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Full text of "Mémoires"

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Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2010  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/mmoires0105soci 


7 


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\ 


ET 


TQ 
1  o 


RELATIFS    A 


L'HISTOIRE  DU  CANADA, 


PUBLIES    PAR 


LA  SOCIETE  HISTOEiaUE  I)E  MONTREAL. 


'A 


■  V 


IMPRIMÉ  PAR  DUVERNAY,  FRÈRES, 

10  &  12.  RUE  ST.  VINCENT. 


1850. 


SOCIETE  HISTORIQUE 


CE 


MO]SrTREAJL. 


PATRONS. 
L'HoN.   Sir  L.  H.  Lafontaine  Bt.-L'Hon,  D.  B.  Vigek. 

OFFICIERS. 

Messire  h.  a.  Verreau,  Président. 
Mr.  R.  Bellemare,  Vice-Prés.,  Mr.  J.  U.  Baudry,  Très. 
_Mr.  L.  a.  h.  Latour,  Biblioth.,  Mr.  George  Baby,  Sec. 


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^i^tOMU 


i@@ii?i  ffiiiwôSig'Pi 


DE 


^SIOIsrTIlE^L. 


La  Société  Historique  de  Montréal,  foiulée  en  1857,  n'a 
été  définitivement  organisée  qu'en  1858,  sous  la  Présidence 
de  feu  M.  le  Commandeur  Viger,  dont  elle  ressent  aujour- 
d'hui vivement  la  perte.  Cette  société  se  propose  de  re- 
cueillir et  de  publier  tout  ce  qui  pourra  jeter  un  nouveau 
jour  sur  notre  Histoire  et  rendre  plus  facile  et  plus  sûre  la 
tâche  de  ceux  qui  l'écrivent.  Il  n'y  a  personne,  en  eflet, 
qui  ignore  combien  d'erreurs  sont  imprimées  tous  les  jours,  et 
combien  de  difficultés  on  rencontre,  pour  ainsi  dire,  à  cha* 
que  page,  quand  on  étudie  sérieusement  l'Histoire  du  Ca- 
nada. Et  cela  ne  doit  pas  nous  surprendre  ;  car  pendant 
longtemps  on  s'est  mis  peu  en  peine  de  conserver  les  do- 
cuments et  les  pièces  originales.  Nos  pères,  contents  d'a- 
voir fait  leur  devoir,  ne  songeaient  guères  à  transmettre  leurs 
belles  actions  à  la  postérité  ;  voilà  ce  qui  explique  la  perte 
de  documents  vraiment  précieux.  Tous  les  jours  encore  la 
vétusté,  les  incendies,  la  négligence  et  une  foule  d'accidents 
qu'on  ne  saurait  prévoir,  diminuent  le  nombre  de  ceux  qui 
nous  restent.  Ces  derniers  même  se  trouvent  dispersés  dans 
les  papiers  de  famille,  dans  les  différentes  archives  de  la 
province  et  jusques  à  l'étranger.  Il  est  donc  très  difficile  de 
se  procurer  aujourd'hui  tous  les  renseignements  dont  on  peut 
avoir  besoin  pour  étudier  avec  avantage  l'Histoire  du  Cana- 
da, si  féconde  en  actions  héroïques  et  en  nobles  dévoue- 
ments dont  les  détails  sont  encore  ignorés.  C'est  ce  qui  a 
engagé  la  Société  Historique  de  Montréal  à  commencer  la 


n 

mission  qu'elle  s'est  imposée.  Elle  sent  bien  que  cette  tâche- 
est  aussi  difficile  qu'ingrate,  car  les  documents  qu'elle  pur 
bliera  ne  sont  que  des  matériaux  pour  l'histoire,  et  par  con- 
séquent, ne  peuvent  avoir  rien  d'émouvant  ni  de  bien  attra- 
yant pour  la  plupart  des  lecteurs.  Cependant  si  ses  recher- 
ches peuvent  être  utiles,  si  elles  peuvent  rectifier  quelques 
inexactitudes  touchant  des  faits  saillants  de  notre  histoire,  la 
Société  Historique  croira  avoir  atteint  son  but.  Elle  est  d'ail- 
leurs encouragée  par  le  noble  exemple  des  Sociétés  Histo- 
riques de  France,  d'Allemagne  et  d'Italie,  où  plus  que  jamais 
on  s'eflbrce  d'arriver  à  la  vérité,  jusque  dans  les  moindres 
détails  de  l'histoire.  Du  reste,  elle  n'aura  pas  besoin  d'aller 
à  l'étranger  pour  trouver  un  modèle  à  suivre,  il  lui  suffira  de 
marcher  sur  les  traces  de  la  Société  Historique  fondée  à 
Québec  il  y  a  nombre  d'années.  Ello  n'a  d'autre  ambition 
que  de  devenir  son  auxiliaire  à  Montréal.  Nous  n'avons  pas 
besoin  de  dire  qu'elle  accueillera  toujours  avec  plaisir  et 
avec  empressement  toute  rectification  qu'on  pourra  lui  sug- 
gérer. 

La  première  livraison  qu'elle  présente  au  public  contient 
un  travail  sur  la  question  de  l'existence  de  l'esclavage  dans 
le  Canada,  commencé  par  feu  M.  J.  Viger,  et  complété  par 
Sir  L.  H.  LaFontaine,  savant  jurisconsulte  dont  le  pays 
s'honore  à  plus  d'un  titre. 

Nous  nous  empressons  de  le  publier,  parce  que  cette 
question  de  l'esclavage  en  Canada,  très  importante  en 
elle-même,  se  trouve  actuellement  controversée  dans  l'Etat 
du  Missouri  et  que  d'elle  dépend  l'issue  de  procès  intéres- 
.sants  chez  nos  voisins.  M.  Viger  avait  dû  communiquer  son 
travail,  tout  imparfait  qu'il  était,  et  une  grande  partie  des 
documents  qui  l'accompagnent,  à  des  avocats  distingués  de 
cet  Etat,  et  à  quelques-uns  de  nos  jurisconsultes,  entre  [au- 
tres à  l'Honorable  Juge  Badgley,  dont  le  témoignage  a  été 
invoqué  sur  ce  point. 


DE  L'ESCLAVAGE  EN  CANADA. 


L'Esclavage  a-t-il  existé  en  Canada  ? — Oui  l'esclavage  a 
existé  en  Canada. — Il  y  a  existé  par  abus,  dira-t-on  peut  être; 
mais  toujours  il  a  existé  de  fait  et  sous  le  gouvernement  fran- 
çais et  sous  le  gouvernement  anglais. 

Voici  quelques  documents  publics  et  authentiques  et  quel- 
ques faits  qui  prouvent  que  l'esclavage  a  vraiment  et  vir- 
tuellement existé  en  Canada,  longtemps  même  après 
la  conquête.  A  d'autres  qu'à  moi  d'examiner  sérieusement 
ces  pièces  et  de  donner  à  ma  question  une  réponse  catégori- 
que :  sous  le  rapport  historique,  c'est  un  point  important  à 
éclaircir  que  l'existence  de  l'Esclavage  pendant  un  temps 
quelconque  dans  notre  beau  pays  du  Canada.  Fev.  1858.  J.  V- 


I 

Extrait  de  lettres  des  10  Août,  31  Octobre  et  6  Novembre 
1688,  de  MM.  de  Denonville,  Gouverneur,  et  De 
Champigny,  Intendant  du  Canada,  au  Ministre 
Secrétaire  d'Etat. 

"  Les  gens  dfe  travail  et  les  domestiques  sont  d'une  rareté 
*'  et  d'une  cherté  si  extraordinaire,  écrit  M.  de  Lagny,  (1)  en 

(1)  Le  M.  de  Lagny  dont  il  est  question  dans  ce  document 
important,  que  nous  devons  aux  recherches  de  M.  Jacques  Viger, 
est  en  toute  probabilité  M.  Jean  Baptiste  de  Lagny,  Sieur  des 
Brigandières,  mentionné  dans  un  arrêt  du  Conseil  Supérieur  de 
■Québec,  du  14  Octobre  1677,  arrêt  que  nous  transcrivons  ici  : 

<'  Vu  la  requête  présentée  par  les  sieurs  Germain  Panin,  essav- 


''  succession  les  distribuent  entr'eux  et  les  prisent  par  con- 
"  îribution  au  sol  la  livre  de  leur  dû,  et  comme  dans  l'isle 
"  de  St.  Domingue  l'on  suit  la  Coutume  de  Paris,  les  nègres 
"  de  cette  islc  ne  font  point  partie  du  fond  ;  mais  se  ven- 
"  dent  ou  se  partagent  comme  meubles,  ce  que  nous  attes- 
"  tons  véritable,  laquelle  disposition  n'est  pas  conforme  à  ce 
"  qui  se  pratique  dans  les  pays  de  Droit-Ecrit,  mais  est  une 
"  loi  municipale  qui  est  toujours  observée  dans  les  lieux  qui 
"  se  régissent  par  la  Coutume  de  Paris^ 

Reprenons  la  suite  de  nos  documents, 

II 

Ordonnance  au  sujet  des  Nègres  et  des    Sauvages  appelés 
Panis,  du  13  Avril  1709. 

Jacques  Raudot,  etc., 

"  Ayant  une  connoissance  parfaite  de  l'avantage  que  cette 
"  Colonie  retireroit  si  on  pouvoil  sûrement  y  mettre  par  des 
"  achats  que  les  habitants  en  feroient,  des  Sauvages  qu'on 
"  nomme  Partis,  dont  la  nation  est  très  éloignée  de  ce  pays 
"  et  qu'on  ne  peut  avoir  que  par  les  Sauvages  qui  les  vont 
"  prendre  chez  eux  et  les  trafiquent  le  plus  souvent  avec  les 
"  Anglais  de  la  Caroline,  et  qui  en  ont  quelquefois  vendu 
"  aux  gens  de  ce  pays,  lesquels  se  trouvent  souvent  frustrés 
"  des  sommes  considérables  qu'ils  en  donnent  par  une  idée 
"  de  liberté  que  leur  inspirent  ceux  qui  ne  les  ont  pas  ache- 
"  tés,  ce  qui  fait  qu'ils  quittent  quasi  toujours  leurs  maîtres, 
"  et  ce,  sous  prétexte  qu'en  France  il  n'y  a  pas  d'esclaves, 
"  ce  qui  ne  se  trouve  pas  toujours  vrai,  par  rapport  aux  Co- 
*'  lonies  qui  en  dépendent,  puisque  dans  les  Iles  de  ce  con- 
*'  tinent,  tous  les  Nègres  que  les  habitants  acliètcnt  sont  tou- 
"  jours  regardés  comme  tels  ;  et  comme  toutes  les  Colonies 
•'  doivent  être  regardées  sur  le  môme  pied,  et  que  les  peu- 
**  pies  de  la  nation  Panis  sont  aussi  nécessaires  aux  habi- 


5 

*'  tants  de  ce  pays  pour  la  culture  des  terres  et  autres  ouvra- 
"  ges  qu'on  pourroit  entreprendre,  comme  les  Nègres  le  sont 
"  aux  Iles,  et  que  même  ces  sorte  d'engagements  sont  très  uti- 
"  les  à  cette  Colonie,  étant  nécessaire  d''en  assurer  la  pro- 
"  priété  à  ceux  qui  en  ont  acheté  et  qui  en  achèteront  à  Vave- 
"  nir  : 

*'  Nous,  sous  le  bon  plaisir  de  Sa  Majesté,  ordonnons  que 
"  tous  les  Panis  et  Nègres  qui  ont  été  achetés  et  qui  le  seront 
"  dans  la  suite,  appartiendront  en  pleine  propriété  à  ceux  qui 
"  les  ont  achetés  comme  étant  leurs  esclaves  ; 

"  Faisons  défense  aux  dits  Panis  et  Nègres  de  quitter 
*'  leurs  maîtres,  et  à  qui  que  ce  soit  de  les  débaucher,  sous 
"  peine  de  50  livres  d'amende. 

"  Ordonnons  qiie  la  présente  Ordonnance  sera  lue  et  pu- 
**  bliée  aux  endroits  accoutumés,  es  Villes  de  Québec,  Trois- 
"  Rivières  et  Montréal,  et  qu'elle  sera  enregistrée  au  Greffe 
"  des  Prévotés  d'icelles,  à  la  diligence  de  nos  subdélégués. 

"  Fait  et  donné  en  notre  hôtel  à  Québec  le  13  Avril  mil 
sept  cent  neuf. 

Signé,         Raudot. 

"  Lue  et  publiée  à  l'Eglise  de  la  Basse-Ville,  à  l'issue  de 
^'  la  messe  de  sept  heures  et  à  la  porte  de  l'Eglise  Paroissiale 
"  de  cette  ville  de  Québec,  issue  de  grande  messe,  21  Avril 
*'  1709,  par  moi  huissier  audiencieren  la  Prévoté  de  Québec 
**  y  demeurant  rue  St.  Pierre. 

Signé,         "  CoxGNET." 

m 

Ordonnan'ce  concernant  les  formalités  requises  pour  l'af- 
franchissement des  Esclaves  du  1er  Sept.  1736. 

Gilles  Hocquart. 

"  Sur  ce  que  nous  avons  été  informé  que  plusieurs  particu- 
**  liers  de  cette  Colonie  avoient  affranchi  leurs  esclaves  sans 


"  antre  formalité  que  celle  de  leur  donner  la  lilx'rlé  verbale- 
'■'■  ment,  et  étant  nécessaire  de  iixer  d'une  manière  invariable 
*'  l'état  des  esclaves  qui  pourront  être  affranchis  dans  la  suite; 
"  Nous,  après  en  avoir  conféré  avec  M.  le  Marquis  de  Beau- 
"  hamois,  Gouverneur  et  Lieutenant  Général  pour  le  Roy  de 
"  cette  Colonie,  Ordonnons  qu'à  l'avenir  tous  les  particuliers 
"  de  ce  pays  de  quelque  qualité  et  condition  qu'ils  soient,  qui 
"  voudront  affranchir  leurs  esclaves,  seront  tenus  de  le  faire 
"  par  un  acte  passé  devant  notaire,  dont  il  sera  gardé  minute 
"  et  qui  sera  en  outre  enregistré  au  greffe  de  la  jurisdiction 
"  royale  la  plus  prochaine;  déclarons  ions  autres  affranchisse- 
"  ments  qui  ne  seront  pas  dans  la  forme  ci-dessus,  nuls  et  de 
"  nul  effet. 

"  Et  sera  la  présente  Ordonnance  lue  et  publiée  en  la  ma- 
"  nière  accoutumée  et  registrée  au  greffe  des  jurisdictions 
"  royales  de  Québec,  de  Montréal  et  des  Trois-Rivières. 
"  Mandons,  etc. 

"  Fait  à  Québec,  le  premier  Septembre  mil  sept  cent  tren- 
"  te-six." 

Signé,         "  HocQUART." 

IV 

Arrêt  du  Coxseil  d'Etat  du  Roi,  portant  que  les  Nègres 
qui  se  sauvent  des  Colonies  des  ennemis  aux  Co- 
lonies Françaises,  appartiendront  à  Sa  Majesté,  du 
23  Juillet  1745,  registre  au  Conseil  Supérieur  de 
Québec  le  19  Juin  1748. 

"  Le  Roi  étant  informé  que  trois  Nègres  et  une  Négresse^ 
"  esclaves  de  l'Ile  Anglaise  d'Anligiies  (1),  s'étant  sauvés  à  la 
"  Guadeloupe,  il  y  aurait  des  difficultés  sur  la  question  de 
"  savoir  à  qui  le  produit  de  la  vente  des  dits  Nègres  devoit 
"  appartenir  ;  que  le  Juge  de  l'Amirauté  se  serait  contenté 

{^l)  Antigues  on  Antigoa,  Tpetitc  \\e  Anglaise  entre  St.  Chris- 
tf»phf  et  la  Guadeloupe. 


^L-.V-^:-.: 


'-'■  de  donner  un  avis,  portant  que  le  dit  produit  serait  déposé 
"  à  la  caisse  du  domaine  d'Occident  et  que"  sur  l'appel  in- 
"  terjeté  au  Conseil  Supérieur  de  la  dite  Ile  Guadeloupe 
"  par  le  Directeur  du  dit  Domaine,  de  l'avis  du  dit  Juge, 
"  le  dit  Conseil  Supérieur  auroit  rendu,  le  7  Janvier  dernier, 
*'  un  arrêt  par  lequel  il  auroit  déclaré  que  \e  produit  des  dits 
"  esclaves  appartenait  à  Sa  Majesté,  et  les  Nègres  esclaves 
"  des  ennemis  de  VEtat  qui  passent  dans  les  Colonies  Fran- 
"  çaises  devant  en  effet  appartenir  à  Sa  Majesté  seule,  ainsi 
^'  que  cela  s'est  pratiqué  dans  les  différentes  guerres,  et 
"  qu'il  en  est  usé  par  rapport  aux  vaisseaux  et  effets  des 
"  ennemis  qui  échouent  aux  côtes  de  la  domination  de  Sa 
"  Majesté,  qui  peut  seule,  dans  les  dits  cas,  exercer  le  droit 
"  de  guerre,  lequel  ne  se  peut  communiquer  à  personne  ;  Sa 
"  Majesté  auroit  jugé  à  propos  d'expliquer  ses  intentions, 
"  tant  pour  l'exécution  particulière  du  dit  arrêt  du  Conseil 
"  Supérieur  de  la  Guadeloupe  que  sur  la  matière  en  géné- 
"  rai,  afin  de  prévenir  les  difficultés  qui  pourroient  se  pré- 
•'  senter  aux  dites  Colonies,  et  après  s'être  fait  représenter 
"  l'arrêt  du  Conseil  d'Etat  du  6  Mars  1692,  rendu  à  l'occa- 
"  sion  de  l'échouement  d'un  vaisseau  ennemi  sur  les  côtes 
"  de  Calais,  et  par  lequel  il  auroit  été  déclaré  que  les  vais- 
"  seaux  et  effets  des  ennemis  de  l'Etat  qui  échouent  aux 
"  côtes  du  royaume,  appartiennent  au  Roi  seul,  et  en  con- 
"  séquence  a  ordonné  que  les  effets  qui  composoient  le  char- 
"  gement  du  dit  vaisseau,  demeureroient  confisqués  au  profit 
"  de  Sa  Majesté,  et  les  deniers  qui  en  proviendroient,  remis 
"  es  mains  de  qui  il  seroit  ordonné  par  Sa  Majesté,  vu  aussi 
■  '  les  ordres  particuliers  adressés  en  différens  temps  aux 
"  Gouverneurs  et  Intendants  des  Colonies  : 

"  Ouï  le  rapport,  et  tout  considéré,  le  Roi  étant  en  son 
"  Conseil,  a  déclaré  et  déclare  que  les  Nègres  esclaves  qui 
"  se  sauvent  des  Colonies  ennemies  de  l'Etat  aux  Colonies 
"  Françaises,  et  les  effets  qu'ils  y  apportent  appartiennent  à 
■"  Sa  Majesté  seule,  ainsi  que  les  vaisseaux  et  effets  des  dits 


8 

"  ennemis  qui  échouent  aux  cotes  de  sa  domination,  sans 
"  que  personne  y  puisse  rien  prétendre,  et  en  conséquence 
"  confirmant  en  tant  que  besoin  l'arrêt  du  Conseil  Supé- 
*'  rieur  de  la  Guadeloupe  du  7  Janvier  dernier,  a  ordonné 
"  et  ordonne  que  les  deniers  provenant  de  la  vente  des  dits 
"  quatre  Nègres  esclaves  qui  se  sont  sauvés  d'Antigues  à  la 
*'  dite  Ile  de  la  Guadeloupe,  seront  remis,  si  fait  n'a  été, 
"  dans  la  caisse  du  commis  aux  Iles-du-Vent  des  Trésoriers 
*'  Généraux  de  la  Marine,  pour  l'emploi  en  être  fait  aux 
"  dépenses  des  fortifications  des  dites  Iles-du-Vent,  suivant 
"  les  ordres  qui  en  seront  donnés  par  Sa  Majesté. 

"  Mande  et  ordonne  Sa  Majesté,  aux  Sieurs  Marquis  de 
*'  Beauharnois^  Gouverneur  et  Son  Lieutenant  Général,  et 
*'  Ilocquart^  Intendant  de  la  Nouvelle-France,  de  tenir  la 
"  main,  chacun  en  droit  soi  à  l'exécution  du  présent  arrêt, 
"  qui  sera  registre  au  Conseil  Supérieur  de  Québec. 

"  Fait  au  Conseil  d'Etat  du  Roi,  Sa  Majesté  y  étant,  tenu 
*'  au  camp  de  Bort  le  vingt-trois  Juillet  mil  sept  cent  qua- 
rante-cinq. 

Signé,         "  Phelypeaux." 

"  Registre,  ouï  et  ce  requérant  le  Procureur  du   Roi,  sui- 

*'  vant  l'arrêt  de  ce  jour,  par  nous   Greffier  en  Chef  du  dit 

<'  Conseil  à  Québec,  le  19  Juin  1748. 

Signé,         "  Boisseau.'' 


Extraits  de  la  Capitulation  de   Montréal  du  8  Septembre 
1760. 

"  Article  37.  Les  Seigneurs  de  terre,  les  Ofiiciers  Militai- 
"  rcs  et  de  Justice,  les  Canadiens,  tant  des  villes  que  des 
•"  campagnes,  les  Français  établis  ou  commerçant  en  toute 
"*'  l'étendue  de  la  Colonie  du  Canada,  et  tout  autre  personne 
•"  que  ce  puisse  être  &c.,  conserveront  l'entière,  paisible  pro- 
"  priété  et  possession  de  leurs  biens  seigneuriaux  et  rotu- 
*'  riers,  mettbles  et  immeubles,  marchandises  etc. — Accordé. 


"  Article  42.  Les  Français  et  Canadiens  continueront 
"  d'être  gouvernés  suivant  la  Coutume  de  Paris  et  les  lois  et 
"  usages  établis  pour  ce  pays. — Ils  deviennent  sujets  du  Roi. 

"  Article  47.  Les  Nègres  et  Panis  des  deux  sexes  reste- 
"  ront  en  leur  qualité  cfesclaves  en  la  possession  des  Fran- 
"  çais  et  Canadiens  à  qui  ils  appartiennent  ;  il  leur  sera 
*'  libre  de  les  garder  à  leur  service  dans  la  Colonie  ou  de 
"  les  vendre  ;  ils  pourront  aussi  continuer  à  les  faire  élever 
"  dans  la  Religion  Catholique. 

"  Accordé  :  ^excepté  ceux  qui  auront  été  faits  prisonniers." 

VI 

Lettrk  (inédite)  de  M.  le  Marquis  de  Yaudreuil  à  M.  do 
Belestre,  commandant  au  Détroit,  à  la  suite  de  la 
capitulation  de  Montréal. 

(Extrait  de  Ma  Saberdache,  lettre  M,  tome  I,  p.  158  et  sui- 
vantes.) 

A  Montréal,  le  9  Sept.  1760. 

"  Je  vous  apprends,  Monsieur,  que  j'ai  été  dans  la  néces- 

"  site  de  capituler  hier  à  l'armée  du  Général  Amherst 

"  à  des  conditions  très  avantageuses  pour  les  colons  et  par- 
"  ticulièrement  pour  les  habitants  du  Détroit,.  .En  effet  ils 
"  conservent  le  libre  exercice  de  leur  religion,  et  sont  main- 
"  tenus  en  la  possession  de  leurs  biens  meubles,  immeubles 

"  et  leurs  pelleteries  ; ils  conservent  leurs  Nègres  ei 

"  Panis,  mais  ils  sont  obligés  de  rendre  ceux  pris  aux  an- 
"  glais " 

Voilà  une  suite  de  documents  publics  qui  tendent,  ce  sem- 
ble, à  bien  établir  que  l'esclavage  des  Nègres  et  des  Panis 
a  été  introduit  en  Canada  dès  à  peu  près  1689,  et  que  la  plu» 
haute  autorité  du  pays  était  sous  l'impression  qu'il  y  exis- 
tait encore  lors  de  la  capitulation  de  Montréal  de  1 760,  Ce- 
]pendant  M,  Garneau  ne  parait  pas  être  de  cette   opinion. 


ÎO 

voici  ce  qu'il  dit  à  ce   sujet  au    t.  2mc  de  son  Histoire  du 
Canada^  p.  447  et  suiv.  Ire  édition. 

"Nous  ne  croyons  pas  devoir  omettre  de  mentionner  ici  une 
"  décision  du  gouvernement  français  qui  lui  fait  le  plus  grand 
"  honneur;  c'est  celle  relative  à  l'exclusion  des  esclaves  du 
*'  Canada,  cette  colonie  que  Louis  XIV  aimait  par  dessus 
"  toutes  les  autres,  à  cause  du  caractère  belliqueux  de  ses 
"  habitants,  qu'il  voulait  former  à  l'image  de  la  France,  cou- 
"  vrir  d'une  brave  noblesse  et  d'une  population  vraiment  na- 
"  tionale,  catholique,  française  sans  mélange  de  race. 

"  Dès  1688,  il  fut  proposé  d'y  introduire  des  nègres  ;  cette 
"  proposition  ne  rencontra  aucun  appui  dans  le  ministère  qui 
"  se  contenta  de  répondre  qu'il  craignait  que  le  changement 
"  de  climat  ne  les  fit  périr  (1);  c'était  assez  pour  faire  échouer 
"  une  entreprise  qui  aurait  greffé  sur  notre  société  la  grande 
"  et  terrible  plaie  qui  paralyse  la  force  d'une  portion  si  consi- 
"  dérable  de  l'Union  Américaine,  Vesclavage,  cette  plaie  in- 
"  connue  sous  notre  ciel  du  Nord  qui,  s'il  est  souvent  voilé 
"  par  les  nuages  de  la  tempête,  ne  voit  du  moins  lever  vers 
"  lui  que  des  fronts  libres  au  jour  de  sa  sérénité." 

M.  Bibaud,  jeune,  page  121  de  ses  Institutions  de  P His- 
toire du  Canada  parle  un  peu  différemment  de  M.  Garneau, 
sur  la  question  de  l'existence  de  l'esclavage  en  Canada 
sous  la  domination  française.  Il  n'hésite  pas  à  dire  ;  "  VEs- 
clavage  a  été  connu  en  Canada,^^  et  voici  comme  il  croit  en 
fournir  la  preuve. 

"  XLVIII.  L'Esclavage  fut  une  autre-  tache  à  la  constitu- 
"  tion  de  la  Nouvellf-France,  et  c'est  à  tort  qu'on  a  cru  jus- 
"  qu'à  présent  qu'il  n'y  a  jamais  existé.   Si,  à  la  proposition 

(1)  M.  G.  cite  à  son  appui  le  "  docuTTient^^  C02)i6  ci-devant 
(page  1,  )  qui,  certainement,  dit  phis  que  M.  G.  ne  lui  fait  dire, 
(voir  apostille  p.  2,)  M.  G.  en  a  éliminé  la  partie  princii>alc;  l'au- 
torisation du  roi  d'acheter  des  esclaves  ! 


11 

"  de  l'établir,  faite  en  1688,  le  Roi  ou  ses  ministres  répondi- 
"  rent  qu'il  était  à  craindre  que  la  rigueur  du  climat  ne  fît 
"  périr  les  nègres  et  que  l'acquisition  en  fût  par  là  même 
"  inutile,  (1)  trois  documents  prouvent,  sans  réplique,  que  l'es- 
"  clavage  fut  introduit  vers  la  môme  époque  ou  peu  après. 
"  Ces  documents  sont  :  V  Ordonnance  de  Raudot  du  15  (13) 
"  Avril  1709  qui,  sous  le  bon  plaisir  du  roi,  ordonne  que  tous 
"  les  Panis  et  Nègres  qui  ont  été  achetés  ou  qui  le  seront 
"  par  la  suite,  appartiendront  en  pleine  propriété  à  ceux  qui 
"  en  ont  fait  ou  en  feront  l'acquisition,  en  qualité  à'^esclaves. 
'■^  Celle  de  Hocquart,  du  premier  Septembre  1736,  qui  dé - 
"  clare  nul  et  de  nul  effet  tout  affranchissement  d^esclaves 
"  non  fait  par  ac^e  devant  notaires,  dont  est  gardé  minute 
"  et  en  outre   enregistré  au  greffe  de  la  jurisdiction  royale. 

"  Et  l'Arrêt  du  Conseil  Supérieur  du  5  juillet  1745,  (2)  qui 
"  déclare  que  les  nègres  qui  se  sauvent  des  colonies  enne- 
"  mies  aux  colonies  françaises,  et  leurs  effets  appartiendront  à 
"  S.  M.  T.  a 

"Ces  trois  documens  constatent  même  trois  phases  de  l'es- 
"  clavage  en  Canada.  Le  premier  légalise  ce  qui  n'était 
"  encore  qu'un  abus,  le  deuxième  constate  un  ordre  de  choses 
"  établi  contre  lequel  on  ne  peut  aller  qu'en  se  sers^ant  des 
"  formes  les  plus  solennelles  ;  et  le  troisième  est  le  complé- 
"  ment  qui  conduit  le  système  aux  extrêmes." 

Pour  compléter  la  preuve  que  l'esclavage  des  nègres  et 
sauvages  Panis  a  existé  en  Canada,  sous  la  domination  fran- 
çaise, j'aurais  aimé  à  citer  ici  quelques  uns  des  jugements 
portés  par  les  cours  de  Prévôté  ou  de  Jurisdiction  royale 
(entre  1689  et   1760)  contre  quelque  embaucheur  d'esclave, 

(1)  I\I.  Bibaud  n'a  pas  vu  la  dépêche  de  1688,  ni  l'apostille  de 
1689,  il  croit  que  M.  G.  cite  VapostUle  sans  la  mutiler. 

(2)  Non,  il  faut  dire  l'Arrêt  du  Conseil  dCEtat  du  Koi  du  23 
juillet  1715,  (vcui  document  1\'  p.  6.) 


12 

ou  à  l'occasion  de  {|iielque  ve7ite  ou  désertion  d'^esclave  ;  on 
encore  en  plainte  de  non-conformité  à  l'ordonnance  de  M. 
Hùcquart  pour  leur  affranchissement.  Je  n'ai  pas  encore 
pu  faire  des  recherches  à  ce  sujet  dans  les  régitres  du  temps. 
On  doit  y  trouver  plusieurs  de  ces  jugements.  Les  études 
des  Notaires  et  les  greffes  des  cours  doivent  aussi  fournir 
plus  d'une  preuve  de  maîtres  honnêtes  et  conscientieux  qui 
se  sont  conformés  à  l'ordonnance  de  1736,  en  affranchis- 
sant leurs  esclaves.  J'indique  ce  travail  à  qui  voudra  le 
faire  et  j'en  ferai  Appendice  à  ce  cahier. 


Aux  autorités  citées  par  M.  Viger,  on  peut  ajouter  les  sui- 
vantes : 

lo.  "  Traité  de  neutralité  conclu  à  Londres  entre  les  Rois 
de  France  et  d'Angleterre,  touchant  les  limites  des  pays  dos 
deux  Rois  en  Amérique,"  le  IG  Novembre  1686,  enregistré 
à  Québec  le  21  Juillet  1687. 

Le  10e  article  est  en  ces  termes  : 

*'  Qu'aucuns  sujets  de  l'une  ou  de  l'autre  nation  ne  reti- 
reront les  sauvages  habitants  du  lieu,  ou  leurs  esclaves^  ou 
les  biens  que  les  dits  habitants  emporteront  appartenant  aux 
sujets  de  l'autre  nation,  et  qu'ils  ne  leur  donneront  aucune 
aide  ni  protection  dans  les  dits  enlèvements  ou  pillages." 

2o.  "  Edit  du  Roi  portant  l'établissement  de  la  Louisiane 
par  le  Sieur  Crozat,  du  14  Septembre  1712,"  enregistré  au 
Conseil  Supérieur,  le  30  Juillet  1714.  Art.  14,  "  Si  pour  les 
cultures  et  plantations  que  le  dit  Sieur  Crozat  voudra  faire 
faire,  il  juge  à  propos  d'avoir  des  Nègres  au  dit  pays  de  la 
Louisiane,  il  pourra  envoyer  un  vaisseau  tous  les  ans  les 
traiter  directement  à  la  côte  de  la  Guinée  en  prenant  par  lui 
permission  de  la  C«iiiipagnie  de  Guinée  do  le  faire  ;  il  pourra 
vendre  ces  nègres  aux  liabitants  de  la   Colonie  de   la  Loui- 


13 

siane,  et  faisons  défenses  à  tontes  compagnies  et  autres  per- 
sonnes que  ce  soit,  sous  quelque  prétexte  que  ce  puisse  être, 
d'en  introduire  ni  d'en  faire  commerce  dans  le  dit  pays,  et 
au  dit  Sieur  Crozat  d'en  porter  ailleurs." 

Le  Roi  en  donne  le  monopole  exclusif  au  Sieur  Crozat, 
qui  ne  le  conserva  pas  longtemps,  car  il  remit  son  privilège 
au  Roi  dès  le  mois  d'Avril  1717,  ainsi  que  le  constatent  : 

3o.  "  Les  Lettres  Patentes  pour  l'établissement  d'une 
compagnie  de  commerce  sous  le  nom  de  "  Compagnie  d'Oc- 
cident," du  même  mois  d'Août  1717,  enregistrées  au  Con- 
seil Supérieur  de  Québec  le  2  Octobre  1719. 

Par  le  oe  article,  la  Province  de  la  Louisiane  est  cédée  à 
cette  nouvelle  compagnie,  "  ainsi  et  dans  la  même  étendue 
que  nous  l'avions  donnée  au  Sieur  Crozat  par  nos  Lettres 
Patentes  du  14  Septembre  1712."  Puis  on  lit  dans  le  53e 
article  :  "  Comme  dans  l'établissement  des  pays  concédés 
à  la  dite  compagnie  par  ces  présentes,  nous  regardons  par- 
ticulièrement la  gloire  de  Dieu,  en  procurant  le  salut  des 
habitants  Indiens,  Sauvages  et  Nègres,  que  nous  désirons 
être  instruits  dans  la  vraie  religion,  la  dite  compagnie  sera 
obligée  de  bâtir  des  Eglises,  etc.,  etc" 

4o.  "  Lettres  Patentes  du  Roi,  en  forme  d'Ediî,  concer- 
nant le  commerce  étranger  aux  Isles  et  Colonies  d'Améri^ 
que,"  du  mois  d'Octobre  1727,  enregistrées  au  Conseil  Su- 
périeur de  Québec,  le  17  Septembre  1728. 

Ces  lettres  concernent  toutes  les  Colonies  Françaises  en 
Amérique,  et  par  conséquent  le  Canada. 

On  lit,  dans  le  préambule  :  "  Nos  Isles  et  Colonies  con- 
sidérablement augmentées,  sont  en  état  de  soutenir  une  na- 
vigation et  un  commerce  considérable,  par  la  consommation 
et  le  débit  des  Nègres,  denrées  et  marchandises  qui  leur  sont 

portés  par  les  vaisseaux  de  nos  sujets Les  justes 

mesures  que  nous  prenons,  pour  qu'il  leur  soit  fourni  de 
France  et  de  nos  autres  colonies,  les  Nègres,  les  denrées  et 
les  marchandises  dont  elles  peuvent  avoir  besoin,  etc.,  etc. 

2 


14 

Il  est  statué  et  ordonné  "  qu'il  ne  soit  reçu  dans  les  Colo- 
nies soumises  à  notre  obéissance,  que  les  Nègres,  effets,  den- 
rées et  marchandises  qui  y  seront  portés  par  des  vaisseaux 
ou  autres  bâtiments  de  mer  François,  qui  auront  pris  leur 
chargement  dans  les  ports  de  notre  royaume,  ou  dans  nos 
dites  Colonies,  et  qui  appartiendront  à  nos  sujets,  nés  dans 
notre  Royaume,  ou  dans  les  dites  Colonies " 

"  TITRE    PREMIER. 

"  Art.  1.  Défendons  à  tous  nos  sujets  nés  dans  notre 
Royaume,  et  dans  les  Colonies  soumises  à  notre  obéissance, 
de  faire  venir  des  pays  étrangers  et  colonies  étrangères,  au- 
cuns Nègres,  effets,  denrées  et  marchandises,  pour  être  in- 
troduits dans  nos  dites  Colonies,  à  l'exception  néanmoins 
des  chairs  salées  d'Irlande,  etc.,  etc." 

"  Art.  2.  Défendons,  sous  les  mêmes  peines,  à  nos  dits 
sujets,  de  faire  sortir  de  nos  dites  Isles  et  Colonies,  aucuns 
Nègres,  effets,  denrées  et  marchandises,  pour  être  envoyés 
dans  les  pays  étrangers  et  Colonies  étrangères." 

"  Art.  11,  Quant  aux  vaisseaux,  ou  autres  bâtiments 
étrangers...  qui  seront  obligés  de  relâcher  dans  les  Colonies, 
*'  ordonnons  au  Gouverneur,  etc.,  etc.,  d'envoyer  sur  le 
champ  un  détachement  de  quatre  soldats  et  un  sergent  à 
bord  des  dits  vaisseaux  et  autres  bâtiments,  avec  ordre  d'em- 
pêcher l'embarquement  d'aucuns  Nègres,  effets,  denrées  et 
marchandises,  pour  quelque  cause  et  sous  quelque  prétexte 
que  ce  soit,  lequel  détachement  demeurera  à  bord  des  dits 
vaisseaux  et  autres  bâtiments,  aux  dépens  des  propriétaires 
d'iceux,  tant  qu'ils  resteront  dans  les  ports  et  rades  de  nos 
Colonies." 

"  Art.  13 Voulons  aussi  qu'en  cas  qu'il  soit  débar- 
qué des  Nègres,  il  en  soit  dressé  un  rôle  où  ils  soient  exac- 
tement signalés,  qu'ils  soient  remis  en  séquestre  entre  les 
mains  de  quelque  personne  solvable,  pour  les  représenter 
îors  du  rechargement  du  navire  ou  bâtiment  dont  ils  auroni 


10 

été  débarqués,  et  qu'au  défaut  d'un  séquestre,  le  capitaine 
donne  au  bas  du  dit  rôle  sa  soumission  de  les  représenter 
lors  du  rechargement  du  navire,  sans  qu'il  puisse  en  être 
distrait  aucun  par  vente  ou  autrement,  le  tout  à  peine  de 
confiscation  de  la  valeur  des  dits  Nègres,  du  bâtiment  et  de 
la  cargaison." 

Art.  14.  Dans  certains  cas,  pour  satisfaire  aux  dépen- 
ses des  vaisseaux  étrangers  ainsi  relâchés,  le  Gouverneur 
pourra  permettre  "  de  vendre  une  certaine  quantité  de  Nè- 
gres, etc.  etc." 

"  Art.  15.  Voulons  qu'aussitôt  que  les  dits  navires  étran- 
gers qui  auront  relâché,  seront  en  état  de  reprendre  leur 
chargement,  les  dits  Nègres,  etc.,  qui  en  auront  été  débar- 
qués, y  soient  rembarques  et  qu'il  soit  fait  un  recollement 
sur  le  procès-verbal  de  débarquement  des  Nègres,  etc.,  etc., 
pour  connaître  s'il  n'en  a  rien  été  tiré,  etc.,  etc." 

"  Art.  16.  Faisons  défenses  aux  capitaines  des  dits  na- 
vires étrangers,  facteurs  et  autres,  tels  qu'ils  puissent  être, 
de  débarquer,  vendre  ni  débiter  aucuns  Nègres  etc.,  ni  d'em- 
barquer aucuns  Nègres  etc.,  à  peine,  etc." 

TITRE  SECOND. 

Des  nègres,  effets,  denrées  et  marchandises  qui  seront  trouvés 
sur  les  Grèves,  Ports  ou  Havres,  provenant  tant  des  Vais- 
seaux François  faisant  le  Commerce  étranger  que  des 
Vaisseaux  étrangers. 

Article  I. — Les  nègres,  effets,  denrées  et  marchandises 
qui  seront  trouvés  sur  les  grèves,  ports  et  havres  et  qui  pro- 
viendront des  navires,  appartenants  à  nos  sujets,  faisant  le 
commerce  étranger,  seront  confisqués,  ensemble  le  bâtiment 
d'où  ils  auront  été  débarqués  et  son  chargement,  le  capitai- 
ne condamné  à  mille  livres  d'amende,  et  en  outre  à  trois  ans 
de  galères,  la  moitié  de  laquelle  amende  appartiendra  au 
dénonciateur. 

II.   Les  nègres,  effets,  denrées  et  marchandises  qui  seron 


16 

pareillement  trouvés  sur  les  grèves,  ports  et  havres  et  qui 
proviendront  des  navires  étrangers,  seront  aussi  confisqués, 
ensemble  le  bâtiment  d'où  ils  auront  été  débarqués  et  son 
chargement,  et  le  capitaine  condamné  à  mille  livres  d'amen- 
de, qui  sera  payée  solidairement  avec  les  gens  de  l'équipa- 
ge, et  dont  moitié  appartiendra  au  dénonciateur. 

TITRE  TROISIÈME. 

Des  nègres,  effets,  denrées  et  marchandises  qui  seront  trouvés 
à  terre  provenant  tant  des  Vaisseaux  Fi^ançois,  faisant  le 
Commerce  étranger,  que  des  Vaisseaux  étrangsrs. 

Article  I. — Les  nègres,  effets,  denrées  et  marchandises 
qui  seront  trouvés  à  terre  et  qui  proviendront  des  navires 
appartenants  à  nos  sujets  faisant  le  commerce  étranger,  se- 
ront confisqués,  ensemble  le  bâtiment  d'où  ils  auront  été 
débarqués,  le  capitaine  condamné  à  mille  livres  d'amende, 
et  en  outre  à  trois  ans  de  galères. 

II.  Les  nègres,  effets,  denrées  et  marchandises  qui  seront 
pareillement  trouvés  à  terre  et  qui  proviendront  des  navires 
étrangers  seront  aussi  confisqués,  ensemble  le  bâtiment  d'où 
ils  auront  été  débarqués  el  son  chargement  ;  et  le  capitaine 
condamné  à  mille  livres  d'amende,  qui  sera  payée  solidai- 
rement avec  les  gens  de  l'équipage. 

III.  Ceux  chez  qui  il  se  trouvera  des  nègres,  effets,  den- 
rées et  marchandises  provenant  des  navires  français,  faisant 
le  commerce  étranger,  et  des  navires  étrangers,  seront  con- 
damnés à  quinze  cents  livres  d'amende,  et  en  outre  à  trois 
ans  de  galères. 

IV.  Les  dites  amendes  et  confiscations  appartiendront, 
savoir  :  moitié  au  dénonciateur  et  l'autre  moitié  au  fermier 
Je  notre  domaine. 


1? 

TITRE  CINQUIÈME. 

Des  marchandises  provenant  des  Vaisseaux  étrangers,  intro- 
duites par  le  moyen  des  vaisseaux  Français. 

V.  Voulons  que  toutes  personnes,  de  quelque  qualité 
qu'elles  soient,  qui  seront  convaincues  d'avoir  fait  le  com- 
merce étranger  par  le  moyen  des  bâtimens  de  mer  à  elles 
appartenans  ou  qu'elles  auront  pris  à  fret,  qui  auront  favori- 
sé l'introduction  des  marchandises  venues  par  les  vaisseaux 
étrangers,  ou  qui  auront  envoyé  dans  les  pays  ou  colonies 
étrangères  des  nègres,  effets,  denrées  ou  marchandises  de 
nos  colonies,  soient  condamnées,  outre  les  amendes  portées 
en  ces  présentes,  à  trois  ans  de  galères. 

VI.  Voulons  que  les  contraventions  pour  raison  du  com- 
merce étranger  et  de  l'introduction  des  nègres,  effets,  den- 
rées et  marchandises  étrangères  dans  nos  colonies,  de  même 
que  pour  l'envoi  des  nègres,  effets,  denrées  et  marchandises 
de  nos  isles  et  colonies  dans  les  pays  étrangers,  puissent 
être  poursuivies  pendant  cinq  ans  après  qu'elles  auront  été 
commises,  et  que  la  preuve  par  témoin  ou  autrement  puisse 
en  être  faite  pendant  le  dit  temps. 

5o.  Voici  une  ordonnance  de  l'Intendant  Hocquart,  du  8 
Février  1734,  qui,  je  crois,  n'a  jamais  été  publiée  : 

Gilles  Hocquart,  etc. 

"  Sur  les  plaintes  qui  nous  ont  été  faites  par  le  Sieur 
Joanne,  Capitaine  de  Navire,  qu'en  1732  il  aurait  amené  en 
ce  pays  un  esclave  Caraybe  à  luy  apartenant  et  emplo^'é 
pour  matelot  sur  son  Rolle  d'Equipage,  lequel  aurait  déserté 
dans  le  temps  que  le  supliant  estoit  prest  à  s'embarquer 
pour  retourner  aux  Isles  ;  que  le  supiiant  auroit  reconnu  et 
trouvé  depuis  peu  le  dit  Caraybe  dans  la  paroisse  de  Saint 
Augustin  ou  l'ayant  reclamé,  quelques  personnes  mal  inten- 
tionnées auroient  facilité  l'évasion  du  dit  esclave  ;  pourquoy 
le  supliant  nous  aurait  requis  de  luy  accorder  noire  ordre 


18 

pour  le  faire  arrester  partout  ou  il  le  poura  trouver. — A  quoy 
ayant  égard. 

Nous  ordonnons  à  tous  capitaines  et  autres  officiers  de 
milice  requis  de  donner  toute  protection  et  assistance  au  dit 
Sieur  Joanne  et  de  luy  prester  main-forte  pour  recouvrer  et 
faire  conduire  en  lieu  de  seureté  le  dit  Esclave  Caraybe  au 
désir  du  dit  supliant  qui  fournira  aux  frais  de  conduite  et 
récompensera  ceux  qui  le  découvriront. 

DefTendons  à  toutes  personnes  de  receler  le  dit  esclave  ny 
faciliter  son  évasion  à  peine  d'amende  arbitraire,  et  de  plus 
grande  peine  si  le  cas  y  escheoit.  Mandons,  etc. 

Fait  à  Québec  le  huit  Février  1734. 

HOCQUART." 

60.  Dans  toutes  les  pièces  d'un  procès  criminel  dont  le 
dossier  est  au  greffe  de  Montréal,  la  négresse  de  Madame 
de  Francheville,  qui  subissait  ce  procès,  est  appelée  Vesclave 
de  celle  Dame.  Elle  avait  été  achetée  dans  les  Colonies 
Anglaises.  Dans  la  nuit  du  10  au  11  Avril  1734,  elle  mit 
le  feu  à  la  maison  de  sa  maîtresse,  ce  qui  causa  un  incendie 
qui  détruisit  une  partie  de  la  ville  de  Montréal.  Le  procès 
s'instruisit  aussitôt,  et  trouvée  coupable,  la  malheureuse  fut 
pendue  dans  le  mois  de  Juin  1734. 

7o.  "  Traité  sur  le  Gouvernement  des  Esclaves,"  par  M. 
Petit.  Ce  traité  renferme  plusieurs  lois  concernant  l'escla- 
vage. Les  premières  sont  des  lois  locales.  Il  y  a  d'abord 
Tarticle  3  et  l'article  6  d'un  Règlement  général  de  police  du 
19  Juin  1G64,  fait  par  M.  de  Tracy,  Lieutenant-Général  pour 
le  Roi  es  Islcs  Françaises  d'Amérique  ;"  puis  trois  arrêts 
de  Règlement  du  Conseil  Supérieur  de  la  Martinique  (1670, 
1G71  et  1677),  une  ordonnance  du  Gouverneur  Lieutenant- 
Général  des  fsles,  sur  la  chasse  des  esclaves  déserteurs,  du 
5  Septembre  1678  ;  enfin  un  arrêt  du  Conseil  d'Etat  qui  dé- 
fend la  saisie  des  Nègres  attachés  à  la  terre,  du  5  Mai  1681, 
et  un  autre  arrêt  de  règlement  du  Conseil    Supérieur  de  la 


19 

Martinique,  sur  les  saisies  réelles  :  "  Après  l'adjudication, 
sera  faite  une  ventilation  de  la  valeur  des  dits  nègres  et  bes- 
tiaux, sur  le  pied  d'icelle  adjudication,  pour  être  le  prix  pro- 
venant de  la  terre  distribué  aux  créanciers  hypothécaires,  et 
celui  provenant  des  nègres  et  bestiaux  distribué,  comme 
meubles.  Toutes  ces  lois  sont  antérieures  à  la  célèbre  or- 
donnance du  Roi  de  France  du  mois  de  Mars  1685,  appelée 
le  Code  Noir. 

60.  Nous  lisons  dans  Petit,  déjà  cité,  t.  2,  p.  4  :  "  La 
"  première  loi  relative  aux  Isles,  qui  parle  du  commerce  des 
*'  Nègres,  est  Pédit  du  28  Mai  1664,  portant  création  de  la 
"  Compagnie  des  Indes  Occidentales,  entre  les  concessions 
"  de  laquelle  on  compte  la  permission  de  faire  exclusive- 
"  ment  le  commerce  sur  toute  la  côte  de  l'Afrique,  depuis 
"  le  Cap- Vert,  jusqu'au  Cap  de  Bonne-Espérance.  Un  édit 
"  du  mois  de  Décembre  1674,  en  révocation  de  cette  com- 
"  pagnie,  en  réunit  an  domaine  les  concessions,  et  nommé- 
"  ment  la  côte  d'Afrique,  depuis  le  Cap-Vert,  jusqu'au  Cap 
"  de  Bonne-Espérance,  et  la  propriété  des  fort  et  habitation 
"  du  Sénégal,  commerce  du  Cap- Vert,  et  Rivière  de  Gam- 
"  bie.  La  compagnie  en  avait  engagé  les  établissements, 
"  et  le  commerce,  par  contrat  du  8  Novembre  1673  ;  et  ce 
"  contrat  avait  été  confirmé  par  arrêt  du  Conseil  d'Etat,  du 
"  11  du  même  mois.  On  lit  dans  ces  deux  pièces,  que  ces 
"  établissements  avaient  été  commencés  par  des  négocians 
"  de  Rouen,  qui  en  avaient  traité  avec  la  compagnie,  par 
"  acte  du  28  Novembre  1664  ;  et,  dans  un  arrêt  du  13  Jan- 
'^  vier  1672,  que  le  commerce  de  cette  côte  avait  été  encou- 
"  ragé  par  une  gratification  de  treize  livres  en  faveur  des 
"  armateurs,  par  tête  de  Nègres  importés  dans  les  Isles. 
"  Une  compagnie  dite  du  Sénégal,  traita,  le  21  Mars  1679, 
"  du  commerce  de  la  côte  d'Afrique,  avec  les  directeurs  du 
"  domaine  d'Occident  ;  traité  confirmé  par  arrêt  du  Conseil 
"  d'Etat,  du  25  du  même  mois  de  Mars,  et  par  des  Lettres 
"  Patentes  du  mois  de  Juin  suivant,  avec  privilège  exclusif." 


20 

Les  deux  Edits  de  création  et  de  révocation  de  la  Com- 
pagnie des  Indes  Occidentales  ont  été  enregistrés  au  Con- 
seil Supérieur  de  Québec. 

On  trouve  dans  les  Registres  de  la  Paroisse  de  La  Longue 
Pointe  à  la  date  du  13  Mars  1755,  le  certificat  d'inhumation 
du  "  Corps  de  Louise,  Négresse  apj^artenant  à  M.  Descham- 
bault  âgée  de  27  jours." 

Et  le  4  Novembre  1756,  certificat  de  Baptême  de  "  Marie 
"  Judith,  PaniSf  âgée  d'environ  12  ans,  appartenant  au  Sieur 
''  Preville  de  cette  Paroisse." 

Le  22  Janvier  1757,  le  nommé  Constant  est  condamné 
par  Jacques  Joseph  Guiton  de  Monrepos,  Lieutenant-Général 
civil  et  criminel  en  la  Jurisdiction  de  Montréal,  à  la  peine 
du  carcan  en  la  place  publique  un  jour  de  marché,  et  à  être 
banni  ensuite  à  perpétuité  de  la  dite  Jurisdiction.  Dans  le 
procès,  il  est  constamment  désigné  sous  le  nom  de  "  Cons- 
tant, esclave  Partis  du  Sieur  de  Saint  Blain,  Officier  d'In- 
ftmlerie,  etc." 

Passons  maintenant  à  la  domination  anglaise. 

Nous  avons  vu  l'article  de"  la  capitulation  relatif  aux  es- 
claves, cité  par  M.  Viger.  On  trouve  en  outre  :  lo.  Un  Acte 
du  Parlement  Impérial,  de  1732,  chap.  7,  contenant  la  dis- 
position suivante  :  "  And  be  it  furiher  enacted  by  ihe  autho- 
"  rity  aforesaid,  ihat  from  and  after  the  said  twenly  ninth 
"  day  of  Septembcr  1732,  the  houses,  lands,  negroes^  and 
*'  other  hereditaments,  and  real  estâtes,  situate  or  being 
.*'  within  any  of  the  said  plantation:^  belonging  toany  pcrson 
"  indebtcd,  shall  be  liable  to,  and  chargeablc  with  ail  just 
*'  debts,  duties,  anddcmands  of  what  nature  and  kind  soever, 
*'  owing  by  sucli  perron  to  His  Majosty,  ov  any  of  his  sub- 
"  jects,  and  shall  and  may  bc  Assets  for  the  satisfaction 
"  thereof  in  like  manner  as  real  estâtes  are  by  the  law  of 
'■'■  England  liable  to  the  satisfaction  of  dobf?  due  by  Bond^ 


21 

*'  or  other  specialty,  and  shall  be  subject  fo  thc  likc  renie- 
"  dies,  proceedings,  and  process  in  any  Court  of  Law  or 
"  Equity,  in  any  of  the  said  plantations  respectively,  for 
"  seizing,  extending,  selling,  or  disposing  of  any  such  hoii- 
"  ses,  lands,  îiegroes,  and  other  hereditaments  and  real  esta- 
"  tes,  towards  the  satisfaction  of  such  debts,  duties,  and  de- 
"  mands,  and  in  like  manner  as  personal  estâtes  in  any  of 
"  the  said  plantations  respectively  are  seized,extended,  sold, 
"  or  disposed  of  for  the  satisfaction  of  debts." 

2o.  Nous  lisons  dans  l'Acte  de  Québec  (1774)  : 
14e.  Geo.  III,  chap.  83,  Sec.  XVIII. 

"  Pourvu  toutefois,  et  il  est  par  ces  présentes  établi,  que 
'  rien  de  ce  qui  est  contenu  dans  cet  acte  ne  s'étendra,  ou 
'  ne  s'entendra  s'étendre  à  infirmer  ou  annuller  dans  la  dite 
'  Province  de  Québec  tous  Actes  du  Parlement  de  la  Grande 
'  Bretagne,  ci-devant  faits,  qui  prohibent,  restreignent  ou  rè- 
'  glent  le  commerce  des  colonies  et  plantations  de  Sa  Ma» 
'  jesté  en  Amérique,  et  que  tous  et  chacun  des  dits  Acles, 
'  ainsi  que  tous  Actes  de  Parlement  ci-devant  faits,  qui  ont 
'  rapport,  ou  qui  concernent  les  dites  colonies  et  plantations 
'  seront,  et  sont  par  ces  présentes,  déclarés  être  en  force 
'  dans  la  dite  Province  de  Québec,  cl  dans  chaque  partie 
'  d'icelie." 

3o.  Dans  la  Gazette  de  Québec  du  18  Mars  1784,  No. 
969,  on  lit  l'avertissement  qui  suit  : 

"  A  VENDRE, 

"  Une  Négresse  qui  est  présentement  en  ville.  L'on  pouna 
s"'adresser  à  Madame  Perrault  pour  le  prix." 
Et  dans  celle  du  25  Mars,  même  année  : 

"  A  VENDRE. 

"  Un  Nègre  âgé  d'environ  25  ans,  qui  a  eu  la  petite  vé- 
role. Pour  plus  amples  informations,  il  faut  s'adresser  à 
l'imprimeur." 

4o.  J'ai  vu  deux  actes  de  vente  de  la  même  négresse, 
l'un  du  9  Juin   1783,  par  Elias  Smith  à  James   Finlay,  et 


22 

l'autre  par  Finlay  à  Patrick  Langan  du  14  mai  1788,  à  cha- 
que fois  pour  la  somme  de  £50.  On  la  désignait  sous  le 
nom  de  Peg. 

5o.  Voici  copie  d'une  déposition  faite  le  16  Juillet  1788  : 
^'  This  day  personnally  appeared  before  me  James  Finlay 
'*  one  of  Ilis  Majesty's  Justices  of  tlie  Peace  for  the  Province 
"  of  Québec,  John  Munro  Esq.  of  Matilda  in  said  Province, 
"  who  maketh  oath  on  the  Holy  Evangelists  Ihat  in  the  year 
"  one  thousand  seven  hundred  and  eighly  he  was  ordered 
"  by  Ilis  Excellency,  General  Sir  Frederick  llaldimand,  to 
"  take  the  command  of  a  detachment  of  His  Majesty's 
"  troops  and  Indians  and  proceed  lo  the  ennemy's  frontiers 
"  at  Balls-town  and  its  vicinify.  That  the  troops  and  In- 
"  dians  then  under  his  command  captured  a  number  of 
"  Negroes,  some  of  which  were  in  the  house  of  a  Colonel 
"  Gordon  (them  in  the  service  of  the  American  States) 
"  which  Negroes  were  claimed  and  detained  by  the  respec- 
"  live  white  men  and  Indians  who  captured  them,  and  were 
"  brought  to  Montréal  and  sold,  asivas  customary  insuch  cases ^ 
"  ail  cxccpting  one  Negroc  namcd  Dublin,  who  being  known 
"  to  be  a  free-man  was  liberatcd  and  inlisted  in  His  Majes- 
"  ty's  service.  This  déponent  farther  adds  that  he  never 
"  considered  those  captived  Negroes  as  Prisoners  of  War, 
"  and  consequently  did  not  report  them  to  the  Commander 
"  in  Cliief,  or  to  any  other  ofïicer  commanding  a  District  or 
"  Garrison  in  the  Province  :  and  further  this  déponent  saith 
"  not. 

"  Swom  before  me  at  Montréal  this  16th  day  of  July  in 
"  the  year  of  Our  Lord  one  thousand  seven  hundred  and 
"  eighty  eight,  and  in  the  twenty  eight  year  of  Mis  Majesty's 
"  Reign." 

(Signed,)  '  Jchn  Munro. 

(Signed,)  James  Finlay,  J.  P. 

Go.  Déclaration  de  Isaac  Ilill,  chef  Mohawk  : 

"  I,  Isaac  Ilill,  a  Mohawk  Chief,  living  at  the  Grand,  or 


23 

"  Oswego  River,  do  hereby  testify  that  I  accompanied  Capt. 
"  Munroe  of  the  late  Royal  Regt.  of  New-York,  with.a  party 
"  of  my  Warriors  on  an  expédition  against  Balls-town  in  the 
"  late  Province,  now  state  of  New- York,  in  the  year  1780, 
"  on  which  expédition  we  captured  some  Negroes  among 
"  which  was  one  sold  by  Lient.  Patrick  Langan  (who  then 
"  acted  as  oiir  officer)  that  was  captured  by  one  of  my  war- 
"  riors.  And  I  dofurthertestify  that  the  said  Lient.  Langan 
"  acted  as  agent  in  that  sale  for  my  Tribe  or  Party  and  that 
"  the  said  Negroe  was  sold  by  him  for  our  sole  use  and 
"  benefit,  and  that  we  received  from  him  the  money  the  said 
"  Negroe  was  sold  for,  and  further  the  déponent  sait  not." 
(Signed)  Isaac  Hill.,  Anough  Sokter. 

"  I  Simon  Clarke,  do  hereby  testify  that  I  well  and  truly 
"  interpreted  the  contents  of  the  above  affidavit  to  Isaac 
"  Hill ,  alias  Anoughsokter ,  before  he  subscribed  his 
"  name  to  it,  and  that  the  said  Isaac  Hill  declined  qualify- 
"  ing  to  it  before  a  magistrate  from  an  ancient  custom 
"  preserved  among  his  nation  which  forbids  their  making 
"  oath,  which  is  customary  among  white  people,  but  that  he 
"  solemnly  alîirms  the  above  affidavit  is  the  whole  truth  and 
"  and  nothing  but  the  truth. 

(Signed)  Simon  Clarke. 

"  This  day  personally  appeared  before  me,  Thomas 
"  McCord,  Esquire,  one  of  His  JMajesty's  Justices  of  the 
"  Peace  for  the  said  District,  Simon  Clarke  of  this  City,  an 
"  occasional  interpréter  employed  in  the  Indian  Depart- 
"•  ment  ;  who  being  duly  sworn  on  the  Holy  Evangelists 
"  deposeth  and  saith,  that  the  déclaration  signed  Isaac  Hill 
"  on  the  other  side,  was  made  by  the  said  Isaac  Hill  and 
"  subscribed  by  him,  in  the  présence  of  this  déponent,  and 
"  that  the  certiiicate  at  the  bottom  of  the  same  was  signed 
"  at  same  time  by  this  déponent,  the  whole  of  which  this 
"  déponent  déclares  to  bc  true. 

(Signed)  Simon  Clarke. 


24 

•  Swom  before  me   at    Montréal  ihis  îwcnly-six   day  of 
''  January  1789." 

(Signed)  Thomas  McCord,  J.  P. 

7o.  Acte  du  Parlement  Impérial  de   1790,  ch.  27,  intitulé  : 
"  An   Act  for  encouraging   new   Seltlers  in  His  Majesty's 

Colonies  and  Plantations  in  America. 

"  Whereas  it  is  expédient  ihat  encouragement  should 
"  be  given  to  persons  tliat  are  disposed  to  come  and  settle 
"  in  certain  of  His  Majesty's  Colonies  and  Plantations  in 
"  America  and  tlic  West  Indies  ;"  be  it  therefore  enacted  by 
ihc  King's  rnost  excellent  Majesty  by  and  witli  the  advice 
and  consent  of  the  Lords  Spiritual  and  Temporal  and  Gom- 
mons, in  tins  présent  Parliament  assembled,  and  by  the 
Authority  of  the  same,  that  from  and  alter  the  first  day  of 
August  one  ihousand  seven  hundred  and  ninely,  if  any  per- 
son  or  persons,  being  a  subject  or  subjects  of  the  Territories 
or  Countries  belonging  to  the  United  States  of  America, 
shall  come  from  thence,  togelher  with  his  or  their  family  or 
families,  to  any  of  the  Bakamaj  Bermuda  or  Somcrs  Islands, 
or  to  any  part  of  the  Province  of  Québec,  or  of  Nova  Scotia, 
or  any  of  the  territories  belonging  lo  His  Majesty  in  North 
Amej'ica,  îoï  the  purpose  of  residing  and  scttling  there,  it 
shall  be  lawful  for  any  such  person  or  persons,  having  first 
obtained  a  licence  for  that  purpose  from  the  Governor,  or, 
in  his  absence,  the  Lieutenant  Governor  of  the  said  Islands, 
Colonies,  or  Provinces  respectively,  to  import  into  the  same, 
in  Briiish  ships  owncd  by  His  Majesty's  subjects,  and  na- 
vigatcd  according  to  law,  any  Negreos,  household  furniture, 
utensils  of  husbandry,  or  cloalhing  free  of  Duly  ;  provided 
always,  that  snob  household  furniture,  utensils  of  hus- 
bandry, and  cloathing,  shall  not  in  the  whole  excoed  the 
value  of  fifty  pounds  for  every  while  person  that  shall  belong 
to  such  family  ,  and  the  value  of  forly  shillings  for  every 
Negro  brought  by  such  while  person  ;  and  if  any  dispute 
shall  arise  as  to  the  value  of  '^uch  hou.-^r'hold  furniture,  uicn- 


25 

sils  of  husbandry,  or  cloathing,  Ihc  samc  shall  be  hcard  and 
determined  by  llie  arb'ilration  of  three  British  merchants  at 
the  port  where  the  same  shall  be  imported,  one  of  such 
British  merchants  to  be  appointed  by  the  Govemor,  or  in  his 
absence,  the  Lieutenant  Governor  of  such  Island  or  Provin- 
ce, one  by  the  Collectors  of  the  Customs  at  such  port,  and 
one  by  the  person  so  coming  with  his  family. 

"IL — Andbe  itfurtherenacted,  that  ail  sales  and  bargains 
for  the  sale  of  any  Negroe,  household  furniture,  utensils  of 
husbandry,  or  cloathing  so  imported  w-hich  shall  be  made 
within  twelve  calendar  months  after  the  importation  of  the 
same,  (except  in  cases  of  the  bankrupcty  or  death  of  the 
owner  thereof),  shall  be  nuU  and  void  to  ail  intents  and  pur- 
poses  whatsoever." 

80.  Le  9  Juillet  1793,  le  Parlement  du  Haut-Canada,  dans 
sa  2de  session,  passa  l'acte  suivant,  intitulé,  "  An  Act  to 
prevent  the  iurther  introduction  of  Slaves,  and  to  limit  the 
term  of  contracts  for  servitude  within  this  Province." 

"  Whereas  it  is  unjust  that  a  people  who  enjoy  freedom 
by  law  should  encourage  the  introduction  of  slaves  ;  And 
lohereas  it  is  highly  expédient  to  abolish  Slavery  in  this  Pro- 
vince so  far  as  the  same  may  gradually  be  donc  without 
violating  private  property  :  Be  it  enacted  by  the  King's  Most 
Excellent  Majesty,  by  and  with  the  advice  and  consent  of 
the  Législative  Council  and  Assembly  of  the  Province  of 
Upper  Canada,  constituled  and  assembled  by  virtue  and 
under  the  authority  of  an  Act  passed  in  the  Parliament  of 
Great  Britain,  intituled  :  "  An  act  to  repeal  certain  parts  of 
an  act  passed  in  the  fourteenth  year  of  His  Majesty's  Reign, 
intitaled,  "  An  Act  for  mak.'r><  more  effectuai  provisions  for 
the  Government  of  the  said  frovi.'ice,  and  to  make  further 
provision  for  the  Government  of  the  said  Province,"  and  by 
the  authority  of  the  same,  That  from  and  after  the  passing 
of  this  Act,  so  much  of  a  certain  act  of  the  Parliament  of 
Gieat  Britain,  passed  in  the  thirtieth  year  of  His  présent  Ma- 


â6 

jesty,  inlituled,  "  An  act  for  eneouraging  new  Setllers  in 
His  Majesty's  Colonies  and  Plantations  in  America,"  as  may 
enable  ihe  Governor  or  Lieutenant  Governorof  this  Province, 
heretofore  parcel  of  His  Majesty's  Province  of  Québec,  to 
grant  a  license  for  importing  into  the  same  any  Negro  or 
Negroes,  shall  be,  and  the  same  is  hereby  repealed  ;  and 
that  from  and  after  the  passing  of  this  Act,  it  shall  not  be 
lawful  for  the  Governor,  Lieutenant  Governor,  or  person  ad- 
ministering  the  Government  of  this  Province  to  grant  a  li- 
cense for  the  importation  of  any  Negro  or  other  person  to  be 
subjected  to  the  condition  of  a  slave,  or  to  a  bounden  invo- 
luntary  service  for  life,  into  any  part  of  this  province  ;  nor 
shall  any  Negro,  or  other  person  who  shall  corne  or  be  brought 
into  this  Province  after  the  passing  of  this  act,  be  subjected 
to  the  condition  of  a  Slave,  or  to  such  service  as  aforesaid, 
within  this  Province,  nor  shall  any  voluntary  contract  of 
service  or  indentures  that  may  be  entered  into  by  any  parties 
Avithin  this  Province,  after  the  passing  of  this  act,  be  binding 
on  them,  or  either  of  them,  for  a  longer  time  than  a  term  of 
nine  years,  from  the  day  of  the  date  of  such  contract. 

IL  Provided  always^ — That  nothing  herein  contained  shall 
extend,  or  be  construed  to  extcnd  to  liberate  any  Negro,  or 
other  person  subjected  to  such  service  as  aforesaid,  or  to  dis- 
charge them,  or  any  of  them  from  the  possession  of  the  owner 
thereof,  his  or  her  executors,  administrators  or  assigns,  who 
shall  hâve  come  or  been  brought  into  this  province,  in  con- 
formity  to  the  conditions  prescribed  by  any  authority  for  that 
purpose  exercised,  or  by  any  Ordinance  or  Law  of  the  Pro- 
vince of  Québec,  or  by  proclamation  of  any  of  His  Majesty's 
Governors  of  the  said  Province,  for  the  time  being,  orofany 
Act  ofthe  Parliament  of  Great  Britain,  or  shall  hâve  other- 
wise  come  into  the  possession  of  any  person,  by  gift,  bcquest, 
or  bonâfide  purchase  before  the  passing  of  this  act,  w  hose 
properly  thcrein  is  hereby  confirmed,  or  to  vacate  or  annul 
unv  contract  for  service  that  may  heretofore   hâve  been  law- 


27' 

fulîy  made  and  entered  inlo,  or  lo  prevent  parents  or  guard- 
ians  from  binding  out  children  until  ihey  shall  hâve  obtained 
the  âge  of  twenty-one  years. 

III.  And  in  order  to  prevent  ihe  continuation  of  slavery 
within  this  Province,  be  it  enacted  hy  the  authority  aforesaid^ 
That  immediately  from  and  after  the  passing  of  this  Act. 
every  child  that  shall  be  born  of  a  Negro  mother,  or  other 
woman  subjected  to  such  service  as  aforesaid,  shall  abide 
and  remain  with  the  master  or  mistress  in  whose  service 
the  mother  shall  be  living  at  the  time  of  such  child's  birth, 
(unless  such  mother  and  child  shall  leave  such  service  by 
and  with  the  consent  of  such  master  or  mistress)  and  such 
master  or  mistress  shall,  and  is  hereby  required  to  give  pro- 
per  nourishment  and  clothing  to  such  child  or  children,  and 
shall  and  may  put  such  child  or  children  to  work  when  he, 
she  or  they  shall  be  able  to  do  so,  and  shall  and  may  retain 
him  or  her  in  their  service  until  every  such  child  shall  hâve 
attained  the  âge  of  twenty-five  years,  at  which  time  they 
and  each  of  them  shall  be  entitled  to  demand  his  or  her  dis- 
charge from,  and  shall  be  discharged  by  such  master  or 
mistress  from  any  further  service." 

9o.  Quant  au  Bas-Canada,  voici  ce  qui  eut  lieu  dans  la 
Ire  session  du  Parlement  : 

Séance  du  28  Janvier  (Journal  page  189.) 
"  M.  P.  L.  Panet,  propose  qu'il  lui  soit  permis  d'intro- 

"  duii-e  un  Bill  intitulé — Acte  qui  tand  à  l'abolition  de  Ves- 

"  clavage  en  la  Province  du  Bas-Canada." 
"  Secondé  par  M.  Dunière. 
"  Accordé  unanimement  et  permis  en  conséquence." 

Séance  du  Mardi  26  Fév.  93  (J.  p.  255.) 

"  M.  P.  L.  Panet^  en  conséquence  de  la  permission  de 
cette  Chambre  a  apporté  et  lu  en  françois  et  en  anglois  le 
projet  d'un  "  Acte  tendant  à  l'abolition  de  l'esclavage  en  la 
Province  du  Bas-Canada." 


28 

"  Séance  du  Vendredi,  8  Mars  1793.  (J.  p.  315.) 
*'  M.  Bonav  :  Panet^  propose  à  cette  Honorable  Chambre 

(ju'un  projet  de  Bill  tendant  à  l'abolition  de  l'esclavage  soit 

mainlunant  lu  pour  la  première  fois. 
"  Secondé  par  M.  Berlhdot. 

"  Et  le  dit  projet  de  loi  ou  bill  intitulé  "Acte  tendant  à 
l'abolition  de  l'esclavage,"  a  été  lu  en  anglois  et  en  fran- 
çois  pour  la  première  fois." 

Séance  du  Vendredi  19  Avril  1793.  (J.  p.  541.) 

"  M.  P.  L.  Panet  a  proposé  que  cette  Chambre  se  résolve 
en  un  Comité  de  toute  la  Chambre  sur  le  Bill  tendant  à  l'a- 
bolition de  l'esclavage,  jeudi  prochain. 

"  Secondé  par  M.  Berthelot. 

"  Débats  sont  survenus. 

"  Et  M.  Debonne  a  proposé  pour  amendement  à  la  mo- 
tion de  INir.  P.  L.  Panet,  qu'après  le  mot  "  que"  à  la  pre- 
mière ligne,  le  reste  de  la  dite  motion  soit  effacé  et  les  sui- 
vants substitués  : — "  le  bill  tendant  à  l'abolition  de  l'escla- 
vage reste  sur  la  table." 

"  Secondé  par  M.  McBeth. 

"  Débats  se  sont  ensuivis  et  l'amendement  de  M.  Debon- 
ne a  passé, — pour  31  ;  contre  3. — Majorité  28. 

"  Alors  la  quef^tion  étant  mise — la  proposition  telle  qu'a- 
mendée sera-t-elle  accordée  ? —  Accordée  unaniment  dans 
l'alfirmative,  et  : 

"  Ordonné  que  le  Bill  intitulé — "  Acte  tendant  à  l'aboli- 
tion de  l'esclavage" — reste  sur  la  table." 

Ici,  M.  Viger  fait  remarquer  "qu'à  partir  du  19  Avril  1793, 
jusqu'au  19  Avril  1799,  on  ne  trouve  aucun  procédé  ulté- 
rieur sur  la  question  de  l'esclavage,  mais,  en  1799,  elle  fut 
reprise  par  la  Chambre  sur  requête  de  certains  citoyens  de 
Montréal,  présentée  par  M.  Joseph  Papineau.  Voici  copie 
de  cette  requête  et  des  procédés  parlementaires  auxquels  sa 
présentation  en  Chambre  donna  lieu." 


29 

Séance  du  Vendredi,  19  Avril  1799.  (Jour.  p.  123.) 

"  Une  Requête  de  plusieurs  habitants  de  la  Cité  de  Mont- 
réal a  été  présentée  à  la  Chambre  par  M.  Papineau,  laquelle 
a  été  reçue  et  lue. 

"  Exposant — Que  par  une  Ordonnance  de  Jacques  Rati- 
dot^  Intendant  du  Canada,  portant  date  le  13e  jour  d'Avril 
qui  était  dans  l'année  de  Notre  Seigneur  1709,  registrée  et 
publiée  suivant  la  loi.  Il  est  ordonné,  sous  le  bon  plaisir  de 
Sa  Majesté  très-Chrétienne,  que  tous  Panis  et  Nègres  qui 
alors  avoient  été  ou  qui  à  l'avenir  seroient  achetés  en  Ca- 
nada,  appartiendroient  en  pleine  propriété  aux  acquéreurs 
d'iceux,  comme  leurs  propres  esclaves  ;  et  les  dits  Panis  et 
esclaves  sont  par  icelle  enjoints  de  ne  point  laisser  le  ser- 
vice de  leurs  maîtres,  et  toutes  personnes  de  ne  point  les  en- 
courager à  déserter,  ni  de  leur  donner  azile,  sous  peine  de 
60  livres  d'amende. 

"  Que  Sa  Majesté  très-Chrétienne  n'a  jamais  signifié  son 
déplaisir  ou  désapprobation  de  la  dite  Ordonnance,  c'est 
pourquoi  elle  étoit  en  force  au  traité  définitif  de  paix  et  à  la 
cession  de  cette  Province  à  Sa  Majesté,  et  conséquemment, 
suivant  le  Statut  de  la  14e  George  III,  chap.  83,  vulgaire- 
ment nommé  l'Acte  de  Québec,  elle  fait  maintenant  partie 
des  Lois,  Usages  et  Coutumes  du  Canada. 

"  Que  l'importation  des  Nègres  de  V Afrique  aux  Indes 
Occidentales  et  dans  les  Plantations  Britanniques,  a  été  re- 
gardée comme  légale  depuis  le  premier  établissement  d'une 
Compagnie  Africaine,  et  depuis  que  le  commerce  est  devenu 
libre  pour  tous  les  sujets  de  Sa  Majesté,  sous  des  Règle- 
ments parlementaires,  et  que  les  propriétaires  de  tels  Nègres 
ont  été  revêtus  du  droit  et  du  pouvoir  de  les  vendre,  ainsi 
que  leurs  enfants  ;  et  c'est  ce  qui  a  effectivement  établi  l'es- 
clavage dans  les  Isles  et  les  Plantations. 

"  Que  par  le  Statut  de  la  5e  Geo.  II,  ch.  7,  sect.  4e  inti- 
tulé,— "  Acte  pour  faciliter  le  recouvrement  des  dettes  dans 
"  les  Plantations  et  Colonies  de  Sa  Majesté  en  Amérique," 

3 


30 

il  est  statué  : — ''  Que  depuis  et  après  le  ijoti  jour  de  Sep- 
"  tembre  1732,  les  maisons,  terres.  Nègres  et  autres  hérita- 
"  ges  et  biens  réels,  situés  ou  étant  dans  quelqu'une  des 
"  dites  Plantations,  appartenant  à  aucune  [personne  quel- 
"  conque  endettée,  seront  sujets  et  pourront  être  chargés  de 
*'  toutes  les  justes  dettes,  droits  et  demandes  de  quelque  na- 
"  ture  ou  espèce  que  ce  soit  dus  par  telle  personne  à  Sa 
"  Majesté,  ou  à  aucun  de  ses  sujets,  et  pourront  être  vendus 
"  pour  les  satisfaire,  en  la  même  manière  que  les  biens'réels 
"  sont  par  les  loix  d'Angleterre  sujets  à  satisfaire  les  dettes 
"  dues  par  obligation  ou  autre  acte  spécial,  et  seront]  sujets 
"  aux  mêmes  moyens,  procédures  et  procès  dans  aucune 
"  Cour  de  Loi  ou  d'Equité  dans  aucune  des  dites  Planta- 
"  tions  quelconques,  respectivement,  quant  à  ce  qui  regarde 
"  la  saisie,  exécution,  vente  ou  disposition  d'aucunes  telles 
"  maisons,  terres.  Nègres  et  autres  héritages  et  biens  réels 
"  quelconques,  pour  satisfaire  telles  dettes,  droits  et  deman- 
''  des,  et  en  la  même  manière  que  les  biens  personnels,  dans 
*'  aucune  des  dites  Plantations  quelconques  respectivement, 
"  sont  saisis,  exécutés,  vendus,  ou  qu'il  en  est  disposé  pour 
"  satisfaire  les  dettes." — Lequel  Statut  forme  une  partie  des 
loix  de  cette  Province  en  vertu  de  l'Acte  de  Québec,  par 
lequel  tous  les  Actes  du  Parlement  alors  passés  concernant 
les  dites  Colonies  et  Plantations  sont  déclarés  être  en  force 
dans  la  dite  Province  de  Québec,  et  chaque  partie  d'icelle. 

"  Que  par  le  Statut  de  la  30e  Geo.  III,  chap.  27,  intitulé, 
— "  Acte  pour  encourager  ceux  qui  viennent  s'établir  dans 
"  les  Colonies  et  Plantations  de  Sa  Majesté  en  Amérique,''^ 
— il  est  statué, — "  Que  depuis  et  après  le  1er  jour  d'Août, 
"  1790,  si  quelque  personne  ou  personnes,  étant  sujet  ou  su- 
"  jets  des  territoires  ou  pays  appartenants  aux  Etats-Unis 
"  de  V Amérique,  viennent  de  là,  avec  sa  famille  ou  leurs 
"  familles,  dans  quelqu'une  des  Isles  de  Bahama  ou  Ber- 
"  mudes  ou  Somers^  ou  dans  quelque  partie  de  la  Province 
"  de  Québec,  ou  de  la  Nouvelle- Ecosse,  ou  de  quelqu'un  des 


31 

"  territoires  appartenants  à  Sa  Majesté  dans  V Amérique  Sep- 
"  tentrionale,  à  l'effet  d'y  résider  et  de  s'y  établir,  il  sera 
"  loisible  à  toute  telle  personne  ou  personnes,  ayant  pre- 
"  mièrement  obtenu  une  licence  à  cet  effet  du  Gouverneur, 
"  ou  en  son  absence,  du  Lieutenant-Gouverneur  des  dites 
"  Isles,  Colonies  ou  Provinces  respectivement,  d'y  importer, 
"  dans  des  vaisseaux  Britanniques,  appartenants  à  des  su- 
"  jets  de  Sa  Majesté,  et  manœuvres  suivant  la  loi,  aucuns 
"  nègreSj  meubles  de  ménage,  ustensils  d'agriculture  ou 
"  hardes  quelconques,  exempts  de  droits." — Et  il  est  aussi 
statué  par  le  dit  Acte, — "  Que  toutes  ventes  ou  marchés 
"  pour  la  vente  d'aucuns  Nègres,  meubles  de  ménage,  us- 
"  tensils  d'agriculture,  ou  hardes,  ainsi  importés,  qui  seront 
"  faits  dans  12  mois  de  calendrier  après  l'importat'on 
"  d'iceux,  (excepté  dans  les  cas  de  banqueroute  ou  de  mort 
"  des  propriétaires  d'iceux)  seront  nuls  et  d'aucun  effet  à 
"  toutes  fins  et  intentions  quelconques." 

"  Que  sur  la  foi  du  Gouvernement  de  Sa  Majesté,  solen- 
nellement garantie  par  les  Loix  ci-dessus  mentionnées,  les 
habitants  de  cette  Province  en  général,  et  les  habitants  de 
la  Cité  et  District  de  Montréal  en  particulier,  ont  acheté  à 
grands  prix,  un  nombre  considérable  d'esclaves  Panis  et 
Nègres  ;  et  diverses  personnes,  ci-devant  sujets  des  Etats- 
Unis  de  V Amérique, — ont  sur  la  foi  du  Statut  ci-dessus  en 
partie  récité,  de  la  30e  Geo.  III,  chap.  27,  importé  dans  cette 
Province,  suivant  Ja  loi,  un  nombre  d'esclaves  Nègres,  leur 
appartenants  ;  et  lesquels  esclaves  Panis  et  Nègres  se  sont 
toujours  comportés  d'une  manière  convenable,  jusqu'à  der- 
nièrement, qu'ils  sont  devenus  réfractaires  par  un  esprit  de 
désobéissance  dont  ils  se  sont  imbus,  sous  prétexte  qu'il 
n'existe  point  d'esclavage  dans  ce  pays, 

"  En  Février  1798,  une  nommée  C^arZo//e,  femme  né- 
gresse, appartenant  à  Mademoiselle  Jane  Cook,  s'absenta 
du  service  de  sa  maîtresse,  et  ayant  refusé  d'y  retourner  fut, 
sur  plainte  sous  serment,   arrêtée  en  vertu  d'un  ordre  d'un 


32 

Magistrat,  et  ayant  encore  persisté  à  refuser  de  rentrer  dans 
son  devoir,  elle  fut  d'après  conviction  légale,  commise  à  la 
prison  du  District,  (faute  d'une  Maison  de  Correction)  ; — 
mais  ayant  demandé  et  obtenu  un  Writ  d^Habeas  Corpus, 
elle  fut,  durant  les  vacations,  déchargée  par  Son  Honneur 
le  Juge  en  Chef  de  ce  District,  sans  être  tenue  de  donner 
des  sûretés  pour  sa  comparution  dans  la  Cour  du  Banc  du 
Roi. 

"  Sur  cet  élargissement,  les  Nègres  dans  la  Cité  et  Dis- 
trict de  Montréal,  menacèrent  d'une  révolte  générale  ;  et  une 
nommée  Jude,  femme  négresse,  appartenant  à  Elias  Smith, 
négociant  de  Montréal,  pour  l'avoir  achetée  à  Albany,  le  27 
de  Janvier  1795,  pour  la  somme  de  80  livres  courant  de 
New- York,  s'absenta  et  refusant  de  retourner  fut,  sur  con- 
viction, commise  à  la  Prison  ;  mais  sur  une  requête  qu'elle 
présenta  à  la  Cour  du  Banc  du  Roi  de  Jurisdiction  Crimi- 
nelle pour  ce  District,  elle  fut  d>'*ciiargée  le  8e  jour  de  Mars 
1798,  sans  qu'il  fut  décidé  sur  la  question  d'esclavage  ;  le 
Juge  en  Chef  déclarant  en  même  temps,  audience  tenante, 
que  sur  VHabeas  Corpus  il  déchargerait  tout  Nègre,  appren- 
tif  sous  brevet  et  domestique  qui  dans  de  semblables  cas, 
serait  commis  à  la  Prison  par  ordre  des  Magistrats. 

"  Que  les  Juges  à  Paix  de  Sa  Majesté  n'ayant  ainsi  au- 
cun pouvoir  d'obliger  les  esclaves  qui  s'absentent  à  rentrer 
dans  le  scr\'ice  de  ceux  à  qui  ils  appartiennent,  ni  les  pro- 
priétaires aucun  pouvoir  de  forcer  leurs  esclaves  à  obéir  ou 
de  les  tenir  à  leur  service,  les  suppliants  prévoyent  qu'il  en 
résultera  pour  cette  Province  des  conséquences  alarmantes, 
sans  compter  la  grande  perte  que  les  sujets  de  Sa  Majesté 
de  celte  Province,  étant  propriétaires  d'esclaves  nègres,  et 
les  créanciers  de  tels  propriétaires,  pourront  souffrir  par  le 
manque  de  moyens  où  sont  maintenant  tels  propriétaires  de 
conserver  leur  propriété  dans  leurs  esclaves. 

"  Qu'ils  prient  donc  cette  Chambre  de  former  un  Acte, 
qui  sera  passé  en  Loi,  par  lequel  il  soit  Ordonné  et  Statué, 


33 

que  (jusqu'à  ce  que  provision  soit  faite  par  la  Loi  pour  éta- 
blir une  Maison  de  Correction),  toutefois  que  quelque  escla- 
ve, Panis  ou  Nègre  désertera  du  service  de  son  Maître  dans 
cette  Province,  il  sera  loisible  de  procéder  contre  lui  ou  elle 
en  la  manière  dirigée  et  pourvue  contre  les  apprentifs  sous 
brevet  et  domestiques  en  Angleterre  dans  la  Grande-Breta- 
gne, et  de  le  commettre  à  la  Prison  Commune  du  District 
où  il  pourra  être  arrêté,  pour  y  être  détenu  aussi  efficace- 
ment que  si  c'étoit  dans  une  maison  de  correction,  ainsi 
qu'il  est  entendu  par  les  Loix  concernant  les  apprentifs  sous 
brevet  et  domestiques  en  Angleterre  ;  et  que  le  Gardien  de 
la  Prison  pourra  être  tenu  de  recevoir  et  détenir  tel  esclave 
ou  esclaves  sous  les  mêmes  pénalités  auxquelles  est  assu- 
jetti le  gardien  d'une  maison  de  correction  lorsque  des  ap- 
prentifs sous  brevet  et  domestiques  en  Angleterre  lui  sont 
envoyés,  jusqu'à  ce  que  tel  esclave  soit  délivré  suivant  le 
cours  ordinaire  de  la  Loi.  Et  de  plus,  qu'aucune  personne 
quelconque  n'aide  sciemment,  ou  ne  favorise,  reçoive  chez 
elle  ou  ne  cache  aucun  tel  esclave  qui  désertera  ainsi  ;  ou 
qu'une  loi  puisse  être  passée  déclarant  qu'il  n'y  a  point 
d'esclavage  dans  la  Province  ;  ou  telle  autre  provision  con- 
cernant les  esclaves  que  cette  Chambre,  dans  sa  sagesse, 
jugera  convenable. 

"  Datée,— Montréal,  1er  Avril,  1799." 

"  Ordonné,  que  la  dite  Requête  reste  sur  la  table  pour  la 
«onsidération  des  membres." 

Ici,  M.  Viger  dit  que  "  le  Gouverneur  Général  Robert 
Prescott  donna  la  sanction  royale  à  plusieurs  Bills  publics 
Lundi  le  3  Juin  1799,  jour  de  clôture  de  la  3e  Session  du  2d 
Parlement  Provincial,  B.-C,  et  entre  autres  à  l'un  d'eux, 
intitulé  :  "  Acte  qui  pourvoit  des  Maisons  de  Correction  dans 
•les  différents  Districts  de  cette  Province,  (J.  p.  259.J" 


34 

1800. 
4e  Session  du  2d  Parlement  Provincial  du  Bas- Canada. 
Séance  du  Vendredi,  18  Avril  1800,  (J.  p.  151.) 

"  Une  requête  de  divers  habitants  du  District  de  Mont- 
réal, a  été  présentée  à  la  Chambre  par  M.  Papineau,  la- 
quelle a  été  reçue  et  lue, 

"  Exposant, — Qu'on  a  entretenu  dernièrement  des  doutes 
en  combien,  suivant  les  Loix  et  Statuts  en  force  dans  cette 
Province,  la  propriété  des  Nègres  et  Panis  peutêtre  mainte- 
nue. Ces  doutes  ayant  affecté  les  intérêts  de  plusieurs  des 
suppliants,  ils  se  trouvent  réduits  à  la  nécessité  d'obtenir  une 
décision  par  la  législature,  "  que  l'esclavage,  sous  certaines 
"  restrictions,  existe  dans  cette  Province  :  qui  investisse  les 
*'  maîtres  d'une  manière  plus  efficace  de  la  propriété  de 
*'  leurs  esclaves  ;  et  qui  pourvoie  des  Loix  et  Règlements 
"  pour  le  gouvernement  de  celte  classe  de  gens  qui  tombe 
"  sous  la  dénomination  d'esclaves."  Les  suppliants  conçoi- 
vent humblement,  qu'un  tel  acte  tendra  à  l'avantage  géné- 
ral de  la  Province. 

"  Les  suppliants  prennent  la  liberté  de  représenter,  qu'une 
Ordonnance  do  M.  Raudot^  Intendant  du  Canada,  en  date 
du  13me  Avril  1709,  ordonne,  sous  le  bon  plaisir  de  Sa  Ma- 
jesté très-Chrétienne,  "  Que  tous  les  Panis  et  Nègres,  qui 
*'  ont  été  achetés,  ou  qui  le  seront  par  la  suite,  appartien- 
"  dront  en  pleine  propriété  à  ceux  qui  en  ont  fait  ou  qui  en 
"  feront  l'acquisition,  en  qualité  d'esclaves." — Cette  loi  qui 
a  été  duemcnt  enregistrée  et  publiée,  et  qui  n'a  jamais 
été  changée  ni  révoquée,  était,  suivant  les  suppliants,  en 
pleine  force,  lors  du  traité  définitif  de  paix,  et  sous  la  14e 
de  Sa  présente  Majesté  fait  partie  des  loix  de  cette  Province. 

"  Qu'il  parait  aux  suppliants  que,  depuis  l'établissement 
de  la  Compagnie  Africaine,  en  1661,  l'existence  de  l'escla- 
vage, en  tant  qu'il  regarde  les  Niigres,  a  été  établie  et  con- 
firmée dans  toutes  les  Dominations  de  Sa  Majesté  en  Amé- 


85 

Tique.     Par  une  variété  de  Statuts,  depuis  ce  temps  jusqu'à 
ee  jour,  il  est  permis  d'acheter  des   esclaves  sur  la  Côte 
d^ Afrique  qui,  avec  leurs  enfants  et  postérité,  ont  été  décla- 
rés la  propriété  des  acheteurs  et  de  ceux  à  qui  ils  seraient 
vendus  dans  la  suite.  Par  le  Statut  de  Geo.   3,  ch.   27,  fait 
après  la  dernière  guerre   Américaine,  il  est  statué  :  "  Que 
"  depuis  et  après  le    1er  jour  d'Août,    1790  ;  lorsqu'aucune 
"  personne  ou  personnes,  étant  sujets  des  Territoires  ou  Paï's 
"  appartenants  aux  Etats-Unis  de  V Amérique,  et  venant  de 
"  là  avec  sa  ou  leur  famille  ou  familles,  à  aucune  des  Isles 
"  de  Bahama,  des  Bermudes  ou  à  aucune  partie  de  la  Pro- 
"  vince  de  Québec,  ou  de   la  Nouvelle-Ecosse,  ou  à  aucuns 
"  des  Territoires  appartenants  à  Sa  Majesté  dans  VAméri- 
"  que  Septentrionale,  pour  y  résider  et  s'y  établir,  il  soit  loi- 
"  sible  à  aucune  telle  personne  ou  personnes,  ayant  au  préa- 
"  lable  obtenu  une  licence  pour  cet  effet,  du  Gouverneur,  ou 
"  en  son  absence  du  Lieutenant-Gouverneur  des  dites  Isles, 
"  Colonies  ou  Provinces  respectivement,  d'y  importer  dans 
"  des  vaisseaux  Britanniques  appartenant  à  des  sujets  de 
*'  Sa  Majesté,  et  navigues  suivant  la  loi,  aucuns  Nègres, 
"  meubles  de  ménage,  ustensiles  d'agriculture,   ou  habille- 
"  ments,  sans  payer  aucuns  droits." — Et  il  est  aussi  statué 
par  le  dit  statut, — "  Que  toutes  ventes  et  marchés  pour  des 
"  Nègres,  meubles  de  ménage,  ustensiles  d'agriculture,  ou 
"  habillements  ainsi  importés,  qui  seront  faits  sous  douze 
"  mois  après  l'importation  d'iceux,  (excepté   en  cas  de  fail- 
"  lite  ou  de  mort  du  propriétaire  de  tels  effets)  seront  nuls 
"  et  de  nulle  valeur,  à  tous  égards  et  intentions  quelcon- 
*'  que  s." 

"  Qu'en  admettant  qu'il  restait  quelque  doute  avant  la 
passation  de  cet  acte," — si  l'esclavage  sous  certaines  res- 
trictions existait  réellement  dans  ce'tte  Province," — les  sup- 
pliants se  flattent  que  ce  statut  le  reconnaît  expressément 
de  la  même  manière  qu'il  avait  lieu  dans  toutes  les  Planta- 
tions »de  Sa  Majesté  avant  la  dernière  guerre. 


36 

"  Que  les  suppliants  osent  assurer  cette   Chambre  avec 
confiance,  qu'un  nombre  de  loyaux  et  fidèles  Siujets  de  Sa 
Majesté,  après  avoir  exposé   leurs  vies  à  son  service,  et  y 
avoir  sacrifié  presque  tous  leurs  biens  durant  la  dernière 
guerre  calamiteuse,  sont  venus  avec  leurs  esclaves   dans 
cette   Province,  sous  la  promesse   sacrée  qui  leur  est  faite 
par  le  statut  sus-mentionné,  lesquels  aujourd'hui  sont  aban- 
donnés et  mis  au  défit  par  leurs  esclaves,  qui  formaient  leur 
unique  ressource,   et  cela  à  l'abri  de  l'idée  qui  s'est  répan- 
due dernièrement  que  l'esclavage  n'existe  plus  dans  ce  pays. 
Les  suppliants  désirant  ardemment  de  mettre  cette  Cham- 
bre en  possession  de  tous  les  faits  qui  ont  rapport  à  cette 
cause,  demandent  la  permission    d'informer   la    Chambre 
qu'un  M.  Fraser  de  leur  District  a  dernièrement  obtenu  un 
ordre   de  trois  Juges  à  Paix,  pour  mettre  son  esclave  à  la 
maison  de  correction,  pour  avoir  déserté  de  son  service.  (Cet 
esclave  était  un  des  trois  qui  formaient  toute  la  propriété 
sauvée  par  M.  Fraser  des  ravages  de  la  dernière   guerre,  et 
son  unique   ressource   pour  se   soutenir  dans  sa  vieillesse.) 
Qu'un  ordre  de  Habeas  Corpus  ayant  été  obtenu,  la  Cour 
du  Banc  du  Roi  déchargea  l'esclave,  sous  l'idée  que  la  pro- 
priété n'en  était  pas  suffisamment   prouvée  par  M.  Fraser. 
Les  suppliants,  quoiqu'ils  aient  un  profond  respect  pour  l'au- 
torité de  cette  honorable  cour,   ne  peuvent  se  dispenser  de 
remarquer,  que  le  témoignage  rendu  à  cette  occasion  était, 
suivant  eux,  le  meilleur  qu'il  soit  possible   de  produire,  et 
que  la  cour  en  exigeant  plus   a  demandé   ce  qu'il  ne  serait 
presque  jamais  possible  d'obtenir  ;  et  par  là  a  privé  les  maî- 
tres de  toute  propriété  de  leurs  esclaves. 

"  Qu'il  était  mentionné  dans  le  jugement  de  la  cour  que 
l'acte  de  la  37e  de  Sa  présente  Majesté,  ch.  119,  avait  révo- 
qué toutes  les  loix  concernant  l'esclavage,  mais  ce  statut, 
dans  l'humble  opinion  des  suppliants,  ne  va  qu'à  déclarer 
que  les  esclaves,  à  l'avenir,  no  pourront  être  saisis  pour  le 
î)aiement  des  dettes  de  leiu-s  maîtres.  Il  ne  s'étend  pas  à 


37 

priver  les  maîtres  de  la  propriété  de  leurs  esclaves,  ni  peut- 
on  le  considérer  comme  émancipant  les  esclaves  dans  les 
Plantations  de  Sa  Majesté,  bien  loin  de  là,  des  actes  posté- 
rieurs admettent  l'existence  de  l'esclavage  plus  directement, 
«n  autorisant  l'importation  des  Nègres  de  la  Côte  d'Afri- 
que. 

"  Que  les  suppliants  sont  très  mortifiés  d'occuper  la 
Chambre  si  longtemps  sur  un  sujet  si  intéressant  pour  eux, 
comme  ayant  payé  des  sommes  considérables  pour  des  es- 
claves qui  les  ont  quittés.  Et  ils  sont  tous  très  convaincus 
que  cette  classe  d'hommes,  actuellement  lâchée,  et  qui  mène 
une  vie  oisive  et  abandonnée  pourrait  tenter  de  commettre 
des  crimes,  qu'il  est  du  devoir  de  tout  bon  citoyen  de  s'ef- 
forcer de  prévenir. 

"  Que  les  suppliants,  sous  les  circonstances  qu'ils  ont 
pris  la  liberté  d'exposer,  osent  se  flatter  de  l'espérance  que 
cette  Chambre  voudra  bien  prendre  ce  sujet  sous  sa  sérieuse 
considération  ;  et  qu'elle  passera  un  acte  déclaratoire,  qui 
donne  de  la  force  et  de  l'effet  aux  loix  et  statuts  qui  y  ont 
rapport  ;  et  qu'en  même  temps,  la  Chambre  assurera  aux 
maîtres  leurs  esclaves  par  tels  moyens  qu'elle  jugera  con- 
venables, et  qu'elle  fera  tels  autres  règlements  pour  le  gou- 
vernement des  esclaves  que  sa  sagesse  lui  suggérera. 

"  Qu'il  plaise  donc  à  cette  Chambre  de  former  un  acte 
<}ui  déclare,  que  l'esclavage  existe  sous  certaines  restrictions 
dans  cette  Province,  et  qui  investisse  parfaitement  les  maî- 
tres de  la  propriété  de  leurs  Nègres  et  Panis  ;  et  de  plus, 
que  cette  Chambre  pourvoie  tels  loix  et  règlements  pour  le 
gouvernement  des  esclaves  que  sa  sagesse  lui  suggérera  être 
convenables. 

"  Sur  motion  de  M.  Papineau^  secondé  par  M.  Black., 

"  Ordonné, — Que  la  dite  Requête,  avec  les  papiers  y  an- 
nexés, et  celle  aux  mêmes  fins  présentée  à  cette  Chambre, 
le  19e  Avril  de  l'année  dernière,  soient  référées  à  un  Co- 
mité de  cinq  membres  dont  trois  formeront  un  quorum,  pour 


faire  rapport  à  cette  Chambre,  avec  toute  la  diligence  pos- 
sible, des  matières  et  choses  y  contenues  ;  et  que  le  dit  Co- 
mité s'assemble  demain  à  lOh.  du  matin  dans  une  des  cham- 
bres de  comité. 

"  Ordonné, — Que  MM.  Papineau,  Grant,  Craigie,  Cuth- 
bert  et  Dumas  composent  le  dit  Comité." 

Séance  de  Lundi  21  Avril  1800.  (J.  p,  159.) 

"  M.  Cuthbert^  président  du  comité  auquel  avoit  été  réfé- 
rée la  Pétition  de  divers  citoyens  du  District  de  Montréal, 
relative  aux  esclaves,  avec  les  papiers  y  annexés  et  celle  au 
même  effet  présentée  à  cette  chambre  le  19  Avril  de  l'année 
dernière,  a  fait  rapport  que  le  comité  en  avoit  examiné  le 
contenu  et  la  matière  ;  et  qu'il  lui  étoit  enjoint  d'en  faire 
rapport  à  la  chambre  ;  et  il  a  lu  le  rapport  à  sa  place,  et  en- 
suite l'a  délivré  à  la  table,  où  il  a  été  relu  par  le  Greffier, 
lequel  est  comme  suit,  savoir  : 

"  Résolu,  que  c'est  l'opinion  de  ce  comité  qu'il  existe  des 
fondements  raisonnables  pour  passer  une  loi  qui  règleroit  la 
condition  des  esclaves,  qui  limiteroit  le  terme  de  l'esclavage, 
et  qui  préviendroit  l'introduction  ultérieure  des  esclaves  en 
cette  Province. 

"  Résolu,— Que  c'est  l'opinion  de  ce  comité  que  le  Prési- 
dent demande  à  la  chambre,  qu'il  soit  permis  au  dit  comité 
d'y  introduire  un  Bill  en  conséquence. 

"  Sur  motion  de  Mr.  Cuthhert,  secondé  par  M.    Berthelot. 

"  Ordonné,  que  la  question  de  concurrence  soit  maintenant 
mise  sur  les  résolutions,  séparément  rapportées  par  le  comi- 
té. 

"  Et  les  dites  résolutions  ont  été  lues  de  nouveau,  et  la 
question  de  concurrence  ayant  été  mise  séparément  sur  cha- 
cune, elles  ont  été  accordées  par  la  chambre. 

"  Résolu, — Qu'il  soit  permis  au  dit  Comité  d'introduire 
im  Bill  pour  l'objet  ci-dessus." 

Séance  dn  Mercredi  30  Avril  1800.  (Jour.  p.  219.) 

"  Conformément  à  l'ordre,  M.  Cuthbert,  a  pré-scnté  un  Bill 


39 

qui  règle  la  condition  des  Esclave?,  et  qui  limite  le  terme  de 
l'esclavage  ;  et  qui  prévient  l'introduction  ultérieure  des  es- 
claves en  cette  Province  ;  lequel  a  été  lu  pour  la  première 
fois. 

"  Sur  motion  de  M.  Cuthbert^  secondé  par    M.  Papineau. 

"  Ordonné  que  le  dit  Bill  soit  lu  une  seconde  fois  vendre- 
di prochain." 

Séance  du  Vendredi  2  Mai  1800.  (J.  p.  223.) 

"  L'ordre  du  jour  pour  la  2e  lecture  du  Bill  qui  règle  la 
condition  des  esclaves  et  qui  limite  le  terme  de  l'esclavage, 
et  qui  prévient  l'introduction  ultérieure  des  esclaves  en  cette 
Province,  ayant  été  lu. 

"  Sur  motion  de  M.  Cuthbert,  secondé   par  M.  Berthelot, 

"  Ordonné,  que  l'ordre  du  jour  qui  vient  d'être  lu,  soit  re- 
mis à  demain." 

Séance  du  Lundi  5  Mai  1800.  (J.  p.  227.) 

"  Le  Bill  qui  règle  la  condition  des  esclaves,  qui  limite 
le  terme  de  l'esclavage  et  qui  prévient  l'introduction  ulté- 
rieure des  esclaves  en  cette  Province,  a  été  lu  pour  la  2e 
fois. 

"  Sur  motion  de  M.  Cuthbert,  secondé  par  M.  Papineau. 

"  Ordonné, — Que  le  dit  Bill  soit  référé  à  un  Comité  de 
toute  la  Chambre. 

"  Résolu, — Que  cette  Chambre  se  forme  maintenant  en 
Comité  de  toute  la  Chambre  sur  le  dit   Bill. 

"  En  conséquence  la  Chambre  s'est  formée  en  Comité  sur 
le  dit  Bill. 

"  M.  l'Orateur  a  laissé  la  chaire. 

"  M.  Berthelot  a  pris  la  chaire  du  Comité. 

"  M.  l'Orateur  a  repris  la  chaire. 

"  Et  M.  Berthelot  a  fait  rapport,  que  le  Comité  avoit  fait 
quelques  progrès  et  lui  avait  enjoint  de  demander  permission 
de  siéger  de  nouveau. 

"  Ordonné, — Que  le  dit  Comité  ait  la  permission  de  sié- 
ger de  nouveau  demain." 


40 

Séance  du  Vendredi  7  Mai  1800.  (J.  p.  243.) 

"  L'ordre  du  Jour,  pour  que  la  Chambre  se  forme  en  Co- 
mité de  toute  la  Chambre  sur  le  Bill  qui  règle  la  condition 
des  esclaves  et  qui  limite  le  terme  de  l'esclavage,  et  qui  pré- 
vient l'introduction  ultérieure  des  esclaves  en  cette  Province, 
ayant  été  lu, 

"  La  Chambre  s'est  formée  en  Comité. 

"  M.  l'Orateur  a  laissé  la  chaire. 

"  M.  Bedard  a  pris  la  chaire  du  Comité. 

"  Et  plusieurs  Membres  s'étant  retirés, 

M.  l'Orateur  a  repris  la  chaire  ; 

"  Et  les  noms  des  membres  présents  ont  été  pris  comme 
suit,  savoir  : 

«  M.  l'Orateur, 

"  Messieurs  Paquet,  De  Rocheblave,  Dumas,  Lees,  Fisher, 
Craigie,  Martineau,  Durocher,  Berthelot,  Bedard,  Têtu, 
Périnault  et  Planté. 

*'  A  sept  heures  et  demie  du  soir,  M.  l'Orateur  a  ajourné 
la  Chambre,  faute  de  Qworwm." 

Séance  du  Samedi  17  Mai  1800.  (J.  p.  269.) 

"  Sur  motion  de  ]\L  Lees^  secondé  par  INÎ.  Craigie^ 

"  Résolu, — Que  le  Comité  de  toute  la  Chambre  auquel  a 
été  référé  le  "  Bill  qui  règle  la  condition  des  esclaves,  qui 
"  limite  le  terme  de  l'esclavage  et  qui  prévient  l'introduction 
"  ultérieure  des  esclaves  en  celte  Province," — soit  rétabli, 
et  que  cette  Chambre  se  forme  maintenant  dans  le  dit 
Comité. 

"  En  conséquence  la  Chambre  s'est  formée  en  Comité 
sur  le  dit  Bill. 

"  M.  rOrateur  a  laissé  la  chaire. 

"  M.  Berthelot  a  pris  la  chaire  du  Comité. 

*'  M.  l'Orateur  a  repris  la  chaire. 

*'  Et  M.  Planté  a  proposé,  secondé  par  M.  Berthelot, 

"  Que  cette  chambre  s'ajourne  à  lundi  prochain. 

"  La  Chambre  s'est  divisée  sur  la  question, — ^pour  j6u 


41 

Contre  10. 

"  Majorité  de  4  pour  la  négative. 

*'  Plusieurs  Membres  s'étant  retirés,  les  noms  de  ceux 
présents  ont  été  pris  comme  suit,  savoir  : 
"  M.  l'Orateur, 

"  Messieurs — Planté,  Huot,  Bedard,  Perinault,  Raby, 
Martitieau,  Papineau,  Fisher,  Black  et  Dumas. 

"  A  7  heures  et  demie  du  soir,  M.  l'Orateur  a  ajourné  la 
Chambre  faute  de  Quorum^ 

Ire  Session  du  3e  Parlement  Bas-Canada. 

Journal  p.  55  :  17  Janv.  1801. 

"  Sur  motion  de  M.  James  Cuthbert,  secondé  par  M.  le 
Juge  Panet  ; 

"  Ordonné,  que  M.  James  Cuthbert  ait  la  permission  d'in- 
troduire un  Bill  pour  régler  la  condition  des  esclaves,  pour 
limiter  le  terme  de  l'esclavage,  et  pour  prévenir  l'introduc- 
tion ultérieure  des  esclaves  en  cette  Province." 

"  En  conséquence,  M.  Cuthbert  a  présenté  le  dit  Bill  à  la 
Chambre,  lequel  a  été  reçu  et  lu  pour  la  première  fois. 

Séance  du  23  Janvier  1801.  (p.  73.) 

"  Le  Bill  pour  régler  la  condition  des  esclaves,  pour  limi- 
ter le  terme  de  l'esclavage  et  pour  prévenir  l'introduction 
ultérieure  des  esclaves  en  cette  Province,  a  été  lu,  confor- 
mément à  l'ordre,  pour  la  seconde  fois." 

"  Sur  motion  de  M.  J.  Cuthbert,  secondé  par  M.  Lees  ; 

"  Ordonné  que  le  dit  Bill  soit  référé  à  un  Comité  de  toute 
la  Chambre. 

"  Résolu,  que  cette  Chambre  se  formera  en  Comité  de 
toute  la  Chambre  Vendredi  prochain  sur  le  dit  Bill." 

Séance  du  6  Mars  1801.  (p.  235.) 
"  Lu  l'Ordre  du  jour  pour  que  cette  Chambre  se  forme  en 
Comité  de  toute  la  Chambre  sur  le  Bill  pour  régler  la  con- 
dition des  esclaves,  pour  limiter  le  terme  de  l'esclavage,  et 
pour  prévenir  l'introduction  ultérieure  des  esclaves  en  cette 
Province." 


42 

"  Sur  motion  de  M.  le  Juge  Panel,  secondé  par  M.  Peii- 
nault, 

"  Ordonné  que  le  dit  ordre  du  jour  soit  remis  à  demain. 

"  Résolu  que  cette  Chambre  se  formera  en  Comité  de 
toute  la  Chambre  demain  sur  le  dit  Bill." 

Séance  du  9  Mars  1801,  p.  291. 

Lu  l'ordre  du  jour  pour  que  cette  Chambre  se  forme  en 
Comité  de  toute  la  Chambre  sur  le  Bill  pour  régler  la  con- 
dition des  esclaves,  pour  limiter  le  terme  de  l'esclavage,  et 
pour  prévenir  l'introduction  ultérieure  des  esclaves  en  cette 
Province." 

"  En  conséquence,  la  Chambre  s'est  formée  en  Comité. 

"  M.  l'Orateur  a  laissé  la  chaire. 

"  M.  Badgley  a  pris  la  chaire  du  Comité. 

"  M.  l'Orateur  a  repris  la  chaire. 

.  Séance  du  1er  Mars  1803,  p.  161. 

"  Sur  motion  de  M.   J.  Cuthbert,  secondé  par  M.  le  Juge 

Panet. 

"  Ordonné  que  M.  Cuthbert  ait  la  permission  d'introduire 

un  Bill  pour  lever  tous  doutes  au  sujet  de  l'esclavage  dans 

cette  Province,  et  pour  d'autres  effets." 

"  En  conséquence,  il  a  présenté  le  dit  Bill  à  la  table,  lequel 
a  été  reçu  et  lu  pour  la  première  fois. 

"  Ordonné,  que  le  dit  Bill  soit  lu  une  seconde  fois  lundi 
prochain." 

Séance  du  7  Mars  1803,  p.  189. 

"  Conformément  à  l'ordre,  le  Bill  pour  lever  tous  doutes 
concernant  l'esclavage  dans  cette  Province,  et  pour  d'autres 
objets,  a  été  lu  pour  la  seconde  fois. 

"  Sur  motion  de  M.  James  Cuthbert,  secondé  par  M, 
Vigé  ; 

"  Résolu,  que  le  dit  Bill  soit  référé  à  un  Comité  de  cinq 
membres,  dont  trois  formeront_^un  Quorum,  lequel  s'assem- 
blera demain  dans  la  Chambie  de  Comité,  à  dix  heures  du 
matin  et  fera  rapport  avec  toute  la  dépêche  convenable." 

Ordonné  que  M.   James  Cuthbert,  M.  le  Juge  de  Bonne, 


43 

M.  Caron,  M.  Craigie  et  M.  Lees  composent  le  dit  Comité. 

Séance  du  15  Mars  1803  p.  209. 

"  Sur   motion  de    M.   James   Cuthbert,  secondé   par  M. 

^aron  : 

"  Résolu,  que  deux  membres  soient  ajoutés  au  Comité 

auquel  a  été  référé  le  Bill  pour  lever  tous  doutes  concernant 
l'esclavage  dans  cette  Province,  et  pour  d'autres  objets." 

"  Ordonné,  que  M.  Huot  et  M.  Raymond  soient  ajoutés 
au  dit  Comité. 

12.  Il  faut  maintenant  se  reporter  en  arrière,  et  voir  quel- 
les ont  été  les  décisions  des  cours  de  justices. 

COURT  OF  COMMON  PLEAS,  MONTREAL, 

Tuesday  the  18th  March  1788. 

Présent  :  The  Hon.  Hertel  de  Rouville,  )         „ 

Edward  Southouse,      )  ^ 

Rossiter  Hoyle  Atty.,  ]       The   Plaintif!'  having  in 

to  the  Trustées  of  Mary  Jacobs,  j  and  by  his  déclaration  de- 
vs.  )■  manded  of  the   Défendant 

Donald  Fisher,  and  Elizabeth  j  the  sum  of  £100,  currency, 
his  wife.  j  damages,   or  that   the   De- 

fendants  do  deliver  up  to  îhe  PlaintifF  two  negro  wenches 
the  oue  named  Silvia  Jane,  the  other  Ruth  Jane,  whicli  said 
negro  wenches  the  Défendant,  for  and  in  considération  of 
the  sum  of  £50  to  them  paid  by  Mary  Jacobs,  did  on  the 
4th  of  December  1785,  by  a  deed  passed  before  Gerbrans 
Beek,  notary,  sell  and  transfer  to  the  said  Mary  Jacobs,  to 
hold  and  possess  during  their  natural  lives. 

The  Court  having  seen  the  original  summons  with  the 
Sheriff's  return  duly  certified,  and  having  taken  into  consi- 
dération the  default  made  by  the  Défendants,  ou  the  lOth  day 
of  March  instant,  and  the  Défendants  having  been  again 
duly  called  this  day  and  not  appearing  in  person  nor  by 
Attorney  ;  it  is  ordered  that  the  Défendants  do  forthwith 
deliver  the  said  negro  wenches^  and  on  default  thereof  that 
the  said  Défendant  be  condemned  to  pay  to  the  Plaintiff,  in 
his  quality  aforesaid  the  sum  of  £50  with  cost  of  suit. 


44 

Ï3.  L'on  trouve  au  greffe  de  Montréal,  parmi  les  Records 
de  la  Cour  des  plaidoyers  communs,  celui  d'une  action  in- 
tentée par  John  Mittberger  contre  Patrick  Langan,  en  Juillet 
1788,  pour  le  remboursement  du  prix  d'un  nègre  que  le  De- 
mandeur avait  acheté  avec  garantie  du  Défendeur,  par  acte 
sous  seing  privé  fait  à  Montréal  le  5  Décembre  1780  pour  la 
somme  de  £60. 

Ce  nègre  était  connu  sous  le  nom  de  "Nero,"  Mr.  Langan 
en  avait  garanti  la  possession  à  l'acheteur  et  s'était  engagé 
à  le  défendre  contre  toutes  réclamations  quelconques. 

Après  avoir  relaté  l'acte  de  vente,  le  Demandeur  alléguait 
dans  sa  déclaration  "that  afler  the  said  5th  day  of  December 
and  before  the  12th  day  of  July  1781,  the   said  negro  man 
was  taken  and    withheld  from  the  Plaintiff  by  Allan  Mc- 
Clean  Esq.,    Brigadier  General  of  His  Majcsty's  Forces, 
commanding  at  Montréal  aforesaid  as  a  prisoner  of  war  and 
by  the   said   Allan  McClean   confined  and  provisioned  as 
such  in  the  public  Provot,  until  he  made  his  escape  entirely 
from  the  claim  of  the  Plaintiff;  and  on  the   said   12th  July, 
the  Défendant  having  notice  of  the  interruption  of  the  Plain- 
tiffs'  enjoyment  of  the  said  negro  man  by  ihe   said  Allan 
McClean,  did  make  and  subscribe  in  his  proper  handwriting 
a  certaid  certificate  purporting  that  the  said  negro  man  called 
Nero,  was  the   property  of  one  Gordon  a  Colonel  then  a  pri- 
soner of  war  within   the  said  province,  captured  by  the   Mo- 
hawk  Indians,  and  by  the  Défendant  sold  on  account  of  the 
said  Indians.  That  notwithstanding  such  certificate  the  said 
negro  man  was  detained  from  the   Plaintiff  until   occasion 
offered  for  him  to  escape  to  the  said  Colonel  Gordon  whose 
property  he  was  acknowledged  to  be,  and  with  whom   he 
now  lives  and  remains  without  any  possibility  to  the  Plain- 
tiff of  recovering  him. 

Le  Demandeur,  concluant  en  conséquence  au  rembourse- 
ment de  la  dite  somme  de  £60  et  à  £25  4  0  de  dommages  et 
les  dépens. 


La  défence  du  Défendeur  fut ,  "  tliat   true  it   is   that   as 
agent  for  and  on  behalf  of  the  Mohawk  Indians  he  did  bar- 
gain  and  sell  to  the  Plaintiif  a  certain  negro  man  that  had 
been  captured  by  the  said  Indians  on  an  expédition  to  the 
Enemy's  frontiers,    and  did  deliver  possession  of  the  said 
negro  to  the  PlaintifF,  who  thereby  became  legally  possessed 
of  him,  that  the  Défendant  is  by  no  means  liable  for  the  op- 
pressive act  of  Brigadier  General  McCIean  or  of  any  other 
person  ;  tke  law  was  open  to  the  Plaintiff,  and  he  ought  and 
should  hâve  taken  his  recourse  for  the  recovery  of  his  proper- 
ty  which  he  has  lost  by  his  avowed  lashes  ;  that  the  Plain- 
tiff never  considered  the  Défendant  liable  to  him  for  the  pur- 
chase  money  of  the  said  negro,  othervvise  he  would  not  hâve 
suffered  seven  years  to  pass  without  compelling  the  Défen- 
dant to  the  payment  of  the  same."   Par    le   Jugement  rendu 
le   90   Janvier    1789,  "  It  is  ordered   and  adjudged  that  the 
Plaintiff   do  recover  of  the  Défendant  the  sum  of  £60  cur- 
rent  money,being  the  principal  sum  paid  by  him  to  the  De- 
fendant  for  the  negro  mentioned  in  his  déclaration,  with 
interest  on  the  said  sum  from  the  4th  day  of  July  last  (1788) 
until  actual  payment  and  costs  of  suit." 

N.  B.  Il  faut  voir  la^déposition  du  capt.  Munro,  et  celle 
de  Isaac  Hill,  chef  Mohawh,  elles  sont  rapportées  ci-dessus  • 
les  originaux  sont  entre  les  mains  de  l'hon.  James  Leslie 
gendre  de  M.  Langan,  ainsi  que  l'acte  de  vente  du  5  Dec. 
1780.  Le  certificat  du  12  Juillet  1781,  était  encore  dans  le 
record,  lorsque  j'en  ai  fait  l'examen  le  9  avril  1853. 

IN  THE  COURT  OF  COMMON  PLEAS. 

Saturday  lOth  January  1789, 

"Présent  the  Hon.  John  Fraser^  H.  de  Rouville,  Esqrs. 

