légende  de  Saint-Amant.  Le 
seul  document  écrit  que  l'on  possède  sur  l'histoire  d'isernore 
est  la  légende  de  Saint-Oyend.  D'après  elle,  le  premier  abbé  de 
Condat,  disciple  de  Saint-Romain  el  de  Saint-LupicJn,  était  leur 
compatriote  el  citoyen  comme  eux.  de  noire  bourgade.  Cette 
légende  en  explique  le  nom  gallo-romain  Itarnodurum,  porte 
de  fer,  par  les  forlifications  puissantes  qui  entouraient  son 
temple  païen  dédié  à  Mars.  Ses  ruines  ont  été  fouillées,  mais 
aucun  plan  n'en  a  été  dressé. 

La  question  de  l'identification  d'Iiarnodurum  avec  Alésia,  ne 
peut  plus  se  poser,  après  les  travaux  auxquels  ont  donné  lieu 
les  prétentions  des  différentes  localités  qui  se  disputent  l'hon- 
neur d'avoir  été  la  forteresse  gauloise.  La  période  romaine  ne 
s'y  révèle  que  par  les  restes  du  temple  et  des  bains,  par  un 
grand  nombre  de  puits  funéraires,  par  de  nombreux  antiques 


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—  xn  — 

mais  tout  cela  n'a  pas  grande  signiflcation  au  point  de  vue 
local.  Il  en  est  de  même  des  Inscriptions,  parce  qu'elles  sont 
muettes  au  sujet  du  lieu. 

L'identification  avec  Oiinda  ou  Otindenêû  urb»  n'est  pas  plus 
possible.  Il  n'est  parlé  de  cette  petite  ville  épiscopale  que  par 
Baudemont,  l'auteur  de  la  légende  de  Saint-Amant,  qui  écrivait 
entre  671  et  099.  Mabillon  admet  qa'Ozindensi»  est  l'équivalent 
d'Ucetientit;  ■  mais  cette  solution,  dit  Quicherat  (1),  est  loin 
d'être  satisfaisante  sur  tous  les  points,  ■  et  les  auteurs  de  la 
Galtia  Chrûtiana  l'ont  rejetée.  H.  Meynier,  inclinerait  plutôt  à 
penser  qu'Ozinden$ii  est  la  même  localité  qu'EugendenâU. 
Condat  a  pris  le  nom  de  son  premier  abbé  Eugendui  ou  Sainl- 
Oyend,  et  l'a  conservé  pendant  six  siècles. 

Dans  l'ouvrage  qu'il  vient  de  ciler,  Quicherat  dit  qu'il  *  parait 
y  avoir  eu  un  moment  où  les  attributions  de  l'épiscopat  appar- 
tenaient de  droit  aux  supérieurs  d'un  certain  nombre  d'ab- 
bayes <2).  >  Laissant  de  côté  <•  les  preuves  de  ce  fait  qui  ont  élé 
relevées  dans  Grégoire  de  Tours  >,  II  se  i  borne  à  signaler 
diverses  menlions  d'évëchës  inconnus  qui  se  trouvent  dans  des 
écrits  du  septième  et  du  tiultiëme  siècle,  •  Parmi  elles,  se 
trouvent  précisément  celle  d'Oïtndensû;  le  légendaire  parle  d'un 
«  Jtfummului  Oiindenaii  urbit  arttule».  •  Et  comme  pour  appuyer 
le  dire  de  M.  Meynier,  Quicherat  trouve,  dans  la  nomenclature 
des  prélats  assistent  au  concile  d'Attigny,  en  765,  <  Uipotytua 
épitetipui  de  monasteria  Eogcndt.  i  C'est  notre  saint  llippolyte 
qui  mourut  sur  le  siège  de  Belley,  après  776.  Quicherat  le  cite 
immédiatement  après  Vuilllers,  évoque  du  mona.itère  de  Salnt- 
Haurlce.  Or,  aujourd'hui  encore,  l'abtjé  de  Sainl-Maurice-en- 
Valais  ou  d'Agaune  est  toujours  un  évéque. 

La  disparition  des  monnaies  romaines  sous  le  règne  de 
Valentinien  111,  donne  évidemment  à  penser  qu'lsernore  hit 
occupé  dès  le  début  des  invasions,  pendant  la  première  moitié 
du  v<!  siècle.  Il  devint  atelier  monétaire  sous  les  Mérovin- 
giens. On  connaît  actuellement  neuf  triens  d'or  portant  son 
nom.  Les  légendes  portent  Itarn,  hamodero,  laemodûro,  her- 
Hodro.  Les  maîtres  monnayeurs  qui  les  ont  produits  s'appelaient 

(l(  Formation  ft^nfaue  dti  Nomt  de  lieu,  p.  115. 


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—  xm  — 
Drw^^aldHM  ou  DroeUhtUm,   Vinualdm  el  Vumitrîv.  Du  rang 
de  municipe  qui,  sous  les  Romains,  lui  donnait  le  droit  de  pos- 
séder un  temple  et  des  bains,  Isemore  était  descendu,  bous 
les  Mérovingiens,  au  rang  de  simple  bourgade  (Ficus). 

Bnfln,  H.  J.  Gauthier  a  fait  une  très  intéressante  communica- 
tion sur  VEglite  Saint-Etimne,  de  Betançon,  qu'il  a  essayé  de 
restituer  d'après  les  textes  écrits  ou  imprimés  el  les  rares 
représentations  graphiques  que  nous  en  ayons. 

Le  Pritident,  Le  Secrétaire, 

Ch.  Bonnet.  D'  J.  Hevnikr. 


Séance  du  7  avril  1900. 
Présidence  de  M.  Charles  Bonnet. 


Sont  présente  : 

Bureau:  MH.  Bonnet,  président;  Fatuier,  vice-président  ; 
Meyttier.  secrétaire  décennal  ;  Fauquignon,  trésorier  ;  Kirchner 
et  Ualdiney,  arclitvistes. 

Membres:  iliil.BriuihonpèTe,Drouhard,A.Girardot,  A.  Gui- 
ehard,  Ledoux,  Mairot,  Parizot. 

Après  la  lecture  de  la  correspondance,  M.  Girardot  a  Tait  à 
propos  des  stations  des  Celtes  en  GaïUe,  une  communication  qui 
a  évoqué  de  nouveau  le  souvenir  d'Alaise  Cette  communication 
lui  a  été  inspirée  par  un  article  de  la  Revue  scienliflque  (10  fé- 
vrier 1900),  intitulé  :  LapréMsloireàChUtelCensoir;  lesgalgals  de 
Chdtel'Cenaoir,  de  M.  Pallier.  En  dehors  des  faits  intéressant 
spécialement  cette  station,  le  travail  indique  que  les  Celtes  en- 
sevelissaient leurs  morts  sous  des  amas  de  terre  ou  de  pierraille, 
tumulus  ou  galgals  et  que  ces  sépultures  se  rencontrent  sur  le 
tracé  d'une  ligne,  très  étendue,  partant  de  la  Germanie  pour 


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aboutir  aa  versant  de  la  Manche,  en  passant  par  l'Alsace,  la 
Franche-Comté  et  la  Bourgogne.  Il  y  a  quelque  temps  déjà  qu'un 
archéologue  salinois,  Toubin,  a  signale  de  nombreux  tumulns 
sur  le  premier  plateau  du  Jura;  el,  plus  anciennement,  n'est-ce 
pas  la  rencontre  aux  environs  d'Alaise,  d'une  agglomération  de 
ces  sépultures  qui  a  induit  Alphonse  Delacroix,  en  une  erreur 
célèbre?  Félix  culpa.  Elle  fut  Féconde  en  résultats  heureux  :  si 
Alphonse  Delacroix  eut,  en  Franche- Comté,  et  même  ailleurs, 
de  nombreux  adeptes,  il  trouva  aussi,  un  peu  partout,  dans  les 
milieux  officiels  surtout,  des  contradicteurs  et  des  adversaires 
résolus.  Aux  fouilles  d'Alaise,  on  répondit  par  celles  d'Atise- 
Sainte-Reine  ;  la  lutte  fut  des  plus  ardentes  et,  si  l'opinion  pu- 
blique se  prononça  en  définitive  pour  l'Alisia  de  Bourgogne, 
l'hypothèse  franc-comtoise  réveilla,  dans  notre  pays  el  dans  la 
France  entière,  le  goût  des  études  archéologiques  et  provoqua 
la  création  de  l'incomparable  musée  de  Saint-Germain. 

M.  le  docteur  Ledoux  lit  ensuite  une  étude  sur  Ut  œuvrei  de 
Melchior  Wyrseh  en  Suisse  et  au  musée  du  Louvre.  Un  guide  des 
touristes  en  Suisse  a  longtemps  signalé  à  Stanz  une  curiosité 
unique  au  monde:  un  Christ  en  croix  peint  par  un  aveugle  ! 
Dans  une  récente  édition  de  son  livre,  Baedeker  a  supprimé  la 
cécité  du  maître,  qui  n'avait  d'ailleurs,  nul  besoin  d'une  réclame 
aussi  extravagante.  Un  tableau  peint  par  un  aveugle  I  Pour  un 
peu  le  Joanne  allemand  nous  l'aurait  présenté  comme  l'ouvrage 
d'un  mort  I  Ce  qu'il  y  a  de  vrai  dans  cet  accouplement  malheu- 
reux de  ta  couleur  et  du  sens  qui  en  donne  la  perception,  c'est 
que  Wyrseh  fut  privé  de  ce  dernier  dans  ses  dernières  années. 

Quoiqu'il  en  soit,  notre  peintre  était  bien  en  possession  de  la 
vue  lorsqu'il  peignit  le  Christ  en  croix  de  la  salle  du  Conseil  au 
Ralhaus  de  Stanz.  On  ne  peut  en  douter  lorsqu'on  voit  cette 
toile  qui  a  droit  aux  mêmes  éloges  que  le  crucldé  de  l'hôpital  de 
Salins,  dont  Francis  Wey  a  dit  avec  justice  qu'  t  il  occuperait 

un  rang  honorable  dans  la  splendide  collection  du  Louvre > 

Le  même  édifice  cantonal  et  municipal  possède  trois  portraits  de 
Wyrseh,  des  portraits  de  landammannsqoi  ne  dépareraient  pas 
les  galeries  les  plus  fameuses.  Au  Rathaus  de  Lucerne,  une 
JjègisUition  de  Moise,  signée  Melchior  Wyrseh  1785,  décore  tout 


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le  panneau  sud  de  ta  cbambre  des  assemblées.  Lorsqu'on  com- 
pare cette  grande  page  au  Jugemej^  de  Salomon,  par  Joseph 
Reinhardt  (1787),  qui  couvre  une  autre  parui,  le  parallèle  est 
tout  à  l'honneur  de  Wyrsch,  On  ne  trouve  au  musée  de  cette 
ville  que  des  œuvres  secondaires  :  les  portraits  de  deux  abbés 
de  Saint-Urban,  Benoît  miTei-  (1778|  et  Martin  Balthazar  (1783)  ; 
un  saint  Jean  Népomucène  (1767);  un  saint  Louis  de  Gonzague 
(i761).  On  trouve  à  Sarnen,  dans  la  vieille  maison  de  l'Obwald, 
un  saint  Nicolas  de  Fhie,  qui  est  supérieur  comme  composition, 
comme  dessin  et  comme  couleur,  aux  meilleurs  portraits  de 
l'auteur.  De  nombreuses  églises  des  Waldstetten  possèdent  de 
bonnes  toiles  de  Meich  or.  Pour  ne  citer  que  les  plus  impor- 
tants, rappelons  le  saint  Benoit.  le  saint  Eugène  et  le  saint  An- 
toine de  l'abbaye  d'Engelberg  ;  la  Pieta  (1775)  et  la  Présentation 
(1776)  de  l'église  de  Sachseln. 

Le  docteur  Jacob  Wyrsch,  ancien  landammann  de  Nidwalden, 
montre  avec  fierté,  dans  sa  maison  de  Buochs.  les  reliques  de 
l'œuvre  de  son  grand-oncle,  échappées  à  l'incendie  de  Stanz  en 
1798.  Ce  sont  :  trois  médaillons,  d'une  exécution  très  fine,  re- 
présentant, l'un,  notre  peintre,  un  autre,  sa  femme,  et  le  troi- 
sième, un  prêtre  de  KieAtten,  le  révérend  docteur  Joseph  Her- 
mann  (1765)  ;  et  deux  excellents  dessins  :  un  Christ  en  croix  et 
une  Assomption.  Comme  en  Franche- Comté,  on  Irouve  des  por- 
traits peints  par  Wyrsch  dans  les  villes  et  cantons  de  la  Suisse 
centrale,  où  d'anciennes  familles  les  conservent  comme  une 
précieuse  partie  de  leur  patrimoine. 

Les  œuvres  de  Wyrsch  témoignent  que  leur  auteur  méritait 
mieux  qu'une  gloire  locale,  et  quelques  unes  d'entre  ^les 
étaient  vraiment  dignes  de  figurer  dans  une  grande  galerie.  Le 
maître  a  enfin  obtenu  cet  honneur,  lorsqu'un  legs  de  Francis 
Wey  a  fait  entrer  au  Louvre  les  portraits  de  son  grand'përe  et 
de  sa  grand'mëre,  Frangois-AnLoine  Wey  et  Hathilde  Gamel. 

Le  Prétident,  Le  Secrétaire, 

Ch.  Bonnet.  D'  J.  Meynier. 


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Séance  du  9  mai  1900. 
Présidence  de  M.  Charles  Bonnet. 


Sont  priteota  : 

BURBAU:  MM.  Sonnet,  président  ;  Vai»$ier,  vice-président; 
Ueynier,  secrétaire  ûétxnnai ;  FauquigtMn,  trésorier;  Kirchner, 
archiviste. 

Hkmbres  :  MU.  BerdelU,  Brtiehon  père.  A.  Girardot,  V.  Guit- 
lenUn,  Ledoux,  Mairot,  Paràol,  Pingaud,  Yemier. 

Après  la  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  précédente,  la 
Société  a  entendu  celle  d'un  rapport  de  H.  Pingaud  sur  un  ou- 
vrage dont  H.  Henri  Wallon,  un  de  ses  membres  correspon- 
dants, vient  de  lui  faire  hommage.  U.  Wallon,  dont  bien  peu  de 
Bisontins  peuvent  aujourd'hui  se  souvenir,  était,  il  y  a  trente 
ans,  professeur  au  Lycée  et  l'un  des  membres  les  plus  actifs  de 
la  Société.  Le  livre  de  H.  Wallon  a  pour  titre  :  Le»  Phare»  éta- 
bli* <ur  le»  côte»  maritime»  de  la  Normandie  par  la  Chambre  de 
commerce  de  Rouen  et  adminittri»  par  elle  de  1773  à  1791  et 
leur»  traniformationi  au  XIX*  tièele.  Entré  depuis  longtemps 
déjà  dans  la  carrière  industrielle  et  devenu  secrétaire  de  la 
Chambre  de  commerce  de  Rouen,  l'auleur  n'a  pas  oublié  ses 
antécédents  littéraires  et  la  grande  notoriété  de  son  père 
comme  historien.  Il  a  trouvé  sous  sa  main  les  éléments  d'un 
travail  qui  lui  a  permis  de  mettre  à  profil  le  style  et  la  méthode 
acquis  autrefois,  dans  une  œuvre  en  rapport  avec  ses  préoccu- 
pations actuelles.  Au  milieu  du  siècle  dernier,  un  phare  était 
encore  une  rareté  en  France  :  les  feux  qui  éclairaient  l'embou- 
chure de  l'Adour,  celle  de  la  Gironde,  les  Iles  de  Ré  etd'Oléron, 
celle  d'Ouessant,  le  cap  Fréhel  et  les  Casqueis  étaient  les  seuls 
qui  permissent  aux  marins  d'éviter  les  écueils  et  les  naufrages. 
La  Normandie  n'en  possédait  pas  un  seul  sur  son  lilloral.  Des 
démarches  commencées  dès  1739,  interrompues,  puis  reprises 
en  1705,  aboutirent,  après  trente-cinq  ans  d'efforts,  à  la  cons- 
truction de  quatre  tours  :  deux  au  cap  de  la  Hâve,  une  &  celui 


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d'Ailly,  elune  à  la  pointe  de  Galteville  près  de  Barfleur.  Les 
feux  de  CBS  tours  turent  allumés  le  1"  novembre  1775,  et  l'admi- 
nistration en  fut  confiée,  en  suite  d'un  arrât  du  conseil,  il  la 
Chambre  de  commerce  de  Normandie  qui  faisait  prélever,  à  cet 
effet,  un  droit  sur  la  navigation  dans  tous  les  ports  de  la  pro- 
vince. L'ouvrage  de  H.  Wallon  est  illustré  de  quatre  planchas 
lilhographiées  d'après  des  dessins  conservés  aux  archives  de 
cette  Chambre  et  d'une  cinquième  planche  qui  reproduit  l'acte 
de  fondation  de  ces  phares.  Ces  phares  ont  subi,  depuis  leur 
établissement,  des  phases  par  lesquelles  l'auteur  nous  fait  suc- 
cessivement passer. 

U.  Pingaud  présente  à  ^a  Société,  au  nom  de  H»'  Castan.  une 
collection  de  cahiers  reliés  en  H  volumes,  contenant  l'analyse 
des  délibérations  de  la  commune  de  Besancon  de  1381  à 
l'année  1740.  Ces  précieux  manuscrits  sont  destinés  à  prendre 
place  parmi  ceux  dont  la  bibliothèque  de  la  ville  est  déjà  si 
riche.  Déjà  bibliothécaire  adjoint,  Castan  fui  appelé  en  1858,  à 
adminisli-er  les  archives  municipales  où  il  avait  déjà  puisé  abon- 
damment pour  sa  thèse  sur  les  Origine*  de  la  commune  de 
Besançon.  Ils  représentent  le  travail  préliminaire  d'un  inven- 
taire général  dressé  selon  le  mode  de  classement  proposé  par 
la  circulaire  du  25  août  1857.  Après  avoirétubli  ce  plan,  Castan 
inventoria  la  série  AA  [actes  constitutifs  el  politiques  de  la 
Commune)  qui  fut  terminée  en  1874  et  approuvée  pur  le  -Mi- 
nistre de  l'Instruction  publique  l'année  suivante.  Puis,  il  s'atla- 
qua  à  la  série  BB  (Délibérations  municipales),  beaucoup  plus 
considérable,  puisqu'elle  comprenait  200  registres  et  en  pour- 
suivit le  dépouillement  détaillé.  Les  résultats  de  ce  grand 
travail  sont  donnés  plus  brièvement  dans  un  inventaire  som- 
maire déposé  en  triple  expédition,  aux  archives  départe- 
mentales, à  celles  de  l'HAtel-de-Ville  et  au  Hinislère  de  l'instruc- 
tion publique.  C'est  cet  inventaire  sommaire  qu'une  main 
pieuse  a  publié  naguère  sous  le  litre  de  NoIbb  sur  l'hiitoire 
municipale  de  Besançon.  En  même  temps  qu'il  accomplissait 
cet  énorme  travail,  Castan  s'attaquait  aux  Comptes  municipaux, 
série  ce,  et  pensait  en  tirer  un  résultat  analogue  Malheureuse- 
ment il  n'a  pu  achever.  Les  travailleurs  trouveronl  désormais  k 


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—  xvm  — 

la  bibliothèque,  avec  les  pièces  originales  del'histoire  bisontine, 
tout  un  ensemble  de  notes  et  de  renseignements  propres  à  en 
faciliter  l'étude.  Puissent  ces  commodités  engatfer  un  jour 
quelque  bonne  plume  à  entreprendre  cette  histoire  complète 
de  Besançon,  puisée  aux  sources,  rêve  d'ambition  suprême  que 
Costan  a  caressé  toute  sa  vie  et  qu'il  n'a  pas  pu  réaliser. 

Le  Préaident,  Le  Secrétaire, 

Ch.  Bonnet.  D'-J.  HEVNieB. 


Séance  du  9  juin  1909. 
Présidence  de  M.  Bavoux,  doi 


Sont  présents  ; 
Bureau:  MM.  Bavoux,  doyea;   Faiafter,  faisant  fonctions  de 
secrétaire;  Kirchner,  archiviste. 

Membres   :  MM.    Bruchon  père,    Berdelli,    A.    Guiehard, 

M.  VaisBier,  deuxifîme  vice-président,  qui  doit  remplacer  le 
secrétaire  décennal  absent,  prie  M.  Bavoux,  doyen  d'âge  de  la 
Société  et  l'un  de  ses  tinciens  secrétaires  décennaux  de  vouloir 
bien  le  remplacer  au  fauteuil  de  la  présidence. 

La  Société  a  reçu,  trop  tard  pour  pouvoir  y  répondre,  une 
invitation  de  la  Sodété  Neucbàteloise  d'utilité  publique  à  se 
rendre  à  son  assemblée  générale  qui  a  eu  lieu  le  9  juin  même, 
aui  Brenets.  Il  sera  répondu  par  une  lettre  d'excuses. 

H.  Magnin  transmet  à  la  Société  de  la  part  de  H.  Piroutet, 

étudiant  en    sciences,  un  de  ses  membres  correspondants,  le 

tirage  à  part  de  trois  études  préhistoriques  très  intéressantes, 

~""1  vient  de  publier  dans  la  Feuille  des  jeunes  Naturalistes, 

joint  avec  le  n'  4  des  archives  de  la  Flore  Jurassienne  un 

vë  des  observations  météorologiques  de  la  station  du  Jardin 

inique  pendant  le  mois  de  mai. 


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—  XIX  — 

H.  le  secrétaire  lit  un  travail  de  M.  Heynier,  absent,  sur  les 
premiers  aérostat»  à  Besançon  {i78S  tt  84).  L'enthousiasme  des 
Parisiens  pour  la  découverte  des  Mont^olilers  a  trouvé  de  l'écho 
dans  la  plupart  des  villes  de  province  et  parmi  elles,  on  peut 
citer  Besancon,  où,  dès  la  fin  de  1783,  on  vil  s'élever  des  bal- 
lons. Le  22  décembre  de  cette  année,  en  etTet,  on  y  lançait  sur 
la  place  des  Casernes,  un  ballon  i  qui  a  bien  réussi  ■.  lit-on 
dans  les  Mémoires  manuscrits  de  Grimont.  Le  9  janvier 
suivant,  un  marchand  de  bois,  nommé  Sabordet,  taisait  dans 
le  jardin  de  Granvelle  une  tentative  moins  heureuse,  qui 
décida  l'autorité  à  intervenir  dans  les  essais  futurs.  Une  nou- 
velle ascension  eut  lieu  le  20  de  ce  mois  de  la  place  des 
Casernes.  Le  ballon  lancé  en  cette  circonstance  fut  construit 
par  t  Messieurs  Vieille,  Pochel,  Clerc,  Sauvaijeul  et  Jucoulet, 
écoliers  de  Besançon.  ■  Le  2ti  mars  1784,  le  sieur  Didier,  hor- 
loger à  Uesancun,  lançait  un  ballon  au  petit  jardin  de  Granvelle, 
et  était,  pour  ce  fait,  condamné  &  une  amende  de  50  livres.  Ce 
ballon  resta,  paralt-il,  vingt-quatre  lieures  en  l'air,  et  fol  vu  à 
Baume,  à  Vesoul  et  6  Gray.  Un  en  rapporta  les  débris  &  l'In- 
tendance de  Franche-Comté.  L'amende  de  Didier  fut  annulée. 
La  plus  mémorable  de  ces  ascensions  fut  cell^quieut  lieu,  en 
juilleH784,  sous  les  auspices  du  marquis  de  Saint-Simon,  lieu- 
tenant-général et  commandant  en  second.  La  marquise  de 
Saint-Simon  avait  travaillé  à  la  construction  du  ballon,  assistée 
par  le  chirurgien -major  et  l'aumônier  de  Dragons  Cuiiilé,  ainsi 
que  par  le  libraire  Lêpagnei  cadet,  qui  avait  reçu  les  souscrip- 
tions destinées  à  couvrir  les  frais  de  l'expérience. 

M.  Kirchner  lit  une  note  intéressante  sur  lu  disparilion  de 
certaines  plantes  locales  par  le  fait  de  la  destruction  des  haies. 
C'est  sur  le  territoire  de  Mamirolle  qu'il  l'a  observé.  Les  avis 
sont  partagés  relativement  &  l'inlluence  de  cette  opération  ; 
M.  Kîrchner  fait  valoir  les  raisons  qui  militent  en  faveur  de  la 
conservation.  H.  Bavoux  fait  observer  que  le  travail  de  l'homme 
ne  doit  pas  être  la  seule  cause  de  modification  de  la  flore 
locale.  A  l'appui  de  son  dire,  il  cite  le  cas  d'un  murger  de 
FoDtaine-Kcu  sur  lequel  certaines  piaules  ont  disparu,  faisant 
place  b.  des  espèces  nouvelles. 


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— ^  XX  ~ 

Il  est'Certdn  qu'il  y  a  &  faire  de  nouvelles  observations  dans 
ce  sens. 

Le  Préiident,  Le  Secrétaire, 

Bavoux.  Vaissier. 


Séance  dw  Si  juillet  1900. 
Phësidbnce  de  m.  Charles  Bonnet. 


Sont  présents  : 

BCREAU  :  MM.  Bonnet,  président  ;  Vaistier  et  Jule»  Gauthier, 
vice-présidents  ;  Faitquignon,  trésorier. 

Membres  :  MM.  Bavoux,  Bruchon  père,  Drùt,  GmlUmin,  Le- 
doux,  Roland. 

Apres  la  lecture  du  procès-verbal  de  la  séance  précèdenle, 
-H.  J.  Gauthier  remet  &  la  Société  difTérenles  pièces  concernant 
le  tombeau  de  Pierre  Perrenot  dans  l'église  paroissiale  d'Or- 
nans.  Une  demi  satisfaction  a  été  donnée  aux  vœux  qu'elle  a 
émis  l'an  dernier,  et  le  tombeau  en  question  a  été  installé  dans 
la  chapelle  dite  de  Granvelle  qui  termine  te  collatéral  droit  de 
cette  intéressante  église.  Reste  le  classement  de  ce  tombeau 
comme  monument  historique. 

M.  Vaissier  présente  une  très  belle  feuille  d'ucanthe  en  bronze 
ciselé,  ainsi  qu'un  petit  socle,  également  en  bronze,  orné  de 
moulures,  provenant,  l'une  et  l'autre,  de  fouilles  faiies  récem- 
'ment  à  Mandeure  et  acquis  par  le  musée  d'archéologie. 

M.  Gauthier  signale  également  deux  monnaies  antiques,  une 
romaine,  l'autre  mérovingienne  Cette  dernière  est  un  trient  en 
or  frappé  &  Burdigalla  (Bordeaux),  pnr  un  monétaire  du  nom  de 
Tuaido,  qui  a  été  trouvé  a  Evillers  (Doubsj  (1). 

(1)  Cette  pière  représente  :  au  droit  une  <£le  caiironncc  avec  In  légende 
^  Burdiale  Twaldo  fil,  et  au  revci-s  une  croix  passée,  accoslée  de  deui 
personiiagos  debout. 


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—  XXI  — 

La  parole  est  donnée  à  M.  Gauthier  pour  une  communication 
sur  Végliteâe  Sainl-Mauriet-let-Jougne,  qui  appartient  au  style 
roRian-lKiui^uignon  du  xii*  siècle.  Celte  petite  église  bfttie  sur 
le  cimetière  de  Jougne,  a  été,  du  xir  au  xvii«  siècle,  le  centre 
religieux  du  bourg  et  de  ses  dépendances.  Construite  par  les 
religieux  d'Agaunc  (Saint-Maurice-en-Valais),  auxquels  le  roi 
de  Bourgogne,  Sigismond,  avait  donné,  au  vi"  siècle,  les  mon- 
tagnes du  Jura,  de  Ponlarlier  à  Salins,  elle  comprenait  et  com- 
prend encore,  car  elle  est  demeurée  presque  intacte,  une  nef 
uniquedequatre  travées,  à  chevet  droit,éclairée  par  trois  étroites 
renètres  &  plein  cintre,  et  une  crypte  à  laquelle  conduisent  deux 
escaliers  placés  ii  droite  et  à  gauche  de  l'autel.  Des  arcades 
sont  profilées  sur  les  flancs  de  la  nef,  dont  la  voûte  en  berceau 
est  soutenue  par  des  doubleaux  reposant  sur  des  colonnes  en- 
gagées, aux  chapiteaux  ornés  de  moulures,  l'un  d'eux  même  de 
feuillages  et  de  figures.  La  crypte  se  compose  de  trois  travées 
voûtées  d'arête,  cantonnées  de  trois  absidioles  semi-circulaires 
voûtées  en  cul  de  four  et  percées  chacune  de  deux  feneatrelles. 
En  outre,  et  faisant  face  à  l'absidiole  centrale,  on  trouve  un  lo- 
cultta  pratiqué  sous  l'autel  de  l'église  supérieure,  où  se  trouvait 
autrefois  un  autel  contenant  des  reliques  des  martyrs  de  la  Lé- 
gion Thébëenne,  sur  lesquelles  on  célébrait  la  messe  comme  en 
une  sorte  de  eon^ejsian.  Avec  ses  chapiteaux  à  entrelacs,  ses 
lignes  très  simples  mais  très  correctes,  la  crypte  de  Saint-Mau- 
rice de  Jougne  est  un  des  plus  anciens  et  des  plus  curieux  sanc- 
tuaires que  possède  le  diocèse  actuel  de  Besancon.  La  Société 
partage  l'avis  de  H.  Bavoux  qui  pense  qu'une  planche  devrait 
accompagner  la  publication  de  celte  intéressante  notice. 

H.  le  Président  annonce  que  H.  Paul  Girod,  professeur  à  l'U- 
niversilé  de  Clermonl-Ferrand,  membre  correspondant  de  la 
Société,  se  proposait  de  donner,  sous  les  auspices  de  la  compa- 
gnie, une  conférence  d'archéologie  préhistorique  à  Besançon. 
En  raison  des  nombreuses  absences  qu'amène  la  saison  des 
vacances,  M.  Girod  a  dû  reconnaître  qu'il  convenait  d'ajourner 
cette  séance  et  de  la  reporter  à  plus  tard,  au  mois  de  décembre, 
par  exemple. 

H.  Vaissier  lit  une   notice  sur  d'importants  fragments  en 


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—  xxu  — 

bronze,  représentant  un  dauphin  et  un  enfant,  de  la  décoration 
de  l'ancienne  fontaine  de  la  place  Dauphine,  aujourd'hui  place 
de  l'Etat-Hajor,  que  l'on  croyait  avoir  été  fondus  à  la  Monnaie, 
en  1792.  S.  Droit  dans  ses  Recherchei  hittoriqtie»  «ur  la  aille  de 
Betançon,  fontaines  publiques  (p.  289)  nous  apprend  que  le 
groupe  auxquels  ils  appartenaient  était  l'teuvre  d'Herpin,  et 
qu'il  comprenait  des  dauphins,  des  enfants  avec  rochers,  ro- 
seaux  et  culs  de  lampe.  Ces  intéressants  spécimens  de  la  sculp- 
ture du  xviii"  siècle,  sousiraits  vraisemblablement  par  quelque 
plombier,  gisaient  oubliés  dans  un  dépôt  de  la  ville,  lorsque 
H.  Jeannot  les  en  a  tirés.  Ils  sont  aujourd'hui,  et  fort  à  propoSi 
exposés  au  musée  d'archéologie,  après  avoir  été  débarrassés  de 
la  double  couche  de  peinture  qui  faisait  grand  tort  à  leur  carac- 
tère artistique. 

M  Edouard  Uroz,  informé  des  divers  projets  relatifs  aux  bâti- 
ments de  l'hâlel-de-ville,  ému  surtout  de  ceux  qui  menaçaient 
d'une  destruction  complète  un  des  monuments  historiques  de 
la  cité  bisontine,  a  rédigé  une  protestation,  dans  laquelle  il  ré- 
sume excellemment  toutes  les  raisons  qui  militent  en  faveur  de 
sa  conservation  la  plus  scrupuleuse.  Notre  savant  confrère  émet 
le  vœu,  qu'il  demande  à  la  Société  de  vouloir  bien  appuyer  de 
son  concours,  qu'il  soit  conservé  et  restauré.  La  réunion  ne  peut 
qu'être  sympathique  à  un  vœu  si  légitime  et  si  éloquemment 
exposé  ;  elle  ne  fait  de  résen'es  qu'au  sujet  des  détails  de  la 
restauration.  Plusieurs  des  membres  présents  de  la  compagnie 
ne  pensent  pas  que  le  motif  décoratif  représentant  Charles- 
Quint  à  cheval  sur  l'aigle  impériale  puisse  être  rétabli.  Ces  ré- 
serves faites,  ils  s'associent  comme  les  autres,  au  vœu  de 
H.  Droz,  qui  est  ainsi  formulé  :  '  La  Société  d'Ëmulation  exprime 
le  vœu  que  dans  les  travaux  d'édilité  à  entreprendre,  il  ne  soit 
touché  &  ta  façade  de  l'Hôtel-de-Ville  que  pour  la  réparer  et  la 
parfaire,  en  donnant  aux  mansardes  un  cadre  de  pierre  dans  le 
style  de  l'édifice,  et  en  rétablissnnt  dans  la  niche  de  la  fontaine 
le  motif  de  sculpture  qui  y  figurait  avant  1793,  soit  Charles- 
Quint  sur  l'aigle  impériale.  • 

Le  JVéïident,  Le  Secrétaire, 

Ch.  Bonnet.  D'  J.  MErNiEH. 


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Séance  du  9  novembre  idOO. 
Présidence  de  H.  Charles  Bomnvt. 


Sont  présents  : 

Bureau :HM.Bonnef,  président;/.  Gauthier ei  VaiuMr, vice- 
présidents  ;  Meynier,  secrétaire  décennal  ;  Kirehner  et  Maldi- 
ney,  archivistes. 

Membres  :  MM.  Bavoux,  BertUUé,  Bruchûn  père,  Albert  Gui- 
chard,  Ledoux,  Uagnin,  Maldiney,  Parîwt,  Prinet,  Vauiherin, 
Vemier. 

Après  la  lecture  de  la  correspondance,  M.  le  secrétaire  décen- 
nal lit  le  procès-verbal  de  la  séance  du  21  juillet,  et  H.  le  Pré- 
sident prend  la  parole  pour  rendre  compte  de  sa  présence  au 
cinquantenaire  de  la  Société  d'Emulation  de  Hontbélîard,  oA  il 
a  représenté  la  compagnie. 

Celle  fête  a  eu  lieu  le  jeudi  25  octobre  dernier.  Elle  compor- 
lait  :  le  matin,  une  séance  publique  de  la  société;  à  une  heure, 
un  banquet  ;  et,  le  soir  une  deuxième  séance  publique,  au 
théâtre.  A  la  séance  du  matin  U.  John  Viénot,  président  annuel, 
a  qualifié  cette  Tète  de  fête  du  souvenir  et  de  ta  reconnaissance 
el  adressé  quelques  paroles  émues  à  la  mémoire  des  fondateurs 
de  la  Société  et  de  ses  principaux  collaboraleurs  dans  le  passé. 
Puis,  ont  suivi  plusieurs  iecLures  fort  intéressantes  qui  ont  re- 
tenu l'assistance  jusqu'à  midi  et  demi.  Au  banquet,  très  bien 
ordonné,  qui  a  suivi,  se  trouvaient  les  notabilités  du  pays,  et 
parmi  elles,  un  certain  nombre  de  dames.  Divers  toasts  ont  été 
portés,  au  dessert,  par  MM.  Viénot,  président,  Philippe  Berger, 
de  l'Institut,  délégué  du  ministère  de  l'instruction  publique,  par 
M.  Roux,  trésorier,  et  d'autres.  M.  le  Président  a  tenu  à  remer- 
cier les  membres  de  la  société  amie  de  l'aimable  accueil  qu'ils 
avaient  fait  au  délégué  de  la  compagnie  el  a  cru  devoir  rappeler 
que  si  la  Société  d'Emulation  du  Doubs  était,  de  dix  années, 
l'aînée  de  celle  de  Hontbélîard,  les  deux  sœurs  animées  d'un 
même  et  excellent  esprit,  ont  porté  très  honorablement  depuis 


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—  IXIV  — 

plus  d'un  demi-siècle,  le  drapeau  de  ta  science  dans  noire  pro- 
vince; qu'avec  le  concours  de  savants  distingués,  elles  ont 
pieusement  et  doctement  fouillé  son  sol  antique,  et  exhumé  les 
précieux  débris  qu'il  recèle,  elles  ont  scruté  ses  archives  et 
pénétré  les  secrets  de  notre  passé,  elles  ont  réveillé  ses  vieux 
souvenirs  et  écrit  son  histoire,  monlrant  ainsi  qu'on  peut  avoir 
le  culte  de  la  petite  patrie  en  même  temps  que  l'ardent  amour 
de  la  grande.  A  la  séance  du  soir,  où  les  lectures  alternaienl 
avec  des  chœurs  d'enfants  du  pays.  M.  Viénot  a  refait  l'histo- 
rique de  la  société  qu'il  préside,  en  a  marqué  les  étapes,  et 
rappelé  ce  que  l'on  doit  de  reconnaissance  à  ceux  qui  l'ont  créée 
et  à  ceux  qui  l'ont  fait  vivre  ;  et  M.  Philippe  Berger  a  trouvé 
des  accents  émus  pour  célébrer  l'amour  de  ce  pays  de  Montbé- 
liard,  qui  est  le  sien  et  qui  a  conservé  sa  physionomie  particu- 
lière au  milieu  de  nos  provinces  unifiées  et  privées  de  leur  ori- 
ginalité par  une  centralisation  excessive. 

H.  Jules  Gauthier,  sous  le  litre  de  D«ux  épaves  frano- 
eomtoiiet  en  Itali»,  a  lu  deux  notices  très  intéressantes.  h& 
première  concerne  l'ancienne  croix  d'autel  de  Saint-Just  d'Ar- 
bois,  reliquaire  de  ta  vraie  croix  offert  vers  1360,  à  cette  église, 
par  Philippe,  évèque  de  Tournay  de  1350  à  1370.  Après  avoir 
restitué  &  ce  prêtai,  originaire  d'Arbois,  son  nom  de  famille,  de 
Montaigu,  on  l'avait  appelé  à  tort,  jusqu'à  présent,  Philippe 
d'Arbois.  M.  Gauthier  décrit  le  précieux  reliquaire  qui  est  en 
argent  doré  avec  figurines  et  émaux.  En  1S70,  la  fabrique  d'Ar- 
bois, obérée,  a  vendu  cet  objet  à  un  collectionneur  lyonnais 
M.  Carran,  pour  une  somme  de  six  à  sept  mille  francs,  fort 
inférieure  à  sa  valeur  réelle.  En  mourant  M.  Carran  a  légué  sa 
succession  au  musée  du  fiargello,  à  Florence,  où  le  lecteur  a 
récemment  découvert  cette  épave  de  notre  art  national  et  a  pu 
en  relever  la  description. 

La  seconde  notice  est  relative  k  un  manuscrit  d'une  chro- 
nique de  Savoie  qui  fit  partie  jusqu'au  début  du  XVI'  siècle  de 
la  •  librairie  ■  du  château  de  Nozeroy.  Offert  vers  1424  par 
Amédée  VIII  de  Savoie  à  Louis  de  Chalon,  prince  d'Orange, 
dont  il  porte,  en  première  page,  les  armoiries,  ce  manuscrit 
écrit  dans  les  premières  années  du  XV°  siècle,  a  passé,  après  la 


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—  XXV  — 

mort  de  Philibert  de  Ch&lon,  entre  les  mains  du  receveur  de 
Jougne,  Qaude  Feriin,  qui  le  possédait  en  1556  et  y  consigna, 
le  3  janvier  1566,  le  récit  du  passage  à  Jougne,  du  cardinal  de 
Granvelle,  se  rendant  à  Rome  pour  l'éleclion  du  pape  Pie  V.  De 
laTamille  Ferlin,  cette  chronique  a.  passé  à  Gérard  de  Walte- 
vijle,  seigneur  de  Châleauvillain,  dont  la  descendance  en  fit 
hommage  &  la  maison  de  Savoie.  Elle  fait  partie  aujourd'hui 
des  collections  superbes  des  archives  royales  de  Turin. 

M.  Hagnin  fait  une  communication  sur  lei  •  teicheg  •  du  lac 
de  Saint-Point.  Le  nom  de  ■  seiches  a  a  été  donné  par  les  rive- 
rains du  Léman,  à  des  phénomènes  d'oscillalion,  élévation  et 
abaissement  de  la  surface  du  lac,  qu'on  peut  comparer  auxma- 
rées.  Ces  phénomènes  se  produisent  surtout  dans  le  sens  de  ta 
longueur  de  la  plaine  liquide,  et  leur  durée  est  proportionnelle 
en  général  à  la  longueur  des  lacs.  On  a  pu  le  constater  sur  ceux 
de  Genève,  de  Neuch6tel,  de  Horat,  de  Brienz,  de  Joux.  D'aprèi; 
les  expériences  de  H.  Forel,  cette  durée  est  la  même  dans  les 
mêmes  conditions  de  longueur  de  l'étendue  d'eau  et  de  la  pro- 
fondeur de  la  masse  liquide;  dans  les  mêmes  conditions  de 
profondeur,  cette  durée  augmente  avec  la  longueur  de  l'étendue 
d'eau,  dans  les  mêmes  conditions  de  longueur  de  l'étendue 
d'eau,  celte  durée  diminue  avec  la  profondeur  de  la  masse 
liquide.  En  résumé,  les  •  seiches  ■  sont  en  fonction  directe  de 
la  longueur  de  l'étendue  d'eau  et  en  fonction  inverse  de  la  pro- 
fondeur. H.  Magnin  a  voulu  vérifier  cette  loi  sur  le  lac  de  Saint- 
t>oint.  11  a  trouvé  déjà  que  la  durée  des  seiches  •  y  est  de 
10  à  12',  ce  qui  est  bien  en  rapport  avec  sa  longueur.  En  atten- 
dant les  résultalsde  nouvelles  recherches,  ilcroitpouvoirafflrmer: 
1'  que  le  lac  de  Saint-Point  manifeste,  en  temps  favorable,  des 
«  seiches  »  longitudinales  assez  nettes,  2*  que  ces  •  seiches  i  sont 
uninodales,  3°  que  leur  durée  totale  parait  être  de  14  à  15  sec, 
4°  que  leur  amplitude,  observée  jusqu'à  présent,  n'a  pas  dépassé 
4  à  5  mm.,  5»  enfm,  qu'il  parait  y  avoir  aussi  de  petites 
•  seiches  »  transversales  d'une  durée  de  1  sec.  environ. 

Le  Priridenl,  le  Secrétaire, 

Ch.  Bonnct.  D'J,  Meynier. 


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—  XXVI  — 

Séance  du  iS  déeemhre  iOOO. 
Prébidehcb  de  m.  Charles  Bonnet. 


Sont  préieots  : 

Bureau  :  MM.  Bonnet,  président^  JuU»  Gauthier  et  VaitaUr, 
vice- présidents;  ISei/nier,  secrétaire  décennal;  Fauq^ignon, 
trésorier;  Kiyehner,  archiviste. 

Membres  :  HH.  Berdelli.  Bruchon,  Chapoy,  Girardot, 
A.  Guichard,  Henry,  Ledottx,  Lieffroy,  Nargaud,  Parizot, 
Vemierel  M.  Gaicon,  de  Fontaine  Française,  membre  corres- 
pondant. 

Après  la  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière  séance, 
dépouillement  de  la  correspondance.  H.  le  Président  annonce 
que  l'Académie  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Besan- 
çon sera  représentée  à  la  séance  publique  et  au  banquet  du  13 
par  son  vice-président  M.  de  Lurion,  La  Société  d'Emulation 
de  Monlbéliard  n'a  pu  déléguer  aucun  de  ses  membres  pour 
nous  rendre  la  visite  que  H.  Bonnet  lui  a  faite  si  aimablement 
lors  des  fêles  de  son  cinquantenaire,  son  président,  H.  Albert 
Roux,  nous  en  témoigne  tous  ses  regrets.  H.dievassu,  président 
de  la  société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Haute-Sa6ne, 
informe  de  ses  démarches  infructueuses  auprès  de  ceux  de 
ses  collègues  qui,  en  temps  ordinaire,  auraient  pu  s'absenter 
pour  répondre  à  notre  invitation;  aucun  ne  peut  le  faire  malheu- 
reusement. Nous  attendons  encore,  et  sans  grand  espoir,  des 
réponses  de  la  Suisse  et  du  Jura.  Seule  la  Société  Grayloise 
d'Emulation  nous  envoie  un  délégué,  M.  Victor  Maire,  professeur 
au  collège  de  Gray,  son  pi-ésident.  Pour  comble  d'infortune, 
M.  le  docteur  et  professeur  Marc  Dufour,  de  Lausanne,  qui 
nous  avait  promis  d'abord  sa  présence,  est  retenu  au  dernier 
moment  par  une  opération  très  sérieuse  que  doit  subir  un  de 
ses  flis  et  à  laquelle  il  désire  assister. 

M.  le  général  commandant  le  7<"«  Corps  d'armée,  dans  une 
lettre  partiouliëre  au  secrétaire  de  la  Société,  lui  mande  qu'il 


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—  xxvu  — 

regrette  vivement  que  ses  occupations  ne  lui  permettent  pas 
d'accepter  son  aimable  invitation  et  le  prie  de  transmettre  à  ses 
confrères  l'expression  de  ses  regrets  avec  tous  ses  remercie- 
ments. H.  le  premier  Président  souhaite  que  l'i^tat  de  sa  santé 
lui  permetle  d'assister  k  la  séance  publique;  mais  il  lui  sera,  à 
son  grand  regret,  impossible  de  prendre  part  au  banquet.  M.  le 
Procureur  général  s'excuse  comme  précédemment,  par  le 
fâcheux  état  de  sa  santé.  M.  le  Général  gouverneur  de  la  place 
sera  h  la  séance  mais  ne  pourra  être  au  banquet.  H.  le  Recteur 
de  l'Université,  absent,  a  prié  M.  l'inspecteur  d'Académie  d'ex- 
primer tous  ses  regrets  aux  membres  de  la  compagnie.  H.  le 
Secrétaire  général  du  Doubs  représentera  M.  le  Préfet  à  la 
séance  publique  eiau  banquet.  H.  le  Maire  ne  pourra  se  rendre 
ni  à  l'un,  ni  à  l'autre,  en  raison  de  l'état  précaire  de  sa  santé. 

Enfin,  H.  Edouard  Grenier,  que  H.  le  Président  avait  vivement 
pressé  de  répondre  à  notre  invitation,  lui  a  répondu  que  cette 
invitation  l'avait  bien  touché,  et  que  la  manière  dont  il  la  lui 
avait  transmise  y  avait  ajouté  un  prix  et  une  grâce  de  plus. 
•  Croyez  bien  tous,  ajoute-il  à  ma  sincère  gratitude,  comme  à 
mes  sincères  regrets..  Ma  santé  m'interdit  dorénavant  toute 
infraction,  môme  heureuse,  k  mes  habitudes  de  reclus,  et  je 
vous  prie  de  croire  que  jamais  je  n'ai  ressenti  plus  vivement  le 
joug  de  cette  règle  inflexible.  » 

M .  le  Président  donne  la  parole  au  trésorier  pour  exposer  un 
projet  de  budget  pour  19(H. 

On  procède  ensuite  à  l'élection  d'un  deuxième  vice-président 
qui    sera   président   en  1902.   H.  le  docteur  Nargaud  est  élu. 
Par  vole  à  mains  levées,  les  pouvoirs    du    trésorier,    du  vice- 
trésorier  et  des  archivistes  actuels  sont  continués  pour  une 
nouvelle  année. 
Le  bureau  sera  donc  ainsi  composé  : 
Prétident  pour  l'année  iOOi  :  M.  Alfred  Vaissier. 
Premier  mee-prétident  :  M.  Charles  Bonnet. 
Diuxième  ttice-prétident  :  H.  Arthur  Kargadd. 
Secrétaire  décennal  :  M.  Joseph  Meynier. 
Trégorier  :  M.  Chartes  Fauquignon. 
Vxce-trétorier  :  M-  Marcel  Poète. 
Arehiviale»  :  HM.  Haldiney  et  Kirchneh. 


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Projet  de  budget  pour  l'annAe  1901. 
Recettes. 
i.  Subvention  du  département  du  Douhs 

2.  —         de  la  ville  de  Elesangon.    . 

3.  Cotisations  des  membres  résidants. 

4.  —  —  correspondants 

5.  Droits  de  diplômes,  recettes  accidentelles  . 

6.  Intérêts  du  capital  en  caisse  et  renies 

Total. 

DÉPENSES. 

1.  Impressions 2.450  fr. 

'2.  Frais  de  bureau,  chaulTage,  éclairage  et  aménage- 
ments      150 

3.  Frais  divers  de  la  séance  publigue  et  banquet.    .         400 

4.  Trîiitement    et  indemnité  de    recouvrements  de 

l'agent  de  la  Société 300 

5.  Crédit  pour  recherches  scientifiques 300 

Total 3.500  tr. 

M.  Heynicr  lit  un  travail  intitulé  :  L'Invasion  allemande 
de  1544,  et  la  pari  qu'y  ont  prite  le  prince  d'Orange  et  tr»  deux 
Granvelle.  Le  lecteur  a  trouvé  dernièrement  dans  un  recueil 
assez  obscur  et  dont  la  Société  ne  possède  pas  ta  callection,  un 
travail  aussi  intéressant  que  compétent  sur  l'invasion  alle- 
mande de  1544.  11  a  trait  à  des  fragments  d'une  hisloire  mili- 
taire et  diplomatique  de  l'expédition  de  Cliarles-Quint  en 
France,  écrite  sur  des  documents  originaux  inédits  des  ar- 
chives de  Bruxelles,  de  Vienne  et  de  Venise,  ceuvi-e  posthume 
de  M.  Paillard,  lauréat  (prix  Gotiert^de  l'Académie  des  Inscrip- 
tions et  Belles-Lettres.  Ces  fragments  ont  été  mis  en  ordre  et 
publiés  par  M.  F.  Hérelle,  (;orrespondant  du  Ministère  de 
l'Instruction  publique,  sous  les  auspices  de  la  Société  des 
Sciences  et  Aris  de  Vitry-le-François.  t  L'auteur,  dit  M.  Hérelle, 
en  recourant  aux  documents  étrangers  à  la  correspondance  de 
Charles -Quint,  de  Henri  VIII  et  de  leurs  ambassadeurs,  a  jeté 


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une  vive  lumière  sur  cette  période  obscure.  *  Deux  événements 
intéressent  plus  particulièrement  les  Francs-Comlois  dans  cette 
histoire  :  la  mort  du  prince  d'Orange  au  siège  de  Sainl-DIzieret 
la  Paix  de  Cripy,  à  laquelle  les  deux  Granvelle  ont  eu  une  si 
grande  part. 

H.  l'archiviste  Kirchner  lit  un  intéressant  rapport  sur  les 
dépôts  de  volumes  faits  par  la  Société  dans  les  principaux 
établissement  d'utilité  publique  de  la  Ville,  en  suite  d'une  déci- 
sion du  Conseil  d'administration  en  date  du  14  novembre  1900. 
Ces  établissements  sont  :  1°  l'Institut  botanique  de  l'Univenilé; 
2»  la  Bibliothèque  de  l'Dnivertité;  3*  la  Bibliothèque  de  la  Ville. 

Le  Pritidtnt,  Le  Secrétaire, 

Ch.  Bonnet.  D'J.  Meynier 


Notice  sur  le  général  Alphonse  de  Jonffroy  d'Abb&ns. 

(1623-1399) 

La  Société  d'Emulation  du  Doubs  vient  de  pei'dre  un  de  ses 
membres  les  plus  distingués,  Monsieur  le  général  comte  de 
JouITroy  d'Abbans,  mort  à  Besançon,  le  28  juin  1899,  dans  sa 
76*  année. 

L'Armée,  qu'il  honora  par  de  brillantes  et  solides  qualités,  et 
qu'il  réconforta  par  un  des  rares  succès  d'une  époque  néfaste, 
Besançon  auquel  le  nom  des  JouITroy  est  cher  depuis  plus  de 
quatre  cents  ans,  ont  rendu  pleine  justice  au  soldat  et  au  bon 
citoyen.  Je  voudrais  ofTrir  à  l'homme  utile  et  considéré  qui  dis- 
paraît l'hommage  d'une  société  qui  lui  fut  chère  et  où  il  entra, 
encore  plein  dévie  et  d'activité  au  lendemain  du  jour  de  sa  re- 
traite. 

Alpbonse-Charies-Joseph  de  JouITroy  d'Abbans  était  né  à 
Besancon  le  7  novembre  1823,  dans  la  rue  de  la  Vieille-Monnaie. 
Son  père,  M.  Asiolphe  de  JoufTroy,  conseiller  de  préfecture  du 
Doubs  de  1815  h  1830,  avait  fait  le  coup  de  feu  en  1814  dans  l'é- 
chaufTourée  des  corps  francs,  dont  le  souvenir  se  perpétue  dans 
les  montagnes  du  Doubs  ;  sa  mère,  mademoiselle  Boutechoux  de 


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—  XXX  — 

Chav8nnes,appartenait&une  vieille  famille  Krayloisecocnuedès 
le  XVI*  siècle.  Ils  élevèrent  leurs  nombreux  enfants  avec  autanL 
de  rermeté  que  de  tendresse  et  leur  transmirent,  à  défaut  de  for- 
tune, un  patrimoine  intact  d'Iionnegr,  de  patriotisme  et  de 
loyauté.  L'aîné  des  fils,  Silvestre,  dont  la  bonhomie  et  l'esprit 
resteront  légendaires,  entra  dans  l'adminisration  ;  les  trois  plus 
jeunes  furent  soldats.  L'exemple  paternel  et  ia  modicité  de  leur 
avoir  les  délivrèrent  heureusement  de  ces  utopies  dangereuses 
qui  ont  écarté  de  la  vie  active  en  les  berçant  d'espérances  chi- 
mériques tantde  bons  esprits  appartenant  à  l'élite  delà  société 
française,  au  grand  détriment  et  de  leur  race  et  de  leur  pays  ; 
les  quatre  Hls  d'Astolphe  de  JoulTroy  plies  &  la  loi  du  travail 
furent  tous  des  hommes  de  conscience  et  de  devoir. 

Suivant  l'exemple  de  son  frère  aine  Gustave,  Alphonse  entra  à 
Saint-Cyr  à  vingt  ans;  à  vingt-neuf  il  était  capitaine  de  chas- 
seurs à  pied,  et  fit  ses  premiëces  armes  à  la  tète  d'une  compa- 
gnie du  16»  bataillon,  sur  les  champs  de  bataille  de  Crimée. 
En  1860,  il  fut  choisi,  pour  ses  mérites,  et  sans  l'avoir  solli- 
cité, comme  ofllcler  d'ordonnance  de  l'Empereur,  et  porta 
aux  Tuileries,  avec  le  charme  d'une  éducation  accomplie,  d'une 
iDStruclion  aussi  variée  que  solide,  une  grande  indépendance 
de  parole,  et  la  franchise  d'un  vrai  soldat.  En  1861,  il  était  clief 
de  bataillon  ;  eu  1870,  Il  eu  tenant- colonel  au  33°  de  ligne,  à  Cous- 
tan  tin  e. 

C'est  i&  que  le  Gouvernement  de  Tours  le  fit  appeler  pour  com- 
mander une  brigade  du  15<  corps  d'armée  concentrée  sur  la 
Loire  ;  le  11  Octobre  1870  il  prit  k  la  défense  de  la  retraite  d'Or- 
léans une  part  glorieuse  qui  lui  valut  le  21  Octobre  le  grade  de 
colonel  et  le  commandement  de  la  1"  brigade  de  la  3*  division 
du  corps  de  Sonis  qui  se  formait  k  Vendôme. 

On  a  raconté  {!)  l'énergie  prodigieuse,  la  brillante  conduite,  la 

(1)  M.  le  général  Duval-Laguierce,  directeur  du  génie  du  7*  corps,  dont 
réloquente  parole  a  ta\>  revivre,  aux  obsèques  du  général  de  Jouffroy.  les 
actions  (l'éclat  île  notre  regretté  confrère.  Voir  le  leile  de  ce  discours  et 
celui  des  adieux  adressés  au  général  par  M.  le  docteur  Maynier,  président 
de  l'Académie  de  Deïatifan,  et  M.  Ii:  colonel  Montigoault,  président  de  la 
Sociélâ  des  ancieas  ofllciers,  dans  le  n"  du  1"  juillet  1%H)  de  la  Fraitche- 
GmnU. 


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—  XXXI  — 
sûreté  de  coup  d'œit  el  la  solidité  de  conception  du  colonel  de 
Joufiroy  dans  les  combats  incessants  que  les  troupes  de  Chanzy 
livrent  sans  repos  el  sans  trêve  aux  alentours  du  Mans,  vers  le- 
quel, le  SU  Décembre,  se  replie  l'armée  de  la  Loire.  C'est  sur  un 
champ  dn  bataille  où  son  cheval  fut  tué  sous  lui,  et  où,  éleclrisée 
par  son  courage,  son  inTunterie  vient  d'enlever  à  la  baïonnette 
trois  villages  occupés  par  l'ennemi,  qu'il  reçoit  les  étoiles  de  gé- 
néral. De  Décembre  1870  &  l'armistice  de  janvier  1871,  toujours 
&  l'avant-garde  quand  on  marchait  à  l'ennemi,  toujours  à  l'ar* 
rière-gardequand,devant  des  forces  d'une  supériorité  écrasante, 
il  fallait  se  replier,  le  général  de  JoulTroy  fut  le  digne  lieutenant 
de  Chanzy  et  mérita  plus  d'une  fois,  par  son  intrépidité,  son 
sang  froid  et  le  succds  de  ses  opérations,  les  félicitations  du 
général  en  chef. 

Maintenu  dai«  son  grade,  ^pelé  successivement  à  corn- 
mander  à  Verdun,  ft  Troyes,  h  Bourges,  il  n'obtint  point,  après 
l'avoir  méritée,  la  triple  étoile  de  divisionnaire  ;  la  liberté  de  sa 
parole,  l'absence  de  souplesse  et  de  courtisanerie  cliez  un 
homme  qui,  cependant,  avait  vécu  longtemps  à  la  cour,  furent 
le  réel  motif  de  cet  oubli. 

Il  s'en  consola  pendant  les  quinze  ans  de  retraite  passés,  au 
milieu  de  l'estime  générale,  dans  son  pays,  entouré  de  pa- 
rents et  d'amis  qui  l'accueillaient  avec  une  profonde  déférence, 
dans  un  foyer  où  tout  se  réunissait  pour  l'entourer  de  soins  et 
d'afTection. 

La  Société  d'Emulation  du  Doubs,  aux  travaux  de  laquelle  il 
s'intéressait  d'une  fagon  particulière,  en  prenant  lui-même  une 
part  active  à.  ses  publications  et  à  ses  séances,  gardera  respec- 
tueux souvenirà  l'homme  de  guerre  qui  a  courageusement  dé- 
fendu la  patrie  envahie,  honoré  hautement  sa  ville  natale  par 
S'il»  caractère  et  renouvelé  glorieusement  l'éclat  d'un  vieux  nom. 


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Séance  publique  du  13  décembre  1900, 
Présidence  db  H.  Charles  Bonnet. 


La  séance  s'ouvre  à  deux  heures  de  raprès-midi,  dans  la 
grande  salle  de  l'hAiel  de  Ville. 

Ordre  des  loctnr«s  : 

i"  La  Société  d'EmtUatuM  du  Doubê  m  1900,  par  M.  Cbarles 
Bonnet,  présidant  annuel. 

'20  italienne,  Sienne,  Florence,  par  H.  Jules  Gauthier. 

3°  La  part  de  Beiançon  dant  la  dépopulation  françaite,  par 
M.  le  docteur  Baudin. 

4°  LaJaequemardade.pohne  enpatoit  huoniin{il53),  ^  $on 
auteur  le  consexUer  Biiot,  par  H.  Alfred  Vaissikh. 

La  séance  est  levée  &  quatre  heures. 

Le  Prétident,  Le  Secrétaire, 

Ch.  Bonnet.  D''  J.  Mevniër. 


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BANQUET   DE   1900 


Le  soir  de  la  séance  publique,  à  7  lieures,  a  eu  lieu,  dans  la 
grande  salle  du  Palais  Granvelle,  le  banquet  traditionnel.  La 
vaste  pièce  et  la  table  avaient  reçu  leur  décoration  habituelle 
par  les  soins  de  HM.  Colomat,  Calame  el  Dubois-Ctie- 
vajdel. 

Lacarte  du  menu  illustrée,  comme  à  l'ordinaire,  par  le  talent 
de  M.  Vaissier,  était  en  Terme  de  triplique  et  représentait  les 
traits  du  conseiller  Bizot,  auteur  de  la  Jacquemardade,  d'après 
un  portrait  de  Helchior  Wyrsch  appartenant  à  M.  Georges 
Sire. 

Des  santés  ont  été  portées  parHH.  Charles  Bonnet,  président 
annuel,  Vaissier,  président  pour  l'année  1901,  par  M.  Guyon, 
Inspecteur  d'Académie,  el  par  M.  Trigant-Geneste,  seci-étaire 
général  de  la  PréTecture  du  Doubs. 


Toatt  de  H.  Charles  Bonnet,  pritident  annuel 

Messieurs, 

On  a  dit  qu'en  France  tout  finissait  par  des  chansons  :  n'est- 
it  pas  aussi  juste  de  dire  que  tout  finit  par  des  banquets. 

On  l'a  vu  A  tous  les  congrès,  aux  heures  critiques  de  notre 
histoire  I  Et,  sans  remonter  aux  rois  Chevelus,  n'avons-nous  pas 
vu  le  banquet  des  gardes  du  corps  (où,  entre  parenthèses,  on 
ne  s'ennuyait  pas  au  dessert)  marquer,  provoquer  la  fin  d'un 
régime  ;  et,  au  temps  où  ia  Gironde  nous  envoyait  des  Vergniaud, 
des  Barnave  et  non  des  Trarieux,  n'avons-nous  pas  vu  le  ban- 
quet des  Girondins  couper  court  au  rAle  historique  de  ces  répu- 
blicains progressistes  de  l'époque  1 


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—  XXXIT  — 

On  dinait  rue  Chanterdne  cbez  Bonaparte  la  veille  du  18  Bru- 
maire, chez  Laffltte  la  veille  des  glorieuses  I 

Et  le  gouvernement  de  Juillet,  la  meilleure  des  républiques  1 
comme  disait  ce  vieux  farceur  de  Lafayette,  u'est-il  pas  tombé 
sous  le  coup  de  ces  banquets,  dpnt  l'idée  était  ainsi  traduite  par 
l'auteur  des  Guêpes  :  t  Citoyens,  la  patrie  est  en  danger,  rêunis- 
soas-nous  ei  mangeons  du  veau  I  >  Et,  enfin,  sous  le  régime  du 
16  mai,  les  plus  combatirs  d'entre  nos  dirigeants  ne  s'êcriaient- 
ils  pas,  dans  un  moment  qu'ils  croyaient  psychologique,  l'beure 
des  résolutions  viriles  a  sonné...  et  cela  se  terminait  tout  bon- 
nement par  une  imposante  levée  de  fourchettes  I 

Eh,  mon  Dieu  !  pourquoi  en  serait-il  autrement  dans  ce  pays 
béni,  dans  cette  terre  promise,  dans  cette  douce  France  où  sont 
réunies  à  profusion  toutes  [es  bonnes  choses  de  la  terre  I 

Donc,  par  ces  motifs,  comme  on  dit  au  tribunal,  nous  nous 
trouvons  réunis  en  cette  fin  d'année,  ainsi  du  reste  qu'à  la  fin 
de  toutes  les  autres,  dans  ce  vénérable  palais  Granvelle  hanté 
par  les  souvenirs  des  grands  Francs-Ckimtois  qui  l'ont  éditlé  ; 
témoin  muet  des  luttes,  des  gestes  de  nos  ancêtres,  toujours 
amoureux  d'indépendance,  toujours  jaloux  des  franchises  de 
notre  vieille  république  bisontine  ;  dans  ce  palais  où  la  ville 
nous  offre  une  traditionnelle  hospitalité. 

C'est  un  grand  honneur  pour  moi.  Messieurs,  de  présider  à 
cette  fête  avec  l'agréable  mission  de  vous  remercier  d'avoir  bien 
voulu  répondre  à  notre  invitation  et  6  notre  appel.  Soyez  les 
bienvenus  chez  nous. 

Je  croirais  ne  pas  m'acquitter  de  mon  devoir,  si  je  n'adres- 
sais, tout  d'abord,  un  mot  de  gratitude  à  Monseigneur,  h  Mes- 
sieurs les  hauts  fonctionnaires  et  à  M.  le  président  de  l'Acadé- 
mie des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Besançon  et  à  nos 
amis  du  dehors  et  de  l'étranger  que  des  raisons  de  santé,  des 
nécessités  de  service  et  des  deuils  empêchent  d'être  des  nétres 
ce  soir,  ce  que  nous  regrettons  sincèrement,  mais  nous  connais- 
sons leur  constante  sympathie  pour  notre  Société  et  leur  en 
sommes  reconnaissants. 

Monsieur  le  Secrétaire  général, 

H.  le  préfet  nous  a  un  peu  gfttés,  au  début,  en  assistant  &  dos 


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fêtes,  mais  si,  depuis  deux  ans,  il  ne  vient  dîner  avec  nous  que 
par  procuration,  il  atténue,  ce  soir,  nos  regrets  en  se  Taisant  re- 
présenter par  vous  qui  nous  êtes  arrivé  précédé  par  une  réputa- 
tion d'administrateur  distingué  ayant  Tait  ses  preuves  dans  des 
circonstances  difficiles. 

En  vous  voyant  à  cette  place,  je  ne  puis  m'empécher  d'adres- 
ser un  souvenir  ému  à  votre  prédécesseur,  H.  des  Pomeys, 
homme  excellent  à  tous  égards,  qui  était  un  ami  pour  beaucoup 
d'entre  nous. 

Monsieur  l'Inspecteur  d'Académie, 

Nous  vous  considérons  comme  un  ami  de  la  maison,  et  con- 
naissant votre  prédilection  pourles  éludes  archéologiques  nous 
espérons  que  vous  deviendrez  un  de  nos  Hdël es  collaborateurs, 
car,  en  vieux  franc-comlois  que  vous  êtes,  vous  avez  fait  mieux 
que  planter  votre  tente  en  notre  ville,  vous  y  avez  acquis  droit 
de  cité. 

Honsieur  Vaissier, 

Personne,  plus  que  vous,  n'était  digne  de  présider  aux  desti- 
nées de  la  Société  d'Emulation  du  Doubs,  vous  le  dévoué,  le 
pieux  disciple  de  Castan,  dont  l'ombre  doit  planer  sur  nos  réu- 
nions, sur  toutes  nos  fêtes;  vous  qui  continuez  avec  tant  de  mo- 
destie l'œuvre  artistique  de  Vuilleret  et  de  Ducat  et  qui  présidez 
&  la  conservation  de  nos  richesses  arcliéologiques  avec  un  dé- 
vouement et  une  compétence  qui  n'ont  d'égal  que  votre  désin- 
téressement. Aussi,  suis-je  l'interprète  de  tous,  en  vous  appor- 
tant l'expression  de  nos  sentiments. 

Puisqu'il  m'est  donné  de  vous  parlerune  dernière  fois,  laissez- 
moi  vous  dire.  Messieurs,  que  vous  faites  bien  de  venir,  chaque 
année,  parmi  nous,  vous  reposer  un  instant  du  souci  des  affaires 
ou  de  l'odieuse  politique  qui,  dans  notre  Société,  n'a  Jamais 
franchi  le  seuil. 

C'est  ici  un  refuge  où  des  savants,  des  gens  d'études,  et  de 
simples  dilettantes,  soucieux  de  leur  mission,  toute  d'action  pa- 
dfique  et  conciliatrice,  travaillent  imperturbables  dans  une 
atmosphère  où  sévissent  trop  fréquemment,  hélas  !  la  mau- 
vaise foi  et  la  basse  délation  ;  dans  un  temps  où,  si  l'on  n'est 
pas  sectaire,  si  l'on  ne  suit  pas  l&diement  à  la  remorque  ceux 


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—  XXXVI  — 
qui  excitent  k  la  haine  des  classes  et  préparent  la  ruine  de  la 
patrie,  on  n'a  pas  même  le  droit  d'être  ce  que  l'on  a  toujours 
été,  bon  repu  1)1  icain,  libéral  et  tolérant,  sans  être  traité  de  sus- 
pect par  une  tourbe  de  politiciens  qui  passent  leur  temps  à 
défendre,  à  sauver  la  République,  mais  qui  surtout  en  vivent  I 
Je  fats  des  vœux  pour  que  cesse  ce  vent  de  folie  qui  court 
sur  notre  pauvre  pays,  et  pour  que  tous  les  syndicats,  ligues  et 
autres  fédérations, s' inspirant  de  nos  idées  larges  et  élevées,  se 
contentent  de  travailler,  chacun  dans  sa  sphère,  comuie  on  l'a 
toujours  ffùt  à  la  Société  d'Emulation  du  Doubs,  pour  le  bien  du 
pays  et  de  notre  cher  Besançon. 

Utinam  ! 


Toagt  de  M.  Alfred  Vaissier,  prétident  élu  pour-  i90î 
Mes  cbers  Confrères, 

A  cette  table,  où  je  me  trouve  étrange  d'occuper  une  place 
aussi  distinguée,  je  dois  vous  exprimer  d'humbles  remercie- 
ments pour  le  grand  honneur  que  vous  m'avez  décerné  en  me 
nommant  votre  futur  président.  Je  le  fais  avec  un  abandon  d'au- 
tant plus  sincère  que  je  sais  à  quels  sentiments  de  trop  bienveil- 
lante reconnaissance  je  dois  une  pareille  faveur. 

Je  vous  arrive  avec  des  mains  pleines  de  bonne  volonté,  mais 
autrement  presque  vides  :  c'est  bien  modeste  après  les  trésors 
de  savoir  et  les  ressources  de  précieuse  influence  dans  notre 
ville  que  vous  ont  apportés  tous  vos  anciens  présidents. 

Pour  me  tranquilliser  dans  mes  craintes  de  me  surfaire  dans 
l'appréciation  de  mes  forces  ou  de  vous  amoindrir  par  mon  ac- 
ceptation, Je  me  rappelle  les  paroles  que  prononçait  ici  même, 
il  y  a  trente  ans,  une  voix  amie,  mais  depuis  fatalement  éteinte. 

t  Chez  nous  on  apprend  S  exercer  le  pouvoir  sans  aucune 
pensée  d'ambition,  et  à  le  quitter  sans  l'ombre  d'un  regret  ;  et, 
chez  nous  e-  core,  le  revers  de  la  médaille  c'est  le  sacriflce  des 
convenances  personnelles  à  l'intérêt  de  tous.  > 

Le  maître  a  si  bien  parlé,  qu'entendre  c'est  obéir. 

Mon  cher  Président,  on  dit  que  la  vérité  est  quelquefois  cruelle 


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^  XXXVH  -!•. 

à  entendre,  mais  d'aulres  Tois  elle  est  bien  douce  &  exprimer. 
Voulez-vous  me  permetire  aujourd'hui,  car  c'est  le  moment,  de 
vous  révéler  ce  qui  a  le  plus  pesé  dans  la  balance  pour  déter- 
miner le  choix  du  président  de  1900  ;  ce  n'est  pas  seulemeni 
une  équitable  appréciation  de  votre  lèle  à  inciter  nuire  ville  à 
se  metlreau  niveau  de  celles  qui  recherchent  le  progrès  bien 
compris,  mais  c'est  surtout  une  cbaude  parole  que  vous  avez 
jetée,  au  milieu  de  froides  discussions,  à  la  mémoire  du  pilote 
qui  avait  si  longtemps  et  si  heureusement  conduit  noire  barque, 
parole  de  justice  et  de  reconnaissance  à  Auguste  Castan. 

Après  cet  hommage  particulier,  il  fiiudrait  ajouter  de  pareils 
témoignages  de  reconnaissance  pour  tous  vos  prédécesseurs 
ainsi  que  pour  ceux  qui  les  ont  secondés  et  les  secondent  en- 
core. 

A  vous,  Monsieur  le  président  elTeclif  du  conseil,  Monsieur  le 
secrétaire  décennal,  qui  ne  vous  contentez  pas  d'accomplir  en 
conscience  la  besogne  mensuelle,  mais  enrichissez  encore  nos 
Hémoires  de  vos  patientes  recherches  si  appréciées,  nous  le  sa- 
vons, ici  et  dans  les  provinces. 

A  vous,  notre  cher  trésorier,  qui  mettez  au  service  de  l'admi- 
nistration de  nos  flnances  votre  activité  e(  votre  droiture. 

Nos  éloges  à  H.  Kirchner  qui  prélude  dans  ses  fonctions  d'ar- 
chiviste en  opérant,  avec  le  plus  grand  soin,  celte  belle  distri- 
bution d'une  part  de  nos  richesses  scienliOques et  littéraires, au 
profit  des  établissements  d'instruction  publique  delà  cité. 

A  vous  le  grand  travailleur.  Monsieur  Gauthier,  ainsi  que 
MM.  Poète  et  Prinel  qui,  par  vos  veilles,  ranimez  le  Toyer  de  la 
science  historique  franc-comloise  et  préparez,  par  vos  cours,  la 
génération  nouvelle  à  profiter  de  votre  héritage. 

A  vous  aussi,  mes  chère  confrères  qui  ^ous  montrez  toujours 
fidèles  à  ce  banquet  de  décembre,  si  nombreux  jadis  et  si  es- 
sentiel à  maintenir  ;  permettez-moi  de  faire  encore  un  appel  à 
votre  concours. 

Si  vous  envisagez  les  satisractions  du  présent,  veuillez  avec 
nous  regarder  du  côté  de  l'avenir.  Nous  grisonnons  tous  sous  le 
harnais.  Aidez-nous  à  susciter,  par  vos  démarches,  des  ouvriers 
pour  notre  chantier  franc-comtois  et  vraiment  patriotique. 


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Que  ne  puie-je,  en  empruntant  le  langage  du  bon  bisontin 
dont  vous  avez  l'image  sous  les  yeux  vous  annoncer  un  jour 

Qu'il)  troupe  fringant  dejueaesse 
S'en  vin,  ranrouchie  lai  veillesae, 
Si  bin  donc  que  cas  doues  aigmenne 
En  s'aipandaut  n'en  tint  pu  qu'enne 
Et  nous  beille  lai  mainme  vigueu 
Que  quand  nouete  Ige  éla  en  Heu! 

C'est  alors  que  nous  pourrons  inaugurer,  pour  le  xx'  siècle  qui 
s'ouvre,  une  période  de  succès  aussi  longue  que  celle  où  vous 
avei  brillé  au  xix». 

C'est  ce  que  je  souhaite  de  tout  mon  cœur  en  buvant  avec 
vous,  mes  chers  confrères, 

A  la  prospérité  de  la  Société  d'Emulation  du  Doubs  ! 


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MEMOIRES 


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SOCIÉTÉ  D'ÉMULATION  DU  DOUBS 


Disoonrs  d'ouTerian  de  U  séuee  pabliqne  dn  jendi  13  d^ibs 
Par  M.  Charles  BOHNET 

pnfittDBRT    AttMURL 


Meisdahes, 
Messieurs, 

Quand  un  compositeur  écrit  un  opéra  et  le  soumet  au  pu- 
blic, il  le  fait  généralement  précéder  d'une  ouverture  où  sont 
réunis  les  ensembles  harmoniques  et  les  plus  belles  phrases 
musicales,  où  sont  soupires  les  traits  mélodiques  qui  vont  à 
rame,  enfin,  il  offre  une  réduction  de  son  œuvre,  régal  sou- 
vent exquis  pour  nos  sens  charmés. 

Nous  donnons,  nous  aussi,  cliaque  année,  par  tradition, 
un  résumé  de  notre  œuvre,  mais  à  rebours  de  ce  qui  se  fait 
en  musique,  nous  le  présentons  à  la  fin.  Et  c'est,  je  vous  as- 
sure,  un  rôle  épineux  que  celui  qui,  au  cas  particulier,  est 
dévolu  à  votre  président,  de  faire  l'ouverture  de  l'opéra  dont 
il  n'a  pas  composé  les  actes  et  de  diriger  un  orchestre  0(1  il 
lient  à  peine  les  seconds  pupitres. 

Il  est  vrai  que  si  l'énoncé,  forcément  aride  de  nos  travaux, 
où  ne  peut  prendre  place  ce  qui  fait  leur  valeur  et  leur  inté- 
rêt, est  périlleux  pour  celui  qui  parle,  il  est  peut-être  en- 
nuyeux pour  ceux  qui  écoutent  ;  mais  je  me  refuse  à  trouver 


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—  2  — 

là  une  RompensatioD,  et  cette  uidîté  même  fera  d'autant 
mieux  ressortir  le  mérite  des  lectures  qui  suivront. 

Je  n'aurais  garde  d'oublier,  du  reste,  h.  quel  auditoire  d'é- 
lite i'ai  l'honneur  de  m'adres^er,  et,  espérant  en  son  indul- 
gence, je  me  plais  à  redire,  après  mes  éminents  devanciei-s, 
que  la  meilleure  récompense,  le  plus  précieux  encourage- 
ment sont,  pour  nous,  dans  la  présence  à  cette  solennité  des 
hauts  représentants  de  ces  institutions  nationales  que  nous 
aimons  et  respectons,  et  de  vous  tous,  Mesdames,  Messieurs, 
qui  prouvez  ainsi  l'intérêt  éclairé  que  vous  prenez  aux  travaux 
de  la  Société  d'Emulation  du  Doubs. 

Vous  savez  qu'au  milieu  des  fortunés  diverses  de  notre 
patrie  et  des  chaos  de  la  politique  elle  n'a  jamais  dévié  de  sa 
voie  libérale  et  n'a  jamais  eu  qu'un  objectif  :  travailler,  sans 
sortir  de  sa  sphère,  au  bien  du  pays  et,  dans  la  mesure  de 
ses  moyens,  aider  à  sa  grandeur. 

L'année  qui  s'achève  n'a  pas  été  stérile  ;  elle  nous  offre  une 
ample  moisson  d'études  remarquables. 

Ne  pouvant  citer  tous  les  tra\'aux  de  M.  le  docteur  Magnin, 
notre  très  distingué  et  laborieux  confrère,  je  rappellerai  de 
lui  une  note  biographique  sur  le  docteur  Quélet,  d'Hérimon- 
court,  l'un  des  tondateurs  de  la  Société  mycologique  de 
France  ;  puis  de  très  intéressantes  considérations  ayant  trait 
à  l'inlluence  de  la  composition  du  sol  sur  la  végétation. 

Il  faudrait  citer  en  entier  celte  savante  étude  dans  laquelle 
il  conclut  à  la  prépondérance  des  influences  chimiques  sur 
les  influences  physiques  en  ce  qui  concerne  le  sol. 

Il  nous  a  communiqué  également  les  résultats  de  ses  pa- 
tientes observations  sur  les  teichea  du  lac  de  Saint- Point  ;  on 
donne  ce  nom  de  seiches  aux  variations  du  niveau  des  lacs 
produites  par  les  vents;  elles  se  manifestent  par  des  oscilla- 
tions de  la  masse  liquide,  oscillations  dont  l'amplitude  est  en 
raison  directe  de  la  longueur  des  lacs,  en  raison  inverse  de 
leur  profondeur. 

Une  note  sur  la  flore  de  Mamirolle,  communiquée  par 


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M.  Kirchner,  l'archiviste  dévoué  de  notre  société,  mérite 
aussi  une  mention. 

D'autre  part,  notre  excellent  confrère,  M.  le  docteur  Girar- 
dot,  dont  toute  une  vie  de  labeur  srientiflque  pourrait  servir 
d'exemple  à  nombre  d'oisifs  opulents,  a  lait  justice,  dans  une 
intéressante  lecture,  d'une  légende  qui  avait  cours  jadig  et 
qu'il  intitule  )a  Légende  du  Châtaignier.  Nos  pères  croyaient 
que  le  mont  Rognon  avait  été  couvert  de  châtaigniers,  et  que 
les  charpentes  des  ancii-nnes  maisons  de  notre  ville  étaient 
construites  avec  ce  bois  ;  citant  h  l'appui  de  sa  thèse  les  as- 
sertions de  divers  savants  et  les  indications  précises  de  M.  le 
docteur  Hagnin,  il  a  démontré  que  le  chône  et  non  le  châtai- 
gnier était  le  bois  employé,  et  je  trouve  même,  à  l'appui  de 
cette  opinion,  un  article  des  comptes  de  la  commune  de  Be- 
sançon en  date  du  24  mat  1536,  oii  il  est  dit  ce  qui  suit  : 
(  Permission  au  garde  des  sceaux  de  Granvelle  de  prendre 
dans  le  bois  communal  d'Aglans  six  pieds  de  chêne  néces- 
saires h  la  construction  de  son  palais  >. 

A  propos  des  Stntiont  dei  Cetteê  en  Gaule,  M.  Girardot  a 
évoqué  le  souvenir  d'A.laise  et  les  luttes  ardentes  entre  sa- 
vants, provoquées  par  l'erreur  d'Alph.  Delacroix,  Erreur  fé- 
conde puisqu'elle  a  été  le  point  de  départ  d'une  renaissance 
des  études  archéologiques  en  France  qui  ont  eu  comme  con- 
séquence la  création  de  l'admirable  musée  de  Saint-Germain. 

De  M.  le  docteur  Meynier,  t'érudit  secrétaire  décennal  de 
notre  Société,  qui  occupe  à  des  travaux  de  Bénédictin  les 
loisirs  d'une  honorable  retraite,  nous  avons  eu  de  savantes 
recherches  sur  l'antique  Isernore,  pleines  d'intérêt  pour  tous 
les  Séquanais. 

Il  nous  a  donné  aussi,  sur  les  Premier»  A  èroslati  à  Besan- 
çon, des  renseignements  inédits,  agrémentés  d'anecdotes  qui 
nous  font  voir  sous  un  jour  particulier  certaines  personnali- 
tés de  l'époque  ;  puis  une  page  d'histoire  sur  Besançon  npréi 
la  liéunian,  qui  figure  dans  nos  mémoires  de  cette  année  à 
câté  de  cette  œuvre  de  science  et  de  patientes  recherches 


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sur  let  Noma  de  lieux  romana  en  France  et  à  l'àtranger^ 
œuvre  importante,  véritable  monument  de  philologie. 

De  M.  Emile  Roy  qui,  l'an  passé,  nous  a  fait  un  piquant 
tableau  de  la  cour  de  Philippe  le  Bon,  nous  avons  une  étude 
savante  et  très  documentée  sur  un  mystère  français  au 
XIV*  siècle  que  possède  notre  bibliothèque. 

La  petite  église  de  Saint-Haurice-les-Jougne  a  été  décrite, 
nous  pourrions  dire  découverte,  parH.  Jules  Gauthier,  le  sa- 
vant archéologue,  le  chercheur,  qui  en  a  précisé  le  style  ro- 
man-bourguignon du  xn*  siècle;  il  a  de  même,  h  l'aide  de  ce 
qui  nous  reste  en  textes  ou  gravures,  déterminé  l'emplace- 
ment et  tenté  la  restitution  de  l'église  de  Saint-Etienne  de 
Besancon. 

Puis,  sous  le  titre  de  Deux  épaves  franc-comtoia«a  en 
Italie,  nous  avons  eu  de  lui  une  notice  sur  une  précieuse 
croix  d'autel  de  Saint-Just  d'Arbois,  avec  laquelle  la  fabrique, 
mal  inspirée,  a  cru  devoir  battre  monnaie,  et  une  étude, 
pleine  d'heureuses  déductions,  oii  est  relatée  la  curieuse 
odyssée  d'un  manuscrit  d'une  Chronique  de  Savoye. 

].e  même  auteur  a  fait  paraître  également  un  catalogue, 
avec  planches,  de  sceaux  ayant  appartenu  à  d'anciennes  fa- 
milles et  à  des  corporations  ;  il  a  été  guidé,  dans  celte  publi- 
cation, par  le  souci  d'apporter  des  documents  iconographi- 
ques à  ceux  qui  s'intéressent  à  l'histoire  archéologique  franc- 
comtoise. 

Dans  une  intéressante  relation,  M.  le  docteur  Ledoux,  l'un 
de  nos  anciens  présidents,  nous  indique  ce  qui  reste  de 
l'œuvre  de  Melchior  Wyrsch  à  Stantz  et  dans  le  Waldstelten  ; 
il  prouve  ainsi  que  le  touriste  éclairé,  tout  en  admirant  les 
splendides  beautés  naturelles  des  bords  du  lac  des  Quatre- 
Cantons,  n'oublie  pas  celles  de  l'art,  qui,  pour  lui,  ne  perd 
jamais  ses  droits. 

La  môme  préoccupation  de  mettre  à  la  place  qu'il  mérite, 
ce  peintre,  devenu  Bisontin  d'adoption,  a  guidé  M.  l'abbé 
Louvot,  qui  rappelle  les  œuvres  remarquables  de  cet  artiste 


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fécond,  ami  et  collaborateur  de  Luc  Breton  à  notre  ancienne 
école  de  peinture  et  de  sculpture. 

M.  Léon  Gauthier,  fils  de  notre  ^minent  confi*ère,  est  venu 
faire  parmi  nous  setî  premières  armes,  et,  comme  bon  sang 
ne  peut  mentir,  il  a  débuté  par  une  très  intéressante  étude 
sur  le  rôle  des  financiers  lombards  à  la  cour  d'Othon  IV, 
comte  palatin  de  Bourgogne.  11  appert  de  ce  récit,  qu'à  cette 
époque  lointaine,  certains  grands  seigneurs  étaient,  comme 
aujourd'hui,  à  la  merci  des  usuriers  les  plus  véreux,  et  que 
les  choses  n'ont  pas  beaucoup  changé  depuis  ce  pauvre 
comte  Othon  IV. 

M.  Vaissier,  que  la  recherche  de  nos  curiosités  archéolo- 
giques ne  laisse  jamais  indifférent,  nous  a  donné  la  descrip- 
tion de  divers  bronzes  anciens  et  modernes  qui,  grâce  à  ses 
soins,  ont  pris  place  dans  notre  musée. 

M.  Pingaud,  membre  correspondant  de  l'Institut,  a  pré- 
senté à  la  Société,  au  nom  de  M<°*  Castan,  onze  volumes  de 
cahiers  renfermant  Vanalyse  des  dêlibéntliont  de  la  com- 
mune de  Besançon,  de  l'an  d281  à  1 740.  Ce  précieux  manus- 
crit est  allé  augmenter  les  richesses  de  notre  bibliothèque 
municipale.  Cette  œuvre  immense,  représentant  vingt  années 
de  recherches  et  de  labeur,  a  été  résumée  dans  un  inventaire 
qu'une  main  pieuse  a  fait  paraître  sous  le  titre  de  notes  sur 
l'Histoire  municipale  de  Besançon.  Castan  continuait  cet 
énorme  travail  pour  les  époques  suivantes,  comptant  cou- 
ronner sa  vie  de  savant  et  de  patriote  franc-comtois  par  une 
histoire  de  Besancon,  complète  et  documentée;  mais,  fou- 
droyé sur  la  brèche,  frappé  en  pleine  vie,  il  n'a  pu  réaliser 
ce  rêve  toujours  caressé. 

Puisse  ce  rêve  devenir  une  réalité  1  Espérons  que,  parmi 
nos  confrères,  il  s'en  trouvera  un  pour  utiliser  ces  trésors 
de  nos  annales  et  donner  une  sorte  de  satisfaction  posthume 
à  ce  savant  qui  sacrifia  i  sa  ville  et  la  fortune  et  les  hautes 
ambitions. 
^ous  revendiquons  aussi  l'initiative  des  cours  créés  par 


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HU.  Poète  et  Prinet,  et  celui  d'histoire  de  la  Francbe-Comlé, 
brillamment  inauguré  à  la  Faculté  des  lettres,  par  M.  Jules  Gau- 
thier, qui  répand  libéralement,  pour  le  plus  grand  bien  des 
Fraocs-GoiDlois  curieux  de  leurs  origines,  les  trésors  de  son 
érudition. 

Si  notre  Société  a  toujours  reçu  les  encouragements  du 
département  et  de  la  commune,  elle  sait  reconnaltie  ces  libé- 
ralités. Elle  vient  encore  de  témoigner  la  part  qu'elle  prend 
à  l'extension,  aux  progrès  de  notre  enseignement  universi- 
taire, en  créant  dans  les  bibliothèques  de  la  Ville,  de  l'Univer- 
sité et  de  l'Institut  botanique  des  dépôts  d'importants  ou- 
vrages d'histoire  naturelle  et  de  publications  diverses  dont  la 
valeurn'est  pas  inTérieure  à  six  mille  francs. 

En  terminant  cette  revue  de  l'année,  je  dois  une  mention 
toute  spéciale  à  nos  amis  du  pays  de  Montbéliard,  qui  célé- 
iH^ient  dernièrement  le  cinquantenaire  de  la  fondation  de 
leur  Société  d'Emulation. 

Je  me  suis  rendu  à  leur  invitation  pour  représenter  notre 
Ck>mpagnie  à  cette  fête,  où  se  trouvaient  réunies  les  notabi- 
lités de  la  contrée  et  où  le  Ministre  de  l'instruction  publique 
s'était  bit  représenter  par  M.  Philippe  Berger,  de  l'Académie 
des  inscriptions,  professeur  au  Collège  de  France,  qui,  enfant 
du  pays,  et  l'un  des  plus  distingués,  a  su  trouver  des  termes 
émus,  des  expressions  partant  du  cceur,  pour  parler  à  ses 
concitoyens  de  l'amour  du  pays  natal  et  des  devoirs  de  tous 
envers  lui.  On  le  sentait  en  communion  d'Ame  avec  cette  po- 
pulation qui  l'écoutait,  recueillie,  avec  celle  ville  qui  a  su 
conserver  une  physionomie  si  originale  et  résister  à  la  cen- 
tralisation niveleuse  et  banale  et  sait  allier  le  loyalisme  ti 
l'esprit  d'indépendance. 

C'était  un  spectacle  sain  et  réconfortant,  dans  ce  pays  oii, 
naguère,  des  fauteurs  de  désordre  soufflaient  la  haine  des 
classes  et  voulaient  entraîner  à  la  révolte  et  même  au  crime 
toute  une  population  ouvrière. 

Je  n'ai  eu  qu'&  me  louer,  au  surplus,  de  l'accueil  aimable 


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que  j'ai  reçu  de  tous  ceux  qui  parlaient  au  nom  de  la  Société, 
présidée  par  M.  le  pasteur  Viënot  et  le  général  Schnéegans, 
et,  k  l'occasion  de  ce  cinquantenaire,  j'ai  cru  devoir  rappeler 
l'incontestable  utilité  de  ces  Sociétés  d'Emulation,  créées 
vers  le  milieu  du  siècle,  &  câté  des  académies  de  province  qui 
avaient  pris  pour  modèle  celle  de  Richelieu  ;  j'ai  cru  devoir 
Caire  ressortir  leur  action  libérale  et  féconde  pendant  celle 
période  demi-séculaire,  l'œuvre  de  tous  ces  savants,  de  ces 
érudits  qui  ont  fouillé  et  exhumé  pieusement  et  doctement 
les  trésors  àe  notre  sol  si  riche  en  souvenirs,  ont  vulgarisé 
les  plus  belles  pages  de  notre  histoire  locale  et  ont  fait  de 
ces  foyers  d'études  une  sorte  de  sanctuaire  de  l'étroite  patrie. 

C'est  dans  cette  même  ville  de  Montbéliard  que  se  réunira, 
l'an  prochain,  le  congrès  des  sociétés  savantes  de  la  province 
dont  la  ville  de  Dole  a  eu  les  honneurs  en  1899. 

Telle  est  l'œuvre  de  l'année,  à  vous  de  nous  dire  si  elle  n'a 
pas  été  vaine.  En  en  terminant  l'exposé,  je  dois  un  souve- 
nir à  ceux  des  nôtres  qui  ne  sont  plus  ;  à  ceux  qui  ont  ap- 
porté leur  pierre  à  l'édifice,  ont  brillé  dans  les  arts  ou,  dans 
une  sphère  plus  modeste ,  ont  été  utiles  à  leur  pays.  A 
H.  Milliard,  poète  délicat;  à  Jules  Valfrey,  notre  collabora- 
teur, qui  occupait  une  place  distinguée  dans  le  journalisme 
parisien,  où  il  apportait  aux  questions  de  politique  étrangère 
ses  connaissances  acquises  dans  les  milieux  diplomatiques; 
à  Machard,  ce  peintre  de  haut  talent,  dont  on  se  souvient  en- 
core à  l'Ecole  française  de  Rome,  et  qui  a  foit  tant  et  de  si 
remarquables  portraits  ;  enfm,  à  un  homme  que  ses  senti- 
ments de  vrai  Français  avaient  ûiit  expulser  d'Alsace,  à 
H.  Trincano,  qui,  placé  à  la  tâte  de  notre  belle  industrie  de 
la  soie  de  Chardonnet,  mit  à  son  service  activité,  intelligence 
et  dévouement.  Nous  leur  devions  ce  pieux  hommage. 

Avant  de  quitter  cette  place,  me  sera-t-il  permis  de  dire 
un  dernier  mot  à  titre  personnel,  d'émettre  un  vœu  pour 
l'avenir  de  notre  Société. 

Ne  vous  semble-t-il  pas  qu'eu  ce  temps  oh  la  lutte  pour  la 


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vie  est  de  plus  en  plus  âpre;  où  l'on  parle  toujours  de  ses 
droits  et  rarement  de  ses  devoir;;  à  ce  peuple  foncièrement 
bon  qui  est  la  proie  des  rhéteurs  et  des  politiciens,  ne  vous 
semble-t-il  pas,  dis-je,  que  cette  situation  sociale  et  écono- 
mique impose  d'autres  devoirs  à  tout  groupement,  à  toute 
compagnie  de  gens  de  bien,  et  qu'il  y  aurait  lieu  d'élargir  le 
champ  d'action  de  la  Société  d'Emulation  en  y  créant  une 
section  d'études  sociales  et  économiques? 

Faisons  appel  aux  jeunes,  aux  hommes  de  toutes  les  opi- 
nions, pourvu  qu'ils  soient  de  bonne  foi  ;  qu'ils  viennent,  par 
la  parole  et  par  leurs  écrits,  lutter  contre  ceux  qui  n'ont  que 
le  souci  de  flatter  ce  peuple  en  faisant  appel  à  ses  passions 
et  à  ses  appétits  ;  qu'ils  viennent  combattre  pour  lui  le  bon 
combat,  en  lâchant  d'améliorer  sa  situation  cl  de  le  mettre 
en  garde  contre  ce  qui  peut  le  dégrader  physiquement  et  mo- 
ralement. 

Sans  sortir  de  notre  ville,  il  y  a  Tort  à  faire,  dans  certains 
milieux,  pour  la  moralisation  de  l'individu,  pour  la  restaura- 
tion  des  vertus  familiales. 

Il  taut  que  ceux  qui  sont  éclairés,  que  ceux  qui  possèdent 
fassent  tout  leur  devoir,  vis-^-vis  des  déshérités  qui  alors 
pourront  fermer  l'oreille  aux  idées  malsaines  et  se  tTOUve- 
ront  armés  pour  résister  aux  entraînements  de  ceux  qui  se 
font  un  marche-pied  de  leurs  misères  et  exploitent  odieuse- 
ment leurs  soulTrances. 

Prenons  comme  exemple  un  seul  côté  du  mal  à  combattre, 
du  mal  à  réparer,  parlons  du  plus  grand  danger  qui  nous 
lenace,  de  l'alcoolisme  avec  son  corlége  de  vices,  de  tuber- 
ilose,  d'aliénation  mentale,  de  suicides,  de  crimes,  de  dé- 
ïnérescence  de  race.  Tout  en  rendant  pleinement  justice  à 
;ux  qui,  avec  dévouement  et  non  sans  talent,  ont  commencé 
ne  campagne  contre  ce  péril  national,  croyez-vous  que  pour 
arer  à  ce  péril  il  suffise  de  créer  un  enseignement  antial- 
jolique?  Non  ;  une  circulaire  minislérielle  ne  suffit  pas  ;  il 
lUt  des  réformes  moins  platoniques  et  plus  radicales. 


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Que  penser,  en  effet,  d'un  Etat  qui  répand  le  poison,  en 
favorise  la  vente,  laisse  pulluler  ces  débits,  ces  assommoirs, 
appetons-les  par  leur  nom;  d'un  Etat  qui  expose  ainsi  aux 
tentations  de  l'alcool  des  ouvriers,  souvent  mal  nourris,  et 
vient  leur  dire  ensuite  :  «  Mes  amis,  vous  avez  tort  de  boire, 
cela  pourrait  vous  faire  mal  •. 

Non,  il  y  a  mieux  à  faire,  il  faut  que  celte  Chambre  à  la- 
quelle un  Ministre  disait,  ces  jours  derniers,  à  prnpo>  de  la 
loi  sur  les  dégrèvements  :  •  Vous  sacrifiez  nos  liniinces  sur 
l'autel  des  marchands  de  boissons!  ■  il  faut  que  les  pouvoirs 
publics  cèdent  à  une  poussée  de  l'opinion;  il  faut  oblenir 
d'eux  la  réglemenlation  rigoureuse  de  la  fabrication  et  de  la 
vente  de  l'alcool  et  des  boissons  alcooliques,  — caries  avan- 
tages de  l'amendement  Vaillant,  voté  lundi  dernier,  seront 
annihilés  parles  fraudeurs, —  puis  une  meilleure  loi  sur  les 
habitations  insalubres  ;  il  faut  demander  h  l'initiative  privée 
une  large  diffusion  de  l'œuvre  de  protection  des  enfants  mo- 
ralement abandonnés  et  ta  construction  d'habitations  ou- 
vrifres  saines  et  à  l)on  marché. 

En  elTet,  lorsque  l'ouvrier  ne  sera  plus  attiré  par  ces  dé- 
bits qu'il  trouve  à  chaque  pas,  dans  la  rue;  lorsqu'il  sera  in- 
terdit de  le  loger  dans  des  habitations  sans  lumière  et  sans 
nir,  aux  murs  noirs  et  sordides,  aux  escaliers  branlants,  il 
pourra  prendre  goût  à  la  vie  de  famille  dans  un  intérieur  que 
la  ménagère  saura  rendre  propre  et  attrayant,  et  boire,  en 
compagnie  de  sa  femme  et  de  ses  enfants,  quelques  bouteilles 
de  notre  vin  de  France,  au  lieu  d'aller  s'abrutir  dans  un  bouge 
avec  de  l'alcool  allemand. 

Car,  vous  avez  vu,  comme  moi,  dans  notre  ville  ou  ailleurs, 
ce  lamentable  tableau  :  une  pauvre  femme,  suivie  de  ses  pe- 
tits enfants,  transie  de  froid,  cherchant  le  soir,  de  débit  en 
débit,  son  mari  qui,  quelquefois,  gaspille  en  une  nuit  l'argent 
péniblement  gagné  qui  aurait  fuit  vivre  sa  famille  pendant 
plusieurs  jours  ;  elle  est  là,  anxieuse,  la  face  collée  à  la  vitre 
du  cabaret,  guettant,  à  travers  les  rideaux  louches,  cet  homme 


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—  10  - 

qui,  en  ruinant  sa  santé,  prive  de  pain  ce  qu'il  devrait  avoir 
de  plus  cher  au  monde. 

Et  celle  femme  de  l'ouvrier,  celle  sainte  gardienne  du 
foyer,  qui  soutient,  console  et  encourage,  qui  soigne  les  pe- 
tits, qui,  par  des  merveilles  d'économie  et  d'ordre,  répare 
pour  eux  les  désordres  du  mari,  il  faut  la  préserver,  elle 
aussi,  contre  celte  provocalioii  autorisée  par  une  licence 
imbécile,  criminelle  même,  que  l'Etat  a  déchaînée  sur  nous, 
sous  couleur  de  liberté! 

t  Suivez  cette  femme  du  peuple  lorsqu'elle  va  dans  une 
boutique  pour  acheter  ce  qui  est  nécessaire  à  la  confection 
des  repas  ;  elle  entre  là  avec  des  intentions  saines,  des  soucis 
d'épargne,  mais,  au  fond  de  cet  antre,  il  y  a  le  recoin  0(1  l'on 
boit,  presque  clandeslînement,  l'alcool  malsain;  cette  mal- 
heureuse résiste  d'abord  ;  puis,  entraînée  par  l'exemple,  at- 
tirée, elle  finit  par  goûter,  elle  aussi,  au  poison  ;  c'est  le  pre- 
mier pas  dans  l'abîme,  et  celle  femme  jusque-là  honnête  et 
mère  dévouée,  néglige  son  mari,  ses  enfants  quand  elle  ne 
les  maltraite  pas  et  fait  un  enfer  du  foyer  où,  jusque-là,  tout 
était  paix  et  bonheur  relatif.  Puis  la  misère  est  à  la  maison, 
les  enfants  héritent  de  la  tare  des  parenls,  ils  sont  morale- 
ment abandonnés,  et  il  y  a  là  des  recrues  toutes  proies  pour 
l'armée  du  vice. 

Eh  bien,  croyez-vous  que  nous  assisterions  aussi  fré- 
quemment a  ces  attristants  spectacles,  si  les  bouges  atti- 
rants étaient  rares,  si  le  nombre  en  était  limité,  si  des  logis 
propres  et  salubres  donnant  par  le  fait  même  à  leurs  habitants 
du  goût  pour  la  propreté,  qui  est  le  premier  respect  de  soi- 
même,  et  l'habitude  de  la  vie  d'intérieur  venaient  remplacer 
les  taudis  oit  le  père  ne  rentre  que  pour  manger  et  dormir, 
où  la  mère  elles  enfants  s'anémient  et  arrivcntsouvenlà  cet 
état  de  misère  physiologique,  terrain  tout  prépaie  pour  l'é- 
closion  de  la  tuberculose,  » 

Veuillez  m'excuser  si  je  vous  dis  longuement  ces  choses  ; 
mais,  c'est  triste  à  noter,  je  ne  connais  pas  d'exemple  d'un 


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-«- 

corps  électoral  qui  ait  eu  l'idée  de  demander  ces  rérormes  à 
un  candidat;  on  n'a  pas  l'air  de  se  douter  du  danger;  on  se 
laisse  aller  à  la  dérive,  et  il  est  bon  de  ne  pas  dissimuler  les 
plaies  si  l'on  veut  guérir;  il  est  nécessaire  de  dire  fi-anche- 
ment  toute  la  vérité  plutôt  que  d'être  compté  parmi  les  en- 
dormeurs  et  les  flagorneurs  du  peuple. 

Il  y  a  donc  I&  une  noble  mission  h  remplir  pour  la  Société 
d'Emulation  et  son  intervention  serait  d'une  linule  utilité 
dans  la  direction  &  donner  aux  réformes  éconnmiijues  et  so- 
ciales. 

Puisque,  depuis  soixante  ans,  elle  a  loujours^  été  au  premier 
rang  dans  la  marche  vers  le  beau  et  le  bien,  ne  peut-elle  pas, 
tout  en  continuant  son  œuvre  qui  s'adresse  souvent  au  passé, 
prendre  part  aux  batailles  de  l'avenir?  Et  si  je  ne  me  refusais 
à  sortir,  par  une  courte  digression,  du  cadre  que  je  me  suis 
imposé,  je  lui  dirais  de  faire  comprendre  à  cette  bourgeoisie, 
insouciante  des  legons  du  passé,  endormie  dans  son  égoîsme, 
qu'elle  doit  prendre  la  tête  des  réformes,  qu'elle  doit  déve- 
lopper, encourager  les  œuvres  de  mutualité  et  de  pensions 
de  retraite  pour  la  vieillesse;  qu'elle  doit  provoquer,  je  le 
répète,  la  fondation  de  l'œuvre  de  protection  des  enfants  mo- 
ralement abandonnés,  car  s'il  est  louable  de  s'intéresser  aux 
détenus  libérés,  il  est  beaucoup  plus  urgent  de  préserver  du 
vice  tous  ces  enfants  qui,  souvent,  hélas  !  livrés  au  danger 
de  la  rue,  sont  des  victimes  désignées  pour  les  maisons  de 
détention. 

Je  lui  dirais  de  faire  comprendre  à  cette  bourgeoisie  que, 
dussent  ses  coffres- forts  en  saigner  un  peu,  si,  par  des  sa- 
crifices raisonnes,  elle  ne  donne  pas,  de  plein  gré,  à  ce 
monde  de  déshérités,  la  part  à  laquelle  il  a  droit,  qu'enfm,  si 
elle  n'arrive  pas  à  canaliser  les  revendications  socialistes, 
elle  sei-a,  encore  une  fois,  emportée  dans  la  tourmente. 

Je  termine,  Mesdames,  Messieurs,  en  soumettant  ces 
vœux  à  vos  méditations,  et,  revenant  à  ce  danger  pi  écis  que 
je  vous  ai  signalé  tout  à  l'heui'e,  je  vous  demande  s'il  n'est  pas 


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grand  temps  de  pousser  partout  le  cri  d'alarme  et  de  com- 
battre elficaceiiienl  contre  cette  principale  cause  de  l'al- 
coolisme que  personne  n'ose  attaquer  de  front,  et  de  lutter, 
par  le  fait  même,  contre  la  tuberculose,  qui  déiruit  chaque 
année,  en  France,  150,1)00  individus,  c'est-à-dire  autant  de 
vies  humaines  que  plusieurs  grandes  batailles. 

Vous  nous  direz  si,  après  trente  années  de  régime  parle- 
mentaire, il  n'est  pas  temps  de  rappeler  à  leurs  devoirs  les 
élus  de  la  nation;  s'il  n'est  pas  temps  de  prier  ces  manda- 
taii'es  de  faire  trêve  à  leurs  soucis  d'ambition,  de  réélection, 
de  s'occuper  un  peu  de  la  santé  de  la  pairie,  et  d'amender 
des  lois  qui,  ai  l'on  n'y  prend  garde,  tariront  à  bref  délai  les 
sources  de  noire  vitalité,  de  notre  moralité  nationale  et  amè- 
neront la  déchéance  de  celte  race  noble  et  généreuse  qui  a 
toujours  défendu  les  faibles  contre  les  lâches  attaques  des 
forts. 

Oui,  il  est  grand  temps  de  prêcher  cette  croisade  à  la  lîn 
du  siècle  qui  s'éteint,  h  l'aurore  de  celui  qui  va  nattre,  et, 
avec  une  variante  à  l'apostrophe  célèbre,  de  s'écrier  :  «  l'al- 
coolisme, voilà  l'ennemi  !  » 


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LÉGENDE  DU  CHÂTAIGNIER 

Par  le  D^  GIRARDOT 
Siancs  du  15  janvier   1900 


Les  vieux  bisontins  racontent  volontiers  que  jadis  la  mon- 
tagne de  Rognon  était  couverte  de  châtaigniers,  et  ils  affir- 
ment, à  l'appui  de  cette  assertion,  que  les  cliarpentes  des  plus 
anciennes  maisons  de  notre  ville  ont  été  fabriquées  avec  ce 
bois.  Fait  singulier,  sur  plusieurs  points  de  la  Franche-Comté 
et  dans  ditTérentes  parties  de  la  France,  à  Paris,  en  Bourgogne, 
en  Champagne  et  ailleurs  encore,  on  prétend  aussi  que  les 
vieilles  charpentes  sont  en  châtaignier.  DaubenLon,  il  y  a  bien 
longtemps  déjà,  a  fait  justice  de  cette  légende  pour  Paris,  en 
montrant  que  celles  de  la  Sainte-Chapelle  et  de  Notre-Dame 
sont  bien  réellement  en  chêne  ;  M.  des  Etangs  a  restitué  aussi 
au  chêne  celles  des  monuments  de  Reims,  de  Chartres,  de 
Sens  et  de  Troyes,  et  M.  Mathieu,  professeur  à  l'Ecole  fores- 
tière de  Nancy,  considère  toutes  les  charpentes  en  châtai- 
gnier comme  aussi  chimériques_que  les  forêts  d'où  elleà  au- 
raient été  tirées,  et  qu'un  hiver  extrêmement  rigoureux  au- 
rait anéanties.  Dès  lors,  il  semble  bien  douteux  que  les  vieilles 
charpentes  de  Besançon  et  d'Ornans  soient  réellement  en 
-châtaignier  i  quant  à  celles  de  Pesmes,  elles  sont  certaine- 
ment en  chêne,  à  en  juger  par  un  échantillon  qui  a  été  étudié 
au  laboratoire  de  botanique  de  notre  université,  par  M.  Ma- 


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—  14  - 
gnin  et  par  M.  Parmeotier.  C'est  un  fragment  détaché  d'une 
grosse  poutre,  k  seciion  carrée,  d'environ  0",  60  de  côté,  pro- 
venant d'une  ancienne  maison,  appelée  le  château  Ilouillot, 
qui  a  certainement  au  moins  deux  ou  trois  siècles  d'exis- 
tence, et  même  plus,  très  probablement.  Cet  échantillon,  en 
raison  de  sa  légèreté  et  de  sa  couleur,  peut  être  pris  au  pre- 
mier aspect  pour  du  châtaignier,  et  si  toutes  les  charpentes 
rapportées  induemeut  à  ce  bois,  présentaient  les  mômes 
apparences,  Terreur  dont  elles  ont  été  l'objet  s'expliquerait 
facilement.  Si,  au  premier  coup  d'oeil,  la  confusion  entre  le 
bois  du  chêne  et  celui  du  châtaignier  est  possible,  elle'ne 
l'est  plus  après  un  examen  quelque  peu  attentif,  et  surtout 
après  une  étude  microscopique,  ainsi  que  l'a  établi  M.  le 
professeur  Magnin,  dansunrapport  dont  je  vais  citer  textuel- 
lement les  conclusions. 

a  Cet  échantillon  n'appartient  pas  au  châtaignier  ;  il  se  rap- 
porte au  chêne,  et  certainement  au  chêne  pédoncule  (Quer- 
cua  robur  peJunailalw). 

•  Les  caractères  extérieurs  qui  peuvent  faire  songer  au  bois 
de  châtaignier,  aspect,  faible  densité,  etc.,  ainsi  que  quelques 
dispositions  anatomiques,  constatées  dans  un  examen  rapide, 
sont  dus  à  la  dessiccation  intense  el  aux  altérations  que  le 
bois  a  subies  depuis  sa  mise  en  œuvre,  en  un  mot  à  son  état 
de  vétusté. 

H  Mais  il  a  des  caractères  anatomiques  absolument  distinc- 
tifs:  ce  sont  notamment  : 

>  a)  La  présence  sur  des  sections  hislologiques  suffisam- 
ment étendues,  de  larges  bayous  MÉouLLAiitES  qui  man- 
quent dans  le  bois  de  châtaignier,  el  qui  se  retiouvent  très 
nettement  dans  l'échantillon  qui  nous  a  été  soumis  ; 

b)  La  disposition  des  vaisseaux  du  boia  d'automne,  grou- 
pés en  faisceaux,  s'épanouissant  plus  ou  moins  en  éventail, 
dans  cette  partie  de  la  couche  annuelle,  » 

Si  la  question  est  ainsi  tranchée  pour  les  charpentes  de 
Pesmes,  par  l'étude  de  MM.  Magnin  et  Parmentier,*  elle  pa- 


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—  15  — 

ralt  l'être  tout  aussi  bien  pour  celles  d'Omans,  comme  M.  le 
Docteur  Ueyaier  l'exposera  tout  k  l'heure.  Quant  ix  celles  de 
Besancon,  il  est  probable  qu'elles  sont  tout  aussi  fantastiques 
que  les  précédentes,  mais  faute  de  documents,  il  est  impos- 
sible de  l'afrinner. 

RognoD  a-t-il  été  jamais  recouvert  d'une  forât  de  châtai- 
gniers? Cela  n'est  pas  absolument  impossible.  Ces  arbres 
sont  à  lafoissilicicoles  et  calcifuges,  ils  ne  sauraient  se  déve- 
lopper sur  D03  formations  calcaires,  mais  ils  prospèrent  sur 
le  Lias  et  sur  l'argile  rouge  quaternaire,  dans  les  environs 
immédiats  de  notre  ville.  Ils  ont  donc  pu  croître  dans  la  combe 
liasique,  entre  les  deux  pitons  oolithiques  de  Rognon,  comme 
ils  ont  pu  croître  aussi,  dans  le  vallon  des  Chaprais.  Il  n'y  a 
donc  pas  incompatibilité  absolue  entre  le  châtaignier  et  notre 
sol  et  ce  n'est  pas  de  ce  côté  qu'il  faut  chercher  la  solution  du 
problème.  Le  seul  moyen  de  le  résoudre  serait  de  faire 
l'examen  microscopique  de  quelques  échantillons,  détachés 
des  pièces  que  l'on  attribue  à  ce  bois. 

C'est  pourquoi  en  terminant,  je  demanderai  à  tous  ceux  de 
nos  confrères  qui  seraient  dans  la  possibilité  de  s'en  procurer 
quelques  fragments,  de  vouloir  bien  les  adresser  à  M.  Magnin. 
Il  étudierait  minutieusement  ces  échantillons,  et  jugerait  dé- 
Tmitivemenl  une  question  qui  n'est  pas  dénuée  d'intérêt  (t). 


(1)  Depuis  le  mois  de  janvier  1900.  époque  de  celte  communicalion, 
M.  Hagtiin  a  eu  roccaaion  d'éiudier  trois  échéintilInnH  de  bois  prélevés  sur 
des  chariieotes  que  l'on  crojail  en  châtaignier  :  l'un  |jravcnait  du  palais 
Granvelle,  â  Besançon;  un  autre,  adressé  par  M.  d'Aligny,  du  château  de 
Brans,  et  la  troisième,  remis  par  il,  de  Chevroi,  du  château  de  Chevroi. 
Aprts  examea,  ces  trois  échantillons  ont  dû  être  rapportés  au  chéae. 


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UN  MYSTÈRE  FRANÇAIS  AU  XIV  SIÈCLE 
LE  JOUR  DU  JUGEMENT 

DE  U  BIBLIOTHEQUE  DE  Lil  VILLE  DE  BEUNÇOII 

(lUITB    BTFIN) 

Par  H.  EmUe  ROT 
Séance  du  S  juillet  1R90 


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La  première  idée  qui  se  présente  k  l'esprit,  c'est  naturelle- 
ment de  chercher  dans  celle  période  une  année  où  les  idées 
essentielles  de  ce  mystère,  l'annonce  de  l'Antéchrist  et  du 
Jugement  dernier,  se  sont  particulièrement  imposées  k  l'at- 
tention publique.  Maisquelle  année?  Depuis  le  grand  schisme, 
pour  ne  pas  remonter  plus  haut(l),  et  même  longtemps  plus 
tard,  ces  idées  ont  véritablement  obsédé  toutes  les  imagina- 
tions. Aux  révélations  des  Sibylles  et  de  sainte  Hildegarde  et 
de  sainte  Brigitte,  aux  anciennes  prophéties  de  Merlin,  du  pseu- 
do-Methodius,  de  Joachim  de  Flore  et  de  son  copiste  Théo- 
losphore  de  Cosenza,  et  de  bien  d'autres,  toujours  populaires, 
maintes  fois  citées  même  pardes  romanciers  comme  Thomas 
de  Saluces(2}  et  des  poètes  comme  Eustache  Deschamps  (3), 
est  venue  s'ajouter  une  foule  de  visions  et  de  pronostics  as- 
trologiques (4),  vainement  combattus  par  Henri  de  Langens- 


(1)  Pour  la  période  antériejre.  voir  Mai.vekda  et  le  D'  Ernst  Waiistein, 
Die  etchatologiaehe  Ideengruppe  (Antichritt,  WeUtahbat,  Weltande, 
Weilgerieht},  Leipsig,  1896,  in-8'. 

(2)  Dans  son  roman  du  Cheoalier  errant,  composii  en  lïiSô  {RM.  Nil., 
ms.  Fr.  13,  55»,  p.  12S  à  131),  l'Anlechmt  envoie  une  .imbassad.-  à  Ikime 
Kortone  pour  lui  reprocher  la  inunière  dont  elle  truite  ses  ministre»,  et 
Fortune  raconte  l'histoire  du  monde,  divisée  en  cinq  ige^l  jusqu'au  Juge- 

Lora  Is  mer  toute  arderi 
Et  ptuya  de  âau);  tombera 

(3)E.  Deschamps,  t.  l,  p.  U2;II,  106;  Ifl,  103,  l-il,  1K>  ;  V,  151,  169, 
191,339;  Vm,  120  elc. 

(4)  Heaucoupde  ces  préiiictionssont  inJiquéesdaiijl'ifigloira  deaPapes 
depuis  la  fin  du  Moyen  âge,  par  le  D'  L.ouis  Pastoii,  traduite  de  l'ulle- 
raand  par  Furcy-Rayiiaiid,  Pji'is,  E.  Pion,  1888  |l.  I,  p.  1G3,  1G7).  On 
pourrait  en  ajouter  de  manuscrites  et  <J'imprimées,  comme  la  poésie  ïul- 
unecomètedel403(n.  s.)(I!,N.,  ms.  Fr.  Lârû).  signalée  par  M.  11.  I'aiijs 
(La  Vie  de  Saint  Alexit,  \»;%  p.  3J1),  et  (U.  N  ,  ms,  Vr.  tU9t,  p.  2ik;, 
%IB)  une  prédiction  de  la  Tin  du  monde  se  terminant  ainsi  :  «  Sy  suppli  il 
toui  ceulz  qui  liront  cesle  escriplure  qu'il»  ne  la  veuUent  Uasiner  ne  tenir 


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tein,  par  Gerson  el  par  Pierre  d'Ailly  dans  leurs  traités  spé- 
ciaux sur  «  la  distinction  des  vraies  et  des  fausses  visions  >, 
et  sur  aies  faux  prophètes»,  l^s  plus  hauts  dignitaires  de 
l'Eglise,  les  conseillers  des  papes  comme  Jacques  de  Anca- 
rano,  prophétisaient  eux-mêmes,  et  ne  laissaient  pas  d'être 
gênés  quelquefois  par  la  précision  et  les  applications  impré- 
vues de  leur  prophéties  (l). 

a  Imaginations,  dit  Gerson,  vaines  rêveries  d'un  monde  si 
vieux  qu'il  radote  i3]!  •  Mais  ces  rêveries  fmi  s  sent  par  affoler 
les  esprits  les  plus  cultivés,  témoin  ce  docteur  qui,  en  i:t98, 
tente  de  mettre  lin  à  ses  jours,  parce  que,  nous  dit  Gerson 
lui-même,  il  s'est  persuadé,  si  grande  est  sa  science,  qu'il  est 
l'Antéchrist  et  qu'il  veut  prévenir  par  sa  mort  les  malheurs 
de  l'Eglise  >^).  Les  mêmes  idées  allaient  d'ailleurs  trouver  un 
puissant  interprète  durant  les  dix-neuf  premières  années  du 
XV»  siècle,  el  déji»  saint  Vincent  Ferrer,  surnommé  *  l'Ange 
du  Jugement  ■,  parcourait  la  France  en  annonçant  partout  que 
l'Antéchrist  était  né  depuis  1 403.  Besancon  l'a  entendue,  cette 
voix  terrible.  Le  4  juillet  de  l'an  1417,  le  célèbre  dominicain 
entra  dans  la  ville  par  la  porte  des  Minimes,  escorté,  poussé 

en  dérision,  jusques  à  ce  que  les  ans  qu'il  {l'auteur)  y  met  soient  passeï, 

c'est  assavoir  1400  »,  etc. 
(I)  Dans  le  neuvième  des  articles  proposés  contre  Jean   Hiiss  au  concile 

de  Constance,  on  lui  fait  un  crime   d'avoir  attribué   la  propliétie  de  J.  de 

Ancarano  (au  Teiainoj.  qui  siégeait  dans  ce  concile,  au  pape  Alexandre  V. 

Voici  la  propliétie  de  J,  de  Aiicanino.  tirée  de  Proeasaai  Belial,  qu'il  a 
»mposâeeii  1-^  (c^ip-  i-iv,  p.  23),  310 de  l'édition  ïn.8):  •  Anna  Domini 
Ii09,  ipsa  potdslBs  Infernalis  ponet  in  Chrïsti  <:cc1es]am  potcstatem  Anlî- 
:hrisli  qui  persequelur  Uct^lesiam  Chriali  et  ejus  verum  Vicarium  per 
.emporales  reges  infra  novem  annos.  quilius  completis,  regnaturus  est  in 
Scclesia  Clirïsli,  quani  possiilere  débet  contra  Christi  verum  vicarium  ail- 
lis  tribus  et  dimi>lio,  ■  Cf.  l'rusper  Marchand,  />ic(i<i/inaire  kUtariqu», 
11,  125, 

1,3)  UtiRSON,  éd.  Ulies  Uupin,  I,  ii  :  <i  Kl  eliam  in  lioc  senio  saeculi  mun- 
lus.  tanqiiam  senex  delirus,  plianlasias  plures  et  illusïones  samniis  similes 
)ati  liabet,  et  multi  dicent  :  ■  Ego  sum  ChrJstus  >,  el  recedenles  a  veriUle. 
M>nversi  ad  fabulas,  seducent  multos,  • 
(3)  mdem,  1.  41. 


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—  21  - 
par  une  foule  immense  W.  On  avait  dressé  un  autel  sur  la  place 
Saint- Pierre  et,  près  de  l'autel,  une  chaire  mobile,  comme 
celles  que  nous  avons  vu  figurer  dans  la  décoration  de  notre 
mystère.  Saint  Vincent  y  prêcha  le  soir  même  de  son  arrivée, 
et  il  continua,  les  jours  suivants,  durant  trots  semaines,  au 
milieu  de  ses  Flagellants  et  de  ses  disciples,  transportés 
d'enthousiasme  et  d'épouvante. 

Les  mômes  scènes  se  répétèrent  dans  presque  toute  la 
France,  où  l'Antéchrist  défrayait  naturellement  tous  les  li- 
vres et  toutes  les  conversations.  Pierre  Fruitier,  dit  Salmon, 
ne  manquait  pas  d'instruire  le  roi  Cliarles  VI  à  ce  sujet,  et 
dans  le  livre  qu'il  offrit  au  roi  en  1409,  il  a  inséré  tout  un 
chapitre  sur  l'Antéchrist  tiré  du  Lucidaire  d'Honorius 
d'Autun  (2).  C'est  encore  en  prévision  de  l'Antéchrist  et  du , 
jugement  dernier  que  l'archevêque  Guy  de  Roye  convoque 
Gerson  au  concile  de  Reims  (1408),  et  ce  nom  maudit  revint 
plus  d'une  fois  dans  les  délibérations  du  concile  de  Cons- 
tance (3).  Gerson  et  surtout  Pierre  d'Ailly,  qui  combattaient 
pourtant  la  doctrine  de  saint  Vincent  Ferrer  comme  trop 
précise,  prêchèrent  plus  d'une  fois  comme  lui  (*),  Vers  le 

(i)  Sur  le  Btijour  de  saint  Vincent  Ferrer  à  Besançon  el  sur  les  souvenirs 
qu'il  j  a  laissés,  «oirle P.  Fages,  Bitt.de  S.  Vincent  Ftrrier  (Pana,  Maison 
de  la  Bonne  Presse,  rue  François  1, 18&4),  t.  II  p.  188,  et  p.  i.x,  Appendice  G. 

(3)  Bib.  Nat.,  ras  Fr.  S3  279,  fol.  42  :  «  Et  de  Anteuhrisl,  je  te  prye  que 
nous  en  parlons  un  pou,  la  manière  comme  il  vendra  et  ou  i]  naislra  et 
comme  il  régnera  et  decllnern,  etc.  n  Tout  ce  chapitre,  ainai  que  la  deacrip- 
tion  des  neur  peines  d'enfer,  en  l'honneur  des  neuT  ot^res  d'anges,  qui  a 
paru  si  bizarre  ii  l^ùvesqiie  (^tX.  el  Exlr.  dei  Man.,\,  42)  est  tiré  du  Lu- 
àdaire  ^lib.  [(I,  cap.  x  et  cap.  iv,  cnl  1163  el  1159  . 

|3)  Canon  des  Réformes  proposées  au  concile  de  Constance  (Von  der 
Hardi,  part.  VIII,  p.  402.:  <  Etecessit  lex  a  sacerdotibni,  juslilia  a  princi- 
pilius.  GODcitium  a  senioribus.  ildes  a  populo...  Et  iiuiic  quid,  fralres.  nisi 
veuire  Aiitichrislum  ..  » 

(4)  Gerson,  II,  664.  LeHre  à  saint  Vinceut  Ferrer  :  •  Proinde  si  praedi- 
candum  fuerit  de  ftnali  judicis  vel  Antichristo  liai  hoc  in  generali...  o  -~ 
Sur  les  variations  de  Gerson,  el  surtout  de  Pierre  d'Ailly,  au  sujet  de  l'An- 
téchrist, voir  la  thèse  déjà  citée  de  M.  l'abbé  Salehsier,  Paru*  de  Al- 
liaco,  p.  188, 189,  etc. 


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même  temps  un  traité  attribué  &  Nicolas  de  Clemenges  (1) 
dénonçait  l'Antéchrist  imminent  dans  un  prince  mahométan, 
orné  sans  doute  d'un  turban,  ainsi  qu'il  est  représenté  dans 
plusieurs  Apocalypses  figurées.  Cette  opinion,  d'ailleurs  très 
ancienne,  fut  encore  plus  d'une  fois  prëchée  avant  la  fln  du 
sv»  siècle  (2),  et  l'une  des  premières  impressions  des  Révé- 
lations de  Afethodiua  servit  même  de  prétexte  à  un  projet  de 
croisade  contre  les  Turcs  (3),  Au  reste,  la  terreur  de  l'Anle- 
christ,  turc  ou  autre,  gagna  plusieurs  fois  encore  des  popula- 
tions entières.  Saint  Vincent  Ferrer,  à  peine  mort  à  Vannes 
(5  avril  1419),  était  déjà  remplacé  par  un  autre  dominicain, 
Mainfroi  ou  Manfred  de  Verceil,  contre  lequel  luttèrent  éner- 
giquement  saint  Bernardin  de  Sienne  et  saint  Jean  Capis- 
tran  (*).  Au  mois  d'avril  1429,  un  Cordelier,  le  fameux  frère 
Richard  venait  encore  annoncer  aux  Parisiens  qu'il  avait  vu, 
en  Palestine,  les  Juifs  courir  en  foule  vers  Babylone,  pour 
y  adorer  le  nouveau  Messie  ou  l'Antéchrist,  dont  la  naissance 
ne  faisait  plus  aucun  doute(5).  Ceci  n'empêchait  pas,  une 

(1)  N.  DE  Clehiekgiis ,  Opara,  elc,  p.  357-359,  De  AatîchrUlo,  etc.  : 
*  Credo  inconcussa  cerliludine  tempora  magni  juiiicii  in  januis  esse... Tan- 
dem (Aolichrislus)  ad  imperium  perveniel,  infldeliumque  Mahumelicorum 
minislerio  chrislianam  relîgionem  inrredibililer  conculiet.  "Sur  t'ADte- 
chrisl  mahomélan,  voir  les  noies  d'Ed.  du  Mëful  {Poé$i«»  latine*  du 
moijtnége,  18*7,  p.  37i,  et  la  curieuse  scène  du  Jugement  Demi«rde 
Lucerne,  1519,  analysé  dans  la  Bibliographie.  —  UM.  L.  Deliste  et  P.  Heyer 
préparent  une  importante  publication  sur  une  série  de  manuscrits  conte- 
nant des  figures  deTApocalypse. 

(2)  Notamment  par  le  Tameui  Annius  de  Viterbe,  oublié  ainsi  que  pres- 
que tous  les  rails  prëcédenls,  dans  le  gros  livre  de  Malvenda,  mais  cité  dans 
l'Hittoire  littéraire  de  la  France,  XXV  (AH.  Jean  de  Paris),  p.  258. 

(3}  Voir  l'édition  de  Methadius  publiée  par  Sébastien  Brant  en  1497,  avec 
nn  long  eommentaire  de  WoltTgang  Aytinger,  docteur  en  droit  eivil  et  ca- 
nonique il'Augsbourg,  et  longnement  analysée  dans  le  Bull,  du  fiiblio- 
phUe,i8i9,  p.  182  et  sq. 

[4t  Waddino,  Annaleê  Minorum,^,  130;  —Annales  Placenlini,  àans 
Muratori,  XX,  878,  905;  —  B.  Joannis  aCapisIrano,  Tractalua  de  judieio 
unioenali,  1573,  in-IS  (B.  N.,  D.  ^8il,  et  Le  Prediehe  votgari  di  «an 
BemardiM,  éd,  Luciana  Blanchi,  I,  68  ;  11.  37^,  etc. 

(5)  Journal  d'un  Bourgeoi*  de  Paru,  éd.  Tuetey,  p.  335,  —  Cette  tradi- 


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-»- 

qaÏDzaiDe  d'années  plus  Urd,  en  1446,  la  Sorbonne  d'a^u- 
menter  gravement  un  jeuno  Espagnol,  doué  d'une  habileté 
prodigieuse  dans  tous  les  arts  (^  >,  Maître  Feroand  de  Cordoue, 
qui  devait  être  évidemment  l'Antéchrist  puisqu'il  réduisait  a 
quia  les  docteurs  de  Sorbonne,  et  qu'il  résolvait  en  se  jouant 
toutes  leurs  propositions  sur  l'Ecriture,  «  intelligens  propo- 
sitiones  ■,  suivant  le  texte  du  prophète  Daniel  déjà  cité  par 
Guillaume  de  Saint-Amour  (S|.  La  Sorbonne  n'eut  pas  la  con- 
solation de  faire  brûler  •  l'impudent  • .  L'Antéchrist  donna  une 
nouvelle  preuve  de  sa  perspicacité  en  se  réfugiant  à  Rome, 
à  la  cour  du  Pape,  où  il  atteignit  une  heureuse  vieillesse.  Il 
y  eut  tout  le  loisir  de  converser  avec  un  des  plus  grands 
hommes  du  xv*  siècle,  le  pieui,  le  docte  cardinal  Nicolas  de 
Cuse,  lequel,  en  même  temps  qu'il  cherchait  à  remettre  en 
faveur  l'ancienne  hypothèse  du  mouvement  de  la  terre,  cal- 
culait lui  aussi  la  venue  de  l'Antéchrist  et  de  la  fin  du 
monde,  mais  la  reportait  au  xviii'  siècle.  C^tte  ridicule  hi»- 


tion  réparait  au  xvii'  siècle  dans  VAitettaiimt  de»  ehmalieri  da  MaUa 
lur  la  naJManctf  de  l'Aniechrùt,  ISH,  déjà  citée. 

(1)  Journal  d'un  Bourgeois  de  Paris,  p.  381-383:  ■  Vraienient  se  ung 
homme  povoit  vivre  .C.  ans  sans  boire,  sans  menger  et  sans  dormir,  il  ne 
•uroit  pas  les  sciences  qu'il  scet  tout  par  cueur  aprinses,  el  pour  certain 
U  nous  fist  très  grant  freour...  •  Comparer  le  iMeïdaire  d'Honorius  d'An- 
tun,  111,  cap,  I,  col.  11C3:  t  Tertio  modo  (Antichrislus)  Mpienlia  et  incre- 
dibili  eloqueiitia  clenim  obtinebit,  quia  omnes  artes  et  omnem  Scripturam 
memoriter  sciel  ■,  texte  reprodoit  presque  li Itérai sment  dans  les  livrets 
gothiques,  le  Spéculum  dtrittianorutn  et  le  Compendium  d«  vita  A»- 
tiehritlL 

(8)  G.  DE  Saikt-Ahour,  De  AntiehrUto,  III*  part.,  cap.  III,  col.  1373  : 
€  [Inde  sicut  idem  Daniel  dicit  {VIII,  23)  L'um  creverinl  iniquitate»,  con- 
turget  rete  impudent  fade,  id  est,  roente  eiterius  pudîcitiam  simulabit, 
cum  suromus  hypocrilarum  futurus  si(,  el  inteiligen»  propositionet,  doc- 
tus  in  orani  mundana  sapientia,  ut  divinam  sibi  arroget,  quia,  ut  glossa 
praemissa  dicit,  utriusque  Testament!  primitug  ducem  se  flnget,  iti  quibus 
omiiis  hypocrisis  consummatur,  ul  ad  manum  Scrjpluras  habeat,  elc.  »  — 
Ces  textes  expliquent  seuls  la  curieuse  disposition  du  Bourgeois  de  Paris, 
et  ils  sont  à  ajouter  à  tous  les  témoignages  historiques  sur  Maître  Far- 
nand  de  Cordoue,  réunis  par  J.  Havel  (Bul,  de  la  Soc.  de  l'Bitf.  de  Pari* 
et  de  l'IU  de  France,  1683,  p.  1^  et  sq.). 


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—  M  — 

toire  de  maître  Fernand  de  Cordoue,  rendit  d'aillenrs,  pour 
un  temps,  les  théologiens  pjus  spepliques,  et  lorsqu'un  Char- 
treux s'avisa  d'annoncer  encore  une  fois  l'avènement  de  l'An- 
téchrist pour  1505,  l'évëque  Thomas  Basin,  averti,  conseilla 
doucement  de  retenir  sous  clef  le  prophète  et  son  livre  (H. 
II  y  a  bien  longtemps  évidemment  que  nous  avons  dépas- 
sé la  date  possible  du  manuscrit  de  Besancon,  et  cependant 
les  livrets  à  images,  les  traités  scientifiques  et  théologiques, 
les  poèmes  sur  «  le  décès  ou  la  fin  du  monde  »  ou  sur  «  le 
grand  tombeau  du  monde  »,  tes  mystères  ou  les  drames,  et 
aussi,  malgré  la  défense  du  concile  de  Latran  (1516)  (^,  les 
prophéties  trop  précises  sur  l'Antéchrist  et  le  jugement,  con- 
tinueront à  se  multiplier?  Qu'est-ce  à  dire,  sinon  que  ces  idées 
ne  sont  pas  seulement  un  objet  de  spéculation  ou  de  curio- 
sité, un  thème  ordinaire  de  sermons,  et  par  suite  de  mystères, 
mais  qu'à  chaque  instant  les  météores  imprévus,  les  épidé- 
mies, les  guerres  politiques  et  religieuses,  leur  rendent  l'ac- 
tualité et  qu'elles  conservent  tout  leur  prestige,  en  dépit  des 
proverbes,  des  plaisanteries  ou  même  des  farces  populaires 
qu'elles  inspirent  quelquefois  çi)?  La  Réforme,  notamment,  va 

(1)  Thomas  Basin,  éd.  Qiiieherat.  IV,  103.  101,  etc. 

(2)  Ce  concile  (Ses.  II,  Supsi-nœ  majeilali  pratidio]  inlenlit  aux  pré- 
dlualeurs  de  déterminer  le  t<!mps  préi:is  de  la  venue  de  l'Anlpchrisl  et  de 
la  On  du  monde,  et  leur  rappela  le  Terset  des  Actes  il,  7  ;  ■  Non  est  ves- 
trum  nosse  tempora  vel  momenla  quie  Pater  posuit  Jn  sua  polestale.  » 

(3)  B  11  accomplira  sa  promesse  plus  tard  que  l'on  du  Ivgement  » 
(Joach.  du  Bellay,  cité  pir  Henri  Estiennc).  Voir  la  langue  pièce  d'Adrien 
Charpentier,  Le*  Merueilte*  du  Mûnde  tekm  le  temp*  qui  court,  avec 
son  refrain  ironique  : 

L'Antectirlst  vient,  U  fln  du  moude  spproclio. 
et  VEpiIre  du  Coq  à  l'Atne,  de  Jahet,  cilpe,  dnns  l'édition  de  Clément 
Marol.  par  Guitfrey,  t.  Il,  p.  T,t9.  —  Dans  la  Farce  de  l'Antet^riit  et  da 
trois  Femme$,  analysé  dans  le  Dict.  Jet  Mystères  et  te  Répertoire  du 
Théâtre  comique,  de  M.  Pi^lit  du  Jullcvillc,  le  tiom  d'AiilocInist  donné  au 
sergent  semble  simplement  synonyme  de  di^ible,  démon,  comme  dans  Vil- 
lon (Ballade  de  Villon  et  de  la  g.  Mar^ol)  : 

Par  les  costés  ee  prent;  cest  Antecrist 

Crte  et  Jure 

Voir  encore  plus  loin  i  la  Bibliographie. 


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-  25  - 

ramener  les  érodils  des  deux  camps  à  l'élude  de  l'Apocalypse, 
et  le  livre  prophétique  reiieviendra  pour  les  protestants  ce 
qu'il  était  pour  les  clirétiens  du  grand  schisme,  un  sujet  de 
consolations,  d'invectives  et  d'espérances.  Si  l'on  di^pouillait 
tous  ces  livres  (1),  on  y  trouverait,  nous  en  avons  relevé  plu- 
Çiieurs,  des  ressemblances  ou  des  différences  curieuses  avec 
la  doctrine  de  noire  mystère,  mais  on  n'en  serait  pas  plus 
avancé,  semble-t-il,  pour  sa  date.  L'Antechiist  est  partout, 
donc  il  n'est  nulle  part.  Tout  au  plus  pourrait-on  conclure 
qu'il  a  particulièrement  inquiété  les  (idéles  à  la  fin  du  xiv» 
et  au  commencement  du  xv»  siècle.  Et  cela,  on  le  savait 
d'avance. 

Cette  récapitulation  de  prophéties,  la  révision  détaillée 
qui  a  été  faite  précédemment  des  commentaires  de  l'Apoca- 
lypse, et  la  révision  rapide  qui  suivra  des  drames  analogues 
sur  le  jugement  dernier  ne  sont  pourtant  pas  inutiles,  elles 
sont  au  contraire  indispensables,  c;ir  seules  elles  permettent 
de  dégager  par  comparaison  dans  le  Jour  du  Jugement  un 
certain  nombre  de  trails  qui  ne  se  retrouvent  pas  ailleurs  el 
qui  sont  par  conséquent  caractéristiques. 

Et  d'abord,  malgré  l'extrême  complication  des  détails,  il 
est  plus  facile  d'indiquer  le  temps,  la  journée  et  la  partie  de 
la  journée  où  ce  mystère  a  été  représenté  que  l'année.  Sans 
doule  les  pièces  de  théâtre  renferment  quelquefois  des  al- 
lusions inexactes  ou  plulôt  contradictoires  aux  olfîces  (2),  la 
représentation  d'un  mystère  ne  coïncide  pas  néces^aircment 
avec  la  fête  du  jour,  et  les  fêles  religieuses  ou  autres  qui  rup- 


:i|  La  seule  nornenclalure  de  ces  livres  remplirait,  sans  piont,  des  ptics 
enlièies.  J'ai  cité  dans  les  noies  ceux  qui  m'onl  été  iililes.  nuiKinnient  le 
(joëme  du  chanoine  Serrller,  Inlilulé  :  Le  grand  tombeau  du  Monde, 
Lyon.  1606,  lii-fl"  tBîbl.  de  la  Sorbonnc). 

(2i  Voir  dii.is  les  Mijilèreê,  II,  aS.  l'analyse  du  Itiracla  de  la  femme 
que  A'.-D.  garda  d'être  brûlée.  La  piéee  est  censée  s'ouvi  ir  au  moment 
de  la  moiason,  at  elle  linil  par  une  allusion  â  la  Ule  de  ta  Piéscnlation, 
2  février. 


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pellent  le  jugement  dernier  sont  très  nombreuses.  Sans 
compter  les  Entrées  des  princes  à  des  dates  quelconques  et 
des  processions  de  la  Fête-Dieu  où  ce  Jugement  a  souvent 
figuré  comme  mystère  mimé  ('!),  sans  parler  des  dates  que 
nous  ignorons  où  il  Tut  réellement  représenté  dans  le 
Rouergue,  à  Orléans  et  à  Modane,  le  Jugement  dernier  peut 
encore  se  placer  à  Noël  comme  le  Mystère  de  l'Epoux,  le 
premier  dimanche  de  l'Avent,  marqué  par  un  mystère  ita- 
lien traditionnel  sur  l'Antéchrist  W  et  par  les  prédications 
ordinaires  des  sermonnaires  sur  l'Evangile  du  jour  :  Emnl 
signa  in  sole  et  luna  et  êtelHs  (Luu.,  xxi),  pendant  la 
grande  semaine  de  Pâques  et  tes  jours  avoisinants,  puis  le 
XSII*  et  le  XXIV  dimanche  après  la  Pentecôte  pour  diverses 
raisons  hturgiques  et  symboliques  longuement  déduites  par 
Honorius  d'Autun  (3),  et  enfin  le  Jour  des  Morts  (2  novembre] 
où  il  a  été  longtemps  représenté,  en  Belgique,  et  dans  la 
Flandre  française  (*). 

Mais  de  toutes  ces  périodes  la  plus  intéressante  pour  notre 
objet  est  celle  de  Pâques,  où  a  été  représenté,  nous  le  sa- 
vons, leLudus  de  ^nIic/ii-ts(o allemand  ;de  tous  ces  jours,  le 
plus  significatif  est  le  Vendredi  Saint.  On  y  représentait 
volontiers  dans  la  journée  la  Passion  qui  avait  figuré  à  l'of- 
fice du  matin  (5),  et  la  substitution  à  cette  Passion  du  sujet 
développé  dans  le  Jour  du  Jugement,  est,  comme  on  le  verra 
plus  loin,  des   plus  naturelles.  Les  citations  de  l'hymne 


(1)  Lei  Myitéres,  11,  187, 19B,  elc.  —  LuJui  Coventrite.  ediled  by  J.  O. 
HalliweH,  London,  18*1,  p.  vj. 

(2j  Voir  la  (  lauda  dntmmatîca  »  citée  par  M.  A.  J'Ancona  {Origini  del 
Teatro italiano,  'i.  edii.,  I,  141-153)  ;  ■  In  Dominica  de  Adventu  iiicipiunt 
Duo  ttegcs  qui  ïeiiiunt  ciim  Aiilichrislo.  n 

(3j  Gemma  anims  (Patr,  Migne,  CLXXII,  lib  IV,  cap.  iciii,  col.  7S6)  : 
«  Hoc  officium  ad  tetnpora  Antiohrisli  refeiiur.  ■  —  Ibidem,  cap.  icvii, 
col.  727  :  «  Per  hoc  ofTicium  Ecclesia  tribulationem  Christiani  populi  reco- 
lit  quam  sub  Antichristo,  sicut  Machabei  sub  Anliocho,  passurus  eral.  ■ 

{4)  Voir  plus  loin,  â  la  Bibliographie. 

(5)  Lei  Mytlères,  II,  p.  45,  107,  143, 303, 307,  etc. 


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-  w- 

Pange  lingva  gïorioti  et  (Je  la  Préface  Pitaeale  dans  le  ser- 
mon initial  du  Jour  d\tJvgement,\e  verset  AUollite  poHaa, 
de  la  liturgie  du  Samedi  Saint  à  Ténèbres,  traduit  dans  le 
vers  2382: 

Prince  d'enrer,  ouvre  tes  portCE, 

toutes  ces  allusions  éparses  nous  ont  déjà  amené  h  la  grande 
semaine  de  Piques.  Or,  le  Pape  qui  figure  dans  ce  mys- 
tère déclare  qu'il  a  lu 

Xui  au  malin  I»  Passion  (v.  1319). 

Cette  citation  de  la  Passion,  laborieusement  amenée  par 
de  méchantes  rimes  dans  un  texte  bien  rimé,  nous  parait 
voulue,  décisive,  et  détermine  à  notre  sens  le  jour  et  l'heure 
de  la  représentation.  En  effet,  bien  qu'on  lise  les  quatre 
Passions  dans  les  offices  de  la  grande  semaine  «),  il  ne  peut 
s'agir  que  de  la  Passion  (cliap.  xviii),  écrite  par  saint  Jean, 
qui  est  l'Evangile  de  l'Office  du  Vendredi  saint.  Que  si  on 
voulait  contester  cette  indication  qui  nous  parait  aussi  pré- 
cise que  celle  du  fableau  Du  prestre  qui  dit  la  Patsion  (S) 
le  «  Vendredi  aouré  »,  et  si  l'on  pensait  à  reculer  la  repré- 
sentation du  Jour  du  Jugement  de  quelques  jours  ou  de 
quelques  semaines,  si  l'on  développait  même  des  arguments 
précis  en  écartant  par  exemple  l'f^xplicalion  que  nous  avons 
proposée  ailleurs  du  rôlede  Judas  Macchabée,  comme  témoin 
de  la  nésurreclion  et  du  culte  des  morts  dans  l'ancien  Tes- 
tament, et  si  l'on  disait  que  la  fête  des  Macciiabées  est  céle- 
ri) DuHitND,  Ratiortale  diuinoi'um  officiorum,  elc,  rap.  i.xxtii  :  >  Feria 
êectinda  Dominita  in  Ramiê. . .  Non  esl  muttum  atlendeudiim  utrum  in 
secunda  vel  in  terlia  Ferla  legalnr  Passio.  Quïa  enim  quatuor  Evangelistse 
Pas^tionem  Domini  tlescripseruTil.  idcîrco  secundum  qiicmlilict  eoruin 
Passio  legilur  ex  institulione  Aleiandrt  Pap»,  eo  ordîne  quo  scripscrunl. 
Nam  die  dominic.i  legilur  Passio  secundum  Malheum  qui  prinius  scripsit. 
Secunda  tel  lerlia  Teria  secundum  Mareum  qui  secundus  smpïit.  Quarta 
secundum  Lucam  qui  terlius  scripsit.  Scila  ferla  secundum  joannem  qui 

<3)  Recueil  général  des  Fabliaux,  éd.  A.  de  Hontaiglon  et  G.  Rayiiaud, 
V.  p.80. 


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brée  le!" août  et  rappelée  le XXIV»  et  dernier  dimanche 
après  la  Pentecôte,  nous  n'y  contredirions  pas.  Mais  ce  n'est 
pas  la  peine  de  contester  l'assertion  formelle  du  texte  au 
sujet  de  la  Passion,  parce  que  des  raisons  historiques,  cette 
fois,  et  non  plus  seulement  liturgiques  vont  nous  obliger  & 
rester  à  la  date  précitée  du  Vendredi  saint. 

Et,  en  effet,  le  temps  ou  l'année  de  la  représentation  offre 
lui  aussi  des  particularités  très  bien  marquées.  Si  communes 
que  soient  les  attaques  contre  les  Juifs  dans  les  mystères 
français  et  surtout  allemands,  tous  ceux  qui  ont  lu  le  manus- 
crit du  Jour  du  Jugement  ont  déjà  pu  constater  que  les  juifs 
y  jouaient  un  rôle  particulièrement  odieux  (l).  D'où  vient 
donc  cet  esprit  de  haine  et  n'a-t-il  pas  une  explication  dans 
l'histoire?  Les  Juifs  ont  prospéré  sous  le  règne  de  Charles  V, 
qui  les  a  protégés  et  qui  leur  a  même  fait  rendre  les  livres 
de  leur  loi,  confisqués  par  ses  prédécesseurs  9).  Mais  la 
réaction  a  commencé  dès  l'avènement  de  Charles  VI,  la 
colère  publique  grandit,  l'expulsion  va  suivre.  A  peine 
sera-t-elle  promulguée,  les  hommes  d'Eglise  la  regretteront 
par  esprit  de  justice  et  de  charité,  et  les  hommes  d'affaires 
par  intérêt,  en  constatant  qu'il  n'y  a  rien  à  gagner,  au  con- 
traire, avec  les  banquiers  lombards  restés  sans  concurrents. 
Sur  ce  point  le  prieur  de  Salon,  Honoré  Bonet  ne  parlera  pas 
autrement  en  septembre  1398,  après  l'expulsion  des  Juifs  par 
Charles  VI  que  Geffroi  de  Paris  n'a  fait  en  1300  (3:,  après 

(t)  Kn  particulier  M.  Ulysse  Robert,  qui  a  insisté  sur  cette  particularité, 
en  imprimant  deux  courts  fragments  Je  ce  mystère,  comme  oti  l'a  vu  pré- 
cédemment. 

(3)  S.  LucK,  La  France  pendant  la  guerre  de  Cent  ant,  Paris,  Hachette, 
1890,  in-8*.  p.  IfiO,  165  et  s(|, 

{^1  GentTroi  DR  l'AniS,  CAi-oni'jiie  mef  H<;iii!,  ÙA.  [tudion  (v.  3G02  et  Hq.)  : 
Je  di9,  seigaors.  coinmenl  qu'il  aille, 


'    Car  Juifs  furent  débonnètes 
Trop  plus,  eu  feuu  t  tels  tIRkIres, 


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l'expulsion  ordonnée  par  Philippe  le  Bel,  et  GelTroi  de  Paria 
lui-même  répète  les  plaintes  analogues  de  saint  Bernard  <'<). 
Quoiqu'il  en  soit,  la  haine  des  Juifs  que  respire  ce  drame  si 
court  est  significative.  Et  ce  n'est  pas  assez  de  dire  que  cette 
haine  est  violente,  elle  est  réfléchie,  calculée  puisqu'elle  a 
fait  oublier  à  l'auteur  non  seulement,  on  l'a  déjà  vu,  le  texte 
d'Adson  et  tous  les  commentaires  de  l'Apocalypse  sur  la 
conversion  d'Israël  dans  les  derniers  jours  du  monde,  mais 
les  prières  mêmes  de  l'office  du  jour,  du  Vendredi  saint,  pour 
la  conversion  de  la  Synagogue.  Ce  mystère  a  certainement 
été  composé  la  veille  uu  le  lendemain  d'un  arrêté  royal  d'ex- 
pulàion. 

De  plus,  il  a  été  joué  dans  une  période  de  calme  relatif,  de 
paix  et  de  prospérité,  i^inon  pour  le  pays,  du  moins  pour  la 
province  oîi  s'est  faite  la  représentation  ;  la  mise  en  scène, 
si  Hmple  qu'on  la  suppose,  demande  du  temps  et  de  l'argent. 
Le  texte  fait  bien  allusion  aux  grandes  guerres  qui  doivent 
bouleverser  l'univers  avant  la  lin  du  monde,  mais  au  futur  : 


Mais  ains  que  -cils  [resgrans  jours  veigne, 

Si  com  l'Escripture  l'anseigne, 

Venront  et  en  ciel  et  en  terre 

Hains  signes  laiz  en  mouvent  guerre  (v.  150). 


Creslica  moult  grant  aiilsiice 
BusBeat  eu  que  ils  n'onl  pus,  eIc,  etc. 
Cr.  Honoré  Bonet,   ['Apparition  de  Jean  de  Ueun   (13U))),  éd.  baron 
J.  Pichon,  Paris,  Sllveslre,  lBi5,  iii-4-,  p.  17  : 
Pires  usures  onoques  ne  tjt 
Qu'ils  fout  Kujourd'bui,  je  TOUS  dy. 

Sni  plilrolt  KU  Rora  et  auï  Dus 
D'en  ce  piys  retourasr  nous. 

De  prendre  plus  petite  usure, 
Cgr  celle  qui  queurl  est  trop  iiae. 
<1)  Saint  Bernard,  LaUret,  n*  79,  dans  le  ilec  (i«s  Uiii.  de  France, 

XV,  ewtt. 


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Ces  guerres  sont  donc  simplement  annoncées,  elles  se  itré- 
parent,  elles  n'ont  pas  encore  éclaté. 

Il  en  est  de  même  d'une  autre  circonstance  aussi  simple 
qu'importante  à  reraai-quer.  Dans  la  pensée  de  l'auteur,  l'An- 
téchrist va  apparaître  réellement  sur  la  terre  et  non  pas  seu- 
lement sur  le  thé&tre.  Soyons  aussi  lai^  qu'on  le  voudra 
pour  la  chronologie  :  les  rapports  logiques  de  succession  sub' 
sistent.  A  cet  Antéchrist  dont  le  règne  durera  trois  ans  et 
demi,  il  Taut  le  temps  matériel  pour  établir  sa  puissance 
soumettre  à  sa  domination  les  dix  rois,  maîtres  de  l'univei 
'Ce  n'est  qu'après  avoir  soumis  ces  dix  rois  et  après  le  sup' 
plice  des  prophètes  Enoch  et  Elie  que  l'Antéchrist  songe  it 
f»re  arrêter  le  pape  qui  se  voit  abandonné  par  presque  tous 
<i  ses  frères  y  ou  cardinaux.  Il  s'agit  donc  bien  d'une  véri- 
table ppédiclion  qui  anticipe  sur  l'avenir,  et  non  d'une  pro- 
phétie faite  après  coup  qui  se  bornerait  &  reproduire  des  faits 
déjà  accomplis. 

Rappelons-nous,  d'autre  part,  l'interprétation  ancienne, 
déjà  signalée,  des  versets  de  Daniel  ^vu,  7,  S,  23j,  de  l'Apo- 
calypse (xvii,  12)  et  de  l'Epitre  de  saint  Paul  aux  Thessaloni- 
ciens(li,  2,3),  qui  tous  étaient  censés  présager,  peu  avant  la 
venue  de  l'Antéchrist,  la  division  de  l'Ein^iire  romain,  cet  em- 
pire pour  la  conservation  duquel  l'Eglise  priait  tous  les  ans 
le  Vendredi  saint,  et  le  Sainedi  saint,  en  la  bénédiction  du 
cierge  pascal.  Il  eût  été  bien  naturel  que,  durant  le  grand 
schisme,  les  théologiens  aient  préféré  pour  ces  versets  une 
autre  interprétation  fort  ancienne  elle  aussi  W,  et  qu'au  lieu 
de  voir  dans  \'upoat<uia  ou   la  discessio  de  saint  Paul  l'an- 


(1)  S.  Thomas  dAquin.  éd.  Krelté,  X.Vr,  p.  4H  (Com.  iur  VBpitre  II 
aux  TlmsaaloniciantJ  :  t  Qdia  jamdiu  génies  rvcesserunt  a  Romana  iin)>e- 
rio  et  tamcn  necdum  venil  Antidirtsliis.  diuenJum  est  quod  iionduin  ces- 
savit,  aeà  est  commuWlum  de  lemporali  in  spiritiialc,  ut  dicit  l*o  papa  in 
Sermons  de  ap<nitolii.  Et  iileo  diueiiduin  est  quod  Uiscessio  a  Rotnutio  im- 
perio  débet  inielligi  iioji  solum  a  temporali,  sed  a  apirituali,  scUicel  a  Kde 
catholics  Romaiiœ  EcclesiEe.  n 


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_31  - 
nonce  d'une  révolotion  politique  ou  du  morcellement  de 
l'Empire  romain,  ils  y  aient  vu  surtout  la  division  de  l'empire 
spirituel  de  l'Eglise  et  la  révolte  des  chrétiens  contre  la  pa- 
pauté par  l'hérésie  ou  le  schisme.  Quelques  théologiens  sont 
en  effet  entrés  dans  cette  voie  ou  bien  ont  essayé  de  conci- 
lier les  deux  explications,  mais  la  majorité  préféra  la  première 
comme  plus  simple,  et  persista  à  insister  sur  la  division  ma- 
térielle de  l'Empire  romain  entra  dix  rois  qui  devaient  se 
soumettre  &  l'Antéchrist  et  sen-ir  ses  projets  [l).  C'est  cette 
explication  qui  dominera  jusqu'aux  xvii*  (S)  et  xviii*  siècles. 


(1)  Il  raiil  nous  borner  à  ciler  deux  commenlairea,  l'un 
ment  et  l'autre  de  la  Un  de  celle  période.  RappaloDs  donc  la  prophétie  de 
r«'mite  Jean  de  la  Hoche  Taillade,  d^à  citée  précédemment  d'après  Ba- 
luie  :  ■  Cum  deeem  partes  chrjstianitatis  sequantur  Antipapain,  etc.  >  — 
L'autre  témoignage  se  trouve  dans  saint  Antonin ,  archevêque  de  Flo- 
rence, auteur  d'une  Somme  de  Théologie  bien  connue  (part.  IV,  til.  XIII, 
cap,  IV  :  *  Et  jam  duravit  (Rooianuui  imperium)  ab  ipsa  Domini  nativilate 
per  annos  mccccl.  Sed  circa  finem  mundi  dividitur  in  decem  partes.  No- 
vem  enin  régna  recèdent  a  christiano  imperio  el  miyor  pars  horam  etiam 
ab  obedientÏB  Ecclesîx  ul  regnuni  Indorum,  regnum  Turchorum,  regnum 
Sarracenorum,  regnum  Tarlarorura,  regnuni  Armenianim,  regnum  Geor- 
giBnorum,regnjniGrecorum.  Licetenim  imperatarGrecoriim  cumpatHarca 
suo  redierit  ad  Sdem  Romans  ecclesix,  tamen  non  recognoscît  imperato- 
rem  roman um  sibi  superiorem.  Regnum  Qœmorum  qui  jam.  XXKV.  annis 
elapsis  recesseninl  a  sinceritate  Hdei  necdum  reducitur  ad  uiiilatem  ec- 
clesixj  Regnuro  Francoram,  etsi  fldelîsaimum  ail,  non  lamen  recognoscit 
superiorem  imperatorem  romanum,  Decimum  regnum,  seu  décima  pars 
imperii  divisi,  est  Romanum  imperium  quod  flguratum  est  per  decem  soles 
Kcundom  taticinium  Sibillac.  Inter  isla  decem  cornua  vidit  Daniel  orïri 
cornu  parvulum  et  tria  evulsa  sunl  de  prioribus  cornibus  a  facie  ejus. 
Hoc  cornu  est  Aniichrislus  de  tribu  Dan,  ignobilis  cum  Dan  natus  sil  de 
ancilla  ;  tria  cornua  evulsa  de  prioribus  ut  dicitur  in  UUIoria  leholtuliea 
aant  très  reges,  scilicet  Afrlce,  Egypti  et  Ethfopix  quos  interllciel.  Alii  sep- 
tem  colla  ei  subjicientor  ul  victori,  etc.  » 

(2)  IVaiiie  de  l'Anto-Chriit,  par  M.  André  PoiniEn,  prestre,  Paris, 
Henry  Sai'n  et  Anthoine  Mérieui,  MDCLV,  in-12  (R.  de  l'Arsenal,  théologie, 
n*  S119j  :  ■  Dominique  a  Soto  sur  le  IV-  livre  des  Sentences  en  la  dis- 
tinction 46,  question  1,  article  1,  est  d'advis  que  cette  révolte  dont  parle 
Saint  Paul  doit  eslre  prise  en  deui  façons  scavoir  pour  l'Empire  temporel, 
et  l'autre  pour  la  puissance  spirituelle,  laquelle  est  entre  les  mains  du 
PontiTe  Romain.  I.a  pT«niiëre  révolte  paroisl,  l'Empire  temporel  ajant  déjà 


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soit  que  le  chlITre  de  dix  soit  pris  au  sens  littéral,  soit  qu'il 
désigne  un  nombre  indéterminé  suivant  saint  Augustin  (Cité 
de  Dieu,  livre  XX,  chap.  xxiii)  ;  c'est  elle  qui  a  déjà  figuré 
dans  le  Liidui  de  Antichristo  allemand  et  qui  repayait  dans 
le  Jour  du  Jugement. 

L'auteur  de  ce  mystère  a  donné  aux  dix  rois  qui  se  par- 
tagent l'univers  des  noms  bizarres  plus  ou  moins  conven- 
tionnels; mais,  parmi  ces  noms,  nous  avons  cru  pouvoir  re- 
connaître le  roi  de  France  sous  le  nom  de  Dagobcrt,  le  roi 
d'Angleterre  sous  celui  d'Audouart  ou  d'Edouard,  le  roi  des 
Romains  ou  l'empereur  d'Allemagne  sous  celui  de  Loricart. 
Un  exemple  analogue  donné  par  saint  Vincent  Ferrer  0)  nous 
autorise  à  Caire  un  pas  de  plus  dans  cette  voie,  et  à  chercher 
sous  ces  pseudonymes  les  princes  qui  régnaient  réellement 
en  Europe  au  moment  de  la  composition  du  Mystère,  de 


cessé.  La  seconde  est  encore  en  altenle  par  l'abandonnement  de  tout  le 
moiiile  du  siège  de  Rome,  en  la  puissance  dnquel  i'Kmpire  temporel  a  esté 
changé.  C'eut  pourquoi  l'une  et  l'autre  révolte  est  uécessaire  alin  que 
l'Anle^Christ  vienne.  Il  n'csl  pas  besoin  que  nous  ayons  recours  à  culte  dia- 
tinclion,  parce  que  l'I^mpire  romain  dure  encore  en  Allemagne  et  le  nom 
et  la  succession  des  empereurs  romains.  Car  quand  l'Empire  romain  a 
manquii  en  Occident,  il  est  demeuré  en  Orient.  Et  de  recher  quand  l'Em- 
pire a  esté  détruit  en  Orient  par  les  Turcs,  il  a  esté  remis  en  Oi:<:ident  par 
Charlemagtie,  Roy  de  France,  lequel,  par  une  grande  providence  de  Dieu, 
Tut  éleu  par  Léon  111,  souverain  pontife  de  Rome,  empereur  des  Romains, 
auquel  ont  succédé  les  Empereurs  en  Allemagne  n.  —  Pour  le  iviii"  sièule, 
voici  doin  Calmet  ICommenlairea  sur  la  II'  Epilre  de  saint  Paul  aux 
TheasaloniciensJ.  qui  répète  les  mêmes  idées,  etc.,  etc. 

(1]  Saint  Vincent  Ferrer  donne  à  la  Tois  les  pseudonymes  el  leur  expli- 
cation. H  compare,  en  1412,  le  pape  AleMndre  V  a  l'idole  que  lit  litbri- 
quer  Nabuchodonosor  et  s'eiprime  ainsi  :  «  lllud  omnes  gentes  christiani- 
tatis  adoraverunt,  exceptis,  juxta  inlerprelaliones,  Sydracli,  id  est  regnum 
Castellie,  quia  decori  homines.  Mysack,  id  est  regnum  Scolise.  quia  isli 
sunt  laeli  facie,  Abilenago,  id  est  regnum  Arngonum,  quia  lacenles  sunt,  id 
est  non  hilares  facie,  îmmo  gentes  irai»  ut  illi  qui  retinent  iniquitates  in 
corde,  el  non  audent  eas  manilestarc,  sed  pressî  triscilia  lacent.  Quic  quî- 
dem  régna  non  adoiaverunt  idolum  Pisis  factum,  etc.  ■  Ms.  in  iiibliolh. 
Casanalensi,  1[.  Vil,  p.  30,  cité  par  H.  l'abbé  SalembJer  dans  aa  Ihése,  l'a- 
trui  (U  Atliaeo,  p.  HO. 


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—  33  — 

même  d'ailleurs  que  le  Ludui  de  Antiehritto  désignait,  lui 
aussi,  sans  les  nommer,  l'empereur  Frédéric  Barberousse  et 
les  autres  [irinces  contemporains.  Malgré  leur  variété  appa- 
rente, ces  procédés  reviennent  au  mûrae,  et  l'auteur  du  Jour 
du  Jugement  est  d'ailleurs  plus  précis  lorsque,  par  une  heu- 
reuse inconséquence,  oubliant  ces  noms  de  convention,  il 
nous  montre  les  chevaliers  de  l'Antéchrist  s'cxhortant  entre 
eux  à  poursuivre  et  arrêter  le  pape  au  nom  de  l'Empergur  : 


<  L'Empereur  »  tout  court  désigne,  sons  équivoque  possible, 
l'empereur  d'Allemagne,  lequel  s'est  mis  d'accord  avec  les 
rois  (l'Angleterre  et  le  roi  de  France  pour  persécuter  le 
pape,  et  lemotaja»  indique  que  cet  accord  ou  cette  coali- 
tion de  princes,  qui  est  la  condition  essentielle  de  la  pièce, 
est  toute  récente. 

Mais  il  a  été  établi  d'autre  part  que  ce  mystère  était  cer- 
tainement composé  avant  la  Semaine  sainte,  en  admettant 
m6me  qu'il  n'ait  pas  été  représenté  le  vendredi  saint, 
comme  nous  l'avons  conjecturé.  Dès  lors  le  champ  dos  hy- 
pothèses est  singulièrement  restreint.  En  sacrillant  même 
l'une  ou  l'autre  des  conditions  accessoires  énumérées  plus 
liaul,  le  problème  ne  comporte  ou  ne  semble  plus  comporter 
que  quatre  solutions,  le  mystère  ne  peut  se  placer  que  dans 
le  temps  pascal  des  années  1^91, 13!)6,  i;i98,  1415,  nouveau 
style.  Et  les  deux  premières  solutions  ne  méritent  même 
pas  d'être  discutées,  et  ne  sont  signalées  que  pour  éviter 
toute  contestation. 

(  La  nuit  de  Noël  1390,  dit  le  Religieux  de  Saint-Dunys, 
les  vents  se  déchaînèrent  des  quatre  points  cardinaux  avec 
une  violence  jusqu'alors  sans  exemple.  Itcaucoup  de  gens 
en  furent  effrayés  et  crurent  que  l'arrivée  dernière  du  Fils 
de  l'Homme  était  proche  et  que  le  monde  allait  s'anéantir (l\i> 

[i)  Le  ReligUux  de  Saint-Denyt,  (otne  I,  p.  G99. 

3 

D,g,t7cdb;/GOOgIC 


-34- 

D'autre  part,  tes  alliance»  entre  le  roi  des  Romains  Wen- 
ceslas,  d  le  roi  de  France  Charles  VI  ont  été  renouvelées  à 
Heidelberg  le  29  octobre  1390(1).  Qu'importe  pour  la  date 
de  notre  mystère  si  ce  traité,  ignoré  ou  oublié  par  le  Reli- 
gieux de  Saint-Denys,  secret  des  cours  et  des  archives,  re- 
trouvé seulement  de  nos  jours  par  les  historiens  modernes, 
ne  contient  que  des  stipulations  politiques,  si  la  questioD 
religieuse,  qui  est  l'essentiel,  reste  entière,  et  si  les  deux 
princes,  qui  continuent  de  soutenir  chacun  leur  pape, 
manquent  d'entrer  en  guen-e  en  1391,  lorsque  Charles  VI 
veut  ramener  avec  ses  troupes  le  pape  d'Avignon,  Clé- 
ment VII,  à  Rome?  La  même  raison  suffit  pour  écarter  le 
temps  pascal  de  1396,  même  après  la  célèbre  ambassade  des 
ducs  à  Avignon,  qui  sera  rappelée  plus  loin,  même  après  la 
conclusion  à  Paris  d'un  nouveau  traité  de  Charles  VI  avec 
Wenceslas,  le  28  août  1395(2),  En  réalité,  si  la  condition 
essentielle  de  ce  mystère,  c'est  l'accord  absolu  et  tout  récent 
de  l'Allemagne  et  de  la  France  sur  la  question  de  la  pa- 
pauté, il  ne  peut  s'agir  que  du  pape  Benoit  XIII  pendant  la 
semaine  de  1  au  7  avril  1398  (nouveau  style)  ou  du  pape 
Jean  XXIII  pendant  la  semaine  du  24  au  31  mars  1415  (nou- 
veau style).  Il  ne  s'agit  plus  que  de  choisir  et  d'exposer  les 
faits  le  plus  minutieusement  possible,  afm  de  supprimer 
tous  les  doutes,  et  d'écarter  l'idée  de  nouvelles  recherches, 
sans  qu'on  soit  cbligé  pour  cela  de  relater  les  moindres  in- 
cidents du  grand  schisme,  tes  allées  et  venues  des  ambas- 
sadeurs, les  démarches  des  princes,  les  conseils  ou  les  as- 
semblées des  cours,  des  évéques  et  des  Universités  de 
France,  d'Angleterre  et  d'Allemagne. 

Allons  d'abord  à  la   solution  extrême,  soit  au  temps  pas- 
cal de  1415(3)  (nouveau  style).  Dès  le  début,  nous  consta- 

l'I)  E.  Jahuï,  La  Vie  politique  de  Louis  de  France,  due  d'Orléans 
(Paris,  Picard,  188U,  p.  102). 

(2)  ID  ,  Ibid.,  p.  194. 

(3)  Pâques  est  le  3t  mars. 


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tons  que  ni  le  temps  ni  l'année  ne  remplissent  la  plupart 
des  conditions  spécifiées.  Depuis  des  années,  les  météores 
notés  de  loin  en  loin  par  le  Religieux  de  Saint-Denys  ne 
peuvent  plus  présager  les  grandes  guerres,  par  la  bonne 
raison  que  la  guerre  est  partout  et  qu'elle  ne  cesse  pas, 
guerre  des  Français  avec  l'Angleterre,  guerre  atroce  des  Ar- 
magnacs et  des  Bourguignons.  Dans  la  Saintonge,  la  Nor- 
mandie, l'Ile-de-France,  la  Champagne,  la  Picardie,  dans 
la  région  même  de  noire  mystère,  les  sièges  se  succèdent, 
les  villes  ou  villages  flambent  l'un  après  l'autre,  et  même 
après  la  conclusion  des  trêves  avec  l'Angleterre  et  plus  tard 
de  la  paix  d'Arras  (4  sep.  1414},  les  routiers  bretons,  gas- 
cons et  bourguignons  continuent  à  dévaster  ces  provinces 
ravagées  (t).  Mais,  d'autre  part,  les  présages  ou  prédictions 
sinistres  ne  chôment  past3].  Le  Religieux  de  Saint-Denys 
consacre  tout  un  chapitre  à  noter  les  tempêtes  et  inondations 
de  l'hiver  de  1414-14150).  A  peine  a-t-on  célébré,  dans  les 
fêtes  et  les  tournois,  la  venue  des  ambassadeurs  anglais  (fé- 
vrier 1415)  1*),  que,  dès  le  mois  d'avril,  i  la  renommée  plus 
rapide  que  le  vent  >  (5)  rapporte  déjà  que  Henri  V  d'Angle- 
terre réunit  partout  des  soldats  et  des  vaisseaux  hollandais, 
flamands,  gallois  et  portugais  Cj.  Pendant  trois  mois,  jus- 
qu'en août  14150,  il  va  amuser  la  France  par  de  vaines 
négociations  et  préparer  la  grande  invasion  d'Azincourt. 
Dans  ce  désastre    même,  le  Religieux  de  Saint-Denys  voit 


(1)  Le  Reliijieux  de  Saint-Denyï,  t.  V.  p.  449. 
iSj  Ibid.,  p.  445. 
^  Ibid.,  p.  470. 
(4)7bid.,p.  409. 
(5j  Ibid.,  p.  499. 

(6)  RvitER,  tome  IV,  part.  I,  p.  109.  (Le  Irailé  pour  l'achat  des  vj 
de  Hollande  est  du  18  mars  HIS.)  Les  préparatifs  se  suwèdent  jusqu'il  la 
pa  lie  146. 

(7)  Sa  dernière  lettre»  Charles  VI  est  du  5  août  1415.  (Chronique  d'Eii- 
gugrran  dtf  M«natrelet,  éd.  DooSt  d'Arcq,  I.  III,  p.  81).  Il  débarque  en 
France  le  1*  août  entre  Harlleur  et  HonHeur. 


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-36- 
une  punition  du  ciel  ;  il  déplore,  il  flétrit  la  corruption  gé- 
nérale de  toutes  les  classer  de  i'Etat,  et  pour  caractériser 
cette  corruption,  il  emploie  la  citation  même  du  Psaume 
de  David  qui  sert  de  conclusion  au  sermon  de  notre  mys- 
tère ()).  Il  est  vrai  que  ce  réquisitoire  et  cetle  citation  ont 
déjà  pu  et  pourront  encore  souvent  servir. 

D'autre  part,  au  commencement  de  l'année  1415,  les  rela- 
tions de  la  France  avec  l'Allemagne  sont  bonnes  ou  au 
moins  passables.  Le  9  octobre  1413,  Charles  VI  a  reçu  les 
ambassadeurs  de  l'empereur  d'Allemagne  Sigismond  et  il  a 
accepté,  avec  des  réticences,  il  est  vrai,  et  des  restrictions 
polies,  mais  enfin  il  a  accepté  son  invitation  au  concile  de 
Constance  (2),  et  c'est  un  prince  allemand,  Louis  le  Barbu  de 
Bavière,  le  frère  d'Ysai)eau,  qui  sera  le  représentant  duroi  de 
France  à  ce  concile.  A  la  fm  de  juin  1414,  des  messagers  so- 
lennels du  roi  de  France  sont  encore  venus  trouver  l'empe- 
reur Sigismond  à  Tnno,  dans  le  Tyrol(3)|  pour  lui  deman- 
der assurance  au  nom  de  leur  maître  contre  le  duc  de 
Bourgogne,  inféodé  à  l'Angleterre.  On  connaît  d'ailleurs  les 
discussions  violentes,  tragi  comiques  du  concile  de  Cons- 
tance qui,  dès  les  premiers  jours,  se  montra  fort  hostile  au 
pope  Jean  XXIIL  L'opposition  redoubla  d'efforts  après  l'arri- 
vée de  l'empereur  Sigismond,  la  veille  de  la  Noël  1414,  et 
obligea  le  pape  à  liresolennelleriient  au  pied  des  autels  une 
formule  d'abdication  conditionnelle.  On  exigea  même  da- 
vantage, on  voulut  le  contraindre  h  nommer  des  procureurs 
qui  auraient  pleins  pouvoirs  d'abdiquer  à  sa  place,  à  leur 

(1)  Le  Raligieux  de  SainC-Denyt.  I.  V,  p.  578.  Que  vicia  atlente  con- 
sidérantes, cum  ipsis  nichil  mncti  vel  eqiii,  nihil  peiisi,  nihii  hoocsli  cure 
sit,  possunt  dicere  cum  elhereo  cytharisia  :  «  QmiirïS  vere  declinavimus  si- 
mul,  inutiles  facti  sumus;  non  est  qui  Taciat  bnnum,  Don   est   usqiie  ad 

(2)  Ibidem,  V,  205  et  sq. 

(i)  Alfred  Lehoux,  Nouvelles  recherehet  critiquas  tiir  Ua  Relaliont 
polUiquei  de  la  France  avec  l'Allemagne  de  iSlSà  i46l  (Paris,  Bouil- 
lon. 160S),  p.  143. 


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—  37  - 

heure,  et»  sur  son  refus,  il  fiit  étroitement  gardé  de  jour  et 
de  nuit  ;  il  était  pris.  Le  19  mars  1415  (nouveau  style),  il  s'é- 
chappa sous  un  di-^uiseraent  et  se  réfugia  d'abord  à  Schaf- 
fouse,  sous  prétexte  de  ■  changer  d'air  »  ;  puis,  devant  les 
rappels  pressants  du  concile,  plus  loin  à  Laufenberg,  à  Fri- 
bourg,  h  Brisach,  à  Neuenbourg.  Mais  en  vain  il  annule 
devant  notaires  sa  promesse  d'abdication  arrachée  par  la 
force  ;  en  vain  il  écrit  à  tous  les  princes  chrétiens,  et  il  at- 
tend les  troupes  que  le  duc  de  Bourgogne  Jean  sans  Peur, 
doit  lui  envoyer  pour  le  tirer  d'Allemagne  et  l'installer  à 
Avignon.  Après  quelques  semaines  de  courses  errantes,  il 
est  enfin  trahi  par  son  hôle,  le  duc  Frédéric  d'Autriche, 
abandonné  par  ses  cardinaux,  arrêté  le  10  mai  &  Fribourg 
par  les  chevaliers  du  burgrave  de  Nuremberg,  à  la  solde  de 
l'empereur,  interrogé  par  l'archevêque  de  Riga  et  celui  de 
Besançon,  Thibaud  de  Rougemont,  ramené  de  force  au  con- 
cile, déposé  solennellement  le  29  mai,  et  étroitement  empri- 
sonné (1).  Peut-être  n'élait-il  pas  difficile  de  prédire  une 
partie  de  ces  événements  avant  le  mois  de  mars  1415,  puis- 
que le  pape  les  avait  prévus  lui-même,  et  qu'il  ne  s'était 
rendu  au  concile  que  malgré  lui,  avec  les  plus  graves  ap- 
préhensions, qui  n'étaitnt  pas  diminuées,  au  contraire,  par 
les  lettres  menaçantes  qu'il  recevait  de  Pierre  d'Ailly  W. 
Lorsque,  après  avoir  versé  dans  la  neige,  sa  voiture  arriva 
sur  le  plateau  des  Alpes  et  qu'il  vit  briller  dans  la  vallée  le 
lac  et  la  vil  le  de  Constance  :  •  Voilà,  se  serait-il  écrié,  le  piège 
où  l'on  prend  les  renards  I  > 

D'autre  part,  si  décrié  qu'il  fût  dans  l'Université  de  Paris 
et  dans  le  clergé  français,  le  malheureux  pape  avait  bien  en- 
core des  partisans  en  France.  Les  conseillers  du  roi 
Charles  VI  ne  pensaient  pas  que  le  concile  irait  si  loin  ;  ils 


[D  Von  dec  Hardt,  lome  IV.  p.  IKJ  et  sq. 

[t]  Voir  ces  leUreu  recueillie»   dans   les  Œuvres  de  Genon,  éd.   Ellie» 
[lupin,  II,  877  et  sq. 


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accueillirent  fort  mal  les  dépotas  qui  vinrent  annoncer  la  dé- 
position violente  du  pape  et  les  firent  jeter  en  prison '1).  De 
son  côté,  le  duc  de  Bourgogne,  Jean  sans  Peur,  qui  comp- 
tait sur  Jean  XXIII  pour  faire  casser  la  condamnation  des 
doctrines  de  Jean  Petit,  conspira  ouvertement  avec  Fré- 
déric d'Autriche  pour  ménager  l'évasion  du  pape  et  son 
retour  en  France,  et  il  ne  l'abandonna  que  lorsqu'il  le  vit 
définitivenient  perdu  W.  On  pouvait  donc  prédire  en  partie, 
répétons-le,  au  mois  de  mars  i4i5,  le  triste  sort  réservé  k 
Jean  XXIII.  Mais  si  l'auteur  de  notre  mystère  y  avait  songé, 
il  aurait  procédé  tout  autrement.  L'empereur,  qui  a  imposé 
sa  volonté  au  pape,  qui  lui  a  arraché  la  convocation  du  con- 
cile, et  qui  n'a  cessé  de  le  poursuivre  de  son  hostilité,  cet 
empereur  aurait  reçu  ici  un  rôle  plus  marqué.  Il  est  l'artisan 
et  l'auteur  responsable  de  la  déposition  du  pape  :  on  ne  l'au- 
rait pas  représenté  comme  un  simple  complice,  inespéré,  el 
tout  récent,  t  En  cest  an  avoit  esté  pris  et  mené  en  prison 
en  la  duchié  de  Bavière  le  cardinal  de  Etoulogne,  nommé  le 
pape  Jean.  Et  le  print  le  roy  des  Roumains,  empereur  en 
Alemaigne,  pour  plusieui's  crimes  et  articles  qu'on  lui  mec- 
toit  sur  (3).  »  Voilà  comment  parlaient  les  contemporains,  et 
comment  aurait  parlé,  le  cas  échéant,  l'auteur  de  ce  mystère. 
Mais  toutes  ces  fausses  analogies  se  dissipent,  toutes  les  dif- 
cultes  s'expliquent,  toutes  les  conditions  spécifiées  précé- 
demment sont  réunies  et  remplies  si  l'on  admet,  et  il  faut 
bien  l'admettre,  que  le  Jour  du  Jtigemetit  est  antérieur  de 
dix-sept  ans,  qu'il  ne  convient  qu'au  seul  Benoît  Xlll,  et  qu'il 

(t)  Le  Religieux  de  Saini-Denyê,  V,  G99. 

[3)  II  rut  accusé  Jans  le  concile  mi^me  d'avoir  conspiré  avec  ledac  d'Au- 
triche, le  Dauphin  de  France  et  le  comte  de  Savoie  imur  faire  arrêter  ou 
assassiner  l'empereur  à  son  passage  par  ta  Bourgogne  ou  la  Savoie,  el  il 
s'en  déreiidil  asseï  mal  dans  ses  lettres  lues  à  la  session  du  4  juin  1415 
(Gerson,  éd.  Ellies  IJupin,  t.  V,  p.  3^7,  Si8|. 

(3)  Chronique  d'Enguerran  de  Monitrelet,  éd.  Douèt  d'Arq,  t.  III, 
cbap.  CIXXi,p.  50.  Le  passage  de  Monstrelet  se  retrouve  copié  daDS  la 
Chron.  de  Jean  le  Féore,  éd.  Morand,  1,  50. 


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a  été  représenté  dans  la  joaraée  da  vendredi  saint,  le  5  avr'A 
1397  (1398,  nouveau  style),  après  l'oOlce  du  matin. 

Tout  d'alMrd,  pendant  les  dernières  années  du  xiv*  siècle, 
la  France  jouit  en  paix  d'une  grande  prospérité,  Elle  avait  ra- 
pidement réparé  les  dommages  subis  pendant  la  longue  lutte 
avec  l'Angleteire,  et  malgré  les  impôts  excessifs  et  les  aides 
extraordinaires,  levés  à  l'occasion  du  mariage  de  Madame 
Ysabeau,  fille  du  Roy,  avec  Richard  II,  le  roi  d'Angleterre,  le 
luxe  était  général.  Ecoutons  plutét  Juvénat  des  Ursins  l^): 
■  Or  estoieot  les  tresves  fermées  entre  les  deux  pays  de 
France  et  d'Angleterre  et  alloit-on  de  l'un  à  l'autre  qui  vou- 
loit.  Et  pour  lors  faisolt-on  grandes  chères  et  esbatemens 
comme  joustes,  disners  et  soupers,  et  estoit  toute  abon- 
dance d'or  et  d'argent.  Et  regnoient  en  France  merveil- 
leuses pompes  tant  en  vestures  et  habillemens,  que  cbaisnes 
d'or  et  d'argent.  *  Les  mystères  ont  dû  profiter  de  c  ces  mer- 
veilleuses >  pompes  aussi  bien  que  les  tournois  et  autres 


La  date  proposée  s'explique  de  même  fort  bien  par  la  situa- 
tion qui  était  faite  aux  Juifs  français.  Le  roi  Charles  VI  les  avait 
bien  bannis  de  son  royaume  par  lettres  patentes  du  17  sep- 
tembre 1394,  mais  il  leur  avait  laissé  quelque  répit  pour  régler 
leurs  afTaiies,  et  la  rentrée  de  leurs  créances  avait  traîné  en 
longueurC^J.  C'est  le  30  janvier  1397(3)  seulement  que  le  roi 
renouvelle  la  sentence  d'expulsion  et  ordonne  que  toutes  les 
obligations  passées  par  des  chrétiens  au  profit  des  Juifs  soient 
retirées,  déchirées  et  brûlées.  C'est  alors  que  les  Juifs  pren- 
nent défmitivement  le  chemin  de  l'exil  et  se  réfugient  pour  la 
plupart  à  Avignon,  «  dessous  les  clés  du  pape  «,  comme  dit 
Froissart.  La  violence  avec  laquelle  le  Religieux  de  Saint-De- 


(1)  Edition  Michaud  et  Poujoulat,  p. 402,  année  1395  el 

(3)  Sur  la  situalion  des  Juifs  plauës  dans  cet  intervalle  sous  une  sorte  de 

séquestre,  voir  Bédarride,  L»i  Juifs  ta  France,  ta  Italie  et  en  Etpagae, 

p.  2%. 
(3)  Ordonaance»,  ViU,  181. 


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—  40  — 

nys(il,  d'ordinaire  plus  discret,  justifie  toutes  ces  mesures, 
explique  les  termes  de  ce  mystère  qui  a  suivi  de  près  l'arrêt 
définitif  d'expulsion,  et  l'explosion  de  la  colère  populaire.  Et 
les  mômes  faits  nous  expliquent  encore  une  singularité  bien 
curieuse  dans  l'iiistoire  d'un  mystère  contemporain  qui  aété 
précédemment  signalé,  delà  Passion  qui  fut  représentée  avec 
la  Résurreclion  à  Vienne,  pendant  les  fêtes  de  la  Pentecôte 
le  6  juin  14()0.  La  dépense  totale  de  la  représentation  qui 
s'éleva  à  près  de  125  florins  •  fut  couverte  en  patlie  par  des 
dons  volontaires  de  Viennois,  au  milieu  desquels  on  renccailre 
deux  Juifs  »,  Savarin  et  Peyret  Levy  W.  Leur  souscription  était 
évidemment  destinée  soit  h  payer  In  tolérance  plus  ou  moins 
précaire  dont  ils  jouissaient,  malgré  l'édil  royal,  soit  h  inspirer 
au  poète  qui  devait  nécessairement  introduire  des  rôles  de  Juifs 
dans  cette  Pastion,  une  modération  de  langage  que  l'auteur 
du  Jour  du  Jwgemetit  n'a  pas  gardée. 

Mais  représentons-nous  surtout  quels  furent  les  sentiments 
de  la  France  à  l'égard  de  la  papaulé,  durant  les  années  du 
grand  schisme  qui  précédèrent  immédiatement  la  soustrac- 
tion d'obédience  du  28  juillet  1398,  Après  de  longues  tergi- 
versations, le  gouvernement  français  a  fini  par  se  rallier  au 
projet  de  l'Université  de  Paris;  il  veut  obtenir  t  la  cession  > 
ou  la  démission  simultanée  des  deux  papes  de  Rome  et  d'Avi- 
gnon, de  Boniface  IX  et  de  Benoit  XIH,  et  il  commence  par 
agir  auprès  de  Benoît  XIII,  le  pape  d'Avignon,  le  seul  qu'il 
tient  pour  légitime.  Les  cardinaux  qui  avaient  élu  Benoit  XIII, 
et  Benoit  XIII  lui-même,  avaient  signé  avant  le  conclave  une 
déclaration  aux  termes  de  laquelle  le  pape  élu ,  quel  qu'il  fftt, 
devait  abdiquer  dès  que  le  bien  de  l'Eglise  l'exigerait.  Be- 
noit XIII  élu  sous  celle  condition  s'était  d'at>ord  montré  tout 
disposé  k  la  remplir.  Il  dépouillerait  sa  dignité  «aussi  facile- 


(1j  Le  Reti'jie\ix de  Sam/-Derty«,U,118,  Ml). 

{'i)  Le  Myilère  des  trois  Domis,  écl.i'.  H.  Giranl  et  N.  Chevalier (tnirod., 
p.  cvj  et  879)  ;  •  l'e'jrelas  Lei'ij  Judeus  et  Savarinus  jitileus.  » 


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-«  - 

ment  que  celle  chape  >  avait-il  dit  en  recevant  les  envoyés 
français  dans  sa  sacristie.  Mais  depuis,  sa  conscience  s'élnit 
sincèrement  alarmée,  il  était  pris  de  scrupules,  il  demandait 
îi  réfléchir  Ses  cardinaux  avaient  déjà  réfléchi  pour  lui.  Lors- 
qu'en  maH395,  lesducs  de  Berry,  de  Bourgogne  et  d'Orléans 
'vinrent  solennellement  à  Avignon  exiger  ■  la  cession  •  du 
pape,  ils  n'obtinrent  rien  de  lui,  rien,  ni  par  prières,  ni  par 
menaces,  mais  la  majorité  du  Sacré  Collège  s'engagea  de  nou- 
veau par  écrit  à  accepter  cette  cession,  si  elle  se  faisait,  et  re- 
mit aux  ducs  une  belle  cédule.  Sauf  quelques  lldèle.'i  irréduc- 
tibles, commelescardinauxdePampeluneet  deTarazona,  les 
autres  avaient  pris  leur  parti,  ils  préféraient,  pour  répéter  une 
malice  de  Froissart,  •  être  confesseurs  que  martyrs  ■,  c'est- 
à-dire  privés  par  Cliarles  Vf  de  leurs  revenus  et  bénéfices  en 
France  (1).  Dès  le  moisdemail395  on  pouvait  donc  prévoira 
coup  sûr  la  défection  du  Sacré  Collège  d'Avignon,  telle  qu'elle 
devait  se  réaliser  exactement  en  septembre  1398  (2).  Par  suite, 
les  cardinaux  qui,  dans  le  mystère  du  Jour  du  Jugement  se 
soumettent  à  l'Antéchrist  ne  sont  pas  ces  cardinaux  quelcon- 
ques qui  figurent  dans  tous  les  commentaires  de  l'Apoca- 
lypse (3),  ces  lumières  de  l'Eglise  ou  cc-s  étoiles  que  le  dra- 


(1)  Froissarl,  6d.  Kcrv^n  de  Uttenhove,  l.  IX,  p.  50  avril  1378),  el  \\l, 
p.  133  (sept.  inuS):  «  Bi>aiis  seigneurs,  dit  le  cunliiiiil  il'Ainicns,  vmilluiis 
ou  non,  il  nous  conviendra  ohévr  un  roy  île  t'i'niice. ..  :  il  nciiis  m»Mi1c  que 
nous  obéirons  oii   il  nous   clorra    le  huis  de  nos  l>éu(''lii.'es,  sans  li'MqiioU 

(3)  Le  Religieux  de  Saial-Denijs,  II,  (ut. 

{3)  Apocalypte,  xil,  1  :  o  El  cauila  ejus  trahMiat  p:irli'm  sU-llanim  ra-li 
et  misit  eas  in  IciTsin.  •  —  L'explicalinii  1res  nncleiino  île  i-e  luissagi^  est 
donnéeparU.  DK%Mti-!-hvoiti,de  Antiekrinlo,  Il  parl.K.  ciip.vit, p.  l:i.'il, 
\VSâ  :  II...  Cauda  sua  drai.'o  stellaruin  ceofesia;  niiiJliludinein  ail  se  hviliel, 
inteiTainquemiUel...>«  $lellaseiilni,iiiquit  GregoriiiH;jlbivIiii»i,XXMI, 
cap  XIV,  Pair.  Mi;;nc,LXXVI,  col.  732j,iii  terratn  cixlero  eut.  dorcliela  non 
nttllos  spo  ciielosliurn  ad  ambilum  elorisc  scciilaris  inhi.irc,  eti-.  ■  —  On 
retrouve  le  ini)me coiiimen taire  dans  les  sermons  de  siiint  Yinri>nt  Fcner, 
dans  saint  Anionin  de  rioreui'C  [Summa  Iheolog.,  IV'  jiart.,  tît.  xiri,  cap. 
tv),  dans  Vicgasel  pnjsquetous  les  commentateurs  de  r.\pocaJy|>sc. 


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-4a- 

gon  doit  balayer  de  sa  queue  et  précipiter  du  ciel  daasla  fange 
ou  dans  la  passion  des  biens  matériels.  C'est  le  Sacré  Collège 
réel  de  1397,  dont  chacun  escompte  la  rébellion,  et  dont  les 
serments  et  les  déclarations  signées  ont  été  immédiatement 
répandues  et  reproduites  k  tant  d'exemplaires,  qu'on  eu  re- 
trouve encore  aujourd'hui  des  copies  contemporaines  dans' 
bien  des  bibliothèques,  surtout  du  Nord-Est  de  la  France  i^). 

D'autre  part,  dès  1395,  les  adversaires  du  Pape  sont  déci- 
dés à  tout.  Si  la  vote  de  cession  ne  sufTit  pas,  on  emploiera 
*  la  voie  de  iait  ,  on  emprisonnera  ou  déposera  par  la  force 
ce  i>ape  obstiné,  les  docteurs  de  l'Université  de  Paris  le  ré- 
pètent sur  tous  les  tons,  c'est  un  droit  et  un  devoir,  et  ils  ont 
assez  de  crédit  pour  faire  emprisonner  à  Avignon  même  «  un 
infôme  Jacobin  (2)  >  qui  soutient  le  contraire.  Pendant  deux 
ans,  malgré  l'opposition  de  Gerson  (3),  l'Université  de  Paris 
va  répondre  aux  bulles  de  Benoit  XKl  par  des  protestations 
de  plus  en  plus  violentes  (*\  o(i  il  n'est  plus  question  que  de 
papes  déposés  au  temps  jadis  :  Benoit  V,  au  concile  de  Rome, 
en  964,  à  la  poursuite  de  l'empereur  Otton  I,  Benoit  VI  intro- 
nisé en  972  et  peu  après  emprisonné  et  étranglé,  Benoit  IX 
chassé  par  les  Romains  en  1044.  Us  s'appellent  tous  Benoit. 

La  lutte  n'est  pas  moins  vive  hors  de  Paris,  dans  la  région 
même  à  laquelle  appartient  notre  mystère,  c'est-à-dire  dans 
la  province  ecdènaslique  de  Reims.  A  quelques  pas  de  Reims 
même,  sur  la  montagne  de  Saint-Lyé,  un  ermite  fanatique 
que  nous  avons  déjà  rencontré,  Jean  de  Varennes  i^)  soulève 


(1)  Eiemiile  à  I»  Bibl.  de  Cambrai  {Cal.  des  tnan.  de»  Départ,,  XVll, 
p.  385,  n'Oifl):  ■  Juramentutn  qiiod  fuceruiit  canliiialeï  uurie  Avinioiiensis 
ante  electîonem  Dcn«clicti  Xllt.  •  Ces  serments  se  retrouvent  ailleurs  avec 
d'autres  pièces  analogues. 

(2;  Le  Religieux  de  Sainl-Denya,  l.  Il-,  p.  208,  305-  -  Cf.  C/irono- 
graphia  Regum,  éd.  Moranvillé,  I.  IM,  p.  127. 

(ij  Gehson,  t.  Il,  p.  13  et  sq.  Voir  ses  discours. 

(1)  iJui.AEUs  (Eg.  du  lioulay),  Biuoria  VniveniiatK  ParinentU,  t.  IV, 
p.  80Q,  809  et  surtout  831. 

(5)  Sur  ce  Jean  de  Varennes,  auquel  j'espère  consacrer  prochainement 


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les  populations  et  prêche  la  rébellion  contre  le  pape  Be* 
nolt  XIII  avec  tant  de  violence  que  l'archevêque  de  Reims, 
Guy  de  Roye,  est  obligé  de  le  faire  arrêter  et  emprisonner, 
malgré  ses  hautes  relalions,  et  d'instruire  son  procès. 

Ces  violences  ne  laissaient  pas  que  d'effrayer  les  défen- 
seurs de  la  papauté,  et  l'on  trouve  un  curieux  témoignage  de 
leurs  sentiments  et  pressentiments  dans  la  Chronique  du 
Religieux  de  Saint-Denys.  Il  s'agit  d'un  météore  curieux, 
maintes  fois  observé  et  décrit  soua  le  nom  d'  «  arni  >  par 
Grégoire  le  Grand  W,  par  Guillaume  d'Auvergne,  Etienne  de 
Bourbon,  Guillaume  de  Nangis  et  sans  doute  par  bien  d'au- 
tres, mais  qui  excite  toujours  la  terreur.  Le  passage  de  la 
Chronique  de  Saint-Denys,  confirmé  par  lu  Chronique  ma- 

une  étude  spéciale,  voir  ses  lettre»  elson  procès  recueillis  dans  les  Œuvres 
de  GerMi),  t.  11.  8i2  et  sq.  et  t.  I,  005  et  sq.  :  en  piirticulier  p.  9\i.  s  Pu- 
bliée praeilicarit  quad  Domino  noslro  Genedicfa  Pap^non  est  obedieadum, 
etc.  ■ 

(il  Voici  le  texte  de  Guillaume  de  Saint-Amour,  citanl  saint  Grégoire  le 
Grand,  qui  a  été  annoncé  au  début  de  cette  étude  {De  Anticbriitu,  etc., 
1  part-,  cap.  Il,  col,  1381):  ■  De  lignit  remotif  advenliie  AntirliHêti  et 
eoniummatione saeculi  .'i Qiiaedam  (signa)  et  beatus Uregoiius suis  tcrn- 
poribus  post  quingentos  Donagintaelparum  amplius  nnnosab  Incarnat  ione 
Domini  (iiitiie  tMIalur  impleta  in  libro  Dialogorum  III,  ubi  dicil  quia  bea- 
tus Martyr  Inditus  Redempto  Ferentino  episcopo  apparens,  tiina  repeti- 
lione  dixil,  finis  venit  univers^ carnia.  Mox, inquït  Greeoi'iiis,  illa  teiiibilia 
in  cœlo  signa  secilla  sunt,  ut  hasts'alque  acies  ignex  »b  Aquilonis  parl« 
viderenlur,  mon  elTera  I.ongobardorum  gens  de  vagina  sme,  habilalîonis 
educta,  in  nosiram,  iiiquil,  cervicem  grassala  est.  atque  humanum  geiius 
qiiod  in  bac  terra  prx  inultiludiiie  nimia,  quasi  spica*,  segelis  more,  sur- 
reierant,  succisiim  aruit.  Et  quid,  inquit,  in  aliis  mundi  partibus  agatur, 
ignora.  Nam  hac  in  terra,  in  qua  vivimus,  finem  suum  mundus  non  jain 
niintiat  sed  oslendit.  »  —  On  peut  voir  encore,  aujourd'hui,  un  monument 
inspiré  par  un  phénoménG  analogue.  Dans  les  miracles  de  saint  Aile,  re- 
cueillis par  des  auteurs  contemporains,  nous  apprenons  que  l'an  mil,  on 
vit  des  armées  en  feu  dans  les  airs,  et  que,  pour  détourner  les  malheurs 
que  cette  vision  pi  ésageail,  Renard,  abbé  de  Rebais,  et  Ermengarde,  abbesse 
de  Jouarre,  l'onviureiil  de  faire  une  procession  avec  leurs  commun -lut  es  et 
avec  les  reliques  de  leurs  églises.  On  a  érigé  une  croix  qui  subsiste  encore 
sous  le  nom  de  la  Croii  Saint-Aile  à  l'endroit  où  les  deui  processions  se 
rencontrèrent. 


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—  «- 

nuscrite  de  Perceval  de  CagnyC',  dite  Chronique  de»  dw» 
d'Alençon^  est  trop  curieux  pour  ne  pas  être  transcrit  en  en- 
tier. 

■  Le  Roi  et  les  principaux  seigneurs  de  )a  cour  apprirent 
par  des  personnes  dignes  de  foi  que  le  dix  juillet  (1396)  vers 
la  quatrième  heure  de  la  nuit,  on  avait  va  dans  l'évëché  de 
Maguelonne  apparaître  dans  le  ciel  certains  prodiges  jusqu'a- 
lors inotiïâ  qui  excitèrent  un  juste  tftonnement.  J'étais  pré- 
sent quand  ces  personnes  racontèrent  qu'elles  avaient  vu 
briller  dans  l'air  une  comète  d'une  grosseur  considérable, 
qui  jetait  un  éclat  extraordinaire,  et  que  cinq  autres  petits 
astres  qui  s'agitaient  autour  d'elle  avec  un  mouvement  ra- 
pide et  continu  étaient  venus  la  heurter  à  plusieurs  re- 
prises. Elles  ajoutaient  qu'après  cette  espèce  de  comt>at  dans 
lequel  ces  météores  s'étaient  entrechoqués,  puis  séparés  tour 
à  tour  pendant  plus  d'une  demi-heure,  elles  avaient  aperçu 
tout  à  coup  un  homme  de  feu,  qui,  monté  sur  un  cheval  de 
bronze  et  armé  d'une  lance  d'où  jaillissaient  des  flammes, 
avait  frappé  la  comète,  puis  avait  immédiatenient  disparu. 

»  Un  prodige  non  moins  menaçant  vint  épouvanter  les 
gens  de  guerre  qui  étaient  en  garnison  dans  les  plaines  de 
la  Guicnne.  Ils  furent  réveilles  plusieurs  fois  en  sursaut,  au 
milieu  de  la  nuit,  par  un  grand  bruit  d'armes.  Des  fantômes, 
sous  la  forme  de  cavaliers  armés,  se  livraient  bataille  dans  le 
ciel.  Les  gens  de  guerre  craignant  avec  raison  quelque  sur- 
prise couraient  chaque  fois  aux  armes.  Us  s'aperçurent  enfin 
de  ce  qui  causait  leur  frayeur;  et  comme  ils  ne  savaient  ce 
que  pouvait  présuger  un  prodige  dont  il  n'y  avait  poini  en- 
core eu  d'exemples,  ils  envoyèrent  le  tils  du  grand  maître 
des  arbalétriers  de  France  pour  en  informer  le  Roi  et  les 
grands  du  royaume. 

•  On  connut  bientôt  ces  prodiges  au  Palais  et  à  l'Univer- 


(I)  Copiiï  dans  le  loiiic  XLVIII  de  la  CoUevtion  Du  Chesne,  à  la  suite  de 
la  Fie  de  Jean  I,  duc  d'Alençon. 


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-  46  — 

site  de  Paris.  Quelques  personnages  d'un  mérite  reconnu  et 
d'un  savoir  éininenl  annoncèrent  que  le  premier  prodige 
priJtiageait  la  liépoailioti  du  pape  par  te  Roi  et  le  clergé,  le 
second,  des  guerres  et  des  massacres.  Pour  moi,  je  laisse  le 
secret  de  tous  ces  événements  surnaturels  a  celui  qui  sait 
tout,  qui  commande  nu  ciel,  à  la  terre  elà  la  mer.  J'avoue 
pourtant  que  si  l'on  consulte  l'histoire  du  passé,  on  ne  peut 
nier  que  de  pareils  prodiges  n'aient  été  presque  toujours  les 
avant-coureurs  de  quelque  grand  événement  (0.  > 

Juvénal  des  Ursiiis  (3),  qui  a  copié  et  abrégé  longtemps 
plus  tard  le  récit  du  Religieux  de  Saint-Denys,  supprime  après 
coup  la  déposition  du  pape,  et  ne  voit  plus  dans  ces  phéno- 
mènes que  la  prédiction  du  désastre  de  Nicupolis.  Mais  les 
contemporains  ne  pensaient  pas  de  mémo,  et  les  malheurs  de 
lapapautése  confondaient  pour  eux  avec  les  grandes  guerres 
qui  avaient  éclaté  au  loin  et  la  croisade  qui  se  préparait  sous 
leurs  yeux.  La  nouvelle  du  désastre  de  Nicopolis,  ari'ivée  à 
Paris  dans  la  nuit  de  Noël  1396,  avait  répandu  la  désolation 
dans  tout  le  royaume.  Une  aide  nouvelle  fut  aussitôt  imposée 
pour  les  frais  d'une  nouvelle  expédition.  Vers  le  milieu  d'oc- 
tobrel397,  le  roi  Charles  VI  reçoit  une  ambassade  de  Manuel 
Palcologue,  l'empereur  des  Grecs,  qui  presse  l'arrivée  des 
secours  ;  le  2  janvier  1308,  il  reçoit  le  message  et  les  présents 
ironiques  de  Bajazct  lui-même  (^1.  Unsouffleg  erricr  traverse 
toute  rturope,  il  laut  marcher  et  venger  Mcopolis.  C'est  à  ces 
fitits  et  aux  présages  notés  par  le  Religieux  de  Suint-Denys,  et 
à  d'autres  soigneusement  relevés  vers  le  même  temps,  dans 
la  région  même  de  notre  mystère,  et  propagés  par  l'ermite 
populaire,  Jeap  de  Varennes,  à  la  pluie  de  sang  de  Craon, 
au  crucifix  sanglant  apparu  à  Laon  i*),  c'est  à  tous  ces  signes 


(1)  Le  Religieux  de  Saint-Deniji,  II,  481  et  sq. 

(2)  Juvénal  des  UraiiiB,  éd.  Michaud  el  PoujouUt,  p,  402. 
{3)  Le  miigieux  de  Saiat-Deny«,  11,  SSJ. 

(4)  Gerson,  I,  926  iprocéa  de  Jean  de  Vareone)  :  •  Cur  aiarmaverit  it 


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-46- 

et  encore  aux  inondations  et  aux  tempêtes  de  l'hiver  -tSDfr- 
1397,  au  déchaînement  des  vents  qui  accotnpagnent  les  dis- 
cussions orageuses  de  l'Université  de  Paris  (*i,  que  doit  pen- 
ser l'auteur  de  notre  mystère  quand  il  dit  qu'avant  la  fin  du 
monde  : 

Venront  et  en  ciel  el  en  terre 

Mains  signes  laiz  en  mouveut  guerre  (v.  150). 

Pour  que  ces  menaces  se  réalisent,  pour  que  l'inOesible 
Benoit  XIII  cède,  que  faut-il  ?  L'accord  des  princes  de  l'Eu- 
rope si  longtemps  divisés  d'intérêts,  d'opinions  et  de  sym- 
pathies, comme  le  constate  encore,  en  octobre  1394,  Honoré 
Bonetdans  son  curieux  Songe  allégorique  12'.  u  [aut  surtout 
que  les  grands  Elats,  l'Angleterre  et  1'A.ilemagne  secondent 
la  politique  française  et  qu'elles  exigent  la  cession  de  leur 
pape,  du  pape  de  Rome,  Boniface  IX,  comme  la  France 
exige  la  cession  de  DenoitXllI,  le  pape  d'Avignon.  L'accord 
fut  long  à  se  réaliser.  Le  roi  d'Angleterre,  Richard  II,  céda 
le  premier.  Avant  même  qu'il  fût  devenu  le  gendre  du  roi  de 
France,  il  unissait  déjà  définitivement  se,s  efforts  aux  siens, 
malgré  l'opposition  de  l'Université  d'Oxford,  et  dès  les  pre- 
miers mois  de  1307,  il  envoyait  des  députés  agir  de  concert 
avec  la  France  et  la  Caslille,  auprès  de  Boniface  IX  et  de 
Benoit  Xlll  •?).  Quant  à  l'empcreurd'Allemagne,  Wenceslas, 
il  avait  bien  renouvelé  en  août  -1395  son  alliance  avec 
Charles  VI,  il  recevait  poliment  ses  messages  et  ses  députés, 
il  négociait  lui-même  activement  avec  le  duc  d'Orléans,  de- 
puis el  peut  être  avant  le  mois  de  novembre  1397  (*)  ;  mais 

suis  sermonibus  CruciDium  visum  Tuisse  in  t.aiiiIuno»|iluisEe  sanguinem 

|1)  Le  Religieux  de  Saint-Deny»,  II,  Ô3T  (dêbals  Je  Janvier  i'£n_. 

(!)   Sotnnium  tiiper  matma  HchmalU  retrouvé   et   commenlé  par       i 
U.  Noël  VMoialAnnuaire-BuUalinde  la  Satiélé de VHittoire  de  France, 
1800,  p.  110  à  228).  ' 

{3j  Le  Heligieux  da  Saint-Denyï,  11,  4f<l,  i'J3, 

(4)  E.  J^RHV,  La  via  politique  de  loitis  de  France,  duc  d'Orléant  (Pa- 
ris, Picard,  1889,  in-S',  p.  1W.  | 


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—  47- 
on  avait  beau  multiplier  les  présents  et  les  ambassades,  il  ne 
pouvait  se  décider  b.  rompre  avec  ce  pape  de  Rome  dont  il 
était  le  champion  depuis  sa  jeunesse  (1)  :  il  craignait  k  bon 
droit  l'opposition  de  ses  sujets,  il  appréhendait  la  colère  et 
les  menaces  de  son  vieux  conseiller,  Robert  II,  l'alatin  du 
Rhin,  A  ta  fin  de  décembre  1397,  celui-ci  le  suppliait  une 
dernière  fois  dans  une  longue  lettre  d'éluder  h  tout  prix  une 
entrevue  avec  Charles  V!,  et  s'il  ne  pouvait  absolument  l'élu- 
der, d'emmener  avec  lui  ses  clercs,  les  plus  éloquents,  ses 
juristes  les  plus  subtils  pour  maintenir  les  droits  du  pape  de 
Rome  (S).  Mais  enfin  Robert  meurt,  le  14  février  1398,  et 
Wenceslas  n'a  même  pas  attendu  cette  morl  pour  prendre 
son  parti.  Dès  le  milieu  de  février,  ses  envoyés,  Hubert  d'Au- 
tels et  Jean  d'Esconniflet,  sont  déjà  à  Paris  pour  annoncer  la 
prochaine  arrivée  de  leur  souverain  ^3).  Le  pape  Benoit  XIII 
averti  essaie  de  détourner  le  coup  qui  le  menace  et  se  iiAte 
d'écrire  à  Charles  VI  pour  lui  annoncer  de  son  côté  l'arrivée 
de  son  ambassadeur  le  plus  dévoué,  le  cardinal  de  Pampe- 
lune(^).  Mais  le  roi  mécontent  consulte  de  clergé  et  les 
principaux  seigneurs  de  France  »,  refuse  de  rer^voir  l'am- 
bassadeur annoncé,  désigne  officiellement  le  duc  d'Orléans 
pour  aller  à  la  rencontre  de  l'empereur,  et  ordonne  «  d'im- 
menses préparatifs  *  à  Reims  pour  recevoir  dignement  son 
hôte  {^).  Cependant  par  Mayence,  Cologne,  Luxembourg  et 
Vvoy-Carignan,  l'antique  voie  romaine  de  Trêves  h  Reims, 
Wenceslas  s'avançait  lentement,  au  milieu  des  populations 

(1)  Cr.  Noet  Valois.  Une  ambauade  allemande  à  ParU  en  138i  (B. 
de  l'Et^oie  des  Charles,  1893,  p.  4K).  —  BaJuie ,  VitK  Paparum  Avenio- 
neniium,  t.   I,  pp.  U9,  491, 13IM,  etc. 

(3j  Lettre  rcprodaile  par  D.  D.  Marténe  et  Durand  [Tlietaurai  notui 
aneedatorum,  l.  Il,  cl.  1172  et  1177)  et  souvent  citée. 

(3)  La  Vie  politique  de  Louii  de  France,  due  d'Orléani,  p.  30î. 

i4)  Le  Religieux  de  Sainl-Deniji,  II,  p.  573  :  ■  L'urrivée  de  ce  prélat 
STait  déjà  été  annoncée  à  ta  cour  avant  la  fêle  de  Pâques  (qui  est  le 
7  nril  1338.J  ■ 

(h)  Ibidem,  11,565. 


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—  «  — 

curieuses,  qui  se  doutaient  bien  que  l'empereur  d'Allemagnâ 
ne  voyageait  pas  en  si  grand  appareil  uniquement  pour  aller 
marier  sa  nièce,  comme  il  en  faisait  courir  le  bruit  !  Parti  de 
Paris  le  19  février,  le  duc  d'Orléans  rejoint  l'empereur  le 
5  mars,  au  pont  de  Mouzon,  et  le  ramène  en  grande  pompe 
à  Reims,  où  le  ix)i  de  France,  arrivé  le  22  mars,  le  regoit 
solennellement  le  23  mars  t'j,  avec  le  roi  de  Navarre,  le 
duc  de  Berry,  le  duc  de  Bourbon,  le  fils  du  duc  de  Bour- 
gogne, Jean  sans  Peur,  toute  la  cour  et  tout  le  clergé  de  la 
province.  On  peut  lire  dans  le  Religieux  de  Saint-Denys  et 


(1)  Le  Religieux  de  Sainl-Danyt,  L  II,  p.  51»  à  571.  -  La  dale  a  été 
conXeatie  récemnieiit.  il.  Jan  y  {La  Vie  paUtirjue  de  Louis  da  France, 
duc  d'Orléan»,  p.  2(X)).  suivi  par  M.  Moranvillé,  ëJitcur  de  la  Chronogrit- 
phia  Regum,  1. 111,  p.  167,  n.  4)  recule  cette  entrée  au  31  mars  Us  docu- 
ments alloués  par  M.  Jarry  seront  discutés  plus  loin,  mais,  jusqu'à  plus 
ample  in  formé,  il  esl  permis  <lc  maintenirladaledu  23,  telle  qu'elle  ressort 
du  récil  circonstancié  et  logique  du  lleligieui,  qui  parle  de  ce  qu'il  a  vu  et 
entendu,  t  me  audienle  ». 

Charles  VI  arrive  à  Reims  le  32  mars,  un  vendredi,  couche  au  Palais  ar- 
chiëjNiicopal,  part  le  lendemain  jusqu'à  deux  lieues  de  Reims  à  la  rencontre 
de  Weni'cslas  et  le  ramène  le  même  jour.  L'enircc  a  donc  lieu  le  samedi 
S3.  Le  lendemain,  dit  le  Rcligieui,  •  pendant  qu'on  célébrait  la  messe  du 
dimanche  de  l'Annonciation  (fêle  qui,  tombant  le  lundi  95,  a  dû  être  célé- 
brée le  dimanche  U,  »,  le»  ducs  de  Burry  et  de  Uourbon  vont  chercher 
par  déférenue  Wenccslaspour  le  grand  banquet  royal,  mnb  ils  revieniient 
scandalisés  annoncer  que  l'empereur  est  di'jà  ivre-moi'l.  Lu  roi  Cliarli:^  VI 
remet  le  banquet  au  joursuivani,  donc  le  hiudi  25,  va  encore  Iro u ver  l' Em- 
pereur après  ce  biinquet,  et  part  le  lendemain,  soit  le  3<>,  laissant  le  duc 
d'Orléans  continuer  les  négociations. 

M.  Jarry  constate  d'après  une  pièce  de  comptesquele^mars,  Wenceslas 
visite  à  Epernay  la  duchesse  d'Orléans  et  que,  le  31  n<ars,  il  scelle  à  Reims 
un  projet  de  mariage  entre  sa  nièce  et  le  iils  aine  du  duc  d'Orléans  (Douèt 
d'Arcq,  l'iùces  inédUt».  t.  I,  p.  140  à  li3(.  Il  en  conclut  que  Wenceslas 
n'a  réellement  Tait  son  entrée  à  iteims  que  le  31  mai'S  Mais  :  1°  Charles  Yl 
aurait-il  allcndu  à  Reims,  du  22  au  31  mars,  Wenceslas  qui  dès  le  5  maris 
était  à  Uoiizan,  à  quelques  lieues?  2-  Le  projet  de  maciage,  rédigé  par  un 
scril>c  ad  Mandalum  Regia  pi'ouve-t-il  sculeni<!iit  que  Wenceslas  était  â 
Reims  le  31,  et,  s'il  y  était,  n'a-l-il  pu  s'absenter  de  la  ville,  ou  aller  le 
30  mars  à  Epernay,  aprét  le  départ  de  Oiarlea  VI ,  puis  revenir  à  Reims 
avant  son  dépail  déiiniiïr  pour  l'Alletnagne!  Aucune  de  ces  pièces  ne  per- 
met de  fréter  les  dales  données  par  le  Religieux  de  Saint-Denys. 


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dans  Froissart  le  récit  de  cette  réception  qui  frappa  si  vive- 
ment l'esprit  des  contemporains  :  le  détail  des  processions, 
des  fêtes  et  des  tournois,  c  le  grand  banquet  de  quarante 
plats  «  où  par  une  exception  significative  Simon  de  Cramaud, 
patriarcite  d'Alexandrie,  le  défenseur  le  plus  zélé  de  la 
double  cession,  s'assit  h  la  table  d'honneur,  à  côté  des  rois, 
tandis  que  le  maître  du  logis,  l'archevêque  de  Iteiins,  Guy 
de  Roye,  partisan  dévoué  de  Benoit  XIII,  était  relégué  à  la 
petite  avec  les  moindres  seigneurs  :  puis  les  ripailles,  le  ca- 
rême pantagruélique  des  Allemands  auxquels  ■  convenoient 
bien  pour  leur  délivrance  tous  les  jours  qu'ils  séjournèrent 
en  la  cité  de  Rains  dix  tonneaulx  de  harengs,...  et  huit  cents 
carpe:^  sans  les  autres  poissons  11)  ■,  et  approvisionnements 
dont  l'achat  et  le  transport  durent  mettre  en  révolution  toute 
la  contrée.  Les  princes  allemands,  comblés  de  présents, 
et  l'empereur,  presque  toujours  ivre,  n'en  discutaient  (2)  pas 
moins  avec  opiniâtreté.  Mais  enfin  le  roi  de  France,  forcé,  par 
un  accès  subit  de  son  mal,  de  regagner  Paris,  obtint  avant  son 
départ  une  promesse  formelle  de  Wenceslas;  le  duc  d'Or- 
léans poursuivit  avec  lui  les  conférences  et  leva  ses  derniers 
scrupules.  Quand  les  deux  princes  se  séparèrent,  au  com- 
mencement de  la  semaine  sainte,  tous  les  détails,  voies  et 
moyens,  de  la  double  cession  étaient  réglés,  la  coalition 
contre  le  pape  Benoit  XIII  était  complète  [^),  et  le  dénoû- 
ment  allait  se  précipiter. 

(1)  F)vUiart,  éd   Kervfn  de  Lellenhovs,  t.  XVI,  p.  8i. 

(3j  Un  écho  de  ces  discussions,  oublié  par  M.  iarty,  nous  3  été  conservé 
par  du  Boulay  et  son  abrévia leur  Crevier,  UUloireilet'UniveriiUéUel'a- 
ri>,  t.  III,  p.  351.  A  l'assemblée  de  ParU  à  la  Suint-Martin  IWli,  Pieue 
Plaoul  cita  un  mot  du  duc  d'Urléans  à  Wenceslas,  qui,  pressé  d'ubun donner 
le  pape  de  Rome,  s'en  défeiidait  par  la  raison  du  seiment  qu'il  lui  avait 
prêté.  •  Uansieur  d'Ortiens  ly  dit:  Ne  estes  vous  pas  obligié  premier  et 
de  plus  grande  obligation  i  l'Eglise  et  au  Siège  apostolique  que  vous  ne 
estes  à  celuy  qui  y  siège  I  Vous  ne  pouvei  garder  le  serinent  que  vous  avet 
foit  i  l'Eglise  qu'en  j  conservant  l'unilé.  Uoncques  il  ne  faut  point  révo- 
quer eo  doute  que  vous  estes  plus  obligié  à  J.-C.  qu'à  son  vicaire,  a 

0)  Fnitaan,  éJ.  Kenya,  etc.,  XVt,  p.  SG. 

i 


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C'est  cet  événement  capital,  et  depuis  si  longtemps  es- 
compté par  les  deux  partis,  c'est  l'accession  de  l'empereur 
d'Allemagne  à  la  ligue  que  l'auteur  du  Jour  du  Jugement  a 
voulu  désigner  et  qu'il  a  relaté  sous  l'impression  toute  fraîche 
des  faits  accomplis.  Ainsi  seulement  s'expliquent  les  deux 
petits  vers  d'actualité,  qu'il  a  peut-être  ajoutés  après  coup, 
dans  son  œuvre  déjà  faite  : 

Vous  savei  tous  que  l'empereres 
Esl  ja  de  la  noslre  pirlie  (v.  1341). 

Ainsi  au  moment  même  où  Wenceslas  quittait  la  France  (t), 
on  déplorait  sor  le  théâtre,  dans  quelque  ville  de  la  province 
ecclésiastique  de  Reims,  les  conséquences  de  sa  fatale  vi- 
site. El  si  la  pièce  était  représentée  le  vendredi  saint,  celle 
coïncidence  n'était  nullement  fortuite,  au  contraire,  l^ 
France  avait  abandonné  le  vieux  pape  d'Avignon  à  ses  enne- 
mis, la  trahison  était  consommée,  les  4mes  chrétiennes 
étaient  saisies  de  douleur,  mais  dans  le  ciel  déjà  se  préparait 
la  vengeance.  Tels  étaient  bien  les  sentiments  qui  ont  inspiré 
ce  Jour  du  Jugement,  telles  étaient  les  tristesses  et  les  es- 
pérances que  les  fidèles  avaient  dû  rapporter  de  l'office  célé- 
bré, le  matin,  k  l'église,  et  que  la  représentation  dramatique 
qui  suivit  vint  ranimer  avec  une  nouvelle  force.  Ne  rappe- 
lait-il pas,  en  effet,  le  Christ  lui-même,  ce  Pape  de  notre  mys- 
tère, ■  contre  lequel  les  Princes  ont  conspiré  • ,  suivant  les 
paroles  liturgiques  t^',  que  l'on  vient,  lui  aussi,  ■  chercher 
avec  des  épées  et  des  butons  comme  un  voleur  i,  qui  est 


(1)  Wenceslas  a  dû  quiltcr  Reims  au  commencemeiil  de  la  semaine 
sainte,  »>it  dans  les  premiers  jours  d'avril  139S  (n.  s.)i  puisque  le  duc  d'Or- 
léans, qui  ne  s'était  séparé  de  lui  qu'au  dernier  moment,  a  passé  les  Jours 
«ninis  à  Saint-Pierre  eu  Chai'tres  (Oise,  canton  de  Compi^ne),  au  monns- 
lèrede  ses  bien-aimés  Céleslins,  comme  l'a  dit  U.  Jarry,  {La  Viepoti- 
tique  etc.,  p.  2M). 

(3)  Miaale  Romanum,  etc.  (Le  Vendredi  saint,  à  Ténèbres,, an  premier 
nocturne,  A.ii(ienne)  :  ■  Asiileruiit  reges  lerrae,  et  principes  c 
in  unum  adversua  Uominuin<  et  adversus  Cbrislutn  ejxs  * 


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-M  - 

traîné,  lui  aussi,  devant  le  tribunal  de  son  ennemi,  et  comme 
lui  abandonné,  livré  par  les  rois  et  par  les  cardinaux,  •  ses 
frères  >  et  ses  disciples?  N'était-il  pas  d'ailleurs,  on  l'avait 
dit  depuis  bien  longtemps,  avec  ses  chants  et  ses  rites  lugu- 
bres, la  figure  même  des  terreurs  dernières,  du  régne  de 
l'AntGchrist  et  de  la  fin  du  monde,  cet  oQice  du  vendredi 
saint  (I),  où  l'Eglise  catholique  pleure  la  mort  de  l'Homme 
Dieu,  mais  non  pas  sans  espérance,  car  te  Sauveur,  le  Juge 
va  réapparaître  c  comme  une  lumière  >  i^),  où  cette  Eglise 
prie  pour  la  conversion  de  tous  ses  ennemis,  où  les  cho- 
reutes  chantent  les  «  impropéres  >,  les  reproches  que  le 
Christ  adresse  à  son  peuple  du  haut  de  la  croix,  où  l'on 
adore,  où  l'on  porte  processionnel  lement  celle  croix  qui 
aura,  elle  aussi,  sa  résurrection  (^),  et  que  le  Chrisl  fera  por- 
ter devant  lui,  par  ses  anges,  quand  il  reviendra  avec  gloire 
juger  les  vivante  et  les  morts  : 

Veiilla  Régis  prodeuni, 
Fulget  cmcis  mj^terium. 

Si  tel  était  et  si  tel  est  bien  encore  le  symbolisme  litur- 


(1)  HOHORIDS  d'Autuk  (Patrol.  MJene,  [.  C[.XXII,col.67U,  Gemma  Ani- 
nu>,lib.  m,  cap.  xsxiV):  *  IloiccuDcla  qiixiii  capile  Chrislu (aiC;  pncces- 
serunt,  in  corpore  quoqiie  ejiia,  scilicet  Ecclesia,  fuliira  emnl...  Tics  liics 
anle  Pascha  sunt  très  dmii  quibus  AnliciirUhis  rcgimbit...  Uiniiim  curilu- 
gantiir  et  lune  omniu  si|{n.i  ab  ecclesin  (ollunlur.  Campaiiie  non  «iiinnt, 
et  doctores  tune  nan  prgcUicanL  Tnbuln  pcrCDtiliir  et  magiius  lemir  ililuli- 
bu«  incutitur.  Le<:tiotii>s  iBineiiUinlur,  quia  lune  oiniie  g:<uiliiiin  Kcclitsia^  in 
luctam  convertitur,  ullarindcnuilaiitiir,  et  tniiu  oinnia  Eiimrtapruculuanlur, 
Allus  tigni  sonttus,  qui  lit  ad  Benedictut,  esl  maximus  ténor,  qui  invadct 
adrersario*,  quando  interOcietur  Antînliriatus,  e!c.  b  —  Cf.  ibidem  Spécu- 
lum Kecleiiee,  col.  9fô:  ■  Pamsceve  autem  dies  bcili  alqiiâ  victoi'iii  eilitit 
cum  Dominiis  fortiset  polens  in  prxiio  prinui|>em  inundî  diaboluin  ciiin 
!>ui3  satellitibus  dericit,  etc.  > 

t3)  Mùtale  Romanum  etc.  (le  Vendredi  sa'inl,  1'  leoliire  d'Oai'c,  vi.  n 
roflks  du  inatin);  «  Quasi  diluculurn  prxparalus  esl  egressus  ejus...  Et 
jndicia  lua  quasi  lux  egredienlur.  » 

(3)  HoNORius  dWutun.  Lacidaire.  lib.  11[,  cap.  xir,  col.  ttG5  et  IK», 
d  Jac.  oe.VOHAOlNE,  L«genda  Aurea,  cap.  1. 


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gique  de  l'office  qui  a  reparu  et  qui  s'est  précisé  dans  le  Jour- 
dit  Jugement,  si  telle  était  la  foi  qui  animait  l'auteur  et  l'au- 
ditoire, on  se  reprochera  peut-être  d'avoir  quelquefois  jugé 
trop  sévèrement  ce  vieux  mystère  au  seul  point  de  vue  lit- 
téraire A  déliuit  de  la  poésie  des  beaux  vers,  il  avait  celle 
de  l'histoire,  d'une  histoire  vraiment  tragique,  et  les  faits, 
sinon  la  faible  voix  du  poète,  parlaient  assez  haut  d'eux- 
mêmes. 

Si  l'on  réfléchit  que  la  science  théologique  de  notre  au- 
teur était  une  science  acquise  qui  n'avait  plus  qu'à  être  mise 
en  œuvre,  que  la  rédaction  rapide  dénote  un  versificateur 
exercé,  et  que  ce  mystère  ne  compte  guère  après  tout  plus 
de  trois  mille  petits  vers,  on  admettra  facilement  qu'il  a  pu 
être  improvisé  en  quelques  semaines,  qu'il  a  été  prêt  k  re- 
présenter, et  représenté  efrectivement,  le  vendredi  saint, 
■5  avril,  1398  (n.  s  ),  comme  l'indique  la  mention  de  l'Evan- 
gile de  la  Passion,  et  comme  nous  croyons  l'avoir  démontré. 
Au  contraire  le  texte  s'oppose  à  ce  que  cette  représentation 
soit  reculée.  Si,  en  effet,  le  mystère  a  bien  été  prêt  et  joué  k 
cette  date  du  5  avril,  ilestclair  qu'àce  moment  l'auteur  pou- 
vait bien,  comme  il  l'a  lait,  constater  les  événements  déjà 
accomplis,  et  y  mêler  des  prophéties  telles  que  le  meurtre 
d'Enoch  etd'Ehe  précédant  l'arrestation  du  pape.  Mais,  ré- 
ciproquement, il  ne  pouvait  encore  connaître,  ni  par  consé- 
quent décrire,  et  il  ne  l'a  pas  fait,  le  détail  précis  des  événe- 
ments réels  si  importants  qui  allaient  suivre:  les  négocia- 
tions de  Pierre  d'Ailly  à  Rome  et  à  Avignon,  la  réunion  du 
concile  de  Paris,  le  22  mai  1398,  la  soustraction  totale  d'obé- 
dience à  Benoit  XHI,  obtenue  par  la  falsification  des  votes  et 
proclamée  ^  Paris  le  27  juillet,  la  mission  du  prévost  Tristan 
du  Bois  et  du  Cordelier  Robert  qui,  le  1"  septembre,  publient 
cette  soustraction  à  Villeneuve  aux  portes  d'Avignon,  et  la 
lettre  du  Sacré  Collège  qui  l'accepta  presque  à  l'unanimité  le 
17  septembre,  le  long  siège  d'Avignon  où  Benoit  XMI  va  se 
défendre  comme  un  vieux  capitaine  contre  les  troupes  Erao- 


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çaises  conduites  par  le  frère  du  maréchal  Boacicaut,  et  contre 
ses  propres  cardinaux,  &  plus  forte  raison  les  révolutions 
d'Angleterre  et  d'Allemagne,  l'abdication  forcée  de  Richard  II 
et  la  déposition  de  Wencestas,  et  l'amusante  volte-face  des 
Allemands  qui  gardent  définitivement  le  bon  argent  de 
France  et  leur  pape  de  Home.  Et  si  celte  raison  très  suffi- 
sante ne  suffît  pas  encore  à  expliquer  le  mélange  de  vague 
et  de  précision  que  nous  avons  constaté  dans  les  pn)phô- 
ties  de  l'auteur  du  Jour  du  Jxtgement  et  les  pseudonymes 
dont  it  a  erralifié  les  rois,  ses  personnages,  en  voici  une 
autre. 

J)n  a  souvent  cité  (t)  un  arrêté  de  police  qui  fut  rendu  après 
le  retour  des  ducs  à  Avignon.  Le  14  septembre  1395,  le  pré- 
vôt de  Paris  défendit  à  tous  les  i  dicteurs,  faiseurs  de  dits  ou 
de  chansons  et  tous  autres  ménestrels  de  bouche  et  recor- 
deursde  dits  >  de  faire  mention  dans  leurs  chants  du  pape,  ni 
du  roi,  ni  des  seigneurs  ■  au  regard  de  ce  qui  touche  le  fait 
de  l'union  de  l'Eglise.  *  L'ambassade  récente  des  ducs  &  Avi- 
gnon, mai  1395,  avait  échoué  comme  noua  l'avons  vu,  du 
moins  auprès  du  pape  Benoît  XIII,  et  l'on  avait  tout  lieu  de 
craindre  les  mauvaises  plaisanteries  sur  le  pont  d'Avi- 
gnon (^),  qui  avait  été  incendié  pendant  leur  séjour. 

Le  i2  septembre  1397  le  roi  Charles  VI  lui-même  promul- 
guait à  Paris  une  ordonnance  (3)  analogue,  adressée  nommé- 
ment au  Sénéchal  de  Rouergue,  mais  dont  copie  dut  être  en- 


11]  De  La  Mark,  Traita  de  In  Foliea,  1. 1,  1. 111,  til.  m,  chap.  it,  p.  437 
—  MâGHiH,  Journal  <U*  Sai'anl*,  p.  i5.  —  M.  Pbtit  de  Julleville,  Le^ 
Mi/itèret.  I,  HH  :  ■  Magnin  explique  lon);iiemei<t  les  circonstances  qui  mo- 
tivèrenl  cet  arrêt.  Uais  il  l'applique  sans  preuve  au  théâtre.  ■  C'est  peut-tire 
se  montrer  trop  eiigeanl.  Le  mot  dit,  difCte'est  souvent  associé  à  comédieM, 
et  le  théâtre  est  ici  sous  entendu  a  fortiori. 

(2)  Le  Religieux  de  Saint-Denyï,  I.  [|,  !99. 

(3)  Ces  lettres,  rappelées  dans  le  Raeueit  de*  Ordonnance,  Vlll,  p  153, 
M  trouvent  en  original  aui  Arcliives  Nalionales  ;K.  1482  :  1<>),  el  sont  im- 
primées dans  le  Themurua  novut  anecdotorum  de  DD.  Marlène  et  Durand 
(t.  H,  coL  1151  à  liSS),  dont  j'ai  suivi  U  lectare. 


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—  54- 

voyée  dans  taules  les  provinces  et  qui  interdisait  toute  pro- 
testation orale  ou  écrite  contre  la  voie  de  cession  si  laborieu- 
sement délibérée  dans  le  conseil  royal,  et  déji  adoptée  par 
tous  les  Cardinaux  d'Avignon,  sauf  <  une  ou  deux  excep- 
tions »,  ainsi  que  par  le  roi  d'Angleterre,  le  roi  de  Castille, 
le  roi  de  Navarre  •  et  plusieurs  autres  Roys,  princes  et  peu-  - 
pies  crestiens.  i  Celle  oi'donnnnce  parait  viser  surtout  les 
prédicateurs.  Mais  quelle  chaire  ou  quelle  tribune  y-a-l-il 
plus  retentissante  que  le  théâtre?  Au  surplus  voici  le  texte  : 

Nous  vous  mandons  et  commandons  el  enjoignons  expres- 
sément que  incontinent  ces  lettres  vnes  es  citez,  villes  et  lieux 
notables  de  votre  sénéchaussée  el  ailleurs  oi^  besoin  sera  et 
vous  verrez  esire  expédient  vous  ferez  publier,  crier  et  dé- 
fendre de  par  nous  solennellement  el  sur  grandes  et  grosses 
peines  à  appliquer  à  nous,  que  nulle  personne  de  quelque  es- 
tai ou  condition  qu'elle  soit  ne  soit  si  ausée  ni  si  hardie  occul- 
lement,  ne  en  appert,  directement  ne  indirectement,  de  fait  ne 
de  dit,  de  prêcher,  dogmalizer,  faire  ne  escrire  espitres,  ne  au- 
tres quelconques  écritures  ou  choses  qui  puissent  donner,  faire 
ou  porter  aucun  préjudice  ou  empeschement  &  la  dite  voye  de 
cession  ne  à  la  manière,  moyens  de  procéder  ou  pratiquer  icclle, 
el  nous  envoyez  feablement  en  clauses  (sic)  saas  vostre  scel 
toutes  manières  décriptures  que  vous  pourrez  trouver  estre 
faites  au  contraire  de  la  dite  voyc  de  cession  et  sa  pratique. 
Mandons  et  commandons  h  tous  nos  justiciers  orTicicrset  sujets 
que  à  vous,  et  îi  vos  commis  el  depulez  es  ctioses  dessus  dites 
circonstances  et  dépendances  d'icelles  obéissent  el  entendent 
diligemment. 

A  bon  entendeur,  salut.  L'auteur  de  notre  mystère,  qui  at- 
taquait ouvertement  la  voie  de  cession,  était  bien  averti,  et 
nous  savons  maintenant  pourquoi  sos  allusions  et  ses  pro- 
pbéties  étaient  si  vagues.  Il  avait  deux  raisons  à  sa  sagesse  : 
la  crainte  du  prévôt  et  son  ignorance  réelle  de  l'avenir.  Le 
mystère  iia  Jour  du  Jugement  est  donc  bien,  comme  on  l'avait 
dit,  du  5  avril  1397  (1398,  n.  s.).  Par  suite,  et  sans  qu'il  soit 


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besoin  de  rerenîr  sar  la  question  déjà  réglée  de  l'imitatiOD, 
certainement  ta  Pataion  du  manuscrit  de  Sainte-Geneviève, 
et  probablementplusieurs,  sinon  toutes  les  pièces  quil'acconi- 
pagnent,  sont  antérieures  au  moins  d'une  année,  ce  qu'il 
fallait  démontrer. 

Après  avoir  précisé  à  quelles  date»  et  dans  quelles  inteo- 
tions  le  mystère  du  Jour  du  Jugement  a  été  écrit  et  repré- 
senté, noua  pouvons  même  essayer  d'expliquer,  avec  vrai- 
semblance, pourquoi  celle  pièce  de  circonstance,  composée 
en  vue  d'une  représentation  immédiate,  a  été  recopiée  avec 
tant  de  soin  et  de  luxe  quelques  années  plus  lard.  Sans  doute 
elle  contient  l'histoire  d'une  partie  du  grand  schisme,  il  ne 
s'agit  que  de  l'en  tirer.  Mais  si  les  allusions  hifitoriques  du 
manuscrit  avaient  été  plus  nombreuses  et  plus  claires,  il  y  a 
longtemps  qu'elles  auraient  été  débrouillées  ;  elles  n'auraient 
pas  exigé  un  aussi  long  commentaire.  Il  est  donc  possible 
que  le  sens  en  ait  été  rapidement  perdu,  même  pour  les 
contemporains,  et,  comme  nous  l'a  fait  observer  un  bon  juge, 
qu'on  n'ait  pins  vu  dans  ces  vers  qu'un  Jugement  dernier 
qui  pouvait  reservir.  Admettons  cependant  qu'on  ait  con- 
tinué à  voir  dans  la  pièce  ce  qu'elle  est,  une  apologie  du  pape 
Benoit  XIII,  raison  de  plus  pour  qu'on  ait  pris  soin  de  la  re- 
produire,  car  BenolLXIIl  conserva  pendant  de  longues  années 
en  France  des  partisans  dévoués.  Assiégé  dans  Bon  palais 
d'Avignon  par  ses  cardinaux  et  par  les  troupes  françaises,  le 
pontife  se  défendit  avec  ia  demiËrc  énergie,  et  regagna  par  son 
courage  une  partie  des  sympathies  qu'il  avait  perdues  par  son 
obstination.  L'Universitéde Paris  (1>  elle-même  admira  et  plai- 
gnit ce  •  pape  maudit  a,  ce  Pierre  de  Lune  dont  naguère  tous 
souhaitaient  d'éclipsé  M.  Le senlimenlreligieux  s' ali<rma  quand 
on  vit  retenir  dans  une  dure  captivité  le  chef  suprême  de  la 
chrétienté,  réclusion  qui  semblait  d'ailleurs  condamnée  par 
la  colère  du  ciel,  par  les  tempêtes,  les  pestes,  les  comètes, 

<1)  BuL.ei,  Hittoria  Univenitalia  Paritieniii,  IV,  SIS. 


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soigneusement  notées  par  le  Religieux  de  Saint- Denys  (1>.  Le 
roi  d'Aragon,  le  roi  de  Sicile,  l'Université  de  Toulouse,  l'évê- 
que  de  Saint-Pons,  tous  les  partisans  de  Benoit,  excités  et  sou- 
tenus par  le  duc  d'Orléans,  ne  cessèrent  de  protester  en  sa 
faveur,  j  usqu'au  jour  (12  mars  1403)  où  il  réussit  à  s'échapper 
de  sa  prison  et  vit  bientôt  la  France  entière  rentrer  sous  son 
obédience.  Ces  sympathies  lui  restèrent  fidèles  pendant  los 
longs  débats  des  années  1406  à  1409,  oh  l'on  prévoyait  de  nou- 
velles calamités;  elles  ne  l'abandonnèrent  pas  même  quand  il 
eut  fulminé  contre  Charles  VI  une  bulle  d'excommunication 
et  qu'une  seconde  fois,  poursuivi  par  l'année  française  du  ma- 
réchal Boucicaul,  il  réussit  à  s'enfuir  sur  ses  galères.  Enfin  le 
connétable  d'Armagnac  (2)  et  bien  d'autres  restaient  toujours 
attachés  h  sa  cause  en  1416,  lorsque  «  l'avocat  et  le  défenseur 
de  l'Eglise  >,  l'empereur  Sigismond,  vint  à  Perpignan  essayer 
de  lui  arracher  une  formule  de  cession  toujours  éludée  ou  re- 
fusée. Cerné  de  toutes  parts,  abandonné  par  ses  sujets,  ses 
compatriotes,  ses  amis,  son  confesseur,  saint  Vincent  Ferrer, 
le  vieux  pontife  s'enfuit  une  fois  de  plus,  et  du  haut  de  soa 
rocher  de  Peniscola  où  il  s'était  retranché,  pendant  sept  an- 
nées encore,  il  brava  les  menaces  de  l'empereur,  des  rois  et 
des  conciles  avec  la  même  énergie  qu'il  défiait  la  pauvreté, 
la  vieillesse,  la  mort. 

Rien  d'étonnant  à  ce  qu'une  œuvre  consacrée  à  ce  pontife 
ait  pu  être  recopiée  au  commencement  du  quinzième  siècle: 
L'examen  de  la  langue  qui  a,  naturellement,  précédé  toutes 
ces  recherches  historiques,  mais  que  nous  avons  reporté  à  la 
Un  de  celte  étude  pour  plus  de  clarté  et  desécurité,  confirmera 
tous  ces  résultats  acquis. 

(1)  U  Religieux  de  Sainl-Denyt,  II,  6tS  à  899.  Comèle,  pesle,  inonda- 
tions. ■  Celle  année  (YSmi  mérilait  d'être  appelée  raiiiice  des  prodiges.  ■ 

(2,  Voir  à  ce  sujet  l'3cou»ation  du  duo  d«  Bourgogne,  datée  du  aS-  jour 
d'août  Ui7,  et  lue  au  concile  de  Constance  (Gerson,  tome  V,  p.  072). 


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VI 

L'examen  seul  de  la  langue  aurait  suffi  pour  écarter  l'hy- 
pothèse de  la  date  de  14-15,  discutée  plus  haut,  mais  ne  nous 
aurait  donné  qu'une  date  incertaine,  probablement  trop  an- 
cienne. Les  rimes  prouvent  que  la  distinction  du  cas  bujet 
et  du  cas  régime  était  relativement  encore  assez  bien  obser- 
vée par  l'auteur.  Le  fait  que  le  scribe  a  le  plus  souvent  res- 
pecté celle  distinction,  ainsi  que  la  diérèse  presque  constante 
dans  les  participes  en  eu,  les  temps  et  les  mots,  ce  fait  suffit 
pour  établir  que  la  copie  n'est  guère  postérieure  à  l'original. 
On  se  bornera  à  relever  ici  les  exemples  qui  ont  paru  les  plus 
utiles  pour  confirmer  cette  assertion,  sans  énumérer  ni  tous 
les  faits,  ni  toutes  les  preuves  des  faits  allégués.  Ci;  qu'on  se 
propose  c'est  de  faire  rEssortir  dans  ce  texte  la  confusion  des 
règles  qui  caractérise  la  fin  du  xiv*  et  le  commencement  du 
XV'  siècle;  ensuite,  on  essaiera  de  dititinguer  parles  traits 
linguistiques  les  plus  importants  la  patrie  de  l'auteur  et  celle 
du  copiste  ou  renouveleur. 

Et  d'abord  le  manuscrit  n'est  pas  un  original,  u.ais  une 
copie  très  fautive.  Sauf  pour  les  feuillets  perdus,  ce  ma- 
nuscrit ne  présente  aucune  interruption  du  sens,,  ni  au- 
cune rature,  et  seulement  deux  corrections  insignifiantes 
d'une  main  moderne.  Pour  expliquer  les  fautes  très  nom- 
breuses qu'il  contient,  ne  pourrait-on  admettre  qu'il  a  été 
dicté,  tantôt  vers  par  vers,  tantôt  mot  par  mot  ?  De  cette  fa- 
çon le  scribe  ne  pouvait  distinguer  le  singulier  du  pluriel,  ni 
deviner  le  sens  et  la  suite  du  texte  dans  des  vers  comme 
ceux-ci,  oii  les  corrections  proposées  sont  imprimées  en  ita- 
liques, entre  crochets  : 

Tri  se  départ  d'Agrapparl  (Agrapparl).  v.  287-8 

Vins  [vint)  faireau  Aoy  il  iniquité.  60 


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n  ne  met  (m'eti)  or  ne  bel  ne  gent 

En  eatre  en  la  erestîenté. 

En  terre  est  joie  descendje. 

Quant  il  entre  nous  veniiz  est  ; 

N'I  ait  celli  qui  refusel  (refus  ait) 

O'aler  voir  ea  vertu  divine. 

Tule  ses  biens  (I^  r«  i^  Ai«n) es lieui  «mbattre 

Et  Taire  faire  a  eranl  planté 

El  devant  noz  msistres  (no  maiitre)  menei. 
Oou  linaige  d'Adam  {de  Dan)  (1)  sera. 
Qui  dou  linaige  Adam  [a  Dan)  soit, 
Dau  linaige  .\dam  (a  Dan)  suis  sani  double. 
Quart  (çuar)  tu  l'as  justement  gaangnié. 
Qu'an  tel  point  avons  mis  le  monde 
Quar  (quej  il  n'f  a  nulle  riens  monde. 


ci  pour  eil,  v.  224;  ni#ncton  pour  matuion,  506;  eter  pour  eU, 
1506;  nuli  poarnus  (nudus),  23C3;  vite  pour  vilti,  i9i3\  reverrez 
pour  ne  verrez,  2417  ;  esluet  pour  csiott,  2297,  etc.,  etc. 

D'autre  part  un  certain  nombre  de  fautes  grossières  contre 
le  sens,  la  rime  ou  la  mesure  peuvent  se  corriger  en  resti- 
-tuant  les  formes  anciennes  rajeunies  ou  confondues  par  le 
scribe  : 

Qui  dit  que  dou  parfont  abisce 

tloiislrern  (montera)  la  crueuse  Beste  (3).  v.  173 

fin  :    Ny  avra  parent  ne  ami  fafpnj.  lU 

Ja  vous  ayme  (aimj  Uni  comme  mon  cner.  1tU3 

(1)  L'AnlechrisI  doit  sortir  de  la  tribu  de  Dan,  comme  le  rappelle  le 
traité  d'Adson  (Pair,  Migne,  t.  Ci.  col.  1292)  :  «  Aulichrislus  ex  populo 
Judxorum  nascetur  de  tribu  Dan,  secnndum  prophetiam  dicenlem  :  <•  Fiat 
Dancoluberinviattceraileninsemila,  élu.  Gen.,  ilix,  17  >.—  l^  Taule  : 
d'Agrappart  pour  Agrapparl,  et  la  faute  répétée  à  trois  l'epriscs  sur  les 
noms  d'Adam  et  Datt,  ne  sont  «Iles  pas  le  fait  d'un  homme  qui  écrit  sous 
la  diclée,  sans  consulter  le  telle  à  copier! 

(3)  C'est  la  traduclion  du  vereelde  V Apocalypie,  ivii,g:  ■  Besliaquam 
vidisU  fuit  et  non  est  ;  et  ascensura  est  de  abysso.  * 


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-  D  DM  larde  qae  (tl  m'ecl  larl}  nous  sol«i»  ntchn  {ntoli}.   Wt 
Maille  (fimaiUe'i  pour  Nostre  SeiBnetiT,  SOOl 

El  si  nons  soiët  eo  aye  (aiiM) 
Eovers  casie  geiii  eorrompue.  138) 

Ce  n'est  pas  tout.  Entre  la  langue  de  l'auteur  et  celle  du 
copiste  il  y  a  des  dilTérences,  légères  si  l'on  veut,  mais  pour- 
tant sensibles.  La  divergence  se  marque  d'ut>ord  dans  des 
particularités  d'orthographe  comme  dans  les  rimes  :  seigneur, 
grigneur,  81^,  et  inversement,  possim;  inerci,  nerci,  963, 
exemple  unique,  partout  ailleurs,  noirci  ;  chief,  fié  0),  1847. 
Elle  s'accuse  dans  des  rimes  inexactes  ou  fausses,  comme 
dans  :  qtieurent,  acourent  (accareitt  du  verbe  acorer,  2292) 
et  dans  ces  vers  : 

Coinpaina  seront  de  mes  riehetaet, 

El  pour  ce  que  plus  cler  veîsses  (probablement  ve-estet)  (3) 

Que  j'ay  tout  le  pouoir  dou  inonde 95t 

Elle  amène  de  véritables  non-sens  : 

En  enfer  \a  Irabuchera 

V^aul  la  genl  qui  leur  sera  (au  lieu  de  loi'  [alors]  sern)  (3,>.    590 
Ua  langue  en  est  ja  maigre  et  arse. 
Ma  flole  sera  esperte  (au  lieu  de  eiparte  ou  eiparie,  répandue).  1580 

Admettons  qu'il  n'y  ait  I<i  que  des  exceptions  {veessea  est 
unique)  ou  des  confusions  possibles  dans  certains  dialectes 
((or  alterne  avec  leur  dans  le  dialecte  de  Reims)  ;  voici  pour- 
tant des  différences  qu'on  peut  suivre  dans  tout  le  cours  du 
texte. 


'11  Comparer  au  vers  2100  lu  graphie  singulière  :  d'une  eveachief,  eves- 
chié. 

(2)  Je  dois  celle  remarque  el  plusieurs  ,-iulr«s  à  M.  P.  Mejer,  auquel  j'ei- 
prime  ici  ma  ri'speclneuse  gratitude. 

(3)  Ce  vers  prouoiicc  par  le  prophclc  Elle  est  la  Iraducliou  d'un  versirt 
du  liïre  de  JoL  :  <■  Videntibut  cttnclit  pracipitabitiir  ■,  qui  a  été  alIribuiS 
à  l'AntechrisI  par  saint  Grégoire  le  Grand  et  divers  commentateurs, 
comme  on  l'a  vu  précédemment. 


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L'auteur  emploie  concurremment  les  termintùsons  âge  et 
aige,  le  scribe  écrit  partout  aige  à  la  rime  : 

raige,  fvray  ga,  409;  oultratge,  couchay  ge,  383;  voiage,  îi- 
natge,  251;  mariage,  raige,  1993. 

Pour  l'auteur,  ie  se  confond  le  plus  souvent  avec  e  : 
recouvrer,  l'ouvrier,  649;  père,  lumière,  1023;  deviiii,  mis  hé 

(misay),  653;  pfez,  Mfaic/it«z,S188;  effaciez,  Mathez,  t875. 
atMtie,  lavi$iie,  367;  appellée.  trabuchiie,  181;  deviaié«,  /inéa, 

1717,  et  aeraoentie,  obUée,  1139- 

Toutefois,  par  exception,  la  triphtongue  tée  se  réduit  k  ie 
aussi  bien  à  la  rime  que  hors  de  la  rime  : 

lie  et  joiauÊ,  ii03;  maimw,  $eignorie,  575;  descouteillie,  appa- 
reillie,  1845;  accomplie,  cneommancie,  1493. 

Le  scribe  n'a  fait  qu'une  seule  fois  cette  réduction,  on  dirait 
par  surprise  ;  il  a  laissé  passer  desconteillie  (1845)  au  pre- 
mier vers,  puis  il  a  écrit  appareilliée,  en  dépit  de  la  rime. 
Mais  ces  différences  ne  sont  rien  en  comparaison  des  traits 
communs,  comme  il  est  facile  de  s'en  rendre  compte  en 
examinant  les  rimes  communes  de  l'auteur  et  du  scribe. 
Dans  cette  énumération  sommaire  on  suivra,  à  quelques  ex- 
ceptions près,  l'ordre  des  sons  français. 

PHONÉTIQUE 

A.  —  Les  adje(!tifs  en  able  ne  riment  qu'entre  eux  ou  avec 
diable,  753,  Î421 ,  et  fnble,  1911  ;  jamaiH  de  rimes  en  aule. 

Les  adjectifs  latins  en  alem  et  les  noms  en  aie  donnent  al 
et  el: 

cilz  denloiaux  (singulier),  ereitiena  loyaux.  1333;  au  pluriel, 
total,  U  deiloial,  ô09;  deêton foriez,  mortez,  1357;  eottei,  vostre 
hoetez,  2412- 

On  trouve  également  :  lieua,  quieux,  tesquieux  (corps  des 
vers  449,447,50). 
An  et  en  sont  confondus  par  la  rime  : 


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Matam  (nom  propre), atan  (atent), 43t  ;  jtreaenee, petanee.  1295; 
eontnant,  amment,  3266;  folement,  dtmanl,  1637;  Vivant  (nom 
propre  écrit  Viveni),  11  vena,  1063. 

Un  trait  dialectal  plus  notable,  c'est  la  rime  ians,  iena  : 

Jttpiani.  eresKeni,  1663;  j'oiafM,  goien»,iC3;  voyant,  voien*,  851. 

Ai  final  rime  avec  é  et  s'écrit  le  plus  souvent  de  même  : 

iri  (lalin  »r«) ,  dire,  17;  rejr«n«i-#,  »eri,  357. 

jli,  ci,  ot  riment  devant  les  pasales  : 

huntaingne,  plainne.Kl  ;  fontainnes,  plainrtei,  1539  ;  praingne, 
(OHveroinne,  987,  1673;  certainne,  moinne  (tnénei,  397  ;  poinne, 
demuiingne,  1151  ;  poirme,  teimaingne,  1019. 

Les  trois  ai  (de  (iî,  dt  et  ei)  se  confondent  à  la  rime  : 

ôi,  ei:  voii  (vucem),  roiâ.  2180. 

di,  ei.-naiM,  poùe,  3;  gloire,  voire,  27;  ijloire,  croire,  5S7; 
joie,  moie,  1^5  ;  joye,  doie,  355  ;  deproie,  j'oye,  1737  ;  monnoïe, 
oie,  651  ;  ot««,  depmies,  1795. 

Er.  —  L'innnitif  en  er  rime  avec  les  participes  pluriels  en 
é  et  en  éa.  Le  scribe  écrit: 

IrouMf,  participe  pluriel;  ouvrer,  indnilif,  1715;  eilimez,  infi- 
nitif; envelimez,  participe  pluriel,  2201. 

L'inltnitif  en  er  rime  même  avec  la  2*  personne  du  singu- 
lier de  l'indicatir  présent  d'eitre  : 

Que  je  ne  l'ose  rt^rder. 

Bien  est  gardei  cui  tu  garde  es  (écrit  gardés),         v.  1826 

0.^0  tonique  provenant  d'un  an  latin  ou  d'un  o  entravé 
se  prononce  ou  ; 

je  n'(»,ttou>,  1747;  (oui,  par  correction  tout  (lo(um),  toi((toust, 
tout  ytoMit),  1359). 

Vi.  —  Vi  sonne  u  ; 

ceUui,  leû,  1317  ;  heûe,  pluie,  1253  ;  deitruire,  cure,  511. 
.    Les  rimes  suivantes  sont  plus  rares  : 


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ÂHe  ^par  correction  aine),  corrompue,  v.  1281. 

Qui  nuit  et  Jour  m'art  et  m'^nuM 

Et  me  pourrit  ma  char  chetîue.  710 

Ces  exemples  sont  uniques. 

Les  consonnes  paraissent  prêter  à  peu  de  remarques,  d'a- 
bord parce  que  la  date  relativement  récente  du  texte  rend 
beaucoup  d'observations  superflues,  ensuite  parce  que  l'au- 
teur, nous  le  verrons,  se  contente  souvent  de  rimes  impar- 
faites. 

Notons  seulement  que  S  s'éteint  devant  une  consonne, 
même  dans  le  mot  savant  triste  : 

acquitte,  tritte,  iOiS;  recouvri$le»,  tristes,  2326.  PourjuslM, 
fuite»i  2288,  rien  de  déci<ié. 

L  est  vocalisée  régulièrement. 

Au  futur  et  au  conditionnel  de  doner,  mener  etc.,  IV  ne 
s'assimile  pas  l'n  précédente,  après  la  chute  de  IV,  et  l'on 
trouve  à  peu  près  constamment  les  formes  non  assimilées  du 
Nord  et  de  l'Est  : 

donray,  menray,  etc. 

MOBPHOLOaiE 

Les  traces  de  la  déclinaison  sont  très  nombreuses,  mais 
confuses,  on  l'a  déjfi  dit,  et  on  ne  craindra  pas  de  le  redire 
encore,  car  c'est  un  de  nos  principaux  arguments.  Celte  dé- 
clinaison s'observe  même  dans  certains  noms  propres  :  (ex.  : 
Eteahiéi,  96  ;  Mahon»,  316,  à  côté  de  Ualwmmet,il'^,elc-.],k 
plus  forte  raison  dans  les  autres  mots. 

Le  cas  sujet  singulier  du  mot  soleil  est  aoulaux  (hors  de  la 
rime,  107,1024);  de  mesel,  mmiaux,  v.  701,  etc. 

Les  mots  se  terminant  en  onr.  ont,  à  côté  de  cette  forme, 
une  autre  forme  en  eur.  Mais  our  domine  sensiblement  par- 
tout : 

oreatour,  d'atour.  2117;   doufour,  plour,  1812;  folour,  dow 


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lottr,  1377;  paour,  août,  1771;  aourer,  demourar,  785;  aauret, 
tUmouret.  973;  deineure,  aeure,  1379;  tequeufe$,  heure$,  1191. 

L'adjectif  lalia  vivjt»  donne  vit  : 
(faoM,  reui»,  1461. 

Caplivut,  féminin-va,  donne  cJietts  et  chelive  (hoi's  de  la 
rime.  1\\%  2008,  2105),  à  c6té  de  chaittus,  féminin  chailiue, 
cfieliiie,  d'après  l'exemple  unique  déjà  cité  : 

mute,  cftetiue,  709. 

Lesadjcctifsde  la  3"  déclinaison  latine  n'ont  presque  jamais 
la  terminaison  féminine,  sauf  Mie  moins  fréquent  que  te(, 
crweuae^  dolente. 

L'article  a  les  formes  françaises,  li,  le,  la,  li,  Uê.  On 
trouve  cependant  deux  exemples  assurés  de  le,  article  et 
pronom  féminin  picard,  pour  la  : 

Mon  pouoir  et  le  ma  maigniée  (par  corr.  le  ma  maiinie). 
Qui  par  trestoutoiit  seignorie.  570 

La  foi  Jhcsdcmt  annuncier 
Et  te  bieo  dire  et  prononcier.  v.  474 

Deux  autres  exemples  sont  douteux.  Dans  le  vers  2178  : 
Uonsirer  vueil  qae  cha^cuns  te  voie, 

/e  est  très  probablement  pronom  neutre.  Ailleurs,  au  vers 
tt(£iet  i4uiv,,  le  manuscrit  porto  liés  lisiblement,  sans  confu- 
sion de  lettres  possibles,  ces  paroles  significatives  du  diable 
Engingnart  à  la  courtisane  de  Babylone,  qui  deviendra  la 
mère  de  l'Antechriat  : 

Ma  douce  suer  d'estrange  terre, 

Vien  cy  pour  aventure  querre. 

Et  si  vieil  pouruhaacier  le  mien.  v.  b05 

Si  vous  pri,  par  (frant  courtoisie, 

Que  vous  m'amie  eslre  veilliez 

El  pour  voslre  am;  m'acuei liiez; 

A.  amy  me  veilliés  saisir 

Pour  faire  de  vous  mon  phisir; 

C'est  ce  que  d'amours  doit  venir. 


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—  64  — 

Il  n'y  aurait  rien  de  plus  simple  que  de  corriger,  d'après 
le  contexte,  le  mien  en  l'amie.  Mats  pour  quelle  raison  le 
scribe  aurait-il  évité  ce  mot  si  simple  de  l'amie  et  substitué 
le  mien  ?  Comme  dans  l'exemple  précité  «  le  ma  maisnie  •, 
il  a  peut-être  écrit  ce  le  picard,  sous  la  dictée,  sans  trop  de- 
viner la  suite,  et  il  aura  fiiodifîé  le  second  mol.  Une  cor- 
rection possible  serait  :  pourchascier  le  mie  (courir  la 
gueuse],  mais  on  n'oserait  l'assurer. 

On  trouve  à  ia  rime  le  pronom  mi  pour  moi,  me  : 

ami,  a  my.  193;  vi,  de  mi,  1831, 
et  hors  de  la  rime,  398  : 

mi  (?}  moinne  pour  me  mène. 

De  même,  en  H,  de  H  pour  elle,  dans  le  corps  des  vers 
216,  286,  2128. 

Les  pronoms  possessifs  mei,  lei,  tes,  sujets  singuliers, 
ne  sont  pas  rares  :  mes  pères  (v,  1350),  te»  empires  (1502), 
aes  noms  (1575),  etc.  Ti,  sujet  pluriel,  est  unique  :  ti  juge- 
ment (v.  1553);  mi,  sujet  pluriel,  plus  commun  (v.  193,  250). 

On  rencontre  encore  souvent  les  formes  masculines  vo, 
no,  Â  côté  de  vostre,  noêtre. 

Au  féminin,  les  formes  mi  (ma)  :  Mi  suer  (v,  330)  et  voz  '. 
A  vous  apparra  voz  pitrtez.  (2283),  sont  rares.  Ma  et  vo  sont 
plus  fréquents. 

L'emploi  de  la  forme  oblique  cui  n'est  pas  inconnue,  ni  de 
l'auteur  ni  du  scribe,  qui  l'écrit  tantôt  cui  tantôt  qui 
(V.  328, 1368, 1418, 1609, 1826,  etc). 

Lai'-- personne  du  singulier  du  présent  de  l'indicatif  n'a 
très  souvent  ni  «  ni  e  non  étymologiques  : 

Rimes  :  tent  (écrit  *en),  san,  381  ;  Uatam  (nom  propre),  atan, 
431  ;  bonnement,  demant,  875  ;  midi,  di,  1803. 

Corps  des  vers  :  acort,  228  ;  aporl,  42Î  ;  jur,  861  ;  conjur, 
1092;  doubt.  G63;  eonmant.  6f2;  pris,  106C  ;  laie,  1604;  conteil, 
1649  ;  regar,  702  ;  aim,  1843  ;  doing,  736,  à  i;ûté  de  donne;  etc. 

A  cette  même  personne,  Ve  adventice  de  la  1">  conjugaison 


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domine  aux  rimes,  mais  là  même  alterae  avec  l'ancienne 
forme  : 

n'os,  noua,  ilil  ;  oae,  mcIom,  iSOl  ;  aoar,  paour,  1771  ;  de- 
meure, aeure,  1379. 

Quelques  futurs  ont  de  môme  deux  formes  diverses,  qui 
alternent  eutre  elles,  quelquefois  d'un  vers  à  l'autre  : 

Et  Enlracrist  a'aorera. 

Ainçais  ahorra  sainte  EsglUe.  U3S 

On  trouve  de  même  : 

baro»,  aron,  1237  ;  arez,  hors  de  la  rime,  2^0; 
partout  ailleurs,  la  forme  avrat,  etc. 

A  la  3*  personne  du  singulier  du  subjonctif  présent,  on 
rencontre  encore  1res  souvent  l'ancienne  terminaison  : 

laut,  haut,  443;  eaeript,  erist,  655;  Antreeritt,  brait  ne  crUt, 
1261  ;  mort,  s'amorl,  689;  haut,  aut,  683. 

poit,  374  ;  aourt,  645;  doint,  316  ;  lait,  laiat,  1765,  garantis  par 


Lai"  personne  du  pluriel  du  présent  se  termine  en  on  et 
en  ans  : 

baron,  aron,  1237;  df^arliron,  sont,  2429. 

prooisiona,  deprlon»,  1337;  alon»,  lalont,iGcÔ;  jamais  en  ornes, 
excepté  dans  tommet. 

Pour  la  2*  personne  du  pluriel  du  futur  présent,  l'auteur, 
ou  du  moins  le  scribe,  hésite  entre  les  formes  oiz  et  cz  ; 
mais  la  forme  étymologique  oiz  domine  partout  : 

direz,  atirez,  1441  ;  teroti,  êaitveroiz,  90à,  etc. 

La  l*"'  p.  sg.  imparfait  et  conditionnel  se  termine  en  oie  : 

qaeroit,  proie,  :U3  ;  voie,  pourroie,  S178,  etc. 

La  1"  p-  pluriel  (subjonctif,  imparlait  et  conditionnel)  se 
termine  en  iens,  qui  est  partout  monosyllabe,  à  la  rime  et 
dans  le  corps  des  vers,  comme  l'indique  la  mesure  : 

Joian»,  aoien»,  403;  voyattê,  votena,  851  ;  puisiiens,  là,  189,236; 
aliène,  395  ;  faden»,  IffijO;  pouieni,  762  ;  aviena,  819  ;  ooùrîen», 
74a,  etc. 


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La  2*  p.  pluriel  est  en  iez,  qui  est  tantôt  de  deux  syllabes 

(faisi-és,3 ;  pourri-èi,^!ifJO],ei\e  plussouvent  d'une  syllabe  : 

Subjonctif  :  «n(rté(,  536;  faeié*.  1193;  trayez,  enaueiet,  593. 

Imparfait:  aii««.2232;;ii3i«ï,ertté*,2230eti007{hor8del»riine). 

On  trouve  une  fois  hors  de  la  rime  :  avoi-és,  2365,  et 
teroi-ét,  765, 

L'auteur  emploie  indifTéremment.  à  tous  les  temps,  proter 
ou  prier,  et  les  verbes  analogues,  suivant  les  besoins  de  la 
rime  ;  mais  il  parait  préférer  les  formes  en  ai  A  celles  en  t  .- 

pri,  306,  325, 430,  706,  hors  de  la  rime. 

Bimes  :  proie,  queroie,  349  ;  proie,  proie,  2087  ;  otroy,  868, 
875  ;  renoy,  980  et  1382  ;  prioni,  10,  1685  ;  prooùiont.  deprionë, 
1337  ;  trtbulaeûin,  deprion,  1499;  depniie,  joj/e,  1737;  deproye, 
octroyé,  1783 ;  otee,  rifproiea,  1795;  deprîer,  octroyer,  1767  et  1725; 
renoier,  proier,  1285,  1620  ;  renoier,  oclroicr,  549. 

Le  verbe  entre  conserve  son  imparfait  t^re  (393),  à  côté  de 
estait,  et  son  futur  monosyllabe  :  yert,  iert  (v.  101, 181, 182, 
390, 578,  604,  679),  ert  (v,  636)  à  côté  de  sera,  plus  commun 
(sera,  fera,  263). 

Il  y  a  divergence  pour  les  formes  du  verbe  avoir  : 
krélerit  :j"oy  (hors  de  la  rime)  623, 1789,2324,  2325,  2326,2344. 
ol  (hors  de  la  rime)  19.  23,  'i7,  50. 
oretit,  44  ;  et  orent,  tarent,  39. 
eux,  repeûi,  2338  ;  eOx,  2343. 
eûatet,  fuates,  2344;  eù$tes,  134. 


La  syntaxe  et  le  vocabulaire  appellent  peu  de  remarques. 

La  rime  a  obligé  l'auteur  à  donner  au  mot  ftuvet  le  genre 
inusité  du  féminin  : 

/reiie  .-  Geste  grani  Duves  s'est  reiraile.  1614 

Si  l'on  trouve  ailleurs  : 

Hoi  et  rnon  eveacWié  vous  donne,  817 

à  côté  de  ; 

D'une  eneedUe^et  conduisierres,  UOD 


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—  67- 
c'est  que  le  mot  eveackis  osçiUa  encore  entre  le  genre  féminin 
et  le  masculin.  Les  pronoms  possessif  tno,  ta,  sa  s'élident 
régulièrement,  et  il  n'y  a  pas  d'exemple  de  mon  devant  un 
nom  féminin.  Ce  fait  n'est  pas  commun  àlaftn  du  xiv*  siècle, 
et  il  pourrait  donner  à  penser  (mais  à  tort)  que  le  texte  est 
plus  ancien  qu'on  ne  l'a  afHrmé. 

Dans  le  style,  en  général  facile  et  d'autant  plus  rapide  que 
celte  pièce  a  dû  être  improvisée,  on  trouve  quelques  cons- 
tructions embarrassées  où  le  relatif  est  trop  séparé  de  l'anté- 
cédent ;  quelques  passages  du  pronom  singulier  au  pronom 
pluriel  de  la  seconde  personne  (v.  2143,  1743,  etc.).  A.  noter 
aussi  un  ou  deux  emplois  intéressants  de  en  explétif  (v.  317); 
de  l'infinitif  pris  substantivement  (le  garder,^[^),  la  surveil- 
lance, les  précautions,  nostre  vouloirs),  et  surtout  l'emploi  du 
complément  direct  ou  indirect  d'une  phrase  qui  devient  su- 
jet de  la  phrase  suivante,  sans  être  remplacé  par  un  pronom. 

A  l'omme  de  deables  tampté. 

L'ot  si  lost  qua  toute  la  glaire 

Perdi  ..  y.  S8 


Contre  les  dix  commandemens  ; 

Par  vous  De  seront  plus  quassé.  15(H 

Quant  au  vocabulaire,  il  contient  quelijues  expressions  qui 
paraissent  avoir  échappé  à  la  diligence  de  Godefroy  et  qui 
seront  relevées  dans  le  glossaire.  Deux  ou  trois  mots  : 
etmaier  (v.  266},  route  (troupe,  360),  aler  en  proie  (v.  1223), 
de  ce  manuscrit  conservé  à  Besancon  attirent  aussi  l'atten- 
tion parce  qu'ils  sont  encore  usités  aujourd'hui  dans  le  lan- 
gage populaire  en  Franche-Comté  (t),  et  qu'ils  pourraient 
tromper  sur  l'origine  du  texte  ;  mais  en  déQnitive  ces  mots 
sont  simplement  fiançais  et  n'ont  rien  de  bien  particulier. 

(t)  Ces  roots  mal  iignalés  comme  tels  dans  la  savante  introduction  de  Li 
Abrejanc»  tU  l'ordre  de  Chevalerie  de  Jean  PniORj^t,  éd  Ulysje  ttOBERT 
[Soc.  de»  anc,  taxiei  fronçai»,  Paris,  hdcccxcvii),  1. 1,  p.  i.ii  i  Liv. 


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VERSIFICATION 

La  versification  est  peu  compliquée. 

Le  mystère  est  écrit  en  vers  octosyllabes  à  rimes  plates, 
sauf  le  couplet  final  [v.  2430-2438),  et  de  rares  exceptions 
(Ex.  V.  1815  et  suivants).  L'auteur  reciierche  visiblement  les 
rimes  léonines,  et  il  est  rare  que  dans  les  rimes  ordinaires, 
il  néglige  la  consonne  ou  la  voyelle  d'appui  ;  cependant  : 

rasurreeei^n,  environ,  1919;  returrecd-on,  vition,  91  ;  pott- 
ai-on,  m'oriion,  1815. 

Il  se  plaît  à  &iire  rimer  des  formes  diverses  ou  des  composés 
d'un  même  mot;  rarement  il  fait  ri  mer  ce  mot  avec  lui-même. 
A  côté  des  rimes  équivoquées  et  brisées  assez  nombreuses, 
il  convient  de  signaler  quelques  rimes  imparfaites  : 

hanche,  lanee,  2186  ;  représente,  doutanee,  675;  lettre,  tnetle, 
651  ;  perU.  quérir,  799;  getir,  re$pil,  1929;  estait,  toif.  2192; 
tune,  plume,  1065. 

A  noter  aussi  une  assonance  aussi  facile  qu'inutile  à  cor- 
riger : 

Tous  lea  boni  je  mettrai  en  gloire  (1), 

Hais  les  mauvais  je  ne  pourrote.  v.  185i 

La  valeur  syllablque  d'un  assez  grand  nombre  de  mots  (en 
particulier:  guen-cdon,  guerdon,  veraii,  oraU,  de  juyve, 
juiae,  tantôt  de  trois,  tantôt  de  deux  syllabes,  et  surtout  des 
formes  verbales  fe-itt,  fist,  ve-oir,  veoir  ou  voir,  etc  )  varie 
souvent  à    de  courts   intervalles,  quelquefois  d'un  vers  à 

l'autre  : 

Eales-vous  urestienne  (3)  ou  juyvaf  391 

Juy-De  suî  et  si  sui  née.  293 

Je  ne  cuide  jamais  voir  l'eure. 
Que  cel  enfant  puisse  ve-oir,  v.  439 


(Ij  Coinpar. 
'  pas  ^te  dans 


mploie  de  même  gloire  et  n' 


(3)  Cretlien  paraît  «Ire  partout  de  trois  sjllabes. 


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De  là'  une  cause  d'erreurs  fréquentes  pour  le  scribe,  et  qu'il 
suflit  de  signaler  une  fois  pour  toutes. 
'    En  général,  Aa  de  la  langue  écrite  se  réduit  dans  la  pro- 
nonciation à  un  simple  a.  Exemple:  aaiiea  (v.  2280).  Une 
seule  exception  :  ma-aille  (v.  2001). 

E  le  plus  souvent  n'est  pas  absorbé  par  la  voyelle  ou  la 
diphtongue  suivante,  et  continue  d'ordinaire  à  se  prononcer 
séparément  : 

ere-anee,  524;  cre-ani,  me$ehe-ans,  635;  cre-m,  497;  ve-w, 
cre-u,  595. 

ve-ant,  520;  ee-ùt,  de-iit,  H37  ;  ve-oir,  ae-qir,  439;  t>e-oimt,  IGJ. 

deve-ez,2i9i;  de-u,  «-it,*2079;  e-uue,  ge-uue,  2127. 

Exceptez  : 

veezci,vezei,  1res  ancien;  créance,  887  ;  et  les  mots  analogues 
nueteheanee,  1157  ;  It  meMheant,  16*20;-  deabiea,  commun,  etc. 

Dans  le  corps  des  verâ,  \'e  atone  formant  hiatus  avec  la 
tonique  se  prononce  le  plus  souvent  en  syllabe  : 

Tant  m'ont  en  ina  vi-t  tamptei.  v.  2116 

De  leur  compaigni^  me  boulent.  703 

Que  m'avez  ma  veu^  reodue.  6B1 

Les  Utu-ea  de  sainte  Esglise.  Sllt 

Di-enl  que  cUz  joara  ; ert  jours  d'ire.  101 

Or  pue-*nl  bien  veoîr  li  mescheant.  1S20 

De  tous  Mlûi-«  moût  doubtés.  3101 

Quant  DOoi-M  un  mehaignié.  3034 

Si  voua  eroiroi-tnt  fermemenL  766 

etc.,  etc.  Mais  les  exemples  contraires  sont  déjà  nombreux, 
surtout  pour  les  monosyllabes  : 

De  celle  yaue  clere  de  fontainne,  v.  728 

Jamais  jour  de  ma  vie  n'avré.  978 

'  Que  tu  facea'qu'i[l]  «oient  servi,  etc.  S089 


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—  70- 

nsemUe  même  que  l'auteur  ait  pris  la  licence  de  corapteroQ 
de  ne  pas  compter,  suivant  sa  commodité,  dans  la  mesure, 
l'e  final  atone  suivi  d'un  mot  commençant  par  une  consonne. 
L'inversion,  la  suppression  de  pat,  ne  suffiraient  point  k 
corriger  tous  les  exemples  suivants  que  l'on  a  laissés  tels 
quels  ; 

Contre  nous  est  donnée  sautauce.  t.  £)88 

Encor  n'est  pas  moût  pauie  l'eure.  838 

Douce  amU,  B'i[l]  vous  devoit  plaire.  980 

Seront  en  compaignis  des  inges.  1081 

Irions  sainte  Marie  la  belle.  1685. 

n  parait  également  inutile  de  substituer  les  désinences  mo- 
dernes ois,  oia  dans  des  vers  comme  ceux-ci,  d'ailleurs  assez 
rares: 

Pour  foie  me  ievroye  tenir 

Se  refutoye  tel  corapaignie.  v.  313 

Ed  enfer  le*  feroie  descendre.  3068 

ICorir  les  laiMotM  comme  beeles.  S066 

Quant  aux  négligences  comme  celle-ci  : 

Les  issues  de  sainte  Esglise 

Quant  je  les  ay  mal  tUteroh  (pour  deserviei)  ; 

l'aj  trop  les  ennemis  tervit,  v.  2114 

on  en  trouverait  d'analogues  jusque  dans  les  auteurs  du 
XYii"  siècle. 

Les  monosyllabes  que  [pronom  et  conjonction),  je,  ne,  ee, 
Êe,ti,  qui,  etc.,  sont  le  plus  souvent  en  hiatus  avec  la  voyelle 
initiale  du  mot  suivant.  A  côté  des  élisions  féminines  régu- 
lières et  inutiles  à  noter,  les  hiatus  sont  également  fréquents 
après  une  muette  plus  liquide  : 

J'ay  fait  faire  à  mon  devis.  v.  1461 

Uu'elb  et  son  III  et  son  père.  v.  17S4 

En  eharlr»  ou  en  prison  ferme.  631 


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—  7t- 

Mais  en  dehors  même  de  ces  conditions,  l'hiatus  paraît  fo- 

cultatif  surtout  devant  un  monosyllabe  W  : 

Que  il  gite  a  une  femme,  t.  Stl 

A  MoyM  et  a  nous  (oui.  S95 

D«puwance  et  haut  et  bas.  1399 

Uns  chascuna  vous  treuv»  aimable.  1010 

Geste  tvb4  emporteras.  996 


En  résumé,  la  versification  présente  la  m^me  incertitude, 
la  même  confusion  que  la  langue,  et  cette  double  confusion 
correspond  bien  à  la  date  qui  avait  été  assignée  au  texte,  c'est- 
à-dire  au  plus  tôt  l'extrême  fin  du  xiv*  siècle.  D  autre  paii, 
pour  que  les  règles  de  la  déclinaison  soient  encore  assez  bien 
observées  par  l'auteur  et  le  copiste,  il  faut  admettre  qu'ils 
étaient  tous  les  deux  d'un  certain  flge  et  qu'ils  conservaient 
les  habitudes  de  leur  jeunesse.  Bien  plus,  cette  condition  né- 
cessaire ne  parait  môme  pas  sufllsante.  A.  cette  date  les  traces 
de  la  déclinaison  ne  se  conservent  plus  guère,  même  en  poé- 
sie, que  dans  le  Nord  et  le  Nord-Est  de  la  France,  c'est-à-dire 
dans  une  région  assez  restreinte,  où  il  convient  de  chercher 
la  patrie  de  l'auteur  et  celle  du  copiste.  Si  le  cardinal  de 
Granvelle,  propriétaire  possible,  mais  nullemest  démontrél?), 
du  manuscrit,  a  pu  le  rapporter  de  l'Artois,  le  texte  n'est  cer- 
tainement pas  de  cette  province.  Tous  les  faits  linguistiques 
relevés  précédemment  dénotaient  le  français  commun  de  l'Ile- 
de-France  avec  un  mélange  très  faible  de  traits  champenois 
et  picards.  Il  ne  reste  plus  qu'à  distinguer,  dans  la  mesure 
qui  nous  est  possible,  lesquels  de  ces  traits  sont  les  plus  im- 
portants et  à  examiner  avec  attention  les  détails. 


(1)  Sur  «  non  #lidë,  suivi  d'un  monosylUbe,  voir  une  note  de  M.  P.  Ueyer. 
dans  la  préface  du  roman  de  L'Eacoufle  (Soc.  des  aiic.  leilcs  fr.,  p.  lu). 
(S)  Voir  plus  haut,  p.  13. 


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:  Yoyons  d'abord  les  graphies  du  scribe.  Dans  cette  ortho- 
graphe archaïque  qui,  le  plus  souvent,  conserve  toutes  les 
lettres,  mênae  celles  qui  ne  se  prononcent  pas  {erance  pour 
créance  {v.  1340)  et  meschance  (v.  888,  2387)  sont  des  ex- 
ceptions), on  peut  noter  : 

1"  L'emploi  de  Vh  pour  marquer  la  diérèse  :  mahu,  249  ;  eo- 
gnehue,  922;  ahorra,  1433  ; 

2°  La  suppression  fréquente  de  Vh  aspirée  ;  ttû  a  huit,  970; 
umain,  1131  ;  oneur,  1341  ;  d'ut,  1034,  etc.  ;  par  contre  :  habonde, 
546  ;  heû,  2193;  hé  pour  ai,  1644,  commun,  etc  ; 

3^  La  suppression  fréquente  de  l'I  après  l'i  devant  une  con- 
sonne :  ('t,  qu'i,  pour  l'il,  qu'il; 

4»  La  notation  irrégulière  de  l'I  mouillée  :t*ouiIIié(roulé,batu), 
1165;  piUi.  eMiHei,1970;  piler,  millinr,  1973; 

5'  La  notation  de  l'n  presque  invariablement  doublée  ou 
mouillée;  loutiero  inné,  987;  ccrtainne,  397;  poinne,  678;  moingna, 
poingne,  1603; 

6°  Le  doublement  fréquent  de  l'i  :  vauuiit,  1440;  vomnat, 
voiu$i»lei,  2264,2266; 

7°  L'addition  très  commune  de  Vs  non  étymologique:  ^«s(,  85, 
■poette,  100;  enuelismera,  531  :  trabuteheront,  1119;  Jiuque  (nom 
propre»,  1801-1802;  reêgne,  1473;  haust,  1153;  £«?!««,  557  et 
passim;  vau«t,  1251;  faust,  1252,  1342,  1414,  etc.; 

8o  La  confusion  fréquente  de  n  et  m,  >  et  c  ;  con  pour  corn,  fa 
et  ce,  u,  et,  «t,  et,  etc.;  ceigneun  pour  »eigneura,  1042; 

9*  X  a  l'articulation  douce  de  l's  ;  eux,  repeût,  2338; 
-    10"  iT  est  mis  souvent  indifféremment  à  la  fin  des  mots  pour 
»  ■■  voz  omet  reprentT,  1931  ;  et  l'y  n'a  le  plus  souveut  qu'une 
valeur  calligraphique. 

Ces  graphies  n'ont  rien  de  bien  significatif. 

Si  l'on  examine  le  manuscrit  dans  l'ensemble,  on  y  trouvera 
sans  doute  des  traits  isolés  de  diverses  régions,  comme 
dans  la  plupart  des  copies.  Ainsi  : 

croira  (lorrain)  pour  croirai,  v.  609;  la  tout  garde  (normand), 
V.  1828. 

Mais  on  est  surtout  frappé  par  les  picardismcs.  Tels  les  mots 
ou  les  graphies  : 


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—  73  - 

~  proehtennement,  287,  b  cùlé  de  proehainnentent,3Sï3\  abbausse, 
1953-1954,  &  câté  de  a66eene,  abbesie,  liste  des  acteurs  et  rimé 
abbette,  tnetae,  2123',  venehera.  179;  vanche,  laidange,  1667;  oet- 
ront,oeirront  pour  venront,  1142;  Plito  pour Pluto,  661-662,  etc. 

D'autre  part,  certains  traits  semblent  plus  particuliers  au 
Beauvaisis  (1),  comme  Vo  prenant  la  place  de  l'e.  Ainsi  : 

voei  pour  veez,  674;  tonon»  pour  t«nons,  1294;  na  très  dislinc- 
leraent  écrit  pournée,  1838;  forçonnerie,  385. 

Le  scribe  s'éloigne  encore  plus  des  habituilpH  du  dialecte 
picard  en  hésitant,  comme  il  le  fait,  dans  l'emploi  de  l'article 
féminin  le  et  des  pronoms  possessils  analogues  (v.  576  et 
'305);  en  n'admettant  pas  le  mélange  des  finales  en  ic,Jee;  en 
écrivant  ja^tina  (par  un  j,  v.  1663)  un  mut  aussi  connu  que 
^a>/ans.  Il  écrit  encore  :  tin  ceste  saison  (v.  486),  l'an  les  crisl 
pour  Yen  (l'on)  les  crist  (656)  ;  il  substitue  très  fréquemment 
an  h  en,  cc  qui  semble  bien  un  trait  champenois  qu'on  peut 
suivre  dans  tout  le  manuscrit. 

Ce  soDt  également  des  traits  champenois,  semble-t-il,  que 
la  préférence  marquée  de  l'auteur  pour  les  terminaisons  en 
our,  ainsi  que  les  rimes  tans,  iens.  Le  mélange  des  suffixes 
âge  et  aige,  des  terminaisons  en  iée  et  en  ie,  l'emploi  in- 
termittent du  féminin  le  pour  la,  ces  traits  plus  familiers  au 
picard  ne  sont  pas  étrangers  au  nord-ouest  de  la  Champagne 
et  ils  ont  été  constatés  par  Natalis  de  Wailly  dans  la  langue 
de  Reims  (S).  De  ces  remarques  détachées  on  est  amené  à 
conclure  ceci  : 

Le  dialecte  de  l'auteur  et  celui  du  copiste  sont  le  plus  sou- 
vent confondus,  sans  que  l'on  puisse  toujours  déterminer 
la  part  de  chacun,  d'aJttord  parce  qu'ils  semblent  originaires 
de  pays  voisins,  ensuite  parce  que  le  texte  lui-même  est 

(1}  L'abbé  J.  Cobblet,  Gtostairedu  Patoii  pieard,  etc.,  1851  :  eiporer 
pour  ttperar  (Coût,  du  BeauuoUU],  p.  396. 

(2)  MAb.  da  l'Acad.  dw  Imcript..  t.  XXVill,  p.  290.  —  Notons  pour- 
tant que  le  féminin  leesl  très  rare  daas  las  chartes  de  Reims  au  xJir  siècle. 


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-54- 

d'une  âate  assez  récente,  enfin  surtout  k  cause  de  l'instruc- 
tion insuffisante  de  celui  qui  écrit  ces  lignes.  En  tous  cas,  les 
particularités  du  texte  ne  peuvent  guère  s'expliquer  que  par 
le  fait  qu'il  a  été  écrit  sur  les  confins  de  l'Ile-de-France,  de 
la  Picardie  et  de  la  Champagne.  Ce  mystère  est  vraisembla- 
blement du  Vermandois  ou  du  Valois,  sinon  du  Rémois  lui- 
même.  Il  ne  nous  appartient  pas  de  discerner  des  nuances 
aussi  délicates,  et  nous  craignons  bien  d'avoir  été  trop  pré- 
cis, malgré  toutes  nos  réserves.  En  disant  cependant  que 
l'original  et  la  copie  ont  été  écrits  à  un  certain  intervalle  de 
temps  et  de  distance,  entre  l'Oise  et  l'Aisne,  l'erreur  d'ap- 
préciation possible  ne  parait  pas  devoir  dépasser  une  cin- 
quantaine de  lieues. 

Sous  le  bénéfice  de  ces  observations,  et  notamment  de 
celles  qui  concernent  les  graphies  du  scribe,  on  a  reproduit 
le  manuscrit  unique  tel  qu'il  est,  moins  les  abréviations  ré- 
solues dans  le  texte.  On  n'a  corrigé  que  les  fautes  déjà  assez 
nombreuses  contre  le  sens  et  la  mesure,  et  l'harmonie  des 
rimes  n'a  été  rétablie  qu'à  de  très  rares  exceptions  dans  les 
disparates  trop  choquantes.  Dans  ces  cas,  la  leçon  textuelle 
est  rejetée  dans  les  notes  et  la  coirection  proposée  est  mise 
entre  crochets  (  ).  L.es  lettres  ou  les  mots  sautés  par  le  co- 
piste sont  toujours  imprimés  entre  [  ]. 

Pour  faciliter  la  lecture  du  texte,  on  a  distingué  u  voyelle 
de  u  consonne  (v),  i  voyelle  de  i  consonne  ij),  et  ajouté  la 
ponctuation,  l'apostrophe,  la  cédille  sous  le  c  doux,  les 
majuscules.  On  a  employé  l'accent  aigu  pour  marquer  l'ac- 
cent tonique  dans  les  polysyllabes  se  terminant  en  e,  ee,  e», 
ère,  accentués  ;  bonté,  journée,  savét,  père,  lumière.  On  n'a 
pas  mis  d'accent  quand  z  final  indiquait  qu'e  n'était  pas  muet  : 
aavés  mais  alez.  Les  articles,  pronoms  et  adverbes  monosyl- 
labes ont  été  laissés  sans  accent,  exemple  :  nés,  (mdme)  ;  es, 
(en  les);  mais  on  a  distingué  par  l'accent  les  autres  mono- 
syllabes équivoques,  par  exemple  :  «es  possessif  et  tés  (sais). 
L'accent  grave  a  été  employé  pour  marquer  la  prononciation 


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—  75  — 

ouverte  de  Vé  :  aprèê.  Quaat  aux  trémas,  il  aurait  Ëilla  les 
multiplier  pour  marquer  toutes  les  variations  de  la  quantité 
syllabique,  telles  qu'on  les  a  indiquées  dans  ces  notes.  Mais 
on  acraint  d'en  surcharger  un  texte  qui  devait  être  imprimé 
en  caractères  menus  et  de  rendre  ce  texte  encore  plus  dif- 
ficile à  lire.  Il  a  donc  paru  préférable  de  n'  employer  en  gé- 
oénd  les  trônas  que  pour  les  cas  îrancbement  douteux,  ou 
pour  distinguer  les  équivoques  pats,  paiz  et  paU.  On  n'a  mar- 
qué régulièrement  que  les  diérèses  les  plus  usitées,  cû,  «I: 
teÛMiem,  teuaneni  (sussiens),  feiat,  feùt  (fisl),  quand  il  y 
avait  lieu. 

A  ces  détails  matériels  près,  t'orthographe  bigarrée  du  raa- 
Duscritde  Besançon  a  été  reproduite  scrupuleusement.  Les 
savants  pourront,  avec  une  précision  &  laquelle  on  est  très 
loin  de  prétendre,  déterminer  te  dialecte,  le  canton,  la  ville 
de  ce  mystère  dont  la  région  n'a  été  indiquée  qu'approxi- 
mativemeot,  et  la  date  seule  avec  certitude. 

VU 

Après  avoir  déterminé  la  date  et  la  région  du  Jtmr  du  Ju- 
gement, il  nous  reste  à  énumérer  les  diverses  pièces  fran- 
çaises et  étrangères  dont  la  réunion  et  la  collation  étaient 
indispensables  pour  discerner  par  comparaison  les  traits 
caractéristiques  de  ce  mystère.  Dans  cette  récapitulation,  on 
se  bornera  à  mentionner  les  pièces  déjà  souvent  signalées  et 
connues;  on  n'insistera  que  sur  celles  qui  ont  paru  prêter  à 
des  remarques  nouvelles,  comme  le  Ludus  Paachaiia  de  An- 
lichriito,  quoiqu'il  ait  été  souvent  étudié,  et  sur  celles  qui  se 
rapprochent  le  plus  du  Jour  du  Jugement.  Toutes  ces  pièces 
peuvent  se  diviser  en  trois  groupes,  les  mystères  mimés,  les 
drames  proprement  dits  où  le  jugement  dernier  est  repré- 
senté isolément,  et  ceux  où  il  est  précédé  de  la  légende  de 
l'Antéchrist.  On  suivra  donc  cet  ordre  pour  les  difTérents 
paya,  et  l'on  réservera  une  dernière  division  très  courte  aux 


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-7tf- 
pièces  sur  le  jugement  et  sur  l'Antéchrist  de  la  polémique 
protestante  du  xvi'  siècle. 


Le  jugement  dernier  a  souvent  et  très  longtemps  été  re- 
présenté dans  les  mystères  mimés,  soit  aux  entrées  des 
princes,  soit  aux  processions  do  la  Fête-Dieu.  Les  représen- 
tations de  ce  genre  que  l'on  connaît  (Paris,  1313,  1438  ;  Ab- 
beville,  1466  ;  Béthune,  1549)  sont  depuis  longtemps  décrites 
en  détail  dans  le  Diclionnaire  de»  Mystères  du  comie  de 
Douhét  et  dans  les  Mystères  (t/  de  M.  Petit  de  Jullevitle.  On 
ne  peut  y  ajouter  qu'un  nom  et  une  date  : 

Nantes,  Archives  Municipiile»  (t.  I,  p.  25],  AA  W,  liasse  : 
«  Quittance  de  40  s.,  donnés  à  G.  Galopin,  pour  jouer  le  ju- 
gement au  carrefort  des  Changes  (Nantes)  à  la  venue  et  en- 
trée du  duc  de  Bretagne  (Pierre  II),  8  octobre  1450  ». 

Le  jugement  dernier  a  également  servi  de  spectacle  méca- 
nique. Magnin  possédait  et  a  décrit  dans  son  Histoire  det 
Afarionnettes,  etc.  (Paris,  1852,  in-8,  p.  1-21)  un  Jugement 
daté  de  Reims,  15  avril  1775,  et  ainsi  intitulé  :  Explication 
du  Jvgement  univertel  par  le  sieur  Ardax  du  mont  Liban. 
La  pièce  en  cinq  actes  comprenait  *  trois  mille  cinq  cents 
figures  en  bas-relief  •  mobiles.  Un  orateur  était  chargé  ■  de 
fciter  les  passages  de  l'Ecriture  sainte  et  de  prévenir  l'assem- 
blée respectable  des  différents  sujets  qui  rempliront  les 
actes.  »  La  Bibliothèque  de  l'Arsenal  conserve  un  programme 
à  gravures  quelque  peu  difTérent  et  probablement  unique, 
qui  sera  cité  en  note  (2).  Il  nous  parait  très  vraisemblable 


(1)  Lit  Myêlèret,  II,  187,192, 1U6,  213. 

(2)  B.  de  l'Arsenal,  8.  et  A.  51111  bi»,  in-f.  —  Repréientation  du  /u- 
gêment  aniogriel.  —  L'inventioa  de  cette  pièce  est  due  au  S'  Ardaxe. 
La  singularité  du  sujet,  dont  l'eiéculion  a  é\é  approuvée  de  MM .  de  la  Sor- 
bonne,  mérilera  I  attention  du  public.  Les  décorations  sont  pciutes  par  le 
S' Piètre  Algieri,  peintre'  de  l'Opéra,  qui  est  parniiiement  entré  dans  ]e 


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—  •■H  — 
que  ce  spectacle  a  été  inspiré  par  uoe  de  ces  i^i'andes 
paniques  que  nous  avons  si  souvent  rencontrées.  Un  mé- 
moire de  l'illustre  astronome  Lalande,  faussement  interprété 
par  les  Douvellistes,  avait  fait  croire  aux  Parisiens  que  la  terre 
était  sur  le  point  d'être  broyée  par  une  comète,  La  Gazette 
de  France  du  8  mai  1773,  les  Mémoires  de  Dachaumont,  une 
lettre  de  Voltaire  datée  de  Grenoble.  17  mai  1773,  font  allusion 
h  ces  terreurs  et  aux  plaisanteries  folles  qui  les  suivirent.. 
Le  sieur  Ardaxe  aura  profité  des  circonstances  pour  organiser 
son  spectacle  avec  le  concours  du  sieur  Algieri  iqui  avait 
presque  le  nom  du  Dante),  et,  après  avoir  exploité  Paris  il 
aura  continué  par  la  province. 

Pour  les  Ju{>ements  derniers  dramatiques,  le  plus  ancien 
est  le  drame  allégorique  de  l'Epoux  ou  des  Vierges  folles,  qui 


plan  de  l'.iuteur  pour  les  elTels  merveilleux  que  font  les  dilTérents  n: 
de  perspective  nécessaires  pour  remplir  l'objet  qu'on  s'est  proposé. 

Première  représenta  lion.  —  L'avant-scène  offre  au:i  yeux  un  portique 
d'ordre  corinthien,  avec  les  colonnes  torses  garnies  de  feuillages  d'or.  Pour 
attributs,  dans  lescôtéa  et  wus  le  péristyle,  les  vertus  théologales,  I^  lune 
parait  dans  la  nuit,  teintée  de  sang.  Le  soleil  se  lève  et  fait  son  cours  der- 
rière tes  vapeors  qui  sortent  de  la  lerre;  peu  à  peu  il  devient  brun  et  perd 
sa  lumière.  Ls  bruit  du  tonnerre  se  fait  entendre,  un  ébranlement  se  fait 
dans  toute  la  nature.  Des  astronomes  viennent  observer  ces  phénomènes. 
Une  pluie  de  feu  tombe  du  ciel  sur  Jérusalem  et  la  détruit. 

Deuiiéme  représentation,  —  Un  nombre  infini  de  tombeaux  paraissent 
dans  Ifl  vallée  de  Josaphal.  Des  squelelles  en  sortent  et  reprennent  leur 
chair.  Le  prophète  Ezéchiel  arrive  dans  cette  vallée  et  marque  par  ses 
gestes  son  élonnemeat.  La  mer  mugit  et  rejette  les  corps  de  ceui  qui  ont 
péri  sur  cet  élément.  Des  anges  sonnent  de  la  li'ompette  et  annoncent  aux 
quatre  parties  du  monde  le  Jugement  universel. 

,  Troisième  représentation  —  Une  gloire  immense  descend  des  cieui. 
Dans  le  milieu  et  sur  l'arc  en  ciel  apparaît  le  Divin  Juge  accompagné  des 
.  doute  apdtres.  Toutes  les  nations  arrivent,  chacune  dans  les  habits  qui  mar- 
quent les  différents  états  et  religions,  pour  entendre  deux  sentences  Irrévo- 
cabies  :  l'uiio  :  Veniifl  benedicti,  et  l'autre  :  lie  in  ignem.  Après  quoi  les 
anges  font  la  séparation. 

Quatrième  représentation.  —  L'enfer  sort  de  dessous  terre  :  un  bruil 
profond  se  fait  entendre  dans  ses  antres  prolonds  qui  vomissent  feu  et 
flammes.  Les  démons  s'emparent  des  damnés,  et  ces  ministres  odieux  de  la 
justice  divine  les  plongent  dans  les  tourments  qui  leur  son!  préparés. 


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—  78  — 
est  tout  k  fait  en  dehors  du  cadre  de  cette  étude.  Le  premier 
des  mystères  français  actuellement  connus  est  un  Jugement 
général  ID  rouergat  qui  termine  une  suite  de  pièces  allant  de 
la  création  à  la  fin  du  monde.  Viennent  ensuite  deux  drames 
breton»  inédits  que  l'on  jouait  encore  au  commencement  du 
XIX*  siècle  9).  Jusque  vers  1834,  on  représentait  également 
le  même  sujet  dans  la  Flandre  Française,  i  à  Bailleul,  où  le 
mystère  du  Jugement  dernier  survécut  à  tous  les  autres  (3)  ». 
Les  plus  importantes  de  ces  pièces  sont  celtes  qui  repré- 
sentent, comme  le  manuscrit  de  Besançon,  en  une,  deux  ou 
trois  journées,  l'histoire  de  l'Antéchrist  associée  à  celle  du 
jugement.  La  plus  ancienne  connue  est  une  représentation, 
en  deux  journées,  qui  fut  organisée  par  rarchevëque  de  Lyon 
k  Orléans,  en  1550,  et  sur  laquelle  on  ne  sait  à  peu  près 
rien  W.  Vient  ensuite  un  Jugement  de  Dieu  inédit,  plusieurs 
fois  représenté  à  Hodane  (Savoie),  qui  expose  en  trois  jour- 
nées le  règne  de  l'Antéchrist,  la  fin  du  monde,  le  jugement, 
et  qui  sera  imprimé  ou  au  moins  analysé  en  détail  très  pro- 
chainement (^1.  Le  même  cadre  fut  encore  suivi  dans  une  pièce 
jouée  le  7,  8  et  9  aoOt  1607  par  les  élèves  des  Pères  Jésuites 
du  collège  de  la  Trinité  à  Lyon.  On  y  voyait  le  Dragon  pour- 
suivant l'Eglise  couronnée  de  douze  étoiles,  comme  la  femme 
de  l'Apocalypse  (xii).  Les  quinze  signes  suivaient,  et  enfin 
le  jugement.  La  représentation  ayant  coïncidé  avec  un  vio- 

(1)  Mtftlèrea  provençaux  du  qtiintièm»  liéclt,  éd.  A  leanray  ri 
H.  Teulié  (Toulouse,  Privai,  1893),  in-fl-,  I93-S8». 

(S)  Collection  des  mystères  bretons,  formée  par  M.  Luztl  en  1863  (Bibl. 
Nat-,  catal.  du  rond»  celtique,  n"  38  et  57,  indiqués  par  li  Bévue  cel- 
tique, V,  318).—  Emile  Morice  (Histoire  de  ta  mite  en  icène,  Paris, 
1^,  in-8)  donne  l'analyse  d'un  mystère  en  37  tnbleaux.  sur  le  commen- 
cement et  la  En  du  monde,  qu'on  jouait  en  Bretagne  en  1833,  et  qui  devait 
probablement  dire  tîrédes  manuscrits  précités. 

(3)  Noêli  dramatiguei  de*  Flamande  de  France,  publiés  par  l'abbé 
D.  Carnsl,  Dunkerque,  Typ.  de  Vanderest,  in-8,  1855,  p.  3. 

(4)  Lei  Mystère»,  II,  157.  Cf.  Cui9sahd,  Mytèretjoué»  à  Fleary  et  à 
Orléane,  1879. 

(5)  Le»  Mv^èrae,  II,  «H. 


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—  79  - 

lent  orage,  certain  ■  tenébrion  de  Genève  *  vit  dans  ce  fait  une 
marque  de  la  désapprobation  divine,  et  il  attaqua  violemment 
la  pièce  dans  un  Récit  W,  qui  fut  à  son  tour  réfuté,  et  en- 
traîna une  polémique  interminable,  même  au  delà  de  nos 
frontières.  On  peut  voir  réunies  dans  la  Bibliothèque  de  la 
Compagnie  de  Jénu  (S)  les  nombreuses  pièces  de  ce  débat, 
qui  n'est  cui'ieux  que  par  sa  date. 

ALLEMAGNE 

En  Allemagne  la  pièce  la  plus  importante  sur  l'Antéchrist 
est  le  Litdut  Paaekalia  de  Antichriato,  drame  liturgique  du 
XII*  siècle,  en  vers  latins  rythmiques,  qui  rappelle  les  projets 
de  croisade  de  Fréd»^ric  Barberousse  et  qui  célèbre  la  supré- 
matie du  Saint-Empire  romain.  Imprimé  pour  la  première 
fois  en  1721,  par  Bernard  Pez,  il  a  été  traduit  dans  le  Diction- 
naire de»  Myalèrea  du  comte  de  Douhet  (col.  144  à  147)  avec 
une  longue  bibliographie,  à  laquelle  il  sufQt  d'ajouter  les  deux 
éditions  données  par  G.  v.  Zezschwitz  (Leipzig.,  1877  et  1878, 

(1)  Coavielion  «iiHlable  du  récit  fabultuas,  divulgué  touchant  Itt  re- 
préâentation  exhibée  en  face  de  toute  la  vitlo  de  Lyon,  au  cotUge  de  la 
compagnie  de  Jénu,  le  7  d'aoutt  de  la  preeente  année  1607.  A  HM .  le 
[VéTost  des  marchands  el  échevins  de  la  dite  ville.  A  Lyon  par  Abraham 
CLOQUifHin,  1607,  in-8*,  -  signé  «  André  de  Gaule  ».  (Bibl.  Nat.,  HUI.  de 
France.  L4*»,  *9);  réimprimé  en  1B37  à  Lyon,  par  Borlel  —  U  récit  dî- 
Mtt  que  (  plusieurs  des  Joueurs  fort  elTrayéa  depuis  sont  moiis,  el  qu'on 
tient  compte  de  neuf  ou  dix  des  principaux  pour  [e  moins  ;  qu'en Ir'autres 
Mini  qui  conirefaisoit  Dieu  et  celui  qui  conti'efaisoit  le  personnage  de 
Lucifer  ont  esté  emportés  de  maladie  :  bref  que  les  esclaîrs  estoienl  si  fré- 
quents que  plusieurs  pensoyent  que  ce  fust  la  fin  du  monde  t.  —  On  pense 
bien  que  les  jésuites  répliquèrent  (et,  ce  semble,  avec  raison],  que  ces  morts 
■e  portaient  bien,  et  que  malgré  l'orage,  la  représentation  avait  été  la  plus 
belle  dn  monde. 

(9)  Nouvelle  édilion  par  le  P.  Carlos  Somhertogel,  S.  L  Slrasbourgeois, 
V,  p.  SS9.  —  Aucune  de  ces  pièces  n'est  citée  par  Brouchoud  {Lei  OH- 
ginee  du  Théitre  de  Lyon,  Lyon,  Scheuring,  mdcccliv,  S'  éditiDn,p.  28), 
lequel,  en  revanche,  cite  une  déclaration  offîcielle  du  consulat  de  Lyon, 
auquel  les  P.  Jésuites  avaient  offert  leur  Coaaiclion  ou  Hérutatlon  pour  U 
fiure  approuver  (ArcA.  munieip,  de  Lyon,  BB 143  et  GG  58). 


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in-^,  et  surtout  l'étude  du  D'  Wilhem  Meyer,  qui  a  corrigé 
le  texte  et  fixé  sa  date  am  environs  de  1160  (').  Au  lieu  d'a- 
nalyser une  fois  de  plus  dans  les  moindres  détails  une  pièce 
qui  a  déjà  été  analysée  une  dizaine  de  foi»  en  allemand  (<!)  ou 
en  italien,  et  au  moins  trois  Fois  en  français  (3),  il  vaut  mieux 
essayer  de  déterminer  sa  date  avec  plus  de  précision  et  rap  - 
peler  par  de  nouveaux  textes  l'intérêt  qu'elle  ofTre  pour  l'his- 
toire de  France. 

liB  drame  allemand  s'inspire,  comme  le  mystère  de  Be- 
sançon, du  traité  de  l'Antéchrist  écrit  par  Adson  (*)  vers  9&4, 


(1)  Luduê  de  Antiehriito  uitd  ûber  dit  tateinUchtn  Rythmen,  ton 
D'  Wilhelm  Meyer.,.,  Munich,  Straub,  1882,  in-S',  I9i  p. 

(S]  Voir  la  dernière  nnalyse  Taile  par  M.  Wilhelm  Cheizemach  (GeêehMle 
dM  Neueran  Drama»,  Halle,  Nîemeyer,  1893,  I,  60-86). 

(3)  Par  les  PP.  Uiirtin  et  CAHirR  (  VUraux  peints  d»  Saint-Etitan» 
de  Bourges,  p,  7  et  sq.],  pnr  G.  Brunet  [Lea  EvangiUi  apocryphe*.  18G), 
p.  i7{,  et  surtout  par  M.  Marius  StJ>ET,  daiiâ  un  très  intéressant  article  du 
journal  rUtiÛin,  17  avril  1881.  —  Le  teite  latin  est  également  reproduit 
dans  h  Patrologie  Uigne.  t.  CCXIII,  947-060. 

(4)  Sur  l'histoire  et  les  variantes  du  traité  d' Adson,  voir  El>ert  et  surtout 
B.  Hauréau,  (iVot.  et  Extr.  de  qnelq\i»s  M:  lattix  etc.,  t.  [.  mi  et  VI, 
86-88).  —  Sur  l'origine  et  les  transformations  de  la  prophétie  byiautine 
dans  le  traité  d' Adson,  le  Panthéon  de  G.  de  Vitehbk,  et  les  apocryphes 
de  BËDE  'Patr,  Higne,  t.  XC,  col.  IISI  et  sq.,  Sib\flUnorum  verbomm 
interprelalio]  la  dernière  élude  consultée  est  Dtn"  ArUiehrûl  in  dtr  Ûber- 
lieferung  dst  Judenthumi  e\c.,  von  Lie.  theol.  Wilhelm BoussET  [Goltin- 
gen,  Vandenhœck  und  Ruprecht,  I8!lj,  in-8-)  qui  parait  d'ailleurs  incom- 
plète. Elle  ne  rappelle  pns  nettement  ce  qui  a  été  depuis  longtemps  établi 
par  l'historien  des  vers  sibyllins,  Alexandre,  que  la  Sibifllinoram  ttrbor 
ruin  inlerpretaîio  attribuée  à  Bède  ne  peut  avoir  été  rédigée,  dans  sa 
forme  actuelle,  qu'à  la  fin  du  m"  siècle,  sous  l'empereur  Henri  VI  ;  «...  Et 
tune  eisurget  rei  nomiiie  H,  aiiimo  constans.  H  ille  idem  i;onstans  erit 
rei  Romanorum  et  Greecomin.  Ilic  statiira  grandis,  aspcctu  décoras, 
vultu  sptendidus,  atque  per  siiigula  membroi'um  lioeamenta  decenter 
coinpositus...  1  Elle  ne  rappelle  pas  davantage  les  variantes  ou  Tersions 
françaises  de  cette  prédiction,  en  particulier  la  Prophétie  de  la  Sibylle 
Tiburniea  (Bibl.  Nat.,  ms.  fr.  375  et  sq.)  où  l'empereur  légendaire  est  dé- 
signé (p.  27  recto,  col.  1),  non  par  l'initiale  H,  mais  par  le  nom  de  Cons- 
tans :  •  ...  li  rois  des  liriei  qui  sera  apelés  Constans...  Il  sera  rois  dei 
Griei  et  des  Roumraaias,  il  sera  de  grant  estât  et  de  bel  regart,  respieu- 


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—  si- 
en particulier  d'une  vieille  prophétie  byzantine  qu'Aiison  avait 
empruntée  lui-même  aux  Réoëlationa  du  pseudo-Mélhodius 
et  dont  les  rois  de  France  et  les  empereurs  d'Allemagne  s'ap- 
pliquèrent plus  tard  le  bénéflce.  Ad&on  vient  de  commenter 
le  verset  connu  de  la  II"  Epitre  de  saint  Paul  aux  Thessaloni- 
ciena  (II,  3)  en  expliquant,  comme  on  l'a  déjà  vu,  que  l'Anté- 
christ ne  peut  apparaître  avant  la  division  et  la  ruine  défini- 
tive de  l'Empire  romain.  Certes,  ajoute-t-il,  cet  empire  est  déjh 
détruit  en  majeure  partie,  mais  si  longtemps  que  subsisteront 
les  rois  des  Francs,  la  dignité  de  l'Empire  romain  ne  périra 
pas  complètement  et  se  maintiendra  (atabit)  en  eux.  Le  der- 
nier et  le  plus  grand  de  ces  lois  possédera  encore  une  fois 
l'empire  romain  tout  entier,  comme  l'assurent  nos  docteurs. 
Après  avoir  fidèlement  administré  l'Empire,  il  ira  à  Jérusa- 
lem et  Ut,  sur  le  mont  des  Oliviers,  il  déposera  la  couronne 
et  le  sceptre,  et  ce  sera  la  fin  de  l'Empire  des  Romains  et  des 
chrétiens.  Ensuite  l'Antéchrist  se  manifestera  (')  ». 

Toute  la  première  partie  du  drame  allemand  n'est  que  la 
mise  en  scène  de  cette  prophétie.  C'est  d'abord  •  la  montre  ■ 
ou  le  dédié  solennel  des  acteurs.  Les  Rois  de  l'univers,  l'Em- 
pereur ou  le  Roi  des  Romains  et  le  Pape  mêlés  à  des  person- 
nages symboliques,  l'Idol&trie  (Geiililîta»),  la  Synagogue, 
l'Eglise,  la  Justice  et  ta  Miséricorde  vont  occuper  en  bel  ordre 
les  sièges  ou  les  trônes  qui  leur  sont  destinés.  Aussitôt  après, 
l'Empereur  envoie  ses  messagers  aux  différents  rois,  qui  re- 
connaissent de  bonne  grâce  sa  suprématie,  sauf  le  roi  de 

dtssans  par  viaire  et  bien  fais  en  lou»  ses  membres.  »  —  Ce  si^jet,  très 
confus,  demanderait  une  nouvelle  ëtude  a  pari. 

(1)  Adson  (Pair.  Migne,  t.  Ct,  col,  13S>j  :  «  Tiaduiil  namque  doctores 
rioslrî  quod  unus  ex  regibus  Francorum,  elc.  ■  —  Plus  loin,  dans  le  même 
teitc,  col.  1396,  la  mâme  prophétie  réparait  plus  développée  et  attribuée 
cette  fois  à  uneSybille  :  aSicul  insibjllitiisveriiibushibeinus  lemporepra- 
dicli  régis  cujus  nomeu  eril  C.  rex  Romanorum  lotius  imperii,  elc,  a  — 
On  retrouve,  comme  on  l'a  déjà  vu,  la  pi'opbétie  dans  les  apocryphes  de  Elède 
(Pair.  Migne,  t.  XC,  col.  llffî)  avec  cette  différence  que  l'initiale  C  est  rem- 
placée par  une  H.  :  ■  Et  tune  eisurget  rei  nomine  H.  anima  constaus,  elc.  ■ 


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France,  qui  De  cède  qu'à  la  force  des  armes,  et  le  roi  de  Ba- 
bylone  qui  assiège  Jérusalem.  Encouragé  par  un  ange,  l'Em- 
pereur va  délivrer  la  ville  sainte  ;  il  dépose  sa  couronne  sur 
l'autel,  comme  il  a  été  dit.  et  rcgugne  son  trône.  Sur  le  champ, 
l'Anteclirist  fait  son  entrée,  escorté  des  Hypocrites  et  de  l'Hé- 
résie. Les  Hypocrites  vont  en  son  nom  réclamer  l'hommage 
des  rois,  parmi  lesquels  le  roi  de  France  se  distingue  par  sa 
lâcheté,  et  le  roi  des  Teutons  par  sa  bravoure,  car  il  bat  les 
troupes  envoyées  contre  lui  et  ne  cède  qu'au  prestige  des 
miracles,  mais  enfin  il  cède  comme  les  autres,  et  &  lui  aussi 
l'Antéchrist  peint  sur  le  front  la  première  lettre  A  de  son 
nom.  Le  roi  de  Babylone  et  la  Synagogue  reçoivent  le  même 
signe.  Les  prophètes  Enoch  et  Elie  qui  viennent  convertir  la 
Synagogue  sont  massacrés  avec  elie.  Mais  au  moment  oii 
l'Antéchrist  célèbre  son  triomphe  au  milieu  des  rois,  le  ton- 
nerre retentit,  il  est  foudroyé,  ses  partisans  efTurés  s'enfuient, 
et  sont  tous  recueillis  et  ramenés  ;ï  la  foi  par  l'Eglise. 

La  pièce  fmit  brusquement,  comme  on  le  voit,  par  le  chA- 
timent  de  l'Antéchrist,  et  le  retour  de  ses  partisans  à  la  foi 
est  très  brièvement  indiqué.  Il  n'y  est  fait  allusion  ni  à  la 
Résurrection  du  Christ  qui,  dès  le  xi"  siècle,  était  exposée 
dans  un  drame  liturgique  et  représentée  dans  l'Eglise  dès  «  la 
nuit  de  Piques  •  en  Allemagne  comme  en  France  (t);  ni  au 
jugement  dernier.  Ceci  posé,  qu'on  veuille  bien  examiner  les 
longues  explications  d'Honorius  d'Autun,  qui  a  vécu  en  Alle- 
magne au  commencement  du  xii'  siècle,  et  qui  connaissait 
parfaitement  la  vieille  liturgie.  La  première  partie  de  son 
texte  (^i  sut'  les  offices  de  la  semaine  sainte  rappelle  précisé- 
ment la  prophétie  sybilline  ou  la  prophétie  d'Adson  exposée 


[i]  Bernard  Pei,  Theaauru»  anecdotoram ,  etc.,  Il,  p.  lui  ;  c  Nocle 
Dominiez  Resurrectionis,  etc.  i>  —  Mone,  Schauêpiêle  lût  Milletalter», 
],9.  —  Lei  Myntérea,  1,61. 

{•i)  Patr.  Migne, CLXX1I,67'J,  Gemma  Anima! cap.  csxxiy -.iiDemagno 
mytlerio  diei  Patmarutn,  et  totiai  hebdomadae.  —  Hsc  cuacta,  qum 
in  capite  Chrisli  prxcesserunt,  in  corpoi-e  quoque  ejus,  scilicet  Ecclesia, 


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-8S- 

plus  haut,  et  l'entrée  triomphale  du  dernier  Empereur  romain 
&  Jérusalem;  la  seconde  la  déMte  de  l'Antéchrist  et  la  conver- 
sion des  Infidèles  rappelées  dans  les  oftices  du  Vendredi  et 
du  Samedi  saint  au  matin.  De  ce  symbolisme  liturgique  il 
semble  bien  résulter  que  le  drame  i  pascal  >  de  l'Antéchrist 
a  dû  être  joué  au  plus  tard  le  Samedi  saint,  c'est-à-dire  avant 
Pâques,  aussi  bien  que  le  mystère  de  Besancon. 

Les  deux  pièces  offrent  d'ailleurs  dans  le  fond  et  d&ns  la 
forme  de  notables  difTérences  qu'on  a  déjà  relevées.  Le  Lu- 
dtu  de  Antichriato,  mêlé  de  chants  et  d'hymnes,  est  un  drame 
liturgique  sans  la  moindre  trace  de  comique  ni  de  diableries. 
Cest  aussi  un  drame  militaire  à  grand  spectacle,  et  cette 
miâe  en  scène  luxueuse  déplaisait  fort  aux  prélats  rigoristes 
du  temps  que  l'auteur  a  charitablement  dépeints  sous  les 
traits  des  Hypocrites.  Le  beau  réle  y  appartient  à  l'Empe- 
reur. Bien  qu'on  y  voie  figurer  côte  à  c6te,  assis  sous  le  même 
dais  (1), 

Ces  deux  moitiés  de  Dieu,  le  Pape  et  l'Empereur, 


fbtura  erant.  Dies  utique  Palmarum,  quando  Dominas  ad  Hiercsoljmam 
veiiil,  el  ei  lurbi  cum  palmis  occurrit,  eit  Hlud  tempuK  cnjut  utltmiM 
Bomanorum  imperalor  Hieroiolijmam  ibit,  regnum  Deo  et  Patri  da- 
bU,  ut  Sihylla  icribit.  Très  dies  anle  Pascha  aunt  1res  anni  quibus  Anti- 
christus  regnabit.  Per  omnia  régna  hia  diebus  pffinitentes  ab  episcopl*  In 
ecclesiam  introducuntur.  Chrisma  canltcitur,  per  quod  Chrisllanî  vonsi- 
gnaiitur,  et  lune  Judci  regno  Dei  assignai! tiir.  Pedes,  qui  sunt  ullima 
mEMbra,  lavantur  el  uUimo  tempore  maiima  perrecllo  in  Ecclesia  conci- 
tatur  )  lumina  uontegunlur,  et  (une  omnia  signa  ab  ecclesia  tolluntur.  Cam- 
pans  non  sonant  et  doctorea  tune  non  prfedicant.  Tabula  percutitur,  et 
magnus  terrar  Hdelibus  incutltur.  Lectiones  lainentanlur  quia  tune  omne 
gaudium  Ecolesigeinluctum  uonverlitur;  altaria  denudantur  et  tuiic  omnia 
uncta  proculcanlur.  Altua  ligni  sonitua,  qui  Ht  ad  Benedietui  est  maiîmus 
terrorqiii  iaïadet  advei'sarios,  quando  itilerflcietur  Antichristus.  Hb  die- 
bus novus  ignis  benedicitur,  et  illo  (empare  ignis  Spiritus  sancli  in  eccle- 
sia reaccenditur,  catechumeni  baptiiantur,  et  tune  post  interfectionem 
A.ntichristi  maiima  muKiludo  baptiiabitur.  Cereus  reaccensus  est  CliiisU 
adventus.  Oeinde  agitur  Chdsti  rosurreclio  quia  tune  sequitur  Ecclesîs 
resurreclio,  etc.  i 

[i)  Si  par  une  fantaisie  archéologique  on  voulait  représenter  le  Ludua  de 


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—  84  — 
le.  pape  n'y  ouvre  pas  la  bouche,  BOit  parce  qu'il  n'est  pas 
question  du  pape  dans  les  sources  de  l'uuteur,  c'est-à-dire 
dans  les  Révélations  de  Méthodius  et  le  traité  d'Àdson  d),  soil 
encore  parce  que  dans  la  réalité  les  relations  étaient  très 
tendues  entre  Frédéric  Barberousse  et  le  pape  de  Rome. 
A.U  contraire,  c'est  l'histoire  du  pape  Benoit  XIII  qui  lait  le 
principal  intérêt  du  mystère  français  du  Jour  du  Jugement. 
Le  rapport  le  plus  curieux  entre  ces  deux  pièces  si  dilTé- 
rentes,  c'est  donc  l'union  intime  et  insolite  de  la  politique  et 
de  la  liturgie. 

Le  drame  liturgique  allemand  repose,  comme  on  l'a  vu,  sur 
une  prophétie  byzantine  qui,  des  empereurs  byzantins,  fut 
d'abord  reportée  sur  les  rois  de  France,  héritiers  de  Charle- 
magne,  puis  fut  confisquée  par  les  princes  allemands  de  la 
dynastie  saxonne,  en  même  temps  que  l'Empire,  comme  le 
texte  le  déclare  lui-mênie  (2).  Mais  si  les  rois  dé  France  ont 
toujours  réâisté  aux  prétentions  des  nouveaux  empereurs, 
leurs  sujets  partageaient  ce  sentiment,  et  les  F(;ançais  conti- 
nuèrent, sauf  de  rares  exceptions,  à  appliquer  la  prophétie  en 
(juestion  à  un  prince  Français.  Ce  n'est  qu'au  xviii'  siècle  que 
les  rédacteur^  de  VHisloire  littéraire  de  la  France  (t.  VI, 
p  480)  se  décident  à  appeler  cette  prophétie  <  fameuse  mais 
insipide  *,  sans  entrer  dans  le  moindre  détail.  Ce  sont  préci; 
sèment  ces  détails  qu'il  nouâ  importerait  de  connaître  et  qui 
nous  expliqueraient  pourquoi  l'on  a  si  longtemps  prédit  et 
promis  aux  rois  de  France  la  conquête  des  Lieux  saints.  Es- 
sayons de  glaner  quelques  textes  à  ce  sujet. 

Antichriâto,  le  dëcoraleur  n'aurait  qu'à  copier  une  gravure  <lu  Liber  ehro- 
nieanim  ou  Chrottica  mundi  il'Hai-tmaiin  Sciiedel  qui  nous  montre  ainsi 
souii  le  même  dais,  l'empereur  Krédëriu  III  et  le  pape  Pie  11  [.Eneas  Picco- 
lomïiii  ,  avec  celte  devise:  ■  Sum  piui  Aenean,  fama  vuper  Klhera  no- 
lu»  ■,  et  qui  contient  une  longue  disserlatioti  sur  la  suprémalie  du  Saiiil- 

(1)  l;a  remarque  est  du  D'  W.  Meveh,  op.  laudal.,  p.  13. 
(2}  Pair.  Higne,  CCXIII,  coi.  %0:  ■  Hiiioriographh  ri  qiia  fide»  ha- 
hatar,  etc.  », 


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La  prophétie  mentionnée  dans  le  traité  d'Âdson  reparaît 
avec  de  nouvelles  particularités  dans  la  Prophétie  de  la 
Reine  Sibylle  (1),  qui  est  probablement,  comme  on  l'a  vu,  un 
fragment  d'un  poème  d'Herman  sur  les  Sibylles.  Elle  est  en- 
core indiquée,  par  allusions,  dans  la  lettre  déjà  citée  de  saint 
Vincent  Ferrer  sur  l'Antéchrist  (*).  et  son  rôle  devient  surtout 
important  au  xv*  siècle.  Le  pape  Pie  II  &)  la  rappelle  au  roi 
Louis  XI,  qui  décline  le  grand  honneur  qu'on  lui  propose; 
mais  Charles  VIII  fut  plus  sensible  aux  llatteries  des  Italiens, 
et  crut  de  bonne  foi  qu'il  était  le  grand  empereur  de  la  lé- 
gende, celui  dont  le  nom  commençait  par  un  C,  comme  disait 
le  texte  d'Adson,  qui  devait  expulser  lefi  Turcs  ou  les  infi- 
dèles et  reconquérir  Jérusalem.  Ainsi,  et  ainsi  seulement 
s'expliquent  les  poésies  françaises,  visions  et  pronostications 
du  temps,  cellesd'Aodré  de  laVigne,  du  médecin  Jean  Michel, 
l'auteur  de  la  Passion,  et  de  Guilloche  sur  l'expédition  d'Ita- 
lie, qui  devait  être  le  prélude  de  la  reconquête  de  Constanti- 

(1>  Jncipii  Prologut Régine  SibilleiJ&saiteiti  Tourttoiem«nt  d'An- 
teehrUt,  éd.  Tarbé,  p.  110  et  ïq.  Dans  la  cité  de  Magot  est  ua  cerf  mer- 
veilleni  «  de  cuivre  surorë  ■  dont  le  chef  est  tounié  vers  l'OHeat: 

Uès  11  cerr  drcKen, 

S&  t«6ta  tournera 

Yen  le  i^ae  mtjur 

CuDlte  l'Empereur 

Ki  conquerra  Uagot. 
— CDmiarer  uniiilt  hUlorique  bien  connu.  En  978,  quand  Lothaire s'empara 
d'JVii-la-Chapclle,  les  Français  se  donnèrent  la  satisfaction  de  retouraer  vers 
l'Est  l'aigle  de  bronze  qui  se  dressait  au  sommet  du  palais  impérial,  et  qui 
avail  la  létetournéeducâlë  de  l'Ouest,  en  signe  de  possession  de  la  France, 
l2)  P.  9?  :  <■  Quarta  est  opinio  diceiitium  futuram  esse  conquaestam 
Hiernsaleni  et  totius  lerrs  sanctae  per  Chrislianos  ante  adventum  Anti- 
chriïli.Qui  ad  hocinducunl  multa  verba,  lam  Ezechîelis  prophetx  Irigesimo 
nono  capile  quain  eliam  UethodU  martyrU,  qus  videntur  prima  tac'te 
innuere  quod  in  advfntu  AntichrisU  terra  sancla  a  Chrislianis  passidebi- 

(31  II  lui  écrivait:  «  Nam  pugnare  cum  Tiircia  et  vincere,  et  Teiram 
Saiictam  recuperare  Fraiicorum  regum  proprium  est  ».  Voir  Vignier,  de 
la  Noblesse  de  la  troiijéme  lignée  de  France,  p.  139,  cilé  par  E.  DE  FON- 
ŒMAùKB,  Mém.  de  VAtad.  de»  Imcription*  etc.,  LXVII,  p.  5i6,  notes. 


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—  SB  — 

nople  et  de  rUnive,rs  :  lou!tes  ces  prophéties  dériveiit  du 
texte  d'Adson  ou  de  ses  diverses  transformations.  C'est  ainsi 
que  la  vieille  prophétie  byzantine  ou  sibylline  est  clairement 
désignée  par  André  de  la  Vigne  qui,  d^ins  le  Vergier  d'ffon- 
neur,  &it  parler  Chrestienté  : 

D'une  Sibylle  de  haulte  eitractioD 
Jadis  à  Rome  preDostication, 
Cinq  cens  [ans]  a,  fut  es  Rommains  donnée, 
Disant  qu'un  Jour  vien droit  sans  fiction 
Ung  jeune  Charle,.qui  coronation 
Prendroît  en  France,  sur  la  treizième  année, 
Par  qui  aeroye  ai  très  hault  couronnée 
De  TTaje  gloire  et  louange  immortelle 
Qu'on  n'en  lit  point  Éa  Chroniques  de  telle. 

Les  allusions  &  la  même  l^ende  sont  encore  plus  claires 
dans  ;  La  Prophétie  du  roi  Charte»  hiiitième  de  ce  nom; 
ensemble  l'exercice  (ou  l'explication)  d'icelle  par  Maislre 
Guilloche  de  Bourdeaux  i^i  : 

Il  Tera  de  si  grant  batailles 
Qu'il  subjuguera  les  Ytailles: 
Ce  Ait,  d'ilec  il  s'en  ira 

Et  pauera  dolâ  la  mer 

Entrera  puis  dedaat  la  Grèce 
Ou,  par  sa  vaillants  proesae. 

Sera  nommé  le  Boy  des  Grecs 

En  Jérusalem  entrera 
Et  moni  Olivet  montera. 


(1)  Ces  deux  textes,  ainsi  que  \ea  Nouveaux  Mémoireidt  Sully,  \l,f.7i, 
et  la  prédiction  du  Coq  Trançais:  iDum  gallut  cantabit,  Tttrea  perÙiitt, 
sont  encore  cités  par  E.  de  Fonceraagne.  qui  s'est  demandé  vainement, 
p.  549,  d'où  pouvaient  venir  (ouïes  ces  prophéties  sibyllines  et  autres,  les- 
quelles sont  encore  rappelées  dans  VEcepidition  de  Charles  VlIItn  Italie, 
par  M,  F.  Delaborde  (Paris,  Didot,  1888,  p.  ait317).  Il  est  clair  mainle- 
nant  qu'elles  dérivent  du  leile  d'Adson,  qui  reparait  dans  l'apocryphe  de 
Bëde.  Et  la  prophétie  devait  être  tout  particulièrement  agréable  a 
Charles  VIII  ;  CS,  Adson  (Par.  Higne,  Cl,  col.  1296>  :  >  Sicut  in  sibyllinis 
*ersibus  habemus,  lempore  praulicti  régis,  cujus  nomen  erit  G-,  rei  Bo- 
manonim  totiua  imperii,  statura  grandis,  aspectu  decorus,  vuUu  ^lendi- 
dus,  elCv  e(c.  » 


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-  87  - 
En  attendant,  Charles  Vin  se  contenta  d'acheter  à  beaux 
deniers  comptants  tes  droits  ia  la  succession  de  l'empire  de 
Constanlinople  ;  il  flt  son  entrée  dans  Naples  en  tenant  en 
main  le  globe  impérial,  puis  revint  en  France  comme  on  sait. 
Mais  la  prophétie  lui  survécut  et  fut  reportée  à  d'autres 
princes;  elle  finit  même  par  inquiéter  les  Turcs,  s'il  est  vrai, 
comme  le  disent  les  Nouveaux  Mémoires  de  Sully,  qu'en  1601 
le  grand  Seigneur  pria  le  roi  Henri  fV  de  rappeler  le  duc  de 
Mercoeur  qui  combattait  en  Hongrie  et  qui  pouvait  servir 
d'avant- coureur  h  nne  armée  de  nouveaux  croisés.  La  même 
tradition  est  relatée  avec  de  nouvelles  références  par  les  histo- 
riensfrançais,  Palma-Cayet  (<)  et  Favyn<2);  puis  c'est  Louis  XllI 
qui  devient  €  le  Coq  francois  ■  dont  le  chant  fera  périr  les 
Turcs  (3).  Au  milieu  du  xvn'  siècle,  le  traité  d'Àdson  était 
encore  si  populaire  que  le  début  en  fut  parodié  dans  une 
Mazarinade  <*),  et  la  fin  très  probablement  commentée  avec 


H)  De  la  venue  de  PAnlichH$t  etc.,  i  Rouen,  chez  Thomas  d'Arc, 
■DCii,  in-8*  (B.  Uazarine,  41,776),  par  Pierre-Victor  Cavet,  docteur  en  la 
Sacrée  Facolté  de  Théologie.  —  A  la  fin  de  la  dédicace  à  M.  de  Béthune 
(oD  Snllyl,  frand-mallre  de  rarlillerie,  on  lit  :  ■  Sainct-Augustin  cotte  ea 
son  traiclé  que  l'Anlirhrist  tie  viendra  qu'après  que  le  dernier  Roy  da 
France  sera  faict  moniirque  de  l'Univers,  el  déposera  son  sceptre  et  cou- 
tonne  sur  le  mont  des  Oliviers,  pour  recognoisire  Jésns-Chrîst,  Roy  Eter- 
nel. Autant  endici  sainct  Sevére  escrivant  ù  saint  Ambroiseet  le  Scholiaste 
de  Saint  Denys  sur  les  noms  divins.  ■  -  Le  traité  d'Adson  est  souvent 
attribué  a  saint  Augustin  ou  à  Raban-Maur  ,  mais  quel  eet  ce  saint  Sévère T 
et  ce  scholiaste  de  saint  Denys  l'AréopagileTT 

{!)  Patyn,  Théâtre  d'honneur  et  de  chevalerie.  Paris,  hdcxx,  in-|-, 
t.  I,  p.  476 1  «  Le  vénérable  Beda  escril  qu'auparavant  que  l'Antéchrist 
vienne  et  paraisse  au  monde,  il  doit  sortir  un  roy  de  France  qui  réduira 
toutes  les  Nations  infidèles  à  la  Foy  catholique  el  les  rangera  toutes  sous 
son  obéissance.  Cette  opinion  est  suivie  deRabanus  Maurus,  comme,  nous 
l'avons  dit  el  de  Volaterranus  sur  le  mot  d'Antichrist.  ■ 

(3)  Claude  ViLt.Kte.  Extrait  de*  prophétie»  et  révélatiom  dei  lainta 
Père),  elc,  Paris,  lftl7,  in-8«  (Bibl.  Nal.,  Lb»«,  1062;.  -  Jacques  Basset, 
Le  chant  du  eoq  frantaii,  Aa  roi,  Où  sont  rapportêei  lei  prophétiei, 
Paris,  1631,  in-8  (Lb"  1033;.  —  Voir  encore  les  livrets  de  l'^ivocat  tullois 
C,  d'Acreigne  el  le  catalogue  des  tfaiarinades  de  Moreau. 

ii)LaM0HifMtatio»de  l'AtUeehrist  entaperionni  deUatarinet  de 


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l'Apocalypse,  dans  de  véritables  confârences  d'exégèse  men- 
tionnées  par  0.  Lefévre  d'Ormesson  ('),  où  l'oQ  prédisait 
toujours  la  reprise  de  Jérusalem. 