John  Mittleberger,  ^      Simon    Clarke-  of   Montréal,   tavern 

vs.  V  keeper,  examined  on  trial  of  this  cau«;e 

Patrick  Langan.  )  by  M.  Powell  of  Counsel  for  the  Plain- 

tif,  after  being  sworn  deposcth  and  saith  ;  that  he  has  been 

an  Indian  Interpréter  sincc  the  year  one  thousand  sevcn 

4 


46 

hundred  and  sevenly  five,  but  iliat  lie  ne  ver  was  sworn  : 
that  he  saw  the  negro  in  question,  who  was  sold  to  the 
Défendant  for  a  few  days  at  Colonel  Claus's  in  Montréal. 
That  he  docs  not  know  whether  the  Plaintiff  bought  the  said 
negro  of  Isaac  Ilill-the  Indian  chief  or  any  othcr  savage  and 
paid  any  money  for  him  :  an  exhibit  marked  (A)  filed  by 
M.  Walker  of  Counscl  for  the  Défendant  being  shewn  to 
Depont.;  he  says  that  the  signature  thercto  "  James  Clarke," 
is  in  his  hand  writting  ;  that  he  does  not  know  from  bis 
own  Personal  knowledge,  that  the  reason  assigned  în  the 
said  exhibit  of  not  taking  an  oath  is  a  custom  among  the 
Indians  but  that  the  said  chief  told  him  so  at  the  time.  Does 
not  know  that  an  Indian  ever  took  an  oath.  That  the  said 
exhibit  was  signed  some  time  in  October  last.  Has  heard 
that  the  said  negro  was  in  the  Provot  for  running  away  from 
the  Plaintiff,  but  never  saw  him  there.  That  he  never  heard 
that  said  negro  was  detained  there  by  order  of  the  Com- 
manding  Officer.  (Signed  on  the  minutes,)  Simon  Clarke. 

William  Wallace  of  Montréal,  shoemaker  sworn  to  give 
évidence  in  this  cause  deposeth  and  saith  :  that  he  knows 
Colonel  Gordon  of  Bolston  of  County,  in  the  state  of  New- 
York,  or  in  the  United  States  that  he  knows  the  negro  in 
question,  whose  name  is  Nero  that  he  saw  both  said  persons 
on  the  ninth  day  of  October  last  at  said  Gordon's  house  at 
Bolston  where  said  negro  was  Gordon's  servant.  That  said 
Gordon  told  this  depont.,  that  said  negro  was  his  property 
and  that  he  came  back  to  his  service  upon  being  discharged 
from  the  Provot  of  Montréal  by  Brigadier  PrIcLean  his  com- 
manding  Officer,  and  that  the  said  negro  himself  told  this 
depont.,  that  he  had  drawn  provision  at  Montréal  as  a  pri- 
soner.  His  déposition  being  read  to  him,  says  it  is  the  iruth 
and  déclares  that  he  cannot  sign  his  name. 

"George  Young,  keeper  of  the  common  gaol  of  Montréal 
being  sworn  to  give  évidence  in  this  cause  deposeth  and 
ïaith  :  that  he  was  gaoler  of  Montréal  in  the  month  of  June 


47 

one  thousand  seven  hundred  and  eighly  one,  and  that  he  had 
ordinary  access  to  ail  ihe  prisoners  in  the  common  gaol  and 
in  the  military  Provot.  Knows  that  M.  Levi  Willard  was  the 
acting  Commissavy  who  issued  provisions  to  the  military 
prisoners,  that  he  had  seen  the  said  Willard  at  Montréal 
about  eighteen  months  ago,  but  that  he  has  not  been  résident 
in  the  Province  thèse  three  years.  That  this  depont.,  was 
the  person  at  that  time  who  received  ail  servants  or  slaves 
committed  to  the  prison  upon  complaint  of  their  masters  to 
■  the  civil  authority.  That  he  never  did  receive  the  said  negro 
upon  such  complaint,  so  far  as  he  can  recollect,  or  even  had 
him  in  his  custody,  (Signed  on  the  minutes,)  Geo.  Young. 
The  évidence  being  closed  it  is  crdered  that  the  cause  be 
put  in  délibération. 

Tuesday  20th  January  1789. 
Présent  the  sanie. 
The  Court  having  considered  the  pleadings,  évidence  and 
exhibits  filed  in  this  cause,  and  having  fully  heard  the  parties 
by  their  counsel  it  is  ordered  and  adjudged  that  the  Flaintiff 
do  recover  of  the  Défendant  the  sum  of  sixty  pounds  current 
money,  being  the  principal  sum  paid  by  him  to  ihe  Défen- 
dant for  the  negro  mentioned  in  his  déclaration,  with  interest 
on  the  said  sum  from  the  fourth  day  of  Jnly  last  until  actual 
payment  and  costs  of  suit. 

District  de  )     COUR  DES  PLAIDOYERS  COMMUNS.. 
Montréal.  )  Terme  Supérieur. 

Jeudy  le  3e  Juillet  1788. 

Les  Honorables  Jean  Fraser,  ^  .    ^ 

Hertel  de  Rouville,  et   >  t       ^^^^^^/^ 
Edward  Southouse,  ^  Juges presens. 

J.     Poirée,  ^      Entre    Joseph    Poirée   comparant    par    M. 
&  >  Walker,  son  avocat  Demandeur,  d'une  part,  et 

J.  Lagord.  )  Jean  Lagord,  comparant,  par  Me.  Ross,  avocat 
DefFendeur  d'autre  part.  Après  que  M.  Walker  pour  le 
Demandeur  a  conclu  par  sa  déclaration  tendante  pour  les 
faisons  y  contenues  aux  fins  de  condamnation  contre  le 


48 

De/Tendeur  au  payement  de  la  somme  de  quarante  septiivrea 
dix  chclins  pour  le  prix  d'un  nègre  libre  que  le  deftendeur 
lui  a  vendu  et  pour  dômagcs  et  Irais  qui  ont  résulté  de  celte 
vente,  avec  intérêt  et  dépens.     Me.  Ross  pour  le  dcflendeur 
a  présenté  un  écrit  de  deffenses,  par  lequel  il  conclut  pour 
les  raisons  y  contenues  à  ce  que  le  demandeur  soit  renvoyé 
de  l'action  avec  dépens,  d'autant  que  dans  la  vente  du  nègre 
en  question  il  ne  lui  a  données  d'autre  assurance  que  ce  qui 
est  exprimé  en  l'acte  du  7  septembre  dernier,  que  d'ailleurs 
les  Commissaires  n'avaient  aucun  droit,  pouvoir  n'y  autho- 
rité  de  prendre  connaissance,  n'y  déterminer  aucuns  droits 
de  propriété,  et  que  d'autant  que  le  dit  Lagord  n'était  point 
partie   en  la  dite  sentence  qu'ils  ont  rendue,  il  ne  peut  en 
souffrir  ni  être  affecté  ;  a  quoy  Me  Walker  a  répliqué  par 
son  écrit  que  nonobstant  toutes  les  raisons  données  par  le 
Deffendeur,  il  doit  être  tenu  à  lui  rembourser  l'argent  qui 
lui  a  payé  pour  le  dit  nègre,  ensemble  les  frais  et  dommages 
qu'il  a  souffert  par  cette  vente  frauduleuse  laquelle  il  n'avait 
aucun  droit  de  faire  pourquoy  persiste  en  ses  conclusions. 
Parties  ouies  vu  les  pièces  produites  par  les  parties  et  leurs 
debas  respectifs  et  tout  considéré  la  Cour  condamne  le  Def- 
fendeur a  payer  au  Demandeur  la  somme  de  trente  sept 
livres  dix  chelins  du  cours  actuel  pour  le  prix  du  dit  nègre 
et  renvoyé  le  Demandeur  au  chef  des  domagcs,  aux  intérêts 
de  la  dite  somme  à  compter  du  vingt  novembre  dernier  jour 
da  la  demande  jusques  à  l'actuel  payment  et  aux   dépens 
taxé  a 

ATnnfl'in>i  Scf . 


49 

PROVINCIAL  COURT  OF  APPEAL. 

FriJay  19th  July  1793. 
Présent  ; 
Ilis  Ex.  Alured  Clarke,  Esq  :  Lieut.  Governor  Président, 

The  honble  Mr.  Cliief  Justice  Smith, 
Mr.  FiNLAY,  Mr.  Baby  and  Mr.  DeLongueuil, 

Peter  McFarlane,  Appellant  ^         Judgment  in  appeal. 

and  > 

Jacob  Smith,  Respondent.  )  The  debates  on  this  appeal, 
went  to  points  not  raised  by  the  case  as  it  stands  upon  the 
aposlils. 

The  Respondent  was  Plaintiff"  in  the  Common  Pleas,  in 
an  action  of  trespass  for  taking  away  his  wife,  and  her 
cloaths  of  the  value  of  £50,  and  detaining  both  from  hira  to 
his  damage  £2000. 

The  defence  admits  the  fact  in  charge,  but  justifies  it  as 
iawfull,  avering  the  PlaintifF's  wife  to  be  the  Defendant's 
slave,  and  the  cloaths  to  be  his  property. 

Such  being  the  pleadings,  it  lay  upon  the  Défendant  to 
prove  his  property  in  the  Plaintiff's  wife  ;  and  that  failing, 
nothing'remained  but  to  liquidate  the  dam.ages  due  to  the 
Plaintiff.     The  sentence  below  gives  damages  to  £100. 

The  merits  of  the  appeal  therefore,  must  turn  upon  the 
questions, 

1.  Whether  the  Défendant  supportcd  his  plea,  and  if  not, 

2.  Whether  the  damages  were  adjusted  and  ascertained 
in  due  form  of  law. 

Both  parties  failed,  and  the  conséquence  is,  that  llie  pro- 
ceedings  must  go  back  on  a  reversai  of  the  sentence  for  more 
ample  and  regular  discussion. 

The  record  does  not  fumish  proof  of  the  property  alledgcd 
to  be  in  the  Défendant  as  the  justification  of  the  trespass 
charged.  The  papcrs  filed  by  the  Défendant  as  exhibits 
avail  nothing  because  they  want  auxiliary  évidence  to  con- 
stitute  .the  proof  of  the  points  for  which  they  are  offorf^d 


50 

If  ihe  damages  therefore  are  rightly  adjudged,  lliere  \va» 
no  ground  for  the  appeal. 

There  is  no  weiglit  in  the  objection  madc  to  the  déclara- 
tion as  a  double  demand  for  taking  and  detaining  the  goods 
or  cloaths  as  well  as  the  wife.  The  law  of  the  conntry,  as 
it  stands  upon  the  ordinance  of  1785,  dispenses  with  forma- 
lity  in  the  déclarations,  and  allows  at  the  outset  of  a  cause 
of  the  joinder  of  différent  demands.  In  the  progress  of  it,  the 
parties  are  to  pursue,  and  the  Court  to  instruct,  what  the 
law  requires,  for  the  légal  décision  of  any  point  essential  to 
the  controversy. 

Nor  is  there  any  foundation  for  the  objection  to  the  action, 
for  not  making  the  wife  one  of  the  parties  Plaintiff,  the  Cou- 
tume de  Paris  excluding  the  husband's  right  to  sue  alone 
without  the  wife's  consent,  only  in  causes  tending  to  an 
aliénation  of  the  rights  of  the  wife  ;  and  making  it  his  duly 
to  bring  actions  moveable  and  possessory,  wilhout  her,  for 
the  préservation  of  her  inheritance  and  propres  ;  the  husband 
being  the  wife's  seigneur  for  her  protection  and  benefit,  and 
exposée!  by  the  neglect  of  it,  to  be  adjudged  unwortliy  of  his 
trust,  and  of  the  right  to  cohabit  with  her,  or  in  other  words, 
giving  to  her,  the  right  to  sue  for  a  séparation. 

But  there  was  nevertheless  great  error  in  the  sequcl,  and 
too  gross  a  departure  from  the  law  in  practice  and  principle, 
to  justify  a  confirmation  of  the  sentence  pronounced. 

The  Common  Pleas  bench  appear  to  hâve  supposed  what 
was  impossible,  that  there  was,  and  was  not,  before  them  an 
issue  to  be  tried. 

If  there  was  none,  the  settlement  of  the  damages  was  the 
province  of  the  Judges,  wilhout  a  Jury — a  jury  trial  obtain- 
ing  only  upon  issue  raised  by  the  Provincial  Ordinance  of 
1785,  the  adjustement  of  the  damages  therefore  by  an  inquest 
was  not  maintainable  ;  even  if  the  jurors  should  be  taken  for 
the  Experts  allowable  by  the  Frcnch  law  ;  for  in  such  case, 
îhe  proceedings  of  the  Experts  are  opcn  to  the  discussion, 


61 


attendant  upon  the  homologation  of  the  report  ;  but  as  ihis 
cause  was  managed,  the  Court  of  Appeals  has  no  knowledge 
of  what  was  in  évidence  to  the  Jury  ;  nor  therefore  can  say 
whethe^the  sentence  of  confirmation  stood  upon  good  and 
pertinent  proofs  or  not. 

If  it  were  possible  to  confirm  the  sentence,  an  issue  must 
be  found  in  the  pleadings,  but  of  that  opinion,  the  Court 
below  was  not,  by  their  over-ruling  the  first  plea  of  the  De- 
fendant,  and  ordering  him  to  plead  de  novo  to  the  ments  ;- 
taking  his  first  defence  for  the  exception  declinatoire  or  dila- 
toire of  the  French  law-most  certainly  it  was  neither,  but 
a  perfect  bar  of  the  action,  if  supported  by  proof  relevant  of 
the  point  that  the  Plaintiff  had  a  wife,  whose  services  and 
cloaths  were  the  right  and  property  of  the  Défendant.  The 
Court  should  hâve  decreed  so,  by  an  interlocutory  for  a  iair 
enquête,  but  did  not.     Il  decreed  the  reverse. 

The  bar  and  bench  appear  to  hâve  seen  ail  in  a  cloud  ot 
error,  thro'  the  whole  progress  of  the  cause  ;  which  is  conso- 
nant,  neither  to  the  French  nor  English  Law,  nor  to  that 
patch  work  of  jurisprudence,  which  it  was  the  object  of  the 
ordinance  of  1785  to  introduce  and  establish.  _ 

No  costs  therefore  can  be  given  to  either  party  in  appeal 
and  the  decree  of  the  Court  must  give  the  parties  a  better 
full  and  fair  investigation,  and  be  this, 

The  parties  by  their  Counsel  being  fully  heard  ;  it  is  by 
the  considération  ofthis  Court  adjudged,  that  the  sentence 
of  the  Common  Pleas  be  reversed,  without  costs  to  either 
party  and  that  the  proceedings  be  remitted  for  such  further 
course  below  as  law  and  justice  may  require." 

En  1797,  fut  passé  l'Acte  Impérial,  ch.  119,  auquel  il  est 
fait  allusion  dans  la  requête  de  certains  citoyens  de  Montréal, 
présentée  en  l'année  1800,  et  ci-dessus  rapportée.  Il  est 
intitulé.  "  An  act  to  repeal  so  much  of  an  act,  made  m  the 
fifth  year  of  the  Reign  of  His  late  Majesty  King  George  the 
Second,  intituled,  an  act  for  the  more  easy  recovery  of  debt 


Jii  Ilis  Majesty's  Plantations  and  Colonies  in  America,  as 
makes  Negroes  chatels  for  the  payaient  of  debts."  Le  nouvel 
acte  lut  sanctionné  le  19  Juillet  1797. 

Après  avoir  rapporté  la  disposition  ci-dessus  eitée  de 
l'acte  abrogé,  il  statue  "  that  so  much  of  the  said  in  jiart 
recited  act,  as  relates  to  Negroes  in  His  Majesty's  Planta- 
tions, is  hereby  repealed,  and  made  void,  and  shall  be  of  no 
elfect  in  future  ;  any  thing  in  the  above  act  or  any  other  act 
to  the  contrary  thereof  in  any  wise  notwithstanding." 

Voici  des  notes  sur  une  cause  commencée  en  1798. 
Jervis  George  Turner    and  Mary   Blaney,  his   wife,   duly 

separated  from  her  said  husband,  Plaintiffs, 

V8 

Thomas  John  Sullivan,  Défendant. 

Action  intentée  en  1708,  sous  No.  *52,  dans  la  Cour  du 
Banc  du  Roi  du  District  de  Montréal,  et  jugée  le  18  Dé- 
cembre 1799. 

FAITS 

Par  acte  passé  à  Montréal  le  25  Août  1797,  devant  Mtre 
Gray  et  son  confrère  Notaires,  les  Demandeurs  reconnaissent 
"  to  hâve  bargained,  sold,  assigned,  transfcred  and  made 
"  over,  &c.,  to  the  Défendant  "  accepting  thereof  for  himself, 
"  his  heirs  and  assigns,  a  certain  Negro-man  named  Manuel 
*'  of  or  about  the  âge  of  33  years,  for  and  during  his  natural 
"  life." 

Prix  £36  0. 

Le  même  jour,  et  devant  les  mômes  Notaires,  est  passé 
im  autre  acte  intitulé  "  Articles  of  servitude  betwecn  a  negro- 
"  man  named  Manuel  and  Thomas  J.  Sullivan."  Il  y  est 
dit  que  Manuel  "  of  his  own  free  and  voluntary  will  "  s'en- 
gage comme  "  servant  "  au  dit  Sullivan  pour  l'espace  de 
cinq  ans  à  compter  de  la  date  de  l'acte  ;  et  Sullivan  s'oblige 
de  le  loger,  vêtir  et  nourrir  jx-ndant  ce  temps. 

L'acte  contient  de  plus  la  clause  suivante  :  "  Whcrcas  the 
*'  .said  Thomas  J.  Sullivan  has  purehased  the  said  Negro- 


53 

*'  man,  named  Manuel,  of  and  from  J.  G.  Turner  and  hîs 
"  wifc,  by  deed  of  sale  bearing  even  date  witli  thèse  pre- 
"  sents  ;  in  considération  whereof  and  of  tlic  premises  it  is 
"  furtlier  agreed  by  and  between  the  said  parties  to  thèse 
"  présents,  that  provided  the  said  Negro-man  named  Ma- 
"  nuel  shall  truly  and  faithfully  do  and  perform  the  coven- 
"  ants  and  clauses  hereinbefore  reserved  and  contained,  ihe 
"  said  Ths.  J.  Sullivan  doth  hereby  and  for  himself,  his  heirs 
"  and  assigns,  covenant,  promise  and  agrée,  at  the  expira- 
"  tion  of  the  aforesaid  term  of  five  years  to  emancipate  and 
"  set  at  liberty  by  due  form  of  law  his  said  servant  Manuel, 
"  otherwise  he  is  to  be  considered  and  to  remain  the  property 
"  of  him  the  said  Ths.  J.  Sullivan,  his  heirs  and  assigns,  the 
"  same  to  ail  intents  and  purposes  as  if  this  agreement  had 
"  ne  ver  been  made." 

L'action  était  portée  pour  le  paiement  de  £30  15  2  ba- 
lance du  prix  de  vente  de  ce  Nègre,  et  les  deux  actes  ci_ 
dessus  sont  relatés  dans  la  "  Déclaration." 

Le  Défendeur  plaida  "  that  the  sale  was  null  and  void  in 
law,  in  as  much  as  the  said  Negro-man  was  not  at  the  period 
of  said  sale  and  transfer  a  slave  of  the  Plaintiffs  to  authorize 
or  empower  them  to  dispose  of  the  term  of  his  natural  life 
to  the  Défendant,  whereby  the  PlaintifFs  did  impose  upon 
and  deceive  the  Défendant,  and  under  such  deceit  and  im- 
position and  by  error  did  obtain  from  the  Défendant  at  diffé- 
rent times  on  account  of  the  purchase  of  the  said  Negro-man 
£18,  and  the  said  Manuel,  not  being  a  slave  of  the  PlaintifFs 
as  aforesaid,  did,  on  or  about  the  Ist  day  of  March  last  at 
Montréal,  abscond  from  the  Defendant's  service,  and  has  re- 
fused  to  returned,  whereof  the  PlaintifFs  had  then  notice  ;  and 
which  said  Manuel  has  since  been  and  now  is  in  the  city  of 
Montréal." 

Puis  Sullivan  fait  une  demande  incidente  pour  le  rem- 
boursement des  £18  qu'il  avait  payés. 

Dans  leur  réplique,  les  Demandeurs  soutiennent  la  vali- 


54 

dite  des  deux  actes  ci-dessus,  "  havin^  had  ihe  right  lo  disr 
"  pose  of  tlieir  title  to  the  service  of  the  said  Manuel  daring 
"  the  lerm  in  the  said  acts  mentioned,  having  acquired  the 
"  said  title  from  the  late  John  Turncr  in  his  life  time  by  act 

5  the  said  John  Turner  having 
*'  acquired  the  same  title  from  Allen 

"  who " 

Le  6  Oct.  1798,  une  Intervention  faite  au  nom  de  "  Ma- 
"  nuel  Allen  a  black  man,  of  the  city  of  Montréal,  labourer" 
who  "  repre!«ents  tliat  the  point  in  issue  between  the  said 
parties  Plaintiffs  and  Défendant  in  this  suit  raised  on  a  con- 
Iract  between  them,  whereby  the  said  Pltffs  did  covenant 
with  the  said  Défendant  to  seîl  him  the  said  Manuel  Allen 
as  a  slave  to  the  said  Défendant,  whereas  he  doth  aver  that 
hy  the  laws  ofihis  land  he  is  not  a  slave  but  afreeman,  and 
that  they  the  said  Pltffs  had  no  right  or  power  to  enter  into 
a  covenant  for  selling  him  ;   and  altho'  true  it  is  that  he  the 
said  Manuel,  did  on  his  part  covenant  to  serve  the  said  De- 
fendant  five  years  in  considération  that  he  should  be  free  at 
the  expiration  of  the  said  term,  yet  he  saith  he  ought  not  to  be 
bound  to  perform  the  said  covenant,  the  same  being  wholly 
nuU  and  void   having  been  entered  into  by  him  under  an 
erreur  de  fait  in  the  supposition  of  his  being  a  slave  and 
being  as  to  him  tlic  said  Manuel  a  nudum  factum  obligatory 
on  his  part  without  any  rcturn  or  considération  to  be  made 
him  by  the  other  contracting  parties,  for  which  reason  and 
because  the  final  détermination  of  this  suit  may  be  injurions 
to  him  as  a  free  subject  of  Ilis  Majesty,  he  hurably  prays 
that  he  may  be  permitted  to  intervene  in  the  cause  to  défend 
his  righls  and  that  so  far  as  regards  him  the  said  Manuel, 
that  the  said  decds,  acts  of  covenant  mentioned  in  the  décla- 
ration of  the  said  Plaintiffs  may  be  declared  by  tiiis  Hono- 
raôle  Court  null  and  void  in  the  same  way  as  if  the  same 
had  never  been  passed  or  entered  into." 
Les  Demandeurs  contestent  l'Intervention. 


55 

Le  lémoin  Francis  Millan  dépose  que  "  llie  said  Manuel 
left  Sullivan's  service  and  told  déponent  lie  had  abseonded 
because  he  was  a  freeman." 

Le  témoin  Margery  Campbell  dépose  "  that  the  said  Ma- 
nuel run  away  from  the  Defendant's  service  on  a  sunday 
evening  in  month  of  March  last,  alledging  as  a  reason  of  so 
doing  that  other  Biacks  were  free  and  that  he  wantcd  to  be 
free  also." 

Voici  le  Jugement  qui  fut  rendu  dans  cette  cause  le  18 
Février  1794. 

"  The  Court  having  lieard  the  parties  by  their  respective 
Counsel,  as  well  upon  the  principal  as  incidental  demand, 
and  duly  considered  the  évidence  of  record  ;  and  in  as  much 
as  the  Plaintiffs  hâve  shewn  no  title  or  right  to  transfer  and 
sell  the  property  claimed  in  Manuel,  a  Negro-man,  to  the 
Défendant,  and  that  the  Défendant  is  not  in  possession  of 
the  said  Manuel  so  covenanted  to  be  sold,  nor  can  the 
Défendant  upon  the  évidence  adduced  sustain  a  right  to  the 
same  ;  It  is  considered  that  the  Plaintiffs  be  dismissed  of 
their  action  and  demand  with  costs  to  the  Défendant,  and  in 
as  much  as  it  appears  that  Mary  Blaney,  one  of  the  Plaintiffs, 
was  duly  separated  from  her  husband,  and  then  after  had 
taken  and  received  from  the  Défendant  Thomas  John  Sulli- 
van the  sum  of  eighteen  pounds  in  part  payment  for  the  sale 
of  the  said  Manuel,  and  whom  she  had  nought  to  sell,  and 
that  the  Défendant  had  not  been  legally  maintained  in  a 
property  so  undertaken  to  be  tranfered  and  conveyed,  it  is 
.  further  considered  that  the  said  Mary  Blaney  do  pay  to  the 
said  T.  J.  Sullivan,  the  incidental  Plaintiff  in  this  cause  the 
sum  of  £18  with  costs  upon  the  incidental  demand  ;  and  the 
intervention  of  the  said  Manuel  Allen  is  dismissed,  each 
party  to  pay  their  own  costs. 

N.  B. — J'ai  examiné  ce  recorder  en  Février  1853,  j'y  ai 
trouvé  dûement  certifiées  copies  de  la  Commission  de  l'In- 
tendant Raudot,  et  de  son  ordonnance  du  13  Avril  1709  con- 


56 

cernant  les  esclaves  ;  ce  qui  prouve  que  les  Juges  en  prirent 
connaissance  avant  de  rendre  leur  Jugement.  Ces  docu- 
ments ont  depuis  été  imprimés.  Voir  le  2d  vol.  des  Edits 
et  Ord  :  Royaux,  in  4o. 

DoMiNus  Rex,  ) 

vs  > 

Robin  alias  Robert,  ) 

MONTREAL,  KING'S  BENCH, 

February  Term  1800. 

M.  Perry  on  the  part  of  Robin  alias  Robert  a  black  on  the 
thirty  first  day  of  Januaiy  in  the  présent  year  of  Our  Lord 
one  thousand  eight  hundred  unlawfully  arrested  and  taken 
and  forthwith  unlawfully  committed  to  the  common  goal 
and  house  of  correction  of  the  City  of  Montréal  on  a  charge 
that  he  being  a  slave  had  absented  himself  from  the  house 
of  James  Fraser  of  the  current  of  Saint  Mary  near  the  said 
City  of  Montréal  in  a  w^arrant  granted  on  the  same  day  and 
year  by  Charles  Blake,  James  Dunlop  and  Robert  Jones 
Esquircs  three  of  the  justices  of  Our  Lord  the  King  assigned 
to  keep  the  Peace  within  the  said  district  the  said  Robin 
alias  Robert  was  so  arrested  and  taken  and  committed  and 
is  now  unlawfully  detained  in  the  said  common  gaol  and 
house  of  correction — stiled  the  owner  master  and  proprietor 
of  him  the  said  Robin  alias  Robert,  wilhout  having  obtained 
the  leave  or  permission  and  against  the  consent  of  the  said 
James  Fraser — doth  move  this  Honorable  Court  tl)at  this 
Honorable  Court  bc  plcased  to  award  him  the  said  Robin 
alias  Robert  His  Majesty's  remédiai  writ  of  Habeas  Corpus 
directed  to  the  said  keeper  of  the  said  common  gaol  and 
house  of  correction  at  Montréal  aforesaid  commanding  him 
to  hâve  the  body  of  the  said  Robin  alias  Robert  by  whatcver 
name  he  may  bc  called  togcthcr  wilh  the  day  and  cause  of 
his  caption  and  détention  before  this  Honorable  Court  imme- 
diately  on  the  rccript  of  the  said  writ  to  do  and  reccivc  what 


b1 

this  Honorable  Court  shall  tlien  and  there  consider  concem- 
ing  him  in  this  belialf. 

4th  May  1799  (signed)  A.  Perry,  Advocate. 
(Endorsed)  Filed  4  Feb  1800  (signed)  J.  Reid. 

Granted. 
Montréal, 

To  the  Honorable  James  Monk  Chief  Justice  of  the  Court 
of  King's  Bench  for  the  district  of  Montréal — and  the  Hono- 
rable Pierre  Louis  Panet  and  Isaac  Ogden,  Justices  of  the 
same  Court. 

The  Mémorial  and  request  of  Robin  alias  Robert  a  black 
most  humbly  sheweth. 

That  your  Memorialist  on  the  thirty  first  day  of  January 
in  the  présent  year  of  Our  Lord  one  thousand  eight  hundred 
was  arrested  and  taken  under  a  warrant  granted  on  the  same 
day  and  year  by  Charles  Blake  James  Dunlop  and  Robert 
Jones  Esquires  three  of  the  Justices  of  Our  Lord  the  King 
assigned  to  keep  the  peace  within  the  said  district  and  was 
forthwith  under  the  said  warrant  and  under  another  warrant 
granted  on  the  same  day  and  year  by  James  Dunlop  Esquire, 
one  of  the  said  Justices  committed  to  the  common  gaol  of 
the  city  of  Montréal  on  a  charge  that  he  being  a  slave  had 
absented  himself  from  the  house  of  James  Fraser  of  the  cur- 
rent  of  Saint  Mary  near  the  said  city  of  Montréal  iu  the  said 
warrant  stiled  the  owner  master  and  proprietor  of  him  the 
said  Robin  alias  Robert  without  having  obtained  the  leave 
or  permission  and  against  the  consent  of  the  said  James 
Fraser — Ail  which  will  more  fully  appear  by  view  of  copies 
of  the  said  warrants  duly  certified  and  annexed  to  the  présent 
mémorial. 

That  Your  Mémorial  doth  most  humbly  pray  that  Your 
Plonors  will  be  pleased  to  award  him  his  Majesty's  remédiai 
writ  of  Habeas  Corpus  directed  to  the  said  keeper  of  the 
said  common  gaol  at  Montréal  commanding  him  to  hâve  the 
body  of  the  said  Robin  alias  Robert  by  whalevcr  name  lie 


may  be  called  togelhor  witli  tlic  day  and  cause  of  liis  caplion 
and  détention  bcfove  Vonr  lîonors  at  sucli  place  as  Your 
Ilonors  shall  appoint  immediateJy  on  the  rcceipt  of  ihe  said 
writ  to  do  and  receive  what  Your  Honors  shall  then  and 
there  consider  concerning  liim  in  ihis  behalf  and  to  havc 
there  the  said  wiit. 

And  Your  Memorialist  as  in  duty  bound  wjll  evcr  pray, 
•&c. 

3rd  February  1800. 

Let  a  writ  of  Ilabeas  Corpus 
cum  causa  detentionis  issue 
as  praycd. 
Montréal  3d  February  1800. 

Annexed  to  the  foregoing. 

District  of  Montréal, 

Charles  Elake,  James  Dunlop  and  Robert  Jones,  Esquires, 
three  of  the  Justices  of  Our  Lord  the  King  assigned  to  keep 
the  peace  within  the  said  district. 

To  George  Sairy  constable  in  the  said  district  and  to  the 
keeper  of  the  common  Goal  and  house  of  correction  at  Mon- 
tréal in  the  said  district. 

Thèse  are  to  command  you  the  said  constable  in  bis  Ma- 
jesty's  name  forthwith  to  convey  and  deliver  into  the  custody 
of  the  said  keeper  of  the  said  common  Goal  and  house  of 
correction  the  body  of  Robin  a  Nogro-man  and  slave  charged 
before  us  with  having  absented  himself  from  the  house  of 
James  Fraser  of  the  current  of  Saint  Mary  near  the  said  city 
of  Montréal  fhe  ouTier  master  and  proprietor  of  iiim  the  said 
Robin  without  having  obtained  the  Icave  or  permission  and 
against  the  consent  of  the  said  James  Fraser  his  master.  And 
you  the  said  keeper  arc  hereby  required  to  reçoive  the  said 
Robin  into  your  custody  in  the  said  common  goal  and  house 
of  correction  at  Montréal  and  him  there  safely  keep  4ill  he 
be  thence  delivered  by  the  due  order  of  the  Law. 

Given  under  our  hands  and  seals  this  thirty  first  day  of 


59 

January  in  ihe  fortieth  year  of  the  reign  cl"  liis  Majesty  King 
George  the  ihird. 

(Signcd)  Charles  Blake,  J.  P.  [L.  S.] 
Robert  Jones,  J.  P.  [L.  S.] 
James  Dunlop,   J.  P.  [L.  S.] 

James  Dunlop  Esquire,  one  of  lus  Majesty's  justices  of  the 
peace — to  Jacob  Kuhn  keeper  of  his  Majesty's  Jaii  and  house 
of  correction. 

You  are  hereby  authorized  and  required  to  receive  into  the 
prison  or  honse  of  correction  a  negro-man  named  Robert, 
who  refuses  to  go  home  to  his  owner  and  him  safely  to  keep 
till  he  may  be  discharged  or  otherwise  dealt  with  according 
to  law. 

Given  under  my  hand  and  seal  the  thirty  first  day  of  Ja- 
nuary 1800. 

(Signed)     James  Dunlop,  J.  P.     [L.  S.] 

Montréal, 

I  Edward  William  Gray,  Esquire,  SherifF  of  the  district  of 
Montréal  in  his  INIajesty's  province  of  Lower  Canada  do  cer- 
tify  that  the  foregoing  are  true  and  literal  copies  of  the  war- 
rants of  commitment  and  détention  by  virtue  of  which  the 
said  Robin  alias  Robert  hath  been  taken  and  committed  and 
is  now  detained  in  the  eommon  gaol  of  the  said  district,  and 
that  the  said  Robin  alias  Robert  hath  not  been  taken  and 
committed  and  is  not  now  detained  for  any  other  cause  or 
by  virtue  of  any  other  warrant  or  warrants  whatever. 

Given  under  my  hand  and  seal  of  office  at  Montréal  in  the 
said  district  the  third  of  February  in  the  year  of  Our  Lord 
one  thousand  eight  hundred  and  in  the  reign  of  his  Majesty 
King  George  the  third  the  fortieth. 

(Signed)       Edwd.  Wm.  Gray,  Shexiff. 
(Endorsed) 

Banco  Régis.  Montréal  February  1800. 

Pétition  of  Robin  alias  Robert,  a  Black  man. 

Filed  4  Feb.  1800,  (signed)     J.  Reid. 


60 

District  of  Montréal, 

TO  WIT. 

James  Fraser  of  tho  cnrrcnt  of  Saint  Mary  ncar  tlic  city  of 
Montréal  farmer  maketli  oath  and  sayeth  that  from  and  since 
thc  tenlh  day  of  July  one  thoiisand  seven  hundred  and  se- 
venty  tlirce  this  déponent  hath  been  the  triie  master,  owner 
and  proprietor  of  a  negro-man  called  Robin,  and  that  on  or 
about  'he  nineteenth  day  of  March  last  the  said  Robin  the 
slave  of  this  déponent  absenled  himsclf  from  Ihc  house  and 
service  of  this  déponent  without  having  obtained  permission 
or  leave  of  this  déponent,  and  the  déponent  verily  and  in  his 
conscience  believes  that  the  said  Robin  now  résides  in  the 
house  of  one  Richard  Uillon  of  this  cily  tavern  kecper  against 
îhe  consent  of  this  déponent,  and  ail  this  is  truth  as  the  dé- 
ponent shall  answer  to  God. 

(Signed)  James  Fraser. 

Sworn  before  me  this  twenty  eighth  day  of  January  in  the 
yearof  Our  Lord  1800. 

(Signed)  Chas.  Blake  J.  P. 

(Endorsed) 

Affidavit  of  James  Fraser  1800. 

Filed,3Feb  1800.  J.  Retd. 

District  of  Montréal, 

KLN'G'S  BENCII, 

February  Term  1800. 
The  King  ) 

vs        [  TO  WIT. 

Robin.     ) 

The  Honorable  Tsaac  Ogden  Esquiro  one  of  the  justices  of 
this  Honorable  Court  maketh  oath  and  sayeth  that  on  or 
about  the  mont  h  of  Scptember  in  the  year  of  Our  Lord  one 
thousand  scvon  hnndred  and  eighty  throe  one  William  Wal- 
ton  was  Magistrale  of  Police  in  and  for  îhe  cify  of  New-York 
then  under  the  Oovernment  of  His  Majesty,  in  the  United 
States  of  America,  and  that  hc  this  dr-ponenf  hath  sccn  tho 
suid  ^Villiam  Wulton  writc  and  verily  and  in  his  conscience 


61 

believes  that  the  name  of  "  Wm.  Wallon  "  in  the  pass  ad- 
joined  to  this  atfidavit  is  in  the  proper  handwriting  of  liini 
ihe  said  William  Walton,  and  ail  this  is  truth  as  this  dépo- 
nent shall  answer  to  God. 

(Signed)  J,  Ogde:^. 

Sworn  before  me  this  twelfth  day  of  Feb.  1800. 

(Signed)         J.  Monk,  Ch.  Just. 
(Endorsed) 

KING'S  BEXCH, 
The  King  ^  February   Term    1800. 

vs        > 
Robin     )      Affidavit  of  Mr.  Justice  Ogden. 
Filed  13  Feb.  1800. 

J.  Reid. 
(Annexed  to  the  above  affidavit  is  a  document  purporting 
as  fellows  :) 

Permission  is  hereby  given  to  Robin  and  Lydia  two  blacks 
to  pass  with  their  Master  James  Fraser  to  Nova  Scotia  he 
iiaving  made  it  appear  before  me  that  they  are  his  property. 
Given  under  my  hand  in  the  cily  of  New- York,  the  19th  day 
of  September  in  the  twenty  third  year  of  His  Majesty  Reigrij 

1783. 

(Signed)  Wm.  Waltox, 

Mage,  of  Police. 
TO  ALL  WHOM  IT  MAY  CONCERN. 


Note. — The  words  then  under  the  Government  of  His 
Majesty  in  ihe  atïidavit  of  Mr.  Justice  Ogden,  appear  in  thu 
margin  of  the  original  and  are  not  paraphai,  nor  is  ihe 
marginal  note  mentioned  any  wherc. 

The  words  "  James  Fraser  "  are  interlined  in  the  Pass. 
District  of  Montréal, 

KING'S  BENCH,  FEBRUARY  TERM  1800. 
The  King  ^ 

vs        [  TO  WIT. 

Robin     ) 

William  Hewitt  journeyman  to  William  Logan  of  Mon- 


G2 

ireal  Master  Baker  makclh  oalli  and  sayelh  ihal  on  or  about 
tlie  ninili  of"  Seplombcr  in  llic  yoar  of  Oiir  Lord  one  tliousand 
.scvei)  liundrcd  and  cighty  four  lie  ihis  déponent  came  in  llie 
Name  vessol  from  Sliellbournc  in  Nova  Scotia  to  the  Island 
of  St.  .lolins  with  James  Fraser  now  residin,*^  near  tlio  said 
•Mty  of  Montréal  :ind  that  ihc  said  James  Fraser  was  accom- 
panied  by  a  Negro  Boy  called  Robin  who  was  alwise  eonsi- 
dered  as  ibe  property  of  biiii  the  said  James  Fraser  and  did 
acknowledge  bimself  to  be  sneh  lo  the  déponent.  And  ihat 
he  this  déponent  bas  seen  the  said  Rol^in  at  dillorent  tinirs 
since  the  arrivai  of  ihc  said  James  Fraser  iiT  this  provincr 
and  that  the  Défendant  in  this  eausc^  is  the  same  identical 
Negro-man  that  went  from  Slielbourne  to  St.  Johns  with  this 
déponent  and  wlio  alwise  acknowledged  liimsclftobe  thr 
property  of  him  tlie  said  James  Fraser,  and  ail  this  is  truth 
as  lie  sliall  answer  lo  God. 

(Signed)  WiLi,iAM  IIkwitt. 

Sworn    bcfore  me   ihis  elev(;nl]i  day  of  Fcbniary  in  the 
year  of  Onr  Lord  ISOO. 

(Signod)  J.  OoDEN,  J.  K.  B. 

(Endorsed) 

KING'S  BEXni,  FEB.  TERM  1800. 

113 
The  Kinc  "i      Afiidavil  of  M.  W'm.  Ifcwitt. 
vs         [  Filed  13  Feb   IbOO. 

Robin     )  (Signed)  J.  REin. 

PROCKEDIXCÎS  BEFORE  TIIE  COURT. 

fn  Jîcgistcrs. 

Tuesday  4tli  Fcbruary  1800. 

C  TiiK  Cmikk  JisrrcE, 

Présent  :   •  Mu.  .Iistue  Panet, 

r  Mr.  J.stice  Ogde.v. 

On  the  Mémorial  and  J  Mr.  Perry  moves  f<»r  a  writ  of 
P(!tili((n  of  Rol)in,a/ja.9  ,  Habca.s  Corpus,  direcled  lo  thr 
Robert  a  Blacknian.  )  ke(|)cr  of  iIk;  Cornirion  (îaol  of  the 
di.strict  to  bring  iip  bofore  thi^  Court  the  bodv  of  one   F{obin. 


63 

alias  Robin  (sic)  a  Blackman — logetlier    witii  tlie  oanse  of 
liis  caption  and  détention.     Ordered  that  a  writ  of  Habeas 
ï'or]3us  do  issue  as  prayed  returnable  in  Court. 
Monday  lOth  February  1800. 
Présent — The  same  Judges. 

DoMiNcs   Rex  )      On  Habeas  Corpus  to  bring  tlie  body  of 

vs  >  one  Robin  alias  Robert  a  Blackman. 

James  Fraser  )      The  Gaoler  made  his  return  to  the  writ 
and  brought  up  the  body. 

M.  Perry  on  the  part  of  the  prisoniier  shewed  cause  wliy 
he  ought  not  to  be  detained  in  Gaol. 

Mr.  Kerr  on  the  part  of  the  Défendant  replied — ordered 
that  the  furlher  hearing  stand  over  to 

Thursday  13  February  1800- 
Présent — The  same  Judges. 

DoMiNus  Rex  ^      The  Court  having  heard  M.  Perry  of 

vs  >  Counsel   for   the   Défendant   and  Mr. 

RoBix  A  Blackman  )  Reid  on  behalf  of  James  Fraser,  it  is 
ordered  that  the  cause  be  put  under  consuhation. 
Tuesday  18th  February  1800. 

Présent — The  same  Judges. 

On  Habeas  Cor]:)US.  The  Court 
havinw  heard  Mr.  Kerr  of  Counsel  for 
James  Frazer,  clajmmg  property  tt- 
Robin,  alias  Robert  a  Blackman,  now 
oonlined  under  a  warrant  annexed  to  the  writ  of  Habeas 
Corpus,  and  Mr.  Perry  on  the  part  of  the  said  Robin,  «//o* 
Robert  and  having  seen  the  affidavits  produced  by  the  said 
James  Frasen 

It  is  considered  tliat  the  said  Robin,  alias  Robert  be  di>:- 
charged  from  his  confinement  under  the  said  warrant. 

Si  l'Acte  Impérial  de  1797  a  eu  l'eflet  d'abolir  l'esclavage, 
il  a  du  avoir  cet  eftct  dans  toutes  les  plantations  de  Sa  Ma- 
jesté.. Cependant  tel  n'a  pas  été  le  cas.  L'esclavage  nii 
été  abolie  que  par  l'Acte  de  1833,  ch.  73. 


DoMiNus  Rex 

vs 
Robin  alias  Robert 
A  Blackman. 


A.DDEISroA 


A    L'ARTICLE    SUR    L'ESCLAVAGE. 


Aux  documents  tirés  des  archives  françaises  on  peut  ajou- 
ter encore  les  suivants  : 

lo.  Déclaration  du  Roi  au  sujet  des  tuteurs  et  de  l'admi- 
nistration des  biens  des  mineurs  en  Amérique,  du  15  Dec. 
1721,  enregistrée  au  Greffe  du  Conseil  Supérieur  de  Qué- 
bec, le  5  Octobte  1722,  art.  IV  : 

"  Les  Mineurs  quoiqu'émancipés  ne  pourront  disposer 
"  des  nègres  qui  servent  à  exploiter  leurs  habitations,  jusqu'à 
"  ce  qu'ils  aient  atteint  l'âge  de  vingt-cinq  ans  accomplis, 
"  sans  néanmoins  que  les  dits  nègres  cessent  d'être  réputé» 
"  meubles  par  rapport  à  tous  autres  effets." 

2o.  La  même  disposition  est  reproduite  dans  la  Déclara- 
tion du  Roi,  du  1er  Oct.  1741,  enregistrée  au  greffe  du  Con- 
seil Supérieur  de  Québec,  le  30  juillet  1742,  art.  VII.  Il 
est  par  cette  Déclaration  enjoint  aux  "  gens  tenant  notre 
'•'  Conseil  Supérieur  de  Québec  que  ces  présentes  ils  aient 
"  à  faire  lire,  publier  et  enregistrer  et  le  contenu  en  icelles 
"  garder,  observer  et  exécuter  selon  leur  forme  et  teneur." 

3o.  Elle  est  encore  répétée  dans  -  la  Déclaration  du  Roi 
du  1er  Fév.  1743,  enregistrée  au  Greffe  du  Conseil  Supé- 
rieur de  Québec  le  23  Sept.  1743,  art.  XI. 


^^ 


Jl£ES]MCOXX^£3SI 


ET 


DOCXJ]\d:El]SrT8 


HELATIFS    A 


L.'HI8TOIR£  DU  CAIVADA, 


PUBLIES    PAR 


LA  SOCIETE  HISTORIQUE  DE  MONTREAL. 


®i  1L&  w&mm&E  SIS  a^^s^sî. 


1.  Les  articles  additionnels,  (datés  du  7  mai  1627)  de  la 
charte  donnée  à  la  Compagnie  de  la  Nouvelle-France  ou  des 
Cent  Associés,  contiennent  ce  qui  suit  : 

Art.  21.  Le  Receveur  rendra  compte  général  par  chacune 
année  et  enfin  d'icelle  "  en  présence  du  sieur  Intendant  des 
affaires  du  dit  pays  de  la  Nouvelle-France,  &c." 

Art.  26.  Le  Cardinal  de  Richelieu  sera  supplié  de  don- 
ner V Intendance  des  affaires  du  dit  pays  de  la  Nouvelle- 
France  et  de  la  dite  Compagnie  au  sieur  de  Lauson,  "  Con- 


66 

seiller  du  Roi  en  ses  Conseils  d'Etat  et  privé,  Maître  dec 
Requêtcs  ordinaires  de  son  Hôtel,  et  Trésidcnt  au  Grand 
Conseil." 

Art.  29.  Les  Associés  seront  tenus  de  s'assembler  en  la 
ville  de  Paris,  le  15  Janvier  de  chaque  année,  en  la  maison 
du  sieur  Intendant. 

Art.  31.  Les  Directeurs  et  Administrateurs  prêteront  ser- 
ment es  mains  du  dit  sieur  Intendant. 

Cette  Intendance  fut  domiée  à  ce  Monsieur  de  Lauson, 
qui  s'appelait  Jean  de  Lauson. 

2.  Charlevoix  :  t.  1,  p.  308,"  M.  de  Lauson,  un  des  prin- 
cipaux membres  de  la  Compagnie  du  Canada,  fut  nommé 
pour  succéder  à  M.  D'Aillebout  (1650)  dont  les  trois  ans 
étaient  expirés  ;  mais  il  n'arriva  à  Québec  que  l'année  sui- 
vante.... Le  nouveau  Gouverneur  avait  toujours  eu  plus 
de  part  que  personne  aux  affaires  de  la  Compagnie.  C'était 
lui  principalement,  qui  avait  ménagé  en  Angleterre  la  res- 
titution de  Québec...  Il  avait  toujours  paru  s'intéresser 
beaucoup   à  ce  qui  regardait  le  Canada." 

Ce  n'est  pas  en  1650,  comme  le  dit  Charlevoix,  mais 
bien  en  1651,  que  M.  de  Lauson  fut  nommé  Gouverneur. 
Ses  Provisions  sont  datées  du  17  Janvier  1651.  Elle  cons- 
tatent qu'il  fut  ainsi  nommé  sur  la  présentation  qui  fut  faite 
au  Roi  de  sa  personne  par  la  Compagnie  de  la  Nouvelle- 
France.  (Edits  et  Ordonnances,  Ed.  in-8o.  t.  3,  p.  16.)  M. 
l'Abbé  Ferland  dit  que  M.  de  Lauson  "  s'était  offert  pour 
être  Gouverneur  de  la  Nouvelle-France,  et  que  cette  offre 
avait  été  acceptée  par  le  Roi." 

3.  Le  nouveau  Gouverneur  arriva  à  Québec  le  13  Octobre 
1651.  (Journal  des  Jésuites,  et /le/fl/ion*  des  mêmes  pour 
cette  même  année,  p.  1.) 

On  lit,  dans  Vllistoire  de  VIIôtel-Dieu  de  Québec,  p.  92  : 
"  M.  de  Lauson  vint  en  1651  prendre  possession  du  Gou- 
vernement. C'était  un  homme  de  qualité,  très  vertueux, 
'lui  était  Conseiller  d'Etat,  et  qui  avait  été  Intendant  d^ 


67 

Guienne  ;  il  emmena  trois  de  ses  fils  qui,  dans  la  suite, 
s'établirent  dans  ce  pays.  L'aine  portait  le  nom  de  Mon- 
sieur son  père.  Il  avait  servi  en  France  dans  le  régiment 
de  Navarre,  et  dans  celui  de  Picardie,  et  il  était  fort  consi- 
déré de  M.  le  Duc  d'Espernon.  On  le  fit  Sénéchal  ici. 
Mais  il  fut  tué  par  les  Iroquois  en  l'année  Î660  et  laissa 
deux  filles  qui  ont  été  Religieuses  aux  Ursulines.  Le  se- 
cond s'appelait  Lauson  de  Cliarni  ;  il  épousa  une  fille  de 
M.  GifFard  ;  et  le  troisième  que  l'on  nommait  Lauson  de  la 
Citière  se  maria  avec  une  demoiselle  de  Pau  qui  nous  fut  en- 
voyée de  France  par  Madame  la  duchesse  d'Aiguillon,  en 
1655j  pour  être  religieuse  chez  nous;  elle  avait  beaucoup 
d'esprit  et  de  piété,  mais  point  du  tout  de  vocation.  Elle  sévit 
bientôt  veuve  par  un  triste  accident,  car  Monsieur  son  époux 
se  noya  le  4  (mai)  de  l'année  1659."  Il  y  a  dans  ce  passa- 
,ge  quelques  erreurs  qui  seront  relevées  dans  le  cours  de  cet 
-écrit. 

On  lit  dans  le  Journal  des  Jésuites,  à  la  date  du  13  Oct. 
1651  :  "  Le    11,  arriva  la  flotte  de  3  navires,   le  St.  Joseph, 

"la  Vierge,  et  un  3e,  navire  hollandais M.  de  Lauson 

mit  pied  à  terre.  Il  alla  droit  au  Fort,  où,  ayant  présenté 
sa  commission,  on  lui  présenta  les  clefs,  et  entra  dans  le 
Fort. ...  Le  18. .  .M.  le  Gouverneur  vint  diner  en  notre  ré- 
fectoire, M.  Du  Plessis,  M.  le  Sénéchal  et  M.  de  la  Sitière 
(Citière,)  M.  de  Hautville,  M.  de  Tilly,  M.  de  Repentigny, 
M.  Robineau,  M.  Dauteuil." 

Il  n'y  eut  donc  que  deux  fils  de  M.  le  Gouverneur,  qui 
■  vinrent  avec  lui,  M.  le  Sénéchal,  et  M.  de  la  Citière. 
Quant  à  M.  de  Charny,  il  n'arriva  à  Québec  que  l'année 
suivante,  ainsi  que  nous  l'apprend- le  Journal  des  Jésuites  : 
"  Le  23  (Juin  1652)  arrive  la  chaloupe  du  premier  navire 
venu  de  France,  commandé  par  Mtre  Jean  Pointel,  lequel 
oiavire  échoua  à  l'Isle  aux  Coudres. ...  Le  1er  (Juillet  1652^ 


68 

arrivée  de  M.  de  Charny,  et  lo?5  hommes  venus  par  ce  pre- 
mier navire."(l) 

Nous  voici  donc  en  Canada  avec  le  père  et  trois  de  ses 
fils.  Il  faut  maintenant  reprendre  les  choses  d'un  peu  plus 
haut. 

4.  M.  de  Lauson,  père,  longtemps  avant  de  venir  dans  la 
Nouvelle-France,  avait  acquis  l'Isle  de  Montréal.  M.  l'Abbé 
Faillon,  dans  son  introduction  à  la  vie  de  la  Sœur  Bourgcoys, 
dit,  p.  35,  en  parlant  dos  Associés  de  la  Compagnie  de 
Notre-Dame  de  Montréal  :  "  La  première  démarche  qu'il? 
firent  fut  d'acquérir  la  propriété  de  l'Isle  de  Montréal.  M. 
de  Lauson,  qui  l'avait  reçue  de  la  Grande  Compagnie  du 
Canada,  la  leur  céda,  quoique  contre  ses  intérêts  et  ses  pre- 
mières intentions  ;  et  cette  cession  fut  confirmée  bientôt  par 
l'autorité  du  Monarque." 

"  Il  désirait,  remarque  M.  l'Abbé  Ferland,  établir  sa  fa- 
mille en  Canada,  et  il  obtint  à  cet  effet  de  vastes  concessions, 
entre  autres,  la  seigneurie  de  Lauson,  l'Isle  de  Montréal 
qu'il  céda,  comme  nous  l'avons  vu,  et  une  étendue  considé- 
rable de  terrain  sur  la  rive  sud  du  lieuve  en  face  de  l'Isle  de 
Montréal." 

Cette  étendue  considérable  de  terrain  ne  lui  fut  pas  con- 
cédée à  lui-même,  mais  il  en  fit  faire  la  concession  par  la 
Compagnie  de  la  Nouvelle-France,  à  un  autre  de  ses  fils,  le 
15  Janvier  1635.  L'acte  de  concession  n'a  encore  pu  être 
trouvé  ;  mais  celui  de  mise  en  possession  de  cette  seigneu- 
rie est  transcrit  dans  les  "  Questions  Seigneuriales,"  t.  1^ 
p.  81.  Ce  dernier  acte  constate  la  date  de  la  concession, 
et  que  cette  concession  a  été  faite  "  au  profit  de  François 

(!)  On  trouve,  au  Greffe  de  Montréal,  uu  acte  de  vente  fait 
par  Lambert  Closse  àCliarles  d'Ailleboust,  Sieur  des  Musceaux, 
Gouverneur  de  l'Islt  de  Montréal,  "  acceptant  powr  et  au  nom 
de  Charles  de  Lauson,  Escuycr,  Sieur  de  Charny."  Cet  acte  porte 
la  date  du  1er  Juin  1G52,  c'est-à-dire  un  mois  avant  l'arrivée  d« 
M.  de  Charny  à  Québec. 


G9 

•de  Lauson,  Ecuyer,  fils  de  Messire  Jean  de  Lauson  (on  y 
écrit  Lauzon)  Chevalier,  Conseiller  du  Roi  en  son  Conseil 
d'Etat."  Voici  donc  un  autre  fils  du  Gouverneur  de  Lauson, 
qui  ne  parait  pas  être  venu  en  Canada.  On  donna  à  sa  con- 
cession le  nom  de  la  Seigneurie  de  la  Citière.  Elle  com- 
mençait à  la  Rivière  St.  François,  sur  le  Lac  St.  Pierre,  et 
s'étendait  au-dessus  du  Sault  St.  Louis,  en  montant  le  dit 
Fleuve  St.  Laurent,  La  Seigneurie  de  Laprairie  de  la  Mag- 
deleine,  presque  vis-à-vis  Montréal,  en  faisait  partie,  de  mê- 
me que  l'Ile  Ste.  Hélène  et  l'Ile  St.  Paul.  La  Seigneurie 
de  la  Prairie  de  la  Magdeleine  fut  concédée  aux  RR.  PP. 
Jésuites,  par  "  nous,  François  de  Lauzon,  Conseiller  du  Roi 
en  sa  Cour  de  Parlement  de  Bourdeaux. . . .  Fait  et  concédé 
en  notre  Hostel,  à  Pam,  le  1er  jour  d'Avril  1647."  Dans 
un  titre  confirmatif  de  cette  concession,  dont  il  est  fait  men- 
tion dans  les  "  Questions  Seigneuriales,"  t.  1,  p.p.  86  et  87, 
et  qui  doit  avoir  été  donné  postérieurement  au  9  Févrit  r 
1676,  par  l'Intendant  Duchesneau,  il  est  dit  que  la  Seigneu- 
rie de  la  Citière  était  "  d'une  étendue  de  plus  de  soixante 
lieues  de  pays,"  et  qae  "  la  dite  Seigneurie  était  de  présent 
réunie  au  doin.ùae  de  Sa  Majesté."  (1) 

5.  Le  titre  de  concession  de  la  Seigneurie  de  la  Prairie 
de  la  Magdeleine,  nous  fait  voir  que  le  1er  Avril  1647,  la 
Seigneurie  de  la  Citière  appartenait  encore  à  M.  François 
de  Lauson,  fils  du  Gouverneur.  Il  parait  néanmoins  que 
dans  l'intervalle  entre  cette  date  et  le  15  Octobre  1648,  elle 
avait  cessé  de  lui  appartenir,  et  était  devenue  la  propriété 
de  son  père.  C'est  ce  qu'établit  un  acte  de  concession  fait, 
à  Paris,  le  15  Octobre  1648,  de  deux  cents  ar^ients  de  terre 

(1)  On  voit,  par  un  titre  de  concession  dn  8  Juin  1672,  qui  se 
trouve  au  Greffe  de  Montréal,  donné  par  le  R.  P.  Frémin,  que 
les  Jésuites  avaient  été  mis  en  possession  de  la  Seigneurie  de  la 
Magdeleine,  le  13  Juin  1649,  par  Monsieur  d'Ailleboust,  Gou- 
verneur et  Lieutenant-Général  pour  le  Roi  en  toute  la  Nouvclle- 
Trance. 


70 

dans  la  Seigneurie  de  Lauson.  La  miiinte  de  cet  acte  de 
concession  se  trouve  dans  Tétucle  de  feu  Maître  Becquet, 
Notaire,  déposée  à  Québec.  La  concession  est  faite  à  Fran- 
çois Bissot,  Sieur  de  la  Rivière,  par"  Jean  de  Lauson,  Con- 
seiller ordinaire  du  Roi  en  ses  Conseils  d'Etat  et  Privé,  et 
Direction  de  ses  finances.  Seigneur  de  Lauson  et  de  la  Ci- 
Hère  en  la  youvclle-Francey 

Une  autre  concession  de  même  date,  est  faite,  "  dans  no- 
tre terre  de  Lauson,"  par  le  même,  prenant  les  mêmes  qua 
lités  que  dans  la  première,  à  Guillaume  Couture.  Il  y  signe  : 
"  De  Lauson.-' 

6.  Venons  maintenant  à  l'arrivée  de  M.  le  Gouverneur  de 
Lauson  à  Québec,  le  13  Octobre  1G51,  avec  deux  de  ses  fils, 
c'est-à-dire  Jean  et  Louis.  Dès  le  18  du  même  mois,  M. 
de  la  Cititre  dine  au  Réfectoire  des  RR.  PP.  Jésuites.  C'é- 
tait Louis.  Si  c'était  à  raison  de  la  seigneurie  de  la  Citièrcs 
située  en  Canada,  qu'il  portait  ce  nom  de  la  Citière,  et  non 
à  raison  d'une  terre  du  môme  nom,  située  en  France,  (et 
il  y  a  tout  lieu  de  le  croire),  il  fallait  que  son  père  lui  eût 
cédé  la  Citière  du  Canada,  lui  qui  voulait  établir  ses  enfants 
dans  la  Nouvelle-France.  La  même  remarque  s'applique» 
en  ce  qui  concerne  la  seigneurie  de  Lauson,  à  M.  le  Séné- 
chal, qui  portait  le  nom  de  son  père,  c'est-à-dire  qui  s'appe- 
lait Jean.  Les  actes  dont  suit  la  mention,  et  qui  se  trouvent 
tous  à  Québec,  le  prouvent. 

D'abord,  quant  à  M.  de  la  Citière,  Louis  de  Lauson  : 
lo.  "  Titres  des  Seigneuries"  imprimés,  p.  383,  une  con- 
cession est  faite  par  "  Jean  de  Lau.son,  Conseiller  ordinaire 
du  Roi  en  ses  Conseils  d'Etat  et  Privé,  Gouverneur  et  Lieu- 
tenant Général  pour  sa  Majesté  en  la  Nouvelle-France,  éten- 
due du  Fleuve  St.  Laurent,"  à  "  Louis  de  Lauson,  Ecuier, 
Seigneur  de  la  Citière  et  de  Gaudarville". ..."  Sur  la  cer- 
titude que  nous  avons,"  que  le  dit  Louis  de  Lauson  "  aurait 
la  volonté  avec  le  temps  de  s'habituer  en  la  Nouvelle-Fran- 
re,  et  de  faire  défricher  et  déserter,  et  ensuite  habiter  le  plus 


71 

Ûe  familles  qui  lui  serait  possible  afin  de  loililier  le  pays 
contre  ceux  qui  y  voudraient  entreprendre."  Cette  conces- 
sion, "  donnée  au  Fort  St.  Louis  de  Québec,"  est  du  8  Fé- 
vrier 1652,  c'est-à-dire  environ  quatre  mois  après  leur  arri- 
vée en  Canada. 

2o.  "  Titres  des  Seigneuries,"  imprimés,  p.  384,  autre 
concession  faite  par  le  même  Gouverneur,  d'un  terrain  ad- 
joignant la  première  concession  du  8  Février,  à  "  Louis  de 
Lauson,  Ecuier,  Seigneur  de  la  Ciiière  et  de  Gaudarville," 
jugeant  que  le  dit  Louis  de  Lauson  "  se  pourrait  résoudre 
à  la  défense  de  ce  poste,  si  on  lui  voulait  accorder  ce  petit 
espace  de  terre  et  le  joindre  ensemble."  Cette  seconde  con- 
cession, également  donnée  au  Fort  St.  Louis  de  Québec,  est 
du  15  Novembre  1653. 

3o.  Le  même  jour,  15  Novembre  1653,  "  Jean,  Seigneur 
de  Lauson^  Chevalier,  Grand  Sénéchal  de  la  Nouvelle-Fran- 
ce, et  à  tous  ceux  qui  ces  présentes  verront,". .  concède  à 
"  Louis  de  Lauson,  Ecuier,  Seigneur  de  la  Ciiière  et  de 
Gaudarville". ...  "en  notre  dite  Seigneurie  de  Lauson." 
L'acte  de  cette  concession  se  trouve  au  Greffe  de  Québec, 
il  signe  :  "  Delauson,  Seneschal." 

4o.  Le  26  Avril  1653,  "  Jean  de  Lauson,  Conseiller  Or- 
dinaire du  Roi  en  son  Conseil  d'Etat,  Gouverneur  et  Lieu- 
tenant Général  pour  Sa  Majesté  en  la  Nouvelle-France,  en 
vertu  du  pouvoir  à  nous  donné  par  la  Compagnie  de  la  Nou- 
velle-France," concède  à  Etienne  DeMetz "  d'un 

côté  et  d'autre,  aux  terres  par  nous  concédées  au  Sieur  de 
:la  Ciiière^ 

5o.  "  Titres  des  Seigneuries,"  imprimés,  p.  99.  Dans  le 
'titre  nouvel,  du  10  Juillet  1676,  donné  par  l'Intendant  Du- 
chesneau,  concernant  la  Seigneurie  de  Longueuil,  qui  avait 
été  obtenue  en  trois  concessions  distinctes,  la  première  en 
date  du  24  Septembre  1657,  lequel -titre  les  réunit  toutes  en 
une  seule,  il  est  dit  que  cette  première  concession,  qui  était 
de  50  arpents  de  front  sur  cent  de  profondeur,  avait  été  faite 


72 

par  Je  "Sieur  Je  Lauson  de  la  Citière.  Elle  avait  donc  été 
faite  après  le  départ  dn  Gouverneur  de  Lauson,  puisqu'il 
avait  déjà  quitté  la  Nouvelle-France.  L^ Histoire  de  PHôtet 
Dieu  de  Québec  le  fait  partir  en  1656,  (p.  ilO.) 

"  Cette  année  (c'est-à-dire  1657),  dit  M.  de  Belmont) 
Histoire  du  Canada^  "  M.  de  Charny  commanda  à  la  place 
de  M.  de  Lauson,  son  père,  et  lui  s'en  étant  allé,  M.  Dail- 
lebout  reprit  le  gouvernement."  (Voir,  aussi.  Journal  des 
Jésuites,  pour  1657.)  D'après  ce  journal,  M.  de  Charny  se- 
rait parti  pour  la  France,  le  18  Sept.  1657,  à  bord  du  vais- 
seau du  Capitaine  Poulet,  et  le  gouvernement  intérimaire 
aurait  été  dévolu  à  M.  D'Ailleboust,  jusqu'à  l'arrivée  de  M. 
D'Argeoson,  successeur  de  M.  de  Lauson,  c'est-à-dire  jus- 
qu'au 11  Juillet  1658.  (Voir  le  Journal  des  Jésuites,  et  la 
Relation  des  mêmes,  pour  cette  même  année    1658,  p.  17.) 

7.  Ainsi,  jusqu'à  cette  année  1658,  aucun  des  Lauson  ne 
fut  appelé  de  la  Citière,  si  ce  n'est  Louis  de  Lauson,  et  je 
n'ai  encore  trouvé  aucun  acte  dans  lequel  son  père,  Gou- 
verneur de  la  Nouvelle-France,  ait  pris  le  nom  de  la  Citière, 
après  son  arrivée  en  Canada  en  1651  ;  d'où  je  conclus  que 
la  seigneurie  de  la  Citière  qui,  en  1643,  appartenait  au  père, 
était  passée  aux  m.ains  de  son  fils  Louis,  dès  avant  leur  ar- 
rivée en  Canada,  ou  du  moins  dans  les  cinq  jours  qui  se 
sont  écoulés  du  13  Oet.  1651,  date  de  cette  arrivée,  au  18 
du  même  mois  que  M.  le  Gouverneur  alla  diner  avec  son 
iils,  M.  de  la  Citière,  chez  les  R.  R.  P.  P.  Jésuites. 

8-  -Dans  les  Registres  de  Ja  cure  de  Québec,  à  la  date  du 
5  Oct.  1655,  se  trouve  l'acte  de  mariage  de  "  Louis  de 
Lauson  de  ia  Citière,  fils  de  Messire  Jean  de  Lauson,  Gou- 
verneur et  Lieutenant-Général  pour  Sa  Majesté  en  ce  pays, 
et  de  défunte  Dame  Marie  Gaudart,  (c'est  ainsi  que  j'ai  pu 
lire  le  nom),  avec  Demoiselle  Catherine  Nau,  fille  de  défunt 
Jacques  Nau  de  Fossambault  et  Demoiselle  Catherine  Gran- 
ger."  On  a  donné  ce  nom  de  "  Fossambault"  à  une  seigtieii- 
rie  qui  se  trouve  en  arrière  de  celle  de  Gaudarvillr. 


"De  ce  mariage,  étaient  nés  deux  enfants  qui  furent  ^^eule- 
iinent  ondoyés,  et  qui,  étant  m^rts  presqu'aussitôt,  furent  en- 
terrés, l'un  le  31  Août  1G56,  et  l'autre  le  8  Novembre  1658. 
Leur  père,  Mr  Louis  de  Lauson  de  la  Citière,  perdit  la  vie 
en  1659.  Voici  ce  qu'on  lit,  à  ce  sujet,  dans  le  Journal  des 
Jésuites  :  "  1659,  Mai  5,  versèrent  dans  un  canot,  retournant 
de  l'Isle  d'Orléans,  par  un  gros  vent  du  Nord-Est,  M.  de  la 
Citière,  Larchevesque  et  Hierosme." 

M.  Louis  de  Lauson  de  la  Citière  est  donc  mort  sans  en- 
fants. Après  sa  mort,  on  voit  que  la  seigneurie  de  la  Citière^ 
située  en  Canada,  devint  la  propriété  de  son  frère  aine  Jean, 
le  grand  Sénéchal,  qui  était  resté  en  ce  pays. 

Maintenant,  quant  à  ce  M  Jeq,n  de  Lauson,  grand  Séné- 
chal. 

lo.  Dès  le  6  Avril  1652,  c'est-a-dire,  six  mois  après  son 
arrivée,  on  le  voit,  sous  le  nom  de  "  Jean,  Seigneur  de  Lau- 
son, chevalier,  grand  sénéchal  de  la  Nouvelle-France,"  faire 
une  concession  dans  la  seigneurie  de  Lauson.  L'acte  de 
cette  concession  se  trouve  au  Greffe  de  Québec.  Il  y  signe  : 
—  "  Jean  de  Lauson."  Actes  semblables  de  concession  du 
20  A\Til  et  du  20  Juillet,  du  20  Oct.  du  11  Nov.  1652.  A 
Pun  des  actes  du  20  Juillet,  il  signe  : — "  J.  de  lauson." 
Le  15  Décembre  de  la  même  année  1652,  il  fait  une  conces- 
sion semblable  à  "  Messire  Charles  de  Lauson,  chevalier, 
Seigneur  de  Charny,  Grand  Maître  des  Eaux  et  Forêts  en 
la  Nouvelle-France,  de  8  arpents  sur  quarante,  "  situés  en 
notre  seigneurie  de  Lauson."  Le  15  Nov.  1653,  il  fait  à 
son  frère  "Louis  de  Lauson,  Ecuyer,  seigneur  de  la  Citière 
et  de  Gaudarville,"  la  concession  dont  il  a  déjà  été  parlé. 
Le  4  Mai  1654,  semblable  concession  ;  aussi  le  29   Sept. 

1654  ;  cette  dernière  concession  est  faite  à  "  Paul  de  Cho- 
medey,  Ecuyer,  Sieur  de  Maisonneuve,  Gouverneur  de 
Montréal."     Mêmes  concessions  sont  faites,  le   1er  Février 

1655  à  Antoine  Martin,  le  30  Mars  à  Jean  Bourdon,  Ecuyer, 
.Sieur  de  St.  François,  et  le  20  Nov,  à  Jean  Pré.     Enfin,  .le 


74 

29  Mui  IG5S,  concession  par  le  même  •'  Jean  de  Lausoii., 
chevalier,  grand  sénéchal  de  la  Nouvelle-France,"  érigeant 
en  fief  une  concession,  "  en  notre  seigneurie  de  Lauson," 
en  faveur  de  Jean  Bourdon,  Sieur  de  St.  François,  suivant 
le  vexin  le  Français,  et  à  la  charge  que  les  appels  des  Juges 
qui  seront  établis  sur  les  lieux,  ressortiront  pardevant  le 
Juge  Provost  de  notre  dite  Seigneurie.-'  Tous  ces  titres  sont 
au  greffe  de  Québec,  et  tous  établissent  que  la  seigneurie 
de  Lauson  était  passée  aux  mains  de  M.  le  Sénéchal,  Jean 
de  Lauson.  Cette  seigneurie  avait  été  originairement  con- 
cédée à  "  Noble  Homme,  M.  Simon  LeMailre,  conseiller  du 
Roi,  Receveur-Général  des  Décimes  en  Normandie,"  par 
la  Compagnie  de  la  Nouvelle-France.  L'acte  en  fut  passé 
a  Paris  "  en  l'IIôîcl  de  M.  de  Lauson,  conseiller  du  Roi  en 
ses  conseils.  Intendant  de  la  dite  compagnie,  le  15  Juin 
1636,"  et  au-dessous  est  écrit  :  "  collationné  à  l'original 
étant  en  papier  à  moi  présenté  par  Me.  Jean,  Seignevr  de 
Lauson,  chevalier,  grand  Sénéchal  de  ce  pays  de  la  Nou- 
velle-France, ce  fait,  à  lui  rendu  par  le  Notaire  Soussigné, 
le  28e  jour  d'Août  1658,"  signé  Peuvret,  nore.  (Titres  des 
seigneuries,  p.  24.) 

9.  Nous  lisons,  dans  les  Registres  de  la  Cure  de  Québec, 
à  la  date  du  24  Juin  1661  :  "  ont  été  enterrés  ensemble  dans 
l'Eglise,  Messieurs  Jean  de  Lauson,  Sénéchal  du  Pays, 
Nicolas  Couiliart  dit  Bellerive,  âgé  de  vingt  ans,  fils  de  M. 
Guillaume  Couiliart,  ancien  habitant  de  ce  pays,  et  Ignace 
Sévestre  dit  DesRochers,  âgé  de  24  ans,  lesqusls  avaient 
été  tués,  le  22  du  même  mois,  par  les  'roquois." 

"  Le  môme  jour  et  la  même  année,  et  en  même  temps, 
ont  été  enterrés  dans  le  cimetière  aussi  ensemble,  quatre 
hommes  qui  étaient  avec  les  susdits,  savoir.  Elle  Jacquet 
(lit  Champagne,  serviteur  de  Mlle  de  Repentigny,  Jac(|nes 

Perroche,  Toussaint  ,  François ,  sénateurs  de 

M.  Couiliart." 

On  voudra  bien  me  permettre  de  citer  ce  que  Charlevoix 
dit  à  ce  sujet,  t.  1,  p.  348  :  "  M.  de  Lauson,  Sénéchal  de  la 


75 

Ï^ouvelle-France,  et  fils  du  précédent  Gouvernenr-Généraî, 
étant  allé  à  l'Isle  d'Orléans  pour  dégager  son  beau-frère, 
qui  était  investi  dans  sa  maison,  tomba  dans  une  embusca- 
de. Les  Iroquois,  qui  le  connaissaient,  et  qui  souhaitaient 
avec  passion  d'avoir  un  prisonnier  de  cette  importance,  le 
ménagèrent  quelque  temps,  ne  cherchant  qu'à  le  lasser  ; 
mais  voyant  qu'il  leur  tuait  beaucoup  de  mcnle,  ils  tirèrent 
sur  lui,  et  il  tomba  mort,  avant  qu'aucun  eût  osé  l'appro 
cher." 

Le  Journal  des  Jésuites  rend  compte  de  l'affaire  comme 
suit  :  "  Le  22  (Juin  1661),  M.  le  Sénéchal  étant  parti  un 
ou  deux  jours  auparavant,  avec  7  ou  8  autres,  pour  aller 
donner  avis  à  M.  de  Lespiné,  son  beau-frère,  qui  était  allé 
à  la  chasse  quelques  jours  auparavant,  du  danger  des  Iro 
quois,  le  Nord-Est  l'ayant  empêché  de  passer  outre,  s'en 
alla  s'engager  dans  la  petite  Rivière  de  René  Maheu,  où  il 
fut  tué  avec  tout  son  équipage  par  les  Iroquois.  Les  corps 
en  furent  ramenés  le  24."  La  Relation  des  Jésuites  pour 
l'année  1661,  pp.  4  et  5,  contient  un  récit  plus  étendu  de  ce 
oombat. 

ît).  Les  *  Titres  des  Seigneuries,"  nous  font  voir  qu'après 
la  mort  de  M.  le  Sénéchal,  M.  Jean  de  Lauson,  son  père^ 
"  ci-devant  Gouverneur  et  Lieutenant  Général  pour  le  Roi 
en  ce  pays,"  fit  trois  concessions  dans  l'étendue  de  la  Sei- 
gneurie de  la  Citière.  Il  les  fit  comme  étant  le  "  tuteur, 
curateur  et  ayant  la  garde  noble  des  enfants  mineurs  de  dé- 
funt M.  Jean  de  Lauson,  Grand  Sénéchal  au  dit  pays,  pro- 
priétaire delà  dite  Seigneurie  de  la  Citière.''^  La  première 
faite  à  Pierre  Boucher,  Ecuier,  Sieur  de  GrosBois,  est  en 
date  du  20  Avril  1662.  (p.  81).  Elle  comprend  la  Seigneu- 
rie de  St.  François  des  Près,  sur  le  Lac  St.  Pierre.  La  se- 
conde qui  est  celle  de  l'Isle  St.  Paul,  presque  vis-à-vis  de 
Montréal,  fut  faite,  à  Paris,  le  28  Janvier  1664,  à  Jacques 
LeBer,  Claude  Robutel,  Sieur  de  St.  André,  et  Jean  de 
la- Vigne,  (p.  124).     La  troisième  est  la  concession  de  l'Ile 


Sic.    Hélène    et   de  l'Ilet  Rond,  vis-à-vis  Montréal.     Elle 
fut  faite  à   Charles  LeMoyne,   Sieur  de  Longueuil,  par  le 
Sieur  de  Lauson  Charny,  "  par  billet  de  lui  signé,  en  date 
du   30c   Mai    16G4,  aux  charges  qu'il  plairait  au  Sieur  de 
Lauson  y  apposer,  ensuite   de  quoi  le  dit  Sieur  de  Lauson j 
comme  tuteur  et  ayant  la  garde  noble  des  enfants  mineurs 
de  feu  Sieur  de  Lauson,  Grand  Sotiéchal  de  ce  pays,  auquel 
appartenait  la  Seis;neurie  de  la  Citière^  aurait  donné  et  con- 
cédé au  dit  Sieur   LeMoyne  les  dites   Isles  de  Ste.  Hélène 
et  Islet  Rond...  par  titre  daté  à  Paris  le  20e  Mars  1665, 
signe  de  Lauson,  et  contresigné  Jeanville,  au  bas  duquel 
titre    le  dit    Sieur   Charny  reconnait  que  la  rente    portée 
par  icelui  est  exorbitante  et  beaucoup  au-dessus  de  ce  que 
l'on  pourrait  exiger  pour  la  dite  Concession,  et  en  vertu  du 
pouvoir  à  lui  donné  par  le  dit  Sieur  de  Lauson,    il  réduit  la 
dite  rente  à  dix  livres  en  argent,  par  écrit  de  lui  signé,  daté 
à  Québec,  le  12e  Décembre  au  dit  an  1665,"    ("  Titres  des 
Seigneuries,"  p.   99).     Les  dates  de  ces  trois  concessions 
sont  énoncées  dans  des  Titres-nouvels^  changeant  la  tenure 
du  T'exin  le  Français,  et  donnés  par  l'Intendant  Duchesneau, 
au  Sieur  de  Longueuil,  le  10  Juillet  1676,  au   Sieur  LeBer 
pour  les  deux  tiers  de  l'Ile  St.  Paul,  le  18  Juillet  de  la  même 
année,  et  au  Sieur  Crevier,  pour  St.   François  des  Près,  le 
10  Octobre  1678.     On  peut  encore  ajouter  à  ces  titres  nou- 
vel?, celui  donné,  pour  un  tiers  de  l'Ile   St.  Paul,  à  Claude 
Robutel,  Sieur  de  St.  André  par  le  même   Intendant,  le  18 
Juillet  1676.  {Ibib.  p.  137.)     Dansées  quatre  titres  nouvels, 
il  est  dit  que  la  seigneurie  de  la  Citière  avait  été  réunie  au 
domaine  de  Sa  Majesté.     En  l'année  1672,  au  nombre  des 
seigneuries  concédées  par  l'Intendant  Talon,  il  s'en  trouve 
plusieurs  qui  comprennent  des  terrains  situés  dans  les  limi- 
tes de  cette  grande   seigneurie  de  la  Citière,  sans  qu'il  en 
soit  néanmoins  fait  mention.     La  réunion  au  domaine  avait 
donc  eu  lieu  de  1665  à  1672. 

H.  Venons  maintenant  aux  trois  fila  de  M.  le  Gouvcr^ 


T7.' 

aeur  de  Laiison,  qui  s'étaient  établis  en  Canada,  où  ils  se  ; 
sont  tous  trois  mariés. 

lo.    Louis  de  Lauson  de  la  Citière. 

Nous  avons  déjà  vu  que,  le  5  Octobre  1655,  il  avait  épousé 
DUe.  Catherine  Nau  ;  qu'il  en  avait  eudeux  enfants,  morts 
presqu'aussitôt  après  leur  naissance,  en  1656  et  1658;  que 
lui-même  périt  le  5  Mai  1659  ;  que,  par  conséquent,  il  est 
décédé  sans  postérité;  qu'après  sa  mort,  son: frère,  le  Sé- 
néchal, eut  la  propriété  de  la  seigneurie  de  la  Citière,  si  ce 
ne  fut  pas  immédiatement,  du  moins  quelque  temps  après. 

Catherine  Nau  ne  resta  pas  longtemps  veuve.  Elle  épousa 
en  secondes  noces  Jean-Baptiste  Peuvret,  Sieur  de  Mesnu. 
Je  n'ai  pu  trouver  l'acte  du  mariage.     Mais  j'ai  une  copie 
authentique  de  leurs  conventions  matrimoniales.     L'acte  en 
fut  reçu,  le  15  Juillet  1659,  c'est-à-dire  2  mois  et   10  jours 
après  la  mort  du  premier  mari  de  la  dite   Catherine  Nau 
par  "  Guillaume  Audouart,  Secrétaire  du  Conseil  établi  par 
le  Roi  à  Québec,  Notaire  en  la  Nouvelle-France."     Dans 
cet  acte,  les  parties  sont  ainsi   décrites  :  "  Jean-Baptiste 
Peuvret,  Sieur  de  Mesnu,  fils  de  Mtre.  Jacques  Peuvret, 
Conseiller  du  Roy,   Lieutenant  Criminel  en  l'eslection  du' 
Perche,  et  de  Damoiselle  Marie  de  la  Garenne,  ses  père  et 
mère,  de  la  ville  de  Bellesme,  Province  du  Perche,  Diocèse 
de  Seez,  d'une  part,  et  Damoiselle  Marye   Catherine  Nau, 
fille  de  deffunct  Jacques  Nau,  Escuyer*  Sieur  de  Fossam' 
bault,  vivant  Conseiller  du  Roi,   et  Receveur-Général  des 
Finances  en  Beriy,  et  de  Damoiselle  Catherine  Granges  vi- 
vant ses  père  et  mère,  veufve  en  première  noce  de  deffunct 
Messire   Louis  de   Lauson,  Chevallier,   Seigneur  de  la  Ci- 
tyère,  d'autre  part." 

Dans  ce  contrat  de  mariage,  Catherine  Nau  déclare  que 
ses  biens  consistent  "  en  la  somme  de  trois  mille  livres 
tournois  d'argent  comptant,  et  en  la  somme  de  quatre  cents 
livres  de  rente  viagère  à  elle  due  par  la  succession  ou  héri^ 
tiers  du  dit  defiunct  Sieur  de  la  Cytière,  et  en  ce  qui  lui  e»t 


aldvenu  et  oschu  par  le  déceds  des  dits  deiTuncts  père  «i. 
mère."  Elle  n'émet  aucune  prétention  relativement  à  la 
seigneurie   de  la  Citière. 

Du  dit  mariage  sont  nés  Denis  Pcuvret,  baptisé  le  8  Octo. 
bre  1C61  ;  Alexandre  Peuvret,  baptisé  le  C  Octobre  1664. 
(Registres  de  la  Cure  de  Québec.) 

Le  16  Octobre  1681,  second  mariage  du  dit  J.-Bte.  Peu- 
-vTet,  Sieur  de  Mesnu,  Conseiller-Secrétaire  du  Roi,  Greffier 
en  Chef  du  Conseil  Souverain,  veufde/ette  Marie  Catherine 
Nau,  avec  Dlle.  Marie  Roger  Lepage.  Les  actes  de  sépul- 
ture de  la  Paroisse  de  Québec  manquant  pour  les  années 
qui  se  sont  écoulées  entre  1671  et  1680,  je  suis  porté  à  croire 
que  c'est  dans  cet  inter^-alle  que  la  dite  Catherine  Nau  a  dû 
mourir.     Car  je  n'ai  pu  trouver  Pacte  de  sa  sépulture. 

Catherine  Nau  avait  une  sœur  qui,  sous  le  nom  de  Mi- 
chèle Thérèse  Nau,  fille  de  Jacques  Nau  et  de  Catherine 
Granger,  ou  Granges,  épousa,  à  Québec,  le  22  Octobre  1663, 
Joseph  Gifiard,  fils  de  Robert  GifFard  et  Marie  Renouard.  A 
ce  mariage,  qui  fut  célébré  par  Messire  Charles  de  Lauson, 
Sieur  de  Charny,  alors  Prêtre  et  Grand  Vicaire,  assista  M. 
Louis  Gaudais  Sieur  Dupont,  oncle  de  la  dite  Thérèse  Nau. 

12.  2o.  Jean  de  Lauson,  Sénéchal  de  la  Nouvelle-France. 

On  a  déjà  vu  qu'il  était  arrivé  à  Québec  avec  son  père,  le 
13  Oct.  1651.  Dès  le  23  du  même  mois,  il  y  épouse  "  Da- 
moiselle  Anne  Desprès,  fille  de  feu  noble  homme  Nicolas 
Dcsprès  et  de  Damoisellc  Magdelaine  Leblanc." 

De  ce  mariage,  sont  nés  : 

lo.  Le  dernier  jour  d'Août  1652,  Louis,  baptisé  le  1er 
Septembre.  Il  ne  vécut  que  quelques  jours,  ayant  été  enterré 
le  13  du  même  mois. 

2o.  Marie,  baptisée  le  8  Juin  1654. 

3o.  Jean,  né  le  6  Dec.  1655,  ondoyé  le  21  du  même  mois, 
et  baptisé  le  Ir  Mars  1656. 

4o.  Charles,  né  le  2  Août  1657,  baptisé  le  lendemain. 


19 

6o.  Anne  Catherine,  née  le  21  Avril  1659,  baptisée  ie 
lendemain. 

6o.  Angélique,  née  le  22  Janvier  1661,  baptisée  le  lende^ 
main. 

(Registres  de  la  Cure  de  Québec.) 

Anne  Desprès,  étant  devenue  veuve  en  1661,  convola  en 
secondes  noces,  le  7  Juillet  1664,  avec  Claude  de  Bermen, 
sieur  de  la  Martinière.  Elle  mourut  en  1689,  "  âgée  de  60 
ans  ou  environ,"  et  fut  inhumée,  le  14  Mars,  au  cimetière 
de  l'Hôtel-Dieu  de  Québec. 

Il  existe  à  Québec,  parmi  les  minutes  de  Mtre  Gilles 
Rageot,  notaire,  un  acte  du  20  Janvier  1676,  par  lequel,  le 
dit  Claude  de  Eermen,  sieur  de  la  Martinière,  "  Juge  Pro- 
vost  des  Seigneuries  de  Beauport  et  de  Notre-Dame  des 
Anges,"  concède,  au  nom  et  comme  tuteur  des  enfants  mi- 
neurs de  défunt  Messire  Jean  de  Lauzon,  Chevalier,  grand 
Sénéchal  de  ce  pays,"  aux  RR.  PP.  Jésuites,  une  terre  dans 
la  seigneurie  de  Lauson. 

On  a  vu  qu'il  est  dit,  dans  l'histoire  de  l'Hôtel-Dieu  de 
Québec,  que  M.  le  Sénéchal  avait  laissé  deux  filles  qui  fu- 
rent Religieuses  aux  Ursulines. 

Je. trouve,  dans  les  Registres  de  Québec,  qu'à  la  date  du 
26  Mai  1669,  Marie-Anne  LeMire  eut  pour  marraine  Marie- 
Anne  de  Lauson  au  nom  de  Madame  de  la  Peltrie.  Il  n'y 
est  pas  dit  de  qui  la  dite  Marie-Anne  de  Lauson  était 
fille.  Du  fait  que  la  particule  de  est  préfixée  à  son  nom,  et 
de  la  qualité  de  la  personne  qu'elle  représentait,  on  pourrait 
être  porté  à  inférer  qu'elle  était  la  fille  du  grand  Sénéchal, . 
baptisée,  le  8  Juin  1654,  sous  le  nom  de  Marie. 

Le  11  Juillet  1672,  Joseph  Gratton,  baptisé  dans  la  cha- 
pelle  de  Beauport,  eut  pour  parrain  Joseph  Gifîard,  sieur 
de  Beauport,  et,  pour  marraine,  "  Angélique  de  Lauson, 
fille  de  feu  M.  de  Lauson,  grand  Sénéchal." 

Voilà  tous  les  renseignements  que  j'ai  pu  me  procurer  sur 
les  enfants  du  grand  Sénéchal,     M.  l'Abbé  Ferland  dit  qu'il 

7 


Su 

•^ut  de  Mlle  DesPrès,  sn  lemrno,  nn  tWa  qui  retourna  en 
France. 

Anne  DesPrès  avait  deux  sœurs  qui  se  marièrent  en 
Canada.  L'une,  Geneviève,  épousa,  le  29  Avril  1653,  à 
Québec,  Louis  Couillard  de  Lespinay  ;  et  l'autre.  Etiennette 
DesPrès,  le  sieur  Duplessis. 

13.  3o.  Charles  de  Lauson  de  Chamy. 

Nous  avons  vu  qu'il  était  arrivé  en  Canada  le  23  Juin 
1652.  Dès  le  12  Août  suivant,  il  épousa  Marie-Louise 
Giffard,  fille  de  Robert  Giffard,  seigneur  de  Beauport,  et  de 
Marie  Renouard,  sa  femme.  Louise  Giffard  était  née  en 
1639.  Du  moins  elle  fut  baptisée  le  30e  jour  do  Mars  de 
cette  année. 

De  ce  mariage  est  née,  le  14  Octobre  1656,  Marie,  qui  fut 
baptisée  le  16.  Sa  mère  ne  lui  survécut  que  quelques  jours. 
Elle  mourut  le  30  Oct.  1656,  et  fut  enterrée  le  lendemain. 
"  Le  30,  à  6  h.  du  matin,  dit  le  Journal  des  Jésuites,  Dieu 
appela  à  soi  Madame  Chamy,  après  une  maladie  de  seize 
jours,  et  une  vie  très  pure  et  très  innocente.  Elle  fut  enter- 
rée, le  31,  dans  le  nouveau  chœur  des  Religieuses  Hospita- 
lières."— (Registres  de  Québec.) 

Nous  avons  déjà  vu  qu'après  le  départ  de  son  père,  M. 
de  Lauson  de  Charny  eut,  pendant  quelque  temps,  l'admi- 
nistration du  gouvernement  de  la  colonie.  Le  Journal  des 
Jésuites  nous  apprend  qu'il  paitit  pour  France,  à  bord  du 
vaisseau  du  capitaine  Poulet,  le  18  Sept.  1657,  et  qu'il  en 
revint  en  1659,  à  bord  du  premier  vaisseau,  qui  arriva  le  16 
Juin.  Il  avait  été  fait  prêtre  en  France,  et  accompagnait 
Monseigneur  l'Evèque  de  Pétrée  au  Canada,  où  il  exerça 
son  ministère  pendant  plusieurs  années.  Le  Journal 
des  Jésuites  dit  qu'il  partit  de  nouveau  pour  la  Fran- 
ce le  17  Oct.  1666,  à  bord  du  St.  Jean,  "  avec  toutes 
nos  lettres."  Le  mêm.e  Journal  finit  au  mois  de  Juin  1668, 
ou  du  moins  le  reste  manque.  Il  n'y  est  pas  fait  mention 
Hu  retour  de  M.  Charny.   Cependant  ij  a  dû  revenir  en  cett« 


SI 

même  année  1668;  car  le  21  Octobre  1668,  il  célèbre,  à 
Québec,  le  mariage  de  Jean  de  Chambre  et  de  Catherine 
Paul.  Le  16  Février  1671,  il  fait  le  baptême  da  Fabien 
Badeau.  (Registres  de  Québec.)  Enfin  il  repasse  en  France 
en  cette  même  année  1671,  ou  peut-être  en  1672,  pour  ne 
plus  revenir,  selon  V Histoire  de  V Hôtel-Dieu  de  Québec,  qui 
nous  apprend  que  M.  de  Lauson  Charny  passa  alors  en 
France  avec  sa  fille  et  la  cousine  germaine  de  celle-ci, 
Charlotte  Magdelaine  de  la  Ferlé,  et  qu'il  les  conduisit  toutes 
deux  aux  Hospitalières  de  la  Rochelle  où  elles  ont  été  Reli- 
gieuses. 

On  a  vu  que  dans  la  concession  du  15  Dec.  1652,  que  lui 
fit  son  frère,  on  donne  à  M.  de  Lauson  Charny  la  qualité 
de  "  Grand-Maitre  des  Eaux  et  Forêts  en  la  Nouvelle-Fran- 
ce." Devenu  Prêtre,  il  parait  qu'il  conserva  cette  qualité, 
ou  plutôt  ce  même  titre.  En  effet,  le  7  Sept.  1661,  nous 
voyons  que  "  Charles  de  Lauson,  chevalier,  seigneur  de 
Charny,  Grand-Maitre  des  Eaux  et  Forêts  en  ta  Nouvelle- 
France,  à  tous  ceux  qui  ces  présentes  Lettres  verront,  salut," 
concède  à  Jean  Juchereau,  Sieur  de  la  Ferté,  et  à  Nicolas 
Juchereau,  Sieur  de  St.  Denis,  "  la  consistance  des  lieux 
qui  ensuivent,  en  notre  seigneurie  de  Charny  (Isle  d'Orléans), 
c'est  à  savoir,  huit  arpents  de  terre  de  front  sur  le  fleuve  de 
St.  Laurent,  du  côté  du  Nord,  pour  le  Sieur  Jean  Juchereau 
et  autres  huit  arpents  pour  le  dit  Sieur  Nicolas  Juchereau, 
faisant  le  tout  la  quantité  de  seize  arj^ents  de  terre  de  haut 
sur  le  dit  fleuve  St.  Laurent,  etc.  etc."  Cette  concession 
aux  deux  MM.  Juchereau,  se  termine  ainsi  :  "  Car  a  été 
ainsi  accordé,  en  foi  de  quoi  nous  avons  signé  la  présente 
concession,  et  à  ieelle  fait  apposer  le  cachet  de  nos  armes, 
et  contresigner  par  notre  secrétaire  à  Québec,  le  7  Sept. 
1661  ;  signé  : — de  Lauson  Charny,  plus  bas,  par  Monsieur. 

P.  Vachon,  Secrétaire." 

14.  L'Isle  d'Orléans  avait  été  concédée  le  15  Janvier 
Î636,  par  la^compagnie  de  la  Nouvelle-France,  à  "  M.  Jae< 


8-2 

rjues  Casiillon,  bourgeois  de  Paris."  ("  Titres  des  Seigneu- 
ries," p.  350).  Un  acte  du  dernier  Février  1636,  portail 
que  la  concession  avait  été  laite  tant  pour  le  dit  Sieur  Cas- 
iillon que  pour  Messieurs  de  Lauson  et  Fouquet,  conseillers 
d'Eiat,  et  six  autres,  chacun  pour  un  huitième,  du  nombre 
desquels  était  le  Sieur  Cheffault  ;  et  l'on  ajoute  :  "  au 
moyen  de  ce  que  le  dit  Cheffault  avait  reconnu,  par  le  dit 
acte  susdaté,  que  les  terres  mentionnées  par  autre  conces- 
sion à  lui  faite  (celle  de  la  côte  Beaupré,  à  lui  concédée,  le 
15  Janvier  1636,"  à  "Paris,  en  PHôtel  de  Monsieur  de 
Lauson,  conseiller  du  Roi  en  ses  Conseils,  Intendant  de  la 
dite  compagnie,"  {Titres  des  Seigneuries,  p.  342),  étaient 
tant  pour  lui  que  pour  les  dits  Sieurs  Fouquet,  de  Lauson, 
etc.  etc.,  chacun  pour  un  huitième."  Tout  cela  appert  par 
Vacie  de  mise  en  possession,  donné  par  le  Gouverneur,  M. 
de  Montmagny,  "  fait  au  Fort  St.  Louis,  au  dit  Québec,  le 
1er  jour  de  Juillet  1638."  Cet  acte  se  trouve  au  greffe  de 
i^néboc. 

Il  résulte  de  tout  ce  qui  vient  d'être  relaté,  que  M.  le 
Gouverneur  de  Lauson,  qui  voulait  établir  ses  enfants  dans 
la  Nouvelle-France,  n'avait  pas  négligé  les  moyens  de  par- 
venir à  ce  but.  En  effet,  dans  plusieurs  litres  de  concession 
de  seigneuries,  il  est  porté  que  les  appellations  des  Juges 
des  seigneurs,  ressortiront  "  pardevant  le  Grand  Sénéchal 
de  la  Nouvelle-France,  ou  son  lieutenant  en  la  Jurisdiction 
de  Québec."  (Titres  des  seigneuries,  p.  352,  du  15  Nov, 
1653  ;  p.  383,  du  8  Février  1652  ;  p.  341,  du  1er  Avril  1656  ; 
p.  390 ,  du  15  Dec.  1653.  Et  le  fils  était  le  Grand  Sénéchal. 

Dans  quehiues  autres  titres  de  concession,  le  "  Mande- 
îuent  "  de  mettre  les  concessionnaires  en  possession,  est 
idressé  au  '^  Grand  Sénéchal  de  la  Nouvelle-France,  ou  ses 
Lieutenants."  (Titres  des  seigneuries,  p.  50,  du  13  Mars 
1 051, /ai/  à  Paris  ;  p.  115,  du  30  Dec.  1653  ;  p.  341,  du  le 
Avril  1656  ;  p.  75,  du  1er  Juillet  1656  ;  p.  88,  du  5  Août 
16.56. 


83 

Dans  d'autres  titres,  il  est  dit  que  la  Fol  et  Hommage 
sera  portée  "  en  la  Sénéchaussée  de  Québec."  (Titres  des 
seigneuries,  p.  352,  du  15  Nov.  1653  ;  p.  383,  du  8  Février 
1652  ;  p.  341,  du  1er  Avril  1656.) 

Toutes  ces  concessions  me  paraissent  avoir  été  faites  du- 
rant le  gouvernement  de  M.  de  Lauson,  à  l'exception  de 
celle  du  13  Mars  1651,  faite  à  Paris,  par  la  Compagnie 
de  la  Nouvelle-France,  avant  l'arrivée  de  M.  Lauson  en 
Canada,  mais  après  sa  nomination  comme  gouverneur,  puis- 
que sa  commission  de  gouverneur  est  en  date  du  17  Janvier 
Î651.  (Ed.  &  Ord.  t.  3,  p.  16.) 

15.  C'est  principalement  dans  les  concessions  faites  par 
M.  le  Gouverneur  de  Lauson,  que  l'on  voit  la  Coutume  du 
Vexîn-le-Français  introduite , 

Coutume  de  Paris,  art.  Ili. 

Quand  aucun  fief  éohet  par  succession  de  père  et  mèie,  ayeul  ou 
ayeule,  il  n'est  dû  au  seigneur  féodal  du  dit  fief,  par  les  descen- 
dants en  ligne  directe,  que  la  bouche  et  les  mains,  avec  le  ser- 
ment, de  fidélité  ;  qnnnd  les  dits  père  et  mèrcj  ayeul  ou  ayeule, 
ont  fait  et  payé  les  cirjits  et  devoirs  en  leurs  teras  ;  en  ce  non 
compris  les  fiels  qui  relèvent  et  se  gouvernent  selon  la  coutume 
du  Vexin-le-Français;  esquels  fiefs  qui  se  gouvernent  selon  la 
coutume  du  dit  Vexin,  est  dû  relief  à  toutes  mutations  ;  et  aussi  ne 
sont  dûs  quints. 

16.  M.  l'Abbé  Ferland,  qui  nous  promet  une  histoire  re- 
marquable du  Canada,  et  surtout  honnêtement  écrite,  a  eu 
l'obligeance  de  me  communiquer  l'extrait  suivant  d'un  mé- 
moire qui  est  entre  ses  mains  :  "  Monsieur  de  Lauson,  (le 
gouverneur,)  ayant  été  prévenu  qu'il  ne  pouvait  plus  être 
soutenu,  il  anticipa  son  rappel  en  repassant  en  France,  où 
depuis,  il  a  servi  en  qualité  de  Sous-Doyen  du  Conseil,  logé 
au  Cloistre  de  Notre-Dame  (à  Paris,)  chez  son  fils,  chanoine 
de  la  dite  Eglise." 

Voici  donc  un  autre  fils  de  M.  de  Lauson.  Ne  serait-il 
;pas,  par  hasard,  cet  Abbé  de  Lauson,  dont  il  est  fait  mcntioE. 


84 

dans  une  concession  donnée  par  le  gouverneur  de  Lauson  au 
î^ieur  Jean  Bourdon  le  15  Décembre  1G53  ?  Celle  concession 
comprend  "  toule  l'étendue  de  terre  qui  se  rencontre  sur  le 
Fleuve  St.  Laurent  du  coté  du  nord  depuis  les  bornes  de  la 
concession  du  sieur  Abbé  de  Lauson  jusques  à  celle  du 
(tciimt  sieur  Dos  Chatelets."  (Titres  des  Seigneuries,  p. 
;)00.)  La  "  Liste  des  Prêtres  du  Canada,"  publiée  à  Québec 
vn  1834,  ne  fait  pas  mention  de  cet  Abbé  de  Lauson. 

17.  Il  iaut  convenir  que  M.  de  Lauson  avait  su  faire  à  sa 
famille  une  part  assez  belle  des  terres  du  Canada  :  "  Les 
membres  de  la  Société  de  Notre-Dame  de  Montréal,^^  dit  M. 
TAbbé  Faillon,  Vie  de  Mademoiselle  Mance^  Introduction^ 
\>p.  XXXIII  et  XXXIV,"  songèrent  à  acquérir  la  propriété 
de  rilc  de  Montréal.  Elle  avait  alors  pour  maître,  M.  Jean 
do  Lauson,  Intendant  du  Dauphiné,  qui  ne  l'avait  reçue  que 
sous  la  condition  expresse  d'y  établir  une  colonie.  M.  de 
liauson  ayant  négligé  jusque  alors  d'y  faire  passer  des 
colons,  cl  d'y  entreprendre  aucun  défrichement,  la  prudence 
ne  permettait  pas  aux  Associés  d'envoyer  à  grands  frais, 
dans  la  même  Ile,  une  recrue  d'ouvriers  avant  d'en  avoir 
assuré  la  possession  à  leur  Compagnie.  Il  eut  été  à  crain- 
dre en  effet  que  les  dépenses  qu'ils  se  proposaient  de  faire 
pour  cet  objet,  ne  tournassent  à  l'avantage  personnel  du  pro- 
priétaire, et  ne  missent  par  là  un  obstacle  insurmontable  à 
leur  dessein.  C'est  pourquoi,  conformément  à  la  résolution 
qu'ils  avaient  prise  de  se  cacher  aux  yeux  du  monde,  et  de 
faire  leur  œuvre  en  secret,  ils  obligèrent  M.  de  la  Dauver- 
sière  et  M.  de  Fancamp  à  aller  trouver  M.  de  Lauson  en 
Uauphiné   pour  lui  demander  la  concession  de   celte  Ile. 

"  M.  de  Lauson,  dont  les  vues  n'hélaient  pas  aussi  pures 
ni  aussi  désinterressées  que  celles  de  la  Compagnie^  cl  qui 
môme  n'avait  demandé  la  propriété  de  l'Ile  de  Montréal  que 
dans  l'espérance  d'en  iclircr  un  jour  de  grands  avantagcs^ 
pour  sa  famille,  ne  put  écouter  paisiblement  une  proposition 
qu'il  jugeait  si   contraire  à  ses  intérêt»;  et  à  toutes  les  ins- 


85 

tances  de  M.  de  la  Dauversière  il  ne  répondit  que  par  des 
rebuts.  Le  mauvais  succès  de  cette  première  négociation 
au  lieu  de  ralentir  le  zèle  des  Associés,  sembla  n'avoir  servi 
qu'à  le  rendre  plus  ardent.  Ils  arrêtèrent  entre  eux  que  M. 
de  la  Dauversière  ferait  un  second  voyage  en  Dauphiné  ; 
que  M.  de  Fancamp  qui  ne  pouvait  se  joindre  à  lui  cette 
lois,  lui  donnerait  une  procuration  pour  accepter  la  donation 
de  l'Ile  au  uom  des  deux,  ce  qu'il  fit  le  12  Juillet  de  l'an  1640, 
et  qu'enfin  le  P.  Charles  Lallemant,  Jésuite,  accompagne- 
rait M.  de  la  Dauversière,  pour  presser  lui-même  M.  de 
Lauson.  Ce  voyage  eut  tout  le  succès  qu'on  s'en  était  pro- 
mis :  car  M.  de  Lauson,  par  acte  du  7  Août,  passé  à  Vienne 
en  Dauphiné,  céda  purement  et  simplement  à  M.  de  Fan- 
camp  et  à  M.  de  la  Dauversière  l'Ile  de  Montréal  aux 
mêmes  conditions  qu'il  l'avait  reçue." 

18.  Si  mes  données  sont  exactes,  et  j'ai  toute  raison  de 
croire  qu'elles  le  sont,  (du  moins  j'en  indique  les  sources,)  il 
s'ensuit  que  le  No.  1  sans  nom  de  baptême,  dans  le  "  Dic- 
tionnaire des  Hommes  Illustres"  de  M.  le  Professeur  Bi- 
baud,  et  de  son  "  Panthéon  Canadien,"  et  le  No.  2  du 
Dictionnaire,  à  l'article  des  Lauson,  ne  comprennent  qu'un 
seul  et  même  individu,  et  non  pas  deux,  c'est-à-dire,  comme 
l'exprime  le  susdit  No.  2,  "  Jean  de  Lauson,  Gouverneur  et 
Lieutenant-Général  de  la  Nouvelle-France  pour  le  Roi  et  la 
Compagnie  ;"  que  le  No.  5  et  le  No.  G  du  Dictionnaire  sont 
erronés,  en  ce  qu'ils  nous  présentent  deux  individus,  tandis 
qu'il  n'y  a  eu  qu'un  M.  de  Lauson  de  Charny,  qui  est  le  No. 
4  du  Panthéon  Canadien.  Mais  ce  No.  4  est  aussi  erroné, 
en  ce  qu'il  fait  revenir  M.  de  Charny  de  France  en  1657, 
tandis  qu'au  contraire  c'est  cette  même  année  là  qu'il  passa 
en  France,  on  il  fut  ordonné  Prêtre,  et  d'où  il  ne  revint  qu'en 
1659.  Il  s'ensuit  encore  que  le  No.  3  du  Dictionnaire  et  le 
No.  2  du  Panthéon,  "  François  Louis  de  Lauson,"  ne  sont 
pas  exacts,  en  ce  qu'ils  nous  présentent  un  seul  et  même  in- 
dividu, tandis  qu'ils  devraient  nou;?  en  présenter  deux,  Fran^ 


86 

çois  et  Louis;  François^  qui  est  celui  du  No,  5  du  Panihéop. 
Conseiller  au  Parlement  de  Bordeaux,  qui  n'est  pas  venu 
au  Canada,  et  auquel  fut  originairement  concédée  la  sei- 
gneurie de  la  Cilière,  mais  qui  ne  fut  jamais  Seigneur  de 
Gaudarville,  quoiqu'en  disent  le  susdit  No.  3  et  le  susdit 
No.  5  ;  et  Louis,  qui  n'est  appelé  que  Louis  dans  tous  les 
actes  que  j'ai  vus,  qui  fut  seigneur  de  Gaudarville,  et  qui 
fut  aussi  appelé  de  la  Citière^  lorsqu'il  vint  en  Canada.  Où 
M.  Bibaud  a-t-il  puisé  pour  faire  l'article  2  du  Panthéon  ? 
"  François  Louis  de  Lauson,  Gouverneur  et  Lieutenant-Gé- 
néral de  la  Nouvelle-France  pour  le  Roi  et  la  Compagnie 
11  se  fixa  en  Canada,  et  eut  la  garde  noble  des  enfants  du 
suivant  (le  Sénéchal)  après  sa  mort  !"  Ce  Gouverneur  est 
encore  à  venir.  Ce  fut  M.  Jean  de  Lauson,  ci-devant  Gou- 
verneur, qui  eut,  après  la  mort  de  son  fils,  le  Sénéchal,  la 
garde  noble  des  enfants  de  ce  dernier. 

Le  No.  3  du  Panthéon,  "  Messire  Jean  de  Lauson,"  le 
Grand  Sénéchal,  est  aussi  erroné,  en  ce  qu'il  le  dit  fils  de 
François  Louis  de  Lauson,  Gouverneur,  et  encore  en  ce 
qu'il  le  décrit  Chevalier  de  CJiarny.  Le  Chevalier  de  Char- 
ny  était  M.  Charles  de  Lauson  qui,  après  la  mort  de  sa  fem- 
me, Louise  Giffard,  embrassa  l'Etat  Ecclésiastique.  C'est 
le  No.  6  du  Dictionnaire.  Le  No.  4  de  ce  même  Diction- 
naire est  exact  :  "  Messire  Jean  de  Lauson,  Chevalier,  fils 
du  Gouverneur,  Grand  Sénéchal  de  la  Nouvelle-France,  tué 
dans  un  combat  contre  les  Iroquois." 

19.  M.  Bibaud  dit  que  le  Prêtre,  M.  Charles  Lauson  Char- 
ny  est  mort  le  22  Avril  1673.  Si  c'est  le  cas,  alors  le  "  Mon- 
sieur de  Lauzon"  dont  il  est  fait  mention  dans  la  concession 
ci-devant  citée  du  20  Janvier  1676  par  M.  de  la  Martinière 
aux  RR.  PP.  Jésuites,  comme  logeant  alors  "  au  Collège  de 
la  Rochelle,"  pourrait  fort  bien  avoir  été  un  des  fils  du 
Grand  Sénéchal.  L'on  a  vu  que  M.  l'Abbé  Ferland  dit  qu'un 
fils  du  Sénéchal  passa  en  p-rance. 

50    Depuis  que  ce  qui  précède  a  été  écrit,  j'ai  eu  occa' 


87 

sioR  de  voir  deux  actes  qui  concernent  cette  famille  des  Lau- 
son.  Le  premier,  qui  porte  la  date  du  21  Octobre  1651,  fait 
partie  des  minutes  de  M.  Audouart,  Notaire  à  Québec.  Ce 
sont  les  "  articles  de  mariage  entre  Messire  Jçan  de  Lauson, 
Chevalier,  Seigneur  de  la  Coste,  terre  et  Seigneurie  de  Lau- 
son, Grand  Seneschal  de  la  Nouvelle-France,  Lieutenant  au 
Gouvernement  de  la  Nouvelle-France,  estendue  du  Fleuve 
St.  Laurent,  iils  de  Messire  Jean  de  Lauson,  Chevalier,  Con- 
seiller du  Roy  en  son  Conseil  d'Estat,  Gouverneur  et  Lieu- 
tenant-Général pour  le  Roi  en  la  Nouvelle-France,  et  de  dé- 
funte Dame  Marie  Godart,  ses  père  et  mère,  d'une  part,  et 
de  Demoiselle  Anne  Desprès,  fille  de  feu  noble  homme  Ni- 
colas Desprès,  et  de  Damoiselle  Magdeleine  Leblanc,  ses 
père  et  mère  :" 

"  Jouira  la  dite  future  épouse  de  la  somme  de  quatre  cents 
livres  de  pension  viagère  pour  son  douaire  préfix,  suivant  la 
Coutume  de  Paris,  à  les  avoir  et  prendre  sur  les  biens  du 
dit  futur  époux." 

A  cet  acte  ont  signé  : 

Jean  de  Lauson.  Paul  Ragueneau, 

Anne  Desprès.  Supérieur. 

De  Lauson.  Barthélémy  Vimont, 

Thiennète  Desprès.  Curé. 

Geneviève  Desprès.  "   Louis  de  Lauson. 

DUPLESSY    QUERBODO,  ,  GUILLAUME    DeSPRÈS. 

Le  second  acte  est  une  transaction  entre  les  "  héritiers  et 
créanciers^dë  défunt  Monsieur  de  la  Citière,  et  Jean  Bap- 
tiste Peu  vret,  Sieur  de  Mesnu  et  Catherine  Nau,  sa  femme," 
du  6  Février  1662.  (Audouart,  Notaire.)  Parmi  les  person- 
nes, parties  à  cet  acte,  est  M.  "  Charles  de  Lauson,  Prêtre, 
Chevalier,  Seigneur  de  Charny,  Officiai  de  Monseigneur 
l'Evêque  de  Pétrée,  Vicaire  Apostolique  en  ce  dit  pays  de 
la  Nouvelle-France,  au  nom  et  comme  fondé  de  procuration 
de  Mtre.  Jean  de  Lauzon,  Conseiller  du  Roi  en  ses  Conseils 
d'Etat  et  Privé,"  passée  à  Paris  le  24  Mars   1660. ...  "  le 


88 

'lit  Seigneur  de  ivau.son,  père  cl  héritier  bénélieiaire   du  dit 
défunt  Sieur  de  la  Citière. ..." 

Cet  acte  constate,  qu'en  paiement  du  "  restant  du  prcci- 
put  et  de  la  pension  viagère"  stipules  au  profit  de  la  dite 
Catherine  Nau,  alors  femme  du  dit  Sieur  de  Mesnu,  le  Sieur 
de  Lauson  Charny  en  sa  dite  qualité  et  les  créanciers  de  la 
succession  de  M.  de  la  Cilière^  leur  cédèrent  :  lo.  le  fief  de 
Champigny,  situé  dans  l'Isle  d'Orléans,  2o.  tout  le  bétail, 
meubles,  ustensiles  et  vivres  fournis  à  Jean  Foucher,  fermier 
du  dit  lieu,  3o.  dix  arpents  de  terre  situés  sur  le  Cap  aux 
Diamants,  4o.  enfin,  la  terre  et  Seigneurie  de  GauJarville, 
''  moyennant  quoi  le  dit  Sieur  et  Damoiselle  de  Mesnu  se 
sont  contentés,  et  ont  icelles  dites  choses  prises  pour  l'entier 
paiement  du  dit  restant  de  préciput  et  extinction  de  la  dit€ 
pension  viagère." 

21.  Voici,  sur  le  compte  des  trais  filles  de  M.  le  Grand 
Sénéchal,  des  renseignements  que  je  dois  à  l'obligeance  de 
M.  l'Abbé  Ferland,  et  qu'il  a  eu  la  bonté  d'obtenir  pour  moi 
des  Dames  Ursulines  de  Québec. 

''  Anno  1668  :  Entrée  de  Dlle.  Marie  Magdeleine  de  Lau- 
son." Elle  n'avait  fait  que  passer  par  le  grand  monde  pour 
s'ensevelir  dans  la  solitude;  elle  prit  le  nom  de  Sœur  St.  Char- 
les. Elle  fut  élevée  par  la  fondatrice,  toute  jeune  comme 
pensionnaire,  v.\  ensuite  comme  novice.  En  la  présentant  à 
la  communauté,  sa  famille  obtint  qu'elle  eût  une  sœur  pour 
son  service  ;  mais  peu  après  l'on  s'aper(^ut  que  Mlle,  de 
Lauson  ne  se  contentait  pas  de  se  servir  elle-même,  mais 
qu'elle  allait  en  cachette  faire  l'ouvrage  de  la  sœur.  Pour 
i'inbtruction  des  élèves  sauvages,  elle  était  infatigable,  et 
elle  s'y  est  livrée  avec  le  plus  grand  succès  tous  les  jours  do 
sa  longue  vie.  Elle  mourut  en  1731,  à  77  ans  (1),  ayant  59 
ans  de  profession  religieuse. 

(1)  Cet  âge  répond  à  celui  de  Marie  de  Lauson,  qui  fut  bap- 
tisée sous  ce  nom  le  8  .hiin  16.'i4'.  Ayant,  a  sa  mort,  59  ans  de 
profession,  elle  a  du  être  reçue  en  1672,  à  l'âge  de  18  ans,  (elle 
fut  reçue  le  \\  Seplrmbre  1672.     Voir  la  ^uite.} 


89 

"  L'entrée  de  Dile.  Angélique  de  Lauson,  Sœur  de  la  R, 
jMère  St.  Charles  eut  lieu  en  1675.  Cette  bonne  mère  fut 
un  prodige  de  vertu.  Elle  vivait  si  détachée  du  monde 
qu'elle  avait  peine  à  entretenir  la  moindre  correspondance 
avec  Mesdames  de  Lauson,  ses  tantes  ;  et  quand  M.  de 
Champigny,  Intendant  ou  autres  parents  venaient  lui  faire 
visite,  elle  était  toujours  ingénieuse  pour  trouver  le  moyen 
de  s'éloigner.  Comme  Madame  de  la  Peltrie,  elle  lavait 
les  filles  sauvages,  les  peignait  de  ses  propres  mains,  les 
instruisait  avec  une  patience  d'Ange,  et  les  servait  nuit  et 
jour  durant  leurs  maladies.  Elle  mourut  en  1732,  à  72  ans 
(1),  55  ans  de  profession.  Après  chaque  élection,  elle  allait 
trouver  la  Mère  Supérieure  lui  demander  la  grâce  de  lui 
donner  l'office  le  plus  bas  qu'il  y  eut  dans  la  maison. 

"  Dlle.  Marie  Magdeleine  de  Lauson  fut  obligée,  pour 
l'arrangement  de  ses  afi'aires  temporelles,  de  retarder  sa  pro- 
fession religieuse.  Cette  cérémonie  n'eut  lieu  qu'au  14 
Septembre  1672.  Uainée  (2)  de  ses  sœurs,  Marie  Anne  de 
Lauson,  qui  était  alors  pensionnaire,  attendait  Page  requis 
pour  l'entrée  du  noviciat.  Dieu  la  retira  si  subitement  de 
ce  monde,  qu'on  n'eut  pas  le  temps  de  lui  administrer  les 
sacrements.  Le  13  Novembre  1672,  elle  mourut  à  l'infir- 
merie des  Religieuses." 

(1)  Cet  âge  répond  à  peu  près  à  celui  d'Angélique  de  Lauson, 
qui  fut  baptisée  sous  ce  nom  le  23  Janvier  1661.  A.yant,  à  sa 
mort,  55  ans  de  profession,  elle  a  dû  être  reçue  en  Tannée  1677 
à  l'âge  de  16  ans. 

(2)  Il  y  a  ici  une  erreur  évidente.  Cette  Marie  Anne  de  Lau- 
son ne  pouvait  être  autre  que  la  dite  Anne  Catherine  de  Lauson, 
qui  fut  baptisée  sous  ce  nom  le  22  Avril  1669.  Si,  en  1672,  elle 
attendait  l'âge  requis  pour  l'entrée  du  noviciat,  elle  ne  pouvait 
être  Vainée  ;  elle  était  bien  l'ainée  d'Angélique,  mais  non  de  la 
Sœur  St.  Charles,  qui  fut  reçue  le  14  Septembre  de  cette  même 
année  1672,  et  qui  avait  alors  18  ans.  Celle-ci  était  rainée  dg 
ses  soeurs 


Les  trois  filles  dn  Grand  Sénéchal  n'ont  donc  point  quitte 
leur  pay-T»  natal.  Il  avait  eu  trois  iils,  Louis  de  Lauson,  né 
le  dernier  jour  d'Août  1653,  mort  deux  semaines  après  ;  puis 
Jf an  et  Charles  de  Lauson.  C'est,  en  toute  probabilité,  à 
ces  deux  «lernicrs  que  peut  s'appliquer  ce  passage  de  "  l'His' 
loire  de  THôtel-Dieu  de  Québec,"  p.  208  : 

"  Nous  élevions  depuis  l'âge  de  6  ans  Mademoiselle  de 
Lauson  de  Charny  ;  elle  suivait  les  traces  de  sa  famille  qui 
s'était  distins^uée  partout  par  sa  vcrtii;  cett'é  jeune  vierge 
ne  soupirait  qu'après  la  vie  religieuse.  Monsieur  de  Lau- 
son, son  père,  notre  Supé^rienr,  ravi  de  voir  que  les  in- 
clinations de  sa  ciière  fille,  favorisaient  celle  qu'il  avait  de 
nous  faire  du  bien,  passa  un  contrat  avec  nous,  par  lequel 
il  nous  donnait  12000  livres,  monnaie  de  France,  pour  la  dot 
de  sa  fille,  à  condition  seulement,  qu'attendu  qu'elle  était 
d'une  complexion  délicate,  on  lui  servirait  une  entrée  de 
table.  Il  avait  dessein  aussi  de  nous  faire  ses  héritières, 
après  avoir  donné  à  ses  neveux  ce  qui  devait  leur  revenir  ; 
mais  quelques-unes  de  nos  Religieuses  craignirent  que  cette 
petite  distinction  que  M.  de  Lauson  demandait  pour  sa  fille, 
ne  causât  de  la  jalousie  et  du  trouble  dans  la  maison,  elles 
en  parlèrent  à  Monseigneur  l'Evêque  qui  entra  dans  leurs 
raisons,  et  voulut  retrancher  cet  article  du  contrat.  M.  de 
Lauson  s'opposa  ;  il  eut  là-dessus  quelque  différend  avec 
M.  de  Laval.  Enfin,  pour  terminer  la  dispute,  il  se  résolut 
d'emmener  en  France  sa  iille.  Elle  partit  cette  année  (1G71) 
avec  Mlle.  Charlotte  Magdcleine  de  la  Ferté,  sa  cousine 
germaine  ;  il  les  conduisit  toutes  deux  aux  Hospitalières  de 
la  Rochelle,  où  elles  ont  été  Religieuses,  et  ont  beaucoup 
édifié  et  servi  le  couvent.  M.  de  Lauson  les  gratifia  de  tout 
ce  que  nous  aurions  pu  espérer." 