Si  telle  a  été  la  durée  et  l'influence  de  cette  légende,  il  n'y 
aurait  rien  eu  d'étonnant  à  ce  qu'elle  inspirât  un  mystère 
analogue  au  drame  liturgique  allemand,  et  oti  le  beau  rôle 
de  l'empereur  conquérant  aurait  appartenu  au  roi  de  France. 
Mais  ce  mystère  n'a  pas  encore  été  retrouvé,  si  jamais  il  a 
été  fait.  Il  y  a  bien  eu  quelques  mystères  b.  la  fois  politiques 
et  religieux,  comme  le  mystère  de  saint  Charlemagne  (^,  qui 
fut  représenté  devant  le  roi  Charles  VU,  mais  les  pièces  de 
ce  genre  aussi  bien  que  le  Jour  du  Jugement  paraissent 


itt  adhérant,  avee  déê  figuras  authentiquet  de  l'Eterilure  Saindé, 
Paris,  chei  la  Vefve  Jean  Remy,  1640  <Bib.  de  Besancon.  Cal.  d'Histoire, 
p.  SU)  parait  reproduire  ironiquemeut  le  début  du  traité  d'Adson  :  *  Ce 
ne  sera  pas  un  paradoxe  que  j'advanceraf  si  jemomilre  dans  ce  narré  quel 
-•eralelieD,  la  naissance  et  l'empire  de  l'Antéchrist, etc.  » 

(i)  Journal  d'Olivier  Leftvre  d'Ot-meaton,  «d.  Chéniel,  I,  341  (jan- 
vier 10i6):  ■  Le  samedi,  6  janvier,  jour  des  Roj's,  l'après  disnée,  an  ser- 
mon du  Père  Georges,  capucin,  qui  nous  dit  que  les  roys  de  France  de- 
vaient subjuguer  tout  le  monde  et  la  religion  catholique  estre  establie  par> 
tout  avant  le  Jugement,  et  cela  dans  la  pensée  d'une  certaine  compagnie 
qui  (aisoit  tous  les  jours  des  assemblées  pour  l'explication  de  l'Apocalypse. 
Y  avoit  un  soldat  qui  avoit  des  rëvélatioi»,  et  un  avocat  qui  les  eipiiquoit. 
A  quoi  iiréussissoilsi  admirablement,  l'expliquant  à  la  lettre,  qu'ayant  esté 
ouy  en  deux  ou  trois  assemblées  de  prélats,  il  les  avoit  ravys,  et  il  concluait 
que  cette  année  ISWi,  le  Turc  devoit  estre  dépossédé  et  chassé  de  Cons- 
lantinople.  *  —  Quant  aux  livrets  du  mâme  siècle  de  Varin,  de  des  Pai^ 
rières  et  d'autres  pour  ou  contre  la  venue  prochaine  de  l'Antéchrist  et  la 
Un  du  monde  (Bib.  Nat.  Théologie),  ils  n'offrent  aucun  intérêt.  Les  seuls 
traités  un  peu  curieux  sont  le  Traité  de  i'AnUehri»t  par  H.  André  Pai- 
RiEH,  prestre,  i655,  in-12  [B.  de  l'Arsenal,  Ihéol.  5119)  qui  a  Aécitépr^ 
cédemment,  et  le  Théâtre  de  t'Antechritt  *  auquel  est  respondu  au  car- 
dinal Bellarmin,  au  s'  Remond,  à  Pererius,  Hibera,  Viegas.  Sanderus  et 
autres  qui  par  leurs  escrits  condamnent  la  doctrine  des  Eglises  Réformées 
sur  ce  sujet,)  par  iVic.  Vignier.  S.  I., 1610,  pet.  ïn-rolio.  (Résumé  commode 
de  toute  la  polcmique  protestante  du  ivi'  siècle.) 

(2)  Sur  ce  mystère,  on  ne  connaît  absolument  que  la  nienlian  de  la  re- 
présentation retrouvée  dans  les  Comptes,  par  M.  le  marquis  du  Fresne  de 
Beaucourt  (HUtoire  (te  Ckartee  VU.  L  VI,  p.  UOJ. 


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avoir  été  très  rares,  aussi  rares  que  les  moralités  histo- 
riques (1)  étaient  communes.  Le  Lud^a  Puëchaliê  de  Anii- 
ehritto  lui-mtoie  est  resté  une  conception  isolée  en  Alle- 
magne. On  y  a  bieD  représenté  à  Xanten  (Prusse  Rhénane), 
en  1473  et  en  i481  t  un  ancien  jeu  de  l'élévation  et  de  la 
chute  de  l'Antéchrist  (3);  l'Antcchrist  a  figuré  également 
dans  un  myslère  en  quatre  journées,  joué  à  Francfort-sur-le- 
Mein  en  1469  (3),  et  dans  un  autre  mystère  à  Dortniund 
(Westphalie),  en  1M3(*);  mais  ces  pièces  perdues  se  bor- 
naient très  probablement  à  exposer  la  légende  tragique  du 
nouveau  Messie,  de  même  que  deux  farces  allemandes  de 
Carnaval  conservées  rappellent  ironiquement  l'abondance  de 
biens  que  ce  Messie  devait  apporter  à  ses  partisans  i^).  On 
s'en  raillait  de  même  en  France. 

Quant  au  jugement  dernier  lui-même,  il  a  inspiré  plus  de 
livrets  ou  de  descriptions  (6/,  il  a  été  encore  plus  populaire 


[1)  Inutile  de  rappeler,  dans  ce  genre,  la  plaie  rooralilé  de  G.  Chastelain 
■ur  le  CoDdle  de  Bile  et  bien  d'autre». 
(S)  (  DûMaltegrOÊteSpielvomAuf-undUntervang'  deiAntiehriat; 

■  nach  einer  lateinisL'hen  Vorlage.  >  —  Indiqué  par  Janssen,  Getehichu  de* 
deutâtAen  Voiktê  etc.  (I,  233),  et  cité  par  W.  Cheiibnack,  op.  laudal. 
0,233i. 

(3,  ■  Vont  jâng*Un  Toge  und  Aniichriato,  (1K8,  a.  s.)  ■  mentionné 
par  Gœdeke,  d'après  Fidiard*  Archiv  3,  133. 

(i)  W.  Cheizenack,  I,  S46. 

Ibj  Fatlnathtpiele,  beiausg.  von  Keller  n"  30  et  68.  -  Cf.  Henri  Es- 
tieniie,  Apologie  pour  Hérodote  {iâ.  P.  Risleihuber),  cap.  xtxsm,  I.  Il, 
p.  297:  *  Le  sermon  d'un  moine  gascon,  auquel  il  preschuit  que  quand 
l'antechrist  viendroit,  il  userait  d'une  Inrgesse  incroyable.....  bref  qu1l 
sèmeroit  J'or  et  l'argent  partout.  Par  lesquels  mots  il  Ht  si  bien  venir  l'eau 
â  la  bouche  d'un  certain  gascon  qui  estoil  l'un  de  ses  auditeurs,  qu'il  cria 
tout  haut,  E  dîu  quan  biara  ed  aguet  bon  Segtio  d'aateckritlT  ■ 

(G)  I..a  plus  curieuse  de  ces  desciiplions  n'eat  inenliannée  et  résumée  à 
ma  connaissance  que  dans  le   Bulletin  du  Bibliophile,  1662,  p.  ItOï  : 

■  Peil  (Jean).  —  Tabula  prot.'esstium  >eu  ordinem  ultimi  judieii  divini 
et  eriininaJU  exhibent ,  cam  bivvi  demonitratione,  —  quitus  figura 
tabulam  iUuttrante*  luo  gusque  loco  {n«erun(ur  (ClivïK,  1625,  petit 
in-4',  fig.},  —  Le  conseiller  protestant,  Jean  Peil,  a  dédié  son  livre  à 
George-Ouillaume,  marquis  et  électeur  de  Brandebourg,  Les  gravures  ou 


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—  to- 

en  Allema^e  qu'en  France,  si  l'on  en  juge  par  )es  nom< 
breuses  mentions  de  pièces  ou  de  représentations  sur  oe 
sujet  reoueillies  par  Goedelce  (D.  Longtemps  après  la  Ré- 
forme, il  continna  de  figurer  dans  les  mystères  mimés  de 
la  Fête-Dieu. 

Parmi  ces  pièces,  la  plus  ancienne  connue  a  été  signalée 
dans  un  manuscrit  du  xiv*  siècle,  &  Donaueschingen  et  est 
encwe  inédite,  ainsi  qu'un  Jugement  dernier,  enrichi  de 
miniatures  du  xV  siècle,  conservé  à  la  Bibliothèque  de  Co- 
penhague (3).  Un  autre  Jugement  conservé  dans  un  manus- 
crit de  Rhinau,  daté  de  14ti7,  est  également,  suivant  son  édi- 
teur, Hone,  le  remaniement  d'un  original  du  xiV  siècle  &). 
Le  plan  très  simple  (au  début,  discours  du  prophète  Sopho- 
nias  et  de  saint  Grégoire  le  Grand,  énumération  des  qinnze 
signes,  réveil  des  morts  par  les  quatre  anges,  jugement,  in- 
tercession de  la  Vierge  et  de  l'apfitre  saint  Jean,  lamentations 
des  damnés  et  chant  des  élus]  est  reproduit  avec  plus  de  dé- 
veloppements dans  un  livret  populaire  du  xvi*  siècle  W  qui 
a  dû  inspirer  d'autres  drames.  Il  convient  de  mentionner 
encore  une  tragédie  de  Hans  Sachs,  1558,  .  tirée  des  saintes 


illustrai ioiis,  au  nombre  de  on^e,  reprâsenlent  d'abord  In  prédication  4e 
l'Evangile  dans  les  quatre  parties  du  monde,  puis  rinéritable  deslmdwn 
de  l'empire  romain  ou  du  Saint-Empire.  Les  sept  électeurs  déchirent  la 
Bulle  d'Or  et  jonchent  le  sol  dos  insignes  de  l'Empire.  Home  eit  incendiée, 
le  pape  et  les  cardinaux  s'enfuient,  etc.,  etc. 

ii)GrundrUz  zur  Geichichte  dTdeulichea  OicAfung  elc.  (ie8M886) 
I,  433,  900;  II,  333,  Dai  jûngiU  Gerichl,  1513  (vg.  Uorgsnbiall,  1808, 
n-STtt);  348,  XHTrag'ûdit  det  jmngtten  Gerichl»  in  Sclimallialden  dar- 
geslelU  1580)  ;  380,  Dai  Jângite  GeriefU  (96  l'er^onen),  1570,  Angsburg  ; 
393  :  ■  Ein  gar  Schmii«  ChrUltiehe  und  lieblich*  Comedia  von  dëm 
LetzUa  luge  de*  Jûngilan  gericht»,  etc.,  von  Pliilipp.  Agricota.  1573, 
,in-8.  . 

(3j  Signalés  .par  Jellinuh&vs,  ZbÎMcA. /'.  deuliche  Philologie,  mit, 
4ïG.  et  cités  piir  W.  CnEiZBNACii  (I.SH). 

(3>MoNE,  Schauipi*U  de*  UUUlalUri,  Karlu-iihe,  184fi,l,  Sfô  etsq. 

<4)  Wahrhaftige  B«*ehrmhung  de*  jungriMt  Gericlit,  longuement  ré- 
sume par  Gorres  (DU  Teutietut*   VoUubùeliêr.iXn,  ç.  S67  et  eq.). 


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{écritures  >,  dit  l'auteur  (i),  mais  qui  pourrait  bien  avoir  ea- 
pruntë  quelques  traits  au  Procès  de  Bélial  de  Jacques  de 
Teramo,  si  populaire  en  Allemagne  et  ailleurs. 


En  1549,  fut  joué  à  Lucerne  un  Jugement  dernier  (Daa 
jAngêt  Gericht)  en  deux  journées,  dont  le  texte  est  conservé 
à  la  Bibliothèque  de  la  ville  de  Lucerne  dans  quatre  manus- 
crits (M.  167  II,  M.  169  I,  II,  III)  depuis  longtemps  signalés 
par  Mone.  Ces  manuscrits,  qui  offrent  d'assez  gi-andes  diffé- 
rences entre  eux,  n'ont  pas  encore  trouvé  d'éditeur,  mais 
grftce  à  l'obligeance  de  M.  le  bibliothécaire  de  Lucerne, 
Franz  Heinemann,  on  peut  donner  ici  une  analyse  de  la 
pièce  (?)  qui  se  rapproche  très  sensiblement  du  Jour  du  Juge  ■ 
ment  de  Besancon- 
La  pièce  de  Lucerne  décrit  le  règne  de  l'Antéchrist,  la  fin 
du  monde  et  le  jugement  dernier.  Il  est  facile  de  voir  que 
l'auteur  s'est  surtout  inspiré  non  seulement  de  la  légende 
populaire,  mais  des  Révélationa  de  Méthodius  et  du  Spécu- 
lum Morale  (H  dist.,  i  pars,  ii.)  de  Vincent  de  Beauvais  La 
première  journée  est  précédée  de  deux  prologues  prononcés 
par  un  héraut  et  un  messager,  puis  d'un  prélude  oii  deux 
personnages  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament  récitent 
des  prophéties.  Au  début  de  la  pièce,  on  voit  arrivera  Baby- 
lone  la  courtisane  Cléopfttre,  escortée  du  diable  ou  de  «  l'es- 
prit d'erreur  >.  Cléopfltre  raconte  à  sa  parente  Uaggar^le 
qu'un  beau  jeune  homme  lui  est  apparu  pour  lui  prédire 
qu'elle  donnerait  le  jour  au  Messie.  Au  même  int>tant  le 

(1)  Tragedia  de*  jitagtten  Geriehts,  ami  der  Sehriftûb«raH  sutam- 
mengeiogen,  herauig.  von  Keller,  xi.  400,  tSO.  —  CeUe  reraarijue  sera  dis- 
cutée ailleurs. 

(2)  Pour  plus  de  détails  sur  les  manuscrits  et  la  représentation  du  jeu 
à  Lucerne,  il  convient  de  se  reporter  à  l'étude  qui  m'a  élé  signalée  par 
H.  Heinemann  [Die  Technik  d4r Lutemer Hêiligenipiele,  11,  DaiSpiel 
von  i54U,  von  Henward  Brandsletter),  tirage  à  part  de  VArehiv.  f.  d.  St. 

n  Sprachen,  lxxv. 


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—  92  — 
diable  Astaroth  prévient  Satan  que  Qéopfllre  est  «  tombée 
dans  ses  pièges  >,  et  il  est  chargé  pour  elle  d'une  nouvelle 
mission.  Cléopâtre  cependant  se  dispose  à  aller  rejoindre  ses 
amants.  Sur  son  chemin  elle  rencontre  Astaroth  qui  lui  pres- 
crit de  creuser  le  sol  où  elle  trouvera  un  trésor.  Elle  le  prend, 
remercie  le  diable  à  deux  genoux,  rejoint  ses  amants  qui 
partagent  sa  joie,  puis  rentre  dans  sa  maison  où,  assistée  de 
sa  servante,  elle  met  au  monde  l'Antéchrist.  Les  diables 
dansent  autour  du  lit  de  l'accouchée  qui  tient  »on  enfant  dans 
ses  bras;  le  tonnerre  gronde  au  milieu  des  éclairs,  les  bour- 
geois effrayés  se  précipitent  vers  (a  maison,  et  apprennent 
de  la  servante  Rachel  la  naissance  du  Messie.  Cependant, 
dit  le  texte,  «  Cléopâtre  doit  se  préparer  avec  un  nouvel  Anté- 
christ âgé  de  douze  ans  (1)».  Elle  invite  son  fils  à  se  rendre  au 
temple  où  les  Juifs  l'appellent.  Il  s'y  rend  et,  sur  la  route,  son 
angegardien  l'abandonne  ;  maisgrâce  à  l'opération  des  diables, 
il  guérit  instantanément  un  aveugle-né  et  un  paralytique. 
Arrivé  au  temple,  il  se  fait  circoncire,  monte  sur  un  trftne,  se 
choisit  douze  apdtres  auxquels  il  communique  son  esprit  (ici 
un  diable  se  met  aux  trousses  de  chacun  d'eux),  et  tes  envoie 
porter  sa  parole  dans  le  monde.  Les  apôtres  vonl  d'abord  invi- 
ter le  féroce  roi  Gog  &)  b.  se  rendre  à  Jérusalem,  Gog  se  met  en 


(1)  Dans  la  version  plus  courte  du  ms  (M.  199,  III],  toutes  ces  scènes  sont 
supprimées  et  la  pièce  commence  plus  lât.  Sur  l'ordre  de  Satan,  trois 
diables  commandés  par  AMaroth  vont  trouver  l'AntechrisI,  d^â  âgé  de 
ISans  etquia  pour  père  lejuif  Abraham.  Astaroth  annonce  à  l'Antéchrist  su 
mission  divine,  et  celui-ci  la  révèle  à  son  lour  à  son  père  Abraham,  au 
milieu  des  grondements  du  tonnerre  La  suite  de  celte  vi'rsion  oITre  peu 
de  dilTérences. 

(S)  La  liescriplion  de  Gog  el  de  ses  peuples  est  encore  plus  horrible  dans 
la  Coêmographia  Aelhiei  Jilriei  etc.  :  ■  ...gens  igtiomitiiosa  el  incognils, 

monsiruosa  idolatria Comedunt  enim  universa  abominalja  el  aborlivi 

hominum.juveniim  carnes  jumentornmqueel  ursorum,  vullorui 
radrium  ac  milvonim.  bubonum  alque  visontium,  canui 
Habenl  enim  staturam  fuliginc  lelcrrimam,  crincs  corvini  simililudjne, 
dentés  stertisslmos,  i  —  Cilé  par  M.  A.  Graf.,  R-}ma  nella  memoria  etc. 
Il,  p.  537,  note  46. 


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route  avec  son  cortège  de  tromt^ettes,  de  soldats,  de  femme» 
et  d'enfants  qui  dévorent  à  lielles  dents  des  crapauds  et 
des  serpents  en  pain  d'épices  (us  brott  ^emachL).  Quand 
Us  arrivent  sur  la  place,  l'Antéchrist  a  déjà  fait  reb&tir  de 
fond  en  comble  le  temple  de  Jérusalem  et  fait  déterrer  un 
trésor  de  pièces  d'or  et  d'argent  qu'il  lance  au  peuple  en  dé- 
lire. Les  barbares  se  prosternent  et  sont  témoins  d'un  nou- 
veau miracle  :  le  filsd'Abimélech  ressuscite  devant  eux,sou-< 
levé  par  les  diables.  Gog  et  Hiéroboam  repartent  pour  aller 
cbercher  Darius,  roi  des  Perses,  et  les  divers  rois  barbares, 
qui  viennent  avec  leurs  armées  adorer  l'Antéchrist,  tandis 
que,  sur  l'ordre  du  Seigneur,  l'archange  saint  Michel  va 
chercher  au  Paradis  terrestre  les  prophètes  Enoch  et  Elie  et 
les  envoie  sur  la  terre.  Cependant  l'Antéchrist  fait  descendre 
la  lune  du  ciel  et  en  distribue  les  quatre  quartiers  ou  crois- 
sants aux  rois  ses  vassaux,  qui  les  suspendent  précieuse- 
ment à  leurs  couronnes.  Leurs  sujets  reçoivent  de  même 
son  signe,  une  demi-lune,  qu'un  héraut  leur  imprime  en 
Doir  sur  le  front  à  l'aide  d'un  pinceau  W.  Mais  les  prédica- 
tions d'Enoch  et  d'EJie  amènent  diverses  défections.  L'Ante^ 
christ  irrité  fait  mettre  les  prophètes  à  mort,  et  ofTre  un 
grand  banquet  à  ses  partisans  (3).  Tout  à  coup  les  prophètes 
ressuscitent  au  bruit  du  tonnerre  et  remontent  au  Paradis. 
Les  infidèles  se  troublent.  Pour  les  rassurer,  l'Antéchrist 
monte  lui-même  sur  un  char  diabolique  et  déjà  il  s'élève  vers 
le  ciel,  mais,  frappé  par  saint  Michel,  il  retombe  sur  le  sol. 
Les  diables  emportent  joyeusement  son  cadavre  sur  une 
brouette  ;  les  rois  effrayés  se  convertissent  au  christianisme, 


(1j  Cr.  Vincent  de  Beautais,  Spéculum  Moral»,  II  disl,  i  pars.  De  p«i*- 

Éneatione  A  iitiehriati,  t.  lll,  col.  761  :  i  Et  facienl  omnes habere  cha- 

racterem  besliie,  id  est  aliquod  signum  Anlichristî  reprsisenlatïvum,  vel  ad 
litteram  insertionem  sui  nominis  in  deitera  manu,  aut  in  froiilibus  suis 
eridenEer  et  mater! aliter.   > 

(2)  Ibidem,  col  7GS  :  ■  Antichmius  euim  et  sui  gaudebunt  et  jucunda- 
b)inlur  et  epulabunlur.....  pro  luorte  isla.  n 


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—  94  — 

excepté  Balthazar,  le  roi  des  Mores,  et  la  première  journée 
se  termine  par  une  invitation  à  l'assistance  à  revenir  le  len- 
demain. 

La  deuxième  journée  s'ouvre  comme  la  précédente  par  un 
prologue  du  héraut  et  de  longs  discours  des  prophètes  et  des 
apôtres.  Un  épilogue  rappelle  la  parabole  du  banquet  [Matth., 
XXII,  5),  et  la  pièce  elle-même  s'ouvre  par  un  coup  de  ton- 
nerre qui  annonce  la  fin  du  monde.  Malgré  cet  avertisse- 
ment, le  roi  Darius  continue  à  mener  joyeuse  vie  Le  Père 
Eternel  ordonne  le  jugement  dernier,  et  le  Fils  envoie  Raphaël 
délivrer  Satan  qui  accourt  de  l'enfer  avec  ses  démons.  Sur 
un  nouvel  ordre,  les  sept  Anges  de  l'Apocalypse  versent 
leurs  floles,  et  quand  toute  l'humanité  est  morte  au  milieu 
des  pleurs  et  des  gémissements,  soulignés  par  les  entrechats 
des  diables,  Raphaël  met  le  feu  à  l'Univers  et  le  jugement  se 
prépare.  Après  un  longdiscoursde  l'apdtre  saint  Paul,  le  Christ 
apparaît  sur  un  arc-en-ciel  assisté  des  douze  Apôtres.  Les 
trompettes  des  anges  réveillent  les  morts,  et  en  premier  lieu 
ressuscitent  les  papes  et  les  empereurs.  Raphaël  célèbre  les 
verttisdu  «bon  Pape  «.Un  autre  «Pape  damné  i  fait  lui-même 
sa  confession  publique  qu'un  diable  complète,  et  il  en  est  de 
même  pour  toutes  les  conditions,  cardinaux,  évâques,  bour- 
geois, marchands,  mendiants  ;  tous  les  rôles  sont  doublés  si 
bien  que  ces  seuls  acteurs  sont  plus  de  soixante.  L'Antéchrist 
ferme  la  marche  avec  les  mauvais  juges  et  les  «  hôtelières  de 
Satan  >.  Cependant  les  anges  montrent  les  instruments  de  la 
Passion,  et  le  Christ  ordonne  de  séparer  les  boucs  des  brebis. 
La  Vierge  et  saint  Jean-Baptiste  intercèdent  vainement  au- 
près de  lui  et  remontent  au  ciel.  Api-ès  que  les  quatre  Ar- 
changes ont  sonné  de  la  trompette  aux  quatre  coins  du 
inonde,  les  élus  se  rangent  il  droite,  les  damnés  &  gauche.  Le 
Christ  prononce  d'abord  la  sentence  des  élus  qui  vont  au  Pa- 
radis, puis  celle  des  réprouvés  que  les  diables  entourent 
d'une  longue  corde  et  entraînent  en  enfer,  le  «  mauvais  Pape  ► 
en  tête.  La  pièce  se  termine  par  un  sermon  du  «  Pape  sauvé  > 


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—  » — 

et  deux  proclamations  du  héraut  et  du  messager.  Il'  existe 
de-  uelte  seconde  jouroée  une  autre  version  encore  plus 
longue  et  plus  compliquée  qui  ne  paraît  pas  avoir  servi  k  la 
repeésentation.  Le  Jugement  dernier  de  Luceme  ressenobte, 
comme  onle  voit,  au  Jour  du  Jugement  de  Besançon,  mais 
il  a  environ  14,000  (l)  vers  dans  la  version  de  beaucoup  la 
plus  courte. 

ANGLETEnRE 

Les  quatre  giTuides  collections  de  Mystères  ou  «  plays  • 
angloùf,  oet  chacune  un  Jugement  dernier,  mais  l'Antéchrist 
ne  figure  que  dans  les  Cheatcr  Plays.  Le  XXIII'  Play  de  cette 
coUaetion  [Ezfchiet)  est  rempli  par  les  prophéties  et  l'énuroé- 
ration  dfis  Qainze  Signes.  Dans  le  XXIV*  {Antichrist  (')), 
l'Aaiechrist  pai-ait  en  proclamant  lui-même  sa  puissance.  Il 
se  donna  pour  le  Christ  annoncé  par  les  prophètes,  dont  il 
cHeles  versets  en  latin.  Les  rois,  au  nombre  de  quatre,  lui 
d^oiADdent  des  miracles  avant  de  reconnaître  sa  divinité,  et 
l'AntâChrist  lait  sortir  les  morts  de  leurs  sépulcres.  Deux  de 
ce^.ces0tt$cités  le  remercient,  et  pour  conHrmer  sa  mission 
divine,  l'Antéchrist  annonce  qu'il  va  lui-même  mourir,  des- 
c«Bdee  dans  un  tombeau  creusé  devant  le  temple  et  ressus- 
ctl«rL  11  fait  comme  il  l'a  dit,  meurt,  ressuscite,  et  remonte 
surson'trône;  puis  il  envoie  son  Esprit  pour  renouveler  le 
ctBun  des  rois  et  il  partage  entre  eux  l'univers.  A  l'un  il 
deau»  la  Lombardie,  à  l'autre  le  Danemaick  et  la  Hongrie,  & 
l'autre  ie Pont  [Ponthaui)  et  l'Italie,  au  quatrième  Rome,  puis 
il  se  retire  au  milieu  des  acclamations.  Aussitôt  entrent  en 
scène  Enoch  et  Elle,  qui  essaient  vainement  de  convertir  les 
rois  séduits  et  vont  ensuite  trouver  l'Antéchrist  lui-même. 
Une  longue  discussion  s'engage.  Les  prophètes  nient  les  mi- 


(1)  Eiaclemenl  4,736-1-9,000. 

&f  Tha  Chater  Pkty»,  edited  by.  Thomas  Wrigbt,  London,  1848,  in-fl, 
t.  Il,  p.  150-177. 


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—  96  — 

racles  de  l'Antéchrist,  qu'ils  attribuent  an  diable.  En  vain 
l'Antéchrist  ûilt  avancer  les  morts  ressuscites.  Elie  leur 
présente  du  pain  qu'il  a  béni  du  signe  de  la  croix  et  ceux-ci 
le  repoussent  avec  terreur.  Les  rois  reconnaissent  alors  leur 
aveuglement  et  implorent  leur  pardon  du  Christ.  L'Antéchrist 
irrité  les  tue  avec  les  prophètes  et  remonte  sur  son  trâne. 
Mais  déjà  l'archange  saint  Michel  brandit  son  glaive.  Il 
frappe  l'Antéchrist  qui  crie  piteusement  au  secours.  Deux 
démons  viennent  emporter  son  cadavre.  Aussitôt  après 
Enoch  et  Elie  ressuscitent  pour  adresser  aux  assistants  une 
dernière  exhortation,  puis  saint  Michel  les  rappelle  en 
Paradis. 

Suit  un  XXV*  ■  Play  >,  le  Jour  du  Jugement,  très  simple, 
dont  les  personnages  sont  Dieu,  deux  anges  munis  de  trom- 
pettes, le  pape,  l'empereur,  le  roi  et  !a  reine  sauvés,  le  pape, 
l'empereur,  le  roi,  la  reine,  le  juge  et  le  marchand  damnés, 
Jésus,  les  anges  de  la  Passion,  deux  diables,  et  les  quatre 
Evangélistes  qui  terminent  la  pièce  en  rappelant  qu'ils 
avaient  annoncé  tous  eus  événements.  Les  autres  Jugements 
anglais  sont  encore  plus  simples,  et  il  suffira  d'en  mention- 
ner les  personnages  W. 

VAnlechritt  de  Chester  est  court,  mais  l'historien  du 
théâtre  Anglais ,  Adolphus  Ward  {%,  a  tort  de  le  trouver 
<  extrêmement  remarquable  ■  et  de  croire  qu'il  est  le  seul  de 
son  espèce  avec  le  Ludui  PatchatU  de  Antichritto,  Il  n'en 
est  rien,  malheureusement,  comme  on  l'a  déjà  vu.  On  n'a  pas 
encore  relevé  de  pièces  analogues  pour  la  Russie,  les  pays 


(1)  York  Playa,  eJ,  hy  Lucy  Toulmiu  Smilh,  Oiford  1885,  in-V.p.  XLVi: 
«  XLviii  Plaj- :  TheJudgineat  day;  Jésus,  Maria,  m  Apostoli,  nu  angali 
cam  tubis  et  nu  cum  corooii.  lancea,  et  ic  cnm  flagellis,  un  Spiritas  boni 
et  un  Spiritus  inali  etVKliaboli  >.  —  Touineley  l'iays ;  XXX  Judilium  : 
Deus;1,  2,  3,  Angélus;  1,  3  Anima  bona;t,3  Anima  ma  la  ;  13  ApMloli  ; 
I,  S,  3,  Diabolus.  n  —  Le  Jugement  de  Coventry  manque. 

(2j  Ward,  HUtory  of  Eagliêh  Uramatic  IMenuura,  LoodoD,  187S, 
t.  I,  p.  51. 


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—  '97  — 
iscaadiâaves  (1),  la  Bohême  et  la  HoRgrie,  mais  elles  ^>on<lënt 
partout  ailleurs. 


En  Italie,  les  pièces  sur  l'Antéchrist  et  le  jugement  dernier 
sont  extrêmement  nombreuses,  et  les  deux  légendes  presque 
toujours  étroitement  liées  dans  les  mystères  mimés  ou  dra- 
matiques. Mais  ici  les  n^oindros  détails  ont  été  recueillis  par 
un  des  maîtres  de  l'érudition,  M.  Alessandro  d'Ancona,  et  il 
suffit  de  renvoyer  à  son  ouvrage  classique  sur  les  origines 
du  théâtre  italien  (S).  On  y  trouvera  rappelées  les  représenta- 
tions, en  1298  et  en  1303,  dans  le  Frioul,  de  pièces  qui  for- 
maient un  cycle  complet  d'histoire  sacrée  depuis  la  création 
jusqu'à  la  venue  de  l'Antéchrist  et  à  ta  fin  du  monde.  On  y 
lira  également  la  réimpression  d'une  courte  c  lauda  dram- 
matica  »  sur  l'Antéchrist  et  le  jugement  que  les  confréries 
ombriennes  représentaient  au  xiv*  siècle,  le  I"  Dimanche  de 
l'Avent,  ainsi  que  la  mention  d'un  autre  Jtigement  plus  court 
et  du  même  temps.  Le  même  livre  mentionne  encore  la 
Rappresentatione  del  di  del  Giudizio  du  xv  siècle  de  Feo 


(1]  Pour  la  Russie,  aucune  pièce  de  ce  genre  n'est  mentionnée  ni  dans 
les  recueils  spéciaux,  ni  clans  une  élude  de  M.  Wesselorsky  sur  1»  lé^'ende 
de  l'Antechi-isl  (Journal  du  MinUlért  del'Irmt  publique  rustt.  Fascicule 
IK,  p.  ITJ  et  sq  ),  —  Pour  le  Daueraarck,  nen  a  qu'un  speclacte  d'éoule 
danois  de  l'un  1600  envii-on,  dont  le  a»  acie,  scène  3*  rappelle  le  Jugement 
dernier,  n  Celte  pièce,  Comœdia  de  mundo  et  paupere,  a  é\<^  ûdilAe,  en 
1888,  à  Copenhague,  par  M.  le  biblii>théi:aire  S,  Ijiritel  Smith,  à  qui  je 
dois  cette  indication.  —  Pour  la  Suède,  rien  qu'un  drame  moderne  :  Au- 
Ukriêl ,  SKKtiESPEL  al  Chrisler  Swahn  {pseud.  pour  Victor  Hugu  Wiks- 
Irom),  Luiid,  Fr.  Berling,  1X85,  in.8-  (com.  due  à  l'obligeance  de  U.  le 
tibliothécaire  L.  Bygdenj.  —  Entln,  l'on  m'assure  qu'il  n'y  a  rien  pour  la 
Bohême,  et  très  probablement  rien  pour  la  Hongrie. 

[2}  Origini  d«l  Tealro  Italiano,  seconda  edizione  (Torino.  Ermanno 
Lœscher,  1891,  in^S-).  tome  1,  91,  141-153,  153,  note  3  (lauda  de  judteh 
tratta  dal  coll.  parig.  Bîi21,  imprimée  parMazzalini  (Jft.  ilol.  delteBib.di 
Francia.  Ul,  XDj. 

7 


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Belcari  (1),  et  la  tragédie  de  Paolo  Bozzi  {Rappresentazione  del 
Giudizio  Vniversale,  Venezia,  1605,  in-8'  et  1606,  in-12|; 
il  analyse  longuement  une  pièce  populaire  toscane,  attribuée 
au  xvii'  siècle  (Maggio  sulla  venuCa  dell  Anticritto  ovvero 
Il  Giudizio  univcraale),  ainsi  qu'un  drame  analogue  joué  en- 
core il  y  a  quelques  années  dans  la  province  de  Novare  (2). 
A  ces  indications  si  nombreuses,  on  ne  peut  ajouter  qu'un 
détail.  Deux  contemporains  nous  ont  laissé  deux  curieux 
comptes  rendus  d'un  drame  latin  sur  l'Antéchrist  et  l6  juge- 
ment représenté  en  1574  par  les  Pères  Jésuites  de  Rome  (3), 
et  qui  obtint  un  grand  succès.  En  reiitiant  le  premier  de  ces 
comptes  rendus  très  détaillés,  reproduits  par  M.  d'Ancona, 
il  est  facile  de  voir  que  cette  pièce,  qui  n'est  pas  nommée, 
existe  encore.  La  Bibliothèque  de  l'Arsenal  en  possède  un 
exemplaire  (B.L.  5,351,  in-8*). 

Il  Crato  Giudice  Tragedia  sacra  dedioala  aH'Eminenlissimo,  e 
Révérend issimo  Principe  il  Signor  Caidinale  Ottobono  Vice- 
Cancelliere  di  Santa  Chiesa,  opéra  del  P.  Stefako  Tucci  delta 
Compagniadi  GiesudaMonforle,  Terra  délia  Diocesidi  Messina, 
Tradotta  dal  Verso  Lalino  neU'Italiano  da  Anionlo  Cutrona, 
Siracusano,  arciprete  detla  Basilica,  Collegiata,  e  Parochîale 
Chiesa  de'SS.  Celso,  e  Giulano  di  Homa.  Con  l'aggiunta  detl'tn- 
troduitione  all'opera.  tatta  dal  medesimo  Tradduttore,  in  Roma 
per  Domeiiico  Ant.  Ehcole,  1698, 12*  pp.  154,  sll. 

Il  s'agit  de  la  pièce  la  plus  célèbre  du  théâtre  des  Jésuites, 
le  Cfti-Mtits  Judex,  que  son  auteur,  le  P.  Etienne  Tucci,  fit 
jouer  dès  1569  au  collège  de  Messine,  puis  en  1574  à  Rome, 
et  qui  fut  représentée,  traduite  ou  imitée,  dans  presque  toutes 
les  grandes  villes  de  l'Europe,  avant  d'être  imprimée  pour  la 
première  Tois  une  centaine  d'années  plus  tard,  en  latin,  à 

(1)  Réimprimée  dans  les  Sacre  Rappreaentationi  dex  letoU  XIV,  XV 
et  Xr/,  rac.  di  A.  d'Ancona, III,  499,523. 

(2)  Origini,  atc  II,  30iW16.326.  -  Depuis  il  a  encore  puni  :  Il  giuditio 
univaraaU  tn  Canaveie,  pub.  tla  Nigra  e  Orsi,  Torino,  1%I6,  in-S*. 

(3)  Origini,  II,  ISi  el  185,  note  1. 


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Rome,  en  1673.  L'excellente  Bibliothèque  de  la  Compagnie 
de  JétxM  mentionne  douze  de  ces  représentations  et  éditions 
diverses  qu'il  est  inutile  de  reproduire  (1).  Au  xviii*  siècle  on 
la  traduisait  encore  en  polonais  et  en  illyrien,  et  la  pièce  mé- 
rite cette  vogue  prolongée  par  sa  brièveté  et  l'ingéniosité  de 
la  mise  en  scène. 

ESPAGNE  ET  POBTUGAL 

'  Il  y  a  certainement  eu  pour  ces  deux  pay^  un  plus  grand 
nombre  de  drame»  sur  l'Antéchrist  et  le  Jugement  que  ceux 
qui  seront  ci-desfous  mentionnés.  Ainsi,  pour  le  Portugal, 
l'on  ne  peut  citer  qu'une  pièce  : 

Auto  do  Dia  do  Juizo,  feito  por  Bahhesar  Dias  (Lisboa, 
Antonio  Alvarez,  1625,  in-4%  Cat.  Soleinne,  IV,  n"  4868). 

Une  légende  du  jugement  universel  est  populaire  en  Es- 
pagne depuis  le  commencement  de  l'imprimerie  {Hittoria 
del  juicio  univei'taldel  mundo.  Madrid,  réimpression  1780, 
in-4'),  ainsi  qu'un  trailé  Ihéoiogique  (El  Uhro  del  Antichriilo 
compuesto  [>or  MarlJn-Martincz  Dampiis,  Saragoza  1496, 
in-folio)  (2),  Pour  le  théâtre,  on  ne  peut  citer  qu'  ■  El  Anti- 
crÎBto  1,  drame  en  vers  en  trois  actes,  d'Alarcon,  imprimé 
pour  la  première  fois  en  1634,  à  Barcelone,  et  réimprimé 
dans  la  Biblioteca  de  aulores  eapanolei  (Madrid,  M.  Rivade- 
neyra,1866,  p.359à374). 


(1)  l£:  P.  AcL'iLERA,  HUt.  prov.  Sicula  Soc.  Jem,  1, 178:  «  Vix  iilla 
est  pra^i:liira  EuraprE  dvilas  in  qui  non  Tuil  eihibita  •.  —  citd  dans  ceUe 
Bibliothèque,  avec  les  divei'ses  représenta  lions,  éditions,  traJuctions  con- 
nues :  lomes  V|[,  p.  69  n"  t.  et  p.  98  n"  4  (Rome,  Sémiiialre  Romain  et 
Collée  germanique);  VIU,  263,  n*  1  (le  P.  Slefano  Tncci);  VIII,  17i, 
n-  178  et  «i  (Tournay) ,  VIII,  1370,  n*  123,  Ypres  ;  I,  270,  n'  7  (Amberg , 
Autriehe);  III,  p.  1«B9,  n-  11  ,Giatz);  V,  p.  19(6,  il'  VA  [Olmulti) 

(J)  Cités  Jans  TEncyclop.  Mîgne,  Diet.  dei  légendes  du  Chrùt.,  p.  727 
cl  1234.  — Lelrailé  postérieurdeFrayLucas  FernancJezdeAVALA,  flinloria 
de  la  puyveysa  vida  y  horrenda  mtwi'fe  del  A  ntichrvilo.  Uadrid,  ltil9, 
in-i*,que  possède  la  Bib,  Nnlionale  (U.  3,77D)  n'est  qu'un  mauvais  résumé 
de  l'énorme  traité  de  Malvenda. 


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—  100  — 

Par  une  a^ravation  de  la  vieiUe  légende  deLolh,  que  nous 
avons  déjà  signalée  dans  YRUloirtt  teholastique  (chap.  \J\, 
col.  Il03j,  de  Pierre  le  Mangeur,  et  qui  a  passé  de  là  dans 
les  livrets  populaires  it),  l'Anlet^rist  d'Alarcon  est  le  fruit 
d'un  adultère  et  d'un  inceste  redoublé,  et  son  premier  ex- 
ploit est  de  tuer  sa  mère,  qui  pourrait  g^ner  son  ambition. 
Reconnu  comme  roi  par  les  Juifs,  il  lutte  contre  le  prophète 
Elieàgrand  renfort  de  textes  Ihéologiques,  et  il  persécute 
les  chrétiens  qui  se  réconfortent  en  lisant  le*Trata(to  del 
juieio  final,  porel  maestn  fray  Nicolas  DtAZ,  de  la  orden 
de  predicatores  *.  Sa  cruauté  n'a  d'égale  que  sa  galanterie, 
inspirée  sans  doute  par  un  verset  du  prophète  Daniel,  qui 
lui  est  sauvent  appliqué  par  les  commentateurs  9'-.  Mais  s'il 
fait  souITt'ir  tout  l'univers,  il  souffre  lui-même  des  rigueurs 
de  sa  belle  ennemie,  «  fiera  ingrula  »,  la  chrétienne  Sofia. 
Après  divei-s  incidents,  il  finit  comme  ses  prédécesseurs, 
frappé  en  plein  triomphe  par  l'épée  d'un  Ange,  et  les  Juifs 
se  convertissent  au  christianisme.  Cette  pièce  est  très 
curieuse,  surtout  de  la  part  d'un  poète  comique  tel  qu'Al- 
arcon.  Elle  est  l'œuvre  d'une  imagination  mystique,  somp- 
tueuse, cruelle. 


Un  historien  belge  nous  dit  :  •  Les  ecclésiastiques  de  nos 
églises  chapitrales  du  xii'  siècle  instituèrent  les  soi-disant 
Miatenempelen,  lesquels,  aux  grandes  fêtes  de  l'année, 
furent  joués  dans  l'église  ou  au  cimetière.  A  la  Toussaint 
ils  représentaient  ordinairement  le  Jugement  dernier  ».  Ces 
représentations  se  maintinrent  jusqu'au  xV  siècle  '.S-,  mais 
il  ne  semble  pas  qu'aucun  texte  en  ait  subsisté.  La  Belgique 

(1)  Tels  que  l' Ymogo,  elc,  le  De  TurpUsima  coneeptiont  Antiehrvti, 
la   Viedu  mauvais  AttleehritI  et  autres  déjà  cités. 

(2)  Dan.,  il,  37  :  «  Eri(  in  concupisoenliis  feminarum.  » 

(3,  Edm.  Van  cler  STR:f:TEN,  Lethédtre  vitlageoU  en  Flandre, Bruxelles, 
Classen,  187*.  in-8*  (I,  p,  14.) 


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—  lot  — 

possède  d'autre  part  un  grand  nombre  de  livrets  ou  traités 
anciens  sur  l'Antéchrist  et  le  jugement  ft)  ;  mais  pour  les 
pièces  de  théâtre,  on  ne  voit  à  citer  que  les  suivantes,  en 
dehors  des  imitations,  déjà  signalées,  du  Chnatua  judex 
du  P.  Tucci,  à  Tournay  et  à  Yprcs,  en  1647,  \G&i,  1730  . 

L'Antéchrist,  tragédie  représentée  par  les  Escoliers  du  Col- 
lège de  la  Compagnie  de  Jésus,  à  Luxembourg,  eii  la  sale  dudit 
Collège,  le  18  septembre  1648  (A  Namur,  chez  Jean  Van  Hîist, 
imp.  juré,  rue  du  Président),  1648,  4=  pp.  4  (parle  P.  Beroe- 
nOT).  —  [Bibl.  de  la  Comp.  de  Jétut,  1. 1,  p.  1330). 

Antiehriatui  Tragœdia.  Namurci,  9  sept.  1602  (par  le  P.  Au- 
gustin de  Breda).  Ibidem.  II,  108,  et  V,  1559  n"  29. 

Antiehristus  in  scenamdabitura  classis  humanitalis  studiosis 
in  gymnasio.  Soc.  Jesu  Ipris.  die  2âet  25  Kebruarii  1729  (Ipris, 
apud  Petrum  Jacobum  de  Rave)  4»  tT.  2. 

AntichHit  sal  vertoont  worden  door  de  studenten  van  de 
vierde  schole  inhet  gymnasie  derSocieteyt  Jesu  binnen  Ipre. 
Den23et  25  Februarii  1729.  Tôt  Ipre,  by  Petrus  Jacobus  de 
Rave,  4-  ff.  2  (Ibidem.  VIII,  pp,  1369, 1370,  n"'  109  et  110). 

PIÈCES    PROTESTANTES  DU  XVI*  SIÈCLE 

Il  faudrait  enQn  énumérer  les  diverses  pièces  de  tous  les 
pays  (Angleterre,  Allemagne,  Italie,  etc.),  suscitées  par  la 
polémique  protestante  du  xvi*  siècle,  et  où  la  légende  du 
jugement  dernier  et  de  l'Antéchrist  sert  de  prétexte  aux  at- 

[1)  DialagW!  de  nativilate  et  moribui  Antiehrittl,  Deventrise,  1491, 
in-4*.  —  Vie  du  trea  inique  et  pervers  ÂntechrUt  et  de  iti  horribles  et 
hideux  trafiques  leiquela  il  accomplira,  Anvers,  Cornille  Je  Cimelière, 
lôGO,  iii-8»  de  16  f.  —  Histoire  véritable  de  ce  qui  s'est  passé  en  l'eior' 
ïi^me  (le  trois  jeunes  filles  possédées  es  pays  de  Flandre,  où  il  est  aassi 
\nAi  A%\'  Antochrulet  delà  fin  du  montre,  par  Lekorkantde  CtnHEIIONT, 
Paris,  ieî3,  pcl,  in-8',  irité  par  le  Dirt.  des  Ugendes,  etc.,  p.  727.  — 
J.T  I.UUMEN,  De  viâaiiate  extremi judii-ti  Dei  et  consuminationit  sicculi 
libri  duo,  Arilwerpiae,  1504,  iii-4*.  —  Alex.  Van  den  Busche  dîl  le  Sylvain, 
ta  description  da  dernier  Jour  avec  le  Jugement  de  Dieuielon  l'Evan- 
gile ei  les  prophète»,  i  Paris,  Nie.  lionfciis,  1578,  in-«  (Draudius,  ll,109|. 
—  On  n'a  pu  consulter  aucun  de  ces  cinq  ouvrages  qui  sont  fort. rares. 


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—  102  — 

taques  contre  la  religion  catholique  et  contre  l'Antéchrist  ou  le 
Pape  de  Rome.  Ces  pièces  ont  été  inspirées,  comme  le  Jour 
du  Jttgement,  parles  passions  et  les  persécutions  religieuses, 
mais  elles  en  diffèrent  naturellement  sur  tous  les  autres 
points.  On  trouvera  dans  le  Catalogue  Soleinne  l'indication 
des  principales  :  Chrislut  triumphans,  comœdia  apocalyptica 
(1K6),  de  l'Anglais  J.  Fox  ;  Mercator  «eit  Judicium  (1540), 
de  l'Allemand  Thomas  Naegeorgus  (Kirchmaier)  ;  Tragedia 
intitolata  Libero  Arbitrio  (1546),  de  Francesco  Negro  Bassa- 
nese,  avec  la  mention  de  leurs  très  nombreuses  éditions  et 
traductions  françaises  ou  autres  (D.  Presque  toutes  ces  ra- 
retés sont  d'ailleurs  très  consciencieusement  analysées,  on 
s'en  est  assuré  sur  les  originaux,  dans  un  ouvrage  aussi 
bon  qu'il  est  commun,  la  Bibliothèque  du  théâtre  français 
(attribuée  au  duc  de  la  Vallière),  Dresde,  1768,  in-S"  (t.  III, 
236-239,  263-267).  On  peut  y  ajouter,  si  l'on  veut,  la  plus 
curieuse  et  la  plus  rare  de  toutes  ces  pièces,  une  sorte  de 
Jugement  de  toutes  les  religions  en  italien  (3),  et  un  drame 


(1)  Bib.  dramatiqu«  de  M.  de  Soleinne  : Chrittus  triump..  édi- 
tions de  1556, 1i362,  1 5GB,  1372.  lame  I,  n»- 460-73:  aupp.dutome  1,  n»  93. 

—  Idercatoy,  édil.  de  15K),  1558, 15fB,  15Hi,  lomï  I.  n"  *6,  Mi;  iupp.  du 
tome  1.  n-  40.  —  Libero  Arbilrio,  édit.  de  1546,  1550,  1558,  155!)  158S. 
tome  IV,  n"  4698,  4699,  4700,  4701. 

\'i)  Comedia  piactvole  délia  vera  antica  romana  catàlica  et  aposto- 
lica  chieia  {5  acites  prose)  Nella  quale  dag  l'interlouulori  vengono  dispiitale 
e  spedile  tutte  le  cnntroversie,  che  hoggidi  sono  fra  i  calolici  romani,  lute- 
rani,  zingliani,  calvinisli,  aiiabalUli,  suenfeldiani  el  alltrï,  par  conto  délia 
religione,  opeia  all'huomo  veramente  catolico  dl  gran  contenio  et  utile. 
Romanopoli,  s.  a.  et  s.  a.  (1537?)  p.  iii-12  de  175  p.,  non  comprte  lelîlre. 

—  Je  ne  connais  cette  pièce  que  d'après  le  Catalogue  Soleinne,  [V,  p.  133, 
n'  4702,  qui  la  réaume  ainsi  :  «  Parmi  lea  personnages  de  celle  piËce  sin- 
gulière, on  distingue  Jèîus-Chrisl,  saint  Paul  et  saint  Pierre,  Luther, 
Zwingle  et  Carlosladl,  Satan,  le  pape  Pie  IV  et  le  cardinal  Campège.  Les 
adversaires  delaRérormc,  les  partisans  de  Rome,  tes  anabaptistes  sont  tous 
condamnés  au  feu  éternel,  et  Jésus-Christ  se  rendant  à  la  vallée  de  Josaphat 
pour  juger  le  genre  humain,  prescrit  à  saint  Pierre  de  Taire  attendre  Luther 
el  Brontius  à  la  porte  du  paradis  :  ■  Je  reviendrai  bientôt,  et  Je  les  intro- 
duirai auprès  de  mon  père.  ■ 


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—  103  — 

allemand  «  depuis  le  commencement  jusqu'à  la  fin  du 
inonde  >,  de  Barth.  Krueger  (1580),  dont  il  y  a  au  moins 
une  analyse  el  une  réimpression  moderne  dans  la  collecUoa 
J.  Tittmann.  Tels  sont  les  renseignements  bibliographiques 
que  l'on  a  pu  recueillir,  soit  en  s'adressant  à  l'obligeante 
érudition  de  divers  bibliothécaires  français  et  étrangers,  soit 
en  dépouillant,  pour  les  recherches  de  ce  genre,  les  cata- 
logues de  bibliographie  dramatique,  signalés  une  fois  pour 
toutes,  par  les  éditeurâ  du  Mystère  du  Viel  Testament. 

De  cette  longue  récapituiatiun,  oil  les  redites  étaient  for- 
cées, on  peut  conclure  que  la  légende  de  l'Antéchrist  était 
sensiblement  la  même  dans  toute  l'Europe  chrétienne,  et 
que  tous  les  auteurs  dramatiques  ont  mis  en  œuvre  une  ma- 
tière commune.  Dans  cette  collection,  la  pièce  conservée  à 
la  Bibliothèque  de  Besançon  se  dislingue  par  sa  louable  briè- 
veté; elle  est  la  seule,  jusqu'ici,  avec  le  Ludus  Paschalia  da 
Antichrialo,  qui  soit  une  manifestation  politique  autant  que 
religieuse.  Dira-t-on  que,  malgré  la  faiblesse  du  style  et  la 
grossièreté  de  certains  épisodes,  elle  parait  supérieure  au 
drame  hturgique  allemand,  plus  ingénieuse,  plus  intéres- 
sante, plus  complète?  A  quoi  bon,  puisque  cette  supériorité 
(qui  n'aurait,  après  tout,  rien  de  bien  méritoire)  pourra  tou- 
jours être  contestée  *?  Il  suffit  donc  de  marquer  la  place  du 
Jour  du  Jugement  dans  l'histoire  du  théâtre  français. 


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CONCLUSION 

Dans  )a  vieille  langue,  ■  Apocalypse  >  était  synonyme 
d'étude  interminable.  C'est  ainsi  que  les  conseillers  de  la 
cour  d'Angers,  chargés  d'apurer  les  comptes  trfts  embrouiK 
lés  d'un  trésorier,  écrivaient  au  roi  René  :  «  Sire,  le  cas  de 
Grignon  est  ung  A}>ocalice  en  quoy  à  paine  jamais  se  pourra 
trouver  fîn  (l).  »  Le  Jour  du  Jugeme)\t  de  la  Bibliothèque  de 
Besançon  a  pu  paraître,  lui  aussi,  <  ung  »  de  ces  «  Apoca- 
lices  >.  La  méthode  employée  pour  l'étudier  a  été  longue, 
parce  que  tous  les  points  de  repère  manquaient  ou  bien 
étaient  mal  assurés.  Par  suite,  on  a  été  obligé  de  multiplier 
les  notes  justificatives  qui  peuvent  maintenant  disparaître. 
D'autre  part,  pour  ne  pas  accumuler  sur  certains  points  des 
hypothèses  inextricables,  on  n'a  pu  reproduire  rigoureuse- 
ment dans  l'exposition  l'ordre  même  suivi  dans  les  recher- 
ches. Mais  cet  ordre  était  très  simple,  puisqu'il  est  facile  k 
résumer  et,  longue  ou  non,  peut-être  n'y  avait-il  pas  d'autre 
méthode  possible  pour  éclaircir  l'histoire  de  cet  ancien 
drame. 

Etant  donné  un  manuscrit  sans  aucune  indication  d'ori- 
gine, et  simplement  attribué,  soit  ii  •  la  période  moyenne  du 
XIV*  siècle  »,  soit,  ce  qui  revient  à  peu  près  au  même,  ■  à  la 
seconde  moitié  du  xiv°  siècle  »,  on  a  d'abord  cherché  à  ren- 
fermer ce  manuscrit  dans  des  limites  plus  précises  de  temps 
et  de  lieu,  en  étudiant  minutieusement  la  mise  en  scène  et 
le  costume  des  miniatures.  Ce  costume,  de  l'extrême  lîn  du 
XIV*  siècle,  ou  plutdt  du  commencement  du  xv*  siècle,  a 
paru,  par  certains  détails,  antérieur  à  1417.  Puis  on  a  cher- 
ché à  déterminer  approximativement,  par  les  caractères  lin- 
guistiques, la  patrie  de  l'auteur  et  celle  du  copiste,  et  il  a 

(i)  Archives  Nalionales,  P  1^4'.  fol.  135  verso,  31  aobl  1460. 


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—  M»  — 

semblé  qu'ils  avaient  dû  vivre  fous  deux  sur  les  confins  de 
rne-de-France,  de  la  Champagne  et  de  la  Picardie. 

Ces  trois  points  à  peu  près  acquis,  il  s'agissait  de  retrouver 
les  sources  de  l'auteur  en  étudiant,  d'une  part  la  littérature 
de  l'Antéchrist  et  du  jugement  dernier,  et  de  l'autre  les 
nombreuses  pièces  de  théâtre  françaises  et  surtout  étran- 
gères, composées  sur  l'un  ou  l'autre  ou  sur  l'un  et  l'autre  de 
ces  deux  thèmes  si  souvent  associés.  Les  commentaires  de 
l'Apocalypse  et  les  drames  nous  ont  offert,  avec  des  va- 
riantes, un  fond  commun  de  légendes  que  nous  avons  re- 
trouvé dans  le  Jour  du  Jugement  aussi  bien  que  dans  le  Ju~ 
gemenl  dernier  de  Lucerne,  dans  VAntechritl  allemand  ou 
anglais.  Mais  cette  double  étude  faite,  il  a  semblé  que  le 
Jour  du  Jugement  offrait  encore  certains  détails  précis  qui 
n'étaient  pas  ailleurs,  ne  s'expliquaient  pas  par  ses  sources, 
ne  pouvaient  être  non  plus  de  simple  fantaisie,  mais  de- 
vaient être  caractéristiques. 

Débarrassés  de  toutes  les  circonstances  accessoires  qui 
ont  pourtant  leur  importance,  ces  détails  se  réduisent  & 
quatre,  disséminés  dansunedizainede  vers.  Ce  sont  quelques 
allusions  aux  hymnes  du  temps  pascal  ;  c'est  la  mention  de 
la  lecture  faite,  le  matin  même,  d'un  Evangile  de  la  Passion 
(vers  1319)  qui  parait  indiquer  que  la  représentation  du  mys- 
tère a  dû  avoir  lieu,  après  un  oflice,  aux  environs  de  Pâques  ;■ 
c'est  une  coalition  de  princes  aux  pseudonymes  bizarres, 
tous  feudataires  de  l'Antéchrist,  contre  un  pape,  et  l'entrée 
de  «  l'empereur  »  dans  cette  coalition,  marquée  comme  un 
(ait  tout  récent  (v.  1241). 

L'explication  de  ces  faits  précis  a  été  cherchée  dans  la  li- 
turgie du  temps  pascal  et  dans  l'histoire  générale  de  la  période 
à  laquelle  appartient  le  manuscrit.  C'est  la  période  du  grand 
schismequi  troubla  filongtemps  l'Europe  et  la  France  entière?, 
on  le  savait,  mais  il  importait  de  suivre  en  particulier  lemouve- 
ment  des  esprits  dans  la  Champagne  et  la  Picardie,  c'est-à-dire 
dans  la  province  ecclésiastique  de  Reims.  Nulle  part,  à  iin 


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—  106  — 

certain  moment,  on  l*a  constaté,  l'agitation  n*a  été  plus  vive, 
les  présages,  les  prophètes  et  les  illuminés  plus  communs, 
la  prédication  plus  ardente  ;  nulle  part  le  schisme  n'a  excité 
plus  de  tristesses,  de  terreurs,  d'angoisses.  Dès  lors,  le  pro- 
blême était  nettement  circonscrit  et  les  difEicultés  n'ont  pas 
tardé  à  s'éclaircir.  Le  Jour  du  Jugement  a  été  inspiré  et  n'a 
pu  être  inspiré  que  par  l'alliance  conclue  k  Reims  entre  le 
roi  de  France,  Charles  VI,  et  l'empereur  d'Allemagne,  Wen- 
ceslas,  contre  le  pape  Benoit  XIII,  dans  des  circonstances 
longuement  relatées  par  Proissart.  Cette  pièce  apocalyptique 
est  en  quelque  sorte  le  pendant  du  Lvdus  Ptiachalia  dt  An- 
tichrialo  représenté  plus  de  deux  siècles  auparavant  en  Alle- 
magne. C'est,  comme  lui,  un  drame  à  la  fois  religieux  et 
politique,  comme  lui,  un  drame  pascal  de  l'Antéchrist  :  le 
Ludus  Paschalis  a  dû,  suivant  toute  vraisemblance,  être  re- 
présenté la  veille  de  Piques,  l'an  liGO,  et  le  Jour  du 
Jugement  le  Vendredi  saint  de  l'an  1397,  ancien  style  (1!^, 
n.  s.). 

Mais  la  date  du  Jour  du  Jugement  une  fois  fixée  a  entraîné 
diverses  conséquences  et  facilité  la  solution  d'autres  pro- 
blèmes. Ce  drame  français  du  xiv"  siècle,  bien  qu'étroitement 
lié  à  la  hturgie,  ne  rappelait  plus  guère  la  gravité  simple 
des  anciens  drames  religieux,  telle  qu'elle  apparaissait  même 
dans  des  spectacles  exceptionnels,  comme  le  Ludut  Pat- 
chalit  de  Antichristo,  k  plus  forte  raison  dans  les  vrais  ■ 
drames  liturgiques,  joués,  célébrés  jadis  aux  grandes  fêtes 
de  l'année  par  les  prêtres,  sur  les  degrés  même  de  l'autel 
étincelant  de  lumières.  C'étaient  des  dialogues,  des  chants, 
des  prières  qui  s'élevaient,  avec  la  fumée  de  l'encens,  dans  la 
pénombre  des  cathédrales  ;  puis,  quand  la  vaste  nef  ne  suf- 
fit plus  pour  contenir  les  spectateurs,  !a  scène  se  transporta 
de  l'éghse  sur  le  parvis,  le  drame  se  fit  peuple  et  adopta  la 
langue  populaire,  rude  et  naWe,  non  pas  grossière,  et,  sous 
cette  nouvelle  forme,  il  resta  longtemps  encore  ce  qu'il  de- 
vait être,  simple  et  religieux.  Il  n'ajoutait  rien  &  la  beauté 


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~im  — 

des  textes  sacrés,  i)  ne  la  gâtait  pas  non  plus  par  de  mala- 
droits développements,  et  c'est  bieo  rarement  qu'il  paraissait 
susceptible  «  d'ornements  égayés  >,  comme  disait  Boileau. 
Le  Jour  du  Jugement  dilTérait  encore  de  ces  premiers  mys- 
tères français  tels  qu'on  a  essayé  de  les  suivre  jusque  dans  la 
première  moitié  du  xiV  siècle,  et  dont  la  Pusiion  du  manus- 
crit Didot  nous  a  peut-être  conservé  une  image  assez  fidèle. 
Il  se  rapprochait  au  contraire,  visiblement,  textuellement, 
des  mystères  de  la  Bibliothèque  Sainte-Geneviève  publiés 
par  Jubinal  et  communément  attribués  au  xv*  siècle,  mais  à 
quelle  date,  à  quelle  ville,  à  quels  acteurs  appartenaient  ils, 
ces  questions  étaient  restées  très  embrouillées,  et  n'étaient 
résolues  que  par  des  vraisemblances,  par  des  hypothèses  ou 
par  le  silence.  De  quelques  faîls  isolés  il  était  difllcile  de  for- 
mer une  histoire  suivie,  et  de  la  courte  •  Nalivilé  insérée 
parmi  \es  Miracles  de  Noslre  Dame  n'\  >,  on  pouvait  «  passer 
brusquement  aux  grands  mystères  d'Eustache  Mercadé  et 
des  Greban  W  ■ .  Le  mystère  provincial  du  Jour  du  Jugement 
est  venu  faciliter  cette  transition,  un  peu  brusque  en  effet, 
et  préciser  les  dates.  Il  a  suffi  pour  cela  de  rapprocher  ce 
texte  inédit  d'un  document  depuis  longtemps  signalé  et  qui 
n'avait  que  le  tort  de  rester  isolé  à  sa  date.  Une  ordonnance 
du  Prévôtde  Paris,  du  Sjuin  1398,  interdit  les  représentations 
qu'une  association  d'acteurs  donnait  au  village  de  Saint-Maur- 
des-Fossés.  Depuis  combien  de  temps,  on  l'ignorait  ;  mais, 
sans  chercher  à  le  savoir,  on  était  en  droit  de  supposer  que 
la  Passion  représentée  par  cette  troupe  était  déjà  composée, 
écrite,  au  moins  pour  les  fêtes  de  Pâques  de  cette  même 
année.  Ce  n'était  certainement  pas  en  vue  du  mois  de  Juin 
qu'on  avait  dû  préparer  cette  pièce,  car  <  les  jeux  de  la  Pas- 
sion •  avaient  toujours  coïncidé  avec  la  fête  religieuse  de 
Pâques,  et  cette  coïncidence  persistait  encore  en  1380,  sui- 

(1]  jRatKunia ,  1896,  Fragment  <f  un  and«n  mystère,  p.  M,  dëji  citée 


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Tant  une  lettre  de  rémission  de  Charles  V,  qui  était  notre 
dernier  document  immédiatement  antérieur.  Or,  non  seule- 
ment la  Passion  qui  fut  jouée  à  Saint-Maur  s'est  trouvée  prête 
aux  fêtes  de  PAques  d398,  mais  elle  a  dû  l'être  bien  avant, 
puisqu'on  l'a  retrouvée  dans  le  manui^crit  Sainte-Geneviève 
et  qu'elle  était  déjà  imitée,  copiée  textuellement,  malgré  la 
différence  des  sujets,  dans  le  Jour  du  Jugement  joué  en  pro- 
vince, 1e  Vendredi  saint  1398. 

Ainsi  l'on  a  pu  démontrer  tout  à  la  fois  que  la  Passion 
contenue  dans  le  manuscrit  Sainte-Geneviève  faisait  bien 
partie  du  répertoire  des  confrères  de  la  Passion  et  qu'elle 
était  antérieure  de  cinq  ans  au  moins  aux  fameuses  lettres 
patentes  de  décembre  1402,  qui,  après  la  Patsion,  men- 
tionnent expressément  la  Résurrection  Sainte-Geneviève. 

Rigoureusement  parlant,  la  démonstration  matérielle  n'a 
été  faite  que  pour  cette  seule  Passion;  mais  si  le  poète  de 
province  n'a  imité  que  ce  seul  drame  à  notre  su,  cela  prouve 
toiit  simplement  qu'il  était  le  plus  connu,  rien  de  plus.  Cette 
Passion  est  devenue  rapidement  une  «  Somme  »  dramatique. 
La  Nativité,  les  Trois  Rois,  la  Résurrection  Sainte-Gene- 
viève, composés  dans  le  même  esprit,  sinon  dans  le  même 
rythme,  supposent  cette  PnsaioH  déjà  faite  et  sont  venus  se 
grouper  autour  d'elle.  Ainsi  tous  les  actes  de  la  vie  du  Christ 
n*ont  plus  formé  qu'un  drame  collectif  qui  pouvait,  dans  un 
ou  plusieurs  Jours,  s'allonger  ou  se  raccourcir  au  gré  du  pu- 
blic, et  fournir  à  la  représentation  tel  ou  tel  épisode  détaché, 
sans  plus  compter  avec  les  fêtes  de  l'année  liturgique.  Cette 
compilation  ou  ce  groupement  de  pièces  détachées,  qui  an- 
nonce et  prépare  la  Passion  unique,  d'un  seul  jet,  telle  que 
l'écriront  Eustache  Mercadé  et  Arnoul  Greban,  ctait-il  déjà 
opéré  en  1398(n.  s.)?  C'est  possible,  probable  même,  puisque 
nous  avons  vu  la  Passion  jouée  à  Saint-Maur  en  juin  1398. 
Mais  ceci,  on  n'avait  pas  à  le  démontrer.  On  n'avait  pas  da- 
vantage à  rechercher  si  les  Miracles  des  Apôtres,  de  sainte 
Geneviève  et  de  saint  Fiacre,  qui  accompagnent  cette  Pat'. 


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•ion,  étaient  déjà  composés  à  la  même  date,  si  ces  pièces 
étaient  précisément  les  miracles,  <  vies  de  sains,  farces  »  et 
autres  ■  esbattements  ■,  interdits,  en  même  temps  que  la 
Passion,  parle  même  arrêt  du  Prévôt  de  Paris  du  3  juin  1308, 
ou  si  elles  sont  entrées  plus  tard  seulement  dans  le  réper- 
toire des  Confrères  de  la  Passion.  Il  a  suffi  de  prouver  que 
toutes  ces  pièces,  renfermées  dans  le  même  manuscrit,  ont 
bien  fait  partie  du  même  répertoire  parisien. 

Ce  qu'il  était  plus  important  de  constater,  c'était  le  chan- 
gement notable  dans  l'esprit  des  mystères,  qui  coïncide  avec 
les  conditions  nouvelles  de  la  représentation  et  l'établisse- 
ment d'un  théâtre  habituel,  permanent,  bientôt  quotidien. 
Sans  doute,  le  drame  n'est  pas  sorti  tout  entier  des  mains  de 
l'Eglise,  et  les  membres  du  clergé  lui  resteront  attachés 
comme  auteurs  et  parfois  même  comme  acteurs.  Ce  drame 
n'a  pas  perdu  son  caractère  d'édification,  et  c'est  avec  raison 
qu'Eustache  Mercadé  le  comparera  aux  verrières  et  aux 
fresques  des  églises  qui  formaient  v  les  livres  des  illettrés  «, 
selon  le  mot  d'Albert  le  Grand  et  de  bien  d'autres  : 

A  plusieurs  gens  ont  moult  valu, 
Oui  n'enlendenl  tes  escriptures, 
Eiemplea,  histoires,  peintures 
Faicles  es  moustiers  et  palais; 
Ce  sont  les  livres  des  geits  lais. 
En  espeuial  l'exemplaire 
Des  personnages  teur  doit  plaire 
Qui  sont  des  Tuis  de  Jhesucris 
Selonc  que  mettent  les  escrips 
El  les  livres  de  saincte  Eglise. 

Mais  si  le  théâtre  est  toujours  un  enseignement,  c'est  un 
enseignement  bien  mêlé;  si  n'est  un  sermon,  ce  sermon  est 
souvent  bien  joyeux  et  confié  à  d'étranges  interprètes.  Ou 
plutôt,  c'est  avant  tout  un  spectacle  qui  se  suffit  à  lui-même, 
et  un  divertissement  public.  N'est-ce  pas  ce  qu'indiquent  les 
scènes  réalistes,  les  diableries,  les  facéties  vulgaires  ou  fé- 
.roces  et  les  fanfaronnades  ridicules  des  ■  tyrans  »,  et  toutes  les 


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—  HO  — 
nouveautés  que  l'on  attribuait  communément  au  xv*  siècle, 
mais  qui  existaient  déjà,  nous  l'avons  constaté,  dès  la  fin 
du  xiv"î  Dès  ce  moment  le  mystère  français  était  consti- 
tué; il  n'avait  rien  à  oublier  et,  sauf  les  exceptions  connues, 
les  scènes  vingt  fois  citées,  peu  nombreuses  et  toujours  les 
même?,  d'Amoul  Greban  et  de  Jean  Michel,  il  n'avait  plus 
rien  à  apprendre  que  la  prolixité  fastidieuse  et  l'ignoble  tri- 
vialité. Encore  ces  éléments  étaient-ils  déjà  très  suffisam- 
ment représentés,  on  l'a  vu,  dans  les  pièces  de  Paris  et  celles 
de  la  province,  le  Jour  du  Jugement  en  est  la  preuve. 

Près  de  cinquante  ans  avant  que  les  bourgeois  d'Abbeville 
vinssent  acheter,  à  beaux  deniers  comptants,  une  copie  de 
laPoMton  d'Amoul  Greban,  la  Pattion  Sainte-Geneviève,  ou 
celle  des  premiers  Confrères,  avait  déjà  excité  la  même  cu- 
riosité, et,  sinon  créé  une  tradition,  du  moins  imposé  un  mo- 
dèle. C'est  un  fait  remarquable  que  l'auteur  provincial,  le 
théologien  ou  le  prêtre  qui  a  écrit  ce  Jour  du  Jugement  avec 
une  entière  sincérité,  à  une  heure  tragique,  ait  cru  devoir 
imiter  les  pièces  parisiennes  et  solliciter  l'attention  de  son 
public  par  les  mêmes  moyens,  curieux  mais  vulgaires.  Cette 
imitation  est  même  ce  qui  rend  son  œuvre  si  intéressante. 
Sans  doute  la  pièce  vaut  par  elle-même;  c'est  un  document 
nouveau  sur  le  grand  schisme  et  un  curieux  spécimen  des 
mystères  français  entre  l'époque  des  origines  et  celle  du  déve- 
loppement exubérant;  mais  elle  a  surtout  le  mérite  de  se  rat- 
tacher à  une  collection  de  pièces  depuis  longtemps  connues, 
et  de  nous  donner  ainsi  une  indication  qu'il  serait  peut-être 
difBcile  de  retrouver  ailleurs.  Les  mentions  de  représenta- 
tions ignorées,  antérieures  au  xv'  siècle,  que  l'on  peut  re 
lever  dans  les  testes  imprimés  ou  manuscrits,  commencent 
à  devenir  rares  et  seront  toujours  appréciées  ;  mais  qui  ne 
devine  les  lacunes  de  la  plupart  des  documents  de  cette  sorte, 
qui  pourrait  affirmer  ou  nier  à  priori  que  ces  annonces  pro- 
vinciales ou  parisiennes  se  rapportent  aux  mystères  Sainte- 
Geneviève  ou  à  des  mystères  antérieurs,  surtout  lorsqu'elles 


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—  m  - 

concenieat  des  <  jeux  de  la  Passion  ■  aux  environs  de  PA- 
quesl  Toutes  ou  du  mo'ns  presque  toutes  les  mentions  nou- 
velles que  j'ai  pu  recueillir  rappellent  ce  début  d'une  lettre 
inédite  de  Charles  VI,  datée  de  Paris,  may  13E6.  ; 

Chaeujs,  etc. 

t  Savoir  faisons  à  tous  presens  et  a  venir  Nous  avoir  receue 
l'umble  supplicacion  de  Jehan  Martin,  Prévost  de  Ctiielle,  povre 
laboureur  chargië  de  femme  et  de  cinq  petie  enfang,  contenant 
ipie  comme  n'agaires,  a  un  jour  de  samedi,  ledit  suppliant  fusi 
de  la  ville  de  Courtray  ou  il  est  demourant,  alez  en  la  dilte 
ville  deChiellepour  le  fait  de  son  dit  ofAce  et  mesmement  parce 
que  l'endetnain  dévoient  estre  faiz  en  la  ditte  ville  les  jeux  de 
la  passion  nostre  Seigneur  Jésus  Christ,  et  a  cause  de  ce  y 
devoit  avoir  grant  assemblée  de  gens.  El  lui  estant  en  icelle 
ville  de  Chielle,  y  survindrent  ung  jeune  homme • 

Rien  ne  dit  que  cette  Passion  soit  la  môme  que  celle  qui 
fut  jouée  ^  Saint-Maur  en  d39S.  Les  documents  de  ce  genre 
ne  nous  apprennent  guère  que  des  iacidents  ou  des  acci- 
dents de  représentations  ;  ils  nous  donnent  des  titres  Le 
manuscrit  de  Besanç^jn  nous  a  donné  un  texte,  et  il  a  renoué 
véritablement  la  cbalne  brisée. 

Le  problème  général  posé  au  début  de  cette  étude  a  donc 
reçu  une  première  solution,  incomplète,  mai»  exacte,  puisque 
les  mystères  Sainte-Geneviève,  ob  apparaît  la  transforma- 
tion du  théâtre  français,  ont  été  reportés  du  xv*  au  xiv* 
siècle.  Pour  compléter  cette  solution,  il  reste  à  publier 
d'autres  textes,  soit  analogues  à  ce  Jour  du  Jugement,  soit 
d'un  genre  diltérent,  mais  qui  tendront  au  même  but.  Etu- 
dier le  développement  de  la  Passion,  même  dans  un  seul 
pays,  et  chercher  dans  le  détail  comment  le  cycle  de  Noèl  a 
rejoint  celui  de  Pâques,  serait  peut-être  une  entreprise  trop 
vaste  et  trop  vaine,  puisque  tous  les  termes  de  transition 
nous  échapperont  toujours  et  que,  serions-nous  assurés  de 
les  tous  retrouver,  leur  lecture  serait  prubablemeat  aussi 


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lûonotone  que  celle  des  tragédies  dû  xviii*  siècle.  Il  semble 
pourtant  que  l'on  puisse  répondre  en  partie  à  la  question,  k 
condition  de  la  restreindrt!  à  une  période  déterminée,  soit 
toujours  à  ta  plus  récente,  et  de  suivre  une  indication  don- 
née depuis  longtemps  par  M  Gaston  Paris  dans  son  intro- 
duction au  mystère  de  la  Passion  d'Arnoul  Greban.  Les 
mystères  antérieurs  à  cette  Puiiion  font  aux  apocryphes  et 
aux  légendes  étrangères  au  récit  évangélîque  une  part  très 
large,  qu'Arnou!  Greban  leur  retire  et  que  Jean  Michel  leur 
rend.  Mais  de  quels  textes  ces  légendes  ont-elles  passé  dans 
les  mystères  Sainte-Geneviève^  Est-ce  des  traductions  de 
la  Bible  en  vers  si  souvent  étudiées  ou  d'autres  compila- 
tions plus  modernes?  Si  l'on  pouvait  déterminer  exacte* 
ment  et  dater  quelques-unes  des  sources  de  ces  mystères 
Sainte-Geneviève,  l'histoire  obscure  de  ces  origines  ne  re- 
cevrait-elle pas  un  nouvel  éclaircissement  et  ne  serait-il  pas 
plus  facile- de  passer  des  pièces  relativement  simples  des 
premiers  Confrères  aux  amples  drames  d'Arnoul  Greban  et 
de  Jean  Michel  ?  C'est  par  celte  enquête  déj&  commencée, 
et  même  poussée  assez  loin  (le  texte  qui  est  ou  me  paraît 
le  principal  est  recopié),  que  je  me  propose  de  conclure 
prochainement  la  série  d'études  annoncée  sur  le  théâtre 
français  au  xiv*  siècle. 

En  terminant  ce  premier  essai,  je  renouvelle  l'expression 
de  ma  sincère  gratitude  k  tous  ceux  qui  m'ont  facilité  le  tra- 
vail des  recherches  et  des  lectures,  en  particulier  à  M.  Poète, 
bibliothécaire  de  la  ville,  et  à  mon  ami  Vernier,  professeur  à 
la  Faculté  des  lettres  de  Besançon,  à  mon  ancien  maître, 
M.  Petit  de  JuUeville,  qui  ne  lira  plus  ces  pages  avec  sa 
bienveillance  coutumière. 


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LES 

NOMS  DE  LIEU  ROMANS 

BN  FRANCE  BT  A  L'ÉTRANGER 

OiiiTj  I,  m) 
Par  M.  le  D'  J.  HITNIBK 

Séante  du   iS  nooembre   tS97 


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2°  InstltDtlonB 

L'élablissement  de  la  féodalité,  qui  a  modifié  si  profondé- 
ment les  institutions  antérieures  n'a  pas  fait  disparaître  en- 
tièrement leurs  noms.  Il  est  même  deux  institutions  gauloises, 
Vigoranda  et  le  mediolanum,  qui  se  rappellent  à  la  mémoire 
par  une  douzaine  de  noms  de  heu  chacune. 

Le  mot  icoranda,  igoranda,  parait  avoir  signifié  frontière, 
limite,  comme  la  linia  latine  et  la  marca  germanique.  Les 
igorandae,  dont  les  noms  subsistent,  sont  toutes  à  la  cir- 
conférence de  l'ancien  territoire  des  Biturigea  Ci^i;  et  l'une 
d'elles,  Aigurandes,  de  l'Indre,  a  porté  le  nom  significatif 
d'Igormida  Bitwigum. 

Aigurandes  (Indre,  Rh.),  Eygurandes  (Cor.,  Dord,),  Igue- 
randes  (S.-et-L.),  Igrandes  (Al.) ,  Ingrandes  (Indre,  I.-et-L., 
M.  et-L-,  May.,  Vien.  (t>),  Ingrannea  (Loiret  (2)). 

Od  est  mieux  renseigné  au  sujet  du  mediolanum,  littérale- 
ment champ  du  milieu,  qu'on  sait  avoir  été  le  lieu  d'assem- 
blée des  Gaulois,  le  champ  du  feu,  qui  a  ihit  place  au  champ 
de  mai  ou  plaid  général,  placitum  générale.  Le  mediolanum, 
en  gaulois  milan  ou  mylan,  était  généralement  en  rase  cam- 
pagne. Un  certain  nombre  de  ces  milan  sont  devenus  des 
centres  de  population.  Un  milan  de  la  Cisalpine  est  devenu  la 
capitale  des  Insubres  ou  Insubriens,  en  attendant  qu'il  fût 
celle  des  Lombards. 

On  compte  encore  douze  milan  dans  l'ancienne  Tran- 
salpine. Ce  sont  : 

Château mei liant  (Cher),  Mediolanum,  de  la  Table  Théodo- 
sienoe  ;  Mediolanense  castrnm,  vers  la  fin  du  vi"  siècle, 
dans  Grégoire  de  Tours;  Ma]ain(Cùte-d'Or),  Medtolunum,en 
1075;  Meillant  (Cher),  Jtfedioiaiium  sur  un  triens  mérovin- 

(1)  Vicaria  tgorandinais.  en  913;  Vicaria  tgaranda,  en  OJl,  —  (3)  Il 
faut  sans  doute  ajouter  à  cette  liste  la  Oélivranile  (Calvados),  qui  est 
Yvranda,  en  liaO. 


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—  «6  — 
gieu  (IMuvn* siècle; — Meulin (S.-et-L.) Ifedtofaneiisû  ager, 
Mediolani  vers  881  ;  —  Meyian  (Is.),  Medùtlanum  ifeioln- 
num  vers  1  lOi  ;  —  Miolan  (Sav.),  Meiolanum  en  1015,  Me- 
dtofatium  en1083:  —  le  Mioland  (Rh.>,  A/edio/niium  de  la 
Table  Théodosienne  :  Mioland  (S,-et-L.).  *'ïo''"»«m  au  si' 
siècle;  —  Moelain  (Hle-M.),  Mediolamenie  castrum  en 
d063  lO  ; — Moislains  (Som.)  Jlft^dtâlnnas  dans  un  diplôme 
apocryphe  de  Thierry  III,  Meulanum  en  1080  ;  —  Molain 
(Jura),  Villa  Mediolamim  en  1029,  Villa  Mediolani»  en  A06Q, 
Villa  Mediolani  en  iOtO,  Villa  Mediolanum  en  1120  ;  —  Mo- 
liens  (Oise>.  Mediolanas  en  8G7  et  en  890. 

D'autres  Mediolanum  sont  :  Evreux,  le  Mediolanum  Ebu- 
rovicumÇ^ ,  et  Saintes,  le  Mediolanum  Santonum  (4).  qui 
n'ont  conservé  de  leur  nom  primitif  que  le  déterminalif  (5), 

S'il  est  légitime  de  supposer  que  Moëlan  (Fin.),  Molain 
(Aisne),  Molhain  (Arden.),  Molien  (Vos.),  sont  des  Mediola- 
num dont  les  parchemins  se  sont  perdus,  il  est  fort  douteux 
qu'on  puisse  établir  jamais  la  généalogie  des  Meilhan  (Gers, 
Lan-,  L.-et-G  ]  et  Meillan  (Gir.),  appelés  Milhan  dans  des 
titres  anciens,  qui  sont  trop  évidemment  des  jEmilianu* 
fnndtis.  Ije  Meilhens  du  Gard  est  un  jEmiliensis  vitta. 

De  toutes  les  divisions  territoriales  gallo-romaines,  les 
pagi,  les  vienriae.  les  cenlenae,  les  conditae,  les  vieariae 
seules  ont  laissé  des  traces  dans  l'onomastique  locale  parce 
qu'elles  sont  entrées  dans  la  nouvelle  nomenclature  poli- 
tique, tandis  que  les  pagi  devenaient  des  comitatus,  les  cen- 
tenae  des  cnHcUaniae,  et  les  conditae  des  viltae. 

Vicaria  a  donné  en  provençal  et  en  vieux  français  viguerie 


(1}  L'inscriptinn  de  celle  pièce  est  MedMaiu)  mon.  <  L'abrévialion.  dit 
Quiclicr»!,  iloit-clle  être  remplie  pnr  Moitaaterio  ou  par  Moiitef  Daps  le 
dernier  cas,  ce  nom  serait  celui  d'un  des  Monlmeiliaiil  on  Montniclianl  ac- 
lueU.  n  Nous  ferons  remarquer  que  les  Montinéliant  soûl  des  tfoni  ^mi- 
Hanui.  —  ;2)  Cariulaire  de  l'Âbl/aye  de  Moniier-etv-Der.  —  (3}  Plot.  — 
(t)  Id.  --  (5)  Ces  deux  Mediolanum  sont  d^jà  nommés,  mais  sans  lear 
«Mlerminalir,  parmi  les  soiianle  cités  d'AugusIe. 


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—  117  — 
et  vîgerîe.  Primitivement  les  vîguiera  ou  vigicrs,  vîcani 
avaient  les  mêmes  attributions  que  les  vicomtes  ;  en  dernier 
lieu,  ils  n'étaient  plus  que  des  juges  inférieurs,  châtelains 
ou  prévàts.  Les  vigueries  ou  vigeriea  avaient  augmenté  de 
nombre  en  même  temps  qu'elles  diminuaient  d'impor- 
tance. 

La  Viguerie  (Can.)  ;  Viguières  (B.-A.)  ;  la  Viguière  (Hér.); 
la  Vigerie(Can.,  Char.,  Ch.-Inf ,  Dord.,  Indre,  Loz.,  P.-de- 
D.,  Vien.)  ;  la  Vigière  (A.-M.)  ;  la  Vigarie  (Tar.). 

Vicariua  remplaçait  souvent  vicaria  ;  c'était  le  titulaire  au 
lieu  de  la  fonction. 

Vigiers  (Dord.,  Gir.,Man.,  P.-de-D.);  le  Vigier  (Cor.)  ;  Vi- 
gers  (Dord.,  Htes-P.). 

Comme  dérivés  ontroufe  Vigarous  (Gir.,  L.-el-G.),  etVi- 
gayrals  (Lot). 

Les  cenaus,  les  coloniae  et  colonicae,  les  ctmdatnina,  les 
cortia  ou  çurtia,  \esdiatriclua,  les /lotpt'tta,  les  juga  oajtt~ 
géra,  les  manaione»  ou  mansi,  les  manaionilia,  les  modia, 
les  parlea,  les  unciae,  les  vitlae  sont  des  souvenirs  du  ré- 
gime gallo-romain  de  la  propriété,  bien  que  le  sens  de  la 
plupart  de  ces  termes  ait  changé. 

CensMs,  après  avoir  signifié,  dans  le  principe,  l'état  des 
personnes  et  des  biens,  le  rùle  des  contributions,  la  fortune 
authentique  des  citoyens  (Tite-Live,  Cicéron,  Suétone,  Ul- 
pien),  puis  la  fortune  en  général  (Cicéron,  Pline],  devintun 
bien  tributaire  et  le  loyer  de  ce  bien.  Le  bas-latin  censtt,  qui 
n'est  que  censua  féminisé,  a  désigné,  sous  le  régime  féodal, 
une  teire  donné  à  ccna,  c'est-à-dire  dont  le  tenancier  payait 
au  seigneur  une  redevance  fixe,  et  cette  redevance  elle- 
même.  Cenaa  était  souvent  remplacé  par  deux  termes  bas- 
latins  cenaiaa  et  censaria  0),  de  même  origine. 

Cenaa  a  été  rendu  :  en  provençal  par  cenaa,  aenaa  ;  en  es- 
pagnol et  en  italien  par  cenaa  ;  en  vieux  français  par  ceiwc. 

(1)  s.  ent.  terra. 


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—  118  - 

La  Censé  (Aisne,  Arden.,  Mar,,  Nd,  Oise,  Vos.);  les 
Censés  (Arden.,  Hte-L.,  Mar.)  ;  la  Sensé  (Sav.)  ; 

Censeaux  (Jura)  ;  les  Censeaux  (Vos.)  ;  les  Censiers  (Eure); 
les  Censiers  <Var);  la  Censive  (E,-et-L.);  la  Sensive  (L.-Inf.); 
la  CensurJère  (Eure,  Man,}. 

La  Censé  et  les  Censés  sont  généralement  pourvus  d'un 
déterminatif. 

A  l'origine  ïacolonia  était  un  labour  (Calon,  Virgile),  une 
ferme,  une  métairie,  (Columelle)  et  la  colonica,  la  maison  du 
colonus  ou  laboureur  (Ausonne).  Plus  tard,  la  coloniea  est 
devenue  une  terre  tributaire. 

Colonia  n'a  pas  changé  en  provençal,  en  espagnol  et  en 
italien  et  a  donné  au  vieux  français  colongue  et  cologne.  Il  y 
a  quelques  traductions  irrégulières  :  colognie,  colagnie,  cou- 
logne,  coulagne,  coulaine,  quelaine. 

Colmnca  est  devenu  colonge,  coulonge,  coîange,  coulange; 
mais  on  trouve  encore  coulonee,  coulonche,  coulorgne.  L'I 
est  souvent  doublé. 

Il  est  probable  que  les  colongers  (eolonicarii)  ont  succédé 
aux  colons  romains  dans  les  Gaules  et  même  qu'ils  en  étaient 
les  descendants  ;  car  ils  ont  conservé,  vis-à-vis  du  seigneur 
châtelain,  les  mêmes  obligations  que  les  soldats  romains  au 
regard  de  leur  centurion.  Ils  étaient,  en  etTet,  gens  de  poBte 
{homines  poteslatii);  ils  ne  pouvaient,  sans  la  permission  de 
ce  seigneur,  s'assembler,  ni  donner  mandat  ou  procuration. 
La  coloniea  {terra  ou  villa)  a  donc  été  d'abord  une  colonia 
qui,  sous  l'influence  des  idées  féodales,  a  perdu  peu  à  peu 
son  indépendance  politique  et  sociale. 

Colognes  (Aisne,  Cher,  Gers,  Prov.,  Rhin)  ;  Coulogaes 
(P.-de-C);  Coulagnes  (Loz.);  Coulaines  (Gir.,  I.-et-L , 
Sar.  (D)  ;  Quelaines  (May.  <3))  ;  Cologny,  puis  Colognies  (Hte- 
Savoie,  Suis.). 

Il  y  a,  dans  le  Doubs  et  la  Haute-Saône,  des  Recolognes 

(1)  Colonia,  en  615.  ~  (2)  Colonia,  en  615. 


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—  «9- 

et,  dans  le  Puy-de-Dôme,  un  Recolaine  qui  sont  des  recolo- 
nia,  colonie  renouvelée,  lieu  recolonisé. 

Colonges(Rh.tl),  Sav.);  laColonge(Rh.);  laCoHonge  (Ht- 
Rh.,  Rh  ,S.-et-L.);  Collonges(Ain,  C.-d'Or,  Cor,  Cr.,  Hte- 
S,,  Hte-Sav.,  Is.  (2).  Loire,  Rh.,  S.-el-L.,  Sav.,  T.-et-G.); 
CoUongres  <Gaid)  ;  Collongues  (A.-M.,  B.-du-Rh.,  Htes-P., 
Vau.);  Collorgues{Gard);  Coulonces  (Cal.,  Orne);  la  Cou- 
lonche  (Orne);  Coulonges  (Aisne,  Char.,  Ch.-Inf.,  D.-S., 
Eure,  L.-et-Ch.,  May.,  Nié.,  Orne,  Sar.,  Ven.,  Vien.); 

Collanges  (Can.,  P.-de-D.);  la  Collange  (Can.,  P.-de-D.); 
les  Collanges  (Ardèche,  P.-de-D.);  Goulanges  (Al.,  Cher, 
Jura,  L.-et  Ch-,  Nié-,  Yon.  (3))  ; 

Collongetles  (Hte-Sav.,  S.-el-L.);  la  Coulongette  (Nièv.)  ; 
laCoilancelle(Niè.)(*); 

La  coiidamina  était  une  terre  exempte  de  charges  féo- 
dales. On  fait  venir  condamina,  soit  de  campus  domini, 
terre  de  maître,  terre  de  seigneur,  soit  de  cum  domino,  avec 
une  idée  d'association  au  seigneur.  Le  fait  est,  quant  à  la 
dernière  étymologie,  que  la  condamina  était  souvent  un  ter- 
rain vaguedonnéparunseigneur  à  titrede  partage  des  fruits 
de  sa  mise  en  culture.  Condamina  a  été  traduit  par  conda- 
mine.  condemine,  condomine,  condamne,  coiidom,  conta- 
mine. 

Condamines  (Ain,  B.-A.,  Jura),  la  Condaniine  (A.-M., 
Dro.,  Hte-V.,  Loire,  Lot,  Man.,  Rh.,  Sav.,  Tarn,  Var),  les 
Condamines  (Av.,  Dord.,  Hte-G.,  Hér.),  Ondemines  (S.-et- 
L.),  la  Condemine  (Al.,  Nié.,  S.-et-L.),  les  Condemines 
(Rh.),  Condomines  (Tarn),  Condoms  (Av.,  Tarn  [5)),  Condons 
(Ain,  Lan.),  Contamines  (Ain,  Is  ,  Loire,  Sav,). 

C^ademènes  (6)  et  Casainënes  (Doubs)  sont  des  condamina 
par  l'intermédiaire  de  la  forme  irrégulière  candemène. 


|1)  Colonica  en  S(Ï5.  —  (2)  Colonica,  en  885.  —  (3>  Coiilanees-la-Vincent 
est  Colonica  daus  un  texte  de  861.  —  (4)  Cotoneella,  112».  —  (5)  Le  Con- 
dom  du  Gers  est  un  Condomagui.  —  [6)  Candemène,  1190. 


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—  120  — 

Corti*,  evrtit,  est  an  synonyme  de  monnu  qui  s'est  ap- 
pliqué d'abOTd  anx  résidences  bâties  par  les  colons  romains 
dans  les  provinces  de  l'empire.  Lors  de  l'établissement  do 
régime  Téodal,  les  curtù  se  divisèrent,  comme  les  manaut, 
en  seigneuriales  et  en  tributaires.  Ces  dernières  sont,  en  gé- 
néral, devenues  les  noyaux  de  xillages  et  de  nlles,  tandis 
que  les  autres,  s'entourant  de  murailles  devenaient  des  cM- 
teaux-forts  et  souvent  des  palais  fortifiés. 

CortU,  curliâ  est  dérivée  de  la  cohon  latine.  «  Ce  fut,  dit 
Marc  Muller,  sur  les  collines  du  I^tium  que  le  mot  cokort 
ou  cors  fut  employé  d'abord  dans  le  sens  de  ■  claies,  parc, 
enclos  pour  les  bestiaux.  >  Les  cohortes  ou  bataillons  de  l'ar- 
mée romaine  portèrent  ensuite  le  même  nom.  On  suppose 
généralement  que  le  mot  cors  est  borné  en  latin  au  sens  de 
a  cours  de  ferme  >  et  que  cohon  s'emploie  toujours  en  par- 
lant de  l'armée.  C'est  14  une  erreur.  Dans  ce  vers  d'Ovide  ; 
Abstulerat  multos  illa  cohortïs  aves  (I), 

nous  voyons  que  cohora  Fignifie  <  basse-cour  >,  et,  dans  des 
inscriptions,  on  a  trouvé  cors  avec  le  sens  de  c  cohorte  ».  Le 
sens  primitif  de  cohors,  chors,  cor$,  était  donc  «  cour  de 
ferme,  enclos  pour  les  tio^liaux  ».  On  le  trouve  avec  ce  sens 
dans  Varron,  dans  Columelle.  Le  mot  exprime,  d'ailleurs, 
l'idée  de  réunion,  et  s'applique  aussi  bien  à  une  bande,  à  une 
foule,  k  une  suite  de  gens  quelconque  qu'à  un  corps,  à  un 
parti  militaire,  à  une  troupe. 

On  fait  venir  cors  du  grec  cUortos,  parc,  pâturage,  qui  a  la 
même  racine  que  le  latin  hortus  et  le  germanique  gart.  Cors, 
ou  plutôt  son  génitif  singulier  corlis,  a  donné  le  bas-latin 
cortis,  curlit  ;  le  provençal  cors,  corl  ;  l'espagnol  et  l'italien 
/•nrtp.;  le  l'ieux  français  cari,  court,  cor,  cour,  cou,  con,  curt. 
.  que  présente  le  mot  dans  tous  les  anciens  textes  et 
toutes  les  langues  romanes,  montre  bien  qu'il  vient  de 

-ast.  IV,  70*. 


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—  121  — 

tortir,  et  non  de  cwria,  fausse  étymologie  qui  commence  "h 
se  montrer  au  xiv*  siècle  et  qui  est  basée  sur  la  forme  cour, 

Courts  <Ain,  Hte-G.,  Hte-Sav.,  Mar.,  Var);  Cours  (Ain, 
Dord.,  Doubs,  Gers,  Gir., Hér, Lot,  I  -et-L., L.-et-G., Nié.  (t), 
P.-de-D.,  Rh.,  Sav.,  Vien);  la  Cour  (Aisne,  A. -M.,  Ardèche, 
Arden.,  Aube,  Cal.,  Char.,  Gh.-Inf.,  Cher,  C.-d'Or,  C.-du-N., 
E  -et-L.,  Hte-G.,  Hte-Sav.,  L-et-L.,  Is.,  L.-et-Ch.,  Loiret, 
M.-et-L.,  Man.,  Mar.,  May.,  Meuse,  Mor.,  Oise,  S.-et-L., 
Sar.,  Sav.,  Var,  Vien.)  ;  les  Cours  (Aube,  Char.,  Dord,,  Gers, 
Gir.,  Htcs-A.,  Hér.,  I  -et-L.,  l.-et-V.,  Is.,  Loiret,  Lot,  L.-et- 
G-,  Man.,  Orne,  P.-de-D.,  Sav..  S.-et-O.,  Vos..  Yon.)  ;  Curts 
(Lan.);laCurt  (L.-et-G.);  Corle  (Corse)  ;  Courtes  (Cal.);  la 
Courte  (Nd)  m. 

Les  suffixes  latins  el  gaulois  ont  donné  les  dérivés  sui- 
vants : 

La  Courtade  ^Can.,  Dord-,  Gers,  P.-de-D.,  Tarn)  ;  la  Cour- 
lais  (L.-rnf.)  ;  le  Courtal  (Ariège)  ;  la  Ctourtas  (Al.,  Ardèche)  ; 
Courleaux  (Aisne,  L.-el-G.)  ;  Courtée  (Sar.)  ;  Courtei!s(Char,, 
D.-S.);  leCourleil  (Vien.);  Courteilles  (Cal.,  Eure,  Man,, 
May.,  Orne,  Sar  ,)  ;  les  Courteilles  (Orne)  ;  Courteries  (L.-et- 
Ch  );  la  Courterie (Aisne);  Courtenges  (Gant.);  Courteuils 
(Oise);  Courtiade (Dord., Gir.)  ;  !e  Courtial  (Loire,  P.-de-D.); 
Courtiat  (S.-et-M);  Courtiaux  (Hte-V.);  Courties  (Gers); 
Courtieux  (Oise,  Som.)  ;  Courtils  (Aisne,  S.-et-O.)  ;  le  Cour- 
til  (Htes-A.,  S.-et-L.)  ;  les  Courtils  (L-el-L.,  Man.)  ;  Courlil- 
les  (Av.,  Can.);  laCourtille  (P.-de-D.,  S.-et-M.);  Courtines 
Al-,  Can.)  ;  la  Courtine  (C-d'Or,  Cr-,  Loire,  l^t,  P.-de-D., 
Var.,  Vau.);  les  Courtines  (P.-de-D.)  ;  la  Courtiole  (Lot)  ; 
Courlioux  (3)  (Al.,  Vien.)  ;  le  Courtioux  (AI.,  Cr.,  Indre)  ;  les 
Courtioux(Hte-V.,  Indre);  la  Oiurtrie  (I.-et-L.,May  );  Cour- 
ty  (Nié.,  P.  de-D.)  ;  le  Courty  (Sar.)  ;  Curtils  (C.-d'Or,  S.-et- 


(1)  Curie,  iW,  est  C«irs-les-Cosne,  Carf,  t!67,  l'aulre  Cours.  — 
(3)  Les  autres  curlii  ont  tous  un  délerroi natif.  —  <.3)  Celui  de  l'Aube  est 
CurfM  Âgoldi.  980. 


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—  122  — 

L.)  ;  le  Curtil  (Dro.,  Hte-Sav.,  Is  )  ;  les  Curtils (Ain) ;  Curtys 
(Hte  Sav);  les  Curtys  (Sav,);Corce]les  (Ain, C.-d'Or,  Doubs, 
Hte-L.,  Jura,  Nié.,  Rh-,  S.et-L.,  Suis.)  ;  Courceaux  (C.-d'Or, 
S.-et-M.,  Yon);  Courcelles  (Aube,  Ch.-!nf.,  Cr.,  Doubs, 
Eure,  Hte-M.,  Hte-S.,  Hl-Rhin,  I.-et-L.,  Loiret,  Mar.,  May., 
Meur.,  Meuse,  Mos.,  Nié.,  Oise,  P.-de-C-,  Sar.,  S.-et-M., 
S.-el-O-,  Som.,  Yon.). 

Les  composés  directs  ou  par  inversion  sont  si  nombreux 
qu'on  ne  peut  citer  que  les  plus  saillants  : 

Courtablon  (S.-et-M.);  Courtabœur(S.-et-0.)  ;Courtalain(ï) 
(E  -et-L.,  S.-et-M.);  Courtangis(Sar.);  Courtaoultl2i(Aube); 
Courtaumont  (3)  (Mar.)  ;  Courtédoux  <*)  (Suis.)  ;  Courtelevant 
(Ht-Rh.)  ;  Courténault  (Marn.,  S.-et-M.)  ;Courtesou]t(Hte- 
S.);  Courtetain  (Doubs)  ;  Courtigis  (Aisne,  Loiret),-  Courtî- 
sols  (S)  (Mar.)  ;  Courtivron  (C.-d'Or)  ;  Courtomer  (Orne,  S.- 
et-M.)  ;Courtoufle  (Ain);  Courtoulin  ;S)  (Orne);  Cortamblin 
(S.-et-L.);  Cortambert{S.-et-L.);  Corbelin(rs.)  ;  Corfélix  (7) 
(Marn.)  ;  Corgengoux  (C.-d'Or)  ;  Corgoioin  (8)  (C-d'Or)  ;  Cor- 
marin  (Yon.);  Cormontreuil (QJ  (Mar.);  Corribert  W  (Mar.); 
Corricard  (Eure);  Corrobert  (H)  (Mar.);  Courcerault  (12) 
(Orne);  Courcùme  (Char.)  ;  Courdemanges  (*3)  (Mar.)  ;  Cour- 
gaudray  (**)  (Orne);  Courgiraud  (Nié.);  Courlaoux  (Jura); 
Courraangoux  (Ain);  Courmnreau  (L.-et-Ch.);  Coubert  (15) 
(S.-et-M.)  ;  Coulandon  (Al.)  ;  Couvignon  (Aube)  ;  Combertault 
(C.-d'Or) ;  Comblaiichien  (16) (C.-d'Or);  Compertrix (")  (Mar.); 
Concevreux  (18)  (Aisne)  ;  Confavreux  C")  (Aisne]  ;  Confè- 
vron  (20)  (Hte-M.)  ;  Coclois  (21)  (Aube)  ; 

Aboncourts  (Nd,  Oise.  L.-Inf.),  Abbécourts  (Aisne,  Oise), 

(1)  C.  illiîmii.  —  (2)  C.  Adol/i.  —  (3)  G-  Onnundi.  —  (4)  C.  Vdiitfi, 
815.  —  i5)  C.  Auaorun,,  987.  —  ((3)  C.  Dodeni,  815.  —  0)  C.  Felicù,  1124. 
—  (8)  C.  Godelani.  —  (9)  C.  MnnaiterioU,  vers  8"j0.  ~  (101  C.  Riberli, 
1150.  -  (H)  C.  BiAerli.  1085.  —  (12)  C.  Setoldi,  815.  —  (13)  C.  Domi- 
nica.  1135.  —  jli)  6'.  Watdradane,  815.  —  (15j  C.  Behardi.  —  (10)  C. 
Blancanae.  —  (17)  Bertrici  cortU,  1028.  —  (18)  C.  auperior,  en  876.  — 
(19)  C.  fabrorum,  en  855.  —  (20)  C.  fabrorum,  en  855.  —  (21)  C.  CIou- 
dta,  av.  Vâi. 


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—  123  — 

Ablancourts  (1)  (Mar),  Aboncoui-ts  (Hte-Loire,  Meur.  (9)^, 
Achicourt  (P.-de-C),  AffracourtB(3)  (Meur,),  Agencourt  (C- 
d'Op),  Agnicourts  (Aisne),  Alaincourt  (Aisne,  Eure,  Hle-L  ), 
.  Ambricourts  (P.-de-C.))  Aménoncourts  (Meur.),  Ancheoon- 
courts  (Hte-Loire),  Angicourts  (Oise),  Arerobécourts  (*) 
(Aube),  AmiancourtH  (Oise,  Som.),  Arracourts  l^)  (Meur  ), 
Auberchicourts  (Nd),  Audincourts  (Doubs),  Augicourts  (Hte- 
S.),  Auménancourts  W  (Mar,),  Aulremoncourts  (V)  (Aisne), 
Avricourts  (Meur.,  Oise),  Azincourts  (Nd,  P.-de-C.)  ; 

Bacquancourts  (Som.),  BassoncourU  (Ht&-M.)i  Baudon- 
courU  (Hte-S.),  Baudricourts  (P;-de-C.,Vos.),Bazancourts(8) 
(Marn.),  BazincourU  (Eure,  Meuse),  Bécourts  (P.-de-C., 
Som.),  Béhéricourts  (Oise),  Bermérieourt  (Marn.),  Bertri- 
courU  &)  (Aisne) ,  Bcssoncourts  (Ht-Rh.) ,  Blaincourts 
(Aube  00),  Oise),  Blercourts  (il)  (Meuse),  Boncourts  (Aisne, 
C.-d'Or,  Eure,  E.-et-L.  (iS),  Meuse  ("},  Moa.,  P.-de-C, 
Suis.  {14)),  Bouchacburts  (Mar.),  Brancourts  [Aisne),  Brian- 
court  (Hle-M.),  Brucourts  (Cal.),  Bullecourta  (P.-de-C); 

Caulaincourts  (Aisne),  Cendrecourts  (Hte-S),  Chasseri- 
courts  (15)  (Aube) ,  Chauvoncourts  (Meuse) ,  Olignancourts 
(Seine),  Contescourts  (16,  (Aisnej,  Craincourts  cn)  (Meur  ); 

Daillecourts(Hte-M.),  Damerancourts  (Oise),  Dancourts  (18) 
L.-Inf.,  Som.),  Daucourts  (19)  (Mar.),  Demicourts  (Nd.,  P.- 
de-C),  Doncourts  (Hte-M.,  Meur.,  Meuse  (M),  Mos  ),  Dou- 
laincourts  (21)  (Hte-M.) ,  Driencourts  (Sonn.) ,  Drucourts 
(Eure); 

Ecqueinicourts   (P.-de-C),  Eglancourts  (E.-et-L.),  Elin- 

(1)  Atnbtoniê  c,  850.  —  {%)  Abonia  c.  800  :  A.-sur-Seilla;  B22  :  A.-en- 
Vosge*.—  (3)  Fratboidi,  c,  x'  siècle.  —  (4)  Aremberti  precaiia,  en  S5*; 
A.  curlU,  en  1076.  —  (5)  Alradi  c,  096.  —  (G)  Alamanorum  cûrlU,  en 
9*8.  —  (7)  Oitromundi  e.,  en  1132.  —  (8]  Baàtiem  c,  9i8.  -  (9)  Bsr- 
triei  c,  lOtO.  ~ (10)  Belini  e..  1148.  —  [11 1  Berulei,  c.  1161 ,  —  (12)  Boiei 
eorlii,  70*.  —  (13)  Bonanii  c,  763.  —  |14)  BononU  c,  1140.  —  (15]  Car- 
«ri»,  c,  1076.  —  (16)  Gundeieorl,  1133.  ~  {17]  Sieramni  c,  777.  — 
(18)  Danorum  e.  ~  |19)  Datcaurt.  1092.  —  ^20)  Dodonii,  e,  886.  — 
(2J)  Dolaneort.  xif  siècle. 


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—  124- 
.courts  (Nd,  Oise,  Sont:),  Ellecourls  (L.~Inf.),  Eiiterchicourts 
(Nd),  Ennecourts  (Nd,  L.-Inf,),  Eramecourta  (Som.),  Eram- 
baucourts  (!)  (P.-de-C.)>  Exincourts  (2)  (Doubs); 

FarincourU  (Hte-Marne) ,  Fauconcourts  (Som  ,  Vos., 
Meus,  Som.),  Flammérecourts  (3)  (Hle-M),  Fouchécourts 
(Hte-S.,  Vos.),  Francourls  (Hle-S.),  Frémicourts  (P.-de-C), 
Friancourts  (Som.)  ; 

Gélacourts  (*)  (Meur.),  Gerbécourts  (Meur.),  Gercourls  (*) 
(Meuse),  Gernicourts  (Aisne),  Gésincouils  (Hte-S.),  Giber- 
courts  (Aisne),  Gizancourts  W  (Mar.),  Godoncourts  (Vos,), 
Goncourts  C?)  (Mar.),  Gondrecourls  (Meuse  C),  Mos.),  Gou- 
raincourts  W  (Meuse) ,  Graincourts  (P.-de-C.) ,  Grimau- 
courts(lO)  (Meuse),  Grincourls  (P.-de-C.),  Guendecourt(Som.), 
Guignecourt  (Oise),  Guignemicourts  (Som.),  Guignicourts 
(Aisne  (H),  Ard.).  Guyancourts  (S.-et-O.)  ; 
.  Hagécourts  (Vos  ),  Hallignicourts  (<3)  (Hte-M.),  Hamelin- 
courls  (P.-de-C),  Haraucourts  (Arden.,  Meur.  ('3),  Har- 
courts(Gal., Eure),  Hautecourts  (Ain,  Arden.,  Jura,  Mcuse(l*), 
Nié.,  Sav.),  HébécouLis(Eure,  P.-de-C,  Som.),  Herbécourts 
(Som.),  Héricourts  ('5)  (Hte-S.),  Hérinioncourts  ('G)  (Doubs), 
Hocquincourts  (Som.),  Hoéricourt  ('')  (Hte-M.),  Honne- 
courts  (18)  (Nd),  Huillécourts  {19)  (Hte-M.),  Hurecourts  (Hte- 
S.); 

Imbrecourts  (Vos.),  Imécourts  (Arden.),  !ncourls(P.-de-C), 
Ippécourts  (20)  (Meuse),  Issoncourts  (31)  (Meuse)  ; 

Jaucourts(Aube),  Jeoirrecourts(22)  [Aisnel,Jumencourtal23) 
(Aisne),  Juvincourts  (2*)  (Aisne),  Juzennecourts  (Hte-M.)  ; 

(t)  Herentbaldi  e.  —  (2)  Aisineort,  1130.  —  (3)  Hamerex  c,  R76.  — 
(4)  Ghlaeun,  1137,  —  (51  Gericl.  c,  1093.  -  (6)  GhclU  c,  1000.  — 
{7}  Godaiti»  c,  900.  —  (8|  Gondriei,  c  ,  107R.  —  <!l)  Gautini  c,  tlW.  — 
{10)Gr,moWic..lO*a.— (ll)Gi(inic.,  1062;  IVinic,  1150.— (12)  ,4H- 
nidca  c.  au  ix*  siècle.  —  ;i:il  Haratdi  c.  —  {!*)  Haldi  c.  lOiH.  — 
(15)  Herici  e.  —  (10)  Arijmoncourt,  en  1181.  —  <17)  Ohericic,  ix'  siècle, 

—  (18)  Uonulfi  e.  —  (l'J)   Willi  c,  au  su-  siècle.—  (20)  Epponis  e.,  709. 

—  (21)  Vxioni»  c,  lOW.  —  (22)  Joffridi  e  ,  1141  ;  Jouffrmjeourt,  1146.  — 
(23)  Injamarcourt,  1132.  —  (24)  Juvini  c,  1082. 


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--  i25  - 

Lambepcourts  (Som),  Landricourts  (Aisne),  Lanfpoy- 
courts  t*}  (Meur),  Lassicourts  (2)  (Aube),  Lehaucourts  i^) 
(Aisne),  LénoncQurts  (Meur.),  Levoncourls  (Meuse),  Liati- 
courts  (*)  (Oise,  Som.),  Lieucourls  (Hte-S.)  ; 

Mâchecourts  (Aisne),  Madecourls  (Vos.),  MarTi-écourts 
(Mar.).  Màgnoncourts  (Ille-S.),  Malaucourts  (•>}  (Meuse),  Ma- 
noncourts  (&)  (Meur,),  Mattaincourls  (Vos),  Maucourts 
(Meuse  l'i,  Oise,  Som),  Maurecourts  (S.-et-O.),  Mélicourts 
(Eure),  Menoncourts(Ht-Rh.),  Méraucourts  (8)  (Meuse),  Mé- 
ricourta  (Aisne  (9),  P.-de-C,  S-et-0.,  Som.),  Meurcourts 
Hte-S),  Minaucourts (10)  (Mar.i,  Mirecourts  (Vos.),  Monl- 
courts  (Meur.  (H),  S.  et- M.),  Mondicourts  (P.-de-C),  Monlré- 
courts  (Nd.),  Morcourls  (Aisne  ('21,  Oise,  Som.),  Morizécourts 
(Vos,),  Morlaincourts C^)  (Meuse); 

Neucourts  (S.-et-O.),  Noireourts  (Aisne,  Hle-S.),  Nonan- 
courts  (Eure),  Nubécoorts  (Meuse)  ; 

Ochancourts  (Som.),  Offroycourts  (Vos.).  Omécourt  (Oise), 
Oricourls  W  (Hte-S.),  Oslricourts  (Nd),  Oulremécourls 
(Hte-M.); 

Passoncourts  [Vos.),  Pecquancourts  (Nd),  Pierrecourts 
(Hte-S.),  Plichoncourts  (Ij)  (Mar  ),  Poncourts  (Loiret); 

Racbecourts  ou  Ragecourts  (16)  (Hie-M  ),  Ramecourts 
(Aisne,  Oise,  P.tle-C,  Som.,  Vos.),  Harécourts  (M.-et-L., 
Meuse  (11)),  Raucourls  (Arden  ,  Meur.,  Meus.  (18),  Nd),  Re- 
froicourls  (is*)  (Meuse),  Reinaucourts  (Aisne  t^O),  Arden., 
Hle-S.),  Rembercourts  (21)  (Meur.,  Meuse),  Ribeaucourts 
(Meuse,  Nd,  Som),  Rtcliecourls  (Aisne.  Arden.,  Hte-S., 
Meuse),  Robécourts  (Vos.),  Rogécourts  (Aisne),  Rollancourts 

(1)  Lanfridi  c.  -  {%)  Laderciaca  c,  1027.  —  (3]  Luelolfl  c,  M21.  — 
H)  Udoniê  e.  —  (5)  Malodi  c,  828-  -  (li)  Uanonis  c,  770.  —  (7)  Ifar- 
culfi  c,  'JIO.  -  (8j  Meraldi  c,  1047.  ^  i9,  Merutli  c,  «77.  —  (10)  C. 
Uagnaldi.  Ui8.  -  (11)  Mononii  c.  —  (12)  Mori  c,  liW.  -  (13)  Morleni 
c.  1043.  —(141  Aurea  carte,  1170.  —  (ir>|  PtoUtionU  c.  UDO  et  !«4.  — 
llO]  nadegin  c,  au  ix*  siècle.  —  (17)  Radheri  c,  OUI.  -  (18]  Raaldi  c, 
11U5.  -  (19)  Rotfridi  c,  846.  —  (30)  Rumaldi  c,  11^.  -  (21)  Ragin- 
berti  c,  848. 


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—  126- 
(P.-de-C),  Roocourts  ou  Rôcourts  (Aisne  (1),  Hte-M.  (?),  P.- 
de-C),  Ruilecourts  (P.-de-C.}  ; 

Sandricourts  (Oise) ,  Seboncourts  {3j  (Aisne) ,  Selain- 
courUW  (Meur.),  Senoncourts  (Hte-S.,  Meuse),  Sevricourts 
(Arden,),  Soinbacourts  (Doubs)  Spincourts  (Meuse)  ; 

Valfroicourts  (Vos.),  Vannecourts  i5]  (Meur.),  Vambe- 
courts  (S)  (Meuse),  Vaudoncourts  (Doubs,  Meuse  ('),  Vos.), 
Vernancourts  (8]  (Marne),  Vîllecourts  (Nié.,  S.-et-L.,  Som.), 
Vougeaucourts  (Doubs),  Vroncourts  (9)  (Hte-M.,  Meur.); 

Warmecourts  (Arden. ],  Xirocourts  (Meur.),  Yancourts 
(Som.)i  Zincourts  (Vos.). 

L'hoêpitium  était  une  sorte  de  tenure  d'importance  beau- 
coup moindre  que  le  manant.  La  terre  de  l'hospititim  n'a- 
vait pas,  comme  celle  du  tnajwua,  une  contenance  inva- 
riable. Enfin,  Vboapitium  n'était,  au  moins  dans  l'origine, 
qu'une  tenure  temporaire  et  révocable,  comme  la  precaria, 
tandis  que  le  mamus  parait  avoir  été  toujours  héréditaire. 
Dans  la  règle,  r/(05jjtlt((in  était  un  petit  fond  de  terre,  d'une 
étendue  très  variable,  sur  lequel  était  construite  l'habitation 
du  tenancier  ou  hospes.  Vhospea  ou  hôte  pouvait  apparte- 
nir à  une  condition  personnelle  quelconque,  être  libre  aussi 
bien  que  serf,  lide  ou  colon  ;  il  pouvait  être  du  pays,  indi- 
gena,  ou  étranger,  advena,  exlraneus.  L'ItospUium  était 
dominic\im,  c'est-à-dire  domanial,  ou  abaum,  c'est-à-dire 
sans  tenancier. 

Nous  avons  vu  ailleurs  qu'hoapitium  avait,  comme  hoapi- 
laie,  deux  formes  dans  l'ancien  français,  honpicc  et  hostc. 

L'Hostc(Ardéche,  Var).  les  Hostes  (Hte-L.),  l'Hôle  (B.-A., 
Hle-G.,  Is  ,  T.-et-G.,  Vos.),  les  Hôlcs  (Eure,  Hte-Sav.,  Sav.), 
Ost  (Htes-P.),  Ousts  (Ariège,  Hte-P.,  Som.),  i'Hoste  (L.-et- 
G.),  rOûte(C.-du-N.,Sar); 

(1)  Rodulfi  c,  xi>  siécl.  —  (2)  Radvlfi  c,  xii<  siècle.  —  (3)  Senindi  c, 
10»3  —  (i)  Siglini  c.  S».  -  (.1)  Vuai-nugi  c,  177-  —  (6}  iuarboldi  c, 
1006.  -  (7)  Vualiionia  e.,  Uôtt.  -  {S)  luacnincttrl,  ii]<  siècle  -~ 
(9j  AvrOHCourI,  xu*  siècle. 


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-127- 

Hoatiaz  (IJ  (Ain),  Oustaous  (Htes-P.). 

Le  jocut,  en  droit  romain,  était  un  bien  ou  un  bénéfice 
concédé  par  le  patron  à  un  client  pauvre  en  retour  ou  pour 
prix  de  ses  services.  Sous  le  régime  féodal,  il  devint  un  Jlef 
aliéné  sous  la  réserve  de  la  foi  et  avec  l'imposition  d'un  de- 
voir domanial  ou  seigneurial. /ocua  est  devenu  en  proven- 
çal joc,  juoc,  juec,  le  catalan  jog,  l'espagnol  jvego,  le  portu- 
gais j'o^o,  l'italien  ptuoco,  le  vieux  français/eux. 

Jeux  (AK,  Cor-,  Cre.,  Eure,  Indre),  Le  Jeux  (M.-et-L-,  S,- 
et-L.); 

Beaujeux  (Ain,  B.-A.,  Cher,  Htes-A-,  Hte-S.,  Rh.,  Seine); 

MoDtjeux  (Jura,  S.-et-L.)- 

Un  composé,  le  Grandjocus  (Sav.)  a  conservé  la  forme 
latine  du  mot. 

Ou  trouve  jugum  pour  jugerum  dans  Pline.  Le  jugam, 
comme  le  jugerum,  était  l'étendue  de  terre  qu'une  paire 
de  bœufs  Qi'?"*"  dans  Cicéron,  Ovide,  Virgile)  peut  labou- 
rer en  un  jnur.  Sous  l'Empire,  le  jugum  ou  caput  était  l'u- 
nité territoriale  imposable,  ce  que  le  manse  devait  être  plus 
tard.  Jugum,  en  ce  sens,  a  été  rendu  par  le  provençal  .70,  le 
catalan  jou,  l'espagnol  et  le  portugais  j«go,  l'italien  giogo, 
l'allemand  joeh,  le  vieux  français  joux.  Les  formes  bas-la- 
tines joclium,  juchum  ont  donné  le  roman  joche,  juche, 
joqueqai  appartient  au  nord  comme  au  midi. 

Joux  (B.-du-Rh.,  G.-d'Or,  Can.,  Is.,  Rh.,  S.-et-L.,  Sav., 
Yon.),  La  Joux  (Indre),  Joch  (P.-O.),  Joch  (Mar.),  le  Juch 
(Fin.),  lesJuches(Dord.),  les  Jos  (Cor., Tarn),  Jos  'Ariège). 

Montjoux  (Ardèciie.  Doubs,  Drô.,  Is.,  Nié.). 

Manaio,  de  manere,  demeurer,  rester,  terme  d'antiquilé 
romaine,  signifiait  station,  étape.  Il  a  été  supplanté  de  bonne 
heure  par  mansus,  adjectif  verbal,  de  même  origine,  puis 
substantivement.  On  trouve  aussi  mansum. 


(1)  Hospitalu  (villa),  «  Ville  oeuve  *,  fondée  en  13fô  par  l« 
Sainl-Sulpice^n-liugey. 


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^  128  — 

Mantio  a  pris  les  formes  :  provençale  matso,  mayun, 
maiû,  ancienne  espagnole  mdt/ion,  it^iennenia^ton^,  vieille 
française  maison,  moeson,  moson.  Le  bas-latia  ntantut, 
mamum,  a  été  traduit  :  en  provençal  par  maa,  mata^  mat, 
maz,  et  en  vieux  français  par  mnis,  mets,  meix,  inetz,  me:, 
mè:e,  mée.  Le  terme  juridique  est  mante,  que  Littré  a  in- 
troduit dans  son  dictionnaire,  et  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  mante  au  féminin,  traduction  fautive  de  mensa. 

Maisons  (Aube,  Aude,  Gai.,  E.-et-L,,  Mar.  (0,  Nié-,  Seine, 
S.-et-O),  la  Maison  (C.-d'Or),  lesMaisons  (AI.,  Aube,  Can., 
Cher,  Cor.,  Cr,  Dord.,  E.-el-L.,  Hles-A.,Hte-S.,  M.-el-L., 
Meur.,  Vos.). 

On  trouve  Maison  avec  un  grand  nombre  de  détermina- 
tifs  dont  les  principaux  sont  :  Blanche,  Bleue,  Brûlée,  Dieu, 
Neuve,  Rouge.  Il  y  a  deus  Maison-du-Bois,  deux  Maison- 
des-bois,  une  Maison-du-Vau,  une  Maison-de-Terre,  une 
Maison-de-Ville.  Nous  savons  ce  qu'étaient  les  Maison- 
Dieu. 

Les  dérivés  sont  :  Bonnemaisons  (Cal.,  Gers,  Hie-G., 
Htes-P.),  Bonnemazon  (Htes-P.),  la  Bonnemaison  (Aisne, 
Mar.,  la  Grand'maison  (Ain,  A.-M.,  Loiret.  M.-et-L.,  Sar., 
Sav.,  Vien  ),  les  Grand'maisons  (Char.,  I.-et-L.,  Loiret), 
la  Grandemaison  (Aisne,  l.-et-L.,  Jura,  Loiret,  M.-et-L., 
Sar-,  Vien.),  les  Grandes-Maisons  (Ch.-Inf.,  L-et-L.,  M.- 
et-L.). la  Hautemaison  (Aisne,  Ard.,  L-et-V.,  Mar.,  S.-et-M.), 
Longemaison  (Doubs),  les  Petites-Maisons  (Aisne,  L-et-L., 
Loiret,  Yon  ),  Uougemaisons  (Aisne,  Mar.,  Oise,  S.-et-O.), 
la  Roujîemaison  (Ndl,  Vieuinaisons  (S.-et-M.). 

Il  est  douteux  que  beaucoup  de  ces  localités  soient  d'an- 
ciennes, ou  aient  succédé  h  d'anciennes  mansioncs  gallo- 
romaines  La  chose  est  plus  probable  pour  Manson  (Av., 
P.-de-D.)  et  Mansonviiles  (T.-et-G.). 

Le  termv  d'ancienne  coutume  mansiu,  manse,   s'appli- 

(IJ  MaiMionei.  1U1. 


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—  12D  - 
quait  à  l'habitation  d'un  cultivateur  à  laquelle  était  jointe,  à 
perpétuité,  autant  de  terre  qu'il  en  fallait  pour  l'occuper  et  le 
nourrir.  Celte  quantité,  de  terre,  d'abord  indéterminée,  de- 
vint plus  tard  invariable.  Le  mot  désignait ,  d'ordinaire,  l'ha- 
bitation seule,  quelquefois,  avec  l'habitation,  les  terres  qui 
en  dépendaient,  et,  dans  certains  cas,  les  terres  seulement . 
li  y  avait  plusieurs  espèces  de  manses.  On  les  divisait  en 
manses  seigneuriaux,  mansi  domicali  ou  indomicali.  mariai 
fucale»,  et  en  mandes  tributaires,  mi'ui  Iribularii,  selon 
qu'ils  étaient  attachés  aux  domaines  ou  qu'ils  faisaient  partie 
des  tenures  Les  manses  tributaires  se  subdivisaient  en 
manses  libres,  mansi  ingenailei,  manses  lidites,  mami  li- 
diici,  et  manses  serviles,  maiiai  sei-uiiej,  selon  la  condition 
à  laquelle  appartenaient  les  tenanciers.  Ces  trois  dernières 
sortes  de  manses  pouvaient  être  h  cens,  mann  censiles.  Le 
manse  était  dit  vêtu,  mansus  ve^titus,  ou  nu,  mansit»  abiiia, 
selon  qu'il  était  pourvu  ou  non  de  tenancier.  11  était  entier 
ou  plein,  inleger,  plenaa,  s'il  n'était  pas  divisé  ,  mi  ou  de- 
mi, meditta  ou  dimidiuj,  s'il  n'avait  que  la  moitié  ou  envi- 
ron de  la  contenance  voulue.  Enfin,  il  y  avait  des  manses 
héréditaires  qui  avaient  succédé  auK  colonies  ou  possessions 
coloniales  des  anciens  temps.  Les  manses  tenus  par  les  of- 
ficiers du  lise  étaient  appelés  mnnsi  miniftenulc3.  Ces  offi- 
ciers, ou  ministéi'iaux,  ministraux,  mcstraux,  étaient  :  le 
maire  ou  vt/licu^,  le  doyen  ou  dei;ci)iu5,  le  junior  son  ad- 
joint, le  cellerier,  le  forestier,  le  fèvre  et  autres  (l). 

Mans   (Hle-L.,  Sav.J,   le  Mans    (y,et-L.),    Manses  (Ar., 
Htes-A.),  Manso  (Corse),  le  Vieux-Manse  (Htes-A.),  Mansais 
(Mar.  (3)),  Mansois  .aj  (Yon.),  Manslcs  <i/  (Char.),  le  Munsle(5) 
(Char.). 
Mansempuy  (Ger?),  Mansancôme  (Gers). 


Ilj  En  .\)siirp,  ces  ollkiers  élaioiit  le  sclml:  ou  ma  ler.  le  dekan.  le 
jùnger,  le  ktiller.  le  furitr,  etc.  -  (2j  l/a/iw(iia.  -  (3^  Id,  —  (t  JJort- 
(uliw.  —  (5j  lu. 


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-  130- 

Ccs  noms  sont  les  seuls  aujourd'hui  qui  présentent  le 
tliôme  littéral  marne,  mana.  Peut-être  peut-on  y  ajouter  :  la 
Manse  (Gers),  pour  las  Manses,  Mens  (Ain,  Is.),  la  Mcn- 
secque  (P.-de-C). 

Le  Mas  (AI.,A.-M.,  Ardèclie,  Ariège,  Av.,B.-(lu-Rh.,C;an  , 
Char.,  Cor.,  Cr,,  Dord,  Hte-G.,Hte  L.,  Hte-Sav,,  !s.,  Loire, 
Lot,  Loz,  M.-et-L.,  P.-de-D.,  P.-O.,  Rh.,  Sav.,  T.-et-G.), 
leMatz  (C.-du-N.,  Gers,  Oise,  S.-et-O.),  le  Mât  (Char., 
Dord-,  Hte-L.,  Loire,  Sav.),  les  Mats  (Hte-L.  Hte-V  ,  Loire, 
Vien  ),  Mays  (Drô,,  Rh.),  le  May  (Ht-Rh.,  M.-et-L),  le  Meix 
(B.-P.,  Doubs,  C.-d'Or,  Hte-V.,  L.-Inf.,  Mar.,  Nié.,  Yon.), 
Metz  (Ain,  G.-d'Or,  Ilte-Sav.),  le  Metz  (Aisne,  Nd,  Oise),  le 
Mez  (Fin.,  Nié.,  S.-et-M.),  la  Mée  (E.-el-L.,  Gir.,  Indre, 
I.-et-L.,  L.-Inf.,  Loiret,  Mau.,  May.,  S.-el-M..  Yon),  les 
Mées  (B.-A.,  I.-et-L.,  L.-et-Ch  ,  Lan.,  Sar.,  S.-et-O.,  Vien.). 

Le  Masade  (P.-O.),  Mazades  (Hte-G  ),  les  Mazades  (Dord., 
Gard',  le  Mazage  (A. -M.),  Mazaires  (L.-Inf.,  Vien.),  Mazait 
(Vien),  Mazals  (P.-de-D  ),  le  Mazean  (Al.,  Cr  ,  Dord-,  Ven), 
les  Mazeaux  (Dord.,  Hte-L.,  Hte-Vien.,  Loz.,  P.-de-D.), 
Mazels  (Ard.,  Gard,  Gir,),  le  Mazel  (Ardéche,  Gard,  Hte-L., 
Loz.,  P.-de-D),  Mazès  (Av.,  Gard),  Mazets  (Al.,  Ardèche, 
Hte-V.,  Lot,  P.-de  D),  le  Mazet  (Aude,  Av.,  Can.,  Cor., 
Gard,  Hle-L.,  Hte-V  ,  Loz  ,  Sav.),  Maziès  (.Av.),  Mazicux 
(Can),  Mazins  (D.-S.),  le  Mazin  (Ctor.),  le  Mazis  (S.-Inf., 
Soni.),les  Mazis(S.-lnf.),  Mazottes(Char.),  le  Mazy  (Ardeu.), 
Messages  (Nié.),  Mcssangcs  (C.-d'Or,  Lan.,  Nd',  Messas 
(Loiret),  Messeries  (Hle-Sav.),  Messcux  (Char.),  Mézeans  (') 
(Vien.),  les  Mézeaux  (Sar.),  Mézels  (H.-M.,  Loi,  Oise,  P.-de- 
D.),  Mézys  (.Aisne,  S.-et-O.),  Mèzilles  (Yon.); 

Mashlancs  (D.-du  Ith.),  Masclats  (Av.,  Lot),  Masclaux 
(Hle-L),  Mascortels  (P.-de-D  ),  Mascouets  (li.-P.),  Mascour- 
lers  (Av.(,  Mascourlcts  (Hte-L,),  Hascroisiers  (Hle-V.),  Mas- 
degals  (Cor  ),  Masfraniis  (Uord.),  Mashucs  (Loz.),  le  Masiin- 

(1)  MateltU.  1008. 


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-  131  - 
bert  (Loz.),  Masiacqs  (B.-P.),  Maslats  (Lan,),  Masléon 
(Hte-V.),  Maslives  (L.-et-Ch.),  Masmayoux  (Char.),  Masiné- 
jans  (Ardèche,  Loz  ),  Masmichels  (Cor  ),  Masmigés  (Gard), 
Masmolènes{Gard),  Masmoûtiers(lior.).  Masnaguinea(Hér.), 
le  Masnan  (Av.,  Tarn),  Masparraates  (B.-P,),  Maspies<ll 
(B.-P.),  Masrortimes  (Hle-V.),  Masroubys  (Cor.).  Masroudiers 
(Cr.),  Massalgues  (Tarn),  Massais  (Tarn),  Massalves  (Cor.), 
le  Masgr  (Loz.),  Masseguin  (Loz.),  Masselêbros  (P.-de  D.), 
Massepas  (Gard),  Massevaques  (Loz.),  Massibrands  (Hte-L.), 
Mastenlats(Lotl,  Masvieils  (Lot); 

Beaumais  (CaL,  S.-Inf),  Beaumilts  (Lot),  Beauméâ  (Aisne, 
A. -M.,  L -et-Gh.),  Beaumelz  (P.-de-C,  Som.),  Chaumaix 
/P.-de-G  ),  Ghazemais  (AI.),  Drumez  (Nd),  le  Brumetz  (Nd  ), 
le  Frametz  (Nd),  Gibeaumeix  (2)  (Meur.).  Grandmas  (Av.), 
le  Grandmas  (B  -du-Rh  ,  Lot,  P.-do-D.),  Grandmays  (D.-S  ), 
Maulmés  (Arden  ),  Jamays  (Dor.),  Miramas  (B.-du-Rh.), 
Nommays  (•')  (Doubs),  NormOes  (Mar.),  Odomez(Nd),  Primays 
(L  -Inf.),  Roumas  (B.-A.).  Royaumeix  (Meur.); 

Le  mansionile  était  un  diminutif  du  m  tniui,  une  petite 
tenure  avec  maison.  Les  formes  françaises  sont  :  maùnil, 
meanil,magnil,magnij,magni.  Le  pluriel,  manaioiiilia,  a 
donné  magneux. 

Maisnils  (P.-dft-C).  le  Maisnils  (Nd.,  P.-de-C),  le  Mesnil 
(Aisne,  Arden.,  Aube, Gai.,  l':ure,E,-el-L.,I.-et-V.  L.-et-Cli., 
Loiret,  M.-et-L.,  Man.,  May.,  Mar.,  Meuse,  Nd,  Oise, 
P.-de-C.,  San,  S.-et-M.,  S.-et-O  ,  S. -Inf.,  Som.),  le  Ménil 
(Char  .  Dord.,  May-,  Meur.,  Oise,  Orne,  S.-et-M.,  T.-et-G  , 
Vos.),  Magnils  (Ven.),  les  Mngnils  (Ven.),  Magnys  (Ain, 
C.-d'Or,  Doubs,  ille-S.,  Hte-Sav.,  Loire,  S.-et-L  .  Yun),  le 
Magny  (Aube,  Hte-M.,  Ilte-S.,  Indre,  S  -et-L.,  Vos.),  Magni 
(Ch.-Inf  ),  Magneux  (Hte-M,,  Mar.),  le  Mesnieux  (Char.),  les 
Mesnuls  (S.-et-O.). 


(1*  UMaiii-h.'>rd,.VnrtJusJJirardi  en lïil.esl  devenu  le  Marfi^hal  {SU:\ 
-(2)  Gibbonia  mannu.  982,  10Ô0.-13)  Noi'omOi,11t7;A'ue/"mei.c,  13i7. 


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—  132  - 

Les  Magny  de  l'Aisne  (1),  du  Cal.,  de  l'Eure,  de  l'Eure-et- 
Loir,  de  la  Nièvre  (2),  de  Scine-et-Oise„  et  les  Nfagnieu  de 
l'Ain,  Magnieux  et  Magneux  de  la  Loire,  Maigneux  de  la 
Haiile-Vienne,  ne  sont  pas  des  mansionile,  mais  des  ma- 
gniacum,  comme  les  Magnac,  les  Magnat,  les  Magné  et  Mai- 
gné,  les  Magney. 

Un  grand  nombre  de  memil  et  de  magnij  ont  des  détermi- 
natifs;  mais  il  n'y  a  pas,  à  proprement  parier,  de  composés 
directs  où  ces  noms  soient  entrés.  Il  n'en  est  pas  de  môme 
pour  les  composés  inverses  : 

Aubermesnils  (S.-lnf,),  Bcaumcsnils  (Arden.,  Cal.,  Eure), 
la  Croixmesnils  (Eure),  Eprémesnils  (S.-Inf.),  Grandmesnils 
(Cal  ,  Meur.),  le  Grandmesnil  (Eure,  Oise,  S.-et-O.)  Grosraa- 
gnys  (Hl-Rh.),  Giromagnys  (■'!  (Ht-Rh.),  Grumesnils  [Oise, 
S.-Inf),  Hautmesnils  [Cil.,  Orne),  le  Hautmesnil  (Man), 
Naumesnils  (Man.),  Orniesnils  (S.-Inf.)  Rumaisnils  (Som.), 
Rumesnils(Cal.),Sermamagnys([U-Rh.),Tourmesnils(Eure), 
Vieuxmesnils  (Nd). 

Le  latin  modiiim  (C-iton,  Pline)  ou  modius  (Cicéron)  dé- 
signait non  seulement  le  muid,  mesure  de  capacité  pour  les 
denrées  sèches  ou  liquides,  mais  encore  l'étendue  déterre 
que  l'on  pouvait  ensemencer  avec,  un  muid  de  grain.  Suivant 
Palladius,  le  muid  de  terre  était  le  tiers  du  JHjrefum  ou  ar- 
pent. Le  muid  ou  la  mwjée  de  terre  est  restée  en  usage 
jusqu'à  nos  jours. 

Modium  et  modius  ont  été  rendus:  en  provençal  par  m  wc;/, 
mueg,  mug,  muog  ,en  espagnol  et  en  portugais  par  modio; 
en  italien  parmoggio  ;  en  vieux  français  par  mcu,  mou,  mu, 
muy,  moy. 

Muides  (L.-et-Ch.);  les  Muides  (Loiret)  ;  les  Mudes(Var)  ; 
Muids(Kure);  le  Muid(N.);  les  Muids  (Loiret);  Meux  (Ch.- 
Inf.jOise);  te  Meux  ;Oise);  Hoys  (Aisne);  le  Moy  (S.-et-L.); 


Il  1227.  —  (2)  Magniacum  viciiin,  en  STa,  et  Magnta- 

l  ici  de  Masny-Coura.  —  'li)  Girardmaigny,  1126, 


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—  133  — 
Moyes  (Hte-Sav.,  L.-Inf.);  Muges  (L.-el-G.);  Muys  (Var); 
le  Muy  (Jura,  Var). 

Moydieux  (Is.)  ;  Moydorges  (Oise)  ;  Moyembrie  (Aisne)  ; 
Moyemont  (Vos.);  Moyvillers  (Oise), 

La  pan  était  primitivement  comme  l'wjicîa,  un  douzième 
du  mausua  ;  en  dernier  lieu  c'était  une  petite  tenure  compo- 
sée d'une  portion  de  terre  de  contenance  variable.  On  di^it 
aussi  la  partie,  ^larlilti. 

Pars  (l)(Aube)  ;  les  Parts  (Ardèche,  Doubs)  ;  Perts  '2)  (Nié.); 

La  Partie  (Char.,  Doubs,  P.-de-D.). 

Para  est  devenu  :  en  provençal,  part  ;  en  espagnol  et  en 
italien,  parle;  en  vieux  français  port,  pa«r(,  pei-f;  etpnr- 
ttta;  en  provençal,  partira,  partiel  ;  en  espagnol,  parti Ja; 
en  italien  ■pariii.a  ;  en  vieux  français î>arlt,*er,  pcvtéc,  powtée. 

Les  mots  prcjs  et  precaria  ou  precario  désignaient  un 
bien  prêté,  obtenu  par  prière  [prex)  et  le  contrat  de  bail  qui 
réglait  les  conditions  de  ce  prêt.  Tels  étaient,  à  l'époque 
gallo-romaine,  les  concessions  de  patrons  à  clients,  et,  au 
moyen  âge,  l'emphytéose  des  biens  d'église  à  des  laïques.  Le 
caractère  spécial  du  ou  de  la  précaire  était  d'être  toujours 
révocable. 

Prex  est  devenu  :  en  provençal,  pi-ège,  preye,  masculin  ou 
féminin;  en  italien,  pnega  etprieffo;en  vieux  français, 
praij,  prey,  et  pfaye,  prcye;  — precaria  etprecario  sont 
devenus  :  en  provençal,  preguiera,  pregaira,  et  preguiero, 
pregairo  ;  en  catalan,  pregaria  et  pregario  ;  en  italien,  preg- 
hiera  et  preghiero  ;  en  vieux  français,  prayère  et  praycr, 
pregère  etpreyer,  pryère  etpryez. 

Les  Prèges  (Hte-L.);  Prays  (B.-A.,  L.-et-Ch.)  ;  le  Pray 
(L.-Inf.);  Prayes  (Meur.);  la  Praye  (Hte-L.,  S.-et-L.);le 
Prayer  (Is.);  Prières  (Mos.);  les  Prières  [Hte-Sav.) ;  Priez 
(Aisne,  Nié.)  ;  le  Priez  (Som,). 

L'«ncîa  était  d'abord  la  douzième  partie  du  jugerum  (Co- 

(1)  Partes.  -  (2)  Pars,  en  1316. 


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lumelle);  elle  devint  plus  lard,  comme  la  pan,  nous  l'avûns 
vu,  la  douzième  partie  du  manaus. 

Quelques  noms  de  lieu  paraissent  encore  s'y  rattacher. 

Uncia  a  donné  :  le  provençal  orna  ;  le  catalan  unsa  ;  l'es- 
pagnol onza  ;  l'italien  oncia  ;  le  vieux  français  once,  onche, 
onge,  onze. 

0ns  (Oise);  les  Onges  (Hte-Sav.); 

Les  Oncheries  (Sar.)  ;  Onchys  (Cal.)  ;  Oncieux  (Ain,  Sav.)  ; 
Oncins(Sav.);  Oncys  (S.-el-O.);  Oozain  (L.-et-Cli.)  ;  Onzays 
(Indre)  ;  Unoeys  (C  -d'Or)  ;  Unzès  (P.-O.). 

La  villa  a  d'abord  été  une  maison  de  campagne,  une  mai- 
son des  champs,  une  ferme,  une  métairie  (Calon,  Cicéron). 
On  distinguait  la  vttia  ruxlica,  habitation  du  fermier  (Colu- 
melle),  la  villa  wbana  (Columelle)  ou  la  villa  proprement 
dite  (Pline),  maison  du  maître,  et  la  villa  fructuaria  (Colu- 
melle), qui  était  l'ensemble  des  granges  et  greniers.  Villa 
avait  encore  le  sens  de  basse-cour  fVarron),  ainsi  que  celui 
de  jardin  (Pline)  et  de  campagne  en  général  (Pline-Je-Jeune). 

A  l'époque  gallo-romaine,  la  villa  devint  l'équivalent  du. 
fnndtis.  Dans  une  de  ses  épitres,  Ausonne  nous  apprend  qne 
son  père  Jules  possède  une  terre  qu'on  appelle  indifTérem- 
ment  Villa  Julii  ou  Juliacua  [fundua),  et  il  donne  au  do- 
maine de  son  disciple  saint  Pauhn  le  nom  de  Villa  Paulini 
ou  de  PauliacuB.  Dans  les  noms  de  domaine,  la  terminaison 
a  sous-entend  toujours  villa. 

Les  invasions  des  barbares  contraignirent  les  villa  à  se 
grouper  dans  un  intérêt  de  défense.  C'est  pour  cela  que 
nous  voyons,  dans  la  loi  salique,  le  mot  de  villa  prendre  le 
sens  de  domaine  collectif.  De  là  vient  sans  doute  aussi  que 
les  noms  de  beaucoup  de  ces  groupements  sont  au  féminia 
pluriel,  soit  à  l'ablatif,  sous-entendu  villis,  soit  à  l'accusatif, 
sous-entendu  ad  villa»,  dans  les  documents  du  moyen  Age. 

Sous  les  Carolingiens,  la  villu  est  très  souvent  un  village, 
villaticum,  et  déjà  môme  une  paroisse.  Les  localités  impor- 
tantes commencent  à  se  diviser  en  bourgs,  lieux  fortifiés,  et 


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—  135  — 
en  villes  qui  sont  ouvertes.  Les  bourgs  servent  de  résidence 
au  seigneur  et  ii  ses  vassaux  ;  les  paysans  sont  réunis  dans 
les  villes  sous  la  tutelle  du  curé.  Souvent  un  bourg  ou  un 
cliAtel  et  la  ville  portant  le  même  nom  ont  donné  naissance 
à  deux  communes  distinctes. 

Il  est  une  catégorie  de  villes,  dans  le  sens  médiévique  du 
mot,  qui  mérite  une  mention  particulière.  Les  premières 
de  ces  villes  font  leur  apparition  à  répo(]ue  de  l'airranchis- 
sement  des  communes.  Des  seigneurs,  dans  l'intention  de 
faii'e  défricher  et  d'enrichir  leurs  domaines,  sans  bourse  dé- 
lier, y  ouvraient,  sous  les  titres  alléchants  de  «  bonne-ville, 
franche-ville,  neuville  ou  neuve-viile,  ville- D'anche,  ville- 
nave,  ville-neuve  (')  >,  des  espèces  d'asiles,  où  ils  olTraient 
à  quiconque  voulait  s'y  fixer,  des  terres,  des  maisons  et  une 
part  plus  ou  moins  étendue  de  privilèges,  de  droits  et  de  li- 
bertés. Ces  agglomérations  nouvelles  de  feux  ou  de  familles 
ne  lardaient  pas  à  former  de  nouvelles  bourgeoisies,  qui  vin- 
rent s'ajouter  à  celles  des  communes  et  des  terres  royales 
-ou  domaniales  (3). 

On  peut  rapprocher,  de  ces  «  villes  »,  les  Villedieu  (3i,  qui 
étaient  généralement  des  fiefs  de  l'ordre  du  Temple.  Ces 
fiefs,  qui  furent  donnés  aux  Hospitaliers  par  le  concile  de 
Vienne  (1312),  étaient,  dans  l'origine,  des  lieux  de  refuge 
pour  les  serfs  échappés  des  terres  de  mainmorte. 

Villa  a  été  traduit  :  en  provençal,  par  vHa,  viala,  vielltt  ; 
en  espagnol  et  en  italien  par  villa  ;  en  vieux  français,  par 
ville,  velle.  Pour  Littré,  vilUi  serait  un  diminutif  de  vicita, 
village. 


(1)  1]  ]f  a  en  France  près  de  six  cents  localités  dont  le  nom  rappelle  celle 
origine:  on  y  trouve  vingt  llonneville,  dii  Kranchcville,  un  Franchevelle, 
neuf  t'ranqueville,  un  t'ranquevielle,  huit  Ncuvcville,  cenluiiiquaiitc  Neu- 
ville, neuf  Neuvelles,  vingl-six  VilleTranclie,  Jeux  VilleD'anque,  trois  cent 
vingt-neuf  Villeneuve,  quatre  Vil  le  nouvelle,  trois  Villenouvelle,  etc.  — 
(3)  V.  Piul  LACROri,  Meurs,  uiage»  et  cottamts  ou  moyen  âge,  elc., 
p.  2i.  —  0)  On  en  compte  Irentc-sii. 


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—  136  — 

Villes  (Ain,  B.-A.,  Ardèche,  Cr„  I.-et-V. ,  Indre,  Is.,  Loire, 
Kiè.,  Oise,  Bh.,  S.-el-M-,  S.-etO.,  Vau,),  la  Ville  (Aisne, 
B  -A.,  Char.,  Cii  -Inf.,  Cr  ,  Htes-A.,  Hte-Sav.,  I  -et-V.,  Is., 
Lan-,  Loire,  L.-et-C,  Nd,  S.-el-L.,  Sar.,  Sav.,  S.-et-M., 
S.-et-O.,  Ven.,  Vos.),  Velles  (Hte-M.,  Hte-S.,  Indre,  Meur.), 
Vialas  (Av.,  Loz.),  Viellas  (Gers,  Htes-P.),  Vielles  (B.-P., 
Htes-P.,  Lan.); 

Villatles  (Cher,  D.-S.,  Dord.,  Hte-G.,  Sar.),laVilIatte(Al., 
Ardèche,  Cr.,  Char.,  I.-et-V.,  l.-et-L,,  L.-et-Ch.,  L.-Inf , 
May.,  Nié.,  P.-de-D),  Villettes  (Ain,  Ard,,  Aube,  Eure,  Jura. 
Mar.,  May-,  Mos.,  Nié.,  Nd,  Oise,  Orne,Bh.,  Sar..  S.-et-M., 
S.-et-O.).  la  Villetle  (Aisne,  AI.,  A.-M  ,  B.-A.,  B.-du-Rh., 
Cal.,  Cr.,  Eure,  E.-et-L..  Fin.,  Gard,  Indre,  Is.,  Jura,  Loire, 
L-Inf.,  Loiret,  M,-et-L.,  Man.,  May.,  Mor.,  Nié  ,  P.-de-C, 
P.-de-D,,  Sav.,  Seine,  S.-Inf. ,  Som.,  Ven.),  Villoltes  (Cher, 
C.-d'Or,  Mar.,  Meuse,  Vos.),  la  Villotte  (C.-d'Or,  Cr.,  Dord., 
I.-et-V.,  Loiret,  Yon.),  Velottes  (Doubs;  Hte-S.,  Vos.),  la 
Velotle  (S.-et-L.),  les  Velottes  (Nd); 

Villabé  (S.-et-O.),  Villabon  (D  (Cher),  Villadin  (Aube)  Vil- 
lalier  (t)  (Aude),  Villamblain  (Loiret),  Villamblard  (Dord.), 
Villandrault  (Gir.),  Villandry  (I.-el-L.),  Villapourron  9)  (Nié.), 
Villargcnt  {Îlle-L.),  Villasavary  (Aude),  Villaudrie  (Hte-G.), 
Villebadin  (Orne),  Villebaudon  (Man.),  Villebazy  (Aude), 
Villeberny  (C.-d'Or),  Villeblevin  (*)  (Yon.),  Villebon  (E.-et-L., 
S.-et-O  ),  Villebret  (5)  (Allier),  Villechenéve  (Bh),  Villecbé- 
tif  (Aube),  Villecloyes  (6)  (Meuse),  Villecomtale  (Av.,  Gers), 
Villecroze  (Var),  Villedomain  (I.-et-L.),  Villedomange  Cl, 
Viîledon  (8)  (Vien.),  Villefargeau  (f)  (Yon,),  Villefavreuse  (10) 
(Seine),  Viileferry  (C.-d'Or),  Villenoures  (Aude),  Villefran- 
cœur  01)  (L.-et-Ch.),  Villefrancon  (12)  (Hte-S.),  Villegailhenc 

(1)  Villa  Abonis.  —  il)  Villa  Alderii,  en  t*28.  —  i3)  Villa  Porcionig, 
en  am.  —  (4)  Villa  poputina,  au  i!C  s.  —  (5)  Villa  Brilli  —  <lî)  Villa 
tledarum.  —  (7)  Villa  dotniuiea,  v.  9i8.  -  (8)  Villa  Dadonii,  en  1078. 

—  &)  mia  Fernidi.  —  (10)  Villa  fabrorum.  —  (H)  Villa  Fra 

-  (12)  Id. 


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-137- 
(Aude),  VillegardinfYonO.VilIegaudinCS.-et-L  ),  Villegongis 
(Indre),  Villegonges  (Gir.),  Villegonin  (Indre),  Villegusien, 
(Hte-M.),  Villehordouin  (Aube),  Villejuif(i)  (Seine),  Ville- 
main  (D.-S.),  Villemaur  (2)  (Aube),  Villembray  (Oise),  Vilie- 
mcr  (S.-et-M.,  Von.),  Villemorein  (3)  (Aube),  Villemontoire  W 
(Aisne),  Villemus  (B.-A.),  Viltepail  (May,),  Villeparisis 
(S.-et-M.),  Villeparois  (S)  (Hte-S.),  Villepûtours  (S.-el-M.), 
Vil!eperrol(fi)(lr'on.),  Villepinte  ('  (S.-et-O.),  Villepreux  ^«1 
(S.-et-O.),  Villcpreux  (f>)  (E.-et-L.),  Villetiuier  (Aisne,  Cher, 
S.-Inf.),  Vil!erable(L.-et-Ch.),  Villeréole  (L.-elG),  Villeroy 
(Meuse,  S.-et-M.,  Yon.),  Villeromains  (L.-et-Ch.)  Viîle- 
rouge  HO)  (Aude)  Villeselves  (Oise),  Villesèques  (Aude,  Lot), 
Viilesiscles  (Aude),  Villespassans  (li>(Hér.),  Villespy  (Aude), 
Villetanneuse  (12)  (Seine),  Vîllclerlre  (Oise),  Villethierry 
(Yon.),VilIetoureix(Dord.).Villelritou)(i3)(Aude),Villetrune 
(L.-et-Ch.),  Villeurbanne  (!*]  (Rh).  Villevaires(i5)  (Av.),  Vil- 
levalier  (Yon.),  Villevaudé  (S.-et-M.).  Villcveyrac  (<*>)  (Hép.l, 
Villevenard  (Mai-  ),  Villevéque  (")  [M.-et-L.),  Villevieux  («) 
(Jura),  Vil!evocance(Ai'déche),  Villevogues  (Loiret),  Villexan- 
ton  (L.-el-Ch.),  Villexavier  (Ch.-Inf),  Villegnon  (Char.), 
Villorceau  (Loiret),  Villossnnge  (P.  de-D.),  Villotranl  (Oise), 
Villours  (19,  (Nié.),  Villoussel  (Vos.),  Villuis  (S  -et-M.),  Vil- 
losnes  (Meuse),  Villory  (Hte-S.); 

Vellechevreux  (20)  ;Hle-S.),  Velleclair  (Hle-S.),  Vellefaux 
(Hte-S),  Vellefrey  (Hte  S.),  Vellefrie  (Hte-S.),  Velleguin- 
dry  (îl)  (Hte-S.),  Vellemenfroy  (22)  (Hte-S.),  Veltemoz  (Hte- 


0)  Villa  Judaeorum.  ~  (2)  Vitla  Mauri,  lit*  siècle.  —  (3)  Pilla  Mau- 
riana,  en  7Î1.  -  (i)  Villa  nioniiiirerji.  —  1,5)  Villa  peirosa.  -  (G]  Villa 
Patrieii,  en  83(1,  —  0)  yUta  P'eta.  —  (8)  ViJfo  pirorum;  Villa  peror, 
jii-  siècle.  —  (9)  Villa  petrosa.  —  (lOj  Villa  riibea,  84y.  —  (11)  Villa 
Bpalient.  —  (M}  Villa  tanoia.  —  (VJi  Villa  fri.'oini.— (14)  Vifta  urbana. 

—  <15)   Vilio  varia.  —  [Itij  VaHai-itni,  au  ïii-  siècle.  -  (17)  Villa  epU- 
copi.  -  liS)   Villa  velua.  ~  (10)   l'itla  iirsomm.  —  (20)  Villa  caprosa. 

—  (21)     FiJla    Gunderici,    en    11«.    -     l22)    Villa    lianfredi.    au 


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-  i38  ^ 
S.),  Velleperrot  (Hte-S.),  Vellevans  (Doubs),  Vellexon  (Ht&- 
S),  Vellescot  (*)  (Ht-Rh.),  Vellorcey  (Hte-Sav.)  ; 

Abainvilie  (Meuse),  Abbeville  (2i  (Mos.,  Oise,  S.-et-O., 
Som,),  Ablainzevelle  (P.-de-C),  Acqueville  (Cal.,  Man.), 
Adainville  (S.-el-O.),  Adervielie  (B.-P.),  Afllovilie  (3)  (Mos.), 
Agenvillc  (Soin.),  Agnerville  (Cal.),  Aigleville  (Eure),  Aigne- 
ville  (Som),  Ailleville  (*)  (Aube),  Allaiiiville  (E.*et-L.,  Loi- 
ret, S.-et-0,)(  AnseaumevilIel^)(S.-Iiir.),  Ancienville  (Aisne, 
Arden.,  Soin.),  Ancerviile  (Meuse  (C),  Mos.),  Ansauville  ffl 
(Meur.),  ArnavJlle  (8.  (Meur.),  Aubréville  (!•)  (Meuse),  Autre- 
ville  (Aisne  (•"),  Hte-M.,  Meur.,  Meuse,  Oise,  Vos.),  Avrain- 
vilie  (Hle-M.,  Meur.,  S.-el-O.,  Vos.)  ; 

Bainville  1")  (Meur.,  Vos.),  liannainville  (12)  (E.-el-L.), 
Bayonville  (Arden.,  Meus,  (13.),  lîazainvilie  (S.-et-O.),  Bazen- 
ville  (Cal.),  Belleville  (Cher,  D.-S.,  Meur.,  Meuse,  Rh., 
Seine,  S.-Inf-,  Veu.),  Benouville  (l*)  (Cal.),  Beuville  (Cal.  (15), 
S.-Inf.),  Béville(l6i  (E.-et-L  ),  Biêville  (Cal  117>,  Man.),  Blain- 
ville  [Cal.,  E.-et-L.,  Man  ,  Meur.  (l«),  S.-Inf.),  Boinville  (E.- 
el-L.,  Meuse  (W),  S.-el-O.,  Vos.),  Boisville-la-Saint-Père  (ÎO) 
(E.-el-L.),  Boscherville  (Eure),  Boudreville  (C.-d'Or),  Bou- 
ville  (E.-et-L.,  S.-et-O.,  S.-Inf.),  Bou/anvilie  (2l)  (Meur.), 
Bouzonville  (Loiret,  Meur.,  Mos.),  Brainviile  (lUe-M.,  Man,, 
Mos.),  Brandevilie  (Meuse),  Branville  (22)  (Cal.,  Man),  Brelte- 
ville  (Cal.,  Man.,  S.-Inf.l,  Buignéville  (23)  (Meuse)  ; 

(Zaitleviile  (Eure,  S.-Inf.),  Carapeneuseville  (S.-Inf.),  Canap- 
peville  (Cal.,  Eure,  Orne),  Cheffrevitle  (,2i)  (Cai.),  Cheptain- 


(1)  Vitta  Scoiorum.  —  (3)  AbbaiU  v.  -  (3)  Aifae  v.  —  (4)  AqviUv., 
1150.—  (I))  Anaelmi  v.  —  (C)  Antelmit.—  (7)  Antoidi  v,,  en  107B. — 
(8)  ATMldi  V.,  en  851,  -  ('Jj  Alberis  i».,  en  9».  —  (lO)  AUeri  v,,  en  806, 
—  (H)  Dabani  tr.,  en  836  est  li.-aui-Mimirs,  en  ICCI,  B-^nr-Madon.  - 
(13,  Bernerii  v..  en  -IIKC.  -  (l:t)  Baionis  v..  en  1*0.  -  (U)  Bernot/i  v.. 
en  lOGU,  -  (Ibl  Boetilla.  en  1118.  -  (IGj  lle^iii  v.,  vers  OTit.  -  (17)  Boe- 
villa,  en  Hm.  —  (18)  V.  Bladini,  en  923.  —  (19j  Bodulpki  v.,  en  SCK!.— 
[2(X  Uoilaai  v.,  vers  OSi.  —  (21)  Bornai  v..  en  10U4.  —  (33)  Branda  v., 
1030.  ~  (23j  BUliiii  v.,  en  915.  -  ;2li  Siffrodi  v.,  1135. 


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ville  (S.-et-O.).  ChichebovUle  (i)  (Cal.),  Chonville  (8)  (Meuse), 
nienville  (S.-Inf),  Cossesseville  (Cal.),  Croissanviile (3),  Cu- 
vervillc  (Cal.,  Eure,  S.-Inf.); 

Dagonville  (*l  (Meuse),  Dainville(P,-de-C.,  Meuse),  Deau- 
viile  (5)  (Cal.),  Demangevelle  ■fi)  (Hte-S.),  Denonville  (7) 
(Cal.),  Dienville  (8)  (Aube),  Doudeauville  (Eure,  P.-de-C. 
S.-Inf.),  Douville  (Cal.,  Dord  ,  Eure  lO),  Man.),  Drouville 
(Meur,)  ; 

Ecramville  (10)  (Cal.),  Englesqueville  (Cal.),Epréville  (Eure, 
S.  Inf.),  Ermenonville  (Oise  l").  E.-et-L).  Eterville  (iS) 
(Cal.),  EtouUeville  (S.-Inf.),  Eurvilie  (Hte-M),  Ezanville  (S.- 
el'O.)  ; 

Fauville  (Eure,  S.-Inf.),  Fléville  (Ardcn.,  Mos.,  Meur.  ("j), 
Frainville  I")  (E.-el-L.),  Franconvillc  (Meur-,  S.-et-O.  {«)), 
Fi-ancourville  (18)  (E.et-L.),Fréville  (Loiret,  S.-Inf.,  Vos.), 
FroviUe  (")  (Meur.)  ; 

Caudreville  (Eure,  E.-et-L.),  Gellainville  (E.-et-L.),  Germi- 
gnonville  i^»i  (E  -et-L.),  Goinville  (E.-et-L.),  Gendrevilte  (Loi- 
ret, Meur.  (19),  Oise),  Coussainville  (E.-et-L.,  S -et-0.  (30)), 
Greuville  (S.-Inf.),  Cuigneville  (Loiret,  S.-et-O. },  Guyonville 
iHte-M.); 

Hadonville  (Meuse),  H3gévilie(Mos.),  Hamonville  (Meur.), 
Harville  (21)  (Meuse),  Ilaudainville  (22)  (Meuse),  Herbeu- 
ville(2a)  (Meuse),  Herméville  (S*)  (Meuse),  Hermonville  (25) 
(Mar.),  Hérouville  (Cal.  (20),  S.-et-O),  Heutrégiville  (2V)  (Mar.), 


(1)  SigebaUi  v.  —  (21  Sechanit  «..  m-  siècle.  —  (3)  Crescenti  v.,  en 
10R3.— (4)  Dogimii  t>.,eii  iOOO.  —  (â)  Aoe  v.,  ûniOfÛ.—  {G}  Dominici  v. 

—  (7)  Danitn  u..  en  1080.  -  (8)  Diun  t:,  en  H04.  -  (9)  DolonU  «.  — 
(10)  Sieramni  v.  —  (il)  Ermenulfii  v.  major,  vers  OPC;  Ermentil  v.,  en 
il23.  -  (12)  Starv..  en  1082.  -  (13)  Flaboldi  v..  m-  tiède.  —  (U)  fi'o- 
dem  r.,  Fratnviila,  en  1031;  Fredenvilla,  en  1192.  -  (15)  Franeorum 
V.  -  (16)  H.  (17)  FrodonU  v..  ISTH.  -  (18)  Ctrmmiom»  v..  vers  iW.  - 
(19)  GunduJ/i  u.,  en  727.  —  <S0:  Cxtmonae  v.  —  (21|  Hogitict  v.,  lOW. 

—  0^2)  Uoldonit  V.,  1041.  —  {23)  Harboldi  v..  902.  —  (24|  f/ei-n'ini  e., 
707  —  (25)  Herimundi  v..  eu  lan  1000,  -  (26)  Herulfi  v.,  en  108O.  — 
(27)  Uuldericiaca  v.,  an  vi<  siéde. 


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—  d40  - 
Houdreville  (Meur.,  E.-el-L.  [V),  Housséville  (2)  (Meur.), 
Honville  (Eure,  E.-et-L.,  Vos.); 

Igoville  (Eure),  Incarville  (Eure),  Infreville  (Eure),  In- 
gouville  (S.-Inf.),  Intreville  (3J  (E.-el-L.)  ; 

Janville  (Cal.,  E.-et-L.,  Oise),  Joudreville  (*1  (Mos.); 

Latlaiiiville  (Oise),  Landouville  (5)  (E.-et  L.),  Lebeuville  (6) 
(Meur.),  Lemainville  (1)  (Meur.),  Leudeviile  (S.-et-O.),  Lion- 
ville  (Meuse),  Louville  .«)  (E.-el-L.),  Lunéville  W  (Meur.)  ; 

M.iimbeville  (Oise),  Maireville  (Aude),  Mandeville  (Cal., 
Eure),  Mangonville  (Meur.),  Manneville  (Cal.,  Eure,  S.-lnf.}, 
Mantarville  (10)  (E.-et-L.),  Marville  (E.-et-L.  ("),  Meuse), 
Menneville  (12)  (Aisne),  Méréville  (Meur.  '«),  S.-el-O.).  Moye- 
ville  (I*)  (Meuse),  Moinville  (15)  (E.-cl-L),  Morville  (Loiret, 
Man.,  Meur.,  Meuse  (IC)),  Motleville (S.-Inf.),  Murville  (Mos.); 

Nangeville  (Loiret),  Nêgreville  (Man.),  Néville  (Man.,  S.- 
Inf.),  Nottonville  {")  (E.-et-L.); 

Octeville  (Man.,  S.-Inf.),  Oinville  (E.-et-L.,  S.-et-O.), 
Oniervitle  (S.-el-O.),  Orville,  (C.-d'Or,  Indre,  Loiret,  Orne), 
OUonviUe  (Mos  ),  Ouarville  (1S|  (E.-et-L.)  ; 

Parville  (Eure),  Plainvîlle  (Eure,  Oise),  Pravilie  (19)  (E.-et- 
L.),  Proverville  i20)  (Aube); 

Querqueville  (Man.),  Quèvreville  (S.-lnf.)  ; 

Rainfreville  (S.-Inf.),  Raville  (Meur.  (21),  Mes),  Réméré- 
ville  (22)  (Meur),  Roinville  (E.-et-L,  S.-et-O.),  Rucqueville  (23) 
(Cal.)  ; 

Sancheville  (E.-et-L.),  Sasseville  (S.-Inf.),  Sebouville  (Loi- 
ret),  Senneville    (S.-Inf.),    Signéville  (Hte.-M.),    SoUeville 

(1)  Hidulphi  V.,  en  1028.  —  (2)  UulHoH  v.,  en  lODi.  -  (3)  JiHravitta. 
1130.  —  (t)  Jtidaeorum  v.  —  (5)  Landulphi  v.,  SIC.  —  (6)  Leutboldi  v., 
£67.  -  (7)  HonuMiv,.  H27.  -  (8) /jjoI  v.,  vers  1120.  —  (!))  lunalûv., 
1034.  —  (10)  Ermentardi  «.,  xw  siècle,  —  (11)  Manulphi  v.,  810.  — 
(12)  Mediana  v.,  10t7.  —  (13)  Amerelti  v,,  816.  -  (It)  Amogeêi  v.. 
1017.  -  (15)  Uodini  v.,  816.  -  (IC)  Waiiri  w.,  !Mi2.  -  (17)  Nanlorientia 
V.,  en  1080.  Nanionville,  au  xu»  bictle.  —  (18)  Lendardi  v.,  816.  — 
(19)  Pratsvma,-).w  f,\èà^.—  CHi]  Pretb\jteri  11,1150.—  (21)  Radaldiv., 
922.  —  ^22)  fletiierogo  u  ,  en  775.  —  (23)  Rusebi  «.,  en  1082. 


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—  Ui  - 
(Man.),  Stainville  (Meuse),  Surville  (Cal,  Eure,  Man.)  ; 
Tailleville  il)  (Cal),  Tancarville  (S.-Inf.),  Thôroulde ville 
!S.-[nf.),  Theuville  (E -et-I..  (2),  S.et-O  ,  S.-Inf.),  Tiiia- 
ville  ;:<)  (Meur.),  Thiberville  (Eure),  Thionville  (Mos  (*),  S.- 
el-0.),  Tocqueviîle  (Eure,  Man.,  S.-Inf.), TouffréviJle  (Cal.  (■'', 
Eure,  S.-Inf.),  Triqueville  (R)  (Eure); 

Vacherauville  fl)  (Meuse),  Vandelainville  8  (Meur.),  Va- 
rangeville  (9)  (Meur.),  Varnéville  (Meuse  W,  S.-Inf.),  Valle- 
ville(EuT-e,  S.-Inf.),  Vaudeville  (Meur.  Hl),  Meuse  (12),  Vos  ), 
Vêqueville  (13)  (Hle-M.),  Vergavillc  ('*)  (Meur.),  Videcosville 
'Man.),  Vierville  (Cal.,  E.-et-L.  (lô),  Man.),  Viéville  (Ilte-M-, 
Meur  ,  Meuse,  Som.),Vittonville  (Meur.),  Yolscreviile  (Eure), 
Vuarmeriville  (l*»)  (Meuse),  Vuoiriville  (!')  (Meuse); 
Xonville  (Mos.). 

D'autres  souvenirs  de  l'époque  gallo-romaine  sont  les 
noms  de  certaines  institulions  administralives  cl  judiciaires, 
les  carccr,  les  communia  et  commuiialin,  les  consueludinet 
ou  cottaiietamina,  le  dominium,  \efestum,  la /icfn,  le  ftscuni, 
le  fornm,  la  furca,  le  glandaticum,  Vimpcrium,  la  jiisticia, 
];i  paMo,  \e  pedaticum ,  \a  potctilia,  la  potettas,  la  pruepo- 
testaj,  la  recvperantia,  la  rccusiio,  la  redeniptin,\a  rcquûi- 
tio,  la  reveslitio,  le  scqiiestruvi,  la  lasca,  Vajuticum,  la  ven- 
dila,  le  vindicium. 

lAcnrcer  est  la  prison,  la  ge6!eoii  l'on  enfermait  les  gens 
poursuivis  ou  condamnés  pour  crimes  ou  délits.  C'est  le  sons 
que  le  mot  a  dans  Cicéron.  Plante  lui  donre,  par  plaisanterie, 
celui  de  gibier  de  priton  ;  nous  disons  i/tèicr  de  potence. 
C'trcer  a  donné  cnreer  à  l'espagnol,  carccre  à  l'italien,  carce 


0)  TatluvUla,  1068.-  (2)  Teodulfi  u.,  810  -  (3;  Thiadi  ».,  Uli2.  - 
(Ij  Theod.>tiania  t:  -  (5)  Tlteaffredi  v.  —  (0)  StricoviltiU  e.,  un  810.  - 
Oi  Vaeheratfi  v.,  IWJ.  —  (8,  iuandelini  v.,  OfiO.  -  ('Jj  ruarengeni  v.. 
en  770.  —  (10)  Vuarneri  v.,  1100  —  (11)  Vuaidini  v..  aii  \i'  si(c1n,  — 
(1!;  Vuoldetinge*  v.,  tXû.  —(1^)  Epitcopi  u..  vii<  siècle.  —  (tij  Viadir- 
9oWt  V.,  'Md.  —  (15)  Yen  v.,  ver»  HOU.  -  (Iti)  Vuorwwrii  r.,  lOOU.  — 
(17)   Vuodtni  et    VuûHni  ti.,  70U. 


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-d42- 
et  charce  au  provençal,  chavire  et  charle  au  vieux  français. 
La  Fontaine  se  sert  encore  de  la  forme  charlre,  et  l'on  dit 
toujoui-s  :  tenir  en  chartre  privée. 

C:arces(T.-et-G.),  la  Charce  (l)(Dro.),  Chartres  (Ch.-Inf., 
I.-et  V  ,  Loire,  M,-et-L.),  la  Chartre  (Sar.,  S.-et-O.),  les 
Chartres  (P.-de-D.j.  la  Charle  (Sav.),  les  Chartes  (Sar.)  ; 

Carcelles  (S.-et-L.),  Carcès  (T.-et-G.,  Var.),  Cliarlrettes 
(S.-et-M.),  lesCharteltesCAr.),  la  Chartrie  (Indre,  I.-et-L.), 
Chartricrs  [Cor.),  la  Cliarlcrie  (Eure),  les  Chartiers  (Cal,, 
Ch,-Inf.),  Charlrage(Orne),  laChartroule  (Cor.); 

Chartèves  (Aisne),  Chartraines  (Loiret),  Chartrené  (M.-et- 
L.),  Charlreuvest2J  (Aisne). 

La  commune  était  le  bien  commun,  la  terre  dont  l'usage 
était  commun  aux  habitants  d'une  ou  de  plusieurs  localités, 
ce  que  nous  appelons  encore  le  communal. 

Commune  est  le  neutre  du  latin  communia,  dont  les 
formes  néo-latines  sont  :  le  provençal  comiiii,  como,  t'omit, 
l'espagnol  comiiii,  l'italien  commune,  le  français  rontmtoi. 
On  donne  pour  orij^ine  à  communù,  l'ancien  lalîti  comoinin, 
de  cum,  avec,  et  de  moene  ou  mm'iius,  miimis,  nuir,  devoir. 

Le  mot  féminin  commune,  surtout  au  pluriel,  était  fré- 
quemment usité  autrefois  avec  lo  sens  de  biens  communaux. 
On  disait  :  mener  pattre  les  Iroupeau.v  dans  les  communes. 

Le  Commun  (E. -et- L-,  L.-ct-C),  la  Commune  [Ain,  Aisne, 
Ai-den.,  Cal.,  Ille-Sav.,  L-et-L.,  Man.,  M.-et-L,  Nord,  P.- 
de-C,  S.-ct-L-,  Sar.,  Vau.),  les  Communes  (Ain,  Al.,  Cher, 
E.-et-L.L-el-V.,  P.-de  C,  S.-lnf ,  Yon  ); 

La  Communetlc  (Eure,  P.-de-C  ). 

Communale  nia  même  sens  (juc  raiiDiiiiiic. On  trouve  : 
en  provençal,  cominal,  comumil,  cumuiuil  ;  en  espaj(nol, 
eo}numtl;  en  italien  comunalc ;  en  vieux  français,  outre 
communal,  communaux,  le  pluriel  communaillc,  comme- 
naillc,  traduction  directe  de  communalia. 

(1]  Cailrum  Sanclae  Mariae  de  Carcere.  i15i.  —  (2;  Carcerie  lioba. 


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Le  Communal  (Ain,  Doubs,  Ilte-G.,  Sav.),  les  Communals 
(T.-et-G.),  les  Communaux  (Ain,  Hte-Sav.,  Hte-L.,  Loire, 
Sav.],  Communailles  (Jura),  les  Communailles  ([Ite-Sav., 
Jura),  Commennilles  Cl  (Jura). 

On  trouve  encore,  avec  le  même  sens,  le  mot  commiinauli!, 
qui  v'icnl  lie  communale  par  le  bas  latin  comm uitaltlns,  au- 
quel le  provençal  doit  cominallat,  communautat,  et  l'italien 
comunaltà  : 

Les  Communautés  (S.-et-L.). 

Coutume  vient  de  consuetudinem,  comme  amertume  pro- 
cède d'u/puriliit/iHcm.  Le  bas  latin  a  di'jà  comtuma,  i|ui  a 
donné  :  au  provençal  un  substantif  masculin,  cojlum,  et  un 
féminin,  coiluma,  coidvma  ;  à  l'espagnol  un  substantif  ïém\- 
Tiia,ca»lumbre  ;  au  portugais  un  substantif  masculin,  coslumc; 
à  l'italien  un  substantif  masculin,  cosIuihc,  et  un  féminin, 
costuma.  En  espagnol  et  en  Français,  le  masculin  a  pris  le 
sens  d'habillement  spécial,  de  vêtement  d'usage,  de  coutume 
^costumbre  et  coitiime). 

Diez  fait  remarquer  que  les  masculins  ne  peuvent  venir 
directement  de  consuetxidincm  et  qu'il  faut  supposer  une 
forme  intermédiaire  contuetumen,  dont  le  pluiiel  comuclu' 
mina  auiait  donné  les  formes  féminines  en  a. 

Coutume,  en  droit,  est  synonyme  d'usage  : 

Les  Coùlomes  (Eure,  S.-et-O.)  ; 

Coâtumellcs  (Eure,  L.-Iiif.). 

Dans  Valère  Maxime  et  Ulpien  dominium  a  le  sens  abs- 
trait de  droit  de  propriété.  Il  a  pris  plus  tard  le  sens  concret 
de  propriété,  de  bien,  de  domaine.  En  jurisprudence  féodale, 
le  domaine  a  été  distingué  en  domaine  ciiitiicnl,  donnant 
droit  à  Dioniniage  ou  à  une  redevance,  et  en  domaine  ulile 
comprenant  la  perception  des  fruits. 

Dominium  est  devenu  le  bas  ]alindomriiiium,\e  provençal 
domaine  ;  l'espagnol  et  l'italien  dominia  ;  le  vieux  français 

il}  Communatia,  llll. 


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-iU-  : 

domènc,  domine.  InalUe  de  dire  que  domimum  vient  J<> 
doniinus  : 

Domènes  (Is.),  Dominer  (Vien.),  Domaines  (Clier),  le  Iw- 
inaine(Htes-A.,  May.,  Nie.),  les  Domaines  (Cal.)  ; 

Doinainvilies  (E.-el  L.)- 

Le  fcitiim  était  originairement  le  jour  de  fête  {Ovide,  ou 
la  rûtceile-niôme.  Au  moyen  âge,  il  est  devenu  le  plaiJ  gé- 
néral, le  lieu  où  il  se  tenait.  Les  plaids  généraux  ont  pri^  le 
nom  de  fêle '/calitin)  ou  de  foire  (/"ccio),  parce  qu'ils  se  te- 
naient oi'diaairemcnl  à  l'occasion  ou  à  la  faveur  dus  assem- 
blées que  ces  solennités  provoquaient 

Le  neutre  fatum  est  devenu,  selon  la  règle,  le  irasculin 
fcsle;  mais  son  pluriel  /'eila,  devenu  féminin  singulier,  il 
donné  :  au  provençal  et  à  l'italien  fusta,  à  l'espagnol  (iesUr, 
et  au  vieux  français  fcsle. 

Testes  (Aude),  te  Feste  ou  Fêle  (C.-d'Or,  Mar.,  Sav  , 
Vien.l,  Feslel  ou  Fétel  (Som.),  la  Féterie  (NJ),  la  Féliére 
(L-et-I.,),  F'eslieux(l)  (Aisne),  Félin  (Cher]  ; 

Feslalemps(Dord.),Festuberl(P.-do-C.),Feslugii!re(Dord.i, 
Félemes  (ille-Sav.),  Feotives  ou  Fètives  (Loire),  Fêlciur* 
(Sav.),  le  Félray  (Al.),  Fètrogne  (Ard.).  les  Fétus  (Loiret). 

La  ficla  (pour  /ixa)  était  une  terre  à  reiieviince  fixe,  une 
terre  donnée  ht  cens.  Ficln  (sous-entendu  terruj  a  dunné  au 
provençal  fiitc,  fUe,  et  hitlc,  hitc;  et  au  vieux  français  faile. 
fuie. 

Files  (Ar  ),  la  File  ou  laFitte  (Hte-G.  (2),  L-el-C,  T  -et-G.), 
la  Hitle  (Gers,  Iltes-P.  <3),  Lan.),  la  Faile[Cr.],  Fales(Ci-.),  .'a 
Fale  (Vien.)  ; 

La  Fitan  (Hte-G.,  Htes-P),  la  Filole  (B.-P.,  Hlos-P),  la 
HiUan  (Hles-P.),  la  Uilou  (Lan.),  la  Hilère  (Hle-G.),  la  Fui- 
lerie  (Cul  ). 

Fiiciié,  qui  signifiait  coi-beille,  panier,  (Columelle),  élail 


(i)  Feilulium,  en  1131;  Fftiol:,  en  llïiô;  FentuU,  en  1145.  -  {i)L> 
r,-Toupiére  el  la  f.-Visorilanne.  —  ;3j  La  ll.-è4-.\nelea  et  la  ll.-Toupière. 


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—  145  - 
employé  déjà,  au  grand  siècle  de  la  littérature  latine,  dans 
le  sens  particulier  de  panier  à  argent,  de  panier  de  collec- 
teur d'impât  (Cicéron,  Phèdre),  De  là  à  nommer  l'ensemble 
des  impôts  fiscus,  il  n'y  avait  qu'un  pas.  Aussi  voyons-nous, 
dès  cette  époque,  Sénèque  et  Juvénal,  ainsi  que  Cicéron  et 
Suétone,  lui  donner  la  stgiHfication  de  trésor  du  prince,  qu'il 
conserva  longtemps,  puisqu'il  l'a  encore  dans  Cassiodore  et 
Eutrope,  par  opposition  à  aerarium,  trésor  public.  Plus 
tard,  /iacui  et  aerat'tum  se  confondent.  Enfm,  au  moyen  âge, 
fiicui  devient  synonyme  de  feodum. 

Fiicua,  en  bas  latin  fiacum,  a  fléchi  en  fUc,fix,  et  fe»q  dans 
le  pi'ovençal,  en  fuca  dans  l'espagnol  et  dans  l'italien,  en 
fesc,  feache,  fesquf,  (Uque  dans  le  vieux  français. 

fesqs  (Gard),  le  Fesq  (Gard),  Fesques  (S.-Inf.),  Fesches 
(Doubs,  Ht-Rh.l,  Fiches  (Ar.).  Fis  (Hte-L.)  ; 

Fescals  jMor  ),  Fescheux  (S.-el-M.),  les  Fischières  (Sar-). 
Flcheux  (P.-de-C.),  Flcliin(Ain),  Fixey  (C.-d'Or),  Fixin  (C- 
d'Or),  Fixous  ou  Flchous  (B.-P.),  la  Fîchère  (Char.); 

Fescamps  (Som  ),  Fiquefleurs  (Euro),  Flquemont  (Mos.), 
Fiquinville  (S.-lnf.). 

Foi'um  signifiait,  en  général,  place  publique  (Vitruve,  Té- 
rence,  Ovide);  marché  [Varron,  Salluste,  Térence);  place 
publique  de  Rome  et  des  villes  municipales,  lieu  des  assem- 
blées, tribunal,  chef-lieu  judiciaire,  juridiction,  ressort,  ad- 
ministration de  la  justice  (Horace,  Tite-Live,  Cicéron,  Cor- 
nélius Nepos,  Suétone,  Sénèque,  Ovide,  Tacite,  Martial, 
Piaule,  Virgile,  Festus);  banque,  lieu  de  change  (Cicéron, 
Sénèque,  Plaute).  Luciiius,  Salluste  et  Isidore  orthographient 
forua  (proprement  table  de  jeu,  échiquier).  Le  mot  avait  con- 
servé ses  différents  sens  à  l'époque  gallo-romaine;  la  cou- 
tume était  restée  de  tenir  les  assises  et  audiences  de  justice 
aux  lieux  et  jours  de  foire  ou  de  marché,  ou,  du  moins,  sur 
la  même  place. 

Forum  et  forua  ont  donné  le  provençal  for,  l'italien  foro^ 
l'espagnol  fuero,  et  le  vieux  français /"eur  ; 

10 


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-  146  - 

Feurs  (Anièohe  H),  Hle-S,,  Loire  (3)),  Fors  (D.-S.)  ; 

Foras  (Is.),  Foraz  (Hte-Sav.,  Sav.)  ; 

Forcalquier(3)(B.-A.),  Fréjus(*)(Var.),  Forli  i5)  (It.l,  For- 
novo  ou  Foraoue  (G)  (U.),  Forlimpopoli  C^)  (It),  Fossom- 
brone  (8)  (IL). 

Fwca,  fourche  patibulaire,  dntis  Horace,  Suétone,  Pline, 
Paulus  Ulpien,  est  devenu  le  provençal  et  l'italien  f&rta, 
l'espa^ol  harca,  le  vieux  îrançais  forche,  faufche,  fourque, 
le  béarnais  hourque. 

Fourches  (Ardèche, Cal.,  C.-dOr,  Hte-L.,  Indre,  P.-de-D., 
Sar.,  S.-et-M.|,  les  Fourches  [Cor.,  Cr.,  Doubs,  Vau.),  Four- 
ques  (Dord.,  Gard,  L.-et-G.,  Loz.,  P,-0.,  Som,),  les  Four- 
ques  (S.-Inf.),  Hourques  (B.-P.,  Gir  ,  Lan.)  ; 

La  Fourcade  ou  Hourcade  (B.-P.,  Gir.),  la  Hourqute  '9) 
(B.-P.),  Hourquet(Lan.). 

Glant,  gland  de  cliéne,  a  signiQé  aussi  glandée,  récolte  du 
gland  : 

...  Venil  de  olande  Mcnalcas  (10). 

(Virgile,) 

Glands  et  glandée,  à  l'époque  féodale,  ont  servi  de  base  à 
une  imposition,  &  un  droit  d'usage,  qu'on  a  aussi  appelé 
glandage. 

GUtns  a  donné  :  au  provençal,  glan,  glant,  aglan  ;  au  ca- 
talan, ««/'(i;  à  l'italien  ghianda  ;  nu  vieux  fi-ançaiï^,  {{nul, 
Hom, aillant.  On  doit  au  bas  latin  glandaticittn,  glnnda- 
gium  :  le  provençal  et  le  vieux  français  glandage;  l'italien 
ghiandajo.  Les  formes  patoises  de  glandée  sont  :  lantée. 
Hantée  : 

Glands  (Aisne,  Loire,  Yon.),  le  Gland  (E.-et-L.),  I^  Gian- 
dier  (Cor.),  Glandieux  (Ain),  Glandages  (Dro.). 


(1)  Forum  Uelviorum.  —  (2)  Forum  ou  Foruê  Segui 
donné  son  nom  au  Foreitiis  pogua  on  Foré!,  dont  il  fut  la  première  cafii- 
tale.  [V,  Plin,,  IV.)  —  0)  Forum  calcarium.  —  (4)  Forum  Julii.  (V.  Min-, 
m  et  V,  V.)  —  (5)  Forum  Livii.  —  (6)  Forum  novum.  —  (Tj  Forum  Po- 
pilii.  —  (8j  Forvm  Sempronii.  —  (9)  Furcai,  1096.  —  (W)  EglOf/,,  X,  ix. 


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—  147  - 

Le  mot  imperium  a  signillc  successivement  commande- 
ment, urdre,  autorité,  pouvoir,  magistrature,  domination, 
suprématie,  souveraineté.  On  le  trouve,  avec  ces  divers 
sens,  dans  Cicérou,  (^^sar,  Cornélius  Nepos,  Horace,  Plaute, 
Térence,  Tibulle,  Virgile.  Déjà  dans  Horace  et  Tacite,  ii  prend 
celui  d'étal  souverain.  Plus  tard  Valère  Maxime  l'emploie, 
au  pluriel,  pour  désigner  les  hommes  en  charge,  les  autori- 
tés. Au  moyen  âge  Vimperium  est  la  justice  d'épée  :  le  jut 
gladii  se  confond  avec  lui  Cet  imperium  est  d'abord  entier, 
et  il  restera  tel  pour  le  châtelain,  mais  déjà  il  est  souvent 
mitigé  ou  diminué,  par  lui  délégué  à  un  subalterne.  De  là, 
lii  di:itinction  de  Vimperium  en  merum,  absolu,  et  en  mix- 
tum,  mixte,  qu'on  trouve  déjà  dans  Ulpien.  U  deviendra  le 
mire  et  le  mixte  empare  de  notre  vieux  français,  qu'on 
trouve  assimilé  dans  les  actes  publics,  à  la  haute  et  &  la 
moyenne  justice. 

Les  formes  néo-latines  sont  :  emperi  dans  le  provençal, 
imperio  dans  l'espagnol  et  dans  l'italien,  empeire,  empire, 
dans  le  vieux  français. 

Empire,  comme  nom  de  lieu,  est  synonyme  de  (lef  : 

L'Empire  (P.-de-C),  Lempire  (Aisne,  Meuse). 

Au  sens  propre  du  mot,  justilia  est  la  jUNtice,  Cé'juité 
(Cicéron,  Virgile)  etaussi  le  devoir  (Cicéron),  Juatilia  a  déjà 
dans  Florus  le  sens  de  droit  écrit,  de  loi.  Il  devait  devenir 
synonyme  de  peine.  Enfin,  on  appela  justice  le  Heu  où  cette 
peine  était  subie,  et  le  gibet  lui-même.  La  justice  ou  les 
justices  étaient  le  signe  patibulaire. 

Jualitia  a  passé,  dans  le  provençal  et  dans  l'espagnol  jus- 
ticia  à  peu  prés  tel  quel  ;  la  prononciation  italienne  en  a  fait 
givslizia  : 

La  Justice  (Ain,  Al.,  Ardèche,  Aube,  D,-S.,  Nord,  Sar., 
S.-et-M  ,  S.-et-O.,  S.-lnf.,  Von)  ;  les  Justices  (AI.,  M.-et-L.). 

La  paslio  00  droit  de  paisson,  appelée  aussi  i>a»tionali- 
cum,  en  bas  latin  piuinalicum,  pànagc,  est  d'origine  gallo-i'o- 
maine  comme  le  droit  de  glandée,  dr(Ht  identique  d'ailleurs  : 


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paissons  (Yon  )  ;  les  Paissons  (Sav.)  ; 

La  Passonniëre  (Sar.),  la  Pasnière  (Eure). 

Le  Pedalicum,  pedagiam,  était  un  droit  de  passage  qui, 
d'après  l'élymologie,  ne  concernait  ordinairement  que  les 
piétons. 

Pedagium  est  devenu  péatge  en  provençal  et  en  catalan  ; 
peaje  en  espagnol  ;  pedaggio  en  italien  ;  et  péage  en  fran- 
çais : 

Péatges  (Gers),  le  Péage  (Ain,  Ail-,  Ardèche  (1),  Dro.  (2), 
(Is.  (3).  S.-et-L..  Yon.). 

Potenlia  a  donné  puissance  et  potence  ;  la  seconde  est 
devenue,  au  moyen  âge,  l'insigne  de  la  première.  La  po- 
tence était  à  deux,  trois,  quatre  ou  six  piliers,  selon  l'im- 
portance du  fief  en  justice. 

La  Potence  (Sar.).  les  Potences  (Dord-,  P.-de-D.). 

Le  mot  polettas,  après  avoir  signifié  pouvoir,  puissance, 
autorité,  dignité,  magistrature  (Cicéron,  Virgile),  s'est  res- 
treint à  la  condition  des  hommes  qui  étaient  à  la  disposition 
(t>t  poteatate)  du  seigneur,  des  hommes  dits  de  poète  ou  de 
poate  fjiominea  potestatU),  qui,  comme  les  colons  militaires, 
ne  pouvaient  ni  s'assembler,  ni  donner  procuration,  sans  li- 
cence du  chef,  centenier  ou  dizenier  : 

La  Pooté  (May.),  la  Posté  (Hte-S.),  la  Poûté  (E.-et-L). 

La  prœpoleslas  a  d'abord  été  le  pouvoir  du  chef  militairo 
des  colons  gallo-romains  ouprœpotitus. 

Lorsque  ce  chef  fut  devenu  le  seigneur  féodal,  il  conserva 
le  titre  et,  à  peu  de  chose  près,  la  fonction,  réunissant  au 
commandement  le  pouvoir  judiciaire  et  l'administration.  On 
l'appelait  prxpositua. 

Prapoiitus  a  été  rendu  par  prévôt  et  praipotettaa  par  pré' 
voté. 

Les  formes  modernes  de  prœpoté$tat  sont  :  le  provençal 


(1)  I^  P.-dArras.  —  (S)  Le  l'.-de-la-Roche  ;  le  P.-de-Piiançon  ou  Bourg- 
jk-P.  —  (3)  Le  P.-de-Rau3sUlun;  le  P.-de-Viiille. 


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proboatat,  l'espagna)  prebostad,  l'italien  preeostà  et  te  vieux 
français  provoité,  prevosté,  prcvâtë,  prévôtaii,  provôlais  : 

La  Provôlais  {I.-et-V.,  L.-Inf.,  Mor.),  la  Prévôtaia  (G.-du- 
N-,  I.-et-V.,  M.-et-L.),  la  Prévôté  (Char.,  Eure,  Nord,  Orne, 
P.-de-C.).- 

Le  mot  prévôt  a  été  souvent  employé  comme  nom  de  lieu 
à  la  place  de  prévôté  : 
Prévôt  (Char-,  L.-el-G.),  le  Prévost  (Loiret). 
Il  a  donné  difTérents  dérivés  : 

La  ProvÔterie  (L.-Inf.),  ia  Provôtière  (C:al.,  L.-Inf.,  Man., 
May.),  la  Prévoterie  (Cal.,  Char.,  Man.),  la  Prévotière  (Eure, 
ll-et-V.,  Man.),  ]aPrévôtie(Char.). 

La  recuperantia,  recouvrance,  était  un  bien,  une  terre 
qui  pouvait  être  rachetée,  recouvrée  : 

Recouvrance  (Arden-,  C.-du-Nd.,  D.-S-,  Fin-,  HtrRh.,  L.- 
Inf,,  M.-et-L.). 

La  recoutte  {reeutsut  fundui,  recussu  terra,  reca$tum 
praedium),  en  provençal  reacosia,  eicona;  en  italien  riieoi- 
»a  ;  en  vieux  français  retcouue,  avait  de  l'analogie  avec  la 
recuperantia  :  c'était  un  bien  sujet  à  la  reprise,  plus  tard  au 
retrait  féo^lal.  Le  mot  est  le  participe  du  verbe  bas-latin  re- 
eutere,  enlever,  reprendre  : 

La  Recousse  (P.-de-C),  le  Recous  (Loz.),  les  Recous  (Hte- 
Sav.),  ies  Rescos  (Loz.),  Escos  (B.-P.),  Escosse  (Ar.),  l'Es- 
cousse(Ar.),  Escox  (Ar.). 
Les  Escoussols  (Aude). 

Redemptia  a,  dans  Cicéron,  le  sens  de  priseà  bail  ;  dans 
CiceroD  et  Pline,  celui  de  rachat  C'était  une  condition  des 
terres  assez  semblable  à  larecoiiorancc  et  à  la  reeouue. 

Employé  comme  nom  de  lieu,  redemptio,  auquel  nous  de- 
vons le  mot  rançon,  a  été  rendu  :  en  provençal,  par  reemeos, 
rezetnpto  ;  en  espagnol  par  redencion  ;  en  italien  par  re- 
denzione;  en  vieux  français  par  raençon,  rançon,  ranson  : 
Rancenay  (Doubs),  les  Bancenières  (Douhs),  la  Rançon- 
nière  (Cal.,  Yon.),  Rançonnières  (Hte-M.)  ; 


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—  150- 

Rançons  <Hte-V.,  Bh.,  S.-Inf.>. 

Rancennes  (Arden.)  et  Rançannes  (Char.,  Cb.-Inf.),  sont 
d'autres  formes  franchises  de  redemplio. 

On  a  donné  le  nom  de  renda,  renie,  à  un  bien  rural  alTeclé 
de  servitude  pécuniaire  ou  de  cens  [pracdium  Rmticum  ex 
quû  rendae  p«-cîjituii(Mr,'  ;  ici  encore  bien  et  revenu  ont 
porté  le  même  nom. 

On  fait  dériver  renda  du  verbe  bas  latin  renilere  qui  a 
remplacé  reddere,  rendre,  au  moyen  ilge.  C'est  une  des 
formes  abrégées  du  participe  passé  rendita  ;  l'autre  est 
renia.  Ces  deux  formes  sont  dans  le  provençal  renda,  renta 
et  dans  le  vieux  français  rende,  rente.  Le  portugais  renda 
procode  de  la  première  et  l'espagnol  renta  de  la  seconde. 
Rendita  a  survécu  dans  l'italien  et  donné  rendtc  et  rendue 
au  vieux  fi'ançais.  Nous  disons  enfin  que  rendue  a  donné  à 
la  dernière  latinité  les  formes  rendua  et  rendoa,  et  rendic, 
rendia  et  rendea. 

La  Rendie  (Char.),  la  Renie  (Hte-M-,  Hte-S.),  les  Renies 
(Ain,  Char.),  Randes  (Lan,  L.-et-G.),  Rentières  (P.-de-D., 
Tarn),  Rentoy  (Ar.),  Renly  (P.-de-C.),  la  Randerie  (I.-et-L.), 
Randey  (Gir.),  Randiers  (Lot),  le  Randier  (P.-de-D.),  la  Ran- 
dière  (M.-et-L.),  Randols  (P.-de-D.),  Randy  (Tarn). 

Reqwtila  (sous-entendu  terra)  parait  avoir  désigné  un 
bien  sujet  à  des  contributions  forcées,  dans  la  suite  un  fief 
taillable.  Du  lalin  reqiiirere,  rechercher,  le  participe  passé 
féminin  requisita,  devenu  nom  commun,  a  donné  au  pro- 
vençal reqnUta,  requeata,  i  l'espagnol  recuesta,  au  portu- 
gais requeata,  à  l'italien  richieala,  au  vieux  français  requeste  : 

Reqiiista  (Av.,  Can.). 

Le  reveslilum  était  un  fonds  revêtu,  c'est-à-dire  repourvu 
de  tenancier,  par  opposition  ii  l'abstim  ou  fonds  nu.  Les  deux 
expressions  ont  passé  dans  la  langue  féodale  : 

Revest  (A.-M.,  B.-A.,  Var),  le  Revest  (Var)  ; 

Le  Reveslel  (B.-du-Rh.),  Revèly  (Gard),  le  Revèty  (Sav.), 
le  Rêves  tidon(Vau.). 


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-151~ 

On  trouve  aussi  revmtitioavec  lu  m£me  sens  : 

LaRevetison  (Ch.-Inf.,  D.-S.). 

Le  Sequeitrum  était  un  bien  en  litige,  en  surséance  : 

Le  Séquestre  iTarn). 

Le  bas  latin  laaca,  prestation  rurale,  vient,  d'après  Diez, 
du  bas  latin  taxa,  taxe,  ce  qui  est  imposé.  Dans  la  haute  la- 
tinité, il  y  avait  taxalio,  qui  signifiait  appréciation,  estima- 
tion. Tous  trois  procèdent  de  taxare,  auquel  Suétone  donne 
déjà  le  sens  de  taxer,  qu'il  n'avait  pas  primitivement.  La 
tâche  a  fini  par  se  confondre  avec  la  corvée,  et  le  mot  par 
désigner  un  bien  soumis  à  cette  obligation. 

Le  provençal  a  tasca,  tatcha  et  le  vieux  français  tnscite, 
taïque,  tusse.  On  trouve  ta»g  dans  le  kymri  et  dans  le  gaé- 
lique. Le  mot  anglais  tatk  peut  venir  du  celtique  ou  du  vieux 
français.  L'espatjnol  est  tasa  et  l'italien  taua  : 

Tasques (Gers),  Tâches  (Nié.),  laTiche  (Char.,  Ch.-Inf., 
D.-S.,  Dord,,  Nord,  Hh.),  les  Tâches  (S.-et-L.).  la  Tasse 
(Eure,  Orne,  S.-et-O),  les  Tasses  (8,-et-O.,  Yon.),  laTàche- 
rie  'Ch.-Inf.),  Ticliet  (Char.),  Tachoires  (Gers,  Lan.),  Tâchy 
(S.-et-M.)  ; 

Tâchely  <Niè.). 

Dérivé  du  latin  uaiis,  usage,  dont  il  a  le  sens,  maltcum, 
en  provençal  uaatge,  en  espagnol  usaje,  en  italien  utaggio, 
et  en  vieux  français  uiaige,  tuège,  a  signidé  terre  banale, 
terre  soumise  àVun  ou  à  l'autre  des  droits  d'usage  (affouage, 
mai'onage,  pacage  ou  pAturage,  paisson,  etc.)  : 

L'Usage  (l.-et-L.,  Loiret,  Nié.),  les  Usages  (Aisne,  Aube, 
Cher,  E.-et-L.,  I.-et-L.,  Nié.,  Yon.). 

La  Vende  ou  Vendue,  du  participe  passé  do  vendere, 
vendre,  était  une  forêt  au  régime  des  coupes  réglées.  Ven- 
dila  (sous-enlendu  sifua)  a  donné  à  la  basse  latinité  venda, 
venta,  dont  les  formes  néo-Iatioes  sont  :  le  provençal  venda  ; 
l'espagnol  venta;  le  portugais  vendu  ;  et  le  vieux  français 
vende,  vendée,  vendue,  veille.  1/italicn  est  resté  vendita. 
Deux  formes  d'inûme  latinité,  vendua  et  vendoa,  sont  visi- 


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blement  calquées  sur  le  thème  vendue.  II  y  a  encore  vendia, 
vendea,  qui  viennent  directement  de  vendita,  par  syncope 
de  la  dentale  t  placée  entre  deux  voyelles  : 

Vendes(Cal  ,  Can.],  la  Vende  (M.-et-L,),  les  Vendes  (Vien.), 
la  Vendée  (AI.,  Jura,  P.-de-D.),  la  Vendue  (Hte-S.,  S  -et-L., 
Vos.),  les  Vendues  (Aube),  la  Vente  (AI.,  Ardèche,  Ol., 
E.-et-L  ,  Indre,  Orne),  Vaijdes,  pour  Vendes  (Orne)  ; 

Vendages  (Hte-L.j,  la  Venderie  (S.-et-M.),  Vendet 
(P.-de-D.),  Vendeuil  (Aisne,  Dord.,  Mar.,  Oise)  ;  Vend'huil, 
pour  Venduile  (Aisne),  le  Vendier  (P.-de-D.l,  Vendières 
(Aisne),  Vendoires  (Dord.),  la  Vendrie  (Ven.),  Ventejouls 
(Cor.,Lot},Venleuges(Hte-L.),Venteuil(AI.,Mar.,  P.-de-D., 
S.-et-M.),  Venlugeol  (Can.),  Ventures  (Tarn). 

On  peut  joindre  à  ces  dérivés  : 

Vandières  (Mar.,  Meur.),  la  Vandoire  (S.-et-O.)  ;  Vanteaux 
(Hte-V,),  Vantoux  (C.-d'Or,  Hie-S.),  qui  sont  des  vendaria 
et  dos  venàariola  mal  orthographiés  ; 

Ventadour  (Cor.),  Ventavon  (Htes-A,)>  Ventayon  (P,-de-D.), 
Venterols  (B.-A.,  Drô.). 

Le  vindicium  était,  comme  \e  sequestrum,  une  propriété 
contestée  (revendiquée).  Vindicivm  a  donné  le  provençal  et 
le  vieux  français  vence,  vince  : 

Vences  (Al.-M.,  Arden..,  Is.),  Vencières  (Hte-Sav.),  Vin- 
ceuil  (I.-et-L.),  Vincy  (Aisne,  S.-et  M.). 

Vindecy  (S.-et-LJ,  parait  un  produit  direct  de  venditiiim. 

Les  termes  Téodaux  les  plus  répandus  dans  la  toponomas- 
tiquesont:  alfa,allodium,  baccalaria,  bandvm,  bannum, 
baronia,  bordum,  canlvt,  caatetlania,  cavgia  ou  gaudia, 
comitatus,  corrogata,  cota,  dominio,  ducatua  et  ducaria, 
feudum,  garenna,  herbergti,  hoba,  litigium,  marcn  et  mar- 
camentum,  marcheaùi,  mota,  odtum,  pagaria  et  pagetia, 
ienioria,  villama.  Il  faut  y  joindre,  pour  être  complet,  les 
titres  bénéficiaires  de  canonica,  capellania,  cura,  episcopa- 
tui,  preabyteria. 

L'alfa,  du  germanique  elf,  était  un  domaine  d'origine  bar- 


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-153- 

bare  ;  le  mot  a  ^gniflé  aussi  territoire,  district.  Les  formes 
françaises  sont  :  atfe,  afle,  aufte^  tmfte,  evfle,  efle.  On  ne  le 
trouve  plus  qu'en  composition, 

Alfetun  (S.-Inf.),  Auffargis,  anc  Alfargis(S.-et-0.),  Auf- 
frique  (Aisne),  Auflance  (Arden.).  Boafles  (^HEure),  Bouafles 
<S.-el-0.),  Bomes(P.-(îe-C,),  Boyefles(P.-de-C.),  Boudoufles 
(S.-et-0,>,  Meaunfs(Man.),NeaLfles{Eure),Neauphes(Orne), 
Neauphles  (2)  (S.-et-O.),  Nialles  (May),  Toeufles  (Som.),  Ve- 
nènes  (I.-el-V.). 

Saint-Sauveur  (C.-d'Or)  s'appelait  encore  Alfa  en  870. 

Vallodium,  alleu,  du  germanique  ail,  entier,  et  od,  pro- 
priété, était  un  bien  personnel  et  héréditaire.  Il  semble,  d'a- 
près l'élymologie,  que  l'alleu  a  dû  être,  à  l'origine,  ce  que 
fut,  plus  tard,  le  franc-alleu,  un  bien  exempt  de  tout  droit 
seigneurial  et  que  l'on  était  censé  tenir  de  Dieu  seulement. 
Ce  bien  pouvait  être,  d'ailleurs,  soit  noble,  soit  roturier. 

AUodium  a  donné  :  alloc,  alluc,  aloc,  au  provençal  ;  alo- 
dia,  à  l'espagnol  ;  nllodio,  à  l'italien  ;  allod,  allevd,  alleu, 
nlloz,  alleux,  arlod,  arleud,  arleu,  nlod,  aîevd,  aleu,  alue, 
ato,  alos,  aloz,  allavd,  aîloud,  alloue,  allou,  etc  ,  au  vieux 
français.  Celui-ci  a  encore lod,  par  aphérèse  d'aï,  ai-,  ourt,  et 
alleuf,  arleuf,  aleufpa.T  addition  populaire  d'un  f. 

Les  formes  bas-latines  alhdanim,  allodinum,  alodeg, 
alodia,  alaudia,  alaudum,  alocium,  aluetum,  ont  été  cal- 
quées sur  les  formes  françaises  allouard,  allouin,  alods, 
alaudi,  alaud,  sur  la  forme  provençale  aloc,  et  sur  le  dimi- 
nutif aluet. 

Les  Allauds(Htes-A.),  l'Alleu  (I.-et-V.),les  Alleuds  (D  -S., 
M.-et-L.,S.-Inf.,Vien.),  les  Alleux  (Arden.,  C.-du.N.,  I -et- 
V  ,  May  ,  Orne,  Yon  ),  Allos  (B  -A,),  les  Allots  (Loiret),  les 
Alloz  (Doubs),  Allou  (Loiret),  les  A]louds(Is.),  Allou  (Hte- 
Sav.),  Alloue  (Char.),  les  Allues  (Sav.j,  Aïeux  (Ar),  l'Aleu 
(AI,  Ch.-Inf.,   Cor.,    L-et-V  ,   L.-et-Ch.,  Loiret,  M.-et-L., 

(1)  Bodalfa.  —  (S)  Nidalfa  in  Pago  Uadriacenti,  816. 


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-154- 

Orne,  S.-et-O.,  Som.,  Ven.,  Vien.).  l'Aleuf  (AI.,  Indre,  I.-6t- 
L.,  L.-Inf.),  l'AloeuI  (Cher,  Meur.,  Vien.),  AIos  (Ar.,  Tarn), 
l'Alo  (Av.,  Can.,  Cor.),  les  Alos(Tarn),  l'AIoz  (Drôm.),  l'Alue 
(Dord.),Arleuf(Niè.).  Arleux  (Nd,  P.-de-C  ),  l'Ario  (L -Inf.), 
Arlods  (Ain),  Ados  (Hle-G-,  Loire),  les  Arlots  (Loiret),  Arloz 
(Juraj  ; 

Lodes  (Al.,  Hte-G),  Lods  (D  (Doubs),  Loudes  (Hle-L.),  le 
Lou(L-et-V.); 

Allouets  (Gir.),  Alluets  (Hte-Sav.),  les  Alluets  (S.-et-O.). 

La  bachellerie  en  provençal  bachelaire,  en  espagnol  bacci- 
leria,  iief  de  bachelier,  était  une  sorte  de  domaine  rural  tenu 
'a  cens  par  un  vassal  d'ordre  inférieur  et  qui  parait  avoir  été 
formé  par  une  dizaine  de  manses. 

Bachelier  était  donc  synonyme  de  dizenier.  Littré  fait  ve- 
nir le  mot  du  radical  felliquo  bacal,  bacel,  bnchel,  vassal. 
Nous  le  tirerions  plus  volontiers  du  latin  badllut,  baguette, 
verge,  et  les  formes  néo-latines  nous  y  convient.  La  baguette 
ou  verge  aurait  été  l'insigne  de  ce  vassal,  comme  elle  le  fut 
plus  tard  de  certains  petits  officiers,  les  sergents  et  huissiers 
à  verge  : 

La  Bachellerie  (Cor.,  Dord-,  D.-S-,  E.-et-L.,  Hte-V.,  Nd), 
la  Baclerie  (May.). 

Bachelier  a  remplacé  souvent  bacheleric  dans  la  nomen- 
clature Incale: 

Baclaire  ^S.-Inf.),  Bachelar  (Loire),   Bachellar  (Ilte-Sav.). 

Le  bas-latin  bacalariua  n'apparaît  qu'assez  tard  dans  les 
textes  (ix*  s.);  il  a  pu  être  fait  d'après  le  provençal  bacalar. 

L'espagnol  bachiller  et  le  français  bachelier  semblent  se 
rapporter  à  un  primitif  baciliffriiM.  Dans  cette  hypothèse 
bacalaria,  baccalar  ta  aurait  élé  d'abord  badUaria,  bacilaria. 
lîacillariua  et  bacUlarta  n'ont  rien  fourni  à  la  région  ita- 
lienne. 

Leriûfde  bande  ou  de  bannière,  appelé  aussi  fief  banneret, 

(1)  En  1189. 


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«-  156- 

obligeaïtle  possesseur  à  se  rendre  en  armes  à  l'appel  de  s6a 
suzerain  avec  sa  bannièie  et  suffisamment  accompagné. 

Le  germanique  banii,  qui  signifiait  h  la  fois  la  bannière  et 
la  troupe  qui  la  suivait,  a  donné  au  bas-latin  bcmdum,  banda  ; 
au  provençal  banda;  k  l'espagnol  et  h  l'italien  bandn;  au 
français  tonde.  Les  dérivés  :  provençal  bandiera,  baneira, 
espagnol  bandera,  italien  bimdiera,  portugais  bandiera,  et 
français  bandière,  bannil:re,  ont  la  même  double  significa- 
tion : 

La  Banda  (Sav.),  Bandes  (Sav.),  la  Bande  (Aube)  ; 

Le  Bandeau  (Sav.,  Vien.).  les  Bandets  (Sav.),  Bandols 
(Var); 

Banières  (Tarn),  Banderolles  (Hle-Sav.). 

Le  bas-latin  bannum,  i^su  du  haut-allemand  fcaniiaii,  s'ap- 
plique à  toute  propriété  commune,  bois  ou  forêt,  four,  mou- 
lin, pâturage.  Sous  te  régime  féodal,  tes  biens  à  ban  ou  ba- 
naux étaient  h  ta  disposition  de  tous,  moyennant  redevance 
au  seigneur  du  fief.  L'usage  n'en  était  pas  toujours  libre,  et 
très  souvent  forcé. 

Les  formes  néo-Ialines  de  bannum  sont;  le  provençal  et 
le  français  ban,  l'espagnol  et  l'italien  bando.  Souvent  ban 
est  écrit  par  erreur  avec  un  c  ;  banc. 

Les  Espagnols  et  les  Italiens  semblent  avoir  confondu 
bandum  et  bannum  : 

Bans  [Ardèche,  Av.,  Jura,  Loire,  Rh.,  Vos.),  te  Ban  (Hte- 
S),  Banc  (Av.),  les  Bancs  (Ai.,  Ardèche),  Bannes  (Ardèche, 
Hte-M.,  Lot,  Mar.,  May.J; 

Baneuil  (Dord.),  Bannay  (Cher,  Mar.),Bannost  (S.-et-M.); 

Bannalec  (Fin.),  Bannans  (Boubs),  Bannégon  (Cher),  Ban- 
neviile  (Cal.). 

La  baronnie  était  une  seigneurie  qui  donnait  ft  son  pos- 
ses.seur  le  titre  de  baron.  On  fait  dériver  aujourd'hui  baron  de 
l'ancien  kymri  bar,  héros,  qui  a  Iburni  :  au  provençal,  le  no- 
minatif bar  et  l'accusatif  baron,  k  l'espagnol,  varon,  à  l'ita- 
lien, barone,  au  vieux  français,  le  sujet  ber  ou  bera  et  le  ré- 


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—  156- 
glme  haron.  Le  sens  du  mot,  dans  les  langues  romanes,  est 
homme  fort,  mari,  guerrier,  noble,  seigneur.  On  trouve  en- 
core baron  avec  le  sens  de  mari  dans  le  wallon  : 

La  Baronnie  (Ar.,  Cal.,  Char.,  Dord.,  Eure,  Hle-Sav.,  L.- 
et-G.,  Mor.,  Tam,  T.-el-G.),  la  Baroine  (Sav.). 

Baron  supplée  baronnie  comme  nom  de  lieu  : 

Baron  (Ar.,  B.-P,,Cal.,  Gard,  Gir.,  Lan.,  Loire,  Oise,  S,- 
et-C);  le  Baron  (L -et-G.)  ; 

La  Baronnerie  (Eure,  Loiret,  M.-et-L.,Man,,  S.-et-L.)  ;  la 
Baronnière  (Eure,  L-et-L.,  M.-et-L.,  Man.)  ; 

Baromcsnil  (Seine),  Baronval  (E.-et-L.),  Baronvîlle(E.-et- 
L.). 

La  borde  était  une  métairie,  une  ferme  à  condition  de  par- 
tage des  fruits  avec  le  seigneur.  Ce  terme  est  encore  em- 
ployé dans  certaines  provinces,  oii  le  régime  de  la  propriété 
a  peu  changé  :  le  maître  a  succédé  au  seigneur  dans  ses 
droits  utiles. 

Borde  est  d'origine  celtique  :  on  trouve  bord  dans  le  cor- 
nique,  dans  le  gaélique,  avec  le  sens  de  planche.  L'étymolo- 
gie  permet  de  saisir  la  signification  première  :  construction 
ou  clôture  en  planches.  Borda  signifie  encore  cabane  en 
provençal,  en  catalan  et  en  italien.  C'est  une  des  formes  de 
bord  en  basse  latinité,  l'autre  est  bardum,  qui  a  donné  le 
vieux  français  bord,  bor>,  bort  : 

Bord  (Char.,  Ch.-Inf.,  Cr.,  Dord.,  Gir.,  Hte-V.,  P.-de-D., 
Sar.,  Vien.);  Bors  (Char  ),  Bort  (Cor.,  Cr.,  Dord.,  Hle-V.,  P.- 
de-D.)  ; 

Bordes  (Ar,  B.-P.,  Can.,  Ch.-Inf.,  Gers,  Hte-G.,  Htes-P., 
L-et-L..  Lot,  L.-et-G.,  P.-O.),  la  Borde  (Aisne,  AL,  Aube, 
Char.,  Ch.-Inf.,  Cor.,  C.-d'Or,  Dord.,  E.-et-L.,  Gir.,  Hte-G., 
Hte-M.,Htes-P.,I.-et-L.,  Jura,  Lan.,  L.-et-Ch.,  Loiret,  Lot, 
L.-et-G  .  Mar.,  Meur.,  Mos.,Oife,  Orne,  P.-de-D.,  S.-et-L., 
Sar.,  S.-et-M-,  S.-et-O-,  T.-et-G.,  Yon.),  la  Bourde  (L-et-L  ), 
les  Bordes  (Ain,  Ar-,  Aube,  B.-P.,  Char.,  Cher,  Cor.,  C.-d'Or, 
Cr.,  Dord.,  E.-et-L.,  Fin.,  Gers,  Hte-G.,  Hte-L.,  Htes-P.,  L- 


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—  i57- 
et-V.,  Indre,  I.-et-L.,  Jura,  Lan.,  L-et-Ch.,  Loiret,  Lot,  L.- 
et-G.,  Mar.,  Meur.,  Nié,,  Oroe,  P  -0.,  S.-et-L.,  S.-et-M.,  S.- 
et-0.,  Tarn,  T.-et-G.,  Vien..  Yen.)  ; 

Le  Bordage(L-et-V.,  L-et-L.,  M.-et-L.,  Sar-,  Ven.),  les 
Bordages  (Cal-,  M.-et-L.,  Sar.),  Bordas  (1)  (Char.,  Cor.,  Dord., 
P.-de-D.),  le  Bordaz  (Ain),  Bordeaux  (Cal.,  Char.,  Ch.-lnf., 
Eure,  Loiret,  S.-et-M.,  S.-Inf.),  le  Bordeau  (Orne,  Sar.,  S- 
et-0.,  Ven.),  les  Bordeaux  (Aisne,  Eure,  L.-et-Ch.,  May., 
Orne),  le  Bordel  (S.-et-M.),  le  Bordelet  (Ardèche),  la  Borde- 
liére  (M.-et-L.,  Orne),  Bordères  (B.-P.,  Hles-P.,  Lan.),  la 
Borderie(Can.,  Cor,  Dord.,  Eure,  Gir.,  Hte-V.,  Lot,  L.-et- 
G.,  Man.),  ies  Borderies  (Char.,  Cor.,  P.-de-D.,  Sar.),  la 
Bordiére  (Loiret),  Bordiers  (Sav.),  Bourdoiseau  (3j  (Nié.). 

Uordebure  (3)  (I.-et-L-,  L.-et-Ch.,  Loiret,  Sar.),  Borde- 
nave  i*)(Lan.),  Bordeneuve  (Aude,  (Jers,  Hle-G.,  L.-et-G., 
T.-et-G.),  Bordenobe  tô)(P.-0.),  Bordepaille  (Gir.),  Bordepli- 
gade  («J  (Htes-P.),  Bordesoule  0)  (Cr.,  Dord.,  Gir.,  Hte-V., 
P.-de-D-,  Vien.),  Bordevielle  (Hte-G.),  Bordeville  (Char  ); 
Salleborde  (Hte-S.)- 

Le  canlus  était  un  coin  de  terre,  un  champ  d'étendue  va- 
riable, et  le  cantû  une  portion  de  pays  plus  ou  moins  consi- 
dérable. Ces  deux  mots  viennent  d'un  radical  cant,  d'origine 
inconnu,  qu'on  retrouve  dans  l'ancien  français  cant,  coin  ; 
dans  l'espagnol  et  le  portugais  eanto,  coin,  pointe  ;  dans  l'an- 
glais cant,  pan  coupé  ;  dans  le  kymri  cant,  rebord  ;  et  qui 
parait  avoir  eu  le  sens  de  limites. 

Le  eantus  aurait  été,  à  l'époque  féodale,  la  centenie  ;  en  ce 

sens,  on  pourrait  le  tirer  du  bas-breton  cant,  qui  veut  dire 

cent.  Le  eanto  avait  déjà  le  sens  de  pays  et  se  substituait  au 

pagus  et  au  gau. 

CantuB  a  donné:  au  provençal  cant,  cante;  à  l'espagnol, 


'M  BoidatU.  —  (3)  BordottUum ,  1145.  —  (3)  Bur»  ou  baire,  brun 
foncé,  lOEDbre.  —  («>  Borda  nova.  —  ^5)  Id.  —  (li)  BorJe  engagée,  — 
('j  Borda  Ma, 


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—  158  - 

k  l'italien  et  au  portugais  canto  ;  au  vieux  trançais  coïKe, 
chante,  citant.  Canto  est  resté  tel  dans  l'espagnol  et  le  por- 
tugais; il  est  devenu  canloii  dans  le  provençal  l'ancien  ca- 
talan et  le  français,  et  caatone  dans  l'italien.  On  trouve,  dans 
l'allemand,  kant  et  kanlon  ;  il  les  tient  probablement  du 
kymri. 

Gantes  (A.-M.),  les  Gantes  (Al.),  Chantes  (Hte-S.),leGhante 
(Aisne,  Seine)  ; 

Cantel  (Fin.).  Chanteau  (G.-d'Or,  Cr.),  Chanlel  (Al.,  Hte- 
L.),  le  Chantel  (Sav.),  Chantelot  (Aube),  Gantin  (Gir.,  Nd, 
Sav.),  le  Gantin  (Rh.),  Ghanteuges  (l)  (P.-de-D.),  Ghantein  W 
(P.-de-D),  Chanteils  (May.),  Chantouillet  (Vien.),  Gantois 
(Gir.),  Cantuels  (Av.,  Can.)  ; 

Cantabel  (Av  ),  Gantagrel  (Av.),  Gantaioube  (Av.,  B.-P., 
Hte-G.),  Cantamerle(A.-M.,  Av.),  Canlaoua  (Htes-P.,  Lan.), 
Gantaousel  (Hér.),  Caotarel  (Lot,  Vau.),  Gaataron  (A.-M.), 
Gantebonne(Meur.),  Gaatecoq(S.-Inf.),Cantecorps(T.-et-G.), 
(iintefage  (Lot),  Gantegaline  |Tarn.),  Cantegrei  (3)  (Dord., 
Lot),  GantegriK*)  (Hte-G.,  Gir.),  Gantegrit  (Lan.),  Clante- 
lin(W(Nd.,  P.-de-G.,  S.-InL),  Gantelose  (Hte-G.),  Gante- 
loube  (G)  (Can.,  Dord.,Lot),Canteloup(Cal.,  Eure,  Gir.,  Man.), 
Carilemerle(Dord.,  L.-et-G.,  Tam,  T.-et-G.',  Ganteperdrix 
(B.-du-Rh.),  Gantepie(Gal.,  L.-et-G.,  Man.,  S.-Inf.),  Gante- 
rai ne  (')  (Ar.,  Nd,  Soin.),  Canlerane  (L.-et-G.,  P.-de-C  , 
P.-O.),  Gantereine  (Cal.,  P.-de-G.,  Tarn),  Ganterugue  (Ar.), 
Gantessière  (Is.),  GanLreigne  (P.-de-C.)  ; 

Ghanlabot  (Is.),  Chantabry  (Gh.-Inf.),  Ghantafrey  (Cher), 
Chantagrêle  (P.-de-D.),  Gbantagret  (Loire),  Ghantalaude  (8) 
(Lan.),  Ghantaloiip  (Loiret,  S.-et-M.),  Gbanlambre  (S.-et-O.), 
Chantarel  (Gor.),  Chantaussel  (Htes-A.),  Ghantecoucou  (M.- 
et-L.),  Ghantalouette  (Al..  Is.,  Loire),  Ghantebîlle  (Sav.), 


(1)  Cantaialum,  m'  aiéclo.  —  (,2)  Canioanum,  des  mon.  mârov.  — 
Çàj  Cantui  graculi.  —  (ij  Ca/ilw  gvyUi.  —  (5/  t'antut  tapi,  —  (G)  Id, 
—  (7)  Ca'Uus  raam.  —  (8)  Cantut  alaudœ. 


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-  159  — 
Chantecaille  (l3.,L.-et-Ch.),  Chantecoq  (Loiret,  Mar,,  Seine), 
Chantecorps(Gor.,D.-S.),Ghantefoin(Ven.),  Ghaiilep-aiHe  (1) 
(Hte-L.),  Clianlegreau(Dord.),  Chantegi-êle(P.-de-D.),  Ghan- 
tegrelie  (Hie-V.),  Chantegril  (3)  (Cor.),  Chantegros  (Dord., 
Hte-V.),Chantegrue(3)  {Cr  ,  Doubs),  Ghanteheux'.*)  (Meur  ), 
Chantelauze  (P-de-D),  Ghaiilelay^j  (Manc),  Chante!oube  (6) 
(Ardèche,  Can.,  Gor..  Gr.,  Dord.,  Iltes-A.,  Hte-L  ,  Hle-V., 
P.-cle-D.,  Vîen.),  Chanteioup,  Ghanteloup  (Aube,  Ch.-Inf., 
Cher,  D.-S.,  Eure,  E  -et-L.,  I.-et-V,  Indre,  l-el-L,  L.-et- 
Ch  ,  L.-Inf.,  M.-et-L-,Man.,  May-,  Nié-,  Orne,  P.-de-D.,Sar., 
S.-et-M  ,  S.-et-O.),  Ghantelouve  (Can.,  Is,  Sar.),  Ctiaiile- 
manche  ffl  (S  -et-M.),Chantemèle  (8j  (E.-et-L.,  Miiy.jiChan- 
temelle  (9)  (S.-et-O.),  Chantemerle  (10)  (Ain,  Aisne,  Aube, 
Char.,  Ch.-Inf.,  G.-du-Nd.),  D-S-,  Dord.,  Dro.,  IIles-A., 
nie  Sav.,  Jura,  M.-el-L.,  Mar.,  Nié,,  Nd.,  Oise,  P.-de-C, 
S. -et-L.,  Sav.,  S.-el-M  ,  S.-el-C,  Vien.),  Chanlemouche 
(Sav.),Chantepenirix  (Ardèche),  Chantepie(I.-el-V.,I.-et-L., 
Man.,  May.,  Orne,  Sar.,  S.-et-M.,  S.-et-0.),  Ghanteraines  (H) 
(IIte-M.),Cliaateranes!l2)(Hle-V.,P.-de-D.),Ghantereiiies(i3) 
(Aisne,  Arden.,  Dro.,  Hte-Sav.,  Loire,  Mar.,  Meur.,  Meuse, 
S.-et-M-,  S.-et-C,  Var,  Yon.),  Chanterennes  (l*)  (Mos.), 
Chanlerenard  (Cher),  Ghanloiseaux  (Ghar.,  Ht.-Rh.,  Ivoire, 
Sar.,  S.-et-M  ),  Ghantors  (15)  (Man.),  Chantossel  (P.-de-D  ], 
Chantoubet  (Dord,),  Ghanlourierelle  (Seine),  Ghantouzel  (16) 
fHle-L.)  Chantrans  (Doubs,  Jura). 

Cachan  (17),  pour  Cachant  (Selno),  Brcchant(lR)  lE.-et-L.). 
Saint-Malhurin-de-Larchant  (Loiret)  s'est  appelé  Liri  cantut. 

Caêtcllania,  chatelleoie,  est  un  dérivé  de  crtsieltvm,  dimi- 
nutif de  4.'a«(ft(m,  chdteau,  par  l'intermédiaire  de  caitellanvs, 


(1)  Canlui  graeuîi.  —  (2)  Canlui  gryUi.  —  (3)  Cantux  gmia.  — 
(i\  Canlu»  ululs.  —  (5)  Canluê  lae.  ~  (6)  Cùntus  tupt.  —  (7)  Cantut 
monachi.  —  (8|  Cantui  meêpili.  —  (9i  Canlut  merula;.  —  (lOl  Id.  — 
[II;  Canlui  ranœ.  —  (12)  Id.  —  (13)  H.  —  {lH  M.  —  (l-l)  Canlus  uni. 
—  (16)  Canfus  avieellm.  —  (17)  CtUi  eaniw,  815.  —  (18^  Uroleantu» 
815. 


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—  160  - 
châtelain.  Le  provençal,  l'espagnol  et  l'italien  ont  conservé 
le  motintact;  le  vieux  français  enafait  d'abord  ebastelaine, 
châtelaine. 

La  châtellenie  était  une  seigneurie  avec  droit  de  haute 
justice,  de  même  que  le  châtelain  était  un  seigneur  ou  un 
juge  haut-justicier . 

La  Châtelaine  (Jura  (1),  Suis.). 

Caitellanut  a  été  employé  aussi  comme  nom  de  lieu  : 

ChÂtelans  (Is,),  Châtelains  (May.). 

Cavgia  est  la  traduction  bas-latine  du  germanique  ^au, 
qui  était  l'équivalent  du  paguêUtin  et  du  comitatu$.  Gau  a 
été  rendu  aussi  par  gaudia,  gauditim. 

Le  mot  est  devenu  cauge,  coge,  coye,  en  vieux  français  : 

Coges  W  (Jura),  Coyes  (3)  (Oise). 

Le  comtralug,  comté,  qui  a  succédé  aupagua,  a  été  d'abord 
un  territoire  possédé  par  un  comte  ;  mais,  dans  la  suite  des 
temps  et  le  morcellement  féodal  aidant,  il  est  devenu  une 
simple  seigneurie  dont  le  possesseur  avait  le  titre  ou  la  qua- 
lité de  comte. 

Nous  devons  k  comitatui  le  provençal  eamtat,  contât, 
niasc.  et  fém.,  l'espagnol  condado,  l'italien  contado,  et  le 
vieux  français  comté,  conté,  d'abord  plutôt  féminin  : 

Contaz  (Sav.),  le  Comtaz  (Hte-Sav.),  Comté  (Gers,  Hte-G., 
Lan.,  L.-et-G.,  T.-et-G.),  la  Comté  (Char.,  I  -et-L.,  Man., 
Nd,S.-et-0.,  S.-lnf.),  le  Comté  (Gers). 

La  forme  provençale  eomtat  et  comté  au  féminin  se  sont 
conservés  dans  les  noms  de  deux  de  nos  provinces  :  le  Comtat 
Vénaissin  et  la  Franche-Comté. 

Corne»  remplace  souvent  comilatui  dans  l'onomastique 
locale. 

Comtes  (Hte-Sav.,  Lan.,  P.-O-,  Sav.),  Contes  (A.-M., 
P.-de  C.  (*)),  le  Comte  (Mar.),  Le  Conte  (Lan.,  L.-et-G.)  ; 


(1)  CMeUania,  1053.  -  (2)  Caugia,  1190.  -  ..3)  Id.,  TUS,  —  (*)  U 
Conte*  du  Jura  est  un  Condatis, 


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-  161  - 

La  Comtiêre  (E.-et-L,),  la  Conterie  (Cal.,  Dord.,  Eure, 
I.-el-L.,  L.-!nf.,  Man.,  May.,  Orne),  la  Conlie  (Av.,  Dord.)  ; 

Conleville  (Cal.,  Eure,  Oise,  P.-de-C,  S.-Inf ,  Som.). 

Corne*  a  fléchi  en  coms,  comte,  dans  le  provençal  ;  conde, 
dans  l'espagnol  ;  conte  dans  l'italien  ;  cuena,  cous,  comte  dans 
le  vieux  français  Cuena,  cous  dans  l'ancien  français,  et 
coma  dans  le  provençal,  sont  au  sujet  et  viennent  de  comea  , 
comte  est  le  régime  pour  l'un  et  l'autre  et  vient  de 
comitetn. 

La  cot-vée  était  le  travail  gratuit  dû  au  seigneur  par  les 
vassaux  ;  elle  a  élé  remplacée  par  les  prestations  en  nature, 
et  le  fisc  s'est  purement  et  simplement  substitué  au  seigneur, 
qu'il  a  fait  souvent  regretter. 

Corvée  vient  du  bas-latin  coi-roffata  (sous-entendu  opéra), 
U'avail  commandé,  qu'on  trouve  déjà  dans  des  textes  du 
ViU*  siècle.  Dans  le  Capitulairedc  Villia  de  Charlemagne,  qui 
est  de  la  même  époque,  on  trouve  la  forme  romane  corvada, 
qui  s'est  maintenue  en  espagnol  cl  en  italien,  et  a  donné 
corvade  aw  provençal  ;  et  coroioec,  coniivèe,  couriée,  crou- 
wee,  courovëe,  etc.,  au  vieux  français.  Sur  cor uwée,  on  infime 
latinité,  on  a  brodé  coi'uwca,  conta,  coruata,  croata. 

Corrogata,  issu  de  ciim,  avec,  et  de  rogurc,  prescrire, 
donne  une  idée  de  coljectivilé  comme  d'ubligation  dans  le 
travail.  La  corvée  militaire  actuelle  représente  bien  la  chose  : 
un  certain  nombre  d'iiommes  commandés  pour  exécuter  la 
môme  besogne. 

La  Corvée  (Nie.),  les  Corvées  (Doubs,  E.-et-L.,  Meur.). 

Cotaria  ou  colarium,  coterie,  association  de  paysans  pour 
tenir  les  terres  ou  quelque  héritage  d'un  seigneur. 

Cotaria,  qui  a  donné  coterie,  et  cotai-ium,  qui  a  donné 
cotier,  proviennent  l'un  et  l'autre  de  cota,  cabane,  mot  d'ori- 
gine celtique:  kymri  cwU,  gaélique,  coile,  cot,  chaumière. 
Le  t  est  souvent  redoublé  dans  les  formes  françaises  : 

La  Cotterie  (Cr.),  Cotliéres  (Sav.),  la  Coulerie  (C.-du-N.), 
Cowtières  (D.-S,,  Htes-A.),  la  Coutière  (Char.,  L.-et-Ch., 


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.  _  162  - 
May.,  Orne,  P.-de-D.,   S.-et-L.),  les  Coutières   iS.et-0.); 
.     GoUiers  (Char.,  Doubs,  Sav.),  Cotters  (Is.),  Coulers,  (Rh., 
Sav.)  ; 

Villers-Cotterets  (Aisne). 

I^  donjon  était  la  tour  maîtresse  du  cliàtaau  féodal,  la  tour 
qui  le  dominait.  On  trouve  avec  ce  sens,  dans  le  bas-iatin  : 
dominio,  domnio,  domjio,  donjo;  dans  te  provençal,  dome- 
joH,  donjon,  et  aussi  dompiihon  {dompnion)  ;  dans  le  vieux 
français,  doînion,  donion,  donjon,  danjon. 

Dominio  est  l'abbtif  de  dominium,  domaine,  devenu  nomi- 
natif d'une  autre  déclinaison.  Il  est  l'expression  de  la  pro- 
priété personnelle  comme  oa  gentilice  en  io.  Ce  mol  a  con- 
servé, dans  l'espagnol  et  dans  l'italien  dominio,  la  significa- 
tion de  dominium. 

Le  Donjon  [Al.,  Hles-A.,  Hte-M.,  Sav.),  les  Donjons  (S.-et- 
L.,  S.-et-O.),  DoniatgDO  (Sav.),  Domino  (Gh.-Inf.),  Djminon 
(Nié.). 

Ducati»,  duché,  est  déjà  dans  la  basse  latinité.  Il  a  donné  : 
au  provençal,  ducal,  dugat;  à  l'espagnol,  à  l'italien  et  au 
portugais,  ducado;  au  vieux  français,  «iudiëft;,  duckèe,  d'où 
la  duché. 

Il  n'est  représenté,  dans  la  nomenclature  locale,  que  par 
des  formes  particulièi'es  : 

Ducède  (Hte-G.),  le  Uucel  (Gir.),  Uuccy(Man.),  Ducy  (Gd., 
Oise), 

Un  autre  mot,  fait  sur  le  même  radical,  Fa  supplanté  en 
Savoie,  c'est  ducnria: 

Duchéres  (Sav.),  la  Uuchore  (Htc-Sav,),  Ducherie  (Sav,). 

On  trouve  enfin  dux  pour  ducalua  dans  : 

LeDuc  [L.-et-G.,  Loz,,  Man.). 

Le  mot  fief,  désignant  un  domaine  noble  concédé  sous 
condition  de  foi  et  hommage  et  assujetti  h  des  services  et  à 
des  redevances,  est  dorigine  germanique  comme  la  chose. 
Il  dérive  de  l'ancien  haut-allemand  féhu  et  de  l'anglo-saxon 
féoh,  qui  signifiaient  troupeau,  bien,  et  auxquels  on  a  ajouté 


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—  d63  -• 
un  d  euphonique  avant  de  les  latiniser.  Le  premier  est 
devenu  feud,  et  le  second  féod.  Ils  ont  donné  :  le  bas-latin 
^eudum  et /'codum;  le  provençal  feu,  /ieu;  l'espagnol,  l'ita- 
lien et  le  portugais  feudo  ;  l'italien  /îo  ;  le  vieux  français 
fied,  fiez,  fié,  fief. 

Ficux  (Dord.,  Gers,  L.-et-G.),  le  Fieu  (Av.,  Gir.),  les 
Fieux  iCr..  Hle-Sav.),  le  Fied  (Jura),  Fiefs  (l>.-de-G.,Som.), 
le  Fief  (,Vrden., Char.,  Ch.-lnf ,  Cher,  D  -S.,  l.-ct-L.,  L.-Inf., 
M.-et-L-,  Ven.),  les  Fiefs  (Cal  ,  Eure,  Man.,  Orne,  S.-Inf.>, 
les  Fiés  (Vos.); 
I^  Feudrie  (Orne)  ; 

Fieugérund  (Hte-Sav.),  Fieulaisne  (Aisne), 
Garenne  et  varenne  sont  issus  du  haut-allemand  wuren, 
prendre  garde,  par  le  bas-latin  vuarenna,  bois,  étang,  lieu 
rt'servé  au  seigneur  du  fief,  parc  à  gibier,  à  lapins  en  parti- 
culier. Vuarenna  a  été  traduit  :  en  provençal,  par  garuna, 
varena  ;  en  vieux  français,  par  garenne,  varenne. 

Garennes  (Eure,  Rh.),  Varennes(A].,  Dord.,  Hte-G  ,  Hte- 
M.,  Indre,  I.-el-L.,  Loiret,  L.-ct-Ch  ,  Mar.,  Meuse,  Oise, 
Nié.  ti;,  P.-de-D-,  S.-et-L  ,  S.-etM.,  S.-et-O.,  Som.,  T.-ct- 
G.,Vien.,  Yon.  (2),  les  Varennes  |Hle-G.). 

Cinquante  hameaux  de  France  portent  le  nom  de  Garennes; 
quarante-deux  celui  de  Varennes,  et  quarante  celui  de  la 
Varenne. 

Herberga,  de  l'ancien  haut-allemand  heri,  armée,  et  berga, 
logement,  a  signifié  camp,  puis,  par  extension  du  sens  pri- 
mitif, logis  en  général  et  hôtellerie  en  particulier.  Vherherga 
était  une  institution  féodale  à  rapprocher  de  l'/ios/iilt i(ni , 
tenure  temporaire  et  révocable,  dont  nous  avons  déjà  parlé. 
Nous  devons  à  hcrberga:  le  bas-latin  herberga,  haberga, 
alberga  ;  le  provençal  aiberc,  alberga,  alberja  ;  l'espagnol 
albergue  ;  l'italien  albergo  ;  le  vieux  français /lerberi/c,  hé- 
berge, haherge,  aberge,  alberge,  auberge. 

(1)  Yarennae,  \r  siècle,  ii'  siècle,  U03.  -  ('2)  Yarenna,  9U3. 


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Herhsrga  a  produit  en  outre  le  verbe  herbergare,  le  subs- 
tantif herbergamentum,  et  les  deux  dérivés  albergarîa  et 
albergaticum^  albergagium. 

Aubères  (Hles-P.),  les  Aberges  {Hte-L.),  les  Alberges  (Is., 
L.-Inf.,  Sav.),  les  Auberges  (Doubs,  Loiret)  ; 

L'Hébergeria  (S.-et-O.),  les  Albergeries(ls.),  l'Aubergerie 
(Drô.),  les Aubergeries  (Htes-A.); 

Herbergamentum  avait  le  môme  sensquVicberjfti  ; 

L'Herbergcmenl  (Ven),  l'Hébergement  (L.-Inf.,  S.-et-O.), 
l'Abergement  (Ain,  C.-d'Or,  Doubs,  Hte-Sav.,  Jura,  S.- 
et-L). 

L'hoba  ou  hovn,  assez  analogue  à  la  cwtis,  était,  comme 
elle,  d'origine  colonique.  C'était  essentiellement  un  lot  de 
terre  arable  donné  en  jouissance  à  un  colon,  liobarius,  qui 
participait  aussi  aux  avantages  de  l'exploitation  de  terrains 
communs  ou  mavcx,  marches,  forets  et  pâturages.  La  con- 
cession d'une  hoba  s'accompagnait  d'ordinaire  de  celle  d'une 
habitation.  Vhoba  est  devenue,  de  nos  jours,  une  ferme,  une 
métairie,  une  propriété  rurale. 

Hobn  ou  hova  a  été  rendu  :  en  allemand,  par  hof  ;  en 
flamand,  par  hove,  ove,  ouve;  en  vieux  français,  par  euve, 
ouve.  On  ne  le  trouve  guère  qu'en  composition: 

Oves  (Nd),  Cuves  (P.-de-C); 

Argoeuves  (Som.),  Bavinchoves  (Nd),  Contreuves  il) 
(Arden.),  Ecrouves  (Meur.),  Ostoves  (P.-de-C),  Ostrehoves 
(P.-de-C),  Polincoves  (P.-de-C),  Rcbreuves  (P.-de-C), 
Templeoves  (Nd),  Volkerinchoves  (Nd),  Warcoves  (P.-de- 
C.),Westoves  (P.-de-C),  Wioves  (P.-de-C). 

Les  hoba  d'Alsace  élaient  généralement  groupées  : 

Bitschoffcn  (B.-Rh),  BrinighofTen  (IIl-Rh.),  EichhofTen 
(B.-Rh.),  Gondershoiïen  (B.-Rh.),  Gumbrectliyffen  (B.-Rh,), 
Hannhoffen  (B.-Rli.))  Koenigshoiren  (B.-Rli.j,  Memelshoffen 
(B.-Rh.),  McnchofTen  (B.-Rh.),  NeunhofTen  (B.-Rh.), Oberhof- 

(1)  GutUheri  hova. 


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-165  - 

fen  (B.-Rh.),  OethofTen  (B.-Rh.),  Pfaffenhoffen  (B.-Ilh.), 
Rilterhoffen  (B.-Rh.),  ReichshofTen  (B.-Rh.)  Schirhoffen 
(B.-Rh.),  Sandhoffen  (1)  (Ht-Rh.),  Ultenhoffen  (B-Bh), 
VoegtlJnhofTen  (Ht-Rh,),  WattighofTen  (Ht-Rh.)  (2). 

Le  litigium  ou  ft^tiim  éLtil  Ig  fief  lige,  l'héritage  lige,  la 
terre  lige,  le  bien  possédé  sous  lii  condition  de  l'hommage 
lige,  de  la  fidélité  envers  et  cuntre  tous  et  des  oMigalions 
qu'elle  comportait. 

Liligium  vient  du  germanique  lid,  qui  a  donné  l'allemand 
ledig,  libre  {ledigmann,  homme  libre  de  tout  engagement 
avec  un  tiers)  et  le  bas-latin  lilifjiui,  ligiui.  Les  formes  néo- 
latines  sont  :  le  provençal,  lUge,  lige,  lit  ;  l'ancien  catalan, 
lUge,  lige  ;  l'italien,  Ugio  ;  l'anglais,  liège  ;  et  le  vieux  fran- 
çais, liège,  Hègeon,  lige.  Elles  sont  les  mêmes  pour  litigiua. 

A  litigium  reviennent  : 

Lièges  (Belg.,  Char.),  le  Liège  (Doubs,  Hte-Sav  ,  L-el- 
L.)  Lis  (Htes-P-,  L,-el-G.)  ; 

Conliègea  (Jura),  Lisbonnel^}  (Gard)  ; 

Et  à  iitigius  : 

Les  Litges  (Gers)  ; 

La  Ligerie  (Dord.),  les  Ligers  (Nié.). 

Mayca,  borne,  limite,  a  signifié  aussi  territoire  com- 
munal. Le  mot  est  d'origine  germanique  ;  on  le  trouve  dans 
le  haut  allemand,  marcha  ;  dans  le  gothique,  maïka,  et  dans 
l'anglo-saxon,  maei-c.  Il  a  donné:  te  bas-latin,  wardiia;  le 
provençal,  marcha,  marca,  marqua;  l'espagnol  et  le  portu- 
gais, marqua;  l'italien,  mat-c/ia  ;  l'allemand,  mnrcfc,-  le  vieux 
français,  marque,  marche.  R  répond  au  latin  margo,  qui  a 
un  sens  analogue.  Enfin,  il  y  a  dans  le  kymri,  marc,  et  dans 
le  bas-breton,  marz,  qui,  comme  le  français  marque,  ont 
pris  la  signification  de  signe. 


(1)  Sundhova,  896,  —  (2)  Une  réunion  d'hoba  élait  un  liobetum. 
Burnhaupt  (Haut-Rhin)  est  dit  BHritobetum  en  823  et  Sruane  liobetum 
en  1271.  ->  (3)  Liligium  bonum. 


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-  166  — 

Marcha  a  donné,  en  français,  les  verbes  marcher  et  mar- 
quer, et,  au  vieux  français,  ie  substantifverbal  marchemcnt, 
qui  a  le  mèine  sens  que  marche,  limite  ou  territoire. 

Marches  (C.-du-Nd,  Drô.),  la  Marche  (Belg.  (M,  C.-d'Or, 
C.-du-Nd,  Meuse,  Nié.,  Yen.,  Vos.),  les  Marches  (Sav.), 
la  March'  (Fin.)  ; 

Marcq  (Arden.,  Nd,  P.-de  C.  (2j,  S.-el-O.),  la  Marque 
(Aude,  Gers,  Gir.,  Htes-P.,  Lan  ,  L.-el-G.),  Marques  (B.-P., 
S.-Inf.)  ; 

Marchebault  (Loiret),  Marchefroy  (E.-et-L.),  Marchelong 
(S.-et-M.),  Marchemaisons  (Orne),  Marchemoret  (S.-et-M  ), 
Marchcnoir  iL.-et-C,),  Marcheponl  (Nd;,  Marcheroux  (Oise), 
Marclieseuil  (G  -d'Or),  Marclievair  (Sar.),  Mardieval  (L,-et- 
C),  Marchevillé  (E.-et-L.,  Som.  W),  Marquefaves  (Hte-G.), 
Marquéglise  (Oise),  Marqucmont  (Oise); 

La  Marchère  (L-et-L.),  Marcliùres  (Eui-o),  la  Marchcrie 
(Vien.),  la  Marquerais  (L-et-L.),  la  Marquerie  (Mar.,  Yen.), 
Marqueries  (Hles-P.,  Yen); 

Guilligomarch'  [Fin.). 

Marchement  et  transmarchement  ne  se  troment  que 
comme  lieux-dils.  Le  second  de  ces  mots  est  très  répandu  en 
Franche-Comté. 

Les  marches  étaient  gardées,  à  l'origine,  par  des  seigneurs 
qui  prenaient  le  titre  de  marquis,  marchionei  ou  marchenses 
(sous-enlendu,  comités).  Gharlemaghe  établit  de  ces  grands- 
officiers  sur  les  frontières  de  ses  immenses  états.  Les  mar- 
quis ne  tardèrent  pas  îi  devenir  propriétaires  des  terres  dont 
on  leur  avait  confié  la  défense  ;  quelques-uns,  comme  le 
marquis  de  Brandebourg,  les  conservèrent  en  entier  et  les 
étendirent  même  au  dehors.  Mais  ces  terres  furent  généra- 
lement atteintes  par  le  morceDoment  féodal  el  s'émieltèrent. 
On  en  vint  à  ériger  en  marquisats  les  seigneuries  de  la  plus 

.  (2)  Ou   Mark.  —  (3)   Ou   Marchcs-en-Vi- 


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-167  - 
minime  importance  ;  les  duchés  et  les  comlés  ont,  du  reste, 
eu  le  même  sort. 

Dans  In  topon  ornas  tique,  le  marquisat  est  souvent  repré- 
senté  par  le  titre  de  son  seigneur,  forme  moderne  de  mar- 
cliio  ou  de  marchensîs.  Pour  marchio,  cette  forme  est  mar- 
quion  en  vieux  français. 

MarquJon  )P.-de-C-). 

Le  féminin  de  marquis,  maycliioiia,  a  donné  marchienne, 
marquicnne  : 

Marcliiennes  (Nd). 

Le  bas  latin  mnrclteiisii  a  été  rendu  :  en  provençal  et  en 
espagnol,  par  marqué»  ;  en  portugais,  par  marquez  ;  en  ita- 
lien, parwinrc/iese;  en  français  ancien,  par  maechis,  mar- 
quit. 

Marquis  (Char),  Marquivillers  (Som.). 

Le  mot  marqitiiat  provient  directement  du  français  mar- 
quis. 

Il  y  a  eu  un  marchesia,  issu  de  marchensit  et  féminin 
d'une  de  ses  formes  bas  latines,  marcheaius,  qui  avait  la 
même  signillcatiun  que  marquisat  {marehensis,  marchesia 
terra)  : 

Marquises  (P.-de-C),  la  Marquise  (S.-et-L.). 

La  moUt  était  l'assiette  d'un  clidtoau  féodal.  On  a  étendu 
le  sens  du  mot  au  cbàteau  lui-môine  et  au  clief-lieu  de  la 
seigneurie. 

On  a  fait  venir  tnofo  du  celtique  et  on  l'a,  de  ce  chef,  tra- 
duit par  mont.  Le  fait  est  qu'on  trouve  mola  avec  ce  sens 
dans  le  gaélique  et  que  le  hollandais  moei,  mol,  petite  éléva- 
tion parait  en  venir.  Mais  la  molle  était  souvent  un  monticule 
factice,  une  éminence  faite  de  main  d'homme.  Aussi  a-t-on 
voulu  tirer  le  mot  du  lalin  movcre,  remueri  mouvoir,  etyvoir 
l'abréviation  de  mota  terra. 

Quoiqu'il  en  soit,  mola  a  donné  :  à  l'espagnol  et  au  portu- 
gais, mota  ;  à  l'italien,  molta  ;  au  provençal  et  au  vieux  fran- 
çais, mothe  et  mottu,  mouthe  et  moufle  .■ 


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—  168  — 

La  Motte  (Aube,  B.-A.,  C.  d'Or,  C.-du-N.,  D.-S-,  Drô., 
Htes-A-,  I.-el-V.,  Indre,  Is.,  Loiret,  L.-et-Ch.,  May.,  Orne, 
S.-et-L-,  L.-Inf,,  Som.,  Sav.,  Var,  Vau.},  les  Mottes  [Cher, 
Lan.,  Mar.,  May.,  Nié.,  Nd,  Ven.),  la  Molhe  (Dord.,  D.-S., 
Gers,  Hle-M.,  Hle-L.,  Lan.,  Loi,  T.-et-G.,  Yon.),  la  Mou- 
the  (Dord.,  Jura,  L.-et-G.,  Vau.)  ; 

MoLteux  (Eure,  Loiret,  S.-et-M.)  ; 

Motteville(S.-Inf,). 

Odium,  odiim,  forme  bas  latine  du  germanique  od,  a 
signifié,  comme  lui,  un  bien,  une  propriété  d'origine  bar- 
bare ou  féodale.  Odium,  odum  est  devenu  :  le  provençal,  oc, 
ne  ;  l'espagnol  et  l'italien,  odio  ;  le  vieux  français,  od,  ode, 
oud,  old,  ol,  ou,  on,  eud,  ity.  Deux  formes  d'inflme  latinité 
odet,  odit,  ont  été  refaites  sur  le  vieux  français.  On  ne  trouve 
guère  le  mot  qu'en  composition. 

Odes  (Loire)  ; 

Oudeuil  (Oise)  ; 

Baaion  (*)  (Meuse),  Baesrode  [Belg.).  Bréderode  (Belg.). 
Blénod  (2)  (Heur.),  le  Dévoluy  (3)  (Htes-A.),  Genthod 
(Suis.),  Gontrode  (Belg.),  Gruyterode  (Belg.),  lUoud  (*} 
(Hte-M.),  Liffol  (5)  (Hte-M.,  Vos),  Mathod  m  (Suis.},  Mérode 
(Belg),  Narlou  (')  (Nié.),  Ostérode  (Allom.),  Seigneud  (8) 
(Suis.),  Thélod  (Meur.),  Tréloud  (9)  (Aisne),  Wernigerode 
(Allem  ). 

Le  page,  pagensis,  pagesitit,  parait  avoir  été  primitivement 
un  vassal  d'assez  basse  condition  ;  comme  celui  du  pnganu», 
paysan,  son  nom  venait  du  mot  pctgtis,  pays,  pris  dans  le 
sens  de  territoire  rural  d'un  canton,  d'un  comté.  Plus  tard,  il 
prit  rang  parmi  les  nobles  inférieurs,  à  la  suite  des  cheva- 
liers et  des  écuyers  : 


(1)  BtUlodiuM,  xii*  siècle.  —  (2)  Belenoditim,  xi'  siècle.  —  (.i)  Diabo- 
lodium.  —  ;*)  hlodium  ipour //isuiodium),  eii  1122;  Inselod,  hloud. — 
[5)  Liphodium,  ïiL*  siècle.  —  (G)  Mastad,  1U1 .  —  (7)  Narlodum,  il51. 
—  (8J  Ane.  Signad.  —  (9)  Trelodium,  1151. 


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Hëtent  à  mort  es  hébergages 
Chevaliers,  escuiers  et  pages. 

(Court.)  (i) 
Avec  ses  pages  qui  nobles  hommes  estoient. 

(LCPËVRE  DE  Saint-Rehv,  Charles  VI.)  (S) 

Il  y  a  eu  des  Ûefs  de  page,  qui  ont  pris  les  noms  de  pagerie 
ou  de  pagéaie.  Pagésie  procède  de  pagenaia  comme  pages, 
forme  provençale  de  page  :  la  pagéaie  était  ta  pagenaia  ou 
pagena  vilUt,  comme  le  pages  était  le  pagensis  ou  pagetius 
homo.  Pâgerie  vieot  d'une  forme  paguua,  qu'on  retrouve 
dans  le  vieux  français  pague  et  dans  son  diminutif  paguet  (3). 

La  Pagère  (Sar.),  la  Pagerie  (D.-S.,  I.-et-L.,  L.-Inf-, 
M.-et-L.,  Man.),  la  Pagégie  (*)  (Cor),  la  Pazégie  (5)  (Char., 
Dord), 

On  peut  voir  pagenaù  vtlla  dans  : 

Pages  (Aude,  Gard,  P.-O.,  Tarn,  T.-et-G.)- 

Cependant,  il  ne  faut  pas  oublier  que  dans  la  nomencla- 
ture territoriale,  le  titre  du  propriétaire  remplace  souvent 
celui  de  sa  terre  :  Pages  peut  aussi  provenir  de  pagesius. 

Enfin,  les  trois  noms  suivants  paraissent  se  rapporter  à 
pagajia  ou  &  paganut  : 

Payans  (B.-du-Rh.),  Payens  (A.-M.),  Payns  (Aube). 

Un  seul  nom  de  lieu  en  France  rappelle  la  forme  française 
primitive  de  senior,  seigneur,  sire,  qui  est  sendra  ou  sen- 
dre,  encore  y  est-elle  mal  orthographiée  : 

Le  Cendre  (P.-de-D.). 

On  la  trouve  dans  le  serment  de  Strasbourg  :  a  Et  karlus 
tneos  tendra...  > 

L'étymologie  de  aire  et  de  seigneur  est  restée  longtemps 
obscure.  On  tient  pour  établi  aujourd'hui  que  aire,  atténua- 


Il)  Dîna  DD  Cakcb,  Pafliut.  —  (T,  Dans  Lacurke  de  Saint-Pai.liIVB.  — 
W  EHe  a  donné  pagaria.  —  (4)  Forme  chuintée.  —  Ç>)  MéUlhèse  iù 

pogitie. 

12 


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—  176  - 
tïon  de  sendre,  est. le  sujet,  et  seigneur,  primitivement 
limeur,  le  régime.  Le  provençal  a  sire,  senhor,  senher, 
tenkdre  ;  le  catalan,  ienyor  ;  l'espagnol,  aenar  ;  le  portugais 
aenhor  ;  l'italien,  sii-e,  sere,  aignore  ;  le  français,  tire,  sieur 
leigneur.  On  trouve  souvent  cire  pour  sire  .■  comment  s'é- 
tonner de  lire  cendre  pour  sendre  f 

,   La  villania  était  un  groupe  de  villa  ou  de  viUani,  c'était 
donc  un  village.  Il  y  avait  aussi  le  villanugium. 

Villania  et  viUanagium  avaient  aussi  le  sens  de  tenure  de 
vilain  ou  serf  affranchi,  de  fief  tenu  à  cens  et  à  rente. 
Vtilttma  a  donn(i  :  le  provençal,  v(iifm?i(t,viil«</iia,  villayna; 
le  catalan,  vitlanya  ;  l'espagnol,  villona  ;  l'italien,  villagna  ; 
le  vieux  français,  villanie,  villaiiie,  vellainc,  vclaine. 

Villaniea  (L-et-L.,  S.-et-O.),  Villaines  (C.-d'Or,  May., 
Sar.),  la  Villaine  (Al.,  Gr.,  I.-et-L.,  Nié),  Villennes  (S.-et-O.), 
Vilaines  (Arden.,  Eure,  P.-de-D.,  Sar.,  S.-et-O.),  la  Vilaine 
(M.-et-L.),  Velaines  (Meur.  (1),  Meuse),  Velanes  (S.-et-O.), 
Velènes  (Oise,  Som.),  Viélaines  (Aube). 

Vingt  hameaux,  en  outre,  portent  le  nom  de  Villaines,  et 
quatre  celui  de  La  Villaine. 

ViUanus  a  donné  aussi  : 

Villanières  (Aude),  la  Villanière  (M.-et-L.,  Man  ),  Villa- 
niers  (Char.,  Vien.),  Villanicux  (Al  ). 

Ce  sont  des  Villanaria,  des  Villanarium  et  un  Villa- 
noialus. 

La  cananica  &}  était  une  prébende,  un  bénéfice  de  cha- 
noine, sorte  de  seigneurie  ecclésiastique. 

On  trouve  ;  dans  le  provençal,  canonge,  canorgu», 
canourgue  ;  dans  le  catalan,  canonge  ;  dans  l'espagnol,  cano- 
niga  ;  dans  l'italien,  canonica  ;  dans  le  vieux  français,  cha- 
noinie,  chenonie. 


(1)  Villania.  88*  (Vêlai  nes^n-Haie);  ViUania,  875  (Velaines-soua- 
Amance).  Duns  le  même  départe  ment,  Velaiiie-saus-VauJemaiit  est  déjf 
VUUnia  en  1105.   -  (3)  Saus-entendu  villa. 


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-  171  — 

La  Canonge  (Loz.),  la  Canourgue  (Hér-,  Loty  Loz.  (1)), 
Chenonceaux  (2)  (l.-et-L.). 

Un  synonyme,  eanonicatua,  a  été  rendu  par  : 

Chanonats  (P.-de-D.)- 

Le  mot  capellania,  chapellenie,  a  été  traduit  d'abord  par 
châpelaine.  La  chapellenie  était  un  bénéfice  de  chapelain  : 

La  Châpelaine  (Mar.)- 

Cura,  bénéfice  de  curé,  a  été  traduit  :  en  espagnol,  en  ita- 
lien et  en  provençal,  par  cura;  en  vieux  français  par  cœre, 
cœur,  cure  : 

Cœres  (S.-et-L.),  Cœurs  (Nié.,  P.-de-D.,  Cures  (Sar., 
Yen.),  !a  Cure  (Cher,  Jura)  ; 

Curières  [Av.,  Is.,  Loz.); 

Curelandes  (Av.),  Guremontes  (Cor.). 

On  trouve  le  titre  du  bénéficiaire  dans  : 

Curé  (Ch.-Inf.). 

Les  fiefs  épiscopaux  avaient  souvent  pour  nom  ou  pour 
surnom  le  titre  du  titulaire. 

Epiicopwt,  évéque,  â  été  rendu  :  en  provençal,  par 
évesque,  aveaque,  vegqtie,  bitbe;  en  catalan,  par  bisbe;  en 
espagnol,  par  obiapo;  en  portugais,  par  hûpo  ;  en  italien, 
par  vescovo;  en  vieus  français,, par  évesque,  veaque,  évecque, 
vecque.  On  voit  que  beaucoup  de  ces  formes  ont  été  pro- 
duites par  divers  accidents,  parmi  lesquels  l'aphérèse  do- 
mine : 

L'Evêque  (A.-M.,  Aude,  Hte-G.),  les  Evoques  (Hle-Sav.), 
Biscop  (Nd),  Piscop  (S.-et-O.),  Piscou  (L.-et-G.),  le  Vesque 
(Orne),  les  Vesques  (Eure)  ; 

Evesquemont  (S.-et-O.),  Evesqueville  (Ca\.),  Vecquemont 
(Som.j,  Vecqueville  (Hte-M,  (3),  Meur.),  Vesqueville  (Cal.)j 

La  Ville-l'Evèque  (E.-et-L.). 

On  trouve  episcopatui  dans  : 


(1)  Canontea,  1060.  —  (3)  Canonici  ou  eanoniea  eetla.  —  (3)  Epi*- 
eopi  villa,  vu*  siècle. 


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-472- 

Vescorato  (Corse). 

Pre^tyteria,  bien  de  prêtre,  a  été  reodu  généralement  par 
proverie  ou  prûuveriB,  preverie,  previère,  qui  procèdent  du 
régime  singulier  provoire,  preooire,  preveire,  de  la  pre- 
mière forme  française  de  pi*e3E>!/(er,  prêtre.  Une  autre  forme, 
prestière,  provient  de  son  sujet  ou  nominatif  prertre, 
prette. 

La  Prouverie  (I.-et-V.),  la  Preverio  (I.-et-V.,  May.,  Sar.), 
Premières  (Cher,  Hte-Sav.),  la  Previère  (M.-et-L.),  la  Pre- 
tîère  (Doubs)  ; 

Preabytet  a  donné  :  preire,  preveire,  prestre  au  proven- 
çal ;  preste,  prebere  au  catalan  ;  preste  à  l'espagnol  ;  prête  & 
l'italien  ;  provoire,  pruvoire,  proveire,  preveire,  preitre, 
preste. 

Le  composé  Proverville  (Aube|;*5,  Loiret)  vient  dte  pro~ 
veire  ;  le  composé  Prëlreville  (Cal.)  deprestre. 

3°  Défense 

Des  anciens  lieux  de  défense,  dont  les  noms  ont  persisté 
sous  une  forme  néo-latine,  quelques-uns  remontent  aux 
Gaulois  ;  d'autres,  en  plus  grand  nombre,  sont  de  fondation 
romaine  ou  gallo-romaine  ;  d'autres  enfin  sont  d'origine 
féodale  ou  barbare. 

Parmi  les  premiers,  nous  comptons  :  l'arca  ou  arcian,  le 
bùrrum,  la  hrigit,  le  duntim,  le  dwvm  oudurus,  le  ratum, 

Area,  areum  est  une  métattièse  d'acra,  aerum,  château- 
fort,  citadelle,  littéralement  extrémité,  sommet.  Le  mot, 
â*ongine  grecque  (aéra,  acron),  a  probablement  donné  nais- 
sance  au  latin  arx.  Il  a  été  rendu  en  vieux  français,  soit 
par  arc,  arque,  soit  par  arg,  erg,  org. 

Arc  (Doubs,  C.-d'Or,  Hte-M.,  Hte-S.),  Arques  (Aude,  Av., 
P.-de-G.,  L.-Inf.|,  l'Arche  (B.-A.)  ; 

(1)  Pretbyteri  villa,  1159. 


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-  1Ï3- 

A^tol  (FiB.\  Argeule  (Soti).).  Axguel  (Doubs,  Son).)>  ËT- 
guel  (Suis.),  Orgueil  (T.-et-G.,  L.-Inf.),  Orgelet  (Jura), 
Orgon  (B.-du<Rh.),  Argoeuve  UJ  (Som.),  Arquève  (Som.). 

Le  barrutn  gaulois  était  une  enceinte  de  barres,  de  bois 
ou  de  poutres. 

Barrum  vient  du  kymrï  bar,  branche,  qui  a  donné  le  bas 
latin  barrum;  le  provengal,  l'espagnol  et  l'italien,  barre; 
l'angkis,  bar  ;  l'allemand,  barr  :  le  vieux  français,  bar,  baré, 
barre. 

Bar  (Aube  (2),  Arden.,  Cor.,  C.-d'Or,  MeasetS)),  Barr  (B.- 
Rh.),Barron(Gardj; 

Barrouse  (I.-et-L.),  le  Barrouse  (Vau.)  ; 

Barrécourt  (Arden.),  Barrine  W  (Meur.j. 

Brica  ou  briga  est  un  mot  d'origine  gauloise  qui  signi- 
fiait forteresse  et  d'où  proviennent  :  le  bas  laUo,  le  pro- 
vençal, l'espagnol  et  l'italien,  briga  ;  l'alleioand,  ^>^t  9t 
le  vieux  français,  brigy  brigue. 

La  Briche  (I.-et-L.  (5),  Seine],  Brigue  (Suis.),  Brigel 
(Suis.),  Brigueil  (Char.,  Vien.  &)). 

Généralement  fond»  avec  un  déterminatif,  briga  a  disparu 
ou  a  été  rendu  de  diverses  façons.  Dans  les  composés  fraa- 
çais,  tous  inversi&,  i)  est  représenté  par  la  finale  bre  dass 
le  Midi  et  vre  dans  le  Nord. 

Amage  l')  (Hte-S.),  Beneuvre  (8)  (C^'Or),  Bonnœuvre  (») 
(L.-Inf.),Boppart<lO)  (Prov.  rh.),  Camhridgel"!  (Angl),  Coo- 
iobres  (12)  (Hér.),  Couleuvres  (AI.),  Couloubres  (Jura),  Coû- 
touvres  (Loire),  Deoèvres(i3)  (Hte-S.),Denœuvres(l*)(Meur.), 
Escaudœuvres  (15)  (Nd),  Lagos  (1^1  (Port.),  Mœuvres  (Nd), 

(1)  ArccB  hova.  —  (S)  Barrum,  1061  ;  Casirvm  Barri  monti*.  1065, 
Bar-sur-Aube;  £am< m,  889  et  lOOÏ,  Bar-surfine.  —  (3)  Barruw%,  in 
Greg.  Tur.;  Barri  villa  ad  Ornant,  932,  Bar-aur-Ornain  ou  Bar-le-Duc. 
—  {4]  Barricinium,  870.  —  (5)  Brica,  in  Greg.  Tur.  —  (6)  Brigolium, 
1185.  —  (7)  Amagelobriga,  dans  César.  —  (8)  Bonnobriga.  —  (9}  Id.  — 
(10)  Bodobriga,  dans  VIlin.  Anton.  —  (11)  Canlebriga.  —  (13)  CaMiri- 
ee»,  881.  -  (13)  Oanobriga.  -  (14)  Id.  -  (15)  Seaid«bnga.  -  [16)  La- 
gobriga. 


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—  174  - 

Moyeuvres  (Mos.),  Sœuvres  (^) (Yon.),  Suèvres  (*)  (L.-et-Ch.X 
Soulièvres  (D.-S.)>  Ségorbes  &)  (Esp.),  Saubrigues  (Lan.), 
Vallabrègues  (Hér.),  Vandœuvres  (Indre,  Meur-,  Suis), 
Vendeuvres  (Aube  (*),  Cal.,VJen.  (5),  Vérobres  («)  (S.-et-L.i, 
Vèzenobres  (Gard),  Vinsobres  (Drô.),  Volèbres  (S,-et-L.)- 

Duna,  dunum,  forteresse  assise  sur  une  hauteur,  hauteur 
propice  à  la  défense  ;  vient  peut-être  du  grec  dune,  force. 
Il  a  été  donné  longtemps  pour  un  mot  d'origine  celtique,  el, 
de  fait,  on  trouve  dvn  avec  le  sens  de  colline  ou  de  tertre 
dans  le  kymri,  le  gaélique  et  le  bas  breton  ;  mais  oTunum 
est  déjà  dans  le  latin.  Les  Espagnols  et  les  Italiens  ont  duna, 
colline,  et  les  Français  dune,  monticule  de  sable  au  bord  de 
la  mer.  Dunum  s'est  conservé  dans  le  nom  topique  dun, 
dan. 

Dun  (Ar.,  Cher,  Cr-,  E.-et-L,  Indre,  Meuse,  Nié.,  S.-el- 
L.,  T.-et-G.),  Dunes  (T.-et-G.)  ; 

Duneau  (Sar.),  Dunet  (Indre),  Dunière  (Hte-L.). 

En  composition,  dunum  a  subi  fréquemment  la  syn- 
cope. 

Ahun  (7)  (Cr.),  Aiglun  (»)  (B.-A.,  Var),  Ardin  t9j  (U.-S.), 
Ardon  llO)  (Jura,  Loiret),  Arthun  (H)  (Loire),  Arthon  (iî) 
(I.-et-L-,  L.-Inf.),  Averdon  (L.-et-Ch.),  Beaudun  (i3)  |B.- 
A.),  Bezalu'  (t*)  (Esp,),  Bezaudun  (15)  (Drô.,  Var),  Bran- 
cion  06)  (S.-et-L.),  Bredon  (Can.),  Brion  ttVj  (Yon.),  Ca- 
douin  (Bord.),  Caden  (Prov.  rh.),  Cervon  {m  (Nié.),  Cha- 
lon  (19)  (S.-et-L.),  Chambion  (»)  (Hte-G.),  Chiteldon  («. 
(P.-de-D.),  Châteuudun  (î2)  (E.-et-L.),  Collondon  (Jura),  Con- 
dun     (Oise),    Courcot    (Char.),    Courson   (Cal.,    S.-et-M., 


(t)  Sodobrûja.  —  (S)  Id.  —  (3)  Sogobriga.   —  (4)   Vindobriga,  66t. 

—  (5)  Id.,  988.—  (6)  Verobriga,  au  IX*  siétle.—  (7)  Acitodunum;  Agi- 
dunum,  997.  —  (8)  Aquitodunutn.  —  (9)  Aredunum.  —  (iO)  Id.  — 
lll)  Artodunum.  -  (12)  Id.  -  (13)  lle-aldunum,  en  TJ9.  -  (lij  iii.,en 
10U*-5.  —  llbl  Id.,  tn  739.  -  (IG)  Brancidunum  9U0.  —  (17)  flrWon,  au 
IX'  siéale.  -  ^18)  Cervidunuin,  SSa,  —  (19)  Cabillodunam,  in  Nol.  dign- 

-  (20)  Cambidunum.  —  (2ij  Coatellodunum,  573.  —  {2Î)  Id. 


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—  175  - 
Ton.  (1)),  Craon  (May.  (2),  Vien.),  Craonne  (3)  [Aisne),  Créon 
[Gir.,  Lan.),  Chandon  (B.-A.,  E.-et.L.I,  Chaudun  (Aisne, 
Htes-A.),  Dunkerque  (Nd),  Embrun  1*1  (Htes-A.),  Epron 
(Cal.),  Essoudun  (5)  [D.-S.),  Evran  (C.-du-Nd),  Evron  (May.), 
Evrune  (Ven.),  Gavaudun  |6)  (L.-et-G.),  Hostun  0)  (Drô.), 
Issoudun  (S)  ([ndre),  Jandun  (Arden.),  Kampten  l9)  (Prov. 
rh.],  Laudun  liO)  (Gard),  Liverdunt»)  (Meur.),Livron  (Drô.), 
Uon  (12)  (Aisne),  Lyon  (Rh.),  Leyden  («|  (HoL),  Loudun  (") 
Vien.),  Marçon  (15)  (Mar.),  Heiiun  (lOj  (Cher),  Melun  ("t  (S.- 
et-M.),  Moironi«)  (Jura),  Moudon  (19)  (Suis.),  MussidantaO) 
(Dord.),  Nyon  (21)  (Suis.],  Oron  (23)  (Suis.),  Quevillon  (23)  (S.- 
Inf.),  Rabon  (Illes-A.)-  Hion  [Gir.),  Roquedun  (2t)  (Gard), 
Saverdun  (25)  (Ar.),  Sion  CWj  (Suis.),  Soudun  (Vien.),  Suin  (37) 
(S.-et-L),  Tourdan  (28)  (Is.),  Tourdun  (Gers),  Ussolud  (29) 
(Lot),  Usson  (30)  (Vien.),  Verdon  (M)  (Dord.,  Mar),  Verdun  (m 
(Ar.,  Aude,  Meuse,  S.-et-L.,  T.-et-G.),  Vivonne  (33)  (Vion.), 
Vesdun  (Cher),  Yverdon  .3i)(SQis.). 

Quelques  noms  en  dunum  ont  entièrement  disparu  de  la 
nomenclature.  Ainsi  Andomatodunum,  qui  est  devenu  Lan- 
gres  (Hte-M.)  ;  Coeaarodunum,  Tours  (L-et-L.)  ;  Lugdunum 
Convenayum,  St-Berlrand-de-Comminges  \Hte-G.)  ;  Veilau- 
nodunum,  qu'on  croit  être  Château-Landon  (S,-et-M.). 


(1)  Cureedonut,  vi<  siècle.  —  |3j  Cregadunenia  condild,  8(H.  — 
(3)  Cregailona,  806.  —  (i)  Eburodunum.  Itinéraires  et  la  Table  tkéo- 
doa.  —  (5)  E-ioïdunwn.  —  (6)  Gabalodunum.  —  (7j  Atiguslodunwn, 
1338.  —  (8)  Exolditnum.  —  (D)  Campidunum.  732.  —  [W,  Laudunum, 
1G68.  —  (11)  Liberodunum,  81)1.  -  (12)  Lugdunum  Clavattim.  — 
(13)  Lugdnnum  Batavorum.  —  (14|  Vicaria  Lugdunen:,ia,  Uai.  — 
(15)  itareedonum,  en  m\.  —  (IC)  Magdwnum,  in  Greg.  Tur.  -  (17)  Mel- 
ladunum,  dans  Cvsar.  -~  (18)  Ueiodunum.  —  (lUj  Minnùdunum,  dans 
rilin.  AnI.  —  (20j  liulctdonum ,  K».  —  (31)  Noriodunttm ,  àana  Céeat. 
—  [^)Àurodunum;  Auronmn,  52*2  —  (2:t)  Cabelliodunum.  —  (li)  ito- 
eodunum,  ilSS.  —  ;'2r>)  Severodunum.  —  i2(i)  Sedunum.  —  (27}  Id.  — 
(2«)  Turedunum,  dans  ritiri.  Aat,  —  iSOj  UTellodanutn.  —  f*)  Iciodu- 
num;  Vicaria  Icionenaii,  <Ji;i.  —  (^tl)  VJroi/uniltn.  —  |32)  Id.  — 
(,13)  Vicavadonum ,  Vicavedoiiense  [condUà),  8D7;  Vicaria  Vicavedo' 
nemis,  888  et  K>^.  —  (3i)  Ebutvdunum. 


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—  476  ^ 

Juaqu'k  ces  deroiar»  temps,  dwrum,  dwui,  coDfooihr 
avec  dubritK»,  dfivrum,  qui  signifie  eau,  cours  d'eau,  était 
traduit  par  rivière,  par  vallée,  tandis  qu'il  a  désigné,  en  réa- 
lité, une  variété  de  forteresse  gauloise,  oli  l'eau  n'était  qu'un 
des  éléments  de  la  défense. 

Les  durum,  duru»,  dorum  sont  assez  répandus  en  France 
et  dans  les  pays  gallo-romains  voisins. 

Dore  (P.-de-D.)  ; 

Duran  (Gers),  Duras  (L.-et-G.),  Dureil  (Sar.),  Dreuil  (Ar., 
Som.),  Durette  <Rh.).  Durol  iNiè.)  ; 

Duravel  (Lot),  Durban  (Ar.,  Aude,  Gers,  Lot),  Durcet 
(Orne),  Durdat  (AL),  Durfort  (Gard,  Tarn,  T.-et-G.f,  Dur- 
magenW(Prov.  rh.),  Durmignat  (P.-de-D),  Dursthal  (B.- 
Bh.),  Durtal  (M.-et-L.),  Durtol  (P.-de-D.),  Droménil  (Som.), 
Dnicat  (2)  (Som.),  Duclair  (3)  (S.-Inf.). 

Dans  les  composés  par  inversion  durum,  durus  a  géné- 
ralement subi  la  syncope  du  d,  et  urum,  urus  s'est  trans- 
formé en  er,  oir,  or,  eur,  ur,  uir  et  même  ar. 

Anglure  (4)  (Mar.),  Auxerre  (6)  (Yen.),  Avaleur  (B)  (Aube), 
Ballore  0)  (S.-et-L.),  Beure  (Doubs),  Briare  (8)  (Loiret),  Bri- 
doire  (Dord.),  Brieulles  (9)  (Meuse),  C^mbieure  (Aude),  C^- 
loire  (Loire),  Caluire  (Rh.),  Eurre  (Drô.),  Issoire  ('0)  (P.-de- 
D.),  Iseure  («)  (I.-et-L.),  Izemore  (12)  (Ain),  Izeure  (13)  (Al), 
Jeurre  (Jura),  JouarreC*)  (S.-et-M.),  Mandeuret'S)  (Doubs), 
Mineure  (C.-d'Or),  Morre  («î)  (Doubs),  Nanterre  (")  (S.-et-O.), 
Pleure  (Jura),  Pleurs  (Mar.),  Simorre  ((ïers),  Soleure  (18) 
(Suis.),  Talloires  (Hte-Sav.),  Taloires  (B.-A.),  Tannerre 
{Yon.),Thodure(Is.),  Tonnerre  (l9)(Yon.),Vaussor  (90)  (Belg.). 

(1)  Duromaguê.  —  (S)  Dnrotaplum.  —  (3)  Duroelarvm.—  (4)  Angb>- 
dura,  1117.  -  <5)  ÂutUiodurum,  634.  —  {6)  AbaHodurui.  —  (7)  Bala- 
Murum.  —  (8)  Brivodurum.  —  (9)  Briûdumm,  m  9U  et  1M9.  ~ 
(10)  Jciodurum,  in  Greg.  Tur.  —  (1 1)  Id  ,  id.  —  (13]  Isernodurum,  ix'  s. 
—  (13)  leiodurum,  in  Greg.  Tur.  —  (141  Jotrvm,  (SB.  —  (15)  Epo- 
manduodtirum,  daos  IliD.  Ant.  —  (16)  ilajodurum,  1049.  —  (17)  Nemê- 
todurum,  in  Greg.  Tnr.  —  (18)  Sohdurum,  in  Tab.  ITUod.  —  (19)  Tor- 
nodtmun,  in  Greg.  Tur.  —  (90)  Tateùidorum. 


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—  m  - 

AuguBtodurum  W  a  été  le  nom  de  Bayeux  (Cal.)  ;  Batavo- 
durum  (*),  celui  de  Bois-le-Duc  (Hol.)  ;  Boiodurum  i^),  celui 
de  Saint  Oswatd  (Bav.)  ;  Divodurum  W,  celui  de  Metz  (Mos.)  ; 
Marcodurvm^^),  celui  de  Diîrea  (Prov.  rh.} ,  Octodurum  (8), 
celui  de  Zamora<E5p.)  ;  Oclodurusf?),  celui  de  Saint-Uau- 
rice  (Suis.).  Enfin  Chàlons  (Mar.)  s'est  appelé  Durocatalau- 
Tiiim,  et  Reims  Durocortorum  (8), 

On  trouve  encore  durum,  durus:  dans  Zhiregum,  Zurich 
(Suis.)  ;  dans  Ihtrobrivis  (9),  Rochester  (Angl.)  ;  dans  Duro- 
caatrtim  (lû),  Dorchester  (Angl  )  ;  dans  Duroroitorwn  ii^>  ou 
DortntenfTy  Silistrie  (Bulg.)  ;  dans  Durovernum  W,  Canter- 
bury(AngI.). 

1^  ratum  des  Gaulois  était  une  place  fortiflce  par  une 
levée  de  terre,  un  grand  camp  retranché.  Tel  était  Argent»- 
ratum  (13),  l'ancienne  Strasbourg.  D'autres  Ârgentoratum 
sont  les  deux  Argentré,  celui  de  l'Ille-et- Vilaine  et  celui  de 
la  Mayenne. 

Les  lieux  de  défense  de  fondation  romaine  ou  gallo- 
romaine  étaient  :  l'tenlivalis  ou  teativale,  Vazylui,  le  caa- 
trum,  la  cuatodia,  la  firmitaa,  la  forlia,  le  forte,  la  fortalilia, 
la  foua  et  le  fo3s»m,  la  legio,  le  murui,  l'oppidum,  les  pâli, 
le  palitium,  le  «ecurum,  la  tutela,  le  vallum,  la  vigiliu. 

L'aetlivatis  (laltva)  ou  aealivitle  (castrum)  était  le  camp 
d'été  d'une  ou  de  plusieurs  légions  romaines.  On  disait  aussi 
aeitiva  eagtra  par  opposition  aux  ttativa  castra,  camps  per- 
manents. 

Aeativalis,  aettivale  est  devenu  eitival  en  provençal,  en 
espagnol  et  en  français  ;  estivale  en  italien.  Le  vieux  fran- 
çais est  allé  jusqu'à  étival. 

Etival  (Jura,  Sar.,  Vos.),  Estival  (Cor.),  Estivaux  (iv  (Cor.), 
Estibaux  (Lan.),  Etivaull  'IW  (Vien.). 


(!■  Cœs.  —  (2)  Tac.  -  (3;  Ingtr.  -  (♦)  Tac.  -  (6)  W.  —  (6)  Cœs.  - 
-  0)  Id.  -  (8j  1.1.  —  {S,  Itin.  Anl.  —  (10)  Id.  -  (11)  Not.  proT.  — 
(13)  Itin.  Anl.  —  {iSi  Id.  —  (1*1  Mttivali».  —  (K)  Eëtwaie,  ix'  Nèck. 


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-178- 

Vaaile  OU  asyle,  du  grec  azyloa,  bien  qu'on  ne  viole  pas, 
était  un  refuge  pourvu  de  moyens  de  défense. 

Azile  (1)  (Aude),  le  Mas-d'Azil  (2)  (Ar.). 

Ce  dernier  a  joué  un  grand  rôle  pendant  les  guerres  de 
religion  ;  son  asile  était  une  caverne  fortifiée  à  double 
issue. 

Caatrnm,  après  avoir  signifié  camp,  lorsqu'on  l'employait 
au  pluriel  (cattra),  a  pris,  au  singulier,  le  sens  de  fort,  de 
place  forte.  On  le  trouve  déjà  avec  cette  acception  dans  Cor- 
nélius Nepos.  Son  diminutif  caitellum  est  déjà  employé  au 
temps  de  Cicèron  :  on  le  trouve  dans  Sisenna,  dans  Tite 
Live,  dans  César,  dans  Vitruve,  et,  plus  tard,  dans  Virgile, 
Pline,  Quinte  Curcc,  Végèce.  Castellio,  cattellare  et  castel- 
larium,  castelluacutn  appartiennent  à  la  moyenne  latinité. 
Castellare  et  casletluscum  sont  devenus  caalare  et  coalu- 
cum  dans  le  midi  de  la  Gaule. 

Castrum  a  été  traduit  :  en  provençal,  par  castre  ;  en 
espagnol  et  en  italien,  par  casiro  ;  en  vieux  français,  par 
cailre,  c/iaitre.  Le  pluriel  castra,  devenu  un  nominatif  sin- 
gulierde  la  première  déclinaison  latine,  adonné  le  proven- 
çal caslera,  et  le  vieux  français  chaetre  au  féminin. 

Caestres  (Ndj,  Castres  (Aisne,  Gir.,  Tarn),  Châtres  (Aube, 
Dord.,  Indre,  L.-et-Gh.,  May.,  S.-et-M.),  la  Châtre  (Indre), 
Castries  (3)  (Hér.)  W. 

Castera  (B.-P.,  Gers,  Htes-P.,  Hte-Gar.,  T.-et-G.),  Cas- 
teras  (Ar.),  Casterel  (Htes-P.). 

Il  y  a  dans  le  Gers  un  Casteron  qui  vient  directement  de 
castrum. 

Caslellum  est  devenu:  le  provençal,  casfeift,  ctwicii  ;  le 
catalan,  caaleli,  l'espagnol,  castiito  ;  le  vieux  français,  cas- 


(1)  Asilianum,  K78.  —  i2)  Aailiensui  {villa),  v.  817  —  (3,  Ct 
822.  —  (il  11  ï  avait  dans  rile-de- France  iin  Châtres,  qui  es!  devc 
pajon  (S.-et-O.)  depuis  son  érection  en  mnrquisut,  eu  1730,  |iour 
miJI«  originaire  d*Arpiijon  dans  la  Haule-Auvcrgne. 


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-  179  - 
teaxt,  ehtttteau,  caatel,  chastel  ;  l'allemand  et  le  flamand, 
eassel. 

Cassel  (Belg.,  Nd,  Prov.  rh.),  Casteilh  (P.-O.),  Castel 
(Dord.Gers,  Som),  le  Cftleau  (Ndl.  Chasteau  (Cor.),  Chas- 
tel (Can.,  Hle-L.),  Château  (S.-et-L  ),  Chatel  (Arden),  Chas- 
teaux  (Cor.),  Chastel  (Can.,  Dro.,  Hte-L.),  Le  Câtelet  (Aisne), 
le  Châtelet  (Arden.,  Cher,  C.-d'Or,  Doubs,  S.-et-M.),  les 
Chaielets  (E.-et-L),  le  Châletey  (Jura)  ; 

Castelhajac  (Htes-P.),  Caslelbia(;ue  (Hte-G.),  Caslelbon 
(B.-P.),  Castelculier  (L.-et-C).  Caslelferrus  (T.-ot-G),  Cas- 
telfranc  (Lot),  Castelpaillard  (L.-et-G.),  Cistelginesl  (L -et- 
G.),  Caaleljaloux  (l)  (L.-et-G.),  CasteJjauU  (Ardèche),  Cas- 
tclmairan  |T.-et-G.),  Castelinary  (Av.),  Castelmoron  (Gir., 
L.-et-G  ),  Casteinau  &i  (Ar.,  Aude.  Av.,  B.-P.,  Dord.,  Gard, 
Gers,  Gir.,  Hle-G.,  Htes-P.,  Hér.,  Lot,  L.-et  G.,  Tarn),  Cas- 
telnaudary  (3)  (Aude),  Casteinavet  I*)  (Gers),  Castelner  (5) 
(B.-P.,  Lan.)  Castelnnu  (6)  (P.-O.),  Clastelreng  (Aude),  Os- 
telsagrat  0>  (T.-et-G.),  Castelsarrazin  (8)  (Lan.,  T.-et-G.), 
Castelvieil  ou  vieille  ;Gir.,  Htes-P.)  ; 

Châ'.eauarnoux  (B.-A,),  Châleaubernard  (Is  I,  Château- 
bréhain  (Meur.),  Chateaubriand  (L.-Inf.),  Ch-lleauchalon  (9) 
(Jura),  Cliûieauchervix  (Hle-V.),  Chateauchinon  (Nié.),  Châ- 
teaudun  (lO)  (E.-et-L.),  Châleaugaillard  (Ain,  E.-et-L.),  Châ- 
teaugarnier  (ii)  (Vien.),  Châteaugay  (P.-de-D.),  Châteaugon- 
tier  (May.),  Chàteauguibert  (Ven  ),  Chûleaulambert  (Hte-S.), 
Châteaularcher  (12)  (Vien.),  Châteaulin  (Fin),  Chdleaumeil- 
lani  (13)  (Cher),  Châteauporcien  (Arden.),  Châteauredon 
(B.-A.),  Chdteauregnaiilt  (Arden),  Chûteaurenai-d  (B.-du- 
Bh.,  Loiret),  Chdleaurenaud  (S.-et-L.),  Châteaurouge  (Mos.), 

(1)  Cailelliim  Vatuialorum;  Caalello  Wandelon,  su  i*  siècle.— 
(3)  CastvHum  noriiin.  —  (3,  CaHeUiim  noeum  Arianorum.  —  (t]  Pelit 
Cisleluaii.  —  l'-n  Castellum  ittgnon.  —  ((îj  Castellum  nouMm.  — 
|7)  CanleUum  nucratum.  —  (8j  L'um'it-n  Soslomogus.  —  iHi  Ca^lellum 
Camoni»,  t^.  -~  (10)  Caulrodwnxim,  587.  ~  (11}  Caatuliain  Garneni, 
lOUG.  —  (13)  CaiteUum  Acardi,  077.  -  [13)  UedioUmum,  in  Tab.  Th. 


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—  480- 
Gbâteauroux  li)  (Indre),  Châteutsalins  (Meur.X  Cbàteauthié- 
baud  (L.-Inf.),  Châteauthierry  C*)  (Aisne),  Chateauverdun  (3) 
(Arden  ),  Ch&teauvUlaia  (Ute-M.,  U.,  Jura),  Châteauvert 
(Var),  Châteauvieux  (Doute,  Hles-A..,  L.-et-Ch.,  Var),  Chft- 
teauvoué  (Meur.)  ; 

Chateauneuf  (B.-A.,  B.-du-Rh.,  Char.,  Cher,  C.-d'Or,  E.- 
et-L.,  Fin.,  Htes-A-,  Hte-V.,  I.-et-V.,  Loire,  L.-et-Ch., 
Loz.,  Loiret,  M.-et-L.,  Nié.  (*),  P.-de-D.,  S.-et-L.,  Var, 
Vau.,  Ven.); 

Oh&telaillon  (Ch.-Inf.),  Châtelarnaud  (Dro.),  Châtelandren 
(C.-du-Nd),  Châteiblanc  [Doubs),  Châlelcensoir  (5)  (Yon.), 
Cbâtelchéhéry  (Ard.),  Châteldeneuvre  (Al.),  Châteldon  (AI.), 
Châtelguyon  (P.-de-D.),  Cbitelgérard  (Yon.),  Châtelle- 
rautt  (6)(Vien.),  Châtelmontagne  (Al.),  ChÂLelnioroa  (S.-el- 
L.),  ChÂtelneuf  (Jura,  Loire),  Cbâtelperroa  (Al.),  Cb&tel- 
raould  (Mar.)  ; 

Beaucbastel  <Ardècbe),  Belcastel  (Aude,  Av.,  Tarn),  En- 
tracasleaui  (Var),  Francaste)  (Oise),  Grandchâtel  (Jura), 
Marchastel  (Can.,  Loz.).  Neuchâlei  (Doubs  Cl,  Suis.),  Neuf- 
château  (Vos.),  Neufcbâtel  (Aisne,  P.-de-C.,  Sar.,  S.-Inf.}, 
Pierrechétel  (Is.),  Pléchâtel  (L-et-V.),  Pontchâleau  (L.-inf.), 
THohaiel  (C.-d'Or>,  Virechâtel  (Ain,  Jura). 

Le  cattellio  était,  comme  le  cattellum,  uo  diminutif  du 
cattrum.  Cattellio  est  devenu  cattillott  en  provençal  ;  cas- 
teîlon  en  eîtpagnol  ;  caitillone  en  italien,  et  cattillan,  câtil- 
lon,  choBtilton,  Chàtillon  en  vieux  français. 

Castillon  (A.-M-,  Ar.,  B.-A.,  B.-P.,  Cal.,  Gard,  Gers,  Hte- 
G.,  Htes-P.),  Câtillon  (Nd,  Oise),  Chàtillon  (Ain,  Al.,  Aisne, 
Arden  ,  G.-d'Or,  D.-S  ,  Doubs,  Drû.,  E.-et-L.,  Htes-A.,  Hte- 


(1)  C.  BiodutplU,  1154,  —  Ci)  Cattrum  et  caitellum  Tluodoriei,  933. 

—  (3)  Virodunum.—  (4|  Sariacua,  vers 600  :  Chât«auneur-Val-de-Barg(s. 

—  (5)  CoMlrum  cennwîum,  vu*  siècle.—  (6)  CailMltim  Araldi,  vers 
10S3.  —  (7]  Par  opposition  à  Châlel,  Sanela  Maria  tn  Castro,  lOtO  et 
1143;  Castrum  Sanela  Marite,  1136.  La  plus anùenneroenlioii de  Mwum 
Catlrum  est  de  1140. 


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—  18i  - 

S.,  I.-et-V.,  Indre,  Jura,  Loiret,  L.-et-Ch.,  Mar.,  Meuse, 
May.,  Nié.,  Rh  ,  Vien.,  Vos.)  ; 

Castillonës (1;  [L.-et-G.),  Châtoillenot  [Hte-M.). 

Le  nom  de  cattellio  &  été  souvent  donné  à  des  lieux  qui 
n'ont  jamais  présenté  de  constructions  militaires,  mais  dont 
la  position  paraissait  favorable  à  la  défense.  Tout  au  con- 
traire, on  a  attribué  ceux  de  ctutellare,  casteltorium  ou  de 
eaateîluieum  à  des  endroits  qui  présentaient  des  vestiges 
d'anciennes  habitations  ou  de  travaux  de  défense. 

Caatellare,  caslellarium  se  retrouve  dans  le  provençal 
cattellar,  l'espagnol  caatelar,  l'italien  catlellare,  et  le  vieux 
français  chaitelar,  chaitellier,  chàtelier,  eaBtelier. 

Une  syncope  de  caitelîare,  cailare  a  donné  caj/lor  dans  le 
midi  de  la  France,  et  chaylar,  chalar  dans  le  nord. 

Castellar  (A.-M.),  le  Castellard  (B.-A.),  Castellare  (Corse), 
Châtelard  (B.-A.,  Cr.,  Suis.);  le  Chitelard  (Hte-S.),  le  Caylar 
(Gard  (2),  Bér.  (3)),  le  Giialard  (Hte-V.),  le  Chàtelier  (Mar.), 
Châtellier  (E.-et-L.,  L-et-V.,  Yen.),  le  Ghâtellier  (Mar., 
Orne); 

Le  Cfltelier  (S.-Inf.). 

Cattelluscum  est  devenu  casteltui  dans  le  midi  de  la 
France,  et  chaitellux,  chasteltita  dans  le  nord.  L'espagnol 
a  eattelluz  et  l'italien  castellu$eio. 

Ca$telluieum  a  été  syncopé  comme  castellare  et  a  donné 
caylut  et  chalu$. 

Chastellux  (♦)  (Yon.),  Châlelus  (Al.,  Cr.,  Is.,  Loire),  Cay- 
lus  (Tarn),  Chalns  (Hte-Y.,  P.-de-D.). 

On  attribue  à  custodia,  garde,  sentinelle,  les  deux  noms 
suivants  : 

Coustouges  (Aude,  P.-O.  (S)), 

lAfirmitaa  était  une  petite  forteresse  destinée  à  défendre 


(1)  CttttellioMnii»  villa.  —  (S)  Cttilellare,  1«8.  —  (3)  Caular,  lODS. 

—  {*)  (hi  a  refail,  sur  )a  français  Caëlrum  Lvàum,  iju'on  trouve  en  1180. 

—  (S)  Ou  Caiioja. 


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-  18ï  - 
un  passage  importaDt,  celui  d'une  rivière  ou  d'un  col  de 
montagne. 

La  Fermeté  (')  (Nié.)  est  la  seule  firmitm  dont  le  nom 
n'ait  pas  été  syncopé  &)  ;  les  noms  de  toutes  les  autres 
sont  devenus  ferlé. 

La  Ferté  des  Ardennes  et  celle  du  Jura  n'ont  pas  de  sur- 
noms \  toutes  les  autres  sont  pourvues  de  déterminatifs. 

La  Ferté-Alais  ou  Aleps,  petite  ville  sur  l'Essonne,  dans 
Seine-et-Oise,  est  une  localité  très  ancienne.  La  Ferté- 
Beauharnais,  dans  le  Loir-et-Cher,  est  sur  le  Beuvron  ;  la 
Ferté-Bernard,  dans  la  Sarthe,  sur  l'Huisne,  qui  coule  encore 
dans  ses  fossés,  au  pied  de  murs  encore  respectables  ;  la 
Ferté-Fresnel,  dans  l'Orne,  sur  la  rive  gauche  de  la  Cha- 
rentonne  ;  la  Ferté-Gaucher,  dans  Seine-et-Marne,  sur  le 
Grand-Morin  ;  la  Ferté-IIauterive,  dans  l'Allier,  sur  l'Allier  ; 
la  Ferté-Imbaud,  dite  aussi  la  Selle-Saint-Denis,  dans  Loir- 
et-Cher;  la  Ferté- Langeron,  dans  la  Nièvre,  autrefois  la 
Ferté-Chauldron.  du  nom  de  ses  premiers  seigneurs  {^),  sur 
l'Allier;  la  Ferté-Loupière  ;*!,  dans  l'Yonne,  sur  la  Lou- 
pière  ;  la  Ferté-Macé,  dans  l'Orne,  sur  l'Aisne  ;  la  Ferlé- 
Milon,  dans  l'Aisne,  sur  l'Ourcq  ;  la  Ferté  sous-Jouarre, 
dans  Seine-et-Marne,  sur  la  Marne  ;  ta  Ferté-sur  Amaoce  et 
la  Fe r té-su r-.\ Il be,  dans  la  Haute-Martse  ;  la  Ferté-sur- 
Grosne,  dans  Saùne-et-Loire  ;  la  Ferté-sur- Pérou,  dans 
l'Aisne,  anciennement  la  Ferté  Belliait  v'I  ;  la  Fortê-Saint- 
Aubin,  dans  le  Loiret,  autrefois  la  Ferté-Nabert,  puis  la 
Ferté-Sen  ne  terre  ou  Saint-Nectaire,  sur  le  Cosson  :  la  Ferté- 
Saînt-Cyr  ou  Saint-Aignan,  dans  le  Loir-et-Cher,  également 
sur  le  Cojson  ;  la  Ferté -Saint- Siunson,  dans  la  Loire-Infé- 
rieure, sur  la  Saaune  ;  la  Ferté  -  V  idame  l'J.*,  dans  l'Eure-et- 

(1)  Firmilaa.  lliT);  Firmilas  monalium,  iHM.  —  'i  Du  moins  ne  l'a- 
t-il  pas  été  d'ane  manière  dérmiUve,  car  ou  trouve  la  yerié-aujc-Nottaint 
dans  un  titre  de  1i3U,  —  •,3)  Caldero  dominas  Firinitaliii,  IIUJ;  Ariiul- 
pAiM  Cliaulderon  domïnui  Firinilatit,  iiSï.  —  ,t,  Firmiltu  Loparia, 
Vers  liao— lÔy/ïrmidM  filiAariJj,  1158  — (0,>  i'/miita*  cotlruin,  v.  1158: 


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-•183  — 

Loîre,-sur  l'Eure,  et  la  Ferlé- VilleneuiUt),  dans  le  raêrne 
département,  sur  le  Long. 

La  fortia,  forcia,  était  un  château -fort,  une  Forteresse. 
Le  bas  latin  forcia,  dérivé  de  foriia,  a  produit  le  provençal 
/orM,  forza  ;  l'espagnol  fuerza  ;  le  portugais,  força  ;  l'italien 
fo,-.a. 
La  Force  (Aude,  Dord.)  ; 
Forcelles  (Meur.)  ; 
Foroeville  (Soin.). 

Forte,  /orlium,  fort,  ouvrage  de  terre  ou  de  maçonnerie, 
capable  de  résister  aux  attaques  de  l'ennemi  ;  en  provençal 
et  en  français,  fort;  en  espagnol,  fwerte  ;  en  italien  et  en 
portugais,  forte, 

Fort-Louis    (Ht-Rh.),    Fort-Mardick   (Nd),    Fort-MoviUe 
(Eure)  ; 
Fortelle  (P.-de-C); 

Astaffort  (L.-el-G.],  Beaufort  (Drô.,  Hte-G  ,  Hér.,  Is.,  Jura, 
M.-et-L.,  Meuse,  Nd,  P.-de-C,  Soni.,  Ven.),  Belfort  (Ht-Rh.), 
Blancafort  (Cher),  Blanquefort  (Gers,  Gir.,  L.-et-G.),  Dur- 
fort  (Gard,  Tarn,  T.-et-G.),  Hautefort  (Dord,),  Hardifort 
(NO),  Monfort  (Gers),  Pierrefort  (Can.),  Touruefort  (A.-M.), 
TrelTord  (Ain,  Is.),  Villefort  (Aude,  Loz.), 

Le  mot  forteresse  parait  venir  de  /'orl,  racine  de/'orlt»,  à 
l'aide  du  suffixe  alia,  aie,  qui  exprime  une  qualité.  De  for- 
talU,  fortaie,  qui  est  fort,  on  aurait  lire  fortalitas  ou  forla- 
Htia  (3),  bien  fort.  On  trouve  fortaleiia,  foriarewa  dans  le 
provençal  ;  fortaleta  dans  le  catalan,  et  fortaleza  dans  l'es- 
pagnol. 
Ia  Forteresse  (Is.). 
Le  mot  foasa,  fouum,  a  signifié  fossé,  tranchée,  retran- 


(1)  Villanolium,  vers  VM;  ViUanolii,  vers  1180.  —  (2)  Forlalicia  se 
trouvg  dans  les  lexles  latins  du  moyen-lge.  Il  y  a  niissi  forialiliet  et  for- 
laftlium  au  forlaticium,  dont  le  pluriel  a  donné  nxi^sance  à  ^orfalUia 
en  devenant  féminin  singulier. 


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-184- 

it,  et  aussi  limite,  borne,  parce  que  les  grandes  ter- 
res en  étaient  souvent  entourées. 

foMa  est  le  pluriel  do  fouum,  devenu  nominatif  féminin 
singulier,  et  fossum,  le  supin  de  fùdere,  employé  substanli- 
Tement.  Le  provençal  et  l'italien  ont  fona;  l'espagnol  foaa; 
le  provençal  a  encore  fo». 

Fos  (B.-du-Rh.  ('),  Hte-G.),  Fosses  (Gir.,  M.-et-L.,  P.-O., 
S.-el-O.),  la  Fosse  (Aube,  Gir.),  les  Fosses  (D.-S.)  ; 

Fosseux  (P.-de-C),  Fosseux  (Oise),  Fossieux  (Meur.), 
FoBSOy  (Aisne),  Poussais  (Ven.)  ; 

Fossemagne  {Dord.|,  Fossemanant  (Som.),  Foussemagne 
(Ht-Rh,)  ; 

Buirenfosses  (Aisne),  GelTosses  (Cal.,  Man.),  la  Grand- 
fosse  (Vos.),  Jeufossus  (S,-et-0.). 

Nous  avons  vu  que  le  Fos,  de  l'Hérault,  est  un  fanum. 

Fotêatum,  qui  a  produit  le  provençal  foaiat,  l'espagnol 
fostado,  l'italien  fotsaio,  et  le  français  foiaé,  est  un  dérivé  de 
fosia,  dont  il  a  la  valeur. 

Le  Fossat  (Ar.),  Fossés  (Arden.,  L.-el-Ch.),  le  Fossé 
(S.  Inf.],  les  Fossés  (Gir). 

On  sait  que  Saint-Maur-lès-Fossé  ou  le  Fossé,  près  de 
Paris,  doit  son  nom  à  des  retranchements  construits  par  les 
Bagaudes  à  la  fin  du  m*  siècle. 

Quelques  localités  doivent  leur  fondation  aux  légions  can- 
tonnées en  Gaule.  On  connaît  l'intluence  exercée  dans  le 
sud-est  de  ce  grand  pays  par  les  vétérans  de  la  Septième 
Légion  ou  Septimani.  Ils  créèrent  à  Béziers  une  colonie 
dont  le  territoire  s'étendit  bientdt  à  toute  la  partie  de  ce  pays 
où  se  trouvent  les  villes  d'Elne,de  Narbonne,de  Carcassonne, 
d'Agde,  de  Magaelonne,  de  Nîmes  et  d'Uzès,  qui  en  a  retenu 


(1)  Doit  son  ntHn  â  la  Fona  Uariana,  can»l  aujourd'hui  obstrué,  que 
MMios  ftt  construire  à  ses  troupes  entre  le  Rhâne  et  la  mer,  et  qu'on 
KOimne  aciuellement  le  Brat-Unrt.  A  son  embouchure  était  le  Portuê 
FonK  Mariana,  ruiné  par  les  Sarrasins. 


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longtemps  le  nom  de  Septimanie.  [>eux  localités  situées, 
l'une  daos  les  environs  d'Ais-en-Provence,  et  l'autre  près 
de  Vienne,  doivent  leur  nom  de  Septima,  Septëmes,  &  des 
colonies  secondaires  de  cette  légion.  Une  autre  légion,  la 
dixième,  a  colonisé  Narbonne,  qui  a  porté,  pendant  un  cer- 
tain temps,  le  nom  de  Colonia  Decumanorum.  Une  petite 
ville  du  Jura,  qui  s'appelle  actuellemeat  Saint-Julien,  a  poi-té 
les  noms  de  Legio  et  de  Leyon,  Loyoït,  parce  qu'une  légion 
romaine  a  longtemps  campé  au  lieu  qu'elle  occupe.  Bien  que 
démantelé  depuis  longtemps,  Saint-Juiien  a  conservé  la  phy- 
sionomie de  la  place  forte  féodale,  et  son  assiette  présente 
tes  caractères  bien  connus  de  celle  des  camps  permanents 
des  Romains. 

Le  murua  des  Romains  était  un  rempart,  couronné  ou  non 
de  créneaux.  Telle  est  la  signification  que  donnent  au  mot 
les  auteurs  du  grand  siècle.  César  et  Cicéron  en  particulier. 
Cependant  ce  dernier,  ainsi  que  Tacite,  l'emploie  avec  l'ac- 
ception de  clôture  en  général.  Enfin,  Varron  et  Serviuslui 
donnent  aussi  le  sens  de  levée  de  terre,  de  chaussée.  En 
topographie,  le  tnuruê  est  le  rempart,  la  défense,  l'abri,  de 
quelque  nature  qu'il  soit. 

Murut  a  été  rendu  :  en  provençal,  par  mour,  mor,  mur  ; 
en  espagnol  et  en  italien,  pai'  muro  ;  en  vieun  français,  par 
mor,  tnur. 

Moras  (1)  (Drô.,  Is.),  Mours  W  (Drô.),  Mureaux  (S.-et-O.), 
Mureils  (Drô.),  Muriauï  (Suis.),  Mûries  (^^l  (Hér.),  Muro 
(Corse),  Murols  (P.-de-D  ),  Muron  (Ch.-Inf.),  Murs  (Ain, 
Av.,  C.-du-Nd,  Nd,  Indre,  L.-«t-Ch.,  M.-et-L.,  Suis., 
Vau.J; 

Aumur  (*)  (Jura),  Brémur  (C.-d'Or),  Réaumur  (Ven.),  Sau- 
mur  (M.-et-L.),  Semur  (5)  (C.-d'Or,  S.-et-L  ,  Sar.),  Sermur 
(Cr.|,  Villemur(Hte-G.,Htes-P.); 

(1)  Murati».  —  (S)  Vur*,  1097.  —  (3)  MurtHu*.  —  (4)  Altu*  murui. 
—  (5)  Sint  muro. 

13 


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-  W6  - 

HcHMeni  (Lan.)i  Horchaîns  (Som.),  Monaains  (Aisne  (1), 
Uar.),  Morsoms  (Eure).  Morsang  (2)  (S.-et-O.),  Mulcent  (3) 
(S.-et-0.)i  Mulsan  (L.-et-Ch.),  Murching  (Dord.),  Mursens 
(Lot)  (*),  Murviei  (Hér.)  (5),  Murville  (Mos.)- 

MurattUy  clos  de  mur,  a  donné  le  provençal  tnorat,  murât, 
Ympagaol  murado,  l'itAlien  muralo,  et  le  vieux  français 
nuiret,  moret. 

Morat^)  (Suis.),  Murât  (Al.,  Can.,  Ck>r.,  P.-de-D.,  Tarn), 
Moret  (S.-et-M.)>  Muret  (7)  (Aisne),  Murato  (Ck>rse). 

L'oppidum  était  une  ^lle  forte,  une  place  de  guerre,  ou 
Uk  Dhâteau-fort,  un  simple  fort.  Le  mot  a  ces  différents  sens 
dans,  (^ésar,  dans  Varron,  dans  Virgile  ;  Cicéron  et  Virgile  y 
ajoutent  celui  de  ville  en  général.  Tite  Live  et  Varron  s'en 
servent  pour  désigner  Rome,  la  ville  par  excellence,  tandii^ 
qoe  pour  Cicéron  et  Tacite  l'oppidum  est  toute  ville  autre 
que  Rome.  En  Gaule,  il  est  la  ville  municipale  ;  Pline  donne 
comme  oppida:  Aquae  Sextm,  Aix-en-Provence  ;  Avenio, 
Avignon;  Apta,  Apt  ;  Alebece  Retorum,  Riez;  Cabellio, 
Cavailloa  ;  Careeuum,  Carcassonne  ;  Carpentoracte,  Carpen- 
Ubs,;  Luteva,  Lodève;  Nematuus,  Nîmes;  Toloaa,  Tou- 
louse ;  TricMtinum,  Saint- Paul -Trois- Châteaux  ;  Vatio  et 
Z.ufitM,  Vaison  et  Luc-en-Diois  ;  Vienna,  Vienne,  qui  furent 
plu^  lard  des  coioniae  at  des  chefs-lieux  de  cmlute*. 

Oppède  (Vau.)  et  Oppedette  (B.-A.)  sont  les  seules  loca- 
lités françaises  qui  aient  eu  oppidum  pour  nom  propre.  On 
De  sait  quel  lieu  représente  de  nos  jours  VOppidHtn  novum 
dfi  l'Aquitaine.  L'Italie  n'est  guère  plus  riche  que  nous  :  on 
a'y  trou,ve  que  deux  Oppido,  un  dans  la  province  de  Reggio 


(1)  Uuro  cinctui,  869.  —  (S)  Marsan g-sur-Orge  et  Morsaag-sur-Seîoe. 
Le  second  ni  Muricinctum,  dans  la  Polypt.  d'Irmlii.  —  (3)  Murcinctum, 
815,  830.  —  (4)  Ces  localités  sont  des  ilwo  cinctus  ou  cinclum.  — 
(5}  Murviels,  prés  Béliers,  est  Vurui  vetului.  en  1053,  et  Muro  veteri, 
en  1129;  Murviel,  près  Montpellier  :  Muro  velulo,  en  1D31,  et  liurum 
vMwWB,  eo  1151.  —  (6)  JbFotum  CMlrum,  en  516.  —  (7)  MurolKm,  en 

lira. 


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-im  ~ 

de  Calabre,  l'autre  dans  celle  de  PoteQza:,  et  un  ô^pîdâlo, 
qui  est  le  chef-lieu  de  l'Ile  de  Pantellaria,  province  de  Tra- 
pani. 

Le  pluriel  de  palus,  pieu  ou  palis,  loQffue  piè(ïe  dé  Boiâ 
aiguisée  par  un  bout  et  pouvant  âtre  fichée  en  terre,  et  les 
mats  palitium  et  palitia,  pdlativm  (1)  et  palatia,  réunion  de 
palis,  désignaient  une  clôture  formée  de  pieux  en  ofdre 
plus  ou  moins  serré. 

Palui  a.  été  fendu  :  en  provençal,  par  pal  ;  en  espagnol  et 
en  italien,  par  palo  ;  en  portugais,  par  pao  ;  en  vieux  fran- 
çais, par  poi,  pau. 

Palos  (Esp.),  Pals  (Esp.),  Paulx  (L.-Inf.),  Pau  (B.-P'.l, 
Pels  31  (Aabe),  Espanx  <3J  (Aisne),  Gerbépals  (Vos.),  Rehau- 
pals  (Vos.),  Sépanx  (*)  (Von.)  ; 

Epaubourg  (Oise),  Epauménif  (Som.),  Epauvillers  [Suis., 
Vien.),  Ranipieuit(Dord.) 

Palitiunt,  palttia,  eti  bas  latin  paltctum,  palicia,  a  donné 
le  provençal  et  l'italieti  paliza,  l'espagnol  palicia,  et  le 
vieux  français  palia,  paliae,  palisse,  palice. 

PaKs  (Aisne,  Aube),  la  Palisse  (AI.,  Cor.),  la  P'alice  (Ch.- 
Inf.;,  Palise  (Doubs),  Espalis  (Hte-L,). 

fialatium,  paUtiia,  est  devenu  en  bas  latin  palacium, 
palacia  ;  en  provençal,  palait,  palai  ;  en  catalan,  paîaH  ;  eh 
espagnol,  palacio  ;  en  italien,  palazo  ;  en  vieux  français, 
palet,  paiaig. 

Le  Palais  (Gir.,  Hte-V. ,  Wor.),  Palas  (5)  (Hér.),  Palaiseau  («> 
(S.-et-O.),  Palaiseul(Hte-M.),  Palézieux  C)  (Suis.)  ; 

(i)  Selon  la  reniffrqtM  d'Ampère,  ce  mol,  qui  fut  (Tabon)  Itf  nom  d'un 
lieu  où  quelques  pâtres  campèrent,  est  resté,  dans  presque  toutes  les 
langues  modernes,  pour  désigner  la  demeure  des  rois  e(  des  princes.  Sin- 
gulière fortune  d'un  mot  I  Tel  fut,  en  elTel,  l'humble  commencement  du 
paktlium  d'Auguste,  dont  le  développement  finit  par  couvrir  toute  entière 
unedes  »ept  collines  :  une  suite  de  pieui  formant  un  parc  i  bestianx.  — 
-  |S]  Poli,  en  8ôl.  —  (3)  Ad  Palo».  —  (4)  Seplem  Pâli,  869.  —  i5i  Pa- 
latium,  506;  Palaii,  1013.  —  ,(i)  Palatiolum,  815.  -  {!)  Id.,  1141;  Pa- 
lexuett,  1397. 


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Plainpalais  (Suîs.)- 

Securu»,  seeura,  iecurum,  lieux  de  sûreté,  ont  été  rendus 
par  êégur  dans  le  midi  de  la  France,  et  par  aeur,  $ur  dans 
le  nord.  L'espagnol  a  $egura. 

Ségur  (Av..  Can.,  Cor),  le  Ségur  (Tarn),  Seur  (L.-et- 
Ch  ),  le  Seur  (Ch.-Inf.),  Ségus  (Htes-P.)  ; 

Le  Seguret  (Vau.),  S^ura  (Ar.)  ; 

Montségur(Ar..Dnl.),  Puységur  (Gers,  Hte-G.). 

Lemot  tutela,  de  tueri,  défendre,  s'appliquait  à  tout  ce 
qui  défend  ou  protège,  aussi  bien  au  propre  qu'au  figuré  ; 
les  quelques  lieux  qui  le  portent,  dans  ses  formes  néo-la- 
lines,  ont  dû  être  des  lieux  de  refuge.  Tutela  a  d'ailleurs 
signillé  clôture  :  <  Earum  tutelarum  gênera  quatuor,  —  il 
y  a  quatre  sortes  de  ces  clôtures  *,  dit  Varron.  Montaigne 
emploie  encore  tutelle  dans  le  sens  de  défense,  de  protec- 
tion (1). 

Les  formes  néo-latines  de  tutela  sont  :  le  provençal,  l'es- 
pagnol et  l'italien  tulela,  tudela,  et  le  vieux  français  tulète, 
tutelle. 

Tudela  ou  Tudèle  (Esp.),  Tudelle  (C;ers),  Tulle  (Cor.)  ; 

Tulelte(2)(Drô,). 

Dans  Tulle,  la  deuxième  syllabe  n'est  plus  représentée 
que  par  le  redoublement  de  n  (lufla,  tulla)  0). 

Tulette  est  un  bourg  situé  au  pied  d'un  coteau,  sur  un 
grand  bras  de  l'Eygues,  encore  entouré  de  murs  flanqués  de 
tours  et  feimé  par  trois  portes  bien  conservées  (*) . 

Le  vallum  ou  vallua  était  une  palissade  défendue  par  un 
fossé.  On  trouve  vatlus,  pieu,  palis,  dans  Virgile  : 
Exacuunt  alii  vallos  furcasque  bicornes, 


(1)  Et*ait.  111,  325.  -  (3)  Tadelela  in  Prooinciâ.  USH  —  (3)  Sur  une 
des  collines  qui  enlourciit  la  ville,  on  voit  une  haute  tour  carrée  aHribuée 
aDi  Romains.  On  trouve  Tutelen4e  monaateriam,  vers  690.  —  (i)  On 
trouve  encore,  avec  le  méine  sens,  lula,  lutbi.  Lalude,  dans  l'Hérault,  est 
TUda,  TVdela,  «n  806. 


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ainsi  que  dans  César  et  dans  Cicéron  ;  après  avoir  signifié 
palissade  (César,  Salluste,  TibuUe,  Virgile  W),  il  a  pris  le  sens 
général  de  retranchement  (Tite-Live,  Lucain,  Florus)  et  s'est 
dit  surtout  de  retranchement  en  terre.  C'est  bien  certainement 
de  ce  mot  plutôt  que  de  valtit  que  viennent  les  mots  vallon- 
nement et  vallonner,  termes  de  génie  militaire,  par  l'inter- 
médiaire de  l'ablatif  vallo  employé  nominativement  (vallo, 
oni$).  Aussi  peut-on  lui  attribuer  hardiment  l'origine  du 
nom  de  Vallon,  ancienne  place  forte  des  Cévennes,  et  des 
Vallon  de  l'Allier  et  de  la  Sarlhe. 

Non  arces,  non  valliis  erat,  somnum  que  petebat 
Securus  varias  dux  gregis  inter  oves, 

dit  Tibulle,  dans  sa  gracieuse  élégie  sur  la  paix  (3). 

On  doit  à  vigilia,  garde  nocturne,  les  mots  veille  et  vigie, 
dont  les  deux  sens  se  confondent  dans  les  autres  formes 
néo-latines  du  mot  :  le  provençal,  velha  ;  le  catalan,  veilla  ; 
l'espagnol,  vélia  ;  le  portugais,  vigin,  et  l'italien,  veglia. 

Veilhes  (Tarn),  Vizilles  (Is.)  ; 

Vèzelise(3)  (Meur.),  Vézelois  (Ht-Rh.)- 

Les  lieux  de  défense  d'origine  féodale  sont  :  le  balcui,  le 
balliumy  la  barra,  la  haHriiCa,  la  baliata,  le  berfridui,  le 
burgus,  la  cadafaldut,  la  elida,  la  vuacta,  la  vuarda. 

Le  bas  latin  balctu  provient  de  l'ancien  haut  allemand 
balcho  ou  palcJu),  poutre,  auquel  on  doit  le  mot  balcon,  et 
que  l'on  retrouve,  avec  son  sens  primitif,  dans  le  vieux 
français  banque,  bartche.  Il  y  a  aussi  baldum,  qui  a  donné 
baux. 

Le  balcuB  ou  balàum  était  une  défense  en  bois,  en  forme 
de  galerie  couverte  ou  découverte,  qui  faisait  saillie  sur  les 
murs  de  pierre  d'une  forteresse.  C'était  ce  qui  le  distinguait 
du  cadafaldut,  chafTaud,  qui  était  une  fortification  toute  en 

(1)  Enéide.  —  (2)  Ub.  I,  il,  9.  -  (31  EeeUtia  VigUimtia,  965. 


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-w- 

bois.  L'italien  haîco  ou  palcp,  qui  ^î^goiûe  aussi  âcb^faud, 
confond  ces  deux  genres  d'ouvrage. 

Baux  (Eure),  les  Baux  (B.-du-Rh.  (1),  Vau.). 

Le  ballium  était  un  lieu  défendu  par  des  pieux  en  palis, 
ceint  de  branches  d'arbre  ou  de  bois  grossièrement  équarris 
et  appointés. 

Bâillon  (L.-et-Ch.),  le  Beillon  (L.-Inf.). 

La  barro  était  une  barrière  isolée  ou  un  enclos  défendu 
par  des  barrières. 

Barra  a  la  môme  élymologie  que  barrum.  Il  vient  du 
kymri  bar,  branche,  quia  donné  au  provençal,  à  l'espagnol 
et  à  l'italien  barra,  et  au  français  barre. 

Barres  (Loz.),  la  Barre  (Eure,  Hte-S.,  Hte-V.,  Jura,  Man ., 
Yen.),  les  Barres  (Vien.)  ; 

Barrais  (Al,),  Barran  (Gers),  Barras  (B.-A.),  Barrante  (B.- 
P.),  Barraux  (Is.),  Bairet  (Char,,  Drô.,  Htes-A.),  la  Barrère 
(Gers),  Barry  (Htes-P.,  T.-et-G.). 

Bastita,  château-fort,  torteresse  ;  du  bas  latin  baatire, 
bâtir,  mot  d'origine  inconnue,  dont  le  radical  baat,  qui  nous 
a  donné  aussi  bâton  et  6dl,  semble  exprimer  l'idée  de  sou- 
tien, de  support  <^).  Le  sens  du  mot  a  peu  à  peu  dévié  depuis 
l'époque  féodale  :  il  en  est  venu  à  signifier  une  simple  pro- 
priété d'agrément. 

Bastita  est  devenu  bastida,  baitide  en  provençal;  baa- 
tida  en  espagnol  ;  battie  en  vieux  français  ;  il  est  resté  baa- 
titaen  italien,  0(1  l'on  trouve  aussi  baatia. 

LaBastide(Ard.,Ar.,  Aude,  Av., B.-A.,  B.-P.,  Gard,  Gers, 
Hte-G-,  Htes-P.,  Lan.,  Lot,  L.-et-G.,  Tarn,  T.-et-G.,  Var, 
Vau.),  la  Bâtie  (Ardèche,  Drô.  1(3,  Htes-A.,  Is.,  Sav.),  les  Bâ- 
ties (Hte-S  ),  Bastia  ou  la  Bastia  (Corse)  ; 

La  Bastidetle  (Vau.),  la  Bastidonne  (Vau.). 


(1)  Baleiâ,  Baleium.  —  (3)  Od  trouve  déjà  ce  radical  dans  le  grec  bat- 
latein,  porter,  supporter.  —  (3)  La  Bllie-des-Fands  est  Battida,  en  1210  ; 
la  Bàtie-Bqland,  çp  l%Ti. 


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-  m- 

Le  Bastit  (Lot)  est  un  basftfttm. 

La  bartriaca,  bretèfihe,  était  une  tour  en  b<m  pour  l'at- 
taque et  la  défeose  des  places.  On  appelait  aussi  de  te  nom 
Ja  partie  crénelée  des  anciennes  murailles.  L'origine  du  mot 
est  inconnue,  mais  il  est  représenté  par  des  formes  nom>- 
breuses  dans  les  idiomes  modernes  :  le  provençal  b^rtretta  ; 
l'italien  bei'toiea,  baltreica  ;  le  vieux  fj-uicais  berteiche,  hrè^ 
tesche,  breteaque,  bertoche,  breloaie,  bretêue.  Le  bas  latiQ 
bretachia,  qu'on  trouve  dans  Du  Cange,  parait  iavoif  été 
refait  sur  le  vieux  français. 

La  Bretèche  (Eure.  L-et-L.,  Loire-Inf.,  Loiret,  S.-et-0.>. 

Dans  l'art  militaire  du  moyen  âge,  le  beffrày  était  une  tour 
de  bois  mobile  qui  servait  dans  lessi^s.  11  est  devenu  phlB 
tard  la  charpente  indépendante  de  la  tour  de  guet  ou  du  clo- 
cher, puie  la  cloche  d'alarme  de  ville  ou  de  bôung,  qui  y  était 
suspendue.  On  a  dit  aussi  le  befTroy  d'un  mouUn. 

Le  mot  vient  du  moyen  haut  allemand  :  herc,  tout\  bAV- 
teur,  et  vrit,  conserver,  qui  a  donné  le  bas  latin  htftfr^Mé, 
betfredut  ;  l'allemand  berfreit  ;  l'anglais  beffi'^,  et  h)  vieUk 
français  belfroy,  herfroy,  beffroy.  L'italien  a  bttHifndo.  On 
a  donné  une  autre  étymologie  que  bérù6riX  :  ob  a  fint  dérl>- 
ver  la  forme  b&s  latine  belfredna  dek«t,  cloche,  ^u^an  trouvé 
dans  l'anglais  et  le  flamand,  et  de  fred,  con8erver|  ;  mtis  ellto 
est  en  contradiction  avec  les  textes  les  plUfi  anctods^  Bef- 
froi a  conservé  son  sens  primitif  de  machine  de  guerre 
jusqu'au  XV*  siècle  :  on  le  trouve  encore  avec  cette  acb^- 
tion  dans  Froissard  ;  ce  qui  ne  l'empêche  pas  de  parler  ausal 
de  cloches  de  betTroi  sonnant  à  toute  volée^ 

Le  Beaufroy  et  Beaufremont  (i)  (Vos.),  anciennement 
Beaufroymont,  sont  les  seuls  noms  de  lieu  oCi  nous  ayons 
trouvé  le  mot  qui  nous  occupe. 

Bwgut  vient  du  grec  pwgot,  par  l'intermédiaire  du  latin, 
ob  il  apparaît  dès  le  iv*  siècle.  Il  y  a  burg  dans  l'ancien  haut 

(1)  Betfredi  mon*. 


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—  192  — 

allemand,  et  borg  dans  le  gaélique.  Les  foimes  néo-latines 
sont  :  le  provençal  bore  ;  l'espagnol  burgo  ;  l'italien  borgo, 
et  le  vieux  franchis  bwc,  bore,  bourc,  et  aussi  bur,  bor.  b&ur, 
qui  explique  bien  pourquoi,  actuellement  encore,  on  ne  pro- 
nonce pas  la  consonne  finale. 

Bore  11)  (B.-P.),  Borcq  (D.-S.l,  Hors  (Char.),  Bort  (Cor., 
P.-de-D.),  Bourcq  (Arden.),  Borgo  (Corse),  Boui^  (Ain,  Ar- 
dèctie,  Arden.,  Char.,  Cr.,  Dord.,  Dro.,  Eure,  Fin,,  Gîr., 
Hte-G.,  Hte-M.,  Hles-P.,  Ht-Rh.,  I-ot-V.,  Is.,  Jura,  Loire, 
Lot,  M.-et-L.,  P.-de-D.,  P.-O.,  Rh.,  S.-et-L.,  Sar.,  S.-Inf.), 
Burg(HteB-P.); 

Le  Bourget  (Jura,  Sav.,  Seine),  Bourgueil  i3)  (L-et-L.},  le 
Bourguet  (Var),  la  Bui^ate  (Lot),  Bougarber  (B.-P.),  Bour- 
ganeuf  (3)  (Cr.),  Bourgbarré  (L-et-V,),  Bourgneuf  (Ch  -Inf., 
L.-Inf-,  M.-et-L-,  May,,  S.-et-L.,  Sav.),  Bourgthéroulde 
(Eure),  Bourguébus  (Cal.),  Bourg\'ilain  (S.-et-L.),  Borga- 
lais  (Hte-G.),  Burgaltrof(Meur.),  Burgaronne  (B.-P),  Bur- 
gaud  (Hte-G),  Burgfelden  (Ht-Rh.),  Burgheim  (B.-Rh.), 
Bourbourg  |Nd),  Cabourg  (*)  (Cal.).  Charabourg  (L-et-L.), 
Châteaubourg  (Ardèche,  L-et-V.),  Cherbourg  <5)  (Man  ), 
Combourg  (L-et-V.),  Dabo  ou  Dagsbourg  (Meur.),  Esch- 
bourg  (B.-R.),  Espaubourg  (Oise),  le  Frambourg  (Doubs), 
Garrebourg  (Mes.),  Grandbourg  (Cr.),  Hazelbourg  (Meur.), 
Hazemboorg  (Mos.),  Hombourg  (Ht-Rh.,  Mos.),  Horbourg  (6) 
(Ht-Rh.),  Lauterbourg  (B.-Rh.),  Limbourg  (Belg.),  Lisbourg 
P.-de-C),  Lutzelbourg  (Meur.),  Luxembourg  (Lux.),  le  Neu- 
bourg  (Eure),  le  Neufbourg  (Man.),  Petitbourg  (S.-et-O., 
Ven.),  Pfaalsbourg  (Meur.),  Reutenbourg  (B.-Rh.),  Riche- 
bourg  (Hte-M.,  P.-de-C,  S.-et-O.),    Riquebourg  (Oise), 

(1)  Bougarber  est  flore  Garbtr,  en  1385.  V.  plus  loin,  —  (2)  Curli... 
Burgulienii,  991  ;  Borgoialo,  des  mon.  mér.  ;  Bourgudl^n-Vallée  (M.-et- 
L.)  est  BurguUum.  en  990.  —  (3)  Burgut  Àmulphi.  —  (4)  Cathburgut, 
1077.  —  (5)  Le  Coraltium  de  l'Itinâraire  d'Anlonin.  Il  est  probable  que  la 
nom  primitif  est  représenté  par  cher  dans  le  nom  moderne,  qui  a  dil  être 
d'abord  CherUbourg.  —  (fi)  Ane.  Woiitrg. 


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Sourtwurg  (B.-Rh  ),  Strasbourg  (*)  (B.-Rh.),  Taillebourg 
(Ch.-Inf ,  L.-et-G.),  Villebourg  (I.-et-L.)-  Walboui^  (B.-Rh.), 
Wasserbourg  (Ht-Rh.),  Wissembourg  (B.-Rh.); 

Haubourgueî  (Htes-P.)- 

(ladafaldua,  chaEEiud,  tour  de  bots,  blockhaus,  a  été  tra- 
duit: en  provençal,  par  cadafale;  en  ancien  catalan,  par 
cadafal;  en  espagnol,  par  cadafaUo,  cadalao  ;  en  portu- 
gais, par  cadafalso;  en  italien,  par  cadafalco  ;  en  vieux 
français,  par  chafattd,  chaufaud,  chanfaux,  chavfuii,  clia- 
fas,  chefoa.  Certaines  de  ces  formes  appartiennent,  par  leur 
origine,  à  des  variantes  cadafalcus,  cadafalltia,  eadnfaUus, 
qu'on  trouve,  d'ailleurs,  dans  les  glossaires.  Le  mot  a 
fourni  au  français,  avec  chaiâud,  catafalque  et  échafaud. 

Le  Chaffal  (Drô,),  le  ChafTal  (Is.,  Loire),  le  Chaffaud  (Char., 
Vien.),  Chaffault  (D.-S.),  le  ChaPfaut  (B.-A.),  Chaffois  (3) 
(Doubs),  Chauffailles  (S.-et-L.),  Chaufîaud  (Is.,  Ven.),  le 
Chauffaud  (Doubs),  Cheffois  (Ven.). 

Vuacta,gaeUi,  ou  quacla,  guet,  garde,  a  été  fourni  à  la 
basse  latinité  par  l'ancien  haut  allemand  qui  avait  wahla, 
veille,  garde.  Le  mot  a  donné  :  en  provençal,  le  masculin 
guach,  gach,  gag,  gayt,  et  le  féminin  gâcha,  gaita  ;  à  l'ita- 
lien, guala;  à  l'allemand  moderne,  wacht;  au  vieux  fran- 
çais, watt,  ouaH,  ount,  viaia,  gniz,  gait,  guet,  quet,  et  aussi 
vayte,  vaile,  ouaitle,  ouatte,  guette,  guette.  Les  formes  bas 
latines  vacla,  vagta,  vayla  ont  été  refaites. 

Vailes  [Doubs,  Hte-S.),  les  Ouattes  (3>  (Suis.),  Guettes  (Is.), 
Gueytes  (Aude),  Quettes  (Is.); 

Vétheui  (S.-et-O),  le  Guétin  (Cher)  ; 

Vattelot  (S.-Inf.),  Vatteville  (Eure,  S.-Inf.),  Gatteville 
(Man-l,  Goetteville  (S.-Inf.),  Guethary  (Htes-P.),  Quettehoux 
(Man.),  Quettetot  (Man.),  Quelteville  (Cal.)  ; 

Bonneguette  (Hle-Sav.). 


(1)  StralK  burgiu,  dans  Grégoire  de  Tours.  —  (S)  Chadfoit,  i\VA.  - 
(3j  On  Plan-di».Oiia[tes. 


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Vuardo,  garda,  garde,  de  l'ancieD  haut  aUenand  idotIoa, 
prendre  garde,  surveiller,  a  donné  :  le  provençal  f/tmiria, 
garda;  l'espagnol  et  le  portugais  guarda  :  l'italien  guar- 
dia,  et  le  vieux  français  warde,  garde. 

LaWarde  (Som.),  la  Garde  (Ar.,  B.-A.,  Char.,  Ch.-Inf., 
Cor.,  Dr6.,  Gers,  Hle-G.,  Hles-P.,  Is.,  Meur.,  Var,  Vau.); 

La  Gardelle  (Hte-G.,  Lot),  Gardères  (Hles-1'.},  la  Gardère 
(Gers),  la  Gardie  (Aude),  la  Gardiolle  (Tarn)  ; 

Gardefort  (Cher),  Ganlegan  (Gir.)  ; 

Bellegarde  (Ain,  Aude,  Cr-,  Drô.,  Gard,  Gers,  Hle-G..  Is., 
Loire,  Loiret,  Tarn),  Bonaej;arde  (Lan.). 

La  ville  de  Garda,  sur  le  lac  du  même  nom,  appartient  à 
la  haute  Italie,  région  où  le  provençal  a.  lon^mps  prévalu 
contre  l'italien. 

4°  Habitation 

Abri  vient  du  bas  latin  abrica,  abriga,  dont  l'origine  est 
contestée.  Abrica  a  donné  :  au  provençal,  abric;  à  l'espa- 
gnol et  au  provençal,  abrigo;  au  vieux  français,  abrit,  aui]uel 
nous  devons  le  verbe  abriter,  couvrir.  Le  sens  le  plus 
étendu  d'abri  est  donc  couverture. 

L'Abrit  (Lan.),  l'Abri  (Mos.),  Abret  (AL),  les  Abrets  (Is.)  ; 

Abriès  (Htes-A.). 

Atlegia,  qu'on  trouve  dans  les  inscriptions,  et  atlegir, 
que  donne  Juvénal,  était  la  tente  des  peuples  nomades.  Le 
mot  a  été  rendu  par  attée,  altie,  attit,  altichc. 

Athée  (Cal,,  C -d'Or  (l),  !.-et-L.,  May.,  Nié.,  S.-et-L-, 
Yon.),  Athies  (Aisne,  C.-d'Or,  P.-de-C,  Som.,  Yon.  (2.). 
Athis  (Cal.,  Mar.,  Orne,  S.-et-O.  &)),  Atliches  (Nd),  Attichy 
(Oise). 

Baraca,  baracha,  hutte,  maison  de  chétive  apparence, 
vient  du  kymri  bar,  branche,  parce  que  primitivement  elle 

(1)  AtUgia,  877.  -  (2)  Attmm,  1106.  -  (3)  Attegiti,  690, 1455. 


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était  faite  de  branebes  d'atitres.  Bâraca  est  resté  tel  eo  {iro- 
vencal  ;  l'espagnol  a  barraca,  l'italien  baracca,  et  le  vieux 
français  barraque.  L'anglais  barraks,  caserne,  atteste  que 
les  premières  baraques  ont  été  construites  par  les  soldat! 
pour  suppléer  aux  tentes.  De  fait,  on  appelle  encore  bara- 
ques les  constructions  légères  destinées  à  remplacer  les 
casernes,  quand  on  veut  établir  les  soldats  quelque  temps 
sur  un  point. 

Baraque  ou  barraque  est  très  répandu  coroine  nom  de 
lieu. 

Le  mot  berne,  qui  vient  du  kymri  bwn,  batrn,  a  le  seiM 
d'aggJopiération  populaire  :  «  muUitudo,  acervui  »,  disent 
les  glossaires.  Le  provençal,  l'espagnol  et  l'italien,  bertia;  le 
vieux  français,  borne,  bgme. 

Bernes  (Doubs,  S,-et-0.,  Som.,  Suis.}; 

Bemède  (Gers);  Bernouil  (Char.,  Ch.-lnf.,  Oise,  Sum., 
Vien.,  Yon.),  Bemin  (Is.),  Bernis  (Gard),  Bemoo  W  (Aube), 
Bernos  (Gir.). 

Le  bas  latin  bodivm,  habitation,  a  donné,  par  syncope, 
toye,  bouge,  sur  lequel  on  a  refait  bogtum,  bugium,  et 
bogia,  bugia,  qui  ont  le  sens  de  petite  chamlH^,  petit  logis. 
Le  mot  primitif  doit  venir  d'un  radical  celtique  que  l'on  re- 
trouve dans  le  bas  breton  bod,  botul. 

Boudes  (P.-D.),  Bouges  (Indre)  ; 

Boudoux  (T.-et-G.},  Boudy  (L.-et-G.)  ; 

Le  Bodéo  (C.-du-Nd),  Bodilis  (Fin.). 

Bona  est  l'habillement  latin  du  celtique  bon,  qui  signifiait 
habitation  et  aussi  ville. 

Bona  (Nié,),  Bonn  (Prov.  rh.),  Bonnes  (Aisne,  Char.,  Hte- 
Sav.,  Vien.),  Bonas  (Gers),  Bonneil  [2i  (Aisne),  Bonneull 
(Char.,  Indre,  Oise,  S.-el-C,  Vien.  CT),  Bonnet  (Meuse), 
Bonnières  (Oise,  P.-de-C,  S.-et-O,),  Bonnieux  (Vau.),  Bon- 
nœiI(C:al.); 

Il)  Btmo,  1097.  -  (3)  Botioytlum,  834.  -  (3}  Bonolium,  v.  960, 1077. 


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—  196  — 

Bonnœuvres(l)  (L.-Inf.),  Cadabona  (Ital.). 

On  trouve  hona  dans  Augustobona  d),  Troyes  (Aube; 
/uHobona  (3),  Lillebonne  {L,-!nf.),  Ratisbonn,  Ratisbonneou 
Rcgensbourg  (Allein.),  Vindobona  '.*},  Vienne  (Autr.). 

Le  bas  lalin  bovium,  demeure,  manoir,  est  un  mot  d'ori- 
gine Scandinave.  On  retrouve  le  primitif  &oe  ou  bo  dans  un 
grand  nombre  de  noms  danois  ou  nonégiens,  comme 
Aalboe,  Faaboe,  Hotboe,  Kirkeboe,  Mariboe,  N>boe,  prod- 
boe,  Qualqoe,  Ulfboe,  etc.  Ce  sont  les  Normands  qui  l'ont 
introduit  dans  la  Neustrie.  Bovium  a  été  rendu  par  bo,  bmi, 
bUf  et  surtout  par  boruf;  on  trouve  exceptionnellement  bit. 

Le  Bo  (Cal),  Bon  (Loiret),  Bu  (E.-el-L.),  ie  Bu  (Cal), 
Bueil  (Eure,  I.-et-L.)  ; 

Babœuf  (Oise),  Belbœuf  (S.-Inf.),  Bourguebus  (5)  (Cal.). 
Carquebu  (Man.),  Coulibœuf  (^f  (Cal.),  Courceboeuf  (Sar.^, 
Cricquebœuf  C)  (Cal.),  Criquebœuf  (Eure,  L.-Inf.l,  Ban- 
bœuf  (Eure,  S.-Inf,),  Etbœuf  (S.-Inf.),  Etrebœuf  (Som  ), 
Farabœuf  (Eure),  Ilambie  (Man.),  Houguebie  (Man.),  Lim- 
bœuf,  autrefois  Lindebue  (Eure),  Lindebœuf  (S.-Inf),  Mar- 
bœuf  (Eure),  Paimbœuf  (L.-Inf.),  Quibou  (Man,),  Quillebœuf 
(Eure),  Quittebœuf  (Eure),  Toumebu  (Cal.),  Trebœuf  (I.-et- 
V.),  Tubœuf  (Orne),  Vibœuf  (S.-Inf.),  Vittebœuf  ;S.-Inf..l, 
Yquebœuf  (S.-Inf.)  (8). 

Burum,  petite  cabane,  provient  de  l'ancien  haut  allemand 
bùr,  maison,  qui  s'est  conservé  dans  le  vieux  français 
bure. 

Bures  (Aube,  Cal.,  C.-d'Or,  May.,  Meur.,  Meuse,  Orne, 
S.-et-O.,  S.-Inf.)  ; 

Buré  (Orne),  Burcl  (Bh.),  Burelles  (9)  (Aisne),  la  Burelle, 
pour  les  Burelles  [S.-et-M.),  Buret  (May.,  Meur.),  les  Burets 
(Loiret). 


(i)  Bonobriga.  —  (2)  Ptol.  —  (3)  Ibid.  —  (4)  Itin.  Anton.  —  (5)  Borge» 
bu,  1178.  —  (C)  Corliboe,  1196,  —  i7j  Crickboe,  «•  siècle,  —  (8)  Ces  nom; 
n'ont  été  latinisés  qu'au  x'  siècle.  —  [9)  BurolU,  1160. 


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— -197  — 

On  appelle  buront  les  chalets  de  l'Auvergne.  Buron  est  la 
traduction  directe  de  burum,  et  on  le  trouve  dans  le  vieux 
français. 

«  Lors  se  trouvèrent  les  deux  chevaliers  gisans  en  la 
forest  soubz  un  arbre,  ne  ilz  ne  virent  entour  d'eulx  maison, 
ne  buron .  .  (Perceforest,  t.  III,  P*  fô  (1;). 

Cabana,  capana,  cavana,  cabane,  provient  du  kyrari  et 
du  gaélique  cnban,  dérivé  de  cab,  hutte  Caban  a  donné 
cabaiia  au  provençal  ;  cabanya  au  catalan  ;  cabàiia  à  l'espa* 
gnol  ;  cabanna  au  portugais  ;  capanna  il  l'italien  ;  cabanne, 
chithanne,  chabéne,  chavanne,  clievanne,  au  vieux  français. 
On  trouve  déjà  le  bas  latin  capanna,  dans  Isidore  de  Séville. 

Cabanes  (B.-du-Rh.,  Tarn),  les  Cabanea  (Ar.,  Tarn),  Cha- 
bannes  (Loz.),  la  Chabanne  {AL).  Chavannes  (Ain  (3),  Cher, 
Dr.,  Ht-Rh.,  Ilte-S.,  S.-etO.  (3)),  Chevannes(C.-d'Or,  Loiret, 
Niè..S.-et-L,,  Yon.); 

Echavannes,  anc.  Eschavannes  (Hte-S.),  Ëchevannes, 
anc.  Erichevannes  (C.-d'Or,  Doubs,  Hte-S.  (*))  ; 

Cabanes  (^)  (Av  ),  Chabanais  (Char.),  Chabenet  [Indre), 
Chavannattes  (Ht-Rh.). 

Gabanac  (Gir.,  Hte-C,  Htes-P.),  Chavanac  (Cor.)  et  Cha- 
vanat  (Al.)  sont  des  topiques  comme  les  précédents  et  non 
desgentiliques. 

Cabans  (Dord.)  et  Chabans  (D.-S.)  viennent  directement  du 
celtique  caban,  h  moins  qu'il  n'y  ait  eu  un  cabanum  que 
nous  ne  trouvons  pas. 

Cama  et  caméra,  son  dérivé,  ont  signiflé  domaine,  mai- 
son. Le  premier  a  été  rendu,  en  provençal,  par  cama,  came; 
en  espagnol  et  en  italien,  par  cama  ;  en  vieux  français,  par 
cambe  ;  le  deuxième,  en  provençal,  par  camfera;en  espa- 
gnol, par  camara  ;  en  italien,  par  caméra  ;  en  allemand,  par 
kammer  ;  en  vieux  français,  par  cambre,  chambre. 


(1)  lu  Ucuhnb.  —  (3)  CaoannU,  4184.  —  (3)  Cavannœ,  til5.  —  (4)  £ 
eletia  de  CAavannù,  llGl.  —  (5]  Cabaii^niù  {villaj,  zt<  siècle. 


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-f98- 

Camesf*)  (&.-P.),  Cambes  (Cal.,  Gir.,  Lot,  L.-et-G.),  la 
Cambe  (Cal.,  Orne),  la  Chamba  (Loire)  ; 

Camier  (P.-de-C),  Camoil  (Mor.),  Camon  (Ar,),  Camoas 
B.-P.,  Htes-P.)  ; 

Cambres  (Eure),  les  Cambres  (S.-Inf.),  la  Chambre  (Mos.), 
les  Chambres  (Man.)  ; 

Camarade  (Ar.)^  Camarës  (2)  (Av.),  Camaret  (Fin.,  Van.), 
Cambray  (B)  (Nd),  Chambrois  (Eure). 

Dans  la  hante  latinité,  cancelli  signifiait  barrières,  treillis, 
et  aussi  bornes,  limites  (Cicéron).  Le  mot  a  été  rendu  en 
ft^nçais  par  chancels,  chanceaux. 

Chanceaux  (C.-d'Or;  I.-et-L.),  Chancey  pour  Chancels 
(Hte-S.)  ; 

Chancelades  (*)  (Dord.). 

La  eappa  était  la  remise  des  chars  et  des  charrues.  Cappa 
a  donné  le  provençal,  l'espagnol  et  l'italien  cappa,  et  le  vieux 
français  chappe,  cheppe. 

Chappes  (AI.,  Arden.,  Aube  (5),  M.-et-L.,  P.-de-D,),  Chep- 
pes  (Mar.),  la  Cheppe (Har.)  ; 

Chappel  (S.-et-O.),  Chappois  (6)  (Jura),  Cheppoix  (Oise). 

CaBa  a  d'abord  en  le  sens  de  chaumière,  de  maisonnette 
(Cicéron).  Elle  était  souvent  une  baraque,  une  cabane,  une 
hutte  de  branchages. 

Sunt  quJbus  e  ramis  Trondea  facla  casa  est. 

(Ovide.) 

Au  moyen  &ge,  elle  devient  une  maison  et  même  un 
manseseigaeurial  ;  c'est  une  maison  en  pleins  champs,  une 
hï^itation  en  général,  le  plus  souvent  avec  appropriation 
religieuse  0). 

Le»  formes  néo-latines  de  casa  sont  :  le  provençal,  l'espa- 

(IJ  Cam*r,  tl93,  —  (1)  Cambarinii,  des  inon  mér.;  Victoria  Cam- 
barente,  a».  —  ;3)  Camaracum  urbs,  in  Greg.  Tur.  —  (*]  Caneellata, 
1«8.  —  (5,  Cappa.  75t;  Cojjpes,  1061.  —  (6)  Cappeij,  10«t;  Cappoit, 
1087.  -  (7)  V.  QuiCBEHAT,  loc.  cit.,  p.  51. 


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—  199  - 
gnoi  at  fitalien  aaa,  et  le  vieux  fiançais  eate,  case,  ehaize, 
ckèse,  chaze. 

Casa  (Corse),  Cases  (Hér.,  P.-O.),  Cazes  (T.-et-G.),  la 
Gaze  (Tarn),  la  Chaise  (Aube,  Char.,  Eure,  Ven.),  les  Chai- 
ses (l)(E.-el-L.),  la  Chaize  (Ven.),  la  Chaze  (Loz.;,  les  Cha- 
ses  («)  (Can.),  Chèzes  (Htes-A^,  la  Chèze  (C.-du-Nd)  ; 

Cazeaux  (Hte-G.,  Htes-P.),  Cazères  (Hte-G.,  Lan.),  Cazoals 
(Hér.),  Chazay  (Rh,),  Chaze  (M.-et  L.),  Chazeaux  (Ardèche, 
■  Loire),  Chazelles  (Can  ,  Char.,  Hte-L.,  Jura  (3),  Loire,  Meur.), 
Chazeuil  (C.-d'Or,  Nié.),  Chazet  (Ain),  Chazol  (Doubs),  Cha- 
zoy  (+1  (Doubs),  Chazelet  (Indre),  Chazeiot  (Doubs),  Ché- 
zeaux  rHle-M.,  Hle-V.),  Chézelles  (AI  ,  Indre,  I.-el-L.), 
Chézy(Al,),  Cazaril  (Hte  G-,  Htes-P  ),  Cazoulès  (Dord  )  ; 

Casabianca  (Corse),  C^asalta  (Corse),  Casanova  (Corse), 
Case-Dieu  (3)  (Gers),  Caseneuve  (Vau  ),  Cazeneuve  (Gers, 
Hte-G.),  Cazenave  (Ar  ),  (iizevieille  (Hér.),  la  Chaise-Dieu  (6) 
ou  Saint-Roberl  (P.-de-D.),  Chasepierre  ffl  (Beig,),  Chèze- 
neuve  (Is.;.  ; 

Deuxchaises  (8)  (Ai.),  Outrechaise (Sav.) ;  Vieillescazes. 

Cax'iti»,  camle,  maison  de  chélive  apparence,  quelquefois 
substmction  de  maison  en  ruine  détruite,  a  donné  le  pro- 
vençal casatia,  casai,  casau  ;  l'espagnol  ciisal;  l'italien 
caKile  ;  le  vieux  français  chaaal,  chaiat,  chceal. 

Cazalis  (Gir.,  Lan.),  Casais  (T.-et-G),  Gazais  (Ar.,  Lot), 
Cazaux  (Ar,,  Gers,  Hte-G),  Chazals  (Rii.),  Chezals  (9)  (Cher), 
Chezaux  (Doubs,  Suis.). 

Le  catabulum  ou  caloboiwn  était  une  écurie  ou  uneéta- 
ble,  d'après  les  Gloasat  Papise  et  les  Notx  Tironii.  Les 
Glotsœ  donnent  la  deuxième  orthographe,  qui  fait  penser  au 
néo-grec  catabolos,  débarcadère,  quai.  Catabutum  a  été  tra- 
duit par  chabte,  chabre,  en  provençal  et  en  vieux  français. 


(1)  Caiee,  MO,  11X1.—  (2)  Id..  v.  800  —  [3)  Ctueltx,  %3.—  (t)  Cha»ey, 
1170.  —  (5j  Caia  Dti,  ItXi.  —  (G)  Id.,  10i3.  -  (7j  Caia  pelrea,  888.  — 
—  (8)  VUta  de  duabu$  nuts,  030;  -  ^}  CataU  Senodiotum,  109S. 


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—  200  — 

Cbables  (Suis.l,  la  Ghable  (Eure,  Suis.),  Chabres  (Htes- 
Alpes) ; 

Chabrat  (Char.),  laChabliëre. 

Le  bas  lalîn  cayum  a  été  traduit  par  quai  et  par  chai. 
Cette  double  signification  s'explique  par  l'étymologie. 
Cayum,  quai,  que  l'on  trouvg  dans  une  charte  de  Phihppe- 
Auguste,  et  cayum,  chai,  cellier,  remise  champêtre,  pro- 
viennent, l'un  et  l'autre,  du  kymrï  kae,  haie,  barrière, 
qui  subsiste  dans  le  bas  breton  kaé,  haie  et  quai.  Une 
glose  d'Isidore  assimile  le  primitif  kai  à  cancelU.  Le  quai  et 
le  chai  ont  été  tous  deux,  à  l'origine,  un  clayonnage  servant 
dans  le  premier,  à  retenir  les  terres  du  rivage,  dans  le  second 
à  abriter  des  produits  agricoles  ou  du  matériel  d'exploitation 
rurale.  Dîez,  qui  se  demande,  en  présence  de  ces  formes, 
pourquoi  le  français  n'a  pas  été  chai  dans  les  deux,  se  répond 
à  lui-même  que,  sans  doute,  quai  est  né  dans  la  r^ion 
picarde,  où  l'on  ne  chiait  pas. 

Cayum,  quai,  se  retrouve  dans  le  hollandais  kaai,  l'an- 
glais kay,  le  flamand  kae,  quac,  le  wallon  kai,  et  le  vieux 
français  quay  ;  cayum,  chai  ;  on  trouve  aussi  caya  dans  le 
vieux  français  chay,  sur  lequel  a  été  refait  l'înQme  latin 
chayum. 

Cay(Som.),  Quaem(Nd); 

Cayeux  (Som.)  ; 

Chay  (Ven.)  (2),  le  Chay  (Ch.-Inf.). 

La  ceila  était  une  remise  champêtre,  un  cellier,  une  petite 
propriété  rurale.  La  cella  des  Romains  était  la  chambre  de 
l'esclave  ;  Cicéron,  dans  sa  deuxième  philippique,  emploie 
ce  terme  à  propos  des  esclaves  d'Antoine  qui  faisaient  leurs 
lits  avec  les  tapis  de  pourpre  de  Pompée.  Cella  signifie,  dans 
Ckilumelle,  la  demeure  des  bergers  et  des  bouviers,  qui  sou- 
vent étaient  de  condition  scrvile.  La  cella,  avec  ses  écuries, 
ses  granges  et  ses  autres  dépendances,  devint,  sous  les  Ca- 

(1)  On  Quaedypres.  —  (2)  Ou  Caiaise. 


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—  201  — 
rolingieas,  l'habitation  du  manse  tributaire,  par  opposition  à 
la  ea$a,  qui  était  celle  du  manse  seigneurial. 

Cella  a  aussi  retenu  la  signification  de  chapelle  ou  de 
sanctuaire  d'un  temple,  que  lui  donne  Vitruve,  et  de  temple, 
qu'il  a  dans  Cicéron.  Beaucoup  de  cella  doivent  leur  origine 
à  un  prieuré,  un  lieu  de  pèlerinage,  un  ermitage. 

Ceîla  est  devenu  :  en  provençal  et  en  italien,  cella  ;  en 
espagnc'l,  celda  ;  ea  vieux  français,  celle,  gelle,  quelquefois 
ehelle  ;  enlin  zelle  ou  zeelle  dans  les  provinces  qui  ont  subi 
l'influence  germanique. 

Cellas  (Drô.),  Celles  (Aisne  (t).  Al.,  Ar.,  Aube  (2),  Can., 
Char.,  Ch.-Iof.,  Cher,  Cor.,  Gr.,  D.-S.,  Dord.,  Hte-M., 
Hér.,  L.-et-Ch.,  Mar.,  Nié.  &',  P.-de-D.,  Var,  Vos,,  Yoo.), 
Cellettes(Char.,  L.-et-Ch.),  la  Cellette  {Cher,  Cr.,  P  -de-D.), 
Cellules  (P.-de-D.),  Chelles  (Oiso),  la  Chelle  (Htes-P.,  Oise, 
P.-de-C),  Selles  (Eure,  Hte-S.,  I.-et-V.,  Indre,  Loiret,  L.- 
et-Ch.,  Mar.,  P.-de-C),  la  Selle  (L-et-V.,  I.-et-L.,  Loiret, 
Orne,  S.-et-O.  W)  ; 

Brancelles  (5)  (Hér.),  Bissezeelle  (Nd),  BoUezeelle  (Nd), 
Broezeelle  |Nâ],Champcella  (Htes-A.),  Herzeclle  (Nd);Jon- 
cellcs  (Hér.),  Lederzeelle  (Nd),  Navacelles  (^)  (Gard),  Neu- 
vecelies  (Hte-Sav,),  Oclhezeelle  (Nd),  Oudezeelle  (Nd),  Slra- 
zeelle  (Nd),  Vincelles  (Jura  (1),  Mar.,  S.-et-L.,  Yon.),  Vin- 
zeilea  (P.-de-D.,  S  -et-L.),  Winnezeelle  (Nd),  Zennezeelle 
(Nd). 

Le  cellarium,  cellier,  lieu  de  rez-de-chaussée  oit  l'on  serre 
les  provisions,  a  conservé  tous  les  sens  primitifs  de  cella  : 
il  peut  être  la  cella  farinana,  ta  cella  penaria,  la  cella  po- 
maria,  la  cella  vinaria  de  Caton,  aussi  bien  que  la  cella 
ligtiaria;  il  peut  être  la  cella  olearia  de  Cicéron,  etc.  Il  n'a 

(1)  Ctlla,  Celles-sur-Aisne,  en  1-1Î9.  —  (2)  Cella,  1065;  Cella  Damini 
Bobini,  fâ9,  esl  Hootier-la-Celle  —  (3)  Cella  Sancti  Remigii,  8i9,  Celles 
ou  la  Celle-sur-[«ire  ;  Cella  Sancti  Dyonitii,  9UR,  Celles-siur-Nièvre.  — 
—  (4j  U  Selle  ou  la  Celle-SaJat-Cloud.  —  (5)  Bella  Cella,  HiO.  —  (0}  Nova 
Cella.  -  (7)  Yineelta,  1130. 

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abandonne  que  ceux  de  celUi  columbarvm  (Cotlumelle  el 
ii4e- sMWdpiim  Ati  npiini  célla  (Ptine)i  qui  sont,  fl  est  vrai, 

un  peu  détournés'.  '  '     ' 

Cellatium  est  devenu   :  le  provençal   cclier,  le  catalan 

MtlAi',  l'espagriol  celeiro,  rUalîen  celliere  et  celtaiOf  le  vieux 
-  fhmçais  eeli^%  ehelier.  Le  français  moderne  a  été  re^t,  au 

XV*  siècle,  sur  ceHarium.  On  le  trouve  déjà  dans  Froissard. 
•     Odilers  (Sav.),  le  Cellier  (Ardéche.ls.,  L.-Inf.),  Cellières 

(«.-et-L.).  -  ■  '  ~ 

''  Ge  dernier  est  un  eellaria. 

On  appelle  cerne  un  abattis  d'arbres,  une  aire ,  de  déln- 

cHement  tnitourd'uh  terrain  à  cultiver. 
■'   9}n  oettain  nombre  de'Iocalités  en  ont  pris  leur  nom. 
CerN^,  qui  est  enéore  (Tusage  en  d'autres  acceptions,  vient 

dB'-riretnik«,  dérivé  de  eircua,  cet^le,  dont  il  a  lé  sens  gêné- 

ni. -CfreMus a  produit  :  l'espagnol  cercen  et  l'italien  cii-cinv. 

■  GernXDord.). 

■  Gemay  (Doiibs),  Cernoy  (Loiret,  Oise),  Cerneox  (S,-et-M-, 
Suis.),  le  Ceraeux  (Uoubs  (^},  Suis.  (3)),  Cernon  (Jura,  Mar.). 
Cerniaz  (Suis.),  Cerniér  (Suis,),  Cernion  (Ârden,),  Cemj 
(Aiaae  P)),-  le  Ceniy'(Suis.)  ; 

'  'Cerniébaud  (Jdi^],  Cèrniéviilers  (Suis.],  Cernusson  (M.- 
el.t.>.'  ' 

'  Giatema,  citerne  dans  Varron  et  Martial,  parait  avoir  eu 
au»sî"le'flene  de  cellier  oïl 'de  cave;un  lextede  Pétrone,  oii 
il  est  question  d'un  cisterna  frigidaria,  porte  du  moins  à  le 
creire, 

'  Le  mot  latin,  qui  vient  de  data,  cofTre  et  terrena,  de  terre, 
est  devenu  :  le  provençal,  l'espagnol  et  Titalien  cùtema,  et 
-le" vieux  français  eUtei-ne.' 

■  GiSternea  (P-.  de  D.),  Citernes  (Soni.). 

Clatuum,  cloiUm,  clututn,  enclos;  de  claudtsre,  clodert. 
ou  elvdere,  fermer,  clore.  Les  formes  dérivées  sont  :  le 

(1)  U  C-Momml.  —  (2)  Le  C.-Péquignol.  —  (3)  Cirànieum,  530. 


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-  provençal  clauf^clowi,  «Im,  cliu/l'italien  c/iiiuo,  et  le  vieux 
français  cioj,  clcu«,  ciiw,  clowa,  '"''' 

LeCIau3(Av.,  Gant.,  Gor.,Dord.,  GerS.,HéP.,T:-èt-Gar.), 
Ck»  (S.^-M.)>  Cluis  (Indre),  Glus  (S.-et-l..),  Escloses  ([s.), 
EaclenK.fjniti).  ■'    - 

Le  Claxttab  (ArdÈcbe/Sord:,  Lot),  Glauzures  (Dord.),  les 
Clouzeaux  (Yen.),  laGlouzareÈ((HteS-P'.).  ''  '■'''"■ 

Le  coopertorium^  de  e&opet^r't,  couvrir,  était  un  abri.  On 
trQave<tw nu)t  dans  les  doms'suiVatits  :        •       ■" 
.  .Gauvrair(N4l},  Gouvroir,  anc.    nom  de  Chevreaux  (Yon.), 
GouYrOB!(Aiaoe)', 
■  La  iiiiiTertoir»de(Av.),-CouVrot(Mar.)' '  '  "  '  "^■ 

'  -LesiDâamorphoses'de  {>}operloWuTn,  dans  \h  cas  "de  Che- 
vreaiHv  sont  assez  hMére^stantes  &  suivre.  On'le  trouve  'abus 
la  forme  Qaoopertorium>  dani  un  texte  du  %•  siècle,'  puis 
.6e«oïit  :  Couvroir,  Chouvroir  et  GheTroy.  Tout  te'  mal  est 
venu.de  lojprononoiation  adoucie  dti  ehdeCtioùVrdl^.  ''' 

Le  mol  fara  vient  de/a*,  étranger,  tfu'on  reiifouVe  dans 
l'altoœwid  moderne  f«)>n,  et' désigne  nhe'localité  cré'ée  ou 
habitée  par  des  étrangers.  Il  a  donné  fara,  fare,  au  proven- 
çal, et- '^a  ire,  fère';a.]i  vieux  français.  '  ' 

I  Lorsque. les  Francs  s'établirent  dans  le  rtôril  ét'l'èâfdèla 
.  GAule*  ii»  oouvrirent  le^ys  conquis  de  leiJfs  hdm,'hemoa 
i?iMin,  si  répandus-dans  la-FIaAdre, le  Hainattl"  et'la'Thié- 
'rachs,  la-'Lorraine  et  l'Atsaee.  Ils  cïotistriTi^rent,  en  rnême 
temps,  dans  le  pays  gallo-romain,  des  postô^' avancés  que 
.leurs  bàterappelârentfïifo.  Ctt-tarnes  Villes  eilrèntdès'/'ar« 
ou  quartiers  d'étrangers,  qu'on  appelait  quëlqU'ôrois  fai-a- 
.mandii  Un  faubourg  d'Arbois  (JUra)  et  deuXTlHageS,  riin  de 
l'Ain,  il'aatre  de  l'Isère,  portent  encore  le  nom  de  Faramànd. 

La  Tare  <B.^u-Rb.,  Drô.  (1),  Gard,  Htes-A.,  Loz.,  Vau.), 
ta  Fera  (Aisne  &),  Mar.  (3))  ; 


II)  Fara.  au  xir*  liécle.  —  (S)  La  Fêre-eii-Thiérache,  Fara.  SGS,  et  la 
Fère-en-TanJenoia.  —  (3)  La  Fère-Charapenoise. 


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—  204  - 

FeroHes  (Loiret,  S.-et-M.)  ; 

FaremoDt  (1)  (Mar.),  Fèrebriange  (Mar.),  Ferfaye  (P.  de  C), 
Femoël  (P.  de  D.)  ; 

Hautetàre  (Is.)- 

Foenarium,  grenier  à  foin,  a  laissé  le  bas-latin  fenarium 
ou  fenaria,  le  provençal  et  le  vieux  français  fenier  et  fe- 
nière.  Le  provençal  a  eu  aussi /'eimire,  fenayre. 

Feniers  (Cr.),  la  Fenière  (Suis.)  ; 

Fenayrols  (T.-et-G.),  Fenéry  (D.  S.). 

Granictt,  grange,  en  basse  latinité,  de  granum,  grain,  a 
donné  :  le  provençal  granga,  granja  ;  l'italien  grania  ;  l'es- 
pagnol et  le  portugais  granja;  le  vieux  français  granche, 
grangue,  grainge,  grange.  On  trouve  aussi,  dans  l'ancien 
français  gragne,  mais  il  vient  de  granea.  Graniea  est  dans 
la  loi  des  Bavarois,  granea  dans  d'autres  lois  barbares. 

Granges  (Ain,  Doubs,  Dro.,  Hte  S-,  Jura,  L.-et-G.,  Mar., 
S.-et-L.,  S.-et-M.,  Suis.,  Vos.),  la  Grange  (Doubs,  Htes-P  , 
Ht-Rh.,  Lan.),  les  Granges  (Aube,  Dord.,  Doubs,  S.-et-O-, 
Sais.),  Grangues  (Cal.),  Craignes  (Man.)  ; 

Grangettes  (Suis.),  les  Grangettes  (Doubs),  Grangioles 
(Suis.). 

La  grange  est  actuellement  le  bâtiment  de  ferme  destiné 
au  logement  des  gerbes  et  au  battage  des  grains.  Elle  a  eu 
de  bonne  heure  cette  signification  dans  la  France  du  Nord  ; 
dans  le  Midi,  elle  était  une  ferme,  dont  le  tenancier  ou 
granger  partageait,  comme  le  métayer,  les  produits  du  sol 
avec  le  propriétaire. 

L'ancien  haut  allemand,  halla,  temple,  semble  être  le  père 
de  l'allemand  moderne  halle,  salle  ;  de  l'anglais  hall,  salle, 
palais,  galerie,  et  du  français  halle,  marché  couvert,  maga- 
sin public,  hangar  (halle  au  blé,  aux  légumes,  à  la  viande, 
aux  vins  ;  halle  aux  cuirs,  aux  draps  ;  halle  de  forge,  de 
verrerie,  d'arsenal).  Passé  dans  le  bas  latin,  halla  a  été  l'ha- 

<1]  Faramunt,  zii*  siècle. 


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—  205  — 
bitatioD  d'apparat  du  propriétaire  barbare.  H  a  donné  à  l'ita- 
lien alla,  et  au  vieux  français  aie,  aule,  haie,  halle.  Il  semble 
y  avoir  eu  dans  celui-ci  confusion  entre  halla  et  aula. 

Aies  ou  Ailes  (Dord.),  Halles  (Meuse,  Som.),  les  Halles 
(Rb.),  Hallay  (Mar.),  Halluin  (Nd),  Haliu  (Som.). 

Hamua,  village  paroissial,  provient  d'un  radical  ham,  qui 
est  daub  le  flamand  ham,  hem;  dans  l'anglo-saxon  ham; 
dans  l'anglais  hom;  dans  l'aliemand  moderne  heim;  dans  le 
Scandinave  hamm,  et  dans  le  vieux  français  ham,  han.  Son 
diminutif  hamellui  est  resté  dans  le  français  moderne 
hamel,  hameau,  petit  village,  groupe  de  maisons  écartées. 

Dans  la  Lorraine  allemande,  heim  est  devenu  hom;  dans 
les  Flandres,  hem  est  souvent  remplacé  par  hien,  Vh  a  sou- 
vent disparu  dans  les  composés. 

Ham  (Mos.,  P.-de-C.  W,  Som.  (3)),  le  Ham  (Arden.,  Cal., 
Man.,  May.,  Mos.),  Hames  (P.-de-C),  le  Hame  (Cal.),  Han 
(Arden.,  Belg.,  Mar.,  Meuse),  Hem  (Nd,  Som.)  ; 

Hamars  (Cal.),  Hamel  (Nd),  le  Hamel  (Oise,  Som.),  le 
Hamelet  (Som.),  Hamelin  (Mar.),  les  Hameaux  (D.-S.)  ; 

Hambers  (May.),  Hamblain  (P.-de-C),  Hambie  (Man.), 
Heim3prung(Ht-Rh.)  ; 

Baiham  (Arden.),  Bouquenom  (B.-Rh.),  Cattenom  (Hos.)- 
Canchan  (S.-Inf.),  Domnom  C^  (Meur.),  Drincham  (Nd), 
Etreham  (Cal,),  Flœrsheim  (*)  (Prov.  rhén.),  Grandham 
(Arden.),  Kiilem  (Nd),  Manom  (Mos.),  Millam  (Nd),  Ouis- 
treham  (Cal.),  Pitgam(Nd),  Uxem  (Nd),  Wanneham  (Nd). 

Comme  exemples  de  noms  en  hien,  citons  :  Frelinghien 
(Nd),  Mazinghiea  (Nd),  etc. 

On  trouve  hem  dans  les  noms  de  cinquante-deux  localités 
du  Nord,  du  Pas-de-Calais  et  de  la  Somme  ;  hen  dans  seize 
du  Pas-de-Calais,  et  heim  dans  deux  cent  sept  des  Haut  et 
Bas-Bhin,  de  la  Meurthe  et  de  la  Moselle. 


(1)  Bamnm,  1106.  -  (2)  Id.,  103i.  —  (3)  Domenheim,  1217.  -  (*)  Flo- 
ridithami  fviUaj,  9U4. 


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-  206  — 

La  hau»a  était,  comme  le  manius,  une  ferme  ou  une  habi- 
tation {;^r9lç„à,]^qi]^l$.^[ait,Attaiitiàe<UQeiCârtaiflai<éten{liK  ' 
de  teçr^,.  ,9n,trouv^  Iftniotjisveo'ia  fopoie  germanique  haw  <' 
>en  ou  la  forfne  înDQaiiie  .hauae,  heme,  'mi,-d8ns  les  pro-  ' 
vincQ^  d,u  noi;d  jbL  d^  l'Ëgt  de  la  France,  exceptionnellement^ 
ailleurs,  et  toujours  en  conipctaiUon,  L'/t  se  perd  «tans'  le«  '> 
compqs^é^ile.fctripation  française.  ' 

Adelouse.lU  iMôur,),  Andslus.(S.-et-0.),  Anglus  (Mar.), 
Ardelvis.,.(£.-et-'U),  Barguen^u&e,  ano.  BerguinbouBe  {P.-- 
de-C,)^.  .Bosselshausen  (B.-Rh.),  .Coolust^)  (MBr.),'Gn)pus- 
(S.-Ipi;),  Dçius.CCh.-Inf.,  I.-et-L.),  EteiiAus  (S.-'Inf.),  Ey- 
narhou^.  (Meur.)»  Futzelhauseu  (D.-Rh.),  Geishausen  (Ht-'  ■ 
Rh.)r.,  Hildehofipp  <3)    (Meur.),   IJurlus  (Mar.),   Issendolus 
(Lot),,Kathau9eQ  (Uos.),    KaUenhauaen  (B.'tRh.),    Kurts- ' 
hausen  (B.-Rh.),  Kutzenhausen  .  (B.-ithv),  Lathus'  (Vien.),  ' 
Lîxhai^sap   (Ij-rfU).)-  tut^elhauçen    (B.-Rb.),    MUhlhausen' 
(B.-lÙi.),    ,M>jlhousei  (Ht-Bh.)»  ..Munchhausen   (Ht-Bb.    et 
B.-Rh.),    Mutzenl>ause|i    (fi.rRh.),    Mordbausen    (B.*Rh.), 
Osthaijs^n,  (B.-Bh.),,  Pf^erhausea    (Mt-Rh.),  '  Reissouse 
(Ain),  Réthovae  XJura),  la  Bixquae -(Jura);!  Rbggenhàuapn" 
(B.-Bh-l,    Sçh^fhfvsen    (B,-Rb.),  .Sdiweàîhausen   (Ht-Rh.  ■ 
et  B.'-Rli.),    Sorrus  (P.-de-C),  Toussus  (S.«et-0;>, -Wald- 1 
bausen,,(Mo^.),  Varlqs  >  <Oifie,  li.-de'C..^  Som.), 'West'- r 
hausea,(^.~Rh.),  Wilshau^n  (B.-<Bh.)>'  'Wiotershaosen  (&.•' 
Rh.).,..  ..„,  .  ■■     ■  ;■         •     ■■  ■'.  .  '■■■;        ■■'     ■  ■ 

L'ancien  haut  allemand  hutta,  cabane,  a  donné  hutte  à 
ralleman^i^no^QTQe,  ftut  f^  l'angUia,  hutte  aufranfaisi^'  '  '  ' 

Laflui4,(Sa?-,Vos,);    .      ■■     •      

Huttendorf  (B.-Rh.),  Huttenbeim  (B.-Rh.)  ; 

Eyza^utte.tDiv).),.   .  ,,  ■    ,    •,.■■..     ■    iI-hf. 

Le h^^la^i^^ifibia,  lobium,  hutte,  dérive  de  l'ancien  haut 
allemand  ;iaub(),  lafija,  qui  a   donné  rallemend  moderne' 


lellmue,  Edethouw.  —  (3)  Est  dqi   Pilla  Coêlvê, 
iitftouMn.  „, 


D,g,t7cdb;/GOOglC 


—  207  —  ,      , 

lauhe,  feuillée,  cabane  de  feuiUagâ,.et  auquel  noua  devoM  :  . 
le  provençal  lotja  ;  le  catalan  llotjà  ;  Vespagaol-  et  le  porta-    "^ 
gais /oja  .l'italien  lo^^ria;.  le  romanche  laupîa  ;  le  lombard  " 
lobia  ;  l'anglais  lodge,  et  la  vieux  frangais  J(>ue,  io|/«.  Dans  )a  ' 
suite  des  temps,  loge  a  eu  le  sens  de  raaiadrerie  et  de  petite 
maison,  de  cellule  d'aliéné.  ..       .    i 

La  Loge  (Aube,   P.-de-C,  Ven.),  les  Logea  (A»be,  ■Cal.,  '  ■ 
Hte-M-,  Man.,  S.-et-O,,  S.-lnl.),  Loyea  (Ain,  Cher,  Jura),  ta 
Loye  (1)  (Jura); 

Loyères  (S.-et-L.),  layettes  (Ain)  ; 

La  Vieilie-Loye  (Jura). 

Il  y  a,  en  outre,  six  Logeâtes.    . ,  .1  .■■,■■ 

ha  Lobie  (T.-et-G.)  et  la  Lobe(Arden.)  sont  des  dérivés 
plus  directs  de  loMa.  -.     . ,       . .  ,    >  ...  1 

Quarante-deux  hameaux  ou  écarts  de  France  ont  pour 
nom  :  la  Loge.  .  1    'i 

Maeeria,  maison  construite  eo,  , pierres   8èoii9p,.iparalt  i' 
venir  de  macer,  inaigre,.eta  àonifé  le  vieux  fripigaîa  mat*  -  • 
stères,  maizière,  méziére^mazièt^e,  ma^et  mizàre,  q^iinla    ■ 
aucun  rapport  avec  mazure,  qui  provient  de  manaua,  par 
Tnansura,  matura.  ,.    ,      -         1     .     ■. 

Haisières  (Doubs,  Hte-S.),  Maizi^rea  (Aube  (S),- C«l->  Ht»-  • 
M.  ^3),  Meur-,  Mos-, .  P.-de-C.),.  Méz^ères  (Anfen,,  Ohar.;  •• 
Eure,  E.-et-L.,  Hte-Y-,.  L-ût-y.,,lDdre,Xoiret,  aar.,.S.-et-  i 
0.  (*),  Som.),  la  Mézière(l.-et-V.),  Maxières,  (D.-S.iCr.,I.-  ■ 
et-L.,  M.-et-L.],  la  Mazière  (Cor,),  Mazèiwa  (Ar-,  B-P.,  ' 
Gers,  Gir.,  Htes-P.),  Mézërea  (Hte-L.),  MaaQiree  (P.KlerD.^ 

Maizeray  (Meuse),  Maizeroy  |Mos.),,Maizery  (Mos.),.>Méze-   ■ 
ray  (Sàr.),  Mazerolles  [Aude,  B.-P-,  Char.,  Ch.-Inf.,  Doubs, 
H.-P.,Lan.,  Vien.  (5); 


(1)  Logia  nova,  MU,  par  opposition  i,  la  Vieilie-Loye,  qui  est  Logia  en 
10S9.  —  <2}  Macerim,  1143;  Haizières-lu-Grande-Paroisse  est  dit  MatrrU 
en  1147.  —  (3)  Id.,  auxr  «Jécle.  —  (4)  Id.,  815,  Héziires-siir-Seine,  — 
(5)  Maceriolm,  961. 


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MazeruUes  (Heur.),  MaZirat  (Al.),  Hazirot  (Vos.)- 

L'inQnitif  du  verbe  maneo,  manere,  rester,  demeurer,  a 
donné  régulièrement  le  provençal  maner,  et  le  vieux  fran- 
çais manoir,  qui  ont  été  employés  substantivement. 

Manere  (P.-O.),  Manoirs  (Eure),  le  Manoir  [Cal.),  Manoir 
(Hte-M),  Manoux  (E.-et-L.).  Ménoirs  (Cor.). 

Le  mot  a  passé  en  Angleterre  avec  ies  Normands  et  yest 
devenu  manor. 

Materia,  bots  de  construction  (Cicéron,  Virgile,  Columelle) 
a  donné  le  provençal  materia,  madeira,  et  le  vieux  fran- 
çais madiére,  médière,  maison  de  bois.  I^  mot  madrier  a 
la  même  origine. 

Madières  (Âriège),  Maidiëres  (Meur.),  Médières  (Doubs)  ; 

Madré  (May.),  Madriat  (P.-de-D.),  MarollesCl)  (S.-et-H.), 
MédayroUes  (P.-de-D.). 

Le  hameau  de  Madrid,  dans  le  bois  de  Boulogne,  s'appe- 
lait autrefois  Madry. 

Muette,  rendez-vous  de  chasse,  est  une  forme  ancienne 
du  mot  meute.  L'une  et  l'autre  proviennent  de  mata,  fémi- 
nin du  participe  passé  de  movere,  employé  comme  subs- 
tantif- ifola  a  d'abord  donné  muete,  qui  se  prononçait 
meute.  La  Muette,  près  Paris,  était  encore  appelé  la  Meute, 
et  la  Meuthe  au  siècle  dernier.  On  lit  dans  la  Corretpon- 
dance  de  Louis  XV  et  du  duc  de  Noaillca  !%)  .  t  Au  bois  de 
Boulogne,  à  la  Heutte,  ce  23décembre1743...  >  Il  a  donné 
aussi  moute  dans  le  domaine  provençal. 

Mouthes,  anc.  Mouttes  (Doubs). 

Le  redoublement  du  t  dans  muette  et  mouthe  est  une 
faute  d'orthographe  consacrée  par  l'usage,  «  arbitrium,  jus 
et  norma  loquendi  ». 

Navis,  abreuvoir,  en  vieux  français  nave,  nau,  se  retrouve 
dans  les  noms  suivants  : 

Naves  (Al.,  Ardèche,  Cor.,  Hte-Sav.,  Nd,  Sav.,  Tarn)  ; 

(1)  MadjioUe,  786  et  829.  ~  (S]  Til.  H,  p.  69.  Ctt.  de  littré. 


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-209  - 

Le  Navois  (Doubs  (l),  Jura  <%)). 

Palearium,  pailler,  grenier,  hangar  à  paille,  a  donné  :  le 
provençal  palhier,  pnillier  ;  le  catalan  palter  ;  l'espagnol 
palïeira  ;  le  portugais  palheiro  ;  l'italien  pagliaio  ;  le  vieux 
français  pailHer,  pailHe,  pailly. 

Pailly  (Yon.),  le  Pailly  [Hte-M.),  Paillé  (Ch.-Inf.)  ; 

Pailharès  (Ardèche),  Pailherol  (Can.),  Paiihès  (Hër.), 
Paillés  (Ar.),  Pailloles  (L.-et-G.),  Pailhers  (Lo?..\  Palières 
(P.-de-D.)- 

Le  plexitium  était  une  enceinte  formée  de  plexus  ou 
branches  entrelacées,  un  parc  clos  de  haies  sèches,  et,  par 
extension,  la  maison  de  plaisance  qu'il  entourait.  On  l'appe- 
lait aussi  plexarium.  Ce  dernier  est  devenu  pleseief,  en  pas- 
sant au  vieux  français,  et  plexitium,  ple$sii,  pletaix. 

Plessis  (Cal.,  L.-et-Ch.,  Oise,  S,-et-0.,  Yon.),  le  Plessis 
(Aube,  Eure,  L.-et-Ch..  Man.,  M.-e'-L.,  Oise,  Seine,  S.-et- 
M.,  S.-et-O.),  Plessix  (G.-du-Nd)  ; 

Plessiers  (Oise),  le  Plessier  (Aisne,  Oise,  Som.),  Plessé 
(L.-Inf.). 

Querrum  est  l 'habillement  latin  d'un  mot  d'origine  celti- 
que, qui  signifie  habitation  rurale,  manoir,  et  aussi  hameau, 
village,  et  qui  abonde  dans  la  loponomastique  de  la  Basse- 
Bretagne  et  du  Pays  de  Galles  (^1. 

Les  formes  bas-bretonnes  sont,  outre  quer,  caer  ou  car, 
ffuer,  ker. 

Guer  (Mor.); 

Querré  (M.-et-L.),  Querrien  (Fin.),  Carantec(Fin.),  Carbay 
(M.-et-L.),  Cardroc  (l.-et-V.),  Carhaire  (Fin.),  Caro  (Mor.), 
Guerlesquin  (Fin.),  Kerfots  (C.-du-Nd),  Kerfeunteun  (Fin.), 
Kerfot  (C.-du-Nd),   Kerfoum  (Mor.),  Kergloff  (Fin.),  Ker- 

(1)  Abergemenl-tlu -Navois.  —  (2)  Pont.du-Navois.  —  (3)  La  forme  gal- 
loise du  mot  est  cof  r,  car,  que  nous  trouvons  dans  Cardir,  Cardîgnan, 
Carhaii,  Carleon,  Carlisle,  Carmarlhen,  Carnarven,  Carphilly,  Carwis. 
Carlisie  ou  Carluile  est  l'anc.  Luguvatlum,  el  Canaarthen  l'anc.  Varidu- 


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—  aïo'-^ 

grist  (C.-du-Nd,  Mor.).  Kerrien  (C-du-Nti),  Xerity  ^C -du-' ' 
Nd),  Kerlouan  <Fin.),  Kermaria  (C.-du-Nd),  Kennoroch  (C- 
du-Nd>,  Kernouès  (Fin.),  Kerperl  (C.-du-Nd),  KersaSnt 
(Fin.),  Kervignac(Mor,). 

Reitiim,  resta,  pause,  repos,  a  donné  resta  au  provençal 
et  à  l'italien,  et  rest  à  l'anglais  et  au  vieux  français.  On  le 
trouve  dans  Jes  dérivés  et  dans  les  composés  suivants  :' 

Gerderest  (B.-P.),  Vendrest  (S.-et-M.)  ; 

Rethel  (Arden.,  Mos.).  Rétheui!  (<)  (Aisne),  Ristolas 
(Htes-A.). 

La  sala  était,  comme  la  halla,  le  manoir  d'un  propriétaire 
d'origine  barbare  ;  mais  ce  genre  de  bien  avait  cela  de'  par- 
ticulier qu'il  te  transmettait  de  mâle  en  mâle,  par  ordre  de 
pdmogéniture,  comme  la  terre  salique. 

Le  mot  vient  de  l'ancien  haut  allemand  mt,  maison,  de- 
meure, qu'on  retrouve  dans  le  suédois  sal,  dans  l'allemand' 
moderne  sala,  et  qui  nous  a  donné  te  provençal  laieS,' l'es- 
pagnol et  l'italien  lala,  le  vieux  français  saile,  aaullè. 

Saaies  (Vos.),  Sales  (Hte-G-,  Hte-Sav.),  Salles  (Aude  (2), 
Av..  B.-P.,  Char.,  Ch.-Inf.,  Dord.,  D.-S.,  Gard,  Gers,  Gir,, 
Hte-G.,  Hles-P.,   L.-et-Gar.,   Loz-,  Tarn,    Vien),   la  Salle   ' 
(Gard,  Htes-A-,  Htes-P.,  Is.,   M.-et-L.,   S.-et-L.,  Vos.);  les 
Salles  (Gard,  Gir.,  Hte-V.,  Loire,  Rh-,  Var)", 

Sallède  (P.-de-D.)>  Salleilles  (I.oz.),  les  Sallelles  (Ardëchèj, 
Sallèles (Aude,  P.-O.  W).  la  Sallette  (Is.); 

Salaberry  (B.-P.),  Salbert  (Hte-S.),  Salbris  (L.-«t-Ch., 
Salecban  (Htes-P.),  Salesches  (Nd),  Saleich  (Hte-G.).  Saleix 
(Ar.),  Saienthal  (B.-Rb.),  Salherm  (HIe-G.),  Salléon  (Htes- 
A.),  Salindres  (Gard),  Salives  (♦)  (C.-d'Or);  SalagrifTon  (Var), 
Sallaux(P.-de-C.),  Salmagne  (Meuse),  Salmiech  (Av.),  Sal- 
lenaves  (B.-P.),  Sallenoves  (Hte-Sav.); 

Hénansal  (C.-du-N.). 

(1)  BeêteuUi,  1130.  -  (S)  Sala,  782.  -  &)  SalUUe,  8t4.  —  (4j  Sala». 


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-  2«  — 

Septum  est  une  clôlure  de  bois,  une  barrière,  dans  Cîcé- 
ron,  Dû  enclos,  une  enceinte,  un  mur  dans  VarroUj  un  parc  .. 
detroui^ëau,  une  bergerie  dans  Virgile;   et,  par  extension^,   , 
un  vivier,  dansColumelle. 

SeplS(Hïe-G.); 

Septeuilsd)  (S.-et-O.); 

Septsarges  (*)  (Meuse),  Septfonds  (Yon.)-  Septfoifts  iT.-et-   ^ 
G.),    Septrorges   (Orne),   Septmeules    (L.-lnf.^   Septmqnts, 
(Aisne),  Septmoncels    (Jura),  Septvaux  (Aisne),   Sfpivents. 
(Cal.),'  Sëptvigny  (Meuse). 

Sera,  cellier,  remise,  du  latin  sera,  barre  (pour  clore  une 
porte,  serrure),  a  donné  le  provençal  el  l'italien  serra,  et  le^ 
vieux  m^ncats  serre.  Le  redoublement  de  l'r  est  une  véritable 
faute  d'borthoçrapbe. 

Sèrès  (Htes-P.),  Serra  (Corse),  Serres   (Ar.,  Aude,  B.-P.,   , 
Cr.,  DDrd'.,'DoubB,'Gèrs,  Jura  (3),  Lan.,  Meur.),  la  Serre  (Çr.)  ;, 

Serrières  (Ain,  Ardèche,  Meur.,  S.-et-L.),  Serragio  (Corse)  ; 

Serralongues'(*l  {P.-O.)';;  '   ■      ' 

BellÉserres  {Htes-G.,  Tarn). 

Stabulùm  a  le  sens  de  domicile,  gite,  séjour,  retraite, 
dans  Pline  et  Spartien  ;  de  chaumière  dans  Justin  ;  d'éta^le, 
d'écurie,  de  bergerie  dans  Tite  Lite)  Virgile,  Columelle,  Le 
pluriel  '  dé  ilafiulum,  stubula,  devenu  substantif  féminin  de 
la  première  déclinaison  latine,  a  donné  les  formes  bas-latines  , 
itabta,  stapla,  staula,  ilavit,  et  vieille  s- français  es  eslable, 
e9taple,e»tûule,  eatave,  staple.  Sfabultin»  a  produis  directe- 
ment lÈ  provençal  estnble  et  l'espagnol  estabh,  qui  sont 
restés  raasculih. 

Estables  (Loz.),*lés  Estables  (Hte-L.),  Etables  (/lin,  Aplè- 
che,  G.-du-N.,  Sav,),  l'Etape  (Aube),  Etapies  (P.-de-C.), 
EtauI^''(Ch-1nf.,  C.-d'Or,  Yon.),  Ètaves  (5)  (Aisne),  Staples 
(Nd). 


(1)  Seploilum,  815.  —  (2)  Sepium  Cyriaei.  —  (3)  Serra,  967;  Serres- 
lef-Honlières.  —  (4]  Serrolonga,  866.  — (5)  Stabuix,  1015.  . 


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—  «s  — 

Establets  (Dro.),  Etabliaux  (I.-et-L.),  Etauliers  (Gir.), 
Bonnétables  (Sar.),  Malélables  (Orne),  Noirétables  (Loire). 

Slaticum,  tlagium,  fréquentatif  de  itcittim,  a  signifié  ré- 
sidence, demeure,  et  a  été  rendu  :  en  provençal,  par  eatatge, 
étage;  en  italien,  par  staggio  ;  en  vieux  français,  par  es- 
aitge,  ettage.  Il  n'est  plus  guère  représenté. 
Eslagel  (P.-O.); 

Bonnétage  (<)  (Doubs). 

Sedei,  demeure,  habitation,  séjour,  résidence,  domicile, 
logement  (des  hommes  et  quelquefois  des  animaux),  dans 
Cicéron,  Tite  Live,  Virgile;  assiette,  place,  lieu  occupé  par 
quelque  chose,  dans  Ovide,  Virgile,  Horace,  Cicéron,  Pline. 
Sedes,  a  donné  :  au  provençal  tetge,  sège  ;  à  l'itahen  tedio, 
teggio  ;  au  vieux  français  sied,  siet,  et  siège.  Ces  difl'érentes 
formes  néo-latines  supposent  un  tedium  ou  sidium  attesté 
par  obaidium. 

Sedzes  (B.-P.j,  Sièges  (Jura),  les  Sièges  (Yon.),  Sedzères 
(B.-P.),  Sêderon  (Drù),  Sidiailles   (Cher),  Balsièges  (Loz.). 

Stativa,  (castra),  atata,  camp  permanent,  garnison,  d'après 
Tite  Live,  Tacite,  César,  Salluste,  Cicéron.  Les  camps  de  ce 
genre,  nombreux  dans  les  deux  Germanie,  ont  donné  nais- 
sance à  un  certain  nombre  de  localités.  Stata  a  été  rendu 
parstadt,  «lad,  stett. 

Steten  (Ht-Rhin)  ; 

AltensUdt  (B.-Rh.),  Berstetl  (B.-Rh.),  Brun.statt  (Ht-Rh.), 
Gunstett  (B.-Rh.),  HattsUtt  (Ht-Bh.),  Hochstatt  (Ht-B,), 
Hochstett  (B.-Rh,),  Irmstett  (B.-Bh.),  Kilstett  (B.-Rh.), 
Magstadt  (Ht-Rh.),  Pfalstatt  (Ht-Rh.),  Richstett  (B.-Rh  ), 
Schlestadt  W  (B.-Rh.). 

On  retrouve  aubmoenium,  faubourg  (Martial),  dans  deux  de 
nos  noms  de  lieu  ; 

Sumènes  (Gard),  Sommaines  (Meuse). 

Tabule  el  tabellae,  taveltae,  dérivés  de  iaba,  planche,  ont 

(1)  Bonettaige,  1354.  —  (3)  SeaUU»  stata. 


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—  213  — 

signifié  cabane,  baraque,  construction  de  bois.  On  trouve 
aussi  tabana. 

Tabailles  (1)  (B.-P.),  Tavaux  (Aisne,  Jura),  Tavels  ou  Ta- 
vey  !2)  (Hle-S.),  Tavels  (3)  (Gard),  Tavannes  (Suis.)  (*). 

La  taberna  ou  taverna  était  aussi  originairement  une  ba- 
raque en  plancbes,  une  cabane,  une  chaumière  (Horace). 
C'est  aussi  une  boutique,  une  échoppe,  un  magasin  dans 
Cicéron,  Horace  :  une  auberge  dans  Plante  ;  une  taverne 
un  cabaret  dans  Horace. 

Taberna  a  donné  le  français  taverne  et  l'allemand  zabern  ; 
l'espagnol  et  l'italien  l'ont  conservé  sans  modification. 

Tavernes  (Var),  Saverne  ou  Zabern  (B.-Rh.)  ; 

Tavernay  (S.-et-L,),  Taverny  (S.-el-O.). 

Tabernue  a  eu  le  sens  de  baraquement  militaire.  Indépen- 
damment de  Saverne,  qui  était  le  Tabernx  Tribocorum, 
nous  trouvons,  dans  les  provinces  rhénanes.  Bergzabern,  les 
Très  TiibernuB  d'Ammien  Marcellin  ;  Rheinzabern,  les  Ta- 
bernœ  Rhenanœ  ;  el  Berncastel,  anc.  Zabernca-slel,  les  Ta- 
bernse  Mosellanicœ  ou  Rigux,  le  Tabernarum  caitellum, 
qui  n'ont,  dans  le  principe,  été  que  cela. 

Tegula,  tuile,  a  eu  d'abord  le  sens  plus  étendu  de  toiture, 
d'abri  (Plaute,  Cicéron).  On  a  rendu  le  mot,  en  vieux  fran- 
çais, par  tevle,  tieiile,  liute,  tuile,  et  l'on  a  ajouté  au  (  un  /i 
parasite. 

Thuiies  (B.-A.),  La  Thuile  (Hte-Sav.,  Sav.),  Thuilières 
(Vos.). 

Tenda,  baraque,  tente,  de  tendere,  tendre,  a  signiflé  aussi 
abri,  refuge,  auberge.  Le  provençal  et  l'italien  ont  conservé 
tenda  ;  l'espagnol  a  tienda  ;  le  français  a  lente  qui  est  plus 
conforme  à  l'origine  tendita,  tenta,  que  les  autres  formes 
bas  ou  néo-latines, 

Tendes  (A.  M.). 


{1)  Tabatia.  —  (3)  Tavalles,  970.  ~  &)   Villa  de  Tavellii,  x 
(4)  Un  dea  faubourgs  d'Orbe  (Suisse)  est  appelé  Loeiu  TavetlU  si 


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—  M*  - 

Tofta  est  UD  mot  d'orJgÎDe  Scandinave,  qui  a  signifié,  bos- 
quet, enclo3  (Reynier),  et  aussi  cour,  masure,  habitation 
(Corvell).  Il  a  été  rendu  par  tôt  et  par  tuit.  Tôt  est  d«venu 
quelquefois  tott,  toste,  et  tuit,  (/tuit,  par  l'addition  de  lettres 
parasites.  Il  est  probable,  comme  Le  Prévost  le  pensa,  que 
l'importation  de  ce  mot  est  antérieure  à  l'invasion  normqnde  ; 
mais  il  n'en  est  pas  moins  qu'il  a  fait  fortune  sur  les  deux 
bords  de  la  Manche,  en  Angleterre  comme  en  Normandie,  où 
on  le  rencontre  particulièrement  dans  le  pays  de  Caux. 

Tôt  (Cal.,  S.-Inf.),  Toste  (Eure),  Thuit  (Eure),  le  Thuit 
(Eure)  ; 

Appetot  (liure),  Aulretot  (S.-Inf.),  Beautot  |S.-Inf.),  Ben- 
netot  (S.-Inf.),  Bouquetot  (Eure),  I(racquetuit(S.-InfL),  Bran- 
netot  (S,-Inf.),  Brestot  (Eure),  Butot  (S.-lnf.)  Coiletot(Eure). 
Crestot  (Eure),  Cnquetot  (S.-Inf.),  Cristot  (1)  (Cal.).  Crltot 
(S.-Inf.),  Ecquetot  (Eure),  Ectot  (S.-Inf.),  Eletot  (3,-lDf.), 
Epretot  [S.-Inf.),  Fourmetol  (Eure),  Fultot  (S.-Inf.),  Garnetot 
(Cal  ),  Gonnetol  (S.-Inf.),  Gratot  (Man.).  Haulot  (S.  Inf.), 
Hébertot  (Cal.),  Hottot  (Cal  ),  Houdetot  (S.-Inf),  Houquetot 
|S.-Inf),  Ivetot  (Man  ,  S.-Inf.),  Lanquetot  (S.-Inf.).  Lintot 
(S.-Inf),  Louvetot  {S.Inf.},  Maltot  (Cal.),  Martot  (Eure), 
Noinlot  (S.-Inf),  Pleurtuit  (I.-et-V.j,  Plumetot  (Cal.),  Prôtot 
(Man.,  S.-Inf.),  Pûtot  (Cal.),  Quettelot  (Man.),  Raffetot 
(S.-Inf.),  Robertot  (S -Inf ),  Routot  (Eure),  Saesetot  (S.-Inf) 
Scnnenlot(C:al,),  Tontuit  (Cal  ),  Turretot  (S.Inf  ),  Valletot 
(Eure,  S.-Int.)  Vattetot  (S.-Inf.),  Vergetot  |S.-Inf.),  Victot 
(Cal.),  Vitot  (Eure),  le  Vretot  fMan.). 

Le  latin  irabe  ou  ti-abs,  poutre,  qui  nous  a  donné  trabetu, 
portique,  couvert,  tente,  origine  du  mot  travi'o,  a  prpcuré 
aussi,  au  provençal  et  au  vieux  français  Irabe  et  Irèbe,  trove, 
maisonnette  de  troncs  d'arbres  ou  de  poutres. 

Trèbes  (Aude),  Traves  (Hte-S),  Gard,  M.  et  L.,  Rh.); 

Le  Travet  (Tarn). 

(t)  Cretietot,  10B2. 


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.-<:ai5  — 

Tehunum,  thunum^  dizËni^  àaas  la  Loi  «olîque,  provient 
d'un  radical  gernianique,  que  l'on  retrouve  dans  l^anglo- 
saxon  thun,  lun  et  dans  l'anglais  town,  ton.  Il  correspond 
k  villa  et  réunit,  comme  lui,,  au  sens  restreint  de  f^^me  ou 
dq  métairie,  la  signification  plus  étendue  de  terra,  ds  maison, 
de  village  et  même  de  bourg.  Les  thun  appartiennent  sur- 
tout au  Boulonnais. 
,  Thun  (Nd,  Suis.),  Thon  (Suis.,  Vos.),  le  Thain  (E.-et-L.), 
Thone?  (Meii.se,  Sav,); 

Alincthun  (l\-de-G.),,AdincUiun  (P.-d«-G,),  Bainothun  W 
.(P.yde-C),  Bétbune  (P.-dfl-C.),,  CottunlCal.),.  Frétiuin  P) 
P,:de-C.),  Gadincthun  (P.-4e -G.),  Hardincthun  (P.-de-C), 
Landrethun  (P.-de-G.),  Otfrethun  (P.-de-C.},  Verlincthun  (a) 
■  (P.-de-GO,  Wadenthgn  (*)  (P.-de-C.). 

Le  vicus  est  le  groupe  d'h^J^ilations  le  plus  anciennement 
connu  dans  les  Gaules  ;  il  y  était  presque  le  seul  avant  l'occu- 
pation romaine.  En  bonne  latinité,  le  mot  a  d'abord  eu  ie  sens 
de  quartier  (Horace),  de  rue  (Tite-Live).  César,  Cicéron  et 
Horace  lui  donnent  ceixii  de  bourg,  de  village.  Enfln,  dans 
Gicéron  et  dans  Horace,  on  le  trouve  avec  celui  de  terre,  do 
propriété  rurale,  de  ferme.  Au  moyen  Age,  le  utcu«  est  de- 
venu je  grand  village,  le  village  distribué  en  rues  comme  le 
bourg  et  la  ville.  Vicus  a  donné  :  au  provençal  vie,  vicq;  à 
l'espagnol  vigo;  à  l'italien  vico;  au  catalan  vtch;  k  l'anglais 
wick;  au  vieux  français  vie,  vicq,  vyl,  v//,  wy,  vieux,  viques, 
wick. 

Vie  (Aisne (5),  Ar., Can.,C.-d'Or, Gard,  Gers.Htea-P., Hér., 
Meur.,  (6|  p.-de-D.),  Vicq  (AI.,  Dord.,  Hte-M.,  Hte-V.,  Indre, 
Un.,  Nd,  S.-et^O.),  Vyt  (Doubs),  Vy  (Hte-S.,  S.-et-O.), 
Vieux  P)  (Ain,  Arden.,  I.-et-V.,  S.-et-M.,  S.-Inf.),  Vicquesou 
Viques  (Cal.),  Vico  (Corse)  ; 


(1|  fogingaïun,  611.  -  (3)  Frailun,  10B4.  —  (3)  Diornualdingatun, 
65.  —  lï)  Vuadingatun,  si*  a.  —  (5)  En  8911  ~  (d)  Bodeiiuê  Vûm».  — 
-  (7)  Vieux,  du  Calvados,  est  l'antique  Piducatm. 


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—  216  — 

Le  Vicel  |Man.),  Vichei  (P.-de-D.)  ; 

Vicnau  (D  (Gers),  Vinneuf  (ï)  (Wïn.)  ; 

âulruy  (Loiret),  Aveluy  (Som.),  Bévy  (C.-d'Or),  Charvieux 
(Is.),  Craiwick  (Nd),  Haveluy  (Nd),  Huy  (3)  (Fin.),  Iwuy  (4) 
(Nd),  Longvic  (C.-d'Or),  Longwy  (Jura  (5),  Mos.),  Monvicq 
(Al.),  Neuvic  (Ch.-Inf.),  Neuvy  (Char.,  D.-S.,  L.-et-Ch.,  M.-et- 
L.,  Nié.  {6),  Oise,  Orne,  Sar.  P)),  Pommevic  (T.-fit-G.),  Salper- 
wick  (P.  de-C),  Salzuil  (Hte-L.),  Sauvic  (S.-Inf.),  Theuvy  (8) 
(E.-et-L.),  Vieuvicq  W  (E.  et-L.),  Vieuxvy  (Let-V.),  Vié\-y 
(C.-d'Or,  L.-el-Ch.),  Volvic  (P.-de-D.),  Vuerkwic  (Nd). 

Les  principaux  vicus  de  l'étranger  sont  :  en  Italie,  Vico- 
del-Gargano;  Vico-di-Mondovi  ou  Vicoforte,  l'ancienne  Aw- 
gusta  Vagiennorum  ;  Vico-di-Sorrente  ou  Vico-Equense  ;  en 
Espagne,  Vich  ou  Vic-d'Osona,  l'ancienne  Auta  ou  Vima 
4uîoneiMiï;Vigo,  l'ancien  VicusSpacorum  ;  en  Angleterre, 
Wick  ;  Berwick-sur-Troed,  l'ancien  Barcovicus;  North- 
Berwick;  Warwick;  en  Allemagne,  Brunswick,  Brunonù 
vicm. 

Un  dérivé  de  vtciM,  vicinium,  bourgade,  quartier,  est  de- 
venu: en  provençal  vezin  ;  en  espagnol,  veciiio  ;  en  portu- 
gais, vicinho;  en  italien,  meiiiio  ;  en  vieux  français  vesin, 
viain,  voisin,  veaain.  Les  formes  féminines,  provençales  ou 
françaises,  vezinne,  voisine,  vetaine,  vetane,  vetaigne,  pro- 
viennent de  vicinia,  pluriel  de  vicinium,  employé  comme 
substantif  féminin  singulier  de  la  première  déclinaison. 

Vezins  (Av.,  I.-et-V.,  M.-et-L.,  Man.),  Vezines  (Ain, 
Yon.),  Voisins  (10)  (E.-et-L.),  Voisines  (Hte-H.,  Yon.),  Vesai- 
gnes  (Hte-M.),  Vezanes  (Yon.),  Visan  (Vau.); 

Vèzenay  (Doubs),  Vèzenex  (Ain),  Vèzenoux  [Ilte-L.j>  Voi- 


un.  —  (2)  Id.  —  (3)  Huio  vico,  îles  mon.  mér,  ;  Heuvic.  — 
'i3  mon.  mér.  —  (5|  Longui  uicui,  TBâ,  —  (ti)  Novu»  vi- 
(7)  Ilenucoup  de  Neiiyy  sonl  lies  Noviacua.  —  (8)  r«Jiii'- 
'«ftii  vicut,  lOU.  -  (W)  En  S\b.  11  y  a  un  autre  Voisins 


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—  217^ 

aenon  (S.-et-tC.),  Vesîgneuls  <Har.),  Vesigneux  W  (Doubs),  le 
Vésinet  (S.-el-O.),  le  Viseney  (Jura); 

Beauvoisins  (Dro-,  Gard,  Jura),  Beuvezios  (Meur.),  Giraa- 
voisins  (Meuse),  Languevoisins  (Som.)i  Mauvaizins  (Ar.), 
Mauvezins  (Ar.,  Gers,  Hte-G.,Htes-P.,  Lan.,  L.-et-G.),  Mé- 
voisiDS  (E.-et-L.),  Nervezains  (Hte-S.); 

Voisiolieux  (S.-et-O.). 

Villare,  villarium,  villaris,  grand  village,  est  un  augmen- 
tatir  de  villa,  qui  a  été  rendu  :  en  provençal,  par  vilUtire 
vUlar  ;  en  espagnol  et  en  italien,  par  villario  ;  en  allemand, 
par  weiller,  toiller,  wihr;  en  vieux  français,  par  villar,  vil- 
1er,  villier,  vellar,  veller,  ville. 

Villard  (Aude,  Ch.-Inf.,  Cr.,  Dord.,  Htes-A.,  Is.,  Jura, 
Loz.,  Sav.),  Villare  (Ain,  B.-A-,  Char.,  Ch.,  G.-d'Or,  Doubs, 
E.-el-L.,  Hte-M.,  Ht-Rh-,  Jura,  Loire,  S.-et-L.,  Suis.,  Vau.), 
Villers  (Aisne,  Arden.,  Cal  ,  C.-d'Or,  Doubs,  Eure,  Hte-S., 
Indre,  Jura,  Loire,  Loiret,  L.-et-Ch.,  Mar.,  Meur.,  Meuse, 
Mos.,  Nd,  Oise,  Orne,  P.-de-C.,  S.-et-O.,  S.-Inf.,  Som-, 
Vos.),  Villiers  (Aube,  Cal.,  Char.,  Ch.-Inf.,  C.-d'Or,  D.-S.> 
Euie,  E.-et-L.,  Ilte  -M.,  I.-et-L.,  L.-et-Ch.,  Man.,  Mar.,  Nié, 
Orne,  S.-et-M.,  S.-et-C,  Yon.),  Willer  [B.-Bh.  (2),  Ht-Rh.  (3)), 
Wihr  {*)  (Ht-Rh.); 

Villarzel  (Aude),  Villereau  (Loiret,  Nd.),  Villeret  (Aisne, 
Aube,  Loire)  ; 

Abbévillers  (Doubs),  Abreschwiller  (S)  (Meur.),  Agenvillers 
(Som.),  Aillevillers  (Hte-S.).  AmanviUers  (Mos.),  Ammers- 
chwihr  (6)  (Ht-Rh.),  Ancervillers  (^1  (Meur.),  Angivillers 
(Oise),  Appenwihr  (8)  (Ht-Rh.),  Argenvilliers  (E.-et-L.),  At- 
manswiller  (9)  (Ht-Rh.),  Aubervilliers  (Seine)  ; 


(1)  KirimoJum.  -  (2)  Ou  Ville.  -  (3)  Wilier,  du  canton  d'Altblrch,  est 
appelé  ViUarê,  en  1195  —  (4)  Wlhr-en-Plaine  s'est  appelé  Sigitfridi 
vUlare.  et  Wihr-au-Val  Bunifacii  villare,  en  896.  —  (5)  Eib»n  vytre, 
en  1050.—  (6)  Amelricheawilre  eu  977;  AmalricluloiUà,  ea  1138.  — 
(7)  Amatmi  aiilare.  —  (S)  Abbunvuileri,  en  8Si.  ~  (9)  HadmantvUre, 
en  1187. 

15 


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^218  — 
'  itedonrillers'.l)  (Meur.),  Balschviller  9)  (Ht-Rh.),  Beau- 
villiers  (E.-et-L-,  L.-et-Ch.,  Yon.>,  Benwihp  (3)  (Hl-Rh.), 
BemwiUer  W  (Hl-Rh  ),  Bethon  vil  liera  (E.-et-L-,  Ht-Rh.), 
•Beuvillers  (Cal.,  Hoa.),  Bischwihr  <5)  (Ht-Rh.),  Bonvtllera 
(Meur.,  Mos.,  Oise),  Bouxwiller  [B,-Rh.,  Ht-Rh.),  Brévil- 
1ers  (Hte.-S-,  P.-de-ï:,),  Buraevillers  (Doubs),  Buschwiller 
(Ht-Rh.); 

Charmauvillers  (6)  (Doubs),  Chartainvilliers  (')  (E.-et-L.), 
Clévilliers  {»)  (E.-et-L.),  Coivillers,  anc.  EscoviHei*s  (Meur.), 
€oraviller3,  anc.  Corvilar  (Hte-S.),  Cosswiller  (B.-Bh,), 
Crainvilliers  (9,  (Vos.),  Cuvillers  (Nd)  ; 

DamvîUers  (Meuse),  Dietviller  (Ht-Rhin),  Déservillers  (W) 
(Doubs)  ; 

Eberswilter  (Hos.),  Engwiller  (B.-Rh.),  Epauviller8(Suis., 
Vien,),  Ervillers  (P.-de-C); 

Falckwiller  (Ht-Rh.),  Folschwiller (Mos.),  Fortschwihr  fH) 
(Ht-Rh.),  Frévillers  (P.-de  C); 

Garganvillars  (T.-et-G.),  Géi-auvilliers  (Meuse),  Gerbévil- 
1ers  (12)  (Meur.),  Gildwiller  (13)  (Ht-Rh.),  Gonvillars  (Hte-S.), 
Grimonvitlers  vl*)  (Meur.),  Guebwiller  (15)  (Ht-Rh.),  Gung- 
"vilter  (B.-Rh.),  GunUwiller  (Meur.)  ; 

Hainvtlliers  (Oise),  Hanwiller  (Mos.),  Hardyvillers  (Oise), 
flartzwiller  (Meur.),  Helienvilhers  (Eure),  Herbévillers 
(Meur.),  Heywiller  (16)  iHl-Rh.),  Holtzwihr  (")  Ht-Rh.); 

Indevillers  (18)  [Doubs],  Ingwiller  (B.-Rh.),  Inswiller 
(Meur.),  Iviliiers  (19)  E.-et-L.)  ; 

(1)  BaudenviUr,  99G.  —  (2)  Anu.  BaUUtvihr.  —  (3)  BebonU  tiillore, 
777;  Bebtnwiler,  STd.  ~  (t)  Barunvuilare.  Tfti.  —  (5)  Bàehovmvilrt, 
xii' siècle.  —  (6)  CA«rmoi/uiIOf,  1177.  —  (7)  CarnotenM  i-iilare,  1207.— 
(8)  Cluâumviltara,  1185.  —  (9)  Siframni  viltare.  —  (10)  Anc.  Ewervil- 
leri.  —  (11)  Fulrado  villare,  7Ti;  Fulradi  villare,  H5i.  11  s'agit  ici  de 
Fulrade,  ahl.É  de  Sainl-Denis.  —  (12)  Giilêberli  villari,  1092.  —  (13)  Gyl- 
dulfi  vÙlare,  728;  en  Tram.-ais  Haute-Eglise.  Summa  ecctfHa,  dans  un 
poDillë  du  XIV  siècle  —  ;lt)  GnmaltU  villa,  1027.  —  (15)  Gebunwilare. 
774;  GeboniBitare,  792.  —  (16)  Heipnonwiter,  7-28,  —  (17)  Oetoldo  vil- 
Uire,  7G0  -  (IB)  AyaJimtar,  1177.  —  (1»)  IdonU  willori»,  816. 


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—  M9  — 

JanvUUers  (Uarn.)  ; 

Kindwiller  (B.-Rh.),  KirrwiHer  (B.-Rh.,  Mos.)  ; 

Landonvillers  (Mos.),  Léalvillers  (Som.),  LiébviUars 
(Doubs),  LouviUiers  (')  (E.-et-L.)  ; 

Hackwiller  (B.-Rb.),  Mainvilliers  (E.-et-L.  9),  Loiret, 
Mo3.)(  Mandrevillars  (Hte-S.))  MarsainTilliers  (Loiret),  Mi- 
gnovillars  (Jura),  Horscbwiller  &)  (Ut-Rh.),  Morvillars  (4) 
(Ht-Rti.),  Mon-iliers^}  (Oise,  Som.),  HorviUiws  (6)  (Aube, 
E.-et-L.)  ; 

Neuvillers  (Meur.,  Vos.),  NeuwiUer  (B.-Rh.,  Ht-Rh.),  Ni- 
villers  (Oise),  Nonvilliers  (E.-et-L.),  Novillars  (Doubs,  Ht- 
Rh.),  Novillers  (Oise)  ; 

Ogévillers  H)  (Meur.),  Orvillers  (Oise),  Orvîlliers  (Aube, 
S.-et-O.),  Ottwiller(8)  (B.-Rh.),  OviUers  (Som.)  ; 

Parvillers  (Som.),  PierreviUers  (Mos.),  Prévillers  (Oise)  ; 

Quevauvil]era  (9)  (Som.)  ; 

Radonvillers  (10)  (Aube),  Rambervillers  (Vos.),  Randevil- 
lers(»)(Doubs),Ranwiller(B.-Rh.),Rebainvilliers(«)(Meur.. 
Retzwilter  [13)  (Ht-Rh.),  Ribeauvillé  («)  (Ht-Rh.),  Richwiller 
(B.-Rh.),  Riquewihr  (Ht-Rh.),  Roinviliiers  (S.-et-O.),  Ro- 
manswiller  (B.-Rh  ),  Ropperviller  (Mos.),  Rosenwiller  (B.- 
Rh.),  Ronvillers  (Oise)  ; 

Sauvillers  (Som.),  Scherwiller  (15)  (B.-Rh.),  Sch\V8bwiller 
(B.-Rh.),  Séranvillers  (Nd),  Sionvillers  (Meur.),  Stosswi*ir (16) 
(Ht-Rh.),  Surviiiiers  (S.-et-O.)  ; 

TorvilUers  (l')  (Aube),  Trévillers  (18)  (Doubs)  ; 
.     Uhiwiller  (B.-Rh.),  Uhrwiller  (B.-Rh.),  Urvillers  (Aisne), 
Uttwilier  (B.-Rh.)  ;  - 


(1)  Ludotphi  vMare.  —  (2)  Uornane  villare,  815.  —  (3)  Mauromitti; 
en  728.  -  (4}  MoHvUtarit.  —  (&)■  M.  —  (6)  K.  —  (7J  Oigeri  villare.  — 
(8)  Othrmù  vitiare— [9)  Caballivitlaria.  — {WjVtllareRadonlt.  1(^0. 
—  (11)  Radonit  vitlarii.  ~  (12)  Rohaniitler,  xi>-  siéde.  —  (13)  Rada'di 
■vOlare,  11U.  —  (U)  Ralbaldo  viilara,  Tt»;  ftaipoldea  wUarê,  898.  — 
(15)  Snddi  viUaiv  —  (Ul}ficalfsniviJra,  817.  —(17)  Ane.  TourvUUrt.— 
(18)  Tirvilar,  1177. 


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Vaspervillers  (Meur.),  Vaudrivillers  (Doubs),  Vauvillers 
(Hte-S.,  Sont.),  VermaDdovillers  (Som.),  Vernoavilliers  (i) 
(Aube),  Vibepsviller  (Meur),  ViefviUers  (Oise)  ; 

Warvillers  (Som.),  Wattwiller  (2)  (Ht-Rh.),  Weiterswiller 
(B-Rh.),  Wicherswihr  (3)  (Ht-Rh.),  Wolschwiller  (Ht-Rh.)  ; 
:  Zellwilldr(4)<B.-Rh.); 

Voluta,  participe  passé  réminiu  de  volvere,  rouler,  pris 
substantivement  a  donné  le  bas-latin  volta,  le  provençal  vol~ 
ta,  voûta,  vota,  l'italien  voHa,  et  le  vieux  français  voiilte, 
qui  tous  signilient  caveau,  voiite. 

La  Voulte  (Ardèche,  Hte-L.),  Voulton  (S.-et-M.). 

50  Cultare 

Le  mot  abiu»,  dont  nous  avons  vu,  plus  haut,  la  valeur 
politique,  ne  s'appliquait  pas  seulement  au  territoire  aban- 
donné ou  sans  propriétaire,  mais  aussi  au  sol  inculte,  stérile 
de  sa  nature,  ou  propre  seulement  à  la  p&ture.  Pour  Du- 
cange,  un  terrain  abgua  est  un  terrain  inculte,  comme  un 
terrain  vestitus  est  un  terrain  cultivé. 

On  trouve  son  dérivé  absica  (tei-ra),  abiia,  dans  : 

L'Absic  (D.-S.,  Ch.-Inf.  (&))  ; 

Agnarium,  agnaria,  parc  pour  l'élevage  des  agneaux  a 
été  traduit  :  en  provençal,  par  agnaire,  ankaire  ;  en  italien, 
par  agnaio  ;  en  vieux  français,  par  aigmère,  agnière, 
agnére.  Ces  dérivés  procèdent  directement  d'agnui  comme 
le  thème  latin,  et  non  d'a^nel^ua,  qui  a  prévalu  contre  lui. 

Agnières  (Htes-A.,  P.-de-C,  Som.)-, 

Arboretum,  terrain  comptante  d'arbres  fruitiers,  a  donné  : 
le  provençal  arbrède,  albrède,  aybrède;  l'italien  atbereto  ; 
le  vieux  français  arbret,  arbroit. 


(1)  VuartuttiiUare ,  GuamoviUare,  m*  uècle.  —  (S)  WaltoiuvUUr, 
738.  —(3)  Wid\er«twUre,  738;  Wickario  mUa,  1138.  —  (4)  CalUe  M- 
larù.  -  (5)  Abiia,  1190. 


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-221- 

L'Arbret  (P.-de-C),  l'AAroit  (Oise). 

Arboùum,  qui  avait  le  même  seos  en'  basse  latinitô,  se 
retrouve  dans  : 

Arbois  W  (Jura). 

L'arda  était  un  pAturage  de  montagne.  Le  mot  ne  vient 
pas,  comme  on  l'a  cru,  d'arduu*,  élevé.  Le  fait,  c'est  que 
arda  et  arduu»  ont  la  même  origine,  un  radical  celtique  ard, 
haut,  que  l'on  retrouve  encore  dans  l'adverbe  grec  ardèn. 

Ardes  (P.-de-D.)  ; 

Ardelles  (E.-et-L),  Ardeuil  (Arden.),  Ardoy  (Ardèche). 

La  forêt  des  Ardennes  doit  son  nom,  Ardwenn,  £i  sa  situa- 
lion  élevée,  sur  un  plateau  de  diRîcile  accès. 

Varea  était  un  territoire  non  cultivé,  non  labouré,  et  aussi 
une  mesure  agraire.  Ce  mot  se  rapprochait  déjà  de  ce  sens 
dans  la  haute  latinité  :  Collumelle  appeUe  areu,  un  carreau 
de  jardin  (3);  Vitruve,  un  marais  salant;  Tei^ulien,  im  cime- 
tière. 

Aires  (Arden.,P.-d(!-C.  (3)),  les  Aires  (Hér.); 

Airelles  (Man.),  Arelles  (Aube),  Arettes  (B.-P.),  Arouiltes 
(Lan.),  Airouse  (Aude). 

Saint-Laurent  des  Eols  et  les  Préaux  (Indre^t-Loire)  sont 
des  areoUe.  Ce  dernier  est  appelé  Areolse  dans  un  texte 
.de  l'an  862. 

L'Armentum  était  un  troupeau  de  gros  bétail  (Cicérgn),  ou 
une  troupe  d'animaux  quelconques  (Virgile,  Pline).  Pline  et 
Columelte  emploient  ce  mot  dans  le  sens  de  pièce  de  bétail, 
d'animal  domestique.  Cheval,  bœuf  ou  âne.  L'agronome  Hy- 
gin,  parlant  d'un  sacrifice,  dit  :  «  Centum  armenta  oceiden- 
tur  :  on  immole  cent  bœufs  ii. 

Le  mot  est  représenté,  dans  notre  nomenclature  territo- 
jiale,  par  deux  coUectits,  un  armentoiaium  et  un  armenta' 
rium,  armeniaria. 


(1)  jtr&oriui,  IIM  et  1069.-  (3)ifumu«  Jniira«ifivliiltur.— (3)  ^i" 
sor-l'Ailour  s'appelle  en  latin  Atwra,  du  nom  de  VA^VTi^m^i  l'airose.    . 


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Armenteules  (Htes-P,),  Annentiéux  (Gère); 

Armenttères  (Aisne,  Aube,  Eure,  Nd,  S.-et-M.). 
Arium,  défrichement  par  le  feu,  territoire  défriché  par  ie 
feu,  a  doané  : 

Ars(Ain,  Char.,  Cr.,  P.-de-D.). 

Araara,  arsure,  alaméme  signification. 

Arsures  (Jura),  les  Arsures  (Jura). 

Arvum,  qui  s'employait  le  plus  souvent  au  pluriel,  se 
trouve,  avec  le  sens  de  tene  labourée,  dans  Varron.  Pour 
Ciceron  et  pour  Virgile,  arvum  a  le  sens  plus  étendu  de  soi, 
de  terroir.  Virgile  va  jusqu'à  lui  donner  celui  de  rivage  et  de 
mer  :  arva  Neptunia.  Dans  les  auteurs  du  moyen  Age,  urvo 
est  un  terrain  inculte  :  ager  $eu  locui  incullvi. 

Arvum,  arva,  a  été  rendu,  en  provençal  et  en  vieux  fran- 
çais, par  arve,  arue. 

Arues  (Lan.)  ; 

Arveyres  (Gir.),  Arvieui  (Av.,  Htes-A.). 

Aànaria,  parc  à  Anes,  a  donné  :  le  provençal  asnitre, 
atiére  ;  l'espagnol  asner  ;  l'italien  asinario  ;  le  catalan  oser  ; 
le  vieux  français  asnière.  Le  catalan,  l'espagnol  et  l'italien 
procèdent  directement  d'aiinarium. 

Asnières  (Ain,  Cal.,  Char.,  Ch.-Inf.,  C.-d'Or,  D.-S.,  Eure, 
Is.,  L.-et-Ch,,  Loire,  M.-et-L.,  Sar.,  Seine,  S.-et-O.,  Vien., 
Yon.)- 

Berbicarium,  berbicarin,  berearia,  bergerie,  de  berbex 
ou  mieux  vervex,  mouton,  bélier,  a  été  rendu,  en  proven- 
çal par  bergeire,  bergiire,  et,  en  vieux  français,  par  ber- 
chère,  bergère,  bereherie,  bergerie,  berbiére,  berviire,  bre- 

Berbiguiëres  (Dord.),  Berchères  (E.-et-L.  (D),  Bergères 
(Aube  (S),  Mar.),  Brebières  (P.-de-C),  les  Brevières  (Cal., 
S,-et-0.). 


(f )  0  r  en  a  trois  :  B.-U-HaÎBgot;  B  -l'EvAqu*  et  E 
—  (ij  Bergerif,  1170. 


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Bovarium,  bovaria,  bouveric,  a  été  traduit  ;  en  provençal 
par  boveira,  boaria;  en  catalan,  par  bovère;  en  espagnol,  par 
bayera;  ea  portugais,  par  boieira;  en  vieux  français  par 
boyère,  boubère,  boubière,  bouvière.  Le  provençal  et  le  vieux 
français  ont  aussi  les  formes  masculines  baveir,  bovier,  et 
boubiery  bouber,  bouvier,  bayer. 

Boubers  (P.-de-C),  Boubiers  (Oise),  Bouvières  (Drô.),  la 
Bouvière  (la,).  Bouviers  (Ardèche),  Bouveries  (Mar.). 

Le  provençal  boaria,  boria,  devenu  borte,  a  fait  fortune 
dans  le  Midi. 

La  Borie  (Cor-,  Dord.,  Drô.,  Gard,  Hér-,  Lot). 

Cepium,  jardin,  parc,  enclos,  verger,  champ,  se  retrouve 
dans: 

Cépie  (Aude)  ; 

Cépet  (Hle-G.),  Cépoy  (Loiret). 

Cera,  cire,  nous  a  donné  : 

Cères(Lan.); 

Céret  (1)  IP.-O.),  Céran  (Gers),  Cérans  (Sar.),  Géré  (D 
(L-et-L.),  Cirières  (D.-S.). 

Codercum  est  un  mot  bas-latin,  d'origine  inconnue,  qui 
signifie  pâturage.  Il  est  représenté  par  le  provençal  coudere, 
coudert,  couder. 

Couderc  (Av.),  le  Gouderc  [Dord.,  Lot),  le  Coudert  (Hte- 
V.),  le  Couder  (Cor.,  Lot). 

Concisa  et  ciia,  participes  passés  des  verbes  concidere  et 
cidere,  se  sont  appliqués  à  des  terres  déboisées  pour  être 
mises  en  cultures /conciia  terra). 

Concise  (Aube,  Suis.  \^),  Concize  (Ven.),  Concëze  (Cor.), 
Conchez  (*!  (B.-P.),  la  Concie  (Oise)  ; 

Gis  (Aisne),  Cize  (Jura),  Chis  (Htes-P). 

Le  mot  compascuum,  pâturage  commun,  banal,  se  retrou- 
ve dans  : 


(1)  Ceretum,  866.  —  (2)  Ceraie,  in  Greg,  Tur.  —  (3)  Coneita,  «•  i 
—  (4)  COT»ei«,«*  siècle. 


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Le  Compas  (Cr.),  Compeix  (Cr.],  et  dans  de  nombreux 
lieax  dits. 

'  CtUtus  et  cultura,  culture,  labour,  ont  été  rendus  par  eult, 
coult,  coût  et  culture,  eoulture,  couture,  dans  l'ancien  fran- 
çais. Le  mot  couture  est  encore  en  usage,  dans  plusieurs 
provinces  de  France  pour  désigner  une  pièce  de  terre  culti- 
vée. Un  ancien  petit  pays  de  l'Artois  s'appelait  la  Couture; 
il  est  rappelé  par  le  nom  de  Metz-en-Couture.  Le  Mans  pos- 
sédait une  célèbre  abbaye  du  nom  de  la  Coulure.  La  pré- 
fecture de  la  Sarthe  et  les  musées  de  son  chef-lieu  sont  ins- 
tallés dans  ses  vastes  bâtiments  ;  sa  curieuse  église,  devenue 
paroissiale,  a  pris  le  nom  de  Notre-Dame  de  la  Couture. 

Le  provençal  et  l'espagnol  ont  cultura,  et  l'italien  col- 
tvra. 

Cuit  (Hle-S.); 

Cultures  (Loz.),  Coutures  (Char.,  D.-S.,  Dord.,  Gir.,  L.-et- 
Ch.,  L.-et-G.,  M.-et-L.,  Meur.,  T.-et-G.),  la  Couture  (Eure, 
P.-de-C,  Yen.),  Cuttura,  anc.  Cultura  (Jura). 

Couturelles  (P.-de-C.)- 

Hxartum  et  aartum,  des  verbes  extarrire  et  sarrtre,  sar- 
cler (on  trouve  déjà  ce  dernier  dans  Varron),  ont  signiHé  un 
terrain  défriché  et  prêt  à  être  mis  en  culture.  Le  premier  de 
ces  mots  se  trouve  dans  les  lois  barbares,  lis  ont  donné  : 
au  provençal  enart,  sari,  à  l'italien  (arto,  au  vieux  français 
etsart,  easert,  exerl,  tara,  sari,  sers,  sert. 

Dans  l'ancienne  langue,  par  une  extension  Eacile  à  com- 
prendre, etsart,  avait  le  sens  de  lieu  désert,  et,  par  suite, 
de  lieu  dévasté.  L'opération  qui  a  produit  Tessart,  et  qui 
s'appelle  l'essartage,  consiste  à  arracher  toutes  les  plan- 
tes qui  couvrent  le  sol  et  à  les  brûler  sur  place.  Littré  a  réin- 
troduit dans  le  dictionnaire  ces  deux  mots  tombés  en  dé- 
suétude ou  plulAt  abandonnés  par  l'Académie  qui;  par  une 
«ingulière  contradiction,  avait  maintenu  le  verbe  euarter  qui 
vient  d'«a«art  en  droite  ligne. 

Essards  (Char.),  l'Essard  (Cal.),  les  Essards  (Ch.-Iof., 


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I.-et-L.,  Jura),  Essarte  (P.-de-C),  l'Easart  (S.-et-L.),  les  Ea- 
sarts(Doubs,  Eure,  L.-et-Ch.,  Mar.,  S.-Inf.,  Ven.l,  Esserts 
(Ht-Rh.,  Hte-Sav.,  Sav,,  Suis.,  Yod.),  Essertes  (Suis.),  As- 
sars  W  (Nié.),  les  Issards  (Ar.)  ; 

Elssarteaux  (Cr.),  Esserteaus  (Som.),  Esserteanes  (Hte- 
S.,  S.-et-L.),  Essertines  (Loire,  Suis  ),  les  Essartons  (S.-«U 
0.),  Essartiers  (Cal.)  ; 

Sars  (Nd,  P.-de-C),  le  Sars  (P.-de-C),  le  Sart  (Aisne), 
Sartes  (Vos  ),  Sers  (Chap.|,  Serts  (Htee-P.); 

Sarton  (P.-de-C),  Sartoux  (Var),  Orteaux,  pour  Serteaux 
(Aisûe),  Certines  pour  Sertines  (Ain),  Isserteaux  (P.-de-D.)  ; 

Exermonls  (Arden.),  Essen'als  (Jura),  Septfontaine  9) 
(Doubs)  ; 

Bethonsarts  (P.-de-C),  Brissarts  (M.-etrL.),  &)upesarts 
(Cal.),  Gespunsarts  (Arden.),  Grandsars  (Som.),  Hérissarts 
(Som.j,  Lambersarts  (Nd),  Linexert  (Hte-S.),  Rainsarts  (Nd), 
Recelaxert  (Hte-L.),  Renattssarts  <3)  (Aisne),  Roberssarts 
(Nd). 

(^rteméry  et  Safloz  (Jura)  ont  été  Essertméry  (4)  et  Es- 
sartfloz. 

Feldum,  champ,  est  l'habilleinent  latin  du  germanique 
feld,  qui  a  donné  feld  h  l'allemand  et  au  vieux  français,  field 
à  l'anglais,  loelde  au  flamand. 

Asfeltt  (Arden.),  Benfeld  (B.-Rh.|,  Bourgfeld  (Hl-Rh.), 
Forstfeld  (B.-Kh.),  Ghywelde  (Nd).  Godewaerswelde  (Nd), 
Hirtzfeld  (Ht-Rh.),  Hochfeld  (B.-Rh.),  Laumesfeld  (Mos.), 
RoBsfeld  (B.-Rh.),  Staffdfeld  (Ht-Rh.); 

Feldbach  (Ht-Rh.),  Feldkîrch  (Ht-Rh.). 

Dana  les  premiers  siècles  du  moyen  âge,  on  donnait  le 
nom  de  fineg  aux  subdivisions  des  pagi  ou  comtés.  Plus 
tard,  le  sens  du  mot  descendit  au  territoire  d'une  paroisse 
ou  d'une  commune.  Il  a  été  rendu  :  en  provençal,  par  fin. 


(1)  E$*ana,  1387.  —  (2j  Sar/bntaiiM,  iS48.  —  (3)  Emandiart,  xn>  i 
—  (4)  Xartemérry,  «5*-«.  •      -  ■ 


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/t/ enesptgDolfpar^n;  en  italien,  par  ^c  ;  en  vieux  fran- 
çais, par  fein,  fin. 

Feins  (I.-et-V.,  Loiret),  Fins  (Som.]*  les  Fins  (Ooubs)  W  ; 

Valfins  (Jura). 

Granum,  grain  (Caton,  CicéroH:  Horace,  Virgile),  a  fourni 
à  la  nomenclature  territoriale  quelques  dérivés,  dont  les 
principaux  sont:  granalui,  granetvm  el  granoaut  Au  fé- 
minin du  premier,  nous  devons  les  Grenade,  de  l'Espagne, 
de  la  Haute-Garonne  et  des  Landes.  Grenois,  dans  la  Niè- 
vre, est  un  granetum,  et  Grenoux,  dans  la  Mayenne,  un 
granoeutn. 

Gardum,  parc,  grand  jardin,  vient  de  l'ancien  haut-alle- 
mand garto,  qui  a  donné  l'allemand  moderne  garten,  l'espa- 
gnol et  le  pOTtugais  jare  ;  le  provençal  gare,  jard,  l'italien 
giardo  ;  le  vieux  français  gard,  gart,  guerd,jard. 

Le  Gard  (Som.),  Jards  (Ven.),  le  Jard  (Ch.-Inf.)  ; 

Jardins  (Is.),  le  Jardin  (Cor.)  ; 

Auppegard  (L.-Inf.),  Epegard  (Eure),  Hangard  (Son).), 
Hargarten  (Mos.),  Vingart  (Man.). 

On  attribue  au  latin  hortus,  jardin,  la  même  racine  qu'au 
germanique  karto  ou  garto  et  au  grec  clwrto».  Les  formes 
oéo-latines  sont  :  le  provençal  hort,  orth  ;  l'espagnol  et  Tita- 
lien  orto;  le  vieux  français  liorle,  orte,  or, 

Hortes  (2)  (Hte-M.),  les  Horts  (Hér.),  Sainte-Marie-des- 
Horts(3)  (Hér.).  l'Or  (♦)  (Aisne),  Urt  IB.-P.)  ; 

Hortolès  iHér.),  l'Hortoy  (Som.),  Hortus  (Hér.).  l'Ortet 
(Htes-P.),  Orthez  (B.-P.),  Ortillon  (Aube),  Ortoux  ou  Hor- 
toux  (Gard)  ; 

Orthevieille  (Lan.). 

On  trouve  en  Corse  :  Orto,  Ortale  et  Ortiporio. 

Inor,  dans  la  Meuse,  est  appelé  In  orto,  dans  un  texte  du 


■  (1)  Fismes  (Marne]  serait  U  Fine»  de  ntin.  Anton.  —  (2)  Bortu*,  886. 
—  (3]  Soncta  Varia  de  Ortulit,  en  1146.—  [4>  Ortui,  eo  1184;  Orthut, 
en  1186. 


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XII*  sièclei  et  Jardina,  dans  l'Isère,  est  encore  Oribit,  dsns 
un  acte  de  910. 

La  novaie,  pour  Pline  et  pour  Qiùnte-Curce,  était  une  terre 
nouvellement  défrichée  ;  pour  Pline  et  pour  Varron,  c'était 
une  jachère,  une  terre  qu'on  laissait  reposer  un  an.  Virgile 
emploie  le  pluriel  novalia  dans  le  sens  de  champs  cultivés  : 

Impius  hœc  tam  culta  novalia  miles  habebil  (1). 

Novalit  (sous-entendu  ager  ou  terra)  était  aussi  une  ja- 
chère (Varron,  Festus,  Virgile,  Palladius,  Claudien).  On  ap' 
pelait  novaie,  sous  l'ancien  régime,  la  dime  perçue  par  les 
curés  sur  les  terres  navale»  ou  nouvellement  mises  en  culture. 

Les  terres  novales  ont  porté  d'abord  le  nom  de  noaillei  ou 
notiaillea  (novalia). 

Noailles  {Cor.,  Loire,  Oise,  Tam),  Nouailles  (Cr.). 

L'italien  a  gardé  le  singulier  novaie. 

Novaie  (Corse). 

Pareu»  était  un  pÂtis  entouré  de  fossés  ou  clos  de  haies. 
Bien  qu'on  trouve  pare  dans  le  gaélique,  dans  le  kimri  et 
dans  le  bas-breton,  on  ne  peut  guère  donner  au  mot  une  ori- 
gine celtique,  parce  qu'il  est  isolé  dans  les  trois  langues  et 
qu'il  n'est  pas  certain,  par  conséquent,  qu'il  leur  appartienne. 
Biez  y  voit  l'adjectif  latin  parcus,  économe,  ménager,  pris 
substantivement. 

ParcuÈ  est  devenu  parc,  en  provençal  ;  parque,  en  espa- 
gnol ;  pareo,  en  italien  ;  parc,  perc,  en  vieux  français. 

Le  Parc  (P.  de  C,  S.-Inf.)  ; 

Parcouls  (Dord.). 

Planta,  plante  (Cicéron,  Piaule,  Virgile,  Ovide,  Juvénal), 
a  pris,  en  agriculture,  le  sens  particulier  de  jeune  vigne.  Le 
provençal  et  l'espagnol  out  conservé  })lan(a;  I'italiena|ii(in((i 
et  le  vieux  français  plante, 

La  Plante,  lieu-dit  très  répandu  ; 

(1)  Egl.,  l,  71. 


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PlaoUères  (Mo8.)>  le  PlanUt  (Ain),  le  Plantis  (Orne).' 

Porcaria,  porcherie,  parc  k  pourceaux,  en  provençal  et  en 
espagnol  porcaria,  en  italien  porcaria,  et  en  vieux  fhmçaiE 
porquère,  porchère,  pourchère,  porquerie,  98t  devenue  nom 
de  lieu  dans  : 
.   Porchère3(Gir.),  Pourchères(Ardè.).  la  Porcherie  (Hte-V.). 

Un  dérivé,  porcaritium  ou  porcaritia,  a  donné  : 

Porcheresses  (Char.),  Pourcharesses  (Loz.). 

Ulpien  donne  le  nom  de  tolarium  à  une  rente  foncière  as- 
signée sur  un  fonds  de  terre,  —  lolum  — .  A  la  longue,  fonds 
et  rentes  se  sont  confondus  dans  le  langage  usuel.  Solarium 
a  donné  le  provençal  soliire,  le  catalan  et  l'espagnol  soler,  l'i- 
talien tolario,  le  vieux  français  ioulaire,  souliére,  loulier,  tô- 
lier, toler. 

Solers  (S.-et-M:),  le  Soler  (P.-O.),  Soliers  (D  (Cal.),  Sollières 
(Sav.),  Soll!e8(2)(Var.},  Soulaires  (E.-et-L.,  M.-etrL.),  Sou- 
lières  (Mar.),  le  Souliès  (Hër.). 

Solatium,  réserve  de  grain,  secours  en  blé,  dans  Cicéron 
et  Valère  Maxime,  a  pris  le  sens  de  grenier,  de  lieu  d'appro- 
visionnement. Il  a  été  traduit  :  en  provençal,  par  aolatz,  lou- 
latz,  et  en  vieux  français  par  aoulai.  Exceptionnellement  So- 
latium, station  romaine,  indiquée  par  une  colonne  milliaire 
encore  debout  et  dont  l'inscription  est  très  lisible,  est4evenu 
Solaize  (Isère). 

Soulaz  (Aude,  P;-0.). 

Un  dérivé  de  $olatium,  le  fréquentatif  lolaficum,  qui  nous 
a  donné  le  provençal  tolatge,  toulatge,  l'espagnol  solaje,  l'i- 
talien tolaggio,  et  le  vieux  français  wuUiige,  aoiUage,  avait  la 
même  signification. 

Soulages  (Av.,  Can.,  Hér.  (3)),  Soulatges  (Aude). 

Le  mot  apitaum,  neutre  de  l'adjectif  spiutis,  épais,  dru, 
serré  (Virgile,  Oïlumelle),  employé  substantivement,  a  pris 
le  sens  de  fourré,  de  halliér. 

(1}  Solarium,  1083.  -  (S)  Id.,  1C88.  —  (3)  Sotatieum,  M6. 


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Spissum  est  devenu  :  le  provençal  espeij  l'espagnol  otpBso, 
l'italien  ap«s«o,  et  le  vieux  français  espeâte,  eapoitae, 

Espès  (B.-P),  Espoisse  (l)  (G.-d'Or). 

ZVunca,  troDche,  arbre  de  futaie  dont  on  coupe  les  bran- 
ches &  des  époques  périodiques.  On  a  aussi  dit  troncque, 
tronque. 

La  Tronche  (Is.); 

Tronchoy{Som.,  Yon.),  le  Tronchoy  (Hte-M.),  le  Tron- 
cbet  (Sar.).  Trondiy  (S.-et-L.),  le  Tronquay  (Cal.,  Eure). 

La  vache,  vacca,  qui  a  une  si  grande  importance  dans  la 
culture,  particulièrement  en  pays  de  montagne,  devait  cer- 
tainement marquer  dans  l'onomastique  locale.  Son  nom  la- 
tin a  donné  :  au  provençal  et  &  l'espagnol  vaea,  à  l'italien 
vacca,  et  au  vieux  français  vacque,  vache. 

Bramevaques  (Htes-P.),  Fervaches  (Man.),  Fervacques 
(Cal.j,  Millevaches  (Cor.),  Pisnavaches  (3)  (Doubs). 

Vaecaria,  qui  n'appartient  pas  à  la  bonne  latinité,  a  été 
traduit  :  en  provençal,  par  vaqueira,  vaquiere,  et  en  vieux 
français  par  vacquiere,  vachère,  vaequerie,  vacherie. 

Vachères  (B,-A.,  Drfl.),  Vacheries  (Suis.),  la  Vacherie 
(Eure),  Vacqueries  ou  Vaquerie  (Som  ),  Vaquerie  (P.-de-C), 
la  Vaquerie  (Cal.,  Hér.,  Oise),  Vacquières  ou  Vaquières 
(Hér.). 

Vaquiers(Hte-G.)  est  un  vaccarium. 

Un  dérivé  de  vacearia,  le  fréquentatif  vaccaricia  a  produit  : 

Vacberesses  (E.-et-L.  (3),  Hte-S.),  la  Vacheresse  (Vos.),  la 
Vaqueresse  (Aisne). 

Vindemia,  vendange  [Virgile,  Ovide,  Lucain)  est  devenu  : 
le  provençal  vindemia,  vendemia,  l'espagnol  vendimia,  l'i- 
talien vindemmia,  et  le  vieux  français,  vendange,  vendenge, 
vendège. 

Les  noms  de  lieux  qui  s'y  rattachent  sont  : 

Vendemies  (Aude),  Vendegies  (Ndj  ; 

(1)  Spi»*ia.  —  (3)  Piieina  vaeeorum^  xir  siècle.  —  ^)  Vaeh*ria,  964. 


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Vendémian  (Hér.). 

Le  verbe  latin  vervagere,  remuer  la  terre,  lui  donner  un 
labour,  une  première  façon,  que  l'on  trouve  dans  Golumelle, 
a,  par  une  suite  de  transformations  curieuses,  donné  à  la 
basse  lalînité  les  mots  gueractum,  guéret,  et  gacheria,  ja- 
chère. 

Gveractum  procède  de  son  participe  pas^é  neutre,  vertae- 
tutn,  dans  lequel,  par  un  accident  fréquent  dans  le  passage 
des  mots  de  la  haute  k  la  moyenne  latinité,  le  v  initial  est  de- 
venu UD  g  dur,  ce  qui  a  donné  d'abord  guervactum,  puis 
gueractimi  par  diute  du  v  intermédiaire,  accident  banal. 
-  Les  formes  néo-latines  de  vervaetvm  soal  :  le  provençal 
garag,  garah,  garât;  l'espagnol  barbeeho  ;  le  portugais  bsr- 
beito  ;  le  vieux  français  guéret,  gwiret,  garet,  garait,  varet. 
Vervactum  apparaît  plus  visiblement  dans  l'espagnol  et  le 
portug^s  que  dans  le  provençal  et  le  vieux  français,  surtout 
si  l'on  prononce  le  &  à  l'ibérique. 

Guéret  (Cr.  (1),  Gir.,  Rh),  Garât  (Char.),  Varet  (Cor.). 

La  chute  du  (  de  gueractum  a  produit  guerachum  dont  le 
pluriel  9u«rac/ia,  devenu  un  nominatif  singulier  de  la  pre- 
mière déclinaison,  a  eu  le  sens  particulier  de  novale.  Guera- 
cha  a  été  rendu,  en  provençal  par  garaû  et  en  vieux  fran- 
çais par  guerche,  guarche,  garche,  guerge,  garge. 

Garac  (Hte-G.),  la  Guerche  (Cher,  L-et-V,,  I.-et-L.,  Sar.), 
Garches(îi,  (S.-et-O.),  Guerges  (I.-et-V.). 

La  genèse  de  gacheria  est  plus  difficile  &  expliquer.  Elle 
suppose  un  vervageria,  qu'on  ne  trouve  pas  dans  les  textes 
et  dont  une  apocope  aurait  fait  d'abord  vageria.  Le  v  inter- 
médiaire, devenu  initial,  changé  en  g.  aurait  donné  gageria, 
■  puis  gacheria,  qui  a  donné  le  vieux  français  gaguière,  ga- 
ehiére,  jachière.  L'introduction  accidentelle  d'une  a  a  donné 
gaicheria,  gasraria,  qu'on  trouve  dans  un  texte  du  xti*  siècle 
et  qui  a  produit  gaaqaière,  gaachère  eljaschère. 

(i)  Fiiartutum,  au  viii*  siècle,  au  737.  —  (2)  Bigarjiium. 


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On  ne  trouve  gachère  et  jachère  qu'en  lieu  dit. 

Viridarium,  verger  dan»  Pline,  aétérendaienprorençal, 
par  verdier  ;  en  italien,  par  verziere  ;  en  vieux  tVancais,  par 
vergier,  verguier,  verchier.  Le  mot  est  un  dérivé  de  viride, 
verduru,  dont  lo  pluriel  vii-idia  signifiait  arbres  et  (gazons 
(Sénèque),  ou  jardins  (Phèdre). 

Vergers  (Vien.),  le  Verger  (I.-et-V.),  le  Verguier  (Aiane), 
les  Verchers  (M.-et-L.),  ie  Verdier  (Tarn). 

Un  viridaria  a  donné  : 

La  Verdière(Var). 

Vergeroux  (Ch.-Inf.)  est  un  irirtdottifiM;  Vergies  (Son.)  et 
Vergy  (C.-d'Or)  sont  des  viridia  ;  Verdes  (L  -et-Ch.),  est  un 
w>rid«  ;  enfin  Verdet  (B.-P.)  et  Verdey(Mar.)  sont  des  wirt- 
detum. 

Verderet  (Oise)  est  un  diminutif  de  verdier. 

6^  Industrie  et  commerce 

Les  noms  de  lieu  qui  ont  en  leur  origine  dans  l'industrie 
ou  le  commerce  sont  peu  nombreux.  Ce  sont  les  formes  néo- 
latines des  mots  calcifumum,  can^a,  eambium,  cantarium, 
carbonai'ium,  fabrana,  fabricoy  factura,  ferraria,  figulina, 
filaria,  foderiu,  formaria,  fullonium,  furnum  ou  furnus, 
huUaria,  metallum,  mininria,  malaria,  molendinum,  olea- 
ria,  piscatoria,  piedita,  quadraria,  retia,  stupa,  thertnBS, 
vttr aria,  vivariMm. 

Le  bas-latin  catàfurnus  ou  ealcifurnum^  a  été  traduit,  en 
provençal,  par  cuufour,  et,  en  vieux  français,  p&rchanffovr, 
chaufour,  four  &  chaux. 

Cbauflbors  (Cor.,  Hte-M.),  ChauSours  (Aube,  Doubs,  E.- 
et-L.,Sar  ,  S.-et-O). 

La  cnmbs  était  une  brasserie  de  bîére. 

Cambes  (Cal.),  la  Combe  (Cal..  Eure,  Orne). 

Cambium,  change,  est  une  expression  de  -basse  latinité, 
qui  procède  du   latin  cambire,  qu'on  trouve  dans  Apulée. 


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Cambium  a  donné  le  provençal  camje;  camge  ;  l'espa^ol  et 
l'italiea  cambio  ;  le  vieux  français  change,  change. 

Cambio  (Cor,),  le  Change  (Dord.). 

Cantarium,  chantier,  est  un  dérivé  de  canttu,  dont  nous 
avons  vu  ailleurs  la  signiUcation.  Le  chantier  est  un  terrain 
sur  lequel  on  dépose  et  on  met  en  œuvre  les  matériaux  de 
construction. 

Cantarium  a  été  rendu  :  en  provençal,  par  canteire  ;  en  ita- 
lien, par  eantiere  ;  en  portugais, .  par  canteiro  ;  en  vieux 
français  par  cantier,  chantier. 

Gantiers  (Eure). 

Le  mot  carhonaria,  charbonnière,  s'est  toujours  appliqué 
aux  lieux  de  fabrication  du  charbon  de  bois.  On  lui  doit  le 
provençal  carboneire,  l'ilalien  carbonera,  l'espagnol  car6o- 
nera,  et  le  vieux  français  carbonière,  charbonnière. 

Charbonnières  (Doubs,  E.-et-L.,  P.-de-D.,  Rh.,  S.-et-L.),  la 
Charbonnière  (Hte.-S.). 

Charbonniers  (P.-de-D,)  est  un  carbonarivm. 

Fahraria,  atelier  de  forgeron,  du  latin  faber,  ouvrier  en 
général  (César,  Cicéron)  mais  particulièrement  ouvrier  en  fer 
ou  autres  métaux,  adonné  au  provençal  fabrcrie,  favrerie, 
faurie,  et  en  vieux  français  febvrerie,  fèvrerie,  fivrie,  fau- 
vrerie,  feuvrerie. 

La  Fabrerie  (Hér.),  la  Faurie  (Ardèche,  Char.,  Ch.-Inf., 
Is.,  Hte-L.,  P.-de-D.),  la  Fauvrerie  (Man.),  la  Feuvrerie 
(Sar.),  la  Fèvrerie  (Eure,  Man.,  Orne),  la  Fèvrie  (L-et-V,, 
Orne,  S.-et-O.)  ; 

Faureilles  (Dord.),  Faunlles  (Dord.). 

Faber  et  ses  formes  provençales  fabre,  favre,  faure,  et 
vieilles  françaises  febvre,  fèvre,  remplacent  souvent  fabra- 
ria  et  ses  formes  néo-latines. 

Les  Fabres  (Ardèche,  Gard),  Faures  (Ar.,  D.-S.,Dord., 
Gir.,  Lot),  te  Faure  (Cor.,  Dord.),  les  Faures  (Dord.,  Drô., 
Is.,  Loire,  L.-et-G.,  Tar.),  Febvres  (Eure),  Fèvres  (Jura),  le 
Fèvre  (Cal.), tes  Fèvres  (Doubs)  ; 


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Fabras  (Ardëche,  Drd.),  le  Faurat  (Dord.)  ; 

Confavreux  (1)  (Aisoe),  Coofèvron  (2)  (Hte-M.),  Courfèvres 
(SuiB.)- 

Le  moi  fabrica,  qui  vient  égalemeat  de  /"aber,  s'est  dit  d'a- 
bord de  tout  travail  d'une  matière,  métallurgie,  fabrication, 
confection,  façon,  main-d'œuvre,  construction,  structure.  On 
trouve  le  mot,  en  ces  diCTérents  sens,  dans  Cicéron,  dans 
Pline,  comme  dans  Saint-Jérôme,  dans  Isidore,  dans  Arnobe, 
dans  Prudence-  Lucrèce  et  Vitruve  l'appliquent  aussi  fi  l'art 
de  bâtir,  et  Cicéron  à  la  peinture  et  à  l'architecture.  Enfin,  il 
prend  la  sigaiQcation  d'atelier,  de  fabrique,  de  forge,  de  ma- 
nufacture, avec  Térence,  Pline,  Végëce,  Sidoine  Apollinaire, 
Cassiodore,  Isidore  donnent  le  nom  de  fabriea  à  tout  b&ti- 
ment  et  édifice  ;  mais  il  est  devenu  spécial,  dans  la  suite,  aux 
usines  où  l'on  transforme  la  fonte  de  fer  en  métal,  c'est-à- 
dire  aux  forges. 

En  passant  du  latin  au  roman,  fabriea  a  .pris  bien  des 
formes.  Ilest  devenu  fabrig a,  fabrèguei,  fabrique,  et  farga, 
fargue,  (argue,  en  provençal  ;  fnrga,  en  catalan  ;  fra^a  et 
forja,  en  espagnol  ;  forgia  en  italien  ;  fraga,  en  portugais  ; 
faverge,  farge,  forge,  en  vieux  français  (3), 

Fabrèges  i*)  (Hér,),  Fabrèques  (Var),  Fargues  (Gir,,  Lan-, 
Lot,  L.-et-G.),  Forgues  (Hte-G.),  Faverges  (Hte-Suv.  Is.), 
Farges  (Ain,  Cher,  S.-et-L.),  les  Farges  (Dord),  Foi  ^cs  (Ch.- 
Inf.,Cor.,  I.-et-V-,  M.-el-L.,  Meuse,  Orne  (5),  S.-et-M-,  S.- 
et-C,  S.-Inf.),  la  Forge  (Vos.),  les  Forges  (Cr.,  D.-S.,  M.-et- 
L.,  Vos.)[6). 

Forgevieille  (Cr.). 

Factura,  fabrique,  qui  a  produit  le  provençal /"attura,  l'es- 
pagnol/tecAura,  l'italien /uttura,  le  portugais /uctura,  et  le 

(1)  Curlvifiarorum.  ffiS.  -  (2)  Id.  —  (3)  On  lira  avec  intérêt  Ihistoire 
de  ce»  Irans fa rma Lions  dans  la  Formation  française  de»  Noms  de  Lieu, 
de  QuiciiKHXT,  et  les  Entretitn»  >ur  ta  Plumétique.  de  Coi:;[Eni3,  — 
(\)  Fabricas,  1057.  —  {bj  Fabriex,  1280.  -  (ti;  Par  eiletisiua,  la  Faurie 
(Corréiej  vient  de  Fabriea,  993. 

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vieax  français  faiture,  n'est  représenté  en  France  que 
par  : 

Factures  (Gir.). 

Le  latin  ferraria,  mine  de  fer  (César)  est  devenu  :  le  pro- 
vençal ferreire,  ferrère  ;  l'espagnol  et  l'italien  ferrera  ;  le 
portugais  ferreira ,- le  vieux  français /ertnére. 

Ferrères  iHles-P.),  Ferrières  (Al.,  Ar.,  Oi.-lnf-,  Doubs, 
Eure,  Hte-U.,  Hte-S.,  Hle-Sav.,  Hér.,  l.-et-L.,  Loiret,  Man. 
Meur.,  Nd,  Oise,  Orne,  S.-et-M.,  S.-lnf.,  Soin.,  Tarn, 
Von.  M)),  la  Ferrière  (Cal.,  C.-du-N.,  D.-S.,  Uoubs  (îJ,  Hte- 
S.,  L-et-L.,  Is.,  M.-et-L.,  Orne,  Ven.,  Vien.). 

Figulina  ou  figlina,  poterie  de  terre,  atelier  de  poterie  de 
terre  (Pline  ,  et  ^Hnum  (Vitnive),  qui  a  le  même  sens,  pro- 
viennent d'un  radical  fig  qu'on  trouve  dans  fingere,  fonner, 
foconner,  mouler  (Clcéron).  Ils  ont  été  rendus,  en  proven- 
çal, en  espagnol  et  en  italien,  par  figuHna  ;  en  vieux  fran- 
çais, par /«line. 

Félines  (Ardèche,  Aude,  Drô.,  Hte-L.,  Hér.  (3)),  la  Féline 
(A!.). 

Filaria,  filature  de  chanvre  ou  de  lin,  est  resté  dans  le 
vieux  français  fiUière. 

Fillières(Mos.),  Felleries  (Nd). 

Foderia,  mine,  minière,  a  remplacé  fodina  dans  la  basse 
latinité  ;  l'un  et  l'autre  viennent  de  /tii/ei-e,  creuser  (C^sar, 
Cicéron),  extraire  de  la  terre  [Tite  Live).  Foderia  a  donné  au 
provençal  foziére. 

Fozièreâ  (*)  (Hér.). 

Le  bas-latin  formaria,  qui  signilîalt  atelier  monétaire,  du 
lalin /orma,  figure,  image  (Cicéron),  empreinte  (Sénèque), 
se  retrouve  dans  : 

Forme  ri  es  (Oise). 

FuUonium  et  fuUo,   foulerie,  atelier  de  foulon    (Plaute, 


(t)  Ftrrarim,  en  630.  —  (2)  Ferraria.  793,  la  Ferrière-sou»Jougn«.  - 
(3)  figlina  vUla,  89».  -  (4)  Fnderia*.  967. 


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Pline,  Ammien  Uarcellin),  ont  été  rendus  par  fouloin  et  fou- 
lon en  vieux  français.  Foulon  abonde  comme  heu  dit. 

Foulain,  anc.  Fouloin  \i)  (Hte-M.)- 

Il  y  a  aussi  foutequi  vient  du  bas-latin /utto  qu'on  retrouve 
dans  l'espagnol  falla,  l'italien  folla,  fola,  le  portugais  fula, 
Fulln  et  fuUo  viennent  d'un  radical  latin  full,  qui  a  le  sens 
de  soutien,  d'appui. 

Furnuê,  four  (Pline),  est  devenu  le  provençal  font,  l'espa- 
gnol forno,  homo,  l'italien  forno,  et  le  vieux  français  fome, 
fume,  fourne,  four,  for. 

Tournes  (Aude,  Nd.),  Fumes  (Belg.),  Fours  (B.-A.,  Eure, 
Gir.,  Is.,  Nié. (2*),  Fors  (D.-S.),  Fourgs  (Doubs),  les  Fourg8(3) 
(Doubs)  ; 

Fourneaux  (Cal.,  Loire,  Man.,  Yon.),  Fournels  (Loz.),  Four- 
nets  (Doubs),  le  Fournet(Cal.),  Fournois(P.-de-D.>.  Foumols 
(Can.,  P.-de-D.),  Forcalquier  (*)  (B.-A.),  Fourbanne  (Doubs), 
Fourcalier  (5)  (Doubs),  Fourchambault  (Nié.),  Fourmandin  (6) 
{Yon.),  Fourneville  (Cal.),  Fournival  (Oise); 

Fornex  [Ar.)  est  un  fornax,  Tournaise  (Cicéroo). 

Fort-du-Plasne  (Jura)  s'est  appelé  Four-du-Plasne. 

HuUai-ia,  houillère,  mine  de  houille  ou  charbon  de  terre, 
vient  du  bas-latin  huila,  qu'on  trouve  dans  des  textes  de  la 
Qn  du  xji*  siècle.  Huila  a  pour  origine  le  gothique  huit  ou 
hoU,  qui  signifie  creux,  noir. 

La  Houillère  et  les  Houillères,  noms  de  hameaux  assez  ré- 
pandus. 

Afetallum,  mine,  minière  de  métaux  (Virgile,  Pline,  Ho- 
race}, métal  (Horace),  minéral  (Apulée),  a  donné  au  bas- 
latin  medalea,  monnaie,  atelier  monétaire,  qui  a  été  rendu:  en 
provençal,  par  m(;alhe,7n^ai{le,-  en  espagnol,  par  medalla  ; 
en  italien,  parmetfa^Iia  ;  en  portugais,  par  mealha;  en  vieux 
finançais  par  méalle,  mette  et  maille. 


(1)  FitUonUim,  au  xii' .siècle.  -  (2)  FumU,  1361.  —  (3)  Fitrtut  pice 
«26.  -  (4)  Purnu*  caleariua.  -  (5)  W.  —  (6)  Four-Nauidin,  ISSO. 


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Méailles  (B.-A.),  Melles  (D.-S.  (D,  Hte-G.,  I.-et-V  ),  Uéalet 
(Cao.)  (S). 

Miniaria,  mine  de  minium,  de  vermillon,  dans  Pline,  s'est 
généralisé  à  tous  les  minéraux.  Le  mot  est  devenu  :  mènera, 
,meniera,  en  provençal;  mineira,  en  portugais;  ménière, 
menière,  en  vieux  français. 

La  Minière  (S.-et-O.),  les  Minières  (Eure). 

Mola,  meule  de  moulin  (Cicéron),  moulin  (Pline)  a  con- 
-sen'é  cette  dernière  acception  au  moyen-Age.  Le  latin  mola, 
comme  le^grec  muié,  provient  d'un  radical  sanscrit  mal, 
.broyer.  Il  est  devenu  mola,  en  provençal  et  en  italien  ■,mola, 
muela,  en  espagnol  ;  mole,  moule,  muele,  meule,  en  vieux 
français. 

La  Mole  [3)  [Var),  Moules  (Héi-.).  Moules  (Cal.)  ; 

Molas  (Hte.-G.),  Molay  (Hte-S.  W,  JuraO)),  le  Molay  (Cal.), 
.  Moloy  (G -d'Or),  Moulay  (May.),  Melay(Cal.,  E.-et-L.,  Hte- 
M..  L.-et-Ch.,  M.-et-L.,  May.,  S.-et-L.).  Molèdes  (Can.  («)). 

Trois  mots  latins,  moiendt7ium,  molinvm  {aaxum),  et  mo- 
Hna  (petra),  peuvent  rendre  compte  de  moulin  ;  les  auteurs 
de  la  basse  latinité  y  ont  ajouté  molinus,  qui  est  le  véritable 
.  père  du  mot.  Molinu»  a  donné  :  le  provençal  molin,  moli; 
le  catalan  malt;  l'espagnol  et  l'italien  molino ;  le  portugais 
•  moinho  ;  le  vieux  français  molin,  melin,  meulin. 

MelinsC?.  (Hte-S.),  Moulins  (S.-et-L.),  Moulins  (Aisne,  AI., 
Cher,  D.-S.,  Eure,  I.-et-V  ,  Indre,  Jura,  Meuse,  Mos.,  Niô.tS), 
Nd.,  Oise,  Orne,  Sar.,  Yon.),  Molines(9)  (Htes-A.),  Moulines 
(CaL.Man.); 

Moulineaux  (S.-Inf.),  les  Moulineaux  (Seine),  Moulinets 
(A.-M.,  L.-et-G.),  le  Moulinet  (Loiret),  le  Molinet  (Al.),  Mo- 
linons  (Yon.),  Molinots  (G. -d'Or.); 

(1)  Métalta.  in  I[iii.  Ant.  —  !%)  MédnilW  ou  Madailles  (Aude)  est  un 
MetaUanum;  il  est  liedatlaninn  en  7S2.  —  |3)  Vola,  au  xii*  siècle.  — 
(4)  Id.,  1138.  —  (5)  Malar,  115*  et  1165;  i/oolers,  11P1.  —  (0)  Molay,  Je 
l'Yonne,  b$L  ^odelagiwi,  en  359.  —  (7)  En  1197.  -  (8)  ifolendtnw,  1161, 
Uoulina-Engilbert.  —  (9J  MoiiiMrium,  739,  Uoliiies-en-Qiieyras. 


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Melincourts  (Hte-S.),  Molinchart  (Aisne),  Molîrieufe  (L.- 
et-Ch.). 

Matines  et  JlfouIi)te>  ne  sont  pas  des  formes  féminiDes, 
mais  bien  des  traductions  plus  directes  de  molinu».  Il  en  est 
de  même  du  détemiinatif  d'Echenoz-las-Melines  W  (Hte-S.)- 

Olearia,  huilerie,  est  représenté  par  : 

Ollières  (Meuse) 

On  retrouve  piacatorium,  réservoir,  vivierà  poissons,  dans  : 

Pescadoires  (Lot),  Peschadoires  (P.-de-D.). 

Piicina,  vivier,  réservoir  à  poissons  (Cicéron),  ^reuvoir 
(Columelle,  grande  baignoire  (Pline),  piscine  (Sénëque, 
saint  Jérôme),  est  dans  Pézènea  (Hér.  (3)),  Pezens  (AudeJ. 

Pisnavaches  (Doubs)  est  appelé  Piecina  vaccse  ou  vacca- 
rum,  dans  des  titres  très  anciens. 

Le  bas-latin  quadraria,  carrière,  a  donné:  le  provençal 
carreire,  earrère,  et  qtteyreire,  queyrère,  queyrière;lB  ca- 
talan quadrere  ;  l'espagnol  cuadrera  ;  l'italien  quadreria  ;  le 
vieux  français  qvarrière,  charrière,  carrière. 

(krrères  (B.-P.),  Carrières  (S.-el-O.).  la  C:arrière  (Av., 
Lot),  les  Carrières  (Oise),  la  Charrière  (Is.),  les  Charrieras 
(Cr.),  Queyrières  (Htes-A.,  Hte-L.). 

Queyras  (Htes-A.),  qui  est  un  quadratit,  a,  à  peu  de  chose 
près,  la  signification  de  carrière  :  lieu  oti  l'on  trouve  de  la 
pierre  de  taille. 

Le  mot  étuve,  thermes,  bains,  vient  de  l'ancien  haut-alle- 
mand atupûy  qui  a  donné  le  bas-latin  ituba,  le  provençal  ei- 
ti^a,  eïtuua,  l'espagnol  estu/'a,  l'italien  sEu/à, le  moyen  hAut- 
allemand  atobe,  l'allemand  moderne  ttube,  l'anglais  stove,  le 
vieux  français  eatuve,  ettuf,  ettupe. 

Etupes,  anc.  Estupes  (Doubs),  Etuis,  anc.  Estufs  (Hte-M.), 
Etuz,  anc-  Estuz  (Hte-S.); 

Etobon,  anc.  Estobon  &)  (Hte-S.),   Etouvans,   anc.  Estou- 


(1)  On  troute  ausii   Ë.-tas-Meutini.  -~  li)-Pi$citue,    dans  I^iae.  — 

1^)  Stuben.  .  .■ 


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vaas(Doubs),  EtoDvelIes,  anc.  Estouve)Ies(l)  (Aisne), EtOuvy, 
anc.  Estouvy  (Cal.),  Etouy,  anc-  Estouy  (Oise),  Estouy  (Loi- 
ret) ; 

Etoupefours,  anc.  Estoupefours  (Cal.),  EtuefTonts,  ano, 
EstuefTonts  (Ht-Rh.)- 

Thermie,  thermes,  étuves,  bains  (Martial,  Saint-Paulin  de 
Noie),  n'a  été  retenu,  comme  nom  de  lieu,  que  par  une  seule 
localité  de  France  : 

Les  Thermes  (Htes-P.). 

Vivarium,  parc  à  gibier,  garenne  (Pline,  Aulu  Celle),  vi- 
vier (Javénal,  Horace,  Sénëque)a  été  rendu  :  en  provençal  ; 
par  viureire,  vieuretre  ;  en  catalan,  par  viurere  ;  en  espa- 
gnol, par  vivero  ;  en  italien,  par  viverio;  en  allemand,  par 
weiger,  weyer;  en  vieux  français  par  vtvier,  vttite. 

Viviers  (Aisne,  Ardëche,  Arden.,  Aube,  L-et-V.,  May., 
Meur.,  Mo8.,P.-0.,  Tarn,  Vos.,  Yon.),  le  Vivier  (Sav.),  Vi- 
vières  (Aisne),  Viviès  (Ar.),  Viviez  (Av.),  Weyer  (B.-Rh., 
Ht-Rh.)  (S)  ; 

Weyersheim  (B.-Rh  ),  Wigersheim  (B.-Rh.). 

Vitraria,  verrerie,  est  de  basse  latinité,  bien  qu'on  trouve 
vitrariug,  verrier,  dans  Sénëque.  On  peut  admettre  que  le 
mot  est  le  féminin,  pris  substantivement,  de  vttrartus,  ou 
qn'il  sous-entend  offictna.  Vitraria  a  produit  :  le  provençal 
veireire,  veirère  ;  l'espagnol  vidriera  ;  l'italien  vitraria,  et 
le  vieUK  français  vairrière,  voirrière,  vei-riére. 

Verrières  (Arden.,  Aube,  Av.,  Char.,  Doubs,  Mar.,  Orne, 
S.-el-L.,  S.-et-O.  (3l,  Vien.)  ;  la  Verrière  (Doubs,  Oise,  S.-et- 
0.)  ;  les  Verrières  (Doubs,  Suis.). 

7*  Commiiiiififttloliti 

Les  communications  ont  été  facilitées,  dans  l'antiquité  et 


(i)  StaveIIa,1131.—  (S)  Vivariua  per«gHnorum,  7S8,  Wei§»r,  Wif/tr, 
Weyer,  près  de  Uurbach.—  [3)  Vtdrtxrim,Bi5. 


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au  moyen-âge,  pv  un  cerlain  nombre  de  voies  et  moyens, 
qui  ont  laissé  des  souvenirs  dans  l'onamastique  locale,  d'au- 
tant plus  que  nombre  d'entre  eux  existent  encore.  C'étaient  : 
les  iid<{trectunt,  les  arcut  et  nrchia,  les  barca,  tes  briva,  te» 
caldata,  les  caminua,  les  eampendiutn,  les  divexia,  les  en- 
tum,  les /urtum,  les  millarium,  \eamutatio,  lesnavis,  les 
paiim,  les  pertuiua,  les  pila,  les  pUmca,  les  pona,  les  por- 
tu8,  les  quftdrivium,  lesriCum,  les  roda,  tes  ma,  les  aculs, 
les  êemita,  les  «trata,  tes  tractua.  les  tranca,  les  traniua,  les 
trivium,  les  vaduin,  les  via. 

L'addirectum  était  la  traverse,  le  chemin  direct,  le  chemin 
qui  mène  ou  l'on  veut,  comme  dit  Littré.  1^  mot,  fait  du 
participe  passé  de  dirigera,  précédé  de  la  préposition  ad,  a 
donné  naissance  :  au  provençal  adreit,  adreg,  adrech,  adrêt  ; 
au  catalan  adret  ;  à  l'espagnol  aderecho  ;  au  portugais  ade- 
reito;  k  l'italien  oÂdÀretto,  addritto  ;  au  vieux  français  adroit, 
adroit,  adret. 

Les  Adrets  (Is.). 

Addirectum  a  donné  surtout  des  lieux  dits;  dans  le  beul 
département  des  Hautes-Alpes,  onze  écarts  s'appellent  l'A- 
drecb,  dix-sept  l'Adroit,  cinq  tes  Adrets  ;  te  Doubs  possède 
une  ferme  des  Adrets,  une  ferme  des  Adroits,  et  trois  fermes 
de  l'Adroit. 

Arcui,  qui  appartient  à  ta  haute  latinité,  et  archa,  qui  est 
de  la  basse,  ont  signifié  arche  de  pont  et,  par  extension, 
pont,  quelquefois  aqueduc,  un  aqueduc  de  maçonnerie  sup- 
porté par  des  arches. 

Arcui  a  été  traduit  :  en  provençal,  par  arc  ;  en  espagnol 
et  en  italien,  par  arco  ;  en  vieux  français  par  ar,  are. 

Quelques-uns  de  nos  Arc  viennent  bien  certainement  d'ar- 
cua.  Arceaux  (Côte-d'Or),  Arcier  (Doubs)  et  Arcueil  (Seine) 
en  sont  des  dérivés.  Ces  deux  derniers  lieux  ont  pris  leurs 
noms  d'aqueducs  romains,  ainsi  que  les  Arcs  (Var). 

Archa,  archia,  a  donné  :  le  provençal  archa,  arqua  ;  l'es- 
pagQol  et  l'italien  arca  ;  le  vieux  firançais  arche. 


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—  SMP- 
Arches  (Can;,  VoB.),  l'Arche  (B.-A.),  Arques  (Aude,  Av.)> 
les  Arques  (Lot),  Archail  (B.-A.). 

Barca,  bateau  plat,  bac,  qui  se  trouve  déjà  dans  Isidore, 
est  devenu  le  bas-latin  barga,  le  provençal  barca,  barja,  l'i- 
talien bargia,  l'espagnol  et  l'italien  barca,  le  vieux  français 
barge.  Le  mot  vient  du  celtique  :  il  y  a  bark  dans  )e  bas-bre- 
ton, barc  dans  le  gaélique  et  bark  dans  l'anglais. 
Barcqs  (Eure),  Barges  (C.-d'Or  (*)),  Hte-S-,  Loire). 
Briva,  pont,  est  d'origine  celtique.  Il  est  devenu  bridge, 
en  anglais,  bruckeu  allemand,  et  broucq  ou  broeitcq  en  fla- 
mand (2),  par  l'intermédiaire  du  fréquentatif  brirt(ic«,  qui  a 
existé,  puisqu'il  a  servi  à  nommer  Beuvrages  (Nd).  Briva  a 
été  rendu  en  vieux  français  par  brive,  brève. 
Brèves  (Nié.),  Brivea  (Ch.-Inf.,  Cor.,  Hle-L.,  Indre), 
Brives-la-Gaillarde  (Cor.)  est  le  Briva  Curetia,  pont  de  la 
Corrèze,  où  Gondebaud  fut  proclamé  roi  d'Aquitaine  (3).  Bri- 
ves,  de  l'Indre,  est  le  Briva  vicus  des  monnaies  mérovin- 
giennes. Une  viguerie,  la  Yicaria  Brivenais,  en  a  tiré  son 
nom  à  l'époque  carolingienne  (*).. 

Amiens  s'est  appelé  <Samam>6Hva,  pont  de  la  Somme,  et 
Pontoise,  harobriva,  pont  de  l'Oise.  On  trouve  encore  briva 
dans  Brivodurum,  aujourd'hui  Brisre  (Loiret),  et  dans  les 
brivale,  brivati»,  ou  brivatei. 

Le  brivatfi,  brivalia  ou  brivales,  était  le  lieu  où  se  trouvait 
un  pont  ou  briva.  Brioudes  (Hte-L.)  était  le  Brivate  qui  a 
donné  son  nom  au  Brivadois,  VAger  Brivatensis  (5).  Brest 
(Fin.)  et  Brivain,  près  de  Nantes  (L.-Inf.),  ont  été,  l'un  et 
l'&utre,  Brivates  portu».  Brives-la-Gaillarde  est  appelé  quel- 
quefois firivoR  ou  Brivatis. 

CalHata  (sous-entendu  via)  a  été  traduit  :  en  provençal, 
p&v  cautsada,  catusade,chauasade;  en  espagnol,  par  calza- 


(1)  Barga»,  775.  —  (S)  Broukerque  et  Haiebrouck  (Nord),  Dennebroeucq 
(PaaMle^laist.  —  (3)  lu  Greg.  Tur.  -  (4)  Voy,  D.  Bouquet,  t.  IX,  p.  713. 
—  (5j  Brioudes  est  Briva*  dans  Grég.  de  Tours,  el  Brivale  en  935. 


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da  ;  en  portugais,  par  càlcada  ;  en  vieux  Français,  par  cati- 
ehie,  chauchie,  ébauchée,  chauaiée.  Diez  le  tire  de  calx, 
chaux  :  chemin  fait  à  la  chaux  ;  mais  la  chaussée  est  surtout 
une  levée  de  terre,  calcaire  ou  non.  Aussi  vaut  il  mieux 
prendre  comme  étymoiogie  le  féminin  de  calciatui,  foulé, 
participe  passé  de  calciare,  fréquentatif  de  ealcare,  qu'on 
trouve  dans  le  bas-latin  (1)  :  la  chaussée  serait  la  terre  foulée, 


Caussades(Hte-P.,T.-et-G.),laChaus8ade  (Cp.).  la  Chaus- 
sée (E.-et-L,,  L.-et-Ch.,  Mar.,  Meuse,  Oise,  S.-Inf.,Soro,, 
Vien.),  Gauchies  (P.-de-C),  ia  Gauchie  (P.-de-C  ),  Chau- 
chées  (Ven.). 

Le  mot  caminv»,  qui  a  signifié  foyer  (Cicéron,  Horace, 
Suétone)  dans  ia  haute  latinité,  a  pris  de  bonne  heure  le  sens 
de  chemin,  parce  que  le  chemin,  comme  le  foyer,  a  été  pri 
mitivement  la  terre  battue.  On  trouve  déjà  caminata,  avec 
le  sens  de  cheminée,  marche,  route,  dans  un  texte  de  584. 
D'autre  part,  le  bas-latin  caminui  a  servi  plus  particulière- 
ment à  désigner  les  voies  romaines,  prototypes  de  nos  voies 
modernes.  «  Au  delà  de  Pontoux,  dit  d'Anville,  qui  est  le 
PonsDuinsde  la  Table  (théodosienne),  la  trace  de  la  voie 
(de  Lu^dunum  au  Ithin)  est  bien  connue  et  passe  par  des 
lieux  qui  en  tirent  le  nom  qu'ils  portent.  Chemin  et  Beau- 
chemin  (S).  >.  Liltré  préfère  voir  dans  caminvs,  chemin,  l'ha- 
billement latin  du  kymri  camen,  de  cam,  pas,  qui  a  la  même 
signification.  C'est  très  séduisant  ;  mais  il  reste  à  savoir  si 
camen  ne  serait  pas  lui-même  la  traduction  de  camintu. 
Quoi  qu'il  en  soit,  nous  devons  à  camintu  .■  le  provençal  ca- 
min,  cfimt;  l'espagnol  camtno  ;  le  portugais  cantin/io;rilalien 
cammino  ;  le  vieux  français  quemin,  chemin. 

Chemin  {Ardèche,  Jura),  le  Chemin  (G. -d'Or,  Mar.),  Che- 
mine (Nd.)  ; 

Cheminas  (Ardèche),  Cheminel  (Meuse)  ; 

(■1)  Voy.  DccAHGE.—  (2)  Notice  tUê  GouIm,  p.  Ï55. 


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ChemiDoo  (Mar.),  Cheminot  (Mos.),  Cbemenot  (Jura)  ; 

BeaucbemiD  (Hte.-H.,  Jura). 

Ob  trouve  compandium  viae,  abrégé  de  route,  dans  Pline, 
et  compefidium  tout  court  dans  Ovide,  dans  Tacite  et  dan» 
PKue  lui-même  (1),  avec  le  sens  de  chemin  le  plu»  court.  Jus- 
tin lut  donne  celui  de  chemin  de  traverse. 

C(HDpiëgne  (Oise)  s'est  appelé  Compejtdium  tS<. 

Divexia,  carrefour,  croisement  de  route,  est  une  eipression 
de  basse  latinité  de  date  assez  ancienne,  puisque  divexiu, 
croisé,  se  lit  déjà  dans  Saint-Augustin.  Nous  lui  devons  les 
noms  suivants  : 

Devèzes  (Htes-P.),  la  Devèze  (Gters)  ; 

Devezet  (Ardëche). 

Le  mot  entum,  que  l'on  retrouve  dans  le  nom  d'un  grand 
nombre  de  localités,  parait  avoir  signifié  chemin.  Il  est  d'o- 
rigine celtique  :  on  trouve  sa  forme  primitive,  hent,  dans  le 
bas-bretoQ.  Les  lieux  dits,  comme  Hentahës,  Hentconan, 
Henterbé,  le  Hento,  sont  très  répandus  dans  la  Basse-Bre- 
tagne. Par  extension  de  son  sens  premier,  entum  a  pris  celui 
de  pays,  de  territoire. 

Entum  a  été  rendu  par  ent,  ant,  an,  quelquefois,  mais  ex- 
ceptionnellement, par  aiis  et  on. 

Lent,  pour  l'Eot  (Ain,  Jura),  Lento,  pour  l'Ento  (Corse)  ; 

Arbent(Ain),AureDt(B.-A.),  Bavent,(Cal.),Behent(Som.}, 
Beussent  (P.-de-O.)  Chamanl  (Oise),  Corent  (P.-de-D.),  Gra- 
vant {Ch.-Inf.,  L-et-L.,  Loiret),  Gravent  (S.-el-O.),  Crevant 
(Indre,  P.-de-D.),  Crozant  (Cr.),  Dia]:it(S.-et-M.),  Drevant  (3> 
(Cher),  Herment  (P.-de-D),  Hubersent  (P.  de-C.),  Inxent 
(P.-de-G.),  Luant (Indre),  Marant  (P.-de-C),  Mervent  (Ven.), 
Heulan  (4)  (S.-et-O.),  Mormant  (Loiret,  S.-et-M.),  Nepvant 
(Meuse),  Nohament  (P.-de-D.),  Noidant  (&)  (C.-d'Or,  Hte-M.), 

(1)  Compendium  ad  honortt,  voie  plus  courle  pour  arriver  aux  hon- 
neurs. —  (2)  Compendium  vUta,  dans  Grég.  de  Tours.—  {i]  DerverUum 
pour  Dervo  entum,  chemin  de  la  torét.  ~-  (4]  Melttntum.  —  (S)  lioden- 


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—  a©  — 

Noidans  (Hle-S.),  Nogent  W  (AianeW,  Aube,  C.-d'Or,  Eure, 
E.-et-L.,  Hte-M.,  Loiret,  Mar,,  Oise,  Sar.,  Seine),  Nohant[3) 
(Cher,  Indre),  Nouant  (Cher,  L.-et-C),  Nouhant  (Creuse), 
Novéani  [Mes.),  Noviant  (Meur.),  Noyant  [Aisne,  AI.,  I.-et-L., 
M.-et-L.),  Nouvion  i*)  (Aisne),  Parent  IP.-de-D.)  Riment 
(P.-de-C.)-  Sommant  (S.et-L.),  Talant  (C.-d'Or),  Tûllent 
(P.-de-C),  Vallant  (D.-S.j,  Volvent  (Drfi.),  Vouvent  (Ven.). 

Les  Novientum  paraissent  avoir  été  très  nombreux.  Outre 
les  vingt-^inq  que  nous  venons  de  citer,  nous  pouvons  en 
citer  deux  qui  ont  perdu  leur  nom;  ce  sont  Ebermûoster 
(B.-Rh.)  et  Saint-Cloud  (S.-et-O.). 

Fûrtum,  furtum,  gué,  est  d'origine  germanique.  Il  a  été 
rendu  :  en  allemand,  par  furt;  en  flamand,  par  woord,  et  en 
vieux-français  par  fort,  four  t. 

Francfort  (5)  (Allem.),  Hlfurt  (Ht-Bh.),  Steenwoorde  (Nd). 

11  y  a  quelques  localités  de  France  qui  ont  emprunté  leur 
nom  à  des  milliarium,  colonnes  ou  bornes  miliaires,  qni 
marquaient,  sur  les  voies  romaines,  les  milles  ou  distances 
de  mille  pas  géométriques  (Cicéron).  On  disait  aussi  mtt- 
liare. 

Le  deux  mots  sont  devenus  :  en  provençal,  miliari;  en 
vieux  franchis,  milliaire,  millière,  millier. 

Minières  (Hte-M.,  Man.),  le  Millier  (Doubs),  le  Millarié 
(Tarn),  Millery  (C.-d'Or,  Meur.,  Rh.). 

Des  mutatio  ou  relais  de  poste  romains  ont  donné  leur 
nom  &  Mudaisons  (6)  (Hér.),  à  Muisons  0)  (Mar.)  et  à  Mous- 
lajoo  (8)  (Hte-G.j. 

Nains  a  eu  le  sens  de  bac.  Il  a  subi,  en  passant  aux  langues 
romanes,  les  transformations  suivantes  :  nau,  en  provençal  ; 


(1)  Soitigntum,  Itovigentum.  —  (S)  JV.,  en  829.  -  &)  Novienlum.  ~- 
(4)  N.-l'Abbesw  est  Novigenivm  iu  m*  siècle;  N.-le-Comie,  Noviant  *n 
Çm.  Novigentum  Comitit  en  1139;  N.-le-Vineui,  Novihant  au  x*  siècls. 
—  (5)  Franeorumforlum,  794.  —  (6)  Loeua  de  UMationibuê,  en  1004.  — 

(7)  Mutatione».  v.  BSO,  dans  le  Polyptlqut  da  saint  Remy  de  Reims.  — 

(8)  UtUaeionê*,  WO. 


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—  244  — 

nave,  eo  espagnol  et  en  italien;  nao,  en  portugais;  nave^ 
naïve,  naîfve,  naïf,  nef,  en  vieux  français. 

Nao  (B.-P.),  Naves  (AI.,  Ardèche,  Cor.,  Hte-Sav,,  Nd, 
Sav.),  Naïves  (Meuse); 

Naucelles  (Av.,  Can.),  Naveils  (L.-et-Ch.),  le  Navois  (Jura), 
Nevoy  (Loiret). 

Entre  les  difTérentes  acceptions  du  latin  paitut,  il  en  est 
une  qu'ont  conservé  le  provençal  pas,  l'espagnol  pato,  l'ita- 
lien Tpatso,  l'anglais  path,  le  vieux  français  et  le  français  mo- 
derne pua,  c'est  celle  de  défilé,  de  passage  étroit  et  difficile 
dans  une  vallée,  dans  une  montagne,  de  <  détroit  de  mon- 
tagne >,  comme  dit  Vaugelas.  On  dit  :  te  pas  des  Thermo- 
pyles,  le  pas  de  Suse.  Passage,  dont  nous  avons  dû  nous  ser- 
vir pour  définir  pua  en  est  un  fréquentatif,  pastaticu». 

Pas  (B.-du-Rh.,  D.-S.,  P.-de-C),  le  Pas  (Aisne,  May.,  Nd, 
Orne),  les  Pas  (Man.)  ; 

Le  Passage  (Is.,  L.-et-G.},  Passais  (Orne),  Passels  (Oise), 
Passins  (Ain,  Is.); 

Passavant  (Doubs,  Hte-S.,  M.-et-L.,  Mar.),  Passeyriers 
(Hte-Sav,),  Passenans  (Jura); 

Bompas  (Ar.),  Espas  (Gers),  Frampas  (Hte-M.),  Malpas 
(Doubs),  Maupas  (Aube,  Gers),  Maurepas  (S-et-0.,  Som.). 

Pertuauê,  participe  passé  de  pertundere,  percer,  a  été  pris 
substantivement  dans  un  sens  analogue  à  celui  de  pawua. 
Un  pertuis,  en  géographie,  est  un  détroit  resserré  entre  une 
Ile  et  la  terre' ferme,  ou  entre  deux  îles;  dans  le  Jura,  c'est 
un  passage  d'un  versant  à  un  autre,  ce  qu'on  appelle  ailleurs 
un  col.  Le  mot  a  donné  :  au  provençai,  pertua,  perttiii;  à 
l'italien,  pertuao,  pertugio;  au  vieux  français,  pcrtiw,  pcr- 
tuia,  portuii,  pot-lua,  partttt,  partui». 

Pertuis  (Vau.),  le  Pertuis  (Hte-L.),  le  Pertus  (P.-O.)  ; 

Bompertuis  (Is.),  Maupertuis  (Man.,  S.-et-M.),  Maupertus 
(Man.),  Pierrepertuis  (Suis.). 

La  pila,  pile,  était  une  assise  de  pierre,  môle,  digue,  Jetée, 
ou  culée  de  pont  (Virgile,  Vitruve),  un  pilier,  un  pilastre,  une 


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-  245- 
pile  (Columelle).  Pila  est  devenu  pile,  en  provençal  et  en 
vieux- français,  estresté pila,  en  espagnol  et  en  italien. 

Pila  (Corse),  la  Pile  (Eure,  Jura). 

Planca,  planche,  ais,  qu'on  trouve  dans  Palladius,  est  le 
féminin  de  l'adjectif  plancus,  plat,  employé  comme  substantif. 
Pline  donne  kplancus  le  sens  de  pied  plat.  Planca  a  donné  : 
au  provençal,  planca,  plancha,  planqua  ;  au  catalan  planxa, 
palanca;  à  l'espagnol,  plancha  ;  à  l'italien ptanca;  au  vieux 
français  planque,  planche.  En  topographie,  planche  signifie 
pont  de  bois. 

Planches  (Orne),  la  Planche  (L.-Inf.),  les  Planches  (Eure, 
Jura),  Planques  (Nd.,  P.-de-C),  la  Planque  (Av.)  ; 

Planchers  (Hte-S.,  Nié.). 

Pons,  pont,  est  devenu  :  en  provençal,  pona,  pont,  pon  ; 
en  espagnol,  puente;  en  italien,  pottte;  en  vieux  français, 
pans,  pont. 

Pons  (Ch.-Inf.),  Ponts  (C.-d'Or,  Man.,  S.-Inf.),  Ponceaux 
(E.-et-L.),  le  Ponchaux  (')  (Aisne),  le  Ponchel  (P.-de-C), 
Ponteils  (Gard),  le  Pontet  (Sav.),  les  Pontets  (Doubs),  Pontis 
(B.-A.},  Ponloiles  (Som.),  Pontoux  (S.-etL.),  Pontoy 
(Mos.)  Poncey  (Hle-S.)  (2); 

Pontacqs  (B.-P),  PonUillers  (3)  (C.-d'Or),  Ponlaise  (Drô.), 
Pontarliers  t*l  (Doubs),  Pontarmé  (Oise),  Ponlault  (5)  (S.-et- 
Marne),  Pontécoulant  (Cal),  Pontevès  (Var),  le  Ponthoux 
(Fin.),  Pontivy  'C)(Mor.),  Pontoise  ('](0ise,S.-et-O.), Pontoux 
(Lan.i,  Pontorson  (8)  (Man,),  Pontours  (Dord.),  Pontpoint 
(Oise),  Pontrieux  (9)  (C.-du-Nord),  Pontru  (Aisne),  Pom- 
paires  (D.-S.),  Pompertuzat  (Hte-G.),  Pompidoux  (Loz.), 
Pompierre  (Doubs,  Vos.),  Pompon  (Dord.),  Ponsampère  (IC) 
(Gers),  Pondourat  (Gir.),  Ponchapt  (Dord.),  Poptgouim  i"> 
(E.-et-L.)  ; 

(l)  Poneeili,  11*5.  -  (2)  PontieeUuê.  -  (3|  Ponliliaau.  —  (4)  Paru 
ArliK,  en  ^93.  -  (5)  Ponë  attui,  en  1115.  -  |6|  Ponx  Ju'i,  vu*  siicle.  — 
(7)  PonM  iJarœ,  anc.  Iiarobriva.  —  (8)  Poni  Vrtionia,  au  IX*  siècle.  — 
(9)  Pont-du-Trieuï.— (10)  Pout-Sainl-I'ierre.  ~  (11)  Pont  Godonii,  lOBB. 


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Annepont  (Ch.-Inf.),  Beaupont  (Ain),  Breuilpont  (Eore), 
Carlepont(Oise),  Cbarpont  (i)  (E.-et-L.),  Etréaupont  (Aisne), 
Herpont  (Mar.),  Longpont  (Aisne,  S.-et-Oise),  MoDponl 
(Dord.),  MontpoDt  (S.-et-L.),  Nampont  (Som.).  Nouillonpoot 
(Meuse),  Outrepont  (Mar.)  Paimpont  (I,-«t-V.)  Pierrepoot 
(Aisne,  Cal.,  Mos.,  Som,,  Vos.  (2;),  Radepont  (Eure),  Ro- 
lampont  (3)  |Hte.-M.),  Rompont  (Ard.),  Vieuxpont  (Cal., 
Orne). 

Portus,  H  port  sur  la  côte  de  mer  ou  sup  une  rivière,  ou  en- 
core passage  d'un  pays  h  un  autre  (*)  »,  a  été  rendu  :  en  pro- 
vençal et  en  vieux  français,  par  port;  en  espagnol,  par 
puerte; en  italien,  par  porto. 

Fort  (Ain,  I.-et-L.),  le  Port  (Ar.),  Porto  (Corse)  ;  ~\ 

Portail  (Man.),  Portel  (Aude),  le  Portel  (P.-de-C),  ïortet 
(B.-P.,Gir.,  Hte-G.),  PorUeuxW  (Vos.). 

Porf  ut,  dans  le  sens  de  passage  d'un  pays  à  un  autre, 
souvent  remplacé  par  porta,  porte. 


re,  q^* 


Gard),  les  Portes  (Ch.-Inf.,  Doubs). 

Qaadrivium,  carrefour  ob  aboutissent  quatre  chemins  ou 
croisement  de  deux  chemina,  carrefour  en  général  ;  de  quadri , 
qui  a  le  même  radical  que  quatuor,  quatre,  et  de  via,  che- 
min, se  trouve  dans  Catulle  et  dans  Juvénal.  Ce  mot  s'est  dé- 
figuré de  ai  singulière  façon,  dans  la  suite  des  temps,  qu'il  a 
fini  par  aboutir  à  carrubium.guai'rubtum,  et  même  karru- 
bium,  en  basse  latinité.  Carrubium  a  été  traduit,  en  vieux 
français,  par  carrauge,  quarouge,  carouge. 

CaiTouges  (Orne,  Suis.  W),  le  (^rouge  (Ain,  Eure,  Jura, 
Loiret,  Man,  Orne,  S.-et-L.,  S.-Inf.,  S.-et-O.),  Carruges 
(S.-et-L.)(7). 


(1)  Sonteri  pont,  en  915.  —  (2)  Peirmu  pont,  dans  Grég.  de  Tours.  — 
(3j  Radeîonti  pong,ea  S34.  —  (1)  QutCKERAT,  {oc.  cii.~  (5)  Porliciolo, 
en  1178.  —  (6)  Quadruvium  villa,  in  Greg.  Tur.j  Carrougei,  près  de 
C*aèn.  —  {Ij  Lea  deui  Caronge  de  SuisH.  celui  de  la  Haut»&voé  et 


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QtMTOBbles  (Nd),  qu'on  devrait  écrire  Quaimibes,  est  «o 
carrubium. 

Ritum,  gné,  est  un  mot  d'origise  oeltiqoe,  qu'on  ne 
trouve  plus  que  sous  son  hatHlIemeut  latin  et  h  l'état  de 
composé. 

Les  ritum  de  France  sont  deux  :  Andei-îtum,  celui  de  la 
Notice  de  l'Empire,  qui  serait  ud  des  deux  Antérieux,  celui 
du  Cantal  ou  celui  du  Puy-de-Dôme,  et  Javols  ou  Javoulx  (i) 
(Loz.),  emplacement  de  l'antique  GiAaUi  ;  Auguatoritum  (2), 
qui  est  Limoges  (Hte-V,),  et  DarioritHm  (3),  qui  est  Vannes 
(Mor.). 

Walckenaer  et  Desjardios  ne  venleat  qu'un  And»ritnm 
qu'ils  placent  à  Antérieux  (Can.),  ota  les  vestiges  «neieiM 
abondent  autant  qn'à  Javoulx.  Adhuc  nàtjudice. 

Cambridge  (Angl.)  s'est  appelé  Cumbontum. 

Le  bas-latin  ruga,  qui  est  déjà  rtta  dans  un  texte  du  ix* 
siècle,  a  donné  rua,  au  provençal,  k  l'espagnol  et  au  portu- 
gais, et  rue,  au  vieux  français.  L'ancien  italien  avait  conservé 
ruga.  Pour  certains  étymologistes,  le  mot  ne  serait  pas  autre 
■que  le  latin  ruga,  ride,  avec  le  sens  de  sillon  ou  de  rang.  En 
topographie,  la  rue  est,  comme  le  viciu,  une  longue  vme 
"bordée  de  maisons. 

Rues  W  (Som.  etc.),  la  Rue  (Oise,  S.-Inf.); 

Ruelles  (Char.); 

Longerues  (S.-Inf.  ),Pierrerues{B.-A.,Hér.),Rua«din(-S»r.>. 

Rogues  (Gard]  paraît  venir  de  ruga. 

Ruta,  route,  chemin,  voie,  en  basse  latinité  vient,  ainsi 
que  roda,  ruda,  rota,  du  celtique  rut,  rot,  rod,  rud,  qu'on 
trouve  dans  Rotomagna  (^),  Rouen  (S.-Inf.),  dont  la  signi&ca- 
tion  est  champ  de  la  route.  Rodemack  (Ifos.),  Rodomes 

'tons  les  le  Carmge  (celui  de  l'Orne  eioepté)  î'ëcrivsnt  avec  nn  tMnl  r; 
c'est  un  tort  au  point  de  vue  ët|niologique. 

(1)  ànderitum,  dans  Grég  de  Tours.—  (S)  llin,  Anton.  —(3)  Plol.— 
(4]  Il  f  B  une  soiiantaine  de  communes  qui  portent  ce  nom  en  France.  — 
(5)  Itin.  Anton. 


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(Aude).Ruan(i)  (I.-et-L.}  et  Rom  (D.-S.),  sont  d'autres  Roto- 
magu». 
Routes  (S.-Inf.),  Rotes  (Cal.),  la  Rode  (P.-de-D.,  S.-et-L.)  ; 
Routelles  (Doubs),  Routiers  (Aude),  Rotiers  (Drô.),  la  Ro- 
tière  (Aube),  Rodelles  (Av.),  Rouelles(Hle-M.,  Orne,  S.-Iaf.), 
Rudetles  (Lot)  ; 
Rodalbes  (Meur.). 

Il  est  impossible  d'admettre  pour  route  l'étymologie  rnpla 
via  acceptée  encore  par  Littré.  Les  rares  exemples  de  route 
écrits  roupie  ne  prouvent  rien  ;  n'écrit-on  pas  ru  (rivua) 
rupt,  dans  tout  le  nord-est  de  la  France? 

La  «cala,  échelle,  est  un  passage  dangereux,  un  cot  franchi 
à  l'aide  d'une  ou  plusieurs  échelles  appliquées  aux  rochers 
ou  de  marches  taillées  dans  lepr  pierre.  Scala  a  été  traduit  : 
en  provençal  et  en  espagnol,  par  etcala  ;  en  vieux  français, 
par  eiehiele,  eichelle,  esquelle,  et  est  resté  scala,  ea  italien. 
Escala  (Htes-P.),  Escales  (Aude,  P.-de-C,  S.-Inf,),  l'Es- 
oale  (B.-A  ),  l'Echelle  (Arden.,  Mar.,  S.-et-M.,  Som.),  les 
Echelles  (Doubs,  Is.)- 

Echalas  (Rh.),  Echallat  (Char.),  Echallon  (Ain),  Echalot 
(C.-d'Or),  Echaloux  (Orne). 

Lastriita  était  un  chemin  pavé,  une  grande  route.  Primi- 
tivement, on  disait  siralu  via,  comme  Ti te  Live,  ou  ttrata 
Tutn.  comme  Lucrèce  et  Virgile.  On  ne  commence  à  trou- 
•  strato,  atralx,  qu'assez  tard,  dans  des  auteurs  comme 
trope  et  le  poète  chrétien  Juvencus  ;  encore  peut-on  sup- 
ier  que  le  mot  n'est  que  le  pluriel  neutre  atrat»,  pavés, 
reaux,  que  l'on  a  féminisé  et  singularisé.  Dans  Suétone,  un 
■ivéïlï-afwrasiynifie  à  la  fois  action  dépaver,  soin  de  paver, 
endance  du  pavé,  des  chaussées,  et  entreprise  du  pavé. 
itrata  est  devenu  estrada,  estrade,  en  provençal;  ea- 
da,  en  espagnol  el  en  portugais  ;  airada,  en  italien  ;  atrasy 
allemand;  estraie,  ettrée,  ealra,  en  vieux  fi'ançais. 

)  lu  Gieg.  Tur. 


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Estrades  (Lot-et-G.),  l'Estrade  (Hte-V.),  Etray,  anc.  Estray 
(Doubs),  Etrayes,  anc.  Estrayes  (Meuse),  l'Elra,  anc.  l'Estra 
(Rli.),  Estrées  (Aisne,  Cal.,  Nord,  Oise,  P.-de-C,  Som.); 

Estréelles  (P.-de-C),  Elrelles, anc.  Estrelles  (Aube,  Hte-S., 
I.-et-V.),  Elreux,  anc,  Eslreux  (Aisne,  Jura),  Etrez,  anc. 
Estrez  (Ain)  ; 

Estrabelin  (Is.),  Elrabonnc,  anc.  Estrabonne  W  (Doubs), 
Etrëaupont  (Aisne),  Elréliam  (Cal.),  Etréillers  (Aisne),  Etré- 
justs  (Som  ),  Elrun  (2)  (Nd,  P.-de-C),  Strasbourg  (3)  (B.-Rh.), 
Sti-azeele  (*)  (Nd)  ; 

Cinquétral,  anc.  Cinquestrats  (Jura),  Froîdestrées  (Aisne). 

Trajeclvm,  passage,  gué,  a  été  rendu  :  en  provençal,  par 
tragl;  en  italien,  par  tialto;  en  flamand,  par  treclit,  tricht  ; 
en  vieux  françjiis,  par  Iraicl. 

Le  Trait  (Seine-lnf.); 

Maestricht  (5)  (Hol.),  Utrecht  W  (Hol.). 

Le  nom  d'Ulrecht  en  latin  moderne,  UUrnjectum,  est  de 
pure  fantaisie;  il  faut  chercher  Utrechl  dans  Velits^  trajec- 
tum  (1). 

L'adverbe  latin  traiis  au  delà,  par  del.\  (Gicéron,  Quinti- 
lien)  semble  avoir  été  employé  substantivement  dans  les 
noms  suivants  : 

Trans  (Let-V.,  L.-Inf.,  May.,  Var). 

Tru7iea  (ailva),  tranche,  cliemin  pratique  au  travi?r.*  li'une 
forêt,  litti';ralement  forêt  tranchée,  coupée.  Le  mot  a  donné  ; 
le  provençal,  treiica,  Irencha,  Irentfua,  Iriiiqu'i  :  le  CJitalan, 
Ireitca;  l'espagnol  et  le  portugais,  trinca  ;  l'italien,  li-inria; 
le  vieux  français,  Iroiche,  h-enque,  trainchc,  tmingitey 
li-ingue. 

La  Tranche  (Ven.); 

41|  Straia  ou  Stral/e  bona;  Slrabona,  en  iUB3  et  1tl5.  —  (2)  Slraio- 
dunum.—  (3)  Slratœ  burgu»,  vi*  siècle.  —  {i)  StraUe  eella.  —  (5)  Moiœ 
Irajeetiim  ou  Trajectiim  ad  3io*am.  —  (G)  UUrajeclum  ou  Trajeetuiit 
mi  RfieHiim,  Trnjectum  vetiia.  —  |7)  TraJeL-tum  Moim  ou  Trajectum 
infariiu  est  dans  Grégoire  de  Tours. 

i7 


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—  350  — 

TraDcauIts  (Aube),  Tranquevilles  (Vos.l, 

Le  tWvtum  était  un  carrefour,  où  aboutissaient  trois  voies 
(Cicéron,  Tibulle,  Virgile,  Horace).  La  déesse  Diane,  qui 
présidait  aux  carretours  et  dont  la  statue  les  ornait  souvent, 
était  surnommée  Trivia. 

Trevé  (O.-du-Nd),  Trevey  (Hte-L.),  Tréviers,  pour 
Trévies  W  (Hér.J,  Trivy  (L.-et-G.)  ; 

TrevoIs(AI.),  Trévoux  (Ain,  C.-du-Nd),  le  Trévoux  (Fin.). 

Vadxim,  gué,  basse,  bas-fond,  barre,  banc  de  sable,  déjà 
employé  par  Salluste,  Tite  Live,  César,  Cicéron,  Virgile, 
Ovide,  Lucain,  a  pris,  sous  l'influence  des  idiomes  germa- 
niques et  celtiques,  les  formes  bas- latines  vuadum  et  gua- 
dum,  auxquelles  nous  devons  le  vieux  franç-iis  vnid,  void, 
vay,  voy,  vey,  vez,  vou,  voué,  d'une  part,  et,  gtiaid,  gued, 
gué,  gûe,  d'autre  part;  le  provençal  gua,ga;  et  l'italien 
guado.  1,'espagnol  vado  et  le  portugais  aâo  sont  plus  lidèles 
à  la  Tomie  latine  et  classique. 

Void  (2)  (Meus.),  le  Void  ou  Voide  (M.-et-L.),  Vay  (L.-Inf.), 
le  Vey  (Cal.),  Vez  (Mar.,  Oise),  le  Vez  (Aisne),  le  Wez  (Nd), 
Vou  (I.-et-L.),  Voué  m  (Aube),  Vouhé  (Ch.-Inf.,  D.-S.),  le 
Gué  (Arden.,  Ch.-Inf.,  E.-et-L.,  M.-et-L.),  Gûe  (Meuse),  le 
Gua  (Ch.-Inf.,  Dord.,Is.); 

VadimonU  (Arden.),  Voipreux(*i  (Marn.),  Vouarce  (Aube), 
Vouécourts  (Hte-M.),  Gudmont  (Hte-M  ),  Guébriant  (L.- 
Inf.),  Guégon  (Mor.),  Cuhébert  (Man,),  Guéhenno  (Mor.), 
Guémené  (L.-Inf.),  Guérande  (L.-Inf.); 

Auboué(Mos.),  Boue  (Aisne),  Benivay  (Drô.),  Consenvoye, 
anc.  Consenvé  (51  (Meuse),  Doué  W  (M.-et-L.],  Hémevez 
(Man.),  Landunvez  (Fin.),  Longuey  C?)  (Hte-M  ),  Longvé 
(Arden.)  Manhoué,  anc.  Manvey  (Meur.),  Maranvez  (Arden.), 
Mersuay  (Hte-S.),  Michaugiie  (Nié.),    Regnovez  (Arden.), 


(1)  ÎVw  tiœ,  1280.  —  (2)  Vadum,  1011.  —  (3)  Gued,  au 
(4)  Vadum  petroëum,  118G.  —  (5|  Contanvitadum ,  973.  - 
dum,  835.  —  (1)  Longum  vadum,  1102. 


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Renauvoid  (Vos.)i  Renvez  (Arden.),  Ternuay  (Hte-S.), 
Thervay  (Jura),  Vironvay  (Eure), 

Vadum  joue  le  raie  de  détenninatif  dans  Autrey-le-Vay 
(Hle-S.),  dans  Poiit-le-Voy  (L.-et-Gh.),  et  dans  Vendin-le- 
■Vieil,anc.  Vendin-le-Vez  (P.-de-C.), 

La  prononciation  a  fait  de  Voy-le-Comte  (Hte-M.)  et  de 
Voy-le-Mont  (Mar.),  VoiHecomte  et  Voillemont. 

La  fonne  primitive  de  via,  voie,  chemin,  route,  rue,  a  été 
veha,  qu'on  trouve  dans  Varron  et  qui  était  resté  en  usage 
parmi  les  gens  de  la  campagne.  Veha  vient,  en  droite  ligne, 
du  sanscrit  vah,  porter,  auquel  le  latin  doit  encore  le  verbe 
vehere,  porter,  traîner,  voiturer,  velteg,  charretée,  charge 
d'une  charrette,  voie  (Columelle),  et  vehirulum,  char,  cha- 
riot, charrette  (Cicéron,  Suétone,  Tite  Live,  Ulpien). 

Via  est  devenu  :  en  provençal  via,  vie  ;  en  espagnol,  et 
en  italien  via  ;  en  vieux  français,  voie,  veie,  vie,  voie. 

La  Voye  (Meuse),  les  Vies  (Doubs),  le  Vie  (Corse),  Aube- 
voies  (Eure),  Belvoyes  (Jura),  Biviers,  pour  Bivies  (Is.), 
Courbevoies  (Seine),  Cortevaies  (S.-et-L.)t  Louvois  0}  pour 
Louvoie  (Mar.),  Malvies  (Aude),  Millevoyes  (Som.),  Prouvais 
pour  Prouvaies  (2)  (Aisne),  Survies  (Orne),  Tréviers,  pour 
Trévies(3j  (Hér.). 

CONCLUSION 

Arrivé  au  terme  d'une  étude,  qui  nous  a  coûte  plusieurs 
années  de  travail  et  des  recherches  considérables,  nous  nous 
demandons  si  nous  avons  bien  atteint  le  but  que  nous  nous 
étions  proposé,  el  si  nous  avons  fait  une  œuvre  utile  à  l'ono- 
mastique locale.  Peut-être  bien  n'est-ce  point  à  nous  de  ré- 
pondre à  celte  question,  ou  devons-nous  attendre,  pour  le 
faire,  l'impression  que  ce  travail  aura  fait  sur  les  personnes 
compétentes. 

(1)  Lupi  via,  teo.  -  (2)  Petrosa  via.  -  (3)  Trei  vim.  1280. 


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Quel  que  puisse  être  le  jugement  qui  sera  porté  sur  notre 
œuvre,  nous  pouvons  aSirmer  qu'il  ne  saurait  enlever  rien  à 
la  satis^ction  que  nous  avons  eue  de  l'accomplir.  Notre  meil- 
leure récompense  sera  de  voir  celte  satisfaction  partagée  par 
les  ërudits  dont  nous  désirons  les  suiTrages,  et  nous  en  avons 
l'espérance.  Comment  ne  s'intéresseraientils  pas  à  ces  noms 
de  lieu  qui  ■  forment,  dit  Quicherat  W,  la  plus  riche  des 
nomenclatures  qui  se  rattachent  h  ta  langue  usuelle  *,  à  ces 
innombrables  dénominations  qui  sont  réunies  dans  les  dic- 
tionnaires des  postes  des  états  romans,  et  auxquelles  on  peut 
joindre  une  grande  partie  de  celles  que  fournirait  le  dépouil- 
lement des  cadastres?  On  ne  peut  le  croire,  surtout  lorsqu'on 
pense  â  l'intérêt  historique  que  présente  cet  immense  voca- 
bulaire, qui  est  l'œuvre  de  tous,  qui  *  s'est  formé  à  la  longue 
et  au  hasard  des  circonstances  W  >,  depuis  le  jour  où  l'ouest 
et  le  sud  de  l'Europe  ont  commencé  à  être  habités,  et  qui  est 
l'œuvre  de  tous  les  peuples  qui  les  ont  successivement  oc- 
cupés] 

Mais  on  ne  peut  savoir  à  l'avance  le  sort  qui  est  réservé  k 
un  livre  : 

habent  sua  fala  libelli. 

(1)  Loe.  cit..  p.  7  -  (2}  Id.,  ibid. 


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TABLE  DES  MATIÈRES 


AlUl4«  1897,  t.  n 

Inthoductioh 339 

I.  Nomi  d'origine  naturelle 339 

!•  GénërsIiWs 339 

2"  Topographie 3W 

Anne»  IBSa,  t.  Xn 

3»  Faune 108 

4»  Rore 130 

5°  Hiaéralogie  el  géologie 168 

Ann4«  1890,  t.  IV 

II.  Notnt  d'origine  religieuie 15 

1»  Paganisme 15 

3"  Chrislianisine 17 

3'  Noms  de  la  divinilé  el  des  saints 18 

4°  Lieux  conïiacrés  et  édifices  religieux 38 

III.  Nom»  d'origine  ethnique 54 

1'  Suffixes  ethniques 51 

2°  Innueiice  romaine 57 

3°  Réaction  gauloise tS 

4°  Migrations  intérieures 67 

5°  Influence  des  barbares 71 

IV.  Nom*  d'origine  lodale 84 

1°  Influence  de  la  propriété  foncière 84 

AnaA«  1900,  t.  V 

2"  Institutions.   .   .   ■ 115 

»  Défense 173 

4°  Habitation IM 

5°  Cnllura 220 

6°  Industrie  et  commerce 331 

7°  Communications S31 

(Conclusion 25 


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PROTESTATION 

DE 

CLAUDE-ÉTIENNE  BIGEOT 

LA  CONQUÊTE  DE  LA  FRANCHE-COHTÉ 

(  1676) 

Par  M.  S.  L0N6IN 
Séance    du    13   mat    1899 


'  ''^ans  te  rapport  qu'il  a  bien  voulu  consacrer  k  mon  dernier 
e  (1),  M,  Antonio  Rodriguez  Villa  a  lu  plusieurs  passages 
ie  brochure  franc-comtoise  du  xvii*  siècle  dont  aucun 
iophile  français  ne  soupçonnait  l'existence  (2).  C'est  une 
ne  fortune  pour  l'histoire  littéraire  de  notre  province  que 
évélalion  de  cet  ouvrage  :  personne  ne  le  connaissait  de 
;ôté  des  monts,  et  il  aurait  vraisemblablement  continué  à 
!  ignoré  sans  les  événements  qui  ont  inspiré  au  savant 
jémtcien  la  pensée  d'opposer  aux  critiques  formulées 
tre  la  domination  espagnole  dans  l'ancien  et  le  nouveau 
ide  les  regrets  sincères  que  celle-ci  éveilla  longtemps  en 
nche-Comté  (3).  La  Inoccncia  y  Fidelidad  del  Franco 

t  La  dernière  campagne  du  marquis  de  Confiant  ii636-i63'7}. 
iifon,  1898,  iii-8  de  IX-219  p.,  avec  fac-similé. 

Celle  brochure  avait  pourtaill  été  mentionnée  par  doin  Payen,  Biblio- 
ue  de  la  Bourgogne  téguanoise,  p.  'iSi.  (Ms.  de  la  IjLbliotliéque  de 
■ul.) 

I  A.  Rodriguez  Villa,  El  Franco  Condado  y  la  tiltima  campatfa 
nargués  de  Conftana,  dans  le  Bolelin  de  la  <t  Real  Academia  de  la 
»ria,  »  t.  XXXIU,  p.  492. 


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Condado  de  Borgona  6  los  pies  de  «u  Mageslad  :  tel  est  le 
titre  de  la  brochure  en  question  (1).  Avec  une  obligeance  dont 
je  lui  suis  iniiniment  reconnaissant,  M.  Rodriguez  Villa  m'en 
a  adressé  une  copie  et  c'est  ainsi  que  j'ai  pu  la  traduire. 

Lorsque  cet  écrit  vit  le  jour  à  Madrid,  il  y  avait  près  de 
deux  ans  que  les  troupes  de  Louis  XIV  occupaient  le  comté 
de  Bourgogne.  La  conquête  de  1674  avait  été  moins  rapide 
que  celle  de  i668  (3);  les  *  croquants  f3)  ■  avaient  causé  des 
pertes  sensibles  aux  envahisseurs;  mais,  sans  liaison  entre 
eux,  les  coups  de  main  de  hardis  partisans  ne  feront  jamais 
que  retarder  de  quelques  semaines  le  dénouement  d'une 
campagne.  Immobilisé  sur  les  bords  du  Rhin  par  les  savantes 
manœuvres  de  Turenne,  le  vieux  duc  de  Lorraine  (*)  s'était 
vu  dans  l'impossibilité  de  porter  secourâ  à  la  province  qUi 
avait  jadis  nourri  sa  petite  armée  ;  le  génie  de  Vauban  avait 
eu  raison  de  la  défense  de  Besancon;  Dole  s'était  contenté 
de  tenir  du  27  mai  au  6  juin  ;  k  Gray,  à  Baume,  &  Vesou),  à 
Salins,  k  Arbois,  &  Poligny  et  dans  les  autres  villes,  les  lys 
de  France  remplaçaient  les  lions  et  les  tours  de  Castille  sur 


(11  La  Inocencia  y  Fidetidad  del  Franco  Condado  de  Borgaiia  A  Im 
pUt  de  «u  Magetiad,  par  Do»  Claudio  Estevan  Bigeol,  cons«jero  de  su 
Magestad  en  su  Parlamenio  Soberano  de  BorgoAa.  —  En  Madrid,  Ado  èe 
1676  (in-t  de  9S  feuilleta]. 

(2)  Pour  la  conqa#le  de  1B68,  cf.  Gazette  de  France  des  M  février, 
1"  et  8  mars  18H8  ;  Jbid.,  eilraardiiiaire  du  i"  mars  1868  :  La  prise  de 
ta  in'te  de  Dole  par  l'armée  du  Ray;  Œuur«8  de  Louis  XIV,  \.  III, 
p.  88;  MotiTGLAT,  Mémoiret,  t.  IV,  p.  'àOS  ;  Sai\t-Hilaire,  Uémoiret, 
t.  I,  p.  48;  Pellissob,  HUtoire  de  Louis  XIV,  t.  II,  p.  253,  et  l.  III,  p.  1  ; 
i.  CitlFFLET,  Mémoires,  dans  les  Mémoires  et  documents  inédit*  pour 
servir  à  l'histoire  de  la  Franehe-Comlé,  t.  V,  p.  105  ;  Dusod  dl  Criir- 
NAOE,  Uèmcnres  pour  servira  l'histoire  du  comté  de  Bourgogne,  p.  B85  ; 
Duc  D'AVHALE,  Histoire  des  princes  de  Condé  pendant  les  XPP  et 
XVII'  siècles,  t.  VII,  p.  254. 

(3)  C'est  le  nom  que  tes  généraux  français  donnaient  aui  miliciens 
Atuiu-comtoîs. 

(4)  Charles  IV,  duc  de  Lorraine  et  de  Bar,  flls  de  François  de  Lorraine, 
comte  de  Vaudémonl,  et  de  Christine  de  Salm.  Eu  1(136,  ce  prince  avait 
fait  lever  aux  Français  le  siège  de  Dole. 


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les  édifices  publics  ;  c'était  au  nom  du  roi  très  chrétien  qu'où  ' 
rendaitlajusticeettout  annonçait  que  les  Français  ne  comp- 
taient pas  céJer  une  seconde  fois  la  place  d'armes  dont  ils 
s'étaient  saisis. 

Nombreux  étaient  cependant  les  Franc-Comtois  qui  ne  dé- 
sespéraient pas  de  replacer  leur  pays  sous  le  sceptre  des 
princes  de  la  maison  d'Autriche.  L'arclievôque  de  Besançon  W 
avait  salué  avec  empressement  le  soleil  levant  i'i),  mais  son 
exemple  n'entraînait  pas  l'adhésion  unanime  de  son  clergé, 
habitué  à  regarder  le  roi  catholique  comme  le  véritable  dé- 
fenseur de  la  foi  (•));  les  ordres  religieux  échappaient  d'ail- 
leurs à  l'influence  d'Antoine- Pierre  de  Grammont  ;  entre  tous, 
tes  capucins  se  distinguaient  par  l'ardeur  de  leurs  senti- 
ments patriotiques  et  la  popularité  dont  ils  jouissaient  les 
rendait  justement  suspects  au  nouveau  pouvoir  W.  Si  la  no- 

(i)  A  niai  ne- Pierre  de  Grammotit,  archevêque  île  Besançon  et  prince  du 
Saint- Empire,  fils  d'Anlide  de  Granimonl,  baron  de  Melisey,  seigneur  de 
Courbessaint,  le  Saulcy.  Scrvance,  etc.,  gaavcrneur  de  Dole,  et  de  Reine 
Felletet. 

(2)  On  connaît  le  compliment  que  l'archevêque  de  Besancon  adressa  à 
Louis  XIV  au  seuil  de  l'église  métropoli laine  ;  il  est  d'un  courtisan  con- 
sommé, mais  je  ne  puis  comprendre  qu'on  le  loue,  lorsqu'on  sait  qu'au 
moment  où  il  Tut  prononça,  ■  tout  le  terrain  de  la  citadelle  ëtoit  ensan- 
glanté et  semé  de  bras  et  de  jambes.  » 

Dèsl66t4,  AnIoiue-l'ieL're  de  Grammant  >  regardoit...  fortement  devers 
la  France;  i  uprèsla  soumission  de  la  province,  il  avait  été  «  des  premiers 
â  députer  à  Paris  el  à  faire  gloire  dans  lu  gazette  des  présents  qu'il  envoyoît 
'  à  la  reine  de  France.  »  J.  CiiitTLiiT,  Mémoiret,  t.  V,  p.  225  et  ^6.  C'est  ce 
prélat,  surnommé  de  son  vivant  le  Borroraèe  de  la  Franche-Comlé,  qui  est 
■  Monsieur  le  nouveau  Saint  Cliarle  »  du  pclit  poème  satirique  intitulé  : 
Entretien  burlesque-  entre  la  Bourgongne  el  Besançon.  V.  Gaielte  de 
FYance  du  12  avril  1668. 

(3)  Trente-quatre  ans  après  la  conquête,  on  ne  regardait  pas  encore  comme 
invraisemblable  la  nouvelle  u  que  Ions  les  paysans  des  montagnes  de  la 
Franche -Comté  ne  cherchoient  que  l'occasion  do  se  révolter,  el  qu'ils  y 
estoient  animée  par  presque  tous  les  curés  et  autres  ecclésiastiques  des 
mesmes  montagnes,  s  Sainte- Colombe  à  Torcy,  Soleure,  5  décembre  1708. 
—  E.  Bourgeois.  NeuchâCel  et  la  poliligue  prussienne  en  Franclte- 
Comlé  (i703-ni3J,  p. 233. 

(4)  Lou vois  écrit  au  duc  de  Duras,  le  20  juillet  lliTi,  que  t  les  religieux 


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—  257  — 
blesse  et  les  parlementaires  se  tournaient  vers  la  France,  le 
peuple,  lui,  demeurait  attaché  à  l'Espagne;  il  ne  fallait  rien 
moins  que  les  rigueurs  de  l'occupation  militaire  pour  l'em- 
pêcher de  manifester  tout  haut  cet  attachement,  car  le  sou- 
venir de  deux  siècles  de  luttes  ne  s'efface  pas  en  un  jour; 
aux  sourds  frémissements  qui  se  faisaient  entendre  quand  on 
obligeait  les  habitants  à  fêter  les  victoires  du  grand  roi,  on 
devinait  que  la  race  n'était  pas  encore  domptée. 

C'était  surtout  dans  les  campagnes  qu'était  vive  la  haine 
de  l'étranger  :  ou  avait  pu  enlever  aux  <  croquants  »  leurs 
mousquets  et  leurs  piques;  on  n'avait  pas  changé  leurs 
cœurs.  M  Opiniâtres  à  demeurer  sous  la  domination  espa- 
gnole (1)  >,  les  paysans  dont  les  pères  avaient  pris  part  à  la 
guerre  de  Dix  ans  racontaient  à  leurs  enfants  les  rudes  com- 
bats livrés  aux  Français  h  cette  époque;  ils  disaient  Dote 
inutilement  assiégée  pendant  deux  mois  et  demi  par  une  ar- 
mée royale,  Besançon  défiant  le  duc  de  Weimar  (^,  Salins 
miraculeusemenl  préservé  d'une  surprise  (3);  à  ces  récits, 
les  imaginations  s'exaltaient;  on  oubliait  les  maux  soufferts 


delà  province  oiit  toujours  p^ini  fort  ronlraîres  au  service  du  roi,  •  et  le 
surlendemnin,  il  lui  iii;iiii1o  que  «  Sa  Majesté  uynnt  considéré  qu'il  n'y  avait 
point  de  gens  plus  etnporlûs  qu'eux  vuiitre  son  service,  clic  a  rt^soiu  de 
joiiiilre  les  coiiveiils  de  ce  payu  à  ceux  des  provinces  de  France  des  ini^mes 
ordres,  >  Ce  Tut  pour  )iunir  les  capucins  de  la  province  de  Bourgogne  de 
leur  Hdùlité  ù  l'Espagne  qu'en  KT3  Louis  XIV  obtint  du  pape  Innocent  XI 
un  bref  permettant  d'unir  leurs  vingt  maisons  à  lu  province  de  Lyon  et  â  la 
custodie  de  Champagne;  cette  mesure  rigonrcuse  [ie  Tul  pas  mise  à  exé- 
cution, Di.iis  jusqu'aux <1  cm ièi'cs  aimées  du  siècle  les  religieux  franc-com- 
lais  se  virent  en  butte  à  de  nombreuses  vexations.  En  1705,  Chamillard 
dérendait  encore  aux  carmes  de  Clairvaux  d'élii«  des  Franc-Comtois  pour 
supérieurs.  V.  Annales  manuscrites  des  capucins  du  comté  de  Dourgi^nc, 
p.  215.  — Arch.  de  Saïnte-Claire  dePoligny. 

(1)  Lettres  de  montieur  Perreneij,  conseiller  du  roy,  et  maisire  en  la 
chambre  des  comptes  de  Bourgongne  et  Bresse,  p.  12. 

(2)  Bernard,  duc  de  Saie-Weimar,  fils  Je  Jean,  duc  de  Saxc-Weimar,  et 
de  Dorothée-Marie  d'Anlialt. 

(3)  Sur  l'cvênemcnt  auquel  je  Tais  allusion,  cf.  GlRARDOT  de  Nozehoy, 
Histoire  de  dix  atu  de  la  Franche-Comté  de  Bourgongne,  p.  206. 


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pour  ne  se  rappeler  que  les  laits  d'armes  ;  les  récentes  dé- 
faites étaient  attribuées  à  la  trahison,  et  il  était  peu  de  dé- 
meures où,  entre  amis  sûrs,  on  ne  portât  à  la  fm  des  repas 
la  santé  de  Charles  11  |t).  Il  semblait,  en  effet,  impossible  que 
l'arrière- petit- fils  de  Marie  de  Bourgogne  se  résign&t  à  la 
perte  de  son  patrimoine  héréditaire.  N'était-ce  pas  à  des 
Bourguignons  qu'était  confiée  la  garde  de  sa  personne?  Pou- 
vait-il ignorer  les  marques  de  fidélité  que  ia  Franche-Comté 
lui  donnait?  Et  n'était-ce  pas  son  père  qui  avait  autrefois 
déclaré  les  Franc-Comtois  les  premiers  vassaux  de  la  cou- 
ronne 1^)1 

Dans  les  villes,  l'opinion  était  plus  divisée  ;  un  certain 
nombre  de  bourgeois  trouvaient  leur  compte  au  nouvel  ordre 
de  choses  ;  quelques-uns  s'étaient  compromis  par  l'accepta- 
tion de  fonctions  publiques  et  n'envisageaient  pas  sans  ap- 
préhension la  fin  de  la  domination  française  ;  la  plupart  ob- 
servaient néanmoins  une  réserve  oii  l'on  ne  savait  ce  qui  do- 
minait, des  regrets  sincères  du  passé  ou  de  la  crainte  d'être 
dans  la  suite  en  butte  au  ressentiment  du  populaire.  Par  le 
traité  d'Aix-la-Chapelle  la  Franche-Comté  avait  fait  retour  à 
l'Espagne  :  n'était-on  pas  en  droit  d'attendre  le  même  résul- 
tat des  négociations  entaméesà  Nimègue?  Les  circonstances, 
au  surplus,  semblaient,  à  la  fin  de  i675,  défavorables  aux 
Français  :  après  la  mort  de  Turenne,  l'armée  qu'il  comman- 


(1)  En  1677,  plusieurs  jeunes  gens  d'ArtralE  Ajrent  accusés  d'avoir  bu  à 
la  sanlé  du  roi  d'Espagne  ;  l'un  d'eux  mail,  disAit-on,  brûlé  le  portnil  du 
roi  de  France  après  avoir  craché  dessus.  E,  BoL'ssott  DK  Mmret.  Annalei 
hittoriquet   et  ehronologiquea  de  la  vitle  d'Arbois,  p.  422. 

(2)  «  Voua  esles  les  premiers  vaasaui  que  j'aye  el  que  j'aime  le  plus 
el  désire  de  conserver,  cognoissant  voire  fidélité  el  valeor,  el  aio» 
vous  debvez  croire  que  je  ne  vous  mancqueray  en  .lukiiuc  occasion, 
quand  bien  il  faudroit  hasarder  pour  vous  ce  qui  est  le  plus  estimable  en 
ma  couronne,  n  Pbilippe  IV  au  parlement  de  Dole,  Madrid,  31  octobre  1633. 
—  A.  Dubois  de  Jancicny,  Eeeueil  de  charte»  et  avlrea  documenU 
pour  tervir  à  l'hitloire  de  la  Franche-Comté  soui  le»  princes  de  la 
maiM>n  d'Autrieht,  p.  S13. 


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dait  avait  dû  repasser  le  Btiin  ;  Créqui  battu  à  Consarbruc^, 
Trêves  avait  ouvert  ses  portes  aux  Impériaux  ;  le  prince  d'O- 
range s'était  enjparé  de  Binch  ;  la  Suède  venait  de  payer  de 
la  perte  de  la  Poméranie  son  alliance  tardive  avec  Louis  XIV, 
et,  malgré  les  victoires  navales  de  Duquesne,  les  choses  tour- 
naient mal  pour  les  troupes  débarquées  sous  les  ordres  de 
Vivonne  en  Sicile, 

Ceci  explique  les  illusions  d'hommes  qui,  supérieurs  au 
vulgaire  par  leur  connaissance  des  principaux  ressorts  de  la 
politique,  ne  voulaient  cependant  pas  croire  à  l'épuisement 
des  ressources  de  la  monarchie  espagnole.  Nulle  part  ces  il- 
lusions n'étaient  plus  tenaces  que  dans  le  petit  groupe  des 
Franc-Comtois  réfugiés  aux  Pays-Bas  ou  à  Madrid.  En  refu- 
sant de  pactiser  avec  les  conquérants,  ils  avaient  obéi  à  un 
généreux  mouvement,  mais  leur  loyalisme  n'était  pas  exempt 
de  calculs  personnels,  et  c'était  précisément  ces  calculs  qui 
troublaient  leur  clairvoyance  ,-  ils  ne  pouvaient  admettre  que 
l'avenir  appai-tlnt  aux  transfuges,  et  plus  la  guerre  se  pro- 
longeait, plus,  en  joueurs  obstinés,  ils  persistaient  &  vouloir 
édiner  leur  fortune  sur  un  tour  de  roue  que  la  marche  des 
événements  rendait  de  jour  en  jour  moins  probable. 

Au  premier  rang  de  ces  émigrés  était  l'ancien  lieutenant  du 
bailliage  de  Pontarlier,  Ctaude-Ëtienne  Bigeot  W.  Fils  d'un 
avocat  générât  au  parlement  de  Dole  (2),  son  rêve  avait  été 
d'appartenir,  lui  aussi,  à  1'  ((  auguste  Sénat  *,  mais,  au  rapport 
d'un  contemporain,  f  la  cour  ne  lui  avoit  jamais  fait  l'honneur 
de  le  nommer  pour  conseiller  ;  >  bien  plus,  •  elle  l'avoit  déclaré 
non  recevable  à  se  maintenir  en  sa  lieutenance,  contre  le  mar- 

(1)  CUude-£tienne  Bigeot,  docteur  es  droits,  fils  de  FraDçois  Bigeot, 
avocat  général  au  parlement  de  Dole,  el  d'Ëtteiinette  Clerc.  De  sas  mn- 
riage  avec  Jean  ne- Françoise  Tisaot  il  eut  un  fils,  Antoine,  né  à  Dole,  le 
13  juin  \S3S,  el  deui  filles.  Anne-Hélène  et  Jeanne-Françoise,  nées  à  Be- 
sancon, la  première,  le  8  juillet  16i2,  et  la  iieconde,  le  S  juin  164i. 

(2)  l'rançois  Bigeot  n'avait  pas  rempli  longtemps  les  Tonctions  d'avocat 
général,  car,  nommé  le  9  mars  1618,  ou  le  voit  remplacé  par  Claude  To;- 
tot  le  6  avril  1619. 


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quisde  Listenojs ()), alors  nouveau  bailli  d'Aval(3).>  Après  la 
paix  d'Aix-Ia-ChapeUe,  il  avait  publié  un  livre,  où  il  démontrait 
que  la  facilité  avec  laquelle  Louis  XIV  avait  conquis  la  province 
devait  être  imputée  à  la  mésinlelligence  du  gouverneur  et  du 
parlement  (3).  Le  Bourguignon  intéressé  continuait  la  série 
des  pamphlets  politiques  sortis  de  la  plume  des  Brun  (*), 

(1]  Claude-Paul  de  BaiilTrcmonl.  marquU  àe  Lislenoîs,  lilï  de  Charles- 
LoLiU  lie  Itauiïremonl,  marquis  de  Meiimieux,  chevalier  de  la  Toison 
d'or,  sergent  général  de  balailte  dans  les  armées  do  S.  M.  Catholique 
et  bailli  d'Aval,  et  de  Louise- Françoise  de  llauffremoiil.  En  1673,  le 
marquis  de  Llslenois  tenta  de  soulever  la  Frnnche^Iomld  contre  son  gou- 
verneur espagnol,  m.nis,  désavoue  par  la  noblesse  et  surpris  avec  un 
certain  nombre  de  ses  pnttlsans  <iaiis  le  village  de  Sainl-Lothaîn,  il  dut  se 
réfugier  en  France,  où  il  leva  un  régiment  de  Jragons  aous  son  nom.  La 
seconde  conquête  le  trouva  dans  les  langs  des  ennemis  de  sa  patrie  et 
Louis  XIV  le  nomma  premier  clievalier  d'honneur  au  parlement  de  Dole. 
Durut  peu  de  temps  après  dune  blessure  reçue  au  combat  d'Entzheim 
;lobre  167t.) 

)  J.  Chifflet,  Mémoires,  1.  V,  p.  516. 

)  Le  Bourguignon  inléresaé.  Coneordià  ren  parvie  cre*cunt.  DU- 
lia  tnagna:  dilabuntur.  A  Cologne,  chei  Pierre  ab  Egmonl.  —  S.  d., 
!  de  157  p.,  avec  G  fcuitlels  liminaires  et  3  pages  non  chifTrées  pour  la 
s.  a  Sphère,  lèle  de  buffle  et  caractères,  tout  prouve  que  le  volume  a  été 
rimé  à  Itruiellcs,  par  Ph.  Vleugart.»  .4.  Willems.  Let  ElKvier,p  âS). 
)  Antoine  Brun,  procureur  général  au  parlement  de  Dolci  puis  ain- 
adeur  de  S.  M.  Catholique  auprès  des  Provinces-Unies,  lîls  de  Claude 
n,  conseiller  au  parlement  de  Dole,  et  de  Marie  Dard,  tx  râle  considé- 
e  que  l'ailroit  diplomate  a  joué  au  congrès  de  Munsler  est  connu  de 
lu  monde.  On  lui  allrihue  les  pamphlets  suivants  : 
Amieo  critica  tnonitio  ad  Galliœ  Legatoi.  Monaiteriiim  Waipha- 
m  pacia  traclands  lilulo  miiêoi,  aive  obêervalionea  NN.  GermanO' 
nci  ad  epiilolas,  quais  iidem  Gallia:  Legali  ad  tingulos  S.  R.  Im- 
i  Principes  el  Uiielatn  Franco-furWnaein  tcripsere,  die  vi  aprilit 
:.iLiv,  auclore  Adolphe Sprengero,  Ubioi'um  contule.  —  Francoftirtï, 
iicrpia!,  Mcdiolani,  Viennae,  Genovn^,  1644,  in-4. 

Spongia  Franco-Gallicte  Litarm,  in  duas  partes  divisa,  auetore 
'helmo  Bodulpho  Gemberlachia,  apud  Triboces  consule.  —  Œoo- 
ti,  1616,  in-4. 

l'oliticiamui  Gatlievs,  seu  fœdui  triplex  Gallo-Turcicum  el 
eo-Galiicurn,  Gatlo-Hollandicum  cl  Holtando-Gallicum,  Gallo- 
cieum  et  Sueeo-Gallicum ,  lum  el  patrocinium  Geneva" ,  Regum 
Ulianiisimorum  Chrittianûmum  pempieue  demonelrani.  —  Cos- 
loli,  1616,  in-4. 


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des  Cliifflet  (H  et  des  Lisola  (3)  ;  il  D'est  pas  indigne  d'eux  et 
l'humeur  rancunière  et  dénigrante  de  l'abbé  de  Balerne  P)  a 

4°  Oratio  libéra  Wolfgangi  Erneati  à  Papenhauêtn,  liberi  Gertnani 
Baroniê.  —  S.  ].,  1616,  in-4. 

5°  Pierre  de  touche  des  véritable»  intérette  de*  Prooincei-Untei  du 
Pali-Bat  !  et  de»  intention!  de*  deum  Couronnes  lur  le»  traitiez  de 
paix.  —  Dordrecht,  16i7,  in-4. 

G*  Etcrit,  ou  Mémoire  contenant  i9  article»  présentés  le  SS.  de 
tnaij  1047,  par  U'  Servient,  à  Mess"  les  Estai»  généraux  de»  Pro- 
vinces- Unies  des  PaU-bas  :  avec  les  remarques  qui  y  ont  esté  faite»  le 
i.  de  juin  de  ta  mesme  année,  ainsi  qu'elles  sont  mise»  immédiate- 
ment  après  chacun  article,  pour  en  faciliter  l'intelligence.  —  S.  I., 
II.  d.  (ItiiT),  in-4. 

7°  Pelitionis  Gallicte  de  circula  Burgundico  a  pace  Imperii  exclu- 
dendo,  deque  ope  ex  Imperio  ei  non  fereada,  refatalio.  —  S.\..  1648, in-4. 

8*  Proleslalio  Burgundica  adversiis  conditiones  pacis  Imperii  ciitn 
Gallia,  Begi  CathoUco  damnosa».—  S.  t.,  16t8,  in-4. 

9°  Lettre»  sur  l'innocence  de  Meisieurt  leePrinces,  du  19  août  1650. 
-  S.  1..  in-4. 

(t)  Jean-Jacques  Chifflet.  mëdecin  dn  l'archiduchesse  Isnbelle-C  lai  re- 
Eugénie, puis  de  S.  M.  Catholique,  dis  de  Jean  Chifllel.  docteur  en  mé- 
decine, et  de  Marguerite  Pouthier.  L'i  liïle  des  ouvrages  de  cet  infaligable 
érudit  remplirait  à  elle  seule  plusieurs  pages;  quelques-uns  son!  consa- 
crés à  combattre  les  prétentions  de  I»  Franco  sur  la  Loiraine  et  sur  l'Alsace. 
Cf.  GinOD  DENoviLtARS,  £««01  hiilorique  sur  quelques  gêna  de  lettre» 
ni!»  dans  le  comté  de  Bourgogne,  p.  5G. 

(3j  Trançois  de  Li^ala,  résident  de  l'Empereur  à  Londres,  à  Varsovie,  à 
Madrid  et  à  La  Haye,  fils  de  Jérôme  de  Lisola  et  de  Suzanne  Recy.  Peu  de 
polémistes  ont  égalé  la  vigueur  de  cet  écrivain  qui,  comme  diplomate, 
travailla  pendant  plus  de  trente  ans  à  la  formation  d'une  coalition  euro- 
péenne contre  la  France.  Aux  vingt-deux  pamphlets  énumérés  par  M. 
A.-F.  PniBRAii,  Fram  Paul  Freiherr  von  Lisola  (lG13-i6'J4}  und  die 
Politik  seiner  Zeit,  p.  3KJ.  il  faut  ajouler  les  ouvrages  suivants  : 

1°  Ditcours  funèbre  sur  la  mort  de  la  Sérénitsime  Princesse  Isabelle- 
Clère-Eugénie,  infante  d'Espagne,  fait  par  le  sieur  t'ratiçois  de 
Lisola.  advoeat,  et  récité  devant  Messieurs  Us  liouverneurs  de  la  citi 
impériale  de  Beeançon  en  l'église  des  BB.  Pères  Cordelière,  le  4  de 
janvier  t63i.  —  Kesanfon,  1634,  in-i. 

ï^  Haranij  ai  funèbre  sur  la  mort  de  la  Sérinissime  Princesse  Isa- 
belle-Clère-Eugénie,  infante  d'Espagne,  faite  par  le  sieur  Françoi»  de 
Lisola,  advoeat  au  souverain  parlement  de  Dole,  et  récitée  devant 
Me»»ieur»  de  ta  Chambre  des  comptes  du  Boij,  en  la  grande  ëgliee  de 
Dole,  le  septième  de  mars  1634.  -  liesan^an,  1634,  in-12. 

(3)  Jules  ChilHet,  chanoine  de  l'église  métropolitaine  et  abbé   de  Ba- 


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seule  pu  le  porter  &  dire  que  <  cet  ouvrage  parut  pour  l'en- 
fant d'un  pauvre  esprit  et  pour  un  bouquet  du  mois  de  mai , 
auquel  il  sortit  (1),  présenté  par  quelque  servante  d'une  au- 
berge peu  considérable  &).  >  L'auteur  (■ublisi^aii  au  moyen 
des  lettres  du  grand  Condé  à  Louis  XIV  et  à  Louvois  P)  que 
tout  était  disposé  de  longue  main  pour  envahir  la  Franche- 
Comté  ;  des  préparatifs  de  la  France  il  rapprochait  l'aveugle 
sécurité  du  parlement  (*),  «  ne  sçachant  ni  obéir,  ni  com- 
mander <^),  ■  et  concluait  que  le  moyen  d'éviter  le  retour 
d'une  invasion  était  de  former  une  alliance  défensive  avec 
le  duc  de  Lorraine  et  les  Suisses  '.<>).  Deux  ans  plus  tard  avait 

lerne,  conseiller  clerc  au  parlement  de  Dole,  61s  de  lean-Jacques  ChiRlet, 
dacleur  en  médecine,  et  de  Jeanne-Baplisle  Malbouhnns.  Four  des  motifs 
qu'il  serait  trop  long  d'ênumcrer,  l'abbé  de  Bulcme  était  hostile  au  prince 
d'Arent«rg.  au  baron  de  Saye  et  à  l'abbé  de  Bellevaui,  que  Claude-Ëlienne 
Bigeot  dérendait,  au  contrxire,  avec  le  baron  de  Lisola, 

11)  Le  Bourguignon  inUressé  parut  en  1670,  comme  le  prouve  l'allu- 
sioD  faile  à  l'allianne  conclue  u  l'an  pasaé  1(Ki9  ><  entre  l'Anglelerre.  la 
Hollande  et  U  Suède  (p.  <Jl). 

(2)  J.  CiiiFFLET,  Uémoirtf,  l.  V,  p.  5i7. 

(3)  Ces  lettres  avaient  àlé  remises  à  Pellisson   pour  écrire  l'hisloire  de 

fuéte  de  la  Franche- Comté  et  un  de  ses  secrétaires  en  luissa  prendre 
Elles  ont  été  publiées  par  Labbev  DE  Billï,  HUloira  de  l'univertiU 
nié  de  Bourgogne,  t.  [,  p.  3T2. 

ligeot  ne  se  dissimulait  pas  que  ses  critiques  allaient  lui  attirer  bien 
^aineui.  •  Après  avoir  montré  que  la  perte  de  la  Franche-Comté 
mit  des  empiétements  du  parlement  sur  l'autorité  du  gouverneur,  de 
obéissance  aui  ordres  du  roi  et  de  son  peu  d'cipérierice  à  gouverner 
it.  il  joutait  :  <t  Ce  chapitre  choquera  ceux  du  parlement  ;  que  veut- 
>  je  bsse  f  Sur  qui  tombe  la  perte  d'une  province,  perdue  par  fkute, 
eiiceet  division,  que  sur  ceux  qui  lu  gouvernent  (p.  09)?  >  La  pos- 
au surplus,  a  ratilié  son  jugement:  quelque  faiblesse  qu'ait  montrée 
"quis  d'Yenne,  ce  sont  surtout  les  membres  de  la  cour  de  Dole  qui 
it  devant  l'histoire  la  responsabilité  de  la  f^i  le  conquête  de  IGflS.  Cf, 
RRAUD,  Les  Étala,  le  parUmerU  de  Franehe-Comié  et  la  am- 
>U  i6Û8.  p.  340. 

Pellisson,  HUtoire  de  Louiâ  XIV,  t.  Il,  p.  301. 
Tétait  la  pensée  qui  avait  inspiré  en  1G67  les  négociations  du  fameui 
le  Baume,  dom  Jean  de  Walteville.  V.,  pour  tout  ce  qui  concerne  les 
ches  faites  après  la  première  conquête  dans  le  but  d'assurer  au  comté 
iirgogne  l'appui  elTeclif  des  Treiie  Cantons,  R.  Maao,  Cm  Freigraf- 


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—  263  — 
paru  Le  bon  Bourguignon  (l),  destiné  à  venger  les  Franc- 
Comtois  des  attaques  dirigées  contre  eux  par  un  écrivain  du 
duché  dans  son  Bellum  Scquanicutn  Secundum  (2)  :  l'ex- 
trârae  rareté  de  ce  petit  livre  fait  aujourd'hui  son  seul  mérite 
et  on  ne  le  lit  guère  plus  que  l'écrit  qu'il  se  proposait  de 
réfuter,  bien  qu'il  constitue  une  nouvelle  preuve  de  <  la 
fidélité  d'une  province  dont  Philippe  II,  de  glorieuse  mé- 
moire, a  porté  ce  beau  témoignage,  qu'elle  ne  luy  avoit  ja- 
mais donné  aucune  mauvaise  nuit  ;  ■  l'auteur  confessait  lui- 
même  dans  sa  préface  que  l'obligation  de  suivre  pas  k  pas 
le  sieur  Morelet  ferait  paraître  son  discours  ■  rude,  >  ses 
périodes  «  mal  suivies,  >  et  que  son  style  n'aurait  pas  la 
<  gentillesse  d'un  écrivain  de  ce  temps.  » 

Désigné  par  ces  libelles  à  l'attention  des  ministres  français, 
Claude-Etienne  Bigeot  fut  sommé  de  se  prononcer  en  faveur 
des  vainqueurs  après  la  soumission  de  la  province.  Est-il 
vrai,  comme  il  le  rapporte,  que  la  charge  de  conseiller  au 
parlement  de  Dole  lui  ait  été ofTerle  plusieurs  fois?  Le  fait,  en 

«cAo/t  Burgand  uad  ihreBezitkungeniuderiehweiteritehen  Eidgenci- 
atntehaft  wm  Tode  KarU  de»  Kùhaen  bis  lum  FHeden  von  Nj/mvngen 

(u^^-i6^8l,  p.  283. 

(t)  Le  bon  Bourguignon,  ou  R^nte  à  un  livre  injurieux  à  t'auguUe 
maUon  d'à ustricKa  a  àla  Frandie-Comti  de  Bourgongne  intitulé  Bal- 
lutn  Sequanieum  Sec\ind»m  composé  parte  S' Jean  Morelel  de  Dijon. 
Avec  un  court  et  succinct  résumé  de  la  surprise  de  la  Franche-Comté 
de  Bourgongne  en  l'an  i068.  Suivant  l'imprimé  à  WerEuUtailt,  chez 
ClionasStiEnilick.  marcliand  libraire.  -  1672,  in-1'2  de  90  p.,  avec  7  TeuU- 
le(3  liminaires. 

Le  P.  Lelong  [Bibliothèque  historique  de  la  France,  t.  M,  p.  577)  et 
H.  HuGON  D'AuoicoiiHT  {ta  Franehe-ComU  ancienne  et  moderne,  t.  Il, 
p.  30!))  atlribuent  ce  livre,  l'un  au  conseiller  Bayvin,  l'aulre  au  baron  de 
Lisola,  sans  prendre  garde  que  l'ëpitre  liminaire  à  la  reine  régente  est  si- 
gnée :  C.  E.  6  La  question  de  paternité  est  d'ailleurs  tranchée  par  l'abbé 
de  Italerne,  qui,  parlant  de  la  répanse  de  Claude- Etienne  Digeot  à  Jean 
Uorelet,  dit  que,  *  s'il  n'en  réussit  pas  bien,  au  moins  ne  fut-il  pas  blâ- 
mable de  prendre  en  ce  sien  ouvrage  la  qualité  et  le  titre  de  bon  Bour- 
guignon. •  J.  Chifflet,  Mémoires,  t.  V.  p,3l7. 

(3)  Bellum  Sequanicum  Secundum  Joanae  Uoreleto  viro  nobiti  gê- 
nera Domino  Coucheii,  OioianenH,  authore.  —  Dijon,  1668,  in-4. 


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soi.  n'a  rien  d'inadmissible,  car,  en  rétablissant  la  compagnie 
judiciaire  suspendue  de  ses  fonctions  par  te  gouverneur  des 
Pays-Bas,  Louis  XIV  n'avait  pas  hésité  ii  comprendre  parmi 
ses  membres  des  hommes  dont  il  n'ignorait  point  les  senti- 
ments ;  le  magistrat  placé  à  la  tête  du  parlement  par  l'ordon- 
nance royale  du  17  juin  1674  était  ce  Claude  Boyvin  (')  qui, 
digne  héritier  des  vertus  de  son  pijre,  avait  traité  d'eunuque 
le  pelit-fils  de  l'historien  Gollut  (2)  opinant  pour  qu'on  rendit 
Dole  dans  la  délibération  qui  avait  précède  la  capitulation  du 
14  février  1GG8  <3)  ;  la  mort  épargna  à  l'ardent  patriote  la 
douleur  do  servir  de  nouveaux  maîtres,  mais  deux  autres 
conseillers.  Jean  Borrey  (*;  et  Nicolas  Bourrelier  (3),  déclinè- 
rent 1  honneur  de  rendre  la  justice  au  nom  du  roi  de  France, 
1  voulant,  disoit-on,  se  garder  les  bonnes  grâces  de  l'Es- 

(1)  Claude  Boyvin,  conseiller  au  parlement  de  Dole.  111s  de  Jean  Doyvîn, 
président  du  môme  parlement,  et  de  Jeanne-Sc^lvisltenne  Camus.  Nommé 
prcsiileiil  du  parlement  de  Dole  par  patentes  du  23  juin,  il  mourul  le  35. 

(2j  Claude  Gollut,  conseiller  au  parlement  de  Dole,  (ils  de  Jean-Itapti&te 
Gollut,  conseiller  an  même  piirlemeiit,  et  de  Claude- F raiivoise  Le  Ciergier. 

(3)  J.  CH1FFI.ET,  Mémoires,  t.  V,  p.  160. 

(4)  Jean  Borrey,  grand-jnge  de  la  terre  cle  Sainl-Claudc,  fils  d'Anlatne 
Dorrey.  secrétaire  do  lu  cité  de  Besançon,  et  de  Magdeleine  Clerc. 

(5)  Nicolas  Bourrelier,  dit  Je  Malpas.  lieutenant  du  bailliage  de  Salins, 
fils  de  Nicolas  Bourrelier,  dit  de  Malpas,  seigneur  de  Mantry,  et  lie  Clau- 
dine Fratichet,  A  la  suite  de  son  refus,  M.  de  Malpas  reçut  l'ordre  de  sortir 
de  la  province  et  se  retira  à  Poriiinlruy.  Il  a  laissé  les  ouvi'age^  suivants  : 

1"  Triiitnphut  liberatilalii,  Sereniasimte  Prineipi  IsabelliE  Clara 
Eitgenve  Hhpaniarwn  Infanti  oblalus  a  Nicolao  de  Malpai  Burgiin- 
dione  Dolano  Jn  gratiarum   aclionem  pro  aureo  numismate  accepta. 

—  Louvain,  1627,  in-l. 

2"  Le  bon  detlin  de  ta  Franche-Comté  de  Uourgougne,  conservé  par 
la  prudence  et  la  valeur  de  messire  Cteriadui,  par  la  miUncorde  de 
Dieu,  graad  seigneur  de  Vergy,  comte  de  Champelite..  .  Eloge  funèbre 
prononcé  par  ordre  de  MesMieurs  du  Parlement  de  Dole  au  temps  que 
de  leur  part  on  y  célébroit  set  obsèques  au  nom  de  toute  la  province. 

-  Lyon. 1032,  in-4. 

Cf.  Umi.LAunE,  Histoire  de  la  ville  de  Salins,  t.  II.  p.  43  :  Ginon  De 
NoviLi.AiiS,  h'ssai  hittorique  sur  quelques  gens  de  leilres  ncs  dans  te 
comté  de  Bourgogne,  p.  118  ;  A.  VAVSSiiînE,  Huit  ont  de  l'histoire  de 
Salin»  et  de  la  Franche-Comté  (1668-1675),  p.  137. 


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pagne  f^\  >et  il  est  fort  possible  qu'à  leur  déraut  on  ait  songé 
à  l'ancien  lieutenant  du  bailliage  de  Pontarlier,  Ce  qui  est 
certain,  c'est  que  celui-ci  refusa  son  adhésion  au  régime  im- 
posé par  la  conquête.  Prévenu  que  le  commandant  militaire 
de  la  province  songeait  k  l'arrêter,  il  se  réfugia  en  Suisse  ;  de 
là  il  gagna  Gènes  et  s'embarqua  pour  l'Espagne,  où  il  arriva 
dans  un  état  voisin  du  dénûment. 

Ce  que  fut  l'existence  de  l'infortuné  vieillard  à  Madrid,  il 
est  aisé  de  l'imaginer.  Logé  dans  quelque  méchante  chambre 
d'auberge,  il  dut,  à  soixante-dix  ans  passés,  commencer  l'ap- 
prentissage du  métier  de  solliciteur:  les  ministres  espagnols 
avaient  bien  d'autres  soucis  en  lèle  que  d'écouter  les  do- 
léances d'un  obscur  Franc-Comtois,  et  le  pauvre  esilé  mau- 
dit sans  doute  plus  d'un-î  fois  leurs  continuels  atermoie- 
ments. Ses  démarches  finirent  néanmoins  par  attirer  sur 
lui  les  regards  de  Charles  II,  qui,  faisant  acte  de  comte  sou- 
verain de  Bourgogne,  le  nomma  conseiller  au  parlement  de 
Dole  (2)  Son  ambition  était  salisEaile,  mais  il  ûiiluit  vivre  ;  ses 
ressources  s'épuisaient  et,  tout  fier  qu'i!  était  de  la  dignité  qui 
lui  avait  été  conférée,  il  ne  pouvait  s'empêcher  de  penser  que 
la  moindre  pension,  la  moindre  mercède  eût  mieux  fait  son 
alfaire.  Au  bout  de  quelques  mois,  lanécessitélui  mit  de  nou- 
veau la  plume  h.  la  main  et  ce  fut  pour  se  rappeler  au  souve- 
nir du  roi  qu'il  composa  la  brochure  dont  je  vais  donner 
quelques  extraits. 

Cette  brochure  s'ouvre  par  une  courte  préface,  dans  la- 
quelle, suivant  le  goût  du  temps  (^l,  l'auteur  fait  parler  la 


(1)  DuKOD  DE  CuARNAGE,  Uémoirei  pour  *ervir  à  l'hûtoire  da  comté 
de  Bourgogne,  p.  73t. 

(3)  Cefutàln  méirie  <>|ioqiie  que  le  conseiller  Clnude-Amliroiael'hilippe 
i-eçuE  ilu  gauvcrnemenl  eijpjgnol  les  pMentes  de  pri'Mdent  du  purlemeiit. 
C.r.  E.  BessoN.  Le  prétideitt  l'hitippe,  négociateur  franc  comtoia  au 
XVU'  nècle,  dans  les  Mémoires  de  lu  Socii^lé  d'cinulation  du  Doubs,  nn- 
iiéel88t,p.;«», 

(:t;  V.  la  pièce  iiuitulée:  Dole  dolente  à  l»  cléimnee  rojaU  (iamj, 
18 


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Franche-Comté  :  El  Franco  Condado  de  Borg<ma  al  Hey 
nuestro  ténor  Don  Carlos  Segundo.  La  calomnie  a  cruelle- 
ment persécuté  ses  filles  chéries,  l'inaocence  et  la  fîdéhté  ; 
elle  se  hasarde  à  les  présenter  au  roi,  car  seule  sa  main  puis- 
sante peut  leur  donner  quelque  repos;  leur  vie  sera  misé- 
rable, tant  qu'elles  seront  soustraites  à  sa  douce  domination. 
Leurs  charmes  étrangers  (peregrina  hermoaura)  ne  doivent 
pas  impressionner  d'une  manière  fâcheuse  la  pureté  du  jeune 
monarque  (M  purexa  de  la  juvenlud  de  V.  M.),  mais  bien 
obliger  celui-ci  à  les  regarder  comme  des  objets  dignes  de 
compassion  et  de  miséricorde,  et  elle  ne  doute  pas  qu'il  ne 
verse  des  larmes  de  sang,  quand  elles  l'auront  infonué  des 
extrémités  auxquelles  tes  ennemis  de  sa  couronne  les  ont  ré- 
duites. 

•  Sire,  poursuit-elle,  je  suis  trop  accablée  de  maux  et  de 
misères  pour  pouvoir  représenter  à  V,  M.  mon  état  lamen- 
table; à  peine  puis-je  respirer.  Que  V.  M.  permette  donc  que 
pour  mieux  m'expitquer  je  me  serve  de  l'or^ne  d'un  de  mes 
plus  fidèles  fîls  ;  je  l'ai  fait  venir  ici  (d  etta  Corte)  pour  le  ti- 
rer de  l'oppression  qui  aurait  mis  fin  à  ses  jours,  s'il  était 
resté  plus  longtemps  chez  les  ennemis  de  V.  M.  Il  révélera 
avec  plus  d'efRcacité  les  malheurs  et  les  miseras  qui  me  con- 
sument ;  ce  sera  mon  orateur.  Je  supplie  avec  une  profonde 
soumission  V.  M.  de  lui  donner  créance  et  d'écouter  ce  qu'il 
dira  de  ma  part,  • 

L'orateur  prend  alors  la  parole  :  El  Oi-ador  al  Rey  nuettro 
aenor.  Après  un  préambule  où,  remontant  plus  haut  que  le 
déluge,  il  montre  nos  premiers  parents  déçus  par  l'infernal 
serpent,  Bigeot  s'attache  à  défendre  la  Franche-Comté  des 
I  horribles  aboiements  -  de  la  calomnie,  qu'il  nomme  la 
c  fille  aînée  de  l'enfer.  ■  11  rappelle  qu'une  première  fois  le 
roi  n'a  pas  voulu  condamner  sa  fidèle  province  sans  l'en- 


publi<^  par  M.  B.  Prost,  Doeumentt  inédits  relatif*   à  l'hitloir»  da  la 
Frantlie-Comlé,  t.  Il,  p.  1^. 


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—  267  — 
tendre,  car  c'est  par  son  ordre  que  des  commissaires  des 
Pays-Bas  (*  ont  passé  à  Besançon  ;  ils  y  sont  restés  près 
de  cinq  ans  ;  ils  ont  parcouru  la  plupart  des  villes  du  comté 
de  Bourgogne  et  leur  enquête  n'a  amené  la  découverte  d'au- 
cun délit,  puisque  personne  n'a  été  poursuivi  (3)  ;  si  quel- 
ques individusont  quitté  le  pays,  ils  l'ont  fait  pour  se  dérober 
h  la  fureur  aveugle  du  peuple,  qui,  les  émeutes  de  Dole  et  de 
Gray  l'ont  démontré  (^J,  np.  distingue  pas  les  innocents  des 
coupables.  A  présent  que  Charles  I!  est  majeur  (*),  que  ne 
peut-on  pas  attendre  de  sa  justice  ? 

On  devine  qu'à  l'égard  du  débile  représentant  de  la  mo- 
narchie espagnole,  l'auteur  ne  se  fait  pas  faute  d'épuiser 
toutes  les  formes  de  l'adutalion.  C'est  ainsi  que,  non  content 
d'annoncer  qu'on  va  voir  revivre  en  lui  la  générosité  de 
Charles-Quint,  la  politique  de  Philippe  II,  la  piété  de  Phi- 
lippe III  et  la  prudence  de  Philippe  IV,  il  s'avise  de  lui  (aire 
un  mérite  d'être  né  dans  les  mêmes  conditions  que  la  plupart 
des  mortels,  t  La  nature,  dit-il,  a  voulu  également  contribuer 


(1)  Ces  commissaires  étaient  Ignace  Simon,  présiJent  du  conseil  d'Ar- 
lois,  Albert  de  Coiic,  maitre  aux  requêtes  de  riiotel  du  roi  et  conseiller 
nii  grand  conseil  de  Maliiics,  et  Jean-Libert  Vaes,  avocat  fiscal  an  conseil 
de  Flandre;  ils  arrivèrent  à  Besançon  le  4  novembre  16Gtt.  I.e  piéziident 
Simon  Tut  plus  lard  remplacé  par  Jean-Atitoine  Locquet,  prêsidi'iil  du 
grand  conseil  cle  Malines. 

{2}  Cette  assertion  n'est  pas  exacte,  atlendu  que  le  marquis  d'ïenrie  et 
l'abbé  de  Baume  furent  cités  à  (Iruxelles,  Ie3  avril  1671,  et  leuis  bi<-ns  mis 
lous  séquestre.  Des  lettres  de  cachet,  eu  date  du  10  juin  16TI.  Turent 
également  envoyées  au  marquis  de  Sa  lut-Martin,  gouvrrneur  de  Uole,  nu 
marquis  de  Lullîns.  Kouvemeur  de  Gray,  an  sieur  de  Paller<ins,  l'apitiiiiie 
de  Saint-Anne,  et  aiii  conseillera  Jacquol  et  Gollut,  mais  le  goiiVËrneur, 
D.  Hieronimo  Bonavente  Quitloiies.  en  arrêta  relTel.  Cf.  J.  CiiitTi.tT,  Mé- 
moirei.  t.  V,  p.  2SI.  et  t.  VI,  p.  14. 

{^)  Les  troubles  de  Uole  uni  élé  racontés  p^r  l'abbé  de  li.ilerne.  qui  coii- 
i»urut  à  les  apaiser.  Sur  lus  émeutes  de  Gray,  cf.  Histoire  clu-onologique 
du  raonastèrc  de  la  Visitatiun  Suitite-Mane  de  Gray,  depuis  l'année  IIEtt 
Jusquesà  l'année  171)11,  p.  135.  —  Ms.  de  l'hôpital  de  Gray. 

;4)  Charles  II  avait  eu  quutorie  ans,  Age  lixé  pour  la  majorité  des  rois, 
le  6  novembre  1674. 


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à  c«tte  auguste  naissance  et,  pour  avoir  le  temps  de  polir  et 
deTormer  un  prince  parfait,  elle  a  tenu  V.  M.  comme  prison 
nière  l'espace  de  neuf  mois  dans  le  sein  de  son  incomparable 
mère,  à  seule  fin  d'avoir  le  loisir  de  parfaire  un  ouvrage  si 
beau  et  si  choisi  ijue  les  siècles  passés  n'en  ont  pas  vu  de 
semblable  et  que  les  siècles  ù  venir  n'en  verront  pas  d'égal 
(fol.  4  y).  •  La  remarque  est  au  moins  étrange,  et  je  doute 
qu'on  ait  jamais  rencontré  un  trait  de  flatterie  aussi  inat- 
tendu. 

Mieux  inspiré  est  Bigeot,  lorsque,  s'adressant  au  jeune 
monarque,  il  lui  dit  :  «  Sire,  l'auguste  père  de  V.  M.  eut  tou- 
jours une  singulière  tendresse  et  un  singulier  amour  pour  la 
Franclie-Comlè  de  Bourgogne.  V.  M.  est  le  très  digne  fils  et 
successeur  de  ce  grand  roi  ;  elle  est  l'iiéritiére  de  ses  États  ; 
qu'elle  le  soit  aussi  de  son  affection  (fol.  5  V).  ■  On  sait,  en 
elTet,  que  Philippe  IV  témoigna  toujours  aux  Franc-Comtois 
l'intérôt  le  plus  sincère  ;  il  se  plaisait  £i  louer  leur  fidélité  (D  ; 
il  admirait  leur  bravoure  ;  à  la  nouvelle  de  la  délivrance  de 
Dole,  il  s'était  empressé  d'aller  rendre  grâces  de  cet  événe- 
ment à  Notre-Dame  d'Atocha  (2  et  l'on  avait  vu  l'impassible 

'erain  s'attendrir  à  l'aspect  martial  des  régiments  levés 

'ranche-Comté  .3). 


Ce  fut  vraisemblablement  pnr  ordre  du  roi  (|u'en  1636,  la  réponse  de 
levéque  do  Uesançon  et  du  parlement  de  Dole  au  prince  de  Condé  fut 

iteen  espagnol.  V.  Eycriverue  lai progreiaan  y  entrada  dé  SuAUaia 
ierior  Infante  Cardenai   en  Francia  par  l'icardia,  en  nriene  de 

dette  aiio  ;  y  la  retirada  del  exei'cito  de  Francia,  y  sui  coligadoi 
îilddo  de  Milan,  y  la  valeroaa  y  fuerie  reiiêleneia  que  hito  ta 
id  de  Dota  en  Borgoila  al  principe  de  Condé  générât  de  las  ar- 
de  Francia  en  su  atiedio,  con  la  retpueela  de  una  caria  que  aquel 
imenlo  y  carte  cacriuio  al  refeiido  principe.  Cou   licencia.  En  Ma- 

por  Marin  de  Quiilonea.  \ilo  HDCXixvi.  VenUese  en  la  Galle  mayor 
isa  de  Pedro  Coello,  en  fi-enle  de  San  Felipe. 

BovviN,  Le  liêgi!  de  la  ville  de  Dole,  capitale  de  la  Franche. 
lé  de  Boargongne,  el  «on  heiireute  délivrance,  p.  304. 

Philippe  IV  «  estant  en  la  ville  de  Saragose,  loi-s  que  son  armëe 
lit  pour   aller  asaiéi^r  Oarcelonne.   voyant  les  régimens  Uourgui- 


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Partant  de  la  réflexion  que,  si  les  sujets  sont  le  corps  d'un 
État,  le  bon  prince  en  est  l'âme,  l'auteur  proclame  ensuite 
que  rien  ne  doit  altérer  leur  étroite  union.  C'est  pourquoi  il 
invite  Charles  II  h.  ne  pas  rendre  responsable  des  fautes  de 
quelques  individus  la  nation  tout  entière. 

■  Ce  serait,  déclare-t-il,  faire  affront  à  la  bonté  et  à  la  jus- 
tice de  V.  M-  que  de  croire  qu'elle  veuille  châtier  des  inno- 
cents. Dans  le  sacré  collège  des  Apôtres,  il  se  trouva  un 
traître  qui  vendit  pour  une  somme  d'argent,  non  un  roi  de  la 
terre,  mais  le  Roi  des  rois  et  le  maître  absolu  du  ciel  et  de 
l'univers,  et  néanmoins  N.-S.  ne  châtia  pas  ce  saint  collège, 
parce  qu'il  était  innocent.  A  présent  que  nous  connaissons 
partie  de  ces  malheureux  qui  ont  vilainement  tourné  le  dos 
à  V.  M.,  c'estànousd'en  tirer  vengeance.  Si  nous  pouvons  les 
saisir.  V.  M.  connaîtra  l'aiTection  de  sou  bon  peuple,  animé 
au  service  de  son  bon  roi  ;  on  ne  les  laissera  vivre  que  pour 
souffrir,  à  seule  lin  que,  reconnaissant  par  l'excès  de  leurs 
tourments  l'énormité  de  leurs  erreurs,  ils  servent  d'exemple  à 
la  postérité  et  confessent  leur  crime  sur  un  inTâme  écha&ud. 
Que  si  les  personnes  de  ces  malheureux  ne  peuvent  être  at- 
teintes, qu'on  conPisque  leurs  biens  et  qu'on  les  mette  entre 
les  mains  de  V.  M  (fol.  6  v").  d 

Cette  confiscation  de  la  fortune  des  traîtres  est  un  des 
points  sur  lesquels  Bigeot  insiste  d'autantplus  que  ses  propres 
biens  avaient  été  confisqués  par  les  Français  apri'S  son  dé- 
part, et  il  la  justifie  à  grand  renfort  de  citations  du  Digeste  : 
Leg.  aiib  condit.,  ff.  aoiat.  matrim.,  Leg.  obligationum, 
§  Circa,  ff.  de  obligal.,  L.  Quisquis,  ff.  Ad  leg.  Juliam 
Majett.,  etc.  L'ancien  lieutenant  du  bailliage  de  Pontarlier  se 
retrouve  là,  avec  une  ample  provision  de  textes  puisés  dans 

gnons  lûr  rendre  leurs  respects  avec  \it  bien-sëance  qui  leur  est  ordinaire, 
connoisMnt  par  leur  viiiage  leurs  généreuses  résolutions  d'attaquer  ses 
ennemis,  ne  se  put  empescher  de  jetler  quelques  larmes,  et  se  crier 
hautement,  en  témoignage  d'aOection,  mi*  Borgononea.  >  Le  Bourgui- 
gnon intireiié,  p.  140. 


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—  270  — 
l'arsenal  du  droit  romain.  On  ne  doit  même  pas,  suivant  lui, 
respecter  les  obligations  souscrites  au  profit  de  tiers,  en  vertu 
de  l'axiome  juridique  ;  Prior  tempare  palior  e»t  jure. 

Cette  part  faite  à  la  justice  du  souverain,  l'orateur  implore 
la  clémence  de  celui-ci  pour  ceux  qui  n'ont  pas  participé  à  la 
trahison,  invoquant  tour  à  tour  Claudien,  Sénèque,  Valère 
Maxime  et  Juste  I.ipse.  «  Nos  souverains  Pontifes,  s'écrie-t-il, 
n'ont-ils  pas  tenu  à  singulier  honneur  de  prendre  le  nom  de 
Clément?  Celui  qui  occupe  à  présent  le  siège  de  saint 
Pierre  (l)  ne  se  juge-t-il  pas  heureux  de  porter  ce  nom  pour 
montrer  que,  vicaire  de  Jôsus-Christ,  il  est  bon  et  clément  h 
l'égard  du  fidèle  troupeau  confié  à  ses  soins  et  à  sa  vigilance 
et  qu'à  l'exemple  du  bon  Pasteur  il  va  chercher  les  brebis 
perdues,  non  pour  les  ch&tier,  mais  pour  les  protéger  et  les 
défendre  ? 

■  Sire,  poursuit  Bigeot,  c'est  une  sorte  de  délit  de  parle- 
menter avec  son  souverain,  mais  non  d'implorer  sa  clémence. 
Au  nom  de  ma  bien  aiméeBourgogne,  j'implore  celle  de  V.  M. 
Les  grands  monarques  ne  refusent  jamais  la  première  chose 
qu'on  leur  demande,  si  elle  est  juste  et  raisonnable.  Je  sup- 
plie V.M.,nondelui  pardonner  (parce  que  le  pardon  suppose 
une  faute),  mais  de  la  protéger  et  de  lui  conserver  l'affection 
que  ses  augustes  prédécesseurs  ont  toujours  eue  pour  elle  et 
pour  tous  ses  Hls  chéris  (fol.  8).  » 

Il  représente  alors  au  jeune  roi  que  la  Franche-Comté  est 
un  des  plus  beaux  fleurons  de  sa  couronne  ;  c'est  d'elle  qu'est 
venu  k  l'Espagne  l'ordre  de  la  Toison  d'or  (2)  ;  depuis  qu'elle 
aie  bonheur  d'appartenir  aux  princes  de  la  maison  d'Autriche, 
elle  s'est  montrée  jalouse  de  les  servir  avec  une  incomparable 

(1)  Clémenl  X  (Jean-Bap  lis  lu- Emile  AUieri]  était  inonlé  sur  le  si^e  de 
saint  Pierre  le  19  avril  IC70. 

[3)  (  Il  est  constant,  et  tous  les  historiens  en  demeurent  d'uccord,  que 
l'ordre  de  la  Toison  d'or  a  esté  porté  dans  la  maison  d'Austriche  par  le 
mariage  (»elon  que  l'on  a  dit  d'ailleurs)  de  Maiimiliain  avec  Marie  de 
Bourgoigne.  ■  Le  Bourguignon  iniiretaé,  p.  138. 


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—  271  — 

Qdéiité.  Catholiques  sans  mélange  d'hérésie  (finos  caMiooê), 
les  Franc-Comtois  ne  connaissent  Dieu  que  par  la  foi,  qui 
leur  révèle  en  lui  le  créateur  du  ciel  et  de  la  terre.  De  même, 
si  l'on  peut  parler  ainsi,  ils  ne  connaissent  leurs  rois  que  par 
l'assurance  qu'ils  sont  leurs  souverains  (^1  ;  si  quelques-uns 
les  veulent  voir,  il  leur  laut  affronter  les  fatigues  d'un  long 
voyage  ;  cette  perspective  ne  les  arrête  cependant  pas  ;  à  leur 
retour,  ils  racontent  des  merveilles  de  la  bonté  de  leurs  au- 
gustes maîtres,  et  les  bienfaits  qu'ils  en  reçoivent  conrirraent 
la  vérité  de  leurs  discours. 

c  Sire,  scoute  Bigeot,  V.  H.  n'a  aucun  État  contigu  à  la 
Franche-Comté  de  Bourgogne  ;  la  France,  la  Lorraine,  l'Alle- 
magne et  les  Cantons  Suisses  lui  servent  de  confins.  C'est 
comme  une  petite  lie  (3)  ;  si  un  de  ces  États  vient  &  rompre 
avec  V.  M.,  on  clierche  à  s'en  emparer.  Elle  ne  peut  attendre 
de  prompt  secours.  Que  fera-t-elle  donc?  De  quel  bouclier  se 
couvrïra-t-elle  1  Sa  fidélité  l'a  longtemps  maintenue,  mais  & 
la  fin  il  a  tallu  céder  à  la  force  et  &  l'astuce  et  deux  fois,  en 
moins  de  sept  ans,  elle  s'est  vue  au  pouvoir  d'étrangers... 
Pauvre  Franche-Comté,  qu'es-tu  devenue?  Il  ne  t'est  resté 
que  ton  nom.  Où  sont  tes  franchises,  tes  privilèges  et  tes 
immunités  ?  Tu  es  tombée  du  plus  haut  sommet  du  bonheur 
dans  un  abîme  de  misères...  Les  théologiens  affirment  que  la 
plus  grande  peine  des  damnés  consiste  dans  la  privation  de  la 


(1)  La  méms  pensée  avait  ^lé  eiprimëe  en  i6i3  par  an  poète  franc- 
coiotois,  qui,  a'adrcas.-inl  à  Philippe  IV,  prélait  la  plainte  suivante  à  sa 

Otand  Roy,  dlsois-jc  en  mol,  toi  pour  qui  l'oa  megene 

Kt  que  je  na  coonois 
Que  comme  on  connoit  Dieu  dias  l'Église  chrealleane, 
îj«ulein6iilp»rl«toy. 
J,  Gauthier,  La  Franche-Comté  au  roy  d'Etpagne,  p.  6. 

(2j  «  La  Franche-Comti!  est  comme  une  petite  isle  entre  le  Duché  de 
Bourgoigna  et  l'Alsace.  »  /^  Bourguignon  intéressé,  p.  Iffi.  —  «  L'.\l- 
sace,  la  Ferrelte  et  la  Lorraine  sont  séparées  de  la  France  par  son  moyen  ; 
elle  est  comme  une  petite  isle  enceinte  de  ses  ennemis,  s  Le  bon  Bour- 
guignon, p.  65. 


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^  272  - 
vue  de  Dieu,  et  moi,  je  puis  dire  à  V.  H.  que  la  plus  grande 
peine  que  souffrent  mes  pauvres  frères  sous  l'oppression  et 
la  tyrannie  des  Français  est  de  se  voir  hors  de  la  douce  et  lé- 
gitime domination  de  V.  M.  (fol.  9  v°),  ■ 

Telles  sont    les  plaintes   portées   au    pied  du  tr6ne   de 
Charles  II  par  l'émigré  qui  s'était  donné  mission  d'exprimer 
les  sentiments  de  ses  compatriotes.  Nous  sommes  tentés  de 
les  trouver  exagérées  ;  il  nous  faut,  à  l'heure  qu'il  est,  faire 
effort  pour  les  comprendre  et  ce  n'est  pas  sans  un  certain 
malaise  que  nous  entendons  traiter  les  Français  d'oppres- 
seurs. Même  à  l'époque  où  ces  pages  furent  écrites,  tous  ne 
ressentaient  pas  le  changement  de  maîtres  aussi  vivement 
que  l'ancien  lieutenant  du  bailliage  de  Pontarlier.  Toutefois, 
pour  le  plus  grand  nombre,  la  cause  de  l'Espagne  se  confon- 
dait avec  celle  des  franchises  de  la  province  ;  le  corps  de  la 
nation  comprenait  que  c'en  était  fait  de  l'indépendance  dont 
le  comté  de  Bourgogne  avait  joui  sous  la  lointaine  tutelle  des 
rois  catholiques  et  les  avantages  futurs  de  la  conquête,  coni- 
imment  énumérés  par  les  historiens  du  siècle  suivant  (*), 
laient  peu  des  hommes  qui  ne  voyaient  pour  le  moment 
es  chaires  qu'elle  faisait  peser  sur  eux, 
'on  en  juge  plutôt  par  les  traits  que  rapporte  l'orateur 
la  suite  de  sa  harangue:  quelques-uns  sont  déjà  connus, 
il  en  est  que  nous  ignorerions  sans  la  communication  de 
odriguez  Vill^,  et  c'est  justice  de  les  publier  à  la  gloire 
is  aïeux. 

>ui  n'admire,  dit  Bigeot,  la  fldéiité  de  Jacques  Godey 
0  Godeij)  de  Villars-sous-Montrond  ?  Accusé  d'avoir 
é  la  mort  à  des  officiers  français,  il  fut  pendu  dans  la  place 
e  de  Besançon,  l'an  mi!  six  cent  soixante-quatorze  (2).  Il 
ut  avec  une  telle  constance  que  cela  parait  incroyable  : 


:r.  Di'NOD  DE   CiiAnNAdE,  Mémoire»   pour  u 
de  Bourgogne,  p.  jH. 
jt  9  juin  1674. 


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—  sr73  — 

il  demanda  du  vin  ;  on  lui  en  présenta,  et,  le  verre  en  main, 
il  dit  le  plus  haut  qu'il  put  :  •  A  la  santé  de  S.  M.  Charles  se- 
cond, mon  bon  roi,  que  Dieu  conserve  !  ■  puis,  sans  attendre 
que  le  bourreau  le  poussât,  il  s'élança  lui-même  avec  un  vi- 
sage plein  d'allégresse  W.  Beaucoup  d'autres  dont  les  noms 
seront  immortels  au  temple  de  la  fidélité,  eurent  toujours  à 
la  bouche,  sur  la  roue  et  h  ta  potence,  l'aimable  et  beau  nom 
de  Charles  second. 

(  Les  enfants,  à  qui  la  nature  a  profondément  gravé  cette 
vertu  dans  le  cœur,  en  donnent  des  preuves  tous  les  jours, 
malgré  les  menaces  et  les  mauvais  traitements  dont  ils  sont 
l'objet,  eux  et  leurs  parents  (qui  éprouvent  les  effets  de  ces 
blessures,  tout  innocentes  qu'elles  sont).  Le  dix  juilletdel'an 
passé  roii  six  cent  soixante-quinze,  les  Français  ayant  ordonné 
qu'on  fit  des  feux  de  joie  dans  tout  le  Comté  de  Bourgogne 
pour  ia  prise  de  Limbourgen  Flandre  (2>,  des  enfants  de  neuf 
à  dix  ans  de  ia  cité  de  Besançon,  au  nombre  d'environ  cin- 
quante ou  soixante,  parcoururent  toute  la  cité  k  dix  heures 
du  soir  avec  des  torches  de  poix  allumées,  et,  arrivés  à  la 
maison  du  duc  de  Duras  i^),  actuellement  gouverneur  de  la 

(i)  Six  autres  payMns  furent  pendus  le  même  Jour  cr  à  Charmant,  sur  le 
chemin  qui  conduit  à  Ecole.  Auparavant  que  de  mourir  ils  voulurent  traire 
à  la  sanlé  du  roy  d'Espn^ne.  Ou  les  condamna  comme  des  loups  des  bois, 
quoy  qu'ils  TusseiU  soldats  de  milice.  «  Eii  représailles,  leurs  compagnons 
X  pi'irent  quelques  soldats  fi-ancois  el  en  pendirent  doute,  parmy  lesquels 
il  ï  avoit  des  officiers,  avec  des  billets  pendus  à  leurs  cols,  descendans  sur 
la  poitrine.  >  Histoira  des  guerres  intentées  dans  les  duclié  et  comté  de 
Bourgi^ne  par  Trembleujur,  Lorrains,  Fraa^:ois  et  autres,  avec  ce  qui 
s'est  passé  de  plus  remarquable  depuis  l'an  Ib&ï  jusqu'i  l'an  1609,  fol.  ^ 
V*.  —  Us.  de  la  bibliothèque  de  Vesoul. 

En  1706  et  en  1709,  on  pendit  encore  sur  la  place  Labourey  plusieurs 
Kranc-Comtois  convaincus  d'avoir  conspiré  contre  la  domination  fran- 
çaise. V.  Extraits  lie  pliMieuru  chroniques  de  £esan^'on,dans  les  il4- 
moiret  et  doeumênti  inédite  pour  Mrvir  à  t'hiêtoire  de  la  Franche- 
Comté,  t.  VU,  p.  3ii  et  3H. 

(2)  La  ville  de  Limbourg  se  rendit  au  duc  d'Enghlen  Ie21  juin  1675. 

(3)  Jacques-Henri  de  Durforl,  duc  de  Duras,  chevalier  des  ordres  du  roi, 
gouverneur  el  lieutsnaiit  Kënéral.  du  comté  de  Bourgogne,  fiU  de  Cnf- 


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—  274  — 
Tranche-Comté  pour  Sa  Majesté  Ti-ès  Chrétienne,  s'arrêtèrent 
devant  elle  plus  d'un  demi-quart  d'heure  en  criant:  •  Vive 
Charles  Second  I  ■ 

<  Ces  exemples  ne  sont  pas  indignes  de  ceux  qu'admirè- 
rent les  temps  passés.  Une  pauvre  femme  du  lieu  de  Cour- 
viëres,  situé  dans  les  montagnes  de  mon  pays,  se  trouvant 
réduite  à  une  extrême  nécessité,  résolut  d'aller  chercher  sa 
vie  à  Rome  <t>.  Elle  avait  un  petit  enfant  qu'elle  portait  sur 
ses  épaules.  Elle  eut  le  bonheur  d'arriver  au  lieu  qu'elle  avait 
désiré,  où,  demandant  l'aumône,  cet  enfant  se  dirigea  vers  le 
palais  de  l'ambassadeur  de  France.  Les  serviteurs  l'entendant 
parler  leur  langue  lui  demandèrent  d'oti  il  était.  Il  avait  déjà 
assez  de  connaissance  pour  savoir  qu'il  était  Bourguignon  de 
la  Franche-Comté.  Ils  lui  dirent  de  manger,  cequ'il  accepta  de 
très  bonne  grAce,  et  ensuite  de  boire,  mais  à  condition  de 
porter  la  santé  de  Sa  Majesté  Très  Chrétienne  :  il  ne  voulut 
pas  le  faire.  Ils  le  menacèrent,  mais  en  vain.  Aux  menaces 
succédèrent  les  effets  ;  ils  lui  mirent  lesdoigts  sous  les  rouets 
d'une  arquebuse  et  les  serrèrent  jusqu'au  sang.  Il  se  moqua 
d'eux.  Enfin,  voyant  que  ni  les  mauvais  traitements  ni  les 
menaces  ne  pouvaient  vaincre  la  constance  de  cet  enfant,  ils 
lui  dirent  de  boire  à  la  santé  de  Sa  Majesté  Catholique.  Il  prit 
le  verre  et  dit  àhaute  voix  :  «A  la  santé  du  roi  d'Espagne)  » 
L'ambassadeur  de  l'auguste  père  de  V.  M.  se  plaignit  très  vi- 


Udonce  de  Durfort,  marquis  d«  Duras,  comte  de  [lo2ati,et  d'Elisabeth  de 
a  Tour  d'Auvergne. 

[1)  En  1638,  la  Tamiiie  conlraigoit  une  Foule  de  Franc-Coinlois  i  émîgrer 
•n  Savoie,  en  Suisse  el  à  Milan  :  ■  Grand  nombre  néantmoins  passèrent 
usques  à  Rome  (pairie  commune  de  lous  les  chrerliens)  ;  un  curé  s'y  trouva 
'annëe  suivante  avec  cinq  cens  de  ses  paroissiens,  auquel  le  pape  donna 
me  église  pour  leur  y  administrer  les  sacremens  :  on  comptait  qu'ils  es- 
oienl  à  Rome  dix  au  douze  mille  Bourguignons  de  tout  sexe.  °  GiHAnnOT 
)E  NozEnoY,  Hiiloira  de  dix  ant  de  la  Franche-Comté  de  Bourgoagat, 
1.  3(2.  Cr.  A.  Ckstan,  La  confrérie,  Véyliae  et  l'hàpilal  de  Sainl-Ctaude 
têa  Boui-guignonê  de  ta  Franrhe-Cotnté  à  Rome,  dans  les  Mémoim  de 
a  Société  d'émulation  du  Doubi,  année  1880,  p.  175. 


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—  275  — 
vemeDt  à  Sa  Sainteté  (1)  et  prit  cet  enEaat  pour  l'élever.  Dieu 
ne  voulut  pas  lui  faire  attendre  sa  récompense  ;  il  le  retira  de 
ce  monde  pour  lui  donner  une  vie  éternelle  |3). 

■  Il  me  semble,  Sire,  qu'il  n'y  a  rien  &  ajouter  à  une  toi  si 
généreuse  et  à  un  zèle  si  alTectucux,  et  que,  comme  le  grand 
prophète  le  dit  de  Dieu,  leur  louange  et  leur  beauté  se  dé- 
couvrent grands  chez  les  auties,  mais  ne  i<ont  partaits  que 
<d)ez  les  enfants  (3).  L'héroïsme  de  cette  loyauté  et  de  cette 
constance  est  encore  bien  plus  rehaussé  par  la  faiblesse 
même  du  sexe  de  filles  jeunes  et  tendres.  Je  ne  m'attarderai 
pas  à  rapporter  ce  que  les  historiens  content  de  ma  chère 
Bourgogne.  Je  tais  également,  ijuoique  digne  d'immortels 
éloges,  ce  qui  se  passa  en  l'année  mil  six  cent  soixante  et 
quatorze,  comment  nous  vîmes  à  Arbois,  à  Faucogney  et  en 
d'autres  parties  de  la  Franche-Comté  les  femmes  et  les  flltes, 
non  seulement  combattre  sur  les  murailles  en  rivalisant  de 
valeur,  de  bravoure  et  d'adresse  avec  les  meilleurs  soldats, 
mais  aussi  faire  des  sorties,  dans  lesquelles  elles  repoussèrent 
les  ennemis  et  enclouèi-ent  leur  artillerie  U).  Je  tais  le  trait, 
digne  k  la  fuis  de  pitié  et  d'admiration,  qui  arriva  alors  à 
Dole,  o(i  une  toute  jeune  Tille,  après  avoir  tué  avec  un  mous- 
quet plusieurs  Français,  fut  à  son  tour  blessée  d'une  mous- 
quetade  et  tomba  morte  entre  les  bras  de  sa  malheureuse 

(1)  Urbain  VIU. 

(3)  Bigeot  avait  pricddenimeiit  rapporté  dans  son  Bourguégnon  intéresté 
(p.  144)  le  trait  de  courage  de  cet  enfant,  qui  arriva  <  en  l'an  ISS.  »  Il 
y  est  ^Eaiement  fait  alluiian  dans  le  Diicottr»  et  relation  vérilablatur  U 
êueMt  dea  armei  de  la  France  daiu  le  comlé  de  Bourgogne  m  i668, 
ouvrage  néeettaire  à  ton»  ceux  ^ui  écrivent  l'hiitoire  de  ee  tempe,  pour 
ne  point  faillir  dant  lé  récit  de  cet  éoènement,  que  publia  après  la 
première  conquête  le  mailre  des  requêtes  Auguslin  Nicolas  |p.  3i]. 

(S\  •  Eïore  infanlium  perfecisli  laudem.  Pi..  8.  v,  3.  n 

(4)  il  est  exact  qu'à  Arbois,  «jusqu'aux  femmes,  tout  esloit  sons  ies 
armes,»  et  qu'à  Faucogney,'.  l'on  vit  chacun,...  jusqu'à  ui  femmes  et  filles, 
aiec  des  fourches  Terrées  et  des  faux  emmanchées,  u  se  porter  sur  la 
brèche,  mais  aucune  relation  contemporaine  ne  parle  de  canons  endoués 
dans  une  sortie , 


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—  276  — 

mère  ;  celle-ci,  au  lieu  de  s'évanouir  ou  de  pleurer  sa  fille,  la 
porta  comme  en  triomphe,  publiant  tout  haut  qu'elle  s'esti- 
mait heureuse  de  voir  couler  son  sang  et  de  perdre  une  vie 
qu'elle  aimait  plus  que  la  sienne  pour  le  service  de  son  roi 
et  le  bien  de  la  patrie  (^l. 

f  Mais  je  n'omettrai  pas  ce  qui  vient  d'arriver  dans  la  ville 
de  Salins.  Cent  filles  de  toute  condition  de  cette  ville,  pleines 
d'une  tendre  afTection  pour  |eur  auguste  souverain,  se  réuni- 
rent  ail  mois  de  novembre  de  l'an  passé  1675,  bien  qu'elles 
se  vissent  opprimées  et  en  danger  évident  d'être  maltraitées, 
et  formèrent  une  confrérie  qu'elles  appelèrent  du  Lion,  parce 
qu'elles  portaient  toutes  une  médaille  suspendue  à  un  ruban 
incarnat,  sur  laquelle  était  gravée  la  figure  du  lion.  Tous  les 
jours,  dans  leurs  assemblées,  elles  priaient  Dieu  pour  V.  M., 
et,  afin  de  fortifier  leui-s  supplications  par  le  très  saint  sacci- 
flce  de  la  messe,  elles  contribuèrent  toutes  de  leurs  deniers  à 
l'entretien  d'un  chapelain,  qui  tous  les  jours  disait  la  messe 
pour  la  conservation  de  la  santé  de  V.  M.  et  le  bon  succès  de 
ses  armes  (2).  Ces  assemblées  ne  furent  pas  si  secrètes  qu'elles 
ne  vinssent  à  la  connaissance  des  Français,  qui  ont  fait 
prendre  soixante  de  ces  généreuses  filles  et,  en  particulier,  la 
prieure  ou  directrice  de  cette  assemblée,  au  pouvoir  de  la- 
quelle ils  trouvèrent  deux  de  ces  médailles.  Ensuite  l'inten- 


(1)  Pour  exalter  une  action  semblable,  je  ne  trouve  pas  d  autres  expres- 
sions que  celles  de  la  marquise  de  Scvignë  rapportant  à  sa  fille  le  mot  de 
Sainl-Hilaire  à  Sallibach  ;  n  It  me  semble  que  je  lis  l'histoire  romaine.  ■ 
H—  DE  SÉTICNÉ,  Leiti-e»  [édU.  Régnier),  i.  IV,  p.  33. 

(H  Un  chroniqueur  contemporain  confirme  ce  fait  en  rapportant  que,  le 
13  octobre  1ti75,  l'intentlant  vint  à  Salins,  «  pour  le  sujet  d'une  confrérie 
de  certaines  llllesdu  bas  peuple,  lesquelles  portoienl  chacune  la  figure  d'un 
lion  de  cuivre  ;  quelques-unes  desquelles  ayant  été  arrêtées  et  interrogées 
auroient  indiqué  l'ouvrier  qui  leur  aurait  t^il  et  vendu  ces  ligures,  el  dé- 
claré qu'un  certain  prélrc  chapelain  de  celte  société  avoit  Tait  la  bénédic- 
tion desdites  figures,  ei  avoil  reçu  d'elles  de  l'argent  pour  dire  des  messes 
à  I  intention  de  S.  M.  C.  >  A.  Vi^VSSiëre,  Huit  an$  dt  l'hutoire  de  Salitu 
et  de  la  Franche-Camti  (i668-i615j,  p.  I4U. 


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—  277  — 
dant  de  France  I*),  qui  était  en  Bourgogne,  passa  en  lïdite 
ville  de  Salins  pour  instruire  le  procès  de  ces  illustres  pri- 
sonnières. 11  n'est  pas  douteux  qu'on  traitera  avec  rigueur  un 
sexe  qui  ne  mérite  qu'amour  et  tendresse  et  qui  n'est  cou- 
pable que  par  excès  de  fidélité  (fol.  11-43  v*).  ■ 

Ces  preuves  de  l'attachement  des  Franc-Comtois  à  la  mai- 
son  d'Autriche  ne  sont  pas  les  seules  que  donne  Bigeot  ;  il 
cite  encore  le  soulèvement  de  Dole  et  de  Gray  contre  leurs 
garnisons  françaises  en  1477,  la  courageuse  défense  de  la 
dame  d'Oiselny  en  1481  et  la  surprise  d'Arras  par  Claude  de 
Vaudrcy  en  1489  (2)  ;  puis  il  rappelle  l'hommage  rendu  à  ses 
compatriotes  par  l'illustre  3aavedra(3),  qui,  témoin  oculaire 
de  leur  résistance,  ne  fiùt  pas  diOlculté  de  l'égaler  aux 
plus  beaux  exemples  de  l'antiquité  i*),  A  quoi  bon  d'ailleurs 
chercher  d'autres  témoignages  de  l'estime  en  laquelle  les 
rois  catholiques  ont  toujours  tenu  les  Franc-Comtois  que  la 
garde  bourguignonne  qui  veille  aux  portes  de  leurs  palais? 

(1)  Jein  Le  Camils  de  Beaulieu,  inlendant  de  juslice,  police  et  flnances 
au  i-omté  de  Bourgogne,  ttta  de  Nicolas  I.e  Camus,  secrétaire  d'État,  et  de 
Uarie  Calbei  t.  Peul-dtre  ne  fut-ce  pas  lui  qui  se  rendît  à  Salins,  mais  son 
délégué  au  bnitliage  d'Aval,  Louis  Chauveliu,  fils  de  Louis  ChauveJin,  sei- 
gneur de  Criseiioy,  maître  des  requêtes  au  parlement  de  Paris,  et  de 
Claudine  Bonneau. 

(2i  GoLLUT,  Lei  minuÀrtê  Mttoriqu»»  de  la  républiijue  séquanoise  M 
de*  princei  de  la  Franche  Comté  de  Bourgongne,  p.  914,  921  et  9St>. 

Arras  fut  surpris  •  par  la  faction  d'un  serrurier  Bourgougnon,  qui  en 
«voit  les  fausses  clets,  et  qui  havoîl  envoie  le  mot  à  Vauldré  de  doner  ré- 
solument dedans,  quand  11  rpiilendroit  chanter  sur  la  muraille  celte  chan* 
son  :  Marchéê  la  duron  duraine  :  nuirchés  la  duron  duriau.  »  lo.,  op. 
eU.,  p.  9tl. 

(3)  Saavedra  avait  passé  des  i>ay»-Bas  en  Franche-Comté  au  mois  de  juin 
iS3&  pour  rendre  compte  au  roi  de  l'étal  de  la  province. 

(4)  <  Que  guerras,  que  calamidadei,  que  incendios  no  ha  (olerado  cons* 
lante  el  caiiiI;ido  de  DorgoAa  por  conservar  su  obediencia  y  iealtad  a  su 
Itey  1  Ni  !a  tirania  y  barljara  crueldad  de  los  enemigos,  ni  la  ïnfeccion  de 
los  etementos  c(U(jurados  todos  conlra  ella.  han  podidi  derribar  su  cons- 
lancia.  Pudieron  qultar  a  aquellos  fieies  vasallos  las  haciendas,  las  palrias 
y  las  vidas,  pero  no  su  generosa  fee  y  amos  eiitraiiable  a  su  Seûor  natu- 
ral.  ■  Saavedr*,  Idea  de  un  Principe  polilico,  Empresa58. 


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—  278  — 
Voilà  quarante  ans  qoe  la  province  vît  dans  des  alarmes  per- 
pétuelles. La  paix  des  PjTénées  venait  à  peine  d'être  signée, 
quand  la  querelle  survenue  dans  les  mes  de  Londres  entre 
l'ambassadeur  français  et  l'ambassadeur  espagnol  Bt  présager 
une  rupture  0)  Le  traité  d'Aix-la-Chapelle  n'a  été  qu'une 
courte  trêve;  on  s'attendait  tellement  à  la  guerre  que  les 
pauvres  communautés  ont  été  chargées  d'impositions  pour 
l'entretieD  des  troupes  soldées  à  leurs  frais,  mais  la  Fntnche- 
Comlé  ne  songerait  pas  à  s'en  plaindre,  si  elle  appartenait  en- 
core à  l'Espagne.  «  Quelques  maux  qu'elle  souOï^,  dit  Bigeot, 
son  cœur  sera  toujours  plus  rouge  que  son  sang  (2),  et  les 
lys  (3)  ne  pousseront  jamais  de  racines  dans  son  âme  {etlara 
nempre  au  corafon  mas  rojo  que  tu  sangre,  y  laê  tyte»  nunca 
echaran  raieet  en  nu  animoa)  *.  Cest  ce  qu'on  a  bien  vu  en 
1637,  lorsque  ses  Ris  furent  réduits  à  se  nourrir  de  chair  hu- 
maine (*)  et  que  la  plupart  d'entre  eux  durent  s'expatrier  pour 
ne  pas  vivre  plus  longtemps  dans  la  compagnie  des  bëtes 


Arrivant  h  la  conquête  de  1674,  Bigeot  en  énumère  rapide- 


(1)  Dans  le  Bourguignon  intéi-eué  (p.  3i),  Bigeot  anit  déjà  rappelé 
r  •  horrible  tempesie  qui  lil  quasi  échouer  les  vaisseaux  au  havre  de  la 
paii  ;  je  veux  dire  cette  diFIiculté  qui  itrriva  à  Londres  entre  les  ambassa- 
deurs d'Espagne  et  de  France,  au  sujet  de  la  prëémiiience.  ■ 

Cr  M**  BK  HoTTEvir.LB,  ÈléiKMre*,  t.  VI,  p.  94  ;  Montrât,  Mémoim, 
t.  IV.  p.  360  ;  A.  Morel-Fatio,  Reeaeil  dei  irutruelioru  <iaanéet  aux 
ambaiMtdgun  tt  minitlrei  de  France  depuis  let  Irailés  de  Wetlphaiie 
jusqu'à  la  Bivolutian  françaûe,  I.  XI  (Espagne),  p.  \€ô. 

<1)  Le  rauge  était  la  coubur  nationale  de  nos  ancêtres. 

(3j  On  lit  dans  l'épitre  liminaire  an  roi  du  Bourguignon  inléreiti^: 
■  Si  par  malheur  il  s'est  trouvé  dans  In  Franche-Comté  de  Bourgogne 
quelque  nnal  intentionné,  et  qu'ils  n'ajrenl  pas  eu  tous  les  sentimens  de 
bons  el  fldels  sujets,  il  n'en  (îiut  point  accuser  le  corps,  qui  s'est  tousjours 
conservé  dans  l'inviotaMe  obéissance  qu'il  doit  à  V.  i\.  el  quoy  qu'il  se  soit 
vea  sous  la  domination  des  lys,  jamais   ils   n'ont  pris  racine   dans   son 

(4)  a.  Vn  épiaode  de  la  famine  de  1688  » 
Bulletin  de  la  Société  d'agriculture,  sciences  i 
année  18K),  p.  172. 


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—  27»  — 
ment  les  iocideots  les  plus  saillants.  Son  récit  ne  fîHimit  pas 
de  détails  nouveaux  ;  il  me  semble  néanmoins  &  propos  de  le 
traduire,  ne  serait-ce  que  pour  tirer  de  Toubli  les  noms  de 
quelques  capitaines  qui  firent  bravement  leur  devoir  dans 
les  postes  qui  leur  avaient  été  nonflës. 

c  La  douleur  que  les  Franc-Comtois  conçurent  d'avoir  été 
injustement  calomniés  en  l'an  mil  six  cent  soixante-huit  leur 
imprima  un  si  vifdésirde  restaurer  l'honneur  que  les  langues 
médisantes  leur  avaient  voulu  enlever,  qu'ils  résolurent  en 
l'an  mil  six  cent  soixante  et  quatorze  de  le  recouvrer  &.  n'im- 
porte quel  ^x,  au  moyen  des  actions  insignes  et  héroïques 
qu'ils  accomplir^t.  Sa  Majesté  Très  Chrétienne  ayant  entre- 
pris la  conquête  de  la  Franche-Comté  de  Bourgogne  y  vint 
en  personne  au  mois  de  mars  de  1674  avec  une  nombreuse 
armée  pour  subjuguer  cette  province  W.  Sa  venue  fut  précé- 
dée de  quelques  gens  d«  guerre ,  qu  i  s'emparèrent  i  ncon tinent 
des  petites  villes  d'Aval  (2i,  mais  non  sans  perdre  beaucoup 
de  monde.  Lons-le-Saonier,  Poligny,  Saiat-A.mour,  Orgelet, 
préférant  à  leurs  propres  intérêts  l'obéissance  qu'elles  doivent 
à  leur  souverain,  mirent  le  feu  à  leurs  maisons  et  par  cet  in- 
cendie universel  obligèrent  à  sortir  les  garnisons  qui  s'y 
trouvaient  l?i.  Celles-ci  ayant  rencontré  en  chemin  quelques 


11)  Ce  ne  Tut  pas  au  mois  da  mars,  mais  au  moia  d'avril,  que  Louis  XIV 
vint  en  Fnmcbe-Coralé  :  parti  de  Dijon  le  30  avril  1674,  il  arriva  ilans  l'a- 
près-midi du  luéme  jour  â  Gray. 

(2)  Dès  le  28  uoTemlu'e  1S73,  le  ncomte  d'Apremont  s'était  saisi  de  Saint- 
Amour.  Gtuatu  de  France  du  90  dëcembi-e  1673  ;  Corkeille  5*int-Marc, 
Tablelle»  hulorique^,  biographigutê  et  «latiilùfusi  de  la  ville  dé  Sainl- 
Amour,  dans  les  Mémoirea  de  la  Société  d'émulation  dn  Jura,  année  1R68, 

p.mo. 

{3)  Ni  Saint-Ainonr,  nj  PoUgnf,  ni  Lons-le- Saunier  n'incendièrent  leurs 
feubonrgs  pour  obliger  les  Français  à  les  évacuer.  Seuls,  les  habilanls 
d'Orgriet  tentèrent  de  s'affranchir  de  l'occupation  étrangère  en  introdui- 
sant dans  lenrs  murs,  le  'M  mars  1674,  cinq  à  aii  cents  hommes  de  la  terre 
de  Saint-Claude,  qui  se  retirèrent  le  lendemain,  après  avoir  inutilement 
sommé  de  se  rendre  les  ennemis  réTugiéB  dans  l'église.  Cf.  Le  vicomte 
d'Apremont  à  Louvoia,  Orgelet.  3  avril  1674,  —  L.  ORPlNKias,  Deux  ipo- 


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troupes  de  la  province,  qui  les  chargèrent,  furent  entiêremeat 
muses  en  déroute  et  tous  furent  tués,  laissant  pour  butin  à 
nos  troupes  leurs  chevaux,  leurs  bagages  et  tout  ce  qu'ils 
avaient  de  plus  précieux  (t). 

«  Le  gros  des  Français  avançant  dans  le  pays  et  croyant 
rencontrer  dans  la  ville  d'Arbois  la  même  focilité  quedans  les 
autres,  l'assiégea  quand  il  vit  la  résolution  des  habitants  ù  se 
défendre;  elle  fut  attaquée  avec  vigueur  et  ^'énéreusement 
défendue.  Le  capitaine  de  Mérona  (S),  qui  commandait  la 
place  (tt  des  merveilles  ;  son  courage  et  son  bon  gouverne- 
ment secondèrent  glorieusement  la  bravoure  des  bourgeois, 
qui,  méprisant  les  risques  évidents  de  leur  vie,  se  défen- 
dirent avec  une  telle  résolution  qu'ils  obligèrent  les  ennemis 
&  se  retirer  honteusement  (3).  Nous  avons  déjà  dit  que  les 

que*  militaire»  à  Betanfon  et  en  Franehe-Comté,  t.  1,  p.  345  ;  Gaxttt» 
de  France,  extraordinaire  du  16  mai  1874  :  L'entrée  du  Bon  àant  la 
Comté,  le  nège  de  Beiançon  par  l'armée  de  Sa  Uajetlé,  et  ce  qvi  t'eit 
pané  à  Orgelet  entre  les  troupe'  du  Boy  et  celle*  de»  Comtoi»  ;  Mer- 
cure hollandoit,  xiinée  1(i74,  p,  2Si  ;  Relalioii  de  ce  ijui  t'e»l  pataé  en 
la  ville  d'Orgelet,  entre  le»  troupes  de  Sa  Majesté,  commandées  par  te 
sieur  de  Maiioz,  gentilhomme  Bourguignon,  el  celles  des  ennemis,  le 
Si  du  mois  de  mare  1674  (Res»nron,1G74,  in-i). 

(1)  J'ignore  â  quelle  rciiconlre  Bigeol  fait  allusion,  À  moins  que  ce  ne  soil 
celle  dont  parle  le  Mercure  hollandois,  lorsqu'il  dil  :  •  Quelques  gentil- 
hommes  el  paîsans  du  païa  d'Aval  s'étani  assemblés  pour  aller  au  secours 
de  ceux  d'Arbois,  se  mirent  en  embuscade  en  un  lieu  où  4  cornp.  dà  caTal. 
ennemie  devoieni  passer,  lesquelles  ils  delHrenl  entièrement  fp.  S831.  > 

(3)  Philippe  de  Merceret,  seigneur  de  Mérona,  lieutenant-colonel  du  r^i- 
menl  de  milice  du  bailliage  d'Aval,  ivatt  été  nommé  commandant  d'Arbois 
le  14  mors  1674  ;  il  prit  pari,  Irois  mois  plus  tard,  à  la  déFense  des  forts 
de  Salins. 

|3)  Le  31  mars  1C74.  Les  Français  avaient  mis  le  siège  devant  Arbois  le 
24.  Cf.  GaTettede  France,  extraordinaire  du  16  mai  1G74  ;  Mercure  hottan- 
dot»,  année  1674,  p.  283  ;  Belatïen  de  ce  9111  *'e»t  pati^  ou  tiege  de  la 
ville  d'Arbois  allaquée  par  les  Iroupei  de  Frartce.  sur  la  fia  du  moi*  de 
mars  1674  |I!esan(on,  1674,  in-4) ;  Ê.  Boisson  ns  MAjnGT,  Annale*  hit- 
toriques  et  chronologiques  d«la  viile  d'Arbois,  p.  VU;  A.  Vavssiëri:, 
Huit  an»  de  VhUloire  de  Salins  et  delà  Fi-ancke-Comlè  (166S-iffl5). 
p.  111  :  CiRARD,  Le  siège  d'Arboii  en  1674,  dans  \>;s  Mémoires  de  la  So- 
ciété d'émulation  du  Jura,  année  1S78,  p.  467. 


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femmes  eurent  part  à  cette  gloire  ;  postées  sur  les  murailles, 
elles  s'y  conduisirent  en  véritables  Amazones.  Elles  vou* 
lurent  imiter  et  elles  surpassèrent  même  de  beaucoup 
l'exemple  des  femmes  d'Aquilée,  dont  parle  Coeffeteau  (l), 
disant  que,  lors  du  siège  de  cette  place  par  l'empereur  Maxi- 
min,  les  cordes  des  arcs  des  soldats  s'étant  rompues  à  force 
de  tirer  et  le  chanvre  manquant  pour  en  faire  d'autres,  elles 
y  suppléèrent  en  coupant  leurs  cheveuic.  La  petite  ville  de 
Pesmes  sentit  les  effets  des  attaques  des  enn^^mis  vS).  Après 
la  prise  de  ce  lieu,  ils  marchèrent  contre  le  chflteau  d'Oi- 
gney  (3),  qui  n'est  fort  d'aucune  sorte.  Ils  lui  signifièrent  de 
se  rendre.  BusenotW,  qui  y  commandait,  méprisa  leurs  me- 
naces, et,  bien  qu'il  n'eût  avec  lui  que  quelques  paysans  pour 
défendre  la  place,  les  ennemis  n'osèrent  pas  l'attaquer  cette 
fois.  Ils  se  retirèrent  pour  faire  venir  l'artillerie,  qui,  après 
avoir  tiré  un  grand  nombre  de  coups,  fit  à  la  fm  brèche  dans 
la  partie  la  plus  faible  que  découvrit  un  déloyal  Savoyard.  Ils 
pénétrèrent  par  cette  brèche,  prirent  et  saccagèrent  tout  ce 
qu'il  y  avait  dans  la  place,  se  saisirent  de  la  personne  de 
Bnsenotet  le  conduisirent  au  château  de  Dijon,  où  il  demeura 
prisonnier  plusieurs  mois  (^). 
»  Ce  ne  furent  pas  seulement  les  places  qui  paraissaient 


(l;  ■  Lib.  6  àe  lltst.  Rom.  > 

(2)  Sur  la  reddition  de  Pesmes  [14  février  iSli),  et.  Gazette  de  F-'anre 
des  !•'  e[  7  mnrs  167i  ;  Ibid.,  eilraord inaire  du  15  mars  1(^4  :  L'entrée 
de»  livupea  du  Roy  dam  la  Franche-Comté,  aaui  le  commandement 
du  duc  de  Navaille»,  et  la  prîie  de  la  ville  de  Graij,  ensiiile  de  celle 
du  chaaieau  de  Peime,  de  la  ville  et  chasteau  de  Itarnay  el  du  seite 
avires  petits  chafleaux  par  les  meimet  troupe»;  Mercure  koUandolt, 
année  167*,  p.  160;  Navailliis,  Mémoires,  p.  297;  Pelussok,  Lettre» 
hi»torique»,  t.  H,  p.  117  ;  J.  Cmifflet,  Mémoires  l.  VI,  p.  Kît. 

(3)  Ougney. 

(4)  L'abbé  de  Ba)crne  ne  donne  pas  dans  ses  mémoires  le  nom  de  cet  or- 
licier,  qu'il  dit  seulement  •  jeune  homme  bien  intentionné  el  courageux,  a 

(:>)  L'intendant  Tanielle  à  Louïois,  Pesmes,  21  férrier  1671.  —  L.  Ordi- 
KAiMi,  Deux  époques  mUitairet  à  Besanfoa  et  en  Franche-Comlé,  1. 1, 

p.aM. 

19 


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capables  de  se  défendre  qui  donnèrent  des  preuves  de  leur 
valeur  et  de  leur  fidélité;  les  bourjjs  voulurent  aussi  y  avoir 
part.  Les  habitants  d'Arcey  laissent  à  la  postérité  un  exemple 
de  fidélité  sans  égal.  Attaqués  à  l'improviste  par  une  grosse 
troupe  d'ennemis,  ils  se  retirèrent  au  clocher  de  leur  église, 
où  ils  se  défendirent  avec  une  telle  vigueur  qu'ils  tuèrent  la 
plupart  des  ennemi.^  et,  bien  que  les  balles  et  la  poudre  leur 
fissent  défaut,  ils  aimèrent  mieux  mourir  et  être  brûlés  vifs 
ans  leur  clocher  que  de  se  rendre.  Leur  village  fut  ensuite 
éduit  en  cendres  W. 
»  Que  ne  fit  pas  la  ville  de  Faucogney,  qui  n'avait  ni  for- 
ifications  ni  défenses?  Ses  généreux  bourgeois  firent  des 
etranchemcnts  de  leurs  corps;  ils  ne  voulurent  entendre  à 
ucune  com(iosilion,  bien  que  le  marquis  de  Resnel  (2),  ma- 
Ëclial  de  camp,  leur  en  offrit  une  très  avantageuse.  N'ayant 
as  voulu  l'accepter,  un  assaut  général  fut  donné,  dans  le- 
uel  moururent  la  plupart  de  ces  braves  bourgeois,  et,  après 
t  prise  de  la  ville,  les  Français  (sacrilège  horrible!)  rédui- 
irent  en  poudre  la  maison  de  Dieu  et  toute  la  ville,  pillèrent 
:s  sanctuaires,  profanèrent  les  reliques,  violèrent  les  filles 
t  les  femmes  (^)  en  présence  du  très  auguste  Sacrement  de 

11  )  L'incendie  Ju  village  d'\rcey  eut  un  prodigieux  relenli»semenl  dans 
iule  la  provînc.;.  Cf.  lleccure  lioUandoU,  année  1674,  p.  4C;  BelalUm 
e  t'embratement  et  du  tac  du  village  d'Arcey  en  la  Franehe-Comié 
»  Bourgoagne,  failt  par  let  FrançoU  le  8  janvier  de  Van  4674  {Be- 
inçon,  I67t,  ii)-i)  ;  Relalioa  fidèle  da  aiige  de  la  lanlermi,  ou  de  ee 
ui  ('«>!  passé  deoant  le  clocher  de  Véglite  d'Arceij,  pMil  village  du 
mile  de  Bourgogne,  le  VIII  de  l'an  i674.  —  A,iitiuaire  du  Douba  de 
(60,  p.  88  ;  J.  CiiiFFLET,  Mémoire»,  t.  VI,  p.  Ô03. 

(2) Louis  de  Clermont  d'Ainboise,  marquis  deHesnel,  maréchal  de  camp 
}S  armées  du  roi.  HIs  de  Louis  de  Clerinoiil  d'Amboise,  marquis  de  Res- 
»l,  gouverneur  de  Chaumont,  ei  de  Diane  de  l\intailler.  l.e  marquis  de 
esnei  fui  lue  d'un  coup  de  canon  au  siège  de  Cambrai,  le  11  avril  1677. 
ELLISS01,  Lettres  hiatoriquer,  t.  III.  p.  'US. 

(3)  RéUiblissons  la  vérité  sur  ce  point  à  la  louange  de  nos  aïeules  :  •  Las 
mmes  el  lilles,  attaquées  par  les  âines  possédées  du  démon  d'impureté, 
ji  s'esloienl  montrées  généreuses  comme  des  amazones  i  défendre  la 
■éche,  firent  bien  paroistre  que,    si  elles  avoient  esté  fidèles  à  leur  ray, 


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l'autel,  qu'ils  foulèrent  aux  pieds  en  mettant  à  mort  le  prêtre 
qui  le  portait  (t),  et  enfin  mirent  cette  pauvre  place  désolée 
au  point  de  ne  pouvoir  jamais  se  relever  1*). 

>  Mais  les  villes  principales  montrèrent  bien  que,  si  les 
calamités  de  l'année  mil  six  cent  soixante-huit  les  avaient 
dépouillées  de  leurs  murs  et  de  leurs  fortifications,  le  courage 
de  leurs  bourgeois  demeurait  insurmontable.  La  ville  de 
Gray  fut  attaquée  la  première  et,  bien  que  ses  murailles 
fussent  entièrement  rasées  et  les  ouvrages  extérieurs  ruinés, 
n'ayant  pour  toute  défense  que  quelques  palissades  plantées 
à  la  hftte  dans  une  terre  fraîchement  remuée  \Si,  elle  soutint 
néanmoins  une  violente  attaque  de  plusieurs  jours  et  des  as- 
sauts continuels  avant  que  de  se  rendre,  ce  qu'elle  ne  fit  que 
lorsque  les  moyens  d'une  vigoureuse  défense  lui  firent  défaut 
et  qu'elle  se  vit  réduite  à  la  dernière  extrémité  (*).  Les  villes 

elles  vouloient  l'estre  aussi  à  leur  Dieu,  à  leura  maris  et  à  leur  honneur, 
en  se  défendant  de  telle  sorte  que  les  inrdmes,  rayant  qu'ils  ne  pouvoient 
triompher  de  leur  vartu  el  pudicité,  assouvirent  leur  brutale  concupiscence 
à  l'endroit  de  deui  pauvres  vieilles,  dont  la  plus  jeune  passait  quatre- 
viiiKts  ans,  ce  qui  leur  devoit  causer  plus  d'Iiorreur  de  ce  crime  que  d'en- 
vie de  le  coinmetlre.  ■  Lettre  écrite  par  un  notable  de  Faveogneij,  con- 
tenant U  récit  dit  tiègt  et  de  la  prUe  d'aisaut  de  Faucogney  parle* 
Françait  te  4  juillet  1674,  dans  la  Revue  de  la  Franche-Comté,  année 
18i3.  (^.  L.  Ordinairb,  Deuji  époque*  mililaire*  à  Beeanfon  et  en 
Franche-Comté.  I.  I.  p.  509. 

(1)  Aucun  prêtre  ne  fut  lue  H  Faucogney,  mais  plusieurs  religieux  se 
virent  cruellement  maltraités  et  le  P.  Cliiirles-Eugèna  Schmidl,  capucin, 
qui  avait  dirigù  la  déTcnse,  fut  envoyé  i  hi  Bastille,  où  il  Jemeui'a  plus  de 
quatre  uns.  J.  MonKv,  Le*  eapucimen  Franche-Comté,  p  itl. 

(3j  Gaiette  de  France  du  11^  juillet  1G74;  Ibid.,  extraordinaire  au 
l"  août  1674  ,  La  prise  par  asaaul  de  la  ville  de  Faucogneij,  avec  la  ré- 
duction de  Luxeuil  el  de  Lure,  dan*  la  ComEù,  par  lei  troupe*  du  Roy 
*ou»  le  commandement  du  marijuii  Je  Rénet. 

(3)  Unerelation  contemporaine  dit  de  la  ville  de  Gray:  ■  Elle  n'avoit 
pour  fort irOcation  que  des  contrescarpes  el  pallissndes,  c'est  pourquoy  on 
l'appelloit  un  Jardin  pnllissadé.  a  V.  Histoire  des  guerres  intentées  dam 
leà  duché  etcomté  de  liourgogiie  par  Tremblecour.  Lorrains,  François  et 
autres,  avec  ce  qui  s'est  passé  de  plus  remarquable  depuis  l'an  IDOt  jusqu'à 
l'an  1609,  fol.  263.  —  Ms.  de  la  bibliothèque  de  VmouI. 

(4}  Sur  le  siège  de  Gray  [23-28  février  1674j,  cf.  Gatetle  de  France  d«s 


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fortes  sont  parfois  préjudiciables  à  une  province  et  les  villes 
faibles  toujours  malheureuses  pour  n'être  pas  défendues. 

■  La  cité  de  Besançuo,  que  les  Français  pensaient  prendre 
sans  résistance  pour  n'avoir  ni  ouvrages  extérieurs,  ni  bou- 
levards, ai  murailles,  donna  k  connaître  que  la  force  ne  con- 
siste pas  seulement  dans  les  fortifications  et  que  le  courage 
et  les  généreuses  résolutions  sont  les  véritables  forteresses 
des  villes.  Ces  braves  citoyens,  animés  par  l'etemple  et  la  pré- 
sence du  prince  de  Vaudémont  U),  déposèrent  toute  crainte. 
Ce  prince  se  trouvait  dans  toutes  les  occasions  les  plus  ris- 
quées; il  montrait  bien  qu'il  était  le  très  digne  fils  de  cet  in- 
vincible Charles,  qui  mourut  il  y  a  peu  de  temps  au  lit  d'hon- 
neur W,  après  avoir  donné  des  montres  de  sa  valeur  en  une 
infinité  de  rencontres  et  de  batailles  rangées.  Je  dis  donc  que 

7  et  ij  mars  1074  ;  Ibid.,  eilraonlinaire  du  15  mar^  1671;  Mareure  hol- 
landoù, année  IGTi,  p,  161  ;  Œuunu  de  Louir  XIV.  t.  III,  p.  ISH  ;  N*- 
VA1I.1.ES,  Uimoiret,  p.  297  ;  J.  Ciiiffi.et,  Mémoirei,  1.  VI,  p.  39H  ;  Cres- 
TiH,  Reelierdut  hutoriqueê  lur  la  ville  de  Gray,  p.  381  ;  Gatin  et  Bks- 
SOf,  HitUire  de  la  ville  de  Gray,  p.  ijô;  L.  OnoiUMns,  Deux  ipoqu«$ 
nilUaireià  Besançon  et  en  Fi-andie-Comlé,  t   1,  p.  325. 

il)  Charles-Henri  de  Vaudiimant,  lîU  de  Charles  iV,  duc  de  Larraine  et 
le  Bar,  et  Je  Béaliix  de  Cusani;e,  princesse  de  Cantecruix.  ï.n  l(j68,  le 
irince  de  Vaudùmunt  avait  pria  part,  oomme  volontaire,  au  siège  de  Itole 
lar  lea  Kraiigaiu.  Son  but,  en  s'en  fermant  à  Besançon,  était  de  donner  à 
iOn  père  le  ttimps  de  secourir  la  Franche^ktmté  :  après  b  reddition  de  la 
liladelle,  il  passa  aux  Pajrs-Bas,  où  U  servit  dans  les  armées  du  prince 
rOrauge  en  qualité  de  général  de  la  cavalerie  impériale.  L'ouverture  de  la 
iuccession  de  Charles  II  le  lit  une  troisième  fois  changer  de  parti  :  gou* 
rerneur  du  Milanais  et  chevalier  de  la  Toison  d'or.  ■  ce  Protée,  ■  coinn>e 
'appelle  Saint-Simon,  embrassa  la  cause  de  Philippe  V.  tandis  que  son 
iropre  lils  combattait  dans  les  rangs  des  Impériaux, et  obtint  de  Louis  XIV 
'érection  en  principauté  de  sa  terre  de  Commercj.  Sa  première  femme. 
Inne-Êlisabelh  de  Lorraine,  fui  l'amie  de  M-*  de  Sévigné  et  de  U^'  de 
irignan.  Cf.  Saim-Simon,  Ifemotras  (édit.  Renier),  t.  IV,  p  337  ;  M"  de 
iËviONË,  Lallre»,  t.  X,  p.  21  ;  L.  Pinoaud,  /.e  prince  ClittrlêfHenri  de 
Vaudémont  il649-1'7S3),  dans  1»  Uémoirm  de  la  Société  d'émublion  du 
}aubs,  année  1878,  p.  3S3. 

(i)  Chai'Ies  IV  était  mort  le  18  septembre  1075,  après  avoir  eu  la  satis- 
^lion  de  voir  ses  Iraupes  battre  à  plates  coulures  le  maréchal  de  Crèqui 
11  août  1675). 


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ce  prince  animait  les  citoyens,  les  traitant  comme  s'ils  étaient 
ses  égaux.  Le  dégât  que  les  ennemis  faisaient  dans  leurs 
champs  et  dans  leurs  vergers  et  dans  leurs  vignes,  qu'ils 
arrachaient,  n'abattit  pas  néanmoins  leur  zèle  et  leur  ar- 
deur, tenant  k  bon  augure  la  [aiblesse  de  leurs  ennemis,  qui 
faisaient  la  guerre  aux  choses  insensibles,  contre  le  précepte 
de  la  Sainte  Écriture,  en  termes  exprès:  a  Quando  obiederia 
civitalem  mvlto  tempore  et  munilionibut  cireumdederia,  ut 
expugnet  eam,  twn  tuccidea  arborei  de  quibua  ve$ci  poteat, 
nec  aeeuribua  per  ctfcuitum  débet  vastare  regionem,  quo- 
niam  lignum  eat,  et  non  homo,  nec  poteat  contra  te  bellan- 
tium  augere  numerum  »  (1).  Ces  pertes  et  dégâts,  qui  ne  fai- 
saient aucune  impression  sur  les  esprits  des  citoyens,  obli- 
gèrent les  ennemis  à  jouer  de  leur  reste.  Ils  donnèrent  as- 
sauts sur  assauts  ;  ils  firent  un  feu  continuel  de  leurs  batte- 
ries. Tout  cela  n'eut  pas  d'autre  effet  que  la  perte  de  leurs 
plus  vaillants  caporaux  et  soldats,  dont  la  plupart  furent  dé- 
pouillés par  les  habitants  de  la  cité. 

•  Victorieuse  fût  demeurée  la  cité  de  Besançon,  si  Sa  Ma- 
jesté Très  Chrétienne  ne  fût  venue  en  personne  animer  ses 
soldats  (2).  Dès  son  arrivée  au  camp,  tous  se  mirent  avec  in- 
trépidité à  donner  assaut  sur  assaut,  en  sorte  qu'après  beau- 
coup de  combats  signalés,  dans  lesquels  l'ennemi  perdit  ses 
soldats  et  ses  officiers  les  plus  vaillants,  après  un  siège  de 
vingt  et  un  jours,  pendant  lequel  il  avait  tiré  plus  de  vingt  mille 
coups  de  canon,  et  après  une  attaque  à  la  porte  d'Arènes  qui 
dura  de  dix  heures  du  soir  à  quatre  heures  du  matin  et  où  les 
Français  perdirent  plus  de  deux  mille  hommes  (3),  les  postes 
du  dehors  étant  déjà  prix,  force  fut  d'entrer  en  composition, 
contre  l'avis  cependant  des  citoyens;  ceux-ci  voulaient  qu'on 

(1)  •  Deuteron.,  cap.  xx,  v 

(2)  Louis  XIV  arriva  au  camp  de  Besançon  le  2  mai. 

(3)  Le  Va  mai  i67t.  I.,es  Français  avouèrent  qua  cel  atsaul  leur  avait 
coûté  an  millier  d'hoinmes.  L.  Oruinaike,  Deux  époquea  militaim  à 
Btançon  »t  en  f)raneho-Cotnté,  t.  I,  p.  488. 


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coupât  une  arche  du  pont  qui  est  dans  la  ville,  sous  lequel 
passe  la  rivière  du  Doubs,  pour  se  défendre  quelques  jours 
de  plus  ;  mais  la  sagesse  du  prince  de  Vaudémont  et  du  ba- 
ron de  Saint-Mauris  W,  qui  commandait  les  bourgeois,  leur 
fil  entendre  que  la  rupture  de  leur  pont  n'empêcherait  pas  la 
prise  de  la  ville,  qu'elle  n'aurait  d'autre  conséquence  que  de 
retenir  l'ennemi  deux  ou  trois  jours  de  plus,  qu'ensuite  ils 
n'obtiendraient  pas  une  composition  aussi  avantageuse  que 
celle  qu'on  leur  offrait  à  présent.  Quelques  gentilshommes 
de  la  province,  qui  s'étaient  volontairement  retirés  dans  cette 
cité,  manifestèrent  leur  zèle  en  gardant  les  fortifications  ex- 
térieures &),  et  le  mestre  de  camp  comte  Fobio  Viscontî  (3), 


(1)  Ferdinand-Mathieu  <1e  Sain l-Moris,  baron  de  Choyé,  meslre  de  camp 
d'nn  régiment  d'inranterîe,  fils  de  Mathieu  de  Saint-Moris.  seigneur  de 
Saint-Cyr,  et  de  Catherine  Lescol.  Le  baron  de  Choyé  avaîl  élé  nomoié.  le 
13  février  1674,  commandant  d'armes  à  Besançon  :  le  magistrat  de  cette 
ville  reconnut  sa  belle  conduite  pendant  le  siège  par  le  don  d'une  chaîne 
d'or  et  d'une  médaille  de  la  valeur  de  WO  plstoles.  Après  avoir  ■  Tailli  être 
pendu  en  Italie  pour  s'être  trop  obstiné  dans  ane  place  non  lenable,  •  il 
avait  vu  pâlir  sa  réputation  militaire  en  lfi68,  ayant  été  contraint  par  le 
marquis  d'Venne  de  rendre  le  château  de  Joui  à  la  première  sommation. 

(2)  Parmi  ces  gentilshommes  il  n'est  que  juste  de  citer  Claude-Louis 
d'Andelot,  seigneur  de  Tromarey,  Velleion,  etc.,  fils  d'Élion  d'Andelol, 
seigneur  de  Tromarey,  Motey,  Chancey,  etc  ,  gouverneur  de  Cray,  et  de 
Magdeleine  de  Grammont,  qui  fut  blessé  à  mort  en  défendant  h  demi-lune 
d'Arènes.  Ses  parents  le  destinaient  primitivement  à  l'Église,  mais  le 
saint  curé  de  Mattaincourt,  Pierre  Fourier,  leur  avait  prédit  qu'il  embras- 
serait la  carrière  des  armes.  Cf.  E.  Longin,  Saint  Pierre  Fourier  »l  ta 
Franehe-Comté,  p.  36. 

(3]  Fabio  Visconti  Borromeo,  mestre  de  camp  d'un  régiment  d'infanterie, 
de  Pyrrhus  VisL-onti  Borromeo  et  d'Hîppolyle  Annona.  Suivant  la 
■elle  de  France,  le  comte  Fabio  Visconti  aurait  été  tué  au  début  de 
laut  donné  à  la  citadelle,  le  20  mai  1674;  mais  il  est  permis  d'en  douter, 
le  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Vesoul  dit  qu'il  prit  part,  avec  son 
e  Alexandre,  à  la  délibération  qui  précéda  la  capitulation,  et  on  voit, 
Iques  mois  plus  tard,  son  régiment  envoyé  de  Milan  en  Sicile.  Mercure 
andoU,  année  1674,  p.  558. 

1  belle-sœur  du  comte  Kabio  Visconti,  Caroline  de  Saint-Amour,  fut  comp- 
narmi  les  beaux  esprits  du  temps  ;  elle  6t  notamment  admirer  la  vivacité 
on  imagination  dans  ■  une  réponse  ingénieuse  à  M' Claude  de  la  Fond, 


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de  la  très  illustre  et  ancienne  maison  des  comtes  Vis- 
conti  Borromée  de  Milan,  montra  sa  grande  valeur  et  sa 
grande  affection.  On  vint  à  traiter  de  la  capitulation;  celle-ci 
conclue  et  signée  (1),  les  Français  entrèrent  et,  s'étant  em- 
parés des  portes  et  des  principaux  postes,  passèrent  au  siège 
de  la  citadelle,  où  s'était  retiré  le  prince  de  Vaudémont  et  où 
commandait  )e  baron  de  Soye(3),  qui,  encore  qu'il  s'acquittât 
très  bien  de  son  devoir  d'excellent  soldat  et  de  vaillant  chef, 
ne  put  résister,  car  la  place  était  dominée  par  deux  monta- 
gnes (3).  Ce  n'est  pas  qu'avec  sa  longue  expérience  il  eût 
omis  de  reconnaître  ces  défauts  et  de  faire  de  grandes  ins- 
tances pour  y  remédier,  construisant  des  épaulcments 
(comme  firent  depuis  les  Français)  pour  être  à  couvert  des 
deux  montagnes  qui  dominent  cette  citadelle.  Les  ennemis 
avaient  établi  sur  celles-ci  des  batteries,  qui  ne  cessèrent  de 

inteadant  de  Franche-ComU,  lequel  )uy  avoîl  ^crît  en  stile  buricsqne  une 
lettre  de  condoléance  sur  la  perte  d'un  de  ses  chiens,  s  Dom  Payen,  Bi- 
bliothèque de  la  Sourgogna  aéquanoUe,  p.  299. 

(1)  Le  15  mai  1674.  Cf.  Relation  du  siège  de  Besançon  (BJbl.  de  Be- 
sancon, Mis.  I{â5  et  1(^6}  ;  Gazette  Ot  Franc*  de«  9,  16 ,  33  et  30  otai 
1S74;  Ibid,,  eitraordinaire  du  16  mai  1674  :  L'entrée  du  Roy  dam  la 
Comté,  le  tiège  de  Beaanfon  par  l'armée  de  Sa  Majeité,  M  ce  gui  l'eet' 
paué  à  Orgelet  entre  ieë  troupei  du  Rog  et  eelle$  de»  Camloû;  Ibid,, 
eilraordinaire  >lu  33  mai  1674  :  Le  Journal  du  tïige  de  Besancon,  avec 
l'miverture  de  ta  tranchée  et  le»  aulrei  particvlaritet  de  ce  êiège, 
Ibid.,  extraordinaife  du  3Ù  mai  1674  :  La  priie  de  la  ville  de  Beeançon, 
par  l'armée  du  Roy.  avec  la  tuile  du  Journal  de  ce  liège;  Mercure 
hottandoi»,  année  1674,  p  33<J  ;  Œuvres  de  LouU  XIV,  t.  111,  p.  46»; 
Journal  manuierit  du  kiège  de  Besançon  en  i074.  dans  le  Bulletin  de 
l'Académie  des  science.f,  balles-lettres  el  arts  de  Besançon,  année  IfBt, 
p.  131. 

(3)  Prospei^Ambroise  Precipiano,  baron  de  Soye,  bailli  d'Aval  et  gou- 
verneur de  la  citadelle  de  Besançon,  Hl»  d'Achille  Precipiano,  baron  de 
Soye,  seigneur  de  Romain,  Mésandans,  Bonnal,  etc.,  gouverneur  de  Fau- 
cagney  el  sergent  de  bataille  dans  les  armées  impériales ,  et  de  Jeanne  de  ' 
Honlrichard.  On  accusait  le  baron  de  Soyc  de  suivre  aveuglément  les  con- 
seils de  sa  femme.  Uarie  de  Serinchamp. 

(3)  Bregille  el  Chaudanne.  Un  boulet  'parti  d'une  de  ces  hauteurs  em- 
porta la  léle  d'une  femme  de  chambre  qui  allait  puiser  de  l'eau  à  une  ci- 
terne ;  la  baronne  de  Soye  flil  elle-même  blessée  par  un  éclat. 


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jouer  tout  le  temps  que  dura  l'attaque,  sans  qu'aucun  soldat 
osât  se  découvrir  (t).  Les  grandes  actions  ne  manquent  ja- 
mais d'être  enviées  et  c'est  avec  raison  qu'un  ancien  a  dit  que 
l'envie  est  une  herbe  qui  pousse  seulement  dans  les  jardins 
des  hommes  insignes;  jamais  on  ne  porte  envie  à  l'état  d'un 
misérable,  mais  bien  à  une  personne  constituée  en  dignité  et 
toujours  exposée  à  la  langue  médisante  des  envieux  ;  c'est 
pour  cette  raison  que  ceux  qui  ne  pouvaient  souffrir  les  fa- 
meuses qualités  du  baron  de  Soye  ont  publié  qu'il  s'était  rendu 
très  vite  et  qu'il  pouvait  résister  plus  longtemps  aux  efforts 
des  ennemis;  il  est  facile  de  reprendre,  mais  très  difficile  de 
faire  mieux.  Le  conseil  de  guerre  se  tint  dans  la  maison  du 
prince  de  Vaudémont,  en  l'absence  du  baron  de  Soye  (3),  qui 
avait  ordre  du  gouverneur  de  la  province  de  se  conformer  aux 
opinions  dudit  prince  ;  voyant  cette  place  courageusement 
attaquée  et  jugeant  qu'on  ne  pouvait  plus  résister,  il  résolut 
de  la  rendre,  de  quoi  ledit  baron  de  Soye  fut  avisé:  il  ne  s'y 
résigna  que  lorsqu'il  eut  reconnu  que  la  résistance  était  im- 
possible, vu  le  grand  carnage  que  faisait  la  batterie  des  en- 
nemis. Les  capitaines  d'Amandre  {3}  et  Georget  (*)  furent 


(1)  Cr.  Beauvau,  Mémoira,  p.  383. 

(2)  C'est  une  erreur  :  le  baron  de  Soye  prit  pari  à  la  délibération  dans 
laquelle  on  reconnut  l'impossibilité  de  tenir  davantage,  tandis  que  le  prince 
de  Vaudémont,  qui  ne  voulait  pas  élre  compris  dans  la  capitulation,  assista 
au  conseil  de  guerre  comme  simple  témoin.  Gazette  de  France  de«  30  mai 
el  5  Juin  1674;  Ibid.,  extraordinaire  du  5  juin  IliTi  :  La  prise  de  la  cita- 
delle de  Besançon,  la$  article*  de  la  capitulation  accordée  par  le  Roij 
à  la  gamiion,  aux  habitant  det  deux  rillei  el  au  baron  de  Soye,  gou- 
verneur de  la  citadelle,  avec  toul  ce  qui  t'y  est  patte  de  plut  remar- 
quable; Yera  relations  dell'  auedio  délia  cilla  e  ciladella  di  Sisaruon 
(Rome,  1674,  in-4)  ;  La  réduction  de  la  ville  et  dladetle  de  Setançon  à 
Vobéitsance  du  Rùy  (AJ>,  1674,  in4). 

(3;  Hardouin  d'Amandre,  capitaine  au  terce  du  baron  de  Soye,  nis  de 
François  d'Amandre,  seigneur  d'Ëcheiioi-le-Sec,  el  d'Anne  de  la  Toor- 
Saint-Qucntin.  V.  A.  Guëmrd,  Besançon  et  sel  environs,  p.  111. 

(4)  Louis  Guyc,  dit  Georget,  capitaine  au  terce  du  baron  de  Soje,  fils 
de  Renobert  Guje,  dit  Georget,  el  de  Uagdeleine  VaudensepL  Capitaine 


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lues  en  se  portant  au  secours  d'un  endroit  que  les  ennemis 
attaquaient.  C'est  faire  un  affront  notoire  audit  baron  de 
Soye  et  à  toute  son  illustre  maison  que  de  douter  de  son  bon 
gouvernement  et  de  la  générosité  qu'il  a  montrée,  imitant 
celle  de  ses  ancêtres  aux  batailles  de  Leipzig  et  deHhetel  (t). 
Cette  province  étant  retournée  en  l'an  1668  sous  la  domina- 
tion de  V.  M.,  il  fut  nommé,  en  récompense  de  ses  services, 
gouverneur  de  la  cité  et  citadelle  de  Besançon  (3)  et,  tout  le 
temps  de  son  gouvernement,  il  veilla  à  l'achèvement  de  cette 
citadelle,  découvrit  les  conspirations  des  mal  intentionnés 
contre  la  province  et  ce  qu'ils  tramaient  contre  sa  per- 
sonne r^). 

a  C'est  faire  injure  aux  illustres  et  généreuses  actions  que 
de  tes  laisser  ensevelies  dans  l'oubli;  il  convient  de  les  pu- 
blier pour  qu'elles  servent  d'émulation  à  la  postérité.  Le  ca- 
pitaine Bétis,  Aragonais  de  nation,  gardait  avec  sa  compagnie . 
les  postes  extérieurs  de  cette  citadelle  ;  il  résista  longtemps 


aa  terce  de  la  Verne,  son  père  s'ëUit  distingué,  en  1636,  à  \a  défense  de 
Dote. 

(1)  Le  pare  du  baron  de  Soye  ivail  péri  glorieusement  i  la  Journée  de 
Leipiig  (3  novembi-e  1(ii3).  Cr.  Oralio  furubrit  in  ConstanlienH  gym- 
iKtnd  ixiv  januarii  dicta  aeetiUntitriini  domini  D.  Aehillit  a  Preei- 
piano,  baroniide  Soy»,  tupremi  vigUiarum  apvd  exereitum  emtaraam 
prœfeeli  (Marsbour^,  1G43.  in-i). 

Je  crois  que  Bigeot  canFond  ici  la  bataille  de  Rhelel  (15  décembre  1650) 
avec  la  bataille  de  Thionville  (T  juin  16%)J.  après  laquelle  Piccolomini  écri- 
vit au  marquis  de  Sainl-Hartin,  en  parlant  d'Achille  Precipiano  :  i  Voslre 
Bourguignon  nous  a  donné  la  victoire,  car  il  a  recogneu  le  passage  et  passé 
le  premier  et  forcé  le  camp  ennemy,  ■  Giraudot  de  Nozkrov,  Hisloir»  d» 
dix  ant  de  la  Franche-Comté  de  BoMrgongne,  p.  211. 

(3)  Les  patentes  nommant  Prosper-Ambroise  Precipiano  ■  gouverneur  et 
commandant  de  la  province  et  des  forts  qui  sont  et  seront  établis  pour  la 
garde  et  défense  da  la  cilé  de  Besanj^n  ■  sont  du  6  août  166B. 

(3)  Ce  fut  le  baron  de  Soye  qui  avertit  le  comtu  de  Manlerey,  goufer- 
neur  des  Pays-Bas,  du  complot  ourdi  par  le  marquis  de  Listeuoîs,  à  l'au- 
berge du  ChapeoM  rouge,  pour  se  saisir  de  la  clladelle  de  Besanfon.  E. 
Cleiic,  Hitimrv  dm  Étatn  généraux  et  de*  Ubertéë  publiqmt  en 
Franehe-Comti,  t.  U,  p.  309. 


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aux  efforts  des  ennemis,  les  repoussa  plusieurs  fois,  et  ses 
gens,  se  voyant  sans  forces  pour  arrêter  les  attaques  conli- 
nuelles  qu'ils  recevaient,  pb  retirèrent,  pendant  que  ce  capi- 
taine, se  laissant  emporter  par  l'ardeur  du  combat,  ^saitdes 
merveilles  à  se  défendre;  averti  que  les  siens  l'avaient  aban- 
donné, il  courut  à  eux  et  les  Ht  retourner  au  combat,  où  il 
acquit  beaucoup  d'honneur  et  de  gloire. 

<  La  ville  de  Salins  ne  fut  pas  exempte  d'un  siège  et  il  s'y 
fit  aussi  une  généreuse  résistance.  Comme  cette  place  ne 
subsiste  pas  sans  les  forts  qui  l'environnent,  attendu  qu'elle 
n'a  que  de  simples  murailles  que  peut  raser  un  fauconneau, 
elle  fut  réduite  à  l'obéissance  des  ennemis  W.  Ceux-ci  n'omi- 
rent pas  d'atlaquer  les  forts  qui  lui  servent  de  défense,  prin- 
cipalement celui  de  Saint-André,  où  commandait  le  capitaine 
Maistre  (3),  qui  donna  des  preuves  de  sa  valeur  et  ne  l'aban- 
donna qu'après  avoir  fait  un  grand  carnage  des  ennemis. 

>  La  ville  de  Dole  inspirait  par  son  seul  nom  de  la  terreur 
aux  ennemis,  par  le  souvenir  de  la  généreuse  résistance 
qu'elle  avait  faite  en  l'an  1636.  Elle  soutint  trois  mois  un 
siège  royal,  commandé  par  le  prince  de  Condé  (3);  elle  mé- 

(1)  U  23  juin  ICTi.  Gazelle  de  France  des  77  juin  et  4  juillet  1674  ; 
Mercure  hotlandoU,  année  1671,  p.  3J7  ;  Pellisson,  Lettre*  hittorv/utt, 
t.  Il,  p.  lïi;  I.-B  IIËCHET,  Recherehet  tur  Salins,  t.  II,  p.  471; 
A.  VAïSSiËnE,  Huit  dm  de  l'kittoire  de  Salin*  et  de  ta  Francht-Comié 

(tees-iffjs),  p.  us. 

(S)  Je*n-Fran^ls  Uaistre,  seigneur  de  Sornay,  fils  de  Jean-Louis  Hiisire, 

eeiEneiir   d'Aresvhea,   et   de   Jeanne   Pourlier    d'Alglepierre.  Son  frère, 

Alexandre  Maistre,  seigneur  de  La^r.  que  Saint-Simon  dit  lils  d'un  caba- 

retier,  devint  premier  lieutenant  des  gardes  du  corps   de  Philippe  V,  roi 

d'Espagne,  et  fut  créé  par  ce   prince  marquis  de  Bay  le  33  juillet  170t  ; 

"— '~iant  général  des  armées   esp-ignoles,  il  enleva  Alcanlani  aux  PoHu- 

n  17(6,  Dit  ballu  i  Saragosse  en  1710,  mais  prit  la  même  ann^  sa 

:he  à  Villa-Viciosa,  e(  mourut,  le  14  novembre  1715,  cheralier  de  la 

I  d'or  et  Tice-roi  d'Eslrémadure. 

lenri  II  de  Bourlwn,  prince  de  Condé,  premier  prince  du  sang  et 
er  pair  de  France,  lieutenant  général  des  armées  du  roi  et  gouver- 
le  Berry,  de  Bourgogne  et  de  Bresse,  Hls  de  Louis  I"  de  Boulin»), 
:  de  Condé,  el  de  Charlotte  de  U  Trémouille 


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prisa  ses  efforts  et,  après  avoir  fait  une  généreuse  résistance, 
elle  obligea  ce  prince  à  une  retraite  honteuse  (^1,  bien  que 
dans  son  enceinte  elle  souffrit  cruellement  de  la  peste,  qui  la 
priva  de  ses  meilleurs  et  de  ses  plus  généreux  soldats  (S). 
Dans  cette  dernière  occasion,  on  s'assurait  du  crédit  et  de  la 
réputation  de  la  France  et  de  son  Roi,  qui  se  trouvait  en  per- 
sonne ;  néanmoins  cette  royale  présence  ne  troubla  en  rien 
la  valeur  de  ces  généreux  bourgeois,  qui  montrèrent  toute 
l'atfection  et  tout  le  zèle  qu'on  peut  attendre  de  gens  d'hon- 
neur. Le  marquis  de  Saint-Martin  (31  fil  des  prodiges,  mais 
l'espoir  et  même  l'apparence  d'être  secouru  faisant  défaut, 
force  fut  de  rendre  la  place  à  des  conditions  avantageuses, 
qui  n'ont  pas  été  gardées,  non  plus  qu'aux  autres  places.  Le 
marquis  de  Bourguemené  W,  que  V.  M.  avait  honoré  du  gou- 


{i)  Sur  le  Mège  ite  Dole  par  le  père  du  grind  Condé.  cf.  Gmttlle  de 
France  de»  7,  St  et  S8  juin,  5.  12,  lOet  36  juillet,  2,9.  16 et  S3  aoatt63H; 
Ibid.,  extraordinaires  des  5,  H  et  U  juin,  3  juillet  et  7  août  1636;  ^«r- 
eurefranfoin  aimées  1635,  163G  et  16JT,  p.  131  ;  Déelaralion  des  atm- 
mis  au  gouvernement  de  la  Franche- Comté  de  Bourgtrngne,  eur  l'en- 
trée hoitil€  de  l'armée  française  audict  paye  (Dole,  1636,  in-4)  ;  GiRAit- 
DOT  DE  NozEnoY.  La  Franche-Comté  protégée  de  la  main  d»  Dteu 
contre  te»  afforta  des  FrançoU  en  lan  iOS6ino\e,  1636,  in-4)  ;  Id.,  Hie- 
loire  de  dix  ane  de  la  Franehe-Comté  de  Bourgongrie,  p.  81  ;  Bovvin, 
Le  liège  de  la  vUle  de  Dole,  capitale  de  la  Franchc-Comti  de  Bour- 
goagne,  et  non  heureuse  dèlinranca  {Uolc,  1637,  in-4  et  Anvers,  1638, 
in-4);  P£TREV-CHAHI'VA^s,  Lettre...  à  Jean-Baptiste  Petrey,  sieur  de  Che- 
min (Dole,  1637,  in4)  ;  E.  Lohoin.  Éphémérirlee  du  siège  de  Dole  (Dole, 
1896,  in-12);  Id.,  Documents  inédite  aur  le  siège  de  Dole  (Besançon,  1896, 
in-S)  ;  J.  Gauthieh,  Poésie»  françaises  et  latine*  inédile*  mr  le  siège  de 
Dole  de  1636,  dans  I  Annuaire  du  Doubs  de  1899,  p.  43. 

(2)  Sur  la  lin  du  siège  d»  1636,  la  peile  emportait  à  Dole  cinquaate  à 
soixante  personnes  par  jour.  B.  PnoST,  Document»  inédits  relatifs  à 
l'histoire  de  ta  Franche-Comté,  I,  IV,  p.  57, 

(3)  Charles  de  la  Baume,  marquis  de  Sninl-Marlin.  colonel  du  régiment 
de  Bourgogne  et  gouverneui'  de  Dole,  fils  de  Claude-François  de  la 
Baume,  comte  de  Montrevel,  maréchal  de  camp  des  années  du  roi,  et  de 
Jeanne  d'Agoult. 

(4)  Charles-Emmanuel  d'Esté,  marquis  de  Borgo-Hanero,  chevalier  de 
la  Toison  d'or,  Qlsde  Sigismond  lit  dEsIe,  marquis  de  Saiiil-Marlin,  de 


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sèment  de  la  Bourgogne  (*},  étant  venu  prendre  possession 
de  la  province,  la  trouva  au  point  de  son  entière  ruine,  at- 
tendu que  toutes  les  villes  étaient  déjà  réduites  sous  la  doiDi- 
nation  française,  hormis  celle  de  Dole,  où  il  voulut  s'enfer- 
mer, tant  q"e  dura  le  siège  formé  devant  elle  par  les  Fran- 
çais ;  il  y  montra  sa  valeur  et  son  expérience  de  l'art  militaire 
et  aurait  soufTert  les  dernières  nécessités,  s'il  n'eât  préféré  le 
salut  de  ces  valeureux  citoyens,  qui  secondaient  avec  une 
ardeur  admirable  sa  généreuse  résolution  i%.  Cet  illustre 
marquis,  qui  tire  son  origine  de  la  très  ancienne  maison 
d'Esté,  qui  possède  aujourd'hui  en  souveraineté  te  duché  de 
Hodène,  prouva  en  toutes  les  occasions  qu'il  est  le  véritable 
héritier  des  héroïques  vertus  de  ses  prédécesseurs. 
<  Les  paysans  retirés  dans  les  bois  ont  fait  mourir  plus  de 


Borgo-Uanera  et  de  Palciu,  lieutenant  général  des  armées  du  duc  de 
Savoie,  et  de  Françoise  d'Hostel.  Ambawadeur  de  S.  M.  Catholique  à 
Londres  et  à  Vienne  en  1^79,  rice-roi  de  Galice  en  1686,  conseiller  d'État 
en  ItKH,  il  moarut  i  Vienne  le  U  octobre  \G3ô. 

(Ij  Le  marquis  de  Borgo-Uanero  avuit  reçu  l'ordre  de  se  rendre  en 
Franche-Comté  à  Lyon,  comme  il  venait  de  conduire  en  Flandre  la  conné- 
table Colonna,  Sur  son  rôle  à  l'i-gard  de  l'inrorLutiée  nièce  de  Uazarin, 
cf.  L.  PÉREV,  Une  prineeiae  romain»  au  ivïi-  àècU  .■  ttarit  Mancini 
Colonna,  p.  274. 

(3)  Gazelle  d«  France  des  5,  13  et  30  juin  1G71  ;  Ibid.,  eiLraordinaire 
du  13  juin  1674  :  Le  liège  de  Dole  par  l'armée  du  Boij,  commandée  en 
pernmiM  par  Sa  Majetté,  avec  Im  partiailarilei  de  la  prite  de  la 
conlreicarpe  et  det  autres  action*  qui  Ji'y  lonl  paeaée»  ;  Ibid.,  eitraor- 
dinaire  du  30  juin  1674  :  La  prite  de  Dole  par  l'année  du  Roy  el  Im 
article*  da  la  capitulation  qui  a  etté  aecortiée  par  Sa  Majetté  aux 
habitant  et  à  la  garniton,  avec  la  tuite  du  Journal  de  ee  qui  *'e*l 
poêlé  au  tiège  da  celte  ville4à;  Mercure  hollandoii,  année  1G74,  p.  336; 
Œuvre* de Loui*  XIV,  t.  III,  p.  471  ;  Pelusson.  Lettre*  hitterique*, 
t.  Il,  p.  133  ;  DuNOD  DE  Ckiwnagk,  Uémoire*  pour  ternir  à  l'hUtoire  du 
comté  de  Bourgogne,  p.  733j  A.  Harquiset,  StatittUjue  hittoriqujt  et 
adminielrative  del'arrotiditiement  de  Dole,  t.  I,  p.  183  ;  1.  Finot,  Le* 
capitulation*  de  Dole  en  1668  et  en  iôlA,  iPaprè*  les  regittre*  du  ma- 
gistrat de  celte  ville,  dans  l'Annuaire  du  Jura  de  1870,  p.  117  ;  A.  Vavs- 
aiËne,  Le  dernier  eiège  de  Dale  par  les  Français  en  i67i,  dans  les  Mé- 
moires  de  la  Société  d'émulation  du  Jara,  année  1885,  p.  411. 


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quinze  mille  Français  W,  les  obligeant  à  marcher  en  troupes 
de  crainte  d'être  surpris.  la  même  chof^e  se  pratiqua  dans 
cette  province  en  l'an  1364,  quand  les  paysans  tuaient  grande 
quantité  d'Anglais  qui  y  disaient  des  courses,  dès  qu'ils 
s'écartaient  tant  soit  peu  du  gros  de  leurs  troupes.  Avec  cela 
la  Franche-Comté  de  Bourgogne  reste  au  pouvoir  de  ses  en- 
nemis; elle  est  tombée  de  lu  plus  haute  cime  de  la  félicité 
dans  l'abîme  de  la  misère;  elle  a  perdu  ses  privilèges  et  ses 
anciennes  immunités;  on  oancelle  la  justice  établie  par  V.  M.  ; 
on  érige  un  nouveau  Parlement;  les  hommes  honnêtes  ont 
été  opprimés  et  ceux  dont  le  zèle  et  rafTection  donnaient  des 
inquiétudes  sont  sortis  exilés  (fol.  i6-23J  ■ . 

Dans  les  pages  qui  suivent,  Bigeot  accumule  les  preuves 
de  ce  qu'il  nomme  le  joug  tyrannique  des  Français.  On  a  dé- 
sarmé tous  les  habitants  de  la  province  :  si  quelques-uns  sont 
pris,  les  armes  à  la  main,  ils  n'ont  à  attendre  que  la  mort.  Les 
paysans  succombent  sous  le  poids  d'impôts  écrasants  ;  cha- 
que journal  de  terre  labourable  paie  jusqu'à  huit  réaux  de 
contributions;  chevaux  et  voitures  sont  journellement  mis 
en  réquisition  pour  conduire  des  vivres  et  des  munitions  de 
guerre  dans  les  places  que  la  France  occupe  en  Allemagne. 
Les  soldats  répandus  dans  les  campagnes  se  montrent  d'une 
exigence  insatiable  :  il  leur  faut  les  viandes  tes  plus  délicates  ; 
quand  leurs  hâtes  ne  peuvent  satisraire  leur  gloutonnerie,  ils 


(t)  L'eugéi'alion  est  maaireste,  mais  il  n'en  esl  pas  moins  vrai  que  ks 
miliciens  fn  ne-comtois  harcelèrent  jusqu'à  la  fin  les  troupes  de  LouisXIV  ; 
embusqués  dans  les  bois,  ils  massacrèrent  impitoyablement  les  soida^ 
isolés  ou  marchant  par  petites  troupes  ;  pendaul  le  siège  de  Besanjoii,  le 
duc  d'Enghien  écrivait  qu'un  cavalier  ne  pouvait  faire  un  pas  hors  des 
gardes  sans  être  tué  et  plus  tard  le  futur  maréchal  de  Luxembourg  con- 
fessait que  les  paysans  étaient  *  fort  méchants.  •  V.  Le  duc  d'Enghien  à 
Louvois,  du  camp  devant  Besançon,  27,  S9  et  X  avril  1671  ;  le  sieur  de  Boie 
à  Louvoia,  Langres,  18  mai  1674;  Luxembourg  à  Louvois,  Lanaiis,  18  et 
1»  mai  1G74  ;  l'intendant  Taruelle  a  Louvois,  Gray.SO  mai  1674.  —  L.  Ohui- 
KAIRE,  Deux  époque*  militaifei  à  B^anfoa  et  en  Frauche-ConUà, 
p.  438,4»,  436,  5tU,  5&5  et  506. 


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_2M  — 

les  maltraitent  sans  pitié.  Dans  les  villes,  les  bourgeois  sont 
accablés  de  logements  militaires  :  personne  n'est  plus  maî- 
tre chez  soi.  On  n'ose  plus  converser  en  public,  car  toute 
réunion  est  sévèrement  interdite.  Déreiise,  sous  peine  de 
mort,  de  recevoir  des  nouvelles  de  l'extérieur  ;  défense,  sous 
peine  de  confiscation  et  d'emprisonnement,  do  sortir  de  la 
province;  ceux  qui  enfreignent  les  ordres  des  Français  sont 
envoyés  au  fond  de  la  France,  oit  ils  périssent  de  misère. 
Actuellement  il  y  a  en  quartiers  d'hiver  dans  le  pays  cinq  mille 
chevaux,  qui  se  font  payer  dix  mille  rations  quotidiennes  d'un 
demi-réal  à  huit  réaux.  Enfin  Louis  XIV  se  propose  d'en- 
lever de  Dole  le  parlement  et  de  le  transférer  ii  Besançon  W, 
et  ses  ministres  demandent  quatre  cent  mille  francs  &  cette 
dernière  ville  pour  un  honneur  auquel  elle  voudrait  bien  se 
soustraire  {2'. 

a  Voilà,  Sire,  continue  Bigeot,  l'état  présent  de  votre  pau- 
vre Bourgogne  :  j'en  parle  avec  une  pleine  conscience  et  avec 
une  vérité  irréfragable,  puisqu'il  y  a  peu  de  mois  que  je  me 
suis  vu  obligé  de  l'abandonner  pour  éviter  les  persécutions 
"*  les  misères  auxquelles  me  voulaient  réduire  les  ministres 

1)  Le  parlement  tut  transféra  de  Dole  à  Besançon  par  lettres  patentes  du 
août  1676.  enragistrAea  le  7  septembre  suivant,  Recueil  dea  éditt  et 
■laralions  d»  rai,,.,  publiés  et  enregUtrét  au  parlement  leanl  à  Be- 
içon,  t.  1,  p.  96. 

lUNoD  DE  Charnaqe  {Uémoiret  pour  lervir  à  l'hUloire  du  comté  dt 
urgogne.  p.  7t3J  rlit  que  la  translation  du  parlement  eut  lieu  le  22  août 
'4.  Il  est  fâcheux  qu'en  écrivant  l'Iiistoire  de  celte  compagnie  on  ail 
emment  reproduit  celte  erreur.  V.  A.  Eshonaru,  Le  parlement  de 
irtehe-Comlé  de  ton  imlalUition  à  Betançon  l'i  ta  tuppreision  {1674- 
W).  1.  I,  p.  56. 

2)  Besançon  ne  montrait  pns  la  répugnance  que  dit  Itigeot  à  recevoir  le 
lement,  c^r,  pour  l'obtenir,  les  quatre  compagnies  assemblées  avaient 
>rt,  le  26  janvier  1069,  la  somme  de  200/100  franis  ;  une  vieille  rivalité 
stait  entre  cette  ville  et  Dole,  et  on  en  eut  une  nouvelle  preuve  dans 
démarches  auxquelles  donna  lieu,  en  1691,  le  transfert  de  runiversité. 

Un  Frane-Comtoia  à  Paria  aoua  Louia  XI V 1169 i- 169%  àam  le 
Heltn  de  la  Société  d'agriculture,  scien^^es  et  arts  de  In  Haute-Saône, 
lée  I8»t,p.  1. 


,.*GoogIc 


._295  — 
français.  Après  que  le  Roi  Très  Chrétien  eut  conquis  par  la 
force  des  armes  la  Bourgogne,  il  me  ût  trois  fois  oiïre  du 
poste  de  conseiller  dans  le  parlement  qu'il  établit  ensuite.  Je 
m'excusai  avec  toule  sorte  de  respect  et  de  soumission  due  à 
une  pei'sonne  royale;  ses  menaces  et  ses  ordres  ne  firent  au- 
cune impression  sur  mon  esprit;  dès  lors  ses  ministres  ne 
perdirent  aucune  occasion  de  me  molester,  me  chargeant  de 
logemenls  et  d'impositions  au  delà  de  ce  que  permettaient 
mes  moyens,  et  moi,  à  l'exemple  du  palmier,  je  me  suis  raidi 
contre  la  charge  qui  semblait  vouloir  m'écraser.  Toutes  ces 
adversités,  je  les  ai  souffertes  avec  patience,  et  à  la  fin,  lassé 
de  ma  constance  et  de  ma  Qdélité  au  royal  service  de  V.  H., 
le  duc  de  Duras,  présentement  gouverneur  de  la  Bourgogne, 
prit  la  résolution  de  me  constituer  prisonnier  et  de  m'envoyer 
en  Normandie.  Dès  que  je  le  sus,  je  me  déterminai  à  venir 
me  jeter  aux  pieds  de  V.  M.;  je  laissai  ma  maison  à  la  dispo- 
sition de  Dieu,  et,  avec  le  peu  d'argent  qui  me  restait,  je  me 
mis  en  chemin  sans  domestiques  et  sans  armes.  Je  m'éloi- 
gnai du  chemin  royal,  de  crainte  de  tomber  entre  les  mains 
ôe  mes  ennemis,  s'ils  me  suivaient;  j'arrivai  heureusement 
en  Suisse,  de  là  en  Italie,  et  ensuite  à  Gènes,  où  je  m'embar- 
quai sur  des  navires  qui  débarquérentàCarthagène.  Dans  ce 
voyage  j'ai  souffert  beaucoup  de  maux,  sur  mer  comme  sur 
terre,  eu  égard  notamment  à  ma  condition  et  à  mon  Age,  qui 
dépasse  soixante-dix  ans;  et  néanmoins  ces  fatigues,  ces  per- 
sécutions et  ces  maux  ne  me  sont  pas' grand'chose,  puisque 
j'ai  le  bonheur  d'être  aux  pieds  de  V.  M.  ;  je  suis  prêt  à  souf- 
frir encore  plus  et  m'estimerai  très  heureux  de  verser  mon 
sang  et  de  perdre  la  vie  pour  le  service  de  mon  auguste  sou- 
verain. Après  mon  départ,  les  Français  ont  confisqué  tous 
mes  biens,  de  sorte  que  je  puis  dire  àV.  M.,  comme  les  apôtres 
'  à  Notre-Seigneur  :  ■  Ecce  reliquimut  omnta  et  sequuli  tu- 
mu$  te.  Quid  ei-go  erit  nobi»  W  ?»  Je  n'attends  de  sa  royale 

(1)  •  Math.,  nap.  ,m.  ■ 


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bouche  d'autre  réponse  que  celle  que  donna  à  ses  chers 
disciples  notre  bon  Dieu  :  •  Amen  dico  vobia,  quod  vos  qui 
Bequuti  eatit  me,  tedebiti»  jadicantes  duodecim  tribus  Jarael. 
Et  omni$f  qui  reliquil  domum,  etc.,  propler  nomen  meum 
centuplum  aecipiet.  > 

•  Sire,  la  récompense  que  Notre-Seigneor  promit  à  ses 
disciples  est  déjà  à  demi-remplie  à  mon  égard,  puisque  V.  M. 
m'a  fait  la  grflce  de  me  donner  la  charge  de  conseiller  en  son 
Parlement  de  Bourgogne  pour  juger  les  peuples  qui  sont  sous 
son  obéissance  (t)  ;  reste  seulement  l'autre  partie  de  sa  pro- 
messe, qui  est  la  récompense  de  ceux  qui  ont  abandonné 
leurs  biens,  leurs  familles  et  le  reste,  laquelle  consiste  dans 
le  centuple  de  leur  perte. 