P.  S.  Une  partie  du  plus  ancien  registre  de  l'Etat  civil, 
conservé  à  la  cure  de  Québec,  est  rédigée  en  latin,  d'une 
écriture  et  avec  des  abréviations  qui  en  rendent  la  lecture 
très  difficile.  Dans  un  vf)yaye  que  je  viens  de  faire  à  Québec, 
j'ai  eu  occasion  d'examiner  do  nouveau  ce  registre,  v\  d'y  dé 


91 
ooavnr  une  cntipp  '^^"'  '*'' 


,io,-iba.  contins,  U  M 


^^vjuveue 

^^xiai  ues  Jésuites  n'en    fait    pas   mention'. 

Uétranger  devait  être  jeune,  et  il  ne  parait  pas  avoir,  à 
ce  premier  voyage,  fait  un  long  séjour  à  Québec. 

L'on  voit,  dans  l'étude  de  Mtre.  Audouart,  Notaire  à 
Québec,  un  acte  du  16  Sept  1660,  par  lequel  le  Grand  Sé- 
néchal Jean  de  Lauson  "  à  présent  majeur  de  25  ans,"  con- 
firme la  renonciation  par  lui  ci-devant  faite  à  la  succession 
de  sa  mère  Marie  Gaudart,  par  acte  au  Châtelet  de  Paris, 
du  24  Avril  1651,  et  renonce  d'abondant  etc.,  etc. 

P.  S.  (No.  2.)  Dans  le  même  voyage  récemment  fait  à 
Québec,  j'ai  trouvé,  dans  un  ancien  registre  des  insinua- 
tions, conservé  au  greffe  de  cette  ville,  copie  d'un  acte  passé 
à  la  Rochelle,  le  1er  Juillet  1689,  qui  me  porte  à  croire  que 
M.  Bibaud  a  commis  une  erreur  en  donnant  le  22e  jour  d'Avril 
1673,  comme  étant  le  jour  du  décès  de  M.  de  Lauson  de 
Charny,  Prêtre  ;  erreur  qui  se  rencontre  par  conséquent  dans 
mon  article  sur  la  famille  des  Lauson,  tel  qu'il  a  été  rédigé 
et  tel  qu'il  est  déjà  imprimé,  ayant  cité  cette  date  d'après 
M.  Bibaud.  Il  paraît  que  M.  de  Lauson,  Prêtre,  vivait  en- 
core en  1689.  La  copie  de  l'acte  du  1er  Juillet  1689,  a  été 
enregistrée  au  Greffe  de  la  Prévoté  de  Québec,  le  11  Novem- 


90 


de  sa  fille,  àconïïîTîÔî 
d'une  complexion  délicate,  on  lui  servirait  une  entrée  de 
table.  Il  avait  dessein  aussi  de  nous  faire  ses  héritières, 
après  avoir  donné  à  ses  neveux  ce  qui  devait  leur  revenir  ; 
mais  quelques-unes  de  nos  Religieuses  craignirent  que  cette 
petite  distinction  que  M.  de  Lauson  demandait  pour  sa  fille, 
ne  causât  de  la  jalousie  et  du  trouble  dans  la  maison,  elles 
en  parlèrent  à  Monseigneur  l'Evêque  qui  entra  dans  leurs 
raisons,  et  voulut  retrancher  cet  article  du  contrat.  M.  de 
Lauson  s'opposa  ;  il  eut  là-dessus  quelque  diiTérend  avec 
M.  de  Laval.  Enfin,  pour  terminer  la  dispute,  il  se  résolut 
d'emmener  en  France  sa  fille.  Elle  partit  cette  année  (1671) 
avec  Mlle.  Charlotte  Magdcicine  de  la  Fcrté,  sa  cousine 
•germaine  ;  il  les  conduisit  toutes  deux  aux  Hospitalières  de 
la  Rochelle,  où  elles  ont  été  Religieuses,  et  ont  beaucoup 
édifié  et  servi  le  couvent.  M.  de  Lauson  les  gratifia  de  tout 
ce  que  nous  aurions  pu  espérer." 

P.  S.  Une  partie  du  plus  ancien  registre  de  l'Etat  civil, 

conservé  à  la  cure  de  Québec,    est  rédigée   en  latin,  d'une 

•écriture  et  avec  des  abréviations  qui  en   rendent  la  lecture 

très  difficile.  Dans  un  voyaye  que  je  viens  de  faire  à  Québec, 

j'ai  eu  occasion  d'examiner  do  nouveau  ce  registre,  et  d'y  dé 


91 

couvrir  une  entrée  qui  était  passée  inaperçue  lors  de  mort 
premier  examen.  Je  dois  à  une  main  habile  à  déchiffrer 
les  vieilles  écritures,  la  copie  de  cette  entrée,  que  je  trans- 
cris ici  : 

"  Anne  Dni  1644,  die  29  Augusti,  Ego  Josephus  Poucet, 
vices-agens  parochi  hujus  ecclesiœ  conceptionis  immaculatœ 
V.  Mariœ,  loci  Québec,  baptisavi  infantem  pridiè  natam  ex 
Joanne  Bourdon  &  Jacquelina  Pautel  conjugibus  cui  impo- 
situm  est  nomen  annœ  ;  Patrini  fuerunt  Joannes  de  Lozon 
advena  filius  Dni  de  Lozon,  Régi  christianissimo  à  secre-^ 
tiùbusconslloris,  et  Maria  LeBarbier  conjux  Nicolai  Mar- 
solet  hujus  parochiœ." 

Tout  porte  à  croire  que  cet  étranger  qui  n'était  à  Québec 
qu'en  passant,  a£?i;e?icf,  devait  être  le  fils  de  M,  Jean  de  Lauson, 
le  même  qui  fut  plus  tard  Grand  Sénéchal  de  la  Nouvelle 
France.  Le  Journal  des  Jésuites  n'en  fait  pas  mention; 
luéiranger  devait  être  jeune,  et  il  ne  parait  pas  avoir,  à 
ce  premier  voyage,  fait  un  long  séjour  à  Québec. 

L'on  voit,  dans  l'étude  de  Mtre.  Audouart,  Notaire  à 
Québec,  un  acte  du  16  Sept  1660,  par  lequel  le  Grand  Sé- 
néchal Jean  de  Lauson  "  à  présent  majeur  de  25  ans,"  con- 
firme la  renonciation  par  lui  ci-devant  faite  à  la  succession 
de  sa  mère  Marie  Gaudart,  par  acte  au  Châtelet  de  Paris, 
du  24  Avril  1651,  et  renonce  d'abondant  etc.,  etc. 

P.  S.  (No.  2.)  Dans  le  même  voyage  récemment  fait  à 
Québec,  j'ai  trouvé,  dans  un  ancien  registre  des  insinua- 
tions, conservé  au  greffe  de  cette  ville,  copie  d'un  acte  passé 
à  la  Rochelle,  le  1er  Juillet  1689,  qui  me  porte  à  croire  que 
M.  Bibaud  a  commis  une  erreur  en  donnant  le  22e  jour  d'Avril 
1673,  comme  étant  le  jour  du  décès  de  M.  de  Lauson  de 
Charny,  Prêtre  ;  erreur  qui  se  rencontre  par  conséquent  dans 
mon  article  sur  la  famille  des  Lauson,  tel  qu'il  a  été  rédigé 
et  tel  qu'il  est  déjà  imprimé,  ayant  cité  cette  date  d'après 
M.  Bibaud.  Il  paraît  que  M.  de  Lauson,  Prêtre,  vivait  en- 
core en  1689.  La  copie  de  l'acte  du  1er  Juillet  1689,  a  été 
enregistrée  au  Greffe  de  la  Prévôté  de  Québec,  le  II  Novem.- 


9-2 

bre  de  la  môme  année.  (1)  C'est  un  acte  par  l.Hjiicl,  M.  Char- 
les de  Lauson,  Prêtre,  "  demeurant  en  cette  ville,  (c'est-à- 
dire  à  la  Rochelle),  chez  les  Révérends  Pères  Jésuites,  a 
déclaré  que  la  terre  de  Beaumarchais^  (c'est  ainsi  que  je  lis 
le  nom),  située  dans  la  seigneurie  de  Beauport  en  la  Nou- 
velle-France lui  étant  dévolue  par  substitution  à  cause  du 
décès  du  Sieur  Charles  de  Lauson,  son  neveu,  il  cédait, 
cède,  donne  et  délaisse,  par  ces  présentes,  tous  ses  droits 
sur  la  dite  terre,  au  Sieur  Charles  de  Saint-Denis,  son  ne- 
veu, par  alliance,  etc." 

M.  Nicolas  Juchereau,  Sieur  de  Saint-Denis,  fils  de  Jean 
Juchereau,  Sieur  de  Maure,  et  de  Dame  Marie  Langlois, 
avait  épousé,  à  X^uébec,  le  22  Septembre  1G49,  Mademoi- 
selle Marie  Thérèse  Giffard,  fille  du  Sieur  Robert  Giflard, 
Seigneur  de  Beauport,  et  de  Marie  Renouard,  sa  femme,  et 
sœur  de  Louise  GifTard  que  M.  de  Lauson  de  Charny  avait 
épousée  le  12  Août  1652. 

Du  mariage  du  dit  Sieur  Juchereau  de  St.  Denis  avec  la 
dite  Marie  Thérèse  Giffard,  naquit  un  enfant  qui  fut  baptisé, 
sous  le  nom  de  Charles,  le  2G  Décembre  1655,  et  qui,  par 
conséquent,  était  le  neveu,  par  alliance,  de  M.  Charles  de 
Lauson,  Prêtre,  partie  à  l'acte  du  1er  Juillet  1689,  c'est-à- 
dire  M.  de  Lauson  de  Charny  qui  avait  aussi  été  son  par- 

(1)  Entrée  dans  le  Registre  de  la  Prévôté  de  Québec,  à  la  da  e 
dii  11  Novembre  iG89,  découverte  depuis  ]'ini})ression  de  ninii 
article  : 

•'  Lecture  faite,  randicnce  tenant,  d'un  contrat  de  donalioii 
"faite  par  Messire  Charles  de  Lauson,  Prêtre,  demeurant  à  la 
"  Rochelle  en  faveur  de  Charles  de  St.  Denis,  son  neveu,  l'acte 
"  de  donation  passé  devant  Robusson,  notaire  eu  la  dite  ville  de  la 
"  Rochelle,  le  13  Juillet  dernier,  présenté  par  Nicolas  Juchereau, 
"  Sieur  de  St.  Denis  qui  en  a  requis  riusinuation  et  déclaré  qu  î 
"  le  dit  Charles  de  St.  Denis  est  Charles  Juchereau  de  St.  Denis, 
"  son  fils  ;  nous  avons  ordonné  que  le  dit  contrat  sera  insinué  es 
'*  Registres  des  Insinuations,  de  céans,  pour  valoir  et  servir  ce 
^*  qu'il  appartiendra.  " 


93 

rain.  Le  Sieur  Charles  Je  Lauson,  son  neveu,  au  décès 
duquel  la  terre  siiuée  à  Beauport  lui  avait  été  dévolue  par 
substitution,  ne  pouvait  être  autre  que  le  fils  du  ^Grand  Sé- 
néchal, baptisé,  sous  le  nom  de  Charles,  le  3  Août  1657  ;  et 
avec  lui,  s'est  éteinte,  en  toute  probabilité,  la  descendance 
du  S 'léchai,  à  moins  qu'on  ne  puisse  faire  voir  que  le  se 
cond  fils,  Jean,  ait  survécu  à  son  trère.  Ce  serait  là  une 
preuve  assez  ditïicile  à  produire.  D'abord,  l'acte  de  dona- 
nation  du  1er  Juillet  1689  donne  naturellement  lieu  de  pen- 
ser que  le  Sieur  Charles  de  Lauson,  du  décès  duquel  il  fait 
mention,  n'avait  plus  de  frère  ;  ensuite,  son  frère,  Jean,  de- 
vait être  un  enfant  bien  faible  qui  ne  promettait  pas  d'avoir 
une  longue  vie,  étant  né  le  6  Décembre  1655,  ondoyé-  le  21 
du  même  mois,  et  baptisé  seulement  le  1er  Mars  1656  ;  puis, 
le  registre  des  sépultures,  à  Québec,  manque  de  1669  à  1679. 
A  moins  de  preuve  au  contraire,  il  est  permis  de  supposer 
qu'il  a  pu  mourir  dans  cet  intervalle. 

Puisque  M.  de  Lauson  c  vharny  vivait  encore  en  1689, 
et  qu'il  demeurait  chez  les  R.  P.  Jésuites  à  la  Rochelle, 
alors  ce  devait  être  lui,  et  non  un  fils  du  grand  Sénéchal, 
auquel  M.  de  la  Martinière  faisait  allusion  dans  l'acte  du 
20  janvier  1676.  (Voici  ci-dessus  No.  19.) 

Anne  DesPrès,  femme  du  grand  Sénéchal  vécut  jusqu^'en 
Mars  1689,  ayant  été  inhumée  à  Québec  le  14  de  ce  mois. 
Elle  avait  eu  l'usufruit  de  la  seigneurie  de  Lauson,  ainsi 
qu'on  peut  le  voir  par  les  Registres  de  la  Prévoté  de  Québec, 
aux  dates,  entre  autres,  des  4  Sept.  1683,  et  26  Juin  1684. 

Le  Sr.  Charles  de  Lauson,  le  neveu  de  M.  de  Charny, 
avait  épousé,  en  France,  Dame  Marguerite  Gobelin.  Dans 
les  Registres  du  Conseil  Supérieur,  il  est  fait  une  mention 
sommaire  de  leur  contrat  de  mariage  passé  par  devant  Julien 
et  Robillard,  notaires  au  Chatelet  de  Paris,  en  date  du  12 
Janvier  1688.  Dans  ce  contrat,  le  niari  est  appelé  "  Char- 
les Joseph  de  Lozon,  écuyer.  Seigneur  de  la  Côte  de  Lozon, 
grand  Sénéchal  de  la  Nouvelle-France."  Il  ne  vécut  donc 
pas  longtemps  après  son  mariage,  puisqu'il  était  décédé  dès 


04 

a\-anl  le  1er  Juillet  1089.  Il  ne  parait  pas  qu'il  ait  laissé 
aucun  enfant.  Le  contrat  de  mariage  comportait  une  do- 
nation universelle  au  profit  de  sa  femme,  ainsi  que  le  cons- 
tate ia  vente  que  la  dite  Dame  Marguerite  Gobelin  fit  de  la 
seignem-ie  de  Lauson,  le  19  Mai  1690,  au  sieur  Thomas 
Bertrand,  bourgeois  de  Paris.  Puis  vient  la  mention  des 
titres  suivants  : 

lo.  Vente  par  Thomas  Bertrand  à  François  Magdeleine 
Ruette  Dauteuil  de  la  dite  seigneurie  de  Lauson,  en  date 
du  14  Oct.  1699  ; 

2o.  Déclaration  par  le  dit  Sr.  Dauteuil  en  faveur  de 
George  Régnard  Duplessis.  du  15  oct.  1699  ; 

3o.  Vente  par  George  Régnard  Duplessis  et  Marie  LeRoy 
sa  femme  au  Sr.  Etienne  Charest,  le  28  Mars  1714. 

4o.  Vente  par  Etienne  Charest,  fils,  et  Catherine  Trotticr 
de  la  dite  seigneurie  de  Lauson  à  Son  Excellence  sir  James 
Murray,  le  12  Février  1765.  (Voir  encore  là-dessus  l'arrêt 
du  Conseil  Supérieur  du  20  Décembre  1706,  Ed.  et  Ord.  t. 
2,  p.  145.) 

Enfin  il  y  eut  procès,  au  Conseil  Supérieur,  entre  la  dite 
Marguerite  Gobelin  et  le  Sr.  Thomas  Bertrand,  en  l'année 
1698. 

Par  l'acte  du  19  Mai  1690,  la  veuve  du  dit  Charles  Jo- 
seph de  Lauson,  et  sa  donataire  universelle  aux  termes  de 
leur  contrat  de  mariage,  a  vendu  au  Sieur  Thomas  Bertrand  : 
lo.  La  susdite  Seigneurie  de  la  Citière,  concédée,  le  15 
Janvier  1635,  à  François  de  Lauson,  qui,  dans  l'acte  de 
vente,  est  appelé,  '^  Sieur  de  l'Isle  ;" 

2o.  La  Seigneurie  de  Lauson,  "  octroyée  par  la  dite  com- 
pagnie, par  la  délibération  du  15  Janvier  1636,  à  Messirc 
Jean  de  Lauson,  Conseiller  d'Etat,  sous  le  nom  de  Mtre. 
Simon  Lemaitie  qui  lui  en  a  passé  sa  déclaration  par  de- 
vant Uuguenicr  et  Huart  à  Paris  le  30  du  dit  mois  de  Jan- 
vier ;" 

3o.  La  rivière  du  Petit-Pré,  consistant  en  28  arpents  de 
front  sur  ic  Fleuve  St.  Laurent,  sur   \h  lieue  de  profondeur, 


9.5 

iivcc  1^'  rivage  de  la  nier,  Isles,  IsloLs  el  baltarcs  étant  au- 
devant  des  dits  28  arpents  et  rivière  du  Petit-Pré,  dont  la 
concession  avait  été  faite  au  Grand  Sénéchal,  Jean  de  Lau- 
son,  par  son  père.  Gouverneur  de  la  N.-F.  le  1er.  Sept.  1652  ; 

4o.  Une  autre  Seigneurie  entre  celle  de  Lauson  et  celle 
de  Bellechasse,  avec  pareille  profondeur  dans  les  terres,  con- 
cédée par  le  mémo  au  même,  le  3  Oct.  1653  ; 

5o.  Dix  arpents  de  terre,  faisant  partie  de  la  ferme  de  la 
Grange,  avec  la  cour  el  les  bâtiments,  concédés  par  le  mê- 
me au  même,  le  14  Août  1655  : 

6o.  La  Seigneurie  qui  avait  été  concédée  par  le  susdit 
Gouverneur  de  Lauson  à  son  fils  Louis  de  Lauson  de  la 
Citière  et  de  Gaudarville,  le  8  Février  1652  ; 

7o.  Les  terres  concédées  au  même  Louis  de  Lauson  par 
son  père  le  3  Janvier  1653,  près  du  Cap  Rouge  ; 

8o.  Une  étendue  de  terre  de  3  lieues  de  front  sur  3  lieues 
de  profondeur,  sur  le  Fleuve  St.  Laurent,  comprenant  la  ri- 
vière au  Saumon  vis-à-vis  l'Isle-Verte,  concédée  au  dit 
Sieur  de  la  Citière  par  son  père,  le  15  Avril  1653  ; 

9o.  Plus  20  arpents  de  front  sur  le  Fleuve  St.  Laurent 
SU'!'  une  profondeur  de  1|  lieue,  concédés  au  dit  Sieur  de  la 
Citière  par  son  père,  le  31  Décembre  1653  ; 

Et  tout  cela  vendu  "  moyennant  et  pour  demeurer  par  la 
diite  Dame  de  Lauson  quitte  vers  le  dit  Sieur  Bertrand  de 
la  somme  de  quatre  mille  livres  dont  elle  est,  entre  autres 
choses,  débitrice  envers  lui"  !  !  ! 

Il  est  vrai  que  plus  tard  elle  adopta  des  procédés  contre 
le  dit  Thomas  Bertrand  pour  obtenir  la  rescision  de  la  ven 
te  ;  et  un  arrêt  du  Conseil  Supérieur  du  6  Oct.  1698,  les 
renvoie  au  Parlement  de  Paris,  on  en  toute  autre  cour  et 
Jurisdiction  que  les  parties  aviseraient  bon  être. 

Le  seul  fait  que,  dans  l'acte  de  vente  du  19  Mai  1690,  il 
est  dit  que  la  Seigneurie  de  la  Citière  était  "  vis-à-vis  là 
ville  de  Québec,"  démontre  que  la  Dame  venderesse  ne 
connaissait  pas  ce  qu'elle  vendait. 

Enfin,  l'acte  contient  la  déclaration   suivante  :  "  Appar- 

8 


96 

tenant  à  la  dite  Dame  Venderesse  en  la  dite  qualité  de  do- 
nataire universelle  entrevifs  du  dit  défunt  Charles  Joseph  de 
Lauson,  son  époux,  suivant  leur  dit  contrat  de  mariage  ; 
auquel  Sieur  son  époux  tous  ces  bii-ns  appartenaient  tant  en 
qualité  de  seul  et  unique  héritier  de  Messire  Jean  de  Lau- 
son, son  père,  de  Messire  Jean  de  Lauson,  Gouverneur  do 
la  dite  Nou-?elle-France,  son  ayeul,  et  des  dits  François 
et  Louis  de  Lauson,  ses  oncles,  qu'autrement  à  quelques 
titres  que  ce  soit  ou  puisse  être." 

Tel  est  le  résuit  it  de  notes  que  j'avais  recueillies  sur  les 
membres  de  la  famille  des  Lauson,  qui  étaient  venus  en 
Canada,  et  qu'un  voyage  fait  récemment  à  Québec  m'a 
fourni  l'occasion  de  rendre  aussi  complètes  que  possible. 
L'article  est  un  peu  long,  il  est  vrai  ;  mais  il  est  bon  de 
faire  remarquer  qu'il  faut,  pour  convaincre  certaines  person- 
nes, une  surabondance  de  témoignagnes. 

L.  H.  L. 


VICE-ROIS  ET  LIEUTENANTS  GENERAUX 

DES 


Une  liste  chronologique  des  grands  personnages  qui  ont 
eu  la  haute  main  sur  les  Colonies  Françaises  en  Amérique, 
et  en  particulier  sur  le  Canada,  ne  devra  pas  être  sans  inté- 
rêt pour  les  amis  de  l'histoire.  Nous  avons  une  liste  com- 
plète des  Gouverneurs  et  Administrateurs  de  cette  Colonie, 
préparée  par  feu  M.  le  Commandeur  Viger  ;  mais  personne 
n'a  publié  encore,  que  nous  sachions,  la  liste  complète  des 
Yice-Rois  et  Lieutenants-Générau?c,  et  autres  hauts  person- 
nages commissionnés  par  les  Rois  de  France  pour  exercer 
dans  leurs  possessions  d'Amérique  une  autorité  supérieure 
à  celle  des  gouverneurs  locaux,  et  qui,  par  conséquent,  ont 
dii  s'intéresser  à  la  colonisation  et  au  gouvernement  du 
Canada. 

D'abord,  notre  but  était  de  ne  parler  que  de  ceux  qui  ont 
exercé  cette  autorité  avec  le  titre  de  Vice-Roi,  comme  Ro- 
berval,  Soissons,  Condé,  Montmorency,  Ventadour,  Dam- 
ville,  Feuquières,  d'Estrades,  et  les  deux  d'Estrées,  père  et 
fils.  Mais,  pour  ne  pas  interrompre  la  chaîne  chronologi- 
que, nous  avons  inclus  dans  cette  liste  tous  ceux  qui,  depuis 
Jacques  Cartier,  ont  eu  des  pouvoirs  et  des  attributions  à 
peu  près  analogues  à  celles  de  ces  grands  dignitaires. 

Les  Amiraux  de  France  avaient  aussi  de  l'autorité  sur 
Tes  Colonies,  ainsi  que  ceux  qui  les  remplacèrent,  de  1626 
à  1669,  sous  le  titre  de  Grands  Maîtres,  Chefs  et  Surinten- 
dants de  la  Navigation  et  Commerce  de  France.  Le  Duc 
de  Montmorency  était  Amiral  depuis  1612,  lorsque,  en  1626 
il  se  démit  de  cette  charge  qui  fut  supprimée  le  16  Janvier 
de  cette  année,  par  un  Edit  qui  substituait  à  la  place  la  charge 
de  Grand  Maître,  Chef  et  Surintendant  Générai  de  la  Navi- 
gation et  Commerce  de  France  que  le  Cardinal  Duc  de  Ri- 


98 

ciielicu  oxercj-a  jiis(iu'a  «a  mort,  anivôo  en  Hii>.  Il  (.■ni  j)our 
successeurs  dans  celte  charge,  le  Duc  do-  Maillé-Hrézé,  en 
IG42,  5  Dec,  la  Krin*^  Régente,  en  IGIG,  4  Juillet,  le  Duc 
de  Vendôme  en  1G50,  13  Mai,  et  le  Duc  de  Heanlbrt,  fils  de 
ce  dernier,  en  1CG5,  mois  d'Octobre,  en  survivance  de  son 
père,  (a) 

En  Novembre  1G69,  cette  charge  fut  supprimée  et  celle 
d'Amiral  rétablie.  Avec  le  titre  de  Grand  Maître,  Chef  et 
Surintendant  Général  de  la  Navigation  et  Commerce  d<; 
France,  Riehelieu  exerrait  tous  les  pouvoirs  à  la  fois  et  mê- 
me ceux  des  Vice-Rois,  comme  on  le  verra  plus  loin. 

JACQUES  CARTIER. 

Le  30  Avril  1534,  ai)rès  serment  pieté  devant  Messirc 
Charles  de  Moiiy,  Sieur  de  la  Meillerayc,  Vice-Amiral  de 
France,  Jacques  Cartier  part  de  St.  Malo,  et  vient  à  l'Isle 
de  Terre-Neuve  et  dans  le  Golfe  St.  Laurent  pour  prendre 
possession  du  sol  au  nom  de  son  Roi.  Muni  d'une  Com- 
mission de  Capitaine  Général  des  Vaisseaux,  il  revient  l'an- 
née suivante  pour  continuer  ses  découvertes.  Parti  de  St. 
Malo  le  19  Mai,  il  arrive  à  l'embouchure  du  Saguenay  le 
1er  Septembre  ;  le  13  il  entre  dans  la  rivière  Sic.  Croix  (au- 

(a)  Puisque  les  charges  d'Amiral  et  de  Vice-Amiral  furent  sup- 
primées pendant  cette  période  de  temps,  de  1626  à  1669,  Mr. 
Cousin,  dans  des  articles  sur  le  Cardinal  Mazarin,  publiés  dans  le 
Journal  des  Sava)its,  1835-56,  ikW.  donc  une  erreur  en  disant  : 

"  Le  Duc  de  Vendôme  réconcilié  avec  la  lleinc,  reçut  un  jour 
<'  de  sa  main  ce  titre  de  Grand  Amiral  de  France,  qu'il  avait  si 
"  longtemp^j  ixjur.suivi  en  vaiu  pur  les  roules  les  plus  hazardeuscs. 
"  Il  obtint  mcmc  la  survivance  de  cette  charge  jxjur  son  lils  ca- 
'<  Jet,  le  Duc  de  Beaufurt  qui  avait  voulu   assassiner  Mazarin." 

A  pins  d'un  eiulroit  il  donne  encore  le  tîlre  de  Grand  Amiral 
au  Duc  de  Vendôme.  Or  le  Duc  de  Vendôme  ne  fut  jamais  Grand 
Amiral,  mais  "  CJrand  Maître,  Chef  et  Surintentlant  Général  de 
la  Navigation  et  Commerce  de  France,"  cluirge  qu'il  reçut  en 
cflct  des  mains  de  la  Reine,  i(Annc  d'Autriche.)  en  1G50  et  qu'il 
rcuTplil  iu"!qu'à  S!i  m"»rl.eii  1()'>.">. 


99 


jourd'hui  St.  Charles)  avec  ses  trois  vaiss<iaux,  et  le  2  (octo- 
bre il  visite  la  Bourgade  d'Hochelaga,  près  da  Mont-Royal. 
Le  3  Mai  1536,  Cartier  fait  planter  à  Québec,  avec  grande 
pompe,  une  croix  haute  de  35  pieds,  sur  laquelle  était  un 
écusson  aux  armes  de  France  portant  ces  mots  en  lettres 
Romaines  :  Franciscus  Primus  Dei  Gratid  Francorum  Rex 


Régnât. 


ROBERVAL. 


En  1540,  Jean-François  de  la  Rocque,  Seigneur  de  Rober 
val,  obtient  de  François  1er  le  litre  de  "  Lieutenant  et  Gou- 
verneur pour  le  Roi  dans  le  pays  de  Canada  et  d'Hochelaga," 
et  Jacques  Cartier  est  pourvu  d'une  commission  de  '*  Capi- 
taine Général  et  Maître  Pilote  de  tous  les  navires  et  autres 
vaisseaux  de  mer."  Muni  de  pleins  pouvoirs,  de  la  part  de 
Roberval,  Gouverneur  en  titre,  il  part  de  St.  Malo,  le  23  mai, 
pour  faire  son  troisième  voyage  dans  la  Nouvelle-France. 
Roberval  y  vient  lui-même  en  1542,  pour  aider  Cartier  à 
fonder  un  établissement;  mais  il  rencontre  celui-ci  au  havre 
<le  St.  Jean  et  ne  peut  réussir  à  le  faire  revenir  sur  ses  pas. 

Charlevoix  dit  "  qu'une  simple  commission  étant  trop  peu 
de  chose  pour  une  personne  de  la  considération  de  M.  de 
Roberval,  le  Roi,  par  des  lettres  patentes  qui  sont  insérées 
dans  l'état  ordinaire  des  guerres  en  chambre  des  comptes  de 
Paris,  datées  du  15  janvier  1540,  déclara  celui-ci  Seigneur 
de  Norimbègue,  son  Vice-Roi  et  Lieutenant  Général  au 
Canada,  Hochelaga,  Saguenay,  Terre-Xeuve,  Belle-Ile,  Car- 
pon,  Labrador,  la  Grande  Baie  et  Baccalaos,  et  lui  donna 
dans  tous  ces  lieux  les  mêmes  pouvoirs  et  la  même  autorité 
qu'il  y  avait  lui-même." 

LE  MARQUIS  DE  LA  ROCHE. 

Après  les  tentatives  infructueuses  du  Sieur  de  Roberval 
pour  coloniser  le  Canada,  il  semble  y  avoir  eu  suspension 
dans  les  projets  d'établissements  ;  les  uns  disent  jusque  sous 
Henri  IV,  mais  M.  Pol  de  Courcy,  dans  sa   Biographie  du 


100 

Muiiinisj  <.l<-"  1-H  Roche,  ci  le  une  commission  tle  Henri  III',  en 
date  de  1577,  donnant  à  ce  dernier  "  le  pouvoir  de  venir  aux 
Terret?-NeuYes  prendre  possession,  sous  la  protection  de  la 
France,  de  tout  pays  qui  ne  serait  pas  déjà  possédé  par  un 
prince  allié,"  M.  de  Courcy  soutient  par  im  raisonnement 
qui  a  beaucoup  de  plausibilité,  que  ce  fut  en  vertu  de  cette 
commission  de  Henri  III,  que  le  Marquis  de  La  Roche  lit 
son  expédition  de  l'Ile  de  Sable,  bien  que  Champlain,  Char- 
levoix  et  tous  ceux  qui  ont  écrit  depuis,  aient  dit  que  ce  fut 
en  vertu  d'une  commission  de  Henri  IV,  de  1598.  Cette 
dernière  commission,  datée  du  15  janvier,  lui  conférait  le 
litre  de  "  Lieutenant-Général  pour  le  Roi  es  dits  pays  de 
Canada,  rioclielaga,  Terres-Neuves,  Labrador,  Rivière  de 
la  Grande  Baie  de  Norimbègue,  &c.,  &c." 

Lescarbot,  au  chapitre  3  de  son  Histoire  de  la  Nouvelle- 
France,  page  18,  dit  : 

"  En  l'an  mil-cinq-cens  quatre-vingts-seze,  le  Sieur  Mar- 
"  quis  de  la  Roche,  Gentilhomme  Breton,  ])rétendant  habiter 
"  la  Nouvelle-France,  et  y  asseoir  des  Colonies  Françoises, 
"  ^uicant  la  permission  quHl  en  avait  du  Roy,  il  y  mena 
'^  quehpu;  nombre  de  gens,  lesquels  (  i)our  ce  qu'il  ne 
"  cognoissoit  point  encore  le  païs)  il  déchargea  en  l'Ile  de 
"  Sable  qui  est  à  vingt  lieues  de  terre  ferme,  un  peu  plus  au 
"  Sud  que  le  Cap  Breton."  Il  ajoute  que  le  Manjuis  de  la 
Roche  retourna  en  France,  laissant  à  l'Ile  de  Sable  les  gens 
qu'il  y  avait  débarqués  et  qui  y  "  demeurèrent  l'espace  de 
sept  ans,  vivans  du  laictage  de  quelcpies  vaciies  qui  y  sont, 
de  la  chair  d'icelles,  et  de  pourceau,  et  de  poissons."  Il  dit 
aussi  que  La  Roche,  à  son  retour  en  France,  fut  fait  prison- 
nier par  le  Duc  de  Mercœur,  Chef  de  la  Ligue. 

Tout  cela  tend  à  prouver  l'incertitude  de  la  date  du  voya- 
ge du  Marquis  de  la  Roche.  Aj)rès  avoir  donné  la  date  de 
1596,  comme  ci-dessus,  ajoutant  que  le  Marquis  avait  la 
permission  du  Roy,  Lescarbot  reproduit  plus  loin  la  com- 
mission accordée  à  la  Roche  en  1598,  ])ar  Henri  IV.  Comme 
le  fait  remarquer  M.  de  Courcy,  si  La  Roche  fut  fait  prison. 


101 

nior  par  le  Duc  de  Mercœnr,  commj  Chef  dv  ki  Ligue,  au 
îelour  de  son  expédition  de  Plie  de  Sable,  cette  expédition 
ne  peut  pas  avoir  eu  lieu  en  1598,  puisque  cette  même 
année  le  Duc  de  Mercœur  avait  fait  sa  paix,  renoncé  à 
toute  espérance  de  régner  sur  la  Bretagne,  et  ne  pouvait 
plus  emprisonner  personne. 

Quoiqu'il  en  soit,  dans  l'intervalle  des  deux  commissions 
de  la  Roche,  en  1588,  Jacques  Noël  et  un  Sieur  Chaton, 
neveux  de  Jacques  Cartier,  obtinrent  de  Henri  III  le  com- 
merce exclusif  du  golfe  et  du  fleuve  St.  Laurent.  Un  Sieur 
Ravaillon  leur  succéda  en  1591. 

CHâU¥§3^. 

En  1599,  le  Sieur  Chauvin,  de  Normandie,  Capitaine  pour 
le  Roi  en  la  Marine,  obtint  une  Commission  de  Sa  Majesté, 
vint  à  Tadoussac  faire  la  traite  des  Pelleteries  avec  les  Sau- 
vages, mais  il  ne  réussit  pas  à  fonder  un  établissement.  Il 
avait  le  titre  et  les  pouvoirs  du  Marquis  de  La  Roche,  mais 
l'entreprise  était  à  ses  frais  et  dépens,  tandis  que  l'expédi- 
tion de  La  Roche  avait  été  faite  aux  frais  de  l'Etat.  Chau- 
vin ne  songeait  qu'aux  profits  de  la  traite  et  mourut  sans 
avoir  rien  fait  pour  la  colonisation  et  sans  avoir  rempli  ses 
.engagements. 

LE  COiVSSVlANDEII^  DE  CHATTES. 

Après  la  mort  de  Chauvin,  le  Commandeur  de  Chattes, 
*'  dans  des  vues  très-chrétiennes,"  dit  M.  de  Champlain, 
obtint  une  Commission  de  Sa  Majesté  et  tenta  la  quatrième 
entreprise  d'un  établissement  dans  la  Nouvelle-France. 
Pont-Gravé  fut  chargé  de  cette  expédition,  comme  naviga- 
teur, et  M.  de  Champlain  fit  son  premier  voyage  avec  lui, 
.en  1603.  La  Commission  spéciale  du  Commandeur  de 
Chattes  lui  conférait  cette  charge  avec  le  titre  de  Lieute- 
nant-Général du  Roi  et  Gouverneur  en  Amérique,  depuis 
^e  40e  jusqu'au  52e  degré  de  latitude. 

CQmme  nos  historiens  ont  dit  peu  de  choses  de  ce  person- 


iuige,  nous  croyons  ilevoir  ajouter  les  détails  suivants  |K>ur 
le  faire  connaître  davantage.  Dans  la  "  Collection  des  Do- 
cuments inédits  sur  Tllistoire  de  France"  par  Berger  de  Xivc- 
rey,  on  trouve,  au  bas  d'une  lettre  de  Henri  IV  à  M.  de 
Buzenval  annonçant  l'arrivée  du  Roi  à  Dieppe,  le  27  Aoi1t 
1589,  la  note  suivante  sur  le  Commandeur  de  Chattes,  ou 
Chaste,  qui  était  alors  Gouverneur  de  Dieppe  : — 

"  Aymar  de  Chaste,  Chevalier  de  Malte,  Commandeur 
de  Lornieteau,  Lieutenant  du  Roi  au  Bailliage  de  Caux, 
Gouverneur  de  Dieppe,  Ambassadeur  en  Angleterre,  Grand 
Maître  de  St.  Lazare  et  Abbé  de  Fecamp,  était  le  troisième 
fils  de  François,  baron  de  Chaste,  et  de  Paule  de  Joyeuse. 
Il  rendit  à  la  France  un  immense  service  en  excitant  les 
Dicppois,  dès  le  6  Août,  à  reconnaître  Henri  IV,  en  lui 
adressant  immédiatement  leur  serment  de  fidélité,  en  lui  ou- 
vrant sans  conditions,  au  commencement  de  son  règne,  uae 
ville  qui  lui  assura  la  libre  communication  avec  l'Angle- 
terre et  lui  permit  ainsi  de  résister  victorieusement  aux  for- 
ces supérieures  du  Duc  de  Mayenne.  M.  de  Chaste  devint 
Vice-Amiral  de  France  et  mourut  en  1602." 

Nous  extrayons  d'un  ouvrage  peu  connu  et  très-digne 
d'être  cité,  les  détails  suivants  sur  l'arrivée  du  Roi  à  Dieppe  : 

"  Henri  IV  se  mit  à  la  tête  de  deux  cents  chevaux,  tra- 
versa la  Haute  Normandie,  malgré  le  danger  d'y  être  pris 
par  les  partis  de  la  Ligue  qui  couvrait  tout  le  pays,  et  se 
rendit  aux  portes  de  Dieppe,  le  26  de  ce  mois  d'Août.  Les 
bourgeois  n'apprirent  sa  venue  que  quelques  instants  plus 
tôt,  par  deux  de  ses  cavaliers  qui  s'étaient  détachés  une 
demie-lieue  en  avant  et  avaient  accéléré  leur  marche.  Cette 
honorable  surprise  mit  toute  la  ville  en  mouvement.  Le 
gouverneur  monta  à  cheval  pour  aller  au-devant  de  lui  avec 
sa  cornette  blanche  ;  mais  à  peine  fut-il  sorti  de  la  porte  de 
la  Barre  qu'il  rencontra  dans  ce  faubourg  Sa  Majesté.  M. 
de  Chaste  sauta  de  cheval,  lui  rendit  hommage,  et  ajouta 
qu'il  venait  remettre  dans  ses  mains  son  gouvernement,  afin 
qu'elle  en  disposât  comme  elle  le  jugerait  convenable.  Henri 


10:; 

IV  lui  dit  :  "  Ventre  S;iint-Gris,  je  ne  eoiinnis  pcrf^oniic  (jui 
en  soit  plus  digne  que  vous." 

"  Le  Roi  n'attendit  pas  le  compliment  qu'allait  lui  faire  le 
plus  ancien  des  officiers  municipaux,  en  lui  présentant  les 
clefs  de  la  ville  ;  ce  bon  prince,  en  les  abordant  leur  dit  ces 
mots,  qui,  des  cœurs  de  nos  pères  ont  passé  dans  les  nôtres  : 

"  Mes  amis,  point  de  cérémonies,  je  ne  demande  que  vos 
cœurs,  bon  pain,  bon  vin,  et  bon  visage  d'Hôtes." — (Mé- 
moires chronologiques  pour  servir  à  V Histoire  de  Dieppe. 
Paris  1785.) 

Une  mention  très-honorable  du  Commandeur  de  Chattes 
se  trouve  dans  la  lettre  suivante  de  Henri  IV  à  la  reine 
d'Angleterre,  en  date  du  20  Avril  1605,  extraite  de  la  collec- 
tion de  documents  inédits  sur  l'histoire  de  France,  citée  plus 
haut  : 

Très-haute,  très-excellente  et  très-puissante  princesse, 
nostre  très-chère  et  très-amée  bonne  sœur  et  cousine.  C'est 
avec  grand  regret  que  nous  n'avons  peu  despescher  plustost 
par  delà  quelque  personne  de  qualité  pour  assister  à  la  cé- 
rémonie de  l'Ordre  de  la  Jaretière,  et  y  prendre  possession 
de  nostre  place  de  chevalier,  suivant  ce  qui  est  porté  par  les 
Statuts  du  dict  ordre.  Mais  la  diversité  des  affaires  qui 
nous  sont  survenues  ne  nous  a  permis  de  ce  faire  jusques  à 
ceste  heure,  que  nous  envoyons  pour  cet  effect  le  Comman- 
deur de  Chattes,  conseiller  en  nostre  Conseil  d'Estat,  Capi- 
taine de  cinquantes  hommes  d'armes  de  nos  ordonnances, 
gouverneur  de  nostre  ville  de  Dieppe,  et  l'un  de  nos  Lieute- 
nants Généraux  au  gouvernement  de  Normandie,  vous 
priant  excuser  ce  retardement  et  trouver  bon  que  le  dict 
Commandeur  assiste  de  nostre  part  à  la  dicte  cérémonie,  y 
représente  nostre  personne  et  satisface  à  ce  qui  est  porté  par 
les  dicts  statuts,  et  au  reste  le  croire  comme  nous  mesmes  ; 
qui  prions  Dieu,  très-haute,  très-excellente  et  très-puissante 
princesse,  nostre  très-chère  et. très-amée  bonne  sœur  et  coii- 


1U4 

sim-,  i[u'il    \uiis  uyt  vn  sa  suiiilc  et   diurne  garde.      Esoript  à 
Paris,  lo  20  jour  d'Avril  IGOO. 

Voslro  bon  IVère  et  eonsin. 

IIkvri 
De  Nenfville. 

IVIM.  Berger  de  Xiveuky  cité  plus  haut,  et  Fréville, 
dans  son  Mémoire  sur  le  Commerce  Maritime  de  Rouen, 
sont  évidemment  dans  l'erreur  en  disant  que  le  Comman- 
deur de  Cliatles  mourut  en  1602.  Il  mourut  jicndant  le 
premier  voyage  de  M.  Samuel  de  Champlain  au  Canada 
entrepris  sous  ses  [)ropres  auspices  en  1603. 

DE  MONTS. 

Le  Cominandeurde  Chattes  étant  mort  durant  l'expédition 
de  Pont-Gravé,  le  Sieur  de  Monts  obtint  une  Commission  tle 
Lieutenant-Général  du  Roi,  en  Novembre  1603,  pour  conti 
nuer  cette  entreprise  et  sollicita  les  servicesde  Samuel  de  Cham- 
plain qui  fut  l'âme  de  celte  nouvelle  expédition  et  de  toutes 
celles  qui  se  firent  ensuite.  Le  Sieur  de  Monts  éprouva  bien 
des  vicissitudes  et  des  contretemps  à  cause  de  l'avidité  des 
négociants.  Sa  première  Commission  fut  révoquée,  mais 
il  en  obtint  une  autre  et  persévéra  courageusement  dans  ses 
projets.  Ce  fut  en  qualité  de  son  Lieutenant  que  M.  de 
Champlain  vint  fonder  Québec  en  1608.  Son  privilège  expira 
le  7  Janvier  1609,  et  pour  continuer  son  entreprise,  il  dut  le 
faire  avec  la  compétition  des  Marchands  qui  gâtèrent  le  com- 
merce des  pelleteries  par  la  trop  grande  avidité  du  gain. 
Ces  embarras  ne  découragèrent  pas  Chamj^lain  qui  trouva 
le  moyen  de  les  surmonter.  "  Il  me  sembla  à  propos,  dit-il, 
"  de  me  jeter  entre  les  bras  de  quelque  grand,  duquel  l'au- 
^'  torité  peust  repousser  l'envie." 

Il  s'adressa  en  conséquence  à  M.  le  Comte  de  Soissons, 
prince  pieux,  qui  obtint  Commission  de  Sa  Majesté  pour 
favoriser  l'établissement  de  la  Nouvelle-France. 


10.5 


LE  COMTE  DE  SOÏSSOI^S. 

Charles  de  Bourbon,  Comte  de  Soissons,  Pair  et  Grand 
Maître  de  France,  donna  une  Commission  de  Lieutenant  à 
M.  de  Champlain  en  date  du  15  Octobre  1612.  Dans  cette 
Commission,  il  prend  lui-même  le  tîlre  de  Lieutenant  Gér 
néral  pour  le  Roi  au  pays  de  la  Xouvelle-France.  Moreau 
de  Saint  Mery,  dans  son  ouvrage  sur  les  "  Lois  et  Consti- 
tutions des  Colonies  Françaises"  de  l'Amérique  sous  le 
Vent,  le  met  au  nombre  de  ceux  qui  ont  eu  Commission  de 
Vice-Roi  ;  et  comme  il  donne  la  date  précise  de  cette  Com- 
mission, 8  octobre  1612,  il  doit  avoir  puisé  à  bonne  source. 
De  nos  historiens  lui  donnent  aussi  ce  titre  et  le  représentent 
comme  le  premier  de  nos  Vice-Rois  ;  mais  Charlevoix, 
comme  on  Ta  vu  déjà,  cite  une  commission  donnant  ce 
titre  à  M.  de  Roberval  dès  l'an  1540.  Selon  lui,  par  consé- 
quent, Soissons  serait  le  2d  Vice-Roi. 

Quoiqu'il  en  soit,  le  Comte  de  Soissons  ne  fut  pas  long- 
temps Vice-Roi,  la  mort  l'ayant  frappé  dès  le  lerNov.  1612, 
âgé  de  46  ans  seulement. 

LE  PRINCE  DE  CONDE. 

Henri  de  Bourbon  II,  prince  de  Condé,  premier  prince  dn 
sang,  pair  et  grand  maître  de  France,  à  la  sollicitation  de 
M.  de  Champlain,  voulut -bien  donner  sa  protection  à  l'en- 
treprise de  la  Nouvelle-France  après  la  mort  du  Comte  de 
Soissons.  Il  fut  nommé  Vice-Roi  le  20  Xov.  1612  et,  comme 
son  prédécesseur,  il  choisit  M.  de  Champlain  pour  son 
Lieutenant,  lui  conférant  par  là,  dit  Poirson,  le  gouverne- 
ment militaire  et  politique,  et  de  plus,  l'intendance  ou  l'ad- 
ministration civile  de  ces  pays,  et  lui  donnant  charge  de  former 
une  association  entre  les  personnes  qu'ils  jugerait  le  plus 
capables  de  servir  à  la  fois  la  colonisation  et  le  commerce. 
Champlain  établit  en  peu  de  iemps  une  nouvelle  compagnie 
pour  régulariser  le  commerce  et  les  travaux  d'établissement 
La  faculté  d'y  entrer,   au  moment  de  sa  formation,  sous  la 


seule  condition  de  (  (.nitrilnuT  iiu  cnpilid  s<.tci:il,  lut  DlltMii; 
non  scultuncnt  à  tons  les  njarcliands  du  royaume,  mais 
encore  à  tous  les  bourgeois  cl  à  tous  les  nobles,  puisque 
Cliamplain  et  deMonts,  qui  luisaient  jiartie  du  corps  de  lu 
noblesse,  en  devinrent  membres  et  (jue  de  Monts  donna  i)ro- 
curation  à  Cliamplain  "  de  le  faire  entrer  dans  ces  sociétés 
de  telle  somme  qu'il  adviseroit  estre  bon  pour  luy,"  L'«i 
compagnie,  ime  l'ois  constituée,  devait  avoir  le  i)rivilég(î 
exclusil"  du  commerce  de  l'Amérique  en  ce  (jui  concernai^ 
les  castors  et  autres  jx-llelcries. 

Après  la  mort  de  Henri  IV,  assassiné  en  16  LO  par  Ravail- 
lae,  il  s'était  formé  des  factions  à  la  cour  de  France,  à  cause 
de  la  faiblesse  du  nouveau  gouvernement.  La  Reine  Marie 
de  Médicis  avait  été  nommée  Régente  et  Concini,  nonm>é 
Maréchal  d'Ancre,  cxcrcjait  sur  elle  un  grand  empire.  L'al- 
liance de  Louis  XIII  avec  une  infante  d'Espagne  augmenta 
le  mécontentenKml.  Le  Prince  île  Condé  avait  rendu  publics 
ses  griefs  contre  l'état  de  clioses  d'alors,  dans  un  manifeste 
violent  qui  attaquait  surtout  le  Maréchal  d'Ancre.  Il  fut 
arrêté  le  1er  Septembre  1616,  au  milieu  du  Louvre  par  Thé- 
mines  qui  fut  alors  nommé  ISIaréchal  de  France. 

Cependant,  Charlevoix  semble  penser  que  Thémines  et 
Condé  agissaient  de  concert.  Il  se  trompe  vraisemblable- 
ment, au  moins  il  est  en  désaccord  avec  les  autres  liisto" 
riens,  lorsqu'il  dit  :  "  Le  prince  croyait  faire  beaucoup  en 
"  prêtant  son  nom  ;  d'ailleurs,  les  troubles  de  la  Régence 
"  qui  lui  coûtèrent  alors  la  liberté,  et  les  intrigues  qu'on  ijt 
"  jouer  pour  lui  ôter  le  tîtrc  de  Vice-Roy  et  pour  faire  révo- 
"  quer  la  Commission  du  Maréchal  de  Thémines,  à  qui  il 
"  avait  confié  le  Canada  pendant  sa  prison.'" 

THEMINES. 

Pendant  la  détention  du  Prince  de  Condé  qui,  comme  on 
peut  le  penser,  ne  pouvait  pas  remplir  les  devoirs  attachés  à 
ses  charges,  le  maréchal  Pons  de  Lausièic-Tliémines-Car- 
.daillac  oi^tint  de  la  Reine  Régente  la    charge  de  Lieutenaiit 


107 

de  Roy  en  la  Nouvelle  France.  M.  de  Cliainplain  nou5 
dit  qu'il  obtint  de  lui  une  Commission  de  Lieutenant  pen- 
dant la  détention  du  Prince.  Moreri  dit  que  ce  Maréchal, 
descendant  de  la  maison  considérable  des  Seigneurs  de 
Lausières,  avait  épousé  Marie  de  la  Noue  Bras-de-fer,  fille 
d'Ode^,  dit  François^  Seigneur  de  la  Noue.  Il  mourut  Gou- 
verneur de  Bretagne,  !e  1  Novembre  1627,  âgé   de   74  ans. 

LE  DUC  DE  MONTIVIOREMCY. 

Le  Prince  de  Condé  ne  conserva  pas  longtemps  la  char- 
ge de  Vice-roi  après  sa  détention.  Il  la  céda,  le  10  Février 
1620,  à  son  beau  frère  le  Maréchal  Duc  de  Montmorency, 
pour  la  somme  de  onze  mille  écus.  M.  de  Champlain  fut 
continué  Lieutenant  de  ce  nouveau  Vice-roi  et  honoré  d'u- 
ne lettre  de  son  Souverain  en  témoignage  d'estime  et  de 
confiance.  Occupé  dans  les  guerres  du  royaume  où  il  se 
distinguait  par  sa  valeur,  le  Duc  de  Montmorency  se  démit 
de  sa  charge  de  Vice-roi  de  la  Nouvelle-France,  en  1624. 

LE  DUC  DE  VENTADOUR. 

Henri  de  Lévis,  Duc  de  Ventadour,  Pair  de  France  et 
Lieutenant-Général  pour  le  Roi  au  Gouvernement  du  Lan- 
guedoc, acheta  du  Duc  de  Montmorency  les  intérêts  qu'il 
avait  dans  la  Société  de  la  Nouvelle-France  et  sa  charge  de 
Vice-roi  "  dans  le  désir  et  le  dessein  de  faire  fleurir  la  gloi- 
re de  Dieu  dans  ces  pays  barbarres,"  selon  l'expression  de 
M.  de  Champlain.  Il  obtint  commission  du  roi  à  cet  eflet 
au  commencement  de  1625.  Il  choisit  M.  de  Champlain 
pour  son  Lieutenant  et  cette  même  année,  il  envoya  à  ses 
frais  et  dépens,  pour  la  conversion  des  Sauvages,  six 
Pères  Jésuites  dont  le  zèle  lui  était  bien  connu.  La 
Commission  qu'il  donna  à  M.  de  Champlain  porte 
la  date  du  15  février  1625,  et  elle  représente  comme  ses 
"  prédécesseurs  en  la  dite  Lieutenance-Généralle,"  le  Com- 
te de  Soissons,  le  Prince  de  Condé  et  le  Duc  de  Montmo- 
rency, sans  faire   mention  du  Maréchal  de  Thcmines,  qui 


108 

n'avciit  pas  eu,  comnc  eux,  le  titre  de  Vice-roi.  Le  Duc  de 
Ventadoui"  se  démit  de  sa  charge  de  Vice-Roi  en  juin  1G27, 
car  en  date  du  30  de  ce  mois,  AI.  de  Lauzon,  écrivant  do 
Paris  au  Cardinal  do  llielielieu,  dit  :  "  J'cxécutay  hier  vo- 
"  tre  commandement  ayant  par  devers  moi,  la  démis- 
"  sion  do  Vice-roi  do  la  Nouvelle  France,  laquelle  je  me 
"  propose  do  vous  mettre  en  main  propre." 

M.  de  Lauson  était  l'un  des  membres  de  la  compagnie 
de  la  Nouvelle-France  et  le  Duc  de  Richelieu  était  alors 
Grand  Maître,  Chef  et  Surintendant  Général  de  la  Naviga- 
tion et  Commerce  de  France,  depuis  le  mois  d'Octobre  1626. 
Les  lettres  patentes  qui  créaient  cette  charge  en  faveur  de 
'Richelieu,  supprimaient  les  charges  d'Amiral  et  de  Vice- 
Amiral  mais  laissaient  subsister  celle  do  Vice-Roi. 

Cependant,  le  Duc  do  Vcntadour,  s'étant  démis  volontaire- 
ment de  cette  charge,  comme  il  se  démit  plus  tard  de  sa 
dignité  de  Duc  pour  se  faire  chanoine  de  l'Eglise  de  Paris, 
ne  fut  pas  nnnphicé  pendant  l'administration  de  Riche- 
lieu. 

RICHELIEU. 

Sans  avoir  le  titre  de  Vice-Roi,  ni  do  Lieulenaut-Généra. 
pour  le  Roi,  le  Cardinal  Duc  de  Richelieu,  comme  grand 
maître,  chef  et  surintendant  général  de  la  navigation  et  com- 
merce de  France,  exerçait  évidemment  dans  les  colonies  la 
même  autorité.  Le  27  Avril  1628,  le  Roi  envoya  une  com- 
mission à  Champlain,  dans  laquelle  il  lui  donnait  le  litre  de 
"  commandant,  en  la  NouvelU;-France,  en  l'absence  de  notre 
"  très-cher  et  bien  aimé  cousin  le  Cardinal  do  Richelieu, 
"  Grand-Maître,  Chef,  Surintendant  Général  do  la  Naviga- 
"  tion  et  Commerce  do  France."  Cotte;  Conmiission  parlait 
en  même  temps  à  Mr.  de  Champlain  des  intérêts  de  la 
Compagnie  do  la  Nouvelle-France  dite  des  Cent  Asso- 
ciés pour  le  Commerce  du  Pays. 

A  son  retour  à  Dieppe,  après  l'occupation  de  Québec  ))ar 
les  Anglais  en   1629,   Mr.  de   Champlain  dit  qu'il  reçut  du 


109 

Capitaine  Daniel  revenant  du  Cap  ijicton  où  il  ^'élait  cnis 
paré  de  l'habitation  d'un  Milord  Ecossais,  "quelques  lettres 
"  tant  de  Monsieur  de  Lozon  surintendant  des  all'aires  de  la 
"  Nouvelle-France  ,  que  de  ]M(^ssieurs  les  Directeurs 
"  avec  une  Commission,"  de  leur  part.  Cette  Commission 
des  Intendant  et  Directeurs  de  la  Compagnie  de  la  Nou- 
velle-France, au  Sieur  de  Champlain,  l'un  des  associés, 
n'était  que  provisoire,  étant  donnée  à  la  hâte,  au  départ  des 
vaisseaux,  lorsqu'il  était  trop  tard  pour  avoir  celle  de  Sa 
Majesté  et  de  Monseigneur  le  Cardinal,  alors  absents  de 
Paris.  Cette  Commission  provisoire,  datée  de  Paris,  le  21 
de  Mars  1629,  et  signée  de  Lozon,  Robineau,  Alix,  Barthé- 
lémy, Quantin,  Bonneau,  Quantin,  Houel,  Haquenier  et 
Castillon,  donnait  à  Mr.  de  Champlain  le  pouvoir  "  de  gou- 
verner et  commander  pour  le  service  de  Sa  Majesté,  en  l'ab- 
sence de  Monseigneur  le  Cardinal  au  pays  de  la  Nouvelle- 
France."  Tout  se  faisait  alors  par  les  associés  sous  le  bon 
plaisir  de  Sa  Majesté  et  de  Monseigneur  le  Cardinal. 

Cette  Commission  ne  lui  fut  d'aucune  utilité,  puisque 
sans  secours,  il  avait  été  obligé  de  laisser  Québec  aux  mains 
des  Anglais;  mais  en  1632,  cette  place  fut  remise  à  la 
France  ;  et  INI.  de  Champlain  en  fut  de  nouveau  nommé  gou- 
verneur ou  commandant,  l'année  suivante,  la  Compagnie  de 
la  Nouvelle-France  ayant  repris  tous  ses  droits  et  privilèges. 

A  la  mort  de  M.  de  Champlain,  le  25  Décembre  1635,  M^ 
Bra&-de-Fer  de  Chateaufort,  Commandant  au  Trois-Rivières, 
fut  chargé  de  gouverner  pour  Mgr.  le  Duc  de  Richelieu,  par 
lettres  patentes  des  Messieurs  de  la  Compagnie,  en  atten 
dant  le  successeur  nommé  par  le  Roi,  qui  fut  M.  de  Mont- 
magny.  Chevalier  de  St.  Jean  de  Jérusalem. 

MAILLE  BREZE. 

Richelieu  étant  mort  à  la  fin  de'  l'année  1642,  fut  rem- 
placé comme  Grand-Maître,  Chef  et  Surintendant  Général 
de  la  Navigation  et  Commerce  de  France,  par  le  Duc  de 
Maillé  Brézé,  qui  est  mentionne   dans  la   3dc  Commission 


()f>niu('  par  le  Roi  a  M.  de  ÎNIontiiingny,  en  dalc  du  G  .In in 
16  15,  comme  ayant  voix  délibérativc  dans  les  aflaires  de  la 
Colonie. 

LE  DUC  DE  DAMViLLE. 

Bien  que  dans  la  Commission  do  M.  de  Montmagny,  citée 
})lns  liauf,  il  ne  soit  pas  question  du  Vice-Roi  d'Amérique, 
il  est  cependant  de  fait  qu'à  celte  date,  François  Christophe 
de  Levis,  Duc  de  Darrtville,  frère  du  Duc  de  Vcntadotir,  était 
en  possession  de  ce  tîlre,  en  vertu  de  Lettres^  Patentes  du 
mois  de  Novembre  1614.  Le  Duc  de  Damvillc  obtint  en  1655 
des  provisions  confirmatives  de  celles  de  1644.  On  les  trouve 
dans  Moreau  de  Saint  Méry,  et  comme  ce  sont  les  plus  an- 
ciennes provisions  de  Vice-Roi  que  cet  auteur  ait  pu  se  pro- 
curer, il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de  les  reproduire  ici.  Elles 
font  connaître  les  droits  et  les  attributions  de  cette  charge, 
ainsi  que  les  faits  nombreux  qui  y  sont  relatés.  On  y  voit 
que  c'est  Comme  .^lucccsseur  du  Duc  de  Ventadour  que  le 
Duc  de  Damvillc  est  nommé  à  cette  charge  de  Vice-Roi,  le 
premier  s'en  étant  "  démis  volontairement  en  suppliant  le 
Roi  d'y  pourvoir  de  qrKîlque  personnage  qui  s'en  put  digne- 
ment acquitter." 


Lettres  de  Provisions  delà  charge  de  Vice-Roi  et  Lieute- 
nant-Général pour  le  Roi,  Représentant  sa  personne, 
dans  tous  les  Ports,  Havres,  Isles,  Côtes,  Rivières  et 
Terre    ferme    de  l'Amérique,  données  à  M.  le  Dur. 

d'Ampvillc. 

Du  mois  tle  Juillet  1655. 

Louis,  etc.  A  notre  trés-clier  et  bien  amé  Cousin  le  Duc  cl' Vinp- 
ville,  pair  de  France,  Comte  de  Biron  :  Salut.  Comme  ainsi  soit  que  par 
nos  Lettres-Patentes  du  mois  de  Novembre  1644,  nous  vous  avons  fait, 
constitué,  ordonné  et  établi  Vicc-Koi  et  notre  Lieutenant  (Jénér.al,,  repié- 
eentant  notre  personne  dans  toutes  les  Isles,  Cotes  et  Terre  fi^mic  de 
l'Amérique,  tant  celles  qui  sont  habitéps  que  celles  qui  le  seront  ci-aprés 
ainsi  qu'il  est  porté  par  nos  dites  Leltrofe-Patentes,  lesquelles  vou« 
n'avez  fait  vérifier  en  nOtie  cours  de  rarleincnt  de  Tarie  daiih  l'année  de 


111 

i 'expédition  d'icelles,  ayant  pour  ce  besoin  de  nos  Letties  sur  ce  îiéces- 
saires.  Voulant  de  toute  notre  affection  continuer  le  même  dessein  que 
les  défunts  Rois  Henri  le  Grand  notre  aïeul,  et  Louis  XIII  notre  très- 
honoré  Seigneur  et  Père,  avaient  de  favoriser  la  bonne  intention  de  ceux 
qui  avaient  entrepris  de  rechercher  et  découvrir  es  pays  de  l'.lmérique, 
des  terres,  contrées,  et  lieux  propres  et  conjmodes  pour  faire  des  habi- 
tations capables  d'établir  des  Colonies,  afin  d'essayer  avec  l'assistance 
de  Dieu,  d'amener  les  peuples  qui  en  habitent  les  terres  à  sa  connais- 
sance, et  les  faire  policer  et  instruire  à  la  Foi  et  Religion  Catholique, 
Apostolique  et  Romame,  et  par  ce  moyen  y  établir  notre  autorité,  et  in- 
troduire quelque  commerce  qui  puisse  apporter  de  l'utilité  à  nos  sujets  : 
ayant  été  informé  que  par  les  voyages  faits  le  long  des  Côtes  et  Isles, 
desquelles  nos  prédécesseurs  en  auraient  fait  habiter  quelques  unes,  il  a 
été  leconnu  plusieurs  Ports,  Havres,  et  lieux  propres  et  bien  commodes 
pour  y  aborder,  Habiter  et  donner  un  bon  et  grand  commencement  pour 
l'entier  accomplissement  de  ce  dessein,  et  aussi  pour  y  découvrir  et 
chercher  chemin  facile  pour  aller  au  pays  de  la  Chine,  de  Monoa  et 
royaume  des  Incas,  par  dedans  les  Rivières  et  Terres  feraies  du  dit 
pays,  avec  assistance  des  habitants  d'icelles  :  pour  faciliter  laquelle  en- 
treprise ils  auraient  par  Lettres-Patentes  du  8  Octobre  1612  donné  la 
charge  d'icelle  à  feu  notre  très-cher  et  bien  amé  Cousin  le  Comte  de 
Soissous,  et  icelui  fait  Gouverneur  et  notre  Lieutenant-Général  du  dit  pays 
pour  y  représenter  notre  personne  et  amener  les  peuples  d  icelui  pays 
a  la  connaissance  de  Dieu,  et  les  faire  instruire  à  la  Foi  et  Religion  Ca- 
tholique, Apostolique  et  Romaine,  ainsi  qu'il  est  plus  au  long  porté  par 
les  dites  Lettres,  et  depuis  son  décès  à  feu  notre  très-cher  et  bien  amé 
consin  le  prince  de  Condé,  et  ensuite  aussi  à  feu  notre  très- cher  cousin 
le  Duc  de  JVJoutmorency  qui  s'en  serait  volontairement  démis  en  faveur 
de  notre  aussi  très-cher  cousin  le  Duc  de  Ventadour  ;  lequel  y  désirant 
voir  un  progrès  selon  le  dit  dessein,  et  ne  pouvant  y  vaquer  selon  sou 
zèle,  pour  les  autres  grandes  ^^occupations  qu'il  avait  pour  le  service  de 
cet  Etat,  afin  de  ne  laisser  une  si  sainte  entreprise  qui  ne  tendait  qu'à  la 
gloire  de  Dieu  et  bien  de  nos  sujets  sans  effet,  notre  dit  Cousin  le  Duc 
de  Yentadour  s'en  serait  volontairement  en  personne  démis  entre  les 
mains  du  feu  roi  de  glorieuse  mémoire,  et  l'aurait  supplié  d'y  pourvoir  de 
quelque  personnage  qui  s'en  peut  dignement  acquitter. 

Au  moyen  de  quoi  ayant  été  nécessaire  de  faire  choix  de  quelque 
sujet  de  grande  naissance  et  condition,  dont  la  vie  à  l'honneur  vie  Dieu, 
le  courage  et  dévotion  à  notre  service  nous  fussent  connus,  et  qui  eut  les 
qualités  propres  pour,  en  notre  ab&ence  et  par  nos  ordres,  régir  et  gouver- 
ner les  peuples  qui  sont  à-présent  et  qui  seront  ci-après  en  ces  quartiers 
là  ;  sachant  en  cela  ne  pouvoir  faire  une  plus  digne  Election  que  de 
vous,  pour  la  connaissance  que  nous  avons  de  votre  valeur,  courage, 
grande  probité,  prudence  et  expérience,  qui  nous  fait  croire  que  vous  vous 
acquitterez  très-dignement  de  cet  emploi,  ayant  en  vous  toutes  les  qua- 
lités requises  ;  nous  vous  avons  confirmé  et  en  tant  que  besoin  seroit,  vous 
avons  fait,  constitué,  ordonné  et  établi,  confirmons,  ordonnons  et  établis- 
sons par  ces  présent  s  eignées  de  notre  main,  en  la  dignité  et  titre  de 
Vice-Roi,  représentant  notre  personne  dans  toutes  les  Rivières,  Ports,  Ha- 
vres, Isles,  Côtes  et  Terre  ferme  de  l'Amérique,  tant  celles  qui  sont  habi- 
tées par  nos  sujets,  eue  de  celles  qui  le  seront  ci-après,  comme  Guyana, 
que  de  celles  qui  débordent  de  part  et  d'autre  les  Rivières  des  Amazones, 
Orénoc,  Amacousa;  Eschiel  et  Berbichc;  que  de  tons  les  autres  lieux,  cou,- 


112 

trées,  endroits  sans  nul  excepter,  qui  ne  eoul  occupés  par  aucun  princ* 
chrétien,  allié  de  la  France  ;  pour  en  la  dite  qualité  de  Vice-Koi  et  notre 
Lieitenant-Ciéiiéral  y  commander  en  tout  le  dit  pays  de  1  Amérique  et 
par  de-là,  tant  et  si  avant  que  vou^  pourrez  éleiidrc  et  faire  étendre  no- 
ire nom,  avec  plein  pouvoir d"y  étabUr  votre  autorité,  et  y  a.'^sujettir,  sou- 
mettre et  f  lire  obéir  tous  les  peuples  de.'^  dites  terres  circonvoi.snies,  les 
apptlaat  par  toutes  les  voies  les  plus  douces  qui  se  pourront  à  la  con- 
naissance de  Dieu,  à  la  lumière  de  la  Foi  et  de  la  Religion  Chiétienno 
Catholique,  Apostolique  et  Romaine,  y  en  établir  1  exercice  à  1  exclu- 
sion lie  toute  autre  ;  défendre  les  dits  lieux  de  tout  votre  pouvoir,  main- 
tenir et  conserver  les  dits  peuples,  et  tous  autres  habitués  es  dits  lieux, 
en  paix,  repos  et  tranquillité  ;  y  commander  tant  par  mer  que  par  terre, 
ordonner  décider  et  faire  exécuter  tout  ce  que  vous  ou  ceux  que  vous  y 
commettrez,  jugerez  se  devoir  ou  pouvoir  faire  pour  la  manutention  et 
conservation  des  dits  lieux  sous  notre  autorité  et  obéissance,  par  les  fer- 
mes voies  et  moyens  prescrits,  ou  les  plus  approchans  qu'il  se  pourra 
de  nos  ordonnances 

Avoir  soin  de  faire  vivre  les  gens  de  guerre  qui  seront  établis  en  gar- 
nison, en  bonne  union,  concorde  et  intelligence,  en  sorte  qu  il  ne  s'y 
commette  aucnn  desordre  ;  ei  pour  y  vaquer  avec  vous,  commettre,  éta- 
blir, constituer,  tous  officiers,  tant  en  affaire  de  la  guerre  que  de  la  jus- 
tice et  police  ;  pour  la  première  fois  et  de  là  en  avant  nous  le.s  nommer 
et  présenter,  pour  à  votre  nomination  être  par  nous  pourvu  comme  nos 
autres  olficiers,  à  la  nomination  d  aucuns  Princes  et  Seigneurs  de  notre 
Roj'aume,  prescrivant  sous  notre  bon  plaisir,  avec  avis  de  gens  prudens 
et  capables,  des  I.oix,  ."statuts  et  Orilonnances,  autant  qu'il  se  pourra 
confoimes  aux  nôtres,  notamment  eu  choses  et  matières  auxquelles  n'est 
pourvu  par  icelles. 

ïraittr,  et  contracter  en  notre  nom  telles  paix,  alliances  et  confédéra- 
tions, bonne  amitié,  correspondance  et  communications  avec  les  dits 
peuples,  leurs  Princes  ou  autres,  ayant  pouvoir  ou  commandement  sur 
eux  ;  entretenir,  garder  et  soigneusement  observer  les  Tiaités  et  alliances 
dont  vous  conviendrez  avec  eux,  pourvu  qu'ils  y  satisfassent  de  leur  part. 

ft  à  défaut,  leur  faire  guerre  ouverte  pour  les  contraindre  et  amener 
à  teîle  raison  que  vous  le  jugerez  nécessaire  pour  l'honneur,  obéissance 
et  service  de  Dieu,  établissement  et  conservation  de  notre  autorité  parmi 
eux. 

Et  afin  de  mieux  hanter  et  conserver  paix  avec  ceux  qui  seront  par 
vous  commiK  ou  envoyés  à  l'effet  ci  dessus,  et  tous  nos  sujets  avec  eux 
en  toute  assurance  et  liberté,  leur  donner  et  octroyer  giâces,  privilèges, 
charges  et  honneurs  tels  que  vous  aviserez. 

Lequel  entier  pouvoir  susdit  voulons  et  ordonnons,  que  vous  ayez  sur 
tou-  nosdits  sujets  ou  autres  qui  se  tran'<poi1eroiit  et  voudront  habiter,  tra- 
fiquer, négocier  et  résider  es  dits  pays  et  lieux,  tenir  prendre  et  reserver 
à  vous  et  vous  approprier  de  ce  que  vous  voudrez  et  verrez  être  plu?i 
commode  et  propre  à  votre  clnuge,  qualité  et  usage  des  dites  terres  ;  en 
départir  telles  parties  et  portions  à  tola  droits  et  censives  que  vous  avi- 
serez ;  leur  donner  et  attribuer  tels  titres  et  honneurs,  droits,  pouvoirs 
et  facultés  que  vous  verrez  et  jugerez  être  bon,  besoin  ou  nécessaire, 
selon  les  qualités,  con<litions  et  mérite  des  personnes  ;  cultiver  et  faire 
habiter  les  dites  Terres  le  plus  prumptement,  doxtrément  ei  ^^oigneus•c- 
nient,  que  lo  temps,  les  lieux  et  endroits  d'iceux  le  pourront  permettre  : 
*b  fiiire  ou  faire  faire  à  celte  fiu  leb  déeourcrtws  et  rccou;iai3?ancc  en 


l'àendue  des  dites  côtes  maiiiimes,  et  autres  contrées  de  la  dite  Ten.. 
ieme,  pour  essayer  de  trouver  le  cheniin  et  routes  faciles  pour  aller  es 
di.b  pays  de  la  Chine,  de  Ivkuioa  et  des  lucas  par  dedar^,  les  Rivières 
ou  leires  teimes  de«  dits  Pays;  auxquels  lieux  nous  voulons  et  enten- 
dons qu'ducinis  de  nos  sujets  ne  puissent  à  l'avenir  aller  découvrir,  trai- 
ter et  négocier,  laire  trafic  et  commerce  avec  les  habitans  des  dits  iieux, 
en  aucune  sorte  et  manière  que  ce  soit,  ni  même  s*as>ocier  pour  ce  ùiiie 
avec  aucuns  étrangers,  leur  donner  avis,  adresse  ni  as.sittauce  cans  vouo 
.permi.'ision  ou  de  ceux  qu'à  ce  laire  vous  commettrez,  à  peine  de  cou- 
tiscaliou  des  vaisseaux  et  marchandises,  et  dix  mille  livres  d  amende  Cj 
voue  pioiit  ;  et  pour  le  regard  de  ceux  qui  mal  aiiectiounés  à  notre  ser- 
vice se  pourraient  associer  et  donner  adresse  et  assistance  aux  étrangers, 
seront  déclarés  lébelles,  punis  et  châtiés  exemplairement. 

Et  pour  tirer  intérêt  des  susdites  défenses  et  avancer  autant  qu'il  vgub 
est  possible,  ce  dessein  à  la  gloire  de  Dieu,  et  accroissement  de  notre 
cûuionne  ;  estimant  que  sous  l'autorité  de  votre  charge  le  commerce  y 
sera  plus  certain,  et  plus  de  personnes  s  y  habitueront,  pour  le  trafic  et 
manufacture  de  tout  ce  qui  se  peut  faire  es  dits  lieux  ;  nous  vous  avons 
permis  et  permettons  d  établir  toutes  sortes  de  compagnies  pour  telle 
sorte  de  traiic  que  vous  aviserez  se  pouvoir  faire  es  dits  paj's,  sous  votre 
nom  ou  tel  autre  que  bon  vous  sem.blera,  y  entrer  de  part,  recevoir  et 
associer  toutes  personnes  Nobles,  Officiers  et  autres  pour  trois  mille  li- 
vres et  au-dessus  à  chacun  embarquement,  sans  pour  ce  déroger  à  au- 
cun privilège  qui  soit  acquis,  après  toutefois  que  1-es  articles  auront  été 
vus  et  communiqués  à  notre  très-cher  et  tvés-aœé  Oncle  le  Duc  do 
\endôrae  à  cause  de  sa  charge  de  Grand- Maître,  Chef  et  Surintendant 
du  Commerce  et  Navigation  de  France,  aux  droits  et  pouvoirs  de  la- 
quelle nous  n'entendons  pas  que  les  piésenles  puissent  en  aucune  ma- 
nière que  ce  soit  nuire  m  préjudicier,  et  à  la  charge  de  prendre  ses  con- 
gés et  passeports  nécessaires  à  la  Navigation  et  Commerce.  Lt  pour 
la  direction  des  dites  Compagnies,  établir  où  besoin  sera,  un  Bureau  et 
Conseil,  y  nommer  et  commettre  lelles  pei sonnes  fidelles  et  gens  de 
bien,  de  prudhomie,  nécessaire  pour  la  sûreté  hors  les  hazaids  de  la  mer, 
de  1  argent  de  ceux  qui  entreront  es  dites  compagnies,  et  auxquels,  ab- 
sents comnie  présents,  par  les  dits  nommés  et  commis  sera  fait  compte 
de  ce  qui  pouna  revenir  ou  aux  leurs  par  le  meillenr  ordre  qui  sera  avi.-é, 
pour  être  promptement  payé  quand  il  sera  demandé  après  le  dit  compte 
lait. 

Et  parce  qus  les  mines  peuvent  apporter  une  grande  commodité  en 
cettui  notre  lioyaume,  vous  ferez  soigneusement  rechercher  et  reconnaî- 
tre toutes  coites  de  mines  d'or  et  d'argent,  cuivre  et  autres  métaux  et 
rninéraox  ;  iceux  fouiller  tirer,  purger  et  atfiner  pour  être  convertis  e.n 
usage,  et  en  disposer  selon  et  ainsi  qu'il  est  prescrit  par  nos  Ordonnances 
et  Règlements  sur  ce  fait  en  ce  Royaume,  nous  réservant  sealement  le 
.  vingtième  denier  de  ce  qui  proviendra  de  celles  d  or  et  d'argent  ;  le  sur- 
plus avec  ce  qui  se  tiiera  des  autres  métaux  et  minéraux  ou  en  cas  de 
50ciété  pour  les  dites  mines,  tel  droit  que  vous  vous  y  réserverez,  et  sur- 
tout autre  trafic  des  dits  pays  vous  demeurera  pour  subvenir  aux  frais  et 
grandes  dépenses  que  la  charge  susdite  vo.us  apportera  :  voulant  que  pour 
votre  sûreté  et  commodité  et  de  tous  ceux  de  vos  susdits  sujets  qui  s'en 
iront,  habiteront  et  tratiqueroat  es  dites  Teries,  comme  généralement  de 
tous  autres  qui  s  y  accommoderont  de  notre  autorité  par  votre  permission 
vous  puissiez  faire  birtir  et  construire  un  ou  plusieurs  Fort,  Places,  ViU&.s 
«t  toutes  autres  maisons,  demeures  et  habitation!»,  Ports.  Havres.  Ra- 


traites  et  logements  que  vous  connaîtrez  propres,  utiles  et  nécessaires  à 
l*exécution  de  la  dite  entreprise;  établir  garnison  de  gens  de  guerre,  à 
la  garde  d'ioeux,  vous  aider  et  prévaloixaux  eliels  susdits  des  Viigabons, 

Eersonnes  oiseux  et  sans  aveu,  tant  es  Villes  qu  aux  champs  ;  ensera- 
le  des  condamnés  à  bannissement  perpétuel,  ou  à  cinq  ans  du  moins 
hors  de  notre  Itoyaume,  pourvu  que  ce  soit  par  lavis,  consentement  et 
autorité  de  nos  Olliciers,  et  faisant  garder  et  observer  nos  f. ois  et  Or- 
donnances de  la  Marine,  et  autres  choses  concernant  les  pouvoirs  par 
nous  attribués  à  la  susdite  charge  de  Vice-Koi,  et  notre  Lieutenant  Gé- 
néral représentant  notre  personne,  et  laire  généralement  pour  le  main- 
tien et  la  conservation  des  Isles,  Côtes  et  Terre  ferme  qui  sont  habitées 
et  occupées,  et  pour  la  conquête,  peuplement  et  conservation  des  dits 
Pays,  Côtes  et  Territoires  circonvoisins,  et  de  leurs  appartenances  et  dé- 
pendances sous  notie  autorité,  ce  que  noua  mêmes  lerions  ou  pourrions 
faire,  si  en  personne  y  étions  ;  jaçoit  que  le  cas  requit  mandement  plus 
spécial  que  nous  ne  vous  prescrivons  par  ces  dites  présentes,  vous  don- 
nant aussi  plein  et  entier  pouvoir  pour  la  conduite  et  direction  du  peu- 
plement, culture  et  distribution  des  Terres  du  dit  Pays,  (  ontinens  et 
Isles  circonvoisines,  à  la  réservation  de  la  Souveraineté  à  nous  et  à  nos 
■uccesseurs  Rois  de  France,  pour  reconnaissance  de  Foi  et  hommage  de 
tels  droits  que  vous  aviserez,  promettant  confirmer  tout  ce  que  par  vous 
y  sera  ainsi  concédé  ;  et  à  cet  etl'et,  mandons,  ordonnons,  et  très  expres- 
sément enjoignons  à  tous  nos  Justiciers,  OiHciers  et  autres  nos  sujets  do 
■'y  conformer,  et  à  vous  reconnaître,  obéir  et  entendre  en  toutes  et  cha- 
cunes  les  choses  susdites  circonstances  et  dépendances,  et  vous  donnent 
aussi  à  l'exécution  d  icelies,  toute  aide,  confort,  mainforte  et  assistance 
dont  vous  aurez  besoin,  et  seront  par  vous  requis. 

Et  pour  ce  que  pour  habiter  les  Terres,  les  cultiver  et  ensemencer,  il 
est  nécessaire  de  les  défricher  et  déraciner  les  bois  dont  elles  sont  cou- 
vertes, et  pour  ce  faire  de  grands  frais,  afin  d'y  subvenir  et  apporter  quel- 
qu'utilité  â  nos  dits  sujets  ;  nous  avons  permis  et  pennettons  A  ceux  qui 
seront  par  vous  commis  à  l'effet  susdit  de  faire  débiter  les  dits  bnie,  en 
fiaire  des  cendres  es  dit^^  ''  iv.  nour  cire  amenées  et  vendues  dans  notre 
Eoyaume  franches  et  q  <  impôts  et  subsides  durant  dix  aa- 

néês.     Et  pour  donner  :  i:ité  à  cette  notre  intention  ;   nous  dé- 

clarons pareillement  toutes  sortes  de  munhions  de  guerre,  vivres  et  au- 
tres choses  nécessaires  pour  l'avituailleraent  et  embarquement  susdits, 
exemptes,  quittes  et  franches  de  toutes  impositions  et  subsides  quelcon- 
ques pendant  le  dit  temps. 

Et  afin  que  personne  n  en  prétende  cause  d-ignorance  de  cette  notre 
intention,  et  se  veuille  immiscer  en  toute  ou  partie  de  la  charge,  dignité 
ou  autre  autorité  que  vous  donnons  par  ces  présente»,  nous  avons  de  no- 
tre certaine  science,  pleine  puissance  et  autorité  Royale  révoqué,  suppri- 
mé et  déclaré  nul  et  de  nul  effet  toutes  autres  provisions,  commissions, 
pouvoirs.  Lettres,  Expéditions  et  Concessions  sans  votre  attache,  données 
et  délivré'  '  .|ue  ce  soit,  pour  découvrir,  conquérir, 
peupler»  tels  qu'ils  soient  ;  voulant  ahn  d'y 
renaro  uu'-  n  i  ■■i  tous  ' "     et  qu'aucun  ne  n-y  en- 

tremette avec  éviter  le  |Ue    pourrait  eau -ser  la 

diversité  de  coi.. Mi. i..-  "  'i'"': i  que  de  vous,  où  il  se 

trouverait  aucun  pouvoir  .   qu'ils  vous  soient  représentés 

dans  l'an  du  premiw  T(.  .ra  sous  votre  chartro  p<}ur  y  être 

par  vous  donné  attache  •  ition  si  vous  jugez   quo  bon  soit.     Où 

>1  '.rrivf.rnit  des  iiroroi  f  '    pour  rai ^y>n  (le  ro  QV\Q  dessus,  confis- 


lia 

cations  pour  contraventions  à  nos  susdites  défenses  ou  déprédations  sur 
les  étrangers  qui  s"y  voudraient  habituer,  et  expulser  nous  ou  nos  dits 
sujets,  ou  autrement  en  quelque  façon  que  ce  soit  contredire  le  contenu 
de  ces  présentes,  troubler,  altérer  le  dit  commerce  ou  peuplement  des 
dites  Terres  sous  noire  autorité,  comme  chose  qui  regarde  un  ordre,  rè- 
glement et  accroissement  de  notre  Etat,  nous  nous  en  sommes  retenus 
et  réservés  à  nous  et  à  notre  Conseil  la  connaissance,  et  icelle  interdite 
et  défendue  à  tous  autres  nos  Juges  et  Officiers  quelconques. 

Et  parce  que  les  Sociétés,  accords  et  traités  que  nos  sujets  pourraient 
avoir  et  faire  avec  vous  sur  le  commerce,  peuplement  et  distributions 
des  Terres  des  dites  Isles,  Côtes  et  terres  fermes  des  dits  Pays  leur  seront  au 
commencement  à  grands  frais,  et  que  plusieurs  de  notre  Royaume  et  des 
plus  riches  de  là  pourraient  avoir  été  divertis  d'y  entrer,  par  crainte 
qu'un  changement  à  l'avenir  de  gouvernement  des  dits  Pays  sous  notre 
obéissance,  ne  leur  fît  perdre  le  gain  espéré  qui  leur  aurait  fait  faire  les 
avances  nécessaires,  et  aussi  notre  intention  serait  retardée  ;  nous  pour 
enlever  tout  prétexte  de  doute  et  suspicion,  avons  vali  lé  et  validons  dès 
à  présent  comme  pour  lors,  toutes  les  sociétés,  accords,  distributions  des 
dites  Terres,  et  autres  traités  en  conséquence  des  présentes  ;  promettant 
iceux  et  toutes  provisions,  commissions  et  expéditions  qui  seront  par 
vous  faites,  concernant  l'Amérique,  confirmer,  agréer,  approuver  et  rati- 
fier et  à  cette  fin  de  l'entretien  du  contenu  ci-dessus,  et  que  l'on  y  ait 
égard  sans  jamràs  rien  faire  au  contraire  par  nous  ni  nos  successeuri 
Rois. 

Mandons  et  ordonnons  à  notre  très  cher  et  bien  amé  oncle  le.  Duc  de 
Vendôme,  Pair  de  France,  Grand  Maître,  Chef  et  Surintendant  Général 
de  la  Navigation  et  Commerce  de  ce  Royaume,  son  Lieutenant  et  tous 
autres  qu'il  appartiendra,  que  sur  ces  dites  présentes  ils  aient  à  donner 
à  notre  aussi  très  cher  cousin  le  Duc  d'Ampville,  Pair  de  France,  oij  à 
ceux  qui  seront  par  lui  co  i.rcàs  ou  envoyés  en  l'Amérique,  tous  congés 
et  passeports  que  les  Navires  et  Vaisseaux  sont  obligés  de  prendre,  al- 
lant en  mer,  pour  aller  et  venir,  es  dites  Terres,  Côtes  et  Isles  de  TAmé- 
rique,  avec  les  marchandises  dont  ils  seront  chargés,  et  les  hommes 
et  femmes  qu'on  y  voudra  transporter  sans  qu'il  leur  soit  fait  ni  donné 
aucun  trouble  ni  empêchement,  et  qu'il  soit  reconnu  es  susdits  lieux  en 
la  dite  qualité  de  Vice- Roi,  et  notre  Lieutenaut-Général,  représentant 
notre  personne  par  tout  et  ainsi  qu'il  appartiendra. 

Si  donnons  en  mandement  à  nos  amés  et  féaux  Conseillers  les  gens 
tenant  Cour  de  Parlement  de  Paris,  et  à  tous  nos  autres  justiciers,  oifi- 
ciers  et  sujets  de  quelque  qualité  et  condition  qu'ils  soient,  chacun  en  ce 
qui  les  concerne  et  regarde,  que  sans  vous  arrêter  à  la  surannation  de 
nos  dites  Lettres  Patentes  du  mois  de  Novembre  1644,  ci-attachées 
BOUS  le  contre  scel  de  notre  Chancellerie  ni  au  défaut  d'adresse  d'icelles 
vous  ayez  ensemble  es  présentes  à  sa  requête,  poursuite  et  diligence 
•à  les  faire  registrer,  lire  et  publier  purement  et  simplement  selon  leur 
forme  et  teneur  es  Registres  de  leurs  jurisdictions,  pouvoirs  et  devoirs, 
et  partout  où  besoin  sera,  sans  y  faire  aucun  refus  ni  défenses  au  con- 
traire, nonobstant  icelle  surannation  et  défaut  d'adresse  dont  nous  avons 
relevé  et  relevons  notre  dit  cousin  le  Duc  d'Ampville  par  ces  dites  pré- 
sentes, sans  permettre  qu'il  y  soit  jamais  contrevenu  en  aucune  manière 
que  ce  soit  ;  aius  fassent  soufinr  et  obéirtous  ceux  qu'il  appartiendra,  et 
qui  pour  ce  seront  à  contraindre,  nonobstant  oppositions  et  appellations 
quelconques,  pour  lesquelles  et  sans  préjudice  d'icelles  ne  voulons  être 


11(5 

Allfûié,  f.iiGant  cesper  en  lant  qu'ù  eux  appartiendra,  ton-;  troubles  e*.  em- 
pêi-lieinents  «lU  contrai  e- 

Prions  et  roquénuis  tous  Rois,  Potentats,  Princes  et  autres  nos  bons 
nmis  Alliés  et  Confédérés,  leurs  Ministres,  Olticit'rs  et  tous  autres  à 
nous  non  sujets,  vous  donner  et  à  ceux  qui  scro'.it  par  vous  commis  et 
tlélégués  toute  aide,  laveur  et  assi>tance  dont  ils  seront  recjuis  pour  l'exé- 
ruti'ti  de  ce  que  dessus,  otfrant  dVn  faire  le  semblable  quand  requis  en 
serons.  Et  d'autant  que  de  ces  dites  présentes  Ion  pourra  avoir  affaire 
en  plusieurs  et  divers  lieux,  nous  voulons  qu'au  vidimus  d'icelles  dut- 
trtpnt  collationnées  par  l'un  de  nos  amés  et  féaux  Conseillers,  Notaire? 
et  secrétaires,  foi  être  ajoutée  comme  au  préseut  original  ;  car  tel  est 
notre  plaisir. 

Donné  à  Laferre,  au   mois  de  Juillet,  l'an  de  grâce  1655,  et  de  notre 

Signé  :  LOUIS. 

Et  p.r.s  las.  fKir  i'-  iv  1,    i;u    LoMEXIE. 

Et  pcel!é  du  grand  .sceau  en  cire  jaune. 

P..  Ouï  le  Procureur  Général  du  Roi,  à  la  charge  de  garder  les  Ordon- 
nances, Arrêts  et  Règlements  pour  le  fait  de  la  Marine.  A  Paris,  en 
Parlement  ce  21  Janvier  165.S. 

Collationné  à  1  original  par  moi  Conseiller  Secrétaire  du  Roi,  do  la 
Vice  Royauté  et  du  Conseil  de  l'Amérique. 

Signé  :  Le  Covnte. 

ISAAC  DE  PAS  MARQUIS  DE   FEUQUIERES. 

Le  30  août  1660  le  Marquis  de  Fenqnières  fut  nommé 
Vice-Roi  d'Amériqne,  à  la  place  de  INI.  le  Duc  de  Damville. 
M.  le  Duc  de  Vendôme  était  alors  Grand  Maître,  Chef  et 
Surintendant  de  la  navigation  et  commerce  de  France, 
ayant  succédé  dans  cette  charge  à  Sa  Majesté  la  Reine 
mère  Régenlp,  en  1650, 

En  16G1,  un  arrêt  âa  Conseil  d'Etat,  "  portant  ré- 
vocation des  concessions  faites  antérieurement  dos  Terres 
et  Pays  de  TAmérique,  de  l'Afrique  et  des  Indes  Orientales 
et  qui  n*'  ?e  trouvaî?n1  7"^!==  établi-,"  commence  par  ses  pa- 
roles : 

"  Sur  ce  q-.îi  .T  CI  j  icpr.  >(  iK.-  ;m  Jloi,  étant  en  son  Con- 
seil, par  le  Sieur  Marquis  de  Feuquière.*!,  Vice-Roi  de  l'A- 
mérique, que  plusieurs  particuliers  ayant  dessein  d'établir 
des  Colonies  Françaises  en  quelque  partie  du  Conlinr-nt  de 
l'Amérique  et  des  Indes  Orientales,  ou  des  Isles  adjacentes, 
&c.,  se  seraient  potirvus  par  devers  le  dit  Sieur  de  Feuquiè- 


117 

l'es,  pour  avoir  ce  droit  et  permission  de  prendie  au  noui  de 
Sa  Majesté  possessioii  des  dits  postes,  &c." 

Sa  Majesté  ajoute  à  cet  arrêt  l'ordre  qui  suit  : 

"  Louis,  &c.,  &c. — A  notre  très-clier  et  bien  aimé  Oncîe 
le  Duc  de  Vendôme,  Pair,  Grand  Maître,  Chef  et  Surinten- 
dant Général  de  la  navigation  et  commerce  de  France,  et 
notre  amé  et  féal  Conseiller  en  nos  Conseils  d'Etat  et  privé, 
le  Sienr  Marquis  de  Feuquières,  Vice-Roi,  et  notre  Lieute- 
nant-Général représentant  notre  personne  dans  toute  l'éten- 
due de  l'Amérique,  tant  Méridionale  que  Septentrionale,  et 
à  tous  Gouverneurs  de  nos  places  maritimes.  Officiers  et 
Juges  de  l'Amirauté  qu'il  appartiendra  :  Salut  :  Nous  vous 
mancfons  et  ordonnons  par  ces  présentes,  que  l'Arrêt  ce 
jourd'hui  rendu  en  notre  Conseil  d'Etat,  vous  ayez  à  faire 
publier  et  afficher  dans  tous  les  Havres  et  Ports  des  provin- 
ces maritimes  de  notre  Royaume,  Places,  Habitations,  Ha- 
vres et  Ports  tenus  par  nos  sujets  aux  dits  pays  de  l'Améri- 
que, à  ce  que  personne  n'en  prétende  cause  d^ignorance,  et 
tenir  la  main  ferme  à  l'exécution  d'icelui  selon  sa  forme  et 
teneur.  Donné  à  Fontainebleau,  le  16  Août,  l'an  de  grâce 
1661,  et  de  notre  règne  le  19e.     Signé,  LOUIS." 

Dans  le  récit  de  son  voyage  en  France,  sous  le  gouverne- 
ment de  M.  D'Avaugour,  M.  P.  Boucher  parle  de  ce  Vice- 
Roi  et  dit  : 

"  J'ai  oublié  de  dire  que  M.  deLauson  étant  repassé  en 
France,  en  1657,  et  fesant  ses  visites  à  Paris,  alla  voir  M. 
le  Marquis  de  Feuquières  qui  était  pour  lors  Vice-Roi  de 
toute  l'Amérique  ;  et  en  parlant  de  l'état  du  pays  et  de  la 
guerre  que  les  Iroquois  nous  y  fesaient,  il  lui  raconta  le 
siège  des  Trois-Rivières  ;  lui  fit  voir  la  lettre  que  je  lui 
avais  écrite  après  le  départ  des  ennemis  et  le  compte  que 
je  lui  rendais  de  tout  ce  qui  s'était  passé.  M.  de  Feuquiè- 
res, surpris  de  cet  événement,  demanda  à  M.  de  Lauson 
quelle  récompense  on  m'avait  donnée.  Il  lui  répondit  :  au- 
cune, si  ce  n'est  le  commandement  de  la  place,  qui  me 
fesait  honneur,   mais  ne   portail  auciui  profit.     M-  de  Fou- 


118 

quières  résolut  de  m'eiivoyer  des  lettres  de  noblesse,  pour 
m'encourager  à  bien  faire  mon  devoir  contre  ces  infidèles, 
et  il  me  les  envoya  en  16G1,  avec  une  lettre  très-gracieuse 
par  laquelle  il  m'exhortait  à  continuer  de  bien  servir  le  Roi 
et  le  pays.  Il  me  promit  de  parler  de  moi  au  Roi,  et  de 
me  faire  connaître  de  manière  qu'il  ferait  ratifier  tout  ce 
qu'il  venait  de  faire  en  ma  faveur.  JMais  il  fut  disgracié 
trois  ou  quatre  mois  après  ;  c'est  pourquoi,  lorsque  je  fus 
arrivé  en  France,  l'ayant  été  voir,  il  me  témoigna  qu'il  était 
bien  fâché  de  n'être  plus  en  état  de  me  servir  auprès  du 
Roi." 

Nous  lisons  dans  un  article  publié  dans  le  Journal  Géné^- 
rai  de  l'Instruction  publique,  18  avril  1846,  sur  la  ptiblica- 
tion  des  "  Lettres  inédites  des  Feuquières,  "  tirées  des  pa- 
piers de  famille,  par  Etienne  Gallois,  Leleux,  libraire- 
éditeur  : 

"  Isaac  de  Pas,  fils  de  Manassès,  devint  Lieutenant  des 
"  armés  du  Roi,  Conseiller  d'Etat  ordinaire  et  Lieutenant- 
"  Général  de  i'Evêchô  et  Province  de  Toul.  En  1660,  il  fut 
^'  envoyé  en  Amérique  en  qualité  de  Vice-Roi,  et  en  1672 
chargé  de  diverses  négociations  en  Allemagne," 

LE    COMTE    D'ESTRADES. 

Godefroy,  Comte  d'Estrades,  Maréchal  de  France,  occu- 
pait la  place  du  Marquis  de  Feuquières,  comme  Vice-Roi 
d'Amérique,  en  1662,  puisque,  dans  une  ordonnance  royale 
portant  cette  date  et  concédant  à  perpétuité  les  Iles  Lucayes 
et  Caïques  en  faveur  de  M.  d'Ogeron,  ses  héritiers  et  ayant 
causes,  le  Roi  ordonne  à  son  Vice-Roi  le  Comte  d'Estrades 
de  délivrer  au  concessionnaire  des  lettres  d'attache. 

Le  récit  de  M.  P.  Boucher  tend  à  établir  qu'il  avait  été 
nommé  dès  1661. 

Comme  on  l'a  vu  à  l'article  précédent,  ce  monsieur  rap- 
porte qu'à  son  arrivée  en  France,  en  1661,  M.  le  Marquis  de 
Feuquières  avait  cessé  d'être  Vice-Roi.  Il  dit  en  outre, 
dans  sa  narration,  qu'il  suivit  exactement  les  instructions 


119 

de  M.  D'Avaiigour,  "  comme  on  le  peut  voir,  ajoute-t-il, 
dans  les  lettres  du  Roi  et  de  la  Reine  mère,  de  M.  le  Comte 
d'Estrades,  notre  Vice  Roi,  de  M.  Colbert,  de  M.  Denteron, 
Intendant  de  Brouage,  et  de  quantité  d'autres  que  je  garde 
avec  mes  commissions." 

M.  Boucher  nous  donne  ailleurs  une  preuve  de  plus,  que 
les  Vice-Rois  de  ce  temps  s'occupaient  au  moins  quelque 
peu  des  affaires  du  Canada.  A  son  retour,  il  informa  M. 
D'Avaugour  "  qu'il  avait  emprunté  de  l'argent  pour  lever 
100  hommes  de  travail,  par  le  conseil  de  M.  D^ Estrades^ 
afin  de  soulager  les  habitants  du  pays,  d'autant  que  le  Roi 
ne  fesait  rien  payer  pour  leur  passage,  au  lieu  que  les  mar- 
chands exigeaient  75  frs.  par  homme," 

M.    DE   TS^ACY. 

En  l'année  1662,  le  Comte  d'Estrades  passa  en  Hollande, 
en  qualité  d'Ambassadeur,  et  pendant  son  absence,  le  10 
Nov.  1663,  le  Marquis  de  Tracy  fut  nommé  Lieutenant- 
Général  du  Roi  dans  toute  l'Amérique,  avec  des  pouvoirs 
extraordinaires,  et  vint  en  Canada  en  juin  1665,  pour  mettre 
de  l'ordre  dans  les  affaires  de  la  colonie  et  soumettre  les 
Iroquois  par  les  armes.  Il  repassa  en  France  le  28  août  166 T. 

C'est  à  tort  qu'on  a  donné  le  titre  de  Vice-Roi  à  M.  de 
Tracy  ;  il  n'était,  comme  le  Maréchal  de  Thémines,  que 
Lieutenant-Général,  mais  avec  des  pouvoirs  plus  étendus 
sur  toutes  les  terres  dépendantes  du  Roi  de  France  dans 
l'Amérique  Méridionale  et  Septentrionale,  "  ce  qu'en  Cana- 
da, on  appelait  Vice-Roi^''''  dit  l'Abbé  de  Latour,  dans  son 
mémoire  sur  M.  de  Laval.  En  effet,  dans  une  lettre  de  ca- 
chet, aux  Conseils  Souverains  des  Iles,  touchant  la  nomina- 
tion de  M.  de  Tracy,  Sa  Majesté  commence  par  faire  la 
distinction  des  deux  dignités,  dans  ces  termes  :  "  Chers  ei 
"  bien  aimés,  nous  avons  pourvu  le  Sieur  de  Prouville  Tra- 
"  cy  de  la  charge  de  notre  Lieutenant- Général  de  rAméri- 
"  que  pour  commander  en  ce  pays  en  l'absence  du  Sieur 
"  Comte  d'Estrades,  qui  en  est  Vice-Roi,  &c.,  &c." 


120 


LE   COMTE    D'ESTREES. 

Après  la  mort  du  Comte  d'Estrades,  arrivée  en  168&, 
Jean,  Comte  d'Estrées,  et  de  Tourpes,  Maréchal  et  Vice- 
Amiral  de  France,  fut  nommé  Vice-Roi  d'Amérique.  Il  ne 
parait  pas  avoir  exercé  une  grande  influence  dans  les  afFai- 
vrs  coloniales,  après  avoir  eu  ce  titre  qui  était  une  récom- 
p(ns(*  pour  des  services  antérieurs.  Cependant,  on  voit  son  nom 
ij:;un>r,  avec  son  titre  de  Vice-Roi,  dans  quelques  commis- 
sions, comme  dans  celle  de  commissaire  ordinaire  de  la 
marine  aux  Iles  de  l'Amérique  donnée  par  le  Roi  en  Avril 
1698,  à  M.  Mithon  de  Sennevillc.  Il  avait  servi  en  Améri- 
que on  1676,  1677  et  1678  ;  il  avait  enlevé  l'Ile  de  Cayennc 
-Mux  Hollandais,  défait  leur  Général  Bink  à  l'Ile  de  Tobago, 
rt  jM'is  ce  fort  sur  lui  six  mois  après. 

LE    COMTE    D'ESTREES,    FILS. 

Marie-Viclorj  Comte  d'Estrées,  Maréchal  de  Cœuvres  et 
\'ice-Amiral  de  France,  succéda  par  survivance  à  tous  les 
titres  de  son  père,  mort  en  1707.  Il  n'a  pas  eu  de  postérité 
•M  le  titre  de  Vice-Roi  d'Amérique  a  cessé  d'exister  avec 
ln=,  en  1737. 

Son  titre  de  vice-roi  lui  est  donné  dans  des  documents 
royaux. 

En  1718,  mois  d'Août,  Louis  XV  sous  la  Régence  du 
Due  d'Orléans,  fait  don  au  maréchal  d'Estrées  pour  lui  e 
-es  successeurs,  héritiers  et  ayans  causes,  de  l'Isle  de  Ste. 
Lucie,  et  dans  l'Acte,  il  h'  qualifie  de  tous  les  titres  sui- 
vants : 

"  Victor-Marie  Comte  d'ï^strées,  Comte  de  Nanteuil-le- 
haudoin,  pre:nicr  Baron  du  Boulonnois,  Vice-Amiral  et 
Maréchal  de  France,  Gouv(.'rneur  des  Ville  et  clifiteau  d<' 
Nantes,  et  Lieutenant  Général  du  Comté  Nantois,  Grand 
d'Espagne,  NotreVice-roi  en  Amérifi^ue,  Commandeur  de- 
nos  ordres  &c.  " 


121 

Rectification. 

On  lit  dans  le  Grand-Dictionnaire  Historique  de  Moreri  : 

"  Raimond  Balthazar  Phelypeaux,   Seigneur  du  Verger, 

''  Lieutenant  Général  des  armées  du  Roi,  Conseiller  d'état 

"  d'épée,  après  avoir  été  envoyé  extraordinaire  à  Cologne, 

"  fut  ambassadeur  extraordinaire  à  Turin,  pui  i  Vice  Roi  de 

"  Canada^  où  il  mourut  sans  alliance  en  décembre   1713." 

Voici  la  même  erreur  répétée  sous  une  autre  forme  : 

"  Biographie  universelle."  t.  34.  p.  23  à  25. 

"  Phelypeaux  (Raimond  Balthasai  Marquis  de),  petit  fils 

de  Phelipeaux  d'Herbault,  Secrétaire  d'Etat,  entra  dans  la 

carrière  des  armes,  vers   1671 , 

Il  parait  qu'à  l'occasion  d'une  lettre  qu'il  fit  imprimer  à 
Bâle  en  1705,  après  avoir  été  ambassadeur  en  Savoie  dont 
le  Duc  avait  donné  ordre  de  l'arrêter,  il  tomba  dans  une  es- 
pèce de  disgrâce,  puis  l'article  ajoute  : 

"  En  effet,  il  parait  qu'en  Juillet  1709,  Phelypeaux  fut 
envoyé  au  Canada  comme  Gouverneur^  à  la  place  de  M. 
de  Machault.  Il  y  mourut,  sans  enfants,  au  mois  de  Décem- 
bre   1713." 

Le  nom  de  ]VIr.  Machault  nous  donne  ici  la  clef  de  l'énig- 
me et  le  moyeu  de  rectifier  des  erreurs  qui  ont  embarrassé 
d'autres  écrivains.  Voici  : 

"  Lois  et  constitutions  des  colonies  françaises  de  l'Ame- 
rique  sous  le  vent.,,  t,  L  p.  XXXII,  et  t.  2.  p.  V. 

"  Gouverneurs  généraux  des  Iles." 

"  1  juillet,  1702.  M.  Charles  François  de  Machault,  ca- 
pitaine des  vaisseaux  du  Roi,  chevalier  de  l'ordre  militaire 
de  St.  Louis,  Gouverneur  et  Lieutenant  Général  &c. 

Reçu  à  la  Martinique,  le  4  mars  1703,  où  il  signait  un 
règlement  eu  qualité  de  gouverneur  général  des  Iles  tou- 
chant les  prises  faites  par  plusieurs  corsaires,  en  date  du  é 
juin  1703. 

^  MjDït  à  la  Majtinique,.  le  7  janvier  1709:^ 


122 

*'  Janvier  1709.  )      M.   Nicolas  de  Gabarel,  chevalier  &o.. 
Intérim  \  remplit  l'intérim. 

"■  1  janvier  1T09.  M.  Raymond  Balthazar  Phelipeaux, 
Grand-Croix  de  l'Ordre  Militaire  de  Saint-Louis,  Lieutenant 
Général  de.s  armées  du  Roi,  conseiller  d'état  d'épée.  Gou- 
verneur et  Lieutenant  Général  des  Isles  Françaises  et  Ter- 
re-Ferme de  l'Amérique. 

"  Reçu  à  la  Martinique  le  3  janvier  1711. 

"  Il  y  meurt  le  21  octobre  1713. 

Cela  doit  prouver  suffisamment  que  M.  Balthazar  Fholy- 
peaux  a  été  gouverneur  des  Isles,  et  non  Vice-Roi  ou  Goii. 
verneur  du  Canada. 

R.   B. 


^CA^^::^^^ 


ORDONNANCES 


DE 


MR.    DE    MAISONNEUFVE, 


1er.    GoiiverneisT    de    9fonfreal. 


Nous  pensons  qu'on  nous  saura  gré  de  la  publication  des 
monuments  qui  nous  restent  de  la  première  législation  locale 
de  Montréal.  Les  documents  qui  suivent  sont  tirés  des  ar- 
chives du  Greffe  de  cette  ville,  et  nous  montrent  l'esprit  qui 
animait  ses  premiers  colont',  les  dangers  auxquels  ils  étaient 
exposés  et  les  mœurs  du  temps.  Nous  aurions  voulu  y  join- 
dre une  notice  biographique  de  Mr.  Paul  Chomedey  de 
Maisonneufve  qui  en  fut  le  premier  Gouverneur,  mais  l'ab- 
sence de  quelques  renseignements  nous  force  d'ajourner  ce 
travail  à  une  autre  époque. 

Nous  devons  cepen.lant  donner  ici  quelques  explications 
sur  cette  fonction  de  Gouverneur  de  Montréal. 

Loyseau,  en  son  Traité  des  offices,  nous  dit  que  ces  Gou- 
verneurs particuliers  n'avaient  d'autres  pouvoirs  que  ceux 
conférés  aux  Capitaines  des  places  et  châteaux,  et  seule- 
ment en  ce  qui  concernait  les  armes.  Ils  consistaient  à 
"  recevoir  et  loger  garnisons,  fournir  de  vivres,  munitions, 
"  pionniers  et  autres  choses  nécessaires  pour  la  guerre. . . . 
"  avoir  et  tenir  l'œil  ouvert  à  la  garde,  sûreté  et  conserva- 
"  tion  des  dites  places,  châteaux  et  forteresses,  et,  pourvoir 
'*  aux  choses  pour  ce  requises  et  nécessaires." 

Ces   Gouverneurs     n'étaient    tenu!*    d'observer    aucune 


124 

formalité  de  justice,  comme   de   verbaliser  et   rédiger  par 
écrit  leurs  procédures  et  ordonnances. 

Ils  n'avaient  cependant  pas  la  puissance  de  vie  et  de 
mort,  et  une  ordonnance  du  7  Mai  1679,  leur  défendit  môme  . 
"  de  faire  arrêter  et  mettre  en  prison  aucun  des  Français 
"  habitués  au  pays,  sans  l'ordre  exprès  du  Gouverneur  et 
Lieutenant  Général,  ou  arrêt  du  Conseil  Souverain."  Cette 
ordonnance  leur  ôta  de  plus  le  pouvoir  de  condamner  aucun 
des  habitants  à  l'amende. 

Ils  étaient  subordonnés  aux  Gouverneurs  et  Lieutenant- 
Généraux,  et  tenus  de  faire  exécuter  leurs  ordonnances. 

Nous  n'avons  pu  trouver  aucune  trace  de  la  commission 
de  Gouverneur  qui  avait  été  donnée  à  Mr.  de  Maisonneufve 
par  les  Associés  de  la  Compagnie  de  Montréal  ;  mais  il  y 
a  tout  lieu  de  présumer  qu'elle  était  conforme  à  ce  que 
iious  venons  d'exposer  ; 

Mr.  de  Maisonneufve  rendait  aussi  la  justice,  mais  ce  n'é- 
tait qu'en  vertu  d'une  commission  spéciale,  ainsi  qu'on  le 
voit  porté  dans  un  jugement  par  lui  rendu. 

Les  pouvoirs  de  Mr.  de  Maisonneufve  ne  s'étendaient  pas 
au  delà  de  l'Isle  de  Montréal,  mais  ses  successeurs,  qui  tin- 
rent leurs  commissions  du  Roi,  virent  leurs  pouvoirs  étendus 
depuis  Saurcl  jusqu'au  dessus  de  l'Isle  de  Montréal. 


«#» 


OIÎD  ON3?^^]SrCES 


DE 


ME.    PAUL    DE    CIOMEDEY, 

SIEUR    DE    MASSONNEUVE, 

P[ÎE3nE8    GOUYESNEIR    DE    MONTREAL,    (a) 


Règlement  concernant  V armement  des  habitants  de  Vlsle  dt 

Montréal. 


Paul  de  Chomedey,    Gouverneur    de    l'Isle    de    Moif- 

TREAL,    EN    LA    NOUVELLE    FrANCE    ET    TERRES    QUI    EN 
DESPENDENT. 

Quoi  qu'il  y  aye  toutes  sortes  de  subjects  de  se  tenir  sur 
SCS  gardes  en  ce  lieu-cy,  pour  éviter  les  surprises  des  enne- 
mys,  et  particulièrement  depuis  le  massacre  que  les  hyro- 
auois  ont  fait  des  hurons  entre  les  bras  des  francois  contre 
la  foy  publicque;  et  du  meurtre  dernier  qu'ils  ont  faict  en  ce 
lieu-cy,  de  quelqu'uns  des  principaux  habitans  le  vingt  cinq 
octobre  dernier,  néantmoins  le  désordre  est  arrivé  jusqu'à 
ce  point,   par  une  négligence  universelle,    que  les    ennemys 

(a)  Extraites  des  Archives  du  Greffe  de  Montréal. 


V2C^ 

pourroient  avecq  beaucoup  de  facilité  s'emparer  de  Phabila- 
lion  s'il  n'y  estoit  pourveu  ;  au  subject  de  quoy  nous  avons 
faict  le  règlement  qui  s'ensuit,  sçavoir  : 

Que  chascuu  tiendra  ses  armes  en  estât,  et  marchera  ordi- 
nairement armé  ;  tant  pour  sa  deffence  particulière,  que  pour 
donner  secours  à  ceux  qui  en  pourraient  avoir  besoing,  sui- 
■yant  les  occasions  qui  s'en  pourraient  présenter. 

Ordonnons  expressément  à  tous  ceux  qui  pourroient  n'a- 
voir point  d'armes,  d'en  achepter  et  s'en  fournir  suffisamment^ 
avecq  les  munitions  nécessaires,  avecq  deffences  d'en  ven- 
dre ou  traiter  aux  sauvages,  qu'au  préalable,  chascun  n'en 
retienne  ce  qui  sera  nécessaire  pour  sa  defTence. 

Que  chascun  fera  son  travail  en  sûreté  autant  qu'il  est 
possible,  soit  en  s'unissant  plusieurs  de  compagnie  pour  ce 
subject  ;  soit  en  ne  travaillant  qu'en  lieu  d'où  facillement 
l'on  se  puisse  retirer,  en  cas  de  nécessité. 

Déplus  que  chascun  se  retirera  au  lieu  de  sa  demeure  tous 
les  soirs,  lorsque  la  cloche  du  fort  sonnera  la  retraite  après 
que  la  porte  sera  fermée  ;  faisant  deflence  d'aller  et  venir  de 
ûuict  après  la  ditte  retraite,  si  ce  n'estoit  pour  quelque  né- 
cessité absolue  laquelle  ne  se  peust  remettre  au  lendemain. 

Que  personne  n'yra  plus  loing  à  la  chasse  et  pesche  sans 
nostre  permission,  que  dans  l'estendue  des  dezerts,  et  sur  la 
grande  rivière,  que  jusqu'au  grand  courant  d'icelle,  durant 
l'espace  de  l'estendue  des  dits  dezerts,  deftendans  a  toutes 
sortes  de  personnes,  de  se  servir  ou  prendre  des  canots,  cha- 
louppes  et  autres  vaisseaux,  servans  à  la  navigation,  qui  ne 
leur  appartiennent,  sans  l'exprès  consentement  des  proprié- 
taires d'yceux,  si  ce  n'est  en  cas  de  nécessité,  pour  sauver 
la  vie  à  quelqu'un,  ou  empescher  quelque  vaisseau  d'aller 
à  la  dérive,  ou  de  p'érir. 

Le  présent  règlement  commencera  d'estre  exécuté  selon 
sa  forme  et  teneur,  cinq  jours  après  la  publication  d'iceluy, 
dont  coppie  sera  dellivrée  au  cindicq  des  habitans  ce  jour,  à 
peine  contre  les  contrcvenans  de  telle  peine  ou  punition  que 


127 

nous  jugerons  à  propos.     Fait  au  fort   de    Ville  Marie,    \e 
dix  huitiesme  jour  de  Mars  mil  six  cent  cinquante  huict. 

PAUL  DE  CHOMEDET, 

Le  vingt  uniesme  jour  du  d.  mois  au  d.  an,  par  comman^ 
dément  du  dit  sieur  Gouverneur,  le  présent  règlement  a  esté 
leu,  publié  et  affiché  a  l'issue  de  la  grande  messe  parroichi- 
ale  de  Ville  Marie  en  la  manière  accoustumée  et  d'iceluy 
dellivré  coppie  au  Sr.  Marin  Janot  cindicq  des  habitans  du 
d.  lieu,  à  ce  qu'il  n'en  ignore,  par  moi  commis  au  greffe 
soubsigné.  basset,  commis  greffier. 


Ordonnance  concernant  les  boissons  fortes. 


Paul    de    Chomedey,    Gouverneur,  &c. 

Désirant  empeseher  la  continuation  des  desordres  qui  se 
commettent  en  ce  lieu-cy  au  sujet  des  boissons,  et  y  apor- 
ter  l'ordre  nécessaire,  nous  avons  faict  et  faisons  deffence 
de  descharger  aucune  boisson  des  barques  et  chaloupes  et 
autres  vaisseaux  aportant  des  boissons  à  Montréal,  à  qui 
qu'elles  appartiennent  et  ce  sous  quelque  congé  ou  prétexte 
que  ce  soit,  sans  nostre  permission,  à  peine  envers  les  con- 
trevenans  de  confiscation  des  dittes  boissons  et  d'amandes 
arbitraires  applicables  au  profict  de  l'Eglise.  Faict  au  Fort 
de  Ville-Marie  le  9  juillet  1658. 

PAUL    DE    CHOMEDEY- 


Autre   Ordonnance  relative  aux  boissons  fortes   et  autres 

désordres.     ■ 


Le    Sieur   Pacl    de    Chomedey,    &c. 

Estant  une   chose  constante  que  depuis   l'establissement 
de  <!P.t1c  rolonyo  suivant  le  pieux  desseing  de  messieur'»  let 


128 

associés  pour  la  conversion  des  sauvages,  seigneurs  de  ce 
lieu,  nous  aurions  tousiours  travaillé  de  nostre  pouvoir  à  X 
établir  les  bonnes  mœurs  en  mettant  empeschement  à  tontes 
sortes  de  desbauclies  et  scandales  tant  par  nos  seings  que 
par  nos  ordonnances  avecq  les  voyes  les  plus  douces  et  les  plus 
accommodantes  aux  afftiires  des  particuliers  que  l'inclina- 
tion que  nous  avons  pour  leur  avancement  nous  auroit  peu 
suggérer  ;  personne  ne  peult  doubter  qu'après  les  excès  con- 
tinuels des  boissons,  les  jeux  et  autres  desbauches,  les  éva- 
sions de  ceux  qui  s'estant  obérés  pour  ce  subject,  dans  le 
désespoir  de  satisfaire  à  leurs  créantiers,  ne  trouvent  point 
d'aultres  voyes  que  de  se  desrober  et  se  commettre  à  une 
fuitte,  dangereuse  pour  leurs  personnes,  préjudiciable  à  la 
foy  publicque,  et  à  l'establissement  de  la  colonye  de  cette 
habitation,  nous  ne  soyons  obligé  suivant  le  deub  de  nostre 
charge  et  pour  l'acquit  de  notre  conscience  d'y  aporter  le 
dernier  remède,  lequel  ne  pouvant  subsister  que  dedans  le 
retranchement  entier  des  occasions.  Veu  les  informations 
des  désordres  commis  au  subject  des  boissons  et  du  jeu  et 
ensuitte  de  l'évasion  de  Sebastien  Dupuy,  Nicolas  Duval  et 
Pierre  Papin  repris  environ  à  quatre  lieues  de  cette  habita- 
tion et  ramenés  en  nos  prisons  le  huict  du  présent  moys  et 
an,  la  ditte  évasion  causée  par  les  dcbtes  excessives  par  eux 
contractées  pour  favoriser  leurs  ivrongneryes  et  de&bauches 
continuelles,  nous  défendons  à  toutes  sortes  de  personnes 
de  quelque  estât  et  condition  qu'elles  soient,  habitantes  de 
ce  lieu  ou  autres,  d'y  vendre  ou  débiter  en  gros  ou  en  détail 
et  soubs  quelque  prétexte  que  ce  soit,  aucunes  boi.s8ons  eny- 
vrantes,  sans  avoir  auparavant  receu  nos  ordres  exprès  et  par 
escript,  à  peyne  d'amande  arbitraire  payable  par  corps  et 
sans  déj)ort,  et  de  plus  nous  interdij-sous  tous  jeux  de  ha- 
zard  ;  cassons  et  annulons  toutes  promesses  par  escript  ou 
aultrement,  directes  ou  indirectes  faittcs  ou  à  faire  tant  pour 
ce  subject  que  pour  toutes  aultres  sortes  de  jeux  ou  desbau- 
ches ;  faisons  défence  aux  cabareiiers  d'en  faire  aucune 


129 

poursuite  en  justice  à  peyne  de  vingt  livres  d'amande  et 
confiscation  de  la  ditte  somme  deub. 