»  Sire,  je  ne  suis  pas  insatiable  et  je  ne  veux  pas  être  im- 
portun à  V.  M.  ;  je  ne  demande  que  ce  qu'il  plaira  à  la  bonté 
de  V.  M.  de  me  donner  pour  vivre,  non  selon  ma  condition, 
mais  à  l'abri  du  besoin,  me  trouvant  loin  de  ma  patrie,  de 
mes  parents  et  de  mes  amis  et  privé  de  ma  fortune  ;  je  serai 
content  de  ce  que  V.  H.  voudra  bien  me  donner  ;  je  ne  de- 
mande pas  le  centuple  de  ce  que  j'ai  perdu;  cette  perte  ne 
m'effraie  pas,  puisque  je  jouis  de  l'aimable  présence  de  mon 
bon  Roi.  Je  pourrais  ici  déduire  les  raisons  qui  peuvent  obli- 
.ger  V.  M.  à  ne  jamais  consentir  &  l'aliénation  de  la  Franche- 
Comté  de  Boui^ogne,  attendu  que  c'est  une  de  ses  plus  im- 
portantes provinces,  qu'elle  est  son  premier  patrimoine  et 
que  par  elle  seule  on  peut  plus  facilement  porter  dommage  ii 
la  France  que  par  n'importe  quel  autre  État  de  V.  M.,  et  de 
plus  la  manière  de  la  conserver  après  son  retour  h  son  légi- 


(1)  La  plupart  de  oos  liislorieos  onl  lu,  si  même  ils  ne  l'onl  ignorée, 
cette  reconstitution  Ju  parlement  par  le  fiiible  souverain  à  qui  la  Franche- 
Comté  ne  Jevait  jamais  revenir  ;  le  chef  tni$  à  la  tête  de  la  compagnie  par 
Charles  II  râlait  l'ancien  cJêpulê  du  cercle  de  Bourgogne  à  la  diète  de  Ra- 
lisbonne,  Claude-Ambivise  Philippe.  V.  t-.  Besson,  Le  président  Phi- 
lippe. nÉgoeialeur  fraac-aimtoit  an  X  VU'  nèeie,  dans  les  Mémoires  de 
la  Soûétéd'éniulaUon  du  Donbs,  anuée  188t,  p.  389. 


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—  297  — 
Unie  maître,  si  je  ne  savais  qu'un  très  savant  et  très  éloquent 
prélat  bourguignon,  ministre  de  V.  M.  en  cette  cour  (tj,  a 
écrit  longuement  sur  cette  matière,  et  il  n'appartient  pas  à 
la  faiblesse  de  ma  plume  de  vouloir  entreprendre  une  tâche 
si  ardue  à  vue  de  ses  idées  si  rares  et  si  élevées. 

I  J'espère  de  la  bonté  divine  qu'elle  nous  enverra  la  paix 
tant  désirée  et  qu'elle  rétablira  en  la  suave  et  légitime  obéis- 
sance de  V.  M.  la  pauvre  et  désolée  Bourgogne  ;  je  publierai 
alors  l'histoire  que  j'ai  composée  des  princes  souverains  qui 
ont  régné  sur  la  Fninche-Comté  de  Bourgogne,  commençant 
à  son  premier  roi  pour  aboutir  à  V.  M.  (que  Dieu  garde  !)  ; 
on  y  connaîtra  tout  ce  qui  arriva  en  Bourgogne  du  temps  de 
chacun  et  l'histoire  de  ce  malheureux  siècle  se  verra  fidèle- 
ment écrite;  le  traité  de  paix  couronnera  cette  œuvre,  en  la- 
quelle on  verra  que  par  une  juste  et  légitime  succession  ia 
Franche-Comté  de  Bourgogne  est  passée  sous  la  douce  domi- 
nation de  la  très  auguste  maison  d'Autriche,  et  j'aurai  le 
bonheur  d'avoir  manifesté  à  V.  M.  le  zèle  de  ma  plus  grande 
ambition,  qui  est  de  vivre  et  de  mourir  le  très  humble,  obéis- 
sant et  très  fidèle  sujet  de  V,  M.,  que  Dieu  garde  (fol,  24  v*- 
26  V).  ■ 

Don  Claude-Étienne  BIGEOT, 


(I)  Le  prélat  dont  parla  Biglât  est  probablement  Humbert-Guillaume 
Precipiano,  abbé  de  Bellevaux,  chanoine  de  l'église  métropolitaine  cl  con- 
seiller clerc  au  parlement  de  Dole,  fils  d'Achille  Precipiano,  tiaron  de 
Soye,  seigneur  de  Romain,  Mésandans,  Bonnal,  etc.,  gouverneur  de  Fau- 
cogney  et  sergent  de  bataille  des  armées  impéi'iales,  et  de  Jeanne  de  Mon- 
tricliard,  Ëlj  haut  doyen  du  chapitre  de  Besançon,  le  23  août  1661,  parles 
chanoines  qui  refusaient  au  pape  le  droit  de  disposer  du  haut  doyenné, 
l'abbé  de  Kellevaui  devint  dans  la  suite  membre  du  conseil  snpréme  de 
Flandre  &  Madrid,  évéque  de  Bruges,  puis  archevêque  de  Matines,  et  mou- 
rut le  «juin  1711.  Snr  ses  démêlés  avec  l'arehcvéque  de  Besançon,  cf. 
l'abbé  F11.SJE1IN.  Anloitxe'Pierre  I"  de  Grammonl.  archav^qne  de  Be- 
sançon (16ii-i0VSJ,  ta  vie  et  son  ëpiteopat,  p.  32. 

20 


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La  harangue  de  Claude-Etienne  Bigeot  se  termine,  comme 
on  le  voit,  par  une  humble  requête,  et  c'est  à  solliciter  un  se- 
cours qu'aboutit  la  peinture  des  maux  de  la  Franche-Comté. 
J'ignore  si  la  tentative  du  malheureux  exilé  eut  le  succès 
qu'il  S'en  promettait.  Pas  davantage,  faute  de  renseigne- 
ments, Je  ne  puis  dire  h  quelle  époque  il  termma  ses  jours  ; 
il  est  probable  qu'il  survécut  peu  à  l'impression  de  son  der- 
nier écrit;  c'est  du  moins  ta  conclusion  qu'il  semble  naturel 
de  tirer  de  l'assertion  erronée  de  l'historien  qui  le  fait  mourir 
aux  Pays-Bas  en  1f}75  {*'.  S'il  en  f\it  ainsi,  l'ancien  lieutenant 
du  bailliage  de  Pontarlier  dut  garder  jusqu'à  la  fin  l'espoir  de 
reparaître  dans  son  pays  sous  la  robe  d'écarlate;  beaucoup, 
parmi  les  contemporains,  virent  peut-être  dans  cette  illusion 
persistante  la  confirmation  de  ce  que  l'un  d'eux  avait  avancé 
le  «  son  peu  de  jugement  t^)  ■,  mais  ceux  qui  le  connais- 
aient  mieux  saluèrent  certainement  son  cercueil  au  passage 
vec  le  respect  qu'inspire  le  dévouement  aux  causes  trahies 
lar  la  fortune. 
J'aime  à  croire  qu'on  me  saura  gré  d'avoir  fait  connaître 
e  qu'on  pourrait  appeler  le  testament  d'un  vaincu.  Moins 
nstructif  que  le  Bo'irguignon  intéreiaé,  mais  très  supérieur 
u  bon  Bourguignon  est  assurément  cet  ouvrage  :  les  plaintes 
[ue  l'orateur  prête  à  l'innocence  et  à  la  fidélité  de  sa  bien- 
imée  pairie  ne  sont  pas  sans  éloquence  et  le  fait  d'un  Franc- 
^mtois  écrivant  avec  une  certaine  pureté  la  langue  espa- 
;nole  méritait  d'être  signalé.  Il  est  une  autre  remarque  qu'il 
mporte  de  faire  :  c'est  que,  tandis  que  de  t668  à  1674  on  voit 
laraltre  un  assez  grand  nombre  d'apologies  destinées  à  laver 
3urs  auteurs  du  reproche  de  trahison  &),  ces  pages  sont  à 


(Il  DuHOD  DB  Charnaoe,  Uitmire*  pour  termr  à  l'hUtoire  au  comté 
«  Bourgogne,  p.  6G3. 

I,S)  1.  CuiPPLGT,  Uémoire),  t.  V,  p.  540. 

<3)  Immédiatement  après  le  retour  de  la  Franche-Comté  à  l'Espagne,  le 
Miverneur  de  U  province  publia  pour  se  juslîiler  un  maniresle  qoe  je 
'ai  pu  reirouver.  Un  peu  plus  lard,  on  vil  paraître  \' Apologie  du  mar- 


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peu  près  les  seules  que  la  politique  ait  inspirées  après  la  se- 
conde conquête  <0;  elles  représentent  en  quelque  sorte  les 


quis  d'Yenneii  (m4  de  75  p.]  suivie  Je  Lettre*  du  niarguit  d'Tentiet 
au  parlement  de  Dole  et  ripantes  dudit  parlement,  deputt  le  90  féurier 
i661  jatga'à  la  fin  de  féorier  166S  (in-l  de  171  p.).  Une  brocliure  in-4 
de  2i  p.  eal  consacrée  à  la  justifLcalion  du  baron  de  Saint-Uoria,  coroman- 
dant  du  château  de  Joui.  L'abbë  de  Baume  mit  uu  Jour  la  Copie  d'une 
lettre  d'un  Franc-Comtois  eterile  à  un  tien  amy  de  BruxcUet,  par 
laquelle  U  fait  voir  les  eautet  de  la  perle  de  la  Franehe-Coiulé  (in-4  de 
3t  p.)-  Augustin  Nicolas,  qui  n'avait  pas  rougi  d'imprimer  dans  une 
épitre  aa  prince  de  Condé  que  «  la  province  laiiguissoit  depnîs  soiianle 
ans  entre  les  faibles  espëratices  de  protection  d  une  couronne  aussi  im- 
puissante â  sa  dëfense,  qu'ëloignée  de  mmii-s.  de  lois  et  de  climat  de  son 
dite  et  de  ses  habitude,  et  la  crainte'  perpétuelle  d'un  |{rand  roi  voisin,  > 
et  que  sa  lidâlite  s  prenoit  forue  de  quelques  privilèges  dont  ou  l'avait 
nattée  pour  lui  adoucir  le  joug  qu'elle  soulTroit  sous  une  souveraineté 
étrangère,  ■  ne  fut  pas  le  moins  embarrasse,  lorsque  le  traité  d'Aix-la- 
Chapelle  lui  vint  faire  sentir  le  danger  de  ses  adulations  ;  il  publia,  sans  f 
mettre  son  nom  :  La  vérité  randue  à  ton  jour  contre  les  déguiaeman» 
de  ta  panion  et  da  mantonge,  par  un  etpril  sincère  et  tant  flalerie 
(in-i  de  58  p.)  ;  en  1613,  il  revint  encore  à  la  charge  dans  le  ûiscoura  el 
relation  véritable  sur  le  tucrer  det  arme»  de  la  France  dant  le  eomti 
de  Bourgogne  en  i068  (in-t  de  6C  p.),  que  j'ai  uité  plus  haut.  La  justili- 
cation  du  parlement  demeura  manuscrite.  Celle  de  la  ville  de  Besançon 
est  intitulée  :  Apologie  de  la  cité  de  Betançon  sur  les  ehaitgemen*  qui 
y  tant  turvenu»  a»  commencement  de  l'an  1G6S  (in-4  de  35  p.).  Il  y 
aurait  toute  une  bibliographie  à  dicsser  des  libelles  franc-comtois  parus  i 
cette  époque  ;  le  plus  considérable  est  le  Factum  pour  Ifonneur  le  comte 
de  l'Aubépin.  colonel  de  cavalerie  dant  les  armées  du  Roij,  «o»  tjruyer 
général,  grand  maislre  det  eaux  et  fureitt  au  comté  de  Bourgogne, 
et  chevalier  ordinaire  au  parlement  de  Dole.  Contenant  la  relation 
envoyée  à  Madrid,  à  Braxellet  et  d  Besançon  des  services  qu'il  a 
rendus  à  Sa  Majesté  dans  les  derniers  iroubet  (sic)  de  ce  pays  ^in-ï 
de  392  p.). 

(1)  Le  comte  de  Laubespin  publia,  en  1081,  la  Lettre  d'un  gentilhomme 
Bourguignon  ierite  de  Venise  à  l'un  de  tet  amis  à  Besançon  (in-13  de 
t6  p.],  qu'il  fit  suivre  la  même  année  d'une  seconde  lettre  (in-12  de  51  p.). 
Comme  contre-partie  de  l'opuscule  de  Bigeot,  on  peut  aussi  citer  la  pièce 
intitulée  :  Le  eomti  de  Bourgongne  affranchi  par  le  Roy,  dans  laquelle 
un  anonyme  s'efforce  de  démontrer  que  la  Franche-Comté  «  a  trouvé  au- 
tant d'advanlage  dans  le  sort  de  vaincue  qu'elle  en  debvoit  appréhender 
de  disgrâces,  si  elle  eust  eu  le  malheur  d'estre  victorieuse,  •  Elle  a  été 
publiée  par  M.  E.  Bousson  de  Maihet,  Le*  soirées  jurassiennes ,  p.  179, 


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—  300  — 
dernières  cartouches  brûlées  sur  UQ  champ  de  bataille 
qu'obscurcissent  déjà  les  ombres  de  la  nuit.  Pendant  deux 
siècles,  la  FraDce  avait  disputé  la  souveraineté  du  comté  de 
Bourgogne  à  la  maison  d'Autriche  ;  celle-ci  devait  fatalement 
succomber;  lant;ue,  mœurs,  origine,  intérêts  mêmes,  tout 
conspirait  à  faire  rentrer  la  Franche-Comté  dans  le  sein  de 
la  grande  famille  française;  mai»  ce  n'est  pas  manquer  aux 
devoirs  du  patriotisme  que  de  rappeler,  à  l'honneur  de  l'Es- 
pagne, les  regrets  que  son  gouvernement  laissa  i  ses  an- 
ciens sujets,  et  l'écrivain  qui  les  a  exprimés  avec  une  sin- 
cérité louable  a  droit  qu'on  lui  applique  la  réflexion  de 
Shakespeare  :  €  Qui  a  la  force  de  garder  allégeance  à  son 
seigneur  déchu  est  le  vainqueur  du  vainqueur  de  son 
maître  W  > . 


(1)  Yet  he  Ihat  eut  eoilure 

To  tollow  wilh  >l1i!|[lance  ■  bileo  lord 
Uoiis  canquct  bim  IbiL  ilid  bis  misLcr  conquer. 


Shakespear,  Aniorty  and  Cleopalra.  act  Ul. 


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LE  PEINTRE 

MELCHIOR   WYRSCH 

D'APRÈS    UM    LIVRE   RÉCENT  (1) 
Pur  H.  l'Abbé  LODVOT 

CVnÈ  Dl  UIMT-CUDllk 

Séance    du    10    février    1900 


Messieurs, 

Dans  la  séance  du  10  décembre  iSttO,  )a  Société  d'Emula- 
tion du  Doubs  entendait  la  lecture  d'une  étude  très  intéres- 
sante de  M.  Francis  Wey  sur  Itfelehior  Wyrsch  et  les  peintres 
biiontina.  Notre  éminent  compatriote  terminait  de  la  manière 
suivante  ce  remarquable  travail  : 

■  Aucune  notice  n'a  paru  en  France  et  rien  d'étudié  n'a 
paru  en  Allemagne  sur  ce  peintre  qui  a  laissé  tant  d'excel- 
lents ouvrages,  dirigé  deux  écoles,  formé  des  élèves  connus, 
et  que  deux  patries  pourraient  revendiquer  puisqu'il  fut 
nommé,  par  lettres  patentes,  citoyen  de  la  ville  de  Besançon. 
On  n'a  pas  gravé  un  seul  de  ses  tableaux  qui  ne  sont  classés 
nulle  part;  les  pages  que  nous  lui  consacrons  ici  deviennent 
une  sorte  d'exhumation.  Cependant  les  recherches  que  j'ai 
(ait  faire  à  Lucerne,  depuis  deux  ou  trois  ans,  ont  ému  le 
Comité  Historique  de  cette  ville,  et  l'on  m'écrit  que  le  prési- 
dent, M.  Soeller,  prépare  une  deuxième  biographie  de  Mel- 


(l)  UalerMelchior  tVi/rfcAiVonJohannesAmberg.SladtpbrrerïnLuiem. 
Stans,  1886.  Haos  Ton  Malt  Verlagsbuchandiung. 


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chior  Wyrsch  >.  Depuis  quarante  ans  le  souvenir  de  Wyrsch 
a  été  évoqué  plusieurs  fois  dans  son  pays  natal. 

Sneller  fit  bien,  en  effet,  le  plan  d'une  étude  sur  Wyrsch, 
mais  elle  ne  fut  pas  achevée.  Dans  le  courant  de  l'année  1863, 
Hess  publie  une  courte  biographie  de  Wyrsch  dans  la  nou- 
velle feuille  de  la  Société  des  artistes  à  Zurich  ;  il  en  est  parlé 
aussi  très  brièvement  dans  le  premier  volume  de  la  Galerie 
des  Suisses  célèbres. 

A  la  fin  de  1898,  paraissait  à  Lucerne  une  nouvelle  étude 
sur  Wyrsch  :  elle  était  écrite  en  langue  allemande  et  due  à 
la  plume  alerte  du  très  distingué  curé  de  Lucerne,  l'abbé 
Jean  Amberg.  Voici  quelle  fut  l'occasion  de  cette  publica- 
tion. 

Les  habitants  de  Nidwalden  avaient  désiré  faire  paraître, 
!e  9  septembre  1898,  un  Livre  de  Souvenirs  à  l'occasion  du 
centenaire  de  la  défaite  des  Suisses  par  les  Français  et  de  la 
mort  de  Wyrsch.  Le  docteur  Jacques  Wyrsch,  conseiller 
d'Etat,  de  la  famillu  du  peintre,  sachant  que  M.  le  curé  de 
Lucerne  faisait  depuis  longtemps  des  études  sur  son  grand- 
oncle  et  préparait  un  catalogue  complet  de  ses  œuvres,  lui 
demanda  d'écrire,  pour  le  Livre  des  Souvenirs,  une  biogra- 
phie du  célèbre  peintre,  M.  le  Curé  de  Lucerne  accéda  à  ce 
désir  et  publia,  en  effet,  dans  le  volume  intitulé  :  Le  Nidwal- 
den il  y  a  cent  an»...,  Souvenirs  du  9  septembre  il98,  la 
notice  demandée,  qui  fut  ensuite  tirée  à  part  en  une  brochure 
in-8»  d'une  trentaine  de  pages. 

J'ai  traduit  de  l'allemand  cette  notice  et  j'ai  pensé  vous  in- 
téresser, pendant  quelques  instants,  en  vous  en  donnant  un 
résumé  succinct. 

Parmi  les  artistes  suisses  du  xviil*  siècle,  il  en  est  deux 
célèbres  entre  tous,  Hedlinger  et  Wyrsch.  Comme  ce  der- 
nier fut  l'une  des  victimes  les  plus  marquantes  de  l'invasion 
française  dans  le  Nidwalden,  il  mérite  une  place  d'honneur 
dans  les  annales  de  ces  tristes  journées. 

Jean-Melchior-Joseph  Wyrsch  naquit,  le  21  aoat  1732,  à 


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-  3(0  — 

Buochs  ;  ses  parents  étaient  des  cultivateurs  qui  jouissaient 
d'une  grande  estime  dans  le  canton  d'Unlerwalden.  Buochs 
est  aujourd'hui  encore  un  gracieux  village  :  la  simplicité, 
l'esprit  religieux,  la  bonne  humeur  et  l'amour  de  la  liberté, 
tel  était  le  caractère  du  petit  peuple  au  milieu  duquel  était 
placé  le  berceau  de  Melchior.  A  coup  sur,  la  tranquille  beauté 
de  ce  paysage  contribua  beaucoup  à  imprimer  profondément 
dans  son  esprit  la  valeur  et  la  grandeur  de  son  pays  et  h  rein> 
plir  ce  jeune  cœur  d'enthousiasme  pour  ee  qui  est  beau  et 
élevé. 

Dès  son  jeune  âge,  Melchior  montra  un  attrait  irrésistible 
pour  la  peinture  et  quand  il  eut  atteint  l'âge  de  treize  ans, 
ses  parents  l'envoyèrent  étudier  chez  le  peintre  Jean  Suter, 
à  Luceme. 

De  cette  époque  il  n'est  resté  de  Wyrseh  qu'un  petit  depsin 
k  la  plume,  mais  qui  est  d'un  intérêt  particulier  en  ca  sens 
qu'il  montre  la  tendance  du  futur  artiste.  Le  petit  dessin  re- 
présente, aveo  beaucoup  de  naturel,  les  traits  grossiers  mais 
intelligents  du  sectaire  bien  connu,  Jacques  Schmidhli,  qui 
était  alors  sous  le  coup  d'une  enquête  judiciaire,  suivie  peu 
après  d'une  condamnation  à  mort. 

Ce  portrait  offi^  encore  une  autre  intérêt.  Entouré  d'une 
ligne  ovale,  il  porte,  en  forme  de  médaillon,  l'inscription  sui- 
vante :  Vera  effigies  J'ieobi  Schmidhli  ;  elle  est  écrite  de  la 
main  du  médailliste  Hedlinger;  de  là,  on  peut  conclure 
qu'Hedlinger  était  en  relation  avec  Wyrseh  et  comme  Hedlin- 
ger était  arrivé  de  Stockolm  pour  6iire  un  séjour  en  Suisse, 
il  profite  de  cette  occasion  pour  recommander  comme  élève 
le  jeune  Wyrseh  &  son  ami  le  célèbre  peintre  Kraus  d'Ein- 
siedeln. 

Après  avoir  fait  un  apprentissage  de  trois  ans  chez  le 
peintre  Suter,  Wyrseh  se  rendit,  en  174â,  à  Einsiedeln,  chez 
Kraus,  qui  était  alors  occupé  à  orner  l'église  de  Notre  Dame- 
des-Ermites.Alafln  de  l'année  1753,  Wyrseh  vit  enfin  se  réa- 
liser le  voeu  qu'il  formait  depuis  longtemps  et  partit  pour 


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—  30*  — 

Borne.  Là,  il  prit  pour  guide  un  peintre  instruit,  mais  doux 
et  défiant  de  lui-même,  Gaétano  Lapi,  qui  venait  de  se  révé- 
ler comme  un  artiste  éminent  au  palais  Borghèse,  où  il  avait 
peJDt  au  plafond  la  Naitsance  de  Vénus,  ouvi'age  d'un  dessin 
très  pur  et  d'un  ensemble  harmonieux. 

Wyrsch  complète  ses  études  en  se  faisant  admettre  à 
l'Ecole  française  de  la  Villa  Médicis.  dirigée  alors  par  Charles- 
Joseph  Natoire  ;  cette  fréquentation  explique  la  parenté  loin- 
taine qu'on  lui  trouve,  dans  ses  tableaux,  avec  le  sentiment 
français. 

C'est  k  Rome  qu'il  apprit  à  connaître  le  sculpteur  Luc  Bre- 
ton, de  Besançon,  avec  lequel  il  se  lia  d'une  amitié  durable, 
qui,  plus  tard,  les  réunit  dans  cette  ville  par  la  fondation 
d'une  école  de  peinture. 

Après  avoir  fait  un  court  séjour  à  Naples,  Wyrsch  revint 
en  Suisse  ;  persuadé  qu'il  ne  Terait  rien  ni  à  Buochs  ni  à 
Stanz,  il  s'établit,  en  1754,  à  Zurich,  oii  il  a  laissé  de  nom- 
breux portraits.  Deux  années  de  travail,  ayant  épuisé  les  res- 
sources que  présentait  Zurich,  Melchior  revint  dans  son  pays 
et  mena  quelques  années  une  vie  errante,  cherchant  des 
commandes,  car  il  a  dispersé  des  toiles  nombreuses  soit  dans 
les  monuments  publics,  soit  chez  les  particuliers,  à  Luceme, 
Buochs,  Wiesenberg,  Beckenried,  Sachseln  et  Sarnen.  De 
cette  époque  datent  ;  l'excellent  portrait  de  François  Acker- 
mann,  en  possession  de  cette  tamille  à  Ennersberg  près  de 
Buochs;  le  portrait  d'un  ecclésiastique  au  musée  de  Stanz; 
Le  bon  Paateur,  dans  la  sacristie  de  l'église  deWolfenschies- 
sen;  de  ce  temps  on  peut  encore  citer  i  Le  Chrût  en  croix, 
peint  en  1759,  pour  le  curé  Hœder,  à  Stanz,  ainsi  que  la 
Fuite  en  Egypte,  tableau  portant  la  date  de  1760  et  actuelle- 
ment en  la  possession  du  docteur  Wyrsch. 

En  1762,  Wyrsch  se  maria  avec  Barbe  Keiser,  qui  était  la 
proche  parente  du  landammann  Keiser  de  Stanz.  Presque  aus- 
sitôt le  jeune  ménuge  vint  s'établir  à  Soleure,  oii  Melchior 
laissa  ses  meilleurs  ouvrages.  Presque  tous  les  membres  de 


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—  305  — 

la  haute  noblesse  qui  résidaient  alors  dans  cette  ville  vou- 
lurent avoir  leur  portrait  peint  par  lui.  Il  convient  de  citer 
parmi  eux  le  portrait  de  Pisoni,  architecte  du  dôme  de  la  ca- 
thédrale et  un  charmant  portrait  de  Saint  Joteph  avec  l'En- 
Ëint  Jésus  portant  un  fruit  dans  sa  main  ;  ce  tableau  est  ac> 
tuellement  entre  les  mains  de  l'évéque  de  Soleure. 

En  1768,  ainsi  que  l'indiquent  les  notes  de  la  famille 
Wyrsch  à  Buochs,  Melchior  quitta  Soleure  pour  se  fixer  dé- 
finitivement dans  notre  ville  de  Besançon,  où  il  habita,  pen- 
dant vingt  ans,  sur  la  place  Saint-Quentin  :  il  l'avait  choisie 
pour  retrouver  le  sculpteur  Luc  Breton,  qu'il  avait  beaucoup 
connu  autrefois  à  Rome;  ce  qui  le  fixa  k  Besançon,  ce  fut 
surtout  l'Ecole  de  peinture  et  de  sculpture  qu'il  y  fonda  avec 
son  ami.    . 

La  commune  de  Besancon,  &  la  date  du  17  février  1773,  a 
inscrit,  dans  le  Recueil  de  ses  Dilibérationê,  l'arrêté  qui  ins- 
titue une  Académie  de  peinture  et  de  sculpture,  conformé- 
ment aux  conclusions  d'un  Mémoire  présenté  par  les  sieurs 
Luc-François  Breton,  statuaire,  et  Wyrsch,  maître  peintre. 

C'est  donc  à  l'initiative  de  Breton  et  de  Wyrsch  et  à  l'au- 
torité de  M.  de  Lacoré,  intendant  de  la  province,  que  l'on  fut 
surtout  redevable  de  la  fondation  de  cette  école  dans  des 
conditions  modestes  d'ailleurs,  et  qui  rappellent  la  parcimo- 
monieuse  simplicité  du  moyen  âge.  L'institution  s'abrita  sur 
les  remparts  derrière  l'église  du  Saint-Esprit,  dans  un  bâti- 
ment délabré  appartenant  à  la  ville,  et  les  professeurs  furent 
agréés  aux  conditions  suivantes  :  300  livres  pour  leur  loge- 
ment, 140  pour  frais  de  peinture  et  de  luminaire,  4  cordes  de 
bois  de  chauffage  et  l'exemption  du  devoir  de  loger  les  gens 
de  guerre. 

L'auteur  de  la  Notice  a  consacré  une  dizaine  de  pages  à 
l'œuvre  de  Wyrsch  dans  notre  province  et  à  la  description 
des  tableaux  qu'il  y  a  peints,  mais  tous  les  détails  qu'il  donne 
à  ce  sujet  n'ont  rien  d'original,  ils  ont  été  tous  empruntés  au 
remarquable  ouvrage  de  M.  Castan,  publié  en  1S89  dans  les. 


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—  906  — 

Mémoires  de  la  Société  d'Emulation,  et  ayant  pour  titre  : 
L'Ancienne  Ecole  de  peinture  et  de  sculpture  de  Besançon; 
aussi  DOus  n*insisteronâ  pas  davantage  sur  cette  partie  du 
travail  de  M.  l'abbé  Amberg 

Wyrsch  professa  pendant  neuf  ans  à  l'Ecole  de  peinture 
de  Besançon  Le  ^  juin  1764,  il  exposait  àla  muniRipalité 
qu'il  était  rappelé  dans  sa  patrie  par  la  ville  de  Lucerne  pour 
y  prendre  la  direction  d'une  Académie  de  peinture.  A  la  suite 
de  celte  déclaration,  Wyrsch  reçut  des  marques  unanimes 
de  regrets  et,  le  7  juillet,  la  municipalité  prenait  l'arrêté  sui- 
vant : 

(  Le  sieur  Jean-Helchior  Wyrsch,  peintre,  natif  de  Buochs, 
canton  d'Unterwalden,  ayant  avec  succès  exercé  ses  talents 
k  Besancon  pendant  plus  de  vingt  années  ....  se  trouvaat  au 
moment  de  quitter  cette  ville,  pour  s'établir  &Luceraa;  la 
compagnie  pour  marquer  l'estiroe  et  )a  considération  qu'dle 
porte  h  cet  artiste,  qui  d'ailleurs  a  tenu  la  conduite  la  plus 
sage  et  la  plus  régulière,  a  délibéré  de  lui  donner  des  lettres 
de  citoyen,  qui  lui  seront  expédiées  gratuitement  par  le  se- 
crétaire. • 

On  complète  ces  civilités  municipales,  en  le  nommant  pro- 
fesseur honoraire  avec  force  éloges  de  son  rare  et  beau  ta- 
lent. 

Pendant  les  vingt  années  qu'il  a  passées  en  FVance, 
Wyrsch  a  peint  la  plupart  des  familles  fortunées  de  sa  pro- 
vince d'adoption.  Parmi  ses  nombreux  tal>|eaux  de  cette 
époque,  il  convient  de  citer  :  VApMhéoêe  de  saints  Coletts 
dans  (a  chapelle  des  Clarisses  de  Poligny  etleChrùt  en  croix 
qu'on  admire  dans  le  réfectoire  des  Sœurs  Hospitalières  de 
Salins.  Cette  toile  de  deux  mètres  et  demi  de  hauteur  paraît 
être  le  chef-d'œuvre  de  notre  peintre  :  couleur,  harmonie, 
expression,  élégance  des  formes,  vigueur  de  l'effet,  tous  les 
genres  da  mérite  y  sont  réunis. 

On  trouve  dans  plusieurs  caiiUins  de  la  Suisse  un  grand 
nombre  de  U:deaux  religieux  qui  datent  da  ma  sdiiour  à  Be- 


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—  907  — 

sancon  :  un  Saint  Joseph  h  l'église  de  Busserach  (1768); 
dans  l'église  de  Samen,  le  Bienheureux  Nicoku  de  Flue 
(1771);  la  Présentation  de  Marie  ou  Temple  à  l'église  de 
Sachseln  ;  le  Christ  en  croix  à  la  chapelle  de  GralTenort  et 
un  semblable  h  l'église  paroissiale  de  Gersau,  tous  deux  de 
l'année  1779.  Ces  tableaux  et  bien  d'autres  encore  ont  été, 
selon  toute  apparence,  peints  par  Wyrsch ,  à  Besancon 
mente.  Aussitât  achevés,  ils  étaient  enroulés  et  empaquetés 
dans  des  boites  de  fer  blanc  et  de  la  sorte  expédiés  au  pays 
natal.  Une  lettre  de  Wyrsch  à  la  famille  Hedlinger  de  Schwytz 
parle  expressément  d'un  tel  mode  d'expédition  d'un  tableau 
d'autel  pour  Gersau. 

Wyrsch  demeura  peu  de  temps  à  la  tète  de  I  école  de  pein- 
ture de  Luceme;.malheureasement,  deux  ans  après  son  éta- 
blissement dans  cette  ville,  apparurent  les  indices  du  terrible 
mal  d'yeux  qui  condamna  à  l'inaction  le  vaillant  maître  au 
moment  où  il  décorait  la  salle  d'audience  de  l'Hôtel  de  Villa 
de  Luceme.  En  octobre  1786,  il  exprimait,  dans  une  lettre 
au  peintre  Freidenvilier,  l'espoir  d'être  guéri  de  son  mal;  ce 
qui  ne  se  réalisa  point,  h  la  grande  désolation  de  ses  élèves 
et  au  regret  de  lous  ceux  qui  appréciaient  son  talent.  Au  bout 
de  peu  de  temps  il  devint  complètement  aveugle.  A  la  cécité 
venaient  s'ajouter  pour  Wyrsch  d'autres  amertume.^.  A  l'oc- 
casion de  la  mort  de  son  beau-père  Keiser,  bailli  du  pays,  il 
y  eut  dans  la  famille  de  longues  discussions  concernant  l'hé- 
ritage. Wyrsch  en  souffrit  beaucoup  ainsi  que  du  tempéra- 
ment de  sa  femme,  qui  ne  devait  pas  avoir  <  un  caractère 
des  plut  doux  ».  En  1707,  Wyrsch  alla  s'établir  auprès  de 
son  frère  François-Joseph,  à  Buochs,  afin  d'y  passer  tran- 
quillement les  derniers  jours  de  sa  vie. 

La  Révolution  française  dispersa  tant  à  Besançon  qu'à  Lu- 
cerne  l'école  que  Wyrsch  avait  créée  dans  la  première  de 
ces  villes  et  dirigée  dans  la  seconde  :  mais  au  milieu  de  ses 
parents,  de  ses  derniers  élèves,  de  ses  nombreux  ouvrages, 
entouré  d'une  population  amie,  le  vieil  artiste,  dans  la  re- 


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—  308  — 
traite  qu'il  s'était  choisie,  ne  fut  point  oublié.  Il  sui-vivait  in- 
souciant à  une  renommée  dont  les  derniers  échos  venaient 
encore  charmer  son  oreille  et  tandis  que  le  monde  était  trou- 
blé par  la  guerre,  Wyrsch  errait  à  travers  les  pelouses,  les 
bois  et  les  futaies  des  Alpes. 

Le  curé  de  Lucerne  raconte  de  la  manière  suivante  la  mort 
tragique  de  Wyrsch  ;  il  en  emprunte  les  détails  à  M.  Wey  ; 
c'est  une  page  de  douloureux  souvenirs  que  nous  allons  re- 
lire ensemble  : 

•  C'était  l'époque  où  l'on  voulut  imposer  à  la  Suisse  la 
constitution  française.  Cette  guerre  aboutit  &  des  victoires, 
moins  humiliantes  à  retracer  pour  les  vaincus  que  pour  les 
vainqueurs;  c'est  pourquoi  nos  historiens  se  sont,  à  ce  sujet, 
montrés  fort  concis.  L'incendie  du  Nidwalden,  les  massacres 
de  Stanz,  où  l'on  tuu  dans  l'église  soixante-trois  personnes 
et  le  prêtre  à  l'autel,  ont  arraché  des  pleurs  au  malheureux 
général  resté  impuissant  à  contenir  ce  jour-là  l'aveugle  furie 
du  soldat. 

»  Ce  général  était  Schawenbourg,  qui,  sous  l'ancien  ré- 
gmie,  avait  commandé  le  régiment  de  Nassau  et  tenu  long- 
temps garnison  à  Besançon,  où  les  gens  du  pays  l'appelaient 
Chaubourg.  Il  y  avait  laissé  le  renom  d'un  homme  de  belles 
manières,  dans  la  haute  société  de  la  ville,  où  il  avait  connu 
la  plupart  des  modèles  que  Wyrsch  y  peignit,  et,  probable- 
ment, Wyrsch  lui-même.  Cette  circonstance,  et  la  prédilec- 
tion que  le  vieil  artiste  avait  conservée  pour  la  France  ex- 
pliquent la  sécurité  obstinée  avec  laquelle  il  attendit  nos 
compatriotes  te  9  septembre  1798,  lorqu'à  la  suite  d'une  série 
de  combats  de  géants  qui  les  retinrent  pendant  neuf  heures 
au  sommet  des  montagnes,  ils  descendirent,  exaspérés  d'une 
victoire  si  disputée,  dans  les  vallées  de  Stanz,  de  Buochs  et 
de  Kersitten. 

*  C'est  vers  deux  heures  après  midi  que  la  nouvelle  de  la 
défaite  des  Suisses  engagea  une  partie  des  habitants  du  bourg 
à  chercher  une  prompte  retraite  sur  les  roches  escarpées 


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qui  dominent  Buochs.  François-Joseph  Wyrsch  était  prêt  à 
fuir  avec  ses  sei-vantes  et  un  prêtre  nommé  Ackermann, 
lorsque  Melchior  les  en  dissuada.  —  Quel  mal  pourrait-on 
£tire,  leur  dit-il,  k  un  vieux  peintre  aveugle  et  à  un  septua- 
génaire inofTensir!  Je  connais  les  Français,  j'ai  vécu  au  mi- 
lieu d'eux,  ils  sont  humains  et  courtois,  je  parle  leur  langue  ; 
apprêtons-nous  à  les  bien  recevoir. 

*  Ces  observations  retinrent  les  servantes  près  des  deux 
frères,  dans  cette  maison  de  Buochs,  que  Melchior  avait  or- 
née de  ses  peintures.  Seul,  le  prêtre  Ackermann  persista 
dans  son  dessein  de  fuir  :  il  ilt  mettre  à  genoux  toute  la  fa- 
mille, lui  donna  l'absolution,  et  gagna  la  montagne. 

»  Alors  on  ferma  la  maison,  et,  presque  aussitôt,  on  vit  au 
loin  des  troupes  qui  s'approchaient  du  village.  Dès  qu'on 
frappa  à  la  porte,  Melchior  Wyrsch  ordonna  d'ouvrir.  Les 
soldats  qui  se  précipitèrent  dans  la  maison  trouvèrent,  dans 
la  chambre  principale,  François-Joseph  et  le  vieux  peintre 
aveugle  qui,  se  soulevant  de  son  siège,  s'empressa  de  les 
accueillir  en  leur  parlant  français. 

•  Comme  ce  logis  se  remplissait  de  pillards,  les  servantes, 
refoulées  k  coups  de  sabre,  se  replièrent  sur  leurs  maîtres, 
et  tandis  que  François-Joseph  tombait,  étourdi  par  cinq  bles- 
sures légères,  un  soldat,  s'avançant  sur  Melchior,  abaissa 
son  arme  et  l'ajusta  presque  à  bout  portant.  La  balle  traversa 
la  poitrine  du  vieux  peintre,  qui  tomba  en  arrière  en  s'é- 
criant  :  <  Jéaut.  Maria  !  » 

»  Quand  ces  furieux  eurent  achevé  de  dévaster  la  maison, 
ils  l'incendièrent  et  y  abandonnèrent  leurs  victimes,  qui, 
ayant,  à  l'exception  de  Melchior,  repris  leurs  sens,  par- 
vinrent, jusqu'à  trois  fois,  à  maîtriser  le  feu.  Mais,  vers  le 
soir,  les  flammes  ranimées  otërent  tout  espoir  à  ces  malheu- 
reux qui,  réunissant  le  peu  de  force  qui  leur  restait,  se  traî- 
nèrent jusqu'à  la  sortie  du  village  et  gagnèrent  les  montagnes 
d'Oberschwanden ,  où  François-Joseph ,  à  demi-mort ,  re- 
trouva, trois  heures  après  minuit,  ses  fils  et  ceux  de  son 


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—  310  — 
troisième  frère,  qui  avaient  pris  part  au  combat  d'AIlveg. 
•  Lorsqu'il  fut  permis  à  ces  fugitifs  de  redescendre  dans 
la  vallée,  Buochs  n'était  plus  qu'un  amas  de  ruines.  On  ne 
retrouva,  en  remuant  les  cendi-es  de  la  maison  du  peintre 
Wyrsch,  aucune  trace  de  son  corps,  qui  fut  consumé  par  les 
flammes.  > 

Ainsi  finit  cet  homme  remarquable  Ae  Nidwalden  en  un 
jour  qui  est  écrit  en  lettres  de  sang  dans  les  annales  de  ce 
bon  peuple. 

En  regard  de  cet  horrible  récit,  il  est  nécessaire  de  faire 
remarquer  que  les  Français  avaient  été  provoqués.  Nous  en 
trouvons  la  preuve  dans  un  ouvrage  récent,  intitulé  :  Le  gé- 
néral Curély.  Itinéraire  d'un  cavalier  léger  à  la  grande 
armée,  publié  d'après  un  manuscrit  authentique,  par  le  gé- 
néral Thoumas.  Dans  un  des  chapitres  de  ce  très  intéressant 
ouvrage,  intitulé  :  la  Suisse,  nous  lisons,  en  effet  les  lignes 
suivantes  :  •  Arrivés  enfin  dans  la  plaine,  nous  employâmes 
les  journées  du  1"  et  du  2  septembre  à  reconnaître  la  posi- 
ion  de  l'ennemi  :  il  y  eut  quelques  tirailleries  de  part  et 
l'autre  et  les  Suisses  nous  prirent  trois  soldats,  qu'ils  nous 
■envoyèrent  après  les  avoir  horriblement  mutilés.  Deux 
l'entre  eux  avaient  la  langue  et  les  oreilles  coupées,  le  troi- 
;ième,  les  yeux  crevés  et  une  main  coupée.  Ces  barbares 
itrocités  indignèrent  tellement  l'infanlerie  et  en  particulier 
a  légion  noire,  à  laquelle  appartenaient  les  trois  soldats 
raités  de  la  sorte,  que  nos  troupes  à  pied  dépassèrent  les 
suisses  en  férocité  après  le  combat  ». 

Ainsi  parle  le  général  Curély,  dans  son  livre;  les  historiens 
le  font  généralement  pas  mention  de  ce  fait,  qui  atténue 
lingu  Hère  ment,  s'il  ne  l'excuse  pas  tout  à  fait,  l'horreur  du 
nassacre  de  Buochs. 

Les  flammes  qui  réduisirent  en  cendre  le  corps  de  Wyrsch 
létruisirent  aussi  sa  succession  artistique,  ses  peintures,  ses 
lessins,  ainsi  que  sa  correspondance,  à  l'aide  de  laquelle  le 
>iographe  aurait  pu  pénétrer  dans  la  vie  intellectuelle  de 


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—  311  — 

l'artiste.  La  mémoire  de  leur  célèbre  concitoyen  ne  s'est  ja- 
mais coroplétement  efTacëe  dans  le  cœur  des  habitants  de 
Buochs  ;  aussi  nnt-ils  voulu  marquer  l'année  1898,  avec  la- 
quelle s'acbevait  le  premier  centenaire  de  sa  mort,  en  rem- 
plaçant par  un  tableau  comméinoratir  le  monument  par  trop 
modeste  de  l'ossuaire  de  Buochs. 

Les  dernières  pages  de  notre  notice  sont  consacrées  au 
caractère,  ù  la  manière  et  h  l'influence  du  talent  de  Wyrsch. 

Telle  est,  rapidement  esquissée,  la  biographie  de  Wyrsch, 
d'après  l'élude  que  vient  de  publier  M.  le  curé  de  Lucerne. 

Messieurs, 

Au  moment  où  la  Société  d'Elmulation,  sur  l'intelligente 
initiative  de  M.  Jules  Gauthier,  archiviste  du  département, 
se  prépare  à  célébrer  le  centenaire  de  Luc  Breton,  l'ami  et 
le  collaborateur  de  Wyrsch  à  l'Ecole  de  peinture  de  Besan- 
çon, il  m'a  été  agréable  de  vous  signaler  le  travail,  modeste 
sans  doute,  mais  intéressant,  dans  lequel  le  savant  curé  de 
Lucerae  a  remis  en  lumi^«  celui  qui  fut,  suivant  l'expression 
de  Francis  Wey,  <:  l'un  de>  pltta  fidélet,  «t  le  plvt  oriffinal 
des  peintres  de  portraiU  qui  aieitt  vécu  pendant  la  vceonde 
m<yUié  du  xvm*  aièele  >. 


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LES    ŒUVRES 

PEINTRE   WYRSCH 

AU  MUSEE  DU  LOUVRE  ET  EN  SUISSE  t 
Par  le  IK  UDOOX 

Siatiee   du  9  mai    1900 


Un  guide  des  touristes  en  Suisse  a  pendant  longtemps 
signalé  à  Stanz  une  curiosité  merveilleuse  :  Un  Christ  en 
ceoiic  peint  par  un  aveugle.  Dans  les  dernières  éditions  de 
son  livre,  Bsdeker  a  supprimé  la  cécité  de  Wûrsch,  l'auteur 
de  cette  œuvre  ;  elle  n'avait  pas  besoin  d'une  réclame  aussi 
extravagante  pour  attirer  et  fixer  l'attention. 

Ce  Wûrsch  des  Allemands  n'est  autre  que  notre  Melchior 
Wyrsch  (2;,  le  directeur  avec  Luc  Breton  de  la  première 
école  de  peinture  et  de  sculpture  de  Besançon  dont,  avec  sa 
compétence  artistique  et  son  érudition,  Auguste  Castan  a 
écrit  l'histoire  &). 

Qui  a  vu  le  Chriat  en  Croix,  daté  de  1782,  dans  la  salle  du 
Conseil  au  Ralhaus  de  Stanz,  ne  peut  douter  qu'il  ait  été  exé- 


(1;  Dans  les  cantons  d«  Lucerne  et  d'Unterwalden.  Cette  élude  ne  men- 
liantie  que  les  tableaui  publiquement  eipo^,  et  ceux  qui  sont  conservés 
dan»  sa  rimille. 

'   (2j  C'est  â  l'exemple  de  Melchior  qui  a  commencé  à  signer  Wyrsch  qua 
b  ramille  Wùi-sch  a  adopté  et  conservé  cette  transformation. 

(3;  Auguste  Castan,  L'ancienne  école  de  peinture  et  de  aeulpiure  de 
Besançon,  il5Q-il9t,  dans  les  itétnoirea  de  la  Soc.  d'Emulation  du 
i)oub>,  1888. 


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-  313  — 

cuté  avant  les  premiers  troubles  de  )a  vue  dont  la  perte 
complète  devait  cruellement  affliger  la  vieillesse  de  l'artiste, 
mort  en  1798.  Les  beautés  harmonieuses  dn  dessin  et  des 
couleurs,  la  juste  expression  des  souffrances  du  Dieu  martyr, 
et  sauveur,  en  témoignent  avec  évidence.  La  science  de  l'a- 
natomie  et  le  talent  pictural  aa  service  de  la  foi  chrétienne, 
ont  encouragé  Wyrsch  à  se  complaire  dans  de  multiples  re- 
productions du  même  sujet.  Le  crucifié  de  Stanz  a-t-il  droit 
aux  mêmes  éloges  que  celui  de  l'hfipital  de  Salins,  dont 
Francis  Wey  a  dit  ('),  et  son  jugement  ne  semble  pouvoir 
êire  controversé  :  «  Il  occuperait  un  rang  honorable  dans  la 
splendide  collection  du  Louvre  »?  Si  le  souvenir  d'impres- 
sions ressenties  h  l'examen  de  l'un  et  de  l'autre  à  une  année 
d'intervalle  attribue  une  supériorité  au  Christ  de  Salins,  la 
qualité  de  celui  de  Stanz  n'en  reste  pas  moins  éminente. 

i£  même  édifice  possède  en  trois  autres  tableaux  les 
figures  des  landammanns-landshauptmans  Kasp.  Keiser, 
Franz  Ackermann  et  Franz  Ant.  Wùrsch,  dont  le  premier  et 
aussi  le  second  ne  serait  point  déplacé  dans  les  galeries  les 
plus  fameuses  h  côté  de  portraits  signés  de  noms  plus  cé- 
lèbres. Jamais  Wyrsch  n'a  modelé  avec  plus  de  vigueur,  n'a 
tenu  son  pinceau  avec  plus  de  fermeté  et  de  délicatesse; 
jamais  il  n'a  mieux  animé  des  reflets  de  la  vie  que  ces  t^tes 
intelligentes  de  robusies  magistrats.  Tous  les  détail»  sont 
soignés  à  la  perfection,  les  mains  avec  une  exquise  flnesse. 
Sur  les  murs  de  cette  salle,  couverts  des  portraits  des  conseil- 
lers du  Nidwald,  <  des  croûtes  a,  a  noté  Francis  Wey,  et 
dont  on  n'est  guère  curieux  de  connaître  les  méchants  bar- 
bouilleurs, il   n'y  a  vraiment  que  Keiser,   Ackermann  et 


(1)  Francis  Wey.  Melchior  Wijrich  et  le»  peinirea  biiontina  dans  les 
Mém.  da  la  Soe.  d'Emulation  du  Douba,  IgGl.  Celte  élaàt,  celle  précé- 
demmenl  citée  de  Castan  et  le  Catalogue  des  Musées  de  Besançon,  par  le 
même,  donnent  une  liste  des  principaui  tableaux  laisses  par  Wyrsch  en 
Franche-Comté,  liste  Tort  incomplète  puisqu'elle  n'énumère  pas  les  por- 
traits conservés  dans  les  Tamilles  comtoises. 

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—  314  — 
Wûrsch  ;  ils  écrasent  leurs  collègues  du   rayonnant   éclat 
qu'ils  ont  reçu  de  leur  compatriote  et  parent  Melchior. 

Au  Rathaus  de  I.uceme,  lu  Légi»lation  de  Moite,  signée 
Melc.  Wyrsch,  1785,  décore  tout  le  panneau  sud  de  la 
chambre  des  assemblées,  sur  plus  de  deux  mètres  de  hau- 
teur, six  de  largeur.  Au  centre,  dominant  la  scène,  Moïse, 
sur  un  roclier,  lient  les  tables  de  ses  lois.  La  tête,  à  liatbe 
blancbc.  exprime  dignité,  autorité.  Vingt-cinq  personnages, 
par  groupes,  occupent  le.s  premiers  plans,  en  avant  de  la 
ma.sse  du  peuple  hébreu.  A  droite,  en  bas,  une  femme  au 
type  de  la  Vierge,  tient  un  enfant  :  le  peintre  a  voulu  repré- 
senter, dans  cette  scène  capitale  de  l'ancien  Te.stament,  la 
prophétie  du  Christianisme.  Près  de  cette  promesse  du  Mes- 
sie est  agenouillé  un  homme  vigoureux,  pas  joli,  aux  traits 
presque  durs,  aux  proportions  plus  fortes  que  celles  de  ses 
voisins  et  qui  détonne  dans  l'ensemble  des  autres  figures  de 
caractère  plus  académique.  Nous  le  reconnaissons  malgré 
l'absence  du  strabisme  dont  était  atteint  l'auteur  de  la  Légis- 
lation de  Mo'ise  :  Wyrich  seipaum  pinxtt. 

C'est  le  dernier  enfant  d'un  père  qui  demain  sera  un  vieil- 
lard, un  infirme.  Des  études  ont  préparé  un  dessin  générale- 
ment correct;  la  froideur  de  l'ensemble,  par  insuffisance  de 
mouvement  chez  les  acteurs,  se  retrouve  dans  des  composi- 
tions précédentes.  Mais  sur  sa  plus  vaste  toile,  destinée  à  la 
consécration  de  sa  réputation  dans  son  pays,  Wyrsch  n'a 
plus  su  étaler  le  coloris  qui  a  illuminé  ses  œuvres  anté- 
rieures et  même  récentes.  La  comparaison  avec  le  Juge- 
ment de  Suliimoii  par  Joseph  Reinhardt,  1787,  sur  une 
autre  face  de  cette  salle,  est  cependant  tout  à  l'homieur  du 
Wyrsch. 

Ne  quittons  pas  Lucerne  sans  entrer  au  Musé,e.  Nous  n'y 
trouvons  que  des  œuvres  secondaires  de  notre  peintre;  les 
portraits  des  abbés  du  Monastère  de  Saint-Urban,  R.  D. 
Benoit  Ffifier  (1778)  et  H.  D  Martin  Dalthaz-tr  {MSX),  te  se- 
cond préférable  au  premier,  à  la  face  presque  monochrome- 


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—  3t5  — 

ment  roufte&tre  et  sans  animation  ;  un  Saint  Jean  Népomu' 
cène  (1767),  à  belle  tète;  un  Saint  Louis  de  Gomague  (1761). 
Ce  dernier  morceau  avait-il  été  assez  soigné  par  l'artiste  pour 
marquer  le  degré  de  son  talent  après  son  retour  de  Rome, 
avant  son  arrivée  en  France?  11  faudrait  alors  constater  avec 
quels  progrès  l'art  de  Wyrsch  s'est  développé  pendant  son 
séjour  à  Besançon. 

Saint  Nicolaê  de  Flûe  est  exposé  à  Samen,  dans  la  vieille 
maison  du  gouvernement  de  l'Obwald.  Sur  ce  fond  :  les 
montagnes,  le  lac,  la  ville  en  flammes  de  Sarnen,  s'avance  le 
Saint,  vêtu  d'une  robe  de  bure  brune,  assez  ouverte  pour 
dégager  la  base  du  cou,  s'arrëtant  au-dessus  des  attaches  des 
pieds  nus.  Cou  et  pieds  méritent  déjà,  avec  les  mains,  k  ce 
tableau,  la  note  d'une  valeur  supérieure.  La  main  droite, 
dont  le  poignet  est  enlacé  d'un  chapelet,  appuie  éloquem- 
ment  d'un  noble  geste,  la  parole  sortant  des  lèvres  entr'ou- 
vertes.  La  gauche  tient  le  bftton  de  voyage. 

De  l'ermite  amaigri,  mais  robuste,  la  tête  légèrement  au- 
réolée, plus  rude  que  belle,  mais  au  regard  miséricordieux, 
aux  cheveux  et  à  la  barbe  noirs  presque  incultes,  exprime 
la  tristesse  et  la  prière.  C'est  l'apôtre  de  la  paix  qui  accourt 
pour  calmer  la  tempête  des  passions  humaines,  pour  imposer 
aux  frères  ennemis,  dans  la  foreur  de  leurs  combats,  la  trêve 
de  Dieu. 

Dans  la  symphonie  des  couleurs  les  tons  sombi-es  de  la 
robe,  des  cheveux,  de  la  barbe,  assurent  le  jaillissement  des 
clartés  des  chairs.  Est-ce,  comme  plusieurs  l'ont  avancé,  le 
chef-d'œuvre  de  Wyrsch?  Le  Christ  en  croix  n'est  guère  pro- 
pice à  invention  nouvelle  et  ceux  de  notre  peintre  sont  con- 
çus suivant  le  mode  classique.  Le  Suint  Nicolas  de  FIQe, 
vraiment  imprégné  d'inspiration,  est  supérieur  aux  meilleurs 
portraits  de  Wyrsch  :  mieux  que  dans  la  copie  artistique  d'un 
modèle,  l'auteur  a  su  ici  mettre  en  action,  animer  un  person- 
nage, pour  lui  faire  représenter  toute  une  scène  historique. 
Ceci  dit,  si  on  met  en  question  l'habileté  manuelle  dans  la 


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—  316  — 
lutte  contre  la  difficulté,  le  Christ  de  Salins,  d'expression  non 
moins  émouvante,  nous  parait  encore  mieux  attester  le  talent 
de  Wyrsch. 

Plusieurs  églises  de  l'Unterwalden  possèdent  des  toiles 
de  Meichior.  Pour  ne  citer  que  les  plus  importantes  parmi 
celles-ci,  rappelous  que  la  vieille  abbaye  bénédictine  d'En- 
gelberg,  qu'encadre  la  splendeur  grandiose  de  glaciers  al- 
pestres, fait  vénérer,  devant  trois  bons  tableaux,  saint 
Benoit,  saint  Eugène  et  saint  Antoine. 

Wyrscli  a  contribué  A  la  décoration  de  l'église  de  Sachseln, 
aux  piliers,  galerie,  chaire,  autels,  mausolée  en  marbre  noir, 
de  ce  sanctuaire  national  où  les  Suisses  catholiques  viennent 
prier  devant  le  squelette,  couvert  de  pierres  précieuses,  de 
Nicolas  de  Fliîe.  Le  Cruci(iè  sur  les  genoux  de  »a  Mère  (1775) 
et  la  Présentation  de  Marie  au  Temple  (1776)  méritent  de 
nous  arrêter.  Dans  la  Piéta,  le  corps  du  Christ  est  tel  qu'on 
pouvait  l'attendre  de  la  science  anatomique  et  de  la  dextérité 
de  notre  peintre  :  le  bras  droit,  seul  apparent,  et  le  t')rse 
peuvent  èLre  signalés  comme  des  modèles  d'étude  du  nu.  La 
Présentation  est  l'un  des  meilleurs  spécimens  de  la  peinture 
religieuse  de  Wyrsch,  qui  a  su  bien  ordonner  cette  composi- 
tion. Sur  les  degrés  du  Temple,  devant  le  grand  prêtre,  sont 
agenouillés  la  Vierge,  couronnée  de  roses,  vêtue  de  blanc,  et 
ses  parents.  Quatre  autres  personnages  complètent  la  scène 
sur  laquelle  planent  des  anges.  Tous  se  présentent  en  noble 
attitude,  principalement  le  prêtre  appelant  l'enfant,  et  sainte 
Anne  dont  la  tète  est  d'une  suave  distinction. 

M.  le  Docteur  Jacob  Wyrsch,  ancien  landammann,  est,  à 
Juste  titre,  Tier  de  posî^éder  dans  sa  maison  de  lluochs  les 
reliques  sauvées  de  l'incendie  de  Stanz.  en  1798,  et  qui 
forment  l'héritage  de  son  grand-oncle  ;  qu'il  agrée  nos  re- 
merciements de  nous  avoir  permis  de  contempler  trois  mé- 
daillons d'une  exécution  très  One  :  Meichior,  en  habit 
Louis  XV;  la  femme  du  peintre,  laide,  mais  au  teint  très 
trais,  aux  cheveux  poudrés  ;  /{.  D.  Joseph  Hcrmann,  prêtre 


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—  317  — 
à  Kirâtten,  très  bonne  peinture  de  1765;  deux  excellents  des- 
sins, un  Christ  en  Croix  et  une  Assomption  (t). 

Les  ouvrages  de  Wyrsch  exposés  en  Suisse  bénéficient 
d'une  circonstance  favorable  à  leur  appréciation  :  ils  se 
trouvent  en  fréquent  voisinage  avec  les  tableaux  religieux 
de  Paul  Deschwanden,  de  Stanz  (^j.  Dans  les  images,  par 
ce  dernier,  du  Christ,  de  la  Vierge,  des  Saints,  qui  ornent 
de  nombreuses  églises  autour  du  lac  de  Luceme,  les  lignes 
sont  parfaitement  régulières,  le  coloris  s'épand  en  une 
douce  tonalité,  mais  le  sentiment  expressil  est  défaillant  ou 
absent.  Ces  saintetés  trop  calmes  semblent  mieux  desti- 
nées au  rôle  d'apparitions  dans  la  pénombre  mystique  des 
chapelles  fermées  aux  prières  populaires.  En  un  cloître, 
refuge  de  la  méditation  passive,  ces  images  de  la  divinité 
béatement  placide  peuvent  exciter  l'extase  de  religieuses  en 
adoration  devant  Jésus  ou  la  Vierge  au  type  du  Sacré-Cœur. 
Dans  l'église  ouverte  à  tous,  Dieu  ne  doit  pas  être  repré- 
senté immobile,  sans  pensée,  sans  autorité.  Nous  le  voulons 
avec  les  attributs  de  ce  qu'il  y  a  de  plus  beau,  de  plus  noble, 
de  plus  idéal ,  c'est-à-dire  rayonnant  d'intelligence  ;  on 
aime,  on  prie  un  Dieu  qui  appelle,  instruit,  commande, 
dont  l'âme  apparaît  vivante  pour  faire  espérer  un  peu  de  sa 
vie.  Ce  n'est  pas  Deschwanden  qui  a  réalisé  cette  concep- 
tion. 

(1)  Nous  avons  encore  vu  chei  le  D'  1.  Wyrsch  un  des  1res  rare»  paysages 
de  Mekhior,  la  maison  qu'il  avait  Tait  cousiruire  à  Ituochs,  près  de  l'église, 
avec,  au  tond,  les  moiils  de  Buochs,  de  SUni  et  le  l'ilule  :  une  esquisse  de 
la  Fuite  en  Egypte,  élude  médiocre  de17<».  pour  le  riirc  de  lleckenricd, 
cousin  de  l'auteur;  un  Saint  FrançoU  Xavier,  sur  bois,  de  valeur  secon- 
daire ;  les  portrailB  d'un  landainmaim  el  de  sa  Temme,  exécutés  à  Sachseln 
en  177-2;  un  Saint  Nicolas  de  Flùe  se  présenlant  devant  (a  Ûiètt!,  daté  de 
176i:  ces  trois  derniers  tableaux  sont  mal  couservés;  ,-iu  milieu  de  l'e  musée 
Tamilial,  une  très  bonne  reproducliou  du  portrait  de  Wyrsch,  que  possède, 
Besançon,  occupe  la  place  d'honneur. 

(3j  Mort  en  1882,  Voir  Kt  critique  de  l'œuvre  de  Deschwanden,  dans  Hans 
Holbein  <ur  la  route  d'Italie,  par  Pierie  Gaulhiez  (_Gatttte  des  beaux 
Art;  février  1896), 


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—  318  — 

Wyrsch ,  dont  il  faut ,  dans  cette  partie  de  son  œuvre, 
mettre  hors  classe  ies  Christ  en  Croix  et  le  Saint  Nicolas  de 
Fliie,  a-t-il  su  projeter  sur  unescène  de  la  Bible  ou  de  l'Evan- 
gile une  vraie  flamme  religieuse?  Généralement  la  pose  des 
acteurs  est  juste,  sans,  il  est  vrai,  suffisamment  concourir  k 
un  mouvement  d'ensemble  ;  tout  y  est  peint  avec  une  expé- 
rience consommée  du  métier.  Mais  il  y  manque  ce  qui  est  la 
qualité  essentielle  en  ce  genre  :  si  Deschwanden  reste  trop 
miiforme  en  son  idéalisme  personnel,  Wyrsch  ne  s'élève  pas 
assez  au  dessus  du  niveau  humain.  En  une  phrase,  Auguste 
Castan  a  très  justement  formulé  la  critique  des  compositions 
religieuses  de  Wyrsch  :  ■  Wyrsch  faisait  aussi  de  la  peinture 
d'histoire,  surtout  pour  les  Eglises  •.  Non,  il  n'a  pas  connu 
les  superbes  envolées  de  l'art  chrétien;  et  cependant  beau- 
coup SUIS  doute  se  sentent  encore  plus  en  sympathie  avec 
l'esprit  de  ce  naturaliste  qu'avec  celui  de  son  successeur  en 
ces  cantons.  Apparemment  notre  peintre  avait  fait  trop  de 
portraits  pour  que  ses  tableaux  religieux  ne  s'en  ressentent 
pas.  Les  deux  genres  ne  sauraient  s'inspirer  dans  la  même 
mesure  de  positivisme  et  de  spiritualisme,  et  réclament  plu- 
tôt, en  un  heureux  accord,  leur  inverse  proportion.  La  na- 
ture de  notre  Suisse,  développée  par  l'entraînement  profes- 
sionnel, a  toujours  été  plus  réaliste  qu'idéaliste. 

Wyrsch  n'a  jamais  été  lyrique;  il  a  essayé,  il  n'a  jamais 
bien  su  parler  le  langage  poétique  de  l'art.  Mais  il  s'exprime 
bien  en  prose,  en  une  prose  souple,  concrète,  solide,  pure, 
harmonieuse.  Aussi  le  portraitiste,  autant  que  l'auteur  du 
Christ  en  Croix  et  du  Saint  Nicolas,  qui  ne  sont  après  tout 
que  des  portraits  d'après  un  modèle  d'étude,  mort  ou  vivant, 
a  droit  à  ces  justes  éloges  de  Francis  Wey  et  d'Auguste  Cas- 
tan. Le  premier  lui  reconnaît  >  une  touche  ferme,  une  cou- 
leur vigoureuse,  une  lumière  hardiment  distribuée,  un  dessin 
assez  habile  n.  D'après  le  second,  «  la  peinture  de  Wyrsch 
est  ferme  de  touche,  chaude  de  couleur  et  précise  d'expres- 
sion :  elle  relève  beaucoup  plus  de  l'observation  pénétrante 


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-  319  - 

que  de  la  vivacité  primesautière Tout  ce  qu'a  produit  cet 

érudit  pinceau  présente  un  intérêt  saisissant,  car  il  n'en  est 
rien  sorti  de  banal,  encore  moins  de  conventionnel  :  c'est 
toujours  profondément  vrai  et  vigoureusement  sincère  iV.  » 

En  Franche-Comlé  et  dans  les  cantons  de  Soleure  et  de  la 
Suisse  Centrale,  nombreuses  encore  sont  les  anciennes  fa- 
milles qui  conservent  précieusement  les  portraits  de  leurs 
aïeux  par  ce  peintre  qui  méritait  mieux  qu'une  notoriété  pro- 
vinciale, dont  quelques-unes  des  œuvres  étaient  dignes  de 
figurer  dans  une  grande  galerie.  Wyrsch  a  enfin  obtenu  cet 
honneur  quand,  grâce  à  un  legs  de  Francis  Wey,  il  est  entré 
dans  notre  Musée  national.  Le  catalogue  du  Louvre  inscrit 
sous  les  n"  2751  et  2752  les  portraits  (S  du  grand-père  et  de 
la  grand'mëre  du  donateur. 

François- Antoine  Wey,  d'une  famille,  d'origine  alsacienne, 
de  négociants  bisontins,  dont  quelques-uns  avaient  siégé  au 
tribunal  de  la  juridiction  consulaire  sous  l'ancienne  monar- 
chie, était  né  en  1750  et  mourut  en  1815,  à  Besancon.  Après 
avoir  été  menacé  d'un  désastre  par  la  crise  commerciale  au 
début  de  la  Révolution,  il  fit  partie  du  conseil  du  district, 
puis,  sous  l'Empire,  il  fut  conseiller  municipal  et  président 
du  tribunal  de  commerce  :  il  était  fort  estimé,  et  non  seule- 


(1}  On  JDge  un  peintre  par  ses  tableaux,  un  peu  aussi  sur  ses  élèves.  En 
Suisse,  pour  ne  pas  sortir  des  limites  de  cette  étude,  Wyi-sch  fut  le  profes- 
smr  d'ObersIeg  et  de  Murren.  Tous  deux  ont  acquis  de  leur  maître  les 
principes  du  desaiu,  de  la  disposition  des  couleurs,  du  la  composition, 
comme  le  prouvent  —  nous  ne  citerons  qu'une  œuvre  de  chacun  d'eux  — 
un  portrait  par  Obersteg,  chez  le  D'  Wyrsch,  et  t'Àt-xaiion,  de  Mûrren, 
à  rëglïse  de  Beckenried.  Cette  Ascension  ust  parfaitement  ordonnée.  Der- 
rière les  soldats  romains,  couchés,  un  ange  soulève  la  pierre  du  sépulcre  ; 
le  Christ,  beau,  lumineux,  bénissant  de  la  droite,  tenant  de  la  gauche  le 
labarum  s'élève  dans  le  ciel.  C'est  classique,  mais  distingué.  Le  maître 
autel  réclamait  le  tableau  de  Mnrren  tandis  que  les  chB|ie1les  latérales 
n'avaient  iroil  qu'à  l'Adoration  dei  bet^eri  et  à  Jénvê  a\i  jardin  dt» 
Otivieri.  tous  deux  de  Deschwanden. 

(2)  Hauteur,  0  m,&l;  largeur,  0  m.  54;  avales.  Dans  une  salle  des  Ecoles 
allemandes  et  suisses. 


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ment  dans  le  monde  des  affaires.  Wyrsch  a  fait  ressortir  l'in- 
telligence et  le  caractère  de  son  modèle  dans  une  tète  dont 
surtout  les  yeux  et  la  bouche  sont  excellemment  traités. 
Wey,  aux  traits  musculeux,  grisonnant,  est  vôtu  d'un  habit 
de  Eoie  grise,  avec  jabot.  Notons  qu'il  parait  plus  Agé  de 
presque  dix  années  qu'il  ne  l'était,  puisqu'il  n'a  pu  poser 
devant  son  peintre  qu'avant  sa  trente-cinquième  année. 
Wyrsch,  toujours  véridique,  ne  flattait  pas  ses  clients  en  les 
rajeunissant. 

Madame  Wey,  née  Mathilde  Gamel,  ne  parait  guère  plus 
jeune  que  son  mari.  Son  visage  est  un  peu  lourd,  il  ne  plai- 
rait guère,  s'il  n'était  embelli  par  une  belle  carnation  et  un 
vif  regard.  La  robe  est  en  soie  grise,  avec  rubans  bleus;  les 
cheveux  sont  poudrés. 

Au  Louvre,  comme  on  peut  le  constater  habituellement 
dans  l'œuvre  de  Wyrsch,  le  jiortrait  d'homme  est  le  meil- 
leur. Il  ne  lui  est  arrivé  qu'exceptionnellement  de  donner 
une  meilleure  image  de  l'épouse  que  du  mari,  comme  quand 
il  eut  pour  modèles  les  Blanchard  de  Villers;  Wyrsch  a  at- 
teint cette  fois  la  supériorité  dans  la  reproduction  du  coloris 
de  la  femme  :  ici,  ses  variations  sur  la  gamme  de  la  carna- 
tion féminine  se  fondent  dans  un  ensemble  du  plus  gracieux 
eiTet.  Mais  la  virtuosité  de  son  pinceau  s'exerçait  mieux  dans 
la  difRcullé  imposée  par  des  formes  plus  saillantes,  la  main 
est  plus  habile  quand  le  relief  est  plus  accentué. 

Le  talent  de  Wyrsch  est  ainsi  honorablement  représenté  à 
Paris  par  ces  deux  portraits  très  estimables,  mais  qui  ne  dé- 
passent pas  une  très  bonne  moyenne  dans  la  série  des  ta- 
bleaux de  notre  peintre,  tandis  que  quelques-uns,  notam- 
ment en  Franche-Comté,  vraiment  supérieurs,  consacrent 
mimiv  l*>  i-Hnnni  de  Wyrsch. 

réateurs  sont  rares.  La  place  de  Wyrsch  n'est 
de  ceux-ci.  Du  moins,  il  restera  au  rang  des 
et  interprètes  de  la  figure  humaine  pendant 
itié  du  XVIII*  siècle. 


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—  3M  — 

Wyrsch  s'était  intimement  lié,  à  Rome,  avec  Luc  Breton  (i), 
dont  l'ambition  était  de  rapporter  ses  talents  au  service  de 
ses  concitoyens.  Parmi  les  créations  de  l'éminent  sculpteur, 
on  remarque,  au  Musée  de  Besancon,  le  buste  de  notre 
peintre,  un  petit  chef-d'œuvre  de  modelage  solide  autant  que 
délicat.  L'attraction  de  cette  amitié  influença  certainement 
le  Suisse  quand,  après  avoir  épuisé  la  clientèle  à  Lucerne,  à 
Zurich,  àSoleure,  il  résolut  de  transporter  son  atelier  dans 
une  autre  ville.  A  Besançon,  de  nombreuses  familles  nobles, 
les  chefs  des  gouvernements  civil  et  militaire,  le  haut  clet^é, 
les  membres  du  Parlement  et  de  TUniversité  constituaient 
une  société  riche,  éclairée,  amie  des  arts.  Breton  l'avait  dit 
à  Wyrsch  ;  un  autre  bisontin,  l'architecte  Nicole,  dut  le  lui 
répéter  quand  ils  se  rencontrèrent  à  Soleure.  Les  bonnes  re- 
lations de  voisinage  des  deux  côtés  du  Jura  permettaient  aux 
réputations  de  franchir  facilement  la  frontière.  Nicole,  qui 
venait  d'édifier  nos  remarquables  églises  du  Refuge  (3)  et  de 


(1}  L»  iculpleur  Luc-Françoii  Breton,  par  Ch.  Baille,  dans  la  Bevut 
littéraire  de  la  Franche- Comté,  1861.  «  Breton,  qu'aucune  uoii  si  dération 
n'avait  |iu  amener  h  suivre  Naloire  à  Paris,  eul,  lui,  assez  d'empire  sur  un 
de  ses  amis  pour  ubLeiiirqu'iUe  suivit  à  Besancon.  Cet  ami  était  Wirsch... 
CeTul  proprement  au  point  de  vue  du  talent  que  Breton  eut  sur  son  ami 
une  influence  décisive.  Wirsch  manquait  de  l'inspiration  qui  élève  aux 
grandes  compositions  ;  notre  sculpteur  te  comprit,  et.  avec  la  sagacité  et 
l'autorité  d'un  maître,  il  lui  indiqua  sa  véritable  vocation  qui  était  le  por- 

Trèsheureusement  doue  comme  peintre,  avec  les  principes  qu'il  Bilait 
trouver  à  Rome,  Wirsch  aurait  Tait  un  artiste  habile,  supérieur  même, 
grâce  à  la  vigoureuse  trempe  deson  talent,  à  la  plupart  de  ses  contempo- 
rains. Mais,  sans  la  direction  de  son  ami.  il  n'aurait  jamais  atteint  à  cette 
franchise,  à  cette  vérité  d'expression,  à  ce  dessin  si  facile  et  si  sûr,  a  celte 
originalité  si  puissante,  mérites  particuliers  de  Bi'elon  ..  Nous  n'aurions 
pus  de  donnée  certaine  sur  l'influence  à  ce  dernier  point  de  vue,  du  sculp- 
teur sur  le  peintre,  qu'il  nous  suflirait  pour  la  considérer  comme  évidente 
de  comparer  un  buste  de  l'un  uvoc  un  portrait  de  l'autre  :  ce  sont  deux 
cBuvres  de  la  même  famille,  avec  un  trait  de  gr^nie  de  plus  chez  le  sculp- 

(S)  Hôpital  Bai Qt- Jacques. 


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Sainte-Madeieioe,  avait  été  appelé  à  Soleare  pour  dresser  les 
plans  et  diriger  la  construclicHO  de  la  cathédrale  de  Saint- 
Ours  à  partir  de  1762.  Ain:?!  Wyrsch,  aux  difTérentes  étapes 
de  sa  carrière,  entendait  faire  l'éloge  de  leur  ville  natale  par 
des  artistesd'un  puissant  mérite,  épris  du  beau:  il  partit  donc 
pour  Besançon,  y  demeura  de  1763  à  1784;  ses  services  sont 
résumés  dans  une  délibération  municipale  du  7  juillet  1784 
qui,  avec  les  considérants  les  plus  natteurs,  lui  donna  le 
titre  de  citoyen. 

Comme  il  était  arrivé  avec  Luc  Breton,  la  sympathie  unit 
Nicole  et  Wjrsch  :  de  nombreux  portraits  en  témoignent. 
Peintre,  sculpteur,  aichitecte  fondèrent  alors  une  alliance 
dont  Besançon  doit  toujours  s'enorgueillir,  l'épreuve  du 
temps  n'ayant  servi  qu'à  mieux  faire  estimer  la  valeur  des 
ouvrages  que  lui  a  légués  cette  renaissance  de  l'art.  Wyrsch 
a  bien  droit  k  nos  hommages  réitérés  de  gratitude  puisque, 
non  par  piété  filiale,  comme  ses  amis,  il  n'a  travaillé  que 
comme  bisontin  par  choix  d'élection  pour  l'honneur  de  sa 
patrie  d'adoption . 


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L'OISEAU    MORT 

Par  H.  Bdonard  6RSNIBII 
Sianea  publique  du  14  dieeïïnbre  ift99 


Hier  matin,  soua  la  buvette 
Au  fond  du  jardin,  j'ai  trouvé 
Un  nid  désert,  où  la  fauvette 
Dans  les  beaux  ]ours  avait  couvé. 

Chëi'e  fauvette  !  ta  famille 
Est-elle  à  l'abri  des  hivers  ? 
Vois  !  les  rameaux  de  la  charmille 
De  blancs  flocons  sont  tout  couverts. 

Ah  !  c'est  déjà  le  froid,  la  neige. 
1!  faut  émigrer  ou  mourir 
Chers  compagnons  ailés,  que  n'ai-je 
La  main  de  Dieu  pour  vous  nourrir. 

Je  rêvais  ainsi  dans  l'allée. 
Quant  au  bord  du  sentier  étroit. 
Je  vis  sur  la  neige  étoilée 
Un  petit  oiseau  mort  de  froid  ; 

Mort  de  froid  et  de  faim  sans  doute... 
—  Ilélas  !  hélas  !  combien  d'humains 
Aux  jours  affreux  de  la  déroute 
Sont  morts  ainsi  par  les  chemins  ! 


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Ah  !  cet  hiver  que  rien  n'efbce, 
Oft,  malgré  nos  pleurs  et  nos  cris, 
La  guerre  nous  a  pris  l'Alsace 
Et  la  mort  nos  pauvres  conscrits! 

Le  temps  use  tout  ;  mais  mon  àme 
Est  d'un  métal  plus  résistant  ; 
Le  souvenir  en  traits  de  flamme 
Rouvre  la  plaie  à  chaque  instant. 

Et  je  revis  ces  heures  sombres. 
Ces  jours  d'horreur  inexpiés 
Où  dans  le  sang  el  les  décombres 
L'étranger  nous  foulait  aux  pieds. 

Ainsi  ton  image,  A  patrie  ! 

Malgré  l'oubli  toujours  vainqueur. 

S'imposait  à  ma  rêverie, 

Et  des  pleurs  me  montaient  du  cœur. 

Alors  d'une  main  tendre  el  douce 
J'ai  ramassé  le  pauvre  oiseau; 
Et.  couché  dans  le  nid  de  mousse, 
11  eut  pour  tombe  son  berceau. 


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LE   MÉNAGE 

O'U» 

AMBASSADEUR  DESPAGNE 

A.U     MIIilBU     DU     XVII*    SIÈCLE 

Par  M.  Joies  GAUTHIER 
Séance  du    1S   décembre    1899 


Dans  la  Galerie  Nationale  de  Londres,  parmi  cent  chefs- 
d'œuvre  de  vingt  écoles,  on  s'arrête  volontiers  devant  uno 
toile  de  petite  dimension,  oii  le  pinceau  de  Terburch  a  ma- 
gistralement lixé  les  traits  de  tous  les  négociateurs  de  la 
Paix  de  Munster.  Ils  sont  là,  une  soixantaine,  aux  profils 
nets  et  précis  comme  ceux  des  médailles  ou  des  intailles 
antiques,  tous  ces  ambassadeurs  français  ou  allemands, 
espagnols,  suédois  ou  hollandais,  qui  mirent  un  terme  à  la 
guerre  de  Trente  Ans,  en  signant  ce  traité  fameux  qui, 
d'après  Schiller,  fut  le  chef-d'œuvre  de  la  sagesse  humaine. 
Au  centre  deux  figures  énergiques  :  Servien  qui  représente 
la  France,  Pegnai'anda  le  plénipotentiaire  d'Espagne  ;  à 
gauche  de  Pegnaranda,  au  second  rang,  une  tête  singuliè- 
rement expressive,  celle  d'Antoine  Brun,  l'un  des  trois 
envoyés  de  Philippe  IV,  l'ancien  procureur  général  du  parle- 
ment de  Dole,  dont  le  rôle  a  été  considérable  dans  la  conclu- 
sion du  traité. 

Ce  Franc-Comtois,  dont  les  hasards  de  la  politique  ont 
mis  le  nom  longtemps  obscur  au  même  rang,  ou  peu  s'en 
faut,  que  les  maîtres  de  la  diplomatie  européenne,  dans  un 
temps  où  les  Mazarin,  les  Servien,  les  de  Haro,  les  Oxena- 


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tiem,  en  ont  fait  mouvoir  tous  les  ressorts,  est  d'ailleurs  d'un 
rare  mérite.  Né  à  Dole,  en  1599,  d'un  père  qui  avait  fière- 
ment porté  la  parole  devant  Henri  IV,  au  nom  de  son  pays 
injustement  ravagé,  élevé  dans  de-"^  universités  Eameuses 
avec  les  futurs  fondateurs  de  l'AcadàiBie  française,  Antoine 
Brun  y  fût  entré  comme  eux  s'il  n'eût  été  Comtois  et  sujet 
d'Espagne.  C'est  peu  d'être  un  lettré  si  l'on  n'est  un  homme, 
si  le  caractère  n'est  à  la  hauteur  de  l'esprit,  si  le  cœur 
n'égale  l'intelligence;  Antoine  Brun  eut  tout  cela.  Avocat,  il 
brilla  dans  un  barreau  où  la  science  du  droit  était  légen- 
daire, procureur  général,  il  prouva  dans  mainte  circons- 
tance la  souplesse  de  son  talent,  l'habileté  de  sa  dialectique, 
les  ressources  infinies  de  son  âme.  Bichelieu  déchaîne  ia 
guerre  sur  une  nation  pacifique,  coupable  de  gêner  ses  des- 
seins, Dole  est  assiégée  ;  Brun  s'y  conduit  comme  un  héros, 
tout  en  parlant  et  en  écrivant  comme  un  Démosthène,  pour 
enflammer  ceux  qui  combattent  avec  lui  ou  entraîner  le 
secours  qui  vient  lentement.  Dole  est  sauvée,  mais  la  guerre 
reprend  et  s'envenime,  la  Franche-Comté  est  dépeuplée  ; 
cinq  ans  se  passent  dans  la  lutte,  le  découragement  et  le  . 
désespoir  universels;  mais  le  cœur  bat  toujours,  à  Dole,  la 
capitale,  et  le  génie  de  la  défense  s'incarne  dans  quelques 
hommes  :  Boyvin,  Saint-Martin  et  Brun.  Dans  cette  guerre 
terrible  où  il  faut  lutter  à  la  fois  contre  la  mort  du  champ  de 
bataille,  la  peste  qui  fauche  sans  pitié,  la  famine  qui  détruit 
les  moissons,  un  philosophe  doublé  d'un  homme  d'Etat, 
Diego  Siiavedra,  a  remarqué  la  supériorité  de  Brun  et  l'a 
signalé  au  gouverneur  des  Pays-Bas.  Il  mérite  une  récom- 
pense que  le  Parlement,  les  Etats,  la  noblesse,  le  peu  qui 
survit  d'une  nation  six  fuis  décimée,  demandent  pour  le 
procureur  général. 

Le  13  septembre  1641,  l'Infant  Ferdinand  qui  gouverne  k 
la  fois  les  Pays-Bas  et  le  comté  de  Bourgogne,  l'adjoint  à 
Saavedra  et  au  président  de  Luxembourg  pour  représenter 
l'Espagne  à  la  diète  de  Ratisbonne;  la  carrière  diploma- 


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-327  *. 

tique  de  Brun  commence  et  sa  réussite  dans  sa  première 
mission  le  succès  de  ses  ambussades  lui  vaudront  de  deve- 
nir plénipotentiaire  t  Munster,  ambassadeur  à  la  Haye 
auprès  des  Provinces-Unies,  etd'y  mourir,  chef  des  linances 
des  Pays-Bas  et  baron,  à  la  veille  d'obtenir  de  plus  hauts  em- 
plois et  d'entrer  aux  Con-eils  de  Madrid. 

Toutes  les  étapes  de  cette  carrière,  tous  les  protecteurs 
qui  l'appuient,  les  jaloux  qui  la  traversent,  les  ècueils  qu'il 
faut  franchir  et  contourner  dans  un  métier  toujours  péril- 
leux, souvent  fatal,  sont  faciles  et  instructives  à  reconslituer 
et  k  peindre,  mais  ce  que  je  voudrais  ébaucher,  c'nst  quel- 
que chose  de  moins  vulgaire,  de  plus  intime,  le  foyer,  le 
ménage  d'Antoine  Brun  devenu  ambassadeur  et  plénipoten- 
tiaire d'Espagne. 

A  23  ans,  jeune  avocat,  Brun  s'était  {lancé  à  une  jeune  fille 
de  Dole,  Marguerite  Tissot,  morte  13  ans  plus  tard  de  la 
peste,  après  lui  avoir  donné  deux  enfants,  un  fils,  Laurent, 
qui  lui  survécut  et  devint  prêtre,  une  fille,  Alix,  morte  quel- 
ques jours  avant  sa  mère. 

En  1638,  à  Salins,  il  contracte  une  seconde  union  qui 
lui  apporta  quatorze  ans  de  bonheur  en  épousant  Made- 
leine d'Accosta,  fille  d'un  Espagnol  venu  des  Flandrets, 
Jean  d'Accosta,  dont  les  entreprises  financières  et  commer- 
ciales, contrariées  par  lea  événements,  proni,ettaieni  à  sa 
fille  une  grande  fortune  qu'elle  ne  lui  donna  point.  I.'épou- 
sée  était  charmante,  et  un  portrait  fait  plus  tard  h  Bruxelles, 
a  conservé  ses  traits  délicats  et  fins,  de  beaux  yeux,  des 
cheveux  blonds,  des  lèvres  animées  d'un  pâle  sourire,  un 
teint  mat,  une  expression  générale  fuite  de  douceur,  de 
bonté  et  de  mélancolie.  Le  mari  approchant  de  la  quaran- 
taine, de  taille  moyenne,  de  teint  peu  coloré,  le  front  large, 
l'œil  profond,  la  moustache  accompagnée  d'une  royale, 
parait  d'humeur  plutôt  triste  et  réfléchie.  Plusieurs  peintres, 
nombre  de  graveurs  ont  essuyé  de  tlxer  son  image,  et  c'est 
peut-être   Hannemann,  le  Flamand  qui  peignit  Jules  Ghif- 


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flel,  qui  en  a  le  mieux  saisi  l'expression.  A  Dole,  Marguerite 
d'Àccosta  eut  un  premier  enfant,  une  Slle,  qu'elle  nomma 
Thérèse,  car  la  fondatrice  du  Carmel  était  sa  dévotion  pré- 
férée. Après  les  premières  joies,  mêlées  de  toules  les 
inquiétudes  que  donnent  au  ménage  les  périls  de  la  s-iison, 
périls  de  guerre,  dangers  de  pe-ste,  constamment  suspendus 
sur  la  tète  des  Dolois,  Madeleine  d'Accosta,  avec  sa  Rlle,  et 
l'espérance  d'une  seconde  maternité,  dut  quitter  son  époux, 
et,  conduite  par  son  père,  gagner  Morat,  puis  Fribourg,  où 
naîtra  sa  seconde  fille,  Marguerite-Marie,  tandis  qu'Antoine 
Brun,  appelé  par  Saavedra,  siège  à  la  diète  de  Ratisbonne. 
a  Mon  cher  cœur,  autant  vous  avez  de  générosité  pour 
t  faire  passer  votre  contentement  après  ma  fortune,  autant 
»  ai-je  d'amour  pour  l'y  préférer,  étant  résolu  dès  long- 

>  temps  h  vous  emmener  quelque  part  que  j'aille  ou  de  vous 

*  faire  venir  ici  si  la  diète  continue...  Je  voudrais  bien,  si 
u  vous  êtes  en  état  de  voyager,  lorsque  M.  de  Saavedra 
B  repassera  de  Suisse  en  ce  pays  que  vous  le  suivissiez... 
»  en  litière...  jusqu'à  un   lieu  d'où  vous   pourriez  gagner 

>  Inspruc.k,  marchant  à  l'aise  de  5  heures  du  matin  à  9  et  de 
»  4  heures  du  soir  à  8,  et  reposant  avec  nos  poupons  le 
»  reste  du  jour  pour  éviter  et  la  fatigue  et  la  chaleur...  En 

>  cas  que  M   Saavedra  aille  îi  Fribourg,  il  faut  apprendre  à 

>  nos  enfants  à  le  saluer,  avant  qu'il  leur  tende  la  main. 
»  Encore  qu'il  ne  parle  pas  français,  il  l'entend  néanmoins; 
»  témoignez-lui   de  grands   ressentiments  des  obligations 

■  que  je  lui  ai.  H  m'aime  tant  qu'on  ne  saurait  dire  plus  et 
»  naturellement,  en  sorte  qu'il  me  semble  être  encore  en 
»  tutelle,  car  il  censure  et  contredit  tout  ce  qui  concerne 
»  ma  dépense  et  ma  santé,  et,  à  toute  heure  du  jour,  il  est 
»  chez  moi  ou  moi  chez  lui;  nous  sommes  impatients  tous 

■  deux,  et  cependant,   après  nos  contestations,   nous  de- 

•  meurons  toujours  bons  amis... 

»  Adieu,    chère    Madeloo,   montre-toi    aussi   vaillante   à 

>  mettre  au  monde  ton  enfant  que  Thérèse  à  enfanter  sea 


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»  dents,  je  la  baise  bien  fort  la  petite  donzelle  avec  son 
*  polisson  de  frère  et  mille  fois  la  dame  Ninon,  de  qui  je 
»  suis  parfaitement  le  très  affectionné  mari  >.  Voilà  sur  quel 
ton  s'échangent  entre  Madeleine  d'Accostta  retenue  &  Fri- 
bourg  et  Antoine  Brun,  enfermé  à  Ralisbonne,  des  mes- 
sages oii  l'affection  la  plus  tendre  fait  oublier  le  charme  et  la 
vivacité  du  style. 

En  octobre  1641,  la  séparation  cesse,  Madeleine  d'Xc- 
costa,  avec  ses  deux  aines,  gagne  Augsbourg,  puis  par  euu 
Ratisbonne,  d'où  le  proi^ureur  général  vient  à  su  rencontre  ; 
elle  a  laissé  à  Fribourg,  confiée  aux  soins  d'une  noun-ice, 
nommée  Barbe,  la  petite  Marie-Marguerite,  son  dernier  né, 
dont  la  séparation  lui  parait  cruelle. 

Brun  l'a  envoyé  chercher  c  en  toute  sûreté,  comme  il 
avait  déjà  fait  jusque  dans  la  Suisse,  et  pour  l'y  mieux  invi- 
ter, lui  adressait  des  vers  où  il  lui  donnait  des  avantages  qui 
ne  pouvaient  être  excusés  que  par  l'excès  de  sa  passion  •. 
«  Je  vous  laisse  k  juger  avec  quels  transports  de  joye  de 
part  et  d'autre  se  fit  cette  réunion  où  nos  enfants  jouèrent 
fort  bien  leur  personnage  •,  écrivait  un  mois  plus  tard 
Madame  Brun, 

Peu  de  jours  après.  Brun  quittait  Ratisbonne  pour  Vienne, 
avec  tout  son  ménage  et  s'en  réjouissait,  tout  en  gémissant 
d'ignorer  l'allemand  et  d'y  trouver  <  un  étrange  obstacle  im 
toutes  choses  ».  «  Chacun  s'y  porie  bien,  jamais  ils  ne 
furent  mieux  ni  plus  gaillards  ;  Laurent  boit  quelquefois  it  la 
santé  de  dame  Louise  [sa  vieille  bonne),  puis  dit  qu'elle 
serait  bien  flère  si  elle  le  savait.  Thérèse  l'imite  en  tout,  soir 
et  matin  ils  ne  manqutnt  de  venir  coucher  auprès  de  leur 
père,  et  me  convient  observer  une  grande  égalité  entre  eux, 
crainte  de  jalousie  ».  Auprès  de  l'empereur  Ferdinand, 
Brun  est  considéré  et  en  grande  faveur;  un  jour  il  lui  passe 
au  col  une  chaîne  d'or  avec  une  médaille  où  est  frappée 
son  effigie,  bientôt  il  acceptera  que  Timpératrice  soit  mar- 
raioe  de  son  fils,  Phîiippe-Félicien,  dont  Philippe  IV  voudra 
22 


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bien  être  le  parrain.  De  Vienne,  Brun  et  les  siens  passent  à 
la  dièle  de  Francfort  en  octobre  1642:  tout  leur  souci  est  le 
relourde  cette  enfant  laissée  à  Fribourg  avec  sa  nourrice  et 
dont  le  portrait  ne  parvient  pas  à  contenter  leur  désir,  «  il 
nous  tarde  bien  d'en  voir  l'original,  l'envie  m'en  est  aug- 
mentée par  les  bons  rapports  que  chacun  m'en  foit!  > 
€  Qu'on  la  loge,  elle  et  sa  nourrice,  dans  telle  maison  qu'on 
trouvera  plus  commode  sans  regarder  à  la  dépense,  car 
j'entends  que  tout  aille  bien  >. 

(  Dites  à  dame  Barbe  qu'elle  aie  toujours  bien  soin  de 
noire  chère  enfant  que  j'embrasse  de  toute  l'âme  et  qu'elle 
me  mande  si  elle  aura  percé  d'autres  dents  et  si  elle  com- 
mence &  parler  et  si  elle  continue  à  bien  caresser  sa  poupée. 
Je  lut  rapporterai  une  Allemande  qui,  j'en  suis  sûr,  lui 
plaira  et  lui  en  ferai  taire  une  Espagnole,  c'est  un  habit  bien 
seigneurial,  mais  bien  étrange.  ■ 

De  Francfort,  Brun  s'est  transporté  à  Cologne,  puis  & 
Munster  dès  novembre  1613.  Madeleine  d'AccosIa  a  retrouvé 
sa  fillette  ramenée  de  Moral  h  Francfort  et  donné  tour  à  tour 
à  son  époux  une  troisième  fille,  Antoine-Emmanuelle,  qui 
ne  vécut  que  quelques  semaines,  et  ce  gros  garçon  que  le  roi 
d'Espagne  fit  tenir  sur  les  fonts.  Ces  deuils  et  ces  joies  sont 
accueillis  par  l'ambassadeur  et  sa  femme  avec  des  senti- 
ments d'une  grande  piété,  et  chaque  fois  leur  main  discrète 
fait  parvenir  à  Dole,  à  la  chapelle  du  Miracle,  à  Gray,  au 
sanctuaire  de  Notre-Dame,  des  largesses  el  des  demandes 
de  prières  reconnaissantes  ou  suppliantes. 

En  dehors  des  travaux  diplomatiques,  dont  la  mort  du 
comte  Zapata  ou  l'absence  <le  Saavedra  font  peser  davantage 
le  poids  sur  ses  larges  épaules,  Brun  ne  manque  pas  de 
soucis  s'il  goûte  de  grandes  joies  dans  son  ménage.  C'est  le 
président  Roose,  dont  l'opposition  constante  l'empêche  de 
prendre  possession  d'un  siège  au  Conseil  privé  des  Pays- 
Bas  ou  d'être  appelé  en  Espagne;  c'est  la  jalousie  de  Pétrey 
de  Champvans  et  les  rancunes  de  Girardot  de  Nozeroy  qui 


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lui  suscitent  des  (^uereUes  et  vomissent  contre  lui  des 
calomnies  dont  il  a  peine  à  triompher.  *  J'estimais  que  mon 
silence  et  le  mépris  que  je  faisais  de  leur  rage  les  remet- 
trait à  leur  devoir.  Je  me  suis  tu  tant  qu'on  n'en  a  voulu 
qu'à  ma  fortune,  mais  lorsqu'on  s'attache  &  mon  honneur, 
c'est  autre  chose!  *  Et  l'indignalien  le  rend  éloquent  et 
finalement  victorieux.  C'est  sa  santé  dont  il  se  plaint  dès 
longtemps  et  qui  donne  des  inquiétudes  constantes  à  sa 
femme,  à  ses  amis,  à  lui-même,  mais  il  n'est  point  de  ceux 
qui  fléchissent  devant  la  tempête  ou  qui  reculent  devant  le 
travail  ;  sa  devise  semble  celle-ci  :  juttum  et  tenacem  pro- 
posili  viriim;  elle  ne  variera  |>as  jusqu'à  sa  mort.  En  1645, 
un  berceau  de  plus,  trop  tôt  visité  par  ta  mort,  apparaît, 
celui  ■  d'une  grosse  et  belle  fdie  qui  se  nomme  Eugène- 
Yolande,  ayant  pour  parrain  le  duc  de  Pont-de-Vaux,  pour 
marraine  la  comtesse  de  Fulais  ».  En  1(>47,  tandis  que  les 
négociations  de  Munster  s'avancent,  Madeleine  d'Accosla, 
agitée  de  pressentiments  inquiets,  veut  revoir  son  père,  la 
Franche-Comté,  Dole,  Satins,  où,  enrant,  elle  a  vécu  si  loin 
de  la  vie  tourmentée  <)ui  lui  est  faite.  C'est  à  Dole  que  n:il- 
tra  son  second  fils,  Jeun-Michel,  filleul  de  Joan  d'Accisla, 
son  grand  père,  mis  aussitôt  en  nourrice  à  Besan^'on.  Arri- 
vée le  30  octobre  à  Champlitte,  le  3  novembre  à  Dole,  elle 
quitte  la  Franche-Comté  au  mois  de  mai  et  séjourne  à  Spa 
jusqu'au  milieu  d'août,  tandis  que  les  négociations  de 
Munster  s'achèvent  et  que  Brun,  radieux,  va  porter  à 
Bruxelles,  à  l'Infant  qui  l'accueille  avec  joie,  la  nouvelle  de 
la  convention  passée  entre  l'Espagne  et  les  Hollandais.  Il  en 
revient  portant  au  cou  le  portrait  de  l'archiduc  entouré  de 
gros  diamants  taillés  à  facetter  «qu'on  estimait  plu:iieurs 
milliers  de  florins)  et  la  promesse  d'un  avancement  pro- 
chain, comme  mevcède  de  ses  services. 

Ce  fut  au  mois  de  mars  que  cette  récompense,  dès  long- 
temps pressentie,  fut  accordée  à  l'iieureux  négociateur  de 
Munster  :  l'ambassade  de  Hollande  lui  fut  donnée  :  il  alla  de 


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suite  en  remercier  l'archiduc,  pour  lors  à  Cambrai,  rentra 
par  Bruxelles  où,  le  26  avril  1649,  un  troisième  fiU,  Claude- 
Ferdinand,  vint  au  monde,  et  se  rendit  les  premiers  jours 
de  mai  à  La  Haye  pour  y  prendre  possession  de  son  poste. 
A  Rurenionde,  il  ne  voulut  accepter  que  les  moindres  hon- 
neurs que  put  réclamer  un  ambassadeur  et  se  concilia  habi- 
lement les  sympathies  d'un  peuple  de  puritains  dont  les 
chets,  tels  que  Paw  par  exemple,  lui  étaient  acquis  dès 
Munster.  A  peine  établi  &  La  Haye,  l'archiduc  le  rappelle  eo 
toute  hâte;  Mazarin  désire  échanger  avec  l'ambassadeur, 
par  son  secrétaire  de  Lionne  qu'il  lui  envoie,  puis  dans  un 
rendez-vous  qu'il  lui  demande  fi  la  frontière  de  Picardie, 
ses  idées  sur  la  paix  générale.  «  Mandez-moi  ce  que  vous 
espérez  de  la  conférence  que  vous  ferez  avec  M.  Mazarin, 
j'appréhende  que  ce  ne  soit  un  amusement  pour  vous  i,  lui 
écrit  Madeleine  d'Accosta.  La  nomination  d'Antoine  Brun  en 
Hollande  fut  accueillie  au  comté  de  Bourgogne  avec  grand 
enthousiasme,  car,  malgré  cet  esprit  de  jalousie  qu'on 
reproche  à  tort  aux  Bourguignons  de  la  rive  gauche  de  la 
Saàne  (quand  il  fut  toujours  plus  fréquent  chez  ceux  de  la 
rive  droite),  les  Francs-Comtois  savent  Juger  le  vrai  mérile 
et  y  applaudir.  Le  gouverneur,  le  Parlement,  tous  les  amis 
de  Brun  lui  firent  parvenir  des  félicitations;  de  Besancon, 
oii  étaient  élevés  deux  de  ses  llls,  Laurent,  j'atné,  Jean- 
Michel,  l'un  des  plus  jeunes,  l'archevêque  Claude  d'Achey 
lui  écrivit  une  lettre  dont  je  ne  retiendrai  que  ces  mots  : 
■  Le  Roi  a  fait  un  choix  digne  de  sa  prudence  en  vous 
envoyant  pour  ambassadeur  en  Hollande,  l'emploi  est  pénible 
en  celte  saison,  mais  je  sais  bien  aussi  que  ce  qui  est  presque 
impossible  aux  autres  ne  vous  est  pas  seulement  malaisé,  a 
Madeleine  d'Accosta  est  toujours  aux  bains  de  Spa,  où  se 
presse  la  foule  élégunle  des  Flandres  et  des  Etats  de  Hol- 
lande, la  princesse  d'Orange,  la  princesse  de  Phalsbourg,  le 
gouverneur  de  Maëstncht  M.  de  Saint-Ybal,  le  prélat  de 
Bois-le-Duc  et  bien  d'autres,  qui  l'assiègent  de  politesses  et 


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augmentent  ses  embarras.  Elle  s'etîraie  du  séjour  de  La 
Haye  et  de  tout  ce  qu'on  lui  raconte  des  fâcheuses  maladies 
qui  y  régnent.  «  Cela  me  donne  bien  de  l'appréhension  pour 
Philippe  qui  est  sitendre  et  délicat,  et  vous  et  moi  qui  nous 
ressentons  déjà  de  cette  incommodité  de  grande  mélancolie 
dont  on  ne  se  défait  jamais.  La  petite  vérole  rëgneàSpa,  mais 
il  n'en  meurt  personne,  il  n'y  a  point  d'entants  en  cette 
maison  qui  la  veuille  donner  aux  nôtres.  IL  faut  espérer  que 
Dieu  les  en  garantira;  de  mon  côté,  je  ferai  tout  ce  que  je 
pourrai  pour  éviter  ce  malheur,  car  de  les  envoyer  en  d'au- 
tres lieux,  je  ne  serais  pas  en  repos,  et  s'ils  tombaient  ma- 
lades, qui  les  servirait  I  » 

Jusqu'alors  simple  conseiller  d'ambassade,  h  Ratîsbonne, 
à  Francfort,  à  Munster,  Brun  n'a  vécu  que  d'une  façon  large, 
mais  non  princière,  du  moment  que  Pegnaranda,  Saavedrai 
Zapata  passaient  avant  lui  dans  l'ordre  des  préséances  et 
étaient  seuls  appelés  à  représenter  directement  le  roi  d'Es- 
pagne, leur  maître.  Les  honneurs  sont  venus  et  avec  eux 
les  responsabilités,  mais  aussi  les  traitements  opulents,  et 
la  nécessité  d'un  luxe  dont  va  s'accommoder  davantage 
Brun,  qui  ne  répugne  point  à  l'apparat,  tandis  que  sa  chère 
Madelon  n'est  heureuse  qu'auprès  de  son  mari  et  de  ses 
enfants  dans  la  douce  intimité  du  foyer. 

A  Dole,  procureur  général,  Antoine  Brun  habite  un  mo- 
deste logis,  voisin  du  Parlement;  quelques  sièges  de  tapis- 
serie, quelques  bahuts,  des  lits  fort  simples  et  de  la  vais- 
selle d'étain  constituent  tout  son  mobilier.  A  Munster,  il  a 
des  équipages  d'emprunt,  loués  à  la  semaine;  à  Ia  Haye, 
c'est  tout  autre  chose.  Ouvrez  avec  moi  cet  inventaire  de 
'l'hôtel  de  l'ambassadeur  où  sa  main  a  tracé  ces  quatre  vers 
caractéristiques  dédiés  k  la  femme  aimable  dont  l'ordre  et 
l'économie  régissent  le  logis  : 

Lecteur,  lu  peux,  sans  déAance, 

Lire  ce  livre  lout  bu  long, 

Dedans  lequel  est  la  science 

De  la  très  docte  Haedelont 


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-3M- 

Parcourons  l'hdtel  :  partout  de  luxueuses  tapisseries, 
tentures  en  cuir  doré  avec  feuillages  sur  fond  rouge  ;  l'His- 
toire de  SalomoQ  en  six  pièces,  une  tapisserie  d'A.udC' 
narde  en  cinq  pièces  représentant  la  Vie  de  Fabianus  ;  une 
autre  en  huit  pièces,  celle  d'Alexandre  ;  une  tapisserie  d'An- 
vers en  sept  pièces,  où  se  voit  l'Histoire  d'Assuérus  et  dfl  la 
reine  Esther  ;  une  série  de  six  tableaux  tissés  à  Bruxelles 
reproduisant  la  Sapience  divine.  De  nombreuses  peintures 
sont  appendues  dans  tout  riidtel,  œuvres  k  plupart  de  pin- 
ceaux flamands  ou  hollandais  :  Annonciation,  Mariage  de  la 
Vierge,  Sainte  Madeleine,  Saint  Augustin,  Vierge  à  l'Enfant 
entre  saintes  Dorothée  el  Marguerite,  Tentation  et  Flagella- 
tion de  Notre-Seigneut'  ;  puis  des  portraits  :  Le  floi,  la 
Reine  Tille  de  France,  l'Empereur,  l'Impératrice  Qlle  d'Es- 
pagne, des  princes,  des  Infants,  le  plénipotentiaire  Paw,  de 
Hollande,  Antoine  Brun  peint  par  Hannemann  ;  l'ambassa- 
drice vêtue  de  blanc  peinte  &  La  Haye,  tous  leurs  enfants, 
des  paysages,  des  gravures  au  burin,  et  au  milieu  de 
toutes  ces  toiles  des  souvenirs  du  pays  chers  au  cœur  des 
exilés  :  la  Vierge  des  Jacobins  et  le  Saint  Suaire  de  Besan- 
çon. Je  passe  une  foule  de  meubles  incrustés  d'ivoire, 
d'écaillé,  d'argent  ou  de  lapis,  les  lits  à  colonnes,  les  bahuts 
somptueux,  l'argenterie  massive  qui  remplit  et  surcharge  de 
hauts  dressoirs,  avec  les  armes  de  l'ambassadeur  et  de  sa 
femme  gravées  partout  par  les  orfèvres  de  La  Haye.  Les 
écrins  sont  remplis  de  joyaux  :  chaîne  d'or  offerte  au  nom  du 
roi  d'Espagne  par  don  Francisco  de  Mello,  à  la  diète  de  Ratis- 
bonne;  collier  d'Alcantara  passé  au  cou  de  la  petite  Thé- 
rèse, sa  préférée,  par  le  comte  de  Pegnaranda;  présents 
de  l'électeur  de  Mayence,  du  comte  d'Oldenbourg,  de  la 
duchesse  de  Pont-de-Vaux,  ou  de  ce  vaillant  capitaine  Beau- 
regard,  qui  tomba  glorieusement  à  Rocroy.  Voici  une  bague 
de  diamants,  présent  du  prince  Thomas  de  Savoie,  et  une 
paire  de  boucles  d'oreilles  en  brillants  achetées  6.000  flo- 
rins, à  La  Haye,  pour  l'ambassadrice. 


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Les  costumes  de  Brun  et  de  sa  femnrte  sont  d'une  magnifi- 
cence à  faire  rêver,  comme  lea  poupées  que  Madeleine  d'Ac- 
costa  envoyait  naguère  à  Fribourg  k  la  petite  Marguerite- 
Marie. 

Habits  de  lin  drap  de  Hollande  doublé,  de  moire  d'argent, 
couleur  feuille  morte,  de  musc,  gris,  maure,  velouté  noir  ou 
de  poux  de  soie,  drap  d'Angleterre,  satin  velouté  chamarré 
de  cordons  et  de  parements  d'argent  ou  d'or,  de  rubans  et 
de  nœuds;  gants  de  Grenoble  et  de  Rome,  ambrés;  cha- 
peaux de  castor  ou  de  vigogne;  bottes  de  cuir  d'Angleterre 
ou  de  maroquin  du  Levant,  dentelles  et  fme  toile,  voilà  pour 
Monsieur. 

Robes  de  moire  d'argent,  de  satin  bleu  mourant,  de  panne 
couleur  de  feu,  de  satin  ou  de  tabis  noir;  bottines  couleur 
Isabelle;  coiffes  de  taffetas;  masques  de  ville  et  de  campa- 
gne; manchons  de  martre,  bas  de  soie,  mantelets  de  toute 
couleur  rehaussés  d'argent  et  d'or,  mules  de  velours,  fmes 
dentelles,  évoquant  les  élégances  de  Van  Dyck  ou  de 
Rubens,  voilà  pour  Madame. 

Et  tout  le  reste  est  à  l'avenant,  sans  oublier  la  chapelle 
meublée  d'une  riche  argenterie  0(1  officient  chaque  jour  plu- 
sieurs chapelains,  ni  les  écuries  où  piaffent  de  nombreux 
chevaux,  palefrois  ou  genêts  d'Espagne,  ni  les  remises  où 
des  carosses  somptueux  dignes  d'une  Cour,  étalent  leurs 
coussins  et  leurs  tentures  de  velours  et  de  soie  d'une 
richesse  inouïe  en  attendant  leurs  attelages  de  six  chevaux. 

Un  nombreux  domestique,  plusieurs  secrétaires  assurent 
le  service  et  de  l'ambassade  et  de  la  maison.  Quand  les 
salons  de  réception  sont  ouverts,  quand  des  festins  sont 
servis  à  quelque  hôte  illustre,  la  table  est  mise  avec  un  luxe 
vraiment  royal. 

Du  {4  au  19  septembre  1652,  Antoine  Brun  reçoit  la 
duchesse  de  Lorraine,  cette  infortunée  Béatrix  de  Cusance 
dont  on  a  trop  facilement  insulté  la  mémoire,  —  la  dépense 
de  table  fut  de  800  florins;  et  ainsi  de  suite,  soit  qu'on  traite 


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des  Bour((tiignons,  des  officiers  d'Empire,  des  jésuites,  des 
évéques  ou  des  officiers  de  cavalerie. 

Cette  grande  dépense,  ce  luxe  auquel  on  n'est  guère 
accoutumé  dans  la  pauvre  et  désolée  Bourgogne,  Antoine 
Brun  y  est  comme  dans  son  naturel,  bien  qu'il  soit  habitué 
à  la  frugalité  native  des  vieux  logis  comtois.  Pour  lui,  dans 
cette  situation  nouvelle,  c'est  un  devoir  de  représenter 
dignement  l'honneur  de  son  maître,  le  roi,  sur  les  terres 
duquel  le  soleil  ne  se  couche  pas  et  dont  les  galions  chargés 
d'or  essaient  de  lutter,  mais  en  vain,  contre  les  gros  batail- 
lons du  Nord  et  de  l'Ouest  de  l'iiiurope  Hais  sa  femme, 
toujours  prèle  à  seconder  ses  désirs  et  à  l'aider  de  son 
mieux  dans  les  nécessités  d'une  carrière  oRlcielle.  préfére- 
rait h  toutes  ces  splendeurs  les  joies  tranquilles  du  foyer  et 
voudrait  réunir  sous  son  aile  tous  ses  enfants  qui  grandissent 
et  dont  il  faut  se  séparer.  Ce  sont  deux  filles  élevées  à  Berlay- 
mont,  deux  fils  nourris  à  Besançon,  dont  un  très  aimable 
enfant  que  la  duchesse  de  Pont  de  Vaux  va  voir  et  caresser. 
■  Plût  à  Dieu  que  vous  fussiez  en  liberté  de  venir  ici  pour 
le  voir,  vous  et  madame  votre  femme  !  ■  La  santé  de  Brun, 
plus  que  sa  propre  santé  toujours  chancelante,  la  préoccupe 
vivement,  et  ce  ne  sont  que  consultations  et  correspon- 
dances auprès  les  médecins  de  Spa,  de  La  Haye,  de 
Bruxelles  et  de  Besançon,  que  formules  pharmaceutiques 
avec  lesquelles  elle  essaie  de  conjurer  l'orage  et  de  renfor- 
cer une  précieuse  existence  qu'elle  tremble  de  voir  s'étein- 
dre, alors  qu'elle  s'épuise  en  un  labeur  incessant.  Ce  secret 
qui  la  ronge,  tandis  que  des  continuelles  grossesses  usent 
sa  vie  comme  les  fatigues  et  les  préoccupations  de  tons  les 
instants  usent  celle  d'Antoine  Brun,  apparaissent  dans 
toutes  ses  lettres.  «  Je  suis  en  une  peine  mortelle  de  voir 
M.  le  procureur  général  incommodé...  ne  dites  rien  de  cela 
à  personne  »,  *  je  serais  en  parfaite  joye.  si  je  ne  trouvais 
dans  vos  lettres  la  fâcheuse  nouvelle  de  vos  maux  de 
jambes  >.  Brun,  de  son  càté,  très  courageux  à  supporter  des 


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maux,  qui  datent  de  loin,  s'inquiète,  non  sans  raison,  pour 
la  tendre  compagne  de  sa  vie.  En  1650,  au  mois  de  juillet, 
et  en  1651,  elle  lui  a  donn^  deux  derniers  enfants,  Léopold- 
Guillaume  et  Isabelle-Madeleine,  et  son  désir  de  ne  point  la 
quitter  le  fait  renoncer  à  la  saison  des  eaux  de  Spa.  Ses  pro- 
pres souffrances  augmentent,  et  sans  se  relâcher  en  rien 
d'une  activité  prodigieuse,  quelques  plaintes  s'échappent, 
mais  c'est  de  sa  Femme  qu'il  se  préoccupe  davantage.  «  Ma 
femme  pense  changer  d'air  et  se  retirer  d'ici  pour  une  bonne 
partie  de  l'hiver,  mais  partout  il  y  a  beaucoup  de  maladies.  » 
•  Sur  l'avis  des  médecins,  elle  a  été  contrainte  de  passer  à 
Malines  où  elle  emmène  les  deux  plus  âgés  de  mes  fils; 
j'espère  la  revoir  aux  fêtes  de  Noël  >  ;  un  an  se  passe  et  la 
pauvre  malade  languit  toujours  sans  recouvrer,  sous  un 
climat  meilleur,  cette  santé  définitivement  perdue.  Au  mois 
d'octobre  1653,  les  médecins  désespèrent,  Antoine  lii-un 
accourt  à  Matines  pour  recevoir  le  dernier  soupir  de  celle 
qu'il  a  tant  aimée  et  recueillir  le  douloureux  et  lourd  héri- 
tage de  sept  enfants,  dont  t'alné  n'a  pas  douze  anst  Le 
30  octobre  1ftô3,  Madeleine  d'Accosla  meurt  à  Malines  et 
son  deuil  est  conduit  dans  l'église  Saint-Jean  ;  son  corps  est 
déposé  dans  le  caveau  des  Carmélites  de  cette  ville,  mais 
son  creur  sera  rapporté  dans  la  chapelle  des  Carmélites  de 
Be.sançon. 

C'en  est  fait  du  foyer  de  l'ambassadeur  ;  quant  à  lui,  ses 
jours  sont  comptés.  Il  ne  quitte  la  maison  mortuaire  que 
pour  courir  à  Bruxelles,  où  les  devoirs  de  sa  charge  l'appel- 
lent, sans  tenir  compte  de  son  deuil.  Ses  deux  filles  retour- 
nent chez  la  prévôté  de  Berlaymont,  ses  deux  fils  restent  à 
Malines,  les  trois  plus  jeunes  sont  encore  à  T,a  Haye. 
Quand,  en  décembre,  Antoine  Brun  s'arrête  dans  la  mnison 
désolée  oii  Madeleine  d'Accosta  s'est  éteinte,  c'est,  d'une 
part,  pour  s'agenouiller  longuement  sur  sa  tombe  dans 
l'église  des  Carmélites,  de  l'autre,  pour  dicter  un  testament 
tout  rempli  du  souvenir  de  celle  qu'il  a  perdue. 


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■  Je  rpnds  de  très  humbles  actions  de  gi'&ces  à  Dieu  de 
lant  de  bienfaits  que  j'ai  reçus  de  sa  main  toute  puissante  et 
principalement  de  m'avoir  fait  naître  en  pays  et  de  parents 
catholiques,  d'avoir  béni  mon  premier  et  mon  second  ma- 
riage par  des  enfants  qui,  jusqu'à  présent,  se  sont  témoignés 
de  bon  naturel  et  en  me  donnant  des  femmes  vertueuses. 

«  Je  désire  que  mon  corps  soit  déposé  à  Malines  auprès 
de  celui  de  feu  dame  Madeleine  d' Accosta,  ma  bien  aymée 
femme,  que  mon  cœur,  mis  en  une  caisse  d'élain,  soit 
enterré  à  Besançon  près  de  celui  de  ma  chère  femme,  afin 
qu'ayant  été  les  deux  si  unis  pendant  la  vie,  ils  le  soient 
encore  après  la  mort. 

•  Je  ne  déslp-e  point  de  cérémonies  à  mes  obsèques,  que 
le  tout  se  passe  sans  bruit  ni  pompe. 

«  Je  recommande  à  mes  enfants  !a  crainte  de  Dieu,  un 
grand  zèle  au  service  du  Roi,  une  grande  confiance  en  la 
protection  de  la  sainte  Vierge  Marie,  une  grande  union 
entre  eux,  un  grand  respect  pour  M.  d'Accosta  leur  grand 
père,  h  quoi  mon  fîls  atné  l^urent-Jean,  quoique  né  du  pre- 
mier mariage,  n'est  pas  moins  tenu  que  les  autres,  pour 
avoir  feu  ma  femme  eu  autant  de  soin  et  d'alTcction  pour  lui 
que  pour  ses  propres  enfants.  > 

Le  testament  d'Antoine  Brun  fut  signé  le  6  décembre  et 
l'ambassadeur  rentra  seul  et  triste  dans  son  hôtel  de  La  Haye 
où  les  caresses  de  ses  {letits  enfants  le  laissèrent  insensible  ; 
une  fièvre  continue  et  terrible  s'empare  de  lui,  extraordi- 
nairement  affaibli,  <  il  se  remet  aux  mains  de  Dieu,  atten- 
dant avec  grande  résignation  ce  qu'il  lui  plaira  ordonner  de 
sa  vie  s.  A  l'un  de  ses  secrétaires  qui  les  écrit  en  pleurant, 
il  dicte  pour  son  meilleur  ami  ses  dernières  recommanda- 
tions •  pour  ses  pauvres  enfants  qu'il  le  supplie  de  vouloir 
aimer,  et  auxquels  ii  y  aura  plus  de  compassion  que  l'on  ne 
croit  tant  leur  fortune  est  éparse  >,  et  il  envoie  ses  der- 
niers adieux  à  ses  parents  de  Bourgogne  auxquels  il  répon- 
dra ■  si  sa  divine  Majesté  lui  rend  la  santé  *.  La  fièvre  aug- 


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mente,  l'agonie  commence,  et  Antoine  Brun  auquel,  par  une 
dérision  amère,  le  roi  d'Espagne  vient  d'accorder  le  titre  de 
baron  et  la  charge  de  chef  des  finances  aux  Pays-Bas  qu'il 
n'aura  jamais  exercée,  muurt  le  2  janvier  1654  &  La  Haye  et 
va  rejoindre  dans  le  caveau  des  Carmélites  de  Malinus  cette 
douce  et  bonne  Madeleine  d'Accosta  à  laquelle  il  n'a  pu 
survivre,  et  dont  la  physionomie  gracieuse,  douce  et  triste, 
reste  inséparable  dans  l'histoire  de  la  glorieuse  figure  du 
diplomate  franc-comtois  Cj. 


(1)  Tous  les  détails  de  celle  élude  sonl  lires  de  la  correspondance  com- 
plètement inédite  d' Antoine  Brun,  communiquée  par  la  bonne  amitié  de 
H.  le  Marquis  de  Scejr  de  Brun. 


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DÉCOUVERTES  SPÉLÉO LOGIQUES 

EiT    FI^.J^.2^^CIa:E-aoJsd:TÉ(l) 

F&r  M.  E.  FOURNIER 
Séance  publique  du  14  décembre  1899 


Les  plateuux  culcuiresdii  Jura  franc-comtois  sont  littérale- 
ment criblés  <le  gouffres  verticaux  très  profonds  conduisant 
le  plus  souvent  à  de  vastes  cavités  souterraines  dans  les- 
quelles circulent  parfois  d'importants  cours  d'eau. 

Avec  la  collalraration  dévouée  d'un  certain  nombre  d'étu- 
diants de  l'Université  nous  avons  entrepris  d'explorer  ces 
goufTres  et  les  cavités  auxquelles  ils  conduisent  afin  d'étudier 
en  détail  le  régime  des  eaux  souterraines  qui  a  une  impor- 
tance considérable  au  point  de  vue  de  l'hygiène  publique  et 
de  l'agriculture. 

Pour  mener  k  bonne  fin  ces  études,  il  nous  était  indispen- 
sable d'avoir  à  notre  disposition  un  matériel  important  com- 
posé de  cordes,  échelles  de  cordes,  téléphones,  bateaux  dé- 
montables, lits  de  campement  et  tentes. 

Notre  excellent  ami  M.  Martel,  le  savant  explorateur  des 
Causses  a  bien  voulu  mettre  à  notre  disposition  une  grande 
partie  du  matériel  qu'il  utilise  lui-même  pour  des  recherehes 
analogues. 

Les  eaux  qui  tombent  à  la  surface  des  plateaux  du  Jura,  ne 
trouvant  pas  d'écoulement  superficiel  s'engloutissent  dans  les 

(1)  Conférence  accompagnée  de  projections. 


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—  341  — 

goulTres  qui  leur  assurent  un  écoulement  souterrain  ou  bien 
s'accumulent  dans  des  bassins  fermas  d'où  elles  s'éliminent 
lentement  par  des  entonnoirs  en  partie  obstrués  ou  par  des 
fissures  qui  les  amènent  en  dernière  analyse  dans  des  gale- 
ries souterraines.  Après  un  long  parcours,  elles  vont  res- 
sortir sou.«  forme  de  sources  dans  les  vallées. 

Pour  suivre  dans  nos  recherches  un  ordre  logique,  il  était 
donc  rationnel  de  commencer  notre  étude  par  les  points 
d'absorption  d'eau  des  plateaux  qui  peuvent  être  considérés 
comme  l'origine  de  tous  les  cours  d'eau  souterrains. 

Ils  sont  tellement  nombreux:  dans  notre  région  qu'il  faudra 
certainement  de  longues  années  pour  les  étudier  tous,  aussi 
avons-nous  limité  jusqu'ici  nos  recherches  au  plateau  com- 
pris entre  le  Duubs  et  la  l^ue  et  spécialement  aux  environs 
de  Saône,  MamiroUe,  Trepot,  L'Hùpitai-du-Gros-Bois,  Gon- 
sans,  Montrond  et  Bonnevaux  Comme  nous  venons  de  le 
dire  déjà,  les  points  d'absorption  des  eaux  superficielles 
peuvent  se  diviser  en  deux  groupes  :  1°  les  gouffres,  2°  les 
bassins  fermés  et  les  entonnoirs. 

L'exploration  des  goufires  n'est  pas  sans  offrir  des  diffi- 
cultés sérieuses  et  même  des  dangers;  il  est  quelquefois 
nécessaire  de  descendre  des  escarpements  verticaux  de  80  à 
100  mètres,  parfois  mSme  davantage  ;  on  s'attache  solidement 
au  moyen  de  deux  cordes,  l'une  passant  sous  les  épaules, 
l'autre  autour  de  la  ceinture  et  l'on  descend  lentement  le  long 
de  l'échelle  ft  barreaux  de  bois,  tandis  que  les  personnes 
placées  ii  la  surface  vous  laissent  doucement  Oler  la  corde. 
Bientôt  l'échelle  oscille  dans  le  vide;  souvent  elle  est  em- 
brouillée ou  accumulée  sur  une  plateforme,  l'explorateur 
commande  halte  et  le  voilfi  suspendu  pendant  plusieurs  mi- 
nutes dans  le  vide  au-dessus  du  gouffre.  Enfin  l'échelle  est 
dégagée  et  la  des-ente  continue,  mais  la  secousse  qu'elle  a 
produite  a  détaché  de  l'orifice  du  gouffre  des  milliers  de  cail- 
loux qui  sifllent  aux  oreilles  du  spéléologue  comme  une  grêle 
déballes,  et,  àla  profondeur  à  laque  Ile  on  se  trouve  il  suffirait 


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parfois  d'un  caillou  de  la  grosseur  d'une  noix  pour  luer  un 
homme  ;  on  commande  halle  et  on  essaye  de  se  mettre  à  l'abri 
tant  que  la  mitraille  de  cailloux  tombe  ;  elle  a  cessé  enfin  et 
l'on  descend  encore  :  cette  fois  c'est  une  petite  cascade  pro- 
duite par  le  suintement  des  eaux  qui  vous  tombe  sur  la  tète, 
la  bougie  s'éteint  et  l'on  se  trouve  dans  l'obscurité  à  environ 
100  mètres  sous  terre;  enfin  encore  un  peu  de  courage  et 
l'explorateur  est  nu  bas  du  premier  escarpement.  Le  plus 
souvent  il  a  atterri  au  milieu  d'un  amas  de  cadavres  de  t>es- 
liaux  dans  un  état  de  décomposition  avancée,  bien  heureux 
s'il  ne  s'y  est  i^as  enroncé  jusqu'à  la  ceinture.  Mais,  il  faut 
faire  contre  mauvaise  fortune  bon  cœur,  il  rallume  sa  bougie, 
se  met  à  l'abri  de  la  chute  de  pierres,  étitblit  les  contacts  avec 
le  ni  de  téléphone  qu'il  a  déroulé  avec  lui  et  commande  de 
remonter  les  cordes  pour  faire  dcseefldre  un  second  explo- 
rateur ;  la  même  manœuvre  recommence  cinq  ou  six  fois  de 
suite,  enfin  nous  voici  tout  un  groupe  réuni  au  pied  du  pre- 
mier escarpement. 

Si  l'on  rencontre  plusieurs  escarpements  successifs,  la 
manœuvre  se  complique  car  il  faut  descendre,  au  pied  du  pre- 
mier, un  nombre  de  personnes  suffisant  pour  tenir  la  corde  ii 
ceux  qui  vont  s'aventurer  dan-:  le  second  et  ainsi  de  suite.  A  la 
grotte  du  Paradis,  par  exemple,  oji  nous  avons  atteint  une 
profondeur  verticale  de  près  de  S!50  mètres,  nous  n'avons  pas 
eu  à  descendre  moins  de  sept  escari^ements,  sans  arriver, 
d'ailleurs,  à  atteindre  le  fond. 

Quand  le  gouffre  aboutit  à  une  galerie,  deux  cas  peuvent  se 
présenter  :  ou  bien  la  galerie  est  à  sec,  ou  bien  elle  est  par- 
courue par  un  cours  d'eau.  Si  elle  est  à  sec  on  peut  s'y  en- 
gager sans  autre  matériel,  parfoiseile  se  rétrécit  et  s'abaisse; 
il  faut  alors  ramper  à  plat  ventre  et  souvent  se  tordre  comme 
un  serpent  pour  suivre  ses  sinuosités.  S'il  y  a  un  cours  d'eau 
on  fait  descendre  le  bateau  Osgood;  on  le  monte,  et  deux 
spéiculogues,  aimés  de  pagaies,  s'y  embarquent.  Si  la  voûte 
s'abaisse  il  faut  se  coucher  dans  le  bateau  pour  pouvoir  passer  ; 


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souvent  elle  se  relève  ensuite  et  l'on  accède  dans  des  couloirs 
immenses.  I^  plus  grande  prudence  est  indispensable  dans 
ces  navigations  souterraines,  la  moindre  négligence,  le  moin- 
dre faux  mouvement  peuvent  amener  une  catastrophe  ;  si  l'on 
entend  au  loin  un  liruil  J'une  cascade  vers  laquelle  le  courant 
vous  entraîne,  il  faut  stopper  immédiatement  si  l'on  ne  veut 
s'exposer  Ji  une  chute  d'une  cinquantaine  de  mètres  dans 
l'eau  et  dans  l'obscurité. 

Voici  quelques  détails  sur  les  principaux goufTres  que  nou» 
avons  explorés  dans  la  région  ; 

Le  goufTre  de  Laclifriau  présente  un  orifice  large  et  dan- 
gereux s'ouvranl  au  ras  du  sot,  tout  près  du  bord  d'un  che- 
min. Le  premier;'!  pic  n'a  que  35  mètres,  mais  aboutit  sur  un 
talus  d'éboulis  en  pente  très  abrupte  au  pied  duquel  s'ou- 
vrentdeux  nouveaux  gouffres,  descendant  50  mètres  plus  bas. 
L'un  de  ces  gouffres  est  inexplorable,  car  lorsqu'on  essaye 
d'y  descendre  on  fait  ébouler  des  quantités  de  blocs  rocheux 
dont  le  moindre  sufllraità  écraser  un  homme.  Dans  le  second, 
en  prenant  quelques  précautions  on  n'a  guère  à  craindre  la 
chute  de  pierres  plus  grosses  que  le  poing.  Ce  second  gouffre 
aboutit  h  une  galerie  inférieure  en  spirale  qui  conduit  elle- 
même,  à  135  mètres  environ  au-ilessous  du  sol  à  un  nouveau 
gouffre  encore  inexploré  et  qui  parait  aboutir*^  une  galerie 
renfermant  un  lac  ou  une  rivière  souterraine  car  on  entend 
au  loin  se  répercuter  le  bruit  cristallin,  des  gouttes  de  suin- 
tement qui  tombent  dans  l'eau. 

La  grotte  du  Paradis,  succession  de  sept  étages  de  couloii'S 
étroits  et  étranges,  sépart^s  par  des  escarpements  verticaux 
dont  la  hauteur  varie  de  10  à  50  mètres  nous  a  menés  à  près 
de  250  métrés  de  profondeur.  Nous  y  avons  tn>uvé  un  ruis- 
selet  souterrain  dont  le  débit  est  aujourd'hui  très  faible  mais 
qui,  aux  époques  géologiques,  a  été  certainement  le  princi- 
pal agent  de  creusement  de  ces  galeries.  L'étroilesse  et  la  si- 
nuosité des  couloirs,  le  grand  nombre  d'escarpements  succes- 
siCs,  la  dilflcuUé  de  traîner  avec  soi  le  matériel  dans  les  pas- 


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—  344  — 

sages  étroits  font  de  cette  grotte  une  des  plus  pénibles  et  des 
plus  dangereuses  à  explorer.  Entrés  à  8  heures  du  matin 
dans  ce  gouffre,  nous  n'en  sommes  remontés  qu'à  8  h.  1/4  du 
soir,  exténués  de  fatigue,  n'ayant  pas  mené  à  liout  l'explora- 
tion et  ayant  même  été  obligés  d'abandonner  une  partie  du 
matériel  qu'il  nous  a  fallu  aller  rechercher  dans  une  excur- 
sion ultérieure. 

Le  Puits  de  la  Belle-Louise,  près  Montrond,  avec  son  pre- 
mier à  pic  de  85  mètres,  nous  a  menés  à  135  mètres  de  pro- 
fondeur verticale  à  un  lac  alimenté  par  un  ruisseau  souter- 
niin  et  dont  le  trop  plein  se  perd  par  infiltration  sous  un  ta- 
lu.-*  il'éboulis. 

I*  Puits  de  lii  Vieille  herbe  près  de  l 'Hôpital -du-Grosbois 
présente  un  premier  à  pic  de  70  mètres  suivi  d'un  second 
goufriede40  m.  environ,  l'exploration  n'a  pu  être  achevée. 

Le  Puits  de  Poudrey,  dans  la  mémo  région  est  un  exemple 
de  goulTre  d'accès  facile,  on  peut  y  descendre  sans  être  at- 
taché, en  s'aidant  d'une  simple  corde  d'une  dizaine  de  mètres 
que  l'on  attache  au  tronc  d'un  arbre.  A  35  mètres  de  profon- 
deur on  arrive  dans  une  salle  grandiose  ne  mesurant  pas 
moins  de  1U0  mètre!^  de  diamètre  et  50  mètres  de  hauteur. 
C'est  une  des  plus  grandes  salies  signalées  dans  les  cavernes 
de  l'Europe  ^  il  est  regretuiblc  que  malgré  son  accès  relati- 
vement facile  elle  ne  soit  pas  plus  connue  de^  touristes  bi- 
sontins. 

Je  ne  m'arrêterai  pas  ici  à  vous  décrire  les  nombreux 
gouffres  que  nous  avons  encore  explorés.  Pour  goûter  plei- 
nement le  charme  de  ces  sites  étranges,  il  faut  les  voir  soi- 
même,  toute  desci'iption  est  impuissante  h  rendre  l'impres- 
sion ressentie. 

Pour  les  entonnoirs  où  l'eau  s'infiltre  dans  desfissures  im- 
pénétrables et  pour  les  bassins  fermés,  nous  employons 
d'autres  procédés  d'étude.  On  colore  leurs  eaux  !i  la  fluores- 
céine,  substance  qui  leur  donne  une  belle  coloration  verte  et 
l'un  note  les  points  uti  les  eaux  colorées  vont  ressortir  ;  on  a 


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—  945  — 

ainsi  des  données  précieuses  sur  la  direction  de  certains 
cours  d'eaux  souterrains  inaccessibles  par  les  bassins  et  les 
entonnoirs,  mais  que  l'on  peut  rejoindre  parfois  par  les 
gouflres.  It  faut  citer  comme  exemple  de  bassins  fermés 
Saône,  Arc-sous-Cicon,  le  Locle(Col  des  Roches). 

Les  eaux  des  gouRï^s,  entonnoirs  et  bassins  fermés,  après 
un  long  parcours  souterrain,  vont  ressortir  dans  les  vaHécs 
sous  forme  de  sources  puissantes,  auxquelles  on  a  donné  le 
nom  de  sources  jurassiennes  et  de  sources  vauclusiennes. 
Telles  sont  les  sources  d'Arcier,  du  Lizon,  de  La  Loue,  de 
Plaisir-Fontaine,  etc. 

Quelquefois,  ces  sources  se  présentent  sous  forme  de  véri- 
tables gouffres  (Puits  jurassiens  météoriques),  qui  rejettent  de 
l'eau  la  plus  grande  partie  de  l'année  mais  sont  à  sec  dans 
une  partie  de  la  saison  estivale  (exemple.  Puits  de  la  Brème). 

Au  sortir  de  ces  sources,  les  eaux,  revenues  au  jour,  s'en- 
gagent dans  des  vallées  étroites  et  profondes  auxquelles  on  a 
donné  le  nom  de  cagnons  (la  Loue,  le  Saut  du  Doubs,  etc.), 

Nos  études  nous  ont  montré  que  certains  de  ces  cagnons 
étaient  autrefois  des  galeries  souterraines  dont  la  voûte  s'é- 
tait peu  à  peu  éboulée  et  qui  s'étaient  élargies  ensuite  par 
érosion. 

Un  grand  nombre  de  grottes,  aujourd'hui  à  sec,  sont 
d'anciennes  galeries  d'eiu  desséchées  depuis  le  Quaternaire. 

Enfin  les  glacières,  si  répandues  dans  la  chaîne  du  Jura, 
sont  des  excavations  dans  lesquelles  l'air  froid  de  l'hiver 
s'accumule;  la  difficulté  de  l'échange  avec  l'air  extérieur 
maintient  constamment  dans  ces  excavations  une  tempéra- 
ture assez  basse  pour  y  amener  l'accumulation  d'une  épaisse 
couche  de  glace. 

Nous  venons  de  suivre  très  rapidement  l'évolution  des  eaux 
depuis  le  moment  oii  elles  sont  absorbées  sur  le  plateau  jus- 
qu'à celui  où  elles  reviennent  à  l'air  libre  dans  les  vallées. 
Il  est  de  notre  devoir  de  faire  remarquer  en  terminant  com- 
bien l'étude  de  cette  évolution  des  eaux  offre  d'importance  au 
23 


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-  346  — 


point  de  vue  de  l'hygiène.  Nous  ne  saurions  nous  lasser  de  le 
répéter,  les  goulTres  sont  d'infectes  charniers  où  les  paysans 
jettealloutes  leurs  bêtes  mortes  ;  c'est  sur  ces  charniers  que 
filtrent  les  eaux  qui  ressortent  limpides  en  apparence  dans 
certaines  sources,  comme  celles  d'Arcier,  du  Lizon,  de^  la 
Loue,  de  Cléron,  etc.  Toutes  ces  eaux  sont  donc  contami- 
nées et  susceptibles  d'amener  les  épidémies  et  les  empoi- 
sonnements les  plus  graves,  tant  qu'une  loi  très  sévère 
n'aura  pas  proscrit  l'abominable  coutume  que  nous  signa- 
lons (i}. 


(1)  Depuu  que  en  lignes  ont  Mé  écrites,  an  projet  de  loi  ei 
été  prëMotë  au  Sénat  et  va  aboutir  incessamment. 


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LA  PART  DE  BESANÇON 

DANS  LE  MOUVEMENT 

DÉPOPULATION  FRANÇAISE 

Par  H.  le  H'  BAUDIN 

Séance  publique  du  tS  décembre  i900 


Mesdames,  Messieurs, 
Ce  n'est  pas  une  question  neuve  que  cette  question  de  la 
dépopulation  française  :  dès  l'année  1867,  le  professeur  Léon 
Lefort  poussait,  à  l'Académie  de  Médecine,  le  premier  cri  d'à- 
larme.  Depuis,  mais  surtout  au  cours  de  ces  quinze  à  vingt 
dernières  années,  économistes,  statisticiens,  hygiénistes,  dé- 
mographes et  moralistes  ont  accumulé  chiffres  sur  faits, 
notes  sur  documents,  chroniques  sur  articles  et  brochures 
sur  volumes,  explorant  la  question  sous  toules  ses  faces,  la 
tournant  et  la  retournant  dans  tous  les  sens,  la  disséquant 
dans  ses  moindres  parties,  l'envisageant  et  en  elle  même  et 
dans  ses  causes,  dans  ses  résultats  ou  conséquences  actuels, 
proches  ou  éloignés  ;  cherchant  enfin  le  remède  ou  les  re- 
mèdes au  fléau  avec  une  ingéniosité  et  une  patience  dignes 
de  tous  les  éloges,  mais  avec  un  insuccès  d'ailleurs  à  peu 
près  constant  et  radical.  Les  préoccupations  légitimes  de  l'o- 
pinion publique,  ainsi  saisie  violemment  et  de  tous  les  cdtés 
à  la  fois,  ont  eu  leur  contre-coup  dans  les  sphères  politi- 
ques; à  la  Chambre  comme  au  Sénat,  l'initiative  parlemen- 
taire s'est  donné  largement  carrière  ;  hier  encore,  Monsieur 
le  sénateur  Bernard,  du  Doubs,  ancien  sous-secrétaire  d'Etat, 


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—  348  — 

au  nom  de  133  de  ses  collègues  déposait  sur  le  bureau  de  la 
Haute-Assemblée  un  projet  de  résolution  tendant  à  la  nomi- 
nation d'une  grande  commisaiOD  extra  parlementaire  chargée 
de  rechercher  les  causes  de  la  dépopulation  en  France  et  les 
moyens  les  plus  pratiques  de  la  combattre,  proposition  à  la- 
i|uelle  le  gouveriiemeut  se  ralliait  aussitdl. 

Si  donc  la  question  n'est  pas  neuv»,  elle  n'en  est  pas  moins 
d'acluuftl^  ;  on  peut  même  dire  qu'elle  devient  d'année  en 
année  plus  actuelle,  au  fur  et  k  mesure  que  le  péril  de  la  dé- 
population, qu'on  a  pu,  sans  exagérer,  appeler  un  t  péril  na- 
tional >,  devient  plus  grave  et  plus  proche,  plus  immédiate- 
ment redoutable,  —  plus  actuelle  en  ce  moment  môme  oii  le 
tableau  oITiciel  des  variations  démographiques  pour  1899, 
constate  encore  celte  fois  un  déficit  de  10.000  naissances  par 
rapport  au  chiffre  moyen  annuel  de  la  période  décennale  pré- 
cédente. 

Je  ne  puis  ni  ne  désire  reprendre  et  parfaire  devant  vous 
l'étude  de  la  dépopulation  française  :  ce  n'en  est  ni  le  temps 
ni  le  lieu  ;  à  peine  eflleurerai-je  au  préalable  cette  question 
pour  me  renfermer  strictement  et  bien  vite  dans  celte  de  la 
dépopulation  bisontine,  moins  connue,  et,  d'ailleurs,  pour 
vous  plus  directement  intéressante.  Je  m'attacherai  donc 
surtout  à  rechercher  quelle  part,  plus  ou  moins  considérable, 
prend  Besançon  au  mouvement  général  de  la  dépopulation 
française  ;  à  quels  jeux  combinés  de  la  mortalité,  de  la  nup- 
tialité et  de  la  natalité  se  rattache  cette  dépopulation  locale  ; 
quels  dangers  enfin  elle  peut,  à  un  moment  donné,  faire  cou- 
rir à  notre  ville. 

Ce  sera  la  meilleure  façon  de  me  faire  pardonner  le  choix 
d'un  sujet  déjii  bien  rebattu,  aride  au  fond,  —  comme  la  plu- 
part des  sujets  de  statistique  et  d'économie  politique,  —  et 
peu  ou  point  susceptible,  dans  la  forme,  de  cette  parure  lit- 
téraire que  vous  avez  accoutumé  de  rencontrer  dans  nos 
séances  solennelles.  Pour  celte  fois,—  et  pour  une  fois, — 
je  fais  appel  k  votre  indulgence...  et  j'y  compte,  ta  sachant 


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d'avance  acquise  à  qui  vient  vous  parler  des  intérêts  sacrés 
de  notre  grande  patrie,  la  France,  et  de  notre  plus  petite  et 
deuxième  patrie,  la  Comté,  Besancon. 

Lorqu'on  parie  de  la  ■  dépopulation  de  la  France  >,  il  faut 
tout  d'abord  se  bien  entendre  :  la  France  ne  se  c  dépeuple  » 
pas  encore,  au  sens  littéral  du  mot.  Bien  qu'en  ces  derniers 
temps  il  soit  arrivé,  au  cours  de  plusieurs  années,  notam- 
ment en  1890,  en  1891,  en  1892,  en  1895,  que  le  chiffre  des 
décès  l'ait  emporté  sur  celui  des  naissances  de  l'année,  en 
somme,  à  chaque  recensement  quinquennal,  jusques  et  y 
compris  le  dernier  recensement  de  1896,  —  le  prochain  de- 
vant avoir  lieu  en  1901,  —  le  chifH'e  total  de  la  population 
française  s'est  trouvé  supérieur  à  celui  du  recensement  pré- 
cédent. La  France,  jusqu'ici,  continue  donc  en  réalité  à  s'ac- 
croître  ;  seulement,  cet  accroissement  devient  de  plus  en  plus 
faible  de  plus  en  plus  insignifiant;  il  tend  à  devenir  nul  ou 
même  négatif  ;  il  est,  dans  tous  les  cas,  très  inférieur  à  ce 
qu'il  est  dans  tous  les  autres  Etats  civilisés.  Il  y  a  trente  ans. 
au  lendemain  de  la  guerre,  nous  avions  36  millions  d'habi- 
tants environ,  et  l'Allemagne  en  avait  40  millions  ;  —  aujour- 
d'hui, nous  avons  38  millions  et  demi  d'habitants,  et  l'Alle- 
magne en  a  près  de  53  millions.  De  même,  le  Royaume-Uni 
d'Angleterre,  Ecosse  et  Irlande  avait  30  millions  d'habitants 
il  en  a  près  de  39  et  nous  dépasse  comme  chiffre  de  popula- 
tion ;  l'Autriche-Hongrie  avait  34  millions  d'habitants  ;  elle 
en  a  42  millions  et  nous  dépasse  également  et  de  beaucoup  ; 
l'Italie  progresse  de  25  à  31  millions  ;  la  Russie,  enHn,  de 
72  à  103  millions  !  Parmi  les  six  grandes  puissances  de  l'Eu- 
rope, nous  occupons  maintenant  l'avant  dernier  rang  comme 
chitTre  de  population  :  seule  l'Italie  marche  encore  après 
nous,  gagnant  du  terrain  à  vue  d'œil,  puisqu'elle  s'accroît 
de  6  millions  d'habitants  tandis  que  nous  en  conquérons  à 
peine  '2  millions  et  demi. 

Sidoncil  n'y  a  pas  dépopulation  absolue  en  France,  — jus- 


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qu'à  présent  du  moins,  —  il  y  a  cependant  dépopulation  re- 
lative :  tandis  que  nous  restons  à  peu  de  chose  près  station- 
naires,  gagnant  péniblement  800,000  habitants  durant  les 
quinze  dernières  années,  nos  voisins,  dans  le  inéme  temps, 
s'accroissent  de  quatre,  cinq,  six,  huit  et  dix  fois  plus  :  l'Alle- 
magne, de  8  militons  ;  l'Angleterre,  de  ^  millions  et  demi  ; 
l'Italie,  de  prèsde  ^millions.  En  un  mot,  taudis  que  tous  les 
peuples  qui  nous  entourent  continuent  d'obéir  à  cette  loi  qui 
fait,  de  l'accroissement  normal  et  régulier  de  leur  population, 
l'une  des  conditions  primordiales  de  l'existence  des  nations 
civilisées  et  le  signe  infaillible  de  leur  prospérité,  la  France 
seule  tend  k  s'y  soustruirc,  et  c  e.st  là,  je  le  démontrerai  tout 
à    l'heure,    l'un  des  plus  grands  dangers  qu'elle  puisse 

La  dépopulation,  au  surplus,  dans  certaines  piirties  de  la 
France  n'est  pas  seulement  relative,  mais  bien  réelle,  ab~ 
tolue  :  nous  avons  des  provinces  entières,  la  Normandie,  la 
Gascogne,  la  Bourgogne,  où  chaque  recensement,  depuis 
15  ans,  constate  une  diminution  eHective  de  la  population  ; 
à  chaque  recensement,  également,  on  voit  augmenter  le 
nombre  des  départements  en  voie  de  décroissance,  de  dépo- 
pulation réelle  :  sur  nos  89  départements,  29  étaient,  dès 
l'année  1886,  en  voie  de  dépopulation  ;  en  1891,  il  y  en  avait 
55,  et  enfin  64  en  1896  ;  c'est-à-dire  qu'au  dernier  recense- 
ment 23  départements  seulement  maintenaient  leur  chiffre 
d'habitants.  Dans  12  départements,  dans  l'Orne,  l'Eure, 
l'Aube,  ia  Côte-d'Or,  le  Lot,  le  l^t-et-Garonne  en  particulier, 
on  enregistre  couramment  3  décès  pour  2  naissances  ;  dans 
certains  cantons,  le  mal  est  plus  grand  encore  :  on  n'y  compte 
plus  qu'une  naissance  pour  deux  décès  !  On  commence  à  en- 
trevoir l'image  de  notre  pays  tout  entier  dans  ce  qui  se  passe 
sur  certains  points  du  Cotentin  oii  M.  Arsène  Dumonta  suivi, 
génération  par  génération,  l'histoire  de  chaque  famille  :  au- 
jourd'hui, il  n'en  reste  presque  plus  une  seule,  les  rares  sur- 
vivants ayant  émigré  à  Paris  pour  y  devenir  fonctionnaires, 


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concierges,  garçons  de  salle,  etc.  Des  villages  entiers  ne  sont 
plus  que  des  amas  de  maisons  ruinées. 

Comment  se  comporte  Besançon  au  milieu  du  mouvement 
de  dépopulation  relative  de  la  France,  au  milieu  du  mouve- 
ment, de  plus  en  plus  général,  de  dépopulation  réelle,  abso- 
lue, qui,  l'une  après  l'autre,  atteint  nos  provinces  et  qui,  après 
avoir  gagné  d'abord  la  Haute-Saône,  a  fini  par  gagner,  au 
dernier  recensement,  le  Jura  et  le  Doubs? 

Besançon  avait  28  à  29  mille  habitants  en  1836,  époque  ob, 
pour  la  première  fois,  le  dénombrement  s'est  fait  dans  des 
conditions  sérieuses,  permettant  d'accepter  ces  chiffres 
comme  point  de  départ  et  base  solide  d'appréciation.  Aujour- 
d'hui, Besançon  possède  58.000  habitants:  sa  population  a 
donc  un  peu  plus  que  doublé,  —  et  le  dernier  recense- 
ment, celui  de  1896,  accuse  une  augmentation  de  1500  habi- 
tants par  rapport  aux  chiffres  du  recensement  quinquennal 
précédent,  de  1891.  On  ne  saurait  dire,  par  conséquent,  que 
Besançon  se  dépeuple  :  voilà  ce  que  l'on  voit  toutd'abord. 

Mais  selon  la  formule  chère  à  Bastiat,  à  côté  de  ce  que  l'on 
voit  il  y  a,  —  malheureusement  dans  l'espèce,  —  ce  que  l'on 
ne  voit  pas,  ce  qui  est  pourtant,  et  ce  qu'il  faut  bien  voir. 

Pour  une  ville,  comme  pour  toute  collectivité  humaine,  il 
n'est  qu'un  seul  mode  d'accroissement  qui  soit  normal,  légi- 
time, physiologique,  peut-on  dire  :  c'est  celui  qui  n'est  dCl 
qu'à  des  causes  naturelles,  intrinsèques,  c'est-à-dire  à  un 
excédent,  s'ajoutant  année  par  année,  des  naissances  sur  les 
décès.  Est-ce  selon  ce  mode,  est-ce  grâce  à  ses  seules  res- 
sources démographiques  que  Besançon  a  vu  doubler,  en 
60  ans,  le  chiffre  de  sa  population  f  Nullement,  et  il  s'en  faut 
de  tout,  au  contraire.  J'ai  pu,  remontant  de  nos  jours  jusqu'en 
1848,  noter,  année  par  année,  en  face  les  uns  des  autres,  les 
chiffres  des  décès  et  ceux  des  naissances  à  Besançon  :  de  la 
comparaison  de  ces  chiffres  il  résulte  que,  au  cours  de  cette 
période  de  52  ans,  il  est  arrivé  6  fois  seulement  (1  année 


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sur  9),  que  le  chiffre  des  naissances  l'ait  emporté  sur  celui 
des  décès,  et  de  si  peu  1  avec  un  gain  total  de  370  naissances 
pour  ces  6  ans  ;  tandis  que  46  fois  il  y  a  eu  excédent  de  décès, 
occasionnant  un  déchet  total  de  8500  existences.  De  sorte 
que,  notre  population  étant,  en  1848,  de  30,700  habitants, 
chiiTres  ronds,  elle  se  trouverait  aujourd'hui  réduite,  si  elle 
n'avait  dû  vivre  que  de  ses  propres  ressources,  au  chiflre  de 
2^,500  habilants  en  lieu  et  place  de  58,000  qu'elle  possède 
en  réalité. 

Ainsi  Besançon,  s'il  s'est  accru  effectivement,  ne  s'est 
point  accru  d'une  manière  normale,  physiologique,  de  lui- 
même,  de  son  propre  fonds:  de  ce  seul  chef  il  se  serait  au 
contraire  appauvri,  et  son  apparente  richesse  en  citoyens,  il 
la  doit  h  des  ressources  extrinsèques,  extraordinaires,  il  la 
doit  à  d'incessants  emprunts  à  l'immigration  tant  étrangère 
qu'intérieure,  —  la  première  représentée  par  les  immigrés 
de  toutes  nationalités,  lielges,  Italiens,  Allemands,  Alsa- 
ciens-Lorrains, Suisses  surtout,  formant  un  total  de  près  de 
3500  étrangers  :  la  seconde,  représentée  par  les  immigrés 
français  venus,  soit  du  reste  du  département  du  Doubs,  soit 
des  autres  départements  plus  ou  moins  proches. 

Et  en  effet,  le  mouvement  d'accroissement  de  Besançon, 
étudié  dans  ses  détails,  par  périodes  quinquennales  succes- 
sives, n'accuse  point  une  marche  uniformément  retardée, 
mais  enfin  uniforme,  comme  celle  de  la  population  française, 
comme  celle  de  toute  collectivité  soumise  exclusivement  ou 
à  peu  près  au  jeu  physiologique  de  ses  éléments  démogra- 
phiques propres,  —  mais  bien  une  marche  irrégulière,  inter- 
mittente, se  faisant  comme  par  à-coups,  au  gré  d'influences 
momentanées,  de  cause  diverse,  d'ordre  surtout  économique 
et  social. 

C'est  ainsi  que  notre  marche  en  avant  s'accentue  d'abord 
■    it  à  coup  de  1846  à  1856,  au  moment  où  les  premiers  che- 
ns  de  fer  viennent  sillonner  notre  région  et  décupler  Tac- 
ite des  centres  favorisés  :  en  moins  de  iO  ans,  la  popula- 


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tion  s'accroît  de  près  de  moitié,  passant  de  30,700  &  43,700. 
Or,  pendant  ce  temps,  les  arrondissements  de  Montbéliard, 
de  Baume-les- Dames  etdePontarlierperdontdeSàlO  p.  ICI) 
de  leur  population,  et  la  partie  rurale  de  l'arrondissement  de 
Besançon  sud  perd  27  p.  100  (plus  du  quart  !)  de  la  sienne  ; 
enfin,  les  arrondissements  de  Dole  et  do  Poligiiy,  ceux  de 
Vesoul  et  de  Gray,  sont  éprouvés  aussi,  bien  qu'à  un  moindre 
degré,  par  cette  sorte  d'  u  aspiration  i)  exercée  par  le  grand 
centre  provincial  sur  les  habitants  des  bourgs  et  campagnes 
plus  ou  moins  proches.  C'est  bien  là,  pri»  sur  le  fait,  le  pro- 
cédé de  dépopulation  de  la  campagne  au  profit  de  la  grande 
ville. 

Une  seconde  phase  d'accélération  bien  marquée  se  place 
de  1872  à  1880  :  d'une  part,  à  ce  moment,  la  constitution  de 
notre  ville  en  siège  d'un  des  plus  grands  commandements 
militaires  et  en  vaste  camp  retranché  entraîne  un  renforce- 
ment considérable  de  sa  garnison  ;  d'autre  part,  les  rigueurs 
de  l'annexion  provoquent  l'immigration  à  Besançon  de 
nombre  de  patriotes  alsaciens  ;  en  mëtne  temps  l'épanouis- 
semenl  (hélas  7  passager]  de  notre  industrie  horlogère  appelle 
à  nouveau,  dans  nos  ateliers,  des  colonies  d'ouvriers  suisses. 
Cette  fois,  en  raison  des  caractères  particuliers  à  ces  diverses 
sortes  d'immigrations,  on  ne  voit  pas  s'établir,  dans  la  partie 
rurale  de  notre  arrondissement  et  dans  les  arrondissements 
proches  le  courant  de  dépopulation  compensatrice  que  je 
vous  montrais  tout  à  l'heure. 

On  sait  trop  la  désastreuse  influence  des  vicissitudes 
éprouvées  depuis  1881-1882  par  notre  industrie  horlogère 
pourqu'ilsoitbesoin  de  signaler  leur  intime  rapport,  de  cause 
à  effet,  avec  le  ralentissement  d'abord  (de  1881  à  188G),  puis 
avec  le  recul  (de  1891  àl896),  éprouvés  dans  le  mou\'enient, 
jusque  là  irrégulièrement  mais  constamment  ascensionnel,  de 
notre  population.  II  s'agit  bien  ici  de  causes  toutes  locales, 
puisque,  aux  mêmes  époques,  la  population  rurale  de  notre 
arrondissement  et  de  l'arrondissement  de  Baume-les-Dames 


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-  354  - 

reiite  statinnnaire,  et  que  les  arrondissements  de  Pontarlier 
et  de  Monlbéliard  bénéficient  au  contraire  d'une  augmenta- 
tion de  population. 

Enfin,  de  1891  à  1896,  la  création  à  Besançon  de  nouvelles 
industries  (soieries,  papeteries,  fabrique  d'horlogerie,  de 
chaussures,  établissement  thermal  des  bains  salins,  etc.), 
entraine  une  reprise  du  mouvement  en  avant  :  notre  popula- 
tion conquiert  1500  habitants  ;  mais  en  même  temps  la  por- 
tion rurale  de  notre  arrondissement  en  perd  un  millier, 
presque  tous  absorbés  par  la  ville. 

En  résumé,  Besançon  vitsurtoutde  la  population  des  cam- 
pagnes, population  qu'elle  aspire  et  qu'elle  consomme,  au 
sens  littéral  du  mot.  Besançon  fuit,  en  somme,  ce  que  font, 
du  plus  au  moins,  presque  toutes  les  villes,  véritables  «  man- 
geuses d'hommes  >,  organismes  et  causes,  non  pas  uniques 
mais  puissants  entre  tous,  de  la  dépopulation. 

Et  maintenant,  quelles  sont  les  causes  de  notre  dépopula- 
tion bisontine?  Pourquoi  ce  constant  ou  presque  constant 
excédent  de  nos  décès  sur  nos  naissances?  Est-c«  qu'on 
meurt  trop  à  Besançon,  ou  bien  est-ce  qu'on  n'y  naît  pas  as- 
sez, ou  encore  e;^t-ce  l'un  et  l'autre  Èi  la  fois  ?  C'est  ce  que  va 
nous  apprendre  une  étude  rapide  et  sommaire  de  notre  mor- 
talité, ou  fréquence  des  décès,  de  notre  nalatilé  ou  fréquence 
des  naissances,  et,  préjudiciel lement  à  celle-ci,  de  notre 
nuptialité,  ou  fréquence  des  mariages. 

Voyons  d'abord  la  mortalité:  est-ce  que  l'on  meurt  beau- 
coup à  Besançon?  est-ce  que  l'on  y  meurt  trop?  A  cet  égard, 
Besançon  a  joui  longtemps  d'une  réputation  plutôt  mauvaise, 
au  moins  médiocre,  et  il  faut  reconnaître  que  cette  réputa- 
tion, durant  un  temps,  a  été  jusqu'à  un  certain  point  méritée. 
Comment  en  eût-il  été  autrement  ? 

11  n'est  pas  douteux  que  des  préoccupations  tout  autres 
(|ue  celles  relatives  à  l'hygiène  et  à  la  salubrité  de  la  future 
ville  ont  présidé  au  choix  de  l'emplacement  de  Besançon  :  le 


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—  355  — 

besoin  de  sécurité  et  la  pensée  de  la  défense  ont  prévalu,  ce 
semble  d'une  manière  à  peu  près  exclusive.  Ses  habitants 
sont  donc  venus  se  grouper  au  pied  des  lochers  qui  consti- 
tuent l'isthme  de  la  presqu'île  enclose  dans  une  sinuosité  de 
la  rivière  :  sur  le  rocher,  ils  ont  campé  leur  citadelle,  et,  sur 
ta  rive  gauche  du  Doubs,  en  dedans  de  sa  boucle,  aux  bords 
mal  endigués  et  couverts  de  marais,  ils  ont  élevé  leurs  pri- 
mitives demeures. 

Peu  à  peu,  au  cours  des  siècles,  ils  ont  conquis  ce  sol  va- 
seux et  rejeté  la  rivière  dans  son  lit  actuel,  grâce  à  l'exhaus- 
sement lent  et  progre^isiT résultant  de  l'accumulation  des  ma- 
tériaux de  toute  nature  et  des  débris,  des  déchets  organiques 
et  autres  que  les  besoins  de  la  vie  individuelle  et  collective 
fabriquent  et  rejettent  incessamment.  Or,  cette  couche 
d'  €  humus  humain  »,  si  j'ose  ainsi  dire,  superposée  à  un 
sol  de  marécage,  ne  saurait  sans  doute  être  considérée 
comme  un  élémenl  de  salubrité. 

Plus  tard,  en  raison  des  progrès  de  la  science  guerrière, 
—  les  défenses  naturelles  des  rochers  de  la  citadelle  et  des 
eaux  courantes  et  dormantes  du  Doubs  ne  suffisant  plus,  — 
la  ville  s'entoura  de  remparts  :  la  sécurité,  ainsi  augmentée, 
accrut  son  importance  et  attira  une  population  plus  nom- 
breuse On  n'eut  plus  alors  qu'un  souci  :  ne  plus  perdre  un 
pouce  de  ce  terrain  désormais  délimité  pour  des  siècles  par 
sa  ceinture  de  pierre.  Pour  occuper  le  moins  de  place  pos- 
sible, on  réduisit  au  strict  minimum  le  nombre  et  la  largeur 
des  rues  et  des  places  ;  on  accola  les  maisons  par  leur  plus 
large  surface,  ne  leur  laissant  sur  la  rue  qu'un  étroit  pignon  : 
peu  d'air  et  peu  de  lumière  ;  par  suite,  pas  du  tout  de  pro- 
preté. 

Dans  les  cours,  qui  se  succédaient  en  forme  de  |iuils,  dans 
les  longs  et  étroits  corridors  des  maisons  s'accumulaient,  ar- 
rosés par  les  eanx  ménagères,  les  déchets,  les  fumiers,  et 
les  déiritus  de  toute  sorte,  en  attendant  qu'une  pluie  abon- 
dante vint  transformer  les  ruelles  en  ruisseaux,  et  permit  d'y 


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pousser  toute  celte  fange.  On  utilisa  surtout  dans  la  suite  les 
progrès  de  l'architecture  pour  faire  croître  la  ville  en  hau- 
teur, et  la  densité  de  la  population  ne  cessant  d'augmenter, 
la  proportion  des  souillures  du  sol  et  des  eaux  par  les  déchets 
organiques  s'éleva  parallèlement  d'autant. 

Sans  doute,  ces  conditions  d'existence  passée  ne  sont  pas 
absolument  particulières  à  Besançon;  ce  sont  un  peu  celles  de 
toutes  les  vieilles  villes  et  surtout  des  vieilles  villes  fortifiées; 
il  n'en  est  pas  moins  vrai,  que  notre  cité,  l'une  des  plus  an- 
ciennes des  Gaules,  et  l'une  de  celles  au^si  0(1  tout  a  toujours 
élé  sacrifié  aux  intérêts  de  la  défense,  devait  être  également 
l'une  de  celles  où  ces  conditions  défavorables  s'accuseraient 
avec  le  plus  de  suite  et  d  intensité.  On  a  dit  des  villes  qu'elles 
étaient  toutes,  par  rapport  aux  campagnes,  sinon  des  malades, 
au  moins  des  valétudinaires  :  ceci  nous  explique  comment 
Besançon  a  été  longtemps  une  malade  parmi  les  \nlles  ma- 
lades, et  comment,  jusque  vers  le  milieu  de  ce  siècle,  elle 
est  restée  une  débile  parmi  les  valétudinaires  ;  —  comment 
s'est  établie  sa  réputation  de  ville  insalubre,  et  comment 
cette  réputation  a  survécu  après  [Uôme  que  la  lutte  instituée 
contre  le  mal  eitt  fini  par  replacer  la  ville  à  un  rang  à  peu 
prè^  normal  en  tant  que  salubrité. 

Et  en  effet,  combien  il  y  a  loin  du  Besançon  d'il  y  a  un 
siècle,  ou  même  seulement  un  demi-siècle,  au  Besançon 
d'aujourd'hui  !  Tout  d'abord,  l'amenée  et  la  distribution  à  la 
ville  des  eaux  d'Arcier  ont  suffi  pour  faire  tomber  la  morta- 
lité générale  bisontine  de  35  par  1000  habitants  à  26  et  demi 
p.  1000  c'est-à-dire  à  la  réduire  d'un  coup  de  plus  du  quart  : 
jamais  opération  ne  lut  aussi  fructueuse  ;  jamais  dépense 
communale  affectée  à  de  grands  travaux  d'utilité  publique  ne 
constitua  une  économie  mieux  entendue,  —  puisque,  moyen- 
nant 1 .750. (XX)  francs,  prix  de  revient  des  travaux  de  captage, 
d'amenée  et  de  distribution  de  cette  source,  capital  dont  les 
intérêts  annuels  sont  dès  longtemps  couverts  par  les  recettes 
de  l'abonnement  aux  eaux  de  la  ville,  on  a  sauvé  chaque 


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—  357  — 
année,  depuis  45  ans,  une  moyenne  de  300  vies  humaines, 
soit  un  total  de  13.500  existences  ! 

Jusque  vers  l'année  1873,  la  mortalité  se  maintient,  ou  à 
très  peu  près,  au  taux  encore  relativement  élevé  de  26  et 
demi  par  1000  habilants  ;  c'esl  alors  qu'au  lendemain  des  dé- 
sastres de  «  l'Année  terrible  » ,  au  milieu  du  mouvemeni  gé- 
néral de  reprise  de  la  vie  nationale,  les  grands  travaux  d'as- 
sainissement reçoivent  une  nouvelle  impulsion;  les  fossés- 
égouls  (te  Chatnars  sont  comblés  ;  le  quai  Veil-Picard  s'élève 
et  les  abattoirs  sont  éloignés  ;  les  excellentes  eaux  d'Aglans 
sont  amenées  ;  l'élurglssemciil  de  certaines  rues,  de  la  rue 
Battant  entre  autres,  apporte  un  peu  d'air  et  delumière  dans 
les  quartiers  les  plus  déshérités  ;  enfin,  ia  vieille  ville  com- 
mence ù  déverser  dans  le  vaste  faubourg  des  Chaprais  le  trop 
plein  de  sa  population  :  de  26  et  demi  à  27  pour  1000,  notre 
mortalité  tombe  &  25  et  demi  environ,  année  moyenne, 
chiffre  à  peine  supérieur  encore  à  celui  moyen  de  la  morta- 
lité des  grandes  villes  l'rançaises. 

Enfin,  vers  1880-85,  l'hygiène  publique  prenait  partout,  k 
l'élranger  et  en  France,  un  merveilleux  élan  par  suite  de  l'ap- 
plication,ù  la  prévention  des  maladies,  des  merveilleuses  dé- 
couvertes de  noire  illustre  Pasteur.  La  création,  en  1890, 
après  quelques  années  de  tâtonnements,  d'un  bureau  muni- 
cipal d'hygiène  solidement  organisé  el  fort  du  concours  mo- 
ral de  la  Société  de  Médecine  de  Besançon  el  de  la  Franche- 
Comté,  ainsi  que  de  l'appui  effectif  de  la  municipalité  et  des 
pouvoirs  publics,  vint  donner  h  ce  mouvement,  &  Besançon, 
une  vigueur  particulière.  Rappelons,  ne  fut-ce  que  pour  mé- 
moire ;  l'achëvement  et  la  coordination  de  notre  réseau  d'é- 
goûts,  avec  création  d'un  important  tronçon  de  l'égoûl  collec- 
teur;— la  substitution,  dans  une  grande  partie  desChaprais, 
de  l'excellente  eau  d'Aglans  à  l'eau  de  Fontaine-Argent,  jus- 
tement disqualifiée  ;  l'organisation  d'un  service  municipal 
de  désinfection  ;  —  la  réorganisation  du  service  de  vaccina- 
tion et  de  revaccination  et  l'introduction  du  vaccin  animal  :  — 


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—  358  — 
la  régie  me  nlntion  de  l'isolement  des  contagieux  dans  les 
écoles,  et  de  l'hygiène  scolaire  en  général .  —  l'organisation 
de  la  police  sanitaire  des  garnis,  du  transport  des  malades 
contagieux,  de  l'enlèvement  des  ordures  ménagères;  -  la 
réorganisation  de  la  commission  des  logements  insalubres  et 
(le  son  fonctionnement;  —  la  création  d'un  laboratoire  d'ana- 
lyses chimiques  et  micrographiques;  d'un  service  d'informa- 
tions et  de  surveillance  des  épidémies,  etc.  Grâce  à  cet  en- 
semble de  mesures  et  de  travaux,  en  moins  de  10  ans,  de 
1889  à  1899,  la  mortalité  bisontme  s'abaissait  de  30  p.  100, 
de  1/5,  tombant  de  ^  et  demi  à  20  et  demi  par  1000  habitants. 

En  résumé,  et  en  somme:  depuis  10  ans  notre  mortalité 
bisontine  est  à  peine  égale,  plutôt  inférieure  à  celle  de  l'en- 
semble de  la  France,  campagnes  comprises  ;  —  elle  est  infé- 
rieure, de  1  à  1  et  demi  par  1000  habitants  à  celle  moyenne 
des  villes  françaises  de  30  à  100  mille  habitants  ;  —  elle 
est  inférieure  à  celle  de  toutes  les  villes  comtoises  (Vesuul 
exceplé)  ;  ^-  elle  est  inférieure  à  celle  des  départements  com- 
tois, villes  et  campagnes  réunies  ;  —  elle  est  enfin  inférieure, 
avec  celle  de  Dijon,  ii  la  mortalité  de  toutes  les  grandes  villes 
du  Centre-Est,  Est  etNord-Est  de  laFrance. 

Puisque,  notre  mortalité  n'étant  pas  trop  forte,  étant  même 
relativement  minime  nous  continuons  à  nous  trouver  en  face 
d'un  excédent  de  décès,  il  faut  bien  que  ce  soit  noire  natalité 
qui  soit  beaucoup  trop  faible.  Et  c'est  bien,  en  elTet,  ce  que 
nous  allons  voir  ;  mais  disons  d'abord  deux  mots  en  passant 
de  notre  nuptialité,  la  fréquence  des  mariages  étant  évidem- 
ment une  condition  de  la  fréquence  des  naissances. 

Se  marie-t-on  beaucoup  à  Besançon?  Au  cours  des  20  der- 
nières années,  on  y  a  célébré,  année  moyenne,  378  à  380  ma- 
"■ages,  correspondant  à  une  nuptinlitc  de  un  peu  moins  de 
par  1000  habitants,  —  alors  que  ce  chiffre  est  de  7  et  1/2 
jur  l'ensemble  de  la  France,  et  de  prés  de  8  pour  les  villes, 
£t  non  seulement  on  se  marie  moins  k  Besançon  qu'on  ne 


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le  fait  moyennemenl  en  France,  et  surtout  dans  les  villes, 
mais  encore  on  s'y  marie  plus  tard,  chose  regrettable  à  tous 
points  de  vue  :  les  garçons,  à  30  ans  au  lieu  de  2ti  ans  el 
demi,  les  filles  à  2tians  au  lieu  de  24  ans  et  demi...  L'écart  ne 
semble  pas  énorme,  diia-t-un  ;  mais  il  faut  remarquer  qu'il 
s'agit  ici  de  moyennes,  de  moyennes  établies  sur  des  groupes 
nombreux  et  suivis  pendant  une  série  d'années,  el  les  diffé- 
rences qu'elles  accusent  sont,  en  réalité,  considérables. 

Pour  s'en  convaincre,  il  suffit  de  constater  quel  profond 
retentissement  ces  écarts,  en  apparence  minimes,  ont,  en  fin 
de  compte,  sur  la  composilion  de  notre  population  en  mariés 
et  non  mariés  des  deux  sexes  :  en  France,  sur  1000  personnes 
du  sexe  masculin  âgées  de  plus  de  18  ans,  on  compte  550 
mariés  environ;  à  Besançon  (Eibstraction  faite  de  la  garnison), 
on  n'en  compte  que  480  ;  —  sur  1000  personnes  du  sexe  fémi- 
nin âgées  de  plus  de  15  ans,  on  compte  :  en  France,  544,  à 
Besançon  407  mariées  seulement. 

En  résumé,  peu,  relativement,  de  mariages,  peu  de  ma- 
riés et,  par  surcroît  des  mariés  plutôt  âgés,  voilà  des  condi- 
tions bien  faites  pour  abaisser  le  chiffre  de  notre  natalité. 

Et,  de  fait,  — je  ne  dis  pas  a  de  ce  seul  fait  ■-,  -  notre  iia- 
talilé  est  d'une  insuffisance  extrême,  et  elle  ne  cesse  de  s'a- 
baisser: en  1856-60,  avec  une  population  de  43.500  habitants, 
nous  enregistrions,  année  moyenne,  1175  naissances  ;  de  nos 
jours,  de  1896  à  1899,  avec  une  population  de  58.000  habi- 
tants nous  n'en  enregistrons  plus  que  1064  ;  il  y  a  60  ans, 
pour  1000  habitants  de  notre  ville,  on  comptait  31  nais- 
sances: aujourd'hui,  on  n'en  compte  plus  que  18  ;  la  fré- 
quence relative  de  nos  naissances  s'est  abaissée  dans  la  pro- 
portion de  31  à  1 8,  soit  de  2/5.  En  France,  pendant  la  même 
période,  la  natalité  a  passé  de  26  à  22  et  demi  par  1000  ha- 
bitants, et  ce  chifTre  de  22  et  demi  est  déjà  bien  misérable 
lorsqu'on  le  trouve  de  31  en  Italie,  de  34  en  Angleterre,  de 
38  en  Allemagne,  de  50  en  Russie  ! 


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—  360  — 

Au  taux  de  la  natalité  françaisp,  déjà  si  faible  !  c'est  1300 
naissances  que  nous  devrions  compter  au  lieu  et  place  de 
1U64,-  —  au  taux  de  la  natalité,  plus  forte,  des  villes  fran- 
çaises, au  taux  de  la  natalité  du  département  du  Doubs  tout 
entier,  c'est  1350  naissances,  et,  au  taux  de  la  natalité  alle- 
mande, c'est  2200  naissances  que  noua  devrions  compter  an- 
nuellement, au  lieu  de  1064  ! 

C'est  donc  bien  à  notre  natalité  déplorablement  faible,  et 
en  partie  h  notre  nuptialité  un  peu  laible  aussi  qu'est  due 
notre  dépopulation  bisontine,  image  en  réalité  aggravée,  en 
dépit  des  apparences,  de  la  dépopulation  française;  dans 
ce  mouvement  de  dépopulation  qui,  pour  tous  les  esprits 
sérieux  et  clairvoyants,  devient  un  véritable  ii  péril  na- 
tional »,  mouvement  où  les  villes  tiennent  la  tête,  nous 
avons  une  part  trop  grande,  même  en  tant  que  ville:  si  nous 
ne  tenons  pas  absolument  le  premier  rang,  il  ne  s'rh  faut 
pas  de  beaucoup. 

Le  temps  me  manque  pour  vous  faire  entrevoir  dans  un 
résumé  même  très  résumé,  les  conséquences  redoutables 
qu'entraîne  pour  un  pays  une  dépopulation,  même  simple- 
ment relative,  comme  l'est  jusqu'ici  celle  de  la  France: 
amoindrissement  de  sa  puissance  et  de  son  influence  poli- 
tique, de  la  sphère  d'action  de  sa  langue,  et.  par  suite,  de  son 
rayonnement  intellectuel  et  moral  ;  amoindrissement  aussi 
de  sa  vie  économique  et  de  sa  richesse,  amoindrissement  de 
sa  cohésion  et  de  son  unité  nationales  par  suite  d'une  immi- 
gration étrangère  excessive...  en  attendant  que  la  dépopula- 
tion réelle  et  absolue  survenant,  —  etelleestà  nosportes.  - 
ce  soit  la  nation,  la  population  elle-même  qui  s'amoindrisse 
et  peu  à  peu  disparaisse,  par  une  sorte  de  suicide,  suicide 
lent,  non  douloureux,  suicide  par  le  chloroforme,  comme  on 
l'adit,  mais  suicide  enfin 

A  moins  que,  d'ici  là,  quelque  tragique  accident  ne  vienne 
brusquer  le  dénouement  fatal.  Nous  sommes  bien  Hers  de 


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notre  civilisation,  à  cette  aube  du  xx.*  siècle,  et  pourtant,  au 
milieu  de  notre  Europe  en  armes,  nerveuse,  inquiète,  pou- 
vons-nous oublier  qu'aujourd'hui  plus  que  jamais  la  force 
prime  le  droit,  et  que  la  force  ne  va  pas  sans  le  nombre?  Pou- 
vons-nous oublier  lu  spoliation  du  Danemark,  Sadowa,  l'An- 
née terrible,  l'Alsace  et  la  Lorraine  amputées,  les  massacres 
d'Arménie  et  l'écrasement  de  la  Grèce,  Cuba  et  les  Philip- 
pines en  sang,  et  l'agonie  glorieuse  mais  atroce  du  Transvaal, 
etlamarcheauCalvairedesongr.ind  patrlute?  Ehbieni  Son- 
geons-y :  en  1870-71,  l'Allemagne  et  la  France  avaient  à  peu 
près  le  même  nombre  de  conscrits,  296,000  conscrits  français 
contre  330,000 conscrits  allemands;  aujourd'hui,  l'Allem^ne 
en  a  presque  moitié  en  plus  :  448,000  contre  300,000. 

Gomme  l'Allemagne,  depuis  1801  a  deux  fois  plua  de  nais- 
sances que  la  France  (1,903,000  contre  909,000),  il  est  fatal 
que,  vers  1911,  elle  aura  deux  fois  plus  aussi  de  conscrits... 
et  alors....  On  dit  ;  c  II  est  inutile  de  crier  tout  cela  si 
haut.,.  C'est  enfantin  !  Les  Allemands  le  savent  et  le  pro- 
clament les  premiers.  Ecoutez  !e  D'  Rommel  :  «  La  politique 
s  des  races  est  impitoyable,  déclare-t-il  avec  su  brutalité  teu- 

>  tonne  :  le  moment  approche  où  les  cinq  lils  de  la  famille 

•  allemande,  alléchés  par  le.-i  ressources  et  la  fécondité  de 

>  la  France,  viendront  facilement  à  bout  du  fils  unique  de 

•  la  famille  française.  Quand  une  nation  grossissante  en  cou- 

>  doie  une  plus  clairsemée,  qui,  par  suite,  forme  centre  de 

•  dépression,  il  se  produit  un  courant  d'air  vulgairement  ap- 
«  pelé  invasion,  phénomène  pendant  lequel  la  loi  et  la  mo- 
n  raie  sojit  mises  provisoirement  de  côté.  » 

Ne  fût-ce  que  par  patriotisme,  et  au  point  de  vue  général, 
nous  devons  déplorer  le  rôle  trop  considérable  que  joue  notre 
ville  dans  l'extension  de  ce  fléau  qu'est  la  dépopulation.  Notre 
patriotisme  local  ne  doit  pas  s'en  munlrer  moins  ému  :  Besan- 
çon n'est  pas  encore  en  décadence  de  population;  il  n'en  est 
pas  moins  vrai  qu'il  ne  vit  que  d'emprunts  de  citoyens,  que 
des  ressources  de  l'immigration,  et  que  ces  emprunts  se  font 

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de  plus  en  plus  difficiles  et  n'arrivent  plus  qu'avec  peine  k 
comblerlesvidescausésparl'excédentdes  décès  sur  les  nais- 
sances :  depuis  20  ans,  nous  avons  cessé  ou  presque  de  nous 
accroître  comme  continuent  à  le  faire  les  autres  villes,  et  à 
chaque  dénombrement  nous  perdons  un  ou  deux  rangs  dans 
le  classement  des  villes  françaises  par  ordre  d'importance. 
De  là  un  amoindrissement  au  moins  relatif. 

ES  qu'on  ne  dise  pas  :  que  nous  importe?  Au  nombre  de  ses 
habitants  ne  se  mesurent  ni  la  véritable  grandeur  d'une  ville, 
ni  sa  richesse,  ni  surtout  le  bonheur  de  ses  citoyens  ;  il  est 
des  villes  moyennes,  petites  même,  oii  la  vie  s'écoule  heu- 
reuse et  facile,  avec  un  développement  régulier,  mais  non 
intensif  de  la  population.  Non,  de  telles  villes  ne  sauraient 
exister  qu'à  la  condition  d'avoir  été  toujours  ce  qu'elles 
sont,  ou  moindres  qu'elles  ne  sont  ;  qu'à  condition  de  n'être 
pas  des  villes  en  décroissance  ;  sinon,  de  l'amoindrissement 
même  de  la  population  découle  une  atteinte  forcée  portée  à 
tous  les  intérêts  engagés,  à  toutes  les  situations  acquises  à 
coup  d'argent  et  de  temps  :  dépréciation  des  propriétés,  ruine 
progressive  du  commerce  et  de  l'industrie.  Et  d'autre  part, 
pour  demeurer  un  centre  administratif,  judiciaire,  universi- 
taire, ecclésiastique,  militaire  même,  encore  faut-il  qu'une 
ville  ne  tombe  pas  au-dessous  d'un  certain  niveau,  au-des- 
sous d'un  certain  chiffre  de  population,  —  à  côté  de  villes 
voisines  grandissantes.  Sinon,  un  jour  arrive  od  l'Etat  cesse 
de  défendre  une  ville  qui  ne  se  défend  plus  elle-même,  dont 
la  voix  n'est  plus  capable  de  se  ùiire  entendre,  moins  encore 
de  se  Êàire  écouter 

Mesdames  et  Messieurs,  les  choses  n'en  sont  là,  Diea 
merci  I  ni  pour  Besancon,  ni  pour  la  France  :  il  y  a  loin  des 
dangers  prévoyables  à  la  catastrophe  réalisée.  Une  grande 
ville,  une  grande  nation  ne  disparaissent  pas  si  facilement, 
et,  comme  le  dit  éloquemment  M.  Levasseur  :  «  C'est  vraiment 
>  trop  d'humilité  que  de  penser  qu'une  nation  de  38  millions 


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k  d'Âmes,  qui,  par  son  agriculture,  son  commerce,  son  indus- 

>  trie  est  une  des  plus  riches  du  globe  terrestre,  et  par  son 
n  activité  intellectuelle  dans  les  lettres,  les  arts,  les  sciences, 

■  une  des  plus  autorisées  à  éclairer  le  monde,  qui,  sous  le 

>  gouvernement  républicain,  a  depuis  un  quart  de  siècle  re- 
•  couvre  dans  le  concert  Européen  sa  place  de  grande  puis- 
»  sance,  est  une  nation  finie,  que  les  cliilTres  de  la  statistique 

■  acculent  invinciblement  k  disparaître  !  *  Ayons  confiance, 
soiti  mais  avisons,  ilesttemps.  Les  remèdes  vus  et  entrevus 
sont  légion  :  souhaitons  seulement  qu'on  les  applique  vite  et 
qu'on  les  applique  tous,  alin,  comme  disait  Jules  Simon, 
d'être  sûr  d'appliquer  le  bon. 


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RAVEIE,  SIENNE,  FLORENCE 

Par  H.  Jules  GAUTHISK 


Séance  publique  du  iS  décembre  1900 


S'il  est  un  payî^  dont  le  charme  s'impose  à  tous  ceux  qui 
le  parcourent  ou  te  visitent,  c'est  l'Italie,  la  terre  des  grands 
souvenirs,  des  innombrables  monuments,  oa  le  pèlerin  comme 
le  poète,  l'artiste  comme  l'antiquaire  peuvent  vivre  de 
longs  mois,  de  longues  années  dans  un  véritable  éblouis- 
sèment.  Du  pied  des  Alpes,  où  la  nature  fait  seule  les 
frais  du  décor,  aux  rivages  mouvementés  de  la  Sicile,  où  des 
colonnades  de  marbre  «loré,  profilées  sur  un  ciel  et  sur 
des  flots  toujours  blmiK,  évoquent  et  annoncent  l'Orient, 
tous  les  enllinusinsmes  peuvent  se  renouveler  sans  cesse. 
Cinquante  villes  Tameuscs,  échelonnées  tantôt  au  bord  des 
grands  fleuves,  lantAt  sur  des  sommets  ailiers,  tantôt 
endormies  au  fond  de  quelque  goITe,  se  disputent  et  cap- 
tivent un  inlérM  toujours  grandissant.  El  de  cette  vision 
superbe  et  grandiose  jaillit  dans  l'âme,  chez  nous  surtout 
habitants  des  Troides  régions ,  une  émotion  vibrante  qui 
s'éveille  et  s'échauffe  au  contact  de  toutes  ces  merveîUes, 
un  amour  passionné  pour  toutes  les  glorieuses  manifesta- 
tions de  l'art,  en  même  temps  qu'un  orgueil  légitime  du  fils 
qui,  sur  la  terre  d'Italie,  reli'ouve  le  berceau  de  ses  croyances 
et  le  tombeau  de  ses  aïeux. 

Et  tous  ces  sentiments  aussi  complexes  qu'intraduisibles, 
qui  ont  saisi  avec  une  vivacité  poignante  nos  devanciers  de 
tous  les  âges,  survivent  encore   aujourd'hui  au   mibeu  du 


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fracas,  du  mélange  de  races  et  de  la  banalité  internationale 
qui  viennent  battre  les  murailles  des  cités  italiotes  comme 
l'eau  grisâtre  de  la  laguue  heurte  sans  les  salir  les  degrés 
de  marbre  des  églises  et  des  palais  vénitiens. 

C'est  à  Rome,  cette  ville  dont,  par  héritage,  nous  sommes 
tous  les  citoyens,  que  ce  triomphe  de  l'Italie  sur  toutes  les 
nations  s'affirme  le  plus  écrasant  Chefs-d'œuvre  de  la 
Grèce  rapportés  par  les  légions  victorieuses,  monuments  de 
la  République  et  de  l'Empire,  temples  des  dieux,  catacom- 
bes d'où  sortirent  ceux  qui  transformèrent  en  églises  chré- 
tiennes tous  les  sanctuaires  du  paganisme,  basiliques  éle- 
vées par  Constantin,  cloîtres,  édifices  de  toute  sorte  élevés 
au  cours  des  âges,  tout  cet  ensemble  unique,  dominé  par  la 
masse  noirftlre  du  Colysée  et  la  coupole  étincelante  de 
Saint-Pierre,  n'a  rien  de  comparable  en  aucun  pays  ni  en 
aucun  temps. 

Mais  si  l'on  veut  à  Rome  suivre  anneau  par  anneau, 
comme  on  égrène  un  rosaire,  cette  chaîne  de  monuments 
qui  des  héritiers  de  Constantin  à  Léon  X  caractérisent  l'art 
de  tous  les  siècles,  on  s'aperçoit  avec  tristesse  que  le 
Moyen-Age  s'est  effondré  presqu'entier  dans  la  Ville  Eter- 
nelle, sous  le  marteau  brutal  des  précurseurs  ou  des  héri- 
tiers du  Bernin.  La  Renaissance  elle-même,  dont  les  fres- 
ques du  Vatican  et  de  la  Sixtine,  dont  quelques  douzaines 
de  tableaux  hors  de  pair,  disséminés  çà  et  là,  dont  quelques 
marbres  merveilleux,  tels  que  le  Moï^fe,  marquent  les 
immortelles  étapes,  n'y  a  laissé  que  peu  d'empreintes. 

Comment  combler  cette  lacune  dans  l'histoire  de  l'art, 
comment  compléter  la  chaîne  qui  nous  en  montrerait  l'har- 
monieuse unité? 

Ravenne,  Sienne,  Florence  y  suffiront. 

Sur  une  plage  que  les  flots  de  l'Adriatique  ont  désertée, 
là  ou  naguère  le  port  de  Classis  abritait  des  flottes  nom- 
breuses, se  dresse  Ravenne,  entre  Chioggia  et  Rimini,  k 
égale  distance  de  Venise  et  d'Ancône.  Avec  la  mer  la  for- 


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tune  s'est  retirée  (comme  à  Aigues-Mortes)  et  la  pauvreté  a 
sauvé  d'embellissements  qui  eussent  été  sa  ruine,  la  ville  ob 
se  réfugièrent  au  V  siècle  les  derniers  empereurs  romains. 
Et  tout  un  ensemble  étonnant  d'architecture  quasi  romaine: 
basiliques,  rotondes,  baptistères,  bâtis  par  les  Césars,  du 
V»  au  VI*  siècle,  sur  le  tombeau  des  martyrs  ou  sur  leur  pro- 
pre sépulture,  enrictiis  de  mosaïques,  couverts  de  ce  symbo- 
lisme cbrétien  qui  vient  de  sortir  des  catacombes  et  que 
traduisent  des  ouvriers  habiles  à  perpétuer  les  formes  et  les 
procédés  de  l'art  antique,  ofTre  à  l'œil  stupéfié  une  véritable 
résurrection. 

Entrez  dans  ce  baptistère  de  San  Giovanni  Battitta  dont 
la  construction  octogonale  est  surmontée  d'une  coupole  ; 
deux  rangs  d'arcatures  cintrées,  huit  fenêtres,  voilà  toute 
l'architecture,  mais  les  flancs  de  l'édifice  sont  couverts  de 
niches  pareilles  à  des  stèles  funéraires  antiques,  où,  sous  des 
fï-ontons  triangulaires  ou  cintrés,  se  dressent  de  hautes  et 
maigres  silhouettes  d'évangélistes  et  de  prophètes,  vêtus  de 
toges.  La  haute  frise  dont  le  bandeau  les  sépare  de  la  voûte 
est  couverte  de  portiques  et  de  colonnades  aériennes  sem- 
blables aux  peintures  que  l'on  exhume  à  Pompéi.  Levez  les 
yeux  :  autour  d'un  tableau  central  formant  le  fond  de  la 
coupole  (le  Christ  recevant  le  baptême  dans  les  eaux  du 
Jourdain),  apparaissent,  majestueuses  et  terrifiantes  sous 
leurs  nimbes,  douze  grandes  fi^^ures  d'apôtres,  drapées  dans 
de  larges  vêtements  à  plis  rigides  et  séparées  par  des  ar- 
bustes verdoyants  qui  se  détachent  sur  un  fond  d'or.  Le 
caractère  de  cette  scène  est  prodigieux,  grandiose,  émou- 
vant. J'en  dirai  autant  du  second  baptistère  de  Santa  Maria 
in  Coamedin,  où  les  mômes  personnages  se  retrouvent, 
traités  avec  la  même  ampleur,  séparés  cette  fois  par  des  pal- 
miers plantés  dans  des  cornes  d'or  ;  cette  impression  ne 
fera  que  grandir  et  s'accroître  encore  k  San  Vitale,  rotonde 
bfltie  sous  le  règne  de  Justinien,  à  l'imitation  de  Sainte- 
Sophie  de  Constantinople.  Si  la  coupole  est  gitée  par  des 


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fresques  modernes,  le  chœur  tourné  à  l'Orient  est  couvert 
de  mosaïques  splendides.  Dans  l'abside  c'est  le  Christ  assis 
dans  sa  gloire,  entouré  d'anges  et  d'évéques  ;  sur  les  flancs 
de  l'arc  triomphal,  c'est  Justinien  en  banleus  de  Byzance 
avec  sa  cour  ;  c'est,  en  face,  l'impératrice  Théodora,  aveu 
ses  dames  d'honneur,  portant  l'un  et  l'autre,  comme  les 
Mages  peints  sur  la  bordure  de  la  robe  de  l'impératrice,  des 
vases  d'or  qu'ils  apportent  au  Christ,  pour  ses  autels. 

A  Sont' Apollinare  Nuovo,  que  le  roi  des  Goths,  Théodoric, 
bâtit  au  VI*  siècle,  après  avoir  chassé  tes  derniers  empe- 
reurs, la  nef  de  la  basilique  soutenue  de  vingt-quatrecolonnes 
de  marbre  oriental  est  couverte  sur  ses  deux  flancs  d'une 
haute  frise  en  mosaïque.  D'un  côté,  c'est  Qassis,  représentée 
avec  son  port  et  ses  vaisseaux,  puis  une  longue  procession 
de  vierges  pâles  vêtues  de  blanc,  tendant  des  couronnes,  qui 
suivent  le  cortège  des  Trois  Rois,  venant  adorer  l'Enfant-Dieu; 
de  l'autre,  c'est  Ravenne  avec  ses  coupoles  et  vingt-cinq 
martyrs  nimbés,  portant  des  couronnes  de  lauriers,  que  le 
Christ  vient  bénir.  Ces  théories  majestueuses  ont  le  caractère 
solennel  des  panathénées  antiques  et  le  feuillagedes  palmiers 
qui  abritent  vierges  et  martyrs,  semble  frissonner  ft  leur 
passage.  A  Sant'  Apoltinare  in  doue,  les  mosaïques  de  la 
tribune  ei  l'arc  triomphal  ont  une  splendeur  singulière  ;  c'est 
le  triomphe  de  la  Croix,  les  empereurs  romains  s'y  mêlent 
aux  prophètes  et  aux  évêques  de  Ravenne  pour  entourer  le 
Christ  triomphant,  tandis  que  des  brebis  sorties  de  Beth- 
léem et  de  Ravenne  viennent  renforcer  son  troupeau,  A 
San  Nazario  e  Celao,  voici  d'autres  tableaux  qui  mélangent 
les  scènes  de  l'Ancien  Testament  et  du  Nouveau  :  Abraham 
à  côté  du  Bon  Pasteur,  des  cerfs  buvant  aux  claires  fontai- 
nés  et  des  brebis  paissant  sous  ta  houlette  du  divin  Berger. 
Et  toutes  ces  mosaïques  des  v*,  vi'  et  vu'  siècles,  dont  quel- 
ques retouches  modernes  n'ont  point  supprimé  le  caractère  ni 
dénaturé  l'expression,  chantent  dans  ces  vieux  édifices  de  Ra- 
venne, la  louange  de  cette  aurore  du  Moyen-Age,  qui  n'a 


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laissé  dans  nos  régions  appauvries  que  de  vagues  traditions. 

Si  Ravenne  est  la  ville  des  mosaïques,  c'est  aus^î  celle 
des  tombeaux.  A  San  Nazario,  celui  de  Galla  Placidia,  la 
mère  de  Valentinien  III,  la  fille  de  Théodose,  est  intact  entre 
celuid'Honorius,  son  frère  et  celuidel'empei'eur  Constance  III 
son  époux.  Et  sur  ces  sarcophages,  massifs  coffres  de 
marbre,  les  palmes  se  mêlent  aux  chrismas  et  aux  colombes 
buvant  dans  un  calice,  de  même  que  sur  les  voûtes  de  l'édi- 
fice construit  pour  les  recevoir  et  les  abriter. 

Du  tombeau  de  Gallia  Placidia  â  celui  de  Théodoric,  vide 
et  désert,  à  celui  de -l'exarque  Isaac,  auquel  son  épouse 
Suzanne,  a  chaste  tourterelle  ■,  a  consacré  une  épitaphe 
attendrie,  et  aux  sarcopho^'cs  de^  évêqucs  de  Ravenne  semés 
çà  et  là  dans  les  nefs,  les  parvis  ou  tes  cryptes,  tous  gar- 
dent, à  travers  les  siècles  du  Moyen-Age,  les  mêmes  con- 
tours, les  mêmes  emblèmes,  le  même  aspect.  La  tradition 
continue  pour  eux  presque  immuable,  comme  elle  continuera 
pour  les  mosaïques  restauréesou  renouveléesçaetlà.  Ambons 
de  marbre  semés  de  longues  séries  d'oiseaux  et  de  quadru- 
pèdes, comme  on  en  voit  sur  les  manuscrits  mérovingiens, 
sièges  d'ivoire  ou  de  pierre  oti  se  sont  assis  les  contempo- 
rains de  Théodoric.  d'Astaulphe,  de  Charlemagne,  icdnes 
venues  de  Byzance,  où  la  Vierge  oraote  et  voilée,  perdue 
dans  les  plis  raides  de  draperies  hiératiques  semble  une 
sibylle  chrétienne  prédisant  l'avenir,  autels  d'albâtre,  taillés 
comme  les  tombeaux,  ciboriums  à  quadruple  arcade  encore 
debout  sur  la  confession  des  martyrs,  tout  cela  escorté  et 
souligné  de  centaines  d'inscriptions,  chronologie  ininter- 
rompue à  travers  les  âges,  forme  un  trésor  sans  rival  que 
Ravenne,  plus  favorisée  que  Rome,  conserve  pour  les 
annales  de  l'humanité. 

Pourquoi  s'étonner  que  Dante  soit  venu  chanter  et  mou- 
rir dans  cette  ville  morte  où  palpitaient  tant  de  nobles  et 
vibrants  souvenirs,  et  que  Byron  y  ait  passé  ses  derniers 
ans  et  écrit  ses  derniers  vers?.  Endormie  pendant  la  glo- 


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rieuse  Renaissance  des  art-s  et  des  lettres,  qui  dès  le  xm^ 
siècle,  bouillonne  et  enfante  en  Italie  tant  de  chefs  d'œuvre. 
Buvenne  laisse  passer  en  d'autres  mains  ie  sceptre  de  l'art 
comme  elle  a  laissé  emporter,  sous  d'autres  cieux,  l'empire 
qui  fut  un  instant  son  orgueil. 

Nous  sommes  en  Toscane,  h  Sienne,  dans  la  ville  aux  trois 
collines,  qui  doit  à  son  site  escarpé,  aux  lauriers  roses,  aux 
vignes,  aux  oliviers  et  aux  cyprès  qui  couvrent  ses  lianes,  une 
partie  de  sa  Tierté  sauvage  et  de  ses  âpres  senteurs.  Au  milieu 
de  son  enceinte,  jadis  Tormidable,  le  xiii"  siècle  a  planté, 
parmi  les  tours  et  les  demeures  patriciennes,  le  dôme  su- 
perbe d'une  cathédrale  et  le  campanile,  haut  de  trois  cents 
pieds,  d'un  palais  municipal. 

Dédiée  à  la  Vierge,  bâtie,  comme  son  campanile,  en  assises 
alternées  de  marbre  blanc  et  noir,  la  cathédrale  s'élève  ma- 
jestueuse. Le  vigoureux  relief  de  sa  façade,  percée  de  trois 
grandes  portes  et  dune  rosace  énorme,  décorée  de  six 
frontons  triangulaires,  épaulée  de  groupes  vigoureux  de 
clochetons  d'une  rare  élégance,  la  hauteur  du  campanile 
ajouré  de  six  étages  de  fenestrelles,  dont  le  nombre  croit 
en  se  rapprochant  du  ï^omlne[,  sont  dignes  de  1  ediTice,  dont 
ils  annoncent  les  splendeurs.  Quand  on  a  franchi  le  seuil 
et  discerné  à  grand  peine  les  lignes  de  l'architecture,  dont 
les  arceaux,  les  piliers,  les  fenêtres,  la  coupole  et  les 
longs  bras  du  transept  disparaissent  sous  un  amoncelle- 
ment de  bas-reliefs,  de  statues,  de  marbres  ou  de  pein- 
tures, on  s'arrête,  ébloui.  Des  deux  côtés  de  la  grande 
nef  saillissent,  au-dessous  des  fenêtres,  les  bustes  gigan- 
tesques de  cent  quatre-vingts  papes,  de  quarante  empe- 
reurs, les  bas-côtés  sont  surchargés  d'autels  et  de  chapelles 
comme  le  transept,  le  bronze  ou  le  marbre  précieux  s'y  est 
assoupli  sous  l'ébauchoir  de  Donatello,  de  Giacomo  délia 
Quercia,  de  Michel-Ange.  A  l'entrée  du  chœur,  une  chaire 
hexagonale  est  portée  par  des  colonnes  qui  reposent  sur  le 
dos  de  lions  nerveux  :  c'est  Nicolas  de  Pise,  l'auteur  du  fameux 


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baptistère  de  sa  ville  natale,  qui,  en  1264,  a  taillé  les bas-reliefe 
en  marbre  de  Carrare,  les  figures  d'angle,  les  lions,  avec  la 
perfection  d'un  ciseleur  antique.  Impossible  de  détailler  ou  de 
décrire  ces  splendides  créations  de  l'art  chrétien,  non  plus 
que  les  stalles  admirables  et  les  tableaux  en  marqueterie  dont 
Raffaello  de  Brescia  et  Hiccio  Neroni  ont  entouré  le  chœur,  ou 
ces  reliefs  de  bronze  que  Délia  Quercia,  Donatello,  Ghiberti, 
Giovanni  et  Turino  di  8ano  ont  modelés  pour  le  baptistère 
voisin  de  la  cathédrale,  ou  ces  peintures,  fresques  ou  tableaux 
qui  suHlraient  à  l'histoire  de  l'école  siennoise.  Baissez  les 
yeux  vers  le  sol  et  vous  demeurerez  stupéfaits.  Traduites  en 
marbre  blanc  découpé  sur  un  fond  de  marbre  noir,  striées  de 
traits  gravés  et  de  mastic  sobrement  coloré,  qui  Hxent  le  détail 
des  costumes  et  l'expression  des  physionomies,  se  déroulent 
sur  le  pavé,  les  grandes  scènes  de  la  Bible  et  de  l'Evangile, 
interprétées  par  de  grands  artistes  :  Domenico  del  Coro,  Fe- 
derighi,  et  surtout  Beccafumi,  du  xiv*  au  xvi*  siècle.  Evoca- 
tions du  Paganisme  ou  de  l'Hermétique,  sibylles  etallégories, 
prophètes  el  empereurs  sortent  de  ces  incrustations  avec  une 
fierté  d'allure, une  splendeur  de  costumes  et  de  décor  archi- 
tectural dont  la  richesse  et  la  beauté  retiennent  le  pas,  au  mo- 
ment de  fouler  ces  chefs-d'œuvre  sans  pareils.  Et  cependant 
il  faut  gagner  sur  le  flanc  gauche  du  Dôme  cette  I.ibrerîa  Pie- 
colomini  qu'on  devrait  plutôt  appeler  l'Apothéose  d'Aeneas 
Sylvius,  ce  Siennois  qui  devint  pape  sous  le  nom  de  Pie  II. 
Dans  une  suite  de  dix  fresques  très  hautes,  qui  se  font  face  aux 
deux  flancs  de  la  Libreria,  où  la  lumière  pénètre  par  de  clairs 
vitraux  armoriés,  le  Pinturicchio  a  retracé  toute  la  carrière 
du  grand  pontife.  On  le  voit  tour  à  tour  partir  pour  le  concile 
de  Bâie  et  haranguer  le  roi  Jacques  d'Ecosse,  recevoir  de 
l'empereur  Frédéric  la  couronne  de  poète  ou  lui  présenter, 
aux  portes  de  Sienne,  sa  fiancée,  Eléonore  de  Portugal,  deve- 
nir légat,  cardinal,  pape,  canoniser  sainte  Catherine  de  Sienne 
et  mourir  saintement  à  Ancône.  Et  devant  ces  pages  ex- 
quises qui  ont  conservé  toute  leur  gr&ce  native  et  leur  coloris, 


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—  371  — 

brillant  comme  au  premierjour,  apparaît  le  groupe  célèbre  et 
lumineux  des  Trois  Grâces,  un  antique  grec,  que  le  pape 
Pie  II  donna  k  sa  ville  natale  et  que  le  crayon  puis  le  pinceau 
de  Raphaël  ont  immortalisé. 

Tel  est  ce  dAme  de  Sienne,  <  dont  l'impression,  au  dire  de 
Taine,  est  incomparable,  où  la  richesse  et  la  sincérité  d'in- 
vention sont  étonnantes,  qui  est  à  nos  cathédrales  ce  que 
les  poèmes  de  Dante  et  de  Pétrarque  sont  aux  chansons  de 
nos  trouvères  n .  Pétri  de  marbre,  de  bronze  et  d'or,  avec 
une  saveur  et  une  originalité  charmantes,  il  donne  au 
Moyen-Âge  italien,  sa  plus  triomphante  incarnation. 

Descendons  sans  nous  arrêter,  ni  aux  palais,  niaux  loggias, 
ni  aux  églises,  ni  même  à  ce  Palazzo  pubblico,  oQ  tant  de 
fresques  nous  convient,  car  les  tableaux  du  Sodoma,  de 
Duccio,  de  Beccafumi  pourraient  trop  longtemps  nous  rete- 
nir; oublions  tout  pour  Florence,  si  longtemps  l'ennemie 
et  la  rivale  de  Sienne,  qu'elle  finit  par  conquérir. 

Sur  les  bords  de  l'Arno  aux  eaux  tourmentées  et  profon- 
des, le  Moyen-Age  a  lancé  dans  les  airs  comme  à  Sienne  et 
le  campanile  délié  d'une  Sijiioria  et  le  dôme  d'une  cathé- 
drale :  Sauta  Maria  délia  Fiore.  Cimabue,  le  Giottu,  Orcagna, 
Fra  Angelico  de  Fiesoie  ont  couvert  de  fresques  les  cloîtres 
ou  les  chapelles  de  ses  monastères,  l'art  y  déborde  par- 
toutaussi  bien  dans  les  musées  officiels  du  Pitti,  des  Offices 
ou  du  Bargello,  que  dans  ces  musées  efTectifs  de  Santa 
Maria  Novella,  d'Or'  San  Michiele,  de  Santa  Croce.  Sur  les 
places,  dans  les  rues,  le  bronze  et  le  marbre  ont  été  pro- 
digués par  la  Renaissance  qui  y  a  multiplié  les  palais,  les 
statues,  eu  donnant  à  l'art  un  éclat  qui  ne  fut  jamais  dépassé; 
c'est  à  Florence,  glorîlléeà  l'aube  du  xv*  siècle,  par  unepro- 
digieuse  pléiade  d'artistes,  que  la  Rome  de  Léon  \  fût 
réduite  k  emprunter  ses  architectes,  ses  peintres  et  ses 
sculpteurs. 

Au-dessus  des  plus  célèbres  et  les  dominant  tous  de  son 
génie  écrasant  et  de  son  universalité  triomphante,  comme  le 


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—  372  — 
dôme  de  Santa  Maria  del  Fiore  domine  Florence  elle-même, 
plane  le  nom  di!   Micliel-Aiigc,  tandis  que  sa  gloire  sans 
rivale  couronne  d'un  triple  rayon  d'or  la  ville  dont  il  fut  le 
plus  illustre  citoyen. 

Et  lu  merveille  de  toutes  les  merveilles  entassées  dans 
une  enceinte  trop  ctroile  reâtc,  sans  qu'aucun  le  contredise, 
le  tombeau  des  deu^i  Môdici^,  que  Duonui'otli,  ù  la  voix  do 
Léon  \  et  de  Clément  Vil,  a  créé  dans  la  sacristie  de  San 
Lorento. 

Sur  un  revêtement  de  marbre  :?ombre.  décoré  de  pilastres 
et  de  corniches  d'un  faible  n?liof,  d'une  ai-cliileclure  savante 
et  froide ,  calculée  pour  nuancer  les  eCTets  de  lumière  que 
laisse  tomber  une  coupole  haute  de  quatre-vingts  pieds,  deux 
niches  rectangulaires,  se  faisant  vis-ù-vis,  à  dix  ou  douze 
pieds  du  rsol,  contiennent  les  deux  statues  de  Laurent  et 
de  Julien  de  Médicis.  Tous  deux  sont  assis  en  costume 
guerrier,  renouvelé  de  l'antique  :  l'un,  casqué,  perdu  dans 
une  contemplation  vague,  qui  lui  a  valu  le  nom  de  Pentie- 
roso;  l'autre,  tète  nue,  tenant  dos  doux  mains  son  bâton  de 
commandement.  De  ces  statues,  pas  plusde  celle  du  Pensie- 
roso,  qui  reste  sibylline  et  voilée,  que  de  celle  de  Julien,  donl 
la  physionomie  respire  l'orgueil  satisfait  d'un  César,  il  ne  se 
dégage  aucun  sentiment  sublime,  héroïque  ou  religieux. 
Dans  ces  tombeaux  qui  semblent  vides,  toute  l'inspiration 
du  maître  s'est  concentrée  dans  quatre  ligures  accessoires, 
adossées  deux  par  deux  sur  le  couvercle  curviligne  de  deux 
sarcophaiies  identiques,  mis  en  rci^ard  aux  pieds  des  Médi- 
cis. 

Deux  hommes,  deux  femmes,  à  demi  cuuchés  et  complè- 
tement nus,  symbolisent  dans  un  harmonieux  ensemble, 
merveilleusement  équilibré,  le  mystère  des  destinées  humai- 
nes, du  j)rintemps  de  lajeunes>eau  douloureux  hiver  delà 
vieillei^sc  et  de  la  mort. 

Sous  la  statue  de  [curent,  l'Aurore  et  le  Jour,  sous  celle 
de  Julien,  le  Crépuscule  et  la  Nuit,  taillés  dans  le  marbre. 


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-  378  — 
en  proportions  plus  fortes  que  nature,  traduisent   d'une 
façon  poignante  les  saisons  de  la  vie  et  ce  qui  les  ennoblit 
davantage  :  la  souffrance  et  le  dur  labeur. 

Voyez  plutôt  l'Aurore,  cette  jeune  fille  dont  les  nobles 
traits,  les  formes  délicates  et  souples  révèlent  la  pureté  et 
la  candeur,  elle  s  éveille  k  peine,  et  cependant  déjà  ses 
lèvres  sont  effleurées  par  l'amertume  des  douleurs. 

A  côté,  le  regard  afrirmant  une  volonté  robuste  et  calme,  le 
Jouraccoudé,  médite;  on  devine  sa  pensée  profonde  et  sa  cou- 
rageuse résignation.  Les  membres  vigoureux  du  travailleur 
sont  prêts  b.  vaincre  de  nouvelles  fatigues  et  son  repos 
momentané  lui  rendra  des  forces  pour  achever  la  moisson. 

Le  Crépuscule,  au  contraire,  tout  voisin  delà  Nuit,  est 
représenté  par  un  vieillard  aux  contours  épaissis,  dont  le 
naturalisme  accentué  évoque  le  souvenir  du  Torse  antique 
du  Belvédèm  romain.  Ses  bras  sont  ployés,  l'un  derrière  le 
dos,  l'autre  sur  la  poitrine;  ses  épaules  sont  légèrement 
voûtées;  îia  lèle  (inaclievée  d'ailleurs)  s'efface,  couverte  de 
cheveux  longs  et  épais  comme  celle  des  fleuves  antiques. 
Tout  indique  la  veille  ou  le  moment  d'une  décadence  ;  le 
vieux  lutteur,  vaincu  par  l'âge,  a  droit  de  reposer  h  jamais. 

La  Nuit  est  représentée  sous  les  traits  d'une  femme,  belle 
et  encorejeune,  qui  s'endort,  coiffée  dune  étoile.  Sa  lassitude 
semble  extrême  ;  .son  bras  droit  soutient  sa  tête,  dont  le 
noble  front,  sans  la  moindre  ride,  est  empreint  d'une  tris- 
leai-e  résignée.  Son  corps,  à  demi  flétri,  est  encore  d'une 
splendeur  exquise:  ses  membres,  une  jambe  ployée,  l'autre 
pendante,  sont  modelés  avec  une  grÂce  presque  Juvénile, 
mais  tout  dans  son  attitude  révèle  l'accablement  et  la  soif 
du  repos, 

A  la  couronne  tressée  de  cyprès  et  de  roses  que  son  pied 
foule,  à  l'oiseau  funèbre,  la  chouette,  qui  frôle  sa  jambe, 
au  masque  de  théâtre  dont  l'odieux  rictus  bâille  cuntre  son 
épaule  délicieusement  contournée,  on  voit  bien  que  tout  est 
Qui  et  qu'elle  ne  s'éveillera  plus  de  son  dernier  sommeil. 


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-374- 

Et  sous  l'impression  philosophique  quelque  peu  païenne 
et  décourageante  que  produisent  ces  grandes  figures  de 
Carrare,  ciselées,  avec  une  sorte  de  fièvre  et  de  passion,  par 
l'iinmortal  sculpteur  florentin,  le  regard  se  toumaul  vers 
l'autel  de  la  chapelle  funéraire,  s'y  repose  avec  soulage- 
ment sur  une  Madone  allaitant  l'Enfant-Dieu,  dont  la  beauté 
calme  et  radieuse  domine  toute  cette  scène  titanesque  et  tour- 
mentée, laissant  tomber  réconfortante  la  douce  espérance  au 
cœur. 

Nous  en  avons  fini  cette  fois  avec  Florence,  mais  nous 
croyons  avoir  prouvé  que  sur  les  rives  de  l'Arno,  comme  à 
Sienne  l'opulente  ou  à  Ravenne  la  délaissée,  le  Hoyen-Age 
et  la  Renaissance  ont  créé  des  œuvres  prodigieuses  et  sur- 
huniiûnes,  dont  Rome  la  superbe  n'a  jamais  eu  l'équivalent. 

Et  maintenant  une  dernière  question  se  pose  :  que  sont 
devenues  en  Italie  ces  glorieuses  traditions  artistiques,  ces 
vocations  étonnantes  qui  avaient  porté  sa  gloire  et  si  haut 
et  si  loin?  Les  peintres,  les  sculpteurs,  les  architectes  ont 
disparu,  ou  sont  remplacés  par  des  ouvriers,  des  praticiens, 
et  l'on  se  demande  avec  tristesse,  devant  une  effroyable 
décadence,  si,  dans  la  terre  classique  qui  vit  les  triomphes 
inouïs  de  l'art  et  atteignit  presque  l'idéal,  les  lauriers  De 
fleuriront  plus  désormais  que  sur  des  tombeaux. 


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JACQUEMARDADE 


FOEliE    Eisr     F  ATOia    BISOlSTanïT 


Jean-Louis  BIZOT 

CONSEILLER-DOYEN     AU     BAILLIAGE     DE 


RÉÉDITÉ  PAR  LA  SOCIÉTÉ  D'ÉMULATION  DU  DOUBS 
AVEC    COMMENTAIRE    ET    NOTICE 

Par  M.  Alfred  VAISSIER 


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JACQUEMARDADE 

poËME  ëpi-comique: 

{1753) 

ET  SON  AUTEUR   LE   CONSEILLER    BIZOT 


Séance  publique  du  13  décembre  1900 


Il  y  a  quelque  dix  ans,  un  jeune  étudiant,  paroissien  de 
l'église  de  Sainte  Madeleine,  écrivait  d'une  plume  élégante 
l'histoire  de  son  voisin  d'en  face,  un  vieux  personnage  qui 
occupa  jadis  une  place  importante  dans  les  annales  de  ce 
quartier  de  la  Cité  1).  L'teuvre,  également  très  nourrie  d'éru- 
dition, nous  apprenait  qu'il  y  avait  encore  à  glaner  dans  un 
champ  déjà  exploré  par  un  éminenl  conteur.  Dès  son  début 
le  narrateur  citait  de  Charles  Nodier  cette  phrase  un  peu 
paradoxale  mais  que  l'on  acceptera  quand  même  : 

<  Lorsque  arriva  lu  liévulutiun,  un  tyran  bien  plus  iropé- 
t  rieux  que  Louis  \IV  et  devant  qui  disparurent  toutes  les 
>  libertés  au  nom  de  la  Libcrié,  il  nu  restait  à  Besançon  que 
•  deux  traditions  vivantes  de  sa  première  jeunesse  :  Jacque- 
»  mard  et  Barbitier  (2).  • 

Loin  de  moi  la  pensée  de  courir  sur  les  brisées  des  histo- 
riens de  Jacquemard  et  de  Barbisier,  puisque  j'estimerais, 
au  contraire,  que  la  recherche  de  l'état  civil  de  ces  deux  per- 


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—  377  — 

3oanage3  est  ausni  vaine  que  pourrait  dtre  iutéressanta  celle 
de  leur  parenté  spirituelle. 

Une  marionnette  ou  un  automate,  tant  légendaires  soient- 
ils,  n'ont  de  valeur  que  par  le  talent  de  ceux  qui  les  ont  bit 
parler.  Je  me  demande  alors  aujourd'hui  si  le  jeune  étudiant 
du  quartier  de  Sainte -Madeleine,  devenu  le  brillant  et  tou- 
jours jeune  avocat,  maintenant  notre  confrère  à  l'Emulation, 
n'aurait  pas,  pour  ainsi  dire,  l&ché  la  proie  pour  l'ombre, 
quand  il  travaillait  de  si  bon  cœur  à  l'illustration  de  son  voi- 
sin Jacquemard,  et  abandonné,  sans  s'en  douter,  à  quelque 
biographe  mieux  avisé  un  véritable  morceau  de  choix. 

Certes,  nous  reconnaissons  que,  par  une  fantaisie  de  nos 
pères,  on  a  vu  à  Besançon  un  Jacquemard  issu  de  Bourgogne 
ou  des  contrées  du  Nord  jouer  le  rôle  de  la  statue  mutilée  de 
Pasquin  à  Rome,  c'eRt-à-^ire  endosser,  au  gré  des  amateurs, 
des  vérités  satiriques  et  anonymes  pour  les  voir  aussitôt  se 
répandre  par  dessus  les  toits. 

D'autre  part,  nous  voyons,  à  l'extrême  fin  du  xviii'  siècle, 
une  modeste  marionnette  hériter  de  cette  mission  spéciale 
par  l'entremise  d'un  citoyen  Landryot,  sapeur  de  la  milice 
nationale,  sculpteur  et  mécanicien.  Cet  ingénieux  rénovateur 
des  anciens  mystères  de  Ut  Crèche  de  Noël  est  obligé,  dès 
l'ouverture  de  son  théâtre,  à  se  restreindre  dans  ses  mali- 
cieuses visées  ;  la  main  qui  tenait  les  ficelles  eût  été  trop 
facile  !x  saisir.  Landryot  emprunte  bien,  pour  son  principal 
personnage,  le  nom  (l'une  famille  quelconque  de  vignerons 
bisontins,  et,  pour  son  langage,  le  patois  vulgaire  de  nos 
vieux  Noëls  dont  il  rajeunit  et  égayé  les  prédications  par  trop 
natves  et  monotones;  mais,  je  le  demande,  à  qui  Barbiaier- 
nutrionnetle,  très  supérieur  à  l'impersonnel  Jacquemard, 
doit-il,  dès  sa  naissance,  le  secret  de  cette  action  dramatique 
si  pleine  de  vie  palpitante,  ce  caractère  franc  d'un  bon  homme 
content  de  lui-même,  narquois,  parlant  en  maître,  assez  gros- 
sier parfois,  bien  qu'au  fond  doué  d'un  cœur  excellent  et  sur- 
tout d'une  intarissable  galté? 

25 


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Eh  bien!  Quaraote  années  avant  que  parût  la  marionnette, 
de  Barbisier,  il  s'était  révélé  à  Besançon  un  esprit  assez  dé- 
lié pour  donner  au  personnage  de  Jacquemard  plus  qu'un 
regain  de  popularité,  non  seulement  par  des  écrits  satiriques 
ou  malins,  mais  smtout  par  des  manifestations  publiques  et 
joyeuses  où  il  créait  de  toutes  pièces  un  type  pris  sur  nature 
chez  lequel  la  langue,  la  tournure  des  idées,  les  travers  et 
les  qualités  réalisaient  un  Jacquemard  idéal,  le  seul,  en 
somme,  qui  ait  jamais  été  digne  d'intérêt. 

Quand  on  entend  Charles  Nodier  exposer  sa  ferme  croyance 
à  quelque  lointaine  existence,  origine  naturelle  d'un  mythe 
très  humain,  noyé  dans  les  ombres  du  passé,  on  comprend 
que,  séduit  par  cette  illusion,  le  subtil  mais  irritable  enjô- 
leur ait  pu,  sinon  méconnaître,  du  moins  laisser  de  côté  une 
incarnation  qu'une  banale  modernité  avait  compromise  ()). 

Au  sein  d'une  des  plus  estimables  familles  de  notre  ville 
on  conserve  religieusement  le  portrait  d'un  vieillard  aux  traits 
fermes  et  éveillés.  La  dignité  du  costume  traditionnel  que 


(1)  Quand  il  énumère  les  phases  successives  de  l'eiislence  mythique  de 
Jacquemard,  a  joie  d'uji  peuple  enfant  •,  si  Nodier,  comme  ua  autre  enf^l 
ne  brise  pas  sa  marionnette  pour  avoir  trop  servi,  il  lui  ménage  du  moins 
un  enterrement  en  règle.  Après  l'avoir  montre  sotdoyer  et  fei'railleur.  ou 
n'importe  sous  quel  habit  défenseur  du  peuple,  il  lui  reproche  d'être  devenu 
bourgeois  :  *  Dii  mille  témoins  attesteront  qu'ils  l'ont  vu  s'élever  jusqu'au 

•  luie  du  rabat  et  des  manchettes.  La  vanité   le   perdit.  Comme   tous  les 

■  hommes  placés  trop  haut  par  le  caprice  de  leur   fortune,  il  se  laissa 

•  étourdir  du  vertige  des  grandeurs,  non  pas  à  ce  degré  d'enivrement  qui 

■  rend  insolent,  muis  à  cdui  qui  rend  servile.  On  le  vit  i:ourlisiin  de  tous 

■  les  pouvoirs  et  saluant    tous   les  avènements,  de  manière  à  fatiguer   ce 
>  Kii'ii  V  a  de  plus  infatigable  au  monde,  l'orgueil  si  ridicule  et  si  béte  des 

rvenus.  Les  serments  et  les  (laiteries  de  Jacquemard  paraîtraient 
lais  aussi  frustes  et  aussi  rouilles  que  son  épée  de  bataille. 
é  sur  ses  adulations  banales,  le  bon  sens  municipal  le  relégua, 
et  je  serais  fùché  qu'il  en  fut  autrement,  dans  une  des  cryptes 
nairie,  à  câté  du  bison  endormi  de  l'ancienne  république,  de 
i  deui  lâles  de  Charles-Quint  etc..  Ce  n'est  pas  moi  qui  le  tirerai 
*  (Cu.  Nodier,  les  MarionnettM,  3<  partie.} 


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—  379  — 
porte  le  personnage  serait  bien  capable  d'offusquer  quelque 
maniaque  de  noire  temps  ;  mais  qu'importe,  puisqu'il  ne 
s'agit  ici  que  de  ia  respectable  tenue  d'un  magistrat  du 
\\m*  siècle.  C'est  celui  que  nous  avons  la  satisfaction  de 
pouvoir  placer  en  tète  de  ces  pages. 

Au  dos  de  cette  peinture,  due  à  un  éminent  portraitiste 
très  apprécié  à  Besançon  et  beaucoup  au  delà,  on  lit  ces 
quelques  mots  tracés  par  la  main  du  nudtre,  suivant  son 
invariable  habitude  : 

Jean-Louis  Bitot,  conseillerdoyen  du  Préiidial  de  Besan- 
çon, âgé  de  77  ans.  Peint  pur  Wyrêch.  1779. 

Comment,  va-t-on  dire,  Jacquemard. . .  un  magistrat!  Et 
quoi  donc  encore?  —  (à  gauche)  Peut-être  un  fabricien  de 
Sainte-Madeleine?  —  (à  droite)  Quelque  révolutionnaire?  — 
(au  centre)  Un  académicien  plutôt?  —  Rien  de  tout  ceia> 
Messieurs,  un  bon  bisontin  qu'on  oublie. 

Jean-Louis  BizoT  naquit  à  Besançon  en  1702  et  passa  la 
plus  grande  partie  de  sa  vie,  à  quelques  pas  du  clocher  de 
Jacquemard,  en  son  hôtel(l),  rue  de  la  Madeleine,  3.  et  rue 
de  l'Ecole,  6. 

Son  pBre,  dixième  et  dernier  entant  d'une  famille  de  mar- 
chands, rue  du  Pont  de  Battant,  était  devenu  procureur  du 
roi  en  la  maîtrise  des  Eaux  et  Forêts. 

Jean-Louis,  après  avoir  reçu  une  éducation  complète, 
figure  de  bonne  heure,  en  même  temps  que  son  père,  au  la- 
bleau  des  avociits  du  parlement  ;  puis  il  achète  une  charge  de 
conseiller  au  bailliage  a  dont  il  remplit  les  fonctions  avec 
beaucoup  de  zèle  et  d'intégrité  >. 

»  Respecté  de  tous,  aimé  de  ses  voisins  pour  son  obli- 
geance, il  l'était  aussi  pour  son  intarissable  galté;  à  ce  titre, 
on  peut  le  considérer  comme  un  des  plus  distingués  repré- 
sentants de  l'esprit  gaulois  dans  notre  cité  (3)  t. 

{i)  C'est  l'express  LOI]  danl  se  servit  UUot  dans  sou  lestameiit. 
(2)  AleisDilre  Guenard,  Betançoa,  tieseription  hiat.,  1S60,  p.  264.  t- 
Ch.  Weiss,  dans  une  notice  tnanuscrile  resiée  inédiLe. 


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—  380- 

Ces  témoignages  eiprimés  par  des  hommes  aujourd'hui 
disparus,  mais  des  mieux  placés  pour  recueillir  les  derniers 
échos  de  la  tradition  orale,  sont  conlîrmés  dans  un  article 
nécrologique,  publié  une  semaine  après  la  mort  de  Bizut,  et 
qu'il  convient  de  reproduire  ici  presque  en  entier  (t). 

€  Toute  la  province  sait  avec  combien  d'exactitude  et  d'é- 
quité ce  magistrat  a  rempli  ses  fonctions.  En  le  considérant 
comme  citoyen,  on  peut  dire  que  toute  son  Ame  était  à  sa  pa- 
trie. L'amour  du  bien,  qui  dirigeait  son  zèle,  causait  en  lui 
une  effervescence,  dont  les  effets  au  dehors  ont  peut-être 
paru  quelquefois  tenir  trop  à  l'ingénuité  de  son  caractère, 
mais  marquait  le  plus  souvent  l'étendue  et  les  ressources  de 
son  génie.  Ce  caractère  naïf,  qui  annonce  toujours  la  probité 
et  lui  donne  plus  d'énergie  dans  ses  manifestations  réfléchies, 
se  montrait  spécialement  en  de  petits  ouvrages  de  poésie 
composés  en  patois,  c'est-à-dire  dans  le  langage  qui  lui  con- 
venait le  plus. 

>  M.  Bizot,  tel  que  nous  le  représentons  ici,  était  sans  pré- 
tention, ne  cherchait  qu'à  employer  utilement  ses  connais- 
sances et  n'ambitionnait  point  de  les  placer  sous  un  titre  fas- 
tueux. Il  a  rectiné,  dans  l'Almanach  de  Besançon,  des  calculs 
qui  ne  se  rapportaient  pas  au  méridien  de  cette  ville  et  pu- 
blié, dans  le  Mercure  et  le  Journal  encyclopédique,  un  mé- 
moire sur  les  mesures  de  Franche-Comté,  ainsi  que  des  ob- 
servations de  physique  et  de  météorologie  dont  il  n'a  jamais 
voulu  s'en  faire  connaître  pour  l'auteur.  Il  s'était  particulîê- 
ment  attaché  à  l'élude  de  la  gnomonique.  On  lui  est  rede- 
vable d'un  cadran  solaire  à  l'entrée  du  faubourg  de  Tarra- 
gnoz  &).  M.  de  Latande  en  trouvait  la  disposition  assez  in- 
génieuse pour  qu'il  en  donnAt  la  théorie  dans  le  Journal  des 

(1)  Affichas  et  aniuincM  <U  la  Franche-Comté,  7  teptemhre  flSI. 

(S)  n  y  a  plus  de  trente  ans,  nous  avons  vu  rafraichir  la  peinture  de 
l'inge  gardien  devant  le  doigt  duquel  se  succédaient  les  chiUt^s  des  heures 
qui  apparaïasaient  en  tumiËre  sous  une  plaque  de  fer  inclinée  et  ajourée. 
Depuis,  une  main  inconsciente  a  4^truit  cet  ouvrage. 


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Savants  (juin  4758).  C'est  pareiDement  ft  M.  Bizot  qu'on  doit 
la  méridienne  tracée  en  1771  dans  la  cour  de  l'HAtet  de 

Ville et  celle  des  fonds  baptismaux  dans  l'église  de  Saiote- 

Madeleine » 

On  voit  que,  dans  ses  loisirs,  i  ce  magistrat,  si  exact  à 
remplir  ses  fonctions,  cultivait  les  sciences  assez  négligées 
alors  dans  la  province  ■  (Ch.  Weiss).  Il  s'occupait  aus»  de 
pyrotechnie  et  essayait  de  tirer  de  ses  expériences  des  appli- 
cations plus  sérieuses  que  de  simples  feux  d'artifices.  En 
1753,  il  imaginait  une  espèce  de  bombe  h  fusée,  dont  il  Tai- 
sait l'épreuve  en  présence  du  marquis  de  Valliëre,  lieutenant 
du  Roi.  —  Il  désigne  plaisamment  quelque  part  cet  engin 
comme  «  in  tounare  sans  ailude  pou  lai  gare  >  (un  tonnerre 
sans  éclair  pour  la  guerre).  Voir  la  Jacquemardadey  v.  1070. 

•  Naturellement  caustique,  dit  le  délicat  lettré  qu'était 

>  Charles  Weiss,  Bizot  a  composé  dans  le  patois  de  Besancon 
1  des  chansons  et  des  vers  pleins  de  sel  et  de  gaieté,  mais 

■  qui  ne  sont  pas  exempts  de  mauvais  goût.  De  toutes  les 

>  poésies  si  nombreuses  qu'il  a  composées,  les  seules  bonnes 

>  sont  :  L'Arrivée  dan»  l'autre  monde  d'une  dame  habillée  en 

>  panier  (Besançon,  1735,  in-8*del6pages)etla  Jacgunnar- 

>  dade  (Dole,  1753,  in-12,  de  58  pages),  poème  épi  comique 

>  en  patois  bisontin  i^).  Plusieurs  traits  contre  les  princi- 
*  paui  membres  de  notre  Académie  naissante  et  la  critique 

■  de  quelques  actes  de  l'autorité  municipale  lui  firent  refïiser 
»  la  permission  d'imprimer  ce  badinage.  Il  consentit  k  sup- 

>  primer  les  passages  indiqués  par  son  censeur,  mais  en  les 

>  rétablissant  à  la  plume,  dans  un  petit  nombre  d'exem- 

■  plaires,  il  y  joignit  des  explications  beaucoup  plus  malignes 

>  que  le  texte.  Ces  opuscules  sont  très  rares  »  (i). 

(1)  Cf.  NoDiM,  n*  640  duis  son  Catalogue  d'une  petite  Bibliothèque  : 
L'Arrivée...,  citée  comme  la  plus  rare  des  produclions  franc-comtoises. 

(3)  Les  corrections  ou  variantes  de  l'ouvrage  ne  paraissent  point  avoir 
laissé  d'autres  traces  que  celles  que  nous  trouvons  dans  un  exemplaire 
conservé  i  la  bibliothèque  de  Besanf^.  Ce  sont  des  notes  minuscritss. 


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Exactement  renseigné  par  les  notes  consciencieuses  qui 
précèdent,  avant  de  considérer  Bizot  dans  les  circonstances 
de  sa  vie,  où  le  citoyen  magistrat  paye  de  sa  personne  d'une 
façon  très  excentrique,  il  est  essentiel  de  s'arrêter  à  ses 
productions  littéraires  d'un  caractère  absolument  local  où  le 
bisontin  pur  sang  revit  du  reste  tout  entier. 

Nous  avons  la  preuve  que  les  passages  les  plus  piquants 
de  la  meilleure  des  compositions  de  Bizot  étaient  transformés 
en  chansons  et  qu'il  devait  en  pratiquer  lui-même  ta  récita- 
tion en  société.  Le  texte  de  l'Arrivée  d'une  dame  en  panier 
porte  la  marque  certaine  de  la  présence  d'un  auditoire  qu'il 
s'agit  de  divertir  par  de  folles  descriptions. 

Les  dames  du  beau  monde  dépassaient  alors  toutes  les 
bornes  dans  le  luxe  et  le  développement  de  leurs  atours. 
En  outre  d'une  amusante  éaumération  des  heures  qu'elles 
passaient  à  leur  toilette  quotidienne,  le  malin  conseiller  les 
suppose  conspirant  entre  elles,  pour  aller  prier  le  roj 
(c'était  Louis  XV)  de  changer  une  loi  que  leur  impose  la  nou- 
velle reine, 

«  Dont  les  (p-andes  vertus  les  tiennent  bien  en  peine.  > 

Le  poète  intervient  pour  leur  faire  la  leçon  : 

La  matière  en  est  belle  et  ce  qui  t  vous  vd  dire 
Ferai  pleura  las  enoe  ai  peu  las  autres  rire.  • 

Une  de  ces  mondaines  meurt  subitement  ;  elle  croit  pouvoir 
hardiment  franchir  la  porte  étroite  du  Paradis;  mais  l'am- 
pleur de  sa  robe  à  panier  s'y  oppose  ;  en  dépit  de  la  longani- 
mité de  saint  Pierre,  elle  est  précipitée  en  Enfer,  où  les  dé- 


eiplications  ou  clù,  j  comprises  des  appropriation  a  de  plusit 
des  airs  populaires,  avec  la  musique,  le  tout  d'une  mince  valeur  littéraire, 
mais  altribuables  à  un  guwtatn  qui  devait  être  dans  les  secrets  de  l'auteur. 
A  dérani  du  daiftë  original  de  Bizot  et  de  l'eipressîon  de  sa  belle  hu- 
meur, aiguisée  par  la  censure  pourde  discrètes  malices,  il  convenait,  dans 
une  nouvelle  publication  de  la  Jacquemarde,  de  joindre,  sous  le  sigle  con- 
ventionitd  (X),  la  meilleure  partie  de  cette  chronique  ûnprttvisèe. 


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mons,  mis  eD  liesse  et  très  bavards,  lui  font  subir  tés  t6ur- 
meuts  les  plus  épouvantables.  C'est  uae  critique  des  sermons 
ridicules  sur  ce  sujet. 

La  scène  terrifiante  de  la  coquette  punie,  dans  la  Crèche 
bisontine,  a,  de  toute  évidence,  été  retenue  par  Landryot 
pour  l'édillcation  d'un  public  que  le  lermon  macaronique  mr 
la  pénitence  devait  achever  de  convertir. 

Dix-huit  ans  après,  moins  emballé  et  plus  expérimenté, 
l'auteur  de  La  Jacqnemardade  obtient  un  succès  populaire 
avec  cette  œuvre  de  meilleur  aloi.  En  homme  d'esprit,  même 
après  révision,  il  y  a  laissé  subsister  des  négligences  fociles 
à  éviter  ;  la  fraîcheur  de  l'iuspiratioo  première  nous  est  ainsi 
heureusement  conservée. 

Le  sujet  consiste  dans  le  récit  d'une  cavalcade  organisée 
par  Bizot  lui-même,  en  1752,  à  l'occasion  du  rétablissement  du 
Jacquemard  de  l'église  de  Sainte-Madeleine,  alors  en  pleine 
reconstruction. 

Le  plan  du  poème  est  curieusement  conçu  et  dramatisé 
sous  la  fbrme  d'un  dialogue  en  vers  patois  de  huit  pieds, 
entre  Jacquemard  et  son  voisin  des  Halles,  le  savetiur 
Abram,  La  conversation  se  tient  dans  un  réduit  obscur  où 
avait  été  remisée  la  carcasse  désarticulée  du  mannequin  lé- 
gendaire. 

Propos  tristes  ou  gais,  réparties  et  pasquinades,  peinture 
réaliste  d'une  marche  triomphale  &  travers  la  ville,  multi- 
ples émotions  de  Jacquemard,  toujours  très  content  de  lui- 
même,  création  complète  et  vivante  d'un  type  jovial  jusque- 
là  vague  et  sans  caractère,  le  tout  assaisonné  d'un  langage 
pittoresque  et  imagé,  constitue  une  sorte  de  bijou  litté- 
raire, digne  d'être  conservé  dans  notre  écrin  franc-comtois. 

Ce  serait  prendre  une  peine  inutile  que  d'analyser  cette 
composition  originale,  dont  le  principal  mérite  réside  dans 
l'épanchement  sans  prétention  et  avecun  naturel  exquis  d'une 
verve  qui  part  en  fusées  inattendues  en  pleine  couleur  locale. 
Il  faut  entendre  ou  Ure  coiiramment  le  Jacquemardade  dans 


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fion  texte  cbmplet,  avec  Taccentuatioa  du  cru,  pour  en  goû- 
ter le  véritable  charme. 

Onze  ans  après  la  chevauchée  burlesque  décrite  dans  le 
poème  de  1753,  Besancon  était  tout  en  joie  ;  on  fêtait  le  re- 
tour des  membres  du  Parlement,  exilés  pour  leur  refus 
opiniâtre  d'enregistrement  d'édits  contraires  aux  intérêts  de 
la  province  (i761). 

L'ancien  intendant,  M.  de  Boyneo,  «  détesté  et  méprisé 
par  la  magistrature  »,  avait  parié  que  les  pariementaires  ne 
reviendraient  que  quand  Jacquemard  irait  à  la  Comédie.  Le 
conaeiller  Bizot  se  coiffe  d'un  chapeau  galonné,  portant  sur 
sa  grande  aile  relevée,  ces  mots  :  Non  nobù,  et,  prenant  son 
flls  aine  comme  lieutenant,  se  met  à  la  tète  d'une  nouvelle 
troupe  de  citoyens  costumés  comme  pour  la  première  caval- 
cade. On  descend  Jacquemard,  on  le  campe  sur  un  cheval 
et  l'on  arrive  à  Granvelle  ;  un  instant  après,  l'homme  de  fer 
trônait  sur  un  Ëiuteutl,  dans  la  salle  de  la  Comédie,  avec  une 
g^de  de  six  vignerons  armés  chacun  d'une  pertuisone. 

Au  cours  de  la  pièce,  un  des  acteurs  se  permet  de  Iflcher 
un  propos  piquant  k  l'adresse  de  l'initiateur;  Bizot  ftirieux 
riposte  aussitôt  :  —  <  Si  la  joie  nous  rend  bouffon  aujour- 
d'hui, apprends  que  ton  métier  veut  que  tu  le  sois  toujours  ». 
I)  eût  mis  la  main  à  son  épée  si  on  ne  l'eût  empêché. 

Après  la  représentation  eut  lieu  une  solennelle  reconduite 
de  l'automate  jusqu'au  logis  du  conseiller,  où  il  y  avait 
grand  souper.  Pour  couronner  la  fête,  t'amphytrion  donna 
une  de  ses  filles,! Marie-Louise,  dite  Louison  (1),  en  mariage 


(1)  M.  Jules  Giulhier  nous  a  communiqué  le  calque  d'une  afflche  ou 
transparent  qui  a  dû  figiirer,  encadré  de  bois,  â  l'occasion  du  retour  des 
etilés,  devant  une  maison  dont  il  est  facile  de  deviner  le  propriétaire. 
Jacquemard  à  un  vigneron  de  la  me  d*  Battant. 


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&  Jacquemard  et  Ht  distribuer  jusqu'à  deux  muids  de  vin  de 
sa  récolte,  à  ceux  qui  venaient  crier  devant  sa  maison: 
Vive  le  Roi  1  Vive  le  Parlement  (*)  !  (V.  note  Jacquem.,  v.  516.) 
A  l'occasion  de  ces  équipées  d'une  apparence  folle,  rap- 
pelons-nous la  judicieuse  appréciation  du  journaliste  de 
1781  :  f  L'amour  du  bien  qui  dirigeait  le  zèle  de  Bizot,  cau- 
sait en  lut  une  effervescence  dont  les  effets  au  dehors, 
marquaient  l'étendue  et  les  ressources  de  son  génie.  *  Celui 
qui  savait  si  bien  allier  l'étude  des  sciences  à  l'exercice  de 
ses  fonctions  judiciaires,  ne  faisait  rien  sans  y  avoir  beau- 
coup réfléchi.  Au  milieu  de  son  quartier,  peuplé,  en  général, 
de  gens  simples  mais  sans  autorité,  il  avait,  —  comme  Jac- 
quemard, —  du  haut  de  sa  situation  une  vue  plus  claire  et 
plus  étendue  des  changements  qui  s'opéraient  sous  ses  yeux, 
et,  quand  il  se  décidait  à  agir,  il  recourait  k  ses  armes  de 
prédUection  : 

...  libéra  verb)  «nimi  profeire  et  viUm  impeadere  vero. 

(JuvtHAL). 
—  N'ol  ce  ran  du  mola  de  maigie? 
dirait  maître  Ahram,  et  Jacquemard  de  répondre  : 


Qui  pou  loD  noy  «t  lu  P*tile 

Ad  aoulTrl  foecbe  otloumnle  ; 

Et  crainte  que  Ui  poustjrllé 

Nouele  PcouTinvi  et  Ui  Cité 

Jngeau  dl  moiuipl  l'bilbi 

Prenln  lou  loup  pou  lit  brebl 

Volqul  lieu  nom,  lou  Jou,  )'via« 

De  Ueut  eill  et  boutne  leotr*  ; 

Piiint  Due  de  lu  coneem 

Pu  longtempi  que  UïltbueBolK 
Vive  le  Ru;. 
Puis  le*  noms  des  trente  exilés,  et  celui  du  lianlenant  général  des  ar- 
mées, avec  les  dates. 

(1)  ApNe  qu'il  eut  marié  plus  sérieusement  sa  lllle,  Bizot  disait  :  ■  J'ai 
deux  gendres  :  ■  Jacquetuard  et  Normand  n,  ou  Le  Normand,  lequel  âlaît, 
à  U  mort  de  son  beau-pére,  ingénieur  des  turcies  et  levées  dans  la  Hante- 
Loire,  demeurant  à  Nevers.  C'est  le  même  personnage  qui  remportait,  en 
1763,  le  prii  des  ArU  à  l'Académie  de  Besancon,  avec  un  ouvrage  intérei- 
sanl  l'agriculture,  que  fit  imprimer  l'Intendant  de  Lacoré. 


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—  Voiqv*  loDt  c'qvi  scet  de  UStin, 
Mïiu  lu  moins  7  l'ippUquel  bin. 

(La  Ja£çwenutrdade., 


Vers  le  milieu  du  xviii*  siècle,  le  travail  d'assimilation 
auquel  la  vieille  cilé  était  contrainte  depuis  soixante-dix  ans 
ae  s'accomplissait  pas  sans  difncultés.  Le  culte  pour  la  per- 
sonne royale  n'efTaçait  pas  le  souvenir  de  rancienoe  indé- 
pendance et  du  désintéressement  des  vieux  co-gouver- 
oeurs. 

Oa  considérait  souvent,  sans  tenir  compte  des  nécessités 
du  temps,  les  représentants  du  roi  comme  des  agents  d'un 
Etat  besogneux,  plus  préoccupés  de  pressurer  la  Comté  que 
la  soulager  dans  sa  misère. 

De  sourdes  protestations  se  manireslaient  par  des  chan- 
sons et  par  des  écrits  clandestins,  colportés  sous  le  manteau 
et  où  les  intrigants  et  les  parvenus  du  Jour  n'étaient  pas 
épargnés. 

C'est  alors  que  paraissent  en  manuscrits  des  Epitrea  de 
notre  Jacquemard,  où  la  plume  du  Juvenal  Bousbot  flagelle 
en  particulier  les  conseillers  de  l'Hôtel  de  Ville,  notoirement 
à  la  merci  de  l'Intendance. 

Un  peu  avant  circulait  cette  lettre  d'un  intendant  (M,  de  Sé- 
rilly),  quittant  ses  fonctions  et  adressant  à  son  successseur 
t  une IJiBtruclion politique  pour  lui  servir, dilun  chroniqueur, 
à  empocher  les  dernières  ressources  de  la  province  •  'M. 

Que  cet  écrit  soit  authentique,  arrangé  ou  (aux  de  toutes 
pièces,  sa  divulgation  faisait  l'oriice  d'un  véritable  pamphlet. 
C'est  comme  tel,  du  reste,  qu'il  fut  brûlé,  €n  i75S,  au 
bas  des  marches  du  grand  escalier  du  Palais,  par  l'exécu- 
teur des  hautes  œuvres,  d'aprè.s  les  ordres  du  Parlement. 

On  lit  djns  cette  instruction  ce  curieux  passage  : 

€  J'ai  beaucoup  humilié,  en  général,  tes  corps  des  Hotels 


(1)  GnlMDNT.t.  II,  inuiiiEcrit  de  la  bibliothèque  de  Besançon,  n*  10W. 


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*  de  Ville.  Lorsque  BeBançon  était  ville  libre,  chaque  ofli- 

■  cier  de  ce  corps  respectable  était  élu  par  les  citoyens  qui 
c  choisissaient  des  gens  d'un  mérite  distingué  et  justifiaient 
«  leur  entière  confiance.  Dans  ces  temps  les  peuples 
t  vivaient  heureux  ;  il  n'en  est  pas  de  môme  depuis  la  con- 
(  quête.  Des  pères  de  la  patrie  qu'ils  étaient,  ils  n'en  sont 
€  aujourd'hui  que  de  simples  oQlciers  municipaux,  bornés 
c  à  percevoir  les  revenus  de  la  ville  sans  pouvoir  en  disposer 

■  sans  notre  exprès  commandement  et  consentement.... 

<  Aujourd'hui  on  n'a  plus  d'égard  au  mérite  pour  remplacer 
«  ces  oRiciers,  nous  y  nommons  qui  bon  noua  semble.  Ces 
f  charges  sont  ordinairement  recherchées  par  des  person- 
«  nés  qui  veulent  s'exempter  des  logements  des  gens  de 
c  guerre  et  leurs  enfants  du  tirage  de  la  milice.  Nous  choi- 

<  sissons  indilTéremment  des  gens  sans  talent  et  d'une  con- 

•  naissance  obscure  ;  il  est  même  d'un  homme  politique  de 

■  ne  choisir  que  des  gens  d'une  basse  extraction....,  parce 
«  que  à  la  livrée  près  ce  sont  nos  honnêtes  valets  et  commi»- 
«  sionnaires > 

Que  l'on  rapproche  de  ce  texte  révélateur  cette  sortie  de 
Bizot,  prenant  le  rôle  d'une  Némésis  vengeresse  et  l'on  aura 
en  même  temps  un  échantillon  de  son  talent  comme  versifi- 
teur: 

J'ai  vu,  dit  Jacquemard,  élevé  sur  ma  lour, 
Ces  projets  concerEés  et  de  nuit  et  de  jour 
Contre  des  malheureux  pnur  les  rendre  la  proie 

De  CCS  gens  alTamés. 

Objets  de  nos  mépris,  tous,  dont  la  politique 
Affecte  dans  ces  murs  un  pouvoir  despotique, 
Souverains  de  police  et  singes  de  tyrans. 
Que  le  peuple  déleste  et  que  siftlent  les  grands, 
Paraisse!;  dans  l'ardeur  du  zèle  qui  m'inspire 
Je  veux  vous  abreuver  du  flel  de  la  satire, 
Venger  mes  citoyens  et  servir  leur  courroux  ; 
J'écris,  M'en  douiez  pas,  et  parle  au  nom  de  tous. 


Je  sais  qu'il  est  encore  parmi  ces  Marius 
Des  cceurs  vertueux,  des  &mes  inUeiibles, 
Au  milieu  des  pervers  toujours  incoiruptibles. 


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Oui,  de  Mt  vrais  Romaini,  li  je  sais  bien  compter, 
It  en  est  jusqu'à  deux  que  je  paurraïs  ciler  ; 
Mai»  que  peut  la  vertu  dans  l'empire  du  crime. 
Sans  pouvoir  contre  lui,  souvent  dupe  et  victime, 
Trop  ^ble  elle  s'est  contentée  de  gémir 
Dei  lâches  attentats  qu'elle  ne  pevt  punir. 

Ce  cri  de  colère  poussé  par  un  homme  chez  leque)  l'imagi- 
nation n'excluait  ni  le  bon  sens,  ni  la  réflexion  s'expliquera 
d'autant  mieux  que  l'on  connaîtra  les  incidents  d'une  grave 
allaireoii  Bizot  fut  personnellement  en  cause. 

Notre  conseiller  appartenait  à  ce  corps  de  magistrats,  sa- 
gement établi  par  le  gouvernement  de  Louis  XIV,  pour 
rendre  la  justice  et  gérer  les  intérêts  de  la  ville,  supplantant 
ainsi  le  corps  municipal  dans  ses  anciennes  attributions  ju- 
diciaires. Entre  le  bailliage  et  la  municipalité  les  dissenti- 
ments dégénéraient  en  de  fréquents  appels  au  Parlement. 

Choisi  par  ses  collègues  comme  rapporteur  pour  la  rentrée 
du  Parlement  en  1764,  Bizot  ne  peut  résister  à  la  déman- 
geaison qui  le  tient  de  pousser  les  choses  au  vif;  sous  pré- 
texte de  remontrances  sur  l'administration  de  la  justice,  il 
va  inculper  le  corps  municipal. 

Satisfait  de  la  rédaction  de  son  mémoire,  il  ne  craint  pas 
d'en  donner  lecture,  à  l'avance,  à  ses  amis  et  connaissances. 
Le  12  novembre,  le  discours,  portant  le  visa  d'Antoine  Des- 
potot,  lieutenant  généra)  du  bailliage,  est  prononcé  à  la 
séance  solennelle. 

Grand  émoi  au  Conseil  de  ville  !  On  s'y  reconnaît  comme 
outragé  de  la  façon  la  plus  sanglante  et  la  plus  publique,  li 
est  dit  que  ■  le  sieur  Bizot,  après  avoir  beaucoup  plaisanté 
sur  quelques  distributions  qui  ont  été  Ëtites  dans  tous  les 
temps  aux  magistrats,  d'autorité  de  M  l'Intendant,  poussant 
les  choses  plus  loin,  avait  dénoncé  les  membres  du  Conseil 
comme  capables  de  partager  entre  eux  les  deniers  publics, 
coupables  de  concussion,  du  crime  de  péculat  et  autres  hor- 
reurs semblables.  Ce  mémoire,  qui  devait  être  déposé  au 
greffe  de  la  Cour,  serait  à  jamais  un  titre  flétrissant;  il  deve- 


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nait  nécessaire  de  prendre  les  mesures  les  plus  expéditives 
pour  en  requérir  la  suppression,  et  que,  pour  obtenir  une 
justice  éclatante,  il  fallait,  sans  accommodement,  porter  la 
plainte  aux  tribunaux  supérieurs,  jusqu'au  pied  du  tr6ne,  s'il 
y  avait  lieu  ». 

Le  Conseil,  délibérant  jour  après  jour,  les  vétérans  convo- 
qués (il  n'en  vient  que  deux  et  une  seule  fois),  ajoute  qu'on 
exigera  la  radiation  du  discours  aux  frais  de  Bizot  et  des  oflt- 
ciers  de  son  s]ège,  pour  être  condamnés  solidairement  à 
20,000  francs  de  dommages-intérêts.  En  outre,  le  sieur  Bizot 
devait  rétracter  à  haute  voix  ses  accusations  téméraires  et 
calomnieuses,  en  demander  pardon  à  Dieu,  au  Uoi  et  à  la 
Justice.  De  plus,  on  demanderait  l'afTichage  de  la  sentence 
dans  la  Ville  et  dans  toutes  celles  de  la  province. 

Le  lendemain,  le  sieur  Despotol,  le  sieur  Bizot  et  deux  des 
plus  anciens  députés  du  bailliage  sont  mandés  au  Parlement, 
toutes  chambres  assemblées. 

Ils  y  reçoivent  tout  simplement une  forte  réprimande. 

La  sentence  était  signée  par  le  premier  président  Perrenney 
de  Grosbois,  «  juge  intègre  et  impartial,  digne  du  respect  de 
toute  la  province  »  (i).  —  Il  y  est  dit  que  •  la  Cour  avait  vu 
avec  mécontentement  les  écarts  et  les  irrégularités  auxquels 
les  inculpés  s'étaient  livrés  dans  leurs  remontrances,  en 
s'occupant  de  toute  autre  chose  que  de  ce  qui  en  devait  faire 
l'objet,  et  en  laissant  échapper  des  termes  et  des  faits  peu 
dignes  de  la  majesté  de  la  Cour  et  de  la  dignité  de  la  séance 
à  laquelle  ils  avaient  eu  l'honneur  d'assister.  Il  leur  était  or- 
donné en  conséquence  d'être  plus  circonspects  à  l'avenir  à 
peine  d'y  être  sévèrement  punis leur  ordonnant  pareille- 
ment de  représenter  la  minute  de  ces  remontrances  pour  y 
demeurer,  ainsi  que  la  copie  d'icelle,  supprimée,  avec  dé- 
fense d'en  laisser  paraître  aucune  copie  ou  extraits  dans  le 
public  >. 

{i)  A.  ESTiaHARD,  Hiêioira  du  Parlement  de  FrantAe-Comté. 


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Sur  cela,  le  lieutenant  général  du  bailliage  déclara  qu'il  o'é- 
tail  pas  fait  mention  du  mémoire  dans  les  registres  du  corps, 
et  Bizot  attesta,  par  serment,  qu'il  en  avait  brûlé  la  minute. 

La  déception  fut  grande  à  l'Hdtel  de  Ville.  On  trouvait  que 
le  Parlement  s'était  bien  vengé  lui-même,  mais  que  le  Magis- 
trat n'avait  pas  reçu  de  satisfaction.  En  attendant  qu'on  fit 
droit  à  une  nouvelle  requête,  des  députés  se  rendirent  au- 
près de  l'Intendant  pour  lui  demander  son  appui  et  son  in- 
tervention pour  faire  cesser  cette  brouille  regrettable  avec 
le  bailliage. 

D'une  part,  la  Cour  maintint  que  «  les  Magistrats  avaient 
reçu  une  satisfaction  suffisante,  et,  de  l'autre.  l'Intendant 
déclara  <  qu'il  était  très  disposé  en  faveur  de  la  Compagnie; 
mais,  comme  il  était  sur  le  point  de  partir,  il  se  réservait, 
lors  de  son  séjour  à  Paris,  de  rendre  un  compte  exact  de  ce 
qui  pourrait  intéresser  le  Magistrat  ». 

Comme  le  bailliage  avait  pris  les  devants  auprès  du  con- 
.  trôlëur  général  à  Paris,  la  nf.unicipalité  s'était  empressée 
d'écrire  à  ce  haut  pesonnage  aQn  de  prévenir  de  fâcheuses 
impressions,  et  également  au  ministre,  M.  de  Choiseul,  pour 
obtenir  •  une  réparation  plus  convenable  ». 

La  poursuite  traîne  si  bien  en  longueur  que  les  docu- 
ments clairsemés  ne  témoignent  plus  que  d'un  malaise  per- 
sistant, ou  de  difficultés  relatives  b.  l'homologation  de  cer- 
tains comptes  et  règlements  d'honoraires  de  MM.  ou  autres. 

En  176*»  et  1707,  arrivent  d'importantes  modiiications 
dans  le  mode  d'élection  et  dans  la  composition  du  corps 
municipal.  La  nomination  du  maire  demeure  en  suspens. 
Le  corps  des  notables,  représentant  ;  lu  noblesse,  le  clergé, 
les  magistrats,  les  métiers  et  les  commerçants,  nommés  au 
Çjini  degré,  est  fréquemment  réuni  ;  un  registre  spécial  est 
consacré  h.  ses  assemblées. 

Cette  fois,  l'intransigeant  Bizot  figure  en  première  ligne, 
comme  député  du  bailliage;  pendant  deux  ans,  il  ne  se  con- 
tentera pas  d'assister  régulièrement  aux  séances,  mais  il 


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—  3&1  - 
BCftndali^ra,  il  n'en  faut  pas  douter,  ses  pacifiques  coltëgues, 
par  de  courageuses  résistances. 

Un  jour,  au  sujet  des  comptes  arriérés  de  1765,  il  élève  des 
protestations,  refuse  sa  signature  et  se  retire.  On  l'envoyé 
quérir  par  un  sergent  pour  qu'il  s'explique  nettement.  Il 
revient  et  déclare  qu'il  •  persiste  dans  son  refus,  étant  d'avis 
contraire  sur  plusieurs  chefs  *.  L'assemblée  passa  outre. 

L'autorité  prenait  son  temps.  En  1772,  l'Intendant,  M.  de 
Lacoré,  établit  un  règlement  si  précis,  pour  les  honoraires 
de  MM.  de  la  Municipalité,  que  prirent  fin  ces  attributions 
arbitraires,  qui  éveillaient  les  susceptibilités  du  conseiller  du 
bailliage. 

Ce  n'était  donc  pas  sans  motif  que  le  Parlement  avait 
ménagé  Bizot  dans  le  rude  assaut  qu'il  avait  subi. 

A  partir  de  ce  moment  les  renseignements  nous  manquent 
sur  la  participation  de  Bizot  aux  affaires  publiques.  La 
bouillant  conseiller  rentre  dans  sa  tente.  II  peut  se  livrera 
ses  études  favorites  et  s'occuper  de  ses  affaires  personnelles. 

Ses  cinq  enfants  sont  établis,  il  ne  conserve  de  ses  biens 
que  le  nécessaire.  Possesseur  de  trente-cinq  ouvrées  de 
vigne,  il  entretient  de  bonnes  relations  avec  la  population 
vigneronne  de  son  quartier  qu'il  assiste  eu  usant  charitable- 
ment de  son  superflu. 

Serait-ce  lui  qui  fonda  en  1769  une  Confrérie  dite  la 
Petite  Sainl- Ver  nier,  sorte  de  Société  de  secours  mutuels 
dont  le  but  est  exposé  en  quelques  pages  imprimées,  plei- 
nes d'excellents  sentiments?  Le  Nucl  patois  qui  accompa- 
gne celte  publication  est  si  médiocre  qu'il  est  bien  permis 
de  douter  de  l'attribution  indiquée  au  catalogue  de  la  biblio- 
thèque de  Besançon. 

Malgré  les  infirmités  qui  l'accablèrent  dans  sa  vieillesse, 
Bizot  conserva  toujours  son  enjouement  avec  son  goût  pour 
l'étude.  Dans  ses  derniers  jours,  il  se  proposait  de  publier 
un  traité,  fruit  d'une  longue  expérience,  sur  les  feux  d'arti- 
fices sur  reau(Ch.  Weiss). 


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—  392  — 

Agé  de  79  ans,  il  tombe  malade,  il  rédige  au^tdt  son  tes- 
tament, commençant  par  ces  mots  :  c  A.u  nom  de  Dieu, 
ainsi  solt-il  >.  Cette  pièce,  conservée  dans  la  bniille,  té- 
moigne de  la  remarquable  conservation  des  fkcultés  du 
digne  vieillard. 

Une  semaine  après,  il  mourait,  le  14  novembre  i781. 

Puisque  la  mode  est  aux  centenaires,  n'était-il  pas  juste 
que  le  bon  citoyen  Bousbot,  le  ferme  Comtois,  l'auteur  de  la 
Jacquemardade  eut  aussi  le  sien? 

C'est  fait  I 


Un  mois  après  cette  lecture,  en  ^ieidant  une  réimpt^tsian  de 
la  Jacqueuardade,  la  Société  d'Emulation  du  Douba  a  complété 
dignement  l'hommage  léeulaire  à  l'auteur  du  poQere  p'te  livrot 
tombé  de  lai  paulenére  du  p'te  noireau  Jean  Louis,  au  iiatifna^e 
de  «on  bé  moulie  nouvé  (Jacqueu.,  Epitre  aux  Syndics). 

Nous  ne  possédon»  aucune  donnée  tur  l'importance  de»  pre- 
mier! tirages  ;  les  quatre  exemplaires,  que  nous  avons  eus  sou» 
le»  yeux,  eontervéspar  de»  maint  soigneuses,  sont  idenliquea. 

Il  est  certain  qu'une  édition  d'un  ti  humble  format  ne  paupait 
échapper  aux  chances  de  destruction  dont  sont  menacées  toute» 
les  publications  populaires  analogues. 

Répandus  parmi  le»  plut  humbles  ménage»,  lei  exemplaire» 
fatigués  par  l'usage,  morcelés,  puis  perdus  sur  des  rayon»  pou»- 
liéreux,  n'attendaient  plus  que  le»  tévice»  de  la  période  révolu- 
tionnaire pour  l'achèvement  de  leur  naufrage. 

Une  réapparition  con»âencieu»ement  fidèle  ne  peut  que  »atii- 
faire  austi  bien  les  simples  curieux  de  notre  passé  que  le* 
adepte»  de  la  linguistique. 


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Jean  ^ouii  Joizot 
a^t   de  7/  ans  /77J. 

D,g,t7cdb;/GOOgIC 


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LA 

JAQUEMARDADE, 

POËME  ÉPI-COMIQUE 
EN  DIALOGUE 

AU  PATOIS  DE  BESANÇON, 

Qui  a  pour  fujei  la  defcente  de 
Jaquemard,  du  2;.  Janvier 
1746.  Se  h  réinftalation  de 
l'avant-veille  de  Noël  de    1752. 

Atvc  dis  noies  &  explications  en  Fr,mçois. 


Ou  m'aipiloûechcrei  s'on 
Main  qu  me  reprin  fe^e  n 


DOLE  , 

■  T     Imprlmw-Llbriirt    d>    I 
dH    CainpM ,  dt   II    ViU4  &  d 


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AFERTISSEMENT. 

ON  observera  que  les  a  qui  sont  i  U  fin  dn 
syllabes,  se  prononcent  très  brefs,  lors- 
qu'ils ne  sont  pas  accentués,  comme  dans  fa 
quand  il  signifie  la  préposition  par  :  au  contraire 
ils  se  prononcent  trëslongs,  lorsqu'il  y  a  uo  ac- 
cent, comtne  dans  pd,  quand  il  signitîe^iix,  ou 
la  négation  pas. 

On  prononce  VI  comme  mouillée,  toutes  les 
fois  qu'elle  est  suivie  d'un  f/  ou  d'un  i  et  d'une 
autre  voyelle,  comtne  dans  ces  mots,  lUule 
leur,  litu  eux  ou  leur,  Vy/I  il  y  a  ',  excepté  le 
mot  compiitman,  et  ceux  qui  sont  François, 
comme  lyon  qu'on  prononce  naturellement. 

Il  y  a  des  mots  encore  plus  difficiles  i  pronon- 
cer, comme  àiaëdhi  sorte  de  jurement,  haidhl 
sourd,  qu'oD  prononceroit  mal  comme  chitdi  et 
huit  :  mais  11  n'est  pas  possible  d'en  peindre  ni 
enseigner  h  prononciaiion  ;  il  n'est  gueres  don- 
né  d'y  atteindre  qu'aux  anciens  Citoyens. 

Au  reste  les  Hialm  sont  si  fréquents  dans  ce 
langage,  qu'il  n'a  jamais  été  poftîble  k  aucun 
Versificateur  en  ce  Palois,  de  les  tous  éviter. 


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KOTB  SUR  GST  ATERTISSEHBNT 

It  esl  regretlubte  que  Bizol  n'ait  pas  donné  plus  de  dévelop- 
pemenl  à  cet  uveilisserneril.  Il  ii  mis  lous  ses  soins  Jk  flgurer 
dans  le  icxle  de  son  poème  laprononcialion  du  palois  bisontin  ; 
mais  ici  n'exat,'èie-t-il  pas  nn  peu  lu  diffîuulté  de  peindre  et  d'en- 
teigner  celle  firotiniicialion  pour  des  mois  tels  que  ekaidhé  el 
touédhi  ;  on  y  satisfera  trAs  suffisamment  si  l'on  dit  :  chaidià  et 
loudii,  en  donnant  au  d  lu  son  dur. 

N'abuse-(-il  pas  aussi  du  tréma  qui  K'^néralemenl  ne  servirait 
qu'A  indiquer  une  accentuation  longue;  ainsi  Due  (Dieu),  Jeûe! 

On  ne  saurait  rien  objecter  &  cet  It,  si  incommodeà  la  Inclure, 
lequel  indique  la  mouillure  du  d  el  du  t  pour  des  mots  tels  que 
regaidha  (regarder)  el  poéthù  (porte),  qu'on  promince  re-gai-dia 
et  pau-tieu,  mais  &  la  condition  pour  ce  dernier  mol  de  n'en 
faire  qu'une  syllabe. 

Il  n'y  aurait  rien  de  mieux  pour  le»  lettres  qui  ne  se  pro- 
noncvnl  pas  que  <lr  les  mettre  en  italique;  ainsi  :  lien,  Ueute 
(leur),  lieu,  lieule. 

Bizot  a  oublié  enftn  d'insister  sur  l'importance  de  la  |ironon- 
ciation  curaclùristique  de  Vi  suivi  d'un  n.  Ainsi  :  le  mol  ui'n,  ne 
se  dit  ni  vain  ni  tiine;l'i,  bien  accentué,  doit  conserver  sa  na- 
salité,  sans  que  la  iMjnsonne  n  soit  détachée  par  la  pression  de 
la  langue  contre  le  palais. 

A.  V. 


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AI    ME'SSIEU. 
ME'SSIEU  LA   SYNDIC 

DE    LAI 

MAUDELEINE. 

Me'Ssieu, 

Voicy  n'Orfenot,  peu  qu'on  ne  ly 
cougnet  ne  Père  ne  Mère,  y  ne  sçâ  laî- 
vou  beillîe  de  lai  tète,  âgie  de  pu  de 
chè  z'an  etdemé,  l'ot  mazeutrou  grand     (iuM«u).mej>hur 

pou  loU    bouta    au   Saint-Espri,   et    peu      (Saial-EBprit),IiospiceiIes 

1  ot  tnn  temps  qu  y  se  montre  :  main 

l'ouzere-t'u,  s'y  n'etâ  coum'aissoigi  (*) 

de  ne  pussante  proutection  ;  prante  lou 

don,  ce  poùere  pete  livrot,  dezou  lai 

voiietre,  qu'airin  vou  poiie,  Messieu  se 

vou  lou  raimaigin  C"!  que  noue  Choloine 

n'an  brondenin  ?  oh  !  que  nian,  eh  I     (broadeDia).  murmurpoi. 

ne  ra  ye  pâ  trouva  su  Heute  Paroisse  ?    °"  '*  '"''°  '"  ""*  ***" 

ce  fu  voireman  de  lai  pautenére  f')  d'în 

pcte  noirau  gambi  et  boussu  C)  qu'y 

lou  voyé  chère  dans  lai  prèce  dà  gens, 

que  regaëdhin  poiieza  lai  prcmère  piere 

de  noûete  Eglise:  bon  !  dîzè  yc  an  inoy 

mainme,  voicy  de  l'sicri   ni  lai  main 

pou  fare  ai  raicouëdhâ  noïiete  pcte  cou-     (niconMba) .   raccoHar. 

H:  main  quant  y   vou  z'eu  champâ  lA  ^'."jj'.'"^  peier  «uire  pan 

(•)  (Aissoigi)  afiririni. 

|b)  (Raimaigînl  donner  asile. 

(')  (Pautenére)  poche.  (paulen^ré),     tiiDlenird  , 

(djOneoDJeclurequec'éloillediableboiteux.  '"?■'""'    !""'""■*•   (D»'- 


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z'oeuille  dessu,  tou  m'an  samblà  bin 

anboûélâ,  '•)  et  y  airoûe  jurie  que  lou 

poûe  qu'y  z'y  compregnoûe  airivere 

coum'y  ploUe  di  boudin  :  main  quozi- 

man  tou  se  daichairboutet  C")  an  voyan 

là  sarimounie  qu'on  fezet  pou  reboutâ 

Jaiqucmà  tou  bé  couman  l'aive  prédi 

ce  t'aicrit  ;   se  d'hasâ  on  y  trouva  in 

pouë  de  sau,  déjet  ce  n'ot  pâ  moy  que     (stu),  gel. 

l'y  à  mi  ;  y  n'an  â  pà  pou  ce  qui  ai  rai- 

voûille  Mairion,  main  putoiie  ai  loiche-    >  ibcbe-dotgL 

doi,  peu  qu'on  m'an  ai  douera  cinq  pain     (fioaeti).  OnaTUtoi 

pou  st'annâcy;  et  y  s 

qu'on  crayeusse  de  çâ  rinme  cy,  que 

ç'ot divin  de  mon  bareille,  in  Monsieu 

ne  dire  tu  ran  çâ  mou  si  réche,  Mfs- 

sieurs,  on  vous  a  exposé  Us  choses  comme 

elles  tu  sont  pas  C^),  Al  peu  ai  cause  di  nom 

qu'y  pouëthet,    là  gens  se  chechîUe- 

rin  C)  l'un  l'autre  ;  eh  !  cretle,  cretle  ce 

qu'yvûu  di,  et  floûele  Fckbà  que  Id  mouche    etEimeUDi,pbiiibi 

Wi  <  les  moucbCB  en  dani 

z  autre  y  trouverm  ce  que 

n'y  ot  pâ,  et  peu  dirin,  pourquoy  coume 

n'Arrviroa  vtl  tu  creûillie  dan  lou  temps 

passa,  et  daivire  t'u  lou  mante  que  Voublt- 

ana  aîve  champâ  su  bin  da  :(histmre  1 

main  qu  ouzerec  palâ  daînquin,  quant 

on  voëret  ne  douzaine  de  gens  tou 

prot  ai  lai  raicousse  di  Livrot  ?  main  dâ 

(■)  (Aoboûéll)  embrouillé. 

(b)  (se  daichaicboutet)  se  démèU.  s'éclaircit. 

(°)  Ce  fut  dans  ces  termes  que  dans  une  as- 
semblée de  Paroisse,  un  Syndic  commença  de     CesyndicéUitM.A 
répliquer  i  honnête  Philibert  Lanviron.  da  Htgletrat  (X), 

(dj  (Chechillie)  dire  lout  bas. 


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—  398  - 

gens  !  que  sont  ûvû  si  bon  que  de  fâre    uivai  é(« ,  moDtrfs  ei 

aicoiieilhi  pa  là  Choloines  pu  que  ne  *""'^' 

vourre  laî  Paroisse,  y  veu  cy  dire,  pou 

çâ  ban  dit  Quaicaicombe  ;  et  qu'on  ne    bues  des  cxUcombes. 

craye  pâ,  Méssieu,  qu'y  vou  dizet  cecy 

pa  flaîterie,  chaicun  sçiperrë  bin  que 

quant  y  s'agire  de  gaingnie  in  mourgie 

de  pistoûele,  y  ne  m'antandroue  pâ  rneu 

ai  nun  cautenâ,  quai  raimâ  dâ  choùe, 

et  que  quant  y  disetdibin  de  quéquun, 

ce  n'ot  jaimi  qu'au  pu  pré  de  mai  cons- 

ciance  ;  vou  pourri  don  bin  me  craire, 

quant  y  vou  dira  qu'y  seu. 

ME'ssmu, 


[ciutea«r).  Ven  73». 
(rKlml  di  cbofle),  nmer 


Voùete  bin  humble  et  oubéssan 

Vaulot    pELEBà   Lanviron, 

de  lai  rue  de  Reviremanté.  iReviremtDU],  Tin-wtum 

ou  TlkIémtaU,  petlM  rae  du 
quanlec  de  BittaDL 


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JAQ.UEMARDADE. 
SOMMAIRE. 

f  END  A  NT  une  soirée  du  mois 
d'Avril  1746.  Jaquemakd  se 
plaint  dans  une  Chambre  obscure  à 
l'entrée  du  treige  de  Saint-Pierre  où  Von 
l'avait  mis;  il  y  est  visité  par  Maître 
A  B  R  A  M  savetier,  qui  avait  occupé  la  bou- 
tique des  petites  Halles,  la  plus  voisine  du 
Pilory;  après  s'être  entretenu  des  affaires 
de  ce  temps-là,  Jaquemardm  sent  tout- 
à-coup  animé  de  tout  ce  qu'il  y  a  d'esprits 
dans  la  ^ille  :  il  succombe  d'abord  à  un 
accès  aussi  extraordinaire,  &  tombe  en  de- 


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faillanee;  se  ranimant  bientôt  après,  la 
réunion  de  tant  &  de  si  grandes  amnots- 
sances,  lui  fait  pinitrer  jusques  dans  l'ave- 
nir la  gloire  de  sa  rBnslalation  future;  il 
en  récite  jusqu'aux  moindres  circonstances; 
déjà  il  croit  les  voir;  plus  éclairé  que 
jamais,  il  apperçoit  que  le  tout  ne  doit 
arriver  qu'après  un  événement  mémorable, 
que  Von  a  vu  se  réaliser  au  mois  d'Août 
I7S2.  Jaquemard  de  lassitude  tombe 
endormi;  Mattre  Abram  qui  l'a  pris 
depuis  son  inspiration  pour  un  homme  en 
délire,  ou  insensé,  pense,  à  raison  du  som- 
meilde  Jaquemard,  qu'il  pourrait  bien 
avoir  recouvré  le  bon  sens;  il  le  réveille 
pour  prendre  congé  de  /ui  :  J  a  au  e  M  a  R  D 
confirme  la  vérité  de  ses  prédictions,  &  Us 
deux  terminent  leur  entretien,  en  souhai- 
tant toute  prospérité  à  cette  pieuse  Dame, 
à  qui  le  Chapitre  &  la  Paroisse  de  Sainte 
Marie-Magddeine  ont  une  obligation  que 
Dieu  seul  peut  acquiter. 


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(Gloire),  ili-ns  Ici 
s>cht  souvent  glivi 
prou  an  ce  jnfgm-t. 


jAauEUARD  seul. 

JEijel  C)  que  l'ot  bïn  vrâ  qu'an  lou  lue     oma  im  mou  :  jeoe,  lae 
-r        ,,  .  I  ■  r...         llieu),    Due   |Weul .   poùe 

lou  betretou  change  liormi  Due;    (peur>. ietr«màiadiiiiiBUDe 
Coum'y  me  seu  vu  l'y  et  dé  z'an.  "«■""»"'"'  ■«•■'8"«- 

Coum'y  me  voyet  maintenan. 
5  Fie  d'être  su  ne  groîiesse  Eglize, 
Y  atroue  daitià  lai  bize. 
Lai  pleuge,  lai  grole  et  lou  vent 
De  me  fàre  poiie  in  mouement  : 
Tant  lai  gloire  sçh  bin  chaissie 
10  Lai  poiie  d'in  coeiie  qu'ot  bin  plaicîe 
Main  lassenioi  !  qu'ot  devenu 

Ce  granthouneu  qu'y  aivotie?  l'ot  chu.     En  nw.âioaiemBnidei» 
,,    ,      ...  ,,  ...     ,  ,.,  pirtiissupérieureduclocber 

Ah  !    pilie,  molerOU    plhe  !  C)  do  Suinte-HideRinc.  Unlra 

Feiiiâ  t'u  flre  lai  foûciie,  r;,rr"'.;',r,s'.',l: 

15  Vou  qu'^tin  devan  Saint  Simon, 

Devou  bouta  ai  genouillon? 

Sans  pansa  que  ne  té  bêtise 

Ollâ  tirie  aivau  l'Eglise, 

Lai  voiqui  ai  cet'heure  an  bâ, 
20 Oh  vet  !  (•)  on  lai  railluë,  l'ot  vrâ: 

Main  sçâ  t'on  bin  se  ma  garguaisse  ('') 

Su  l'Eglise  noueve  airan  plaisse  ? 

S' on  vouret  d'in  varmeceli  (') 

Qu'y  faure  tou  raipécelà  : 
25  Main  par  iquy  qu'osque  greville? 

C'ot  mai  poëthe,  y  cret,  qu'on  daivrille  ; 

OaeûOjMus,  exclamation. 

(b)  C'est  la  ruine  d'un  pilier  proche  la  Cha- 
pelle Saiat-SimoD,  qui  entraîna  celle  de  toute 
l'Eglise. 

(c)  Exclamatioa  de  douleur. 
C)  (Ga^aiïse)  culotte. 
(>)  (Varmeceli)  vermoulu. 


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—  402  - 

Qg  vint  cy,  quant  y  n'ot  pu  jou  ? 
Oss'ancoiiot  quéque  lou  varou 
Q.ue  varre  troubla  mon  repoQe  ? 
MaSthe  Abrau 
soNenni,  nenni,  n'eussîn  pas  poûe, 
N'eloûe  ye  pA  voùeie  voisin  ? 

Jaquemard. 

Oh  perrézc  !  y  lou  santet  bin  ; 

Vou  z'éte  un  dâ  flouete  lunotte  p 

Que  traivcillin  dan  là  z'aulotte         ■       g 

«En  veille  ouvraige  couëd'hannie,  J 

MaItre  Abram.  ^ 

Y  recarrelet  là  soulie,  ^ 
Y  vou  z'an  raillûera  pou  ran 

Ne  pare,  y  m'aipeiet  Abram. 
Jaquemard. 

Y  crayet,  pa  lai  téie  chouque,  <") 
«  Que  voijete  menicle  se  mouque. 

Lâmoi  !  y  ne  seu  gâre  proi 
D'usâ  ne  soulie  ne  saibot  ; 
L'y  et  pu  de  dou  mois  que  ma  fesse 
Sont  toujou  dan  lai  niainmeplaisse  ; 

«  Ancoûot  ne  fois  vou  vou  mouquà, 
Vou  me  voite  tou  dislouequâ, 
Et  vou  vourin  coûot  qu'y  chemenne  : 
Main  vou,  que  bon  vent  vou  z'aimenne  ? 
MaItre  Abram. 
Mon  bé  compare,  lou  voicy, 

M  Lou  joiiot,  qu'on  vouz'aimenet  cy. 
Dan  mon  lé  tou  mon  coë  moUaîde 
Etâ  pu  rouge  que  ne  baide,  "^ 

Mon  sangbelissà  tout  an  feu, 

(■)  Sorte  de  juiement. 


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—  403  — 

Et  quant  y  me  repoûthé  meu 
ss  Vous  n'etin  pu  su  voûete  selle  ; 

Y  demnndë  de  voue  nouvelle. 
Et  coume  l'y  an  et  quem'an  di, 
Qjie  U  gens  vou  fine  ai  chanti  '•> 
Dan  lou  temps  de  voiiece  daissante, 

60  Que  d'autre  m'an  di,  ç'otm  tminle, 
Caon  Fyet  fà  bicoûtd'houmu, 

Y  venet  cy  sçaivoi  lou  Sieu. 

jAdUEMARD. 

C'etâ  lou  jouot  de  lai  Saint  PoUe, 
Jaimâ  de  mai  vte  n'eiie  si  poiie, 
65  Là  pousse  eu  de  noiie  Méssieu 
Antréte  me  champéne  aileu,  C*! 
Me  ganguillan  d'aivou  dâ  coëdhe, 

Y  daîrecbè  de  mai  caiboëdhe 
Tout  ai  noue  crevie  de  là  blan, 

Topubiy  reviré  dedan 

Pa  ne  fenêtre  di  clechie  : 

Main  on  m'an  ti  couot  dairechie. 

Si  bin  qu'y  ne  fu  daivaulâ 

Qjie  lou  coë  tou  daibretelà.  C) 
w  Grands  et  pete  pa  mouquerie 

Me  disin  mille  launerie  ; 

Non,  lai  gueule  de  lai  Tourna 

N'an  ai  daigobeillie  jaimik 

De  pu  linne,  de  pu  maline, 
80  Su  sa  voisin,  su  si  voisine, 

Mainme  quan  le  veu  dainipâ 

Pou  ollâ  lougie  autrepâ. 
Lm  voiie  vou  bin  ce  peu  diâle  ? 

(*)  (Fâre  ai  chanti)  contrarier. 
<>>)  (Aileu)  dehors. 
(oXDaibretelA)  fracassé. 


(Ui  Toumfi).  temmc  d'un 
contiOleui  imbu  lin  t  Irèa 
runnue  pour  ces  irapos 
roal«eniinls  d»as  le  quar- 
tier de  CbitmoDt  |X). 


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y  w'o(  tu  grhie  ne  midie, 
8S  Fezâ  l'un  :  main  Vot  ailourê 

De  voè  déjtl  lou  tumberi 

Pou  l'antnmâ  dan  lai  beloui^e  ; 

Counit  on  mtnère  dt  lai  bouzf  ', 

Dan  sai gargaisse  lai  pu  cbau, 
*>  Que  s'on  lou  mena  dan  Belvau . 

N'autre  disà  n'autre  guingaine  ; 

On  dire  ô  pa  !  que  lai  grangraine 

Ol  dan  iou  sa  inanbre  ptri, 

Y  chf^an  coume  dd  clxvri  ; 
ssY  chezin  voireman  bîn  Jru, 

Y  n'aivoiie  gare  que  lou  eu  ; 
On  raitaichet  d'aivoûe  in  clloue 
Mai  pouëre  téie  su  mon  coue  ; 
Là  z'aicoûelie  que  sont  maichan, 

tooMereconduzéne  an  huchan  ; 
Deu  lou  piloûerî  ai  Saint  Piere, 

Y  m'airin,  crei,  champâ  '''  dà  piere, 
San  lou  réspei  pou  nolie  Méssieu, 

Y  voyîn  bin  qu'y  étoûe  ai  lieu  ; 
lœPeu  qu'y  iisu  lou  coeûe  lieute  aille,  ''•> 

Ce  qui  raitin  bin  lai  marmaille  ; 
Et  peu  on  me  ranfamiet  cy 
Lou  coë  frachïe,  lou  coeùe  transsy. 
MaItke  Abram. 
Entr'aimi  pou  se  caurigie, 
110  On  ne  derre  se  ran  caichie. 

Et  peu  quy  n'y  et  nun  cy  de  trou. 
Sire  jAiauEMA,  sçàtevou 
De  quoi  voQete  runne  ot  venue  ? 
Lai  raison  m'an  ot  prou  cougniJe, 

(•)  (Champi)  ietté. 

(b)  (aille)  Aigle,  les  Armes  de  la  VUle,. 


■I  ^  ^  enfui 

i|ipclaieut 
une  s«dilior 
e   laquelle  on  arail  c 


.  nw.  a 


•W  bouixeoiies  iX). 


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-  405  — 

us  C'ot  pou  l'aimoûot  que  vou  z'étîn 

Bin  pu  hzu  qu'ai  vou  n'aipaëthin  ; 

N'ai  t'en  pâ  cougnu  voûte  père 

Sculteu  (')  dan  lai  rue  de  Gliëre  ? 

Et  pouëthan  jouchie  su  là  totts 
laoVou  coumandin  ai  noue  Bourgeois 

De  se  leva,  de  traivaillie, 

De  maingie,  prie  Due,  se  couchie  ; 

Ceu  qui  que  vou  z'iamiteran, 

Chérao  tou. 

Jaquemard. 
L'ot  vrâ,  Mâtre  Abram, 
12S  Témoin  in  veille  aimi,  qu'y  aivoûc,         ici  jcc^uemard  pirie  d'un 

,-,  y       n  •  -■  i_  J     ■-  Clerc  d«  l'Etilise  qui  s'élait 

Que  s  Ot  fa  in  paethu  au  doue  ^jev^  l  un  nag  où  ll  sem- 

En  pottant  pu  hau  que  lou  eu,  ^^^^J^^'^^  q^ï^'p^rrl" 

Y  vet  chère  COum'y  à  chu.  P»»  longtempa  soulenir  (XI. 

Pou  reveni  ai  mai  misère, 
130  Ce  que  me  lai  rendu  couot  père, 
C'ot  que,  quan  l'ot  venu  ai  moy, 

Y  étoile  bin  pu  coman  qu'in  Roy, 
Et  qu'y  n'an  aivoiie  an  mai  vie 
Aicâ  seuleman  menaicîe. 

MAfTRE  Abram, 
135     Et  bin  lou  voiqui,  pu  de  temps 
L'y  aivâ  que  vou  z'étin  contan, 
Pu.Jaiquema,  vou  devin  crainre 
Que  vou  serin  dan  poiie  ai  plainre, 
Tou  det  s'aitaudre  au  changement. 
wN'èce  vou  pi  vu  voirement  {Vew  lu)  :  (coueiw), 

'  clos  de  l'abbaye  Saint- Vin- 

cent (nîl).    ■   -■ 


Ci  darére  annâ  dan  lai  Velle 
Airiv.^  cent  choûese  nouvelle, 


(■I  Jaquemard  csi  de  bois,  revêtu  de  fer  blanc, 
Lsen  couleur. 


|]irdin  dest 
Jésuite»,  174Î).  —  Tiiyiui 
(buunél   lie  route    pour    la 


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—  «6  — 

Fâre  ne  rue  dan  dh  coaëthî,  I*) 

Là  bouné  de  boue  convaëthi 
i«BAn  bouné  de  îà  deu  Braille, 

In  grand  chemin  boëdhâ  de  guille, 

Au  fond  d'in  Palais  ancien 

Raimaîgîe  là  Coumédien 

Là  Veigne  dâ  Grette  bai:ue 
>so  Pa  di  quennon  que  nun  ne  tue  ; 

Main  que  frachede  son  boulet 

Ne  tenouere,  quant  y  vet  dret, 

LÀ  lantâne  de  noûete  Ville 

Changie  lieu  su  contre  de  l'huile. 
lâsLou  coë  de  gaëdhe  aa  Piloiieri 

Tou  bé  vé  la  lovon  couri. 

Lai  fontaine  qu'an  etâ  grie  <^) 

De  coûete  lu  se  retirie, 

Trezi  <'^)  tou  paëthou  dâ  Bedau, 
««Ce  que  ne  fi  ne  bin  ne  mau  ; 

Lou  chaipitre  de  noue  Choloine 

Chue  dâ  Carme  et  chue  d'autre  Moine  ; 

Ceux  cy  non  contan  d'in  chalpé 

Panre  et  peu  quitta  lou  manié  ; 
iK  El  San  souëthi  de  voiiete  Eglise,  !■< 

N'ai  t'on  pâ  vu  d'aivoûe  surprise 

Lou  navenigri  de  poussot,  (^> 

Et  peulougri  veniroussot.  " 

Tou  ce  qui  deva  sounaigie  (') 
1™  Là  mau  dont  vou  z'éte  alHigie  ; 

(•)  (Couethî)  jardin. 

(Il)  (Grie)  fàcbé  de  l'absence. 

{"}  (Treii).  sortir  et  paroitre. 

i^)  Difléreates  couleurs  des  fourures  pour  les 
habits  de  Chceur  des  Chapclaios,  et  Semi- 
prébendés. 

(e)  (Sounaigie)  prisager. 


(nimtigiG)  dans  une  salle  à 
reiliémité  des  Jardina  Gnn- 
veile,  où  l'on  se  lendall  par 
UD  ebemiD  bordé  de  quilles. 
—  Le  polygone  mUitain 
ll7ie  (Ne  tODoneieJ.  ton. 
neau.  but  pour  le  tir  du  ca- 
Uiia.  —  (iu),  suif  pour  Té- 
clalrage  (l  737 1.  —  (la  loroa), 
planebas.  locaux  rue  de  l'E- 
cole, couierls  en  plaochea 
el  appelés  ;  Sur  Ut  Lnaai. 


le  CDuCle  lu),  d'i  caté  di 


il  gris  de  pous- 


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—  407  — 
Opa  ?  (*)  quant  tou  change  icy  bas, 
Que  VOL  seul  ne  changcrin  pas  ? 
Main  y  feillâ  bin  piguessic 
Là  fondation  coumancie 
175  Pou  bail  lou  Mouiie  ('')  nouvé 
Que  setet  bin  dâ  fin  pu  bé. 
Jaquemahd. 
Et  bin  peu  qu'y  fau  tou  changie, 

Y  feillâ  me  beillie  congie  : 
Main  hounétementy  feillâ 

180  Me  beillie  ne  place  à  veilla,  l') 
Et  m'y  fare  conilure  an  chère. 
Non  pas  dan  in  châ  de  misère  ; 
N'y  met  t'on  pâ  lA  veigneron  ? 
N'y  boute  t'on  que  dà  Baron  ? 

185  Fau  t'u  pou  y  6tre  lougîe 
Etre d  in  Puyis  aitrangie  ? 
Onm'an  banni,  ot  tu  moyen? 
Moy,  lou  pu  veille  Citoyen  ; 
Et  vou  voite  coume  on  me  goëne, 

190 On  me  boute  dan  n'andret  boënc. 
Où  y  ne  scet  quan  lou  chuu  lu  : 
Main,  Abram,  dite  m'in  poûe  qu 
Poûeseret  lai  premére  piere  ? 
MaIthe  Abram. 
C'ot  Monseigneu  Antoone  Piere, 

1% Allante.,  inpouchot..  l'autrenoin.. 
Jaquemard. 
Ne  serin  vou  dire  GRAMMONT  ? 
Pau  qu'y  ne  vou  vaingne  ai  lai  bouche, 

Y  fau  aivoi  l'aispri  bin  louche  ; 

(»)  (Opa)  se  pourroit-il. 

(ii)(Moutie)  Eglise. 

{')  Hôpiul  des  Vidtlards. 


L'hospice  de  BelTkUi  o'a- 
ai(  élé  éUbll  que  pour  le» 
itoyeiig,  et  nfinmoins  on 


'archevSi|ue  de  Be^a 


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—  408  — 

Tan  su  lou  Trône  de  Saint  Jean 
3DD  On  ait  vu  deu  pré  de  cent  an 

De  Seigneu  de  saï  noQeble  raïce 

Tou  si  digne  de  ne  té  plaice  : 

Ca  y  n'y  eue  jaimâ  sou  son  nom 

Ran  que  de  gran,  ran  que  de  bon, 
»5  Cet  bon  signe  pou  noûete  Eglise  ; 

Que  l'an  bénisse  l'entreprise. 
Ce  n'ot  pâ  ce  qui,  Mâtre  Abram, 

Voicy  n'autre  poûe  que  me  pran  : 

Quan  l'Eglise  seret  bâtie, 
21D  Qu'on  paleret  de  mai  soëthie, 

Petétre  qu'on  aimeneret 

Di  Velaige  in  Jaquemacdhet, 

In  bet  jaune,  in  maasque  san  crâne, 

Y  varet  de  la  Velle  à  z'âne,  La  Titie  xax  inei 

2IS  De  Ruréy,  d'Uzie  ou  Moiran  :  m^ret^^slVo''"" 

Ce  qu'on  trouve  cy,  ne  vau  ran,  imiécani  que  ion  eoi 

^  -^  '  '  icy  de  HolraDS ,  pire 

Et  pou  bin  régliii  noiiete  Fille,  luu  des  conMiiiers di 

Besançon  n'ai  nun  prou  hôbilc  :  e^î"'!"»).  le  sieurVè 

Poudà  z'Aivouca  l'y  en  et  prou  ;      *i"»<ie<;eïiii»ge(xi. 
220  Main  y  sont  bin  si  glioriou,  <*) 

Qpe  pâ  z'un  de  lieu  su  mai  clioueche 

Ne  vouret  jue  de  lai  meilloueche; 

Chaëdhé  !  couman  lou  vourin  t'u  ? 

Lieu  que  n'an  pâ  mainme  voulu 
225  Se  montra  dezou  l'olebaedhe  ep  niaoù  du  retn: 


De  lai  Vaëdhote  ('')  au  coë  de  gaëdbe  ;  vX^esi 


obligée  de  [aura 


Y  voëra  donc  quèque  naiquâ  ^  hommeB  par |out  pour  i> 

1      "J"  1  gsrde.  Linlendïoty  oblige 

les  iTocatH,  procureuts.  uo- 

lalres,  avec  hic  u  lié  de  rein- 

(■)  Peudetetnpsavamcetentrelien, Messieurs  placement;    10    bous   pjr 

les  Avocats  avoient  été  commandés  pour  mon-  g"*!"-  •  Le o-di.' Juillet, les 

■"  ;*  «,"'*v"!:r  ""'p'"/"''—;- • .  i;r " "^..tr '"sa: 

{••}  (Lai  Vaëdliote)  Dom  àc  guerre  d  un  Ser-  grise,  avec  la  vuteuoire.lt 
mt  des  Soldais  Bourgeois.  cbipeau  bordé  d'or,  avec  le 


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Vent  dan  mon  rang  se  ploquâ  ; 

Qu'y  fâre  ?  quant  y  me  plainroue 

2wComre  ce  Jaiquemâ  trou  noîie  ; 

On  diret  qu'on  m'ai  condamna 

Pou  chan  qu'y  seu  chargie  d'annâ. 

MaItre  Abham. 

L'ot  vrâ  que  vou  z'éte  prou  béte 

Pou  montra  l'âge  que  vou  z'éte 

23sEn  pouëthan  devan  l'aistoumet  (*) 

L'annâ  qu'ïn  Sculteu  vou  fourmei. 

Que  de  fanne  fan  là  joQelie, 
Que  serin  bin  foë  aîboUebie, 
Se  l'aivia  devan  lieu  teti 
stoCoume  voulieute  âge  an  aicrï. 
Main  ne  fau  pâ  que  lai  véitlesse 
Vou  feze  ai  pâdre  voiiete  plaice  ; 
Eh  !  ne  feri  vou  pâ  veillet 
Su  lou  clcchie  voue  veille  dret  ? 
245  Vou  z'éte  bin  que  dairechie 
"ti'hipouUque  su  lou  dechie. 
Jaquemard. 
En  hypoulique,  poûere  Abram, 
Vou  vou  z'antante  nioin  que  ran, 
Voicy  bin  de  quoy  me  confondre  ; 
250  Ca  on  airet  qu'ai  me  raipondre 
Posterhra  Juribus  C") 
Derogante  pHoribus 

(■)  Jaqucmard  avoii  effeciivenient  le  miliaire 
1694,  au  devant  de  la  poitrine. 

(k)  Certain  juge  devant  qui  un  Procureur  pUi- 
doit  que  sa  Partie  devoit  aVoir  certaine  priifé- 
rence,  i  raison  d'une  hypothèque  de  date  an- 
térieure, l'inlerrompit  de  ciitte  sorte  (Procureur, 
vous  vous  trompez,  puisqu'en  tnatiere  d'hypo- 
théqué, posteriora  jura  derogant  prioribus). 


Dombre  de  quatre.  ~  Le 
mflDie  jour,  li  communkuté 
des  avocats  1  retuséde  mon- 
ter la  garde  bous  les  ordres 
drs  magielrala  qui  leur 
avaient  envoyé  des  billets,  i 
(  Jsarv.  if  Vaihi  Flnr^.  Bibl. 
de  Brsaiiisan,  ma.  71(.) 


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-410- 
MAfTRE  Abrau. 

Y  cret  que  c'ot  di  Laitin,  daige  !  (') 
Vou  z'antantedon  ce  langaige. 
Jaqueuard. 
=55     Voiqui  tout  ce  qui  sçet  de  Laitin  : 
Main  au  moin  y  l'aipliquet  bin  : 
Y  â  ailongi  derogante. 
Et  bin  !  an  airive  que  plante  : 
On  m'aipiloùecherets'on  veut, 
«oMain  qu  me  repran,  feze  meu. 
MAtTRE  Abram. 

Cetu  qu'ai  voûeva  vourremoedre 
Vou  beillere  autre  fi  ai  loêdre, 
In  bon  cougnessou  de  Patois 
Pourre  vou  beillie  su  là  doigts, 
a»  Pou  Vtlie  vou  z'éte  di  Vilh. 
Et  vou  z'éte  in  Bousbot  hôbîle 
D'antremé  Oléine  et  Chormon. 
Poûis  !  on  dire  antandre  •  *  C») 
Jaûue 


I  rulMf  j  »>>  neanta. 
On  Vt  carrieé.  piree  qa.\l 
«Qt  lait  Irop  <le  peine  ■  un 
aulre  conseiller  qui,  répou- 
dsnl  à  une  requeie  pif 
■MM«.aï«ilécrilinÉ«(«(X). 


^-.   cam  meu  Client 

esmots^rii'ii^Jloj/fX). 


d'entre  Arènea  et  Chir- 

Le  Dommé  ttamou,  loui- 

j neur.  fli,  m  sujet  de  Jic- 

Mon  pouere ABRAM.vouz'étedroÛele.  V-T"--^'"-  ""  """"  "" 
a^iY  n'iera  pa  ai  vouete  aicoùele,  "'"■  ' 

Vôu  veni  de  dire  Patois,  C) 
Ai  toi,  Bousbot,  gare  là  doigts. 

On  n'ot  pâ  si  lontemps  su  tare 
Pou  segennâ,  palan,  compare, 
KsCoume  nou  pourran  san  faiçon  ; 
Lou  bé  Peuple  de  Besançon 

(")  ExcUmatioD  d'admiration. 

(1")  On  auroit  ton  de  termineT  ce  vers  par  le 
nom  de  celui  qui  composa  un  si  beau  Vive  le 
Roi  au  sujet  du  triomphe  de  Jaquemard. 
_  (=)  Ce  mot  (Patois)  n'est  pas  patois,  Il  faut 
dire(Bousbot)  on  nomme  aussi  (Bousbot)  ceux 
qui  parlent  ce  même  langage. 


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Devé  decet  de  lai  révère, 
Ai  gâta  mai  langue  premére, 
Là  z'antandan  palâ  Francet, 
a»  Dan  lou  Bousbot  y  an  maulet. 


Od  Kl  <1ing  la  préfict  du 
Rtetiii  iti  Nuli  it  F'anfaii 
OaïUkier  (l'sl).  ce  ptiuge  : 
I  II  d'j  >  pis  M  ani  qu'i 
Besançon  le»  personnes  l«S 

Mainblnpoue;voûeteoutau,(*)béSire,  p'"»  distinguée», de  même 
N'eussin  pâlionte  de  lou  dire 
Ot  aitou  a 


n  decet  di  pon, 
Ce  qu'ai  gâta  voûete  jai^on  ; 
285  Se  lontemps  y  z'y  deinouroue, 

Y  m'y  daibousseboteroue, 
Ou  paleroue  bousbot  maulâ 
Tou  bé  couman  Myon  palâ.  (■■) 

Maître  Abram. 
L'ot  vrâ  qu'au  fond  de  lai  rue  basse 

2BoY  demouret 

Jaquehard. 
....  Qu'os  que  se  passe  ? 

Y  santet  quy  .    .    .  dan  l'aistoumet 
In  feu  caichie,  .   .  que  flamberet  ; .    . 
Main  que  l'airet  goumâ  i'i  in  poùe  ? 

Y  n'an  peu  pu,    ...    , 

MaItbe  Abram. 

Ï95 Ah  !  qu'y  i  poûe, 

Vou  ranquoillie,  ,    .  (■■' été  vol  niaui 
Au  moin  que  ne  peu  ye  vou  vau  1 
Main  d'où  vint  que  vou  vou  debaite  ? 


s  petit  Peuple, 
voirai  point  ilans  la  co 
ration  taniliîAre.d'iutn 
BMf»  que  le  Paloia.  t 


iiulitri,  plutôt  i|ue  par  d»i 
vignerons.  (Naêl  i»  niS  tt 
Fr.  OwlMw II7SI),  p.tBI.) 


(•)  (Outau)  logis,  maison. 

(•>)  Myon,  riche  Vigneron,  qui  vivoii  il  y  a 
3}  aiii  :  il  disoit,  p:ir  exemple,  pou  guerri  la 
coulique,  il  n'y  a  qu'A  prendre  des  nobillcs  & 
les  bien  pauter  avec  les  creuches  Sic. 

(■)(Go(iml)sedii  d'un  feu  qui  parait  éteint  ; 
mais  qui  se  prépare  sourdement  i  éclater. 

(d)  (Rjnquoillie)  sangloter,  ou  respiier  avec 
brait. 


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—  412  — 

Couraige  t . .  ah  !  in  poae  d'yau  clîairette 

*»Y  vou  tara,  sargoulerâ,  (■) 
Yvou  rerrâ  ou  ne  pourra; 
Que  mollaidîe  ossou  qu'y  couve  ? 
Lou  voiqui  que  ctié  tou  pa  douve  : 
Ah  !  son  coe  que  ne  rauge  C*)  pâ 

31»  Ne  sueu  bin  fraide  ai  champâ, 
On  dire  tant  l'an  ot  baingnie, 
Que  ç'ot  l'on  coë  moë  d'in  noyie  : 
Eh  !  que  n'aye  ici  lou  souffloi  ('t 
D'in  Monsieu  dont  y  étoue  vaulot, 

3to  Engin  aigriâble  &  coumoude 
Pou  fare  in  remède  ai  lai  moûede, 
Pou  raicourre  au  moin  Jaiquemâ  ; 
Que  n'a  ye  mai  pipe  ailemà. 
Y  l'y  an  soufleroue  lai  femére 

315  Pa  pou  larmie  C)  di  mézantére, 
Quaitreou  cinq  goulà  dan  lou  eu 
Lou  ferin re.veni  ai  lu. 
Faute  d'in  remède  si  droiJele, 
Couvran  lou  de  mai  caimizoûele,  (") 

s» Se  ç'ot  lou  mau  de  Saint-Deni, 
Main  non,  ç'ot  stu  de  Saint-Pari  ; 
Son  coë  que  fa  lai  tirebouille 
Se  maille  coume  ne  renouille, 
Et  lou  voiquy  qu'y  r'ot  pu  fau 

(»)  (Sargouia)  secouer. 

(I>)  (Raugie)  remuer, 

(•)  Mattre  Abram  avoit  été  domestique  en 
Suisse,  où  un  remède  semblable  à  celui  dont  il 
va  parler,  éinit  déjà  connu  en  I7î4.  voycï  les 
mercurcs  de.  Neuf-Chiiel  de  cette  année-lâ 

{^)  (Larmie)  soupirail. 

(■)  Les  Vignerons  &  autres  appellent  a: 
leur  veste. 


unie  icc&démle  de  Besau- 
;on.  le  S'  Vacber,  rhirugien 
lie),  réjouit  Fort  les  autres 
icKdâmïclens  en  Taisant  voir 


enté.  Voyei-vDUB.leurdi- 

omme  on  aauFQe  agréable-' 
neot  et  commorlëment  (X). 
■  Luadt  18  décembre  17bl, 
!■  Le  Vacher  a  lu  une  dis- 
ertaLion  sur  la  manibre  de 
ecourir  les  noyés  et  de  le^ 
aiipeleràUvie.  Cet  ouvrage 


sli'M 


Il  plus 
si  [oDdé  sur  des  expé- 
riences qui  lui  sont  propres. 
11  a  accouipaitné  celte  icC' 
luredc  l'eiplicilion  des  ina- 
truineuts  qu'il  croit  que  Ton 
peut  utileinenl  employer  en 
pareille  occaslou. Et  la Gom- 

legislremenlde  celte  dlsBcr- 
lallaa,  si  M.  Le  Vacber  ne 
l'aTail  pas  prléedc  ladllTérer 
]usqu*â  ce  qu'il  ait  consulté 
l'Académie  du  Cbiruripe  de 
P»ris  su  r  son  système  et  sur 
ruBSitedcsiDBlnltaenlaqu'il 
pTOpuso.  >  [Délibératioïki  it 
■       •     •     BiMiifflii,  I7SI, 


,.  Google 


iQtriit  alon,  bien  en- 


—  «3  — 

sas  Q^e  ne  lou  sont  dan  noue  raipau  (»ip>u).  ra^pm^.  Las  do- 

Là  PousrfJâ  qu'on  tin  a,  qu.itre  :  rr^r.r.'"a:.'ïSÏ 

Ailarme  !  y  vint  de  me  raibaitre  coruiues  iociiiié«.  eipu- 

-'  quept  le  9en»  détoanié  de 

De  sai  metainne  pa  lou  nâ  ;  c«ite    eipieaaion    encore 

T>'  I   ^  I   •  >    j.i      comprise  duie  les  cainp*- 

Tiens,  quan  te  derroue  t  aissannâ,  <■)     goas.  atoai  pour  eiempie 
..ytelteetcoum.Anrùgie.  ï„'„':.£,"°'£;::  ÏÏ 

IaQUEMARD.  gros   raffsri  de    Citty-ltOr- 

ODue  !  que  ce  lue  Ot  Changie  :  Au  versm.iIentbiemM 

Main  y  crayet  qu'où  mai  pouëthi  ^|'r^irux''r"««?CÏ 

Dan  Granvelle,  ah  !  qu'il  y  fa  cliâ,        roccwion  des  OKmii 

Lou  gran  joUot  me  fa  mau  a  z  ϞiUe. 

MaItre  Abram. 

aî5Qjiedit'u?Granvelle:ouosqu'ybeûUleî  l^»^^^  "3"^'" po», 

Déiet  deu   lontempS  l'ot  roë  neU,  C")    leurWre  toucher  llnelgne 
-.  .  .  ,  relique  et  obtenir  slnsllettr 

On  ne  voit  cy  ne  leu,  ne  leu.  délivrance. 

Jaquemard. 
Main  seu-yeyvre,  ou  seu-ye  Prouféte? 
Que  boige  (*")  d'aisprit  dans  mai  tfite? 
310  5â  de  laniâne  ai  mai  raison  ; 
Oss'in  songe  ou  ne  vision  ? 
Tou  s'que  l'y  et  d'aispri  dans  lai  Velle 
S' an  vin  aicliairie  mai  çarvelle,  (') 
Pou  me  fare  voë,  me  montra 
345  Ce  qu'on  feret,  coum'y  sera. 

Qu'os  que  m'ai  mi  tou  pou  in  coùe 
Câ  z'haibi  tou  freguillan  noue  ? 
Jaimà  de  si  belle  couleu 

(■)  (Assanni)  assommer. 

(h)  (Roë  neu)  noire  nuit. 

(•)  (l^oige)  mélange, 

(à)  Que  l'oQQes'élonnepoiDt.Nrinspiratîoa 
de  tant  de  si  beaux  csprils  n'a  produit  que  des 
choses  tout  auplus  médiocres,  il  faut  en  attribuer 
lacausei  la  mauvaise  disposition  des  vilsorgancs 
qu'ils  aDÏmoient. 


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—  414  — 

Ne  m' an  beillie  tant  de  lueu  ; 
so  L'oë  n'y  ot  pas  aivû  aipargnie, 
On  n'y  an  et  mi,  cret,  ne  pougnie. 
L'y  et  voireman  bécoûc  de  gri, 
C'ot  lai  moûede  cet'annâ  cy  : 
On  m'ai  mis  troë  belle  plemâche, 
65  On  ai  renachy  ma  moustache. 
Semblable  ai  noOebie  Nicoulà,  (■) 
Aipluan  tou  coum'in  quelà; 
On  voit,  y  seu  sieu,  su  mai  trougne. 
Lou  rouge  di  vin  de  Bourgougne  ; 
eoYsantetlaî  mainme  vigueu, 
Que  quan  mon  âge  éta  en  ileu  ; 
Lai  foëche  ai  chaissîe  mai  véillesse. 

MaItre  Abram. 

Oh  vet  !  lou  poûere  houme  raivesse. 

Jaqueuard. 

Combin  d'haubois,  de  tobourin 

as  Dan  ce  porche  ?('')..  on  dansere  bin, 

Voicy  pou  lou  coùe  lou  courtage 

Que  vin  m'anmenâ  dan  mon  sége. . . 

Dessu  cinq  veille  chevau  blans 
Cinq  bé  VéilIà  antran  cians  ; 
jo     Quaitre  au  moitan  de  lieu  metainne 
Branlan  de  longe  paidrizenne,  {') 
N'autre  dire  dk  z'aispontoa  : 
Main  paidrizenne,  ç'ot  lieu  nom, 
Auun  que  lieu  béte  y  sont  mette  ; 


Il  paraissait  à  biCD  dea 
gens  que  Jacquemard  re*- 
eembUità  un  cerlaio  avocat 

qui  était  Ig*.  CD  nn,  de 
yiéa  de  80  ina,  et  qui  o'est 
déaigDé  Ici  que  par  m  qua- 
lité de  noble  et  sou  nam  da 
baptême  Nicolas  (X). 

VereMÏ;  (Aipluan).  Voir 
tUfluï  au  vers  9U;  quant  au 

échappe,  nous  slgnaleTona 
aux  cbeicbours  cette  eiclK- 
malion  d'effroi  au  do  sur- 
prlaenotiiB  d  Pm-l'Emagoy  : 

(ou  M). 


V.  371  :...  D'autres  dirai  eut 
des  espontooB  :  Haia...  Le 
Barblaier  de  la  Ciictae  se 
montrera  aussi  i*l»*i»  en 
comme  le  tait 


ici  Jac 


Dsrd. 


(•)  Ce  Monsieur  Nicolas  vivoit  il  y  a  plus  de 
7}  ans. 

<b)  (Porche)  vestibule,  allée,  galerie. 

(=)  (Paidrizenne)  pemiisane,  sorte  de  pique 
3u  hallebarde  i  l'antique. 


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_  415  _ 

SIS  Au  coûe  l'an  de  longe  gntîvette 
Loyte  au  quechot  d'in  riban  ; 
An  voiquy  d'autre  que  pendan 
Su  lieu  grand  chaipé  daibraicie,  (*) 
C'otdainquin,  qu'on  ère  aijeancie,  C*) 

380  Au  veille  temps  di  Roy  Chalot,  (') 

C'ot  lu  que  là  z'anvîe,  ce  l'ot  ; 

Voiquy  voireman  ai  lieu  tête 

Dom  Juan  (*)  su  ne  belle  béte, 

C'ot  in  chevau  d'estramadou , 

385  L'ai  ne  gran  paidrizenne  aiton. 
Vêtu  de  na,  qu'y  fa  bé  voë 
Ton  chaipé  anvoutoîllie  d'oë  1 
Q.uan  te  te  tin  bin  saîgeman,  i 

On  te  panre  pu  azieman 

300  Pou  in  gran  Seigneu  de  l'Espaigne, 
Qu'on  ne  panre  in  cbin  pou  ne  caigne  : 
Main  voi  t'on  ta  cro,  que  branlan, 
Qiian  te  ri  antremé  ta  dao, 

Y  me  sanble  déjet  qu'on  cric, 
395  Ah  !  ç'ot  Richà  lou  lantanie  : 

Y  aimet  meu  voë  çâ  veille  hou  hou. 
Que  tenan  quy  lieu  sériou  I 
Coume  di  z'âne  qu'on  aitrille  ;  i 
An  aitandan  qu'on  daiguenille, 

«oDaissantein  moûeman  de  chevau, 
Et  peu  nou  monteran  lai  hau  ; 
Se  voue  tamboûot  an  là  main  sûre, 
Fàte  lieu  gadhà  voue  monture. 


(tu  quschol],  ftu-deB«ui. 


C'est  lui  qui  les  Bnfok«. 


inné  d'oi,  Il  grinde 
la  chapeau  taisant. 
B  uoe  uctde. 


(■)  (Daibrake)  détroussé. 
(>>)  (Q^'oD  ère  aijeancie)  qu'on  étoil  mis. 
(c)  Charles  11.  Roi  d'Espagne. 
(■■)  11  appelle  Dom  Juan,  celui  qui,  habillé  de 
ooir,  ùisoit  le  rolje  de  Srignenr  Espagnol. 


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—  4i6  — 

Vé  loa  qoechot  de  ça  degrâ 
«6  N'y  et  que  dâ  coëne  ai  vou  montra, 

Combin  de  gens  s'y  sont  paingnle  ! 

An  voiqui  pou  ne  compaignîe  ; 

AncoQot  dou  pâ  &  vou  voëri 

Quéque  choûeze  de  pu  joûeli. 
410     Y  vou  recevet  dan  ne  sale 

Où  géte  ne  Daime  qu'ot  pâle, 

Sa  gens  aitou  ;  au  moin  l'ot  râ. 

Qu'y  sayin  dâ  meu  coulourâ, 

Toujou  le  lé,  l'aicri,  le  muse,  (')  AuvettjM.MuireAimm 

Cil  ■      'II  II  ■  ■'âmeuldBspropoaqaetiaDt 

Ot  lOU  traiveille  que  1  aimuse.  IciJacquemtMil'endroltde 

Airaâ  diMATRE  DE  l'outau,     ;;îr?*"i:vî"r,"''ïrVo':i;:r: 

L'an  ai  t'aîvû  ce  bé  rétrau,  (■*)  c'esn-dire  du  gouvimcur 

,-,   ,  .      ,  r^  •  I       .  deli.praviuce,  11.  le  duc  de 

Qii  on  aipele  ne  Caidemie  :  T&iurd. 

Main  y  san  vet  doue  z'heure  Bc  demie,  ^L^l^'^^^i'^M^t.^^ 

120 Pou  banquet  n'y  et-tu  ran  de  prot  ?      t"^  "■  imtendini  le  »ou- 

Y  n'y  et  poin  cy  de  meterot,  (*)  u**»  mm  cIi««i.  ■nirn  u 

Ami,  tiillit  liât  ti  UUkiê 

(■)  (Le  mus«)  elle  médi*.e.  !•»»  («i*  (>'<■  **>—  «  pin- 

(")  (Meterot)  rayons  OU  bouu  de  plaoche  qm  frnhtrfn  n'eut  m  cJUhh 

servent  de  garde-manger.  CerUlnB   rneBsiaun  alliot 


Il  s'agit  ici  des  escaliers  du  palais  Granvelle.  Les  cornes  (coèna)  doat 
parle  Jacquemard  soDt  des  ramures  de  cerf^  suspendues  dans  les  couloirs 
du  palais,  trophées  de  chasse  sans  valeur,  seuls  restes  d'uD  riche  mobilier 
disparu  depuis  longtemps. 

Après  ce  ver»  : 

AuToIqui  pou  ne  compalgsle , 
Bizot,  Taisant  allusion  â  quelque  histoire  scandaleuse,  avait  écril  : 


Notre  commentateur  X  regrette  la  suppression  de  ces  vers  et  ^oute  que 
(  l'aulheur  «e  repentit  de  les  avoir  corrigés  pour  éviter  quelque  action  fa- 
meuse que  le  maire  de  Besanton  lui  ruisait  craindre,  sans  rendement,  pour 
un  pareil  badinage  sans  conséquence,  car  comme  dit  un  de  H"  CwneiUe 
Un  al  reud  tout  possible  et  ne  conduit  à  riea  I  ■ 


D,g,t7cdb;/GOOgIC 


aeui  mt  que  les  AoiMml- 
Ct«na  ivoieul  Tait  un  pique- 
nique  et  qn'&pparenmuDt 
c'élolent  là  le*  reslea  du 
rcpiu  •  (X). 


—  «7  - 

Poi)  y  trouva  de  quoy  ntaingie  : 
C'ot  dâ  z'Aispri  qu'y  sont  lougîe,  «pirâ  sor  le  pun 

Et  là  z'Aispri  ne  uiaîngean  ntn. 
MaItrb  Abram. 
435     Y  veut  pâdre  mon  nom  d'ABRAM, 
Ou  pou  lou  coûe  y  n'ot  pâ  saige, 

Y  fau  qu'on  lou  retaingne  en  caige. 
Son  aispri  ot  tou  raiveunâ,  <') 
Aifantoumâ,  anfasenâ.  I**) 

IxaUEUARD. 

430  Voîquydâ  ban,  van  nouz'y  mettre, 
.  .  Main  y  me  samble  icy  cougnettre 
Voue,  ç 'ot  lu,  eh  !  ç "et  vou  Baume,  (') 

Y  fau  y  beuillie  de  bin  pré 

Se  pou  n'autre  on  ne  vou  panre  ; 
*3S  L'ot  de  n'aicie,  que  n'ot  ran  tanre  (Unte),  tend». 

Voâete  sabre  qu'ot  large,  aipot,  (Opoti.  «ptis- 

N'ossou  ran  stuquî, . .  voué,  ce  lot, 
QuerouenetC)]  oureilleaiMarJum^»?    D»ns  les  mcieDon  iigu 

-,.,''.  .  '  r&tiaasdesicènesdeUPH 

Qu  été  vou  mi,  OSSOU  n  aumeUSSe  sion,  sHot  pierre  se  sert  di 

*«  En  bandoulière  autoûot  de  vou  ? 

Ou  bin  deçà  baudriegoillou, 

Que  là  Prête  ai  lai  Maudeleine 

Vetin  dan  lai  sainte  Semaine  ? 

Vou  z'an  airin  tu  fa  caJau 
Ms  Coum'au  Doyen  de  lieu  Bedau  ? 

Ossou  ce  chaipë  Jancéniste, 

Qjie  vou  fa  lai  minne  si  triste  ? 

Ou  se  lai  fairenne  &  lou  pain 


I»)  (Baiveuni)  ruiné  comme  par  ravine. 
(■>)  (Anfli«Dl)  ensorcelé, 
<c)  Ancien  Bedau  de  la  Magdeleine,  qui  fer- 
moit  la  marche  du  Corttge. 
(^)  (Rougnct)  coupa. 


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—  418  — 

Vou  manqnan  pou  aipré  demain  : 
«*  Main  lai  Prouvidance  oi  bin  grande, 

Le  beiile,  quant  on  ly demande. 

Ou  bin  se  ç'ot  l'impoiie  nouvé 

Qu'on  réglieret  daipré  Noué 

Pou  achevice  bé  Moutie 
*5sQu'ot  déjei  fa  préqu 'ai  moitié  ? 

Pou  bécoûe  vou  n'an  serî  pâ, 

Voûeteouiau  samble  aida  retrâ,  (retri),»bri  misinbi*. 

Vou  payeriquéque  groiie  soûe, 

Ce  t'impoûe  lasseret  in  poùe  ; 
«0  Oh  soit  !  çot  pou  l'Offan  JESU 

Qy'ot  dezou  là  lovon  ("  tou  nu, 

Gare  meu,  qu'y  n'éreai  laiCraiche, 

Vûùete  Curie  laidi ...('') qu'on  saiche, 

Qu'y  vire  là  COeÙe,  COUm'y  veu,  Quivirelee  cœurs  comme 

«5  Jeûe  !  qu'y  di  bin  ;  main  qu'y  fa  meu;  "  ""'"'' 

Se  là  z'onze  autre  (")  an  pouvin  fare 

Autan,  sere  ne  boune  aifare, 

Lai  belle  oufrandc,  qu'y  fezet  1 

Main  on  presante  ancouot  lou  plet  : 
47oSemi,  C)  ouzercton  vou  prie 

D'an  oufri  chaîcun  lai  moitié  ? 

Dan  ché  z'an  s'y  fezin  té  toûot 

On  boutte  ai  JOU  nOU  dou  poulot.  Iboulle    i  Jou  .  jucher). 

On  s'aitandâ  pou  lai  bâtisse 

cl 

(»)  Petite  Chapelle  proche  les  niinn  de  la 
vieille  Eglise,  appelée  en  patois  (dezou  là 
lovon). 

(b)  M'  Ffere  de  VilleFrancon,  Chanoine  et 
Curé  partit  Orateur,  a  donné  pour  la  bâtiise 
de  l'Eglise  la  pension  de  ;oo  livres  que  le  Roi 
lui  a  accordée  sur  l'Abbaye  rie  Cherlieu. 

(«)  Les  onie  autres  Chanoines. 

(■■)  (Semi)  Scmi-prébendés, 


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—  419  — 
475  Qiic  ne  fontaine  d'ai^ent  pisse 
Bin  dâ  z'ecu  dedan  lou  tron, 
Coume  lai  fontaine  eusse  nom, 
N'an  cliau,  Tôt  vé  lai  Nourmandie, 
L'ai  tairi  pou  nou,  que  pidie  ! 
«0  Y  faure  aivoûe  in  boorgerot,  (') 
Tan  freguenâ  C")  dan  lou  goulot. 
Que  petétre  quéque  pistouele 
An  coulerin  .  .  .  qu'y  sere  droiJele  ! 
Se  l'an  oUà  daibondenâ 
«5  Dâ  bouté  C)  tou  raiquichenâ  Cl 
Pou  noùete  poiiere  Maudeleine, 

Y  crieroûe  ai  pâdre  l'oléine. 
Vive  ai  jaimâ  stu  que  beillet 
Ne  riche  fontaine  dainlet  C) 

*Bo  Ai  Monsieu  .  .  .  main  chaicun  se  levé, 
San  qu'on  aitande  qu'y  aicheve, 

Y  voyet  ma  veille  penâ. 
Que  s'aiprotan  ai  chemenâ  ; 
Que  veu  dire  !  osque  dans  ce  lue         ' 

495  Y  se  peu  fâre  qu'on  s'anniie  ? 

Jaimâ  cequi  n'airiveret. 

Tant  quesciance  y  paleret: 

Main  y  n'a  pâ  ce  privilège, 

Peu  qu'y  annuet  mon  courtége, 
500  Ou  bin  là  pie  lieu  fremillan 

Pou  s' an  oUâ  devé  Baitan  ; 

Au  melin  y  targe  de  moùere,  (') 

(»)  (Boorgerot)  brin  d'osier, 
(h)  (Fregueni)  agiter  en  tout  sens. 
{')  (Di  bouté)  dei  cruches, 
(d)  (Raiquichenâ)  comblés. 
(0)  (Dainlet)  de  cette  sorte. 
(')  (Y  urge  de  moûerÉ)  il  tarde  de  moudre, 
proverbe. 


Il  [sut  «nteodre  par  It 
tanUinfl  dont  od  parle  Icy 
le  prieuré  de  FoDlalae-Gé- 
birt  dans  le  Mids.  U.  de 
Maltière,  ancien  cbunolae 
et  curé  de  la  Uagdeleine, 
qui  a  ce  béndSce,  avait  pio- 
mls  au  mol  ai  1000  liv.  i 
prendre  annuellement  eut 
lea  reienuB  de  ce  prlenré 
pour  la  bilia^e  de  r<igllse.i 
laquelle  promeese  il  ne  don- 
na Jamais  le  maiudre  elTet 
(X). 


vant,  avec  uue  ei  pression 

pleine  de  sutflsance,  le  c«- 
raclèredu  personnage  Frais- 
si  dans  son  amour' propre. 


,.  Google 


Vou  z'éte  de  boune  aivïzoûere, 
Offan  de  chue  pichemaëdhet,  (') 
so&Van  don  tou  panre  noue  bidet. 
Maître  Abbam 
Jaiqiuema,  lou  diâle  s' an  pande, 
S'y  n'y  et  nun  cy  que  vou  z'antande 
Autre  que  raoy. 

Jaquemard. 

Te  n'y  antan  ran, 
Ne  stttor  ultra  creptdam. 

MaItre  Abrau. 
510  N'ossou  ran  dâ  mou  de  magie  ? 
Pou  ne  lou  pâ  fâre  enraigie 
Y  me  Quoizet  pou  l'aicoutù, 
Pafithare  y  m' an  vé  m'aissetâ, 
Jeûe  !  que  l'ai  rinmâ  de  toûelie, 
515  L'an  di  que  son  coûotprou  joûelie, 
Se  l'étâ  courounâ  de  boùis. 
On  dire,  ç'ot  lou  foûe  Louis. 
Jaqueuard. 
Monta,  ma  véîUe  camarade, 
Ai  chevau,  tamboijot,  qu'on  là  z'âde, 
530 Dom  Juan  ot  je  C*)  su  lou  sien, 
Icy  fôte  aivanci  lou  mien, 
Oh  !  que  l'ot  bé  !  stu  d'EIlexanre 
N'aire  pâ  mainmo  ouzâ  s'y  panre  ; 
Chaêdhé  !  couman  l'aire  t'u  pu  ? 
SX  Y  n'aire  sanblâ  devan  lu 


IPaeiliare),  par  terre. 

pAssagt  qu'il  coDTlenlde 
Iriduim.  Allusion  pereon- 
Delle  a  Jean-L"!!!  Biiot  ; 
•  Jeuel  que  de  folles  il  Sri- 
tnéea.  il  en  dil  qui  sont  eo- 
core  plus  Jolies  ;  si  elles 
étale  ni  courounéea  de  buis 
ondlrsit:  e'ul  ItfnLuaii  ■ 
Le  bulB,  l'arbrisseau  tou- 
jours vert,  abondant  sur  nos 
côtes,  était  très  affectionné 


vigncr. 


t    du 


buis  qui  encadrait  l'entrée 
du  tbéltre  de  la  Gr«cbe,  les 
transparents  des  joura  de 
rate.  etc.  Voir  note,  p.  3U, 
Huroaiui  it  »sii. 

Vers  SIB:  Magnifique  mise 
en  mar^be  du  cof  t^:  I  Uon. 

marades...  ■  CeTranlts  n'eut 
pas  mieux  trouvé. 


(')  (Oflan  de  chue  pichemaëdliet)  se  dil  pro- 
verbialemenl  de  gens  qui  avUent  ks  autres  de 


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Q}ie  lou  chevau  de  lai  Guinguette,  (*) 
Ou  coume  de  lai  ripouepette 
Devan  di  vin  de  Chormairin. 
Cet  montai)  m'y  tarril  ye  bin  ? 
âsoTeni  me  lenne  &  autre  queiisse, 
Ai  celle  fin  qu'y  ne  clieseusse, 
Bin  qu'y  n'eusse  pâ  trou  dinà, 

Y  pourroue  chère  &  m'aissannâ. 
Dejet  la  poëthe  aiboknchie  C") 

skNou  fâ  signe  qu'y  fau  marchie, 

Voiqui  qu  on  1  ouvre  ai  dou  baitan, 

Aivançan  nou,  tatnbotiot,  baitan. 
Que  Dom  Juan  nou  mené  in  poûe, 

Qpe  Baume  se  taingne  ai  lai  coûe.  Que  Baui 

5«  Veilla,  veni  cy  tou  t'auioûot.  «queue. 

Aubois  flouëiâ,  baitâ  tamboQoi. 

Jeûe  !  que  de  gens  dan  lai  gran  rue  1 

On  an  voi  ai  paëthe  de  vue 

Ûà  moncé  pou  meregaëdhâ, 
S45  Pou  là  fandre  y  fau  dà  souda  ; 

Aîmi  souda,  fïite  lieu  poûe, 

Pou  qu'y  s'ouvrin  :  main  poîn  de  coûe, 

Poin  de  sang  ne  det  cy  couiâ, 

Si  fait  de  vin  bin  dâ  goulâ.       [gauche 
550     Lou  monde  ai  dret,  lou  monde  aï 

Se  trcuillc,  ("Js  aicôffle,  se  chauche  (chauche), 

Pou  an  chemin  me  veni  vau,  ,^"^1 

Y  airoue  poue  qu'y  n'an  eussin  mau; 
Main  tant  de  gens  si  bin  brayie, 

(>)  (Lai  Guinguette)  autrefois  voiiurier  lel- 
lement  accoutumé  d'avoir  de  mauvais  chevaux, 
que  pour  en  désigner  un  tel,  on  disoit,  c'est  un 
cheval  de  la  Guinguette. 

(b)  (Aibolanchie)  eotr' ouverte. 

(<)  Se  presse  &  s'écrase. 


(rlpouepelte) .  bolssop  de 
hitile  valiur. 

RbarntarlD.  boane  cSle  du 
vignoble  bitonlia, 

(Cet  montant),  mêms  lar- 
me, sans  apostrophe  aptèe 
le  e  (vers  Mï>.  11  s'a^ll  d* 
monter  à  cbeval  :  MonloM, 
ou  c'e:^t  hiut;  me  Uendtal- 


(menc).  prononcer  ■ 


presse  avec 

|cb-  Dartois). 


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-  423  — 
Que  ne  me  voite  vou,  mai  fanne  1 
580  Main  lâmoi  !  mai  fanne  ot  gessan  (') 
Poum'aivoibeiilie  dou  bossan.  C*) 

O  Roussel,  Gautie,  Père  Proûe  (') 
Que  vou  z'éte  bin  moë  trou  louë  ! 
Nun  ne  pourret  si  bin  conta 
SK  Cecy,  que  vou  ne  l'airin  chanta  : 
Non,  qu'y  n'y  eussedan lai  Prouvince 
Pu  de  n'aisprt  que  n'ot  ran  mince. 

In  premé  Chrétien  lâcheret 
Dou  va  Bousbot  ai  mon  sujet, 
«00  Main  y  ne  panret  pâ  lai  poune 
D'aîprinre  in  pouchignot  sai  voune. 
L'ot  vrâ  que  l'y  et  d'autre  sçaivan» 
Autan  qu'autrefoi  nou  z'an  an, 
C'ot  ai  dire  dâ  fremeillie  : 
a»  Main  chue  Baume  ai  lai  voillie    ' 

Y  n'antandrin  pâ  ce  qu'on  di, 
Couman  boutrîn  tu  paraicri 
En  Boussebot  in  poue  hounéte 
Lai  pu  grand,  lai  pu  belle  fête, 

BioQ'on  eusse  fâ  dan  Besançon  ? 

Y  â  don  di  d'atvoue  raison  : 

O  Roussel,  Gautie,  Père  Proiie, 
Que  vou  z'éte  bin  moë  trou  toûe. 
Main  ç'ot  lai  foire  d'Aivoudré,  C) 
BIS  Le  ranfouche  ;  voici  Châbré,  (*) 

(■)  (Gessin)  en  couche. 

(1")  (Boïiao)  gemeaui  ;  on  dit  que  Jaquemard 
>  présent  cm  cTit  deux  enfants  qui  seront  em- 
ployés   fraper  les  quarts  d'iieures. 

(<^)Le5troisAuteursqm  aient  le  mieux  réussi 
A  versifier  en  Patois. 

i^)  Proverbe. 

(•)  Jureraeni. 


(mti  ninne),  md  temme. 


Gaaibler,  Pire  Prost. 


remâ  Cbrclleo) .  Un  de 
de  Ue^ufrutnonl,  qui 
t  pour  deviic  :  •  Uleu 


chev£que,  son  oncle,  parc 
qut'celui-cyvouloitquesoi 
pïUfs  rat  Fermé  bien  plu 
tCl  que  il'  lie  BeaurremoD 
songeil  a 


:  ippnrLei 


a  Tille  ui 


paifnie  où  l'on  lizait  lea  v. 
de  Kaumonl  dont  an  a  pi 
(v.KS),  et  remarquant  qi 
ydtait  parlé  de  tous  las  pi 
clp&ul  seigneurs  ûc  U  tII 
Hors  M'  son  oncle,  dit  qi 
Tallait  y   ajouter  ces  de 

Y  M  hu  fa  Uaitifut» 

ParujturMltkai    ' 


Vers  605  :  (toIHIb),  veillée 
oii  l'an  ciacanalt. 

ATOudré.villageduDoub» 
où  it  tieel  UDe  grosse  foire 
au  bétail. 


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—  «4  — 

In  troupe  âingin  de  juËnesse 
Que  vÎD  ranfoucbie  lai  véillesse 
Su  ai  cbevau  :  mata  di  moilku 
Que  son  aussi  fringaos  que  Ueu. 

OD  Y  venan  pou  s'aiboloyie.  <•' 
Lieu  panse  trou  airesoyie 
Se  sont  tantgonfU  chue  Graipé,  l^) 
Qu'on  tuere  in  pouille  su  lieu  pé. 
Chaicun  pou  se  iire  pu  brîve 

QsAi  fâ  bin  angrâssie  sai  grave;  (') 
Et  s'ot  fà  sâssie  d'in  bon  doï 
De  fairenne  dessu  lou  poi. 

Timbale  et  trompette  ai  lieu  tète 
Fan  crotre  lou  bru  de  lai  fête, 

30  Y  se  sont  pou  me  fire  houneu 
Vêtu  de  toute  là  couleu.  (') 

Baume  redrosse  taï  pamique, 
Ca  nou  voicy  vé  nouete  DUCQUE, 
L'èpée  au  poing,  jûene  gueillâ, 

3sAivancite,  etvou,  mâvëillâ, 
Rangourgie  vou  bin  ai  ce  t'heure 
Pou  aîvoî  ne  pu  belle  teure  (') 
Nou  z'an  tretou  bin  dt  bouneu 
D'aivoi  un  si  pussan  Seigneu 

(*)(S'aiboloyie)  prendre  de  reiercice  après  l« 
repas, 

(>>)  (Graip£)  cabaretier  cher  qui  ils  avoient 
d\tté. 

(')  (Grave)  l'endroit  des  cheveux  où  ils  se 
séparent  pour  tomber  du  dessus  de  la  t£te  éga- 
lement des  deux  côtés. 

(■■)  Ils  D'avoieni  point  d'unitomie. 

(•)  On  appeloit  (leure)  un  pli  de  la  peau  pen- 
dante sous  le  menton,  que  nos  Ancêtres  ima- 
ginoient  donner  un  air  plus  majestueux  i  leurs 
Vidllards. 


(uîsie),  lanisé. 

de  farine  dcMD*  le  poiU 


Le  duc  de  BandaD.lieute- 

DiDtgéD^ral  delà  l>rovinoe 

1  Besaoçou. 


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du  p»ye  de  P<}ilien. 


—  «5  — 

uoPou  coumindâ  dan  noûete  plùce. 

Peu  que  l'ai  pri  (■)  ne  gran  Comtesse 

Lai  pu  finnefleudi  Payis, 

Pourquoi  serin  nou  aibayis. 

Se  nou  z'an  an  tant  d'ùvantaige, 
M5  S'y  nou  z'aime,  s'y  nou  soulaige, 

Y  nou  z'aipue  autan  qu'y  peu, 
Et  que  autre  lou  pourre  meu  ? 
Nun  u'ot  si  bîn  venu  â  z'ceûille 
De  stu  qu'ot  lou  Mâtre  di  treûîlle.  ('') 

6fio     Noue  doue  troupe  ki  sailuan, 

Et  peu  san  d'autre  complieman 

Se  jougnan  dezou  sa  ^auspict. 
Main,  que  lou  nâ  me  regrenisse, 

Se  lou  mou  à'auspice  ot  Bousbot, 
65S  Oh  soit  !  peu  que  l'oi  cy,  l'y  ot, 

Y  tenet  ce  qui  de  Pilâte,  (•) 
Ne  daifan  pas  n'aifôre  0te  : 
Si  bin  donc  que  noue  doue  aitmenne  C*)    «' 

An  s  aipondan  n  an  fan  pu  qu  enne.       n  gu  rm  lui 
660  Aivançan  don,  se  nou  pouvan,  ~  ' 

•  r  II  •  Vers  G5S:  {i 

Vou  z  été  prou  repn  voue  van  ;  jp,(*nieuï  em 

Juou  d'hauboîs  &  de  trompette, 
Tamboûot,  reprante  voue  baîguette. 
Et  que  nouete  Timbaleroi 
66S  De  son  mcu  se  demene  ancoûot  : 
Trompette,  Aubois,  Tamboûot,  Tim- 
Fâie  tretou  in  bru  de  diâle,  [baie, 

Y  diset  .  .  .  etlâ  z'instruman 


Deux  11 
mltoe  râdtctlon  : 

(PIlUcj... 
Ou  iiia  {lad  Kriii 


bol  de  canlrebiade) 


(■)  (L'ai  pris)  il  a  épousé. 
()>)  (Mitre  di  ireûille)  maître  du  pressoir  si 
dit  figurément  du  Souverain. 
(°)  (Qfiod  scripsi,  scripsi. 
(*)  (Aigtncnne)  Troupe. 


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Baitan,  soufflan,  topan,  souaan, 

btdPou  f^  houneu  au  grand  couraige 
De  scu  que  vet  braivâ  tai  raige 
De  lai  grole  &  de  tou  là  van, 
Ets'an  vet  paëchaigie  lou  temps 
Pou  là  Citoyen  de  lai  Velle  : 

c^Main  voiqui  qtie  dessu  lai  selle 
En  me  quarran  y  me  brecet, 
En  me  breçan  y  aivancet  ; 
Marchan  de  ne  faiçon  si  âere, 
Dejer  nou  voici  ai  Saint  Piere. 

œo     Ici  d'Eglise  doulouepln. 
Ai  l'œuille  ne  van  pA  trou  bin, 
L'un  ot  veille  &  l'autre  tou  noue 
On  dire  que  lou  veille  ai  pouë 
Que  cetu  qu'ot  noue  ne  set  vu, 

cas  Et  qu'y  s'ot  plantû  devan  lu 
Pou  Ion  caichie  ai  tant  d'espaisse 
De  gens  que  sont  dessu  lai  plaice  ; 
Qu'y  lou  caiclie  bin,  l'ai  raison. 
Qu'an  ai  joëblâ  {')  lai  faiçon  ? 

69oNicoûele,  (^1  voue,  ce  l'otNicoûele: 
Main  cetie  que  vand  dà  faizioiiele 
On  lou  dire.  .  .  vou  groùeMonsieu, 
Marchand  aussi  riche  que  lieu, 
Que  demeura  dan  ce  quaëthie,  ji 

aœN'airi  vou  jaimâ  bé  Mouiie  ? 
Champâ  m'en  bâ  ce  peu  nouvè  ; 
"  "âte  z'an  iâre  in  pu  bé  : 
1  lâssie  mezi  dS  pistouele 

I  (Joèbtl  lai  faiçon)  sedît  figurément  pour 

I  Le  sieur  Nicole  Architecte  de  l'Eglise  de 
:e  MagdeUine. 


;  très  r. 


ipUc 


décrit  l'aspect  des  démoli- 
lionB  et  reconslmclionï;  un 
pan  de  vieille  inuraille  de 
J'ancieDoe  église  est  encore 


lire  jusqu'en  I7R1. 

Nicole...,  oui,  c'est  Nicole, 
nsls  celui  qui  vend  des  lil- 
jcots,  ou  le  dirait...  Vos 
ou  vous)  gros  messieurs, 
uirchauds  aussi  ilctiea 
[d'eui,  qui  dcmeurei  dans 


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-  427  - 

Bin  pu  que  ma  Bot  (')  n'an  d'obouele, 
™>Airi  vou  lai  misse  de  vau, 

Qp'y  fezan  de  si  rude  aifau 

San  ran  tare  qu'aipreche  in  poue  .... 

.  .Qp'on  me  lieu  champe  inbon  Impoâe 

Peu  qu'y  voyet,  pa  lai  chaëdhé, 
™s  Qu'y  ne  prôchet  qu'ai  dâ  louëdhé. 
Combin  l'y  et  par  quy  d'aicouelîe  ! 

Là  droùelet  an  Ùi  laî  foûelîe 

De  fripa  lai  cliasse  aujedeu, 

San  pansa  que  souvan  l'an  queu  : 
ïio  Main  s'y  crian  vivat  ai  foëche, 

Que  point  de  Régent  ne  se  foëche. 

Pou  fciierà  aiiou  tant  d'hâret 

Cristoûefle  aire  t'u  bin  prou  bret  .  ,  . 

.  .  Main  y  venet  cy  de  songie 
715  Qu'y  pourrin  bin  aivoi  congie 

Ai  mai  considération, 

Pou  que  i'eussin  ne  pourtîon 

De  ne  si  gran  réjouissance  : 

Au  moin  se  pa  recougnessance 
720  Un  de  çà  pete  t'ainimau 

M'oufrâ  in  Nobilissimo. 
Pachy  lai  jeustïce  ai  son  PRINCE, 

Qu'ot  aivù  de  n'autre  Prouvince 

Daigliapi  ('')  tout  exprès  pou  nous, 
725  L'Izére  i")  an  fâ  lai  grougne  au  Doux, 

Et  lou  Doux  là  gesse  C)  ai  l'Izére  : 

<•)  (Bot)  syiionime  de  Bousboi. 

(b)  iDaigliapi)  déuché,  ■ 

(")  (L'Izere)  rivière  toujours  limoneuse  qui  ^ 
passe  par  Grenoble,  e 

C)  On  entend  par  ces  mots  (ftre  U  gesse)  ' 
«citer  malicieusement  dans  un  autre  le  dépit 
d'être  privé  de  ce  que  nous  possédons. 


IQ  bon  ImpSt. 
IlDuMhé),  Eourds. 


Chrislopbesuraïa-tunawz 
d«  bras  pour  fouetter  tant 
d'kàreU  Ce  mot  avec  le  sens 
d'n/snti  se  trouve  quatre 
fois  dans  la  Jacguinofda^  ; 
1]  est  très  rarement  employé 
dans  les  NaëU  ; 

Y  omît  fi  a  ftifit 

Niiitibinslivartnliietiecuti 
Tial  ton  lin  ditl. 


(.Vi 


(NtHUiiime).  Alluaion  àun 

1114.  aiaque  année  les  Con- 
eelllers  de  ville  se  filsolent 
présenter  à  chacun  d'eux, 
par  les  écoliers  au  Collège 
desJésultes,quolquQSTeraâ 
It'Urlouangc,  ce  qu'on  appe- 
lait <  ifigrttHmi,  >  Coa  vers 
que  l'écotler  n'citolt  étoient 


t  ïndistinctomciil  et  d 


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Eh  !  ly  fâ  t'u,  ai  moi  lou  Pire,  (') 

Pou  aivoi  n'houme  iâ  ttunlleu,  < 

Tan  jounu,  I'')  Bourbou^,  y  seu  sieu. 

ra»  Qji  nou  l'ai  choisi  ?  noûete  SIRE 

Ai  qu  Themis,  on  peu  lou  dire, 

Beilletsai  main,  beillet  sonlé, 

Meu  que  lu  l'airln  nou  daîlé  ?  i') 

Tou  couine  de  noige  ne  boûeie 

Tss  Devin  pu  groûesse  pu  le  roûele 
Pu  noûete  troupe  s'avanci, 
Pu  lai  préce  autoûot  s'aipossï  ; 
On  ai  bin  raison  de  lou  dire, 
Lou  monde  aime,  Cautenne  C)  aidmire 

fwCeux  qu'an  in  rang,  ceux  qu'an  dîbin.  ', 
Que  là  gens  pour  moi  an  changie  !  ' 
Seu  ye  banni,  seu  ye  lougie  • 

Au  fond  d'in  poûere  caiboulot  i 

Dezou  in  bon  doigt  de  poussot,  ' 

715  Couvri  de  toile  d'airegnie  ? 
Hormi  Abran  chaicuu  m'oublie. 

Mai  seu  ye  ai  chevau  bin  dourâ, 
Bin  reluzan,  bincoulourâ, 
Et  meu  para  que  n'ot  ne  poupe  ?  (') 

750  Là  gens  venan  ai  groûesse  troupe 
Decoùete  nioy  pou  me  voë  meu, 
Chaicun  m'anvirenne  8i  me  seu. 


su  pirlemcDt  de  Gie- 


Vers  omi9  dans  rimprca- 
ion  de  I7U  (v.  7(0}  : 
Se*  Vu  ftiitrtt  aa  !■  f  tutti» 


(*)  (Ai  moi  lou  Père  pou  aivoi,  &c.)  il  roc 
convient  mieux  qu'à  personne  d'avoir,  Sic. 

(>>)  (Tan  joume)  lu  en  écumes  de  Hépic. 

(')  (Dailél  tfié,  élu,  Â  l'infinitif  (dallére)  qui 
assemble  tant  au  moi  Latin  (deligere)  qu'on 
oit  bien  que  les  Bousbois  &  les  Latins  les  ont 
uisés  dans  la  même  source. 

('}  (Cauleni)  user  d'adulation, 

(■)  (Poupe)  poupée. 


D,g,t7cdb;/GOOgIC 


Dùnquin  lai  chenille  (*)  lougïe 
Dan  lai  toile  que  l'ai  borgie 

TS5  Pou  ly  sarvi  de  meilloulot, 
N'ot  ran  belle,  on  dire  que  l'ot 
Mau  noue  &  nun  n'y  veu  touchie 
Se  quéqu'un  vint  ai  l'aiprechie 
Lai  regaëdhe  t'u  ?  ç'ot  o'hâzâ, 

MoAncoOot  vourre  t'u  aicrazâ 
Ce  poiiere  va  que  sanble  moê 
Et  fâ  Jeanne  quinquin  que  doë  :  C") 
Main  quan  lou  va  veu  s'an  sauva. 
Qu'y  À  bè  lou  voë  s'allevâ 

76S  Su  dà  z'aule  toute  joQelie  t 
Voite  vou  combiti  d'aïcoûelte, 
De  gachotte  &  de  gacheoot 
Couran  d'aipré  lou  panpoillot  ? 
Mai  joye  ranfoucbe,  on  me  prou- 
[menne 

770  Maintenan  su  lai  Maudelenne, 
Et  coiun'on  di,  oitan,  venan, 
Lai  chambelére  fà  son  an  : 
Ai  foëche,  an  palan,  de  marchie, 
Nou  voicy  au  poQî  di  marchie  .  .  . 

775  Tamboûot,  Counot,  Timbale,  Auboîs, 
Rambruete  vou  (')  tout  ai  lai  fois  ; 
C'ot  cy  que  nou  voëran  petétre  .  .  . 
Voué,  lou  voiqui  ai  sai  fenêtre  .  .  . 


(borgie),  aipreulonvign  s- 
lODDe  :  liar  ktsc  des  oslen 
du  perche*  &ai  «cbala»  j 
Uu«t,  Itbrlqaer,  de  far§t. 
forger  (DartoU). 


LaMrT*Dl«raltsoD«na<«. 


u  PultE  du  Uarcbé. 


(■)  Comparaison  de  Jaquemard  à  la  chemlle 
en  chrysalide  convertie  en  papillon. 

<>>)  Termes  empruQiés  d'uD  Jeu  d'enfaots, 
(jui  tournent  autour  de  l'un  d'eux  couché  par 
terre,  en  disant  :  )eannequinquin  ot  moé,  neony, 
neony,  qu'y  doë. 

(c)  (Ranbrûete  vou)  remettez  -  vous  en 
train. 


,.  Google 


que  l'on  appelle  i 
LUJDUnl'Iiul    li.    Vlaille-In- 
tsndince}. 


Noir  UntarDier.... 


Et  qu  ?  lou  BESAUGEOU  (')  DIROY.      U.  Uor»u  ««  Beiumont, 

ïsobe  mon  doue  n  éta  pâ  si  roi, 

jAiauEMA,  aire  aivû  lai  chance 

De  ly  fâre  Ui  reverance  : 

Chaëdhé,  qu'an  chau  t'u  aipré  tou  ? 

Dom  luan  C")  laï  feret  pou  nou  : 
786  Ma  lantanie  ai  nouete  tète, 

Fa  l'y  là  z'iiouneu  de  lai  fête  ; 

Combin  de  poune  été  pou  lu 

De  tai  pique  fàre  in  salu  ! 

Lou  cœûe  dî  Citoyen  s'aibàsse 

îM  Ai  sa  pie  de  bin  moillou  grâce. 

Ai  n'autre  fenêtre  y  voyeC 

Lai  gran  Daime  dà  Daniet,  i") 

Qu'ai  beillte  vingt  cens  mille  soûe 

Pou  nou  fàre  in  Moutie  tou  noiie. 
795  Ûâe,  ai  qu  veu,  beille  di  bin. 


Fenêtre  de  l'hStel  de  Cbe- 
par   Jean   Clieviouey,   dit 


Dieu  donne  à  (|ui  il  ti 


MAIN    L'Y    AN    BEILLAN,    OH  ! 

aU'Y  H  BIN! 
Aijoutâ  cequi  su  sai  poëthe, 
Bousbot,  lai  cause  an  ot  prou  foëthe. 
Dan  voue  cœùe  Tôt  aicri  aitou  ; 
900  Main  voiie  cœiie  durerin  t'u  prou  ? 

(")  (Besaugeou)  au  patois  de  Besançon,  si- 
ftnitie,  Ttiomme  de  confiance  pour  giret  toute 
affaire. 

(it)  L'ouvrier  en  fer  blanc  qui  faîsoit  le  rolle     C'est-ii-dire  U  (Thlatitr. 
de  Seigneur  Espagnol ,  fui  ajjez  embarrassé 
dans  cette  marche  à  cheval  de  laire  ici  le  salut 
avec  unu  trËe-lourde  pertuisane. 

(c)  Madame  de  Mongenel  qui  a  donné  cent     Caroline  de   Cbevenpej, 
mille  livres  pour  la  bâtisse  de  l'Eglise  de  Sainte  <••■"«  ^^  Mongenel. 
Magdeleine;  On  lit  sur  la  porte  de  la  maison 
de  cette  Dame,  ceue  inscription  ;  (Deus  dat 
quibus  volt). 


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—  431  — 

Sa  gens  dejet  feztn  mede 
De  fàre  ai  bâti  dâ  Moutie, 
Là  z'Oursule  de  lai  Cicè 
An  dirin  bin  lai  vérité. 

«05     O  Doux  !  nou  van  te  traivauchie, 
Et  nou  z'aiprcchan  mon  clechie  : 
Qu  os<]ue  fâ  ce  bé  noueble  bru  ? 
Ah  !  camarade,  ç'ot  cetu 
Que  potce  pou  là  Caëdhînoë, 

810  Que  potte  pou  là  Generoë, 

Lou  quennon  potte  pou  lou  ROY, 
Voiquy  qu'y  potte  aitou  pou  moy. 

Osque  unt  de  bru  vou  z'aiponte  ? 
Dite  me  coumare  de  fonte, 

815  Qjie  vou  ne  traizelâ  pu  ran  :  (') 
L'ot  vrâ  que  prou  le  m'annueran. 
Et  peu  l'an  poue  d'assouroillie 
O  Monsieu  qu'on  voi  qu'y  beiiillie. 
Icy  pa  moncé  ma  BousbotC') 

saoM'aiundan,  ah!  ç'ot  ma  mignot, 
Chaicun  de  lieu  di  cœûe  me  bâze. 
Et  tout  an  rizan  pleure  d'àze  : 
Que  joye  !  on  an  poutre  merî  ; 
Main  nou  voicy  au  piloueri. 

sas     Qu'on  ai  bin  Ù.  quy  pou  mai  gaëdhe 
De  reboutâ  lou  coê-de-gaëdhe  ! 
Souda,  qu'on  aicaêthe  chaicun. 
Main  coûot  ne  tois  ne  baittâ  nun. 

(•)  (Qjie  vou  ne  tmizelâ  pu  rao)  que  vous 
De  carillonaez  plus. 

Nota.  Trois  Messieurs  éloient  alors  i  la  fe- 
nêtre du  clocher,  &  avoient  tait  cesser  le  caril- 
lon pour  n'en  être  pas  incommodés, 

(fc)  Jaquemard  appelle  ainsi  les  Paroissiens 
de  Samte  Magdelaine.  - 


(triJie1«fl,  «oQDer  i  trola 
clocbea ,  et  carillooDcr,  i 

quatre    clmbee   (chanoine 
DïttolsJ. 


(le  Pilori),  devint  l'i 


De  replacer  Ici  le  co: 

garde, 
(alcaCtbe),  âcarte. 


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Jeûe  !  que  devé  lai  rue  d'Oleioe 
830  Grandi  lai  noueve  Maudeleiae! 

On  ly  voi  déjei  n'ccûille  ron. 

Ah!  lou  bel  oëdre,  abl  ton  bé  fron! 

Due  bénisse  Ik  lotterie, 

Due  bénisse  li  z'uzurie, 
835  Due  bénisse  ancoûot  raeu  là  gens 

Qu'an  mi  qui  bon  grâ  lieute  argent. 

Que  pou  voë  n'Eglise  aussi  belle, 

Y  faure  ollâ  loin  de  lai  Velle  ! 
An  lai  voyan  paèthou  trezi, 

B^'iMon  caûe  baingne  dans  lou  plaisi, 
L'ypinge,..  Ah!  ç'ot  trou  I  n'y  etpâ  pie, 

Y  s'y  noyeret  .    .  L'y  ot  noyîe. 
Main  l'ot  temps,  lou  eu  me  &  mau, 

Q.u'on  me  boute  an  bâ  di  chevau, 
*^Antran,  viran  tou  pa  l'%lise; 
Voyan,  s'on  laï  Ù  aï  mai  guise. 
Que  doumaige,  s'on  l'antraipâ 
Dâ  sége,  qu'érin  autrepâ  I  (') 

Y  vouroue  que  point  y  n'y  an  eusse  ; 
*wSe  peu  t'u  qu'on  recougnesseusse 

Lai  plaice  que  chaicun  tenâ? 
Qiie  ne  m'anvie  t'on  proumenâ 
Câ  gens  que  charchan  trou  lieu  z'âze 
Et  que  point  de  raison  n'aipâze  ; 
8S5  Bécoue  pu  d'autre  an  brondenan, 
Main  on  di,  boni  Tan  convenan. 
Chaëdhé  ! . .  Main  y  fau  me  quazie, 
Chouze  diàleman  maulâzie 

[■)  Il  a  raison  de  dire  (autrepi)  les  bancs, 
dont  il  parle,  étoient  dans  l'Eglise  souterraine, 
&  la  nouvelle  a  changé  de  situation,  de  rei  de 
chaussée  &  en  partie  d'emplacement. 


tt  la  me  d'AitaM. 


(uiurie).  Ponr  toumir  une 
partie  des  fnii  déjà  bits 
pour  la  coD&tractitm,  on 
avoit  rut  bien  des  loteries 
et  l'on  avott  reçu  quelques 
anmSnos  auiquell  es  avolent 
él4  condamnés  plusieurs 
usuriers  (Z|. 


Dans  les  assemblées  de  la 
paroisse  ponr  prendre  lea 
masures  conrenablee  pour 
la  construction,  on  prenait 
quelquefois  les  murmures 
des  contredisants  ponr  dea 
acclamations  de  consente- 
ment (X>, 


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|gDUD«).  Vide  commn  an 

gérttloD  est  mauirote,  le 
vide  est  pratiqué  dmng  un 
mar  de  s4p&ntioo  de»  cha- 
pellci:  l'ouverture  rtl  ao- 
iourdliul  cacbée  pir  un 
confeMlonal. 


Voite  vou,  main  trou  graittâ  (]ueu 
880  Et  quéquefois  trou  palâ  neu. 
Voiqui  in  pilie  qu'ot,  perréze, 

Veu  coum'in  gouné  de  celéze  (■' 

Qpe  n'aire  point  de  mioulot  : 

Main  ot  t'u  soueUde?  Oh  s'y  1  ot, 
ses  Demanda  l'in  poue  ai  Nicoûelc, 

Et  vou  n'airi  pâ  poue  qu'y  crouele  ; 

Deu  qu'y  di  ne  choueze,  on  lai  cret;    i>*»qu'i 

Quan  ce  pilie  veu  dan  n'andret 

Sere  pu  mince,  que  ne  coufle 
S7D  de  raisin  regonâà  de  soude 

S'y  dizâ,  y  se  laret  bin. 

Là  gens  aibayis  lou  crairin  ; 

L'ai  je  fâ  de  si  belle  choûese,  h  •  <i*Ii 

Q^e  su  son  dire  on  se  repoûese. 
S75     L'ot  prou  joueli  ce  pete  coëu 

In  poue  pu  large  y  sere  meu. 

Coum'y  bouta  vingt  ché  niche  ? 

(On  fà  lou  foiiot  sinon  là  miche) 

Main  s'on  y  ot  in  poue  ai  l'aitret, 
880  Oh  foit  !  on  n'y  airet  pâ  si  fret  ; 

Pourquoi  pouëthan,  dis  me  Nicouele, 

Ot  tu  si  coûot? ..  main  qu'y  seu  droûele  !    e«hi  si  tount 

C'ot  ne  faute  d'impression 

De  ne  premère  édition, 
8SS  Dan  n'autre  on  peu  lai  corrigie, 

Y  fauret,  NicoUele,  y  songie  : 

Main  qu'y  cratgnet,  ouvrie  sçaîvan. 


Le  chCBur  de  Sainle-Ua- 
eine,  Irts  él#Kaiit  du  reste, 
rst  ea  effet  plus  étroit  que 
le  le  comporle  l'ampleur  du 


(*)  Ce  pilier  comparé  i  un  noyau  de  cerise, 
qui  n'auroil  que  le  bois,  a  été  comme  vuidé 
dans  le  bas  pour  y  pratiquer  un  escalier  qui 
ne  sert  qu'l  dcKendre  les  morts  qu'on  inhume 
dans  les  souterrains. 


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Q^'aivan  ctqu'î  la  pie  devin 

Tai  téie  si  pleine  ne  chéze 
■0  Pa  ton  gouné  veu  de  ccléze  : 

Que  doumaige!  l'ai  tan  d'aispri. 

Qu'y  ne  derrejaimà  meri.  derrei   quii  n»  dernii 

Guy  â  maimie!  <*t  lai  belle  couloune, 

Ceté  que  sont  ai  Saint  Antoune, 
«e Que saoblerin  telle  devan  ? 

Ce  que  çâ  guille  qu'an  juan 

Là  gachenot  tâchan  d'aibaitre, 

Pourrin  sanblâ,  pourrin  paraitre 

Vé  ci  bautenot  fringoulâ,  (b»uien«t  inngoaiii,  u- 

«oQue  paranlou  breçottJoura  |.o,.f  le  iii> .lu  D.niiiiiD. 

Di  jûene  Ducque  de  Bourgougne, 

Q^e  teilleret  de  lai  besougne, 

Main  qu'y  setgran,  â  z'ennemis 

De  lai  France  &  dâ  fleu  de  lis  : 
stiG  Jaimâ  de  peureuse  voulâille 

Ke  se  trouvéne  â  ni  dâ  z'âille.  <à  m  di  iniiej.iui  nids 

Qu'os  qu  on  veu  fàreancontr'aimon?  'i*=="'ï''^- 

C'ot  n'autre  toûoi  devé  Chormon, 

Ne  touot  ai  lai  mien  tou  pareille  ; 
swSeret  telle  coum'in  bareille 

Aigralî  0*)  ne  maichanie  annà, 

Toujouveu,  si  poue  anvinnâ, 

Qu'on  n'y  peu  jaimâ  ran  tossie? 

Que  boutret  t'on  dans  ce  técie, 

915  Y  veu  dire,  dans  l'autre  toOot  ? 

Cetie  que  causet  mon  aimoQot  ;  Etut-te  p»r«e  que  ■■ 

_     ,     ^  .      .  coQdB  tour  àevf''  *'" 

Cette  que  cause  mai  tristesse,  ^^  csiéneUiu. 

Qu'aivancisset  tant  mai  véillcsse  Biîô*  *iMueiVw 


(")  Exclamation  d'admiraiion . 
(b)  (Harcille  aigralî)  baFil,  qui  fait  e: 
qu'il  est  desscichi. 


Jicquemard. 


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Et  que  fere  deveni  gris 

0»  Dans  n'an  ma  pois  si  raijeunis  ;  Dma  on  an  mes  poiu 

Voué,  voué,  qu'on  y  boutte  mai  fanne, 

Oii'y  dremeusse,  quant  y  à  sanne  ;  Que  j<    pui8*e  dormir 

.,,       .  ,  1  ■>■  quind  j'ni  sommeil. 

N  y  airet  pâ  tant  de  carillon, 

Le  seret  loin  de  mai  moëzon  i£ii«  mu  ioId 

Bs  De  lai  largeu  dî  froniiipice. 

(Ce  mou  n'ot  pas  moilleu,  aa'ampia)    '""  «louf  sur  u iUbcué- 

,  ,       .  ,         '  .  .         B  ■*""■  1"'  '  précédé. 

L  y  airet  chue  nou  pa  jou  &  neu.  Je  r&uraii  cuei  nou*  jour 

Et  mon  reloOege  an  iret  meu.  en  inîmi'uV.'  ™""  """ï" 

S'y  songet  ai  sai  molaîdie, 
930  Y  an  ù  poûetKan  quéque  pidie  ; 

Et  coum'y  l'a  je  di  devan,  Ei  cemme  je  r»i  dit  ci- 

Lai  pouere  diâtosse  ot  gessan. 
Jaimâ  lou  sciançou  Nîcoûele 
De  Ûre  di  bé  ne  se  soiiele  : 
935     (')  Tou  coum'on  vocre  n'aichaimé  (^1    iMciwiiré,  itktwiiit).  Trèi 

,  ■      ,      ,„,  «ppropriÉB  aux  goÛlH  el  » 

De  teni  tou  dret  San  paisse;  <")  réducatlondelapopulatloa 

Su  lai  gran  pocihe  ou  voëret  pandre    i,on''''ti^rlmr^"upé«ea^ 

Ne  tribune  an  l'air,  sans  se  fandre,       meoi  udmiriiioQ  pubuque 

Et  peu  se  boussà  an  devan,  ivchiiecie,  éievedo  biod- 

woTou  coum'au  bou  d'în  demé  an 

Lou  devantie  de  ne  gachotte, 

Qu'in  gachon  ai  randu  bin  sutte  : 

Té  tribune  san  tintebin 

Seret  belle  se  le  se  tin. 
9i5     Qu'on  feze  là  voueie  de  piere 

De  tufie  blanchie  &  loigiere, 


(■)  La  Tiibune  sur  la  grande  porte  sera  en 
arcs  pendants  &  bombi's  en  saillie. 

(bj  (Aichaimé)  quaDlité  de  «ps  de  ïignc  voir  une  dcscripUon  des 
attachés  au  même  treillis  qui  est  appuyé  sur  itkfoit  de  BeuDi;on  :  Mi 
des  échalas.  """  **  '■•«•'*"■'  *•  Bt- 

(c)  (Paisse)  échalas.  .«f....»»,  p.  M. 


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San  rejannâ  **)  lou  gran  Saint  Jean  ('') 
Peu  ()ue  lou  tnabre  ot  trou  pesan. 
C'ot  prou,  cet  montan  au  clechie, 
«oy  me  targe  d  être  annarchie.  (•) 
L'aiscalie  ot  tu  ai  piot  C) 
Tou  t'an  l'air  d'in  bou  ?  voué  l'y  ot. 
L'y  manque  iquy  n'aicri  de  cuivre 
bin  crampounâ  pou  fïkre  ai  vivre 
9U  Aiprè  lieu  moë,  tant  que  se  peu, 
Ceu  qui  qu'airan  fà  de  lieu  meu 
Pou  fàre  ai  bâtie  ce  Moutîe. 
Pu  hau  raitraissi  l'aiscalie 
Et  s'an  vet  tout  virin  virot, 
960  Coume  l'outeau  de  n'escargot 

(•)  Salut,  lai  Groûsse  &  Saint  Vante, 
Quant  on  voit  dâ  z'ailude  (')  au  Cie 
Que  sçâte  si  bin  aibouâ 
Loin  de  nou  lâpeute  nuâ, 
965  Et  deu  qu'on  voit  dessu  ne  rue 
Ne  Sâme  ou  bin  lai  moinre  aipluë, 
vite  aipelâ  Royal  Soillot. 

Salut,  Dindin  &  Daimangtot 
Que  sounà  Vépre,  Tierce  &  Loûede  ; 
97oVouete  Vaulot,  Daime  Prewûede 


((l|>lue).  étiacelle;  éblaïuV 
(chanoine  n»rtolsl,—  On  »p- 
pcliit  fiscal  StUltt  le  corps 
de»  soldats  bourgeois  desli- 


(■)  (Rejanoi)  cootrefaire. 
(>>)  <Lou  gran  Saint  Jean)  l'Eglise  Cathé- 
drale, ou  la  Chapelle  du  Saint  Suaire  est  en- 
tlÉrement  de  marbre  feint. 
(*)  (Annarchie)  mis  en  place. 
<|   (Ai  piot)  se  dit  dans  le  sens    propre 
le  personne  qui  se  tient  debout  sur  un  seul 
i. 

>)  Jaquemard  salue  les  cloches  en  les  ap- 
ini  par  leurs  ooms,  &  désignant  leurs  prin- 
iles  fonctions. 


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—  437  — 

Qpe  chaisse  là  Prête  dâ  dret 
Et  fâ  banqueta  là  2'hâret 

Bon  vépre  petete  cliechotte 
Saint  Nicoulas,  Daime  Hugiunolte, 
*n  Vou  souneri  :  main  dâ  pu  fâu 

pou  là  poûere  que  seran  mau.  a 

Qgoy  don  !  ossou  cy  mai  lantâne  ? 
Lamoyl  ce  n'ot  que  ne  lucane. 
Cet  qu'an  chau  tu,  boutan  nou  z'y, 
MO  Jaiquemâ  n'y  veu  pâ  mezy. 
In  joQot  vin  qu'y  le  feret  voê 
Soixante  &  onze  pie  pu  hoë; 
Lot  vrâ,  que  pu  y  s liausseret. 
Pu  pequignot  y  paraitret. 
«sY  ne  faure  pâ  jusqu'ai  Roume 
Ollà  pou  trouva  de  té  houme. 
Ah  !  te  revoiqui  mon  poulot, 
Lou  veille  aimi  dà  Maëtlielot;  (') 
Ton  jûene  Traire  dan  lou  liioùele 
9M  N'ai  tout  au  pu  que  lai  pichoiiele.  (^) 
Enfin  te  voicy,  bé  pandu 
Timbre  qu  ot  si  bin  antandu 
Deu  que  mai  meilloûeche  lou  touche; 
Aipré  lou  y  fau  qu'y  m'aijouche 
9»  Su  mon  bé  tobourot  saunan 

Ah  î  m  y  voiqui,  grâce  ai  groiJe  Jean .  C) 

Timbale,  aubois,  tambouot,  trom- 

[pette. 


(•)  (Maâthelot)  r 
qui  âioieni  eu  graoïl  nombre  auioiir  du  vieux 
clocher. 

(■>)  (PicboQele)  la  première  plume  qui  croisse 
au  poulet  dans  l'œuf. 

(')  Nom   du    Charpentier  qui    le   mit   en 
pUce. 


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Qu'on  floûete,   qu'on    sonne,  qu*OD 
^baîtte, 
Qpe  lou  bru  toanan  di  quennon 
iw"  Aînoûeblisse  encoûot  mon  bé  nom, . . 
Main  pourquoi  cyosqu'on  rae  boute? 
Oh!  pour  moi  y  n  y  voyet  goûte, 
Ai  ne  ran  fàre,  on  s'antemi  ; 
Que  ne  seu  ye  in  pete  Courai, 
1005  An  aitandan  que  dan  mai  loûege 
On  eusse  bouta  in  reloûege, 
Petétre  in  Monsteu  Turcaret 
Dans  son  bureau  m'emplayeret. 
Y  sçet  prou  lai  rustemétique, 
loio  Qij  y  bouté  toujou  an  praitique,  | 

Comptan  la  z'heure  tou  di  Ion 
Et  peu  y  airoue  in  eu  de  pion, 
Ma  toloR  pa  la  gran  fraidure 
Ne  risquerin  point  d'anjeolure, 
1015  Et  coume  l'airive  ai  çâ  gens, 
Bin  toùe  mon  fâ  devarre  argent. 

Main  voicy  ce  que  me  fil  poùe, 
Petétre  qu'y  dairougeroiie 
Et  ma  z'ofTan  ne  pourrin  pu, 
loao  Coume  Choloîne  être  reçu 
Dan  lou  pu  qu'insigne  Chaipitre, 
Que  n'aitan  pu  ran  que  lai  mitre. 

V  vau  donc  meu  an  aitandan  t 

Regaëdhâ  ce  que  là  gens  fan, 
10» Et  quant  y  ne  seran  pas  saige, 

Là  controuelâ,  ç'ot  prou  d  ouvraigc, 
Et  mainme  trou,  se  dans  Baitan 
ne  âme  ne  me  pretan 
;oi  qu'an  je  tant  durie 
miotc  être  aibrechignie. 


Vuiaale  : 
'  faal  f w  HmiH  Dirruftim 


Le  »  lodt  I 


1»,  le  ch»- 
pilre  de  Sainle-MadeleinB 
ïtnoil  d'ohleuir  dee  lallres 
p  alun  tes  de  nobles  te  qiij 
lurent  ™nflrini!esmnl|{rf  les 

Ju  nonce  |X|. 


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Vou  que  m'éte  aimenâ  pa  cby, 

O  ma  Chevalie,  granmachy 

On  payere:  pou  récompaiice 

Ne  moiua  de  voiiete  daipance  ; 
loss  On  payeret  bin  l'autre  aitou  ; 

Main  ç'ot  que  l'an  coutere  trou. 
Me  voiquy  soûe  de  voue  fanfare, 

Vou  n'été  mazeu  ran  ai  fâre. 

Qu'ai  vou  zau  rolljk  chue  Graipé*') 
iMoPou  vou  z'aopti  jeusqu'au  }aédhé. 

Voûete  jûene  ot  aibrechignie  i"*) 

S'y  n'ot  rompu  l'ot  tant  playie, 

Q,u*y  ne  pourre  de  ran  snrvi  ; 

Autant  vau  donc  vou  z'aichevi  ; 
lOcQjie  moë  yvre  chaicun  se  couche, 

Vou  jueneri  demain  Duemouche 

Ne  té  vigile  de  Noué 

Ne  ferec  pâ  gronda  voue  boue  ; 

Peu  que  là  grillot  da.is  lai  tête 
lœoVou  vou  santiri  de  mai  fête. 
Ollâ  soupâ  :  ca  lou  chaudot 

Devé  Saint  Farjùe  (')  ot  ton  prot 

Ai  daitelA  sai  cairtoute, 

Y  vet  caichie  lou  feu  qu'y  roiiele 
lOSS  Pou  vo6  clairie  voue  lainpiron 

Su  dâ  fenêtre  de  Chormon. 

Main  qu'os  ce  que  ç'ot?seuye  ne  buze? 

(»>  Les  fenêtres  de  ce  cabaat  qui  est  i  la  rue 
de  Cliurniont,  furent  illumitides  de  lampions 
le  soir  du  jo'.ir  triomphal  de  Jaquemard  pen- 
dant le  souper  des  gens  de  son  coriège. 

(h)  (Aibrechignie)  ébrechi!. 

(=)  (Saint  Farjûc)  Saint- Fa rj eux,  Vill.ige  vers 
l'horison  Si  au  coucbant  d'hyver,  par  rapport 
à  l'Eglise  Sainte  Magdelaine. 


Les  otAclerg  d«  l'bStel  de 


bftTCt, 

où  Bétoiect  rigalFS 

iMje. 

mes  gens  i 

[ul  avaient 

accom 

ipignéJaqu 

ieniard,qu. 

^^  ma 

■itié  de  leu 

r  dépense. 

Ne  devoleot-lls 

pas    fuira 

payer 

le  tout  ou 

rleD?{X) 

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—  440  — 
C'ot  in  songe,  y  cret  que  m'aubuze, 
Nian.  .  .  ce  qui  Q'ai  jaimâ  aitâ, 
iwo  L'airiveret  ;  main  in  poue  :â  : 
Aivan  ce  qui  (■)  fau  que  lai  tenne 


(lennel,  lune.  On  retroaTe 
Quaitre  vingt  troe  fois  se  proumenne     ^'.^«"U'dïl^""""'  *"' 


Jeusque  vé  son  fraire  lou  Roi 
Dâ  z'aitoile  ;  f  ti'auunc  de  foi 

loBB  Le  lou  quitte  pou  aiclairie 

Lai  bouele  ou  nou  seune  lougie, 
Qu  heu  fois  cetècie  antremé 
Machure  lai  lenne  au  mezé  ; 
Et  q'un  de  ma  Bot  pou  lai  gâre 

imoSan  z'ailude  invaute  in  tounâre, 
Secret  que  paëdtieret  tou  son  pré 
Se  Felipe  lou  trouve  aipré  ; 


d.  S'  «utbeur,  laveatï  en 
ifil  et  dont  il  nt  l'épreuTe 
1  présence  de  M.  de  Vil- 


DevantquemonbéioQotnevaingne,  ^, 

Barbouillou  que  lou  loup  vou  praingne,  *' 

lOTsY  fau,  qu'on  feze  in  rude  aifron  e 

Ai  n'Ampereu  d'in  gran  renom,  [J 

Cl)  (Aivan  ce  qui,  8tc.)  avant  cela  il  faut 
que  la  LuQc  se  renouvelle  8}  fois  &  s'éclipse 


(Vers  1073).  Le  cortège  de  Jacqiieniard  ne  s'est-il  pas  arrêté,  en  traver- 
santia  place  Saint-Pierre,  devant  la  statue  de  Charlea-Quint?  Si  Tail,  il  y 
a  eu  même  des  discours,  assez  plala  du  resle,  échanges  entre  les  deui 
personnages,  à  ce  que  dit  Grimant.  Mais  l 'imprésario- poète ,  très  artiste 
en  son  genre,  a  voulu  réserver  pour  le  couronnement  de  aon  poème,  le 
plus  solide  morceau.  La  donnée  légère  de  son  sujet  étant  acceptée,  un  très 
mince  incident  de  la  vie  municipale  a  siifTl  pour  lui  Tournir  une  belle  occa- 
sion d'aiprinre,  suivant  son  eipression,  in  poachignol  aai  voune  (v.  SOI). 

On  appréciera  d'autant  mieux  s'il  :i  réussi  quand  on  connaitra,  par  le 
menu,  d'après  notre  annotateur  X,  les  faits  qui  ont  donné  lieu  à  la  sortie 
virulente  et  hautement  comique  du  vei-siricateur  Bousbot. 

«  C'éUit,  le  même  33  août  1752,  l'avaiit-veille  de  la  Saint-Louis,  la  Télé 
de  Noire  SIHE,  le  ro;  de  t'rance.  n  Le  barbouillenr  Ulinchet,  en  {«"ésence 


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—  44i  — 

Tant  que  jeusqu'aî  Francet  premie, 

Si  Viquà  an  aire  pîdie. 

Que  samblert  vou,  Chalequin, 
1080  De  lâre  mâne  in  peu  mounin  : 

L'ot  vrâ  qu'on  vou  feret  lai  barbe  : 

Main  d'aivouë  quoi,  ô  Sainte  Barbe! 

Ne  lanssoulA  de  quoue  de  chet, 

Que  jaimâ  n'Ampereu  loichet.  ç^ 

icœ  Seret  vouete  pouere  sarviotte,  ^] 

Et  lou  sovon  ?  plein  ne  tenotte  <!' 

De  bin  puante  huile  d'aispî. 

Qu'on  panret  pou  vous  daicrampi.  ("t** 


Ah  !  y  voyct  déjet  l'ailàre 
loBoCoume  n'étan  mazeu  ai  fâre. 

(■■)  O  Pôrrenot,  grand  Caêdhinau,       (Cseabinsu),  c«rdiiiai. 

(*)  (Daicrampi)  dans  le  sens  propre  signitie 
âter  l'enduit  d'un  mur. 

i^)  Antoine  Perrenot  de  Cranvelle,  Cardinal, 
natif  de  Besaciçoii ,  Ministre  de  Charles  Qiiiiit, 
mourut  i  Madrid  en  i5«6.  &  fut  inhumé  A 
Besançon  dans  l'Eglise  des  Carmes  et  dans  sa 
Chapelle,  à  la  voûte  de  laquelle  on  voit  encore 
pendre  son  chapeau  d'un  louge  terni. 


d'oniciera  de  ville,  était  occupé  à  un  ouvrage  que  X  qualille  comme  «  la 
plus  élranRe  bélise  ilont  oji  ait  jamais  oiiï  pailer.  s  II  s'agissait  de  f^ire  la 
loilelte  de  la  foiitaiiie  de  Cliarlea-Quiot,  dont  la  eoloratjon,  iialurellemeot 
llorcntiuée,  n'avait  pns  l'heur  de  plaire,  en  parliuulier  au  sieur  Longin, 
eontrdieur  de  la  ville,  «  liomme  de  grande  connaissance,  dit  Grimont.  et 
très  esiperl  en  son  métier,  mats  perpétuel  toiseur,  qui  allait  donner  una 
preuve  de  son  génie  capricieux  »  en  matière  de  goùl.  L'ouvrier  d'olllce 
enduisait  donu  «  d'une  belle  couleur  grise  à  l'huile  le  graud  empereur,  el 
son  aigle,  d'un  nair  parfuit,  également  à  l'huile.  ■ 

Le  nommé  Léonard  Jranneney,  dit  Baume,  que  nous  connaissons  (vers 
iSi).  passe  par  hasard  sur  lu  Place.  El  ne  peut  se  retenir  d'exprimer  son 
sentiment  sur  ue  travail  l'iilicule  qu'approuvaient  Imutemenl  les  deux  con- 
seillers D....  et  L orifiinaires  de  Baune  ou  d'Arbois  {v.  1102).  —  «  Laisse- 


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—  442  - 

Pou  l'ilîmoliot  de  Due,  veni  vau,  venez  voir. 

Coume  l'an  goënâ  vouete  Mâtre, 

Tou  soo  coë  n'ot  pu  que  n'amplâtre, 
icp»  Bret,  queusse,  main,  visaige,  haibits, 

L'an  tou  baudrillie  d'ongan  gris. 
Tirie,  belitre,  CI  que  vous  z'éte, 

On  ne  chôbrcille  pâ  té  tôte, 

Qjie  tai  nioë  ii'au  lire  raison, 
1100  Vou  n'été  pà  de  Besançon, 

Y  voyet  bin,  s'y  ne  seu  boëne,  iboenoi,  bo^ne. 

Que  vou  z'éte  d'Arbois  ou  Baune  : 

(Ancoûot  ceux  de  Baune  Se  d'Arbois 

N'an  fine  pâ  tan  autrefois).  N'en  tireui..... 

iiœ      L'an  pris  pou  pôgrenà  son  aille  (})      Uiiie).  «igie. 

N'ongan  pu  na  que  lou  craimâtlle;  UnonKueni  plus  noir  que 

Ne  dire  t'on  pâ  qu'y  l'an  pri  '™" 

Dedan  re  boûete  de  camboui. 

Grand  Caëdhinau,  encoElot  in  coûe 
1110  Veiii  là  puni  :  main  de  poue 

(■)  G;  mot  souvent  se  dit  sans  injurier,  &  ce 
n'est  qu'en  badinant  qu'on  doit  le  prendre  ici 
vis-A-vis  de  gens,  qui  ne  firent  rien  par  malice. 

(*>)  (l'ôgrenî)  mal  acconinioiler. 

nous  et  va.l.«n  uhu  toi  !  b  lui  dit  M.  D —  «  C'est  litcile,  riposle  l'avisé 

vigueroN,  el  poui-  i^  Taii'e  je  ne  quillerai  p.-is  la  vilk  Vous  m'entendez, 
M,  le  Conseiller.  ■  —  La  slatue  resta  ainsi  peinturlurée,  les  deux  jours  de 
fêle  des  24  el  Sô  aoill,  la  Saint-Louis,  fêle  du  Roi .  exposée  aux  l:<uis  de 
tous  les  gens  de  bon  ïens;  mais  le  surlendemain,  avec  force  hui  e  d'aspic 
Charles  Quint  fut  frotté,  raulë,  lavé  el  torché  pour  le  rétablir  presque 
au  même  étal  qu'il  avoit  avant  cette  folie  (X). 

Quelques  Jours  avant  on  s'était  essayé  sur  le  dauphin  et  les  deiix  génie* 
de  bronm  de  ta  Place  Ûnuphine,  œuvre  de  Herpin,  achetée  à  Paris,  il  ; 
avait  douze  ans,  pur  riiilendaul  de  Vanuole,  au  prix  de  3000  fr,  >  Le  corps 
du  poisson  était  mis  en  brun,  à  l'huile,  la  gueule  en  rouge  et  les  dents  en 
blanc.  Le  tout  est  resté  pour  s'élre  entièrement  séché,  avant  que  l'on 
songeât  à  l'enlever  (X)  n. 


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D'in  malheu  pouvouete  chaipë, 
coum'y  ne  sçan  pâ  ce  qu'ot  bé  ; 
Lossie  lou  dans  vouete  Chaîpelle  ;  Les  chBpMui  rouges  des 

.,  I-       ■    I    I  >  •      •   Il  urdlDiui  soDt  Euapsndas 

L  an  couot  m  gn  dedan  n  ai()uiene,       queiquetois  lui  voùira  des 
lus  Et  peu  dan  lou  fond  d'in  poutot,  *«i"«s. 

Y  griserin  ce  bé  colot. 

Main  lâssan  qui  son  Eminance  ; 
Voiqui  que  dan  lai  repentance 

Y  lou  radian,  pannan,  froutan, 
ii»Tan  frouteran,  qu'y  lou  raîran; 

Main  qu'y  n'oUin  ai  lai  chA  vive,  "«i»  i"'"*  "'«mem  p«« 

-,',:.,  ,   I    .     ■  jusqu»  la  eh&lr  ïivo. 

Ciu  y  s  airatin  don  vé  lat  rive  ; 

Ancoûot  jaimâ  ne  seret  t'u 

Si  bé  qu'autrefois  l'ot  aivù  : 
imC'ot  dainquin  que  lou  pourpiroùe  (*) 

Lou  pu  souvan  fâ  bin  grandoûe  C") 

Ai  lai  manman  d'in  poupenot  : 

Peu  que  jaimâ  si  bé  y  n'ot  ; 

Deu  quan  mainme  lai  mollaidie 
1130  Ne  l'aire  pâ  bin  rezeillïe  (•) 
MaItre  Abram 

Que  randenâ  ''')  main  l'ot  ai  coy, 

Y  baaille,  y  det  cliaussi  (')  de  soi, 
Jeûe,  l'an  ai  di  de  toute  soëthe, 

L'ai  maintenan  lai  gueule  niocthe,  (moeui*),  morta. 

Jaqukmard. 
ita&Daivoûe  n'ongan  lou  tant  froutâ 


(•)  (Pourpiroùe)  petite  vérole. 
(Il)  (Grandoûe)  regrel, 
(«)  (Rezftllic)  troué,  gravé,  en  parlant  des 
effets  de  lit  petite  vérole, 
(d)  (Randenl)  longue  suite  de  paroles,  Sec. 
(«)  (ClUusû  de  soi)  mourir  de  soif. 


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—  *«  — 

Dirio  là  gens,  s'oi  l'u  bouû 
In  poDcboi  trou  pré  de  ne  goûine  ; 
Tint  pc,  ne  mourgeùre  de  fouine, 
N'ai  ran,  que  set  si  andaignou,  <'> 
1140 Q^e  ne  grive  de  guilledou. 
Qti'y  à  sanne  ! 

MAiTRE   ABRAH. 

Y  pale  de  guinche. 

Té  grive  ne  vau  pâ  ne  chinche. 
Jaquemard. 

Qpan  lai  brousse  couloureret 

Su  bronze  in  Daufin,  dou  bâre'; 
titiX'y  airet  mazeu  ran  ai  lai  guise 

Dâ  z'âne  que  lieu  couleu  grise. 

Caichie,  o  gens  de  Besançon, 

Bronze,  oë,  argent,  cuî\Te  &  louton. 

Mon  piloûeri,  voue  toubaquére, 
iisoAndie,  Aigné,'"')  crois,  Cliachelère,  '')  àom. 

Et  vou.  Père  Bénédictin, 

Pou  l'aimouoi  de  Due  sarrâ  bin 

La  médâle  &  la  péce  antique  ; 

Tranbtâ,  que  lieu  gri  de  bounque 
iiSjQue  n"aipargne  ran  de  curîou, 

Ne  raivoûillene  C)  su  tretou. 
Maître  Abram. 
Q.uan  airet  t'u  prou  daigoizie  ? 

L'ai  sanne  &  ne  peu  se  coizie. 


Ucui     U 

i^iDcnU   impor- 

tanli  Jo  « 

bruuiedcl 

>  plire  D'upliiDP 

onl  *W   r 

eUouv^j  lécem- 

ment  tUna 

on  ItHMl  mnDNrl- 

pil  el  onl 

él*  déposé»  lu 

Uu?^  aurcbéolugie.  apr^s 

lloulop). 

IlilOD. 

(piloûrril 

.LebroniearOs- 

L«  méJulles  el  les  piè- 
cn  aiiliquea  de  li  collec- 
(iao  des  Bété^tlit  it  Suit 


(>)(Andaignou)  envenimé. 

O'i  (Aigiié)  bagues. 

|c)  (Cliachelère)  so 
des  clefs  au\  câiés  d'i 

{•■)  (Ne  raivouillcn 
gorgeam. 


de  crochet  à  p 


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~  445  - 

Jaquemard. 
Poëihe  noire  diret  di  bouneu  l 

iiBo  S'y  ne  l'y  flanquan  ne  couleu, 

Ran  di  cou  n'an  sarei  lou  mare.  l 

Tilli 

MArTRE   AbKAM.  '■'■' 

At  qu  don  ùl  tu  tant  lai  gare  ?  V' 

Jaquemard.  „„j 

Y  fauret  là  mettre  en  prison  :  ]°^, 

Main  noue  Méssieu  (•)  seran  trou  bon.  T' 

MaÎtbk  Abbam.  °^„ 

iiK  Deu  lontemps  son  cϞe  se  daigonfle,  5^,; 

Y  bâilla  tout  ai  st  heure,  y  ronfle, 
Lou  voiqui  qae  doê  maintenant 

Et  ne  s'aivoillere  de  n'an  :  e 

Tant  y  l'antandet  qu'y  ranquoilte  ; 
1170  Y  faut  d'aiprè  tou  qu'y  l'aivoille, 

Ai  celle  fin  de  ly  sottâ 

Bonsoî,  dcvan  que  lou  quitta  ; 

L'ot  vri  qu'y  me  samblâ  bin  foiie, 

préqu'anraigie  :  main  ce  repoûe, 
iiTsLaivou  tou  pou  in  coue  l'ot  chu, 

Me  fà  craire,  qu'y  ne  l'ot  pu  ; 

Haizaëdhan,  s'y  n'ot  pâ  pu  saige 

Y  lou  lassera  dans  sai  caige 
Et  m' an  ïera  .  .  oh!  jAiauEMA?.  . 

iiaoY  ne  s'aivoilleret  jaimâ, 

Se  fau  t'u  pouëtlian  qu'y  m'an  olle. 
On  dire  qu'y  souffle  \h  molle, 
Son  van  fere  ollâ  in  melin, 


lé  is  lauis  pour  l'eng*- 
i-etle  humllUote  coir- 


{HilzaCdhaa},  blïirtIonB. 


(molle),  nulia  mali,  gttnd 


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Tout  in  jue  d'ouegre  an  ire  bin, 
lUsY  doë  pu  foëque  ne  marmotte. 
Dan  sai  main  fezan  lai  raitone. 
Et  vé  là  rein  gotoillaa  lou  ;  {*) 
Main  nian,  y  n'ot  ran  gotoillou  ; 
Tirvongnan  lou  (**)  pa  sai  metainne 
is»  Q.uy  sçet  bin,  que  n'ot  pâ  de  lainne 
Y  l'a  prou  santu,  .  .  oh  1  l'aimi  ? 

Jaquehard. 
Qpe  ne  me  làssin  vou  dremt. 
Mon  bé  de  Due  !  lâ  belle  aitire, 
Qfi'on  feret  pour  moi  !  nun  su  tare 
lies  Ne  seret  jaiml  hounourâ, 
N'aîsdamâ  tant  qu'y  lou  sera; 
Se  vou  sçaivin  deu  peu  Granvelle, 
Coum'y  marchera  dan  lai  Velle.  . . 

MaItre  Abram. 
Y  N'aivaulet  pâ  d3  poi  grî, 
I*»  C'ot  ne  bouëdbe  di  moi  d'Aivri 
Que  vou  veute  cy  mebeiUie. 

Iaquemard. 
Nian,  le  seras  toute  aicomplie 
Lâ  choueze  qu'y  vou  z*!  prédi, 

HaItrb  Abkau. 
Lai  semaine  dà  troë  Jaedi. 
Jaqueuasd. 
laos     Nian,  tétebue  !  on  peu  s'y  aitandre, 


■.  peraoanc  «ur  It  tant. 


LocuUon  prmarblale. 
(boaêdbe),  bourda. 


(■)  (Gotoillan  lou)  Chatouillons-le. 
(h)  (Tîrvougnin  lou)  tiraillons-le. 


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—  447  — 

MaItre  Abram. 
N'ou  z*an  don  bin  dâ  grâce  ai  randre 
Ai  lai  Daime  dâ  Dâniet, 
Vou  lai  nomma  dainquin,  (diinquin).  cest  ùm 

*ou*  l'ipp«let  (>-  7>3>. 
Jaquemard. 

L'élise 
Ne  sere  san  lie  antreprtse  ; 
1210  Main  nou  n'aa  seran  pâ  ingret. 
In  bé  sége  on  l'y  pouseret  (■) 
Tou  bé  au  quechot  de  lai  chère, 
MaItre  Abrah. 
Nenni,  nennï,  le  pourre  chère.  it.  >■  pauira  chbn  di 

Jaquemard. 
Qpe  ne  pent-elle  subsista 
tas  Tant  de  temps  qu'in  Sindic  soitâ, 
MaItre  Abkah. 
Due  au  moins  ly  feze  lat  grâce 
De  vivre  tan  que  l'an  set  lasse. 
Et  que  quand  le  s'an  soueleret, 
Que  de  pa  lie  le  s'an  iret.  Que  de  p>t  «ue  (d« 

,_.-v         -Il       ■      •  .     I   .   .  bon  vouloir)  clla  s'ea  I 

1320  Y  veuille  vite  lai  plaicie 

Dans  lou  pu  bel  andretdi  Cie  ; 
C'ot  de  quoi  chaicun  lou  prieret. 
Et  feret  prie  pa  sa  z'hâret, 
Iaquemard. 
Prie  Due  pou  lie  !  vou  veute  rire, 
I3SS  Sans  vous  beîllie  lou  temps  de  dire 

{*)  Un  Syndic  dans  un  Mémoire  avoît  dit 
qu'il  falloit  poser  le  banc  de  la  Bienfaictrice 
dans  i»  partie  supérieure  de  la  chaire,  &  que 
les  Syndics  nonimis  subsistassent  i  perpétuité. 


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—  «8  — 
Lai  moitan  d'in  De  profundis. 
Y  let  boutret  an  Paîraidis  ; 
Tant  l'airet  couëthe  d'y  jouchie  (■) 
Cetie  que  l'airet  aivrechie  C") 
1290  Dessu  lai  tare 

Maître  Abram. 
Eh  !  voireman 
C'ot  lougeman  pou  lougeman. 

Jaquemard. 
Abran,  ç'an  ot  prou,  prante  gaedhe 
Que  pu  ta  vé  là  coëdcgaëdhe 
San  feu  ne  passe  pas  qu'veu. 
MaItre  Abram. 
1235  Aidûe  don,  bonsoi. 

jAaUEMARD. 

Boune  neu. 


(')  (D'y  jouchie)  d'y  placer  bien  haut. 
<b)  (Aivrechie)  mis  d  couvert. 


Permis  d'imprinur.   A   Dole  et   ij.   Février 
i7i5.  NELATON. 


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BO»S  FAITS  1  Ll  SOCIÉTÉ  (I9D0-IS0I) 


Par  le  Département  du  Doubs 300  f. 

Par  la  Ville  de  Besancon fiOO  f. 


Par  H.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  : 

Comilé  des  Sociétés  savantes  :  Bulletin  arehéologique,  1900,  2  ; 

1901,  i.  —  Histoire  et  philologie,  teiences  économiques  et  80- 

cialet.  1901  ;  —  Travaux  scient i/ique$,  1901. 
Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Charte»,  t.  LXI,  1900,  et  LXII,  1901. 
Annales  du  Musée  G-iimet,  t  IX,  1901.  —  Revue  dt  l'Histoire  des 

religions,  t.  XLIII,  12,  1901. 
Journal  de  l'Ecole  polytechnique,  5'  et  6*  cah.,  2*  série. 
Catalogue  général  des  manuscrits   des  bibliothèques  de  France  : 

Avignon,  2«  vol. 

Par  MM. 

Edouard  Gascon,  membre  correspondant,  sa  brochure  :  En 
tramway  de  Dijon  à  Fontaine-Française  et  à  Champlitle 

Chanoine  Suchet,  membre  résidant,  sa  brochure  sur  la  Cathé- 
drale de  Saint-Jean  pendant  la  Révolution  (1790-^800),  et 
celle  sur  les  Chatelnies  de  Vuillafans. 

Le  Préfet  du  Doubs  :  Inventaire  sommaire  des  Archives  dé- 
partementales antérieures  à  1790,  rédigé  par  M.  Jules  Gau- 
thier, archiviste  ;  Archives  ecclésiastiques,  série  G,  1-1039, 
t.  I. 

Le  Préfet  de  la  Haute-Saone  :  Inventaire  sommaire  des  Ar- 
chives départementales  antérieures  à  1790,  série  G,  H,  [.  V. 

Le  Recteur  de  l'Académie:  Rentrée  solennelle  des  Facultés, 
Université  de  Besançon,  8  novembre  1900. 

Philippe  Berger,  membre  honoraire  de  la  Société  :  son  mé- 
moire sur  la  Grande  inscription  dédicatolre  du  temple  d'Ha- 
thor-Uiskar  à  Matkar. 


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—  450  — 

Docteur  G.  Ledoux,  membre  résidant  :  sa  note  intitulée  :  Le 
lieutenant  Bonaparte  à  Betanfoa  en  179i 

Chanoine  Rossignot,  curé  de  Sainte-Madeleine  :  un  exemplaire 
de  l'Autobiographie  de  Joteph- Marcelin  Boillot,  ancien  curé 
de  cette  paroisse,  2  volumes,  et  Uétangei  tur  quelque»  guet- 
tiont  agitée*  de  mon  tempi,  par  le  même  auteur,  1  volume. 

EtiNE6T  Chantbe  :  l'Homme  qwUemaire  dana  le  baiain  du 
RMne. 


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Emis  DES  mitm  comesrowAniTES  (liMO-itoi) 


BuUatin  du  Comité  omilhologique  international  (Omis),  t.  IX, 

i900-180I. 
Bulletin  et  Mémoiret  (1898)  de  la   SocUti  dei  Antiquaire»  de 

France,   1896-1899.    ~   Melteniia  (fondation  A.  Prost),  3-4, 

1900-1901. 
Revue  de»  Etude»  grecque»,  l.  XIII,  1900,  t.  XIV,  n»  56,  1901. 
Bulletin  de  la  Soeiili   de  botanique  de  France,  Z»  série,  t.  IV, 

10,  1899. 
Journal  de»  Savant»,  année  1900,  l'r  trim.  1901. 
Auoeiation  françai»e  pour  l'avancement  de»  Science»,  29*  session 

à  Paris,  1900. 
Revue  ipigraphique  (M.  Espérandieu,  à  Saint-Haixenl),  1900; 

19(H.  1*'trim. 
Aeadimie  des  Intcriptioni  et  Bellet-Lettrei,  Comples  rendus, 

1900,  et  janv.-avril  1901 
Bulletin  de  la  Sociiti  d'anlkropoloffie  de  Pari»,  1900;   -  Tables 

générales,  1860-1899;  —  5>  série,  t.  I,  1900;  1901,  1. 
Bulletin  de  la  Société  de  botanique  de  France,  1900  ;  —  Table, 

1854-1893. 
Revue  de»  Etude*  hi»torique»,  66*  année,  1900. 
Mémoire»  et  Bulletin  de  la   Société  d'anthropologie  de  Pari», 

t.  I,  19O0.  3-4. 
Séance»  de  la  Société  française  de  physique,  1000, 3. 
Spelunca,  6*  année,  1900. 

Sutlettn  de  la  Société  phitom.  de  Pari»,  9*  série,  t.  II,  1900. 
Mém.  et  Bull,  de  la  Société  de  l'Hitt.  de  Parit,  t.  XXVII,  1900. 
Mémoiret  de  la  Société  zoologique  de  France,  t.  XIII,  1900  ;  Bult., 

t.  XXV. 
Bulletin  de  ta  Société  Belfortaine  d'Emulation,  n»  20,  1901. 
Académie  des  Sciencee,  Belle»- Lettre»  et  Art»  de  Besançon  :  Mé- 
moires et  documents  inédils  pour  servir  à  l'tiistoire  de  la 

Franche-Comlé,  l.  IX,  1900. 


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-  452  — 

Revue  vitieote  de  Franche-Comté,  1900  et  1"  sem.  1901. 
Bulletin  de  ta  Société  d'agriculture,  teiences  et  arti  de  la  Haute- 
Saône,  no31. 
Bulletin  de  la  Société  Grayloiae  d'Emulation,  1899-1900,  1?01. 
Uémoirei  de  la  Société  d'Emulation  de  Montbéliard,  t.  7CXVII  et 

XXVIII. 
Mémoires   de  la    Société  d'archéologie  Lorraine,  2°   semeslre, 

l.  XVIII,  1900. 
Mémoireê  de  la  SocUté  Editenne,  t.  XXVIII,  1900. 
Société  d'histoire  nalHrelle  d'Autun,  12°  Btillelin,   n"  2,  1899; 

13*  Bulletin,  1900. 
Revue  scientifique  du  Dourbonnais,  1900, 1'^  ti'ini.  1901. 
Société  d'Emulation  et  des  Beaux-ArU  du  liourlionnais,  1900. 
Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Ueaune,  i898-IJflK>. 
Bulletin  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  ilàcon,  1900, 17. 
Bulletin  de  la  Société  de»  sciences  naturelles  de  Saâne-et-Loire, 

1900,  l.  VII,  1-4,  1901. 
Journal  des  Naturalistes  [Société  d'histoire  naturelle  de  Màcûn), 

2"  vol.,!!"  3,  1901, 
Bulletin  de  la  Société  d'archéologie  de  l'Ain,  1900,  1901,  1  et  2. 
^nnalei  de  la  Société  d'Emulation  de  l'Ain,  1"  trimestre  1901. 
Société philomathique  Vosgienne,W  année,  1900-1901. 
Bulletin  desiéances  de  la  Société  des  Sciences  de  Nancy,  1900; 

janv.-fév.  1901. 
Bulletin  de  la  Société   des  sciences  naturelles  de  l'Yonne,  1899. 
lievue  Bourguignonne  de    l'enseignement  supérieur,  t.  X.  3-4  ; 

l.  XI,  1,  1901. 
Bulletin  de  la  Société  historique  de  Langret,  t.  IV  ;  Mémoires, 

in-4",  n-ll,  1900. 
Bulletin  d'histo'ire  ecclésiastique  du  diocèse  de  Valence,  etc.,  1900. 
de  la  Société  des  sciences  de  l'Yonne,  4*  série,  t.  IV, 

s  de  l'Académie  de  Dijon.  1899-1900. 

s  de  l'Académie  des  sciences,    belles-lettres  et  arts  de  Sa- 

'  série,  t.  Vlll,  1900. 

t  de  la  Société  des  sciences  naturelles  et  mathématiques 

rbourg.  t.  XXXI,  1900. 

de  la  Société  polymathique  du  Morbihan,  1898-1899. 


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—  453  — 
Société  des  antiquairei  de  Picardie,  bulletin  1899  et  igOU.  —  La 

Picardie  hislorique  el  moniimuiitale  (fonduLlon  Soyez),  n»  6. 

del'Album,  t.  I  :  arrondi  s  semé  ni  d'Aniions,  1893-1899. 
Mémoireê  de  l'Académie  ualionale  de  Caen,  1900. 
Société  académique  de  Brest,  2'  série,  l.  XXV,  1900. 
Société  d'Emulation  de  Roubaix,  3«  série,  t.  IV,  1898-1899. 
Revue  de  Saintonge  el  d'/lunû,  t.  XXI,  1901. 
Bulletin  de  lu  Commitaioa  de»  antiquité*  de  la  Seine -Inférieure, 

t    XIII,  1. 
Bulletin  de  la  Société    libre  d'Emulation,  du   commerce  et  de 

Vind'istrie  île  la  Seine- Inférieure,  à  Rouen,  18it9-1900. 
Préei»  analytique  de»  travitujc  de  l'Académie  des  bellet-lettret  et 

arts  de  Rouen,  1899-1900. 
Congrès  archéologique  Ue  France,   LXV»  session  à    Boui^es  en. 

1898. 
Reeue  historique  et  archéologique  du  Haine,  l.  47, 1900 
Bulletin  de  la  Société  historique  el  archéologique  de  l'Orléanais, 

t.  XII,  1900. 
Bulletin  de  la  Société  des  sciences  naturelle»   de   l'Ouest  de  la 

France,  t,  X,   1900. 
Bulletin  de  la  Société  d'agr.  de  la  Sarthe,  1900,  t.  XXX;  1901,  1. 
Revue  de  Saintonge  etd'Aunis,'2\'  vol.,  1901,  n"  2. 
Mémoires  <le  la  Société  académ.  de  Saint-Quentin,  l.  XIII,  1898. 
Bulletin  de  la  Société  archéolo-jiqae  du   Vendômois,  l.   XXXIX, 

1900. 
Bulletin  de  la  Société  Dunoite,  1900-1901,  n"  l!£i-137 
Annales  de  la  Société  hislorique  ei  archéologique  de  Château- 
Thierry,  1899. 
Revue  de  l'histoire  de  Versailles  ft  de  Seine-et-Oise,  1899  el  1900. 
Société  agricole  et  industrielle  d'Angers,  \82fd. 
Bulletin  de  ta  Société  historique  et  archéologique  du  Limousin, 

t.  LXIX.  2,  l'.IOl. 
Revue savoisienne,  1900  et  l"  lrimeplrel90l. 
Mémoires  ri  documents  de  la  Société  tavoiiienae   d'histoire  et 

d'archéologie,  t.  XXXIX, -i"  sériel.  XIV,  1900. 
Mémoires  de  la  Société  des  sciences  physiques  et  naturelles  de 

Bordeaux,  ô'  sùrie,  l.  V,  3>  —  Commission  méléorologique, 

1899-1900. 


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—  454  — 

Actea  de  la  Soeiiti  Unnétnne  de  Bordeaux,  6*  série,  t.   V,  1900. 

Catalogue  de  la  bibliothèque  de  taSoeiéli,  fasc.  11. 

Société  archéologique  de  Bordeaux,  t.  XXIt,  1697. 

Répertoire  de  la  SocUti  de  ttatUtique  de  Marteitte,  1899-1000. 

Mémoirci  de  l'Académie  de  MareeUle,  1899-1901. 

La  Diana  (Montbrison),  l.  XI,  1900-1901. 

Soeiiti  des  lettrée,  sciencea  et  arts  de  l'Avei/ron,  procès-verbaux, 
t.  XVIII,  1900;  —  Essai  de  la  Flore  du  Sud-Ouest  de  la 
France,  2*  partie,  1900. 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  du  tnidi  de  la  France,  2*  sé- 
rie in-8»,  n' 27, 1901. 

Bulletin  de  la  Société  dauphinoiêe  d'ethnographie  et  d'anthropo- 
logie, t.  VII,  1,  1901. 

SocUti  d'étudet  dee  Hautee-Alpei,  t.  IV,  1900,  t«r  irim.  1901. 

Bulletin  archéologique  du  Midi  de  la  France,  1900. 

Bulletin  de  la   Société   archéologique  de  Montpellier,  2*  série, 

1.  Xli,  2.  —  Cariulaire  des  abbayes  d'Aniane  el  de  Clellone, 
1900.  -  Mémoires,  l.  III,  n«  2.  [.  IV,  n»  1, 1900. 

Annales  de  l'Univertité  de  Lyon,  nouvelle  série,  t'.  II,  droit  et 

leltres,  fasc.  4-6  ;  se.  médic,  i.  I.,  fasc.  4, 1900-1901- 
Annales  de  la  Société  d'agriculture  de  Saint- Etienne,  1900-1901 . 
Bulletin  de  la  Société  de  statietîque  du  département  de  l'Itère, 

t.  IV,  1900. 
Bulletin  de  la  Société  d'études  de»  sciences  naturelles  de  Bétiers, 

1899. 
Revue  africaine,  n°  237-239,  1900. 

Sociité géologique  de  Belgique,  null..  l.  XXVI-XXVII,  1900  1901. 
Acadimie  royale  d'archéologie  de    Belijique,   Anvers,    5*  série, 

t.  [[,  no  4,  l.  m,  1.  Bull.,  IX  ;  1901  ;-  Annales,  5»  série,  1.  III. 

2,  1901. 

Annales  de  ta  Société  d'archéologie  de  Bruxelles,  t.  XIV,  2,  1900, 

annuaire,  1901. 
Annaleeto  hollendiana,  t.  XIX,  1900,  t.  XX,  1, 1901. 

téraire  de  Manchester  (mem.  et  proceedings),  1900- 

tches  Landesmuseutn  m  ZuricA,  Jaliresberichie,  1898- 

des  antiquités  suisses  (Anzeiger),  1900,  2-4;  1901. 


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—  455  — 

Antiquairea  de  Zurich.  B.  XXV,  H.  %  1901. 

Société  oaudoite  det  acieneei  naturelleê,  n*  138-139,  1900  et  1901. 

Société  neuehàtetoise  det  ëcienee*  nafureltea,  Bull.  18B7-189B;  — 

Tables.  1832-1897. 
Soc(^l£dej«cience*na(uiWl<MdeZuWch(Vienelsjahrschrim,100n. 
Société  de»  teiencet  .natarêltet  de  Bâle  :  L,  Rutlimeyer,  2  vol., 

1901. 
Berifkte  der  naturfonUclienden  geielUchaft  in  Freiburg  in  B., 

1901. 
Académie  royale  de  géologie  de  l'Empire  d'Autriche,  G-16,  1900; 

1-8,  1901. 
Académie   de»  tciertee*  de  ilunieh    (Sitzungsbericlile),    philo., 

1900;  mathém.,  n"  III.  —  Inhallsverzeiohniss,  1886-1899. 
Société  phyUco-éeonomique  de  Kœnigaberg  {Scliriften),  1900. 
Société    de»  science*  naturelle»  de    Brème    (abhandenlungen , 

t.  XVI,  l'jOO. 
Académie    det  tcience»   de  Berlin   (Sitzungeberichte),    XXXIX- 

LUI,  1900;  I-X1I,1901. 
Société  botanique  de  la  prouinee  de  Brandebourg  (verhandlun- 

gen),  1900). 
Académie  royale  de»  ecienecade  Stockholm  :  Bihang(Uénioires), 

t.  XXV  ;  «fversigt  (bulletin  ,  l.  LVII,  1900. 
Direction  de»  service»  géologique»  du  Portugal  :  monographie  .sur 

te  système  crétacé  du  Portugal,  par  M.  Puul  CholTat,  II. 
Société  littéraire  et  philotophique  de  Mancheeter,  1900-1901. 
Mémoires  de  la  Société  d'hi»toire  naturelle  de  Boeton,  proced, 

t.  V.  C-7;  l.  XXIX,  10-U.  —  Occasionals  papers,  t.  IV,  1900. 
Académie  de  Saint- Loui»{T emsuctions),  t.  VIII  el  IX,  1899-1900. 
Annales  du  Musée  national  de  Monteuideo,  t.  II,  14  et  15. 
Annual  report  of  tlie  Smiltsonian  Institution.  1898. 
Bull,  of  the  geonraphicat    Society   of  Philadetphia,  t.  Xl\ ,  i-% 

1901. 
Memorie  Mla  reggia  Aceademia  di  leienie  «d  artt  in  Modena, 

3'  série.  I.  II,  1900. 
Vnited  State»  Geological  Siiroey,  ao^  rappod,  1898-99,  t.  II-VII; 

—  Sloiiographa,  XXXIX-XL  ;  -  Bull.,  1C3-17U 
Société  d'Histoire  naturelle  du  Doubs  :  Notes  et  Bulletins  de  la 
fi  météorologique,  1901. 


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—  456  - 

Bulletin  de  la  Société  hMortque  de  Compié0ne,  t.  IX,  1899.  — 
Excursions  archéologiques  (1875-1900).  —  Fouilles  archéolo- 
giques sur  la  forêt  de  Compiëgne. 

Bulletin  et  ilémairei  de  la  Société  archéologigue  et  hiitorique  de 
la  Charente,  6'  série,  1900. 


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—  457  — 

MEMBRES  DE  L4  SOUtTfi 

Au  1"  Juillet  1901. 


Le  millésime  placé  en  regard  du  nom  d«  chaque  membre  indique  l'année 
de  sa  réceplLon  dans  la  Société. 

Les  membres  de  la  Société  qui  ont  racheté  leurs  cotisations  annuelles 
sont  désignés  par  un  astérisque  (')  placé  devant  leur  nom,  conrormément 
â  l'article  SI  du  règlement. 


Conseil  d'adminiatration  pour  1000. 

Pritident HH.  Airred  Vaissier  ; 

Premier  Vice-Pritident . .  Charles  Bonnet; 

Deuxième  Vice-Prétident .  Naroaud  (le  docteur); 

Secrétaire  décennal Heynier  (le  docletir)  ; 

Tréiorier FauQUIONON  ; 

Vice-Trésorier Poete  ; 

Archioisieê Kirchner  el  Maldiney. 

Secrétaire  honoraire M.  Bavoux  (Vital), 


Membres  bonoraires  |3SI. 
MM. 
Le  Général  commandant  le  7>  corps  d'armée  (M.  le  K^nëral 

Dkssirier). 
Le   Premier   Président    de   la  Cour   d'appel    de   Besançon, 

(M.  GOUGEON). 

L'Archevêque  de  Besançon  (S.  G.  M»'  Petit). 

Le  Préfet  du  département  du  Doubs  (.M.  Roger). 

Le  Gouverneur  de  la   place   de  Besançon    (H.   le   colonel 

CORBIN). 


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HH. 

Le  Recteur  de  rAcadémie  de  Besançon  (M.  Laronze). 

Lk  Procureur  général  près  la  Cour  d'appel  de  Besançon 
(M.  MOLINES). 

Le  Maire  de  la  ville  de  Besançon  (M.  Gondv). 

L'Inspecteur  d'Académie  à  Besançon  (M.  Guyon),  rue  Mon- 
cey,  4. 

Blanchard,  Em.,  membre  de  l'Inslilut  (Académie  des  sciences), 
professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle;  Paris.  —  1867. 

Delisle,  Léopold,  membre  de  l'tnslitut  (Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres),  administrateur  général  de  la  Biblio- 
thèque nationale.  —  1881. 

Grenier,  Edouard,  lauréat  de  l'Académie  française-,  ancien  se- 
crétaire d'ambassade  ;  Paris,  boulevard  Saint-Germain,  174,  el 
Baume-les-Dames  (Doubs).  —  1870. 

Weil,  Henri,  membre  de  l'Inslilut  (Académie  des  inscriptions 
el  bel  le  s- lettres),  doyen  honoraire  de  la  Faculté  des  leltres 
de  Besançon;  Paris,  rue  Adolphe  Yvon,  16.  —  1890. 

*  Dufour,  Mure,  docteur  en  médecine,  {Élu  membre  honoraire 
de  la  Société  en  1896),  k  Lausanne,  rue  du  Midi.  —  1886. 

Petit,  Jean,  statuaire,  rue  Denfert-Rochereau,  89,  Paris  (ilu 
membre  honoraire  de  la  fioeiitê  en  i896).  —  1866. 

Robert,  Ulysse,  inspecteur  Kénérul  des  bibliothèques  et  des 
aithives,  30,  avenue  Quihou,  à  Saint-Mandé  (Seine).  —  1896. 

Sire,  Georges,  correspondant  de  l'Institut,  essayeur  de  la  Ga- 
rantie {élu  membre  honoraire  de  la  Société  en  Î896),  Besan- 
çon, rue  de  la  Houillère,  aux  Chaprais.  —  1847. 

'  PiNGAUD,  Léonce,  correspondant  de  l'Institut,  prof,  d'hist. 
moderne  k  la  Faculté  des  leltres  de  Besançon  (élu  membre 
honoraire  de  la  Société  en  iS!)6),rueSaint-Vincent,17.  —  1874. 

Choffat,  Paul,  attaché  à  la  direction  des  services  géologiques 
du  Portugal  ;  k  Bordeaux  el  k  Lisbonne,  rua  do  Arco  a  Jeaus, 
113.  —  1869. 

Metzinger  (le  général),  commandant  le  15<  corps  d'armée,  à 
Marseille.  ~  1899. 

Rolland,  Henrl-Harius,  capitaine  de  vaisseau,  ancien  général 
"le  division  du  cadre  auxiliaire  en  1870-71,  en  retraite  à  Mar- 
eiBe,  rue  des  Dominicaines,  39.  —  1899, 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


HM. 

iJERaER,  Philippe,  membre  de  l'Inslîtut  (Académie  des  inscrip- 
tions et  belles- lettres),  pror.  au  collège  de  France.  —  1899. 

Bertrand,  Marcel,  membre  de  l'Académie  des  sciences,  inspec- 
teur général  des  mines.  —  1899. 

Membres  résidAiita  (1)  (136). 

AuBERT,  Louis,  ancien  maître  tailleur  au  5*  d'artillerie.  Grande- 
Rue,  121.  —  1896. 

Bader,  bijoutier,  rue  des  Granges,  21.  —  1870. 

Baioue  (le  docteur),  professeur  suppléant  à  l'école  de  méde- 
cine, rue  Morand,  5.  —  1897. 

Baudin,  Léon,  docteur  en  médecine,  directeur  du  bureau  d'Hy- 
giène de  Besancon,  GrandeHue,  86  bU.  ~  1885. 

'  Bavoux,  Vital,  receveur  principal  des  douanes  en  retraite; 
Fontaine-Ecu,  banlieue  de  tiesancon.  —  1853. 

Beauquieb,  Charles,  archiviste-paléographe,  député  du  Doubs  ; 
Honijoux,  banlieue  de  Besançon.  —  1879. 

DE  Beausëjour,  Gaston,  ancien  capitaine  d'artillerie,  place 
Saint-Jean,  6  —1897. 

BëJanin,  Léon,  propriétaire,  Grande-Hue,  39.  —  1885. 

'  Berdkllé,  ancien  garde  général  des  Toréts,  Grande-Kue,  112. 
—  1880. 

'  BE330N  (Paul),  lieutenant-colonel  au  40^  d'artillerie,  à  Verdun 
(Meuse).  ~  1894. 

BoNAME,  Alfred,  photographe,  rue  de  la  Prérecture,  10.  —  1874. 

Blondbau,  substitut  du  Procureur  de  la  République,  à  Besan- 
çon. ~  1895. 

Bonnet,  Charles ,  pharmacien ,  ancien  conseiller  municipal , 
Grande-Rue,  35.  —  1882. 

BosQ,  notaire  à  Besançon,  Grande-Rue,  70.  —  1899. 

Bossv,  Léon,  Tabricant  d'horlogerie,  rue  de  Lorraine,  9.  — 1896. 


(1)  Dans  cette  catégorie  Agurent  plusieurs  membres  dont  le  domicile 
habituel  est  hors  de  Besancon,  mais  qui  ont  demandé  le  titre  de  résidant 
alln  de  payer  le  maximum  de  la  cotisation  et  de  contribuer  ainsi  d'une 
manière  plus  large  aui  travaux  de  la  Société. 


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—  460'— 
HH. 

"  BoussEY,  prof,  agrégé  d'histoire  au  Lycée,  secrétaire  perpé- 
tuel de  l'Académie  de  Besançon,  Grande-Rue,  H6.  —  1883. 

BOUTTERIN,  Fiariçois-Marcel ,  architecte,  professeur  à  l'Ecole 
municipale  des  Beaux-Arts,  rue  Saint-Antoine,  4.  —  IS?*. 

Bouvard,  Louis,  avocat,  ancien  b&tonnier  de  l'ordre,  ancien 
conseiller  municipal,  rue  Morand,  16.  —  1868. 

BOYSSON  d'Ecole,  Alfred,  rue  de  la  Préfecture,  24.  —  1891, 

Bretenet,  chef  d'escadron  d'artillerie,  rueSl-Pierre,  15.— 1885. 

Bretillot,  Maurice,  banquier,  memtire  de  la  Chambre  de  com- 
merce, rue  Charles  Nodier,  9.  —  1857. 

Bretillot,  Paul,  propriétaire,  rue  de  la  Préfecture,  21.  —  1857, 

Bruchon  (le  docteur),  professeur  honoraire  à  l'Ecole  de  méde- 
cine, médecin  des  hospices,  Grande-Rue,  84.  — 1860. 

Bruchon,  Henri  (le  docteur),  professeur  suppléant  à  l'Ecole  de 
médecine,  Grande-Rue,  117.  —  1895. 

BuBLET  (l'abbé),  chanoine-archiprétre,  curé  de  Saint-Jean.  — 
1881. 

CÉNAY,  pharmacien,  avenue  Carnot,  26.  —  1897. 

Chapov,  Léon  (le  docteur),  ancien  directeur  de  l'Ecole  de  mé- 
decine, Grande-Rue.ll.  —  1875. 

DE  Chardonnett  (le  comte),  ancien  élève  de  l'Ecole  polytech- 
nique, &  Besancon,  rue  du  Perron,  20,  et  k  Paris,  rue  Cam* 
bon,  43.  —  1856. 

Charlet,  Alcide,  avocat,  rue  des  Granges,  74.  —  1872. 

Chipon,  Maurice,  avocat,  ancien  magistrat,  rue  de  la  Préfec- 
ture, 25.  —  1878. 

*  Chotard,  Henri,  doyen  honoraire  de  la  Faculté  des  lettres 
de  Clermont-Ferrand,  rue  de  Vaugirard,  61,  à  Paris. —  1866. 

Clerc,  Edouard- Léon,  représentant  de  commerce,  rue  du  Cbas- 
not,  12.  --  1897. 

CoiLiXtT,  pliarmacien,  rue  Battant,  2,  et  quai  de  Stra!~])Ourg,  1. 
-  1884. 

CoLSENET,  Edmond,  professeur  de  philosophie  et  doyen  de  la 
Faculté  des  lettres,  ancien  conseiller  municipal,  me  Gran- 
velle,  4.  — 1882. 

CoRDiER,  Palmyr,  agent  principal  d'assurances,  conseiller  mu- 
nicipal, rue  des  Granges,  37.  -- 1885. 


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MM. 

Cornet,  Joseph,  docteur  en  médecine,  aux  Chaprais, rue  des 
Chaprais,  5.  —  i887. 

CossoN,  Maurice,  ancien  trësorier-payeur  général  du  Doubs, 
rue.  du  Chaleur,  20.  —  1886. 

CouLON,  Henri,  avocat,  ancien  bâtonnier  de  l'ordre,  rue  de  la 
Lue,  7.  — 1856. 

CouRGËV,  avoué,  rue  des  Granges,  16.  —  1873. 

COURTOT,  Théodule,  commis- greflier  à  la  Cour  d'appel;  à  ta 
Croix -d'Are  nés  (banlieue).  —  1866. 

DcLACHOrx,  Emile,  essayeur  au  bureau  de  la  Garantie  de  Be- 
sançon, place  de  l'Elat-major,  18.—  (1877)-1895. 

DiFTRiCH,  Bernard,  ancien  négociant,  Grande-Rue,  71  et  Beau- 
regard  (banlieue).  —  1859. 

DiETRiCH  (le  docteur»,  rue  Saint-Pierre,  20,  — - 1892. 

DoDivERS,  Joseph,  imprimeur,  Grande-Rue,  87.  —  1875. 

'  Dreyfus,  Victor-Marcel,  docteur  en  médecine,  rue  de  la 
Houillère  (aux  Chaprais).  —  1889. 

Drouhard,  Paul,  conservateur  des  hypothèques  en  retraite, 
rue  Saint-Vincent,  18.  —  1879. 

Drouhard  (l'abbé),  chanoine,  rue  Saint-Jean.  —  1883. 

Droz,  Edouard,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  rue  Mon- 
cey,  7.  —  1877. 

DuBOURO,  Paul,  ancien  président  de  la  Chambre  de  commerce, 
ancien  membre  du  Conseil  général  du  Doubs,  rue  Charles 
Nodier,  28.  — 1891. 

EvDOUX,  Henri-Ernest,  administrateur  des  magasins  du  Bon- 
Marché,  Grande-Hue,  73.  —  1899 

Ethis,  Edmond,  propriétaire,  Grande-Rue,  91.  —1860. 

Fauquionon,  Charles,  ancien  receveur  des  postes  et  télé- 
graphes, me  des  Chaprais,  5,  —  1885. 

FouRNiER,  professeur  de  géologie  à  l'Université  de  Besancon. 
-  1899. 

Flusin,  Georges,  agent  d'assurances,  Grande-Rue,  23.  —  1898. 

Fbancev,  Edmond,  avocat,  membre  du  Conseil  général  du 
Doubs,  ancien  adjoint  au  maire,  rue  Moncey,  1.  —  1884. 

Gauderon  (le  docteur),  Eugène,  professeur  de  clinique  à  l'Ecole 
de  médecine,  Grande-Rue,  123.  —  1886. 


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MH. 

•Gauthier,  Jules,  *,  archiviste  du  département  du  Doubs, 
membre  non  résidant  du  Comité  des  Travaux  historiques  et 
archéologiques  et  du  Comité  des  Reaiix-Arts,  au  Ministère 
de  l'Instruction  publique,  rue  Charles -Nodier,  8.  —  1866. 

GiRARDOT,  Albert,  géologue,  docteur  en  médecine,  rue  Saint- 
Vincent,  15. —  1876. 

Grosjean,  Alexandre,  jt,  avocat,  conseiller  municipal,  adjoint 
au  maire,'  membre  du  Conseil  général  du  Doubs,  quai  Veil- 
Picard,  39.  — 1876. 

Grosrichard,  pharmacien,  place  du  Marché,  17.  —  1870. 

Gruev,  proresseur  d'astronomie  à  la  Faculté  des  sciences,  direc- 
teur de  l'Observatoire  de  Besançon.  —  1882. 

*  GflUTER,  médecin-dentisie,  square  Saint-Amour,  7.  —  1880. 

GuiLLEHiN,  Victor,  artiste  peintre,  rue  des  Granges,  21. —  1884. 

Haldy,  Léon-Emile,  rue  Saint-Jean,  3.  —  1879. 

Hkitz  (le  docteur),  proresseur  à  l'Ecole  de  médecine,  Grande- 
Rue,  45.  —  1888. 

Henry,  Jean,  docteur  es  sciences,  Grande-Rue,  129.  — 1857. 

Métier,  François,  botaniste;  à  Mesnay-Arbois  (Jura).  — 1895. 

d'Hotelans,  Octave,  rue  Charles  Nodier,  12.  —  1890. 

Jacot,  Adolphe,  employé  à  la  préfecture,  rue  Charles  Nodier,  6. 
-  1896. 

JouBiN,  doyen  de  la  Faculté  des  sciences,  conseiller  munidpal, 
à  Beauregard.  —  1894. 

KincHNEB,  ancien  négociant,  quai  Veil-Picard,  55  6m.  —  1895. 

'  KoLLEH,  propriétaire,  ancien  conseiller  municipal,  ancien 
membre  du  Consoil  d'arrondissem.  de  Besançon;  au  Perron- 
Chaprais.  —  1856. 

Lambert,  Maurice,  avocat,  ancien  magistrat,  quai  de  Stras- 
bourg, 13.  —  1879. 

Lahmet,  Jules,  médecin-vétérinaire,  conseille!'  municipal,  ad- 
joint au  maire,  avenue  de  Fontaine-Argent,  8.  —  1884. 
DOUX,  Emile  (le  docteur),  quai  de  Strasbourg,  13.  —  1875. 
îFFROY,  Aimé,  propriétaire,  conseiller  général  du  Jura,  rue 
:;harles  Nodier,  11.  —  1864. 

ME,  Cl  au  de- François,  négociani,  aux  Chaprals.  —  i883. 
uvoT,  Emmanuel,  notaire,  Grande-Rue,  14.  — 1885. 


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HH. 

LouvoT  (l'abbé  Fernand),  chanoine  honoraire  de  Ntmes,  curé 

de  Gray.  — 1876. 
HAifie,  Alfred,  président  à  la  Cour  d'appel,  rue  du  Chateur,  12. 

—  i870. 

Haes,  Alexandre,  serrurier- mécan icien ,  rue  du  Mont-Sainte- 
Marie,  10.  — 1879. 

Magnin  (le  docteur  Ant.),  profes.seur  à  la  Faculté  des  sciences, 
directeur  de  l'Ecole  de  médecine,  conseiller  municipal^  ancien 
adjoinl  au  maire,  rue  Proudhon,  8.  —  1885. 

Mairot,  Henri,  banquier,  ancien  conseiller  municipal,  ancien 
président  du  tribunal  de  commerce,  rue  de  la  Préfecture,  17. 

—  1881. 

Maldinev,  Jules,  chef  des  travaux  de  physique  à  la  Faculté 
des  sciences.  —  1889. 

Mandbillon,  avocat,  Grande-Rue,  19.  —  1894. 

Handereau  (le  docteur),  professeur  à  l'Ecole  de  médecine,  Ins- 
pecteur de  l'Abattoir,  rue  Saint- An  toi  ne,  6.  —  1883. 

Marchand,  Albert,  ingénieur,  administrateur  délégué  des  Sa- 
lines de  Miserey.  —  1888. 

Mabquiset,  Alfred  (comte),  rue  Gounod,  1,  à  Paris.  —  1897. 

*  Martin,  Jules,  manufacturier,  rue  Sainte-Anne,  8.  —  1870. 

Masson,  Valéry,  avocat,  rue  de  la  Préfecture,  10,  —  1878. 

Matile,  fabricant  d'horlogerie,  rue  Saint-Pierre,  7.  —  1884. 

Mauviluer,  Pierre-Emile,  photographe,  rue  de  la  Préfectui-e,  3. 

—  1897. 

MÉTiN,  Georges,  agent-voyer  d'arrondissement;  à  Canot.  — 
1868. 

Mevnier  (le  docteur),  Joseph,  médecin  principal  de  l'armée  ter- 
ritoriale, rue  Ronchaux,  3.  —  1876. 

HicuKL,  Henri,  architecte-paysagiste,  professeur  à  l'Ecole  des 
Beaux-Arts;  Fontaine-Ecu  (banlieue).  —  1886. 

HioT,  Camille,  négociant,  membre  de  la  Chambre  de  commerce, 
Grande-Rue,  104.  —  1872. 

HiOT,  Louis,  avocat,  Grande-Rue,  104,  —  1897. 

Mo^4TENOlSE,  avocat,  rue  de  la  Madeleine,  2.  —  1894. 

MOBLET,  Jean-Baptisle,  ancien  conseiller  municipal,  membre 
de  la  Chambre  de  commerce,  rue  Proudhon,  6.  —  1890.- 


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MM. 
Nahgaud,  Arthur,  docteur  en  médecine,  quai  Veil-Picard,  17. 

—  1875. 

NiCKLÈs,  pharmacien  de  1'»  classe,  Grande-Rue,  128.  —  1887. 
*  Ordinaire,  Olivier,  consul  de  France;  à  Maiziëres  <Doubs). 

—  1876. 

OuTHEN  IN- Chaland  RE,  Joseph,  membre  de  la  Chambre  de  com- 
merce, rue  de  la  Préfeclure,  18.  —  1858. 

Pabizot,  inspecteur  honoraire  des  Enfants  assistés,  rue  du 
Clos,  10.  —  1892. 

Pateu,  entrepreneur,  ancien  conseiller  municipal,  avenue 
Carnet.  —  1894. 

Pebbuche  de  Velna  ,  conseiller  à  la  Cour  d'appel ,  rue  Saint- 
Vincent,  «.  —  1870. 

"  PINGÀVD,  Léonce,  correspondant  de  l'Institut,  professeur 
d'histoire  moderne  à  la  Faculté  des  lettres  (élu  membre  ho- 
noraire en  1896),  rue  Saint-Vincent,  17.  —  1874. 

Poète,  Marcel,  conservateur  de  la  Bibliothèque  de  la  Ville, 
avenue  Garnot,  10.  —  1894. 

Pbinet,  Max,  conservateur  adjoint  de  la  Bibliothèque  de  ta  Ville, 
rue  du  Clos,  16.  —  1895, 

RÉMOND,  Jules,  notaire,  Grande-Rue,  31.  —  1881. 

'  Renaud,  Alphonse,  docteur  en  droit,  sous-chef  à  la  direc- 
tion générale  de  l 'En  régi  sir.;  Paris,  rue  Scheffer,  25.  —  18CT. 

IticKLiN,  notaire,  rue  des  Granges,  38,  étude  :  Grande-Rue,  121. 

—  1879. 

Riqny  (l'abbé),  chanoine  honoraire,  Grande-Rue,  52.  —1886. 

ItOBEHT,  Edmond,  fabricant  d'aiguilles  de  montres,  faubourg 
Tarragnoz.  —  1886. 

Roland  (le  docteur),  professeur  à  l'Ecole  de  médecine,  rue  de 
l'Orme-de-Chamars,  10.  —  1899. 

Saillabd,  Albin  (le  docteur),  sénateur,  membre  du  conseil  gé- 
néral du  Doubs,  place  Victor  Hugo,  et  à  Paris,  rue  N.-D. -dos- 
Champs,  75.  —  1866. 

Saillard,  Eugène,  ancien  directeur  des  postes  du  déparlement 
du  Doubs-,  Beauregard  (banlieue  de  Besancon).  —  1879. 

de  Sainte-Agathe  (le  comte  Joseph),  avocat,  archiviste-paléo- 
graphe, rue  d'Anvers,  3.  — 1880. 


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HH. 

Sancev,  AJfred,  négociant,  Grande-Rue,  11.  —  1899. 

Serres,  Achille,  pharmacien,  place  Saint-Pierre,  6.  — 1883. 

Simonin,  archilecle,  rue  du  Lycée,  13.  —  1892. 

SIRE,  Georges,  correspondiinl  de  l'Institut,  essayeur  de  la  Ga- 
rantie, félu  membre  honoraire  de  la  SocîiU  en  1896),  rue  de 
la  Houillère,  auï  Chaprais.  —  1847. 

SoucuoN,  Gaston,  capitaine  au  4<>  cuirassiers;  Villa.s  bison- 
tines, 3.  —  1901. 

SucHïT  (le  chanoine)  rue  Casenat,  1.  —  1894. 

Thouvenin,  Frantois-Maiirice,  pharmacien  supérieur,  profes* 
seur  à  l'Ecole  de  médecine  et  de  pharmacie,  Grande-Bue,  136. 

—  1890. 

TiSsoT,  H.,  président  du  tribunal  de  commerce,  rue  SaJnt-Vin- 

cenl,  7.  —  1899. 
Trucris  de  Vabennes  (viconile  Alhéric  de),  rue  de  la  Lue,  9. 

—  1900 

Vaissier,  Alfred,  conservateur  du  Musée  archéologiijue,  Grande- 
Rue,  109.  —  1876. 

Vaissier,  Georges  (le  docteur),  chef  de  clinique  médicale  de 
l'hôpilal  Saint-Jac()ues,  Grande-Rue,  109.  —  1398. 

■  Vandel,  Maurice,  ingénieur  des  aria  et  manufactures,  à  la 
Rochelaillée,  par  Siiînt-Uze  (Urrtme).  —  1890. 

'  Vauthebin,  Raymond,  ancien  capitaine  du  génie,  villa  Sainte- 
Colombe,  rue  des  V  ieil les -Perri ères.  —  1897. 

Vernier,  Léon,  professeur  â  la  Faculté  des  lettres,  rue  Sainte- 
Anne,  10.  —  1883. 

DE  Vezet  (le  comte  Edouard),  ancien  lieutenant-colonel  de 
l'armée  territoriale,  rue  Charles  Nodier,  17  ter.  —  1870. 

VÉziAN,  Alexandre,  doyen  honoraire  de  la  Faculté  des  sciences; 
Villas  bisontines.  —  1860. 

Vieille,  Gustave,  architecte,  inspecteur  déparlemenlat  des 
sapeurs-pompiers,  rue  des  Foulenottes,  sous  Beauregard.  — 
1889. 

Wehrlé,  négociant,  rue  Battant,  11.  —  1894. 


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Membres    correapond&iitB    (103), 

MM. 

*  Almand,  Victor,  capitaine  du  génie,  officier  d'ordonnance  du 
général  Carelte;  à  Marseille. 

André,  Ernesl,  notaire;  me  des  Promenades,  17,  Gray  (Haute- 

SaAne).  —  1877. 
Arnal,  Amédée,   t ré soriei- payeur;  à  Libreville  (Congo).  — 

1872. 
'  Bardet,  juge  de  paix;  &  Brienne  (Aube).  —  1886, 
Barbiisr,  Charles,  agriculteur;  à  la  Tour-de-Sçay.  —  1899. 
DE  BeausëJOUr,  Eugène,  ancien  magistrat;  Lons-le-Saunier.  — 

1897. 
Bërtin,  Jules,  médecin  honoraire  des  hospices  de  Gray{Haute- 

Sadne),  quai  du  Sainl-Espril,  1.  —  1897. 
'  Besson,  ingénieur  de  la  Compagnie  des  Torges  de  Franche- 
Comté;  Courchapon  (DoubsJ.  — 1859. 
Bettend,  Abel,  imprimeur-lithugiaphe;  Lure  (Haute-Saône). 

—  1862. 
Bey-Rozet,  Charles,  propriétaire  et   pépiniériste;   à  Harnay 

(Hle-Saône).  —  1890, 
BlXlO,  Maurice,  agronome,  membre  du  conseil  municipal  de 

Paris;  Paris,  quai  Voltaire,  17.  —  1866. 
BizoB,  Gaston,  recteur  de  l'Académie  de  Bordeaux.  —  1874. 
BoissELET,  Joseph,  avocat;  Vesoul  (Haute-Saône).  —  1866. 

■  BnEDiN,  professeur  honoraire;  à  Conllandey,  par  Porl-sur- 
Saône  (Haute-Saône).  — 1857. 

•  Briot,  docteur  en  médecine,  membre  du  conseil  général  du 
Jura;  Chaussin  IJura).  —  1869. 

DE  Broissia  (le  vicomte  Edouard  Froissard);  à  Blandans,  par 
Domblans  (Jura).  —  IK92. 

■  Bruand,  Léon,  iuspucleiir  dfs  forêts;  Paris,  rue  de  la  Planche, 

11  bit.  —  1B81. 
Burin  du  Buisson,  préfet  honoraire;  à  Besançon,  rue  Honcey, 

9,  et  à  Cramans  (Jura).  —  1878. 
Castan,  Francis,  général  d'artillerie  en  retraite;  à  Versailles  et 

à  Besançon,  Grande-Rue,  105.  —  1860. 


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—  467  — 
HH. 
Chapoy,  Henri,  avocat  à  la  Cour  d'appel  de  Paris;  rue  des 
Saints-Pères,  13.  —  1875. 

*  C/rOKF^  7*,  Paul,  attaché  k  ladireetion  rteR  travaux  géologiques 

du  Portugal  ;  Lisbonne,  rua  do  Arco  a  Jesuî<,  113.  ~  1868, 
'  Cloz,  Louis,  professeur  de  dessin  ;  k  Siilins.  — 1863. 
CoNTET,  Charles,  professeur  agrégé  de  mathématiques  en  re- 
traite i  aux  Arsures  (Jura).  —  1884. 

■  CONTEJEAN,  Charles,  géologue,  professeur  de  Faculté  hono- 
raire et  conservateur  du  musée  d'histoire  naturelle;  A  Paris, 
rue  de  Monlessuis,  9.  —  185t. 

COHDIEH,   JulesJoseph,   receveur  principal   des  domaines;  à 

Blamont.  —  1862. 
CoRDiKR,  Palmyr,  médecin  des  colonies,  et  à  Besancon  rue  des 

Granges,  3.  —  1896. 
CosTE,  Louis,  docteur  en  médecine  et  pharmacien  de  l'a  classe, 

consenateur  de  la  bilttiothëque  de  la  ville  de  Salins  (Jura). 

—  1866. 

Courbet,  Ernest,  bibliophile,  trésorier  de  la  ville  de  Paris, 
rue  de  Lille,  1  -1874. 

Daubian-Delisli:,  Henri,  ancien  directeur  des  contributions 
directes,  ancien  président  de  la  Société  d'Emulation  du 
Doubs;  Paris,  avenue  de  Wagram,  86.  —  1874. 

*  Derosne,  Charles,  maître  de  forges  ;  à  OUans,  par  Cendrey.  — 

1880. 

*  DEtiLLiN,  Eugène,  banquier;  Epernay  <Harne).  —  1800. 

'  Devaux,  ancien  pharmacien,  juge  de  paix;  Gy  i Haute -Sadne). 

—  1860. 

■  DUFAV,  Jules,  notaire;  Salins  (Jura)  —  1875. 

Feuvrier  il'abbé),  chanoine  honoraire,  curé  de  Montbéliard 
(Doubs).  —  1856. 

Feuvrier,  Julien,  professeur  au  collège  de  Dole,  faubourg 
d'Azans.  —  1893. 

FlLSJEAN  (l'abbé),  licencié  en  lettres,  anc.  professeur  au  sémi- 
naire d'Ornans  ;  Paris,  rue  du  Cherche-Hidi,  88.  —  1896. 

Gascon,  Edouard,  conducteur  des  ponts  et  chaussées  en  re- 
traite, président  du  comice  agricole  du  canton  de  Fontaine- 
Française  (Côte-d'Or).  ~  1868. 


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MM. 

Gascon,  I>jii<<,  profes?.  au  Ijrcée  \mpère  ;  LfOD-SuDl-Rambert. 

CaL'ksis,  (>H<^(in,  secrétaire  honoraire  des  Facultés,  à  Paris, 

nie  UeHfert-Kocbereau,  41.  —  1891. 
Galthier, Lûin,  areluvîsle  paléographe;  Paris, boulevard  Saint- 

Uemiain,  HU.  —  1896. 
Gal'thikh,  do<:leiir  en  iné<lei.*ine,  séDaleur  de  la  Haute-Sa6ne; 

Liixeiiîl  (Uaute-Sa6nej.  ~  1886. 
GevREV,  Alfred,  ix>nseiller  à  la  Citiir  d'appel  de  Grenoble;  rue 

des  Mfien,  9.  —  1860, 
GlRAHOiEH,  notaire;  à  lH>le  Jura).  —  1897. 
tiiROb,  Paiit,  pmfe<i--ifur  »  la  Faculté  des  scienu^s  et  à  l'Ecole 

d«  niédei:ine  de  Cteniiorilferrand;  rue  Blatin,S6.  ~  1882. 

*  Guillemot,  Antoine,  ardiiviste  de  la  ville  de  Tliiers  (Puy-de- 
Dôme).  —  1854. 

llUART,  4rtliur,  ancien  avocat-général;  rue  Picot,  9,  Paris.  — 

1870. 
Jeannolle,  Charles,  pharmacien  ;  Fonlenay-le-Chàteau  (Vo^es). 

—  187C. 
JoLlEH-,  Ga.<<ton,  préfet  de  la  Vienne;  Poitiers.  —  1877. 
Laforest  (Marcel  Pécon  dk>,  liculenant  d'infanterie;  à  Brest 

et  â  Besancon,  rue  du  Mont-Sain  te- Marie,  8.  —  1895. 

*  Laurent,  Ch.,  ineénieur  civil;  Paris,  rue  de  Chabrol,  35. — 
1860. 

Lebault,  Armand,  docl-  en  médec.  ;  Saint-Vil  (Doubsi     -  1876, 
Lechevalieh  ,  Emile,  libruire-éditeur;  Paris,  quai  des  Grtmds- 

AiiRustins,  39,  à  la  librairie  des  provinces.  —  1888. 
Le  Mire,  Paul-Noëi,  avocat;    Mirevent,  près  Ponl-de-Poitte 

(Jura]  et  rue  de  la  Préfecture,  à  Dijon.  —  1876. 
Lhommk,  botanisie,  secrétaire  de  ia  mairie  de  Vcsoul  iHaute- 

Saône),  rue  de  la  Muiriii.  —  1875. 

*  LiaiER,  Arthur,  pharmacien,  membre  du  Conseil  général  du 
Jtira;  Salins  (Jura).  —  186:1. 

LONGiN,  Emile,  ancien  magistrat;  rue  du  Collège,  12,  à  Dole 

(Jura).  —  1890. 
Madiot,  Victor-Erancoi.s,  pharmacien  ;  Jussey  |Ilaute-Sadne|.  — 


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Mit. 

'  Hassinq,  Camille,  manuEaclurier  à  Putlelange-lez-Sarralbe 
(Lorraine  allemande).  — 1891. 

OK  Uarmier  lie  duc),  membre  du  Conseil  général  de  lu  Haute- 
Saône;  au  cUàLeau  de  Ray-sur- Saône  (Haute-Saône).— 1867. 

'  Mathkv,  Charles,  pharmacien  ;  Urnaus  (Doubs).  —  1856. 

DE  Henthon  (le  coiiiie  Ituiié);  Menthon-Sai ni- Bernard  (Haute- 
Savoie),  et  cliille;i<i  de  Sainl-Loup-lez-Gray ,  par  Gray. 
-1854. 

■  DE  HoNTET,  Albert  ;  Chardon ne-sur-Vevey  (Suisse).  —  1882. 

MouHEV  (l'iibbé),  curé  à  Borey,  par  Noroy-le- Bourg  (Haule- 
Saùiief.  —  1880. 

Mourût  (l'ahbé),  curi-  de  [loulans  (Doubs).  —  1899. 

DE  MousTiER  (le  marquis),  dépuié  et  membre  du  Conseil  géné- 
ral du  Doubs;  château  Bournel,  par  Kougemont  (Doubs),  et 
Paris,  avenue  de  l'Aima,  15.  —  1874. 

*  Nardin,  Léon,  pharmacien;  Bellort.  —  1900. 

Paris,  docleur  en  médecine,  médecin  des  bains  de  Luxeuil 
(Haute-Saône).  —  1866. 

DE  Perpigna  ,  Charles- Antoine,  propriétaire;  Paris,  rue  de 
Berne,  il.  —  1888. 

Petitclerg,  Paul,  géologue;  Vesoul,  rue  de  l'Aigle-Noir,  17.  — 
1881. 

'  PiAOET,  Arthur,  archivi.'tte  cantonal  et  professeur  à  l'Académie 
de  Neucliatel  (Suisse).  —  1899. 

PiDOUX,  André,  archiviste  paléographe;  à  Foucherans,  près 
Dole  (Jura).  -  liKH. 

PiROUTïT,  Maurice,  t^éulogue;  à  Salins.  —  1898. 

PiQUABD,  Léon,  docleur  en  médecine;  à  Chalèze  (Doubs).  — 
1890. 

Piquerez,  Charles,  explorateur;  k  Besancon,  rue  du  Chasnot. 
—  1898. 

Prost,  Bernard,  inspecteur  des  archives  et  des  bibliothâ<|ue9 
au  ministère  de  l'Instruclion  publique  et  des  Beaux-Arts; 
Paris,  avenue  Rapp,  7.  —  1857, 

Hambaud,  Alfred,  sénateur,  membre  du  Conseil  général  du 
Doubs,  ancien  ministre  de  l'instruction  publique  et  des  Beaux- 
Arts:  Paris,  rue  d'Assas,  7G.  —  1881. 


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HH. 

Kenauld,  Ferdinand,  botaniste,  ancien  commandant  du  palais 
de  Monaco;  rue  des  Templiers,  à  Vence  (Alpes-Maritimes).  — 
1875. 

Richard,  Auguste,  phannacien;  Nice,  rue  Hiron,  27,  et  Autel 
(Haute-Saône).  —  1876. 

*  Richard,  Louis,  médecin-major  de  i"  classe  au  27*  régiment 
d'infanterie;  ft  Dijon,  ii,  rue  des  Rose!;.  —  1878. 

RippsO'abbé),  curé  d'Arc-lez-Gray  IHaule-Sadnel.  —1882. 
Robert  aîné;  au  château  de  Conflan?,  Charenton  fSeitie).  — 

1898. 
Robinet  (l'abbé),  Hélitin,  curé  de  Revigny,  par  Conliège  (Jura). 

—  1889. 

RouTHiER,  Joseph-Prosper.  atlnchë  à  la  Préfecture  de  la  Seine; 

Paris,  rue  Flatters,  10.  —  188C. 
RouzET,  Charles-François ,  architecte;   k   Michelet,   province 

d'Alger  (Algérie).  — 1898. 
Roy,  Emile,  professeur  k  la  faculté  des  lettres  de  Dijon,  rue 

de  Mirande,  9.  —  18!W. 
Roy,  Jules,  professeur  à  l'Ecole  des  Charles  ;  Paris,  rue  Spon- 

lini,  9.  —  1867. 
'  RossiGNOT  U'abbé),  Auguste,  curé  de  Mamirolle  (Doubs).  — 

1885. 
Saguo,  Camille,  directeur  des  forges  d'Audincourt  (Doubs).  — 

1896. 

*  Saillard,  Armand,  négociant;  Villai-s-lez-Blamont  (Doubs). 

—  1877. 

DE  SCEy(le  comte  Gaotan);  à  Souvans,  par  Honl-sous-Vaudrey 

(Jura).  -  1897. 
Stourme,  docl.  en  médecine;  à  Lyon,  cours  Morand.  25.  —1896. 
SURLEAU,  directeur  de  la  succursale  de  la  banque  de  France;  à 

Rouen.  —  1886. 

*  DE  Saussueœ,  Henri,  naturaliste  ;  à  Genève,  Cité  34,  et  à  Yvoirc 
(Haute-Savoie).  — 1854. 

Travelet,  Nicolas,   propriétaire,   maii-e   de  Boui^ignon-lez- 

Morey  (Haute-Saône).  —  1857. 
'  Travers,  Emile,  ancien  archiviste  du  Doubs,  ancien  conseiller 

de  préfecture  ;  Caen  (Calvados),,  rue  des  Chanoines,  18.  ~  1869. 


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-  471  — 
MH. 

'Tripplin,  Julien,  représenlanl  de  l'horlogerie  bisontine  et 
vice-président  de  l'Institut  des  horlogers;  Londres  :  Bartiett's 
Buildings,  5  (Uolbom  Circus),  E.  C,  el  Belle-Vue  (Heathflelâ 
Gardens,  Chiswick,  W),  —  1868. 

Tui^EV,  Alexandre,  sous-chef  de  la  section  législative  et  judi- 
ciaire aux  Archives  nationales;  Paris,  rue  de  Poissy  31.  — 
1863. 

Vaissieh,  Jules,  Tabi'iiMJil  de  papiers;  Paris,  rue  Edouard-De- 
taille,  5,  —  1877. 

Varaionk,  dii-ecteur  des  conlrihulions  indirectes  en  retraite; 
Paris,  rue  Lauiiï^loii,  80.  —  1856. 

Vendrely,  pharmai^ieii  ;  Chainpagney  flluule-SaAne).  —  18S3. 

Vebnerev,  noiuire;  Aniancey  (DouliS).  —  1880. 

VtELLARD,  Léon,  propriétaire  et  maître  de  forges;  Morvillars 
(territoire  de  Belfort).  —  1872. 

*  Wallon,  Henri,  agrégé  de  l'Université,  manufacturier;  Rouen, 
Val  d'Eauplet,  48.  —  1868. 


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MEHBRtS  DE  LA  SOCitTi  DÉCADES  EN  1900-1901 


MM. 

CouTENOT  (le  docteur),  Francis,  médecin  honorMre  des 

hospices. 
Dhapeyron,  professeur  d'histoire  au  lycée  Charlemagne, 

à  Paris. 
Maibot,  Félix,  banquier,  ancien  président  de  la  chambre 

de  commerce. 
GuicHARD,  Albert,  ancien  président  du  tribunal  de  com- 

Lebeau,  administrateur  de  la  Compagnie  des  Forges  de 

Franche-Ck)mté. 
Hachard,  Jules,  peintre  d'histoire. 
Parandikr,  ancien   inspecteur  général   des    ponts   et 

chaussées. 
DE  Prinsac  (le  baron). 
ROBABDRT,  ancien  commissaire-priseur. 
Valfrey,  Jules,  publiciste  à  Paris. 
WoLFF  (le  général),  ancien  couimandani   supérieur  du 

1*  corps  d'armée,  membre  honoraire. 
DE  BuvER,  Jutes,  Grande-Rue,  i23. 


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sociEtCs  correspondantis  (m) 


Le  millésime  indique  l'année  dans  laquelle  ont  commencé  les  relations. 


FRANCE. 

Comité  des  travaux  historiques  et  scientiriques  près  le 
Ministère  de  l'Inslruclion  publique  feinq  exemplaires 
des  Mémoires) 

Société  d'Emiitalion  de  l'Ain  ;  Bourg 

Société  des  sciences  naturelles  de  l'Ain 

Société  académique  des  sciences,  arts,  belles-lettres,  agri- 
culture et  industrie  de  Saint-Quentin 

Société  historique  et  archéologique  de  Château-Thierry. 

Allier. 

Société  des  sciences  médicales  de  l'arrondissement  de 
Gannal  

Société  d'Emulation  ot  des  Beaux-arts  du  Bourbonnais  ; 
Moulins 

Revue  scientifique  du  Bourbonnais  et  du  centre  de  la 
France  ;  Moulins 

Alpes-Maritime  s . 
Société  des  lettres,  sciences  et  arts  des  Alpes-Maritimes  ; 
Nice 

Alpes  (Hantes-). 

Société  d'éludé  des  Hautes- Alpes;  Gap 

3t 


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—  474  - 


Ardèche. 


Société  d'agriculture,  iiidusirie,  sciences,  arls  et  lettres 
de  TArdOche  ;  Privas iSfi.'! 

Société  académique  de  l'Aube;  Ti-oyes 1807 

ATeyroii. 

Sociélé  des  lellres,  sciences  et  arls  de  l'Aveyron;  Rodez.     1876 

Belfort  (Territoire  de). 

Sociélé  Uelforlaine  d'Emulation 1872 

Bouche8-du-RhAn« . 

Société  de  slaiislique  de  Marseille 1807 

Académie  des  sciences,  helles-leltres  et  arls  de  Marseille.    18C7 

Cftlvados. 

Société  Linnéenne  du  Normandie;  Caen 1857 

Académie  de  Caen 1868 

Charente. 
Société  historique    et    archéologique   de   la   Charenic; 
Angoulëme 1877 

Charente-Inférieure . 
Société  des  archives  hisioriques  de  la  Saintonge  et  de 
l'Aunis;  Saintes 1883 

Cher. 

Société  des  antiquaires  du  Centre;  Bourges 1876 

Côt&-d'Or. 
Académie  des  sciences,  arts  el  belles-lettres  de  Dijon  .    .     1856 
Commission  des  antiquités  du  département  de  la  Côlc- 

d'Or;  Dijon 1809 

Sociélé  d'archéologie,   d'histoire    et    de    littérature   de 

Beaune 1877 


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Société  de»  Rciences  historiques  et  naturelles  de  Semur  .  1880 

Société  bourRUiRnonne  de  géot^raphie  et  d'histoire  ;  Dijon.  1888 
Heviic  l)otir;;ni  tenon  ne  de  l'ensei^^nement  supérieur  publiée 

pur  les  professeurs  des  Facultés  de  Dijon 1891 

Doubs. 

Aiïidêmie  des  scieiioes,  bel  les- lettres  et  arts  lie  Besan- 
çon.' . 18M 

Société  d'émulation  de  Montliéliard 1851 

Société  de  médecine  de  Besancon 1861 

Sociétûde  lecture  de  Besancon 18^ 

L'Union  artislique  de  Besançon 1894 

Société  d'histoire  natureUe  du  Doubs 1901) 

Drôme. 
BuHetIn  d'histoire  ecciésiaRtique  et   d'archéologie   reli- 
gieuse des  dioci>seB  de  Valence,  Gap,  Grenoble  et  Vi- 
viers; Romans  (Drôme) 1880 

Eure-et-Iioir. 

Société  Dunoisc  ;  Chàteaudun 1867 

Finistère. 

Société  acniiémiqiie  de  Brest 1875 

Gard. 

Académie  de  Ntmcs 1806 

Société  d'études  des  sciences  naturelles  de  Nimes.   .  .   ,     1883 

Garoane  (Haute). 
Société  archéolosiqiie  du  Midi  de  la  Franco;  Toulouse.    .     1872 
Société   des   sciences    physiques   et  uutureBes  de  Tou- 
louse   1875 

GÎTOoàe. 

Société  des  sciences   physiques  et    naturelles   de    Bor- 
deaux  1867 

Société  d'archéologie  de  Bordeaux 1878 

Société  Unnéeuue  de  Bordeaux 1878 


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—  470  — 
Hérault. 

Académie  de  Montpellier 1869 

Société  archéologique  de  Montpellier 186Q 

Société  d'étude  des  sciences  naturelles  de  Béziers  .  .   .    4878 

nie-et- Vilaine 
Société  archéologique  du  département  d'I Ile-et-Vilaine  ; 
Rennes 1894 

Isère. 
Société  de  statistique  et  d'histoire  naturelle  du  départe- 
ment de  l'Isère  ;  Grenoble 1857 

Société  Dauphinoise  d'ethnologie  et  d'anthropologie.   .   .    1898 

Jnra. 
Société  d'Emulation  du  département  du  Jura;  Lons-le- 

Saunier 1844 

Revue  viticole  de  Franche-Comté,  Poligny 1895 

Iioir-et-Gher. 
Société  historique  et  archéologique  du  Vendomois.  -  .   .    1898 

Loire. 
Société  d'agriculture,  industrie,  sciences,  ai-ls  et  belles- 
lettres  du  département  de  la  Loire;  Saint-Etienne.   .   .     1866 
Société  de  la  Diana,  à  Montbrlson 1895 

Loire-Inféiienre . 
Société  des  sciences  naturelles  de  l'Ouest  de  la  France  ; 

Nantes ISOl 

Iioiret. 

Société  archéologique  de  l'Orléanais  ;  Orléans 1851 

llalne^t-Iioire . 
Société  industrielle  d'Angers  etdu  département  de  Maine- 
et-Loire;  Angers 1855 

Société  académique  de  Maine-et-Loire  ;  Angers 1857 


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—  477  — 
Société  des  sciences  naturelles  de  Cherbourg 1854 


Société  d'agriculture,  commerce,  sciences  et  arts  du  dé- 
partement de  la  Marne;  Clifilons  1856 

Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  du  département  de 
la  Marne  ;  Reims 1878 

Uarae  (Haut»-). 

Société  archéologique  de  Langres 1874 

Menrtbe-et-Hoselle. 
Société  des  sciences  de  Nancy  (ancienne  Société  des 

sciences  naturelles  de  Strasbourg) 1866 

Société  d'archéologie  Lorraine,  à  Nancy 1886 

Meuse. 

Société  polymathique  de  Verdun 1851 

Morbihan. 
Société  polymathique  du  Morbihan;  Vannes 1864 

Société  d'émulation  de  Roubaix 1895 

OiH. 

Socié(é  historique  de  Ck>mpiëgne 1886 

PTrénées  (Baises-). 

Société  des  sciences,  arts  et  lettres  de  Pau 1873 

Société  des  sciences  et  arts  de  Bayonne 1884 

Pyrénées  Orlootales. 
Société  agricole,  scientifique  et  littéraire  des  Pyrénées- 
Orientales;  Perpignan 1856 

Rhône. 
Société  d'agriculture  et  d'histoire  naturelle  de  Lyon  .  .  .    1850 


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SoviC-ié  littéraire,  liistorique  ei  areliOolutriqiie  de  Lyon.  .  1856 

Aviidémie  def  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Lyon  .   ,  1860 

Annales  de  IX'niversîté  de  Lyon,  quai  Claude- Bernard.  .  1896 

Ssdne-et-IiCHre . 

&»ciété  Eduenne;  Aulun 1846 

Société  d'hisloirc  et  d'anrliéolo^'ie  ife  Cliiilon-sur-Saône.  .  1857 
S<jciélé  des  sciences  naturelles  de  Sa6iie-et-Loiro  ;  Cha- 

lon-sur-Saôiie 1877 

ïjociélé  d'histoire  naturelle  d'Aiitun 1868 

Société  d'histoire  naturelle  de  Mâcon 1896 

Sa&ae  iBante-). 

Société  d'agriculture,  sciences  et  arts  de  la  Haute-Satine.  8861 

Société  d'encouragement  à  layriculture ;  Vesoul 1881 

Société  des  sciences  naturelles  ;  Vesoul 1896 

■    ■  Sartbe. 

^ciété  d'agricult.,  sciences  et  arts  de  la  Sarthe  ;  Le  Mans,  I86& 

Société  historique  cl  archéologique  du  Maine  ;  Le  Mans  .  1879 
Sftvoie. 

Académie  de  Savoie  ;  Chambéry 18()9 

Société  Savoisiennc  d'histoire  et  d'archéologie  ;  Chambéry.  1898 

Savoie  (B&ute->. 

Sotûëlé  Florimontane  ;  Annecy 1871 

Institut  de  France 1872 

Société  des  antiquaires  de  France;  Paris 1867 

Association  française  pour  l'avancement  des  sciences  .    .  1879 

Société  d'histoire  de  Paris  et  de  l'Ile  de  France 1881 

Association  pour  l'encouragement  dos  études  grecques 

en  France;  rue  Souniol,  22,  Paris 1878 

Société  de   botanique   de  France  ;  rue  de  Grenelle,  24, 

Paris 1883 

Société  <l'anlhropologie  de  Paris,  rue  de  l'Ecole  de  Méde- 
cine, 15 1883 

Société  française  de  physique,  rue  de  Rennes,  44.   .  ,   ,  1887 

Musée.Guimel;  avenue  du  Trocadéro,  30 1880 


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—  .479  — 

Sociélë  de  secours  des  amis  des  sciences 

Société  de  biologie 

Spelunca,  Sociélë  de  spéléologie 

Société  philomatliique  de  Paris,  me  des  Grands- Augus- 
tins,  7 

Société  pliilotechniiiue  de  Paris,  me  d'Orléans;  Neuilly- 
sur-Seiiie 

La  direction  de  l'Annuuire  géologique  universel,  rue  de 
Tournon,  1 

Mélusine ,  revue  Tollilorisle ,  librairie  Roland  ,  rue  des 
Chantiers  ;  Paris 

Le  Polybiblion,  Paris,  rue  Sainl-Simon,  4et  5 

Sein«-lDférienre . 

Commission  départ emen  laie  des  antiquités  do  la  Seine- 
Inférieure;  RouEn  

Académie  des  sciences,  belles-letlres  et  arts  de  Rouen  . 

Société  libre  d'Emulation  de  la  Seine-Inférieure;  Rouen. 

Société  hàvraise  d'éludés  diverses 

Seine-et-OUe. 

Société  des  sciencos  naturelles  et  médicales  de  Seiiie-et- 
Oise  ;  Versailles ' .    , 

Société  des  sciences  morales,  belles-lettres  et  arts,  à 
Versailles 

SociétÈdes  antiquaires  de  Picardie;  Amiens 

Société  d'Emulation  d'Abbeville 

Tara-et-Garonne . 
Société  d'iiistoire  et  d'archéologie  de  Tarn-el-Garonne ; 
Monlauban    

Vienne  (Haute-). 
Société  historique  el  archéologique  du  Limousin  .... 

Société  d'Emulation  du  département  des  Vosges  ;  Epinal. 
Société  pli ilo math i que  vosgienne  ;  Saint-Dié 


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—  480.— 

Tonne. 

Société  des  sciences  historiques  et  naturelles  de  l'Yonne.    1853 

AI.SAGB-LORRAINE 

Société  d'bistoire  naturelle  de  Colmar i860 

Société  des  sciences,  agriculture  et  arts  de  la  Basse- 
Alsace  ;  Strasbourg 1880 

Société  d'histoire  naturelle  de  Metz 1S95 

Commission  de  la  carte  géologique  de  l'Alsace-Lorraine  ; 

Strasbourg 1897 

AIiGÉRIE. 

Société  historique  algérienne;  Alger 1870 

ALLEUAONE. 

Académie  impériale  et  royale  des  sciences  de  Berlin 
(Sitzungsberichte) 1879 

Société    botanique    de    la    province  de  Brandebourg; 

Beriin 1877 

Académie  royale  des  sciences  de  Bavière,  &  Munich 
(Kœnigl.  Bayer,  Akademie  der  Wissenschaflen  zu 
Munchen). 1865 

Société  des  sciences  naturelles  de  Brème  (Naturwissens- 
chaftlicher  Verein  zu  Bremen) _.    1866 

Société  des  sciences  naturelles  et  médicales  de  la  Haute- 
Hesse  (Oberhessische  Gesellschatt  fOr  Natur  und  Heil- 
kunde)  ;  Giessen 1853 

Société  des  sciences  naturelles  de  Fribourg  en  Brisgau 
(Bade) 1892 

Sociéré  royale  physico-économique  de  Kœnigsberg  (Koa- 
nigliche  physikalich-œkonomische  GeselIscliaTt  zu  Kue- 
nigsberg)  ;  Prusse 1861 

Société  philosophique  et  littéraire  de  Heidelberg  (ùi  la  bi- 
bliothèque de  l'Université) 1898 

Bibliothèque  de  l'Université  de  Tubiogue 1901 


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—  48 1  - 
AUTRICHE. 

Institut  impérial  et  royal  de  géologie  de  l'empire  d'Au- 
triche (Kaiserlich-kœniglich-geologische  ReichsansUlt)  ; 
Vienne 1855 

Muséum  impérial  et  royal  d'histoire  naturelle  de  Vienne.    1889 

AMÉSUQUS. 

Société  d'histoire  naturelle  de  Boston 1865 

Institut  Smilhsonien  de  Wasliington 1860 

United  stales  geological  Survey 1883 

Geographical  club  of  Philadelphia 1896 

ANaLETERRE. 
Société  littéraire  et  philosophique  de  Manchester  (Litte- 
rary  and  philosophical  Society  of  Manchester) 1859 

BELGIQUE. 

Académie  royale  de  Belgique;  Bruxelles 1868 

Société  géologique  de  Belgique;  Liège 1876 

Académie  d'archéologie  de  Belgique  ;  Anvers,  rue  Lozane 

22 1885 

Société  des  Bollandistes  ;  Bruxelles,  rue  des  Ursulines,  14.  1888 

Société  d'archéologie  de  Bruxelles,  rue  Itavenstein  n- 11.  1891 

Revue  bénédictine  de  l'abbaye  de  Maredesous 1892 

PORTUGAL. 

Direction  des  services  géologiques  du  Portugal;  Lis- 
bonne, nia  do  Arco  a  Jésus,  113 1885 

Transactions  ofAcademy  of  St'Louis 1397 

ITALIE. 
Académie  des  sciences,  lettres  et  arts  de  Modène  .    .    .    .     1879 
R.  Deputazionc  sovra  gli  Studi  di  Storia  Patria;  Torino.   .     1884 

LUXEMBOURG. 
Société  des  sciences  naturelles  du  grand  duché  de  Luxem- 
bourg; Luxembourg 1854 


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SUEŒtE  ET  NORVEGE. 

Amidémie  royale  siiûiioise  des  sciences,  Stockholm  .    .   .  i869 

Université  loyale  de  Clirisliiinla 1877 

Tlicgeologicul  iiistiluUoii  of  iheUniversity  of  Upsala,  .  .  1895 
Kiingl.    Vcllerhels   historié  ocli  iinliquitels    Akademian, 

Stockholm 1898 

SUISSE. 

Si><.-iét<MlL's  Pcienci-;;  rialui-ellfs  .le  Bikle 1872 

Socii^ti!  lies  sciences  Driliirellcs  de  llenjc 1855 

Sdciélé  jurussiejinc  irEuiiilaliuii  ;  Porrentniy  .   ...    .  .    .  18G1 

Sueiélê  d'hisluire  et  d'arehéulogie  de  Genève  ;  rue  de 

l'Evik-liii 1863 

liislimt  national  de  Genève 1806 

Société  vaiuloise  des  sciences  iialiirelles  ;  Lausanne  .    .    .  1847 

Société  d'iiisloii-e  de  la  Suisse,  rumande;  Lausanne  .    .    .  1878 

Société  nencliàlf.Ouisc  des  sciences  iialurelles;  NeuehilleL  1862 

Société  d'histoire  et  d'urchéolo};io  de  Neiichàlel 18^ 

Société  des  sciences  naturelles  de  Ziiricli 1857 

Sociélé  des  antiquaires  de  Zuricli  (à  la  Blbl.  de  Zurich).  1864 
Société  générale  d'hisloire  suisse  (A  la  hibliolhëque  de 

Berne) 1880 

Indicateur  d'Antiquités  suisses  (Anzeigcr  fur  Schweize- 

rische  Aliertuinskunde),  Neue  folge  I,  Zurich 1899 


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eTABlISSEIEiVTS  flBLICS  (33) 


iliijliullièiiiie  li*'  Invillt:  du  Itesaiiijuii. 

1<I.  |>up(il<iiri>  <iu  Hi;s;im,-ori. 

Id.  (le  l'Ecole  irartillt'rie  du  Ui's;iiJ.,ori. 

Id.  des  l-'ucidli'-s  de  lit-^iim.-oii. 

Id,  <\t:  l'Kuule  de  iiiêdei:liiu  du  Bu.saui.'oii. 

Id.  dti  Lliaiiiti'c  iiiûtnipultluiii  de  Uusuik.mju. 

Id.  du  Sétiiiiiiiii'e  de  lle^iaiiijoii. 

Id.  de  ri-k'uie  iiurmale  des  insti  lu  leurs  de  Besiiinjon, 

Id.  du  Cercle  luililuii-e. 

Id.  <le  lu  vJllude  Moulhéiiiird. 

Id.  do  lu  ville  de  l'uidurlit-r. 

Id.  de  la  ville  de  I!au nie-les- Dames. 

Id.  de  la  ville  de  Vesmd. 

Id.  de  la  ville  de  Gruy. 

Id.  de  la  ville  de  Lure. 

Id.  de  la  ville  de  I.iixeiiil. 

Id.  de  la  ville  de  LoTis-le-Sauiiier. 

Id.  de  la  ville  de  Dule. 

id,  de  la  ville  de  Poligny. 

Id.  de  lu  ville  de  Salins. 

Id.         de  la  ville  d'Arbois. 

Id.  de  la  ville  de  SalnUClaude. 

Id.  du  Musée  national  de  Sainl-Gormain-en-Laye. 

Id.  Mazarine,  k  Paris. 

Id.  de  la  Sorbonne,  h  Paris. 

Id.  de  l'Ecole  d'application  de  rurlillerie  el  du  j;énie, 

a  Fontainebleau. 

Id.  du  Musée  ethnographique  du  Trocadéro,  Ji  Paris. 

td.  du  Brilisli  Mui^cuni,  fi  Londres.  (Librairie  Dulaii  et 

C'«,  Londres,  Soho  Square,  37.) 

Id.  de  l'Univeisité  du  Tubingue. 

Archives  dé  parle  m  en  taies  de  la  Côtc-d'Or. 
Id.  du  Uoubs. 

Id.  de  lu  Iluute-Saône. 

Id.  du  Jura. 


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TABLE  DES  MATIERES  DU  VOLUME 


PROCÉB-VBRBAUX. 

La  Légende  du  Chdliignier.  par  M.  Girarddt p.  v 

Le*  Finaneûtrê  lombai^sà  la  cour  d'Othon  IV, par  M.Léon 
Gauthier p.  vu 

Le  peintre  Wyrach  d'aprèt  tùn  dernier  biographe,  par 
M. l'abbé  Louvot p.  viii 

Notice  biographiqve  aur  le  tnycotogiie  frane-comîoiê  doc- 
teur Quélei.  p»r  M.  Anl.  MAamN p.  ii 

Jnftaenee  de  la  eompotitioa  du  toi  tur  la  végélalîon,  par 
M.  Anl,  Magmk p.  X 

Note  sur  Iternore,  par  M.  le  docteur  Ueinier p.  xi 

L'église  Saini-Eiieana  de  Besançon,  coromunicalion  de 
M.  Jules  Oauthieh p.  im 

A  propoi  de»  stations  des  Celles  en  Gaule,  communication 
de  M   A.  GiHAHDOT p.  xm 

Etude  sur  lei  Œuvre»  de  Melchior  Wyrseh  en  Suisse  et  au 
muaée  du  Louvre,  par  M.  le  docteur  Ledoux p.  xiv 

Lej  Pharei  établit  sur  let  côtes  marilimei  de  la  Norman- 
die.... par  M.  Henri  VAi.LON,  compte-rendu  de  M.  Léonce 
Pingaud p    lïi 

Uaniiscrits  de  Casian  présentés,  au  nom  de  M-*  Caslan,  par 

M.   L.  PlMCAUD p.    IVIt 

Présentation,  par  M.  Anl.  Magnin,  de  (rois  éludes  préhisto- 
riques de  M.  Piroulel.  membre  L'orrespondaiil p.  iviii 

Les  premiers  Aéro*tau  à  Besançon  (1783  et  84},  par  U.  le 
docteur  Meyijiefi p.  m 

Note  de  M.  KincHNER  sur  la  disparition  de  certaines  plantes 
locales  par  le  Tait  de  la  destruclion  des  haies p.  xii 

ComrouniiMlion  de  M.  J.  Gauthier  iarl'église  de  Saini-Uau- 
riee-let-Jougne p.  iii 

Notice  de  M.  Vais9IEH  sur  des  Tragmetils  de  la  décoration  de 
l'ancienne  fontaine  de  ta  place  Rauphine p.  xxii 

Vieu  de  M.  Ed.  Dnoi  pour  la  conservation  de  la  façade  de 
rilôlel-de-Ville  actuel  de  Besançon p.  ziii 


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-  4ï<fi  — 
Deux  Epaves  franc-eomioiies  en  Italie,  notices  par  M.  J. 

Gauthier p.  ixv 

Les  seiches   du    lac   de   Saint-Poinl,   communication   de 

M.  Anl.  Magkin p.  XXV 

Election  du  bureau  pour  1901 p.  ixvii 

Projet  de  budget  pour  1901 p.  ixiriir 

L'Invasion  allemande  de  iM4  et  la  part  qu'y  ont  prise 
le  prince  d'Orange  et  le*  deux  Gi-anoMa,  par  M.  le  doc- 
leur  MeYKIEH p.    XXVIII 

Notice  sur  le  général   Aljihoiise  de  Jou/Troy-d'Abbans  (If^Z}- 

IKB) p.  XXIX. 

Sénnce  publique  du  1^  déccmbi'e  ISHIO p.  ixill 

lliiuquel  niinuel  de  l'JOO:  lonsls  àf.  M.  Charles  nomiet,  pr^.si- 
dent   annuel,  et   de    M.   Alfred    ViiisRÎer,   président    pour 


MÉMOIRES. 

La  Société  d'Emulation  dit  Doub»  en  iOOO  :  dis- 
coui-s  d'ouverture  de  la  séance  publique  du  jeudi 
13  décembre  1900,  par  M.  Charles  Bonnet,  pré- 
sident annuel p.       1 

La  Légende  du   Châtaignier,  |>ar  M.   le   docteur 

GlRARDOT |).     13 

Un  mystère  français  «hxiv  nicclc  :  Le  Jour  du  Ju- 
gement, de  \n  bibliollicque  de  la  ville  de  Itesan- 
çon  (suite),  par  M,  Emile  Roy p.     17 

Les  nom»  de  lieu  romans  en  Franee  et  à  l'étranger 
(suite),  par  M.  le  docteur  J.  NfEVNiER p.  113 

Protestation  de  Claude-Etienne  Digeol  contre  la 
conquête  de  la  Franche-Corn  lé  {AQlii),  par 
M    Emile  Longin p.  254 

Le  peintre  hielchior  Wijrsch,  d'après  un  livre  ré- 
cent, par  M.  l'abbé  Louvot p.   301 

Les  Œuvres  du  peintre    Wifr.ich,   au  imuée   dit 

Louvre  et  en  Suisse,  par  M    le  docteur  LedOUX.     p.   312 

L'Oiseau  mort,  poésie,  par  M.  Edouard  GitENiEii . .     p.  323 


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-  4«7  - 
Le  Ménage  d'un  Amhnssadeuy  d'Eipagne  au  mi- 
lieu du  XVII"  siècle,  par  M.  Jules  Gautiiieh.  ...     p.   325 

Dècouverlea  sp-jléologiquai  en  Franche-Comië,  par 

M.  E.  FouRNlER p,   340 

La  jiiD'l  de  Brunfçon  dans  le  mouvement  de  In 
Dépopiitnlion  frniiriiije ,  par  M.  le  docleur 
Baudin p.   347 

navenne,  Sienne,    Florence,    |iar  M.    Jules   Gau- 

THIEIl p.   304 

L<iJjir.fjHe)i>nrditi!e.\irii-meen  patois bisonlin  [17531, 
et  son  auteur  le  cuiisciller  Bizot  (1702-1781),  par 
M.  Alfrert  Vaissier  (1  portrait)  ...    p.   245 

Texte  (ie  la  Jacqiiemardade,  avec  notes  et  coinmen- 
taires p,   393 

Dons  mils  »  la  Société  en  1900-1901 p.  449 

Envois  des  Sociales  correspotiJanlas p.  451 

yembres  Je  la  Société  au  1"  juillet  1901 p.  457 

Membres  de  la  Sociëté  ilëcédés  en  1900-ltlOI p.  473 

Sociétés  correspon  lia  nies p.  473 

Etablissements  publics  recevant  les  Mémoires p.  483 


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MEMOIRES 


SOCIÉTÉ  UÉMULATION 


DU    DOUBS 


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MEMOIRES 

DI    LA 

SOCIÉTÉ  D'ÉMULATION 

DU    DO  UBS 

SEPTIÈMi:  SÉRIE 

SIXIÈME      VOLUME 

1901 


BESANÇON 

IMPItlMERIE   DODIVERS    ET    C" 

Grande-Rue,    87 

1902 


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MÉMOIRES 

DE 

LA  SOCIÉTÉ  D'ÉMULATION 


DU   DOUBS 
1901 


PROCES- VERBAUX  DES  SÉANCES 


Séance  du  13  janvier  i90i. 
Présidence  db  HM.  Chahles  Bonnet  kit  Vaissieh. 

SoDt  préBonti  : 

Bureau  :  MM.  Ch.  Bonnet  el  A.  Vaitaier,  présidents;  Ifeyni'er, 
secrétaire  décennal;  Faaquignon,  trésorier;  Kirchner,  archi- 
viste. 

Membres  :  HM.  Braehon  père,  Julet  Gauthier,  A.  Girar<U>t, 
Ledoux,  Lieffroy,  MontenoUe,   Vernier. 

Les  procès-verbaux  des  deux  séances  de  décembre  sont  lus 
et  adoptés,  puis  M.  Ch.  Bonnet  cède  le  fauieuil  de  la  présidence 
à  M.  Alfred  Vaissier,  président  élu  pour  l'année  1901. 

M.  Vaissier  prononce  l'allocution  suivante  : 
1  Messieurs, 

I  Après  m'avoir  confié  diverses  fonctions  dans  votre  bureau, 
vous  avez  bien  voulu,  sur  la  proposition  de  votre  conseil, m'al- 
tacher  d'une  manière  plus  complète  au  service  de  votre  œuvre 
en  m'appelanl  à  la  présidence  de  la  Société.  Je  dois  aujourd'hui 
vous  exprimer  mes   remerciements  pour  une  distinction  si 


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flatteuse  que  je  n'ai  acceplée  qu'avec  la  certitude  de  voire 
appui  bienveillant  et  de  voire  indulgence;  dans  le  cours  de 
vingt-cinq  années  passées  au  milieu  de  vous,  j'ai  pu  en  appré- 
cier les  efTels  tout  en  partageant  vos  travaux  si  désintéressés. 
Je  ne  puis  me  donner  d'autre  ligne  de  conduite  que  celle  que 
m'inspirent  vos  traditions  d'union  intelligente  el  de  liberté 
dans  l'étude,  qui  sont  bien  celles  de  noire  province  de  Frauclie- 
Comlé.  Avec  le  souci  de  leur  fidèle  transmission,  el,  suivant 
en  cela  l'escmple  de  plusieurs  de  mes  honorables  prédéces- 
seurs, je  faisais  remarquer,  à  notre  lianquel  de  décembre, 
combien  il  importait  ù  l'avenir  de  notre  Société  de  faire  appel  k 
lu  jeunesse  studieuse  pour  combler  les  vides  qui  se  sont  produits 
dans  la  II  Site  de  ses  membres.  Je  me  permeltrai  d'ajouter  ici  qu'il 
corivieiidriiil  d'encoiiraper  :iussitôl  ces  nouvelles  recrues  à 
participera  l'ueuvre  commune,  en  produisanl,  avec  le  concours 
de  vos  conseils,  des  communications,  comme  le  seraient  par 
exemple  des  rapports  sur  les  publications  que  nous  recevons 
de  toutes  parts.  Bientùt,  comme  conséquence  du  bon  accueil 
qu'ils  recevraient  ici,  les  essais  de  vos  Jeunes  membres  feraient 
place  fc  des  travaux  inléressants,  difines  d'ôtre  encadrés  par  les 
œuvre»  de  longue  haleine  de  nos  collaborateurs  les  plus  expé- 
rimentés. Au  moment  où  je  prends  la  direction  de  vos  séances, 
charge  bifn  au-dessus  de  mes  forces,  mais  que  je  veux  vous 
remercier  encore  une  fois  de  m'avoir  imposée,  je  crois,  Mes- 
sieurs, que  je  ne  saurais  exprimer  dans  l'intérêt  de  notre  So' 
clëlé  un  meilleur  désir.  * 

M.  le  président  dépouille  la  correspondance  el  litune  lettre 
de  M.  CholTat,  géologue  émineiit,  ingénieur  en  Portugal,  récem- 
ment élu  membre  honoraire  de  la  Société,  remerciant  de  son 
élection;  une  seconde  lettre  de  H.  le  commandant  Espëran- 
dieu  demandant  l'échange  des  Mémoires  avec  la  Revue  ipi- 
graphique  qu'il  dirige  el  qui  parait  tous  les  trois  mois  ;  cet 
échange  est  accepté,  enfin  une  lettre  de  H.  Henri  Corot, 
membre  correspondant  ôns  Antiquaires  de  France,  accompa- 
gn>'>e  de  l'envoi  de  trois  brochures  sur  des  fouilles  et  trou- 
vailles failes  dans  la  Côte-d'Or,  de  tumulus  de  l'époque 
celtique.  M.  Corel  annonce  la  publication  prochaine  d'un  Ira- 


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—  vu  — 

vail  sur  Quentin  Hénard,  archevêque  de  Besancon,  dont  il  se 
propose  de  mettre  en  lumiëre  le  portrait  conservé  dans  un 
vitrail  de  l'église  de  Flavigny,  et  le  sceau  dont  il  communique 
une  empreinte,  en  promettant  l'envoi  de  sa  brochure  aussitôt 
qu'elle  paraîtra. 

M.  le  président  propose  la  réimpression  de  la  Jaequemar- 
dadh,  poème  patois  de  Bizot,  fi  la  suite  de  sa  lecture  sur  cet 
écrivain  bisontin,  faite  à  la  séance  dedécenil)re.  Les  exemplaires 
de  ce  léger  Ijndiiiage  sont  devenus  si  rares  et  il  est  lui-même 
si  peu  connu  de  nos  jours,  que  sa  réapparition  dans  les  Hé- 
moires de  la  Société  pourrait  passer  pour  une  primeur. 
M.  Vaissier  avait  pensé  d'abord  qu'il  serait  Tacile  et  avanta- 
geux de  simpliTier  la  prononciation  ligni'cc  ipii  varie  dans  le 
cours  de  l'opuscule  &i  ne  contribue  pas  à  en  rendre  la  lecture 
commode.  Tout  en  respectant  les  petites  notes  de  llizol  on 
pourrait,  pense-t-il,  multiplier  les  renvois  qui  permettraient  de 
comprendre  certaines  allusions  de  l'écrivain  dont  le  sens 
échapperait  certainement  aux  lecteurs  de  nos  jours.  M.  Gau- 
thier pense  que  celte  méthode  ne  serait  pas  suffisante,  et  qu'il 
vaudrait  mieux  reproduire  absolument  dans  la  réimpression  le 
texte  original,  en  traitant  ce  petit  ouvrage  patois  comme  on 
ferait  pour  un  classique  ou  un  texte  de  haute  portée.  M.  Vais- 
Bier  et  la  compagnie  tout  entière  se  rangent  à  cet  avis. 

H.  Jules  Gauthier  fait  une  communication  sur  les  Bibliothè- 
ques des  abbayes  cisterciennes  de  l'ancien  Comté  de  Hour- 
Rogne.  Les  Bénédictins  ont,  par  tradition,  une  réputation  de 
savanis  que  leurs  nombreux  monastères  francs-comtois  n'ont 
juslidëe  que  d'une  façon  très  imparfaite,  sauf  en  ce  qui  con- 
cerne les  abbayes  de  Luxeuil  et  de  Saint-Claude  dont  les  ma- 
nuscrits, justement  célèbres  aux  temps  mérovingiens  et  caro- 
lingiens ont  laissé  dans  nos  dépôts  publics,  et  particulière- 
ment à  la  Bibliothèque  Nationale  et  aux  Archives  du  Jura,  de 
très  pi-écieuses  épaves.  Les  Cisterciens,  quoique  livrés  do  pré- 
férence aux  occupations  agricoles  ont  fait  cependant  tout  au- 
tant que  les  Bénédictins  pour  les  lettres  et  la  diffusion  des 
textes  classiques,  du  xii'  au  xiv  siècles,  dans  les  treize 
abbayes  bâties  sur  le  sol  comtois.  Nous  connaissons  les  cata- 


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1  ogues  des  manuscrits  de  trois  principales  d'^ilre  elles  ;  Ba- 
lerne,  La  Charité  et  Mont-Sainte-Harie,  et  par  eux  nous  pou- 
vons juger  de  la  composition  des  bibliothèques  des  dix  autres 
monastères  du  même  ordre  :  Acey,  Bellevaux,  Bithaine,  Buillon, 
Cheriieu,  Cl  aire  (on  laine,  La  Grâce-Dieu,  Lieucroissanl,  Ro- 
sières et  Theuley.  L'étude  détaillée  des  trois  catalogues  révèle 
une  composition  à  peu  près  identique  &  celle  de  la  fameuse 
bibliothèque  de  Clairvaux,  qu'a  fait  connaître  naguère  M.  d'Ar- 
bois  de  Jubainville.  La  part  la  plus  large  était  faite  naturelle- 
ment aux  textes  de  l 'Écriture-Sain le  el  aux  commentaires  ou 
gloses  des  Pères  de  l'Eglise  ;  aux  ouvrages  de  ces  derniers  : 
Saint  Ambroise,  saint  Augustin,  saint  Bernard,  saint  Jérâme, 
Origène,  Cassien,  Raban-Maur,  etc..,  puis  aux  sermonnaires, 
aux  théologiens,  aux  suolastiqucs  :  Pierre  Lombard  et  sescom- 
menlateurs;  &  l'histoire  ecclésiastique  et  profane  ;  aux  vies  de 
saints,  sans  oublier  la  médecine  dont  la  sclenoe  était  fort  pra- 
tiquée dans  nos  monastères  bernardins,  ni  le  groupe  des 
connaissances  humaines  qui  composaient  le  Irttttum  ni  de 
nombreux  classiques  de  la  haule  antiquité  latine.  Des  copistes 
mullipliaienl  les  manuscrits  par  des  transcriptions  exécutées 
dans  mainte  abbaye,  particulièrement  à  La  Charité,  à  Balerne, 
à  Mont-Sainte-Marie,  il  la  Gràce-Dieu  durant  les  xiii",  xiv  el 
XV'  siècles,  on  en  achetait  fréquemment  à  Paris,  ft  Dijon,  à 
Dole,  à  Besançon,  Bref,  le  mouvement  littéraire  fut  aussi  intense 
chez  les  Cisterciens  du  diocèse  de  Besançon  que  cliez  les  Bé- 
nédictins, leurs  devanciers  et  leurs  rivaux,  et  les  débris  de 
leurs  collections  de  livres  trouvent  une  place  d'honneur  dans 
les  dépôts  publics  de  Besançon,  Gray,  Pontarlier  el  Vesoul. 

Esl  présenté,  comme  membre  correspondant;  par  MM.  A. 
Vaissier  elJ.  Gauthier  : 
M.  André  Pidoux,  ancien  élève  de  l'Ecole  des  Chartes. 

Le  Président,  Le  Secrétaire, 

Vaissier.  Df  J.  Mevnier. 


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Séance  du  16  févrief  I90i. 
Présidence  dk  M.  Alfrkd  Vaissii; 


Sont  pré8«Dt«  : 

BOBKAU  :  MM.  Vaisaier,  président  ;  iie]inier,  secrétaire  dé- 
cennal; Fauquignon,  trésorier. 

Ue.ubrks  ;  MM.  Bretenel,  Chapoij,  Gauderon,  A.  Guichard, 
Girardot,  Lieffroy,  Nargaud. 

Après  le  dépouillement  de  la  correspondance  et  la  lecture  du 
procès -verbal,  M.  le  président  rend  compte  de  sa  présence 
comme  délégué  de  la  Société  à  la  séance  publique  et  au  ban- 
quet de  l'Académie  de  Besançon ,  •  Nous  avons,  dit-il,  entendu 
deux  lecteurs  dont  vous  connaissez  tout  le  mérite,  puisqu'ils 
ont  été  l'un  et  l'autre  présidents  de  notre  Société,  puis  un  troi- 
sième nouvellement  arrivé  parmi  nous  et  qui  nous  fera  sans 
doute  quelque  jour  une  part  dan.s  ses  travaux.  C'est  d'abord 
M.  Pingaud  qui  a  déroulé  devant  l'auditoire,  comme  dans  une 
charmante  causerie,  le  centenaire  littéraire  franc-comtois  qui 
vient  de  finir  et  a  fait  défiler,  sous  des  couleurs  et  avec  un 
relief  merveilleux,  les  personnalités  le.t  plus  remarquables  de 
noire  région  au  dix-neuvième  siècle  depuis  Nodier,  Cliarles 
Weiss,  Pierre-Joseph  Proudhon,  et  d'autres  encore,  jusqu'à 
Auguste  Castan,  puis  a  terminé  par  un  salut  aux  enfants  de  la 
France  qui  emportent  partout  avec  eux  l'amour  de  la  petite 
patrie  et  partout  fondent  des  sociétés, dont  les  membres  aiment 
à  se  réunir  pour  mettre  en  commun  les  souvenii's  et  jusqu'aux 
vestiges  de  l'accent  du  pays  natal.  Du  siècle  dernier,  M.  de 
Beauséjour  nous  a  ramenés  au  dix-huitième  pour  exhumer  des 
ruines  du  château  de  Pesmes  les  nobles  figures  de  ses  derniers 
seigneurs,  dignes  représentants  des  splendeurs  et  des  élé- 
gances de  l'ancien  régime,  qui  ont  disparu  dans  la  tourmente 
révolutionnaire,  non  sans  avoir  lionné  de  sublimes  exemples 
de  dignité  et  de  courage  dans  l'exil,  dans  les  prisons  et  sur 
l'écbafaud. 


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—  X  — 

«  M.  Henri  Mairot  a  mis  à  profit  le  récit  du  récent  voyage  à 
travers  l'Asie  d'un  de  nos  compatriotes,  H.  Marcel  Monnier, 
pour  nous  initier  à  la  vie  populaire  en  Chine,  !i  l'aide  de  curieu- 
ses scènes  prises  sur  le  vif  par  un  observaleiir  sagace  et  fin. 

•  Au  banquet  du  soir,  nous  avions  le  devoir  de  remercier  le 
président  d'aimables  paroles  à  l'adresse  de  la  Société  d'Emu- 
lation du  Doiibfi,  et  d'exprimer  au  nom  de  ses  membres,  des 
vœux  pour  l'union  et  la  commune  prospérité  des  deux  compa- 
gnies. A  l'appui  de  ces  désirs  de  concorde,  faciles  ù  réaliser, 
nous  avons  Tuil  remarquer  que  la  moilié  des  membres  rési- 
danls  de  l'Académie  apparlenaient  Jt  notre  Société, 

■  Il  n'y  a  que  tguelques  lieiu-es,  plusieurs  d'enlre  nous  assis- 
laieni  aux  obsèques  du  chef  considéié  d'une  des  familles  les 
plus  honorables  de  Itesançon.  M.  Félix  Mitirot  n'était  pas  un 
de  nos  collaborateurs  dans  le  sens  slrîct  du  mot  ;  mais  il  était 
ndéle  depuis  quuranie-lrois  ans  k  nous  témoiRner  ses  sympa- 
Itiies.  Ce  matin  on  a  rendu  justice  on  termes  excellenisà  son 
expérience  des  afTaires,  utilisée  souvent  pour  le  bien  de  la 
cité,  il  la  fermeté  de  son  caractère  et  à  sa  persévérance  dans  le 
travail  jusqn'^  la  (In  de  !:on  existence.  Le  souvenir  de  ses 
grandes  qualités  se  perpétuera  parmi  nous  par  la  présence  de 
son  (Ils  aîné  que  nous  avons  d'jù  appelé  h  la  présidence  de 
notre  compagnie. 

«  Il  y  a  deux  semaines  disparaissait,  aux  regrets  de  tous,  une 
des  figures  les  plus  sympathiques  de  notre  ville,  celle  de  Mon- 
sieur le  dot^teur  Coutenot,  qui,  pendant  cinquante  ans,  est 
resté  fidèle  h  la  Société  d'Émulation  du  Doubs.  Par  respect 
pour  les  dernières  volontés  du  vénérable  docteur,  humble 
jusque  dans  la  mort,  aucun  discours  n'a  été  prononcé  &  ses 
obsèques.  Aujourd'hui,  après  cette  interdiction  passagère,  il  est 
permis  et  tout  nous  convie  à  le  faire,  de  rendre  un  complet 
hommage  à  un  homme  île  bien,  aussi  distingué  par  sa  lalio- 
rieuse  et  utile  carrière  qu'il  restera  vivant  parmi  nous  par  le 
souvenir  de  son  exquise  tionté.  Nous  sommes  certains  que  cet 
hommage,  partant  de  cette  salle,  répondra  an  désir  de  tous, 
d'autant  plus  que  nous  nous  sommes  assurés  pour  prononcer 
l'éloge  Hu  regretté  iliictenr,  du  concours  d'im  de  ses  meilleurs 
et  plus  laborieux  élèves.  » 


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H.  ]e  docteur  Chapoy  a  la  parole  pour  lire  cet  éloge  qui  pa- 
raîtra in  extento  dans  les  Mémoires. 

M.  ie  docteur  Girardol  iil  une  com  m  uni  cal  ion  sur  Julet 
Slarcouet  le  nom  de  l'Amérique.  1!  y  a  déjà  plus  d'un  an,  on 
lisait  dans  un  journal  parisien  la  noie  suivante  :  •  C'esl  l'opi- 
nion commune  qu'Amengo  Vespucci  donna  son  nom  au  nou- 
veau monde  au  détriment  de  Cliristoplie  Colomh,  qui  l'avait 
réellement  découvert  ».  Une  vérité  si  répandue  a  quelque 
cliance  d'élre  une  erreur.  M.  Jules  M;trco«  vient  de  le  démon- 
trer dans  le  Bulletin  de  la  Soeiili  Géographique.  Le  nom  d'A.- 
méri(|ue  est  celui  que  les  indigènes  donnaient  à  ta  contrée  mon- 
tagneuse qui  s'élenit  dnns  le  Nicaragua,  entre  Inigalba  et  Li- 
tiertad.  Ci)loml>  le  trouva  en  usage  el  s'en  servit  lui-même 
dans  le  dernier  rapport  qu'il  adressa  à  Ferdinand  d'Aragon. 
Bieiitàt  le  bruil  de  la  i!écouvei1e  qu'avaient  faite  les  Espagnols 
se  rppandit  en  Europe.  C'est  alors  qu'un  libraire  rie  Saint-Dié, 
Hylucomylui<,  qui  ne  pouvait  connaître  les  nouveaux  voyages 
que  par  le  récit  publié  en  1505  par  Alberigo  Vespucci,  imagina 
que  le  mot  America  était  une  forme  corrompue  du  prénom 
dudit  Vespucci.  Celle  opinion  qu'il  soutint  dans  un  ouvrage  de 
1,t09,  se  répandit  el  s'accrédita  dans  toute  l'Allemagne.  La 
première  carte  d'Amérique,  qui  parut  à  B&le,  en  1521,  porte 
en  suscription  :  America  provincia.  Quand  elle  arriva  en  Espa- 
gne, les  compagnons  de  Colomb  étaient  morts  ou  repartis  vers 
de  nouvelles  aventures.  Personne  ne  se  trouva  pour  redresser 
l'erreur  d'Hylacomylus.  Elle  devint  universelle  et  dura  jusqu'à 
nous.  Mais,  enfin  (l'ombre  de  Monroe  peut  être  heureuse  !)  le 
nom  même  de  l'Amérique  est  rendu  aux  Américains;  les  Es- 
pagnols pei'dent  le  dernier  privilège  qu'ils  auront  possédé  au 
Nouveau  Monde,  celui  de  l'avoir  baptisé.  Quant  à  l'origine  alle- 
mande de  la  méprise,  elle  n'est  pas  douteuse.  Le  nom  d'Ame- 
rigo  élaii  inconnu  en  Italie  (Vespucci  s'appelait  en  réalllé  Albe- 
rigol  Almerich,  au  contraire  était  un  prénom  fort  répandu  en 
Allemagne;  il  a  une  forme  française  qui  est  Amaury  {Débatt, 
15  décembre  1899)  «.  Eu  lisant  ces  quelques  lignes,  M.  Girar- 
dol s'est  souvenu  que  Jules  Marcou  avait  fait  le  16  avril  1887, 
une  communication  identique  à  la  Société,  démontrant  :  1°  Que 


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le  nom  d'Amérique  avaU  été  donné  à  la  région  antérieurement 
a  Colomb,  par  les  indigènes  eux-mêmes,  et  que  Colomb  le  te- 
nait d'eux  ;  2°  Que  Vespucci  s'appelait  Alberigo  et  non  Ame- 
rigo;  3*  Que  c'est  à  Snint-Dié,  dans  les  Vosges,  que  fut  com- 
mise la  transformation  erronée  d'Alherigo  en  Amerigo.  En  rai- 
son de  celte  quasi  idenlilé  de  !a  noie  des  Débats  (et  de  l'article 
du  Bulletin  de  la  Société  Géographique)  ne  serait-ce  pas  Jules 
Harcou  lui-même  dont  une  erreur  typographique  aurait  fait 
Jules  Horeati,  nom  du  signataire  ?  Cependant  à  cdlé  de  la  simi- 
liiude  d'une  partie  des  renseignements,  les  deux  notes  en 
renferment  de  difTérenls.  Ainsi,  pour  Marco u, l'auteur  de  Terreur 
de  prénom  de  Vespucci  est  un  chanoine  de  Sainl-Dié,  pour 
Moreau,  c'est  te  libraire  Hylacomylus,  D'autre  pari,  l'article  de 
H.  Moreau  a  paru  douze  ans  après  celui  de  Marcou,  et  plus 
d'un  an  après  la  mort  de  ce  dernier  (le  17  avril  1898).  Il  semble 
donc  assez  probable  que  M.  Moreau  a  puisé  douze  ans  après 
Marcou,  une  partie  de  ses  renseignements  aux  mêmes  sources. 
Quoiqu'il  en  soit,  c'est  bien  h  notre  compatriote  Jules  Marcou 
que  revient  l'honneur  d'avoir  fait  connaître,  le  premier,  la  vé- 
ritable origine  du  nom  d'Amérique. 

Est  élu  : 

Membre  correspondant  : 
M.  André  Pidoux,  ancien  élève  de  l'Ecole  des  Chartes. 
Le  président.  Le  secrétaire, 

A.  Vaissier.  D'  J.  Meïnieb. 


Séance  du  i6  mnn   lOOI. 
Présidence  db  M.  Alfred  Vaissier. 


Sont  présents  : 

DuRiùvL':  MM.  A.  Vaissier.  président;  UeyHÎer,  secrétaire 
décennal;  Kirchner,  archiviste. 

Membres  :  MM.  Bonnet,  Brachon  père,  A.  Girardot,  Ledoux, 
Nargaud,  Vautherin.  Vemier. 


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—   XIII   — 

Après  ta  lecture  du  procès-verbal  et  le  déponillemenl  de  la 
correspondance,  H.  le  secrétaire  fait  une  cumniuuication  sur 
iet  Patoi»  de  Franche-Comté.  Il  rappelle  qu'en  1850,  le  chanoine 
Danois  prunonçailA  l'Académie  de  Besançon,  un-  discours  de 
réception  sur  l'Importance  lUa  Patoit  en  général.  A  cette  dis- 
sertation, le  récipiendaire  aviiit  juint,  sous  le  titre  de  Coup 
d'œtl  tpécial  »ur  le»  patnis  de  Franche-Comté,  une  étude  pliilu- 
logique  que  n'ont  pas  assez  consultée  nos  compatriotes  qui  se 
sont  occupés  ou  s'occupent  encore  de  ces  patois.  Sans  cela,  ils 
auraient  renoncé  depuis  longtemps  ii  élucubrer  comme  ils  le 
font  encore,  des  tnunoKi'upliicsde  langages  régionaux  et  locaux, 
dont  ils  exagèrent  certaines  particularités  pour  en  faire  autant 
de  langues  spéciales  k  tel  cuntun,  ou  à  tel  village. 

L'érudit  vjcaire  général  aeu  le  grand  mérite  de  reconnaître 
et  d'établir  que  les  patois  de  Kranche-Comlé  rentraient,  selon  la 
région,  dans  l'un  ou  l'autre  des  deux  dialectes  principaux,  qu'a 
parlés  la  France  du  Moyen-Age  ;*que cette  province  se  divise 
au  point  de  vue  du  langage  en  deux  zones  bien  distinctes,  fi 
peu  près  égales  en  superficie  ;  que  l'une,  au  nord,  tient  à  la 
langue  d'oil,  et  l'autre,  au  midi,  à  la  langue  d'oc.  Il  a  cberclié 
à  fixer  les  limites  de  ces  deux  Kones.  Selon  lui,  elles  sont  sépa- 
rëes  par  une  ligne  qui,  partant  de  la  frontière  Est,  au  Nord  du 
Kussey,  passerait  au  Luliier,  ^Guyans-Durnes,  &Flangeliouclie, 
au  Valdaliun,  ù  l'IlApilal,  ft  Trepot,  Villers,  Mérey,  Monlrond, 
Clicnecey,  t^uiiigey,  lungcrail  la  forât  de  Chaux  et  aboutirait  au 
département  de  Saùne-et- Loire.  M.  Meynier  fait  remarquer  que 
cette  ligne  est  exactement  celle  qui  a  séparé,  de  l'an  1303  à 
l'an  1422,  les  deux  grands  bailliages  d'Amunt  et  d'Aval.  Celte 
ligne  qui  coupait  obliquement  la  province  de  l'Est  fi  l'Ouest, 
était  en  réalité  une  frontière  linguistique,  et  telle  a  été,  sans 
doute,  la  raison  de  son  choix  par  le  rui  Pbilippe-le-Bel,  alors 
le  véritable  souverain  de  la  Franche-Comté. 

Il  ne  faudrait  pas  prendre,  d'une  manière  trop  absolue,  cette 
ligne  de  di;inarcalion  que  le  cbanoine  Uartois  a  tracée  entre 
les  deux  idiomes  franc-comtois  ;  il  y  a  des  transitions  insensi- 
bles de  l'un  k  l'autre.  De  plus,  on  trouve  dans  la  zone  méridio- 
nale, des  groupes  particuliers  parlant  des  patois  d'importation  ; 
ce  sont  surtout  les  groupes  du  Sauget  et  du  Vol  de  Morteau. 


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—  XIV  — 
Le  premier  parle  un  palois  savoyard,  et  le  second  un  patois 
helvétique.  Ce  dernier  remonte  à  l'époque  de  la  Réforme,  el  a 
été  Introduit  par  les  réfugiés  calJioliques  des  comtés  de  Neu- 
chàtel  el  de  Valengin,  celui-là  esl.  le  fait  d'une  colonie  qui  a 
repeuplé  le  vallon  du  Doubs,  d'Arçon  à  Gîlley,  après  la  Guerre 
de  Trente  Ans. 

L«  Président,  Le  Secrétaire, 

A.  Vaissieh.  D'  J.  Heynier. 


Séance  du  20  avril  i90i. 
Prësidicncb:  de  M.  Alfred  Vaissier. 


Sont  prenants  : 

BCREAU  :  HH.  A.  Vaiisier,  président;  Meynier,  secrétaire 
décennal  ;  Fauquignon,  trésorier  ;  Kirekner,  archiviste. 

Membres  :  MH.  Beauquier,  Boname,  Bonnet,  Bruehon  père, 
A.  Girardol,J.  Gauthier,  d'Hotelans.  Ledoitx,  Magnin,Nargaud, 
Vaissier  fils. 

Après  l'adoption  du  procès- verbal,  M.  Meynier  lit  une  notice 
sur  le  comte  d'Udressier,  docteur  en  médecine,  un  des  fonda- 
teurs de  la  Société  d'Ëmulutlon  du  Doubs,  qu'il  n  présidée  de 
1840  à  1845.  Il  Tait  remarquer  l'oubli  dans  leguel  l'ont  laissé  les 
Mémoires,  ainsi  que  la  presse  locale,  sauf  la  Reeue  médicale 
de  Betançon  et  de  Franche-Comté  (5  Téviier  et  15  mars  1847).  Il 
est  vrai  que  dans  cette  Revue  (15  murs),  on  trouve  un  article  né- 
crologique très  littéraire, que  lui  a  consacré  le  docteur  Labrune  ; 
mais,  malgré  son  étendue,  cette  notice  n'apprend  pas  grand'- 
chose  sur  la  vie  de  d'Udressier,  que  l'auteur  paraît  supposer 
connu  de  tous.  Cet  oubli  est  d'aulant  plus  inexplicable  que  les 
connaissances  étendues  de  l'homme  n'étaient  pas  son  seul  titre 
au  souvenir  de  ses  concitoyens.  Il  a  semblé  qu'on  devait  un 
tardir  hommatte  à  ce  savant  et  !i  l'homme  de  bien,  en  réparant 
l'omission  commise  à  son  égard  par  la  Société  d'Émulation. 


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—   XV   — 

M.  le  président  communique  à  ta  Sociélë,  une  série  d'inter- 
prétations toutà  fait  inédites  el  sinRUliëremetit  probantes surles 
bas-reliefs  dont  sont  décorés  les  janiba{(es  et  oertaiiies  colon- 
nes de  l'arc  antique  de  Porte-Noire.  M  rappelle  qu'il  a  établi 
précédemment  que  les  flgures  des  pieds-droits  de  l'arc  consti- 
tuaient un  zodiaque  humain  représenté  par  douze  tableaux,  et 
il  s'est  demandé  si  le  dessein  du  constructeur  n'aurait  pas  été 
d'apposer  à  ces  tableaux  un  zodiaque  diein,  où  les  person- 
nages seraient  des  héros  ou  des  demi-dieux,  introduits  par  leur 
apothéose  au  nombre  des  constellations.  Au  sommet  d'une  des 
colonnes  qui  font  l'objet  de  cette  communication,  se  passe  une 
scène  étrange,  bien  faite  pour  exercer  la  sagacité  des  archéo- 
logues. 1  Un  génie  ailé,  nu  et  debout,  étend  son  bras  protec- 
teur sur  un  personnage  assis,  qui  tend  ses  deux  mainti  en 
signe  de  reconnaissance  *.  C'est  ainsi  que  M.  Vaissier  en  avait 
d'abord  jugé  ;  mais  il  n'avait  osé  aller  plus  loin,  quand  un  ar- 
chéologue étranger,  visitant  nos  musées,  est  venu  lui  fournir 
la  solution.  Il  se  demanda  si  le  sujet  traité  n'était  point  Dédale 
occupé  à  fixer  des  ailes  aux  épaules  de  son  Hls  Icare,  pour  lui 
permettre  de  s'échapper  du  palais  de  Minos.  Cette  bypothëse 
de  M.  Hettner,  conservateur  du  musée  de.t  antiques  de  Trêves, 
est  d'une  justesse  absolue,  M.  Vaissier  adopte  tout  k  fait  sa 
manière  de  voir. 

La  légende  de  Minos  se  ratlacbe  fi  Hercule,  par  l'intermé- 
diaire de  Thésée,  protecteur  de  Dédale.  Le  massacre  du  tau- 
reau de  Crète,  ou  celui  du  Minolaure.  est  figuré  dans  les 
deuxième  et  troisième  tableaux  ui'i  t'Hei'cule  romain  s'appro- 
prie les  exploits  du  héros  grec  Tliésée.  Le  quatrième  tableau 
représente  la  dôitlcation  du  héros.  Mercule  debout  sur  le  mont 
Oeta,  la  tëie  religieusement  inclinée,  porte  encore  sur  le  bras 
gauche,  la  peau  du  Lion  de  Némée,  tandis  que,  de  la  main 
droite,  il  fait  le  sacrifice  d'un  dernier  javelot  sur  le  feu  d'un 
autel.  Sa  massue,  ainsi  que  son  glaive  et  son  carquois,  sont 
suspendus  aux  branches  d'un  chêne  sacré.  Du  côté  opposé,  le 
serpent  (symbole  ds  la  mort  glorieuse)  s'enroule  autour  d'un 
autre  arbre,  et  regaide  avec  sympalliie  celui  qui  va  passer  au 
rang  des  astres.  Le  cinquième  et  dernier  tableau,  occupant  le 
tambour  inférieur  de  la  colonne,  représente  une  jeune  femme, 


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—  XVI   — 
à  demi  nue,  les  bran  en  croix,  qui  ne  peut  être  qu'Andromède 
sur  le  rocher,  au  pieil  duquel  est  le  monstre  gui  va  lu  dévorer. 
Le  llbërateurn'est  pas  figuré. 

On  peut  être  certain  que  la  uulunne  symétrique  restait  dans 
le  même  ordre  de  représentations  des  temps  héroïques.  Celle  qui 
lui  correspond  sur  l'autre  face  du  monument  est  assez  bien 
conservée.  On  y  trouve,  à  partir  du  sommet,  Hercule  poursuivant 
le  cejitaure  Nessus  enlevant  Déjaniro;  Bacclius  jeune  et  ses  com- 
pagnons de  plaisir,  le  gros  Silène  et  les  siens  ;  puis,  de  nou- 
veau Hercule,  dans  une  scène  où  seruieni  amalgamés  trois  de 
ses  travaux.  Le  héros  vient  d'égorger  un  taureau,  des  moutons 
s'eiiruicnt  ;  l'un  d'eux,  un  bélier,  esL  l'cnversé  devan  t  un  rocher, 
sur  lequel  une  femme  nue  apparaît  â  mi-corps,  présentant  au 
héros  un  objet  iiu'uiie  cassure  ne  permet  pas  de  déterminer 
tout  d'abord.  M.  Vaissier  pense  que  cette  femme  mystérieuse 
est  Mélanippe,  reine  des  Amazones,  qui  livre  h  son  vainqueur 
la  fameuse  ceinture,  dile  d'Auili'umède,  classée,  elle  aussi, 
parmi  les  constellations.  C'est  après  la  défaite  des  Amazones 
que  les  mythologues  ont  placé  la  conquête  de  la  Toison  d'Or. 
Le  cinquième  bas-relief  nous  montre  Minerve  en  face  d'un 
homme  de  forte  corpulence,  qui  brandit  un  rocher.  C'est  la 
déesse  prenant  part  à  la  lui  te  de  Jupiter  contre  les  Titans. 

La  Société  remercie  vivement  son  président  d'une  communi- 
cation des  plus  intéressanliss;  elle  a  déjà  témoigné  naguère 
l'intérêt  qu'elle  portail  à  l'arc  antique  érigé  par  Marc-Aurèle,  en 
faisant  exécuter  les  moulages  de  ses  sculptures  qui,  sous  tes 
injures  du  temps,  s'elTac<;j'out  mallicureusenient  peu  à  peu. 

M.  Jules  Gauthier  lit  une  Notice  tur  deux  manuaeritê  franet- 
eomtoi»  (Je5  xvii*  et  xviii'  tiéelex,  entrés  récemment  dant  ttoi 
dépôts  publics.  Le  premier,  acquis  par  les  Archives  du  Doubs, 
est  une  histoire  anonyme  des  Archevêques  de  Besançon,  de 
S.  Lin  a  Claude  d'Achey,  rédigée  eu  1615,  et  continuée  pendant 
trente  ans.  Elle  a  servi  de  base  à  Juau-Jacques  Chiftlet,  pour 
rédiger  en  1618,  la  seconde  partie  de  son  Veaontio.  Par  cer- 
tains rapprochements,  l'auteur  de  la  notice  est  parvenu  à  dé- 
montrer, sans  errour  possible,  que  l'auteur  de  cette  Histoire 
est  l'archidiacre  de  Luxeuil,  François  d'Orival,  murl  en   1620. 


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Dans  ce  volume  llgurent  des  parlicularités  historiques  ou  ar- 
chéologiques Titiles  à  mettre  en  lumière,  et  ia  véracité  du  cha- 
noine d'Orival,  quand  sa  crédulité  ne  se  heurte  pas  contre  des 
légendes  fabuleuses,  mérite  toute  créance. 

Le  second  manuscrit  que  la  Bibliothèque  publique  a  acquis 
sur  la  proposition  de  M,  Gauthier,  est  le  Recueil  des  essais  lit- 
téraires d'une  académie  privée  qui  a  existé  à  Ttesani^n  en 
1776.  Ces  essais  sont  de  futiles  et  agréables  l>adinages  en  vers 
ou  en  prose  qui  ne  dépareraient  pas  les  recueils  imprimés,  si 
nombreux,  que  le  xviii'  siècle  a  produits  avec  une  fécondilé  la- 
mentable. Malgré  sou  ton  léger,  ce  manuscrit  de  1776  est 
curieux  pour  écrire  quelque  jour  un  demi  chapitre  de  l'histoire 
littéraire  franc-comtoise,  sous  te  l'ègue  de  Louis  XV. 

Le  Préaident,  Le  Secrétaire, 

A.  VAISSIER.  DrJ.HEVNIER. 


Séance  du  18  mai  i90i. 
Présidence  de  H.  Alfred  Vaissibr. 


Sont  présents  : 

Bureau  :  MM.  Vaiuier,  président  ';  Meynicr,  secrétaire  ; 
Kirchner,  arcliiviste. 

Membres  :  MM.  Ledoux,  Nargaud,  PoQte,  le  chanoine  Sitehet, 
Yemier. 

Après  l'adoption  du  procès -ver  bal,  M.  Meynier  commence  la 
lecture  d'une  étude  historique  :  Besançon  pendant  la  guerre  de 
Dix  QfM.  Le  récit  commence  à  l'arriviic  de  Gaston  d'Orléans  en 
Franche-Comté  et  à  Besancon,  au  mois  de  mars  1631  ;  à  peine 
entré  dans  la  ville  impériale,  Gaston,  oubliant  qu'il  va  compro- 
"  mettre  ses  hôtes,  prétend  faire  de  la  cité  le  centre  de  ses  agis- 
sements contre  le  roi,  son  frère.  Le  parlement  de  Dole  s'émeut 
et  interdit  au  prince  tous  armements  et  assemblées  de  gens 
de  guerre.   Celte    sage   conduite  du  conseil  souverain,  mé- 


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contente  le  duc,  qui  se  retire  en  Lorraine  et  essaie  d'armer 
dans  les  teri-ea  de  surséance  qui  séparent  de  ce  pays  le  comté 
de  Bourgogne.  La  guerre  ne  tarde  pas  à  s'allumer  dans  le  bail- 
liage d'Amont, que  l'on  veut  rançonner;  des  délégués  du  gouver- 
nement de  Dole,  s'y  rendent,  et  ont  grand'peine  &  calmer  la  co- 
lère des  paysans.  L'année  1632  commence  dans  l'inquiétude. 
Le  Hhingrave  Oltion-Louis,  un  des  lieutenants  de  Gustave- 
Adolphe,  menace  d'envahir  le  pays  par  le  ban  de  Champagney, 
et  cherche  &  s'emparer  de  Lure.  Il  est  repoussé,  mais,  au  mois 
de  mai,  les  troupes  du  roi  de  France  entrent  en  Lorraine,  pour 
la  deuxième  fois  depuis  un  an,  et  il  ne  reste  bienlAl  plus  au 
duc  Charles  IV  qu'une  place  Torte  dans  tous  ses  états:  le  château 
de  La  Holhe.  Les  événements  se  précipitent,  et  bientôt  te  péril 
devient  imminent  pour  Besancon  qui  sollicite  le  secours  mili- 
taire des  gouverneurs  de  Franche-Comté  et  hâte  ses  prépara- 
tifs de  défense.  La  résistance  du  château  de  Montjoie,  clef  de 
la  Franche-Montagne,  arrête  un  instant  les  progrès  du  Bhin- 
grave,  mais  bientôt  il  est  pris  par  le  maréchal  de  la  Force,  et 
les  plateaux  qui  dominent  la  cité  sont  envahis.  Richelieu  pré- 
parait autre  chose  que  le  siège  de  la  ville  Impériale  et  l'on  de- 
vait le  voir  k  bref  délai.  (.4  continuer.)  ■ 
Après  diverses  communications  verbales,  ta  séance  est  levée. 

Le  Pritident,  Le  Secrétaire, 

A.  Vaissieh.  D'  J.  Meyniëh. 


rS^aitce  du  iô  juin  i90i . 
Présidence  de  M.  Alfred  Vai&sigr. 


Sont  présents  ; 

Bureau  :  MM.  Vaiuier,  président  ;  Meynier,  secrétaire  dé- 
cennal ;  Fauquignon,  trésorier,  Kirchner,  archiviste. 

Hkmbres  ;  MM.  /.  Gauthier,  A.  Girardot,  V,  QuiUemin, 
doetetir  Ledoux,  Prinet. 


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—   XIX   — 

Après  l'adoption  du  procès- verbal.  M.  le  président  rappelle 
en  quelques  phrases  émues,  la  perte  que  la  Société  vient  de 
faire  en  la  personne  de  M.  All>ert  Guicliard,  un  de  ses  mem- 
bres tes  plus  anciens  (1853)  et  les  plus  assidus  Ses  nom- 
breuses occupations  comme  chef  d'une  importante  maison  de 
cx)mmerce,  comme  pharmacien  en  chef  de  l'hâpital  Saint-Jac- 
ques, comme  juge  ou  président  du  Tribunal  consulaire,  comme 
membre  de  la  Chambre  de  Commerce  de  Besançon,  ne  lui  ont 
jamais  permis  de  prendre,  ainsi  iju'il  l'aurait  désiré,  une  part 
active  aux  travaux  de  la  Compagnie,  mais  il  n'a  jamais  cessé 
de  témoigner  du  vif  intérêt  qu'il  y  prenait.  La  mort  a  empêché 
notre  vénérable  confrère  d'achever  les  recherches  historiques 
qu'il  avait  entreprises,  trop  lard  hélas  !  sur  les  anciennes  juri- 
dictions commerciales  de  notre  cité,  et  ce  sera  un  grand  re- 
gret pour  tous,  car  personne  n'était  mieux  à  même  de  donner 
t  cette émde  son  véritable  caractère.  Ce  n'est  pas  seulement 
parmi  ceux  qui  ont  eu  l'avantage  de  le  fréquenter,  que  la  dis- 
parition de  M.  Guichard  produira  un  grand  vide,  elle  sera,  pour 
les  malheureux  qu'il  secourait  en  grand  nombre,  une  perte  irré- 
parable. 

M.  Kirchner  lit  une  communication  sur  le  Tamu»  communig. 
M.  l'abbé  Rossignot,  curé  de  Mumirolle,  a  porté  l'altentloii  de 
notre -confrère  sur  cette  plante,  dont  ses  paroissiens  se  servent 
pour  combattre  les  douleurs  rhumaiismales.  Cette  jolie  plante, 
est  assez  commune  dans  notre  régioii,  où  on  l'appelle  com- 
munément '  l'Herbe  aux  femmes  battues.  U.  Kirchner  ta  signale 
dans  les  haies  qui  bordent  le  chemin  de  Mamirolle  à  Trepot. 
D'après  la  flore  de  Gh.  Grenier,  ou  la  trouve  ça  et  là,  dans  les 
haies  et  les  bois  (calcaires)  de  la  région  des  vignes,  d'où  elle 
monte  dans  celle  des  sapins.  H.  Buvoux  l'a  signalée  à  Saint- 
Gorgonet  à  Goux-Iez-Usters.C'est  la  rairiue,  fraîchement  cueillie, 
qui  est  employée  comme  i-évulsif  antirinimalismal  ;  on  eu  fric- 
tionne la  partie  malade  qui  ne  tarde  pas  b.  rougir  et  k  se  cou- 
vrir de  phlj-ctènes.  La  douleur  disparaît  avec  celle  éruption 
médicamenteuse.  Le  Tamut  communia  mériterait  d'être  étu- 
dié au  point  de  vue  pliarmacologique. 

H.  le  docteur  Girardot  rend  compte  d'un  ouvrage  de  M.  Er- 


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—  XX  — 

nest  Chantre,  paru  en  1901,  qui  a  pour  titre  :  L'homme  qua- 
ternaire dont  le  bowtn  ilu  Rhône,  étude  géologique  et  anthropo- 
logique. L'auteur  est  un  des  premiers  géologues  français  qui 
se  soient  occupés  d'archéologie  préliistorique,  et  qui  aient  in- 
troduit, dans  celle  science  toute  nouvelle  alors,  les  méthodes 
et  les  procédés  de  la  géologie.  Le  début  de  ses  recherches  re- 
monte à  trente-sept  ans  ;  c'est  en  eflet,  en  1865,  qu'il  découvrit 
avant  tout  autre,  dans  le  bassin  du  RhOne,  des  débris  de  l'indus- 
trie humaine  associés  auK  ossements  de  grands  animaux,  au- 
jourd'hui disparus  de  la  surface  du  globe  et  dont  aucun  monu- 
ment, ni  aucune  tradition  ne  nous  avaient  transmis  le  souve- 
nir. Depuis  cette  époque,  déjà  lointaine,  M.  Chantre  ne  néglige 
aucune  occasion  de  se  livrer  ii  de  nouvelles  observations  el  de 
recueillir  de  nouveaux  documenls.  Ses  découvertes  ont  siimulé 
le  zèle  de  ceux  assez  nombreux  qui  s'intéressaient  &  un  passé 
à  peine  entrevu  de  l'humanité.  Les  résultats  de  leurs  investi- 
gations ont  été  consignés  dans  de  nombreuses  publications 
dont  H.  Chantre  donne  la  liste  entière.  Parmi  les  noms  des 
auteurs,  M.  Girardot  signale  ceux  de  nos  compatriotes  MH.  Be- 
noit, Kilian,  Perron  (de  Gray),  Travelet  el  L.  A.  Girardot  (de 
LonS'Ie-Saunier). 

M.  le  secrétaire  continue  el  achève  la  lecture  de  son  Étude 
sur  Besançon  pendant  la  guerre  de  Dix  ani.  KIctielieu  a  fini  par 
démasquer  ses  batteries,  et  vise  la  capitale  de  la  Franche* 
Comté.  Après  Girardot  de  Nozeroy,  après  Jean  Boyvin,  après 
Duuod,  après  le  duc  d'Aumale,  M.  Heynier  n'a  pas  l'intention 
de  laire  encore  l'histoire  du  siège  de  Dole  qui  ne  rentre  pas 
dans  son  plan.  Il  se  borne  à  narrer  les  alternatives  de  crainte 
et  d'espérance  par  lesquelles  la  ville  impériale  a  passé,  au  cours 
des  années  qui  suivirent  ce  fait  d'armes  unique,  les  vaines  me- 
naces de  Weimar,  en  1637  et  1639,  les  émotions  populaires  de 
1638,  tes  expéditions  extra  murog  des  années  1640,  1C41  et 
(642.  Il  Tait  voir  que  si  Besançon  est  entré,  fort  malgré  lui  d'a- 
bord, dans  la  défense  générale  du  pays,  il  a  Uni,  pressé  par  les 
circonstances,  par  comprendre  que  des  liens  d'étroite  solida- 
rité l'unissaient  à  lui  et  par  Joindre  ses  efforts  à  ceux  de  l'hé- 
roïque Dole  et  de  nos  autres  forteresses.  En  s'élevanl  à  des 


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sentiments  plu!)  généreux  il  se  préparait,  sans  le  savoir,  &  se 
réunir  à  la  couronne  comtoise,  et  au  rôle  de  capitale  qu'un 
avenir  prochain  lui  réservait. 

H.  le  présidant  lit  une  note  sur  la  mort  de  M,  Parandîer  : 
«  Quelques  jours  après  notre  dernière  séance,  s'éteignait  à 
l'Age  de  98  ans,  dans  son  pays  natal  d'Arbois,  une  notabilité 
franc-comloise  qui  se  ratiacbait  h  la  Société  par  de  très  loin- 
tains souvenirs. 

M.  Parandier,  ancien  inspecteur  général  des  Ponts-et-Chaus- 
sées  a  été  non  seulement,  depuis  1852,  un  de  nos  membres 
correspondants  les  plus  lidëles.  mais,  tout  récemment  encore, 
il  exprimait  le  vœu  de  voir  publier,  dans  nos  Mémoires,  et  d'é- 
tablir ses  droits  de  priorilé  compromis,  au  sujet  de  ses  études 
géologiques  sur  les  environs  de  Besançon,  qui  datent  de 
soixante-dix  ans.  M.  le  docteur  Girardol,  ainsi  qu'en  témoigne 
notre  dernier  volume,  a  donné  pleine  satisfaction  ft  un  des  der- 
niers désirs  du  vénérable  savanl. 

La  carrière  de  M.  Parandier  a  élé  si  belle,  en  même  temps 
que  si  prolongée,  et  les  sympathies  qui  entourent  sa  mémoire 
sont  si  touchantes  par  leur  accord,  qu'il  serait  intéressant,  dans 
un  exposé  Hdéle,  d'en  suivre  pas  à  pas  les  succès  rapides  et 
constants.  La  génération  actuelle,  qui  n'a  pas  connu  cet 
homme  distingué,  dans  la  période  brillante  de  son  exis- 
tence, pourrait  y  trouver  un  noble  exemple  et  de  précieuses 
leçons. 

Peu  favorisé  de  la  fortune,  mais  des  mieux  doués  sous  les 
rapports  physique  et  intellectuel.  Parandier  doit  tout  à  son 
travail  persévérant,  et  à  son  infatigable  activité.  Dès  sa  jeu- 
nesse, il  sait  trouver  les  ressources  qui  lui  permettent  d'arri- 
ver à  l'École  Polytechnique,  d'où  il  sortira  le  second  pour 
atteindre  ensuite  ie  premier  rang  de  sa  promotion  à  l'École  des 
Ponts-et-CImussées.  Envoyé  en  mission  dans  le  département 
du  Doubs,  en  1829,  pour  y  suivre  les  travaux  du  canal  du  Rhône 
au  Rhin,  il  étudie  à  fond  la  région,  au  point  de  vue  géologique. 
Alors,  véritable  initiateur,  il  contribue  fi  la  formation  d'une  so- 
ciété géologique  qui  sera  le  germe  d'oïl  sorlira  la  Société  d'É- 
mulation   du    Doubs,   dont    le   premier,  président,    te    comte 


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d'Udressier,  l'initiera  à  la  connaissance  des  fossiles  de  l'élage 
jurassique. 

La  nominalion  de  Parandier  comme  ingénieur  en  chef,  ji 
Dijon,  ne  lui  permet  pas  de  figurer  parmi  les  fondateurs 
de  noire  Société.  A  son  retour,  dix  ans  plus  lard,  il  se 
tait  inscrire,  mais  il  ne  lui  esl  pas  possible  de  prendre, 
à  ses  Iravans,  la  part  qui  lui  revient.  Son  temps  et  son 
zèle  sont  entièrement  consacrés  aux  grands  travaux  d'uii- 
litë  publique  :  construction  des  routes  et  des  chemins  de  fer, 
entretien  des  canaux,  aménagement  des  eaux,  etc.  Mais  il  sali 
y  joindre  des  applications  à  l'agriculture  et  des  études  so- 
ciales ;  il  esl  un  des  précurseurs  des  idées  syndicales.  Député 
de  l'arrondissement  de  Montbéliard  à  la  Cliambre.  on  le  voit, 
comme  toujours,  armé  pour  défendre  les  meilleurs  projets 
d'amélioration. 

Atteint  par  la  limite  d'âge,  en  1874,  il  continue,  dans  sa  re- 
traite des  Tourillons,  celle  vie  active  du  corps  et  de  l'inlelli- 
gence  qui  le  maintient  jeune  et  alerte,  et  le  conduira  jusqu'à 
un  âge  des  plus  avancés.  Ses  concitoyens  d'Arbois,  agricul- 
teurs et  viticulteurs,  profilent  de  ses  conseils  et  de  ses  bien- 
faits. D'un  abord  gracieux  et  enjoué,  il  s'attire  toutes  les  affec- 
tions -,  il  se  mêle  avec  complaisance  aux  vignerons  de  sa  ville 
natale,  prend  part  à  leur  fêle  annuelle,  et,  comme  Pasteur, 
assiste  à  ta  procession  traditionnelle  du  Biou.  Membre  de  plus 
de  vingt  sociétés  scientifiques  et  httéraires.  il  en  fonde  une 
nouvelle  pour  exciter  l'émulation  dans  le  groupe  modeste  qui 
l'entoure  ;  il  préside  des  jurys  et  des  expositions  locales. 

Aussi,  à  ses  obsèques,  se  manifeste  l'universelle  sympathie 
pour  l'homme  qui  n'a  dû  qu'à  son  mérite  et  à  son  travail  la 
haute  situation  k  laquelle  il  esl  parvenu.  M.  Plngaud,  prési- 
dent de  l'Académie  de  Besançon,  dans  son  allocution  sur  sa 
tombe,  résume  sa  vie  en  disant  «  qu'entre  i830,  où  Parandier 
traçait  le  premier  travail  d'ensemble  sur  l'orographie  et  la 
stratigraphie  du  Jura  et  sa  publication  en  1899,  dans  les  Hé- 
moires de  la  Société  d'Émulation  du  Doubs,  d'une  Description 
géolo0iqite  des  enotront  de  Be$ançon,  s'encadrait  une  vie  labo- 
rieuse, dont  le  caractère,  comme  la  durée,  commandent  la 
gratitude  et  le  respect. 


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Ont  été  présentés  pour  faire  partie  de  la  Soisiété  : 

En  qualité  de  membre  résidant,  H.  Gaston  Souchon,  capitaine 

au  4*  cuirassiers,  par  MU.  V.  Guillemin  elJ.  Gaulhier; 
Et  comme  membre   correspondant,  M.  l'abbé   Paul  Druot, 

curé  de  Voillans,  par  MM.  A.  Vaissier  et  J.  Gauthier. 

Le  Priiident,  Le  Secrélaire, 

A.  Vaissieb.  D'  J.  Uevnieb. 


Séance  du  20  juillet  1901. 
Présidenck  de  m.  Alfred  Vaissier. 


Sont  présenta  : 

Bureau  :  MM.  Vaissier,  président  ;  J.  Gauthier,  faisant 
fonctions  de  secrétaire,  en  l'absence  de  M.  Meynier;  Maldiney, 
archiviste. 

Membres  :  MM,  Ch.  Bonnet,  Blondeau,  Y.  Guillemin,  D'  Nar- 
gaud,  chanoine  Suehet,  Georges  Vaistier. 

L&  bibliottiëque  d'Angers  ayant  hérité  d'une  belle  série  des 
Hémoires  de  la  Société  d'Émulation,  par  suite  de  la  dissolution 
de  l'Académie  d'Angers,  demande  la  continuation  de  l'envol  de 
nos  Mémoires,  depuis  1898.  L'envoi  est  accordé  provisoirement, 
sans  engagement  indérmi,  afin  de  ne  pas  créer  de  précédent. 

M.  Jules  Gauthier  fait  une  communication  archéologique  sur 
l'église  de  Saint-Ursanne  (canton  de  Berne),  sur  l'extrême 
frontière  Nord-Est  de  la  Franche-Comté.  Cette  église  romane 
b&lie  entre  1160  et  t180  est  particulièrement  intéressante  pour 
nous,  parce  que,  comme  l'église  de  Saint-Maurice,  de  Jougne, 
et  celle  de  Romain-Môtier,  au  canton  de  Vaud,  elle  nous  four- 
nit un  type  très  caraclëristique  du  style  d'architecture  des  deux 
versants  du  Jura  à  celle  époque.  Grâce  à  l'église  de  Saint-Ur- 
sanne, on  peut  reslituer  ta  crypte  de  l'église  caltiédrale  de 
Besancon,  qui  fut  détruite  vers  1680,  par  i'archevéque  Antoine- 


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—  xnT  — 

Pierre  I"  de  Grammonl.  Outre  la  crypte  supportée  par  quatre 
piliers,  éclairée  de  trois  Tenestrelles,  munie  (le  deux  escaliers 
et  portes  d'accès  latérales,  il  faut  citer  un  1res  ancien  portail 
latéral,  situé  à  l'ouest,  avec  tympan  décoré  d'un  bas  relier,  et 
statues  assises  dans  deux  niches.  La  Société  décide  que  la  mo- 
nographie de  Saint-Ursanne  prendra  place  dans  les  Hémoires, 
et  que  des  plans  et  planches  en  accompagneront  utilement  le 
texte. 

M.  le  président  communique  un  article  du  commandant  Espé- 
randieu  dans  la  Revue  Epigrapkique,  contenant  le  texte  de  la 
borne  milliaire  de  Mathay,  entrée  au  musée  archéologique  de 
Besançon  en  1898.  Ce  texte  est  accompagné  d'un  commentaire 
sur  le  tracé  de  la  route  romaine  conduisant  de  Vcaontio  k  Epa- 
manduodui-um.  Ce  commentaire  propose  divers  itinéraires  peu 
admissibles,  il  faut  les  écarter  pour  rester  fidèle  au  tracé  re- 
connu au  XVIII*  siècle,  par  dom  Jourdain,  au  xix'  siècle,  par  le 
président  Clerc,  sauf  k  concilier  les  variantes  entre  la  Carte 
Thiodoiienne  et  l'Itiyiéraire  d'Antonin  par  le  déplacement  de 
deux  stations  :  Lopotagium  (Luxiol),  et  Velaladurum  (Voil- 
lans  et  Viéthorey). 

Sont  élus  : 

HembrA  résidsot  : 

H.  le  capitaine  Souchon. 

Membre  correapondant  : 

M.  l'abbé  Paul  Druot,  curé  de  VoJtlans. 

Le  Pritident,  Le  Seerilaire, 

A.  Vaissieh.  D'J.  MeyniëH. 


Séance  du  9  novembre  190i. 
Présidence  de  M.  Alfred  Vaissier. 


Soot  préBents  .* 
Bureau;  MM.  Faisiter,  président  ; /.  Gauthier,  secrétaire  par 
intérim  ;  Kirckner.  archiviste. 


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—  XXV  — 

Membres  :  MM.  Aubert,  BerAellé,  Ch.  BonnH,  Bruehon  pire, 
Bruehon  jeune,  Ckapoij,  Guiltemin,  P.  Droubard.  Kirchner, 
Ledoux.  Nargaud,  Parinot,  Simonin,  Souchon  Georges  Vaitiier. 

H.  Boudot,  peintre,  président  de  ta  Section  franc-comtoise  de 
la  Société  pour  la  protection  des  Paysages  français,  assiste  à 
la  séance. 

Après  la  lecture  el  l'adopUon  du  procès- verbal,  M.  le  prési- 
denl  lit  tes  notices  sommaires  sur  deux  membres  de  la  Société, 
récemment  disparus. 

e  Au  mois  de  septembre  dernier,  décédait  à  Versailles,  M. 
Cliarles-Frangois  Varaigne,  né  A  Vitry-le-Français,  le  H  août 
1827.  attaché  &  la  direction  des  douanes  et  contributions  indi- 
rectes, à  Besançon,  de  1856  à  1872,  et  depuis,  directeur  dans 
cette  administration  à  Poitiers,  puis  à  Limoges,  jusqu'en  1890. 
M.  Varaigne  n'avait  pus  cessé,  pendant  les  dix-sept  années  de 
son  séjour  fi  nesançoti,  de  mettre  au  service  de  la  Société  d'É- 
mulation du  Dunbif  nt  des  collections  publiques  de  la  ville,  son 
activité,  son  intelligence,  ses  talents  remarquables  dans  l'exé- 
cution des  travaux  d'art  les  plus  délicats.  Secrétaire  ou  archi- 
viste dans  notre  Société,  il  se  chargea  en  même  temps,  de  di- 
riger l'opération  des  moulages  des  principales  sculptures  de 
Porle-Noire,  transportées  depuis  au  Musée  ;  puis  il  exécuta 
en  galvanoplastie,  la  collection  importante  des  anciens  sceaux 
de  souverains,  féodaux  ou  ecclésiasiiques  de  la  province.  An- 
lêrieuremont,  il  avait  dessiné,  en  homme  de  goi'it  et  préparé 
pour  le  pralicien  les  carions,  les  vitraux  armoriés  qui  consti- 
tuent ponr  le  musée  arcliéologiqne,  une  décoration  d'un  fort 
bel  efTel.  11  y  a  deux  ans,  il  vous  faisait  hommage  des  clichés 
des  sculptures  de  Porte-Noii-e,  pris  sous  un  bon  éclairage.  La 
fidélité  de  ce  confrâre  des  plus  aimables,  mérite  l'expression 
de  notre  reconnaissance,  du  plus  sympathique  souvenir.  ■ 

I  Le  général  de  brigade  d'artillerie,  Francis  Casran,  décédé  à 
Versailles,  Iu23oclobre  dernier,  débuta  comme  sous-lieutenant, 
au  sortir  de  l'Ecole  polytechnique,  dans  une  carrière  loute  spé- 
ciale, à  laquelle  il  consacr-a  sa  vie  entière.  C'était  à  la  Rochelle, 
où  il  participait  à  des  expériences  de  tir,  organisées  pour  com- 
parer les  effets  des  diverses  poudres  de  guerre.  Lieutenant, 


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—  XXVI  — 

puis  capitaine,  à  Grenoble,  puis  à  Strasbourg,  il  montra  des 
aptitudes  si  remarquables  pour  les  manipulations  chimiques, 
qu'il  fut  détaché  de  sa  batterie  pour  le  service  des  poudres,  à 
la  poudrerie  du  Bouchel.  Pendant  vingt  ans,  sauf  durant  la 
guerre  de  1870,  où,  fait  prisonnier  à  Sedan,  il  fut  interné  à 
Sleltin,  il  conquit  tous  ses  grades  à  la  poudrerie.  Nommé  géné- 
ral en  1894,  commandeur  de  la  Légion  d'honneur,  il  appartint 
au  Comité  technique  supérieur  de  l'artillerie.  Il  publia  diverses 
brochures  sur  l'artillerie  de  marine  ou  de  forteresse.  Parmi  ses 
améliorations  dans  la  fabrication  des  poudres  de  guerre,  on 
peut  citer  l'invention  de  la  poudre  C  qui  porte  l'initiale  de  son 
nom. 

«  Eloigné  de  nous,  Francis  Caslan  n'est  signalé  dans  nos  pu- 
blications que  par  la  décoiiverle  en  1898,  aux  environs  du 
Bouchet,  de  plusieurs  monuments  mégalithiques  dont  Henri 
Martin  et  Jules  Quicherat  voulurent  bien  se  charger  de  faire  la 
description  dans  nos  Mémoires,  En  compensation,  le  général 
Castan  nous  laisse  la  satisfaction  de  pouvoir  associer  à  la  mé- 
moire de  son  frère  aîné  le  souvenir  d'un  compatriote  au  carac- 
tère élevé  et  tout  de  franchise,  conservant  au  milieu  des 
hommes  la  simple  et  aimable  allure  d'une  ûme  loyale,  n'ayant 
en  vue  que  le  devoir.  » 

M.  Boudol.  président  du  comité  régional  de  la  Société  pour 
la  protection  des  Paysages  français,  fondée  à  Paris,  fait  l'ex- 
posé du  but  de  cette  association  que  M.  Beauquier,  député  du 
Doubs,  est  venu  récemment  organiser  6  Besançon. 

M.  le  président  propose  à  l'assemblée  d'inscrire  la  So- 
ciété d'Emulation  parmi  les  adhérent::,  moyennant  la  cotisa- 
tion annuelle  de  ffi  francs.  Celte  proposition  est  votée  à  l'una- 
nimité. 

M.  Vaissier  lit  une  notice  très  complète,  accompagnée  de  cro- 
quis et  plans  autographié.^,  sur  la  trouvaille  d'un  dallage  gallo- 
romain,  à  Chambornay-lez-Bellevaux,  signalé  il  y  a  deux  ans 
à  la  Société. 

Eclairé  par  une  découverte  similaire,  faite  S  Besançon,  dans 
des  creusages  efTectnés  rue  d'Anvers,  en  1885,  M.  Vaissier 
estime  que  le  vestige  trouvé  à  Chambornay   ne  peut  être  que 


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—  xxvn  — 

]ft  fondation  et  la  base  d'un  réservoir,  lavoir  ou  bassin  de  fon- 
taine, soit  publique,  soit  dépendant  d'une  villa  de  Camburnia- 
cum,  devenu  le  moderne  Chambornay-I  es-Belle  vaux. 

M.  Kirchner,  archiviste  de  la  Société,  lit  un  rapport  très 
étudié  sur  la  distribution  du  volume  des  incunables  de  la  Bi- 
bliothèque de  Betançon  aux  principales  bibliothèques  fran- 
çaises. Les  conclusions  de  ce  rapport  et  des  remerciements  à 
l'auleur  du  rapport  sont  votés  k  l'unanimité. 

Le  PrÉnident,  Le  Secrétaire, 

A.  Vaissier.  î,  Gautthieb. 


Séance  du  12  décembre  i900. 
Présidence  de  M.  Alfred  Vaissier. 


Sont  préaenta  : 

Bureau  :  MM.  Vainier,  président  ;  Bonnet  et  Nargaud,  vice- 
présidents  ;  Gauthier,  secrétaire  (par  intérim);  Fauquignou, 
trésorier  ;  Kirchner,  archiviste. 

Membres  :  MM.  Bruehon  père,  Bruchon  jeune,  CkapO'j,  A. 
Girardot,  Ledoux,  Paritot,  Souchon,  de  Truoki,  Vautherin. 
Vemier, 

Après  l'adoption  du  procès- verbal,  M.  le  président  annonce 
la  mort  de  M.  Edouard  Grenier,  l'un  de  ses  membres  honorai- 
res, qui  s'est  éteint  à  Baume-les-Dames,  le  5  décembre,  et 
dont  la  dernière  pensée  s'est  traduite  en  une  libéralité  considé- 
rable au  proflt  de  la  Société  d'Émulation  du  Doubs  qu'il 
charge  de  créer,  sous  le  nom  de  Fondation  des  frères  Grenier, 
une  pension  triennale,  pour  aider  dans  sa  carrière  un  jeune 
franc-comtois  pauvre  se  destinante  la  carrière  des  lettres, des 
scienceset  des  arts.  A  ses  obsèques  qui  ont  eu  lieu  le  7  décem- 
bre, une  délégation  de  la  Société,  conduite  par  le  président,  as- 
sistait avec  des  représentants  de  l'Académie  de  Besancon  el 


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—   XXVIU  — 
d'autres  sociétés  titléraires.  It  conviendra  qu'un  hommage  so- 
lennel soit  rendu  k  la  mémoire  du  poi^le  distingué, dans  la  per- 
sonne duquel  la  Société  d'Émulation  du  Doubs  perd  à  ia  fois 
un  collaborateur  et  un  bienfaiteur. 

M.  Jules  Gauthier,  neveu  et  l'un  des  exécuteurs  testamen- 
taires d'Edouard  Grenier,  donne,  à  la  demande  de  M.  le  prési- 
dent, quelques  explications  sommaires  sur  le  legs  fait  &  la 
Société,  legs  dont  la  qualité  absolue  ne  pourra  être  déterminée 
que  dans  quelques  mois,  au  plus  tard,  et  accepte  la  mission 
qui  lui  est  conlléede  préparer,  pour  les  Mémoires,  une  notice 
étendue  sur  la  vie  et  les  œuvres  de  Jules  et  Edouard  Grenier, 
dont  le  portrait,  dessin  précieux  du  peintre  Lehmann,  prendra 
incessamment  place  dans  la  salle  des  séances  de  la  Société 
d'Émulation. 

M.  le  ]i'  Girardot  lit  une  notice  très  documentée  et  fort  intéres- 
sante sur  M,  Alfred  Milliard,  de  Fédry  (Haute-Saône),  poète  et 
érudit  consciencieux,  mort  en  1900,  et  dont  les  collections  pré- 
historiques (âge  de  pierre  et  âge  de  bronze)  viennent  d'être 
olferles  au  Musée  archéologique  de  Besançon  par  la  veuve  de 
notre  regretlé  confrère.  Il  fait  ressortir  la  haute  importance  des 
objets  réunis  dans  plusieurs  stations  des  bords  de  la  Saéne, 
et,  après  en  avoir  dressé  un  catalogue  scientillquemeni  détaillé, 
conclut  à  son  insertion  dans  les  Hémoires,  aussi  bien  comme 
un  honunagc  k  la  mémoire  d'un  homme  consciencieux  et  dé- 
voué que  comme  une  prouve  de  l'uction  féctuide  de  notre  So- 
ciété et  de  ses  meml)res  pour  le  développement  de  nos  Musées. 

M.  Jules  Gauthier  fait  connaître,  par  une  description  accom- 
pagnée lii)  plans  ol  croquis  tracés  au  tableau,  l'église  romane 
de  Itomain-MiUicr,  tiàiie  au  canton  de  Vaud,  tout  prCs  de  la 
frontière  française  de  Jougiie-Vallorbe.  Ce  spécimen  de  l'archi- 
lècture  monastique  de  la  première  moitié  du  xii*  siècle  est  ad- 
miralilement  conservé,  sauf  l'abside  et  les  absidioles  recons- 
truites au  xv«  siècle  ;  ses  nefs,  son  narihex  ft  double  étage 
(conforme  à  celui  de  Tournus),  son  porche  voûté  des  premières 
années  du  xiv*  siècle,  comblent  tn'is  heureusement  une  lacune 
dans  la  série  des  monuments  contemporains,  si  clairsemés  au 
diocèse  (le  ilesancun.  Itomain-M&tier.  Saint-Maurice  de  Jougne 


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—  XXIX  — 

et  Saint- Ursan ne,  groupés  sous  le  tilre  de  Troia  igliie» 
du  Haut-Jura,  pourront  fournir  un  chapitre  curieux  à  nos  Mé- 
moires et  à  l'arcliéologie  de  la  région. 

Sont  admis  dans  la  Soctëlé  d'Émulation  : 
Membres  résidoDts  : 

M.  Clavey,  conseiller  &  la  Cour  d'appel  de  Besançon,  pré- 
senté par  MM.  Maire,  président  et  de  Veina,  conseiller  à  la 
Cour; 

M.  Maurice  Thurict,  avocat  général  à  la  Cour  d'appel  de  Be- 
sancon, présenté  par  les  mêmes  ; 

M.  le  chanoine  Rossignot,  curé  de  Sainte-Madeleine  de  Be- 
sançon, présenté  par  MM.  Jules  Gauthier  et  A.  Vaissier; 

M.  Henri  Savoye,  artiste  peintre,  présenté  par  MM.  Sire  et 
Jules  Gauthier; 

M.  le  docteur  Bodrdin,  médecin-major  au  7'  bataillon  de 
forteresse,  présenté  pur  MM.  J.  Gauthier  et  Baudin  ; 

M.  DavéTT,  receveur  de  l'Enregistrement,  présenté  par  MM. 
les  docteurs  Ledoux  et  Chapoy  ; 

Membres  oorrespondanta  : 

M.  l'abbé  ilermann  Dduot,  professeur  à  la  Maîtrise,  présenté 
par  H.  le  chanoine  Burlet,  archîprètre  et  M.  le  chanoine 
Drouhard  ; 

M.  Paul  Laphet,  peintre,  conservateur  du  Musée  Gigoux,  à 
Paris,  présenté  par  MM.  V.  Guillemin  et  J.  Gauthier  ; 

M.  ScHLAGDENHAUFFEN,  directeur  honoraire  de  l'Ecole  de 
pharmacie  de  Strasbourg,  présenté  par  MM.  Nickiès  et  Achille 
Serrés. 

M.  Reeb,  pharmacien  honoraire  à  Strasbourg,  présenié  par 
les  mêmes. 

Procédant  ensuite  au  renouvellement  de  son  bureau,  la  So- 
ciété nomme  (par  16  voix  sur  17  votants)  : 

Prétident  pour  l'ann^  1902  :  M.  le  docteur  Naboaud. 

Premier  vice-priiident  :  M.  Alfred  Vaissier. 

Deuxième  vice-prétident  :  M.  Edmond  Francëy,  avocat,  vice- 
président  du  Conseil  général  du  Doubs. 


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—  XXX  — 

Seerilaire  dieennat  (en  remplacement  de  H.  Meynier, 
nommé  secrélaire  honoraire)  :  H.  Jules  Gauthier,  archiviste 
du  département. 

TrèaorUr  :  H.  Charles  Fauquignon. 

Archivittei  :  iSii.  KlRCHSER  et  Maldinev  sont  élus  à  l'una- 
nimité. 

(.a  séance  publique  annuelle  aura  lieu  le  jeudi  19  décembre 
et  sera  suivie  le  soir,  à  7  heures,  d'un  banquet  intime  par  sous- 
cription, chez  M.  Colomal  (cour  des  Grands-Carmes). 

Le  Président,  Le  Seerilaire, 

A.  Vaissier.  J.  Gauthier 


Séance  publique  du  19  décembre  1901. 
Présidence  de  M.  Alfred  Vaissier. 


I.^  séance  publique  annuelle  s'est  ouvci-le  k  2  heures  de  l'a- 
près-midi dans  la  (grande  salle  de  l'Hâlei  de  Ville,  en  présence 
d'une  nombreuse  el  sympathique  assislance.  Aux  c6tës  de 
M.  Vaissier,  président,  siégeaient  au  buieau  Mgr  l'archevêque 
de  Besançon  el  M.  le  colonel  Corbin,  gouverneur  de  la  place, 
H.  le  docteur  Dufour,  de  Lausanne,  M.  le  docteur  Baudin,  pré- 
sident de  l'Académie  de  Uesanconi  le  docteur  Girardol,  le  doc- 
teur Cliapuy,  ancien  président  de  la  Société,  M.  Jules  Gauthier, 
secrétaire  décennal. 

Etaient  présents  les  membres  résidants  dont  les  noms  suivent  : 
MM.  te  docteur  Bruchon  përc,  Burin  du  Buisson,  pi-éfet  honoraire, 
le  chanoine  Burlet,  doyen  du  chapitre  métropolitain  el  archi- 
prétre.  le  chanoine  Suchet,  Ch.  Bonnet,  Ledoux,  Mairot,  ancien 
président,  Coulon,  avocat,  M.  Bretillot,  Belin,  /.  Dodivers,  les 
doclenrs  Gaiideroii,  II.  Bruchon,  Dietricli,  Georges  Vaissier, 
Vautheria,  Souchon,  A.  .lacot,  outre  une  foule  d'invités  des 
plus  distingués. 


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—  rxxi  — 

Ordre  des  lectures  : 

Les  lectures  suivantes  ont  élé  faites: 

Par  H.  A  Vaissier,  président:  La  Société  d'Emulation  du  Doubê 
en  1901  ; 

Par  M.  le  docteur  Chapoy  :  Le  docteur  Coutenol  ; 

Par  M  Joies  Gautliier  :  Le  Cardinal  de  Granvelte  et  Ira  artistes 
de  ton  temps. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures. 

Le  Prétident,  Le  Secrétaire, 

A.  VAissiKn.  Jules  Gauthieh. 


Le  soir  du  19  décembre,  à  7  heures,  un  banquet  intime,  (mo- 
mentanément substitué  au  banquet  solennel  ofTerl  traditionnel- 
lement dans  la  grande  salle  du  Palais  Granvelle  aux  autorités 
et  aux  Sociétés  savantes  de  la  région)  réunissait  une  trentaine 
de  membres  de  la  Société  d'EmuIution  du  Doubs  ;  membres  du 
bureau,  anciens  présidents,  membres  tiluiaires,  qui  relaient  avec 
les  nouveaux  élus  la  présence  de  M.  le  docteur  DuFour,  de  Lau- 
sanne, l'aimable  hatiilué  de  nos  grandes  réunions.  Au  dessert 
plusieurs  toasts  sont  portés  l'un  par  M.  Vaissier,  président  sor- 
tant, qui  boit  à  son  successeur,  M.  Narttaud,  à  M.  Francey,  nommé 
vice- président,  au  nouveau  secrétaire  décennal.  Pour  acquitter 
la  dette  de  reconnaissance  contractée  envers  la  Société  et  pour 
exprimer  d'une  façon  cordiale  et  familière  ses  sentiments  Ji  tons 
ses  confrères,  il  demande  la  permission  de  faire  servir  à  son 
dessein  une  pièce  cliarmante  due  à  la  verve  poétique  d'un  homme 
d'esprit  de  la  région  dijonnaise  (I). 

Mais  auparavant  il  invite  tous  les  confrères  devançant  la  date 
désignée  du  festin  des  Rois  &  boire  aux  (rois  rois  mages  très 


(1)  M  Lucien  PatË,  chef  de  bureau  du  lu  coinmi^ian  des  monumenls 
historiques,  à  Paris  :  Le  Sol  sacré,  loa$t  atu:  Bourguignoiu  salét,  fêle 
annuelle,  Paris  1896. 


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—  xxxn  — 

libéraux,  que  la  Société  d'Emulation  vient  rie  mettre  à 
MM.  Nargaud,  Francuy  cl  Jules  Gauthier. 

Messieurs,  merci  d'abord  à  vous  tous  qui  sans  luttes, 
Sans  bulletins,  sans  urne  avant  diner  m'élûtes  ! 
Vous  ne  m'avez  pas  dit  :  i  Quel  programme  avet-vous?  » 
Sachant  que  mon  programme  est  le  vôtre  à  vous  tous; 
A  la  porte  laisser  tnut  ce  qui  nous  divise 
Et  n'avoir  tous  au  cœur  qu'une  même  devise  ; 
Amour  du  sol  nalal  !  lîroupcr  en  un  faisceau 
Tous  les  cliers  souvenirs  flottant  sur  le  berceau  ; 
Apporter  l'humeur  boune  et  franche  à  la  besogne 
Qui  consiste  A  dîner  —  comme  on  dîne  en  Bourgogne  : 
Avoir  le  plus  d'esprit  possible,  —  et  du  meilleur  - 
Pour  niëchsiil.  s'il  se  peut,  —  el  tel  que  dans  sa  Heur 
Bizol  nous  l'a  tah  voir,  ainsi  que  La  Monnojre, 

—  Ou  Fiiure  de  cet  or,  en  avoir..  ..  la  moniloie; 
Kaire  tenir  ici  les  (t^oi»  départements 

Qui  du  sol  séguanait  ne  sont  que  les  Tragmenls  ; 

Les  unir  cœur  à  cœur  et  les  fondre  de  sorte 

Que  l'âme  frane-eomloiie  encore  vivante  en  sorte  1 

—  Tel  est  noire  programme,  —  en  tout  cas  c'est  le  mien. 
El  les  choses  ainsi  marchent,  ma  Coi,  fort  bien. 

Nous  pourrions,  plua  compUu,  nous  asseoir  cent  à  table, 
Vingt,  cela  suffit,  ce  nombre  ett  acceptable. 
On  pourra  quelque  jour  en  llëchir  la  rigueur 

Ni  le  cœur  ni  Tespril  ne  veulent  que  l'on  l'encombre. 
Pour  les  dîners,  Messieurs,  l'ennemi,  c'est  le  nombre! 
Peu  nombreux,  aussi  bien  nous  nous  connaissons  tous. 
Que  de  choses  déjà  découvertes  par  nous  '. 
C'etl  la  Comté,  d'abord  !  et  cela  n'est  pas  mince 
Morte  depuis  cent  ans  —  au  moins  comme  province. 
Grâce  à  noire  concour»,  Besanfon  dam  m  mur* 
Et  dant  lei  enuironj,  n'a  plus  de  coins  obscurs 
Noue  ammi  célébré,  dans  le  court  de  not  luttrei 
Ceux  qui  de  nos  enfanta  sont  devenus  illustres  1 


A  M.  le  docteur  Maru  Duroiir,  de  Lausar 


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Vous,  qui  nous  apporlei  vos  talents  pour  nous  plaire, 

Puissiei-vous  emporter  d'ici  ce  souvenir 
-  Le  meilleur  !  —  qui  consiste  i  vouloir  revenir. 
Que  nos  T«res,  à  voui  et  au  pays  natal. 
Entrechoquent  galtnenl  leurs  lèvres  de  cristal. 

Ces  vers  et  le  toast  de  M.  Vuissier  soni  accueillis  par  de  cha- 
leureux applaudissements. 

H.  le  docteur  NargiuicJ,  pi'ésident  nouvellement  élu,  remercie 
son  prédécesseur  des  paroles  almahles  qu'il  vient  de  lui  adres- 
sée. Dans  tous  les  membres  de  la  Société  d'Emulation,  il  est 
heureux  de  retrouver  et  de  vieux  amis  et  d'excellents  confrères, 
avec  l'aide  desquels  il  est  sûr  d'être  el  de  rester  en  commu- 
nauté de  sentiments.  Son  dévouement  &  la  Société  d'Emulation 
et  h  son  ueuvre  éminemment  patriotique  et  sociale  lui  tiendra 
lieu  d'autre  titre  pour  accepter  le  fardeau  de  la  présidence  ;  ce 
fardeau  lui  sera  rendu  léger  par  l'union  et  l'entente  d'une  société 
dont  le  but  unique  est  de  servir  la  science,  les  iniéréls  de  la 
cité  et  de  garder  le  bon  renom  des  Comtois. 

M.  le  docteur  Dufour,  M.  Baudin,  président  de  l'Académie  de 
Besançon,  M.  Gascon,  membre  correspondant  à  Fontaine- Fran- 
çaise, prennent  lour  &  tour  ta  parole.et  leurs  discours  pleins  de 
sentiments  aimables  pour  la  Société  et  ses  membres,  sont, 
comme  celui  de  M.  le  docteur  Narguud,  salués  d'applaudisse- 
ments répétés. 

M.  Jules  (iaulliier.  secrétaire  décennal,    termine  la  série  des 

toasts  par  quelques  mots  adressés,  selon  l'usage,  aux  Sociétés 

savantes  tranc-com toises  que  des  liens  de  vieille  confraternité 

et  d'aiïeclion  unissent  dés  longtemps  à  lu  Société  d'Emulation. 

•  Messieurs, 

•  Nos  aïeux,  qui  n'étaient  point  des  sols,  buvaient  sec  et  par- 
laient peu,  surtout  à  table.  Un  proverbe,  un  propos  gaulois,  une 
devise  française  ou  latine  suftisait  à  égayer  leurs  banquets,  ils 
n'en  vidaient  pas  moins  d'un  trait,  —  de  très  grands  verres. 

■  Utinam,  criaient  nos  bousbols;  En  Dieu  mon  a ppu y,  cla- 
maient les  gens  de  MonLbétiard,  et  la  glose  était  suffisante. 


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—  IXXIV  — 

■  Quand  Besançon  fètail  les  Granvelle,  le  chancelier  répon- 
dait: Sic  visoM  suPERis,  et  le  cardinal  se  bornail  k  dire  :  Du- 
BATE,  c'élait  leur  adage. 

t  Si  votre  secrélaire  doit,  pour  i=e  conformer  Â  la  tradilion, 
boire  à  la  prospérité  des  Sociétés  franc -coin  toises  qui,  dans  un 
but  aussi  désintéressé  que  patriotique,  groupent  tous  tes  hommes 
de  caractère,  de  bon  vouloir,  de  labeur  et  de  talent,  permettez- 
moi  de  résumer  nos  souhaits  et  nos  vœux  en  leur  criant  de  tout 
cœur  la  vieille  devise  d'un  Granvelle  :  Dubate,  Continuez  !  » 

Comme  souvenir  d'une  réunion  pleine  de  cordialité  et  d'aban- 
don, les  cqnvives  emportent  un  joli  menu,  composé  par  M.  Vais- 
sier,  tiré  sous  les  presses  de  la  maison  Dodivers  et  dont  voici 
la  description  : 

A  côté  du  dessin  d'une  tWe  d'enfant  (antique),  en  vergenne, 
trouvée  auprès  de  Porte-Noire,  recueillie  au  Musée  ardiéolo- 
logique  et  dessinée  par  M.  le  président,  les  vers  suivants 
d'Edouard  Grenier  i 

Quand  an  est  jeune,  on  rit  souvent  de  toute  chose  ; 


Age  heureux  I  seul  heureux!  quand  au  bord  du  sillon 
Il  suflit  d'une  lleur,  'l'un  nid,  d'un  papillon; 

Où  l'esprit,  dépliant  ses  tleurs  originales. 
S'entrouvre  avec  délice  aui  brises  matinales, 
Et  comme  l'alouelte  ou  le  chevreau  des  monts 
Respire  le  bonheur,  dans  l'air,  à  pleins  poumons  I 

{Le  Voyage,  Ed.  Grenier.) 


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MEMOIRES 


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SOCIÉTÉ  D'ÉMULATION  DU  DOUBS 


Discours  d'ouvertare  de  la,  séance  |iii!jliqiie  ilu  jeudi  19  décenbre 
Par  H.  Alfred  VAISSIER 


Monseigneur  W, 

Mesdames, 

Messieurs, 

La  Société  d'Emulation  du  Doub^,  après  un  quirt  de  siècle 
employé  à  justifier  ie  titre  qu'elle  s'était  donut>,  décidait,  il  y 
a  trente-cinq  ans,  de  tenir  une  séance  publique  où,  jiar  l'or- 
gane de  son  pré-iidcnt,  elle  donnerait,  en  fin  d'année,  le 
comptn  rendu  des  travaux  de  ses  membres. 

L'usage  s'établit  aussitôt  que  le  rapporteur,  chargé  de  cette 
mission  de  confiance,  pouvait  ac.;i)-npagner  une  énumération 
nécessairement  sommaire  de  considérations  accessoires  lais- 
sées à  son  libre  choix. 

Après  les  excellents  modèles  présentés  par  nos  anciens 
directeurs,  letrës  humble  président  de  1901  se  demandait  avec 
anxiété  comment  il  pourrait  satisfaire  un  auditoire, ^môme  des 
plus  bienveillants,  lorsque  di3i  circonstances  imprévues 
vinrent  lui  indiquer  son  devoir  et  m3Ltre  lin  à  ses  hésita- 
tions. 

(1)  M''  Petit,  archevâque  de  Bdaançan. 


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—  2  — 

Il  y  a  quelques  jours,  plusieurs  d'entre  nous  se  tendaient  h 
Baume-les-Dames  pour  accompagner  à  sa  dernière  demeure 
un  membre  d'honneur  de  la  Société,  le  poète  Edouard  Gre- 
nier, et,  en  même  temps,  ils  apprenaient  que  ce  vénérable 
compatriote  n'avait  pas  voulu  terminer  ^^  bienfaisante  carrière 
sans  laisser  entre  des  mains  fidèles  un  magnifique  souvenir. 

Avant  de  inoui'ir.  le  peintre  Jules  Grenier  avait  exprimé  k 
son  frère  Edouard  le  désir  qu'une  partie  des  biens  qu'il  lui 
laissait  fût  un  jour  consacrée  A  fonder  une  pension  triennale 
en  faveur  d'un  jeune  compatriote  sans  fortune,  qui  aurait  ma- 
nifesté des  aptitudes  sérieuses  pour  l'étude  des  sciences,  des 
lettres  ou  des  beaux-arts.  Telle  est  l'origine  de  l'une  des  dis- 
positions testamentaires  de  l'homme  de  bien  qui  vient  de 
quitter  ce  monde. 

La  libéralité  d'Edouard  Grenier, associée  !i  la  mémoirede  son 
frère  bien-aimé,  signifie  qu'il  tenait  à  accorder  à  une  Société 
coutumière  de  bons  exemples  de  désintéressement  la  noble 
faculté  d'exercer  h  son  tour  la  bienfaisance  pour  l'émulation. 

Ne  convient-il  pas  de  remonter  jusqu'à  su  source  le  courant 
des  pensées  généreuses  issues  des  origines  de  la  Société 
d'Emulation  et  d'appliquer  à  celle-ci,  presque  littéralement, 
d'éloquentes  paroles,  prononcées  par  un  de  ses  anciens  pré- 
sidents : 

<  Il  y  a  un  intérêt  sérieux  à  recueillir  dans  une  vue  d'en- 
semble, Bcs  titres  à  notre  souvenir,  non  pas  pour  ses  amis  qui 
les  connaissent,  mais  pour  les  indifférents  trop  enclins  à  di- 
minuer la  vertu  féconde  des  hautes  spéculations  de  l'esprit 
et  des  recheichcs  désintéressées.  ■ 

Si  les  hommes  passent,  les  institutions  restent  pour  perpé- 
tuer leur  action  cl  pour  confonilre,  dans  un  même  hommage, 
les  premiers  l'ondateurs  avec  ceux  qui  viennent  consolider 
leur  œuvre. 


Le  25  mai  dernier  s'éteignait  à  Arbois,  h  l'ftge  de  98  ans, 
Au^usle-Nupoléon  Parandii:r,  ancien  député  du  Doubs  et  ins- 
pecteur général  des  ponis  et  chaussées. 

Au  jour  de  ses  obsèques,  on  résumait  ainsi  la  brillante  car- 


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riëre  de  ce  franc-comtois  distingué  :  ■  Entre  1830,  oA  il  traçait 
>  le  premier  travail  d'eii^ernlile  sur  l'orographie  et  la  slati- 
»  graphie  du  Jura  et  sa  publication  dans  les  Mémoires  de  la 
»  Société  d'Emulation  du  Doiibs,  s'encadrait  une  vie  laborieuse 
■  dont  le  caractère  comme  la  durée  commandent  la  gratitude 
1  et  le  respect.  •  (H.  Pingaud.) 

Sorti  le  premier  de  l'Ecole  des  p<)rilsi  et  cliunssées,  Parandier, 
en  1826,  était  envoyé  en  mission,  comme  élève  in[,'ôtiieur,  pour 
suivre  les  travaux  du  canal  du  fihénc  au  Ithiu  dans  lu  vallée  du 
Doubs. 

Après  une  élude  sérieuse  des  ressources  de  la  région,  en  ce 
qui  concerne  les  matériaux  de  consiruciiou,  il  entreprenait,  les 
années  suivantes,  son  travail  d'ensemble  sur  la  Géologie  du 
Jura, 

Comme  nous  l'apprend  notre  confrère,  M.  le  D'  Girardot, 
jeune  conlident  du  nonagénaire  inspecteur  général,  il  étudie  fi 
fond  les  environs  de  Besancon,  en  s'enlouranl,  dans  ses  excur- 
sions, de  tous  les  naturalistes  du  pays,  ce  qui  l'amène  à  réaliser 
l'embryon  d'une  Soeiilé  Géologique  et  d'itialoire  naturelle. 

Le  savant  Girod  de  Chanlrans,  ù  qui  le  groupe  en  formation 
offrait  la  présidence,  leur  conseillait  de  s'affilier  k  la  Société 
d'Agriculture  officiellement  rétablie.  Cette  fusion  ne  put  abou- 
tir, et  quelques  années  après,  au  départ  de  son  organisateur, 
t'ussociallon  de  nus  géologues  se  dispersait  sans  laisser  ni  pro- 
cès-verbaux ni  mémoires. 

A  ce  moment  même  se  manifestait  spiintanénient,  avec  un 
programme  plus  vasie,  une  reprise  de  la  tentative  avorlOe  de 
Parandier, 

Le  1'^  juillet  1840,  huit  persorines  étaieni  réunies  clieit  »\\ 
homme  aussi  modeste  que  bienveillant,  le  docteur  Martin,  sa- 
vant et  habile  clinicien.  C'était  d'abord  son  intime  camarade 
d'étude,  le  botaniste  et  docteur  Charles  Grenier,  que  Girod  de 
Chantrans  avait  en  grande  affection,  puis  un  homme  du  mondu 
au  tempérament  d'artiste,  'riiéopblte  Uruaud.  dont  les  talents  et 
les  aptitudes  très  diverses  allaient  bientôt  se  révéler  dans  l'En- 
tomologie ;  les  frères  Delacroix,  l'un  professeur  k  l'Ecole  de  mé- 
decine, l'autre  architecte;  puis  l'ingénieur  Iloudsot,  futur  cons- 
tructeur des  établissements  métallurgiques  de  Fraisans;  enlln, 
le  pharmacien  lleaulhias  et  l'attaché  au  service  des  forêts  de  la 
ville,  Vivier,  curieux  de  botanique  el  de  géologie. 
•  L'ingénieur  Boudsot,  résumant  la  pensée  commune,  expri- 


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mait  le  regret  de  ce  qu'il  n'esislât  pas  à  Besancon,  où  l'on  cul- 
livait  l'étude  des  sciences  physiques  et  naturelles,  les  applica- 
tions industrielles  et  les  investi  gai  ion  s  archéologiques,  un  lieu 
de  réunion  pour  les  hommes  laborieux  et  de  tionnc  volonté  afin 
de  s'instruire  muluellemenl  et  d'entretenir,  dans  noire  pays, 
l'émulation  toujours  languissante  loin  des  grands  foyers  de  ci- 
vilisation. 1 

Séaniïe  tcnanti*.  on  rédige  le  plan  d'une  association  dite  So- 
eiili  libre  d'Emulation  du  département  du  I)oub: 

Au  sortir  de  ce  conciliabule,  le  docteur  Emile  Delacroix  se  met 
en  campagne  et  recueille,  ii  domicile,  la  signature  de  vingt- 
deux  adhérents,  ce  qui  complétait  une  liste  de  trente  membres 
dits  fandateura,  qui  auront  seuls  voix  délibéralive.  Ils  se  par- 
tagent en  trois  sections  : 

Science*  naturelle»,  letencei  industriellÉs  et  beaux-art». 

La  littérature  pure  restait  du  domaine  académique;  un  ciiamp 
sunisammenl  vaste  était  ouvert  à  l'activité  iirovinciale. 

Sur  le  registre  conservé  des  procès- verbaux,  en  tète  de  la 
seclion  des  sciences  naturelles,  on  lit  le  nom  d'un  personnage 
qui  n'a  laissé  aucun  écrit  permettant  d'apprécier  sa  valeur 
scientifique;  c'était  un  homme  d'un  monde  qui  semblerait  étran- 
ger au  groupe  très  libéral  en  formation  si  l'on  ne  connaissait 
pas  les  titres  qui  le  recommandaient  à  la  considération  pu- 
blique :  H.  le  comie  d'Udressier.  Dépouillé  momentanément  de 
ses  biens,  en  IKi,  puis  revenu  de  rémJKratJon  avec  le  litre  de 
docteur,  le  noble  comte  pratiquait  la  médecine  uniquement  pour 
le  service  des  indigents. 

Botaniste  et  géologue,  il  aimait  à  suivre  les  progrès  de  la 
science  sans  chercher  k  se  produire  autrement  que  par  la  plus 
gracieuse  bienveillance  pour  tous,  et  en  particulier  pour  les  na- 
turalistes avec  le  concours  desquels  il  formait  de  belles  collée- 
tions  géologiques.  C'est  aifisi  que  Parandier  avait  trouvé  auprès 
de  lui  des  éléments  d'étude  tout  préparés.  Timide  dans  sa 
science,  puisée  à  des  sources  diftéreutes,  le  comte  d'Udrossicr 
n'en  était  pas  moins  ti'ès  tolérant  pour  les  tendances  positivistes 
et  indépendantes  des  savants  modernes;  en  choisissant  pour 
son  président  cette  estimable  personnalité,  la  Société  d'Emula- 
tion donnait,  dès  le  principe^  l'exemple  de  la  largeur  de  l'esprit 
qui  devait  toujours  régner  dans  son  sein. 

Celia  présidence  ne  fut,  en  réalité,  qu'honoraire,  M.  d'Udres- 
sier n'assista  6  aucune  des  séances. 


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—  5  — 

A  sa  mort,  six  ans  après,  il  léguait  h  la  ville  de  Besançon  sa 
colleciion  remarquable  de  fossiJes  et  de  minéraux. 

Il  ne  fui  pas  donné  suite  à  la  décision  expresse,  prise  en 
séance,  de  publier  une  notice  nécrologique  sur  H.  d'Odressier, 
comme  Emile  Uelacroix  l'avait  Tait  pour  celui  qui  tint  un  instant 
lu  place  du  président,  le  malhémalicien  Delly. 

Aiiii  de  réparer  cet  injuste  oubli,  notre  secrétaire  décennal, 
M.  le  docteur  Meynier,  a  recueilli,  celte  année,  les  rares  docu- 
ments qui  concernenl  le  bon  docteur. 

S'il  y  avait  un  contraste  entre  la  situation  du  noble  comte  et 
celle  de  son  vice-président,  trop  facile  peut-être  dans  ses  rela- 
tions, ils  élaieiil  égaux  cependant  en  loyauté  et  en  bienveillance. 

Delly,  professeur  de  maihémaliques  spéciales  au  Lycée,  de- 
puis vingt-cinq  ans,  était  très  apprécié  pour  la  clarté  merveil- 
leuse de  son  enseignement.  Une  haute  intelligence  se  dissimu- 
lait sons  les  dehors  les  plus  modestes.  La  générosité  de  son 
cœur  se  manifestait,  en  particulier,  à  l'égard  des  élèves  peu 
fortunés  qu'il  assistait  de  toute  façon,  en  dehors  de  son  cours 
et  même  à  sa  table.  Vénéré  de  toute  la  jeunesse  franc-comtoise, 
il  mourut  subitement  l'année  même  de  sa  nomination. 

César  Convers,  ingénieur  ei  futur  maire  de  llesançon,  lui 
succéda  dans  U  vice-présidence,  pour  devenir,  après  la  mort  de 
M.  d'Udressier,  le  deuxième  président  de  la  Société. 

Aux  noms  qui  viennent  d'être  cités,  joignons  ceux  des  assis- 
tants aux  premières  séances.  Jules  Crestin,  E.  Demesmay,  le 
0'  Corltet,  Alph.  Marquiset,  l'architecte  Vieille,  le  peintre  Ar- 
mand de  Kragiiier,  Eug.  Rretillot. 

Après  l'envoi  d'un  manifeste  faisant  appel  aux  liommes  de 
bonne  volonté  de  la  province,  le  groupe  s'accrut  d'abord  d'un 
nombre  de  correspondants  égal  à  celui  des  fondateurs,  et  une 
première  livraison  parut,  contenant  des  travaux  de  Grenier, 
pour  la  botanique,  de  Boudsot,  pour  les  sciences  appliquées  et 
d'Alphonse  Delacroix,  pour  l'arcbéologie. 

Aussi  parfait  que  puisse  être  l'accord  dans  une  pensée  com- 
mune, il  n'y  a  rien  de  fait  tant  qu'il  ne  se  rencontre  pas  un 
homme  de  dévouem>;iiL  en  qui  s'incarne  la  Société,  qui  veille  h 
lout'etqui,  on  pari  iculier,  puisse  lutter  contre  les  difllcultés  sans 
céder  au  découragement.  Le  groupe  de  nos  fondateurs  eut  la 
fortune  île  posséder  celui  dont  les  qualités  aimables  et  les  ap- 
titudes très  divei-ses  devaient  se  prêter  à  ce  service  désinté- 
ressé :  Théophile  Bruaiid. 


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Théophile  Bruand  succède  donc  bu  secrétaire  provisoire 
E.  Delacroix  et.  pendant  douze  années,  les  plus  pénibles,  il  de- 
meure la  cheville  ouvrière  de  la  Société.  Hais,  comme  le  dit  si 
bien  Alphonse  Delacroix  :  .  l'entreprise  parui  bientôt  devoir 
1  dépasser  les  Torces  et  la  constance  des  travailleurs,  il  Tul  un 

>  moment  de  crise  où  Bruand  ne  perdant  pas  courage  finit  par 

>  remplir  réellement  toutes  les  fonctions  administrait  vos  de  la 
B  Société  et  sut  la  maintenir  debout.  Jusqu'à  ce  qu'elle  eût  ac- 
■  quis  une  viUtlilë  assurée  ». 

Cetle  (ouclianle  mention  des  tribulations  d'un  homme  de  cœur 
dans  son  désir  de  faire  vivre  et  prospérer  l'œuvre  libérale  et 
d'union  dont  il  avait  compris  l'intérêt  et  la  porlée,  suffirait  k 
elle  seule  pour  encourager  les  efforts  de  si-s  successeurs  à  là 
perpétuer,  et  les  sympathies  de  leurs  concitoyens  à  en  assurer 
la  conservation. 

Dès  la  seconde  année  de  sa  fondation,  la  sollicitude  de  l'ad' 
minislrHlion  vient  en  aide  i"»  ta  Société,  lu  Ville  lui  accorde  une 
subvention  annuelle  de  -HiO  francs,  puiK  c'est  le  concours  du 
Conseil  général,  les  félicitalions  et  l'appui  de  la  Commission  des 
monuments  historiques. 

En  retour,  et  aussitôt,  les  colleclions  municijiales  d'histoire 
naturelle  s'enrichissent  des  dons  et  des  acquisitions  de  la  So- 
ciété. A  la  suite  de  fouilles  que  ses  membres  surveillent  et  dé- 
crivent, soit  ù  Amancey,  soit  à  l'Arsenal,  se  prépare  le  noyau 
autour  duquel  se  grouperont,  en  1848,  les  richesses  futures  du 
Musée  archéologique,  fondée  l'instigation  d'Alphonse  Delacroix. 
L'achat  des  colleclions  Lafosse,  Biduet  et  de  Vezet  précède  le 
produit  des  importantes  fouilles  d'Alaise. 

Lorsque,  après  une  longue  attente,  la  Facullé  des  sciences 
fut  rétablie  à  Besani;on,  en  1845,  la  Société  choisit  avec  empres- 
sement, parmi  ses  professeurs  distingués,  toute  une  série  de 
présidenis  et  bientôt,  avec  les  Delesse,  Sainte-Claire  Deville, 
Grenier  et  Coquand,  sa  noioriété  scientifique  franchit  les  limites 
de  la  province. 

En  18^.  à  l'inauguration  de  nos  séances  publiques,  dans  celte 
salle  (que  la  municipalité  nous  a  toujours  octroyée)  e(  en  pré- 
sence du  Préfet  et  du  Maire,  le  professeur  Grenier,  président 
pour  la  troisième  fois,  signalait  «  les  services  de  tous  genres 
que  la  Société  d'Emulation  avait  rendus  tant  dans  l'ordre  des 
sciences  spéculatives  que  dans  celui  des  questions  qui  louchent 
à  la  vitalité  du  pays  i. 


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—  7  — 

A  la  suite  de  l'heureuse  entente  avec  la  Faculté,  une  absorp- 
tion peut-être  excessive  du  terrain  commun,  au  profit  des 
sciences  physiques  et  naturelles,  parut  indisposer  un  instant  les 
partisans  des  ôtudes  historiques  el  archéologiques.  Cette  phase 
critique  fut  du  courte  durée;  les  géologues  el  les  botanistes 
eurent  conscience  de  la  nécessité  d'un  sacrifice  partiel  de  leurs 
préférences;  ils  comprirent,  les  premiers,  que  si  la  Société  avait 
l'ambition  de  produti-e  des  œuvres  originales  et  non  des  travaux 
de  simple  vulKarisation,  elle  aurait  salisraction  plutôt  avec  l'é- 
lude de  l'histoire  provinciale  qu'avec  celle  de  lu  science  pure 
et  exclusive. 

Iteconnue  d'utilité  publique  des  1803,  ta  Sociélé  allait  bientôt 
pouvoir  étendre  son  action  sous  l'habile  direction  du  plus  émi- 
nenl  de  ses  propagateurs,  Auguste  Caslan,  qui  s'était  déjà  si- 
gnalé par  de  nombreux  travaux  et  son  actif  concours  lors  de 
l'Exposition  universelle  de  Bosen^on,  en  18130.  Nommé  secrétaire 
décennal,  après  la  retraite  de  notre  laborieux  et  vénérable 
doyen  M.  ViUl  Bavuux,  Auguste  Caslan,  pendant  vingt-cinq  ans, 
c'est-à-dire  jusqu'à  sa  Un,  se  vit  à  la  tête  d'une  Société  de  plus 
de  cinq  cents  membres.  Il  lui  obtient  toutes  les  récompenses 
qu'elle  peut  ambitionner  et  en  fait  un  centre  intellectuel  pour 
'oute  la  province. 

Dans  celle  revue  rétrospective  el  devant  des  souvenirs  trop 
récents,  il  convient  de  s'arrêter  à  celte  date  fatale  de  la  dispa- 
rition du  maître,  avant-coureur  de  pertes  cruelles  et  de  répétés 
écueils  où  notre  nef  semblait  devoir  sombrer.  Mais,  pas  plus  à 
bord  que  sur  la  rive,  l'équipage  ne  l'a  point  abandonnée  :  Flae- 
tuat  née  mergitiir,  et  chaque  année  elle  a  réparé  ses  pertes  et 
s'est  maintenue  dans  le  sillage  tracé. 


C'est  bieo  ici  quo  pour  acquitter  un  devoir  malheureuse- 
ment annuel,  il  faut  placer  l'hommage  de  nos  derniers  re- 
grets à  la  mémoire  de  ceux  que  la  mort  nous  a  ravis. 

Après  Purandier,  qui  vient  d'être  replacé  à  la  tête  de  nos 
inilialeurs,  et  avaut  Edouard  Grenier,  l'insigne  bienfaiteur 
de  l.i  Socii'ti-,  nous  perdions  cette  année  MM.  de  Prinsac 
el  Vai-aigne,  Dans  nos  Mémoima,  M.  de  Prinsac  nous  a  dé- 
crit, comme  acteur  et  témoin  oculaire,  la  courageuse  résis- 
tance de  Belfort,  soutenue  par  l'énergie  patriotique  du  colo- 


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mais  en  même  temps  intelligent  coDectionneur  des  vestiges 
de  l'industrie  humaine  aux  iges  préhistoriques.  D'après  les 
dernières  volontés  de  son  mari.  M"'  Milliard  a  fait  gracieu- 
sement le  don  au  Muîiée  d'archéologie  d'une  quantité  con- 
sidérable de  silex  travaillés,  tous  recueillis  par  M.  Milliard 
dans  une  même  station  de  la  Haute-Saône.  L'analyse  de  cette 
collection,  ti'ës  intéressante  à  ce  litre,  nous  a  été  exposée 
par  un  appréciateur  compétent,  M.  le  ])'  Girai^ot,  à  qui  nous 
devions  déjfi  le  compte-rendu  d'une  Etude  »ur  l'homme 
quaternaire  dans  le  baiiin  du  Rhône,  par  M.  Chantre,  un 
des  premiers  archéologues  français  qui  aient  introduit,  dans 
une  science  tonte  nouvelle,  les  procédés  de  la  f^éologic.  Dans 
notre  région,  sont  venus  à  la  suite  de  cet  uuleur,  MM.  Be- 
noit Kilian,  l'erron  (de  Gray),  Travelet  et  Abbl  Girardot  (de 
Lo  ns- 1  e-Sau  n  i  er) . 

Passons  aux  élude»  sur  les  monuments  historiques  de 
l'époque  gallo-romaine. 

Au  Congrès  des  Sociétét  franc-comloiset  tenu  à  Dole,  il  y 
a  deux  ans,  puis  celte  année  à  Montbéliard,  leur  infatigable 
organisateur,  notre  nouveau  secrétaire  décennal,  M.  Jules 
Gauthier,  a  proposé  le  projet  d'une  révision  de  la  carte  des 
voies  romaines  en  Franche-Comté. 

A  la  suite  de  la  publication,  dans  une  revue  spéciale,  du 
texte  de  la  borne  milliaire  de  Mathay,  conservée  au  Musée, 
M.  Gauthier  estime  que  divers  tracés,  récemment  proposés 
entre  Besançon  et  Mandeure,  sont  peu  admissibles  el  qu'une 
détermination  plus  précise  de  la  station  qui  .suit  celle  de 
Luxiol  {Lopotagium),  h  savoir  celle  de  Velalodurum,  per- 
mettra de  [rester  lidèles  aux  itinéraires  antérieurement  in- 
diqués. 

A  l'appui  de  ces  prévisions,  nous  citerons  la  constatation 
faite  dernièrement  â  Voillans,  par  notre  confrère  M.  l'abbé 
Paul  Druot,  de  nombreuses  exploitations  rurales  de  la  levée 
romaine,  d'une  richesse  d'empierrage  extraordinaire  el  sur 
on  long  parcours,  autourde  la  dépression  circulaire  qu'oc- 
cupe ce  village,  tandis  que  l'on  ne  connaît  rien  de  semblable 
au  voisinage  de  Viéthorey. 


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-  10  — 

Les  miettes  de  l'histoire  que  sont  les  petits  problèmes 
archéologiques  donnent  lieu  parfois  à  des  surprises  qui  ne 
manquent  pas  d'intérêt. 

Voici  un  petit  dallage  quadrangulaire  d'un  caractère  assez 
singulier  et  de  construction  fort  soignée  On  y  a  vu,  au 
premier  moment,  la  place  d'un  oratoire,  puis  une  base  pour 
y  asseoir  une  table  d'autel  chrétien. 

En  présence  d'un  vestige  archéologique,  ne  nous  avisons 
jamais  de  dire  avec  le  sculpteur  du  fabuliste  devant  un  bloc 
de  marbre  : 

Sera-t-il  Dieu,  lable  ou  cuvelte? 

Le  dallage  de  Chambornay-les-Bellevaux  ne  fut  ni  cha- 
pelle, ni  table  d'autel,  mais  cuvette,  c'est  ii-dire  le  fond  d'un 
ré.5ervoir,  lavoir  ou  bassin  de  fontaine  bien  certainement 
gallo-romain  et  sans  aucune  indice  de  christianisme. 

A  l'actif  de  cette  année,  on  me  permettra  de  compter  la 
solution  de  plusieurs  de  ces  énigmes  que  nous  proposaient 
depuis  si  longtemps  les  colonnes  de  notre  Arc  de  triomphe. 
C'est  encore  à  l'exposition,  au  Musée,  des  moulages  de  la 
Société  d'Emulation,  qu'il  faut  en  attribuer  l'occasion. 

Sur  le  tambour  supérieur  de  la  colonne  qui  fait  face  à  la 
ville,  on  entrevoit  cette  scène  :  Une  sorte  de  génie  nu  et  ailé 
étendant  le  bras  au-dessus  d'un  personnage  qui  élève  vers 
lui  ses  deux  mains  jointes. 

Un  intelligent  visiteur  de  passage,  après  un  examen  mi- 
nutieux, pi-opose  celte  hypothèse  :  —  ■  Ne  serait-ce  pas  Dé- 
dale occupé  à  attacher  des  ailes  aux  épaules  de  son  fils 
Icare  ?  » 

C'était  le  trait  de  lumière  qui  devait  suffire  pour  nous  gui- 
der dans  l'interprétalion  de  la  figuration  de  loute  la  colonne. 

Après  Dédale,  voici  Thé.séo  tuant  le  minotaure  dans  son 
palais  ;  en  quatrième  lieu,  c'e.-it  Hercule,  sur  le  mont  Oeta, 
faisant,  sur  un  autel  allumé,  le  sacrifice  pieux  d'une  der- 
nière flèche  ;  à  ses  côtés,  le  serpent,  symbole  hellénistique 
de  la  mort  glorieuse;  le  glaive  et  la  massue,  devenus  inu- 
tiles, sont  suspendus  en  trophée  à  un  arbre  sacré  ;  enfin, 


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— 11  — 

cette  jeune  femme,  aux  bras  étendus,  ne  peut  être  qu'An- 
dromède attachée  au  rocher,  attendant  Persée,  son  libéra- 
teur ;  le  Monstre  marin  est  S  ses  pieds. 

Rendons  hommage  au  flair  archéologique  de  M.  Hettner, 
conservateur  du  musée  de  Trêves,  qui,  par  l'heureuse 
mention  de  Dédale,  noua  a  engagés  dans  la  bonne  vote  pour 
une  interprétation  définitive  de  l'ensemble.. 

Il  appartenait  bien  k  l'ai-chilecte  ou  au  sculpteur  de  Porte- 
Noire,  de  placer  à  la  tête  de  cette  série  de  héros,  écho  loin- 
tain des  plus  anciennes  légendes,  la  figure  du  Père  des  arts 
de  la  Grèce,  de  l'ingénieur  par  excellence,  du  constructeur 
du  Labyrinthe 

Pour  accompagner  la  figure  de  Jupiter,  vainqueur  des 
Titans,  maintenant  restituée  sur  la  clé  de  l'archivolte,  ce  ne 
sont  pas  des  dieux  qui  interviennent,  mais  bien  des  hommes 
glorifiés  pour  leurs  exploits  :  Dédale,  héros  par  le  labeur  et 
le  génie  artistique,  complète  le  triomphe  de  la  force  et  de  la 
beauté  qu'exprimait  le  monument  paien.  Dix  siècles  après, 
aux  places  d'honneur  de  ses  monuments,  le  Christianisme 
célébrera,  à  son  tour,  les  héros  de  la  foi,  ses  Saints  et  ses 
Martyrs. 

Des  souvenirs  de  l'art  romain,  nous  passerons,  avec  M.  Jules 
Gauthier,  aux  éludes  arrhitecturales  du  Moyen-Age.  D'après 
ce  judicieux  observateur,  trois  églises,  sur  les  deux  versants 
du  Jura,  nous  donneraient  le  type  caractéristique  des 
constructions  religieuses  du  xii'  siècle,  très  rares  dans  notre 
région  ;  ce  sont  celles  de  Saint-Maui'ice  de  Jougne,  de  Saiiit- 
Ursanne,  au  canton  de  Berne,  si  curieuse  par  son  portail  et 
surtout  par  une  crypte  qui  permettrait  la  restitution  théo- 
rique de  celle  de  la  cathédrale  de  Besancon,  détruite  en 
1680;  enfin  l'église  de  Romain-Motier,  au  canton  de  Vaud, 
dont  la  construction  entière  mérite  une  monographie  dé- 
taillée que  M.  Gauthier  publiera  prochainement  dans  nos 
Mémoires. 

Pour  faire  la  part  à  l'histoire  de  la  province,  M.  Meynier, 
utilisant  les  documents  de  nos  archives  municipales,  a  résu- 
mé avec  conscience  et  clairement  commenté  sous  le  titre  de 


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—  12  — 

Besançon  pendant  la  guerre  de  dix  ans  (1636-1647)  «:  les 
alternatives  de  craintes  et  d'espérances  par  lesquelles  la  cité 
dite  libre,  si  longtemps  confinée  dans  sa  situation  de  Ville 
impériale,  se  vit  obligée,  pressée  par  les  circonstances,  à 
sortir  de  sa  réserve  peu  généreuse  et  à  joindre  ses  elTorts, 
moins  égoïstes  cette  fois,  à  ceux  de  ses  voisins  de  Franche- 
Comté,  se  préparant  ainsi,  sans  le  savoir,  au  rôle  de  capitale 
de  la  province,  n 

Groupons  au  chapitre  des  recherches  bibliographiques  une 
note  de  M.  Gaulhier  sur  lu  composition  des  bibliothèques 
des  religieux  Oistertiens,  d'après  les  catalogues  de  leurs 
manuscrits,  dans  les  principales  abbayes  de  Balerne,  de  la 
Charité  et  de  Mont  Sainte-Marie.  Ces  ordres,  qui  se  livraient 
surtout  à  l'agriculture,  possédaient  des  collections  aussi  va- 
riées que  celles  des  Bénédictins  leurs  devanciers,  et  la  méde- 
cine, très  pratiquée  dans  les  monastères,  n'y  était  pas  oubliée. 

Une  seconde  communication  de  notre  savant  secrétaire 
nous  renseigne  sur  l'intérêt  que  présentent  deux  manuscrits 
entrés  dernièrement  à  la  bibliothèque  de  la  ville,  l'un  attribué 
à  François  d'Orival,  mort  en  1620,  parait  avoir  servi  de  base 
pour  l'histoire  des  archevêques  de  Besançon  dans  le  Vetontio 
de  J.-J.  Chiflet;  l'autre,  de  peu  d'importance  toutefois,  con- 
tient des  poésies  présentées  è  une  sorte  d'académie  privée 
qui  existait  à  Besancon  en  1776. 

N'oublions  pas  de  citer  la  juste  réclamation  de  priorité  faite 
par  M  le  docteur  Girardot,  en  faveur  de  notre  savant  et  re- 
gretté compatriote  Marcou,  à  qui  la  Revue  géographique  sem- 
blait retirer,  inconsciemment  peut-être,  le  bénéfice  d'avoir, 
le  premier,  énoncé  l'origine  du  nom  A' Amérique. 

Dans  une  note,  insérée  dans  nos  Mémoires,  en  1887,  M^ir- 
cou  a  établi  que  ce  nom  est  celui  que  Ips  indigènes  donnaient 
à  une  c<mtrée  montagneuse  du  Nicaragua,  et  que,  par  une 
confusion  étrange,  le  prénom  à'Albérico  Vespucci  a  été  trans- 
formé, pour  la  légende,  en  celui  à'Amérigo.  *  Le  nom  d'A- 
mérique étant  rendu  aux  Américains,  on  voit  que  l'Espagne 
perd  avec  ses  possessions  dans  le  Nouveau  Monde  le  privi-' 
lège  de  l'avoir  baptisé  ». 


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—  13  — 

La  question  de  Vétitde  des  paloiê  de  F^anche-Comté,  au 
point  de  vue  de  leur  filiation  ou  de  leurs  rapports  avec  la 
langue  nationale,  a  été  plusieurs  fois  soulevée  dans  le  cours 
de  nos  séances.  Comme  une  conséquence  de  celte  préoc- 
cupation, la  Société  a  fait  un  bon  accueil  à  la  proposition 
d'une  nouvelle  édition  du  joyeux  poème  patois  La  Jacque- 
mardade  (la  première  devenue  très  rare),  pour  accoin|»agner 
la  notice  sur  son  auteur,  lue  à  notre  séance  publique  de  l'an- 
née  dernière. 

Bizol  a  été  un  des  derniers  Bisontins  à  se  servir  avec  goût 
de  la  langue  populaire  de  Besançon,  et  mieux  que  personne, 
il  était,  il  y  a  cenl  cinquante  ans,  à  même  d'en  posséder  le 
vocabulaire,  les  tours  et  la  prononciation.  11  est  facile  de  se 
rendre  compte  de  son  mérite  sous  ce  rapport,  dans  le  texte 
de  La  Jacquemardade  si  agréablement  typographie  par  notre 
dévoué  confrère,  M.  Dodivers,  auquel  nous  sommes  heureux 
d'adresser,  à  cette  occasion,  de  publiques  félicitations. 

Les  dernières  pages  de  plusieurs  travaux  qu'il  a  fallu  sec- 
tionner, en  raison  de  leur  importance,  tiennent  une  place 
considérable,  mais  très  distinguée,  dans  notre  publication 
annuelle. 

C'est  d'abord  le  texte  complet  d'un  très  curieux  manuscrit, 
échoué  par  hasanl  et  depuis  longtemps,  a  la  Bil)liot1j<'que  de 
Besançon.  C'est  un  myalère  ou  drame  évangélique,  du 
XIV*  siècle,  au  langage  picard,  où  M.  iïoy,  avec  une  éru- 
dition profonde  et  un  grand  talent  d'analyse,  a  trouvé  la 
matière  d'une  étude  scientillquc  tout  à  la  fois  littéraire  et 
historique. 

A  travers  les  gloses  des  théologiens  et  des  scholiastes,  et 
les  rapprochements  des  ouvrages  similaires  de  France  et  de 
l'étranger,  on  peut  se  faire  une  idée  de  cette  obsession  ter- 
rible de  la  venue  de  l'Antechrùl  qui  a  pesé  sur  tout  le  moyen 
âge.  Le  but  que  M.  Roy  se  proposait  était  surtout  de  fixer 
la  date  de  cette  composition.  Gr&ce  'd  des  allusions  éparses 
dans  le  texte,  il  est  parvenu  à  déterminer  cette  date  d'une 
manière  précise  et  k  combler  ainsi  une  lacune  dans  l'his- 
toire du  'Théâtre  français.  On  reconnaîtra,  dans  le  cadre  du 


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-  14  - 

Jugement  dernier,  une  tragédie  historique  très  ré<>Ue,  ins- 
pirée par  la  cri?e  morale  et  religieuse  de  la  fin  du  xiv" siècle, 
pendant  laquelle  toute  la  Chrétienté  était  pai-tagée  entre  les 
deux  papes  de  Rome  et  d'Avignon  se  renvoyant  l'un  l'autre 
l'exconimunicalion.  «  L'abomination  de  la  désolation  >  ré- 
gnait dans  le  Heu  saint,  le  grand  schisme  et  la  fin  du 
monde,  escomptés  à  jour  fixe  par  des  prophètes  trop  pres- 
sés, purent  alors  Tournir  à  la  scène  un  aliment  des  plus 
substantiels. 

[^  second  travail,  arrivé  à  sa  fin,  est  celui  de  M,  le  doc- 
teur Meynier  sur  Les  noms  de  lieu  romans  qu'une  table  de 
36  pages  va  compléter  pour  faciliter  les  recherches.  Ce  re- 
cueil, fruit  dune  préoccupation  constante  de  plus  de  vingt 
années,  n'est  pas  seulement  remarquable  par  la  réunion  d  un 
amas  aussi  énorme  de  matériaux,  mais  il  est  surtout  pré- 
Cieux  par  le  résultat  que  donne  le  ^Toupement  méthodique 
des  vocables  suivant  leur  origine  :  naturelle,  religieuse,  eth- 
nique et  sociale.  Plus  d'un  lettré,  en  quête  d'étymologies 
étranges,  y  reconnaîtra,  à  première  vue,  qu'il  y  a  plus  de  lo- 
gique que  de  fantaisie  dans  ces  appellations  en  apparence  si 
diverses,  par  suite  de  déformations  soumises  à  des  règles 
que  la  science  moderne  est  parvenue  à  établir. 

La  connaissance  de  la  forme  latine  qui,  comme  l'a  ditQui- 
cherat  t  est  l'habillement  sous  lequel  se  rencontrent  les  noms 
de  lieu  *  peut  seule  nous  faire  retrouver,  à  travers  de  nom- 
breux accidents,  les  anciens  noms  gaulois  ou  germaniques. 
La  patiente  étude  de  M.  Meynier  ne  (wut  que  favoriser 
l'exploitation  d'une  mine  au^Ki  féconde  pour  les  érudits. 

Une  courte  note  de  M.  Kirchnersurle  Tammus  communis, 
vulgairement  appelé  l'herbe  aux  femmes  battues,  serait  notre 
unique  contribution  à  la  Uotanique  si  les  dernières  pages  de 
l'ouvrage  sur  les  Lichens  de  Franche-Comté,  parM.  Camille 
Flagey,  ne  devaient  pas  être  insérées  dans  notre  volume  de 
4901. 

Ce  savant  travail,  commencé  il  y  a  20  ans,  avec  les  élé- 
ments rassemblés  par  nos  confrères  feu  Justin  Paillol  et  Fer- 
dinand ftenauld,  puis  poursuivi  en  àfrique  par  l'auteur,  a 


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—  4S  - 
dépassé  à  ce  point  les  prévisions  que  l'impatience  bien  na- 
turelle des  spécialistes  n'a  pu  être  satisfaite  que  deux  ans 
après  la  mort  de  Flagey. 

Lorsque  l'on  considère  que  parmi  les  plantes  d'un  ordre 
inférieur  auxquelles  se  rattachent  les  mousses  et  les  crypto- 
games, étudiés  par  d'autres  botanistes,  les  Lichens  consti- 
tuent une  classe  très  nombreuse  et  moins  explorée,  la  Société 
est  heureuse  d'avoir  pu  amener  à  son  terme  un  travail  aussi 
considérable  qui  figure  avec  honneur  parmi  ses  publications. 

Pour  achever  l'exposition  de  notre  bilan  annuel,  il  ne  nous 
reste  plus  qu'à  mentionner  nos  rapports  amicaux  soit  avec 
l'Académie  de  Besançon,  lors  de  sa  séance  de  janvier  où 
nous  avons  constaté  que  cette  compagnie,  sœur  de  la  nôtre, 
compte,  pour  la  moitié  de  ses  membres,  nos  plus  actifs  col- 
laborateurs, soit'âvec  la  Société  d'Emulation  de  Monlbéliard, 
au  Congrès  des  sociétés  de  Franche-Comlé ,  présidé  par 
H-  Jules  Gauthier. 

Parmi  de  nombreuses  communications,  on  a  particulière- 
ment fait  bon  accueil  à  Montbéliard  à  celle  de  M.  le  docteur 
Magnin  sur  le  jardin  botanique  d'Elupes  établi  au  xvii*  siè- 
cle pour  le  prince  de  Wurtemberg,  par  l'illustre  butaniste 
Bauhin. 

Espérons  que  la  troisième  session  de  nos  Congrès,  qui  se 
tiendra  cette  année  avec  le  concours  de  la  jeune  Société 
d'Emulation  grayloise,  consacrera  d'une  manière  dénnitive 
l'union  des  associations  franc-comtoises. 

Maintenant,  Messieurs,  d'après  le  résumé  que  vous  venez 
d'entendre,  c'est  À  vous  d'apprécier  si  la  Société  d'E- 
mulation du  Duubs  a  atteint  le  but  que  se  proposaient  ses 
fondateurs  en  conservant  leurs  saines  et  libérales  traditions. 

N'est-elle  pas  toujours  cet  asile  pacifique  où  l'on  ne  s'oc- 
cupe que  de  maintenir  le  bon  renom  de  la  Franche-Comlé 
dans  l'étude  de  sa  nature  physique,  de  son  histoire,  de  ses 
monuments  et  des  hommes  qui  l'ont  illustrée  I 

A  c&té  de  l'instruction  mutuelle  qu'elle  favorise  entre  tous 
les  hommes  de  bonne  volonté,  ses  ressources  toujours  re- 


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-re- 
nouvelées lui  permettent  de  laisser  une  trace  durable  de  ses 
annales.  La  certitude  de  la  conservation  de  travaux  de  tous 
genres  assure  à  ses  productions  les  soins  et  la  consciencieuse 
probité  qu'inspire  toujours  le  sentiment  de  la  durée. 

L'œuvre  issue  de  ce  travail  en  commun,  n'est-elle  pas, 
ainsi  que  dirait  Montaigne,  un  terrain  généreux  où  lea  façons 
de  penser  et  de  parler  s'amendent  et  fortifient,  comme  les 
herbes,  en  les  transplantant. 

Permettez-moi,  en  terminant,  de  vous  feire  part  d'une 
ancienne  confidence  de  notre  bon  génie,  d'Augusle  Castan. 

Un  jour,  dans  une  de  ces  charmantes  réunions  qui  accom- 
pagnent notre  séance  annuelle,  et  où  se  trouvaient  grou- 
pés des  magistrats  et  des  officiers,  des  prêtres  et  des  profes- 
seurs, des  artistes,  des  industriels  et  des. commerçants,  le 
chef  de  l'Administration  départementale,  touché  du  spectacle 
qu'il  avait  sous  les  yeux,  en  félicitait  notre  ami  et  lui  disait  : 

■  Conservez  bien  ce  que  vous  avez  le  bonheur  de  posséder, 
vous  essaieriez  aujourd'hui  d'organiser  une  pareille  associa- 
tion que  vous  n'y  arriveriez  jamais.  » 

En  vous  laissant,  Mesdames  et  Messieurs,  sous  l'impres- 
sion de  ce  propos  qui  date  de  dix-sept  ans,  nous  sommes 
assurés  de  réveiller  dans  vos  cœurs  des  sentiments  de 
reconnaissance  pour  le  passé  de  la  Société  d'Emulation  du 
Doubs  et  de  bienveillance  pour  son  présent  comme  pour 
son  avenir. 
/ 


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LES 

NOMS  DE  LIEU  ROMANS 

EN  FRANGE  ET  A  L'iTEANSER 

(Fin) 

Par  M.  le  D'  ].  nTNIIR 

SiancÊ  du  iS  novimbrt  tSdl 


,;.GoogIc 


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Tmi  AirHAliTItUE  DES  FOUtS  UTINES 


Les  chiffres  renvoieot  *ux  pages,  les  lettres  qui  les  prâcèdenl  désignent 
les  volumes  dans  lesquels  a  paru  le  mémoire,  savoir  : 

a  le  volume  de  l'année  1897 
fr        _  _        1898 

c         ~  -         189» 

d        —  —        1900 


Aballodurus,  d  176. 
Aballoialum,  a  34t. 
Abbas,  c  43. 
Abbatia,  e  43. 
Abbatis,  e  43. 
Abbatis  vitia,  d  138. 
Abbonis  villare,  e  44. 
Abonis  curtis,  d  123. 
Absia,  d  220. 
Absus,  d  220. 
Abrica,  Abriga,  d  194. 
Accini  curtis,  e  100. 
Accotatus,  a  340. 
Acer,  b  120. 
Acerarbor,  b  120. 
Aciniacus,  c  lOD. 
Acitodunum,  Agidunum,f(  174. 
Acquus,  6  138. 
Acusio,  c62. 
Addirectutn,  d239. 
Adjotum,  b  120. 
Ad  palos,  d  187. 
iËstivale,  iGslivalis,  d  177, 
Agassa,  Agacia,  6  117. 
Agedincum,  c  60,  e  63. 


Agonensis,  a  345.  e  55. 
Ager  brivatensis,  d  240. 
Agnarium,  Agnaria,  d  220. 

onetisis,  a  345,  a  349. 
Agonesium,  a  346. 
Aginnum,  e  59. 
Airatdi  curtis,  d  123. 
Aisiacus,  e  96. 
Atainanorumeorti3,c75,dlS 
AI  an  a,  c  74. 
Alanicus,  e  74. 
Alani  villa,  c  74. 
Alba,  b  121. 
Alba  Helviorum,  c  58. 
Albarus,  bl21. 
Albatis,  a  340,  a  350. 
A]bensis  pagus,  a  346. 
Alberli  villa,  d  138. 
Albiacum,  c  89. 
Albiacus,  c  88,  c  89. 
Albigi,  e  54. 
Albiniacus,  e  87. 
Albucensis,  a  346. 
Alabece  Reiorum,  e  58. 
Atemanica,  e  75. 
Alemanisca,  e  75. 
Alentio,  c  99. 
Alfa,  d  152. 


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Alte  villa,  d  138. 

Alingavensis  (vicus),  e  74. 

Alinlaca  curtis,  d  124. 

AliseJo,  c  100. 

AlJsia.  e  98. 

Alisiacus,  e  92. 

Allatiica,  e  74. 

Allium,  6  108,  b  121. 

Allocium,  d  153. 

Allodes,    Allodis,    Allodun 

dl53. 
ADodinum,  «1153. 
Aliodium,  d  1&3. 
Alluetum,  d  153. 
Alnata,  a  344. 
Alnaus,  e  55. 
Alnetum,  Alnidum.  b  121. 
Alnus,  b  m. 
Alpatis,  a  350. 
Alpes,  Alpis,  a  349. 
Alpicum,  d  390. 
Alpiniacus,  e  97. 
Altare,  e  34. 
Altare  de  Scotis,  e  81. 
Attaria,  e  34. 
Altarium,  e  34. 
Alteri  villa,  d  138. 
Altetum,  a  350. 
Altogilum,  a  341,  s  350. 
Altolio,  a  342. 
Altum,  a  350. 
Altus  mons,  a  335. 
Altug  munis,'  d  185. 
Amagetobriga,  d  173. 
Amalricho  villa,  d  217. 
Ambacia,  e  98. 
Ambariacum,  e  94. 
Ambariacus,  e  94. 
Ambiant,  e  54.  e  64. 
Amblonis  curtis,  d  123. 
Amerelli  villa,  d  120. 


Amigtavus.  d  140. 
Amnis,  b  59. 
Amc^esf  villa,  d  140. 
Ana^a,  a  344. 
Anapium,  b  122. 
Andegavi,  e57. 
ARdematodunum,  d  175. 
Andematunum,  c  59. 
Anderitum,  e  59,  d  247. 
Andusia,  e  98. 
Angeriacum,  e  23. 
Anginia,  e  104. 
Angledura,  e  75. 
Angloduro,  d  176. 
Anglorum  insula,  e  75. 
Aniciatis,  a  340. 
Aniscus,  c  56. 
Annevasca,  c  86. 
Anselmi  villa,  d  138. 
Anselmi  villare,  d  217. 
Ansoldi  villa  d  138. 
Antimonasterium,  e  A5. 
Antipolis,  c  62. 
Antoialum,  s  341. 
Antoniacus,  e  90,  e  9i. 
Antnim,  a  306. 
An  tus,  b  59. 
Aper,  b  113. 
Appia,  c  98. 
Apralum,  b  113. 
Apta  lulta,  c  65. 
Apta  Julia  Vulgentium,  e  58. 
Aqua,  b  59. 
Aquie,  b  168. 
Aquse  Borbonis,  e  16. 
Aquœ  Borvovis,  c  16. 
Aqu«  ConvenaniiD,  e  56. 
Aquse  Sextis  Salluviorum,  c58. 
Aqusa  Tarbellicœ,  c  50. 
Aquila,  b  10S. 
Aquilarium,  b  106. 


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Aquile  villa,  d  138. 

Aqiiilodunuin,  d  IH. 

Arublelns,  a  343. 

Ai'Le  Kenua;,  c  59. 

Ara  Ubiorum,  eOi. 

Ara  Jovis.  e  16. 

Arausio  Securidunorum,  c  58. 

Arbor,  î>  92. 

Arboraiis,  a  3*0,  b92. 

Arborelum,  d  220. 

Arborosa,  a  347, 

Arbosium,  Arbosiiis,  d221. 

Arca,  Arcum,  a  334,  d  172. 

Arca:  liova,  d  173. 

Archa,  d  23B. 

Archia,  d  339. 

Arcoilus,  a  341. 

Arcola,  (1221. 

Arcus,  li  239. 

Arda,  d22t. 

Ardesia,  Ardesius,  b  160. 

Ardosia,  6  169. 

Area,  d  221. 

Aredunum,  d  174. 

Arelate,  a  339,  C  55. 

Arclale  Sextanorum,  e  58. 

Arembeni  precaria,  d  123. 

Arena,  b  160. 

Argentum,  &  169. 

Argila,  6  170. 

Argentogilum,  a  341. 

Argent oratum,  c  61,  c  Tî. 

Art'onluratum       Vangionum , 

c61. 
Artingus,  e  102. 
Armentaria,  a  345,  d  221. 
Armentarium,  d  221. 
Armenloialum,  d  2^1. 
Arnacus,  c  101. 
Arniacus,  e  89. 
Arnold!  villa,  d  138. 


Arsum,  d  222. 
Arsiira,  d  222. 
Artemisia,  b  122. 
Artodunum,  d  174! 
Arverniacus,  c  68,  c  71. 
Anerniis,  e  68. 
Arvum,  d  222. 
Ascus,  Esnus,  lecus,  b  122. 
Asilianum,  d  178. 
Asiliensis,  d  178. 
Asinarla,  d  222. 
Asinianiim,  c  86. 
Asiniuiii,  c  103. 
Aspeivlla,  b  123. 
Asprelum,  E>S3. 
Atrebates,  c  54. 
Atrium,  e  33. 
Atlegia,  d  194. 

AUegiae,AUejiie,.\Ueis,  d194. 
Attolalis,  a  340. 
Atuatuca,  e  60. 
Alura,  d221. 
Audiniacas,  e95. 
Audinnincum,  e  {02. 
Auduniaca,  c  93.  . 
Augia,  b  76. 

Augiarium,  Aiigiariu,  b  76. 
Augioialura,  b  76. 
Augusta,  c  17,  e  65. 
Augusta  Auscoruni.  c  59. 
Augusta  Prielohci,  c  91. 
Augusta  rrevirnium,  e  61. 
Augusla  Viromanduoriim,<;  60. 
Auguslobona,  c  17,  c  60,  d  196. 
Augustodunum ,  c  17,   c  64', 

dl75. 
Auguslodiirum,  d  177. 
Augusiomagu?,  e  17. 
Augustonemelum,  c  17,  e  30. 
Augusioritum,  c  17,  «  59,  d  247. 
Aurea  corte,  d  125. 


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Aurdiacum,  e  88. 
Aurelianum,  e  65. 
Aunxtunum,  Auronum,  d175. 
Ausa,  Osa,  b  150. 
Ausariutn,  Ausaria,  b  151. 
Ausci,  e  54. 
Atissidingus,  e  108. 
Austria  Conseranorum,  c  62. 
Autricum,  o  59. 
Aulusioduruin,  d  176. 
Ava,  6  60. 

Avaricum,  e  59,  e  63. 
Avellana,  b  l'23. 
Avena,  b  123. 
Avenio,  c  57. 
Avenio  Cavarum,  c  58. 
Avenlicum,  c  56,  c  60. 
Aventio,  c  99. 
Avesiacum,  c  88. 
Ave  villa,  e  54. 
Aviatie,  a  340. 
Avicellarium,  b  109. 
AvicelluE,  Aucellus,  ô  109. 
Axia,  c  98. 
AxJma,  c  61. 
Azylos,  Azylus,  d  178. 


Baaiisma,  c  29. 
Babani  villa,  d  138. 
Bacalaria,  Bacilaria,  d  154. 
Bacalariu§,  Kacilarlus,  d  154. 
Bacterris,  c  58. 
Bacidus,  &  61. 

Bacius,  Becius,  Bezius,  6  6t. 
Bacus,  Baccus,  b  61 . 
Bagac'jm,  c  59,  c  64. 
Bailodium,  d  168. 
Baiocasses,  c  54. 
Baionis  villa,  d  138. 


Balatodurum,  d  176. 

Balcis.  d  190. 

Balcium,  e  98. 

Balous,  Balcium,  d  180. 

Batium,  Balius,  b  93. 

Baliolutn,  b  92. 

BalJolus,  6  93. 

Ballium,  d  190. 

Balma,  a  367. 

Balnœ,  b  170. 

Bhineolutn.  b  170. 

Bandum,  Banda,  d  155. 

Bannum,  d  155. 

Baraca,  Baraclia,  d  194. 

Barbaralicum,  a  344. 

Barbariacum.  c92. 

Barua,  Barga,  d  240. 

Barcisma,  e  29. 

BurcovicLis,  d  216. 

RargB.1,  d  240. 

Bariucus.  d  180. 

Bariglucum,  c95. 

BarJsiiicus,  c  95. 

barisiu?,  c  98. 

Barlîngus,  e  102. 

baronla  d  156. 

Baro,  d  155. 

Barr.i,  d  190. 

Barriciniuni.  d  173. 

Barri sm a,  c  129. 

Barii  villa  ad  Ornam,  d  173. 

Barruni,  d  173. 

Bai-li-isca,  d  191. 

Itasilica,  e  35. 

Itasîlica  SancU  Desideriî,  c  3S 

Basilicie,  c  34. 

Basilicie  curlis,dl23. 

Bassa,  Bessa,  b  77. 

Bastila,  Basttda,  d  190. 

Bastitum,  d191. 

Batavodurum,  c  61,  d  177. 


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Baudrina,  e  56. 
Bebonis  villare,  d  21S. 
Becus,  Belus,  b  61. 
Dédale,  Bidale,  b  61. 
Bedexanicus,  e  56. 
Bedum,  Bedus,  b  6t. 
Belciaco,  c  90. 
Belclacus,  e  90,  e  94. 
Belenodium,  d  168. 
Belfredi  mons,  d  181 
Beliniacus.  c  M. 
Betini  cuilis,  d  123. 
Betiiium,  c46. 
Bella  cella,  c  49,  rf  301. 
BellihMius,  c31. 
Bellirinus,  c  56. 
Bellisma.  cl»,  c29. 
Bellilium.  c  56,  c  9K. 
Bellovaci,  c54 
Bellus  locus,  c  31. 
Belvacense,  a  345. 
Betieharnum,  c  63. 
Berbicarium.BerbJcariii,  d  222. 
Bercaria,  d  222. 
Berfredus,  BerTridus,  d  181. 
Berga,  a  350. 
Bergoiate,  c  55. 
Berna,  d  105. 
Benierii  villa,  d  138. 
Beniiacus,  c  94. 
Bernolfl  villa,  d  138. 
Berraus,  e  55. 
Bertholdingus,  c  103. 
Bertrici  curlis,  d  123. 
Berulei  ciirLis,  d  123. 
Besaldunum,  d  174. 
Besingus,  c  105. 
Besis  villa,  d  138. 
Bessaria,  b  77. 
Bessata,  6  77. 
Bessatica,  b  77. 


Bessatis,  fr  77. 
Besselum,  6  77. 
Bessoialum,  b  77, 
Beterrœ  Septimanorum,  c  58. 
Betlileem,  e  28. 
Belphage,  c  28. 
Betula,  b  12.1. 
Betulelum,  b  124. 
Bâtulaticum,  a  344. 
Belulidum.  Bedolidum,  a  343 
Betulnsa,  a  347. 
Beveriacum,  c97. 
Biber.  b  10». 
Itibracte,  6  109,  c  59. 
Bibrax,  b  109. 
ttlgarpiura,  d  230. 
Jlillio.  e  99. 
BJIIisma,  c  29. 
Bisinga,  c  103. 
Bisonlii,  e  54. 
Billini  villa,  d  138. 
Biluriges,  c  54,  c  63. 
Blaca,  Blacha,  b  124. 
Bladelacensis,  a  346. 
Blandlacus,  c  89. 
Blanoilus.  a  342. 
Blasio,  û  99. 
Boaria,  Boria,  d223. 
Bociacus,  eSâ. 
Bodaira,  d  153. 
Bodasii  villa,  d  138. 
Bodesius  Vicus,  d  215. 
Bodium ,    Bogium ,    Bugium  , 

dl95. 
Bodobriga,  d  173. 
Bodulphi  villa,  d  138. 
Bœvilla,  d  138. 
Bogia,  Bugia,  d  Ifô. 
Boiodumim,  d  177. 
Bona,  d  195. 
Boniacus,  c89. 


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Bonifacii  villare,  d  317. 
Boniagas,  e  105. 
Bonna,  c  61. 
Bonnobriga,  d  196. 
Bonobriga.  d  173. 
Bonogiluin ,  Bonolium ,  a  i 

dl95. 
fiononis  curtis,  d  1^. 
Bonus  locus,  c  31. 
Borbitomagus,  c  61. 
Borbonia,  e  16. 
Borbonium  Anselmium,  e  i 
Borda,  Bordum,  d  156. 
Borda  nova,  d  157. 
Borda  sola,  à  157. 
Bordalis,  d  157. 
Bordosellum,  d  157. 
Borgoialo,  a  311,  d  192. 
Bornum,  Burnum,  b  62. 
Bosani  villa,  d  138. 
Bosci  cortis,  d  123. 
BoscuE,  Buscus,  b  93. 
Bosonis  mons,  a  336. 
Botfilium,  c  98. 
Bovarium,  Bo varia,  d  2S3. 
Boveriacus,  e  96. 
Bovium,  d  (96. 
Boviacus,  c  96. 
Boviniacas,  c96. 
Bracensis,  a  346. 
Braconatus,  a  340. 
Braioialum,  b  77. 
firancidunum,  d  174, 
Branda  villa,  d  138. 
Brayum,  b  77. 
Brennacum,  elOl. 
Briarium,  b  77. 
Brica,  Briga,  d  173. 
Brigantinense,  a  346. 
Brigantium,  e  61.. 
Br^gia,  Bria,  b  77. 


Brigolium,  d  173. 
Brioga,  e  105. 
Briodurum,  d  176. 
BriODensis,  a  346. 
BritaRDiacum,  e  92. 
Britanniaciis,  e  71. 
Briva,  a  334,  d  240. 
Brivas,Brivatis,Brivate.  a  339, 

d240. 
Brivates  porlus  d  240. 
Brivitica,  d  240. 
Brivodurum,  d  176,  d  340. 
Brixia,  e  67. 
Broagium,  a  342. 
Broca,  Broga  Bruga,  b  94. 
Brocoialus,  Broialus,  b  95. 
Brocomagus,  e61. 
Brogaria,  a  335,  a  345. 
Broilus,  Brogilus,  Brolius,  b  96. 
Brossa,  Brussa,  b  94. 
Brotcantus,  d  150. 
Brotta,  Bruita,  b  94. 
Bruciacus,  c  92. 
Brucinga,  e  102. 
Brunonis  vicus,  d  316. 
Bruscence,  a  345. 
Bruscensis,  e  55. 
Bi'iiscum,  Brustum,  b  96. 
Biuscus,  b  158. 
Brutiaimm   Brucianum,  c  86. 
Bubinga,  e104. 
BucJaciis,  c  88. 
Bulciiiius.  c  104. 
Burdigala,  e  58. 
Burdoniaco.  c90. 
Burgulium,  d  193. 
Burgiindiu,  e  73. 
Burgundiaous,  c  89. 
Bui-gundio.  e  72,  c  99. 
Burgus.  d  191. 
Burgus  Aniulphi,  d  192. 


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Uurnobetum,  Brunnhobetum , 

d165. 
Burolis.  d  196. 
Burum,  d  196. 
Busonacum,    e10l. 
Buxeria,  b  125. 
Buxelum,    Buxidtim  ,    a  343  , 

fc125. 
Buxoialum,  a  342. 
Buxulium.'i125. 
Buxus,  6  124. 


Cabana.  Capana,  Cavana.d  107. 
Caballi  villaris,  d  219, 
Caballus,  Cavallus,  c  109. 
Cabanensis  (villa)  d  197. 
Cabellio,  c  57,  c  58.  c  99. 
Cabillo,  Cabilio,  e  C3. 
Cabilladunnm,  d  174. 
Cabillonum.  c62. 
Cabelliodunum,  d  175, 
Cablionalis,  a  340. 
Cabraracum,  e  10t. 
Cadafutcus.  Cailafalsus,  d  193. 
CadaTaltius.  CadafulNis,  d  193. 
CadorcenslR  (Ecclesia),  e  69. 
Ceduft'uis,  c  50.  c  98. 
Caduliacum,  c  94. 
Cadurca,  Cadiircoi,  e  60. 
Cadurci,  c  54. 
Cadoinus,  Cudinus.  ft  120. 
Cadus,  Cado,  6  120. 
Cadusia,  c  98. 
Cala,  b  96. 
Calaun.  c  55. 

Calcirurnas.Calcirurnim  d231. 
Calciata,  d  240. 
Calcium,  Caucium,  a  350. 
Calensis,  a  345,  b  96. 


Calesium.  a  346. 
Calessianum,c87. 
Calia.Calium.  b  96. 
Calicidium,  6  127. 
Calinum,  c  56. 
Caliscum,  c  56. 
Calisma,  e  29. 
Calma,  Calmi».  b  83. 
Calmalu.  6  84. 
Catmelu.  b  84. 
Calmetum,  b  84. 
Calmiliense  monastehum.  c  18. 
CalmiliusiQuenobium),  c  18. 
Calmoialum,  b  84. 
Calviac'im,  c  88. 
Calx.  6  171. 
Cama,  Caméra,  d  197. 
Camaracum,  c  63. 
Camarica,  c  50. 
Cambarinsl  (villa),  d  198. 
Cambarensis,  c  55. 
Cambarense  (vicaria),  d  196. 
Camha,  Cambium,  a  345,d  231 . 
Cambidunum,  d  174. 
Cumborituni,  d  247. 
Cameracum,  c  101. 
Camiliacum,  e  90. 
Carailiacensjs:,  a  340. 
Caminala,  d  242. 
Caminus,  d  241. 
Camizingus,  c  102. 
Campanaster,  a  347. 
Campanusinmi,  a  335. 
Campania,  a  335,  a  347,  b  88. 
Campaniacum,  c71. 
Campaniacus,  e  71. 
CamparJum,  6  88. 
Campelliis,  b  88. 
Campidunum,  dl75. 
Qimpo  Voi^ladense.  c  77. 
Campus,  6  88. 


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Campus  Allemanus,  c  7^. 
Campus  Dei,  c  19. 
Campus  Pagani,  a  336. 
Campus  spinosus,  a  347. 
Canalis.  b  65. 
Cancellala,  d  198. 
Cancelli,  d  198. 
CaïKia.  b  126. 
Cannabis,  f>  127. 
Canonicalus,  d  171. 
Canonica,  d  170. 
Caiilarium,  d  232. 
Cantiacas,  c  95. 
Caiitoannum,  d  158. 
Canloialum,  d  158. 
Cantolgium,  «342. 
Cantobrit^a,  d  157. 
Canins,  d  157. 
Canlus  alauda;,  d  158. 
Canlus  avicellae,  d  159. 
Canlus  graculi,  d  158. 
Cantus  gruis,  d  159 
Cantus  Krylli,  d  158.  d  159. 
Canlus  l(un,  d  159. 
CaiiUis  lupi,  d  158,  d  159. 
Cantu»  mertilœ,  d  159. 
Canlus  me^pili,  d  159. 
Catitus  nionadii,  dl59. 
Cantus  raT]U\  d  158,  d  159, 
Cantus  ululit!.  dl59. 
Cantus  ursi,  dl59. 
Capellania,  dl71. 
Caper,  Capra,  6  110. 
Capleia.  c  100. 
Gappa,  d  198. 

Captarium,  Capraria,  b  HO, 
Capriciacas,  c  95. 
Caproiliis,  a  342. 
Caprosu,  a  347. 
Caprosum.  a  347. 
Caraiiacus,  c96. 


Carbo,  b  171, 
Carbonacum,  c  tOl . 
Carbonaria,   Carbonarium,  d 

232. 
Carcer,  d  141. 

Carcere  (Castrum  de),  d  U2. 
Carceris  curtis,  d  123. 
Carceris  lioba,  d  142. 
Cafduus,  Carduo,  b  127. 
Cai-enlomagus,  e  60, 
Carlincus,  c  102. 
Carnacum,  a  351. 
Carnatis,  ffl351- 
Carnidum.  a  .343. 
Carnonensis,  a  346, 
Carnotense,  d  218. 
Carnum,  a  350. 
Carpella.  c  35. 
Carpenctorate,  c  58. 
Carpentorate,  o  340. 
Carpcntoralis,  c  58. 
Carpinus,  Camus,  b  127. 
Carus  locus,  «31. 
Casa,  c  47,  d  198. 
Casa  Dei.  d  199. 
Casœ,  d  198. 

Casale  Benediclum,  d  199. 
Casa  petrea  d  199. 
Casella.  a  335. 
Casellaa,  d  199, 
Casiare,  d  180. 
Casnariola,  b  130. 
Casnus,  Cassus,  b  128. 
Cassanalicum,  b  130. 
Cassania,  a  347,  b  130. 
Cassaniola,'  b  130. 
Cassanilicitm,  a  344. 
Cassanogilum,  a  341. 
Cassaniim,  b  130. 
Cassiacum,  Cassiagum,  c  92. 
Castanarium,  b  131. 


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Castaneda,  a  343,  b  131. 
Castanitum.  a  31â,  b  132. 
Caslanus.  b  113. 
Casteltania,  d  159. 
Castellanus,  d  160. 
Casletlare,  d  179,  dlSI. 
CasLellarium .  a335,  a  345,  rf  178. 
Ca&tellio,  d  178. 
Casiellionensis  villa,  d  180. 
Castellodunum,  d  174. 
Castellum,  d  178. 
Castellum  Acardi,  d  179. 
CasteUiim  Araldi,  d  180. 
Castellum  Carnonis,  d  17d. 
Castellum  Garnerii,  d  179. 
Castellum  Liicium,  d  181. 
Castellum  Menapiorum,  c  60. 
Castellum  nigrum,  d  179. 
Castellum  novum,  d  179, 
Castellum  novum  Arianorum, 

d  179. 
Castellum  saoratum,  d  179. 
Castellum  Theodorici,  d  180. 
Castellum  Vandalorum,  c  82, 

dl79. 
Castelluscum,  d  178. 
Castoriacus,  c  89. 
Castoris  fanum,  e  17. 
Castrica,  d  178. 
Casirodunum,  d  179. 
Castrum,  d  178. 
Castrum  Barri  Montis,  d  173. 
Castrum  censorium,  d  180. 
Castrum  Engli,  Englense,  c75. 
Castrum  Malasti,  c  19. 
Castrum  Rodulpht,  d  180. 
Castrum  Sanctœ  Mariœ,  d  180. 
Caslus,  6  131. 

Catabulum,  Catabolum,  d  208. 
Catalaunl,  c  54. 
Cathburgus,  d  192. 


Cati  cantus,  d  159. 
Catuliacus,  c  94. 
Caturigae,  e  54. 
Caugia,  d  100. 
Cauliacum,  e  06. 
Caunus,  6  132. 
Cava,  a  367. 
Cavanns,  d  197. 
(^vanniacum,  c  98. 
Cavannis,  d  197. 
Cavannus.  6  110. 
Cava  rupee,  a  335. 
Caviliacum,  e97. 
Cayum,  Chayum,  d200. 
Cella,  a  334.  d  200,  d  20t. 
Cella  Domni  Bobim.c48,d201. 
Cellae  villaris,  d  220. 
Cella  monachorum,  c  48. 
Cellariuro,  Cellaria.  d201,  d202. 
Cella  sancti  Dyonîsii,  d  201. 
Cella  sancti  Leobardi,  e  48. 
Cella  sancti  Ftemigii,  d  201. 
Cella  sancli  SJgîsmundl,  c  48. 
Cella  villa,  e  49. 
Celsiacum,  «96. 
Celsinanicas,  e  56. 
Cemenelum,  c61. 
Censaria,  Censiva,  e  90. 
Cetisus,  Censa,  e  90. 
Centra,  c24. 
Cepium,  d  223. 
Cerate,  a  340,  d  223. 
Cerasetum,  6  133. 
Cerasus,  b  132. 
Ceretum,  d  223. 
(^rsiacum,  e  89. 
Cervaria,  bl12. 
Cervianus,  c  87. 
Cerviduiium,  b  111,  d  174. 
Cervus,  6  111. 
Cessera,  e  62. 


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Chavannis  (EccLesia  de),  d  197. 
CheuUacum,  c  100. 
Chilicha.  Cliirica,  c  35. 
Chidulfi  villa,  c  100. 
Clariacum,  c  92. 
Claudiomagus,  c  17. 
Clausum,    Ctosum,    Clusum, 

d202. 
Clodoacus,  c  89. 
Clusa,  a  362. 
Ctusum  villare,  d  218. 
Ciconia,  6111,  c  88. 
Qiconiacum,  c  98. 


Ciconi 
Ciroini 


lum,  c  8C,  < 


nicum,  d  203. 
Circinus,  d  202. 
Cisa,  d  223. 
Cissiacum,  c  89. 
Cislema,  d  202. 
Co,  Conis,  Cône,  a  351. 
Coadus,  Coatus,  c  9C. 
Coconiaciim,  c  98. 
Codercum,  <i223. 
Codistim,  c  29. 
Cœsarianus,  c  87. 
Cœsarodunum, ol7, e 60,  d  175. 
Cœsaromagus.  c  17,  c  60,  d  175. 
Colincus,  c  102. 
Collis,  a  351. 

Colobralis,  Colovrntis,  a  340. 
Colonia,  d  1)8. 
Colonia  Agrippinensis,  e  61. 
Colovracia,  dllS. 
Colonicella.  Coloncella,  c  92. 
Colonica,  a  340. 
Coiridus,  b  134. 
Coluber,  Colitbra,  6  ill. 
Coluberosa,  «347. 
Colitmbare,   Columbarium,  b 

112. 
Columbaria,  b  112. 


Columbarium,  a  345. 
Columbus,  Columba,  b  111. 
Comilatus,  d  160. 
Commandaria,  o  52. 
Communale,  Communalia,  d 

142. 
Commune,  d  142. 
Compascuum.  d  223. 
Compendlum  villa,  d  242. 
Conanum,  a  351. 
Conatis,  Conate,  a  351. 
Coucha,  a  362. 
Concisa,  d  223. 
Condamina,  c  114. 
Condale,  o  339,  a  340,  c  60.  c  91. 
Condate  vicus,  e  62. 
Condatisco,  a  351. 
Coiidavicinum,  c  62. 
Condevincum,  c  60. 
Confredi  curtis,  c  73. 
Conniacas,  c95. 
Consanvuadum,  d  250. 
Conscranis,  c  23. 
Constantia,  c  65. 
Consuctudo ,     Consuetumen , 

dl43. 
Conlorus,  a  %1. 
Cooperlorium,  c98. 
Copia  Lugdunum,  c  58. 
Corallium,  d  192. 
Corentiacum,  c  95. 
Corbilo,  c  60. 
Corboilum,  a  341. 
Corbolium,  Corvolium,  h  113. 
Cormus,  b  133. 
Cornalis,  Cornacium,  a  351. 
GornelJanum,  c  86. 
Cornelianus,  c  87. 
Cornelio,  c  86,  c  99. 
Cornile,  a  351. 
Cornum,  a  350. 


,.  Google 


Cornus,  b  133. 
Cortis,  Curlis,  c  H5. 
Corrogata,  d  161. 
Corvarium,  Corvaria,  b  112. 
Corvus,  Corbus,  6  112. 
Corylala,  a  344. 
Corjletum,  b  134. 
Con'lus,Corlus.  Coirus,  b  132. 
Cossium,  c  59. 
Costa,  a  351. 
CosuSj  Cusus.  b  97, 
Cotaria,  Cotarium,  d  161. 
Colia,  c  98. 
Coliacum,  c  89. 
Cotiacus,  c  89. 
Crachura,  o  351. 
Crassiacus,  c  96. 
Credinga,  c  102. 
Cregadona.  d  175. 
Cregadonense,  a  34C. 
Cregadonensis,  c  55. 
Ciegadunense  condita,  d  175. 
Crescenlis  villa,  d  139. 
Cricca,  6  82. 
Crispiacum.  e  90. 
Crispianus,  e  87. 
Crista,  Cristum,  a  352. 
Crisloialum,  Crisloialo,  a341, 

ffl352. 
Crociatonum,  c60. 
Cropta,  Crupla,  a  367. 
Crasa,  Crosum,  a  367. 
Crola,  Crotum,  a  367. 
Cruciniauum.  e97. 
Crucium,  b  116. 
Crudacium,  a  340. 
Crudatus,  a  340. 
Culnien,  a  352. 
Cultura,  d  224. 
Cultus,  d  224. 
Cumba,  a  363, 


Cunibatium,  a  340. 
Cumulus,  a  352. 
Cupa,a363. 
Cura,  d  171. 
Curcedoiiiis,  d  175. 
Curciacus,  c  92,  c  94. 
Curcionale,  Curcionatis,  a  340. 
Curcionalîs,  c  K3. 
CurliacuE,  a  94. 
Curti  Bui^uliensi,  d  192. 
Curtio,  c  99. 
Cunis  Adolfl,  c  117. 
Cui'lis  Agoldi   c  116. 
Curtis  Alemii,  c  117. 
Curlis  Ausorum.  c  117. 
Gurlis  Behardi,  c117. 
CurtiB  Blancanie,  c  116. 
Curtis  Claudia,  c  117. 
Curtis  Ooleni,  c  117. 
Curtis  Dominica,  c  117. 
Curlis  fabrorum,  e  117,  d  233. 
Curtis  Felicis,  e  117. 
Curtis  Francorum,  c  73, 
Curtis  Godelani,  e  117. 
Curlis  monaslerioli,  c  117. 
Curtis  Osmundi,  c  117. 
Curtis  Riberti,  cil?. 
Curtis  Roberti,  c  117. 
Curtis  Seroldi,  c  117. 
Gurlis  Uduin,  c  117. 
Curlis  Waldradane,  c117. 
Curtogilus,  a  342. 
Cussiacus,  e  00. 
Cussiniacum.  c  97. 
Custodia,  rf  181. 


Dagninus,  c  23,  c  56, 
Dagonis  villa,  c  134. 
Data,  a  363. 


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Danclacum,  e  92. 
Daniacus,  c  94. 
Danobriga,  d  i73. 
Danorum  curlis,  d  123. 
Danun-villa,  d  139. 
Darantasia,  e  60. 
Dariori'gun),  d  247. 
Darioritum,  d347. 
Dea  Augusta,  e  18. 
Decelia,  c  98. 
Deciacum,  c  90. 
Deciacus,  c  90,  c  04. 
Dei  locus,  c  21. 
Delphianus,  c  87. 
Denegonium,  c  56,  c  98. 
Derventum,  d  242. 
Dervus,  6  135. 
Devilliacum,  c97. 
Diabolodium,  d  168, 
Diisma,  c  19. 
Dinia,  c  63,  c  98. 
Diogilum,  a  341. 
Dîonantus,  c  21. 
Diun.  villa,  d  139. 
Diva,  c  18. 
Divexia,  d  242. 
Divio,  c  18,  c99. 
Divisma,  c  19,  c  29. 
Divodurum,  c  21,  e  6J,  (1177. 
Divona,  c21,c5U. 
Dodolatus,  a  340. 
Dodonis  curtis,  d  123. 
Doga,  Doha,  Dova,  6  64. 
Dola,  Dolum,  Dolus,  a  353. 
Dolobriga,  a  352. 
Domiciacius,  c92. 
Dominiacas,  e  95. 
Dominici  villa,  d  139. 
Dominjo,  Domnio,  d  162. 
DominJum,  dl43. 
Domîtiacus,  «  88. 


Domjo,  Donjo,  d  162. 
Dommariacum,  c  97. 
Domna  Libaria,  e  25. 
Domna  Maria,  c  25. 
Doinni  Abdo  et  Sennes,  c  26. 
Domnus  Adam,  e  25. 
Domnus  Alanus,  c  25. 
Domnus  Aper,  a  334,  c  ffî. 
Domnus  Basolus,  c  25. 
Domnus  Benedictus,  c  25. 
Domnus  Renignus,  c  25. 
Domnus  Briacius,  e  25. 
Domnus  Briïius,  e  25. 
Domnus  Cyriacus,  e  25. 
Domnus  Ferreolus,  e  25. 
Domnus  Georgius,  c  ffî. 
Domnus  Germanus,  c  25. 
Domnus  Joannes,  e  25. 
Domnus  Leodgarius,  e  ïfô. 
Domnus  Lupentius,  e  25. 
Domnus  Lupus,  e  25. 
Domnus  Mamertius,  c  25. 
Domnus  Marinus,  c  25. 
Domnus  Marius,  c  25. 
Domnus  Hartinus,  c  25. 
Domnus  Medardus,  c25. 
Domnus  Memmius,  e  25. 
Domnus  Nonnius,  c  25. 
Domnus  Petrus,  c  25. 
Domnus  Quintinus,  c  26. 
Domnus  Remigius,  e  26. 
Domnus  Severinus,  c  26. 
Domnus  Severus,  e  26. 
Doninus  SIephanus,  e  26. 
Domnus  Trajanusou  Trojanus, 

c26. 
Domnus  Valerius,  c  26. 
Domnus  Vuastus,  r  26. 
Dononium,  c  104. 
Dordincum,  c  105. 
Dorna,  Durna,  b  îfJ. 


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Domacus,  clOt. 
Dorniacum,  c  97. 
Dornum,  Dumum,  b  97. 
Dortincum,  c  102. 
Dotonis  villa,  a  336,  d  139. 
Dructeringa,  c  104. 
Drusiacus,  e  92. 
Duabus  casis  (Villa  de),  d  199. 
Ducatus,  Ducaria,  i  162. 
Dudelinga,  e  103. 
Dulciacus,  c  96. 
Dulcomense,  a  346. 
Dumsatis,  c  55. 
Duna,  Dunum,  d  174. 
Du  rate,  a  340. 
Duregum,  <(  177. 
Durobrivis,  d  177. 
Durocaptum,  d  176. 
Durocasses,  c  54. 
Durocaslrum,  d  177. 
Durocatalauniim,  d  177. 
Durocortor,  e  59. 
Durocortorum,  d  177, 
Duromagus,  d  176. 
Durorostorum ,  Diirostena    d 

177. 
Durovernum,  d  177. 
Suriim,  Ûurus,  d  175. 


Eber,  Eper,  b  113. 
Ebrile,  b  113. 
Ebrodunen^is,  a  346. 
Ebrolium,  b  113. 
Ebulus,  b  135. 
Eburodunum,  c  61,  d  175. 
Eburovices,  c  54. 
Ecclesia,  c37. 
Ecclesia  Vigiliensis,  d  196. 


Ëcclesiola,  a  335,  e  37. 
Ecclesiolœ,  c37. 
Ecideio,  c  100. 
Egelinga,  c  105. 
Egidiacus,  a  334 
Ëleemosina,  c  52,  c  53. 
Ellimberis,  c  59. 
Elusa,  c  103. 
Emeningas,  c  103. 
Engla,  c  75. 
Engoniacum,  e97. 
Entum,  d  247. 
Episcopatus,  d  171. 
Episcopi  villa,  a  335,  d  141. 
Episcopus,  d  171. 
Epo,  b  113. 

Epomaiiduodurum,  dl76. 
Epona,  b  113,  c  16. 
Eporedia,  c91. 
Eposium,  c  98 
Epponiacus,  e  92. 
Epponis  curtis,  d  124. 
Ermentardi  villa,  d  140. 
Eremila,  e  38. 
Eremilagium,  c37. 
Ereinilorium,  e  37. 
Eremus,  c  47. 

Ermenuin  villa  major,  d  139. 
Ermolîum,  a  343. 
ErmoniacuB,  e  71. 
Ernaginuin,  c  56,  e  62. 
Escheringa,  0  103. 
Esia,  e  16,  c  98. 
Esiacus,  c  89. 
Esi  mons,  c  16. 
Esisma,  e  16,  c  29. 
Espaningium ,      Espaninium , 

cl03. 
Eugendiacus,  c  98. 
Exoldunum,  d  175. 
Exsarlum,  d  224. 


,.GoogIc 


Faba,  b  135. 
Fabaria,  b  13i. 
Fabarîola.  b  136. 
Fabalis,  a  340. 
Faber,  d  232. 
Fabraria,  d  232. 
Fahrica,  a  334.  d  233. 
Factura,  d  233. 
Fagariii.«,  6  138. 
Fagilellus,  *  137. 
Fagus,  Fahus,  b  136. 
FalasJa,  a  :fô2. 
Falconis  mons,  a  3:<G. 
Fania,  Fangia,  b  78. 
Fanium,  Fangium.  b  78. 
Faniarium,  6  78. 
Fanolalum,  b  78. 
Kanum  Fortune,  e  il. 
Fanum  Laconum,  c  17. 
Fanum  Hartis  e  17- 
Fanum  Pollucis,  e  17. 
Fara.  d  903. 

Farœ  Monasterium,  c  45. 
Fasciuulus,  b  97. 
Fascis,  6  97. 
Feldum,  d  225. 
Fellincus,  e  102. 
Feodum,  Feudum,  d  t(!3. 
Feriniacus,  e  94. 
Ferraria,  d  23*. 
Ferrarîie,  d  234. 
Ferraitt,  e  81. 
Ferrum,  6  172. 
Ferrunciilum,  a  335. 
Festiilium,  d  144. 
Festum,  Festa,  c  99. 
Ficarius.  Ficuria,  b  139. 
Ficta,  d  144. 


Ficus,  b  138. 

Fkleniacas,  e  95. 

Ft^lina,   Fîglina,    Fi^ioum, 

dlM. 
Ftlaria,  d  234. 
Fines,  d  9â5. 
FiniR<;a.  c  lOf. 
Finnita5,  d181. 
Finnitas  castnim,  d  182. 
Finnilas  BUhanli,  d  182. 
Firmilas  Loparium,  d  1S3. 
Finnitas  Monaliutn,  d  182. 
Fiscus,  Fiscum,  Fischum,  d  (44. 
Flaboldi  villa,  d  139. 
nachia,  b  78. 
Flacius,  c  100. 
Flajacus,  e  96- 
Flamanîa,  e  76. 
Flamerei  curtis,  d  124. 
Flamingeria,  e  76. 
Flamingia,  e  76. 
Flaviacum.  e23. 
Flaviaciis,  c  89,  c  98. 
Flevum.  Fleverium,  6  82. 
Flodobi  mons,  n  336. 
Floriacum,  c  88.  c90,  c94. 
Floriaciis,  c  96. 
Floridis  hami  villa,  d  ^05. 
Flos,  6  98. 
Foderia,  d  234. 
Fo4ieria.s,  a  345. 
Fœiiariiim,  Feriarium.Fenaria, 

rf20i. 
Folcherincus,  e  102. 


Folio 


a  347. 


Folium,  c  98. 
Fonlana,  6  65. 
Funlanensiis,  a  3i5. 
Fontaniaciim,  «  9C. 


,.  Google 


Forensis  pagus,  ri  146. 

Forestum,  Foresta,  b  98. 

Formaria  (1234. 

Formica,  b  113. 

For[nicariun],Foniiicaria,frll4. 

Fornax,  d  235. 

Forlalilas,  Fortalitîes,  Forta- 

litia,  Forialitium,  d  183. 
Forte,  Forlium,  d  183, 
Fortia,  Forcia,  d  (83. 
Fortianus  e  87. 
Forlum,  Furtum,d2t3. 
Forum,  Forus.  d  145. 
Forum  Calcarium,  d  146. 
Fomm  Claudii,  c  17. 
Forum    Claudii    Cenironum , 

e61. 
Forum  Helviorum,  d  146. 
Forum  Julii.  c  17,  c  65,  d  146. 
Forum     Julii     Octavanorum , 

c58. 
Forum  Lîvil,  d  146. 
Forum  Lucium,  c  33. 
Forum  Neronis,  c  17,  c  58. 
Forum   Neronis    lileminorum, 

c58. 
Forum  novum,  tl  146, 
Forum  Popilii,  il  146. 
Forum  ou  Forus   Segusiavo- 

rum,  d  146. 
Forum  Sempronii,  d  146. 


POJ 


cSO. 


Fossa,  Fossum,  d  184. 
Fossa  Mariana,  d  194. 
Fossae  HarianiB,  c  65. 
Fossatum,  d  184. 
Fossatus,  c  23. 
Fradeni  villa,  d139. 
Fraga.  Fraya,  6  139. 
Francisoa    (villa) ,     Franoisoa 
(baslidal,  c  73. 


Francorum  campus,  à  73. 
Francorum  furtum,  d  ^43. 
Francorum  villa,  c  73,  <l  139. 
Frasninus,  6  141. 
Frastinus,  b  140.  i 
Fratboldi  curlis,  a  336,  d  123. 
Fraxanica.  b  140. 
FruxeUis,  Fraslus,  b  139. 
Fraxinata,  a  344. 
Fraxinelo,  o  343. 
Fraxinetum,  b  140. 
Fruxinosa,  a  347. 
Fraxinuf,  Fi-asnus,  6  139. 
Fraxus,  Frassus,  b  139. 
Freganicls,  e  56. 
Fresinium,  c  10*. 
FrisingB.  o  103. 
Frodonls  villa,  d  139. 
Frontiniucum  (caslruml.  c  8G. 
Fullonium,  Folio,  d  234. 
Fulradi   vlilare,    Fulradu    vil- 
lare,  d  218. 
Fui-ca.  d  140. 
Furcas,  d  146. 
Fuma  pioea,  d  235. 
Furnis,  d  2ffi. 
Furnus,  Furnum,  d  235. 
Furnus  calcurius,  d  933. 
Fusciacum,  c92. 
Fusciacus,  c  94. 


Gaballi,  d  247. 
Gabalodunum,  d  175. 
Gabiaaa  (villa),  e  86, 
Gacheria.  d  230. 
Gaciacum.  c94. 
Gacla,  Guacla,  Quacta,  Vuac- 

ta,  d  193. 
Gadaria,  6  141. 


,.GoogIc 


Gadelaria,  bUi. 
Gadetum,  b  141. 
Gadiniacus,  c  89. 
Gadus,  Gadellus,  (141. 
Gaja,  Gajum,    Gaya,  Gayum, 

«99. 
Galdum,  6  106. 
Galia,  c  96. 
Galliacum,  c9Q,e9î. 
Gallina,  b  114. 
Gallinus.  b  114. 
Gallio,  e97. 
GalluB,  b  Mi. 
Gamapium.  a  334,  6  141. 
Gandavum,  i:55, 
Gandoinnga,  c  104. 
Garanliu.  b  141. 
Garantiaria,  b  141. 
Gardum,  d  22C. 
Garenna,  Vuaienna,  Varenna, 

dlG3. 
Garinio,  c99. 
Garrus,  b  144. 
Gascheria,  d  230. 
Gasconia,  c  71. 
Gastellum,  b  8G. 
Gaudia,  Gaudium,  d  lUi. 
Gaudiacum,  c97. 
Gaudjacus,  c  90. 
Gaudiniacas,  c  95. 
Gaugiacua,  c  98. 
Gaulini  cuitis,  d  124. 
Gauriacum,  c  9(i. 
Gebunwilare,  d  218. 
Geginna,  Ginna,  b  114. 
Gelonacus,  c  101. 
Gemmelicus,  c56. 

nabuin,  c  tî2. 

niciacum,  c94. 

nista,  b  141. 

rici  curtis,  d  l'24. 


Genniniacum,  e92. 
Germimonis  villa,  i  139. 
Geroldtacas,  c  %. 
Gesocribate,  e  60. 
Gibbonis  mansus,  d  131. 
Ginestolio.  a  341. 
Giselis  curtis,  d  134. 
Uisiacus,  rSO,  c96. 
GiRiniacus,  e96. 
Gisleberti  vlllare,  d  218. 
Glans,  d  146. 
Glanum  i.ivii,  c  58. 
Glarea,  b  82. 
Godonis  curtis.  d  134. 
Goncincus,  c  102. 
Gondhci  curtis,  c  119. 
Gordonicus,  c56. 
Gordonicus,  Gordonicœ,  e  0 
Gosselminga,  e  104. 
Goteneis  villa,  c77. 
Golhi  lofla.  c.  77. 
Graciacus.  c  94. 
Graculus,  b  114. 
Granatus,  d  226. 
Grandis  lucus,  c32. 
Gntnetum,  d  226. 
Granica,  d  204. 
Granatus,  d  226. 
Granolheriis,  a  345. 
Granum,  b14'2,  b  226. 
Graliacus,  c  88. 
Gralianopolis,  c65. 
Graliasca,  Graciasca,  c  80. 
GraulJdum,  a 'Mi. 
Grava,  b  172- 
Graveningas.  c  104. 
Gresius,  Gresum,  6  173. 
Grillio,  c99. 
Grtmaldi  curlis,  d  124. 
Gi-imaldi  villa,  d  318. 
Gronna,  Gruuna,  b  7g. 


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Grossulus,  b  143. 
Grossus,  b  143. 
Grua,  Grueria,  b  90. 
Grussius,  c  56,  c  98. 
Guapincensis,  a  347. 
Guasuonia,  c  71. 
Guastina,  GasUna,  c  85. 
Guastinum,  Gastinum.  c  85. 
Guastum,  Gaslum,  c  85. 
Gueractum,  d  230. 
Guenninga  e  103. 
GueriiUE,  6  143. 
Guerum,  Guezum,  b  67. 
Guinicurlis,  rf  124. 
Gunduin  viila,  d  139. 
Guntheri  hova,  d  164. 
Gunzanœ  villa,  d  139, 
Gurges,  b  68. 
Gutta,  6  68. 
Guttula,  Gutia,  b  68. 
Gyidulfl  villare,  d  218. 

H 

Haga,  Hays,  b  99. 
Haginga,  e  103. 
Haginum.  6  99. 
Ilagirici  villa,  d  139. 
Haldi  Gurtis,  d  124. 
Halla,  d  204. 
Hallarium,  b  100. 
Halletum,  Hallotum,  b  100. 
Hamus,  Hamum,  d  205. 
Ilaraldi  curtis,  d  124. 
Harboldi  villa,  d  139. 
Harambaldi  curtis,  d  124. 
Uasarium,  b  100. 
Hasbanium,  c  104. 
Hasellum,  blOO. 
Hasetum,  b  100. 
Haslum,  Hallum,  b  100. 


Hasum,  b  100. 
Hausa,  a  aotJ. 
Hauvoldingas,  c  103. 
Havera,  b  83. 
Hecbinga,  c  104. 
Hegelinga,c  104,  c  106. 
Hellinga,  c  103. 
Hellisma,  0 16,  <:29. 
Heloldo  villare,  d  218. 
Herba,  6  101. 
Herbarium,  6101. 
Herberga,  liaberga,  Albei^a, 

(1163. 
Herbergamenlum,      Alberga- 

menliim,  d  164. 
Herici  curtis,  d  124. 
Herimundl  villa,  d  139. 
Heriniacas,  e  93. 
Hermincum,  a  105. 
Hermini  villa,  d  139. 
Hermoritum,  c  17. 
Heruin\illa.(1139. 
Hiccium,  c  56,  d  139. 
Hidulphi  villa,  d  139. 
Hilariacus,  e  92. 
Hoatus,  c97. 
Hoba,  Ilova,  d  164. 
Hobetum,  d  lti5. 
Hoga,  Hoba,  a  352. 
Holdonis  villa,  d  130. 
Hollum,  a  368. 
Holmus,  6  78. 
Holtus,  6  101. 
Honuin  curtis,  d  124. 
Uordinium,  c  104. 
HorniDium,  c  104. 
Horlus,  Ortus,  d  226, 
Uospilale,  c  49. 
Hospitatis  (villa),  d  127. 
Ilospitium,  c  50,  d  125. 
Hovinga,  e  103. 


,.  Google 


Huio  vico,  d  216. 
Hulcioli  villa,  il  139. 
Huldericiaca  villa,  d  139. 
Huila,  Hullia,  b  174. 
Hullaria,  d  2fô. 
Hulaus,  Hussus,  b  143. 
Huma,  a  364. 
Hun),  c  78. 
Huninga,  c  105. 
Hunnincus.  c  102. 
Huntelinga,  o  105. 
Hutta,  d  206. 

I 

Iberiacum,  c02. 
Iberlacus,  c71. 
Iciodunum,  d  175. 
Iciodorensis,  a  346. 
Iciodurum,  d  176. 
Iccionensis.  a  340,  e  56. 
Icanium,  c98. 
It^randa,  Igoranda,  c  88. 
Idonis  villare,  a  336. 
Idonis  villaris,  (1218. 
Igoranda  (vicarla),  d  115 
Igoranda  Biluiigum,  e  88. 
Igorandineis  (vicarla),  e  88. 
llciacum,  e07. 
llex,  b  143. 
Ilio,  c  99. 
Illiacas,  c  95. 
Illiberis,  c6Z. 
Illinga.  c  103. 
Imperium,  d  147. 
In  gêna,  c60. 
Ingollnga,  c  103. 
Ingolinus,  c  56. 
Ingolisma,  c  IH,  e  39. 
Insula  6  69. 
Insula  monachomra,  c  32. 


Interamnis,  b  69. 
iQleraquas,  b  69. 
Interavas,  b  69. 
Intravilla  d  140. 
Ippus,  Ivus,  b  143. 
Isarobriva,  d  240. 
Isernodurum,  d  176. 
Isiadus.  e  16. 
Islodium.  d  168. 
Itiscoana.  a  351. 
Ivegio  vico,  d  216. 
Iveriacum,  c  71 . 
Ivraium,  c  100. 
Ivranda,  e  88. 


Jadingus,  <;  103. 
JalleringuB,  c  103. 
Jarrus,  Jarros,  h  144. 
Jalinum,  c  60. 
Jelleringis,  c103. 
Jérusalem,  c  28. 
Jocus,  d  127. 
JofTridi  curtis,  d  124. 
Jolrum.  d  176. 
Jovis  durum.clO. 
Jovis  raons,  c  16. 
Jovium,  c  16. 
Judseorum  villa,  d  140. 
Jugatis,  a  352. 
Jugum,  a  352,  d  127. 
Jugolium.  a  353. 
Julia,  c  17. 
Juliabonensî,  a  346. 
Julia  Carcaso,  c  61. 
Juliacum,  c  92. 
Julia  Equeslris,  e  58. 
Juliobona,  c17,  c  60,  c  65,d  196. 
Juliodunum,  cI7. 
Juliomagus,  c  17,  e  60. 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


iincariœ,  a  345. 
uncarius,  b  |45. 
luncus,  b  144. 
liiDiperus.  b  145. 

icas,  c  94. 
ustiacus,  Jusciacus,  c 
[usiilia,  d  147. 
uvenlio,  c  99. 
miacum,c  88. 


e90. 
uvini  curtis,  d  124. 


Lacus,  b  69. 

Laderciaca  curlis,  e  120. 
Ladraria,  c  51. 
Lœviacus,  d  141. 
Lagobrica,  «1173. 
Lambiscum,  c  56. 
Landaticum.  a  344. 
Latidericiacum,  c  100. 
[.andulphi  villa,  c  140. 
I.anrri  curtis.  d  125. 
Lannum,  Lanna,  6  86. 
Laniim,  Latiium,  6  86. 
Larrium,  Larricium,  b87.  • 
Lastrinco,  c  105. 
Latiniacus,  c  92,  c  94,  c  100. 
LatiscensiR,  a  345. 
Lalona.  c  2J. 
Laiidurium.  d  175. 
Launalis,  e  55. 
Laurano,  c  87. 
Laurenliacum,  c  95. 
LauL-iacas,  c  95. 
Laui'iacum,  c  97. 


Laurus,  b  146. 
Lectora,  e  59. 
Ledonis  ciirlis,  d  125. 
Legedia,  c  23. 
Legio,  c  99,  d  185. 
Lemausus,  a  334. 
Lemincum,  c  105. 
Lemo vices,  c  54. 
Lentio.  c  99. 
Leodringas,  c  104. 
I^prosum,  c  51. 
Lepus,  Lepoiem,  (»  114. 
Le  rate,  c  23. 
Lesca,  b  146. 
Lescaria,  6  146 
Leuconaus,  c  55. 
Leudardi  villa,  d  140. 
Leutboldi  villa,  d  140. 
Lexovinus,  c  56. 
Liberodunum,  d  175. 
Liciniacensis  (vicaria),  e  98. 
Liciiiiacus,  c  98, 
Lilium,  Lirium,  b  146. 
I.imahum,  Limarla,  b  146. 
Limatis,  b  79. 


T,iir 


c56. 


Limitium,  «98. 
Limoialum,  LimoJalus,  b  79. 
LimoDum,  cS9. 
Limosus,  6  79. 
Limiis.  b  146,  e  79. 
Linaria,  a  345. 
Linarium,  Linaria,  b  147. 
Linarolia,  b  147. 
Linaticum,  a  344. 
Lindus,  b  147. 
Lingones,  c  54. 
Linum,  b  147. 
Liphodium,  d  168. 
Liriacum,  c  89. 
Liricantus,  c  23. 


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Uligium,  LJgium,  d  165. 
Litigium  bonuiD,  d  165. 
Litigius,  d  1G5. 
Livus,  6  147. 
Lobia,  Lobium,  da06. 
LoGUS  Chrisli,  e32. 
Locus  Crescans,  e  31. 
Locus  Dei,  c  19. 
Locus  Donini  Pontii,  «  31. 
Locus  de  Hutaiiombue,(i243. 
Locus  Monaclii,  e  32. 
Locus  âancti  Gildasii,  c  32. 
Locus  Sancli  Guitali,  e  32 
Locus  Sancli  Maclovi,  e  32. 
Locus  Sancti  Tudeni,  c  32. 
Locus  Tavellis,  d  213 
Lœliacum,  eii. 
Logia,  Logiuin,  c51. 
Logia  nova,  d  307. 
Loiscus,  e  56. 
Longum  vadum,  (i250. 
Longus  vicus.  d  216. 
Lonicus  c  56. 
Lool.  villa,  d  140. 
Lopinum,  e  56. 
Lovadingus,  c  103. 
Lovincum,  c  29. 
Lovisma,  c  29. 
Lucaniacum,  c  92,  c  100. 
Lucerna,  b  148. 
Lucbium,  Lschium,  b  79. 
Luciacum,  eSS. 
Luciacus,  c  88,  c  04. 
Luciliacus,  c  90. 
Lucingus,  eiOi. 
Luciago,  c  88 
Lucio,  e  99. 
tucotelia.  b  124. 
"Lucus,  c  59. 
_Fl..ucus  Asturum,  c33. 
•^ÉLucus  Augustl,  c  17,  e  33. 


Luctis  Dianse,  e  33. 
Ludolfi  curlis,  d  135. 
Ludolpbi  villare,  dS19. 
Lugduniacus,  c  96. 
[jigdunum  Balavorum,  d  175. 
Lugdunum  Clavatum.  d  175. 
LugdUDum  Convenaruoi,  e  33. 

e  59,  d  175. 
Luguvallum,  d  309. 
I.uliacum   c  92. 
Lunatis,  a  340. 
Lunalis  villa,  dl40. 
Luneracus,  c  1OT. 
Lu  paru  s,  b  115. 
Lupetus,  b  115. 
Lupiacus,  e  90. 
Lupianum,  e  86. 
Lupi  via,  d251. 
Lupus,  b  115. 
Lusarica,  c  56. 
Luletia,  c  60. 
Luteva,  e  58. 
Lutica,  Lucca,  c  79. 
Luttlnga,  c  103. 


Maceria.  n  345.  d  207. 
Maceria3.dï07. 
Maceriolee,  d  207. 
Maciacus,  o  91. 
Madernatis,  a  340,  c  54. 
MadiiacensiB,  a  346. 
MadriolK.d208. 
Magalate,  a  340. 
Magernatis,  a  340. 
Magdunum,  d  175. 
Magnaldi  curlis,  d  125. 
Magniacum,  c90,  dl32. 
Magniacus,  c90. 
Magus,  Maus,  Mus,  b  89. 


,.GoogIc 


Majodumio,  d  176. 

Haioris  monasterium,  c  46. 

Haladaria,  e  50. 

Halarius,  h  148. 

Halingus.  d  108. 

Mallesius,  a  346. 

Malliacus,  e  91 . 

Malodi  curtis,  d  125. 

.Malits.  b  i48. 

Mal  va,  6  148. 

Malvagia.  a344. 

Mamacus,  c  ICI. 

Hamertium,  c  23, 

Mandra,  c  47. 

Manere,  d  208. 

Mangonis  locus.  e  31. 

Manousca,  c86. 

Manonis  ctirtis,  li  125. 

Hanseius.  d  129. 

Mansio.  dl27. 

Hansiones,  d  128. 

Hansionile,  d  131. 

HansiiluB,  A  129, 

Hansus,  d  128. 

Munsus  Kicardi,  d  131 . 

Manuldi  villa,  d  140. 

Maniilptii  villa,  d  140. 

Maia,  Maritm    h  70. 

Marbovium,  e  56. 

Marca.    Marcha  ,    Marchia,    d 

165. 
Marcaiiicus,  c  56. 
Marcasium,  Marchesiiim,  b  79. 
Marcedonum,  d  175. 
Harcellanicus,  c  50. 
Marcellio.  c  99. 
Marchesia,  d  167. 
Marctiîo,  Harchcnsis,  d  167. 
.\[ari:iacensis  (domus),  c  90. 
Harciacus,  e  90,  e  94. 
Mai'ciolalis,  c  55. 


Marcodurum,  d  177. 
Marcomania,  e  78. 
Harconacum,  e  101. 
Marconensis  (villa),  c  101 . 
Marculfi  curtis,  d  125. 
Harescum,  Marestum,  6  79. 
Harga,  Maria,  Marna,  6  174. 
Mariacensis,  a  325. 
Maridunum,  d  209. 
Maringa,  c  103. 
Mariniacas,  e  95 
HariBoatiouni ,     Mariscagium, 

6  79. 
Mariscus,  6  79. 
Hai4ida,  a  343. 
Maroialicœ  Iherms,  a  342. 
Maroialum,  a  342,  c71. 
Maroilum,  a  342. 
Maroilus,  «342. 
MarolgiuTD,  a  342. 
Marsiaciis,  e88. 
Hartianus,  c  87. 
Marticus,  c  16 
Hartiliacum,  c97. 
Martiniacas,  c  95. 
Hartra,  Martura,  b  116. 
Marturetum,6  1IO. 
Marlïretum,c27. 
Hasellis,  d  130. 
Hasinga.  c  104. 
Mas!:ava,a334. 
Hassilia,  e  62,  c  98. 
Massilia  Grgecorum,  c59. 
Masus,  dlSO. 
Hateria,  d  208. 
Mulerniacus,  c  89. 
HaUriacum,  c  94. 
Haliriacus,  c  91. 
Matisca,  a  351,  e  63. 
Matriniacum.  c  92. 
Malriniacus,  o  99. 


,.  Google 


Maurelianum,  c  86. 
Mauri  curtis   e  79. 
Mauri  monaslerium,  c46. 
MHuri  mons,  c  79. 
Mauri  villa,  el9,  d  HO. 
Haurjlana  villa,  e  79. 
Uauritania,  c  79. 
Hauritanorum  villa,  e  79. 
Haximiacus,  e  94. 
Hedalea,  d  235. 
Hediana  villa,  d  140. 
Médian um     monasterium ,    e 

46. 
Mediolanas  (villas),  c  89. 
Hedionalense  (castrum),  e  88. 

c89. 
Hediolanensis  (ager),  e  88. 
Medioliini  (villa),  c  89. 
Hediolanis  (villa),  c  89. 
Hediolanum  ,  c  59,  «60,  e  63, 

c  67,  È  88,  c  89,  d  il5,  <H79. 
Mediolanum,    Afeiolanutn,    d 

Hediolanum  (villa),  d  89. 
Meiolanum,  d  H6. 
Meldi,  c  54. 
Hellentum.  d  242. 
Helladunum,  d  175. 
Mentha,  b  148. 
Menthosa,  a  347. 
Heraldi  curtis,  d  125, 
Mercorius,  e  98. 
Mercuriacum,  c  92. 
Mercurjus,     Mercorius,  c  16. 

c85 
Merentium,  c  98. 
Herlaus,  e  55. 
Merodunum.  dl75. 
Henila,  Merulus,  b  116. 
Meruin  curttR,  d  125. 
Mesaticum.  a  344. 


Hespilidum,  a  343. 
Hespllus,  Heslus,  b  148. 
Hettœ,  c  54. 
Metalla,  d  236. 
Hetallanum,  d  236. 
Hetatlum,  b  175,  d  235. 
Meulanum,  d  116. 
MJliacus,  C88,  c89. 
HiliDm,  b  149. 
Millarium,d243 
Mimatensis,  c5â. 
Miniaria,  d238. 
Minium,  b  175. 
Hinnodunum   d  185. 
Mlolanum,  d  115 
Miseriacus,  e  90. 
Modelagius,  d  238. 
Moderniacum,  c  94. 
Modini  villa,  d  140. 
Modium,  Modius,  d  132 
Mogunliacum,  c  61,  e  97. 
Mola,  d  238 
Hotaria,  b  176. 
Molendinis,  d  238. 
Molendinitm,  d  238. 
Molinarium.  d  23S. 
Molinum,  Hollnus,  d  238. 
Molisma,  c  29. 
Honaulii  fons,  c  48. 
Monachi  locus,  e  48. 
Monachi  nanlus,  c  39. 
Honachus,  c  36. 
Monisma,  e  16,  c  29. 
Hanasteriolum,  e  46. 
Monasterium,  c  44. 
Monasterium  Sancli  Theofredi, 

el8. 
Monasterium    Vallis    Sigarii , 

ç20.  ' 
MonistroHum,  c  47. 
Mononis  curtis,  d  125. 