Et  pour  ceux  qui  se  trouveront  convaincus  d'avoir  fait  ex- 
cès de  vin,  eau  de-vie  et  aultres  boissons  ennyvrantes,  ou 
pour  avoir  juré  ou  blasphémé  le  Saint  Nom  de  Dieu,  ils 
seront  chastiés,  soit  par  amande  arbitraire  ou  par  punition 
corporelle  selon  l'exigence  du  cas.  Et  pour  obvier  â  sem- 
blables évasions  mentionnées  cydessus,  nous  avons  déclaré 
et  déclarons  par  la  présente  ordonnance,  tous  fuyards  at- 
teints et  convaincus  du  crime  de  désertion,  comme  aussy 
tous  ceulx  qui  les  favoriseront  en  leur  fuitte,  soit  en  les  ce- 
lant ou  les  aydant  en  quelque  manière  que  ce  soit,  coupables 
du  même  crime.  Si  mandons  à  nos  officiers  tenir  la  main 
à  l'exécution  du  présent  règlement,  et  spéciallement  au 
scindicq  des  habitans  auquel  pour  ce  subject  il  en  sera  don- 
né copye. 

Sera  le  présent  règlement  leu,  publié  et  affiché  pour  estre 
executté  selon  sa  forme  et  teneur  à  commencer  du  jour  de  la 
publication    d'iceluy.     Faict   à  Ville-Marie    ce    18  janvier 

1659.  PAUL  DE  CHOMEDEY. 

Le  dix-neufe.  jour  dud  moys  et  an,  le  présent  Règlement 
a  esté  leu,  publié  et  affiché  à  l'issue  des  Vespres  de  l'Egli- 
se paroise.  du  dit  Ville  Marie  à  ce  que  personne  n'en  ignore, 
et  d'iceluy  dellivré  coppie  à  Marin  Janot,  Syndic  des  habi- 
tans d'iceluy  en  parlant  à  sa  personne  par  moi  commis  en 
greffe  et  tabellionage  du  d.  lieu  soubsigné. 

BASSET,  commis  greffier. 


Autre  Ordonnance  contre  la  chasse  et  la  pêche. 


Lï    Sieur    Paul    de    Chomede-y,    &c. 

Sur  les  advis  qui  nous  ont  esté  donnés  que  plusieurs  per. 
sonnes  au  préjudice  de  nos  deflences  preceddentes  se  met- 
tent jt^uruellemonl  en  danger  d'estre  pris  des  ennemys  soit  en 


130 

hllftiu  à  la  chasse  dans  un  abandon  total,  et  que  mesmemenl 
la  permission  que  nous  avons  donnée  à  quelques  uns  d'y 
aller,  à  leur  instante  prière  el  contre  nostre  propre  inclina" 
tion  en  estoit  en  partyc  cause,  duciuel  desordre  pourroit  s'en 
ensuivre,  non  seulement  la  perle  particulière  de  ceulx  qui 
pourroient  tomber  entre  les  mains  des  enuemys  et  le  nialheur 
commun  de  cette  habitation,  mais  aussy  empescher  l'c?la- 
blissement  de  la  paix  générale  que  l'on  prétend  faire  avccq 
les  Hiroquois  par  le  moyeu  de  leurs  gens  qui  sont  prison- 
niers en  les  contraignant  pour  les  retirer  de  donner  des  os- 
tages  sufizans  pour  pouvoir  faire  avecq  eux  une  paix  solide, 
au  subject  de  quoy  nous  défendons  à  toutes  sortes  de  per- 
sonnes de  s'exposer  à  aller  à  la  chasse  ou  pesche  en  lieu  où 
l'on  puisse  estre  en  danger  d'estre  pris  desennemys,  à  peine 
de  punition.     Faict  à  Ville  Marie  le  5  Avril  1659. 

Paul  de  Chomedey. 


Extrait  de  Varrest  de  Sa  Majesté  donné  en  son  Conseil  d''Elai 
à  Paris  le  le  Jour  de  Mars  1G57,  ou  entre  autre  chose  est 
l'Oiilcnu  ^article  suivant,  lequel  est  te  second  du  dict  crrest, 
signé  de  Loménie^  et  par  cotation  suit  la  teneur  du  dict 
article. 


"  Aussylost  que  les  navires  seront  arrivés  au  dict  pais 
t'  &c.,  faisant  Sa  Majesté  très  expresses  inhibitions  et  def- 
•*  fences  aux  dicts  habiîants,  marchands,  facteurs,  capitay- 
"  nés,  matelots,  passagers  et  a  tous  aultres  de  traitter  en  quel- 
"  que  sorte  et  manière  que  ce  soit,  vin  ny  eau-de-vye  avec 
"  les  Sauvages  à  peync  de  punition  corporelle." 

Le  présent  extrait  faict  par  colation  à  son  original  pat 
moy  commis  au  greffe  et  labcllionnage  de  Ville  Marie  soub- 
signé  et  iceluy  leu  publié  et  afliché  par  commandement  de 
M.  le  Gouverneur  de  ce  lieu,  le  jour  de  la  Pentecoste  à  l'issue 
de  la  grande  messe  1659,  à  ce  que  personne  n'on  ignore. 

Paul  de  Chomedey, 
Basset,  commis  au  greff<?. 


131 

Commission  de  Claude  Robutel,  sieur  de  St.  André,  à  la  psr^ 
ception  des  censives,  4'C.,  pour  être  employés  à  la  construc- 
tion d^une  chapelle  sur  la  montagne. 

Paul    de    Chomedey,    &c. 

Ayant  une  entière  cognoissance  du  zèle  et  affection  que 
Claude  Robutel,  sieur  de  St.  André,  habitant  de  ce  lieu,  a 
pour  l'establissement  de  la  foy  en  ce  pais,  en  vertu  des 
pouvoirs  et  commissions  qui  nous  ont  esté  donnés  par  Mes- 
sieurs les  Associés  pour  la  conversion  des  Sauvages  de  la 
Nouvelle  France  en  la  ditte  isle  et  seigneurie  d'icelle,  nous 
avons  donné  pouvoir  et  commission  au  dict  sieur  de  St.  An- 
dré de  recevoir  pour  les  dits  sieurs  Associés  toutes  les  censi- 
ves  qui  leur  sont  deubes  par  les  habitans  de  la  ditte  isle,  de- 
puis le  commencement  de  son  establissement  jusqu'à  ce 
jourd'huy,  datte  des  présentes,  desquelles  receptes  il  don- 
dera  quittances  conformément  aux  contrats  de  concession 
des  dicts  habitans,  dont  il  tiendra  registre  ou  mémoire,  luy 
donnant  pouvoir  de  faire  proiicter  l'argent  qui  proviendra 
de  la  ditte  receple  pour  le  tout  revenant  bon  avecq  les  au!" 
très  deniers  et  efieets  qui  luy  seront  mis  entre  les  mains  es' 
tré  employés  suyvant  nos  ordres  ou  aultres  qu'il  appartiendra 
au  bastiment  et  construction  d'une  chapelle  sur  la  montagne 
de  la  ditte  isle  en  l'honneur  de  la  très  sainte  Vierge — le  tout 
soubs  le  bon  plaisir  de  Monsieur  l'Evesque.  Faict  au  fort 
de  Ville  Marie  en  la  ditte  isle  le  19  Novembre  1661. 

Paul  de  Chomedey. 


Autre  Ordonnance  contre  la  vente  desboissoiis aux  Sauvages, 


Paul   de    Chomedey,   Sic' 

Vue  l'assassinat  commis  la  nuit  dernière,  de  la  person- 
ne du  nommé  Desjardins,  meusnier,  par  les  sauvages  repu? 


132 

es  d  e  la  nation  des  Lonps,  causé  par  la  vente  des  boissons 
ennyvrantos  aux  sauvages,  nonobstant  les  ordres  exprès  cy- 
devant  consenlys  tant  de  la  part  de  monsieur  le  Baron  Du- 
bois d'Avaujour,  gouverneur  général  pour   Sa   Majesté  que 
de  Monseigneur  PEvesque  de  Pétrée,  Vicaire   apostolique, 
après  avoir  considérer  les  dangers  qu'il  y   a,   qu'il  n'arrive' 
un  massacre  général  des  habitants  par  les  dits  sauvages,  en 
conséquence  de  la  vente   des  dittes  boissons,  dont  les  pré. 
somptions  sont  violentes,  eu  esgard  aux  insolences   ordinai- 
res commises  par  les  sauvages  à  ce  sujet,  et  le  mauvais  usa. 
ge  qui  s'en  commet  à  ce  sujet,   par  les  françois  nonobstant 
les  ordres  cydessus  dont  nous  donnerons  au  plustost  advis  à 
mon  dit  sieur  le  Baron  d'Avaugour  et  à   Mons.    de   Pétrée 
afin  d'establir  un  bon  ordre  au  sujet  de  la  vente  des  boissons 
tant  pour  la  satisfaction  des  habitants  que  des  sauvnges,  en 
attendant  lequel  ordre,  en  vertu  du  pouvoir  que  nous  avons 
de  Sa  Majesté,  n.,us  avons  fait  et  faisons  deHense  à  toutes 
sortes  de  personnes  de  quelque  qualité   et  conditions  qu'ils 
soient  de  vendre,  donner  ny  traiter  aucunes   boissons   enny- 
vrantes  aux  sauvages  sous  telles  j)eines  et  punition  que  nous 
verrons  bon  à  faire  pour  le  service   de   Dieu    et   le   bien  de 
l'habitation.     Fait  à  Ville  Marie  le  21  juin  1GG2. 

Paul  de  Chomedkv. 

Ordonnance  pour  la  culluFe  et  le  défrichement  des  Terres. 

Paul  ue  Cuomedey,  &c. 

Comme  nous  sommes  bien  et  duement  adverlys  qu'il  y 
a  beaucoup  de  personnes  en  ce  lieu,  tnnt  soldats  que  servi- 
teurs domestiques,  qui  ont  désir  de  se  f:.ire  habitans,  à  quoy 
faire  leur  engagement  les  a  empesché  de  parvenir  jusqu'à 
présent.,  Désirant  cfmtribucr  de  tout  nostre  possible  pour 
les  favoriser  dans  leur  dessein  que  nous  trouvons  utile  pour 
la  gloire  de  Dieu  et  l'establissemcnl  de  la  colonie  aussilost 


133 

que  finira  leur  engagement,   nous  avons  ordonné    et  ordon- 
nons ce  qui  suit,  scavoir  : 

Que  nous  déclarons  pour  habitans  tous  les  soldats  et 
serviteurs  domestiques,  lesquels  nous  promettront  de  desfri- 
cher  ou  faire  desfricher  au  plutost  qu'ils  pourront  chacun 
quatre  arpens  de  terre  sur  le  domaine  des  seigneurs  de 
Montréal,  à  charge  qu'ils  en  jouiront  jusqu'à  ce  qu'il  leur  en 
ait  esté  autant  desfriché  sur  les  concessions  que  nous  leur 
promettons  donner  en  temps  et  lieu.,  Et  au  regard  des  sol- 
dats et  serviteurs  domestiques,  lesquels  n'auront  fait  la  susd. 
promesse,  attendu  que  la  Iraile  des  peaux  et  pelleteries  avec 
les  sauvages  appartient  aux  habitans  à  l'exclusion  de  tous 
autres,  nous  leur  faisons  expresses  inhibitions  et  defFenses 
de  traiter  aucunes  peaux  et  pelleteries,  directement  ou  in- 
directement avec  les  sauvages  sous  peine  de  confiscation 
totalle  des  dites  peaux  et  pelleteries  au  prolîct  du  premier 
dénonciateur  de  quelque  qualité  et  condition  qu'il  soit  de 
l'un  ou  de  l'autre  sexe,  ce  qui  luy  sera  dellivré  très  fidèle- 
ment des  le  soir..  Et  de  plus  les  dits  contrevenants  seront 
condamnés  en  une  amende  arbitraire. 

Sera  le  présent  règlement  leu,  publié  et  affiché  et  en- 
registré au  greffe  de  ce  lieu  pour  y  avoir  recours,  comme 
aussy  sera  fait  un  rooUe  qui  demeurera  au  greffe,  des  nom 
des  soldats  et  serviteurs  domestiques  qui  seront  censés  ha- 
bitans et  de  ceux  qui  ne  le  seront  pas.  Fait  au  fort  de 
Ville  Marie  en  la  ditte  isle  le  4  novembre  1662. 

Paul  de  Chomedey. 


Ordre  de  Mr.  le  Gouverneur  pour  la  Milice  de  la  Sfe. 
Famille,  Jésus,  Marie,  Joseph,  avec  un  Roolle  des  soldats 
dHcelle,  du  27  Janvier  1663.      - 

Paul  de  Chomedey,  &c. 

Sur  les  advis   qui  nous   ont  esté   donnés  de  divers  en- 
droicts  que  les  hyroquois  avaient  formé  dessein  d'enlever  de 


13] 


«urprise  ou   de  force   celle   habjialion,   ei  Jt.  secours   de  Sa» 
Majesté  n'estant  point  encore  arrivé,  attendu  que  cotte  isle 
appartient  à  la  sainte  Vierge,  nous  avons  creu  devoir  inviter 
etexorter  ceux  qui  sont  zelez  pour  son  service,  de  s'unir  en- 
semble   par  escouades  de  sept  personnes  chacune  et  après 
avoir   eslu    un   caporal  à  Ja  pluralité  des  voix,   nous  venir 
trouver,  pour  estre  enroollezet  mis  au  nombre  de  nostre  gar- 
nison, et  en  celte  qualité  suivre  nos  ordres  pour  la  conserva- 
tion et  bon  règlement  de  cette  habitation,  promettant  de  nos- 
tre part  de  faire  en  sorte  qu'outre   les  dangers  qui  se  pour- 
roient  rencontrer  dans  les  occasions  militaires,  les  interesls 
particuliers   n'en  seront   point  endommagés.       Et  de  plus 
nous  promettons  à  tous  ceux  qui  se  feront  enrooller  pour  les 
fins    susdites,    de  les  oster  du  roolle,  toutes  fois  et  quantes 
qu'ils   nous  en  requereront.     Ordonnons-  au   sieur    Dupuis, 
Major,  de   faire  insinuer  le  présent  ordre   au  groiïe  de  ce 
lieu,  ensemble  les  noms  de  ceux  lesquels  se  feront  enrooller 
en  conséquence  d'iccluy,  pour  leur  servir  de  marque  d'hon- 
neur  comme   ayans  expozô   leurs  vies  pour  les  interests  de 
Nostre   Dame   et  le  salut  public.     Fait  à  VilleMarie    le  27 
Janvier  1663. 

Paul  de  Chomkdet. 
Le  vingt-huictiesme  jour  des  d.  mois  et  an  que  dessus,  par 
commandement  de  Monsr  le  Gouverneur,  le  présent  ordre  a 
eslé  leu,  publié  et  alTiohé  en  la  manière  acoustumée  à  l'issue 
de  la  grande  messe  dite  en  l'Eglise  de  l'Hospital  St.  Joseph 
du  dit  lieu,  par  nous  commis  au  greffe  soubsigné  et  ensuitte 
insinué  au  dit  greffe  par  le  sieur  Zacharie  Dupuis  Escuyer, 
Major  de  la  dite  isle,  pour  y  avoir  recours  quand  besoin 
•cra,  et  à  ce  que  personne  n'en  ignore  a  signé. 


135 

Rooie  des  Escouades  de  soldats  fait  en  conséquence  de 
l'ordre  de  l'autre  part,  a  la  dilligenee  du  Sieur  Zacario 
Dupuis,  Escuyer,  Major  de  la  Garnison  de  l'Isle  de  Mont- 
réal, du  premier  jour  de  Peuvrier  mil  six  cent  soixante  et 
trois. 


Première  Escouade. 

Jean  de  Lavigne,  Caporal 

Malhurin  RouUié, 

Robert  Pibrov. 

Jullien  Averîy  dit  Lcingevin, 

Thomas  Monnier, 

Isaac  Nafrechou, 

Mk  hel  Guibert, 

Deuxiesme  Escouade. 

Urbain  Bodereau  dit  Graveline,  Caporal 

Jean  Aubin, 

Pierre  de  Vauchy, 

Jean  Guerrier, 

Jacques  Hordequin 

Claude  Marcaut 

Louis  de  Laporte. 

Troisiesme  Escouade. 

Pierre  Bonnefons,  Caporal 

Pierre  Gadoys 

André  Fils 

Jean  Baptiste  Gadoys 

René  Langevin 

François  Cari 

Antoine  Lafontaine. 

Quatriesme  Escouade. 

Gabriel  Lesel  dit  Leclos,  Caporal 


136 

Maurice  Adveily  dit  Léger 
François  Leber 
Michel  Morreau 
Jean  Cadieu 
Pierre  Richomme 
Pierre  Malet. 

Cinquiesme  Escouade. 

Jean  Gasteau,  Caporal 
Estienne  de  Saintes 
André  Trajot 
Barthélémy  Vibreau 
Pierre  Coisnay 
Guillaume  Halier 
René  Piron  dit  Lecarmc. 

Sixiesme  Escouade. 

Gilbert  Barbier,  Caporal 
Estienne  Trudeau 
Jean  Desroches: 
Nicolas  Godé 
Paul  Benoist 
Pierre  Paipin 
François  Bailly. 

Septiesme  Escouade. 

Pierre  Raguideau  dit  St.  Germain 

Tecle  Cornélius 

Anthoinc  Beaudet 

Pierre  Desautels  dit  Lapoinie 

Jean  Baudouin 

Honnoré  Langloys  dit  Lachapelle 

Jean  de  Niau. 


137 

Huictiesme  Escouade. 

Claude  Robutel,  Caporal 

Robert  LeCavelier  dit  Deslaurier» 

Bénigne  Basset 

Jean  Gervaise 

Urbain  Tessier  dit  LaVigne 

Jacques  LeBer 

Charles  LeMoyne. 

Neufiesme  Escouade. 

Jacques  Mousnier,  Capornl 

Jacques  Rouîleau 

Estiennne  Charapo 

François  Tardinet 

Anthoine  Brunet 

François  Leboulanger 

Robert  de  Nuermann,  hollandais. 

Dixiesme  Escouade. 

Jacques  Testard  dit  Laforest,  caporal. 

Charles  Testard 

Jacques  Millots 

Laurent  Archambault 

Jacques  Dufresne 

André  Charly  dit  St.  Ange 

Pierre  Dagenets  dit  Lespine 

Onziesme  Escouade. 

Jacques  LeMoyne,  caporal 

Jean  Quentin 

Jullien  Blois  ou  Benoist 

Grégoire  Simon 

Laurent  Glory 

Michel  André  dit  St.  Michel 

Guillaume  Grenet 


Douziesiiw  Escouade 

Lotiis  Preudhomnir.  fiipoml 

Henry  Perrin 

Hugues  Picard  dit  Lafortune 

Louis  Chevallier 

Jacques  Beauvais  dit  Ste.  Jamm<» 

Jean  Descary 

Jacques  Mousseaux  dit  Laviolelle 

Treiziesme  Escouade. 

Mathurin  Goyet  dit  Laviollrttc,  Capornl 

Jean  Leduc 

François  Roisnay 

Pierre  Gagnier 

Guillaume  Estienne 

Pierre  Pigeon 
Laurent  Bory 

Quaiorziesme  Escouade. 

Le  Sieur  De  Sailly,  Caporal 
Gilles  Lauzon 
Guillaume  Gendron 
Jean  Chevallier 
Anthoine  Courtemanche 
Pierre  Tessier 
Pierre   Saulnier 

Quinziesme  Escouade. 

Pierre  de  Lugerat  dit  Desmoulin«,  Caporal 

Jean  Lemcrcher  dit  Laroche 

Mathurin  Langevin  dit  Tiacroix 

Simon  G  al  brun 

Michel  Parroissien 

Pierre  Chicouane 

Anthoine  Rf^nauit 


139 

Seiziesme  Escouade. 

Honnoré  Dansn}'  dit  le  Toiiranjo,  Caporai 

Mathurin  Thibaudeau 

Jean  Renouil  , 

Charles  Ptolomel 

Mathurin  Jonanneau 

Michel  Théodore  dit  Gilles 

Jean  Seelier 

Dixseptiesme  Escouade. 

Nicolas  Hubert  dit  Lacroix,  Caporai 

Pierre  Lorrain 

Louis  Loisel 

Marin  Jannot  dit  Lachapelle 

Mathurin  Lorion 

Jean  Chapperon 

Nicolas  Milet  dit  Le  Beauceron 

Dixhuitiesme  Escouade. 

Jean  Cicot,  Caporal 
Mathurin  Jousset 
Jacques  Beauchamp   - 
Elie  Beaujean 
Fiacre  Ducharno 
Siraon  Cardinal 

Dixneuviesme  Escouade. 

Jean  Valliquet 
Urbain  Geté 
Jacques  De  la  porte 
Pierre  Gaudin 
Simon  Desprez 
René  Fillastreau 
Louis  Guerostin 

n 


Mu 

Vingt iesme  Escouade 

Descoulombiers,  Caporal 

Brossard 

Bouvier 

Léger  Hébert 

Lavallée 

Pierre  Cliaron 

René  Fezeret. 


Paul  de  Chomedey,  Gouverneur,  &c. 

Estant  entièrement  informé  que  les  habitants  de  ce  lieu 
prétendans  que  les  marchandises  qui  s'y  vendent  et  débitent 
sont  à  des  prix  excessifs  ce  qui  empesche  la  subsistance  de 
leurs  familles,  au  sujet  de  quoy  et  pour  autres  mattières 
concernant  le  fait  de  la  police,  les  d.  habitans  font  des 
plaintes  continuelles,  ce  qui  pour'-oit  enfin  causer  quelque 
cedition  s'il  n'y  estoit  par  nous  pourveu.  A  quoy  désirant 
remédier,  nous  ordonnons  que  les  habitans  de  la  d.  isle  s'as- 
sembleront Dimanche  procliaLii  vingt  quatriesme  de  ce  pré- 
sent moys  au  lieu  dit  le  hangard^  pour  a  la  pluralité  des 
voys,  eslire  cinq'pcrsonnes  rutables  d'entre  eux.  Lesquelles 
auront  pouvoir  de  juger  et  rcigler  toutes  matières  concer- 
nantes la  police  nécessaire  pour  le  bien  de  cett^  habitation. 
Desquels  cinq  esleuz  les  quatre  en  l'absense  des  cinq, 
jugeront  avec  le  même  pouvoir  que  s'ils  estoient  tous  en- 
semble les  d.  mattières  concernant  la  d.  police,  le  tout  con- 
formément aux  ordonnances  Royaux  faits  pour  ce  sujet,  et 
les  ordonnances  qui  seront  faites  sur  le  fait  de  la  d.  police 
seront  exécutées  par  le  juge  ordinaire  de  ce  lieu  et  par  ces  "^ 
sergens  et  de  son  ordonnance.,  et  touttes  les  expéditions 
concernant  le  fait  et  exercise  de  la  d.  police  seront  receues 
et  expédiées  par  le  Greffier  de  la  jurisdiction  ordinaire  du  d. 
lieu.," laquelle  police  se  tiendra  au  me&rae  lieu  ou  se  rend  la 


141 

justice  ordinaire  tous  les  lundys  de  chaque  sepmaine  ;  le 
tout  sans  préjudice  aux  droits  des  seigneurs  de  la  d.  isle  de 
Montréal.,  sera  le  présent  règlement  leu,  publié  et  affiché 
Dimanche  prochain  issue  de  la  Grande  Messe  parroichiale 
en  la  manière  accouslumée  et  ensuitte  enregistré  au  Grefle 
des  d.  seigneurs.  Fait  à  Ville  Marie  en  la  d.  isle  le  quin- 
zièsme  febvrier  mil  six  cent  soixante  et  quatre. 

Paul  de  Chomedey. 

liC  dimanche  dix  septièsme  du  d.  mois  de  février  au  d, 
an  que  dessus,  par  commandement  de  Monsieur  le  Gouver- 
neur, le  présent  règlement  a  esté  leu,  publié  et  affiché  a 
l'issue  de  la  Grande  Messe  dite  en  Péglize  St.  Joseph  de  Ville 
Marie  et  ensuitte  enregistré  au  greffe  des  seigneurs  du  d, 
lieu  par  moy  commis  a  iceluy  soubsigné  à  ce  que  person- 
ne n'en  ignore. 

Basset,  Greffier. 
A  Monsieur  le  Gouverr, 

Supplie  humblement  Urbain  Baudreau  au  nom  et  comme 
procureur  sindicq  des  habitans  de  ce  lieu,  et  vous  remons- 
tre qu  attendu  le  peu  d'habitans  qui  se  sont  trouvés  au  han- 
gard  de  ce  lieu  pour  l'exécution  de  vostre  Règlement  du 
quinzièsme  février  présent  mois  et  an  publié  et  affiché  ou  be- 
soing  a  esté  à  cause  de  l'incommodité  du  mauvais  temps, 
Il  vous  plaise  ordonner  que  le  d.  règlement  sera  releu,  pu- 
blié et  affiché  en  la  mesme  manière  demain  à  l'issue  de  la 
grande  Messe  diti^^e  en  ce  lieu,  pour  l'exécution  du  d.  Rè- 
glement et  que  pour  cet  effect  lesd.  habitans  s'assembleront 
dimanche  prochain  deuxie.  jour  de  Mars  à  l'issue  de  ves- 
pres,  au  d.  hangard,  pour  par  leur  voix  eslire  les  personnes 
nécessaires  et  capables  pour  régir  et  gouverner  la  police  des 
d.  habitants  suivant  et  conformémeiit  à  vostre  dit  Règlement 
et  ferez  justice. 

Présentée  le  dimanche  24  février  1664. 

Baudereau. 


14-2 

Soit  faict  ainsy  qu'il  est  requis  ce  vingt  quatre  febvrier 
1664.  Paul  de  Chomedey. 

Le  lundi  vingt-cinq  février  1CG4,  le  requcste  et  ordonnan- 
ce de  l'autre  part  escritte  avec  le  règlement  de  Monsieur  le 
Gouverneur  de  la  d.  isle  de  Montrai  en  dalle  du  quinzie. 
des  d.  mois  et  an  a  esté  leu,  publié  et  affiché  en  la  manière 
accoustumée  a  l'issue  de  la  grande  Messe  ditte  en  l'église 
St.  Joseph  du  d.  Villemarie  par  nous  commis  au  greffe  des 
seigneurs  de  la  d.  isle  soubsigné  afin  que  personne  n'en 
ignore.  Basset,  G. 


L'an  mil  six  cent  soixante  et  quatre  et  le  Dimanche 
deuxie  jour  de  Mars  a  l'issue  de  Vespres  au  hangard  de 
VilleMarie  l'assemblée  des  habitans  du  d.  lieu,  c'est  te- 
nue suivant  et  conformément  au  règlement  de  Monsieur  le 
Gouverneur,  du  quinzie  de  février  dernier  pour  la  nomina- 
tion de  cinq  Juges  de  police,  lesquels  ont  proceddé  comme 
sensu it  : 

Louis  Prcudhomme  23 

Gabriel  Lesel  19 

François  Bailly  Lafleur  5 

André  Charly  St.  Ange  12 

Jacq.  LeMoyne  23 

Monsr.  Gaillard  5 

Mathurin  Langevin  H 

Robert  LeCavelier  1 1 

Monsr.  de  Belestre  3 

Jacq.  Picot  LaBrie  24 

Marin  Jannot  6 

Jean  Leduc  19 

M.  Mcssier  4 

M.  Desroches  3 

Louis  Chevallier  13 

Pierre  Gadoyf*,  pèrf;  13 


Î43 


Ni  kolas  Godé  t 

Lavigne  2 

M.  Claude,  serrurier  3 

Mons.  Lacroix,  tailleur  4 

Pierre  Lorrin 
Jean  de  Niau 

St.  Jame  6 

M.  Gervaisc 
M.  Laverdure 
M.  Lauzon 
LeRoy,  sergent 
^        M.  Bouchard 

Honnoré  Langlois 
Bourguignon 

Lesquels  habitans  après  la  pluralité  de  leurs  voix  ont  ess- 
ieu, les  personnes  des  sieurs  Louis  Prcudhomme,  Jacques 
LeMoyne,  Gabriel  Sel,  sieur  du  Clos,  Jacques  Picot  Sr.  de 
la  Brie  et  Jean  Leduc,  pour  juges  de  la  police,  du  d.  Ville 
Marie,  qui  en  ont  accepté  la  charge  et  promis  iceux  faire 
leur  debvoir  suivant  les  ordonnances  Royaux,  et  ont  signé 
le  présent  acte  avec  les  d*  habitans  ce  jour  deuxie  Mars 
mil  six  cent  soixante  et  quatre,  a  la  reserve  des  d.  sieur  Du- 
clos  et  J.  Leduc  qui  ont  déclaré  ne  savoir  signer  de  ce  en- 
quis. — Chs.  D'Ailleboust,  P.  Gadoys,  J.  LeMoyne,  Jacques 
Picot,  F.  Bailly,  Louys  Prudhomme,  J.  Vallicquet,  F.  Piron, 
Claude  Fezeret,  E.  Brossard,  J.  Roy,  M.  Langevin,  Marin 
Jaimot,  P.  Gadois,  H.  Perrin,  Honoré  Langlois,  Michel  Pa- 
.  roissien,  René  Fezeret,  Basset,  notaire. 

Nous  Paul  de  Chomedey,  &c. 

Ayant  eu  communiquation  de  l'e'slection  des  députés  pour 
le  fait  et  exercise  de  la  police  nécessaire  de  ce  lieu,  par  les 
habitants  le  deuxie  de  ce  mois,  en  vertu  de  nostre  ordonnan- 
ce du  quinziesme  février  dernier,  par  lesquels  habitans  ont 


Tl  l 

esté  esleUz,  dans  leur  assemblée  du  d.  deuxie  mars,  les 
nommés  Louis  Preudhomme,  Jacques  Picot  dit  Labrie,  Jac- 
ques Lemoyne,  Gabriel  Lesel  dit  leClos  et  Jean  LeUuc, 
sur  qnoy  aurions  mandez  venir  pardevant  nous  les  d.  des- 
putez  pour  prcsler  le  serment  en  tel  cas  requis,  lesquels 
oomparans  avons  d'iceux  prix  et  reçu  le  serment  après  le- 
quel leur  aurions  enjoinct  de  bien  et  fidellement  régir  et 
gouverner  la  d.  police,  suivant  et  conformément  aux  ordon- 
nances royaux  faits  à  ce  sujet  et  de  la  nostre  du  d.  quinzie 
février  dernier.  Ce  qu'ils  ont  promis  et  juré  faire,  ainsi  que 
tels  desputés  sont  tenus  et  obligés,  en  foy  de  quoy,  les  d. 
Preudhomme,  Picot  et  LeMoyne  ont  sigaé  le  présent  après 
que  les  d.  Lesel  et  LeDuc  ont  dit  et  déclaré  ne  savoir  es- 
crire  ni  signer  de  ce  enquis.  Fait  en  la  présence  de  mon- 
sieur Dcsmusseaux  juge  civil  et  criminel  de  la  terre  et  sei- 
gneurie de  la  d.  isle  et  du  sieur  Migon,  Procureur  fiscal 
d'icelle,  le  sixiejourde  mars  mil  six  cent  soixante  et  quatre. 
(Signé,)  Louys  Prudhomme,  Jacques  Picot,  J.  LeMoyne, 
Paul  de  Chomedey,  Cs.  D'Ailleboust  des  Muceaux,  H.  Mi- 
gnon, Procureur  fiscal.  Basset,  greffier. 


GUERRE  DE   1812   A  1815. 


BATAILLE   NAVALE 


DU 


LA.O  OHA-MPL^IN 


PAR    UN    tEMOm     OCULAIRE. 


A  Monsieur  le  Secrétaire  de  la  Société  Historique  de 
Montréal. 

Monsieur, 

En  1844  ou  1845,  vers  l'époque  où  des  difficultés  s'étaient 
élevées  entre  l'Angleterre  et  les  Etats-Unis,  au  sujet  de  cer- 
taines limites  territoriales  qui  n'avaient  pas  été  jusque  là 
formellement  définies,  un  No.  d'un  journal  anglais  publié  à 
Montréal  m'étant  tombé  par  hasard  sous  la  main,  j'y  remar- 
quai une  correspondance  anonyme  appréciant,  au  point  de 
vue  anglais,  les  engagements,  tant  de  terre  que  de  mer,  en- 
tre les  Anglais  et  les  Américains  depuis  1812  à  1815.  Les 
remarques  que  je  vais  citer  plus  loin,  sur  la  perte  de  la  ba- 


146 

taille  navale  du  lacChamplain,  m'éloimèrent  singulièrement 
moi  qui  avais  été  pour  ainsi  dire  témoin  oculaire  du  combat, 
qui  en  connaissais  tous  les  détails,  soit  par  moi  même,  soit 
par  le  canal  de  plusieurs  de  mes  amis,  officiers  canadiens 
engagés  dans  cette  affaire  ;  je  ne  pus  m'empêcher  d'éprou- 
ver un  sentiment  de.  dégoût  en  voyant  jusqu'à  quel  point  un 
écrivain,  se  donnant  pour  chroniqueur  fidèle  des  événements 
accomplis  durant  cette  intéressante  période  de  notre  histoire, 
pouvait  fausser  les  faits  et  se  rendre  coupable  d'un  acte 
d'injustice  révoltante.  Le  correspondant  anonyme,  désirant 
expliquer  les  causes  de  la  défaite  de  notre  escadre  sur  le  lac 
Champlain,  ne  connaissant  vraisemblablement  pas  mieux, 
cite,  entre  autres  choses,  le  passage  suivant  de  "James,  Naval 
"  occurrences  of  the  laie  wor  beiween  Great  Britain  andlht 
"  United  States :"  ^^  AU  the  Gun-boats^  except  the'-^  Mur- 
"  ray''\  '•'-Beres/ord''^  and  another,  abandonned  the  object  as- 
"  signed  them  :  [app.  no.  90)  that  is^  ran  away  almost  as  soon 
*'  as  the  a'tion  commenced  !  AU  surprise  at  this  wiU  cease 
*'  when  it  is  known,  that  not  one  of  the  Gun  beats  had  more 
"  thaii  three  seamen  on  board  ;  their  creics,  wilh  the  excep- 
*'  tioîi  of  afew  marines  in  sonie  of  them,  bting  composed  of 
"  a  smaU  detachment  ofthe  39th.  Régiment  and  of  canadian 
"  militia  ivho  spoke  the  French  language  only.  " 

La  calomnie  était  trop  atroce  pour  que  je  la  laissasse  pas- 
ser sans  mot  dire,  et  quoique  peu  versé  dans  la  connaissan- 
ce de  la  langue  anglaise,  j'entrepris,  sur  le  champ,  de  réfu- 
ter cette  histoire  honteuse,  faite  sans  doute  à  plaisir  par 
M.James,  pour  ménager  la  sensibiliié  de  ses  nationaux, 
aux  dépens  de  braves  volontaires  dont  le  seul  crime  était  de 
ne  parler  que  la  langue  de  leurs  aïeux.  Je  fis  donc  voir  que 
le  Capitaine  Daly,  du  3me.  bataillon  de  la  milic6  incorporée, 
employé  dans  les  chaloupes  canonnières,  avec  les  officiers 
et  les  miliciens  de  sa  compagnie,  était  le  même  qui,  avec  cet- 
te même  compagnie,  s'était  distingué  l'année  précédente,  à 


147 

Chateauguay,  d'une  manière  si  remarquable  ;  qu'il  s'était 
volontairement  offert,  avec  ses  hommes,  au  commandant  en 
chef  pour  armer  quelques-unes  des  chaloupes  canonnières  sur 
le  lac  Champlain  ;  que  des  soldats  éprouvés,  comme  l'étaient 
le  Capitaine  Daly,  les  officiers  et  les  miliciens  sous  ses  or- 
dres, courant  spontanément  à  un  danger  imminent,  ne  pou- 
vaient être  du  nombre  de  ceux  qui  lâchèrent  pied  dès  le 
commencement  du  combat  ;  j'eus  beau  citer  de  mémoire  le 
nombre  des  morts  et  des  blessés  et  invoquer  un  certain  Or- 
dre Général,  concernant  la  belle  conduite  de  cette  compa- 
gnie en  cette  occasion,  je  ne  pus  convaincre  qu'à  demi  les 
lecteurs  anglais,  qui,  d'ailleurs,  trouvaient  leur  compte  dans 
les  faits  tels  qu'expliqués  par  James  ;  il  me  manquait  un  docu- 
ment pour  ne  laisser  aucun  doute  sur  l'entière  véracité  de 
mon  récit ,  l'Ordre  Général  auquel  je  viens  de  faire  allusion. 
Je  fis  mille  instances  auprès  de  l'adjudant-général  de  la 
milice  pour  me  le  procurer,  mais  sans  aucun  résultat.  J'eus 
pour  réponse  que  cet  ordre  général  ne  pouvait  se  trouver, 
au  bureau  de  l'adjudant-général  de  la  milice,  et  que,  s'il 
existait,  je  ne  pourrais  me  le  procurer  qu'en  ayant  recours 
aux  archives  du  dé|3ûrtementde  l'adjudant-général  de  l'armée. 
Force  me  fut  donc  de  m'en  tenir  là,  n'ayant  pu  obtenir 
de  mon  travail  qu'un  demi-succès.  Deux  ans  après  j'ac- 
ceptais la  place  de  député  adjudant-général  de  la  milice, 
et,  dans  les  premières  vingt-quatre  heures  de  mon  installation 
dans  le  département,  j'eus  le  plaisir  de  mettre  la  main  sur 
l'ordre  général  dont  on  me  disputait  l'existence  deux  ans 
auparavant  !  Mais  alors  il  n'était  plus  temps  ;  ayant  perdu 
l'à-propos  de  cette  preuve,  quand  j'en  avais  eu  besoin,  je  dus 
remettre  à  une  autre  occasion  le  soin  de  faire  connaître  la 
vérité  et  de  venger  la  mémoire  de  mes  courageux  compa- 
gnons d'armes  indignement  traités. 

L'an  dernier,  je  crois,   ou  peut-être  l'année   précédente, 
M.  Rogers  qui  a  écrit  un  livre  intitulé  :  "  The  riseof  Canada 


14S 

*^  fromBarbarisjn  io  loealth  and  civilisation^  page  287,  "  ré- 
pète cette  calomnie  en  ces  termes  :  "  The  troops  cooked 
*'  away  wliile  Downie  faught  desparetely  wilh  a  flect  ivhichj 
"  as  a  whole^  was  superior  in  strenglit  to  his^  andwhichwas 
"  rendered  eminently  superior  bij  ihe  shameful  défection  of 
"  the  gun-boats  manned  by  canadian  militia  and  soldicî^s  of 
"  the  39th  Régiment:' 

Après  avoir  lu  ce  passage  dans  le  livre  de  M.  Rogers,  je 
pris  la  peine  de  lui  faire  quelques  remarques  dans  une  lettre 
que  je  lui  écrivis  à  ce  sujet,  lui  adressant  en  même  temps 
copie  de  l'ordre  général  qui  établit  si  bien  le  rôle  honorable 
que  jouèrent  nos  compatriotes  à  bord  des  chaloupes  canon- 
nières sur  le  lac  Champlain,  en  septembre  1814  ;  mais  jus- 
qu'ici ma  lettre  est  demeurée  sans  réponse. 

Enfin,  dans  le  cours  de  la  session  dernière,  une  adresse  à 
la  Reine,  priant  Sa  INIajesté  d^accorder  la  demi-solde  aux 
quelques  officiers  survivants  de  la  milice  incorporée  qui  ne 
l'ont  pas  reçue,  ayant  été  soumise  au  concours  du  Conseil 
Législatif,  je  crus  l'occasion  favorable  ])Our  rétablir  la  vérité 
des  faits  accomplis  sur  le  lac  Champlain  en  1814,  faits  que 
des  historiens  ignorants  ou  malhonnétes'se  sont  plu  à  dénatu- 
rer. M'étant  chargé  de  faire  valoir  cette  adresse  dans  le  Con- 
seil Législatif,  je  pus,  dans  le  cours  des  débats,  citer  les  preu- 
ves nécessaires  pour  mettre  dans  son  vrai  jour  la  belle  con- 
duite du  capitaine  Daly  et  de  sa  compagnie  durant  le  combat 
naval  du  11  septembre  1814.  Malheureusement,  comme  cela 
arrive  souvent,  je  ne  pus  voir,  le  lendemain  dans  les  jour- 
naux, qu'un  sommaire  incomplet  de  ce  que  j'avais  dit  la 
veille,  dépourvu  des  preuves  que  j'avais  données  pour  établir 
la  vérité  des  faits. 

Maintenant,  Monsieur  le  vSeerétaire,  comme  je  vois  qu'un 
des  objets  de  la  Société  Historique  de  Montréal,  est  de  tra- 
vailler "  à  dissiper  les  erreurs  qui  se  glissent  dans  la  relation 
"  de!5     faits     de   notre    histoire,  "    je    crois    ne    pouvoir 


149 

mieux  faire  que  de  vous  adresser  la  présente  correspondance, 
afin  de  placer  dans  un  lieu  sûr  les  pièces  justificatives  que 
j'ai  découvertes  et  que  j'appuie  de  la  connaissance  que  je 
possède  moi-même  des  faits  qui  se  rattachent  à  la  conduite, 
pleine  de  valeur  et  d'esprit  chevaleresque,  et  pourtant  si 
honteusement  calomniée,  de  la  compagnie  des  grenadiers 
de  l'ancien  3e  bataillon  de  la  milice  d'élite  et  incorporée.  Si 
comme  je  le  pense,  la  So.ciété  Historique  de  Montréal  con- 
sidère la  valeur  comme  une  des  plus  belles  qualités  d'un 
peuple,  et,  s'il  est  admis  qu'on  ne  peut  citer  de  circonstance 
où  cette  qualité  ait  fait  défaut  chez  nos  compatriotes,  elle 
n'hésitera  pas,  sans  doute,  quand  le  temps  lui  paraîtra  op- 
portun, de  publier  les  renseignements  que  je  lui  envoie,  et 
sur  l'authenticité  desquels  elle  peut  compter.  Je  ne  tiens 
nullement  à  ma  correspondance  ;  la  société  pourra  en 
extraire  ce  qui  lui  semblera  propre  à  décider  la  question  et 
cela  pourrait  paraître  d'autant  plus  nécessaire  que,  si  j'en 
juge  par  le  Ir.  exemplaire  que  l'on  a  eu  la  bonté  de  m'adresser 
la  forme  sous  laquelle  la  société  présente  ses  travaux  aux 
lecteurs  diffère  entièrement  de  celle  que  j'emploie  dans  ma 
correspondance. 

Les  écrivains  anglais  ont  employé  bien  des  détours  pour 
expliquer  la  défaite  de  notre  escadre  sur  le  lac  Champlain 
en  1814  ;  aucun  cependant  n'a  osé  avouer  la  ^Taie  cause  : 
la  trop  haute  opinion  que  nous  entretenions  de  nous-mêmes 
et  notre  peu  d'estime  de  la  valeur  de  nos  ennemis.  Cette 
fausse  confiance  est  une  erreur  bien  grande  qui  a  coûté  cher 
•à  plus  d'un  peuple,  et  aux  anglais  plus  souvent  peut-être 
qu'à  aucun  autre.  Tous  ceux  qui  ont  connu  la  bouillante 
valeur  de  l'infortuné  Downie  savent  très-bien  que  ce  brave, 
mais  téméraire  oiîicier,  quinze  jours'  avant  la  bataille  du  lac 
Champlain,  déclarait  dans  un  Mess-room  à  Odell  Town, 
qu'avec  la  "  Confiance'''  seule — un  de  ses  navires — il  pour- 
rait rosser  {lick)  l'escadre  américaine  toute  entière  !     Et  en 


loO 

effet,  que  fit-il  le  jour  du  combat  ?  L'armée  ne  le  vit-elle  pas^ 
à  huit  heures  du  matin,  une  lieue  en  avant  de  sa  flotte, 
attaquer  seul  l'escadre  américaine,  et  n'est-ce  pas  un  lait 
incontestable  qne  le  pauvre  Downie  était  déjà  mort  cl  son 
navire  complètement  désemparé  avant  que  Pring,  comman- 
dant le  "  Linnet,''''  })ut  tirer  son  premier  coup  de  canon,  pour 
secourir  la  '•'•  Confiance'''  ?  Le  "  LinneC  ensuite,  et  le  reste 
de  la  flotte,  se  présentèrent  en  ordre  serré,  combattirent  pen- 
dant deux  heures  et  firent  infiniment  plus  de  mal  à  l'ennemi 
que  n'avait  pu  faire  l'attaque  isolée  de  la  "  Confiance^'''*  et 
cela  longtemps  après  que  ce  dernier  navire  eut  amené  son 
pavillon.  Pour  ce  qui  est  des  chaloupes  canonnières,  voici 
ce  qui  arriva  :  nos  compatriotes,  dans  trois  de  ces  chalou- 
pes, se  placèrent  dans  l'ordre  qui  leur  avait  été  assigné,  et 
tinrent  ferme  à  leur  poste  aussi  longtemps  qu'ils  virent  le 
drapeau  anglais  flotter  à  bord  du  dernier  navire  de  notre 
escadre  ;  mais  notre  pavillon  étant  enfin  amené  de  toutes 
parts,  et  tout  paraissant  alors  perdu  sans  ressource,  ils  pu- 
rent, à  force  de  rames,  échapper  à  un  ennemi  tout  puissant 
et  regagner  l'Ile-aux-Noix.  Je  tiens  ces  faits  de  mes  amis, 
le  capitaine  Daly  lui-même  et  son  brave  lieutenant.  Hercules 
Olivier.  D'ailleurs  nous  verrons  bientôt,  par  la  liste  des 
morts,  comparée  au  nombre  respectif  des  combattants,  que 
nos  compatriotes,  placés  au  poste  le  plus  exposé,  durent  sou- 
tenir vaillamment  le  rude  choc  des  ennemis.  Quant  aux 
chaloupes  canonnières  anglaises,  quelques-unes  d'entre  elles 
combattirent  courageusement,  côte  à  côte  de  nos  compatrio- 
tes, mais  le  plus  grand  nombre,  sous  les  ordres  du  lieute- 
nant de  marine  Rayot,  prit  la  fuite  dès  le  commencement 
du  combat,  ce  qui,  il  n'est  guère  permis  d'en  douter,  eut 
l'effet  d'agir  comme  agent  démoralisateur  sur  l'esprit  des 
équipages  denolnî  escadre. 

A  la  page  2 17,  t.  II,  de  l'ouvrage  intitulé  :  "yl  Historyofthc 
"  laU  Province  of  Lower-Canada  hy  Robert  Christie,^'  l'au- 


loi 

teur,  après  avoir  raconté,  d'une  manière  sommaire,  les  prin- 
cipaux faits  de  la  malheureuse  expédition  de  Plattsburgh, 
ajoute  ces  quelques  remarques  :  "  Thus  terminated  the  luck- 
"  less  and  humiliating  expédition  to  Plattsburgh^  with  the 
"  loss  of  the  squadron  (  the  giin-boats,  oiving  to  the  miscon- 
"  duct  ofthe  officer  in  command  {Lieutenant  Rayotj^^excep- 
"  ted)  and  five  hundred  men  of  the  land  forces  in  killed 
"  wounded  and  missing.  This  gentleman,  Lient  :  Rayoty 
"  soon  after  his  disgraceful  Jîightfrom  the  naval  action  at 
"  Plattsburgh,  disapeared,  while  under  arrest,  preparatory 
"  to  his  trial  by  a  naval  court  martial,  andwas  struck  from 
"  the  navy  list.^'' 

Pour  ce  qui  est  des  observations  de  M.  Rogers  que  :  "  The 
"  troops  cooked  away  while  Downie  faught  desparately,^* 
il  n'y  a  rien  de  plus  faux  ;  tout  cela  n'est  que  fiction,  et  il 
est  probable  que  M.  Rogers  aura  coupé,  avec  des  ciseaux, 
aussi  bien  que  le  reste  de  son  ouvrage,  ces  remarques  de 
quelque  gazette  publiée  trente  ans  après  la  guerre  de  1812  : 
c'est  tout  simplement  une  invention  faite  à  plaisir  pour  noir- 
cir la  mémoire  de  Sir  George  Prévost.  Le  fait  est  que 
l'ordre  d'avancer  donné  au  son  de  la  trompette,  du  clairon  et 
du  tambour,  se  fit  entendre  dans  toutes  les  brigades  compo- 
sant l'armée  aussitôt  que  parut  le  premier  navire  de  la  flotte 
au  détour  de  Cumberland-head  ;  chaque  régiment  prenant  la 
position  qui  lui  était  assignée,  à  quart  de  portée  du  canon  des 
retranchements  ennemis,  en  attendant  le  mot  de  comman- 
dement qui  devait  précipiter  ses  pas  à  l'assaut  ;  les  batteries 
anglaises  érigées  en  face  des  travaux  américains  se  démas- 
quant et  ouvrant  en  même  temps  leurs  feux  sur  l'ennemi  ; 
et  tout  cela  se  passant  avant  que  la  "  Confiance  "  eut  tiré 
sa  première  bordée.  Les  chasseurs'  canadiens  marchant  la 
gauche  en  tête,  avec  la  compagnie  légère  ou  Berczy,  qui 
avait  perdu,  enlongeant  la  rivière  Saranaque,  onze  hommes 
tués  et  blessés,  et  qui  avait  repoussé  l'ennemi  chemin  faisant, 


\:r2 

étaient  déjà  dans  les  batteries  avnnt  que  le  Linnel  eu  paru 
au  détour  de  Cumberhiud-head.  Le  signal  j)our  mon- 
ter à  l'assaut  devait  être  donné  par  les  brigades  Robinson 
et  Power,  mais  ces  brigades  s'étant  égarées  dans  le  bois, 
après  avoir  traversé  la  rivière  Saranaque,  ne  purent,  à  l'iieu- 
re  convenue,  donner  le  signal  de  l'assaut  ;  et  notre  Hotte, 
pendant  ce  délai,  ayant  été  battue,  ordre  fat  envoyé  à  ces 
deux  brigades  de  revenir  sur  leurs  pas.  Quant  aux  deux 
corps  d'infanterie  canadienne,  qui  formaient  partie  de  l'ex- 
pédition, il  sulKt  de  dire  qu'ils  étaient  à  V avant- garde  en 
marchant  sur  l'ennemi,  longeant  le  lac  Champlain,  sous  les 
ordres  du  major-général  Brisbane  ;  et  à  Varrière-garde^  en 
reprenant  la  route  du  Canada,  et  que  l'ennemi  ne  pat  une 
seule  fois,  pénétrer  leurs  rangs  soit  en  avançant,  soit  en  re- 
traitant. 

Mais  revenons  aux  chaloupes  canonnières  et  au  petit  dé-^ 
tachement  canadien  qui  les  montaient  :  les  remarques  de  M. 
Rogers  nous  les  ont  fait  perdre  un  instant  de  vue.  Sir  George 
Prévost  dans  une  dépêche  qu'il  écrivait  le  jour  delà  bataille, 
à  un  moment  où  il  lui  était  impossible  de  connaître  tout  ce 
qui  s'était  passé  dans  le  cours  du  combat  naval,  a  blâmé, il  est 
vrai,  la  conduite  des  chaloupes  canonnières,  mais  ces  paro- 
les de  blâme  sont  bien  compensées  par  son  ordre  général 
en  date  du  1er  Décembre  de  la  même  année,  lorsque,  mieux 
renseigné,  il  crut  de  son  devoir  d'accorder  un  juste  tribut 
de  louange  à  quelques  braves  qui,  autrement,  se  seraient 
trouvés  flétris  en  partageant  une  censure  commane  qu'ils 
n'avaient  assurément  pas  méritée.  Voici  d'abord  les  paro- 
les de  la  dépêche  à  laquelle  nous  venons  de  faire  allusion  : 
"  Scarcely  had  his  Majesty''s  troops  forced  a  passage  accros 
*'  the  SaranaCj  and  asccnded  the  hcighls  on  which  stand  the 
"  encmy''s  works^  that  I  had  the  extrême  mortification  to 
"  hear  the  shout  of  victory  from  the  enemy''s  works,  in  con- 
'•  séquence  pf  the  hrilish  Jlag  being  loivercd  on  board  of  the 


153 

"■  Confiance''  and  "  Linnet  »  andto  see  oicr  Gun-hoals  seek- 
"  mg  their  safety  inflight.'' 

Comme  nous  venons  de  le  faire  remarquer,  le  général  en 
chef,  écrivait  de  son  quartier-général  le  jour  même  de  la  ba- 
taille ;  il  ne  pouvait  donc  connaître  les  détails  du  combat  • 
mais  plus  tard,  ayant  été  mis  au  fait  des  circonstances  les 
plus  minutieuse,  le  général  Prévost  n'hésita  plus  à  rendre 
justice  à  qui  justice  était  -si  légitimement  due,  et  il  lança 
l'ordre  général  que  voici  : 

Adjutant-general's  Office, 
Montréal  1  Dec.  1814. 
General  Order, 
"  The  season  of  tl.e  year  no  longer  requiring  the  rétention 
"  of  the  detachment  of  the   3d  Battalion   embodied  Militia, 
"  serving  in  the  gun-boats,  it  is  ordered  to  rejoin  the    Head 
"  Quarters  of  the  Corps.     His  Excellency  the  Governor  in 
"  Chief  and  Commander  of  the  Forces,  considers  it  an  ac^of 
"  justice  to  Capt.  Daly  and  the  officiers  and  men  under  his 
"  command,   to  express  the  high  sensé  he  entertains  of  the 
"  laudable  zeal  which  induced  them,  voluntarily  to  embrace 
"  so  ardous  abranch  of  the  service  and  to  persévère  with  for- 
"  titude  and  steadiness  in  the  discharge  of  its  varions  duties, 
"  in  the  performance  of  which  the  detachment  had  one    ser' 
"  géant  and  eight  soldiers  killed  and  one  lieutenant  and  two 
"  soldiers  wounded  in  action  with  the  enemy.  „ 

(Signed,)  Ed.  Baynes,  Ad.-Gen.  N.  A. 

•  Il  est,  ce  nous  semble,  bien  évident  que  cet  ordre  général 
ne  pouvait  être  destiné  à  complimenter  un  détachement  de 
milice,  "  ne  parlant  que  français,""  si  ce  détachement  avait, 
comme  nous  l'assure  l'historien  Jame's,  pris  la  fuite  dès  le 
commencement  du  combat  ;  d'ailleurs  il  est  clair  que  lors- 
que l'on  fuit  sans  combattre,  l'on  ne  se  fait  pas  tuer  :  cela 
n'a  pas  besoin  de  [commentaire  pour  se  comprendre.     La 


OFFICIERS 


DE    LA 


SOCIETE  HISTORIQUE 


DE    MONTREAL. 


Patrons  :i,ir  G.  E.  Caktier,  etrHon.  P.  J.  0.  Chauvkau. 

PRESIDENT  :  M.  l'Abbé  H.  A.  B.  Vf.rreau. 
yPrési,.,, g„„  Honneur  le  Juge  Beato.v 

Serré  taire t>    -n 

^^-  -LJellemare,  Ecuier. 

Trésorier -iir    -.t 

^^-  Marchand,  Ecuior. 

Bihiinfhéraire  ....  T      a     n    t 

j  ■'"  ^-  -'^-  I-ATOUR,  Ecnier 

A>^<islnnf-Srrrrh,ire j     o     ,)...^,     .,      . 


MÉMOIRES 


DE    LA 


SOCIETE  HISTORIQUE 


DE   MONTREAL. 


HISTOIRE    DU    MONTREAL 

PAR 

M.  DOLLIEE  de  OASSON. 


MONTRÉAL  : 

DES  PRESSES  A  VAPEUR  DE  "LA  MINERVE, 

RUE  ST.   VINCENT,   16. 

18  68 


HISTOIRE   DU  MONTREAL. 

1640-1673. 


Manuscrit  sans    nom  d'auteur,  apporté  à  Montréal,  en 

Novembre,  1845,  par  l'Hon.  L.  Jos.  Papineau,  copié 

à  Paris,  pour  la  Province  du  Canada. 


Ouvrage  attribué  à  M.  François  Dollier  de  Casson, 

Prêtre  de  St.  Sulpice  de  Paris  et  3e  Supérieur 

du  Séminaire  de  Montréal. 


AVEC  APOSTILLES  PAR  M.  PIERRE  MARGRY  ET  NOTES 
ET  APPENDICES  PAR  M.  J.  VIGER. 


UN  MOT  D'EXPLICATION. 


Dans    la   dernière    session  du  Parlement  Provincial, 

TAssemblée  Législative  du  Canada  autorisa  le  Gouver- 
neur, Lord  Chs.-  Theophilus  Metcalle,  sur  Adresse,  à  em- 
ployer telle  somme  d'arçent  qu'il  jugerait  convenable  à 
faire  copier,  pour  j'usage  de  la  Province,  quelques  uns 
des  nombreux  manuscrits  qui  sont  de  dépôt  dans  les 
bureaux  publics  de  Paris  et  qui  concernent  le  Canada. 
A  la  suite  de  cette  Adresse,  Thon.  L.  Jos.  Papineau,  alors 
à  Paris,  lut  prié  par  le  G-ouvernement  coJonial  de  rem- 
plir le  désir  de  l'Assemblée  Législative  ;  il  le  voulut 
bien,  et,  sous  la  surveillance  de  M.  Margry,  il  fit  copier 
la  présente 

"Histoire  du  Montréal." 
et  plusieurs  autres  manuscrits  ayant  rapport  à  l'histoire 
du  Canada  et  qu'il  y  apporta,  cette  année,  avec  lui.  Le 
présent  mémoire,  ouvrage  de  M.  François  Dollier  de 
Casson,  prêtre  de  St.  Sulpice  et  3e  Supérieur  du  Sémi- 
naire de  Montréal,  est  un  volume  de  382  pages,  grand 
in  4to,  auquel  M.  Pierre  Margry  a  fait  nombre  d'apostilles 
qu'on  trouvera  portées  en  encre  rouge  à  cette  copie  du 
MS.  (1)  pour  les  mieux  distinguer  des  notes  en  encre 
noire  que  j'ai  cru  devoir  faire  moi-même,  indépendam- 
ment de  l'appendice  à  la  suite  du  texte. 

Montréal,  26  Novembre  1845.  Js.  Viger. 


Ce  mémoire  est  aasi/rément  de  M.  Dollier  quoiqu'il  ri  en 
porte  le  nom.  La  note  sur  le  voyai2;e  de  IGÔdJusti/ie  ce  fait. 
Je  n'ai  pas  revu  ce  Mémoire  tout  de  mes  propres  i/eux,  mais 
il  m'a  été  relu,  par  le  copiste,  pendant  que  Je  teyiais  l'original 
en  main.  Comme  cela  s  est  fait  la  nuit,  quelques  erreurs  se- 
ront peut-être  restées.  Toufejois  Je  //uis  dire  que  la  copie 
sera  plus  lisible,  quoiqu'il  //  ait,  plus  claire,  mieux  orthoirra- 
phiée  que  C œuvre  même  de  M.  Dollier  souvent  iiidéchijfrable. 

Août  20,  4  h.  du  matin. 

(1)  Los  apostilles  «le  M.  Marpry  sont  insi-réfs  en  italirjucs  au  bus  des 
pages  de  ce  volume  :  les  iiote>  de  M  Viger  sont  indiquées  comme  vi'nant  de 
lui. 


HISTOIRE    DU    MONTREAL. 


Lettres  adressées  depuis  1640  jusqu'à  1672. 
A  Messiefirs  les  Infirmes  du  Séminaire  de  St.  Sulpice, 


Je  vous  envoie,  Messieurs,  cette  Relation  afin  qu'elle 
vous  serve  d'un  vaisseau  fort  commode  pour  venir  au 
Montréal  sans  que  vous  ayez  besoin  de  remède  pour  dis- 
poser vos  corps  aux  rigueurs  du  voyage  ;  Si  vous  êtes 
incommodés  d'un  mal  de  mer  importun  ne  craignez  pas 
les  roullins  en  ce  trajet  car  le  branlement  de  ce  navire 
n'augmentera  aucunement  vos  douleurs  :  si  vous  avez 
l'estomac  foible  et  que  vous  appréhendiez  par  trop  les 
maux  de  cœur  que  cause  ordinairement  une  mer  agitée, 
fiez-vous  sur  ma  parole,  tournez  hardiment  ce  feuillet  et 
vous  embarquez  sans  crainte,  car  je  vous  promets  que 
cette  grande  traversée  vous  sera  si  douce  qu'à  peine 
vous  vous  en  appercevrez.  Si  vous  avez  peur  de  ces 
mouches  que  nous  appelons  maring'ouins  qui  donnent 
tant  d'exercice  aux  habitants  de  ce  pais,  assurez-vous  que 
je  les  bannirai  si  bien  de  ce  livre  que  vous  n'y  en  trou- 
verez pas  une  :  si  la  foiblesse  de  vos   yeux  vous  fait 


craindre  nos  neiges  je  m'offre  pour  le  garant  de  vos 
vues,  pourvu  que  vous  ne  vous  serviez  d'autre  navire 
que  de  celui-ci  afin  d'y  venir  :  Si  vous  appréhendez  la 
dépense  que  vous  pourroit  causer  cette  entreprise,  afin 
de  la  modérer  et  épargner  votre  bourse,  je  vous  offre  le 
passage  gratis,  pourvu  que  vous  me  voulliez  seulement 
accorder  quelques  heures  de  ce  temps  que  Messieurs  vos 
médecins  ou  apothicaires  ne  vous  permettront  pas  de 
donner  à  des  emplois  plus  utiles  ;  que  si  vous  me  dites 
"  tout  cela  est  bon,  mais  nous  voudrions  approcher  au- 
"  trement  de  votre  beau  fleuve  pour  admirer  plus  agré- 
"  ablement  la  beauté  de  son  cours,"  je  vous  répondrai 
que  si  quelques  uns  d'entre  vous  sont  de  ce  sentiment, 
j'en  ai  trop  de  joie  pour  m'y  opposer,  qu'ils  viennent  à 
la  bonne  heure  comme  il  leur  plaira  goûter  la  belle  eau 
de  nos  rapides  et  apprendre  par  leurs  propres  expérien- 
ces que  la  Seine  lui  doit  céder  son  nom  puisque  celle-ci 
est  mille  fois  plus  avantageuse  à  la  santé  du  corps. 


AU  LECTEUR. 

Comme  je  ne  souhaite  point  tromper  ceux  qui  se  vou- 
dront donner  la  peine  de  lire  cette  Relation,  je  veux 
bien  les  avertir  qu'ils  ne  peuvent  pas  espérer  de  moi  que 
ce  soit  sans  quelques  légères  erreurs  pour  les  dates,  les 
temps  (2)  et  que  je  serai  si  fidèle  à  leur  rapporter  toutes 
les  belles  actions  qui  se  sont  faites  en  ce  lieu  que  je  n'en 
obmette  un  très  grand  nombre  ;  premièrement  parceque 
la  religion  de  ces  personnes  pieuses  et  qualifiées  les- 
quelles ont  peuplé  cette  isle  au  dépens  de  leur  bourse, 
n'a  jamais  pu  souffrir  que  rien  de  remarquable  parût 
chez  les  libraires  touchant  ce  qui  a  été  fait  ici,  si  bien 
que  je  suis  contraint  aujourd'hui  de  laisser  dans  un 
profond  silence  et  au  milieu  des  ténèbres  ce  qui  mérite- 
roit  d'être  exposé  au  plus  beau  jour,  lorsque  je  n'en  ai 
pas  des  témoignages  authentiques  ;  en  second  lieu  il  y 
a  eu  tant  d'attaques  en  ce  poste  avancé,  tant  de  coups 
donnés  et  reçus,  les  témoins  y  ont  été  tant  de  fois  re- 
poussés depuis  trente-un  ans  qu'on  y  est  établi,  (3)  d'ail- 
leurs il  y  a  eu  tant  de  faits  considérables  pour  la  piété 
surtout  à  l'égard  des  personnes  qui  soutenoient  cet  ou- 
vrage, que  j'aurois  beau  examiner  et  feuilleter  les  temps 
et  les  saisons,  je  serois  toujours  contraint  d'oublier  bien 
des  choses  dignes  de  mémoire.  En  troisième  lieu  je 
vous  dirai  que  j'ai  si  peu  de  temps  à  moi,  que  je  ne  puis 
faire  autre  chose  sinon  parcourir  ce  petit  jardin  de  Mars 
prenant  sans  avoir  le  loisir  de  m' arrêter  tantôt  une  fleur 
en  un  endroit,  tantôt  en  un  autre,  pour  vous  former  ce 
bouquet  ;  que  si  les  fleurons  qui  le  composent  se  trou- 
vent moins  artistement  accommodés,  je  ne  laisserai  pas 
de  vous  le  présenter  volontiers,  parce  qu'il  vous  sera 
diflB.cile  de  l'approcher  sans  que  vous  ressentiez  la  suave 

(2)  L'ordre  des  temps. 

(3)  Noire  auteur  écrit  donc  de  IG72  à  1673.     (Note  de  J.  Viger.) 


8 

odeur  de  cet  Epoux  des  Cantiques  qui  s'est  fait  suivre 
dans  des  pays  aussy  éloignés  par  tant  de  personnes  con- 
sidérables, soit  par  leurs  démarches  du  corps,  soit  par 
les  démarches  de  l'esprit  et  de  l'affection,  soit  par  les  dé- 
marches de  la  bourse  dont  les  largesses  ne  s'y  sont  pas 
fait  voir  avec  peu  de  profusion  et  ne  contribuent  pas  peu 
encore  aujourdhuy  aux  reconnaissances  et  hommages 
qui  y  sont  rendus  au  Créateur  de  l'univers  aux  pieds  de 
ces  nouveaux  autels  surtout  par  plusieurs  personnes  qui 
n'y  pourroient  pas  encore  maintenant  subsister,  ou  du 
moins  elles  y  seroient  dans  la  dernière  misère  sans  les 
douceurs  charitables  de  la  France  qui  les  aide  de  temps 
en  temps  à  faire  leurs  pénitences  avec  moins  d'inquié- 
tude  en  ce  grand    éloignement    dans    lequel    elles  se 
trouvent  de  tous  leurs  amis,  après  avoir  essuyé  et  couru 
de  périls  qu'il  se  verra  dans  la  suite  de  cette  histoire,  à 
laquelle  les  choses  qui  se  sont  passées  depuis  l'an  1640  jus- 
qu'à l'an  1641  au  départ  des  vaisseaux  de  Canadas  en 
France  serviront  d'un  forte  belle  et  riche  entrée,  ensuite 
nous  marquerons  toutes  les  autres  années  à  la  tête  des 
chapitres,   comptant   notre  année  historique   depuis  le 
départ  des  vaisseaux  du  Canada  pour  la  France  dans  une 
année  jusqu'au  départ  d'un  vaisseau  du  même  lieu  pour 
la  France  dans  l'an  suivant  :  ce  que  nous  faisons  de  la. 
sorte  parceque  toutes  les  nouvelles  de  ce  pays  sont  con- 
tenues chaque  année  en  ce  qui  se  fait  ici  depuis  le  dé- 
part des  navires  d'une  année  à  l'autre  et  en   ce  qu'on 
reçoit  de  France  par  les  vaisseaux  qui  en  viennent  ;  et 
comme  nous  puisons  dans  ces  deux  sources  ce  que  nous 
mandons  tous  les  ans  à  nos  amis  j'ai  cru  que  l'ordre  na- 
turel voulait  que  je  cottasse  aiusy  mes  chapitres  pour 
une  plus  sure  division  de  cette  histoire. 


HISTOIRE  DU  MONTRÉAL. 


Depuis  Tan  de  Notre  Seigneur  16iO  jus ju'  à 
l'an  1641  au  départ  des  vaisseaux  de 
Canadas  en  France. 

La  main  du  Tout-puissant  qui  se  découvre  ici  tous  les 
jours  en  ses  ouvrages  voulut,  l'an  quarantième  de  ce 
siècle,  se  donner  singulièrement  à  connoître  par  celui  du 
Montréal  dont  elle  forma  les  desseins  dans  l'esprit  de 
plusieurs  d'une  manière  qui  faisoit  dans  le  même  temps 
voir  en  Dieu  une  bonté  très  grande  pour  ce  pays,  auquel 
elle  voulut  lors  donner  ce  poste  comme  le  bouclier  et  le 
boulevart  de  sa  défense,  une  sagesse  non  pareille  pour 
la  réussite  de  ce  qu'elle  y  voulut  entreprendre,  n'ob- 
mettant  rien  de  ce  que  la  prudence  la  plus  politique  eût 
pu  acquérir  (1)  ;  une  puissance  prodigieuse  et  surpre- 
nante pour  l'exécution  de  cette  affaire  faisant  de  mer- 
veilleuses choses  en  sa  considération  :  tous  les  anciens 
habitans  de  la  Nouvelle-France  savent  assez  combien  il 
leur  a  vallu  d'avoir  ce  lieu  avancé  vers  la  rive  ennemie 

(2)  pour  les  amuser  et  retenir  dans  leurs  terribles  des- 
centes ;  Ils  n'ignorent  pas  que  très  souvent  cette  côte 

(3)  a  servi  de  digue  aux  Iroquois  pour  arrêter  leur  furie 
et  impétuosité  se  dégoûtant  de  passer  plus  outre,  lors- 
qu'ils se  voyoient  si  vigoureusement  reçus  dans  les  atta- 
ques qu'ils  y  faisoient,  et  la  suite  de  cette  histoire  fera 
tellement  toucher  au  doigt  combien  le  Canada  lui  est 

(1)  Requérir.  * 

(2)  Leurs  ennemis. 

(3)  Isle. 


10 

obligé  de  sa  conservation,  qne  ceux  qui  sauront  par  leurs 
propres  expériences  la  sincérité  et  vérité  de  ce  discours, 
béniront  en  le  lisant  mille  fois  le  ciel,  d'avoir  été  assez 
bon  pour  prendre  et  concevoir  le  dessein  d'un  ouvrage 
qui  lui  est  si  avantageux  :  que  si  la  bonté  de  Dieu  a  paru 
visiblement  en  cette  entreprise,  sa  sagesse  et  toute  puis- 
sance n'y  ont  pas  brillé  avec  moins  d'éclat,  étant  vrai 
qu'il  est  impossible  de  repasser  en  son  esprit  toutes  les 
choses  qui  se  firent  dans  l'année  dont  nous  parlons,  sur 
le  sujet  de  Montréal,  sans  admirer  partout  ces  deux  per- 
fections divines  qui  concouroient  tellement  l'une  avec 
l'autre  au  dessein  duquel  nous  traitons,  qu'il  paraissoit 
clairement  que  cet  ouvrage  n'appartenoit  point  aux  hom- 
mes mais  seulement  à  la  sagesse  et  au  pouvoir  infini 
d'un  Dieu  meu  par  sa  seule  bonté  à  en  agir  de  la  sorte  ; 
mais  voyons  un  peu.  comme  ces  deux  attributs  divins  de 
la  sagesse  et  de  la  puissance  s'assistèrent  l'un  l'autre 
afin  d'enfanter  et  de  mettre  au  jour  cet  ouvrage  :  La 
providence  de  Dieu  voulant  rendre  cette  isle  assez  forte 
pour  être  la  frontière  du  pays,  et  voulant  du  reste  la 
rendre  assez  peuplée  pour  y  faire  retentir  les  louanges  de 
son  créateur  lequel  y  avait  été  jusqu'alors  inconnu,  il 
falloit  qu'elle  jettîit  les  yeux  sur  plusieurs  personnes 
puissantes  et  pieuses  afin  d'en  faire  une  compagnie  qui 
entreprit  la  chose,  par  ce  que  la  dépense  devant  être 
grande,  elle  eût  été  excessive  si  plusieurs  personnes  puis- 
santes et  de  qualité  ne  se  fussent  réunies  pour  cet  effet, 
et  l'union  n'auroit  pas  longtemps  duré  si  elle  n'avoit  été 
entre  des  personnes  pieuses  détachées  du  siècle  et  entiè- 
rement dans  les  intérêts  de  Notre  Seigneur,  d'autant  que 
cette  association  se  devant  faire  sans  espoir  de  profit 
et  en  ayant  encore  même  aujourd'huy  fort  peu  à  espérer 
d'ici  à  plusieurs  années  en  ce  lieu,  elle  se  seroit  bientôt 
détruite  si  elle  avoit  été  intéressée,  quand  elle  n'auroit 


11 

eu  que  ce  seul  chagrin  d'être  obligée  à  toujours  mettre 
sans  espérance  de  rien  recevoir  d'un  très  longtemps  : 
de  plus  il  falloit  que  la  Providence  divine  disposât  quel- 
que illustre  commandant  pour  ce  lieu,  lequel  fût  homm  e 
de  cœur,  vigoureux,  d'expérience  et  sans  autres  intérêts 
que  ceux  de  l'éternité  :    outre    cela    il  falloit  que    la 
même  providence  choisît  une  personne  pareillement  dé- 
gagée pour  y  avoir  soin  des  pauvres  malades  et  blessés 
en  attendant  que  le  monde  se  multipliant  elle  procurât 
à  cette  isle  l'assistance  d'un  hôpital  pour  seconder  ou 
tenir  la  place  de  cette  personne,  sur  quoy  il  est  à  remar- 
quer qu'il  étoit  de  besoin  que  ce  fût  quelque  fille  ou 
femme  à  cause  que  les  personnes  de  ce  sexe  sont  propres 
à  plusieurs  choses  qiii  ne  se  font  pas  communément  si 
bien  par  ceux  d'un  sexe  différent  dans  un  lieu  où  il  n'y 
en  a  point.    Mais  à  vous  dire  le  vrai  il  falloit  que  ce  fût 
une  personne  toute  de  grâce  pour  venir  alors  dans  ce 
pays  si  éloigné,  si  sauvage   et  si  incommode,  et  il  étoit 
nécessaire  qu'elle  fût  extrêmement  protégée  de  la  main 
du  Tout-puissant  afin  de  conserver  toujours  le  trésor  de 
sa  pureté  sans  aucun  larcin   ou  véritable   ou  faussement 
présumé,  venant  parmi  les  gens  de   guerre  :  La  provi- 
dence a  miraculeusement  opéré  toutes  ces  choses  comme 
nous  verrons  dans  la  suite  de  cette  histoire  qui  nous  fera 
également  admirer  la  sagesse  de   Dieu  et  son  pouvoir  : 
mais  avant  que  de  parler  de  cet  illustre  commandant  et 
de   cette    personne    choisie    iDour   les  malades  et    bles- 
sés,   revenons  à  l'érection  de  notre   sainte   compagnie, 
aussi  bien  n'oserions-nous  rien  dire  présentement  de  ces 
deux  personnes  que  le  Ciel  à  élues  parceque  la  main  de 
Dieu  qui  travaille  fortement  chez  elles,  veut  le  faire 
comme  en  cachette  ;  ces  deux  ouvrages   si  nécessaires 
sans  que  nos  associés  en  aient  aucune   connaissance  jus- 
qu'à l'an  prochain,  afin  qu'ils  les  reçoivent  alors  comme 


12 

nue  gratification  purement  céleste  :  Sur  donc  voyons 
naître  cette  belle  association  et  prendre  son  origine  dans 
la  ville  de  la  Flèche  par  le  moyen  d'une  relation  de  la 
Nouvelle-France,  qui,  parloit  fortement  de  l'isle  du 
Montréal,  comme  étant  le  lieu  le  plus  propre  du  pays 
afin  d'y  établir  une  mission  et  recevoir  les  sauvages,  la- 
quelle Relation  vint  heureusement  entre  les  mains  de 
M.  de  la  Doversière,  (1)  personne  de  piété  éminente,  qui 
fut  d'abord  beaucoup  touché  en  la  lisant,  et  qui  le  fut 
encore  bien  d'avantage  quelque  temps  après,  Dieu  luy 
ayant  donné  une  réprésentation  si  naïve  de  ce  lieu  qu'il  le 
décrivoit  à  tous  d'une  façon,  laquelle  ne  laissoit  point  de 
doute  qu'il  n'y  eut  bien  de  l'extraordinaire  là  dedans,  car 
les  guerres  avoient  laissé  si  peu  de  moyens  poiu  le  bien  re- 
connoître  qu'à  peine  en  pouvoit-on  donner  une  grossière 
idée,  mais  lui  le  dépeignoit  de  toute  part  non  seulement 
quant  aux  costes  et  partie  extérieure  de  l'isle,  mais  encore 
il  en  dépeignoit  le  dedans  avec  la  même  facilité,  il  en 
disoit  la  bonté  et  beauté  et  largeur  dans  ces  diflTérens  en- 
droits :  enfin  il  discouroit  si  bien  du  tout  qu'allant  parler 
un  jour  au  Révd.  Père  Channeau,(2)Kecteur  du  collège  de 
la  Flèche  qui  le  confessoit  et  lui  disant  que  Dieu  lui  avoit 
fait  connoître  cette  isle  la  lui  représentant  comme  l'ouvra- 
ge auquel  il  devoit  donner  ses  travaux  afin  de  contribuer  à 
la  conversion  des  Sauvages  i^ar  le  moyen  d'une  belle  co- 
lonie française  qui  leur  pouvoit  faire  sucer  un  lait  moins 
barbare  ;  que  cependant  il  vît  ce  qu'il  devoit  faire  et  s'il 
croyait  que  cela  fut  de  Dieu  oui  ou  non,  alors  ce  père  éclai- 
ré du  ciel,  convaincu  par  ce  qu'il  cntendoit  desabouche, 


(Il  Jérôme  Lf  F{oyer  do  la  Dauversière,  (note  de  J.  V.) 

(2)  ('limtveaii  ou  Chain  rrau. 

Si  M.  M.  au  lieu  de  corriger  et  moderniser  l'orthograplie  de  lautc^ur,  l'eut 
au  contraire  suivie  et  un  peu  t'tudiée  il  aurait  vu  Cliauticaii  dans  ce  nom, 
c'est-à-dire  Chauveau  et  non  Chmmrau  ou  r/iainnran.  On  mettait  plus 
d'un  U  û  celte  époque  h  la  place  de  notre  V. 

L'abbé  de  la  Tour  dit  Ghauvet.     (Note  de  J.  V.) 


13 

lui  dit-"N'en  doutez  pas,  Mr.  employez-vous  y  tout  de  bon;" 
étant  revenu  des  jésuites,  incontinent  il  dit  tout  ce  qui  s'é- 
toit  passé  à  M.  le  Baron  de   Fauquant  (1),  gentilhonime 
fort  riche  qui  étoit  depuis  peu  venu  demeurer  chez  luy, 
comme  dans  une  école  de  piété  afin  d'y  apprendre  à  bien 
servir  notre  Seigneur,  Dieu  l'ayant  voulu  conduire  tout 
exprès  sous  ce  pieux  prétexte  en  la  maison  de  son  servi- 
teur, afin  qu'il  se  trouvât  là  à  propos  pour  partager  l'hon- 
neur de  commencer  le  travail  de  cette  nouvelle  vigne, 
sur  quoy  il  est  à  remarquer  que  ce  vertueux  baron  avant 
vu  la  même  Relation  que    M.  de  la  Doversière  en  avoit 
été  tellement  touché  qu'il  ne  lui  eût  pas  plutôt  fait  con- 
noitre  à  quoy  l'avoit  destiné  le  bon  père  Channeau,  qu'- 
aussitôt il  s'ofirit  à  lui  afin  de   s'associer  pour  le  même 
dessein  ;  ces  deux  serviteurs  du  Tout-puissant  étant  ainsi 
unis  ils  prirent  résolution  d'aller  de   compagnie  à  Paris, 
afin  de  former  cjuelque  saint  parti  qui  voulût  contribuer 
à  cette  entreprise  ;    y  étant  arrivé  M.  de  la  Doversière 
s'en  alla  dans  un  hôtel  où  Notre  Seigneur  conduisit  feu 
M.  Hollié  (2),  ces  deux  ser-^-iteurs  de  Jésus-Christ  se  ren- 
contrant en  ce  palais  furent  soudain  éclairés  d'un  rayon 
céleste  et  tout-à-fait  extraordinaire,  d'abord  ils  se  saluè- 
rent, ils  s'embrassèrent,   ils  se  connurent  jusqu'au  fond 
du  cœur,  comme  St  François  et  St  Dominique,  sans  se 
parler,  sans  que  personne  leur  eût  dit  mot  et  sans  que 
jamais  ils  se  fussent  vus.  Après  ces  tendres  embrassemens 
de  ces  deux  serviteurs  de  Notre  Maitre  céleste,  M.  Olier 
dit  à  feu  M.  de  la  Doversière. — "  Je  sais  votre  dessein, 
"je  vais  le  recommander  à  Dieu,  au  saint  autel  ;"  cela  dit 
il  le  quitta  et  alla  dire  la  sainte  messe  que  M.  de  la  Do- 
versière alla  entendre,  le  tout  avec  une  dévotion  difficile 

(1;  Sic.  Fan  ou  Fau  Fauquant. 

Pierre  Chevrier,  Baron  de  Fancamp,  prêtre.    (Note  de  J.V.j 

(  2)  M.  J.  J.  Olier,  Fondateur  du  S'-rainaire  de  St  Sulpice.    (  Not^  ils  J.V.) 


14 

à  exprimer  quand  les  esprits  ne  sont  jjas  embrasés  du 
même  feu  qui  consumoit  ces  grands  hommes  ;  l'action  de 
grâce  faite,  M.  Holié  donna  cent  pistoles  à  M.  de  la  Dover- 
sière,  lui  disant  "  Tenez  voilà  pour  commencer  l'ouvrage 
de  Dieu;"  Ces  cent  louis  ont  été  le  premier  argent  qui  ait 
été  donné  pour  cet  œuvre,  prémices  qui  ont  eu  la  béné- 
diction que  nous  voyons.  Sur  quoy  il  est  bien  à  remar- 
quer que  Dieu  ayant  le  dessein  de  donner  dans  un  cer- 
tain temps  pour  lors  connu  à  lui  seul  toute  cette  isle  au 
Séminaire  de  Saint  Sulpice,  il  en  souhaita  toucher  le  pre- 
mier argent  par  les  mains  de  son  très  digne  fondateur  et 
premier  supérieur,  afin  de  la  lui  engager  en  quelque  fa- 
çon et  lui  donner  des  assurances  qu'il  s'y  voulait  faire 
servir  un  jour  par  ses  enfants.  Après  cela  ils  ne  doivent 
pas  craindre  au  milieu  des  tempêtes,  ils  n'en  seront  pas 
abattus  puisque  Dieu  est  leur  soutien  ;  et  que  pour  le 
paiement  de  toutes  les  grâces  qu'il  a  versées  sur  cet  ou- 
vrage par  leur  moyen  il  en  a  voulu  recevoir  les  arrhes 
par  des  mains  qui  lui  étaient  aussy  agréables  que  celles 
de  feu  Mr.  Holié.  Mais  reprenons  le  fil  de  notre  histoire 
et  faisons  revenir  M.  de  la  Doversière  trouver  son  cher 
Baron  de  Fauquand  et  exprimons  si  nous  pouvons  la  joie 
avec  laquelle  il  lui  dit  ce  que  nous  venons  de  vous  rap- 
porter au  sujet  de  M.  llolié  ;  exprimons  si  nous  pouvons 
l'allégresse  de  cet  illustre  ])aron  en  voyant  une  telle  mer- 
veille, ensuite  voyons  ces  trois  premiers  associés  dans 
leur  première  entrevue,  et  exprimons  si  nous  pouvons 
leurs  tendres  embrassades  mélangées  de  larmes  et  soupirs. 
Après  disons  que.  Dieu  donne  })ien  parfois  de  la  joie  à  ses 
servitevirs,  disons  que  chez  les  grands  de  ce  monde  rien 
ne  se  trouve  de  pareil,  disons  enfin  que  le  lien  amoureux 
formé  par  le  St.  Esprit  entre  ces  trois  associés  ne  se  rom- 
pra pas  aisément,  qu'il  sera  fort  i)our  amener  de  puis- 
sants secours  et  faire  entreprendre  des  merveilles  dans 


15 

l'islé  du  Montréal  :  Mais  voyons  un  peu  comme  Dieu  les 
conduit  pour  la  réussite  de  ce  dessein  ;  il  lalloit  avant  tou- 
tes choses  c[u'ils  se  rendissent  les  maîtres  du  lieu  que  la 
Providence  les  fesoit  envisao^er — mais  pour  y  parvenir  il 
étoit  nécessaire  de  traiter  auparavant  avec  M.  de  Loson 
(  1  )  auquel  cette  terre  avoit  été  donnée,  c'est  ce  dont 
s'acqiiitta  quelques  mois  après  avec  beaucoup  de  ^'igilance 
et  de  soin  le  Sieur  de  la  Doversiôre  qui  ne  négligeoit  au- 
cune chose  à  l'égard  de  cette  affaire  que  le  ciel  lui  avoit 
commise,  pour  cela  il  s'adressa  au  II.  P.  Charles  Lalle- 
mant  (2)  qui  fut  si  convaincu  après  l'avoir  oui  que  ce 
dessein  étoit  de  Dieu  qu'il  se  résolut  de  demander  per- 
mission d'aller  avec  lui  trouver  M.  de  Loson  dans  le 
Lionnais,  où  il  étoit  alors,  afin  de  mieux  négocier  la 
chose  ;  zèle  à  qui  Dieu  donna  une  telle  conviction  (3) 
que  le  traité  de  cette  isle  se  fit  et  passa  en  la  ville  de 
Vienne  (4)  peu  de  temps  après,  ce  qui  fut  au  mois 
d'août  du  même  an  1640.  (5)  Cela  donna  un  grand  con- 
tentement aux  nouveaux  associés,  lesquels  pour  une 
marque  de  leur  extraordinaire  confiance  en  Dieu  avoient 


(  1  •)  sic  de  Lauzon  ? 

11  signait  Jean  de  Lauson,  jai  son  autographe.  Il  était  alors  Intendant  du 
Dauphiné,  et  fut  gouverneur  général  du  Canada  de  1651  à  1656.  Il  partit 
tard  dans  l'automne  sans  attendre  son  successeur.  Sa  commission  n'ex- 
pirait que  le  17  janv.  1657.  Il  laissa  pour  commander  à  sa  place  M.  Charles  de 
Lauson  De  Charny  Tun  de  ses  fils,  frère  du  Sénéchal.  (  note  de  J.V.  )  Voir  2e 
livraison  des  mémoires  de  la  Société  Historique. 

(2)  Il  signait  Lalemant.  (Note  de  J.V.) 
•     (3)  Brnédictiou. 

(4)? 

(5)  M.  Paillon  dit  à  ce  sujet  ;  "M.  de  Lauson  cédant  aux  instances  de 
M.  de  la  Dauversière  qui  fit  deux  fois  à  cette  fin  le  voyage  de  Dauphiné, 
substitua  M.  Olier  et  ses  associés  à  sa  place,  par  contrat  passé  à  Grenoble, 
le  17  Août  1640,  et  approuvé  par  la  Grande  Compagnie  (dont  il  tenait  sa 
concession  de  l'Ile)  au  mois  de  décembre  suivant."'  (Vie  de  M.  Olier.  Paris 
1841.)    (Note  de  J.V.)     Y  oir  a  ppnulûr  }io.  XYl. 


16 

dès  le  printemps  avant  l'accomplissement  de  cette  affaire, 
envoyé  au  11.  P.  Lejeune,  lors  recteur  de  Kebecq,  vingt 
tonneaux  de  denrées,  outils  et  autres  choses,  afin  qu'il 
prit  la  peine  de  les  leur  faire  conserver  pour  l'an  sui- 
vant : — M.  de  la  Doversière  étant  retourné  de  Viennois 
{Sic)  après  cette  heureuse  négociation,  on  commença  lors 
de  travailler  tout  de  bon  à  chercher  les  moyens  de  faire 
un  grand  embarquement  pour  l'an  1641  ;  mais  si  pour 
résister  en  ce  lieu  aux  incursions  des  sauvages  on  avoit 
besoin  de  gens  soldats  et  résolus,  on  avoit  encore  plus 
besoin  d'un  digne  chef  pour  les  commander,  ce  que  re- 
présentant quelque  temps  après  le  Sr  de  la  Doversière 
au  P.  Charles  Lallemant,  ce  bon  père  lui  dit  : — "  Je  sais 
un  brave  gentilhomme  champenois  nommé  M.  de  Mai- 
son-neufve  (1)  qui  a  telle  et  telle  qualité,  lequel  seroit 
possible  bien  votre  fait  et  commission  ;"  il  vit  que  M.  de 
la  Doversière  désiroit  de  le  connoitre,  il  lui  dit  son  au- 
berge afin  qu'il  pût  le  voir  sans  faire  semblant  de  rien  ce 
qu'il  fit  fort  adroitement  et  sans  que  l'on  s'apperçut  du 
dessein  qu'il  avoit  ;  parcequ'il  alla  tout  simplement  loger 
dans  ci'tte  auberge  comme  s'il  n'eut  eu  autre  envie  que 
d'y  prendre  ses  repas,  et  parla  ensuite  publiquement  de 
l'affaire  du  Montréal  qui  étoit  sur  le  tapis,  afin  de  voir  si 
cela  ne  lui  doiineroit  point  lieu  d'entrer  en  quelque  con- 
versation sur  ce  fait  avec  M.  de  Maison-neufve,  ce  qui 
lui  réussit  fort  bien,  car  M.  de  Maison-neufve  ne  se  con- 
tenta pas  dans  la  conversation  de  l'avoir  interrogé  plus 
que  tous  les  autres  ensemble  sur  le  dessein  proposé,  mais 
outre  cela,  il  le  vint  par  après  trouver  dans  le  particulier, 
afin  de  lui  dire  qu'il  seroit  bien  aise  pour  éviter  les  dé- 
bauches de  s'éloigner  et  que  s'il  pouvoit  servir  à  son 
dessein  il  s'y  oflroit  fort  volontiers,  qu'il  avoit  telle  et 


(l)   Paul   de  Chomedey  Sitiur  <lo  Maisonncurve.   Il  signait  lantùl  l'un, 
tanWt  l'autre  de  ces  deux  noms.  Jai  de  ses  autographes.  (Note  de  J.  V.) 


11 

telle  qualité,  qu'au  reste  ilétoit  sans  intérêt  et  avoit  assez 
de  bien  pour  son  peu  d'ambition  qu'il  emploieroit  sa  vie 
et  sa  bourse  dans  cette  entreprise  sans  vouloir  autre 
chose  que  l'honneur  d'y  servir  Dieu  et  le  Roy  son  maitre 
dans  l'état  et  profession  des  armes  qu'il  avoit  toujours 
portées.  M.  de  la  Doversière  l'entendant  parler  d'un 
lano-ao-e  si  chrétien  et  résolu  en  fut  tout  charmé.  Il  le 
reçut  comme  un  présent  de  la  Providence  divine  laquelle 
vouloit  accomplir  son  œuvre  et  l'ofFroit  pour  cet  effet  à 
la  compagnie  naissante  du  Montréal  ;  aussi  étoit-ce  un 
homme  digne  de  sa  main,  il  étoit  aisé  à  voir  qu'il  en  ve- 
noit  et  étoit  propre  à  réussir  dans  les  desseins  qu'elle 
avoit  sur  cette  Compagnie  à  l'égard  de  cette  isle  ;  elle 
lui  avoit  fait  commencer  le  métier  de  la  guerre  dans  la 
Hollande  dès  l'âge  de  13  ans,  afin  de  lui  donner  plus 
d'expérience,  elle  avoit  eu  le  soin  de  conserver  son  cœur 
dans  la  pureté  au  milieu  de  ces  pays  hérétiques  et  des 
libertins  qui  s'y  rencontrent,  afin  de  le  trouver  par  après 
digne  d'être  le  soutien  de  sa  foi  et  de  sa  religion  en  ce 
nouvel  établissement, — elle  le  r.etint  toujours  dans  une 
telle  crainte  des  redoutables  jugemens  derniers  que 
pour  n'être  pas  obligé  d'aller  dans  la  compagnie  des  mé- 
chants se  divertir,  il  apprit  à  pincer  le  luth,  afin  de  pou- 
voir passer  son  temps  tout  seul  lorsqu'il  ne  trouveroit 
pas  d'autres  camarades  ;  quand  le  temps  fut  venu  auquel 
elle  vouloit  l'occuper  à  son  ouvrage  elle  augmenta  telle- 
ment en  lui  cette  appréhension  de  la  divine  justice  que 
pour  éviter  ce  monde  perverti  qu'il  connoissoit,  il  désira 
d'aller  servir  son  Dieu  dans  sa  profession  en  quelques 
pays  fort  étrangers.  Un  jour  roulant  ces  pensées  dans 
son  esprit  elle  lui  mit  en  mains,  chez  un  avocat  de  ses 
amis  une  Relation  de  ce  pays  dans  laquelle  il  étoit  parlé 
du  P.  Charles  Lalemant,  depuis  quelque  temps  revenu 
du  Canada.     Là-dessus  il  pensa  à  part  soi  que  peut-être 


18 

dans  la  Nouvelle-France  il  y  avoit  quelques  employs 
où  il  pourroit  s'occuper  selon  Dieu  et  son  état  parfaite- 
ment retiré  du  monde  ;  pour  cela  il  s'avisa  d'aller  voir 
le  Père  Charles  Lallemant  auquel  il  ouvrit  l'intention  de 
son  âme  ;  le  Père  jugeant  que  ce  gentilhomme  étoit  le 
véritable  fait  de  Messieurs  du  Montréal,  il  le  proposa  à 
M.  de  la  Doversière  lorsqu'il  lui  en  parla  comme  nous 
l'avons  dit  ci-devant,  ce  qui  réussit  à  son  extrême  joie 
ainsi  que  nous  l'avons  déjà  remarqué  et  ce  qui  causa  des 
contentements  indicibles  à  tous  Messieurs  les  associés, 
particulièrement  lorsqu'ils  apprirent  les  avantageuses 
qualités  qui  brilloient  dans  ce  commandant  que  la  Pro- 
vidence leur  donnoit  en  ce  pressant  besoin  ;  il  est  vrai 
que  la  joie  qu'ils  en  conçurent  s'augmenta  encore  beau- 
coup lorsqu'ils  le  connurent  plus  à  fond  ;  quoique  tout 
ce  qu'ils  remarquèrent  en  sa  personne  ne  fut  rien  qu'un 
fort  léger  rayon  de  ce  qu'il  a  fait  paroitre  ici  en  lui  ;  on 
a  vu  en  sa  personne  un  détachement  universel  et  non 
pareil,  un  cœur  exempt  d'autres  appréhensions  que  de 
celles  de  son  Dieu,  et  une  prudence  admirable,  mais 
entre  autre  chose  on  a  vu  en  lui  une  générosité  sans 
exemple  à  récompenser  les  bonnes  actions  de  ses  soldats, 
plusieurs  fois  pour  leur  donner  des  vivres  il  en  a  manqué 
lui-même,  leur  distribuant  jusqu'aux  mets  de  sa  propre  ta- 
ble  ;  il  n'épargnoit  rien  afin  de  leur  faire  gagner  quelque 
chose  quand  les  Sauvages  venoient  en  ce  lieu  ;  même  je 
sais  qu'une  fois  remarquant  une  extraordinaire  tristesse 
dans  un  brave  garçon  qui  avoit  fait  voir  plusieurs  fois 
son  cœur  contre  les  ennemis,  il  l'interrogea  et  sachant 
que  c'étoit  à  cause  qu'il  n'avoit  rien  de  quoi  traiter  aux 
Outaouas,  lesquels  étoient  lors  ici,  il  le  fit  venir  en  sa 
chambre,  et  comme  il  étoit  tailleur  de  profession  il  lui  fit 
couper  jusqu'aux  rideaux  de  son  lit  pour  les  mettre  en 


19 

capots,  afin  de  les  leur  vendre  et  ainsi  il  le  rendit  con- 
tent ;  snr  quoi  il  est  bon  de  savoir  qu'il  ne  faisoit  pas  les 
choses  pour  en  tirer  aucun  lucre,  mais  par  une  pure  et 
cordiale  générosité,  laquelle  le  rendoit  digne  de  louange 
et  d'amour,  ce  que  n'ont  pas  moins  mérité  plusieurs 
autres  qui  ne  se  sont  pas  moins  dépouillés  que  lui  de  ce 
qu'ils  avoient,  d'autant  que  tout  ce  qu'ils  ont  fait  n'a  été 
que  par  la  cupidité  d'un  profitable  négoce  qui  cherche 
partout  l'utile  et  le  souverain  de  tous  les  biens. 

Ce  brave  et  incomparable  gentilhomme  rencontré,  les 
associés  ne  songèrent  plus  qu'à  de  l'argent  et  à  s'assurer 
de  bons  hommes  afin  de  faire  une  belle  et  considérable 
dépense  pour  Dieu  et  l'honneur  de  la  France  en  leur  pre- 
mière levée  de  boucliers,  qu'ils  résolurent  de  commen- 
cer au  premier  départ  des  navires  pour  le  Cana- 
da, qui  étoitau  printemps  suivant  qui  étoit  celui  de  1641. 
Que  s'ils  réussirent  Dieu  les  assista  bien  et  il  leur  en  coû- 
ta bon,  surtout  à  cause  des  faux  frais  que  le  peu  d'expé- 
rience et  la  tromperie  des  hommes  fait  faire  en  pareille 
occurrence  où  il  est  à  remarquer  que  cet  embarquement 
se  monta  à  vingt  cinq  mille  écus  en  France  et  qu'ils  n'é- 
toient  encore  que  six  personnes  qui  contribuassent  à  ce 
dessein  et  que  partant  il  falloit  que  la  grâce  fut  bien  forte 
puisqu'elle  les  obligeoit  à  tant  employer  de  biens  en  fa- 
veur d'un  ouvrage  qu'ils  savoient  ne  leur  devoir  rien 
rapporter.  Enfin  le  printemps  venu  ils  donnèrent  les  or- 
dres pour  l'embarquement  qu'ils  résolurent  de  faire  prin- 
cipalement à  la  Eochelle  où  Messieurs  de  Fauquant  et 
de  la  Doversière  se  rendirent  exprès  à  la  prière  de  leurs 
confrères,  afin  d'assister  M.  de  Maison-neufve  qui  y  alloit 
après  avoir  reçu  de  Messieurs  les  associés  la  commission 
de  venir  conmander  en  ce  lieu  où  Sa  Majesté  leur  a 
donné  le  pouvoir  de  commettre  des  G-ouverneurs,  d'avoir 


20 

du  canon  et  autres  munitions  de  fT^uerre;ces  trois  Messi- 
eurs ne  lurent  pas  plustôt  arrivés  à  la  Uochelle  qu'ils  re- 
cherchèrent encore  de  toutes  parts  du  monde  propre  à 
bien  soutenir  ce  poste,  ils  ne  choisirent  pour  cet  effet 
que  de  bons  hommes  en  quoi  ils  avoient  d'autant  plus 
de  raison  qu'ils  savoient  que  ce  lieu  devoit  être  fort  chaud 
et  difficile  à  deffendre  par  un  petit  nombre  de  soldats 
tel  que  celui  qu'ils  pouvoient  iburnir,  vu  la  multitude 
et  la  cruauté  des  ennemis  qu'ils  y  dévoient  combattre; 
outre  cette  levée  de  soldats  ils  firent  de  grandes  dépenses 
pour  avoir  les  denrées,  outils  et  marchandises  nécessai- 
res à  un  établissement  de  la  conséquence  de  celui-ci. 
Enfin  ils  n'épargnèrent  rien  pour  réussir  en  leur  dessein^ 
mais  au  reste  ils  avoient  besoin  d'une  chose  qu'ils  ne 
pouvoient  trouver  et  que  leur  ])ourse  ne  leur  pouvoit 
fournir,  c'étoit  d'une  fille  ou  bien  d'une  femme  de  vertu 
assez  héroïque  et  de  résolution  assez  mâle  pour  venir 
en  ce  pays  prendre  le  soin  de  toutes  ces  denrées  et  mar- 
chandises nécessaires  à  la  subsistance  de  ce  monde,  et 
pour  servir  en  même  temps  d'hospitalière  aux  malades 
et  blessés  ;  que  si  leur  argent  ne  la  leur  put  octroyer  la 
providence  qui  les  avoit  assistés  jusques-là  et  qui  depuis 
l'an  1640  les  employoit  fortement  à  cet  ouvrage  avoit 
pris  le  soin  de  disposer  à  leur  insçu  la  personne  dont 
ils  avoient  besoin,  l'amenant  à  point  nommé  du  fond 
de  la  Champagne  en  ce  lieu  de  leur  embarquement  dans 
le  temps  qu'ils  s'apperçurent  de  la  grande  nécessité  qu'ils 
en  avoient  et  de  l'impossiliilité  où  ils  étoient  de  la  trou- 
ver; chose  qui  est  considérable  et  qui  mérite  trop  d'avoir 
son  récit  en  cette  histoire  pour  ne  la  pas  rapporter  tout 
au  long  commençant  par  les  premiers  mouvemens  de  la 
vocation  que  ressent  cette  bonne  fille  dont  est  question 
dans  la  ville  de  Langre  en  l'an  1640  «Miviron  la  mi-avril 
par  le  moyen  d'un  chanoine  de  ce  lieu-là,  lequel  parlant 


21 

de  la  Nouvelle  France  avec  beaucoup  de  zèle  loua  extrê- 
memeut  Notre  Seigneur  de  ce  qu'il  s'y  vouloit  mainte- 
nant faire  servir  par  l'un  et  l'autre  sexe  ;  ajoutant  que 
depuis  peu  une  personne  de  qualité  nommée  Made.  de 
la  Pelleterie  (1)  y  avoit  mené  des  Urselines.  Que  Mada- 
me Deguillon  (2)  y  avoit  fondé  des  Hospitalières,  et 
qu'enfin  il  y  avoit  bien  des  apparences  que  Dieu  y  vou- 
loit être  particulièrement  honoré.  Ce  furent  ces  paroles 
qui  donnèrent  la  première  impression  que  ressentit  ja- 
mais Mademoiselle  Mance  (3)  en  faveur  de  ce  pays, 
(c'est  le  nom  de  cette  fille  que  le  Maître  de  l'univers 
avoit  choisie  pour  venir  travailler  dans  cette  nouvelle 
vigne)  ;  à  mesure  qu'elle  entendoit  ce  discours  son  cœur 
se  laissoit  tellement  surprendre  par  les  mouvemens  les 
plus  secrets  et  les  plus  forts  de  la  grâce  qu'ils  le  ravirent 
entièrement  à  lui-même  et  le  firent  venir  malgré  lui  en 
Canadas  par  ses  désirs  et  par  ses  vues  ;  Lors  toute  éton- 
née de  se  voir  en  cet  état,  elle  voulut  réfléchir  sur  la 
foiblesse  de  sa  complexion,  sur  ses  maladies  passées,  enfin 
elle  se  voulut  munir  de  plusieurs  raisons  pour  s'exemp- 
ter d'obéir  à  ces  divins  attraits,  mais  tant  plus  elle  re. 
tardoit  plus  elle  étoit  inquiétée  par  la  crainte  de  l'infi- 
délité à  ces  mouvemens  célestes,  son  pays  natal  lui  étoit 
une  prison,  son  cœur  y  étoit  sur  les  épines,  que  si  elle 
les  vouloit  découvrir  à  son  directeur  pour  les  lui  arracher 
elles  étoient  si  abondantes  et  fichées  si  avant  qu'après 
avoir  bien  travaillé  il  perdoit  l'espérance  d'en  venir  à 


(1)  Madeleine  de  Chauvigny,   Veuve  De   la  Peltric  :  j"ai  ses  autographes 
(Note  de  J.  V.) 

(2)  Marie  Magdeleine  de  Wignerod  ou  Vignerod,  duchesse  d'Aiguillon 
Elle  avoit  été  mariée  à  Antoine  de  Beauvoir  du  Roure  de  Combalet,   dont 
elle  n'eut  point  d'enfant.  Elle  étoit  nièce  du  Cardinal  de  Richelieu  (Note  de 
J.V.) 

(3)  Jeanne  Mance.  j'ai  son  autographe,  (Note  de  J.  V.) 


00 


bout  ;  c'est  pourquoy  ayant  invoqué  le  Saint-Esprit  il 
lui  dit  de  partir  pour  Paris,  le  mercredi  d'après  la  Pente- 
côte ;  que  là  elle  s'adressât  au  Père  C.  Lalemant  qui  avoit 
soin  des  affaires  du  Canadas,  qvie  pour  la  direction  de  sa 
conscience  elle  prit  le  Recteur  de  la  Maison  des  Jésuites 
qui  seroit  la  plus  voisine  du  lieu  où  elle  log-eroit.  Ayant 
reçu  ces  conseils  elle  vint  à  Paris  pour  faire  ce  que  Dieu 
demandoit  d'elle,  feignant  en  sa  maison  de  n'y  vouloir 
aller  qu'afin  d'y  voir  ses  parens.  En  etfet  elle  vint  de- 
meurer chez  eux  près  du  noviciat  des  Jésuites  ;  de  là 
sans  perdre  beaucoup  de  temps  elle  alla  voir  le  Père  Ch. 
Lalemant,  qui  à  la  deuxième  visite  l'encouragea  grande- 
ment, lui  dit  des  merveilles  touchant  les  desseins  que 
Dieu  avoit  sur  la  Nouvelle-France  et  qu'il  s'en  alloit  à 
Lyon  pour  une  affaire  de  la  dernière  conséquence  qui 
retrardoit  le  Canadas;  c'étoit  pour  la  négociation  du 
Montréal  dont  nous  avons  parlé,  mais  il  ne  la  lui  décou- 
vrit pas,  aussi  n'en  étoit-il  pas  besoin  pour  lors  :  Dans  ce 
même  temps  elle  vit  le  Père  St.  Jure,  recteur  du  novi- 
ciat des  Jésuites,  qui  lui  dit  peu  de  chose  n'approuvant 
ny  ne  désapprouvant  rien  aussi  sur  le  sujet  de  sa  voca- 
tion en  ces  contrées  :  Or  comme  le  Père  St.  Jure  étoit 
fort  occupé,  elle  fut  trois  mois  ensuite  sans  lui  pouvoir 
parler,  mais  enfin  avant  fait  connoissance  avec  Madame 
De  Villersavin  (1)  cette  dame  la  mena  par  après  un  jour 
voir  le  Père  St.  Jure  qui  la  retint  quand  elle  s'en  voulut 
aller,  afin  de  lui  parler  en  particulier,  lorsque  Mme 
de  Villersavin  seroit  partie,  ce  qu'il  fit  avec  beaucoup  de 
force  et  ouverture  de  cœur,  l'assurant  que  jamais  il  n'a- 
voit  tant  vu  de  marque  de  la  volonté  du  bon  Dieu  qu'en 
sa  vocation,  qu'elle  ne  la  devoit  plus  dissimuler  comme 
elle  l'avoit  fait  jusqu'alors,  que  c'étoit  une  œuvre  de 


(22;    Mllerchavin.     M  Faillon  dit  VilUcerain. 


23 

D  ieu,  qu'elle  s'en  devoit  déclarer  à  ses  parens  et  à  tout 
le  monde.  Ces  paroles  dilatèrent  tellement  son  cœur, 
qu'elle  ne  poiivoit  l'exprimer  ;  d'abord  qu'elle  fut  à  sa 
maison  elle  découvrit  tout  ce  mistère  à  ses  parens,  ils 
A'oulurent  s'y  opposer  mais  en  vain.  Incontinent  après, 
c  ela  se  divulgua  de  toutes  parts  et  comme  la  chose  en  ces 
temps  là  étoit  comme  inouïe  cela  fit  un  grand  bruit  sur- 
tout chez  les  dames  qui  prenoient  plaisir  de  faire  venir 
cette  demoiselle  et  de  l'interroger  sur  une  vocation  si  ex- 
traordinaire ;  La  Eeine  même  la  voulut  voir,  comme  aussi 
Madme  la  Princesse,  Made  la  Chevalière  (1)  et  autres  ; 
quant  à  son  particulier  elle  ne  répondoit  qu'une  seule 
chose  à  tous,  c^u'elle  savoit  bien  que  Dieu  la  vouloit  dans 
le  Canadas  mais  qu'elle  ne  savoit  pas  pourquoi,  qu'elle 
s'abandonnoit  pour  tout  ce  qu'il  voudroit  faire  d'elle 
aveuglément.  L'hiver  suivant  un  Provincial  des  Ré  col- 
lets, homme  de  grand  mérite  nommé  le  Père  Rapin  (2), 
vint  à  Paris,  or  comme  elle  le  connoissoit  dabord  elle  le 
visita  et  lui  dit  les  choses  comme  elles  étoient  ;  à  quoi  il 
répondit  qu'approuvant  son  dessein  et  son  abandon  entre 
les  mains  de  Dieu,  que  cela  étoit  bien,  qu'il  falloit  ainsi 
qu'elle  s'oubliât  elle-même,  mais  qu'il  étoit  bon  que  d'au- 
tres en  eussent  le  soin  nécessaire  ;  c'est  ce  c|ui  arriva  par 
le  ministère  de  ce  saint  homme,lec[uel  Cjuelques jours  après 
lui  manda  Cju'elle  eût  à  se  tenir  prête  pour  aller  chez  Ma- 
dame de  Bullion  c[uand  on  la  viendrait  cjuérir  ce  qui  fut 
l'après-diné  ;  étant  arrivée  elle  trouva  son  bon  Père  Ra- 
pin  avec  cette  pieuse  Dame,  laquelle  prit  grand  plaisir 
à  l'entretenir,  se  conjouissant  merveilleusement  avec  elle 
de  l'abandon  où  elle  se  trouvait  au  bon  plaisir  de  Dieu, 
ensuite  après  avoir  beaucoup  causé  avec  elle,  elle  la  con- 
gédia la  priant  de  la  revenir  voir  ;  a  sa  quatrième  visite 

(1)  La  Cfiancelière. 

(2)  Le  R.P.  Rapin,  Provincial  des  Recollets  (M.  de  Belmont)  J.V. 


24 

elle  lui  demanda  si  elle  ne  voudroit  pas  Ijien  prendre  le 
soin  d'un  hôpital  dans  le  pays  où  elle  alloit,  parcequ'elle 
avoit  le  dessein  d'y  en  fonder  un  avec  ce  qui  seroit  né- 
cessaire pour  sa  propre  subsistance,  que  pour  cela  elle 
eut  été  bien  aise  de  savoir  quelle  étoit  la  fondation  de 
l'hôpital  de  Kebecq  faite  par  Mad.  Deguillon  (1).  Made- 
moiselle Mance  lui  avoua  que  la  foiblesse  de  sa  com- 
plexion  jointe  à  sa  mauvaise  santé  depuis  17  on  18  ans, 
ne  dévoient  pas  lui  permettre  de  faire  grand  fond  sur  sa 
personne,  que  néanmoins  elle  s'abandonnoit  entre  les 
mains  de  Dieu  pour  l'exécution  de  ses  bons  plaisirs  tant 
à  l'égard  des  pauvres  que  de  tout  ce  qu'il  lui  plairoit  ; 
que  quant  à  la  fondation  de  l'hôpital  de  Kebecq  elle  ne 
savoit  pas  quelle  elle  étoit,  mais  qu'elle  s'en  iuformeroit. 
Ensuite  elle  continua  toujours  ses  visites  à  cette  bonne 
Dame,  à  laquelle  elle  dit  après  s'en  être  soig-neusement 
enquise  à  quoi  se  montoit  la  fondation  de  l'hôpital  de 
Kebecq.  Cette  Dame  l'ayant  appris  elle  donna  des  té- 
moignages qu'on  n'en  devoit  pas  moins  attendre  de  sa 
libéralité.  Enlin  après  toutes  ces  visites  le  printemps 
arriva  auquel  il  falloit  exécuter  les  desseins  de  Dieu  ;  il 
n'étoit  plus  temps  de  parler  il  falloit  agir  ;  c'est  ce  à 
quoi  notre  demoiselle  se  prépara  avec  une  gaieté  et  une 
promptitude  non  pareilles  ;  elle  alla  pour  cet  efi'et 
prendre  congé  de  sa  Dame  qui  lui  présenta  une  bourse 
de  1200  livres  en  lui  disant  :  "Recevez  les  arrhes  de 
"  notre  bonne  volonté  en  attendant  qvie  nous  fassions  le 
"  reste,  ce  que  nous  accomplirons  lorsque  vous  m'aurez 
"  écrit  du  lieu  ou  vous  serez  et  que  vous  m'aurez  mandé 
'•  l'état  de  toutes  choses."  Après  ces  paroles  elles  se  sé- 
parèrent mais  cela  ne  se   fit  pas  sans  peine,  surtout  à 

(2'è)  La  Duchesse  fl'.Mguillon  fonda  rHotcl-Dieu  do  Qut'hec  lo  16  Avril 
1637,  mais  ce  ne  fut  que  le  lor  Août  !G3'J  que  los  premières  hospitalières 
arrivèrent  en  Canada  pour  y  commencer  leur  œuvre.     (Note  de  J.  V.) 


25 

l'égard  de  cette  bonne  Dame,  laquelle  avoit  bien  du  dé- 
plaisir de  ne  pouvoir  pas  donner  au  Canadas  son  corps 
aussi  bien  cj[ue  sa  bourse,  afin  d'y  venir  prendre  x^art 
aux  premiers  hommages  qui  ont  été  rendus  au  souverain 
de  l'univers.  (1)  Notre  Demoiselle  ayant  quitté  Ma- 
dame de  Bullion  elle  voulut  partir  le  jour  suivant  de 
Paris  pour  s'embarquer,  ses  parens  voyant  sa  résolution 
souhaitèrent  que  ce  fut  en  Normandie  afin  de  la  pouvoir 
accompagner  jusqu'au  bord  de  l'océan,  mais  elle  tout  au 
contraire  pour  sacrifier  et  rompre  au  plustôt  les  liens  de 
la  chair  et  du  sang  voulut  que  ce  fut  à  la  Rochelle,  où 
d'ailleurs  elle  savoit  qu'il  y  avoit  des  prêtres  lesquels 
passoient  en  Canadas  et  qu'ainsi  elle  auroit  la  messe 
pendant  le  voyage  ;  ce  furent  là  les  deux  motifs  dont 
Dieu  se  servit  pour  faire  venir  Mademoiselle  Mance  à 
ce  port  afin  de  l'y  faire  associer  à  la  Compagnie  du 
Montréal  par  Messieurs  de  Fauquant  et  de  la  Doversière 
qui  y  étoient,  ce  qui  n'eut  arrivé  si  elle  eut  été  par 
Dieppe  comme  ses  parens  le  désiroient  :  Cette  résolution 
étant  donc  prise  elle  partit  et  surmontant  par  son  cou- 
rage les  fatigues  d'un  voyage  qui  d'ailleurs  eut  été  im- 
possible à  un  corps  tel  que  le  sien  étoit  pour  lors,  elle 
arriva  au  lieu  tant  désiré  de  son  embarquement,  où  la 
Providence  lui  assigna  un  logis  tout  proche  les  Jésuites 
sans  qu'elle  sut  où  elle  alloit  ;  ce  qui  lui  donna  un  moyen 
d'aller  aussitôt  saluer  le  feu  Père  Laplace  qu'elle  avoit 
vu  à  Paris  et  qu'elle  savoit  devoir  passer  la  même  année 
.  dans  la  Nouvelle  France  ;  ce  Père  qui  la  connoissoit  fut 
tout  joyeux  de  la  voir  et  même  il  le  lui  témoigna  en  lui 
disant  qu'il  avoit  eu  bien  peur  qu'elle  n'arrivât  pas  avant 
le  départ  des  navires.  Après  ce  commencement  d'entre- 
tien il  lui  dit  que  Dieu  faisoit  de  merveilleux  préparatifs 


(Ij  Voir  appendice  No.  I.  (J.  V.) 


26 

pour  le  Canadas,  lui  ajoutant — voyoz-vous  ce  g'entil- 
homme  qui  m'a  quitté  alin  que  j'eusse  la  liberté  de  vous 
parler  ?  Il  a  donné  ving-t  raille  livres  cette  année  pour 
une  entreprise  qui  re<^arde  ce  pays  là,  il  s'appelle  le 
Baron  de  Fauquand  et  est  associé  à  plusieurs  personnes 
de  qualité  lesquelles  font  de  i^randes  dépenses  pour  un 
établissement  qu'ils  A'eulent  former  dans  l'isle  du  Mont- 
réal qui  est  en  Canadas.  Lui  ayant  fait  part  de  toutes 
ces  bonnes  nouvelles,  après  (pielques  discours,  il  lui  de- 
manda où  elle  locreoit  et  saehant  que  c'étoit  chez  une 
Hug-uenotte,  il  la  fit  mettre  ailleurs,  non  pas  qu'elle  le 
demandât,  car  en  ce  lieu  là  sur  la  route  et  partout  g-éné- 
ralement,  Dieu  disposoit  tellement  le  monde  à  son  égard 
qu  elle  étoit  bien  reçue  en  tous  lieux,  même  à  peine 
vouloit-on  de  son  arg-ent  après  l'avoir  l>ien  traitée  quand 
elle  sortoit  des  hôtelleries,  il  est  vrai  qu'il  étoit  bien 
juste  que  Dieu,  qui  est  le  maitre  de  tout  le  monde  lui 
donnât  la  grâce  de  gagner  les  cœurs  d'un  chacun  pour 
la  récompenser  de  ce  que  foible  et  seule  comme  elle 
étoit,  elle  osoit  néanmoins  tout  entreprendre  pour  sa 
g-loire.  sous  l'espérance  de  son  unique  soutien.  Le  len- 
demain de  son  arrivée  allant  encore  aux  Jésuites  elle 
trouva  M.  de  la  Doversière  qui  en  sortoit,  lequel  sans 
l'avoir  jamais  vue,  étant  peut-être  instruit  par  1<^  P.  La- 
place,  ray)orda,  la  salua  par  son  nom  et  ensuite  lui  parla 
du  dessein  du  Montréal,  de  leur  société  et  union  et  de 
toutes  leurs  vues  dans  cet  ouvrage,  avec  une  ouverture 
de  cœur  admirable  :  Par  après  il  lui  avoua  le  besoin 
qu'ils  avoient  d'une  personne  désintéressée  comme  elle, 
—  qu'ils  avoient  bien  une  personne  d'engagée  pour 
le  dehors  à  la  L'ucrr»'.  mais  qu'il  leur  étoit  né<!essaire 
d'avoir  une  personne  romme  elle  qui  eût  le  soin  du  de- 
dans, qu'elle  y  serviroit  assurément  beaucoup  Dieu  ; 
ensuite  de  ce  pourparler  il  l'alla  voir  chez  elle,  la  pressa 


27 

sur  ce  sujet,  mais  elle  de  son  côté  lui  témoig-na  appré- 
hender cette  union  disant  "  si  je  fais  cela  j'aurai  plus 
''  d'appui  SUT  la  créature  et  j'aurai  moins  à  attendre  du 
côté  de  la  Providence."     A  cela  il  lui  répondit. — "  Vous 
"  ne  serez  pas  moins  fille  de  la  Providence,  car  cette  an- 
"  née  nous  avons  fait  une   dépense  de  75,000  livres,  je 
"  ne  sais  pas  où  nous  prendrons  le  premier  sol  pour  l'an 
"  prochain  :    il  est  vrai  que  je  suis  certain  que  ceci  est 
"  l'œuvre  de  Dieu  et  qu'il  le  fera,  mais  comment  je  n'en 
"  sais  rien  ;"  ces  dernières  paroles  gagnant  absolument 
notre  demoiselle  qui  dit  que  pourvu  que  le  Père  St.  Jure 
son  directeur  l'eut  agréable  elle  s'uniroit  à  eux,  encore 
qu'elle  ne  fut  qu'une  pauvre  fille  foible  et  mal  saine  qui 
de  chez  soi  n'avoit  que  sa  petite   pension  viagère;  le 
Sieur  de  la  Doversière  lui  dit — "  Ne  perdez  pas  de  temps 
"  écrivez  par  cet  ordinaire  au  P.  St.  Jure,"  elle  le  fit 
et  outre  cela  elle  manda  la  même  chose  à  ses   amis  qui 
tous  aussi  bien  que  lui  jugèrent  que  la  main  de  Dieu 
étoit  visible  là  dedans.     C'est  pourquoi  ils  lui  écrivirent 
qu'elle  ne  manquât  pas  d'accepter  l'union  qu'on  lui  pro- 
posoit,  que  c'étoit  infailliblement   Notre    Seigneur  qui 
vouloit  cette  liaison  ;  aussitôt  la  nouvelle  reçue  elle  l'ap. 
prit  à  M.  de  la  Doversière  qui  en  eut  une  joie  nonpareille 
ainsi  que  Messieurs  de  Fauquant  et  de   Maison-neufve 
enfin  elle  fut  reçue  par  ces  trois  Messieurs  au  nom  de  la 
Compagnie  de  Montréal  comme  un  présent  que  le  Ciel 
lui   faisoit,  mais  afin  d'adorer  avec  plus  d'attention  la 
conduite  de  Dieu  (maintenant  que  la  voilà  dans  cette 
association  aussi  bien  que  M.  de  Maison-neufve  qui  y 
avoit  entré  quelque  temps  auparavant)  faisons  une  petite 
réflexion  sur  les  ressorts  que  la  sagesse  et  toute  puis- 
sance de  Dieu  a  fait  jouer  ici  dedans,   admirons  un  peu 
comme  la  Providence  divine  fit  venir  M.  le  Baron  de 
Fauquant  chez  M.  de  la  Doversière  lorsqu'elle  lui  voulut 


28 

iaire  commencer  cet  ouvrage,  afin  de  lui  donner  l'hon- 
neur d'en  être  participant  au  moyen  des  richesses  dont 
elle  l'avoit  pourvu  ;  admirons  comme  cette  providence 
fit  rencontrer  les  Messieurs  Holier  et  d«'  la  Doversière 
dans  Paris  et  comme  elle  l^'s  éclaira  tous  deux  au  même 
moment  .sur  le  même  sujet,  leur  découvrant  mutuelle- 
ment par  ses  etiets  les  plus  intimes  de  leur  cœur  sans 
qu'ils  se  parlassent  aucunement  ;  admirons  tout  ce  qu'- 
elle iïiisoit  faire  d'un  côté  par  ses  dignes  ouvriers  évan- 
géliques  en  1640  et  1641  et  comme  d'une  autre  part  elle 
connoissoit  l'esprit  de  M.  de  Maison-neufve  et  l'obligea 
enfin  de  s'adresser  à  ce  P.  Laleman  auquel  ces  Messieurs 
communiquèrent  leur  dessein  aliu  qu'il  le  liât  à  eux 
lorsqu'il  en  seroit  temps  ;  admirons  ce  qu'elle  opéra  à 
l'égard  de  Mademoiselle  Mance  dans  Langre,  dans  son 
voyage  de  Langre  à  Paris — voyons  ce  qui  se  passa  à  son 
égard  dans  Paris  et  même  jusqu'à  la  Rochelle  où  l'union 
se  fit,  eniin  voyons  comme  cette  providence  traça  toute 
chose  sans  qu'aucuns  reçussent  des  nouvelles  les  uns  des 
autres  et  participassent  à  ses  divins  secrets  ;  admirons, 
mais  plus  que  toutes  autres  choses,  comme  elle  voulut 
que  la  pluspart  de  ces  premiers  entrepreneurs  de  l'ou- 
vrage fussent  sous  la  conduite  des  liévérends  Pères  Jé- 
suites, afin  que  y  recoimoissant  la  main  de  Dieu  ils 
fussent  les  premiers  arcboutants  du  commencement  de 
cette  entreprise,  ce  qui  étoit  très  considérable  pour  ne 
pas  dire  absolument  nécessaire,  puisque  ce  dessein  n'eut 
pas  plutôt  vu  le  jour  qu'il  eut  été  mis  au  néant,  s'il 
n'eût  pas  eu  le  bonheur  d'être  favorisé  de  leur  approba- 
tion ;  louons  en  tout  cela  la  Providence  divine  qui  s'est 
montrée  trop  favorabh'  à  l'éirard  de  cet  ouvrage  pour 
nous  permettre  d'appréhender  que  le  Ciel  l'abandonne 
jamais  ;  mais  revenons  à  la  liochelle  où  tout  se  préparoit 
à  faire  voile,  lorsque  Mademoiselle  Mance  s'avisa  fort 


29 

prudemment  de  prier  M.  de  la  Doversière  qu'il  lui  plût 
de  mettre  par  écrit  le  dessein  du  Montréal  et  de  lui  en 
délivrer  des  copies  afin  qu'elle  pût  les  envoyer  à  toutes 
les  dames  qui  l'avoient  voulu  voir  à  Paris  entre  autres  à 
Madame  la  Princesse,  à  Madame  la  Chancellière,  à  Mada- 
me de  Yillersavin,  mais  surtout  à  Madame  de  Bullion  de 
qui  elle  espéroit  d'avantage  ;  M.  de  la  Doversière  estima 
que  rien  ne  pouvoit  être  mieux  pensé,  il  dressa  le  dessein 
et  fit  faire  des  copies  qu'il  lui  mit  en  mains  ensuite  de 
quoy  elle  accompagna  chaque  copie  d'une  lettre  et  en  fit 
un  paquet  séparé,  après  elle  lui  remit  le  tout  afin  de 
s'en  pouvoir  servir  selon  sa  prudence  lorsqu'il  seroit  à 
Paris  ;  nous  verrons  cy-après  l'utilité  qu'on  recevra  de 
tous  ces  écrits,  mais  en  attendant  il  faut  parler  de  l'em- 
barquement qui  se  fit  de  la  sorte  :  M.  de  Maison-neufve 
se  mit  avec  environ  25  hommes  dans  un  vaisseau  et 
Mademoiselle  Mance  monta  dans  un  autre  avec  12 
hommes  seulement,  pour  le  reste  de  l'équipage  et  des 
hommes  du  Montréal  ils  s'étoient  embarqués  à  Dieppe» 
dans  le  premier  navire  étoit  un  prêtre  destiné  pour  les 
Urselines  (1),  dans  l'autre  étoit  le  P.  Laplace,  (2j  jé- 
suite ;  huit  jours  après  le  départ  le  vaisseau  de  Made- 
moiselle Mance  fut  séparé  de  celui  de  M.  de  Mai- 
son-neufve ;  le  vaisseau  où  étoit  Mademoiselle  Mance 
n'expérimenta  quasi  que  de  la  bonnasse,  celui  de  M.  de 
Maison-neufve  éprouva  de  si  furieuses  tempêtes  qu'il  fut 
obligé  de  relâcher  par  trois  fois,  il  est  vrai  que  son  vais- 
seau faisoit  beaucoup  d'eau  et  l'obligeoit  autant  à  cela 
que  le  mauvais  temps,  dans  ses  relâches  il  perdit  trois 
ou  quatre  de  ses  hommes  entre  autres  son  chirurgien 
qui  lui  étoit  le  plus  nécessaire  ;  pour  Mlle  Mance  elle 


't)  Oui,  Mr.  Antne.  Fauls.     (Note  do  J.  V.) 

(2)  Le  P.  Jacques  De  la  Place.    (Note  de  J.  V.) 


30 

arriva   fort  heureusement  à  Kebecq  (1)  où  d'abord  elle 
eut  la  consolation  de  savoir  que  10  hommes  qui  avoient 
été  envoyés  par  Messieurs  de  la  Compagnie  du  Mont- 
réal,  cette  même  année  par  Dieppe  étoient  arrivés  et 
étoient  déjà  occupés  à  bâtir  un  magasin  sur  le  bord  de 
l'eau,   dans  un  lieu  qui  avoit  été  donné  par  M.  de  Mont- 
magny  (2)  pour  la  Compagnie  du  Montréal.    D'ailleurs 
elle  fut  dans  une  grande  sollicitude  à  cause  de  M.  de  Mai- 
son-neutve  dont  elle  ne  recevoit  aucune  nouvelle  et  qu'à 
Kebecq  on  croyoit  communément  ne  devoir  pas  attendre 
cette  année-là,  de  quoy  quelques-uns  surpris  pour  n'avoir 
pas  eu  la  conduite  de  cet  ouvrage  comme  ils  croyoient,  ne 
paroissoient  pas  beaucoup  fâchés,  ils  se  plaignoient  fort  du 
grand  pouvoir  qui  avoit  été  donné  à  M.  de  Maison-neufve, 
ce  qui  donna  lieu  aux  premières   attaques   dont  cette 
entreprise  a  été  éprouvée  ;  ces  personnes  sachant  que 
Mlle  Mance  étoit  très  nécessaire  au  dessein  on  la  voulut 
détourner  par  toutes  les  voies  possibles,  mais  elle  avoit 
trop  de  courage  pour  y  consentir  et  au  reste  Dieu  s'étoit 
déjà  trop  déclaré  pour  ce  lieu,  il  n'avoit  garde  de  souffrir 
qu'on  l'abandonnât.  Enfin,  M.  de  Maison-neufve  arriva 
à  Tadoussacq  et  y  trouva  par  hasard  un  de  ses  intimes 
nommé  Mons.  de  Courpon,  qui  étoit  amiral  de  la  flotte 
du  Canadas  (3)  ;  il  lui  dit  son  désastre  pour  la  perte  de 


(1)  L'Abbé  (le  la  Tour,  dans  ses  «Mémoires  sur  Mgr.  de  Laval,  •  aces 
m/'iTies  détails  sur  le  passage  de  France  en  Canada  en  1641,  de  M.  de  Mai- 
sonneuve  et  de  Mlle.  Mance  :  Il  ajoute  que  le  vaisseau  r|ui  i)orloit  cette 
demoiselle,  arriva  à  Québec  le  8  août,  et  que  celui  (jue  montoil  M.  de  Mai- 
sonneuve  n'arriva  que  le  50  du  même  mois.  (Note  de  J.  V.) 

(2)  Charles  Huault  de  Monlmagny,  2nd  Gouv.  Gén.  du  Canada  et  succes- 
seur de  Cl>ami»lain,  de  !63Gau20  août  1648  {Journal  M.  S.  des  Jé.suites) 
11  fut  remjjlaié  par  M.  Louis  dWilleboùt  de  Coulonges,  e.v-Gouv.  de 
Montn'al.  (Note  de  J.  V., 

(3)  De  Courpron,  Cai)itain''  du  vaisseau  /,'A,'.î;if'/vi/nv  :  amiral,  en  elFet,  de 
la  flotte  en  1640.  (Note  de  J.  V.. 


31 

son  chirurgien,  Courpon  lui  offrit  le  sien  en  la  place,  ce 
chirurgien  sachant  la  chose  se  présenta  gaiement  et  fit 
dessendre  son  coffre  dans  la  chaloupe  préparée  pour  M. 
de  Maison-neufve,  avec  lequel  tout  soudain  il  alla  à 
Kebecq,  où  ils  arrivèrent  le  vingtième  d'août.  (1)  Aus- 
sitôt que  M.  de  Maison-neufve  y  fut  il  sut  par  Melle  Man- 
ce  qu'il  se  devoit  disposer  à  être  moins  bien  reçu  de  cer- 
taines personnes  qu'il  ne  se  promettoit — ce  qu'il  vit 
bientôt  après.  La  juste  affliction  qu'ils  en  ressentoient  tous 
les  deux  modéra  la  joye  qu'ils  avoient  l'un  et  l'autre  de 
se  voir  malgré  toutes  les  oppositions  et  bourrasque  de  la 
mer  dans  ce  lieu  tant  désiré.  Mais  enfin,  comme  les  meil- 
leurs chrétiens  sont  ordinairement  ceux  auxquels  Jésus- 
Christ  fait  la  meilleure  part  des  amertumes  de  son  calice, 
surtout  quand  il  est  question  de  quelqu'illustre  entre- 
prise pour  le  ciel,  il  ne  se  faut  pas  étonner  s'il  commença 
de  faire  avaller  quelques  portions  d'absinthe  à  ses  héroï- 
ques entrepreneurs  ;  pour.lors  ils  ne  furent  pas  longtemps 
ensemble,  d'autant  qu'il  fallut  que  M.  de  Maison-neufve 
allât  saluer  M.  le  Chevalier  de  Montmagny,  gouverneur 
de  ce  pays  ;  ensuite  de  quoy  il  alla  voir  les  Révérends 
Pères  Jésuites  et  autres  personnes  de  mérite,  lesquels  ne 
pouvoient  pas  être  lors  en  grand  nombre  vu  que  le  pays 
ne  contenoit  pas  plus  de  deux  cents  Européens  y  renfer- 
mant les  deux  sexes  comme  aussi  les  religieux  et  reli- 
gieuses. Or,  sur  sujet  de  ces  visites  je  crois  qu'il  est  à 
propos  de  remarquer  c[ue  ces  personnes  moins  bien 
intentionnées  pour  le  sujet  dont  nous  venons  de  parler, 
persuadèrent  à  M.  de  Montmagny  qu'il  s'opposât  à  l'éta- 
blissement du  Montréal  à  cause  de  la  guerre  des  Iro- 
quois,  lui  disant  que  jamais  cet  ouvrage  ne  se  pouvoit 
soutenir  contre  leurs  incursions,  ajoutant  que  le  dessein 


(l)  Le  12  août.  (Note  de  J.  V.) 


32 

de  cette  nouvelle  Compagnie  étoit  si  absurde  qu'il  ne  se 
pouvoit  niioux  nommer  (|uo  la  Folle  entreprise,  nom  qui 
leur  l'ut  donné  avec  plusieurs  autres  semblables,  alin  que 
la  postérité  reconnut  que  cette  pieuse  folie  étoit  devant 
Dieu  et  entre  les  mains  du  Tout-Puissant  accompagnée 
d'une  sagesse  plus  sublime  que  tout  ce  qui  peut  prove- 
nir de  l'esprit  humain  ;  M.  de  Montmagny  ayant  donc 
l'esprit  imbut  de  la  sorte,  dit  à  M.  de  Maison-neufve  dans 
sa  première  visite  :  "  Vous  savez  que  la  guerre  a  recom- 
"  mencé  avec  les  Iroquois,  qu'ils  nous  l'ont  déclarée  au 
"  Lac  de  St.  Pierre  le  mois  dernier,  qu'ils  y  ont  rompu 
"  la  paix  d'une  façon  qui  les  fait  voir  plus  animés 
"  que  jamais,  il  n'y  a  pas  d'apparence  que  vous  songiez 
•'  à  vous  mettre  dans  un  lieu  si  éloigné,  il  faut  changer 
"  de  délibération,  si  vous  voulez  on  vous  donnera  l'Isle 
"  d'Orléans, — au  reste  la  saison  seroit  trop  avancée  pour 
"  monter  jusqu'à  l'Isle  du  Montréal  quaiul  vous  en  auriez 
"la  pensée."  A  ces  paroles  M  de  Maison-neufve  lui 
répondit  en  homme  de  cœur  et  du  métier  :  "  Monsieur, 
"  ce  que  vous  me  dites  seroit  bon  si  on  m'avoit  envoyé 
"  pour  délibérer  et  choisir  un  poste  ;  mais  ayant  été 
"  déterminé  par  la  Compagnie  qui  m'envoie  que  j'irois 
"  au  Montréal,  il  est  de  mon  honneur  et  vous  trouverez 
"  bon  (pu'  j'y  monte  pour  y  commencer  une  colonie, 
"  quand  tous  les  arbres  de  cette  Isle  se  devroient  chan- 
"  ger  en  autant  d'Iroquois,  quant  à  la  saison  puisqu'elle 
"  est  trop  tardive,  vous  agréez  que  je  me  contente  avant 
'*  l'hiver  d'aller  reconnoitre  le  poste  avec  les  plus  lestes 
"  de  mes  gens,  afin  de  voir  le  lieu  où  je  me  pourrai  cam- 
"  per  avec  tout  mon  monde  le  printemps  prochain."  M. 
de  Montmagny  fut  tellement  gagné  par  ce  discours  autant 
généreux  que  prudent,  qu'au  lieu  de  s'oppo.ser  comme 
on  Bouhaitoit  à  l'exécution  de  son  dessein,  il  voulut  lui- 
même  conduire  M.  de  Maison-neufve  au  Montréal,  afin 


33 

de  le  mettre  en  possession  et  de  reconnoître  le  poste  avec 
lui.  En  effet  ils  partirent  tous  les  deux  au  commence- 
ment d'octobre  et  arrivèrent  au  Montréal,  le  14e  du 
même  mois,  dans  le  lieu  où  est  maintenant  cette  maison 
qu'on  appelle  le  Château  (1).  Le  lendemain  qui  est  le 
jour  de  Ste.  Thérèse,  ils  firent  les  cérémonies  de  la  prise 
de  possession  au  nom  de  la  Compagnie  du  Montréal  : 
ayant  parachevé  cet  acte  ils  s'embarquèrent  pour  leur 
retour  qui  ne  fut  pas  sans  des  marques  d'une  bienveil- 
lance toute  particulière  de  Notre-Seig'neur,  car  ayant 
descendu  jusqu'à  Ste.  Foy  à  une  journée  de  Kebecq  (2) 
où  demeuroit  un  honnête  homme  appelé  M.  de  Pizeaux, 
lequel  étoit  âg-é  de  75  ans,  ce  bon  vieillard  tout  zélé  pour 
ce  pays  dans  lequel  il  aA'oit  fait  de  très  grandes  dépenses, 
interrogea  M.  de  Maison-neufve  fort  au  long  touchant 
les  desseins  qu'on  avoit  pour  le  Montréal,  de  quoi  étant 
pleinement  instruit,  il  demeura  si  satisfait  qu'il  le  i)ressa 
fortement  de  le  A'ouloir  associer  à  sa  Compagnie  pour 
cette  entreprise  en  faveur  de  laquelle  il  protesta  se  vou. 
loir  consacrer  lui-même  et  donner  sur  l'heure  sa  maison 
de  Ste.  Foy  avec  celle  de  Puizeaux  qui  étoit  près  de 
Kebecq  et  généralement  tout  ce  qu'il  avoit  de  meubles 
et  de  bestiaux  ;  qu'à  Ste.  Foy,  durant  l'hiver,  comme  ce 
lieu  est  abondant  eu  chênes,  on  y  feroit  des  barques, 
pendant  qu'à  Puizeaux  on  feroit  la  menuiserie  et  tout  ce 
qui  seroit  nécessaire,  et  que  le  printemps  étant  venu  on 
mettroit  toutes  choses  dans  les  bâtimens  qu'on  avoit  faits 
pour  monter  au  Montréal  afin  de  s'y  aller  établir.  M.  de 


(1)  Voir  Appendice  No.  II.  (Note  de  J.  V.) 

(2)  M.  Dollier  appelant  lui-môme  Ste.  Foy  (et  cola  dès  1672-3)  la  Mission 
Huronne  établie  au  lieu  susdit  par  les  Jésuites  en  1667  sous  le  nom  de 
Notre-Dame  de  Foy  ou  Foye  nous  apprend  par  là  que  les  colons  français  ont 
dès  l'origine  de  cette  mission,  été  dans  l'habitude  de  l'appeler  Ste.  Foy  e^ 
non  Notre-Dame  de  Foy.  (Note  de  J.  V.) 

E 


84 

Maison-neufve  qui  no  s.iyoit  on  mottro  tout  son  monde 
hy  veiner  ny  ce  à  qnoy  il  le  pouvoit  employer  jusqu'à  la 
navigation  suivante,  écoutait  ce  discours  comme  si  c'eut 
été  une  voix  céleste,  il  ne  se  pouvoit  passer  d'en  louer 
mille  fois  son  Dieu  au  j^lus  intime  de  son  cœur,  il  ne  se 
lassoit  point  d'admirer  la  facilité  de  cet  homme,  lequel 
en  un  moment  se  trouvoit  disposé  à  quitter  ce  qui  lui 
avoit  tant  coûté  non  seulement  de  travail  mais  en  son 
propre  hien,  étant  vrai  que  ce  qu'il  ofTroit  lui  avoit  causé 
plus  de  ]  00,000  livres  de  dépenses.  Néanmoins,  comme 
M.  de  Maison-neufve  vouloit  entièrement  déférer  à  la 
Compagnie  du  Montréal,  il  lui  dit  qu'il  avoit  un  sensible 
regret  de  ne  pouvoir  accepter  absolument  une  offre  aussi 
généreuse  que  la  sienne,  sans  avoir  l'agrément  de  ceux 
dont  il  avoit  l'honneur  d'être  associé  ;  que  cependant  com- 
me il  ne  s'en  pouvoit  promettre  que  toutes  sortes  de  satis- 
factions, il  le  recevroit  volontiers  s'il  l'avoit  pour  agréable 
sous  le  bon  plaisir  de  ces  messieurs  et  à  coiidition  qu'ils 
le  voulussent  bien  :  Cela  dit,  M.  de  Puizeaux,  qui  étoit 
trop  pressé  au  dedans  de  soi-même  i)our  reculer,  accepta 
le  tout  d'un  grand  cœur  ;  d'abord  il  livra  sa  maison  de 
îSte.  Foy  à  M.  de  Maison-neufve  qui  laissa  dedans  son 
chirurgien  avec  des  charpentiers,  aliu  d'y  iaire  construire 
des  barques  ;  cela  fait  ils  descendirent  à  Puizeaux  ou  ce 
bon  monsieur  lui  remit  cette  maison,  qui  lors  étoit  le 
bijou  du  pays,  il  se  démit  de  tous  ses  meubles  et  bes- 
tiaux  entre  ses  mains,  ne  se  réservant  pas  même    une 
chambre  pour  un  ami,  il  se  dénua  si  absolument  de  tout, 
qu'il  dit  à  feue  Made  de  la  Pelletrie  à  laquelle  il  fournissoit 
le  logement  auparavant  :  "  Madame,  ce  n'est  plus  moi 
"  qui  vous  loge,  car  je  n'ai  i)lus  rien  ici,  c'est  à  M.  de 
"  Maison-neufve  à  qui  vous  en  avez  présentement  l'obli- 
"  gation,  car  il  est  le  maitre  de  tout.  "  Chose  admiralde, 
M.  de  Maison-neufve  ne  savoit  que  devenir  et  le  voilà 


35 

bien  placé,  il  faut  aroncr  que  le  proviseur  universel  de 
ce  monde  a  bientôt  trouvé  des  lieux  propres  pour  mettre 
ses  serviteurs,  quand  sa  sagesse  le  trouve  à  propos.  Je 
ne  vous  dis  point  si  M.  de  Maison-neufve  donna  fidèle- 
ment les  avis  de  tout  ceci  à  ses  associés,  s'il  les  avertit 
soigneusement  de  ce  coup  de  la  providence  et  de  l'obli- 
gation c[u'on  aA'oit  de  recevoir  M.  de  Puizeaux  avec  tous 
les  témoignages  de  bienveillance  2)ossible  ;  d'autant  que 
vous  pouvez  bien  juger  qu'il  n'y  manqua  pas  et  qu'aus- 
sitôt ces  messieurs  admirent  ce  donné  du  Ciel  en  leur 
compagnie  avec  toutes  les  reconnaissances  et  gratitudes 
imaginables. 


HISTOIRE    DU     MONTRÉAL. 


I)i'{inis  !<■  (li'parl  dos  vaisseaux  du  Canadas 
pour  la  Franco  dans  l'aulomno  do  l'an- 
m'e  IGll  Jusqu'à  leur  di'fiarl  du  même 
liou  pour  ia  France  dans  l'automne  de 
l'année  164'2. 

Mademoiselle  Mance  eut  le  bonheur  de  locfor  pendant 
cet  hiver  à  Pizeaux  avec  Made  de  la  Peletrie,  M.  Mai.son- 
neufve  et  M.  de  Pizeaux  hivernèrent  aussi  dans  la  même 
maison,  ils  employèrent  tout  le  monde  pendant  ce  temps- 
là  à  la  menuiserie  et  aux  autres  préparatifs  nécessaires 
et  utiles  à  une  nouvelle  habitation  et  colonie  ;  aussitôt 
que  le  printemps  fut  venu  et  que  tout  fut  préparé  on  fit 
descendre  les  bâtimens  qu'on  avoit  faits  pendant  l'hiver 
à  S  te.  Foy  et  on  travailla  à  l'embarquement  avec  une 
telle  diligence  que  M.  de  Maison-neufve  partit  de  Pi- 
zeaux le  8  mai  avec  deux  barques,  une  belle  Pinasse  et 
une  gabarre  partie  desquels  T)âtimens  aA'oit  été  faite  à 
Ste.  Foy  ;  M.  le  Chevalier  de  Montmagny  étant  un  vé- 
ritable homme  de  cœur  et  qui  n'avoit  d'autres  intérêts 
que  ceux  de  son  Roy  et  du  pays  ou  il  avoit  l'honneur  de 
commander,  sachant  que  tout  étoit  disposé  voulut  parti- 
ciper à  ce  premier  établissement  en  l'honorant  de  sa 
présence,  c'est  pourquoi  il  monta  dans  une  barque  et 
conduisit  lui-même  toute  cette  flotte  au  Montréal  où  on 
mouilla  l'ancre  le  18  mai  (1)  de  la  présente  année  ;  ce 


(I)  Plusieurs  écrits  de  l'opoquo,  tels  que  les  annales  de  riIolol-Diou  de 
Montréal  (M.  S.)  et  autres  iirétendonl  <|ue  cette  seconde  visite  de  M.  do  Mai- 
son-neufve  à  Montréal  eut  lieu  le  17  mai  IG42  et  que  la  1ère  messe  qu'on  y 
célébra  ne  fut  dite  par  le  H.  P.  Vimont  que  le  18,  ou  le  lendemain  de  l'arri- 
vée. (Note  de  J.  V.) 


37 

même  jour,  comme  on  arriva  de  grand  matin  on  célébra 
la  première  messe  qui  ait  jamais  été  dite  en  cette  isle,  ce 
qui  se  fit  dans  le  lien  ou  depuis  on  a  fait  le  château.  (1) 
Afin  de  faire  la  chose  plus  célèbre  on  donna  le  loisir  à 
Made  de  la  Pelletrie  et  à  Madelle  Mance  d'y  préparer 
un  autel,  ce  qu'elles  firent  avec  une  joie  difficile  à  expri- 
mer et  avec  la  plus  grande  propreté  qu'il  leur  fut  possi- 
ble, elles  ne  se  pouvoient  lasser  de  bénir  le  ciel  qui  en 
ce  jour  leur  étoit  si  faA'orable  que  de  les  choisir  et  de 
consacrer  leurs  mains  à  l'élévation  du  premier  autel  de 
cette  colonie  ;  tout  le  premier  jour  on  tint  le  St.  Sacrement 
exposé,  et  ça  ne  fut  pas  sans  raison,  car  puisque  Dieu  n'a- 
vait mu  ses  serviteurs  à  une  telle  entreprise  qu'afin  de 
le  faire  reconnoitre  dans  un  lieu  où  jusqu'alors  il  n'avoit 
reçu  aucun  hommage,  il  étoit  bien  raisonnable  qu'il  se 
fit  tenir  la  première  journée  exposé  sur  son  autel  comme 
sur  son  trône,  afin  de  remplir  ses  saintes  vues  et  désirs 
de  ses  serviteurs  ;  en  efiet,  cela  étoit  bon  afin  de  faire 
connoitre  à  la  postérité  qu'il  n'avoit  établi  cette  colonie 
que  pour  recevoir  des  sacrifices  et  des  hommages  en  ce 
lieu;  que  c'étoit  là  son  unique  dessein  et  celui  de  ses 
serviteurs,  cj^u'ils  aA'oient  emj)loyé  tout  exprès  leurs 
bourses,  leur  temps,  leurs  soins  et  tout  leur  crédit.  Il 
étoit  juste  qu'il  se  fît  ainsi  tenir  ce  premier  jour  exposé 
pour  prendre  possession  de  cette  terre  par  les  honneurs 
souverains  qui  lui  furent  rendus,  et  afin  de  faire  voir  que 
ce  lieu  étoit  un  lieu  de  réserve  pour  lui,  qu'il  ne  vouloit 
pas  qu'il  fût  profané  i)ar  des  âmes  ravalées  et  indignes 
de  la  grandeur  de  ses  desseins,  lescjuels  n'étoient  pas 
communs  comme  le  fit  extrêmement  bien  voir  le  R.  P. 
Yimont  (2)  dans  la   prédication   qu'il   fit,    ce  matin-là. 


cl;  Voir  appendice  No.  III.  (Note  de  J.  V.) 

(2)  Alors  Supérieur  Général  des  Missions  du  Canada,  (Note  de  J.  V. 


38 

pendant  la  grande  messe  qu'il  y  célébra  :  Yoyez-vous, 
"  messieurs,  "  dit-il,  "  ce  que  vous  voyez  n'est  qu'un 
"  grain  de  moutarde,  mais  il  est  jette  par  des  mains  si 
"  pieuses  et  animées  de  l'esprit  de  la  foi  et  de  la  religion 
"  que  sans  doute  il  faut  que  le  Ciel  ait  de  grands  des- 
"  seins,  puisqu'il  se  sert  de  tels  ouvriers,  et  je  ne  fais 
"  aucun  doute  que  ce  petit  grain  ne  produise  un  grand 
"  arbre,  ne  fasse  un  jour  des  merveilles,  ne  soit  multi* 
"  plié  et  ne  s'étende  de  toutes  parts."  Comme  s'il  eut 
voulu  dire, — le  Ciel  ne  commence  son  ouvrage  présente- 
ment que  par  une  quarantaine  d'hommes,  mais  sachez 
qu'il  a  bien  d'autres  desseins  vers  les  personnes  qu'il 
emploie  pour  le  faire  réussir,  sachez  c|ue  vos  cœurs  ne 
sont  pas  suilisans  pour  annoncer  ici  les  louanges  qu'il  y 
prétend  recevoir,  mais  qu'il  les  multipliera,  remplissant 
de  peuple  toute  l'étendue  de  ces  lieux  dont  maintenant 
nous  prenons  la  possession  de  sa  part  en  lui  offrant  ce 
sacrifice.  Toute  cette  journée  s'écoula  en  dévotions, 
actions  de  grâces  et  himnes  de  louanges  au  Créateur  ; 
on  n'avoit  point  de  lampes  ardentes  devant  le  St.  Sacre- 
ment, mais  on  y  avoit  certaines  mouches  luisantes  qui  y 
briiloient  fort  agréablement  jour  et  nuit  étant  suspendues 
par  des  filets  d'une  façon  admirable  et  belle,  et  toute 
propre  à  honorer,  selon  la  rusticité  de  ce  pays  barbare, 
le  plus  adorable  de  nos  mistores.  Le  lendemain  après 
toute  cette  cérémonie  finie,  on  commença  d'ordonner  de 
toutes  choses  à  l'égard  du  poste  où  on  étoit,  chacun 
dabord  se  campa  sous  des  tentes  ainsi  que  dans  l'Europe 
lorsqu'on  est  à  l'armée,  ensuite  on  coupa  des  pieux 
avec  diligence  et  on  fit  d'autres  travaux  alin  de  s'envi- 
ronner et  de  s'assurer  contre  les  surprises  et  insultes 
qu'on  avoit  à  craindre  de  la  part  des  Iroq\iois.  Il  est  vrai 
que  cette  espèce  de  fortification  précipitée  étoit  d'autant 
plus  facile  que  M.  de  Champlain  étant  autrefois  venu 


39 

ici  en  traite  avoit  fait  abattre  beaucoup  d'arbres  pour  se 
chauffer  et  ^e  garantir  des  embuscades  qu'on  lui  eut  pu 
faire  dans  le  peu  de  temps  qu'il  y  demeuroit  (1)  ;  de 
plus,  ce  poste  étoit  naturellement  fort  avantageux  parce 
qu'il  étoit  enfermé  entre  le  fleuve  de  St.  Laurent  et  une 
petite  rivière  qui  s'y  décharge  (2)  ;  laquelle  étoit  bordée 
d'une  X3rairie  fort  agréable  c[u'on  appelle  aujourd'hui  la 
Commnne  et  que  de  l'autre  côté  où  la  rivière  ny  le  fleuve 
ne  passent  pas  il  y  avoit  une  terre  marécageuse  et  inac- 
cessible c[ue  depuis  on  a  desséchée  et  dont  on  a  fait  le 
Domaine  des  Seigneurs  ;  (3)  ce  qui  fait  assez  voir  l'avan- 
tage du  poste  ;  au  reste  il  y  avoit  pour  lors  dans  la  prai- 
rie dont  nous  venons  de  parler,  tant  d'oiseaux  de  diffé- 
rens  ramages  et  couleurs  qu'ils  étoient  fort  propres  à 
aprivoiser  nos  françois  en  ce  pays  sa,uv:"ge.  Si  nous  regar- 
dons la  commodité  du  commerce,  comme  ce  lieu  est  le 
plus  avancé  où  les  barques  puissent  monter  il  n'y  a  pas 
de  doute  c[ue  ce  lieu  ne  soit  un  des  meilleurs  du  pays 
pour  accommoder  les  habitans  -p-cw  le  moyen  des  négoces 
qu  ils  y  x^euvent  faire  avec  les  sauvages  qui  j  descen- 
dent en  canots  de  toutes  les  nations  supérieures,  M.  le 
Chevalier  de  Montmagny  ayant  doniouré  en  ce  lieu 
jusqu'à  ce  qu'il  fût  tout  environné  de  i)ieux,  il  c|uitta  par 
après  M.  de  Maison-neufve  et  s'en  retourna  à  Kebecq  ; 
quant  à  Mme  de  la  Pelletrie  et  M.  de  Pizeauxils  demeu- 
rèrent au  Montréal  à  la  consolation  d'un  chacun  :  pen- 
dant tout  l'été  on  s'employa  à  faire  venir  ce  que  l'on 


(1)  Voir  appendice  No.  IV.  (Note  de  J.  V.) 

(2)  On  choisit  un  angle  de  terre  que  fait  une  rivière  qui  entre  dans  le 
fleuve  vis-à-vis  un  petit  islct,  pour  bâtir  un  fort,  à  quoy  on  s'emiiloya  toute 
l'année  sans  être  apperçus  des  Iroquois.  (M;  de  Belmont.)  Voilà  bien  la 
Pointe  à  Callière  !  (Note  de  J.  V.) 

(3)  C'est  ce  que  nous  appelons,  nous,  "  La  Ferme  St.  Gabriel.  "  (Note 
de  J.  V.) 


40 

avoit  laissé  à  Pizoaii  (1)  et  aillouis  ;  ce  qui  obligea  M. 
de  Maisoii-neulVe  à  avoir  contiiiiicllement  une  partie 
de  son  monde  occupé  à  lu  navigation,  et  le  réduisit  à 
n'avoir  que  20  soldats  avec  lui  d'autant  que,  outre  ceux 
qu'il  avoit  sur  sfs  barques  il  en  avoit  encore  d'autres  à 
Keliecq  qui  travailloient  au  ;^arach«''vement  du  magasin 
que  nous  avons  dit.  Il  est  vrai  (jur  Dieu  favorisa  beau- 
coup ces  nouveaux  colons  de  ne  les  point  faire  sitôt 
découvrir  par  les  Iroquois  et  de  leur  donner  le  loisir  de 
respirer  un  peu  à  l'omln-e  de  ces  arbres  dont  la  prairie 
voisine  étoit  bordée,  ou  les  champs  et  la  vue  des  petits 
oiseaux  et  des  fleurs  champêtres  les  aidoient  à  attendre 
avec  patience  l'arrivée  des  navires  dont  enfin  ils  eurent 
les  heureuses  nouvelles  par  feu  Mons.  Darpentigni  (2) 
qui  voulut  lui-même  en  être  le  porteur,  tant  ils  les  trouva 
avantageuses,  aussi  ne  pouvoient-elles  pas  être  meilleures  _ 
Il  leur  apprit  que  Messieurs  les  associés  Seigneurs  de 
cette  isle  s'étoient  tous  olferts  à  Dieu  par  les  mains  de  la 
Ste.  Vierge  le  .jour  de  Présentation  dans  l'Eglise  de 
Notre-Dame  de  Paris,  y  présentant  leurs  vœux  et  des- 
seins pour  le  Montréal  et  qu'ensuite  pour  marquer  leur 
bonne  volonté  par  les  effets  ils  avoient  donné  40,000 
livres  pour  l'embarquement  dernier,  lesquelles  40,000 
livres  avoient  été  mises  en  diverses  denrées  dont  il  en 
amenoit  une  partie  dans  sa  barque,  en  laquelle  il  avoit 
une  dovizaine  de  })ons  hommes  que  ces  messieurs  avoient 
engaaés,  entr'autres  un  fort  habile  charpentier  dont  il 
leur  fit  irrand  reçit.  Cet  homme  est  eneore  ici  où  Dieu 
lui  a  donné  une  lamille  assez  nombreuse  ;  au  reste  quoi- 
qu'on lui  ait  donné  le  nom  de  Minime  qui  est  le  plus 

{\\  Sic.  Tantiil  Puiroau.x,  /a;i/o7  Pizeaux,  viais  Pi2eaux  a  clé  mn  de  la 
main  même  de.  Vauteur. 

\1\  Lisox  d"  fiepmlignif.  Il  convoyait  la  flotl*.-  marcliande  du  Canada  sous 
le  litre  d'Amiral.  (Note  de  J.  V.) 


41 

ravallé  chez  tons  les  latins,  il  n'étoit  pas  toutefois  le  moin- 
dre dans  les  combats  non  plus  que  dans  sa  profession, 
nous  devons  l'aveu  de  ces  deux  vérités  à  son  courage  et 
aux  services  qu'il  a  rendus  en  cette  isle,  laquelle  est 
presque  toute  bâtie  de  sa  main  ou  par  ceux  qu'il  a  en- 
seignés (1)  ;  M.  de  la  Doversiôre  lequel  a  toujours  été 
le  procureur  de  la  Compagnie  et  qui  le  connoissoit  bien, 
afin  de  le  gagner  et  de  le  gratifier,  lui  donna  la  conduite 
de  plusieurs  pièces  de  canons  qu'il  amena  en  ce  lieu  ; 
Si  toutes  ces  bonnes  nouvelles  réjouirent  grandement  un 
chacun  de  ceux  qui  étoient  au  Montréal,  M.  de  Maison- 
neufve  et  Melle  Mance  reçurent  encore  une  joie  bien 
plus  grande  que  tous  les  autres  lorsqu'en  lisant  les  lettres 
de  France,  ils  apprirent  que  leur  Compagnie  s'étoit  telle- 
ment accrue  depuis  la  connoissance  qu'on  avoit  eue  du 
dessein  du  Montréal,  par  le  moyen  des  copies  qu'on  en 
avoit  distribué  selon  la  convention  qui  en  avoit  été  faite 
entre  M.  de  la  Doversière  et  Melle  Mance  à  la  Rochelle 
l'an  précédent,  comme  nous  avons  dit,  que  le  nombre 
des  associés  se  montoit  à  45  personnes  toutes  fort  quali- 
fiées, entre  lesquelles  étoient  entr' autres  parmi  les  hom- 
mes. Messieurs  le  Duc  de  Liancourt,  l'Abbé  Bareau,  de 
Monmor,  De  la  Marguerye,  Gofire,  De  Renty,  Bardin^ 
Morangy,  de  Chaudebonne,  Duplessis  Mombar,  de  St. 
Fremin,  De  Faucan  (2),  de  la  Doversière,  Dirval,  les 
deux  frères  Messrs.  Le  Prêtre,  comme  aussi  du  Sémi- 
naire de  St.  Sulpice  feu  M.  Ollier,  M.  de  Breton villiers, 
M.  l'Abbé  de  Kelus  et  autres  ;  parmi  les  femmes,  Made 
la  Chancelière,  Mesdames  de  Yillesavin  (3),  Seguin  et 


(l)Soii  nom  était  Gilbert  Barbier,  ancêtre  maternel  des  familles  Truteau 
et  Beaudry,  de  Montréal. 

(2)  Il  parailrail  donc  décidémenl  que  c'est  le  Baron  de  Faucan. 
Non.     C'est  Fancamp,  Voir  note  1  page  13. 

(3)  Ainsi  écrit  après  correction  de  la  main  mê)ue  de  Vautcur. 


42 

plusieurs  autres  entre  lesquelles  je  comprends  Mde  de 
Bullion  qui  au  ciel  tiendra  un  des  premiers  rangs  dans 
cet  ouvrage,  et  avec  d'autant  plus  de  raison  que  n'ayant 
voulu  être  connue  dans  les  biens  qu'elle  y  a  faits,  elle 
en  a  laissé  toute  la  gloire  à  son  Dieu,  elle  a  voulu  être 
la  première  de  la  Compagnie  quant  aux  distributions, 
mais  quant  au  nom  il  n'en  falloit  pas  parler,  elle  lui 
adressoit  son  bien,  la  supplioit  d'en  avoir  l'économie  et 
le  soin,  mais  pour  savoir  comment  s'appeloit  cette  main 
libérale,  il  n'y  avoit  pas  d'apparence  ;  pour  s'unir  à  la 
Compagnie  afin  de  faire  ici  une  dépense  de  cinquante 
ou  soixante  mille  écus  tant  dans  un  hôpital  qu'autre 
chose,  on  la  pouvoit  rencontrer  ;  mais  quant  à  la  con- 
noitre  c'étoit  impossible,  on  ne  pouvoit  savoir  la  main 
d'où  sortoient  ces  larges  aumônes  et  charitables  profu- 
sions et  ce  (1)  par  qui  elle  les  donnoit  avoient  autant 
appréhendé  son  tombeau  qu'ils  ont  craint  de  la  désobliger 
pendant  son  vivant,  nous  serions  encore  aujourd'hui  en 
la  même  difficulté  de  la  connoitre  ;  que  si  sa  mort  leur 
a  donné  la  liberté  de  nous  apprendre  ses  merveilles, 
nous  prendrons  celle  de  la  prôner  en  plusieurs  endroits 
de  notre  histoire  ;  ce  que  nous  ferons  néanmoins  avec 
une  telle  vénération  à  ses  ordres  que  nous  ne  la  nomme- 
rons que  notre  illustre  associée,  ou  notre  charitable 
inconnue,  ou  bien  la  pieuse  fondatrice  du  Montréal  ; 
ainsi  nous  tairons  son  nom  puisqu'elle  l'a  voulu,  mais  en 
le  taisant  nous  satisfaisons  au  public  en  le  faisant  con- 
noitre par  ces  trois  belles  qualités  qu'elle  mérite  très 
justement  ainsi  que  les  années  suivantes  nous  le  prou- 
veron  fort  bien. 


(Il  J.'  crois  qu'au  lit'U  do  ces  deux  mol<  et  rr  \\  faut  mettre  ti  si  ceux. 
(Note  do  J.  V.) 


HISTOIRE     DU     MONTREAL- 


Depuis  le  départ  des  vaisseaux  du  Canadas 
pour  la  France  dans  l'automne  de  Fan- 
née  1642  jusqu'à  leur  dépari  du  même 
lieu  pour  la  France  daus  Tautomne  de 
l'année  1643. 

La  providence  ayant  pourvu  M.  de  Maison-neufve  de 
fort  bons  ouvriers  et  l'ayant  tenu  caché  aux  ennemis 
pendant  les  premiers  temps,  il  faisoit  travailler  avec  une 
telle  diligence  qu'on  s'étonnoit  tous  les  jours  de  ce  que 
l'on  voyait  fait  de  nouveau.  Enfin  le  19  mars  (1)  jour 
de  St.  Joseph  patron  général  du  pays,  la  charpente  du 
principal  bâtiment  étant  levée,  on  mit  le  canon  dessus, 
afin  d'honorer  la  fête  au  bruit  de  l'artillerie,  ce  qui  se  fit 
avec  bien  de  la  joie,  chacun  espérant  de  voir  par  après 
bientôt  tous  les  logements  préparés,  et  en  eftet  de  jour 
en  jour  on  quittait  les  méchantes  cabanes  que  l'on  avoit 
faites  à  la  hâte  pour  entrer  dans  des  maisons  forts  com- 
modes que  l'on  achevoit  incessamment  :  quant  aux  Iro- 
quois  on  n'en  voyoit  aucun  pendant  tout  ce  temps-là,  il 
est  vrai  qu'un  petit  parti  des  leurs  nous  découvrit  à  la 
fin,  mais  ce  fut  par  un  hazard  et  encore  nous  n'en  sûmes 
rien,  ce  qui  arriva  de  la  sorte  :  Dix  Algonquins  ayant 
tué  un  Iroquois  en  son  pays,  ils  furent  poursuivis  de  ses 
camarades  jusqu'à  la  vue  de  ce  Fort  où  ils  les  apper- 
çurent  se  sauver  sans  pour  cela  se  faire  connoître  aux 
François  non  plus  qu'aux  Algonquins,  ils  se  contentèrent 
de  remarquer  le  lieu  sans  faire  aucun  bruit,  afin  d'aller 


[1)  1643.  (Note  de  J.  V. 


44 

porter  ces  nouvelles  chez  eux,  c'est  ce  que  leurs  gens 
mêmes  nous  ont  appris  depuis  car  personne  ne  savoit 
rien  de  cette  poursuite  :  que  si  les  Algonqliins  iuyoient 
fort  vite  ils  ne  savoient  pas  pour  cela  qui  étoit  à  leur 
poursuite,  c'étoit  la  frayeur  qui  leur  donnoit  cette  allure 
qui  est  fort  ordinaire  aux  Sauvages  quand  ils  ont  fait 
quelques  coups,  alors  leur  ombre  suffit  souvent  pour 
les  efi'rayer  et  faire  fuir  :  que  si  les  Iroquois  ne  venoient 
pas  ici,  plusieurs  autres  sauvages  y  arrivoient  de  toutes 
parts,  ce  lieu  étant  regardé  par  eux  pour  l'asyle  commun 
contre  les  Iroquois,  même  il  y  en  eut  plusieurs  qui  y 
reçurent  le  saint  baptême,  entr' autres  le  célèbre  et  le 
plus  fameux  de  tous  les  Algonquins  nommé  Le  Borgne 
de  flsle,  mais  passons  outre  et  venons  au  mois  de  Juin 
afin  d'avoir  les  prémices  du  sang  que  le  Montréal  a  versé 
pour  la  querelle  commune  du  pays  :  au  commencement 
du  mois  dont  nous  parlons  les  Hurons  en  descendant  de 
chez  eux  trouvèrent  les  Iroquois  à  3  lieues  d'ici  dans 
un  endroit  nommé  vulgairement  La  Chine  là  ou  ils  sui- 
virent ensemble  comme  s'ils  eussent  été  les  meilleurs 
amis  du  monde,  ce  qui  donna  un  moyen  facile  aux  Hu- 
rons de  satisfaire  leur  inclination  fort  portée  à  la  trahison; 
cela  se  fit  de  la  sorte  :  en  causant  familièrement  ils  leur 
dirent,  "  Nous  avons  sçut  jusque  dans  notre  pays  que 
''  des  François  se  sont  venus  placer  à  cette  isle  immédia- 
"  tement  audessous  de  ce  Sault  (1),  allez  les  voir,  vous 
«'  y  pourrez  faire  quelques  considérables  coups  et  en 
"  défaire  une  bonne  partie,  vu  le  nombre  que  vous  êtes." 
Après  le  conseil  de  ces  perfides,  40  Iroquois  des  plus 
lestes  vinrent  surprendre  6  de  nos  hommes  tant  char- 
pentiers que  scieurs  de  bois  sans  qu'il  y  en  eut  aucun 
qui  échappât  de  leurs  mains  ;  tous  furent  tués  ou  bien 


(1).  Saull  St.  Louis.  (Note  de  J.  V.) 


45 

faits  prisonniers,  ces  pauvres  gens  roulurent  bien  se 
défendre  en  cette  occasion  mais  leur  valeur  ne  put  pré- 
valoir à  un  coup  si  imprévu  ;  on  ne  put  les  secourir 
parceque  la  chose  fut  exécutée  trop  promptement  et 
qu'étant  un  peu  en  avant  dans  le  bois,  le  vent  peu  favo- 
rable empêcha  qu'on  entendit  ce  qui  se  passoit,  mais 
enfin  ce  monde  ne  revenant  pas  on  les  alla  chercher  sur 
les  lieux  où  on  trouva  les  corps  de  ceux  qui  avoient  été 
tués,  lesquels  firent  juger  de  tout  ce  qui  étoit  survenu 
(1)  ;  le  lendemain  on  apprit  plus  sûrement  les  choses 
par  les  Hurons,  que  les  Iroquois  traitèrent  selon  leur 
mérite,  car  ayant  passé  toute  la  nuit  à  insulter  les  Fran- 
çois que  les  Iroquois  avoient  emmenés  prisonniers,  le 
matin  accablés  de  sommeil  ils  s'endormirent  profondé- 
ment proche  de  ces  ennemis  du  genre  humain  dont  ils 
furent  presque  tous  taillés  en  pièces,  hormis  environ  une 
trentaine  qui  reçurent  ici  un  asyle  au  lieu  de  la  mort 
qui  leur  étoit  bien  due  ;  Cette  juste  punition  exécutée, 
ceux  qui  en  avoient  été  les  bourreaux  embarquèrent  les 
castors  de  ces  perfides,  ils  mirent  ensuite  nos  François 
dans  les  canots  et  traversèrent  le  fleuve,  et  après  vou- 
lant aller  par  terre  et  couper  à  travers  des  bois  jusqu'à 
Chambly,  ils  furent  contraints  d'abandonner  une  partie 
de  leurs  castors  à  cause  de  la  pesanteur,  ayant  donc 
abandonné  ce  qu'ils  ne  pouvoient  porter  et  ayant  coupé 
leurs  canots  à  coup  de  haches,  afin  de  les  rendre  inutiles, 
comme  ils  font  toujours  en  de  semblables  occasions,  ils 
allèrent  droit  au  lieu  que  nous  avons  marqué,  y  étant 
arrivés  ils  crurent  que  quatre  ou  cinq  lieues  de  bois 


(1).  11  y  eut  trois  hommes  de  tués  dans  cette  rencontre  qui  eut  lieu  le  9 
Juin  1643,  savoir  :  Guill.  Boissier  dit  Guilling,  Bernard  Boête  et  Pre.  Lafo. 
ret  dit  l'Auvergnat,  qui  furent  enterrés  par  le  R.  P.  Davost  Jésuite  (voir 
registres  de  la  Paroisse  de  Montréal)  les  3  autres  durent  être  emmenés  prison, 
niers.  (Note  de  J.  V.) 


46 

auroient  assez  dépisté  nos  pauvres  François  et  qu'il  n'é- 
toit  pas  besoin  de  les  garder  désormais  si  étroitement, 
mais  ils  se  trompèrent,  car  un  d'eux  s'échappa  et  se 
sauva  si  heureusement  qu'il  revint  droit  aux  canots 
qu'ils  avoient  laissés,  où  choisissant  le  meilleur,  il  remplit 
d'herbes  les  trous  que  l'on  avoit  faits  avec  la  hache, 
ensuite  il  y  mit  plusieurs  robes  de  castor  et  s'en  vint 
ainsi  équipé  au  Montréal  tout  au  travers  du  fleuve,  ce 
qui  surprit  agréablement  M.  de  Maison-neufve  qui  fut 
bien  joyeux  que  celui-là  fut  du  moins  échappé  des  tour- 
ments Iroquois.  Cet  homme  raconta  toute  son  infortune, 
après  quoi  il  dit  qu'il  y  avait  bien  du  castor  dans  le  lieu 
où  il  avoit  pris  celui  qu'il  avoit  amené  dans  son  canot, 
qu'on  le  pouvoit  aller  chercher  sans  crainte  et  qu'il 
seroit  perdu  si  on  n'y  alloit  pas  ;  M.  de  Maison-neufve 
l'entendant  parler  de  la  sorte,  encore  qu'il  ne  voulut 
rien  pour  lui  fut  bien  aise  de  donner  ce  butin  à  ses  sol- 
dats, si  bien  qu'il  l'envoya  quérir  et  le  leur  distribua 
sans  en  rien  retenir  ;  c'est  une  chose  admirable  combien 
cet  homme  a  toujours  aimé  ceux  qu'il  a  commandés  et 
combien  il  s'est  peu  considéré  lui-même  :  voilà  à  peu 
prés  comme  les  choses  se  sont  passées  cette  année  jusqu'à 
l'arrivée  des  vaisseaux  de  France,  dont  on  eut  ici  les 
première  nouvelles  par  M.  de  Montmagny  qui  y  arriva 
au  commencement  du  mois  de  Juillet,  comblant  tout  le 
monde  d'une  joie  bien  singulière,  tant  pour  les  secours 
qui  nous  venoient  de  France  que  pour  les  témoignages 
qu'il  assura  que  le  lloy  donnoit  de  sa  bienveillance  à  la 
Compagnie  du  Montréal  pour  laquelle  il  avoit  pris  la 
peine  de  lui  écrire,  afin  qu'il  la  favorisât  en  ses  desseins, 
louant  et  approuvant  les  dépenses  pour  y  construire  un 
Fort,  lui  donnant  le  pouvoir  de  le  munir  de  canons  et 
autres  choses  nécessaires  pour  la  guerre,  disant  de 
plus  que  Sa  Majesté  pour  une  marque  plus  authentique 


47 

de  la  sincérité  de  ses  affections  l'avoit  gratifiée  d'un  beau 
navire  de  350,  qui  s'appeloit  "  La  Notre-Dame."  On  ap- 
prit encore  par  M.  de  Montmagny  qu'on  espéroit  de  grands 
eflfets  cette  année-là  de  la  part  de  la  compagnie  du  Mont- 
réal, laquelle  avoit  fait  de  la  dépense  considérable,  ce 
qu'il  ne  put  dire  qu'en  général  ;  outre  cela  il  dit  qu'un 
gentilhomme  de  Champagne  nommé  M.  D'Ailleboust 
(I)  venoit  ici  avec  sa  femme  (2)  et  la  soeur  de  sa  fem- 
me (3)  ;  déplus  il  apprit  qu'on  avoit  fait  une  fondation 
pour  un  hôpital  au  Montréal,  mais  que  pour  avoir  le 
détail  du  tout  il  falloit  patienter  jusqu'au  mois  de  Sep- 
tembre que  M.  D'Ailleboust  arriva,  ce  qu'il  ne  fit  pas 
sans  difficultés  parceque  encore  qu'il  partit  on  n'osoit 
l'aller  quérir  dans  sa  barque  à  cause  des  embûches,  et 
lui  n'osoit  non  plus  approcher  pour  le  même  sujet  :  il 
fallut  que  M.  de  Maison-neufve  y  allât  lui-même,  encore 
eurent-ils  bien  peur  des  ennemis  en  revenant,  tant  il  est 
vrai  qu'en  dehors  du  seuil  de  sa  porte  on  n'étoit  pas  en 
assurance  ;  pour  lors  M.  D'Ailleboust  étant  à  terre  et  un 
peu  rafraîchi,  il  commença  à  débiter  ses  nouvelles,  en- 
tr' autres  il  apprit  que  notre  illustre  associée  faisoit  des 
merveilles  ;  que  pour  être  inconnue  elle  ne  laissoit  pas 
de  bien  faire  parler  d'elle,  que  cette  année  même  elle 
avoit  fait  une  fondation  de  2,000  livres  de  rente  pour  l'en- 
tretien d'un  hôpital  en  ce  lieu,  que  outre  cela  elle  avoit 
donnée  12,000  livres  tant  pour  le  bâtir  que  pour  le  four- 
nir de  meubles,  que  déplus  elle  envoyoit  2,000  livres  à 
Madelle  Mance  pour  les  employer  à  sa  dévotion,  qu'elle 
faisoit  secrètement  ses  libéralités  entre  les  mains  de  la. 
Compagnie  du  Montréal  sans  dire  son  nom  et  sans  qu'on^ 

(l)  Louis  D'Ailleboût  de  Goulonge.s  et  d'Argentenay.  (J.  V.) 
(ï)  Barbe  de  Boullongne.  (J.  V.) 

(3)  Demoiselle  de  Boullongne.  D'après  des  autographes  que  j'ai.    On  pro- 
nonçoit  Boulogne.  (J.  V.) 


48 

pût  savoir  qui  elle  étoit.  Il  dit  ensuite  et  fit  voir  par 
efiet  que  chacun  des  associés  avoit  lâché  de  se  saigner 
charitablement  et  g-énéreusement  pour  la  réussite  de  ce 
nouvel   ouvrage  qui   étoit  déjà   le  théâtre  des  guerres 
de  ce  pays  :   que  si  ce  lieu  étoit  affligé  des  incursions 
iroquoises,  à  mesure  aussi  il  étoit  consolé  de  la  conver- 
sion de  plusieurs  autres  sauvages,  qui  se  jettant  ici  com- 
me dans  un  asile  avoient  recours  au  bâtëme  afin  de  se 
préparer  à  la  mort  qui  les  attendoit  comme  infaillible 
dans  la  multitude  des  sorties  qu'ils  étoient  obligés  de 
faire  pour  aller  chercher  des  vivres  ;   il  est  bien   vrai 
qu'ils  y  alloient  le  plus  rarement  qu'ils  pouvoient,  mais 
enfin  ils  étoient  trop  pour  qu'on  put  subvenir  entière- 
ment à  leur  nourriture  ;  c'est  pourcjuoi  il  falloit  souvent 
sortir.  Dès  le  commencement  de  cette  habitation  on  avoit 
bien  semé  un  peu  de  pois  et  du  bled-d'inde  et  on  conti- 
nuoit  fort  cette  aîrriculture  tous  les  ans,  mais  cela  n'étoit 
rien  à  tant  de  monde,  ils  consommoient  outre  cela  beau- 
coup de  vivres  qui  venoient  de  la  France,  encore  cela 
n'étoit-il  pas  suffisant  :    il  est  difficile  d'exprimer  la  ten- 
dresse que  M.  de  Maison-neufve  avoit  pour  ces  pauvres 
malheureux,  les  libéralités  c^u'il  leur  fit,  et  combien  le 
tout  coûta  à  la  Compagnie  dans  cette  première  année 
que  les  choses  étoient  si  chères,  mais  enfin  sa  piété  ne 
se  rebutoit  de  rien  ;  au  reste  cette  année  nous  avons  un 
exemple  très  rare  de  sa  générosité  non  point  en  la  per- 
sonne des  sauvages  mais  en  celle  de  M.  de  Pizeaux,  le- 
quel se  trouvant  attaqué  de  paralysie  et  ayant  le  cerveau 
débilité  par  sa  vieillesse,  commen(,'a  de  témoigner  qu'il 
étoit  bit^n  aise  de  ravoir  les  choses  dont  il  s'étoit  démis, 
afin  d'aller  en  France  chercher  la  guérison,  vous  voyez, 
la  demande  étoit  considérable,  d'autant  qu'il  avoit  donné 
beaucoup,  sans  doute  qu'une  telle  demande  eut  surpris 
tout  autre  que   M.  de  Maison-neufve,  voyons  un  peu 


49 

comme  il  lui  répondit  :  "Mr.  lui  dit-il,  nous  n'avons  rien 
"  fait   par    l'intérêt,  tout    est    encore    à    vous,    vous   en 
"  pouvez    être    assuré,   je   vous  baillerai  ce  qu'il  vous 
"  faudra  ici,  et  je  vous  adresserai  à  M.  M.  de  la  Compa- 
"  gnie  en  France,  lesquels  reconnoitront  largement  les 
"  biens  que  vous  nous  avez  faits  :"     Ce  qui  fut  promis 
fut  fidèlement  exécuté  ;   ici  l'on  lui  tint  compte  géné- 
ralement de  tout,  et  en  France  Messieurs  de  la  Compa- 
gnie le  firent  très  bien  soigner  ils  en  eurent  la  même 
sollicitude  que  s'il  dût  être  leur  propre  frère,  et  ils  ne 
l'abandonnèrent  point  jusqu'au  tombeau,  de  quoi  il  avoit 
bien  besoin  car  il  avoit  alors  septante  sept  ou    septante 
huit  ans  et  avoit  passé  cette  longue  vie  dans  des  fatigues 
incroyables    tant   à   la    Nouvelle    Espagne    où   il    avoit 
amassé  son  bien,  qu'en  la  Nouvelle  France  où  il  l'avoit 
dépensé  :  Que  si  il  a  tant  consommé  de  biens  ici  il  ne  faut 
pas  s'en  étonner,  d'autant  que  faisant  d'aussi  grandes 
entreprises  qu'il  a  faites,  il  n'y  pouvoit  pas  manquer,  à 
cause  que  tout  coûtoit  pour  lors  exhorbitament,  et  qu'on 
n'avoit  aucun  secours  du  pays  tant  pour  les  ^-ivres  que 
pour  se  vêtir  :    La  perte  de   M.  de   Pizeaux  ne  fut  pas 
l'unique  perte  du  Montréal  pour    cette  année   là,    car 
Madame  La  Pelleterie  voyant  que  Mademoiselle  Mance 
avoit  alors  un  secours  assez  considérable  de  son  sexe, 
elle   descendit  à  Kebecq  et  l'enrichit  de  la  perte  que 
faisoit  ce  lieu-ci,  étant  privé  d'une  personne  d'aussi  grand 
mérite  et  d'aussi   rare   exemple  qu'elle   a  toujours  été 
partout. 


G 


HISTOIRE  DU  MONTREAL. 


Do  l'automno  de  1G43  à  l'aulomno  IG44. 

Les  dépêches  de  France  étant  parties  on  commença 
d'arracher  les  petits  pieux  qui  environnoient  le  Fort  et 
à  mesure  on  le  revêtit  de  beaux  bastions  que  traça  M. 
D'ailleboust  (1)  auquel  M.  de  Maison-neuve  laissa  la 
conduite  de  cette  entreprise  :  Messieurs  de  la  Compa- 
gnie lui  ayant  mandé  qu'il  était  fort  intelligent  en  ce 
fait,  aussi  y  réussit-il  très  bien  ainsi  qu'on  a  vu  depuis. 
Enfin  nos  François  se  lassèrent  de  se  voir  tous  les  jours 
insultés  par  les  Iroquois,  ne  pouvant  souffrir  si  souvent 
de  leurs  allarmes  sans  les  aller  chercher,  ils  importu- 
noient  sans  cesse  M.  de  Maison-neuve  afin  qu'il  leur  per- 
mit d'aller  en  parti,  disant  qu'il  n'y  avoit  aucune  appa- 
rence de  s'entendre  fusiller  chaque  jour  et  de  demeurer 
néanmoins  dans  la  modération  de  ne  les  oser  poursuivre 
jusqu'à  la  portée  du  fusil  des  bois  ;  M.  de  Maison-neufve 
de  son  côté  leur  disoit  :  ''Les  poursuivant  comme  vous 
le  souhaitez,  nous  ne  sommes  qu'une  poignée  de  monde 
peu  expérimentée  au  bois,  tout  d'un  coup  nous  serons 
surpris  dans  une  embuscade,  là  où  il  y  aura  20  Iroquois 
contre  1  François  ;  au  reste  prenez  patience,  quand  Dieu 
nous  aura  donné  du  monde  nous  risquerons  ces  coups, 
mais  maintenant  ce  seroit  imprud«'mment  hasarder  la 
perte  du  tout  à  une  seule  l'ois,  ce  qui  seroit  mal  ménager 
l'ouvrage  dont  j'ai  la  conduite."  Tout  cela  ne  servoit  de 
rien  à  nos  bouillans  françois  sinon  à  faire  croire  que  M. 

(I)  Voir  Appendice  No.  III.  (J.  V.) 


51 

de  Maison-nenfve,  appréhendoit  de  s'exposer  ;  de  quoi 
on  commença  à  murmurer  si  fort  que  cela  étant  venu  à 
sa  connoissance,  il  crut  qu'il  valloit-mieux  hasarder  im- 
prudemment une  bonne  fois  que  de  les  laisser  dans  cet- 
te croyance  qui  nuiroit  à  jamais  et  seroit  capable  de  tout 
perdre.  Résolu  donc  à  la  chose,  voici  ce  qui  arriva  ;  le 
30e  jour  de  mars,  les  chiens  qui  tous  les  matins  faisoient 
une  grande  ronde  pour  découvrir  les  ennemis  sous  la 
conduite  d'une  chienne  nommée  Pilotte  lacjuelle  pilloit 
lortement  à  son  retour  ceux  qui  avoient  manqué  à  la 
compagnie,  se  mirent  à  crier  et  hurler  de  toutes  leurs 
forces,  faisant  face  du  côté  où  ils  ressentoient  les  enne- 
mis ;  or,  comme  l'expérience  journalière  avoit  fait  con- 
noitre  à  tout  le  monde  cet  instinct  naturel  que  Dieu 
donnoit  lors  à  ces  animaux  pour  nous  garantir  de  mille 
embuscades  que  les  barbares  faisoient  partout,  sans  qu'il 
fut  possible  de  s'en  parer  si  Dieu  n'y  avoit  pourvu,  par 
les  hurlemens  favorables  :  d'abord  que  nos  gens  les 
entendirent,  soudain  pleins  de  feu  ils  accoururent  suivant 
leur  coutume  vers  M.  de  Maison-neufve,lui  disant,  "  M. 
les  ennemis  sont  dans  le  bois  d'un  tel  côté,  ne  les  irons- 
nous  jamais  voir  ?"  A  quoi  il  repartit  brusquement  con- 
tre son  ordinaire  :"  Oui,  vous  les  verrez  qu'on  se  prépare 
tout  à  l'heure  à  marcher,  mais  qu'on  soit  aussi  brave 
qu'on  le  promet,  je  vais  à  votre  tête."  D'aboid  un  cha- 
cun se  dispose,  mais  comme  on  n'avoit  que  très  peu  de 
raquettes  et  que  les  neiges  étoient  encore  hautes  on  ne 
pouvoit  pas  bien  s'équiper,  mais  enfin  ayant  mis  son 
monde  dans  le  meilleur  ordre  qu'il  put,  il  marcha  avec 
30  hommes  vers  les  ennemis,  laissant  le  château  et  tou- 
tes les  choses  entre  les  mains  de  M.  D'Ailleboust  auquel 
il  donna  ses  ordres  en  tous  événements  ;  étant  entrés 
dans  le  bois  quasi  aussitôt  après  ils  furent  chargés  par 
200  Iroquois  qui  les  ayant  vu  venir  s'étoient  mis  en  plu- 


52 

sieurs  embuscades  propres  à  les  bien  recevoir  Le  com- 
bat fut  fort  chaud.  Incontinent  que  M.  de  Maison- 
neufve  se  vit  attaqué  il  plaça  ses  gens  derrière  les  arbres 
ainsi  que  faisoient  les  ennemis  et  lors  on  commença  à 
tirer  à  qui  mieux  mieux,  ce  qui  dura  si  lonsrtemps  que 
l'amonition  des  nôtres  manqua  ;  ce  qui  oblig-ea  M.  de 
Maison-neufve  lequel  d'ailleurs  étoit  accablé  par  le  grand 
nombre  d'ennemis  et  qui  avoit  plusieurs  de  ses  gens 
morts  et  blessés  de  penser  à  la  retraite,  comme  à  l'unique 
moyen  de  se  sauver  lui  et  son  monde,  ce  qui  était  bien 
difficile  à  faire  à  cause  que  nous  étions  beaucoup  enga- 
gés et  que  les  autres  étoient  si  bien  montés  en  raquettes 
qu'à  peine  étions-nous  de  l'infanterie  au  respect  de  la 
cavalerie  ;  (1)  quoiqu'il  en  fut,  n'y  ayant  pas  d'autre 
parti  à  choisir  il  commanda  qu'on  se  retirât,  mais  tout 
bellement  et  faisant  face  de  tems  en  tems  vers  les  enne- 
mis, allant  toujours  vers  un  certain  chemin  de  traîne  par 
lequel  on  emmenoit  le  bois  pour  bâtir  l'hôpital,  à  cause 
qu'il  étoit  dur  et  que  leurs  raquettes  ne  leur  seroient  pas 
nécessaires  en  ce  lieu-là  pour  bien  aller  :  chacun  exécuta 
cet  ordre  mais  à  la  vérité  plus  précipitamment  qu'il  n'é- 
tait porté.  M.  de  Maison-neufve  voulant  être  le  dernier 
en  ce  rencontre,  il  attendoit  que  tous  les  blessés  fussent 
passés  avant  de  marcher,  quand  on  fut  arrivé  à  ce  che- 
min de  traîne  qui  fuf  notre  sentier  de  salut,  nos  François 
etirayés  s'enfuirent  de  toutes  leurs  forces  et  laissèrent 
M.  de  Maison-neufve  fort  loin  derrière  eux  ;  lui  de  tems 
en  tems  faisant  face  avec  ses  deux  pistolets,  crainte  d'ê- 
tre saisi  de  ces  barbares  qui  étoient  toujours  sur  le  point 
de  le  faire  prisonnier,  ils  ne  le  voulurent  pas  tuer  parce- 
que  le  reconnaissant  pour  M.  le  Gouverneur  ils  vouloient 
en  faire  la  victime  de  leur  cruauté,  mais  Dieu  l'en  garantit 

(t)  Crtle  jihrasr  est  un  pu  obscure  mais  ellr  senl  iaff'ectalion  habilueilede 
l'aultur  i(  un  la  comprrrulra. 


53 

et  cela  de  la  façon  que  je  vais  dire  ;  les  Iroquois  ayant 
defféré  à  leur  commandant  cette  capture,  ils  le  laissèrent 
aller  un  peu  devant  eux  afin  qu'il  eut  l'honneur  de  le 
prendre,  mais  celui  qui  voulut  prendre  fut  pris,  car  M. 
le  Grouverneur  s'en  trouvant  si  importuné  qu'il  l'avoit 
quasi  toujours  sur  les  épaules,  il  se  mit  en  devoir  de  le 
tirer  ce  que  ce  sauvage  voyant  il  se  baissa  pour  éviter 
le  coup,  M.  le  G-ouverneur  ayant  ratté  cet  homme  se  re- 
leva pour  sauter  sur  lui,  mais  en  cet  instant  il  prit  son 
autre  pistolet  et  le  tira  si  promptement  et  si  heureuse- 
ment qu'il  le  jeta  tout  roide  mort  :  Or  comme  cet  hom- 
me étoit  le  plus  proche  de  lui,  il  eut  le  loisir  de  prendre 
un  peu  d'avance  juscju'à  ce  que  les  autres  barbares  étant 
venus  à  leur  commandant  déjà  expiré,  soudain  au  lieu  de 
le  poursuivre,  ils  chargèrent  cet  homme  sur  leurs  épaul- 
les  et  l'emjDortèrent  promptement  parce  qu'ils  avoient 
peur  que  quelques  secours  inopinés  ne  le  leur  vint  ravir 
et  que  le  corps  d'un  tel  personnage  ne  tombât  entre  les 
mains  de  leurs  ennemis  ;  Ce  ridicule  procédé  donna 
loisir  à  M.  de  Maison-neufve  de  se  rendre  au  fort,  quoi- 
qu'après  tous  les  autres  lesquels  avoient  pensé  être  em- 
portés d'un  coup  de  canon  par  un  mal  habile  homme, 
qui  les  vo5"ant  venir  courant  avec  confusion,  sans  faire 
distinction  d'amis  ou  ennemis  mit  le  feu  au  canon,  mais 
par  bonheur  l'amorce  se  trouva  si  mauvaise  c[ue  le  coup 
ne  s'en  alla  pas,  c[ue  s'il  eut  parti  la  pièce  étoit  si  bien 
braquée  sur  le  petit  chemin  par  lequel  ils  venoient  qu'il 
eut  tué  tout  le  monde  (1)  ;  M.  de  Maison-neufve  arrivant 
au  fort  chacun  en  eut  une  joie  qu'on  ne  peut  exprimer, 
et  alors  tous,  trop   convaincus  de  son   courage   protes- 


(1  )  Les  François  perdirent  à  ce  combat  J.  Matenac  et  P.  Bizot.  tué?  sur  la 
place,  en  outre  de  Guil.  Lobeau  mortellement  blessé. — Reg.  de  la  Paroisse 
30  mars  1644.  (Note  de  J.  V.) 


54 

toient  qu'à  l'avenir  ils  se  donnoroieiit  bien  de  £^ardo  de 
le  faire  ainsi  exposer  mal  à  propos  :  au  reste  il  semble 
que  Dieu  dans  cette  occasion  ne  leur  avoit  imprimé  de 
la  frayeur  que  pour  faire  éclater  davantage  son  courage 
et  le  mieux  établir  dans  leur  esprit  ;  ce  rude  combat  et 
plusieurs  autres  qui  se  firent  pendant  cette  année,  n'em- 
pêcha pas  ce  printemps  même  qu'on  ne  commençât  à 
faire  du  bled  Irançois  à  la  sollicitation  de  M.  D'Aille- 
boust  auquel  le  Canada  a  l'oblii^ation  de  cette  première 
éprt'uve  qui  convainquit  un  chacun  que  la  froideur  de 
ce  climat  ne  l'empêchoit  pas  de  produire  une  grande 
abondance  de  bled,  l^ifin  l'été  étant  venu,  le  Sieur  De 
la  Barre  arriva  de  France  ici  avec  beaucoup  de  gens, 
partie  desquels  étoient  d'une  compagnie  que  la  Eeine 
envoya  cette  année  là  en  Canadas  sous  sa  conduite,  la- 
quelle compagnie  fut  distribuée  dans  les  différens  quar- 
tiers d'  ce  pays  ;  et  l'autre  partie  de  ce  monde  venoit 
aux  frais  de  Messieurs  du  Montréal,  lesquels  Tirent 
encore  cette  année  de  très  grandes  dépenses  pour  ce 
lieu  :  Ce  qui  est  remarquable  ici  dedans  c'est  l'ipocrisie 
du  sieur  De  la  Barre  qui  trompa  tant  de  gens  en  France 
et  en  Canadas  ;  à  la  Kochelle  il  portoit  à  sa  ceinture  un 
grand  chapelet  avec  un  crucifix  qu'il  avoit  quasi  inces- 
samment devant  les  yeux,  tellement  qu'il  venoit  en  ce 
pays  commt'  un  homme  apostolique  auquel  on  avoit  con- 
fié ce  commandement.  Ainsi  sous  une  vertu  apparente, 
il  cachoit  une  très  méchante  vie  qui  l'a  fait  depuis  finir 
ses  jours  sous  une  barre  qui  étoit  plus  pesante  que  celle 
de  son  nom  ;  au  reste  quoiqu'il  fit  l'ipocrite  aussi  bien 
que  homme  de  son  siècle,  toujours  est-il  vrai  qu'il  a  ren- 
du un  grand  service  au  pays  y  amenant  ce    secours  (1) 


(l)"'M  d«  la  Harre,  prnnd  hypocrilo,  amena  60  iKimmos."   (M.  de  Bcl- 
mont.)    L'éditour  de  M.  de  Belmoiit  (//».\/f;i;Y  c/»  fa/iûrfa,  Québec  1840)  lui 


55 

et  c'est  peut-être  pour  l'en  récompenser  que  Dieu  lui  a 
fait  faire  cette  rude  pénitence  pour  la  conclusion  de  sa 
vie,  afin  de  lui  donner  moyen  de  satisfaire  à  ses  crimes, 
comme  apparemment  il  a  fait,  mourant  d'une  façon  qu'il 
a  laissé  sujet  de  croire  à  tous  que  ça  été  pour  le  plus 
grand  bien  de  son  âme.  Ce  personnage  qui  portoit  en 
lui  l'image  de  la  même  vertu,  demeura  au  Montréal 
toute  l'année  suivante,  mais  enfin  on  le  reconnut  par 
quelques  promenades  qu'il  faisoit  fréquemment  dans  le 
bois  avec  une  sauvagesse  qu'il  engrossa,  ce  qui  décou- 
vrit l'erreur  de  ses  beaux  prétextes.  Mais  pour  ne  pas 
prévenir  le  tems  il  le  faut  laisser  à  l'année  qui  vient,  et 
dire  un  mot  de  notre  charitable  inconnue  qui  envoya  pour 
sa  part,  cette  année  à  Melle.  Mance  2,000  livres,  3  cha- 
pelles et  plusieurs  meubles,  lui  adressant  le  tout  comme 
si  elle  eut  été  déjà  logée,  ce  que  M.  de  Maison-neufve 
voyant  il  se  résolut  d'employer  tout  son  monde  avec  la 
plus  grande  diligence  qu'il  se  pourroit,  afin  de  la  loger, 
ce  qu'il  fit  avec  tant  de  promptitude  que  le  8  octobre  du 
même  an,  elle  fut  logée  et  en  état  d'écrire  et  de  datter 
sa  lettre  de  l'hôpital  du  Montréal  écrivant  à  sa  chère 
fondatrice,  ce  qu'envisageoit  beaucoup  M.  de  Maison- 
neufve  afin  de  la  contenter  ;  l'hôpital  ne  fut  pas  plustôt 
fait  qu'il  se  trouva  assez  de  malades  et  de  blessés  pour 
le  fournir,  tous  les  jours  les  Iroquois  par  leurs  bouche- 
ries y  fournissoient  de  nouveaux  hôtes,  ce  qui  obligeoit 
un  chacun  à  bénir  Dieu  de  tout  son  cœur  pour  les  sain- 
tes inspirations  qu'il  avoit  données  à  cette  inconnue 
en  faveur  des  pauvres  malades  et  blessés  de  ce  lieu  ; 
cela  fit  voir  à  Melle.  Mance  que  sa  bonne  dame   avoit 


fait  dire  ceci  sous  la  date  1646.  La  mauvaise  écriture  de  l'auteur  ou  du 
copiste  aura  induit  cet  éditeur  en  erreur  et  lui  aura  fait  lire  46  au  lieu  de  44, 
ou  bien  c'est  encore  une  faute  d'imprimeur.  (Note  de  J.  V.) 


bien  eu  raison  de  ne  lui  point  acquiescer  en  chanj^eant 
ses  charités  en  faveur  d'une  mission  pour  laquelle  elle 
la  sollicitoit  ;  cet  ouvrage  rtant  si  nécessaire  même  dans 
les  commencements  ;  de  quoi  Melle.  Mance  étant  pour  lors 
bien  convaincue,  lui  écrivit  en  cette  sorte  : — "  D'abord 
que  la  maison  où  je  suis  a  été  faite,  incontinent  elle  a  été 
garnie  et  le  besoin  qu'on  en  a  fait  voir  la  conduite  de 
Dieu  en  cet  ouvrage  :  C'est  pourquoi  si  vous  pouviez 
encore  faire  une  charité  qui  seroit  que  j'eusse  ma  sub- 
sistance pour  moi  et  pour  une  servante  et  que  les!2,000  li- 
vres de  rente  cjue  vous  avez  données  fussent  entièrement 
aux  pauvres,  on  auroit  meilleur  moyen  de  les  assister  ; 
voyez  ce  que  vous  pourrez  faire  là-dessus,  j"ai  de  la  peine 
à  vous  le  proposer  parce  que  j'ai  peine  à  demander, 
mais  vos  bontés  sont  si  grandes  !  c[ue  j'aurois  peur  d'un 
reproche  éternel  si  je  manquois  à  vous  mander  les  be- 
soins que  je  sais."  Ce  peu  de  paroles  furent  un  grain  de 
semence  jette  dans  une  terre  très  excellente  ;  nous  ver- 
rons ce  qu'elles  produiront  l'année  prochaine. 


HISTOIRE  DU  MONTREAL. 


De  l'aulomne  1644  jusqu'à  l'automne 
de  1645  au  départ  des  navires  du 
Canadas. 

Au  commencemeut  de  cette  année  il  y  eut  diverses 
attaques  là  où  Dieu  fut   toujours  favorable   aux  Mon- 
trealistes  :    de  vous  dire  combien  ils  ont  tué  d'ennemis 
on  ne  le  peut  faire  tant  ces  barbares  sont  soigneux  de 
cacher  leurs  morts  et  de  les  enlever;  mais  je  vous  dirai 
bien  une  assez  plaisante  rencontre  où  il  n'y  eut  point  de 
sang  répandu,  ce  qui  arriva  de  la  sorte.     Une  partie  de 
ces  barbares  étant  venue  pour  faire   quelques  coups  et 
un  de  leurs  découvreurs    ayant  apperçu  que  tous  les 
travailleurs  s'étoient  retirés  dans  un  instant  au  son  de  la 
cloche  qui  les  appeloit  pour  diner,  il  s'avança  et  monta 
dans  un   arbre  fort  épais   et  fourni  de  branches,  tout 
propre  à  se  bien  cacher  et  bien  découvrir  quand  quel- 
qu'un reviendroit.  Après  le  diner  la  cloche  ayant  sonné 
il  vit  que  tous  revenoient  au  travail  en  même  temps,  ce 
que  remarquant  de  tous  côtés,  il  attendit  pour  voir  le 
quartier  qui  seroit  plus  aisé  à  surprendre,  mais  par  mal- 
heur pour  lui  on  vint  placer  un  corps  de  garde  sous 
l'arbre  où  il  étoit,  sans  que  l'on  sçut  l'oiseau  qui  y  étoit 
niché  ;    Jamais  il  n'osa  faire  connoitre  sa  voix  ;    il  est 
vrai  que  cela  lui  étoit  pardonnable  parcequ'il  eut  une 
grosse  fièvre  qui  lui  dura  tout  autant  que  cet  arbre  fut 
investi  ;    Si  on  eut  apperçu  ce  corbeau  au  milieu  de  ces 
branches,  il  eut  fait  le  saut  périlleux,  mais  on  ne  le  vit, 
ny  on  ne  l'entendit  aucunement,  ce  que  l'on  en  sçait 

H 


58 

c'est  seulement  par  son  rapport  et  celui  de  ses  camarades  ; 
Venons  aux  navires  et  disons  qu'ils  nous   apportèrent 
cet  été  de  très  fâcheuses  nouvelles,  et  à  M.  de  Maison- 
neufve  surtout  qui  sçut  la  mort  de   son  père,  ce   qui 
l'obligea  de  repasser  en  France  pour  les  affaires  de  sa 
maison  à  laquelle  il  falloit  qu'il  allât  donner  ordre,  il  ne 
voulut  point  partir  sans  renvoyer  auparavant  en  France 
le  Sr.  de  la  Barre,  qu'il  avoit  reconnu  pour  n'avoir  rien 
de  saint  que  son  chapelet  et  sa  mine  trompeuse  :    qu'ici 
le  départ  de  M.  de  Maison-neufve  affligea  beaucoup  tous 
ceux  d'ici  qui  le  regardoient  comme  leur  père.     Melle. 
Mance   reçut  une  lettre  de  son   côté  bien    consolante 
d'autant  que  sa  Dame  lui  mandoit  en  propre  terme  pour 
réponse  à  sa  lettre  :  "  J'ai  plus  d'envie  de  vous  donner 
les  choses  nécessaires  que  vous  n'avez  de  me  les  deman- 
der, pour  cela  j'ai  mis  20,000  francs  entre  les  mains  de 
la   Compagnie    du  Montréal,  pour   a'ous  les  mettre    à 
rente,  afin  que  vous  serviez  les  pauvres  sans  leur  être  à 
charge,  et  outre  cela  je  vous  envoie   2,000  livres  cette 
année."      La  bonne   dame — qu'elle  étoit  admirable  en 
ses  charités, — elle  sçavoit  bien  que  l'aumône  a  de  grandes 
lettres  de  change  pour  l'autre  vie,  puisqu'elle  l'a  faite  si 
largement  ;   jugez  combien  cette  charitable  fondatrice 
inconnue  à   tous  hormis    au  Père    Kapin    et  à   Melle. 
Mance,    étoit    agréable  à   Dieu   et  consollcit  fortement 
cette  Demelle.  qu'elle  avoit  faite  ici  administratrice  de 
son  Hôpital  ;  mais  laissons  cette  bonne  dame  et  finissons 
cette  année  par  M.  de  Maison-neufve,  lequel  en  partant 
pour    la    France    laissa   le    gouvernement  de  son  cher 
Montréal  à  M.  D'Ailleboust  auquel  il  le  recommanda 
plus  que  s'il  eut  été  un  autre  soi-même.     (1) 


(1)  "  1G46,  Sopl.  Il  no  ri'sta  à  Villo-Marie  (juf  M.  D'Ailleboust,  sa  femme 
sa  sœur,  etc.  de  considérables.    M.  de  Maisonneuve    qui  commandoit  à 


HISTOIRE    DU     MONTREAL. 


De  l'automne  1645  jusqu'à  l'automne  1646, 
au  départ  des  navires  du  Canadas. 

Nous  n'avons  pas  grandes  nouvelles  à  donner  au 
public  jusqu'au  printemps,  où  les  Iroquois  vinrent  ici 
faire  une  paix  fourée,  afin  de  nous  surprendre  lorsque 
nous  y  penserions  le  moins  et  que  nous  serions  le  moins 
sur  nos  gardes,  ce  que  nous  verrons  ci-après  malheu- 
reusement arriver  aux  sauvages  nos  alliés,  non  pas  aux 
François  qui  ne  marchoient  jamais  qu'armés  et  sur  la  dé- 
fiance ;  Ils  alloient  toujours  au  travail  et  en  revenoient 
tous  ensemble  au  temps  marqué  par  le  son  de  la  cloche  ; 
on  profita  beaucoup  de  cette  paix  fourée,  parceque  les 
Iroquois  ne  voyant  pas  un  coup  assuré  ils  n'osoient  pas 
se  déclarer,  ce  qui  donna  loisir  à  M.  D'Ailleboust  de  pa- 
rachever les  fortifications  du  fort  (1)  de  ce  lieu  qu'il 
réduisit  à  4  bastions  réguliers,  si  bons  que  l'on  n'en  a 
point  vu  encore  de  pareils  en  Canada  ;  Il  est  vrai  que 
l'injure  des  temps  n'a  pas  permis  à  ces  fortifications  de 
durer  jusqu'à  aujourd'huy,  mais  la  mémoire  ne  laisse 
pas  d'en  être  récente  encore  dans  l'esprit  de  plusieurs 
habitants,  c'est  dommage  que  ce  fort  soit  si  près  du 
fleuve  St.  Laurent  d'autant  qu'il  lui  est  un  ennemi 
fâcheux,  lequel  ne  laisse  pas  sa  demeure  assurée,  surtout 


Montréal  repassa  cette  année  en  France  pour  la  mort  de  son  père."  (Journal 
des  Jésuites  de  1645  à  1668.)     J.  V. 
On  peut  placer  à  cette  époque  le  document  contenu  en  l'appendice  XVII 

(1)  M.  de  Belmont  dit  que  les  pieux  de  son  enceinte  avaient  deux  brassas 
de  hauteur.    (J.  V.) 


60 

en  certain  temps  que  des  montagnes  de  glaces  le  vien- 
nent menacer  d'un  soudain  bonleyersoment  ;  ce  qui  fait 
que  l'on  soigne  moins  cet  ancien  berceau  du  Montréal 
qui  d'ailleurs  seroit  fort  agréable.     L'été  suivant  cette 
paix  simulée  nous  eûmes  de  bonne  heure  les  navires  à 
Quebecq,  qui  donnèrent  incontinent  la  joie  au  Montréal 
de  son  chef  M.   de  Maison-neufve  ;    mais  en  attendant 
que  nous  voyons  le  peu  de  temps  qu'il  nous  doit  rester 
en  Canadas  parlons  un  peu  d'un  appelé  M.  Lemoine  (1) 
qui  fut  envoyé  ici  pour  servir  d'interprète  à  l'égard  des 
Iroquois  qu'on  y  voyoit  toujours  sans  les  bien  entendre, 
à  cause  que  l'on   avoit    pas    d'assez  bons   interprètes  ; 
Comme  c'est  le  principal  sujet  qui  émut  M.  de  Montma- 
gny  à  nous  l'envoyer  nous  verrons  dans  la  suite  de  cette 
histoire  combien  sa  venue  nous  fut  avantageuse,  non  seu- 
lement pour  le  secours  que  l'on  a  tiré  de  sa  langue  mais 
encore  pour  les  bonnes  actions  qu'il  a  faites  contre  les 
ennemis,  auxquels  il  a  plusieurs  fois  fait  si  bien  voir  son 
courage  qu'il  a  mérité  ses  lettres  de  noblesse  (2)  par  les 
services  qu'il  a  rendus  contre  eux,  mais  avant  que  de  les 
marquer  il  faut  attendre  les  temps  et  cependant  comme 
celui-ci  exige  que  nous  touchions  un  second  départ  de 
M.  de  Maison-neufve  pour  la  France,  parlons  en  et  di- 
sons qu'il  fut  causé  par  une  lettre  de  M.  de  la  Dover- 
sière,  qui  lui  manda  dans  un  navire  lequel  partit  après 
lui  qu'il  revint  incontinent,  parceque  son  beau-frère  avoit 
été  assassiné    depuis  son    départ  et  que  sa  mère  avoit 
conçu  un  dessein  ruineux  pour  des  secondes  noces,  et 


(1)  Charles  Lomoine.     Il  signait  C.  LcMoyn<>.     (J.  V.) 

(2)  //  a  été  anobli  vers  1670,  si  je  ne  me  trompe  et  son  fils  aine  fait  Baron 
de  Lonffueuil  en  1098  ou  1699.  iF.  M.) 

Erection  <le  la  Seigneurie  <]i.'  Longueuii  nn  Baronie  If  19  mai  1699,  selon 
M.  Falcon<."r,  mais  le  26  janvier  1700,  selon  Ldlres  Patenles  à  Québec; 
anobli  IG6S,  mois  de  mars.  (Note  de  J.  V.) 


61 

que  ces  deux  choses  enveloppoient  tant  d'affaires  qu'il 
falloit  absolument  qu'il  remontât  en  mer  ;  Voyant  cette 
lettre  qui  l'obligeoit  une  seconde  fois  à  s'en  aller,  il  n'osa 
aller  au  Montréal,  il  fallut  qu'il  épargnât  le  cœur  de  ses 
enfans  pour  conserver  le  sien,  il  savoit  que  les  lettres 
qui  y  porteroient  ce  fâcheux  rabat-joie  y  donneroient 
assez  de  tristesse  sans  l'aller  augmenter  par  sa  présence. 
C'est  pourquoi  quittant  cette  pensée  il  alla  cacher  son 
chagrin  au  plus  vite  dans  le  fond  d'un  vaisseau  et  en- 
voya les  lugubres  messagers  de  son  retour  à  son  cher 
Montréal  qu'il  consola  le  mieux  qu'il  put  par  l'espérance 
de  revenir  l'an  suivant,  sans  y  manquer.  (1) 


[[)  M.  de  Maisonneuve  arriva  en  effet  de  France  à  Québec,  le  20,  7e  1646 
et  en  repartit  pour  France  sans  remonter  à  Montréal,  le  30,  8bre  suivant — 
Journal  MS.  des  Jésuites.  (Note  de  J.  V.) 


HISTOIRE     DU     MONTREAL. 


De  l'automne    1646  jusqu'à  l'automno  1647 
au  (loparl  des  navires  dn  Canadas. 

Au  commencement  de  cet  hiver  les  Iroquois  brûlèrent 
le  fort  de  Richelieu  (1)  qu'on  avait  laissé  sans  monde, 
disant  par  raillerie  que  ce  n'était  pas  par  mal,  mais  qu'il 
n'était  fait  que  de  gros  bois,  ce  qu'ils  firent  à  dessein  de 
le  piller  sans  en  pouvoir  être  accusés.  Le  mois  de  Mars 
venu  ils  levèrent  le  masque  tout  de  bon  et  commencèrent 
l'exécution  du  pernicieux  dessein  qui  les  avoit  portés 
à  faire  la  paix.  Voilà  qu'ils  se  divisèrent  en  plusieurs 
bandes  et  allèrent  en  guerre  de  toutes  parts  en  même 
temps.  Quant  à  nos  pauvres  sauvages,  comme  ils  se  regar- 
doient  dans  une  profonde  paix,  ils  étoient  en  différentes 
riAaères  à  chasser  sans  se  donner  aucunement  de  garde, 
ce  qui  fut  cause  que  ces  traîtres  venant  tout  d'un  coup 
dans  ces  rivières  où  ils  étoient,  ils  en  firent  tout  à  la  fois 
un  si  épouvantable  massacre  qu'ils  en  laissèrent  bien  peu 
échapper,  surtout  il  y  eut  très  peu  de  Népissiriniens  qui 
se  sauvèrent.  Quant  aux  Hurons  qui  étoient  aux  envi- 
rons d'ici,  ils  syjettèrent  comme  dans  un  asile  assuré 
d'où  ils  i:)rirent  la  coutume  de  parlementer  avec  leurs 
ennemis,  ce  qu'ils  faisoient  sans  crainte  à  cause  du  lieu 
où  ils  étoient,  mais  comme  ils  avoient  de  la  peine  à  s'y 
tenir  pour  avoir  leur  liberté  et  vie  assuré  en  même  temps 
ils  méditoient  une  lâche  manière  de  trahir  les  François 
pour  captiver  la  bienveillance  de  l'ennemi,  sans  penser 

(1)  Bîlli  en  1642,  i>ar  M.  de  Monlmagny,  à  l'entrée  de  la  rivière  de  Sorel. 
(Note  deJ.  V.) 
Il  faut  dire  Saurel. 


63 

aux  grandes  dépenses  que  l'on  faisoit  ici  pour  les  entre- 
tenir dans  ce  temps-là  où  l'on  faisoit  tout  venir  de  France, 
ce  qui  fait  voir  leu.r  extrême  ingratitude  qui  les   portoit 
à  vouloir  livrer  leurs  hôtes  entre  les  mains  de  leurs   en- 
nemis,  afin    d'être   par  eux   brûlés  tout  vifs,    ce   qu'ils 
tâchoient  de  faire   réussir  en  cette  manière  :  tantôt  l'un, 
tantôt  l'autre  alloit  à  la  chasse   et  revenoit  accompagné 
d'Iroquois  vers  la  maison  de  son  hôte,iirappeloit  comme 
s'il   eut   eu   besoin  de  quelque  chose   voulant   l'attirer 
dans  une  embuscade  d'ennemis  ;  un  pauvre  homme  sor- 
toit  bonnement  à  une  telle  voix  et  soudain  il  se  trouvoit 
dans  la  gueule  du  loup  :    cela   auroit   réussi  à  ces   mal- 
heureux et  ils  auroient  fait  périr   une  quantité  de  leurs 
charitables  bienfaiteurs,  si  Dieu  qui  ne  vouloit  pas  payer 
leurs  bonnes  œuvres  de  cette  méchante  monnoie  ne  les 
en  eut  préservés  ;  Enfin  phisieurs  ayant  été  repoussés  jus- 
que dans  leurs  propres  foyers,  on  commença  à  se  donner 
de  garde  et  on  laissa  désormais  crier  ces  basiliques  avec 
moins  de  compassion  sans  aller   s'enquérir   de  ce   qu'ils 
souhaitoient  ;  on  demandera  d'où   A'ient  qu'on    recevoit 
ces  gens,  qu'on   ne  les  faisoit    pas  mourir  ;    mais    il  faut 
considérer  que  l'envie  qu'on  avoit  de  les  gagner  à  Dieu 
faisoit  qu'on   se  laissoit  aisément   tromper  par  eux  dans 
toutes  leurs  protestations,  et  que  d'ailleurs  il  étoit  de  la 
politique    de   ne  les   pas  punir,  crainte    d'animer  toute 
leur  nation  dans  un  temps  ou  nous  n'étions  pas  en  état 
de  nous  soutenir  contre  tant  de  monde  ;    ainsi  le  temps 
se   passa  en    trahisons  et  allarmes  jusqu'à  ce  que    l'été 
étant   venu,    après   que    nos   pauvres    Montrealistes    se 
lurent  longtemps  entretenus  de  leur  cher  Gouverneur 
ils  sçurent  enfin  qu'il  étoit  arrivé,  ce  qui  combla  ce  lieii 
de  joie  :  aussitôt  qu'il  fut  venu  il  avertit  M.  Dailleboust 
qu'en  France  l'on  vouloit   rappeler   M.  le  Chevalier   de 
Montmagny  dont  la  mémoire  est  encore  en  grande  véné- 


C4 

ration  ;  de  plus  il  lui  dit  qu'il  soroit  nommé  au  gouver- 
nement du  Canadas,  et  qu'il  ialloit  qu'il  s'en  allât  en 
France,  et  que  l'année  suivante  il  reviendroit  pourvu  de 
sa  commission  (1)  ;  Ce  bon  gentilhomme  avertit  M. 
Daillel)OUst  de  ces  choses,  mais  il  était  trop  humble  pour 
lui  dire  qu'on  lui  avoit  offert  à  lui-même  d'être  Gouver- 
neur du  pays  et  qu'il  l' avoit  refusé  par  une  sagesse  qui 
sera  mieux  reconnue  en  l'autre  monde  qu'en  celui-ci.  (2) 


(l)Le  journal  MS.  d.'jà  cité  ne  donne  pas  la  drfle  de  l'arrivée  de  M.  de  Mai- 
sonneiive  à  Qui="bec  .  mais  il. lit  que  ce  Mr.  quitta  cette  ville  pour  Montréal, 
le  18  (Jet..  1647  ;  il  ajoute  «lue  M.  D'.Villeboust  partit  pour  France  sur  la 
flotte  le  21  du  même  mois.     (Note  de  J.  V.) 

(2)  '  M.  de  Maisonneuve  pouvoit  être  gouverneur  du  Canada"  dit  M.  de 
Belmont,  *'  mais  il  fit  donner  le  gouvernement  à.  M.  Dailleboust."  (  Note  de 

J.  y.) 


HISTOIRE     DU     MONTREAL. 


De  l'automne  1647  jusqu'à  l'automne  IG48. 
au  départ  des  navires  de  Canadas. 

Comme  dans  cette  année  et  la  suivante  les  guerres  des 
Iroquois  lurent  plus  furieuses  que  jamais,  ces    barbares 
devenant  de  jour  en  jour   plus   audacieux  et   superbes 
pour  les  continuelles  victoires  qu'ils  emportoient  dans  le 
pays  des  Hurons  qu'ils  ont  depuis  entièrement  détruits, 
ce  fut  un  coup  du  Ciel  que  le  retour  de  M.  de  Maison- 
neuve,  car  l'effroi  était  si  grand  dans  toute  Tétendue  du 
Canadas  qu'il  eut  gelé  les  cœurs  par  l'excès  de  la  crainte, 
surtout  dans  un   poste    aussi  avancé    qu'étoit   celui   de 
Montréal,  s'il  n'eut  été  réchaufie    par   la  confiance    que 
chacun  avoit  en  lui  ;  il  assuroit  toujours  les  siens  dans 
les  accidents  de  la  guerre  et  il  imprimoit  de  la  crainte  à 
nos  ennemis  au  milieu  de  leurs   victoires  ;  ce   qui   étoit 
bien  merveilleux   dans  un   petit  poste   comme  celui-ci. 
Les  Hurons  quoiqu'en    grand   nombre   étant   quant  à 
eux,  épouvantés  par  les  tourmens  se  rendoient  tous  aux 
Iroquois,  ceux  qui   en  étoient  pris  tenoient   à   grande 
faveur  qu'il  leur  fut  permis  d'entrer  dans  leur  parti  afin 
d'éviter  une  mort  cruelle  quand  même  ils  auroient  dû 
sortir  à  mi-rôtis  du  milieu  des  supplices,  chacun  qui  leur 
avoit  promis  fidélité  quoique  par  force  n'eut  osé  violer 
cette  parole  infidèle  à  cette  nation,  appréhendant  d'être 
attrapé  une  seconde  fois  ;  Enfin  nos  ennemis  se   grossis- 
soient  tellement  de  jour  à   autre  qu'il    falloit  être    aussi 
intrépide    que    nos    Montrealistes   pour  vouloir   encore 
conserver  ce  lieu  ;  tantôt  les  ennemis  venoient  par  ruse 

I 


66 

afin  de  nous  surprendre  dans  un  pourparler  spécieux, 
tantôt  ils  venoient  se  cacher  dans  dos  embuscades  où  ils 
passoient  sans  branler  les  journées  entières  chacun  der- 
rière sa  souche,  afin  de  faire  quelque  coup.  Enfin  un 
pauvre  homme  à  10  pas  de  sa  porte  n'étoit  point  en  as- 
surance, il  n'y  avoit  morceau  de  bois  qui  ne  peut  être 
pris  pour  l'ombre  ou  la  cache  d'un  ennemi  ;  c'est  une 
chose  admirable  comment  Dieu  conservoit  ces  pauvres 
gens,  il  ne  faut  pas  s'étonner  si  M.  de  Montmagny  em- 
pêchoit  tout  le  monde  de  monter  ici  pour  s'y  établir, 
disant  qu'il  n'y  avoit  point  d'apparence  que  ce  lieu  pût 
subsister,  car  humainement  parlant  cela  ne  se  pouvoit  pas 
si  Dieu  n'eut  été  de  la  partie.  Qu'il  en  soit  loué  à  jamais 
et  qu'il  veuille  bien  bénir  son  ouvrage,  il  n'appartient 
qu'à  lui,  on  le  voit  assez  par  la  grâce  qu'il  lui  a  faite  de 
soutenir  jusqu'à  présent  au  milieu  de  tant  d'ennemis,  de 
bourasque  un  poste  et  malgré  les  inventions  différentes 
dont  on  s'est  servir  pour  le  détruire.  Le  printemps 
venu  entre  plusieurs  tentatives  que  firent  les  Iroquois  il 
faut  que  je  raconte  deux  trahisons  qu'ils  tramèrent  sans 
aucune  réussite,  afin  de  faire  connoître  les  gens  à  qui 
nous  avons  affaire.  Plusieurs  Iroquois  s'étant  présentés 
sous  les  apparences  d'un  pourparler,  feu  M.  de  Norment- 
\'ille  (1)  et  M.  Lemoine  s'avancèrent  un  peu  vers  eux  et 
incontinent  trois  des  leurs  se  détachèrent  afin  de  leur 
venir  parler.  Normentville  voyant  ces  hommes  s'appro- 
cher sans  armes,  pour  marque  de  confiance  et  pour  don- 
ner le  même  témoignage  il  s'en  alla  aussi  de  son  côté 
vers  le  gros  des  Iroquois  avec  une  seule  demi  pique  en 
la  main  par  contenance,  ce  que  Lemoine  voyant  il  lui 
cria  :  "  Ne  vous  avancez  pas  ainsi  vers  ces  traîtres." 
Lui  trop  crédule  à  ces  barbares  qu'il  aimoit  tendrement 


(1)  Normanville.  (Noie  de  J.  V.) 


67 

quoique  depuis  ils  l'aient  fait  cruellement  mourir,  ne 
laissa  pas  d'aller  vers  eux,  mais  lorsqu'il  y  fut,  ils  l'enve- 
loppèrent si  insensiblement  et  si  bien  que  quand  il  s'en 
apperçut  il  ne  lui  fut  plus  possible  de  se  retirer.  Lemoine 
appercevant  la  perfidie  coucha  en  joue  les  trois  Iroquois 
qui  étaient  auprès  de  lui  et  leur  dit  qu'il  tueroit  le  pre- 
mier qui  branleroit  à  moins  que  Normeutyllle  ne  revint, 
un  des  trois  demanda  à  l'aller  chercher,  ce  qu'il  lui  per- 
mit, mais  cette  homme  ne  revenant  pas,  il  contraignit  les 
deux  autres  à  marcher  devant  lui  au  Château  d'où  ils  ne 
sortirent  point  jusqu'au  lendemain  que  Normentville  fut 
rendu  ;  L'autre  trahison  se  pensa  faire  sur  le  Sault  Nor- 
mant  qui  est  une  bature,  laquelle  est  peu  avant  sur  le 
fleuve  A'is-à-vis  du  Château  ;  deux  Iroquois  s'étaut  mis 
sur  cette  bature,  M.  de  Maison  neufve  commanda  à  M. 
Lemoine  et  à  un  nommé  Nicolas  Grodé  (1)  de  s'y  en  aller 
en  canot  afin  de  savoir  ce  qu'ils  vouloient  dire  d'autant 
qu'ils  feignoient  de  vouloir  parler,  nos  deux  François 
approchant,  un  de  ces  deux  misérables  intimidé  par  sa 
mauvaise  conscience  se  jeta  dans  son  canot,  s'enfuit  et 
laissa  son  camarade  dégradé  sur  la  roche  ou  nos  cano- 
teurs  le  prirent.  Le  captif  étant  interrogé  pourquoi  son 
compagnon  avoit  fui  il  dit  que  c'étoit  une  terreur  panique 
qui  l'avoit  saisi  sans  qu'il  eut  aucun  mauvais  dessein  et 
qu'il  eut  aucun  sujet  de  s'en  aller  de  la  sorte,  ainsi  ce 
traître  voila  adroitement  sa  mauvaise  intention  ;  cela 
n'empêcha  pas  qu'on  ne  l'amenât  au  Château,  peu  après 
qu'il  y  fut  le  fuyard  reparut  de  fort  loin  voguant  et  ha- 
ranguant sur  le  fleuve,  d'abord  on  commanda  aux  deux 
mêmes  canoteurs  de  se  tenir  prêts  afin  de  le  rejoindre  à 


(l)  11  y  avoit  d  cette  époque  à  Montréal,  un  Nicolas  Godé,  notable  du 
lieu,  qui  fut  assassiné  par  les  sauvages  le  25  Oct.  1G57,  aves  deux  autres 
François.     (Note  de  J.  V.  ) 


68 

la  ramo,  s'il  approchoit  do  trop  près,  ce  qui  réussit  fort 
bien,  car  étant  insensi])l('m('nt  mis  dans  le  courant,  au 
milieu  de  ses  belles  harangues  nos  François  se  jettèrent 
soudain  dans  leur  canot,  le  poursuivirent  si  vivement 
qu'il  lui  fut  impossible  d'en  sortir  et  d'aller  à  terre  avant 
que  d'être  attrape,  si  bi(>n  qu'il  vint  faire  compagnie  à 
son  camarade  qu'il  avoit  fort  incivilmient  abandonné  ; 
Voyez  la  ruse  de  ces  gens,  et  comme  néanmoins  on  les 
attrapoit.  Ce  fut  cette  année,  que  pour  narguer  davan- 
tage les  Iroquois  on  commença  le  premier  moulin  de 
Montréal,  afin  de  leur  apprendre  que  nous  n'étions  pas 
dans  la  disposition  de  leur  abandonner  ce  champ  glori- 
eux, et  que  ce  boulevard  public  ne  se  regardoit  pas  prêt 
à  s'écrouler  :  au  reste  cette  année  Dieu  nous  assista 
grandement,  car  si  les  Iroquois  nous  blessoient  bien  du 
monde  en  diverses  reprises,  ils  ne  nous  tuèrent  jamais 
qu'un  seul  homme  (1),  encore  est-ce  plutôt  une  victime 
que  Dieu  vouloit  tirer  à  soi  que  non  pas  un  succès  de 
leurs  armes  auquel  le  ciel  ne  l'eut  peut-être  pas  accordé 
si  Dieu  ne  l'eut  trouvé  aussi  digne  de  sa  possession. 
Enfin  les  vaisseaux  de  France  arrivèrent  et  nous  rappor- 
tèrent M.  Dailleboust  pour  Gouverneur  en  la  place  de 
M.  de  Montmagny  (2)  ;  la  joie  de  ceux  du  Montréal  fut 


(1)  Malliiirin  Boncnfanl.  tué  le  29  Juill.-t  1048.  (Hi-g.  (!•■  la  paroissi-).  J  V. 

(2)  "  Le  ÎO  août  1648."  dit  lo  journal  Jésuite  déjà  cité,  'jour  de  St.  Ber- 
"  nard.M.  D'ailli;bousl  mouilla  devant  Québec  et  fut  rcccu  Gouverneur  ;  le 
"faclum  d<;  la  cérémonie  s<' trouvera  dans  les  archives."  M.  de  Montma- 
"  gny  P-'irlit  pour  France  le  23  sept,  suivant.  On  a  vu  que  M.  Daillel  out, 
*'  depuis  son  arrivée  en  Canada,  n'a  pas  quitté  Montréal  et  qu'il  n'en  est 
«'  parti  en  1047,  que  pour  aller  en  France  ;  comment  Charlevoix  a-l-ii  donc 
"  pu  dire  que  ce  Monsr.  passa  flu  Gouvernement  dos  Trois-Rivières  à  celui 
"  de  la  colonie  ?"  Le  journal  déjà  cité,  dit  A  la  date  d'Octobre  1645  :  "  Mr. 
"de  Cliamiiflour  qui  commandoit  aux  Trois-Rivières,  s'en  retourna  en 
"  France  ;  à  .sa  place  fut  nommé  |(our  un  temjs  M.  Bourdon,  et  enfin  M.  de 
"  la  Poterie  y  alla  puur  commander."     Or,  on  a  vu  M.  D'uillebout  gouver- 


69 

grande  lorsqu'ils  sçurent  qu'un  des  associés  de  la  Compa- 
gnie venoit  en  Canadas  pour  être  Gouverneur,  mais  elle 
fut  modérée  dans  l'esprit  de  M.  de  Maison-neufve  et  de 
Mlle.  Mance  par  les  nouvelles  qu'ils  eurent,  que  plusieurs 
des  notables  de  la  Compagnie  du  Montréal  avoient  été  di- 
vertis de  ce  dessein  ici  par  quelques  personnes  c^ui  exprès 
leur  faisoient  prendre  le  change  en  faveur  du  Levant  et 
que  M.  GofFre  ;1),  un  des  plus  illustres  et  anciens  asso- 
ciés ayant  laissé  par  testament  80,000  livres  pour  fonder 
ici  un  Evêché,  on  avoit  perdu  cette  somme  par  arrêt, 
faute  d'avoir  diligemment  vaqué  à  cette  affaire  ;  voilà 
donc  les  fâcheuses  nouvelles  qu'ils  apprirent  et  dont  M. 
D'Ailleboust  les  assura,  mais  ensuite,  afin  de  les  consoler 
un  peu,  il  apprit  à  M.  de  Maison-neufve  qu'il  apportoit 
une  ordonnance  de  la  G-rande  Compagnie  (2)  laquelle 
croissoit  la  garnison  de  six  soldats  et  que  au  lieu  de 
3,000  livres  que  l'on  avoit  donné  jusqu'alors  de  gages 
pour  lui  et  ses  soldats,  il  auroit  à  l'avenir  4,000  livres. 
Messieurs  de  la  Grande  Compagnie  voulant  en  cela  re- 
connoitre  les  bons  et  agréables  services  quelepaysrece- 
voit  du  Montréal,  sous  son  digne  Gouverneur. 


neurde  Montréal  de  7  bre  1645  à  8  bre  1647,  puis  s'embarquant  pour  France 
le  21,  8  bre  !647,  pour  en  revenir  Gouverneur-Général  du  Canada  le  20  août 
1648  ;  il  y  a  donc  erreur  chez  l'estimable  historien  de  la  Nouvelle-France. 

(1)  M.  le  Gauffre.  (Note  de  J.  V.) 

(2)  La  Compagnie  des  cent  associés. 


i 


HISTOIRE     DU     MONTREAL. 


De  l'automno  IG48  jusqu'à  l'automne  1649,  au 
départ  des  navirus  di;  Canadas. 

La  plupart  des  Iroquois  furent  toute  cette  année  occu- 
pés à  harceler  les  Hurons  et  les  réduire  aux  abois  dans 
leur  propre  pays,  nous  ne  tûmes  ici  travaillés  que  par  de 
petits  partis  dont  on  vint  facilement  à  sou  honneur,  par 
la  prudence  de  M.  de  Maison-neufve  et  la  générosité  de 
ces  braves  Montrealistes  qu'il  commandoit  :  Le  printemps 
arrivé  M.  Dailleboust  envoya  ici  M.  Desmousseaux  (1) 
son  neveu,  avec  40  hommes  qu'il  commandoit  sous  le 
nom  de  camp-volant,  afin  d'y  aider  à  y  repousser  les 
ennemis,  ce  qui  lui  fut  plus  aisé  que  de  les  battre,  car 
aussitôt  qu'ils  entendoient  le  bruit  des  rames  de  ses 
chaloupes  ils  s'enijiryoient  avec  une  telle  vitesse  qu'il 
n'étoit  pas  facile  de  les  attraper  et  de  les  joindre  ;  ce 
renfort  encourag-ea  beaucoup  les  nôtres,  aussitôt  qu'il 
parut,  à  quoi  contribua  beaucoup  le  nom  et  la  qualité 
de  celui  qui  commandoit,  si  l'on  avoit  eu  l'expérience 
que  l'on  a  aujourd'hui  avec  la  connoissance  que  nous 
avons  présentement  de  leur  pays,  40  bons  hommes  ])ien 
commandés  se  seroient  acquis  beaucoup  de  <rloire,  au- 
roient  rendu  des  services  très  signalés  au  pays  et  auroient 
retenu  nos  ennemis  dans  une  grande  crainte  par  les 
coups  qu'ils  aiiroient  faits  sur  eux,  mais  nous  n'avions 
pas  les  lumières  que  nous  avons  aujourd'hui  et  nous 
étions  moins  habiles  à  la  na\ngation  du  canot  qui  %st 


(1)  M.  Dosinoussfau. — Charles  J.  D'aillehousl  Dos  Mu<seaux,   neveu   du 
Gouverneur     (Note  de  J.  V.)     Voir  Note  1  page  81. 


l'unique  dont  on  doit  user  contre  ces  gens-là  que  nous, 
ne  sommes  maintenant.  L'été  étant  venu  Melle  Mance 
descendît  à  Québec  pour  y  recevoii^  les  nouvelles  de 
France  lesquelles  lui  furent  fort  tristes,  c««  première- 
ment elle  y  apprit  la  mort  du  R.  P.  Ivax:>in,  son  bon 
ami  et  charitable  protecteur  vers  sa  pieuse  fondatrice. 
Deuxièmement  que  la  compagnie  du  Montréal  étoit 
quasi  toute  dissipée,  en  troisième  lieu  que  ce  bon  M.  de 
la  Doversière  étoit  si  mal  dans  ses  affaires  qu'il  avoit 
quasi  fait  banqueroute,  même  qu'on  l'aroit  laissé  si  mal 
qu'il  é|;oit  en  danger  de  mort  et  qu'on  étoit  sur  le  point 
de  lui  saisir  tîTftt  son  bien,  Melle.  Mance  frappée  de  ces 
trois  coups  de  massue  en  la  personne  du  P.  Eapin  qui 
lui  faisoit  avoir  tous  les  besoins  (^  sa  Dame,  en  la  per- 
sonne de  M.  de  la  Doversière  qui  depuis  1641  qu'elle 
fut  unie  à  la  Compagnie  recevoit  tous  ses  effet  et  géroit 
toutes  ses  affaires  de  France,  enfin  en  la  personne  de 
tous  les  assoc/és  dont  la  désunion  faisoit  l'entière  des- 
truction de  leur  commerce,  elle  fut  bien  abattue,  mais 
enfin  s'étant  remise  et  abandonnée  entre  les  mains  de 
Notre  Seigneur,  éclairée  de  son  divin  esprit  elle  crut 
qu'elle  devoit  passer  en  France,  comme  sa  chère  fonda- 
trice vivoit  encore,  afin  de  lui  rendre  compte  de  toute 
chose  et  faire  ensuite  tout  ce  qu'il  lui  plairoit  ;  afin 
qu'elle  n'eut  le  mécontentement  de  voir  tout  renverser 
dans  cet  ouvrage,  et  que  l'œuvre  de  Dieu  ne  se  trouvât 
détruit  ;  elle  médita  les  moyens  de  joindre  tous  les  mem- 
bres de  la  Compagnie  du  Montréal  et  pensa  à  leur  faire 
faire  quelqu'acte  public  qui  cimentât  mieux  leur  union 
si  elle  y  pouvoit  parvenir,  parceque  de  là  elle  prévoyoit 
bien  clairement  que  dépendoit  non  seulement  l'hôpital 
mais  encore  la  subsistance  de  tout  le  monde  et  même  de 
tout  le  Canadas,  qui  ayant  perdu  ce  boulevard  avoit 
bien  la  mine  de  périr,  car  enfin  tout  ce  pays  pour  lors 


72 

étoit  fort  épouvanto,  surtout  pour  les  cruautés  et  entière 
destruction  des  llurons,  lesquelles  menaçoient  ensuite 
généralement  tous  les  François  d'encourir  la  même  dis- 
grâce et  de  suivre  les  mêmes  traitemens  :  Melle  Mance 
considérant  ces  choses  résolut  de  s'embarquer  au  plus- 
tôt  pour  la  France  ou  M.  de  Maison-neufve  et  tous  ceux 
de  Montréal  l'accompagnèrent  de  leurs  vœux 


HISTOIRE  DU  MONTREAL. 


De  l'automne  1649  jnsqu'tà  l'automne  1650,  an 
départ  des  navires  de  Canadas. 

Après  le  départ  de  Melle  Mance,  on  eut  le  martyre 
des  Revds.  Pères  de  Brebœuf  et  Lallemant  (1).  Pendant 
toute  cette  année  on  ne  Yoyoit  que  des  dessentes  de 
Hurons  qui  fuyoient  la  cruauté  des  Iroquois  et  venoient 
chercher  parmi  nous  quelque  refuge,  toujours  on  appre- 
noit  par  eux  quelques  nouvelles  esclandes,  quelques 
nouveaux  forts  perdus,  quelques  villages  pillés  de  nou- 
veau, quelques  nouvelles  boucheries  arrivées.  Enfin  le 
reste  des  Hurons  defiiloit  peu  à  peu,  et  chacun  s'échap- 
poit  le  mieux  qu'il  pouvoit  des  mains  de  son  ennemi  : 
Ce  furent  les  terribles  spectacles  dont  le  Montréal  fut 
récréé  pendant  cet  an,  afin  de  le  préparer  tout  à  loisir 
pour  être  le  soutien  de  tous  les  Iroquois  ci-après,  car 
enfin  n'y  ayant  plus  rien  à  les  arrêter  au-dessus  pour 
combattre,  il  falloit  nécessairement  que  tout  tombât  sur 
lui,  telleçaent  que  voyant  ces  gens  passer  et  leur  racon- 
ter les  boucheries  ils  pouvoient  bien  dire  :  "  si  cette  poi- 
gnée de  monde  que  nous  sommes  ici  d'Européens  ne 
sommes  plus  fermes  que  30,000  Hurons  que  voilà  défaits 
par  les  Iroquois,  il  hous  faut  résoudre  à  être  brûlés  ici  à  pe- 
tit feu  avec  la  plus  grande  cruauté  du  monde  comme  tous 
ces  gens  l'ont  quasi  été."  Voyez  un  peu  de  quel  œil  ces 

-  (l)Jean  de  Brebeuf  et  Gabl.  Lalement,  Jésuites.tuéspar  les  Iroquois,  à  St- 
Louis,  chez  les  Hurons,  les  16  et  17  mars  1649.'  Leurs  noms  sont  écrits  d'à. 
près  des  autographes  que  j'ai.  Le  P.  Gabriel  a  eu  3  oncles  Jésuites,  Pierre. 
Charles  et  Jérôme,  qui  tous  signaient  Lalemant,  tandis  que  lui  a  écrit  quel- 
quefois Lalemant,  mais  le  plus  souvent  Lalemenl.  (Note  de  J.  V.) 