,.GoogIc 


Monœci  aras,  c  62. 
Mons,  a  353. 
Mons  Bosonis,  a  336. 
Hons  Dei,  c  21. 
Mons  Falconis,  a  336. 
Mons  MagdiUanensis,  a  345. 
Mons  Olivus,  e  18. 
Mons  petrosus,  a  347. 
Mons  Saxonicus,  cSl. 
Mons  spinosus,  a  347. 
Montania,  a  347,  a  353. 
Monlaniacum,  c  97. 
Montaniacus,  c  96, 
Honticellus,  a  335. 
Montile.  a  354. 
Hontilium.  a  354. 
Hontio,  a  354,  e  99. 
Monlolium,  a  354. 
Morasias,  a  346. 
Moratium,  Huracium.  a  340. 
Morcelas,  c  100. 
Horentiacas,  e  95. 
Morentiacum ,    Horenciacuni , 

cffi. 
Mori  curtis,  e  VjO. 
Morincum,  e  102. 
Mori  ni,  c  56. 
Moriniacus.  c71,  c  98. 
Mori  villaris,  d  219. 
Morleni  ciirlis,  e  120. 
Mornane  vitlare,  d  219. 
Moms,  b  149. 
Mosœ  Trajectum,  d  '249. 
Mota,  d  167. 
Hulcedonum,  d  175. 
Muraiis,  d  185. 
Muratum,  dl86. 
Huralum  caslrum,  d  186. 
Murcinctiim,  d  186. 
Murellus,  d  185. 
Muricinctum,  d  186. 


Murocinctus,  à  186. 

Muro  veteri,  d  186. 

Muro  vetulo.  d  186. 

Murum  veterem,  d  186. 

Murus,  à  185. 

Hurus  vetulus,  d  186. 

Husciacum,  c  92,  e  97. 

Musciacus,  c  97. 

MuBcIo,  bllC. 

Hutaliones,  Hulaciones,  d  243. 

Mutta,  d  208. 

N  ■ 

Naioialum,  a  342. 
Nanc«ium,  e  100. 
NaDcellus,  e  72. 
Nanciacum,  «07. 
Nancus,  Nanlus,  b  71. 
Nantellus,  6  71. 
Nantiacaa,  c  %. 
Nantiniacus,  c92. 
Nanloacum,  e  101. 
Nantoiatum,  a  342,  Ei7l. 
Nantogilum,  a  342. 
Nanloilum,  a  342. 
Nantolium,  a  342. 
Nanlonensis  villa,  d  140. 
Nantuacus,  e  101- 
Narbo    Martins    Atacinorum, 

c58. 
Narbo  Martîus  Decumanorum, 

e57. 
Narlodum,  d  168. 
Nasium,  c62. 
Nassonacum,  c  101. 
Nastogilus,  a  342. 
Navis,  d  208,  d  244. 
Nemausus  Aremicorum,  e  58. 
Nemelacum,  c  30,  c  GO. 
Nemetes,  c  30. 


,.GoogIc 


J^amiUAiti^nt,  e  30. 

JkxKtAilunim,  c  30,  d  176. 
S^xtai-iam.  c50. 

5(««|>il'j>,  b  IW. 

>'i4aUa.  «  SH,  d  153. 
XiSanum,  f  ^. 

-Nigfclla,  b  iW. 
.Si((riactini,  e  88. 
Siini't,  e  57,  r  99. 
SiftU,  Nolia,  Nova,  6  80, 

Nogar«diiin,  a  344. 
NogariuH,  Novarius,  6  JM. 
Nwriiacus,  e  90. 
Nova  cella,  e  ig,  d  aoi. 
.Vovalia,Novaris,Novale,d227. 
Sovul'iaccnsis  (cella;,  e  90. 
NovaliacuK,  c  00. 
NovelliacuB,  e  92. 
Noviacus,  d  216. 
Novienlum,  6  80,  d  2i3. 
Novigenlum,  d  243. 
Noviodunum,  fc  80.  c  59,  c  00, 

d  175. 
Nuviomagus.  6  80,  c  60,  c  01, 

<:62. 
Novîum,  Novia,  Noja,  6  80. 
Novum  Castrum,  d  180. 
Novus  Vicus,  d  216. 
Nucaria,  a  3fô. 
Nucarius,  Nucariiis,  b  150. 
Niivilliacus,  e  03. 
Nux,  b  150. 


Ociaviants,  c80. 
Octodiirum,  e  02,  d  177. 
Oulodurus,  d  177. 


Odjom,  Odom,  é  IGBl 
Odiniacas,  «%. 
Olea,OUva,*  151. 
OlliDCUS,  e  101 
Odorniacum,  e  94. 
UtTetiniras,  e  fCS. 
Olierici  curlis,  d  124. 
Olearia,  d  237. 
OlivebuD,  b  151. 
Oppidum,  d  ISS. 
Oppidum  no%-uin,  d  186. 
Oppidum  L'biornm,  c61. 
Opulus,  b  152. 
Oratorium,  e  39. 
Ofbacense,  a  :Uô. 
Ordeum,  6  158. 
Orgasoialum,  a  343. 
Osarium,  Osaria,  A  151 . 
Osinco,  e  102. 
Ostromundi  curlis,  d  123. 
Olgeri  villare,  d  219. 
Olhonis  villare,  d  StO. 
Oiubii,  c  58. 
Ozindensis,  a  346. 


Paifulus,  b8l. 
Paganus,  Pagana,  d  109. 
Pagensts,  Pagesia,  d  109. 
Pageria,  d  169. 
Pago  Madriacensi,  d  153. 
Palatiolum,  d  187. 
Palalium,  Palatia,  d  187. 
Palearium,  d  209. 
Pall,  d  187. 

Palitium,  Palilia,  d  187. 
Palma,  a  307. 
Palus,  a  334,  d  187. 
Pampiiius,  b  152. 
Paaicum,  b  152. 


nigiUrrlbyGOOglC 


Parcus,  d  227. 

Parentiacas,  c  95. 

Parisii,  c  57. 

Pariaius,  c  98. 

Parlaticum,  b  74. 

Parochia,  c  40. 

Pars,  <i  133. 

Partes,  d  133. 

Passaticus,  Passai îcu m,  d  244. 

Passincus,  c  102. 

Passus,  (1244. 

Paslio,(J147. 

Paterniacum,  «  9i,  c  97. 

Patiiciacum,  c  88,  c  93. 

Patriciacus,  e  94. 

Pavileus,  c  100. 

Pedaticum,  Pedagiuin,  d  148. 

Pedinatis,  a  340,  c  55. 

Pembeciacutti,  c  97. 

Penna,  Pinna,  a  355. 

Perdicellus,  b  118. 

Pei-dix,  b  116. 

Peregrinus,  c  39. 

Perlingus,  e  102. 

Persica,  6  152. 

Pertica,  6  152. 

Perlicus,  c  56. 

Pertusus.  d  244. 

Pervinca,  b  153. 

Pelra,  a  355. 

Petra  flcta,  e  28. 

Petra  fixa,  c  28. 

Petra  levata,  c  28. 

Pelra  mal»,  c29. 

Petraria,  b  176. 

Petreus  pons,  d  246. 

PetiiJicus,  e  102. 

Petriniacus,  c  87. 

Pelriscum,  c  56. 

Petrocorii,  c  54. 

Petroialum,  a  356. 


Petroilum,  a  342. 

Petrosa  a  347,  a  356. 

Petrosa  via,  <1251. 

Petrosum,  a  335. 

Pica,  b  117. 

Pictavi,  e  57. 

Pictavi  pinus,  e  70. 

Piciaviim,  «  55. 

Piclensis  lEcclesia),  c  70. 

Picli  fagus,  e  70. 

Picum,  a  357. 

Pila,  d  244. 

PinciacensJs,  c  56. 

Pincio,  c  99. 

Pinus,  6  153. 

Pi  rus,  b  153. 

Pisancianum,  <;S7. 

Pisanum,  c  87. 

Piscatorium,  d  237. 

Piscina,  d  237. 

Piscina  vaccarum,  d  229,d237. 

Piscitiae,  d237. 

Pissa,  b  72. 

Plana,  cOI. 

Planca,  d  245. 

Plandanum,  c86. 

Planta,  d  227. 

Planum,  o357. 

Plalanus.  b  154 

Platea,  6  91. 

Plalus,  a  358. 

Plçbeium,  Plebegium,  e  50. 

Plebs,  c  50. 

Plebs  Arthenael,  c  41. 

Plebs  condita  Cadoc,  c  41. 

Plebs episcopî,  c  41, 

Plebs  Hidinnec,  c  41. 

Plebs  tluiernim,  c  41. 

Plebs  Sancti  Laitdi,  c  41. 

Plebs  Talmedovia,  c  41. 

Plexitium,  Plexarium,  d209. 


,.GoogIc 


Plolhlonis  curtis,'c  120. 
Plumbaria,  b  176. 
Podium,  a  358. 
Podoialuin,  a  358. 
Pogetum,  Pugetum,  a  358. 
Pogium,  Pugium,  a  35S. 
Pollaria,  PoDarium,  b  72. 
Pollum,  b  73. 
Potnarata,  a  344. 
Pomarlolum.  b  154. 
Pomarium,  b  154. 
Pomum,  Pomus,  b  154. 
PonceUi,  d  2fô. 
Ponciacus,  e  90,  c  94. 
Pons,  Ponle,  d  245. 
Pons  allus,  d  245. 
Pons  Arlicœ,  Arliae,  d  245. 
Pons  Dubis,  d  241. 
Pons  Ckidonis,  d  245. 
Pons  Isarse,  d  245. 
Pons  Ivii,  d  245. 
Pons  Ursionis,  d245. 
Ponticelius,  d  245. 
Ponliliacus,  d  245. 
Ponlio,  r  57,  c  99. 
Pontivus,  c  56. 
Popelinga,  e  105. 
Popianum  (castrum),  o  86. 
Poplniagas,  c  95. 
Populus,  b  155. 
Porcarle,  a  345,  d  228. 
Porcaritium,  Porcaritia,  d22f 
Porcianus  (mansus),  c  86. 
Porticiolo,  d  240. 
Portus,  Porta,  d  246. 
Posetlum.  Pusellum,  a  35S. 
Poselum,  Puselum,  a  358. 
Posium,  Pusium,  a  358. 
Potentia,  dl48. 
Potentiacas,  c  95. 
Potestas,  d  148. 


PrspOBilus,  d  148. 
Prœpotestas,  d  148. 
Prœsvifla,  d  140. 
Pratarium,  Prataria,  b  101. 
Prateltum,  Pratellu,  b  101. 
Pralt  mooasierium,  c46. 
Pratinum,  Pratina,  b  10t. 
Praloialum.  blOl. 
PralLim,  blOI. 
Precaria,  Precario,  d  133. 
Presiagutn,  d  103. 
Presbj-leriit,  d  172. 
Presbyteri  villa,  d  140,  d  172. 
Prex,  d  133. 
Primiacus,  c93. 
Prior,  e.  44 
Prisca,  c  23, 
Prisciacum,  c  89. 
Phscîacus,  e  90,  c  94. 
Prisciniacus,  o  93. 
Prisperiaca,  c  88. 
Priviacum,  c  07. 
Provasium,  a  346. 
Prulianum,  c87. 
Prunetum,  b  155. 
Prunidum,  a  344,  b  155. 
Prunus,  b  155. 
Pulliniacum,  e  96. 
Puncla,  6  72. 


Quadraria,  d237. 
Quadratis,  d  237. 
Quadratium,  a  340. 
Quadrivium,  d  246. 
Quadruvium  villa,  d  246. 
Quarmbium,Carrubium,d246, 
Quartianum,  e  87. 
Quelinus,  b  155. 
Quercetum,  b  155. 


,.  Google 


Quercus,  Quescus,  b  155. 
Quernum,  a  %0. 
Quenius,  Quesnus,  6  155. 
Querrum,  d  209. 
QuilHo,  c  36. 
Quimperium,  b  72. 
Quinctacum,  c  88.  c  93. 
Quinciaciis,  c  91. 
Quintiacum,  c  88,  c  93. 
Quintiacus,  c  88,  c  90,  c  93.  c  94. 
Quinlio,  c  99. 


Raaldi  cui-tis,  d  125. 
Radadi  villare,  d  219. 
Radaldi  villa,  d  140. 
Radegisi  cnrlis,  d  125. 
Radelonis  pons,  d  146. 
Radheri  curtis,  d  126. 
Radix,  b  102. 
Radolium,  a  341. 
Radonis  villaris,  d  2t9. 
Raduin  curtis,  d  126. 
Raginbertiaca,  e  100. 
Raginberti  curlis,  c  100,  d  125. 
Raginincus,  e  102, 
Rana,  h  117. 
Ratbaido  villare,  d  219. 
Ratiatum,  c  62. 
Ratisbona,  d  196. 
Ralomagus,'c  61. 
Ralum,  d  1T7. 
Ratus,  bll7. 
Raurica,  e  58. 
Reclosa,  e49. 
Recolum,  b  73. 
Reculata,  d  364. 
Recuperantia,  d  149. 
Recussiis,ReciJSsa,Recu5Sum, 
11149. 


Redemptio,  d  149. 
Redones,  e  54. 
Régula,  e  49 
Remerago  villa,  d  140. 
Rémi.  e54, 
Remigianum,  e  86. 
Renda,  Rendita,  d  150. 
Rendia,  Rendeti,  d  150. 
Rendua,  Rendoa,  d  150. 
Requisita.  d  150. 
Resluin,  Resta,  d  210. 
Reveslilio,  d  151- 
Reveslilum,  d  ISO. 
Ridus.  Ridiim.  b  81. 
Rigoialum,  a  342. 
Rigua.  Riga,  6  73. 
Rigulus,  Rigula,  b  73. 
Riguus,  Rigus,  b  73. 
Rininga,  c  i05. 
Rilum,  d  247. 
Rivaria,  a  345. 
Rivarium,  Rivaria,  b  73. 
Rivalis.  a  340. 
Rivicellus,  b  73. 
Rtvoialum,  Rivogilum,  b  73. 
RivultiP,  Rivellus,  6  73. 
Rivus,  Rius,  b  73. 
Roboretus,  a  344. 
Robur,  Rovur,  b  156. 
Roca,  a  360. 
Rocodunum,  d  175. 
Roda.  Roha,  b  87. 
Rodanensis,  c  70. 
Rodeniacas,  c  71. 
Rodentacum,  c  93. 
Rodeniacus,  c  71. 
Rodeni  villa,  c  70. 
Rodaialum,  Rodolium,  E>  89. 
RodolOngus,  Roonngus,  d  207. 
Rodulfl  curlis,  c  121. 
Rofflacum,  e  89. 


,.  Google 


Bumaldi  curtis,  d  135. 
Bumiliaco,  c  93. 
Rumiliacum,  c93. 
Runcarium,  Kiincaria,  b  157. 
Runcinum,  b  157. 
Runcus,  Rimcliiis,  b  157. 
Runingis,  c  102. 
Rupianus,  c87. 
Rusclii  villu.  d  140. 
Riiscino,  c61. 
Ruscinum,  b  11)8. 


Sikllela;,  d  210. 
SalniutiKis  c  103.  - 
Snlmingus,  c  103. 
Salodiirum,  c  02. 
ShIsus,  Saisu,  Solsa,  6  177. 
Saillis,  6  102. 
Salvamentum,  e  iS. 
Salvalorium,  c49. 
Salvatoi'ium  Beiilie  Har4aB,cl 
SaWiacum,  <:90, 
Salviacus,  e  90. 


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Salviias, . 

"amarohi 

mbuci 


■phfc  '  ; 

.1  -Vlaria,  t 
.meta  Maria  (Je  t 
Sanota  Mario  '«  Ca, 
Sancta  Marvia,  e  22. 
Sancta  Natalîa  de  Fano, . 
Sancla  Sativiios,  o  22. 
Sancliaoum.  c93,  c  99. 
Sancti  BasoVi  Mons,  c  23, 
SancU  Camoni  vlUare,  c  23. 
SancU  Germaiii  mons,  c  23. 
S&ncli  Peiri  mons,  c  23. 
Sancti  Remigi'  mons,  c23. 
Sanctum  Sepu'ehrtiin,  c  21. 
Sanctus  Adjutor,e20. 
Saiicius  Agrippanus,  e  20. 
Sanctus  Anianiius,  c  22. 
Sanctus  AnaniuB.  c  22. 
Sanctus  Andeotus,  e  20. 
Sanctus  Andréas,  c  21. 
Sanctus  Annemundus,  c  22. 
Sanctus  Aper,  c  20. 
Sanctus  Aquiliniisc  20. 
Sanctus  Baldomerus,  c  21. 
Sanctus  Baudilius,  c  21. 
Sanctus  Benedictus,  c  20,  e  21. 
Sanctus  Ifenignus,  c  W .  e  22. 
Sanctus  Brixius.c  21. 
Sanctus  CarilefU8,c  M. 
Sanctus  ClodOaldus,  e  20. 
Sanctus  ChrislopJiorus,  c  21. 


Spaningum,  c  103. 
Sparnacus,  e  10t. 
Spartiacus,  e  89. 


Spelœum,  a 
Spelunca,  a 
Spernum,  h 
Spica,  Spici 
6161. 


,  Spicus,  b  104, 


Spicari 

Spicari 
'icari 


,  blOl. 
a  345. 


b  1o4, 

lachium,  Splnacia,  b  162. 
-     .  Spinus,  6  104,  b  161. 
-    m,  a  341,  a  344. 
■m,  6  93. 
1,  a  341. 
'■  M%  b  93. 
Ka.  ■'.  a  347. 

Sanciu,  '. 

Sanctus  Ma 
Sanctus  Muni,., 
Sanctus  Mamin.,  '*■ 

Sanctus  Many.*  Vï,' 
SanctusMariiaiis  ,;"■ 
Sanctus  MttHriti.i«   ,  '^ïi 
Sanctus  MauniH,  c  aa    "  ^ 
Sanctus  Majtimus,  e  s, 
Sanctus  Medardus,  e^, 
Sanctus  Medericus'  e  2ï'  *  *  ■ 
Sanctus  Memniius,  c  41   «  *, 
Sanctus  Moises,  e  22.    ' 
Sanctus  Nectarius,  c  22 
Sanctus  Paganus,  c22. 
Sanctus  Pancratius,  c  21 ,  e  % 
Sanctus  Paulus,  e  22.      ' 
Sanctus  Petrus,  c  20,  c  21 . 
Sanctus  Pelrus  de  villa,  c  2;i. 
Sanctus  Pelnis  in  via    c  23, 
Sanctus  Petrusius,  c  22, 
Sanctus  Piatus,  c21.      , 


,.  Google 


Rofflngus,  c  103. 
Roliacus,  c  89. 
Roltingum,  e  105. 
Romani,  e  65. 
Romania,  c  65. 
Romanianus,  e  &7. 
Romanica,  c  66. 
Bomani  luoixastenuin,  c  46. 
Romanis,  c  65. 
Romanoiulum,  c  66. 
Romuriuna,  e  66. 
Romigaria,  c  66. 
Romiliacas,  o  95. 
Romiliacus,  o  93. 
Romingus.  e  10(j. 
Rosa,  b  156. 
Rosariola,  b  157. 
Rosarium,  Rosaria,  6  157. 
Boselum.  6  157. 
Rossilio,  b  99. 
Rotrridi  curtis,  (1126. 
Rotomagus,  «  60,  d  247. 
Rovoretum,  b  156. 
Rubiacum,  c8l,  c  97. 
Rudentacuw,  c  71,  c  â3. 
Rufilaco,  c  93. 
Rurnacum,  c  88,  c  89,«  90,«  93, 

Ruga,  Ruba.  Rua  d  247. 
Ruiliacus,  c  90. 
Rumatdi  curtm,  d  125. 
Rumiltaco.  c  03. 
Rumiliacum,  e  03. 
Runcarium,  Kuncaria,  b  157. 
Runcinum,  b  157. 
Runcus,  Runclius,  b  1Ô7. 
Runingis,  c  102. 
Rupiantis,  e  87. 
Ruschi  villa,  d  140. 
Ruscino,  c61. 
Ruscinum,  b  158. 


Ruscus,  Ruschus^  b  158. 
RuU,  Rota,  Rucla,  Roda,  A  247. 


i,  e54. 
lacum,  I 


Ruteni 
Ruteni 
Ruteni 
Ruleni 
Ruleni 


Sabioidum,  a  343. 

Sabulo,  b  177. 

Sabulum,  b  176. 

Sa'ium,  Sabo,  bl74. 

Saciacus,  c  93. 

Sacius,  c  100. 

Sacrum  Cœsaris,  c  65. 

Sal,  b  177. 

Sala,  d  210. 

Salas,  d  210. 

Salicarium,  Salicaria,  b  159- 

Salicetum,  Salicidum,  b  159. 

Saliciata,  a  344. 

Salicinium,  b  159. 

Saltciolum,  b  150. 

Salinœ  SuelrioDum,  c  61. 

Salinarium,  Sftlinaria,  b  177. 

Saliiium,  6  177. 

Salingus,  Salincus,  c  103- 

Salix,  e  94. 

Sallelœ,  d  210. 

Salrnangis  c  103.  ■ 

Salmingus,  c  103. 

Satodurum,  c  62. 

Salsiis,  Salsa,  Solea,  h  177. 

Saltus,  b  102. 

Salvamenium,  c  49. 

Salvalorium,  e49. 

Salvatoi'ium  Beats  Mariae,  c1& 

Salviacum,  c90. 

Salviacus,  e  90. 


,.GoogIc 


Salvilas,  'c  %0. 
Samarobriva,  e  52. 
Sambucus,  Sabucus,  c  60,  c  S^. 

((240. 
Samesium,  b  159. 
Sanciacum,  a  346. 
Sancio,  <:  93,  c  04. 
Sancta  Agnes,  c  21. 
Sancta  Anastasia,  e  20,  e  {M, 
Sancta  Eutalia,  e22. 
Sancta  Euphemia,  c  20,  c  S3. 
Sancta  Maria,  c  24. 
Sancla  Marin  de  Ortulis,  d  296 
Sancta  Maria  in  Castro,  d  180. 
Sancta  Marvia,  e  22. 
Sancta  Natalia  de  Fano,  c  il. 
Sancta  Nativllns,  o  22. 
Sanctiacuni.  c  93,  c  99. 
Sanoti  Basoli  Mons,  c  23. 
Sancti  Caraimi  vlllare,  c  23, 
Sancti  Germani  mons,  e  23. 
Sancti  Peirt  mons,  c  23. 
Sancti  Remigii  mons,  c23. 
Sanctum  Sepulchrum,  c  21. 
Sanctus  Adjutor,  c  20. 
Saiictus  Agrippanus,  e  20. 
Sanctus  Amantius,  e  22. 
Sanctus  Ananius,  c  22, 
Sanctus  Andeolits,  e  20. 
Sanctus  Andréas,  e  21. 
Sanctus  Annemundus,  e  22. 
Sanctus  Aper,  c  20. 
Sanctus  Aquilinus  e  20. 
Sanctus  Baldomerus,  c  21. 
Sanctus  Baudilius,  e  21. 
Sanctus  Benediotus,  c  20,  c  21 . 
Sanctus  Uonignus,  e  21,  e  22. 
Sanctus  Brixius,  e  21. 
Sanctus  CarDefus,  e  21. 
Sanctus  ClodBaldus,  c  20. 
Sanctus  Ghrislopliorus,  e  21. 


Sanctus%)*ricu8,  e20,  c  9l  ,t 
Sanctus  <I>esiâe)^us,  o  20, '« 
SanotDs  Egidins,  c  21 , 
Saneftus  Electns,  c  22. 
Sanctus  Eplaâius,  c  21, 
SanctQs  Tïrrealdus,  e  23. 
Sanctus  Eugendua,  e  21. 
Sanctus  Eumachius,  c  22, 
Sanctus  Euparclitus,  c  23. 
Sanctus  Eusebius,  e  23. 
Sanctus  Félix.  c21. 
Sanctus  Ferreolus,  e  20,  c 


Sanctus 

Sancti 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 

Sanctus 


Fruetuosus,  c  21. 
Georgius.  c  21. 
Habundus,  c21, 
Hilarius,e20,  c22 
lUidius,  c21,c22. 
Leodegarius.  e  22,  e 
Leonardus,  c  22. 
Haciovius,  c  20,  c 
Mamers,  e  23. 
Mammes,  c  23. 
Marcus,  c  21,  e  22 
Martialts.  c  30,  e  2 
Mauritius,  e  21,  c 
Maurus,  c  22. 
Maximus,  c  20. 
Medardus,  c  20,  c 
Mederictis,  e  22. 
MemmiuSj  c  21,  c 
Moïses,  c  22. 
Neclarius,  c  22. 
Paganus,  c22. 
Pancratius,  c2I,  e 
Paul  us,  e  92. 
Peirus,  c20,  c21. 
Petnisdevilla,  c2 
Petrus  in  via,  cZ 
l'etrusius,  c  22. 
PiatUB,  c21.      , 


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Sanclus  Ponlius,  e  32. 
Sanctus  Priscus,  c  21 . 
SaDCtus  Pnejectus,  c  20,  c  21. 
Sanctus  Prothasius,  c2i. 
Sanctus  Quiritus,  c  21. 
Sanctus  Romanus,  e  22. 
Sanclus  Salvius,  e  23. 
Sanctus  Satuminus,  e21,c22. 
Sanctus  Severinus,  e  32. 
Sanclus  Sidoiiius,  e  21. 
Sanctus  Siephanus,  c  22. 
Sanctus  Sulpitius.  c  20.  c  21. 
Sanctus  Taurinus,  c  21. 
Sanctus  Theofrîdus.  e  23. 
Sanctus  Trsnquillus,  e  22. 
Sanclus  Veranus,  c  20. 
Sanctus  Vulmarus,  c  32. 
Sanilium,  e61. 
Sannum,  b  iW. 
Sanliniacum,  c  24. 
Santinium,  c  24,  e98 
Santonacus,  c  101. 
Saniones,  c  5*,  c  63. 
SantonicuR,  c  56. 
Sapinus,  (  160. 
Sapium,  Sappium,  b  160. 
Sarmasia,  a  346.  c  83. 
Sarmalia,  Sarmasia,  c  83,  c  98. 
Sarluin,  li  224 
Sasiacum,  c93. 
Sasiriacum,  c  94. 
Sassigniacas,  c  96. 
Satiacum,  e  93. 
Saturalis,  a  340,  e  55. 
Savacia,  a  340. 
Savadatis,  a  340,  c  55. 
Saviniacensis  (vicaria),  c  89. 
8aviniacum,c93,  c  94. 
Saviniuciis,  c  96. 
Saxiacum,  c  82. 
Saxoniacas,  c  95. 


Saxonis  Tontana,  e  81. 
Sasuœ,  a  361. 
Scadiacus,  c  89 
Scala,  d  248. 
Scalalis,  a341. 
Scaldis  sUU.  d  212. 
Scaldi  viUare,  d  219. 
S^-iildobriga,  d  173. 
Scatalingis  c  105. 
Scliola,  c  49. 
SclepindîDgus,  c  102. 
Scoilus,  a  342. 
Scubiliacum,  c97. 
Scubilingis,  e  102. 
Scutinga,  e  103. 
Secale,  b  160. 
Sechanis  villa,  d  139. 
Secundi  curtis,  <1  126. 
Seciindiniaca  (cors),  e  90. 
Securus,    Secura,    SecuniiD, 

o188. 
S«des.  Sedium,  Sidium,  d  212. 
Sedunum,  d  175. 
Segjsma,  c  29. 
Segodunum,  c 59. 
Segusio,  e  62,  e91. 
Seguslero,  e  63. 
Sendra,  d  169. 
Seniliacus,  c  89. 
Senones,  e  54,  c  63,  e  70. 
Senonia,  a334,c70,  c98. 
Seiionica,  e  70. 
Senomagus,  c  70. 
Senonis  anlus,  c  70. 
Sentiaca  (villa),  e  97. 
Sentiacum  (palalium),  e  97. 
Sentiacus,  c  97. 
Sentiniacus,  e  24. 
Sentolatus,  a  341. 
Seplem  Pâli,  d  187. 
Septima,  dlffi. 


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Septoilum,  aSfO,  d311. 
Septum  Cyriaci,  dSH. 
Sequestrum,di51. 
Serra,  a.  361,  d  Ml. 
Serra  longa,  d  311. 
Severiacum,  e  88. 
Severodunum,  d175. 
Siuramni  curtis,  a  336,  d  123. 
Sicramni  villa,  dl39. 
Sicramni  villare,  d  318. 
Sidolocus,  e  3t 
Sido.ntacas,  c  05. 
Sidremomagus ,      SidremDin , 

SifTredi  villa,  d  138. 
Sigebaldi  villa,  d  139. 
Sigiacease,  a  346. 
Sigisfridi  villare,  d  217. 
Siglini  curlJs,  d  126. 
Siliacus,  a  344. 
Sllvagium.  «90. 
Silvastrum,  a  347. 
gilexuid  via,  c  24. 
Sinciacus,  c  97. 
Sine  muro,  d  185. 
Sylva,  Silva.  h  103. 
Soca,  b  104. 
Sodobriga,  d  173. 
Solarium,  a  345,  d  228. 
Solaticum,  a  344,  6  228. 
Solatium,  d  228. 
Solemniacus,  c  88,  c  90, 
Soliacus,  c  93. 
Solisma,  c  46,  c  29. 
Sotnatis,  a  340. 
Soinatium,  a  340. 
Solodurum,  d  176. 
Sonteri  pons,  d  246. 
Sorbus,  6  161, 
Sorex,  &  118. 
Sostomogus,  d  179. 


Spaningum,  c  103. 

Sparnacus,  e  10t. 

Spartiacus,  e  89. 

Specus,  a  368. 

SpelGeum,  a  368. 

Spelunua,  a  368. 

Spernum,  h  162. 

Spica,  Spicum,  Spicus,  b  104, 

6161. 
Spicaria,  b  161. 
Spicariœ,  a  345. 
Spicarium.  b  MA. 
Spinachium,  Spinacia,  b  162. 
Spina,  Spinus,  h  104,  6  161. 
Spinelum,  a  341,  a  344. 
Spinoialum.  b  93. 
Spinogjlum,  a  341, 
Spinoliiim,  a  34'2,  b  93. 
Splnosa,  a  335,  a  347. 
Spinosum,  a  347. 
Spissia,  d  229. 
Spissosum,  a  347. 
Sptssum,  b  1(6,  d  228. 
Spondelianum,  c  86. 
Slabulœ,  d211. 
Stabulum,  Stabula,  d  211. 
Stagnum,  b81. 
Star,  villa,  d  139. 
Staticum,  SLagium,  d  21'i. 
Slativa,  Slata,  d  212. 
Slernacum,  c  101. 
Stovella,  d  238. 
Strata.  Slralae,  d  348. 
Sirala  bona,  d  249. 
Stralse  bona,  d  249. 
Strat»  bui'gus,  d  193,  d  249. 
Slrals  celta,  d  249. 
Stratodunum.  d249. 
Stricovildis  villa.  d14l, 
Stuba,  Stupa,  d  237. 
Suber,  b  162. 


,,GoogIc 


Submœnium,  d  212. 
Sabmonasterio.  c  46. 
Sudnga,  c  i03.    . 
Sudes.  SudU,  b  162. 
Suessiones,  c57. 
Suiiidinum,  c  GO 
Summa,  a  362. 
Summa  (aqital.b  75. 
Summa  ecclesia.  d  218. 
Sundhova,  d  iCô. 
Surrugium,  c  57. 
Sulzolingas,  c  1(6. 


Tabale,  d  21-2. 

Tabalia,  d213. 

Tabana.  d  213. 

Tabella,  Tavella.  d  212. 

Taberna.  Taverna,  d  213. 

Tabernœ,  d  213. 

Tabernœ  Mose1laiiins,d  213. 

Tabernae  Rhenana^,  d  213. 

Tabernœ  Kiguie,  d2l3. 

Tabernœ  Tribocorum,  d  213. 

Tabernarum  Casiellum,  d  213. 

Tala,  a  363. 

Talinga,  e  103. 

Tallievilla,  dUl. 

Tannacum,  c 101 , 

Tanaio,  c  100. 

Tanum.  6  162. 

Tarasco,  a351,c58  e  62, 

Tarbelli,  c5*. 

Tarvenna,  c  60. 

Tasca,  Tascha,  d  151 . 

Tasco,  Tascus,  6  118. 

Tatinga,  c  104. 

Tauriniacus,  c  90. 

Tauriacus.  c8S,  eOl. 

Taxo  Taxus,  b  118. 


Taxonaria,-  b  118 
Tegula,  d  213. 
Tehunum.  Thunum,  d  215. 
Tellaus,  c  55. 
Telo,  a  364. 
Telvicus,  d  216. 
Templiacus,  c  98. 
Templum,  c51. 
Templum  Hartis,  e17. 
Tenda,  Tenla,  d  213. 
Tendila,  d  213, 
Tenurctum,  c  99. 
Teoduia  villa,  dl41. 
Terenliano,  e  86. 
Terminiacas,  c  95. 
Teimiiiiticum,  c97. 
Terminium,  e  33. 
Terminus,  c  33. 
Terra,  6  91. 
Territorium,  6  91. 
Tertiacus,  c  96. 
Tertrum,  a  362. 
Testa,  6  83. 
Testa  Bororum,c56. 
Theodaxium,  c  99. 
Theodulionis  villa,  d  141. 
Theodomerense,  a  347. 
TheofTredi  villa,  d  141. 
Theolvadum,  d  250. 
Thermœ,  d  238. 
Tbcuvasjum,  a  34C. 
Thiadi  villa,  dl4l. 
Tboarcius,  c  57,  c  98. 
Tigniim.  Tignua,  6  105. 
Tilia,  Tilium,  6  163. 
Tilidum,  a  344,  b  163. 
Tiliola.  6  164. 
Tinca,  b  118. 
Tofta,  d  214. 

Tolosani  Tectosagum,  c  58. 
Tornodurum,  d  176. 


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Torpa,  Tropa,  Trova,  ^41. 
Torreio,  c  100. 

Tosca,  Toscha,  Toschia,  b  105. 
Trabs,  Trabe,  d  214. 
Trajectum  ad  Hosam,  d  249. 
Trajectuni  ad  Rhenum,  d  249. 
Trajectum  inferius,  d  249' 
Trajectum  Mosœ,  d  249. 
Trans,  d  249. 
Trecœ,  e  54. 
Trelodium,  d  168. 
Tremula.  b  164. 
Très  Taberns,  d  213. 
Très  Vi»,  d  aàO,  (1251. 
Trevidus,  a  334. 
Treviri,  c  54. 
Tricaslini,  e  58. 
Tricaslinis,  c  24,  e  56. 
Trivium,  d  250. 
Trunca,  d  228,  d  249. 
Tuda.  Tudela,  Tudeleta,  d  188. 
Tulliacas.  c99. 
Tullio,  e  99. 
Tullum,  a  364,  c  59. 
Tuiigri,  e  54,  e  63. 
Turba,  Turpa,  Turva,  e  41. 
Turedunum,  ri  175. 
Turniacus,  c  93. 
Turnincus,  e  102. 
Turones,  c  54. 
Turtur,  6  120. 
Tusciacus,  c90,  c94. 
Tulelu,  Tudela,  d  188. 
Tutclense  monaslerium,  d  188. 

U 

Ucetia,  e  63. 
Ulfrasiagas,  e  95. 
Ulmiis,  6  164. 
Uncia,  ri  133. 


Unda,  b  75. 
Uniacus,  c  88,  c  94. 
Uriacum,  c91,o98. 
Uriaticum,  a  344. 
Ursaria,  OrsarJa,  b  119. 
Urseria,  a  345. 
Ursiaco,  e  93. 
Ursiacum.  c  93. 
Ursianum,  e  86. 
Ursingts,  e  103. 
Ursingus,  e  103. 
Ursus,  01*8113,  b  119. 
Usalicum,  Usagium,  d  151. 
Usclatium,  a  341. 
Uticus,  c  50. 
Uxellodunum,  ri  175. 
Uxionis  curlis,  ri  124. 


Vacca,  d  228. 

Vaccaria,  Vaccarium,  ri  229. 
Vaccaritia,  Vaccai'icia,  ri  22( 
Vacheruin  villa,  d  141. 
Vadecia,  c  98. 
Vadum,  ri  250. 
Vadum  pelrosum,  ri  250. 
Vagoritum,  e  60. 
Valciodorum,  ri  176. 
Valentia,  c  62,  c  85,  c  98. 
Valent inga-s,  c  103. 
Valliacum,  e  89. 
Vallianum,  e  86. 
Vallis,  a  364. 
Vallls  cella,  c  39. 
Vallis  Quadrensis.  a  345. 
Vallum,  Vallus,  dl88. 
Vandalincus,  c  83. 
Vandincus,  e  83. 
Vapincum,  Vupirtgiim ,  c  ( 


c  105. 


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Vapîngensis,  a  347. 
Vapingensis  ecclesia,  e  105. 
Variacum,  d  137. 
Varingus,  e  103. 
Varmundincus,  c  102. 
Vascensia,  c7I. 
Vasconis  curlis,  e  71. 
Vasia,  6  83. 
Vasio,  a  351. 

Vaura,  Vara,  Variii,  6  1(Kj. 
Vedranica,  c  56, 
Vedrariœ,  <1238. 
Velcacinus,  c  56. 
Vellaunodunuin.  d  175. 
Vellavi,  c  57. 
Vellavum,  c  55. 
Vena,  6  75. 

Venarium,  Venaria,  6  75. 
Vcndaha,  Veiiriariola,  H  152. 
Venderniacas,  c  95. 
Venderninnuni,  c  80. 
Vendis,  Vendea,  d  152. 
Vendita,  Venda,  VoFita,  d  151. 
Vendoa,  VenUiia,  d  151. 
Vendocinuin,  e  5ti. 
Vendogilo  a  ;W2. 
Veneris,  c  16. 
Ven«lianum,<;  87 
Veneluin,  Veiieia,  (»75. 
Venosum,  Venosa,  6  78. 
Venula,  Venellu.  a  335,  6  75. 
VergilJacuin,  c  97. 
Veriacus,  c  90. 
Veriniacus,  c  94. 
Veri  villa,  dUl. 
Vermtringu,  clOJ. 
Vermeria,  Vunnaria,  b  120. 
Vermis,  b  120. 
Veniemeies.  c  29. 
Vernemeto  villa,  e  30. 
Vernenietum,  c30. 


Vernidum,  a  343. 
Vernidus.  b  166. 
Vernolgium,  a  342. 
Vernus.  Verna,  6  ifô. 
Verobriga,  d  174. 
Vertedum,  a  344. 
Verludensis,  «347. 
VeruE,  Verum,  b  106. 
Vesontio,  c  CO. 
Veslilus,   Veslila,    Veslilum, 

dsao. 

Vesuna,  c  59. 

Vêtus  Trajectum,  d  249. 

Velus  Vicus,  d  216. 

Via,  d  251 . 

Vicaria,  c  111. 

Vicaria  Brivensis,  d  240. 

Vicaria  Lugdunensis.  d  175. 

Vicaria  Vicavedoneiisîs,  d175. 

Vicarius,  o  90. 

Vicavedonense  condita.  d175. 

Vicavedonum,  d  175. 

Viciniuni,  Vlciiiia,  d  210. 

Vieitiiolum,  d  217. 

Victoriaciis,  e  90. 

Vicus,  d  215. 

Vicus  Ausoncnsis,  d  210. 

Vicus  iiovus,  d  216. 

Vicus  Spacorum.  d  216. 

Vidubia.  c  24. 

Vidiicasses,  Viducassis,  e  54, 

d215. 
Vienna,  c  58. 
Vigjlia,  d188. 
Villa,  d  134 
Villa  Abonis,  d  136. 
Villa  Alderii,  d  130. 
Villa  Bladini,  d  138. 
Villa  Britannorum,  c  68. 
Villa  Brilli.  d  136. 
Villa  caprosa,  d  137. 


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Villa  cledanim,  d  1S6. 
Villa  Dei,  e  52. 
Villa  de  Tavellis,  d  213. 
Villa  Dodonis,  d  136. 
Villa  dominica,  d  136. 
Villa  episcopi,  il  137. 
Villa  rabrorum,  d  136. 
Villa  Ferreoli.  d  136. 
Villa  Francorum,  c  73.  d  136. 
Villa  Gunderici.  d  137. 
Villa  Judœorum,  d  137. 
Villa  Manfredi,  d  137. 
Villa  Mauriana,  e  79,  d  137. 
Villa  Mauri,  c79,  d  137. 
Villa  monasterii,  d  137. 
Villa  Palricii,d137. 
Villa  pelrosa,  o  347,  d  137. 
Villa  picta,  d  137. 
Villa  pirorum,  d  137. 
Villa  populina.  d  136. 
Villa  PorcioniB,  d  136. 
Villa  rubea,dl37. 
Villa  Saxonis,  d  136. 
Villa  Scolomin,  d  138. 
Villa  spaliens,  d  137. 
Villa  tanosa,  d  137. 
Villa  trilorii,  d  137. 
Villa  urbana,  d  137. 
Villa  iirsorum,  d  137. 
Villa  varia,  d  137. 
Villa  vêtus,  d  137. 
Villanaria,  Villanarium,  d  170. 
Villania,  a  334,  d  170. 
Villanoialus,  d  170. 
Villanolium,  d  183 
Villare,   Villaris,    Villarium , 

a  335,  d  217. 
Villare  Radonis,  d  219. 
Villeta,  a  335. 
Villisma,  e  29. 
Vimen,  b  167. 


Vimenaus,  e  55. 
Viminisma,  c  29. 
Vinca,  6  167. 
Vincella,  d201. 
Vinciacus,  e  94. 
Vindalium,  e  82. 
Vindemia,  d  229. 
Vindicium,  Vincium,  d  152. 
Vindirgoldi  villa,  d  141. 
Vindobona,  d  196. 
Vindobriga,  d  174. 
Vindomagus,  c  62. 
Vindonissa,  c  63. 
Vinea,  6  167. 
Vineania,  a  347. 
Vineotis.  b  167. 
Vinisma,  c  29. 
Vinlium,  c  61. 
Viola,  b  166. 
Vipplesiacum,  c  98. 
Virga,  b  106. 
Virgarium,  b  106. 
Virgenna,&177. 
Virgelum,  Virgela,  6  106. 
Viriaco,  c  94. 
Viriaco  (vico),  e  93, 
Viriacuin,  e93,  è94. 
Viriacus,  c93. 
Viridarium,  VIridaria,  6  107, 

d231. 
Viride.  Viridia.  b  106,  d231. 
Viridetum,  d231. 
Virisio,  c  57,  c99. 
Viriziaciim,  c  100. 
Virodumim,  d  175,  d  180. 
Vitellus.  m9. 
Vilraium.  c  100. 
Vitraria,  b  178,  d  238. 
Vitrina,  b  178. 
Vilroialum,  b  178. 
Vilrum,  b  177. 


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Vivarium,  Vivarius,  d  238. 
Vivarius  peregrinorum,  d  238. 
Viviscum,  Vibiscum.  c  56,  c  71 . 
Volisma,  c  29. 
Votmeringa,  e  lOS, 
Volonacus,  clOi. 
Voluta,  Volta,  d  220. 
Vorganium,  c  60. 
Vorgium.  c  60. 
Vuabra,    Vuavra,  Vabra,  Va- 

vra,  b  107. 
Vuacta,  Vacta,  Vagta,  Vayta, 

(f  193. 
Vuadum,  Guadum,  d  250. 
Vualdum,  Valdum,  b  106. 
Vualdini  villa,  d  141, 
Vualdonis  curtis,  d  126. 
Vuandelini  villa,  d  141. 
Vuaractum,  d  230. 
Vuarboldi  curtis,  d  126. 
Vuarda,  Garda,  d  193. 
Vuardericiacus,  e  96. 
Vuardiniacuin,  o  96. 
Vuarenceria,  a  345. 
Vtiarengesi  villa,  d  141. 


Vuarmerii  villa,  d  141. 
Vuamesi  villa,  d  141. 
Vuarnugi  curtis,  d  126. 
Vuastina,  VasUna,  b  85. 
Viiastinum,  Vastinum,  6  85. 
Vuastum,  Vastum,  b  85. 
Vuemovillare,  Guarnovillare. 

d220. 
Vuicario  villare,  d  230. 
Vuillt  ourtis,  d  234. 
Vuini  curlis,  d  324. 
Vuippericuin.  c  56. 
Vulpaslum,  a  346. 
Vulpes.  6  119. 
Vulpillacus,  e  89. 
Vulpillago,  c  89. 
Vutpilla,  Gulpilla,  b  119. 
Vuodani  mons,  c  16. 
Vuodeni  villa,  d  141. 
Vuoinngus,  e  102. 
Vurringus,  e  103. 


Zezinoialum,  a  340. 


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FLORE 

DES 

LICHENS  DE  FRANCHE-COMTÉ 

ET  DE 

QUELQUES  LOCALITES  ENVIRONNANTES 


1^.   a.  FLA.a-s-y 


CINQUIÈME  PARTIE 
<  Suite  et  fin) 


Séance  du  ii  novembre  188S 


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SECTION   II 

LICBHS  A  TBAIXe  MKI  STRATint  OU  BOIAOUMCS 


PHYCOLICUENS  OU   UCHENS  SE  RAPPROCHANT  PLUS  00  MOINS 
DES  ALGUES  CVANOPHYCÉES. 

Tli&lle  noir,  brun,  ou  olivfltre,  ordinairement  membra- 
Deux.coriace  à  l'état  sec,  pulpeux, gélatineux  à  l'état  humide, 
très  variable  de  forme,  ou  fruticuleux  à  lobes  ascendants, 
filiformes,  cylindriques  ou  élargis,  ou  bien  foliacé  à  lobes, 
tantôt  aplatis,  tantôt  ascendants,  sinués,  crénelés  ou  laci- 
niés,  parfois  submonophyle,  rarement  cortiqué,  assez  bien 
cortiqué  dans  les  Leptogium,  beaucoup  moins  dans  les 
Phyama  et  les  CaUemodium  ;  parfois  pelté  et  ombiliqué  au 
centre, tantôt  enrm  granuleux  et  entièrement  crustacé.fVrutni 
ganidiaux  très  variables. 

Apotbécles  quelquefois  endocarpées,  plus  souvent  lécano- 
rinés  ou  biatorinés,  ordinairement  d'un  rouge  plus  ou 
moins  foncé,  ou  d'un  brun  noirâtre,  presque  jamais  entière- 
rement  noires.  Sporet  incolores,  simples,  diversement  sep- 
tées  ou  murales.  Paraphyiea  flexueuses,  simples,  ou  très 
rarement  articulées,  incolores,  peu  ou  pas  renflées  au  som- 
met, souvent  indistinctes. 

Spermogonles  immergées,  incolores.  Slérigmalea  simples, 
ou  articulées.  Spermatiea,  droites,  courtes,  ordinairement 
obtuses. 

La  potasse  et  l'hypochlorite  de  chaux  ne  donnent  pas  de 
réactions  certaines;  seul  l'iode  est  utile  tant  sur  une  coupe 
du  thalle  que  sur  l'intérieur  de  l'apothécie. 


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1.  Thalle  dont  les  gonidîes  te  rapprochent  des 

Noslichin^ 2 

Thalle  dont  les  gonidies  se  rapprochent  des 

Chroococcacëes 5 

Thalle  dont  les  gonidîes  se  rapprochent  des 

Stigonémacées 9 

2.  Thalle  ou  très  bien,  ou  un  peu  moins  cortiqué  3 

Thalle  non  cortiqué 4 

3.  Thalle  toujours  très  distinctement  ^orliqué. 

Spores  ordinairement    pluri-septées,    plus 

ou  moins  murales Leptogiutn  Njl. 

Tliallc  moins  distinctement  coriiquê.  Spores 

3-!>eptées,  non  murales. Collemodium  Nyl. 

Thalle  moins  dislinclemeut  conique,  spores 

simples Lempholemnta  Kœrb. 

4.  Spores  10-15  seplées  et  plus,  fusiformes  li-ès 

étroites SyneehobUutUë  Tnv. 

Spores  3-septëes,  atténuées  à  une  extrémité, 
ou  plus  ou  moins  Tusllormes  mais  toujours 
beaucoup  plus  larges Lethagrium  Masa. 

Spores  oblongues,  larges,  ordinairement  3- 
seplées  avec  quelques  cloisons  perpendicu- 
laires    CoUema  Hotfin. 

5.  Thalle  dans  lequel  lesgonidies  se  rapprochent 

des  algues  du  genre  Glaecocapsa G 

Thalledans  lequel  les  gonidies  se  rapprochent 
des  algues  du  genre  Xanthocapsa ...  7 

6.  Thalle  plus  ou  moins  fruticuleux  dans  lequel 

la  couleur  rouge  donnée  par  la  gtaecocap^ 

sine    â   l'enveloj'pe  des   gonidies    manque 

souvent Synali^ia  Dr. 

Thalle  non   rniticuleux,  crusiacé,  â  gonidies 

dont  l'enveloppe  est  toujours  bien  colorée 

en  rouge  par  la  gtaecocapsjne Pyrenoptit  Nyl. 

T.   Thalle   peu  ou   pas  ombiliquc,   pas   de  fila' 

mcnts  anastomosés 8 

Thalle  ombiliqué,  orbicutaire.  pas  de  filaments 

anastomosés Anema  Nyl. 

Thalle  ombiliqué,  lllaments  anastomosés  bien 

visibles Omphalaria  Dr.  et  Mut. 

8.  Thalle  1res  lâchement  ombiliqué,  microphyt- 

linique,  Itnemenl  lobule  au  bord,  crustacd 

au  centre Tkyrea  Hass. 


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—  50  — 

Thallri  nulIemeAlomhiliqud,  entièreineni  cms- 
lacé  à  grains  souvent  corolloïdes Coilemùpât  Nyl. 

9.  Gonimies  associées  à  S  ou  plus  dans  un  thalle 

fruticuleui 10 

Gonimies  su  bmonilif ormes  répandues  dans  un 

thalle  à  filaments  tubulaîres  creui Gonianema  N)'l. 

Thalle     cylindrique,    rameui,    enchevêtré, 

grains  gonidiaui   grands  par  séries  S.  3,  4. 

en  place  et  disposés  tout  le  long  de  l'aie. . .  Sirosiphon  Kutl. 

10.  Thalle  cyliridriquc,  rameux,  grains  gonidiaux 

rassemblés  par  3-4,  apothécîes  lécidéines, 

leiitirormes SpUonema  Dorn. 

Thalle  cylindrique,  enchevêtré,  ratneui, 
grains  gonidiaux.  grands,  rassemblés  par 
3-t  sous  la  couche  corticale.  Apolhécies 
enfoncées  dans  les  parties  épaissies  du 
thalle Epliebe  Fr. 


TRIBU  XXI.  —  OOLlLiÉMiAOÉES  Nyl. 

*    GRAINS    OONIDIAUX    SE    RAPPROCHANT    DES    NOSTOCUINËES. 

Genre  LEPTOGIUM  Nyl. 

Tliallfl  très  variable,  ou  aplati  et  foliacé,  plus  rarement 
crustacé  it  lobes,  quelquefois  monophylle  ou  polyphylle,  de 
dimensions  atteignant  souvent  8  ou  lOcentimëtres,  beaucoup 
plus  réduit  dans  d'autres,  devenant  dans  les  petites  espèces 
presque  invisible  et  simplement  granuleux  verruqueux  ;  ou 
bien  à  divisions  très  étroites,  fruticuleux  à  rameaux  plus 
ou  moins  cylindriques.  La  couche  corticale  est  toujours  for- 
mée de  cellules  plus  ou  moins  grandes,  anguleuses,  ordi- 
nairement d'un  beau  jaune  un  peu  brun  (excepté  L.  Tremel- 
laidca).  L'intérieur  est  rempli  d'une  matière  gélatineuse, 
dans  laquelle  se  trouvent  des  cellules  anguleuses,  irrégulières 
ou  des  filaments  creux,  presque  parallèles,  ou  se  ramifiant 
et  s'anastomosant.  Dans  ces  cellules,  ou  entre  ces  filaments, 
se  trouvent  des  graios  gonidiaux,  ou  isolés,  ou  plus  souvent 


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—  80  — 

groupés  par  3  ou  4,  ou  plue  souvent  en  grains  de  chapelets, 
coutenant  10,  iS,  15  articles  et  plus;  les  grains  sont  alors 
dits  moniliformes. 

Apothécles  lécanorines  ou  biatorines,  souvent  sessiles  ou 
aânées.  Spore$  moyennes  ou  grandes  [L.  quadratutn 
excepté),  incolores,  ellipsoïdes,  souvent  atténuées  aux  extré- 
mités, 3-5  septées  et  devenant  ordinairement  oléagineuses 
et  murales.  Gélatine  hyméniale  teinte  en  bleu  par  l'iode  et 
passant  souvent  au  violet  et  même  au  rouge.  Paraphyes 
ordinairement  agglutinées,  simples  et  non  renflées  au  som- 
met. 

Spermogonles  immergées.  Stérigmatea  articulés  à  4-6-8 
articles.  Spermatie»  droites,  courtes. 

1.  Thalle  roliacé,  membraneux  â  lobes  grands 
ou  petits,   presque  entiers  ou  crénelés, 

Incisés  ou  prorondément  disséqués 2 

Thalle  rruticuleox  i  rameaux  filiformes  ou 

presque  cylindriques G 

S.  Tball*  lobé  i  lobes  moyens  ou  petits,  di- 
versement crénelés  o j  laciniés 3 

Thalle  à  grands  lobes  monophyllcs  ou  po- 
lyphylles  peu  découpés 4 

3.  Thalle  à  lobes  moyens  laciniés  ou  Trangés.  L.  lacerum  Pr. 
Thalle  à  lobes  moyens  arrondis,  crénelés..   L.  imualum  Nyl. 
Thalle  i  lobes  tr^  petit»  à  latiniures  ar- 
rondies, dentelées L.  minuIlMitturim  Kterb. 

Thalle  à  lobei*  peu  visibles.  Spores  plus 
petites  ijue  dans  toutes  les  autres  es- 
pèces   L.  quadratum  Stàit. 

4.  Th«11e4lobesd'unbleugris.oupeu  plombé,  h.  tmmtUoide»  Fr. 
Thalle  i  lobes  d'un    brun  roux  verditre, 

plombé  parfois  mais  par  places  ^uiemeiit.  5 

5.  Thalle  polyphylle  à  grands  lobes,  siiiué, 

tomenteui  en  dessous L.  taluminum  Nyl. 

Tltalle  monophylle  ou  i  peu  prés,  garni  de 
rhitines  en  dessous L.  Hildenbrandi  Nyl. 

6.  Thalisbruo  à  rameaaxcourtSjdicbotoines, 

peu  nombreux L.  Sctmderi  Jijl. 

lliBlte  fmticuleux,  a  rameaux  plus  longs, 
nombtwa,  intriq«4i... l~  mtueioeia  Fr. 


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-6t  - 


1.  LEPTOOIDV  LACBRim  Fr.,  Scand.,  29S  ;  D.  R.,  Atg., 
p.  299;  Nyl-,  Syn,,  p.  122,  Scand.,  p.  33;  Kœrb.,  Syat., 
p,M7. 

Ltplogiutn  airoeoeruleum  Arn.,  Jur.,  p.  288  et  Jfuneft.,  p.  137. 
CoOwta  laearum  Ach.,  L.   V.,  p.  EJ57  ;  Syn.,  p.  337. 
Callema  atroeamieum  Schaer.,  Enum.,  p.  948. 
iicA«n  loMi-u*  Sw.,  ticft.  Prodr.,  p.  133. 

Ë».  Sch^r.,  iU;  Maugeot,  S.  vog.,  1239  :  Hepp,  92B  ;  Rabh.,  590; 
Ami,  11  )  Oliv.,  30;  Rouroeg.,  190,  380. 

Tballe  membraneux  polyphylie,  lacéré,  lacinié,  réticulé, 
à  bords  ciliés-dentés,  d'un  gris  plombé  ou  d'un  brun  rou- 
geAtre. 

Apothèctes  médiocres,  ou  même  petites,  urcéolées,  sessiles, 
d'un  rouge  p&le.  Sporea  ovoïdes  ou  un  peu  aiguës,  incolo- 
res, murales,  de  0""",3a  à  0°",42  de  long,  environ  2  à  2  1/2 
fois  p.  I.  q.  I.,  renfernFiées  au  nombre  de  8  et  unisériées,  ou 
plus  souvent  2  unisériées,  2  bisériées  au  milieu  et  2  unisé- 
riées à  la  partie  inférieure  dans  des  thèque»  cylindriques, 
renflées  au  sommet,  de  0°'",170  à  O-n^.lSO  de  long,  sur 
0"",28  à  0"'",32  de  large.  Paraphytea  grêles,  flexueuses, 
ennhevëtrées,  incolores,  non  articulées  et  non  renflées  au 
sommet.  Epithédum  mince,  peu  cohérent,  un  peu  jaunâtre. 
Tkécium  incolore.  Hypolhécium  d'un  jaune  or  pâle. 

SperiDOgollles  immergées,  Sttfrî^mates  articulées. 

Var.  1  flmbriatnm  HfTm,,  FI.  G.,  p.  104.  Exs.  Flag.,  L.  F.  C, 
98.  —  Thalle  plus  développé  à  marges  flmbrlées.  Apotkiciei  du 
type. 

Var.  2pnlviiiAtiim  Hofrni.,Fl.  G.,  p,  104.  Exs.  Schser.,  406; 
Hepp.,  929;  Malbr.,  102;  Oliv.,  21;  Flag.,  I.  F.  C,  100;  Roumeg.. 
401.  —  Thalle  beaucoup  moindre,  à  lobes  pressés,  denticulés,  à 
laclniures  petites,  incisées  d'un  brun  obscur,  toujours  stérile. 

I.  Colore  en  bleu  la  gélatine  hyméniale,  surtout  la  partie  supérieure  de 
l'hyméniura. 

HmUt.  —  Le  type  est  asseï  répandu  sur  la  terre,  dans  tai  terétt,  sar- 


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—  62  - 

tout  dans  la  moyenne  montagne;  la  var.  pmbriatum  dans  les  bois  de 
ilonlferrand;  la  var.  piilvinatum  sur  les  vieux  murs  où  elle  est  com- 
mune; couvenl  de  Mont,  Avanne,  environs  de  Bataaçon,  etc.;  Genève 
(J.  Mull.). 

2.  LEPrOSIDH  SIHOATDM  Nyl.  ia  Lamy  Cat.,  p.  7;  Kœrb., 
Syet.,  p.  418;  Stilz.,  L.H.,  p.  14;  Am.,  Jur.,  p.  287. 

Leptogium  gcotinum  Fr.  Scan  ,p.9!Xi;  Nvl.,  S<jn..p  123;  Scond..  p.  3i 
elL.  P.,  101, 
Collema  sinualum  Scha^r.,  £num.,  p.  2riO. 
Collema  teotinum  Ach.,  L.  U.,  p.  651  et  Syit ,  p.  ;!a3. 

Thalle  membraneux,  polypliylle,  siniié,  lobé  à  lobes 
arrondis,  denticuléB,  d'un  brun  châtaigne,  plus  rarement 
plombé. 

Apothécies  petites  bialorine.s,  un  peu  urcéolées,  sessiles, 
d'un  roux  clair.  Sporeê  ovoïdes,  ou  souvent  atténuées  aux 
extrémités,  incolores,  très  murales,  de  0"'™,28  à  0i""',41  de 
long,  environ  2-2  1/2  fois  p.  I.  q.  ].,  renfermées  au  nombre 
de  8  et  unisériées,  ou  plus  souvent  les  deux  spores  supé- 
rieures et  les  deux  inférieures  unisériées,  lea  4  du  milieu 
bisériées,  dans  des  tlièquc^  oblongues  de  0»"",150i0"'"',l(j0 
de  long  sur  0""|',2C  à  0'""',30  de  brge.  Pnraphyaea  grêles, 
llexueuses,  enchevêtrées,  incolores,  non  articulées  et  non 
renflées  au  sommet.  Epilliécium  mince,  jaunâtre.  Thécium 
incolore.  Hypolkécium  d'un  jaune  très  pâle. 

Spermogonles  non  étudiées. 

a)  Type.  Exs.  Malbr.,352;  Hepp.GTiS;  Roumeg.,  179;  Oliv.,329; 
Flag.,  L  F.  C  ,  298.  —  Thalle  ;i  lobes  asst^x  grands,  brun  mar- 
ron, ou  plombé,  denticulés. 

Pi  Var.  acotinum.  Exs.  Anzi,  538;  Roumeg-,  203;  Oliv.,  330  — 
rhalle  brun,  à  lobes  beaucoup  plus  petits,  pulviiiés,  et  hypo- 
héeium  incolores. 

I.  Teint  en  bleu  la  gélatine  hyméniale. 

Habit.  —  £apèce  naaet  vulgaire  en  francs  ;  m:iii  très  rare  dans  nos 
4giona;  le  type  bien  développé  et  bien  Truclilië  sur  ua  mur  de  la  banlieue 


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de   Btiançon   près   Sainl-CIaude  ;   la   var.   scotinum  dans   les    Totget 
(Hougeotl. 


3.  LEPTOGIUM  ffiBUTISSUJUJI  Kœrb.,  Par.,  p.  223;  Mass., 
Mém.,  p.  86;  Nyl.  in  Lamy,  Cal.,  p.  6;  Stitz  ,  L.  H., 
p.  13. 

E»s.  Schaer.,  L.  H.,  498;  Ami.  Long.,  «1  ;  Flag.,  L.  F.  C,  n.  99. 

Tballe  membraneux,  polyphylle,  microphyllinique,  lobé, 
à  lobes  imbriqués,  arrondis,  inciso-crénelés  aux  bords,  d'un 
brun  roux,  parfois  un  peu  plombé. 

Apothécies  petites,  biatorines,  un  peu  urcéolées,  sessiles, 
d'un  roux  très  pâle,  presque  carné.  Spore»  ovotdes,  ordi- 
nairement atténuées  à  une  extrémité,  plus  rarement  aux 
deux,  incolores,  5  septées  et  souvent  un  peu  murales  de 
6""»,27  à  0"°,Zi  de  long,  environ  2  à  2  1/4  fois  p.  I.  q.  l., 
incolores,  renfermées  au  nombre  de  8  et  bisériées,  au  moins 
au  milieu,  dans  des  thèques  allongées  un  peu  renflées  au 
sommet,  de  O-^.ÔO  à  0'""'60  de  long,  sur  0""",-2fj  à  0""",30  de 
large.  Pitraphijtes  gi'ôles,  (lexuGuses,  enchevêtrées,  incolo- 
res, ni  articulées, ni  renflées  au  sommet.  EpUkécium  mince, 
jaunâtre.  Hgménium  incolore,  d'environ  0"™,075  d'épais- 
seur. Hypotkéeium  d'un  jaune  p&le. 

Spennogonles  non  observées. 

1.  Teint  en  bleu  la  gélatine  hyméiiiale. 

Habit.  —  Assez  commune  hors  de  nos  limites,  en  Suisse  :  Zurich, 
Saint-Maurice,  etc  (Hepp).  Je  ne  l'ai  rencontrée  en  Frandie-Comié.qae 
sur  des  alluvions  au  bord  du  Doub»  à  Monlferrand. 

4.  LKPTOGIUM  SDBl'ILE  Nyl  ,L.P  .SetSi/n.,  p.l21;  Kœrb., 

Par.,p.424;Stitz.,L.  H..p.  13;  Arn.,/ur.,  p.  290. 

Cûllema  nibtiie  Ach.,  L.  V.,  p.  fô9  ;  Syn  ,  p.  :^. 
CoUema  minufùiimum  FIJi.,  D.  L,,  99. 
ColUma  lenuitaimum  Acli.,  L.  U.,  p.  328, 
Exs.  Schaer.,  L.H,iy&;  Hepp,  413. 


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-  64  — 

Thalle  membraneux,  polyphylle,  très  tenu,  à  lobes  par- 
fois arrondis,  dentelés,  plus  souvent  laciniés,  à  taciniures 
plus  ou  moins  profondes,  d'un  brun  roux  ou  un  peu  ver- 
dâlre.  Hyphes  du  Thalle  beaucoup  plus  soudées  et  formant 
de  grosses  cellules,  tandis  que  dans  les  espèces  précéden- 
tes, elles  sont  plus  ou  moins  lâchement  anastomosées  ; 
grains  gonidiaux  en  courts  chapelets  ^i,  tandis  qu'on  en 
compte  &-8  et  plus  dans  les  précédents. 

Âpothécles  très  petites,  biatorines,adnées,  d'un  roux  assez 
vif.  Spores  ovoïdes  peu  atténuées  aux  extrémités,  incolores, 
5-seplées  et  souvent  murales,  de  O^^jOSO  à  0"'",23  de  lonfe', 
environ  de  2  à2  1/4  fois  p.  1.  q.  1.,  renfermées  au  nombre 
de  8  et  unisériëes,  dans  des  thèquei  cylindriques  étroites 
de  O-'-.IIO  a  0""",i20  de  long  sur  O""",!»  à  0n"°,20  de  large. 
Paraphytes  grêles,  flexueuses  agglutinées,  ni  renflées  ni 
agglutinées  au  sommet.  Epilhécium  jaunâtre,  assez  épais. 
Thécium  etHypothécium  presque  incolores. 

Spennogonles  non  observées. 

I.  Teint  en  bleu,  puis  en  raugeâlre  la  gélatine  hyméniale. 

Sablt.   —  Rare  dans  nos  limites  ;  sur  des  mouises  prés  de  Genève  {i. 

Mull.J,  Celte  espèce  est  beaucoup  plus  répandue  dans  le  Centre  et  l'Ouest 
de  la  France,  où  M.  l'abbé  Hy  l'indique  tomme  très  répandue  et  poly- 
morphe. Au  premier  aspect  le  Lept.  «ubtile  peut-éire  confondu  avec  le  L. 
minutUMimum  ;  la  structure  inlerne  du  thalle  que  nous  avoi»  signalée 
permettra  toujours  de  l'en  sépai'er  bellement. 

5.  LBPTOGIDMQDADRATDKSlitz.,L.ff.,  p.  12. 
ColXému  quadratum  Lahm  in  lilt.  ad  Kœrb.  ;  Kœrb.,  Par.,  p.  411. 

Tlialle  cartilagineux,  verruqueux,  granuleux,  pulviné, 
compliqué,  très  obscurément  lobé,  les  lobes  étant  souvent 
invisibles,  d'un  brun  olivâtre,  se  gonflant  à  l'humidité  ;  oorti- 
que  assez  fortement  à  la  partie  supérieure,  beaucoup  moins 
en  dessous.  Hyphes  du  thalle  moyennement  soudés;  grains 
gonidiaux  en  courte  chaîne  de  3-4,  plus  souvent  en  umts  de 
4-5. 


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Ipothécles  des  plus  tenues,  très  nombreuses,  d'abord  in- 
nées et  presque  angiocarpes,  puis  scutelliformes  et  bordées 
par  une  mai^e  thalline,  mince,  le  disque  étant  d'un  jaune 
verdâtre,  ou  olivâtre,  plus  clair  que  le  thalle.  Spores  petites, 
incolores,  ellipsoïdes  ou  assez  visiblement  quadrangulaires, 
obtuses  aux  extrémités,  3-septées  ;  mais  h  cloisons  peu  visi- 
bles, obscurément  murales,  de  0"'",13  à  0""",15  de  long, 
environ  1  1/2  fois  p.  I.  q.  1.,  renfermées  au  nombre  de  8 
dans  des  tbèquea  obovales  de  0""",58à  O^^.ÔO  de  long,  sur 
0""",(H5  â  O'"™,!?  de  large.  Paraphyses  flexueuses  peu  cohé- 
rentes, moins  grêles  que  dans  les  espèces  précédentes, 
incolores,  un  peu  renflées  au  sommet,  non  articulées.  Epi- 
Ihéàum,  Tliécium  et  Hypothécium,  h  peu  près  incolores. 

Spermogonles  non  observées. 

1.  TeJDt  l'épilhécium  en  bleu  violet,  passant  au  pourpre,  puis  au  vineux. 

Habit.  —  Espèce  des  plus  rares  dans  nos  régions  ;  n'est  indiquée  avec 
certitude  que  sur  des  peupliers  prés  de  Genève,  où  elle  a  été  récollée  par 
M.  J,  Muller,  Je  ne  la  connais  pas  provenant  de  cette  localité.  La  descrip- 
tion ci-dessus  a  été  faite  d'après  un  très  bel  échantillon  provenant  de  M. 
la  D'  Hedinng,  et  recueilli  en  Suède  sur  le  même  support. 

6.  LKPT06IDM  TRÏMELIOIDES  Fr.,  Scand.,  p.  293;  Nyl.. 
Si/n.,  p.ia4;Slitz.,L.  i/.,  p.  14;  Kœib.,  Pa.-.,  p.  425. 

Colletno    Iremeltoides  Ach.,    L.    U.,  p.  (K>r>  ;  Syn.,  p.  325  ;  Schxr., 
fnum.,  p  3S0. 
Collema  cyanescena  Schsr,,  Enum.,  p.  250. 

Thalle  d'un  bleu  glauque  ou  plombé,  membraneux,  à 
lobes  laides,  crispée  ou  rarement  imbriqués,  souvent  par- 
semé d'isidies  concolores  ;  couche  corticale  d'un  bleu  glau- 
que et  non  d'un  jaune  brun,  comme  dans  la  plupart  des 
espèces  du  genre,  composée  de  grandes  cellules  anguleuses. 
L'intérieur  est  formé  d'hyphes  robustes  peu  anastomosés, 
presque  parallèles,  au  milieu  desquels  sont  des  grains  goni- 
diaux  clairs,  peu  nombreux,  disséminés  ou  réunis  au  nom- 
bre de  2-3,  rarement  4. 

5 


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Apothécles  très  rares,  inconnues  dans  nos  limites.  Spores, 
ellipsoïdes,  ntlônuées  aux  Jeux  extrémités,  ordinairement 
3-septées,  un  peu  murales,  incolores,  de  0"'" ,022  à  0""',026 
de  long,  environ  2  i/2  à  2  3/4  fois  p.  I.  q.  1.  ;  renlermées  au 
nombre  de  8  dans  des  thèques  un  peu  renHées  au  milieu, 
de  0"'",080  à  O^'-jOGÛ  de  long  sur  0"'"',020  à  0"'",0-22  de 
large.  Varaplnjse»  grêles,  flexueuses,  enchevêtrées,  incolo- 
res, non  articulées  ni  renflées  au  sommet.  Èpiihédum, 
Thécium  et  Hijpolhécium  h  peu  près  incolores, 

Spermogonies  non  obser\'ées. 

:  l't'pi  thécium  en  bleu  passant  au 

sTjpe.  Exs.Mo[igeol,S.Vog.,iOG8.—  Lobes  du  tlialle  oblongs, 
arrondis  aux  bords,  d'un  gris  plombé,  lisses  uu  rarement  ru- 
gueux. 

Var.  cyanescens.  Exs.  Schaer.,  4(i9.  —  Lobes  plus  arrondis, 
plus  lisses,  d'un  bleu  glauque,  souvent  parsemés  de  granules 
con  colores. 

Hkblt.  —  Espèce  toujours  très  rare  dans  nos  règiniis.  Le  type,  parmi  les 
mousses  <laiis  les  inoiita|;iies  des  Voagc*  (.Mougeot}  ;  la  variété  eyanencent, 
également  paniii  Ion  mousses  eu  un  seul  eiulroit  du  Mont-d'Or,  au-dessus 
de  Uelabief  |Kl.ig.)- 

7.  LEPTOGIUM  SATDRNIMDM  Nyl.,  Prodr.,  p.  26; 
Syii,,  p.  127. 

Leptogium  myovhravm  Njl.  in  Lamy  i  Stitz.,  L.  H-,  p.  liî. 
CûUema  tatumiaum  .\ch.,  /.  V.,  p.  RU  ;  Sya.,  p.  320. 
CoUdma  loinealotum  HiTin.,  FI.  Gerni.,  p.  Ut). 
Uatlotiutn  loinenloaum  K<erb.,  Si/vf.  p.  illi. 

Ex*.  Mougeol,  SI.  i'og.,  KA  Ipr.  p.]  ;  Scliœr  ,  /..  H.,  ÔOII  ;  llepp,  «M  ; 
Rabli.,2il;  Anïi,  /ji.ig..»;  Klag.,  L    F.  C.  150  ;  iloumcg.,  7. 

Thalle  coriace  ou  presque  monophjlle,  ou  compliqué 
polypliyllc,  lobé,  h  lobes  incisés,  lisse  en  dessus,  d'un  brun 
noirâtie  ou  verdâtre,  parfois  un  peu  plombé,  cendré  et  briè- 
vement toinenleux  en  dessous.  Couche  corticale  d"un  jaune 
brun,  plus  épaisse  en  dessus  qu'en  dessous,  fortnée  de  cel- 


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—  67  — 
iules  moyennes,  disposées  sans  ordre.  L'intérieur  est  formé 
d'hyphes  anastomosés  au   milieu   de  la  gélatine  ;  dans  les 
intervalles  sont  rangés  les  grains  gonidiauK  en  assez  longs 
chapelets,  10,  12, 15  et  plus. 

Âpothicies  très  rares,  inconnues  dans  nos  limites,  d'un 
brun  roux,  moyennes,  adnées,  a.  disque  plan,  bordé  par 
une  marge  entière,  saillant,  puis  devenant  convexe,  dif- 
forme et  immarginée.  Spi>reg  ellipsoïdes,  3-septées,  deve- 
nant promptement  murales,  incolores,  de  ©""".OSO  àOi"",023 
de  long,  environ  2  fois  p.  1.  q.  1  ,  renfermées  au  nombre  de 
8  dans  des  thèqites  cylindriques,  un  peu  ventrues  de  0"'",078 
à  0™",082  de  long  sur  0™",021  de  large.  Paraphyses  incolo- 
res, assez  épaisses,  flexueuses,  agglutinées,  non  renflées  et 
non  articulées  au  sommet.  Êpilhécium  d'un  jaune  brun.  Tlié- 
cium  incolore.  Hypolhécium  ou  incolore  ou  uti  peu  jaunftlre. 

Spermogonles  immergées.  Stérigmatea  non  rameux  à  4-6 
articulations.  Spermaties  droites,  petites,  d'environ  0™™,004 
de  long  (Nyl.). 

I.  Colore  en  bleu,  puis  en  violet,  la  gélatine  hyménîale  et  surtout  l'épi- 
thécium. 

Ebkbit.  -~  C'est  un  des  Li-plogium  les  plus  communs  dans  nos  i-égions  : 
sur  les  arables  dans  les  Vosges  i  sur  lus  noyers  dans  tous  les  environs  de 
flctsanfun, parli<:iilièi'ejneiil de  UouaMièix-a  à,  Abbaiu;  eicessivernciit  abon- 
dant sur  divers  arbres  prés  de  ûex  ;  niuis  toujours  stérile,  {t'hig  ].  Dans 
tous  les  environs  île  Genèee  (J.  Mull.), 

8.  LEPTOGIDM  HILDÏHBRANDII   Nyl.,  Prod>:,  p.  26; 
Syn.,  p,  127. 

LeptMftum  «alurninum  Nyl.,  in  FloralSEO  ;  SliU,,  L.  H.,  p.  15. 
Malloliiitn  Hildenbraniiii  Kœrb.,  Sytl.,  p.  417, 
Maliolium  lalurniaum  Mass.,  Idem.,  p.  !fô. 
CoUema  myoehrouin  et  talurainum  Schxr.,  Enum,,  p.  25G. 
Eis.  SchiEr.,  L.  M.,  413  ;   Jlepp,  F.  £.,  «5  ;  Ami,  Ital.mp,  2  ;  Flag  . 
L.F.C,  200, 

Thalle  membraneux,  coriace,  ordinairement  monophylle 
et  orbiculaire,  opaque,  ondulé,  d'un  brun  rou\  ou  un  peu  ver- 


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dfltre  et  rugueux  en  dessus,  cendré  en  dessous  et  parsemé 
de  rhizines  blanchâtres.  Couche  corticale  d'un  brun  jaunâ- 
tre à  cellules  moyennes,  disposées  sans  ordre,  intérieur 
rempli  de  gélatine  dans  laquelle  sont  des  hyphes  anastomo- 
sés. Grains  gonidiaux  en  longs  chapelets,  10, 12, 15  et  plus. 

Apotllécles  nombreuses  et  fréquentes,  moyennes,  envi- 
ron 1,5  h  1  miliim.  de  diamètre,  à  disque  d'un  brun  roux, 
plan  et  marginé,  puis  devenant  assez  promptement  con- 
vexe et  immarginé.  Sporea  ellipsoïdes,  3-septées,  devenant 
promptement  murales,  incolores  de  O"",020  à  O^^.oas  de 
long,  environ  2  fois  p.  1.  q.  I.,  renfermées  au  nombre  de  8 
dans  des  ihèques  cylindriques,  un  peu  ventrues,  de  O^^iOTS 
à  0°"",082  de  long,  sur0'"'",19  à  0"",021  de  large.  Paraphy- 
aes  incolores,  assez  épaisses,  flexueuses,  agglutinées,  non 
articulées  au  sommet.  Epithécium  d'un  jaune  brun.  Hypo- 
thècixim  incolore  ou  un  peu  jaunâlre- 

Spermogonles  immergées.  Stérigmatea  articulés  à  4*6 
articulations,  Spcrmatiea  droites,  petites,  de  0"'",005  de 
long  (Nyl.), 

I.  Culore  en  bleu,  [iiiis  en  violet,  la  gélnline  h}méiiiale,  el  surtout  l'épi- 
Ihécium. 

EEabit.  —  Pciil-*ti-e  un  moins  alonilanl  que  le  /,.  satui-ninum  el  s'ële- 
vnnt  surtoul  à  de  moindres  altiluilt^s,  cependant  assez  peu  rare.  Dans  les 
environs  de  Beunçon  sur  divers  arl>res  ;  mais  principalement  à  in  base 
des  nojerîi;  dans  cos  randitions  à  Bmis^èret,  Abban$-Det*ou'i  et  en  mon- 
tant du  côté  de  Qaimjey  (H'iig);  n'est  pus  sigiialù  dans  les  Vonge*  par 
Mougeot.  Environs  de  Genève  (i.  Mull.} 

9.  LEPTOGITIM  SCHRADKRl  Nyl-,  Alg.,  p.  318;  Kœrb.,  Par., 
p.  42;ï;Stitz.,  L.li.,  p.  16;  Arn.,  Jwr.,p,  291;  abbé  Hy, 
Lich.  Anjou,  p.  32. 

Mixopunda  Algerienais  D.  H.,  Alg.,  p.  212. 

Collema  Sc'iraderi  Ach.,  L.  U.,  p.  C58  ;  Syn.,  p.  ai8. 

CoUema  Sendtneri  Schair.,  Enum.,  p.  249. 

Exs.  Hepp,  055  ;secuiidum  cet.  Arn.  ;  sed  non  in  mca  coll.). 

Thalle   membraneux,    coriace,    peu    développé,    iacinié. 


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d  ichotome  on  peu  rameux,  dressé  ou  infléchi  en  rond  sur 
ie  support,  à  laciniures  subcytindriques,  rugueuses,  parfois 
étoilées,  un  peu  furfuracées.  Couche  corticale  assez  épaisse, 
filaments  anastomosés.dans  la  gélatine  interne,  grains  goni- 
diaux  moniliformes.  Presque  toujours  stérile.  Kœrber  dit 
l'avoir  vu  fertile  et  décrit  ainsi  les  organes  de  fructification  : 
(  apothécies  très  rares,  petites,  sessiles,  d'un  brun  roux  h 
marge  Uialline  pins  obscure.  Spores?  ■ 

Habit.  —  Signalé  seulement  par  U.  Muller  sur  la  terre  au  milieu  des 
mousses  près  Genève.  Il  a  été  recollé  dans  les  mêmes  conditions  par  M. 
te  D*  NylaixJer  sur  les  Dieraauna  dans  la  forél  de  Fontainebleau.  On 
te  trouve  plus  fréquemment  sur  les  roches  calcaires. 

J'ai  reçu  aulrefois  de  M.  A.  Taii»  une  plante  des  environs  de  Marfeilte 
nommée  :  Leptogium  Mctasitienie  Nyl.,  qui  me  parait  Lien  voisine,  si  ce 
n'est  la  môme.  Dans  celui-ci  les  spores  ont  environ  0°"<,0!I0  sur  0",010. 

10.  LKPTOeinM  MDSCHMLA  Fr.,  Seand.,  p  293;  D.  R.  Alg., 
p.  i20;  Stitz.,  L.  H.,  p.  13;  abbé  Hy,  Lich.  Anjou, 
p.  34. 

Collema  muteicola  Ach.,  L.  U.,  p.  6G0  -.  Syn.,  p.  338iSc)i3er.,  £iium., 
p.  218. 
Polijckidium  muicicolum  Kœrb.,  Syil.,  p.  421. 
Eus.  Hong.,  5t.    Vog.,  M»  ;  Schxr.,  L.  H.,  «)3,  Ami.  Lang.,  1S. 

Thalle  coriace,  fruticuleux,  intriqué,  très  rameux,  à 
rameaux  liliformcs  ou  un  peu  comprimés,  dressés,  puis 
retombant  au  sommet,  subdichotoraes  ou  plus  ramifiés, 
d'un  brun  nn  peu  noir.  Cellules  corticales  d'un  brun  assez 
foncé,  petites,  serrées,  arrondies,  peu  anguleuses;  grains 
gonidiaux,  peu  nombreux,  réunis  au  nombre  de  3-4-5  entre 
les  cellules  qui  sont  allongées,  perpendiculaires  à  l'axe  et 
peu  ou  pas  anastomosées. 

Apothécies  petites  ou  moyennes,  environ  0,5  millim.  de 
diamëti'G,  élevées,  sessiles,  cupuli former,  à  disque  concave 
(l'un  brun  roux,  bordé  par  une  marge  un  peu  plus  pâle. 
SiMres  hyalines,  oblongues  ou  subfusiformes,  simplement  1- 
septées,  de  0'"',(!ai  à  0-<»",026  de  long,  environ  3  à  3  1/2 


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—  70  — 
fois  p.  1.  q.  1.,  renfermées  au  nombre  de  8  dans  des  thèque$ 
un  peu  renflées  au  ventre,  de  0"",048  à  0"",052  de  long, 
sur  0"",CH4  à  O^^.OiS  de  large.  Parapkyses  assez  épaisses, 
peu  agrégées,  ni  épaissies  ni  articulées  au  sommet,  incolo- 
res. fpttAmum  jaunâtre.  Théâum  incolore.  Hypothécium 
jaun&tre. 
Spermogonies  inconnues. 

I.  Teint   en    bleu  l'épithécium  et  le  sonunel  des  Ihéques,  le  restant  de 

l'hyménium  n'étant  pas  modinë. 

Habit.  —  Espèce  se  trouvant  presque  laujours  au  milieu  des  Fliacomï- 
tritim  et  des  Grimmto,  par  conséquent  nulle  sur  Je*  calcaires  jurassii;ues; 
en  divers  endroits  des  tuige»  (Mougeot)  ;  au  somme!  du  Hohneck  IPlageyJ; 

au  petit  SalévB  ïur  les  blocs  erratiques  (J.  MuU.]. 


Genre  LEUPHOLEHHA  Kœrb.,  Syst.,  p.  100  (D. 

Thalle  cartilagineu^f  à  l'état  sec,  gélatineux  à  l'état  humide, 
lobé  ou  lacinié,  parfois  pelté,  distinctement  cortiqué,  quoi- 
que bien  moins  que  dans  les  Leplogitim,  composé  inté- 
rieurement de  filaments  très  minces  ou  de  simples  cellules. 
Grains  gonidiaux  nombreux  en  chapelets  de  15-20.  Apothé- 
cies  petites  ou  moyennes,  saillantes  ou  innées.  Spores  ovoï- 
des, simples,  ordinairement  unisériées  dans  des  Oièquei 
étroites  et  nombreuses.  Parapkyses  grêles  peu  cohérentes, 
peu  ou  pas  articulées.  Spermogonles  immergées.  Stérig- 
matei  simples.  Spermalies  petites,  droites,  obtuses. 

Apolhécies   très  petites,  sesailes,  spores  arrondies 

aux  exlrémitds L.  MùUeri  llepp. 

Apolliécies  moyennes  apprimées.  Spores  aigu&s  aux 

deux  extrémités L.  franamicumUass. 


(1)  Genus  Phytma  Mass.,  Nag.,  p,  6  a  cl.  D'  Kœrber  in  Parerg.  p.  406 
Inransle  dissimili  Lemphotcmmali  siibstilulum  fuit  a  quo  prteter  alia, 
structura  tlialli  seii  epidennide  seriebus  pluribus  minute  cellulosa  dilTert, 
Mull.,  Arg.  i-icft.,  flrilr-,  n«  371. 

Ce  genre  Physma  ainsi  entendu  ne  comprend  que  des  espèces  exotiques. 


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1.  LEHPHOLEKHi  HCLLEfiJ. 

PAy»ma  J/uIJmHeppiJ.  Mull-,  Genév.,  p.W;  Arn.,  Jttr.,  p.  'm. 
Collema  MuHeH  StiU.,  L.  H.,  p.  7. 
Eis.  Hepp,  F.  E„  933;  Rabh.,  701. 

Thalle  coriace  à  l'état  sec,  gélatineux  humecté,  à  petits 
lobes  redressés,  plissés,  crénelés  et  verruqueux  au  bord, 
d'un  vert  bouteille.  Couche  corticale  épaisse  en  dessus,  d'en- 
viron Û'i^iOSO,  un  peu  moins  en  dessous,  d'un  Jaune  d'or; 
intérieur  du  tijulle  gélatineux  à  filaments  très  petits,  presque 
nuls.  Grains  gonidiaux  en  assez  longs  chapelets,  de  15  à  20 
grains. 

Apothéciessessiles,  très  petites,  très  nombreuses,  urcéo- 
lées,  d'un  roux  trè,^  paie,  piesque  carné.  Spores  oblonguei<, 
très  arrondies  aux  extrémités,  hyalines,  simples,  de  0"'",012 
îi  0'"'",0I3  de  long,  environ  1  1/2  fois  p.  I.  q.  I.,  renfermées 
au  nombre  de  8  et  unisériées  dans  des  thèques  allongées, 
étroites  de  0""",078  à  Oi"",080  de  long,  sur  0"™,0I4  à  0"",015 
de  large.  Pai-ai^hyseÈ  grêles,  flexueuses,  peu  cohérentes, 
incolores,  non  épaissies  ni  articulées  au  sommet.  Epithé- 
ciam  et  Ilijpoihécium  très  peu  colorés,  ou  un  peu  jaunâtres. 
niéciiim  incolore. 

Spermogonies  immergées.  î^tert^matei  simples.  Spermult^a 
droites,  courtes,  obtuses. 

1.  Tchit  eti  bJeu  Icpilhéciiim  et  le  sommet  des  tliéques  ;  la  lejiite  passe 
tréi  vile  au  jaune,  parfoia  un  peu  vineux. 

Habit,  —  Espccc  recueillie  sur  les  Fonlinatii  dans  VArve  en  amont  de 
Genève  par  M.  J.  Muller. 

2.  LEHPHOLGHHÂ  FRANCONICaH. 

Phijttna  franconicum  Mass.,  Mi>c.  Lich.,  p.  2t. 
l'hijsma  chataianam  Arn,,  /iir,.  p.  292. 

Coiletna  ebalazanum  Acii  ,  L.  U.,  p.  630;Si;n.,  p.  309;  Njl,,  Sj/rt  , 
p,  105;SliU,,  L.  IL,  p.  C. 
Eu.  Hepp,  K£,,  603- 


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—  7S  — 

Thalle  cartilagineux  à  l'état  sec,  gélatineux  quand  il  est 
humecté,  adhérent  fortement  au  support  par  le  centre,  les 
bords  seulement  libres,  irrégulièrement  lobé,  crénelé  ou 
lacinié,  à  lobes  souvent  granuleux,  d'un  vert  sale.  Couche 
corticale  visible,  formée  de  cellules  arrondies  ou  anguleuses 
assez  lAches,  d'un  jaune  verdâtre  ou  entièrement  vertes. 
Grains  gonidiaux  petits,  environ  0"",0017  à  O^^jOCa  de  dia- 
mètre, en  assez  longs  chapelets  de  20  à  25  grains. 

Apothécies  moyennes,  enfoncées  dans  les  verrues  du 
thalle,  à  disque  concave  d'un  roux  vif,  bordé  par  une 
marge  gonflée  concolore  au  thalle.  Spores  oblongues,  très 
atténuées  aux  extrémités,  presque  aiguës,  simples,  incolores 
mais  très  oléagineuses,  de  0"'",020  à  0™",024  de  long,  envi- 
ron 2  fois  p.  I.  q.  1.,  renfermées  au  nombre  de  8  et  ordinai- 
rement uniscriées  ou  bisériées  seulement  au  milieu  dans 
des  théquet  allongées,  étroites  de  0'"™,090à0"'',095delong, 
sur  0°"",015  à  OmnjOie  de  large.  Paraphytea  grêles,  flexueu- 
ses,  incolores,  peu  cohérentes,  non  épaissies  et  non  arti- 
culées au  sommet.  Épilhécium,  Théctum  et  Hypothécium 
incolores. 

Spennogonles  immergées.  Sténgmatea  simples,  cylindri- 
ques, d'environ  «""lOlS  de  long,  sur  O""" ,001  d'épaisseur. 
Spermatiei  grêles,  obtuses  aux  extrémités,  d'environ 
O"" ,0025  de  long  sur  0™",001  de  large  (Nyl.,  Syn.). 

I,  Teinl  l'épi thécium  el  le  «onimet  des  ihéques  eo  bleu  passant  rapide- 
ment au  jaune  et  vineux. 

Var.  compactnm.  Lobes  moins  formés  et  se  présentant  sou- 
vent sous  l'aspect  d'une  masse  pulpo-gélatineuse.  ressemblant 
à  un  Noitoe. 

Httblt.  —  Doit  se  retrouver  çà  el  là  sur  la  lerre  bu  milieu  des  mousses 
dans  les  Voiges;  n'y  est  ci^pendanl  pas  encore  signalé.  La  seule  localité 
bien  certama  est  à  Genéut,  où  il  a  été  recueilli  pr  H.  le  D*  J.  Uullw.  La 
var.  encore  plus  rare,  seulement  à  Moitelier  sur  un  vieux  mur. 


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Genre  COLLEMODroM  Nyl. 

Thalle  oITrantune  vraie  Iransilion  entre  le^  Leptogium  cl 
les  Coltema.  La  couche  corlicale  n'est  plus  épaisse,  serrée 
et  aussi  constituée  que  dans  les  premiers  ;  on  y  voit  cepen- 
dant des  cellules  diflerenles  de  celles  qui  sont  répandues 
dans  les  Collemas;  elles  sont  plus  petites,  plus  agrégées  et 
placées  dans  un  sens  pcr|>endiculaire  à  une  ligne  passant 
par  le  milieu  du  Thalle.  Apotllécles  de  la  famille,  éparses, 
rougeàtres,  bordéet"  par  un  rebord  Ihallin.  Spores  rarement 
ellipsoïdes,  plus  souvent  fusiformes  à  l'extrémilé  inférieure 
ou  aux  deux. 

Spermogontes  immergées.  Slérigmates  articulés.  Sperma- 
ties  droites,  oblongues,  obtuses  aux  extrémiiôs. 

Cellules  corliciles  plus  visibles.  Thalle  brun, 

pas  de  cils Coll.  ptU-atUe  Nyl. 

Thalle  moins  développé,  plus  verdâtre.  apo- 

thécies  plus  grandes  et  moins  murginées. . .  Coll.  targidum  Nyl. 
Cellules  moins  visibles,  Ihalle  à  lobes  dressés, 

verddtres,  compliqués,  crénelés,  bordés  par 

de*  cils  blanchitres Coll.  alboeiliatum  Desmai. 

1.  COLLEMODI0M  PUCATILB  Nyl.,  in  Flora  1883,  p.  104,  et 
in  Hue,  Jdd-,  p.  20;  Lamy,  Cal.,  p.5;  Slitz.,  L.  H.,  p. 
U;  Arn.,  Jur.,p.  287. 

CoUema  plicatile  Schser.,  Enum.,  p.  Ï58. 
Lichen  pticatilit  Act\.,  in  Àct.  Hotm.,  XIV. 
Eis.  Moug.,  S(.  Vos  .  4M;Hepp,86;Flag.,  L.  F.  C.,147el  2119. 

Thalle  très  cartilaijineux  et  membraneux  &  l'état  sec, 
gélatineux  étant  humecté,  lobé,  h  lobes  plans  ou  plus  sou- 
vent ascendants  et  alors  plisséset  à  marge  crispée  onduleuse, 
d'un  brun  marron  un  peu  p&le,  non  verdAtre  dans  nos 
régions.  Cellules  corticales  moyennement  épaisses,  assez 
serrées,  bien  visibles,  d'un  jaune  brun,  cellules  intérieures 


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-74- 
plus  diffuses,  noyées  dans  la  gélatine;  filaments  anastomo- 
sés, nombreux  ;  gonidies  on  courts  chapelets  de  4-&€  articles. 

ApotbËcles  moyennes,éparses  ou  assez  rapprochées,  très 
sessiles,  élevées,  à  disque  plan  ou  un  peu  concave,  bordé 
par  une  marge  nnince,  très  entière  et  très  persistante.  Spo- 
res largement  ellipsoïdes,  ordinairement  fusiformes  à  l'extré- 
mité inférieure,  ordinal  rement  3- septées,  peu  ou  pas  murales, 
incolores,  de  l>"'',027  à  0""",029  de  long,  environ  2  1/4  à 
2  1/2  p.  1.  q.  1.  renfermées  au  nombre  de  8  dans  des  tJié- 
ques  oblongues,  de  O'"'",056  à  0""",05S  de  long,  sur  0'""',019 
à  0""",r21  de  large.  Paraphijaes  flexueuses,  moyennes,  peu 
cohérentes,  hyalines,  ni  renflées  ni  articulées  au  sommet. 
Épilhécium  jaunilre,  Thécium  incolore  et  Bypothécium 
incolore  ou  peu  coloré. 

Spermogonles  incolores  immergées.  Stérigmates  art\ca\és. 
Spermaiies  obtuses  et  i]uetquefoi3  môme  un  peu  épaissies 
aux  deux  extrémités,  de  0"'",005  sur  On-",0CH  (Nyl.,  Syn.). 

I.  Teint  en  bleu  assez  persistant  répilhécium  et  le  sommet  des  Ihèques. 

Habit.  —  Espèce  peu  rare  à  l'élut  slérite  dans  loua  les  environs  de  Be- 
tançon  :  la  Violle  el  les  Quai  r^  l'en  (s,  Avanne  etc.,  etc.;  bien  lertïle 
contre  les  murs  de  voûte  <le  la  pcrcce  de  Thoraiae '.côté  de  Monferrand). 
Environs  de  Neuchdlel  |Chaillc()  et  GerUve  (J.  Mtill.]. 

2.  COLLEMODIDM   TDRGIDDM  Nyl.,  in    Flora  1867,   et   in 
Hue,  Add  ,  p.  20  ;  Stitz.,  L.  H.,  p.  12. 

Collema  lui-gidum  \cii..  L.  I/..63*;  Schasr.,  Enum.,p.268;Nïl,,Sïn., 
p.  109. 
Eis,  Schair.,  L.  H.,  W3  (pr.  p.)  ;  Hepp.  F.  E..  115. 

Thalle  coriace  membraneux,  d'un  brun  vcrdâtre  à  l'état 
sec,  gélatineux,  pulpeux  et  d'un  vert  bouteille  humecté, 
lobé,  à  lobes  laciniés,  onduleux,  plissés,  imbriqués  au 
centre.  Cellules  corticales  peu  épaisî^es,  d'un  jaune  verdfl- 
tre;  filaments  anastomosés  au  milieu  du  thalle,  noyés  dans 
la  gélatine  avec  d'autres  cellules  plus  ou  moins  arrondies, 


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—  75  — 
conruses.  Grains  gonidiaux  en  assez  courts  chapelets  5-6-8 
articles. 

Apotllécles  assez  gT'anilc;^.  npprimi'cs  ou  adnées,  à  disque 
plan  d'un  brun  roux,  d'abord  hoidées  par  une  marge 
entière  assez  élevée,  puis  devenant  promptement  convexes, 
immarginées  et  très  difformes,  Spoce*  incolores,  oléagineu- 
ses, avec  quelques  gouttelettes,  ou  oblongues,  ou  plus  sou- 
vent obtuses  il  l'extrémité  supérieure,  fortement  atténuées 
en  bas,  sansélre  cependant  fusifonnes,  3-septêes,  de  0"" ,022 
ù  Oin^jCii  de  long,  environ  '2  à  '2  1/2  fois  p.  !.  q.  I.  renfer- 
mées au  nombre  de  8  i);ins  des  Ihèqnc»  an  peu  veniruesdo 
0'""'.053  à  0"'",t65  de  long,  sur  0"|",018  à  0""-,020  de  large. 
Purapliijio»  très  llexueuses,  moyennement  robustes,  peu 
cohérentes,  hyalines,  ni  renflées  ni  articulées  au  sommet. 
Épilltécittm  jaunâtre.  TItécium  et  HypoUiècitim  incolores. 

Spermogonies  inobservées  mais  bien  probablement  conte- 
nant des  •irthroalérigmatci  et  des  apermaliet  comme  dans 
l'espèce  précédente. 

I.  Teint  rêpilhotiura  et  le  sommet  de»  Ihèqucs  en  bleu  eii  pasMiit  iisseï 
promptement  un  j.iune  rougeàlre. 

Habit.  —  Espèce  sinon  1res  rare,  du  moins  pen  observée  dans  nos  li- 
miles  :  à  la  base  des  roches  calcaires,  en  montant  de  Sainl-Imier  au 
Chaaieral  (Flagey)  ',  environs  de  Genève  (J.  Mull.).  Elle  est  parail-ïl  abon- 
dante duns  la  Suùue  seplenlrionale  et  orientale  :  Se/iaffoute,  Zurich,  Al- 
torf.  Chaire,  etc.,  etc.  (Stitï.;. 

3.  GOLLEMODIUH  ALBOCaiATCH  Stitz.,  L.  IL,  p.  12. 

Uomodium  alboeittatum  Nyl.  in  Hue.  Add.,  p.  17. 
Leplogium  albocUiatum  Desmas,,  in  Anii,  se.  nal.,  4,  IV,  p.  132;  abbi^ 
Hy,  Lich.  Anjou,  p.  30. 
Exs.  Anzj,  Long.,  13. 

Thalle  mince,  cartilagineux,  d'un  vert  olivjitre,  lobé,  pul- 
viné,  à  lobes  petits  très  nombreu.t,  ascendants,  ondulés  plis- 
sés, crénelés  aux  bords,  ou  plus  souvent  dentelé.^,  laciniés 
et  pourvus  de  poils  simples,  Ustuleux  blanchâtres.  Couche 


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-76- 

corticale  assez  peu  épaisse,  visible  cependant  dans  pres- 
que tous  les  cas;  cellules  internes  ou  lâchement  arrondies 
ou  tubuleuses;  mais  ne  présentant  que  rarement  des  fila- 
ments longitudinaux  bien  anastomosés.  Grains  gonidiaux 
généralement  en  amas  assez  nombreux,  d'où  rayonnent 
quelques  courts  chapelets  peu  soudés,  de  4-5  ou  6  arti- 
cles. 

Apothécies  très  rares  presque  inconnues  ;  la  plante  est 
cependant  fertile  près  de  St-Etienne  et  les  aporei  sont  fusi- 
formes,  1-septées,  de  0"™,0i8  à  0"'",022  de  long,  environ 
'i  3/4  à  3  fois  p.  I.  q.  I.  (Nyl.  in  Hue,  Add.,  p.  17.)-  Je  ne 
connais  que  la  plante  stérile. 

Habit  —  p.  R.  sur  les  rochers  siliceux  humides  entre  St-ItaurieteL 
le  ballon  d'Alsace. 

L«  thalle  ressemble  beaucoup  à  certaines  formes  du  Leplogium  «inuo- 
(urn,  ou  même  du  Cottema  cheileam  ;  mais  Jl  est  plus  ileulelé  ;  les  dents 
sont  souvent  assez  longues  et  de  plusles  bords  du  thalle  sont  ciliés  par  des 
filaments  blanchâtres  qui  se  distinguent  à  la  simple  loupe,  et  ne  se  retrou- 
vent que  dans  le  Coltema  metiBnum  var.  marginale;  mais  ici  l'aspect 
oiléi'ieur  du  thalle  est  (oui  autre. 

Genre  SYNECHOBLASTUS  Trev. 

Thalle  non  cortiiiué,  rayonnant,  plus  ou  moins  plissé,  à 
filaments  tubuleux  lâchement  anastomosés  au  centre,  plus 
courts  et  colorés  en  jaune  ou  en  jaune  verdâtre  sur  les 
bords,  noyés  dans  une  abondante  gélatine. 

Apothécies  petites,  d'un  brun  roux,  ordinairement  bor- 
dées par  une  marge  assez  élevée,  entière.  Spores  longues, 
minces,  fusii'ormes,  rarement  droites,  à  double  ou  simple 
courbure,  10-d5  septées.  Thèques  ordinairement  resserrées 
en  dessus  et  largement  ventrues. 

SpermogODles  immergées,  ordinairement  pi-esque  inco- 
lores, AyUiroilérigmates.  Sperma (tes droites,  courtes. 

Thalle  très  développé,  presque  monophylie  orbi- 
culaire Syn.  nigretetnt  Trev. 


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—  17  - 

Thalle  pliué ,    i   margea  souvent  granulensea. 

spores  3a-«0 Syn.  aggregatut  Keerb. 

Thalle  à  lobes  ascendants,  plisads  ;  spores  32-10.  Syn,  Laurei  Kœrb. 

1.  STKKHOBLASTDS  NIGHBSCENS  Trev.;  Kœrb  ,  Si/A., 
p.  144  ;  Arn.,  Jur.,  p.  424. 

S'jnechoblastai  vesperlîtio  (Leighl,)  ;  Kœrb.,  Syit.,  p.  41i. 

Coltema  nigresrenë  Ach  ,  L.  U ,  p.  6*6  ;  Syn,  p.  361  ;  Nvl  ,  Syn., 
p.  115;  D.R,Alg.,  p.  207;  Sliii.,  /..  H.,  p.  11. 

Lichen  nigretcem  Lînn..  Supp.  Pi  .  p.  151. 

Eis.  Moug.,  Si.  log.  ICt  ;  Schar.,  L.  H..  410  ;  Hepp, 216;  Ami,  liai, 
sup,  l  ;  Malb..  101  ;  Oliv.,  121  ;  Boumeg  ,  6;  Flag.,  /..  F.  C,  li9. 


Tballe  membraneux,  coriace,  apluti,  orbiculaire,  presque 
raonophylle.  à  lobes  arrondis,  apprîmes,  de  grande  dimen- 
sion, plissé  en  rayons,  d'un  brun  vert  foncé.  Cellules  supé- 
rieures lAches,  plus  ou  moins  allongées,  noyées  dans  une 
gélatine  abondante,  )anne  verdâtre  aux  bords.  Hyphes 
plus  longues,  lâchement  anastomosées  au  centre.  Grains 
gonidiaux  nombreux  en  masse  compacte,  ou  rayonnant  en 
longs  chapelets  de  15-20-25  articles. 

Apotliicies  nombreuses,  moyennes,  &  disque  plan,  d'un 
roux  pille,  bordé  par  une  marge  élevée,  entière.  Hpares 
étroites,  allongées,  fusiformes,  incolores,  H-15  septécs,  sou- 
vent à  double  courbure  de  0"",(XÏ5  à  O^n-.Oia  de  long,  envi- 
ron ti-8  fois  p.  I.  q.  1.,  renfermées  au  nombre  de  8  et  pla- 
cées au  milieu  des  tkéquea,  quelques-unes  dépassant  en 
dessus  et  en  dessous.  Les  lliéquea  sont  ventrues,  atténuées 
aux  deux  extrémités  et  ont  de  O^^jOiS  à  0'""" ,055  de  long, 
sur  0"'"',OI9  à  On"n,021  de  large.  Parapbyseï  robustes,  très 
flexueuses,  facilement  libres,  ni  renflées  au  sommet,  ni 
articulées.  Épithècium  d'un  beau  jaune  d'or.  Tliécium  et 
Hypothéciam  à  peu  près  incolores. 

Spermogonles  immergées,  claires.  Siéngmale»  articulés. 
Sp«'mfl(ies  droites,  courtes,  deO"  "',0045  sur  0"""  ,0005  (Tul.). 

1.  Teint  la  gélatine  hyméniale  en  rouge  vineux. 


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Var.  farfaraceniii  Schœr.  Exs.  Oliv,.H2;  Roumeg,  334;  Fîag., 
L.F.C,  297.  —  Thalle  couvert  de  Kraîtis  rurfuracés  d'un  brun 
noir  à  lobes  beaucoup  phis  larges  que  dans  le  Type.  Plante  sté- 
rile. 

Hftbit.  —  Espèce  atmndiinlc  dans  nos  trois  départements,  à  la  basede 
ililTéreiils  arbres,  nolammenl  des  Noyers,  en  compagnie  de  Lept.  HiUUit' 
braiidii.  La  var.  se  trouve  sur  lesmêmes^'iipporlset  souienlsiir  les  Saules. 

2.  STNÏCaOBLASTCS  A6GRE6ATDS  Kœrb.,   Par,,    p.   419; 
Arn.,  Afwncft.,  p.  125. 

Syneehoblasfut  labijrinlhiui  Ami,  Cat..  p.  5. 

Callema  aggrer/atum  Nj'l.,  Alg.,  p.  31S  ;  Desmai.,  Cr.  Fr..  230  ;  NvL 
Syii.,  p.  ilh;  Siiii.,  L.  H.,  p.  10. 
ColUma  faaciculare  var.  aggregatum  Ach..  L.  U.,p.  64it;Svn.,p.  817. 
CoUema  ihi/ganaum  I).  R.,  Alg.,  p.  SOS. 
Exs,  Hcpp,  932;  Moug.,  Si.  l'ojj..  4i3. 

Thalle  coriace,  rigide,  plissé,  difTorme,  lobé,  à  lobes  un 
peu  crénelés,  souvent  crispés  et  granuleux  aux  bords,  non 
plissés,  rayonnant  comme  dans  le  S.  nigretceng.  Couche 
corticale  non  visible  ;  intérieur  du  thalle  gélatineux  avec  cel- 
lules hyphoïdules  peu  ou  l&chement  anastomosées.  Grains 
gonidiaux  en  atnas,  souvent  dissociés  on  en  très  courte 
chaîne. 

Apothécies  moyennes,  d'un  rouge  assez  vif  à  disque 
d'abord  plan,  et  bordé  par  une  marge  entière,  puis  devenant 
convexe,  immarginé  et  souvent  très  diflbriiie.  Spores  k  sim- 
ple courbure  ou  presque  droites,  incolores,  très  allongées, 
fusiformes.  14-15-10  septées,  de  0™"',040  à  O^'-'iCKSO  de  long, 
environ  10  à  12  fois  p.  I.  q.  1.,  renfeniiêes  au  nombre  de  8 
dans  des  Ihéque»  ventrues  au  milieu,  de  O-^jOGO  à  0"»,070 
de  long,  sur  0™"" ,018  à0'""',019  de  large.  Kllesy  sont  ras- 
semblées au  milieu,  quelques-unes  dépassant  soit  en  des- 
sus, soit  en  dessous.  Paraphyaci  hyalines,  assez  robustes, 
peu  agglutinées,  flexueuses,  ni  épaissies  ni  articulées  au 
somiiiel.  Épitliêciiim  jaune  verdâtre,  Thécium  et  Hijpolhé- 
cium  presque  incolores. 


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Spermogonles,  »térigmatei  et  tpermatie»  au  genre, 

I.  Teint  en  bleu  passant  promplemenl  au  jaune  et  au  vineii)  l'épilhé- 
cium,  le  sommet  des  thèigues,  l)eaLii:oiip  inoins  la  gélatine  hyméniale. 

Habit.  —  A.  R.  dans  nos  régions  parmi  les  mousses,  au  pied  des  Chênes 
dans  les  Vosges  (Mougeol),  M.  S'ilzenberger  dit  :  «  ad  truncos  ailrorum  a 
planitie  usque  ad  lerminum  arborum  »,  ce  qui  veut  dire  que  la  plante  est 
commune  en  Suuie.  Il  en  sérail  alors  certainemenl  de  même  en  Franche- 
Comté  ;  mais  elle  serait  méconnue  jusqu'à  présent  et  coiirondue  avec 
quelques  formes  du  Syn.  nigreicenê. 

3.  STNECHOBLASTnS  LAURERI  Kœrh.,SijBt.,  p.  414. 

Collema  LaiireriSltlz.,  L.  //.,  p.  10. 

Exs.  Schsr.,  L-  H.,  410;  llepp,  F.  E.,  SOI;  Anii,  Lang.,  5;  MaKey. 
L.  F.  C.,350. 

Thalle  membraneux,  coriace  d'un  bnin  noirâtre  ou  olivâ- 
tre, lobé  à  lobes  ondulés,  plissés,  très  ascendants,  granu- 
leux aux  bords.  Couche  corticale  nulle  ;  les  cellulus  de  la 
gélatine  y  prennent  une  belle  teinte  jaune;  peu  de  longs  Hla- 
ments  dans  le  milieu;  grains  gonidiauxouéparsou  en  courts 
chapelets. 

Âpothâcles  médiocres,  sessiles,  presque  stipitées,  h  dis- 
que plan  ou  un  peu  concave,  bordé  par  une  marge  ('levée 
épaisse,  concolore  au  thalle  et  très  persistante.  Sporei 
incolores,  à  simple  courbure,  rusilormes,  étroites,  1  l-14-sep- 
tées,  de  (>"'",0;i2  à  0""',042  de  long,  environ  10  fois  p.  1.  q. 
1.,  renfermées  au  nombre  de  8  dans  des  Ikèquea  resserrées 
au  sommet  et  très  élargies  au  milieu,  de  O""",066  à  0™",070 
de  long,  sur  0""%020  à  0""",0'22  de  large.  Paraphtjie»  grêles, 
flexueuse:*,  ugglutinécs,  incolores,  ni  renflées  au  sommet  ni 
articulées.  £pi(/idcttim  jaune.  Thécium  incolore.  Hypothé- 
cium  un  peu  jaun^Mre. 

Spermogonles  non  étudiées. 

I,  Teint  l'épithécium  et  le  somme!  des  thèques  en  bleu  assez  persistant. 

Bnbit.  —  N'est  pas  rare  dans  les  montagnes  du  Jura,  sur  les  petits  blocs 
calcaires  éboiil^h.  notamment  en  descendant  de  ta  Dôle  sur  la  loute  allant 
à  laFaueUle  (KlagO.au  Salcii«  (J.  Mull.). 


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Geinre  LETHAGRITTH  Mass. 

Thalle  non  cortiqué  nedilTérent  pas  de  celui  àes  Synechù- 
blastus  et  des  Collema. 

Apethécies  d'un  rouj^e  brun,  à  disque  ordinairement  bordé 
par  une  marge  thalline.  Spora  non  plus  très  étroites  et 
multiseptées,  mais  fusiformes,  assez,  larges,  rarement  1, 
ordinairement  3-5  septées,  non  murales.  Thèques  un  peu 
ventrues. 

Spermogonies  pâles,  immergées.  Arthrotlérigmalea.  Sper- 
tnalies  droites,  courtes. 

1.  Thalle  Irèsdéveloppjàgrands  lobes  étalés  2 
Thalle  beaucoup  moins  développé  à  lobes 

étalés a 

Thalle  peu  développé,  cespiteux.  rormniit 

de  petites  toulTes ♦ 

3.  Lame  du  thalle  non  teinte  par  I  ;  plante 

ordinairement  lertile Leth.  rupettre  Arn. 

Laine  du  thalle  coloré  en  rouge  par  I  ; 
plante  toujours  stérile Leth   aariculalum  [HolTm.). 

3.  Thalleorbîculaîro  à  laciuiures  courtes  rap- 

prochées. Spores   droites  relativement 

larges  25-%  sur  10 Lelh.  polyearpon  Arn. 

Thalle  à  lobes  courts,  épais,  imbriqués, 
plissés.  Apothëcies  relativement  gran- 
des. Spores  étroites  25.^  sur  7 Uth.  atygium  (Nyl.). 

Thalle  lacinié,  à  laciniures  multiAdes,  di- 
visées aui  bords.  Spores  courbes, 
étroites,  28-^  sur  7 LelA.  muUiparlUum  Arn. 

4.  Thalle  très  peu  développé,  presque  lisse.   LeIA.  eonglomeralum  Arn. 
Thalle  plus  développé  quoique  toujours 

de  petites  dimensions,  très  verruqueu»  t<iA.  vsrruculoïum  [J,  Mull  ), 

1    LÎTHAGRIDM  RDPÏSTRE  Arn.,  Jur.,  p.  299, 
et  Muiich.,  p    12D. 

Cotlemariipeiti-eSctuer.,  £Rum.,  p.  S52. 

Collema  flaccidum  Aeh-,  Syn.,  p.  322;  Njl.,  Syn.,  p.  ICTf  ;  Hepp.  L. 
H.,  p.  7. 


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SynecKoblaatu*  flaeeidwi  Harb.,  Par.,  p.  419,el  Si/tt.,  p.  413. 
Eis.  Uoiig.,  SI.  Vog.,  iœ»;    Hepp,  651;  Schier.,  413;  Ualbr.,  I&t; 
Oliv..  214;  Raumee.,  3,  377,  530. 

Thalle  membraDeux,  opaque,  d'un  vert  noirâtre  à  l'état 
sec,  vert  olive  et  flasque  humecté,  lobé  étalé,  à  grands 
lobes  entiers  ou  légèrement  crénelés.  Intérieur  du  thalle 
d'un  beau  jaune  sur  les  bords,  incolore  au  milieu,  fila- 
ments courts  assez  gros,  articu1é.s.  Grains  gonidiaux  moni- 
liformes,  ovales  en  assez  courts  cliapelets. 

Apottiécies  moyennes,  sessiles,  éparses,  à  disque  plan, 
rougefttre,  bordé  par  une  marge  ttiallîne  peu  élevée  Spores 
oblongo-fusiformes .  incolores,  3septées,  de  0°>",025  à 
0"",028  de  long,  environ  3  à  3 1/2  fois  p.  1.  q  1.,  renfermées 
au  nombre  de  8  dans  des  thèqiiei  renflées  au  ventre,  de 
0"»,060  à  0"",068  de  long,  sur  0n"»,020  à  O^^.OïïS  de  lai-ge. 
Paraphyteê  grêles,  flexueuses,  cohérentes,  incolores,  ni 
renflées  ni  articulées  au  sommet.  Épithécium  d'un  beau 
jaune  d'or.  Thèctum  el  Hypothédum  incolores. 

Spennogonies  et  Spermatlesdu  genre. 

I.  Sana  action  sur  une  lame  mince  ilu  thalle.  Teint  ea  bleu  l'épithécium 
et  le  sommet  de  thèques. 

Habit.  —  Espace  lerrlcole  préréranl  \en  terrains  liiicieux;  a.  c.  dans  les 
Vaaga.  Sur  la  terre  du  terrain  de  Brette  dans  les  bois  de  Uoatfefrand 
(Flag.);  plus  commun  en  Sui«M  (Slitt.). 


2.  LETEA6RIÏÏM  ÂURICDUTUM. 

CoUema  aurjeulatum  HolTm.,  FI.  Germ.,  2.  p.  90;  Nyl.,  Syix..  p.  107; 
Stiti.,  L.  if.,  p.  17. 

Colltma  granoaum  Schser,,  Enum.,  p.  233;  Kœrb.,  Syt(.,  p. 407;  Am., 

Jur.,  p.aso. 

Eis.  Schnr,  4ȕ  ;  Hepp,  618)  Ami,  liai,  lap.,  7;  Flag.,  L.  F.  C,  US; 
Raumeg.,  S31 . 

Tlialle  membraneux,  opaque,   d'un  vert  olivâtre  à  l'état 
sec,  un  peu  plus  clair  et  gélatineux  humecté,  étalé,  à  lobes 
parfois  un  peu  imbriqués,  irréguliers,  largement  crénelés, 
6 


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ordinairement  granuleux.  Intérieur  du  Thalle  semblable  à 
celui  de  l'espèce  précédente. 

Apothécies  inconnues,  ou  du  moins  peu  certaines.  Ce  n'est 
donc  que  par  analogie  que  nous  avons  pu  le  placer  à  côté 
du  L.  rupeèlre,  auquel  il  ressemble  beaucoup.  M.  Arnold 
aurait  cependant  trouvé  cette  plante  fertile  en  Bavière.  Les 
spores  seraient  de  O'-n'.OSe  à  0"'"',  027,  2  à  2  1/2  p.  1,  q.  1., 
3-5eptées  avec  cloisons  peipendiculaires  ;  ce  seraient  alors 
les  spores  des  CùUema  et  non  àesLethagrium, 

I,  Teint  en  rouge  de  stuig  une  lame  mince  du  thdie. 

Habit.  —  Sur  la  terre  et  les  rochers  calcaires,  au  milieu  des  mousses, 
dans  toutes  les  montagnes  du  Jura  ;  mais  parliciilièremenl  an  nord  de  la 
chaîne  :  le  Mt»t  d'Or,  le  Suchet.  le  Chaueron  et  surtout  le  Chatueral. 
AbsoliiBient  nul  dans  la  plaine  et  les  VoageM.  D'après  H.  Stïizen berger,  il 
aurait  été  recollé  ■  Poutarlier  (8(X>~;  ;  ce  sertit  une  de  ses  plus  basses 
altitudes. 

3.  LETHA6RIUM  POLTCARPON  Arn.,  Jur.,  p.  280. 

ColUma  poiyearpon  Nyl^  Syn.,  p.  1(W;  Kœrb.,  Par.,  p.  417;  Schvr., 
Spic,  p.  SSi;  Slili.,  L.  II.,  p. 8. 
Eïs.  .Scha!r.,42l  ;  llepp,  919;  Magey,  /,.  F.   C.,349. 

Thtile  coriace,  cartilagineux,  apprimé,  orbiculaire,  d'un 
brun  roux  ou  peu  verdfltre,  à  lobes  rayonnant!',  compliqués, 
étroits  et  pressés  les  uns  contre  les  autres.  Intérieur  d'un 
beau  jaune  d'or  sur  les  bords,  incolore  au  milieu  avec  de 
petits  filaments  anastomosés.  Grains  gonidiaux,  petits,  ar- 
rondis, moniliCormes. 

Apotbécles  confluenles,  très  nombreuses,  allant  jusqu'à 
l'extrémité  des  dernières  lanières  thallines,  assez  petites, 
sessiles,  b.  disque  d'ijn  roux  noirAtre,  plan  et  bordé  par  une 
marge  mince,  peu  élevée,  plus  foncée,  piiis  devenant  promp- 
lemenl  d'un  noir  brillant,  convexe  et  immarginé.  Sporer  in- 
colores, subfusiformes  ou  quelquefois  arrondies  à  une  ex- 
trémité, rarement  aux  2,  3-seplées,  non  murales,  de  O""",©^ 
ft  0"",035  de  long,|  environ  2  3/4à  3  fois  p.  1.  q.  1-,  renfer- 


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niées  au  nombre  de  8  dans  des  thèquca  élargies  au  ventre, 
de  0"",048  à  O»»  053  de  long,  sur  0""»,(>18  k  O-^jOig  de 
large.  Pampliyies  incolores,  grêles,  tlexueuses,  cohérentes, 
non  renflées  au  sommet,  ni  articulées.  Epithécinm  d'un  jaune 
brun  assez  foncé.  Thêcium  et  HypoUiéâum  incolores. 
Sperroogonles  non  étudiées. 

Hsblt.  —  Sur  les  pierres  calcaires  des  pâturages  du  Jura,  mélangé  au 
Syn.  Laureri  el  presque  toujours  plus  abondant. 

4.  LETHAGEinH  STTGmM. 

Synechablaalua  ttygiua  KcGrb.,  Par.,  p.  218, 

Collenui  stygium  Nyl.,  in  Flora,  1872,  p.  551  ;  Stitz.,  L.  H.,  p.  U. 

CoUema  Hygium  et  oi-bieulare  Svhmc-,,  Enum.,  p.  226. 

Eis.  Schcer.,  L.  H.,  43i. 

Thalle  membraneux  coriace  à  l'état  sec,  très  pulpeux  hu- 
mecté, d'un  brun  olivâtre,  suborbiculaire,  à  lobea  compli- 
qués, ascendants,  plus  laciniés,  assez  épais.  Intérieur  Jaune 
sur  les  bords,  incolore  en  dedans  où  sont  disposées  des 
cellules  en  filaments  serrés,  peu  allongés.  Grains  gonidiaux, 
petits,  épars  ou  plus  rarement  en  courts  chapelets. 

ÂpothâcidS  moyennes,  sessilesou  m6me  presque  stipltées 
au  sommet  d'excroissances  thallines,  à  disque  un  peu  con- 
vexes d'un  brun  roux,  bordé  par  une  marge  mince,  entière, 
disparaissant  promptement.  L'apotliécie  devient  alors  fran- 
chement convexe,  à  bords  révolulés  en  long  et  dilTorme. 
Spore»  incolores  fusiformes,  3- rarement  5-septées,  de  O^^OSS 
i O'^iOSô  de  long,  environ  3  1/2  à4i/4  fois  p.  1  q.  1.,  ren- 
fermées au  nombre  de  S  dans  des  Ihèqiiea  courtes,  renflées 
au  milieu  de  0™,045  à  0'""',OôO  de  long  sur  O"",!?  k  0"'-',O19 
de  large.  Parapliyiea  incolores,  moyennes,  flexueuses, 
peu  cohérentes,  non  articulées  et  très  peu  épaissies  au 
sommet.  Epithéciam  d'un  jaune  sale.  Thécium  incolore. 
Hypothécium, d'an  jaune  clair, 

Spenaogonles  inobservées. 

L  Teint  en  bleu  i'dpiihécium  el  le  sopimet  des  thèques. 


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-84- 

Hkblt.  -»  Espèce  Irè»  rare  dans  nos  régions  :  sur  des  calcaires  autour 
du  lac  de  Bienne  (Schser.}.  Je  l'ai  retrouvée  mais  peu  abondante,  en  mon- 
tant de  cette  vilJe  au  Chatseral,  Elle  n'est  pas  rare  contre  les  f^-ands  ro- 
chers calcaires  tréa  humides  de  Constanline  en  Algérie. 


5.  LKTHÂ&BIUH  MULTIPARTITUM  Arn.,  Jur.,  280. 

Letliagiiuin  lurgû/um Mass.,  Sehed.  erit.,  p.  180. 
Synechoblattu»  lurgidua  Kœi-b.,  Sy$t.,  p.  415. 
Collema  niul/iparfumNyl,,  Syn.,  p.  tIG  ;  Slilz.,  L.  II.,  p.  11. 
Kis.  Schser.,  L.  H.,  133  ipr.  p.)  ;  Hepp,  633  ;  Anii,  Lanç.,  7  ;  Flag., 
L.  F.  C,  400. 

Thalle  coriace  membraneux  à  l'état  sec,  d'un  brun  oîî- 
v&tre  ou  noirâtre,  se  gonflant  peu  par  l'humidité,  étroite- 
ment lobé,  laciné,  h  laciniui-es  gonflées  convexiuscules, 
divergentes  et  divisées  au  sommet.  Intérieur  jaune  d'oraux 
bords>  garni  au  milieu  de  filaments  allongés,  parallèles 
assez  lâchement  anastomosés.  Grains  gonidiaux,  petits, 
arrondis  de  0o">,0035  à  4  ou  épars,  ou  en  courts  chapelets 
de  'i  ou  4  grains. 

Apothédes  moyennes,  ou  même  un  peu  grandes,  à  disque 
plan  ou  un  peu  convexe,  d'un  brun  foncé  devenant  presque 
noir,  bordé  par  une  niiirge  concolore  au  thalle,  entière, 
mince  et  persistante.  Spora  incolores,  ordinairement  cour- 
bées, minces,  3-sepLée3,  oléagineuses,  de  O^^jOSô  à  0"'"038 
de  long,  environ  5 1/2  à  6  1/2  fois  p.  1.  q'  I.,  renfermées  au 
nombre  de  8  dans  des  Ihèquea  renflées,  assez  courtes,  de 
0"*,U45  à  0-"'",{KiO  de  long  sur  0"|",(H7  à  0"»,018  de  large  ; 
elles  y  sont  rangées  toutes  c6le  à  côte,  sans  se  dépasser. 
Pavaphxfie»  incolores,  assez  robustes,  flexueuses,  peu  co- 
hérentes, non  renflées  au  sommet,  où  elles  sont  parfois  très 
légèrement  articulées,  EpHhécium  d'un  jaune  d'or.  Thécium 
incolore.  Hifpoihècium  peu  coloré. 

Spermogonies  inobservées. 

I.  Teint  en  bleu  l'épithécium  et  le  sommet  des  thèques. 

Var.  BubtomloBum  Nyl.  in  litt.  ad  StiU.  CoUema  «ubtorùlo- 


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Êum  Stilz.,  L-  H.,p.  ii.  ~  Thalle  pulvlné,  d'un  brun  olivâlre,  à 
laciniiires  Bubloruleuses,  granuleuses  à  la  base,  diversement 
divisées,  &  tobes  divergents.  Plante  spermogonifère,  stérile. 

Habit.  —  Espèce  ou  très  rare  ou  inobserrée  dans  nos  limites  :  sur  le 
loil  d'une  maisonnette  recouverte  en  dalles  calcaires  dans  les  vignes  de 
Salins  (Jura)  (Flagey)  ;  au  Saléve(l.  Mull.).  La  vur.  sur  des  rochers  aux 
bords  de  l'Arve  près  nUette  (Rome). 

6.  LETflA6BinM  C0N6L0ME31ATDM  Arn.,  Munch.,  p.  125. 

Sijnechoblatlut  cortgtomeraituKcBrb.,  Syit.,  p.  413. 

Collema  eonylomeralum  tlITin,,  FI.  Germ.,  p.  102)  Nyl.,  Alg.,  p.  319, 
et  Syn.,  p.  115;  Stiti,,  L.  H.,  p.  9. 

Coitema  fascieulare  var.  eonglomeralum  Ach.,  L.  U.,  p.  640  ;  Syn., 
p.  ai7. 

Em.  Schœr.,  415  ;  Hepp,  650  ;  Malb-,  53  ;  Flaf.,  t.  F.  C,  50. 

Thalle  membraneux,  d'un  vert  obscur  ou  brunAtre,  très 
peu  développé,  à  petits  lobes  crénelés,  formant  de  petites 
touffes  ascendantes.  Intérieur  d'un  jaune  clair  sur  les  bords, 
garni  au  milieu  de  longs  filaments  grêles,  assez  bien  anasto> 
mosés.  Grains  gonidiaux  petits  en  courts  chapelets  de  4-5-6. 

ApotbécleB  petites  ou  moyennes,  très  nombreuses,  cou- 
vrant presque  entièrement  le  thalte  d'un  brun  roux,  d'abord 
marginées,  puis  devenant  promptement  entièrement  con- 
vexes, la  marge  disparaissant.  Sporea  incolores,  fusiformes, 
l-septées,  ou  avec  deux  autres  cloisons,  moins  visibles  et 
alors  obscurément  tri-septéeSj  un  peu  naviculatres,  de 
0--018  à  0""',025,  environ  5  à  5 1/2  fois  p.  I.  q.  I.,  renfer- 
mées au  nombre  de  S  dans  des  thèquet  courtes,  ventrues, 
de  O""! ,040  à  0«'"',045  de  long,  sur  0"",018  à  0""»,020  de 
lai^e.  Paraph'jset  moyennes,  flexueuses,  assez  agglutinées, 
non  renflées  ni  articulées  au  sommet.  Epithédum  d'un  beau 
jaune  d'or.  Thécium  et  Hypothécium  incolores. 

Spermogonles  immergées.  Stérigmates  articulés.  Sperma- 
tiej  droites,  très  courtes.  (Linds.  Sperm.,  p.  272). 

1.  Teint  en  bleu  t'épithécium  et  le  sommet  des  thèques. 


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Habit.  --  Espèce  très  r^andoe  sur  les  troncs  de  diflërents  arbres  dtns 
la  plaine  et  la  moyenne  montagne,  surtout  snr  les  Tieai  nojers,  qui  bordent 
la  route  de  Beaançon  à  St-  VU. 


6.  LKTHAQRIDM  VERRacULOSUH. 

Coltema  verrucuUattm  i.  Uuli.,  Genève.,  p.  86  ;  Stitz.,  L.  H.,  p.  9. 
Cotlema  UiUanbrandi  el  conglomeralum  Hepp,  Coll. 
Myoehroum  conglomeratum  SchBr.,  Enum.,  p.  SS6. 
Eis.  Hepp,  F.  B.,  416-,  Anzi,  Itat.  sup..  5. 

Tballe  menribraneux,  d'un  vert  obscur  ou  brunâtre,  peu 
développé,  à  petits  lobes  granuleux  verruqueux  ascendants, 
plissés.  Intérieur  d'un  jaune  d'or  sur  les  bords,  incolore  à 
l'intérieur,  filaments  anastomosés  peu  développés.  Grains 
moniliformes  en  courts  chapelets. 

Apothécies  plus  grandes  que  dans  l'espèce  précédente  et 
beaucoup  moins  nombreuses,  d'un  brun  roux,  à  disque  asses 
promptement  convexe,  bordé  par  une  marge  entière  abaissée 
et  persistante.  Sporei  incolores,  (usiformes,  un  peu  arron- 
dies, obscurément  septées  de  ©""(OIô  à  0°"°,018  de  long  en- 
viron 2  fois  p.  1.  q.  1  ,  renfermées  au  nombre  de  8  dans  des 
thèquei  cylindriques  non  ventrues  de  O^^jOeO  à  0°"°,062  de 
long,  surO^^iOlS  à  0"",019de  large.  Paraphysea  incolores, 
moyennes,  peu  agglutinées,  non  renHées  ni  articulées  au 
sommet.  Epilhécium,  Thécium  et  Hypotliécium  très  peu  co- 
lorés. 

I.  Teint  en  bleu  l'épithécium  et  le  sommet  des  thèques. 

Habit.  —  N'est  pas  signala  en  Franche-Comli  où  il  aura  probablement 
été  confondu  avec  le  Leth.  eonglOTneratam  ;  sur  les  taules  près  de  fisniiw 
(J.  Mull.).  Hepp  le  dit  commun  sur  les  noyers  près  de  Coirt. 


Genre  COLLEMA  Uoffm. 

Thalles  à  lobes  plus  ou  moins  développés,  quelquefois  mi- 
cro phy  11  iniques,  non  cortiqué,  membraneux,  coriace  à  l'état 
sec,  souvent  très  pulpeux  à  l'état  bumide. 


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—  87  — 

ApoUiéclfls  d'un  rouge  brun,  ordinairementbordées  parune 
marge  thalline  entière  ou  crénelée,  Sporei  oblongues  ou 
ovoïdes,  nonfusiformes,  tri-seplées,  ordinairement  divisées 
par  des  cloisons  perpendiculaires,  transversales. 

Spermogonies  pflles,  immergées.  Arthrostérigmates.  Sper- 
matiea  droites,  courtes. 

1 .  Thalle  à  lobes  plus  ou  moins  dévelop[>és. ...  S 

Thalle  à  lobes  microphylliniques 6 

2    Apolhëcies  grandes  de  a~ffi&40 Coll.  cheileiim  Ach. 

Apothécies  ne  dépassant  pas  0-027-38. 3 

3.  Thalle  à  lobes  diversement  dëcuupés.  Mai^e 
des  apoihécies  erénelée  ou  gratiuleuBe....  4 
Thalle  à  lobes  simplement  crénelés.  Marge 

àea  apolhécies  très  entière 5 

'4.  Thallelacinié.àlacmiuresallongées, relevées, 

ondulées.  Marge  des  apothécies  crénelée, ,   Coll.  insUcnum.  Ach. 
Thalle  IflCÏnié,  àlubes  courts  crïstato-incisés, 
crispés.  Marge  des  apothécies  très  granu- 
leuse    Coll.  frif fatum  llffm. 

Thalle  à  lobes  plus  petits  sim[dement  arron- 
dis, crénelés.  Marge  des  apothécies  granu- 
leuse    Coll.  eHtptim  Ach. 

5.  Thalle  à  lobes  moyens,  simplement  crénelés, 

très  gonflés  à   l'état  humide.  Marge   des 

apothécies  entière Coll.  pulpoêvm  Ach. 

Thalle  à  lobes  plus  grands,  arrondis,  moins 
pulpeux  à  l'étal  humide,  granuleux,  furfu- 
racés.  Marge  très  entière Coil-  furvum  Ach, 

6,  Thalle   d'un  brun  obscur.  Apolhëcies  très 

nombreuses Coll.  microphyllum  Aeb, 

Thalle  plus  noir.  Apothécies  beaucoup  plus 

rares CoH.  cnlJopiwnttm  Nyl. 

1.  COLLEMA  CHKILUM  Ach.,  /.  U.,  p.  630  ;  Syn.,  p.  310; 
Nyl.,  t.  P.,  U  et  Syn.,  p.  111  ;  Koerb  ,  Syjt.,  p.  403  ; 
J.  Mull-,  CUia».,  ç.  86;  Arn.,  Jur.,  p.  282  et  Munch., 
p.  126;  Stitz,,  L.  H.,  p.  9. 

CoUema  granoium  D,  C,  FI.  Fr.,  2,  p.  382. 

CoU4ma  crispum  et  furfuraeeum  Schaer.,  Enum.,  p.  257. 


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ColUma  ptietriUeMoat:  Si.  Fdç. 

Eit.HiNif.4S6;  SchKT..  496;  Hepp,  923;  Malbr.,  ISS;  Doumeg.,»»; 
OUt.,  H6  ;  Flag.,  L.  F.  C,  296. 

Thalle  raembraaeux,  coriace,  d'un  vert  oliv&tre  on  bru- 
nâtre, imbriqué,  lobule,  à  lobules  asceodanls,  arrondis,  un 
peu  crénelés.  Intérieur  à  couches  externes,  jaune  verdâtre, 
ftlaments  rares  peu  anastonaosés.  Grains  goaîdîaux  épars, 
plas  rarement  en  courts  chapelets  de  2-3-4  grains. 

Apotbécltt  moyennes  ou  un  peu  grandes,  planes  peu  sail- 
lantes, à  disque  d'un  roux  (Ascur,  bordé  par  une  mai^ 
granulée,  crénelée.  Sporea  les  plus  grandes  du  genre,  inco- 
lores, oblongo-eilipsolde^,  ordinairement  3-septées,  recou- 
pées par  d'assez  nombreuses  cloisons  perpendiculaires,  de 
0"",035  à  0",040  de  long,  environ  2  i/2  à  3  fois  p.  I.  q.  1., 
renfermées  au  nombre  de  8  dans  des  thèqut»  allongées, 
ventrues,  de  0",070à  0"-,075  de  long  sur  0"",023  à  0",025 
de  large.  Paraphytet  incolores,  peu  Oexueuses,  assez  ro- 
bustes, très  renOées  et  articulées  au  sommet.  Epiihéâum 
jaune  clair.  Thécium  incolore  Hypathécium  jaun&tre. 

Spemugoni»  immergées.  Sténgmate*  articulés.  Sperma- 
tiea  droites,  courtes,  deO"" ,0028-32  de  long,  sur  0" ,0013  de 
large  (Linds.,  Sperm.). 

I.  TeÎDt  en  bleu  l'épithéciuro  et  an  liolel  la  gélatine   hjménîale  des 

H*blt.—  Assez  pea  rare  sur  les  murs  des  villes  :  fortiOcalions  de  Bs- 
tanfon  prés  du  moulin  Sl-Paul,  etc.,  elc-i  de  beaucoup  plus  rare  sur  les 
rochen  ;  parfois  sur  les  vieux  murs  ;  mais  alors  i  thalle  plus  gnnuleni 
et  stérile.  Environs  de  Genive  (J.  Unll.]. 

2.  COLLEHi  HBLiSNOH  Ach.,  L.  U.,  p.  636  ;  Syn.,  p.  315; 
Nyl.,  Scand.,  p.  29  et  Syn.,  p.  108  ;  Stitz.,  L.  H.,  p.  8. 

CotUma  muUifidam  Scli»r.,  Enwm  ,  p.  354;  Kœrb.,  5y«l.,  p.  409  ; 
Am.,  Jur.,  p.  381  cl  Muneh.,  p.  136. 
CoUema  iaeotmfotium  D.  C,  Fi.  Fr.,3,  p.  Kl;  D.R.,  FI.  o^..  p.  305. 
Lichen  metcnui  Ach.  in  Act.  Uotm.,  22,  p.  It». 
£is.  Hepp,  9t8  ;  Halbr.,  ^\  ;  Hag.,  l.  F.  C,  95  ;  Roumeg.,  4. 


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Thalle  coriace,  membraneux,  appliqué,  orbiculaire  ou  su- 
borbiciilaire,  d'un  vert  noirâtre  foncé,  iucéro-lacinié,  à  laci- 
niures  allongée»:,  à  bords  relevés,  incisés,  crénelés,  ou  sub- 
enliers,  parfois  recourbés  en  dessous.  Intérieur  à  couches 
externes  d'un  beau  jaune.  Filaments  anastomosés  nombreux 
atteignant  les  bords  du  thuUe.  Grains  gonidiaux  en  longs 
chapelets  vermiformes  de  25-30  griûns 

Apothécles  moyennes,  sessiles  ou  substipitées,  il  disque 
d'un  brun  roux  plan  ou  un  peu  concave,  bordé  par  une  marge 
thalline  crénelée,  ordinairement  persistante.  Spore»  ovoïdes, 
incolores,  2-3-seplées,  recoupées  par  des  cloisons  perpen- 
diculaires de  0°"",fti2à0""",0'i6  de  long,  environ  2  à  21/4  fois 
p.  I  q.  I.,  renfermées  au  nombre  de  Sdans  des l/iè^ufis al- 
longées, un  peu  élargies  au  sommet  et  au  ventre,  de  0°"",078 
à  O™ ,082  de  long,  sur  0""" ,025  à  0°"»,027  de  large.  Pava- 
phyaes  incolores,  peu  flexueuses,  moyennement  robustes, 
agglutinées  au  sommet  où  elles  sont  un  peu  plus  épaissies 
et  inarticulées.  £pil/tcicîuni  jaune.  Thécium  el  Hypolhécium 
peu  colorés. 

Spermogootes  semi-immergées.  Stérigmatet  articulés. 
Spermatiei  droites,  oblongues,  très  petites  de  0™»,004  sur 
0"'°,001. 

].  Sans  action  sur  le  thalle ,  ou  la  rougit  dans  certains  échanlillons. 
Teint  en  bleu  l'épi Ihéciam  el  en  violet  la  gélatine  hyméniale  autour  des 
thèques. 

Var.  -i  complicatnm  Exs,  Schter.,  418-419.  —  Thalle  plus  com- 
pliqué, à  lobes  beaucoup  moins  allongés,  plus  révolulés,  nus  ou 
papuleux,  assez  larges. 

Var.  2  mu-ginftle  Huds^  Exs.  Schser.,  420.  Laciniures  étroites, 
canaliculées,  lobulées,  crispées  aux  bords. 

Var.  3  jaoobœfoUTun  Schrank.  Exs.  Sctiaer.,  422.  Laciniures 
étroites,  pinnalifldes,  canaliculées. 

HKbll.  —  C,  C.  sur  les  rochers  el  les  mousses  depuis  la  pliiiie  jusqu'aiii 
sommités  du  yui-a,et  sous  ses  diverses  variétés,  l'arail  beaucoup  plus  rare 
dans  les  Votgu,  sans  cependant  y  faire  absolument  déraui. 


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3.  GOLLBMA  CRISTATUM  Hotfm.,  L.  FI.,  II,  p.  101  ;  Nyl. 
in  Lamy  Cat.,  p.  3  ;  Koerb.,  Syit.,  p.  408;  Stitz.,  L.  H , 
p.  8  ;  Arn.,  Jur.,  p.  282. 

Exs.  Schœr.,  U7;  Hepp.  213;  Aniî,  Ual.  sup.,  6;  Flag.,  L.  F.  C,  tf. 

Thalle  coriace,  membraneux,  d'un  vert  noirâtre,  humecté 
vert-olive,  à  laciniures  courtes,  intriquées,  aggrégées,  dres- 
sées, à  bords  ondulés,  cristato-crénelés.  Intérieur  à  couches 
exlerneti  d'un  beau  jaune  ;  filaments  anastomosés  nombreux 
atteignant  les  bords  du  thalle.  Grains  gonidiaux  à  longs 
chapelets  vermiformes  de  35  à  50  grains  et  plus. 

Apothécles  supeificielles,  un  peu  grandes,  sessiles,  à 
disque  d'un  brun  rouJt,  plan  ou  un  peu  concave,  bordé  par 
une  marge  thalline  granuleuse,  cristée  par  les  excroissances 
du  thalle,  persiatanle.  Spores  ovoides,  incolores,  3-septées, 
à  séparations  peu  visibles,  ordinairement  nébuleuses,  de 
0"",023  h  0"-,028  de  long,  environ  2  fois  p.  1.  q.  1.,  renfer- 
mées au  nombre  de  8  dans  des  théques  oblongues,  renflées 
au  sommet  et  au  ventre,  de  0"'"',078  à  0°"°,08Û  de  long, 
gjjj.  Oainx  025  i  0"'"',027  de  large.  Paraphyses  incolores,  peu 
flexueuses,  moyennement  robustes,  agglutinées  au  sommet 
où  elles  sont  très  peu  épaissies,  et  inarticulées.  Epithécium 
jaunâtre.  Thécium  et  Hypothécium  incolores. 

Spermogonles  rougeâtres  étant  humectées,  situées  surtout 
à  l'extrémité  des  rameaux..  Stérigmatea  articulés.  Sperma- 
ties  droites,  oblongues,  petites  de  0""',0W  sur  O^^iOOi. 

I.  Sans  action  sur  le  thaJIe.  Teînl  en  bleu  l'épilbécium,  et  en  rioletla 
gélatine  hymen iale. 

H«lilt.  —  Beaucoup  plus  rare  que  l'espèce  précédente  el  seulement  snr 
les  petits  rochers  calcaires  à  Qeur  de  terre  parmi  les  mousses  :  Uontfer' 
rand,  Bomsiéres,  Laiaiey.etc.  Parait  mouler  beaucoup  moins  haut  dans 
le  Jura  que  le  Coll.fnetœnutn,  auquel  il  ressi?mUe  beaucoup.  Les  organes 
intérieurs  ne  présentent  aucune  différence  ;  seul  le  thalle  a  un  Tacies  dif- 
férent, provenant  probable meiil  de  son  habitat  parmi  les  n 
pourrait-on  n'en  faire  qu'une  variété  de  l'espèce  précédente. 


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i.  COLLEHi  PDLPOSHH  Ach.,  Sijn.,  p.  311  ,-  Desmaz.,  Cr. 
Fr.,  p,  585  ;  D  R-,  Alg.,  p.  205;  Schœr.,  Enum., 
p.  259  ;  Nyl.,  Scand.,  p.  30  et  Syn.,  p  109  ;  Kœrb  , 
Syst.,  p.  404  ;  Slitz.,  L.  H.,  p.  8  ;  J.  Mull-,  Clata.,  p.  87  ; 
Arn.,  Jur.,  p.  284  et  Munch.,  p.  126. 

ColUma  erigpum  D.  R..  Alg.,  p,  W5  (pr.  p.). 

CoUema  miiUiflorum  Hepp. 

Lichen  pulpo'Ui  Sernh. 

Eis.  Schœr.,  428  ;  Hepp,  417  ;  Malkr.,  5t  ;  Oliv.,  19  ;  Roumeg.,  !279 

Thalle  d'un  vert  obscur,  suborbirulaire,  coriace  membra- 
neux à  l'étal  sec,  très  pulpeux  et  gonflé  par  l'humidité,  im- 
briqué lobé,  à  lobes  tapais  crénelés,  déprimés  aux  bords. 
Intérieur  d'un  jaune  clair  aux  bords.  Filaments  nombreux 
bien  anastomosés  ;  grains  gonidiaux  petits  k  longs  chape- 
lets de  20-25  grains.  Epithécium,  Thécmm  étant  tous  deux  , 
sans  modifications  presque  jusqu'aux  bords  du  thalle. 

Apothécles  moyennes  ou  un  peu  grandes,  sessiles,  à 
disque  plan  d'un  brun  roux,  bordé  par  une  marge  thalline 
entière.  Spore»  incolores,  ovoïdes,  ou  atténuées  à  une 
extrémité,  ordinairement  3-septées,  plus  rarement  recou- 
pées par  des  cloisons  transversales,  de  0"'°,02l  à  0""",023 
de  long,  environ  2  à  2  1/4  fois  p.  I.  q.  1.,  renfermées  au 
nombre  de  8  dans  des  i/tègwes  cylindriques,  allongées,  peu 
renflées  au  sommet.  Epithécium  incolore  ou  un  peu  jau- 
n&tre.  Thiiâum  et  Hypathécium  incolores. 

SpermogOttl»  nombreuses,  surtout  aux  extrémités  des 
lobes.  Stérigmates  articulés.  Spermaties  droites  oblongues, 
petites,  de  O'-'jOOSS  à  0"'",004  de  long;  sur  O'—.OOOe  de 
large. 

I.  A  peu  près  sans  action  sur  la  gélatine,  ou  la  rougit  un  peu.  surtout 
dnnslavar.  lenor  ;leinten  bleu  l'épithécium  et  le  thécium  en  violet,  puis 
en  jaune  rougeâtre. 

Var.  granulatam  Schaer.,Sptc.,p.  538.  Exs.  Scheer.,429;  Hepp, 


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418;  Anzi,  Lanj?.,  497  b;  Flag.,  L.F.  C,  49.295.-  Thalle  orbic*i- 
laire,  à  lobes  rayonnants,  bulleux,  granuleux  au  centra,  con- 
vexes, crénelés  aux  bords,  devenant  très  pulpeux  par  rbumi- 
dilé. 

Var.  toiuuc  Ach  ,  L.  V.,  p.  635.  Coll.  lunoêum  Leight.  Exs. 
Hepp,  87.  —  Thalle  membraneux,  un  peu  plus  petit  que  dans  le 
type.  Imbriqué,  A  lobes  sinués.  Apotfiieiet  plus  grandes  et  plus 
enfoncées  dans  le  thalle. 

Var.  ceraaoidBB  Borr.  in  E.  B.,  Suppl.  ;  Nyl.  in  Flora  1878, 
p  .t42;Stitz.,  L. /f.,p.  7.Exs.Flag.,L.  olfr-,  n'288  —Thalle  d'an 
brun  verdAtre  arrondi,  pulviné,  ascendants,  à  petits  lobes  gon- 
flés, granuleux,  imbriqués.  Apothicies  el  Spores  de  l'espèce,  mais 
toujours  très  rares. 

H«bit.  —  Le  lype  est  assez  rare  dans  lu»  limites,  sur  la  terre  parmi  tes 
laousses  dans  les  Voigêt  (Mongeotj  ;  la  variélé  granuUitam  est  des  plus 
communes  sur  tous  les  murs  de  Besançon,  la  plaine  et  la  montagne  moyenne  ; 
environs  de  GenéM  ;J.  Muii  )  :  la  var.  tenax  eat  beaucoup  plus  rare  ;  sur 
la  t^re,  prés  du  pont  de  LaUiey,  dans  les  bois  d'Arnei,  près  des  sources 
(Flagey}.  La  var.  eeranoidu  seulement  près  de  Genève. 

5.   COLLBMA    CRISPlfH  Ach.,  Syn.,    p.  312  ;    Nyl.,   Syn., 
p.  110  ;  Ajn.,  Jur.,  p.  283. 

Thaile  coriace,  membraneux,  d'un  brun  olivâtre,  pulpeux 
étant  iiumecté,  lobé  à  lobes  rayonnants,  divisés  crénelés,  à 
marge  quelquefois  granuleuse.  Intérieur  d'un  jaune  brun 
peu  foncé  aux  bords  ;  filaments  nombreux  anastomosés  ; 
grains  gonidiaux  en  longs  chapelets. 

Apothécies  plus  grandes  que  dans  le  Coll.  pulposum,  ses- 
siles,  à  disque  plan  d'un  brun  roux,  bordé  par  une  marge 
assez  élevée  et  toujours  granuleuse.  Spores  incolores, 
ovo'idcs  ou  un  peu  atténuées  à  une  extrémité,  3-septées, 
recoupées  par  quelques  cloisons  transversales,  de  0"",022  i. 
0""" ,025  de  long,  environ  2à  2  1/4  fois  p.  1.  q.  I.,  renfermées 
au  nombre  de  8  dans  des  thèquei  cylindriques,  allongées, 
peu  rennées,  de  0""",072  à  0""",078  de  long,  sur  0™,018  à 
0'"*,M9  de   large.    Paraphyaet  médiocres,    moyencetneitt 


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(lexueuses,  agglutinées,  non  épaissies  ni  renflées  au  som- 
met. Epilhècium,  Tfiécium  et  Hypothécitim  incolores. 
Spennogonies  non  étudiées. 

I.  Teint  l'épithécium  en  bleu  et  le  Ihécium  en  violet  ou  en  jaane  rou* 
geitre. 

Hktait.  —  Sur  la  terre  aui  mâmea  localités  que  lea  Cottenta  mebenum 
et  palpogum  ;  mais  toujours  beaucoup  plus  rare.  It  ressemble  beaucoup  à 
ce  dernier,  dont  ce  n'est  peut-être  qu'une  variété  à  apolhécies  un  peu  plus 
grandes  et  à  marge  non  plus  entière,  mais  toujours  bien  dislinclement 
granuleuse. 

6.  COLLEHA  FDRVUM  Ach.,  L.  U.,  %«.,  p.  323;  Nyl-, 
Si/n.,  p.  107;  Kœrb.,  Pnr..  p.  417;  Arn.,  Jar.,  p.  281 
et  Munch.,  p.  126. 

Exs.  Sch»r.,4H  ;  Hepp,  9Z>  ;  Oliv.  215  ;  Flag.,  L.  F.  C,  148. 

Thalle  coriace,  membraneux,  d'un  brun  vert  ou  d'un  vert 
noirâtre,  presque  monophylle,  ou  à  lobes  compliqués,  ru- 
gueux, ondulés,  entiers  et  presque  toujours  recouverts  en 
dessus  et  même  en  dessous  de  gros  grains  arrondis  furfura- 
cés.  Intérieur  d'un  jaune  brunâtre  clair;  filaments  nom- 
breux, anastomosés,  grains  gonidiaux  petits  en  longs  cha- 
pelets atteignant  presque  les  bords  du  thalle. 

Âpothécles  petites  ou  moyennes,  éparses,  sessiles  ù  disque 
plan  d'un  brun  roux,  boi'dé  par  une  marge  thalline,  élevée, 
entière  et  assez  persistante.  Spores  incolores  ellipsoïdes, 
tri-septées,  recoupées  par  des  cloisons  verticales,  de  0°"°,(H9 
à  0°"',024  de  long,  environ  2  fois  p.  1.  q  I.,  renfermées  au 
nombre  de  8  dans  des  ihéques  allongées,  peu  ventrues,  de 
0""°,074  à  0'""',076  de  long,  sur  O^-.OIS  à  0°"»,020  de  large. 
Paraphyses  incolores,  assez  robustes,  moyennement  flexu- 
euses,  agglutinées  surtout  au  sommet  oii  elles  ne  sont  ni 
renflées  ni  articulées.  EpiOiécium  àpcinejaua&tre.  Thécium 
et  Hypothéciam  incolores. 

Spermogonlen  peu  colorées.  Stérigmates  articulées.  Sper- 
maties  droites,  oblongues,  petites,  de  0"".00lfô  à  0"",005. 


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—  94  — 

lame  du  thalle  à  l'aat  sec.  Colore  en  bien  1'^- 

n  violet  el  en  jaune  rougeâlre. 

Habit.  —  Espèce  commune  partout  sur  les  vieux  murs  el  les  mcben; 

mais  presque  toujours  stérile;  était  bien  fertile  sur  un  bastion  aujourd'hui 

démoli  qui  se  trouvait  devant  la  gare  de  Beiançon~  l'iolfe.  On  le  renconlrs 

parfois  à  la  base  de  vieux  arbres  ;  mais  cette  station  est  beaucoup  plus  rare. 

7.  COLLBMA  MICROPHTLLUM  Ach.,  L.  U.,  p.  630;  Syn., 
p.  310;  D.  R.,  Aig.,  p.  208;  Kœrfo.,  Syat..  p.  406; 
Ny].,  L.  P.,  p.  5  et  Syn.,  p.  113;  J.  Mult.,  CIom.. 
p.  86  ;  Arn.,  Jur.,  p.  281. 

Leptogiiim  mierophj/ttwn  StiU.,  £.  H.,  p.  U, 
Collema  Higretatfi  var.  mieivphytlvm  Scbzr.,  Emtm.,  p.  951. 
Cotlema  flagtvn:!  Sm.,  E.  Hot.,  1912 

Exs.  Moug.,  St.  Fog.,948;Schs>r..411;  Ilepp,  31t  ;  Ualbr,  153  ;  Wr., 
13;  Roumeg.,  ^8. 

Tbolle  de  très  petites  dimensions,  submembraneux,  d'un 
vert  obscur  ou  brunâtre ,  k  lobules  aplanis  aux  bords  et 
crénelés,  granuleux,  verruqueuxau  centre.  Intérieur  jaune 
d'or  sur  les  bords  ;  filaments  anastomosés  au  milieu  et  rem- 
placés sur  les  bords  par  des  cellules  beaucoup  plus  couiles 
et  amorphes,  grains  gonidiaux  petits  ou  en  courts  chapelets 
de  5-6-7,  ou  épars,  ou  en  groupes  orbiculaîres  de  6-8-10. 

Apothécles  petites,  nombreuses,  presque  confluentes,  con- 
caves urcéolées,  àdisque  d'un  brun  roux  pâle,  bordé  par  une 
marge  entière,  élevée,  de  même  teinte.  Spores  incolores, 
ovoïdes,  peu  ou  pas  resserrées  aux  extrémités,  3-septées  ; 
quelquefois  recoupées  par  3  ou  4  cloisons  verticales,  de 
de  Omo.oao  à  0"-,024  de  long.  2  fois  seulement  p.  1.  q.  1., 
renfermées  au  nombre  de  8  dans  des  Ihéques  cylindriques, 
allongées,  peu  ou  pas  renflées,  de  O^^OSO  àO-%082  de 
long,  sur  0""",016  ù  0""",O17  de  large.  Paraphysej  incolores, 
moyennes,  flexueuses,  agglutinées,  ni  articulées,  ni  épais- 
sies au  soinuiet.  £/»il/it!«um,  Tltécium  ei  Hypolhecium  in- 
colores. 

Spermogonies  non  étudiées. 


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—  95  - 

I.  Teinl  en  bien  l'épithécium  et  une  partie  du  thécjum. 

Habit.  —  Espèce  rare  dans  nos  limites  ;  sur  les  troncs  d'arbres,  aimant 
le  voisinage  des  lieux  hal>ilé»  :  dans  les  Voagei  (Uougeol)  ;  dans  les  envi- 
rons de  Genève  nulle  ou  non  signalée,  mais  cerlaînement  très  rare  dans 
toute  la  FrancAe-Co»i[^,oûelleestremplscéeparle  L«tk.  conglomeratum. 

8.  COLLBMA  CALLOPISMUM  Nyl.,  Syn.,  p.  113;  Am., 
Jur.,  p.  286. 

;  StiU.,i..  H-,  p.  10. 


Thalle  très  petit,  atteignant  à  peine  1  mil),  de  haut,  d'un 
noir  opaque,  en  grains  agglomérés  rugueux,  Intrâ-ieur  d'un 
■  jaune  d'or  sur  les  bords  ;  filaments  tubuleus  au  milieu  et 
remplacés  aux  bords  par  des  cellules  beaucoup  plus  courtes  ; 
grains  gonidiaux  épars  ou  en  petits  amas,  mais  non  en  cha- 
pelets. 

Âpothécles  très  rares,  petites,  k  disque  concave  d'un  roux 
obscur,  d'abord  bordé  par  une  marge  entière  thalline,  qui 
disparaît  promptement.  Scores  grandes,  incolores,  ovoïdes, 
3-ïieplées,  recoupées  par  quelques  rares  cloisons  verticales, 
de  0"*,025  à  0",027  de  long,  environ  1  :i/4  à  2  fois  p.  l.  q.  I., 
renfermées  au  nombre  de  8  dans  des  thèques  allongées,  non 
ventrues, de O'""',080à0-'",082  de  long,  sur0""-,018ji0""",020 
de  large.  ParaphyacB  incolores,  moyennes,  flexueuses, 
agglutinées,  non  épaissies  au  sommet  ni  articulées.  Epilhé- 
ctum,  Théàiim  et  Hypolhécium  presque  incolores. 

Spermogonies  inobservées. 

I.  Teint  eu  bleu  l'IiYpothëcium  et  une  partie  du  tliecium. 

Habit,  —  Espèce  des  plus  rares  partout,  tandis  que  la  précédente  est 
très  répaniliie.  sinon  dans  nos  limites,  au  moins  dans  beaucoup  de  parties 
de  la  France  et  de  la  Suiwe  Elle  n'est  connue  avec  certitude  que  sur  des 
rochers  calcaires  au  pied  du  Satèee  {1.  Mutl,).  Elle  ressemble  beaucoup 
â  la  précédente  ;  mais  s'en  distingue  par  son  habitat  'oujours  saxicole,  par 
son  thalle  plus  noir,  par  ses  apotliécies  beaucoup  plus  rares  et  ses  spores 
uu  peu  plus  grandes. 


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¥    GRAINS  QONIDIAUX    SE   RAPPROCHANT    DES    CHROOCOCCACËES 
(GL^OUCHËNS). 

Genre  OMPHALARIA  D.  R.  et  Mnl. 

Thalle  fixé  au  support  par  une  partie  centrale,  les  bords 
restant  libres  (llialle  ornbiliqué),  souvent  pelté,  orbiculaire, 
aplati  en  petite  pièce  de  monnaie,  mais  surtout  dans  des  ré- 
gions plus  méridionales  ;  chez  nous  plus  souvent  cœspiteux, 
k  laciniures  aplaties,  pulvinées,  ou  presque  cylindriques. 
Grains  gonidiaux  toujours  dispersés  ou  réunis  par  2-4,  mais 
jamais  monili formes.  Filaments  anastomosés  dans  le  milieu 
du  thalle,  ce  qui  est  caractéristique  pour  ce  genre  de  Glaso- 
lichens.  Apothécles  ou  endorcarpées  et  immergées,  ou  bien 
adnées  et  biatorines.  Spores  simples.  Spermogonies  immer- 
gées. Stérigmalet  simples,  Spermaties  ellipsoïdes.  Gélatine 
hyméniale  bleuie  par  l'iode. 

i.  Thalle  ascendant  cœspiteui 3 

Thalle  apprimé Omph.  botri/o$a  Nyt. 

S'  Thallelobé,  à  lobes  pu  Ivinés,  découpés.  Apothë- 
cies  petites  tuberculirormes,  nu  sominet  des 

rameaux  lliallins Omph.  pulvinala  îiy\. 

Thalle  lobé  à  lobes  slipjlirarmes,  crénelës  au 
sommet.  Apothécles  planes,  biatorines,  rela- 
litement  grandes Omph.  eoraliadB»  Nyt. 

i.  OMPHALARIA  PDLVINATA   Ny!.,  L.  P.,  p.  103;  Prod., 
p.  19  ;  Syn.,  p.  99;  Stitz.,  L.  H.,  p.  5. 

Thyrea  puhinata  Uass  .  in  Ftoi-a  1856,  p.  310;  Kœrb.,  Par.,  p.  430; 
Arn..Jur.   p.  îSi  et  Munth.,  p.  129. 

Collema  tlygium  p  pultiinalum  Schacr.,  Enum.,  p.  260. 

EiB.  Schœr.,  *35  ;  Hepp,  658  ;  Arn.,  320  ;  Flng.,  L.  F.  C,  960. 

Thalle  coriace,  cartilagineux  à  l'état  sec;  gélatineux  s'il 
est  humecté;  d'un  brun  noir,  très  souvent  saupoudré  d'une 


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—  97  — 

pruine  bleuAtre,  à  lobes  agrégés,  pulvinés,  plus  ou  moios  in- 
cisés,  crénelés,  ascendants.  Inléi-ieur  à  bords  d'un  jaune  oli- 
vâtre formé  d'une  substance  gélatineuse  dans  laquelle  on 
dislingue  au  centre  des  filaments  rameux  et  s'anastomosant 
assez  souvent;  grains gonidiaux  au  nombre  de  2-4,  conte- 
nus dans  une  cellule  gélatineuse  et  rangés  surtout  contre  les 
bords. 

Apothécies  pAles,  petites,  situées  ordinairement  à  l'extré- 
mité des  lobes  thallins,  tu berculi formes  et  peu  proéminentes. 
Spofci  petites,  légèrement  ellipsoïdes  ou  subglobuleuses, 
incolores,  simples,  de  0°"",010  à  0""",0H  de  long,  environ  1 
à  i  i/i  fois  p.  1.  q  1.,  renfermées  au  nombre  de  8  dans 
des  thèijuBi  cylindriques,  de  0""", 045  à  O™™ ,050  de  long  sur 
O^^jOIS  àO^^jOlG  de  large.  Puraphyie»  moyennes,  médio- 
crement flexueuses,  très  agglutinées,  non  renflées  au  som- 
met, parfois  assez  faiblement  arliculées  sur  la  longueur. 
Epithecium,  Thecium  et  Ilypothecium  peu  colorés  dans  une 
couche  mince. 

Spermogonles  immergées.  Stérigmatea  simples.  Sperma- 
ties  oblongues,  droites  de  0™",(XÏ3  de  long  sur  0™",001  de 
large  (Nyl.  Syn.). 

i.  Teïnl  en  bleu  I»  gélaline  hyméniale  et  l'ëpilhéciiim  ;  la  (Couleur  passe 
ensuite  au  vineui,  elle  persiste  dans  l'Iiypoth^cium. 

Var.  H«ppuJ.  Mull.,  C(aM.,  p.  82;Stilz.,L.  IL,  p.  5.  -  Thalle 
noir  pruineux,  monophylle,  unpeulauinié,  àlaciniures  incisées, 

agrégé,  piilvinë  ;  gonidles  éparses,  2-4  par  groupes.  Apothé- 
ciea  complètement  incluses.  Thèqueg  cylindriques,  d'environ 
0<n»,050  de  long.  Spores  petites,  nombreuses,  ellipsoïdes,  d'envi- 
ron 0«" ,005-6  de  long,  t  1/2  ù  1  3/4  fuis  p.  I  q.  I.,  au  nombre  de 
20-40  par  thëque,  ce  qui  la  distingue  immédiatement  du  type. 

Habit,  —  Espèce  rai'e  etorilinairemciil  stérile  Jans  nos  régions,  à  thalle 
ordinairemeni  large  et  peu  épais,  var.  taiiiir  Nyl  ;  sur  les  rocliers  humides 
dans  les  boJs  de  Uonti«rrancl,  de  Laitfe-j,  au  bas  du  Ckaatron,  elc  ,  etc.; 
□u  à  tlialle  plus  épais,  var.  packyphylla  Mull.  ;  mais  danii  la  vallée  du 
Rhône  supérieur  hors  de  nos  limites.  En  Atgériv,  se  trouve  une  forme  à 
thalle  plus  cylindrique,  moins  pruineuse  1res  fertile  (Flag.,  Col.  L.  Atg., 


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2.  OHPHALARU  RORALLOIDES  Nyl.,  Syn.,  p.  1(M  ; 
StiU-,  L.  H.,  p.  5. 

Peecania  coiaUoidet  Mass.,  in  Floiv  1858,  p. 93;  Kœrb.,  Par.,  p  *99; 
Arn-,  Jur..  p.  2Ut, 

Cori/nEpAorui  coraltuidei  Mass.,  in  floro  1856. 
Eis.  Ilepp,  Ki6;  Anii,  Penel.,  1  ;  Roumeg.,  341. 

Thalle  noir,  très  souvent  couvert  d'une  pruine  bleuâtre, 
coriace  à  l'état  sec,  pulpeux  humecté;  pulviné,  formé  de 
lobes  ascendants,  stipitiformes,  crénelés  au  sommet.  Inté- 
rieur d'un  jaune  bleuâtre  sur  les  bords,  formé  de  queJques 
filaments  et  de  globules  gélatineux  irréguliers  £n  appro- 
chant du  centre,  les  filaments  s'allongent,  deviennent  plus 
ou  moins  parallèles  et  anastomosés  ;  grains  gonidiaux 
épnrs,  1-2-4  dans  des  globules  gélatineux,  beaucoup  plus 
nombreux  que  dans  VOmph.  pulvinatn,  et  s'étendant  pres- 
que jusqu'au  centre  où  ils  sont  groupés  dans  l'intervalle  des 
filaments. 

ApotbËcies  d  abord  1res  concaves,  puis  devenant  planes, 
assez  grandes  relativement,  à  disque  d'un  brun  noirâtre, 
bordé  par  une  marge  Ihalline  persistante,  mais  très  mince. 
Spores  hyalines,  simples,  globuleuses  ou  un  peu  ellipsoïdes, 
dfi  0""",0i2  à  0""',04«  de  long,  sur  0"'"',013  h  0-"",(>16  de 
large;  elles  y  sont  unisériées.  Pti(rt;)/i!/aeï  incolores,  moyen- 
nes, enchevêtrées  et  très  agglutinées,  non  renflées  au  sora- 
rneL,  peu  ou  pas  articulées.  Intérieur  de  l'apolhécie  d'un 
brun  sale  sous  une  couche  un  peu  épaisse.  Epilhécium  un 
peu  jaunâtre,  Thêcium  incolore,  Hypolhécium  d'un  jaune 
très  clair  sousune  couche  mince. 

Spermogonles  très  immergées.  Stérigmaleé  simples.  Sper- 
matiea  ellipsoïdes,  d'environ  0""'',003  de  long  sur  0'""',001  de 


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I.  Teint  rhypolhécium  en  bleu  persistant,  l'ëpithécium  et  la  gélatine 

hyniëniale  en  bleu  passant  promptomeni  au  rouge  vineux. 


3.  OHPHALARIA  BOT&YOSA  Nyl  ,  Syn.,  p.  101  ; 
J.  Mull.,  Clasa.,  p.  422. 

Pleclotpora  boiryosa  Mass.,  Mite.  1856,  p.  20  ;  Kœrb.,  Par.,  p.  432  ; 
Arn.,/ur.,  p.  9^. 
Arnoldia  botryota  Krniph.,  Lich..  Bayr. 
Eis.  Arn.,  31  ;  llepp,  930  ;  Anzi,  309  ;  Rubli.,  510. 

Thalle  orbiculaire,  petit,  ne  dépassant  pas  3  à  4  mîtl., 
membraneux  à  l'état  sec  el  d'un  brun  noir,  se  gonflant  beau- 
coup par  l'humidité  et  devenant  verdâlre,  peu  lobé,  presque 
pelté,  granuleux,  rugueux  noduleux,  très  ombiliqué  au  centre. 
Intérieur  du  thalle  d'un  jaune  verdûtre  sur  les  bords,  inco- 
lore au  centre  où  se  trouvent  des  filaments  plus  ou  moins 
allongés  et  un  peu  anastomosés.  Grains  gonidiaux  peu  nom- 
breux, 1-2-3  dans  des  globules  gélatineux. 

Apothécles  petites,  presques  invisibles,  noyées  dans  les 
nodosités  du  thalle,  ou  immergées,  punctiformes.  Spores 
hyalines,  simples,  globuleuses  ou  un  peu  ellipsoïdeii!,  de 
0""»,008  à  0"'«,010  de  long,  environ  1/2  à  1  3/4  fois  p.  1.  q.  I., 
renfermées  au  nombre  de  K  dans  des  Ihèqua  cylindriques,  L 
peine  élargies  au  sommet,  de  0""",042  à  0""",047  de  long  sur 
0""°,013  à  0°"",015  de  large  Pdi-aphi/aei  incolores,  grêles, 
très  agglutinées,  non  renflées  au  sommet,  peu  ou  pas  arti- 
culées, fipil/teciiim,  Thécium,  Hypolhécium  d'un  brun  sale 
sous  une  couche  un  peu  épaisse,  presque  incolores  sous  une 
tranche  tnince. 

SpermogODles  inobservées. 

I.  Teint  l'ëpithécium  et  la  gëhilinehyméniale  eu  bleu  passant  parendroîls 

Hftbït.  —  Espèce  découverte  pnr  H.  Arnold  sur  des  roches  calcaires  et 
dolomitiques  de  la  Fraaconie  el  du  Wurtemberg,  K.  R.  dans  nos  limites 
où  elle  n'est  signalée  que  par  U.  J.  Muller  sous  Moraex  prés  de  l'Arue, 


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—  100  — 

sur  un  gros  bloc  en  compagnie  du  Leâd.  aaxaiilU.  Elle  est  remplacée  en 
Algérie   par   VArnoldta  eyalhodea  Mass.   qui  lui   ressemble   beaucoup. 

Ce:le-ci  a  le  Tlialle  un  peu  plus  grand,  non  rugueux,  les  apolhëcies  plus 
nombreuses,  rougcàlres,  innées,  mais  bien  visibles  quand  la  plante  esl  bien 
gonllée  par  l'humidité. 


Genre  THYREA  Mass.  (pr.  p.). 

Thalle  très  largement  ombiliqu^,  presque  entièrement 6xé 
au  supporl.ù  l'exception  du  bord  des  lobes,  subtarlreux,  peu 
gélatineux,  à  très  petits  lobes,  souvent  coralIoMes  en  dessus, 
d'un  brun  noir,  souvent  saupoudré  d'une  pruine  bleuâtre. 
Pas  de  filaments  longitudinaux.  Grains  gonidiaux  épars.  ou 
par2-3-4,  petits,  ari-ondis  ou  anguleux.  AfioUiéctei  d'abord 
innées,  puis  saillantes  et  bordées  par  une  mince  marge  léca- 
norine.  Spoi-ea  simples.  Spermogonies  immergées.  Stérig- 
malci  simples.  Gélatine  hyméniale  bleuie  et  rougie  par 
l'iode. 

THTREA   BKCIPIENS    Mass.,   Syn.,   p.  61  ;    Koerb.,   Par., 
p.  430;  Arn..  Jur.,  p.  294. 

Omphataria  liteipUnttiasa.,  Framm..  p.  13. 

Cûtlema  decipieni  Nyl.,  Syn.,  p.  102. 

Ex».  Hepp,  G57  ;  Arn.,  158;  FlHgey,  L.  *'.  C,,300. 

Thalle  très  largement  ombiliqué,  microphyllinique,  sub- 
tartreux  il  l'état  sec;  spongieux,  peu  gélatineux  à  l'état  hu- 
mide, d'un  brun  noir  souvent  bleui  par  la  pruine,  rougeâtre 
humecté,  se  transformant  souvent  en  une  masse  crustacée, 
coralloiJde.  Intérieur  du  thalle  non  corliqué,  d'un  assez  beau 
jaune  sur  les  iiords,  cellules  internes  gélatineuses,  angu- 
leuses, sans  filaments  longitudinaux  ;  grains  gonidiaux  pe- 
tits, rassemblés  par  2-3  4,  et  enfermés  dans  des  cellules 
gélatineuses,  ou  plus  souvent  anguleuses,  difformes. 

Apothécies  d'abord  petites,  puis  inoyenties,  innées  et  urcéo- 
lées  au  début,  puis  adnées  et  patelliformes,  i  disque  d'un 
roux  noirâtre  bordé  par  une  marge  thallinc  mince,  entière  et 


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-  101  — 
déprimée.  Spores  incolores,  simples,  ellipsoïdes,  de  0""",010 
à0""',013delong,  environ!  1/2  fois  p,  1.  q.  I.,  renfermées 
presque  toujours  au  nombre  de  8  dans  des  thèquet  cylin- 
driques, peu  renflées  ou  plus  souvent  bi-sériées  ou  à  peu 
près,  de  0"-,068  à  ir~,<yjO  de  long,  sur  0'"-,018  à  O'-'-jOaO  de 
large.  Piu-a/i/ij/jcj  incolores,  moyennes  ou  un  peu  plus  ro- 
bustes, très  agglutinées,  un  peu  épaisses  au  sommet  et  légè- 
rement articulées,  £}iil/tect  um  jaunâtre.  fîi/m(tniumincolore. 
Spermagonies  inobservées. 

I.  Teint  en  bleu  répiihécium,  riiypolhéciinn  el  U  gélatine  hjinéiuale  ; 
l'intérieur  des  llièques  prenant  une  coloration  rouge  vineux. 

Habit.  —  Espèce  des  plus  rares  dans  nos  régions  ;  M.  le  D'  Stitzenbereer 
ne  l'indique  pns  prés  de  Genève,  ni  dans  les  parties  de  la  Siiia^e  qui  nous 
touche.  Je  l'ai  récollée  dans  une  c-spèro  de  petite  grotte,  à  Heaançon,  au- 
dessus  du  petit  sentier  qui  monte  de  la  fontaine  de  Bregitle  i  la  route  du 
niùnl  de  Brggillg. 

Genre  ANEMA  Nyl. 

Tballe  petit,  orbiculaire,  granuleux  ou  pelté,  ombiliqué, 
souvent  très  étroitement,  non  coi-tiqué,  formé  au  centre  d'al- 
véoles ou  cellules  de  diverses  dimensions  sans  filaments  lon- 
gitudinaux. Grains  gonidiaux  assez  gros.  ApDtbécles  ou  léca- 
norines  ou  innées  et  peu  visibles.  Spore»  simples.  Spermogo- 
nles  immergées.  Slérigmttles  simples.  Spermatiea  courtes, 
oblongues.  L'iode  teint  en  bleu  la  gélatine  hyméniale. 

ANBHA  MODULOSDM  Nyl.  in  Hue,  Add.,  p.  20. 

Collama  nodulotum  Nyl.,  Prodr.,  p.  30  et  Sijn,,  p.  10t. 
Eis.  Flag  ,  Lieh.  atg.,  n.  293  el  L.  F.  C  n.  318  (sub  nomine  Syna- 
titM  Aeharii,  non  itouineg.,  exs.  351). 

Thalle  noir,  ordinairement  saupoudré  d'une  pruine  bleuâ- 
tre, formant  des  gloinérules  noduleux,  semi-convexes,  à  lobes 
presque  invisibles.  Intérieur  du  thalle  non  cortiqué,  jaune 
verdâtresur  les  bords,  entièrement  formé  d'alvéoles  grandes, 


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_  102  — 

ou  petites,  arroodies  ou  anguleuses  difTormes  ;  grains  gonî- 
diaux  groupés  par  2-3-4  et  rangés  dans  certaines  de  ces  al- 
véoles ;  ils  sont  toujours  sensiblement  plus  gros  que  ceux  de 
l'espèce  précédente,  el  atteignent  jusqu'à  0"",010  en  dia- 
mètre. 

Apothécles  petites,  ordinairement  très  nombi'euses,  quoi- 
que peu  visibles,  à  disque  d'un  brun  roux,  devenant  plus 
vif  quand  elles  sont  humectées,  à  marge  presque  nulle,  le 
disque  ne  dépassant  pas  presque  le  thalle.  Spores  incolores, 
simples,  oblungues,  de  {>"",010  àO»'",01l  de  long,  environ 
1 1/2  à  1  3/4  fois  p.'l.  q.  1.,  renfermées  au  nombre  de  8 
dans  des  tkèque$  cylindriques,  à  peine  élargies  au  sommet, 
de  0-'",045  à  0",047  de  long,  sur  0— ,015  &  0<"',0n  de 
large.  Paraphysea  incolores,  moyennes,  ou  un  peu  grêles, 
très  agglutinées,  faiblement  articulées,  peu  épaissies  au 
sommet.  Epitheeium,  Thecium  et  Hypolhecium  presque 
incolores  sous  une  tranche  mince. 

I.  Teint  en  bien  t'épithéciumet  l'hypothécium.  Lagëlalinehjtninialepasse 
souvent  au  mains  pur  placeaa  violet  rougeélre,  l'intérjear  desthèques  éliul 
coloré  en  jaune  rom. 

Habit  —  Espèce  des  plus  rares  en  France  et  en  Suitte.  Elle  a  été  re- 
cueillie prés  de  Mande  par  l'rosl.  Elle  existe  en  Franche-Comtè  au  pied 
de  la  roche  calcaire  du  Mont  présOrnoa»  au-dessus  des  vignes;  également 
à  la  base  des  grands  rochers  à  lu  source  du  Lison.  Il  faut  la  rechercher 
sur  les  calcaires  à  pic  dans  les  endroits  où  il  y  a  des  indltrationsd'eau, 
à  Cotutantine  dans  ces  conditions. 


Genre  OOLLEMOPSIS  Nyl. 

Thalle  crustacé,  rarement  iinement  squamuleux,  plus  sou- 
vent aréole  granuleux,  coralloïde  ou  furfuracé.  Hyphes 
courtes,  enchevêtrées,  sans  longs  niaments  longitudinaux. 
Grains  gonidiaux  d'un  bleu  glauque  au  centre,  beaucoup 
plus  jaunes  aux  bords,  mais  non  louges.  Apothécles  souvent 
très  petites,  urcéolées,  innées,  d'autres  fois  adnées  et  léca- 
norines  ou  biatorines.  Spores  incolores,  simples,  au  nombre 


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—  lOO  — 

de  8  dans  nos  espèces.  Spermogonles  immergées.  Stérig- 
mates  simples.  Spermaties  oblongues. 

1 .  Thécium  à  peine  Jeux  Tois  plus  large  que  haut. 

Apothëciet    (l'un   l'ouge  carné.   Paraphyses 

libi'es 2 

Tliéciuin  plusieurs  fuis  plus  large  que  haut. 
Apolhëcies  d'un  brun  obscur.  Puraphyses  ag- 
glutinées   3 

2.  Thulle  minix  grunuleiii  d'un  brun  olivâtre. . .  Coll.  Arnoldiana  Nyl. 
Thalle  mince,  gninuleui,  bleuâtre Coll.  cxaia  Nyl. 

'i.  Apothécies  à  la  lin  lécanorjnea,   relatiremeni 

grandes Coll.  Schtereri  Nyl. 

Apolhccies  toujours  petites,  ui-céolëes Coll.  murorum  NyJ. 


\.  COILEHOPSIS  ARNOLDIANA  Nyl.  in  Flora  1874,  p.  305; 
et  in  Hue,  Add.,  p.  18  ;  Stilz.,  L.  H.,  p.  16. 

Paorotichia  Arnoldiana  Kcerb,,   Par.,  p.  iSi  ;  Arn.,  Uuneh.,  p.  1S9  ; 
Forssell,  GUeol.,  p.  79. 
Ph'jnma  Arnotctianum  Ilepp,  in  Flora  1858. 
Leptogium  Ârnoldianum  Nyl,,  Sj/n.,  p.  118. 
Eis.  Arn.,  32. 

Thalle  mince,  crustacé,  granuleux,  indéterminé,  d'un  brun 
noirâtre  k  l'état  sec,  plus  noir  humecté,  formant  une  tache 
obscure.  Intérieur  d'un  jaune  un  peu  brunâtre  sur  les  bords, 
incolore  au  milieu,  formé  de  cellules  lâches,  irrégulières,  peu 
distinctes.  Grains  gonidiaux  ressemblant  parfaitement  aux 
algues  dites  Croococcacées,  d'un  jaune  verdâtre. 

ApothAcles  bialorines,  très  petites,  su bgyalecti formes,  con- 
caves, à  disque  d'un  rouge  carné,  bordé  par  une  légère 
marge  biatorine.  Spores  incolores,  ellipso'ides,  simples,  très 
oléagineuses,  de  0""",ul7  h  l}""°',QQ2  de  long,  environ  2  fois 
p  I.  q.  1-,  renfermées  au  nombre  de  8  dans  des  thèques 
allongées,  très  étroites,  de  0""",070  à  0""",075  de  long,  sur 
0*",(li;t  à  0'"'",01'i  de  large;  elles  y  sont  généralement  unisé- 
riées.  Paraphijses  grêles,  peu  cohérentes,  non  renflées  au 
sommet,  ordinairement  un  peu  ariiculées  (Nyl.)  ou  simples 


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—  104  — 
(Am.).  Epilhecium  d'un  jaune  brunâtre.  Thecium  incolore. 
Hypotkecium  très  peu  coloré. 
Spermogonies  inobservées. 

I.  Teint  tu  bleu  l'épilhecium  et  la  gélatine  hymen iale  qui  passe  ensnjle 

H*bit.  —  Espèce  des  plus  rares  dans  nos  régions,  recoeillte  seuiemenl 
au  Salève  sur  les  calcaires  par  U.  JfuIIer. 

2.  COLLBMOPSIS  CAKIA  Nyl.,  l.  c.  et  in  Hue,  Add  , 
p.  18;  Slitz..  L.  H.,  p.  16. 

Piorvtiehia  emiia  Forss-,  GUeol.,  p.  71. 

Thalle  mince,  cnistacé  granuleux,  indéterminé,  d'un  gris 
bleuâtre.  Intérieur  jaune  bleuâtre  sur  les  bords,  hyalin 
au  centre  formé  de  cellules  irrégulières  plus  longues 
et  tubuleuses  au  centre,  plus  arrondies,  anguleuses  aux 
bords.  Grains  gonidiaux  d'abord  libres  et  isolés,  puis  au 
nombre  de  2  et  ensuite  de  4  après  une  division  dichotome, 
d'un  jaune  bleuâtre  ou  olivâtre  dans  des  alvéoles  arron- 
dies ou  oblongues. 

Apotbécies  biatorines,  très  petites,  subgyalectiformes,  à 
disque  d'un  roux  carné,  bordé  par  une  légère  marge  biato- 
rine  Sporet  un  peu  plus  petites  que  dans  l'espèce  précé- 
dente, incolores,  simples,  ellipsoïdes,  de  O^^jOlSà  0'"",(M9 
de  long,  renfermées  au  nombre  de  8  dans  des  ihèques  allon- 
gées, étroites  de  ()°"",0fi6  à  0"'"',070  de  long  sur  0™"',(H2  à 
0"",tM4de  large.  Pamphyses  grêles,  hyalines,  peu  cohéren- 
tes, non  renflées  au  sommet  et  peu  ou  pas  articulées.  Epi- 
thecium,  Thecium  et  Hypolltecittm  incolores. 

Spermogonies  inobservées. 

I.  Teint  en  bteu  l'ëpithecium  et  la  gëlaline  bïméniale,  et  l'inlérisur  des 
thcques  en  jaune. 

H*blt.  —  Eicessivemenl  rare  ;  signalée  seulement  sur  les  calcaires  du 
SaUve  près  Moriux  par  M.  Rome. 


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3.  GOLLBMOPSIS  SGHAKRERl  Nyl.  in  Flora  iSlG,  p.  571  ; 
et  in  Hue,  Add.,  p.  il  ;  Cati.,  L.  Alg.,  p.  108. 

l'iorotirhia  Schareri  Arn  ,  Jur  ,  p.  2$)  :  Kons.,  Glmolich.,  p.  82. 
Pannaria  Scluereri  Mass..  Rie ,  p.  lit  ;  Kœrb..  Par.,  p.  46 
ItîMora  ScluEreri  Hepp. 
Eia.  Schœr.,  2Ï8;  Hepp,  1%;  Ami,  *;«;  ni.g.,  i,,  alg.,  ii.  300. 

Tballfl  squamuleux,  aréol(5,  à  ai-éoles  parfois  bien  dilTrac- 
tées  et  séparées,  noitAtre.  spongieux  humecté,  squainuJes 
très  petites,  se  résolvant  en  grains  corallins.  Intérieur  du 
thalle  d'un  jaune  oliv&tre  sur  les  bords,  ii  cellules  confuses, 
irrcguliéres  devenant  plus  tubuleuscs  au  centre,  ii  filaments 
plus  gros  et  beaucoup  plus  courts  que  dans  tes  Collema  ou 
les  Omphalaria  auxquels  ils  ne  ressemblent  nullement. 
Grains  gonidiaux  plus  foncés  sur  les  bords,  assez  rare^  au 
centre  où  ils  sont  d'un  bleu  vert,  et  épars  ou  bien  rassem- 
blés d'abord  au  nombre  dc'i  dans  des  alvéoles  gélatineuses 
plus  ou  moins  arrondies,  puis  au  nombre  de  4  par  suite 
d'une  division  dichjtome  et  très  longtemps  soudés  SA  2.  L'en- 
veloppe prend  alors  une  forme  ovale,  resserrée  au  milieu 
et  ayant  environ  0^'",(y20  long,  sur  0"'",Oltî  de  large. 

Apotbâcies  moyennes,  situées  au  milieu  des  aréoles  du 
thalle,  d'un  brun  noirâtre  à  l'état  sec,  de  couleur  plus  vive 
humectées,  à  disque  plan  ne  dépassant  pas  le  thalle,  immar- 
ginées.  Spores  incolores,  ellipsoïdes,  simples,  deO^^Oil 
à0"n'°,013de  long,  environ  1  1/2  fois  p.  l.  q.  I.,  renfermées 
au  nombre  de  8  dans  des  thèquea  un  peu  ventrues,  de 
0"'"',055  à  O^-'iOeO  de  long,  sur  0«"",0I4  à  0"™,016  de  large  ; 
elles  y  sont  ordinairement  bisériées,  au  moins  au  milieu. 
Paraphijses  incolores  moyennes,  un  peu  flexueuses,  très  ag- 
glutinées, non  renflées  au  sommet  ni  articulées.  Epitbecium 
jaunâtre.  Tliecium  incolore.  Hijpolhecium  assez  distincte- 
ment jaune. 

Spermogooles  inobservées. 


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I,  Tuint  l'épithécium  et  la  gélatine  lijmcniale  en  bleu  passant  par  endroits 
aa  verdâlre  ;  l'inléi'ieur  des  Ihéques  devient  jaunâtre  ou  peu  niodîQé. 

M.  Forsaell  prétend  que  les  gonidiea  appartiennent  pluldt  aux  Noatoea- 
cée»  qu'au  1  Chroococcacéea  et  qu'on  devrait  placer  celte  espèce  plutôt  à  côté 
des  Pannaria,  que  dans  les  Ptorotichia.  Dans  mes  échantillons  les  goni- 
dies,  surtout  au  rentre,  sont  lilen  celles  des  Collemopnii,  comme  on  a  pu  le 
voir  par  la  description.  Cette  plante  est  très  rare  dans  nos  limites  ;  je  l'ai 
cependant  rencontrée  près  du  sommet  du  ballon  de  Semonce  sur  des  gra- 
nits très  secs.  Elle  est  très  commune  en  Algérie  sur  des  calcaires  et  sur- 
tout sur  les  giés  du  terrain  lacustre. 

4,  COLLEHOFSIS  HaRORUM  Stilz  ,  L.  H.,  p.  16. 

Fiorotichia  tmiromm  Mass  ,  Framm.,  1855,  15;  Kœrb.,  Par.,   436; 
Arn-,  Jur.,  p.  296. 
Eis.  Mass.,  31». 

Thalle  indt'letminé,  aérolé,  diffraclé,  aréoles  formées  de 
squamules  coralloïdes,  furfuracées  el  souvent  pruineuses. 
Inlérieur  du  thalle  d'un  jaune  olivâtre  sur  les  bords,  à  cel- 
lules confuses  irrégtilières,  gélatineuses,  un  peu  plus  tubu- 
leuses,  allongées  au  centre.  Grains  gonidiatix  rarement 
épars,  plus  souvent  2-4  dans  des  alvéoles  arrondies  ou  ova- 
les. 

Apothécles  très  petites,  d'abord  closes,  puis  aréolées,  ne 
devenant  planes  qu'à  la  fin,  à  disque  d'un  brun  roux,  bordé 
par  une  marge  mince  concolore.  Spore»  incolores,  simples, 
ellipsoïdes,  de  0">™,010  à  0"'",0I1  de  long,  environ  2  fois  p. 
1.  q  1.,  renfermées  au  nombre  de  8  dans  des  thèques  un  peu 
élargies  au  sommet,  de  0°"",050  à  0'"",055  de  long  sur 
Qmm  QJ3  à  0""",01  i  de  large.  Paraphyaes  incolores,  flexueti- 
ses,  grêles,  bien  agglutinées,  non  renflées  au  sommet,  ni 
articulées.  Epithccium  jaunâtre,  Thecium  et  HypotlteiHum 
incolores. 

Sterigmates  rameux,  d'après  Massalongo,  tandis  qu'ils  se- 
raient simples  dans  la  Coilemopsii  Schxreri. 

I.  Tciut  la  gélatine  hyinëniale  en  bleu,  l'intérieur  des  jeunes  thèques  en 
jaune. 


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-  107  — 

Habit.  ~  Espèce  très  rare  el  signalée  wulement  au  mont  Salent  par  tl. 
le  D'  Millier.  Il  faut  avouer  que  celle  espèce  ressemble  énormément  à  la 
précédente  :  même  Ihalle  nrêolé,  dîtTrnclé.  métnes  cellules  intérieures. 
La  difTérencc  n'existerait  n'ellsmuiil  que  iliiiis  les  aginiliécies  qui  sont 
plus  petites.  l)cuuroup  mn'wn  urcéolées;  les  ïpnres  sont  aussi  reliiti- 
vemetit  un  peu  plus  étroites  (Juanl  à  lu  diiréreiice  îles  sléi- limâtes,  elle  est 
bien  problému tique. 


Gknbe  PYRENOPSIS  Nyl.  (pr.  p.). 
EUPYRENOPSIS  (iNyt.). 

Tb&lle  toujours  1res  mince,  faililement  aréole  (;ranu1eiix  ; 
à  l'iDlérieurst!  trouvent  des  cellules  confuses  à  hyphes  très 
rares,  peu  visibles  entre  les  colonies  de  gonidies.  Celles-ci 
se  rappi'ochent  des  algues  dites  Glœocapaa;  la  gélatine  qui 
entoure  les  gonidies  est  teinte  en  rouge  par  la  Glœoctipsine ; 
cette  coloration  presque  toujours  très  visible  dans  les  cel- 
lules du  bord,  l'est  beaucoup  moins  dans  le  milieu  <]ui  est 
souvent  entièrement  décoloré. 

Apotbécles  toujours  très  petites,  innées,  urcéolées.  Spores 
simples,  au  nombre  do  8  dans  les  thèquea  (de  3'i  dans  une 
seule  espèce  de  nus  régions),  toujours  très  petites.  EpUkC' 
L'tiim  incolore  ou  brun  jaunâtre. 

Spemiogonies  très  peu  visibles.  Stérigmales  simples. 
Spei'iHfiliea  oblongues  cylindriques. 

I.  N"a  que  peu  U'aclion  sur  la  gélaline  hyméniale. 

1.  Spores  au  nombre  de  8  dans  les  thèques 2 

Spores  au  nombre  de  32  dans  les  thèques.   . . ,  Pyr.  picina  Forssell. 

2.  Apolhédes  noires.  Tbnlle  rinemenl  granuleux, 

conservant  à  peu  prés  sa  couleur  étant  hu- 

roeclé Pijr.cleiitocarpaVorss. 

Thalle  un  peu  plus  verruqueui,  devenant  d'un 

brun  rouge  de  sang  étant  humecté l'yr.  fuicalula  Nyl. 

i.   PYRENOPSIS  CLKISTOCAEPA  Forssell.  Glœolich.,  p.  U. 

Paorolichia  cleùlocarpa  i.  Mutt.,  in  Flora  1872,  p.  500. 
ColUmopsit  cleiilocarpa  Slilï.,  L.  U.,  p.  17. 


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Thalle  crustacé,  floement  granuleux,  vemiqueux,  d'un 
brun  noir&tre. 

Âpottaécles  petites,  noires,  punctiformes,  non  ombiliquées 
au  centre.  Spores  simples,  incolores,  de  0"",007  àO"",009 
de  long,  environ  2  fois  p.  1.  q.  I.,  renfennées  au  nombre  de 
8  dans  des  thèifiiea  ■  blongo-obovoîdes,  largement  obtuses, 
de  O""',!^)  à  0""',2:t  de  long  et  un  peu  épaissies  au  sommet. 
Parapht/set  très  peu  distinctes.  Epithecium  d'un  jaune  un 
peu  brunâtre,  Thecium  et  Hypothecium  incolores. 

Spermogontes  petites,  punctiformes.  Slérigmalea  simples. 
Spermatiea  droites,  oblongues,  de  0"-,0023  à  0-"',0028  sur 
0"",001. 

HftUt.  —  Espèce  exuessivernent  rare,  découverte  par  U.  le  D'J.  Uuller 
ïur  des  piurres  au  boni  de  la  Drouse  prés  Bmiernier. 

2.  PTRSNOPSIS  FDSCATDLA  Nyl.,  Syn.,  l.  p.  97. 
PyrenopHi  tanguinea  Anii,  Neotymb.,  n.  3  ;  Stili.,  L.  H,,  p.  3. 

Thalle  crustacé,  granuleux,  à  granules  noduleux,  con- 
fluents, assez  fortement  adhérents  au  rocher,  cellules  corti- 
cales d'un  rouge  de  sang  plus  claires  et  presque  blanches  à 
l'intérieur.  Gonidies  de  0""" ,006-10  de  diamètre.  L'extérieur 
du  thalle  est  d'un  brun  noirâtre. 

Apothécles  urcéolées,  petites.  Sporef  simples  incolores, 
oblonguos,  de  0""",008  à  0'"",011  de  long,  environ  2  fois  p. 
I.  q.  1.  renfermées  au  nombre  de  8  dans  des  Ihèques  cylin* 
driqucs  de  0""°.O35  à  0'"",038  de  long,  sur  O—.Od?  à  0™,018 
de  large.  Ptiyiiphijaes  visibles,  grêles,  légèrement  articulées. 
Epilhecinm  j.iunâtre.  Tliccium  et  Hypotheciiim  incolores. 

Spermogonies  innées,  très  petites,  noires  au  sommet,  inco- 
lores pour  le  restant.  Stêfigmates  simples.  Spermaties  droi- 
tes, oblongues,  de  0""" ,002  sur  0-',00a^  (NyL). 

I.  TeinI  la  gélatine  hyrnc!niale  en  bleu  passant  au  rouge  vineu». 

ans  nos  régions  :  sur  un  bloc  granitiqua 
int  de  St-Ûaurice  au  ballon  i'Altae«. 


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3.  PTRBNOPSIS  PICINA  ForsseU.  Glsoiich..  p.  45 

Synalina  pieina  Nyl.,  Enum.  el  Syn.,  p.  96;  Oliv.,  L.  O.,  p  1)9. 
SynalitMpni  picina  Nyl.  in  litl.  ad  SliU.  ;  Stilz-,  L.  H  ,p.  5. 
Cotlema  putpoaum  var.  diffraclo-areolalum  Schœr.,  Envm.,  \i.  J59, 
pr.  p. 

Thalle  noir  opaque,  assez  mince  à  l'extérieur.  Intérieur 
brunâtre  à  cellules  gélatineuses,  contenant  chacune  2-4 
gonimies  d'une  couleur  rougeâtre  contre  la  couche  corti- 
cale, simplement  brunâtre  au  milieu. 

Apothécies  innées  peu  colorées.  Sparea  simples,  incolores, 
ellipsoïdes,  de  0""",006  à  0""°,007  de  long,  environ  1  1/4  & 
1  1/2  fois  p.  !•  q.  1  ,  renfermées  au  nombre  de  30-3fi  dans 
des  lhèqiie3  obovées  de  0""",045  i  O^^.OSS  de  long,  sur 
(("".OSy  à  O^^.O^S  de  large.  Paraphysei  grêles  assez  dis- 
tinctement visibles.  Thecium,  Epiihecium.  et  Hitpoihecium 
à  peu  près  incolores. 

Spei-mogODies  inobservées. 

1.  Teinl  la  gélatine  hyméniale  en  jaune  rougeàlre. 

Habit.  —  Encore  une  espèce  1res  r.ire  dons  nos  régions,  recueillie  par 
M,  le  D'  Uuller  au  liois  de  ia  Balie  prés  Genève  sur  quelqui'a  mousses, 
probablement  des  Barbuta  ;  dans  tes  mêmes  conditions  hors  de  nos  limites 
à  Melun  (Nyl.),  à  Vire'  (Lenonnandj.  Elle  devra  se  rencouln^r  plus  ^é- 
quemmenl,  en  Franclie-Comté,  après  des  recherches  plus  atlenliies. 


Genre  3YNALI3SA  D.  R. 

Thalle  fruticuleux,  divisé  en  rameaux  cylindriques,  ar- 
rondis, noduleu.K  ou  renflés  en  massue  au  sommet  dans  les 
espèces  de  nos  régions.  Grains  gonidiaux  à  enveloppe  d'un 
brun  rougeâtre  aux  bords,  (coloré  par  la  glœocapsine)  près-. 
que  incolores  au  centre,  arrondis  ou  oblongs,  solitaires 
dans  des  cellules  noyées  au  milieu  d'hyphes  lâcliement  ra- 
meuses, Apothâcles  terminales,  d'abord  closes,  puis  dila- 
tées, lécanorines.  rSjaorcs  simples,  incolores,  globuleuses  ou 


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—  410  — 
oblonguesau  iioinbre  de  8  ou  16-24  dans  les  lltiques.  Sper- 
mogonies  peu  saillantes.  Slérigmales  simples.   Sperntatiea 
droites,  oblongues. 

Sporea  m  nombre  de  1K-St  ordinairement.  Spores 
oblongues Syn.  êymphorea  lij\. 

Spores  au  nombre  deSdanslesthèques.  Spores  glo- 
buleuses   Si/n.  talmwuU  Xa\i. 

1.  STNaUSSA  STMPHOREA  Nyl.,  Syn.,  |>.  94;  Am.,  Jur., 
p.  294;  Stitz.,  L.  H.,  p.  4. 

SifnalUm  A  cbarîi  Trev.  ;  Hepp,  F.  E. 

SijnaUtta  lielienophiUt  D.  R  ,  .41g..  p.  2tl 

CoUema  fynatiMutn  Ach.,  L   V.,  p.  6tO. 

CtÂtema  *lygiutn  var.  incixutn..  Rchirr.,  £fium.,  p.  300. 

Eïs.  Hepp.80;Anii. /i.Sup.  1;  Flagey,  L.  F.  C.  2*9. 

Thalle  noir,  opaque,  fruticuleux,  divisé  en  rameaux  cylin- 
driques, parfois  un  peu  noduleux,  renflés  au  sommet. 
Grains  gonidiaux  se  rapprochant  de  l'algue  nommée  GUeo- 
capiu  mat/ma  NîPg.,  à  enveloppes  plus  ou  moins  rougies 
par  lu  glîROcapsîne  sur  ici?  bords  du  thalle,  presque  inco- 
lores au  centre,  arrondis  ou  oblongues,  solitaires  dans  des 
cellules  entre  lesquelles  sont  disposées  des  hyphes  lâche- 
ment ramillées,  tantôt  assez  rares,  tantôt  plus  nombreuses. 

Apothécles  noirâtres,  terminales,  d'abord  innées,  punctiror- 
mes,  puis  à  disque  se  dilatant,  devenant  lécanorines  et  bor- 
dées par  une  marge  épaisse  entière.  Spore»  simples,  incolo- 
res, ellipsoïdes,  de  0""",009  à  0""",0I2  de  long,  environ 
1  i/ih  1  1/2  fois  p  I.  q.  I.,  renfermées  au  nombre  de  12- 
16-24  et  même  plus,  dans  des  Ihéques  allongées,  de  0"'",080 
.  à  0'"°',085  de  long,  sur  0""°,018  à  0""",020  de  large.  Pnra- 
phytet  peu  visibles  presque  indistinctes.  HifmcniMtn  incolore. 

Spermogonies  petites,  peu  saillantes.  StéHgmatea  simples. 
Spermalies  droites  oblongues. 

I.  Sans  action  sur  la  gélatine  hymëniale. 


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Habit,  —  Espèce  assez  peu  abondnnie  ;  mais  très  largement  dispersée 
sur  les  rochera  calcaires  ou  peu  ombragés  ou  humides,  se  développant 
le  plus  souvent  sur  le  thalle  de  la  Piora  iurida. 

2.  STHALISSA  SALEVENSIS  J.  MaU.  Princip.  Claat..  p.  81  ; 
Stitz.,  L.  H.,  p.  5. 

Peeeania  Salenamit  Forss.,  Gdeol-,  p.  90. 

Thalle  noir  olivâtre,  fruticuleux,  divisé  en  rameaux  cylin- 
driques de  2  à  3  mill.  de  haut,  renllés  et  épaissis  au  sommet. 
Grains  gonidiaux  grands,  d'un  brun  rouï  à  la  partie  exté- 
rieure du  thalle,  incolores  ou  un  peu  bleuâtres  au  centre, 
aiTondis,  solitaires  ou  plus  rarement  2-4  dans  des  cellules  à 
zùnes  concentriques  entre  lesqut^ls  se  ramifient  des  hyphes 
linéaires  en  petit  nombre. 

Âpothécies  terminales,  noirâtres,  d'abord  immergées, 
et  punctiformes,  puis  se  dilatant  et  devenant  sculelliformes 
sans  devenir  émergées,  bordées  par  une  marge  thatliiie  gra- 
nuleuse assez  épaisse.  Spores  incolores,  simples,  globuleu* 
ses,  de  0""",0i2  ù  0'""',015  de  diamètre,  renfermées  toujours 
au  nombre  de  S  dans  des  thèqiies  étroites,  cylindriques,  ou 
un  peu  élargies  à  la  base,  de  O^^jOO.j  à  0""",070  de  long, 
sury'"",OI6  il  0""' ,018  de  large.  Parajthijses  peu  distinctes. 

Symenium  incolore. 

I.  Sans  action  sur  la  gélatine  hyméiiiale. 


Habtt  —  Eices.sivemeiil  rare  sur  Jes  parois  de  rochers  du  Saiève  au 
dessus  du  Veyri«i;  sur  lesquelles  coule  presque  loujours  un  peu  d'eau.  Elle 
y  a  ëté  découverte  et  recueillie  par  M.  le  D'  J.  Muller. 


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TKIBU  XXII.—  KF^HÉBAOÉES  Nyl. 


'    DES     ALGUES    DU 


Genre  EPHEBE  Fr.,  Born. 

Thalle  noir,  brillant,  riliforme.  plus  ou  moins  imbriqué, 
en  (oufTes  très  mineuses.  Grains  gonidiaux  disposés  sous  la 
couche  exli^ricure  du  thatle,  ou  solitaires  ou  plus  souvent 
groupés  par  2-!i-'i  et  devenant  anguleux  par  une  mutuelle 
pression,  d'un  bleu  vcnUtre.  Apothécies  immergées  dans 
des  proéminences  thallines.  Spores  incolores,  oblongues, 
simples,  ou  rarement  1  septées.  Paraphyscs  nulles.  Spermo- 
gonles  immergées.  Spermaties  droites  cylindriques.  Sté- 
rigmatet  simples,  allongées. 

BPHEB8  PnBBSCENS  Fr.;  D.  R.,  Alg.,  p.  214;  Nyl.,  L.  P.,  l, 
et  Syn.,  p.  90  ;  Stitz.,  £.  //.,  p.  3. 

Cornjcularia  piibeteens  Ach,,  /..  fl.,  p.  610  et  Syn.,  p.  302. 
Coltema  pubetcens  Sch»r,,  £num.,  p.  3iS. 
Utnea  intricala  HolTin.,  D.  FL,  p.  iliTi, 
aiûionema  atrovireitn  Ag,,  SytI.  Alg..  p.  42. 
Exu.  Uuugeol,  Si.   Vog.,  SU;  llepp,  712. 

Thalle  d'un  brun  noirâtre,  fruliculeux,  Tiliforme,  très  ra- 
raeux,  un  peu  imbrique,  à  rameaux  étroits.  Intérieur  cellu- 
leu)[,  les  cellules  disposées  près  de  la  couche  extérieure,  ar- 
rondies, difformes,  devenant  de  plus  en  plus  petites  en 
approchant  du  bord,  s'allongeant  nu  contraire  en  allant  au 
centre,  oii  elles  siml  très  longuement  oblongues,  la  plus 
graniic  longueur  parallèle  à  Taxe.  Gonidiea  d'un  bleu  verdà- 
tre  ou  un  peu  brun&tres,  réunies  en  gtomérules  de  2-3-4, 


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-  113  — 
rarement  5,  disposées  contre  la  couche  corticale  et  man- 
quant à  rinlifneur. 

Apotbécies  petites,  endocarpées,  ou  tout  au  moins  innées, 
situées  dans  do  pelites  excroissances  pyriformes  des  ra- 
meaux thaltins.  S^torei  incolores,  oblongues,  simples  ou  bien 
rarement!  septées,  de  0'"",0H  à  0""  ,016  de  long,  environ 
2  à  2  1/2  fois  p.  1.  q.  !..  renfermées  au  nombre  de  8  dans 
des  thkques  allongées  de  (T^OSS  à  0""°,062  de  long,  sur 
0'"'",016  a  0'"™,OI8  de  large.  Pttniplnjfps  absolument  indis- 
tinctes, Uijmcnium  incolore. 

Spermogonles  innées  dans  de  petites  proéminences  thal- 
lînes.  Sléi'igitiates  allongés,  minces,  cylindriques,  simples. 
Spermatie»  droites  cylindriques,  tenues,  île  0""n,0(tô  sur 
(P'-Wl  (Nyl.}. 

Var.  intricata.  Ephebe  inlrieata  hamy .  Cat.,p,,2;Exs.Flagey, 
L.  F.  C,  n-  94  (leste  Lamy).  Planle  a  rameaux  plus  tenus  et 
surtout  beaucoup  plus  imbriqués;  ne  dilTérant  pas  du  type  au 
surplus. 

I.  Sans  action  sur  la  gélatine  )iyrnëiii;ile,  leinl  quelque  Tnis  en  brun  violet 
le  protoplasina  des  thoqucs, 

Hkbit  —  E'<p(-ce  silit^icole  nb^iolument  nulle  iluns  (oui  le  Jara  :  le  type 
sur  lies  rochers  hutniile^  en  montunt  île  St  Maurice  ani  biillniiti  il'Maaee 
et  de  Sercanee  (Klag  ) ;  sur  les  rouhei-ii  itiratiquts  Ju  Salèi-e  i.tlornetl.  Ln 
vnr.  iniricata  n'eal  pas  rare  sur  des  ioi;lieis  ti-éi  liumi-Jes  et  uinbr:>gés  en 
montant  au  calvaire  présdi!  Bemireiiwnt  (Klag.i. 


Genre  SPiLONEMA  Born. 

Thalle  mince  filiforme,  cylindrique,  rameux.  Grains  goni- 
diau'x  grands  et  ressemblant  ainsi,  du  reste,  que  tout  l'inté- 
rieur du  thalle  i  ceux  des  Ephebc.  Apothécles  noires,  lenti- 
formes.  Si>orc»  incolores,  oblcngues,  simples.  Pai-aiihyaei 
bien  visibles,  articulées.  Spermatiea  cylindriques,  courtes. 
Stèrigmatea  relativement  gros,  articulés  à  4-5-6  articles. 
8 


,.GoogIc 


SPILONEHA  PARABOXnM  Born.  in  Uém.  Cherbourg,  4, 
p.  226;  Nyl.,  Prod.,  p.  il,  et  Syn.,  p.  89;  ?titz., 
L.  H.,  p.  2. 

Thalle  d'un  brun  noirâlre,  filifornie,  rameux,  imbriqué. 
Intérieur  celluleu;;  à  cellules  arrondies  aux  bords,  allongées 
au  centre  dans  le  sens  de  l'axe  ;  grains  Ronidiaux  assez  sem- 
blables à  ceux  de  VEphebe  pubescens,  peut-être  un  peu  plus 
gros. 

Apothécles  noires,  immarginées,  lentiTormes  et  non  innées. 
Spores  incolores,  toujours  simples,  oblongues,  de  0™",008  à 
O^^jOlO  de  long,  environ  2  fois  p.  l.  q.  L,  renfermées  au 
nombre  de  8  et  ordinairement  unisériées  dans  des  thèquea 
cylindriques  de  0""",048  b.  0""»,052  de  long,  sur0""",013à 
0"",014  de  large.  Paraphyaea  bien  visibles,  nettement  arti- 
culées, à  5-6  articles  d'un  brun  noir  au  sommet,  ob  elles  sont 
peu  ou  pas  renflées.  Epithecium  et  Thedum  presque  inco- 
lores. Hypoihecium  brunâtre. 

Spermogonles  tuberculeuses  noyées  dans  de  petites  proé- 
minences thallines.  Spcrmaiies  droites  courtes  de  0"'",002  à 
2,5,  sur  0n.">,0005  à  O»",»!  (Nyl.). 

I.  Teinl  la  giïl.itine  hymen iale en  bleu  intense,  passant  ensuite  au  violet. 

Habit.  -  Espèce  1res  rare  dans  nos  limil*»  :  sur  des  blocs  siliceux, 
datiH  les  s.tpins,  un  peu  en  dessous  du  col  de  la  Sehliichl;  égaleinent  sur 
leK  rochers  siddrolilhiques  du  Grand-Saliae. 


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UN  MYSTÈRE  FRANÇAIS  AU  W  SIÈCLE 

LE  JOUR  DU  JUGEMENT 

DE  Ll  BtSLIOTHËOUE  DE  Ll  VILLE  DE  BESIHÇOH 

f  SDITB    KT  FIN  ) 

Par  H.  Emile  ROT 

Séance   du  8  juiUrt    tS99 


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[CE  EST  DOU  JOUR  DOU  JUGEMENT] 


[LISTl!  DES   PSRSOmTAaXS] 


Li  dcKble 

La  Dorrice  a  raaurlet 

Judas  UacbabeuB 

S>Ud 

L'enfant  a  l' usurier 

y  luales  nom 

Baucibui 

L'ousurier 

Anges  première 

Pluto 

Sa  femme 

Anges  aecond 

Angingnarl 

L'MOCSl 

Tiers  aoEes 

Beli»! 

L'ivaricleax 

Quars  anges 

Foulo 

Le  bailllf 

f  Anges 

Le  Piavoht 

bj-  Anges 

HazRtt 

L'ibbease 

bij.  Anges 

LeUaUa 

La  prïeuM 

bllj.  Augee 

RiplIlkK 

L'evesque 

Saint  Pierre 

Anl«:fi.l 

Le  corps  reHDBlté 

SaiDt  Pol 

Mère  Anlecriat 

La  Raynne 

Polio  i  tbrho. 

Premier  chevilier 
Secunt  cheviller 
liera  cheTklIer 
Quart  ctiBïiller 
UalaqulD 
Moesé 

Ses  damoisellcs 
Dagobert  roy 
Malabfum  roy 
Yeout  roy 

Accopart  roy 

Saint  Andreaa 
Saint  Jasque 
Saint  Pbelippe 
Saint  Tbomaa 
Saint  Jebaa 
Saint  Barlhol[emlau] 

Aodoart  roy 

Saint  MatM 

CailTâs 

Lorlijuete  roy 
Aroflarl  roy 

Saint  Uarc 

Marquiû 
Corbudas 
HaqulD 

Ualllefei  roy 
Premier  cardinal 

Saint  Luc 

Saint  Simon 

Saint  Jehan  Bapt[<ste] 

Second  cardinal 

Chérubin 

L'ivsugle 

Lepappe 

geraptaln 

U iDciel 

U  bons  creatlena 

Uére  de  Dieu 

Fcmier  povre 

Le  ricbe  clerc 

Anges  de  la  croit 

Seconl  potre 

Edoc 

Anges  de  la  lance 

Tiers  poTre 

Eliea 

Dieu 

Quirl  pCTie 

UPMSCheai 

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LE  PRESCHEUR 


»  (1). 

1  Faites  paiz,  belle  douce  gctit, 
Pas  no  seruit  ne  bel  ne  genl 
Se  vous  fiiisiùs  ycl  nuise, 
Quar  d'une  chose  qui  moût  polso 

S  A  chascun  et  est  véritable, 
Et  a  retenir  proffitable 
Au  corps  et  a  l'anic 
Ce  est  dou  jour  duu  jitgemcni 
Vous  vueil  yci  un  sarmon  faire 

10  Si  prions  tuit  la  débonnaire 
Dame,  ti'esoriére  lie  grâce. 
Que  par  sa  proieie  nous  face 
Mettre  a  euvre  et  retenir 
Ce  que  diray,  si  que  venir 

15  Puissions  in  eeti  patria  ; 
S'en  dirons  Ave  Maria. 

Dietilla,  diea  irê... 
Entendez  bien  ce  que  dire. 
Quant  Dieux  ot  premiers  fait  le 
[monde 
20  El  l'omme  de  tout  pechié  inonde, 
Et  mis  en  paradis  terrestre. 
En  cel  biau  lieu,  en  uel  bel  estre, 
Et  ot  créé  par  sa  devise 


(1)  Dki>,. 


r ,  1  :  El  ■ 


Toute  créature  a  sa  guise, 

El  donné  franctie  voulenlé  25 

l'omme  [de]  deables  tampté, 
l.'ot  si  toslque  toute  la  gloire 
Perdi  si  qu'uncor,  c'est  la  voire, 
Tnit  en  souffrons  la  pénitence 
Par  pechié  d'inoliediance,  3» 

De  ce  que  ou  fruit  delTendu 
Hordi,  furent  lui!  descendu 
En  enfer  nostrc  ansien  père. 
La  première  doulente  mère, 
Eve,  par  cui  fu  cilz  péchiez  35 

Fttiz,  de  quoy  est  touz  entachiez 
Li  humains  linaigessanz  double, 
Et  Adams  qui  lors  avoit  toute 
Joye,  si  tosl  com  pechié  orent. 
Ou  estaient  dire  ne  sorenl  ;         ^ 
Ains  que  cogncussenl  leur  ville, 
Furent  de  paradis  gité, 
En  la  Dieu  malediclon. 
Si  orent  generacîon 
'Puis  telle  qui  tant  se  meflist      *^ 
Que  Dieux  par  leur  pechié  les  flsl 
Touz  par  le  detuve  noyer. 
Hors  Noël  ouqucl  octroier, 
A  ses  enffans  et  a  sa  femme 
Lesquieux  il  ol  trouvé  sanz         5( 

[blasme, 
Fisl  grâce  telle  qu'il  vesquissenl 
El  que  il  la  terre  ramplissent, 
Qu'i[l]  les  trouva  et  preux  et 
[saiges  ; 
Desquieux  louz  li  humains  li- 
[aaiges 
■Pouo  3  vmBO. 


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55  Est  yssiiz,  qui  encor  compére 
Le  pechié  dou  dit  premier  père, 
Et  plus  le  comparoit,  sanz  fuille. 
Ou  tempsque  Jhesus  la  bataille, 
Vestuz  de  nostre  humanité, 

60  (Vint)  faire  au  Roy  d'iniquité, 
Lequel  il  vainqui  en  niorant 
En  la  croiz,  et  d'inqui  courant 
L'ame  en  enfer  desœndi, 
Et  a  tous  Hes  amis  rendy 

115  L'erilaige  de  paradis 
Qu'il  avoient  p«rdu  jadis. 
Parluifuen  croiz  la  Hors  morte; 
A  tous  les  bons  ouvry  la  (lorte 
De  paradis,  qui  est  ouverte 

7D  Aux  justes  selon  leur  desserte. 
Mais  li  mondesest  empirez 
Puis  ce  temps,  et  si  atirez 
Qu[e]  il  n'est  un  seul  qui  bien 
(face; 
Chascunsieut  de  pechiéla  trace, 

ib  Si  corn  David  le  nous  tesmu[i]n- 

[gne, 

Qui  bien  proroisl  ceste  besoiti- 

Dieent  :  t  Omnea  declinaverunt, 
Sitnul  inutile»  facti  sunt, 
Non  est  qui  facial  bonum. 
Non  est  usque  ad  unum  i  (1). 

Et  pour  ce  que  chascun  reçoive 
Ceste  parole,  et  apparçoive 
Que  il  fait  bon  le  mal  lai^sier 
BD  Et  soy  humblement  abaissier, 
Et  faire  tresLoute  bonne  euvre, 
Est  m'en  tante  que  vous  dcscueu- 
Aucun  petit  de  l'Esoripture  [vre 


<l)  Pdi1.,xiU,3:<0iiHi<il<clii>an 
tiwml  fimlil*)  fatti  lusl  :  Mu  (il  )u  ftiat 
tmim,  Ht*  «il  uf  M  ad  mmiit.  > 


TcnM 

Qui  de  telle  journée  dure 
Nous  fesl  mention  toute  aperte,  & 
Que  chascuns  selond  sa  desserte 
Sera  jugiez  au  jugement 
Par  le  doux  fils  Dieu  qui  ne 
Qui  les  mors  resuscitera  (ment. 
Et  de  cjjrps  et  d'ame  fera  9a 

Par  vraye  resurreccion 
Une  insoperable  vision. 
C'est  la  journée  trestriieuse, 
Tresamére,  ti-esdoulereuse, 
Plainne  de  tribulacîon  K 

Dont  Ezechiës  fait  mention. 
Et  li  Apostrescn  s'espilre, 
"Et  tuit  li  quatre  Euvangelistre, 
Daniel  et  autre  prophète 
Et  li  saint  Père  et  li  (poète)  lo 

Dienl  que  cilz  jours  yert  jours 
[d'ire 
Plusque  bouche  ne  pourroit  dire, 
De  ténèbres  et  d'ocurté, 
Jours  de  pleur,  de  maie  etirté, 
Jours  ténébreux  et  tresorribles,  los 
Jours  de  misère,  jours  pénibles, 
Jours  Duquel  soulaux  (et)  lalune 
Et  les  estoiles  une  a  une 
Perdront  trestoute  leurlum[i]é- 
El  ardra  devant  et  darriére    [re,  iio 
Toute  laterre  ettouzii  mondes. 
Nuisn'estja  de  pechié  si  mondes 
Qu'il  ne  tramble  a  celle  journée. 
Et  adont  sera  demonstiée 
La  conscience  de  chascun.  lis 

Se  uns  homs  de  pechié  n'ac'un, 
Si  sera  il  tout  descouverl, 
Quar  li  livre  seront  ouvert 
De  trestoute[s]   leur  coiiscten- 
[cets]. 

100  Ma.  r"'**- 

107  Ml.  al. 


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120  Tresluil  attendront  leursanlen- 
Bon  el  mauvais  en  yce  jniir.  [ce, 
Li  vrais  Jupes  en  celi  jour 
Seoir  au  jiigeinetil  venra  ; 
Con  (Icrs  t't  onioiix  se  tanra, 

125  Cuniiiivn  qu'il  soit  paiz  et  ac- 
[«>rde, 
Et  loiiz  plains  de  miséricorde, 
Si  jugera  il  droilcnu'tit  ; 
Les  mauvais  fiîloiinessenicnl 
Iteîtardent  el  leur  dira 

130  :  •  Mauvais,  jamais  jour  ite  Tauni 
Li  ftfux  ou  seroiz  avalez  ; 
Aiei  y  luit  lautost,  ulez  ■. 
Aux  tjons  dira  par  amitié 
:  *  Vous  edslesde  [iiui  pilii-, 

13S  Avec  mon  pure  esperilalile 
Venez  en  joye  parduruble,  ■ 
Nulz  ne  vous  pourroit  pas  des- 
(Ci-ire, 
Ne  cuers  panser  ne  hoiiciie  dire 
La  poinne  i|u'avronl  li  dampné 

110  El  diront  que  mar  d'Adam  n<> 
Feussent  il  ouqucs  né  de  mère 
Quant  seiilTrent  tel  douleur  a- 
[mère 
Qui  a  nul  jour  mais  n'avra  Un. 
Ni  avra  parent  ne  (alïln) 

lis  Qui  puisse  en  rien  a  l'autre  ai- 
[dier, 
Ne  par  proier  ne  par  plaidier. 
Mais  ains  que  diz  trcsgrans 
[jours  veigue. 
Si  corn  l'Escripture  l'anscigne, 
Venront  el  en  ciel  et  en  terre 

150  Maint  signes  faiz  en    mouvenl 
Enoc  venra  avec  Elic,     (guerre; 
Si  con  le  dit  la  profecie, 
Qui  sont  en  paradis  terrestre, 

tu  Us.  uni. 


TcnlM 

■prescbierlufoyaitRoycdestre. 
Et  dcITeudre  qu'on  EntrecriRt       155 

Nu  croie  nulz,  mais  Jhesucrisl, 
Quar  qui  en  Entrecrîst  croira 
En  enfer  le  puant  cherra. 
Par  le  monde  yronl  sarmonnant, 
Et  mains  lions  examples  don-  160 

Jusque  Anlrecrisl  IfiS  trouvera 
Qui  aoccire  les  fera; 
Troisjoursct  demy  mort  gerronl, 
Et  a  chascun  mort  apparroni, 
En  la  place  do  la  ciié  >œ 

Ou  Dieux  fu  mis,  a  tiruni  vijté, 
En  oroiz,  puis  resuscilororit, 
Et  en  vie  retourneront. 
Et  seront  de  la  mort  délivre, 
Siconlelesmoingnecnson  livre  i^ 
Saint  Jehans,  en  l'ApocaJice, 
Qui  dit  que  dou  parfont  abisce 
[Montera)  la  crueuse  Besle 
Qui  ou  mont  fera  grant  moleste, 
Quarpresque  luit  en  lui  croiront  iî& 
Cil  dou  mont,  quant  il  la  verront, 
Tant  par  force ,  par  dons  ,  par 
[signes, 
Jusqu'à  tant  que  li  Rois  begnines 
Venchera  tout  l'umain  lignaigo 
De  celle  orde  Besle  sauvaige      i8o 
Qui  Entrecrist  vert  appellëe, 
Qui  yert  en  enfer  trabuchîée, 
Avec  trcstouz  ceux  de  sa  sorte. 
Prions  Dieu  qui  touz  biens  con- 
[forie 
Qu'i[!j  nous  vielle  touz  conforter  185 
Et  en  cest  sii^gle  comporter, 
Si  qu'Enirecrist  ne  autre  diable 
Nu  nous  déçoivent  par  leur  fable, 
Mais  puissiens  tuii  seflremcnt 


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190  Venir  au  jour  dou  jugement, 
Sanz  nul  pechié,   par  la  Dieu 
[grâce; 
Dites  Amen,  que  Dieu  le  face. 


Hi  compaignon  el  my  ami. 
Or  cnteiiilcz  Irestuil  ii  my. 

1K>  Chasciin»  Je  iiou.s  si  duil  suvuir 
Que  naangtiié  avons  gran  L  avoir. 
Qu'an  Ici  jioinl  avons  mis  te 
(inonde 
(Que)  il  n'yn  nulle  lii'ii!;  monde, 
Mais  luil  sont  nosire,  liuninies 
[et  femme, 

a»  Trop  po  en  vit  sanz  graiis  dif- 
[fame. 
•A  nous  les  ferons  tons  venir, 
Dieux  fora  le  monde  fcnir, 
Se  sai  gc.  bien  pi-odiainiiement. 
Pas  ne  puet  durer  lungiiemenl, 

20Ï  Mais  Dieu  Ireslouz  riuusjiigei'a 
El  nostie  contraire  fera. 
Muisainsqiielijugcmensveigne, 
Qiieliunsdcnoushomsdeveignc 
Et  qn'i[l|  voist  droiletiOabiloine, 

210  El  qu'il  faec  sanz  point  daloigne 
Que  il  gise  a  une  femme 
Qui  soil  plainne  de  tout  diffame, 
Et  qui  au  bourdcl  ait  este 
Tous  jours,  el  yver  el  esté. 

215  Dou  linaigr  (de  Dan)  sera. 
En  11  un  til  engendrera, 
Anlrei'rist  se  fera  clamer, 
Dou  peuple  se  fera  amer 
Par  dons  cl  par  faux  presclie- 
Iraens, 

19*  Ma.  fuar. 

'Folio  S  begto. 
3IS  Mb.  tAiai». 


El  par  les  resuscilemens  390 

Des  mors  que  il  fera  revivre; 
Nés  luit  li  trésor  a  délivre 
Seront,  pour  voir,  en  sa  puis- 
[sance. 
lUUClBUZ,  secont  deable 
Ci[l]  avra  monl  bonne  naissance, 
Qnar  je  say  bien  de  vérité  2K 

Qu'il  convient  par  iiecessilè 
Que  Enireuriz  naisse  de  famé. 

l'I.UTO,  linr:!  ilaible 
Seigneur,  je  m'acort  bien   par 

Qu'Engingnars  face  cest  onice. 

ANGINdN.AItS,  iiiinrl  ih-alile 
Je  vueil  c'om  me  liegnepour  nice,  2» 
Se  je  conmance  ces  le  emprise. 
Se  ne  le  fais  en  telle  guise 
Que  de  vous  loez  en  serai. 
IIEMAL,  qiiîDt  itcuhlu 
.Uoul  voidenliers  vous  ayderai, 
Aussin  devront  li  autre  faire,      3^ 
Pur  quoy   nous  puUsiens  cest 
[alTaire 
Assouvir  bien  nrocliiennemenl 

roum,  l<j-  deable 
Seigneur,    saiciiiâs    certuinne- 
[menl, 
Grans  mestiors  est  de  ceci  faire, 
Xe  nuls  ne  s'en  doit  at-rier  iraire.  ï» 
Angjgnars  bien  faire  savra 
Ceci  ja,  nul  n'en  doublera. 
Se  sai  ge  bien  pour  vérité. 
Af.R.Xl'AHS    l.ij-  (iiable 
Hiaux  cumpains,  plains  d'iniqui- 
[té, 
Engiiignarl,  vous   seroiz   mon  2* 

Avec  vous  [je]  vueil  tous  jours 
[es Ire 


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Pour  mieux  parfaire  la  besoin- 

[gne. 
Or  en  alons  sanz  faire  esloiiigne, 
n  (m'est 'art)  nous  soiensmehu. 
HAZART.  biij'  lioabla 
250  Mi  compaignon,  qui  eslell 
Estes  a  faire  se  voiage 
De  destruire  l'umain  linaige 
Soit  très toule<voslre)Gspei'ance! 

ANGINGNART 
Vous  savez  tuit  (|ue  des  m'eu' 
[faiioe 
Ï55  De  mai  faire  ay  eslé  prés; 
Je  (voi)  parluiiLel  loiiig  etprùs, 
Je  cogiiois  irestoule  la  geiil, 
Nés  ceux  qui  vont  par  mer  nei- 
Itîent, 
En  terre  faiz  louz  maux  vçnîr. 
SATAM 
2G0  Angingiiart,  je  te  vueil  heneir 
De  par  touz  ceux  qui  Dieu'  ne 
[croient. 
Fay  tuit  cresllcn  nosti'e  soyent; 
Agrappare  avec  toy  sera 
Qui  dou  pis  qu'il  pourra  fera. 
%5  Faites  ceci  sanz  delaier. 
ANGINGNARS 
De  ce  ne  vous  faut  esmaier 
Bien  ne  le  face,  et  pis  encores. 
Compains,  alons  nous   en  de- 
[sores. 
Pensons  conment   nous  ouvre- 
[rons. 

AGRAPPAR8 
2TU  Compains,  savez  que  nous    (n- 
[rons? 
Droit  en  Babiloine  la  grant 

149  Ub.  II  nu  larit  jm. 


En  alons,  ou  planté  a  grant 
De  famés  de  mauvais  renon. 

ANGINGNAItS 
Alons,  que  qu'en  poit  nequinon, 
Su  famé  truis  qui  belle  soit,        3ï 
Qui  dou  liniàge  (a  Dan)  soit. 
Forme  de  deuble  osteray 
Et  un  jouvensel  samLlcray; 
Tant  feray  par  dons,  par  parole, 
Que  je  la  trairay  a  m'eseole,       2* 
Pas  ne  la  iaisseruy  pucelle. 

AGRAPPARS 
Compains,  jecroy  moût  iiieu  que 
[celle 
Est  telle  comme  tu  dc^mandcs. 

ANGINGNABS 
"Il  convient  don  que  cy  m'alen- 
[des. 
Je  affubleré  forme  d'omnie,  ^ 

De  li  savray  loule  la  somme 
De  sa  vie,  et  dont  elle  est  née. 
I(;l  SB  DEPART  AGRAPPART(I) 


Belle  suer  tresbien  efirée, 
Douce  amie,  s'i[l]  vous  devoil 
(plaire, 
Savoir  vourroievostre  affaire:      2 
Estes  vouscrcslïenne  ou  juyve? 

HÈRE  ANTRECRIST 
Biuu  sire,  comment  que  je  vive, 
Juive  sui,  et  si  sui  née 
En  la  loy  que  Dieux  a  donnée 
A  Moyse  et  a  nous  touz;  2 

Mais  lescrestîens  huy  je  tous 
Qui  en  Jhesucrit  sont  crolant, 
Quarde  leur  Dieu  cen'eslnoiant, 


i.  Ici  u  éiptrt  d'igra^forl. 


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Je  ne  le  prise  riens  ne  (iotible. 

300  Dou   litiaiije   a    Uun    suis   sans 

[douhie  ; 

El  vous,  que  quereu  ce  me  diles. 

ANGINliNARS 
Motit  (bonne  parole  avez  dite), 
Ma  douce  suer  d'estrange  (erre. 
Vieri  cy  pour  aventure  querre 
30S  El  si  vien  pourchascier le  (mie): 
Si  vous  prî  par  grant  courtoisie 
Oue  vous  m'amie  estre  veilliez, 
Kt  |ioiir  vostre  amy  m'acueiliiez, 
A  amy  me  veiUîés  saisir 
310  pyiir  faire  de  vous  mon  plaisir, 
C'est  co  qui!  d'amours  (luit  venir, 

MÉIII';  ANTtlECniST 
Pour  foie  me  devroye  tenir 
Se  rcfusoye  tel  eompuii^iiie; 
Bien  me  plaistesirevostreamie, 
315  'Faites  de  nioy  vo  votdenté. 
ANiîlNG\AnS 
Eletle,  Malions  vousdoinl  santé! 
Tout  maintenant  je  l'en  feray, 
A  vous  un  ni  ensendreray 
Qui  avra  niuut  tresi^rant  puis- 
[sanco, 
3X1  Car  saiuhiés  de  voir,  dûs  s'i 
[fen 
Saiges  sera  sur  touz  clamez. 

miïhk  ANTHEcnisr 
Bien  devez  de  moy  estre  amez, 
Quar  j'ai  pour  vérité  sceii, 
De  vous  ay  eufaiit  eonsceli, 
ss  Je  vous  pri,  plus  ne  me  selex, 
Comment  vous  este/,  appeliez 
Me  dites,  qui  demandera 
De  mon  enfunt  cul  fil  sera, 

301  M9.  btnati  farolti . , .  iiUi. 


Que  vérité  puisse  respondre- 

ANGIVGNARS 
Mi  suer,  mon  non  vous  vueil  es-  33 

(pondre, 
Angingnars  suis,  ce  n'esl  pas 
(fable, 
D'enfer  suis  un  des  maistres 
(deable[s]. 
L'enfanl  que  vous  ay  engeoré, 
Quanl  nez  sera,  veoir  revenré; 
Anlreuriz  appeliez  sera,  33 

Par  trestont  douLiter  se  fera, 
Il  deslruira  crestrenté 
Et  la  mettra  en  orfentë. 
Nourrisse/-  le  quant  sera  nez. 
Bien  et  doucement  le  menez.      î* 
Je  m'en  vois,  de  vous  pren  con- 
[gié. 


Agrappart,  liien  avons  songié, 
J'ai  tout  fait  quanque  je  queroie. 

AGRAPPART 
Hepren  ton  abil,  je  le  proie, 
Se  râlons  a  nos  compaignons,  3C 
Et  tuit  grant  joie  démenons, 
'Bien  on  devons  faire  grant  Teste. 


ANGINGNART 
Seigneur,  j'ai  tant  esté  en  queste 
Que  je  n'ai  piis  failli  a  proie  : 
J'ay  trouvé  eu  que  je  queroie.      s 
En  Babiloine  ay  esté. 
Ou  une  amie  ay  conqueslé, 
D'.>ntj'ai  fait  trestout  mon  plaisir. 

I.E  MATAM,  lieubla 
Nous  ne  devons  pas  ce  taisir, 
Ains  en  devons  luit  mener  joye.  S5 


,.GoogIc 


FUULK,  deable 
Il  n'est  nulz  qui  tenir  s'en  doie, 
Que  luit  sommes  régénéré 
Desormès  plus  gohes  seré 
Quejenefuionquessanzdoubte. 
BAUCIBUZ 
3C0  Dançons  trestuit  en  une  rouie  I 
Angingnart,moinnecestedance, 
Quar  lu  as  emplie  la  panse, 
Par  quoy  seigneur  dou  monde 
[sommes  ; 
Nous  sommes  seigneur  de  louz 
[hommes 
365  Et  de  toutes  les  âmes  morles. 


MÈRE  A,NTflECRIST 
Ha  !  eimemis,  que  ne  m'emportes. 
Qui  ainssinques  m'a  assutée 
(Que)  grosse  d'enfant  m'a  lais- 
[siéc  ! 
Or  ne  say  je  que  devenir  ; 
370  Bien  vourroie  ma  vie  fenîr, 
Que  je  n«  say  que  puisse  faire. 

■LA    DAMOrSELLK 
Mi  douce  dame  dcbon.iaire, 
Par  amours  ne  vous  esmaiez, 
En  vous  bon  reconlTort  ayez 
373  Et  voslre  duel  laissiez  aler 
Vous  n'yponez  riens  conquester. 
Aiez  en  vous  bonne  espérance, 
Qunr  Mutions  a  telle  puissance, 
Bien  de  ceci  vous  puel  aidier. 
MÉHE  ANTIiECRIST 
380  Douce  amye,  lanL  ne  pluidier! 
Tu  ne  san?.  pas  le  mai  que  sen, 
Par  po  que  je  n'is  bors  dou  san. 
Quant  j'osay  faire  tel  oiiitraige 
Qu'avec  le  deable  nie  couchai  ge. 

3SS  MS.  fMT. 


Ce  fu  moût  grant  forçonnerie,  a 
Maispourtantnem'enrepenmie, 
Quar  bien  say  que  mes  (ils  doit 
|esl re 
Pins  puissans  que  hon^  ne/,  n'a 
[nesire  ; 
C'est  tout  ce  qui  me  recurifurle. 
Par  li  yert  cresllenlé  morte  a 
Et  Juif  seront  relevé. 

LA  DAMOISELLT^ 
Ha  dame,  plus  vous  est  levé 
Le  ventre  qu'il  n'iere  avant  bier. 
Jelo  que  parmy  se  sanlier 
En  aliens  en  celle  maison  ;  3i 

De  vous  gisir  sera  saison 
Parlans,  g'en  suis  toute  certain- 
[ne. 
MÈRE  ANTRECRIST 
Ma    tresdouce    suer,   or    m'y 

Il  nie  tarde  moût  que  g'i  soye. 
De  repos  bon  mestier  avroie.       « 
Or  en  alons,  ma  douce  amie. 

LA  DAMOISELLE 
Dame,  de  vostre  compui|;Nie 
Suis  je  moût  |lie)etmoiit  joians; 
Il  me  tarde  nous  y  soieus, 
Pour  vous  aidier  et  uonfurlci'.      « 

MÉHE  ANTRECRIST 
Masuer,  plus  ne  me  puis  porter; 
Lasse  doutante,  lasse  moy  ! 
'Ma  suer,  pren  te  garde  de  moy; 
Jesanescoslez  trop  grant  rai^e; 
Lasse  doulenle,  que  feray  je  ?      t 
Dien  croi  que  g'en  perilrai  la  vie. 

LA  DAMOHELt.l^ 
Daine,  ne  vous  esmaiez  mie, 
Quar  Mahomet  vous  aydera 
Et  l)ien  tost  vous  délivrera  ; 


,;..GoogIc 


VM«4U 

115  Certes  bienlost  acoucherez 
El  d'enfant  délivre  serez. 
Dame,  un    tiiau  fil  avez  sans 
(doubte. 
MfiRE  ASTHECRIST 
Je  met  m'esperance  toute 
En  Mahon  et  en  sa  puissance. 
420  Fol  sont  trestuit  cil  sans  doub- 
[tance 
Qui  ne  croient  ces  vertus  belles  '. 


AGRAPPAIIT,  deable 
Seigneur,  je  vousaporlnouvelles, 
Quar  Eritrecriz  est  nez  en  terre, 
Nous  pourrons  desormès  con- 
iquerre 
tss  Treslouz  les  crcsllens  doit  mon- 
|de. 
PLUTO.  Jeable 
LimauxTeuxd'enrerles  confonde 
Si  vrayenient  uonme  ii  me  tarde 
Que  eti  enfer  trestouz  les  arde! 
Du  riens  ne  seroie  plus  aise. 
SATAM,  (lenblo 
430  'Hasart,  je  le  pri  qu'il  te  plaise 
Que  entre  toy  et  le  Matani, 
En  vous  deux  bons  sergens  atan, 
En  Babiloine  droit  yrez, 
A  la  mère  Antrecrisl  direz 
435  Qu'elle  de  noz  urs  H  apretngne 
Et  ja  de  Dieu  ne  Ii  souvaingno. 
Alez  y  sans  nulle  demeui'e. 


ARSART,  deablo 
Je  ne  cuide  jamais  voir  l'eure 
Que  cel  enfant  puisse  veoir, 
440  Le  matin  ne  (|uier  mais  seoir 
Jusque  en  Babiloinne  vcnré. 
'Folio  b  tkhho. 


Tcn4e 

LE   UATAM,  .teable 
Ilasart  compains,  je  te  tanré 
Compaignie,  seMalionsmesdut; 

le  double  ne  bas  ne  haut 
Que  bien  nesaiche[s)lepassai}re.  Mi 


LA  DAMOISELLB 
Dame,  regardez  quel  visaige 
Et  quieux  mambres  vo^tresfilza. 
Certes,  des  ans  plus  de  mil  a 
Tieux  enfes  ne  fu  nez  de  mère. 


ARSART 
Dame,  je  vien  de  par  le  père     < 
A  cest  enfant  que  cy  tenez; 
Il  sera  saîges  et  senez, 
De  noz  arts  Ii  convient  apenre. 

MÈRE  ANTHECRI8T 
A  Mahon  en  doy  grâces  rendre. 
Je  le  met  en  voslre  tiailUe-        * 


fHEMIERSANOES  EN  CEIANTft' 
[jEterite  Itéx  AUit:,ime\ 

Knoc,  Enoc,  et  vous.  Elle, 
'De  par  Dieu,  yssez  de  seanz! 
Alez  presdiier  aux  mescreans 
La  loy  Dieu  establîe  en  terre, 
Issez  hors  et  alez  en  guerre,     » 
Quar.pour  bien  dire,  mort  serez, 
Mais  après  resusciterez. 
Certains  suis  que  bien  le  savez. 

EN  (te 
Dites  moy,  compains,  se  avez 
Le  commandement  Dieu  oy.      « 
(I)  Ms.  Le  cbant  est  aoté. 


,.GoogIc 


Certes,  bJaux  doux  com  pains,  oy  I. 
Bien  say,  It  termes  est  venuz 
Cutis  mauvais  homs  est  Ueve- 
Pires  que  tuil  li  anemy,      [nuz, 

470  Qui  a  nous  trois  ans  et  deniy 
Avra  bataille  el  gratit  liaïne, 
El  nous  convient  en  ce  termine 
La  foy  Jhesucril  unnimcler. 
Et  le  bien  dire  et  pi-onoticier. 

175  Nous  avrons  assez  a  souffrir, 
Nos  corps  convient  a  mort  offrir. 
Et  puis  avrunt  pnrfaile  gloire. 


RSOO 
Douce  genl,  ayés  en  mémoire 
De  Jhesucrist  lu  passion, 
480  La  mort,  la  resiirrcclon, 

Et  comment   il   prist   char  liu- 
[maîngne 
'En    la  Vierge    do    tous  biens 
(plainne, 
Et  comment  il  siet  a  la  désire 
De  son  père,  le  Roy  celestre. 
«83  Ilest|et)vraizDieuxetvraiKtioin. 
ËI.1ER 
Saichiés  tuil  qu'an  eesie  saison 
Cornance  a  refîner  Autrocriz 
Qui  dit  que  li  doux  Jliesumz 
Estoit  uns  homs,  Taux  enchan- 
[tierres 
490  El  de  toutes  gens  decevien-es, 
Et  deffendra  c'on  ne  le  eroie. 
Et  dira:  u  La  puissance  est  moye 
En  ciel,  en  terre  et  en  mer  ", 
El  niz  Dieu  se  fera  clamer, 
495  Et  dira  que  il  est  Messies. 

■Folio  S  ïbbbo. 


ENOO 
Prenez  vous  garde  es  proplie- 
Icies. 
Créez  la  ioy  de  l'Euvangille, 
Que  cilz  annemts  par  sa  touille 
Ne  nous  face  tous  condampner 
Et  o  tes  annemis  danifinrr.  » 

La  Ioy  Jhesucrist  retenez, 
Aux  euvres  garde  ne  |irciiez, 
Que  H  diz  Entrecrizfura, 
Quar  de  par  le  deable  ouvrera, 
Qui  (o)  toute  sa  légion  Si 

Avril  en  li  sa  (niansion). 
Il  fera  mors  resuscîler 
Et  avec  les  vis  habiter, 
Il  fera  aveugles  veoir, 
El  les  plus  grans  au  bas  seoir,  s; 
En  la  cresllenté  deslmire 
Mettra  il  trestoute  sa  cure, 
Mais  de  ce  n'a  il  pas  puissance. 

EUES 
Ce  qu'il  fera  c'est  par  s^oufTrance 
De  Dieu,  qui  tout  se  soulTrera     si 
Par  nos   péchiez;    miiis   quant 
I  verra 
Qit'assez  avra  fait  son   vouloir, 
Trop  forment  le  fera  doloir. 
En  enfer  le  trabnchera, 
Veanl  lu  genl  qui  ior  rem,  5: 

Et  luy  et  trestoute  sa  geste. 

KNÛC 
'Biau    seigneur,  je    vous  amo- 
Inesle 
De  par  Dieu,  faites  penitance. 
Soiez  tuit  en  ferme  créance 
Que  assez  tost  yci  venra  5! 

Cilz  Entrecriz  et  amenra 
0  li  de  gens  grand  multitude. 
sus  Ma.  al. 

SIO  Ma.  Uur. 


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ven528 

ELIES 
Gardez  n'i  mêliez  voslre  estiide 
En  li  n'en  eus  mauvais  mirucles, 

530  Quar  c'esl  vélins,  non  pas  Iria- 
(cles, 
Qui  treslout  enveiismera 
La  gent  qu'en  li  se  fiera  ; 
Mais  de  la  oroiz  le  Roy  begninc 
Fuites  souvant  sur  vousie signe, 

535  Priez  Dieu  par  devoclon 
Que  n'antriés  en  temptaclon, 
Et  su  tresdouce  vierge  mère. 


SATAM 
Je  vien  a  loy  parler,  biau  Trére, 
J'ay  grani  Tain  de  loy  avancier. 

5U  Se  tu  le  vues  a  moy  lancier. 
Je  le  feray  le  plus  grant  homme 
Qui  onques  fusl,  et  saiches, 
[com, 
Je  t'avray  de  mes  gieux  apris 
Nulzliomsdessuzloyn'uvraprin, 

545  Sires  seras  de  tout  le  monde, 
ANTRECftIST 
Parledieu  en  qui  biens  habonde, 
J'ai  grant  voulonlê  de  l'apeiiru. 

SATAM 
Or  te  faul  bien  a  moy  ontendre, 
Il  te  cunvieut  Dieu  renoicr, 

550  Et  a  moy  dou  toul  outroier 
Et  oorps  ei  ame  toul  ensamble. 
Je  suJscilzparqui  terre  lraml)le  ; 
Je  teTeray  csire  honorez 
Seur  irestous,  et  eslre  aourez, 

555  Mais  que  tu  me  convenleras 
Que  jamès  jour  bien  ;ie  feras, 
Ainçois    destruiras    sainte  Es- 
Iglise; 
Et  si  mettras  en  telle  guise 


Trestoule  la  cresUenté 

Que  luit  seront  acravanté  jSO 

Cil  qui  a  toy  n'obeironl, 

'Et  qui  de  Jeslius  bien  dironl. 

Filz  Dieu  te  fpras  appeller, 

le  le  pourra  riens  celer 
Qne  lu  ne  puisses  tout  savoir,  se 
Donner  pourras  or  et  avoir  ; 
Nés  les  mors  feras  lu  revivre; 

:hes,  lu  feras  a  délivre 
Toute  la  voulenlé  eu  terre. 

ASTRBCRIST 
Je  vueil  ce  grant  trésor  con-  sx 

[querre. 
Voz  homs  devien  de  corps  et 
[d'arne. 
8  ATA  M 
Dr  te  sié  cy  en  cesie  eschame . 
Octroier  te  vueil  ma  puissance. 
Je  met  tout  en  t'obeissance 
Mon  pouoir  et  le  ma  (maisnie)     5^ 
Qui  par  trestoul  ont  seignorie. 
Quanque  lu  devisier  pourras 
Fait  yen  si  comme  lu  vourras  : 
0  loy  seray  sanz  loy  Inissier, 
Et  vers  toy  ferai  alKiissier  un 

Trestous  les  roys  de  cest  pais  : 
En  liens  ne  soies  esbaTz, 
Desor'as  pouoir  de  loui  faire, 
llaste  loy  de  la  gent  allraire, 
Fuy  tant  que  la  puissance  piére.  sxi 


ANTIIECRIST 
En  lerrc  vien  de  par  mon  père, 
Dieu  toul  puissant,  le  lloy  de 
Igloire. 
En  moy  devez  vous  Irestuil 
■Folio  10  va««..  I*^"»'"*' 


S7E  MS.  iMlfilMt. 


,.GoogIc 


Qu»r  j'ay    pouoir   sur  tout  le 
(monde, 
590  Sur  ciel  et  sur  la  mer  parfonde, 
Quar  je  suis  Dieux  li  touz  puis- 
Isa  n  s, 
Touz  biens  et  touzmaux  cognois< 

Or  vueil    que  vers    moy  vous 
(trayez 
'Et  que  mes  œuvres  essauciez, 
695  Qu'en  terre  po  m'avez  veû, 
Combien  que  vous  m'aiez  creO. 
Je  puis  Irestoutes  choses  faire, 
Si  suis  veniiz  en  cest  repaire 
Pour  voua  mener  en  pai-adis 
000  Dont  li  an^e  churent  jadis. 
Qui  avru  uulte  maladie 
Veigne  vers  moy  et  le  me  die, 
Et  je  tanlost  le  gariray. 
Tout  yert  Tait  quanque  je  diray, 
605  Jepuistrestoutfairesanz double. 
L'AVEUGLE 
BJauK  sire,  onqucs  ne  vi  goûte. 
Et  de  veoir  grant  talant  hé. 
Et  se  vous  me  donnez  sente, 
Je  vous  croira  de  cuer  loial. 
ANTRECRIST 
eiD  Tratez  vous  sa,  li  desloial, 
El  regardez  mes  belles  euvres! 
Homs,  je  le  conmant  que   tu 
[euvres 
Tes  yeux,  et  voi,  et  me  regarde. 

L'AVEUGLE 
Sire,  prenez  moy  en  vo  garde! 
615  S'i[l|  vous  plaisi,  je  vous  vueil 
(servir. 
Par  quoy  je  puisse  deservir 
Vo  gloire  qui  ja  ne  faudra; 
Qui  vous  sert  trop    mieux  en 
[vaudra. 


*<nfll9 
Je  vois  partout  dire,  biau  sire, 
Vostre  grant  puissance,  et  des-  6io 

(Que)  m'avez  ma  veue  rendue 
Qui  tout  temps  m'a  esté  tolue; 
Onques  maisn'oy  joyegrigneur. 
Or  regardez  tuit,  biau  seigneur. 
De  ce  seigneur  la  grant  puis- S2S 

(sance  ; 
Je  ne  suis  de  riens  en  douhtance 
Que  ce  ne  soit  li  vraiz  Messies 
'Lequel,  selond  les  prophecies. 
Qui  11  bon  Juir  attendu. 


ANNK9,  juir 
Pur  la  loy  Dieu  bien  entendu      aso 
Tavons;  tu  as  dit  vérité. 
Biau  sire,  par  ceste  cité, 
S'i[l]  vous  [ilalsl,  fuites  publier 
Vostre  puissance,  et  crier  : 
Qui  en  vous  ne  sera  creatis         635 
Mis  (ert)  avec  les  mesclieuns 
En  chaitre  ou  en  prison  ferme 
Ou  niona  sanz  attendre  terme. 
Faites   que  uhaseuns   en  vous 

Et  faites  faire  tel  monnoie  mo 

Ou  vostre  ymaiije  soit  pourlraile. 
Et  tanlost  qu'elle  sera  faite, 
Faitescrierchascun  en  praingne 
En  signe  de  la  vostre  ensaigne, 
Etaourtchascunsvostreymaige,  615 
Kl  se  aucun  sot,  non  pas  saige. 
Sont  Sanz  voBtre  enseigne  trou- 
(vé, 
Soient,  con  traiteur  prouvé, 


,.GoogIc 


ANTBECRIST 
650  Vous  diles  biea,  vezci  l'ouvrier 
Qui  a  ja  MLe  la  monnoie. 
Faites  crier  si  haut  c'on  l'oie 
Se  que  vous  avez  devisié. 


ANNEri.  juif 
Vieil  avani,  crierres;  mis  hé 

œs  Les  ban  s  H  on  seigneur  en  esc  ri  pi, 
QuarJlliplaistquer(en}lescris[, 
Si  con  le  devise  la  leltre. 
Que  Cil  y  a  nul  qui  ja  mette 
La  monnoie  qu'est  ci  présente 

aeo  Pour  plus  grant  pris  qu'il    ne 
fcommande, 
En  prison  il  le  fera  mettre. 

•l'LUTO.  crieur 
Je  m'en  savray  bien  entremettre, 
Sou  bien  faire  ne  doubt  neluy. 
Entendez  tciit  de  par  celui 

«e  A  ciii  tuJi  I).  IIII.  elemant 
Servent  a  son  conmandement, 
Qui  Tait  et  ptouvoir  et  tonner, 
Et  qui  puet  a  chascun  donner 
Sente  de  corps  et  sente  d'ame. 

870  Qu'iln'yaitnul  seigneur  ne  dame 
Qui  tant  se  (ie  en  sa  puissance 
Qu'ill)  ne  li  face  ol>ediance. 
Il  a  fait  la  monnoie  faire 
Don  tvoez  vous  encil'examplaire 

67S  Qui  sa  personne  représente, 
EL  saictités  de  voir,  sanz  doub- 
Itance, 
S'il  y  a  nul  qui  y  mespraingne. 
Il  en  souffrera  si  granl  poinne 
Qu'i[l]  n'iertjamais  qu'il  nes'en 
(santé. 

680  Toutes foiz  que  l'avrez  présente, 

GS6  Us.  l'a». 

'Folio  h  hbcto. 


Gardez  bien  que  vous  Taoïtrez 
Par  touz  lieux,  et  si  l'onorez. 
Ou  mont  ne  a  baron  si  haut 
Qui  désobéisse  ou  qui  aut 
Encontre  ceste  ordonnance        <K 
Que  ne  li  veîgne  mescheance  ; 
El  qui  sera  trouvez  ne  pris 
Sanz  l'enseigne,  il  sera  pris 
De  fancelé,  et  mis  a  mort. 
N'i  ait  mais  celui  qui  s'amort      w> 
A  reclamer  le  fil  Marie, 
Quar  tantost  il  perdroit  la  vie. 
Que  ce  lu  uns  faux  enchantierres. 
Uns  traites,  uns  decevierres 
Qui  onques  n'ot  de  nulz  biens  gk 
[cure. 

LR  MESIAU 
Lonc  temps  ay  esté  en  ordure. 
Et  suis  encor,  dont  raouL  me 
[poise; 
'Desor  ne  say  mais  ou  je  voise, 
Sire,  ne  quel  conseil  je  truisse 
Qui  de  mon  mal  garirme  puisse.  TDO 
Mesiaux  suis,  s'ai  le  corps  puant. 
Je  regar  que  nés  li  truant 
De  leur  compaignie  me  boutent 
Pourmalaingneque  il  redoutent. 
Qui  ci  est  tresAirment  pugnaise.  tdb 
Jevouspri,  sire,  qu'il  vous  plaise, 
Parvostre  treshaule  puissance. 
De  mon  mal  donner  alegence. 
Qui  nuit  et  jour  m'artet  m'enuie 
Et  me  pourrit  ma  char  chetiue.  no 
Tant  en  ay  parpo  je  n'enraige. 

ANTRECRI3T 
Ce  de  Ion  mal  je  t'assouaige. 
Et  tu  garison  vues  avoir, 
Dès  ci  je  (e  fais  assavoir, 
Eu  moy  le  faut  avoir  créance,     7is 


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Que  j'ai  sur  toute  riens  puis- 
[sance, 
El  que  toutes  chosas  puis  faire, 
El  laissler  la  loy  deputaire 
Qui  est  Jhesu,  le  III  Marie; 
7»  Adonc  seras,  n'en  double  mie, 
Touz(nës),  lous  sains, et  touzen- 
Ll  HEBIAUX      [tiers. 
Sire,  de  cuer  el  voulentiers 
Jeferay  vosire  voulenté. 

ANTRUCRIST 
De  toy  garir  grant  talant  lié, 
725  Et  louz  ceuK  qui  seurront  (la) 
[trace 
De  ma  gloire,  de  ma  grant  grâce. 
Je  vueil  tachar  soittoulesainiie. 
De  celle  yaueclerede  fontainne 
Lave  tes  mains  et  ton  visaige, 
730  El  puis  si  me  feras  hommaige, 
Quar  ma  vertu  si  t'a  gari. 

■LE  ME8IAUX 

Seur  moy  avez  le  mal  tari  ; 

Bien  sai  devoir.je  n'enay  goule, 

En  vous  met  m'esperance  toute, 

735  Vous  estes  vrais  Dieux  sanz  dif- 

[fame, 

A  vous  je  doing  mon  corps  et 

[m'ame, 

Quar  de   toutes  boulez   plains 

[6! 

Bien  avons  vescu  conme  besles 
Quant  Jhesucriz.  le  fil  Marie, 
740  Aouriens.  Sa  lui  soit  honnie  ! 
Ne  l'ay  cure  de  plus  proier. 
Mais  .dou  tout  le  vueil  renoier, 
Sa  loy  et  toute  sa  puissance. 


EVEBQUEB  MAUVAIS 
Roys  Entrecris,  vos   demons- 

[trance 

Sontplainnesdegracesjoyeuses,  745 
Et  vos  vertuz  moût  précieuses; 

vous  n'a  point  d'iniquité. 
Evesques  suis  d'une  cité 
Dont  les  gens  sont  moût  esbay 
De  ce  qu'il  ont  veu  et  oy,  750 

Et  par  vérité  entendu. 
Cil  qui  a  vous  ce  sont  randu 
Seront  en  joye  pardurable, 
Hors  seront  delà  main  au  dyable, 
Et  les  menroiz  en  paradis  :         755 
Si  vous  disirrenl.  Bien  a  dix 
Ans,  ou   plus,  c'uns  preudons 
[riches 

Trespassa  (qui)  n'estoit  pas  chi- 
[ches 
Aux  povres  gens,  moût  esloit 

[salges. 
De  sa  mort  fu  trop  grans  damai-  tsd 
11  repose  en  ce  cimetière;    [ges. 
Se  avoir  le  pouiens  arriére 
En  vie.  si  comme  il  fu  onques, 
Touz  li  peuples  diroit  adonques 
Que  Dieux  seroiés  vrayement  ;  765 
Si  vous  croiroient  fermement 
S'il  leveoient  resusoité. 

ANTRBCRI8T 
Je  suis  Dieux,  plains  de  vérité. 
Dieux  sans  fln,  sans  commance- 
[ment, 
Je  suis  Dieux  qui  ne  (faux)  ne  ttd 

[ment, 
De  paradis  suis  gouvernierres, 
Des  sains,  des  saintes  condul- 

(aierres. 
Je  ne  vous  vueil  pas  décevoir. 


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Je  vueil  chascuns  saiche  de  voir 
TTO  'Qui  JeshucrisL  renoiera, 
Lui  et  sa  toy  despitera, 
Et  en  moy  mettra  sa  mémoire, 
De  paradis  avra  la  gloire, 
Que  je  puis    loul   sanz    nulle 
[somme. 
780  Je  vueil  resusciter  ce)  homme 
Que  tu  m'as  hui  ramenteo, 
Qui  tant  a  en  terre  gell. 
Si  verrez  mes  vertuz  aperles 
S'elles  sont  cleremenl  ouverles, 
78S  El  s'en  me  doit  bien  aourer. 


Corps,  liéve  toy  sanz  demourer  I 

Je  vueil  hors  de  la  terre  sailles 

Et  que  tu  voises,  veignes,  ailles 

Par  touz  lieux  et  par  touz  sen- 

[liers, 

790  Fors  et  biaux,  (nés),  sains  et  en- 

[tiers. 

Monstre  toncorpslout  a  délivre. 

LK  CORPS  RESUSCITÉ 
Sire,  qui  m'avez  fait  revivre, 
Droiz  est  vostre  voulenté  race. 
Vous  estes  vraiz  Dieux,  plains 
[de  grâce, 
TUS  Plains  de  douçour  et  d'amitié; 
Et  moût  avez  grant  amitié 
Envers  touz  ceuxet  toutes  celles 
Qui  croient  en  vos  vertus  belles, 
Que  pour  eux  garder  de  péril 
SDO  Vous  estes  venuz  touz  quérir. 
Ceux  qui  vo  voulenté  feront 
Avecques  vous  trestuit  seront 
En  paradis,  vostre  maison. 
EVESQUES  MALVAIS 
Desor  voi  je  que  par  raison 


En  vous  devons  avoir  fiance.       « 
Pour  nous  oster  de  foie  créance 
Estes  vous  entre  nous  venus. 
Chascuns  doit  estre  a  fol  tenuz 
Qui  ne  vit  en  vostre  service; 
Sur  toute  riens  avez  joustise.     si 
'Desor  Jeshu  despiteray 
El  en  vostre  créance  seray. 
Tous  mes  sougis  y  ferai  estre, 
En  vous  est  la  vertu  celestre. 
Au  peuple  vos  vertuz  dire,  Si 

Conme  mon  Dieu  vous  perviré; 
Moi  etmoneveschiévousdonne; 
Rendu  nous  avez  la  personne 
Douquel  tuit  nous  aviens  envie 
Qu'antre  nousfustarriers  en  rie,  s 
Et  vous  l'avez  resuscité. 

CORPS  RESUSCITÉ 
Arriers  m'en  vois  en  la  cité 
Veoir  mes  voisins  de  la  ville. 
Bien  sayde  voir  que  tel. X. mile 
En  y  a  que,  quant  il  savront        S 
Vos  miracles,  en  vous  avronl 
Doutouten  tout  parfaite  ci 


DAGOBERT.  premier  roy 
Seigneur,  dites  vostre  esperan- 
Puet  ce  point  estre  verilez  [ce. 
Qu'Anirecriz  soit  en  noz  citez     I 
Venuz  con  HI  de  Dieu  le  Père  7 

MALABRUH,  roy 
Qui  ce  ne  croit  il  le  compère. 
Bien  say  c'uu  homme  ay  yeû 
Qui  en  terre  a.  X.  ans  geU, 
Bien  say  (qu'i[l]  l'a  resuscité,      i 

YSOUART.  roy 
Il  conte  pure  vérité: 


S36  Hs.  (M. 


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En  nostre  rue  li  homs  demeure; 
Encor  n'est  pas   moul  passée 
[l'eure 
Que  par  cy  passoit  mainlenenl 
FIERAHRAS.  roy 
S*o  C'est  voirs,  je  l'enconlray  venant. 
Les  faizd'Anlecrisl  moût  prisoil, 
'Et  a  tout  le  peuple  disoît 
«  Antrecriz  est  Dieux,  n'en  doub- 
[tez  ». 
AcœPAHT,  roy 
Escoutez,  seigneur,  escoutez, 
815  Unschascunsaujourd'u]  si  conte 
Que  Anlrecrist  dou  tout  seur- 
1  monte 
Par  vertuz  Dieu  le  fil  Marie. 

ANDOUART.  roy 

Voirs  est,  bien  say  qu'il  a  garie 

La  veue  d'un  aveugle  homme 

8S0  Cilz  Entrecriz;  je  le  vous  nom- 

(me. 

Bien  say  qu'il  estoit  non  voyana. 

LOniQUAIRE,  roy 
Jecroyo'estcilzquenousvoiens, 
Qui  par  cy  hui  matin  venoit. 
Pour  sa  clarté  joie  nienoil 
^  Qu'Antrecriz  li  avoit  rendue. 
ARROUFFIART,  roy 
En  terre  est  joie  descendue 
Quant  il  entre  nous  venuz  esl, 
N'i  ait  celi  qui  [refus  ait) 
D'aler  voir  sa  vertu  divine. 
ANG'JUl^ANT,  roy 
woTouz  li  peuples  vers  luy  s'en- 
[cline, 
Je  vous  jur  par  le  corps  c'ou 
(sacre, 
Bien  say  c'un  vilz  mesel  pouacre 
Qui  louz  puoit  il  l'a  sané. 


MAILLEFER.  roy 
11  a  a  bon  mire  assené, 
Hais  je  n'y  puis  avoir  fiance,       SK 
Ne  ja  n'i  vueii  mettre  m'enlence 
Jusques  j'aye  veU  sa  face. 

DAGOUERT,  roy 
Jem'otroychascunsainssinrace, 
Bien  est  a  Taire,  ce  me  samble. 
Or  y  alons  luit.  X.  ensamble,      870 
S'en  venrons  plus  a  seUrté. 

MALABRUM    roy 
Par  Dieu,  c'estgrant  Itonne  eUrté 
D'avoir  la  grâce  a  tel  seigneur 
Qui  pardessuz  lui  n'a  grigneur; 
Ja  m'otroy  a  lui  Ijonnemenl.       ffK 

Y80ABT.  roy 
Seigneur,  a  vous  je  vous  demanl 
Conmant  nous  le  saluerons. 

■FIERABRAS,  roy 
De  Jeshucrist  nous  li  ferons 
En  nostre  salut  mention, 
Que  je  n'ay  pas  entenclon  BBo 

Plus  pouoir  ail  de  Jhesucnt. 


AGCOPART,  roy 
Roys  fors,  roys  puissanz.  Entre- 
[crist, 
De  Jeshucrist,  fil  Dieu  le  Père, 
Qui  nasqui  de  la  Vierge  mère, 
De  par  nouz  soiez  saluez.  M 

ANTREGRIST 
Fol  roy,  se  vos  cuers  ne  muez. 
Et  en  moy  n'avez  ferme  créance, 
Vous  en  soulTrerez  tel  mes- 
[chance 
Qu'onques  ne  veisles  si  obscure. 
J'ay  formé  toute  créature,  « 

Je  fais  le  monde  naitre  et  vivre, 
■Folio  IS  aioro. 


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Et  de  tous  pechîés  ceux  délivre 
Qui  veulent  vivre  en  ma  mémoire, 
Et  si  les  manray  en  ma  gloire, 

BBS  En  paradis,  dont  je  suis  sires; 
Hais  Jeshucriz  si  est  li  pires 
Homs  qui  onques  nasquit  de 
[  rem  me. 
Et  si  tien  a  trop  graiit  difTame, 
'Quant  de  luy  m'avez  (salué). 
ANDOART,  roy 

MO  De  maintes  gens  entendu  hé 
Que  toutes  choses  pouez  Taire. 

ANTRECBI8T 
Guerpissiez  la  loy  deputaire 
De  Jeshucrist  le  pautonnier; 
Après  vostre  mort,  parsonnier 

905  De  paradis  tresluiz  seraiz. 
LORIQUAIRB,  roy 
J'ay  entendu,  vous  sauveroiz 
Ceux  qui  de  cuer  vous  serviront. 

ANTREGRI8T 
Quant  de  ce  monde  partiront 
Cil  qui  en  moy  ont  voulu  croire, 

910  11  yronl  tout  droit  en  ma  gloire 
De  paradis,  en  corps,  en  ame, 
Et  seront  quitte  de  la  (lame 
D'enfer,  qui  est  plains  d'ocurté. 
Aux  miens  ne  feray  pas  durté, 

915  Hais  me  trouveront  débonnaire. 
Li  peuples  voit,  je  puis  loul  faire, 
Les  mors  fais  arrier  estre  en  vie. 
Je  purge  de  meselcrie. 
Je  ne  seullre  nelui  périr 

930  Qui  de  cuer  meveuU  requérir. 
Aux  aveugles  ren  leur  veQe. 
Geste  chose  est  si  cognehue 
Que  pluseur  le  sévent  de  voir. 

LOUPS  RESUSCITli 
De  ce  puis  je  bien  dire  voir. 


L'ame  m'estoitdou  corps  partie,  BX 
Entrecrist  m'a  rendu  la  vie. 
Dix  ans  ay  en  terre  geû. 

L'AVBUGLE 
Onques  Jour  n'avoie  veQ 
Des  biaux  yeux  que  j'ay  nulle 
[goûte. 
Je  vueil  que  vous  saichiez  sanz  9n 

Idoubte 
Que  si  lost  con  j'oy  nouvelles 
Que  ses  vertuz  estoienl  si  belles. 
De  bon  cuer  li  fis  orison 
Donner  me  voussist  garison 
De  ma  clarté  qu'avoie  perdue,     OK 
El  veci  qui  la  m'a  rendue 
Si  belle  conme  il  y  appert. 

ABOFFLART,  roy 
Bien  sont  vostre  miracle  aperl; 
Mais  d'une  chose  m'esbay 
Se  de  vous  sont  povre  haï,         MO 
Quant  de  vos  biens  ne  leur  don- 
[nes. 
ANTRBCRI8T 
Je  suis  a  touz  abandonnez, 
Autent  aux  povres  comme  aui 
{riches, 
Tant  aux  planteufeux  com  aux 
{chiches, 
A  ceux  qui  de  bon  cuer  me  ser-  M> 

[vent; 
La  joie  en  paradis  deservent. 
Ou  touz  jours  avec  moy  seront. 
Cil  qui  de  bon  cuer  m'ameront 
Compuins    seront    de    mes    ri- 
[ch  esses, 
Elpourceque  pluscler  (veesses)  ko 
Que  j'ay    tout   le   pouoir  dou 
[monde 
Veez  vous  ces  genz  qui  si  font 
[monde  T 
>M  Ma.MtifM. 


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De  grant  povreté  moût  se  deu- 

[lent; 

Sedebon  cuercroire  me  veulent, 

965  *Je  leur  donnty  richesse  assez. 


PREMIER  PUVRE; 
Choscun  de  nous  esl  si  lassez 
De  fain  que  ne  se  puet  porter. 
Boys  puissans,  vueilliés  conror- 
Ces.IIlI.chartriersaiTamez.  {ter 
SBCONT  POVRE 
960  Antrecrist  qui  es  Dieux  clamez, 
La  Tain  nous  fait  maie  lin  traire. 
Par  vostre  douceur  débonnaire, 
Veilliés  avoir  de  nous  merci. 

TIERS  POVRE 
J'ay  si  de  fain  le  cuer  nerci, 
•es  Sire,  ne  say  que  faire  puisse, 
Ne  ou  aler,  par  quoy  je  truisse 
Un  repas,  pour  moy  soustenir. 

QUART  POVRE 

Hee  !  Hors,  quarnousfay  defenir! 

Nous  ne  trouvons  qui  bien  nous 

[face, 

vn  Lafaimd'uisahuisnousdecliacG, 

El  si  ne  pouons  riens  avoir. 

ANTRECRIST 
Je  vous  donray  assez  avoir. 
Mais  que  de  bon  cuer  m'aourez, 
El  en  ma  créance  demourez. 
«s  De  moy  tost  vous  appartenroyz, 
Adont  bien  servir  me  (devroyz), 
Quant  secouru  je  vous  avré. 

PREMIER  PUVRB 
Jamais  jour  de  ma  vie  n'avré 
Vers  leshucrist  foy  ne  créance: 

tlû  Uh.  étckam. 

978  Us.  inrn. 


Je  renoy  lui  et  sa  samblance,      wo 
El  croy  dou  tout  en  vostre  nom. 

SECONT  POVRE 
Roys  Entrecriz  de  grant  renon, 
Par  vostre  tresgrant  amitié. 
Veilliez  avoir  de  moy  pitié', 
Tuit  sommes  a  vostre  servise.       ses 

TIERS  POVRE 
Roys  qui  avez  sur  touz  joustise, 
"Par  vostre  verluz  souverainne. 
De  ces  chartriers  pitié  vous 
[praingnel 
Jeshus  renoions  et  sa  mère. 

QUART  POVRE 
Nousvoustenoiisav[ejraypére;   tao 
Dieux  estes,  el  en  vous  créons, 
Tuit  ajointes  mains  vous  prions 
Que  vers  nous  piteux  veilliés 
[estre. 
ANTHËURIBT  au  premier  povra 
Amis,  tan  vers  moy  la  main  des- 
Ceste  robe  enporleras,       [tre,   98e 
Et  de  tout  ton  cuer  marneras, 
Jamais  delTaut  ne  pues  avoir. 

ANTRECRIST  nu  secuiiL  potre 
Tien  sa,  si  regoi  cest  avoir. 
Or  tost  pran  le  et  si  l'enporte. 
Et  en  mon  nom  te  réconforte,      looo 
Jamais  nul  journ'avras  disettes. 

ANTRECRIST  ou  tiers  povre 
Et  toy,  garde  que   touz  jours 
[mettes 
Tout  ton  cuer  en  moy  bien  servir. 
Tel  loiery  pues  deservir 
Que  jamais  povreté  n'avras.  s 

ANTRECRIST  au  quarl  povre 
Sa,  biau  frère,  ce  don  avras. 
Tuit  quatre  estiés  moût  mehair 
A  quérir  avez  gaangnië     [gnié, 
Richesse  et  joye  pardurable. 
'Folio  le  virbo. 


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AGOLANT,  roy 

iD  Uns  chascuns  vous  treuve  ai- 

[mable. 

Dieux  estes,  se  croy  je  de  voir, 

Sire,  veilliez  moy  recevoir, 

Jhesus  renoie,  a  vous  me  donne. 

■MAILLKFER,  roy 
Chascun  de  nous  si  s'abandonne 

15  A  faire  tout  vostre  plaisir. 
Or  veilliés  noz  âmes  saisir, 
Quant  dou  monde  départiront. 

ANTRKGBIST 
Cil  qui  de  cuer  me  serviront, 
il  ne  perdront  mie  leur  poinne, 

a>  Pour  vérité  Je  vous  tesmoingne. 
En  paradis  trestuil  seront 
Decosle  moy,  et  me  feront 
Tuit  service,  conme  a  mon  përe; 
Je  suis  soulaux,  je  suis  lumière, 

35  Je  suis  joye,  je  suis  confors, 
En  paradis,  ma  maison  fors, 
Tuit  my  amy  sauvé  seront. 

DAGOliEtT,  rùv 
Cil  qui  de  cuer  vous  ameront, 
Hout  seront  de  bonne  eure  né, 

30  Que  en  paradis  tuit  mené 

Seront  en  compaignie  des  anges. 
Sire,  ne  nous  soyez  estranges, 
Dou  tout  vers  vous  nous  encli- 

Au  jour  d'ui  par  tout  va  H  nons 

35  Que  Dieux  estes,  c'est  (veritez). 

Noz  i;orps,noz  âmes,  noz citez, 

Touz  noz(royaume)entierement 

Sont  en  vostre  commandement. 

Nous  vous  tenons  a  v[e]ray  père, 

40  Jeshus  renoions  et  sa  mère, 

Et  vous  faisons  trestuit  hom- 

[maige. 

3S  Ma.  neriU. 
37  Ua.  reyoïMi. 


ANTREtlRlST 
Ceigneurs,  vous  avez  fait  que 
[saige. 
De  vos  meffaiz  je  vous  acquitte. 


VIVANS,  juif 
Haa!(j'ay)lecuerdoulant  et  triste. 
Moût  bon    conseil   en  convient  ^ 

[querre. 
Quant  venuz  sont  en  cesle  terre 
Dui  faux  prescheeur,  dui  faux 
[hermitte, 
Dui  traiteur,  duy  ypocrilte. 
Qui  a  toute  la  gentdedendenl 
Qu'il  n'obéissent  ne  n'antendenl  3û 
De  nulle  riens  a  nostre  maistre. 

•MARQUIM,  juif 
Par    celui   Dieu     qui     me    llsl 
[naistre, 
Se  je  les  puis  aux  miùns  tenir, 
Trestanlost  les  feray  venir 
Devant  (no  maisire)  pour  res-  K 

[pondre. 
Li  grans  Dieux  les  face  con- 
[fondre, 
El  leur  doint  son  courrouz  et 
[s-ire! 
Conment  osent  il  contredire 
A  celli  qui  est  touz  puissans? 

COHHAUAS,  juif 
Marquim,  je  suis  bien  cognois-  n 

[sans  ; 

Veez  vous   la   les   deux   faux 

[iraïtes 

Dont  les  paroles  vous  a  dittes 

Mes  chiers  oncles,  sire  Vivens? 

44  Mb.  ji  ay. 

!III  Ms.  «M  naiUfti. 


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ven  1D61 

IIAQUIM 
Par  mon  seigneur  a  qui  li  vcns 

(15  Olieit  et  soulaux  et  lune, 
Je  ne  me  pris  pas  une  plume 
Se  parla  gent  de  noslre  empire 
N(!  les  fais  livrer  a  martire. 
Venez  en  mi.cliier  compaiguon. 
UARQUIM 

70  Fil  a  putain,  mauvais  gaignon. 
Traites  et  villalns  puant, 
Desloial.  vil,  sale  et  tniant, 
Ck)nnient  estes  vous  si  (liardi) 
Que  vous  deux  avez  des  Mardi 

75  En  ce  lieu,  si  con  l'en  m'a  dil, 
Lenom  mon  seigneur  contredit? 
Saictiiez,  la  mort  en  soufTrerez. 

IIAQUIM 
Demain,  en  put  jour  entrerez. 
Vostre  sarmon  sont  abatu, 

so  Saichiés,  tresbien  serez  batu, 
Et  devant  (no  maistre)  menez. 

■PREMIBH8  CHBVAUKRS 
Gardez,  celui  la  bien  tenez, 
Et  gardez  qu'il  ne  vousescbappe; 
Je  tenray  cestui  par  la  cliuppe, 

B5  El  lemenray  a  mon  seigneur. 


SEGONT  ClIEVALIEnS 
Sire,  joie  devez  grigneur 
Avoir  que  n'eûsles  pieça. 
Veezci  que  nous  amenons  sa 
Deux  Faux  gloutons  qui   despi 
[soient 
so  Vostre  loy,  et  contredisoient 
Vostre  puissance  et  vostre  nom, 
ANTRKCRIST  au[xl  Propliciels] 
Je  vous  conjur,  par  le  renon 

73  Us,  Sûrdil. 
St  Ma,  n*i  Maitlrfi. 
■Folio  18  bbcto. 
)l  Ua.  m  frtriuti. 


vers  1093 
Que  je  ayen  ciel  et  en  terre, 
Que  vous  me  dites  que  ci  querre 
Estes  de  par  (deable)  venu.  95 

ENOC 

Ai'.trecrist.  nous  sommes  chenu. 
Et  a  merveilles  ansien, 

insgois  que  li  cresiTen 
Punies  nous  sa  jus  nez  de  mère. 
Et  par  le  nom  de  Dieu  le  Père  lOD 
El  de  toute  la  Trinité, 
Sanz  morir,  fusnies  lioi's  gité 
De  cesie  vie  mortel  ;  estre 
Nous  nst  en  paradis  terrestre, 
Jusques  a  ton  avènement,  los 

HEUErt 
Dieux  sanz  (In,  sans  comman- 
[cement, 
Nous  a  par  dessa  envolez 
Poui-  ravûier  les  desvoiez, 
Et  pour  remettre  en  bonnets] 

Les  bonnes  gens   que  tu  des-  110 

[voies. 
Bien  savons  que  lu  pues  moût 
[faire. 
Mais  trop  te  venra  a  contraire, 
Quarlideables,parquitueuvres, 
En  enfer  te  rendront  tes  œuvres, 
La  ou  tu  seras  tormentez.  us 

Lonc  temps  ne  seras  pas  reniez, 
Senr  terre  n'avras  ces  délices, 
Quar  tes  péchiez  et  les  grans 
[vices 
En  enfer  te  trabuscheront, 
De  tuy  le  plus  cbetif  feront  lao 
"C'oncjues  fusl  sur  terre  nourri. 

ANTREGRIST 
Faux  pappelars,  villains  pourri. 
Vous  y  mentez,  je  suis  H  fils 


D,g,t7cdb/GOOgIC 


venitM 

De  Dieu  qui  tout  puet,  et  toul{f1s} 

lîB  Avecques  )i  toutes  les  choses. 

ENOC 

Hee  !  faux  traites,  conment  oses 

Devant  nous  toyatnssin  venter? 

Tant  as  fait  par  (ton)  enchanter. 

Et  par  taguille  er.  par  ta  fable, 

130  Que  as  mis  ou  pouoir  au  deable 

Fresques  tresiout    l'umain   ii- 

[naige. 

Hee  !  crueuse  beste  sauvaige 
Qui  li  bons  prophètes  David 
Qui  louz  estoit  en  Dieu  raviz 

135  Requistau  Roy  d'Iniquité. 
Et  pria  par  humilité, 
Ainssin  bien  con  s'iltevelsl, 
Que  Dieu  conmandast  et  deist 
Que  tu  fusses  acraventée  ! 
ENOC 

140  N'est  pas  la  parole  oblié[e] 
De  li  ne  des  autres  prophètes, 
Quar    assez    tost    veiront    les 
[mettes 
De  la  Mort  qui  te  apparra  ; 
Dieux  de  toy  touz  nous  vengera. 

145  Mais  ainsvenront  les  aventures 
Que  racontent  les  Escriptures, 
Tu  nous  feras  aingois  tuer. 
La  mort  ne  pouons  eschever. 
Hais  seiches,  quant  nous  mort 
[serons, 

150  Qne  après  resuscilerons. 

Lors  serons  (101*3  de  toute  poin  ne. 

MARQUIM 
Par  le  grant  Dieu,  en    ce    de- 
[moingne 
N'a  si  grant  homme  ne  si  (haut) 


114  u 


.tut. 


Qui  pariast  si  con  (cil)  ribaut 

Ont  ja  parié  a  nostre  maistre     iss 

(Qui)  est  fliz  Dieu  le  Roy  ce- 

(lestre; 
Se  soit  aleur  maie  mescfaeaDce  ! 
Ck>mpains.   foule   a    cestui   la 

[panse, 
Et  j'a  cestui  batray  la  leste. 

-MALAQUIH 
Mon  seigneur  ont  appelé  beste,  i*» 
Trop  li  ont  dit  lait  et  vergoingne. 
Ne  cuidez  ja  que  je  m'ensoigne 
D'eux  faire  lait  et    honte  assez. 
Or  regardez,  je  suis  lassez. 
Tant  l'ai  ja  rouillé  et  batu.  iBG 

ANTRECRIST 
Mi  sergent,  trop  Fort  esbatu 
Vous  estes  a  ces  gioutons  b&tre  ; 
Je  leur  vueil  leur  erreur  abatre. 
J'ay  e(l  d'eus  moût  grant  despit. 
Il  n'avront  plus  demort   respil.  I» 
Prenez  les  et  si  les  liez. 
Et  puis  tantost  les  occlez, 
Gardez  que  plue  (parler)  n'y  ait. 

MALAQUIM 
Nous  n'en  ferons  mie  grant  plait, 
Tantost  les  manrons  au  juTse.     i» 


Hee  I  doux  Dieux,  qui  par  ta 
[franchise 
Ton  sanc  en  la  croiz  respendis. 
En  laquelle  pour  nous  pundis. 
Et  soulTris  mortel  passion. 
El  montas  a  l'Ascension  ii 

Es  cieux,  parla  puissance  digne. 


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veniua 

Et  t>iel7.  n  la  destre  bénigne 
ToiisaiutPére.  leRoyde  Kloire! 

ENOC 

Uoulz  Dt'îiix.  aies  du  nous  nit- 

iss  Noz  âmes  te  reconmandons, 
Au  saint  (Espiit)  les  cor|>s  ren- 
Idons, 
Verais  Dieux,  sainte  Trinité, 
Troia  personnes  en  unité, 
Vne  deité.  une  assence, 
IW  Nous  te  prions  par  la  puissance 
Que  ton  menu  peuplus  seqiieu- 
EiJKS  (res. 

Blaux   seigneur,  il  est  apoins 
[heures 
Que  vous  faciès  vostre  talent. 

HAQUIM 
Je  me  tanroie  moût  a  lenl 
195  'Se  cesluy  n'ocy  a  ce  cop. 
MAHQUIM 
Tieo,  tu  me  garderas  se  cop  ! 
C'est  fait,  nous  en  sommes  de- 
;iivre. 
Hort  sont,  il  ne  puellent  plus 

Mais  de  paourle  corps  me  Iram- 

HAQUIM  [ble. 

200  Par  foy,  compains,  ainssin    me 

[samble 

Que  la  [erre  a  trop  fort  trambté. 

IIARQUIM 
Parfoy,  si  le  m'ail  samblé. 
Je  vois  demander  a  mon  sire 
Qu'il  me  veille  conter  et  dire 
306  Pour  quel  cause  ce  a  esté. 


Tu  qui  fls  yver  et  esté, 


El  toutes  choses  a  ta  guise. 
Par  Ion  saint  nom  quar  me  de- 
'vise 
Pour  quoy  or  la  terre  iranilila. 

ANTIIKCRIST 
FoK  mrisiirs,  il  le  le  sembla  ;       2io 
Se  ns  je  faire  I  oui  de  gré. 
Avale  jus  de  se  dogré. 
Et  me  va  amener  io  pappe, 
UnhominefiuiniL'iloul)etiiappe 
Ma  genl,  ainssin  com   l'on    me  215 

[dit. 
C'est  cilz  qui  plus  me  contredit 
Que  pei-sunne  qui  soit  ou  monde. 
H  me  plaisl  que  je  le  confonde, 
Et  li,  et  trestoule  s'esglise. 

MARQUIM 
Bien  sera  fait  a  vostre  guise.        2So 
Mescomputgoonsomoymanray, 
Et  saichiés  que  bien  les  lanray. 
Orsus!  seigneur,  alons  en  proie, 
Noslres  maistres  si  nous  envoie 
'Moustiersetesglisesdestruire,  2S5 
Et  les  clergiez  dont  il  n'a  cure. 
Orsuz,seigneur,alarme. alarme. 
Que  cilz  faux  pappes  par  son 
[cl^arme 
Ne  s'en  fuie  hors  de  noz  mains. 


PREMIER  CHEVALIER 
J'ay  esté  assez  en  ost  maint,      aao 
Je  suis  de  guerre  bien  apris. 
Mains    angiiis.  mains  hommes 
[ay  pris. 
Et  mis  a  mort  en  fait  de  guerre. 

8Ea>NI)  CHEVALIER 
Il  n'a  pas  homme  en  ceste  terre 
Qui  défait  de  guerre  doublasse.  235 

114  M».  I«il. 

"FOUO  10  RKCTQ. 


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J'ay  faite  mainle  famé  lasse 
Et  vefvede  son  bon  baron. 

TIERS  CHEVALIER 
Taisiez  vous,  que  trop  bien  aron 
Le  pappe  et  trestouz  les  frères, 
240  Vous  savez  que  li  emperiéres 
Est  ja  de  lu  nostre  partie. 
QUART  CnUVALIER 
Nous    sommes    ^enl  preux  el 
[hardie  : 
Allons  le  panrc,  veez  le  la. 
PREMIKH  CIIRVALIRR 
Va. tu  de  sa  et  tu  de  la, 
345  Et  vous  autres,  conment  qu'il 
[praingne, 
Chuscuns son  cardinal  retienne, 
Et  gardez  qu'il    ne   vous  es- 
[cliappe. 
SECOND  CHEVAT.EEB 
Dieux  doint  mal  jour  a  ce  faux 
[pappe 
Et  a  toute  sa  fausse  sorte  ! 
250  Malles  nouvelles  vous  apporte  : 
l'rins  estes,  riens  n'y  vaust  def- 
[fance. 
Laissier  vous  fîiusl  celle  cj'eance 
'Qu'avez  jusqu'au  jour  d'uyliefle. 
Cilz  qui  lisl  le  vent  et  la  pluie 
sa  C'est  cilz  qui  par  nous  le  vous 
[mande. 
Kl  qui  apenre  vous  commande. 
A  li  liez  vous  enmanrons. 
Tll-:nS  CHEVALIER 
Celles,  moût  tresbien  vous  tan- 
[rons 
Vous  nenouspouez  pas  esiordre. 
360  Or   les   enmenoiis   (louz)  par 
I  ordre 
Devant  nostre    maisLre  Antre- 

■FouoWv^nBO.  Lcrist. 

MO  Ui.  I»(l. 


N'y  ait  cetiuy  qui  brait  ne  crist 
Que  je  ne  li  coppe  la  teste. 
QUART  CHEVALIER 
Vous  devez  bien  démener  feste, 
Vous  qui  avez  muge  chappel  !  MS 
Ainssin  rouge  ferons  la  pel 
Dechascun  Je  vous,  sesaîclilez. 
Tuez  serez  et  de  tranchiez. 
Se  ne  laissiez  vostre  loy  fausse 
Qui  la  nostre  despite  et  fausse^  m 
Je  vous  conseil  vous  la  laissiez. 

PREMIER  CHEVALIER 
Or  est  bien  de  tout  abaissiez 
Vostre  estai,  seigneur  pauton- 
(nier; 
Trop  avez  esté  parsonnier 
Des  aaises  de  ce  monde  avoir,  an 
Orendroit  pouez  bien  savoir, 
Se  ne  laissiez  vostre  folour, 
Avrez  grant  poinne    et    grant 
[doulour. 
Se  vostre  loy  ne  guerpissez. 

PAPPE 
Doux  Dieux,  au  jugement  yssez,  asa 
Et  si  nous  soies  en  (aiue) 
Envers  ceste  gent  corromptie 
Qui  ainssin  t'Esglise  desgastent. 
Et  si  nous  conlraingnenl  et  has- 
(tent 
De  ton  tressalnl  nom  renoier.    aas 
Pour  mes  berbiz  te  vueil  proier 
Que  ne  les  mettes  en  (oubli;. 


SECONT  CHEVALIER 
Roys  qui  as  le  cuer  anobly 
De  puissance  et  liaut  et  bas, 
Et  qui  par  treslous  lieux  embas  2 


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'Ton  pouoir  et  ton  bon  talent, 
Or  ne  nous  tenir  pas  a  lent, 
Quar  l'AposEole  t'amenons. 
Et  les  cardinaux  bien  tonons  : 

aS6  Voy  tes  te  cy  en  ta  présence. 
ANTRECRIST 
Je  ay  au  cuer  trop  granl  pe- 
[sance. 
Quant  je  voy  tieux  gens  foloier 
Qui  loutdeUssent  ruvoîer 
Lft  peuple  et  mettre  en  vérité. 
PAPPE 

300  Nous  créons  en  la  Trinité, 
Et  si  sommes  vray  crestlen, 
Hais  vous  estes  Egipclen, 
Anemy  dou  linaige  humain. 
Bien  ay  enpansé  des  hui  main 

306  Que  par  grant  debonnaîrelé 
Te  monstrasse  ta  fausseté. 
Tu  vues  con  Dieux  estre  tcnuz, 
Pran  garde  dont  tu  es  venuz, 
Qui  lu  fus  et  que  devanras. 

310  Et  comment  lu  te  contenras 
En  la  dampnation  d'enfer. 
Tu  ses  bien  (qu'en  acier  n'en 
[fer), 
Ne  en  chevaux  ne  en  grans 
[pompes, 
Ne  en  buisines  ne  en   trompes, 

315  Ne  en  forces  ne  en  richesces. 
Ne  en  maisons  n'en  forteresses. 
N'est  pas  li  plaisirs  de  cellui 
Souvertûn  roy  dont  j'ay  leû 
Huy  au  matin  sa  Passion, 

32D  Mes  cuers  en  iribulalïon, 
Et  nés  et  espurgiez  de  vices, 
C'est  a  li  plaisant  sacrifices. 
I-aisse    1res  tout    ton    orgueil, 
[laisse, 


■Foi.10  11  hm 
31t  Us.  fui  01 
»1  Hb.  Ml. 


venl3» 

Et  par  humilité,  t'abaisse  ; 
Aye  le  cuer  triste  et  noirci,         325 
Pour  les  mefTaiz  crie  merci, 
Laisse  tes  œuvres,  trop  sont 

ANTRECRI8T       [foies. 
Trayez  vous  sa,  faux  Apostoles, 
Laissiez  ester  vostre  lancier. 
Il  ne  vous  puet  rien  avencier  ;  33D 
Venez  sa,  faites  moy  honmaïge. 

•PRI-MIER  CARDINAL 
Dieux,    pourquoy  souffrez  cest 
[outraige, 
Qui  souffrez  que  cilz  desloiaux 
Fait  tes  bons  crestïens  loyaux 
Toy  déguerpir  et  en  lui  croire  ?  33S 
Biaux  doux  Dieux,  car  aye  me- 
[moire 
De  tes  douces  provisions  I 
SECONT  CARDINAL 
Sires  Dieux,  nous  te  deprions 
Que  tu  nous  donnes  sapience, 
Que  tavraye  foy  et  ta  crance     3M 
Puissiens  a  t'oneur  maintenir. 

ANTBECRIST 
Faux  pappes,  il  te  faust  venir 
Sa  vers  moy,  pour  moy  aourer; 
Vous  cardinal,  sans  deniourer, 
Levez  sus,  honmaige  me  faites,  345 
Ou  vos    chars    en  seront  de- 
[  traites. 
Savoir  pouez  sanz  décevoir 
Que  je  suis  Dieux  et  porte  voir  ; 
M'a  tout  bailtJc  en  ma  baillie 
Mes  Pères  ceste  i^mpaignie       aso 
Pour  eux  mener  en  paradis. 
PAPPK  A  ANTREGRIST 
flec  !  Satanas.  qui  fus  jadis 
Abatuz  dou  souverain  règne, 
Parton  pouoircilzdeables  règne 
Qui  trestout  le  monde  decoit.     X6 

*FOUO  II  VBRBD. 


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—  148  - 

Conraant  est  ce  que  te  regoit 
Cilz  foU  peuples  desconfortez 
Qui  tu  es  annemis  mortez  ? 
Et  de  l'humain  linaige  (tout) 

960  Pourqu'esse   que  Dieux   ne  te 
[(tout) 
Celle  puissance  que  tu  as  ? 
Dieux  qui  sanc  et  eve  suas, 
El  qui  vos  en  croiz  aoffrir 
Ton  corps,  et  pour  nous  mort 
[souffrir, 

365  Pour  ton  peuple  d'enfer  giter, 
Plaise  toy  a  nous  acquitter. 
De  l'engin  de  cestui  maufé. 
ANTHECKIST  AU  PAPE 
Pappes,  trop  formenl  escbaulTé 
Te  voy,  et  ses  deux   pauton- 
[niers  ; 

37D  De  tes  maux  seront  parsonniers. 
Je  croy  que  tu  t'aviseras. 
Mossé,  sez  tu  que  en  feras  ? 
Met  se  pappe  en  bîenvilz  prison, 
•El  ces  deux  pour  leur  niespri- 

375  Eta  ces  aulre[s]  parleray.  [son, 
A  chevaux  traire  vous  feray. 
S'a  moy  ne  vous  convertissiez, 
Yssez  hors  de  l'erreur,  ysse; 
Trop  y  avez  fait  g rant  demeure. 
PREMIER  CARDINAL 

38D  Biaux  sires,  de  cuer  vous  aeure 
Et  me  met  en  vostre  franchise. 
Je  renoy  Dieu  et  sainte  Esglise, 
El  croy  la  vostre  loy  nouvelle, 
El  si  deepil  et  renoy  celle 

2t&  Que   nous   avons   lonc  temps 

[tenue. 

Vostre  puissance  ay  cogneQe 

Et  voy  en    vous    merveillieux 

[signes. 


8EC0NT  CARDINAL 
,  vous  esles  touz  bénignes. 
Je  le  voy  bien  a  vostre  gent. 
Il  ne  (m'est)  or  ne  bel  ne  gent,  n 
Quant  je  ay  tant  mon  cuerbanté, 
En  eslre  en  la  crestlenté: 
Dou  tout  a  vous  je  m'abandonne. 
ANTRECRISTau  premier  Cardinal 
fiiaux  doux  amis,  et  je  te  donne 
Plus  granl  terre  et  plus  grant  a 

[avoir 
Que  lu  ne  poulsses  avoir  ; 
Tout  quanque  j'ay,  il  sera  tien. 

PREMIER  CARDINAL 
Biau  mestre,  près  de  toy  me 
El  je  a  toi  obeiray,  (lien, 

Et  parmi  ton  peuple  iray  * 

Pour  amonester  Ion  pouoir. 


•SECONT  CARDINAL 
Biau  sire,  saiches  toul  de  voir 
Que  nous  venons  de  touz  pals. 
Vous  n'estes  mais  de  nul  hais. 
Partout  estes  sires  clamez,         «s 
Et  chier  lenuz  et  bien  amez, 
Nulz  homs  ne  vous  puet  dece- 

[voir. 
Savez  vous  pourquoy?  pour  sa- 

[voir, 

Quar  vos  vertuz  sont  trop  ap- 

[pertes. 

ANGBS  PREMIERS  BN  CHANT(l) 
[Veni  Creator  5piri(ua] 

Vous  qui  avez  la  mort  soufferte  4io 
Pour  Jhesucrist,  le  fil  Marie, 


359  Ml.  loul. 

360  Us.  I«t. 
*FouO  H  nSOTO. 


390  U*.  mtt. 
■Folio  n  tbhio. 
(1)  Le  ohuit  rat  Dotd. 


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TCHHU 

De  par  U  revenez  en  vie. 
Pourli  avez  esté  martir, 
Orendroit  vous  fausl  départir 

415  De  ce  vil  et  corrompu  inonde 
Duquel  il  n'a  nulle  riens  monde, 
Et  sa  en  paradis  monter. 

ENOC 
Dieu  de  cui  ne  puet  raconter 
Bouche  ne  langue  la  bonté, 

430  Nous  te  loons  que  seumionté 
Avons  tout  le  pouoir  au  deable. 

'SECOND  ANGES 
Entrez  en  joye  pardurable 
Qui  jamais  jour  ne  Qnera. 
[.l  bUNS  CRESTIENS 
[Hee!]douxDieuxquinousayc)e- 

4K  Qui  a  fait,  si  con  j'ay  veU,     |ra, 
Que  cil  qui  trois  jours  ontgeU 
Hort  ou  my  lieu  de  la  cité 
Sont  en  vie  resuscité 
Et  sont  en  paradis  porté  1 

430  Soies  trestuit  reconforté, 
Que  qui  en  Dieu  se  tlera, 
Et  Entrecrist  n'aorera, 
A  in  coi  s  aliorra  sainte  Esglise, 
L'ame  de  luy  en  sera  mise 

43G  En  joie  qui  ja  ne  faura. 
MOSSEZ 
Or  sa,  glouton,  riens  ne  vaura 
Vostre  fause  papelardie, 
C'est  en  despit  dou  Itl  Marie 
Que  cy  avez  ramenteQ, 

440  Mieux  vous  vaussist  estre  tea. 
Jamais  jour  tel  mot  ne  direz, 
Vous  seroiz  ainssin  alirez. 
Tuit  cil  qui  ce  tesmoingneront, 
Mais  au  peuple  entendre  feront, 

445  Qu'an  enfer  deable  les  emporte  ! 


'FOUO  13  MCTO. 


HALAQUIU 
Ordes  nouvelles  vous  aporte, 
Grant  duel  et  grant  raige  me 
[miort, 

Quar  cil  sont  relevé  de  mort 
Que  felstes  l'autrier  tuer. 
C'est  chose  c'on  ne  puet  muer  4£ 
Con  ne  le  saiche  par  la  ville  ; 
Saichiés  que  il   sont  bien  deux 
[mile 
Qui  le  sévent,  et  qui  ne  croyent 
Entaloy.œaisJhesucrisI  croie  n  t; 
Ce  vous  tourne  a  moût  grant  4! 


•ANTKEGRIST 
Tuit  sont  foi  etnesontpassaige 
(Qui)  croient  se  soit  veritez; 
Il  ne  sont  pas  resuscitez, 
Ne  vis  ne  retournez  en  vie. 
Saictiiës,  je  n'enay  point  d'envie,  460 
J'ay  fait  faire  a  mon  devis 
Qu'il  ont  samblé  estre  revis 
Pour  les  crestlens  décevoir, 
Par  quoy  on  puisse  apparcevoir 
Et  pour  savoir  se  l'en  oist  466 

Aucun  qui  pour  ce  s'esjoist 
Et  delsl  que  li  fliz  Marie 
Leur  eOst  vie  restablie  ; 
Mais  je  le  jur  par  ma  créance. 
Se  nulz  a  mais  en  li  créance,     470 
U  en  morra,  conmant  qu'il  aille. 


SAINT  JEHAN  EVANGKLI8TB 
(Venez),  frère,  que  je  vous  baille 
De  par  celuy  qui  vit  et  (règne) 
Seur  touz  roys  et  sur  trestous 
[règnes, 

•Fou»  13  VBRK). 
iST  Ul.  fV'll. 

4T1  Ils.  ntfM. 


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—  144 

*ii  Ces  fyoles  ;  yci  prenez,  i 

El  en  vos  mains  si  les  tenez, 
Jusques  a  tant  c'on  vous  dira 
La  ou  ctaa«cuns  de  vous  ira 
Espandre  la  soue  flole. 

«D  Faîtes  le  selond  la  parole 
Que  vous  en  avez  ja  oye. 
Dieux  touz  puissans,  qui  pas  n'o- 
La  parolle  de  ces  amis,       [blie 
Par  son  con mandement  a  mis 

«5  L'ire  de  s'indignatlon 
Es  floUes,  enlencEon 
A  de  vancher  l'umain  linaige 
De  celle  orde  Besle  sauvaige 
Qui  tant  a  régné  coume  Dieux. 

490  Veez  vous  le  temple  glorieux 
Qu'est  ja  touz  rampliz  de  fumée? 
"A  trestouz  est  close  l'antrée 
Jusqu'à  tant  qu'avrez  acomplie 
L'ueuvre  qu'avez  (enconmancie), 

49S  Quar  Dieuz  l'a  ainssin  ordonné 
LI  TIERS  ANQBS 
Loons  tuil  leRoycoronné, 
Le  ni  Dieu  qui  ainssin  ordonne 
Ses  sains,  et  victoire  leur  donne 
De  toute  tribulation. 

H  QUARS  ANGES 

Goo  Pour  ton  peuple  tedeprion, 
Roys  des  roys  et  sires  des  sires, 
Loez  soit  touz  jours  tes  empires 
Et  la  iressainle  maitez  ! 

niKux 

Faites  losl,  si  vous  aprestez, 
S(S  El  espandez  m'ire  sur  terre, 
11  n'y  avra  ne  (clé|  ne  serre 
Qui  contre  moy  puisse  durer. 
Alez  tost.  que  plus  endurer 
Ne  pourroie  les  grans  péchiez 

4MMs, 
S06  Mb.  «In-. 


Dont  li  mondes  est  enuchîez  ;  i 
Des  mau%'ais  est  venue  l'eure. 


PREMIERS  ANGES  A  PIOLB 
J'espandrai  sans  nulle  demeure 
La  moie  sur  la  pute  geste, 
Plainne  de  granl  des  loyauté. 
Qui  ont  aouré  l'orde  Beste.        ^ 
Il  sont  luit  plain  decruautë, 
Ounom  de  Dieu  je  les  condamp- 
VIVEHS  [ne. 

Ay  !  par  la  loy  Dieu,  sire  Anne, 
Bien  tov,  nous  sommes  luit  per- 

J'ai  le  cuer  Iresloui  espentu,     ^ 
Je  voy  ja  la  noslre  gent  morte. 


SEtX)ND  ANGES  A  FTOLR 
'Maie  nouvelle  vous  aporte. 
Vous  qui  avez  les  sains  tuez  ; 
Vos  pouoirs  esl  trop  fort  muez, 
Seur  vous  ma  flole  espandray,  ^ 
Et  toui  maintenant  vous  rendrai 
De  voz  mefTaiz  le  guerredon. 

CORBADAS 
Dieux. qui  nousa[s]  donné ledon 
De  naislre  sur  terre  de  mère, 
Quant(moronB)detelmortaméreS' 
De  (no)  pouoir  te  maudison, 
Nous  trestuit  ensamble  dison 
:  c  Maudite  soit  ta  grant  puis- 
[sanceii 
TIERS  ANGES 
De  Dieu  giteray  la  santance 
Seur  vous  qui  avez  Escrïplures  * 
Seur  Jeshucrist  faites  obscures, 

•Folio  M  tbrbo. 

530  Ms.  mtrrtnt. 

531  Ub.  m«i. 


,.GoogIc 


Qui  avez  par  voz  faux  âilTames 
En  enfer  mis  plus  de  mil  âmes. 
Vos  rivières  et  vos  fontainnes 
510  Seront     de     sanc     trestoutes 
[plainne 
Or  vous  sont  11  loier  rendu 
Dou  sanc  que  avez  respandu 
Et  par  voz  faux  dizfuitespendre. 

QUAH8  ANOES 
Justes  est  Dieux  sanz  riens  re- 
[prendre, 
MS  Sanz  fin   el   sanz  commance 
[ment, 
'Qui  a  fait  si  vray  jugement 
De  ceux  qui  ont  mis  a  martire 
Ces  prophètes,  et  sance  tire 
Uns  chascuns  selond  ses  mef- 
[faiz. 
bi>  ANGES 
550  Dieux  qu'a  nulle  riens  ne  mef- 
[faiz, 
Tes  œuvres  sont  Justes, v[e]rayes, 
De  les  sains  (garde)  bien   les 
[plaies. 
Juste  sont  li  vray  jugement. 
Tu  juges  seur  totiz  justeme 
55S  A  toy  soit  paiz,  honeur  et  joie  ! 


QUAnS  ANGES  A  FIOLE 
El  je  regiteray  la  moie 
Seur  Antrecrist  qui  se  disoil 
Filz  de  Dieu,  et  si  desprisoit 
Le  vray  Dieu  de  toute  nature  ; 
580  Si  pesraesera  s'aventure 
De  ce  soleil  qui  tant  sera 
Chaux  afin  qu'il  estoufTera, 
Par  grant  chaleur  desordonnée, 
La  gent  qui  est  sur  li  tournée, 


Ycilz  avra  si  grant  chalour.        ses 
N'i  avra  force  ni  valeur 
Que  luit  cilz  par  chaut  ne  pe- 
I  rissent 
Qui  a  Entrecrist  obéissent 
Et  qui  ont  en  ces  faiz  creD. 

ANNES 
Bien  voi,  nous  somes  decett,      570 
Je  (nel  m'en  say  ja  repantir, 
Quarli  Dieux  qui  nepuet  mentir 
A  sur  nous  donné  sa  sentance. 
Maudite  soit  sa  grant  puissance. 
Ses  grans  noms,  sa  grans  poes-  575 

[lez, 
Haudiï  soit  y  vers  et  estez, 
Et  li  pouoirs  de  Dieu  trestouz  ! 
Je  suis  li  plus  mescheans  de 

[touz. 
Ha  langue  en  est  ja  maigre  et 

[arse. 


•QUINT  ANGE  A  FIOLE 
Ma  fïole  sera  {esparte)  s» 

Sur  le  siège  a  la  maie  Beste 
Et  sur  toute  la  pute  geste. 
En  enfer  seront  descendu, 
Leurguerredon  leur  sont  rendu 
Des  maux  qu'ont  faiz  a  sainte  S8S 

[Esglise, 
Ou  luit  s'en  iront  en  leur  juise. 
En  enfer,  qui  tant  est  piians. 
Faux  traites,  mauvais  puans. 
Qui  avez  vos  enchantemans 
Contre  les  dix  commandemenz,  sso 
Par  vous  ne  seront  plus  qtiassé. 

CAIFFAS 
Noslre  bobant  sont  trespassé. 


,.  Google 


Cilz  qui  toutrormasoilmaudiz! 

Je  voy  bien  que  si  a  maux  dix 

GK  Commandemens  qu'avons  faus- 

[se, 

Touz  jours  mais  en  seronsctaauf- 

[fé 

En  enfer,  sanz  reaindre  avoir  ; 

Cedoîlchascuns  croire  elsavoir 

Qu'a  tel  fin  nous  convient  venir. 


BAlICmUZ  PARLE  AU  CORPS 
lŒSUSClTÉ 
NI  Je  fais  se  corps  cy  soustenir, 
El  si  n'a  il  point  d'esperite  ; 
Quelle  parole  qu'il  a  ditle, 
Se  je  (lais),  qui  ainssin  le  moin- 
[ene, 
Je  le  lais,  si  vois  en  ta  poingne 
)â  D'enfer,  ou  e^it  mes  habitacles. 


bj-  ANGK  A  nOLE 

De  Dieu  je  vueil  faire  miracles 

Seur  ses  orgueiUieux  mauvais 

[riches 

Qui  aux  povres ont  esté  chiches, 

Qui  leur  valeur  et  leur  richesces, 

Sio  Leurnoblescesetleurhautesses 

Riens    ne  leur  vaudront,  c'est 

[sanz  doubte. 

Sur  eux  je  vueil  espandre  toute 

'Ma  fiole,  est  seur  eux  freitu, 

Cesl[e]  gruns  Huves  (s'est)  re- 

[traile, 

Bt5  El  saichiés,  sans  plus  au  re- 

[courre, 

Lagrantayguequisouloit  courre 

«01  lia.  fêiL 
*FOUO  16  «BCTO. 

U4  )f».  tf  Ml.  .  I 


Très  passer  très  tout  soichement 
Y  pourra  l'en  seûrement  ; 
C'est  fait,  il  n'y  a  mais  noiant. 
Or  pueent  bien  veoir  li  mes-  c 

[cheant 
Qu'Antrecrist  les  a  deceQz. 

L'AVEUGLE 
Doux  Dieux,  mes  cuers  est  es- 
[meOz 
De  VOUE  servir.  Bien  repentir 
He  doy,  quant  j'osay  consentir 
De  renoier  vostre  figure,  a 

Et  aourer  la  créature 
Qui  les  bons  ures  tiens  encombre. 
Jeshuchz,  roys  puissans  sanz 
[nombre, 
Fol  fuy  quant  j'osay  renoier 
Vous,  et  Entrecrist  deproier,       Q 
Pour  ce  que  il  m'avoit  rendue 
Ha  clarté  que  je  ray  perdue  j 
Bien  sai  de  voir,  je  ne  voy  goûte. 
Doux  Dieux,  fox  est  qui  ne  vous 
[doubte. 
Sire,  vers  vous  ay  trop  mespris  a 
Par  pccbié  dont  j'esioie  esprins, 
Vers  vous  ay  mesprins  folement. 
Merci,  doux  Dieux,  je  vous  de- 
[mant. 
Débonnaires  me  veilliés  estre. 


LE  HATAM 
Bien  doi  hair  le  Roy  celestre,     i 
Par  lui  serons  tuit  esperdu, 
Nostre  bobant  avons  perdu 
Et  sommes  ainssin  (tonmenlé). 

■8 ATA M 
Je  le  di,  trop  granl  talant  hé 


,.GoogIc 


S45  De  mouvoir  vers  celui  grant 
[guerre 
Qui  forma  le  ciel  et  la  lerre, 
Qu'il  en  tel  poinne  nous  a  mis. 
Alons  requerre  noz  amis. 
Que  je  conseil,  conmant  qu'il 
[aille, 

650  Qu'anconlre  li  faciens  bataille. 
Tant  le  hé,  ne  le  puis  amer- 

LE  MATA M 
Cilz  moz  ne  fait  pas  a  blaamer, 
Aingois  est  bons  a  retenir. 
Baucibus,  avec  nous  venir 

655  Te  faut,  et  avec  nous  combalre. 
Tu  le  (ses  bien  es)  lieuxembatre 
El  faire  faire  a  grant  planté 
Se  que  tu  as  en  voulenté. 
Avec  Sàtanas  en  alons. 
BAUCIBUZ 

660  Mais  n'aresteray  mes  talons, 
Jusques  vous  avray  (assemblés) 
Les  os  de. XXV. contrées 
De  jayans  et  de  Juplans 
Pour  combatre  aux   crestïens  ; 

aes  N'est  riens  que  puisse  tant  hair. 
Fuions  nous  an  lanlosi  d'air, 
Paour  ay  de  nous  ne  se  vanche 
Cilz  maux  Juges  qui  si  laidange 
Ceux  qui  ce  sont  a  nous  rendu. 


LE  MEZEL 
670  Bien  voy,  de  Dieu  sont  dessendu 
Miracles  aujourd'uy  sur  terre. 
De  cuer  le  vueil  aler  requerre 
DemonmefTaitmercilipraingne. 
Dieux  plains  de  vertuz  souve- 
[rainne, 
675  Jestaucrist,  filz  Dieu  le  vif  Père. 
6Sâ  Ua.  ut  bfnu  n. 


Lacune  d'un  feuillet. 

•ARROPFLART,  biij'  roy 
Je  n'i  vueil  plus  faire  delay, 
Jeshus  requier  de  cuer  entier 
Qu'(arriére)  me  mette  ou  sen- 
[lier 
Parquoys'amourjepuisseavoir. 

ANDOART,  il-  roy 
N'est  riens  qui  vaille  tel  avoir     M 
Comme  l'amour  de  Dieu  le  Père- 
De  cuer  vueil  deprier  sa  mère 
Qu'a  son  fil  acorder  me  veille. 

MAILLBFER.  ï-  roy 
Ains  que  plus  péchiez  nous  a- 
[cueilte. 
Prions  sainte  Marie  la  belle        « 
Mère  de  Dieu,  Vierge  pucelle, 
QuenostrepaizenversDieuface. 

RERUM  SIMUL 
Vierge,  dameplainne  de  grâce, 
Vers  Dieux  melfait  nous  nous 
[sentons. 
De  veray  cuer  nous  repentons  6i 
Et  par  vraye  contriclon. 


DIEU 
Finie  aum  et  inicion, 
Sanz  fin  serai  et  sanz  fin  règne, 
Sanz  commancement  est  mon 
[règne, 
Je  suis  Dieux  de  toute  nature,     6K 
J'ay  fait  Irestoute  créature. 
Et  1res  tout  le  temps  ordonné. 
Or  ce  sont  tant  abandonné 
A  pechié  celle  gent  dou  monde. 
Rien  n'y  a  pur,  ne  net,  ne  monde,  na 


,.GoogIc 


Tuit  se  sont  a  pechié  offert. 
Leur  mauvaisiié  ay  trop  souf- 
Ifert, 
Plus  ne    souffreray  vrayement. 
Quar  il  sont  sanz  repentement . 
?D5  Justes  sLiiz,droîz  est  que  je  juge 
En  manière  de  v[e]ray  juge  ; 
Touz  les  mors  vueii  resiisciter, 
Les  bons  de  tout  mal  acquitter, 
Et  les  mauvais  mettre  en  l'or- 
tdure 
710  "D'anfer;  tiiitmorronipararsure 
Cil  qui  ou  mont  seront  trouvé, 
El  puiz  seront  li  esprouvé 
En  paradis,  en  corps  et  ame, 
Etji  mauvais  touz  jours  en flame 
715   Seront,  sanzntilconforttrouver. 


CHERUHIN 
Li  touz  puissans  si  veult  ouvrer 
Une  euvi-e  qu'il  a  devisiée  ; 
Il  dit  qu'il  veult  que  soit  flnée 
La  vie  deTumain  linaipe, 

Tio   Ne  ja  il  n'y  luira  estaige, 

EtpuisraJoindracorpsetame[s), 
Or  alons  prier  a  la  dame, 
Qui  est  de  li  et  fille  et  mère. 
Qu'elle  et  son  111  et  son  përe 

las   Pourson  peuple  vueilte  prier. 
SERAPHIN 
Ce  fait  moût  bien  aoctroier. 
Alons  y  faire  la  requeste 
Qui  est  motit  juste  et  moui  hon- 
[neste. 
Dame  qui  estes  tresorJére 

730  De  grâce,  et  dou  ciel  lumière, 
Vosire  ni  priez  pour  le  monde. 
Dame,  que  il  ne  le  confonde 
En  enfer,  se  mauvais  estaige. 
■Folio  t7  vbabo. 


ven  17U 
CHERUBIN 
Dame,  royne  preux  et  saige. 
Qui  tout  paradis  enlumines,        7S 
Royne  sur  toutes  roynes. 
Pour  ton  peuple  ton  fil  deproie. 

SAINT  JEHAN 
Dame  par  qui  vient  tout  joye. 
En  terre  et  en  ciel  aussiment. 
En  guerredon  je  vous  demant     740 
Et  requier,  que  grant  paouray. 
En  remambrance  quej'aouray 
Ton  doux  ni  ou  ventre  ma  mère, 
'Prie  et  ton  fil  et  ton  père 
Que  ait  de  son  peuple  mercy.      7U 
De  paour  ay  le  cuer  noirci, 
Helas  !  a  li  parler  je  n'os, 
Dame,  priez  li  que  de  nous 
Et  de  ses  amis  li  souvai^ne, 
Dame,  que  il  ne  nousconveigne  s) 
Vostre  compaignie  laissier. 
Et  u  les  mauvais  abaissier. 
En  vous  tout  mon  espoir  misay, 
Bien  savez,  je  le  bautisay. 
Et  preschay  son  advenement,      755 
Pour  11  vesqui  moût  aspremenl. 
Et  si  fui  poui'  lui  decolez. 
Douce  dame,  se  vous  voulez, 
Bien  nous  pouez  trestouz  def- 
[fendre. 
SAINT  PIERRE 
Dame,  plaise  vous  a  entendre      no 
Ma  prière  que  vous  vueil  faire. 
Priez  vostre  fil  débonnaire 
Que  il  vueille  s'ire  refl'raindre, 

n  son  service  remaindre 
Laitceuxqui  l'ont  servi  en  terre,  tss 

SAINT  IiOL 
Et  je,  dame,  vous  vueil  requerre 
Que  il  vous  plaise  a  deprier 
Vostre  fil  qu'il  veille  octroyer 


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v«n47GB 

Pardon  a  ceux  qui  l'ont  amé 

770  En  terre,  et  seigneur  damé. 
Saichiés  que  j'ay    Irop    granl 
tpaour, 
SAINT  PHELIPPK 
Tresdouce  dame  cui  j'aour. 
Et  qui  ou  ciel  es  honorée, 
Seur  I  ou  tes  dames  aourée, 

775  Envers  la  getit  ton  111  appaise. 
Et  li  prie  que  il  li  plaise 
Avoir  de  son  peuple  merci. 
De  paour  ay  le  cuer  noirci, 
Touzli-amble.jenesayque  face. 
SAINT  ANimiAU 

71»  Dame  toute  plainne  de  grâce, 
Royne  de  miséricorde, 
Ton  peuple  vers  ton  (il  a<.-orde, 
Et  par  grant  douceur  le  deproie 
■Que  aceux  sa  grâce  ociroye 

Tss  Qui  l'ont  servi  de  cuer  loial, 
Que  cil  aver  si  desloial 
N'en  soient  mesire  ne  seigneur. 
Je  vous  (di,  ay)  paour  grigneur 
Que  je  n'oy  mais  jour  de  ma  vie. 
SAINT  BEHTIliXIJMIAL' 

7B0  Douce  dame.  Vierge  Marie, 
Qui  es  royne  des  archanges, 
Le  salut  que  te  fisl  li  anges, 
Quant  tu  sanz  pechié  conceUs, 
Te  soit  par  moy  ramenteUs, 

795  Afin  que  ma  proiére  oies 
Et  que  lu  celui  Dieu  deproies 
Qui  entre  tes  lltins  s'aombra. 
Qui  de  la  mort  nous  descombra. 
D'enfer  qu'il  vueille  descombrer 

aoo  Son  peuple,  et  o  tes  sains  nom- 
[brer. 
Paour  ay,  regarder  ne  l'ose. 


SAINT  JASyuE 
Royne  en  cuy  est  enclose 
Toute  bonté,  toute  btauté. 
Toute  foy,  toute  loyauté, 
Dame  de  grâce  tresoriére,  bos 

Fay  envers  lonchier  filzproiere 
Pour  tes  amis,que  ne  condamp- 

O  les    mauvais  qu'i|l|   ne  les 

[dampne. 

Tel  paour  ay  que  non  puis  dire. 

SAINT  HERNAHIÏ 
Tuil  sommes  mort  et  a  rnartire  ;  810 
Tresdouce  dame,  fontainjïne  de 
{doucour, 
Ne  desdaigniez  mon  soupir  ne 
[mon  plour, 
Ne  vous  desplaise  ma  proiere  a 
[oir. 
Ne  despisiez  mon  plour  ne  mon 
[^soupir. 
Par  voz  saint  81  et  par  sa  pais-  8t5 

[slon. 
Eecoutez.dame. doucement  m'o- 

J'ay  tel  paour.  je  nen  puis  dire. 

SAINT  8YM0N 
Tresdouce  dame,  apaisiez  l'ire 
De  vostre  III  qu'est  si  montée, 
Qu'eltene  soit  vers  nous  tournée,  S3o 
Ne  vers  ses  autres  serviteurs. 
Paour  ay  de  ses  traiteurs 
Que  voy  la,  et  tant  les  redouble 
Que  d'avec  li  ne  nous  déboute 
Que  je  ne  l'ose  regarder.  W 

JUI>A8  (MAJCAHKUS 
Bien  est  gardez  cui  tu  (garde  es). 
Vous,  dame,  en  pitié  me  (re- 
Igarde) 


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El  nous  met  en  la  toue  garde 
El  trestouz  ceux  qui  t'ont  amëe. 


830  Filz  pour  qui  fui  triste  et  dou- 

[lente, 

Au  jour  qu'an  croiz  morir  vous 

Biaux  fliz,  souvaingne  vous  de 

[my, 

A  vouB  toute  me  recomande, 
Biaux  doux  fliz,  riens  ne  vous 
[demande 
S3S  Qui  soit  contre  vos  voulentez, 
Je  vous  pri  cil  soient  l'entez 
En  paradis  qui  m'ont  amée. 

DIBU 
De  moût  bonne  eure,  fustes  nce, 
Uame,  doubter  ne  vous  estuet, 
&I0  Ce  qui  vous  plaist  11  miens  cuers 
{veult, 
De  bonne  eure  m'angenuttes, 
Et  alailastes  et  norrites, 
Je  vous  (aim)  tant  conme  mon 
[cuer. 
Ma  douce  mëre,  douce  suer, 
846  Ne  soies  pas  desconseiliie, 
Vo  couronne  est  (appareillie) 
Qui  ja  sera  sur  vostre  cliief. 
Paradis  vous  octroy  en  lié. 
Et  louz  ceux  qui  servi  vous  ont 
«0  Et  qui  vous  amérent  ou  mont, 
Touz   les  bons  je   metlray  en 
[gloire  ; 
Hais  les  mauvais  je  ne  pourroie 

•FOUO  »  B»OTO. 
M  Ub.  »ffaniUiiè. 


Par  droit  que  ne  Teussent  dainp- 
(né, 
(Har)  Turenl  onques  d'Adam  né. 
Je  leur  monstreray  ma  figure      tt 
Qui  pour  eux  soufTri  tant   lai- 
[dure. 
Et  conmant  fui  crucifiez; 
Pour  ce  seront  ediffiez 
Li  bon,  li  mauvais  trambleront 
Et  orrililement  crieront  a 

De  ce  qu'il  ne  sont  rachaté 
Par  si  iresprecieux  chaté; 
En  enfer  sera  leur  maison. 
Or  suz,  Jehan,  qu'il  est  saison 
De  acomplir  ce  qu'est  la  faire).   » 
Alez  le  monde  tout  delTaire 
Et  meire  en  feu  et  en  dame. 
Que  trop  est  plains  de  grant  dif- 
(famé, 
Je  ne  te  vueil  plus  delrier. 
SAINT  JEHAN  EVANOEUSTE 
A  vous  devons  tiumilier,  K 

El  vos  conmanJemens  ferons, 
Desor  plus  ne  reposerons 
Jusque»  vo  voulenté  soit  faite. 
'Arsse  est  la  terre  et  defTaite, 
Or  est  ti  mondes  elTaciez.  8 


niEU 
Jehan,  Luc,  Marques  et  Hathez, 
Mi  .  IllI  .  especiol  menistre. 
Et  nommé  li  Euvangelistre. 
Levez  sus  sanz  plus  demeurer, 
Et  (sy)  alez  tuntost  corner  f 


Par  les  quatre  c 


»U  M»,  mal. 
KS  Ma.  air»'r«. 
'Polio  19  vinao. 
SBO  Ha.  Cf. 


iz  dOU  D 


;de, 


,.  Google 


Si  conme  il  dure  à  ta  reonde. 
Faites  Jes  mors  resiisciter, 
Es  corps  les  âmes  abiter 

885  Qui  en  onl  eslé  départies. 
Jehan,  tu  yras  es  parties 
D'Oriant,  et  Halhez  yra 
En  OccidanI,  ou  il  dira 
Que  par  vray  resuscilement 

S90  Veignent  Irestuit  au  jugement; 
Et  tu,  Marques,  en  Seplantrion 
Crieras  la  surrection; 
Lucas,  tu  yras  vers  Midi 
Faire  ainssin  conme  aux  auires 
[di. 

gss  Prenez  uns  chascuns  sa  buisîne. 
SAINT  JRIIAN  EVANf.EMSTE 
N'i  avra  mais  celui  qui  fine 
(Jusqu'il)  soit  fait  a  voslre  dit. 


Levez  suz  sans  nul  contredit, 
Corps  qui  avez  en  terre  eslé, 

900  Et  soiez  trestuit  apreslé, 

Corps  et  ame,  trestoul  ensamble, 
Il  convient  que  je  vous  assemble 
Touz,  pour  mener  au  jugement 
Dou  souverain  Roy  qui  ne  ment; 

905  Levez  suz,  que  je  vous  appelle. 
•SAINT  MATHÉ 
Je  vous  aporte  la  nouvelle, 
Vous  qui  en  terre  pourrissiez. 
Que  de  voz  monumens  yssez 
Et  reprenez  et  corps  et  ame, 

910  Ceux    qui  avronl    vescu   sanz 
[blasme 
Seront  en  joye  pardurable. 
N'est  man^onge ne cen'esl  fable, 
El  li  mauvais  a  grant  vi[l]ié 

SS7  Us.  Jiu(iu  f. 


ven  1014 
Seront  tuil  en  enfer  gité. 
Levez  suz,  trop  avez  dormy.      9i5 

SAINT  MARC 
Vous  serez  par  moy  eslormy, 
Corps  qui  gisez  en  ceste  terre  ; 
Je  vous  suis    (trestouz)  venuz 
[querre. 
Par  vray[e]  resurrecclon 
Levez  suz  irestuit  environ,         8» 
De  corps  et  d'ame,  n'atendez, 
Plus,  de  par  Dieu  est  comm;in- 
[dez. 
Qui  bien  a  Tait  se  trouvera, 
Et  qui  mal,  se  comparera. 
Au  jugement  vous  faust  venir.  92S 

SAINT  LUC 
La  Morsne  vouspuet  plus  tenir, 
Corps  qui  par  li  esles  passé, 
Levez  suz,  trop  estes  lassé 
De  sa  jus  en  terre  gésir. 
Or  suz,  sans  panre  autre  respil,  sso 
Tresiuit  voz  amez  reprenez. 
Et  avec  moy  vous  en  venez 
Au  jugement  le  Tout  Puissant. 
Li  bon  seront  bien  cognoissant 
Des  biens  qu'avront  fait  en  leur  935 

(vie, 
Et  li  mauvais  ne  seront  mie 
De  leur  mauvaistié  espargnié. 


EVESQUES 
Hee  las  !  con  je  Tui  or  mar  né  ! 
Mar  Tui  onqucs  arcediacres, 
Je  voy  sa  gens  plus  noirs  que  9' 

(tacres 

Qui  nous  avront  de  leur  partie. 

Or  est  la  chose  mal  partie  : 

Tant  prins   ou  monde  de   mes 

[aises, 

911)  Us.  miMm. 


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Desor  en  avront  les  mesaises 

915  Mes  corps  et  m'arne  tout  ensam- 

[ble, 

De  paour  louz  H  corps  me  tram- 

[ble, 

(Juarje  voy  lout  a  descouverl 

Conment  j'ay  en  ce  monde  ou- 

(vert. 

Mon  peuple  n'ay  pas  ensaignië, 

seo  Pour  les  grans  cours  l'ai  delats- 

[sié 

Des  princes,  desdux,  et  des  roys. 

Par  qui  j'ay  fait  les  grans  des- 

Et  Tait  lever  les  grans  deismes. 

■ABBAUSSE 
Sire  evesques,  et  je  nibisnies, 
9&S  Lasse  1  clielive,  suis  dampiiée 
Pour  la  vie  qu'avons  menée, 
Vous  et  je,  en  ce  puant  monde. 
Or  serons  mis  en  la  parfonde 
Fosse  d'enfer,  sanz  plus  saillir. 
KO  Trop    mieux  me  vaussist  det- 
[faiUif, 
Dou  tout  en  tout  que  vivre  lasse, 
Mieux  defTaJUlr  dou  tout  amasse. 
Aler  nous  faut  a  no  juïse. 

AGOULANT,  roj 
Hee  las  !  pour  quoy  fui  de  tel 
[guise  ? 
905  Sur  terre  roys  fui  coronnez, 
Je  fui  dou  tout  abandonnez 
A  riens  donner   et  touz  jours 
[prenre, 
A  nul  bien  ne  vouloie  entendre, 
Les  povres  avoie  en  despit. 
LB  BAILLI 
970  Lever  me  faut  sanz  nul  respit. 
Je  voy  ja  ma  dampnailon, 
Onques  ne  fut  m'antanclon 
'Polio  ïO  vwao. 


Tcra  197S 
Fors  que  de  panre  et  de  piler, 
J'ay  fait  pandre  plus  d'un  millier 
D'ommes  par  haine  et  par  dons.     ï 

LK  PREVOST 
Hee  las  !  trop  loing  est  mes  par- 
(dons. 
Je  voy  bien  que  je  ray  failli 
Souvent  ont  esté  mal  bailli 
Par  juoy  maintes  gens  et  pilez, 
El  maint  pandu  et  essilliez.  9 

J'ay  a  tort  et  sanz  droit  robe. 

LAVOGAT 
Et  je  ay  maintes  foiz  lobé 
Pour  les  biens  temporelz  avoir 
'Qui  valent  po,  trop  bien  savoir 
Le  puis,  qu'avocaz  ay  esté  ;         9 
Mains  deniers  y  ay  conqueslé. 
Tout  ne  me  vaut  mieune  aisselle. 
J'ay  soustenu  mainte  querelle 
Qui  estoit  fausse  et  mauvaise. 

LA  ROYNNE 
Pour  mon  orgueil  suis  a  mesaise.  9 
Je  ay  esté  trop  orguilleuse, 
Desdatgneuse  et  luxurieuse. 
Et  ay  brisi  mon  mariage 
Au  cuer  me  point  doulour  et 
[raige. 
Je  voy  bien,  trop  estoie  ntce,       > 
Qu'antreprins  tant  de  mes  de- 
[lices 
Ou  monde,  quant  je  y  estoie. 

L'AVARICIKUX 
Je  avaricieuK  estoie, 
Courrouueuz  et  plains  de  ran- 
[cune, 
Pour  riens  dou  mont   ne  don-  U 

[nasse  une 
Haatlle  pour  Notre  Seigneur, 
Si  en  avray  poingne  grigneur. 
Ha  las  !  or  ne  say  je  que  dire. 
"Fouo  31  nicTo.  ' 


,.GoogIc 


L-OUSURIBR 
Le  jour  et  l'eure  doy  maudire 
s  Que  je  nasqui  onques  de  femme, 
Au  jour  d'ui  en  corps  et  en  ame 
En  enfer  coiidampnez  seray 
LA  FAMK  A  L'OUSURIliR 
Lasse  cbetive,  que  feray  ? 
Hal  fui  compaigne  de  l'usure. 
10  En  enfer,  qui  est  plains  d'or- 
[dure, 
Touz  jours  mais  m'en  convenra 
(estre. 
LE  BBRVANS  A  L'OUSUSIBfi 
Je  voys  vers  Dieu,  le  Roy  ce- 
[lestre, 
Qui  sur  touz  fera  hui  justise. 
Lasse  !  con  cy  a  dur  sen'iRe  I 
15  Quaot  cbies  les  usuriers  estoie, 
De  mes  mamelles  alaitoie 
Leur  enfant,  et  en  fui  nourrice; 
Lasse  I  jefaisoie  que  nice. 
Pour  tant  quede  voir  bien  savole 
ao  Qu'a  boire  et  a  menger  avote 
De  l'avoir  qui  venoit  d'usure. 
'L'ENFANT  A  L'OLSURIBR 
Las  I  con  doulante  engenrellre, 
El  cou  tresdoulente  naissance  ! 
QuarDieux  quia  toute puissonce 
as  A  ce  jour  d'uy  me  jugera. 
Bien  say  que  souveignans  sera 
Que  j'ay  esté  norriz  d'ousure. 
S'en  avray  penitance  dure, 
Ne  say  que  m'ame  devanra. 


DIEU 
so  Usuriers,  deables  t'enmenra, 
En  enfer  tout  droit  t'en  yras, 
Quant  de  devant  moy  partiras. 


■Folio  al  vwuo. 


(Quar)  lu  l'as  justement  gaan- 
(gnié. 
Quant  veoies  un  mehaignié, 
Povres,    enfans,    hommes    et  35 

[famés. 
Conlraiz  de  braz,  de  piez,  de 
(james, 
Ja  ne  feussent  tant  raeliaigniâ 
Que  par  toy  fussent  rapaisié 
D'un  seul  repas  de  ta  viande. 
Combien    qu'en    ftissent     de-  *0 

[mande, 
En  nom  de  moy  et  de  ma  mère. 

L'OUBURIBR 
Las  moy  doulaus  !  con  je  com- 
(pére 
Les  grans  avoirs,  les  grans  ri- 
[diesses. 
Les  compaignies,  les  noblesces, 
Hesgransflorinsetmes  deniers,  ^ 
Hes  blez  que  j'avoie  sn  greniers. 
Ou  je  mettoie  mon  délit. 
Or  n'est  il  riens  qui  m'abelit 
Toutce, jamais  riens  nevaudray, 
Avec  les  deables  m'en  yrai         eo 
Touz  jours  mais  ardoir  sanz  re- 
[fraindre. 
01 KU 
Quantles  povres  oyoies  plaindre. 
Pour  moi  dou  pain  te  deman- 
[doi[en]t, 
Longuement  t'aumosne  atten- 
[doi[en]t 
Par  pluie,  par  froit  et  par  tem-  Bs 

[peste, 
Morir  les  laissoies  conme  liesie 
A  ton  huis,  sanz  aumosne  faire. 
Or  sa,  mauvaise  deputaire, 
Hescbans,  punaise  créature, 

33  Us.  furt. 


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60  Tout  temps  a[E]  vest^u  en  usure. 
Pour  moy  riens  ne  voussls  don- 
[ner 
Pour  prier  ne  pour  sannonner 
Que  mendiant  te  seUst  dire. 
Si  as  tu  souvent  oy  lire 

6S  A  ceux  qui  sévent  Escripture 
Que  louz  ceux  qui  vivent  d'ou- 
[sure 
El  de  l'autrui  panre  sanz  randre, 
En  enfer  les  feroie  descendre, 
Pourl'avoirqu'avoi{en]t  amassé. 

70  'Mon  conmandement  as  passé, 
De  l'usure  vescu  avez, 
Tuit  quatre,  se  moût  bien  savez, 
Corps  et  âmes,  en  propre  per- 
(sonne, 
Touz  quatre  au  deable  je  vous 
{donne. 

3S  Or  sa,  Masart,  je  te  les  livre. 
AZART.  daable 
Sailliez  avant,  estes  vous  yvre, 
En  la  Tuudre  d'enfer  enbisme. 
Yqui  de  vous  panray  le  disme 
Que  longuement  m'avez  deO 

SD  Des  biens  qu'où  monde  avez  eu. 
Le  feu  et  foudre  pouez  patstre. 
En  moy  avez  trouvé  bonmaislre, 
La  chaudière  est  Ja  toute  preste. 

BAUCIItUZ,  «leablo 
Dedans  je  vous  mettrai  la  teste 

83  El  tout  le  corps  entièrement 
Resgar,  compains,  je  te  demant 
S'umais  veis  si  belle  proie 
De  ces  usuriers?  je  le  proie 
Que  tu  facesqu'il  soient  servi. 
A6RAPPART,  <leable 

M  Bien  cognois  qu'il  ont  deservi 
Qu'il  ayeni  d'enfer  bonne  pari, 


Je  les  meltray  de  celle  part 
Ou  la  foudre  est  plus  forment 
[cbaude, 
Quar  maint  prodome  par  leur 
[fraude 
Onleslé  a  povretë  mis.  i 


L'BVBSQUE 
Bien  sat  de  voir,  H  anemis 
Au  jour  d'ui  si  m'emportera, 
Janutz  ne  m'en  (confortera). 
Sires  esloie  et  gouvemierres. 
D'une eveschier,elcondui3]eres,  Il 
De  tous  esloie  moût  doublez. 
Entre  bons  clers  bien  escoutez. 
Entre  princes,  entre  preloz. 
Or  suis  touz  égarez,  He  laz  ! 
Con  suis  ohetive  créature  )         n 
Mon  temps  ay  usé  en  luxure 
Par  si  lono  temps  que  c'est  sanz 
[nombre, 
Anemis  qui  les  gens  emcombre. 
En  mon  vivant  m'a  decefl, 
*J'ai  sans  desserte  reoeQ  il 

Les  yssues  de  sainte  Esglise; 
Las!  chetis,  a  tart  je  m'avise 
Quant  je  les  ay  mal  deservtz. 
J'ay  trop  tes  anemis  serviz 
El  ftiit  toutes  leurvoulentez,        n 
Tant  m'ont  en  ma  vie  temptez. 
J'ay  perdu  Dieu,  mon  creatour; 
Quant  je  veoie  dame  d'atour. 
Tant  fust  nonnain,  tant  fust  pu- 
[ceile, 
Bourjoise,  dame,  ne  damoiselle,  o 
Nonnain  sacrée,  nonnain  beni- 

Tant  ftist  eu  grant  oFRce  digne. 


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Celeriére,  prieuse,  abbesbe, 
HAtDtes  foiz  en  laissay  ma  mesce 

UE  Pour  belle  dame  regarder. 
Lors  riene  ne  valoit  le  garder 
Que  de  son  corps  tantoBt  n'etlsse 
Mon  gré,  et  qu'a  li  ne  geQsse, 
J a  tant  bonne  estre  ne  scedet. 
PR1BU8E 

lao  Lasse  doutante,  qui  seQst 
Que  tel  loier  deûsse  avoir 
De  mon  pechié?  Pour  nul  avoir 
Que  niilz  m'eUst  sceU  donner, 
N'eusse  voulu  abandonner 

13G  Mon  corps  en  pechié  de  luxure, 
Touz  jours  mais  seray  en  l'ars- 
[sure 
Dou  feu  d'enfer  el  en  la  flame, 
Bien  le  say,  en  corps  et  en  ame  ; 
Touz  jours  me  durra  sanz  fenir, 

I40  Tantcon  Dieux  voudra,  sanzfenir 

He  convendra  tel  penitance. 

'  Doux  Dieuz,  qui  par  vostre  san- 

[tence 

A  ce  jour  d'ui  me  jugeras, 

Bien  say  que  me  regarderas 

145  Amèrement  et  sanz  pitié. 
Sire  evesques,  vostre  amitié 
El  l'amour  que  vous  me  mons- 
[Irastes, 
Quant  de  mon  corps  vous  acoin- 
[taates. 
Et  devenues  mes  amis, 

150  Geste  amour  en  enfer  m'a  misj 
Li  deable  seront  my  menistre. 
Bien  say,  li  quatre  Euvange- 
(listre 
Ci  ont  tous  les  corps  appeliez. 
Or  ne  puet  estre  plus  celez 

m  Mes  péchiez,  ne  say  que  je  face^ 
Je  vois  Jeshucrist  en  sa  face- 
in  H»,  au  ëiiut*. 


Lacune  d'un  femUet, 


•SAINT  MARC 
Or  8UZ,  suz,  quar  plus  respilez 
Ne  seroiz,  il  vous  faut  venir 
A  la  grant  cour,  et  soustenir 
Le  jugement  Dieu,  v[e]ray  jugé  iGO 
Qui  Irestout  en  équité  juge, 
Alez  tost,  que  trop  demorez. 

SAINT  LUC 
Au  jugement  tost  acourez, 
Plus  ne  pouez  faire  demeure 
Bien    say,    plus    ne    demourra  l*» 

ll'eure 
Que  li  Juges  venra  seoir 
Qui  (Irestous)  vous  vourra  veoir. 
Chascun  jugera  selond  s'eure. 
N'est  nulle  chose  qui  se  meure 
Ce  qui  est  fait  devant  sa  face,     iro 


DIEU 

Orendroit  est  temps  que  je  face 

A  chascun  apparoir  m'ensaigne: 

C'est  celle  qui  a  touz  enseigne 

Coomanl  li  miens  peuples  m'a 

trais 

A  la  mon,  cui  j'esloie  amts,        r 

Et  que,  je  Dieux,  dou  ciel  des- 

[cendre 

Voz  pour  lui,  el  en   la  croiz 

[pendre; 

Monstrer  vueil  que  chascuns  le 

[voie, 

Plus  soustenir  ne  les  pourroie. 

Entendez  tuit  a  une  voiz  li 

:  «  Je  suis  Jesbucriz,  vostre  roiz, 

Qui  pour  vous  d'enfer  rachater 

Laissay  mon  corps  batre  et  frap- 

'Fouo  33  hktto.  'P*  ' 


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Et  fui .  XXX .  deniers  vendiiz, 

us  EteDlacraiz.pourvous  penduz. 
En  mou  coslé  et  en  ma  hanche 
Me  navra  on  de  ceste  lance. 
Si  que  le  sanc  m'eD  vint  au(x] 
[piez, 
De  ces  clos  fUi  je  estsicfaiez, 

19D  Se  n'estoit  pas  par  mon  pechié, 
Hais  par  Adam  qui  ol  mengié 
Le  fruit  qui  deveez  estoit. 
Je  ay  hetl  moût  fain  et  soif, 
Povre  hostel  et  grant  poverte, 

las  Nulz  ne  m'a  ea  maison  ouverte. 
Ne  bien  fait,  se  trop  petit  non: 
Nulz  ne  veult  mais  croire  en 
[mon  nom, 
Nés  les  eiifans  m'ont  guerroie, 
Et  paijuré  et  renoié, 

3D0  Au  repentir  venront  a  tari. 
Lî  bon,  traiez  vous  d'une  part, 
Des  mauvais  vueil  panre  van- 
[gence. 


'ANOBS  DB  LA  UROIX  EN 
CHANT  (1) 
[  Vrbt  JerutaUm  bêuta] 
Venez  tuit  olr  la  santance 
Dou  Seigneur,  dou  douz  roy  be- 
[nigne, 
aoG  Veez  vous  ci  en  présent  le  signe 
Ou  Eouffri  mort  et  passion 
Pour  la  vostre  redamptlon 
A  vous  qui  desservi  l'avez? 
ANGB8  A  LA  LANCE 
Juif  traiteur,  or  savez 
ao  Conmantfuparrousdetranchîez 
Et  a  ces  trois  clos  estaichiez 

'Folio  3S  txkso. 

<1)  Ml.  Le  chant  est  iu>t«. 

MT  Bts.  wilr>. 


En  celle  croiz,  et  haut  pendoz. 
Et  conmant  fu  pour  vous  fanduz 
Ses  costez  de  ceste  grant  lance. 
Vezci  la  coun3nne  en  présence  us 
De  quoy  le  doux  roy  couron- 
[nastee. 
Et  en  quoy  boire  11  donnastes. 
Au  roy  tout  puissant  et  devin, 
VeiiD  amer  et  aigre  vin. 
Vo  guerredon  vous  en  rendra,    ao 

DIBU 
Hi  deciple,  chascuns  venra 
De  vous  au  jugement  semr. 
Et  touz  ceux  vous  feray  veoir 
Qui  ou  monde  vous  despisoient 
Et   qui   pour   mon    non   vous  335 

[haioient. 
0  rooy  avez  tous  jour^  esté 
Et  par  yver  et  par  esté. 
En  toutes  mes  templaclons, 
Par  vous  les  .xu.  légions 
D'Israël  vueil  que  vous  jugiez,  330 
Si  corn  dis  quant  o  moy  estiés, 
Ou  mont,  ou  n'aviàs  que  travail. 
Descendez  o  moy  sa  aval 
'Et  laites  jugement  paiftit. 


8AINT  PIERRE 
Puiez,  maleârez,  mal  fait  s» 

Avez  de  vos  chars  le  ddit 
Que  au  juge  point  n'abelit, 
Plus  ne  li  plaist  que  il  le  snoffre, 
Touz  jours  mais  en  vil  puant 
(soffre 
Serolz  ardant,  sanz  point  res-  M 
[traindre. 
SAINT  POL 
Mauvais,  plus  ne  pouez  remain- 

«0  Hb.  «..  (**" 

'Polio  U  eiboto. 


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Qne  ne  vt^siez  en  )&  fournaise 
D'Enfer,  qui  par  est  tant  pu- 
[gnaise, 
Ou  tous  jours  mais  serez  batu  ; 
ai5  Dieu  a  vostre  orgueil  abatu, 
Traiez  vous  a  ta  part  eenestre. 

SAINT  ANDRIAU 
Et  vous,  vous  traiez  a  la  destre. 
Vous  qui  avez  le  Roy  servi, 
Quar  repos  avez  deservi  ; 
350  Si  l'avres  que  ja  ne  faura, 
Jamais  jour  ne  vous  assaura 
Li  anemis,  vostre  contraire. 

8A1NT  JA8QUB 
Envers  vous  sera  débonnaires, 
(BeneUré),  li  Touz  puissanz; 
35G  Saichiez  qu'il  est  bien  cognois- 
[sans 
Des  biens  que  pour  li  fait  avez. 
Belles  Telstes,  or  savez, 
Com  avez  servi  grant  seigneur, 
Guerredon  en  arez  gri^eur 
MO  Que  ne  pourries  estimez. 
'SAINT  HATHË 
Et  vous,  mauvais  envelimez. 
Vous,  alez,  chetif,  par  de  la. 
Quant  Dieux  a  vostre  huis  ap- 
[pella, 
Vous  ne  li  voussistes  ouvrir 
an  Ne,  quant  fii  nuz,  lui  recouvrir 
Ne  voussistes,  n'a  son  conmant 
N'obeites.  Dites  conment 
Avra  il  dont  de  vous  merci  1 

8AINT  PHILIPPE 
N'aiez  cuer  triste  ne  noirci, 
37D  Vous  qui  pourDieu  le  mont  lals- 
[sastes. 
Et  qui  après  li  en  alastes, 

'Folio  M  Twto. 


En  suigant  povrelé  parfaite. 
Devant  li  Juge  yert  retraite 
L'ueuvre  que  pour  li  lïùte  avez. 

SAINT  BERTHULOMIAU 
Mauvais,  alez  la  ou  savez,  XS 

Bien  savez  ou  devez  aler. 
En  enfer  vous  faust  avaler, 
Quar  se  sera  vostre  heritaiges. 
Or  comparerez  vos  oultraige[s]. 
Et   Yoz   bobans  et  voz   grans  Ml 

[aaises  ; 
Désormais  avrez  tous  mesaises 
Et  tre6loute(s|  malefirtez. 

SAINT  JASQUB  LE  GRANT 
A  vous  apparra  voz  purtez 
Qui  avez    (vos)  chars   gardés 
[saingnes 
De  trestoutes  taicfaes  villainnes,  sas 
Ou  ciel  en  seniiz  couronné; 
Alez  a  destre  ou  ordonné 
A  Dieux  ou  sera  chascuns  justes. 

SAINT  THOMAS 
En  terre  trop  convoiteux  fustes, 
Et  envieux  et  trop  aver,  3M 

Or  ne  vous  pouez  si  laver 
De  vos  péchiez  qui  sus   vous 
[queurenl. 
Qui  vous  affolent  et  <aceurent). 
Alez  avec  ces  vilz  deables. 

SAINT  THADÉB 
En  bourdes,  manconges,  en  fa-  316 
Etengieuxeten  gaberies  [blés 
(Estoit)  toute  vostre  estudie 
Et  en  meffaiz  et  en  mesdiz  ; 
Onques  ne  gard&sles  les  dis 
Conmandemens  dou  Roy  parfait  300 
Qui  or  toute  riens  trambler  fait 
Dampnez  en  seroiz  sanz  rançon. 

Ul   U».  MI. 

m  il*.  tetwnU. 
m  Ua.  iilHtt. 


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SAINT  8YM0N 
'Riens  ne  vous  vaut  vostre  tan- 
[çon, 
Mauvais.  Or  est  l'eure  venue 
3K  En  laquelle  vous  est  ranOiie 
De  voslre  mefTait  la  desserte. 
La  gueule  d'enfer  est  ouverte 
Pour  vous,  chetir,  saichicz  de 

Pour  corps  et  anie(8]  recevoir. 
310  Jamais  juur  n'avrez  ategence. 


DIEU 
Temps  est  qu'on  rande  la  sen- 
{ tance. 
Venez  sa.  Il  beneQré  ; 
De  tout  mal  estes  espuré, 
Peraevez  le  règne  mon  père, 
315  Désormais  vuell  qu'il  vous  ap- 
[pére, 
Pieca  le  vous  ay  apresté, 
Appareilliez  vous  a  esté 
Des  le  conmanceraent  dou  mon- 
(de, 
Vouseslestuitdepechiémonde, 
3SD  Jamais  jour  pechier  ne  pourroiz. 
Tout  sera  fait  ce  que  voudroiz, 
Et  avrei  joie  pardurable. 
En  vous  n'ont    plus    pouoir  li 
[deable. 
Quan  t  j'oy  fain,  mangler  me  don- 
[nastes, 
Bas  Quant  j'oy  soif,  et  vous  m'abe- 
[vrastes, 
Quant  j'oyfroil,  vous  me  recou- 
(vristes. 
Quant  en  prison  estoie  tristes, 
Confort  me  felstes  et  joie, 

■Folio  3K  kicto. 


Et  quant  chies  vons  bostel  que- 
(roie, 
Voulentiers  te  m'avez  donné  ;  s» 
Pour  ce  vous  a  abandonné 
Mes  pères  son  saint  paradis. 

LI  JUSTES 
Quant  vous  velsmes  nous  jadis 
En   noslre  bostel,  et  t'esber- 
I  gantes, 
Et  en  chartre  le  confortas  mes  ?  SS 
Quant  lu  ce  que  nous  te  veismes 
Et  que  nous  te  t-evestimes. 
Quant  fu  que  fain  el  soif  eux. 
Que  tu  fus  par  nous  repeûz  ? 
Di  lenouspartagrantfranchtse.  3» 

'DIEU 
Voulentiers. 

U  JUSTES 
Or  le  nous  devise, 
S'i[l]  te  plaist,  par  grant  amitié. 

DIEU 
Quant  des  povres  eOz  pitié, 
Certainnement  de  moy  l'eQstes, 
Bon  ellré  estes  et  fustes,  m 

Quar  tout  le  bien  que  leurfelstes, 
El  tout  le  bien  que  leur  deistas 
A  moy  fu  faiz  certainnement. 

LI  JUSTES 
Loez  soies  tu  llnemeDt, 
Quant  aussîn  bien  nousagardez!*! 

DIEU 
Mauvais,  alez,  plus  ne  lardez, 
Ou  feu  d'enfer  louz  jours  ardant, 
Ne  vous  ulez  plus  atardant, 
Alez  en  poinne  sanz  tenir. 
Jamais  jour  ne  pouez  venir  k> 

En  estât  de  salvaLlon, 
Sanz  fin  et  sanz  redampdion, 
Touz  jours  ne  soîés  en  ardure. 


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En  la  chartre  d'enfer  obscure. 

360  Quant  de  fain  vous  m'avez  veU 
Morir,  ne  m'avez  repeQ, 
Quant  j'oy  soif,  ne  me  secou- 
(rutes, 
Quant  fu  (nuz),  envers  moy  durs 
[rustes 
De  moy  donner  de  vostre  robe, 

365  Tant  avoiés  le  cuer  si  gobe  ; 
En  prison  vous  m'avez  lalssié. 
Que  vers  moy  n'estes  ubaissiô 
En  moy  faire  bien  ne  confort. 
Or  alez,  sanz  nul  réconfort, 

370  Touz  jours  en    poJnne   doule- 

L'AV<)CAT 
Cesle  santence  est  trop  crueuse 
Pour  nous;  n'en  pouons  appel- 
.     (ierî 
Quant  te  venis  tu  hosteler 
En  no  maison  ne  le  savon; 
375  Et  nous  di  quantes  foiz  l'avon 
Fait  refus  ne  aucun  dongier 
Donnera  boire  ou  a  mengier. 
Onques  jour  ne  fus  en  prison 
Que  nous  seu&siens. 


Lacune  d'un  feuillet. 

•LA  ROYNNE 
»  Hec  lasse,  con  lu  es  hereux, 
Anemis,quiainssin  m'am portes! 

RAPILLART.  iJeable 

Princes  d'enfer,  ouvre  tes  por- 

[les, 

Veez  vous  ci  noz  maistres  qui 

[viennent. 

Et  qui  amoinnent  et  qui  tien- 

[nent 

343  Ms.  aiJi. 


Les  chetilz  touz  enchaînez?        3» 
Sailliez  hors  et  avant  venez, 
Panssez  d'eux  faire  assez  mes- 

Contre  nous  est  donnée   san- 

[tance, 

Jamais  n'en  pourrons  plus  avoir. 

BELIAS,  deable 
Rapillarl,  tu  dois  bien  savoir      3M 
Que  bien  avons  secî  sceQ, 
Saiches  que  nous  avons  veU 
Treslouz  les  mors  resusciler; 
Les  nosires  nous  convint  giier 
Hors  de  seanz;  a  qui  clamer      sse 
Ne  m'en  say,  et  ainssi  la  mer 
Au    messaige  Dieu  enlendi. 
Que  les  siens  mors  ainssi  randi  : 
Bien  say  plus  n'en  avrons  ja- 
[mais. 
AZA.RT,  ileable 
Tu  dis  voir  qu'd  n'en  y  a  mais,  400 
Que  feniz  est  li  mondes  touz, 
Mais  nostres  vouloirs  soit  tres- 
[touz 
A  touz  iours  mais  de  ceux  gre- 
[ver, 
Quar  ne  nous  pueent  eslever 
Jamais  loisir  pouraulre[s]  pren-  M6 

(dre, 
El  pour  ce  nous  convient  en- 
[  tendre 
A  doubler  la  poinne  a  ces  las. 

LOUSLRIER 
Helas  !  doulens,  hee  las,  hee  las  ! 
Mis  suis  a  perpétuité 
Dou  Roy  de  toute  iniquité,  *w 

Ou  ars  serai  de  touz  costez. 


SAINT  JEHAN 
Par  dessa  sera  vostre  hostez 


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-  162  - 
il  est  possible ,  aujourd'hui ,  de  combler  dos  précédenes 
lacunes. 

Nous  n'avons  pas  craint  d'arQrmer  que  la  grande  pensée 
du  monument  élevé  à  la  glorification  de  la  puissance  ro- 
maine à  Vesonlio,  était  h  la  fois  religieuse  et  militaire  ;  que 
les  tableaux  de  batailles,  les  vainqueurs  et  les  captifs,  les 
trophées  d'armes  disséminés  dans  une  luxueuse  architec- 
ture, n'étaient  que  le  cadre  d'un  sujet  central,  consacré  au 
triomphe  suprême  de  la  divinité,  représentée  par  une 
grande  figure,  aujourd'hui  disparue,  sur  la  clé  de  l'archivolte. 
Cette  grande  image  était  celle  de  Jupiter  vainqueur  des 
Titans,  monstres  imaginaires  dont  la  chaîne  se  déroulait  sur 
la  tranche  énormément  saillante  des  claveaux. 

On  s'accorde  à  reconnaître  que  ces  parties,  ainsi  que  les 
beaux  reslea  des  Renommées  ou  Victoires,  avaient  été  con- 
fiées au  ciseau  d'un  maître. 

A  droite  et  à  gauche,  dans  l'entrecolonnement  supérieur, 
et  pour  servir  de  transition  à  la  décoration  militaire,  se 
dressaient  les  hauts  reliefs  des  statues  colossales  des  deux 
fils  de  Jupiter,  Castor  et  Pollux,  les  messagers  de  la  Vic- 
toire romaine,  les  antiques  symboles  du  Jow  et  de  la  Nuit, 
de  la  Vie  et  de  la  Mort. 

En  continuation  et  au-dessous  de  l'archivolte  s'étageaient, 
sur  les  jambages  de  l'arcade,  les  allégories  des  douze  Mois 
de  l'année  exprimés  par  des  figures  représentant  le  cours 
lie.  la  vie  humaine  pendant  la  paix. 

j'est  ainsi  qu'aux  époques  postérieures,  le  Christ  appa- 
tra  sur  les  portes  de  nos  cathédrales,  entre  le  soleil  et 
lune,  ou  Vatpha  et  i'oméga,  avec  les  douze  sigoes  du  Zo- 
'que  ou  leurs  allégories. 

Parallèlement  aux  pieds  droits,  s'élevaient  des  colonnes 
it  le  fût  de  4"'ô0  est  partagé  en  cinq  divisions,  occupées 
icune  par  un  bas-relief.  Sur  l'une  de  ces  colonnes,  la 
de  qui  nous  reste,  des  scènes  d'un  caractère  mytholo- 
ue  s'accordent  avec  la  pensée  religieuse,  en  ce  que  les 


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personnages  sont  let  héros  transligurés  par  les  poètes  et 
placés,  après  leur  mort,  dans  les  étoiles  du  ciel  pour  prendre 
ainsi  leur  rang  parmi  les  immortels. 

En  l'absence  de  la  colonne  qui  faisait  pendant,  on  ne 
saurait  dire  si  l'on  a  suivi  dans  la  i^érie  des  figures  un 
ordre  correspondant  aux  constellations  zodiacales.  Le 
nombre  de  dix  compartiments  ne  se  prêterait  pas  à  cette 
combinaison,  non  plus  qu'avec  les  douze  Travaux  légen- 
daires d'Hercule  qui  vont  être  plusieurs  fois  représentés; 
ce  ne  sera  même  pas  ce  héros  pupulaite  qui  commencera 
la  série. 

Sur  la  partie  culminante  et  très  détériorée  du  fût,  on  en- 
trevoit une  scène  dont  nous 
cherchions  depuis  longtemps 
à  pénétrer  la  signification.  Au 
pied  d'une  colonne  cannelée, 
sur  le  seuil  d'un  palais,  un 
homme,  vêtu  comme  un  ou- 
vrier, est  assis  sur  un  esca- 
beau mouluré;  il  élève  les 
deux  mains  presque  jointes 
sous  le  bras  horizontalement  étendu  d'un  jeune  personnage 
ailé,  nu  et  debout. 

Un  jour,  en  examinant  au  \Iu->(^e,  en  compagnie  d'un  vi- 
siteur étranger,  les  moulages  dont  les  profils  indécis  ve- 
naient d'être  précisés  au  mojen  d'une  légère  teinte  de  fond, 
notre  1res  attentif  appréciateur  nous  communiquait  celte 
observation  :  —  «  Ne  serait  ce  p<is  ici  Dédale  occupé  à  fixer 
des  ailes  aux  épaules  de  '^nn  iils  Icire''  »  —  Ce  rappel  â 
une  sculpture  antique  nous  donmil  f^nfin  le  mol  de  l'énigme. 
Il  faut  s'empresser  de  restituer  a  notre  \oyageur,  à  M,  Hett- 
ner,  conservateur  du  Musée  des  antiquités  de  Trêves,  ce 
qui  lui  appartient  et  de  le  féliciter  avec  reconnaissance  de 
son  flair  archéologique. 

Au-dessous  de  Dédale,  et  sur  le  bandeau  séparatif  de  la 


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—  164  — 
scène  suivante,  au  lieu  d'un  motif  quelconque  de  décor,  on 
voit,  juxtaposés  comme  les  caractères  d'une  légende,  plu- 
sieurs objets  dans  une  étrange  association  :  un  foureau  de 
glaive,  une  aacia,  ou  une 
sorte  de  hachette  i  court 
manche,  une  corbeille  hé- 
misphérique d'où  émerge 
un  manche  d'outil,  un  poi- 
gnard, puis  d'autres  traces 
peu  distinctes. 
L'hypothèse    d'une     signature    de   dédicant,    ou   même 
d'artiste,  était  bien  séduisante;  on  pouvait  encore  y  soup- 
çonner un  hommage  de  l'architecte  à  l'inventeur  de  l'Iiermi- 
nette,  à  l'industrieux  Dédale,  sculpteur  et  constructeur  du 
Labyrinthe,  au  Père  des  arts  de  la  Grèce.  Il  faut  renoncer  à 
ces  interprétations.  L'aseia  est  simplement  une  pioche  de 
terrassier  et  la  corbeille  un  panier  ù  terre  ;  un  marbre  an- 
tique, encore  inédit,  va  le  démontrer. 

Ces  dernières  années,  on  a  découvert  dans  la  campagne 
toulousaine,  Ji  Chiragan  (Martres  Tolossannes)  une  quantité 
de  sculptures  du  i"  au  iV  siècle,  débris  de  luxueuses  villas, 
saccagées  lors  des  invasions  barbares.  Parmi  les  plus  beaux 
morceaux  de  ces  marbres  on  avait  signalé,  avant  leur  pubh- 
calion  prochaine,  deux  séries  de  panneaux  se  rapportant  aux 
Travaux  d'Hercule.  Dans  l'espoir  que  ce  fond  inédit  pour- 
rait nous  l'iiurnir  quelque  renseignement  utile,  j'obtins  de 
l'obligeance  d'un  membre  de  la  Société  des  Archéologues 
du  Midi,  de  M  l'ingénieur  Joulin,  la  communication  des 
photographies  relatives  aux  Travaux  d'Hercule,  sculptures 
déposées  au  musée  de  Toulouse. 

Nul  document  ne  pouvait  arriver  mieux  à  propos,  et  voici 
le  calque  d'une  de  ces  photographies. 

Hercule  nu,  avec  la  peau  du  lion  de  Némée  sur  l'épaule, 
le  pied  droit  levé  ni  posé  sur  le  fond  d'une  corbeille  d'osier 
en  forme  de  cloche  renversée,  tient  de  la  main  gauche  le 


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—  465  — 
manche  d'une  pioche  ou  d'un  fossoir  sur  lequel  il  s'appuie; 
la  main  droite  passée  derrière  le  dos  exprime  l'attitude  du 
repos  ;  le  grand  Travail  du  nettoyage  des  eaii'ie»  d'Augiai 
esl  terminé;  à  côté  se  dresse  la  massue caraclérislique.  Cet 
exploit,  poétisé  parla  légende, 
consisterait,  d'après  les  mytho- 
logues,  en    détournements  de 
cours  d'eaux,  travaux  d'assai- 
nissements de  terrains    inaré- 
cjigeux,  opérés  en  tîrèoo  par  le 
chevalier  errant  de  l'antiquité, 
ce    destructeur    de    monstres 
qu'était  Hercule.  C'est  donc  bien 
à  lui,  et  non  ù  Dédale,  qu'appar- 
tiennent la  pioctiu  et  le  panier 
associés  aux  anne^  sur  l'énij;- 
matique  bandeau.  En  effet,  que 
voit-on  au  tableau  suivant,  si  ce 

n'est  Hercule,  dans  une  attitude  "Encni.K  aiix  étahles  d'Augiab 
n.ouvementée,  occupé  k  terro-  :*^^""'li^»- *•*'"»<'  loalousaine). 
riser  des  animaux,  dont  l'un  s'enfuit  dans  une  course  folle, 
tandis  qu'un  autre,  un  ruminant,  s'affaisse  aux  pieds  du 
héros.  Dans  l'air,  un  double  sillon  serpentant  indiquerait  la 
présence  d'un  reptile. 

Au  troisième  bas-relief,  un  héros  imberbe  no  peut  être  que 
Thésée  en  train  d'assom- 
mer le  Minotawe  dans 
son  palais;  la  télé  de  tau- 
reaudu  monstre  aété  mar- 
telée, mais  l'attitude  de 
son  corps  très  musclé  est 
identique  â  celle  qui  lui 
est  donnée  dans  une 
mosaïque  de  Salzbourg  ' 
conservée  au  musée   de  Vienne  (Autriche).    La   bordure 


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de  cet  ouvrage  reproduit  le  plan  complet  du  fameux  laby- 
rinthe (t). 

En  raison  de  son  intérêt  archéologique,  il  convenait  de 
développer  h  une  plus  grande  échelle  la  quatrième  scène. 


J.-J,  Chifïlet,  i)ui  avait  vu,  dans  la  scène  d'Icare  el  de  Dé- 
dale, l'empereur  Aurélien,  aussi  juste  que  sévère,  présen- 
tant le  donarium  à  ses  soldais,  puis,  dans  celle  du  Mino- 
taure,  le  centurion  menaçant  de  son  bdton  (cum  vite)  un 
des  prévaricaleurs  de  la  loi,  reconnaissait,  dans  la  quatrième 
scène,  un  condamné  attendant  un  cruel  supplice.  Plus  tard, 
doni  Bcrlhod  y  verra  un  prêtre  pa'ien  mettant  de  l'encens  sur 
un  autt'l,  Pour  Alphonse  Delacroix,  ce  devait  élre  un  druide. 


(1)  Hercule  a  souvenl  liviiéricié  à  Rome  des  eiploils  de  ses  contempo- 
rains  légendaires. 


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—  167  — 

Une  sculpture  de  provenance  grecque  (i)  suffira  pour  nous 
apprendre  qu'il  s'agit  ici  de  la  glorification 
d'Hercule.  Malgré  la  disparition  de  la  tèle 
barbue  du  personnage  et  des  dvUails  de  la 
peau  du  lion,  on  reconnaît  le  héros  au  mo- 
ment oii  il  va  terminer  sa  brillante  carrière. 
Nu  et  debout,  inclinant  religieusement  la 
tète,  il  fuit  le  sacrifice  d'une  dernière  ficche 
qu'il  tient  de  la  uiuin  droite  sur  un  autel 
allutné,  cil  l'un  semble  distinguer  niJine 
l'extrémilé  de  l'arc,  l'arme  favorite  d'Uer- 
cule;  aux  brunciies  tortueuses  d'un  arbre 
sacré,  le  carquois  et  la  massue  sont  sus- 
pendus en  trophée  ;  près  de  l'autel,  le  ser- 
pent symbolique  de  la  mort  glorieuse,  en- 
roulé autour  (l'un  second  arbre,  regarde 
avec  sympathie  celui  qui  va  passer  du 
Mont-Œtaau\  constellations. 

Après  l'héroïsation  d'Hercule,  vient,  au 
dernier  tableau,  une  jeune  femme,  demi- 
nue,  fixée,  les  bras  en  croix,  contre  un 
rocher.  C'est  Andromède  ou  Hermione  ex- 
posée aux  attaques  d'un  [uonstre  marin;  te 
libérateur  Per.sée  (ou  Hercule)  n'est  pas 
figuré.  Près  d'un  arbre,  un  coffre  dont  le 
couvercle  est  levé  contient  vraisemblable- 
ment le  trésor  sous  la  garde  du  dragon. 

Celte  description  des  cinq  bas-reliefs  su- 
perposés ne  laisse  plus  de  doute  sur  la  mis- 
sion du  sculpteur  d'avoir  à  repré-senter  des 
héros  bienfaisants  et  civilisateurs,  c'est-à- 


(1)  Voir  l'arlicle  Héros,  llf.  389»,  par  J.-A.  Hild, 
dans  le  Dictionnaire  des  Antigvitéê  de  Saglio  el 
Oaremberg. 


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dire  les  hommes  les  plus  dignes  d'accom- 
pagner l'image  de  la  divinité. 

L'artiste  a  dû  suivre  le  même  programme 
sur  la  colonne,  en  pendant,  du  côté  droit. 

Au  revers  du  monument,  et  iinmédiato- 
nient  derrière  la  colonne  qui  vient  d'être 
décrite,  on  en  voit  une  seconde,  d'une  assez 
bonne  conservation-  Des  compositions  d'un 
caractère  parfois  différent,  s'y  succèdent 
sans  aucun  ordi-e,  comme  si  on  avait  laissé 
plus  de  liberlé  à  l'artiste  pour  cette  seconde 
façade  moins  en  vue. 

La  division  comporte  six  tableaux  au  lieu 
de  cimi-  A  partir  du  sommet,  voici  Hercule 
poursuivant  de  ses  flèches  le  centaure  Acs- 
«us,  qui  s'enfuit  dans  la  montagne  en  enle- 
vant Déjanirc  ;  celle-ci ,  désespérée,  tend 
les  bras  vers  son  amant. 

Vient  ensuite  Bacchua  jeune,  nu  et  de- 
houl  ;  il  tient  une  coupe  et  s'appuie  sur  le 
thirsc  ;  une  panthère  était  à  ses  pieds,  un 
bacchant  et  une  bacchante  sont  à  ses  côtés. 

Le  troisième  bas-relief  n'est  pas  mutilé 
au  point  qu'on  n'y  puisse  reconnaître  le 
gros  Silène,  ivre  et  roulant  h  terre  sans  lâ- 
cher sa  coupe  renversée  ;  deux  gais  compa- 
gnons s'empressent  à  lui  porter  secours. 
Les  dessinateurs  qui  ont  reproduit  cette 
scène,  sans  tenir  compte  de  la  corpulence 
excessive  du  personnage,  l'ont  pris  pour 
une  femme  couchée  ou  assise. 

Au  quatrième  tableau  on  revient  à  Her- 
cule figuré  dans  un  amalgame  de  ses  tra- 
*vaux.  Le  héros,  dans  une  attitude  mena- 
'  çante  et  tenant  le  glaive  sorti  du  fourreau, 


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-  169  - 
se  met  en  garde  vis-à-vis  d'une  femme  nue  qui  émerge  à 
mi-corps  de  la  crête  d'un  rocher;  elle  présente  à  son  ad- 
versaire un  objet,  {ju'une  cassure  ne  permet  pas  de  déter- 
miner facilement.  Si  l'on  observe  l'écartement  ou  la  distance 
des  mains  et  le  prolongement  certain  de  l'objet  serpentant 
qui  vient  passer  devant  la 
taille  de  l'apparition  mysté- 
rieuse, ne  peut-on  pas  res- 
tituer h  celliî-ci  sdii  nom 
mythologlipie  de  Mt'lanippe 
ou  d'Hippolyle,  lit  reine  des 
Amuzonet  faisant  la  remise 
de  la  fameuse  ccinUtre 
d^Andromède  ou  du  banilrier  lalistnanigue  de  Murs,  qu'il 
s'agissait  pour  Hercule,  de  conquérir  sur  les  belliquouses 
asiatiques  y  Dans  la  même  scène,  un  mouton  s'enfuit  et  va 
disparaître  deriière  le  rocher,  au  pied  duquel  un  bélier  est 
renversé  sur  le  dos.  A  cOté  d'Hercule,  un  taureau  terrassé 
parait  expirer. 

Au  cinquiéiiie  bas-relief  l'amante  déifiée  de  Ilacchus, 
Ariane,  demi-nue  et  appuyée  sur  le  thirse,  lient  une  coupe 
vide;  une  de  ses  suivantes  va  jMser  une  couronne  sur  sa 
tête,  tandis  qu'une  aulre 
danse  à  ses  côtés  en  s'ac- 
compagnant  de  cymt>ales. 

On  a  cru  voir,  au  der- 
nier tableau,  le  symbole 
de  la  guerre  entre  le  Bar- 
bare et  la  Home  civilisée; 
avec  moins  d'imagination 
synthétique,  et  pour  res- 
ter dans  la  donnée  abso- 
lument mytholofe'ique  de  l'ensemble,  ce  sera  plutôt  la  fille 
de  Jupiter  pendant  la  Guerre  des  Géants  :  Minerve,  cas- 
quée, armée  de  l'égide  et  de  la  lance,  fait  face  &  un  ennemi 


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—  ITO- 

entièrement  du  qui  brandit  au-dessus  de  sa  télé  un  énorme 
rocher. 

En  raison  de  l'eiTriteroeiit  déjà  ancien,  maistoujourscrois- 
sant  de  la  [>ierre,  ainsi  que  de  la  hauteur  inaccessible,  il  ne 
noua  est  pas  possible  de  décrire  les  quatre  bas  reliefs  de  la 
petite  colonne  de  l'élage  supérieur. 

J.-J,  Chiflet  a  cru  y  reconnaître  .Allas  supportant  le  inonde, 
la  iWnomriiC'C  avec  .sa  iiumpcUc,  Saturne  avec  sa  faux  et  Es- 
culagie  lignant  un  serpent  à  cliaque  niam.  Ce  léiiioignage  est 
de  peu  de  valeur,  attendu  que  le  prétendu  Atlas  lait  partie 
d'un  groupe  de  trois  Ttgurcs  élevant  les  brus  en  manière  de 
cariatides  décuralives.  et  que  les  compailiments  .suivants 
comptent  chacun  au  moins  deux  personnages. 


L'habile  répartition  des  figures  aussi  bien  que  ta  liberté 
d'exécution  révèlent  la  main  de  praticiens  exercés.  Dans  les 
attitudes  mouvementées  qu'ils  airectionneut  et  oix  ils  ren- 
conlrenl  parrois  des  raccourcis  scabreux,  ces  décorateurs 
n'hésiteni  jamais  à  se  tirer  d'affaire,  suiiimairement  il  est 
vrai  dans  un  reliL-f  si  liiiiilé,  mais  avec  un  sentiment  très 
jucite  de  la  réalité.  La  lourdeur  romaine  y  rachète  ce  qui  lui 
manque  du  côté  de  la  gr&ce,  par  l'exagération  du  geste  et 
de  la  musculature. 

Connue  léinuignage  du  procédé  de  rapide  exécution  sur 
pierre  tendre,  on  retrouve  la  trace  profonde  de  l'esquisse, 
et,  dans  quelques  parties  demeurées  intactes,  les  ciselures 
encore  fraîches  de  la  gradine  sur  les  fondset  sur  les  chairs. 

En  faisant  une  large  part  à  l'initiative  des  sculpteurs,  on 
doit  restituer  k  l'architecte  celle  qui  lui  revient  dans  la  dis- 
tribution du  décor. 

Conçu  dans  des  proportions  moyennes  le  monument  ne 
pouvant  briller  par  sa  masse  devait  séduire  [mv  sa  richesse. 
C'est  bien  à  un  maître  d'œuvre  très  artiste  lui-même  et  très 
indépendant,  plus  soucieux  de  variété  que  de  sobriété, 


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-  171  — 

qu'appartient  ce  parti  pris  de  préférer  à  de  lourds  bossages 
ou  à  de  froides  cannelures  ce  rappol  discret  de  la  ligne  ho- 
rizontale, Riir  les  colonne»,  au  moyen  des  larges  anneaux  qui 
les  cerclent,  en  opposition  avec  la  verticale  des  fûts. 


PORTE-NolilE   AVANT  SA    RESTAUflATION  (1). 

Dans  ces  divisions  d'heureuses  proportions,  les  contours 
imprévus  des  formes  animées  amusent  l'œil  sans  confusion 
et  sans  nuire  à  l'ensemble.  L'intercalation  des  petitea  figures 
des  colonnes  donne  par  le  rapprochement  une  valeur  nou- 

II)  Réduction  [le  l'eicellenle  gravure  enéculée  sur  le  dessin  conscien- 
cieux d'Alexandre  Lapret,  neveu  de  l'nrchilecte  de  ce  nom.  chargé  des 
premiers  travaux  de  dégagement  par  le  préfet  du  Doubs  Villiers  du  Ter- 
rage  (1818-1820).  instigateur  de  la  restauration. 


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—  172  — 
velle  aux  personnages  allégoriques  du  pied  droit  comme  aui 
statues  colossales  de  i'entrecolonnement 

La  surcharge  voulue  de  celte  décoration,  parfaitement 
équilibrée,  acquiert  tout  son  prix  quand  les  rayons  du  soleil 
Trisant  la  surlace  détachent  les  parties  mouvementées  et  les 
rondeurs  verticales  des  colonnes,  au  milieu  desquelles  s'en- 
lève d'une  seule  venue  la  large  broderie  de  l'arcature. 

Les  grandes  lignes  architecturales  rétablies  par  la  restau- 
ration complète  de  la  façade,  en  1826,  invitent  à  revêtir  ta 
nudilé  des  colonnes  neuves  d'une  décoration  symétrique  à 
celle  de  la  partie  conservée.  A.U  revers  du  monument,  et  en 
pendant  avec  la  colonne  aux  six  divisions,  se  dresse  une  se- 
conde colonne  qui  parait  dans  cette  place  comme  dépaysée. 
Au  lieu  d'être  cerclée  horizontalement  comme  la  première, 
celle-ci  est  partagée  verticalement  par  uno  tige  d'où  partent 
des  feuillages  symétriques  et  contournés  d'un  fort  bon  style, 
et  qui  couvrent,  sans  repos,  toute  la  surface  du  fût. 

Comment  expliquer  cette  étrange  association?  Serait-ce 
l'indice  d'une  tentative  de  la  première  heure,  à  titre  d'essai, 
puis  abandonnée  comine  un  repentir  i  ou  bien,  au  contraire, 
une  faute  commise  dans  un  achèvement  postérieur?  Le 
mérite  artistique  du  travail  ferait  pencher  pour  la  première 
hypothèse.  Quoiiiu'il  en  soit,  on  ne  supposera  jamais  qu'une 
semblable  anouialie  ait  pu  exister  sur  la  façade  principale 
où  elle  eût  compromis  l'harmonie  de  la  composition. 


Après  s'être  rendu  compte  du  mérite  relatif  de  ces  sculp- 
tures, on  s'étonne  que  leur  intéressant  assemblage  n'ait  ob- 
tenu, dans  les  publications  archéologiques,  que  de  rares  et 
courtes  mentions.  Est-ce  parce  qu'on  n'y  découvre  aucune 
ligure  qui  précise  l'origine  du  monument?  l'orte-Noire  par- 
tage avec  beaucoup  d'auties  édifices  antiques  ce  défaut 
d'acte  de  naissance.  Ce  n'est  pas  k  la  décoration  qu'il  faut 
s'en  prendre,  mais  bien  à  son  architecture. 


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—  173  — 

Pour  faire  la  part  de  la  critique  nous  n'avons  qu'à  rappeler 
l'appréciation  d'un  homme  du  métier  qui  eut  le  loisir  de  me- 
surer l'ordonnance  et  tous  les  profils  du  monument,  pen- 
dant sa  restauration.  Voici  les  conclusions  du  mémoire  de 
l'architecte  bisontin  Marnotle.à  l'Académie  de  Besançon,  en 
1875: 

c  Sous  le  rapport  de   l'architecture  on  remarque  dans 

•  Porte-Noire  une  décadence  complète,  tant  par  la  mauvaise 
s  disposition  et  proportion  de  ses  ordres  que  par  celle  de  ses 
1)  entablements  et  surtout  de  ses  profils. 

»  En  bonne  règle...  l'entablement  de  l'étage  supérieur  est 

>  d'une  hauteur  démesurée  par  rapport  aux  colonnes  qui  te 

>  supportent  ;  ainsi ,  quand  il  n'aurait  dû  avoir  en  hauteur 
■  que  le  tiers  au  plus  de  ces  colonnes,  on  lui  en  a  donné 
»  plus  du  double 

n  Cependant  on  ne  peut  disconvenir  que,  malgré  sa  mau- 

•  vaise  architecture,  Porte-Noire  ne  manque  pas  d'une  cer- 

>  taiae  dignité,  et  que  ses  belles  sculptures  imposent  une 

•  telle  supériorité,  par  le  vrai  lalcnl  avec  lequel  elles  ont  été 
»  exécutées,  qu'elles  en  font  disparaître  tous  les  défaut»,  s 

Cette  appréciation  consciencieuse  est  tout  ù  la  fois  bien  sé- 
vère et  bien  élogieuse.  On  sait  ce  que  l'on  doit  penser  de 
la  beauté  relative  et  très  diverse  des  sculptures  ;  quant  à  la 
critique,  inspirée  par  le  dédain  académique  pour  les  œuvres 
décaiienles,  il  conviendrait  d'y  apporter  quelque  atténuation. 

Il  faut  reconnaître,  en  ce  qui  concerne  l'entablement  du 
sommet,  que  l'urcliitecle  gallo-romain  se  trouvait  en  pré- 
sence d'une  difficulté.  Etant  donnée  l'ordonnance  de  ses 
deux  étages  de  colonnes,  qui  sont  d'une  agréable  innovation, 
le  maître  d'œuvre  ne  pouvait  se  dispenser  d'augmenter  les 
proportions  de  la  frise  pour  réaliser  avec  la  corniche  un  en- 
semble àpeu  près  égal  à  la  largeur  du  cadre  commencé  et 
couronner  ainsi  le  monument. 

L'étroitesse  d'une  fiise  classique  ne  lui  eût  pas  fourni  la 
place  nécessaire,  et,  après  tout,  fort  bien  choisie,  pour  l'ins- 


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-174- 
cription  dédicatoire  en  lettres  de  bronze;  il  a  eu  soin  d'aiU 
leurs  d'en  soutenir  le  cadre  par  deux  ligures  agenouillées 
qui  en  dissimulent  la  hauteur  aux  extrémiti*s. 

Si  les  colonnes  de  l'étage  sont  relativement  faibles  pour 
soutenir  cette  masse,  la  wiillie  inlentitmnolle  de  l'énorme 
archivolte  n'intervicnl-elie  pas,  avec  son  claveau  central, 
comme  un  troisième  support  inlermédiaire,  pour  soulager  la 
grande  portée  de  l'architrave? 

Il  est  encore  une  plus  grave  infraction  aux  bonnes  régies. 

Chacun  peut  remai'quer,  avec  M.  Mavnotte,  l'étrange  des- 
cente de  l'entablement  du  pied  droit  par  rapport  à  celui  des 
colonnes  du  premier  étage.  Cette  disposition,  toute  désavouée 
qu'elle  soit  parles  hommes  de  l'art,  est-elle  si  désagréable? 
N'apporte-t  elle  pas,  au  contraire,  on  charme  de  variété  asi^ez 
piquant  en  attirant  le  regard  sur  l'indépendance  voulue  de  la 
majestueuse  arcature. 

A  ce  propos,  l'archilecte  Delacroix  bien  autrement  com- 
pétent que  son  confrère  en  matière  d'art  archéologique,  a 
cherché  à  pénétrer  la  signification  d'un  écart  aussi  flagrant 
de  la  règle  classique. 

■  Ce  qui  frappe  tout  d'abord  l'architecle  exercé,  dit-il  dans 
»  une  notice  qui  n'a  pas  reçu  une  sérieuse  publicité  W,  c'est 
»  une  disposition  anormale  de  l'archivolte  et  de  ses  pilos. 
1  Construite  en  même  temps  que  le  reste  du  monument  et 
«  sur  un  appareil  commun  à  toutes  les  parties,  l'archivolte 

•  alTccle  néanmoins  une  organisation  distincte  et  que  certai- 
»  nemcnt  on  a  voulu  rendre  tolliî  au  moyen  d'une  saillie  ex- 
»  traordinairc  des  claveaux,  de  lignes   particiilièfet  d'orne- 

*  mentation  etd'une  cei-iitinemidiié de  moulures  nonobstant 
»  la  richesse  des  ornements  sculptés...  Porte-Noire  fournit 
»  le  seul  spécimen  connu  d'une  arcature  distincte,  rappelant 
»  un  ancien  usage  et  d'un  encadrement  destiné  à  orner  l'ar- 
1  cature  sans  détourner  d'elle  l'altention.  » 


(Ij  Guide  de  l'étranger  à  Besanfon,  18G0,  p.  8 


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-  d75     ■ 

Cette  îDsistance  d'Alphonse  Delacroix  b  trouver  la  raison 
des  singularités  étranges  que  présente  l'archivolte  n'esl-elle 
pas  une  sorte  de  preBsenlhiicnl  du  caractère  grandiose  de  la 
scène  qui  y  était  figuréf?  Si  notre  arcliitecle  en  eut  connu 
le  vrai  sens,  il  ei'it  encore  mieux  compris  celle  ahsence  de 
moulures  ;  le  triomphe  de  Jupiter  se  passant  pour  ainsi  dire 
dans  l'espace  ne  devait  pas  lïtre  limité  comme  un  simple  mo- 
tif de  décor. 

Les  soins  apportés  à  cette  partie  de  la  décoration  confiée 
aux  meilleurs  artistes  indiquent  assez  l'importance  qu'on  y 
attachait. 

Le  travail  accessoire  de  l'ornementation  des  moulures  et 
des  colonnes  a  dû  se  faire  postérieurement  et  à  lu  longue, 
subir  encore  des  interruptions,  et  peut-être  même  rester 
inachevé,  comme  en  témoignerait  la  nudité  de  l'une  des 
colonnes  de  la  façade. 

On  peut  induire  du  témoignage  de  l'empereur  Julien  que 
la  splendeur  du  monument  n'eut  pas  deux  siècles  de  durée, 
puisqu'en  360  ce  témoin  éclairé  ne  retrouve  plus  que  des 
ruines  à  la  place  des  édifices  qu'il  avait  reconnus  comme 
magnifiques  lors  de  son  premier  passage  à  Vesontio,  six  ans 
auparavant. 

Debout,  mais  désemparé,  l'Arc  allait  traverser  de  longs 
siècles  de  barbarie.  Kéduit  plus  lard  à  l'état  de  simple  porte, 
noyé  dans  un  mur  de  défense,  puis  coilTé  d'une  tour  qui  l'é- 
crase, il  ne  montre  plus  que  quelques  figures  mutilées  que 
personne  ne  compiend.  Si  le  myritèrc  des  origines  éveille 
cependant  la  sollicitude  de  quelques  érudits,  nuls  artistes, 
ceux  même  de  la  Itenaissance,  malgré  leur  passion  pour 
l'antiquité  et  leur  godt  parfois  désordonné  pour  la  décoration 
des  colonnes  ne  paraissent  s'en  être  inspirés. 

Depuis  la  création  du  type  des  arcs  triomphaux,  les  archi- 
tectes se  sont  ingéniés  à  ea  varier  les  dispositions  ;  mais,  en 
dépit  de  leurs  elforts,  ils  n'ont  pas  toujours  échappé  à  la  ba- 
nalité. Le  xix"  siècle,  lidèle  aux  enseignements  classiques  a 


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peut-être  clos  la  série  de  ees  monuments  commémoratifs  en 
dépassant  une  fois  en  grandeur  les  antiques  modèles. 

En  évoquanl  le  souvenir  de  tant  d'ouvrages  se  signalant 
tous  par  quelques  traits  originaux,  il  est  bien  permis  d'insis- 
ter sur  ceux  de  Porte-Noire  qui,  malgré  ses  écarts  de  style, 
méritent  une  place  honorable  dans  l'histoire  de  la  décora' 
tion  architecturale. 


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LE   DOCTEUR   EN   MÉDECINE 

COMTE    D'UDRESSIER 

Par  le  D'  J.  HETNIER 
Séance    du    20    ouril    iOOt. 


Dans  le  bas  de  la  rue  des  Granges  à  Besançon,  en  fuce  de 
l'hàtel  de  Saint-Juan,  maison  célèbre  qui  a  élé  le  dernier 
siège  de  la  Régalie  (ij,  s'élève  un  autre  hôtel  de  construction 
égiilement  remarquable.  La  Façade,  d'une  èlé^'ance  rare  dans 
notre  vieille  ville,  où  tout  semble  avoir  élé  sacrifié  à  la  soli- 
dité, réunit  deux  ordres  d'architecture  :  le  rez-de-chaussée 
est  dorique  et  l'étage  ionique.  Les  pilastres  cannelés  qui  ac- 
costent la  porte  principale  et  les  fcnôtres,  les  frises  ornéiis  de 
gracieux  entrelacs  sont  du  meilleur  goùl.  Au-de.^suâ  do  la 
porte  cochère  est  un  trumeau  sculpté  qui  a  dû  contenir  des 
armoiries  ;  le  marteau  révolutionnaire  ne  tes  a  pas  respec- 
tées 2f.  Une  inscription,  placée  plus  haut,  porte  cette  sen- 
tence :  Aul  pevftce,  aul  ne  tenta. 

Cette  jolie  demeure  appartenait,  en  1789,  h  Philippe-Thé- 
rèse Masson  de  la  Bretenière,  d'une  famille  originaire  de 
Dole  i^),  mais  d'une  branche  qui  s'était  élablie  ù  Besançon 
dans  les  premièi-es  années  du  xvii*  siècle.  M.  Masson  de  la 
Bretenière  était  conseiller  au  parlement  de  Besançon,  oii  il 
siégeait  h  la  grand'chainbre.  Vendue  comme  bien  d'émigré, 
après  avoir  passé  en  différentes  mains,  elle  avait  été  acquise, 

(1)  Tribunnl  d'appel  di»  iiamLiroiiscï  jiirldio lions  di:  U  ville  iin|iùi'i;(]e ; 
il  ï  en  avait  douie. 

(2)  Voir  Doc.  inéd.,  t.  lit,  p.  lia, 
[3j  Famille  Uasson  d'Aulhuiie. 


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—  178  — 
au  commencement  du  siècle  qui  vient  de  finir,  par  un  simple 
docteur  en  médecine.  Il  est  vrai  que  ce  docteur  était  comte. 
Si  les  noms  aristocratiques  ne  manquaient  pas,  dès  celle 
époque,  dans  le  corps  médical,  les  titres  y  étaient  rares,  et 
celui  de  Marie- Pierre- Fidèle-Amand  d'Udressier  serait  en- 
core, de  nos  jours,  une  exception. 

M.  d'Udressier  appartenait,  par  sa  naissance,  à  une  des 
plus  anciennes  familles  nobles  de  Salins,  où  elles  abondaient 
alors  et  sont  encore  très  nombreuses  aujourd'hui.  Il  était  né 
dans  cette  ville,  en  1771,  de  Philippe-Marie-François,  comte 
d'Udressier  chevalier  d'honneur  ou  conseiller  d'épée  au  par- 
lement de  Besançon,  et  de  Victoire-Pélagie  de  Benouanl  de 
Fleury  Villayer  (i).  Guy  ou  Guyot  Udressier,  de  Salins,  le 
plus  anciennement  connu  de  ses  ancêtres,  est  déjà  qualifié 
écuyer  dans  un  testament  de  l'année  1384.  Un  titre  de  sa 
ville  natale  nous  apprend  que  ce  personnage  était  receveur 
du  domaine  et  des  aides  en  1395.  <  On  a  la  filiation,  dit  M.  de 
Lurion  auquel  j'emprunte  ces  détails,  depuis  noble  Esleve- 
nin  Udressier  •  clerc  des  rôles  en  la  saulnerie  »,  marié,  en 
1439,  à  Jeanne  d'Oiselay  (2),  En  174ï!,  Claude-François  d'U- 
dressier, chevalier  d'honneur  au  Parlement,  fit  ériger  ses 
terres  de  Cramans,  Lemuy  et  Escleux  en  comté  d'Udressier. 
Dans  les  lettres  d'érection,  il  est  dit  que  lors  des  recherches 
faites  en  169G  sur  la  noblesse,  il  justifia  de  la  sienne  depuis 
1439(3)...  »  En  1789,  Philippe-Marie- François  d'Udressier, 
père  du  futur  docteur,  était  premier  chevalier  d'honneur  au 
parlement  de  Besançon  (*1.  C'était  un  grand  seigneur  qui, 
ainsi  que  nombre  des  autres  membres  de  la  cour  souveraine, 


(l)Coinlé  érigé,  en  août  1749,  pour  Claude-François  Renouant  de  Fleury, 
graiiJ-rnailre  des  Eaui-et-Foi-èls,  et  qui  comprenait  Fertaiisi,  A>noiiJan«, 
Ainancey,  Ida  1  uns  et  Dûserviliers. 

(2)  Ou  plutôt  dOïselel. 

[3j  NobUiaii-e  de  Franche-Comté, 

(4)  Il  avait  succédé,  en  cette  ((uHlité,  à  son  père  Chirles-Philippe-Igiuce, 
deuxième  comte  d'Udressier. 


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—  179  — 
avait,  dans  ses  terres,  des  sujets  mainmortables,  M.  Vallery- 
Pradot,  dans  sa  Vie  de  Patteur,  dit  que  Denis  Pasteur,  marié 
à  Mièges  le  y  février  i682,  vint  s'établir  à  Lemuy,  oii  il  fut 
meunier  de  Claude- François,  comte  d'Udressier,  grand  sei- 
gneur descendant  d'un  secrétaire  de  Charles-Quint  (1).  Denis 
et  son  fils  Claude  avaient  été  serfs  du  seigneur  de  Lemuy; 
mais  son  petit-liis,  Claude-Etienne  Pasteur,  voulut  être  af- 
franchi. Il  le  fut  U  Vige  de  30  ans,  par  un  acte  en  date  du 
20  mars  1763,  passé  par  devant  Maître  Claude  Jarry,  notaire 
royal  à  Salins.  Le  conile  d'Udressier  y  consentait  ■  par  grâce 
spéciale  »  à  affranchir  Claude-Etienne  Pasteur,  tanneur,  de- 
meurant à  Salins,  son  sujet  mainmortable  de  Lemuy.  Quatre 
louis  d'or  de  vingt-quatre  livres  furent  payés,  séance  tenante, 
en  l'hôtel  du  comte,  par  ledit  Pasteur  (2  ,  On  aime  à  penser 
que  cette  grâce,  bien  que  spéciale  à  Claude-Etienne,  ne  fut 
pas  la  seule  de  ce  genre  qu'accorda  son  seigneur,  et  qu'il  ne 
faut  pas  compter  ce  dernier  parmi  les  parlementaires  inhu- 
mains, qui  maintinrent  les  mainmortables  de  la  terre  de 
Saint-Claude  dans  leur  humiliantecondition  le  18  août  1775(3). 
Connu  par  ses  travaux  en  botanique  et  géologie,  le  docteur 
d'Udressier  a  été  un  des  premiers  membres  de  la  Société 
d'Emulation  du  Doubs,  qu'il  a  présidée  depuis  sa  fondation 
en  1840  jusqu'en  1845;  et,  cependant,  nous  ne  trouvons  au- 
cune notice  sur  lui  dans  nos  Mémoires.  Un  seul  des  journaux 
scientifiques  de  l'époque  de  sa  mort  en  a  fait  mention.  C'eist 
la  Revue  médicale   de  Besançon  et  de  la  Franche-Comté 


(1)  Vie  de  Patteur,  p.  1. 

(2)  Ibid  ,  p.  2. 

<3)  Les  d'Udressier  portaient  :  d'afgenl  à  deux  rameauûs  de  linople 
entrelacée,  fruité»  de  pourpre.  Leurs  nlliiiiices  étaient  :  d'Ovselet ,  de 
(ïuiei'che,  Colin,  de  Ulye,  .le  Vers,  Amyot,  le  tirant  de  Charchilla.  Coque- 
lin  de  Germigxey,  Vigoureux,  du  Fuurg,  Guitlame  de  PotiUmougearii , 
Gay  de  Marnoi,  de  Vallin,  d'Andlarw.  Reuouari],  de  Fleury-Viliayer,  du 
Saii.  —  Pélissonnier,  U^igneiln,  de  Férulin,  Iloiidieu  de  Vauldry,  Alix, 
Amyot,  Marchand  de  Uiserey,  Latwrey  de  &ilaiis,  de  la  Hobinièi'e,  de  Baii- 
cenel.  Girod  de  Miserey  (deux  f.),  de  Bréard. 


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—  180  — 
(5  février  1847).  Il  est  vrai  que  dans  le  numéro  suivant  de  la 
même  revue  (15  mars),  nous  trouvons  un  article  nécrolo- 
gique de  forme  très  littéraire,  dû  à  la  plume  élégante  du  doc- 
teur Labrunfi;  mais,  malgré  son  étendue,  il  ne  nous  apprend 
pas  grand'chose  sur  la  vie  de  d'Udressiei',  que  l'auteur  ijaralt 
supposer  connue  de  tous.  Cet  oubli,  tout  au  moins  relatif, 
est  d'autant  plus  inexplicable  que  les  connaissances  étendues 
dfi  l'homme  n'étaient  pas  son  seul  titre  au  souvenir  de  ses 
concitoyens.  En  effet,  Charles  Weiss  a  pu  dire  de  lui 
que  I  son  nom,  connu  des  savants  par  ses  travaux  géolo- 
giijues,  est  béni  dos  malheureux,  dont  il  est  la  consolation 
et  l'appui  «.  Il  nous  a  semblé,  à  notre  confrère  M,  le  docteur 
Ledoux  et  à  moi  que  l'on  devait,  par  un  tardif  hommage  à  ce 
savant  et  à  cel  homme  de  bien,  réparer  une  injustice  dont 
il  serait  inutile,  autant  que  peu  charitable,  de  rechereher  les 
causes;  la  mémoire  du  bon  docteur  noua  l'interdit  peut-être. 
Je  me  contenterai  de  dire  que  cette  mémoire  a  surtout  souf- 
fert des  préoccupations,  par  trop  personnelles,  de  ceux  qui 
avaient  alors  l'oreille  des  membres  de  la  Société  d'Emulation 
du  Uoubs. 

Nous  avons  dit  à  quel  monde  d'Udressier  appartenait  par 
sa  nais.-sance.  l'ajîe  de  Louis  XVI  à  l'époque  de  la  Révolu- 
tion ('■',  il  émigra,  comme  tant  d'aulres  serviteurs  de  ce  mai- 
heureux  prince,  et  se  réfugia  à  Vienne.  Ils  y  reçurent,  son 
frère  et  lui,  l'accueil  qui  était  dû  à  des  descendants  de  bous 
et  loyaux  serviteurs  de  la  maison  d'Autiicha  (3).  Mais  il  n'é- 
tait pas  venu  pour  retrouver  une  cour  et  des  plaisirs,  d'autant 
plus  qu'il  ne  parait  pas  avoir  eu  jamais  pour  eux  un  goût 
bien  prononcé.  Les  commotions  politiques  et  sociales,  dont 
il  venait  d'être  témoin  et  victime,  lui  avaient  donné  un  de 

(1)  Il  ntait  <lc  scrviru  aux  Tuileries  le  10  aoûl,  et.  porteur  d'une  turche, 
Tut  un  de  ceux  qui  écluir^reiil  la  retraite  dii  Ftoi  et  de  la  htinille  royal.'  sur 
rAsMinlilèe.  Celte  cireoiistuiice  lui  sauva  la  vie. 

\'î)  C'k3\  eu  rci:oiiiiaU!>aiiue  de  dl  accueil  qu'il  Jevait  faire  envoyer, 
après  sa  mort,  uue  partie  de  ses  collections  à  l'empereur  J'Aulrichc. 


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_  181  — 
ces  enseignemenls  formidables,  une  de  ces  grandes  et  fortes 
ie^îons,  dont  un  esprit,  nuturellement  sérieux,  conserve 
l'ineffaçable  empreinte. 

A  Vienne,  ie  jeune  comte  étuiiia  la  médecine,  suivant  avec 
assiduité  l'enseignement  et  la  pratique  des  professeurs  les 
plus  distingués  de  la  faculté.  Il  se  fit  recevoir  docteur  et  il 
exerça,  pour  vivre,  jusqu'au  terme  d'un  exil  qui  se  prolongea 
jusqu'à  l'iosue  de  la  Hévoliition.  Rentré  en  France  a  il  pré- 
féra, dit  le  docteur  Lalirune,  une  vie  laborieuse  et  obscure 
aux  succès  faciles  qu'oiïniicrit  h  son  ambition  les  préoccupa- 
tions du  moment.  Il  fut  constant  dans  ses  goftts  pour  la 
science,  et  la  cultiva  toujours  comme  une  terre  que  ie  travail 
peut  rendre  féconde  W  ».  Lorsque  les  événements  lui  eurent 
rendu  une  partie  de  la  fortune,  dont  il  avait  été  dépouillé,  il 
ne  demanda  plus  à  cette  science  (i  que  de  la  lumière  pour  son 
intelligence  et  des  moyens  de  se  rendre  ulile  aux  pauvres  et 
t  ses  amis.  Il  exerçait  la  médecine  gratuitement,  et  suppléait 
souvent  par  ses  libéralités  h  l'insutlisancc  des  moyens  do 
ceux  qui  lui  demandaient  des  conseils  (2)  ». 

Privé,  par  lu  Révolution,  d'une  situation  élevée  et  de  légi- 
times espérances,  le  malheur  n'avait  porté  aucune  atteinte  & 
la  grandeur  et  à  la  générosité  de  son  caractère.  Il  savait  res- 
pecter les  idées  politiques  et  sociales,  si  fflcheuses  qu'elles 
dussent  lui  paraître,  chez  ceux  en  lesquels  il  croyait  discerner 
cet  amour  du  vrai  et  du  bien,  dont  il  était  lui-même  animé. 
f  II  n'avait  voulu  conserver  de  son  expérience  du  passé  que 
ces  principes  supérieurs  qui,  en  obligeant  à  oublier  beaucoup 
et  i  beaucoup  apprendre,  laissent  au  cœur  sa  jeunesse... 
Bienveillant  et  affable  envers  tous,  il  avait  su  mettre  ses 
grandes  et  précieuses  qualités  à  l'abri  de  toute  atteinte  :  il 
voyait  avec  indulgence  les  opinions  qu'il  ne  partageait  pas; 
c'était  de  bonne  foi  qu'il  les  regardait  comme  l'œuvre  de  l'ex- 

(1)  Loc.  fiil,  p,  101. 

(2)  Ibid. 


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—  183- 

périence,  du  préjugé,  ou  d'une  direction  d'idées  et  d'impres- 
sions qu'il  n'avait  pas  suivies.  Il  avait  ses  aflections,  mais  ne 
cherchait  point  à  les  imposer  ;  elles  étaient  cependant  cons- 
ciencieuses, c'esL-à-dire  subordonnées  à  ses  convictions  eut 
le  bien  de  tous  et  la  vérité  pourtous,  puisqu'il  avait  dédaigné 
toute  occasion  de  rechercher  son  intérêt  particulier  (1). 

M.  d'Udressier  suivait,  de  sa  modeste  et  paisible  retraite, 
le  mouvement  de  la  science.  En  dehors  de  la  médecine,  à  la- 
quelle il  avait  dû  une  existence  indépendante,  avant  «Ju'il  eût 
recouvré  sou  ancienne  aisance,  et  qui  conserva  ses  plus 
chères  alTeclions,  il  avait  cultivé  la  botanique  et  surtout  la 
géologie  et  la  minéralogie,  accumulant  les  faits  qui  les  con- 
cernent. 11  a  légué  à  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Besançen 
ses  livres  scientifiques  et  une  magnifique  collection  de  fos- 
siles et  de  minéraux  du  terrain  jurassique. 

Il  est  mort  à  Besançon,  le  5  février  de  l'année  1847.  dans 
une  maison  sur  l'emplacement  de  laquelle  on  a  construit  la 
Caisse  d'Epargne,  Cette  maison  appartenait  à  la  famille  Busoo 
d'Auxon.  Il  avait  alors  7ti  ans.  D'Udressier  a  laissé  dans  la 
mémoire  de  tous  ceux  qui  l'ont  connu  un  grand  souvenir 
et  de  profonds  regrets.  Son  dévouement  aux  malades  indi- 
gents était  bien  précieux  dans  une  ville  oii  l'on  n'avait  pas 
encore  pensé  à  l'assistance  médicale  à  domicile.  Ses  restes 
reposent  au  cimetière  des  Chaprais  sous  une  tombe  modeste 
comme  sa  vie.  «  11  comprit,  dit  son  épitaphe,  les  besoins  du 
pauvre  et  les  soulagea!  >  Toutes  les  épitaphes  ne  sont  pas 
aussi  vraies  que  celle-là  &),  Dans  sa  simplicité,  il  en  est  peu 
d'aussi  belles  ! 

Célibataire  et  le  dernier  de  sa  race(31,  le  comte  d'Udressier 
a  disposé  de  son  avoir  conformément  aux  deux  grands  inté- 

<1)  Loc.  cit.,  p.  101  et  102. 

l'i)  D'  P£rtRON,  Lu  cimetiérei  de  Besançon,  in  Revue  littéraire  i* 
Frauche-Comié,  l"  mai  1866,  p,  318. 

(3)  Son  frère  s'était  tué,  par  accident  de  voilure,  dans  une  pramoude 
au  bord  de  l'Arno. 


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rets  qui  ont  été  ceux  de  sa  vie,  la  science  et  la  charité!  Dès 
l'année  1835,  alors  qu'il  n'avait  encore  que  6i  ans,  il  avait 
commencé  à  régler  ses  dernières  volontés.  Sa  première  pen- 
sée avait  été  pour  la  reconnaissance.  En  souvenir  des  bontés 
que  l'empereur  François  II  avait  eues  pour  son  frère  et  pour 
lui,  il  voulut  faire  offrir  à  son  fils  et  successeur  Ferdinand  l", 
une  collection  de  fossiles  appartenant  à  la  partie  du  Jura 
français  ■  ci-devant  province  de  Franche-Comté  *,  qui  n'était 
pas  représentée  au  Cabinet  Impérial  d'Histoire  naturelle  de 
Vienne.  «  Les  fossiles  qui  composent  cet  envoi,  lit-on  dans 
ses  premières  dispositions  testamentaires  «),  sont  précieux 
vu  que  la  collection  en  est  unique  encore...  et  que  les  échan- 
tillons sont  pour  la  plupart  d'une  parfaite  conservation.  >  Cet 
envoi,  dont  les  détails  avaient  été  arrêtés  par  lui  avec  un 
soin  méticuleux,  était  confié  à  sa  belle-sœur,  Madame  d'U- 
dressier(3),  qui  paraltavolrpossédé  toute  sa  confiance.  Avant 
de  le  taire,  elle  devait  s'assurer  l'agrément  du  destinataire, 
et  écrire  au  directeur  du  Cabinet  Impérial  pour  le  lui  annon- 
cer. Nous  ne  savons  si  cet  envoi  a  eu  lieu. 

Le  17  octobre  1843,  M.  d'Udressier  rédigeait  un  testament 
olographe,  qui  fut  remis,  le  9  février  1847,  es  mains  du  no- 
taire Brugnon,  par  l'avocut  Canel.  Dans  ce  document,  très 
important,  il  commençait  par  prier  sa  belle-soeur  de  vouloir 
bien  être  son  exécutrice  testamentaire  ;  puis  il  instituait  son 
seul  et  unique  héritier,  son  neveu  Albert  de  Sainte-Crolx- 
Renouard,  second  Tils  de  feu  Eugène  de  Sainte- Croix- Re- 
nouard,  &  charge  par  lui  d'acquitter  vingt-deux  legs,  pieux 
et  autres,  dont  il  donnait  le  minutieux  détait. 

Celaient  :  —  l"  la  somme  nécessaire  à  la  rétribution  de 
300  messes  pour  le  repos  de  son  âme;  —  2°  une  somme  de 
300  francs  destinée  aux  pauvres  de  la  paroisse  de  Bregllle, 


(1;  Teslamenl  du  i"  octobre  1835  et  «Ju  "U  mars  ISiO. 
(3)  Née  Lucie  du  Saix  d'Arnaiis.deacendanledu  hmeui  baron  d'Arnini, 
la  terreur  des  Bressaus. 


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-iai- 

OÙ  il  avait  une  maison  ;  —  3'  une  autre  somme  de  300  francs, 
à  l'église  de  Bregille;  —  4°  une  troisième  somme  de 
300  francs,  au  curé  de  Bi-egille,  afin  qu'il  fit  un  modeste  ser- 
vice pour  le  repos  de  son  ûme  et  donnât  îe  reste  aux  pauvres; 

—  5"  une  somme  de  300  francs,  à  la  paroisse  de  Notre-Dame 
qu'il  habitait  :  —  6"  une  somme  de  1,000  francs  à  l'Associa- 
tion des  Dames  dites  de  Chariléi  —  1"  une  somme  de 
20,000  francs  à  l'hôpital  do  la  ville  de  Salins,  pour  l'établis- 
sement et  la  fondation  h  perpétuité  de  deux  lits  et  l'entretien 
perpétuel  de  deux  pauvres  vieillards,  legs  fait  en  mémoire 
de  ses  pères  qui  avaient  vécu  et  étaient  enterrés  à  Salins, 
qui  deviendrait  caduc  si  l'on  faisait  difficulté  de  le  recevoir 
comme  il  l'entendait,  auquel  cas  il  retournerait  do  plein  droit 
à  son  héritier  qui  emploierait  cette  somme  de  20,000  Jrancs 
à  d'autres  œuvres  religieuses  qui  lui  sembleraient  conve- 
nables; --  8"  à  sabelle-soîur.  Madame  d'Udressier,  sa  maison 
de  Besancon,  rue  de  la  Préfecture  numéro  15,  avec  tous  les 
meubles  meublants  qui  seraient  à  sa  convenance  ;  —  9'  à  la 
même  un  coffret  faisant  partie  de  sa  collection  minéralogique 
et  contenant  les  échantillons  de  toutes  les  pierres  précieuses; 

—  10"  à  sa  cousine  Caroline  de  Sainte-Croix,  née  de  Cély, 
une  bague  de  la  valeur  de  3,000  francs;  —  11"  &  son  neveu 
Jules  de  Sainte- Croix- Renouard,  une  maison  siseà  Besançon 
rue  des  Granges  numéro  5,  occupée  alors  par  les  Message- 
ries Nationales;  —  12°  aux  enfants  de  son  cousin  Félix  de 
Sainte-Croix,  Edgard,  Ernestine  et  Eglée,  la  somme  de 
20,000  francs  chacun,  au  total  60,000  francs;  —  13»  à  sa  cou- 
sine Delphine  de  Bréard  la  somme  de  25,000  francs  ;  —  14"  à 
sa  cousine  de  Lurion,  née  deResnes,  5  000  francs;  — 15"  aux 
quatre  enfants  de  Lunon,  ses  petits  neveux  et  nièce, 
40,000  francs  à  partagei'  par  égales  parts;  —  16*  à  son  petit- 
neveu  Casimir  de  Resnes,  10,000  francs  ;  -  17°  à  chacune  des 
demoiselles  Furet  de  Prébaron,  petites-filles  de  Labet,  ancien 
juge  de  paix,  3,000  francs,  en  reconnaissance  des  semces 
que  lui  avait  rendus  leur  grand-père;  —  18»  à  chacun  de  ses 


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-  185  — 
domestiques,  y  compris  le  jardinier  et  sa  femme,  1,000  francs 
et  en  plus  100  francs  par  année  de  service;  —  19°  à  son  do- 
mestique et  à  son  jardinier,  sa  garde-robe,  par  moitié;  — 
20°  !i  ses  héritiers,  le  soin  d'acquitter  les  droits  de  mutation 
pour  ses  legs  pieux  et  ceux  en  faveur  de  ses  domestiques 
~  21°  i  la  Bibliothèque  de  Ilcsunçon  l'armoire  contenant  sa 
collection  de  minéraux,  une  des  plus  belles  que  pouvait  ac- 
quérir un  particulier,  à  la  condition  que  ladite  collection 
rait  conservée  intacte,  qu'il  ne  serait  rien  enlevé,  ni  ajouté, 
ni  échangé  de  son  contenu,  afin  que  par  celle  disposition  on 
puisse  juger  de  l'état  de  cette  partie  de  la  science  h  ré|ioque 
de  son  décès;—  22°  à  ladite  Bibliothèque,  tous  ses  livres 
concernant  les  sciences,  comme  aussi  les  atlas  et  gravures  en 
feuilles,  y  compris  les  ouvrage»  relatifs  aux  antiquités. 

A  ces  disposilions.  déjii  si  nombreuses,  M,  d'Udressier 
ajoutait,  le  19  mars  18-i6,  un  legs  de  «  3,000  francs  au  Sémi- 
naire des  Missions  étrangères  à  Paris,  rue  du  Bac  numéro  120, 
pour  Tœuvre  des  missions  dont  il  s'occupe  ».  Son  intention 
était,  en  léguant  cette  somme,  •  de  faire  rentrer  dans  l'ordre 
de  leur  destination  »,  autant  qu'il  le  pouvait  «  quelques  biens 
ecclésiastiques  »,  qu'il  a\ait  achetés  depuis  la  Révolution. 


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DEUX  VESTIGES 

CONSTRUCTION  GALLO-ROMAINE 

S'EXPLIQUANT    L'UN    PAR    L'AUTRE 

â  BesanQDn  et  â  Cliamborna^les-Bellevaux  (Hwta-biw) 
Par  H.  Alfred  VÂISSIER 

Séance    d»   9   novembre    tOOi 


Il  y  a  trois  ans,  au  cours  d'un  défoncement  dans  un  ter- 
rain en  pente,  on  découvrait,  non  loin  de  l'église  du  village 
de  Chainbornay-les-Bellevaux,  un  dalli<ge  quadrilatéral  d'un 
caractère  assez  singulier. 

Les  soins  apportés  à  la  construction  de  cet  antique  ou- 
vrage engagèrent  le  curé  de  la  paroisse  à  provoquer  une  en- 
quête archéologique,  dont  l'annonce  vous  fut  transmise  par 
notre  confrère,  M.  le  chanoine  Suchet. 

A  la  suite  d'une  première  visite,  la  Société  f'it  informée  de 
-  l'origine  gallo-romaine  bien  certaine  du  vestige  signalé,  mais 
en  même  temps  on  reconnut  qu'il  convenait  d'attendre  le 
résultat  de  fouilles  complémentaires  pour  formuler  une  dé- 
termination satisfaisante  de  l'édicule  qui  avait  dû  s'élever  sur 
la  surface  dallée. 

Les  travaux  furent  continués  par  le  propriétaire  du  sol  et 
en  présence  de  M.  l'abbé  Lécot,  avec  un  zèle  d'autant  plus 
intéressé  que  nos  investigateurs,  archiiologues  improvisés, 
subissaient  chacun  l'inllucncc  d'une  idée  fixe  dont  il  était 
impossible  de  les  dissuader.  Ceux-ci  ne  présumaient  rien 


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—  187 

moins  que  d'avoir  affaire  au  soubassement  d'un  petit  ora- 
toire chrétien,  puis,  plus  tard,  d'un  aulel  contemporain  des 
premiers  Ages  du  Christianisme  en  Gaule.  Leur  préoccupa- 
tion s'expliquait  en  partie  nar  la  légitime  satisfaction  qu'ils 
avaient  de  posséder,  dans  l'église  du  village,  cette  précieuse 
Table  d'autel  gravée,  du  v"  ou  vi'  siècle,  dite  la  Ilote  de 
CJMmbornaij.  Nul  indice  confirmalif  d'une  pareille  concep- 
tion n'est  venu,  à  mon  sens,  pour  récompenser  de  leurs 
peines  nos  pieux  chercheurs,  qui  trouvèrent  même,  dons  la 
profondeur  exagérée  de  la  fouille  au  pourtour,  l'occasiou  de 
s'égarer  encore  davantage. 

La  question  débarrassée  d'une  illusion  encombrante,  le 
parti  le  plus  simple  étiiit  de  s'attacher  aux  détails  caractéris- 
tiques qu'offrait  le  vestige  lui-même  et  d'en  donner  une  ex- 
plication rationnelle. 

A  cette  fin,  et  sans  aller  bien  loin  à  la  recherche  d'élé- 
ments de  comparaison,  je  crois  qu'un  autre  ve.stige,  de  la 
plus  grande  analogie,  remarqué  dans  une  fouille  fuite  à  Be- 
sançon il  y  a  seize  ans,  pourra  nous  renseigner  sur  les  in- 
tentions du  constructeur  de  Chambornay. 

Ce  recours  imprévu  et  opportun  à  une  constatation  de- 
meurée inédite  nous  permettra  de  combler  une  lacune  dans 
nos  comptes  rendus  archéologiques,  et  cela,  avec  d'autant 
plus  de  sûreté,  que  nous  utiliserons,  comme  documents, 
d'excellents  croquis  pris,  dans  le  coui-s  de  travaux  de  fouilles 
à  Besançon,  par  notre  confrère  M.  l'architecte  Simonin, 
élève  d'Alfred  Ducat,  le  con-tservaleur  de  vénérée  mémoire  W. 

En  1885  donc,  un  creusage  de  d^BO  de  profondeur  était 
pratiqué  sur  toute  la  longueur  de  la  rue  d'Anvers  pour  la 
construction  d'un  égout  (PI.  1.  fig.  I). 

L'étroite  tranchée  atteignait  le  niveau  du  sol  à  l'époque 
gallo-romaine.  Là,  elle  mit  au  jour,  en  les  traversant,  une  série 


(1)  Os  croquis  nous  ont  été  gracicusemenl  remi»  par  H.  Charles  Ducal 
parmi  des  dossiers  ardiéologiques  recueillis  par  son  ODcle. 


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de  substructions  dont  les  lignes  se  coupant  ù  angle  droit  dé- 
terminaient plusieurs  locaux  dépendants  les  uns  des  autres 
sur  une  même  orientation  (PI.  I,  (ig  1b). 

Cet  ensemble  compact  d'ancibnnes  bâtisses  était  isolé  et 
distant  d'environ  25  mètres  du  débouché  de  hi  rue  d'Anvers 
sur  la  Grande-Rue  moderne  et,  par  suite,  de  la  principale  noie 
romaine  de  Vetontio,  dont  un  spécimen  très  remarquable 
apparut,  muni  de  ses  grande»  dailea  posées  de  biais  entre 
les  hautes  lisses  de  ses  trottoirs  (PI.  I,  flg.  1a  et  2). 

On  constata  qu'il  n'existait  aucune  fondation  d'édifice  sur 
les  bords  du  magnu»  viciu,  mais,  après  un  vide  intercalaire, 
débutait,  derrière  une  muraille  parallèle  à  la  voie  antique,  le 
groupe  de  constructions  qui  vient  d'èlre  signalé.  Contre  celte 
muraille,  au  delà  de  laquelle  l'orientation  changeait,  était 
adossée  une  sorte  de  niche  semi-circulaire,  faisant  partie 
d'une  pièce  carrelée,  suivie  d'une  seconde  plus  intéressante 
qui  avait  conservé  deux  piles  de  briques  carrées  supportant 
encore  deux  grandes  plaques  de  pierre  dure,  sciée  et  polie, 
restes  de  l'ancien  parquetage  surélevé  de  la  salle  entière 
iPl.  la). 

L'existence  des  rcates  d'un  h'ipocauilc  était  démontrée  à 
l'extrémité  de  celte  chambre,  non  seulement  par  le  vide  entre 
les  piles  pour  l'emmagasinage  de  l'air  chauffé,  mais  encore 
par  une  rangée  de  sept  de  ces  tuyaux  carrés  en  terre  cuite 
servant  pour  la  distribution  de  la  clialeur  dans  une  direction 
verticale. 

Les  croquis  de  M.  Simonin,  reproduits  avec  leurs  cotes  et 
leur  légende,  me  dispensent  d'une  description  détaillée  (Pi.  I). 

Les  murs  suivants  offraient  les  amorces  de  ({uatre  pièces, 
dont  l'une,  large  de  6  mètres,  avait  son  aire  bétonnée. 

Enfin  venait  un  dernier  local,  large  de  3"I0,  où  l'on  voyait, 
dans  leur  position  originelle,  quatre  des  grandes  dalles  qui 
garnissaient  le  sol,  et  dont  la  suite  se  perdait  au  delà  de  la 
tranchée,  plutôt  du  côté  de  la  maison  des  Ursulines  que  de 
celui  de  la  maison  Guichard  (PI.  1,  fig.  le).  —  Or  ces  quatre 


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dalles  subsistantes,  par  leur  assemblage  aiis^i  bien  que  par 
les  entailles  caractéristiques  qu'elles  poi'taient,  étaient  une 
vraie  reproduction  de  celles  que  l'on  voit  à  Chaiobornay, 
mais  ici  à  une  éclielle  légèrement  supérieure;  de  telle  sorte 
que  le  quadrilatère  pres'|ue  complet,  (iécouvert  dans  le  vil- 
lage, vient  pour  nous  renseigner  aujourd'hui  sur  cequi  man- 
quait au  vestige  de  Bcsnnçnn,  h  savoir  de  quelle  façon  devait 
se  terminer  à  ses  extrémités  un  loculus  dont  nous  ne  con- 
naissions que  la  largeur  fPl.  II,  fig.  i  et  2). 

Dès  lors,  muni  de  l'élément  de  comparaison  souhaité,  il 
sera  facile,  aprè^  avoir  décrit  ce  que  peut  nous  apprendre  le 
dallage  de  Chambornay,  de  fiiire  le  partage  des  similitudes 
et  des  différences  avec  celui  de  Desimcon,  et  de  conclure 
pour  chacun  d'eux  à  une  destination  appropriée, 

Chambornaj'-leK-Hellevaux  (D,  à  23  kilomètres  de  lïesan- 
çon,  situé  !i  proximité  d'une  voie  anli(|ue  bien  connue,  fut. 
comme  on  l'a  depuis  longtemps  constaté,  un  lieu  de  villé- 
giature assez  important  à  l'époque  gallo-romaine. 

A  diverses  reprises  on  y  a  découvert  les  traces  de  vastes 
constructions,  accompagnées  de  tuiles  à  rebords,  de  larges 
briques  pour  des  canaux  solidement  cimentés  et  portant  sur 
leur  parcours  des  tuyaux  de  calorifères,  puis  surtout  plu- 
sieurs mosaïques  qui  existent  encore  a  une  faible  profon- 
deur ;2i. 

Sept  dalles  constituent  le  vestige  nouveau  dont  il  s'agit  de 
déterminer  la  destination.  Deux  de  ces  dalles  ont  été  rom- 
pues à  leur  extrémité,  peut-être  dans  un  e,.?sai  de  démolition 

(1)  [locleiir  Mevmeii.  Les  noms  de  lien  roinana  en  France  et  l'i  l'étran- 
ger {M^m.  de  la  Sor.  d'Emnl  du  Doubi,  T*  série,  t.  III.  \WS>,  p.  02  et 
38)  :  H  Canibunium  ai  DG7,  campus,  clump  ou  cnmp,  bornuin  ou  bur- 
nutn,  ilu  g. ' iniiinqiie.  sigtiilit  :  source,  fuiit^iiiie;  il  u  élc  remlii,  suivant 
les  rL't;i<ins,  par  bmne.  Ii  urne  iiui'iie,  Iji'uiui.  brun  il.  » 

(3'  .l'ai  pu  le  rnnslater  pnur  l'une  Ae  ces  mnsnïqiies,  sur  le  bord  du 
cW-iniii  qui  la  sépare  ilu  dallage;  un  seul  conp  lie  pie  a  sunî  pour  mettre 
i  jour  lu  molir  li'unu  torsaile  piilychromi;  de  mânins  slyle  cl  qualilii  que 
celles  des  ir  et  m*  siècles  à  lies;in^'on. 


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—  190  — 
infructueux  pour  un  réemploi.  La  disparition  d'uD  des  angles 
ne  met  pas  d'obstacle  à  la  restitution  de  la  forme  complète 
(Pi.  II,  fig.  2). 

Sur  la  surface  horizontale  de  4  mètres  de  long  sur  3  mèlres 
de  largeur,  après  une  marge  varinble  de  O^SO  àO"40,  rè^e, 
au  pourtour  d'abord,  une  rigole  semi-circulaire,  puis,  à  quel- 
ques centimètres,  et  parallèlement,  un  caniveau  (c'est  le 
terme  propre)  large  et  peu  profond,  lequel  a  été  recreusé  ea 
son  milieu  en  manière  d'étroite  rigole  (PI.  II,  iîg.  7). 

Suivant  un  usage  fréquent  dans  l'appareillage  antique, 
les  dalles,  à  leurs  tranches  de  contact,  portent,  chacune,  une 
rainure  longitudinale  où  le  mortier  interposé  fait  ofQce  de 
tenon  ;  de  plus,  de  forts  crampons  de  fer  qui  ont  disparu,  re- 
liaient toutes  les  pièces  entre  elles. 

Le  dallage  repose  sur  une  couche,  épaisse  de  O^SO  et  plus, 
de  ciment  rouge  de  brique  pilée,  très  homogène  et  tassée 
d'une  seule  traite  (PL  II,  f)g.  6). 

Enlln,  pour  prévenir  tout  atîaissement,  en  dessous  existe 
un  amas  de  pierres  plates,  brutes,  chevauchant  tes  unes  sur 
les  autres,  et  rangées  par  lits  légèrement  convexes  sur  plus 
d'un  mètre  de  profondeur. 

Quand  on  cherche  à  se  rendre  compte  du  caniveau  qui 
fait  le  tour  de  cette  construction  si  bien  assise  et  parfaite- 
ment étanche  (ti,  on  se  représente  aussitôt,  encastrée  dans 
la  dépression  plane  et  continuée  sans  interruption,  une  ma- 
çonnerie de  briques  soigneusement  cimentées,  ou  mieux 
encore  de  longues  pierres  de  taille  dressées  pour  former 
une  enceinte  également  continue  et  constituer  ainsi  les  mar- 
gelles d'un  réservoir  quelconque,  abreuvoir,  lavoir  ou  bas- 

(1j  VirniJVK.  Traduction  de  Perraull,  1684,  ch.  [,  liv.  VU  :  <  Plancher* 
des  étages  ù  iléuiiuiei't  pour  que  l'Iiumidité  ne  pénètre  pas.,.  Que  si  l'on 
«eut  encore  mieux  faire,  il  rauilru  melti'e  sur  la  rudération  des  carreaux 
da  deux  piedi>  qui  auront  tout  autour  de%  carreaux  cretuis  if'un  doigt. 
lesquels  seront  remplis  de  chaux  détrcmpëe  avec  de  l'huile,  de  sorte  que 
la  chaux  enrerinée  dans  ces  carreaux  venant  à  durcir  empêchera  que  l'eau 
ne  puisse  pénétrer  par  ces  jointures...  » 


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-  191  — 
siii  de  fontaine.  On  peut,  en  efîet,  à  ces  diverses  fins,  re- 
courir à  ce  mode  de  constmclion. 

Si  Je  dallage  était  compris  entre  des  mui"s  se  reliant 
entre  eux,  on  serait  tenté  d'y  voir  le  fond  d'un  frigidarium, 
autrement  dit,  un  bapltsterium  ou  bain  froid  ;  mais,  au  con- 
traire, le  seul  mur  reconnu  dans  la  partie  supérieure  du  ter- 
rain ne  par^t  satisfaire,  en  s'éloignant  à  gauche,  qu'à  la  né- 
cessité de  soutenir  les  lerres. 

En  outre,  une  constatation,  faite  très  à  propos  par  M.  le 
curé,  militerait  en  faveur  de  l'isolement  de  la  construction. 
Il  aurait  remarqué,  à  l'un  des  angles  du  quadrilatère,  des 
assises,  disloquées  et  couchées  dans  le  sous-sol,  d'une  pile 
composée  de  briques  et  de  pierres  altemées,  La  fouille  com- 
plète au  pourtour  permettrait  peut-être  de  retrouver  les 
traces  de  pareils  supports  d'une  toiture  que  révèlent  déjà  de 
nombreux  fiagments  de  tuiles. 

Un  semblable  ajourement  ne  saurait  convenir  pour  un  ca- 
binet de  bain,  tandis  que  celte  disposition  parait  bien  être 
celle  d'un  lavoir  ou  d'un  bassin  de  fontaine. 

L'édicule  faisait-il  partie  d'une  habitation  particulière  ou 
était-il  livré  à  l'usage  public  sur  le  bord  d'un  chemin? 

Jusqu'à  présent,  on  ne  peut  rien  affirmer  à  cet  égard. 

De  même,  il  serait  imprudent  d'y  rattacher  un  fût  de  co- 
lonnette  découvert  à  proximité,  ainsi  que  des  fragments  de 
stucs  ou  tous  autres  débris  de  provenance  incertaine. 

Bien  que  la  fouille  n'ait  pas  été  complète  au  pourtour  im- 
médiat, j'ai  cru  devoir  exprimer  ce  sentiment  qu'elle  avait 
été  sans  utilité  poussée  trop  profondément,  jusqu'au  rocher 
sous-jacent...,  et  même  au  delàl 

En  cet  endroit,  l'escarpement  mis  à  nu  du  calcaire  ooli- 
thique  |iarliculier  ù  Chambomay  est  plus  curieux  par  ses  ac- 
cidents et  sa  composition,  pour  les  géologues  que  pour  les 
antiquaires  (l). 

{i)  Onlilfae  milliciire,  luélangce  à  des  graius  plus  groa  et  à  des  débris 


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-  192  — 

Les  minceâ  bancs  horizontaux  qui  constituent  uetle  roche 
exposée  aujourd'hui  aux  influences  clitnatériques,  se  dé- 
lilent  à  la  surface;  mais,  à  des  époques  antéhistoriques,  elle 
a  été  bien  autrement  attaquée  dans  ses  parties  tendres  par 
le  passage  des  eaux.  Des  cavités  soit  circulaires,  soit  allon- 
gées s'y  sont  formées  sans  que  jamais  l'Iiomme  y  ait  contri- 
bue. Les  alluvions  naturelles  ont  comblé  ces  multiples  per- 
forations oii  des  détritus  quelconques  ont  pu  pénétrer,  et 
inéme  être  laissés  intentionnellement  sur  place  pour  com- 
pléter le  nivelage.  C'est  même  ainsi  qu'on  pourrait  expliquer 
la  présence  d'une  couche  de  brique  pilée,  très  inégale  et  ré- 
duite sur  ses  bords  à  un  filet  k  peine  visible  dans  la  coupe 
verticale  du  terrain.  N'est-ce  pas  la  trace  même  du  chantier 
où  fut  préparée  l'énorme  couche  de  ciment  rouge  tassée  sous 
les  dalles  et  non  celle  d'une  aire  d'habitation  ! 

Maintenant  que  nous  sommes  suffisamment  édifiés  sur  le 
vestige  de  Chambornay,  nous  pouvons  reconnaître  en  quoi 
rKlilTère  de  son  proche  parent  de  la  rue  d'Anvers. 

Ce  dernier  faisait  intégralement  partie  d'un  ensemble  de 
constructions  que  caractérise  déjà  le  voisinage  d'un  hypo- 
causte,  accessoire  obligé  do  tout  établissement  de  bains  à 
l'époque  gallo-romaine. 

Sur  un  de  ses  côtés,  la  muraille  subsistante  se  dressait  à 
l'arasement  du  dallage  (1*1,  II,  Rg.  i),  ce  qui  permettait  une 


ot'|;nniqacï  roulés  et  brisés  présenUiit  un  aspuct  île  charriage  Ir^  pn>- 
noiici>;  nombreux  fossiles,  polypiers,  nériii^,  dicéras,  cic. 

L-i  structure  de  I»  roulie  est  reuillelùe  par  lunes  horizoïilaux  de  OIO  à 
OIS  d'r>p.iis!>ciir,  qui  s'nrrondissenl  sur  leurs  Iraiiches,  le  tout  sans  in- 
terposition lie  nijrnes. 

Dans  W  magm.i  des  b^incs.  et  par  ptai:es  tiés  r.-ipprooliéca,  sont  semés  des 
fiùdulSK  iilicmix,  rnnnés  d'a^grégiils  de  petits  cailloux,  qui.  lorsqu'ils  sont 
dég.igf's  de  leur  );iiiieue  plus  ou  moins  tendre,  se  prt'senlenl  sous  un 
aspect  Jéliciitemeiit  ouvragi!,  1res  biï.iirre et  dune  durcie  exlraordinaire. Ce 
sont  des  jenx  de  la  nature,  des  ladui,  et  pas  autre  chose. 

(Voir  docteur  Gjrardot,  Ktudei  lurla  Fraaehe-Comié leplenlrionaU, 
U  Syttème  oolUhique,  IISK,  p.  2-^.] 


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étroite  circulation  entre  ce  mur  et  tes  margelles,  sur  la  partie 
même  des  dalles  où  la  rigole  extérieure»  très  réduite,  était 
pratiquée  pour  recevoir  le  peu  d'eau  semée  accidentellement 
en  dehors  du  bassin. 

On  remarquera  en  C  une  coupure  d'équerre  de  la  dalle  B 
où  cette  circulation  pouvait  être  interrompue.  Ne  serait-ce 
pas  la  place  d'un  cube  de  pierre  en  forte  saltlie  propre  à  ser- 
vir de  banc  ou  de  degi'é  extérieur  pour  les  baigneurs? 

En  dépit  de  tous  ces  indices,  si  l'on  objectait  que  ce  vestige 
de  réservoir  avait  pu  servir  à  quelque  autre  industrie,  à  coup 
sûr  on  n'y  reconnaîtra  Jamais  le  pavé  d'une  chapelle  ou  d'un 
baplUterium  chrétien  pas  plus  que  la  place  d'un  petit  autel, 
comme  on  l'imaginait  gratuitement  pour  le  dallage  de  Cliam- 
bornay. 

Dans  ces  deux  fouilles  qui  s'expliquent  l'une  par  l'autre, 
on  n'a  guère  été  plus  heureux  en  ce  qui  concerne  les  objets 
d'art  ou  d'Industrie. 

A  Cbambornay,  c'est  un  fût  de  colonnelte  et  un  petit  mor- 
ceau de  base  moulurée  qui  s'y  raccorderait  comme  diamètre , 
plus  un  fragment  de  puterie  rouge  sigillée  noyé  dans  la 
masse  de  ciment  rouge  sous  les  dalles.  Ce  débris,  échappé 
au  concassage,  est  aussi  démonstratif  de  l'époque  qu'une 
médaille  ;  un  char  de  course  attelé  de  deux  chevaux  y  est 
figuré. 

A  Besancon,  on  a  trouvé  la  partie  inférieure  moulurée 
d'une  petite  colonne,  le  pied  nu  d'une  statuette  de  bronze, 
puis  une  tête  de  robinet  en  forme  de  gueule  d'animal,  pièce 
bien  caractéristique  de  l'industrie  exercée  à  la  rue  d'Anvers 
[PI  II,  fig.  4  et  5). 

Ces  objets  ne  sont  point  parvenus  au  musée,  mais  la  dalle 
(A)  qui  y  est  déposée  suffira,  avec  la  présente  notice,  pour 
conserver  mémoire  d'anciennes  constructions  fatalement 
condamnées  k  disparaître. 

Lorsqu'on  voit,  dans  son  état  actuel,  le  dallage  de  Cbam- 
bornay mis  à  nu,  miné  par  les  eaux  et  envahi  par  les  plantes, 
14 


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_  194  - 

dépossédé  en  outre  de  son  attribution  sacrée,  une  destruc- 
tion rapide  est  h  prévoir. 

N'était-il  pas  utile  d'étudier  à  temps  un  ouvrage  dont  nous 
n'avons  pas  trouvé  d'équivalents  décrits  soit  dans  les  traités 
anciens,  soit  dans  les  relations  de  fouilles  modernes  et  dont  la 
découverte  nous  offrait  une  intéressante  manifestation  de  la 
science  éminemment  pratique  des  entrepreneurs  de  la  bonne 
époque  romaine  dans  notre  région. 


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BESANÇON 


LA   GUERRE   DE   DIX    ANS 

Par  le  B^  J.  HETNIER 
Séance  d«s  i8  mai  et  i5  juin  1901. 


«  Le  commencement  de  noz  fasclieuses  affaires,  dit  Girar- 
dol  de  Nozeroy,  fat  la  sortie  hors  de  France  du  duc  d'Or- 
léans poursuivy  par  le  roy  son  frère  en  l'an  ItiOI,  Il  se  ren- 
dit à  noz  frontières  avec  six  ou  sept  cents  chevaux  et  nous 
demanda  l'entrée  dans  ce  pays.  Le  roy  son  frère  était  k  ses 
talons  avec  une  armée  de  douze  mille  hommes  (').  »  Refuser 
un  asile  à  ce  prince,  c'était  le  livrer  à  ses  ennemis,  c'était 
violer  les  lois  de  i'hospilatité.  c'était  surtout  commettre  un 
acte  vil  et  bas,  auquel  la  grandeur  d'Ame  des  Franc-Comtois 
d'alors  répugnait.  Le  gouvernement  de  Uole  n'hésita  guère 
&  lui  ouvrir  les  portes  d'un  pays  faible  et  ouvert  Mais  la 
prudence  exigeait  qu'il  consigniU  ses  gens  d'armes  à  la  fron- 
tière ;  moyennant  quoi,  il  fut  reçu,  dans  noire  capitale,  avec 
tous  les  honneurs  et  les  égards  que  l'on  doit  au  rang  et  à 
l'infortune,  et  escorté  jusqu'à  Besancon,  qu'il  avait  choisi 
comme  résidence.  Le  prince  arriva  dans  cette  ville  le  24  iS) 
mars  avec  1,500  personnes  et  1,000  chevaux  seulement.  Il  y 
fut  reçu  par  les  gouverneurs  avec  le  cérémonial  d'usage,  et 


(1)  UtnAHDOT  DE  No/.Eito¥,  Histoire  de  dix  ans  de  la  Franche-Comté 
de  Bourgogne,  p.  33. 

(2)  Une  clironique  du  temps  Uit  que  ce  fui  le  27. 


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-  196  - 
des  présents  furent  faits  tant  à  lui  qu'aux  seigneurs  de  sa 
suite  (1). 

Malheureusement,  dès  qu'il  fut  dans  la  ville  impériale, 
Gaston,  oubliant  qu'il  allait  compromettre  le  pays  qui  l'avait 
recueilli,  parut  vouloir  en  faire  le  centre  de  ses  agissements 
contre  le  roi  de  France.  Le  parlement  de  Dole  ne  tarda  pas 
à  être  averti  *  qu'il  desseignoit  de  former  son  party  dans  ce 
pays  &)  »,  et  fut  contraint  de  lui  faire  entendre  qu'il  «  estoit 
impossible  de  luy  permettre  aucune  chose  qui  fut  contre  le 
traicté  de  neutralité...  avec  la  duché  de  Bourgogne  et  le 
pays  de  Bassigny,  et  que  pour  obvier  de  bonne  heure  aux 
assemblées  de  guerre  (^)  >,  il  renouvellerait  les  anciens 
édicts  portans  interdiction  à  tous  sujelz  de  prendre  les 
armes  p  mr  autre  service  que  de  Sa  Majesté,  ny  faire  levées 
à  peine  de  confiscation  de  corps  et  de  biens  i*).  ■  Les  villes 
et  communautés  reçurent  l'ordre  •  de  faire  guet  et  garde 
pour  empescher  le  passage  aux  soldats  estrangers,  et  en  cas 
(le  violences,  les  saisir  morts  ou  vits,  auquel  effet  les  com- 
munautez  se  donneroient  la  main  &].  ■ 

Cette  sage  conduite  mil  obstacle  aux  levées  et  assemblées 
de  gens  de  guerre,  mais  mécontenta  fort  Monsieur  qui  re- 
procha au  gouverneur  de  la  Franche- Comté  et  au  parlement 
de  lui  faire  pire  que  ses  ennemis  qui  t'avaient  chassé  de 
France.  U  ne  tarda  pas  à  se  retirer  k  Kemiremont  et  à  réu- 
nir des  troupes  k  Fougerolles,  Saint-Loup  et  villages  voisins 
qui  étaient  de  surséance  ou  de  contention  entre  le  Comté 
de  Bourgogne,  la  Lorraine  et  la  France.  Les  paysans  franc- 
comtois  voisins,  aux  dépens  desquels  elles  essayaient  de 


(Il  11  avait  avec  lui  son  frère  naturel  le  comte  de  Horet,  le  duc  d'Elbeuf, 
le  duc  de  Bellet;arde,  le  duc  de  Uosny,  plusieuis  marquis,  comtes,  baroDs, 
abbés...  Voir  Doe.  inéd.,  t.  IX,  p.  216. 

(2;  GlHAHDOT   DE  NOZEROV.  JOC.  Cit.,  p.  21, 

(3)  iD.,  ibid.,  p.  -H. 

(4)  ID.,  ibid.,  p.  21. 

(5i  ÏD.,ibi<l.,  p.  2t. 


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—  197  — 
vivre,  prirent  les  armes  en  suite  de  l'édit,  «  et  à  la  bveur 
des  bois  et  des  passages  se  commencea...  une  petite  guerre 
avec  meurtres,  bruslemens  et  cruautez  (1)  ■.  Le  baron  de 
Vaugrenans  et  Girardot  de  Nozeroy,  députés  vers  le  prince 
«  pour  le  prier  de  mettre  ordre  à  ces  mauvais  commence- 
mens  (2)  »,  le  trouvèrent  à  Remlremont  et  obtinrent  de  lui 
qu'il  retirât  ses  troupes  de  la  frontière.  Ils  se  mirent,  de 
leur  côté,  en  mesure  d'arrêter  la  fureur  des  paysans,  allant, 
au  péril  de  leur  vie,  les  chercher  Jusque  dans  leurs  re- 
paires. Ils  laissaient  dans  les  villages  des  placards  qui  les 
informaient  que  quiconque,  passé  ce  jour,  serait  trouvé  hors 
des  grands  chemins,  subirait  le  traitement  réservé  aux  bri- 
gands. Il  élait  grand  temps  de  prendre  pareille  mesure,  car 
déjà  ie  roi  de  France,  averti  des  armements  de  son  frère, 
s'apprêtait  b.  nous  envahir  par  le  Bassigny,  la  Bourgogne 
ducale  et  la  Bresse. 

Cependant,  il  semble  que  le  proscrit  n'avait  pas  renoncé  à 
Besançon  comme  base  d'opérations.  Dans  les  premiers  jours 
de  septembre,  le  duc  de  Bellegarde  venait,  au  nom  de  son 
maître,  remercier  la  municipalité  du  bon  accueil  que  ses  fi- 
dèles et  lui  avaient  reçu  dans  la  cité,  i  Messieurs  >  assu- 
raient les  ducs  de  Bellegarde  et  de  Roannet,  compagnons 
d'infortune  du  prince,  qu'ils  seraient  toujours  les  bienvenus 
et  que  le  comte  de  Fargis,  présenté  comme  eux  par  le  car- 
dinal de  Richelieu,  trouverait  également  asile  dans  leur  ville. 
Quelques  semaines  plus  tard,  le  duc  d'Orléans  en  personne 
faisait  une  nouvelle  visite  à  Besancon  (18  octobre),  et  le  ma- 
gistrat le  reçut  aussi  bien  que  lors  de  la  précédente.  Les  ré- 
fugiés étaient  en  faveur,  parce  qu'ils  payaient  bien  ;  mais 
leur  conduite  laissait  souvent  à  désirer.  C'est  ainsi  que,  le 
3  décembre,  on  était  obligé  d'infliger  des  arrêts  à  quatre 
gentilshommes  de  la  suite  du  duc,  venus  de  Nancy,  qui 

(Ij  GlRABIM)!  DE  NOZESOV,  lOC.  Cit.,  p.  25. 

(3)  lD.,itid.,p.  25. 


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—  198  - 

avaient  forcé  la  garde  d'une  des  portes  de  la  ville  ea  refusant 
de  montrer  des  [tassaports  <*). 

L'année  1ii32  commence  dans  l'inquiétude.  Comme  aux 
époques  de  grandes  calamités  publiques,  nous  voyons,  le 
*2  janvier,  le  Corps  municipal  assister,  en  grande  pompe,  aux 
exercices  des  (Quarante  heures,  qui  se  font  successivement 
dans  toutes  les  églises  paroissiales  et  conventuelles  de  la 
ville.  A  l'église  des  Cordeliers,  qui  est,  en  quelque  sorte,  la 
chapelle  munici[iale,  deux  des  gouverneurs  seront  constam- 
ment en  juiéres  le  premier  jour  et,  les  trois  autres  jours,  un 
seu^^^  En  ce  moment,  le  Rhingrave  Othon-Louis,  un  des 
lioutcnanls  de  Gustave-Adolphe,  menace  d'envahir  le  pays 
par  le  b;in  de  Cliampagney  et  Lure.  qu'il  essaye  de  sur- 
prendre en  l'absence  de  son  gouverneur,  le  chevalier  de 
Montaipu.  Le  baron  de  Vaugrenans,  qui  se  trouve  heureu- 
sement à  Lure.  prend  en  main  la  défense  de  la  place,  avec 
l'aide  des  bourgeois  et  d'une  poignée  de  soldats.  Il  donne  au 
marquis  de  Conflans  le  temps  d'accourir  h  la  tête  des  forces 
franc-comtoises  et  de  faire  lever  le  siège. 

Au  mois  de  mai,  le  roi  de  France  envahit  la  Lorraine,  pour 
la  deuxième  fois  depuis  moins  d'une  année,  et  le  duc 
Charles  IV,  cédant  à  la  nécessité,  chasse  de  ses  états  son 
beau-frère  Gaston  d'Orléans.  Les  intrigues  de  ce  dernier  ne 
sont,  à  vrai  dire,  qu'un  prétexte  :  Louis  XIII  est  venu  dans 
ce  pays  pour  en  achever  la  conquête.  Il  ne  reste  bientôt  plus 
à  son  adversaire  que  les  places  de  Nancy  et  de  la  Motte.  En- 
core se  fait-il  livrer  la  première  le  -J4  septembre. 

L'approche  du  danger  n'avait  pas  rendu  les  citoyens  de 
Besançon  plus  prudents.  Le  22  juillet,  le  gouvernement  mu- 
nicipal avait  permis  au  duc  de  fiellegarde  de  se  retirer  dans 
la  ville  avec  le  chevalier  Le  Coigneux,  chancelier  du  duc 
d'Orléans,  el  son  secrétaire  le  sieur  Monsignot,  sous  la  seule 

(1)  Arch.  comm.  de  Hosançon,  reg.  ii°  GO. 


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—  199  — 
réserve  qu'ils  ne  créeraient  aucune  difficulté  du  c6lé  de  la 
France.  Le  CoigneuK  était  arrivé  le  iO  septembre  et  ces 
<  Messieurs  •  s'étaient  empresses  de  lui  rendre  une  visite 
qui,  toute  de  politesse  qu'ils  la  pensaient  être,  n'en  était  pas 
moins  fort  dangereuse  W. 

Entre  temps,  les  événements  se  précipitaient.  On  ne  tar- 
dait pas  à  recevoir  avis  de  la  présence  des  troupes  françaises 
à  la  frontière  delà  Lorraine.  Elles  devaient  passer  par  Munt- 
béliard  et  se  jeter  de  là  sur  la  Franche-Comté  (l'2, 19  sep- 
tembre et  24  octobre)  W.  La  nouvelle  de  la  prise  de  Benfeld 
par  les  Suédois  provoquait  la  mise  sur  pied  de  guerre  de  la 
cité  (17  k  26  novembre).  Aux  dangers  de  la  siluation  géné- 
rale du  pays  venait  bientôt  s'ajouter  la  crainle  d'une  surprise 
par  le  Doubs,  qui  était  devenu  une  nappe  de  glace  assez 
épaisse  pour  permettre  le  passage  avec  armes  et  bagages. 
On  était  obligé  de  (aire  casser  cette  glace  par  corvées  de  la 
Porte  Taillée  à  la  tour  de  la  Pelotte  (17  décembre)  P). 

Le  péril  devenait  imminent  et  amenait,  dans  les  derniers 
jours  de  janvier  1633,  le  gouvernement  de  Besançon  &  de- 
mander à  celui  de  la  Franche-Comté  l'introduction  dans  la 
ville  d'un  secours  militaire,  en  cas  d'absolue  nécessité.  Mais 
les  négociations  avec  Dole  échouaient  par  la  faute  des  citoyens 
qui  ne  voulaient  accorder  au  commandant  de  celte  force  que 
voix  consultative  dans  le  conseil  de  guerre.  On  voit  que  la 
méHance  est  un  des  défauts  mignons  de  la  démocratie  !  Les 
préparatifs  de  défense,  en  attendant,  continuaient:  le  gra- 
veur Pierre  de  Loisy  était  autorisé  à  établir  une  poudrière  à 
bras,  pourvu  que  ce  fut  en  dehors  des  murs.  Le  lieu  appelé 
les  Rochotles,  qui  paraissait  propice  à  la  chose,  lui  était  as- 
signé, et,  pour  conserver  ses  poudres,  on  mettait  une  tour  à 
sadisposition  (ISTévrier).  Les  Fortillcations  étaient  inspectées 


(1)  Arch.  comm.  de  Besançon 

(2J  Aid.,  ibid, 

(3)  Ibid.,  reg.  ii°  63. 


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-  200  - 
par  Comtet  c  l'ingéniaire  >,  de  Morre,  auquel  on  adjoignait 
bientôt  l'ingénieur  Maurice  Tissot  (2  mars).  Au  mois  de  juin 
(le  d)  on  commençait,  sous  la  direction  de  ce  dernier,  la 
construction  par  corvées  du  fort  dit  de  Saint-Claude.  Le  dan- 
ger commun  rapprochait  les  gouverneurs  des  chanoines  de  la 
Métropole,  leurs  ennemis  de  tous  les  temps,  auxquels  ils 
osaient  demander  les  prières  des  Quarante  heures  dans  les 
paroisses  et  dans  les  couvents  (18  février)  {ii. 

La  prise  de  Nancy  et  le  blocus  étroit  de  la  Motte,  qui  de- 
vait résister  encore  pendant  près  d'une  année  (2),  ne  laissait 
d'autre  ressource  à  Charles  IV  de  Lorraine  que  l'exil  Après 
avoir  confié  ses  états  à  son  frère  François  (19  janvier  1634), 
il  passa  en  Franche-Comté,  c  Quantité  de  noblesse  Lorraine 
le  suivit  en  ce  malheur.  Les  princes  et  princesses,  ses  frères 
et  sœurs,  s'échappèrent  de  Lorraine  et  serendirentàluy  par 
les  moyens  que  l'affection  leur  dicta  et  que  la  postérité  à 
peine  pourra  croire  (3),  >  Il  se  rendit  d'abord  en  Alsace.  Le 
duc  deFéria  avait  en  partie  reconquis  ce  pays  et  ■  resserré 
les  Suèdes  dans  les  villes  de  Benfeld,  Colombier  W  et  Scbe- 
lestad  ;  le  duc  joignit  ses  troupes  à  celles  du  marquis  de  Bade 
qui  aussi  avoit  esté  renforcé.  L'armée  des  dits  ducs  de  Lor- 
raine et  marquis  de  Bade  se  campa  en  la  plaine  de  Cemay..., 
le  marquis  demeura  en  ce  camp  pour  y  commander  et  le  duc 
repassa  en  Bourgougne  pour  avec  plus  de  commodité  donner 
quelque  aide  à  la  forteresse  de  la  Hotte  que  les  François  te- 
noient  assiégée  (^].  * 

Mal  lui  en  prit,  car,  durant  son  absence,  le  Bheingrave, 
■  fortifié  de  cavalerie  françoise  et  suède  (B)  »,  dressa  une  em- 

(1)  Arc.  comm.  de  Besançon,  reg.  n'  63. 

(2)  La  Moite  ne  fut  prisa  que  le  2Ë  juillet  IWi.  Voir  Dlicois  DK  BlO- 
COURT,  Hiitoire  de  la  i-ille  et  des  d^ux  aiègei  de  LantoUa. 

(3)  GiRABDOT  DE  N07.EROV,  loC.   Cit.,  p.   51. 

(4)  Colrnar,  en  laiin  Columbarium,  Les  auteurs  franc-comtois  des  xvi* 
et  XVII'  siècles  l'appellent  tous  ain&i. 

|5)  G1RAHDOTDEN07EHOI,  loc.  dL.  p.5*. 
(6)  iD,  ibid.,  p.  55. 


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-  201  - 
bâche  au  marquis,  le  défît  cumplêtemcnt  et  le  contraignit  à 
se  retirer  en  Franche-Comté,  où  il  vint  s'établir  près  de 
risle-sur-le-Doubs.  Si  la  défaite  du  gt'-néral  impérial  eût  pour 
effet  d«  priver  le  duc  du  secours  tju'il  pensait  conduire  à  la 
Motte,  sa  présence  à  l'entrée  du  Lomont  empêcha  le  chef 
des  évangéliques  de  forcer  le  passage  de  Monljoie  «  lequel 
fût  au  mesme  instant  occupé  et  fortifié  par  nos  monta- 
gnards (l>.  > 

Le  prince  Thomas,  frère  du  duc  de  Savoie,  traversant  pour 
lors  incognito  la  Franche-Comté,  «  ne  se  dt^clarant  iju'au  duc 
de  Lorraine  et  au  marquis  de  Conflans  avec  lesquels  il  s'a- 
boucha à  l'abbaye  de  la  Charité,  et  entre  autres  choses  il 
leur  fil  entendre  que  le  desseing  du  Rheingravecstoit  sur  Be- 
sancon... qu'il  feroit  sommer  et  marcheroit  contre  elle  avec 
ses  gens,  et  à  mesme  temps  se  presenteroit  un  député  de 
France  qui  offrii'oit  la  protection  du  roy  pour  la  conservation 
de  la  religion  catholique  et  leur  liberté  ;  ce  que  le  marquis 
fit  entendre  aux  gouverneurs  par  le  conseiller  fiscal  Mathe- 
rot  qui  les  alla  trouvera  ce  sujet  (î).  » 

«  Les  gouverneurs  entendant  par  le  conseiller  Malherot 
l'advis  du  prince  Thomas  et  le  hasard  que  courroit  Besançon 
offrirent  à  la  dite  cité  asisistance  de  gens  pour  la  garde  d'i- 
celle,  et  ne  pouvant  estre  d'accord  des  conditions  que  la  cité 
proposoit,  pour  estre  par  trop  esloignées  des  anciens  traictez, 
le  marquis  alla  garder  Besançon  par  le  dehors  et  tint  son 
armée  logée  à  Chastillon-le-Duc,  à  une  lieue  près,  d'où  il  pou- 
voit  à  toutes  heures  ta  secourir  par  le  bois  de  Chailluz,  quand 
l'armée  suédoise  seroit  à  ses  portes,  duquel  poste  de  Chas- 
tillon  il  ne  bougea  jusques  à  ce  que  le  Rheingrave  se  fut  re- 
tiré de  nos  frontières  |3).  ■ 

En  ce  moment,  mourait  la  bonne  archiduchesse  Isabelle- 


Ci)  GlHAHOOT  DE  NOZEROÏ,  loc.  Cit.,  p.  57. 

{3}  Id-,  ibid,,  p.  57,  Il  s'agji  ici  da  JeaD  Matherol,  sieur  de  Preigney. 
(3)  iD.,  ibid.,  p.  58 


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—  202  — 
Claire-Eugénie  f  de  laquelle  les  actions  de  prudence  et  de 
magnanimité  royale  ont  esté  telles  qu'elle  est  avec  raison 
mise  au  premier  rang  des  princesses  illustres  (*)...  •  En- 
clavé dans  le  pays  auquel  elle  avait  donné  trente  ans  de  paii 
et  de  prospérité,  Besançon  avait  profité  indirectement  de 
l'habileté  de  son  administration.  Il  lui  devait,  en  outre,  le 
renouvellement,  en  1605  (février),  du  traité  d'association 
autrefois  conclu  par  lui  avec  les  comtes  ducs  de  Bourgogne, 
traité  qui  avait  toujours  été  si  avantageux  pour  les  deux 
parties  ^\  En  reconnaissance  de  ces  bienfaits,  le  gouverne- 
ment de  la  cité  ordonnait,  le  20  décembre,  un  -service  funè- 
bre, qui  eut  lieu  les  8  et  9  janvier  suivants,  en  l'église  des 
Cordeliers.  L'éloge  de  la  princesse  y  fut  prononcé  par  l'avo- 
cal  François-Paul  de  Lisola,  qui  fut  gratifié  d'un  gobelet 
d'argent  de  la  valeur  de  dix  écus  &). 

A  l'abri  des  troupes  du  margrave  de  Budc,  la  cité  conti- 
nuait à  servir  de  refuge  aux  malbeureu.x  princes  de  Lor- 
raine poursuivis  par  la  politique  de  Riclielieu.  Le  duc 
Charles  IV  y  arrivait  le  25  janvier  lt>34  :  on  ne  tirait  pas  le 
canon,  afin  de  ne  pas  éveiller  les  susceptibilités  de  la 
France;  mais  le  gouvernement  municipal  faisait  au  prince 
des  présents  d'honneur  et  lui  fournissait  une  garde.  Dans 
les  premiers  jours  d'avril,  le  duc  François,  son  Irère,  arri- 
vait inopinément  avec  sa  femme  pour  deux  jours,  et  bien 
qu'il  eût  à  craindre  «  de  graves  inconvénients  de  cette  re- 
traite >,  le  magistrat  faisait  encore  des  présents  d'honneur  à 
ces  hOtes  fdcheux  I*),  La  ville  avait  précédemment  déji)  ac- 
cordé son  asile  à  la  princesse  Catherine  de  Lorraine,  abbesse 
de  Uemiremont,  et  à  la  princesse  de  Phalsbourg  (S). 

Pourtant  l'ennemi  se  rapprochait  de  jour  en  jour.  Le  chl- 

(1]  GiRAIIDOT  DE  NOZKROÏ,  ibld.,  p.  5J. 
(21  Arch.  coiniii.  de  Besançon,  reg.  d°  47. 
t3);Wd.,reB.  11-65. 
(4)  Ibid.,  reg.  n-  66. 
(5]  Ibiâ.,  reg.  r  65. 


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teau  de  Monljoie,  clef  de  notre  Franche-Montagne  était  pria 
par  le  maréchal  de  la  Force.  Une  levée  de  deux  mille 
hommes  de  pied,  qui  avait  été  précédemment  demandée 
aux  habitant»  de  la  région,  avait  rejoint  les  forces  franc-com- 
toises dans  les  défilés  du  Lomont,  et  marché  avec  elles  au 
secours  de  la  forteresse.  Hais  nos  soldats,  arrives  h  Maiche, 
s'étaient  trouvés  en  face  des  Français  victorieux.  C'était  le 
22  mars.  Deux  jours  auparavant,  le  colonel  La  Verne  (1) 
avait  dû  abandonner  Porrentruy,  ville  faible,  0(1  il  s'était  dé- 
fendu plusieurs  jours,  «  jusipies  à  ce  que  la  hresche  estant 
raisonnable  et  n'y  ayunt  apparence  de  secours,  il  la  rendist 
il  composition  honnesle  2i  ,.  Son  régiment  ctiiit  allé  rejoin- 
dre le  gros  de  l'armée  à  Nfaiche  sous  les  ordres  du  situr  de 
Cléron,  chevalier  de  Malte,  son  sergent-major,  tandis  que 
lui  se  dirigeait  sur  Besançon  '^).  Le  gouvernement  de  Dole 
avait  en  avis  qu'il  se  taisait  des  levées  en  la  duché  de  Bour- 
gogne et  que  les  Français  visaient  la  cité.  De  nouvelles 
négociations  avaient  eu  lieu  pour  l'introduction  dans  celle-ci 
d'un  secours  militaire  (19-28  mars).  Ce  secours  ne  fut 
accordé  qu'à  la  condition  expresse  que  le  chef  n'y  serait 
pas  né  et  ne  lui  appartiendrait  pas  il  titre  de  citoyen,  con- 
dilion  qui  fut  acceplée  malgré  les  protestations  contraires 
du  populaire  et  de  ses  meneurs  habituels  (29  avril).  L'ap- 
proche de  l'ennemi  avait  rendu  plus  sages  les  gens  éclai- 
rés W. 

Quelques  jours  après,  le  duc  Charles  de  Lorraine  obtenait 
de  faire  loger  en  ville  les  Suisses  de  sa  garde  au  nombre  de 
trente-trois  (7  mai),  et  des  présents  étaient  offerts  au  comte 
Aymon  de  Furstenberg  '5i,  nommé  général  de  l'artillerie  de 


(1)  LouU,  comte  de  la  Verne,  mes(re  de  camp  d'un  rogiiiieiil  de  quii 
cents  hommes,  qui  a  défendu  Dole  deui  ans  plus  lar<l. 
l2)  GlRABDOT  DE  NOïEBOY,  loc.  cit..  p.  6ti-ti9. 

(3)  ID-,  ibid.,  p.  C9. 

(4)  Arch.  comm.  de  Besançon,  reg.  n"  65  et  66. 

(5)  Maiimilien-Joseph,  colonel  d'un  régiment  du  cercle  de  Souabe. 


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—  204  — 
la  Ligue  catholique  [8  mai)  W.  Le  reste  de  l'été  se  passa 
dans  les  alarmes.  L'automne  venu,  les  troupes  de  milice  et 
les  montagnards  furent  licenciés,  le  régiment  de  La  Veme 
cantonné,  et  il  ne  resta  sur  pied  de  la  cavalerie  que  trois 
compagnies,  celles  de  Conflans,  de  Mandres  et  de  Brachy. 

Les  premiers  mois  de  l'année  1635  devaient  se  passer 
pour  les  Bisontins  en  préparatifs  de  défense.  Des  sacrifices 
pécuniaires  considérables  avaient  été  faits  précédemment 
pour  les  fortifications  de  leur  ville.  La  courtine  du  fort  de 
Saint-Claude  avait  été  raccordée  avec  le  fort  Griffon,  et  l'on 
avait  revu  les  autres  ouvrages  fortifiés.  Le  13  janvier,  des 
places  d'armes  étaient  assignées,  en  cas  d'alarme,  aux  mi- 
lices des  divers  quartiers.  La  bannière  de  Sainl-Quentin  et 
le  contingent  de  Saint-Pau!  devaient  s'assembler  au  Roadel 
Saint-Quentin;  les  bannières  de  Saint-Pierre  et  de  Chamars, 
place  Saint-Pierre;  la  bannière  du  Bourg  près  du  Pont,  avec 
ordre  de  détacher  deux  escadres  place  Saint-Pierre;  les  bar- 
rières de  Battant,  de  Charmont  et  d'Arènes,  devant  le  Pi- 
lori. Trois  jours  après,  on  recevait  de  Vesoul  avis  que  les 
Français  avaient  le  dessein  d'assiéger  la  ville.  Des  soldats 
étaient  engagés  pour  instruire  les  bourgeois  dans  le  métier 
des  armes,  et  trois  cancaniers  étaient  institués  au  fort 
d'Arènes,  au  fort  Griffon  et  à  la  Tour  de  l'Archevêque  (28 
et  29  janvier).  Ces  préparatifs  faits,  on  n'oubliait  pas  d'im- 
plorer le  secours  d'en  haut  et  les  prières  des  Quarante 
heures  étaient  dites  dans  toutes  les  églises  pour  apaiser  l'ire 
de  Dieu  (30  janvier)  (S).  Les  travaux  de  fortification  étaient 
repris,  avec  une  nouvelle  ardeur  le  8  mai. 

Peu  après,  le  procureur  général  Brun  était  envoyé  de 
Dole  pour  informer  le  gouvernement  municipal  d'une  entre- 
prise que  les  Français  sous  le  couvert  des  Suédois  pour- 
raient bien  tenter  contre  la  cité  (21  juin)  (3).  On  les  attendit 

(1)  Ai'clt.  comm.  de  Besançon,  reg.  n*  66. 
(2, /ftid.,  reg.  110  68. 
(3)  Ibid.,  reg.  n'  09. 


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—  205  - 

jusqu'à  la  fin  de  l'année.  Un  moment,  sur  la  fin  de  novembre, 
l'éloignement  de  l'armée  du  duc  Charles  de  Lorraine  et  de 
celle  de  Gallas,  généralissime  des  Impériaux,  avaient  fait 
craindre  que  l'ennemi  n'en  profitât  0).  Mais  Richelieu  ména- 
geait autre  chose  que  le  siège  de  la  ville  impériale .  on  devait 
le  voir  à  quelques  mois  de  là. 

Jusqu'alors,  le  terrible  cardinal  avait  caché  son  jeu,  et  il 
•  sembloit,  dit  Girardot  de  Nozeroy,  que  la  seule  Allemagne 
estoit  la  lice  en  laquelle  il  voulait  faire  courir  son  roy...  l2)  u 
Mais  il  rompit  alors  avec  le  roi  d'Espagne.  Ce  fait  aurait  dû 
donner  l'éveil  aux  Franc-Comtois;  il  n'en  fui  rien,  parce 
qu'ils  se  croyaient  à  l'abri  des  oragG.<i  sous  le  couvert  du  traité 
de  neutralité  enirc  les  deux  Bourgognes,  iraitc  qui  avait  en- 
core près  de  trois  ans  devant  lui.  ■  Quand  Dieu,  dit  le  sieur 
de  Beauchemin,  veut  perdre  les  estats,  il  y  envoyt  deux 
avant  courriers,  l'aveuglement  et  la  division  :  les  doctes  en 
la  science  des  ténèbres,  comme  estoit  Richelieu,  font  de 
mesme...(3l  »  Les  Franc-Comtois  étaient  visiblement  aveu- 
glés; restait  à  les  diviser.  Il  crut  avoir  beau  jeu,  parce  que 
la  noblesse  et  la  bourgeoisie,  qui  tenaient  les  rênes  de  l'Etat, 
avaient  souvent  t  à  desmesler  ensemble  ».  Pour  .liemer  la 
division  dans  notre  pays,  il  s'adressa  à  la  noblesse;  mais  la 
noblesse  resta  fidèle.  Il  en  fil  assez  de  ce  côté  pour  éveiller 
l'attention  du  gouvernement  de  Dole.  On  sait  que  ce  gouver- 
nement se  composait  alors  de  l'archevêque  de  Besançon, 
Ferdinand  de  Ilye  ^),  du  gouverneur  militaire,  le  marquis  de 
ConHans  (^),  et  du  parlement.  La  longue  expérience  que  le 
vieil  archevêque  avait  des  choses  de  ce  monde  «  lui  faisoit 
toucher  au  doigt  les  menées  et  desseings  des  François  (6)  », 


(1;  Arch.  uuinm.  de  BesançOQ,  reg.  n'  70. 

(3)  tilRARDOT  DE  NOIEHOV,  loC.  Cit.,   p.  71. 

(3)  iD  ,  ibiid.,  ibid. 

(4)  Ferdinand  de  Poitiers  dit  île  Ryc. 

(5)  Jean-Charlea  de  Valleville. 

!)i)  GiHAftDOT  DG  NozEROv,  loc.  cil,,  p.  73. 


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Le  marquis  voyait  la  guerre  inévitable  et  pensait  qu'il  fallait 
s'y  préparer.  Quant  au  parlement,  il  avait  choisi  cinq  de  ses 
membres  pour  traiter  les  afTaires  avec  eux. 

L'hiver  de  1C36  s'était  passé,  pour  ce  gouvememeDl,  «  à 
recognoirilre  par  toutes  voyes  dedans  et  dehors  du  pays  les 
practiques  du  cardinal  W  ».  Au  mois  de  mai,  l'archevêque  et 
le  marquis,  voyant  que  la  nuée  allait  fondre  sur  Dole,  y  arri- 
vèrent en  même  temps.  Les  «  députez  de  l'eslat  avoient  déjà 
emprunté  cent  mille  écus,  sur  lesquels  ils  donnèrent  argent 
aux  marquis  de  Varembon  (^j  et  baron  de  Scey  (^}  pour  faire 
levées  d'infanterie  et  de  cavalerie,  et  aux  princes  de  Canle- 
croix  (*)  et  baron  de  Willz  pour  chacun  un  régiment  d'infan- 
terie (5) ..  Ils  ordonnèrent  la  levée  de  la  milice  et  firent  pu- 
blier l'arrière-ban .  En  l'absence  du  gouverneur  militaire  de 
Dole,  qui  était  le  marquis  de  Saint-Martin  (<>;,  pour  lors  en 
Allemagne,  à  l'armée  de  Silésie,  on  choisit  le  colonel  La 
Verne.  C'était  un  vieil  oflicier  de  l'école  de  Flandres  et  d'Al- 
lemagne, oii  il  avait  servi  avec  distinction  pendant  plus  de 
trente  ans.  Nous  avons  vu  qu'il  venait  de  défendre  Porren- 
Iruy.  Il  était  à  Dole  avec  une  partie  de  son  terce;  on  fil  venir 
le  reste  qui  était  à  Saline  et  à  Gray.  Enlin,  on  fît  appel  aux 
otTiciers  réformés.  11  était  temps  :  le  27  mai,  la  ville  était 
sommée  par  un  trompette  du  roi  de  France,  accompagné 
d'un  exempt  des  gardes. 

Nous  n'avons  pas  l'intention,  après  Girardol  de  Nozeroy, 
après  Jean  Boyvin,  après  Dunod,  après  le  duc  d'Aumale,  de 
taire  encore  l'histoire  du  siège  de  Dole.  Le  récit  de  ce  fait 


(1)  GlB*RI)or  DE  NoiEROï,  loc.  tit.,  p.  73. 

(2)  Fraiiçuis  de  Rye,  deinier  marquis  de  Varembon. 
(S)  Cl,  de  BauIIremont. 

(4)  Léopold- Eugène  Perranot  Je  Gninvelie,  dit  d'Oiselet,  con 
lecroii.  Il  élail  prince  par  sa  mère  Caraline,  marquise  d'Autiîi 

Çi}  UinARUOT  DE  Nozeroy,  loc.  cit.,  p.  74. 

(U)  Charles  de  ia  Baume,  colonel  du  r^iment  de  Uourgogni 
d'Eapiigiie. 


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—  807  — 
d'armes  unique  n'y  gagnerait,  certes,  rien,  et  il  ne  rentre 
pas  dans  le  plan  que  noua  nous  sommes  Inicé,  Revenons 
donc  à  Besançon,  où  l'on  se  préparait  aussi  à  soutenir  un 
siège.  La  ville  impériale  s'était  trop  compromise  avec  le 
Comté  de  Bouigogne  pour  pouvoir  se  flatter  de  ne  point 
partager  le  sort  qui  paraissait  l'attendre.  Une  force  de 
600  hommes  élait  levée  aux  fi-ais  de  la  Ville.  Elle  devait  être 
commandée  par  trois  capitaines  à  50  francs  de  solde  par 
mois,  trois  alphères  à  30  francs,  trois  sergents  à  20  francs  et 
vingt-quatre  caporaus  à  iH  francs.  Les  soldats  devaient  tou- 
cher 12  francs.  Le  colonel  devait  être  choisi  parmi  les 
membres  du  gouvernement  municipal.  Les  armes  étaient 
400  mousquets  et  200  piques  achetés  à  l'orfèvre  Pierre  de 
Loisy  (21  et  22  mai)  (l). 

Pendant  ce  temps,  l'armée  de  réserve,  un  corps  mohile 
d'environ  dix  mille  hommes  aux  ordres  du  marquis  de  Gon- 
flans,  s'assemblait  vers  Fraisans,  sur  les  bords  du  Doubs. 
Situé  entre  Besançon  et  Salins,  ce  lieu  confinait  à  la  grande 
forêt  de  Chaux.  Par  la  rivière  et  par  la  forêt,  on  pouvait  y  as- 
sister Dole  et  incommoder  l'ennemi,  et  l'on  ne  risquait  pas 
d'y  être  coupé  de  ses  communications  avec  les  montagnes, 
ce  réduit  naturel  du  pays  (2;.  Les  2  et  3  juillet  arrivaient  dans 
la  cité  Forkatz,  colonel-général  des  Hongrois  et  Croates,  et 
le  baron  de  Mercy  l^l,  colonel  d'un  régiment  de  cuirassiers 
bavarois,  envoyés  par  le  gouvernement  de  Bruxelles  au  se- 
cours de  la  Frcinche-Comlé.  Ils  allaient  prendre  leurs  quar- 
tiers à  Voray  et  dans  les  villages  voisins.  Du  4  au  H,  passaient 
des  troupes  conduites  au  secours  de  la  capitale  par  le  mar- 
quis de  Conflans  et  le  conseiller  Girardot  de  Nozeroy,  inten- 
dant de  son  armée  (*;. 


(Ij  Arch.  comm.  de  Besançon,  reg.  n-  71. 
(2)  Girardot  dk  Nozeroy,  Ioc.  cit.,  p.  >H  et 
0j  Prançoii  de  Uerey.  né  à  Longwy,  en  \a 
néral  des  Impériaux. 
(4)  Arub.  coiuiii.  (le  Besau^on,  reg.  n*  71. 


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—  208  — 

Le  marquis  avait  pris  soin  d'entrer  dans  la  cité  suivi  d'un 
grand  nombre  de  gentilshommes  et  de  se  loger  dans  un 
quartier  assez  éloigné  des  portes  c  afin  d'estre  veu  par  le 
peuple  >  en  si  belle  compagnie.  ■  Il  faut  peu,  dit  Girardot  de 
Nozeroy,  pour  lever  la  peur  à  un  peuple  et  à  Besançon  par- 
ticulièrement qui  est  gouvernement  populaire  '!)  ».  LelTet 
désiré  ne  se  (ît  pas  attendre  :  non  seulement  les  citoyens 
continuèrent  ù  s'armer,  mais,  peu  de  jours  après,  ils  en- 
voyèrent six  pièces  de  canon  et  deux  compagnies  à  l'armée 
de  secours  |2)  (19-27  Juil  ). 

Onsaitcoinment  Dole  fut  délivrée.  Après  vingt-quatre  jours 
de  tranchée  ouverte,  let-  Français  ne  recevant  pas  de  secoura 
et  menacés  d'élre  coupés  de  leurs  communications  avec  le 
duché  par  l'armée  combinée  du  duc  de  Lorraine  et  du  mar- 
quis de  Conllaiis,  décampèrent  dans  la  nuit  du  14  au  15  août. 
Le  prince  de  Condé  abandonnait  ses  bagages  et  une  partie  de 
son  artillerie.  Ces  nouvelles  parvinrent  à  Besançon  dans  la 
soirée  du  15  et  furent  annoncées  par  des  salves  de  canons  et 
des  feux  de  joie.  Le  gouvernement  municipal  envoya  ses 
félicitations  à  son  vieil  archevêque  et  aux  défenseurs  de 
Dole,  ainsi  qu'au  duc  de  Lorraine,  dont  l'intervention  désin- 
téressée avait  fait  <  voler  en  fumée  les  hautes  pensées  de 
Richelieu  et  consumer  les  armées  et  trésors  de  France  inu- 
tilement... (3)  ».  ■ 

Ferdinand  de  Rye  fut  enseveli  dans  son  triomphe.  Le 
jour  de  la  levée  du  siège  de  Dole,  il  fut  atteint  d'une  lièvre 
continue,  suite  des  grandes  fatigues  de  corps  et  d'esprit 
qu'il  venait  de  subir,  et  dont  la  gravité  était  en  rapport 
avec  son  grand  ûge,  quatr&-vingts  ans.  Le  surlendemain, 
il  se  fit  mettre  en  litière  pour  regagner  sa  demeure  favo- 
rite de   Chàteauvieux  de   Vuillafans;   mais   il  .mourut   en 


(1)  GinAîtDOT  DK  NOZBROÏ,  loC.  CÎl  .  p.  ff 

(S]  Arch.  comm.  Je  Besançon,  ]■•  71. 

(3J  GlRAKDOT   DE  ^OïKttOY,   loC.  cil.,  p.  ^ 


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—  209  — 
chemin,  au  prieuré  de  Courtefontaine.  C'était  le  22  août  (1). 

La  Franche-Comté  gagna  peu  à  la  délivrance  de  Dole. 
L'inepte  expédition  de  Gallas  dans  le  duché  de  Bourgogne, 
suivie  de  sa  honteuse  retraite  au  delà  du  Uhin,  devait  mettre 
le  comble  k  ses  maux.  Un  moment,  Besançon  put  craindre 
de  voir  les  ressources  de  ses  environs  dévorées  par  les  sau- 
terelles germaniques.  Le  généralissime  des  Impériaux  avait 
formé  le  projet  de  faire  vivre  sa  cohue  armée  dans  le  voisi- 
nage de  la  place.  Fort  heureusement,  les  gouverneurs  par- 
vinrent-ils, par  d'activés  démarches,  à  détourner  ce  fléau. 

Ils  furent  moins  heureux  avec  la  peste,  que  •  Richelieu 
semblait  avoir  à  sa  solde  »  comme  lii  famine  et  la  guerre. 
Comme  cette  dernière,  elle  nous  était  venue  de  l'Allemagne, 
au  mois  du  juin  de  l'année  précédente.  Elle  avait  envahi  les 
pays  de  Montbéliard  et  de  Porrentruy  et  s'était  étendue  aux 
terres  de  Montjoie,  de  la  Roche-Saint-Hippolyte,  de  Châtil- 
lon-sous-Malche,  de  Neuchdtel  en  Bourgogne  et  de  Belvoir. 
Les  miliciens  envoyés  èi  Matche  pour  la  défense  de  la  Franche- 
Montagne  la  rapportèrent  dans  leurs  foyers.  Elle  était  h  Besan- 
çon dans  les  premiers  jours  d'août.  Le  5  de  ce  mois,  M""  de 
Jouffroy-Gonsans ,  religieuse  aux  Diimes  de  Battant  étant 
morte  après  quatre  jours  de  maladie  seulement,  craignant  un 
cas  de  peste,  «  Messieurs  »  élisaient  visiter  son  cadavre  par 
les  docteurs  en  médecine  PlanUmour  et  Gripponet  assistés 
des  chirurgiens  Barbet  et  Jolîot.  Le  monastèro  était  barré  et 
l'on  donnait  avis  aux  villes  voisines  <^).  A  la  fm  d'octobre, 
on  craignait  un  retour  de  la  contagion,  et  les  cogouverneurs 
faisaient  dire  une  messe  à  Notce-Dame  des  Jacobin»,  pour 
que  la  cité  fût  préservée.  Il  est  pnilnli.e  que  la  peste  ne 
cessa  pas  de  donner  des  cas  pendant  inute  l'année  qui  suivit, 
puisqu'on  en  signalait  la  recrudescence  dans  les  derniers 


(1)  Girardol  de  Nozero;  commet  une  tloubli 
à  Fraisans  et  le  20  aoùl. 

(2)  Arch.  conim.  de  Besançon,  reg.  n'  70, 


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—  210  — 

jours  de  septembre  1636.  Le  28  septembre,  le  chapitre  mé- 
IropoHlain  faisait,  dans  l'église  de  Sainl-JeaD-l'Evangéliste, 
le  vœu  solennel:  1  ■  d'envoyer  visiter  à  pied  par  deux  de  ses 
membres  l'image  miraculeuse  des  capucins  de  Gray;  2°  de 
faii-e  visiter  de  même  la  châsse  des  reliques  de  saint  Claude; 
3°  de  célébrer  annuellement  l'office  du  Saint-Suaire;  •*•  de 
célébrer  l'oflice  de  saint  Charles  Borromée.  Le  corps  muni- 
cipal était  invité  à  se  faire  représenter  à  ce  vœu  (t).  La  peste 
régnait  dans  toute  la  contrée,  et  les  villes  voisines  en  étaient 
infestées.  A  Ornans,  oii  elle  était  depuis  le  mois  de  Juillet, 
elle  avait  fait  p^rir  plus  de  1500  personnes,  sur  une  popula- 
tion de  260U  habitants  (3). 

Cependant,  le  Comté  de  Bourgogne  était  assailli  par  trois 
points  à  la  fois  :  du  côté  du  Bassigny,  par  Weymar,  du  côté 
du  Montbéliard  par  Grancey  et  du  côté  de  la  Bresse  i^ar  Lod- 
gueville.  Les  armées  de  ces  trois  bandits  firent  souffrir  des 
maux  inotiis  à  notre  pays,  et  les  Lorrains,  toujours  traîtres  i 
Dieu  et  à  leur  prochain,  rivalisèrent  de  sauvagerie  avec  elles. 
Leurs  chefs  se  déshonoraient  traitant  en  pays  conquis  une 
contrée  qu'ils  étaient  chargés  de  défendre.  Un  moment  on  put 
tenir  la  Franche-Comté  pour  perdue  :  Weymar  marchait  sur 
Besançon,  dont  la  prise  pouvait  livrer  les  montagnes  aui 
envahisseurs.  Heureusement  Longuevjjle  n'osa  pas  dépasser 
Lon s- le- Saunier  qu'il  avait  pris  le  25  juin  1637  ;  Grancey  fiil 
battu  devant  Saint-Hippolyte  par  les  sieurs  de  Sainl-Mauris  t^i 
et  de  Sagey  i*i  ;  enfin  Weymar,  après  avoir  reconnu  la  situa- 
tion de  Besançon  des  hauteurs  voisines,  renonçai  rien  tenter 
contre  celte  place  (20-28  juin)  et  -  écrivit  à  Richelieu  qu'il 
n'a\'oit  mesuy  rien  à  faire  et  prit  son  chemin  contre  l'Alle- 


(l    Arch.  comm  <le  Besançon,  reg.  n"  71. 
(3)  Perron.  Ann.  des  Epid.  en  Franeht-Comti.  p.  93  à  103. 
(3;  Ermenrra)'  de  SaJDl-Maurîs  de  Cour,  mestre  de  eimp  d'un  terce  de 
,riCO  liomines. 
(t)  Jean-Frédéric  4e  Sage;,  seigneur  de  Romain,  de  Pierrerontainc. elc- 


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—  2«  — 
magne  oii  il  repassa  le  Rhin  et  prit  Fribourg  en  Brisgau  (i).  ■ 
Le  Saxon  avait  cru  un  instant  pouvoir  s'en  emparer  à  la  fa- 
veur d'un  soutèvement  populaire  préparé  par  Richelieu.  Il 
est  h  peu  prés  établi  que  le  ''ordinal  avait  fait  travailler  par 
ses  émissaires  l'esprit  de  la  plèbe,  prête  toujours  et  danît  tous 
les  temps  à  quelque  mauvaise  action  (2).  Nous  verrons  le  ré- 
sultat de  ces  menées  se  produire  trop  tard  pour  ceux  qui  les 
avaient  pratiquées. 

11  y  avait  près  de  six  mois  que  la  cité  se  disposait  à  se  dé- 
fendre, Dès  le  18  février,  des  mesures  avaient  été  concertées 
entre  le  gouvernement  de  la  Franche-Comté  et  celui  de  Be- 
sançon en  vue  d'empêcher  les  troupes  impériales  et  com- 
toises de  se  jeter  dans  les  montagnes  et  d'y  tarir  une  pré- 
cieuse source  de  ravitaillement.  La  défaite  du  marquis  de 
Conflans  à  Cornod,  le  17  mars,  avait  donné  une  nouvelle  ac- 
tivité à  ses  préparatifs.  Elle  fit  un  emprunt  de  guerre,  répara 
les  brèches  de  ses  foils,  et  augmenta  de  600  le  nombre  des 
soldats  commis  à  sa  garde  (18-21  mars)  l^).  Elle  n'avait  pas 
négligé  d'invoquer  le  secours  d'en  haut.  Une  procession  avait 
été  faite  de  Saint-Etienne  à  la  Madeleine,  oii  le  Saint-Suaire 
avait  été  porté  ;  dix  des  principaux  membresdu  Girps  muni- 
cipal, entourant  la  précieuse  relique,  avaient  figuré  à  la  cé- 
rémonie, un  (lambeau  ardent  à  la  main.  (30  avril)  '*).  C'est 
quelques  jours  après,  le  6  mai,  qu'avait  été  donné  l'avis 
par  le  duc  de  Lorraine  de  l'entrée  de  Bernard  de  Saxe- 
Weymar  dans  le  pays  (5|.  Les  forces  ai'ec  lesquelles  ce  sau- 
vage avait  marché  sur  Besançon,  étaient  de  dix  à  douze  mille 
hommes  avec  vingt-quatre  pièces  d'artillerie  C^). 
Sa  retraite  au  delà  du  Rhin  ne  rjtenlil  |jas  les  armements. 


(I)  GlHAnDOT  DE  NOZERDY,  loC,  Cit.,  p,   180. 

(■2)  Id.,  ibid.,  p.  184. 

(3)  Arch,  comm.  de  Besuii^^on,  reg.  n*  T'2. 

(4)  Ibid.,  ibid. 

(5)  Ibid.,  ibid, 

(6)  Ibid.,  reg.  n-  73. 


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—  M2  — 

La  ville  impériale  négocia  de  nouveau  avec  le  gouveraemeot 
de  Dole  pour  l'Iutroduction  d'uu  secours  militaire  dans  ses 
murs,  et  désigna  le  comte  de  Saint-Amour  pour  le  comman- 
der ;  mais,  toujours  défiante,  demanda  qu'il  fût  au  plus  de 
douze  cents  bommes.  Ces  soldats  et  leurs  officiers  devaient 
être  entretenus  par  l'état  Iranc-comtois  (3  juillet)  <1).  On 
pusse  une  revue  des  armes  et  du  froment  que  chacun  a  chez 
soi,  et  tous  les  citoyens  pour  travailler  par  corvée  aux  forti- 
cations  (2  et  5  juillet,  i^i  ;  pour  accélérer  rou\Tage,  on  a  re- 
cours à  300  auxiliaires  allemands  de  l'armée  comtoise  campée 
à  Chalezeule  (8  juillet)  |3).  Deuxcompagniessont  formées  des 
enlants  de  famille  de  la  ville  (9  juillet)  {*). 

Un  instant  les  susceplibihtésdémocraliques  du  corps  mu- 
nicipal semblent  devoir  compromettre  gravement  le  résultat 
de  ces  efforts.  Jaloux  outre  mesure  de  ses  prérogatives 
souveraines  relativement  aux  troupes  de  secours,  il  froisse 
le  marquis  de  Saint-Martin,  gouverneur  de  Franche-Comté, 
qui  fait  partir  pour  Salins  la  plus  grande  partie  des  soldats 
qui  campent  dans  la  banlieue  i5).  Il  est  bien  autorisé  à  iaire 
établir,  près  de  la  porte  deMalpas,  un  pont  de  bateau  qui  re- 
liera celte  banlieue  aux  montagnes  (Q..  Mais  de  nouvelles  dif- 
ficultés le  décident  à  refuser  un  secours,  dont  on  ne  veut 
qu'en  cas  d'absolue  nécessité  et  quand  il  sera  peut-être  bien 
tard,  et  il  prend  le  parti  de  se  retirer  définitivement  â  Salins 
[27  juillet),  £t  les  mauvais  coucheurs  de  l'hôtel  consistorial 
protestent  en  vain  de  leurs  regrets,  lis  voient  combien  le 
moment  est  mal  choisi  pour  discuter  l'assistance  d'aulnii 

La  peste  qui  faisait,  en  ce  moment,  une  nouvelle  visite  à 
Besançon,  aurait  dû  lui  inspirer  moins  d'outrecuidance 
{30  juillet)  "^1.  On  n'y  a  bientôt  plus  de  recours  qu'en  Dieu. 
Le  '25  novembre,  le  gouvernement  municipal  ordonne  trois 
jours  de  prières  à  l'église  des  Cordeliers  ;   les  gouverneurs 


(Ij  Arch.  comm.  de  Besançon,  rég,  i 
(2, 3,  4, 5, 6,  7j  n>id.,ibid. 


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—  213  — 
se  relaieront  pour  y  prier  une  heure  chacun,  et,  les  trois 
jours,  iront  en  corps  ii  la  messe  (i).  Le  duc  Charles  de  Lor- 
raine est  malade  au  château  de  Belvoir,  où  il  est  soigné  par 
le  docteur  Jeannet,  de  Besançon.  Sa  guérison  est  célébrée 
par  une  messe  d'action  de  grâces,  à  laquelle  assiste  sa  tante 
Catherine  de  Lorraine,  abbesse  de  Remiremont  ^K  Pour 
apaiser  l'ire  de  Dieu,  en  ce  temps  de  calamité,  l'archevêque 
et  le  chapitre  métropolitain  ont  voué  un  jour  de  jeune  la 
veille  de  l'Immaculée  Conception  el  une  procession  géné- 
rale le  jour  de  cette  fêle  (5  décembre)  (3). 

C'est  le  21  et  le  22  mai  1638  seulement  qu'éclata  le  mou- 
vement populaire  préparé,  l'année  précédente,  par  les  agents 
de  Richelieu.  La  cause  apparente  fut  un  impôt  extraordinaire 
nécessité  par  la  réparation  des  défenses  de  la  place.  Son 
principal  instigateur  fut  le  fameux  François  de  Lisolaj  qui 
débuta  ainsi  dans  les  intrigues  qui  devaient  remplir  toute  sa 
vie.  Au  premier  moment,  les  cogouverneurs  avaient  démis- 
sionné devant  l'émeute,  ce  qui  n'est  pas  à  leur  louange  ; 
mais  les  notables  et  les  anciens  gouverneurs  les  avaient  dé- 
cidés à  conserver  le  pouvoir.  Le  duc  de  Lorraine,  Don  Diego 
de  Saavedra,  et  Don  Gabriel  de  Toledo,  chargés  d'afTaires 
d'Espagne  à  Besançon  et  en  Franche- Comté,  se  joignirent 
au  marquis  de  Saint-Martin  et  au  comte  de  Saint-Amour 
pour  engager  les  ■  quatorze  »  à  ne  pas  surexciter  les  esprits 
par  la  rigueur  de  la  répression.  François  de  Lisola,  Antoine 
Despotots  et  Jean-Claude  Nardin,  accusés  d'être  les  meneurs 
de  la  sédition,  furent  condamnés  à  garder  les  arrêts  dans  leurs 
logis,  à  peine  de  mille  livres  d'amende.  Ils  furent,  en  outre, 
déclarés  inhabiles  à  être  portés  sur  la  liste  des  notables  ;  ceci 
était  un  excès  de  pouvoir  et  une  maladresse,  dont  les  co- 
gouverneurs ne  devaient  pas  tarder  à  recueillir  les  fruits. 
Le  24Juin,  les  trois  compères  étaient  élus  dans  la  compa- 

(1)  Aruh.  camm.  de  Besançon,  reg.  n*74. 


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-214- 

gnie  des  nolables.  Neuf  de  ces  derniers  se  retiraient  pour  ce 
motif;  mais  l'assemblée  électorale,  ayant  à  sa  tête  un  vigne- 
ron illettré,  nommait  François  de  Lisola  président  des  vingt- 
huit  (3  juillet).  Une  nouvelle  émotion  populaire  obligeait  les 
nolables  dissidents  à  rentrer  dans  le  corps  municipal  et  à 
reconnaître  la  légalité  du  vote,  et  les  quatorze  élus  étaient 
proclamés  (4  juillet).  Mais  les  anciens  gouverneurs  persis- 
taient à  contester  la  validité  du  choix  de  Lisola  et  de  ses  deux 
complices,  et,  pendant  tout  l'été,  la  lutte  se  poursuivit  ar- 
dente entre  les  deux  partis.  Le  Id  août,  Lisola  et  ses  deux 
complices,  forçant  les  portes  de  l'hôtel  consistoria),  entraient 
brutalement  au  conseil  et  protestaient  contre  la  violation,  en 
leurs  personnes,  de  la  volonté  populaire,  se  mettant  sous  la 
sauvegarde  de  l'Empereur.  Le  cogouverneur  François  d'O- 
rival  était  envoyé  à  Vienne  pour  dénoncer  les  cabales  de 
Lisola  (16  septembre),  et  Lisola  ne  tardait  pas  à  l'y  suivre, 
pour  plaider  lui-même  sa  cause  devant  la  cour  impériale 
(8  octobre)  <■!.  Fort  heureusement  pour  le  pays,  ce  brouillon 
ne  devait  plus  y  revenir  qu'à  de  rares  intervalles  et  pour  des 
séjours  de  courte  durée. 

Pendant  que  la  discorde  règne  en  maîtresse  dans  la  cité, 
les  événements  vont  s'aggravant  au  dehors.  Le  duc  de  Lon- 
gueville  a  pris  Chaussin  k  la  tête  de  4,000  hommes  de  pied 
et  de  800  chevaux  (SjuinV  Le  duc  de  Lorraine,  qui  marche 
contre  lui,  obtient  de  faire  passer  son  armée  par  la  ville,  tous 
les  ponts  du  voisinage  étant  rompus  et  les  grandes  eaux 
rendant  les  gués  impraticables  (10  juin);  mais  que  de  pré- 
cautions !  11  ne  passera  que  trois  cents  soldats  à  la  fois  ;  les 
cavaliers  auront  leurs  épées  et  pistolets  au  fourreau;  toutes 
les  boutiques  seront  fermées  ;  les  femmes  et  les  enbnts  res- 
teront au  logis  ;  il  est  défendu  de  mettre  des  victuailles  en 
vente,  ce  qui  pourrait  retarder  le  passage  (11  juin).  II  est 
vrai  qu'il  s'agit  de  Lorrains!  Bientôt  les  paysans,  réfugiés 

(f)  Arch.  comm.  de  Besançon,  reg.  w  75. 


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-  M6- 

dans  la  ville  et  réduits  à  l'extréinité  par  la  perte  de  tous  leurs 
biens,  mettent  ces  alliés,  peu  sympathiques,  en  coupe  ré- 
glée et  vont  les  surprendre  et  les  tuer  dans  les  charrières 
pour  s'emparer  de  leurs  dépouilles  (23  juillet).  Les  pauvres 
meurent  de  faim  dans  les  rues  ;  mais  la  misère  publique  est 
telle  que  le  gouvernement  municipal,  ne  pouvant  les  assister 
tous,  doit  se  résoudre  à  expulser  ceux  qui  ne  sont  pas  ma- 
lades (lidécembre  1638,  i<"  et  -2  janvier  1639)  W.  On  sera 
bientôt  forcé  de  donner  la  chasse  à  ces  derniers,  de  les 
mettre  dehors,  et  de  fermer,  pendant  trois  jours,  les  portes 
de  Battant  et  de  Varesco,  pour  qu'ils  ne  puissent  rentrer 
(24  février)  (2). 

Mais  on  a  appris  la  surprise  de  Morteau  par  Weymar,  le 
9  janvier,  et  ta  ville  est  mise  sur  le  pied  de  guerre  (16  jan> 
vier).  Elle  traite  avec  Lavelli,  ministre  de  l'Empereur,  pour 
l'introduction  dans  ses  murs  de  1 ,200  fantassins  originaires 
de  la  Franche-Comté  (25  janvier).  Ou  forme  des  escadres 
boui^eoises  de  vingt-et-un  hommes  chacune,  chef  compris 
(26  janvier).  La  ville  de  Pontarlier,  qui  auparavant  «  se 
mocquoit  de  la  guerre,  s'asseurant  de  l'amitié  des  Suisses  ses 
voisins,  et,  regorgeant  de  tous  biens,  estoit  dans  un  luxe 
non  pareil  (3)  »,  a  honteusement  comparé  le  20  ;  l'ennemi 
marche  sur  Ornans,  le  péril  est  imminent  (28  janvier).  Il  est 
alors  question  de  faire  camper  sur  la  montagne  de  Chau- 
dane  les  troupes  qui  pourraient  être  obligées  d'évacuer  le 
val  d'Ornans  (3  février)  (*1.  Mais  les  événements  se  sont 
précipités  :  Weymar  est  entré  à  Omans  avec  toute  son  ar- 
mée et  a  chassé  devant  lui  les  régiments  de  la  Baume-Saint- 
Amour  (^)  et  de  Saint-Mauris  (8),  chacun  de  600  hommes,  qui 


(1)  Arch.  comm.  de  Besançon,  reg.  n»  75. 

(3)  Ibid.,  ^bid. 

(3}  GiRARDOT  DE  NOZKHOÏ,  loc.  Cit..  p.  321. 

(4)  Arch.  comm,  de  Besançon,  reg.  n°  75. 

(5)  Jac.-Nicolas,  comle... 
(6j  Alexandre... 


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—  M6  — 

sont  obligés  de  se  réiiigier  dans  la  cité  (14-16  février).  Le 
duc  de  Lorraine  et  le  marquis  de  Saint-Martin,  qui  ont  forcé 
les  passages  de  Remireniont  et  de  Thann,  reviennent  sur  les 
derrières  de  Weymar  On  leur  permet  d'emprunter  à  la  gar- 
nison 500  mousquetaires  et  deux  petits  canons  ;  et  le  capi- 
taine Patornay  pousse  sur  Oiselay  une  pointe  qui  a  pour  but 
de  reprendre  un  canon  qu'y  a  laissé  Gallas,  et  le  ramène 
heureusement  à  Besançon  (l"mars).  Le  fortdu  moulin  Saint- 
Paul  est  rétabli  et  il  est  question  d'en  construire  un  nouveau 
derrière  l'hôpital  Saint-Jacques  W,  pour  défendre  le  boule- 
vard d'Arènes  (11  et  25  avril)  (2). 

La  peste  a  reparu  dans  la  maison  de  Dangien  dit  le  Petit 
peintre  (19  mars).  Bientôt,  elle  se  développe  et  <  Messieurs, 
préférant  la  santé  publique  à  la  tendresse  et  à  la  commisé- 
ration qu'ils  ont  pour  les  misérables  •,  décident  de  faire  une 
nouvelle  expulsion  générale  des  pauvres  qui  seront  chassés 
par  la  porte  Taillée  et  la  porte  Notre-Dame,  après  avoir 
reçu  une  livre  et  demie  de  pain  par  télé  |7  et  13  mai).  On  y 
joindra  bientôt  tous  ceux  qui  n'ont  pas  de  blé  pour  deux 
mois  (10  juin)  \3),  Ces  mesures  de  rigueur  sont  bien  excusa- 
bles, lor.iqu'on  sait  quelle  était  alors  la  situation.  «  La  disette 
fui  si  grande,  dit  un  chroniqueur,  que  le  froment  valoit9  lî-ancs 
et  la  douzaine  d'œufs  10  gros  à  Besancon,  où  les  campa- 
gnards se  retiroient,  portant  avec  eux  le  reste  deleurs  effets 
qu'ils  vendoient  à  très  vil  prix  ;  la  livre  d'étain  se  donnoit 
pour  un  sol,  ainsi  des  autres  effectsà  proportion.  Le  blé  étoit 
rare  et  très  cher,  ce  qui  causa  une  grande  mortalité  ;  les 
pauvres  coucboient  dans  les  rues,  pleurant  et  criant  :  Je 
meurs  de  faim;  tous  les  matins  on  en  trouvoit  quantité  de 
morts,  quelquefois  jusqu'à  trente.  Il  y  eut  des  particuliers 
qui  vendirent  leurs  maisons  pour  une  miche  de  pain  ;  quand 
ils  l'avoient,  ils  la  mangeoient  si    avidemment  que  bien  ils 

(Ij  Alors  au  bout  de  la  rue  d'Arènes. 
(S)  Arch.  comm.  de  Besanijoa,  reg.  a-  75. 
(3)  JWrf.,  Md. 


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—  Ï17- 

en  mouroient.  La  chair  de  cheval  se  vendoit  chèrement, 
plusieurs  tuèrent  des  hommes,  les  cuJsoient  et  les  man- 
geoient  ;  ceux  qui  étoient  dans  des  châteaux  en  garnison  ou 
qui  étoient  en  garnison  à  la  campagne,  après  avoir  mangé 
leurs  provisions,  vivoient  d'herbage.  .  Ceux  de  Besançon, 
ménoe  des  principaux  qui  avoient  des  hériUiges,  les  travail- 
loient  eux-mêmes,  et  quand  le  froment  lût  prêt  d'être  en 
maturité,  on  le  gardoit  en  couchant  dans  les  champs  pour  le 
conserverai.  » 

L'ennemi  est  de  tous  les  côtés  à  la  fois.  Des  reitres  se 
montrent  aux  abords  de  la  ville  ;  le  canon  les  éloigne  un  ins- 
tant, mais  ils  reviennent  et  enlèvent  les  troupeaux  des  ci- 
toyens les  uns  après  les  autres.  On  raconte  que,  vers  le 
milieu  du  carême,  «  Weymar  s'étant  approché  de  Besancon 
sur  la  côte  des  Trois-Châteaux ,  voyant  la  situation,  dit  qu'il 
ne  vouloit  pas  hasarder  son  armée  dans  un  si  grand  préci- 
pice (S).  *  Il  préfère  prendre  les  châteaux  de  Montrond,  de 
Torpes,  de  Thoraise  et  de  Beaupré,  qui  en  sont  les  défenses 
avancées,  et  paraît  se  préoccuper  assez  peu  des  efforts  des 
Français  pour  opérer  leur  jonction  avec  lui.  Enfin,  le  SSjuil- 
let,  les  cogouverneurs  reçoivent,  du  colonel  Vernier,  une 
lettre  qui  leur  annonce  la  mort  du  bandit  saxon,  ■  la  peste 
ayant,  dit-il,  causé  ce  bien  parmi  tant  de  maux  ».  Cet  évé- 
nement n'arrête  pas  tout  d'abord  les  déprédations  de  ses 
alliés,  qui  continuent  à  faire  des  courses  dans  tout  le  pays. 
Les  hommes  de  la  garnison  d'Auxonne,  déguisés  en  paysans 
et  le  mousquet  sous  la  blouse,  viennent,  jusqu'aux  portes 
de  Besançon,  enlever  bêtes  et  gens,  même  les  vignerons, 
gens  vigoureux  et  armésde  leurs  redoutables  pioches.  L'été 
se  passe  k  donner  la  chasse  à  ces  maraudeurs  sanguinaires 
qui  font  disparaître  tout  le  bétail.  Au  mois  de  septembre,  on 
forme  une  compagnie  de  cavalerie  de  60  hommes,  qui  est 

(1)  Etat  de  ce  qui  »'ett  pané  à  Buançon  depuis  1613,  in  Mém.  »t 
Doe.  inéd.,  t.  IX.,  p.  325-326. 
(3)iUd.,t6>d.,t.  IX,  p.  326. 


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—  218  - 

préposée  à  la  garde  des  charrues,  puis  fi  celle  des  chariots 
qui  amènent  la  vendange. 

La  mort  de  Weymar,  que  Itichelieu  avait,  sans  succès, 
voulu  lancer  sur  Besançon,  ne  mit  pas  fin  aux  souffrances 
de  la  Franche -Coin  té  et  de  la  Cité  impériale.  La  guerre  n'en 
prit  qu'un  autre  caractère;  elle  devint  la  destruction  systé- 
matique. Les  Français,  embusqués  à  Bletterana  et  dans  le 
ch&teau  de  Grimont-sur-Poligny,  les  Suédois,  dans  la  for- 
teresse de  Jeux,  poussaient,  de  ces  repaires  et  dans  toutes 
les  direction»,  des  pointes  plus  ou  moins  Iruclueuses  pour 
eux,  mais  toujours  accompagnées  d'atrocités,  qui  tenaient  le 
pays  en  de  continuelles  alarmes.  Les  «  faucheurs  -  de  ViUe- 
roy  coupaient  en  herbe  les  blés  que  l'on  osait  semer  autour 
des  villes  qui  tenaient  encore,  Besançon,  Dole,  Gray  et  Sa- 
lins. Leurs  populations  repoussaient,  avec  l'énergie  do  dé- 
sespoir, una  salu»  victis]  ces  tentatives  abominables  d'un 
ennemi  furieux  d'une  réFislance  opiniâtre.  Ainsi  se  pas- 
sèrent les  années  16i0  et  1641,  et  ces  tribulations  ne  ces- 
sèrent qu'en  1642,  après  la  mort  de  Richelieu.  Alors  le 
théâtre  de  la  guerre  s'étant  éloigné,  une  sorte  de  trêve  fut 
accordée  au  pays,  paix  relative  qui  était  souvent  troublée. 
Les  Français,  maîtres  de  Lure  et  de  Montbéliard,  couraient, 
ëe  temps  en  temps,  la  campagne  et  venaient  fourrager 
jusque  sous  les  murs  des  villes  fortes.  Cet  éiat  de  choses 
dura  jusqu'au  rétablissement  de  l'ancienne  neutralité,  et  il 
n'eut  lieu  qu'en  1645.  On  ne  l'avait  pas  oblenu  sans  peine  : 
il  avait  fallu  que  les  parlements  de  Dijon  et  de  Dole  s'y  en- 
tremissent, que  le  prince  de  Condé  intervint,  que  les  can- 
tons suisses  l'implorassent  de  MaukHn.  Les  conditions  im 
posées  pur  ce  dernier  furent  très  dures.  La  Franche-Comté 
dut  s'engagiir  à  payer  chaque  année  à  la  France  une  somme 
de  quarante  mille  écus  et  à  subir  l'occupation  de  quelques- 
unes  de  ses  forteresses,  entre  autres  Bletterans  et  le  châ- 
teau de  Joux  LechALeau  de  Griment  avait  été  préalablement 
rasé. 


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-  219  — 

Jusqu'à  la  fin,  Betiançon  associa  ses  efforts  à  ceux  de  la 
Franche  Comté  pour  repousser  les  assauts  de  l'ennemi  com- 
mun. Le  baron  de  Scey-sur-Sa6ne,  Claude  de  Beauffre- 
monl,  avait  été  investi  du  gouvernement  en  l'absence  du 
marquis  de  Saint-Martin  (janvier  1640).  Deux  ans  plus  tard, 
la  mort  du  marquis  le  mettait  déflnilivement  en  possession 
(8  janvier  i642),  La  cilé  lui  prête  aussitôt  son  concours  pour 
la  reprise  des  châteaux  que  les  Français  surprennent.  Au 
mois  de  mai  elle  lui  prête  deux  canons  qui  l'aideront  à  re- 
prendre Scey-sur- Saône.  En  seplembre,  ces  canons  sont 
encore  misa  sa  disposition  pour  opérer  contre  le  château  de 
Ray  ;  mais,  cette  fois,  l'entreprise  échoue,  le  baron  est 
blessé  et  les  canons  sont  pris.  Enfin,  les  soldais  de  Besan- 
çon, joints  aux  bourgeois  d'Ornans  et  aux  miliciens  du  voi- 
sinage, prennent  part,  sous  son  commandement,  à  la  reprise 
du  château  de  Vaites  (29  avril-2  mai).  A  la  nouvelle  de  la 
prise  (Je  Vesoul  par  Turenne  et  de  l'occupation  de  Faver- 
ney  et  de  Baume-les-Dames  par  les  Suédois,  elle  lève  de 
nouvelles  troupes  et  fait  revenir  de  Dole  les  canons  qu'elle 
lui  aenvoyés  en  1636  (février  et  mars)  (t). 

La  vieille  ville  impériale  était  entrée,  fort  malgré  elle  d'a- 
bord, dans  la  défense  générale  du  pays;  mais,  pressée  par 
les  circonstances,  elle  avait  fini  par  comprendre  que  des  liens 
d'étroite  solidarité  l'unissaient  à  lui,  et  par  joindre  ses  efforts 
&  ceux  de  i'héroïque  Dole  et  de  nos  autres  forteresses.  Les 
vues  étroites  d'une  démocratie,  qu'un  isolement  plusieurs 
fois  séculaire  avait  rendue  profondément  égoïste  et  aveuglée 
sur  ses  propres  intérêts,  n'avaient  pu  prévaloir  toujours 
contre  un  patriotisme  plus  éclairé  que  celui  de  la  foule.  En 
s'élevant  à  des  sentiments  plus  généreux,  Besancon  se  pré- 
parait, sans  le  savoir,  à  sa  réunion  à  la  couronne  comtoise, 
dont  elle  allait  devenir  une  des  perles,  et  au  rôle  de  capitale, 
qu'un  avenir  prochain  lui  réservait. 

(t)  Arcb.  comm.  de  Be»snçon,  reg.  n"  76  et  77. 


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UN  PRÉCURSEUR  DE  LIBRI 
SUR  le:  gënêal^ogiste: 

JEAN-BAPTISTE  GUILLAUME  DE  GEVIGNEY 

s*  vie,  «OH  CEUVRI,  SES  AVENTURE!  ET  HS  MÉFAITS 

Pu-  H.  Jnles  GAUTHIER 


.Séance  du  22  avril  i 


I 

En  17'29,  le  120  janvier,  ïijxans  avant  que  Dunod  de  Char* 
nage  publia  le  premier  volume  de  son  Histoire  du  Comiè  de 
Bourgogne,  naissJiit  à  Besançon  un  enfant  qui  aurait  été  son 
émule  et  son  digne  continuateur,  si,  aux  bonnes  fées  qui  le 
dotèrent  au  berceau  de  qualités  précieuses  ue  s'élaienl  mê- 
lées quelques  sorcières  maudites,  qui  jetèrent  dans  son  âme 
les  germes  du  vice  et  du  déshonneur. 

Cet  enlunl,  Jean-Baptiste  Guillaume,  était  le  fils  d'un  mo- 
deste procureur,  le  petit-fils  d'un  notaire,  l'arrière-pelit-fils 
d'un  paysan  de  Me rcey -sur- Saône  ;  son  père,  Hugues-Joseph 
Guillaume  insi^rit  au  tableau  des  procureurs  au  parlement 
de  Besançon,  dès  17'iO,  marié  à  Claudine  Poutier,  de  Viller- 
sexel,  jouissait  de  quelque  fortune  et  était  estimé  au  palais. 
En  1733,  la  ville  de  Besançon,  connaissant  ses  aptitudes, 
l'avait  chargé  du  classement  et  de  l'inventaire  de  ses  archi- 
ves municipales,  et  il  s'acquitta  si  bien  de  cette  mission 
qu'on  l'en  remercia  quatre  ans  plus  tard  par  une  gratifica- 


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—  22i  — 

tion  assez  rondelette  de  1500  livres  (').  Tel  était  le  père. 
Le  lîb,  élevé  au  collège  des  Jésuitesj  tout  voisin  de  la  mai- 
son paternelle  (3)  s'y  fit  remarquer  par  son  intelligence,  sa 
facilité,  sa  mémoire,  sa  promptitude  à  s'assimiler  tout  ce  que 
des  professeurs  distingués  pouvaient  lui  apprendre.  En  sa 
qualité  de  puiné,  Jean-Baptiste  Guillaume,  comme  son  frère 
cadet,  Jean  François,  Tut  destiné  à  l'Eglise,  et  en  1748  il 
passa,  sans  plus  tarder,  du  collège  des  Jésuites  au  grand  sé- 
minaire tenu  par  des  prêtres  séculiers.  Sous -diacre  en  mars 
17â'i,  diacre  en  Mnl,  il  fut  ordonné  prêtre  en  mars  1753  (3), 
conquit  facilement  à  l'Université  de  sa  ville  natale  le  grade 
de  docteur  en  théologie,  et  sans  demander  pour  l'instant  le 
moindre  bénéfice,  il  se  confina  avec  une  sorte  de  passion 
dans  les  études  et  les  recherches  historiques,  auxquelles  son 
père  l'avait  initié,  et  que  la  fondation  récente  d'une  académie 
bisontine,  créée  en  1752  par  Louis  XV  et  le  maréchal  de  Tai- 
lard,  proposait  comme  un  but  essentiel  à  toute  la  jeunesse 
studieuse  de  la  contrée.  L'accès  des  archives  municipales 
classées  par  son  père,  de  celles  de  la  maison  de  Chalun  dé- 
posées à  Thôtel  de  ia  Vicomte,  du  fonds  merveilleu:[  des  7,000 
testaments  de  l'Oflicialité  suffit  au  début  à  son  activité  labo- 
rieuse, avec  les  richesses  de  la  bibliothèque  de  Saint- Vincent, 
où  la  pénurie  de  livres  nouveaux  était  pourtant  telle,  que  Dunod 
avait  dû  emprunter  à  Dijon  au  président  Bouhier  les  volumes 
de  la  Gallia  Chyittiana  ou  des  Historien»  de  France  (*).  Des 
explorations  minutieuses  qui  enrichissaient  chaque  jour  de 
centaines  de  notes  généalogiques  ou  histoi'iques  les  porte- 
feuilles du  jeune  érudit,  de  la  correspondance  qu'il  sut  adroi- 
tement établir  avec  de  nombreux  liistoriens  francs-comtois 


(1)  Areli.  mun   de  Be»anfon,  Bll  li6  et  1i.1. 

(3)  Cetle  maison  était  tiituée  j-ue  ded  Cordeliers,  aujourd'hui  rue   du 
Lycée,  entre  la  rue  Saint-Aiilotiie  el  la  rue  I>oitune. 
(3)  Areh.  du  Doub»,  Tonds  du  séminaire,  G  909. 
(i)  Correspundaiice  de  Uouliier  aveu  Uunod  :  ma.  605  de  la  Bibt.  de  Ba- 


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ou  étrangers,  de  ses  relations  avec  les  plus  lettrés  des  aca- 
démicieDs  de  Besancon  :  le  président  Chifflet,  le  président 
Boquet  de  Courbou^on,  Binétruy  de  Grand  fontaine,  dom 
Jourdain,  etc.,  sa  réputation  de  paléographe  et  de  critique 
sortit  rapidement  et  lui  valut  ample  crédit.  D'autre  part,  les 
grands  seigneurs  de  la  région,  auxquels  il  s'eflbrçait  habile- 
ment de  plaire  en  leur  offrant  ses  hommages  et  son  aide,  ne 
servirent  pas  moins  utilement  ses  intérêts  en  croyant  proté- 
ger ceux  de  la  science  ou,  ce  qui  est  plus  vraisemblable  et 
surtout  plus  humain,  ceux  de  leur  amour-propre  ou  de  leurs 
prétentions. 

Pour  bien  saisir  l'intérêt  que  lexviii'siècle  pouvait  attacher 
à  des  recherches  généalogiques  dont  notre  temps,  sauf  eo 
certaines  officines  parisiennes  qu'on  peut  taxer  de  mauvais 
lieux,  se  désintéresse  si  fort,  il  faut  tenir  compte  d'un  état 
d'esprit  dont  la  disparition  des  privilèges  que  la  noblesse  as- 
surait à  tous  ses  membres,  même  tardifs  ou  douteux,  rend  la 
compréhension  difficile.  Du  trône  au  dernier  des  anoblis  que 
venait  de  créer  la  savonnette  à  vilains,  mise  en  branle  par  la 
vénalité  des  offices,  des  liens  multiplesrattachaient  les  privi- 
légiés par  une  communauté  de  sentiments  et  d'intrigues.  On 
connaît  cette  plaisanterie  de  l'anobli  qui  s'eOace  au  passage 
d'une  porte  pour  laisser  entrer  son  propre  flls.  ■  Passez,  Mon- 
sieur, vous  êtes  plus  noble  que  moi  ».  Sous  cette  épigramme 
apparaît  tout  le  protocole  de  l'ancien  régime.  Dans  cet  écha- 
faudage de  vanités,  la  même  passion  agitait  tout  le  monde  : 
monter  plus  haut.  L'un  pour  être  prince,  l'autre  duc,  marquis 
ou  comte,  celui-ci  pour  procurer  aux  siens  un  brevet  de  pge. 
ou  de  chevalier  du  Malte,  ou  de  chanoine  prét)endé  à  défaut 
e  mieux,  celui-là  pour  faire  entrer  sa  fille  laide  et  sans  dot 
ans  un  chapitre  noble,  tous  ont  besoin  de  courte  échelle 
lour  reconstituer  ou  faire  valoir  leurs  quartiers,  et  les  tri- 
heries  se  multiplient.  Nombre  de  cours  souveraines,  parle- 
ments ou  chambres  des  comptes,  de  cours  intérieures,  séné- 
haussées  ou  bailliages,  rendent  autant  de  services  que  d'ar- 


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rets  et  homologuent  sans  vergogne  des  généalogies  plus  que 
suspectes  ;  et  tout  cela  sans  crainte  d'aventure,  car  la  soli- 
darité de  tout  l'édifice  nobiliaire  est  1^  comme  garantie.  D'oU 
l'importance  acquise  à  Paris  et  en  province  par  ceux  qui 
peuvent  distribuer  la  manne,  c'est-à-dire  grossir  de  quelques 
degrés  une  généalogie  déjà  solide,  rattacher  aux  races  roya- 
les ou  tout  au  moins  princières  des  races  de  second  ordre, 
faire  sortir  d'humbles  foyers  des  magistrats  qui  porteront 
l'hermine  et  siégeront  sur  les  lis,  tandis  que  leur  aïeul,  no- 
taire, procureur  ou  cordonnier,  s'asseyait  pour  grossoyer  ou 
marteler  sur  un  simple  rond  de  cuir  ! 

Dans  cette  société  où  de  folles  vanités  s'agitaient,  où  des 
appétits  désordonnés  trouvaient  k  se  satisfaire  sans  penser 
aux  catastrophes  du  lendemain,  l'abbé  Guillaume  pénétrait 
de  plein  pied,  par  d'adroites  prévenances,  et  se  trouvait 
comme  chez  lui  grAce  au  savoir  faire  paternel.  Hugues-Josepn 
Guillaume  venait  d'acheter  en  1749  à  Gevigney,  voisin  de  son 
pays  natal  (Mercey-sur-Saône),  un  fief  de  basse  justice  vendu 
par  l'avocat  Durand  (i),  avec  l'assentiment  de  Mlle  de  La 
Baume,  seigneur  haut-justicier;  avec  le  congé  royal  donné 
par  la  Chambre  des  Comptes,  on  l'autorisa  à  reprendre  en 
fief  et  à  donner  dénombrement.  C'était  un  aciiemincment 
vei-s  la  noblesse  ;  un  second  pas  plus  décisif  l'y  fit  entrer,  il 
acheta  le  18  juin  1756  une  charge  de  conseiller-auditeur  à  la 
Chambre  des  Comptes  de  Dole,  cour  souveraine  qui  conférait 
à  ses  suppôts  la  noblesse  au  premier  degré.  Cette  emplette 
qu'une  vinglaine  de  mille  livres  (3|  et  l'appui  de  quelques 
pesantes  influences  enleva  sans  grande  difliculté,  fit  passer 
de  la  caste  des  roturiers  dans  celle  des  privilégiés,  l'abbé 
Guillaume  et  tous  les  siens  ;  leurs  relations  avec  la  noblesse 
devinrent  plus  étroites  et  les  appétits  de  l'abbé,  né  ambitieux 
et  intrigant,  grandirent  à  proportion. 


(1)  Arek.  du  Doal»,  Tonds  de  lu  Chnmbre  îles  Comptes. 

(3)  Ds  LuniOK,  attl.  d*  la  Chambre  des  Compte»  de  Dole,  ] 


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Quelques  mois  plus  tard,  quand  le  frère  de  l'abbé,  Charles- 
Marie-Joseph  Guillaume,  épousa  k  Besançon  la  fille  d'un 
chevalier  de  Saint-Louis,  le  contrat  de  mariage  fut  signé  par 
le  cardinal-archevêque  deChoiseul-Beaupré,  le  premier  pré- 
sident du  Parlement,  le  lieutenant-général  marquis  de  Gram- 
mont,  nombre  de  gentilshommes  ou  de  magistrats  du  plus 
haut  rang,  parmi  lesquels  le  secrétaire  perpétuel  de  l'Acadé- 
mie, Antoine  Boquet  de  Courbouzon,  président  au  Parlement, 
homme  médiocre  autant  que  vaniteux  fli.  Si  l'on  eut  douté  à 
ce  moment  de  l'honorabilité  parfaite  du  docteur  en  théologie 
qui  assistait  sous  l'hermine  au  mariage  de  son  frère  on  eut 
injurié  à  la  fois  la  Cour  et  la  Ville,  et  cependant  tout  semble 
indiquer  que  la  conscience  de  Jean-Baptiste  Guillaume  était 
déjà  faussée  et  que  sa  carrière  d'aventurier  commençait  1 

II 

Le  résultat  des  recherches  considérables  accomplies  par 
l'abbé  Guillaume  non  seulement  dans  les  archives  ecclésias- 
tiques, civiles  ou  judicJiiires  de  Besançon,  de  Dole,  de  toute 
la  province,  mais  encore  dans  celles  de  la  Chambre  des 
Comptes  de  Dijon  et  incarne  dans  plusieurs  grandes  et  célè- 
bres abbayes  bourguignonnes  ou  champenoises,  était  telle- 
ment avancé  qu'un  ouvrage  important,  premier  fruit  de  sa 
plume,  allait  paraître  sous  le  titre  d'Hisioire  des  sirea  de  Sa- 
lins.  Ce  devait  être,  en  deux  volumes  in  quarto,  tout  à  la  fois 
une  histoire  soTOmaire  de  la  province  de  Franche -Comté  et 
en  particulier  de  Salins,  une  de  ses  villes  principales,  du  x' 
au  xvnie  siècle,  et  un  recueil  généalogique  des  races  féodales 
les  plus  illustres  de  la  province  et  des  races  bourgeoises  de 
Salins  les  plus  distinguées. 

Il  voulait  le  dédier  au   prince  Louis  de   BauiTremont  qui 

(1)  Contrat  de  mariaga  du  26  janvier  17â6  {Areh.  du  Diiubt,  E.  Guil- 


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—  225  — 
venait  d'êlre  élevé  au  ring  de  prince  d'Empire  et  tenait  in- 
contestablement par  sa  naissance  et  sa  fortune  le  premier 
rang  au  comté  de  Bourgogne,  tout  en  jouissant  à  la  Cour,  sa 
résidence  habituelle,  d'une  haute  estimti  et  d'un  puissant 
crédit.  Ce  protecteur  adroitement  flatté  d'abord,  puis  exploité, 
devait  être  pour  l'abbé  Guillaume  l'initiateur  d'une  belle 
carrière  ;  aussi  ce  dernier  ii'avait-il  rien  négligé  pour  mettre 
en  lumière  les  titres  de  gloire  de  la  maison  de  DaulTremont, 
ses  grandes  alliances,  ses  riches  apanages  et  surtout  cette 
qualité  de  vicomtes  de  Salins  qui  la.  faisait  héritière  d'Albéric 
de  Narbonne  et  des  comtes  de  Mùcori. 

Ce  livre  encore  manuscrit  fut  pour  la  Franche-Comté  un 
événement  littéraire,  et,  avant  qu'il  fût  imprimé,  l'Académie 
de  Besançon  en  avait  reçu  le  2i)  décembre  1756  le  prospectus 
présenté  avec  éloge  par  son  président,  l'avocat  général 
d'àgay  ;  la  docte  compagnie  autorisa  peu  de  temps  après 
l'ubbé  Guillaume  à  venir  lire  devant  elle  un  de  ses  chapitres 
(celui  consacré  à  Jean  de  ChAlun  l'Antique),  sa  candidature 
était  posée  i^).  Il  échoua  dans  ses  prétentions  au  titre  d'aca- 
démicien ordinaire,  mais  l'appui  du  prince  de  BaufTreinont  et 
du  président  Boquet  le  firent  recevoir  associé  résidant  le 
18  ïévi'ier  1757.  Celte,  qualité  put  figurer  en  août  1757  sur  le 
titre  de  l'Histoire  de  Salins,  et  pour  justifier  l'honneur  qu'on 
faisait  à  sa  jeunesse,  Guillaume  lit  preuve  d'une  grande  as- 
siduité aux  .séances  académiques.  Chercliunt  visiblement  à 
éblouir  ses  nouveaux  confrères  par  la  souple.sse  de  son  es- 
pnt  et  la  variété  de  ses  connaissances,  il  lui  lisait  tantôt  des 
vers,  odes  ou  idylles,  tantôt  des  morcenux  philosophiques, 
c'est-ii-dire  Tilandreux,  tantùt  des  friijjuii'iiLs  historiques,  tels 
qu'une  Étude  sue  le  duel  judiciaire  el  qu'un  discours  bi- 


(1)  Ce»  renseiBiiemenls  et  ceux  qui  ïoiit  suivre  sont  tiics  des  manus- 
crits de  l'ancieiinG  Académie  de  Ueaaiiçon,  déposi's  à  la  IHiiliatlirque  pu- 
blique de  cette  ville,  des  Dilibératioim  d'nbonl  et  tlus  Ouuragi:»  de»  aca- 
demîciani  ensuite  ;  l'atisenue  de  nuinêrobige  Je  ces  volumes  nous  uinpijclie 
(Ty  renvoyer  d'une  façon  plus  précise. 

16 


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zarre  pour  prouver  que  l'amour  de  la  patrie  jette  souvect  les 
historiens  dans  l'égarement  I 

Dans  ces  divers  genres,  l'abbé  Guillaume  ne  dépassait  en 
rien  le  niveau  moyen  de  ces  écrivailleurs  innombrables  qui 
pullulaient  en  France  au  xviii°  siècle  presque  autant  que  les 
journalistes  y  pulluleront  au  xx°  siècle.  Ecoutons  plutôt  pour 
nous  en  convaincre  quelques-uns  des  vers  d'une  Ode  sur  in 
protection  des  talents  lue  le  29  novembre  1757,  comme  re- 
merciement à  l'Académie  de  Besançon: 

Des  héros  la  vertu  guerrière 
Peut  tout  soumettre  en  sa  Fureur. 
Dans  le  carnage  el  la  pousMère 
Verser  le  sang,  semer  l'iiorreur. 
Avec  leur  bruit  leur  nom  s'écoule, 
Ils  sont  contondus  dans  ta  Toule 
Des  mortels  qui  sont  dans  l'oubli. 
Mais  des  scavans  telle  est  la  gloire  : 
Le  temps  conserve  leur  mémoire. 
Leur  nom  n'est  point  enseveli! . .  ■ 

Dans  une  autre  ton,  bien  xvin' siècle,  aussi  rococo  que 
fade,  voici  une  idylle  :  lea  Ormeaiix,  lue  le  i7janvierà  l'A- 
cadémie : 

Chaque  printemps  augmente  vos  ombrages; 
Croisses,  arbres  heureux,  étendes  tos  ramenux; 
C'est  pour  vous  embellir  que  naissent  vos  feuillages. 

Trop  fortunés  ormeaux! 

Erres  à  l'avenlure. 
Ljvrés  vous  sans  contrainte  à  vos  plus  doui  désirs, 

Pour  nous  seuls  la  nature 
Place  le  mal  sur  le  pas  des  plaisirs. 


t  ainsi  de  suite,  tout  le  corLège  des  zéphirt  volage»,  des 
jmbeaux  rimant  avec  tombeaux,  déûle  dans  cette  poésie 
inale. 

D'associé,  l'abbé  Guillaume  fut  élu,  le  18  décembre  1760, 
:adémicien  titulaire  ;  le  maréchal  de  Duras  approuva  l'élec- 


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—  227  — 
tion,  en  félicitant  le  récipiendaire  (*),  et  tour  à  tour  le  prési- 
dent sortant,  M.  Boquet  de  Courbouzon,  et  le  président 
entrant,  M.  Mareschal  d'Audeux,  louèrent  leur  nouveau 
collègue.  Le  premier  compara  l'abbé  Guillaume,  en  l'assurant 
de  l'estime  éclatante  de  la  Compagnie,  à  l'abbé  I^ebeuf  qui 
venait  de  franchir  le  même  pas  à  l'Académie  des  Inscrip- 
tions. C'était  dépasser  la  mesure,  comme  on  le  fait  si  volon- 
tiers dans  des  cérémonies  de  commande;  M.  Mareschal 
d'Audeux  fut  poli,  mais  rien  de  plus,  et  l'abbé  Guillaume, 
imitant  Boquet  de  Courbouzon,  se  montra  aussi  maniéré  que 
fat,  dans  des  remerciements  où  manquaient  l'originalité  et 
surtout  la  franchise  (3). 

«  Si  votre  suffrage.  Messieurs,  dispensoil  les  talents  à  celui 
qui  en  est  honoré,  je  n'aurois  à  ce  moment  que  la  voix  de  la 
reconnaissance  à  écouter;  j'allierois  aux  sentiments  naturels 
qu'elle  m'inspire  les  expressions  que  je  tiendrois  de  vous,  et 
mes  craintes  s'évanouiroient  par  la  certitude  de  pouvoir 
parler  votre  langage.  Je  redoute  cette  faveur...  comme 
recueil  où  m'a  précipité  l'excès  de  vos  désirs.  Je  consacrois 
mon  hommage...  à  votre  illustre  compagnie...  en  le  rendant 
à  vos  connaissances  sublimes.  C'est  ainsi  qu'a  pu  se  mesler 
parmi  vous  celui  qui  n'est  fait  que  pour  vous  admirer  ». 

Ce  style  ampoulé,  ces  hommages  mielleux  et  plats,  font 
bien  juger  le  caractère  de  l'homme  qui  savait  flatter  .«es 
semblables  pour  exploiter  leur  vanité  ou  leur  crédulité  au 
mieux  de  ses  intérêts.  Quelque  temps  encore  Guillaume 
fréquenta  a.'isidùment  l'Académie  de  Besançon  ;  à  partir  du 
25  novembre  1760,  il  n'y  reparut  jamais.  Pour  le  comprendre, 
il  faut  retourner  de  quelques  pus  en  ,m ilère  et  découvrir  les 
pratiques  secrètes  auxquelles,  hypuunlement  voilé  pour  tous 
ses  compatriotes,  l'abbé  Jean-Baptiste  Guillaume  restait 
irrémédiablement  livré. 


(1)  lettre  Iranscrile  à  la  séance  Ju  ù  février  1T(iU,  DélUiéraliuni,  II,  70. 

(3)  lErid,,  II,  mw. 


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En  novembre  1759,  le  second  volume  de  YJfUloire  dei 
Sires  de  Salins  paraissait  à  Besançon,  chez  l'imprimeur 
Daclin,  et  l'auteur  le  distribuait  k  ses  protecteurs  et  à  quel- 
ques-uns de  ceux  dont  il  avait  utilisé  les  complaisances.  Ces 
protecteurs,  nous  les  avons  nommés  ;  ces  complaisants, 
c'étaient  les  chefs  des  maisons  de  vieille  origine  qui  avaient 
libéralement  ouvert  aux  recherches  de  Guillaume  leurs 
archives  de  famille  :  citons  les  Bauffremont,  les  Scey,  les 
Moustier  ;  c'étaient  les  villes,  les  abbayes,  où  le  renard  avait 
pénétré  sous  la  fourrure  de  l'hermine.  Partout  la  confiance 
avait  été  la  même,  partout  la  confiance  fut  trompée  ;  sous  le 
prétexte  d'études  désintéressées,  Goillaume,  en  cachette, 
préleva  sur  tous  les  dépôts  dont  on  lui  ouvrit  les  portes  (et 
cela  sans  e^iception),  chartes,  correspondances,  minutes 
notariales,  sceaux  détachés  ;  et  tons  ces  prélèvements  s'opé- 
raient avec  celte  sûreté  de  coup  d'œil,  ce  flair  de  chercheur 
qui  révèle  aux  gens  habiles  ce  qui  est  précieux  parmi  les 
documents  les  plus  rares  Introduit  avec  la  promesse  for- 
melle d'en  dresser  l'inventaire  et  d'en  classer  les  7,000  tes- 
taments avec  un  ordre  rigoureux,  dans  le  dépôt  de  l'Officia- 
lité,  à  l'Hôtel  de  Ville,  Guillaume  s'y  livra  à  un  véritable 
pillage,  et  ce  fut  un  total  de  700  testaments  choisis  qu'il  vola 
sans  pudeur  et  emporta  sous  son  manteau  ecclésiastique. 
Ces  vols  avaient  commencé  dés  avant  1757.  car  la  collection 
de  l'auteur  est  mentionnée  dans  le  tome  I"  des  Sires  de  Sa- 
lins à  propos  d'une  charte  de  1255  (dérobée  au  cliartrier  de 
l'abbaye  cistercienne  de  la  Charité)  (i);  ils  se  prolongèrent 
tant  que  Guillaume  habita  Besançon  ou  Dole,  tant  qu'il  fré- 
quenta les  dépôts  d'archives  de  l'Archevêché,  du  Chapitre, 
du  Parlement  ou  de  la  Chambre  des  Comptes,  où,  sans  mé- 
fiance, on  l'introduisait  librement  et  où  il  se  conduisait 
comme  un  loup  en  bergerie. 

Pour  le  prêtre  et  l'érudit  dévoyé,  tes  règles  de  la  probité 


(1)  Hist.  dei  Sirei  de  Salins,  l,  Preuves,  1G5 


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]a  plus  vulgaire  n'existaient  plus  ;  entraîné  par  l'orgueil,  la 
cupidité  et  d'autres  vices  encore,  masqué  d'une  hypocrisie 
douçùtre  que  trahit  sa  correspondance  et,  son  slyle,  protégé 
d'une  triple  hardiesse  et  du  crédit  de  son  honorable  famille 
ou  de  ses  puissants  protecteurs,  il  put  tout  oser  durant  une 
quinzaine  d'années  dans  son  propre  pays  et  pousser  ses  en- 
treprises, comme  un  corsaire,  soit  en  Bourgogne,  soit  en 
Lorraine,  particulièrement  en  la  Chambre  des  Comptes  de 
Bar,  grâce  au  crédit  du  cardinal  de  Choiseul,  archevêque  de 
Besançon  et  primat  de  Lorraine,  aumônier  de  Stanislas,  ou 
du  prince  de  Baufîremonl,  qui  dut  à  la  fois  le  recommander 
el  le  subventionner  pour  faire  des  recherches  sur  les  origines 
de  sa  famille  (I). 

Les  vices  ne  vont  jamais  seuls  ;  le  vol,  pour  l'abbé  Guil- 
laume, n'avait  rien  de  cette  soi-disant  kleptomanie,  inventée 
comme  tant  de  choses  pour  blanchir  les  coquins  haut  placés 
ou  bien  nés  ;  c'était  pour  en  faire  argent  qu'il  volait  toutes 
ces  chartes,  vendues,  par  ci  par  là,  à  ceux  qu'elles  intéres- 
saient, qui  les  prenaient  et  payaient  de  confiance  ;  c'était 
pour  les  employer,  de  ci  delà,  à  confectionner  des  généalo- 
gies bien  rétribuées  ;  c'était  pour  les  utiliser,  enfin,  de  façon 
plus  coupable  encore. 

Non  seulement  Jean-Baptiste  Guillaume  était  un  voleur; 
il  devint,  et  cela  dès  1758,  sinon  plus  tôt,  un  faussaire  des 
plus  hardis,  des  plus  habiles,  des  plus  dangereux.  Ce  fut 
pour  embellir  les  origines  de  la  famille  de  Bauffremont,  dont 
l'illustration  n'avait  pas  besoin  de  pareille  aide,  el  qui  durant 
longtemps  ne  soupçonna  pas  le  malfaiteur  engagé  à  son  ser- 
vice, que  l'auteur  des  Sira  de  Salîm  confectionna  ses  pre- 
mières chartes  fausses.  Un  maître  de  l'érudition  française, 
que  ses  travaux  et  sa  critique  ont  mis  dès  longtemps  hors  de 
pair,  M.  Léopold  Delisle,  a  découvert  le  fil  de  cette  Intrigue 

|l)  Le  jiritice  Louis  de  BimtTremotit  l'avait  institué  cliapclain  de  sa  cha- 
pelle lie  Saijit-Jean  en  l'église  de  Clairvaui-les-Vaui-d'Ain,  le  26  janvier 
1758  (Pouillé,  G  i,  p.  110,  Arch.  du  Doubs). 


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et  l'a  révélé,  en  i890,  dans  les  Instructions  du  Comité  des 
Travaux  historiques  (Littérature  latine  et  histoire  du  moyen 
âge)  (1).  Le  début  du  faussaire  encore  novice,  mais  cependant 
assez  habile  pour  tromper  des  yeux  mal  exercés,  fut  la  con- 
fection d'un  faux  diplôme  de  l'empereur  Frédéric  11,  quali- 
fiant de  cousin  Liébuud  de  BaufTremont,  l'aïeul  modeste  du 
prince  d'Empire  de  1757.  M.  Delisle  a  démontré  que  le  mo- 
dèle de  ce  faux  avait  été  emprunté  à  un  modèle  authentique 
de  l'abbaye  comtoise  de  Lure,  dont  une  copie  inexacte  a  été 
publiée  par  Schœpflin  dans  son  Alaatia  diplomatica.  J'ai 
retrouvé  depuis  ce  diplôme  original,  soustrait  à  Lure,  dans 
les  papiers  vendus,  en  183tt,  aux  archives  de  la  Côte-d'Or, 
par  les  héritiers  du  larron,  c'est-à-dire  do  Jean-Baptiste 
Guillaume.  Son  texte  n'est  pas  conforme  à  celui  publié  par 
Schœpflin  ;  c'est  la  preuve  que,  pour  détourner  des  soupçons 
possibles,  Guillaume  avait  altéré  la  copie  du  texte  envoyée 
par  lui  à  l'érudit  alsacien. 

Le  diplôme  de  4218  ne  fut  pas  le  seul  faux  commis  au  profit 
de  la  généalogie  des  BaulTremont  par  l'ingénieux  faussaire  ; 
un  faux  diplôme  de  concession  monétaire  de  1168,  découvert 
et  révélé  par  M.  Anatole  de  Barthélémy  enl891,  un  diplôme 
sensiblement  identique  de  1168  pour  l'église  de  Toul  (2),  une 
pseudo-chronique  des  comtes  de  Dagsburg  de  1 180,  et  bien 
d'autres  documents  conservés  dans  des  dépôts  publics  ou 
privés,  ont  été  créés  pour  le  même  objet  et  la  même  fa- 
mille (*). 


(1)  Un  faux  diplôme  de  iempereur  Frédéric  II  (16  man  1318),  n"  35 
des  Inilruction»,  52-^,  p;ir  M.  L.  Delisle. 

(3)  A.  DE  Barthëlehy.  Les  Monnaiei  de  BeaufremonI  (Biblioih.  àe 
l'Ecole  des  Charles,  18»1, 118-128). 

(3)  L.  Delisle,  Un  faux  diplôme  de  Frédéric  U  (voir  ci-d«ssus). 

(4)  i\jt%  juin  175S,  J.-B.  (iuUlaume  adresse  au  prince  Louis  de  BauF- 
Treinonl  le  laiu  diplôme  de  I'218,  avec  une  copie  cerliliée;  il  a  prb  la  pré- 
caution d'eu  faire  Taire  une  seconde  pour  les  archives  du  prin<'«  el  de  Taire 
enregistrer  le  document  au  greffe  el  dans  les  registres  du  conlrdle.  > 
(L.  Delisle.) 


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A  cet  exercice  l'habileté  du  faussaire  ne  flt  que  croître. 
Choisir  parmi  te  trésor  de  ses  pillages  un  modèle,  texte  et 
écriture,  adapté  à  l'époque  où  son  imagination  créait  un  an- 
cêtre nécessaire  à  tel  ou  tel  particulier  ;  reproduire  avec  une 
perfection  relative,  ligne  pour  ligne,  trait  pour  trait,  la  pres- 
que totalité  de  l'acte  en  insérant  au  milieu  les  noms,  pré- 
noms, qualités  du  personnage  imaginaire;  avoir  de  plus  la 
précaution  d'indiquer  presque  toujours  de  qui  il  était  lils  ou 
père,  pour  gagner  d'un  coup  ti-ois  degrés;  insinuer  parmi  les 
témoins,  outre  quelques  dignitaires  ecclésiastiques  authenti- 
ques ou  vraisemblables,  quelques  noms  fantaisistes  de  che- 
valiers ou  d'écuyers  comtois,  amorces  de  généalogies  en  pré- 
paration ou  en  expectative,  telle  était  la  méthode  de  Jeao- 
Daptiste  Guillaume.  Comme  matière  première,  il  emploie  du 
vieux  parchemin,  poncé  parfois  du  cdté  du  texte  (en  laissant 
au  dos  quelquefois,  le  plus  souvent  en  reconstituant  au  dos 
de  vieilles  cotes  d'inventaire),  ou  plus  rarement  du  papier  ar- 
raché à  quelque  registre  ;  il  le  fait  maladroitement,  du  reste, 
car  Guillaume  ignorait  la  science  moderne  des  filigranes. 
L'encre  est  brunâtre,  jaunâtre  ou  rougeâtre,  quelquefois  vio- 
lette, assez  mal  confectionnée  du  reste,  et  trahissant  souvent, 
jointe  à  l'imperfection  des  tracés  d'écriture,  et  l'omission  de 
fréquentes  abréviations,  la  main  criminelle  et  maladroite  du 
faussaire,  toujours  exposé  à  se  trahir  par  quelque  endroit. 
L'habileté  de  Guillaume  allait  pourtant,  guidée  par  sa  pré- 
voyance et  par  sa  connaissance  très  réelle  d'une  foule  de 
particularités  techniques,  jusqu'à  recueillir  et  suspendre  à  ses 
Charles  fausses  des  sceaux  dérobés  à  quelque  charte  vraie, 
afin  de  les  authentiquer  ;  témoin  ce  sceau  d'Hugues  d'Apre- 
mont  suspendu  à  une  charte  fausse  de  1218  que  nous  don- 
nons en  copie  et  au  corps  de  preuves  de  cette  étude. 

Mais  fabriquer,  pour  les  négocier  et  les  vendre,  dus  chartes 
fausses  en  clierehant  à  valider  leur  aspect  par  tous  les  carac- 
tères intrinsèques  de  la  matière  et  tous  les  caractères  ex- 
trinsèques du  libellé  et  de  la  rédaction,  ne  suffisait  pas  à 


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l'industrie  du  faussaire.  Il  alla  plus  loin  et  eut  l'audace  de  les 
fabriquer  en  double,  en  triple  même  et  d'en  déposer,  après 
avoir  altéré  leurs  cotes  aussi  bien  que  leur  texte,  dans  des 
dépôts  d'archives  publiques  ou  privées,  comme  le  coucou 
dépose  ses  œufs  dans  des  nids  étrangers.  Et  alors  on  vit  les 
greffiers  de  cours  souveraines,  comme  celui  de  la  Chambie 
des  Comptes  de  Bar,  les  notaires,  les  lieutenants  généraux 
des  bailliages  royuux,  comme  ceux  de  Besançon,  Salins,  ou 
Dole,  délivrer  à  la  demande  des  familles  des  copies  authen- 
tiques des  faux  confectionnés  par  l'abbé  Guillaume.  Ce  pro- 
cédé, employé  par  Guil  laume,  était  prudent  car  si  certaines  des 
fausses  chartes  étaient  réellement  fort  bien  imitées  (je  pour- 
rais citer  «les  paléographes  de  premier  ordre  qui  devant  moi 
s'y  sont  trompés)  beaucoup  péchaient  par  le  détail  de  l'écri- 
ture, la  rédaction  du  libellé,  l'oubli  de  certaines  abréviations, 
la  couleur  de  l'encre,  le  choix  du  parchemin.  (On  sait  en  effet 
que,  suivant  les  époques,  l'épaisseur  et  la  couleur  des  peaus 
varie  de  telle  façon  qu'on  peut  supputer  à  peu  près  exacte- 
ment le  siècle  de  tel  ou  tel  parchemin  privé  de  contexte).  Ces 
chartes  étaient  pourtant  le  produit  d'un  travail  acharné  (Je 
n'oserais  dire  consciencieux),  car,  par  des  essais  d'imitation 
de  textes  originaux  (dont  il  nous  reste  des  spécimens  en 
marge  ou  interligne  de  textes  authentiques),  le  faussaire 
préludait  toujours  au  tracé  déflnitifde  ses  contrefaçons. 

ï5i,  dès  1754,  Guillaume  se  livrait  au  vol  et  tirait  parti  des 
testaments  de  l'ufficialité  de  Besimcon  en  les  donnant  à  ses 
protecteurs  ou  en  les  vendant  s'il  trouvait  preneur  (nous  en 
avons  la  preuve  dans  une  lettre  du  9  mai  1754  ofi  il  expédie 
au  marquis  de  BaufTremont  des  testaments  de  la  maison  de 
rtye  intéressant  la  maison  de  Vienne  et  par  suite  sa  ligne  di- 
recte) |l)  sa  fabrication  de  faux  documents  avait  commencé 

(!)  Ci^tlii  letlre.  moins  l'adresse  du  deslinaUlre,  que  le  contexte  rouniil 
im|>Ui:ittï[ lient,  a  été  pulilicc  par  M.  UlySEje  Robprt  dnns  une  note  sur  les 
Ttistuinenls  de  ^O^il;ialitl^  du  Besançon,  païue  en  1801  iÀnmtltt  franc- 


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dès  1758  au  plus  tard.  Nous  en  avons  la  preuve,  à  la  date 
(lu  1"  juin  1758,  dans  une  copie,  certifiée  par  Bonne,  d'une 
fausse  mention  insérée  dans  l'Obiluaire  original  de  Saint- 
Paul  de  Besancon  H).  Ou  {jeut  encore  s'en  convaincre  simple- 
ment en  lisant  au  tome  U  des  Sirea  de  Salini,  p.  201-208,  la 
généalogie  plus  que  suspecte  de  la  maison  de  Portier-Frolois 
dont  tous  les  degrés,  anléiicurs  au  xvii»  siècle,  sont  invaria- 
blemenl  falsifiés  ou  mieux  ciéés  de  toutes  pièces  au  moyen 
de  chartes  fausses  fabriquées,  en  échange  sans  doute  de 
beaux  deniers  comptants,  par  ce  maltre-l'ourbe  qui,  pour 
mieux  tromper  les  gens,  venait  d'entrer  dans  les  ordres  ! 

Cette  généalogie  de  Portier-Frolois  mérile  qu'on  s'y  ar- 
rête, car  elle  constitue,  par  la  méthode  de  sa  confection  et  la 
variété  des  documents  fabriqués  pour  l'établir,  une  des 
charges  les  plus  écrasantes  pour  l'inculpé,  dans  l'acte  d'ac- 
cusatiun  qu'au  nom  de  la  vérité  nous  rédigeons  aujourd'hui. 

Vere  1750,  vivait  à  Salins  un  tout  petit  gentilhomme, 
Etienne -Adrien  Portier,  seigneur  de  Saint-Georges,  écuyer, 
qu'un  riche  mariage  avec  la  lille  d'un  chevalier  d'honneur  h 
la  Chambre  des  Comptes  de  Dole,  Jeanne-Christine  Poly, 
dame  de  Saint-Thiébaud,  avait  grisé  en  lui  faisant  espérer, 
baronnie,  comté,  peut  être  marquisat.  L'abbé  Guillaume  que 
ses  recherches  d'histoire  amenaient  journellement  à  Salins, 
que  l'emploi  de  son  père  h  la  Chambre  des  Comptes  de  Dole 
recommandait  autant  que  sa  propre  soutane,  tlalta  le  bon- 
homme, donna  place  dans  son  Nobiliaire  aussi  bien  aux  va- 
nités rétrospectives  de  M™'  Portier,  en  embellissant  sans 
vergogne  lu  généalogie  des  Poly  (2>,    qu'aux  vanités  nais- 


(1)  Fol  106.  vol.  62,  (gads  Jours» nvault  (auj.  Nouv.  Acq.  Tr.  fno<>,  B.  N.). 
V.  auïsiïol.  ailN.  Acq-jn(Ki),  fol.  108ï°,  et  .Xcal.Dec.  »,  ObU.  S.Paul. 

(2)  Il  existe  un  tirage  ù  purt  de  celte  GciiëalOBie  de  la  maison  de  Puly, 
p.iru  en  ilm,  sous  ce  tîlrc  :  ■  Génsalogie  de  la  maison  de  l'OLY  de 
Saint-Thiebaud.  A  Hes:uH:iiii,  Ile  l'imprimerie  de  Cii.  Jos.  Dacmn.  im- 
primeur du  Itoi.  de  rAuadéime,  etc  k.ikc.lxviii.  •  8  p  iii-4-  ;l).  N.  N'ouv. 
Acq.  fr.  8829,  1M-H7). 


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santeit  des  Portier  de  Saint  Georges  rattachés  à  la  race  féo- 
dale des  Frolois  de  Bourgogne,  bâtards  ou  cadets  des  anciens 
ducs  de  cette  province.  Ebauchée  en  i759,  cette  généalogie 
des  Frolois,  basée  déjà  surquinze  documents  faux  créés  pour 
)a  circonstance,  ne  satisHt  qu'à  moitié  M.  de  Saint-Georges. 
Jusqu'en  1778,  Jean-Baptiste  Guillaume  l'améliora,  la  déve- 
loppa, l'étayunt  par  plus  de  trente  chartes  fausses,  de  1140  à 
1636,  mettant  en  bonne  posture,  sous  tous  les  règnes,  de 
Itainaud  Ul  aux  archiducs  Albert  et  Claire-Eujïénie,  comtes 
de  Bourgogne  en  1620,  tous  les  pseudo-ancêtre»  d'un  reje- 
ton très  avéré  des  portiers  des  salines  salinoises.  Dans  le 
dossier  réum  dans  nos  preuves,  on  trouvera  tout  Is  détail  de 
cette  insigne  supercherie  qui  fit  scandale  quand,  à  la  fin  du 
XVIII'  siècle,  la  vérité  apparut,  et  dont  le  ridicule,  à  défeal 
d'une  sanction  plus  sévère  retomba,  en  Franche-Comté,  sur 
M.  Portier  de  Saînt-Geoi^es  cruellement  (rompe  dans  son 
ambition,  et  frappé  dans  ses  espérances,  car  il  n'eut  que  des 
filles  el  eut  le  chagrin  de  leur  survivre.  N'avait-il  été  que  la 
dupe  de  l'abbé  Guillaume  'i  n'avait-il  pas  été  quelque  peu  son 
complice  '/  des  témoignages  contemporains  semblent  inclioer 
vers  la  seconde  solution  (<).  En  tous  cas,  la  responsabilité  de 
Guillaume  reste  entière,  car  ce  qu'il  avait  fait  pour  les  Por- 
tier, il  l'avait  fait  aussi  pour  les  Buuffremont,  pour  les 
Mauclerc,  pour  les  Ludres,  pour  d'autres  encore,  en  matière 
de  généalogies,  n'hésitant  pas  à  introduire  dans  des  depuis 
d'archives  des  actes  frauduleux  qui  devaient  fausser  la  chro- 
nologie et  travestir  mainte  page  de  l'histoire  comme  cet  acte 
grotesque  de  I3(>1 ,  des  archives  de  Lure,  oii  Rodolphe  IV, 


(1;  •  Craiiile  [jarlie  desdis  registres  »  élé  enlevée  on  it^hirëe  par  ànU- 
milles  eïi'.liiiiti's,  qui  ont  inlerest  à  te  <|ue  l'nii  ne  conimis.-*  pas  ïohfm 
de  leurs  nni:éli'eN,  eiilre  autres  le  s' l'oiirlier  de  S;iitil-Gcoi-i!e!i.  qui  i  w- 
levë  ou  ticéri  les  retiislres  cmitenanl  plus  de  8flaiisàdilTérenlesépoqu»  • 
Noie  de  Verhieh  d'Usier  dans  le  ins.  ii*  Hm.  fol.  30  \-°,  de  la  Hibl,  H 
Besançon,  eoiilennuL  des  onlrjits  des  reg.  muii.  de  Salins  —  Ce  ms.  »  *" 
atUibué  à  tort  à  J.-B.  Bécliet  p^r  le  rédacteur  du  Cabd,  des  MuiuscriU- 


,.GoogIc 


duc  d'Autriche,  vante  les  vertas  de  la  ch&sse  de  Saint-Co- 
lombier pour  guérir  les  rages  de  dénis  Hi  !  Sans  entrer  plus 
avant  dans  le  détail  d'aussi  odieuses  pratiques,  une  conclusion 
nécessaire  impo8era,d'une  part,  aux  érudlts  qui  consulteront 
et  citeront  VHisloirc  des  Sires  de  Salins,  une  salutaire  mé- 
fiance ;  de  l'autre,  à  tous  les  chercheurs  de  trois  provinces  : 
Bourgogne,  Franche-Comté,  Lorraine,  un  examen  critique 
des  plus  sérieux  chaque  fois  qu'ils  pénétreront  dans  un  fonds 
d'archives  où  Guillaume  aura  mis  la  main  et  déposé  quel- 
qu'une de  ses  falsifications  dangereuses. 

I!I 

De  1761 ,  où  il  cessa  d'habiter  Besançon  d'une  façon  régu- 
lière pour  errer  à  sa  fant^iisie  de  Paris  à  Verdun,  de  Dole  à 
Salins,  volant  par  ci,  vendant  par  là,  cédant  à  la  Bibliothèque 
royale,  en  ilQ'Z,  1763  et  1777  une  partie  du  fruit  de  ses  ra- 
pines, écume  dans  les  dépôts  de  Bourgogne,  Franche-Comté, 
Lorraine  et  Barrois,  l'abbé  Guillaume  n'a  plus  qu'un  but, 
abandonner  la  Franche-Comté  ofi  personne  ne  le  soupçonne 
et  où  dix  ans  plus  tard  son  éloge  est  encore  dans  toutes  les 
bouches  (2),  obtenir  quelque  emploi  conforme  à  ses  aptitudes, 
de  préférence  dans  la  capitale,  où  il  pourra  satisfaire  ses 
goâts  dispendieux  et  trouver  un  théâtre  digne  de  ses  ambi- 
tions.  Nous  l'avons  vu,  en   1758,   par  l'intermédiaire  du 


(1)  Voir  ce  telle  impr.  aux  Preuves  n°  xviii  du  Mémoire  sur  Lurt,  de 
l'Hbbë  Besson,  p.  214.  Voir  aux  Archives  du  Doubs  les  registres  B  10(3  et 
lOi?  (Purlemenl),  fol.  8  du  premier,  fol.  63-102  du  secoud,  contenant  des 
înlerpolalions  de  Guillaume,  dans  l'inlérét  de  la  généalogie  Poi'tier. 

(S)  «  Pei^ûnne  avant  U.  l'abbé  Guillaume  n'avait  été  asset  courageux 
pour  y  faire  îles  fouilles  suivies  [dans  les  Testaments  île  l 'officiai! lé J,..  il  le 
fît  aveu  l'activité  qu'inspire  la  noble  ardeur  de  se  rendi'e  utile  à  ses  conci- 
toyens; le  public  vil  avec  reconnaissance  combien  il  était  reilevuble  à  ses 

travaux;  chncun  applaudit  a  ses  découvertes »  (D.  Berthod,  Discours 

sur  la  Table  îles  Testaments  de  1  OfUcialité,  S  Janvier  1771,  col.  Droi,  Bibl. 
de  Besançon.) 


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—  236  - 
prince  de  Bauffremont,  solliciler  un  bénéfice  au  diocèse 
d'Orléans  de  M^^  de  Jarenle  de  La  Bruyère.  La  même  in- 
fluence rocommani^era  utilement  ses  mérites  el  quelques 
exempliiires  de  VHiitoire  dea  SircK  de  Salins,  dont  il  rema- 
nia le  litre  en  1782  en  remplaçant  par  le  noPH  de  •  M.l'ubbé 
de  Gevigney,  «  écuyer,  le  oom  roturier  de  Guillaume  (■),  pla- 
cés entre  bonnes  mains,  lui  valent  le  titre  de  généalogiste 
des  comles  de  Provenez  el  d'Arlois,  aclieinincinenl  vers 
une  |ilus  liuute  furlune  Le  voilà  bien  placé  pour  exploiter 
la  oonliancc  publique  et  devenu  dispensateur  d'emplois  et 
défaveurs,  en  étant  préposé  à  lu  vérilication  des  titres  no- 
biliaires; et  des  quartiers  des  candidats,  il  peut  impunément 
battre  monnaie  sur  lu  générosité  des  quémandeur^!  des 
hautes  classes. 

Il  garde  peu  de  relations  avec  son  pays,  avec  ses  compa- 
triotes, sinon  avec  ses  proches  ;  en  177r>,  le  bénédictin  dom 
Uerthod,  Taisant  à  Paris  son  premier  voyage,  est  prié  |Kir  le 
conseiller  Droz,  l'érudit  secrétaire  de  l'Acadéiuie  de  Besan- 
çon, d'aller  voir  l'abbé  Guillaume  et  de  lui  demander  cer- 
tuins  renseignements  d'archives.  Et  dom  Berthod  de  s'excu- 
ser prudemment.  ■■  On  estime  ici  M.  BInndeau,  le  généalo- 
giste, à  cause  de  sa  probité.  Je  voudrais  qu'on  pensât  de 
mémo  de  certains  de  nos  compatriotes  dont  des  gens  en 
place  m'ont  beaucoup  parlé.  Je  ne  les  ai  pas  vus  à  cause  de 
Cfla  »  (21. 

(;elte  réticence  en  dit  long,  Guillaume,  dont  l'apprentiS' 
.siige  a  été  si  brillant  au  pays  natal,  continue  sans  doute  à 
grand  profit  et  ses  vols  el  ses  faux,  mais  son  crédit,  ménagé 
par  d'habiles  flalteurs  el,  qui  sait?  par  des  services  en  appa- 


(1)  Hiatoim  généalogique  de»  Sires  de  Satina  au  comté  de  Ba-trgog«- 
Bvei;  lies  iiolp.-  liisloriques  cl  gi^ni>;ili)giqiies  sur  lonciejiiie  nolilusse  il 
cetlB  j.i-»ïimv,  |Kir  M.  YM,é  m  C.KViiiNKï.  .le  IAL'nci.imie  îles  N-iciicps  . 
Helles-lrfîllreiide  ilcuiini-iin.  A  Itcsaiiroii,  chez  Uai-ltu..   M.ucc.r.TXXii. 

(3;  J.  0.viiTiir»:H,  U  Coiiiuiller  Proz  {JittU.  de  i'Acad.  Uk  Bimaafoi 
1890,  Iti). 


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rence,  grandit  et  survit  aux  bruits  fâcheux.  En  1773,  le  gé- 
néalogiste îles  maisons  et  écuries  de  Monsieur  et  tlo  comte 
d'Artois  obtient  la  survivance  de  Consei'vateur  des  titres  du 
Cabinet  du  Roi  à  la  Bibliothèque  royale.  En  1779,  il  succède 
dans  cette  charge  iinpoilaïUe  à  l'abbé  de  La  Cour,  mort  le 
7  avril  ;  le  voilà  nanti  d'un  traitement  de  3,000  livres  outre 
500  livres  d'indemnité  ilc  logement  W.  Cette  immixtion  d'un 
forban  dans  une  charge  qui  exige  l'honorabilité  la  jilus  en- 
tière et  la  plus  scrupuleuse  délicatesse,  fut  le  signal  de  la- 
mentables dilapidations.  Volumes  et  dossiers  contenant  d'in- 
calculables richesses  étaient  livrés,  sans  contrôle  possible, 
au  bon  plaisir  du  nouveau  conservateur,  et  Dieu  siitt  s'il 
était  capable  d'en  user.  En  1784,  l'administration  supérieure 
ouvrit  les  yeux  :  seize  volumes  du  fon'ls  Gaignières,  l'un  des 
plus  précieux  trésors  de  la  Bibliothèque,  avaient  disparu.  Le 
voleur  est  inconnu,  une  procédure  criminelle  est  commen- 
cée au  Châtt'lel,  et  soudain,  les  conclusions  des  mugisirats 
enquêteurs  signalent,  comme  ayant  commis  le  vol,  le  conser- 
vateur du  Cabinet  des  titres.  Guillaume  s'enfuit,  criblé  de 
dettes,  on  étouffe  le  scandale  on  ne  sait  sur  quelles  dé- 
marches, et  désormais  le  nom  de  Jean-Baptiste  Guillaume  de 
Gevigney  reste  à  jamais  rayé  de  la  liste  des  honnêtes  gens  (2). 
Des  volumes  de  généalogies,  qu'il  a  donnés  en  paiement  à 
un  rondeur  de  caractères  d'imprimerie,  entrent  dans  la  col- 
lection de  dom  Brial,  mais  ses  propres  manuscrits,  trenle 
volumes  environ  de  noies,  de  copies  de  textes  d'histoire 
comtoise,  qui  témoignent  de  sa  compétence  et  de  son  éru- 
dition, lui  restent  avec  des  dossiers  ccmsidérables  de  chartes, 
de  diplômes,  de  correspondances  concernant  les  affaires  po- 


il, Voir  I.e  Biidgel  de  la  Ribliûllihiue  du  Roi  en  1783,  par  M.  K. 
BouiiNON,  liuas  la  Correspondance  Historiq.  de  18<J9.  %KI-3iM. 

(Sj  M.  L.  Deliïle  u  donné  leâ  ilëtiils  k<s  pliiï  \w6ài  et  les  plus  couvain - 
cainis  sur  les  inérail^  de  l'abV  Giiïllluutne  li  la  BlUiutlièquc  roy.ile,  dans 
le  Cabinet  de»  Manuicritt  do  la  Bibliolhèque  nalioaale.  1.  r>i8;  II,  55i, 
53(j;  Ul,  375.  Nous  ne  faisons  ici  que  le»  lui  einpiuiUer  sans  y  rieu  ajouter. 


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litiques  ou  ies  intérêts  privés  des  grandes  compagnies,  des 
grandes  familles,  des  bénéfices  el  des  abbayes  du  Comté  de 
Bourgogne,  avec  desarmoriaux,  des  preuves  généalogiques 
pillés  en  Bourgogneou  ea  Barrois 

Chassé  de  la  Bibliothèque  royale  en  1784,  gracié  en  fait, 
mais  à  jamais  flétri,  que  devint,  de  septembre  1784  à  dé- 
cembre 1794,  où  nous  le  trouvons  paisible  rentier  à  Dijon, 
l'ancien  conservateur  du  Cabinet  des  titres? 

En  1774  vivait  à  Beaune  et  dans  un  château  du  voisinage 
un  riche  propriétaire  nommé  Ganiare  de  Joursanvault,  col- 
lectionneur d'estampes  et  de  dessins  originaux  dont  Cour- 
tépée  et  Béguillet,  dans  leur  description  de  la  Bourgogne, 
parue  cette  môme  année,  vantaient  les  trésors.  Sa  maison 
était  hospitalière  ;  sa  cave  était  aussi  bien  montée  que  sa 
bibliothèque,  au  dire  de  dom  Grappin  qui  les  alla  consulter 
toutes  deux  vers  1780  (l).  Or,  cette  bibliothèque  et  ce  cabinet 
d'estampes  s'accrurent,  dans  les  vingt  dernières  années  du 
XVIII'  siècle,  d'une  merveilleuse  série  de  3,638  dossiers,  com- 
prenant sur  l'histpire  nationale  et  sur  l'histoire  princiale  de 
la  France  un  ensemble  sans  précédent  (2).  Quand  on  publia, 
en  1838,  l'inventaire  trop  sommaire  de  tous  ces  trésors, 
livrés  au  hasard  d'une  vente,  on  s'aperçut  qu'un  noyau  de 
100  dossiers  concernant  la  Bourgogne,  de  140  dossiers  con- 
cernant la  Franche-Comlt!  et  de  7  ù  8  dossiers  environ  concer- 
nant le  Barrois,  semblaient  former  une  des  catégories  les  plus 
remarquables  de  la  collection  Joursanvault.  tixaminécdeplus 
près  par  ceux  qui  peuvent  le  mieux  discerner  la  provenance 
des  documents  historiques  enlevés  h  leur  sol  natal,  cette 
triple  série  n'est  autre  chose  que  la  collection  particulière 


(1)  Dom  Grappin  s'est  laissé  prendre  aux  Taux  de  Guillaume,  et  leur  a 
emprunté  une  citation  conccrnanl  un  certuiii  comte  Bené  de  Portier- 
Frolois,  '|ui  se  serait  distingué  à  Maniay,  en  1595,  on  chargeant  les  soldats 
de  Tremblecoiirl !  V.  dom  Grappin.  Guerrai  da  XVI'  «îècte,  li7. 

(■2)  V.  le  Catalogue  de»  Archivet  dt  U.  U  baron  d«  Jouraanoautt.  par 
[de  Gaulle],  1&»,  Techener,  8  vol.  iii-(!'. 


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formée  par  Jean-Baptiste  Guillaume,  tant  par  son  labeur 
personnel  :  recueils  de  notes  et  de  texteâ,  que  pur  ses  vols, 
accomplis,  comme  nous  l'avons  raconté,  dans  tous  les  dé- 
pôts dont  on  lui  avait  permis  l'entrée  ou  confié  les  clefs. 

Guillaume  a  donc  été  le  pourvoyeur  du  baron  de  Joursan- 
vauit,  en  lui  vendant,  sans  doute  à  haut  prix,  au  lendemain 
de  son  expulsion  de  la  bibliothèque,  ses  chartes  et  ses  ma- 
nuscrits. De  là  à  le  soupçonner  d'être  devenu  son  commen- 
sal, son  bibliothécaire  particulier,  le  raccoleur  qui  alla  ra- 
masser dans  tous  pays,  aux  jours  sombres  de  la  Révolution 
et  de  la  Terreur,  dans  la  boue  et  dans  le  sang,  les  débris  des 
chartriers  voués  à  la  destruction  et  vendus  à  vil  prix  à  qui 
les  voulait  prendre,  il  n'y  a  qu'un  pas.  La  besogne  était 
digne  de  Jean-Haptiste  Guillaume  et  le  rapprochement  des 
articles  du  catalogue  Joursauvault  avec  la  collection  person- 
nelle que  Guillaume  conser\a  jusqu'à  sa  mort  et  dont  nous 
parlerons  plus  loin,  justifie  nos  soupçons,  en  attendant  que 
le  hasard  les  confirme  quelque  jour  d'une  façon  indiscutable. 

Quand  la  Révolution  arriva,  délivrant  Guillaume  des  ter- 
reurs qui  devaient  l'assiéger,  quand  il  pensait  aux  comptes 
qu'il  pouvait  avoir  à  régler  avec  la  justice  de  l'ancien  régime, 
celui-ci  avait  dès  longtemps  renié  te  caractère,  les  mœurs 
et  sans  doute  abandonné  le  costume  de  prêtre,  qu'il  avait 
déshonoré. 

Prôta-t-il  le  serment  ?  peu  importe  ;  en  tous  cas,  à  Dijon, 
oîi  il  habitait  au  moment  de  la  Terreur,  il  épousa,  le  i9  dé- 
cembre 1793  (2i)  frimaire  an  il),  .sa  domestique,  Françoise 
Truchot,  de  Percey -le- Petit,  district  du  Langres,  elle  17  jan- 
vier 1794  (28  nivôse  an  II),  sa  jeune  femme  lui  donna  un 
fils,  qu'il  appela  Narcisse,  se  conformant  au  nouveau  calen- 
drier ;  Guillaume  avait  alors  65  ans. 

Huit  ans  après,  le  8  septembre  1802  (22  fructidor  an  X), 
l'homme  qui  avait  renié  toutes  les  traditions  d'une  famille 
honorable,  mourait  à  Dijon  ;  sa  postérité  masculine  B'e.st 
éteinte  tragiquement,  son  nom  reste  profondément  oublié. 


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—  240  — 
Mais  l'heure  de  tiétrir  sa  conduite  et  de  démasquer  ses  im- 
postures est  venue,  ne  fût-ce  que  [jour  empêcher  la  race  né- 
faste des  Guillaume,  des  Libri  et  des  Chavin  de  Malans  de 
recommencer,  au  détriment  de  la  science  et  du  paliimoine 
national,  d'aussi  coupables  agissements. 

En  1 838,  la  collection  du  baron  de  Joursanvault  fut  vendue 
à  Paris,  par  les  soins  du  libraire  Techener  ;  les  dossiers  con- 
cernant la  Qourfiogne  et  la  Franche-Comté  forent  achetés 
par  M.  de  Laubespin,  dont  le  fils  les  a  cédés,  en  1881  (moins 
les  écrits  personnels  de  Guillaume),  ii  la  Bibliothèque  natio- 
nale, où  ils  occupent  à  l'heure  présente  plus  de  cent  volumes 
des  Nouvelles  Acquisitions  françaises  (l|. 

En  1839,  M.  Maillard  de  Chambure,  archiviste  de  la  Cùle- 
d'Or,  a  racheté  des  héritiers  Guillaume  treize  portefeuilles 
contenant  des  documents  originaux  sur  la  Bourgogne,  le 
Barrois,  la  Franche-Conilé. 

Le  surplus  des  papiers  et  des  documents  provenant  de  la 
môme  source  impure  avait  été  recueilli,  entre  iSffi  et  1830, 
par  M.  de  Dombasic  de  Meixmoron,  un  collectionneur  dijon- 
nais,dont  les  portefeuilles  se  sont  vendus  depuis  trente  ans, 
à  diverses  reprises,  tant  à  Paris  qu'à  Dijon  ;  les  archives  de 
laCùle-d'Oret  du  Uuubs  en  ont  recueilli  les  dernières  épaves. 

C'est  en  feuilletant,  en  étudiant  ces  divers  fonds,  que  j'ai 
préparé  à  la  longue  celte  courte  étude,  que  pourraient  gros- 
sir nombre  de  faits,  de  confrontations  et  d'additions  très 
sugRostifs.  Ils  ne  feraient  que  confirmer  la  thèse  surabon- 
damment prouvée  déjà,  par  laquelle  j'ai  cherché  à  faire  com- 
prendre le  mal  fait  à  l'histoire  et  aux  collections  historiques 
de  la  Franche-Comté  et  de  la  France,  |*ar  le  malfaiteur  dan- 
gereux qu'était  Jean  Baptiste  Guillaume  de  Gevigney,  et  le 
danger  qu'il  y  a  à  se  fier  aux  écrits  d'un  voleur  et  d'un  faus- 
saire. 


(1)  Lfis  cciU  cinquante  volumes  Jii  funJs  Joursaiivaull  sont  fonilus 
les  n°<  8T03-tl8J3  ikt  Nouvelles  Acquisitions  TraiifaiseM 


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PIÈCES  JUSTIFICATIVES 


A.  —  Actes  d'état  civil  et  correspondance!)  de  Jean-Baptiste 
GnUlanne  (1739-18031. 


i.  —  Aet«  da  nalaumae  de  J«aa-Baptlste  Ouillaume, 
—  Besancon,  30  janTier  1729. 

Juaniies-Baptisla,  (llius  domini  Hiigonis-Joseplii  Guillaume  et 
doniicell»  Joan nue- Claudia;  Puulier  conjuguni,  nalus  die  vige- 
sima  mensis  januarii  uniii  millesinii  septiiiKenlesimi  viKesimi 
noni  et  die  sequenti  bitptisatus,  domino  Joanne  Guillaume  et 
domioellà  Joaniie-Baplistà  Doriii  per  Clarani-Franciâcuiu  Pou- 
tliier,  susceptoribus  (proche  les  PP.  Jésuites). 

GONON,  can.;  H.-J.  Guillaume;  J.  Guillaume; 
C.-F.  Poutieb;  Bonnefoy. 

{V  347  du  Reg,  paroissial  Je  Sainle-Madultine,  I719-1!)79  [Bibl.  pubtiiiue 
de  Baançon.} 


2.  —  Ii«ttr«  ds  Gnlllaume  obargeant  Is  P.  Duaand,  capucin, 
d«  négooter  la  vanta  de  testamenu  |  volé»  dana  le  fonds) 
de  rOfflolalitA  de  Besançon.  —  IIpsiikoii.  ^  juin  iT&i. 

ïiiùSKNÇOti.  Au rioéiend  Père  le  trè»  ràvérend  Père  Joseph-Marie 
Dunand  religieux  capucin  el  vicaire,  à  Seurre,  par  Dole. 

A  Besançon  le  22  juin  1700. 

C'est  \cy,  mon  très  révérend  père,  lu  pr^miùre  lettre  qu'écrit 
une  personne  qui  n'est  pas  sorti  dit  III  depuis  trois  semaines  ; 
j'ay  éprouvé  tous  les  secours  insufisans  de  la  médecine  pour 
une  inllamalion  dans  l'estomac  et  je  ne  dois  mon  rélablissemeut 
qu'à  un  régime  exaet  et  à  la  bonté  de  mon  tempérament. 

Je  crois  que  je  ne  flniray  rien  avec  le   sf  Desvenles,  je  n'en 

ay  plus  de  nouvelles  el  la  dernière  lettre  qu'il  vous  a  écrit  me 

rebute  de  traitler  avec  luy.  Si  vous  pouviés  me  procurer  quel- 

qu'autre  débouché  je  vousaurois  beaucoup  d'obligations  n'ayant 

il 


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rien  tant  a  cœur  que  de  me  défaire  du   restant   de  mon  édi- 
tion t;. 

Il  faut  que  vous  me  rendiés  un  senice  pour  lequel  je  pense 
que  vous  n'aurt-s  poini  de  répugnance:  j"ay  dix  lesLamens  ori- 
ginaux de  la  maison  de  Gfammonl,  que  j'avais  toujours  eu  des- 
sein de  donner  tirai uiiement  à  H.  de  Grammont;  néanmoins 
m'ayanl  refusé  l'année  dcrniëceune  grâce  que  jeluy  demandois 
j'ay  résolu  de  lirer  parti  de  ces  lilres.  J'ay  pensé  en  consé- 
quence que  vouç  pourries  Uiy  écrire  à  Besançon  où  il  est  et  luy 
man>ler  qu'une  personne  de  Dijon  a  ces  lilres  et  qu'elle  les  luy 
remellra  pour  six  louis,  qu'elle  vous  a  chargé  de  luy  en  faire  la 
proposition  ;  il  n'aura  aucun  doute  qu'ils  viennent  de  inoy  ne 
luy  ayant  jamais  témoigné  en  avoir  un  seul  ;  il  vous  aura  sûre- 
ment obligation  de  cette  découverte,  étant  fort  empressé  de  re- 
tirer tous  les  lilres  de  sa  maison.  Ecrivés-moy,  je  vous  prie  si 
vous  pouvès  faire  celte  commission.  J'ay  aussi  des  lestamens 
de  la  maison  de  Vienne  que  M.  de  Courbouson  a  proposé  il  y  a 
un  un  et  plusa  Madame d'Antigny  d'acquérir,  ce  qu'elle  a  remis 
a  un  autre  tems  ;  vous  m'avës  dit  que  vous  conserviés  quelques 
relations  avec  elle,  ne  pourriés-vous  pas  l'i-n  faire  ressouvenir? 

Uien  ne  peut  égaler,  mon  1res  révérend  père,  l'attachement 
que  je  vous  ay  voué  et  les  sentiments  de  la  plus  inviolable  et 
constante  amitié. 

l'abbé  Guillaume. 

(Oi'ig.  papier,  scellé il'un  cachet  îirmoriS  (Irais  cmis^lles  ancrées);  fonds 
Uuiianii,  liibt.  publiiiiie  de  Hetancon.) 

3.  —  Lettra  da  OuiUknm»  au  marquis  de  HoatriohArd  pour 
■olUolter  ISS  bons  ot&oo»  auprès  de  Caylui.  —  Paris,  H  juin 
1763. 
fnANi:KR-COMTË.  A  moniteur  monsieur  U  marquis  de  lionlri- 
cliard  de  l'Acadimie  des  Uelle^-Litltres  de  Besançon,  en  km 
hôtel  à  Lona-leSaunier. 

A  Paris,  rue  Mazarine,  le  3  juin  1783. 
Monsieur, 
C'esi  avec  toute  lu  joye  possible  que  j'ai   reçu  de  vos  nou- 

(I)  Il  s'iigit  ici  de  Vllistoire  des  Sires  de  Salins,  en  deux  vol.  in-i°,  pu- 
blii!e  par  Guillnurne.  à  l..ans-le -Saunier,  chet  l'imprimeur  Delhome.  en 
1757-17D8. 


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velles  qui  m'ont  appris  que  vous  jouissiés  d'une  sanlé  heureuse 
et  que  les  lettres  fyisoient  toujours  une  de  vos  plus  agréables 
occupations;  la  Cour  ne  peut  fairp  un  meilleur  choix  en  vous 
nommant  pour  chef  de  la  Société  d'Agriculture  qu'rlle  veut 
établir  à  Lons-le  Saunier  ;  vous  aimés  tous  les  arts  et  vous  êtes 
en  étal  de  les  aimer. 

Je  me  ferois  un  vray  plaisir  de  vous  envoyer  ce  que  j'ay  sur 
la  maison  d'Arlay,  sur  laquelle  j'ay  beaucoup  de  choses  Urées 
des  archives  de  l'omcialité  et  de  celles  de  la  maison  de  Chalon, 
si  cela  vous  étoit  personnel,  mais  ayant  dépensé  tieaucoup 
d'argent  pour  ces  recherches  el  n'ayant  jusqu'à  présent  éprouvé 
que  de  l'ingratitude  de  la  pluspart  de  ceux  que  j'ay  obligé,  j'ay 
formé  la  résolution  d'attendre  des  momens  plus  favorables  pour 
communiquer  à  ceux  qui  y  sont  intéressés  ce  que  j'ay  recueilli 
dans  un  travail  de  quinze  ans,  qui,  outre  mes  soins,  m'a  engagé 
dans  une  dépense  nécessaire.  Je  me  flatte  que  vous  ne  désa- 
prouverés  pas  ma  façon  de  penser  quejen'ay  adoptée  qu'après 
avoir  bien  réellement  connu  l'abus  d'être  trop  généreux  et  trop 
facile  k  croire  des  vaines  promesses. 

Je  feray  mon  possible  pour  vous  trouver  le  livre  intitulé  Judi- 
cium  francorum,  je  l'ay  déjà  demandé  ;  si  je  par\iens  k  le  dé- 
couvrir, je  vous  en  donneray  avis  ;  je  ne  connois  M.  de  Caylus 
que  de  réputation,  si  j'etois  un  jour  assés  libi'e  pour  pouvoir 
luy  faire  ma  cour,  je  vous  prierois  de  m'accorder  votre  protec- 
tion auprès  de  luy, 

J'ay  l'honneur  d'être  avec  un  respectueux  attachement,  Mon- 
sieur, votre  très  humble  et  lrésobéit>sant  .serviteur 

l'abbé  Guillaume. 

^Orig.  papier,  fonds  DunanJ,  Bibt.  pubt,  de  Besançon.) 

i.  —  Lettre  de  OulUaume  à  aon  onole  maternai,  M.  Poutler, 
onrë  de  Pallae,  au  anjet  d'un  acbat  de  llTraa  (la  Gallia  Chris- 
liana),  —  Verdun,  4  octobre  1701. 
A  Monsieur  Monsieur  Poutier,  curé  de  Pali$e,  recommandée  à 
M'  Guillaume,  conseiller  en  la  Chambre  dei  Comptes  de  Fran- 
che-Comli,  proche  le  Collège,  à  Beïamron. 

A  Verdun,  ce  4  octobre  1764. 
Monsieur  et  très  cher  oncle. 
Je  me  rappelle  seulement  en  ce  moment  que  j'ay  oublié  de 


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_  a«  — 

répondre  h  voire  lettre  que  j'ay  reçu  peu  de  jours  avant  mon 
départ  de  Paris;  ce  n'est  pa!>  ma  faute  ?i  le  Gatlia  Chriatiana 
n'est  pas  encore  arrivé  ;  vous  scavés  que  j'en  avois  achcié  et 
payé  un  au  libraire,  dans  lequel  il  s'est  trouvé  une  imperfection; 
le  libraire  s'est  soumis  à  le  reprendre  et  à  en  fournir  un  autre 
exemplaire  et  m'en  a  fait  son  billet  que  j'ay,  je  luy  ay  demandé 
plusieurs  fois  cet  ouvrage  et  il  m'a  toujours  répondu  qu'il  a 
attendu  la  vente  d'une  bibliotëqiie  qui  devolt  se  faire  oA  il 
étoil.  Celte  vente  se  fera  certainement  a  L'enti-ée  de  l'hiver  et  si 
a  mon  retour  a  Paris  il  ne  me  remet  pas  cet  exemplaire  je 
l'obligcray  de  m'en  remelire  le  prix  qu'il  a  toudié.  Il  e^t  cer- 
tain que  s'il  étoil  foj-cé  d'acheter  ce  livre  neuf,  qu'il  le  payerait 
un  louis  le  volume  sans  la  reliure.  Vous  pouvés  élre  assuré 
qu'à  mon  retour  je  me  feray  remettre  ou  le  livre  ou  l'artrent, 
ce  sera  à  l'entrée  de  l'hiver. 

Je  suis  avec  un  respectueux  attache  ment.  Monsieur  et  très 
cher  oncle,  votre  très  humble  et  très  oljéissant  serviteur. 
l.'Abbé  Guillaumf:. 

(Orig.  pnpier,  Irai-e  [l'un  cachet  irmoriésur  cire  rouge;  fonils  Guitlaume, 
série  E,  Arch.  du  Douba.) 

5,  —  Actes  da  mariaga.  29  frimaire  aa  H  [IB  décembre  1798), 

—  de  naiuance  d'un  flli,  38  nl-vÔM  an  n  |17  Janvier  17S4). 

—  et  de   décès   de   Jean. -Baptiste   aulUaums,   22    fructidor 
an  X    S  septembre  1802).  —  Dijon. 

L'an  II  (le  la  lli!-pub]ique  française,  le  '29  frimaire,  acte  de 
mariage  de  Jean-Ikiptisle  Guillaume,  ùg;é  de  tu  ans,  né  à  Ite- 
sangon,  llls  d'Ilu^ues-Josepli  Guillmime,  citoyen  à  Besancon,  et 
de  (Claude  Poutier,  d'une  part,  et  Françoise  Truchot,  demeu- 
rant chez  le  dit  Guillaume,  ùgée  tîe  27  ans,  fille  de  Jean  Tru- 
cliot,  vigneron  !i  Peit-ey-le-Petil,  district  de  Laugres,  et  d'Anne 
Japiot,  d'autre  part. 

(ICtat  civil  <te  Dijon,  an  11,  section  Créliillcn.) 

L'an  II  de  la  Kûpu1>lique  française,  le  38  nivôse,  acte  de  nai.-  - 
sance  de  Narcisse  Guillaume,  llls  de  Jean-Baptisie  Guillaunic, 
citoyen,  demeurant  rue  Pierre,  et  de  Françoise  Truchot. 

Signé  :  GuiLLKVUH-GEViatiEV. 


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—  245  — 

L'an  X,  le  S'2  fructidor,  acle  de  décès  de  Jean-Baptiste  Guil- 
laume Gevigney,  prupriélaire,  né  à  Besançon  le  20  janvier  1729, 
décédé  à  Dijon  le  2  fructidor  an  X,  fils  de  H ii([iies- Joseph  Gull- 
laume-Gevigney  el  de  Jean  ne- Cl  au  de  Poulier,  marié  k  Frangoise 
Trucliot. 

(Etat  civil  de  Dijon,  ao  II,  section  Crébillon.) 


,  -  Fausses  ctiartes  fabriquées  par  J.-B.  GnlUanme  ponr 
la  généalogie  de  M.  Portier  de  Saint-Georges,  de  Salins 
(1758-1778). 


.  —  Cbarto  fatute  deatinée  à  donner  pour  a^ 
A-nJoii*  un  sttoond  liilon,  son  père,  le  eitinli 
pereur  Conrad,  ••■  oSmuc.  —  Be&ançon,  1140. 


loâtrea  A  Milon  de 
Ludolphe  »t  l'em- 


Taxle  d'une  charle  aulhenlique 
de  tiifl  Ifondt  d'AeeyJ  a-jant 
iervi  de  modèle  :  libellé  et  écri- 


Noium  sit  tam  presentibus 
qiiam  futuris,  quod  Landricus 
decanus  el  lolus  convenliis 
capituli  saitcti  Johann is  Bi- 
suntine  ecclesie  concesserunt 
fratribiir  de  Acey  quicquid 
hahebant  in  decimia  de  Co- 
tumbys  el  de  Aceys  et  quic- 
quid  penitus  in  eisdem  terri- 
loriis  hahebanl.  Concesserunl 
eciain  prelati  canonici  supra- 
diclis  fratribuB  de  Acey  quic- 
quid  penilns  habebanlin  Mon- 
morel,  sub  censu  VII  solido- 
mm.  Fratres  vero  de  Acey 
concesserunl  eisdem  canonicis 
quicquid  penilus  habebanl  in 
Aumpra,  videlicel  lerram  Er- 
mengardis  et  rilioniin  snorum 
et  parlem  illam  dBcimequam 
ipsi  habebanl  in  lerra  de  Tar- 


Charle  fau«»e,  datée  de  HiO, 
mtppoiaat  une  donation  de 
Milon   de    Proloiê   n    l'abbaye 

Notuni  sit  tam  presentibns 
qnam  futuris  quod  Hilo  de 
Freloys,  pro  remedio  anime 
sue  et  Milonis  patris  sui  nec- 
non  comitis  Ludiilphi  et  Con- 
radi  dive  memorie  imperalo- 
ris  augusii,  ipsi  Milonis  ante- 
cessorum,  concessil  fratribus 
de  Acey  quicquid  habebal  in 
decimis  de  Columbyr  et  de 
Acey  el  quicquid  penitus  in 
eisdem  terriloriis. 


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vay  et  unum  curtillum  et  alium 
et  tria  jugera  in  Serray  et 
alium  in  Syligney,  in  quodomus 
Hospicii  de  Jérusalem  et  quic- 
quid  habebant  in  Chyniadan. 

Actum  in  capirulo  Sancli 
Johannis  in  presenctâ  Hum- 
berli  archiepiscopi ,  anno  ab 
incarnatione  Do  mi  ni  M.  C 
XLVIII-. 

Testes  sunt  Pontiug  abbas 
de  Bellavalle,  Guido  abbas  de 
Caroloco,  Petrua  abbas  de  Ca- 
ntate, Narduiniis  ubbas  de 
Monte  Benedicti,  Pelrusdeca- 
nuB,  Guido  de  Marlayney,  ar- 
chidiaconus,  Hugo  precentor, 
Manegaudus,  ihesaurarius , 
Guilencus  aichidiaconiis.Wido 
et  Ebrardus  fratres  arcliidia- 
coni,  Guido  Dlius  dapiferi,  ar- 
ciiidiaconuK,  Stephanus  sub- 
cantor,  Guiilermus  de  Arguel, 
Girardus  de  Astrabonna. 

(Orig.  parch.,  n"  218  sur  te  doB. 
N-  13,  Nouï.  Acq,  fr.  8703  (59  du 
fonds  Jonrsanvault),  B.  N  > 


Actum  Bisuntii  anno  ab  in- 
carnatione Domini  M<>  C"  X^L". 


Testes  Guitlermus  de  Pes- 
mes,  Pelrus  de  Ceys,  Pontius 
de  Bruyères,  Guido  de  la  Ko- 
cliale,  Guiilermus  de  Rencoiir, 
Hugo  de  Mimirey,  Girard[us] 
de  Astrabonna. 

(Parchemin  portant  trace  appa- 
rente d'un  sceau  qui  aurait  pendu 
sur  double  queue. 

Au  dos  :  t  Boetle  n°35  coite  pre- 

Aulre  cote,  encre  violacé  :  «Carli 
Milans  de  Freloys  p.  Columbar.  el 
Acej-o  j>,  et  en  ëcriture  du  xviii-  s. 
*  Ht  1. 

N*  13,  NouT.  Acq.  Tr.  «703  (58  du 
fonds  Joursanvaull),  8.  N. 

Doable  (également  faux]  aux  Ar- 
tAiveê  du  Jura,  fonds  d'Acey,  poi^ 
tant  en  marge  cette  mention  an< 
thentique  ;  ■  Scelle  à  Pesmes  le  18 
décembre  1778.  R.  sept  sols  :  Chau- 
veroyche  ». 

Au  dos  diverses  cotes  imitant  des 
écritures  des  ïih*,  in',  xv*  et  ivn* 
siècles  :  «  aceï-Coluhb  >;  ■  don  de 
...  .diesme  a  Colonibier  el  Acey 
baillée  par  monsieur  Uilan  de  Fro- 
loys  n;  (  dimes  de  Columbier  et 
Acey  -;  s  dent  cent  dix  sept  »; 
«  Boetle  n*  35  coite  première  >.) 


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7,  —  GbAits  Ihnaae  mppoaaiit  on  prêt  de  160  âorin*  d'or  fklt 
à  l'kblMTa  olsteroleiuie  d'Aoey  paz  Hugues  de  Frc^U,  ohs- 
nller.  —  S&  juillet  1341. 

Nos  abbas  et  conventus  de  Aueio,  Cislerciensis  ordinis.  Bisun- 
linensis  diocesis,  notum  fauimiis  universis  presenlibus  et  fulu- 
ris  et  in  verilale  reuogiioscimws  nos  debere  et  leneri  erga 
dominiim  nostrum  Hiigonem  de  Frolesio,  militem,  in  summum 
cenliim  et  sexaginlu  florenorum  auri  boni  el  jusU  ponderis  de 
Florencià,  quarn  pecuniesummam  idecndominus  II.  dédit  nobis 
causa  mutui  et  de  illius  solucione  et  reslitiicione  Hugo  de  As- 
pero  monte  miles  se  fldejussorem  fecit  el  consilluit  erga  dictum 
dominiirn  11.  de  Frolesio. 

In  cujus  rei  te^iimonium  nos  diuti  abbas  et  conventus  sigil- 
lum  noslnim  presenlibus  litteris  upposuimus,  una  uum  sigillo 
dicti  ilomini  fl.  de  Asperomonle. 

Actum  anno  Domini  M'CC^XL"  primo,  mense  julio,  in  festo 
bealorum  Jaccohi  et  Cristofori. 

(Parchemin,  sceau  en  cire  verlç,  rattaché  par  des  lacs  de  soie,  jaune  pas- 
sant à  travers  deux  trous  forés. 

Ce  Bcenu,  délacliÉ  d'un  acte  authentique  da  fonds  d'Avey.  haut  de  47, 
large  de  iS  mrn.,  est  en  Tonne  d'écu  el  conlienl  trois  létes  couronndea 
mise-i  en  fnsce  et  en  chef.  Légende  :  ^i  SIG  .  DOMINI  .  HUGONIS  .  DE  . 
ASPERO  .  MONTE  . 

Au  dos.  cales  écrites  du  xvnt*  siècle  :  n  Boette  n°  1.  coite  quarante 
quatre  (effacée)  et  Doetle  n*  17,  cotte  quatre  tingl  quatre  (substituée).  ■ 

N>  Hl,  ms.  8703  des  Nouv.  Acq.  ft-.  (59  fonds  Joiirsanvault),  B.  N.) 

8.  —  Charte  ffenne  deitlnde  à  établir  la  âllation  d'un  cartaJa 
Milon  in  de  FroUris,  fila  d'EueUê  oa  Odon  de  Frôlais.  —  Uai 
1Î35. 

Texte  d'une  eharle   authentique  Texte  faux,  daté  de  13S5,  attri- 

de  iS35  (fonds  d'Acey),  ayant  buani    à   Milon   de   FroloU  la 

servi  de  modèle-  donation   ei-eonire  de  maix  à 

Lon»-t»-Saunier. 

Ego  Hugo,  succenlor  Bîsun-  Ego  Hugo,  succenlor  Bisun- 

tirius,  etegoSlephanus,  Ledo-  li[nlus  etegoStephanus.Ledo- 

nenuisdeuctnus,  noiumraciinus  nensisdecanus,noiuinrucimus 

universis    présentes    litteras  universis    présentes     lilterus 

inspecturis  quod  Pelrus  dictiis  inspecturis  quod  Milo  dePro- 

cellerarius  et  Guerreria  uxor.  lesio,  miles,  pro  salule  anime 


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sua  lie  Ledone,  pro  se  et  pro 
JohannetA  flli&  suA  odhuc  lac- 
lente,  dederunt  et  concesse- 
nmtin  perpeiiium  elemosiDam 
et  periitus  perpetuo  quilave- 
ront  ecclesie  el  fratribus  de 
Actiio  quicquid  ipsi  Pelms  et 
Guerreria  et  sui  habebanl  in 
casalibiis  quondam  Juban  San- 
tyx,  de  Ledone,  sitis  in  in- 
gressii  mercati  Ledonensis. 
Promlserunt  eliam  flde  data 
predictî  P.  et  G.,  flde  data  pro 
se  et  siii?,  garantire  et  paciR- 
care  predictam  elemo^inam 
jam  dictis  ecdesie  et  fralribus 
de  Aceio  adversus  amnes  gén- 
ies. 

In  hujiifi  rei  lestimontiim 
présentent  paginam  ad  preces 
ulriusque  parlis  sigillis  nos- 
tris  fecimus  roborari, 

Actum  anno  Domini  M»  CC" 
XXX»  quinlo,  mense  maio. 

(Orig.  p(iri:h,  portant  trscededeux 
sceauK  ayant  pendu  sur  double 
queue. 

Au.dos  cote  h  cent  octante  neuf  ». 

N'38,  Nouv.Acq.fr.  8708  (59 du 
Tonds  Joursanvaull),  B.  N.) 


sue  et  Odonis  patris  sui  dédit 
et  concessil  in  perpetuunn  ele- 
mosinam  et  peniius  perpetuo 
ecclesie  el  fratribus  de  Aceio 
quicquid  ipsi  Milo  et  sui  habe- 
banl in  casaljbus  quondam 
Juban  Santyx  de  Ledone.  sitis 
in  ingressu  mercali  Ledonen- 
sis. Promisll  etiam,  flde  dai& 
pro  se  el  pro  suis,  garanlire  el 
paciflcare  predicla[m]  élemo- 
sinam  jam  dictis  ecclesie  et 
fratribus  de  Aceio  adversus 
omnes  gentes. 


In  hujus  rei  testimonium 
presentem  paginam  ad  preces 
utriusque  partis  sigilHs  nos- 
Iris  fecimus  roborari, 

Actum  anno  Domini  M°CO> 
XXX"  quinto,  mense  maio. 

(Parch,  portant  deux  fentes  de 
sceaui.  En  marge  ;  »  Scellé  à  Pes- 
mes  le  18  décembre  1T!8.  R.  sept 
sols  ;  Chauveroyche  » 

Au  dos  diverses  cotes  imitant  les 
écritures  des  Iiv  et  xvir  s.  :  o  De 
Ledone  •  ;  «  cent  octante  neuf  »,  el 
du  XVIII*  :  c  Boetle  n*  40,  cotle 
quaraDte.«iiiq  *. 

A  rehivas  du  Jura,  fonds  d'Acey.) 


9.  —  Otaarta  fsuiie   d'OthoQ  17,  oomte  de  Boorgagne,  aappo- 
Bant,  6  propoi  de  la  brenoria  da  Brans,  l'axlataiiM  de  par- 
■onnages  int^resB^*  à  ladite  branerla ,  Huguei  da  Froloi*  «I 
Perrin  ton  (ilt,  —  Acey,  23  octobre  1493. 
Nos  Olhes,  cœns  palatins  de  Bourgoigne  el  sires  de  Salins,  et 

je  Hugues  de  Bourgoigne,  ses  frères,  façons  savoir  à  tous  que 


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—  249  — 

corne  descors  fuist  entre  noslres  breniers  de  panre  et  de  rece- 
voir chesciim  am  en  la  graiiKe  de  Monmorey  un  pen  et  un  denier 
et  une  geline  et  quatre  boisselx  d'avoinne  à  la  mesure  d'Estra- 
bone,  nos  avons  ensi  acorder  entre  nos  et  voilions  que  H  quelx 
dp  nos  doux  breniers  venray  plus  tost  à  la  dite  gnnse  dois  la 
Teste  de  Touz  Seinz  jusques  a  la  feste  seint  Marlim  d'yvert  pour 
recevoir  la  dite  rante  que  li  maistres  de  la  dite  grange  ou  cas 
qui  y  demorroit  de  pari  l'abbey  et  lou  covanl  de  Acey  li  bail- 
loil  et  delivroit  la  dite  rante  qu'il  nos  doit  per  raison  de  la  bre- 
nerie.  Et  pour  lant  nos  et  nosire  brenier  nos  en  tenons  el  davons 
tenir  a  paies  de  toute  l'annùe  pour  raison  de  la  brenerie  loa 
tôt  salve  lou  droit  de  nos  chiers  el  amé  uosins  monseignor 
Hugues  de  Froloys  et  de  monseignor  Perrin  de  Portier  son  fils. 
En  teamoignaige  de  laque)  chouse  nos  avons  fait  matre  nos 
seelx  en  ces  lettres  faites  et  donées  a  Acey  lou  vanredt  après 
la  Teste  seint  Luc  euvangeliste  l'an  H.CC  nonanle  et  doux. 

(Parchemin,  avec  trace  de  deui  sceaux  ayant  pendu  snr  double  queue. 
Au  dos,  quatre  cotes  afTeclont  i'écrilura  des  xiv,  ivu-  et  xviu"  siècles  : 
B  Momorel  >:  —  ■  1292,  Hugues  de  Froloys,  Pierre  de  Portier  son  flii  »; 

—  u  coite  cent  quatre  (relouche  ;  cenl  six  fr.)  »;  —  «  quarante  quatre  n. 

—  Mutée  arehéotogiqtiê  dé  Be*anfon,  coll.  Chcnot.) 

Une  copie  du  même  faux,  sur  parchemin,  en  écriture  du  xvii'  siècle, 
sigillé  :  Seguin  el  Prost,  est  annexée  à  un  arrêt,  siftné  de  même,  du  par- 
lement de  Dole,  du  19  novembre  ltt67.  dans  un  procès  entre  Guillaume 
Pescheur,  procureur  d'Acey,  et  la  communauté  de  (lonlmirey  (cet  arrêt 
étant  lui-même  authentique).  (N«  42  et  43,  ms.  »700  Nouv.  Acq.  fr. 
[50  Joursanvault],  B,  N.) 


10.  —  Charta  Atnue  da  Ferry,  duo  de  I>orrMlna  et  marqula, 
rooonnftlMftDt  devoir  A  son  oonaiii  Bobert,  duo  da  Bour- 
govne,  800  Uvrea  proTlnoiiM,  ot  donnant  ponr  âdé]\UB*ar« 
■es  aanalns  Odon  et  Milan  de  Froloi».  —  Juillet  12W. 

Nos  Fredericus,  dux  Lotharingie  el  marchio,  notum  Taclmus 
nosdebere  dilecto  consanguineo  nosiro,  Roberto  duel  Burgun- 
die,  CCC  lihras  proveniensiiini,  medîetatem  in  feslo  Martini 
hyemalis.  aliam  medietatera  in  paschà  seqncnti  persolvendas, 
pro  quibus  consiituimus  lldejussores  pro  nobis  el  heredibus 
nostris  Odonem  et  Milonem  de  Freloys,  milites,  consanguineos 
nostros  et  predicti  ducis  ex  génère  ejns. 

Et  si  nos  dictam  pecuniaiii  infra  tempus  non  solveremus, 


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—  250  - 
licerel  predictis  fldejussoribus  de  bonis  nostris  capere  sine 
oCTensA,  donec  soluti  essenl  de  pecunià  stipra  dicta. 

In  hujus  rei  testimonium  présentes  litteras  dedimiis  sigillo 
nostro  roboratas. 

Dalum  anno  Dominî  M.CC"LXXXX'>  nono,  mensis  i?)  julii. 

Pour  expédition  délivi-ée  par  le  secrétaire-greffier 
de  la  Cliainijre  du  Couseil  et  des  Comptes  du  duclié 
de  Uar  s^oussigné,  sous  le  soel  d'icelle,  en  conï;6- 
qucncG  de  son  arresl  du  17  du  présent  mois.  A  Bar, 
ce  vingt-deux  juin  mil  pepl  cent  soixante  el  un.  — 
C01.T.IGNON. 

Nous,  Antoine-François  Despylols,  écujer,  lieute- 
njinl  pénéral,  et  Glande-Joseph  Hu(;uenin,  conseiller 
priicureiir  du  Koy  du  liailliape  de  Itesanton,  avons 
cutté,  paraphé,  coUationné  el  cojnputsé  la  présente 
copie  el  t'avons  trouvée  conforme  &  ta  ralnutte.  — 
ABesan^on.leviniil-liuitaoust  mil-sepl-oent-soixanlc- 
un.  —  Despotots,  Hcguenin,  IttiiTHOi>. 

(Quoique  ce  ilocntnent  soil  publié  dans  Vt/Utoire  d'une  famille  de  la 
chevalerie  lorfaine  du  cnmle  de  LtinnES  [Paris.  Champion,  18^8.  I,  xvii- 
ivin),  nous  le  Iraiiït-i'ivoiis  pour  cninpléter  notre  série  àei  preuves  de  la 
culpiibilité  lie  J.-B.  (luillnuiiie  Celte  uliarle,  dépusce  depuis  dans  les  «r- 
chives  de  h  Chambre  des  Comptes  de  B.ir,  était  à  Besançon  le  38  août 
1761 .  date  à  b<iiielle  le  faussaire  en  lit  (bire  des  copies  aiilhenliques  avanl 
de  les  déposer  â  Ukr.) 


11.  —  iDtArpolatloiu  fanatei  falMB  dkne  robltaair*  original 
de  Saint-Paul  il«  Beaauqon  (xvi'  siècle)  pour  y  Intradnlra  las 
mentions  menflODgÂres  d«  eo)-diaaat  blanfaiteura  de  oett« 
abbaye  :  Milun  de  Froloit,  fil»  de  Mitùn  >  de.ifendaiUi  det  roit  de 
Bourgogne  1  UUon  lll  el  Ferri,  fils  de  liilon  II,  et  â'tffguM  de 
FrotûU,  detcendant  des  dui-t  de  Bourgogne. 

a  IIJ  7ionas  augusti.  Ohiil  Valterus,  sucerdos,  canunicus  sancle 
Marie  el  siinoli  P»iili,  upud  nos  sepulLus.  —  llem  Symonelu 
conversa  iiDSti'ii.  —  Obiit  Mîlo  fliius  ciuundum  Milonis  inclyli 
inilitisde  Kreloys  ex  prosnpià  re){um  Ilurgundie  et  augitslonim 
pro  quu  symnl  Milo  et  l-'erricus  filii  sui  dederunt  nobis  xx  soli- 

(Col.  I,  fol.  l'J  V  (iiuj.  VAi  de  rObitiiaire  original  de  Sainl-Paul,  écrit  $ur 


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-SM  - 

pirchemin,  inséré  dans  le  ms.  8706  des  Nouv.  Acq.  tr.  (61  JoursaoTiuU], 
B.  N.)' 

YII"  Kalenda» decembri».  ObiitBarlholomeus, miles, de Cycons 
noster  redditus,  apud  nos  sepultus.  — 

Vl"  Kalendas  decembrii.  Obiit  Hugo  Porterii,  miles,  dictus  de 
Freloys  ex  prosapia  ducum  Burgundie. 

Copie  collalionnée  par  Jean-Niculas  Thonnet.  no- 
taire ft  Besançon,  et  visée  par  Alexis  Drouhai-d,  lieu- 
tenanl  particulier  au  bailliage  de  Besancon,  le  1  juin 
1758. 

(Cop.  sur  papier,  n"  106,  ms.  8706  des  Nour  Acq.  (r.  (63  Joursanvault), 
B.  N) 

Postérieuremeut  à  1758,  la  mention  do  0  des  calendes  de  décembre  a 
été  grattée  par  l'interpola  leur  lui-même  et  reportée  au  10  des  caisndes  du 
même  mois.  On  lit,  en  elTet,  dans  le  Nécrolt^e  de  Saint-Paul  la  mention 
suivante  : 

X  Kalendai  deetmbri».  Obiit  Ponlius,  miles,  qui  dédit  nobis, 
mansum  unumuum  servo,  —  Ilem  Hugo  canonicus  Lanlenensis 
et  sacerdos.  —  Item  Hugo  Porttsrii  dictus  de  Freloys,  fliius 
quondam  Pelri  inclyti  militis  de  Freloys  ex  prosapià  regum  Bur- 
gundie. [On  voit  le  molir  du  grattage  et  du  report,  l'addition 
d'un  nouveau  nom,  Petrus,  c'est-à-dire  la  création  d'un  nou- 
veau degré  généalogique) . 

(Fol.  168  de  l'Obituaire  de  Saint-Paul,  ms  8705  des  Nouv.  Acq.  fr. 
(61  Joursanvault),  B.  N.) 

-12.  —  Annotationa  margliiai«a  d'un  'volnma  Imprimé  «n  LSS6, 
à  Lyon,  Intitulé  Epitome  HUtoriarum,  rattaohant  sox  rola  de 
Bonrgopne  M  empsraim  d'Allemaigne  Ititon  de  FroUn*  et  ion 
deaaendant   Bapposd ,   Guillaume   Portier,    dit   de    Fri^oU,   de 

Un  Epitotne  Hittoriarum  et  Chranicorutn  Mundi,  imprimé  vers 
1536  à  Lyon  diez  •  Sitlpitiui  Sapidus  »  (t)  porte,  de  la  même 
main  qui  a  tracé  tous  les  Taux  Portier- Prolais,  diverses  mentions 
intéressâmes  à  recueillir,  écrites  en  encre  jaunâtre,  avec  des 
caractères  bâtards  afTeutanl  toutes  les  formes  usitées  du  xiii« 
au  XVII*!  siècle. 

(1)  In-8<  de  343  et  53  pages,  auteur  «  Achilles  P.  Gassarus  >. 


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Page  1,  au  milieu  du  litre  :  *  Ex  Libris  Illustris  dni.  dni.  Guil- 
lelmi  de  Porterio  dielo  de  Frolesio,  Salincnsis  •,  et  plus  bas: 
deux  dés  en  sautoir  chargées  en  cœur  d'un  fusil  de  Bourgogne 
(qui  est  Porlier). 

P.ige  159,  en  marge  d'une  notice  sur  Charlemagne  :  •  ex  poten- 
tibus  dnis.  uRurpatoribiis  non  de  regi&  slirpe  oriundus» 

Page  177,  en  marge  d'une  notice  sur  Hugues  Cap<>t  :  f  de  pro- 
sapià  regiàmaiTnù  >, 

PB)ie1T8,  âcAlB  du  nom  de  Conrad  de  liourgugtie:  *  putcer  ■, 
et  les  deux  dés. 

Page  180,  &  uàlé  du  nom  de  l'empereur  Conrad  II  :  •  Genuît 
Ilenricum  imperalorem  et  comitem  Ludulphuin  patrem  Hîlonis 
de  Frolesio  ». 

Page  181,  à  côté  du  nom  de  Kudolplie,  dernier  roi  de  Bourgo- 
gne :  0  diutus  doses  >,  et  deux  dés. 

Page  196,  à  cûlé  du  nom  de  Vralislaus  I,  roi  de  Bohème: 
«  108C,  origo  dignitalis  régie  ltohemia«  llenrico  quinlo  impera- 
loreannu  1086  sed  non  1>25ti  >. 

Aux  pages  47,  l'20,  KB,  170, 176  191,  210,  220  et -it?  deux  dés 
jalonnent  tous  tes  noms  de  la  maison  de  Bourgogne  ou  des  rois 
et  empereurs  évoqués  dans  le  roman  généalogique  des  Portier- 
Frolois. 

(Dibliotlicque  de  rauleui.) 

13.  —  Charte  r&uus  daatinàe  &  établir  la  descandanoo  de  Pierre 
de  Portier,  ctiet'alitir,  fitf  «uppoirf  de  Hugvei  de  Froloie,  chevalier, 
do  Liidolphe  et  Milon  son  file,  BOi-dlsant  bieuhitsurs  d'Acay. 

-  Juillet  v.m. 

Texte  d'une  charte  authentique  Texia  faux  luppuiuinl  une  dona- 

lie  1300  Ifond»  d'Aceij/,  ayant  lien  par  Pierre   de   Froloii  à 

servi  de  modèle  au  faux.  l'abbaije  d'Aeiy. 

Je  Reignaz  de  Mymire,  es-  Je  Pierre  de  Portier,  cheva- 

cuierz,  qui  Tni  filz  Estevenins  lier,   qui  Tut  Hlz  Hugues  de 

Desclcrs,     fai  savoir    a   touz  Freloys,  chevalier,  fai  savoir 

ces  qui  verront  el  orront  (;es  a  touz  ces  qui  verront  et  or- 

presanles  lettres,  que  je  de  ronl  ces  presantes  lelres,  que 

ma  propre  volante,  sanz  nul  je  de  ma  propre  volante,  sanz 

conti'oignemant,    ai   doné    en  nul    cuulroignemant  ai    doné 

pure    et    perpétuel    airuosne,  en     pure    et     perpétuel     as- 

donucion  sollenne  fuite  entre  mosne,     donacion     sollerane 


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les  vis  por  lou  remède  de 
m'aime  et  des  armes  a  mes 
ancessors  Deu  et  Nosire  Dnme 
sainte  Marie  de  l'abbaie 
d'Acey  et  es  frères  enqui  ser- 
vans  Deu  tel  droiture  et  tel 
rnison  cum  je  avoe,  povoe  ne 
devoe  avoir,  es  dîmes  gran:;  et 
petiz  de  bief  et  de  vin  de  My- 
mjre  Ion  diestel  et  lu  villt!  de 
BraiU  et  de  VoullangeB  Ick- 
quel  dîmes  Je  tenoe  iraUief. 
Et  lieti  por  ferme  et  por  t's- 
tauhle,  et  tous  et  outroi  l'ar- 
musne  que  Itaiiie  de  Mymirc 
et  Jehaniiett'  -^a  fille  ont  faite 
es  diz  sei^nor?.  d'Acey  de  la 
lor  partie  des  diK  dimes  de 
Mymire  Ion  cheslol,  de  Brano 
el  de  Vonflanges.  Et  an  ai  en- 
vesliz  et  enveis  les  diz  frères 
et  lor  suscessors  et  mat  en 
corpoi'el  possession  conie  si- 
ros  de  ces  dites  parties  pur  la 
baillance  de  ces  présentes  le- 
tres.  Et  ai  promis  el  promet 
por  moi  el  i>or  les  miens,  par 
nioti  soiremani  dune  sus  sikinz. 
envanRiles  es  diz  seijîiioi-s 
d'Ao^y  et  a  loi-  Bui:i;essi)rs  a 
porter  lenl  garantie  de  cesie 
dite  almosnc  enix>ntre  toiiK 
homes  et  en  lonz  leus  el  en 
toutes  eorz  el  que  je  ne  ven- 
rai  gemais  encontre  ceste  do- 
nacion  ne  ferai  venir  per  mui 
ne  per  autrui  en  jitgemant  ne 
defors  en  cesle  laie  ne  en 
cort  de  creslianté,  en  recelé 
ne  en  aperl.  EL  ai  areiiunuiû 
por  moi  el  por  mes  lioyrs  et 


faile  entre  les  vis  por  lou  re- 
mède de  m'arme  el  <tes  armes 
a  mes  aticessoj's  lieu  et  Nos- 
Ire  Dame  sainte  Marie  de  l'ab- 
baie d'Acey  el  es  frères  enqui 
servons  Deu  tel  droiture  et 
tel  raison  cum  je  avoe,  povoe. 


ilevo. 


dim 


granz  et  petiz  de  lilefz  et  de 
vin  de  Mymire  loti  ehestelz  et 
lu  vile  de  Brant  el  de  Vou- 
flanges,  les  (jues  diines  je  te- 
rioe  d'aluef.  Et  tien  por  ferme 
el  |)iir  cslauhie  el  lous  et  ou- 
troi  l'asinosne  que  f.udolplie 
i-l  Milon  ses  fllz  mes  anccs- 
soi'S  onl  faite  es  diz  seignorz 
d'Acey  de  In  lor  partie  desdiz 
dîmes  de  Mymire  lou  cliestel 
de  Brant  et  de  Vonflanges  Et 
an  ai  envestiz  et  envois  les 
diz  frères  et  lor  siiscessors  el 
mat  en  corporel  possession 
come  sires  de  ces  dites  par- 
lies  par  la  bailluiiee  de  cu.5 
presanles  leires.  El  ai  permis 
el  permet  por  moi  el  |>or  les 
miens,  per  mon  soiremant 
i\oii(-  sus  salnz  envangeles  es 
[liz  frères  d'Acey  el  a  lor  suc- 
(lessoi-s  aporter  leal  garantie 
de  eesle  dite  iilmosne  en- 
contre louz  homes  el  en  touz 
leus  el  en  loules  et  en  loutes 
corz  el  que  je  ne  venrai  ge- 
mais encontre  ceste  donation 
par  mot  ne  par  aucuns  en  ju- 
gement ne  defors. 

El  en  ai  arenuncié  au  di-oil 
que  dit  que  gêneras  reniin- 


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per  mon  stûremant  dessus 
doné  en  icesl  fail  a  loutes 
exception  ei  a  lole  aide  de 
droit  et  de  canon  que  je  por- 
roe^matre  ou  dire  encontre 
c«ste  almosne  ou  contre  c«ste 
donation  ou  contre  ceste  letre 
et  au  droit  que  dit  que  gêne- 
ras rBnunciauclons;ne  vaut. 

Un  lesmoignaige  de  laque) 
chose  je  ai  requis  a  mon 
seignour  Tyebat  curies  de 
Branc  et  a  mon  seignor  Pierre 
curief  de  Tervay  que  il  meis- 
seiil  lor  seaix  en  ces  pre- 
santes  le  1res, 

El  nos  rievan  dit  Tyebaz , 
curiez  de  Branc  et  Pierres  cui- 
riez de  Tervay  a  la  requeste 
dou  dit  Régnant  avons  mis 
nos  seaIx  en  ces  présentes 
letres  qui  Turent  Taiies  l'an  de 
grâce  qui  corroit  per  mil  et 
C  C  C,  ou  mois  de  joigne! . 

(Orig.  pareil  .  deux  rragmeiils  de 
sceaux ,  («  premier  rond ,  avec  iine 
clé  en  pal;  le  second  également 
rond,  de  Si  mïll,,  bordé  Je  gr^netis, 
avec  un  sainl  H.irtin  adeitré.  el  ce 
débris  de  légence  :   e  ter.  . . 

Pièce  ii,  vol.  S9  nuj.  Nouv  Acq. 
fr.l  Tonds  Joursanvault,  B.  N. 

Provient  de  l'ancien  fonda  de 
l'abbaye  ciitlei-cieniie  d'Acey,  porte 
audostenumërou  deux  cent  deux».) 


En  tesmoignaige  de  laquel 
chose  je  ay  mis  mon  sea)  en 
ces  presantes  letres  que  fu- 
rent faites  l'an  de  grâce  qui 
corroit  per  mil  et  CGC,  ou 
mois  de  joignet. 


lOrig.  parch.  ^rit  sur  13  lignes, 
coupure  aimalant  la  irace  il'un 
sceau  disparu.  Au  dos.  en  écriture 
noire  pâle,  ces  mots  en  gothique 
moulée  :  Mimïrey  el  Granc  et  Vou- 

En  marge  :  «  Scellé  a  Pe^mes  )e 
IR  décembre  177S.  R.  sept  sols: 
Cl)aiiveroyche  o. 

Au  dos  :  ■  Boette  n*  41.  (M\e 
vingt-deux,  deux-cent-deui  », 

Le  parchemin,  déFteclueui,  semIJe 
du  XV  au  XVI"  siècle  comme  pré- 
paration. 

[Arch.  dépan.  du  Jura,  fonds 
d'Acey.) 


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li,  —  Oharta  fliaue  destina  i  établir  qu*  Philiberl  de  Portier, 
■oi  dlBBDt  tcrOTxi  ds  la  Tille  de  BalinB.  descendait  de  Hvgut» 
de  FroloU  et  de  Pierre  son  fila,  é^lemeat  a-vouâ*  da  la  jaêixiB 
▼iUa  (vidinius  du  6  mai  1384), 

Nos  Johanneti  dictus  de  Poppelo,  biirgensis  de  Salinis,  Johan- 
nesdeCheneceyoet  Johannes  de  Ornans,  Saliriis  commoranies. 
custodes  et  tabelliones  sigilli  domini  comitis  Burgundie  quo 
utitur  in  vtllft  de  SaliniR,  notiim  Tacimus  universis  présentes  lit- 
teras  inspeclurift  quod  nos  vidimus  «l  de  verbo  ad  verbiim  le- 
gimus  quasdani  litieras  sanas  et  iiilegras  in  sigillo  et  scriptnrà 
quarumquidein  litlemnim  ténor  seqiiitur  in  hec  vfiba : 

Nos  Phiiiberlus  de  forterio  dictus  de  t'rolesio,  Dei  gruciaadvo- 
uutusSalitiensiSjnutumfacimus  universis  tani  presenlibus  quam 
tuluris  quud  nos  taiiquain  advoualus  ville  Bulineimis.  capilis  co- 
iiiitulus  Burgundie  inler  prerogativa  regalîa  nosira  gardia  vel 
pi-otectio  speciulitereiwlesie  Sancli  Micliaolis  de  Salinis  ad  nos 
el  ad  noslros  liereditarios  successores  nec  non  tonsauguineos  et 
descendentes  inclytâ  prosapiânosti'A  Burgundie  perpeluo  speu- 
lant,  actendenles  religionis  fidem  quibus  venenibiles  (»inonici 
dicte  ecclesie  prosecuti  sunt  illustres  principes  Burgundie,  et 
specialtter  Hugonem  de  Frulesio  et  Petrum  de  Porterio  doini- 
nutn  de  Fiutesio  ejus  niiuin,  Deieidem  gratia  quondatn  advoca- 
tus  Suliiiensis  et  progetiitores  nostros  quibus  que  nos  proseculi 
sumus  amore  et  serviliis  et  vùlumus  prosequi  diutis  noslros 
suixessores  quodque  nobis  cl  nostiis  succeHSoribus  gardia  et 
advouatie  jus  in  prerartl  eoclesiii  liubeiida  perpetuis  teniporibus 
trudiilerunl,  prout  lioi;  in  ipso  nunc  upparel  littere  nobis  iradite 
sub  sigillis  dictoi'um  canonlcoruni  ;  nus  devocionis  eorum Jidelem 
et  gratuitam  ol>edientium  recugnoscere  oplimis  benevolenciis 
afTectantes,  pro  noslrà  et  parte  noslrorum  consanguineorum 
uoudvucatoruni  diule  ecclesie  promîsimus  eisdeni  pro  nubis  et 
omnibus  nostris  successoribus  quod  easdem  el  uuin  omnibus 
nostris  successoribus  jura,  litieras  et  possessiones  suas  manu- 
tenere,gubernareetdefensarevolumuscoi)lraetadversusquem- 
libel  et  (l'ioslibel  eisdem  canonicis  molesliam  el  injuriam  facien- 
tes  vel  fauere  inovenles,  quodque  gardia  seu  advocalia  dicte  ec- 
clesie et  dictoruni  canonicorum  presentium  «■t  fuluroruni  nun- 
quamadalierum  Irademus  sed  nobis  ipsam  reservabimus  nisi 
juKia  qualitaiem  temporum  et  negocioruni  aliud  de  ipsorum  ca- 
nonicorum consensu  et  volunlate,  deliberavimus  faclendura  in 


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—  256  — 
quorum  teslimorium  présentes  lilteras  nostrï  sigilli  majoris  ap- 
pension  e  m  uni  las. 

Datum  secuitdà  die  menais  maii  anuo  Domini  millesimo  ccc" 
octnagesimo  quarto. 

Datum  pro  visione  dictaruin  litteranim  sextâdiemensi  etanno 
predicUs. 

Signé  :  Jo.  d'Ornans,  avec  seing  en  forme  de  croit 
aantonnée  de  petits  cerelet. 

(Pareil.;  au  ilas.  de  h  m#me  écriture  et  de  la  mdme  enivre  que  la  charie  : 
0  Gardia  advocati  Salinsniii.  Garde  oucti-oyé  par  Philibert  de  Portier  dit 
de  Kroloj's,  advoué  de  Salins,  aux  vénérables  de  réf(li»e  Sainl-Michiel  diMf, 
Salins.  Il'  may  H  iii''  iiii>'  lui.  ■  'Uuaée  areh.  de  Besançon,  legs  Chenal  ) 

]5.  —  BxtraitB  de  I*//iifoire  d'une  famille  de  duvalerie  lorraitte. 
par  le  comie  de  Ludre»,  dénonçant  impIioltsTnant  detLz  fktix 
Porlier'FriAoiê  datda  de  1491  at  1463. 

I.  —  Pliitippe  le  Bon  appelle  é){alement  le  sire  de  Portier  de 
Frolois  son  cousin,  dans  un  acte  du  11  mars  1434.  Il  envoie  ce 
Fi-olois  comme  ambassadeur  en  Savoie. 

(De  Ludres,  tfial.  d'une  famille  de  chevalerie  lorraine,  I.  157.  note.) 

II.  —  La  dernière  pièce  oflicielle  concernant  Ferri  de  Ludres 
est  uniicte  de  1400,  qui  figure  aussi  en  double  dans  les  archives 
du  Ban-oib.  René,  roi  de  Sii^ile,  mande  à  sou  receveur  général 
de  payer  trois  cents  flarius  d'or  à  ses  très  chers  et  féauï  cou- 
sins. Hugues  de  Portier  de  Froloy  el  Ferry  Je  Ludres. 

{Ibid,  Conft'rer  celle  pièce  aïti;  la  pièce  IV  du  ti"  15  île  noire  corps  d* 
preuves.) 

10.  —  Bxtralt*  de  divers  documenta  firax  oonoamant  la  mal- 
son  de  Portier- Froloia,  oonaerrëa  dana  le  fonda  JonraanTaolt, 
à  U  Bibliothèque  Nationale.  -  la%-l336. 

I.  -  Frater  i  liarlliolomeus  humilis  rector  domiis  hospilalis 
S.  Spiritus  Bisunlini...  pro  pluribus  beneficiis  et  servitiis  a  do- 
bili  viro  Philiberlo  Porterii  dicto  de  Frolays  n  fonde  un  anniver- 
saire après  sa  mort,  mardi  après  la  Circoncision  1258  (n.  s.)- 

(Copie  papier,  n*179,  ms.  S829  Nauv.  .\cq.  Tr.  [iS5  Jaurjanraull).  B-  ^•} 

II.  —  Renaud  fils  de  Jean  ■  de  Sanoto  Mauritio,  mililis  »  se 


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—  257  — 
met  lui  ei  ses  biens  sous  la  proleclion  •  viri  nobilis  et  potentis 
domini  sui  Hugonis  domini  de  Porterio  dicti  de  Frolesîo  a...  té- 
moins f  Guidons  de  Frolesio,  consanguineo  dicti  domini  Hugoiiis 
de  Frolesio,  Philippo  de  Bruerro.  Hugone  Ratte  »...  notaires  : 
>  Johanne  Hilier,  Antonio  Roissurd,  de  Ledone  *. 

En  tête  une  aorte  de  seing  de  notDire  contenant  trois  bandes  (armes  de 
Bourgogne'Duché  ancien  ou  Frulois},  -18  janvier  13t9. 

IParch,  épais,  scellé  à  Salins  le  5  mai  tTK.  —  N"  lit,  ms  8»29  Nouv. 
Acq.  fr.  B.  N.) 

m.  —  Copie  cerliflée  du  faux  qui  précède,  signée  des  notaires 
de  Salins,  Javain  et  Bonnet,  conlrAlée  le  8  mai  1762,  présentée 
par  M.  Portier  de  Saint-Georges,  certifiée  par  le  lieutenant-gé- 
néral Perrey,  le  8  mai  1762. 

(N"  175-176,  ibid.) 

IV.  —  Mandement  de  Robert,  duc  de  Bar  et  seigneur  de  Pont, 
allouant  à  Jacques  de  Moinne,  son  receveur  4  petits  Horins 
payés  k  *  noz  ameys  cousins  Pbelebert  de  Pourtier  et  Ferrys 
de  Letidres...  ■  Bar,  6  janvier  1367. 

(N- 160,  ibid.) 

V.  — Nos  AlbertusDei  gracia...  servitiaquibuscnnsanguineus 
et  fldelis  noster  dilecius  Phitlbertns  de  Portier  dictus  de  Froloy 
et  predecessores  ejus...  Lpoldo  duci  et  domini..  >  le  prend 
sous  sa  protection  »  Lure,  7  des  calendes  d'octobre  1387. 

(Papier,  n=  182,  ibid.) 

VI.  —  Girarl,  seigneur  de  Cusance,  chevalier,  créancier  de 
1800  florins  d'or,  de  i  noble  homme  Philibert  Portier,  dit  de 
Frelays,  damisel  et  d'Isabelle  de  Monlaiin,  sa  femme  •  donne 
quittance  le  10  novembre  1393.  —  Témoins  :  Jehan  de  Hontfer- 
rand,  Etienne  de  Kaincour,  Jehan  de  Navetmes.  écuyer,  etc. 

(Ckipie,  papier,  n*  179,  ibid.) 

VII.  —  Jean  de  Chalon,  prince  d'Orange,  gouverneur  des  pays 
de  Bourgogne,  mande  aux  baillis  d'Amont,  d'Aval  et  de  Dole, 
qu'il  a  reçu  le  serment  de  fidélité  de  Thiébaud  Portier,  écuyer 
pour  les  chevances  qu'il  avait  comme  mari  de  Jeanne  de  Falle- 
tans,  fille  et  héritière  de  Guillaume  de  Palletans...  Par  Monsei- 
gneur le  gouverneur  :  Grand. 

{Pareil,  non  scellé,  n- 191,  ibid.) 

18 


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VIII.  —  Diplôme  latin  de  comte  palatin  accordé  par  Charles- 
Quint  •  GuJIleImo  Porteriu,  cunsiliariu  nustro,  sauri  Lalernanen- 
sis  palalii  autaeque  nostraecaesareaeet  imperialisconsislorii  >... 
Augst,  31  octobre  1530. 

(Copie  du  iviM*  siècle,  n- 193,  ms.  8839,  Nauv   Acq.  fr.,  B   N'  ) 

IX.  Patentes  de  réhabilitation  de  no  blesse  accordées  à  Guil- 
laume Porlier,  jinr  Charles-Quint,  Au{;st,  3  novembre  i530.  (Le 
diplôme  rappelle  que  cetle  maison  est  haute  et  illustre  ;  men- 
tionne le  chevalier  llupues  Porlier,  dit  de  frolois;  Philibert, 
quadrisaïenl  île  Guillaume,  mari  d'Alix  de  C.irpI  ;  Thébaud  son 
Irisaleul,  distingué  sous  Philippe,  duc  de  Bourgogne,  son  am- 
bassadeur, etc.,  élu. 

(Coi»*.  n"19t-197,  ibW.) 

X.  -  Extrait  délivré  au  marquis  de  Ludre,  à  Nancy,  d'actes 
concernant  la  maison  de  Frolois,  28  avril  1779,  sceau  de  l'orR- 
cial  Boudret. 

XI.  —  Publication  du  testament  d'Alix  de  Portier,  veuve  du 
baron  Pierre  de  Frolois.  Elle  lègue  à  sa  fille,  religieuse  de 
Baume.  6  livres,  et  à  l'abbaye  3  livres  estivenanles  pour  son 
anniversaire.  24  février  155'2  (v.  s.).   Besançon. 

{Copie,  n"  203-204,  ibid.) 

XII.  ~  Lelirede  Marguerile,  duchesse  de  Parme,  gouvemanie 
des  Paysî-ltas,  réglant  un  différend  cnire  I.oys-Philibert  de  Por- 
tier et  lu  sieur  de  l.a  Villelte,  lieutenant  de  M.  de  Dissey,  «ou- 
verneurde  Dole,  Bruxelles,  6  août  1503. 

(Copie,  n-  -H»,  ibid.) 

XII.  —  Arrêt  du  parlement  de  Dole.,  i-elatif  à  un  écuyer,  ci- 
toyen de  Besangon,  dont  on  a  effacé  le  nom  pour  mettre  celui 
de  Claude  Portier.  SiKiié  :  Denis,  23  juin  1580. 

(Orig.  pari:li,,  ii'SBt,  ibid.) 

XIV.  —  Contrat  de  mariage  de  Claude-Philibert  de  Portier,  de 
Salins,  fils  de  feu  noble  Louis  de  Portier  et  de  Louise  Harchanl. 
et  de  Jeanne  Duprel,  lille  de  Jean  Duprel  et  d'Antoine  Lemoyue, 
paf  le  conseil  de  ses  parents.  Claude-Philibert  de  Portier  et 
Hugues  de  Porlier,  frères  du  dit  Claude-Philibert,  el  de  plusieurs 
autres. 

(Copie  du  XfiW  siècle,  n"  323-334,  ibid.) 


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XV  —  Convocation  aux  États  du  comté  de  Bourgogne,  pour 
le  12  janvier  prochain,  adressée  à  Guyon  Portier,  f  notre  chier 
et  bien  aimé  >,  22  novembre  1620. 

Copie  certifiée  par  le  lieutenant  général  du  bailliage 
de  Besançon,  Des  Potots,  26  août  1761. 
(N°  351,  ms.  8829,  Nouv.  Aeq.  fr.,  B.  N.) 

XVI.  —  Autre  convocation  aux  États,  adressée  pur  les  archi- 
ducs Isabelle  et  Claire-Eugénie,  à  Clément  de  Portier.  10  jan- 
vier 1629. 

Copie uertiliât  parle  lieutenant  général  Drs Potots. 
26  août  1761. 
(No  375,  ibid.) 

XVII.  —  Certiflcat  de  Clériadus  de  Vergy,  déclarant  que  «  les 
tiltres  et  papiers  et  Chartres  de  la  maison  de  Portier  sont  égarés 
et  dispersés  à  cause  des  malheurs  des  guerres  es  villes  deLons- 
le-Saunier  et  Salins  ■,  Il  affirme  que  Marguerite  Ue  Portier,  fille 
de  feu  Claude-Piiilibert  de  Portier  et  de  Jeanne  Du  Prel,  femme 
de  Philibert  Pelissonnicr,  d'Arlay,  est  issue  de  la  maison  de 
Froloys-Bourgogne,  très  illustre,  connue  depuis  trois  siècles..., 
services  rendus  aux  rois  de  France,  aux  ducs  de  Bourgogne, 
d'Autriche  et  de  Lorraine...,  sept  générations  de  noblesse. 

(N*  374,  ibid.) 

XVIII.  —  Contrat  de  mariage  de  Claude  Pourtier,  de  Salins, 
capitaine  de  300  hommes  à  pied,  fils  de  Guyon  Pourtier  et  de 
Marguerite  Colin,  avec  Claude-Antoine  HuoI,  fille  de  Jean  Huot 
et  d'.^nne  Regnaud,  de  Besançon.  (Minutes  Perrot.) 

Copie  certifiée  du  lieutenant  général  Des  Potots, 
28  août  1761. 
(N-  377,  ibid.) 

XIX.  —  Ordre  de  M.  de  Watleville  et  de  Girardot  de  Nozeroy 
a  ayant  une  plaine  et  parfaicte  cognnipsimce  de  la  personne 
d'Hugues  Pourtier,  de  Salins,  escuyer,  son  intégrité,  prudhomie 
et  expérience  aux  afTaires  de  guerre  dans  lesquels  ils  sont  tou- 
jours distingués. . .  instituons  par  ceste  commissaire  général  de 
l'armée  que  nous  tenons  présentement  en  pied.. .  desservyr  et 
commander  à  tous  commissaires  de  guerre,  de  bouche,  etc. 
[papier  du  xvi*  siècle...].  Sahns,  2  juillet  1636. 

(N>  307,  ibid.) 


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—  260  — 

XX.  —  Ordre  de  M.  de  Watleville  el  de  Girardol  de  Nozeroy 
uu  sieur  Pourlier,  commissaire  géiiérul  des  munitions,  de  faire 
promplemeril  venir  ce  qu'il  pourra  de  celles  élant  à  Sulins  à 
l'armée.  Signé:  Watteviixi!; ;  par  ordtmnance  :  Roze.  Besan- 
con. 1]  juillet  1636. 

(N°  31)0,  ma.  88ï9,  Nouv.  Acq.  Tr.,  B.  N.) 

XXI.  —  Instance  même  objet.  Signé:  Watteville  el  Girardot 
de  Nozeroy.  Chalezeule,  ISjuiltel  1636. 

(N*  3iS,  md.) 

XXII.  —  Ordre  du  parlement  à  H.  Pourtier  d'amener  à  Dole 
des  chevaux  d'artillejie.Signé.BERNABD.  Dole,4septembreltî3C. 

tN"  38»389,  Md.) 

17.  —  Charte  fHuaaa  Buppoaiiiit  le  prêt  pAr  Huguet  de  Portier,  de 
LotM-f a-Saunier,  Agintivat  par  Thiebaud  de  Portier  ton  fiU,  de 
100  fTBnoi,  à  Pierre  BraBBBDt,  dadit  Iiona-le-SBiuiier.  —  Lons- 
le-Saunier,  20  juin  1480. 

Je,  Pierre  Bressanl,  de  J.ons-le-Salnîer,  escuyer,  fais  scavoir 
a  touts  que  j'uy  eu  et  receu  en  prest  de  noble  et  puissant  sei- 
gneur messire  Hugues  de  Portier,  aussi  dud.  Lons-le-Saunier, 
par  les  mains  de  messire  Tliiébauld  de  Portier  son  tils.  la  somme 
de  cent  frans  inormoye  corranle  en  ce  pays  el  comté  de  Bour- 
gongne,  laquelle  somme  je  le  dicl  Pierre  promect  rendre  à  mon 
dict  seigneur  Hugues  au  jour  de  la  Toussainis  prouchainemenl 
veitanl.  Donné  sous  mon  seing  manuel  et  celluy  du  notaire 
subscrit  cy  mis  on  dict  Lons-le-Saunier,  l'an  mil  IIII"  llll",  le 
XX' jour  dejuJng. 

Signé  :  P.  Bressant,  Fhouondo. 

Eeril  3UI'  papier  au  llligraiie  île  Sii-oJ  (Jiiih).  [Nota.  La  papeterie  e(  le 
filigrane  n'oiil  été  créés  que  vers  l.'iâO,  c'est-à-dire  70  uni  après  la  date  de 
l'acte  nctir  ci -dessus  transcrit.] 

(N°  S7,  ms.  88-JD  des  Nouv.  Acq.  fr.  {fonds  Joursanvault)  B.  N.) 

18.  —  Copie  d'une  oharta  ftiuue  portant  publioattoa  d'an  ex- 
trait du  testament  de  Louii-Pkiliberl  de  Portier,  de  Sali>'$ , 
Aisant  un  legs  à  l'abbaye  d'Aoey.  —  Salins,  '£i  septembre  1ÔT9. 

Jeliun  Cliappuis,  docteur  ez  droit,  lieutenant  général  au  siège 


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-261  - 

de  Salins  de  mons'  le  bailly  d'Aval  ou  comté  de  Bourgoingne, 
scavoir  faisons  que  au  teslament  et  ordonnance  de  dernière  vo- 
lonté de  tut  monsr  Louis-Pliiliberl  de  Portier,  de  Salins,  publié 
par  devant  nous,  le  vingl -troisième  du  mois  de  septembre  l'an 
mil  cinq  cent  septante  et  neuf,  se  trouve  la  clause  qui  s'ensuit  : 

Item  je  donne  et  lègue  en  suivant  les  vestiges  louables  des 
seigneurs  de  Froloys  mes  prédécesseurs,  aux  abbé  et  religieux 
de  Sainte  Marie  d'Acey,  aussi  la  somme  de  cent  francs  pour 
qu'ils  soient  tenus  de  prier  Dieu  pour  le  salut  de  mon  ame  et 
de  mes  dits  prédécesseurs. 

Laquelle  clause  nous  avons  fuit  extraire  du  dit  teslament, 
collalionner  et  signer  par  le  commis  scribe  aud.  siège,  sous- 
cript  a  la  réquisition  desd.  religieux  de  Suinte-Marie  d'Acey, 
pour  leur  valoir  et  servir  ce  que  de  raison. 

Donné  audit  Salins,  sous  le  scel  aux  causes  dud  siège,  les  an 
et  jour  susdits. 

Signé  à  l'original  :  Montenot,  avec  paraphe. 

Je  soussigné,  archiviste,  demeurant  k  Besancon, 
ceitiHe  que  la  copie  cy  dessus  est  conforme  A  l'ori- 
ginal reposant  aux  archives  de  l'abbaye  d'Acey,  dans 
la  boette  n"  17  (ancienne  9)  cotte  q'-alre- vingt-trois 
(ancienne  'iSi  des  titres  concernant  les  fondations 
faites  en  l'église  de  lad.  abbaye.  A  Besançon,  le 
S  février  mil  sept  cent  soixante  et  quinze.  Signé: 
Bonne. 

(Cop.  papier,  n*  73,  ms.  8703  Nouv.  Acq.  fr.  (59  Joiirsanvaull).  B.  N.  ) 


lu.  —  Fkiix  tMUments  on  copie*  da  faux  teatamaata  e 

otMt  les  famlllea  DE  Portier  ,  ua  Mauci.er  ,  de  Poktailler  , 
mfilaa  au  reanali  da  taatamept»  du  fonda  JouraanTanlt,  i,  la 
Btbllothèqne  Natlonala  (Volume!.  117-121,  aifj.  n"  S761-876&  des 
Nouv.  Acq.  fr.). 

I.  —  Testament  d'Hugues  de  Portier-Frolois,  4  octobre  1350. 
II.  —  Testament  de  Gui  Portier,  5  septembre  1419. 

III.  —  Testament  d'Hugues  Portier,  dit  de  Frolois,  3  mai  1482. 

IV.  —  Testament  de  Gui  de  Montaigu,  dit  de  Colombes,  da- 

moiseau, It}  septembre  1380. 


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_  362  — 
V    —  Testament  de  Frédéric  de  Maucler,  chevalier,  St  mai 

1265. 
VI.  —  Testament  de  Thierry  de  Maucler,  fils  d'Eudes  [al.  de 
Frédéric]  de  Maucler,  fin  du  xiii*  siècle  ou  début  du 
XIV»  siècle. 
VII.  —  Testament  de  Thierry  de  Haucler.  28  février  1395. 
VIII.  —  Testament  d'André  de  Maucler,  10  septembre  14(6. 
IX.  —  Testament  de  Thiébaud  de  Maucler,  21  novembre  149t>. 
X.  —  Codicille  de  Louis  de  Poulailler,  seigneur  de  Fouche- 
rans,  20  juillet  1391. 


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JEAN  DE  FRUYN 

ARCH  eVËQUE-ÊLU     OE    BESANÇON 
((IJ9S1-I4S8) 

Par  M.  Léon  &AUTHIER 


(Séanee  du  10  août  i899)  (1) 


Parmi  les  trésors  conservés  au  Cabinet  des  Médailles  de  la 
Bibliothèque  Nationale,  il  est  une  matrice  de  sceau  en  bronze 
de  la  première  moitié  du  xv*  siècle  qui,  par  sa  dimension 
exceptionnelle  et  l'art  avec  lequel  sont  gravées  les  efligies, 
la  légende  et  les  armoiries,  est  li'un  réel  intérêt  pour  la  si- 
gillographie française-  Cette  matrice  est  elliptique  (haute  de 
Ï2,  large  de  4:1  millimètres)  :  dans  le  champ  deux  niches  pa- 
rallèles couronnées  de  dais  hexagones  avec  contreforts  et 
pinacles  abritent  deux  saints  :  saint  Jean  nimbé,  debout, 
tt^nant  lu  palme  du  martyre  et  un  calice  oii  se  tord  un  serpent 
convulsé,  et  saint  Etienne  lapidé  par  trois  juifs. 

En  contre-bas,  sous  une  arcature  cintrée,  un  personnage 
ecclésiastique,  la  tête  couverte  d'une  couronne  de  cheveux, 
le  menton  ras,  prie  agenouillé,  les  mains  joinlea  :  il  est  re- 
vêtu d'une  robe  talaire.  A.  ses  cAtés,  ses  armoiries  deux  fois 
répétées  :  un  chevron  chargé  de  trois  étoiles. 

Autour  on  lit  cette  légende  :  Sceau  de  Jean  de  Fruyn,  doyen 
de  l'église  de  Besançon  (sigillvm  .  johannis  .  de:  .  fbuvno  . 

DECANI  .  ECCL[es]ië  .  BIS[JNTINEn[sIS])  l^). 

[i)  Congrès  de  l'Associaiion  Tra  ni: -corn  loi  se,  tenu  à  Dole  sous  les  aus- 
pices et  par  l'inilialite  de  la  Société  d'Émulation  du  Doubs. 
(2)  Tous  nos  remeruiemenls  les  plus  empi-essés  à  M.  H.  de  La  Tour, 


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—  264  — 

Avec  une  matrice  de  sceau  du  même  personnage,  alors 
simple  chanoine  de  Besançon,  que  nous  avons  retrouvée  au 
musée  de  Dijon  et  qui,  d'une  beaucoup  moindre  dimension, 
porte  simplement  les  armoiries  et  le  nom  do  dignitaire  avec 
l'efflgie  des  deux  saints  Jean  ses  patrons  (i),  le  bronze  de 
la  Bibliothèque  Nationale  est  le  seul  monument  qui  fasse  re- 
vivre le  nom  oublié  d'une  personnalité  considérable  de  l'an- 
cien chapitre  métropolitain  de  Besançon. 

Né  à  Poligny,  vers  1395.  fils  d'un  petit  gentilhomme  nommé 
Renaud  de  Fruyn,  et  de  Sybille  Lengret|2),  Jean  deFruyn  n  cul 
pas  le  souci  de  choisir  sa  carrière  :  Jean  Lengrel,  secrétaire 
du  comte  de  Nevers,  puis  conseiller  du  duc  de  Bourgogne 
s'en  était  chargé.  Conseiller  du  roi  de  France,  archidiacre  de 
Grand-Caux  au  diocèse  de  Rouen,  conservateur  des  privi- 
lèges de  l'Université  de  Paris  (3),  Jean  Lengret  dirigea  les 
études  do  son  neveu  et  le  fît  entrer  dans  les  ordres  ;  devenu, 
en  1412,  évèque  de  Bayeux,  il  lui  destinait  son  titre  de  con- 
seiller de  la  Maison  de  Bourgogne  et  son  siège  épiscopal  que 
sa  vive  intelligence  semblait  de  taille  à  porter  tous  les  deui. 
Mais  l'évèque  de  Bayeux  disparut  trop  tôt  pour  voir  réaliser 


iir-ii4io>nl  du  Cnbinel  des  Médailles,  qui  nous  a  Tait  connaître 
ce  précieux  documenl  sphragistique,  et  à  U.  Rial,  du  Cabiuel  des  Estampes, 
qui  nous  en  h  procuré  l'empreinte. 

Voir  dans  la  planche  i|iii  atcompagne  celte  notice,  le  grand  sceau  de 
Jean  de  Fruyn,  doyen  de  Besancon,  et  le  sceau  plus  modeste  dont  il  usait 
comme  simple  chanoine  de  cette  église. 

(1)  Celle  matrice  de  bronze,  inscrite  sous  le  n°  1666  du  caulogue  dn 
Musée  archéologique  de  Dijon,  publié  en  189i,  avaîl  été  l'objet  d'une  lec- 
ture dérectueuse.  Nous  en  rétablissons  ici  la  i>otice  :  Sceau  rond,  de  2&  mill. 
de  diamètre,  légende  circulaire  entre  deux  lllels.  Dans  le  champ,  sous  oe 
dais  supporté  par  deni  coloiinetles  appuyées  elles-mêmes  d'édicules  ajourés, 
saint  Jean  TÈvangéliate  et  saint  Jean-Daptiste  nimbés,  porlAnI  l'un  un  ci- 
lice,  l'autre  nn  agneau.  Au  bas,  un  écu  :  un  chevron  chargé  de  (rois  étoiles 
à  six  rais.  Légende  ;  S.  lohit  dé  FVayno  eanonici  binuntini. 

(3)  V.  dans  Chevalier,  Mmoiregiur  Poligny,  JJ,  'XI,  une  partie  des 
éléments  généalogiques  de  cette  notice. 

(3)  V.  ibid.  Notice  sur  la  ranille  Lengret  et  sur  Jean,  évéque  de  Baycui, 


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toutes  ces  espérances;  Jean  de  Fruyn,  ayant  franchi  tous  les 
degrés  de  la  cléricature  el  obtenu  le  dipldme  de  licence  en 
droit,  était  devenu  à  la  fois  vicaire  général  de  son  oncle  et 
secrétaire  du  conseil  de  Philippe  le  fion  quand,  le  24  juillet 
d412,  Jean  Lengret  mourut  subitement  à  Paris,  l'instituant  son 
légataire  universel  (D.  Les  amis  du  défunt  devinrent  naturel- 
lement les  protecteurs  de  son  héritier  et  l'aidèrent  à  mani- 
fester sa  reconnaissance  envers  son  bienfaiteur  en  élevant 
dans  la  collégiale  de  Poligny  un  superbe  mausolée  à  l'évéque 
de  Baveux  (2).  L'héritage  de  Jean  Lengret  ne  devait  pas  nuire 
à  l'avancement  de  son  neveu  aussi  bien  dans  les  emplois 
politiques  que  dans  les  charges  d'Église. 

L'occasion  ne  tarda  pas  à  se  présenter.  Dès  1423,  envoyé  à 
Rome  comme  substitut  du  procureur  général  que  Phihppe 
le  Bon  eniretenait  auprès  du  Saint-Siège  (3)^  il  montra  une 
grande  souplesse  el  une  réelle  intelligence  dans  des  négo- 
ciations souvent  difficiles,  d'où  l'autorité  de  son  maître  sortit 
généralement  victorieuse  grâce  à  ses  etTorts.  Il  en  fut  récom- 
pensé dès  1425  par  le  litre  de  procureur  général  en  cour  de 
Rome.  Un  des  derniers  bienfaits  de  Jean  Lengret  avait  fait 
entrer  son  neveu  comme  chanoine  surnuméraire,  dispensé 
de  résidence,  au  chapitre  métropolitain  de  Besançon  iM.  Suc- 
cessivement prébendier  de  Supt  (1419-1422)  et  de  saint  Jean- 
Baptiste  (1422-1427),  il  fut  élu,  le  11  octobre  1425,  trésorier 
du  chapitre,  en  remplacement  de  Jean  d'Annoires,  qui  venait 
de  mourir  i^l  C'était  la  plus  haute  dignité  après  celle  de 
doyen.  Après  avoir  passé  quelques  mois  dans  la  haute  stalle 
que  ses  mérites  et  la  confiance  des  chanoines,  ses  confrères, 
lui  avaient  attribuée,  Jean  de  Fruyn  repartit  pour  Rome,  en 


[i)  Chevalier,  Méwoirtt  tur  Poligutj.  II,  p.  396. 

(2)  Chevalier  donne  la  ile»cription  el  l'inscriplion  de  ce  cénotaphe,  suus 
lequel  reposait  seulement  le  cœur  iJe  Jean  l^ngrel.  Vrid. 

(3)  G  178.  fol.  331.  Arch.  da  Doubu. 

(4)  Bulles  de  dispense  accordées  à  Jean  dr:  Fruyn,  1i19   Ibid.  fol.  2Sti. 

(5)  Ibid.  foi.  116  v». 


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1427,  non  sans  être  allé  saluer  aux  Flandres  son  puissant 
maître  et  protecteur  et  s'être  chargé  de  solliciter,  au  nom  du 
chapitre,  toutes  les  faveurs  qu'il  lui  plairait  de  demander  à  la 
curie  romaine.  A  la  cour  de  Bruxelles,  il  n'avait  pas  moins 
d'influence,  tant  à  cause  des  services  qu'il  rendait  person- 
nellement au  duc  et  à  son  enloi  rage,  que  par  le  crédit  de  son 
parent  Jean  Chevrot,  polinois  et  chanoine  de  Besançon  comme 
lui,  qui  se  préparait  à  devenir  chef  du  conseil  ducal  et 
évêque  de  Tournai.  Quand  l'égiise  de  Potigny  fut  éle- 
vée k  la  dignité  de  collégiale,  la  bulle  d'Eugène  IV  fut 
adressée  au  trésorier  de  Besançon  W,  et  ce  fut  Jean  de  Fruyn 
qui  installa  le  chapitre.  En  1433,  quand  s'ouvrit  le  concile  de 
Bille,  le  duc  y  envoya  cinq  ambassadeurs  :  Jean  Germain, 
évèque  de  Nevers,  Jean  de  Fruyn  et  trois  autres  franc-com- 
tuis  :  Henri  de  La  Tour,  Irltienne  Annénier  et  Etienne  de 
Grandvaux.  Ces  députés,  raconte  Gollut,  surent  •  si  bien  faire 
entendre  et  cognoistre  la  grandeur  de  leur  maître  souverain 
en  la  Franche-Comté  de  Bourgnngne,  six  fois  duc,  quinze  fois 
comte,  que  le  premier  lipu  après  les  rois  luy  fut  outroié,  no- 
nobstant que  les  princes  de  l'Empire  débatissent  le  contraire 
et  qu'ils  maintinssent  que  en  ville  impériale  et  en  présence 
de  l'Empereur  ilz  debvoient  précéder  (2)  ». 

L'année  suivante,  prévenu  de  la  maladie  du  haut-doyeo 
de  Besançon,  Léon  de  Nozeroy,  Jean  de  Fruyn  revint  en  toute 
hâte  à  Besançon,  assez  tôt  pour  recueillir  son  dernier  soupir 
et  sa  succession  (^}.  Élu  le  22  août  1434  par  les  seize  cha- 
noines présents,  le  nouveau  doyen  prit  de  suite  séance,  prêta 
serment  et  signa  le  procès-verbal  de  son  installation.  C'e^l  à 
cette  époque  préciseque  fut  gravé  le  sceau  ofRciel,  dont  lades- 
cription  a  servi  de  préface  à  cette  étude  et  dont,  après  les 


'i)  CiiEVAUEB.  Jlf^'m.  sjir  l'ulignij,  II.  Preuves,  DU    Bulle  dit  28  urril 
1W1 . 

(2)  Goi.i.[JT   Uéin.  des  Bourgnignoat.  éiJil.  de  tStti,  l-o1,  tt36  el  iiole. 
(3j  ti  178,  fol  H7.  Arelt.  du  Doubi. 


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lamentables  destructions  de  nos  archives  ecclésiastiques,  il 
ne  bubsiste  aucune  empreinte  dans  les  dépàls  du  diocèse  de 
Besançon. 

Cette  dernière  étape  franchie,  il  ne  restait  au  doyen  qu'un 
pas  pour  arriver  à  l'épiscopat  dont  il  était  digne  et  auquel  U 
semblait  prédestiné  par  sa  naissance.  Il  s'y  prépara  en  s'ap- 
pliquant  consciencieusement  à  ses  devoirs  de  doyen,  c'est- 
à-dire  de  président  du  chapitre.  En  1435,  il  achète  la  maison 
de  son  prédécesseur,  entre  la  rue  du  Chambrier  et  le  puits 
de  Saint-Jean  (t)  pour  y  faire  sa  résidence,  et  ne  quitte  désor- 
mais le  diocèse  que  pour  aller  à  Bflle  au  concile,  à  Dijon  ou 
à  Bruxelles  au  conseil  du  duc.  En  1437  l'archevêque,  Jean  de 
Rochetaillée,  meurt  au  mois  de  mars.  Immédiatement  le  cha- 
pitre se  réunit  pour  lui  donner  un  successeur  :  vingt-quatre 
suffrages,  y  compris  ceux  des  abbés  de  Saint-Paul  et  de 
Saint- Vincent,  électeurs  adjoints  au  chapitre,  élisent  Jean  de 
Fruyn  qui,  séance  tenante,  jure  d'observer  les  statuts  du 
concile  de  Bêle  et  de  ne  point  céder  son  archevêché  par 
échange  W.  Aussitôt  après  l'élection  du  24  avril  1437.  le 
grand  chantre,  Odet  de  Clerva!  et  le  chanoine  Jean  Beaupère 
partent  pour  les  Flandres  afin  d'obtenir  ia  ratification  du 
duc,  tandis  que  d'autre  part  on  sollicite  celle  du  concile  gé- 
néral. Messages  et  dépêches  s'entrecroisent  et  l'on  apprend 
bientôt  avec  stupéfaction  que  le  pape  Eugène  IV,  prétextant 
certaines  réserves,  vient  de  nommer  son  propre  neveu  Fran- 
çois de  Condelmire,  cardinal  de  Venise,  à  l'archevêché  de 
Besancon,  Un  schisme  au  petit  pied  éclate  ;  les  citoyens  de 
Besançon  prenant  parti  pour  le  pape,  les  chanoines  pour  le 
concile  qui,  le  IS  septembre  1437,  confirme  l'élection.  Et  de 
nouveau  l'agitation  s'accentue,  les  démarches  se  multiplient 

(1)  Délibération  du  M  mars  1135.  G  178,  Toi  148  v».  Areh.  du  Doub». 

(S)  Délibération  du  24  avril  1437,  G  173,  fol.  11.  Ibid 

(3)  Les  délibérations  ca|iitulaires  de  1437-1439  uontienneot  le  détail  de 
ces  luîtes  et  de  ces  négociations,  résumées  dans  le  Vêiontio  de  Jean-Jac* 
ques  Chimet:  pars  U,  p.  S97-301. 


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auprès  Hu  dur,  auprès  du  concile  contre  te  cardinal  de  Ve- 
nise et  au  profit  de  Jean  de  Fruyn.  La  translation  de  FraD- 
çois  de  Condelinire  à  l'évôclié  de  Vérone  et  la  nomination 
ménagée  par  le  duc  de  Bourgogne,  de  Jean  de  Norry  alors 
archevêque  de  Vienne  ii  l'archevéclié  de  Besançon, anètèrent 
les  difficultés;  l'évëque  de  Tournai,  Jean  Chevrol,  obtint  de 
Jean  de  Fruyn  i]u'il  renoncerait  à  ses  droits  et  recevrait  eu 
échange  une  pension.  Le  19  avril  lit!»,  le  haut  doyen  :9igaait 
cette  transaction  avec  l'archevêque  de  Vienne,  et  bienlôl 
après,  une  bulle  d'Eugène  IV  ub^ivait  Jean  de  Fruyn  de 
toutes  les  censures  et  interdictions  lancées  contre  Uii  et  se: 
électeurs  en  lui  ordonnant  de  remettre  à  Quentin  Hénard. 
successeur  de  Jean  de  Norry,  mort  inopinément,  tous  les 
droits  qu'il  aurait  pu  prétendre  sur  l'église  de  Besançon.  Le 
nouvel  archevêque  eut  pour  Jean  de  Fruyn  tous  les  égards 
dus  à  un  conseiller  du  duc  Philippe,  qui,  dans  des  circons- 
tances pénibles,  avait  montré  une  grande  dignité  et  un  réel 
désinléressement.  Quant  au  doyen,  .-^on  premier  soin  fut  de 
fonder,  en  la  dotant  de  100  saluts  d'or,  une  fête  double  de 
saint  Claude  en  l'église  métropolitaine  de  Saiût-Jean  (l ,  à  la- 
quelle il  devait  donner  quatorze  ans  plus  tai-d  ud  ornement 
complet  en  soie  noire  à  figures  tissées  d'or,  doublé  de  toile 
perse  et  richement  brodé  |2\  outre  de  nombreuses  libéralités 
pour  les  réparations  ou  la  confectiou  des  cloches  des  deui 
cathédrales '3), 

En  I451.il  fit  écrire  pour  l'église  de  Saint-Jean  (sa  préférée, 
puisqu'elle  était  dédiée  à  son  propre  paîronj,  un  Livre  de 
Comméinoraùon  dea  DéfunU,  sur  vélin,  où  l'on  peut  voir 
encore  la  dédicace  faite  par  le  doyen  et  ses  armoiri^  peintes 
contrairement  aux    règles  du  blasi-n,  car,   sur  champ  de 


(1)  7  rnni  1440.  G  171),  fol.  73.  Ai-ck.  du  Doubt. 

:2,  9  :ioil[  1fà4.  G  181.  M.  17-2  v».  Ibid 

{3)  K  Mplembra  1154.  Le  Chapitre  donne  qiiitluiioe  »a  doyen  Je  âO  An- 
riiis  d'or,  p.ir  l[ii  payé^  à  Cilles  Ruy,  pour  la  rérectioti  du  uluitre  de  l'égliK 
el  l'achat  d'étaiii  el  mêlai  pour  la  refonte  des  cloches.  G  181.  IM. 


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gueules  est  un  chevron  d'azur  chargé  lui-même  de  trois 
étoiles  d'or  W. . 

t^ans  récrimination  sur  le  passé,  jouissant  de  l'estime  et  de 
l'affection  de  son  chapitre,  auquel  il  ne  ménageait  pas  les 
bienfaits,  Jean  de  Fruyn  partagea  désormais  sa  vie  entre  Po- 
ligny  sa  patrie,  oti  la  maison  de  Jean  I^ngret,  réparée  et  or- 
née de  ses  armoiries,  Tahrita  durant  de  longs  séjours;  Dijon, 
où  il  allait  prendre  part  aux  conseils  du  duc  (3);  Salins,  oii  il 
devint,  sur  le  tard  et  piir  échange,  prévôt  de  Saint-Anatoile  ; 
Besançon  surtout,  où  li>s  délibérations  capitulaires  le  montrent 
exact  â  presque  toutes  les  séances. 

En  14153,  le  19  septembre,  ce  fut  lui  qui,  au  nom  de  son 
ami  et  parent  Jean  Chevrot,  évèque  de  Tournai,  présenta  au 
chapitre  une  image  d'argent,  haute  de  six  pieds  et  somptueu- 
sement dorée,  que  le  prélat  offrait  en  se  recommandant  aux 
prières  de  ses  anciens  confrères  (3). 

En  1455,  une  entente  s'établit  entre  lui  et  Jean  de  Poupet, 
qui  venait  d'étudier  à  Pavie,  et  qui,  chanoine  de  Besançon, 
ambitionnait  de  plus  hauts  emplois.  Il  fut  convenu  que  Jean 
de  Fruyn  lui  céderait  le  décanat  en  échange  du  titre  de  pré- 
vôt de  Saint-Anatoile,  dès  que  le  Saint-Siège  aurait  approuvé 
celte  transaction.  Le  chapitre,  pleinement  d'accord  avec  son 
doyen,  l'envoya  féliciter  et  remercier  (*). 

Enfm,  en  1458,  le  14  septembre,  on  apprit  que  le  pape 
consentait  à  l'échange  avec  Jean  de  Poupet  et,  le  ItJ  sep- 
tembre, au  moment  oii  ce  dernier  prenait  pour  ta  première 
fois  place  au  fauteuil  de  doyen,  on  annonçiiit  que  Jean  de 
Fru)  n  venait  de  mourir,  deux  jours  auparavant,  à  Poligny  1^). 


(1}  V.  à  la  suite  de  c«1te  noliue  la  description 
mémoraison  des  Défunts,  et,  dans  ta  pluncho, 
Fruyn,  tirées  de  ce  volume. 

(2)  V.  Arch.  de  la  Cùle-d'Or.  B  1712.  Année  1ii8-14ii). 

(3)  G  181,  fol.  252.  Arch.  du  Doab: 

(4J  12  mars  14ffî.  G  181,  fol.  21i  v.  Ibid. 

(5)  U  et  Iti  septembre  Ifôtj.  U  \%i,  fol.  206  et  2n(i.  Ibid. 


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—  270  — 

Les  restes  de  l'archevèque-élu  furent  rapportés  dans  la  ca- 
thédrale  de  Saint-Étienne;  on  l'ensevelit  dans  la  grande 
nef,  où  Jules  Chifllet,  en  1659,  a  copié  son  épitaptie  (l)  : 

>  Ici  repose  Révérend  Père  et  Seigneur,  Maître  Jean  de 
Fruyn,  de  Poligny,  licencié  en  lois,  doyen,  ihanoine  et  ar- 
chevéque-élu  de  Besancon,  chanoine  de  Tournai,  de  la  cha- 
pelle du  duc  de  Bourgogne  à  Dijon,  de  Saint-Anatoile  et  de 
Saint-Michei  de  Salins,  conseiller  du  duc,  mort  le  14  sep- 
tembre 1459  >.  (Hic  jacet  Révérend ua  Pater  etDominui  ma- 
gitter  Joannes  de  Fruino,  de  Polygniaco,  in  legibus  ficen- 
(talus,  decanus  et  cnnonicut,  electuaque  concorditer  eccUtie 
Bisuntine  et  ecclesiarum  Tornacemis,  Vapelle  ducii  Bur- 
gundie  de  Divione,  &incli  Aiiatholii  et  Sattcti  Michaelit  de 
Salinis  canonicxta  et  ipaius  Ducis  contiliariuSf  qui  obiit  anno 
.  M .  cccc .  L ,  VIII ,  xiiii  aBptembrit.) 

Cette  tombe  disparut,  en  1674,  avec  la  cathédrale  Saint- 
Ëtienne,  détruite  par  Vaubaii. 

Le  Liber  Defunctorum  de  la  BiblioChëque  de  Besançon 
(ms.  130),  le  grand  sceau  de  la  Bibliothèque  Nationale  et  le 
petit  sceau  du  Musce  de  Dijon,  sont  les  derniers  souvenirs 
de  l'homme  d'Ëglise  qui,  de  son  vivant,  fut  un  très  grand  per- 
sonnage et  dont  le  nom  restera  à  jamais  annexé  h  la  liiste 
des  archevêques  de  Besunçoii,  quoiqu'il  n'y  ait  jamais  fi- 
guré en  bonne  place. 

[t)  J.  Cal'TKirh.  InKriplions  de  l'êglUe  Saint-Étitnne  dt  Bttançon. 
Bulletin  <le  l'Académie  de  Besati<:oii,  1880.  340. 


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Soc.d'Emul.duDoubs. 


-14I6-14'37-1451- 

ÂetB- Sceaux  de<IeandeFruY">^i'B'io>"^pu'Bl'<^"du^OBnçon 
C-  Armoiries  du  même   f  ma  J30  de  JaBiU-deB^aaiifonJ. 


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PIÈCE  JUSTIFICVTIVH 


Notice   d'un    manuscrit  offert  éi  la  ca.tbéârale  Saint- 
Jean  d«  Besancon  par  J«an  de  Fruyc,  en  1551  il) 

130.  Liber  comrnemoralionis  derunclorum.  ad  usum  eccle- 
s'vdî  Bisuntiiiae  Saiicii  Joliannis  EvnnffeliflEe  partim  notalus. 

F'dl.  I.  —  '  Incipmnl  vigilie  inorliiorum,  proiil  pcranni  urcu- 
liim  cantantur  usitaliler  in  ecclesia  cntliedruli  Bisiintina    • 

Fol.  21.  a  Sequilur  ^;>«rite,  quod  dicitur  in  ecciesia  Uisun- 
Una.  >  Suivent  les  recomniuiidalions  des  âmes. 

Fol.  27.  —  t  Onio  fuiieruliurn  in  euilesia  Bisuntinn  pro  domi- 
nis  canunlcis  ilefunulis...  «  Funérailles  des  chanoines  du  cliapiire 
métropolitain,  auxquelles  prenaient  part  les  chanoines  des 
cullégiales  de  Sainte-Madeleine  et  de  Saint-Paul. 

Fol,  33  V.  —  Ordo  processionis  die  commémorât  ion  is  om- 
mium  fidelium.  s 

Fol.  3t.  —  I  Ordo  ad  Tuciendum  aquam  benedictam  diebus 
dominiuis  in  ewle^iia  Uistintinii  S.  Joliannis  Euvangelislt- ,  Cura- 
lusS.  Joliannis  llapliste  débet  Tauere  dielani  aquam  benedie- 
tam...  » 

Fol.  38.  —  «  Hune  libium  comrnemoralionis  deffuiictorum 
fecit  Aeri  reverendus  Pater  magisler  Juhannes  de  Fruyno,  de- 
canus  ecclesie  Itisutitine,  quem  donuvit  huin  ecelesie  Hisuntine 
S.  Joliannis  Ëvangeliate,  unno  Domini  millesimo  [cccc]  quinqua- 
gesiino  primo.  » 

Au-dessous  est  un  écusson:  de  gatitlei,  au  chevron  d'atur 
chargé  du  trou  êluUen  d'or.  Ces  armoiries  sont  encore  figurées 
aux  fui.  l  II  21. 