J 


74 

pauvres  Montroalistos  pouvoiont  reo-arder  ces  miséra- 
bles fuyards  qui  étoient  les  restes  et   derniers  débris  de 
leur  nation.   Voilà  à  peu  près  les  pitoyables  divertisse- 
ments que  l'on  eut  ici  jusqu'au  retour  de  Melle  Mance 
qui  fut  trois  jours  devant  la  Toussaint  (1).  Elle  vint  con- 
soler le  Montréal  dans  ses  alilictions  et  lui  apporta  de 
bonnes  nouvelles,  savoir  : — premièrement  que  sa  chère 
fondatrice  étoit  toujours  dans  la  meilleure  volonté  du 
monde  ;  secondement  que  la  Compagnie  du  Montréal  à 
sa  sollicitation  s'étoit  unie  cette  fois-là  en  bonne  forme 
par  un  contrat  authentique  ;  que  M.  Ollié  avoit  été  fait 
directeur  de  la  Compagnie  au  lieu  de  M.  de   la  Mar- 
guerye  à  cause  qu'il  étoit  du  Conseil  Privé, — qu'en  cet- 
te réunion  tous  avoient  fait  voir  une  telle   preuve  de 
bonne  volonté  pour  l'ouvrage,  qu'on  avoit  tout  sujet  d'en 
bien  espérer  ;  qu'on  avoit  jugé  à  propos  qu'elle  portât 
les  associés  à  quitter  le  dessein  du  Montréal  et  donner 
une  assistance  aux  Hurons  laquelle  fut  proportionnée  à 
l'état  pitoyable  où  ils  étoient  dans  le  temps  de  son  dé- 
part, mais  qu'elle  avoit  répondu  à  la  personne  qui  lui  en 
avoit  parlé,  que  messieurs  du  Montréal  étoient  plus  zé- 
lés  pour    l'ouvrage    commencé    que  jamais,  que  pour 
marque  de  cela  ils  venoient  de  s'unir  authentiquement 
par  un  acte  public,  afin   d'y  travailler,  qu'ayailt  appris 
toutes  ces  choses  à  cette  personne  cela  n'empêcha  pas 
qu'il  n'allât  voir  Monsieur  et  Madame  la  Duchesse  de 
Liancourt  pour  leur  faire  la  même  proposition,  ce  qui 
fut  en  vain  car  elle  n'eut    d'autre   réponse  sinon   qu'ils 
travailloient  pour  le  Montréal.   "  Tout  cela  m'a  bien  fait, 
"  ajouta-t-elle,  adorer  la  providence  divine,  quand  j'ai  su 
"  à  mon  retour  que  M.  Lemoine  qui  avoit  été  pour  me- 
"  ner  du  secours  dans   le  pays  des  Hurons  a  été  obligé 


(l)  Elle  était  débanquéeù  Québec  le  8  Septembre  1650.  (Note  de  J.  V.) 


I 


75 

"  de  relâcher  les  trouvant  qu'ils  venoient  tous,  du  moins 
"  autant  qu'il  en  restoit  ;  car  enfin  si  tout  ce  monde 
"  avoit  tourné  ses  vues  et  avoit  fait  ces  dépenses  pour 
"  ce  dessein,  à  quoi  est-ce  que  tout  cela  auroit  abouti  ? 
"  L'état  pitoyable  où  j'avois  laissé  les  Hurons  me  faisoit 
"  compassion,  mais  le  Ciel  qui  vouloit  les  humilier  n'a 
"  pas  permis  que  ses  serviteurs  ayent  ouvert  leurs 
"  bourses  pour  un  ouvrage  qu'ils  ne  vouloient  pas  main- 
"  tenir  :  il  a  choisi  dans  le  Montréal  une  œuvre  qu'ap- 
"  paremment  il  voulut  rendre  plus  solide.  Son  saint 
*'  nom  soit  béni  à  jamais." 


HISTOIRE  DU  MONTREAL. 


1)0  l'automno  IO.")fl  jusqu'il  l'aiitijmno  IG.")|  au 
(iéi)art  des  navires  du  Canadas. 

Les  Iroquois  n'ayant  plus  de  cruautés  à  exercer  au- 
dessus  de  nous,  parcequ'il  n'y  avoit  plus  de  Hurons  à 
détruire,  et  que  les  autres  Sauvages  s'en  étoient  enfuis 
si  avant  dans  les  terres  qu'ils  ne  pouvoient  les  aller  cher- 
cher à  cause  du  défaut  de  chasse  et  qu'il  faut  être  plus 
adroit  à  la  pèche  qu'il  ne  sont  pas  (sic),  pour  aller  dans 
les  pays  où  ils  s'étoient  retirés  (1),  tournèrent  la  face 
vers  l'Isle  de  Montréal  qu'ils  regardoient  comme  le  pre- 
mier objet  de  leur  furie  dans  leur  dessente,  et  pour  ce 
sujet  l'hiver  étant  passé,  ils  commencèrent  tout  de  bon 
à  nous  attaquer,  mais  avec  une  telle  opiniâtreté  qu'à  pei- 
ne nous  laissoient-ils  quelques  jours  sans  allarmes  ;  in- 
cessamment nous  les  avions  sur  les  bras,  il  n'y  a  pas  de 
mois  en  cet  été  où  notre  livre  des  morts  ne  soit  marqué 
en  lettre  roug-e  par  la  main  des  Iroquois;  il  est  vrai  que 
de  leur  côté  ils  y  perdirent  bien  plus  de  gens  que  nous, 
mais  comme  leur  nombre  étoit  incomparablement  plus 
grand  que  le  nôtre,  les  pertes  aussi  nous  étoient  bien 
plus  considérables  qu'à  eux  qui  avoient  toujours  du 
monde  pour  remplacer  les  personnes  qu'ils  avoient  per- 
dues dans  les  combats  :  que  si  les  temps  étoient  présens, 
je  donnerois  aux  braves  soldats  qui  étoient  pour  lors  les 
éloges  qu'ils  ont  mérités,  mais  la  pluspart  des  choses  que 
je  devrois  remarquer  ayant  été  oubliées  de  ceux  qui 
m'instruisent,  il  faut  que  je  me    contente   de  vous  rap- 

(1;  Chez  les  Kikapous  d'après  M.  de  Belmonl  (Note  de  J.  V.) 


77 

porter  seulement  les  plus  notables  actions  qui  se  firent 
pour  lors,  les  autres  étant  hors  le  souvenir  des  hommes 
qui  est  le  seul  mémorial  dont  je  puisse  user  dans  cette 
histoire,  laquelle  jusqu'ici  n'a  eu  aucun  écrivain  :  Entre 
les  actions  qui  ont  laissé  après  elle  une  plus  grande  im- 
pression dans  les  esprits  cette  année,  celle  de  Jean  Bou- 
dart  est  fort  remarquable.  Ce  pauvre  homme  étant 
sorti  de  chez  lui  avec  un  nommé  Chiquot  (1),  fut  surpris 
par  8  ou  10  Iroquois  qui  les  voulurent  saisir  ;  mais  eux 
s'enfuyant  Chiquot  se  cacha  sous  un  arbre  et  tous  ces 
barbares  se  mirent  à  la  suite  de  Jean  Boudart,  lequel 
s'en  allant  à  toute  jambe  vers  sa  maison  vers  laquelle  il 
trouva  sa  femme,  à  laquelle  il  demanda  si  le  logis  étoit 
ouvert  ;  non  lui  répondit-elle,  je  l'ai  fermé  ;  ha  !  lui 
dit-il,  voilà  notre  mort  à  tous  deux,  fuyons  nous-en, — 
lors  s'encourant  de  compagnie  vers  la  maison,  la  femme 
demeurée  derrière  fut  prise,  mais  elle  crioit  à  son  mari 
qui  étoit  prêt  d'être  sauvé  ;  le  mari  touché  par  la  voix 
de  sa  femme  la  vint  disputer  si  rudement  à  coup  de 
poings  contre  les  barbares,  qu'ils  n'en  purent  venir  à 
bout  sans  le  tuer  (2)  ;  pour  la  femme  ils  la  réservèrent 
pour  en  faire  une  cruelle  curée,  ce  qui  fait  toute  leur 
joie,  aussi  n'en  tuent-ils  point  sur  le  champ  à  moins 
qu'ils  ne  soient  contraints.  M.  Lemoine,  Harchambault 
(3)  et  un  autre  ayant  accouru  au  bruit  furent  eux-mêmes 
chargés  par  40  autres  Iroquois  qui  étoient  en  embuscade 
derrière  l'hôpital,  lesquels  les  voulurent  couper,  ce 
qu'eux  trois  ayant  apperçu  ils  voulurent  retourner  sur 
leurs  pas,  mais  cela  étoit  assez  difficile  à  cause  qu'il  fal- 


(l)  Au  registre  de  la  paroisse  de  Ville-Marie  il  est  désigné  Jean  Cicni  de 
risle-d"Orleron,  paroisse  de  Dolu,  diocèse  île  la  Rochelle.  Ses  descendants^ 
écrivent  leur  nom  Skotle. 

(i)  Le  6  mai  1651.  Reg.  de  la  Paroisse.  (Note  de  J.  V.) 

(3)  Jacques  Archambault. 


78 

loit  passer  assez  près  de  ces  40  hommes  qui  ne  manquè- 
rent pas  à  les  saluer  avec  un  grand  l'eu,  sans  toute  fois 
qu'il  n'y  eut  autre  elfet  que  le  bonnet  de  M.  Lemoine  per- 
cé ;  bref  ils  s'enfuirent  tous  trois  dans  l'hôpital  qu'ils 
trouvèrent  tout  ouvert,  et  où  Melle.  Mance  étoit  seule  ; 
en  quoi  il  y  a  bien  à  remercier  Dieu,  car  s'ils  ne  l'eussent 
trouvé  ouvert  ils  étoient  pris,  et  si  les  Iroquois  eussent 
arrivé  à  passer  devant  l'hôpital  sans  que  ces  trois  Fran- 
çois y  eussent  entré,  comme  la  maison  étoit  toute  ou- 
verte, ils  eussent  pris  Melle.  Mance,  pillé  et  brûlé  l'hô- 
pital, mais  ces  trois  hommes  y  étant  entrés  et  ayant  fer- 
mé les  portes,  ils  ne  songèrent  qu'à  s'en  retourner  avec 
cette  pauvre  femme,  et  à  chercher  Chiquot  qu'ils  avoient 
vu  cacher  ;  enfin  l'ayant  trouvé  il  les  frappoit  si  fort  à 
coups  de  pieds  et  de  poings  qu'ils  n'en  purent  pas  venir 
à  bout,  ce  qui  fit  que  craignant  d'être  joints  sur  ces  en- 
trefaites par  les  François  qui  venoiont  au  secours,  ils  lui 
enlevèrent  la  chevelure  avec  un  morceau  du  crâne  de 
la  tête,  ce  qui  ne  l'a  pas  empêché  de  vivre  près  de  14 
ans  depuis,  ce  qui  est  bien  admirable. 

Le  18  de  juin  du  même  an,  il  y  eut  un  autre  combat 
qui  fut  le  plus  heureux  que  nous  ayons  eu,  car  un  très 
<rrand  nombre  d' Iroquois  ayant  attaqué  4  de  nos  Fran- 
çois, ces  4  hommes  se  jettèrent  dans  un  méchant  petit 
trou  nommé  Kedoute  qui  étoit  entre  le  château  et  un 
lieu  appelé  la  Pointe  St.  Charles  au  milieu  des  abatis  et 
{illisible).  La  résolus  de  vendre  chèrement  leur  vie  ils 
commencèrent  à  la  disputer  à  grands  coups  de  fusil  ;  à 
ce  bruit  un  de  nos  anciens  habitants  nommé  Lavigne  (1) 
accoururt  tout  le  premier  étant  le  plus  proche  du  lieu 
attaqué,  ce  qu'il  fit  avec  une  audace  surprenante  et  nu 
bonheur  admirable,  car  passant  seul   avec  une  légèreté 


(1)  Urbain  Tessior  dit  Lavigne. 


79 

et  une  vitesse  extraordinaire  par  dessus  tous  les  bois 
abattus,  pour  venir  à  ses  camarades,  il  donna  en  4  em- 
buscades iroquoises  les  unes  après  les  autres  et  essuya 
60  ou  80  coups  de  fusil  sans  être  blessé  et  sans  s'arrêter 
aucunement  jusqu'à  ce  qu'il  eut  joint  ces  pauvres  assail- 
lis, qui  ne  furent  pas  peu  animés  par  son  courage  :  Ce 
tintamare  ne  fut  pas  longtems  à  émouvoir  nos  François 
qui  étant  toujours  prêts  de  donner  s'en  vinrent  secourir 
nos  gens  (1)  par  l'ordre  de  M.  le  G-ouverneur.  Ensuite 
les  Iroquois  ayant  imprudemment  laissé  aller  leurs  coups 
de  fusil  à  la  fois  nos  François  qui  eurent  plus  de  patien- 
ce les  tirent  alors  à  plaisir.  Les  Iroquois  se  voyant 
tomber  de  tous  côtés  par  leurs  décharges  ne  songèrent 
plus  qu'à  s'enfuir,  mais  comme  les  arbres  étoient  abattus 
et  fort  gros,  à  mesure  qu'ils  se  levoient  pour  s'en  aller 
on  les  faisoit  dessendre  à  coups  de  fusil,  enfin  ils  y  lais- 
sèrent parmi  les  morts  25  ou  30  des  leurs,  sans  les  bles- 
sés qui  s'en  allèrent  (2).  Mais  passons  outre  et  disons 
que  les  Iroquois  ensuite  à  force  de  nous  inquiéter,  obli- 
gèrent cette  année  Melle.  Mance  de  quitter  l'hôpital 
pour  venir  au  château,  et  que  tous  les  habitans  furent 
obligés  d'abondonner  leurs  maisons, — que  dans  tous  les 
lieux  que  l'on  voulut  conserver  il  fallut  y  mettre  des 
garnisons,  tous  les  jours  l'on  ne  voyoit  qu'ennemis,  la 
nuit  on  n'eut  pas  osé  ouvrir  sa  porte  et  le  jour  on  n'eut 
pas  osé  aller  à  quatre  pas  de  sa  maison  sans  avoir  son 


(1)  Ce  secours  étoit  conduit  par  M.  LeMoyne,  selon  M.  de  Belmont.  (Note 
de  J.  V.) 

(2)  Les  Reg.  de  la  Paroisse  nous  apprennent  que  les  François  perdirent 
un  homme  dans  le  combat  du  18  juin  1651,  du  nom  de  Léonard  Barbeau, 
qui  mortellement  blessé  à  l'action,  décéda  deux  jours  après,  ou  le  20  juin  ; 
aussi,  que  le  13  Août  suivant,  Jean  Hébert  fut  tué  par  les  Iroquùis  (Note  de 
J.  V.) 


80 

fusil,  son  épée  et  son  pistolet  :  Enfin  comme  nous  dimi- 
nuions tous  les  jours  et  que  nos  ennemis  s'encounit^eoient 
pour  leur  grand  nombre,  chacun  vit  bien  clairement 
que  s'il  ne  venoit  bientôt  un  puissant  secours  de  France 
tout  étoit  perdu  ;  Melle.  Mance  considérant  et  pesant 
cela  dit  à  M.  de  Maison-neufve  qu'elle  lui  conseilloit 
d'aller  en  France,  que  la  fondatrice  lui  avoit  donné 
22,000  livres  pour  l'hôpital,  lesquels  étoient  dans  un  cer- 
tain lieu  qu'elle  lui  indiqua, — qu'elle  les  lui  donneroit 
pour  avoir  du  secours  pourvu  qu'en  la  place  on  lui  don- 
nât 100  arpens  du  domaine  de  la  seigneurie  avec  la 
moitié  des  batimens,  et  qu'encore  que  cela  ne  valut 
pas  les  22,000  livres  elle  ne  croyoit  pas  y  devoir  regar- 
der de  si  près,  parceque  si  cela  ne  se  faisoit  pas  tout 
étoit  perdu  et  le  pays  bien  hazardé.  Ils  convinrent  tous 
deux  de  la  chose  qui  enfin  s'exécuta  par  après  ;  Melle. 
Mance  écrivit  le  tout  à  son  illustre  fondatrice  qui  scella 
son  approbation  de  20  autres  mille  livres  qu'elle  fit  re- 
mettre à  cette  compuGfnie,  comme  nous  le  verrons  ci- 
après,  afin  de  lui  aider  à  envoyer  un  plus  grand  renfort  : 
voyez  un  peu  combien  cette  Dame  étoit  généreuse,  les 
bonnes  œuvres  qu'elle  a  faites  pour  ce  lieu  énonceront 
sans  doute  éternellement  ses  louanges  dans  les  portes  de 
la  Jérusalem  céleste  ;  Mais  revenons  à  M.  de  Maison- 
neufve  qui  ayant  résolu  son  départ  sur  cette  persuasion 
de  Melle  Mance,  quitta  enfin  son  cher  Montréal  dans  le 
pitoyable  état  que  nous  avons  dit  (1)  ;  Il  est  vrai  que 
son  départ  l'eut  rendu  tout  inconsolable  sans  l'espérance 
d'un  aussi  heureux  et  avantageux  retour  que  celui  qu'il 
promettoit  ;  en  s'en  allant,  il  laissa  la  conduite  de  toute 


(1)  Le  journal  d»  s  J»  suites  dit  qu'il  parlil  de  Québec  pour  France  le  5 
Nov.  1651.  (Note  de  J.  V.) 


81 

chose  à  M.  Des  Museaux  (1)  confiant  le  tout  à  sa  pru- 
dence et  le  lui  recommandant  du  plus  intime  de  son 
cœur. 


(t)  MussmiiT.  (Note  de  J.V.) 

Charles  D'Ailleboust,  Escuyer,  sieur  des  Mucoaux. 


HISTOIRE     DU     MONTREAL. 


Di'  lautomno  1651  jimifirà  l'autoinno  1652,  au 
ilipart  des  iiaviivs  du  (;ana(las. 

Cette  année,  le  pays  ayant  changé  de  commandant, 
d'abord  le  çouverneur  nouveau  (1)  voulut  faire  connoi- 
tre  à  Messieurs  du  Montréal  les  bons  sentimens  qu'il 
avoit  pour  eux  et  les  bons  traitemens  qu'ils  en  dévoient 
espérer,  on  retianchant  1,000  livres  d'appointemens  que 
Messieurs  de  la  Compagnie  générale  donnoientà  M.  de 
Maison-neufve  tant  pour  lui  en  qualité  de  gouverneur 
de  Montréal  que  pour  sa  garnison.  Je  ne  veux  rien 
dire  touchant  la  conduite  que  ce  bon  M.  a  observée  à 
l'égard  de  cette  isle,  d'autant  que  je  veux  croire  qu'il  a 
toujours  eu  de  très  bonnes  intentions  quoiqu'elles  lui 
aient  été  moins  avantageuses  ;  que  s'il  avoit  plus  sou- 
tenu cette  digue,les  inondations  iroquoises  n'auroient  pas 
pris  si  facilement  leurs  routes  vers  Québec  et  n'y  au- 
roient  pas  fait  les  dégâts  qu'elles  y  ont  faits,  où  elles 
n'y  ont  pas  même  toujours  respecté  sa  famille  ;  Ce  nou- 
veau gouverneur  ayant  promis  à  M.  de  Maison-neufve, 
avant  son  départ  pour  la  France,  10  soldats  dont  il  lui 
avoit  fait  passer  les  armes  par  avance,  il  envoya  ces  dix 
hommes  au  Montréal  comme  il  lui  avoit  promis,  mais  il 
les  fit  partir  si  tard  et  les  mit  si  nuds  dans  une  chaloupe 
qu'ils  y  pensèrent  geler  de  froid,  on  les  prenoit  pour  des 


(J)  Le  13  Oct.  10.')I,M.  h.iill'-boiit  iLoius)  fut  romiilacé  par  M..I<an  de  Lau- 
zon  comme  gouvornour  général,  d;  dernier  éloil  consoilli'r  du  Hoi  et  avoit 
été  Intendant  du  lJaii|ihiné  et  de  la  Nouvelle  France.  (Journal  des  J.-S. 
Bourgeois. — L'abbe  Faillon.)  (Note  de  J.  V.) 


83 

spectres  vivans  qui  venoient,  tout  squelettes  qu'ils 
étoient,  affronter  les  rigueurs  de  l'hiver.  C'étoit  une 
chose  assez  surprenante  de  les  voir  venir  en  cet  équipa- 
ge en  ce  temps-là,  d'autant  qu'il  étoit  le  10  décembre, 
cela  fit  douter  longtemps  que  ce  fut  des  hommes  et  on 
ne  s'en  put  convaincre  que  lorsqu'on  les  vit  de  fort  près  ; 
au  reste  ces  homme  étoient  les  plus  malingres  si  nous 
regardons  leur  constitution,  même  deux  de  ces  dix 
étoient  encore  enfans,  lesquels  à  la  vérité  sont  depuis 
devenus  de  fort  bons  habitans  dont  l'un  s'appelle  St. 
Ange  (1)  et  l'autre  se  nommait  Lachapelle  (2).  Ces  pau- 
vres soldats  ne  furent  pas  plustôt  ici  qu'on  tâcha  de  les 
réchauffer  le  mieux  qu'on  put  en  leur  faisant  bonne 
chère  et  en  leur  donnant  de  bons  habits,  et  ensuite  on  s'en 
servit  comme  des  gens  à  repousser  les  Iroquois  que  nous 
avions  tous  les  jours  sur  les  bras  ;  aussitôt  que  l'été  fut 
venu,  Molle.  Mance  désireuse  de  savoir  des  nouvelles  du 
retour  de  M.  de  Maison-neufve  qui  étoit  toute  l'espé- 
rance de  ce  lieu  pria  M.  C/os  (sic)  (3),  major  de  cette 
place,  de  la  vouloir  escorter  jusqu'aux  Trois-Rivières,. 
afin  de  lui  faciliter  le  voyage  de  Kebecq.  M.  Clos  en 
ayant  obtenu  la  permission  et  ayant  descendu  avec  elle 
aux  Trois-Rivières,  où  ils  demeurèrent  quelques  jours 
en  l'attente  d'une  commodité  pour  Kebecq,  voici  que  des 
sauvages  arrivèrent  du  Montréal  qui  dirent  que  les  Iro- 
quois y  étoient  plus  méchants  et  plus  terribles  que  ja- 
mais,— que  depuis  leur  départ  on  étoit  si  épouvanté  que 


(1)  André  Charly  dit  St.  .\nge. 

(2)  Honore'  Langlois  dit  Lachapelle. 

(3)  M.  Lambert  Closse,  d'après  autographe  que  j"ai.  Il  étoit  venu  en 
1641  avec  M.  do  Maison-neufve  et  commandoit  eh  second  la  garnison.  II 
étoit  d'une  famille  noble.  Les  écrits  contemporains  l'appellent  indifférem- 
ment Sergmt  Major  de  la  garnison,  Major  de  la  garnison,Major  de  ce  lieu.ou. 
du  fort  ou  de  la  villt\  ou  enfin  de  Montréal,  (Note  de  J.  V.) 


84 

les  François  ne  savoient  que  devenir,  M.  le  Major  enten- 
dant ce  discours,  laissa  Melle.  Manco  attendre  le  départ 
de  feu  M.  Duplessis  (1)  qui  de  voit  se  rendre  à  Kebecq, 
et  remonta  au  plus  vite  nu  Montréal,  ou  tout  le  inonde 
l'ut  encouragé  par  son  r<>tour  :  A  son  arrivée  il  y  lut 
récréé  et  alHigfé  en  même  temps  par  une  histoire  bien 
surprenante  ;  voici  le  fait.  Une  femme  de  vertu  qu'on 
nomme  présentement  La  bonne  femme  Primat  (2)  fut  atta- 
quée à  deux  portées  de  fusil  du  château,  d'abord  que 
cette  pauvre  femme  fut  assaillie,  elle  fit  un  cri  de  force, 
à  ce  cri  trois  embuscades  d'iroquois  se  levèrent  et  se 
firent  paroitre  et  3  de  ces  barbares  se  jettèrent  sur  elle 
afin  de  la  tuer  à  coups  de  haches,  ce  que  cette  femme 
voyant  elle  se  mit  à  se  défendre  ccmme  une  lionne, 
encore  qu'elle  n'eut  que  ses  pieds  et  ses  mains  ;  au  trois 
ou  quatrième  coup  de  hache,  ils  la  jettèrent  bas  comme 
morte  et  alors  un  de  ces  Iroquois  se  jeta  sur  elle  afin  de 
lui  lever  la  chevelure  et  de  s'enfuir  avec  cette  marque 
de  son  ignominieux  troplié,  mais  notre  amasone  se  sen- 
tant ainsi  saisir,  tout  d'un  coup  reprit  ses  sens,  se  leva 
et  plus  furieuse  que  jamais  elle  saisit  ce  cruel  avec  tant 
de  violence  par  un  endroit  que  la  pudeur  nous  défend 
de  nommer,  qu'à  peine  se  put-il  jamais  échapper,  il  lui 
donnoit  des  coups  de  hache  par  la  tête,  toujours  elle  te- 
noit  bon  jusqu'à  ce  que  de  rechef  elle  tomba  évanouie 
par  terre  et  par  sa  chute  elle  donna  lieu  à  cet  Iroquois 
de  s'enfuir  au  plus  vite,  ce  qui  étoit  l'unique  chose  à 
quoi  il  pensoit  pour  lors,  car  il  étoit  prêt  d'être  joint  par 
nos  François  qui  venoient  au  secours,  ayant  aidé  à  rele- 
ver cette  femme  un  d'entr'cux  l'embrassa  par  un  témoi- 
gnage d'amitié  et  de  compassion,  elle  revenant  à  soi  et 


(1)  M.  I)ii|il<*ssis-Borhiirt,  goiivi'rnriir  des  Troi«-Hivicres.    (Noie  de  J.  V.) 

(2)  Martine  Mcssior,  fcmmo  d'AnUiuine  Piimol. 


«5 

se  sentant  embrassée  déchargea  un  grand  souilet  à  ce 
client  affectueux,  ce  qui  obligea  les  autres  à  lui  dire. 
"  Que  faites-vous  ?  Cet  homme  vous  témoigne  amitié  sans 
penser  à  mal,  pourquoi  le  frappez- vous  ?  " — "  Parmanda, 
dit-elle,  en  son  patois,  je  croyois  qu  il  me  vouloit  bai- 
ser."— C'est  une  chose  étonnante  que  les  profondes  raci- 
nes que  jette  la  vertu  lorsqu'elle  se  plait  dans  un  cœur, 
son  âme  étoit  prête  à  sortir,  son  sang  avoit  quitté  ses 
veines,  et  la  vertu  de  la  pureté  étoit  encore  inébranla- 
ble en  son  cœur.  Dieu  bénisse  le  saint  exemple  que 
cette  bonne  personne  à  donné  en  cette  occasion  à  tout  le 
monde  pour  la  conservation  de  cette  vertu.  Cette  bonne 
femme  Made.  Primot  dont  nous  parlons  est  encore  en  vie 
s'appelle  communément  Parmanda,  à  cause  de  ce  sou- 
flet  qui  surj)rit  tellement  un  chacun  que  le  nom  lui  a 
demeuré  (1)  Les  Iroquois  sur  la  fin  de  l'été  las  de  ne 
se  pouvoir  venger  des  coups  reçus  et  des  pertes  nouvel- 
les qu'ils  faisoient  encore  tous  les  jours  résolurent  de  se 
rendre  plus  bas  afin  de  voir  si  ils  réussiroient  mieux,  ce 
qu'ils  firent  malheureusement  pour  nous,  ainsi  que  la 
mort  de  M.  Duplessis  gouverneur  des  Trois-Riviôres  et 
d'une  grande  partie  des  plus  braves  habitans  de  ce  lieu 
le  fait  voir  à  ceux  qui  lisent  les  relations  des  Révérends 
Pères  Jésuites  (2)  mais  comme  ceci  n'est  pas  de  notre 
fait  passons  outre  et  disons  que  Melle.  Mance  ne  revit 
pas  de  Maison-neufve  comme  elle  pensoit,  cette  année  là, 


(1)  Le  cjiubal  de  cetle  femme,  Marline,  femme  (rAnte.  Primot,  avec  les 
Iroquois  eut  lieu  le  29  juillet  1652  (Journal  des  J.  du  10  août)  M.  de  Belmont 
parle  aussi  de  cette  lutte  de  la  femme  Primot  avec  3  Iroquois.  Voir  Hist 
du  Canada,  p.  7,  imprimée  en  1840, par  la  Société  Littéraire  et  Historique  de 
Québec.   (Note  de  J.  V.) 

(2)  Le  journal  des  J.  déjà  plusieurs  fois  cité,'  fixe  au  19  août  IG52,  le  com- 
bat où  périt  M.  Duplessis  et  fonrnit  les  noms  des  François  qui  furent  tués 
en  ce  lieu  ou  faits  prisonniers.  (Note  de  J.  V.) 


86 

mais  qu't'llo  eut  seiilomont  do  sos  nouvelles,  par  Icsc^ucl- 
les  il  lui  maiidoit  qu'il  ospéroit  do  n^'cnir  l'an  suivant 
avec  plus  de  100  hommes,  qu'il  avoit  vu  adroitement  la 
bonne  londatriee  sans  l'aire  semblant  de  rien,  qu'il  lui 
avoit  l'ait  connoitre  lY'tat  des  choses,  qu'il  y  avoit  sujet 
d'en  espérer  encore  beaucoup,  qu'elle  ne  manquât  pas 
de  lui  écrire  sans  lui  donner  à  connoitre  quelle  elle  était  (1). 
Cette  lettre  consola  beaucoup  Melle.  Mance  daJis  ce 
pénible  retardement  de  notre  très  cher  gouverneur,  car 
par  elle  on  voyoit  tout  se  disposer  pour  sou  retour  l'an  sui- 
vant, ce  qui  lui  étoit  fort  incertain  auparavant,  d'autant 
que  M.  de  Maison-neufve  lui  avoit  dit  et  à  M.  Desmusseaux 
auquel  il  avoit  laissé  ses  ordres  en  tous  événements  :  "  Je 
tâcherai  d'amener  200  hommes,  ils  nous  seroient  bien  né- 
cessaires pour  défendre  ce  lieu  ;  que  si  je  n'en  ai  pas  du 
moins  cent,  je  ne  reviendrai  point  et  il  faudra  tout  aban- 
donner, car  aussi  bien  la  place  ne  seroit  pas  tenable." 
Melle.  Mance  ayant  eu  ces  nouvelles  et  ayant  donné  or- 
dre aux  affaires  de  France  vint  promptement  au  Montréal, 
afin  de  lui  faire  part  de  ce  qu'elle  avoit  appris  et  le  sou- 
lager dans  cette  fâcheuse  année  qu'il  fallait  encore  passer 
en  l'absence  de  son  cher  gouverneur. 


(I)  Jlliuil.. 

Note.  Los  n^gistr.îs  do  la  Paroisse  constatent  que  les  Sauvages  ^u^^enl 
Antoine  Hoos  le  26  mai  1652,  A.  David,  le  16  septembre  et  EiiennoTliibaull, 
le  14  octobre  même  année.  (Note  de  J.  V.) 


HISTOIRE  DU  MONTREAL. 


De  l'automne  IG'jî  jtisqirà  l'.iulomne  de 
IG53,  au  (It'put  (li'S  vaisseaux  du 
C  inadas. 

Le  14  octobre  de  cette  année  il  se  fit  ici  une  très  belle 
action  de  la  manière  que  je  vais  dire.  On  sut  par  l'aboie- 
ment des  chiens  qu'il  y  avoit  des  ennemis  en  embuscades 
du  côté  qu'ils  regardoient.  M.  le  Major  qui  é toit  toujours 
sur  pied  en  toutes  les  occasions,  eut  l'honneur  d'avoir 
cette  découverte  à  faire.  Il  y  alla  avec  24  hommes  et 
marcha  droit  vers  le  lieu  où  il  étoit  question,  mais  pour 
y  aller  avec  prudence  il  détacha  le  sieur  de  la  Laloche- 
tière,  Bastom  (1)  et  un  autre  dont  je  ne  sais  pas  le  nom, 
trois  braves  soldats  qui  marchoient  devant  à  la  portée  du 
fusil,  il  donna  ordre  à  ces  trois  détachés  de  n'aller  que 
jusqu'à  un  certain  lieu  qu'il  désigna.  Lalochetière  em- 
porté par  son  courage  passa  un  peu  plus  outre  pour  dé- 
couvrir par  dessus  un  arbre  qui  étoit  devant  lui  si  les 
ennemis  n'étoient  point  dans  un  ^fond  qui  y  étoit,  en 
regardant  par  dessus  cet  arbre,  les  Iroquois  qui  étoient 
cachés  au  pied  firent  d'abord  leurs  huées,  le  tirèrent  et 
le  mirent  à  mort,  mais  non  pas  si  soudain  qu'il  ne  fit 
payer  sa  vie  à  celui  qui  le  tua,  d'autant  qu'il  lui  rendit 
la  pareille  de  son  coup  de  fusil, — les  deux  autres  dé  cou- 


Ci)  Loditeur  de  M.  Belmont  écrit  liostom  et  Lagachelière  (seroit-ce  pour 
Laf^ochetière  ou  Lagaucheiihre  ce  nom  descendu  jusqu'à  nous';.  Il  dit  aussi 
que  ce  dernier  fut  tué,  cependant  son  nom  n'est  i»as  porté  aux  registres  de 
la  Paroisse.  On  n'y  trouve  que  celui  de  Etienne  Thibault.  'Note  de  J.  V.) 

M.  Paillon,  dans  son  histoire  de  la  Colonie  Frau'jaise  en  Canada,  met 
BasUm  ou  Basloin,  et  Etienne  Thibault  dit  la  Laloclietière. 


88 

vreurs  voulant  se  retirer  eurent  une  salve  qui  fut  fu- 
rieuse dont  Dieu  les  garantit.  Le  Major  mit  d'abord  ses 
gens  en  état,  on  tint  ferme  quelque  temps,  mais  il  auroit 
expérimenté  un  moins  heureux  c'om]>at  ayant  alIUire  à 
tant  d'ennemis  sans  que  M.  Prud'homme  ancien  habi- 
tant d'ici  l'appela  d'une  chétivc  maisonnette  où  il  étoit, 
lui  criant  de  se  retirer  bien  vite  d'autant  qu'on  l'environ* 
noit,  il  n'eut  pas  i)lust6t  ouï  la  parole  et  tourné  la  tête  qu'il 
vit  les  Iroquois  quasi  tout  autour  delà  maisonnette  et  de 
lui,  ce  qui  lui  lit  commander  à  ses  gens  de  forcer  ces 
barbares  et  d'entrer  dedans  à  c^uelque  prix  que  ce  fut, 
ce  qui  fut  dit  fut  vigoureusement  exécuté  :  inconlin(Mit 
qu'on  l'ut  dedans  on  fit  des  meurtrières  et  chacun  com- 
mença à  faire  grand  feu,  hormis  un  lâche  qui  saisi  de 
frayeur,  se  coucha  tout  plat  sans  que  les  menaces  ni  les 
coups  le  pussent  faire  lever  ;  il  fallut  donc  laisser  ce 
mort  tout  en  vie  qu'il  étoit  et  songer  à  se  bien  battre, 
car  les  Iroquois  joignoient  la  maison  de  toutes  parts  et 
tiroient  si  rudement  que  les  balles  passoient  en  travers 
de  cette  chétive  maisonnette  qui  étoit  si  peu  solide 
qu'après  lavoir  percée  elle  perça  un  de  nos  plus  beaux 
soldats  qui  est  nommé  Laviolelle  et  le  mit  hors  de  com- 
bat, ce  qui  nous  fit  une  grande  perte  pour  cette  occa- 
sion, d'autant  que  cet  homme  a  toujours  paru  ici  pour 
un  des  plus  intrépides  et  vigoureux,  ce  qui  a  fait  qu'on 
lui  a  donné  plusieurs  fois  des  commandements  dont  il 
s'est  fort  bien  acquitté  : — Enfin,  nonobstant  ce  malheur, 
il  ne  fallut  pas  laisser  d«'  se  l)attre  et  de  faire  de  son 
mieux,  ce  qui  nous  réussit  trè^  bien  et  se  passa  de  la 
sorte.  Nos  meurtrières  étant  faites  et  ayant  moyen  de 
répondr»?  aux  ennemis  nous  commençâmes  à  avoir  notre 
tour  et  dans  les  premières  décharges  nous  enjettàmes 
une  belle  quantité  par  terre,  ce  qui  les  embarrassa  fort 
surtout  à  cause  que    ne  voulant  pas  abandonner   leurs 


89 

morts  ils  ne  sayoient  aussi  comment  les  enlever,  d'au- 
tant que  chacun  qui  en  approchoit  ne  manquoit  pas  à  le 
payer  de  quelques  coups  de  fusil  :  ce  tintamarre  dura 
tant  que  nous  eûmes  de  la  poudre,  mais  les  munitions 
manquant  cela  inquiéta  fort  notre  major  qui  en  témoi- 
gna quelque  chose  au  sieur  Baston  qu'il  savoit  bon  cou- 
reur ;  comme  il  avoit  beaucoup  de  courage  c'en  fut  assez 
pour  le  faire  s'offrir  d'en  aller  chercher,  alors  M.  Classe 
tout  joyeux,  le  mit  en  état  de  partir  avec  tous  les  témoi- 
gnages d'amitié  possible  ;  après  on  lui  ouvrit  la  porte  et 
on  favorisa  sa  sortie  par  les  redoublemens  des  décharges 
ordinaires  en  ces  occasions,  enfin  malgré  eux  il  arriva 
au  château  d'où  il  revint  bien  amonitionné  avec  8  ou  10 
hommes,  qui  étoit  tout  ce  qu'on  pouvoit  lui  fournir,  con- 
duisant à  couvert  deux  petites  pièces  de  campagne  char- 
gées à  cartouches,  à  la  faveur  d'un  rideau  (1)  qui  passe  de- 
puis le  château  jusque  vis-à-vis  la  maison  attaquée  ; 
quand  il  fut  plus  proche  qu'il  pouvoit  aller  à  couvert, 
tout  d'un  coup  il  parut  sur  le  rideau  avec  ses  deux  ca- 
nons qu'il  tira  sur  les  Iroquois  ;  M.  Closse  qui  l'atten- 
doit  sortit  tout  aussitôt  avec  son  monde  pour  favoriser 
son  entrée,  dont  le  régal  fut  un  redoublement  de  coups 
de  fusil  afin  de  faire  connoitre  aux  Iroquois  si  cette  pou- 
dre nouvelle  valoit  bien  la  précédente,  mais  comme  ils 
virent  que  l'on  en  étoit  moins  chiche  qu'avant  l'arrivée 
de  Baston,  ils  jugèrent  qu'ils  falloit  mieux  se  retirer  que 
.d'user  plus  amplement  de  nos  libéralités  ;  il  est  vrai  que 
comme  ils  étoient  au  pied  de  la  maison,  cette  retraite 
étoit  un  ]}Qi\  dillicile,  aussi  en  s" enfuyant  reçurent-ils 
bien  des  coups.  On  ne  sait  pas  au  vrai  le  nombre  de 
leurs  morts,  quoiqu'ils  en  aient  beaucoup  perdu  en  cette 

(l).  Ti'iiiie  di>  guerre  ;  inHiie  élévation  de  terre  qui  a  quelque  étt  niue  en 
longueur  et  derrière  laquelle  ont  peut  se  cacher. 

L 


00 

occasion,  piircoqu'ils  los  omportiTt'iit  quasi  tous  et  qu'ils 
n'ont  pas  accoutumé  de  se  vanter  des  pfens  qu'ils   ont 
ainsi  perdus.     Il  est  vrai  qu'ils  n'ont  pas  pu  s'en  taire 
absolument  et  que  exacférant  les  pertes  des  leurs  ils  les 
ont    exprimées    en    ces    termes  ;    "  nous  sommes   tous 
morts."  Quant  aux  estropiés  ils  en  ont  compté  le  nom- 
bre aux  Fran(,*ois,  leur  avouant  c^u'ils  en  avoient  37  des 
leurs  parfaitement  estropiés  (1)  ;  au  reste  c'est  une  cho- 
se admirai)!»'  que  ces  «jfens-là  aient  tant  de  force  à  porter, 
car  encore  qu'ils  ne  soient  pas  bien  forts  en  autre  chose 
ils  ne  laissent  pas  pourtant  <|ne  de   porter  aussi  pesant 
qu'un  mulet,  ils  s'enfuient  avec  un  mort  ou   un    blessé 
comme  s'ils  n'avoient  quasi  rien,  c'est  pourquoi  il  ne 
faut  i)as  s'étonner  après  les  combats  s'il  se  trouvent  peu 
de  personnes,  puisqu'ils  ont  une  si  grande  envie  de  les 
emporter.    Pour  ce  qui  regarde  ce  qui  nous  arriva  dans 
cette  occasion,  je  n'y  remarcjuc   rien  de  funeste  sinon  la 
mort  du  brave   Lalochetière  et  la  grande   blessure   du 
pauvre  Laviolette,  mais  il  est  bien  à  propos  sur  ce  sujet 
que  je  dise  un  mot  de   M.  Closse  qui   a  été  reconnu  de 
tous  pour  un  homme  tout  de  cœur  et  généreux  comme 
un  lion,  il    étoit   soigneux  à  faire  faire  l'exercice  de  la 
guerre,  étoit  l'ami  des  braves  soldats  et  l'ennemi  juré 
des  poltrons.     Tous  ceux  qui  l'ont  bien  connu  le  regret- 
tent et  avouent  qu'on  a  perdu  en  lui  une  des  plus  belles 
fleurs  de  ce  jardin  :  que  si  on  avoit   eu  le  soin   d'écrire 
tontes  les  belles  actions  qui  se  sont  faites  autrefois  en  ce 
lieu  tous  b's  ans,  nous  lui   ferions  ]»lusieurs  élon-es,  d'au- 
tant qu'il  étoit  partout,   et   partout    il   faisoit    des  mer- 
veilles, mais  la  négligence  alors  d'écrire  m'oblige  à  les 


(1)  .M.  f!o  Bolmont  dit  au  sujol  de  ce  combat  du   14  octobre  1052  :  "  M. 

"  Closse  fut  investi  jmr  200  Iroriuois Les  lro<juois  perdirent  20  hooimes 

"  et  plus  de  50  estropiés  de  bras  et  de  jambes."  (Note  de  J.  V  ) 


91 

laisser  dans  le  tombeau  (1),  aUiSsi  bien  que  celles  de  plu- 
sieurs autres  dont  les  faits  héroïques  entrepris  i)our 
Dieu  et  sa  gloire  seront  tirés  un  jour  du  sépulchre  par 
lin  bras  moins  foible  que  le  mien  et  une  main  plus  puis- 
sante que  celle  avec  laquelle  je  travaille  à  cette  histoi- 
re :  on  ne  sauroit  exprimer  les  secours  de  cet  excellent 
major,  c'est  pourquoi  il  nous  faut  passer  outre,  pour  dire 
que  dans  la  suite  de  cette  année  on  eut  plusieurs  autres 
attaques  mais  que  les  ennemis  n'y  eurent  pas  de  grands 
succès,  on  se  secouroit  avec  une  telle  rigueur  qu'aussi- 
tôt qu'un  coup  de  fusil  s'entendoit  en  quelque  lieu,  aus- 
sitôt l'on  y  venoit  à  toute  jambe,  on  couroit  ici  aux 
coups  comme  à  un  bon  repas  ;  encore  qu'ailleurs  on  fut 
moins  friand  de  ces  morceaux  de  quoi  on  eut  une  plai- 
sante marque  au  printemps,  d'autant  que  M.  le  Gourer, 
neur  ayant  enroyé  une  barque  au  Montréal,  il  arertit 
le  commandant  de  n'approcher  pas  du  château  s'il  n'y 
royoit  des  marques  qu'il  y  aroit  encore  des  François  ; 
que  s'il  n'en  royoit  pas  qu'il  s'en  rerint,  crainte  que  les 
Iroquois  ayant  pris  le  lieu  ils  fussent  en  embuscades 
pour  les  y  attendre  :  ce  qui  fut  dit  fut  fidèlement  exé- 
cuté, la  barque  rint  proche  du  Montréal  :  il  estrrai  qu'on 
ne  pouroit  pas  bien  distinguer  du  château  à  cause  des 
brumes  ;  là  ayant  mouillé  l'ancre,  nos  Montrealistes  qui 
la  regardoient  disputoient  fortement,  les  uns  disant  que 
c'étoit  une  barque,  les  autres  le  contraire,  la  barque 
ayant  resté  pendant  toute  cette  dispute  enfin  elle  se  lassa 
d'attendre  et  croyant  fermement  qu'il  n'y  aroit  plus 
personne  à  cause  qu'elle  ne  royoit  ni  n'entendoit  rien, 
elle  résolut  de  lerer  l'ancre  et  de  partir  pour  retourner 
vers  Kebec  assurant  qu'il  n'y  aroit  plus  de  François  au 


(2)  M.  Closse  n'est  pas  encore  morl,  mais  il  sera  tué  le  6  février  1662. 
<Note  de  J.  V.) 


02 

Mont-royal  :  or  la  l>arque  t'-taiit  partie  et  lo  temps  étant 
devenu  iserein  nos  Irançois  (|iii  jiis(|u'alors  avuient  dit 
qu'il  n'y  avoient  point  eu  de  l):ir({Ui'  dirent  aux  autres, 
— hé  bien,  y  avoit-il  une  barque  i  Ceux  qui  avoient 
tenu  lallirniation  dirent  que  cela  avoit  bien  la  mine 
d'une  bar(|ue,  qu'il  lalloit  que  ce  l'ut  un  fantôme  ou])ien 
quelque  diablerie,  ainsi  se  résolut  la  (juestion  jus(ju'aux 
]>reniières  nouvelles  de  Que])ecq,  qui  aj^prirent  au 
Montréal  que  ce  n'étoit  point  un  prestige  mais  bien  une 
véritable  barque,  ce  qui  fit  un  peu  rire  et  ce  qui  doit 
aussi  apprendre  à  un  chacun  qu'on  estimoit  ici  le  monde 
dans  un  tel  daniivr  d'être  taillé  en  pièces,  en  ces  temps- 
là,  que  toutes  les  lois  qu'on  y  venoit  on  y  étoit  dans  de 
grandes  appréhensions  que  cela  ne  l'ut  déjà  fait,  c'est 
pourquoi  on  n'en  osoit  approcher  sans  beaucoup  de  cir- 
conspection, crainte  d'y  rencontrer  des  Iroquois  au  lieu 
des  compatriotes  que  l'on  y  venoit  chercher  ;  même 
communément  il  falloit  aller  aux  barques  pour  les  aver- 
tir de  ce  qui  se  passoit  et  leur  donner  avis  de  l'état  des 
choses,  autrement  on  eut  été  en  danger  que  sans  oser 
approcher  elles  ne  s'en  fussent  allées  aussi  Inen  que  cel- 
le-là. Mais  parlons  d'autre  chose  et  disons  que  Melle. 
Mance  toute  désireuse  du  retour  de  M.  de  Maison - 
neufve  descendit  à  Que})ecq  de  bonne  heure  cette  année 
là,  ce  qui  fut  un  coup  de  providence,  d'autant  que 
n'ayant  pas  de  chaloupe  pour  descendre  elle  eut  été 
enlevée  par  les  Iroquois  infailliblement  si  elle  y  eut  été 
plus  tard,  d'autant  que  ces  anthropophages  ennemis  du 
genre  humain  se  resouvinrent  de  la  réussite  qu'ils 
avoient  eue  l'an  dernier  aux  Trois-Itivières  y  vinrent 
]»ient6t  après  (ju'elb'  fut  passée  rechercher  ce  qui  avoit 
échappé  à  leur  cruauté,  blocquant  ce  lieu  des  Trois- 
Ilivières  avec  600  hommes  ;  elle  auroit  donné  dans  ce 
blocus  et  auroit  été  prise  au  passage  si  elle  avoit  tardé,. 


93 

mais  heureusoment  elle  étoit  à  Ke])ec,  ou  elle  apprit  par 
feu  M.  Duherison  (1),  qui  étoit  dans  le  premier  navire, 
que  M,  de  Maison-neufve  venoit  avec  plus  de  cent  hom- 
mes, ce  qui  lui  donna  une  joie  non  pareille  et  même  à 
tout  le  public  qui  étoit  fort  abattu  de  crainte  ;  tout  le 
monde  dans  Québec  et  par  les  côtes  commença  à  offrir 
ses  vœux  à  Dieu  pour  son  heureuse  arrivée,  on  le  nom- 
moit  déjà  le  libérateur  du  pays,  cette  heureuse  nouvelle 
venue,  Melle.  Mance  supplia  M.  le  gouverneur  de  vou- 
loir bien  donner  au  plustôt  cet  agréable  avis  au  Mont- 
réal, il  ne  lui  put  refuser  une  si  juste  demande  et  pour 
cela  il  dépêcha  une  chaloupe,  mais  Dieu  qui  ne  la  vou- 
loit  pas  perdre  lui  envoya  un  vent  contraire  qui  l'empê- 
cha d'aller  jusqu'au  blocus  des  Trois-Rivières  dont  on 
n'avoit  aucune  nouvelle  à  Kebec  et  dont  on  n'avoit  rien 
sçu,  sans  qu'il  fut  découvert  par  les  plus  lestes  du  pays 
qu'en  ce  même  temps  coururent  après  le  Père  Poncest  (2) 
{sic)  pour  le  délivrer  d'eïitre  les  mains  des  Iroquois, 
Or  ces  messieurs  revenant  de  cette  course  dont  il  est 
parlé  dans  les  relations  du  temps  ils  trouvèrent  la  cha- 
loupe laquelle  montoit  au  Montréal  qu'ils  avertirent  de 
descendre  au  plustôt  à  cause  de  l'armée  iroquoise  qu'ils 
avoient  vue  devant  les  Trois-Rivières,  ensuite  de  cjuoi 
ils  vinrent  à  Québec  ou  ils  mirent  tout  le  monde  dans  une 
grande  consternation  lorsqu'ils  apprirent  le  péril  ou  étoit 
les  Trois-Rivières,  ce  qui  faisoit  redoubler  les  vœux  pour 
l'arrivée  de  M.  de  Maison-neufve,  afin  d'aller  dégager 
ces  pauvres  assiégés,  mais  si  Dieu  ne  voulut  pas  lui  ac- 


(1)  Du  Hérisson  :  plus  tanl  (en  1605)  Juge  Royal  aux  Trois-Rivières  (Note 
deJ.  V.i 

Michel  Le  Neuf,  escuyer,  Sr.  du  Htrisson. 

(2)  Le  Père  Jésuite  Jos.  Ant.  Poncet,  j'ai  son  autograiJie.  Los  Iroquois 
se  saisirent  de  lui  vers  Sillory,  le  21  août  1653  ;  il  ne  revint  à  Québec  que 
le  4  novembre  amené  par  M.  Boucher.  (Note  de  J.  V.) 


94 

corder  cet  honneur,  il  voulut  se  servir  en  ceci  du  Mont- 
réal par  uiK'  voit'  dillérente  :  ce  qui  arriva  de  la  sorte  ; 
Il  y  avoit  lors  plusieurs  1  lurons  jiu  Montréal  qui  y  fai- 
soient  la  guerre  aux  Iroquois,  à  l'abri  de  ce  Tort,  entr'- 
autres  il  y  avoit  le  plus  brave  de  tous,  nommé  Anontaha, 
qui  avoit  fait  voir  un  courai,'"e  extraordinaire  dans  une 
action  dont  nous  parlerons  ci-après  :  Or  ces  I lurons 
dans  leur  découverte  apperçurent  un  jour  la  piste  des 
ennemis  lesquels  venoient  tâcher  de  faire  quelque  mé- 
chant coup  l'ii  ce  lieu  ;  d'abord  qu'ils  eurent  eu  cette 
connoissance  ils  en  vinrent  donner  avis  et  incontinent 
les  François  et  les  llurons  formèrent  deux  partis  du 
côté  d'où  venoit  l'ennemi,  qui  se  trouva  enfermé  entre 
les  deux,  ou  il  leur  fallut  combattre  en  champ  clos,  il  est 
vrai  que  les  Iroquois  vendirent  bien  leur  vie  et  leur 
liberté  parceque  encore  qu'ils  fussent  peu  c'étoit  les 
plus  braves  de  leur  nation  et  que  de  plus  ils  étoient 
favorisés  d'un  grand  embarras  de  bois,  mais  enfin  en 
ayant  été  tué  la  meilleure  partie  le  reste  fut  contraint  de 
se  rendre  à  la  force  hormis  quelques  uns  qui  se  sauvèrent  '• 
or  tous  les  captifs  ayant  été  amenés  au  Château,  ils 
dirent  qu'ils  avoient  une  grosse  armée  qui  ravageoit 
tout  le  pavs  d'en  bas  et  y  mettoit  tout  en  combustion  ; 
M.  Des  31i/sseaux  (1)  qui  commandoit,  sachant  ces  choses 
et  que  ses  prisonniers  étoient  des  considérables,  il  se 
conseilla  (2)  avec  les  mieux  sensés  de  ce  qu'il  y  avoit  à 
faire  :  Le  sentiment  commun  fut  que  M.  Lemoine  per- 
suaderoit  à  Anontaha  de  s'en  aller  parlementer  avec  les 
Iroquois  et  de  sauver  le  pays  s'il  pouvoit  nommément 
les  Trois-Kivières  qu'on  apprenoit  être  en  grand  danger  ; 


(I)  Neveu  do  M.  Maison-nrufve. — 

Non.    Il  étoil  neveu  de  M.  Louis  D'Ailleboût,  voir  p.  47  (Note  de  J.  V.) 
2)  Concerta. 


95 

à  cette  proposition  ce  brave  sauvage  se  résolut  d'exposer 
sa  vie  pour  le  bien  du  pays,  il  descendit  dans  un  canot 
lestement  équippé  et  entra  dans  les  Trois-Ilivières  ;  après 
qu'il  y  fut  il  cria  aux  Iroquois  de  s'approcher  et  de  l'en- 
tendre ;  ensuite  leur  ayant  donné  le  loisir  de  venir  assez 
près  pour  l'ouïr  il  leur  dit  fortement  :  "  Ne  vous  avisez 
pas  de  faire  de  mal  aux  François,  je  viens  du  Montréal, 
nous  y  avons  pris  tels  et  tels  vos  capitaines  qui  y 
étoient  allés  comme  vous  savez,  ils  sont  maintenant  à 
notre  discrétion,  si  vous  A'oulez  leur  sauver  la  vie  il  faut 
faire  la  paix."  Ces  barbares  ayant  nommé  leurs  capi- 
taines et  sachant  qu'ils  étoient  pris,  d'abord  ils  s'appro- 
chèrent et  dirent  que  "  volontiers  ils  feroient  la  paix 
pourvu  qu'on  leur  rendit  leurs  gens,"  ce  qui  rejouit 
beaucoup  les  pauvres  assiégés,  mais  à  la  vérité  leur  joie 
pensa  tout  d'un  coup  être  changée  en  tristesse,  car  les 
Hurons  qui  étoient  restés  au  Montréal  avec  les  prison- 
niers Iroquois,  pensèrent  être  pris  eux  et  leurs  captifs 
tout  à  la  fois,  d'autant  que  sottement  ils  les  voulurent 
amener  aux  Trois-Rivières  sans  attendre  aucune  escorte 
de  chaloupe  ;  de  bonne  fortune  les  Iroquois  ne  songèrent 
alors  qu'à  la  paix  et  furent  surpris  ;  que  s'ils  ne  l'eussent 
été  et  qu'ils  eussent  attrapé  ces  étourdis,  les  affaires 
eussent  été  en  pire  état  que  jamais,  mais  enfin  les  Iro- 
quois traitoient  à  main  et  à  demain  ils  ne  songoient  qu'à 

se  remplir  des françoises  sans  plus  songer  à  la 

guerre  pour  le  présent  ;  au  plus  vite  on  envoya  des 
Trois-E-ivières  à  Kebec,  afin  d'avertir  de  ce  grand  change- 
ment, et  les  Hurons  qui  étoient  remplis  d'orgueil  pour 
ces  réussites  y  portèrent  promj)tement  les  bonnes  nou- 
velles, enfin  il  se  fit  une  paix  fourée  à  quoi  nos  ennemis 
acquiescèrent  seulement  pour  avoir  leurs  gens  et  avoir 
lieu  ensuite  de  nous  surprendre,  nous  connaissions  bien 
leur  fourberie,  mais  comme  ils  étoient  les  plus  forts  nous 


I 


OG 

recevions  leurs  lois  et  on  passions  ])ar  l;ï  où  ils  vonloient  : 
La  foiblosse  de  ce  temps  là  faisoit   jettor  de  ^ands  sou- 
pirs  après  l'arrivée  de   M.  de  Maison-neufve    avec  son 
secours,  mais  enlin  il    ne  venoit   point,  ce  qui   alHigeoit 
tout  le  monde  à  un  tel  point   que  la  saison   s'avançant 
sans  qu'ils  parut, afin  d'obtenir  cette  grande  assistance  que 
tous  attendoiont  par  sa    venue,  on  exposa  le    Très-Saint 
Sacrement  pendant  plusieurs  jours,  jusqu'à  ce  que  enlin 
le  ciel  importuné  par  ces  prières  publiques  voulut  exau- 
cer les  vœux  de  ces  peuples,  ce  qui  fut  le  27,  7bre,  auquel 
jour  on  chanta   à  l'Église  le    Te  Deum   pour  action    de 
grâce:  de  son  arrivée  (1).    Monsieur  de    Maison-noufve 
ayant  rendu  ses  devoirs   au  Souverain  de   Lumières,  il 
alla  rendre  ses  respects  à  M.  de  Loson  auquel  il  raconta 
les  disgrâces  de  son  voyage,  entre  autres  que  son  retarde- 
ment avoit  été  causé    par   une  voie    d'eau  qui  les   avoit 
obligés   de  relâcher  trois  semaines   après   leur  départ  ; 
Ensuite  de  cette  première  ^^site  il  alla  voir  les  ItR.  PP. 
Jésuites  et  autres  maisons  religieuses,  ensuite  de  quoi  il 
se  vint  renfermer  avec  Melle.  Mance   pour  lui  dire    en 
particulier  ce  qui  s'étoit  passé  de  plus  secret  dans   tout 
son  voyage,  entre  autre   ce  qui   concernoit  cette  sainte 
dame  inconnue,  ce  qu'il  commença  de  la  sorte  :  "  Comme 
vous  m'aviez  confié  le  nom  de  cette  sainte  dame,   me 
voyant  en  France  fort  embarrassé  par  le  pressant   désir 
ou  j'étois  de  secourir  ce  pays  dans  l'extrémité  où  les  Iro- 
quois  l'ont  réduit,  j'avois  bien  envie  de  lui  parler  et  lui 
faire  connoître   les  choses   sans  faire   semblant  de   rien, 
car  comme  vous  m'aviez  dit  que  de  la  manifester  c'étoit 
tout  perdre,  je   ne  l'eusse    pas   voulu    faire,  mais   aussi 


(1)  Son  rotour  d<>  l'ranre  ù  Qut'bfc  en  IC').T,  ({uoiqiin  certain,  n'esl  pas 
mentionné  au  Journal  MS.  des  Jésuites.  La  S<i.>ur  Bourgoois  lo  fixe  au  22 
Sept.     (Note  de  J.  V.) 


97 

comme  je  me  sonvenois  que  vous  m'aviez  dit   beaucoup 
de  fois  que  si  vous  l'eussiez   pu  entretenir   là-dessus,  à 
cœur  ouvert,  que  cette  âme  généreuse  y  auroit   apporté 
du  remède,  cela  me  donnoit  envie  de  la  voir  :    Or  étant 
dans  ces  souhaits  Dieu  m'en  fit  naître  une  belle  occasion 
par  le  moyen  d'une  de  mes  sœurs  qui  avoit  procès  contre 
elle,  ce  que  sachant  je  m'oifris  de  lui   donner  la  main 
pour  aller  chez  elle  et  comme  je  savois  qu'elle  n'ignoroit 
pas  mon  nom  à  cause  du  gouvernement  de  Montréal,  je 
me  fis  nommer  à  la  porte,  afin  que  cela  lui  renouvelât  la 
mémoire,  elle  eut  lieu  de  m'interroger  et  moi  de  l'entre- 
tenir :  Dieu  donna  bénédiction  à  ma  ruse,  car  l'ayant  sa- 
luée et  ma  sœur  lui  ayant  parlé  de  ses  afîaires,  elle  s'en- 
quit  de  moi  si  j'étois  le  Gouverneur  du  Montréal   qu'on 
disoit  être  dans  la  Nouvelle  France,  je  lui  répondis  que 
oui,  et  que  j'en  étois  venu  depuis  peu  ;  qui  est,  me   dit- 
elle  en  ce  pays,  dites-le  nous  s'il  vous  plait  et  nous  appre- 
nez des  nouvelles  de  ce  pays-là,  comme  on  y  fait,  comme 
on  y  vit,  quelles  sont  les  personnes  qui  y  sont,  car  je  suis 
curieuse   de  savoir  tout  ce  qui   se  passe   dans  les  pays 
étrangers  ;  Madame,  lui  dis-je,  je  suis  venu  chercher  du 
secours  pour  tâcher  de   délivrer  ce   pays  des   dernières 
calamités  ou  les  guerres  des  Iroquois  l'ont  réduit,  je  suis 
venu  tenter  si  je  pourrois  trouver  le   moyen  de  le   tirer 
de  misère  ;  l'aveuglement  est  grand  parmi  ces  sauvages 
qui  y  sont,  mais  néanmoins  on  ne  laisse  pas  d'en  gagner 
quelques  uns  :  au  reste  ce  pays  est  grand  et  le  Montréal 
est  une  isle  fort  avancée  dans  les  terrestres  propre  pour 
en  être  la  frontière,  ça  nous  sera  une  chose  bien  fâcheuse 
s'il  nous  faut  abandonner  des  contrées  aussi  étendues  sans 
qu'il  y  reste  personne  pour  annoncer  les  louanges  de  celui 
qui  en  est  le  Créateur,  au  reste  cette  terre'est  un  lieu  de 
bénédiction  pour  ceux  qui  y  viennent,  car  cette  solitude 
jointe  aux  périls  de  la  mort  ou  la  guerre  nous  met  à  tout 

L 


98 


moment  fait  que  les  plus  grands  pécheurs  et  pécheresses 
y  vivent  avec  édification  et  exemple,  cependant  s'il  faut 
que  tout  cela  s'abandonne,  je  ne  sais  pas  ce  qu'il  devien- 
dra :  ce  qui  me  fait  plus  de  peine   est  une    bonne  fiUc 
qu'on  appelle  Melle.  Mance,  car  si  je  n'amène  un   puis- 
sant secours  je  ne  puis  me  résoudre  à  retourner,  d'autant 
que  cela  seroit  inutile,  et  si  je  ne  m'en  retourne  pas  je 
ne  sais  ce  qu'elle  deviendra  ;  De  plus  je  ne  sais  ce   que 
deviendra  une    certaine  fondation   qu'une  bonne  Dame 
qu'on  ne  connoit  pas,  a  faite  en  ce  pays-là  pour  un  hôpi- 
tal dont  elle  a   fait  cette   bonne   demoiselle   administra- 
trice, car  enfin  si  je  ne  les  vas   pas  secourir,  il  faut  que 
tout  quitte  et  échoue."     A  ces  mots  elle  me  dit  :  "  Com- 
ment s'appelle  cette  Dame  ?"    "  Hélas,  lui  répondis-je, 
elle  a  défendu  à  Melle.  Mance  de  la  nommer,   elle  n'ose- 
roit  l'avoir  fait;  au  reste  cette  demoiselle  dit  que  sa  dame 
est  si  généreuse  dans  ses  charités  qu'on  auroit  lieu  d'en 
tout  espérer,  si  elle  pouvoit  avoir  l'honneur  de  lui  parler, 
mais  qu'étant  si  éloignée  il  n'y  avoit  pas  moyen  de  lui  par- 
ler, qu'autrefois  elle  avoit  auprès  d'elle  un  bon  religieux 
qui   eut  bien  négocié  cette  affaire,  et  lui  eut  bien  fait 
connoître  le  tout,  mais   que  maintenant  lui  étant  mort 
elle  ne  peut  lui  parler  ni  lui  faire  parler,  pas   même  lui 
écrire,  parceque  cette  dame  lui  a  défendu  de  mettre  son 
nom  pour  l'adresse  de  ses  lettres,  que  quand  ce  Religieux 
vivoit   il   connoissoit   ce  mistère,  elle  lui    envoyoit   ses 
lettres  parceque  lui  qui  avoit  tout  moyenne  et  savoit   le 
tout  les  portoit  ;  maintenant  qu'il   n'y  avoit  plus  rien   à 
faire,  que  si  elle  avoit  seulement  mis  son  nom  pour   ser- 
vir d'adresse  sur  une  lettre,  elle  assure  qu  elle  tomberoit 
dans  sa  disgr;\ce,qu'elle  aime  mieux  laisser  le  tout  à  la  seule 
providence,  que  de  fficher  une  personne   à  qui  elle  est 
tant  obligée  elle  et  toute  la   Compagnie  du   Montréal  : 
Voilà,  madame,  lui  dis-je,  l'état  où  sont  les  choses,  même 


99 

on  est  si  pressé  de  secours  que  la  demoiselle  voyant  que 
tous  les  desseins  de  la  fondatrice  sont  prêts  à  être  mis  au 
néant,  elle  m'a  donné  un  pouvoir  de  prendre  22,000 
livres  de  fondation  qui  sont  dans  Paris  pour  100  arpents 
de  terre  que  la  Compagnie  lui  donne,  me  disant,  prenez 
cet  argent  il  vaut  mieux  qu'une  partie  de  la  fondation 
périsse  que  le  total,  servez-vous  de  cet  argent  pour  lever 
du  monde  afin  de  garantir  tout  le  pays  en  sauvant  le 
Montréal  :  Je  ne  crains  point  dit-elle,  d'engager  ma  con- 
science, je  sais  dit-elle,  l'esprit  de  ma  bonne  dame,  si  elle 
savoit  les  angoisses  où  nous-  sommes  elle  ne  se  contente- 
roit  pas  de  cela.  Voilà  l'offre  qu'a  fait  cette  demoiselle, 
J'avois  de  la  peine  à  accepter,  mais  enfin  en  ayant  été 
pressé  vivement  par  elle  qui  m'assuroit  toujours  qu'elle 
pouvoit  hardiment  interprêter  la  volonté  de  sa  bonne 
dame  en  cette  rencontre,  j'ai  fait  un  concordat  avec  elle 
pour  ces  100  arpents  de  terre  en  faveur  des  22000  livres, 
qu'elle  a  espéré  pouvoir  beaucoup  aider  à  garantir  le 
pays  qui  est  l'unique  vue  de  ce  concordat  ;  car  la  terre 
à  ce  prix-là  seroit  un  peu  bien  cher  :  Voilà,  Madame,  la 
situation  où  nous  sommes." — "  Je  voudrois  bien,  me  ré- 
pondit cette  bonne  dame,  que  vous  me  revinssiez  voir 
pour  nous  entretenir  de  ces  choses." — "  Volontiers,  Ma- 
dame,  lui  dis-je.  Depuis,  je  l'ai  vue  plusieurs  fois,  même 
elle  prenoit  plaisir  de  me  faire  entrer  dans  'son  cabinet 
pour  m'entretenir  à  loisir  de  toutes  les  particularités,, 
mais  jamais  elle  n'a  voulu  se  découvrir  à  moi,  il  est  vrai 
que  notre  négociation  n'a  pas  laissé  de  réussir,  d'autant 
qu'elle  a  donné  20,000  livres  à  M.  De  la  Mognon,  (1)  lui 
disant  qu'une  personne  de  qualité  faisoit  présent  à  la 
Compagnie  du  Montréal  de  cette  somme,  pour  lui  aider 


(1)  C'est  vr.'ii?eiiib!iil)l(  inr-iil  le  Président  Guillaume  de   Lamoignon,  qin. 
était  alors  Maitr»;  des  Hequèlcs  au  Parlement  de  Paris. 


100 


à  lever  du  monde  pour  secourir  leur  isle  sous  la  conduite 
de  M.  de  Miiison-neufve  :  elle  fit  ce  qu'elle  put  pour  que 
M.  de  la  Mognon  crut  que  cela  venoit  d'ailleurs,  mais 
enfin  nous  savons  assez  la  main  d'où  procédoit  ce  bien- 
fait :  Voyez,  dit  après  cela  M.  de  Maison-neufve  à  Melle. 
Mance,  une  belle  ratilication  de  vos  22,000  livres  ;  O 
illustre  et  charitable  fondatrice,  Dieu  la  bénisse  à  jamais, 
voilà  ce  que  j'avois  à  dire  à  son  sujet  :  Mais  parlons 
maintenant  d'une  bonne  fille  que  j'amène,  nommée  Mar- 
guerite Bourgeois  (1)  dont  la  vertu  est  un  trésor  qui  se- 
ra un  puissant  secours  au  Montréal,  au  reste  cette  fille 
est  encore  un  fruit  de  notre  Champagne  qui  semble  vou- 
loir donner  à  ce  lieu  plus  que  toutes  les  autres  réunies  en- 
semble :  Cette  fille  est  une  personne  de  bon  sens,  de  bon 
esprit,  qui  ayant  passé  jusqu'à  18  ou  20  ans  sans  vouloir 
approcher  de  la  Congrégation  de  Troye,  crainte  de  pas- 
ser pour  bigotte,  quelque  sollicitation  que  l'on  lui  en  fit, 
Dieu  lui  ayant  donné  ensuite  une  forte  pensée  de  voir 
comme  on  y  faisoit,  elle  y  remarqua  si  bien  la  solide 
vertu  que  l'on  y  pratiquoit  qu'elle  s'y  enrolla  d'une  telle 
bonne  manière  qu'y  marchant  à  grands  pas  elle  fut  bien- 
tôt élevée  à  la  préfecture,  où  on  l'a  continuée  12  ou  16 
ans,  à  cause  du  grand  avancement  que  l'on  avoit  vu 
sous  sa  conduite,  encore  qu'une  telle  continuation  ne  se 
soit  jamais  faite  aux  autres  ;  Enfin,  cette  bonne  fille  ne 
ne  se  contentant  pas  de  demeurer  comme  elle  étoit,  et 
voulant  être  religieuse,  elle  souhaita  d'être  carmélite  et 
son  père  se  résolut  de  faire  tous  ses  efforts  pour  la  doter 
afin  de  lui  donner  ce  contentement,  parcequ'il  ne  lui 
pouvoit  rien  refuser.  Mais  en  ce  temps  une  des  congré- 
ganistes  qui  alors  avoit.  une  forte  pensée  pour  le  Canada 
vint  la  trouver  et  lui  dit  fortement  qu'il  ne   falloit  psj 


|1)  Elle  Fignait  "  Marguerite  Bourgeoys." 


101 

qu'elle  fut  religieuse  mais  qu'il  falloit  aller  toutes 
deux  servir  Dieu  en  la  Nouvelle-France, — La-dessus  elle 
la  tourna  tant  de  tous  cotés  qu'à  la  fin  elle  l'obligea  d'en 
parler  à  la  supérieure  de  leur  congrégation,  qui  étant 
une  bonne  religieuse  laquelle  avoit  soin  de  toutes  ses 
congréganistes  externes  dont  Marguerite  Bourgeois  vul- 
gairement nommée  la  sœur  Marguerite  étoit  Prefette, 
Or  Dieu  permit  que  cette  supérieure  fut  la  propre  sœur 
de  M.  de  Maison-neufve  auquel  elle  dit  tout  ce  qui  se 
passoit  dans  l'esprit  de  sa  Prefette  :  M.  de  Maison-neufve 
ne  l'eut  pas  plustôt  sçu  qu'il  désira  de  la  connoître,  et 
il  ne  l'eut  pas  plustôt  connue  qu'il  souhaita  de  ne  pas 
perdre  un  si  illustre  trésor,  or  il  fit  tout  ce  qu'il  put  pour 
la  conserver.  Enfin  elle  résolut  de  passer  et  de  venir 
cette  présente  année  avec  tout  ce  monde  que  M.  de  Mai- 
son-neufve amenoit  (1)  où  elle  n'a  pas  reçu  de  médiocres 
peines,  car  y  ayant  eu  quantité  de  malades  elle  les  a 
tous  servis  en  qualité  d'infirmière  avec  un  soin  indicible, 
non  seulement  sur  la  mer  mais  encore  à  Québec  :  Melle. 
Mance  ayant  appris  qu'elle  étoit  cette  fille  commença  à 
la  caresser  et  je  dis  beaucoup,  en  quoi  elle  avoit  bien 
raison  ce  qui  se  manifesta  assez  par  les  grands  services 
qu'elle  a  rendus  depuis  à  Dieu  au  Montréal,  surtout 
dans  les  instructions  qu'elle  a  faites  aux  personnes  de 
son  sexe  à  quoi  elle  a  travaillé  depuis  et  incessamment 
et  avec  tant  de  profit  que  plusieurs  autres  bonnes  fiJles 
se  sont  rangées  auprès  d'elle  afin  de  la  seconder,  avec 
lesquel|,es  depuis  plusieurs  années  elle  a  fait  ici  un  corps 
de  communauté,  laquelle  a  été  depuis  peu  autorisée  par 
Lettres  Patentes  du  Roi  ;  Ce  que  j'admire  ici  dedans  est 
que  ces  filles  étant  sans  biens  soient  si   désintéressées 

(1)  La  vie  de  la  Sr.  Bourgeoys  (Montréal  18T)8)  dit  qu'elle  arriva  à  Québec 
avec  M.  de  Maison-neufve,  le  22  sept.,  et  à  Montréal  le  16  nov.  1CJ3.  (Note 
d«  J.  V.) 


102 

qu'elles  veuillent  instruire  gratis,  et  font  beaucoup  d'an- 
tres choses  de  cette  manière  et  que  néanmoins  par  la 
bénédiction  que  Dieu  verse  sur  le  travail  de  leurs  mains 
elles  aient,  sans  avoir  été  à  charge  à  personne,  plusieurs 
maisons  et  terres  en  Atileur  dans  l'Lsle  du  Montréal,  et 
que  cette  bonne  sœur  en  divers  lieux  vienne  de  faire, 
comme  elle  a  fait,  un  voyage  de  France  de  deux  ans 
dans  lequel,  sans  ami,  ni  argent,  elle  a  subsisté,  obtenu 
ses  expéditions  de  la  Cour  et  être  revenue  avec  12  ou  13 
filles  dont  il  y  en  avoit  bien  peu  qui  eussent  de  quoi 
payer  leur  passage.  Tout  cela  est  admirable  et  fait  voir 
la  main  de  Dieu,  mais  laissons-là  cette  bonne  fille,  puis- 
qu'aussi  bien  ce  que  nous  disons  de  ce  dernier  voyage  ou 
elle  a  apporté  ses  patentes  ne  fait  que  de  s'accomplir  et 
n'appartient  point  à  l'année  dont  nous  traitons  (1),  Disons 
plustôt  que  tout  le  monde  que  M.  de  Maison-neufve 
amena,  cette  année,  étoient  de  bons  et  de  braves  gens, 
dont  la  pluspart  a  péri  pour  le  soutien  et  défense  du 
pays  ;  M.  de  St.  André  eut  l'honneur  de  lever  ce  monde 
sous  M.  de  Maison-neufve,  dans  les  provinces  d'Anjou, 
du  Menne,  de  Poitou,  de  Bretagne  qu'il  avoit  été  dési- 
gné pour  cet  efiet.  Ce  qui  nous  reste  aujourd'hui  de 
ces  gens-là  sont  de  fort  bons  habitants  dont  le  nom  sera, 
j'espère,  mentionné  dans  le  Livre  de  Vie  pour  la  récom- 
pense de  leurs  bonnes  actions  :  Si  la  manière  d'écrire 
l'histoire  me  permettoit  de  les  nommer  tous,  je  les  nom- 
merois  joieusement,  parce  qu'il  y  en  a  bien  peu  qui 
n'aient  mérité  leur  place  dans  cette  Relation,  mais  puis- 


(1)  Le  voyage  do  la  Sr.  Bourgeoys  en  Franco,  dont  parle  ici  M.  Dollior,  est 
de  1670.  P'ilo  partit  du  Canada  dans  Tautomno  afin  dailor  solliciter  du  Roi 
des  Lettres  Patentes  pour  son  élablisseraenl  de  la  Congrégation  N.  D.,  à 
Montréal.  Elle  les  obtint  au  mois  de  raat  1G7I,  revint  à  Québec, le  13  août 
1672,  fit  enregistrer  ses  I^^ltres  Patentes  le  17  oct.,  au  Conseil  Sui)érieur  et 
jmrtit  sur  le  champ  pour  Montréal.     (Note  de  J.  V.) 


103 

que  le  discours  historique  n'accorde  pas  cette  liberté,  ils 
m'excuseront  si  je  ne  le  fais  pas,  aussi  bien  cela  ne  leur 
produiroit  qu'un  peu  de  fumée  qui  pourroit  obscurcir  la 
juste  récompense  qu'ils  en  attendent  de  celui  pour  qui 
ils  ont  travaillé.  Enfin  M.  de  Maison-neufve  ayant  ra- 
conté toutes  choses  à  Melle.  Mance  et  ayant  laissé  quel- 
ques jours  ses  soldats  raffraichir,  demanda  deux  barques 
pour  les  monter  au  Montréal  dont  celle  de  Melle.  Mance 
monta  le  première.  Mais  il  y  eut  bien  d'autres  dilficul- 
tés  à  faire  marcher  les  soldats,  d'autant  qu'on  ne  vouloit 
pas  les  laisser  sans  que  M.  de  Maison-neufve  dit  absolu- 
ment qu'il  les  vouloit  avoir  et  qu'ils  avoient  trop  coûté 
à  la  Compagnie  du  Montréal  pour  en  laisser  aucun  après 
lui  ;  ayant  un  poste  aussi  dangereux  que  celui  qu'il 
avoit  à  défendre,  ce  qu'il  y  avoit  de  fâcheux  en  ceci 
étoit  qu'on  lui  devoit  fournir  des  barques  et  on  ne  lui 
en  vouloit  point  donner  :  A  la  fin  il  en  trouva  et  après 
avoir  envoyé  tout  son  monde,  il  les  suivit  ne  voulant 
aller  que  le  dernier  de  tous  pour  ne  laisser  personne 
après  soi. 


1ère  Note.  M.  Dollier,  comme  on  voit,  ne  donne  pas  le  nombre  de  soldats 
qu'amena  M.  de  Maisonneuve,  en  1653  ;  mais  M.  de  Belmont  dit  qu'il  était 
de  105,  et  la  Sœur  Bourgeoys  le  fait  monter  jusqu'à  108.  (J.  V,) 

2ème  Note.  Le  20  juin  1653,  Michel  Noila  fut  tué  par  les  Iroquois,  Reg. 
de  la  Par.  (J.  V.) 


HISTOIRE  DU  MONTREAL. 


De  l'automne  1653  jusqu'à  l'automne  1654,  quo  le» 

vaisseaux  partirent  du  Canadas. 

Aussitôt  que  les  troupes  de  l'an  précédent  furent  arri- 
vées, on  commença  de  travailler  à  faire  l'Eglise  de  l'IIo- 
pital  et  accroitre  ses  bâtiments,  on  réussit  si  bien  à  l'un 
et  à  l'autre  que  tout  se  fit  avec  diligence,  parce  que  M.  de 
Maison-neufve  n'avoit  amené  que  de  bons  hommes  pleins 
de  cœur  et  d'adresse  à  faire  ce  que  son  cœur  comman- 
doit  :  La  nécessité  de  ces  travaux  n'empêcha  pas  M.  de 
Maison-neufve  de  donner  permission  à  ces  gens-là  de  se 
marier,  à  quoi  donna  un  bon  et  heureux  exemple  le 
sieur  Gervaise,  (1)  lequel  aujourd'hui  a  une  famille  fort 
nombreuse  qui  a  le  privilège  de  marier  avec  le  bas  âge  la 
vieillesse  des  mœurs  ;  c'est  une  famille  de  condition  et 
de  bonne  odeur  à  tout  le  pays  où  la  richesse  de  la  vertu 
prévaut  celle  des  Inens  de  ce  monde  :  Les  bâtiments, 
la  culture  des  terres  et  les  mariages  n'empêchoient  pas 
qu'on  ne  se  tint  en  ce  lieu  si  bien,  sur  ses  gardes,  que 
les  ennemis  avoient  bien  de  la  peine  à  nous  y  insulter 
(2).  Nous  commençâmes  dès  lors  à  leur  imprimer  une 
certaine   frayeur   qui   leur    empêchoit   de   s'avancer  si 


(1)  Il  w  faut  pas  iulrriT  d{!  cp  fait,  que  le  uiariago  dn  Gervais  lut  le  1er 
qui  se  lit  à  Montrai  enln;  filUropcens  ;  il  y  en  avait  déjà  lo  do  faits  avant 
l'arrivée  d<'s  troupes  de  1653.  Il  n'y  en  eut  point  on  1653,  mais  il  s'en  lit  14 
PO  1654.  Le  jiranier  des  ces  mariages  eut  lieu  lo  3  nor.  1647  ontreMathurin 
Le  Mounicr  et  Franeoiso  l-a/J'arl.  Le  ter.  enfant  rié  d'Euroijéens  fut  Barbe  Le- 
Uounier,  qui  naquit  le  24  Aor.  1648,  (J.  V.) 

(-2)  Pourtant  Yves  Balar  mourut  le  11  octobre  1654,  de  blessures  reçue»' 
la  veille  des  Iroquois.    (J.  V  ) 


» 


105 

avant  dans  nos  desseins  qu'ils  faisoient  autrefois,  ce  qui 
donna  la  liberté  à  Melle.  Mance  de  se  retirer  au  petit 
printemps  à  l'hôpital  qu'elle  avoit  été  obligée  de  quitter 
depuis  quelques  années  et  dont  depuis  elle  n'a  pas  été 
contrainte  de  sortir  pour  la  crainte  des  ennemis,  qui  l'y 
ont  laissée  jusqu'à  présent  en  paix  ;  afin  de  bénir  Dieu 
qui  lui  a  donné  l'inspiration  de  contribuer  comme  elle  a 
fait  au  secours  de  l'an  dernier  ou  en  sacrifiant  une  partie 
elle  avoit  aidé  à  sauver  le  total  non-seulement  du  Mont- 
réal, mais  aussi  de  l'hôpital  et  de  tout  le  pays  ensemble, 
qui  sait  la  désolation  où  il  étoit  lorsque  ce  secours  arriva 
par  M.  de  Maison-neufve,  ce  qui  est  à  remarquer  ici  de- 
dans est  que  si  elle  acheta  trop  cher  la  terre  en  faveur  de 
laquelle  elles  donna  les  22,000  livres  afin  de  faire  venir  ce 
secours,  il  est  vrai  que  ni  M.  de  Maison-neufve,  ni  Mes- 
sieurs du  Montréal  n'en  ont  point  profité,  qu'il  n'y  a  eu 
que  le  public,  et  que  Melle.  Mance  qui  a  agi  avec  autant 
de  prudence  que  le  marchand  dans  le  danger  (qui)  jette 
prudemment  une  partie  de  ses  denrées  pour  sauver  le 
reste  :  ce  que  on  peut  dire  avec  vérité  c'est  qu'il  a  plus 
coûté  à  Messieurs  du  Montréal  qu'à  personne  en  cette 
afiaire,  et  que,  partant,  au  lieu  d'avoir  nui  ils  ont  profité 
aux  pauvres  et  à  tous  généralement. 


HISTOIRE  DU  MONTREAL. 


De  l'automne  1654  jusqu'à  l'automne  1655  que 
les  vaisseaux  partirent  du  Canadas. 


Cet  automne,  entre  plusieurs  combats  qui  se  rendirent 
ici  il  y  en  a  un  qui  fait  connoître  que  les  Iroquois 
sont  bien  adroits  à  surprendre  et  qu'il  faut  bien  être  sur 
ses  gardes  pour  n'en  être  point  attrappé,  ayant  la  guerre 
contre  eux  :  voici  le  fait, — un  parti  de  ces  barbares  se 
cacha  dans  les  déserts  à  l'ombre  des  souches  qui  y  étoient, 
lorsque  nos  gens  alloient  au  travail  ;  or  comme  il  falloit 
toujours  être  sur  ses  gardes,  nos  françois  mirent  une 
sentinelle  du  côté  d'où  l'ennemi  étoit  à  craindre,  cette 
sentinelle  étant  postée  monta  sur  une  souche  afin  de 
mieux  découvrir  et  comme  la  souche  étoit  un  peu  grosse 
cela  lui  donna  moyen  de  se  tourner  tantôt  d'un  côté, 
tantôt  de  l'autre,  afin  de  voir  ce  qui  se  passoit  en  la  cam- 
pagne et  s'il  n'y  avoit  pas  d'ennemis  ;  or  à  mesure  qu'elle 
tournoit  la  tête  d'un  différent  côté,  un  certain  Iroquois 
s'avançoit  toujours  de  souche  en  souche,  quand  la  senti- 
nelle regardoit  vers  le  lieu  oii  il  étoit,  il  ne  branloit  pas, 
si  ellle  regardoit  ailleurs  il  s'approchoit  incontinent  au- 
tant qu'il  le  pouvoit  sans  se  faire  découvrir,  enfin  le 
renard  vint  si  près  du  mal-perché  que,  tout  d'un  coup 
Sautant  sur  lui,  il  le  prit  par  les  jambes  sur  ce  bois  où  il 
étoit  monté,  soudain  il  le  chargea  sur  ses  épaules  et  s'en- 
fuit avec  ce  fardeau  tout  de  même  qu'un  voleur  empor- 
teroit  un  mouton  ;  il  est  vrai  que  ce  prisonnier  crioit 
plus  haut  et  se  débattoit  d'une  autre  manière,  enfin  cet 


107 

innocent  voyant  après  s'être  bien  débattu  que  ce  sauvage 
étoit  fort,  il  se  laissa  porter  sans  regimber  d'avantage  à 
la  boucherie  où  il  fut  bientôt  payé  de  son  peu  de  précau- 
tion à  découvrir  ;  rien  ne  fut  plus  étonné  que  nos  gens 
lorsqu'ils  entendirent  leur  brebis  bêler  et  le  loup  l'em- 
porter, on  vouloit  courir  sur  cet  épervier  et  lui  faire  lâ- 
cher prise,  mais  il  fut  bientôt  secouru  par  un  nommé 
La  Banque  qui  commandoit  le  parti  iroquois  lequel  fit 
faire  tout  d'un  coup  bride  en  main  à  nos  gens  et  demeu- 
rer sur  une  défensive  où  ils  eussent  été  battus  sans  que 
M.  le  Major  vint  au  secours,  lequel  voyant  que  La  Bari- 
que  étoit  le  principal  soutien  de  nos  ennemis  il  com- 
manda à  un  fort  bon  tireur  qu'il  avoit  auprès  de  lui  de 
percer  au  plustôt  ce  tonneau  d'un  coup  de  fusil,  afin 
qu'en  ayant  tiré  le  jus  les  ennemis  ne  s'en  pussent  d'a- 
vantage prévaloir  et  fortifier.  Cet  homme  commandé  ne 
manqua  pas  son  coup,  il  fit  son  approche  sur  ce  person- 
nage, lequel  étoit  monté  sur  une  souche  où  il  exortoit  ses 
gens  et  leur  disoit  ce  qu'ils  dévoient  faire  dans  le  com- 
bat, comme  si  c'eut  été  un  européen.  Notre  françois  étant 
parvenu  à  la  portée  raisonnable  de  son  fusil,  il  en  frappa 
si  droit  et  si  rudement  La  Barique  qu'elle  en  tomba  par 
terre  et  commença  à  ruisseler  de  toutes  parts,  à  cause 
que  le  fusil  étoit  chargé  de  gros  plomb  et  qu'il  le  reçut 
quasi  tout  dans  son  corps  ;  les  ennemis  furent  si  décou- 
ragés par  la  chute  de  cet  homme  qu'ils  croyoient  mort, 
qu'ils  s'enfuirent  aussitôt  et  nous  laissèrent  les  maîtres 
du  champ  :  cela  fait,  on  l'amena  ici.  Lorsqu'il  fut  reve- 
nu à  soi  sa  cruauté  se  changea  totalement  par  la  douceur 
qu'on  lui  fit  paroître  en  le  guérissant  autant  qu'il  se  pou- 
voit  ;  il  est  vrai  qu'il  en  est  demeuré  extrêmement  estro- 
pié et  inhabile  atout,  mais  il  a  bien' vu  qu'il  n'a  pas  tenu 
aux  françois  s'il  n'a  pas  été  entièrement  remis  ;  c'est 
aussi  pourquoi  il  a   été  réellement  gagné   par  cette  hu- 


108 

manité  que  depuis  il  a  pris  toujours  nos  intérêts  fort  à 
cœnr,  ce  qui  n'a  pas  empêché  que  ses  amis  qui  le  croy- 
oient  mort  ne  nous  fissent  cruellement  la  guerre  pour 
s'en  venger  ;  entre  autre  son  frère  qui  étoit  tellement 
acharné  sur  nous,  à  cause  de  lui,  que  tous  les  jours  nous 
l'avions  sur  les  bras,  même  une  fois  il  fit  quatre  attaques 
diflférentes  dans  une  journée  afin  de  se  venger  ;  mais  à 
la  dernière  ayant  oui  La  Barique  qui  l'appeloit  et  qu'on 
avoit  porté  exprès  sur  le  lieu  du  combat,  il  lui  cria, 
'*  Est-ce  toi,  mon  frère  ?  es-tu  encore  en  vie  ?" — "  Oui, 
lui  dit-il,  et  tu  veux  tuer  mes  meilleurs  amis."  A  ces  mots 
il  vint  à  lui  doux  comme  un  agneau  et  promit  de  ne 
nous  jamais  faire  la  guerre  :  il  dit  qu'il  alloit  prompte- 
ment  chercher  tous  les  prisonniers  françois  qu'il  y  avoit 
dans  leur  pays,  qu'il  alloit  travailler  à  la  paix  pour  reve- 
nir dans  un  certain  temps  qu'il  marqua  afin  de  la  conclure  : 
Tout  ce  qu'il  promit  il  le  garda,  hormis  que  n'ayant  pas 
pu  résoudre  les  esprits  de  ses  camarades  aussi  vite  qu'il 
l'avoit  promis,  il  fut  obligé  de  retarder  plus  qu'il  n'avoit 
dit,  mais  dans  ce  retardement  il  arriva  une  aflfaire  qui 
rendit  souples  tous  ces  gens-là  à  tout  ce  qu'il  vouloit 
d'eux,  voici  comme  la  chose  se  passa.  Les  Iroquois 
ayant  ce  printemps  détruit  L' Isle-aux-Oits  et  mis  à  mort 
tout  ce  qui  s'y  rencontra,  hormis  les  petits  enfants  de 
Messrs.  Moyen  et  Macar,  une  partie  d'entr'eux  amena 
dans  leur  pays  ces  petits  prisonniers  et  le  reste  nous 
vint  faire  la  guerre  en  cette  isle,  où  ils  firent  plusieurs 
attaques  et  entrèrent  en  plusieurs  pourparlers  avec  le 
Sieur  de  La  Barique  que  l'on  portoit  toujours  sur  les 
lieux  afin  de  leur  parler,  cet  homme  ne  put  jamais 
réduire  à  la  raison  ces  animaux  féroces,  toujours  ils  ten- 
dirent à  faire  quelque  méchant  coup  ;  il  est  vrai  que 
Dieu  nous  assista  bien  puisque  pendant  qu'ils  furent  ici 
à  nous  faire  des  ambuscades,  jamais   ils  nous    tuèrent 


109 

qn^un  homme  nommé  Daubigeoû  (1).  Peu  après  ce 
meurtre  ils  en  furent  bien  châtiés,  car  ils  tombèrent  à 
notre  discrétion,  ce  qui  se  fit  ainsi  :  Ce  meurtre  étant 
commis,  ils  passèrent  de  l'autre  côté  du  fleuve  et  envoy- 
èrent ensuite  quelques  uns  d'entr'eux  feignant  vouloir 
parlementer  et  être  de  ces  nations  qui  n'avoient  jamais 
eu  de  démêlés  avec  nous,  feinte  dont  ils  ont  usé  en 
plusieurs  de  leurs  trahisons  passées  et  qui  leur  étoit  or- 
dinaire, mais  au  même  temps  M.  Lemoine  revenant  de 
Québec  dit  à  M.  de  Maison-neufve.  "  Voilà  des  gens 
qui  ont  fait  un  tel  coup  à  l'Isle-aux-Oies  qui  ont  tué 
Daubigeon  et  qui  veulent  encore  nous  trahir,  il  faut  les 
prendre,  car  ce  sont  des  fourbes  et  des  menteurs  :"  afin 
de  les  attaquer,  M.  de  Maison-neufve  leur  fit  crier  que 
le  lendemain  ils  vinssent  parlementer,  cela  dit,  il  se  reti- 
rent de  l'autre  côté  de  l'eau,  sans  s'approcher  plus  près  ; 
le  lendemain  venu,  voici  deux  Iroquois  qui  paroissent 
dans  un  canot  avec  un  petit  anglois  au  milieu, — ils 
viennent  un  peu  hors  la  portée  du  mousquet  du  châ- 
teau, alors  Mons.  le  Gouverneur  voulut  envoyer  à  eux 
plusieurs  personnes,  mais  M.  Lemoine  l'en  empêcha  lui 
disant  qu'ils  s'enfuyeroient  et  que  s'il  vouloit  il  yroit  tout 
seul  à  eux  dans  un  petit  canot  de  bois,  avec  deux  pisto- 
lets cachés  au  fond  de  son  canot,  que  dans  cet  état  il  iroit 
aborder  sur  la  même  bature  où  ils  étoient,  qu'étant  seul 
de  la  sorte  ils  le  laisseroient  venir  sans  se  deffier  qu'étant 
sur  eux  il  se  léveroit  tout  d'un  coup  avec  ses  pistolets 
et  qu'ayant  pris  le  dessus  il  leur  feroit  prendre  malgré 
eux  le  courant  qui  vient  vers  le  château,  que  depuis 
qu'ils  seroient  dans  le  courant  l'on  en  seroit  les  maîtres  : 


(1)  C'est  le  même,  sans  cloute,  que  les  Registres  de  la  paroisse  nommaient 
Julien  D'Alignon  et  qu'ils  disent  "  mort  de  blessures,  le  31  mai  1655."  M. 
de  Belmont  le  nomme  aussi  Daubigeon  (J.  V.) 


110 

Quoique  la  proposition  fut  hardie  elle  fut  néanmoins 
acceptée,  mais  pour  en  favoriser  l'exécution  M.  le  Gou- 
verneur lit  glisser  des  mousquetaires  le  long  de  l'eau 
jusques  vis-à-vis  des  Iroquois,  lesquels  étoient  assez 
proche  de  terre,  ces  movisquetaires  ne  se  montrèrent 
que  quand  il  fut  temps,  ce  qui  aida  à  bien  réussir  ainsi 
qu'on  l'avoit  projette  : — Ces  Iroquois  étant  logés,comme 
ils  étoient  considérables,  un  de  leur  capitaines  nommé 
La  Plume  parut  aussitôt  avec  menace  qu'il  se  vengeroit 
si  on  ne  lui  rendoit  ses  gens,  on  lui  dit  que  ses  gens 
étoient  bien  et  qu'il  les  pouvoit  venir  voir,  mais  à  ces 
paroles  en  menaçant  il  répondit  qu'il  y  viendroit  d'une 
autre  manière,  sur  quoi  il  se  retira  sur  l'autre  côté  du 
fleuve  ou  nos  françois  se  résolurent  de  l'attaquer  la  nuit 
suivante,  avec  la  permission  de  M.  de  Maison-neufve, 
mais  un  capitaine  iroquois  qui  ne  participoit  en  rien  à 
leur  trahison  et  qui  étoit  ici,  voyant  les  préparatifs  s'en 
faire  pria  qu'on  n'en  fit  rien,  ce  qu'on  lui  accorda  parce 
qu'on  l'aimoit.  Le  lendemain  cet  homme  alla  voir 
Laplume  et  les  autres  afin  de  tout  pacifier  et  avoir  tous 
les  esclaves  françois  comme  nous  souhaitions,  ce  qui  lui 
fut  refusé  absolument,  et  peu  après  que  les  nouvelles 
en  eurent  été  rapportées  au  Château  voilà  que  tous  les 
Iroquois  en  plein  midi  traversent  à  notre  barbe  de  notre 
côté  afin  de  nous  venir  escarmoucher,  mais  M.  de  Mai- 
son-neufve ne  leur  en  donna  pas  le  temps,  car  il  com- 
manda au  Major  de  les  aller  charger  sur  le  bord  du 
rivage  où  il  les  voyoit  aborder,  ce  qui  se  lit  si  heureuse- 
ment que  M.  Lemoine,  lui  4ème  prit  le  commandant,lui 
5ème  sans  qu'il  osât  tirer  aucun  coup,  parce  qu'ils  leur 
mirent  le  fusil  dans  le  ventre  auparavant  qu'ils  les 
eussent  apperçus  :  quant  au  reste  des  Iroquois  il  fut 
mis  en  fuite  et  en  déroute  par  M.  le  Major.  Ces  bar- 
bares voyant  qu'on   leur  avoit  oté   la  meilleure   plume 


111 

de  leur  aile  commencèrent  à   ramper    et  demander   la 
paix  avec  toutes  sortes  de  soumissions,  ce  qui  fut  moy- 
enne par  l'ambassadeur  que  nous  avions  ici  :  lequel  dit 
que  le  célèbre  La  grand  armée,  grand   capitaine  Aniez 
venoit  en  guerre,  qu'il   s'en   alloit  au  devant   de  lui  et 
qu'aussitôt   qu'il   lui   auroit   appris  les  capitaines   que 
nous  avions  pris  il  lui  feroit  faire  ce  que  nous  souhaite- 
rions.    Il  s'en  alla  et  rencontra  La  grand' armée  avec  un' 
parti  d' Aniez  les  plus  lestes  et  mieux  faits  qu'on  eut  en- 
core vus  :  quand  il  l'eut  trouvé  il  lui  dit, — "Vous  allez  en 
guerre  et  a^ous  ne  savez  pas  que  tels  et  tels  nos  capitaines 
sont  captifs  au  Montréal   et  que   faisant  quelque   coup 
vous  allez  les  faire  tuer  par  les  François."      Ces  paroles 
firent  tout  d'un  coup  échouer  ses  grands  desseins  et  pen- 
ser uniquement  à  la  paix,  que  cet  ambassadeur  dit  qu'il 
l'obtiendroit  s'il  la  demandoit  aux   françois  qui  étoient 
bons  ;  cet  avis   lui  fit  faire  un   beau  et  grand   pavillon 
blanc  qu'il  fit  mettre  au  derrière  de  son  canot  ;  en  cet  équi- 
page il  passa  en  plein  jour  devant  le  Montréal,  mit  pied 
à  terre  un  peu  au  dessus  ;  vint   parlementer  et  demanda 
qu'on  lui  fit  venir  les  prisonniers,  ensuite  les  ayant  vus 
il  proposa  la  paix  pour  les  ravoir,  on  lui  dit  qu'on  l'ac- 
ceptoit  pourvu  que   l'on   ramenât  tous  les   prisonniers 
françois,  ce  que  faisant  on  leur  rendroit  les  leurs.     Il 
donna  parole  de  le  faire  dans  un  certain  temps  à  quoi  il 
fut  fort  ponctuel,  il  ramena  les   4  enfants  de   Messieurs 
Moyen  et  Macar,  Messieurs  de  St.  Michel  et  Trôttier  avec 
le  nommé  Laperle  qu'on  avoit  perdu  aux  Trois-Kivières, 
sans  espérance  de  le  revoir,  et  autres,  enfin   on  leur  fit 
rendre  tous  les  captifs  de  ce  pays  :  au  reste  comme   ces 
deux  familles  de  Moyen  et  Macar   étoient  considérables 
le  pays  reçut  en  ceci  un  grand  bienfait  du  Montréal,  ces 
enfants  là  étant  des  plus  considérables   du  Canadas,  ce 
qui  se  voit  par  les  alliances,  car  Madelle.  Moyen  a  épousé 


112 

nn  capitaine  de  condition  et  de  mérite  appelé  M.  Dugué 
lequel  a  été  épris  d'elle  par  les  charmes  de  sa  vertu,  Melle. 
Macar  l'aînée  a  épousé  M.  Bazire  l'un  des  plus  riches  du 
Canada,  la  cadette  sa  sœur,  qui  est  morte,  avoit  épousé  un 
brave  gentilhomme  nommé  M.  de  Villiers  :  En  même 
temps  que  les  Iroquois  nous  eurent  rendu  nos  prisonniers 
nous  leur  remîmes  les  leurs  (1)  et  nous  conclûmes  une 
paix  laquelle  a  duré  un  an  tout  entier  :  que  si  le  Montréal 
a  ser\T  en  ces  paix,  pourparlers  et  trêves  qu'il  faisoit,  c'é- 
toit  toujours  à  ses  dépens  non  seulement  à  cause  de  la 
vie  qu'on  y  exposoit  afin  d'y  obliger  les  ennemis,  mais 
encore  à  cause  des  dépenses  qu'il  falloit  faire  pour  cela 
tant  en  voyages  de  Québec  que  présents  et  autres  choses, 
car  dans  les  premiers  temps  on  étoit  là-bas  (2)  habiles  à 
recevoir  et  non  pas  à  donner  :  s'il  falloit  un  présent  c'é- 
toit  aux  Messieurs  du  Montréal  à  le  faire,  si  on  en  rece- 
voit  quelqu'un  il  ne  falloit  pas  le  retenir  mais  le  faire 
descendre,  ainsi  on  a  toujours  ici  eu  la  gloire  de  servir 
au  pays  en  toute  manière  avec  un  détachement  entier  et 
parfait. 


(1)  Au  nombre  lesquels  éloient  selon  M.  Belmont,  six  capitaines  Iro- 
quois.   J.  V, 

(2)  A  Québec.  (  )  idem. 


HISTOIRE     DU     MONTREAL. 


De  raiilomnc  Ki.').')   iiiM[ir;'i  rjiutomno  IGôOan 
(k'']i;ui  ili's  navires (Ju  (j.in.iila.-. 

Il  s'est  passé  si  peu  de  chose  durant  cet  an  entre  les 
Iroquois  et  nous  qn'il  y  a  peu  de  chose  à  donner  au  pu- 
blic à  ce  sujet,  ce  qu'on  peut  dire,  c'est  que  pendant  cet- 
te année  on  avança  merveilleusement  les  habitations,  car 
encore  que  Ton  craignit  la  trahison  de  ces  barbares  né- 
anmoins on  savoit  bien  cju'on  n'en  seroit  pas  attaqué  si 
peu  que  l'on  fût  sur  ses  gardes  et  qu'ils  ne  commenceroient 
jamais  à  rompre  la  paix,  s'ils  ne  voyoient  à  faire  quelcjue 
coup  sans  se  mettre  au  hasard,  c'est  pourquoi  on  alloit 
hardiment  cjuand  on  étoit  un  peu  en  état  où  l'on  n'eut  pas 
osé  paroitre  qu'avec  un  grand  nombre,  c'est  ce  c|ui  don- 
noit  lieu  pendant  ces  paix  forcées  à  faire  des  découver- 
tes qui  servoient  pendant  le  temps  des  guerres  ;  ce  qui 
est  remarquable  en  ce  chapitre  c'est  que  les  Iroquois 
ayant  toujours  la  guerre  avec  les  Hotaouads  (1)  et 
Hurons  quoiqu'ils  fussent  en  paix  avec  nous,  ils 
firent  un  furieux  massacre  de  ces  pauvres  gens  au  mois 
d'août  de  cette  année,  ou  entre  autres  le  VèreGareau  (2) 
fut  tué  ici  près  d'un  coup  de  fusil,  après  cjuoi  aussitôt 
que  ce  meurtre  fut  fait  audessus,  ce  bon  père  fut  rap- 
porté au  Montréal  et  y  mourut  peu  après.  Comme  je 
n'écris  l'histoire  du  Montréal  qu'à  cause  que  l'on  n'en  a 


1 1 1  O'.ilaounip  (J.  V.) 

(-2*  Le  P.  Léonai'dGan-eau,  Jésuili'.  hle.^sé.  à  mort  le  30  Août  IGôfi,  dê- 
C:Mlé  le  2  Septembri'  fut  eiileiTé  h  Montréal  le  3.  iHg.  do  la  P.)  Voir 
a]i]>i'ndice.  No.  V.  (J.  V.i 

M 


111 

pas  (juasi  iKult'.  on  irn'  disi^i'iisfra  (!»•  rapporter  an  lon«r 
(•«•  (jiii  rt'oardc  <•»»  saint  lioiiiiM"',  d'autant  (|Ut'  les  Ivlv. 
l*fr»'s  Jésuites  n'auront  pas  inaïuiué  de  s'acquitter  de 
leur  devoir  à  l'éirard  d'un  si  dlirne  conirère  au  sujet 
du(|ue]  je  dirai  seulenieni  <|ii'henreux  le  serviteur  de 
Jésus-Christ  (jui  meurt  connue  lui  exposé  actuellement 
})our  le  service»  de  son  maître.  Sur  la  lin  de  cette  année 
on  eut  au  Montréal  ratHiotiou  du  départ  de  Mr.  De  Mai- 
Kon-neulVe  pour  la  France,  il  est  vrai  que  comme  il  n'y 
alloit  que  pour  le  ]>ien  du  pays,  que  comme  cette  isle  re- 
cevoit  toujours  de  i>rands  l)iens  dans  tous  ses  voyages, 
l'espérance  du  bonheur  que  l'on  croyoit  devoir  accom- 
pag-ner  son  retour  n'étoit  pas  une  médiocre  consolation 
pour  radoucir  les  amertumes  de  son  départ  :  Toujours 
il  avoit  de  grands  desseins  et  jamais  cette  planète  ne  s'é- 
clipsoit  à  son  Montréal  quelle  n'y  eut  paru  par  après 
avec  l'éclat  de  quelque  nouvelle  conquête,  que  si  cela 
s'est  vérifié  dans  tous  ses  autres  voyages  cela  se 
vérilit»  d'autant  plus  avantaireusement  en  celui-ci, 
que  rame  surpasse  le  corps  et  le  s])irituel  le  temporel  en 
dignité  :  Jusqu'ici  son  piincipal  hut  étoil  dégrossir  cette 
Colonie  par  le  nom)>re  des  hommes,  dont  il  moyennoit  la 
venue,  maintenant  il  y  veut  établir  un  clergé  pour  la 
sanctification  des  peuples;  C'est  pour  cela  qu'il  passe  la 
mer  et  expose  sa  vie  en  ce  nouveau  trajet,  encore  qu'il 
feignit  un  autre  sujet  pour  son  voyage:  Il  jugea  ne  de- 
voir pas  retarder  ce  dessein  pour  deux  raisons,  la  pre- 
mière parceque  les  Iiévds.  Pères  Jésuites  se  trouvoient 
pressés  de  toutes  parts  pour  les  missions  étrangères  et 
éloignées  des  sauvages  qui  sont  écartés  dans  les  bois,  ce 
qui  lui  faisoit  craindre  assez  souvent  de  n'avoir  pas  tou- 
jours l'assistance  spirituelle  qu'il  auroit  souhaitée  et  qu'ils 
auroient  bien  désiré  lui  donnt-r  sans  ces  conjonctures  : 
secondement   le  souvenir    des    desseins    de    M.    Ollier, 


115 

et  de  tous  les  Messieurs  associés  qui  avoient  toujours  eu 
la  vue  sur  Messieurs  du  Séminaire  de  St.  Sulpice  ainsi 
qu'ils  lui  avoient  déclaré,  lui  lit  croire  qu'il  ne  pouvoit 
procurer  trop  tôt  à  cette  isle  la  venue  des  Ecclésiasti- 
ques de  cette  Maison,  à  cause  des  biens  s^nrituels  et 
temporels  qu'ils  y  pouvoient  faire.  Ayant  l)ien  pesé  tou- 
tes ces  choses  il  les  proposa  à  Melle.  Mance,  laquelle  étant 
de  son  même  sentiment  il  se  détermina  d'aller  trouver, 
cette  année,  feu  M.  Ollier,  l'illustre  ibndateur  du  Sémi- 
naire de  St.  Sulpice,  afin  de  lui  demander  des  Messieurs 
de  son  Séminaire  pour  aA'oir  le  soin  de  cette  isle,  comme 
aussi  de  faire  intervenir  Messieurs  les  Associés  de  la 
Compagnie  afin  de  réussir  dans  sa  demande  :  Que  la  Pro- 
vidence divine  est  admirable,  elle  avoit  choisi  ce  lieu  pour 
être  le  sépulcre  et  pour  y  inhumer  à  ce  monde  plusieurs 
des  enfants  de  ce  digne  fondateur  et  les  faire  mourir  aux 
douceurs  de  l'Europe:  Pour  cela,  dès  l'an  1640  nous  a- 
vons  vu  qu'il  s'adressa  à  feu  M.  Ollier  et  feu  M.  de  la 
DovPTsière  et  le  fit  acheter  ici  un  droit  de  sépulture  par 
ses  cent  louis  d'or  dont  nous  avons  parlé,  qui  fu- 
rent les  premiers  de  l'argent  donné  pour  le  Montréal  :  la 
providence  a  fait  faire  à  feu  M.  Ollier  en  cette  rencontre 
comme  autrefois  elle  fit   faire  à  Abraham,  lorsqu'elle  le 

fit  acheter  40  cicles  ce  tombeau  qu'il  acheta  des (1) 

pour  toute  sa  lignée  :  Ce  bonheur  de  mourir  aux  vains 
appas  de  la  terre  est  très-grand,  il  ne  faut  pas  s'étonner 
si  Dieu  n'a  pas  voulu  donner  gratis  le  lieu  où  cette  mort 
se  devoit  opérer  et  s'il  en  a  voulu  être  payé  par  des 
mains  qui  lui  étoient  aussi  aimables  que  celles  de  ce  bon 
fondateur  et  que  même  depuis  il  en  avoit  voulu  tirer  jus- 
qu'à ce  jour  tant  d'autres  sommes  d'argent,  tant  par  lui 
que  par  ses  enfants,  sans  parler  des  dépenses  prodigieu- 


'  (I)  Illisible.  D-s  fils  d.'  H.'th.  (?) 


11»; 


ses  qiie  Mi'sîsicur.s  les  Associéfs  ont  lait  autrefois;  mais 
laissons  tout  ce  (juc  nous  pouvrioiis  dire  à  ce  sujet,  et  di- 
sons que  M. de  Maison-nculVe  Taisant  ce  trajet  pour  cette 
sainte  entreprise,  laissa  le  conimand«'ïnent  au  brave  M. 
Closse.qui  s'acquitta  de  cet  emploi,  pendant  toute  l'an- 
née, au  contentement  diiii  chacun,  l'aisant  voir  à  tous 
qu'il  savoit  et  qu'il  mt-vitoit  tle  commander. 


'■îrs-:jfer5ï>~ï-- 


HISTOIRE    DU     MONTREAL. 


Di'  ra\iloiiiii.-  IG.'jO  jusiiu'à  raulomni'  IGÔT, 
au  (Ji'pai'l  (li's  vaisseaux  du  Canailas. 


Le  27  du  mois  de  Janvier  il  arriva  ici  un  grand  mal- 
heur à  Melle.  Mance,  laquelle  se  rompit  et  se  disloqua  le 
bras  tout  en  même  temps  d'une  étrange  façon,  sans  que 
les  chirurgiens  pussent  trouver  le  moyen  de  le  rétablir, 
mais  ce  qui  n'étoit  pas  possible  aux  hommes,  s'est  trou- 
vé depuis  facile  à  la  main  du  tout-puissant,  laquelle 
avoit  permis  ce  malheur  afin  de  mettre  la  mémoire  de 
feu  M.  Ollier  en  vénération  par  l'eftet  miraculeux  de  cet- 
te guérisonjugée  de  tous  incurable  soit  en  Canadas,  soit 
en  France,  ce  que  nous  verrons  dans  son  lieu  :  En  atten- 
dant, accompagnons  un  peu  M.  de  Maison-neufve  en  son 
voyage  et  le  voyons  convier  Messrs.  les  Associés  à  deman- 
der à  feu  M.  Ollier  c[u'il  envoyât  des  Ecclésiastiques  à 
Montréal,  proposition  qui  fut  si  bien  reçue  cjue  tous  ju- 
gèrent cprilTen  falloit  presser  fortement,  mais  on  n'y  eut 
pas  grand  peine  car  M.  de  Maison-neufve  allant  trouver 
M.  Ollier  après  s'être  entretenu  avec  lui  de  toutes  ces 
choses  il  le  pria  de  se  ressouvenir  d'une  lettre  que  Melle 
Mance  lui  avoit  écrite  fan  dernier,  laquelle  l'avertissoit 
qu'il  étoit  temps  d'exécuter  tous  les  beaux  projets  qu'il 
avoit  toujours  fait  pour  le  Montréal,  c|u"iL  ne  devoit  pas 
retarder  davantage  à  lui  envoyer  des  ecclésiastiques  de 
son  Séminaire  ;  Ce  zélé  serviteur  de  J.-C,  qui  ne  pouvoit 
refuser  telles  propositions  les  accepta  d'abord,  il  eut  bien 
voulu  y  venir  se  sacrifier  lui-même  tout  accablé  qu'il 
étoit  et  près  de  son  tombeau  par  ses  mortifications  et  aus- 


lis 

térités  t'Xtraordiiiairi'.'s,  mais  n'y  avant  de  possil)ilité  à  la 
chose,  il  ji'tta  les  y«'nx  sur  M.  \j-d\)h('  f/e  Qt(t^h(s{^),  s\ir 
Messieurs  S<>i/ar(  et  Gd/h'/u'ervi  M.  Dnllrl  (2)  qui  tous  qua- 
tre acceptèrent  le  parti  avec  autant  d'obéissance  et  de 
zèle  qu'on  en  sauroit  souhaiter:  Le  temps  étant  venu  de 
partir  chacun  plia  la  toilette  avec  autant  de  diliii'ence  et 
promptitude  <.\\\  h<uic  lia  son  l'auot,  s'en  allant  vers  ce  lieu 
qu'on  reg-ardoit  pour  celui  de  son  sacrifice  :  Quant  à  M. 
de  Quelus  auipicl  l'assemblée  g-énéralc  du  (,'lergé  avoit 
voulu  auparavant  [)rocurer  une  mitre  pour  venir  ici  an- 
noncer l'évangile,  il  n'y  vint  pas  avec  moins  de  Joie  sous 
une  moindre  qualité,  voyant  que  la  plus  grande  gloire  de 
Dieu  ne  s'étoit  pas  trouvée  conlorme  à  celle  qu'on  avoit 
eu  de  l'honorer  du  bâton  pastoral  :  La  conduite  de  Dieu 
est  admirable  en  toutes  choses,  M.  de  Maison-  neufve  et 
Melle.  Mance  se  disoient  d'année  en  année,  il  faut  de- 
mander des  ecclésiastiques  à  M.  Ollier  avant  qu'il  meure, 
même  il  ne  faut  pas  beaiicoup  tarder  car  tous  les  ans  on 
nous  mande  qu'il  se  porte  mal,  ils  se  disoient  assez  cela 
tous  dtnix  ensemble  mais  pour  cela  ils  n'en  i)oursuivoient 
point  l'exécution,  il  n'y  eut  que  cette  année  qu'ils  entre- 
prirent cela  chaudement, — Voyons  un  peu  combien  il 
étoit  temps  de  le  faire,  incontinent  que  ces  quatre  MM. 
furent  partis  M.  Ollier  mourut  (;>).  ils  partirent  en  carê- 
me et  lui  il  mourut  à  raques,  s'il  fut  mort  plutôt  peut-être 
que  l'ouvrage  seroit  encore  aujourd'hui  à  entreprendre, 
même  si  ces  quatre  messieurs  eussent  difîéré  le  carême 
à  partir,  n'ayant  i)oint  été  eng-agés  dans  ce  voyag'e  qu'ils 
ne  pouvoient  pas  honnêtement  abandonner  après  s'y 
être  mis,  apparemment  ils  ne  seroient  pas  partis  voyant 
cette  mort  arriver,  mais  la  providence  qui  veilloit  sur  son. 


(li  II  sifîiiiiil  ijii'i/his.  .1.  V 
(•2)  U  signait  fi'MH.  (J,  \.\ 
I?,)  rVri'd.' .1  Paris.  !<•  2  avril  l(;:.7.  d'ai-r-'s  IWhl..-  F.iiiloii    (.1.    V.» 


119 

serviteur  exécuta  tous  ses  desseins  avant  que  d'en  sor- 
tir, voulût  qu'il  commençât  l'exécution  de  celui-ci  et  le 
mit  en  état  d'être  poursuivi  avant  que  de  l'attirer  à  soi  ; 
jusques  alors  il  avoit  été  servi  de  lui  par  tous  les  coins 
de  la  France,  mais  pour  dilater  son  cœur  davantage  et 
donner  des  espaces  à  l'excès  de  son  amour,  il  voulut  le 
porter  par  ses  enfants,  avant  sa  mort,  jusques  dans  les 
pays  étrangers,  il  ne  voulut  lui  faire  cette  grâce  qu'à  la 
mort,  parce  qu'il  vouloit  que  l'arrivée  de  ces  quatre  ec- 
clésiastiques du  Séminaire  de  St.  Sulpice  fut  un  témoi- 
gnage authentique  au  Montréal  de  l'intime  amour  que 
lui  portoit  son  serviteur,  par  le  legs  pieux  qu'il  lui  faisoit 
de  ses  enfants  pour  le  servir  après  lui,  Dieu  seul  sait 
combien  ces  quatre  Missionnaires  évangéliques  furent  af- 
fligés lorsqu'étant  encore  à  Nantes,  avant  que  de  faire  voi- 
le ils  apprirent  la  fâcheuse  nouvelle  de  ce  décès,  mais  en- 
fin, comme  ils  étoient  dans  le  dessein  de  mourir  à  tout 
pour  Dieu  ils  ployèrent  le  col  comme  des  victimes  qui 
n'alloient  pas  pour  éviter  le  sacrifice,  pour  cela  ils  ne  tour- 
nèrent pas  la  tète  en  arrière,  ils  suivoient  toujours  M.  de 
Maison-neufve  comme  celui  qui  les  devoit  mener  dans 
cette  terre  destinée  pour  être  le  champ  de  leurs  combats 
aussi  bien  que  le  théâtre  de  leurs  triomphes.  Quand  ce 
fut  le  temps  de  partir  ils  montèrent  tous  gaiement  dans 
le  vaisseau  et  se  disposèrent  à  affronter  généreusement 
pour  Dieu  les  plus  élevés  flots  de  la  mer,  il  est  vrai  que 
au  commencement  elle  sembla  être  la  maitrese  et  fit  mal 
au  cœur  à  plusieurs,  mais  la  partie  supérieure  qui  dans 
les  âmes  généreuses  et  chrétiennes  ne  cède  pas  volon- 
tiers aux  soufi^rances  corporelles  devint  la  maitres- 
se  par  la  vertu  de  la  patience  qui  les  fit  triompher  de 
toutes  les  peines  et  hasards  de  la  mer  :  Il  est  vrai  que  Dieu 
les  assista  bien  en  ce  voyage  et  que  par  une  protection 
de  sa  main  il  les  délivra  de  plusieurs  grands  etéminents 


120 

prrils  dans  losqucls  ils  clovoiont  fairo  iiaulraot'.  mais  en- 
liii  If  Ciel  (jui  1rs  (Icsiiiioil  à  autre  chose  les  délivra  du 
tous  ces  aociclents  ot  les  ayant  mis  dans  le  ileuve  St.  Lau- 
rent ils  navig'uO'rent  heureusement  vers  Québec,  ce  qui 
ne  se  fit  pas  sans  a*oiitt^r  "auparavant  des  ral'raichissements 
de  ce  pays;  parce  que  le  Père  Dequaii  (1)  Supérieur 
des  Kevds.  pères  Jésuites  et  feu  M.  Daillebout  ayant  sçu 
leur  venue  ils  s'en  allèrent  au-devant  d'eux  jusqu'à  l'Isle 
d'Orléans  ou  ils  les  régalèrent  avec  des  témoignages  d'u- 
ne si  grande  bienveillance  que  cela  les  obligea  de  venir 
passer  quelques  jours  à  Québec  {'2)  avant  que  de  monter 
au  Montréal,  contre  la  résolution  qu'ils  en  avoient  faite, 
quoi  plus  on  complimenta  M.  L'abbé  de  Quélus  sur  h^s 
lettres  de  Ci-rand-Yicaire  qu'on  savoit  qu'il  avoit  ou  qu'on 
présumoit  avoir  de  ^L  L'Archevêque  de  Kouen.  Ayant 
reçu  leurs  compliments  et  civilités  sur  ce  sujet,  il 
fut  convié,  surtout  par  un  des  Jlll.  W.  Jésuites,  de 
s'en  vouloir  servir  pour  Québec,  ce  qu'il  ne  vouloit  pas 
faire  dabord,  mais  enfin  il  acquiesça  aux  instances,  il 
n'v  avoit  rien  de  plus  doux  dans  un  pays  })arbare  com- 
me celui-ci  que  d'y  voir  ces  belles  choses,  mais  un  temps 
si  serein  ne  fut  pas  lonu'temps  sans  se  brouiller,  les  ton- 
nerres commencèrent  à  gronder  et  nos  quatre  nouveaux 
missionnaires  ne  s'enfuirent  pas  pour  en  être  mena- 
cés. Ils  se  regardèrent  comme  des  novices  sous  le  père 
maître  et  se  résolurent  de  soufi'rir  tout  au  long  la  rigou- 
reuse de  leur  noviciat.  Laissons-les  tous  quatre  sur  la 
croix  avec  !«'  \l.  \\  l'oiier  (-5),  très-dii>ne  religieux  de  la 
Compagnie  de  Jésus,  ne  disons  rien  d<»  leurs  j^einesafin 


il.  !,.•  li.  l'..I.'.iii  I)  '.111. -H.   .1.  V. 

r2,  Ils  il'li.ir  (iii-P-nt  à  yiH'lMT  If  i'.)  Juilli'l  ir»,')?.  siiivjinl    Ir  jniiriuil    MS. 
fies  JfMiilt's,  i-l  non  pas  !••  In-nlf  mai,  «•(nni»»'  ilil    la  l.isir  dis   pirlirs,  ini- 
|iniui-r'  à  Qiu'Im'c  en  ISiJ'i,  flnv  T.  (Imy.  (.1.  V.) 
.1)  Li-M-z  lunjinn»  l'"i i     il  -i.'ii.iit  .lin^i    i.l    \',) 


121 

que  le  ciel  découvrant  un  jour  toute  chose  à  la  fois, 
fasse  voir  en  même  temps  la  sincérité  d'un  chacun  dans 
son  procédé,  et  la  raison  pourquoi  il  a  permis  tout  ce  qui 
é'est  passé  :  J'espère  que  nous  verrons  que  comme  tous 
ont  eu  bonne  intention,  que  tous  aussi  en  auront  des  ré- 
compenses, tant  ceux  qui  auront  jette  les  balles  que  ceux 
qui  les  auront  reçues  :  Quant  à  ce  qui  est  du  reste  des 
choses  qui  regardent  le  Montréal  nous  n'avons  rien  à  vous 
en  dire  pour  cette  année,  si  ce  n'est  la  joie  singulière 
qu'on  y  reçut  d'y  voir  tous  ces  quatre  Messieurs,  mais 
cette  satisfaction  ne  dura  pas  longtemps  et  fut  bientôt 
mélangée  de  tristesse  par  la  venue  du  R.  P.  Ponset  qui  fit 
descendre  M.  l'Abbé  de  Quélus  à  Québec  afin  d'y  exer- 
cer pendant  ce  temps  les  fonctions  curiales. 