Jean  de  Fruyn,  donateur  de  ce  livre,  était  originaire  de  Poli- 
gny.  11  fut  l'un  des  conseillers  du  duc  de  Bourgogne  Philippe  te 

(1)  Ms.  n<  130  de  la  Bibliothèque  de  Besaiifon. 


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—  272  — 
Bon  el  parvint  au  décanat  du  cbapilre  métropolitain  de  Besan- 
çon. Élu  archevêque,  en  1437,  il  dut  abdiquer  devant  une    no- 
mination directe  que  fil  la  cour  de   Kome.  Il  mourut  le  14  sep- 
tembre 1458. 

Ibid.  t  Pro  pace  et  tranquillitate  reipublicœ  christianœ  i 
(Prières  ajoutées  au  xvp  siècle). 

Milieu  du  iv  siècle,  Vélin,  39  feuillets  à  2  cqI  ,  396  sur  ÎIO  millim. 
Initiales  ornées  avec  goùl.  Vignettes  aux  fol.  1,  21  et  38.  Rel.  en  bois,  cou- 
vert de  veau  gaufré  du  milieu  du  icvi'  s.  (Chapitre  métropol.  de  Besaui,-on. 
—  Don  fait  à  la  Bibliollièque.  en  1838,  par  le  chanoine  Thiébaud). 

(Tome  1  du  Catalogue  imprimé  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  pii- 
blique  de  t)esan(on,  Dit!)?,  p.68.) 


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Le  Docteur   COUTENOT 

Proftflkcur  hoAOTftlTC  I  l'EcûJc  de  Mtdcdnc 

lÉdicJn    in    ch<f  hononlrc  dt   l'hdpml    S*lnt-]Kqua 

Maabri   d^  !•   Sodcic   d'Enulitlan  du   D«ib>. 

di  l'Aoulcinic  dr  Bcunçoti.  etc. 

Chinlkr    d<    1*    Ltgion    d'honniitr  » 


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DOCTEUR  COUTENOT 

Par  H.  le  D'  GHAPOT 

Séance  publique  du  i9  décembre  190t 


Un  homme  vient  àe  s'éteindre  parmi  nous  qui,  durant  sa 
longue,  active  et  bienfaisante  existence,  presque  exclusive- 
ment consacrée  à  l'étude,  à  l'exercice  et  à  l'enseignement 
de  la  médecine,  n'a  cessé  d'aimer  passionnément  la  science,  ■ 
son  pays  et  l'humanité.  La  science  !  le  docteur  Coutenot  l'a 
cultivée  avec  une  ardeur  infatigable,  difTusée  largement  par 
la  parole,  enrichie  par  de  nombreux  et  importants  écrits. 
Son  pays!  il  avait  le  culte  élevé  de  la  patrie  que,  dans  les 
époques  sinistres,  il  a  servie  en  citoyen  d'élite;  mais, en  elle, 
il  affectionnait  surtout  notre  province  et  dans  celle-ci  notre 
cilé  dont  l'histoire  lui  était  familière  et  dont  il  a  fait  revivre 
d'intéressantes  physionomies.  L'humanité!  il  s'est  dévoué, 
sans  trêve  et  jusqu'à  l'abnégation,  à  en  guérir  ou  du  moins 
k  en  soulager  et  à  en  consoler  les  misères  physiques  et  les 
douleurs  morales;  et,  jusqu'au  dernier  soupir,  il  a  donné  à 
ses  proches  et  à  ses  amis  le  spectacle  merveilleux  du  bien 
que  peut  accomplir  et  du  mal  que  peut  empêcher  une  haute 
intelligence,  quand  elle  a,  pour  la  seconder,  un  cœur  orné 
des  plus  magnifiques  vertus. 

La  Société  d'Emulation  du  Doubs  ne  pouvait  rester  indiffé- 
rente à  la  perte  d'un  de  ses  membres  les  plus  anciens  et  les 
plus  distingués.  Vous  avez  tenu.  Messieurs,  à  ce  que  son 
souvenir  (ÙX  évoqué,  d'abord  dans  une  de  vos  réunions  ordi- 
10 


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—  274  - 
naires,  puis  dans  cette  séance  solennelle;  et  vous  avez  de- 
mandé à  l'un  de  ses  plus  humbles  élèves,  mais  non  au  moins 
attaché  et  au  moins  reconnaissant,  de  vous  retracer  en  quel- 
ques lignes  la  vie  toute  de  travail,  d'honneur  et  de  charité 
de  son  maître  vénéré  autant  que  chéri.  Le  disciple  vous 
remercie  du  fond  du  cceur  de  lui  avoir  réservé,  au  milieu 
de  l'amertume  de  son  deuil,  laduuce  consolation  d'esquisser 
aujourd'hui,  une  fois  encore,  dans  un  milieu  choisi,  les  traits 
d'une  figure  si  noblement  belle  et  si  dignement  sympathique, 
en  attendant  que  te  temps  lui  permette  de  compléter  son 
œuvre  et  de  payer  plus  amplement  son  tribut  d'hommages  k 
une  mémoire  qui  mérite  toutes  les  louanges  et  commande 
tous  les  respects. 

François- Marie  Coutenot  natiuit  ù  Besançon  le  20  août  1423. 

Son  père,  originaire  de  nuffey  (Jura*,  o(i  sa  parenté  pos- 
sédait des  terres  fertiles,  avait  préféré  une  situation  adminis- 
trative à  l'exploitation  directe  du  sol.  Après  avoir  occupé 
divers  postes  et  reçu  un  avancement  régulier  i)  chacun  de 
ses  déplacements,  il  fut  désigné  pour  remplir  à  Besançon 
l'emploi  de  contrôleur  ambulant.  A.  cette  époque,  vivait  en 
notre  ville,  dans  une  maison  (t)  sise  en  lace  de  lu  grande 
porte  du  couvent  des  Carmes  s'ouvrant  sur  la  Grand'rue,  une 
famille  Noll,  très  favorablement  connue,  dont  un  des  ascen- 
dants du  côté  niuternel  avait  rempli,  à  titre  purement  hono- 
rifique, la  dernière  place  de  monnoycur  de  la  cité  et  dont 
un  autre  avait  été  porte-bannière  de  la  corporation  du  quar- 
tier Siunt-Paul.  Le  nouvel  arrivant,  reçu  dans  cet  accueillant 
intérieur,  y  avait  été  apprécié  ;  sa  nature  ouverte,  gaie,  pleine 
d'entrain  ;  la  régularité  de  sa  vie  ;  les  conPidences  Eavorables 
de  ses  chefs  avaient  séduit  et  charmé;  et  l'aînée  des  deux 
jeunes  filles  avaitconsenti  à  lui  accorder  sa  main  :  comme 


(1)  Cette  m.iisor)  nppnrljent  encore  à  H"*  Bourdenel;  un  phirmacien  ei 
occupe  le  rei-de-chaussée.  Elle  porte  actiiellenient  le  n*  99, 


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—  275  — 

sa  sœur,  et)e  était  d'un  rare  mérite  et  d'une  réelle  distinction  : 
tout  semblait  présager  le  bonheur. 

Quatre  enfants  sortirent  de  cette  union.  François-Marie,  le 
plus  âgé,  devait  seul  survivre. 

Les  fréquents  changements  de  résidence  de  son  père  ris- 
quaientde  compromettre?!  la  fois  son  éducation  et  son  ins- 
truction. Pour  éviter  les  graves  inconvénients  des  mutations 
de  contacts  et  de  méthodes  qu'auraient  étalement  entraînés 
des  déplacements  obligatoires,  il  fut  décidé  que  ce  premier 
enfant  serait  confié  à  la  garde  des  aïeux  friatemels  où  l'au- 
torité habile  de  la  tante  serait  maintenue  en  bonne  direction 
sous  l'influence  opposée  de  la  sévérité  ferme  du  grand-père 
et  de  la  tendresse  ordinaire  de  la  grand'mëre.  Comme  celle- 
ci  était  sensiblti,  délicate  et  indulgente  !  Et  lui,  le  chef  de  la 
maison,  comme  il  était  honnête,  loyal  et  franc  I  Auprès  de 
cet  homme  profondément  pieux,  bienveillant  dans  ses  actes, 
ses  paroles  et  même  ses  pensées,  épris  d'idéal  qu'en  musi- 
cien consommé  il  cherchait  dan.";  les  accords  des  grands 
maîtres,  au  sein  de  cette  p^  créée  pf<r  une  profonde  en- 
tente et  un  mutuel  abandon,  le  petit-fils  puisait,  presque  & 
son  insu,  à  l'école  du  vrai,  du  beau  et  du  bien,  les  germes  de.s 
qualités  dont  il  devait  faire  épanouir  et  mûrir  plus  tard  les 
fleurs  et  tes  fruits. 

Un  trait  montrera  à  quel  point,  dès  son  enfance,  il  avait 
de  sensibilité. 

Lorsque,  peu  de  temps  après  la  mort  de  sa  femme,  son 
aïeul  succomba  subitement  en  prenant  son  repas,  le  pauvre 
enûiDt  était  à  ses  côtés.  Après  les  premiers  mouvements 
d'effroi,  de  surprise  et  de  désolution,  il  s'aperçut  que  le  vieil- 
lard tenait  dans  ses  doigts  crispés  un  fragment  de  pain.  Il 
recueillit  soigneusement  ce  dernier  objet  qu'avait  pressé  une 
main  bénie  et  souvent,  devant  cette  précieuse  relique  dont 
il  ne  s'est  jamais  dessaisi,  il  a  pensé  les  yeux  humides,  à  ce 
vieillard  cravaté  de  blanc  qui  le  berçait  sur  ses  genoux  et  se 
mirait  dans  son  sourire. 


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—  276  - 

A  la  maîtrise  de  Mgr  de  Rohan,  on  recevait  alors  des  ado- 
lescents de  bonne  famille  que  des  professeurs  sérieusement 
choisi:^  élevaient  et  instruisaient  dans  les  éléments  des  let- 
tres et  des  sciences.  Ce  fut  là  que  le  jeune  Coutenot  connut 
Armand  Barthet  :  malgré  les  différences  d'Age,  de  travaux  et 
de  situation  qui  le  séparaient  de  l'auteur  du  ifoineau  de  Lés- 
ine, il  n'en  conserva  pas  moins  avec  lui  les  meilleures  et  les 
plus  cordiales  relations.  Mais  il  devait  surtout  former  avec 
deux  autres  condisciples  un  faisceau  uni  par  les  liens  les 
plus  solides.  L'un  était  Léon  Péquignot  qui  devint  un  des 
avocats  les  plus  distingués  de  notre  ville  et  décéda,  il  y  a 
trois  ans,  après  avoir  honoré  le  barreau  bisontin  non  moins 
par  son  impeccable  probité  que  par  sa  science  juridique  in- 
contestable ;  l'autre  était  Magdeleine,  mort  le  11  janvier  der- 
nier, après  avoir  conquis  le  grade  de  colonel  et  en  laissant 
une  répuUlion  de  droiture  et  de  loyauté  parfaites.  Cette  sym- 
pathie étroite,  née  sur  les  bancs  de  l'école,  s'est  poursuivie 
sur  te  lit  d'agonie.  Les  mêmes  accidents  ont  provoqué  la  mort 
des  trois  ami.s  ! 

I^s  années  se  succédaient.  Le  moment  vint  d'entrer  au 
collège  royal;  puis,  les  études  classiques  terminées,  et  les 
deux  baccalauréats  obtenus,  l'un  à  Besançon,  l'autre  à  Dijon, 
l'heure  sonna  de  se  décider  pour  le  choix  d'une  profession. 

Appelé  par  un  ;:;oùt  irrésistible  vers  \es  éludes  médicales, 
notre  bachelier  entra  résolument  dans  la  voie  qu'il  se  propo- 
sait de  parcourir.  Et  cependant  que  de  ronces  il  trouvait  aux 
abords  du  chemin! 

La  famille  de  sa  mère,  sans  être  véritablement  opulente, 
jouissait  d'une  fortune  assez  impoitante.  Un  cautionnement 
îaii  â  un  ami  infidèle  avec  plus  de  cordialité  que  de  prudence 
amena  l'elTondremenl  de  cette  richesse  honnêtement  et  par 
conséquent  lentement  amassée.  On  avait  dû  vendre  les 
vignes  et  autres  terres  de  Bregille,  et  c'est  au  chagrin  causé 
par  leur  ruine  que  les  époux  Noil  avaient  successivement 
succombe,  elle  d'abord,  lui  ensuite,  non  sans  avoir  versé  des 


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-277  — 
torrents  de  larmes  sur  la  tète  de  leur  petit-fils  ému  unique- 
ment de  leur  peine. 

S'il  lui  avait  été  possible  de  conserver  ces  deux  êtres  si 
chers,  que  lui  eût  importé  l'anéantissement  de  son  futur 
avoir  !  En  tous  cas,  l'honneur  était  sauf,  l'espérance  entière 
et  partant,  la  résignation  facile.  D'ailleurs,  la  Providence  lui 
avait  ménagé  un  sérieux  appui.  Sa  tante  qui,  malgré  tous  ces 
revers,  aurait  pu  prétendre  &  une  union  ardemment  désirée, 
refoula  dans  son  cœur  tout  sentiment  de  satisfaction  person- 
nelle et,  ne  songeant  qu'à  l'avenir  de  son  cher  neveu,  réso- 
lut, dans  une  héroïque  détermination,  de  se  sacrifier  à  lui. 
Le  jeune  homme  comprit  ce  qu'il  y  avait  de  généreux  et 
d'admirable  dans  cette  abnégation  toute  spontanée  :  aussi 
est-ce  par  un  travail  acharné,  un  respect  profond,  une  grati- 
tude inaltérable  qu'il  répondit  à  une  telle  preuve  d'affection 
et  de  dévouement. 

Les  succès  couronnèrent  ses  courageux  efforts.  Apprécié 
par  les  maîtres  de  notre  Ecole  de  médecine,  appelé  à  remplir 
les  fonctions  d'interne  dans  notre  grand  hôpital,  il  suivit 
quelque  temps  après  l'enseignement  de  la  Faculté  de  Stras- 
bourg, puis  gagna  la  capitale  pour  y  obtenir  le  grade  de  doc- 
tcui'.  Partout  et  toujours  ses  examens  et  ses  concours  furent 
l'occasion  de  nouveaux  triomphes. 

Cependant  le  vide  s'était  fait  plus  cruel  encore  dans  la 
famille  si  rudement  éprouvée  de  notre  étudiant.  Ses  deux 
sœurs  étaient  terrassées  par  d'implacables  maladies,  l'une  à 
sept  ans  et  l'autre  à  cinq  ans,  dans  un  court  intervalle.  Sa 
mère,  femme  d'une  sensibilité  exquise,  expirait  bientôt  après, 
k  Saint-Oié,  sous  le  poids  de  cette  double  et  poignante  émo- 
tion. Son  père  enfin,  élevé  à  la  fonction  de  directeur  des 
contributions  indirectes  à  Nîmes,  mourait  en  quelques  jours, 
en  octobre  1847,  après  avoir  pris,  sans  précautions  suffi- 
santes, un  bain  dans  l'eau  glacée  du  Rhône. 

Aussi  la  tante  et  le  neveu,  réfugiés  h  Paris,  dans  un  petit 
logement  de  lu  rue  Souffiot,  s'efTorçaient-ils,  elle  par  sa  dou- 


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—  278  — 
ceur  vraiment  maternelle  et  lui  par  sa  filiale  conâesceodance, 
de  créer  dans  leur  humble  asile  une  atmosphère  de  calme  et 
de  sérénité.  Us  y  avaient  réussi  et  lorque  le  nouveau  doC' 
leur,  après  avoir  obtenu  son  diplôme,  le  27  mars  1848,  re- 
vint, dans  le  courant  de  la  même  année,  habiter  en  haut  de 
la  rue  des  Granges,  d'abord  la  maison  où  le  pharmacieo 
Desfosses  découvrit  la  solanine,  puis  un  appartement  au 
a"  58,  du  càté  opposé  de  la  chaussée,  chaque  fois  le  logis, 
exigu  et  modeste,  abrita  les  mêmes  sentiments  d'alTeclion 
désintéressée  et  de  reconnaissance  sans  limites. 

C'était  comme  un  rayon  de  soleil  après  tant  de  sombres  évé- 
nements que  le  retour  dans  la  ville  natale  où  l'on  avait  laissé 
toutes  ses  pensées.  Le  ciel  allait  s'obscurcir  une  fois  de  plus. 
Le  frère  du  docteur  Coutenot,  blessé  en  faisant  son  service 
de  sous-olflcier  contre  l'émeute  de  1848,  rendait  l'âme  le 
10  février  1850,  à  l'âge  de  22  ans. 

Le  travail,  mais  le  travail  incessant  et  varié,  était  le  seul 
dérivatif  possible  à  cette  cruelle  séparation.  Les  débuts  de  la 
profession  médicale  sont  toujours  difHciles,  sinon  pénibles, 
pour  ceux  —  et  heureusement  ils  ont  toujours  été  et  seront 
l'ncore  nombreux  dans  notre  région  —  auxquels  il  répugne  de 
chercher  la  notoriété  autrement  que  par  des  moyens  probes 
et  corrects  :  néanmoins,  les  clients  commençaient  à  connaître 
le  chemin  de  ce  cabinet  installé  sans  luxe,  mais  avec  goût,  où 
riches  et  pauvres  étaient  reçus  avec  les  mêmes  égards  et 
d'où  Ils  sortaient  emportant  h  la  fois  d'excellents  conseils 
pour  leur  santé  et  la  meilleure  impression  sur  le  compte  du 
consultant. 

Tout  en  s'occupant  avec  une  attention  scrupuleuse  des 
soins  que  réclamaient  ses  malades,  le  jeune  médecin  ne  né- 
gligeait pas  les  occasions  d'accroître  ses  connaissaoces  et  de 
suivre  le  mouvement  scientifique. 

Le  10  novembre  1851,  il  devenait  membre  de  la  Société  de 
médecine  de  Besançon,  après  avoir  déjà  reçu,  le  4  septembre 
précédent,  à  la  suite  de  l'envoi  d'un  mémoire  remarquable, 


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—  279  — 
le  titre  de  correspondant  de  la  Société  médicale  d'Indre- 
et-Loire.  Le  17  juin  1854,  ses  confrères  du  département  du 
Nord  lui  octroyaient,  dans  des  circonstance-^  semblables,  une 
pareille  distinction.  Il  tut  élu  plusieurs  fois  président  annuel. 

C'est  le  5  avril  1852,  qu'il  entrait  dans  la  Société  d'Emula- 
tion du  Doubs,  à  laquelle  ju^u'à  la  On  il  resta  fidèlement 
uni.  Si  nos  volumes  ne  renferment  aucune  de  ses  publica- 
tions, si  nos  séances  l'ont  rarement  compté  parmi  les  audi- 
teurs des  communications  mensuelles,  c'est  que  ses  re- 
cherches étaient  trop  spéciales  et  son  temps  trop  limité  :  il 
eût  été  heureux  et  fier  de  collaborer  directement  à  notre 
œuvre;  en  tous  cas,  il  l'estimait  et  applaudissait  à  son  déve- 
loppement et  à  ses  progrès. 

Un  hasard  heureux  allait  décider  de  sa  destinée  et,  pen- 
dant près  de  quarante  ans,  changer  en  bonheur  les  peines 
de  sa  jeunesse.  Dans  une  maison  conttguë  à  celle  qu'il  occu- 
pait, était  venu  habiter  un  honorable  et  riche  commerçant 
qui,  dans  on  cas  d'urgence,  eut  l'idée  de  recourir  à  ses  lu- 
mières. On  remarqua  bien  vite  l'aisance  et  la  distinction  de 
ses  manières  ainsi  que  l'urbanité  de  son  langage  ;  il  frappa 
par  la  sûreté  de  ses  affirmations  et  plus  encore  par  sa  modes- 
tie en  face  des  bons  effets  obtenus  ;  sa  discrétion  engagea  à 
l'appeler  davantage  et,  quand  la  guérison  fut  manifeste  et 
que  la  dernière  visite  eût  fait  prévoir  une  interruption  pro- 
longée de  relations  devenues  agréables ,  on  s'aperçut ,  de 
part  et  d'autre,  qu'il  s'était  établi  un  courant  sympathique 
entre  le  docteur  et  ses  nouveaux  clients. 

Comme  chez  le  grand-père  Noil,  il  y  avait,  dans  la  famille 
Bécoulet,  deux  jeunes  filles  douées  non  seulement  de  tous 
les  attributs  extérieurs,  mais  encore  des  plus  enviables  dons 
de  l'esprit  et  du  cœur.  L'aînée,  dont  M"»  Annette  NoIl  était 
allée,  bien  craintive  et  bien  décidée  tout  à  la  fois,  solliciter 
la  main  pour  son  fils  d'adoption,  avait  ratifié  l'acceptation  de 
ses  parents  et  se  préparait  dans  le  recueillement  intime  du 
foyer  paternel  à  être  ce  qu'elle  fut  en  réalité,  une  épouse  ex- 


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cellente  et  une  mère  accomplie.  La  plus  jeune,  par  on  cod-^ 
cours  étrange  d'événements,  était  vouée  à  jouer,  àl'égard  de 
ses  neveux  et  de  sa  nièce,  le  rdle  de  la  tante  Noil  auprès  du 
docteur  Coutenot 

Le  logis  du  débutant  abrita  le  nouveau  couple,  dont  l'union 
avait  été  célébrée  en  septembre  1853.  D'un  accord  unanime, 
il  avait  été  conxenu  que  la  tante  Annette  garderait  sa  place 
auprès  du  jeune  ménage.  C'était  un  acte  de  gratitude  :  ce  fut 
un  gage  de  félicité  Sa  présence  ne  fut  pas  inutile  quand,  au 
milieu  des  angoisses  de  l'épidémie  de  choléra,  vint  au  monde 
une  première  enfant,  le  4  août  1854.  Le  père  put  savourer  sa 
joie  tout  en  remplissant  son  devoir  contre  le  fléau,  car  i)  sa- 
vait, en  quittant  sa  femme  et  sa  fille,  qu'il  laissait  en  perma- 
nence à  leur  chevet  l'ange  tutélaire  de  son  foyer.  Le  fordeau 
de  r&ge  commençait  d'ailleurs  à  peser  lourdement  sur  les 
épaules  de  la  vieille  tante.  Elle  put  encore  cependant,  le 
4  août  1856,  dans  un  appartement  plus  vaste  et  mieux  en- 
soleillé de  la  rue  du  Chaleur,  saluer  l'apparlUon  d'un  petit- 
neveu  impatiemment  attendu  ;  mais,  au  mois  d'avril  1857, 
elle  rendait  à  Dieu  sa  belle  Ame,  taudis  que,  comme  un  en- 
fant abandonné,  le  bon  docteur  pleurait. 

Même  ici-bas  les  tristesses  ont  leurs  compensations.  En 
moins  de  dix  ans,  le  docteur  Coutenot  s'était  fait  un  nom; 
ses  confrères  l'estimaient  et  recherchaient  déjà  ses  avis  dans 
les  cas  difficiles  :  toutes  les  portes  commençaient  à  s'ouvrir 
devant  lui. 

Un  praticien  érudit,  le  docteur  Martin,  était  alors  médecin 
en  chef  de  l'hôpital  Saint-Jacques  et  professeur  de  clinique 
interne.  Depuis  quelque  temps,  ses  forces  se  déprimaient; 
il  demanda  un  assistant,  et,  le  18  avril  1857,  le  docteur  Cou- 
tenot, sur  la  proposition  du  directeur  Sanderet  de  Valonne, 
dont  il  n'oublia  jamais  le  service  bienveillant  en  cette  oo- 
currence,  fiit  nommé  professeur  adjoint  de  clinique  médi- 
cale. Le  décès  du  titulaire,  arrivé  quatre  ans  après,  suscita 
des  rivalités  et  provoqua  des  inimitiés  dont  flnirent  cepen- 


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dant  par  atténuer  la  rudesse  et  tempérer  la  fougue  deux 
hommes  trop  supérieurs  pour  s'attribuer  réciproquement 
des  actes  dont  une  autorité  puissante  était  seule  respon- 
sable. Disons  hautement  que  si  de  cette  lutte  entamée  à  son 
insu  et  poursuivie  malgré  lui  le  docteur  Coutenot  sortit  vain- 
queur, son  antagoniste  ne  fut  en  rien  amoindri  ;  et  tous  deux, 
restés  dignes  l'un  de  l'autre,  se  fussent  immédiatement  ré- 
conciliés si  la  passion  de  leurs  défenseurs  n'avait  indéfini- 
ment reculé  le  moment  d'une  complète  et  franche  exphca- 
tion. 

Nommé,  le  25  novembre  1861,  médecin  en  chef  de  l'hô- 
pital Saint- Jacques  et.  le  13  janvier  1862,  professeur  titulaire 
de  la  chaire  de  clinique  interne,  le  jeune  maître  allait  donner 
la  mesure  de  sa  valeur. 

On  se  faisait  généralement  autrefois  une  idée  bien  fausse 
de  la  façon  dont  les  malades  étaient  traités  dans  les  hôpi- 
taux par  les  hommes  de  l'art  :  à  cette  heure,  quelques  esprits 
arriérés  ne  croient-ils  pas  encore  volontiers,  malgré  les 
preuves  les  plus  convaincantes  du  contraire,  que  les  indi- 
gents servent  à  des  recherches  expérimentales;  que  la  ques- 
tion scientifique  seule  intéresse  le  médecin  au  sort  du 
pauvre,  échoué  sur  un  lit  de  la  salle  commune,  et  que  la  sen- 
sibilité est  lettre  morte  chez  ceux  qui  ont  la  dure  corvée  de 
vivre  entre  la  maladie  et  la  mort. 

Ceux  qui  ont  connu  à  l'œuvre  le  médecin  bisontin  qui,  de 
1861  à  1897,  a  porté  tous  les  jours,  dès  le  matin  et  bien  sou* 
vent  encore  l 'après -dîner,  le  soir  et  même  la  nuit,  ses  soins 
éclairés  et  vigilants  aux  indigents  des  deux  sexes  de  son 
service  mouvementé,  savent  à  quoi  s'en  tenir  sur  de  telles 
suppositions. 

Ordinairement  dès  sept  heures  du  matin,  mais  &  neuf 
heures  seulement  les  jours  oO  il  professait,  le  docteur  Cou- 
tenot se  trouvait  à  son  poste,  inten-ogeant,  examinant,  ana- 
lysant les  moindres  particularités  du  sujet  mis  entre  ses 
mains,  et  cela  avec  un  tact  fin,  délicat,  surtout  quand  il  s'a- 


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gissatt  des  en&nU  et  des  femmes,  &  l'égant  desquels  il  pous- 
sait i  l'extrême  la  majrima  reverentia  qui  leur  était  due  parce 
que  (aibles  et  parce  que  malheureux.  Sa  visite  se  poursuivait 
avec  ordre,  sans  omission  et  sans  hâte;  il  mêlait  volontiers 
une  parole  d'encouragement  aux  investigations  pénibles  et 
toujours  un  mot  d'espoir  aux  pronostics  les  plus  désespérés. 
Il  voyait  dans  les  êtres  dénués  de  toutes  ressources  et  de 
toute  vigueurqu'il  avait  mission  de  rendre  sains  et  robustes, 
des  membres  de  la  grande  famille  humaine,  et,  loin  de  rester 
indifférent  à  leur  détresse,  s'y  associait  et  s'efforçait,  par  on 
traitement  rationnel,  de  la  vaincre  ou  de  la  diminuer  11  était 
an  père  pour  tous  les  patients  de  Min  service  et  comme  tel  il 
était  affecté  vivement  de  lu  mort -d'un  quelconque  de  ses  ma- 
lades. Quel  respect  de  la  vie  d'autrui!  Quel  sentiment  de 
sa  lourde  responsabilité  !  surtout  dun:^  ces  périodes  où  l'état 
déplorable  de  notre  promenade  de  Chamars  et  de  aos  ca- 
sernes amenait  dan.i  notre  ville  d'effroyables  épidémies  et 
remplissait  tout  à  coup  tous  les  lits  disponibles  de  ses  salles 
et  même  de  toutes  les  salles  supplémentaires.  Mais  aussi 
avec  quel  sang-froid  il  faisait  tête  à  l'orage,  organisait  les  se- 
cours et  prenait  les  mesures  de  prophylaxie.  C'est  surtout 
dans  les  désastreuses  propagalions  typhoïdiques  de  no- 
vembre 1861  à  avril  t8(i2etde  mars  à  juillet  1869,  et  dans  les 
recrudescences  pneumoniques  de  janvier  k  avril  1864,  qu'il 
eut  à  lutter  avec  vaillance  et  opiniâtreté.  Son  zèle  ne  se  ra- 
lentit pas  uu  instant  et  alors  que,  tout  è  ses  débuts  principa- 
lement, â  la  tête  de  son  immense  service,  on  pouvait  craindre 
qu'il  ne  résistât  pas  à  une  telle  charge,  il  se  révéla  à  la  fois 
médecin  de  premier  ordre  et  administrateur  sage  et  pré- 
voyant. 

Sous  la  direction  d'un  initiateur  si  éminemment  doué,  des 
étudiants  devaient  fatalement  commencer  et  poursuivre, 
dans  des  conditions  excellentes,  l'apprentissage  souveraine- 
ment intéressant  mnis  tout  aussi  laborieux  de  lu  clinique, 
c'est-à-dire  de  l'upplicition  directe  &  un  cas  quelconque  de 


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maladie  des  moyens  de  la  reconnaître  d'abord  et  de  la  traiter 
ensuite.  Observateur  SHgace,  il  excellait  à  interpréter  la  va- 
leur d'un  symptôme  el  à  s'en  servir,  comme  du  fil  d'Ariane, 
pour  ne  point  s'égarer  indéfiniment  dans  le  dédale  d'un  dia- 
gnostic obscur.  Il  suivait  en  cela  la  saine  tradition  de  ses 
premiers  maîtres  bisontins,  pour  lesquels,  comme  c'est  le 
propre  des  caractères  élevés,  il  avait  conservé  une  déférence 
qui  ne  s'est  jamais  démentie  et  de  l'Ecole  rrançaise  dont  notre 
illustre  compatriote  le  franc-comtois  Desault,  à  la  fin  du  xtiii* 
siècle,  a  jeté  les  bases  &  l'Hôlei-Dieu  de  Paris.  Avide  de 
progrès,  mais  sous  la  réserve  expresse  qu'il  fût  réel,  c'est- 
à-dire  qu'il  s'affirmât  comme  une  conséquence  directe  de  la 
vérité,  il  n'avait  que  celle-ci  pour  toute  orientation  et  s'ap- 
puyait sur  les  faits  patents  et  non  sur  des  opinions  discuta- 
bles pour  former  les  élèves  à  ia  pratiiiuedesonart.  Et  quand, 
après  avoir  éclairé  les  fermes  données  de  l'observation  et  de 
l'expérience  à  ia  lumière  naissante  des  recherches  de  labo- 
ratoire et  aux  vagues  lueurs  desthéories  -souvent  plus  déce- 
vantes que  directrices,  il  avait  acquis  la  certitude  on  sentait 
qu'il  s'en  était  rapproché  dans  la  mesure  du  possible,  il  fai- 
sait dans  l'arsenal  redoutable  de  la  thérapeutique,  avec  un 
éclectisme  libéral  et  indépendant,  le  choix  du  remède  le 
mieux  approprié  à  comt>attre  le  désordre  de  l'organisme. 

Pas  un  livre  de  quelque  valeur  n'échappait  à  sa  lecture, 
pas  un  médicament  ne  le  trouvait  indifférent.  Libraires  et 
phannaciens,  dans  un  temps  où  la  circulation  des  objets  de 
poids  était  moins  aisée,  ne  pouvaient  comprendre  son  em- 
pressement à  tout  lire  et  à  tout  essayer.  C'est  qu'il  voulait 
ju(;er  en  connaissance  de  cause  et  ne  pas  laisser  péricliter  un 
seul  instant,  par  un  manque  de  renseignement,  une  exis- 
tence que  telle  indication  ou  tel  moyen  eût  pu  sauver  peut- 
être  ou  tout  au  moins  prolonger. 

On  comprend  que  son  cours  ait  été  d'un  puissant  intérêt. 
Il  n'était  point  pompeux  mais  familial.  Tout  en  ayant  la  parole 
facile,  le  docteur  Coutenot  ne  pouvait  être  considéré  comme 


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-284- 

éloquenl.  Sa  pensée  ardente  devtinçait  Finuvenl  sa  parole  et 
ses  phrases,  tout  en  restant  très  claires  avaient  souvent  le 
laconisme  d'un  télégramme  bien  rédigé.  Aussi  préférait-il, 
et  n'élait-ce  pas  là  une  intuition  de  la  pratique  actuelle,  Taire 
une  leçon  de  choses  que  débiter  un  discours. 

En  tout  cas  il  instruisait  dans  le  sen^  complet  du  mot  et 
avait  le  double  souci  du  développement  intellectuel  et  moral 
des  générations  do  praticiens  qui  se  pressaient  successive- 
ment à  ses  leçons.  Des  légions  d'internes  ont  bénéficié  plus 
complètement  de  ses  prudents  conseils. 

■  lis  sont  devenus  —  ainsi  qu'il  n'a  pas  craint  de  le  dire 
lui-même  —  les  uns  des  savants,  les  autres  des  maîtres,  tous 
des  médecins  de  tact  et  éclairés,  précieux  à  l.i  santé  publi- 
que et,  ce  qui  n'est  pas  un  moindre  mérite,  des  médecins 
honnêtes.  » 

Tout  en  menant  de  front  ses  fonctions  assujettissantes  de 
professeur  et  de  médecin  d'hôpital,  le  docteur  Coutenot  ne 
négligeait  point  pour  autant  la  ctienlële  nombreuse  qu'il  s'é> 
tait  attachée  \mr  d'indissolubles  liens.  Aux  jours  de  consul- 
tations it  y  avait  fouie  dan^  son  salon  d'attente  et  quotidien- 
nement il  avait  peine  à  suffire  aux  appels  les  plus  urgents. 
Iluvait  niémedù  se  résoudre  à  délaisser  totalement  les  opé- 
rations chirurgicales  qu'il  pratiquait  cependant  avec  une  sur- 
prenante dextérité,  mais,  bien  que  peu  à  peu  l'abandon  des 
instruments  l'eût  rendu  plus  accessible  à  l'hésitation  il  con- 
tinua à  s'adonner  aux  interventions  obstétricales  dans  les- 
quelles il  manifestait  les  plus  enviables  qualités. 

Time,  sed  aude,  voilà  la  devise  qu'il  avait  adoptée.  Fae 
beiie,  ne  timea^,  lui  répondait  l'inscription  qui  orne  la  fa- 
çade de  l'hôtel  de  la  Grand'rue  n"  44  où  il  était  venu  après  la 
mort  de  s;i  tante  et  oii  il  a  si  longtemps  habité.  Toute  sa  ma- 
nière de  taire,  dans  les  occasions  graves,  alors  notamment 
qu'une  inèrf  et  un  enfant  étaient  en  danger,  se  trouve  résumée 
dans  ces  quelques  mots  latins.  La  patience  et  la  prudence, 
mais  aussi  la  détenu i nation    et  méffie  l'audace  en   face  du 


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péril  lui  ont  valu  des  bénédictions  sans  nombre  et  une  lé^- 
time  oélébrité. 

Mais  sa  réputation  comme  médecin  proprement  dit  s'était 
répandue  plutôt  encore.  Les  personnages  les  plusen  vue,  les 
bmilles  les  plus  riches  et  les  mieux  titrées  à  Besancon,  dans 
le  département,  dans  la  province  et  même  au  delà,  le  man- 
daient à  l'envi.  L'autorité  de  ses  avis  ne  se  bornait  pas  à  l'ap- 
préciation de  ses  confrères  immédiats,  mais  impressionnait 
des  maîtres  illustres,  les  Charcot,  les  Peter,  les  Olliei-,  les 
Potain,  les  Jaccoud,  etc.,  avec  lesquels  il  noua  des  rapports 
d'estime  et  même  d'amitié. 

Comment  au  milieu  d'une  agitation  si  fiévreuse  et  si  con- 
tinue, le  praticien  enseignant  trouva-t-il  le  moyen  de  pro- 
duire? Comment  par  dessus  toutacoumula-t-il  tant  de  notes 
manuscrites  et  prépara-t-  il  tant  de  travaux  auxquels  il  n'a 
pas  eu  le  temps  de  mettre  In  dernière  main  ?  C'est  là  un  pro- 
blème qui  reisterait  saas  solution  si  l'on  ne  savait  que,  par  la 
force  de  l'habitude,  certains  hommes  privilégiés  peuvent 
arriver  ù  restreindre  leur  sommeil  à  quelques  heures  seule- 
ment par  jour,  quelles  que  soient  leurs  fatigues  et  leurs 
préoccupations.  Levé  de  grand  matin,  ne  se  couchant  que 
quand  tous  reposaient  déjà,  le  docteur  Uoutenot  avait  horreur 
de  l'oisiveté.  A  pied,  en  voiture,  dans  le  train,  il  était  toujours 
abondamment  pourvu  de  journaux  ou  de  revues  scientifiques  : 
iHes  parcourait,  en  soulignait  les  articles  fondamentaux  et 
le  soir,  après  quelques  moments  passés  dans  l'intimité  il  les 
annotait  et  les  méditait  à  loisir.  Les  matériaux  entassés,  la 
tentation  était  violente  de  les  mettre  en  ordre  et  de  les  faire 
valoir.  Mais  comme  la  fourmi  pour  l'hiver,  il  accumulait  des 
provisions  pour  l'époque  de  la  vieillesse  et  de  l'isolemeut, 
sans  négliger  cependant  d'affu'mer,  de  distance  en  distance, 
la  continuité  de  ses  recherches  par  de  nouvelles  publica- 
tions. 

Plus  de  quarante  monographies,  opuscules  ou  articles, 
attestent  la  fécondité  de  l'auteur  mais  sont  loin  d'en  donner 


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la  mesure  esacte.  Dix  ans  de  plus  d'une  santé  Dormale  au- 
raient permis  à  peine  l'achèvement  de  toutes  les  œuvres 
commencées,  li  eût  été  désolant  qu'on  ne  scrutât  point  un 
tel  trésor  ou  qu'on  en  dispers&t  les  éléments  précieux  :  la 
piété  filiale  et  la  reconnaissante  amitié  en  sauront  estimer  la 
valeur  et  en  assurer  la  conservation. 

Parmi  les  mémoires  publiés  ceux  d'ordre  médico-chirur- 
gical sont  assurément  les  plus  nombreux.  Ils  ne  comportent 
point  en  général,  vu  leur  côté  technique  pur,  une  analyse 
spéciale.  Il  en  est  quelques-uns  cependant  qui  témoignent 
plus  particulièrement  des  tendances  passagères  ou  persis- 
tantes de  l'auteur. 

Dès  1838,  alors  qu'il  était  étudiant  à  Besançon,  le  D' Cou- 
tenot  s'était  épris  des  questions  ardues  du  magnétisme  ani- 
mal. En  1852,  il  écrivait  sur  ce  sujet  des  GénéralUéa  pht/no- 
logiquea,  palhologiquei  et  morales,  et  en  1899  il  le  traitait  & 
nouveau  dans  une  petite  brochure  intitulée  :  Le  fluide  ner- 
veux et  concluait  que  le  cerveau  n'est  qu'un  instrument 
merveilleux,  que  l'Ame  existe  et  que  leurs  rapports  sont  et 
resteront  un  mystère  éternel. 

La  (lèvre  typhoïde  fut,  parmi  toutes  les  maladies,  celle  qui 
retint  le  plus  son  attention  :  elle  lui  avait  causé  tant  d'an- 
goisses par  ses  accès  farouches  et  ses  sournoises  accalmies. 
En  1890  il  exposait  quelques  idées  succinctes  et  rappelait  les 
principales  invasions  de  la  redoutable  alTection,  terminait  en 
1892  sa  magistrale  Monographie  clinique  et  thérapeutique, 
et  en  1895  achevait  pour  le  Traité  de  médecine  cUnique  un 
article  très  documenté. 

Les  découvertes  pastoriennes  l'avaient  d'abord  surpris  :  il 
n'avait  point  l'enthousiasme  lacile  et  se  tenait  sur  ses  gardes 
en  Tait  d'innovations;  mais  il  savait  se  rendre  à  l'évidence 
et,  quand  la  tuberculose  eût  été  reconnue  nettement  conta- 
gieuse, il  s'empressa,  un  des  premiers,  de  solliciter  un  ser- 
vice spécial  pour  les  maladies  dites  bacillaires,  regrettant  de 


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ne  pouvoir  installer,  en  un  endroit  plus  favorable,  un  sana- 
torium, déliant  toute  critique  sous  tous  rapports. 

Les  rappoi-ts  de  la  médecine  avec  la  philosophie  et  avec  la 
religion  constituèrent  pour  lui  des  motiTs  de  délassement 
plutôt  que  de  travail  :  la  Sveur  de  itmg,  la  Vie  et  l'arrêt 
du  Cœur,  la  Mort  apparente,  etc  .  ont  pris  naissance  dans 
l'alliance  de  son  devoir  et  de  sa  foi.  Un  cas  de  résurrection 
momentanée  de  la  circuiiition  et  de  la  respiration  par  la  trac- 
tion rythmée  de  la  langue  (procédé  Labordel  accrut  encore, 
si  possible,  son  amour  pour  ces  insolubles  problèmes. 

Les  œuvres  littéraires  du  docteur  Couteuol  ne  dalent  guère 
que  de  sa  réception  ù  l'Académie  des  sciences,  behes-lettres 
et  arts  de  Besançon  (le  28  juillet  1881).  Son  discoui-s  sur  le 
cœur,  qu'il  prononça  h  celte  occasion,  renferme  de  beaux 
passages  ;  on  lit  avec  une  vive  satisfaction  les  pages  qu'il  a 
consacrées  à  ftougnon,  à  Sanderet  de  Vulonne  et  à  Bergeret, 
et  l'on  est  ému  par  ses  Impreasions  et  Souvenirs  sur  le  car- 
di'ial  Mathieu,  dont  il  fut  le  médecin  et  l'ami,  et  dont  il  eut 
le  sourire  d'adieu. 

Une  carrière  si  bien  remplie  avait  assurément  droit  à  des 
distinctions  honorifiques.  Officier  d'Académie  le  10  mars 
1870,  le  docteur  Coutenot,  dix  ans  après,  était  nommé  officier 
de  l'Instruction  publique. 

Il  venait  à  peine  d'obtenir  les  premières  palmes  que  la 
guerre  franco-allemande  éclatait.  Bientôt  une  multitude  de 
malades  et  de  blessés  affluait  dans  nos  murs.  L'intendance 
désemparée  ne  savait  où  se  procurer  des  médecins  pour  as- 
surer des  secours  aux  malheureux  soldais  entassés  dans  les 
hôpitaux,  les  ambulances,  les  baraquements,  les  maisons 
privées.  A  l'hôpital  Sainl-Jacques,  qui  n'avait  plus  une  place 
inoccupée,  il  ne  restait  qu'un  seul  chirurgien  de  l'armée  pour 
les  opérations  et  les  pansements.  L'autorité  supérieure  de- 
manda au  docteur  Coutenot  de  vouloir  bien  assurer  le  service 
des  fiévreux  militaires  :  il  y  consentit,  mais  mil  cependant  ft 
son  acceptation  une  léserve  expresse,  c'est  qu'il  prêterait 


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son  concours  à  titre  gracieux  et  n'abandonnerait  pas  pour 
autant  son  service  gratuit  des  indigents  civils.  On  se  rappelle 
encore  avec  i^uel  zèle  il  remplit  sa  double  lâche,  qui  devint 
triple  à  une  certaine  époque  critique  oU  la  Société  internatio- 
nale de  secours  le  pria  de  diriger  une  ambulance  particu- 
lière. 

Cette  noble  conduite  désignait  le  médecin  en  chef  de  l'hô- 
pital Saint-Jacques  pour  la  décoration.  Sur  la  proposition  du 
Ministre  de  la  guerre,  il  fut  nommé  chevalier  de  la  L^on 
d'honneur,  le  27  avril  1872. 

Là  ne  se  bornèrent  point  d'ailleurs  les  ofDces  désintéressés 
de  cet  homme  qui  se  dépensait  sani>  compter. 

Membre  du  Conseil  départemental  d'hygiène  depuis  le 
i3  janvier  18(52,  il  ne  démissionna  que  le  12  décembre  1896, 
quand  l'Age  et  sa  santé  faiblissante  l'y  obligèrent  absolument. 
Il  faisait  partie  de  la  Société  de  secours  aux  blessés  de  terre 
et  de  mer  depuis  son  origine.  L'Union  des  femmes  de  France 
l'avait  inscrit,  dès  le  début,  parmi  ses  médecins  et  il  eu  était 
devenu  le  délégué  régional  pour  le  7*  corps  d'armée,  mis- 
sion qu'il  remplitdepuisle5avrill887  au  printemps  de  1896. 
Les  religieuses  hospitalicrci  n'acquéraient  guère  avant  lui 
les  connaissances  les  plus  élémentaires  que  par  l'habitude  ou 
le  hasard  :  il  institua  à  leur  intention  des  cours  d'infirmières, 
les  plus  anciens  peut-être  qui  aient  existé,  dans  le  but  bien 
défini  de  faire  de  celles-ci  des  collaboratrices  éclairées  des 
médecins  et  des  chirurgiens. 

Mais  à  cété  de  ce  dévouement  public  dont  on  peut  retrouver 
des  traces  et  supputer  l'impoi-tance,  que  de  bonnes  actions 
secrètes,  que  d'aumônes  généreuses  ignorées!  Combien  de 
détresses  secourues  non  seulement  dans  les  taudis  de  la  mi- 
sère abjecte,  oti  elles  s'étalent  plulét  qu'elles  ne  se  cachent, 
mais  encore  sous  des  lambris  dorés  ub  elles  s'efforcent  de 
se  dissimuler  à  tous  sans  réussir  à  tromper  le  docteur  qui 
les  visite. 

Puisque  nul  ne  saura  jamais  ce  que  sa  main  généreuse  a 


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distribué,  du  moins  qu'il  soit  permis  de  citer,  entre  mille,  un 
exemple  de  ses  bienfaits. 

Certain  soir  d'hiver,  aux  approches  de  sept  heures,  un 
homme  afTolé  traversait  en  courant  la  place  de  l'Etat-Major, 
au  moment  oii  le  docteur  Coulenot,  sortant  de  faire  une  vi- 
site tardive,  s'apprëtaità  monter  en  voiture  pour  rentrer  à  la 
maison.  Il  se  réjouissait  à  la  pensée  de  prendre  quelques  mi- 
nutes de  gatté  dans  une  réunion  de  famille  impatiemment 
attendue.  Fut-il  reconnu  ou  deviné?  peu  importe.  Le  dia- 
logue suivant  s'engagea  bref  et  précis  :  Docteur,  de  grâce, 
ma  femme  se  meurt  !  —  Mais,  votre  médecin?  —  Je  viens  de 
le  quérir,  c'est  M.  X...,  il  est  absent  jusqu'à  demain.  —  C'est 
bien,  je  vous  suis.  Après  avoir  donné  des  ordres  à  son  co- 
cher pour  qu'on  ne  l'attendit  point  et  qu'on  commençât  le 
i-epas  à  l'heure  projetée,  il  s'élança  dans  l'escalier  et  jugea 
immédiatement  de  la  gravité  de  l'accident.  Un  vaisseau  im- 
portant avait  été  coupé  par  un  éclat  de  verre,  et  riiémorrha- 
gie  était  considérable.  N'ayant  que  l'époux  comme  aide,  il  se 
prépara  néanmoins  à  agir.  L'opération  était  urgente  :  elle  fut 
laborieuse,  mais  enfm  il  réussit  à  étreindre  l'artère.  Il  pro- 
cédait au  pansement  quand  le  mari  s'écria,  en  gémissant: 
Et  dire,  docteur,  qu'il  me  faut  maintenant  quitter  ma  pauvre 
blessée  et  courir  bien  vite  faire  rire  les  autres,  alors  que  j'ai 
le  cœur  bien  gros.  —  Comment  cela?  —  Mais  oui,  je  suis  le 
premier  comique  du  théâtre.  Et  voici  le  moment  :  je  n'ai  pas 
une  minute  à  perdre,  ou  gare  l'amende.  —  Courez  vite  jouer 
votre  rôle,  mon  ami,  tout  va  bien  :  rassurez-vous,  —  Je 
n'aurai  pas  même  le  temps  de  prévenii'  une  voisine.  —  Je 
m'en  charge.  •  —  L'acteur  sortit  |in>cipitamnient. 

Quand  il  rentra,  un  peu  après  minuit,  la  lampe  commcnr^ait 
b  ne  plus  guère  donner  de  clarté.  Il  courut  embrasser  sa 
femme,  qu'il  croyait  seule  et  peut-être  morte,  tant  il  l'avait 
laissée  pâle  et  décolorée.  Son  baiser  la  réveilla  et  tous  deux 
poussèrent  une  exclamation  de  surprise  et  d'attendrissement. 
Le  médecin  était  là,  s'apprélant  à  se  retirer  sans  bruit.  Ju- 
20 


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—  290  — 
géant  t'état  trop  sérieux  pour  demander  dans  la  maison  une 
veilleuse  inexpérimentée  qui,  d'ailleurs,  ouvrière  exténuée 
peut-être,  avait  besoin  de  n^pos,  il  s'était  constitué  le  gardien 
de  la  moribonde  du  soir,  ressuscitée  grftce  à  lui  Je  lende- 
main. 

Cette  année-là  même  et  à  diverses  reprises  pendant  les 
années  suivantes,  l'artiste  qui  racontait  avec  effusion  cet  acte 
simplemement  sublime,  revenu  à  Besancon  et  applaudi  du 
public  épris  de  son  réel  talent,  adressait  nu  docteur  et  à  sa 
tamille,  avec  un  mot  sorti  du  cœur,  le  coupon  d'une  loge 
choisie  pour  la  représentation  donnée  à  son  bénéflce.  (^tle 
fois-là,  certainement,  le  docteur  Coutenot  n'avait  point  obligé 
un  ingrat. 

Toute  l'histoire  de  celui  qui  nous  a  quittés  est  dans  ce  fait 
qui  sous  d'autres  aspects  se  renouvelait  pour  lui  tous  les 
jours  et  à  tous  les  instants.  Il  faut  l'avoir  approché  et  connu, 
avoir  vécu  dans  son  intimité  et  avoir  été  mêlé  à  ses  œuvres 
pour  se  faire  queUjue  idée  de  ce  qu'il  y  avait  en  lui  de  qua- 
lités exquises.  11  faudrait  avoir  la  plume  d'un  Fénelon  ou  d'un 
Bernardin  de  Saint-Pieirepour  les  retracer  avec  assez  de  vé- 
rité et  par  conséquent  de  charmes.  Mais  comment  rendre  par 
des  expressions  verbides  ce  que  la  toile  niagi-strale  d'un  ar- 
tiste supéi'ieur,  le  portrait  merveilleux  dû  au  pinceau  -d'E- 
douard Baille  nu  pu  qu'imparfaitement  reproduire,  celte  af- 
fabilité à  la  fuis  simple  et  digne,  cette  douceur  naturelle  et 
engageante,  cet  enjouement  calme  et  réservé  qui  donnaient 
à  sa  fréquentation  l'attrait  d'un  plaisir  toujours  nouveau  et 
ti'ujours  plus  désiré.  Physiquement  il  ressemblait,  dit-on,  à 
son  grand-père  Noll,  dont  il  avait  gai-dé  l'habitude  naturelle 
d'une  mise  irréprochable.  Le  front  haut,  les  sourcils  acceo- 
tués,  l'œil  vif  et  brillant,  les  pommettes  saillantes,  le  nez 
allongé,  le.s  lèvres  fmes,  le  menton  proéminent  il  avait,  dans 
l'encadrement  des  favoris  qu'il  porlait  couils,  un  visage  frais 
auquel  une  mouslache  en  brosse  et  une  simple  couronne  de 


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—  2M  — 
cheveux  autour  d'un  crâne  dénudé  achevaient  de  donner  un 
caractère  en  dehors  de  toute  banalité.  Gomme  cette  tète  s'a- 
nimait quand,  dans  le  feu  de  la  conversation  et  surtout  de  la 
discussion,  le  docteur  Coutenot  dévoilait  les  trésors  de  sa 
science  ou  les  ressources  de  son  esprit.  Moralement,  il  tenait 
plutôt  de  sa  grand'mère,  ou  plutôt  il  résumait  ce  qu'un  ata- 
visme sans  tache  peut  accumuler  dans  le  dernier  survivant 
de  qualités  de  toutes  sortes. 

Catholique  sincère,  instruit  et  convaincu,  il  ne  faisait  point 
parade  de  ses  doctrines  et  se  contentait  de  pratiquer  sans 
ostentation  la  religion  dans  laquelle  il  avait  été  élevé  et 
avait  résolu  de  vivre  et  de  mourir.  Absolument  tolérant  pour 
les  autres,  il  n'était  sévère  que  pour  lui-même  Incapable  de 
commettre  un  acte  répréhensible,  il  était  prompt  à  admirer 
le  bien,  quelle  qu'en  soit  l'origine  et  toujoui-s  disposé,  tout 
en  condamnant  le  mal,  à  en  excuser  les  auteurs  qu'il  soup- 
çonnait être  de  bonne  foi.  Seule,  l'injustice  flagranic  le  trou- 
vait impitoyable;  et  son  énergie  dans  la  lutte  contre  les  op- 
presseurs lui  eût  fait  oublier  ses  propres  intérêts.  N'ayant 
jamais  oITensé  personne,  mais,  comme  tout  homme  arrivé  â 
un  certain  degré  de  l'échelle  sociale,  ayant  été  sujet  h  bien 
des  attaques  injustes  ou  inconsidérées,  il  n'a  jamais  connu 
la  liaine  ni  rêvé  la  vengeance  :  à  ses  rares  ennemis  que  la 
jalousie  a  un  moment  rendus  acluirnés,  il  a  toujours  Rôné- 
reusement  pardonné.  Ses  derniiircs  volontés,  écrites  alors 
qu'il  terminait  sa  soixante  et  dixième  année,  en  sont  l'attes- 
tation réfléchie  :  .ses  agissements  iiTéprochables  envers  tous 
en  sont  la  preuve  irréfutable. 

Il  était  décrété  que  ce  vénérable  vieillard  repasserait  au  dé- 
clin de  sa  vie  par  les  épreuves  du  commencement.  La  perte 
de  ses  beaux-parents,  en  qui  il  avait  retrouvé  ses  protecteurs 
défunts,  avait  ravivé  en  lui  bien  des  blessures  facilement  sai- 
gnantes :  la  mort  de  sa  fille,  jeune  femme  et  mère,  aussi  ver- 
tueuse que  ravi:ssantu  lui  porta  un  coup  funeste.  Il  ne  passa 
désormais  aucune  journée  sans  songer  à  l'absente,  consignant 


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ses  pensées  qui  sont  autantde  prières  et  allant  à  chaque  in!%- 
tant  relire  auprès  d'elle,  sous  l'abri  du  caveau  de  la  famille 
les  pages  qu'il  avait  composées  ou  recueillies  à  sit  mémoire. 

Entre  temps,  deux  fois  il  avait  iailli  être  arrachéà  l'amour 
de  son  entourage  effrayé.  Une  pneumonie  contractée  à  la 
suite  d'un  surmenage  extrême,  une  piqûre  anatomique  avec 
complications  multiples,  résultat  d'une  intervention  dans  son 
service  hospitalier,  menacèrent  tour  à  tourd'une  terminaison 
fatale  cette  victime  du  devoir  et  de  la  charité 

Sur  tes  instances  de  tous  ceux  qui  veillaient  sur  sa  pré- 
cieuse santé,  le  docteur  Coutenot,  après  s'être  retiré  en  sa 
villa,  voisine  du  Château-roseet  avoirconservépendantquel- 
que  temps  un  petit  appartement  rue  du  Chateur,  résolut  de 
rompre  tout  à  fait  avec  la  profession  dont  il  avait  été  pen- 
dant cinquante  ans  le  solide  et  noble  ornement.  L'ouïe  avait 
reçu  quelques  atteintes  ;  l'oppression  se  manifestait  quel- 
quefois, les  infirmités  inhérentes  ù  l'usure  progressive  des 
organes  commeiicaient  à  nécessiter  une  plus  grande  liberté 
de  régime  et  d'allures  :  il  reconnut  vite  qu'il  avait  sagement 
fait  de  gagner  un  endroit  propice  à  la  retraite  et  à  la  distrac- 
tion. 

Mais  le  calice  n'avait  point  épuisé  toute  l'amertume  de  son 
fiel. 

Uienlùl  son  fils  aîné,  atteint  au  loin  d'une  lésion  incurable, 
bientùl  su  femme,  impitoyablement  meurtrie  par  cette  na- 
vrante découverte,  mouraient  à  quelques  semaines  l'un  de 
l'autre  sous  ce  toit  qui  venait  de  les  réunir.  A  leur  prodiguer 
ses  soins  caressants,  il  avait  dépensé  ses  forces  :  des  symp- 
tômes fâcheux  avaient  déjà  jeté  l'alarme  chez  plusieurs  de 
ses  confrères  ;  mais  il  tenait  à  éloigner  toute  idée  de  crainte 
à  son  endroit,  tant  il  avait  la  volonté  de  vivre  pour  les  deux 
fils  qui  lui  restaient,  son  gendre  et  ses  petits  entants,  sa 
belle-sœur  enfm,  auxquels  il  ne  pouvait  assez  témoigner  sa 
paternelle  ou  fraternelle  affection. 

Il  eut  la  satisfaction  ultime  de  bénir  l'union  de  sa  petile- 


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fille  et  de  souhaiter,  à  l'aurore  du  nouveau  siècle,  bonheur  et 
prospérité  à  tous  ceux  qui  lui  étaient  unis  par  les  liens  du 
sang  ou  de  l'amitié.  Mais  dès  les  premiers  jours  de  janvier, 
alors  que  rien  ne  permettait  de  prévoir  une  fin  prochaine  et 
qu'on  pouvait  se  bercer  de  l'illusion  d'une  longévité  peu  com- 
mune, une  brusque  et  mortelle  atteinte  nous  l'arrachait  en 
moins  de  vingt  jours. 

Il  semble  que  le  juste  ne  devrait  disparaître  que  dans  la 
quiétude.  Mais,  si  sa  fin  est  quelquefois  sans  trouble,  comme 
le  soir  d'un  beau  jour,  parfois  le  ciel  la  soumet,  pour  rendre 
plus  radieuse  l'aube  de  l'immortalité,  ti  la  purification  der- 
nière du  martyre. 

C'est  ce  qui  arriva  pour  notre  malheuieu-x  et  respectable 
confrère.  Il  subit  les  tortures  les  plus  atroces,  lui  qui  avait 
adouci  tant  de  douleurs.  Les  soins  les  plus  attentifs,  les  plus 
empressés,  les  plus  arfectueux  ne  parvenaient  qu'à  le  sou- 
lager irn parfaite [nent  et  cependant,  quand  la  souffrance,  après 
l'avoir  contraint  à  gémir,  lui  laissait  un  peu  de  répit,  il  en 
profitait  pour  se  ressaisir  et,  n'ayant  plus  de  pensée  que  pour 
ceux  qui  l'assistaient,  ii  les  engageait  à  prendre  du  repos  et 
h  réparer  leurs  forces,  s'excusant  de  leur  occasionner  quelque 
fatigue  et  les  remerciant  avec  la  plus  touchante  cordialité  de 
leur  sollicitude  et  de  leur  compassion.  Sa  mort  fol  une  déli- 
vrance. Il  succomba  le  24  janvier,  k5  heures  ij'i  du  soir,  au 
milieu  de  sa  famille  désolée.  Suivant  son  désir,  il  fut  déposé 
dans  lu  bière  par  ses  deux  fils  et  enseveli  humblement  par 
eux,  comme  le  Christ,  dans  un  suaire. 

Le  bruit  de  sa  maladie  avait  causé  dans  nos  rues  et  sur  nos 
places  le  plus  pénible  étonnement  :  les  appréhensions  des 
médecins  excitèrent  dans  la  population  une  anxiété  crois- 
sante; la  nouvelle  de  sa  mort  provoqua  l'explosion  d'une  tris- 
tesse unanime. 

Rien  ne  devait  manquer  h  celle  affreuse  séparation.  Pour 
qu'elle  fût  plus  lamentable  encore,  c'est  au  milieu  des  élé- 
ments déchaînés  que  le  cortège  se  mit  en  marche  et  c'est 


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pendant  uo  véritable  ouragan  que  le  cercueil  reçut  les  der- 
niers hommages. 

Mais  la  tempête  qui  sévit  alors  permit  de  mieux  juger  en- 
core de  la  haute  estime  et  de  l'incommensurable  attachement 
qu'avait  pour  le  sage  qui  descendait  dans  la  tombe  ses  con- 
citoyens de  tous  les  rangs  et  de  tous  les  pattis.  Une  foule 
immense  était  accourue  à  la  maison  mortuaire  ou  à  l'église 
paroissiale  et,  après  y  avoir  suivi  ou  précédé  le  convoi,  avait 
eu  à  cœur  d'accompagner,  sous  des  torrents  de  pluie  et  des 
bourrasques  impétueuses,  la  dépouille  mortelle  jusqu'auprès 
du  mausolée.  Une  peine  profonde  se  reflétait  sur  tous  les  vi- 
sages, dos  sanglots  soulevaient  bien  des  poitrines  et  des  larmes 
obscurcissaient  bien  des  yeux,  t  Ni  couronnes,  ni  fleurs,  ni 
discours,  mais  des  prières  i,  avait  dit  le  mourant,  et  voilà 
que  la  foule  obéissante  proférait  en  silence  la  plus  éloquente 
oraison  funèbre.  On  sentait  que  tous  avaient  conscience  de 
la  grande  perte  consommée  :  c'était  un  parent  incomparable, 
un  ami  constant  et  fidèle,  un  bienfaiteur  généreux  qui  dispa- 
raissait pour  toujours.  «  C'est  un  brave  homme  de  moins  ■•, 
avait  dit,  dans  son  langage  naïf,  un  malade  de  l'hàpital  à 
l'annonce  de  son  décès;  •  jamais  on  ne  saura  tout  ce  qu'il  a 
fait  de  charités*,  avait-il  ajouté.  Et  c'est  la  même  pensée  qui 
se  répétait,  sous  toutes  les  formes,  dans  les  groupes  qui  s'éloi- 
gnaient. Oui,  riioinme  qui  disparaissait  était  réellement  plus 
qu'un  savant  et  plus  qu'un  philanthrope  ;  un  seul  mot  le  dé- 
finit avec  assez  d'exactitude  :  c'était  un  homme  de  bien  ou 
plutôt  c'était  la  bonté  même. 

Rien  ne  se  perd  dans  la  nature  :  les  corps  changent  sans 
se  détruire;  les  forces  se  transforment  sans  s'annihiler;  les 
âmes  quittent  leur  enveloppe  charnelle  mais  ne  meurent  ja- 
mais. C'était  la  conviction  inébranlable  du  croyant  éclairé 
que  fut  le  docteur  Coutenot  :  c'est  le  consolant  espoir  de 
ceux  qui  pleurent,  avec  cette  réconfortante  pensée  que,  du 
séjour  de  paix  où  la  justice  étemelle  lui  a  donné  sa  récom- 


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pense,  il  exercera  sa  secrète  et  puissante  influence  sur  ses 
proches  qu'il  adorait,  ses  amis  qu'il  a  comblés,  ses  conci- 
toyens qu'il  a  servis,  pour  la  plus  grande  gloire  de  la  vertu, 
dont  il  a  été  un  parfait  modèle,  et  le  plus  grand  bien  de  ceux 
qui  soutirent,  qu'il  a  tant  plaints,  tant  secourus  et  tant 
aimés. 


PRINCIPAUX  TRATADX  DU  D'  GOUTEHOT 

Du  Sanc  dans  lks  I'hleghasies.  Tliése,  mars  1818. 

Obseiitation    de    Tétanos,  avpu  uutopsie.   Service  ite  M.   le  profeKseiir 

Martin  iBtoue  Médicate  de  lietançon  et  de  la  Ffanche-Comté,  ItttT, 

p.  VI).  " 
UËHOiRt  SUR  LES  DËCH1RUHKS  vuLVO-PËRJHËALES  <1hii3  l'emploi  (lu  Torcepï 

(Recueil  des  travaux  de  la  Soc.  de  Médecine  d'Indre-«t- Loire,  \Kï\). 
CONSi  DE  MATIONS   stiR  LA  Gasthotohiii:,  ramnt  suite  à   une  Observation 

d'étranglement  interne  à  Imvers  nue  déchirure  du  mésenlère,  lues  >  la 

t  IlKLl.AOONE?  S'appuyer 
..,.,   -^^  .«.»  r....^^».  ,.~.wi.  Mémoirp  «nvové  ] 

méXé  de  Médecine  (te  Garni. 

GÉNÉRALITÉS  PHVSIOLOGIQltKS,  PATIJOLOGKJd'ES  ET  HOIlALkS  !iUR  l.E  MAGNÉ- 
TISME ANiHAi.  (juiliei  1855.) 

Observation  de  [>KEtJMONiE  (Aeviie  ilédicaie,  mai  ISMi) 

Observation  d'opération  cësahibnkb,  après  Aécës  de  la  mèi'e  (observai. 
n"  328)  (Recueil  des  travaux  de  la  Soc.  de  Médecine  d'Indre-et-Loire, 
1»31. 

Trachéotomie,  suivie  de  sncués.  Rélleiions  sur  hi  cause  orilinaire  de  la 
inorl  aprè»  ceUe  opération,  lues  à  la  Soricl^  de  MéJeoine  de  Besani-oii  le 
li  décembre  1!^  {BuU.  de  la  Soc.  de  Mid.  de  Heiançon,  1853). 

Observations  et  HéFLEKions  sur  la  compression  de  l'aorte  abdotninale 
conire  les  perles  utérines  après  rnucoiichement  [IKtl). 

Relation  d'une  Epidëhif.  de  Varioi.k  et  de  Purpura  iiémorrkaoique. 
'--  '  à  Besancon  en  mai  18.51  {AniMlet  de  la  Flandre  oeciden- 


1  a  reoné  a 
le,  IkS.-.). 


Action  de  i.'IIuii.e  de  Chénevis  sur  la  sécrétion  hahhaire.  Observa- 
tion» de  métastases  laiteuses  {lUd.,  ASSb). 

Du  Tétanos  des  nouveau-nés,  à  propos  d'une  obseivalion  suivie  de  gué- 
riaon  (Ibid.}. 

Discours  de  Présidence  à  la  réunion  générale  de  la  Société  de  Médecine 
de  Besançon,  8  nov.  1858   Bull,  de  ta  Soc.  de  Méd.  de  Betançon). 

Bkc  de  lièvre  double  et  compliqué,  opéré  au  deuiièine  jour  de  la  nais- 
sance. Deux  considérations  faisani  suite  (observai.  573),  18.'>7  Ubid., 
7  juillet  1859). 

Nouveaux  faits  d'Iodisme,  présentés  à  la  Société  de  Médecine  de  Besan- 
çon pour  sa  séance  générale  du  ï  juillet  1881  [Ibid..  a'  11, 1861,  p.  55). 


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Le  Cœdr,  Discours  de  réception  lu  en  séance  publique  de  l'Académie  de 
Besançon  du  26  janvier  1tV3  (Bull,  de  l'Acaàétnit  île  B»ianton,  1883). 

Fff.VRF  TYPHOÏDE  ET  SALUBRITÉ  A  BESANÇON  ,  lu  ei)  séince  de  la  So<;iétê 
de  Médecine  de  Besançon,  1»«  (Bull,  ris  la  Soc.  de  Uéd.  de  Besançon. 


FiËVHE  TTPHolDE.  Monographie  clinique  et  thérapeutique  (in-8°,  xii-35Dp., 
(  planches  hors  texte.  Besançon,  imp.  Paul  Jacquln,  1^2). 

Procédé  Ladohde.  Résurreclian  momentanée  de  la  respiration  et  de  la 
circulation.  Observation  communiquée  g  la  Société  de  Médecine  de  Be- 
sançon, 9  Juin  lanS  (Bull.  delaSoc.de  Urd.  de  Beaançon,  IftSQ). 

Notice  sur  le  D'  Beruerf.t,  lue  dans  la  séance  de  l'Acadéiuie  de  Bes;in- 
çon  du   15  Février  18M  (Bull  de  l'Acad.  de  Bentnfo»). 

Un  SEHVicii  srËciAL  des  Maladies  TUBEncuLEUSES.  I.ecture  faite  à  la  So- 
ciété de  Médecine  de  Besançon,  le  26  août  1692  (Bsvue  Midicole  de 
Franche-Comté,  bull.  n"  8,  août  1895). 

Le  C^nDiNAi.  Mathieu,  Impressions  et  Souvenirs,  lus  en  séance  puMique 
de  l'Académie  de  Besançon,  le  H  jnillel  1896  (Bull,  de  l'Acad.  de  60- 
lanp»»,  18^6). 

Dit  MOMENT  DE  lA  NOBT  AU  POTNT  DE  VUE  DE  L'ADMIHIST RATION  DES  SA- 
CREMENTS. Ckimmunication  faite  à  la  Sociélé  Médicale  de  Sainl-I.nc 
Saint-Côme,  Saint-Damien.  dans  sa  séance  générale,  tenue  à  Besançon . 
le  18  juillet  1866  (Bull,  de  la  Soe.  Méd.  SaiM-lxte,  Sainl-Côme, 
SoiiK-Damien  (eomilé  de  l'Est),  Bourges,  imp.  Tardy-Pigelet ,  15,  rue 
Joyeuse). 

La  Vie  ne  finit  point  a  l'arrêt  du  Cœur.  Communicatian  faite  à  la 
séance  générale  de  la  Société  de  Saint-Luc,  Sajut-Côme,  Saint-Damien, 
le  18  juillet  18>S  (Bull,  de  la  Soe.  Méd.  de  Sainl-Lue.  Sainl-Cômê, 
Sainl-Damien ,  n"  4,  octobre -décembre  1896], 

Le  Docteur  Rougkon,  de  l'Université  de  Besançon  (1 757-1 799J,  Brochure 
111-8",  vi-86  pages,  avec  porti-ait  (Besançon,  imp.  Bossane,  1%5). 

Chapitre  a  Kiëvhr  typhoïde  b  (tome  I  du  Traité  pratique  da  Médecine 
clinitiae  el  ihérapeulique,  sous  la  direction  de  MM,  Samuel  Bemheim 
et  Linile  Laurent), 

Du  Fluide  nerveux  {Rewe  du  Monde  inviMle  :  l"  partie,  n*  15.  février 
1899;  —  2'  partie,  n»  15,  juin  1890 ;—  conclusions,  n'I,  1900). 

De  la  stiKUR  DE  Sang,  à  propos  de  l'Agonie  du  Sanveur  à  (ïethsemani. 
Etudes  franciscaines,  publiées  par  des  religieui  de  l'ordre  des  Frères  mi- 
neurs capucins  (lome  \,  n=  5,  mai  1899,  p.  536). 

La  Mort  apparente  et  les  derniers  Sacrements.  Etudes  franciscaines, 
publiées  par  des  religieux  de  l'ordre  des  Frères  mineurs  capucins  (t.  V, 
n"  25,  janvier  1991,  p.  40), 

Discours,  Rapports,  Articles  de  journaux,  etc. 


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DEUX  MANUSCRITS  FRANC-COMTOIS 

DES    XVII'    ET    XV'Ill'    SIÈCLES 

RÉCIDHMIiINT    KNTBÉS     PANS    NOS     DÉPÔTS    PUBLICS 

Par  M.  Jules  GAUTHIER 


Une  heureuse  circonslHOce  a  fait  entrer  tout  récemment 
aux  Arcliives  du  Doubs  et  h  la  Bibliolhèque  de  Besançon 
deux  manuscrits  inédits  qui,  à  divers  degrés,  intéressent 
l'histoire  comtoise  et  méritent  chacun  une  notice  quelque 
peu  développée. 

I 

Le  premier  est  un  volume  sur  papier,  au  filigrane  de  Dole, 
mesurant  275/178"""  et  comptant  Hl  feuillets,  outre  un  feuil- 
let de  garde  annoté  dans  ce  siècle  par  deux  collectionneurs 
connus  :  Labbey  de  Billy  et  Aymonet  de  Contréglise.  Son 
titre  est  le  suivant  :  Histoire  et  svccession  oes  Arche- 
VESQUES  DE  BESANÇON.  L'écriture  cursive  est  bonne  ;  des 
retouches,  des  suppressions,  des  adjonctions,  soit  de  la 
main  du  copiste  (car  il  s'agit  d'un  texte  écrit  ou  transcrit 
sous  la  direction  de  l'auteurj  soit  de  la  main  de  l'auteur  lui- 
même,  indiquent  un  manuscrit  original  ;  ijuant  à  la  date,  on 
peut  lalire  au  verso  du  folio  109,  elle  est  de  1615.  Une  main 
étrangère  a  complété  aux  folios  109  vMIl  la  liste  des  ar- 
chevêques en  la  prolongeant  jusqu'à  l&tS. 

Pour  compléter  cette  description  et  avant  d'aborder  une 


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double  question  :  ce  que  contient  le  manuscrit  et  quelles 
sont  ses  sources,  d'une  pail  ;  «l'autre  pai-t,  quel  en  est  l'au- 
teur (l'ouvrage  lui-même  ne  contenant  aucun  renseignement 
préci<i  ii  cet  égurd),  disons  encore  qu'il  poile  l'estampille  tiien 
connue  de  la  bibliothèque  de  Labbey  de  Billy  :  ses  amies,  sa 
devise,  la  légende  :  ex  bibliotheca  Billiana. 

Labbey  de  Billy,  ce  faux  érudit  dont  la  fatuité  a  créé,  mal- 
gré de  lamenlables  plagiats,  des  écrits  au-dessous  du  mé- 
diocre, a  donné,  en  annotant  ce  manuscrit  d'une  note  auto- 
graphe de  quelques  lignes,  la  preuve  de  ce  que  nous 
avançons  :  son  défaut  absolu  de  sens  critique  et  même  de 
sens  commun.  «  Dom  Fausle  Laiibey,  auteur  de  ci;  manus- 
crit, naquit  à  Vcsoul  le  28  septembre  l(^. . .  et  mourut  le 
15  avril  1712  »,  La  date  de  1615,  en  partiiile  concordance 
d'ailleurs  avec  les  caractères  paléograpliiques  du  manuscrit, 
aurait  pu  empêcher  pareille  bévue.  Mais  c'était  une  manie 
du  collectionneur  de  ratUicher  les  manuscrits  qu'il  possé- 
dait à  des  auteurs  de  sa  feniille,  sauf  à  commettre  chaque 
fois  de  grossières  erreurs;  on  s'en  convaincra  notamment 
en  consultant  les  annotations  du  manusciit  t>95  de  la  Biblio- 
thèque publique  de  Besançon. 

L'i  Histoire  et  succession  des  archevêques  de  Besancon  «, 
si  nous  abordons  et  parcourons  le  texte,  contient  93  notices 
(90  avec  le  sup]ilément|  des  prélats  qui  ont  gouverné  l'église 
de  Besançon  depuissaint  Lin  (auquel  aurdent  succédé  saints 
^Vrréol  et  Kerjeux,  apfttres  de  la  cité)  jusqu'à  Ferdinand  de 
Bye,  successeur  immédiat  du  cardinal  de  Granvelle. 

Un  œil  quelque  peu  habitué  aux  antiquités  ecclésiastique!) 
de  Besançon  retrouvera  aisément  les  sources  de  la  compila- 
tion que  nous  allons  analyser;  le  point  de  départ  est  une 
Chronique  lutine  composée  à  la  louange  des  archevêques 
par  un  moine  de  l'abbaye  Saint-Paul,  en  1502  {'i-,  traduite 

(I,  Bibt.  Nat,  autrePuis  ruiiils  Uoiihicr,  ïujoiinl'hui  ii'  i&XS  du  fouds 


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en  français  et  continuée  jusqu'à  1587  sous  le  titre  de  «  Cha- 
talogue  des  archevesques  et  evesques  de  la  cité  de  Criso- 
polis  «  [>).  Mais  à  ce  rudiment  sommaire  sont  ajoutées  une 
foule  de  notes  tirées  de  documents  précis  :  chartes  de  l'ar- 
chevêché et  du  chapitre  métropolitain,  quelques  disser- 
tations historiques,  critiques,  même  philologiques,  enfm,  ce 
qui  est  plus  sérieux  et  plus  précieux,  nombre  d'inscriptions 
funéraires  des  archevêques,  empruntées  aux  églises  de 
Saint-Etienne,  de  Saint-Paul  de  Besançon  et  de  l'abbaye  de 
Bel  le  vaux. 

Ce  soin  de  relever  les  épilaphes  ayant  amené  la  confron- 
tation de  notre  manuscrit  anonyme  avec  la  seconde  partie 
du  Veionlio  de  Jean-Jacques  ChiRlct,  o(i  l'historien  de 
Etesançon  a  pieusement  re[.roduit  la  plupart  des  inscriptions 
des  tombeaux  de  nos  prélats,  de  ce  rapprochement  na- 
quit la  conviction,  confirmée  par  maint  détail,  que  notre 
manuscrit  libéralement  communiqué  au  savant  médecin 
avait  servi  de  base  à  son  travail  et  qu'il  s'était  borné  à 
l'enrichir  de  nouvelles  notes  et  de  renseignements  puisés 
à  d'autres  sources,  tout  en  respectant  le  fonds  de  notre 
compilation . 

Toutes  les  épitaphes  recueillies  par  notre  manuscrit  sont 
reproduites  dans  Jean-Jacques  Chifflet,  y  compris  celle  du 
père  des  pauvres,  Henri  de  Vergy  (1330),  rapprochée  de 
celle  de  son  descendant  le  bon  archevêque  Antoine  de 
Vergy  (1541),  sauf  deux,  sans  date,  que,  pour  ce  motif  sans 
doute,  Ghiftlel  a  exclues  de  sa  nomenclature,  mais  qui 
n'en  sont  pas  moins  très  précieuses  pour  notre  histoire, 
celle  de  l'archevêque  Gérard  (mort  en  1224)  et  celle  d'Eudes 
de  Rougemont  (mort  en  1301),  tous  deux  ensevelis  à  Belle- 
vaux, 


e  11  des  Documents  inéditi  de  l'Académie  de 


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Voici  ces  deux  textes  fort  remarquables.  Et  d'abord  celui 
qui  concerne  Gérard  : 

CONTINET  H.EC  FOSSA 
GEHARDI  PHESl'LIS  OSSA 
VRBEU  CHRYSOPOLIH 
ItEXIT  QV^  DICITVR  OLIM 

Puis  celui  d'Eudes  de  ftougemont  : 
HIC  pn«SUL  SPONTE 
BISONTINUS  lACKT  OUO 
DE  HUBEO  MONTE 
HE  BONUS  ATQUE  MODO 

Ces  vers  léonins,  de  môme  facture,  ont  dft  sortir,  au 
XIV"  siècle,  de  la  même  plume  et  du  même  ciseau.  Ne  fut- 
ce  (|ue  pour  nous  les  avoir  restitués,  notre  auteur  anonyme 
mériterait  notre  recoimaissance. 

Mais  d'abord,  la  collaboration  de  ce  précurseur  au  Ve- 
aontto  de  Jean-Jacques  Chiltlet  ebl,  pour  nous,  absolu- 
ment établie,  quoique  par  certaines  suppressions  d'évèques 
mal  notés  ou  pseudo-évèques,  Chifflet  ait  réduit  à  87  le 
nombre  d'arcbevèques  porté  à  JKJ  dans  notre  anonyme.  Sims 
diminuer  beaucoup  le  m>Tite  de  ChirHet  qui  a  traduit  en  latin 
élé^^anl  la  cum|)ilalion  un  peu  indigeste  de  noire  auteur  et 
élagué  nombre  de  naïvetés  un  peu  trop  crues,  tout  en  accei>- 
tant  les  lêgi'ndes  de  saint  Anlide  emporté  par  le  diable,  de 
.•iainl  Gttrtiiain  porUint  sa  tète  de  Grand  fontaine  à  Baume,  etc., 
il  faut  faire  une  part  au  bon  vouloir  et  au  labeur  de  nuire 
écrivain  anonyme,  on  tenant  compte  des  quelques  détails 
inédits  ou  curieux  qu'il  nous  fournit  sur  le  passé. 

A  propos  du  martyre  de  Saint-Germain,  massacré  à  Grand- 
fontaine,  il  nous  donne  par  exemple  une  description  de  l'é- 
glise romane  du  prieuré  bénédictin  dont  rien  ne  survit  : 
«  l'on  void  encore  par  l'antiquité  du  bastiment  de  l'église 
dudit  lieu,  principallemenl  en  la  nef,  y  avoir  eu  quelque 
formed'amphithé.1trc  romain,  ou  termes  à  l'imilalion  de  celle 


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—  sol- 
de Dioclétien,  et  )e  clocher  est  dressé  quasi  a  mesme  ouvrage 
que  sont  les  clocliers  de  iSainl-Germain  aux   fauxbourg  lez 
Paris  en  France  »  (fol.  23), 

Il  nous  raconte  le  cérémonial  de  laprocosHÎondes  Rameaux 
à  l'abbaye  de  Baume,  la  prédication  qui  se  Eaît  hors  de  la 
ville,  le  heurt  des  portes  au  retour  (fol.  24). 

Il  nous  décrit  le  tableau  fort  ancien  qu'on  voyait  naguère 
&  l'église  bainle-Madeleinc  et  qui  représentait  saint  Ântide 
voltigeant  dans  les  airs  ^ur  les  robustes  épaules  du  diable, 
lors  de  son  expédition  de  Rome  (fol.  32  v°). 

Il  a  visité  le  chdleau  de  Rracon  et  la  chambre  u  piolée  de 
marqueteries  d'ur  ■  où  est  né  saint  Claude  ifol.  61),  reconnu 
sur  le  pieii  du  clocher  de  Saint-Etienne  de  Besançon  l'eltigie 
•  du  lyon  des  comtes  de  Bourgogne  •>  (fol.  72  v*),  dessiné  le 
premier  la  rose  de  marbre  du  maître  autel  avec  le  chrisma, 
la  colombe,  l'agneau,  r>  et  l'ui  (fol.  85),  transcrit  d'après  la 
fresque  du  bas  de  la  nef  de  Saint-Etienne  les  inscriptions 
qui  entouraient  les  images  des  huit  comtes  palatins  (fol.  94) 
et  les  deux  inscriptions  l'une  sur  bronze,  l'autre  sur  bois, 
qui  rappelaient  l'incendie  de  1350  (fol.  99  v"}. 

Çàellâlesévénemenlscontemporainsdeladate  ofi  ilôcrit, 
trouvent  quelque  commentaire:  de  son  temps  les  curés  de 
campagne  sont  loin  d'être  riches  et  sont  vêtus  de  toile  noire, 
fautede  pouvoir  acheter  du  drap!..  Je  m'arrête,  j'en  aidil  assez 
pour  justilier  cette  double  praposilion,  l'une  que  Jean-Jacques 
Chilflet  a  suivi  ^las  à  pas  notre  chroniqueur,  sauf  à  le  discul- 
per du  reproche  qu'on  pourrait  lui  faire  «  d'avoir  prins  les 
œufs  du  nid  d'autruy  »  (fol.  63)  ;  l'autre  que,  même  après  lui, 
il  reste  à  glaner  dans  l'histoire  inédite  de  nos  archevêques. 

J'arrive  à  une  dernière  question.  Quel  est  l'auteur  du  ma- 
nuscrit de  notre  Histoire"?  et  j'y  réponds  sans  plus  tarder  par 
ces  deux  mots:  François  d'Orival,  chanoine  de  Besançon, 
archidiacre  de  Luxeuil,  mort  &  Besançon  le  2i  avril  1620  W. 

{^]  N»  901  de  VObiiuaire  de  fEgline  dt  Besariçon,  Doc.  iné<l.,  IX,  102. 


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—  302  — 

Je  l'établis  sommairement,  sans  faire  passer  l'auditeur  par 
les  phases  laborieuses  de  cette  petite  découverte,  par  les 
preuves  suivantes  : 

Notre  manuscrit  est  écrit  de  la  même  main  que  celle  du 
scribe  qui  a  transcrit  le  •>  Saint  Suaire  de  Besançon,  Anti- 
quité, MiracUi  et  Vénération  d'iceluy  i,  manuscrit  signé  de 
François  d'Orival,  docteur  en  théologie  et  en  décret,  daté  de 
1610,  et  conservé  aux  archives  du  Doubs  sous  la  cote  G  172, 

Déplus,  dans  un  passage  de  l'Histoire  des  Archevêques, 
l'auteur  rapporte  qu'en  1^92,  il  prononça  aux  Cordeliers  de 
Besançon  l'oraison  funèbre  du  comte  de  Vergy,  gouverneur 
du  comté  de  Jtourgogne,  et  ce  à  la  demande  de  ses  conci- 
toyens. Or,  vérification  faite  des  délibérations  municipales, 
à  la  date  du  20  janvier  1593,  je  trouve  que  cette  commission 
fut  donnée  i  au  sieur  théologien  chanoine  d'Orival  W  ». 

La  démonstration  est  donc  sufllsante,  et  voilà  un  volume 
de  plus  k  l'actif  d'un  ecclésiastique  dont  on  connaissait  déjà 
deux  ouvrages  restés  manuscrits  :  La  Dissertation  sur  le 
Saint  Suaire  citée  plus  haut, et  les  a  Annale»  eccle$ia  Biaon- 
tinm  t,  conservées  sous  le  n°  710  deà  ms.  de  Besancon. 

J'en  ajouterai  un  quatrième,  un  recueil  de  chailes  et  di- 
plômes sur  l'histoire  de  l'Eglise  de  Besancon  de  809  b  1450, 
conservé  dans  la  bibliothèque  du  Séminaire  de  Besançon, 
sous  ce  titre  :  •  Kjc  antiifuiasinii»  titm  ecclesix  metropaU- 
tante  Biximlinx,  tunt  abbatialium  ecclcriavum  dieli  lùci  sive 
ex  earum  archiviit  deiiucta  e.cempiaria  teu  trantumpta. 
—  Vesontione  161i.  " 

C'en  est  assez  pour  classer  l'archidincre  François  d'Orival 
parmi  les  érudits  qui  ont  bien  mérité  de  la  patrie  comtoise, 
en  sauvant,  par  des  observations  ou  des  transcriptions  faites 
h  temps,  nombre  de  matériaux  utiles  à  notre  histoire  C^). 


(1)  BB  42,  fol.  236,  Àrc/i.  tnuniàp.  de  BeMitton. 

(2)  t'ian^ois  d'Orival  élait  \ié  dumitié  avec  Jean^Jacques  Cliimel;  voir 
une  pièce  Je  vers  qu'il  lui  iléilit;  en  tête  île  Vemnlio,  \>,  xi,  pr«in.  partie. 


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C'en  est  assez  aussi  pour  que  l'entrée  aux  Archives  du 
Doubs,  de  VHitloire  des  urcbevesques  de  Besutifon,  compi- 
lée en  1015  par  le  docle  chanoine,  soit  considérée  comme 
une  bonne  fortune  pour  ce  dépôt  public  i^). 

II 

Un  second  manuscrit,  petit  format,  mesurant  182/115""" 
et  comptant  173  pages  d'une  fine  et  très  régulière  écriture 
du  xviii'  siècle,  porte  le  titre  suivant  :  «  Recueil  de  Cimtes 
et  Historietleii  composés  ])ur  DifTérens  Aulheurs  d'une  Aca- 
démie établie  îi  Besancon  en  1776  *.  Ce  titre  esl  serti  d'un 
encadrement  tiacé  à  la  plume  et  comprenant  divers  em- 
blèmes, torche  et  cari|uois,  colombes  se  becquetant,  guir- 
landes de  roses. 

Une  table,  à  la  page  3,  récapitule  les  titres  des  pièces  con- 
tenues dans  le  volume  ;  elles  sont  au  nombre  de  cinq. 

La  première  est  un  <  Discours  à  l'Académie  sur  une  his- 
toire anonyme  qu'on  y  avoit  envoyé,  laquelle  a  été  suppri- 
mée, parce  qu'elle  ne  pouvoit  pas  être  lue  en  bonne  compa- 
gnie »,  par  M.  de  G*".  C'est  une  pièce  d'assez  mauvais  ton, 
critiquant  en  termes  vifs  et  malsonnants  un  méchant  auteur 
que  lien  ne  do.<ii,'ne  ol  dont  le  wtyle. aurait  déplu  (7-Iû), 

La  seconde  est  un  ballet  bernique  intitulé  :  *  l'Kmpire  des 
Airs  ».  Ce  ballet  en  vers,  met  en  scène  Alexandre,  Cain- 
paspe,  Phidias,  Apelles,  dans  les  environs  de  Dabylone;  l'au- 
teur est  le  marquis  de  M'";  la  scène  est  représentée  dans 
un  chûteau.  Les  vers  ne  siml  ni  plus  mauvais  ni  meilleurs 
que  la  moyenne  des  versiUcations  du  xviu*  siècle  (17-51). 

La  troisième  a  pour  litre  :  <  Problème,  Qu'est-ce  que 
l'Amour?  »,  par  M.  le  chevalier  de  W".  C'est  de  la  philoso- 

(I)  Celle  noifl  éUtit  rëcJigùe  quanJ  j'ai  consliité  que  la  Bibliotliéqiie  de 
Desancon  possédait,  sous  le  n*  (1%  de  œa  manuscrils,  une  copie,  faite  »  la 
llii  'lu  XVII*  iiéde,  de  l'Hi*toir«  et  saeeeeiHÎoit  dut  Arehevêijuea  de  Be- 
tançon,  Joiit  le  rédacteur  du  Catalogue  îles  Matiuïcrilï  Igiiorail  l'auleur. 


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—  304  — 
phie  à  la  mode,  c'est-à-dire  de  la  puérilité  pompeuse,  du  ba- 
dinage  à  la  portée  de  tout  le  inonde  (53-105). 

Le  quatrième  est  intitulé  :  «  Le  Préjugé  vai.-icu  »,  par  M.  le 
chevalier  de  B'".  C'est  un  de  ces  galimatias  langoureux, 
amoureux,  vaporeux,  dont  l'auteur  d'Emile  avait  créé  le 
genre  si  fade  et  si  plat,  et  qui,  comme  fadeur  et  platitude, 
ne  le  cède  en  rien  aux  plus  frivoles  de  ses  contemporains 
(107-155). 

Le  cinquième,  toujours  signé  des  initiales  du  chevalier  de 
B"*,  est  un  ■  Gonle  :  CJovis  et  Mirtil  ou  la  Raison  et  l'A- 
mour t.  Tendresse,  volupté  et  fadeur  y  dansent  une  ronde 
dans  la  gamme  du  Préjugé  vaincu  ;  c'est  le  même  style  et  le 
même  précieux. 

Malgré  tout,  le  volume  de  l'Académie  de  1776  était  intéres- 
sant à  recueillir.  Le  conservateur  de  ta  Bibliothèque  de  Be- 
sançon a  été  de  cet  avis,  et  ce  manuscrit,  qui  peint  si  bien 
le  côté  frivole  et  léger,  mais  aussi  la  facilité  des  httérateurs 
bisontins  du  xviii"  siècle,  avait  sa  place  marquée  dans  une 
collection  publique,  où  il  retrouvera  k  la  fois  la  trace  de  plu- 
sieurs sociétés  acadérai(|uea  éphémères  fondées  il  y  a  150 
ans  par  des  jeunes  gens,  des  gens  sérieux,  même  des 
femmes,  dans  notre  vieille  cité,  et  un  Ilecueil  de  pièces  fugi- 
tives, émanées  d'un  groupe  littéraire  analogue  à  celui  que 
je  viens  de  fah-e  connaître. 


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CARDINAL  DE  GRANVELLE 

BT    l.e:s    artistes    de:    son    tkmfs 
Par  M.  Jsles  eADTHlER 

I      DiCEMHU, 


SéanM  publique  du  19  décembre  1901 


Tout  orgueilleuse  qu'elle  soit  d'avoir  donné  le  jour  aux 
deux  Granvelle,  la  Franche-Comté  n'a  point  encore  élevé  à 
ces  hommes  d'Etat  incomparables,  façonnés  par  le  génie  de 
Charles-Quint,  le  monument  définitif  qui  mettra  en  pleine  lu- 
mière leurs  talents,  leur  caractère,  leurs  glorieux  et  écla- 
tants services,  et  qui  rendra  k  leur  illustre  mémoire  un  hom- 
mage bien  mérité. 

C'est  que  la  tâche  est  rude  et  complexe,  car  l'action  d'An- 
toine et  de  Nicolas  Perrenni,  du  chancelier  aussi  bien  que  du 
cardinal,  eut  pour  théâtre  l'Europe  entière,  et  cela,  dans  la  pé- 
riode la  plus  mouvementée  de  ce  xvi'  siècle  dont  les  effer- 
vescences ont  amassé  tant  de  ruines,  dont  les  immortels 
fdons  d'or  n'ontjailli  qu'à  travers  la  flamme  des  incendies  ou 
le  sang  des  batailles. 

Le  chancelier  Perrenot  s'est  passé  d'aïeux  et  sa  màie  éner- 
gie, sa  pénétration  prodigieuse,  la  sa^'esse  de  ses  concep- 
tions, l'incroyable  activité  de  son  esprit,  lui  ont  ouvert  mal- 
gré les  jalousies  de  la  noblesse  l'accès  du  pouvoir,  et  en  ont 
fait  le  bras  droit  du  plus  puissant  empereur  qui  ait  porté  le 
sceptre  depuis  Charlemagne. 

Le  cardinal,  doté  par  la  volonté  paternelle  d'une  éducation 
princière,  digne  de  ses  qualités  précoces  et  d'une  valeur 
21 


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—  306  — 
personnelle  que  ses  ennemis  eux-mêmes  onl  toujours  re- 
connue, est  devenu  par  sa  clairvoyance,  sa  modération,  ta 
souplesse,  la  vivacité  et  la  justesse  de   son    intelligence   le 
digne  continuateur  du  chancelier. 

Et  ce  n'est  pas  la  moindre  fierté  de  notre  race  comtoise 
que  de  voir  ces  deux  plébéiens,  nés  sur  noire  sol,  prendre  le 
pas,  durant  cinquante  ans,  à  la  cour  des  empereurs,  des  rois 
et  des  papes,  sur  les  plus  illustres  maisons  du  monde  et  tenir 
les  rênes  du  pouvoir,  en  affirmant  victorieusement  leur  in- 
contestable supériorité. 

Leur  rôle  politique  fut  trop  considérable,  leur  ceuvre  col- 
lective ou  successive  fut  trop  écrasante,  pour  qu'un  écrivain 
puisse  aborder  un  pareil  sujet  sans  une  longue  et  mûre  pré- 
paration. Mais,  kcêté  de  leur  suprématie  politique  les  deux 
Granvelle  ont  ambitionné  et  rempli  un  second  rôle,  non  moins 
utile,  celui  de  protecteurs  des  lettres,  des  sciences  et  surtout 
des  arts,  aussi  bien  dans  les  cours  de  Charles-Quint  et  de 
Philippe  II  que  dans  leur  pays  natal. 

C'est  un  côté  très  mal  connu  de  leur  vie  que  je  voudrais 
tenter  d'éclaircir  sur  quelques  points,  en  étudiant  tout  d'à- 
bord  les  relatioii£  du  cardinal  Antoine  Perrenot  de  Granvelle 
avec  les  artistes  de  son  temps  en  Flandre,  en  Italie,  en  Es- 
ptigne  et  en  Franche-Comté,  en  attendant  que  je  puisse  con- 
-sacrer  une  seconde  étude  à  ses  relations  avec  les  lettrés. 

I 

C'est  au  service  de  Marguerite  d'Autriche,  gouvernante 
des  Pays-Bas  et  du  Comté  de  Bourgogne,  que  Nicolas  l^er- 
renot  fut  pour  la  première  fois  initié  aux  merveilles  artisti- 
ques, en  voyant  s'élever  dans  les  marais  de  la  Bresse  le  dé- 
licieux édifice  de  Nuire-Dame  de  Brou,  où  les  constructeurs, 
les  verriers,  les  imagiers  flamands  se  réunissent  aux  sculp- 
teurs italiens  ou  allemands  pour  immortaliser  le  tombeau  de 
la  fille  et  du  gendre  de  Marie  de  Bourgogne.  C'est  à  Bruxelles 


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—  307  — 
qu'il  connut  Jean  de  Maubeuge  et  lui  commanda  ce  Daniel  et 
cette  Piéta  que  conservèreni  pieusement  ses  flls,  qu'il  fit 
tisser  ces  délicates  tapisseries  marquées  de  sa  devise  :  sic 
vtsuH  supERis  (<>,  qu'il  fit  enluminer  ce  splendide  livre 
d'heures  que  l'Angleterre  a  recueilli  dans  les  collections  du 
Britisti  Muséum  9).  Un  médailleur  allemand  gravera  son  ef- 
figie C^),  le  Titien,  à  Augsbourg,  peindra  son  énergique  vi- 
sage et  celui  de  Nicole  Bonvalot,  sa  digne  compagne,  la  mère 
de  ses  quinze  enfants  W.  A  Besançon,  un  palais  semblable  h 
ceux  qu'il  a  fréquentés  en  Italie,  dans  les  Pays  Bas  ou  dans 
les  Espagn^s  s'élèvera,  somptueux  comme  architecture  et 
comme  décor,  dans  la  cité  qui  fut  le  point  de  départ  de  sa 
fortune  et  qui  s'enorgueillira  longtemps  de  ses  bienfaits  et 
de  son  souvenir,  et  la  première  oeuvre  d'art  qu'on  y  suspen- 
dra est  cette  descente  de  Croix  du  Bronzino  que  le  duc  de 
Florence  a  détachée  de  sa  propre  chapelle  (5), 

A  côté  d'un  pareil  père  dont  i!  suit  tous  les  pas,  dont  il  s'é- 
tudie à  partager  les  goûts,  à  exécuter  les  volontés,  k  secon- 
der les  plans,  Antoine  Perrenot,  le  futur  cardinal,  nature  im- 
pressionnable et  passionnée,  s'enthousiasma  de  bonne  heure 
pour  toutes  les  manifestations  de  l'ar-t  Enfant  il  les  entrevoit 
partout,  aussi  bien  dans  le  luxe  de  la  demeure  paternelle, 
dans  les  tentures  de  soie  tissées  d'or,  les  orfèvreries  étince- 
lantes,  cadeaux  des  princes  ou  des  villes,  que  dans  les  palais 
impériaux  où  il  demeure,  dans  les  cathédrales  somptueuses 
où  il  officie,  dans  ces  cortèges  merveilleux  qu'improvisent 
les  cités  et  les  ghildes  brabançonnes  pour  l'entrée  de  l'empe- 
reur. Jeune  homme,  il  suivra  tour  à  tour  les  universiités  fa- 
meuses de  Padoue  et  de  Louvain  et  entrera  en  contact  aussi 


(1)  V.  Pièces  juslificatives,  pi^e  I,  n-  8. 

(2)  V.  notre  Eluda  sur  (a  Livre  d'Heures  da  chancelier  Perrenol  de 
Granvetia,  Session  du  Congrès  des  UeauK-Art«,  imà,  104-109. 

(3)  V.  noire  leoaographie  daa  Granvelte,  Paris,  Pion,  19(10. 

(4)  V.  Castan,  Monographie  du  palaia  Granvetle.  P'iècei  jualif.,  n'  I. 

(5)  N»  ïî  du  Musée  de  peinture  de  Besançon. 


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—  .308  - 
bien  avec  les  trésors  d'art  amassés  dans  les  basiliques  j»- 
douanes  par  le  ciseau  de  Dociatello  ou  de  Sansovino  et  le  pin- 
ceau d<:  Mantegna  ou  du  Titien,  qu'avec  les  chefe-d'oeuvre 
de  la  peinture  fliimande,  de  Van  der  Weiden.  de  Hemling,  de 
Van  Orley.  Né  en  1517  àBesançon  (l),  protonotaire  à  11  ans, 
évéque  d'Arras  â  22,  Antoine  Perrenot  dépasse  à  peine  la 
trentaine  quand  le  chancelier  son  père  meurt  à  Augsbourg 
en  1550,  lui  it'guant  avec  tous  les  secrets  de  l'Ëtat.  le  manie- 
ment des  afTuires  et  la  confiance  de  l'Empereur.  Devenu  pre- 
mier conseiller  du  Maitre,  son  crédit  sans  limites  et  ses  larges 
ressources  vont  lui  permettre  de  satis&ire  ses  goûta  luxueux, 
parfois  fi'i\oles,  et  de  protéger  les  artistes  que  depuis  long- 
temps déjà  il  admire  et  fréquente  assidûment. 

Dès  1547,  il  est  en  correspondance  suivie  avec  un  scul- 
pteur et  médailleur  italien,  Leone  Leoni,  dont  le  tempéra- 
ment fougueux  et  brutal,  dont  le  talent  souple  et  nerveux 
rappellent  Benvenuto  Cellini  (3),  son  rival.  Granvelle  l'a 
connu  par  les  médaillons  superbes  de  Bembo,  son  ancien 
maître  à  Padoue,  de  l'impératrice  Isabelle,  de  la  princesse 
de  Salerne;  un  meurtre  commis  à  Home  l'a  fait  condamner 
aux  galères  et  on  lui  eût  coupé  la  main  si  le  pape  Paul  III  ne 
l'eût  gracié  en  pi-ononcai)t  ces  paroles  singulières;  <  les 
hommes  de  lalent  ne  peuvent  être  soumis  aux  lois  au  même 
titre  que  les  autres!  i  (^.  Sorti  du  bagne,  grâce  à  Pierre 
l'Arétia,  son  parent,  devenu  maitre  de  la  monnaie  à  Milan, 
mis  aux  enchères  par  François  1"  mais  adjugé  à  Charles- 
Quint,  Leone  Leoni  rêve  d'exécuter  pour  l'empereur  une 
statue  équestre  digne  du  Gattamelata  de  Padoue  ou  du  Col- 
leoni  de  Venise.  Son  talent  vigoureux  et  correct,  les  fortes 
traditions  qu'il  a  puisées  chez  les  Vénitiens  en  fréquentant 

it)  Né  le  26  août  1M7,  eut  pour  pirraîn  JacquM  de  Baumolle.  pneur 
corn  me  rida  lai  rs  de  Sainl-Ulrich,  pour  marraine  Jeanne  d'Etemot. 

(3|  E.  Pi.oN',  Leone  Leoni,  teulptear  de  Charie»-Qiùat ,  et  l'on^teo 
Leoni.  sculpteur  de  PhUippe  II,  1887. 

(3)  ID.,  ibid,,  14 


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le  Titien,  Sangovino  le  sculpteur,  Éneas  Vico  le  graveur, 
semblent  justifier  cette  ambition  que  Granvelle  encourage. 
Pour  l'évoque  d'Arras  il  exécute  deux  médailles  qu'il  lui 
porte  en  1549,  à  Bruxelles,  oii  Granvelle  l'introduit  au  palais 
et  le  présente  à  Charles- Quint.  Ces  deux  médailles,  l'une  tète 
nue,  l'autre  la  tête  coiffée  d'une  barrette,  sont  l'interpré- 
tation exacte  d'un  portrait  qu'un  peintre  encore  obscur, 
Antoine  Moor  vient  de  peindre  à  Bruxelles  pour  le  jeune 
évoque  d'Arras  (1).  Vêtu  d'une  soutane  de  soie  que  rehausse 
l'extrême  blancheur  d'un  col  rabattu  et  de  manchettes  de 
toile,  le  personnage  est  d'une  rare  distinction  et  d'une  su- 
prême élégance.  Ses  cheveux  et  sa  barbe  sont  d'un  noir 
intense,  ses  yeux  d'une  profondeur  et  d'une  vivacité  prodi- 
gieuse ;  l'une  des  mains  effilées  tient  une  paire  de  gants, 
l'autre  s'appuie  sur  une  table  près  d'un  livre  et  d'une 
horloge.  Longtemps  ignoré  chez  nous  le  tableau  est  exquis 
et  donne  la  double  impression  du  talent  immense  de  l'ar- 
tiste, qui,  par  Granvelle,  sera  demain  le  peintre  favori  de 
Philippe  II,  et  de  la  physionomie  distinguée  et  vibrante  du 
jeune  ministre  qui  devient  son  protecteur  '2). 

I^  séjour  de  Leone  Leoni  sous  le  froid  climat  du  Brabant 
se  prolonge  cinq  à  six  mois  ;  logé  au  palais,  l'empereur,  les 
princesses,  Granvelle  le  comblent  d'égards  et  de  com- 
mandes, avant  qu'il  regagne  Milan  et  son  atelier.  Kn  1551,  il 
ira  retrouver  la  Cour  à  Augsbourg  et  recevra  de  Charles- 
Quint,  du  roi  des  Romains,  de  la  reine  de  Hongrie  et  de 
l'évêque  d'Arras  un  accueil  •  rare  pour  ses  pareils  »,  dit 
Leone.  Il  craint  un  instant  •  que  le  réverendissime  d'Arras 
plein  d'humilité  par  le  passé  ne  soit  «  aujourd'hui  tout  plein 
de  sa  puissance  •  mais  deux  jours  après  il  dîne  à  sa  table 
avec  le  Titien,  et  désormais  ne  quitte  plus  son  protecteur 

(1)  V.  PI.  I  ce  portrait,  reproduit,  avec  rauloriBalion  bif^iiTeillante  de 
H.  1-  Lowy,  d'après  l'original  qui  porte  le  !■■  1030  dans  la  Galerie  impé- 
riale de  Vienne. 

{3)  V.  notre  leonographi*  det  Granvelle.  a"  3. 


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—  MO  — 

<  collé  comme  à  sa  peau,  dit-il,  ayant  toute  commodité  pour 
recommander  ses  amis  (l)  *. 

Et  cependant  Leoni  travaille  et  modèle  fiévreusement  et  )a 
statue  de  l'Empereur  et  celle  de  Philippe,  prince  d'Espagne, 
et  le  buste  que  Granvelle  lui  a  commandé  en  même  temps 
que  deux  grands  n)édaiIlons  de  Charles-Quint  et  de  Phi> 
lippe  dont  la  maquette  et  les  moules  sont  terminés  à  Augs- 
bourg.  En  juillet  lâM,  Leoni  est  rentré  b  Milan,  d'oCi  son  (ils 
Pompeo,  part  pour  Rome  muni  des  recommandations  de 
Granvelte  qui  tout  en  protégeant  le  jeune  sculpteur,  fait 
accorder  à  son  père,  l'ancien  forçat,  des  lettres  de  chevalerie. 

Et  dès  iors  pendant  dix  années  entre  Granvelle  et  Leoni  )a 
correspondance  est  suivie,  c'est  Leoni  qui  imagine  de  repré- 
senter Granvelle  sous  les  traits  de  Neptune  calmant  les  flots 
irrités,  sur  plusieurs  médaillesde  divers  modules,  où  le  profil 
impassible  de  l'évéque  d'Arras  garde  sa  noblesse  et  sa  haute 
distinction,  malgré  sa  calvitie  précoce.  C'est  lui  qui  perpétue 
cet  emblème  parlant  d'une  grande  voile  (Gran^vela)  dont  le 
secours  fera  flotter  à  travers  les  écueils  le  navire  de  l'Etat 
qui  porte  César  et  sa  fortune.  Deux  bustes  en  médaillon  de 
Cbarlcs-Quint,  un  buste  de  sa  sœur  Marie,  reine  de  Hongrie, 
un  quatrième  de  Granvelle  lui-même,  jetés  en  bronze  et  re- 
touchés soigneusement  par  Leoni,  prennent  tour  &  tour  le 
chemin  de  Bruxelles  et  entrent  dans  les  collections  du  pré- 
lat. De  ces  quatre  chefs  d'œuvre  de  Leoni  un  seul  subsiste, 
le  médaillon  de  Charles-Quint  qui  a  passé  de  Besançon  au 
musée  du  Louvre,  et  sur  l'épaule  duquel  on  lit  cette  inscrip- 
tion :  A  la  mémoire  éternelle  de  son  illustre  maître,  Gran- 
velle, son  premierconseillerd'Etatetson  garde  de?  sceaux  iS;. 

(1)  E.  Plon,  Laone  Leoni. 

(2)  Voici  l'inscription  de  ce  bronie  (haut  deflS  centim.,  large  de  S8>.  con- 
aervé  au  Musée  du  Louvre  (snlle  de  la  Renaissance),  après  avoir  B|[tir4  an 
ilusëe  des  Monuments  français  (depuis  le  14  rriii:lidor  an  11),  dans  la  salle 
des  Manuscrits  de  Saint- Germai n-des-Prés  (depuis  le  commencement  du 
xviri'  siècle),  â  Saint  Vincent  de  Besançon  (depuis  le  legs  de  l'abbé  BoiiMt, 
1604j,  et  antérieurement  au  palais  Grantelle  : 


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-311  -r 

Si  le  bronze  de  1566  qui  représentait  Granvelle  est  perdu, 
dix  médailles  de  Leone  nous  en  consolent,  et  de  plus  un 
délicieux  camée  sur  onyx  qui  figurait  il  y  a  trois  ans  &  peine 
dans  la  collection  du  duc  de  Malborough;  la  reconnaissance 
du  sculpteur  d'Arezzo  s'est  acquittée  envers  celui  «  qui  le 
réhabilita  aux  yeux  du  monde  et  le  combla  de  ses  bontés  », 
Les  expressions  de  Leone  sont  exactes.  S'il  fut  appelé  par  le 
pape  Pie  IV  à  élever  à  Milan  le  tombeau  du  marquis  de  Mari- 
gnan,  proposé  d'abord  à  Michel  Ange,  si  Pompeo  son  Qls 
exécuta  pour  l'Escurial  le  tombeau  de  Charles-Quint  et  les 
magistrales  Agures  de  bronze  de  toute  sa  mce,  c'est  à  Gran- 
velle, à  ses  recommandations,  à  son  appui  qu'ils  durent 
l'occasion  de  leurs  plus  beaux  triomphes. 

L'art  itahen,  dans  la  personne  des  deux  Leoni,  a  trouvé 
éans  Granvelle  un  prolecteur  aussi  éclairé  que  puissant, 
l'arl  flamand  n'eut  qu'à  se  louer  de  ses  Taveurs.  Après  An- 
toine Moor,  Lambert  I^ombard,  de  Liège,  puis  Hans  Collaert, 
d'Anvers,  peignirent  puis  gravèrent  le  portrait  du  garde  des 
sceaux  de  Charles-Quint.  Jérôme  Cock  lui  dédia  plusieurs 
hvres  d'estampes. 

Chanoine  de  Liège,  Granvelle  fréquente  l'atelier  du  véni- 
tien dépaysé  qu'était  ce  Lambert  Lombard  surnommé  par  ses 
contemporains  :  Lambert  le  Suave,  et  y  rencontre  pour 
les  encourager  à  leur  tour  par  des  commandes  deux  élèves 
qui  vont  devenir  des  maîtres  célèbres,  Franz  Floris  et  Hu- 
bert Goltzinus.  Le  portrait,  dont  les  étoffes  de  soie  ont  le  cha- 
toiement des  draperies  du  Tintoret  ou  du  Veronèse,  que 
Lambert  le  Suave  peignit  pour  Granvelle,  se  détacbe  sur  un 
décor  de  colonnades  doriques,  avec  surcharge  de  statues 
dans  des  niches,  de  triglyphes  et  de  bucrdnes.  Deux  car- 


CATIOLO.Ï.  MAI.IMP.OPT.PHINCIPl 

CO  .  EP9  .  ATREBATENSIS  .  EIVS  ,  PniMVS  .  CONS  ,  HEnVIl  .  STATVS    ET  , 

SIGILP.OHVa.CVSTOS   DNO  .S.OPTISIE.  «KRItO   H*NC   AD.VIVVll    UVtTS, 

pHiNcipi3.EFneiil](.OivTVRij.«.iiEiioiU£.Ei^>iE.Pusvrr. 


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—  312  — 

touches  contiennent  des  inscriptions  louangeuses  où  le  nom 
de  Mécène  est  appliqué;  avec  grand  renfort  d'épitbëtes  flat- 
teuses, au  patron  dont  Lambert  voudrait  à  la  fois  peindre  les 
traits  et  faire  admirer  les  rares  qualités  d'esprit  W. 

Mais  j'aime  mieux  la  superiw  estampe  qu'Hans  Collaert 
grava  l'année  suivante,  en  15&6,  et  qui  donne  à  Granvelle, 
moins  maniérée  et  plus  nerveuse,  la  fière  allure  d'un  homme 
qui  se  possède  assez  pour  conduire  et  dompter  les  autres.  Sa 
main  élégante  frissonne  en  maniant  un  volume,  l'intelligence 
perce  dans  ses  traits  comme  dans  son  attitude  ;  la  simplicité 
du  décor  où  il  se  dresse,  j'allais  dire  oii  il  se  meut,  con- 
centre sur  sa  majestueuse  figure  le  regard  qui  s'y  fixe  et  qui 
s'y  comptait. 

Quatre  fois  déjà  Granvelle  avait  refusé  le  cardinalat  quand 
un  maître  inconnu  dessine  et  grave  son  visage  en  lui  don- 
nant à  tort  ou  à  raison  une  expression  quelque  peu  hautaine; 
quand  un  médailleur  hollandais  le  représente  portant  une 
crosse,  emblème  du  pouvoir,  avec  cette  devise  égalitaire: 
CAETERis  AEQUE  AC  SIB[  (3)  ;  quand  Van  den  Broeck,  d'An- 
vers, peint  son  portrait  13). 

En  155M,  l'archevêché  de  Malmes  récompense  Antoine 
Perrenotde  son  dévouement  au  roi  des  Espagnes,  en  d561, 
il  se  résigne  &  accepter  le  chapeau  de  cardinal  ;  ces  deux 
nouvelles  dignités  sont  l'occasion  ou  le  prétexte  de  mainte 
médaille,  de  mainte  gravure  que  des  artistes  nouveaux  on 
d'anciens  protégés  s'empressent  de  composer  et  de  publier 
à  sa  louange.  Les  artistes  aussi  bien  que  les  lettrés  lui  tres- 
sent à  l'envi  des  couronnes  et  sa  devise  durate,  devientl'ex- 
pression  de  leurs  souhaits  en  présence  des  difTicultés  qui  le 
menacent  ;  les  protestants  et  les  révoltés  de  Hollande  l'atta- 
quent sournoisement  d'abord,  puis  en  face.  Longtemps  il  fait 


(1}  V.  notre  Iconographie,  w  6. 

(8) 'AmI,  n«  7,  t9, 19. 

(3)  Art.  39  de  la  galerie  Granvdle,  I4éce  juttifiealîTe  IV. 


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—  313  — 

tête  et  lient  ferme,  et  dans  ses  médailles  Leone,  après  l'a- 
voir représenté  comme  un  Neptune,  lui  donnera  les  traits 
de  David  prêt  à  combattre  le  géant  Goliath  :  spes  bona  dat 
VIRES  (*). 

Malgré  l'espoir,  Granvelle,  mal  secondé  par  l'héritier  inca- 
pable de  Charles-Quint,  plie  devant  la  tempête  des  Pays-Bas 
et  de  1564  à  i566  se  retire  en  Franche-Comté,  pour  y  re- 
trouver le  calme  du  foyer  et  revoir  sa  vieille  mère  dont  il  est 
resté,  malgré  l'éloignement,  l'enfant  toujours  préféré. 

Cent  pour  lui  le  moment  d'encourager,  dans  les  villes  qui 
se  disputent  l'honneur  d'avoir  connu  sa  jeunesse,  et  les 
constructeurs  et  les  artistes.  A  Omans,  par  ses  ordres,  on 
prépare  les  plans  d'une  habitation  nouvelle,  refuge  de  ses 
vieux  jours,  auprès  du  berceau  de  sa  race,  sur  les  rives  de 
cette  claire  rivière  de  ia  Loue,  au  pied  de  ces  collines  char- 
gées de  ceps  et  couronnées  de  rocs,  qu'il  décrit  à  ses  amis 
dans  un  langage  de  poète.  Il  donne  ses  ordres  pour  qu'on 
y  achève  dans  l'élise  Saint-Laurent,  enrichie  par  ses  dons 
de  riches  ornements  et  de  précieux  reliquaires,  où  sont  gra- 
vées ses  armes  cardinalices .  sa  chapelle  dédiée  à  sain  t  Antoine 
et  le  caveau  oii  seront  ensevelis  ses  aïeux.  A  Besançon,  il 
contribue  généreusement  à  embel  lir  et  à  réparer  l'église  Saint- 
Maurice  oii  naguère  il  fut  baptisé  ;  sa  mère  Nicole  Bonvalot 
et  lui-même  font  réparer  la  grande  nef,  décorer  les  fenêtres 
de  verrières  à  leurs  armes,  tandis  que  le  cardinal  donne  à  la 
sacristie  un  encensoir  d'argent  armorié.  Mouthier- Haute- 
pierre,  Luxeuil,  Montbenoit,  dont  il  est  prieur  ou  abbé, 
éprouvent  ses  largesses,  invariablement  Iraduites  par  des 
présents  d'orfèvrerie  ou  d'objels  d'art  ;  il  n'est  pas  jusqu'à 
l'église  de  Scey-en-Varais  ou  à  celle  de  Cromary,  voisines 
d'habitations  de  famille,  qui  ne  reçoivent  de  précieux  tableaux. 
S'il  emploie  comme  constructeurs  à  Besançon  ou  à  Omans 
les  architectes  Hugues  et  Richard  Maire  qui  ont  bâti  naguère 

(1)  leonographie,  n—  17, 18. 


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—  M4  — 

l'hAtel  de  ville  de  Besançon  et  lechâteau  de  Scey-en-Varais, 
collaboré  !i  l'iiâtel  de  ville  de  Gray  oii  au  palais  du  parlement 
de  Dole,  s'il  a  commandé  à  Jacques  Prévost,  de  Gray,  des 
tableaux  ou  des  bas-reliefs  de  marbre,  el  fait  exét^uter  par 
François  Landry  de  Salins  son  médaillon  d'albâtre  :ll,  le  car- 
dinal de  Granvelle  a  pour  le  seconder  et  pour  répandre  des 
œuvres  d'art  au  pauvre  pays  de  Bourgogne,  un  autre  auii- 
liaire.  Il  entretient  dans  sa  maison  un  jeune  peintre  origi- 
naire de  Besançon  nommé  Pierre  d'Argent  c  bon  fils  et  de 
bonne  nnture  ■  qu'il  a  fait  étudier  soit  en  Italie  soit  en  Flan- 
dre auprès  de  bon^  maîtres,  et  qu'il  emploie  suit  à  faire  îles 
copies,  des  portraits  ou  des  tableaux  qui  rinléressenl,  soil 
uu  besoin  à  [teutàve  et  îi  plâtrer  les  cliumbres  de  son  \opA- 
Kn  15G4,  Pierre  d'Argent  est  rappelé  en  Franche-Comté  pour 
recevoir  les  ordres  du  cardinal,  tant  pour  la  décoration  de 
l'église  d'Ornans  à  laquelle  il  destine  une  copie  de  la  Descente 
de  Croix  du  Bronzino,  que  pour  l'aider  en  d'autres  matières 
el,  notamment,  pour  copier  au  palais  de  Besançon  les  toiles 
originales  du  Titien  qui  ont  fixé  les  traits  du  chancelier  et  de 
Nicole  Bonvalot.  Au  contact  de  ces  chefs-d'œuvre  le  petit 
peintre,  dont  Michel  Coxie,  Reyen,  Floris  ont  renoncé,  mal- 
gré les  instances  de  Gra,nvelle,  i\  perfectionner  le  talent,  est 
devenu  peu  à  peu  un  excellent  copiste,  tellement  que  de  nos 
jours  on  a  pu  attribuer  au  Titien  telle  toile  fameuse  qui  n'est 
qu'une  modeste  traduction  due  au  pinceau  de  Pierre  d'Ar^ 
gent,  Cliarles-Quint,  dans  son  testament,  a  légué  à  Yègiiie 
de  Brou  où  repose  sa  tante,  un  retable  pour  son  maitre  au- 
tel ;  quand  viendi-a  en  1574  le  moment  d'exécuter  la  volonté 
impériale,  l'artiste  que  choisira  Granvelle  n'est  autre  ijue 
Pierre  d'Argent,  et  sur  le  tableau,  superbe  de  facture,  qui  re- 
présente Saint-Nicolas  de  Tolenlin,  Saint-Augustin  et  Sainte 
Monique,  le  visiteur  de  Brou  retrouve  avec  surprise  le  nom 
du  petit  peintre  bisontin  associé  &  celui  de  Granvelle  et  d^ 

(1;  V.  konograplùe,  sons  la  Jate  t5^ellen*  6. 


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-  815  — 

Charles-Quînt.  Le  séjour  du  cardinal  se  prolongea  presque 
deux  ans  en  Franche-Comlé,  depuis  le  mois  d'avril  1564,  où 
il  arrive  k  Besançon,  jusqu'au  3  janvier  1566,  où  il  franchit 
le  Jura  pour  gagner  Borne  oii  se  réunit  le  conclave  ;  en  pas- 
sant à  Jougne  il  laissa  à  son  hôle,  Claude  Ferlin,  une  des 
médailles  d'or  à  son  effigie  frappées  par  l.eone  Leoni  i').  De 
1566  à  1571,  Granvelle  est  à  Rome  l'ambassadeur  de  Phi- 
lippe II  et  reprend  dans  les  affaires  d'Espagne  la  place  et 
l'influence  légitime  que  deux  années  d'absence  n'avaient  pu 
faire  oublier.  Quand,  à  la  voix  de  Pie  V,  une  croisade  contre 
le  Turc  est  proclamée,  le  cardinal  de  Granvelle  prend  une 
part  décisive  aux  résolutions  qu'on  arrête:  Phihppe  II  l'en 
récompense  en  le  nommant  vice-roi  de  Naples  et  le  pape  lui 
confie  le  soin  de  remettre  à  don  Juan  d'Autriche,  qui  le  por- 
tera glorieusement  à  Lépanle,  l'étendard  de  la  chrétienté. 
De  ce  âéjour  à  Itome  et  de  cette  croisade  de  Lépante  des 
œuvres  d'art  sont  nées,  toutes  inspirées  par  Granvelle  ;  le 
portrait  du  cardinal  peint  par  Scipion  Gaetano  en  1569,  tout 
un  groupe  de  médailles  frappées  à  l'occasion  de  la  remise  du 
labarum  à  don  Juan  d'Autriche,  enfin  un  tableau  sur  bois, 
œuvre  de  Pierre  d'Argent  qui  représente  la  vision  de  Pie  V. 

Le  portrait  du  Gaetano,  tous  l'ont  vu  et  admiré  dans  notre 
musée  de  peinture,  où  il  ne  reste  hélas  que  de  rares  débris 
des  collections  des  deux  Granvelle  ;  il  représente  le  cardinal 
en  camail  et  en  mozette,  la  figure  belle  encore,  toujours 
énergique  et  fîère,  malgré  ses  cinquante-deux  ans:  Grâce  à 
l'Académie  royale  de  Belgique,  nous  reproduisons  dans 
cette  élude  la  belle  gravure  qu'a  exécutée  pour  elle,  d'après 
ce  chef-d'œuvre,  le  célèbre  graveur  J.  Franck  &i. 

Les  médailles,  œuvre  de  Simone  Melloni  ou  de  Domenico 


(1)  Note  marginale  d'une  Chronique  de  Savoie,  provenant  de  la  maison 
de  Chalon,  conservée  aui  Archives  de  Turin. 

(21  PI.  11.  Cette  gravure,  exécutée  en  1877,  tigare  en  t«tc  du  loine  I  de  la 
■Cofretpûndanet  dt  Granvelle,  publiée  à  Bruxelles. 


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—  516  — 
Compacni,  reproduisent  la  figure  peinle  siir  cuivre  par  Gae- 
tano,  et  louent  dans  des  revers  variés  le  vice-roi  de  Naples, 
tantAt  figuré  sur  un  vaisseau  qui  vogue  tranquille  malgré  le 
souIHe  de  la  tempête,  tantôt  remettant  &  don  Juan  d'Au- 
triche l'étendard  qui  le  rendra  viclorieux. 

Quant  au  tableau  créé  par  Pierre  d'Ai^nt,  qu'on  peut 
voir  encore  dans  l'église  de  Gromary,  non  loin  de  Besançon, 
il  montre  le  pape  Pie  V  en  extase  apercevant  miraculeuse- 
ment le  triomphe  de  Lépante  et  la  défaite  de  la  (lotte  turque: 
parmi  les  prélats  qui  l'escorient,  la  main  de  Pierre  d'Ar- 
gent a  introduit,  agenouillée  et  recueillie,  la  figure  du  car- 
dinal de  Granvelle. 

Les  années  passent,  et,  de  Naples,  dont  il  quitte  la  vice- 
royauté  en  1579,  le  cardinal  vient  à  Madrid  où  va  s'achever, 
quelque  peu  éclipsée  par  d'autres  ministres  en  faveur,  une 
vie  dépensée  tout  entière  à  servir  fiilèlement  les  maisons 
d'Autriche  et  d'Espagne.  Sa  correspondance  le  laisse  entre- 
voir toujours  empressé  k  protéger  les  artistes;  tantôt  il  dé- 
fend contre  les  tortures  de  l'Inquisition  le  peintre  Guillaume 
Coxie  et  le  sculpteur  Pampeo  Leoni  ;  tantôt  il  recommande 
au  cardinal  Farnëse  le  fils  du  peintre  Alonzo  Sanchez,  l'ami 
et  l'élève  d'Antoine  Moor;  h  ta  veille  de  sa  mort,  il  fait  cons- 
truire à  Besançon,  par  l'architecte  Richard  Maire,  un  palais 
oii  il  compte  achever  su  vie  et  disposer  ses  collections  de 
livres,  de  médailles,  de  tahleaux.  1^  maison  du  chancelier 
son  père  lui  est  fermée  par  la  folie  d'un  neveu,  mais  il  a 
accepté  l'archevêché  de  Besançon  comme  un  couronnement 
de  carrière  et  marqué  par  avance  son  tombeau  dans  l'église 
des  (îrands  Carmes  où  le  chancelier  repose.  Ce  tombeau  il 
va  bientôt  y  descendre,  ce  palais,  entrevu  comme  une  Teire 
promise,  il  ne  doit  jamais  l'occuper, 

I,e  Mi  septembre  1586,  le  mal  qui  depuis  longtemps  le 
ronge  a  tait  de  tels  progrès  qu'il  désespère  et  adresse  à  Phi- 
lippe Il  ses  derniers  adieux,  t  Je  n'ai  plus  aucun  espoir  de 
conserver  la  vie,  je  n'y  tenais  du  reste  que  pour  la  con- 


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-317  — 
sacrer  au  service  de  votre  Majesté.  Mon  dé^^intéressement 
est  attesté  par  l'élat  de  pauvreté  dans  lequel  je  laisse  ma  fo- 
mille  et  cette  pauvreté  est  telle  qu'elle  m'oblige,  en  ce  mo< 
ment  suprême  ù  vous  recommander  et  mes  neveux...  et  mes 
serviteurs,  que  ma  mort  va  laisser  dans  la  misère  et  l'aban- 
don. Outre  que  votre  Majesté  fera  œuvre  miséricordieuse, 
elle  m'accordera  une  faveur  signalée  et  je  quitterai  ce  monde 
avec  un  peu  moins  de  regret  (1)  ». 

Le  cardinal  mourut  à  Madrid  le  21  septembre  1586,  âgé 
de  69  ans,  son  corps  fut  rapporté  et  enseveli  sans  pompe 
aux  Grands  Carmes  de  Besançon.  Aucune  inscription, 
aucune  elfigie,  aucune  statue,  ne  signala  le  tombeau  du  Mé- 
cène qui  avait  encouragé  tant  d'artistes  éminents  :  A 
l'exemple  d'une  famille  ingrate,  les  aris  semblaient  avoir 
oublié  leur  grand  et  fidèle  protecteur  ! 

Cet  oubli  n'était  qu'apparent.  Si  Granvelle,  et  nous  l'avons 
prouvé  par  maint  exemple,  a  protégé  les  beaux-arts  d'une 
façon  énergique  et  constante,  si,  malgré  des  ressources  sou- 
vent médiocres,  il  a  distribué,  avec  une  générosité  sans  limite 
et  sans  calcul,  l'or  et  les  encouragements  aux  artistes  ses 
contemporains,  s'il  a  jeté  dans  son  propre  pays  la  semence 
des  vocations  ai-tistiques,  il  en  a  reçu  et  en  reçoit  encore  sa 
rêcom|iense,  L-es  ueuvre.s  multiples  que  ses  libéralités  ont 
fait  naître  :  tableaux,  sculptures  ou  médailles  conservent 
aux  quatre  coins  de  l'Europe  et  son  nom  et  son  image,  alors 
que  son  rôle  politique  est  ignoré  de  la  plupart. 

Hier  encore  un  sculpteur  de  grand  mérite,  né  dans  le  pa- 
lais des  Granvelle,  Jean  Petit,  payait  à  cetle  grande  mémoire 
une  partie  de  la  dette  des  liisontins  et  des  Francs-Comtois, 
en  ciselant  celte  belle  statue  de  marbre  dont  la  flère  élé- 
gance évoque  d'une  façon  digne  d'elle  une  des  grandes 
ligures  de  notre  histoire  et  dont  le  modernisme  ne  dépare 
point  le  vieux  palais  qui  lui  sert  de  cadre. 

(t)  Tonte  XU  de  la  Covre$pon<ianc«  édiiée  1  Bniielles,  p.  188. 


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—  318  — 
Que  Besançon  garde  pieusement  et  ce  palais  GraDvelle 
avec  sa  statue  et  son  vieil  Hôtel  de  Ville  berceau  de  ses 
libertés  municipales.  Qu'il  n'oublie  jamais  que  les  deun  Gran- 
velle,  le  chancelier  comme  le  cardinal,  ont  été  pour  la  cité 
et  ses  grands  intérêts,  aussi  bien  que  pour  les  arts  et  pour 
les  lettres,  des  protecteurs  et  des  bienfaiteurs  aussi  généreux 
qu'éclairés,  et  que  les  débris  de  leur  héritage  ont  été  le 
noyau  de  nos  dépôts  publics  :  bibliothèques  ou  musées  d)  ! 

(1)  Nous  étu<)ier(.ns  quelqje  jour  les  colleclions  d'aiiliques.  curiosités  et 
médailles,  manuscrils,  livres,  statoes  ou  bas-reliefs,  formées  par  les  Grati- 
velle  dans  leur  palais  de  Etesnnçon  ;  mais,  dés  aujourd'hui,  nous  donnons, 
à  la  suite  de  cette  notice,  outre  le  catalogua  des  tableaui  et  sculptures 
achetés  par  les  Granvelle  (Pièce  justificative  n'  IV),  des  documents  inédits 
sur  les  tapisseries,  les  médailles  el  les  tableaux  dispersés  à  dater  de  (607, 
et  dont  quelques  rai'es  échantillons  sui^ivent  dans  les  (wllecliims  Trançaites, 
publiques  ou  privées. 

A  la  liste  des  artistes  encourages  par  le  Cardinal  de  Granvelle,  il  faut 
ajouter  dés  à  présent  le  peiiUre-graïeur  Jérôme  Cock  (1510-1570),  qui 
dédia  successivement,  en  1560  el  1563,  â  son  protecteur  •  Omnium  hm- 
narum  arlium  Mecœaati  a  deux  recueils  de  vues  de  monuments,  avec 
fronlispice  aux  armoiries  épisuopales  du  prélat  (1560).  puis  cardinalices 
s  latines  :  a.  1560.  Macno  ac  venkhabiij 

JH  EPfSCOPO,  [>HltlPPI,  HiSP. 
ARTIUM    UeCCBNATI,   HlERO- 

NïHua  Cock,  pictor,  devotissihe  dedicabat.  (l"  Recueil,  12  planches.)  — 

b.  1502.  lU.USTRISS.  ET  REVE[tK^mS.    IN    CHIIISTO  PATHI   ET  DOMINO  D.   AN- 
TONIO Perrehoto,  misbrationk  mviN.  S.  R.  EcclksijE  presbitero  caiidi- 

NALI    URANVBLLAKO     HUNCUPATO  ,     ARCHIEPISGOPO     HECUUMENSI  ,     ETC... 
OMNIUH   BONARUM  ARTIUH    MEOCENATI,    HtEHONÏlIUS  GOCK,    PtCTOR.    DBVO- 

TiSsiHE  DEDICABAT.  (9'  Recueil,  'JR  planches.)  <V.  n°2ôKi  du  CaieUoiiut 
lies  Sciences  el  Arts  de  la  Bibliothèque  de  B«ninpon), 


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PIÈCES  JUSTIFICATIVES 


I.  —  Inventaire  des  tapisseries  du  palais  Granvelle. 
(Extrait  de  l'Inventaire  général  de  1607.) 

[Tapùieriet  de  haute-liue]. 

1.  —  Premièrement  deux  pièces  delapisserie  fine  mais  vielles 
k  vases  et  coulonnes,  en  haut  desquelles  sont  les  armes  <le  fut 
mons.  le  cardinal  de  Granvelle,  eslane  chacune  de  quattre  aulnes 
et  un  quart  d'haulieur  et  de  cinq  aulnes  de  largeur. 

2.  —  Une  aiillre  tapisserie  conlenaiit  liuict  pièces,  chacune  de 
quatce  aulnes  de  haulteiir.  à  vases  de  fleurs  et  coulonnes.  ar- 
moyée  des  armes  de  Teii  monseigneur  de  Granvelle  et  de  celles 
de  madame  sa  femme,  la  première  desquelles  est  de  quattre 
aulnes  et  un  quart  de  largeur. 

La  seconde  est  de  mesrne  liuulteur  et  de  troiï!  attluc!:  et  deux 
tiers  de  lari^eur. 

Les  truis,  quattre,  cinq,  six  etsepliùme  pièces  sont  de  mesnie 
liaulleur  et  ont  chacune  d'icelles    ds  longueur  quattre  aulnes. 

lia  liuictiénte  est  de  mesme  haulteur  et  a  deux  aulnes  et  trois 
quarts  de  largeur. 

3.  —  Un  aultre  cours  de  lapisserie  contenu  en  six  pièces.  Ilgii- 
rées  a  divers  bocages,  ctiacune  d'icelles  de  quattre  aulnes  et  un 
quart  d'haulieur,  donllapremïèi'e  est  de  trois  aulnes  et  un  quart 
de  large. 

La  seconde  de  mesme  haulteur  et  six  aulnes  et de  large. 

La  tierce  de  telle  haulteur  ayant  cinq  aulnes  de  large. 

La  quatrième  de  mesme  haulteur  et  de  cinq  aulnes  et  demye 
de  large. 

La  cinquième  de  semblable  haulteur  et  de  quattre  aulnes  et 
trois  quarts  de  largeur. 

La  sixième  et  dernière  est  de  telle  haulteur  et  a  quattre  aul- 
nes de  large. 


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4  -  Item  un  aultre  cours  de  tapisserie  à  grands  personnages, 
contenu  en  sept  pièces,  dont  les  six  premières  sont  de  semblable 
ouvrage  l'une  a  l'auUre  et  touites  icelles  de  quattre  aulnes  et 
un  quart  d'haulteur  et  la  première  large  de  quattre  aulnes. 

La  seconde  a  six  aulnes  et  un  quart  de  large. 

La  troisième  cinq  aulnes  et  demye. 

La  quatrième  cinq  aulnes. 

La  cinquième  trois  aulnes  trois  quarts. 

La  sixième  deux  aulnes  et  un  tier. 

El  la  septième  quattre  aulnes. 

Tapiuerie  de  lalin  damaiti. 

5.  —  Cinq  pièces  de  tapisserie  de  salin  damassé  de  touttes 
couleurs  avec  moutans  et  pièces  de  satin  verd  de  Bruges,  la  cin- 
quième estant  descoiigue  loultes  cinq  d'haulteur  de  quattre  aul- 
nes elde  lai^e.  la  première  a  sept  aulnes. 

La  seconde  et  troisième  sont  larges  chacune  de  cinq  aulnes  et 
un  quart. 
La  quattrième  de  quattre  aulnes  et  un  quart. 
Et  la  cinquième  de  trois  aulnes  et  un  quart. 

Tapitierie  de  fustaine. 

6.  —  Onze  pièces  de  tapisserie  de  Tustalne  stampëe  a  la  mo- 
resque, rouge,  blanc  «t  violet,  une  chacune  d'icelles  ayant  trois 
aulnes  de  haulleur  et  une  aulne  trois  quarts  de  largeur. 

7.  —  Cinq  pièces  de  tapisserie  de  Bergame.  a  Tond  crumoisy, 
une  chacune  desquelles  a  trois  aulnes  et  demi  quart  d'haulteur 
et  tes  quattre  premières  six  aulnes  et  un  tier  de  largeur,  en  la 
cinquième  cinq  aulnes  et  deux  tiers. 

8.  —  Une  grande  pou  nié  re  de  tapisserie  de  Flandre. en  laquelle 
se  retrouvent  les  armes  de  feu  mons.  de  Granvelle  avec  sa  de- 
vise :  SIC  visvM  svPERis,  ayant  trois  aulnes  de  haulteur  et  trois 
aulnes  un  quart  de  largeur. 

9.  —  Trois  dessus  de  licts  de  tapisserie  de  Flandre,  ayans  cha- 
cun deux  aulnes  de  largeur  et  deux  aulnes  trois  quarts  d'haul- 
teur. 

10.  -  Trois  aultres  dessus  de  licts  ou   ciels  ds  licts  mesme 


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Antoine  PERRENOT,  cardinal  de  Ghanvelle 

[,Sb9.  5,  .mj 

Peint  par   Le  Gaetano,   gravé  par  ].   Franck 

(Origiful  n"  140  du  MuHt  d(  Biuinfon) 


\&^"S^e 


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—  321  - 
tapisserie  de  Flandre,  un  cliacun  de  deux  aulnes  el  un  tiers  de 
haulleiiret  une  HUlne  et  deux  tiers  de  largeur. 

M.  —  Un  couvertoird'enlîanl,  tapisserie  de  Flandre,  ayant 
une  aulne  el  trois  quarts  d'esquarrure. 

12.  —  liuiul  pièces  de  tapisserie  de  loille  ruyée  rouge,  blanu 
et  noir,  une  chacune  de  quattre  aulnes  de  Imulleur  et  trois  aul- 
nes deux  tiers  de  largeur. 

Tapii  de  façon  de  Flandre  ou  turquois  (fol.  4-7....). 
Garniture»  d'aiÊorti»»ement  de  tiet»  (fol.  7  v*>-l2....). 
Tapûaeriei  de  euir  dori  et  non  doré  (fol.  13). 

13.  —  Neufs  mourceaux  de  cuir  rouge  et  doré,  conlenans  en 
tous  dix  neufs  quarreaux. 

14.  —  Trois  mourceaux  de  tapisserie  de  cuir  bleu  et  argent,  • 
contenans  en  louL  vingt  quattre  quarreaux. 

15.  —  Trois  aulires  mourceaux  de  tapisserie  de  cuir  doré  et 
argenté,  conlenans  en  tout  quinze  quarreaux. 

16.  —  Une  pièce  de  tapisserie  de  cuir  bleu  elargenlé  impai-- 
Tuicte,  contenant  vingt  quattre  quarreaux. 

17.  —  Trois  pièces  de  tapisserie  de  cuir  entièrement  doré, 
peintes  en  grotesque,  ayant  un  large  bord  au  dessus  peint  de  di- 
vei'ses  figures,  contenant  une  chacune  d'elles  quattre  aulnes  de 
largeur  et  trois  aulnes  trois  quarts  d'haulteur. 

iMâ.  50,  funds  Granvelle,  Bibt.  de  Besançon.) 

II.  —  Note  sur  la  disperaion  des  collections  d'art  de 
Orauvelle  :  Médailles  vendues  par  l'abbé  Jean- 
Baptiste  Boisot  au  Cabinet  des  Médailles  de 
France,  vers  1690. 

a  On  renvoyé  a  Monsieur  l'abbé  Uoi/ol  15  médailles  qui  ont 
esté  mousiées  sur  les  antiques,  deux  qui  sont  plus  belles  au  oa- 
.  binet  du  Hoy  et  on  en  garde  5S  pour  le  cabinet  du  Roy. 

Pareillement  on  relient  1 1  aliraxas  dont  il  y  eu  a  une  de  Teslée 
et  l'autre  de  cassée. 

On  retient  pareillement  six  petittes  Gemmes  et  on  renvoyé  les 
autres. 


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On  garde  la  2»  médaille  qui  est  un  Tybëre.  Rev.  Drusus  El 
est  estimée  66  li 

Un  Claude,  moyen  bronze  grec,  Bev.  une  tête  casquée   15 
La  7»,  un  Vespnsien  grec.  Rev.  la  teste  de  Titus  18 

La  g*,  un  Domilia.  lAAAIATEOS  15 

La  9*,  une  médaille  grecque  de  Tripolis.  Reo.  le  nom  de 
Trajan  8 

La  10',  une  Sabine  grecque  frappée  à  Pergame  9 

La  IV,  Sévère  grec  frappée  à  Marclanopolis  12 

La  12".  un  Sévère  d'argent  grec  frappée  à  Céssrée  8 

Lal3',  un  Pecennius  d'argent,  itev.  Victoria  Augusti    120 
La  14»,  un  aulre  Pecennius.  Jlev.  Moneta  AugusIJ.  Le 
dernier  mot  ne  se  lit  point  (00 

La  15",  un  Geta  grec  Rev.  un  temple  8 

La  16,  unCaracalle  d'Adrianapolis  8 

La  17*,  un  autre  Caracalle  grec.  Rev.  Bacchus  10 

La  18",  un  Carinus,  envoyé  pour  un  Hacrin  grec  1 

La  19*,  un  Alexandre  Sévère  grec.  BIZANTIQN,  &  3 

La  20*,  un  Verus  grec.  Aake  6 

La  21",  un  Trebonian  Gallusgrec  i 

1^23",  un  Valerian.ileo.  Pacatori  orbis  3 

La  23',  un  Gatliengrec.  Rev.  BiZANTia?j  et  trois  pois- 
sons 10 
La  25",  un  Velriananus.  Ret>.  In  boc  signo  vicloreris  10 
La  28»,  une  médaille  grecque.  AMJïOr  3 
La  29',  une  médaille  grecque.  MiiAia»  6 
La  30'  une  médaille  d'argent  grecque.  KIMAIQN  G 
La  iO*,  une  auli-e  médaille  grecque  d'argent. tTPiASElUN  10 
La  42»,  une  autre  médaille  grecque  d'ai-genl,  ktilUN  3 
l^s  Abraxa.s  el  les  Gemmes  que  l'on  retientsont  esti- 
mées                                                                                          66 

Les  2  manuscripts  de  Goltzius   in-l"  sont  estimés 
les  deux  300 


(Kal.  209  .lu  lome  ItO  (anc.  55)  des  mss.  Chifflet,  Bibtiothiqiu  tU 
Be$ançon,) 


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III.  —  Extrait  du  Catalogue  du  cabinet  et  de  la  biblio- 
tb.6que  formés  au  cb&teau  de  Saint-Remy  (Haute- 
Saône)  par  le  oomte  de  Vaudroy,  baron  de  Saint- 
Remy,  âressA  en  1733  (1)  et  contenant  quelques 
épaves  des  collections  Qranvelle. 

a,  —  Mémoire  des  tableaux  de  mon  cabinet. 

1.  —  I,e  OhrisI  de  Jean  de  Maubeuge.  (Bois)  i'i). 

2.  —  La  Nostre  Dame  donnant  à  tetter  a  son  fils.  (De  bois). 

3.  —  La  Vierge  tenant  son  llls  mort  &  my-corps.  (De  boisl. 
S.  —  La  descente  de  Craix.  (Bois). 

5.  —  Le  Saint  Kierosme.  (Bois). 

6.  —  Un  plus  grand  tableau  de  la  Vierge,  tenant  son  fils  mort 
a  my-corps.  (Bois). 

7.  —  La  petite  Vierge  peinte  sur  le  marbre. 

8.  —  Ije  Couronnement,  d'esmail  sur  cuivre. 

9.  —  La  Nativité  en  miniature,  sur  le  cristal. 

10.  —  L'Enfant  Jésus  et  Saint  Jean-BaplJste.  (Bois). 

11.  —  Le  vase  de  fleurs  du  vieux  Vuanunie.  (Cuivre). 

12.  —  Les  vaclies  de  Gabao  iCuivre). 

13.  ~  Tableau  de  fruits,  (Cuivre). 

14.  Paisage  en  perspective.  (Cois). 

15.  —  Le  portrait  de  Philippe.  (Bois). 

16.  —  Le  portrait  de  talvin.  (Bois). 

17.  -    Le  portrait  du  chancelier  de  l'Hospilal.  (Bois). 
18-20    -  Trois  portraits.  (Bois). 

21.  —  Le  portrait  d'une  princesse,  (Toille). 
22-23.  —  Deux  marines,  de  Montagne.  (Bois). 
24-25,  —  Deux  paisages,  du  Lofruiu.  (Kots). 

26.  -  Une  boutique  de  chirurgien,  de  Uoubaut.  (Toille). 

27.  —  Des  fumeurs,  de  Goubaut.  (Toille). 

(1)  Ha.  de  la  Bibliothèque  du  Grand  Sëmînaire  tie  Besançon,  ia-4'.  rel. 
bus. 

(3)  N* 99  (peintures)  du  calai,  de   1G07,  publié  pnr  A.  CastaI4  dans  sa 
Monographie  du  palais  Graavelle,  ISUO. 


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—  3-24  -^ 
2t).  —  Une  boutique  de  chirurgien  de  Tenîrcli.  (Bois). 
'29.  -r  Des  Feseurs  de  fagolF,  de  Brugle.  (Bois). 

30.  —  Le  Chasseur,  de  Creke.  (Toille). 

31.  -  Des  vaches  sur  loille. 

32.  -  Un  Sainl-Paul,  de  Vignon.  (Toille). 

33.  —  I«  Génie  de  la  Peinture.  (ToiHe). 

34.  —  Une  lesle  de  Christ.  (Toille). 

3â.  —  Ij»  Famille  sainte,  de  Bourdon.  iToille). 
36  —  Les  fruits,  de  Verhagen.  (Bois). 

37.  —  Le  portrail  de  Luther  et  de  sa  femme.  (Bois). 

38.  —  Une  Judith,  de  Prévost.  (Bois). 

[Fol.  ni,  Calai.  Saint-Remy.) 


b.  —  Métnoirt  de»  figure»,  le»te»,  hat-reliefa  et  autres  pièce 
de  mon  cabinet. 

1.  —  Le  cheval  eschappé,  terinissant  un  homme,  bronse  (i). 
2-3.  —  Deux  figures  de  bronse,  vestues  à  la  romsine  (8). 

4.  —  La  lesle  de  Cicéron.  bronse. 

5.  —  La  lesle  de  Caraealia,  bronse. 
U.  —  La  teste  d'Adrien,  bronse  (31. 
7,  —  La  leaiede  Flore,  marbre. 


(1  «  Un  dievnl  niiliqiie,  nvec  un  homme.  It-dil  uhrvai  mordant  rhoinnK 
a  la  lesle  el  l'embi ass-inl  îles  jambes  [dt|  ilevanl.  île  haulleur,  |iar  ]ks 
oreilles  iluilil  dieval,  de  neufs  jiolres.  avec  mcsme  piédestal  [de  bois  noir], 
II'  VU.  (Inventaire  dea  meuble*  de  ta  maison  de  Grandvelte,  en  Vtn. 
publié  p;ir  M.  Caftan  (Mêm.de  ta  Soc.  d'Emulation  du  Doubi,  ifOU, 
108-150. 

(2)  «  tieui  lîciires  antiques  de  bas-reliefs,  gestées  en  bronze,  l'une  tenant 
des  tenailles  sur  une  enelume  en  forme  de  Vulcan,  d'haulleur  d'un  pied 
qnaltre  polices  el  d<-myn*^  ».  {Ib.f 

(3J  \  la  rigueur,  les  l^tes  d'Adrien  et  de  f^racalla  (n"  5  et  6  de  la  col- 
lection de  Vaudrey)  poiiri'itient  conesponrlre  nui  nrlicles  suivnnls  do  la 
collection  (irandvelle  (sculpture)  ;  «  Une  teste  de  bronze  antique,  assise 
sur  «1  base  de  marbre,  d'haulleur  d'un  pied  ut  qiiatoi'ze  polces,  sur  pi», 
deslal  cle  iioubier,  n*  35.  —  Une  aultre  teste  antique,  de  bronie,  d'un 
homme,  tenant  de  haulteur  un  pied,  n'  36.  ».  (Ib.) 


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—  3K  —, 
8.  '  UneDescentedecroixenbas-relief.marhredePrévostH). 

9  —  Une  Charité,  du  m esnie,  marbre  (2), 

10.  —  Une  Foy,  du  mesme,  marbre  (3). 

U-12.  —Deux  femmes  couchées  sur  des  licls,  du  mesme. 
marbre. 

{3.  —  Une  figure  de  marbre  leprésenCanl  la  déesse  de  la  Nuit, 
soit  lu  Lune  ou  Lucine. 

14.  —  Cinq  testes aniiques,  sur  agatles  d'Orient. 

i5.  —  Un  gladiateur  terrassé,  bronse, 

16.  —  Un  boeuf  doré,  sur  cuivre. 

17.  —  Une  escfitoire  de  cuivre  doré. 

18    -    Une  atlaiche  de  bronse,  ropréseiilant  Chiirles  Quint. 
19-20.    -  Deux  médaille.'^ de  marine  de  Ve-spasien  etdeMartia 
Conimodi  arnica  {il. 

21.  —  Une  grosse  teste  antique  de  marbre  'â|. 

22.  —  Trois  tînmes  antiques  (6;. 

23.  —  Une  grosse  escaille  de  tortue  entière  avec  le  dessoubs. 

24.  —  Un  criard  de  bronse  Cl. 

25  —  Un  ancien  miroir  de  pierre 
26.  —  Une  grosse  boule  de  jaspe  (8). 

ll  ;  ■  Une  sépulture  tiistoriée  d'un  Christ,  faite  en  marbre,  de  bas-reliefs, 
ajaiit  de  liaulteur  un  pied  un  polue  et  large  d'un  pied  et  demy,  avec  ma- 
liire  noire,  n'  \1.  ».  (Uémoireê  de  la  Soc.  d'Emiilatioit  du  Uoub>,  1866, 
lOU-lôO). 

|2|  •  Une  ligure  en  murbre  d'une  Charité,  *d'liaulleur  d'un  pieil  cinq 
polces.  assise  sur  un  piédestal  de  bois  noir.  n°  38.  >  (Jb  J 

(H}  H  Une  figure  en  marbre  d'une  Foîà,  d'haulteur  d'un  pied  cinq  polces, 
assise  sur  un  piédestal  de  Itois  noir,  n-  ^.  » 

(1)  Ces  médaillons  de  marbre  devaient  appartenir  à  la  série  d'empereurs 
commandée  en  1510-1511.  au  sculpteur  I.audry,  de  Salius.  par  Nicole  Iton- 
vnlol.  femme  dii  chancelier  Pvrrenot  de  (iranvelle. 

(5)  a  Une  tesie  antique  de  marbre  colossée.  avec  su  batte,  tenant  de  haul- 
teur  avec  icelle  base  deux  pieds  doute  polces,  aveu  son  piédestal  de 

(6|  1  Trois  ournes  antiques  de  terre,  d'haulteur  chacun  de  deux  pieds 
sii  pol  :es  et  demy,  a'  IH.  » 

'.1)1  Une  ngiire  de  bronze  d'un  enfant  criard,  assis  sur  sa  base  de 
bronze,  d'haulteur  d'un  pied,  n'  30.  n 

(8)  «  Un  globe  d'un  jaspe  verd  assis  sur  sa  base  de  marbre,  d'haulleur 
de  doute  polces,  n*  Vi.  t 


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27  —  Une  piramyde  ovale  (ï'yvoire(i). 

28.  —  Le  Bain  de  Diane,  trouvé  dans  une  vigne  prés  de  Be- 
sançon (3). 

IV.  —  Inventaire  dea  coHootiona  d'art  du  palais 
Granvelle  (lti07). 

Dans  le  palais  Granvelle.  construit  à  Besançon  par  le  chance- 
lier Nicolas  Perienot  de  1534  à  1540,  s'était  accumulé,  de  1541  à 
1550  dale  de  la  mort  du  chancelier,  de  1551  à  1586  date  de  la 
mort  du  cardinal,  de  1589  à  1607  date  de  la  mort  de  François 
Perrenot.  comte  de  Cantecroix,  dernier  descendent  mâle  de  la 
race,  tout  un  trésor  d'oeuvres  d'art.  Peintures,  sculptures,  ta- 
pisseries et  meubles,  antiques  de  marbre  ou  de  brome,  livres 
ou  manuscrits  précieux,  remplissaient  les  galeries  et  les  salles 
du  spacieux  logis,  que  le  garde  des  sceaux  avait  bâti  pour  sa 
vieillesse,  hélas!  écourtée,  en  le  peuplant  des  visages  des  em- 
pereurs, des  rois,  des  princes,  dont  il  avait  été  le  commensal 
ou  le  serviteur.  I^e cardinal  continua  d'amasser,  après  son  père, 
dans  les  Flandres,  en  ttulte,  en  Espagne,  des  tableaux,  des  bas- 
reliefs,  des  bronzes,  des  objets  de  curiosité,  des  médailles  ou 
des  manuscrits.  Après  lui,  François  de  Granvelle.  flis  de  son 
frère  Tliomas.  être  bizarre,  maniaque,  incomplet,  en  qui  revivait 
pourtant  le  i^ùt  traditionnel  des  belles  choses,  conserva  intact 
le  dépàl  précieux  dont  il  eut  l'héritage,  en  l'accroissant  de 
nombreuses  acquisitions  faites,  soit  durant  son  séjour  à  la  Cour, 
soit  durant  ses  ambassades,  soit  durant  sa  retraite  à  Besancon. 
On  sait  ce  que  pensait  de  ce  neveu  le  au'dinal  par  la  lettre  sui- 
vante, écrite  par  Granvelle  à  Morillon,  son  confident  :  i  Don 
Francisque  est  en  son  cloître  (Il  était  chevalier  de  l'ordre  d'Al- 
cantara  et  avait  commis  quelque  incai-tade(3)),  bien  contre  sa 


(1)  s  Une  coquille  d'yvnire  en  pyramide  tournée  en  ovale,  en  detsus  de 
laquelle  y  a  une  boule  vuyde  et  |ier(uisée,  dans  laquelle  ;  a  un  corps,  les 
(aces  duquel  sont  en  triangle  et  au  milieu  un  petit  rond,  n*  1t3.  ■ 

(2|  Ce  bas-relief  italien,  du  XVI*  S-,  est  au  Musée  nrchéologique  de 
Besani^on. 

[3|  V.  GOLLUT,  Mimmrei,  40  (édit.  de  1592}. 


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—  327  — 
volonté ,  je  me  doute  que  la  faute  soit  au  cerveau  ;  ce  le  gaste 
[l-on]  dans  œ  cloître  en  le  respectant  6  cause  de  moy,  et  il 
croit  que  c'est  à  cause  de  Uiy';  on  me  croit  faire  plaisir,  quoique 
je  crie  au  contraire. 

■  Il  aura  35  ans  en  février,'  et  il  ne  veut  y  penser,  il  ne  veut 
s'accommoder  qu'&  ses  volontés.  Il  fait  ce  qu'il  peut  pour  sortir 
du  cloître,  mais  je  n'en  feray  rien.  •  (1) 

Thomas  Varin,  dans  ses  notes  pour  le  nobiliaire  du  comté  de 
Bourgogne  (3),  ajoute  ces  lignes  suggestives  sur  François  Per- 
renot  :  t  Voila  l'opinion  que  le  cardinal  avoit  de  son  neveu,  qui 
fut  deux  ans  après  la  mori  de  sun  oncle  tel  qu'il  esi  icy  dépeint  : 
scavoir  adonné  k  la  conversation  des  petites  gens;  le  cardinal 
luy  légua  son  portrait  gravé  en  bronze,  de  la  muin  deTilian(3); 
et,  pour  se  moquer  de  ce  grand  homme,  dont  il  n'avait  pas  mé- 
rité la  bienveillance,  il  le  fit  porter  aux  lieux  communs,  afTln  de 
luy  faire  la  grimace,  toutes  les  fois  qu'il  iroit  à  ses  nécessités. 
Il  s'attacha  d'alTection  à  l'empereur  Rodolphe  second,  comme 
fllsde  Maximilien  second,  dont  son  père  avoil  été  serviteur  si 
intime;  leurs  inclinations  étaient  pareilles  en  quelque  chose, 
d'autant  que  tous  deux  éloient  curieux  et  amis  des  beaux  et 
riches  meubles  :  mais,  comme  il  tomba  en  une  faute  qui  a  cou- 
tume de  perdre  ceux  qui  veulent  être  plus  forts  que  leurs 
mallres,  il  fut  en  sa  disgrâce;  ce  qui  arriva  en  celte  sorte  quand 
l'Empereur  l'envoya  à  Venise  pour  son  ambassadeur  (le  sieurde 
Canaye,  en  ses  Négociation*  et  AmbaMadet,  parle  de  son  entrée 
en  celte  république).  Sa  Majesté  Impériale  luy  demanda,  étant  là, 
un  originEil  du  tableau  des  Onze  mille  Vierges,  qu'il  avoit  de  la 
main  d'un  très  grand  peintre,  et  le  comte  ne  s'en  voulant  dé- 
faire, lui  envoya  une  copie  bien  faitte  pour  l'original  ;  ce  qu'ayant 
été  découvert,  te  lit  passer  pour  un  fourbe,  de  sorte  qu'il  fut 
rappelle  de  son  ambassade  et  mourut  incontinent  après,  h 
Pragues,  en  l'an  1607,  laissant  toutes  ses  affaires  en  confusion, 
hormis  qu'il  institua  sa  sœur  Përonne  de  Granvelle,  héritière. 


(t)  Mas.  Granvulle,  Leilres  i  Morillon.  28  octobre  J584  . Bibliolhrqut  de 
Besançon) 

(2)  Ms.  tt87  de  la  Bibt.  de  Betançon,  STa^B. 

(3)  Erreurl  Ce  devait  être  le  mêdailion  modelé  par  Leone  Leoni. 


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au  moins  son  ftls  François-Thomas  d'Oiselet  sgr.  de  la  Ville- 
neuve, à  charge  de  porter  le  nom  el  les  armes  de  Granvelle.  Et 
celuy-ci  afin  de  retirer  ce  qui  avoit  apparlemi  à  son  oncle  el 
donl  l'Empereur  s'éloit  saisi,  passa  en  Allemagne,  où  il  épousa 
Caroline  d'Autriche,  fille  naturelle  légitimée  du  même  empereur 
et  d'une  demoiselle  bohémoise,  nommée  EupbémJe  de  Rozenlal, 
ladite  dame  après  la  mort  du  seigneur  son  mary,  appellée  la 
marquise  d'Auslriche.  ■> 

C'est  k  l'occasion  du  décf^s  du  comte  de  Canlecroix  que  fut 
dressé,  en  1007.  l'inventaire  général  du  mobilierdu  palais  Gran- 
velle, dont  Custan  a  Tait  paraître  un  extrait  concernant  les  ta- 
bleaux, sculptures,  antiques,  à  la  suile  de  sa  Monographie  du 
Palait,  publiée  en  1866  dans  les  Mémoire$  de  ta  Société  d'Emu- 
lation (1). 

Mais  ce  que  Castan  n'a  pas  fait  ressortir  (et  cela  élail  facile 
en  présence  du  nom  des  peintres  ou  sculpteurs  et  des  dates  de 
leur  carrière),  c'est  l'accroissement  progressif,  par  le  cardinal, 
puis  par  son  petit-neveu,  des  collections  commencées  par  le 
chancelier.  Si,  d'une  part,  Nicolas  doit  être  l'acquéreur  des 
œuvres  d'Arcimboldi,  Bordone,  Bos,  Buonarotti,  Campi,  Van 
Cleef,  le  Corrëge,  Albert  Durer,  Galeazzo,  Hans  Holbein,  le 
Rosso,  Licinio,  Jean  de  Mail beuge,  Vinci,  Pierre  deVos,  lesWalc- 
kemburg,  de  Weerdt,  de  l'autre,  c'est  incontestablement  le  car- 
dinal qui  a  encouragé  ses  contemporains  :  Van  Achen,  P.  d'Ar- 
gent, Bol,  Pierre  Breughel.  Coello,  Coninxioo,  Coxcie,  Goitzius, 
Key,  Lambert,  Ponte,  Porb us,  Jacques  Prévost,  Puizone,  Slee- 
vens,  le  Tintoret,  Martin  de  Vos,  de  Vriendt.  D'un  troisième 
cûté,  la  part  de  François  Perrenol  paraît  comprendre  :  Docker, 
Breughel  le  jeune,  Bril,  Fleghie,  Franck,  Gortz,  Hofnagel,  Pantoja 
de  la  Cruz,  Hottenammer,  Savery,  Schreyer,  Sprenger,  Van 
Steenwyck,Strada,Varotori,deVriendt  (ou  Franz  Floris  le  Jeune). 
Pour  un  certain  nombre  de  peintres,  la  chose  est  matériellement 
prouvée  (1)  ;  elle  résulte  implicitement  de  la  question  de  date  et 
de  l'impossibilité  matérielle  où  le  chancelier  se  fût  trouvé  d'en- 
courager tel  ou  tel  peintre  que  le  comte  de  Canlecroix  connut 
ou  fréquenta,  soit  à  Venise,  soit  à  la  cour  de  Rodolphe  II. 

|t)  V.  notre  Iconographie  det  GranvelU  ai  la  Notieaqai  précède. 


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H  nous  a  paru  ulile  de  publier  à  nouveau,  en  le  simpliflanl  el 
surtout  en  le  classanl  pac  ordre  inélhodique  et  nlphahélique  de 
noms  de  peintres  el  de  sculpteurs,  le  catalogue  des  peintures 
et  sculptures  dressé  en  1607,  en  réservant  pourune  autre  étude 
l'examen  des  simple»  objets  de  curiosité,  des  antiques,  des 
manuscrits  et  des  livres. 


A.—  PelnlnreH  de  la  galerie  du  palalti  Granvclle. 

I.  Van  Achen  iJran),  de  Cologne,  1556. 

i  .  Suzanne  el  les  deux  Vieillards;  toile,  3  pieds  14  [louces 
sur  3  pieds  de  large  (n*  69). 

2.  Christ  portant  sa  croix,  suivi  du  peuple;  1  pied  6  pouces 
1/2  sur  2  pieds  de  large  (n-  70). 

3.  Portrait  de  l'auteur;  i  pied  11  pouces  suri  pied 3  pouces 
de  large  (n"  71). 

4.  Portrait  de  la  femme  du  peintre;  1  pied  13  pouces  sur 

1  pied  1/2  de  lar^e  fn"  183). 

II.  Alleobi  (Antonio,  dit  le  Corrège),  de  Corrfgio,  i494-iS34. 

5.  N.-D.  el  son  enfant  dormani  ;  1  pied  7  pouces  sur  1  pied 

2  pouces  de  large  'n'  751. 

6.  N.-D.  (copie  de  la  précédente);  1  pied  13  pouces  sur 
1  pied  6  pouces  de  large  (n"  76). 

7.  Sainle  Caltierine  assise  sur  sa  roue,  avec  deux  petits 
anges  ;  15  pouces  sur  12  pouces  1/2  de  large  (n"  77). 

8.  N.-D.  enlorlillant.  son  enfant  sur  un  berceau;  toile,  3  pieds 
12  pouces  .sur  2  pieds  6  pouces  de  large  (u"  82  . 

9.  Vénus  dormant  avec  Cupidon  et  un  satyre;  toile,  6  pieds 
sur  4  de  large  in"  155). 

10.  Vénus  avec  Mercure;  toile,  5  pieds  9  pouces  sur  3  pieds 
9  pouces  de  large  (u"  ISB). 

m.  Argent  (Girard  d'),  de  Besançon,  veri  i550. 

11 .  Portrait  de  Jacques  Honvalot,  seigneur  de  Champagne]'; 
1  pied  6  pouces  1/2  sur  I  pied  3  pouces  de  large;  au  do!) 
les  armes  de  Bonvalol  (n»  184;. 


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IV.  Argent  (Pierre  d*).  de  Bt$anfon.  15.  -i6.. 

12.  Portrait  de  Nicolas  Perrenot,  ftls  de  H.  de  Chanlonnay; 
3  pieds  sur  I  pied  7  ]>ouces  de  large  (n-  I8B). 

13.  Portrait  de  M"*  de  Vennes;  toile,  3  pieds  6  pouces  sur 
2  pieds  1 1  pouces  de  large  (im  203). 

14.  Portrait  de  M.  de  Bellerontaine;  toile,  2  pieds  sur  1  pied 
1/2delarge(n''21I). 

15.  Portrait  de  dona  Blanca;  toile,  5  pieds  1/2  sur  3  pieds  de 
large  («■'  220). 

16.  Portrait  de   demoiselle  Gatlle;    3   pieds  6  pouces  sur 
2  pieds  5  poui;es  de  large  (n^  246). 

V.  Arcimboldi  (Joseph}. 

17.  Portrait  de  Maxiniilien  I",  empereur;  3  pieds  12  pouces 
sur  3  pieds  3  pouces  de  large  (n"  170). 

VI.  Hacker  (Jacquet  de),  d'Hertingen,  1608-1641. 

18.  Tête  de  vieillai-d  en  ovale;  toile  collée  sur  du  tniis,  2  pieds 
6poucessur1  pied  0  pouces  (n''78i. 

1U.  Tèle  de  Temme  en  ovale;  toile  collée  surdu  liois.  2  pieds 

6  pouces  sur  '2  pieds  10  pouces  {n"  79). 
30.  Etude  de  Temme  nue;  2  pieds  sur  2  pieds  9  pouces  1/2 
(n«8J), 
VU.  Bol  </eani,  de  Maline»,  15S4-i59S. 

21 .  Paysage  à  la  détrempe;  6  pouces  1/2  sur  9  pouces  de 
large  (cadi'e  à  couvercle  aveu  feullluge  d'argent  (n>  44l. 

22.  Autre;  7  pouces  1/3  sur  10  poucos  2/3  de  large  (cadre 
pareil  au  précédent)  (n°  45), 

23.  Autre;  8  pouces  sur  I2de  large  (id  )  (n»  46>. 

VIII.  BOBDONE  {Pari»),  de  Triviie,  1500-1570 

24.  Vénus  ;  toile,  4  pieds  2  pouces  sur  6  pieds  1/2  de  large 
(n"  154). 

IX.  Bos  (Jérôme),  de  Boi»-U-Duc,  1450-15.. 

25.  Un  enfanl;  1  pied  12  pouces  sur  2  pieds  6  pouces  de 
large  (n"  95). 

2ti.  Portrait,  de  l'anleur;    1/2   pied  sur  6  pouces  de  )art;e 

(n»10l). 
27.  Tentation  de  saint  Antoine,  ù  la  détrempe  (sans  cote). 


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X.  Breughel  [Han»),  de  Bruxellea.  1569-1695. 

28-  Paysage;  1  pied  el  demi  pouce  sur  1  pied  7  pouces  1/2 
de  large  (ii"  39). 

29.  Danse  de  village;  1  pied  4  pouces  suri  pied  iA  pouces 
de  large  (nq  40). 

30.  Paysage;  7  pouces  sur  9  de  large  <n»  49). 

31.  Paysage,  poissonnerie  de  mer,  aveu  petites  flgures; 
8  pouces  1/5  sur  9  pouces  2/3  de  large  (n°  50). 

XI.  Bbeughel  (Pierre),  15-. -1570. 

32.  Fuite  en  Egyple;  1  pied  4  pouces  suri  pied  13  pouces  1/2 
de  large  (n"  36). 

33.  Jonas  dans  un  paysage;  l  pied  I  p-juce  sur  t  pied 
10  pouces  de  large  (n"  37). 

34.  Paysage  surcuivre;  14  pouces  suri  pied  3  pouces  1/3  de 
large  (n->  38). 

35.  Navire  en  mer,  avec  petites  ligures  el  paysage;  1  pied 
3  pouces  3/4  sur  1  pied  13  pouces  de  large  (n°  43). 

36.  Aveugles  se  menant  l'un  l'autre;  1  pied  12  pouces  sur 
2  pieds  4  pouces  (n"  166).  —  V.  art.  148. 

Xn.  Bbil  (Paul),  d'Anvera,  1554-I6S6. 

37.  Bataille  navale;  1  pied  6  pouces  l/'J  sur  1  pied  13  p.  1/4 
de  large  (n"  4i). 

XIII.  Van  den  Broeck  {Criapin),  d'Anoeri,  1530-1550. 

38.  Judith  tenant  la  tête  d'Iloloplierne;  toile  collée  sur  bois, 
de  4  pieds  sur  5  pieds  1/2  de  large  in»  140). 

39.  Portrait  du  cardinal  de  Granvelle,  alors  évêque  d'Arras; 
toile  de3  pieds  11  pouces  sur  'i  pieds  11  pouces  de  large 
(n-  204). 

XIV.  BuoNAROTTi  {Michel- Ange),  d'Arezîù,  1474-1554. 

40.  N,-D.  et  son  enranl  dormant;  cuivre  de  1  pied  7  p  1/2 
sur  15  pouces  1/2  de  large  jn"  127). 

41.  Une  crucidxion  sur  cuivre  (copie);  1  pied  II  pouces  sur 
I  pied  2  pouces  de  large  (n"  128). 

42.  Le  Jugement;  loile  de  7  pieds  3  pouces  sur 4  pieds  13  p. 
de  large  (n"  146), 


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XV.  Campi  iGaléaà).  de  Crémone,  1475-i5S6 

43.  Une  poissonnière;  loilede  4  pieds  12  poui.-es  sur  7  pieds 
de  large  (n"  157). 

44.  Une  fruitière  élanl  au  maiehé;  4  pieds  13  pouces  sur 
7  pieds  de  large  (no  163). 

45.  Un  marchéde  viande;  toile, 4  pieds  13  pouces  sur7  pieds 
de  large  <n°  164». 

XVI.  Van  Gastel  (Etienne}.  15.. 

46.  Danse  d'enfanis;  miniature  sous  verre,  6  pouces  sur 
4  pouces  1/2  de  large  (n-  lOC). 

XVII.  Van  Cleef  (MarUn).  d'Anvtr»,  15iO-IS60. 

47.  Assassin;  1  pied  9  pouces  sur  2  pieds  7  pouces  de  lar(;e 
(u-92). 

XVIII    COKLLO  (Alonzo-Sanehei),  portagait,  i5. .-1590. 

AS.  Portrait  de  Philippe  II;   C  pieds  7  pouces  sur  3  pieds 
9  pouces  1/2  de  large  (n°  169). 

49.  Portrait  de  Ttiomus  Perrenot,  seigneur  de  IHulcIie  (mort 
en  15..  (;  7  pieds  sur  3  pieds  6  pouces  de  large  (n«  172). 

50.  Porirail  de  dona  Isal)elle,  infante  d'EIspagne;  3  pieds  sur 
9  pieds  1/2  de  large  In'  178). 

XIX.  CONiNXl,00  {Gilles  de).  d'Anvers.  1544-16.. 

51 .  Paysage;  1  pied  15  po-jces  sur  2  pieds  7  pouces  de  large 
(n*  9). 

52.  Paysage;  1  pied  14  ponces  sur  2  pieds  7  pouces  de  large 
(n- 10). 

53.  Paysage;  1  pied  13  pouces  sur  2  pieds  7  pouces  de  large 
in"  11). 

54.  Paysage  ;  I  pied  4  pouces  sur  2  pieds  2  ponces  de  large 
In"  12). 

55.  Paysage;  1  pied  7  ponces  sur 2  pieds  de  large  (n»  13). 

XX,  Durer  (Albert),  de  Nuremberg.  i^7»-(528, 

56.  Les  Dix  mille  Martyre;  3  pieds  5  pouces  sur  3  pieds  de 
large  (n-  80). 

57    N.'D-,  sur  cuivre;  7  pouces  2/3  sur  5   pouces  de  large 

(u"  103). 
58.  ND.,  gravée  sur  une  lame  de  cuivre;    1/2   pied    sur 

5  pouces  1(2  de  large  (n"  104). 


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—  333  — 

59.  Tète  de  Véronique;  1  pied  sur  i  pied  7  pouces  de  large 
(n«  130). 

60.  Tète  de  jeune  iille,  profil  h  la  détrempe;  i  pied  2  p.  1,'2 

sur  15  pouces  1/2  de  large  (n°  131). 

61.  Tête,  k  la  plume,  rehaussée  de  blanc  sur  papier  bleu 
(n-  249). 

XXI.  Van  Emskebken  iMarlin),  d'Emtkerken,  1498-1514. 

tt2.  Ruines  du  Colisée;  1  pied  7  pouces  sur  1  pied  13  pouces 
(n- 125). 

XXII.  Fleghlk  (George$),  iS.. 

63.  Une  écrevisse;  4  pouces  sur  1  pied  6  pouces  1/2  de  large 
(n»108). 

64.  Deux  plats  pleins  de  poires  et  pèches;  loile,  de  1  pied 
7  pouces  1/2  sur  1  pied  11  pouces  1/2  de  larsre  (n"  166). 

65.  Un  plut  de  raisins;  I  pied  7  pouces  1/2  sur  1  pied  12  p. 
de  large  (n"  117). 

66.  Une  periii'ii:,  une  bécasse  et  une  taille;  toile  de  I  pied 
11  pouces  1/2  sur  1  pied  15  pouces  de  large  (n"  118). 

67.  Gelinulles  et  oiseau;  loile  de  1  pied  8  pouces  sur  2  pieds 
i  pouce  de  large  (n°  119). 

68.  Une  cuisine;  toile  de  4  pieds  4  pouces  sur  5  pieds  10  p. 
de  large  (n°  120). 

00.  Crèdence  avec  fruitière  ;  4  pieds  4  pouces  sur  0  pieds  de 
large  (n*  121). 
XXin.  Franck  {AmbroUe),  d'Herentali,  1555-1619. 

70.  .Nativili'-,  de  nuit,  avec  auges  clianlaiit;  loile  de  8  pieds 
1/2  sur  7  pieds  5  pouces  do  large  in"  147). 

71 .  Le  Christ  e(  Nicodènie,  scène  île  nuil  ;  loile  de  4  pieds  1/2 
sur  4  pieds  de  large  (n"  148). 

XXIV.  Galeazzo.  de  Milan,  i5. . 

72.  Mars  et  Vénus;  toile  4  pieds  4  pouces  sur  6  pieds  de 
lar-c  (n"  153). 

XXV.  GÉRARD  (Afarc)   de  Bniga,  1531-i590. 

73.  Paysage;  7  pouces  1/5  sur  9  pouces  1/2  de  large  (n°  47), 

74.  Paysage  à  la  iléU-cmpe;  7  pouces  1/3  sur  9  pouces  1/3 
de  large  (n"  48). 


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XXVI.  GOLTZIUS  (BmH).  de  tfuI6reeft,  i558-\6il. 

75.  Bacchus  et  un  petit  saiyre,  dessin  à  la  plume  sur  par- 
chemin ;  2  pieds  3  pouces  sur  I  pied  1 1  pouces  de  large 
(u.  114). 

76.  Paysage  haché  à  la  plume  (dessin  sur  papier  collé  sur 
bois)  ;  1  pieds  3  pouces  sur  I  pied  11  pouces  de  lai^ 
(n»  115). 

XXVU.  GoBTl  {Gueldrop),  d«  Louoain,  fSSS-i604. 

77.  Porlrail  du  comte  de  Cantecroîx,  François  Perrenot,  de 
face;  2  pieds  4  pouces  sur  1  pied  11  pouces  1/2  de 
large  in°  191). 

78.  Autre;  I  pied  11  pouces  1/2  sur  1  pied  5  pouces  de 
large  (n*  193). 

79.  Autre;  1  pied  12  pouces  sur  I  pied  4  pouces  de  large 
(n.  198). 

XXViri.  GUECTOBUEZ  {Pierre),  dAimterdam,  t..  1540. 

80.  Portraits  du  duc  de  Saxe  et  de  sa  femme;  3  pieds 
5  pouces  sur  5  pieds  4  pouces  de  large  (n°  22 1  ). 

81.  Portraits  de  deux  princes  de  la  maison  de  Bavière; 
3  pieds  5  pouces  sur  5  pieds  4  pouces  de  large  <n°  222). 

82.  Portraits  de  quatre  princes  de  la  même  maison  ;  3  pieds 
5  pouces  sur  5  pieds  i  pouces  de  large  (n*  223). 

83.  Portrait  d'un  prince  de  cette  maison  ;  2  pieds   1/2  sur 

2  pieds  7  pouces  de  large  (n°  2Î4). 

84.  Autre  ;  2  pieds  5  pouces  sur  2  pieds  M  pouces  de  large 
(n»  225). 

85.  Autre  ;  2  pieds  1/2  sur  2  pieds  5  pouces  de  large  <n*  226). 
8C.  Auti-e;  2  pieds  5  pouces  sur  2  pieds  7  pouces  de  large 

in°  227). 

87.  Autre,  2  pieds  5  p.  sur  2  pieds  1/2  de  large  (n- 228|. 

88.  Autre;  mômes  dimensions  (n°  229). 

89.  Autre  ;  2  pieds  5  pouces  sur  2  pieds  5  pouces  (n*  230). 
9(1.  Autre ,  2  pieds  5  p.  sur  2  pieds  1  pouce  1/2  <n>  231). 

91.  Portrait  d'une  religieuse  allemande;  2  pieds  5  p.  1/2 
sur2  pieds  1/2  de  large  (n°  232). 

92.  Portrait  de  l'auteur,  Pierre  Guecturney  et  de  son  frère  ; 

3  pieds  G  pouces  sur  4  pieds  1  pouce  (n*  233). 


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93.  Portrait  d'un  prince  allemand;  2  pieds  1/2  sur  2  pieds 
4  pouces  J/3  de  large  (u'  251). 

94.  Autre  ;  mêmes  dimensioas  (n"  252). 


XXIX.  HoEFNAEOEL  <Geon7«f),  d'Anvert,  1545-1600. 

95.  Vase  de  fleurs,  miniature  ;  7  pouces   1/2  sur  C  pouces 
de  large  (n°  105). 

XXX.  HOLBEiN  IHani),  li'Augtbourg,  149S-tSS4. 

96.  Les  Sept  péchés  mortels;  1  pied  4  pouces  sur  i  pied 
6  pouces  )  tiers  de  large  (n°  128). 

XXXI.  Kev  (Cuiflaume),  de  Bréda,  1520-1563. 

97.  Tête  de  Teninie  h  burbe  ;   I  pied  1   pouce  sur  14  pouces 
de  large  (n-  MO). 

98.  Saint-Jacques  ;  2  pieds  I  pouce  sur  (  pied  10  pouces  de 
large  (n*  123). 

99.  Une  reine  de  Perse  ;  toile  collée  sur  t>ois,  de  4  pieds  sur 
3  pieds  3  pouces  de  large  (n°  Ifô). 

100.  Patlas  (portrait  de  M"*  de    Berghem);  \  pied  9   pouces 
de  haut  (0°  181). 

101 .  Portrait  du  conile  de  Caritecroix  ;  ï  pieds  6  pouces  sur 

1  pied  12  pouces  1/2  (n"  194). 

102.  Autre  ;   toile  de  7  pieds  2  pouces  sur  3  pieds  3  pouces 
de  large  (n-  200). 

103.  Portrait  d'une  dame  namande;  toile,  3  pieds  10  pouces 
sur  2  pieds  de  large  (n"  214). 

104.  Portrait  d'une  dame  flamande;  toile,  de  8  pieds  1/2  sur 

2  pieds  de  large  (n°  %ô), 

105.  Antre  ;  3  pieds  1 1  pouces  i^ur  2  pieds  de  large  (u°  21C). 

XXXII.  LAitBEKT  iFridéric).  d'Amtlerdam -1564. 

106.  Le  Rapt  de  Ménétas  ;  3  pieds  7  pouces  sur  4  pieds  1/2 
de  large  (n*  94). 

XXXIII.  La  Porte  (tfoni  de),  ...  .-15... 

107.  Pm-trait  de  H.  de  Miserey,  François  Urusset;  toile  de 

3  pieds  4  pouces  sur  2  pieds  1/^  de  large  (n°  212). 

XXXIV.  Le  Ilosso  {Jean),  de  Florence,  1498-1531. 

108.  Le  Triomphe  d'Amour;  toile,  de  4  pieds  sur  4  pieds  de 
large  (n°  259). 


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—  336  — 

XXXV,  LiClNio  iJean-Atitoittei,  dit  Le  Pordenone,  1484-1540. 

109.  Poclrait,  de  Raphaël  d'Urbiii  et  du  Pordenone  ;  toile  de 

4  pieds  sui'  3  pipds  1/2  de  large  (n°  261). 
MI).  Scipion  ;  3  pieds  W2  sur  4  pieds  1/2  de  larfie  <n°3â0). 

XXXVI.  Mabusï:  (Jean),  de  Maubeuge,  i470  1533. 

111.  Dieu  de  pitié  ;  12  pouces  1/3  sur  9  pouces  1/3  de  large 
(n'  97). 

XXXVII.  MOSTAËRT  (Franpois),  15... 

112.  Paysage;  7  pouces  1/3  sur  11  pouces  1/3  de  lur((e 
(n-51). 

XXXVIII,  MoSTAERT  (GiHe»),  tl'WuUf,  15.. -1601. 

113.  Fuite  en  Egypie,  paysage  d'Iiiver;  I  pied  2  pouces  sur 
1  pied  9  pouces  2/3  do  large  (n°  52). 

114.  Incendie,  pillage  et  escarmouche,  paysage  ;  1  pieti 
7  pouces  1/2  sur  I  pied  4  pouces  de  large  (n"  53). 

1i5.  Paysage  historié  d'une  poissonnière  de  mer  ;  9  pouces  1/4 
sur  8  pouces  1/4  de  large  (n<»  54). 

1 10.  Paysage  ;  8  pouce.';  1/3  sur  8  pouces  1/3  de  large  (n»  55). 

H7.  Paysage,  sur  planclie  de  cuivre,  feu  nocturne  et  monas- 
tère de  religieuses  ;  13  jiouces  1/2  sur2  pleds2  pouces  1/4 
de  large  (nose). 

118.  Nativité  et  seize  actes  de  lu  Passion  autour;  3  pieds 
7  pouces  1/2  sur  2  pieds  15  pouces  de  large  (n»64). 

1 19.  Dieu  de  pilié  assis  dans  un  paysage  ;  I  pied  10  pouces  1/2 
sur  I  pied  5  pouces  1/2  de  lai^e  (no  C5). 

120.  Nativité,  dans  un  paysage  d'hiver;  I  pied  3  pouces  sur 
I  pied  9  poitce.s  de  large  (n»  60). 

121 .  Sainte  Madeleine  dans  une  grotte  ;  I  pied  1/2  sur  I  pied 
I  pouce  de  large  (n«  67). 

122.  Crucifix  ayant  au  pied  une  Madeleine;  Ipied  10 pouces  1/2 
su.-  Il  pouces  1/2  de  large  (no  68).  —  Voirarl.  150. 

XXXIX.  Pantoja  de  la  tnvz  iJean),  de  Madrid,  i55i-16i0. 

123.  Portrait  de  Pliilippe  III,  roi  d'Espagne  ;  2  pieds  4  pouces 
sur  I  pied  1 1  pouces  de  large  (n»  179). 

124.  Portrait  de  la  reine,  Teinine  de  Philippe  III  ;  mêmes  di- 
mensions (no  180). 


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—  337  - 

125.  Portrait  de  dona  Isabelle  Suarez  (maîtresse  de  François 
Perrenot);  4  pieds  sur  3  pieds  7  pouces  (no  196). 

126    Autre;  mêmes  dimensions  (n»  197). 

i27.  Portrait  de  Jean-Antoine,  fils  naturel  de  François  Perre- 
not et  d'Isabelle  Suarez  ;  3  pieds  15  pouces  sur  3  pieds 
(no  198). 

XL.  9oKCHiSO  {Jean-Baptùle},  dit  Boziato,  1500-1510. 

128.  Tête  de  mort,  au  crayon  noir,  dessin  sur  papier  bleu; 

6  pouces  sur  7  de  large,  atlache  d'argent  m"  1:i5). 

129.  Femme  nue,  dessin  au  crayon  noir  sur  pupier  bleu  ; 
S  pouces  sur  4  pouces  2/3,  attache  d'argent  {n"  I3C). 

XLI.  Da  Ponte (yacguet),  dit  U  Bassan,de  Basmno,  1510-1592. 

130.  Paysage  avec  ménagerie;  4 pieds  i  pouces  sur  6  pieds 
moins  ,1  pouce  de  large  (n"  96). 

XLII.  PoRBUS  (FrançoU),  dit  le  Vieux,  de  Britget,  1540-1584. 

131 .  Têtes  d'àne,  de  chien,  de  renard,  de  lapin  des  Indes, 
de  clial  ;  l  pied  3  pouces  1/-2  sur  I  pied  4  pouces  de  large 
(no  109). 

132.  Tôte  de  chien  blanc  ;  12  pouces  sur  12  pouces  de  large 
(no  112). 

133.  Portrait  de  M"""  de  Brabançon  ;  2  pieds  (i  pouces  sur 
l  pied  15  pouces  l/'2  de  large  (ii"  18'J). 

134.  Portrait  du  comte  de  Canlecfoix  ;  2  pieds  7  pouces  sur 

I  pied  13  pouces  |u'  iy5j. 

XLllI.  Prévost  (Jacques),  de  Gray.  15. .-1561. 

135.  N.  D.  avec  son  enfant;  1  pied  U  pouces  sur  t  pied 
5  p.~t/2  de  large  (n°  139)  (no  391  du  Musée  de  Besançon). 

XUV.  PULZONE  (ticipion),  dit  le  Gaétan»,  dd  Gaéle,  15.. -1550. 

136.  Portrait  du  cardinal  de  llr.uivelle,  sur  cuivre;  2  pieds 
H  pouces  1/2  sur  2  pieds  I  pouces  (n"  171)  (n"  240  du 
Musée  de  Besançon). 

137.  Portrait  de  ta   Corambone  (copie)  sur  toile  ;  2  pieds 

7  pouces  1/2  sur  t  pied  13  pouces  (n°  189). 

t3&.  Portrait  de  Cleris  Famèse  (copie)  ;  I  pied  1/2  sur  1  pied 

I I  pouces  de  large  (n"  190). 

23 


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XLV,  RoBUSTi    iJttcquea)    dit   le    Tintoret,    de    Venue,    15if- 
i594. 

139.  Le  Cil  ris  L  ei  la  rernme  adultère -3  pieds  3  pouces  sur 
5  pieds  de  Urge<n°  161). 

XLV£.  ROTTENAMMEB  {Jean),  de  Munich,  1564-1693. 

140.  Résiirreclinn  de  Lazare,  sur  cuivre  ;  14  pouces  sur  1  p. 

2  pouces  1/J  de  large  (m  72). 
XLVn.  Savkiw  [Jaeque»),  de  Cowtray,  i5.. 

141 .  Paysage,  avec  une  feuille  transparenle  ;  4  pouces  1/5  sur 
7  pouces  1/3  (n»  B3), 

XLVIIL  ScHWEiGER  (Emmanuel),  iS.. 

142.  Portrait  d'une  femme  coiffée  de  blanc  ;  toile,  dans  uue 
botte  de  fer  blanc  (n''256), 

XUX.  Sii-vio  {Jean-Pierrei,  de  Venue,  tSOO-tS.. 

143.  Portrait  de  femme;  toile  de  3  pieds  moins  un  pouce 
sur  2  pieds  I/-2  de  large  (n"  87). 

L.  Spranger  (Barthetemi),  d'Anven,  1546-16... 

144.  Deux  cliiens  ;  2  pieds  7  pouces  1/2  sur  5  pieds  3  pouces 
de  large  (n"  122) 

LE.  Van  Stkkn'wyck  (Henri),  dit  la  Chouette,  1550-1604. 

145.  Le  Camp  d'Holopljerne,  paysage  de  nuit  ;  15  pouces  sur 
15  pouces  (le  lai^(n'57). 

146.  Incendie,  paysage;  rond,  12  poticés  de  diamètre  (n°&S|. 

147.  Teiitaliûii  de  Saint-Antoine  ;  rond,  8  pouces  de  dia- 
nuMi-e  (n°  M). 

t4A.  Lotli,  pnysage  ;  rond,  Il  pouces  3/4  de  diamètre  (n'GIl. 
149.  Tentation  de  Saint- Antoine;  t')    pouces  1/2  sur  I  pied 

3  pouces  1/2  (u"  62). 

151).  Bain  lie  Diane  avec  les  Nymphes;  figures  de  Sleenwyck, 
paysage  de  P.  Breugliel,  sur  cuivre  ;  I  pied  sur  I  pied  1/2 
et  l/i  de  pouce  de  large  in"  73). 

151.  N.-D.  tenant  l'Enfunl  Jésus;  1/2  pied  sur  5  pouces  1/2 
de  large  (n"  74). 

152.  Perspective  d'église  (Ips  figures  sont  de  Gilis  Moslaert), 
I  pied  1/2  sur  !  pied  6  pouces  (n"  93). 


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LIT.  Steevens  (Pierre),  dtMalinei,  15. .. 
153.  Paysage ;2pieds  11  pouces  sur  4  pieds  3  pouces  de  large 

<n»  If. 
I&4.  Autre;  2  pieds  t  pouce  sur  2  pieds  13  pouces  de  large 

(no  2). 
\o5.  Autre;  2  pieds 9  pouces  sur  I  pied  12  pouces  de  large 

11°  3). 

156.  Autre;  1  pied  12  pouces  sur  2  pieds  10  pouces  de  large 
(n»  4). 

157.  Autre;  1  pied  9  pouces  sur  2  pieds  6  pouces  de  large 
(no  5). 

158.  Autre;  t  pied  10  pouces  sur  2  pieds  5  pouces  de  large 
(no  6). 

159.  Autre;  I  pied  8  pouces  1/2  suri  pied  15 pouces  de  large 
(n»  7). 

160.  Autre;  t  pied  6  pouces  sur  2  pieds  I  pouce  de  large 
(no  8). 

LUI.  STiMMER(To6te),  de  Straibourg,  i550-i5... 

161.  Paysage;  I  pied   13   pouces   sur  2   pieds  1/2  de  large 
(no  14). 

162.  Autre  ;  mêmes  dimensions  (no  15). 
LIV.  Strada  {Jean),  de  Britget.  i53G-i605. 

163.  Une  Prudence;  I  pied  7  pouces  1/2  sur  I  pied  de  large 
(no  98). 

LV.  SUNDER  (Lmcoj),  dit  Cranack,  de  Cranaeh.  1472-15... 

164.  Adam  ;  7  pieds  1/2  sur  3  pieds  10  pouces  (no  159). 

165.  Eve;  mêmes  dimensions  (n»  160). 

LVI.  Vannucchi  (André),  dit  detSarte,  de  Florence,  iA88-i 530. 

166.  Portrait  d'homme  ;  toile;  3  pieds  3  pouces  sur  2  pieds 
9  pouces  (no  185). 

LVII.  VarotaRI  [Alexandre),  dit  le  Padoifun,  1590-1650. 

167.  Un  lièvre;  12  pouces  sur  9  pouces  3/4  (no  132). 
LVIII.  Vkcellio  [Tiîiano),  dit  le  TitUn,  de  Pimie.  i477-i576. 

168.  Un    enfant  nu,    couché  ;  1  pied  9  pouces  sur   2    pieds 

1  pouce  de  large  (no  90). 

I69<  Une  Temme  devant  un  miroir  tenu  par  l'Amour  ;  4  pieda 

2  pouces  sur  3  pieds  9  pouces  de  large  (no  9 1  ), 


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—  340  — 

170.  Uiie  femme  nue  remellant  su  chemise  ;  loile  collée  sur 
buis,  4piedRSur  3  pieds  1/2  de  large  (n"  151). 

171.  La  Pluie  d'or  ;  toilecollée  sur  bois, 3  pieds  sur5  piedsl/2 
de  large  (n«  162). 

172.  Portrait  du  chancelier  Nicolas  Perrenol  de  Granvetle  ; 
4  pieds  sur  3  pieds  3  pouces  de  large  (na  173). 

173.  Autre  ;  3  pieds  6  pouces  1/2  sur  2  pieds  1+  pouces  de 
laiiîedin  175). 

174.  Aiihe  icopie)  ;  3  pieds  13  pouces  sur  3  pieds  de  large 
(II"  Wl  I  (aujourd'hui  au  musée  de  Desancon,  n"  463). 

175.  Portrait  de  Nicole  Bonvalot,  femme  du  chancelier  Perre- 
nol de  Granvelle:  3  pieds  G  pouces  1/2  sur  2  pieds 
14  ponces  (n»  17ti). 

I7C.  4utre  (copie)  ^  3  pieds  13  ponces  sur  3  pieds  de  large 
(no  '202). 

177.  Portniil  d'une  femme  assise,  loile  ;  3  pieds  14  pouces  sur 
3  pieds  de  large  ma  174). 

178.  Të le  colossale,  toile  ;  I  pied  1/2  sur  I  pied  1/2  de  large 
(n-  262). 

LIX.  Vinci  {Léonard  de),  de  Vinci.  1452-i5l9. 

179.  Joconde,  reine  d'Egyple,  sur  hois;  3  pieds  de  haul  sur 
2pieds  (lelarge(n"258). 

LX.  Vos  (.l/octin  de).  d'Anvfr»,  i5^4-i604. 

180.  Une  <;riii:illxion  avec  N.-D..  Sainl-Jean  el  autres  ligures  ; 
tuile  ;  1  pit^d  9  pouces  2/3  sur  I  pied  5  pouces  1/2  de 
hirgein"  i:W). 

181.  1.^  Christ  au  Jai-dlri  dus  Oliviei-s  ;  2  pieds  .1  pouces  1/2 
.sur  1  pieti  9  pouces  1/2  de  large  (u"  139). 

IK^.  La  Nativité  ;  I  pied  13  ponces  sur  I  pied  C  pouces  1/2  de 

large! W). 

183.  La  Nalivil6  ;  I  pied  8  pouces  1/2  sur  1  pied  2  ponces  1/2 

de;iarj,'e  (ii"  I4i). 
iM.  Lii  lUîsunection  de  Lazare  ;  toile  ;  8  pieds  9  pouces  sur 

.">  pieds  5  pouces    /2  de  large  <n"  144)  (aujourd'hui  .dans 

rt'Ulis^e  Suinl-Pierre,  a  IJesançon). 
185.  Saiiit  Jérôme;  toile;  8  pieds  12  pouces  sur  5  pied^  7  p. 

de  luj-ge  (W  145j. 


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186.  Cruciflx,  sur  marbre  noir  ;  2  pieds  7  pouces  sur  I  pied 
(3  pouces  de  large  {n-  t68). 

187.  Portrait  d'une  damo:  loile  collée  sur  bois  ;  1  pied  M  p. 
sur  I  pied  4  pouces  1/2  de  large  (n°  199). 

188.  Quatre  porirails:  Andréa  del  Sarte,  le  Tinioret,  Michel 
Coxie  et  Martin  de  Vos;  toile;  3  pieds  10  pouces  sur 
•2  pieds  10  pouces  de  large  (n*206). 

189.  Portrait  d'un  enfanl  ;  loile  ;  I  pied  1/2  sur  2  pieds  3  p. 
de  large  (n»  S07>. 

LXl.  Vos  [PUrre  He),  d'Anven,  15.. -16... 

(90.  Un  Crucifix  à  la  détrempe;  10  pouce.s  2/3  sur  8  pouces 
de  lai^e  {n-^33i. 

191.  N.-D.  des  Sept  douleurs,  h  la  détrempe  ;  10  pouces  2/3 
sur  8  pouces  (n-  134). 

LXII.  Vbiendt  {Françoiâ  de)  ou  Fhanz  Floris,  d'Aneeri,  iSSO- 
1570. 

192.  Trois  femmes,  de   buste,  tenant  un    livre  de  musique; 

1  pied  6  ponces  1/2  sur  t  pied  U  pouces  1/3  de  large 
(n'  83). 

193.  Télé  de  Bacchus;  I  pied  12  pouces  sur  1  pied  6  pouces 
de  large  (n°  84). 

194.  Tête  de  Céi-ès;  I  pied  12  pouces  sur  1  pied  6  pouces  de 
large  (n=  85). 

195.  Portrait  de  Thomas  Perrenot,  seigneur  de  Chanlonnay  ; 

2  pieds  9  pouces  1/2  sur  2  pieds  1  pouce  de  large  (n°  177). 
LXIII.  Vribndt  {Françoiê  de)  ou  Fhanz  Flobis  le  Jeune,  d'An- 

oeri,  15.. -te.. 

196.  Portrait  du  comie  de  Canlecroix  et  de  M""  Caille,  en 
fruitiëre,  loile;  4  pieds  sur  3  pieds  4  pouces  de  large 
(n°  100).  (Original  conservé  au  ciiàteau  de  Buthiers  (Hle- 
SaOne.) 

LXIV.  Walckbmburg  (Frédéric),  de  Malinea,  15. .-16... 

197.  Paysage,  toile  ;  1  pied  10  pouces  2/3  sur  2  pieds  de 
large  {n°  34). 

198.  Autre,  toile  ;  2  pieds  6  pouces  sur  3  pieds  11  pouces  de 
lai-ge  (n"  35). 


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LXV.  Walckemburg  (fîilû),  de  Malinei,  15.  .-16.,. 
)99.  Incendie  nociume  de  Troye  ;  toile  ;  3  pieds  15  pouces 
sur  5  pieds  de  large  (n"  152). 

200.  La  tour  de  Babel  ;  1  pied  6  pouces  sur  2  pieds  4  p.  1/2 
(n°  20). 

LXVI.  WalCKEHBUBO  (Luee),  de  Malinei,  né  vers  iSSO. 

201 .  Paysage  ;  I  pied  12  pouces  sur  2  pieds  3  pouces  de  large 
in-  16). 

202.  Paysage  :  1  pied  12  pouces  sur  2  pieds  4  pouces  de  large 
<n"  17). 

208.  Paysage  :  1  pied  12  pouces  sur  2  pieds  4  pouces  de  large 
(n»  18). 

204.  Paysage  ;  I  pied  11  pouces  sur  2  pieds  2  pouces  de  large 
(u"  19». 

205.  Paysage;  12  pouces  sur  1  pied  6  pouces  1/2  de  large 
(n»21). 

206.  Paysage;  13  pouces  suri  pied  2  pouces  1/2  de  large 
(n.  22). 

207.  Paysage  j  12  pouces  1/3  sur  1  pied  7  pouces  l/3de  large 
{W  23). 

908.  Paysage;  12  pouces  1/4  sur  1   pied  6  pouces  de  lai^ 
(n"  24). 

209.  Paysage;  13  pouces  suri  pied  1/2  de  large  (n*  26). 
2t0.  Paysage  ;  1 1  pouces  sur  14  pouces  de  large  (n"  27). 
2t1.  Paysage  &  la  détrempe  ;  rond,  diamètre  9  pouces  1/3 

(n-  28). 

212.  Autre  h  la  détrempe;  même  diamètre  et  même  forme 
(n-  29). 

213.  Autre,  même  diamètre  et  môme  forme  (n*  30), 
LXVII.  Wai-Ckemburq  {Martin),  de  Malinei,  1530-16... 

214.  Paysage  ;  9  pouces  1/2  sur  13  pouces  de  large  (n-  25). 
LXVIII.  Weebdt  {Adrien  de),  de  Brweellet,  vert  1510. 

215.  Paysage  ;  rond,  9  pouces  de  diamètre  (n"  31). 

316.  Autre;   14  pouces   1/3  sur  1  pied  2  pouces  de  large 

(n-  32). 
217.  Autre;  2  pieds  5  pouces  sur  2  pieds  13  pouces  de  large 

(n'  33). 


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1.  -~  Uythologia. 


218.  Diane,  d'un  maître  italien,  sur  cuivre;  14  puuces  1/2  sur 

9  pouces  de  large  (n°  1 13). 
'JIU.   Vénus  et  un  salyre,  sur  cuivre;   I  pied  de  haut  (n»  263). 
220    Vénus,  un  salyre  et  l'Amour  ;  même  dimension  (n*  2tti), 

II.  -  Piété. 

221.  Triptyque  dont  le  panneau  central  représeitle  l'Adora- 
tion desMages;les  volets,  la  Nativité,  et  la  Fui  te  en  Egypte, 
d'un  vieux  maître  ;  2  pieds  moins  1/2  pouce  sur  12  pouces 
de  large  (n"  97), 

222,  Crucifixion,  sur  cuivre;  2  pieds  sur  2  pieds  de  large 
environ  (no  257). 

S23.  N.  D.  par  uu  vieux  maître  ;  3  pieds  2  pouces  8ur2  pieds 
G  pouces  de  lurge  (u"  150). 

224.  N.D.  tenant  l'Enrani,  par  un  vieux  maître,  tableau  cin- 
tré; I  pied  13  pouces  sur  I  pied  5  pouces  1/2  de  large 
(no  86). 

225.  N.  D.  avec  l'Enfant  dormant;2  pieds  7  pouces  sur  I  pied 
14  pouces  1/2  de  large  (n»  143). 

226.  Saint  Michel  avec  ses  anges  combultani  les  démons  ; 
I  pied  6  pouces  sur  15  pouces  1/2  de  large  (no  U2j. 

C,  —  PoFlr«Ila. 

1.  '—  ilaUon  de  Bréderode. 

227.  Portrait  de  M.  de  Bi-éderode,  d'un  vieux  multre  ;  1  pied 
5  pouces  sur  I  pied  I  pouce  de  large  (no  186). 

228.  Portrait  de  Mme  de  Bréderode,  d'un  vieux  maître  ;  I  pied 
5  pouces  sur  I  pied  t  pouce  de  large  (no187). 

229  Portrait  d'une  demoiselle  de  cette  maison  ;  I  pied 
8  pouces  sur  I  pied  2  pouces  de  large  (no  234). 

230-231 .  Deux  portraits  en  miniature,  dans  une  bulte  ronde, 
de  deux  seigneurs  de  celte  maison  ;  diamètre  1/2  pied 
(n°'  247  et  248). 


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232.  Portrait  d'Albert,  comte  de  Carpi;  9  pouces  sur  7  de 
large  (no  240). 

UI.  —  Maiton  tU  GranveUe. 

233.  Portrait  d'AnloinePerrenot,aloi-sévêqued'Arras;3  pieds 
sur  I)  pieds  5  pouces  (n°  205). 

Autre,  à  ia  même  époque,  par  Crispiaa  Van  den  Broeck 
(ait.  39).  Autre  en  costume  de  cardinal,  par  le  Gafitano 
(art.  134).  (Aujourd'hui  no240  du  Musée  de  Besan^^on.) 

234.  Portrait  de  Charles  Perrenot,  abbé  de  Faverney,  frère  du 
cardinal;  5  pieds  4  doigissur  2  pieds  1/2  de  large  (n*  241). 

Portraits  de  François  Perrenot,  comte  de  Canlecroix, 
neveu  du  cardinal,  par  Key  (art.  100  et  1(H);  par  Gortz 
(art.  70  et  77);  par  Porbus  (art.  I31)-,"d'lsabelle  Suarez 
de  Mendoza,  sa  maîtresse,  par  Pantoja  de  la  Cniz  (art.  VM 
et  125);  —  de  Jean-Antoine  Perrenot,  leur  flls  naturel, 
par  Pantoja  (art.  126);— de  François  Perrenot  avec  de- 
moiselle Gaille,  sa  maltresse,  par  Franz  Floris  le  Jeune 
(art.  195)  ;  —  de  demoiselle  Gaille,  par  Pierre  d'Argent 
(art.  16). 

235.  Portrait  de  Frédéric  Perrenot,  frère  du  cardinal,  sei- 
gneur de  Champagney  ;  5  pieds  sur  2  pieds  1/2  de  large 
(n'  242). 

Portraits  de  Jean-Thomas  Perrenot,  neveu  du  cardinal, 
seigneur  de  Maiche,  par  Alonzo  Sanchez  (art.  172);  — 
de  Marguerite  Perrenot,  sœur  du  cardinal,  dame  de 
Venues,  par  Pierre  d'Argent  ^art.  13). 

236.  Portrait  du  chancelier  Nicolas  Perrenot  de  Granvelle; 
13  pouces  sur  1 1  pouces  de  large  (n"  208). 

237.  Portrait  du  même,  de  face;  I  pied  7  pouces  sur  1  pied 
3  pouces  de  large  (n°  210). 

Autre  par  Le  Titien  (art.  169  et  170);  autre,  copie  [par 
Pierre  d'Argent,  sans  doute]  (art.  171).  (Aujourd'hui  n°2B3 
du  Musée  de  Besançon.) 
2;^.  Portraits  de  Nicolas  Perrenot  et  de  Nicole  Bonvalot  sa 


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—  345  — 

femme  ■  en  forme  de  tablier  •  ;  1  pied  7  pouces  sur  I  pied 
4  pouces  de  large  (n°  209). 

Portraits  de  Nicole  Bonvalot,  parle  Titien  (art.  172); 
copie  du  même  [par  Pierre  d'Argent,  sans  doute]  <art. 
173)  ;  —  de  Jacques  Bonvalot,  seigneur  de  Champagney, 
père  de  Nicole, par  Girard  d'Argent  (art.  11)  ;  deJacques 
de  Saint-Mauris,  prieur  de  Bellefontaine,  Bis  d'Etiennette 
Bonvalot,  et  par  uonséqueni  cousin  germain  du  cardinal, 
par  Pierre  d'Argent  (art.  14). 
2.39.  Portrait  de  Nicolas  Pcrrenor,  lils  de  Thomas,  et  neveu 
du  cardinal  ;  tulte  ;  4  pieds  t/2  sur  2  pieds  t/2  de  large 
(n-  213). 

Autre  par  Pierre  d'Argent  (art.  12) 

Portrait  de  Thomas,  seigneur  de  Chantonnay,  frère  du 
cardinal,  par  Franz  Florig  (art.  194). 

IV.  —  Uaiion  de  Morubéliard. 

240.  Portrait  d'un  prince  de  Montbéliard,  par  un  vieux  maître; 
2  pieds  4  pouces  1/2  sur  I  pied  1/2  de  large  (n*  217). 

V.  —  Itaûotu  d'Autriche,  de  Bourgogne  et  d'Etpagne. 

241 .  Portrait  de  l'empereur  [Charles-Quint],  de  la  main  d'un 
vieux  maître;  2  pieds  7  pouces  sur  1  pied  11  pouces  de 
large  (no  218). 

242.  Portrait  de  six  enfants  de  Philippe  I",  roi  de  Castille; 
1  pied  sur  1/2  pied  de  large  |n°  219). 

243.  Descente  de  la  maison  de  Bourgogne,  papier  collé  sur 
toile,  où  sont  peints  tous  les  princes;  7  pieds 3  pouces  de 
de  large  (n»  253). 

244.  Portrait  d'une  dame  de  la  maison  d'Autriche,  tenant 
une  Aile  en  ses  bras,  de  la  main  d'un  vieux  maître  (no  254). 

VI.  —  Portraits  anonymes. 

245.  Portrait  de  Jeune  homme,  profll  ;  1  pied  1  pouce  sur 
13  pouces  de  large  (n°  III  ). 

246.  Vieux  portrait  t  d'un  bon  vieux  maître  >  ;  2  pieds  5  p.  1/2 
sur  2  pieds  de  large  (n°  124). 


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247.  Une  dame  religieuse  ^  6  pouces  sur  5  pouces  3/4  de  large 
(n-  137). 

248.  Un  homme  d'église  ;  t  pied  sur  It  pouces  de  Ui^ 
(n«  235). 

246.  Une  dame  allemande;  13  pouces  sur  9  pouces  de  lai^e 

(n-  236). 
ffiO.  Un  seigneur  d'église;  I  pied  sur  15  pouces  (n*  537). 
251 .  Un  gentilhomme  savoyai'd  ;  t  pied  sur  13  pouces  de  lar^e 

<n=  238). 
'^2.   Une  dame  btessanne  ;  15  pouces  sur  I2delarge  in>239) 

253.  Une  dame  habillée,  sans  lète  ;  5  pieds  sur  3  pieds  1/2  de 
large  (n-  243). 

254.  Un  enfant  nu,  toile;  2  pieds  1/2  sur  2  pieds  10  pouces 
(00  244). 

255.  Un  seigneur  allemand,  l'épervier  au  poing  ;  1  pied 
12  pouces  sur  I  pied  1/2(00  250). 

Vm,  —   Tableaux  dhen 

256.  Un  vase  de  fleurs,  d'un  vieux  maître  ;  I  pied  t  pouce  1/2 
sur  13  pouces  1/2  (ii°38). 

257.  Une  pièce  à  la  détrempe  :  Galères  retournant  du  Levant 
Inon  cotée). 

258.  Une  chauve-souris  ;  7  pouces  sur  12  de  large  (n»  102). 

259.  Un  rhinocéros;  toile,  I  pied  sur  1  pied  1/2  de  lai^e 
(no  167). 

260.  Cosmographie  manuscrite;  Méditerranée  (en  partie),  Ci- 
licie,  Arménie,  Chypre,  Syrie,  Judée,  Palestine  ei  Egipie ; 
9  pieds4pouces  sur4  pieds    12  pouces  de  largelnoffiS). 

261-262.  Un  Agrippa  el  un  César,  dessins  au  crayon  sur  pa- 
pier (non  coté) 

263  Orphée  et  les  Muses,  dessins  à  la  plume,  sur  parchemin, 
dédié  au  cardinal  de  Granvelle  Inon  coté). 

264  Plans  du  cliÂteau  de  Scey  [d'Hugues  Maire,  son  cons- 
tructeur par  ordre  de  Granvelle,  sans  doute],  sur  papier. 


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D.  —  Senlptiirc*  de  I*  Bea*l«MtNce. 

LXIX.  BuoNAROTTi  [Michel-Ange),  d'Arezzo,  i4'J4-1554. 

265-267.  Trois  figures  de  marbre  couchées,  deux  sur  pié- 
destal de  bois,  l'autre  sur  piédestal  enrichi  de  marbre 
{no20)(l). 

268.  Crucifix  d'ivoire  sur  croix  d'ébëne  plantée  dans  un  ro- 
cher ,  15  pouces  de  haut  {n"  (C6).  —  V  art.  40. 

LXX.  DUBEB  (Albert),  de  Nuremberg,  i47i-i5S8. 

269.  Tête  d'enfanl  criard,  ayant  une  mouche  qui  le  pique  au 
froni,  bois  ;  9  pouces  de  haut  |iio  1H). 

270.  Saint-Sébuslicn,  statuette  eu  bois  ;  15  pouces  de  haut 
(no  110). 

LXXI.  Landry  (Piètre),  de  Satins,  1540-15. . . 

271 .  Douze  tètes  d'empereurs  en  marbre  blanc,  dans  des  mé 
dallions  de  marbre  jaspé,  ronds ,- 1  pied  t3  pouces  de  dia- 
mètre <un  de  ces  profils: un  Vespasien,  est  conservé  au 
musée  archéologique  de  Besancon,  quatre  médaillons  de 
marbre  jaspé  avec  inscriptions  existent  encore  au  palais 
Granvelle). 

LXXll.  Prévost  (/orgue*),  de  Gray,  15..-156i. 

272.  Sépulture  historiée  d'un  Christ,  bas-relief  de  marbre 
blanc;  I  pied  I  pouce  sur  1  pied  1/2 de  large  (no  I7|.— Voir 
Pièce  justificative  111,  b.  7. 

373.  La  Charité,  statue  en  marbre;!  pied  5  pouces  de  haut 

(no  38).  —  V.  b.  8,  Pièce  justiflcalive  111. 
S74.  La  Foi,  slaluetle  de  marbre;  I    pied  5  pouces  de  haut 

(n-  37).  —  V.  b.  10,  Pièce  jusliflcative  III. 

ScDlpIarcB   dlTCrflCH. 


275.  Cerf  couché  avec  double  ramure  de  cerf  naturelle,  bois 
coloré. 


(1)   Le   numérotage  primitif  des  sculptur 
tures  dans  l'Invenlaire  de  1607  qui  nous  sert 


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276.  Staliieltede  Vigneron,  la  tête  coiffée  d'un  chapeau  en- 
guirlandé de  feuilles  de  vignes,  appuyé  sur  un  b&ton,  au- 
tour duquel  s'enroule  un  cep;  1  pied  2  pouces  de  haut 
(n«  112). 

II.  —  Bronzes. 

LXXIir.  COP,  fondeur  et  dêelettr  de  brome,  v.  1560. 

277.  Figurine  de  Pallus  >  i-éparée  de  la  main  de  Cop  •  fn^eOl. 

278.  Figurine  d'Iiomnie  :  même  hauteur  que  Pullas  in'  70). 
27fl,  Figurine  d'homme  coifTé  d'un  morion  lid.)  (n»  7U. 
'J80.  Femme  assise  (id.l  (H"  781. 

281.  Aulre  (n- 77). 

282.  Baccluis  jeune,  tenant  des  raisins  i?)  ;  haut  de  14  pouces 
(no  57). 

283.  Citpldon  ailé  :  haut  de  3  pouces  (ti"  82). 

284.  Autre  ;  même  hauteur  (n'Pâ). 

285.  Europe  ;  haute  de  11  pouces  (n"  50). 

286.  Hercule  combattant  avec  un  cetiiaure;  lu-onze  ronge; 
haut  de  1  pied  10  pouces  1/2  (no  34). 

287.  Hercule  tenant  une  massue  ;  haut  de  9  pouces  (tt»  lî2). 

288.  Autre  ;  haut  de  1  pied  In"  51  ). 

289.  Autre  tenant  un  enfant  d'une  main,  sa  massue  de  l'autre 
(n"55). 

290.  Un  Laiitin  (?)  ;  haut  de  12  pouces  (n»  R2). 

29t .  Un  Laocoon  ;  haut  de  15  pouces  ;  piédestal  de  bois  noir 
enrichi  de  deux  petites  toies  de  marbre  (n»  48). 

292.  Luci-ëce  ;  haute  de  7  pouces  (n»  79). 

293.  Marsyas  ;  haut  d'un  demi-pied  (n*  87). 

294.  Tête  de  Méduse  ;  haule  de  1  pied  15  pouces  (n»  27). 

295.  Satyre  les  hras  ouverts  ;  haut  de  14  pouces  (n»  58). 

296    Vénus,  le  pied  sur  un  escabeau,  avec  Cupilon  ;    haute 

d'un  demi-pied  (n*  75). 
297.  David    tenant  la   tête    de  Goliath;  haut  de  10  pouces 

(n»  (JO). 
298-    Les  douze  Empereurs  avec   liases  sur  piédestaux   de 

bois  noir  (ti»  49). 
299.  M  élu  si  ne,,  avec  couronne  dorée. 


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—  3i9  — 
:SOO.  Enfant  criard  ;  haui  d'un  pied  {n"  30). 
801 .  Tête  d'enfant  ;  haute  de  13  pouuus  <u*  93). 

302.  Figure  de  femme  ;  haule  de  5  pouces  1/2  (n"  74). 

303.  Femme  nue,  assise  sur  un  tour  enveloppé  de  drape- 
ries ;  haute  de  1  pied  (n»  47). 

30i.  Torse  de  femme  nue,  tenant  une  coquille  de  mer  ;  haute 

de  15pouces  (n°31). 
3(fô.  Femme  nue  coucliée,  écrivunl  (la  fî^omJtri«)  ;  haule  de 

12  pouces  t/2;  à  la  base  une  géomélrie  (n'SZ). 
30fi.  Cheval  de  bronze ,  haut  d'un  pied  3  pouces  i28). 

m.  -  Cire. 

307.  Un  Bacchus  en  liasse  taille. 

308-300.  Deux  médaillons  ronds  d'empereurs  (cire  et  poix-ré- 
sine). 

310.  Enfant  élmuché  à  sa  naissance,  sur  le  vif. 

311.  Deux  figurines  d'homme  et  de  femme  s'embrassant  (d'a- 
près un  groupe  de  marbre  envoyé  k  l'empei-eur). 

312.  Têle  colossale  (uire  noire). 

IV.  ~  /toi,-B. 

313.  La  Cliarilè avec  deux  enfants  nus;  liaule  Je  11  pouces 
Ui"  109). 

314.  La  Mort  lenuni  uni'  liorloKf'  fl  une  bêchr;  haute  de 
14  pouces  (II"  107). 

315.  Une  N.-U.sousiiti dùnie soiiicnii  de  quatre  piliers;  haute 
de  I  pleii  3  pouci's  m"  108). 

V.  -  Marbre. 

31(1.  Diane  nue,  c<)ucli6e,  embrassant  un  cerf;  bas  relief; 
1/2  pied  sur  II  pouces  de  larKC  (n-  IIB). 

317.  Antre  embrass.-int  d'une  ninin  un  cerf,  de  l'autre  un 
cliien  ;  bas  relief. 

318.  Un  terme  ou  gaine  eu  forme  de  torse  de  femme  à  l'an- 
tique; en  contre  bas  couvrent  ces  bus-reliefs  les  trois 
Grâces  enlacées  ;  haut  de  'i  pieds  1 1  pouces  1/2  (n"  3). 

319    Hercule;  haut  d'un  pied  {n"  115). 


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—  350  — 

320.  Vénus  et  Cupidon  couchés,  bas  relier  à  l'antique;  haut 
de  11  pouces  chaque  sur  1  pied  1  pouce  de  lar^  (n>  24j. 

321 .  Médaillon  de  Jean-Galéas  Visconti,  duc  de  Hilan,  avec 
l'inscription  lO.  oai^ca}z  vicecohes  dux  p.  hil[ani)  : 
rund.  8  pouces  de  diamètre  (n*  16). 

322  Un  petit  chien  de  marbre  ;  haut  d'un  demi  pied  (n-  33). 
323.  Deux  petites  télés  d'enfant;  haut  de  7  pouces  (n'  21i. 
32i.  UneN.-D.  assise,  tenant  l'Enrunt;  haute  de  1  pied2poiic«s 

(n-  m. 
3^.  Un  saint  Antoine  ;  haut  de  1  pied  2  pouces  (n"  39). 

VI.  —  Orfivrmie. 

326.  Jeune  homme  surprenant  une  femme  couchée,  au  pied 
du  lit  un  Cupidun  ;  bas  relief  d'argent,  avec  argent  moulu 
aux  corniches,  colonnes  et  remhossements  dorés  (n-  46). 

327.  N.-D,  en  bas-relief  ciselé  ;  haut  de  9  pouces  1/2  (n- 107). 

328.  Résurrection  sur  un  rocher,  argent  et  argent  doré  ;  haut 
de  8  pouces  (n*  118). 

VU.  -  Plâtre  ou  gyp*«. 

329.  Charles-Quint  (marbre  en  plusieurs  pièces). 
:»0.  Philippe  le  Bon(id.). 

331.  Hélène  de  Bréderoile,  mère  du  comte  de  Cantecroix 
(moulée  sur.uature). 

332.  Apollon  (moulé  sur  l'antique) 

333.  10  télés  d'empereursi,  aux  moulures  tournées  et  dorées 
ei  inscriptions  en  lellres  noires  dans  les  moulures  (en  la 
salle). 

334.  12  munes  de  lions, 

335.  Nativité  en  relief;  haute  de  2  pieds. 

336.  Tête  de  femme  coitTée  à  l'antique,  cheveux  élevés. 

337.  Petite  tôte  de  femme,  antique. 

338.  Tète  de  guerrier  antique. 

339.  Tôte  de  ciiérubin.  d'ordre  ionique  formant  coude. 

340.  Trois  tètes  dont  une  de  femme. 

341.  Deux  tètos,  l'une  de  vieillard,  l'autre  de  vieille,  peints 
couleur  de  chair, 

342.  Tète  d'homme. 


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VUl.  -  Ptomb. 

343.  Médaillon  de  Ckéron. 

IX.  —  Terre  eaite 

344.  Satyre  nu.  lenant  un  panier  de  fruits,  peint  couleur  de 
chair  ;  haut  de  5  pieds  (n»  44). 

345    Femme  nue  tenant  son  pied  droit  à  deux  mains,  colorée, 
même  dimension  (n"  45). 


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M.   ALFRED  MILLIARD 

DE     FEDRir 

ET  SA  COLLECTION   D'OBJETS  PRÉHISTORIQUES 


Par  M.  le  0'  Albert  GIRARDOT 


Séance  du  J4  décembre  i90i. 


Il  y  a  quelques  mois,  en  vous  rendant  compte  de  l'ouvrage 
de  M.  E.  Chantre,  t  L'homme  quaternaire  dans  le  bassin  du 
Bhône  »,  je  vous  rappelais  les  nombreuses  découvertes  d'ob- 
jets intéressants  des  temps  préhistoriques,  dout  la  Fraocbe- 
Comtéaétélethâtre,  et  j'exprimais  le  regret  de  voir  un  grand 
nombre  de  ces  pièces  dispersées  dans  divers  musées,  en 
dt^hors  de  noire  pays,  et  vraisemblablement  perdus,  à  tout 
jamais,  pour  nous.  Aujourd'hui,  je  suis  heureux  de  vous 
annoncer  qu'une  colleclion  très  importante  des  produits  de 
l'industrie  humaine,  pendant  les  âges  de  la  pierre,  vient 
d'ëlre  léguée  au  musée  [l'archéologie  de  Besançon,  par  son 
auteur  M.  Alhed  Milliard,  notre  confrère,  récemment  décédé, 
en  considération  de  la  Société  d'Emulation  du  Doubs,  et  des 
services  qu'elle  a  rendus  depuis  sa  fondation,  et  qu'elle  rend 
encore  journellement,  h  la  science  et  à  la  province. 

M.  Milliaril  était  né  à  Paris,  il  y  avait  fait  ses  premières 
études  et  son  droit,  puis  il  était  entré  dans  l'administration 
des  télégraphes  ;  sa  santé,  assez  délicate,  ne  lui  permit  pas 
de  suivre  celte  carrière  jusqu'à  l'âge  de  la  retraite,  et  de 
bonne  heure,  il  vint  se  fixer  k  Fédry,  dans  la  Haute-Saône, 
au  milieu  de  ses  propriétés.  A  Paris,  il  s'était  occupé  de  lit- 
térature, et  avait  publié  quelques  articles  dans  diflérenles 


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revues,  el  même  un  livre  de  poésies  ;  à  Fédry,  sans  négliger 
les  lettres,  car  il  y  écrivit  encore  un  second  volume  de  vers, 
il  se  passionna  pour  l'histoire  locale  el  surtout  pour  l'arcliéo- 
fogic  préhistorique,  il  parcourut,  à  bien  des  reprises,  le  ter- 
ritoire de  sa  commune,  l'e^iaminant  pied  à  pied,  recueillant 
tous  les  débris  de  l'industrie  humaine  primitive  qu'il  rencon- 
trait, et  inscrivant  scrupuleusement  le  point  où  chacun  d'eux 
avait  été  trouvé.  C'est  ainsi  qu'il  parvint  à  rassembler  une 
importante  collection,  d'une  valeur  scientifique  indiscutable, 
parce  que  toutes  ses  pièces  ont  une  origine  bien  connue,  et 
une  authenticité  absolue. 

Le  village  de  Fédry  est  situé  sur  la  rive  droite  de  la  Saône, 
à  l'ouverture  d'une  vallée,  dirigée  du  nord-ouest  au  sud-esi, 
qui  sépare  deux  groupes  de  collines  peu  élevées,  entrecou- 
pées de  dépressions  plus  ou  moins  profondes.  Une  plaine 
d'alluvions  actuelles,  d'un  kilomètre  de  largeur,  la  sépare  de 
la  rivière  à  l'est,  et  tout  autour  de  lui,  dans  les  autres  direc- 
tions, le  sol  est  formé  de  terrain  jurassique,  recouvert,  au 
nord-ouest,  par  des  argiles  tertiaires  et,  au  nord,  par  un  dé- 
pôt de  transport  plus  récent,  qui  renferme  des  chailles,  pro- 
venant des  couches  jurassiques,  et  des  cailloux  roulés,  d'ori- 
gine vosgienne. 

Cette  situation  était  des  plus  avantageuses  pour  l'homme 
primitif  :  à  proximité  d'une  rivière  poissonneuse,  au  milieu 
de  forêts  peuplées  de  toutes  sortes  de  gibiers,  il  trouvait  fa- 
cilement les  moyens  de  subvenir  à  son  existence,  en  même 
temps  qu'il  rencontrait  à  la  surface  de  la  nappe  alluviale  du 
nord,  des  galets  de  roche  dure  avec  lesquels  il  pouvait  fa- 
.  conner  ses  instruments.  Aussi,  s'y  raontra-t-il  dès  les  débuts 
de  l'âge  de  la  pierre,  comme  en  témoignent  les  haches  tail- 
lées du  type  dcChelles,  recueillies  par  M.  Milliard;  elles  sont 
rares  dans  sa  collection,  sans  doute  parce  que  les  premiers 
habitants  étaient,  eux-mêmes,  peu  nombreux  dans  le  pays. 
Quelques  instruments,  de  forme  moustêrienne,  indiquent 
aussi  la  présence  de  l'homme  de  ce  temps  dans  la  contrée; 


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-  354  - 
mais  aucun  objet  ne  peut  être  rapporté  aux  deux  dernières 
époques  paléolithiques;  la  région  était  alors  probablement 
inhabitée.  Il  en  fut  tout  autrement  à  l'âge  de  la  pierre  pulie; 
l'homme  n'était  plus  alors  un  nomade  qui  séjournait  peu 
dans  cet  endroit,  mais  un  véritable  habitant  qui  y  vivait  à  de- 
meure i  c'i-st  au  moins  ce  que  l'on  peut  conclure  des  stations 
reconnues  par  M,  MiHiard,  qui  lui  ont  procuré  un  très  grand 
nombre  de  débris  de  l'industrie  néolithique.  L'une  d'elles 
est  située  au  nord  du  village,  sur  la  hauteur  det  Clmrmon- 
noU,  elle  est  peu  importante  et  a  fourni  seulement  quelques 
instruments.  Une  autre,  beaucoup  plus  riche,  occupe  une 
grande  étendue  de  terrain  sur  le  flanc  d'une  colline,  au  lieu- 
dit  lej  BiUai-des,  point  d'ufi  l'on  domine  la  vallée  de  ta 
Saône,  et  dans  le  voisinage  immédiat  d'une  vaste  dépression 
du  sol,  la  Combe  Votron,  où  les  premiers  habitants  pouvaient 
se  dissimuler  complètement  et  rapidement,  à  la  moindre 
alerte.  I^  (roi^iëme  station  a  été  découverte  à.  la  partie  supé- 
rieure d'un  faible  monticule,  au  milieu  de  la  plaine  qui  borde 
la  Saône,  au  lieudit  Ut  Planche;  elle  a  donné  un  nombre 
asisaz  considérable  de  silex  travaillés.  M.  Milliard  a  recueilli 
encoie,  en  différents  points,  sur  le  territoire  de  Fédry  et 
aussi  sur  le  leiriloire  des  communes  voisines, d'intéressants 
débris  de  l'industrie  humaine  des  âges  de  la  pierre  et  do 
bronze,  qui  figurent  tous  dans  sa  collection,  ainsi  que  plu- 
sieurs pièces  de  même  nature  trouvées  dans  les  dragages  de 
la  Saône. 

Telle  est,  en  résumé,  l'origine  et  la  composition  de  cette 
collection  que  M.  Milliard  a  léf  uée  à  notre  musée  d'archéo- 
logie; son  importanceetsa  valeur  n'échapperont  à  personne. 
Le  musée  de  Besançon,  pourvu  de  tant  et  de  si  précieuses 
reliques  de  la  période  gallo-romaine,  est  beaucoup  moins 
riche  en  spécimens  des  âges  de  la  pierre.  H  ne  possède  au- 
cune pièce  paléolithique,  mais  seulement  une  série  d'objets 
néolithiques,  provenant  de  la  grotte  de  Gourchapon,  et  quel- 
ques exemplaires  de  marteaux,  de  haches  et  de  scies,  en 


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—  355  — 
roche  dure  polie,  rapportés  du  Danemark  par  M.  le  comman- 
dant Bial,  très  beaux,  sans  doute,  mais  auxquels  dous  préfé- 
rons lea  trouvailles  faites  dans  notre  province,  comme  pré- 
sentant pour  nous  un  plus  grand  intérêt. 

Nous  conserverons  toujours  un  souvenir  reconnaissant  à 
la  mémoire  de  M,  Alfred  Milliard  qui,  par  ses  investigations 
méthodiques  et  persévérantes,  a  pu  jeter  quelque  clarté  sur 
un  des  pointa  les  plus  obscurs  du  passé  de  notre  Franche- 
Comté,  et  qui  nous  a  fait  don  gracieusement  de  toutes  les 
pièces  recueillies  au  cours  de  ses  patientes  recherches.  Nous 
n'oublierons  pas  non  plus  que  Madame  Milliard  a  tenu  &  exé- 
cuter scrupuleusement  ses  dernières  volontés,  et  s'est  em- 
pressée de  nous  remettre  sa  précieuse  collection,  suivant 
le  désir  qu'il  en  avait  exprimé;  c'est  pourquoi  je  me  fais,  ici, 
l'interprète  de  vos  sentiments  unanimes,  j'en  suis  certain, 
en  lui  adressant  te  témoignage  de  la  vive  gratitude  de  la  So- 
ciété d'Emulation  du  Doubs. 


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CATALOCOE  DE  LA  COLLECTION  DE  H.  ALFBED  MILLIARD 


!■  —  Age  de  la  Pierre  taillée. 

1 ,  ÉPOQUE  DU  CHELLES 

2  haches  taillées  dans  des  chailles. 

5  haches  taillées  en  quartzîte. 

2.   ÉPOQUE  DE  HOUSTIER 

•i  lames,  16  pointes  en  silex;  14  lames,  11  pointes  et 
4  poinçons  en  quartzite  provenant  des  Bitlardea, 

6  pointes  trouvées   aux  Ckarmonott, 

i  pointe,  1  grattoir,  1  lame,  recueillis  aux  ChanoU. 

Des  pointée  et  des  éclats  de  silex,  de  la  mën?e  époque,  ont 
été  récoltés  ausMJ  sur  différents  points  du  territoire  de  Fédrj" 
et  se  trouvent  dans  la  collection. 

II.  —  Age  de  la  Pierre  polie. 

STATION  DES  BILLABDES 

IS  percuteurs,  36  nucleus,  50  pointes  ou  fragments  de 
pointes  de  flèches,  7  haches  entières  en  amphtbolite  schis- 
toide,  2  haches  entières  en  serpentine,  20  fragments  de  ha- 
ches, 1  ciseau  poli.  9  lames  en  silex  retaillées,  40  grattoirs 
et  un  très  grand  nombre  de  burins,  perçoirs,  poinçons  et 
éclats  divers. 

6  molettes,  4  polissoirs  en  grés;  un  fragment  de  meule 
dormante  en  granit  ;  des  fragments  de  poterie  grossière  très 
épaisse,  sans  ornements  ni  goulot. 


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STATION  DES  CHABMONNOTS 

2  percuteurs,  5  nucleus,  9  pointes  de  flèches,  \  hache  po- 
lie entière,  2  fragments  de  hache  en  auiphibolite  schistoïde, 
10  grattoirs,  1  lame  retaillée. 

STATION   DE   LA   PLANCHE 

30  nucleus,  2  ou  3  fragments  de  percuteurs,  I  pointe  de 
trait,  20  pointes  de  flèches,  1  déLrisde  hache  en  amphibo- 
lite  schistoïde,  \6  grattoirs,  52  lames  et  une  grande  quantité 
de  débris  d'instruments  et  d'éclats  de  silex. 

Des  débris  de  poterie,  en  grands  fragments,  dont  l'un 
d'eux  présente  une  petite  anse. 

TROUVAILLES  ISOLÉES 

A  la  Planche  au  Saint  :  4  pointes  de  flèches,  des  grattoirs 
et  fragmenta  de  lame. 
Au  ChanoU  :  1  hache  polie  en  amphibolite  schistoïde. 
Derrière  le  CJiaiiots  ;  1  fragment  de  hache  polie. 
En  Vaugeon  .- 1  hache  polie. 
Au  dessus  des  côtes  :  i  pointe  de  flèche  triangulaire. 

OBJETS   RETIRÉS    DU   LIT   DE   LA  SAÔNE 

l.ames  en  silex,  i  grattoir,  1  gros  éclat  de  silex. 

La  collection  comprend  encore  un  grand  nombre  d'instru- 
ments entiers  ou  fragmentés,  recueillis  sur  les  territoires 
voisins  de  Fédry  et.  parmi  eux,  de  nombreuses  pièces  pro- 
venant du  célèbre  atelier  préhistorique  d'Etrelles. 


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DONS  HITS  1  Lt  soatTC  (OOI-im) 


Parle  Départkmcnt  do  Doubs 300  f. 

Par  la  Ville  de  Besançon 400  f. 

Par  M.  le  Mimsthh:  dk  l'Instruction  PUBLigui!:  : 

Catalogue  général  de»  manuscrits  des  bibliothèques  de  France  : 
l.  XXXIV,  Carpentras,  I;  I.  XXXVI,  Carpentras,  3;  t.  XL; 
siippli^menl.  I.  I.  Attbeville,  Brest. 

Bibliographie  dra  tra».  hisl.  et  arckéol.  des  Soe.  sau.  de  France, 
t.  III,  4. 

Comllé  des  Sociétés  savantes  :  Butlelin  archéologique,  1901,3; 
—  Hittoire  et  philologie,  3  et  4;  —  Science/  èconomiqu'ts  et  so- 
ciales. 

Bévue  des  Etudes  grecques,  1901,  t.  XV,  62-64,  1902. 

Journal  de  l'Ecole  polytechnique,  7'  uahler,  1901,  2°  série. 

Bibliothèque  de  l'Eeole  des  Chartes,  1901,  1-4.  1902. 

Annales  du  Musée  Gvimet,  l.  XXX,  2  :  Explorations  des  Nécro- 
poles gréco-bysantines  d'Antinoé,  par  Al.  Gaïlt;  l'Aile  nord 
du  Pylône  d'Aménophis  à  Karnuc,  par  MM,  Georges  Legdain 
et  Ed.  Na VILLE. 

Bevuc  de  VHUloire  des  religions,  I.  XLV,  1  et  2;  t.  XLVI,  1. 

Conférences  du  musée  Guimet,  par  M.  L.  de  Millouë,  préface 
par  M.  E.  Guiuet. 

Par  HH. 

Paul  Choffat,  membre  honoraire  :  1°  sa  Notice  préliminaire 
sur  la  limite  entre  le  Jura  et  te  erétaeè  en  Portugal;  — 
2<  Recueil  d'Etudes  paléonlalogique»  sur  la  lone  crétacée  du 
Portugal,  t.  I. 

H.  DE  Saussure,  membre  correspondant  :  Mijriopoden  au»  Jfn- 
dagtucar,  1901. 


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—  360  — 

SCHLAGDENHAUFFEN  el  Reeb,  membres  correspondants  :  Con- 
tribution du  genre  Coronilla  et  Etude  chimique  et  phyaiolo- 
gique  du  genre  Erysimum,  et  dix  autres  Notices  phamiaco- 
chimiques  et  botaniques. 

Le  Préfet  du  Doubs  :  Rapports  et  Délibération*  du  ConMÎI 
général  duDoubij—  Inventaire  sommaire  det  Arehivet  dépar- 
tementales antérieure»  à  1789,  rédigé  par  H.  Jules  Gauthier, 
archiviste  :  Archives  civiles,  série  B,  Chambre  des  Comptes 
de  Franche-Comté,  n«  17ii  à  3228,  t.  VU,  i895. 

Ls  Rectkvr  de  l'Académie  de  Besançon  :  Rentrée  solennelle 
deê  Farultéê,  1901. 

A.  Guillemot,  membre  correspondant  i  Etude  généalogique 
$ur  la  famille  de  Chaiteroit.  1002, 

LÉON  JouBiN,  memtire  correspond.  :  Le»  Etablissement*  gallo- 
romains  de  la  plaine  de  Martrea-Tolosanes,  plans  et  photogr., 
in-4°,  Imprimerie  Nationale. 

Le  D'  Ant.  Magnin,  mumbre  résidant  :  Hydrographie  souter- 
raine, sources  vauclusiennes,  eaux  d'alimentation,  leurs  rap- 
ports avec  la  fièvre  typhoïde  (Société  d'Hisl.  nat.  du  Doubs), 
1902. 

Henhi  Corot  :  Les  vases  de  bronze  prèroTnains  trouvés  en  France. 

Chanoine  Rossignot,  membre  résidant,  curé  de  Sainte-Made- 
leine :  sa  Notice  sur  la  construction  de  l'églite  de  Saint-Fer' 

Maurice  Thuriet,  avocat  général,  membre  résidant  ;  son  dis- 
cours à  la  rentrée  de  la  Cour  d'appel  de  Besançon,  le  16  oc- 
tobre 1902  :  Victor  Hugo  législateur  et  juriste. 


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ENVOIS  DKS  SOCIÉTÉS  CORRESPOniNTES  (IIOI  1902) 


Compte  rendu  de»  ttanees  de  la  Soeiéti  géologique  de  France, 

1901. 
BuUeHn  de  la  Société  françaige  de  physique,  1901  ;  1-3, 1903. 
Mémoire»  de  la  Société  de»  Antiquaire»  de  France,  1899,  t.  X, 

16°  série. 
Société  de  botanique  de  France,  session  à  Hyëres,  1899- 
Journal  de»  Savants,  lilOI  ;  1"  seni.  1902. 
Mémoire»  de  la  Société  de  l'Hiet,  de  Pari»  et  de  l'Ile-de-France, 

t.  XXVIII,  1901.  -  Bulletin,  28'  année  :  Documenis  sur  les 

Imprimeurs,  etc.,  par  Ph.  Renouabd,  1901. 
Bulletin  de  la  Société  polymathique  de  Pari»,  9»  série,  t.   II, 

1900-1901. 
Société  de  botanique  de  France,  1901,  7;  1902,  1-7, 
BulUtin  de  la  Société  zoologique  de  France,  t.  XXVI,  1901;  — 

Mémoire»,  l.  XIV,  1901. 
Bulletin  de  la   Soeiiti  d'anthropologie  de  Pari»,  1901;  —  .An- 
nuaire, Xin,  1902,  1-2. 
Omi»  :  Bulletin  du  comité  omithologique  international,  t.  XI, 

1900;  1901,  n'>4. 
Revue  de  l'hi»toire  de  Versailles  et  de  Seine-et-Oiie,  1901,  1-4. 
Congrès  archéologique  de  France  :  session  à  Màcoii,  1899;  il 

Chartres,  1900. 
Revue  épigraphique,  1902. 
Académie  des  Inscription»  et   Bellet-Lettrei,  Comptes  rendus, 

1901,  et  janvier  à  juin  1902 
Annuaire  de  la  Société  philotechnique  de  Pari»,  1901. 
Aaiociation  française  pour  l'avancement  de»  Sciences,  30°  session 

à  Ajaccio.  1901. 
Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  du  Limouiin, 

t.  L,  Ll,  LII.  1902;  —  Tables  générales. 
Annales  de  ta  Société  historique  et  archéologique  de  Château- 
Thierry,  1900, 


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—  3«2  — 
Mémoire»   de  la    Société  ^archéologie  Lorraine,  4*  série,  1.  I, 

1901. 
BulMin  de  la  SoeiéU philomathique  Foagienne,  i901-l903. 
Mitnoireê  de  la  Société  Eduenne,  nouvtille  série,  l.  XXIX,  190t. 
Bulletin  de  la  Société  de*  tiences  naturelles  de  Cbalon-êHr-SaAite, 

t.  VIII  el  1902,  1-2. 
Bnlletin  de  ta  Société  de»  teiencea  natwrelles  de  l'Yonne,  1901. 
Société  de»  Science»  de  Naney,  1901  ;  \«'  trim.  19112. 
Mémoire»  de  la  Société  d'Emulation  de  Roubaix,  1900-1901. 
Mémoire»  de  la  Société  nationale  de»  leience»  naturelle$  et  ma* 

thém-tique»  de  Cherbourg.  4<  série,  t.  II.  1901-1902. 
Bulletin  de  ta  SoeiéU  d'agr.  de  la  Sarthe,  1901-1902,  2-3. 
il«Due  de  Sainlottge  el  d'Auniê,  1901  ;  1902,  i-6. 
Bulletin  de  la  Société  h  iitorique  et  archéologique  de  l'Orléanait, 

l.  XU  el  XIII  (17H74i;  —  Mémoire»,  t.  XXVIU,  1902. 
Bullelin  de  la  Société  Danoi*e,  1901,  1903  il»  sem.)  au  ii«  13. 
Revue  leientiflque  du  Bom-bonnai*,  1902. 

/tenue  hittorique  et  archéologique  du  Maine,  I.  L  el  LI,  1901-1003. 
Mémoire»  de  la  Société  des  Antiquaire»  du  Centre,  l.  XXIV,  1900; 

XXV.  1901 . 
Bulletin  de  la  Société   de»   Antiquaire»    de   l'Oue»t  (Poiliere), 

2»  série,  l.  IX;  1902,  1-2. 
Société  de»  »eience»  naturelle»  de  l'Oue»t  de  ta  France  iXantes)  : 

Table  des  matières  de  la  i'»  série,  I  à  X,  1891-1900  ;  —  3»  sé- 
rie :  t.  I.  3-4,  1901  ;  t.  II,  1-2. 
Bulletin  el  Mémnire»  de  ta  Société  arehéologigue  el  littéraire  de 

la  Charente,  7-  série,  l.  I,   1901, 
Bullefiii  de  la  Société  induttrielle  el  agricole  d'Anger»,  1903.  1-2. 
Bulletin  de  la  Société  polymathique  du  Morbihan,  1901,  t-2. 
Mémoire»  de  la  Société  d'agrieulturt,  wieneei,  etc.,  de  la  Marne, 

%  série,  t.  III,  1899-1900;  t.  IV,  1901. 
Buttelin  de  la  Société  archéologique,  «c.  et  lilt.  du  Vendâmoi», 

t.  XL,  1901, 
fixdelin  lie  la  Société  de*  antiquaire»  de  Picardie,  1900-1901. 
Mémoire»  île  I'.4cadémie  nationale  de  Caen,  1901. 
Société  HàvraiiE  de»  »cienee»  diver»e»,  1900  et  1901.  —  liiWioftr. 

méll ludique  de  r^irrondlBsenient  du  Hàvi'e,  1-4;  —  L'Abeille 

hAvraise  (concours  Frollope),  1895-1900. 


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—  963  — 
BulUtm  de  la  CommÎMion  det  antiqvUèt  de  (a  Stine-Infirieure, 

l    XII,  n'  2. 
Prèei»  analytique  de»  ((■anaux  de  l'Acadimie  dei  belleê-lettrei, 

teienee»  et  artt  de  Rouen,  190O-I9O1. 
Bulletin  de  la  Société  académique  de  Breit,  1900-1901. 
Buliain  de  la  Société   libre  d'Emulation,  du  commère»  et  de 

l'industrie  de  la  Seine-ïnférieure,  1902 
BuUetin  de  la  Société  dtê  »eienee»  hiitoriquet  et  nat  wrellet  de 

Semur,  1901. 
Bulletin  de  la  Société  dea  acieneet  historique»  et  naturelle  de 

l'Yonne,  1900. 
Bulletin  de  la  Société  de»  science*  naturelle*  de  Saâne-et-Loire, 

1901  et  1902. 
Annale»  de  la  Société  d'Emulation  de  l'Ain,  1901,  4;  1902.  1-2. 
Bulletin  de  la  Société  de»  letencM  naturelle!  de  IMin,  1902. 
ltén*oire»  de  la  Société  Bourguignonne  d'bûitoire  et  de  géogra- 
phie, l.  XVIII. 
Bévue  Bourguignonne  de  l'eniei^nnn.  lupérieur,  t.  XI.  2,  1901  ; 

t.  XII.  1, 1903.  —  Thé&tre  rrançais  du  aiy  et  du  xv»  siècles  : 

La  Comédie  sans  titre  et  les  Miracles  de  Noire-Dame,  par  Emile 

Roy,  1901. 
Mémoire»  de  ta  Société  d'hiit.,  d'arehiol.  et  de  litt.  de  Beaune, 

1900. 
Bulletin  de  la  Société  Belfortaine  d'Emulation,  1903,  n<>  21. 
Bulletin  de  la  Société  Grayloiie  d'Emulation,  a'  A,  190<. 
Bulletin  de  la  Société  pour  la  protection  de»  Payiaget  françaii, 

1902,1. 
Uémoire»  de  la  Société  d'Emulation  de  Montbéliard  t.  XXVII, 

XXVIII  et  XXIX,  1902. 
Bulletin  de  la  Société  d'Hittoire  naturelle  du  Douht,  1901. 
Académie  de»  Science»,  Belle»- Lettre»  et  Art»  de  Beiançon,  1901. 

—  Table  générale  des  Iravaux  de  l'Académie  (1805-1900),  par 

HM.  J.  Gauthier,  J.  de  Saintb-Aoathe  et  R.  de  Lubion. 
Bulletin  de  la  Société  hisl,  et  arch.  de  Langret,  t.  IV,  62-63; 

t.  V,  64;  —  Mémoire»,  n"  12. 
jlnnalei  de  l'Académie  de  M&eon,  S"  série,  t.  V,  1900. 
fiwileltn  de  la  Société   d'hittoire    naturelle  de    Mdeon,    1902, 

9,  ia 


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—  3fi4  — 
AnnaleM  de  la  Soeiiti  d'Emutalion  du  difiarltment  de»  Votgeê, 

1902. 
Annalet  de  l'Unioertiti  de  Lyon  :  se.  et  médec.,  I,  5-7;  droit  el 

lellres.  II,  7-9,  1901-1902. 
Uèmoiret  de  l'Académie  de  Lyon,  3*  série,  l.  VI,  1901 . 
AnnaUa  de  la  Soeiité  d'agrUuU.,  teiencet  et  induttrie»  de  Lyon, 

7»  série,  l.  VII  et  VIII,  1899-1900. 
ithnoirei  de  l'Atadémie  des  seience»,  beilea-iettre*  et  arts  de  Sa- 
voie, 4«  série,  t.  IX,  1902. 
Itevuetavoisienm,  1901-11)03. 
Société  Saeoitienne  d'hi$toire  et  d'archéologie  (inéiiioirvfi  el  docu- 

merils),  l.  XL,  1901. 
Bulletin  de  la  Société  d'ethnographie  et  d'anthrofologie  de  Gre- 
noble (soci.-tê  diuiphi noise),  1901. 
Mémoiret  de  ta  Société  académique  d'agricuUurej  leienee»  et  arlê 

du  département  de  l'Aube,  1901. 
Annalet  de  la  Société  d'ngricult.  de  Saint-Etienne,  1901-1902, 1-2. 
Pulletin  de  ta  Société  archéologique  du  Midi  de  la  France,iaOi,2». 
Bulletin  trimettriel  de  la  Société  de»  iciences,  lettres  et  art»  de 

Pau,  1901. 
Société  det  tciencei  de  Nimc»,  1900. 
La  Diana  (Montlnisoiii,  1901. 
Ui-moire»  de  ta  Société  des  science*  physiques  et  naturelle»  de 

Bordeaux,  G*  série,  l.    1,  1901  ;  —  Obsenutions  météorol[>- 

gtques,  1901. 
Actes  de  la  Société  linnienne  de  Bordeaux,  6<  série,  t.  VI,  1901. 
Académie  des  sciences  et  belles-lettres  de  Uonlpellier  :  Catalogue 

de  la  biiiliotlièque  de  la  Société,  i"  partie. 
Bulletin  de  la  Société  d'études  des  Uautes-AIpe»,  1902. 
Société  agricole,  seientif.  et  litt.  des  Pyrénéet-OrientaUs.  I.  Utl, 

■1902. 
Bépeiloire  de  la  Société  de  statistique  de  itarseille,  1900-1901. 
Bévue  africaine,  ii"  îiO-245,  1902, 

Bulletin  de  la  SocUté  des  science»  nat.  de  Colmar,  1901-1903. 
Société  des  sciences,  aqr.  et  arts  de  la  Basss-Altace,  1901-1903. 
Société  des  sciences  naturelles  de  Bàle,  XIII.  1903  :  Tychobrahé 

(1540-1601). 
Société  des  sciences  naturelle» de Zurich{\\enelsiahrscbTiQ.),iWi. 


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Ameigtr  {antiquité»  skîmm),  Zurich,  1901,  2-3;  1902-19Ce,  n"  i. 

~-  Zur  Statistik  Schweiz  Kiinslenmœler,  par  J.-K.  Kahn. 
Yahrbuch  fur  Schweizervtehet  getetltehaft  der  Schw,,  Zurich, 

1901.  -  Landfimuteum  in  Zurich,  1901. 

Bulletin   de    ta   Société  Neuchâteloite  de$  êciences   naturella, 

l.  XXXVH,  18Ô8-1899. 
BulUtin  de  la  Société  Neuchâleloite  de  Géographie,  t.  Xlll,  1901; 

l.  XIV,  1902. 
SMetin  de  la  Société  Vamloise  det  sciences  naturelle»,  n°  141  à 

144,  1902.  —  Observallons  météorologiques,  1901. 
Milteilungen  der  natiirforduchenden  geaellachaft  in   Bern  1901, 

in  Zurich  1902- 
Uilteilungen  der  Antiquariachen  geselUchaft  in  Zurich,  LXVI, 

1902. 
Académie  de  géologie  de  l'Empire  d'Autriche  (verhandlungen), 

15-16,  1901;  1-10,  1002.  -  Jalirgang,  1901-1902. 
Société  botanique  de  la  province  de  Brandebourg  (vei'himilluii- 

genj,19(^. 
Académie  de»   iciencei   de    Munich    (Sitzungsberichlei,    malli - 

philos-,  4-(i,  1901;  1-2.  1902, 
Bulletin  de  la  Société  det  ecieneei  naturelleg  et  thérapeutique» 

de  la  Haule-llesse,  Giessen,  1899-1902. 
Université  de  Tuhingue  (Verzeicljuis),  5  fasc,  189^  à  1900. 
Annale»  de  la  Société  d'archéologie  de  Bruxelles,  l.  XV  et  XVI, 

1900-1901, 
Académie  royale  d'archéologie  de  Belgique,  Anoer»,  t.  111;  t.  IV, 

1-2;  —  Bulletin,  4  à  7,  1902. 
AeadémU  royale  de  Bergiqûi  :  mmSires,  i.  LIV,  1-5,  1901-1902, 

in-4";  —  Mémoires  (couronnés  el  autres  mémoires,  t.  LIX,  1- 

3;  —  Bulletin  :  lettres,  1901  et  1-4  1902;  sciences.  1901  el  1-4 

1902.  —  Tables  générales. 

Annalecta  hollendiana,  t.  XX,  f.  4.  1901;  I.  XXI,  1-4,  1002- 
jBuli.  of  the  Llyod  library  ofbotany,  Cincinnati  (Ohiof  :  Mycalo- 

gical,  s(>rie  n»  2;  Pharmacy,  1.  1902. 
Société  d'histoire  naturelle  de  Boston,  proceedings,  XXIX-XXX. 
Geographical  Society  of  Philadelphia,  1901.  3-4. 
Bulletin  de  la  Société  d'hi»loire  naturelle  du  Viaconiin.  1902. 1-3. 
Miiiouri  botanical  garden,  '.]ty-  rapport.  1902. 


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-  366  - 

Annale*  del  Muiro  nacional  de  MontevitUo,  t.  IV,  22.  f9OI-1903. 
Tranaaction» of  the  Aeademy  of  Saint- Louiê,  l. X  el  XI,  1900-1901 . 
United  alatas  Geologieal  Survey,  31«  rapport,  1899  1900,  (.  VI, 

part  V  et  Vtl  ;  Hapa. 
Annual  report  of  the  Smilhtonian  Institution,  1900. 
The  Manchester  lilterary  and  philo.  Society  :  Hemoirs  and  pro- 

ceed.,  1901-1902,  1. 
Académie    de»  sciences  de  Berlin  <Sitzungsberichte),    XXXIX- 

LUI,  1901;  I-XL,1902. 
Abhandlitngen  (société  des  sciences)  tu  Bremen,  XVII,  1,  1901. 
New  Heidelberger  Jahrsbucker.  1901. 

Société  des  sciotces  naturcltet  de  Fribourg  en  Brisgau,  190S. 
Société  pkyiieo-éconOJnique  de  Kœnigsberg,  1901. 
Memorie  délia  reggia  Aeeademia  di  acienxe  ed  arti  in  Stodena, 

3'  série,  t.  III  el  IV. 
Académie  royale  tuédoiie  des  science*  de  Stockholm  :  Handlin- 

gar,  6[liang,  1900-1901  ;  Manadsbiad,  Stockolm,  1902. 
Bull,  of  the  geologieal  Institution  of  the  Universitaty  of  Upsata, 

i9CH. 


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LISTE  DES  «IBLIOTUeitllS 

AUXOIiKLLES  en   BXKHPLURE 

du   C&talogne  des  Incnnaliles  de  la  Bibliothèqne  publique 
de  Besaocon 


Parti. 

Bibliothèque  de  l'Arsenal. 

—  du  Cercle  de  la  Librairie. 

—  du  Collège  de  France. 

—  de  l'Ecole  des  Chartes. 

—  de  l'Ecole  Normale  supérieure. 

—  de  la  Faculté  de  Droit. 

—  de  rinslilut. 

—  Mazarine. 

—  du  Ministère  de  la  Guerre. 
— '  Nationale. 

—  Sainte-Geneviève. 

—  de  rUniversiié  (Sorbonne). 

—  de  la  Ville. 
Archives  Nationales. 

Dipartementi. 

BMiothèquea  muniàpalea  de  :  Aix,  Albi,  Amiens,  Angers, 
Anus,  Auxeri'e,  Avignon,  Besancon,  Bordeaux,  Bourges, 
Brest,  Caen,  Cambrai,  Garpenirus,  Chalons- sur -Marne, 
Chartres,  Glermond-Ferrand,  Dijon.  Dole,  Douai,  Gray,  Gre- 
noble, Laon,  La  Koclielle,  Le  Havre,  Le  Mans,  Lille,  Limoges, 


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Loiis-)e-Saunier,  Luxeuil,  Lyon,  Hâcon.  Marseille,  Heluo, 
HonUuban,  Honlbéliard,  Montpellier,  Nancy,  Nantes,  Nar- 
konne,  Nice,  Nîmes,  Orléans.  Pau,  Périgueux,  Perpignan, 
Poîliers,  Pontarlier,  Reims,  Rennes,  Rouen,  Saintes,  Salins. 
Toulouse,  Tours,  Troyes,  Verdun,  Versailles,  Vesoul,  Viiry- 
ie- François. 
Bibliothiquet  unineriiiaîre*  de  :  Besançon,  Bordeaux.  Caen, 
Clermont-Ferrand,  Dijon.  GrenoWe,  Lille,  Lyon,  Montpellier, 
Nancy,  Poitiers,  Rennes.  Toulouse. 

ALLEHAONE 

Aix-la-Chapelle Bibliothèque  de  la  Ville 

Berlin —  royale. 

Berlin —  de  l'Univeisiié. 

Bonn —  de  l'Université. 

Breslau —  de  ITniversitê. 

Colmar  (Alsace) —  de  la  Ville. 

Cologne —  de  la  Ville. 

Coltine —  archiépiscopale. 

Dresde —  royale. 

FrancTort-sur-le-Mein  ...  —  de  la  Ville. 

Frihourg-en-Brisgau —  de  l'Université. 

GiBltingue —  de  l'Université. 

Hambourg —  de  la  Ville. 

Heidelherg Biiiliothèque  de  l'Université. 

Kœnigsberg —  de  l'Université. 

Leipzig —  de  l'Université. 

Metz  (Lorraine! -  de  la  Ville. 

Munich Kœti.  HoF-u.  SLaalsbibliolhek. 

Munich Bitiliothëque  de  l'Université. 

Munster -,,  —  pauhnienne. 

Nuremberg —  de  la  Ville. 

Strasbourg (Ahacej..  ..  —  de  la  Ville. 

■  Strasbourg  (Alsace) —  de  l'Université. 

Stuttgart royale: 

Tubingue —  de  l'Université. 

■  Wolfenbfittel -  ducale. 


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ANGLETERRE 

Cambridge Bibliothèque  de  l'Université: 

Dublin —  du  Trinity  Collège. 

Edimbourg ~  de  l'Universilé. 

Londres.. —  du  British  Muséum. 

Oxford —  Bodléienne. 

AUTRICHE    , 

Buda-Pestb Bibliothèque  de  l'Université. 

Innsbruck —  de  l'Université. 

Cracovie —  de  l'Université. 

Lemberg —  de  l'Université. 

Prague —  de  l'Université. 

Vienne ..  Kœn.~u.  Kaiserl.  Hofbibliothek. 

Vienne Bibliothèque  de  l'Université. 

BELGIQUE 

Anvers Bibliothèque  de  la  Ville. 

Anvers Musée  planlinien. 

Bruges Bibliolhëque  de  la  Ville. 

Bruxelles " —  royale. 

Gand —  de  la  Ville. 

Liège —  de  l'Universilé, 

DANEMARK 

Copenhague Bibliothèque  royale. 

ESPAGNE 

Barcelone Bibliothèque  de  l'Université. 

Madrid Biblioteca  Nacional.  , 

Séville —        Colombina. 

Salamanque Bibliothèque  de  l'Université. 

Valence —  de  l'Université. 

Zaragosse —       '   de  l'Université. 

25 


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—  370  — 

GRÈCE 
Athènes Bibliothèque  nationale 

HOLLANDE 

Amsterdani Bibliolbëque  de  l'Université. 

La  Haye —  royale. 

Leyde ■ ~  de  l'Université. 

Utrecht -  de  l'Université, 

ITALIE 

Bologne Bibliothèque  de  l'Université. 

Florence Biblioteca  nazionale  centrale. 

Florence —        Mediceo  Laurenziana. 

Hont-Cassia —        abbaziale. 

Naples Begia  biblioteca  nazionale. 

Naples Bibliothèque  de  l'Universilé, 

Padoue —  de  l'Université. 

Padoue —  du  Séminureépiscopal. 

Païenne Regia  biblioteca  nazionale. 

Palerme Biblioteca  comunale. 

Parme Reale  biblioleca  palatina. 

Rome Biblioleca  apostolica  vaticana. 

Rome    —        nazionale  centrale. 

Turin —        nazionale. 

Venise —        nazionale  Harciana. 

NORVÈGE 
Christiania,  Bibliothèque  de  l'Université. 

PORTUGAL 

Lisbonne Bibliolbeca  Nacional. 

ROUMANIE 
Bucharest Bibliothèque  nationale  centrale. 


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RUSSIE 

Dorpat Bibliothèque  de  l'Universilé. 

Hetsingrors —  de  l'Université. 

Kiev —  de  l'Université. 

Moscou —  de  l'Universilé, 

Moscou —  de  Chludov. 

Moscou —  de  Saint-Synode. 

Saint-Pétersbourg —  publique  impériale. 

Saint-Pétersbourg —  de  l'Université. 

Varsovie —  de  l'Université. 

Vilna —  publique. 

SUÈDB 

Slockholm Bibliothèque  royale. 

Upsal —  de  l'Université. 

SUISSE 

B&le Bibliothèque  publique. 

Berne —  de  la  Ville. 

Ëinsiedeln —  du  Couvent. 

Fribourg —  cantonale. 

Genève —  de  la  Ville. 

Lausanne —  cantonale. 

Neuchàtel —  de  l'Académie. 

Porrentruy —  du  Collège. 

Saint-Gall Stitsblbliotek. 

Schaflbouse Bibliolbèque  de  la  Ville. 

Soleure —  de  la  Ville. 

Zarich —  de  la  Ville. 

ZQrich —  de  l'Université. 

TURQUIE 

Constantinople Bibliothèque  de  l'Université. 

Mont-Atlios ....  —  des  Couvents. 


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—  372  — 

AFRIQUE 
Al^er Bibliothèque  natioDale. 

ASIE 
Tokio Bibliothèque  de  l'Université. 

AMÉRIQUE  DU  NORD 
Canada. 

Québec. Bibliothèque  de  l'Unlversi lé-Laval. 

Etati-Unii. 

Baltimore Bibliothèque  de  l'Université  H opkîns. 

Boston —  de  l'Athenseum. 

Cambridge —  de  l'Univ.  Harvard. 

Chicago —  de  l'Univ.  de  Chicago. 

Ithaca —  de  l'Université  Comell. 

New-York —  de  l'Univ.  Columbia. 

Saint-Louis —  publique. 

Su  n-F  ranci  SCO —  de  l'Univ,  de  Californie. 

Washington Smiihsonian  Institution. 

AUÉRiQUE'DU   SUD 

Argentine. 

Buenos-Ayres Biblioteca  Nadonal. 

Brétil. 

Rio-de-Janeiro Biblioteca  Nàcional  e  publics. 

Chai.        .    . 
Saniiago Biblioteca  Nàcional: 

AUSTRALIE 

HelbouCfte Public  Llbrary. 

Sydney —     Library. 


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lEIBRES  DE  LA  SOCIETE 

Au  1"  d4c«mbre  1902. 


Le  millésime  placé  en  regard  du  notn  de  chaque  membre  indique  l'année 
de  sa  récepUon  dans  la  Société. 

Les  membres  de  la  Société  qui  ont  racheté  leurs  cotisations  annuelles 
sont  désignés  par  un  astérisque  (')  placé  derant  leur  nom,  conformément 
à  l'article  SI  du  règlement. 


Co&B«il  d'administration  pour  1D03. 

Priaidenl HH.  Nargaud  (le  docteur)  ; 

Premier  Viee-Prémdent . .  Alfred  Vaissier; 

Deuxième  VùX'PrSeident .  Francev-, 

Secrétaire  décennal Jules  ÛAUTHiEn  ; 

Trésorier Fauqcignon  ; 

Arehiviete Kircb  NBR. 

Secrétaire»  honoraires...  HH.  Bavoux  (Vital). 

Hey'nieb  (le  docteur). 


Membres  honoraires  (941. 
HH. 
Le  Général  commandanl    le  7»  corps  d'armée  (H,  le  général 

Dkssibier). 
Le   Premier   Président   de   la  Cour   d'appel    de    Besancon, 

(H.  GOUOEON). 

L'Archevêque  de  Besançon  (S.  G,  Mr  Petit). 

Le  Préfet  du  département  du  Doubs  (H.  Roger). 

Le  Gouverneur  de  la   place   de  Besançon    (H.    le   colonel 

CORBIN). 


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.  HH. 

Le  Rectecr  de  l'Académie  de  BesangOD  (H.  Laronze). 

Le  Procureur  gënëbal  près  la  Cour  d'appel  de  Besancon 

(M.  HOLtNES). 

Le  Maire  de  la  ville  de  Besancon  (H.  Baioue). 

L'Inspecteur  d'Académie  à  Besancon  (M.  GuvoN),  rue  Mon- 
cey,  4. 

Blanchard,  Em.,  membre  de  l'Institut  (Académie  des  sciences), 
professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle;  Paris.  —  1867. 

Deusle,  Léopold,  membre  de  l'InsUlut  (Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres),  administrateur  général  de  la  Biblio- 
thèque nationale.  —  1881. 

Weil,  Henri,  membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres),  doyen  honoraire  de  la  Faculté  des  lettres 
de  Besancon;  Paris,  rue  Adolphe  Yvon,  16.  —  1890. 

DuFoun,  Marc,  docteur  en  médedne,  à  Lausanne,  rue  du  Midi. 
—  1886.  Membre  honoraire,  1896. 

Petit,  Jean,  statuaire,  rue  Denfert-Rochereau,  89,  Paris.  — 1866. 
Membre  honoraire,  1896. 

Robert,  Ulysse,  inspecteur  général  des  bibliothèques  ei  des 
archives,  30,  avenue  Qiiihou,  &  Saint-Handé  (Seine).  —  1896. 

Sire,  Georges,  correspondant  de  l'Institut,  essayeur  de  la  Ga- 
rantie, Besancon,  rue  de  la  Houillère,  aux  Chaprais.  •- 1847. 
Membre  honoraire,  1896. 

PiNGAUD,  Léonce,  correspondant  de  l'Institut,  prof,  d'histoire 
moderne  k  la  Faculté  des  lettres  de  Besancon,  rue  Saint- 
Vincent,  17.  —  1874.  Membre  honoraire,  1896. 

Chopfat,  Paul,  attaché  à  la  direction  des  services  géologiques 
du  Portugal;  à  Bordeaux  et  à  Lisbonne,  rua  do  Arco  a  Jeius. 
H3.  —  1869. 

Metzinoer  (le  général),  ancien  commandant  du  15*  corps  d'ar- 
mée, membre  du  Conseil  supérieur  de  la  Guerre,  à  Paris.  — 
1899. 

Rolland,  Henri-Mahus,  capitaine  de  vaisseau,  ancien  général 
de  division  du  cadre  auxiliaire  en  1870-71,  en  retraite  à  Mar- 
seille, boulevard  National,  tiO.  —  1899. 

Berger,  Philippe,  membre  de  l'Institut  (Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres),  prof,  au  collège  de  France.  — 1899. 


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HH. 

Bertrand,  Marcel,  membre  de  l'Académie  des  sciences,  inspec- 
teur général  des  mines.  —  1899. 

Pbost,  Bernard,  inspecteur  général  des  archives  et  des  biblio- 
thèques, à  Paris,  avenue  du  Trône,  3.  —  1901. 

Bouchot,  Henri,  conservateur  du  cabinet  des  estampes  à  la 
Bibliolhëque  Nationale,  à  Paris.  —  1901. 

Membres  rendants  (1)  (134). 

AuBERT,  Louis,  directeur  des  confections  militfùres,  Grande- 
Rue,  121.  —  1896. 

Badëh,  bijoutier,  rue  des  Granges,  21.  —  1870. 

BAiGUt:  (le  docteur),  professeur  suppléant  à  l'école  de  méde- 
cine, rue  Morand,  5.  ~  1897. 

Bauoin,  Léon,  docleur  en  médecine,  directeur  du  bureau  d'Hy- 
giène de  Besançon,  Grande-Rue,  86  bà.  ~  1885, 

'  Bavoux,  Vital,  receveur  principal  des  douanes  en  retraite; 
Fontaine-Ecu,  banlieue  de  Besançon,  —  1853. 

Beauquier,  Charles,  arcliiviste-paléographe,  député  du  Doubs; 
Honljoux,  banlieue  de  Besançon.  —  1879. 

DE  Beausèjour,  Gaston,  ancien  capitaine  d'artillerie,  place 
Saint-Jean,  6  —1897. 

BÈiANiN,  Léon,  propriétaire,  Grande-Rue,  39.  —  1885. 

*  Berdellé,  ancien  garde  général  des  forêts,  Grande-Rue,  112. 
—  1880. 

'  Besson  (Paul),  lieutenant-colonel  au  40*  d'artillerie,  à  Verdun 

(Meuse).  — 1894. 
tONAMB,  Alfred,  photographe,  rue  de  la  Préfecture,  10.  — 1874. 
tLONDEAU,  Bubslilut  du  PFOcureur  de  la  République,  à  Besan- 
çon. —  1895. 
lONNET,  Charles,  pharmacien,  ancien   conseiller  municipal, 
Grande-Rue,  35.  —  1882. 


'1)  Dans  cette  catégorie  Ggurent  plusieurs  membres  dont  le  domicile 
'hituci  est  hors  de  Besan(on,  mais  qui  oui  demandé  le  litre  de  réiidanl 
III  de  payer  le  macâmum  de  la  cotiiation  et  de  contribuer  ainsi  d'une 
iiiiére  plue  large  aux  traraui  de  la  Société. 


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MM. 

BOSSY,  Léon,  fabricant  d'horl<^erie,  rue  de  Lorraine,  9.  —  1896. 

BouRDiN  (le  docteur),  médecin-major  au  7<  bataillon  de  forte- 
resse, rue  Charles  Nodier,  30.  —  1900. 

*  BûuasEV,  professeur  agr^^  d'histoire  au  Lyc^,  ancien  secré- 
taire perpétuel  de  l'Académie  de  Besançon,  Graode-Rue,  116. 
—  1883. 

BouTTERiN,  François-Marcel,  architecte,  professeur  à  l'Ecole 
municipale  des  Beaux-Arts,  rue  Saint-Antoine,  4.  —  1874. 

Bouvard,  Louis,  avocat,  ancien  bâtonnier  de  l'ordre,  ancien 
conseiller  municipal,  rue  Morand,  16.  —  1868. 

BovssON  d'Ecole,  Alfred,  nie  de  la  Préfecture,  24.  —  1891. 

Bretenet,  chef  d'escadron  d'artillerie,  rue  St-Pierre,  15.  — 1885. 

Bretillot,  Maurice,  banquier,  membre  de  la  Chambre  de  com- 
merce, rue  Charles  Nodier,  9.  —  1857. 

Bretillot,  Paul,  propriétaire,  rue  de  la  Préfecture,  21.  —  1857. 

Bruchon  (le  docteur),  professeur  honoraire  à  l'Ecole  de  méde- 
cine, médecin  des  hospices,  Grande-Rue,  84.  —  1860. 

Bruchon,  Henri  (le  docteur),  professeur  suppléant  à  l'Ecole  de 
médecine,  Grande-Rue,  84.  —  1895. 

Burlet  (l'abbé),  chanoine-archi prêtre,  curé  de  Saint-Jean.  ~ 
1881. 

De  Buter,  Jean,  propriétaire,  à  Besancon  et  à  Saint-Laurent 
(banlieue).  —  1903. 

Cellard,  Camille,  architecte,  rue  Suint-Pierre,  3.  —  1902. 

CËNAY,  pharmacien,  avenue  Carnot,  26.  ~  1897. 

Chafoy,  Léon  (le  docteur),  ancien  directeur  de  l'Ecole  de  mé- 
decine, Grande-Rue,  H.  —  1875. 

DE  Chardonnet  (le  comte),  ancien  élève  de  l'Ecole  polytech- 
nique, à  Besançon,  ruedu  Perron,  20,  et  à  Paris,  rue  Cam- 
bon,  43.  —  1856. 

Cbarlet,  Aldde,  avocat,  bfttonhier  de  l'Ordre,  nie  des  Granges, 
72.  — 1872. 

Chipon,  Maurice,  avocat,  ancien  magistrat,  rue  de  la  Préfec- 
ture, 25.  —  1878. 

'  Chotard,  Henri,  doyen  honoraire  de  la  Faculté  des  lettres 
de  Clermont-Ferrand ,  rue  de  Vaugirard,  61 ,  â  Paris.  — 1866. 

Clavey,  conseiller  à  la  Cour  d'appel,  Grande-Rue,  62.  —  1902. 


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—  377  - 
MM. 

Clbhc,  Edouard-Léon,  représentant  de  commerce,  rue  du  Chas- 
noi,  12.  —  18Ô7. 

CoiLLOT,  pliannacien,  rue  Battant,  2,  et  quai  de  Strasbourg,  1. 
—  1884. 

CoLSENKT,  Edmond,  professeur  de  philosophie  et  doyen  de  la 
Faculté  des  lettres,  ancien  conseiller  municipal,  rue  Gran- 
velle,  4.  - 1882. 

CoRDiER,  Palmyr,  agent  principal  d'assurances,  conseiller  mu- 
nicipal, rue  des  Granges,  37.  —  1885. 

Cornet,  Joseph,  docteur  en  médecine,  aux  Chaprais,  rue  de 
la  Cassolte,  11.  —  1887. 

CossoN,  Maurice,  ancien  trésorier-payeur  général  du  Doubs, 
rue  du  Chaleur,  20.  —  1886. 

CouLON,  Henri,  avocat,  ancien  bâtonnier  de  l'oixire,  rue  de  la 
Lue,  7.  — 1856. 

CouBGEY,  avoué,  rue  des  Granges,  16,  —  1873. 

CouRTOT,  Théodule,  commis- greffier  à  la  Cour  d'appel;  à  la 
Croix-d' Arènes  (banlieue).  —  1866. 

Davet,  receveur  d'enregistrement  ft  Besançon  ;  Fontaine-Ëcu. 
-1901. 

DiETRiCH,  Bernard,  ancien  négociant,  Grande-Rue,  71  et  Beau- 
regard  (banlieue).  —  1859. 

DiETRicH  (le  docteur),  rue  Saint-Pierre,  20.  —  1892. 

DoDivERS,  Joseph,  imprimeur,  Grande-Rue,  87,  —  1875. 

'  Dreyfus,  V ictor- Marcel ,  doct.  en  médecine,  avenue  Carnot 
(aux  Chaprais).  — 1889. 

Drouhard,  Paul,  conservateur  des  hypothèques  en  retraite, 
rue  Saint-Vincent,  18.  — 1879. 

Dbouhard  (l'abbè),  chanoine,  rue  Saint-Jean.  —  1883. 

Dubourg,  Paul,  ancien  président  de  la  Chambre  de  commerce, 
ancien  membre  du  Conseil  général  du  Doubs,  rue  Charles 
Nodier,  28,  -1891. 

EvDOUX,  Henri-Ernest,  administrateur  des  magasins  du  Bon- 
Marché,  Grande-Rue,  73.  —  1899 

ËTHIS,  Edmond,! propriétaire,  Grande-Rue,  91.—  1860. 

Fauquignon,  Charles,  ancien  receveur  des  postes  et  télé- 
graphes, rue  des  Chaprais,  5.  ~  1885. 


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—  378  - 
HH. 
Flusin,  Georges,  agent  d'assurances,  Grande-Rue,  23.  —  1888. 
FOUHNIER,  professeur  de  géologie  &  l'Université  de  Besancon. 

-  1899. 

Francev,  Edmond,  avocal,  membre  du  Conseil  général  du 
Doubs,  ancien  adjoint  au  maire,  me  Moncey,  1.  ~  1884. 

Gaudehon  (le  docteur),  Eugène,  professeur  de  clinique  à  l'Ecole 
de  médecine,  Grande- Rue,  HO.  —  1886, 

'Gauthier,  Jules,  archiviste  du  département  du  Doubs, 
membre  non  l'ésidant  du  Comité  des  Travaux  historiques  et 
archéologiques  et  du  Comité  des  Reaiix-Arts,  au  Ministère 
de  l'Instruction  publique,  rue  Char! es- Nodier,  8.  —  1866. 

GiRARnoT,  Atberl,  géologue,  docteur  en  médecine,  rue  Saint- 
Vincent,  15.  — 1876. 

Grosrichard,  pharmacien,  place  du  Marché,  17.  —  1870. 

'  Gruter,  médecin -dentiste,  square  Saint-Amour,  7.  —  1880. 

GuiLLEMiN,  Victor,  artiste  peintre,  rue  des  Granges,  21.  — 1884. 

Haldv,  Léon-Emile,  rue  Saint-Jean,  3.  —  1879. 

Hkitz  (le  docteur),  professeur  à  l'Ecole  de  médecine,  Grande- 
Rue,  te.  —  1888. 

Henbv,  Jean,  docteur  es  scienceu,  Grande-Rue,  129.  —  1857. 

MÉTIER,  François,  botaniste;  k  Mesnay-Arbois  (Jura).  —  18ffi. 

D'HoTELANs,  Octave,  rue  Charles  Nodier,  12.  —  1890. 

KiRCHNEB,  ancien  négociant,  quai  Veil-Picard,  55  bit.  —  1895. 

*  KoLLER,  propriétaire,  ancien  conseiller  municipal,  ancien 
membre  du  Conseil  d'arrondissem.  de  Besancon  ;  au  Perron- 
Chaprais.  —  1856, 

Lambert,  Maurice,  avocat,  ancien  magistrat,  quai  de  Stras- 
boui^,  13.  —  1879. 

Laruet,  Jules,  médecin- vétérinaire,  conseiller  municipal,  ad- 
joint au  maire,  avenue  de  Fontaine- Argent,  8.  —  1884. 

Ln^DOCX,  Emile  (le  docteur),  quai  de  Strasbourg,  13.  —  1875. 

LiEFFROY,  Aimé,  propriétaire,  conseiller  général  du  Jura,  rue 
Charles  Nodier,  11.  —  1864. 

Lime,  Claude-François,  négociant,  aux  Chaprais.  —  1883. 

LouvoT,  Emmanuel,  notaire,  Grande-Rue,  14.  —  1885. 

Maire,  Alfi'ed,  président  h  la  Cour  d'appel,  rue  du  Chaleur,  12. 

—  1870. 


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MM. 

Mass,  Alexandre,  serrurier-mécanicien,  rae  du  Hont-Sainte- 
Marie,  10.  — 1879. 

Hagnin  (le  docteur  Ant.),  profeseeur  &  l'Université,  doyen  de  la 
Fuculié  des  sciences,  ancien  direcleur  de  l'Ecole  de  médecine, 
conseiller   municipal,  ancien  adj.  au  maire,  rue  Proudhon,  S. 

—  1885. 

Hairot,  Henri,  banquier,  ancien  conseiller  municipal,  pré- 
sident du  tribunal  de  commerce,  rue  de  la  Préfecture,  17. 

—  1881. 

Haldinëv,  Jules,  chef  des  travaux  de  physique  k  la  Faculté 
des  sciences,  —  1889. 

Mandbillon,  avocat,  Grande-Rue,  19.  —  1894. 

Mandereau  (le  docteur),  professeur  &  l'Ecole  de  médecine,  Ins- 
pecteur de  l'Abattoir,  rue  Saint-Antoine,  6.  — 1883. 

Marchand  ,  Albert ,  ingénieur,  administrateur  délégué  des  Sa- 
lines de  Miserey.  — 1888. 

Mahquiset,  Alfred  (comte),  rue  Gounod,  1,  à  Paris.  —  1897, 

•  Martin,  Jules,  manufacturier,  rue  Sainte-Anne,  8.  —  1870. 

Masson,  Valéry,  avocat,  rue  de  la  Préfecture,  10.  —  1878. 

Matilë,  fabricant  d'horlogerie,  rue  Saint-Pierre,  7.  — 1884. 

Mauvillieh,  Pierre-Emile,  photographe,  rue  de  la  Préfecture,  3, 
-1897, 

Mëtin,  Georges,  agenl-voyer  d'arrondissement;  à  Canot.  — 
1868, 

HiCHKL,  Henri,  architecte- paysagiste,  professeur  à  l'Ecole  des 
Beaux-Arts;  Fontaine-Ecu  (banlieue).  —  1886. 

MiOT,  Camille,  négociant,  membre  de  la  Chambre  de  commerce, 
Grande-Rue,  104,  — 1872, 

MiOT,  Louis,  avoué  à  la  Cour  d'appel,  Grande-Rue,  104,  — 
1897. 

MONTENOISE,  avocat,  rue  de  la  Madeleine,  2.  —  1894. 

HORLET,  Jean-Baptiste,  ancien  conseiller  municipal,  membre 
de  la  Chambre  de  commerce,  rue  Projidhon,  6,  —  1890. 

Nardin,  ancien  pharmacien,  rue  de  la  Houillère,  1.  —  19uO, 

Nabgaud,  Arthur,  docteur  en  médecine,  quai  Veil-Picard,  17. 

—  1875. 

NtCKLÊs,  pbarmacien  de.l"  classe,  Grande-Rue,  128.  — 1887. 


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HH. 

'Ordinaire,  Olivier,  consul  de  France  à  Turin  ;  Maizières 
(Doubs).  —  1876. 

Parizot,  inspecteur  honoraire  des  Enfants  assistés,  nie  du 
Hont-Sainte-Harie,  8.  —  i893. 

Pateu,  entrepreneur,  ancien  conseiller  munidpal,  avenue 
Çamot.  —  1894. 

Perruche  de  Velna,  conseiller  à  la  Cour  d'appel,  rue  Saint- 
Vincent,  U.  — 1870. 

'  PiNGAUD,  Léonce,  correspondant  de  l'Institut,  professeur 
(l'hisloire  moderne  k  la  Faculté  des  lettre.»,  rue  Saint-Vin- 
cent, 17.  —  1874. 

Poète,  Marcel,  conservateur  de  la  Bibliothèque  de  la  Ville, 
avenue  Carnot,  10,  —  1894. 

RÉMOND,  Jules,  notaire,  Grande-Rue,  31.  —  1881. 

*  Renaud,  Alphonse,  docteur  en  droii,  sous-chef  à  la  direc- 
tion générale  de  l'Enregistrement  ;  Paris,  me  SchelTer,  25,  — 
1869. 

RiCKLiN,  notaire,  me  des  Granges,  38;  étude:  Grunde-Rue,  121. 
— 1879. 

KiQNV  (l'abhë),  chanoine  honoraire,  Grande-Rue,  52.  —1886. 

Robert,  Edmond,  fabricant  d'aiguilles  de  montres,  faubourg 
Tarragnoz.  —  1886. 

Roland  (le  docteur^,  professeur  à  l'Ecole  de  médecine,  me  de 
l'Orme-de-Chaniars,  10.  ~  1899. 

RossiQNOT  (l'abbé),  curé  de  Sain  te- Madeleine,  rue  de  la  Made- 
leine, 6.  —  1901. 

Sailijibd,  Albin  (le  docteur),  sénateur,  membre  du  conseil  gé- 
néral du  Doubs,  place  Victor  Hugo,  et  à  Paris,  rue  N.-D.-des- 
Champs,  75.  —  1866. 

Saillard,  Eugène,  ancien  directeur  des  postes  du  département 
du  Doubs  ;  Beauregard  (banlieue  de  Besançon).  — 1879. 

DE  Sainte -Agathe  (le  comte  Joseph  ),  avocat ,  archiviste-paléo- 
graphe, rue  d'Anvers,  3.  —  1880. 

Sancey,  Alfred,  négociant,  rue  d'Alsace.  —  1899. 

Savove,  Henri,  artiste  peintre,  h  la  Bouluie  (Iwnlieue)   —  1901. 

Serres,  Achille,  pharmacien,  place  Saint-Pierre,  6.  —  1883. 

Simonin,  architecte,  rue  du  Lycée,  13.  —  1892, 


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HM. 

SiKE,  Georges,  correspondanl  de  l'Inslilut,  essayeur  de  la  Ga- 
rantie, rue  de  la  Houillère,  aux  Chaprais.  —  1847. 

SoucHON,  Gaston,  capitaine  de  cuirassiers  en  retraite;  Villas 
bisontines,  3.  —  1901. 

SuGHET  (le  chanoine),  rue  Gasenat,  1.  —  lt(04. 

Thouvenin,  François-Maurice,  pharmacien  supérieur,  profes- 
seur  à  l'Ecole  de  médecine  et  de  pharmade,  Grande-Rue,  136. 

—  1890. 

Thubiet,  Maurice,  avocat  (ténéral  &  la  Cour  d'appel  de  Besan- 
çon, rue  du  Perron,  46.  —  1901. 

TissOT,  H.,  président  du  Iribunal  de  commerce,  rue  Saint-Vin- 
cent, 7.  —  1899. 

Tbuchi  de  Varennes  (vicomte  Albéric  de),  rue  de  la  Lue,  9. 

—  1900. 

Vaissier,  Alfred,  conservateur  du  Musée  archéologique,  Grande- 

.    Rue,  109.  —  1870. 

Vaissier,  Georges  (le  docteur),  chef  de  clinique  médicale  de 

l'hApital  Saint-Jacques,  Grande-Rue,  109.  —  1898. 
■  Vandel,  Maurice,  ingénieur  des  arts  et  manufactures,  k  la 

Rnchelaillée,  par  Saint-Uze  (DrAme).  —  1890. 
*  Vautherin,  Raymond,  ancien  capitaine  du  génie,  villa  Sainte- 

Colombe,  rue  des  Vieilles-Perrières.  —  189". 
Vehnier,  Léon,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres,  rue  Sainte- 
-   Anne,  10.  —  1883. 
DE  Vezbt  (le  comte  Edouard),   ancien   lieutenant-colonel  de 

l'armée  territoriale,  rue  Charles  Nodier,  17  ter.  —  1870. 
VËztAN,  Alexandre,  doyen  honoraire  de  lu  Faculté  des  sciences  ; 

Villas  bisontines.  —  1860. 
Vieille,   Gustave,  architecte,  inspecteur  départemental  des 
.    sapeurs-pompiers,  rue  des  Fontenoties,  sous  Beauregard.  — 

1882. 
Wkhrlé,  négociant,  rue  Battant,  11.  —  1894. 


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Membre  B    correspoodsnta    (101). 

HM. 

'  Alhand,  Victor,  capitaine  du  génie,  officier  d'ordonnance  du 

général  Caretle  ;  à  Marseille. 
André,  Emest,  notaire-,  rue  des  Promenades,  17,  Gray  (Haute- 
Saône).  —  1877. 
'  Bardet,  juge  de  paix;  à  Brienne  (Aube).  —  188C. 
Barbier,  Charles,  agriculteur;  à  la  Tour-de-Scay.  --  1899. 
de:  Heausèjour,  Eugène,  ancien  magistrat;  Lons-le-Saunier. — 

1897. 
Bertin,  Jules,  médecin  honoraire  des  hospices  de  Gray  (Haute- 

SaAne),  quai  du  Sainl-Esprit,  1.  —  1897. 
'  Besson,  ingénieur  de  la  Compagnie  des  foires  de  Franche- 

Comlé  ;  Courchapon  (Doubs).  —  1859. 
Bettend,  Abel,  imprimeur-lithographe;  Lure  (Haute-SaOne). 

-1862. 
Bev-Rozbt,  Charles,  propriétaire  et  pépiniériste;   à  Hamay 

(Hie-Saône).  — 1890. 
Bixio,  Maurice,  agronome,  membre  du  conseil  municipal  de 

Paris;  Paris,  quai  Voltaire,  17.  ~  1866. 
Bizos,  Gaston,  recteur  Je  l'Académie  de  Bordeaux.  —  1874. 
BoissELET,  Joseph,  avocat;  Vesoul  (Haute-Sadne).  —  1866. 
'  Bredin,  proresseur  honoraire;  à  Conflandey,  par  Port-sur- 

SaAne  (Haute-SaAne).  —  1857. 
'  Briot,  docteur  en  médecine,  membre  du  conseil  général  du 

Jura;  Chaussin  (Jurai.  —  1X69. 
DE  Broissia  (le  vicomte  Edouard  Froissard);  &  Blandans,  par 

Domblans  (Jura).  —  1892. 
'  Bruand,  Léon,  inspecteur  des  forêts  ;  Paris,  rue  de  la  Planche, 

11  ôi».  —1881. 
Burin  du  Buisson,  préfet  honoraire  ;  à  Besancon,  rue  MoDcey, 

9,  et  à  Cramans  (Jura).  —  1878. 
Chapoy,  Henri,  avocat  à  la  Cour  d'appel  de  Paris;  rue  des 

Saints-Pères,  13.  —  1875. 
"  Choffat, Paul,  attaché  à  la  direction  des  travaux  géologiques 

du  Portugal  ;  Lisbonne,  rua  do  Arco  a  Jesu,  113,  —  1869, 


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MH. 

'  Cloz,  Louis,  professeur  de  dessin;  &  Salins.  —1863. 

*  CoNTËJEAN,  Charles,  géologue,  professeur  de  Faculté  hono- 
raire et  conservateur  du  musée  d'histoire  naturelle  ;  à  Paris, 
rue  de  Hontessuis,  9.  —  1851. 

CoNTET,  Charles,  professeur  agrégé  de  mathématiques  en  re- 
traite; aux  Arsures  (Jura).  —  1884. 

CoRDiER,  Jul es- Joseph ,  receveur  prindpal  des  domaines;  à 
Blamonl.  —  1862. 

CoRDiER,  Palmyr,  (nédeein  des  colonies,  et  à  Besancon  rue  des 
Granges,  3,  — 1890. 

COSTE,  Louis,  docteur  un  médecine  et  pharmacien  de  1^  classe, 
conservateur  de  la  bibliothèque  de  la  ville  de  Salins  (Jura). 

—  1866. 

Courbet,  Ernest,  bibliophile,  trésorier  de  la  ville  de  Paris, 

rue  de  Lille,  1.  —  1874. 
DAUB1AN-DELIS1.E,   Henri,  ancien  directeur  des  contributions 

directes,   ancien   président  de   la  Société   d'Emulation  du 

Doubs;  Paris,  avenue  de  Wagram,  86.  —  1874. 
'  Derosne,  Charles,  maître  de  forges;  à  Ollans,  par  Cendrey.  — 

1880. 
■  Deollin,  Eugène,  banquier;  Epernay  (Marne).  —  1860. 
Dbuot,  Paul  (l'abbé),  curé  de  Vuillans  (Doubs).  —  1901. 
Druot,  Herman  (l'ulibë),  curé  de  Charmoille  (Doubs).  —  1901. 
'  DuFAY,  Jules,  notaire;  Salins  (Jura).  —  1875. 
FeuvRiER  (l'abbé),  chanoine  honoraire,   curë  de   Montbéliard 

(Doubs).  —  1856. 
Feuvrier,  Julien,   professeur  au  collège  de  Dole,  faubourg 

d'Azang.  -  1893. 
Filsjean  (l'abbé),  licencié  en  lettres,  curé  de  Pelousey  (Doubs). 

—  1896. 

Gascon,  Edouard,  conducteur  des  ponts  et  chaussées  en  re- 
traite, président  du  comice  agricole  du  canton  de  Fontaine- 
Française  (Gûte-d'Orl.  —  1868. 

Gascon,  Louis,  profess.  aulycëe  Ampère;  Lyon-Saint-Rambert. 
-1889. 

Gaussin,  Célestin,  secréiiiire  honoraire  des  Facultés,  ft  Paris, 
rue  Denferl-Kochereau,  41.  —  1891. 


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MM. 

Gauthier,  Léon,  archiviste  paléographe  ;  Paris,  place  de  la  Bas- 
tille, 5.  — 1898. 

Gauthier,  docteur  en  médecine,  sénateur  de  la  Haute-Sadne; 
Luxeuil  (Haute-Saône).  —  1886. 

Gensollen,  Gabriel,  juge  d'instruction;  Gray  (Haute-SaAne). — 
1902. 

Gevrey,  Alfred,  conseiller  à  la  Cour  d'appel  de  Grenoble;  rue 
des  Alpes,  9.  —  1860. 

GlRARDlEH,  notaire;  à  Dole  (Jura).  —  1897. 

Gihod,  Paul,  professeur,  directeur  de  l'Ecole  de  médecine  de 
Clermontferrand;  rue  Blalin,26.  —  1882. 
Grenier,  René  (le  docteur),  médecin  de  la  Grande  Chancelle- 
rie de  la  Légion  d'honneur;  Paris,  36,  rue  Ballu.  —  IQOS. 
Guillemot,  Antoine,  archiviste  de  la  ville  de  Thiers  (Puy-de- 
Dôme).  — 1854. 

fluART,  Arthur,  ancien  avocat- général  ;  rue  Picot,  9,  Paris.  — 

1870. 
EANNOLLE,  Charles,  pharmacien  ;  Fontenay-Ie-Chftteau  (Vosges). 
— 1876. 

loLiET,  Gaston,  préfet  de  la  Vienne;  Poitiers.  —  1877. 

lOUBiN,  recteur  de  l'Académie  de  Grenoble.  —  189*. 

Laforest  (Marcel  PéCOn  de),  capitaine  d'infanterie  coloniale; 
à  Hochefort  et  à  Besancon,  rue  du  Mont-Sain  te- Marie,  8.  — 
1895. 

Lapret,  Paul,  artiste  peintre;  Paris,  17,  rue  de  Ch&teaubriant. 
19(H. 

Lebault,  Armand,  doclcur  en  médecine;  Saint-Vit  (Doubs).  — 
1876. 

Lechevalier,  Emile,  libraire-éditeur;  Paris,  quai  des  Grands- 
Augustins,  39,  à  la  librairie  des  provinces.  —  1888. 

Le  Hire,  Paul-Noél,  avocat;  Hirevent,  prés  Pont-de-Poitte 
(Jura)  et  rue  de  la  Préfecture,  à  Dijon.  —  1876. 

Lhohhe,  botaniste,  secréture  de  la  mairie  de  Vesoul  (Haute- 
Saône),  rue  de  la  Mairie.  —  1875. 

'  LiGiER,  Arthur,  pharmacien,  membre  du  Conseil  général  du 
Jura;  Salins  (Jura).  —  1863. 


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MH. 

LoNCiN,  Emile,  ancien  magistrat;  rue  du  Collège,  12,  à  Dole 
<Jura).  —  1896. 

LouvoT,  Fernand  (l'abbé),  chanoine  honoraire  de  Nîmes,  curé 
de  Gray.  —  1876. 

Hadiot,  Viclor-François,  pharmacien  ;  Jussey  (Haute-Saône).  — 
1880. 

'  Hassing,  Camille,  manufacturier  il  Puttelange-lez-Sarralbe 
(Lorraine  allemande).  —  i9&\. 

DE  Hahmier  (le  duc),  membre  du  Conseil  général  de  la  Haute- 
Saône;  au  château  de  Hay-sur-SaAne  (Haute-Saône).  — 
1867. 

'  Mathev,  Charles,  pharmacien  ;  Ornans  (Doubs).  —  1856. 

DE  Henthon  (}e  comte  René);  Henthon-Saint-Bemard  (Haute- 
Savoie),  et  ch&teau  de  SaInt-Loup-lez-Gray ,  par  Gray. 
—  1854. 

MEVNtER  (le  docteur),  Joseph,  médecin  principal  de  l'armée  ter- 
ritoriale; A  Vallorbes  (aux  Eterpas),  Suisse.  —  1876. 

'  D£  MoNTET,  Albert  ;  Chardonne-sur-Vevey  (Suisse).  —  1882. 

HouREY  (l'abbé),  curé  à  Borey,  par  Noroy-le-Bourg  (Haute- 
Saône).  — 1886. 

HouHOT  [l'abbé],  curé  de  Roulans  (Doubs).  —  1899. 

DE  MousTiEH  (le  maïquisl,  député  el  membre  du  Conseil  géné- 
ral du  Doubs;  château  Buurnel,  par  Itougemont  (Doubs),  et 
Paris,  avenue  de  l'Aima,  15.  —  1874. 

Paris,  docteur  en  médecine,  médecin  des  bains  de  Luxeuil 
(Haute-Saône).  —  1866, 

DE  Pbrpiona  ,  Charles- An  loi  ne ,  propriétaire;  Paris,  me  de 
Berne,  11.  — 1888. 

'  PiAQET,  Arthur,  archiviste  cantonal  et  professeur  à  l'Académie 
de  Neuchatel  (Suisse).  — 1899. 

PiDOUx,  André,  archiviste  paléographe,  avocat  stagiaire,  rué 
du  Collège,  à  Dole  (Jura).  — 1901. 

Piquard,  Léon,  docteur  en  médecine;  à  Chalèze  (Doubs).  — 
1890. 

Piquerez,  Charles,  explorateur;  à  Besancon,  rue  de  Fontaine- 
Argent.  — 1898. 

PiROUTET,  Maurice,  géologue;  h  Salins.  —  1898. 


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MM. 

ItAiiHAi:D,  Airred,  sénateur,  membre  du  Conseil  général  du 
Duubs,  ancien  ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux- 
Arts;  Paris,  rue  d'Assas,  76.  —  1S81. 

Reeb,  E.,  membre  correspondant  de  l'Académie  des  science?, 
prÉsideot  honoraire  de  la  Société  de  pharmacie  d 'Alsace-Lor- 
raine; à  Strasbourg.  —  1901- 

Renauld,  Ferdinand,  botaniste,  ancien  commandant  du  palais 
de  Monaco,  rue  des  Templiers,  à  Vence  (Alpes-Maritimes).  — 
1875. 

HiCHAHD,  Auguste,  pharmacien;  Nice,  rue  Hiron,  27,  et  Autet 
(Haute-Saône).  —  tS76. 

*  KiCHABU,  Louis,  médecin-major  de  1"  classe  à  Belforl,  0,  fau- 
bourg de  Lyon.  —  1878. 

Ripps  il'abbéi,  curé  d'Arc-lez-Gray  iHaute-Saûnei.  —  1882. 

Rouzcr,  Chartes- Franco! s ,  architecte;  à  .Vichelet,  province 
d'Alger  |Algërie).  — 1898. 

Roy,  Emile,  prolesseur  à  la  faculté  des  lettres  de  Dijon,  rue 
de  Mirande,  9.  —  1894. 

Rov,  Jules,  professeur  à  l'Ecole  des  Chartes  ;  Paris,  me  Spon- 
tini,  9.  —  1867. 

■  RossiGNOT  il'abbé),  Auguste,  curé  de  HamiroUe  (Doubs). — 
1885. 

Saglio,  Camille,  direct. des  forges  d  Audincourt  (Doubs).  — 1896. 

'  SaiLLaRU,  .\rmand,  ni^'OLÎant;  Villiir>:-lez-Blamunt  iDoubs). 
-1877. 

DE  ScEV  (le  coinle  Gaétan)  ;  à  Souvan-i,  par  Mont -sous- Vaudrey 
(Jura).  -  1897. 

SCHLAODE.NHAUFFES,  directeur  honoraire  de  l'Ecole  de  pharma- 
cie de  Nancy,  63,  rue  de  Setz.  -  1901. 

SCRLCAU,  directeur  de  la  succursale  delà  banque  de  France;  b 
Rouen.  —  1886. 

■  DE  Saussure,  Henri,  naturaliste;  àGenève,  Cité24,  et  àYvoire 
(Haute-Savoie).  —  1854. 

Travelet,  Nicolas,   propriétaire,    maire    de    Bourguignon-lei- 

Morey  i Haute-Saône).  —  1857. 
'  Travers,  Emile,  ancien  archiviste  du  Doubs,  ancien  conseiller 

de  préfecture  ;  Caen  (Calvados),  rue  des  Chanoines,  18.  — 1869. 


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HH. 

"Thipplin,  Julien,  représentant  de  l'horlogerie  bisontine  et 
vice-président  de  l'Institut  des  horlogers;  Londres  :  Bartlett's 
Buildings,  5  (Holborn  Circusj,  E.  G-,  et  Belle-Vue  [HeathÛeld 
Gardens,  Chîswick,  W).  —  1868. 

TuETEY,  Alexandre,  sous-clief  de  la  section  législative  et  judi- 
ciaire aux  Archives  nationales;  Paris,  nie  de  Poissy  31.  — 
1863. 

Vaissier,  Jules,  fabricant  de  papiers;  Paris,  rue  Edouard-De- 
taille,  5,  —  1877. 

Vendhelv,  pharmacien  ;  Champagney  {Haute-Saône).  — 1863. 

Vërnerev,  notaire,  membre  du  Conseil  général  du  Doubs; 
Amancey  (Qoubs).  —  1880. 

VibiLLAHD,  Léon,  propriétaire  et  maître  de  forges;  Horvillars 
(territoire  de  Belfort).  —  1872.     - 

'  WALtA>N,  Henri,  agrégé  de  l'Université,  manufacturier;  Rouen, 
Val  d'EaupIel,  48.  -  1868. 


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MEMBRES  DS  U  SOCIÉTÉ  DtCtOiS  Df  1901-1902 


HM. 

Grenier,  Edouard,  lauréat  de  l'Académie  française,  an- 
cien secrétaire  d'ambassade. 

OuTH  EN  IN -Chaland  RE,  Joseph,  manufacturier,  membre 
de  la  Cliambre  de  commerce. 

Castan,  Francis,  général  d'artillerie  en  retraite. 

Jacot,  Adolphe,  employé  à  la  préfecture  du  Doubs. 

Gruev,  professeur  d'astronomie  à  la  Faculté  des  sciences, 
directeur  de  l'Observatoire  de  Besançon. 


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SOCitTtS  GOMtSrONDiNTtS  (118) 


La  millésime  indique  l'année  dans  laquelle  ont  commencé  les  relations. 


Comité  des  travaux  historiques  et  scientiflquea  près  le 
Ministère  de  l'Instruction  publique  {cinq  exemplaire! 
det  M&moiret} 1856 


Société  d'Emulation  de  l'Ain  ;  Bourg 

Société  des  sciences  naturelles  de  l'Ain;  Bourg. 


Société  académique  des  sciences,  arts,  belles-lettres,  agri- 
culture et  industrie  de  Stùnt-Quentin 

Société  historique  et  archéologique  de  Chàteau^Thierry. 

Allier. 

Société  des  sciences  médicales  de  l'arrondissement  de 

Gannat 

Société  d'Emulation  et  des  Beaus-arts  du  Bourbonnais  ; 

Moulins 

Revue  scientifique  du  Bourbonnais  et  du  centre  de  la 

France  ;  Moulins 

Alpes-Maritiine  b  . 
Société  des  lettres,  sciences  et  arts  des  Alpes-Maritimes  ; 


Alpes  {H&ata»-). 
Société  d'étude  des  Hau les- Alpes  ;  Gap. 


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Société  d'agriculture,  industrie,  sciences,  arts  et  lettres 
de  l'Ardëche;  Privas iSRi 

Anba. 

Société  académique  de  l'Aube  ;  Troyes 1867 

AveTTon. 

Société  des  lettres,  sciences  et  arts  de  t'Aveyron;  Rodez.    1876 

Bolfort  (Toiritoire  de). 

Société  Beirortaine  d'Emulation 187S 

Bondtes-da-RbADe. 

Société  de  statistique  de  Marseille 1867 

Académie  des  sciences,  t>elles-lettres  et  arts  de  Marseille.    1867 

Société  Linnéenne  de  Normandie  ;  Caep 1857 

Académie  de  Caen 1868 

Charaate. 
Société  historique    et    archéologique   de  la   Charente; 
Angouléme 1877 

□iai«nto-Inf<Meiire. 

Société  des  archives  historiques  de  la  Saintonge  et  de 
l'Aunis  ;  Saintes 1883 

CtMt. 

Société  des  antiquaires  du  Centre; Bourges 1876 

CAte-d'Or. 
Vcadémie  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de  Dijon  .    .     iSSA 
l^romission  des  antiquités  du  département  de  la  C6te- 

d'Or;  Dijon 186B 

Société  d'archéologie,  d'histoire   et   de    littérature  de 

Beaune 1877 


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-  391  — 

Société  des  sciences  historiques  et  naturelles  de  Semur  .    1880 
Société  bourguignonne  de  géographie  et  d'Iiîstoirei  Dijon.    1888 
Revue  bourguignonne  de  l'enseignement  supérieur  publiée 
par  les  professeurs  des  Facultés  de  Dijon 1891 

Denx-SèvreB; 

Société  botanique  des  Deux-Sèvres;  Niort 1901 

Doubs. 
Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Besan- 
con   18« 

Société  d'émulation  de  Hontbéliard iS5\ 

Société  de  médecine  de  Besancon 1861 

Sociétéde  lecture  de  Besancon 1865 

L'Union  artistique  de  Besançon 1894 

Société  d'histoire  naturelle  du  Doubs 1900 

Drame. 

Bulletin  d'histoire  ecclésiastique  et  d'archéologie  reli- 
gieuse des  diocèses  de  Valence,  Gap,  Grenoble  et  Vi- 
nersi -Romans  (DrAme) 1880 

Eure-et-liOlr. 

Société  Dunoise  ;  Chflteaudun 1867 

Finisttofl. 

Sodété  académique  de  Brest 1875 

Gftrd. 

Académie  de  Nîmes 1866 

Société  d'études  des  sciences  naturelles  de  Nîmes.  .  .   .    1883 

Oaronne  (Haute). 
Société  archéologique  du  Midi  de  la  France;  Toulouse-   .    1872 
Société  des  sciences   physiques  et  naturelles  de  Tou- 
louse   1875 

Oironde. 
Société  des  sciences  physiques  et   naturelles  de    Bor- 
deaux  1867 


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Société  d'ardiéotogie  de  Bordeaux 1878 

Société  LJnnéenne  de  Bordeaux 1878 

HénuUt. 

Académie  de  Montpellier 1809 

Société  archéologique  de  Montpellier  .  ' 1869 

Société  d'éludé  des  sciences  naturelles  de  Béziers  .  .    .     1678 

nie-et-Vilaine 
Société  archéologique  du  département  d'Ille-et-Vilaine  ; 
Rennes 18U 

Isère. 

Société  de  statistique  et  d'histoire  naturelle  du  départe- 
ment de  l'Isère  ;  Grenoble Ifô7 

Société  Dauphinoise  d'ethnologie  et  d'antbrapologie.  .   .    1896 

Jura. 

Société  d'Emulation  du  département  du  Jura;  Lons-le- 

Saunier 1844 

Revue  viticole  de  Franche-Comté  ;  Poligny 18% 

Xioir-et-Cber. 

Société  historique  et  archéologique  du  Vendomois.  .  .  .    1896 


Société  d'agriculture,  industrie,  sciences,  arts  et  belles- 
lettres  du  département  de  la  Loire;  Saint-Etienne.  .   .    1866 
Société  de  la  Diana,  à  Hontbrison 1895 

laoire-Iaférieore. 
Société  des  sciences  naturelles  de  l'Ouest  de  la  France  ; 

Nantes 1891 

Loiret. 

Société  archéologique  de  l'Orléanais  ;  Orléans 1851 

Maine-e't-IioiFe. 
Société  industrielle  d'Angers  et  du  département  deNaine- 

.   et-Loire;  Angers 1655 

Bibliothèque  de  la  Ville  ;  Angers 1857 


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Sodété  des  sciences  naturelles  de  Cherbourg 1854 

Société  d'agriculture,  commerce,  sdences  et  arts  du  dé- 
partement de  la  Marne  ;  ChAlons 1856 

Société  d'agriculture,  sdences  et  arts  du  département  de 
la  Hame;  Reims 1878 

Marne  (Haute-). 

Société  archéologique  de  Langres 1874 

Hetirtlie-et'HoBelU. 
Société  des   sciences   de  Nancy    (ancienne   Société  des 

sciences  naturelles  de  Strasbourg) 1866 

Société  d'archéologie  Lorraine,  &  Nancy 1886 

Mense. 

Société  polymathique  de  Verdun 1851 

MorbUian. 

Société  polymathique  du  Morbihan;  Vannes 1864 

Nord. 

Sodété  d'émulation  de  Houbaix 1895 

Oise. 

Société  historique  de  Compiëgne 1886 

Pyrénées  (Basies-). 

Société  des  sciences,  arts  et  lettres  de  Pau 1873 

Société  des  sciences  et  arts  de  Bayonne 1884 

Pyrénées  Orientalea. 
Société  agricole,  sdentiflque  et  littéraire  des  Pyrénées- 
Orientales;  Perpignan 1856 

Rli&ne. 
Société  d'agriculture  et  d'histoire  naturelle  de  Lyon  .  .   .    1850 


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Société  d'arcbéolo^e  de  Bordr 
Société  Linoéenne  de  Borde 


Académie  de  Hoatpellip 

Société  archéologique        .  -^-tr— 

Société  d'étude  des  '  .j^j^ç .  ^  ~_  _ 


Société   archer 
Rennes.  . 


-lettres  et  arls  de  Hàcon   .     i9S 


j&Ane  (H&ata-l. 
^***^*'*  *"  .oes  et  arts  de  la  Haule-Saùne  ;  Vesioul 


meDt 

Socié- 


.agement  à  l'agricullure;  Vesoiil 1881 

sciences  naturelles  ;  Vesoul 1896 

^raylolse  d'Emulation-,  Gray 1896 


•«loiété  d'agricull.,  e^ciences  et  arts  de  la  Sarlhe;  Lellans.  18Sb 

Sociélé  historique  et  archéologique  du  Maine  ;  Le  Mans  .  tÈtW 

Académie  de  Savoie  ;  Chambéry ISGS 

Société  Savoisienne  d'histoire  et  d'archéologie;  Chambéry.  1898 
SaToie  (HAato->. 

Société  Florimonlane  ;  Annecy 1871 

Seine. 

Institut  de  France I87Î 

Société  des  antiquaires  de  France;  Paris 1867 

Association  française  pour  l'avancement  des  sciences  .    .  1879 

Société  d'histoire  de  Paris  et  de  l'Ile  de  France i8&t 

Association  pour  l'encouragement  des  études  grecques 

en  France  ;  me  Soulflot,  22,  Paris 1878 

Société  de  botanique   de  France  ;  rue  de  Grenelle,  24, 

Paris 1883 

Société  d'anthropologie  de  Paris,  rue  de  l'Ecole  de  Méde- 
cine, 15 1883 

Société  française  de  physique,  rue  de  Rennes,  44.    -    .    .  1887 


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s,  rued'Sk 


'1  VOLUME 


.Claire  géologique  univ,^-^ 

.e  folkloriste ,  librairie  RoUnd    ,     ' 

,  Paris '   "''  1^" 

.  uiblion  ;  Paris,  rue  Sainl-Simon,  4  et  5.  ,         '   ^»i^ 
»,  bulletin  du  comilë  ornilhologique  intem&ii<,       ^ 
Paris,  boulevard  Saint-Germain,  120  . 


Seine-Inférieure . 


»*» 


Commission  départementale  des  antiquités  de  la  Seine- 

Inrérieiire;  Rouen ,j^ 

Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Rouen  .  \vjf. 

Sociélé  libre  d'Emulation  de  la  Scine-Inrérieure  ;  Rouen,  iter, 

Société  hàvraise  d'études  diverses;  le  Havre ^^ 

Seine-et-Oise. 
Société  des  sciences  naturelles  et  médicales  de  Seiiie-et- 

Oise  ;  Versailles 4861 

Société  des  sciences  morales,  belles-lettres  et  arts,  à 

Versailles iWQ 

Somme 

Sociélé  des  antiquaires  de  Picardie;  Amiens t869 

Société  d'Emulation  d'Abbeville 1894 

Tarn-  et-Garonne . 
Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Tam-el-Garonne  ; 

Montauban 1894 

Vienne. 
Société  des  antiquaires  de  l'Ouest;  Poitiers 18(i7 


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—  394  — 

Société  littéraire,  historique  et  archéologique  de  Lyon.   .  1856 

Académie  des  sciences,  belles-lettres  el  arts  de  Lyon  .    .  1860 

Annales  de  l'Université  de  Lyon,  quai  Claude- Bernard.  ,  1896 

Sftâae-et-I(OÎre . 

Société  Ëduenne  ;  Autun 1846 

Société  d'hisloire  et  d'archéologie  de  Chalon-gur-Sa6ne .  .  1657 
Société  des  sciences  naturelles  de  SaAne-el-Loire;  Cha- 
lon-sur-Saône    1877 

Société  d'histoire  naturelle  d'Autun 1888 

Société  d'histoire  naturelle  de  M&con 1896 

Académie  des  sciences,  bel les-lel  1res  et  arts  de  Màcon    .  1902 

Saône  (Haate-l. 

Société  d'agr.,  sciences  et  arts  de  lu  Haute-Saône;  Vesoul  186) 

Société  d'encouragement  à  l'agriculture;  Vesoul 1881 

Société  des  sciences  naturelles;  Vesoul 1896 

Société  grayloise  d'Emulation;  Gray 1888 

SurttM. 

Société  d'agricult.,  sciences  et  artsde  la  Sarlhe  ;  Le  Mans.  18% 

Société  historique  et  archéologique  du  Maine  ;  Le  Haos  .  1879 

Académie  de  Savoie;  Chambéry ...  1860 

Société  Savoisienne  d'hisloire  et  d'archéologie;  Chambéry.  1898 
Savoto  <Hftnte-). 

Société  Florimonlane  ;  Annecy 1871 

Seine. 

Institut  de  France 1872 

Société  des  antiquaires  de  France;  Paris 1867 

Association  française  pour  l'avancemenl  des  sciences  .    .  1879 

Société  d'histoire  de  Paris  et  de  l'Ile  de  France 1881 

Association  pour  l'encouragement  des  études  grecques 

on  France;  rue  SouTdot,  22,  Paris 1878 

Société  de  botanique   de  France  ;  rue  de  Grenelle,  24, 

Paris 1883 

Société  d'anthropologie  de  Paris,  rue  de  l'Ecole  de  Méde- 
cine, 15 1883 

Société  française  de  physique,  rue  de  Rennes,  44-    .   .   .  1887 


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—  395  — 

Musée  Guimet;  avenue  du  Trocadéro,  âO 

Sociélé  de  secours  des  amis  des  sciences 

Société  zoologique  de  France,  rue  Serpente,  28 

Société  de  biologie,  boulevard  Saint-Germain,  22  ...  . 
Société  de  spéléologie,  rue  des  Grands-Augustins,  7.  .  . 
Société  phi lomattaique  de  Paris,  rue  des  Grands-Augus- 

tins,  7 

Société  philotechnique  de  Paris,  rue  d'Orléans;  Neuilly- 

sur-Seine 

La  direction  de  l'Annuaire  géologique  universel,  rue  de 

Tournon,  l 

Hélusine ,  revue  folkloriste ,  librairie  Roland ,  rue  des 

Chantiers  ;  Paris 

Le  Polybiblion;  Caris,  rue  8arn(-Simon,4et  5 

Omis,  bulletin  du  comité  ornithologique  international  ; 

Paris,  boulevard  Saint-Germain,  120 

Seine-Inférieure . 
Commission  départementale  des  antiquités  de  la  Seine- 
Inférieure;  Rouen  

Académie  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  Rouen  . 
Sociélé  libre  d'Emulation  de  la  Seine-Inférieure;  Rouen. 
Société  hâvraise  d'études  diverses;  le  Havre 

Seine-et-Oise. 
Société  des  sciences  naturelles  et  médicales  de  Seiiie-et- 

Oise  ;  Versailles 

Société  des  sciences  morales,  belles- lettres  et  arts,  à 

Versailles 

Somme 

Société  des  antiquaires  de  Picardie  ;  Amiens 

Société  d'Emulation  d'Abbeville 

Tare  -et-Gftronne. 
Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Tarn-et-Garonne  ; 

Montauban 

Vienne. 
Société  des  antiquaires  de  l'Ouest;  Poitiers 


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Vienne  (Hante-). 
Société  historique  et  archéologique  du  Limousin  ....     1853 

Vos^B. 
Société  d'Emulation  du  département  des  Vosges  ;  Epinal.    1^5 
Société  pbilomaltiique  vosgienne;  SaJnt-Dié 1876 

Tonne. 
Société  des  sciences  hisloriques  et  naturelles  de  l'Yonne; 
Auxerre 1852 

ALSACE-LORRAINE 

Société  d'histoire  naturelle  de  Colmar 1860 

Société  des  sciences,  agriculture  et  arts  de  la  Basi^e- 

Alsace  ;  Strasbourg 1880 

Société  d'histoire  naturelle  de  Metz 1895 

Commission  de  la  carte  géologique  de  l'Alsace-LorrsJne  ; 

Strasbourg 1887 

ALaÉBIE. 

Société  historique  algérienne;  Alger 1870 

ALLEMAGNE. 

Académie  impériale  et  royale  des  sciences  de  Berlin 
(Sitzungsberichte) 1879 

Sociëlé  botanique  de  la  province  de  Brandebourg  ; 
Berlin 1877 

Académie  royale  des  sciences  de  Bavière,  à  Munich 
(Kœnigl.  Bayer.  Akademie  der  Wissenschaften  zu 
Munchen) ISfô 

Société  des  sciences  naturelles  de  Brème  (NaturwJssens- 
chafllicher  Verein  zu  Bremen) 1886 

Société  des  sciences  naturelles  et  médicales  de  la  Haute- 
Hesse  (Oberhessische  Gesellschall  fdr  Natur  und  Heil- 
kunde)  ;  Giessen 1853 

Société  des  sciences  naturelles  de  Fribourg  en  Brisgau 
<Bade) 1899 


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Société  royale  physico-économique  de  Kœnigsberg  (Kœ- 
nlgliclie  physikalicli-œkononiisclie  Gesellsclian  zu  Kœ- 
nigsberg)  ;  Prusse 1861 

Société  philosophique  et  littéraire  de  Heidelberg  <à  )a  bi- 
bliothèque de  l'Université) 1S98 

Université  de  Tubingue  (à  la  Bibliothèque) 1901 

AUTFEUCHB. 

Institut  impérial  et  royal  de  géologie  de  l'empire  d'Au- 
triche (Kaiserlich-liœnigiich-geologischeReichsanBtalt)  ; 
Vienne 1855 

Muséum  impérial  et  royal  d'histoire  naturelle  de  Vienne.    1889 

AMÉRIQUE. 

Société  d'histoire  naturelle  de  Boston 1865 

Institut  Smilhsonien  de  Washington iSSO 

United  states  geological  Survey 1883 

Geographical  Society  ot  Philadelphia 1896 

Academy  of  St-Louis  (Hissouri) 1397 

Bulletin  de  la  Lloyd  library;  Cincinnati  (Ohio) I90t 

Viscansin  Geolog.  and  Natural  History  Survey  ;  Madison.  1001 

Visconsin  Natural  History  Society;  Hilwaukée 1901 

Musée  national;  Montevideo 19(M 

AIÏOLETIIHRS. 
Société  littéraire  et  philosophique  de  Manchester  (Litte- 

rary  and  philosophical  Society  ot  Manchester) 1859 

BELOIQTJI. 

Académie  royale  de  Belgique;  Bruxelles 1868 

Société  géologique  de  Belgique  ;  Liège 1876 

Académie  d'archéologie  de  Belgique  ;  Anvers,  rue  Lozane 

2Ï 1885 

Société  des  Bollandistes  ;  Bruxelles,  rue  des  Ursulines,  14.    1888 
Société  d'archéologie  de  Bruxelles,  rue  Ravenstein  n-  11.    1891 

Revue  bénédictine  de  l'abbaye  de  Haredsous 1892 

PORTUGAL. 
Direction  des  services  géologiques  du   Portugal  ;   Lis- 
bonne, rua  do  Arco  a  iesu,  113 1885 


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—  398  - 

ITALIE. 

Académie  des  sciences,  lettres  et  arts  de  Modèle  ....    1879 
R.  Deputazione  sovrâ  gli  Studi  di  Sloha  Palriti;  Torioo.  .     1884 

LOXEHBOtnta. 

Société  des  sciences  naturelles  du  grand  duché  4e  Luxem- 
bourg; Luxembourg iS5i 

SniOQB  BT  HORTÈaE. 

Académie  royale  suédoise  des  sciences,  Stockholm  .    .   .  1869 

Université  royale  de  Christiania 1877 

Tliegeologica!  institution  of  theUniversily  ofUpsala.  .    .  1895 
Kongl.    Velterheis  historié  och  antiquitets  Akademian, 

Stockholm 1896 


Société  des  sciences  naturelles  de  B&le 1872 

Société  des  sciences  naturelles  de  Berne 18fô 

Société  jurassienne  d'Emulation  ;  Porrenlruy 1861 

Société  d'histoire  et  d'ai-chéologie  de  Genève  ;  rue  de 

l'Evéché 1883 

Institut  national  de  Genève 1866 

Société  vaudoise des  sciences  naturelles;  Lausanne  .    .    .  1847 

Société  d'histoire  de  la  Suisse  romande;  Lausanne  .    .    .  1878 

Société  neuchateioise  des  sciences  naturelles;  Neuchatel.  186S 

Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Neuchatel 1865 

Société  neuchateioise  de  géographie  ;  Neuchatel 1901 

Société  des  sciences  naturelles  de  Zurich iSSJ 

Société  des  antiquaires  de  Zurich  {h  la  Bibl.  de  Zurich).  1864 
Société  générale  d'histoire  suisse  (à  la  bibliothèque  de 

Berne) 1880 

Indicateur  des  Antiquités  suisses  (Anzciger  fur  Schvt'eize- 

rische  Alterlhumskunde),  Neue  Folge,  1,  Zurich.  .  .  ,  1899 


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tTlBLISSEKENTS  riBUCS  (Si) 


I  Méiiioiree. 


Bibliothèque  de  la  ville  de  Besancon. 
Id.  populaire  de  Besancon. 

Id.         de  l'Ecole  d'artillerie  de  Besancon. 
Id.         de  l'Université  de  Besancon. 
Id  de  l'Ecole  de  médecine  de  Besancon. 

Id.         du  Chapitre  métropolitain  de  Besancon. 
Id.         du  Séiniimire  de  Besancon. 

Id.  de  l'Ecole  normale  des  instituU'iirs  de  Itesunguii. 

Id.  dit  Cercle  militaire  de  Besancun. 

Id.         de  la  ville  de  Montbéliai'd. 
Id.         de  ta  ville  de  Pontarlier. 
Id.         de  la  ville  de  Baume-les-Dames. 
ft.         de  la  ville  de  Vesoul. 
Id.         de  la  ville  de  Gray. 
Id.         de  la  ville  de  Lure . 
Id.  de  la  ville  de  Luxeuil. 

Id.         de  la  ville  de  Lons-le-Sannier. 
Id.  de  la  ville  de  Dole. 

Id.  de  la  ville  de  Poligny, 

Id.  de  la  ville  de  Salins. 

Id.  de  la  ville  d'Arbois. 

Id.         de  ta  ville  de  Saint-Claude. 
Id.  du  Musée  national  de  Saint-Gemiain-en-Laye. 

Id,  Mazaiine,  fi  Paris. 

Id.         de  la  Sorbonne,  à  Paris. 
Id.         de  l'Ecole  d'application  de  l'arlillerie  et  du  génie, 

à  Fontainebleau. 
Id.         du  Musée  etlinograpliique  du  Trocadéro,  à  Paris. 
Id.         du  Brilish  Muséum,  à  Londres.  (Librairie  Dulau  et 
C'«,  Londres,  Soho  Square,  37.) 
Archives  départementales  de  la  Côte-d'Or. 

Id.  du  Doubs. 

Id.  de  la  Haute-SaAne. 

Id.  du  Jura. 


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TABLK  DES  MATIERES  m  VOLUME 


PROCÈS- VERBAUX. 

Allnculion  de  M.  Airred  VAissiRft  en  prenant  possession  de  In 
présidence p.  v 

HéjinprexsioTi  île  1»  Jacquemardad» ,  pnùine  patnis  ilu  con- 
sviller  Itiiot.  Miluplé  par  la  Sodi>té  sur  la  proposition  >le 
M.  A.  Vmssier p  vil 

Les  Bibliothèques  eisleri tiennes  en  Frnnche-Coroté  et  leur 
composition,  par  M.  J.  fiAUTlllf.li p.  vit 

Compte  renilu  île  In  séance  publique  et  ilu  liaoqiiet  de  l'Aca- 
démie de  Besançon,  par  M.  le  président p.  ix 

Hommage  è,  la  mémoire  de  M,  Félix  Uairol  et  de  H.  le  doc- 
teur Coulenol,  membres  titulaires  récemment  décèdes,  par 
M.  le  présidenl p.  X 

Note  sur  la  priorité  de  l'eiplicalion  de^  origines  du  nom  d'A- 
mérique, en  lïivcur  dn  Illinois  Jules  Mnrcou.  par  M.  te  dcir- 
ipurA.  GiRARFiOT p.  ïi 

Les  patois  franc-tninlnii  et  leur  topaf[r'ip)iie.  d'après  le  cha- 
nointi  nai-tois,  par  M.  le  diideur  JIevmkk p.  xili 

N'iillre  sur  le  ilnotein'  en  iniHlecine  comte  d'Udressier.  [onda- 
leur  el  présidt'iil  Je  la  Société,  par  le  même p.  xiv 

Explicaliou  d'une  partie  di-^  scènes  mvtholoKiques  représeii- 
Itvs  en  tias-reliel's  sur  Ips  colonnes  et  les  jiimlMee« de  Porle- 
Noire,  par  M.  \.  VAit»iKn p.  xv 

Notice  sur  deux  mnniisi-nls  franc-comtois  :  Vllistoire  dea  Ar- 
cheiièqae»  de  Besançoit,  pur  Ki-ançois  d'Orivai,  (Xvii*  s.|, 
el  Kiiiait  lilUrairt*  d'une  Académie  privée  (tiui  retenait 
i  Besançon!,  en  Ml^,  récemment  acipiis  par  les  Archives 
du  Doub-;  et  la  liibliutlii'que  de  ltesimi;on,  par  M.  Jules 
GAUTHIKil p.  XVI 

Besançon  pendant  la  gunrre  de  die  am,  par  U.  le  docteur 

J.    MKYSIER p.    XVII.  ) 

Hommage  à  la  mémoire  de  M.  Albert  nnichard,  membre  lil"- 
Inire,  récemment  décédé,  par  M.  te  picsident p.  iix 

27 


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—  «B  — 

Notice  sur  U.  Paraadier,  inspecteur  général  honoraire  des 
pants-et-chaussëen,  par  M.  le  docteur  A.  Giri^rdot p.  xxi 

Etude  archéologique  sur  l'église  de  Sainl-Ursanne,  dans  le 
Jura  bernais,  par  M.  I.  Gauthier p.  ixui 

Opinions  erronées  de  la  Bévue  épigraphii}ue  sur  l'itinéraire 
de  Vetontio  à  Epomandttodurum p.  Xliv 

Notices  sur  Charles-François  Varaigne  et  sur  le  général  Fi'an- 

cia  Caslan,  par  M.  le  président p.  xiv 

Adhésion  de  la  Société  d'Ëniulatioii  du  Doubs  à  la  Société  de 
protection  des  paysages  français p.  rxvi 

Notice  sui'  la  découverte  d'un  bassin  de  Tontaine,  de  l'époque 
roniaine,  à  Chambornay-lei-Bellevjux,  par  U.  le  pi-ésident    p.  xxvi 

Rapport,  par  M.  Kirchneh,  archjviïte  de  la  Société,  d'une  dis- 
tribution d'exemplaires  du  volume  des  Incunables  de  la  Bi- 
bliothèque de  Besançon  faite  aux  principales  Bibliothèipies 
de  France  et  des  Deui-Hondes p.  Kivii 

Annonce  de  la  mort  du  poêle  Edouard  Gheniéb.  membre  ho- 
noraire, décédé  à  Uaume-les-Dames  le  5  décembre  1901,  lé- 
guant à  la  Société  d'Emulation  du  Doubs  00,000  Trancs,  pour 
créer,  en  mémoire  des  deui  frèrei  Grenier,  une  pension 
triennale  en  faveur  d'un  jeune  Franc-Comtois  intelligent, 
laborieux  et  pauvre p.  xivii 

Notice  sur  Alfieil  Milliard,  de  Pédry  (Haute-Saone),  membre 
correspondant,  et  sur  ses  collections  de  l'Age  de  pierre  et 
de  l'âge  de  bronze  léguées  au  Musée  de  Etesançon.  par  M.  le 
docteur  A.  GiBARBOT P-  xxvii'i 

Etude  archéologique  sur  réglise  de  Romain-Uotier  (canton  de 
Vaudj,  par  M   Jules  Gauthier  p.  xxviii 

Election  du  bureau  pour  1902  et  du  secrétaire  décennal p,  XXlx 

Séance  publique  du  19  décembre  1901 p.  xxx 

Banquet  annuel  de  1901  et  toasts  de  MM.  Vaissier,  président 
sortant,  et  Jules  Gauthier,  secrétaire  décennal p.  xxxi 


MÉMOIRES. 

L»  Société  d'Emulation  du  Daubs  en  iOOI  :  dis- 
cours  d'ouverture  de  la  séance  publique  du  jeudi 
19  décembre  1901,  par  M.  Alfred  Vaissier,  pré- 
sident annuel p. 

Les  noms  de  lieu  romans  en  France  et  à  l'étranger 
(tal)le  alphabétique  des  formes  latines),  par  M.  le 
docteur  J.  Meynier   p. 


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—  403  — 

Flore  det  Lichens  de  Pr anche-Comté  et  de  quelques 
localités  environnantes  (suite  et  fin),  par  M.  C. 
Flagey p.     55 

Un  mystère  fi-ançaia  au  xiv*  siècle  :  Le  Jour  du 
Jugement,  de  la  bibliothÙL|iie  de  la  ville  de  Be- 
sançon (texte  du  mystère),   par  M.  Emile  ItOY.     p.   115 

Les  colonnes  à  figures  de  Porte-Noire,  à  Besançon, 
par  M.  Alfred  Vaissier  (avec  gravures) p.   161 

Le  docteur  en  médecine  comte   d'Udresiier,   par 

M.  le  docteur  J.  Metnier p.  177 

Deux  vestiges  de  construction  gallo-romaine,  se 
complétant  l'un  par  l'autre,  à  Besançon  et  à 
Cliatnbornay-lez-Bellevau.c,  par  M.  Alfred  VaiS- 
siER  (2  planches) p.  18(i 

Besançon  pendant  la  gueiTC  de  dix  ans,  par  M.  le 
docteur  J.  Meynier    p.   195 

Un  précurseur  de  Libri  :  Etude  sur  le  génétlogis'.e 
Jean-Baptiste  Guillaume  de  Gevigneg  (sa  vie, 
son  œuvre,  ses  aventures  et  ses  méfaits),  par 
M.  Jules  Gauthier p.  220 

Jean  de  Fruijn,  archevêque -élu  de  Besançon 
([1395]-1458),  par  M.  Léon  Gauthier  (1  planche),    p.  263 

Le  Docteur  Coutenot,  par  M.  le  docteur  Ghapov 
(1  portrait) p.  273 

Notice  sur  deux  manutcrilt  franc-comtois  des  xvii'- 
xvni»  siècles,  récemment  entrés  dans  nos  dépôts 
publia,  par  M.  Jules  Gauthier p.  297 

Le  cardinal  de  Granvelle  et  les  artistes  de  son 
temps,  par  M.  Jules  Gauthier  (2  portraits)  ....     p.  305 

M.  Alfred  Milliard,  de  Fédry,  et  sa  collection  d'ob- 
jets préliistoriques  léguée  au  Musée  arcfiëolo- 
fftqiie,  par  M.  le  docteur  Albert  GiRARDOT p.  352 


Dons  hits  niA  Société  en  1901-1902 p.  3S0 

Envois  des  Sociétés  correspondantes p.  361 


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