N 


HISTOIRE    DU    MONTREAL. 


Di;  l'iiiUoiuiie  1607  jus(ju  à  rautoiuiK-  \bltH  an 
df'parl  dos  vaissftau.x  du  Canadas. 

Nous  avons  uuo  histoiro  biou  funeste  pour  commen- 
cer cette  année,  si  toutefois  nous  pouvons  trouver  quelque 
chose  qui  puisse  être  nommé  de  la  sorte  entre  les  gens  de 
bien,  la  chose  arriva  ainsi  :  Le  2ô  Octobre  1657,  un  excel- 
lent menuisier  appelé  Nicolas  Godet  que  la  compagnie 
du  Montréal  a  voit  tait  venir  avec  toute  sa  famille  par  Nor- 
mandie dès  l'année  U>41,son  gendre  Jean  ISainct-Père, 
homme  d'une  piété  aussi  solide,  d'un  esprit  aussi  vif  et 
tout  ensemble,  dit-on,  d'un  jugement  aussi  excellent  qu'on 
ait  vu  ici,  furent  cruellement  assassinés  à  coups  de  fu- 
sils avec  leur  valet  (1)  en  couvrant  leur  maison,  par  des 
traitres  hiroquois  qui  vinrent  en  paix  parmi  nous,  com- 
me n'ayant  plus  de  guerre  les  uns  avec  les  autres  depuis 
cette  paix  dernière  et  solennelle  dans  laquelle  il  nous 
avoient  rendu  nos  gens  et  nous  leur  avions  remis  ceux  des 
leurs  qui  étoient  dans  nos  prisons.  Certes  cette  perfide 
rupture  nous  fut  bien  fâcheuse,  car  il  est  bien  diihcile  de 
recouvrer  des  gens  tels  que  nous  les  perdîmes,  il  est 
bien  sensible  de  voir  périr  les  meilleurs  habitants  qu'on 
ait  par  des  lâches  infâmes  qui  après  avoir  mangé  leur 
pain  les  surprennent  désarmés,  les  font  tomber  comme 
des  moineaux  de  dessus  le  couvert  d'une  maison  :  au  res- 
te le  ciel  trouva  cette  action  si  noire,  que  ces  barbares 
s'enfuyant  trop  vite  pour  recevoir  ici  la  punition  de  leur 


(I)  1607,  Ocl.  "20,  Nicolas  Go<lé,  Jean  St. l'en.'  ^t  .lac(ia'^«  Novl,  assaj'siné.» 
par  le?  Iroquois.  [Heg.  de  la  l'aut'txf.)  (J.  V.j 


128 

crime,  il  les  punit  par  des  reproches  qu'il  tira  de  la  langue 
d'un  de  ceux  qu'ils  avoient  tués,  ce  que  j'avance  est  un 
dire  commun  qui  prend  son  origine  de  ces  mêmes  assassi- 
nateurs,  lesquels  ont  assuré  que  la  tête  de  l'eu  St.  Père 
qu'ils  avoient  coupée  leur  fit  quantités  de  reproches  en 
remportant,et  qu'elle  leur  disoit  en  fort  bon  Iroquois,quoi- 
que  ce  défunt  ne  l'entendît  point  en  son  vivant  :"Tu  nous 
tues,  tu  nous  fais  mille  cruautés,  tu  veux  anéantir  les  fran- 
çois,  tu  n'en  viendras  pas  à  bout,  ils  seront  un  jour  vos 
maîtres  et  vous  leur  obéirez,  vous  avez  beau  faire  les  mé- 
chants." Les  Iroquois  disent  que  cette  voix  se  faisoit  en- 
tendre de  temps  en  temps  le  jour  et  la  nuit  à  eux,  que  cela 
leur  faisoit  peur  et  les  importunant,  tantôt  ils  la  mettoient 
dans  un  endroit,  tantôt  dans  un  autre  ;  que  même  parfois 
ils  mettoient  quelque  chose  dessus  afin  de  l'empêcher 
de  se  faire  ouir,  mais  qu'ils  ne  gagnoient  rien,  qu'enfin  ils 
l'écorchèrent  et  en  jettèrentle  crâne  de  dépit,  que  toute 
fois  ils  ne  cessoient  pas  d'entendre  la  voix  du  côté  où 
ils  mettoient  la  chevelure,  que  si  cela  est  comme  il  y  a 
peu  d'apparence  que  ceci  soit  une  fiction  sauvage,  il  faut 
dire  que  Dieu  sous  les  ombres  de  ce  mort  vouloit  leur  fai- 
re connoître  en  leur  faisant  ces  reproches  ce  qui  a  arrivé 
depuis,  que  si  on  en  veut  douter  je  donne  la  chose  pour 
le  même  prix  que  je  l'ai  reçue  de  personnes  dignes  de  foi, 
entre  lesquels  je  puis  dire  que  la  dernière  qui  m'en  a 
parlé  et  qui  dit  l'avoir  ouï  de  la  propre  bouche  de  ces 
Iroquois  est  un  homme  d'une  probité  très-avérée  et  qui 
entend  aussi  bien  la  langue  sauvage  que  je  puis  faire  du 
françois,  cela  étant  j'ai  cru  devoir  vous  rapporter  la  cho- 
.se  dans  l'ingénuité  qu'on  y  peut  remarquer,  etjecroirois 
manquer  si  je  lalaissois  dans  robscurité  du  silence.  Depuis 
ce  désastre  arrivé  on  commença  mais  un  peu  trop  tard  à 
86  tenir  sur  ses  gardes  et  à  ne  plus  souffrir  les  Iroquois 
plus  proche  que  la  portée  du  fusil,  ce   qui  fit  qu'ils    ga- 


^'24 

jriK'roiit  l'ort  pou  sur  nous.  If  reste  de  cotte  année,  et  que 
tout  ce  qu'ils  firent  tourna  à  leur  désavantage.  Le  petit 
printemps  nous  fournit  une  histoire  qui  mérite  d'avoir 
ici  son  lieu  et  place,  ce  lut  l'arrivée  de  50  François  les- 
quels abordèrent  ici  le  3  Avril  sous  le  commandement 
de  M.  Dupuy  à  la  conduite  des  KK.  PP.  Jésuites  qui 
avoient  été  ohlii^és  de  quitter  la  mission  des  Onontahé, 
crainte  d'y  être  cruellement  brûlés  par  ces  barbares,  plu- 
sieurs de  leurs  gens  moins  disposés  qu'eux  à  ce  genre  de 
mort  et  à  tous  autres  qu'il  plairoit  à  la  providence  envoy- 
er en  eurent  une  telle  frayeur  qu'ils  n'en  furent  guéris 
qu'à  la  vue  du  Montréal, lequel  a  fait  plusieurs  fois  de  sem- 
blables miracles  ;  au  reste  tout  ce  monde  arrivé  on  tâcha 
de  leur  faire  les  meilleures  réceptions  qu'il  fut  possible  et 
pour  tacher  d'y  mieux  réussir  on  les  sépara  et  on  en  mit 
une  partie  au  Château  et  l'autre  partie  en  cette  communau- 
té à  laquelle  on  accorda  la  grâce  d'y  précéder  (l)lesRR. 
PP.  Jésuites.  Depuis  cette  Hotte  arrivée  ici  il  ne  se  passa 
rien  qui  mérite  d'être  écrit  jusqu'aux  nouvelles  de 
France,  lesquelles  nous  apprirent  que  le  tonnerre  qui 
avoit  menacé  l'an  dernier  nos  quatre  missionnaires,  com- 
me nous  avons  vu,  avoit  fait  liraiid  ])ruit  en  plusieurs 
endroits  du  Ivoyaume,  ce  qui  lit  que  M.  l'Abbé  de  Qué- 
lus  quitta  Qué])ec  pour  venir  consoler  le  Montréal  de  sa 
présence,  il  y  vint  demeurer  au  grand  contentement 
de  tout  le  monde  mais  surtout  de  Messrs.  Souart  et  Gal- 
linier  qui  ne  craiirnirent  pas  de  s'avancer  bien  loin  dans 
les  bois  sans  crainte  des  ennemis,  alin  d'aller  au  devant 
de  sa  barque,  pour  lui  témoigner  la  joie  qu'ils  avoient 
de  son  retour.  Or  M.l'j^bbé  de  Quélus  étant  au  Montréal, 
aussitôt  Molle.  Manco  qui  étoit  depuis  18  mois  estropiée 
d'un  bras  par  l'accident  que  nous  avons  marqué,  lui  dit  : 

(I)  PossiMior  (?) 


125 

"  Mons.,  voila  que  mon  bras  s'empire  an  lien  de  se  guérir, 
il  est  déjà  quasi  tout  desséché  et  me  laisse  le  reste  du 
corps  en  danger  de  quelque  paralysie,  je  ne  le  puis  au- 
cunement remuer,  même  on  ne  me  peut  toucher  sans  me 
causer  les  plus  vives  douleurs,  cet  état  m'embarrasse  fort; 
surtout  me  voyant  chargée  d'un  hoj^ital  auquel  je  ne  puis 
subvenir  dans  l'incommodité    ou  je  suis  et  l'état  ou  je 
me  A'ois   obligée  de  rester  pour  le  reste  de   mes  jours, 
cela  étant  voyez  ce  qu'il  est  à  propos  que  je  fasse  ;    ne 
seroit-il    pas  bon    que  j'allasse    en    France    trouver    la 
fondatrice  pendant  qu'elle  est  encore  vivante,  et  que  je 
parlasse  à  Messrs.  de   la  Compagnie  du  Montréal  afin 
d'obtenir  de  la  fondatrice,  s'il  se  peut,  un  fonds  pour  des 
religieuses,  puisque  aussi  bien  la  compagnie  du  Montréal 
n'est  pas  présentement  en  état  de  faire    cette  dépense 
avec   les  autres  que  ce  lieu  requiert,  et  que  je  ne   peux 
plus  vaquer  aux  malades;  que  si  je  puisréussir  je  tâche- 
rai d'amener  ces  bonnes  Religieuses  de  la  Flèche  avec  les- 
quelles feu  M.  Ollier  et  les  autres  associés  ont,  il  y  a  déjà 
longtemps,  passé  contract  pour  le  même  dessein (1)  ;  qu'en 
dites-vous,  Monsieur  ?  "    "  Yous  ne  pouvez  mieux  faire," 
lui  dit-il  témoignant  beaucoup  de  joie  et  de  cordialité  la- 
dessus.  Delà  à  quelques  jours  M.  Souart  part  pour  Québec, 
M.  L'Abbé  lui  ayant  dit  qu'une  des  Mères  Hospitalières 
de  ce  lieu  là  avoit  grand  besoin   de  changer  d'air,   que 
comme  c'étoit  une  personne  de  mérite,  il  falloit  tâcher 
de  lui  sauver  la  vie,  qu'il  feroit  fort   bien  de  descendre 
pour  cela,  parce  que  ayant  la  connoissance  de  la  méde- 
cine outre  son  caractère  sacerdotal,  aussitôt  qu'il  donne- 
roit  son  suffrage  à  ce   qu'elle  montât  ici  pour  changer 
d'air,  on  ne  manqueroit  pas  de  la  faire  venir  ;  ce  bon  M. 
ayant  ouï  ce  discours  se  disposa  de  partir  au  plus  vite 


11)  Le  31  déct'mbiv,  l(j5G.  (J.  V.) 


126 

pressé  par  cette  même  charité  qui  sans  lui  donner  loisir 
de  réfléchir  le  porte  tous  les  jours  chez  les  malades,  afin 
de  les  assister,  quand  il  en  est  requis  selon  que  Sa  Sainteté 
a  trouvé  l)on  de  lui  permettre;  si  ce  M.  dessendit  promp- 
tement  à  Québec  il  remonta  encore  aussi  vite  à  Montréal 
avec  cette  bonne  Religieuse  malade  et  une  de  ses  com- 
patifnes.  .Ces  deux  Ueligieuses  étant  à  terre,  M.  L'Abbé 
de  Quélus  qui  n'avoit  pas  pensé  à  dire  la  raison  pour  la- 
quelle il  aA'oit  trouvé  à  propos  d'envoyer  M.  Souart  à  Qué- 
bec, soudainement  vint  avertir  de  tout  ceci  Melle.  Mance 
qui  ne  savoit  rien  de  tout  ce  qui  se  passoit  lui  disant  : 
*•  Voilà  deux  bonnes  filles  hospitalières  (1)  qui  arrivent  à 
cause  que  l'une  d'entre  elles  a  eu  besoin  de  changer  d'air, 
elles  vous  vont  venir  saluer  et  demander  le  couvert;"après 
cela  ces  deux  bonnes  filles  entrèrent,  auxquelles  cette 
bonne  demoiselle  un  peu  interdite  fit  la  meilleure  récep- 
tion qu'elle  pût, ensuite  de  quoi  elle  leur  dit  agréablement: 
'•  Vous  venez,  mes  Mères,  et  moi  je  m'en  A'ais.  "  Que  si 
cette  répartie  d'esprit  fit  voir  son  soupçon  cela  lui  étoit 
pardonnable,  d'autant  que  l'innocence  de  cette  conduite 
eut  paru  un  peu  jouée  à  beaucoup  d'autres  ;  Après  avoir 
causé  quelque  temps  avec  elles  elle  prit  son  temps  pour  al- 
ler voir  M.  de  Maison-neufve,  lequel  croyant  quelle  avoit 
fait  venir  ces  deux  Religieuses  étoit  étonné  de  ce  qu'elle 
ne  lui  en  avoit  rien  dit,  c'est  pourquoi  il  la  regarda  un  peu 
froid,  surtout  parce  qu'il  soup(,'onnoit  quelque  dessein  d'é. 
tablissement  contre  le  contrat  que  feu  M.Ollier  avoii 
fait  conjointement  avec  les  associés  en  fav«'ur  d(>s  Reli. 
gieuses  de  la  Flèche  ;  mais  yui  peu  d'éclaircissement  sur 
le  tout  leur  ayant  fait  connoitre  qu'ils  n'étoient  pas  plus 
savants  l'un  que  l'autre  en  cette  matière,  et  que  ces  bon- 

;l)  1,0-  HU  M.\  .  Mari"  \Wtv  Hi'iilic  il.-  la  .N'.iiivii.-  .-i  .liaiiii'-  Ttis.  Apin'H 
<!«•  Si.  l'.iul.  Klli- arri\i*nrit  à  MmuIpmI  vrs  la  tin  d.- St*|iti'niliio  lOfiS. 
(.1.  V.) 


127 

nés  filles  ne  venoient  que  pour  prendre  l'air  afin  de  se 
guérir,  ils  se  mirent  à  rire  de  la  fausse  allarme,  se  sépa- 
rèrent bons  amis  et  Melle.  Mance  s'en  retourna  trouver 
ces  chères  hôtesses  avec  lesquelles  elles  fut  deux  jours 
et  deux  nuits,  après  lesquelles  elle  les  laissa  dans  sa 
maison  de  l'hôpital,  et  s'embarqua  pour  la  France, 
toute  remplie  d'un  religieux  amour  vers  ces  deux  bon- 
nes et  pieuses  filles,  aussi  bien  que  pour  toute  leur  mai- 
son où  Dieu  est  admirablement  bien  servi,  d'où  elle  au- 
roit  bien  voulu  dérober  pour  toujours  un  aussi  riche  tré- 
sor que  ces  deux  hôtesses,  sans  les  filles  de  la  Flèche 
auxquelles  elle  pensoit  uniquement  à  cause  de  l'élection 
qui  en  avoit  été  faite  (1).  Étant  à  Québec  elle  y  séjour- 
na 8  jours  à  l'hôpital  ou  elle  fut  fort  régalée  en  témoi- 
gnage des  reconnaissances  du  bon  accueil  qu'elle  avoit 
fait  à  leurs  sœurs  au  Montréal,  ensuite  de  quoi  elle  s'em- 
barqua pour  ne  mettre  désormais  pied  à  terre  que  dans 
l'Europe.  (2) 


(1)  Voir  App.  VI.  (J.  V.) 

(2)  Elle  partit  de  Québec  le  1 4  Oct.  1 668.  (Journal  des  Jésuitos.)  J.  ▼. 


HISTOIRE    DU   MONTREAL. 


!)•'  raulfimin'    l().')H  jusqu'à  raulomrii-  IfiôO,  au 
ili-|»,ii-t  dos  iiavin-s  ilu  <  l.iiiad.is. 

Le  Montréal  ne  nous  fournit  pas  des  matières  fort  con- 
sidérables pour  l'histoire  jusqu'à  l'arrivée  des  vaisseaux 
de  cette  année,  d'autant  que  chacun  se  tint  si  bien  sur 
ses  gardes  à  cause  de  la  guerre,  que  fon  se  para  de  l'em- 
bûche de  l'ennemi,  ce  que  nous  pouvons  dire  seulement 
c'est  que  messieurs  du  Séminaire  de  St.  Sulpice  ayant 
pris  deux  terres  aux  deux  extrémités  de  cette  habitation 
cela  servit  grandement  à  son  soutien  à  cause  du  grand 
nombre  de  gens  qu'ils  avoient  en  l'un  et  l'autre  de  ces 
deux  lieux  qui  étoiont  les  deux  frontières  du  Montréal. 
Il  est  vrai  qu'il  leur  en  a  bien  coûté  surtout  les  deux  j^re- 
mières  années  à  cause  d'une  pieuse  tromperie  que  leur 
fit  M.  de  la  Doversière,  qui  sachant  la  nudité  ou-tous  les 
habitants  étoient  alors  leur  dit  qu'ils  n'avoient  pas  be- 
soin de  mener  beaucoup  de  gens,  qu'ils  en  trouveroient 
assez  au  Montréal  pour  faire  leurs  travaux,  qu'ils  n'a- 
voient qu'à  bien  porter  des  étoffes  et  denrées,  que  moy- 
ennant cela  ils  feroient  subsister  les  habitants  du  lieu  et 
feroicnt  faire  en  même  temps  ce  qu'ils  voudroient  :  Il 
est  vrai  que  l'invention  fut  bonne  car  ils  trouvèrent  un 
chacun  ici  dans  un  tel  besoin  de  ces  choses  que,  sans  ce 
secours,  il  n'y  eut  pas  eu  moyen  d'y  résister:  La  providen- 
ce est  admirable  qui  prévoit  à  tout  :  Pour  les  autres  an- 
nées ces  Messieurs  firent  venir  quantité  de  domestiques 
à  cause  de  la  grande  chèreté  des  ouvriers  qui  dans  la 
suite  n'ayant  pas  de  si  mauvaises  années  ont  été  bien  ai- 


129 


se  de  travailler  plus  pour  soi  que  pour  autrui  ;  puisque 
le  Montréal  se  trouve  ici  pauvre  en  ce  qui  regarde  l'his- 
toire, passons  un  peu  en  France  et  voyons  s'il  ne  s'y  fait 
rien  à  son  sujet  qui  nous  donne  lieu  de  nous  entretenir, 
surtout  voyons  ce  qui  arrive  à  Melle.  Mance  et  disons  ce 
qui  lui  arriva  dans  le  séjour  qu'elle  y  fit,  ce  qui  se  passa 
de  la  sorte.  Elle  ne  fut  pasplustôtà  la  Rochelle  que  pre- 
nant un  branquart  à  cause  que  l'état  ou  étoitson  bras  ne; 
lui  permettoit  pas  une  autre  voiture,  elle   alla  droit   à  la 
Flèche  trouver  M.  de   la  Doversière,  qui  lui  lit  un  visa- 
ge   fort   froid  à   cause  de  quelques    mauvais  avis  qu'on 
lui  avoit  donné  du  Canadas,   appuyé  sur  ces  mauvaises 
nouvelles  il  croyoit  que  cette  demoiselle  venoit  pour  lui 
faire  rendre  compte,  afin  de  se  détacher  de  la  compao-uie 
et  qu'elle  vouloit  d'autres  filles  pour  l'assistance  de  l'hôpi- 
tal du  Montréal  que  celles  qui   avoient  été   choisies  par 
les    associés  : —Voilà     le    rafraichissement     que     cetie 
infirme  eut    à  son    abord    pour    les    travaux    de     son 
voyage  ;  mais    enfin  le    tout    étant     éclairci    on  se    ra- 
paisa    et  l'union  fut    plus    ]>elle    que  jamais,    si     bien 
qu'elle    se  vit  en   état  de  partir  en  peu  de  jours  pour 
Paris,  plus  joyeuse   qu'elle  ne  se  vit  à  son  arrivée  à  la 
Flèche.    Etant  à  Paris  elle  vit  aussitôt  M.  de  Breton-Yil- 
liers  le  Supérieur  du  Séminaire  St.  Sulpice,  et   Madame 
sa  chère  fondatrice,  qu'elle  rendit  les  témoins  occulaires 
de  son  pitoyable  état  auquel  ils  prirent  une   part  bien 
singulière  ;  quelques  jours  après  elle  vit    tous  les   Mes- 
sieurs delà  Compagnie  du  Montréal  asseml)lés,  auxquels 
elle  fit  un  fidèle  rapport  des  choses  comme  elles  étoient 
ici,  après  cela  elle  leur  témoigna  bien  au  long  l'impossi- 
bilité où  elle  étoit  de  subvenir  à  l'hôpital,  si^dle  n'étoit 
secourue;  que  son  âge  et  son  infirmité  l'en  empéchoient 
absolument,  qu'elle  croyoit  que  le  temps  étoit  venu  d'en 
voyer  ces  bonnes  filles  sur  lesquelles  feu  M.  Ollier  et  tous 


o 


130 

eux  avoit  .j«'tté  la  vui',  quelle,  l'croit  sou  possible  auprès 
de  sa  chère  Dame  pour  en  obtenir  hi  iondation,  qu'elle 
osoit  tout  espérer  de  sa  bonté  :  eux  lui  ayant  témoigné 
la  reconnoissance  qu'ils  avoient  à  sa  sollicitude  parlèrent 
tous  unanimement  de  son  infirmité  et  dirent  qu'il  ialloit 
la  l'aire  voir  sans  tarder  au  j)lus  expert,  alin  de  tenter  par 
toutes  les  voies  possibles  sa  auérison.  Là  dessus  l'eu  M. 
Duplessis-Monbar  d'heureuse  mémoire,  ajouta  que  Melle. 
Ohahue  sa  sœur  la  meneroit  en  son  carosse  chez  les  per- 
sonnes qu'on  nomma  et  qu'on  crut  les  plus  habiles  :  La 
chose  s'exécuta  comme  on  l'avoit  résolue  mais  sans  aucun 
i'ruit,  car  dans  toutes  les  consultes  on  répondoit  qu'il  n'y 
avoit  rien  à  l'aire,  que  le  mal  étoit  trop  urand  et  invété- 
ré, que  de  plus  elle  étoit  trop  âgée,  qu'il  l'alloit  même 
prendre  «arde  que  ce  mal  de  bras  ne  se  communiquât 
au  corps,  que  sa  main  et  son  bras  ayant  la  peau  aussi  sè- 
che qu'un  cuir  à  (b^ni  préparé,  qu'étant  sans  la  moindre 
liberté  d'en  user,  que  les  parties  étant  toutes  atrophiées 
et  glacées  de  froid  sans  conserver  d'autre  sensibilité  ql^e 
pour  lui  causer  de  grands  tourm«'nts  lorsqu'on  la  louchoit, 
il  y  avoit  bien  à  craindre  que  le  côté  droit  de  son  corps 
ne  vint  participant  des  infirmités  de  son  bras  :  que  si 
quelques  charlatans  osoient  entreprendre  sa  guérison  au 
lieu  de  la  soulager  ils  attireroient  et  irriteroient  les  hu- 
meurs qui  la  rendroient  paralitiquc  de  la  moitié  du 
corps,  Mde.  Chahu  entendant  ce  langage  des  plus  ha- 
biles de  Paris  emmena  son  infirme,  laqiielle  commença 
de  solliciter  sa  Dame  pour  les  filles  de  la  Flèche,  Or  cet- 
te pieuse  fondatrice  ayant  compassion  d'elle  et  étant  bien 
afïlisrée  de  l'état  irrémédiable  ou  elle  la  voyoit  se  résolut 
de  l'assister  et  donna  20,  OOO.d  pour  l'établissement  des 
filles  qu'elle  lui  proposoit,  ce  qui  réjouit  extrêmement 
les  associés,  lesquels  en  rendirent  grâce  à  Dieu  et  a  Melle. 
Mance  qui  ménageoit  ainsi  des  secours  par  sa  prudence  : 


131 

travaux  qui  furent  si  agréables  à  notre-Seigneur  qui  les 
voulut  reconnoître  par  un  miracle  authentique  qui  se  lit 
dans  la  chapelle  du  Séminaire  St.  Sulpice,   le  jour  de  la 
Purilication,  ou  Dieu  A^oulut  honorer  la  mémoire  de  feu 
M.  Ollier  son  serviteur,  donnant  à  son  cœur  le  moyen  de 
témoigner  sa  gratitude  à  celle  qui  pour  lors  s'employoit 
si  fortement  en  laveur  de  cette  Isle  à  laquelle  il  prenoit 
tant  de  part   lorsqu'il  étoit  vivant,  et  dont  Dieu  veut  bien 
qu'il  prenne  la  protection   après  sa  mort  ;  Comme  nous 
allons  voir  par  le  détail  de  ce  miracle  que  nous  pouvons 
dire  bien  grand;  puisqu'il  se  réitère  tous  les  jours  à   la 
vue  d'un  chacun  et  selon  l'aveu  de  tous  ceux  qui  veulent 
prendre  la  peine  de  voir  le  bras  sur  lequel   il  est  opéré 
et  s'opère  incessamment,  décrivons-en  l'histoire  ;  Quel- 
ques jours  avant  la  Purification,  Melle.  Mance  étant  allée 
voir  M.  De  Breton-Villiers  au  Séminaire  de  St.  Sulpice 
toute  remplie  du  respect  qu'elle  conservoit  pour   M.  Ol- 
lier, elle  lui   demanda  ou  étoit  son  corps   et  son  cœur 
qu'on  lui  avoit  dit  être  enchâssé  séparément,  qu'elle  eut 
bien  souhaité  rendre  ses  respects  à  l'un  et  à  l'autre.  M. 
De  Breton- Yilliers  lui  dit  que  son  corps  étoit  dans  la  cha- 
pelle, qu'il  avoit  son  cœur  en  sa  chambre  et  qu'elle  vînt 
le  jour  delà  Purification  dans  le  temps  que  Messieurs  les 
Ecclésiastiques  seroient  à  l'église,  qu'alors  il  laferoit  en- 
trer dans  la  chaf)elle  parce  qu'il  ne  la  vouloit  pas  faire  ve- 
nir devant  tout  le  monde, d'autantque  les  femmes  n'ayant 
pas  coutume  d'y  aller  si  elle  y  entroit  publiquement  les 
autres  à  qui  on  en  rei'useroit   l'entrée  en  recevroient  de 
la  peine,  quant  à  lui  il  lui  diroit  la  messe,  et  lui  appor- 
teroit  le  cœur  de  feu  M.  Ollier:  Le  jour  arrivé  elle  vint 
à  l'heure  donnée,  aussitôt  qu'elle  fut  entrée   dans  le  sé- 
minaire il  lui  vint  dans  l'esprit  que  feu  M.  Ollier  luipour- 
roit  bien   rendre  la  santé,  incontinent  qu'elle  reconnut 
.  ce  qu'elle  pensoit  elle  voulut  l'éloigner  comme  une  ten- 


i;^2 

tation,  mais  voulant  chassiM*  cotte  pensée  il  lui  en  vint 
(le  plus  fortes;  ce  <jui  lui  lit  (lire  ([u'cncore qu'elle  ne  les 
niéritoit  pas,  Ce  serviteur  de  .I-C.  pouvoit  })ien  obtenir 
cette  laveur  et  même  de  plus  jrrandes,  marchant  vers  la 
chapelle  en  s'entretenant  de  la  sorte,  elle  vit  M.  Ollier 
aussi  présent  en  son  espiit  <|u"()n  le  pouvoit  av(ùr  sans 
vision: — Ce  (pii  lui  lit  ressentir  une  joie  si  irrande  pour 
les  avantages  que  ses  vertus  lui  avoient  acquises,  que 
voulant  ensuite  se  confesser  elle  avoue  qu'il  lui  fut  impos- 
sible de  le  l'aire  e1  «qu'elle  ]ie  put  din»  autre  chose  à  son 
confesseur  sinon,  '"^lons.,  je  suis  saisie  d'une  telle  joie  que 
je  ne  puis  vous  rii'ii  exprimer.  "  Cette  satisfaction  lui 
dura  pendant  toute  la  messe  et  fut  accompagnée  d'une 
certitude  intérieur»*  que  Dieu  la  guériroit  par  l'entremi- 
se do.  son  serviteur.  A])rès  que  la  messe  fut  dite,  voy- 
ant que  M.  De  Breton-Villiers  étoit  pressé  pour  l'église  à 
cause  des  cérémonies  du  jour,  elle  lui  dit,  "  Mons.,  don- 
nez-moi un  peu  ce  cœur  que  vous  m'avez  promis,  il  n'en 
faudra  pas  davantage  pour  ma  guérison,  "  d'abord  il  le 
lui  atteignit  et  la  quitta  en  lui  marquant  le  lieu  ou  elle 
le  mettroit  par  après.  Dabord  elle  prit  tout  pesant  qu'il 
étoit  à  cause  du  métal  ou  il  étoit  enchâssé  et  du  coii'ret 
de  bois  ou  le  tout  étoit  enfermé,  et  elle  l'appuia  sur  son 
écharpe  à  l'endroit  de  son  plus  grand  mal,  qui  ne  pou- 
voit être  approché  auparavant  de  la  moindre  chose  ;  Or 
ayant  appuyé  ce  petit  colfre  sur  son  bras  tout  empêché 
qu'il  étoit  de  plusieurs  et  différents  linges  attachés  d'une 
multitude  d'épeinti'les,  elle  se  mit  à  admirer  et  se  conjouir 
des  trésors  qui  avoient  été  enfermés  dans  c(^  cœur,  et 
soudiiin  voilà  qu'une  grosse  chaleur  lui  dessant  de 
l'épaule  t;t  lui  vint  occuper  tout  le  bras  qui  passa  dans 
un  instant  d'une  extrême  froideur  à  cet  état  qui  lui  est 
si  opposé.  En  même  temps  toutes  les  ligatures  et  enve- 
loppes se  dellirent  d'elles  mêmes,  son  bras  se  trouva  libre 


133 

et  se  voyant  guérie  elle  commença  àifaire  un  beau  signe  de 
croix,  remerciant  le  Tout-Puissant  qui  lui  faisoit  une  telle 
grâce  par  son  serviteur  y  ayant  deux  ans  qu'elle  n'en  avoit 
pu  l'aire  autant  de  sa  main  droite  qui  étoit  l'estropiée-Cela 
la  mit  dans  un  si  grand  transport  de  joie  l'espace  de  huit 
jours,  qu'à  peine  put-elle  manger  quelque  chose  tant  elle 
en  étoit  pâmée,    Son  action  de  grâce  faite  elle  remit  son 
bras  dans  Técharpe,  afin  que  le  portier  ne  s'apperçut  de 
rien  et  que  M.    De    Breton- Villiers  fût    le  premier  à 
apprendre  la  chose,  ainsi  elle  s'en  alla  chez  elle  ou  sa 
sœur  arriva  peu  après,  elle  voulant  exprimer  à  sa  sœur 
le  bien  qu'elle  avoit  reçu  et  ne  le   pouvant  pas  par  ses 
paroles  à  cause  qu'elle  étoit  transie  d'allégresse,   elle  se 
mit  à  agir  de  sa  main  droite  et  lui  montra  par  ses  actions 
qu'elle  n'y  avoit  plus  de  mal.   Sa  sœur  toute  transportée 
de   joie    elle  même  ne    lui    put    repartir    que  des  yeux 
dans    l'abord     mais    ayant   repris     ses    esprits  ; —  "  Ma 
sœur,  lui  dit-elle,  qu'est-ce  que  je  A^ois,  est-ce  la  sainte 
épine  qui  a  fait  cette  merveille  "  ? — "  Non,  lui  répondit- 
elle,  Dieu  s'est  servi  du  cœur  de  feu  M.  Ollier  ;  " — "  Ah  ! 
lui  répondit-elle,  il  le  faut  publier  partout  ;je  vais  le  dire 
aux   Carmes-déchaussés  et  en  tels  et  tels  endroits:"  — 
"  Non,  ma  sœur,  répondit  Melle.  Mance,  ne  le  faites  pas^ 
Messieurs  du  Séminaire  n'en  savent  rien   encore,  il  faut 
du  moins  qu'ils    le    sachent  les  premiers,    après    leur 
récréation  nous  irons  le  leur  apprendre.    Cela  dit,  elles 
se  mirent  à  table  à  cause  que  l'heure  en  étoit  venue  et 
non  pas  pour  manger,  car  il  ne  leur  fut  pas  possible  :  sur 
les  deux  heures  elles  allèrent  au  Séminaire  ou  une  partie 
des    Messieu.rs    étoient    déjà  retournés  à  l'église,  mais 
comme  M.  De  Breton-Villiers  étoit  à  la  maison   elle  le 
demanda  et  lui  dit  aussitôt  qu'elle  l'apperçut  en  état  de 
l'entendre  facilement, — "Mons.,-en  lui  montrant  sa  main, 
voilà  des  effets  de  M.  Ollier"; — M.  De  Breton-Villiers  lui 


1'^4 

répartit, — "  Voyant  votre  conliance  de  ce  matin,  je  croyais 
bien  que  vous  seriez  exaucce"  :  — Après  il  fit  appeler  ce 
qui  étoit  resté  d'éclésiastiques  au  Séminaire,  alin  d'aller 
les  uns  avec  les  autres  remercier  J)ieu  à  la  même  cha- 
pelle où  s' étoit  l'ait  le  miracle;  L'action  de  g;rftce  faite,  M. 
De  Breton-Villiers   demanda  à  Melle.  Mance  si   sa  main 
droite  de  laquelle  elle  avoit  été   guérie  étoit  assez  forte 
pour   écrire   la  vérité   du    fait  qui   s'étoit   passé,  elle   lui 
ayant  répondu  que   oui.  on  lui  donna  incontinent  du  pa- 
pier et  de  l'encre  et  elle  satisiit  à  ce  qu'on  souhaitoit,  que 
si  l'écriture  a  quelque  défaut  il  faut  accuser  l'extrême  joie 
dont  elle  étoit  émue  et  non  pas  les  inlirmités  du  bras  et 
*le  la  main  (1):  le  jour  suivant  Messieurs  les  associés  du 
Montréal  s'assemblèrent  et   firent  raconter  toute  cette 
histoire    à   cette    bonne   demoiselle    pendant     quoi    ils 
remercièrent  Dieu  de  tout  leur  cœur,  qui  laisoit  encore 
par  leur  ancien  confrère  de  telles  grâces  à  cette  Isle  en 
remettant  Melle.  Mance   en  état  d'y  rendre  encore  plu- 
sieurs   services  :    Après    cette  assemblée    Melle.    Mance 
alla   voir  sa  bonne  fondatrice,   laquelle  reçut  une  joie 
indicible  lorscju'elle  apprit  ce  miracle  et  qu'elle  lapperçut 
de  ses  yeux  y  ayant  en  cela  de  j)articulier  en  ceci  (|ue  le 
miracle  est  continuel  et  manifeste,  parce  que  les  princii)es 
des  mouvements  sont  demeurés  disloqués  comme  aupa- 
ravant, et  cependant  nv(M-  tout  cela  clic    manie  son   bras 
et  sa  main   sans    aucun»    douleur  comme  si  tout  étoit  en 
bon  état  :  ce  qui  est  un  miracle  si   visible  qu'on  ne  peut 
le  vf)ir  sans  en  être  convaincu,  c'est  aussi  ce  (juetous  les 
experts  ont  avoué  et  attesté.   Mais  passoiiN  ce  bienfait  qui 
nous  assure  ici  de   la  bienveillance  de  M    Ollier  dans  le 
lieu  même  là  ou  il  est  aujourd'hui,  et  parlons  de  ce  qui  se 
fit  au  printemps,  à  Taris.Joù  les  Messieurs  de  cette  compa- 


li  Voir  .\|i|..  No.  VII.— (I.   \.) 


135 

gnie  firent  plusieurs  assemblées  dans  deux  desquelles 
Mgr.  l'Evêque  De  Pétrée  assista  comme  venant  en  Canada 
y  faire  voir  la  première  mitre  qui  y  ait  jamais  paru  :  Dans 
ces  deux  assemblées  où  M.  de  Pétrée  lut,  on  parla  d'en- 
voyer ces  filles  de  la  Flèche  au  Montréal,  mais  ce  Prélat 
demanda  toujours  qu'on  dift'érât  d'une  année  ce  trajet, 
crainte,  disoit-il,  que  cela  ne  fit  peine  à  une  certaine  per- 
sonne qu'il  croyoit  avoir  d'autres  desseins,.. Ces  Messieurs 
de  la  compagnie  lui  répondirent  qu'ils  pouvoient  bien  l'as- 
surer que  celui  dont  il  parloit  n'auroit  pas  d'autre  senti- 
ment que  le  leur,  que  le  fondement  qu'on  prenoit  de  soup- 
çonner le  contraire  n'étoit  que  présumé  et  qu'on  avoit 
avoit  tout  lieu  de  ne  pas  le  croire,  qu'au  reste  on  avoit  si 
grand  besoin  de  C'S  filles  pour  le  soulagement  de  l'hôpi- 
tal du  Montréal,  que  n'ayant  aucune  vue  ni  dessein  pour 
d'autres,  on  le  supplioit  de  trouver  bon  qu'elles  pas- 
sassent cette  année-là  :  Après  ces  assemblées  et  cette 
prière  faite  à  M.  de  Pétrée,  le  temps  de  partir  étant  venu, 
Melle.  Mance  s'en  alla  à  la  Rochelle,  à  8  lieues  de  laquelle 
il  y  lui  arriva  un  accident  qui  la  de  voit  du  moins  disloquer 
tout  de  nouveau  si  la  main  qui  lui  avoit  donné  la  santé 
n'eut  eu  le  soin  de  la  lui  conserver,  ce  qui  arriva  de  la 
sorte.  Les  chiens  ayant  fait  peur  à  un  cheval  ombrageux 
sur  lequel  elle  étoit,  cet  animal  se  lança  si  haut  pardes- 
sus un  fossé  et  en  même  temps  la  jetta  si  loin  et  si 
rudement  sur  sa  main  autrefois  estropiée  qu'on  a  attri- 
buée à  une  charitable  protection  du  ciel  qu'elle  en  eut 
été  quitte  comme  elle  l'a  été  par  une  légère  écorchure, 
sans  rien  rompre,  ni  démettre,  ce  qui  n'empêcha  pas 
.qu'une  certaine  plume  trop  libre  prit  là,  la  peine,  assez 
mal  à  props,  d'écrire  contre  ce  qui  s'étoit  passé  au  sujet 
de  ce  bras  à  Paris,  usant  de  ces  termes  nouveaux  pour 
rendre  ridicule  ce  fait  dans  une  lettre  qu'il  écrivoit  à  un 
bon  Père  Jésuite   à  la  Rochelle  au  sujet  de  Melle.  Man- 


136 

ce: — •  Enfin  lo  miraclo  est  d(''iniracl»'' et  la  <hullt' arrivée 
à  la  (lomoisello  l'a  mise  on  pareil  état  qu'autrelois.  "  Le 
Père  à  qui  on  éorivoit  se  connoissant  l)ien  aux  ruptures 
et  dislocations  vint  voir  si  cela  étoit  vrai  il  parla  à 
cette  demoiselle  comme  si  on  eut  voulu  al)user  le  monde, 
mais  alors  elle  lui  dit:  "  Mon  Père,  vous  avez  été  mal 
informé  car  tant  s'en  faut  que  ma  ehuto  doive  diminuer 
l'estime  du  miracle  opéré  sur  moi,  elle  la  doit  augmenter, 
car  j(^  devrois  m'ètre  cassé  et  disloqué  le  bras,  au  reste, 
mon  Père,  voyez  si  le  miracle  de  Paris  n'est  pas  véritable. 
Il  subsiste  encore,  regardiez  ce  bras  et  en  portez  votre 
jugement;"  Ce  Ixm  père  s'approdia  cl  ayant  témoigné  la 
vérité  il  dit  tout  haut,  — "Ah  !  j'écrirai  à  celui  qui  m'a 
fait  la  lettre,  qu'il  faut  respecter  ceux  que  Dieu  veut 
honorer,  il  a  voulu  faire  connoitre  son  serviteur,  il  no 
faut  pas  aller  contre  sa  volonté,  il  faut  lui  rendre  ce  que 
Dieu  (veut)  que  nous  lui  rendions." — Voilà  ce  qui  se 
passa  dans  la  ville  de  la  Ivoc-helle,  ou  Melle.  Mance  trou- 
va la  bonne  Sœur  Marguerite  Bourgeois  de  lacjuelle  nous 
avons  parlé  ci-devant,  elle  j'avoit  accompagnée  dans 
son  voyage  en  France  alin  de  l'assister  dans  son  infirmité  • 
Quant  à  son  retour  Mlle.  Manceavoit  trouvé  bon  qu'elle 
se  rendit  la  premièl-e  à  la  Rochelle  avec  une  compagnie  do 
32  filles  (ju'elle  amenoitavec  elle  pour  le  Montréal,  nux- 
(j[Uelles  cette  bonnes(Diira  .servi  de  Mère  dansée  voyage, 
pendant  toute  la  routi'  et  même  jusqu'à  ce  qu'elles  aienr 
été  pourvues,  ce  qui  nous  fait  dir«'  qu'elles  ont  été  bien 
heureus"s  d'èlre  tombées  dans  de  si  bonnes  mains  que  les 
siennes  :  .Vu  reste,  il  faut  <pu'  je  dise  encore  un  mot  de 
cette  bonne  lille,  })ien  qu'il  ne  soit  pas  trop  approuvé, 
c'est  qu'un  homme  riche  et  vertueux  de  la  compagnie  lui 
voulant  donner  en  ce  voyage  du  bien  pour  l'établir  ici, 
elle  ne  voulut  l'aecepter,  appréhendant  que  cela  ne  fit 
tort  à  cet  esprit  de  pauvreté  qu'elle  conserve  si  religieu- 


137 

sèment  ;  Dieu  sans  doute  lequel  fait  plus  par  ces  per- 
sonnes détachées  que  par  les  efforts  des  plus  riches 
favorisera  de  ses  bénédictions  cette  amatrice  de  la  pau- 
vreté. Mais  venons  aux  Religieuses  de  la  Flèche  aux- 
quelles Melle.  Mance  et  la  Compagnie  avoient  écrit  tout 
ce  qui  s'étoit  passé  et  qui  étoient  demeurées  d'accord 
que  trois  filles  de  cette  maison  ou  de  celles  de  ses 
dépendances  iroient,  cette  année-là,  au  Montréal,  pour 
l'exécution  de  ce  dessein,  le  printempsétant  venu  Melle. 
Manee  écrivit  à  ces  Religieuses,leur  donna  le  rendez-vous 
à  la  Rochelle  et  envoya  pareillement  une  lettre  à  M.  de  la 
Doversière  qui  les  devoit  mener  à  leur  embarquement, 
donnant  avis  aux  uns  et  aux  autres  qu'elle  ne  manque- 
Toit  pas  de  s'y  rendre  par  une  autre  voie  qu'elle  leur 
marqua  :  Les  Religieuses  de  la  Flèche  sur  cet  avis  afin 
de  se  rendre  prêtes  au  temps  qu'on  leur  marquoit  firent 
venir  au  plus  tôt  de  leur  maison  de  Baugé  et  du  Ludde 
les  sœurs  Maer,  (1)  De  Bresolle  (2)  et  Maillot  (3)  qui 
étoient  les  trois  victimes  destinées  pour  le  Canadas  qui 
se  rendirent  pour  cet  eflet  promptement  et  avec  joie  à 
leur  maison  de  la  Flèche,  afin  qu'on  n'attendit  pas  après 
elles  quand  on  seroit  près  de  partir.  Or  ce  coup — c'étoit 
un  coup  du  Ciel  et  comme  les  affaires  de  Dieu  ne  se  font 
jamais  sans  de  grandes  difficultés  pour  l'ordinaire,  celle- 
ci  n'en  manqua  pas.  Quand  il  fut  question  de  l'exécuter, 
Monseigr.  Dangers  (4)  se  trouva  si  difficile  pour  son  obédi- 
ence qu'on  désespéra  quasi  de  l'avoir,  M.  de  la  Dover- 
sière qui  étoit  le  principal  ar-boutant  de  l'affaire  et 
sans  lequel  il  n'y  avoit  rien  à  espérer  pour  elles  se  trou- 
.  va  si  mal  que  trois  jours  avant  de  partir  il  fut  en  danger 
de  mort  et  les  médecins  jugèrent  qu'il  ne  releveroit  pas 

(t)  Macé.  (2)  De  Bresole,  (3)  Maillet.  (J.  V.) 
(i)  d'.Vngi?rs.  (J.  V.) 


138 

de  cette  maladie.  Mais  Dieu  qui  vouloit  seulement  sceller 
cette  entreprise  du  sceau  de  sa  Croix  et  non  pas  la  détrui- 
re, voulut  que  dans  deux  jours  il  i'ut  assez  rétabli  pour 
oser  entreprendre  le  voyage  de  la  Rochelle  ;  le  lendemain 
il  ne  manquoit  pour  cela  que  Tobédiance  de  Mgr.  Dangers 
qui  arriva  le  même  jour  que  la  restitution  de  sa  santé, 
ce  qui  lit  qu'on  résolut  de  partir  la  journée  suivante. 
Cela  étant  sçu  dans  la  ville  il  se  lit  une  émeute  populaire, 
chacun  murmura  et  dit  —  "  M.  de  la  Doversière  t'ait 
amener  des  hlles  par  force  en  ce  couvent,  il  les  veut 
enlever  cette  nuit,  il  faut  l'en  empêcher."  Voilà  tout  le 
monde  par  les  rues,  chacun  lit  le  guet  de  son  côté,  plu- 
sieurs disoient  en  se  l'imaginant, —  "  Voilà  que  nous  les 
entendons  crier  miséricorde.  "  Enfin  plusieurs  ne  se  cou- 
chèrent pas  cette  nuit-là  pour  ce  sujet,  dans  la  ville  de  la 
Flèche,  néanmoins  à  dix  heures  du  matin  on  se  résolut 
de  les  faire  partir  mais  pour  en  venir  about  on  y  eut  bien 
de  la  peine,  il  fallut  que  M.  Saint- André  et  les  autres 
qui  dévoient  les  assister  dans  leur  voyage  missent  l'épée 
à  la  main  et  lissent  écarter  le  peuple  par  les  impressions 
de  la  crainte,  ce  qui  n'est  pas  difficile  dans  les  villes 
champêtres  qui  ne  sont  pas  frontières  :  étant  sorties  elles 
lirent  le  chemin  jusqu'à  la  Rochelle  avec  une  grande  joie 
et  désir  de  se  sacrifier  entièrement  pour  Dieu  ;  il  est 
vrai  qu'elles  avoient  besoin  d'être  dans  cette  disposition 
parce  qu'elles  eurent  bien  des  épreuves  mémo  dès  la 
Rochelle,  où  on  leur  voulut  persuader  qu'on  les  renver- 
roit  du  Canadas  la  même  année,  sans  vouloir  d'elles,  de 
plus  comme  tous  les  deniers  se  trouvèrent  employés  elles 
se  trouvèrent  fort  embarrassées  de  quoi  payer  le  fret  qu'el- 
les n'avoient  pas  réservé  à  cause  de  la  multitude  des  den- 
rées qu'on  avoit  })esoin.  embarras  où  se  trouvèrent  aussi 
deux  prêtres  du  Séminaire  de  St.  Sulpice  <jui  pjissoieiit 
cette  année  là  pour  le  Montréal,  où  depuis  ils  ont  été  tués 


139 

par  lesiroquois  (1).  La  peine  qu'ils  eurent  tous  deux  arec 
Melle.  Mance  fut  telle  qu'on  ne  les  vouloitpas  embarquer 
à  moins  qu'ils  n'eussent  de  l'argent  de  quoi  payer.  Cepen- 
dant ils  étoient  110  personnes  auxquelles  il  falloit  pour- 
voir, vous  voyez  assez  quelle  pouvoit  (être)  cette  mortification  ; 
c'est  pourquoi  nous  passons  outre  et  jugez,  comprenant 
tout  ce  qu'il  falloit  acheter  pour  le  Canadas,  de  la  dépense 
qu'on  fit  surtout  à  cause  du  retardement  à  la  Rochelle 
qui  fut  de  3  mois  cette  année  :  Jugez  combien  il  en  coûta 
à  Messieurs  de  la  Compagnie  du  Montréal,  au  Séminaire 
de  St.  Sulpice  et  à  l'hôpital  qui  tous  trois  portoient  les 
frais  de  ce  voyage. — Jugez  de  la  peine  où  étoient  ces 
deux  bons  prêtres  et  ces  trois  religieuses  avec  Melle. 
Mance,  car  enfin  tout  se  vit  à  la  veille  de  demeurer  sans 
qu'à  la  fin  le  maître  du  navire  qui  étoit  préparé  et  qui 
ne  tenoit  qu'à  de  l'argent  se  résolut  de  tout  embarquer 
sur  leur  parole.  Les  voilà  donc  en  mer  mais  n'allèrent  pas 
bien  loin  que  leur  navire  qui  avoit  servi  deux  ans  d'hô- 
pital sans  avoir  fait  depuis  la  quarantaine  infecta  les 
passagers  de  la  peste,  8  ou  10  de  ces  gens  moururent  de 
prime  abord  sans  qu'on  permit  aux  religieuses  de  s'ex- 
poser, mais  enfin  on  accorda  à  leurs  instances  qu'elles 
commenceroient  leurs  fonctions  d'hospitalières  dans  les- 
quelles elles  eurent  ce  bonheur  ayant  commencé  ces 
premiers  travaux  de  leur  mission  qu'il  ne  mourut  plus 
personne,  encore  qu'il  y  eut  bien  des  malades,  au  reste 
nous  pouvons  dire  que  la  sœur  Marguerite  Bourgeois 
fut  bien  celle  qui  travailla  autant  pendant  toute  la  route 
et  que  Dieu  pourvut  aussi  de  plus  de  santé  pour  cela,  que 
si  il  y  eut  bien  des  fatigues  dans  ce  voyage  il  y  eut  aussi 
bien  des  consolations  pour  la  bonne  lin  que  faisoient  ces 
pauvres  pestiférés,  que  ces  deux  prêtres  du  Séminaire  de 

(Il  Messrs.  Jacques  Le  Mailre  et  Guillaume  Vignal.— fj.  V.) 


140 

iSt.  tSulpici'  dont  nous  avons  parlr  assistoiont  autant  qu'ils 
pou  voient,  que  It'urs  corps,  au.ssi  a('cabl»''S  d»*  maladie  leur 
permettoient,  ils  assistèrent  deux  huf]^uenots  entre  ces 
malades  qui  firent  leur  abjuration  avant  que  de  paroître 
devant  ce  Jucre  qui  juiriM-a  riuoureusement  ceux  qui  nous 
veulent  défendre  aujourd'hui  dcjui^er  les  «'rreurs  de  leur 
religion  prétendue  réformée,  afin  d'avoir  la  liberté  d'y  de- 
meurer pour  leur  confusion  éternelle;  mais  passons  cette 
mer  et  disons  qu'après  les  efforts  de  la  maladie,  les  va^^ues 
de  la  mer  essuyées,  voilà  enfin  le  navire  arrivé  à  Québec 
après  avoir  bien  vogué,  que  si  ces  religieuses  se  croyoient 
être  en  ce  lieu  au  bout  de  toutes  les  tempêtes  elles  se 
trompoient  fort,  car  elles  y  en  essuyèrent  une  si  grande 
qu'elles  eurent  de  la  peine  à  y  mettre  pied  à  terre,  et  ne 
l'eussent  peut  être  jamais  fait  si  l'astre  nouveau  qui  depuis 
ce  temps  éclaire  notre  Eglise  (1)  ne  leur  eut  été  assez  fa- 
vorable pour  dissiper  l'orage  qui  la  causoit,  de  quoi  le 
Montréal  lui  fut  bien  obligé  parce  qu'il  contribua  ainsi 
à  lui  donner  ces  bonnes  filles  (2).  P]nsuite  de  ceci  nous 
avons  le  retour  de  M.  l'abbé  de  Quelus  en  France  (3)  ce 
qui  affligea  beaucoup  ce  lieu,  ainsi  en  cette  vie  les  dou- 
ceurs sont  mélangées  d'amertumes  :  Quant  à  toute  la 
flotte  arrivée  pour  ce  lieu  elle  y  monta  à  la  joie  extrême 
d'un  chacun,  et  ces  deux  bonnes  religieuses  qui  y 
étoient  comme  nous  l'avons  dit  l'an  dernier,  en  descen- 
dirent après  que  celle  qui  étoit  malade  eut  recouvré  sa 
santé  ;  La  providence  ayant  permis  que    son    mal    eut 


1)  I/Kv.'.|ii.'  <l.'  l'.'tr..',  arn\<-  à  giifhec  l.'  Ki  .liiiii  Ki')'.)  (.1.  V.) 

2)  Kllt's  arn\«-i'nl  à  gii'-ln'.-  In  s  St'|il.  Kl.')'.»  el  à  MoiilP-al  vi-rs  la  lin  de 
ce  mois.    iJ.  V.) 

(3)  Il  qiiitLi  Muiitn-al  i-naoùl  |ioiir  C»>U'liec  où  il  arriva  Ir  7  et  d'où  il  par- 
tit pour  lu  Kraiici- lu  '20  Ocl'ibn-  l(i.')'J  (Journal  «les  Jésuites  MS.)  "Mr. 
labljé  'II-  Ki'his,  dit  M.  d''  Btdinont,  roijut  l'ordr»-  de  retouriK-r  on  Fi-ance 
iju'on  lui  lit  .-.lyniller  à  Montif-al  pac  un  comniandanl  et  une  escouade  de 
s.ildats."  (J.  V.) 


141 

duré  pour  le  bien  de  cet  hôpital  jusqu'à  l'arrivée  de  ces 
trois  bonnes  filles,  aux  travaux  desquelles  Dieu  a  donné 
depuis  une  grande  bénédiction.  Plusieurs  Iroquois  et 
quantité  d'autres  Sauvages  y  ont  été  convertis  tant  par 
leur  ministère  que  par  l'assistance  des  Ecclésiastiques 
du  lieu  et  y  sont  morts  ensuite  avec  des  apparences 
quasi  visibles  de  leur  prédestination  ;  G-rand  nombre  de 
huguenots  y  ont  eu  ce  même  bonheur  ;  même  dans  un 
seul  hiver  il  y  en  a  eu  jusqu'à  5  qui  y  sont  morts  catholi- 
ques à  la  grande  satisfaction  de  leurs  âmes.  Ces  bonnes 
filles  ont  rendu  et  rendent  encore  de  si  bons  services  au 
public  qu'il  se  loue  tous  les  jours  de  la  grâce  que  le  Ciel 
lui  a  fait  de  les  lui  avoir  amenées  pour  sa  consolation 
dans  un  pays  si  éloigné  que  celui-ci,  où  leur  zèle  les  a 
portées  ;  Outre  les  personnes  que  j'ai  remarqué  être 
venues  de  France  cet  Eté,  je  dois  nommer  Mr.  Debele- 
tre  (1)  lequel  orne  bien  ce  lieu  tant  dans  les  temps  de  la 
guerre  que  lorsque  nous  jouissons  de  la  paix,  à  cause 
des  avantageuses  qualités  qu'il  possède  pour  l'une  et 
l'autre  de  ces  saisons.  Je  donne  ce  mot  à  sa  naissance 
et  à  son  mérite  sans  préjudice  à  tous  ceux  qui  ont  été 
du  même  voyage  et  faire  tort  à  leur  mérite  particulier  : 
au  reste  l'on  peut  dire  du  secours  de  cette  année  en 
général  qu'il  étoit  très-considérable  au  pays  lequel  étoit 
encore  dans  une  grande  désolation,  et  qu'il  étoit  néces- 
saire pour  confirmer  tout  ce  que  celui  de  l'année  1653 
conduit  par  M.  de  Maison-neufve  y  avoit  apporté  d'avan- 
tage,parceque  sans  cette  dernière  assistance,  tout  le  pays 
étoit  encore  bien  en  danger  de  succomber,  mais  il  est 
vrai  que  depuis  celle-ci  on  a  moins  chancelé  et  craint 
une  générale  déconfiture  qu'on  faisoit  auparavant,  quel- 
ques combats  de  perte  de  monde  que  nous  ayons  eus. 


(1)   Fiool'- de  Bel.'slre.    J.  V.) 


HISTOIRE  DU   MONTREAL. 


Di'  raiitoinnt'  10."»!)  jiis<|irà  raiili»iiiin>  1060, 
au  (Ifiiarl  dus  vaisseaux  du  Canadas. 

Nous  «Mitrons  dans  uno  année  que  le  Montréal  doit 
marquer  en  lettres  rouîmes,  dans  son  Calendrier,  pour  les 
différentes  pertes  d'hommes  qu'il  a  fait  en  plusieurs  et 
différentes  occasions;  il  est  vrai  que  si  les  belles  actions 
doivent  consoler  en  la  mort  des  siens,  le  Montréal  a  tout 
sujet  de  l'être  dans  la  perte  qu'il  a  fait  de  tous  les 
grands  soldats  qui  ont  péri  cette  année,  parce  qu'ils  se 
sont  tellement  signalés  et  ont  tellement  épouvanté  les 
ennemis  en  mourant,  à  cause  de  la  vigoureuse  et 
extraordinaire  défense  qu'ils  ont  marqué  en  eux,  que 
nous  devons  le  salut  du  pays  à  la  frayeur  qu'ils  ont 
imprimé  en  eux  répandant  aussi  généreusement  leur 
sanir  qu'ils  ont  fait  pour  sa  querelle  ;  ce  qui  se  peut 
pour  eux  glorieusement  remarquer  surtout  dans  une  ac- 
tion laquelle  se  passa  le  26  ou  27  de  mai  (1),  au  pied  du 
Long-Sault  (2),  un  peu  au-dessus  de  cette  isle,  où  17  de 
nos  Montréalistes  étant  en  parti  furent  attaqués  par  800 
Iroquois  sans  que  aucun  d'eux  voulut  Jamais  demander 
Cartier  chacun  ne  pensant  qu'à  vendre  sa  vie  le  plus  cher 
qu'il  pourroit.  Voyons  le  fait;  Sur  la  fin  d'avril,  M.  Daulac 
(3)  garçon  de  cœur  et  de  famille,  lequel  avoit  eu  quelque 

lli  M.  di'  M«'linnnl  lixL' <•••  <;oml»al  au '21  mai  lOfiO  :  cm  peut  »^ln>  erreur 
lypogra|ihi(iue.  (J.  V.) 

(2)  Rivière  des  Oulaouais.  (J.  V.) 

(3)  J'ai  eu  en  mains,  en  1S47,  l'Inventaire,  lait  par  le  Notaire  Basset,  des 
biens  délaiss'-s  à  Montréal  par  nnlre  héros,  en  date  du  6  nov.  tfiCO  "  Il  est 
nommé  .\dam  Dollard.  Sr.  Désormeaux,  et  il  est  qualilié  de  Commandant 
(Ir  la  garnison  du  Fort  de  Ville-Marir."    (J.  V.) 


143 

commandement  dans  les  armées  de  France,  voulant  faire 
ici  quelque  coup  de  sa  main,  et  digne   de  son  courage, 
tacha  de  débaucher  15  ou  16  François  pour  les  mener 
en  parti   au-dessus  de  cette  isle,  ce  qu'on  n'avoit  point 
encore  osé  tenter, — Il  trouva  de  braves  garçons  qui  lui 
promirent  de  le  suivre  si  M.  de  Maison-neufve  le  trou- 
voit   bon  ;  Daulac  proposa  la  chose  et  il  eut  son  agré- 
ment, ensuite  chacun  se   disposa  à  partir,  mais  aupara- 
vant ils  firent  un  pacte  de  ne  pas  demander  quartier  et 
se  jurèrent  fidélité  sur  ce   point,   outre  cela,  pour  être 
plus  fermes  à  l'égard  de  cette  parole  et  être  mieux  en 
état  d'affronter  la  mort,  ils  résolurent  de  mettre  tous  leur 
conscience  en  bon  état,  de  se  confesser  et  communier 
tous,  et  ensuite   de  faire  aussi  tous  leur  testament,  afin 
qu'il  n'y  eut  rien  qui  les  inquiétât  pour  le  spirituel  ou 
temporel  et  qui  les  empêchât  de  bien  faire  ;  tout  cela 
exécuté  de  point  en  point  ils  partirent.     M.  le  Major 
avoitbien  eu  envie  de  grossir  le  parti,  MM.  Lemoine  et 
de  Beletre  avoientbien  demandé  la  même  chose,  mais  ils 
vouloient  faire  différer  cette  entreprise  jusqu'après  les 
semences  qui  se  font  ici   en  ce  temps-là,  ils  disoient  que 
pour  lors  ils  iroient  une  quarantaine   d'hommes  ;    Mais 
Daulac  et  son  monde  avoit  trop  d'envie  de  voir  l'ennemi 
pour  attendre,  au  reste  Daulac  voyant  que  s'il  différoit 
il  n'auroit  pas    l'honneur   du  commandement,  il  pressa 
le  plus  qu'il  put  l'affaire  et  redoutant  plus  qu'il  eut  été 
bien  aise  de  se  pouvoir  distinguer,  pour  que  cela  lui  put 
servir  à  cause  de  quelque  affaire  que  l'on  disoit  lui  avoir 
arrivé  en  france  :    Tellement  que  le  voilà  parti  résolu 
à  tous  évènemens,  il  ne   fut  pas  bien  loin  qu'entendant 
une   alarme  dans  un  ilet  tout  vis-à-vis  d'ici  où  nous  per- 
dims  3  hommes  (1),  il  revint  avec  son  monde  et  poussa 


(h  Les  Reg.  lie  la  Paroisse  ont  à  ce  sujet  lenti-ée  que  voici  :  ••  l(;60,  avril 


144 

8i  vig-oureuseiueiil  les  Iroquois  qu'ils  les  eut  pris  eu 
canot,  sans  qu'ils  abandonnèrent  tout  pour  se  jetter  dans 
le  bois  et  se  sauver,  s'il  n'eut  pas  la  consolation  de  les 
joindre,  il  eut  celle  d'avoir  leur  dépouille,  entr'autre  un 
bon  canot  dont  il  se  servit  dans  son  voyage,  qu'ils  conti- 
nuèrent aussitôt  avec  l'accroissement  d'un  des  leurs 
lequel  eut  honte  d'avoir  manqué  à  la  parole  (ju'il  avoit 
donnée,  alors  étant  tous  de  compagnie,  ce  nouveau 
venu  à  eux,  ils  dirent  un  adieu  général  qui  lut  le  der- 
nier à  leurs  amis,ensuite  dequoi  les  voilà  rembarques  tous 
de  nouveau,  étant  remplis  de  cœur,  mais  étant  par  mal- 
heur peu  habiles  au  canotage,  ce  qui  leur 'donna  beau- 
coup de  peines,  même  on  a  su  par  les  hurons  auxquels 
ils  l'ont  dit,  qu'ils  furent  8  jours  arrêtés  au  bout  de  cette 
isle  par  un  petit  rapide  qui  y  est  ;  Enfin  le  cœur  les  fit 
surmonter  ce  que  leur  peu  d'expérience  ne  leur  avoit 
pas  acquis,  si  bien  qu'ils  arrivèrent  au  pied  du  Long- 
Sault,  où  trouvant  un  petit  fort  sauvage  nullement  flan- 
qué, entouré  de  méchants  pieux  qui  ne  valoient  rien, 
commandé  par  un  coteau  voisin,  ils  se  mirent  dedans, 
n'ayant  pas  mieux  ;  là  moins  bien  placés  que  dans  une 
des  moindres  maisons  villageoises  de  France,  Daulac 
attendoit  les  Iroquois,  comme  dans  un  passage  infailli- 
ble au  retour  de  leurs  chasses,  il  ne  fut  pas  longtemps 
seul  en  ce  lieu,  d'autant  que  Ilonontaha  et  Mrfiomeg-ue, 
l'un  Huron,  l'autre  Algontien  eurent  un  defli  aux  Trois- 
Rivières  sur  le  courage  et  se  donnèrent  pour  cela  le 
rendez-vous  au  Montréal,  comme  au  lieu  d'honneur, 
afin  de  voir  en  ce  lieu  ou  les  combats  sont  fréquents, 
lequel  des  deux  auroit  le  plus  de  })ravoure,  ce  défis  fait, 

19,  Nie.  Duval,  servitoiir  au  Fort,  tué  fl  Biaise  Juillet  dit  Avipnon,  habi- 
tant, et  Mathurin  Soulard,  charjH'nlicr  du  ForI,  .noyé?,  «n  se  voulant  sau- 
ver des  Iroquois." — (J.  V.i 


145 

Métiomègue  vint  lui  4'"^'  de  sa  nation,  et  Honontaha  lui 
40  '"'  de  la  sienne  au  Montréal.  D'abord  qu'ils  lurent 
ici  les  François  dont  le  principal  défaut  est  de  trop  parler 
leur  dirent  que  nous  avions  des  Irançois  en  guerre  d'un 
tel  côté,  eux  jaloux  de  se  voir  prévenus  et  étonnés  de 
la  hardiesse  de  ce  petit  nombre,  demandèrent  un  billet 
à  M.  de  Maison-neufve  pour  porter  à  Daulac,  afin  qu'il 
leur  fit  la  grâce  de  les  recevoir  en  son  parti  pour  faire 
ensuite  tous  ensemble  quelques  grandes  entreprises  : 
M.  de  Maison-neufve  fit  tout  ce  qu'il  put  pour  les  en  em- 
pêcher, il  aimoit  mieux  moins  de  gens,  mais  tous  braves, 
qu'une  telle  marchandise  mêlée  en  plus  grande  abon- 
dance, il  se  rendit  néanmoins  en  quelque  façon  à  leur 
importunité,  mettant  le  sieur  Daulac,  par  les  lettres  qu'il 
lui  écrivoit,  à  son  obtion  de  les  recevoir  sans  l'y  engager 
toutefois,  l'avertissant  au  surplus  qu'il  ne  s'assurât  pas 
trop  sur  ces  gens-là,  mais  qu'il  agit  comme  s'il  n'avoit 
que  les  seuls  françois  ;  les  Sauvages  l'ayant  joint,  ils 
demeurèrent  tous  ensemble  dans  le  lieu  que  nous  avons 
dit  pour  attendre  les  Iroquois,  où  enfin,  après  quelque 
temps  nos  François  qui  alloient  à  la  découverte  virent 
descendre  deux  canots  ennemis,  l'avis  en  ayant  été 
donné,  nos  gens  les  attendirent  au  débarquement  près 
duquel  ils  étoient  postés  où  ils  ne  manquèrent  pas  de 
venir,  mettant  à  terre  l'on  fit  sur  eux  une  décharge  mais 
la  précipitation  fut  cause  que  l'on  ne  tua  pas  tous, 
quelques-uns  se  sauvèrent  malheureusement  au  travers 
du  bois  et  avertirent  300  de  leurs  guerriers  qui  étoient 
derrière  et  les  avoient  envoyés  à  la  découverte  ;  d'abord 
ils  leur  dirent, — "  Nous  avons  été  défaits  au  petit  Fort  au- 
dessous,  il  y  a  des  françois  et  des  Sauvages  ensembler;  " 
Cela  leur  fit  conclure  que  c'étoit  des  gens  qui  montoient  au 
pays  des  hurons,  qii'ils  en  viendroient  bientôt  about  ; 
pour  cela  ils  commencèrent  à  faire  leurs  approches  vers  ce 

Q 


146 

petit  réduit  qu'ils  tentèrent  d'omportor  par  plusieurs 
fois,  muis  on  vain  parce  qu'ils  lurent  toujours  repoussés 
avec  perte  des  leurs  et  à  leur  confusion  ;  ce  qui  leur 
faisoit  beaucoup  de  dépit  c'est  qu'ils  voyoient  les  Fran- 
çois prendre  devant  eux  les  têtes  de  leurs  camarades  et 
en  border  le  haut  de  leurs  pieux,  mais  ils  avoient  beau 
enrager,  ils  ne  pou  voient  se  venger,  étant  seuls  ;  c'est 
pourquoi  ils  députèrent  un  canot  pour  aller  quérir  500 
GuerriiM-s  qui  étoient  aux  Isles  de  Richelieu  et  qui  les 
attendoieut,  alin  d'emporter  tout  d'un  coup  ce  qu'il  y  avoit 
de  François  dans  le  Canadas  et  de  les  abolir  ainsi  qu'ils 
en  avoient  conjuré  la  ruine,  ne  faisant  aucun  doute  qu'ils 
auroient  Québec  et  les  Trois  Rivières  sans  aiihculté  ;  que 
pour  le  Montréal,  encore  qu'ils  y  fussent  ordinairement 
mal  reçus  ils  tacheroient  cette  fois  là  de  l'avoir  aussi  bien 

que  du (1)  à  force  de  le  harceler  et  s'y  opiniatrer:  ce 

qu'ils  disoient  auroit  été  vrai  auparavant  (2)  si  nos  17  fran- 
çois  n'eussent  détourné  ce  coup  fatal  par  leur  valeureuse 
mort, — Voyons  comme  le  tout  arriva  dans  la  suite.  Le 
canot  qui  étoit  allé  quérir  du  secours  étant  parti,  le 
reste  des  ennemis  se  contenta  de  tenir  le  lieu  bloqué 
hors  de  la  porté  du  fusil  et  à  l'abri  des  arbres,  de  là  ils 
crioient  aux  Hurons  qui  mouroient  de  soif  dans  ce  chétif 
trou  aussi  bien  que  nos  gens,  n'y  ayant  point  d'eau, 
qu'ils  eussent  à  se  rendre,  qu'il  y  avoit  bon  quartier, 
qu'aussi  bien  ils  étoient  morts  s'ils  ne  le  faisoient,  qu'il 
leur  alloit  venir  500  hommes  de  renfort,  et  que  alors 
ils  les  auroient  bientôt  pris,  la  langue  de  ces  traitres  qui 
leur  représentoient  l'appan'nce  de  l'arbre  de  vie,  les 
déçut  aussi  frauduleusement  que  le  serpent  trompa  nos 
premiers  parents  lorsqu'il  leur  fit  manger  ce  fruit  de  mort 


(1)  Illisihii-. 

(2)  Api)arcmni'>nt 


147 

qui  leur  coûta  si  cher,  enfin  ces  âmes  lâches  au  lieu  de 
se  sacrifier  en  braves  soldats  de  J.  C,  abandonnèrent  nos 
17  françois,  les  4  alg-onquins  et  Anontaha  qui  paya  pour 
sa  nation  de  sa  personne,  ils  se  rendirent  tous  aux  en- 
nemis, sautant  qui  d'un  côté  qui  de  l'autre  par-dessus 
les  méchantes  palissades,  de  ce  trou  ou  étoient  nos  pau- 
vres relégués,  ou  bien,  sortant  à  la  dérobée  par  la  porte 
afin  de  s'y  en  aller.  Jugez  un  peu  du  crève-cœur  que 
cela  fit  à  nos  gens,  surtout  au  brave  Hanontaha  (1) 
qui,  dit-on,  manqua  son  neveu  d'un  coup  de  pistolet,  le 
voulant  tuer  lorsqu'il  le  vit  s'enfuir  avec  les  40  pai- 
gnots  (2)  qu'il  avoit  amenés  :  Voyez  après  tout  cela 
quel  cœur  avoient  ces  22  personnes  restées,  demeurant 
fermes  et  constants  dans  la  résolution  de  se  défendre 
jusqu'à  la  mort,  sans  être  effrayés  par  cet  abandon,  ni  par 
l'arrivée  des  500  hommes  dont  le  hurlement  eut  été  seul 
capable  de  faire  abandonner  le  parti  à  un  plus  grand 
nombre.  Ces  nouveaux  ennemis  étant  arrivés  le  5"^^ 
jour,  et  faisant  lors  un  gros  de  800  hommes  ;  ils  com- 
mencèrent à  donner  de  furie  sur  nos  gens,  mais  ils  n'ap- 
prochoient  jamais  de  leur  fort  dans  les  différents  assaults 
qu'ils  lui  livrèrent  qu'ils  ne  s'en  retirassent  avec  de 
grandes  pertes,  ils  passèrent  encore  3  journées  après  ce 
renfort  à  les  attaquer  d'heure  en  heure,  tantôt  tous, 
tantôt  une  partie  à  la  fois,  outre  cela  ils  abatirent  sur  eux 
plusieurs  arbres  qui  leur  firent  un  grand  désordre,  mais 
pour  cela  ils  ne  se  rendirent  point,  parce  qu'ils  étoient 
résolus  de  combattre  jusqu'au  dernier  vivant,  cela  faisoit 
croire  aux  ennemis  que  nous  étions  bien  davantage  que 
les  lâches  Hurons  ne  leur  avoient  dit, — C'est  pourquoi 

Voilà  "  Honontalia,  Apontaha,  Hanontaha  "  !  puis,'  M.  de  Belmont 
écrit  "  Onontaga  "  !  Choisissez.  Charlevoix  ne  parle  pas  de  ce  combat. 
(J.  V.) 

(2)  Pagnotos,  c-à-d,  poltrons.  (J.  V.) 


148 

ils  t'toiont  souvent  en  délibération  do  quitter  cette 
attaque  qui  leur  coûtoit  si  bon,  mais  eniin  le  8"  '  jour  de 
ee  siéi^e  arrivé,  une  partie  des  ennemis  étant  prête  à 
abandonner  l'autre,  lui  dit  que  si  les  François  étoient  si 
peu  ce  seroit  une  honte  éternelle  de  s'être  faits  ainsi  mas- 
sacrés par  si  peu  de  i»vnssans  s'en  ven;çer.  Cette  rellection 
lut  cause  (|u"iLs  interroi^vrent  tout  de  nouveau  les  traîtres 
hurons,  qui  les  ayant  assuré  du  peu  que  nous  étions, 
ils  se  déterminèrent  à  ce  coup  là  de  tous  périr  au  pied 
du  fort  ou  bien  de  l'emporter,  pour  cela  ils  jette rent  les 
bûchettes,  afin  que  ceux  qui  voudroient  bien  être  les 
enfans  perdus  les  ramassassent,  ce  qui  est  une  cérémonie 
laquelle  s'observe  ordinairement  parmi  eux  lorsqu'ils  ont 
besoin  de  quelques  braves  pour  aller  les  premiers  dans 
un  lieu  fort  périlleux,  incontinant  que  les  bûchettes  fu- 
rent jettées  ceux  qui  voulurent  se  faire  voir  l(\s  plus 
braves  les  levèrent,  et  voilà  qu'aussitôt  ces  gens  avan- 
cèrent tête  baissée  vers  le  fort,  et  tout  ce  qu'il  y  avoit  de 
monde  les  suivit,  alors  ce  qui  nous  restoit  de  gens  com- 
mença à  tirer  pelle-niéle  de  grands  coups  de  fusils  et  gros 
coups  de  mousquetons,  enfin  l'ennemi  u'agna  la  palissade 
et  occupa  lui-même  les  meurtrières  ;  lors  le  perfide 
Lamouche  qui  sétoit  rendu  aux  Iroquois  avec  les  autres 
Ilurons,  cria  dans  son  faux  Bourdon,  avec  lequel  il 
auroit  bien  mérité  voler  jusqu'au  gibet,  à  son  illustre 
parent  Anontaha, — "  qu'il  se  rendit  aux  ennemis, — qu'il 
en  auroit  bon  quartier," — à  ces  lâches  paroles,  Anontaha 
répondit — "  .T"ai  donné  ma  parole  aux  François,  je 
mourrai  avec  eux  ;  '"  Dans  ce  même  temps  les  Iroquois 
faisoient  tous  leurs  efforts  pour  passer  par-dessus  nos 
palissades  où  bien  pour  les  arra<Jier.  mais  nous  défen- 
dions notre  terrain  si  viuoureusement  que  le  fer  et  le 
sabre  n'y  étoient  pas  épargnés,  Daulac  dans  cette  extré- 
mité chargea  un   gros  mousqueton  jusqu'à  son  embou- 


149 

chure,  il  lui  fit  une  espèce  de  petite  fusée  afin  de  lui 
faire  faire  long  feu  et  d'avoir  ce  loisir  de  le  jetter  sur  les 
Iroquois,  où  il  espéroit  que  s'éclatant  comme  une  grenade 
il  feroit  un  grand  effet,  mais  y  ayant  mis  le  feu  et  l'ayant 
jette,  une  branche  d'arbre  le  rabatit  qui  fit  recevoir  à  nos 
gens  ce  que  Daulac  avoit  préparé  à  nos  ennemis,  lesquels 
en  auroient  été  fort  endommagés,  mais  enfin  ce  coup 
malheureux  ayant  tué  et  estropié  plusieurs  des  nôtres,  il 
nous  affoiblit  beaucoup  et  donna  grand  empire  à  nos 
ennemis,  lesquels  ensuite  firent  brèche  de  toutes  parts. 
Il  est  vrai  que  malgré  cette  désolation  chacun  défendoit 
son  côté  à  coups  d'épées  et  de  pistolets  comme  s'il  eut  eu 
le  cœur  d'un  lion,  mais  il  falloit  périr,  le  brave  Daulac 
fut  enfin  tué,  et  le  courage  de  nos  gens  demeura  tou- 
jours dans  la  même  résolution,  tous  envioient  plustôt 
une  aussi  belle  mort  qu'ils  ne  l'appréhendoient,  que  si 
on  arrachoit  un  pieu  en  un  endroit,  quelqu'un  y  sautoit 
tout  d'un  coup  le  sabre  ou  la  hache  à  la  main,  tuant  et 
massacrant  ce  qui  s'y  rencontroit,  jusqu'à  ce  qu'il  y  fût 
tué  lui-même.  Ensuite  nos  gens  étant  quasi  tous  morts, 
on  renversa  la  porte  et  on  y  entra  à  la  foulle  ;  alors  le 
reste  des  nôtres  i'épée  dans  la  main  droite  et  le  couteau 
dans  la  gauche  se  mit  à  frapper  de  toutes  parts  avec 
une  telle  furie  que  l'ennemi  perdit  la  pensée  de  faire 
des  prisonniers,  pour  la  nécessité  où  il  se  vit  de  tuer  au 
plus  vite  ce  petit  nombre  d'hommes,  c[ui  en  mourant  les 
menaçoient  d'une  générale  destruction,  s'ils  ne  se  hatoient 
de  les  assommer,  ce  qu'ils  firent  par  une  grêle  de  coups 
de  fusils  laquelle  fit  tomber  nos  gens  sur  une  multitude 
d'ennemis  qu'ils  avoient  terrassés  avant  que  de  mourir  : 
après  ces  furieuses  décharges  sur  si  peu  de  personnes 
qui  restoient,  ces  bourreaux  voyant  tout  le  monde  à  bas, 
en  coururent  incontinant  sur  les  nïorts  afin  de  voir  s'il  n'y 
avoit  point  quelques-uns  qui  ne  fussent  pas  encore  passés 


150 

et  qu'on  pût  guérir  aiiii  de  les  rendre  par  après  capables 
de  leurs  tortures  ;  mais  ils  eurent  beau  regarder  et  tour- 
ner ces  corps  ils  n'y  en  purent  jamais  trouver  qu'un  seul 
qui  fût  en  état  d'être  traité  et  deux  autres  qui  étoient 
sur  le  point  de  mourir,  qu'ils  jettèrent  d'abord  dans  le 
feu,  mais  ils  étoient  si  bas  qu'ils  n'eurent  pas  la  satisfaction 
de  les  faire  souffrir  davantage  pour  cela  ;  quant  à  celui 
qui  se  pouvoit  rendre  capable  de  souffrances,  lorsqu'il  fût 
assez  bien  pour  assouvir  leurs  cruautés  on  ne  sauroit 
dire  les  tourments  qu'ils  lui  firent  endurer,  et  on  ne  sau- 
roit exprimer  non  plus  la  patience  admirable  qu'il  lit 
voir  dans  les  tourments,  ce  qui  forceroit  de  rage  ces 
cruels,  qui  ne  pouvoient  rien  inventer  d'assez  barbare  et 
inhumain  dont  ce  glorieux  mourant  n'emportât  le  triom- 
phe :  Quant  à  Onontaha  et  nos  quatre  algonkins  ils 
méritent  le  même  honneur  que  nos  17  François, 
d'autant  qu'ils  combattirent  comme  eux,  ils  moururent 
comme  eux  et  apparemment  comme  ils  étoient  Chré- 
tiens ils  se  disposèrent  comme  eux  saintement  à  cette  ac- 
tion, et  allèrent  dans  le  ciel  de  compagnie  avec  eux  :  Ce 
qu'on  peut  dire  des  Iroquois  est  que  dans  leur  barbarie 
et  cruauté,  ils  ont  eu  cela  de  loual)le  qu'ils  firent  une 
partie  de  la  Justice  qui  étoit  due  aux  traitres  hurons, 
parcequ'ils  ne  leur  tinrent  aucunement  parole  et  qu'ils 
en  firent  de  furieuses  grillades.  On  a  appris  toutes  ces 
choses  de  quelques  hurons  qui  se  sauvèrent  des  mains 
de  l'ennemi  :  la  première  nouvelle  qu'on  en  eut  fut  par 
un  de  ces  40  hurons  nommé  Louis,  bon  chrétien  et  peu 
soldat,  qui  arriva  ici  le  3*^  Juin  (1)  tout  effaré  et  dit  que 
nos  17  françois  étoient  morts,  mais  qu'ils  avoient  tant  tué 
de  gens  que  les  ennemis  se  servoient  de  leurs  corps 
pour  monter  et  passer  par  dessus  les  palissades  du  Fort 


(I)  Voir  Appcnlic;  No.  VIII.— (,I.  V.) 


151 

où  ils  étoient  :  qu'au  reste  les  Iroquois  étoieiit  tant  de 
monde  qu'ils  alloient  prendre  tout  le  pays.  Ensuite  il 
dit  tout  leur  dessein  à  M.  de  Maison-neufve,  comme  il 
l'avoit  entendu  de  leur  propre  bouche;  M.  de  Maison- 
neufve  profitant  de  cet  avis  mit  son  lieu  en  état  de  bien 
recevoir  les  ennemis  aussitôt  qu'ils  viendroient,  il  fit 
garder  tous  les  meilleurs  postes  qu'il  avoit  et  donna  à 
Messieurs  du  Séminaire  M .  De  Bellestre  pour  aller  com- 
mander dans  leur  Maison  de  Ste.  Marie  (1)  à  tout  le 
monde  qui  y  étoit,  ce  bâtiment  étant  le  plus  fort  et 
mieux  en  état  de  se  défendre  qu'il  y  eut  ;  Après  que 
M.  notre  G-ouverneur  eut  ainsi  sagement  réglé  et  ordon- 
né toutes  choses,  il  envoya  sans  tarder  les  nouvelles 
qu'il  avoit  aux  Trois-Rivières  et  à  Québec,  partout  on  eut 
une  telle  frayeur  lorsqu'on  entendit  ces  choses,  que 
même  dans  Québec,  on  renferma  tout  le  monde  jusqu'aux 
Religieuses  dans  le  Château  et  chez  les  Revds.  Pères 
Jésuites.  Mais  enfin  grâce  à  Dieu  et  au  sang  de  nos  chers 
Montrealistes  qui  méritent  bien  nos  vœux  et  nos  prières 
pour  reconnoissance,  les  Iroquois  ne  parurent  point  et 
on  n'en  eut  que  la  peur,  d'autant  que  après  ce  conflit  oii 
ils  eurent  un  si  grand  nombre  de  morts  et  de  blessés,  ils 
firent  reflection  sur  eux-mêmes  se  disant  les  uns  aux 
autres, — "Si  17  François  nous  ont  traité  de  la  sorte  étant 
dans  un  si  chétif  endroit  comment  serons-nous  traités  lors- 
qu'il faudra  attaquer  une  bonne  maison  où  plusieurs  de 
tels  gens  se  seront  ramassés,  il  ne  faut  pas  èt-re  assez  fou 
pour  y  aller,  ce  seroit  pour  nous  faire  tous  périr,  retirons- 
nous  ;  " —  Voilà  comme  on  a  su  qu'ils  se  dirent  après  ce 
grand  combat,  qu'on  peut  dire  avoir  sauvé  le  pays  qui 
sans  cela  étoit  raflé  et  perdu,  suivant  la  créance  commune, 
ce  qui  me  fait  dire  que  quand  l'établissement  du  Montréal 


(1)  Voir  Appenilice  No.  VIII.  bis. 


152 

n'auroit  eu  que  cet  avantage  d'avoir  sauvt-  lo  pays  dana 
cette  rencontre  et  de  lui  avoir  servi  de  victime  publique  en 
la  personne  de  ses  17  enfants  qui  y  ont  perdu  la  vie,  il  doit 
à  toute  la  postérité  être  tenu  pour  considérable  si  jamais 
le  Canadas  est  quelque  chose,  puis  qu'il  l'a  ainsi  sauvé 
dans  cette  occasion,  sans  parler  des  autres  ;  Mais  passons 
outre  et  venons  au  1  ■'"  de  Juin  qui  fut  celui  auquel  on 
fit  ici  les  obs?.ques  de  feu  M.  Daillebout  qui  étoit  venu 
ici  en  l'an  1G43,  coramo  un  des  associés  de  la  Compa- 
g-nie  de  Montréal  pour  y  assister  M.  de  Maison-neufve, 
par  toutes  les  belles  lumières  dont  il  étoit  avantagé  et 
dont  il  usa  très-favorablement  pour  tout  le  pays,  où  il  a 
eu  l'honneur  de  plusieurs  commandemens  comme  celui 
du  Montréal  en  '45  et  '46  en  l'absence  de  M.  de  Maison- 
neufve,  et  même  celui  de  tout  le  pays  pendant  quatre 
années,  3  desquelles  étoient  par  commission  du  Roy 
et  la  4,>  après  quelqu'intervalle  pour  suppléer  et  remplir 
la  place  de  M.  le  Vicomte  Dargenson  (1),  lequel  ne  vint 
pas  en  ce  pays  la  première  année  de  sa  Commission  ;  Sa 
mort  (2)  fut  fort  chrétienne  comme  avoit  été  sa  vie,  nous 
n'avons  rien  qu'elle  nous  oblige  de  dire  en  particulier  si 
ce  n'est  ce  que  nous  avons  oublié  d'exprimer  touchant 
sa  personne  lorsqu'il  vint  dans  ce  pays,  qui  est  sa  vocation 
pour  le  Montréal,  laquelle  fut  de  la  sorte  :  Deux  ans  du- 
rant il  fut  pressé  par  des  mouvemens  intérieurs  à  passer 
dans  la  Nouvelle-France,  mais  Madame  sa  femme  qui 
toujours  trouvoit  la  proposition  de  ce  trajet  si  éloignée 
de  son  esprit  qu'elle  ne  pouvoit  en  entendr«>  la  moindre 
parole  sans  la  tenir  pour  extrêmement  ridicule  surtout 
à  cause  qu'elle  étoit  toujours  malade, — Cependant  le  di- 

(1)  Pie  re  D;  Voyor.  flhnvali'T.  Vicomti;  dAivensrm.   (J.  V.) 

(2)  Arrivée  In  31  Mai  IGG;),  suivant  un  c»  ri  fi  a' — qii<!  ja  —  !e  >r  l'o 
Mais»nn"uvi\  L  !S  Rcglstn/s  d-  la  Parois^''  ri'-  disent  |  a^  le  j  lur  do  son 
d'cès.  (J.  V.) 


153 

recteur  de  M.  Daillebout  ne  rebutoit  point  la  pensée 
qu'il  en  avoit,  conduisoit  aussi  Madame  sa  femme  et  il 
lui  enparloit  parfois,  ce  qui  luifaisoit  beaucoup  de  peine 
disant  que  c'étoit  une  chose  même  à  ne  pas  penser 
dans  l'état  où  elle  étoit,  son  directeur  lui  dit  que  si  Dieu  le 
vouloit  il  la  msttroit  en  état  de  le  faire,  ce  qu'il  fit  quel- 
que temps  après,  la  guérissant  lorsqu'elle  croyoit  aller 
bientôt  mourir,  ce  qui  se  fit  si  promptement  et  d'une 
façon  si  extraordinaire  qu'elle  et  tous  ses  amis  ne  dou- 
tèrent point  que  ce  ne  fût  une  faveur  singulière  du 
Ciel,  mais  après  tout  elle  n'avoit  point  envie  de  passer 
la  mer  sans  que  à  la  fin  Dieu  la  changea  par  une  réfiec- 
tion  qu'elle  fit  à  ce  propos,  disant  si  mon  mari  y  est  appelé 
j'y  suis  appelée  aussi  parce  qu'étant  sa  femme  je  le  dois 
'  suivre.  Cette  pensée  la  fit  aller  trouver  son  mari  et  le 
Père  Marnart  le  directeur  de  l'un  et  l'autre  ;  ce  Père 
joyeux  de  voir  le  tout  résolu  au  désir  de  M.  Daillebout, 
les  fit  voir  au  Pèr^  Charles  Lallement  qui  ne  trouvant 
pas  à  propos  de  les  envoyer  comme  particuliers  leur 
procura  l'union  avec  Messieurs  du  Montréal  en  la 
Compagnie  desquels  ils  furent  reçus  avec  beaucoup  de 
joie,  et  peu  de  temps  aj^rès  ils  partirent  pour  venir  ici  ; 
à  leur  départ  ils  entendirent  la  messe  de  M.  G-aufFre  (1) 
qui  y  devoit  venir  Evèque,  fondant  l'Evèché  de  sou 
propre  bien,  mais  la  mort  l'a  donné  au  ciel  en  privant 
ce  lieu  du  bonheur  de  posséder  un  aussi  grand  homme. 
Je  n'ai  plus  rien  à  remarquer  sur  cette  année  si  ce  n'est 
la  mort  de  M.  de  la  Doversicre,  qui  décéda  peu  après 
avoir  mis  nos  bonnes  hospitallières  sur  la  mer  (2)  :  appa- 

(  1)  Lo  même  qu'on  a  df-jà  cilo,  jiages  il  et  OS,  sous  lo  nom  de  Goff)'i\  M.  de 
Bclmont  écrit  Gofré  et  M.  Faillon,  Le  Gait/fre,  dans  sa  vie  de  M.  Olier, 
Paris.  I8il.  (J.  V.) 

("2)  Jérùmo  Le  Royor,  Sieur  de  la  Dau\ersit2re,  ConseilkT  du  Roi  et  Rece- 
veur Général  des  domaines  du  Roi  à  la  Flèche,  en  Anjou,  mourut  en  cette 
ville  lo  G  Novembre,  1659.     (J.  V.) 

R 


154 

remment  Dieu  l'avoit  conservé  jusqu'à  ce  temps-là  pour 
lui  donner  le  moyen  de  coopérer  à  cet  ouvrage  qui, 
autant  qu'on  peut  juger  naturellement,  ne  se  fût  jamais 
fait  s'il  eut  été  mort  auparavant,  étant  vrai  qu'on  a 
jamais  pensé  à  elles  que  par  son  mouvement,  il  est  bien 
admirable  de  voir  le  principal  moteur  d'une  telle  entre- 
prise être  prêt  à  mourir,  être  accablé  de  maladie,  con- 
damné par  les  médecins  à  n'en  point  relever,  et  néan- 
moins être  trois  jours  après  en  campagne  lorsqu'il  est 
question  d'exécuter  ces  desseins  et  d'emmener  ces  reli- 
gieuses de  la  Flèche  à  la  Ilochelle,  comme  nous  vîmes 
l'an  dernier  et  après  cette  œuvre  faite  de  voir  mourir 
cet  homme  incontinant,  tout  cela  me  paroit  bien  digne 
de  remarque. 


HISTOIRE   DU  MONTREAL. 


De  l'automne  IGGO  Jusqu'à  l'automn''  IG6I, 
au  départ  des  "Vaisseaux  du  Canadas. 

Les  IroqiTois  restèrent  dans  leur  frayeur  à  cause  du 
combat  de  Daulac  jusque  bien  avant  dans  l'hiver,  mais 
enfin  ayant  repris  leurs  esprits  avec  le  commencement 
de  l'année  1661,  ils  nous  vinrent  donner  de  très- 
mauvaises  étrennes,  car  dans  Janvier,  Février  et  Mars, 
ils  nous  tuèrent  ou  prirent  quantité  de  personnes,  sur- 
tout en  février  ou  ils  nous  prirent  13  hommes  tout  d'un 
coup,  et  en  Mars — et  tout  d'un  coup  encore — ils  nous 
tuèrent  4  hommes  et  prirent  6  prisonniers  :  en  février 
il  n'y  eut  quasi  de  combat  d'autant  que  nos  gens  étoient 
sans  armes,  mais  en  mars  le  combat  fut  assez  chaud,  il 
est  vrai  que  les  Iroquois  qui  étoient  bien  260  avoient 
un  tel  avantage  au  commencement  à  cause  qu'ils  étoient 
plus  de  20  contre  1,  que  nous  pensâmes  perdre  tous 
ceux  qui  étoient  au  travail  du  côté  attaqué,  mais  enfin 
la  généreuse  défense  de  nos  gens  ayant  donné  le  loisir 
aux  autres  de  les  aller  secourir  et  de  sauver  ceux  dont 
ils  n'étoient  pas  encore  les  maîtres  ;  ce  qu'il  y  avoit  de 
plus  fâcheux  pour  ceux  qu'ils  emmenoient,  c'étoit  que 
le  nommé  Baudouin,  l'un  d'entr'eux,  se  voyant  envi- 
ronné par  une  multitude  de  ces  barbares  sans  se  pou- 
voir sauver,  il  choisit  un  des  principaux  Capitaines  de 
tous  les  Iroquois  et  le  tua  de  son  coup  de  fusil,  ce  qui 
menaçoit  tous  les  Captifs  de  tourmens  très-horribles,  sur- 
tout à  cause  que  ce  Capitaine  âvoit  le  renom  de  ne 
devoir  point  mourir.  Mais  Dieu  enfin  exauça  les  vœux 


156 

de  nos  Captifs  et  les  délivra  la  plupart  de  leurs  mains 
comme  nous  verrons  dans  la  suite  ;  au  reste  dans  le 
secours  que  les  François  donnèrent  à  leurs  confrères  en 
cette  occasion  un  vieillard  nommé  M.  Pierre  Gadois, 
premier  habitant  de  ce  lieii,  se  lit  fort  remarquer  et 
donna  bon  exemple  à  tout  \o  monde,  on  dit  que  cet 
homme  tout  cassé  qu'il  étoit  faisoit  le  coup  de  fusil  con- 
tre les  Iroquois  avec  la  même  vigueur  et  activité  que 
s'il  n'eut  t'u  que  25  ans  sans  que  qui  que  ce  soit  l'en  put 
empêcher  ;  ce  que  j'ai  omis  de  remarquer  en  l'affaire  du 
mois  de  février  c'est  le  courage  de  la  femme  de  feu  M*. 
Duclos  laquelle  voyant  que  nos  g-ens  se  sauvoient  tant 
qu'ils  pouvoient,  à  cause  qu'ils  navoient  plus  rien  pour  se 
défendre,  hormis  M.  Lemoine  qui  avoit  un  pistolet, 
chacun  se  liant  sur  ce  que  les  ennemis  ne  venoient 
jamais  en  ce  temps-là,  et  voyant  d'ailleurs  qu'il  n'y  avoit 
aucun  homme  chez  elle  pour  les  aller  secourir,  prit 
elle-même  une  charû'e  de  fusils  sur  ses  épaules,  et  sans 
craindre  une  nuée  d" Iroquois  qu  elle  voyoit  inonder  de 
toutes  parts  jusqu'à  sa  maison,  elle  courut  au-devant  de 
nos  françois  qui  étoient  poursuivis  et  surtout  au  devant 
de  M.  Lemoine  qui  avoit  quasi  les  ennemis  sur  les  épau- 
les et  prêts  de  le  saisir,  étant  arrivée  à  lui  elle  lui  remit 
ses  armes,  ce  qui  fortifia  merveilleusement  tous  nos 
françois  et  retint  les  ennemis,  il  est  vrai  que  si  ces  armes 
eussent  été  plus  en  état,  on  en  eut  pu  faire  quelque  chose 
davantaire,  mais  toujours  cette  amiizone  mérita-t-elle  bien 
des  louanges  d'avoir  été  si  généreuse  a  secourir  les  siens 
et  à  leur  donner  un  moyen  si  nécessaire  pour  attendre 
une  plus  grande  assistance.  On  ne  sauroit  exprimer  ici 
(1)  les  pertes  que  nous  fîmes  en  ces  deux  occasions  TU 
ces  bons  et  braves  habitans   qui  y  étoient  enveloppés, 


fl)  ?  les  afflictions  ipi^^  CTiisrTonl    (J.  V.) 


157. 

mais  Dieu  qui  n'afflige  les  corps  que  pour  le  plus  grand 
besoin  des  âmes  se  servoit  merveilleusement  bien  de 
toutes  ces  disgrâces  et  frayeurs  pour  tenir  ici  un  chacun 
dans  son  devoir  à  l'égard  de  l'éternité,  le  Vice  étoit  quasi 
alors  inconnu  ici  et  la  religion  y  fleurissoit  de  toutes 
parts  bien  d'une  autre  manière  qu'elle  ne  fait  pas  au- 
jourd'hui dans  le  temps  de  la  paix  :  Mais  passons  outre 
et  venons  au  mois  d'août  où  il  y  eut  plusieurs  attaques, 
l'une  desquelles  entr'autres  fut  très-désavantageuse  à  ce 
lieu  pour  la  perte  qu'il  y  fit  d'un  bon  prêtre  qui  y  ren- 
doit  très-utilement  ses  services  depuis  2  ans  que  le 
Séminaire  de  St.  Sulpice  l'y  avoit  envoyé,  cet  Ecclésias- 
tique nommé  M.  Lemaitre-(l),  avoit  de  fort  beaux  tallens 
que  pour  l'amour  de  Dieu  il  étoit  venu  ensevelir  en  ce 
lieu  ici,  bénéficiant  de  ce  droit  de  sépulture  que  feu  M. 
Ollier  avoit  acquis  à  son  Séminaire  dès  l'année  1640, 
comme  nous  l'avons  remarqué.  Notre  Seigneur  le  fit 
jouir  ici  deux  ans  du  doux  entretien  de  la  Ste.  Solitude 
après  lesquels  il  l'appela  à  lui  du  milieu  de  son  désert, 
permettant  que  les  Iroquois  lui  coupassent  la  tête  le 
même  jour  que  Hérode  la  fit  trancher  à  ce  célèbre  habi- 
tant des  déserts  de  la  Judée,  Saint  Jean  Baptiste  :  ce  qui 
arriva  de  la  sorte, — M.  Lemaitre  ayant  dit  la  messe,  et 
entrant,  comme  il  est  à  présumer  de  sa  piété  et  ainsi  que 
la  fête  l'exigeoit,  dans  les  désirs  de  sacrifier  sa  tête  pour 
J.  C.  comme  son  St.  Précurseur,  il  s'achemina  vers  le  lieu 
de  St.  G-abriel,  où  étant  entré  dans  un  champ  avec  14  ou 
15  ouvriers  lesquels  y  alloient  tourner  du  bled  mouillé, 
ces  bonnes  gens  se  mirent  à  travailler  chacun  de 
son  côté  et  laissèrent  leurs  armes  dispersées  impru- 
demment en  plusieurs  endroits,  pendant  que  M.  Le- 
maitre auquel  ils  avoient  dit  qu'assurément  il  y  avoit 


(1)  Le  R.  P.  Gliarlevoix  écrit  Le  Maitrj.— (J.  V.) 


158 

des  ennemis  proche  à  cause  de  qiielc^uc  chose  '  qu'ils 
avoient  remarque,  regardoit  de  part  et  d'autre  dans  les 
buissons  alin  de  voir  s'il  n'y  en  avoit  pas  quelqu'un  ; 
or  recherchant  de  la  sorte  il  avança  sans  y  penser  jusque 
dans  une  embuscade  d'Iroquois,  alors  ces  mistrables  se 
voyant  découverts,  ils  se  levèrent  tout  d'un  coup,  lirent 
leur  huée  et  voulurent  courir  sur  nos  gens  :  ce  que  ce 
bon  prêtre  voyant  au  lieu  de  prendre  la  fuite  il  résolut 
à  l'instant  de  les  empêcher  de  joindre,  s'il  pouvoit,  nos 
françois  avant  qu'ils  eussent  le  loisir  de  prendre  leurs 
armes  qui  étoient  de  côté  et  d'autre,  pour  cela  il  prit  un 
coutelas  avec  lequel  il  se  jetta  entre  nos  gens  et  ces 
barbares  et  s'en  couvrant  comme  d'un  espadron  il  cria  à 
nos  Irançois  qu'ils  prissent  bon  courage  et  se  missent  en 
état  de  garantir  leur  vie  ;  les  Iroquois  voyant  ce  prêtre 
leur  boucher  le  passage  et  leur  faire  obstacle  au  cruel 
dessain  qu  ils  avoient,  de  dépit  ils  le  tuèrent  à  coups  de 
fusil,  non  pas  qu'ils  eussent  aucune  crainte  d'en  être 
blessé  parcequ'il  ne  se  mettoit  pas  en  devoir  d'en  blesser 
aucun,  mais  parcequ'ils  ne  pouvoient  pas  l'approcher 
pour  le  prendre  vivant  et  qu'il  donnoit  du  couiage  à  nos 
françois  pour  se  mettre  en  état  de  se  défendre  et  de 
se  retirer  en  bon  ordre  vers  la  maison  de  St.  Gabriel  : 
Il  est  vrai  qu'après  l'avoir  mis  à  mort,  ils  en  eurent 
un  sensible  regret  et  que  leur  Capitaine  (1)  qui  fut  celui 
lequel  lit  ce  coup  en  fut  fort  blâmé  des  siens,  lesquels 
lui  disoient  qu'il  avoit  fait  un  beau  coup,' qu'il  avoit  tué 
celui  qui  les  nourrissoit  lorsqu'ils  venoient  au  Mont- 
réal: ce  qu'ils  disoient  avec  raison  parceque  M.  Lemaitre 
étoit  Econome  de  cette  Communauté  et  avoit  une  sin- 
gulière inclination  de  travailler  au  salut  de  ces  aveugles 
dont    il    tâchoit    d'apprendre    la  langue,    c'est  pourquoi 

(1)  "Outrjouliali,"chef  onnonlagU'',  d'après  Charluvoix  el  Delinont.  (J.V.) 


159 

il  avoit  des  entrailles  de  père  pour  eux  et  ne  leur  épar- 
gnoit  rien,  mais  enfin  voilà  comment  ils  le  payèrent, 
salaire  qui  lut  bien  avantageux  à  son  âme  puisque  il  lui 
donna  l'entière  liberté.  Ce  bon  prêtre  étant  mort,  nos 
françois  ayant  eu  le  loisir  de  se  mettre  en  état,  se 
retirèrent  en  bon  ordre  hormis  un  qui  y  perdit  aussi  la 
vie  de  ce  monde  pour  en  avoir  une  meilleure  dans  l'au- 
tre comme  sa  grande  vertu  l'a  donné  à  présumer  :  On 
dit  une  chose  bien  extraordinaire  de  M.  Lemaitre  qui 
est  que  le  sauvage  qui  emportoit  sa  tète  l'ayant  envelop- 
pée dans  son  mouchoir,  ce  linge  reçut  tellement  l'im- 
pression de  son  visage  que  l'image  en  étoit  parfaitement 
gravée  dessus  et  que  voyant  le  mouchoir  l'on  reconnois- 
soit  M.  Lemaitre  ;  Lavigne,  ancien  habitant  de  ce  lieu, 
homme  des  plus  résolus  comme  cette  Relation  l'a  remar- 
qué, et  qui  ne  paroit  pas  chimérique,  m'a  dit  avoir  vu  le 
mouchoir  imprimé  comme  je  viens  de  le  dire  étant 
prisonnier  chez  les  Iroquois,  lorsque  ces  malheureux  y 
vinrent  après  avoir  fait  ce  méchant  coup,  et  il  assure 
que  le  Capitaine  de  ce  parti  ayant  tiré  le  mouchoir  de 
M.  Lemaitre  à  son  arrivée,  il  se  mit  à  crier  sur  lui  de  la 
sorte  ayant  reconnu  ce  visage,  —  "  Ah  !  malheureux,  tu 
as  tué  Aaouandio,  (c'est  le  nom  qu'ils  lui  donnoient),  car 
je  vois  sa  face  sur  son  mouchoir."  Alors  ces  Sauvages 
resserèrent  ce  linge  sans  que  jamais  depuis  ils  l'aient 
voulu  donner  ni  même  montrer  à  personne,  pas  même 
au  R.  P.  Lemoine  (1)  qui  sachant  la  chose  fit  tout  son 
possible  pour  l'avoir,  il  est  vrai  que  quand  ces  gens-là 
estiment  quelque  chose  il  n'est  pas  aisé  de  l'obtenir,  je 
ne  sais  pas  si  c'est  pour  cela  que  cet  homme  étoit  si 
réservé,  ou  bien  si  c'étoit  par  la  honte  qu'il  avoit 
d'avoir  fait  ce  méchant  coup  en  tuant  ce  prêtre,    car   ce 


(1)  Le  R.  P.  Simon  LoMoiiie,  Jésuite.  (J.  V.) 


160 

Missionnaire  étoit  si  aimé  de  toute  cette  nation,  qu'il  en 
recevoit  dos  avanios  publiques  ot  qu'on  no  le  vouloit 
pas  regarder,  ce  qui  lit  nu-nie  que  de  la  honte  qu'il  en 
avoit  il  quitta,  à  ce  qu'on  dit,  les  cabanes  pour  n'y  reve- 
nir de  quelques  temps  :  quoiqu'il  en  soit  de  cette  mer- 
veille, je  vous  en  ai  rapporté  le  fondement  alin  que 
vous  en  croyez  ce  qu'il  vous  plaira  ;  je  vous  dirai  qu'on 
m'a  rapporté  bien  d'autre  chose  assez  extraordinaire  à 
l'éi^ard  de  la  même  personne,  dont  une  partie  étoit 
comme  les  pronostiques  de  ce  qui  lui  devoit  arriver  un 
jour  ;  et  l'autre  rei^ardoit  l'état  des  choses  présentes 
et  celui  dans  lequel  apparamment  toutes  les  choses 
seront  bientôt.  Ce  Monsieur  a  parlé  durant  sa  vie  avec 
assez  d'ouverture  de  tout  ceci  à  une  lieliu^ieuse  et  à 
quelques  autres  personnes,  pour  m'autoriser,  si  j'en  vou- 
lois  dire  quelque  chose,  mais  je  laisse  le  tout  entre  les 
mains  de  celui  qui  est  le  Maître  des  temps  et  des  saisons 
ot  qui  en  réserve  la  connoissancc  ou  bien  la  donne  à  qui 
bon  lui  semble  (1).  Finissons  ce  Chapitre  et  ce  qui  regarde 
la  g-uerre  pour  cette  année,  parlons  des  nouvelles  que 
la  France  nous  y  donna,  surtout  disons  un  petit  mot  du 
Montréal  au  sujet  de  M.  l'Abbé  de  Quelu.s  qui  y  arriva 
environ  le  temps  de  la  mort  de  M.  Lemaitre  ;  aussi  bien 
encore  qu'il  n'y  ait  paru  cette  fois  que  comme  un  éclair, 
il  y  a  trop  de  chose  à  en  dire  pour  s'en  taire  tout  à  fuit 
je  ne  veux  pas  néanmoins  pour  cela  en  grossir  par  trop 
notre  volume  parcoque  cela  me  donneroit  trop  de  peine 
et  ne  laissoroit  p:is  au  lecteur  la  matière  d'exercer  ses 
pensées  ;  ce  qui  «Hant  je  me  contenterai  de  dire  que  M. 
l'Abbé  de  Quelus  venant  de  Rome  avoit  passé  ici  à 
l'Italienne — /wroij-wj/o,  mais  qu'on  jugea  qu'il  ne  devoit 
pas  ainsi  se  servir  dos  maximes  étrangères,  qu'il  étoit 


(!)  V.  App'iidicc  No.  XIII.  (.T.  V.) 


161 


plus  convenable  à  une  personne  de  sa  qualité  et  vertu 
de  faire  le  trajet  à  la  Françoise.  C'est  pourquoi  on 
l'obligea  de  repasser  la  mer  cette  même  année  afin  de 
revenir  par  après  au  su  de  tout  le  monde  et  avec  plus 
de  splendeur,  à  la  mode  de  l'ancienne  France,  comme  il 
a  fait  depuis  (1). 


(1)  Voir  App.  No.  IX.  (J.  V.) 


HISTOIRE    DU   MONTREAL. 


IJ.'  raiitoinne  IGOl  jusqu'à  laulomne  ICG2,  au 
(l-'part  dos  Vuisse.iiix  du  Canadas. 

Il  s'est  fait  pendant  le  cours  de  cette  année  plusieurs 
coml)atsou  nous  avons  perdu  beaucoup  de  monde  et  qui 
nou.s  ont  été  très  funestes  :  le  premier,  qui  fut  le  25  oc- 
tobre; se  passa  comme  je  vais  dire.  M.  Vignal,  i)rêtre 
de  cette  Communauté,  ayant  demandé  congé  à  M.  de 
Maison-neufve  de  mener  des  hommes  à  l'Isle-à-la-pierre 
(1),  afin  de  faire  tirer  des  matériaux  pour  parachever  cette 
Maison  ou  sont  présentement  logés  les  Ecclésiastiques 
qui  servent  cette  Isle,  il  en  ol)tint  la  permission  avec 
peine,  parceque  M.  de  Maison-neufve  craignoit  qu'il  ne 
trouvasse  quelqu'embuscade  en  ce  lieu, à  cause  (juil  y 
avoit  travaillé  le  jour  précédent,  ce  qui  ne  manqua  pas 
d'arriver, sur  quoi  il  est  à  remarquer  que  pour  éviter  d'être 
ainsi  attrapé  rarement  l'on  alloit  deux  fois  de  suite  en  un 
endroit  lorsque  les  «Minemis  étoient  à  craindre  :  (  )r  pour 
revenir  à  feu  M.  Vignal  aussitôt  qu'il  eut  le  congé  il  ne 
Bonirea  qu'à  s'embarquer  promptement  sans  se  mettre  en 
pt  ine  des  Iroquois,  même  en  allant,  quelqu'un  lui  ayant 
dit  (ju'il  croyoit  voir  des  canots  le  long  de  la  grande  ter- 
re et  de  l'islot,  il  ne  se  le  put  persuader  et  s'imagina 
que  c'étoit  desoriirnaux  ;  d'a])ord  qu'ils  furent  à  l'Ilot  les 
voilà  à  terre  ou  ils  s'en  allèrent  de  chacun  son  bord  com- 
me pour  se  dégourdir  sans  prendre  des  armes  ni  penser 


(I)  ('.'l'A  la  d-'rniriv  llf  nudossus  docelle  Slo.  Ilolon*?,  justement  vis-à-vig 
le  PfTi  Je  M';>iUrottl,  vi^rs  r<'XlixTnit«?  puix-rienic  d»î  lai]uelle  on  n-niarque 
«ncoro  2  arbr-'s,  I8i5.  (.F.  V.) 


163 

à  aucune  découverte  :  M.  Brigeart  (1)  même  qui  avoit  le- 
commandement  en  cas  d'attaque  y  arriva  le  dernier,  par- 
ce que  il  avoit  reçu  son  ordre  un  peu  tard  et  qu'il  n' avoit 
pu  joindre  ce  monde  parcequ'il  alloit  trop  vite  ;  pendant 
que  quelques-uns  se  promenoient  pour  se  dégourdir  du 
bateau  comme  nous  avons  déjà  dit, les  autres  plus  dilii>-ens 
se  mirent  à  ramasser  de  la  pierre  et  un  autre  qui  ne  fut 
pas  le  moins  surpris  alla  vaquer  à  ses  nécessités,  se  met- 
tant sur  le  bord  de  l'embuscade  des  ennemis  auxquels  il 
tourna  le  derrière,  un  Iroquois  indig-né  de  cette  insulte 
sans  dire  mot  le  piqua  d'un  coup  de  son  épée  emman- 
chée, cet  homme  qui  n'avoit  jamais  éprotivé  de  serina-ue 
si  vive  ni  si  pointue  fit  un  bond  à  ce  coup  en  courant  à 
la  voile  vers  nos  françois  qui  incontinant  virent  l'ennemi 
et  l'entendirent  faire  une  grosse  huée,  ce  qui  effraya  telle- 
ment nos  gens  dont  une  partie  n'étoit  pas  encore  débar- 
quée, que  tous  généralement  ne  songèrent  qu'à  s'enfuir, 
hormis  le  Sieur  Brigeart,  lequel  se  jetta  à  terre  et  se 
mit  à  crier  et  à  appeler  les  François,  lesquels  véritable- 
ment s'oublièrent  de  leur  ordinaire  bravoure  et  ne  le  se- 
condèrent pas,  que  si  ils  l'eussent  fait  les  Iroquois 
étoient  défaits  ; — Le  Sieur  Brigeart  quoique  seul  les  em- 
pêcha tous  pendant  quelque  temj^s  d'avancer,  ce  qui  fa- 
vorisa la  fuite  des  nôtres  qui  sans  cela  eussent  tous  été 
pris,  les  ennemis  prirent  la  résolution  d'aller  sur  lui  et 
alors  il  choisit  le  Capitaine  qu'il  jeta  roide  mort  d'uii 
coup  de  fusil,  ce  qui  efiraya  tellement  tous  les  autres  que 
cela  les  mit  en  balance  s'ils  dévoient  essuyer  encore  un 
coup  de  pistolet  qu"il  avoit  à  tirer,  mais  enfin  A'oyant  que 
•Brigeart  étoit  seul  et  qu'il  n'étoit  point  soutenu  ils  firent 
une    décharge  sur  lui  dans  laquelle  lui   ayant   rompu  le 

(1)  Le  môme  quo  M.  de  Belmont  nommé  Brysat,  et  que  le  Reg.  de  la  Pa- 
roisse, appelle  et  qualifie  ainsi:  "  Le  Grenadier  Claude  de  Brigard,  soldat  et 
Secrétaire  de  M.  le  Gouverneur,  âgé  de  30  ans,  de  Ligni-en-Barois."  (J.  V.) 


it;4 

bras  droit  et  fait  tomber  son  pistolet,  ils  se  jettèrent  sur  lui 
et  se  mirent  ensuite  à  taire  de  lurieusesdrchuroes  sur  un 
grand  bateau  plat  lequel  tachoit  de  se  mettre  au  largf,  par 
leurs  coups  de  fusils  ils  tuèrent  et  estropièrent  plusieurs 
personnes,  entr'autresdeux  braves  enfans  de  famille  nom- 
més Messieurs  MoyiMi  (1)  et  DuChesnc,  le  dernier  de  ces 
deux  exhortant  son  camarade  à  la  mort  sans  songer  être 
blessé  lui-même  tomba  tout  roide  mort  dans  le  bateau  (2)  : 
C'est  une  chose  étonnante  que  la  peur,  car  il  y  avoit  là 
de  braves  gens  mais  quand  l'appréhension  s'est  une  fois 
saisie  du  cœur  humain  il  s'c)ul)lie  de  soi-même,  au  reste 
si  le  brave  M.  Brigeart  eut  pu  arriver  assez  tôt  pour 
faire  faire  la  découverte  et  mettre  ce  monde  à  terre  dans 
l'ordre  qu'il  falloit  observer,  ce  malheur  n'eut  pas  arrivé, 
mais  c'étoit  une  permission  de  Dieu  et  non  pas  de  sa 
faute  :  Revenons  à  M.  Vignal  afin  de  voir  ce  qui  en 
arriva  ;  ce  bon  prêtre  voyant  tout  le  monde  en  ce  désor- 
dre voulut  se  mettre  dans  le  canot  d'un  de  nos  meilleurs 
habitans  nommé  M.  René  Cuillorier  (3)  dont  malheu- 
reusement il  trempa  le  fusil  dans  l'eau  y  voulant  monter 
ce  qui  ayant  réduit  cette  personne  sans  défense,  les 
Iroquois  tirèrent  sans  crainte  sur  eux  avant  qu'ils 
eussent  le  loisir  de  prendre  le  large,  ce  qui  leur  réussit 
€i  malheureusement  pour  nous  que  M.  Vignal  fut  percé 
d'outre  en  outre  et  ensuite  pris  avec  Cuillorier  ;  ce 
pauvre  homme  ainsi  percé  fut  jette  comme  un  sac  de 
blé  dans  un  canot  et  son  compagnon  d'infortune  fut  mis 
dedans  un  autre  ;  M.  Vignal  se  levant  de  temps  en  temps 
du  milieu  de  son  canot  avec  beaucoup  de  peine  et  de 
douleurs  disoit  aux  autres  prisonniers  qui  étoient  proche 


il)  J.  Ble.  Moyen  de  Paris,  enlerré  le  29  Octobre, mort  de  blessures  reçues 
le  25,  à  environ  19  ans.  (J.  V.) 

(2)  Bu  Cbf^sne,  Joseph,  t'-lail  de  Dio|ij»<!  et  i\f,'é  d'environ  20  ans.  (J.  V.) 

(3)  Le  nom  de  Cuillérifr,  non  r^iiillori'T,  «-xijile  encore  au  pays.  (J.  Wa 


165 

dans  les  autres  canots, — "  tout  mon  regret  dans  l'état  ou 
je  suis  est  d'être  la  cause  que  vous  soyez  en  Tétat  que 
vous  êtes  !  prenez  courage  et  endurez  pour  Dieu." — Ces 
paroles  prononcées  dans  un  état  aussi  digne  de  compas- 
sion que  celui  ou  il  étoit  crévoient  le  cœur  de  tous  nos 
pauvres  captifs,  enfin  on  les  emmena  les  uns  et  les 
autres  au  pays  de  l'ennemi  hormis  M.  Vignal  qu'ils  ne 
traînèrent  pas  bien  loin  car  le  voyant  trop  blessé  pou^ 
faire  un  long  voyage  ils  le  brûlèrent  pour  l'achever  et 
lui  donnèrent  lieu  d'offrir  à  son  Créateur  le  sacrifice  de 
son  corps  en  odeur  de  suavité,  étant  brûlé  sur  un  bû- 
cher comme  le  grain  d'encens  sur  le  charbon  sans  qu'il 
restât  rien  de  son  corps,  si  nous  joignons  à  ces  fiâmes 
la  dent  des  Iroquois  qui  en  fit  un  holocauste  parfait  (1)  ; 
Pour  ce  qui  regarde  M.  Brigeartils  le  firent  pareillement 
brûler,  mais  Dieu  le  voulut  favoriser  d'une  croix  beau- 
coup plus  cruelle  dans  la  mort,  ou  il  souffrit  prodigieu- 
sement et  ou  il  endura  d'une  façon  admirable  comme 
vous  l'allez  voir  :  Ces  cruels  l'ayant  fort  bien  guéri  à 
force  de  le  bien  traiter,  pour  le  mettre  en  état  de  leur 
donner  plus  de  plaisir  en  le  rendant  capable  de  plus 
horribles  souffrances,  aussitôt  qu'ils  le  virent  en  bon 
point  et  entièrement  remis  des  grandes  plaies  qu'il 
avoit  reçues  au  combat,  ils  commencèrent  son  supplice  (2), 
afin  de  lui  faire  payer  la  mort  de  leur  Capitaine  aussi 
chèrement  qu'ils  pouroient,  ils  lui  arrachoient  les 
ongles,  lui  arrachoient  les  bouts  des  doigts  et  les  fumoient 
ensuite,  ils  le  coupoient  tantôt  dans  un  endroit,  tantôt 
dans  un  autre,  ils  l'écorchoient,  le  chargeoient  de  coups 
de  bâton,  lui  appuyoient  des  tisons  ardens  et  des  fers 
chauds  sur  sa  chair  toute  nue,  enfin  ils  n'épargnèrent 


(1)  Voir  App.  No.  XIV.  (J.  V.) 

(2)  A  Onneyoulh,  dit  M.  de  Belmont.  (J.  V.) 


166 

rien  poiKlant  24  heures  que  le  supplice  dura,  durant 
lesquelles  voyant  son  admirable  patience  ils  en  enra- 
gt'oient,  Ibrneoient  de  nouv«'aux  m<»yens  pour  le  l'aire 
soutirir  davantacre  ;  lui  au  milieu  dr  ces  tourmens 
atroces  ne  laisoit  que  i)rier  Dieu  pour  Itîur  conv^ersion  et 
salut  ainsi  qu'il  avoit  promis  à  Dii'U  de  1»»  faire  se  voyant 
sur  le  point  d't*ntrer  dans  ces  tortures,  comme  il  l'écrivit 
lui  m«'*me  en  ces  temps-là  au  lî.  Pire  Lemoine  qui  étoit 
dans  une  autre  Nation  iroquoise.  M.  Cuillorier  qui 
avoit  lors  sa  vie  assurée  fut  merveilleusement  surpris 
d'un  tel  prodige  de  patience  et  vertu  qu'il  voyoit  dans 
la  mort  de  cet  homme  de  bii-n.  Les  Iroquois'  qui 
en  étoient  les  bourreaux  en  étoient  si  hors  d'eux-mêmes 
qu'ils  ne  savoient  qu'en  dire  :  au  reste  quant  à  nous, 
nous  nous  en  étonnerons  moins  si  nous  faisons  réflection 
sur  sa  vie  et  sur  le  dessain  qui  l'a  fait  venir  en  ce  pays, 
puisque  sa  vie  étoit  fort  sainte  et  qu'il  n'étoit  venu  ici 
pour  autre  intention  qu'afin  d'y  ofiVir  à  Dieu  un  pareil 
sacrifice,  y  risquant  sa  vie  pour  son  amour  en  assistant 
les  habitans  de  ce  lieu  ou  ils  étoient  si  exposés  (1)  : 
Mais  passons  outre  pour  venir  au  combat  funeste  du  7 
février  qui  nous  ravit  notre  illustre  ^lajor,  par  la  lâcheté 
d'un  Flamand  qui  étoit  son  domestique  lequel  l'aban- 
donna, ce  qui  donna  beaucoup  de  cœur  aux  ennemis 
qui  le  tuèrent  lui  quatrième  (2).  Sans  que  ses  deux 
pistolets  lui  manquèrent,  il  eut  changé  la  fortune  du 
combat  ou  quelques-uns  eussent  porté  de  ses  marques, 
d'autant  qu'il  étoit  extrêmement  bon  pistolier  et  que  sa 
générosité  luidonnoit  une  grande  présence  d'esprit  parmi 


(I)  Voir  Api»en(lice  No.  XVI.  (J.  V.) 

(2|  Les  Hegi?lrfs  'le  la  Paroisse  donnonl  ù  cp  combat  la  ilàic  du  G  al 
non  du  7  fév. — Voici  lentp-o  qu'on  y  lit  :  "IGG2.  fev.  G.  Le  sieur  I>ambort 
Clo~-c,  s'^r^'^'Ht-major  de  la  garnison,  Simon  L<'  Hoy.-Jean  Lecompte  et 
Loui*  Brisson,  tut-s  par  les  Iroquois."  (J.  V.) 


167 

les  coups  dont  il  n'étoit  nullement  troublé  :  Ce  malheur 
lui  arriva  premièrement  à  cause  qu'il  alloit  secourir  des 
gens  attaqués,  selon  son  bon  zèle  ordinaire,  laquelle 
action  étant  délaissée  par  ce  pagnotte  (1)  que  nous  avons 
marqué  au  milieu  des  coups  l'ennemi  prit  cœur  et  fit 
l'esclande  dont  nous  parlons,  que  si  cet  étranger  avoit  eu 
le  courage  d'un  Pig'eon  françois  qui  étoitson  campagnon 
de  service  lequel  avoit  la  moitié  moins  de  corps  et  d'appa- 
rence que  lui  ;  M.  le  Major  seroit  peut-être  aujourd'hui 
encore  en  vie,  car  ce  pigeon  fit  merveille  et  s'exposa  si 
avant  que  s'il  n'eut  eu  de  bonnes  ailes  pour  s'en  revenir 
il  étoit  perdu  lui-même  et  ne  fut  jamais  revenu  à  la 
charge  :  au  reste  si  ce  brave  Mons.  Closse,  major  de  ce 
lieu,  mourut  en  cette  rencontre  il  mourut  en  brave  soldat 
de  J.  C.  et  de  notre  Monarque,  après  avoir  mille  fois 
exposé  sa  vie  fort  généreusement,  sans  craindre  de  la 
perdre  en  de  semblables  occasions,  ce  qu'il  fit  bien  voir 
à  quelques-uns  qui  lui  disoient  peu  avant  sa  mort, — "  qu'il 
se  feroit  tuer  vu  la  facilité  avec  laquelle  il  s'exposoit  par- 
tout pour  le  service  du  pays, — "  à  quoi  il  repondit — "  Mes- 
sieurs, je  ne  suis  venu  ici  qu'afin  d'y  mourir  pour  Dieu 
en  le  servant  dans  la  profession  des  armes,  si  je  n'y  croyois 
pas  mourir  je  quitterois  le  pays  pour  aller  servir  contre  le 
Turc  et  n'être  pas  privé  de  cette  gloire  :  "  Quelques  temps 
après  ce  désastre,  il  arriva  un  trouble  assez  grand  pour 
un  certain  personnage  dont  le  pays  a  été  délivré  depuis. 
Cet  homme  par  ses  menées  secrètes  et  discours  pestilan- 
tiels  quin'épargnoient  personne  eut  allumé  un  grand  feu 
si  Dieu  ne  l'eut  bientôt  éteint  par  sa  miséricorde  comme 


(1)  Ce  mot  que  nous  avons  déjà  vu  page  147  n'est  point  un  nom  d'homme, 
dans  ce  cas  particulier  au  moins,  mais  un  vieux  mot  franrjais  signifiant 
lâche  ou  poltron  et  s'écrivant  pagnole.  (J.  V:)  M.  Margry  croyait  le  con- 
traire. Pigeon,  était  le  nom  de  l'autre  domestique  do  M.  Closse.  Il  i^arait 
qu'il  était  de  petite  taille. 


168 

il  fit  :  Le  >>  de  mai  il  se  lit  un  l>t':iu  combat  à  Ste.  Marie, 
Maison  du  Séminaire,  laquelle  u  toujours  exp«''rimenté 
les  sinpfulières  protections  de  sa  bonne  patrone  qui  lui 
a  toujours  conservé  ses  gens  sans  mort  ni  blessure,  quoi- 
qu'ils aient  été  souvent  attaqués  et  qu'ils  aient  toujours 
passé  pour  irens  de  cœur  a])préh('ndés  par  les  Iroquois  ; 
mais  voyons  cette  action  dont  je  parle  ;  Le  Sieur  Rouillé, 
Trudante  (1)  et  Langevin  étant  restés  les  derniers  sur  les 
lieux  au  travail,  tous  les  autres  domestiques  de  Ste.  Marie, 
s'en  étant  déjà  r»*tournés  hormis  le  nommé  So/fint.  senti- 
nelle, lorsqu'il  venoit  dans  un  méchant  trou  nommé 
Redoute  où  il  faisoit  des  châteaux  en  Espagne  :  dans  ce 
temps  50  Iroquois  qui  avoient  passé  tout  le  jour  dans  les 
frodorhea  éloignées  d'une  bonne  portée  de  fusil,  quelque 
peu  davantage,  se  levèrent  et  vinrent  tout  doucement  sur 
ces  4  derniers  hommes  afin  de  les  surprendre,  lier  et  em- 
mener prisonniers,  mais  par  bonheur  quelqu'un  d'eux 
ayant  levé  la  tète  il  s'écria — "  aux  armes,  voici  les  enne- 
mis sur  nous," — à  ce  cri  chacun  sauta  sur  son  iusil  et 
l'esprit  de  la  sentinelle  se  réveilla  pour  s'enfuir,  les  Iro- 
quois voyant  n'avoir  pas  réussi  en  leur  entreprise  jette- 
rent  hnirs  colliers  et  firent  une  salve  de  ôO  coups  de  fusils 
à  brule-pourpoint,  les  0  françois  qui  étoient  dans  le  chami) 
s'encoururent  à  la  redoute,  d'où  le  soldat  s'enfuyant,  M. 
Trudeau,  grand,  fort  et  résolu  gar(;on.  voyant  cette  la- 
ch»'té,  à  coups  de  pieds,  de  poings  rejetta  le  pauvre  Soldat 
en  sa  redouta  et  le  secoua  tellement  en  ce  moment  qu'il 
le  tint,  qu'il  lui  fit  nvciiir  son  cœur  lequel  commençoit 
déjà  à  s'exalh-r.  M.  Dcbolestre  entendant  ce  choc  sort  au 
plus  vite  de  Ste.  Marie  avec  tout  ce  qu'il  peut  de  monde 
pour  soustraire  les  attaqués,  par  les  chemins  il  rencontra 
ceux  qui  revenoient  du  travail  dont  une  partie  fuyoit  et 

(1)  Trude'iu. 


169 

l'autre  partie  retournoit  à  ses  camarades  pour  les  défen- 
dre, mais  il  lit  honte  aux  fuyards  et  tous  allèrent  à  la  corn- 
pagnie  avec  bonne  intention  et  diligence  à  ces  4  assaillis 
qui  encore  que  le  lieu  fût  prêt  avoient  déjà  essuyé  2  ou 
3  cents  coups  de  fusil  avant  leur  arrivée,  quand  le  monde 
de  Ste.  Marie  fut  venu  on  commença  à  répondre  aux 
ennemis  et  à  leur  faire  voir  que  nous  savions  mieux  tirer 
qu'eux,  car  en  toute  leur  décharge  ils  ne  firent  autre 
chose  sinon  que  couper  le  fusil  de  M.  Rouillé  en  deux 
avec  une  balle  et  nos  François  trouvèrent  bien  le  secret 
de  les  atteindre,  ce  qu'ils  eussent  fait  encore  plus  heureuse- 
ment sans  que  ces  misérables  appercevant  qu'on  les  cou- 
poit  ils  s'enfuirent  au  plus  vite  dans  les  bois  avec  plusieurs 
blessés  dont  un  mourut  peu  après  de  ses  blessures  ;  au 
reste  on  tira  tant  dans  cette  attaque  qu'on  croyoit  que 
tout  fut  pris  lorsque  du  Montréal  on  vint  au  secours, 
mais  on  trouva  tout  le  contraire  car  les  ennemis  avoient 
bien  été  vigoureusement  repoussés,  au  reste  la  provi- 
dence fut  grande  à  l'égard  d'un  prêtre  de  ce  lieu  qui  agit 
tout  le  jour  autour  de  cette  embuscade  venant  à  deux  ou 
trois  emjambées  près,  sans  que  pour  cela  personne  bran- 
lât, on  voulut  allumer  des  feux  qui  eussent  été  favora- 
bles aux  ennemis  pour  la  fumée  laquelle  venant  de  leur 
côté  leur  auroit  donné  lieu  de  surprendre  tous  les  Fran- 
çois sans  en  être  vu,  mais  notre  Seigneur  permit  que  le 
bois  se  trouva  si  mal  disposé  pour  brûler  qu'à  la  fin  on 
l'abandonna  :  plusieurs  autres  fois  on  a  eu  encore  lieu 
de  remarquer  le  bonheur  de  cette  Maison,  une  fois  en- 
tr'autre  les  ennemis  y  étant  venus  de  nuit  et  ayant  dressé 
une  embuscade  à  la  porte,  M.  de  la  Vigne  qui  demeuroit 
lors  à  cette  Maison  se  levant  pour  quelque  nécessité  re- 
garda dehors  et  voyant  ces  traîtres  venir  il  en  avertit  un 
chacun  et  on  eut  le  plaisir  de  l'es  voir  se  placer  au  clair 
de  la  lune,  ou  le  lendemain  on  les  débusqua  et  ceux  qui 

T 


170 

vouloient  prendre  furent  pris  et  laits  prisonniers  au  nom- 
bre de  15  ou  IC  qu'ils  étoient  :  Ainsi  Dieu  a  toujours  été 
l'avorahle  à  cette  Maison  dans  toutes  les  autres  occasions, 
tant  dans  cette  année  que  dans  les  autres  :  il  y  a  bien  eu 
d'autres  attaques  au  Montréal  j)endant  ce  temps-là,  et  il 
y  a  bien  eu  quelques  François  de  tués  en  diliérentes 
rencontres, — mais  comme  ces  actions  n'ont  pas  été  lort 
considérables  je  ne  me  crois  pas  aussi  obligé  d'en  re- 
chercher le  détail. 


HISTOIRE    DU    MONTREAL. 


De  l'automne   \6Q1  jusqu'à  l'.'uitomn'^  IC63  au 
départ  des  vaisseaux  du  Canadas. 

Cette  année  ne  nous  donnera  pas  rien  de  bien  remar- 
quable au  sujet  de  la  guerre,  car  encore  bien  que  nous 
y  ayons  eu  quelquefois  du  monde  tué,  il  ne  se  trouve 
pas  toutefois  des  faits  qui  méritent  être  touchés  dans  une 
histoire  :  Il  y  a  bien  quelque  chose  à  remarquer  sur  le 
fruit  d'un  voyage  que  Mlle.  Mance  fit  cette  année-là  en 
France,  pour  lequel  elle  étoit  partie  dans  les  derniers 
navires  ;  ayant  su  cette  fâcheuse  nouvelle  que  tous  les 
biens  de  feu  M.  de  la  Doversière  avoient  été  saisis  et  que 
partant  toute  la  fondation  des  Religieuses  hospitalières 
qu'il  avoit  entre  ses  mains  étoit  bien  en  risque  d'être 
perdue,  comme  en  effet  elle  l'a  été,  ou  vous  considérerez, 
s'il  vous  plait,  que  si  ces  bonnes  filles  avoient  tardé  de 
partir  une  année  comme  on  souhoitoit,  M.  de  la  Dover- 
sière auroit  été  mort  avant  ce  temps  et  leur  fondation 
auroit  été  absorbée  par  ceux  qui  ont  voulu  faire  voir  que 
ce  bon  M.  étoit  mort  ruiné,  et  partant  ces  filles  n'au- 
roient  eu  que  faire  de  songer  à  partir  étant  sans  fonda- 
tion, mais  Dieu  qui  les  vouloit  ici  dans  l'état  ou  elles  se 
trouvent  et  qui  savoit  les  choses,  les  a  fait  prévenir  ce 
qui  les  pouvoit  arrêter,  c'est  ce  que  je  trouve  de  plus 
remarquable  dans  le  voyage  que  la  charité  fait  faire  à 
•  Mlle.  Mance  cette  année.  Le  11  du  mois  d'août  une 
petite  Sauvagesse  nommée  Marie  des  Neiges,  qui  promet- 
toit  beaucoup,  est  morte  à  la  Congrégation  chez  la  Sœur 
Bourgeois,  laquelle  l'avoit  élevée  depuis  l'âge  de  10  mois 
avec  des  soins  et  des  peines  bien  considérables  dont  elle 


172 


a  été  payée  par  la  satisfaction  que  ronfant  lui  donnoit 
(1)  ;  à  cause  de  l'amiti»'  qu'on  i)ortoit  à  cet  enlant,  on  a 
voulu  resusciter  son  nom  par  une  autre  petite  Sauva- 
gesse  qu'on  a  eu  en  ce  lieu  à  laquelle  on  a  donné  le 
même  nom  dans  le  ))aptème  :  cettf  deuxième  étant  aussi 
décédée,  on  a  pris  une  -V  petite  lille  Sauvagesse  vers  la- 
quelle on  s'est  comporté  d»-  la  même  façon  et  à  laquelle 
on  a  donné  le  même  nom  ;  que  si  celle-ci  ne  meurt  pas  plus 
criminelle  que  les  autres,  après  avoir  demeuré  ici  bas 
toutes  trois  dans  la  Congrégation  du  Montréal,  elles  au- 
ront l'honneur  d'être,  j'espère,  toutes  trois  au  ciel  pour 
toute  l'éternité,  dans  cette  Congrégation  qui  suit 
l'Aiineau  immaculé  avec  des  prérogatives  toutes  spé- 
ciales. 


(I)  V.  App.-nflic-.  No.  \.    .I.N 


HISTOIRE    DU    MONTREAL. 


Do  raulomui'  IGG3  Jusqui'i  l"aulomne  1004  au 
ili''|iai"l  des  Viiisspan\  du  (lanad.is. 

La  Seigneurie  du  Montréal  ayant  été  donnée  par 
Messieurs  de  cette  Compag-nie  à  Messieurs  du  Séminaire 
de  St.  Sulpice  (1)  ils  en  ont  pris  possession  cette  année 
(1664),  ce  qui  leur  donna  de  l'exercice  bientôt  après  ; 
et  pour  commencer,  sans  considération  de  l'autorité  du 
Roi  qui  avoit  donné  une  Justice  à  cette  Seigneurie  avec 
droit  de  ne  ressortir  par  appel  que  devant  une  Souve- 
raine, on  trouva  à  propos  de  ne  lui  pas  même  souffrir  la 
moindre  ombre  de  Justice  aussitôt  que  Messieurs  de  la 
Conij^agnie  du  Montréal  la  leur  eurent  remise  ;  Il  est  vrai 
que  cette  insulte  est  assez  grande  et  qu'il  est  assez  inoui 
de  voir  telles  entreprises  sans  fondement,  ni  pouvoir  : 
C'étoit  moins  bien  reconnoitre  six  ou  sept  cents  mille 
livres  de  dépenses  faites  par  les  Seigneurs  de  Montréal 
pour  le  soutien  de  ce  pays  ou  ils  ont  tant  perdu  de 
monde  et  ou  il  n'y  aura  d'ici  à  longtemps  que  de  la  dé- 
pense à  faire  :  mais  n'importe,  Messrs.  du  Séminaire  se 
consolent  fort  aisément  d'un  tel  affront  en  ce  que  leur 
ôtant  cette  Justice  extérieure  qui  regarde  le  barreau  on 
leur  a  donné  lieu  d'anoblir  et  d'accroitre  celle  qui  est 
intérieure  et  qui  regarde  le  Ciel.  Au  reste  M.  Talion  (2) 
trop  équitable  poiir  souffrir  telles  injustices  a  rétabli  les 


(1)  Cette  donation,  faite  à  Paris,  est  du  9  mars  1663,  et  le  contrat  en  a  été 
insinué  au  Chàtelet  le  5  juin  suivant  ;  puis  ratifié  par  le  Roi  en  Mai  1677.- 
Registré  à  Québec,  le  20  sept.  1677.  (J.  V.)  ' 

('2)  M.  Jean  Talon,  iraprès  son  autographe.  Intendant.  (J.  V.) 


174 

SeiLrnours  do  ce  lieu  dans  leurs  droits  et  a  lait  évanouir 
un  certain  fantôme  de  Justice  qui  a  réi^né  quelque  peu 
de  temps  se  recouvrant  du  beau  manteau  de  "  Justice 
Royale,"  contre  tout  droit  cl  raison  (1).  Pour  ce  (jui 
regarde  la  g'uerre  on  a  bien  eu  de  la  peine  cette  ann»''e, 
aussi  bien  que  les  autres  il  lalloit  toujours  être  ici  sur  ses 
gardes  ;  de  tous  côtés  on  étoit  en  crainte  à  cause  des  em- 
buscades, même  si  on  vouloit  l'aire  savoir  des  nouvelles 
à  Québec  ou  aux  Trois-lîivières  de  quelque  chose  im- 
portant la  guerre,  il  lalloit  chercher  les  meilleurs  canot- 
teurs,  les  l'aire  partir  de  nuit,  et  après,  avec  une  diligence 
qu'aujourd'hui  on  ne  voudroit  pas  croire,  ils  tachoient  de 
se  rendre  au  lieu  déterminé  et  d'éviter  par  leur  vitesse 
la  rencontre  des  ennemis  ; — M.  Lebert  (2),  un  des  plus 
riches  et  honnêtes  marchands  qu'il  y  ait  ici  et  même  dans 
tout  le  Canadas,  a  rendu  en  ceci  de  grands  services  à  la 
Colonie,  pour  laquelle  il  s'est  souvent  exposé  afin  de  don- 
ner ses  avis  soit  en  canot,  soit  sur  les  glaces,  ou  à  travers 
les  bois  ;  ce  n'est  pas  là  l'unique  secours  qu'il  ait  rendu  à  ce 
lieu,  d'autant  que  s'il  a  eu  l'esprit  d'y  faire  sa  fortune  par 
son  commerce  il  a  en  même  temps  beaucoup  servi  le  pu- 
blic dans  la  manière  aisée  et  commode  en  laquelle  il  l'a 
fait  touchant  les  laits  de  guerre.  Je  rapporterai  ici  deux 
coups  faits  par  les  Iroquois,  afin  de  faire  voir  les  peines 
et  hazards  ou  l'on  étoit  ici  alors,  puisque  à  peine  osoit-on 
paroitre  à  sa  porte  pour  y  aller  chercher  de  quoi  vivre. 
Feu  Raguideau  étant  allé  à  la  chasse  avec  plusieurs  per- 
sonnes dont  il  avoit  le  commandement,  M.  Debellètre 
étant  aussi  sorti  de  l'Habitation  avec  un  parti  dans  le 
même  temps  pour  le  même  dessein,  ces  deux  partis  se 

(1)  C-lto  Justice  onlov<^p  aux  S'ipnfiirsdf  rilo  di'MonlrvQl  par  M.  de  Mesy 
en  16r>3,  leur  Tut  rendue  par  M.  Talon  »'n  IGG7.  (.1.  V.) 
(1)  M.  Jacques  Le  Ber  ;  j'ai  son  autographe.  (J.  V.) 


175 

joignirent  à  deux  isles  qui  sont  un  peu  audessous  de  ce 
lieu  (1)  où  ayant  tué  des  bétes  ils  envoyèrent  un  canot 
devant  eux  chargé  de  viande  à  l'Habitation, —  Or  comme 
on  ne  peut  remonter  ce  fleuve  à  la  rame  sans  être  proche 
de  terre  pour  éviter  le  courant,  ce  canot  chemin  faisant 
le  long  du  rivage  se  trouva  vis-à-vis  d'une  embuscade 
qui  fit  une  décharge  laquelle  tua  ou  blessa  3  ou  4  hommes 
qui  étoient  dans  le  canot,  cela  fait  un  Iroquois  accourut 
afin  de  tirer  le  canot  de  l'eau,  mais  un  de  nos  gens  qui 
étoit  encore  en  état  de  se  défendre  jetta  roide  mort  d'un 
coup  de  fusil  l'Iroquois  qui  venoit  à  lui,  cela  fait  il  mit 
au  large,  les  autres  Iroquois  s'encoururent  à  leur  canot 
apparemment  pour  poursuivre  ros  gens  moribonds  et 
blessés,  mais  voyant  M.  Debellestre,  Saint  Greorge  et 
autres  françois  lesquels  venoient  au  secours  ils  changè- 
rent le  dessein  en  celui  de  s'enfuir  (2).  Au  mois  d'août 
de  cette  année  deux  françois  étant  tout  proche  du  Mont- 
réal en  canot,  tout  d'un  coup  ils  furent  tués  roides  morts 
sans  avoir  le  loisir  de  voir  ceux  qui  les  chargeoient  (8)  ; 
enfin  on  avoit  tellement  l'ennemi  à  craindre  de  toutes 
parts  en  ce  lieu  et  il  y  auroit  tant  d'exemple  fâcheux  à 
rapporter  que  nous  n'en  manquerions  pas  d'en  trouver 
d'aventage,  mais  ceux-ci  suffiront  pour  donner  une  idée 
générale  du  tout.  (4) 

(1)  Les  îles  Ste.  Thérèse,  selon  M.  de  Belmont.  (J.  V.) 

(2)  "  1664,  Mai  4. — Michel  Théodore  dit  Gilles,  tué  à  la  Longue-Pointe" 
(Registre  de  la  Paroisse.)  (J.V.) 

(3)  "  1664,  Août  9. — Jacques  Dufresne  et  Pierre  Maignan,  tués  à  l'isle  Ste. 
Hélène  "  (Reg.  de  la  Par.)  (J.  V.) 

<4)  Il  semble  que  notre  écrivain  n'aurait  pas  dû  oublier  de  noter  le  retour 
de  France  de  Melle.  Mance,  que  le  Journal  des  Jésuites  fi.xe  au  25  Mai  1664. 
(J.  V.) 


HISTOIRE    DU   MONTREAL. 


De  laulomne  IGG'i  jusqvià  laulomiio    1G65  nu 
départ  îles  Vaisseaux  du  Canadas, 


Plus  de  la  moitié  de  cette  année  se  passa  sans  qu'il  y 
eut  rien  de  funeste  parceque  on  se  tint  toujours  bien 
sur  ses  gardes,  mais  dans  le  mois  de  Juillet  M.  Lemoine 
ayant  eu  envie  d'aller  à  la  chasse,  il  demanda  et  obtint 
cong-é  d'y  aller  avec  quelques  Sauvages  de  la  Nation  des 
Loups  avec  lesquels  il  alla  nonobstant  quelques  avis 
qu'on  lui  donna  particuliers,  touchant  les  ennemis  qu'on 
croyoit  n'être  pas  loin,  mais  son  peu  de  crainte  empêcha 
d'examiner  ce  qu'on  lui  en  dit  ;  il  ne  fut  pas  très  loin 
qu'étant  entré  dans  l'Isle  Ste.  Thérèse  pour  chasser,  il 
fut  attaqué  par  les  Iroquois  qui  le  surprirent  seul,  lui 
crièrent  de  se  rendre,  ce  que  ayant  refusé  et  les  ayant 
couché  enjoué,  reculant  peu-à-peu,  les  ennemis  avan- 
çoient  toujours  sur  lui  :  ce  que  voyant  résolut  de  vendre 
sa  vie  qu'il  tenoit  pour  perdue,  il  tira  son  coup  de  fusil 
mais  au  lieu  de  frapper  celui  qu'il  visoit,  il  n'atrappa  que 
les  branches  des  arbres  à  cause  d'un  chicot  qui  le  fit  cul- 
buter, s'étant  relevé  avec  promptitude  il  s'enfuit  de  son 
mieux,  mais  il  fut  poursuivi  si  vivement  qu'enfin  il  fut 
atteint,  environné  et  pris  :  d'abord  qu'on  eut  cette  fâ- 
cheuse nouvelle  au  Montréal  on  envoya  du  monde  après 
les  Iroquois  mais  ne  les  ayant  trouvé,  on  fut  obligé  de 
revenir  ici,  on  ne  faisoit  aucun  doute  qu'il  ne  fut  très- 
cruellement  brûlé  à  cause  que  jusqu'alors  ilsavoient  fait 
tous  leurs  efforts  tant  par  trahisons  que  par  force  ouverte 
afin  de  lattrapper  et  de  satisfaire  par  là  à  la  dévotion  de 


177 

leurs  Vieillards  qui,  depuis  plusieurs  années,  amassoient 
de  temps  en  temps  du  bois  pour  le  brûler,  faisant  toutes 
ces  sottises  devant  eux  afin  de  les  animer  à  en  faire  cap- 
ture :  que  si  il  est  réchappé  ce  fut  par  ce  qu'il  leur  dit 
étant  parmi  eux:  "  ma  mort  sera  bien  vengée,  je  t'ai  sou- 
vent menacé  qu'il  viendroit  ici  quantité  de  soldats  fran- 
çois  lesquels  iroient  chez  toi  te  brûler  en  tes  villages,  ils 
arrivent  maintenant  à  Québec,  j'en  ai  des  nouvelles  as- 
surées ;  " — Cela  leur  fit  peur  et  les  obligea  à  le  conserver 
afin  de  moyenner  leur  accommodement  pour  lequel  sujet 
ils  le  ramenèrent  à  l'automne  sans  lui  faire  aucun  mal, 
il  est  vrai  que  cela  a  été  considéré  comme  un  petit  miracle 
à  cause  de  la  haine  qu'ils  lui  portoient,  aussi  on  peut  dire 
que  sa  femme  dont  la  vertu  est  ici  un  rare  exemple  peut 
bien  avoir  contribué  tant  par  sa  piété  que  par  ses  vœux 
pour  cette  délivrance  si  peu  attendue  ;  Mais  venons  à 
l'arrivée  des  navires  afin  de  dire  un  mot  de  ce  grand  mon- 
de qui  vint  cette  année  au  Montréal  et  afin  d'annoncer 
avec  ingénuité  que  si  la  joie  en  fut  extrême  à  cause  de 
la  bonté  que  le  roi  eut  d'y  faire  briller  ses  armes  victo- 
rieuses et  de  rendre  désormais  libre  le  passage  de  la  mer 
aux  lévites  de  J.C.  qui  la  voudroient  traverser,  afin  de 
venir  en  ces  lieux  desservir  l'Arche  de  notre  nouvelle  al- 
liance :  toute-fois  ces  joies  dans  les  plus  éclairés  furent  dé- 
trempées de  beaucoup  d'amertumes  lorsqu'ils  virent 
M.  de  Maison-neufve  leur  père  et  très-cher  Grouverneur 
les  quitter  cette  fois-là  tout  de  bon  et  les  laisser  dans 
d'autres  mains  (1),  dont  ils  ne   dévoient  pas   espérer   le 

il)  V.  Appendice.  No  XI.  (  J.V  ) 

Extraits  des  Registres  de  Id  Paroisse  :  "  1665,  Avril,  24.-Rolin  Basile,  tué  ; 
Guill.  Jérôme,  blessé  à  mort  :  Jacifues  Petit  et  Montor,  pris  et  emmenés  pir 
les  Iroquois."-  (Voir  App.  No.  XV.)  "  Mai,  29.  Jeanne  Osibanoche  de  la 
nation  des  Loups-prache  les  Anglois,  morte  de  blessures  reçues  des  Iro- 
quois ".  —   "  .\.oût,  28.  Pierre  Raguideau,  tué  par  ces  sauvages."  (J.V.) 

U 


178 

même  dégap^ement,  le  même  amour  et  la  même  fidélité 
pour  réloii^îiement  dos  vices  qui  y  ont  pris  en  eltot,  depuis 
ce  temps,  leurs  maisons  et  leurs  accroissements  avec 
beaucoup  d'autres  misères  et  disgrâces,  lesquelles  n'a- 
voient  point  paru  jusqu'alors,  à  ce  point  qu'on  a  vu  de- 
puis. 


HISTOIRE    DU    MONTREAL. 


De  l'automne  1GG5  jusqu'à  l'aiitomno  1G6C  au 
départ  des  Vaisseaux  du  Canadas. 

Encore  que  le  Montréal  eut  été  cette  année  notable- 
ment fortifié  de  monde  pour  l'arrivée  des  troupes  où  il  y 
avoit  de  braves  soldats  et  dignes  officiers,  toutefois  com- 
me ils  vouloient  qu'on  suivit  la  manière  dont  on  se  sert 
dans  l'Europe  pour  se  défendre,  laquelle  est  très  désa- 
vantageuse pour  ce  pays,  aux  expériences  duquel  ils  y 
ajoutoient  trop  peu  de  foy  :  cela  fit  que  les  ennemis  ne 
laissoient  pas  de  nous  tuer  du  monde  tout  comme  aupa- 
ravant, même  ils  nous  en  auroient  tué  davantage  dans 
ces  commencemens  si  la  multitude  des  gens  ne  leur  eut 
fait  peur  et  s'ils  ne  fussent  point  allé  les  chercher  chez 
eux  pour  les  combattre,  ce  qui  les  intimida  :  en  quoi  on 
a  beaucoup  d'obligation  à  M.  De  Courcelle,  Grouverneur 
de  ce  pays,  car  il  a  pris  des  peines  incroyables  et  risqué 
beaucoup  sa  vie  nomément  cet  hiver  parce  que  jugeant 
qu'il  étoit  très  important  de  donner  aux  Iroquois  une 
haute  idée  de  nous,  il  se  résolut  d'aller  chez  eux  aussitôt 
que  les  glaces  seroient  bonnes  (1)  :  on  ne  sauroit  expri- 
mer l'excès  des  peines  qu'il  eut  en  ce  voyage  pour  le  peu 
d'expérience  qu'avoient  alors  nos  françois,  ce  que  je  dé- 
crirai plus  au  long  sans  que  ce  soit  m'étendre  plus  loin 
que  je  ne  me  suis  prescrit  dans  cette  histoire,  suivant  la- 
quelle je  puis  seulement   «jouter   que  M.  de    Courcelle 


(I)  Cette  expédition  eut  lieu  du  9  Janvier  1666,  que  M.  de  Courcelle  quitta 
Québec,  au  17  Mars  suivant,  qu'il  y  rentra  avec  ses  troupes  (Journal 
des  Jésuites,  MS.)  (  J.V.j 


ISO 

avoit  70  Montrealistes  en  cette  exp(''dition  sous  le  com- 
mandomoiit  de  M.  Lemoine  et  que  M.  le  Gouverneur 
les  sachant  les  mieux  agut'-ris  il  leur  fit  l'honneur  de  leur 
donner  la  tête  en  allant  et  la  queue  au  retour  ;  y  en  ayant 
peu  d'autres  auxquels  il  eut  pu  lors  confier  ces  marches 
honorables  et  pt-rilleuses  parmi  ces  bois  dont  nos  trou- 
pes avoient  si  peu  d'instruction  en  ce  temps  là.  Aussi 
M.  le  Gouverneur  se  reposoit  beaucoup  sur  eux  tous,  il 
leur  témoig-noit  une  confiance  particulière  et  les  cares- 
soit  crandement,  il  les  appeloit  fies  capots  bleus,  com- 
me s'il  les  eut  voulu  nommer  les  enfants  de  sa  droite: 
que  si  tout  son  monde  eut  été  de  pareille  trempe  il  eut 
été  bien  en  état  d'entreprendre  d'avantage  qu'il  ne  pût 
pas:  au  reste  pour  cette  occasion  et  toutes  les  autres  M. 
le  Gouverneur  a  toujours  trouvé  le  peuple  de  ce  lieu 
plus  prompts  et  prêts  à  marcher  qu'aucun  autre,  ce  qui 
a  fait  qu'il  a  toujours  uniquement  eu  une  affection  toute 
particulière  pour  le  Montréal  ;  ce  que  ayant  été  trouvé 
à  redire  par  une  personne,  il  lui  répondit.  "Que  voulez- 
vous,  je  n'ai  trouvé  de  gens  qui  m'aient  mieux  servi 
pendant  les  guerres  et  qui  m'aient  mieux  obéi  ;  "  L'été 
d'après  on  fit  une  seconde  entreprise  contre  les  Iroquois 
ou  M.  de  Sorel  eut  le  commandement  (1)  dans  lequel 
parti  il  fut  assisté  d'environ  30  bons  Montrealistes  quoi- 
qu'il n'eut  qu'environ  200  François;  M.  De  Tracy  allant 
pendant  l'automne  en  cruerre  contre  les  mêmes  (^nnemis 
il  eut  110  habitans  du  Montréal  auxquels  il  accorda  le 
même  honneur  allant  chez  les  ennemis,  les  faisant  mar- 
cher assez  loin  devant  jusqu'à  la  vue  des  villages  enne- 
mis, bravant  les  plus  o-rands  périls  qu'on  pouvoit  encou- 
rir,—M.  Lemoine  eut  l'honneur  pareillement  d'être  Capi- 
taine des  habitans  en  cette   occasion  et   M.  de  Bellestre 


(1,  Oui  ;  on  .Vofil  IGOf,  /Journal  (!<-?  .Tôsuilos  MS).  (J.V.) 


181 

celui  d'en  être  Lieutenant  (1)  outre  cette  belle  Compa- 
gnie nous  avions  encore  trois  autres  Montrealistes-trois 
qui  étoient  près  de  M.  de  Courcelles  (2)  ou  de  certains 
Capitaines  lesquels  étoient  leurs  amis  particuliers,  ces 
trois  étoient  M.  Dailleboust,  M.  Duhomeny  (3)  et  M.  de 
St.  André  ;  quant  à  M.  Dailleboust  il  ne  vint  pas  jus- 
qu'au pays  pour  une  morsure  d'ours  qui  l'empêcha, — 
quant  à  M.  de  Homeny  il  vint  non  seulement  à  ce  voy- 
age mais  encore  en  celui  de  l'hiver  fait  par  M.  de  Cour- 
celles, où  il  pensa  périr  et  aussi  en  celui  de  M.  de  Sorel; 
La  troupe  de  Messieurs  les  habitans  du  Montréal  dans 
l'expédition  de  M.  de  Tracy  se  peut  encore  grossir  par 
la  venue  d'un  prêtre  de  St.  Sulpice  lequel  étant  arrivé, 
cette  année-là,  de  France,  5  ou  6  jours  devant  cette  ex- 
pédition (4)  y  assista  selon  son  ministère,ainsi  que  la  Rela- 
tion du  Canadas  le  manifeste  sous  le  nom  de  M.  Colson 
(5)  ;  au  reste  ce  prêtre  fit  un  bon  noviciat  d'abstinence 
sous  un  certain  Capitaine  qui  peut  être  appelé  le  Grand 
Maître  du  jeûne,  du  moins  cet  officier  auroit  pu  servir 
de  Père-maître  en  ce  point  chez  les  Pères  du  Désert  :  (M. 
Tabbé  Dubois  (6)  devoit  faire  pour  (7)  ).  M.  l'abbé  Dubois 


(1)  L'expédition  de  M.  de  Tracy  eut  lieu  du  14  Sept.,  qu'il  quitta  Québec, 
au  5  Nov.  1666,  qu'il  y  rentra.  (Journal  des  Jésuites)  (J.V.) 

(2)  Son  autographe  fait  foi  qu'il  signait  "  Courcelle  "  (J.V.) 

(3)  De  Hautmesnil. 

(4)  Gharlevoix  dit  que  M.  de  Tracy  se  mit  en  marche  le]  16  Septembre 
1666  ;  le  Journal  des  Jésuites  dit  la  môme  chose,  et  il  annonce  sous  la  date 
du  6  Septembre,  l'arrivée  de  4  Sulpiciens,  sans   donner  leurs  noms. 

(5)  On  lit  Cosson  dans  les  Relations,  1665-66,  p.  9,  édit.  de  Québec. 

(6)  N.  Dubois  étoit  arrivé  le  10  Août  1G65  (Journal  des  Jésuites  MS.) 

(7)  Il  doit  manquer  quelques  mots,  ou  tous  les  mots  de  cette  parenthèse 
sont  de  trop.  (  J.V.  )  Ne  pourrait-on  pas  lire  :  M.  l'abbé  Dubois  devnit  faire 

pour ?  Cette  phrase  incidente  ne  serait  que  la  continuation  do  l'int.'ntion 

maligne  qui  perce  chez  M.  DoUier.  Un  nom  propre,  omis  dans  la  parenthèse, 
pouvait  facilement  être  suppléé  par  les  lecteurs  de  cette  histoire,  laquelle  n'é- 
tait point  destinée  à  la  publicité,  comme  nous  l'avons  déjà  dit. 


182 

qui  étoit  de  cette  confrérie  y  pensa  mourir  absolument 
pour  le  même  sujet.  Pour  r»'cclt'siastique  de  St.  Sul- 
pice  il  étoit  d'une  comploxion  plus  forte,  mais  ce  qui 
l'alibiblissoit  beaucoup  c'étoit  les  confessions  de  nuit,  tra- 
vaux spirituels  qu'il  falloit  faire  pendant  que  les  autres 
dormoient,  ce  qui  lit  qu'il  ne  put  jamais  sauver  un  hom- 
me qui  se  noyoit  devant  lui,  ce  qu'il  eut  fait  aisément 
sans  cette  grande  foiblesse  et  que  un  affronteur  de  cor- 
donnier lavoit  mis  nu-pieds  pour  une  méchante  paire  de 
souliers  qui  n'avoit  plus  que  le  dessus,  ce  qui  étoit  bien 
rude  surtout  en  ce  lieu-là,  à  cause  des  pierres  aiguës 
dont  l'eau  et  le  rivage  sont  pavés.  Ces  choses  l'ayant 
rendu  paresseux,  quand  ce  fut  à  l'extrémité  et  qu'il 
se  fut  désabillé  pour  se  jeter  à  la  na^^e  il  n'en  étoit 
plus  temps,  ce  qui  n'empêcha  pas  que  sa  tentative  n'en 
eut  une  bonne  récompense  parce  que  cet  homme  étant 
en  quelque  façon  aux  KR.  PP.  Jésuites,  un  des  Pères 
de  la  Compagnie  l'ayant  remercié  de  ce  qu'il  avoit  voulu 
faire  il  lui  répondit — que  la  foiblesse  de  la  l'aim  l'avoit 
empêché  de  faire  davantage.  Ce  bon  Père  entendant  ce 
discours  le  tira  à  part  et  lui  donna  un  morceau  de  pain 
— assaisonné  de  deux  sttrres  foui  /h'Jférents  l'un  de  Madè- 
re et  l'autre  de  l'appétit. 


HISTOIRE    DU    MONTREAL. 


D't  lautoinni;  16G0  jasquà  lautùiiine  lG(j7, 
au  (iéparl  des  vaiss''aux  du  Canadas. 

Dans  la  fin  de  cet  automne,  M.  Fremont  (1\  prêtre  de 
cette  commnnatité  se  rendit  aux  Trois-Rivières  afin  d'y 
assister  les  habitans  selon  son  ministère,  mais  il  fit  un 
voyage  fort  rude  et  dangereux,  d'autant  qu'il  fut  obligé 
de  descendre  fort  tard  dans  une  petite  barque  fort-mal 
provisionnée  qui  croyoit  être  bientôt  rendue  mais  qu'un 
vent  contraire  fit  tromper  en  son  calcul,  car  elle  fut  long- 
temps à  se  rendre,  et  pardessus  cela,  on  y  souffrit  du 
froid  dans  le  dernier  excès,  tous  les  bords  du  fleuve  se 
glacèrent  jusqu'au  courant  qui,  se  trouvant  moins  fort 
lorsqu'ils  furent  dans  le  Lac  St.  Pierre  se  gela  aussi  bien 
que  tout  le  reste,  si  bien  qu'il  leur  fut  impossible  d'avancer 
ni  de  reculer,  non  plus  que  d'aller  à  terre  par  dessus  les 
glaces,  à  cause  qu'elles  étoient  trop  foibles  :  ce  qui  rédui- 
soit  tout  le  monde  dans  une  extrême  anxiété,  surtout  à 
cause  que  l'on  n'avoit  pas  de  quoi  se  couvrir  et  que  l'on 
manquoit  de  bois  pour  faire  du  feu,  ce  qui  eut  été  insup- 
portable à  quelques-uns  entr' autres  pendant  la  nuit,  si 
M.  Fremont  ne  leur  eut  donné  sa  couverte  par  charitable 
compassion,  d'autant  qu'il  n'en  avoit  f)oint  et  étoit  fort 
mal  vêtu  :  Après  que  Dieu  les  eut  tenu  assez  longtemps 
en  cette  épreuve  ou  la  diète  étoit  jointe  aux  rigueurs  du 
froid,  il  fit  enfin  souffler  les  vents  avec  une  telle  impé- 
tuosité qu'ils  firent  sortir  ce  bâtiment  du  lac  et  le  porta 
jusqu'à  l'autre  côté  des  Trois-Rivières  ou  ayant  mis  pied  à 

(I)  Joan  Fremont,  et  non  Fic.n  ni,  vor.u  en  IGGG.  (J.  V) 


184 

terre  ils  firent  un  grand  régale  par  le  moyen  d'un  grand 
feu  qu'ils  allumèrent  :  ce  que  Messieurs  des  Trois-Ki- 
vicres  ayant  vu,  s'imaginanl  bien  que  ce  prêtre  dont  nous 
venons  de  parler  étoit  dans  cette  Compagnie,  à  cause 
qu'ils  l'attendoient  pour  leur  servir  de  curé,  ils  se  résolu- 
rent de  hasarder  le  passage  pour  aller  le  chercher  en 
canot  d'écorce,  ce  qui  réussit  lort  bien,  parceque  jamais 
ils  n'eussent  pu  venir  à  eux  en  ce  temps-là  à  cause  des 
grosses  glaces  qui  étoient  aux  Trois-liivières.  Je  ne  vous 
dis  point  ici  ce  qu'ils  iirent  étant  arrivés  aux  Trois-Ri- 
vières  parceque  vous  jugerez  bien  qu'après  avoir  remer- 
cié Dieu  ils  ne  manquèrent  pas  de  se  bien  réchauffer  et 
de  bien  faire  voir  leur  ax>pétit  ;  Quant  à  ce  qui  regarde 
la  guerre  des  Iroquois  nous  ne  vous  parlerons  plus 
de  leurs  embuscades,  car  la  peur  de  la  précédente  cam- 
pagne les  avoit  tellement  effrayés  que  chaque  arbre  leur 
paroissoit  un  François  et  qu'ils  ne  savoient  ou  se  mettre, 
néanmoins  comme  on  n'étoit  pas  informé  de  leurs  ter- 
reurs on  se  tenoit  toujours  fort  ici  sur  ses  gardes,  ce  qui 
donna  beaucoup  de  peine  aux  ecclésiastiques  de  ce  lieu 
pour  aller  secourir  le  Fort  Ste.  Anne  qui  étoit  sans  prêtre, 
encore  quil  fut  le  plus  exposé  aux  ennemis  comme  étant 
beaucoup  plus  avancé  que  les  autres  qu'on  avoit  faits 
depuis  la  venue  des  troupes  :  M.  de  Tracy  ayant  bien 
considéré  combien  il  étoit  fâcheux  de  laisser  ce  lieu  sans 
aucun  secours  spirituel,  écrivit  à  M.  Souart,  lors  supé- 
rieur du  Séminaire,  le  priant  d'y  envoyer  un  prêtre;  il 
n'y  eut  personne  de  cette  Communauté  qui  n'estimât 
cette  commission  fort  avantageuse,  parce  qu'on  y  devoit 
avoir  l'occasion  d'y  bien  souffrir  et  de  beaucoup  s'exposer 
pour  Dieu;  cependant  M.  Souard  (1)  qui  devoit  avoir 
de  la  i)rudence  pour  tous  ne  pouvoit  pas  se  résoudre  à 

(l)Soùirl,  d'après  l'uulographe  que  j'u  ici  comme  il  est  écrit  plus  haut.  (J  Vj 


envoyer  un  prêtre  dans  un  temps  de  guerre  ou  il  y  alloit 
d'être  brûlé  tout  vif,  sans  une  escorte  considérable,  ce 
Fort  nouvellement  fait  étant  à  près  de  25  lieues  d'ici  du 
côté  des  ennemis,  c'est  pour  cela  que  tout  demeura  en 
suspens.  M.  Souard  voyoit  bien  une  lettre  de  M.  de 
Tracy  qui  lui  proposoit  le  secours  spirituel  de  tous  ses  sol- 
dats et  officiers  qui  étoient-là  dans  une  état  assez  pitoya- 
ble, mais  il  n'avoit  pas  songé  à  donner  aucun  ordre  pour 
y  escorter  un  Missionnaire  et  les  officiers  de  ce  lieu  ne 
jugèrent  pas  à  propos  de  risquer  leurs  soldats  et  de  leur 
donner  une  telle  fatigue  sans  un  commandement  absolu 
de  sa  part  :  cela  étant  M.  Souart  se  contenta  de  nommer 
l'ecclésiastique  qu'il  jugea  à  propos  devoir  aller  à 
Ste.  Anne  (1)  afin  de  se  tenir  prêt  s'il  s'en  trouvoit  l'occa- 
sion ;  ce  qui  arriva  dans  un  temps  assez  fâcheux  pour 
lui  quelque  temps  après  ;  parceque  cet  ecclésiastique 
étant  allé  à  la  guerre  de  l'automne  il  lui  en  avoit  resté 
une  grosse  enflure  en  forme  d'une  loupe  sur  le  genoux. 
Or  après  plusieurs  remèdes  il  se  fit  seigner,  mais  le  chi- 
rurgien mal  à  propos  lui  ayant  tiré  une  furieuse  quantité 
de  sang,  il  s'évanouit  entre  ses  bras,  revenant  à  soi  il 
vit  entrer  deux  soldats  en  sa  chambre  qui  le  saluèrent  et 
lui  dirent  qu'ils  venoient  du  Fort  St.  Louis  (2)  qui  est  à 
4  lieues  d'ici,  sur  le  chemin  de  Ste.  Anne,  entendant  ces 
paroles,  après  leur  avoir  demandé  des  nouvelles  de  leur 
Fort,  il  s'enquit  d'eux  cjuand  ils  s'en  vouloient  retourner, 
ils  lui  répondirent  que  ce  seroit  le  lendemain — à  quoi  il 
repartit — "  donnez-moi  un  jour  et  je  partirai  avec  vous 
pour  Ste.  Anne,  ou  je  ne  puis  aller  si  vite  à  cause  d'une 
•terrible  seignée  qu'on  vient  de  me  faire."  Ce  délai  obtenu 
et  écoulé  il    partit  avec    le  congé    du  Supérieur    qui  fut 


*  1     Voir  Appendice  No.  XVII, 
ri)  Fort  Ghambly.  (J.  V.) 


186 

plus  difficile  à  avoir,  accompaifiié  de  Messieurs  Lebert, 
Lemoine  et  Mijeoii  (1)  qui  voulurent  aller  avec  lui  à  St. 
Louis,  il  est  vrai  que  dans  cette  route  ce  prêtre  qui  étoit 
nouvelliMuent  arrivé  de  France  trouva  bien  à  qui  i)arler 
tant  pour  l'inlirmitt'  de  son  genou  qut»  pour  la  l'oiblesse 
que  lui  avoit  causé  sa  seiiniée,  que  pour  aussi  la  diffi- 
culté des  neiges  qui  étoient  pour  lors  très  mauvaises 
surtout  à  un  nouveau  Canadien  qui  n'avoit  jamais  marché 
en  raquette  et  qui  avoit  un  bon  fardeau  sur  ses  épaules 
pendant  une  partie  du  chemin  :  Quand  il  fut  à  St.  Louis 
on  lui  refusa  de  l'escorter  24  heures  durant,  mais  à  la  iiu 
comme  on  le  vit  résolu  de  partir  nonobstant,  on  lui 
donna  10  hommes  dont  un  Enseigne  demanda  le  com- 
mandement pour  l'amitié  qu'il  lui  portoit  :  La  providence 
est  admirable,  il  ne  croit  jamais  avoir  tant  souUert  que 
durant  ces  24  heures  ou  il  lui  eut  été  impossible  de 
marcher,  ce  qu'il  dissimuloit  de  son  mieux,  crainte  qu'on 
ne  lui  fit  encore  plus  de  difficultés  à  lui  donner  de  l'es- 
corte et  sans  qu'on  sût  son  mal  on  lui  donna  du  temps 
pour  se  reposer,  après  quoi  on  lui  donna  ce  monde  et  il 
partit,  quoiqu'il  eut  ordre  de  son  Supérieur  de  ne  pas 
passer  outre  qu'il  n'eut  25  ou  30  hommes,  parcequ'il  est 
vrai  qu'il  avoit  un  fort  pressentiment  des  misères  que 
nous  verrons  qu'il  trouva  au  Fort  Ste.  Anne  lors  de  son 
arrivée  ;  y  allant  il  ne  se  trouva  rien  autre  chose  de  remar- 
quable si  ce  n'est  la  difficulté  des  cclaces  qui  les  mit 
beaucoup  en  péril  et  ou  même  une  fois  on  croyoit  un 
soldat  perdu  parce  que  la  glace  ayant  rompu  sous  lui  et 
s'étant  retenu  avec  son  fusil  sans  couler  tout-à-fait  à  fond, 
il  ne  pouvoit  remonter  sur  la  glace  à  cause  de  ses  ra- 
quettes qu'il  avoit  aux  pieds  ;  l'ecclésiastique  le  voyant 


(I)  Ecrivons  :  Le  B<t,  I.  •  .M'i\  n^  et  Migoon  «l-  llransMrt,  car  cesl  ainsi 
que  CCS  dignes  chrétiens  signaient.  (J.  V.) 


187 

en  si  proche  et  manifeste  péril  pour  Tamour  de  lui  crut 
qu'il  se  devoit  hasarder  pour  le  tirer  de  là,  ce  qu'il  lit  ; 
après  s'être  armé  du  signe  de  la  croix  il  alla  à  lui  et  le  prit 
par  les  bras,  mais  cet  homme  étant  si  pesant  et  embar- 
rassé avec  ses  raquettes  qu'il  ne  le  pouvoit  tirer  qu'à 
demi,  c'est  pourqvioi  il  demanda  du  secours  mais  per- 
sonne n'étoit  d'humeur  à  lui  aider  en  cette  rencontre 
sans  que  ayant  assuré  M.  Darienne  [?]  qui  étoit  l'Enseigne 
dont  nous  avons  parlé,  que  la  glace  étoit  fort  bonne  sur 
le  bord  du  trou,  il  vint  lui-même  n'osant  pas  faire  ce 
commandement  à  personne  ;  étant  venu  ils  tirèrent  tous 
deux  ce  grand  corps  et  l'allèrent  faire  chauffer  au  plus 
vite  remerciant  Dieu  de  l'avoir  tiré  de  là  (1)  :  Mais  pas- 
sons outre  et  approchons  du  fort  de  Ste.  Anne,  car  on  y  crie 
déjà  depuis  plusieurs  jours  et  on  y  appelé  un  prêtre,  déjà 
deux  soldats  sont  morts  sans  ce  secours  et  l'un  d'eux  en 
a  demandé  un  huit  jours  entiers  sans  l'avoir  pu  obtenir, 
mourant  dans  ce  regret:  plusieurs  moribonds jettoient 
vers  le  ciel  la  même  clameur,  lorsqu'à  ce  moment  il  leur 
en  envoya  un  pour  les  assister  ;  Ces  soupirs,  ces  atten- 
tes et  ces  désirs  firent  que  tant  loin  qu'on  le  vit  sur  le 
lac  Champlain  qui  environnoit  ce  fort,  on  en  alla  donner 
l'avis  à  M.  Lamotte  (2)  qui  commandoit  en  ce  lieu-là,  lui — 
sachant  cette  nouvelle  sortit  incontinent  avec  Messrs.  les 
officiers  et  les  soldats  qui  n'étoientpas  absolument  néces- 
saires pour  la  garde  du  fort,  allant  tous  avec  une  joie 
indicible  audevant  de  lui,  l'embrassant  avec  une  affection 
si  tendre  qu'il  ne  peut  s'exprimer, — tous  lui  disoient — 
''  Soyez  le  bienvenu,  que  n'étes-vous  venu  encore  un 
peu  plutôt,  que  vous  étiez  souhaité  par  deux  soldats  qui 
viennent  de  mourir,  que   vous  allez  apporter  de  joie  à 


(1)  Voir  App.  No.  XII.  (J.  V 

(2)  M.  De  La  MoUe.  (J.  Y.) 


188 

tous  nos  malades,  que  la  nouvelle  de  votre  arrivée  les 
réjouit,  que  nous  vous  avons  d'obliu;-ation  ;  "  Comme  on 
lui  laisoit  ces  oomplimens,  l'un  le  déchargeoit  de  son  sac, 
l'autre  lui  enlevoit  sa  chapelle  et  enhn  l'ayant  mis  dans 
un  état  plus  commode  on  le  mena  au  Tort,  ou  après  quel- 
ques prières  faites  il  visita  quantité  de  malades  dans  leurs 
cabanes,  ensuite  de  quoi  il  s'alla  ralraicliir  avec  Messrs. 
De  Lamotte  et  Durantaye  (1)  et  tous  Messieurs  les  olR- 
ciers  subalternes  :  au  reste  il  étoit  temps  d'arriver,  car 
de  60  soldats  qui  étoient  dans  ce  fort  en  peu  il  s'en  trouva 
40  attaqués  du  mal  de  terre  tout  à  la  fois  :  maladie  qui 
les  infecte  tellement  et  les  mettoit  dans  un  si  dange- 
reux et  pitoyable  état  qu'on  ne  savoit  qui  en  réchapperoit 
tant  ils  étoient  grandement  malades,  même  on  appré- 
hendoit  que  ceux  qui  restoient  encore  sains  ne  fussent 
saisis  de  ce  mal  contagieux,surtoutà  cause  qu'ils  n'avoient 
aucun  légume,  qu'ils  n'avoient  que  du  pain  et  du  lard, 
et  que  même  leur  pain  étoit  mauvais  à  cause  que  leur 
farine  s'étoit  corrompue  sur  la  mer  ;  Ce  qui  leur  causa 
toutes  ces  disgrâces  à  l'égard  des  vivres,  fut  que  jusqu'à 
la  fin  de  l'automne  on  avoit  résolu  d'abandonner  ce  lieu, 
qu'on  ne  pensa  à  garder  que  dans  un  temps  ou  l'approche 
de  l'hiver  rendoit  (2)  Mons. l'Intendant, nonobstant  tous  ses 
soins,  à  l'impossibilité  de  le  mieux  ravitailler,  ce  qui  obli- 
gea un  chacun  à  se  contenter  de  la  subsistance  qu'on  y 
put  jetter  en  ce  peu  de  temps  qu'il  y  eut.  Or  malheureu- 
sement il  leur  échut  la  farine  gâtée  et  de  l'eau-de-vieque 
les  matelots  avoient  remplie  d'eau  de  mer  en  la  traverse 
de  France, — ils  avoient  outrer  cela  une  barique  de  vin  ai- 
gre laquelle  eut  été  excellente  pour  leur  mal,  mais  mal- 
heureusement elle  coula  et  se  perdit  entièrement,  enfin 


(1)  De  La  DuranUy»;.  (.1.  V.) 

(2)  llciluisil. 


189 

tout  étoit  en  un  si  pitoyable  état  que  tout  eut  péri  sans 
que  M.  de  Lamotte  voulant  tout  tenter  alin  de  sauver 
la  vie  à  un  de  ses  Cadets  l'envoya  au  Montréal  avec 
quelques  hommes  qui  en  revinrent  bien  chargés,  parce 
que  M.  Souard  et  Melle.  Mance  appréhendant  surtout  la 
mort  de  cet  ecclésiastique  qui  étoit  à  Ste.  Anne  lui  en- 
voyèrent plusieurs  traisnes  chargées  de  tous  les  rafrai- 
chissemens  possibles,  comme  pourpier,  salle,  oignons, 
poulies  et  chapons  avec  quantité  de  pruneaux  de  Tours  ; 
M.  de  Lamotte  voyant  entrer  toutes  ces  provisions  dans 
son  fort  et  que  ses  amis  lui  en  avoient  envoyé  fort  peu 
pour  n'en  avoir  pas  pu  trouver,  il  pensa  y  avoir  une 
petite  querelle  entre  lui  et  son  missionnaire,  il  est  vrai 
que  comme  ils  étoient  bons  amis  elle  ne  fut  pas  san- 
glante, il  disoit  à  cet  ecclésiastique,-"puisque  nous  man- 
geons ensemble,  il  faut  que  cela  vienne  chez  moi." — 
L'Ecclésiastique  répondoit — "je  travaille  assez  pour  les 
Soldats,  le  Roi  me  nourrira  bien,  quant  à  mes  provisions 
je  n'y  goûterai  pas,  elles  seront  toutes  pour  les  malades, 
car  je  me  porte  assez  bien  pour  m'en  passer  ;  "  cela  dit, 
il  fit  entrer  cependant  tout  ce  qui  étoit  venu  dans  sa 
chambre  et  il  commença  à  donner  tous  les  matins  des 
bouillons  qu'il  faisoit  à  tous  les  malades  — sur  lequel  il 
mettoit  un  petit  morceau  de  lard  avec  un  morceau  de 
volaille,  le  soir  il  donnoit  à  chacun  12  ou  15  pruneaux 
qu'il  faisoit  cuire,  ce  qui  a  sauvé  la  vie  à  quantité  de  sol- 
dats, parce  que  cela  les  faisant  vivre  plus  longtemps  on 
les  transféroit  au  Montréal  successivement  sur  des 
traînes,  ce  qui  étoit  l'unique  moyen  de  les  guérir  parce 
que  l'air  étoit  si  infecté  à  Ste.  Anne — qu'il  n'en  réchappa 
pas  un  de  ceux  auxquels  on  ne  put  pas  faire  faire  ce 
voyage  :  ces  maladies  duroient  des  3  mois  entiers,  ils 
étoient  des  8  jours  à  l'agonie,  la  puenteur  en  étoit  si 
grande  que  même  il  s'en  trouvoit  dont  l'infection  s'en 


190 

ressentoit  quasi  jusqu'au  mili.'u  du  fort,  encore  qu'ils 
fussent  bien  enfermés  dans  leur  c'haml>re  :  ces  moribonds 
étoient  si  abandonnés  que  personne  ne  les  osoit  quasi 
approcher  hormis  l'ecclésiastique  et  un  nommé  Forestier, 
chirurarien,  lequel  fit  fort  bien  et  n'auroit  pas  manqué  de 
récompense  si  on  avoit  bien  su  la  charité  avec  laquelle 
il  s'exposa,  qui  fut  jusqu'au  point  qu'on  ne  croyoit  pas 
qu'il  en  réchappât,  l'Ecclésiastique  qui  étoit  toujours  au- 
près des  malades  a  rendu  ce  témoii^nage  partout  de 
lui,  qui  est  que  jamais  il  ne  l'a  appelé  soit  de  jour,  soit 
de  nuit,  qu'il  n'ait  été  fort  prompt  à  venir,  il  est  vrai  que 
sur  la  fin  voyant  qu'il  étoit  trop  abattu  craignant  qu'il 
ne  demeurât  tout-à-fait  il  l'appeloit  le  moins  qu'il  pou- 
voit  ;  Les  malades  se  voyant  dans  ce  délaissement  trou- 
vèrent un  moyen  admirable  afin  d'avoir  quelques  cama- 
rades à  les  aider,  pour  cela  ils  s'avisèrent  de  faire  de 
o-rauds  testamens  comme  si  ils  eussent  été  bien  riches,. 
disant, — "  je  donne  tant  à  un  tel  à  cause  qu'il  m'assiste 
dans  cette  dernière  maladie,  dans  l'abandon  où  je  suis," 
— tous  les  jours  on  voyoit  de  ces  testamens  et  chacun  de 
ceux  qui  étoient  plus  éclairés  rioient  de  l'invention  de 
ces  pauvres  cens  qui  n'avoient  pas  un  sol  dans  ce  monde 
et  ne  laissoient  pas  de  se  servir  utilement  de  ses  biens 
imacriiiaires  :  Ce  qu'on  peut  dire  de  toutes  ces  misères 
est  que  si  le  corps  y  étoit  abattu  l'esprit  y  avoit  de  la  satis- 
faction à  cause  de  la  sainte  vie  que  l'on  commença  à  me- 
ner dans  ce  lieu,  les  soldats  vivoient  sains  et  malades 
comme  si  ils  eussent  communié  tous  les  jours,  aussi  le 
faisoiont-ils  très-souvent,  les  messes  et  les  prières  étoient 
réirlées  et  chacun  étoit  soigneux  de  s'y  rendre,  les  jure- 
mens  et  les  paroles  moins  honnêtes  ne  s'y  entendoient 
quasi  point  du  tout,  la  piété  y  étoit  si  srrande  que  le  mis- 
sionnaire qui  les  servoit  s'en  trouvoit  abondamment  payé 
de  ses  peines  ;  il  assista  à  la  mort  1 1   de  ces  soldats  assu- 


191 

rément  aussi  bien  disposés  qu'on  le  pouvoit  souhaiter  ; 
«  Tous  les  voyages  du  Montréal  lui  apportoient  de  nou- 
veaux rafraichissemens  qui  le  rendoient  bon  orateur  au- 
près de  ces  malades  ;  s'il  n'étoit  pas  dans  leur  chambre 
ou  bien  dans  la  sienne  à  prendre  un  peu  de  repos,  il 
étoit  obligé  pour  éviter  le  mal  d'aller  entre  les  bastions 
du  fort  ou  la  neige  étoit  battue  prendre  Tair,  et  faire  des 
courses  afin  d'éviter  le  mal,  dont  il  se  ressentoit  un  peu, 
ce  qui  l'auroit  fait  prendre  pour  fou  si  on  l'avoit  vu 
et  on  n  auroit  pas  su  combien  un  exercice  aussi  violent 
étoit  nécessaire  pour  préserver  de  ce  mal  ;  il  est  vrai 
que  cela  étoit  plaisant  de  voir  réciter  un  brcA'iaire  à  la 
course,  mais  comme  il  n'avoit  point  d'autre  temps,  il 
croyoit  bien  employer  celui-ci  à  dire  son  office,  sans  que 
Messieurs  les  Casuistes  y  puissent  trouver  à  redire,  si  sa 
chambre  eut  été  plus  commode,  il  l'eut  fait  dedans  avec 
plus  de  bienséance,  mais  c'étoit  un  bouge  si  étroit,  si  pe- 
tit et  si  noir  que  le  soleil  n'y  entra  peut-être  jamais  et 
d'un  si  bas  étage  qu'il  ne  s'y  put  tenir  debout.  Un  jour 
M.  de  Lamotte  se  voyant  avec  si  peu  de  monde  pour 
combattre  et  si  avancé  vers  les  ennemis  il  dit  en  riant  à 
son  Missionnaire, — "  Voyez-vous,  M  ,  je  ne  me  rendrai 
jamais,  je  vous  donnerai  un  bastion  à  garder  ;  "  cet  Ecclé- 
siastique, afin  de  rendre  le  change  à  sa  raillerie,  lui  dit, 
— "M.,  ma  Compagnie  est  composée  des  malades  dont  le 
frater  (1)  est  le  lieutenant,  faites-moi  préparer  des  civières 
roulantes  nous  les  conduirons  dans  le  bastion  que  vous 
nous  direz,  ils  sont  braves  maintenant,  ils  ne  s'enfuiront 
pas  comme  ils  ont  fait  de  votre  Compagnie  et  de  celle  de 
M.  de  la  Durantaye,  dont  ils  ont  déserté  pour  venir  en  la 
mienne." — Après  ces  railleries  on  se  vit  dans  la  croyance 
que  nous  allions  être  attaqués  mais  heureusement  c'étoit 


(I)  Le  garçon  chirurgien. 


192 

des  ambassadeurs  Iroquois  qui  venoient  demander  la 
paix,  accompagnés  de  quelques  françois  qu'ils  rame-* 
noient  de  leur  pays  ;  aussitôt  que  l'on  les  vit  on  fit  faire 
grand  feu  par  toutfs  les  cabannes,  afin  de  leur  faire  ac- 
croire qu'il  y  avoit  du  monde  partout,  étant  venu  au 
fort  on  ferma  toutes  les  cabannes  afin  de  leur  faire  croire 
quelles  étoient  pleines  de  monde,  outre  cela  on  leur  dit 
que  c'étoit  merveille  (|uils  n'avoient  pas  été  tués  à  venir 
jusqu'à  ce  lifu.  d'autant  qu'il  y  avoit  de  tous  côtés 
des  soldats  en  parti,  ce  qu'ils  crurent  par  après  très- 
véritable  à  cause  que  s'en  allant  de  là  au  Montréal  ils 
trouvèrent  une  troupe  de  convalescents  qui  en  venoient 
au  nombre"  de  14  ou  lô,  qui  vinrent  sur  eux  le  fusil  ban- 
dé jusqu'à  brùle-pourpoint,  ils  les  eussent  tirés  sans  que 
la  Batard-Flamant  (1)  qui  est  un  célèbre  entre  les  Iro- 
quois, cria  à  un  françois  lequel  étoit  derrière  de  parler 
promptement,  ce  François  ayant  dit, — "  Ne  tirez  pas,  ca- 
marades, ils  viennent  en  paix," — alors  les  convalescents 
cessèrent  de  les  tenir  couchés  en  joue  et  s'approchèrent 
comme  amis,  ce  qui  fit  bien  plaisir  à  messieurs  les  Iro- 
quois :  Ce  que  nous  avons  encore  à  remarquer  du  Fort 
Ste.  Anne  au  sujet  du  Montréal  est  que  si  l'ecclésiastique 
du  Montréal  n'y  étoit  allé  en  ce  temps-là  on  n'auroit  pas 
du  moins  sitôt  tenté  le  voyage  du  Montréal  parceque  on 
ne  le  croyoit  pas  si  tôt  possible  à  cause  des  glaces,  ce  qui 
auroit  causé  la  mort  à  bien  desirensqui  seroient  morts 
sans  confession  :  je  dois  dire  outre  ceci  que  l'hôpital  du 
Montréal  s'est  signalé  par  une  confusion  de  malades  qu'il 
a  reçu  de  celui-là.  auquel  il  a  rendu  tant  de  services  en 
cette  maladie  qu'il  en  mérite  trop  de  louancre  pour  n'en 
pas  parler  ; — comme  aussi  de  la  grande  quantité  de  ma- 


di  Chef  Agnier.  fils  fl'imo  IrO'[tioiso  do  en  canfoii   t'i  il'un   Hollandois, 
d'où  son  nom  Ualard-Flamind.     II  'tail  <l'un.-  grande  bravoure.  [J.  V.] 


193 

lades  et  blessés  qu'il  reçut  tout  l'an  dernier  des  Forts  de 
St  Louis  et  de  St.  Jean,  sans  omettre  ceux  de  cette  pe- 
tite armée  de  M.  de  Courcelle,  qui  trouva  heureusement 
ce  lieu  à  son  retour  pour  ses  malades  et  blessés,  après 
cette  terrible  guerre  de  V hiver  que  nous  avons  oublié  de 
dire  en  son  lieu. 

Nous  n'avons  rien  à  dire  du  voyage  que  fit  M.  De  Tra- 
cy  cette  année  en  l'Isle  du  Montréal  (1)  parceque  il  ne 
s'y  passa  rien  d'extraordinaire,  de  telles  courses  n'étant 
pas  surprenantes  à  M.  De  Tracy  qui  en  a  beaucoup  en- 
trepris de  semblables  pour  le  service  du  Roi  qui  l'obligea 
de  se  transporter  en  ce  lieu  afin  de  se  faire  connoitre 
aux  Sauvages,  comme  étant  le  lieu  le  plus  avancé  du  fleu- 
ve où  ils  se  rendent  le  plus  communément  ;  M.  Talion  y 
monta  aussi  quasi  dans  le  même  temps,  tant  pour  le 
même  sujet  que  pour  y  exercer  en  qualité  d'Intendant 
toutes  les  fonctions  que  le  service  du  Roi  pouvoit  exiger 
de  sa  personne,  lequel  fit  à  la  satisfaction  d'un  chacun 
et  à  l'édification  de  tout  le  public  qui  le  vit  marcher  de 
maison  en  maison  suivant  les  Côtes  de  cette  Isle,  afin  de 
voir  jusqu'au  plus  pauvre  si  tous  étoient  traités  selon 
la  justice  et  l'équité,  et  si  la  nécessité  de  quelques-uns 
n'exigeoit  point  la  participation  de  ses  libéralités  et  au- 
mônes, de  quoi  il  s'est  dignement  acquitté.  Nous  ne  de- 
vons pas  oublier  en  cette  année  le  passage  de  M.  Souart 
en  France,  qui  y  alla  exprès  pour  chercher  des  ouvriers 
évangéliques,  parceque  le  nombre  en  étoit  trop  petit 
pour  des  Nations  d'une  aussi  vaste  étendue. 


(1)  Selon  le  Journal  df>s  Jésuites,  MS.  déjà  cité,  M.  de  Tracy  quitta  Québec 
le  4  mai,  et  M.  Talon  le  6  du  môme  mois,  1667,  pour  aller  à  Montreal.-(J.V.) 


HISTOIRE    DU    MONTREAL. 


Do  l'aulomiiiî  1GG7  jusqu'à  l'automne  1668  au 
dép?rt  dos  vaissi'aux  du  Canadas. 

Il  faut  que  nous  commencions  cette  année  par  cette 
transmigration  célèbre  qui  se  lit  de  La  Chine,  en  ces 
quartiers,  en  donnant  son  nom,  pendant  cet  hiver,  à  une 
de  nos  Côtes,  d'une  façon  si  authentique  qu'il  lui  est 
demeuré,  si  elle  nous  avoit  donné  aussi  bien  des  oranges 
et  autres  fruits  qu'elle  nous  a  donné  son  nom,  (quand 
nous  aurions  dû  lui  laisser  nos  neiges  en  la  place,)  le 
présent  seroit  plus  considérable,  mais  toujours  son  nom 
en  attendant  est-il  quelque  chose  de  grand  et  fort  con- 
solant pour  ceux  qui  viendront  au  Montroyal,  lorsqu'on 
leur  apprendra  qu'il  n'est  qu'à  3  lieues  de  La  Chine  et 
qu'ils  y  pourront  demeurer  sans  sortir  ce  cette  Isle  qui 
a  l'avantage  de  la  renfermer,  mais  passons  outre  et  disons 
que  Messrs  de  St.  Sulpice  sachant  que  l'Océan  leur  étoit 
parfaitement  ouvert  pour  le  Canadas  cette  année  ;  aussitôt 
il  y  vint  4  Ecclésiastiques  de  cette  maison,  savoir:  M.  l'Ab- 
bé de  Quélus,  M.  d'Urfé  (1),  Mr.  Dalleq  (2)  et  M.  Galli- 
née  (3)  lesquels  y  arrivèrent  tous  quatre  cet  automne  à  la 
grande  satisfaction  d'un  chacun,  M.  de  Fenélon  (4)  et 
M.  Trouvé  (ô)  prêtres  demcurans  en  ce  lieu  sachant  que 
M.  de  Quelus  étoit  arrivé  pour  Supérieur  de  cette  maison, 


M)  PV".  Sitnrnin  d'L'rP-.  'J.V.) 

(2)  A.  D'AIlft,  di'-jà  venu  on  I6.")7  et  repassa  en  France.  (J.V.) 

(3)  Urbain  Brclmn  do  Galin'-e.  (J.  V.) 

(4)  Frs.  de  Salagnac,  abbodeFénélon,  frère  de  r.Vrchévêque  de  Cambrai, 
(J.  V.) 

(■i)  M.  Claude  Trouvé.  Ces  deux  derniers  Messieurs  étaient  arrivés  27  Juin 
1GG7.  (J.  V.) 


195 

ils  s'offrirent  aussitôt  à  lui  pour  commencer  une  Mission, 
de  la  part  du  [Séminaire  de  St.  iSulpice  dans  le  pays  des 
Iroquois  qui  sont  au  nord  du  lac  Nonlario  (1),  lesquels  les 
étoient  venus  demander  ;  une  telle  proposition  parut  si 
belle  d'abord  à  M.  l'Abbé  de  Quelus  qu'il  témoigna  l'avoir 
très-agréable  pourvu  que  Mgr.  l'Evêque  en  accordât  la 
permission,  ce  qui  étant  octroyé  par  ce  digne  Prélat,  ces 
deux  missionnaires  partirent  d'abord  pour  entreprendre 
cet  ouvrage  qui  a  toujours  subsisté  depuis,  et  à  qui  j'es- 
père Dieu  donnera  la  persévérance  :  mais  disons  un 
mot  des  troupes  qui  partirent  cette  année  ici  pour  s'en, 
aller  en  France,  ou  après  avoir  été  ici  trois  ans  contre 
les  Iroquois  ils  s'en  retournèrent  une  partie  chargés  de 
leurs  dépouilles  que  depuis  ils  ont  changés  en  bons  louis 
d'or  et  d'argent  lesquels  n'ont  point  la  puanteur  de  pel- 
leterie, transmutation  que  jamais  M.  de  Maison-neufve 
n'avoit  pu  apprendre  ;  il  est  vrai  que  ce  secret  n'est  pas 
avantageux  pour  la  Colonie  qui  demanderoit  que  la  subs- 
tance du  pays  fut  employée  à  avancer  les  travaux  du  pays, 
mais  ils  se  sont  moins  mis  en  peine  de  son  établissement 
que  notre  ancien  Gouverneur,  Dieu  veuille  que  la  leçon 
qu'ils  ont  laissée  à  la  postérité  se  puisse  bien  oublier,  car 
autrement  on  verroit  ici  la  dernière  misère,  n'étant  pas 
possible  que  des  gens  vivent  ici  sans  avoir  de  quoi  acheter 
aucuns  ferremens  ni  outils,  sans  avoir  de  quoi  acheter 
linge  ni  étoffe  et  autre  chose  nécessaire  à  son  entretien  : 
le  tout  dans  un  lieu  ou  le  blé  ne  vaut  pas  un  sol  de  débit 
sitôt  qu'il  y  en  a  un  peu,  ou  il  n'y  a  encore  aucun  miné- 
raux ni  manufacture  qui  donne  rien  aux  habitans  pour 
•  avoir  leurs  besoins  :  Tout  cela  bien  considéré,  on  peut 
bien  assurer  le  monde  qu'on  a  plus  à  faire  de  bourses 
pleines  qu'à  remplir  si  on  veut  donner  les  moyens  aux 


(I)  Ontario.  (J.V.) 


106 

Collons  de  ces  nouvelles  terres  de  travailler  à  un  établis- 
sement parfait  au  moyen  des  manufactures  qui  s'y  peu- 
vent élever  peu-à-peu,  que  silos  habitans  n'ont  rien  dans 
ces  commencemens,  comme  produire  de  rien  est  un  ou- 
vrage du  Créateur  et  non  de  la  Créature,  il  ne  le  faut 
pas^attendre  d'eux,  mais  plutôt  il  l\iut  s'attendre  de  les 
voir  périr  dans  leur  nudité  et  besoins  à  la  grande  com- 
passion des  spectateurs  de  leurs  misères  qui  n'ont  moyen 
d'y  subvenir  ;  au  reste  cette  cupidité  d'avoir  est  cause 
que  tout  le  pays  est  sans  armes  d'autant  que  le  monde 
n'ayant  plus  de  pelleterie  il  a  été  obligé  de  les  (1)  vendre 
pour  avoir  de  quoi   se   couvrir,  si  bien  que  tout  y  est 
exposé  aujourd'hui  à  être  la  proie  des  Iroquois  quand  ils 
voudront  recommencer  à  faire  la  guerre,  le  peuple  n'ayant 
que  les  pieds  et  les  mains  pour  toutes  armes  à  se  défendre  ; 
Ainsi  la  cupidité  réduit  toutes  les  dépenses  du  Roi  dans 
un  extrême  péril  d'être  perdues  avec  un  assez  bon  nom- 
bre de  sujets  qu'il  a  déjàdans  ces  quartiers  qu'on  pourvoit 
rendre  lleurissants,  si  on  faisoit  valoir  ce  qui    en  pourroit 
sortir  aussi  bien  et  avec  autant  de  politique  que  font  nos 
voisins,  qui  en  usent  avec  tant  de  prudence  tant  au  dehors 
qu'au  dedans  de  leur  pays  qu'ils  ont  la  plus  grande  partie 
des  pelleteries  du  Canadas  et  que  tout  le  monde  est  chez 
soi  à  son  ais.',  au  lieu  qu'ici  il  est  communément  miséra- 
ble :  si  les  pelleteries  ne  valoient  chez  nous  qu'un  tiers 
moins  que  chez  li's  étrangers  nos  voisins,   tous  les  Sau- 
vages viendroient  ici  et  rien  n'iroit  chez  les  étrangers, 
car  outre  que  les  Sauvages  nous  aiment  mieux  qu'eux, 
c'est  que  la  chasse  se  fait  chez  nous  et  qu'ils  ont  la  peine 
de  la  porter  chez  les  étrangers  avec  beaucoup  de  peine. 

(I)  Cest-à-dire,  san^  >l  ul-v  quo  l--.  colons  ont  et-  oblig.-s  de  vendre  L-urs 
armes. 


HISTOIRE    DU    MONTREAL. 


D(^  l'automne  1668  jusqu'à  l'automne  1669  a\i 
départ  des  vaisseaux  du  Canadas. 

L'arrivée  des  Ecclésiastiques  de  l'an  dernier  ayant 
grossi  le  Clergé  en  ce  lieu,  M.  l'Abbé  de  Quelus  trouva 
bon  que  deux  prêtres  allassent  hiverner  dans  les  bois 
avec  les  Sauvages,  afin  de  les  instruire  de  notre  religion 
et  de  s'instruire  en  même  temps  de  leur  langue  ;  ce  qui 
réussit  fort  bien  à  l'un  d'entre  eux  nommé  M.  Barthé- 
lémy (1)  lequel  a  bien  apris  le  langage  des  Algonquins 
et  leur  a  rendu  beaucoup  de  service  pour  le  salut  de 
plusieurs  ;  quant  à  l'autre  prêtre  (2)  il  y  interrompit  les 
premières  instructions  qu'il  y  reçut  par  une  grande  entre- 
prise qui  fut  faite  suivant  laquelle  on  espéroit  au  moyen 
d'un  Sauvage  lequel  s'ofFroit  pour  guide,  d'aller  à  7  ou 
800  lieues  d'ici  afin  d'y  annoncer  l'évangile  dans  unpa^^s 
qu'on  sait  être  très  peuplé,  les  préparatifs  de  ce  voyage 
encore  qu'il  ne  se  fit  que  dans  l'été,  empêchèrent  beau- 
coup les  progrès  qu'il  eut  pu  faire  dans  le  bois  avec  les 
Sauvages  à  cause  que  cela  lui  fit  rompre  ses  mesures, 
mais  passons  tous  ces  préparatifs  et  disons  un  mot  de 
son  départ,  tant  à  cause  des  personnes  avec  lesquelles  il 
lit  le  voyage  qu'à  cause  d'une  affaire  qui  arriva  pendant 
ce  temps.  M.  de   Galinée  (3)  encore    qu'il  ne    fut  que 


(I)  M.  Michel  Barthélémy,  venu  en  1666.  (J.  V.) 
(1)  M.  Doliier  lui-môme.  (J.  V.) 

(3)  Nous  l'avons  déjà  vu,  j).  194.  (J.  V.)  Il  était  de  la  famille  de  Brehan 
dont  la  devise  étoil  :  Foi  de  Brehan  vaut  mieux  qu'argent.  M.  Margry 
écrit  Gallinéc,  mais  aussi  il ùcrll  Saijhart  ponv  Satjai^d.  (Les  Norina7}iIs dans 
la  vallée  de  VO'tio  ci  du  X'ississipi.  Jour.  Gêné,  de  l'Inst.  Pub.  166Î.) 


198 

diacre  sachant  les  closseiiis  qu'on  avoit — parla  à  M.  l'Abbé 
de  Qnelus  alin  qu'il  jugeât  s'il  ne  seroit  pas  à  propos 
qu'il  lut  de  la  partie  avec  ce  prêtre  que  nous  avons  parlé, 
M.  l'Abbé  ayant  trouvé  la  chose  l'ort  à  propos  à  cause  des 
avantageuses  et  plusieurs  belles  connoissances  qu'il  a,  il 
fut  de  la  partie  et  lit  avec  cette  Communauté  trois  canots, 
un  nommé  M.  de  la  Salle  ayant  autrefois  beaucoup  oui  par- 
ler des  pays  ou  on  alloit  par  les  Iroquois,  qui  lui  avoient 
fait  venir  la  pensée  de  faire  ce  voyage,  sachant  qu'on  l'alloit 
entreprendre  tout  de  bon  fit  une  dépense  très  considérable 
pour  cette  découverte  où  il  alla  avec  4  canots  qui  étant 
joints  avec  les  3  des  deux  ecclésiastiques  faisoient  le  nom- 
bre de  7  canots  lesquels  contenoient  22  franc  ois  :  Tout  ce 
monde  s'étant  disposé  à  un  promfjt  départ  il  arriva  une 
fâcheuse  atl'aire  qui  retarda  le  tout  de  15  jours,  c'étoit  un 
assassinat  fâcheux  d'un  considérable  Iroquois  commis 
par  3  soldats  des  troupes  du  Montréal,  ce  qui  menaçoit 
d'un  grand  renouvellement  de  guerre  si  on  n'y  donnoit 
ordre  au  plutôt,  à  quoi  on  ne  tarda  pas  à  le  faire,  mais 
en  attendant  ces  Messieurs  ne  pouvoient  pas  partir  parce 
que  ils  dévoient  passer  chez  les  Iroquois  ou  il  n'eut  pas 
fait  bon  pour  eux  alors,  et  parce  que  d'ailleurs  les  3  cri- 
minels étant  saisis  ils  prièrent  le  prêtre  qui  devoit  partir 
de  ne  les  point  abandonnerjusqu'à  leur  mort,  qui  fut  le 
6  de  Juin,  ou  ayant  Uni  leurs  jours  en  expiant  leur  crime 
avec  une  résignation  admirable  entre  les  mains  de  Dieu, 
on  partit  le  même  jour  pour  aller  à  la  Chine  (1),  qui  ter- 
mina la  première  journée  :  c'est  tout  ce  que  nous  avons 
à  dire  de  ce  voyage  jusqu'à  un  an  où  nous  en  dirons  la 
réussite. 


(  I  )  Lo  '•  Voyage  «le  M  M.  Dollif-r  et  Galinéc  de  1CG9  nu  lac  Ontario  "  dont 
M.  l'Abbé  Paillon  m'a  fourni  copie  en  1858,  dit  lo  6  Juillet,  cl  ce  doit  être  la 
vraie  dalo,  d'ajirès  un  auip-  dorum'-nl  que  j'ai  on  mains.  (J.  V.) 


HISTOIRE    DU    MONTREAL. 


De  l'automne  1669  jusqu'à  Tautomne  1670  au 
départ  des  vaisseaux  du  Canadas. 

Il  n'y  a  rien  de  considérable  à  mettre  dans  cette  histoire 
pour  le  regard  de  cette  année,  si  non  le  voyage  que  M. 
De  G-alinée  et  moi  (1)  avons  fait,  vous  le  pouvez  ici  faire 
insérer  si  bon  vous  semble,  je  l'ai  écrit  tout  du  long  de 
mon  style,  mais  comme  il  est  beaucoup  inférieur  à  celui 
de  M.  de  Gralinée,  je  n'ai  pas  jugé  à  propos  de  l'insérer, 
parceque  la  description  qu'en  a  fait  M.  de  G-alinée  vous 
donnera  plus  de  satisfaction.  Nous  conclurons  cette  année 
par  M.  Perrot  (2)  Gouverneur  du  Montréal,  qui  y  est 
arrivé  après  avoir  bien  essuyé  des  hazards  et  périls  sur 
la  mer  avec  M.  Talion,  l'Intendant  son  oncle,  tant  cette 
année  que  la  précédente  année,  ou  il  fut  obligé  de  relâ- 
cher dans  le  Portugal  ou  ils  firent  naufrage  :  Comme 
c'est  un  gentilhomme  fort  bien  fait  et  de  naissance  ;  son 
arrivée  nous  a  tous  donné  sujet  d'en  beaucoup  espérer. 


(1)  Ce  moi,  — c'est  M.  Frs.  Dollier  de  Casson.  ;J.  V.) 

(2.  )M.  François  Marie  Perrot,  gouverneur  de  1670  à  1684.  [J.  V.] 


HISTOIRE    DU    MONTREAL. 


De  l'aulonine  IGTO  jusqu'à  Inutonino  IC71  au 
d<'[iarl  des  vaisseaux  du  Canodns. 

M.  de  Courcelle  ayant  beaucoup  imprimé  de  frayeur  aux 
Iroquois,  comme  il  est  remarqué  dans  la  Relation  de  PP. 
Jésuites  (1)  ;  il  lui  amenèrent  ici,  afin  de  calmer  quelque 
colère  qu'il  leur  avoit  fait  paroitre  avec  raison  le  nombre 
de  captifs  qu'ils  avoientpris  du  côté  des  Putuotamistes  (2) 
dont  Messrs.  les  ecclésiastiques  de  ce  lieu  profitèrent 
par  ce  qu'ils  en  obtinrent  deux  filles  sous  le  bon  plai- 
sir de  M.  le  Gouverneur  du  Montréal  en  attendant 
la  venue  de  M.  De  Courcelle  au  Montréal,  qui  fut 
le  printemps  suivant,  c'est-à-dire  environ  3  mois  après, 
d'autant  que  nous  étions  assez  avant  dans  l'hiver  lorsque 
ces  esclaves  furent  rendus  et  qu'ils  promirent  ces  deux 
filles  ;  M.  de  Courcelle  a  ratifié  agréablement  ce  don  et 
ces  2  filles  sont  chez  les  Sœurs  de  la  Congrégation  bu 
elles  ont  appris  la  langue  françoise  et  ont  été  élevées  à 
l'Européenne,  en  sorte  que  la  grande,  qui  a  été  la  der- 
nière baptisée,  est  en  état  de  se  marier  avec  un  françois, 
mais  ce  qui  seroit  à  souhaiter  ce  seroit  qu'on  eut  un  peu 
moyen  de  la  doter,  afin  qu'étant  à  son  aise  cela  donnât 
exemple  aux  autres  et  les  animât  du  désir  d'être  élevée 
à  la  françoise  ;  la  plus  petite  des  deux  filles- dont  nous 
parlons  étant  enlevée  quelques  temps  après  avoir  été  à 
la  Conirrégation  par  sa  mère  laquelle  l'avoit  donné  con- 
jointement avec  les  Iroquoi.s,  une  lille  de  la  Congrégation 


{I)  Dans  la  H'>lation  do  IGO!),  p.  5,  Edit.  «le  Quf-bec.  (J.  V 
(îj  Pouteouatamis  ?  iJ.  V.) 


201 

courant  après  pour  la  faire  revenir  cette  enfant  quitta  sa 
mère  qui  la  tenoit  à  bras  pour  se  jetter  entre  les  mains 
des  filles  de  la  Congrégation.    Feue  Made.  la  Princesse 
de  Conti  a  bonne   part  avec  quelques  autres  personnes 
de   qualité  à  l'instruction  de   ces  2    filles  pour  certaine 
somme  de  12  ou  1300  liv.  que  leur  charité  avoit  envoyé  l'au- 
tomne dernier  et  qu'on  eut  soin  d'employer  suivant  leur 
pieuse  intention  :  au  reste  si  l'eau  de  vie  étoit  bannie  de 
parmi  tous  les  Sauvages,  nous  aurions  des  milliers  d'ex- 
emples de  convertis  à  vous  rapporter,  je  ne  doute  pas  que 
la  pluspart  qui  hantent  les  françois  n'embrassent  tous  la 
religion,   mais  cette  liqueur  leur  est  un  appas  si  diaboH- 
que  qu'il  attrape  tous  les  Sauvages  qui  sont  proches  des 
françois  à  l'exception  de  quelques-uns  d'entre  lesquels  sont 
quelques  Hurons  que  Dieu  conserve  quasi  miraculeuse- 
ment ;  si  un  jour  on  voyoit  le  désordre  de  la   traite   des 
boissons  passé  on  auroit  ici  de  la  satisfaction,   mais  com- 
me on  voit  tout  périr  par  ce  malheureux  commerce  cela 
donne  beaucoup  d'affliction  à  ceux  qui  sont  le  plus  dans 
l'intérêt  de  Dieu,    il  n'y  a  quasi  rien  à  faire  qu'avec  les 
enfans,  les  vieilles    et  les  vieillards,  les  autres  regardant 
l'eau  de  vie  avec  une  telle  avidité,  soit  qu'ils  soient  Al- 
gonquins, soit  qu'ils  soient  Iroquois,  qu'ils  ne  la  peuvent 
quitter  qu'après  être  ivres  à  n'en  pouvoir  plus  ;  enfin  c'est 
une  marchandise  dont  tous  moralement  parlant  ils  font 
le  même  usage  que  le  furieux  fait  de  son  épée,  jugez  si 
selon  Dieu  on  doit  la  leur  distribuer  sans  discrétion  au- 
cune et  si  celui  qui  donne  et  celui  qui  reçoit  ne  seront  pas 

égaux  au  i5oids  de  ce  redoutable au  jour  terrible  de  la 

mort  qui  sera  bien  étrange  à  tous  ceux  qui  ici  journelle- 
ment contribuent,  sans  se  soucier,  aussi  librement  qu'ils 
font  au  péché  ;  pour  moi  quelques  certains  casuistes  en 
disent  ce  qu'il  leur  plaira,  je  ne  crois  pas  que  le  plus  har- 
di  voulut  mourir  immédiatement  après  avoir  donné  à  un 

Y 


202 

Sauva2:e  iiiio  portion  suffisante  pour  l'onivrer,  ce  qui  est 
l'enivrer  inlailliblement  otl»'  faire  tomber  en  péché  mor- 
tel, vu  qu'il  est  écrit — Malheur  à  celui  par  qui  le  scandale 
arrive  :  à  cela  on  me  dira, — si  la  traite  de  boisson  ainsi 
faite  n'est  pas  permise  aux  uens  de  l>ien  il  faut  qu'ils  se  ré- 
solvent à  mourir  de  faim, de  froid  et  de  misère  laissant  tout 
aller  aux  gens  sans  conscience  qui  traitent  des  liqueurs 
sans  discrétion  :  Je  réponds  à  cela  qu'il  est  vrai  et  qu'il 
leur  faut  continuer  de  souHVir  jusqu'au  toml>eau  sans  que 
l'amour  des  commodités  ou  du  nécessaire  leur  permette 
jamais  de  consentir  au  péché  pour  leur  intérêt  propre 
ou  celui  de  leur  famille,  qu'ils  doivent  tous  également 
sacrifier  à  Dieu  quelque  compassion  et  peine  naturelle 
qu'ils  en  aient  ;  mais  à  ceci  je  vas  au  delà  de  l'historien  : 
passons  au  printemps  de  cette  année,  où  M.  de  Cour- 
celle  étant  monté  au  Montréal  reçut  les  captifs  que  les 
Iroquois  lui  avoient  amenés  et  y  attendit  les  Othaouais  se- 
lon la  prière  qu'ils  lui  en  avoient  faite  et  comme  il  leur 
avoit  promis  ;  mais  comme  il  jugea  qvi'ils  seroient  en- 
core quelques  temps  auparavant  que  de  venir,  il  se  réso- 
lut de  profiter  du  séjour  qu'il  avoit  à  faire  hors  de  Qué- 
bec et  de  monter  tout  d'un  coup  sans  que  personne  en 
fût  averti  jusqu'au  grand  lac  Nonthario  sur  lequel  sont 
placés  les  Iroquois,  ce  qu'il  conçut  avec  beaucoup  de 
prudence  et  exécuta  avec  beaucoup  de  résolution  (1),  Si 
les  Iroquois  eussent  su  sa  venue  comme  c'est  leur  re- 
doutable, ils  lui  «'usseiit  peut-être  joué  quelque  mau- 
vais parti  sur  les  chemins  afin  d'exécuter  h'ur  mauvaise 
volonté  contre  le  pays  après  l'avoir  défait,  c'est  pourquoi 
il  fit  prudemment  de  ne  point  découvrir  son  dessein, 
mais  il  lui  falloit  autant  de  vigueur  que  celle  avec  la- 
quelle il  l'accomplit   pour  franchir  aussi  facilement    et 


(1)  Du  2  au  ICJuin  1671,  d'après  un  journal  MS.  de  ce  voyago.  (J.  V.) 


203 

promptement  qu'il  fit  les  mauvais  pas  qu'il  y  a  à  faire 
pour  aller  jusqu'au  lieu  ou  il  vouloit  aller,  au  reste  cette 
résolution  étoit  considérable  pour  le  pays  parceque  les 
Iroquois  commençoient  à  murmurer  et  nous  menacer 
par  entre  eux  de  la  guerre,  se  confient  (1)  sur  la  difficulté 
de  leur  rapide  qu'ils  croyent  indomptable  à  nos  bateaux 
pour  s'en  aller  chez  eux,  mais  M.  de  Courcelle  leur  ayant 
fait  voir  par  expérience  en  cette  occasion  comme  ils  se 
trompoient,  cela  les  intimida  beaucoup  et  rabattit  même 
tellement  leur  audace  qu'ils  firent  passer  la  frayeur  que 
cette  entreprise  leur  donna  jusque  chez  les  Européens 
qui  leur  sont  voisins,  lesquels  suivant  leur  rapport  ap- 
préhendoient  l'arrivée  de  M.  de  Courcelle  avec  une  mul- 
titude de  gens  de  guerre  que  l'épouvante  des  Iroquois 
leur  avoit  fabriqué  (2)  ;  Plusieurs  personnes  de  mérite  ac- 
compagnèrent M.  le  Grouverneur  en  cette  belle  entre- 
prise, entr'autre  M.  Perrot  gouverneur  du  Montréal, 
lequel  y  pensa  périr  par  un  accident  de  canot  ce  qui  est 
assez  à  craindre  dans  tant  de  diiférents  périls,  M.  de 
Loubiat  dont  chacun  sait  le  mérite  fut  aussi  de  la  partie, 
M.  de  Yarenne,  gouverneur  des  Trois-Eivières  et  autres 
officiers,  comme  aussi  M.  Lemoine,  M.  de  la  Vallière,  M. 
de  Normentville  et  autres  habitans  qui  y  alloient  seule- 
ment pour  accompagner  M.  le  G-ouverneur  et  lui  don- 
ner des  marques  de  leur  estime  et  bonne  volonté  ;  Cham- 
pagne, Sergent  de  la  Compagnie  de  M.  Perrot  y  gouver- 
na un  bateau  plat  où  il  commanda  pendant  le  voyage 
ou  il  eut  des  peines  très  considérables  et  risqua  sa  vie 
quantité  de  fois,  donnant  des  preuves  à  tout  le  monde 
de  son  courage  tant  dans  les  travaux  que  dans  les  pé- 
rils :    Un  prêtre  du  Séminaire    de  St.  Sulpice    eut  aussi 


(1)  Confiant  [?] 

(2)  Voir  Appendice  No.  XVIII. 


204 

rhonneur  d'accompai^ner  et  d'assister  M.  le  Gouver- 
neur avec  toute  sa  troupe  en  ce  voyage  (1)  dont  je 
ne  dirai  pas  davantage  à  cause  que  les  IIK.  PP.  Jésuites 
l'ont  écrit  en  leur  relation  :  Si  je  l'ai  touché  après  eux  ;  ça 
été  par  une  pure  obligation,  à  cause  qu'il  se  trouve  à 
propos  dans  l'histoire  du  Montréal  que  je  décris  :  Passons 
à  l'arrivée  des  vaisseaux  laquelle  amène  une  digne  gouver- 
nante au  Montréal  en  la  personne  de  Madame  Perrot  (2) 
à  la  louange  de  laquelle  nous  dirons  beaucoup  sans  nous 
écarter  de  ce  qu'il  lui  est  dû  (|uand  nous  dirons  qu'elle 
se  l'ait  voir  en  sa  manière  d'agir  pour  Nièce  de  M  Talion 
l'intendant  de  ce  pays  et  son  oncle  ;  il  n'est  pas  aisé  de 
juger  quelle  fut  la  joie  de  M.  Perrot  son  mari  et  celle 
d'un  chacun  en  ce  lieu  quand  on  y  eut  les  premières 
nouvelles  de  son  arrivée,  ma  plume  est  trop  ibible  pour 
le  pouvoir  exprimer,  j'aime  mieux  le  laisser  à  penser  à  un 
chacun  et  venir  au  plus  fâcheux  point  que  nous  ayons  de 
cette  année,  qui  fut  la  mort  de  M.  Gallinier  (3)  très-digne 
prêtre  dont  la  mémoire  est  dans  une  singulière  vénération 
surtout  parmi  ses  confrères  qui  soupirent  après  la 
bonne  odeur  de  ses  vertus,  il  est  mort  de  la  mort  de  son 
lit  mais  auparavant  pour  secourir  le  prochain  et  lui  don- 
ner ses  assistances  spirituelles,  il  a  exposé  sa  vie  toutes 
les  fois  qu'il  y  a  eu  ici  des  alarmes  l'espace  d»-  14  ou  15 
années,  sans  se  soucier  de  toutes  les  cruautés  que  les 
Iroquois  auroi<^nt  exercé  sur  hii,  ne  demandant  pas  mieux 
que  de  périr  dans  ces  charital)les  emplois  ;  nous  ajoute- 
rons à  la  perte  de  ce  laborieux  Serviteur  de  .1.  C.  le 
départ  do  M.  l'ablié  de  Quolus  rappelé  en    France  pour 


(  1)  M.  Do  li«r  lui  mAme,  i\  titre  d'aumônier.  (.V.S*.  de  Paris.)  (J.V.) 
l2)  "  Dani 'is);liu  Maf^deleino  La  Guide."  (Rogistro  do  la  pHroiss**.)  (J.  V.) 
(3)  M.  DominiqueGalinoe,  fut  enlcrrr  le20()cl.  1071.  à  Muiitrétil,  sansqus 
le  Registre  indique  le  jour  rie  son  déc«;s.  Il  était  au  ji-iys  di'puis  W  '29  Juillet 

in-.T.  -  (.I.V.. 


20^ 


ses  affaires  domestiques  et  de  deux  autres  ecclésiastiques 
de  ce  lieu,  l'un  appelé  M.  Dalbecq  (l)qui  est  auprès  de 
M.  l'abbé  de  Quelus  l'autre  nommé  M.  de  Gallinée  dont 
nous  avons  parlé  ci-devant. 


(I)  DaUccq. 

On  ne  connaît  ù  l'Evèché  de  Québec,  non  plus  qu'au  Séminaire  do  Mont- 
réal, aucun  prêtre  du  nom  de  Dalbecq,  venu  en  Canada.  C'est  évidemment 
M.  D'Allet,  secrétaire  de  M.  de  Queylus,  et  dont  nous  avons  vu  l'arrivée 
p.  120.  (J.  V.)  ♦ 


HISTOIRE    DU    MONTREAL. 


I)tj  l'niitomno  Wi71  jusqu'à  l'autûnu.e  IC72  nu 
dijparl  dus  vuissf.-aux  tlu  Canadas. 

La  précipitation  avec  laquelle  je  suis  oblinré  de  con- 
clure cette  histoire  ne  me  permet  pas  de  dire  tout  ce  qui 
s'est  passé  en  cette  année  ou  d'ailleurs  je  m'étois  résolu 
de  passer  sous  silence  plusieurs  choses  que  la  prudence 
ne  permet  pas  à  la  vérité  d'énoncer  :  ce  qui  fait  que  je 
me  contenterai  seulement  de  quelques  réflections  pour 
finir  agréablement  cette  relation  en  laquelle  je  joindrai 
un  petit  Abré<j^é  de  celle  de  Qnenté  (1),  à  cause  que  ce  sont 
les  Ecclésiastiques  de  ce  lieu  qui  déservent  cette  Mis- 
sion. Première  réflection,  sur  l'avantage  qu'ont  les  fem- 
mes en  ce  lieu  par  dessus  les  hommes,  qui  est  qu'en- 
core que  les  froids  soient  fort  sains  pour  l'un  et  l'autre  sexe 
il  Test  incomparablement  d'avantage  pour  le  féminin  le- 
quel s'y  trouve  quasi  immortel,  c'est  ce  que  tout  le  mon- 
de a  remarqué  depuis  la  naissance  de  cette  habitation  et 
ce  que  moi-mémo  j'ai  remarqué  depuis  six  ans  (2),  car 
encore  qu'il  y  ait  ici  bien  14  ou  1500  âmes,  il  n'y  est 
mort  qu'une  seule  femme  depuis  les  six  années  dernières, 
encore  peut-être  ce  lieu  eut-il  trardé  ses  privilèges  à  l'é- 
gard de  cette  vieille  caduque  si  le  siéire  de  la  lîochelle 
où  elle  avoit  été  renfermée  n'eut  imprimé  quelques  fâ- 
cheuses dispositions  et  qualités  dans  son  corps  cacoc h ime, 
qui  ont  donné  à  la  mort  une  entrée  que  les  avantages  de 


(l)  Sur  le  lac  Ontario.     On  'cril  aujourd'hui  :  Quint'-.  (J.  V.) 
(î)  M.  DoUier  serait  venu  ici  en  août  1665.  d'après  la   Liste  <lu  Clergé; 
mais  il  dit  lui-m'ime  que  ce  fut  on  IGG6.  V.  pape  181.  (J.  V.j 


207 

ce   pays  pour   l'immortalité    des  femmes  ne  lui  auroit 
point  accordé. 

La  seconde  réflection  sera  sur  la  facilité  que  les  per- 
sonnes de  ce  même  sexe  ont  à  se  marier  ici,  ce  qui  est 
apparent  et  clair  à  tout  le  monde  par  ce  qui  s'y  pratique 
chaque  année,  mais  qui  se  fera  admirablement  voir  par 
un  exemple  que  je  vais  rapporter  qui  sera  assez  rare, 
c'est  d'une  femme  laquelle  ayant  perdu  cette  année  son 
mari  a  eu  un  banc  publié,  dispense  des  deux  autres,  son 
mariage  fait  et  consommé  avant  que  son  premier  mari 
fut  enterré  ;  Ces  deux  réflections  à  mon  avis  seront  assez 
fortes  pour  faire  déserter  la  pitié  (1)  et  une  bonne  partie 
des  filles  de  tous  les  hôpitaux  de  Paris  si  peu  qu'elles 
aient  envie  de  vivre  longtemps  ou  de  dévotion  au  7e.  de 
nos  Sacremens  :  La  troisième  réflection  sera  sur  un  cé- 
lèbre prisonnier  que  nous  avons  eu  cette  année  le- 
quel s'est  sauvé  dix  ou  douze  fois  tant  ici  qu'à  Québec 
et  ailleurs  dans  lesquels  endroits  les  Serruriers  ont  per- 
du leur  crédit  à  son  égard,  les  charpentiers  et  maçons  y 
ont  tombé  en  confusion,  les  menottes  lui  étoient  des 
mitaines,  les  fers  aux  pieds  des  chaussons  et  le  carcan 
une  cravate  ;  qu'on  lui  fasse  des  ouvrages  de  charpente 
propres  à  enfermer  un  prisonnier  d'état  il  en  sort  aussi 
aisément  qu'un  Moineau  de  sa  cage  lorsque  la  porte  en 
est  ouverte,  il  trouvoit  si  bien  le  foible  d'une  maison 
qu'enfin  il  n'y  a  point  de  muraille  à  son  épreuve,  il  tiroit 
les  pierres  aussi  facilement  des  murailles  que  si  les  ma- 
çons y  avoient  oublié  le  ciment  et  leur  industrie  ;  bref  il 
s'est  laissé  reprendre  plusieurs  fois  comme  s'il  avoit  vou- 
lu insulter  tous  ceux  qui  vouloient  se  mêler  de  le  garder, 
une  fois  devant  3  hommes  qui  Tavoient  pris,  lié,  garotté, 


(1)  Sans  doute  VHôpila'  df  la  Pilié  où  Ftin  recevait  depuis  1G57  les  jouneg 
filles  pauvres. 


208 

les  mains  derrière  le  dos,  il  se  délia  sans  qu'aucun  des 
3  hommes  s'en  apperçut,  encore  que  celui  qui  l'avoit  lié 
fut  un  Sergent  lequel  avoit  été  prisonnier  en  Barbarie 
qui  se  ventoit  de  savoir  bien  s'assurer  d'un  Esclave  en 
pareil  cas  et  qui  m'a  assuré  n'avoir  rien  omis  de  sa  scien- 
ce pour  bien  garotter  celui-ci, — bref  cet  athellette  de  la 
liberté  a  enfin  si  bien  combattu  pour  elle  qu'il  semble 
s'être  délivré  une  bonne  fois  pour  toujours,  aussi  a-t-il  fait 
un  coup  bien  vigoureux  en  cette  rencontre  et  on  peut  dire 
qu'il  y  a  en  quelque  façon  mérité  sa  liberté,  car  ayant 
été  pris  il  y  a  quelques  mois,  et  remis  entre  les  mains  de 
6  ou  7  hommes  bien  armés  de  chacun  son  fusil,  ces  hom- 
mes ayant  placé  toutes  leurs  armes  en  un  endroit  pour 
jouer  au  pallot,  leur  prisonnier  trouva  à  propos  d'inter- 
rompre leur  partie  pour  commencer  la  sienne  ;  il  sauta 
sur  les  fusils,  les  prit  tous  sous  son  esselle  comme  autant 
de  plumes  provenues  de  ces  oisons  bridés  et  avec  un  des 
fusils  il  covicha  tous  ces  gens  en  joue,  protestant  qu'il 
tueroit  le  premier  qui  approcheroit, — ainsi  reculant  peu- 
à-peu  en  faisant  face  il  a  pris  congé  de  la  Compagnie  et 
a  emporté  tous  leurs  fusils  ;  Depuis  ce  temps  on  ne  l'a  pu 
attraper  et  il  est  errant  parmi  les  bois  ;  il  pourra  bien 
peut-être  se  faire  le  chef  de  nos  bandits  et  faire  bien  du 
désordre  dans  le  pays  quand  il  lui  plaira  de  revenir  du 
côté  des  Flamands,  où  on  dit  qu'il  est  allé  avec  un  autre 
scélérat  et  une  femme  françoise  si  perdue  qu'on  dit 
qu'elle  a  donné  ou  vendu  doux  de  ses  enfans  aux  Sau- 
vages. 


ABRÉGÉ  DE  LA  MISSION  DE  KENTÉ. 


Tout  ce  que  nous  avons  à  dire  de  plus  considérable  de 
cette  Mission  est  renfermé  dans  une  Lettre  qui  nous  a  été 
adressée  par  M.  Trouvé,  lequel  a  toujours  été  témoin  oc- 
culaire  de  tout  ce  qui  s'y  est  passé,  ne  l'ayant  point  aban- 
donnée depuis  son  commencement;  Voici  le  rapport 
fidèle  de  ce  qu'il  m'a  écrit.  (1) 

"  Puisque  vous  désirez  que  je  vous  dise  quelque  chose 
par  écrit  de  ce  qui  s'est  passé  dans  notre  chère  Mission 
chez  les  Iroquois,  je  le  ferai  bien  volontiers  contre  toute 
la  répugnance  que  j'en  ressens,  n'ayant  souhaité  jusqu'ici 
rien  de  plus,  si  non  que  tout  ce  qui  s'y  est  passé  ne  fut 
connu  que  de  celui  à  la  gloire  duquel  doivent  tendre 
toutes  nos  actions,  et  voilà  la  raison  pourquoi  nos  Mes- 
sieurs qui  ont  été  employés  à  cette  œuvre  se  sont  toujours 
tenus  dans  un  grand  silence  ;  d'où  vient  que  M.  l'Abbé  De 
Fenelon  ayant  été  un  jour  interrogé  par  Monseigneur  de 
Pestrée  (2)  notre  Evêque,  de  ce  qu'on  pourroit  mettre  en 
la  relation  (3)  touchant  la  Mission  de  Kénté,  il  lui  fit 
réponse— "que  la  plus  grande  grâce  qu'il  nous  pourroit 
faire  étoit  de  ne  point  faire  parler  de  nous.  " 

"Ce  fut  l'année  1668  qu'on  nous  donna  mission  pour 
partir  pour  les  Iroquois  et  le  lieu  principal  de  notre 
Mission  nous  fut  assigné  à  Kenté,  parce  que  cette  même 

(1)  Quoique  clans  le  MS.  cette  phrase  soit  immédiatement  lioe  avec  la  .ui- 
vante,  laquelle  commence  par  une  petite  lettre,  nous  avons  cru  pouvoir  les 
séparer,  commencer  un  autre  alinéa,  et  y  ajouter  de  guillemets 

(2)  l'élrér. 

(3)  Sans  doute  la  Relation  de  1668,  pour  la  Lettre  qu'il  y  inséra. 

Z 


210 

année  plusieurs  personnes  de  ce  Village  étoient  venues 
au  Montréal  et  nous  avoientdemandt'' positivement  pour 
les  aller  instruire  dans  leur  pays, — leur  ambassade  se  lit 
au  mois  de  Juin,  mais  comme  nous  attendions  cette  année 
là  de  France  un  Supérieur,  nos  Messieurs  trouvèrent  à 
propos  qu'on  les  priât  de  revenir,  ne  jui^eant  pas  qu'on 
dût  entreprendre  une  affaire  de  cette  importance  sans 
attendre  son  avis,  pour  ne  rien  faire  là-dedans  que  sui- 
vant ses  ordres  : — Au  mois  de  Septembre  le  Chef  de  ce 
Village  ne  manqua  pas  de  se  rendre  au  temps  qu'on  lui 
avoit  prescrit  afin  de  tacher  d'avoir  et  de  conduire  des 
Missionnaires  en  son  pays,  alors  M.  L'Abbé  de  Quelus 
étant  venu  pour  Supérieur  de  cette  Communauté  on  lui 
demanda  et  il  donna  très-volontiers  son  agrément  pour  ce 
dessein,  ensuite  de  quoi  on  alla  pour  ce  sujet  trouver 
Mgr.  l'Evêque,  lequel  nous  appuya  de  sa  mission  (1), 
quant  à  M.  le  Gouverneur  et  M.  l'Intendant  de  ce  pays 
on  n'eut  pas  de  peine  à  avoir  leur  consentement,  vu  qu'ils 
avoient  d'abord  jeté  les  yeux  sur  nous  pour  cette  entre- 
prise ;  ces  démarches  absolument  nécessaires  étant  faites 
nous  partîmes  sans  tarder  par  ce  que  nous  étions  déjà 
bien  avancés  dans  l'automne  ;  enfin  nous  nous  embarquâ- 
mes à  la  Chine  pour  Kenté  le  2  octobre,  accompagnés  de  2 
Sauvages  duVillage  ou  nous  allions,après  avoir  déjà  avan- 
cé notre  route  et  surmonté  les  dilîicultés  qui  sont  entre 
le  lac  St.  Louis  et  celui  de  St.  >>an(,'ois,  lesquelles  con- 
sistent en  quelques  portages  et  traînages  de  canots,  nous 
apperçumes  de  la  fumée  dans  une  des  ances  du  lac  de 
St.  François,  nos  Iroquois  crurent  d'abord  que  c'étoient  de 
leurs  gens  qui  étoient  sur  ce  lac,  c'est  pour(|Uoi  ils  allèrent 
au  feu,  mais  nous  fûmes  bien  surpris,  car  nous  trouvâmes 
2  pauvres  Sauvagesses  toutes  décharnées  qui  se  retiroient 


(I)  Voir  Appenflico  XIX. 


211 

aux  habitations  françoises  pour  se  délivrer  de  l'esclavage 
où  elles  étoient  depuis  quelques  années,  il  y  avoit  40  jours 
qu'elles  étoient  parties  du  Village  Unneiou  d'où  elles 
étoient  esclaves  et  n'avoient  vécu,  pendant  tout  ce  temps 
là,  que  d'écureuils  qu'un  enfant  âgé  de  10  à  12  ans  tuoit 
avec  quelques  flèches  que  lui  avoient  fait  ces  pativres 
femmes  abandonnées  ;  nous  leur  limes  présent  à  notre 
arrivée  de  quelques  biscuits  qu'elles  jettèrentincontinant 
dans  un  peu  d'eau  pour  les  ramollir  et  pouvoir  plutôt 
apaiser  leur  faim,  leur  canot  étoit  si  petit  qu'à  peine  pou- 
voit-on  être  dedans  sans  tourner;  nos  deux  Sauvaces 
délibérant  ensemble  ce  qu'ils  avoient  à  faire  se  résolurent 
de  mener  chez  eux  ces  deux  pauvres  victimes  avec  cet 
enfant,  et  comme  elles  craignoient  qu'on  ne  les  brûlât  par 
ce  que  c'est  là  le  châtiment  ordinaire  des  esclaves  fugi- 
tifs parmi  les  sauvages,  elles  commencèrent  à  s'atrister, 
alors  je  tachai  de  parler  aux  Sauvages  et  de  les  obliger  à 
laisser  aller  ces  femmes  qui  dans  peu  seroient  chez  les 
François,  je  leur  disois  que  s'ils  les  emmenoient  M.  le 
Grouverneur  venant  à  le  savoir  seroit  convaincu  qu'il  n'y 
avoit  encore  rien  d'assuré  pour  la  paix  puisque  un  des 
points  des  articles  de  paix  étoit  de  rendre  les  prisonniers  ; 
toutes  ces  menaces  ne  purent  rien  sur  leur  esprit,  ils  nous 
disoient  pour  raisons  que  la  vie  de  ces  femmes  étoit  con- 
sidérable, que  si  les  Sauvages  du  Village  ou  elles  s'étoient 
sauvées  venoient  à  les  rencontrer  ils  leur  casseroient  la 
tête  sur  le  champ  :  ensuite  nous  marchâmes  quatre 
journées  par  les  plus  difficiles  rapides  qu'ils  y  aient  sur 
cette  route  :  après  cela  un  de  nos  Sauvages  qui  portoit 
un  petit  baril  d'eau  de  vie  dans  son  pays  en  but  et  par- 
tant il  s'enivra,  puisqu'ils  ne  boivent  point  autrement  ni 
pour  autre  sujet,  à  moins  qu'on  ne  les  empêche  par  force  ; 
or  comme  ces  gens  sont  terribles  dans  leur  ivresse  nos 
prisonnières  crurent  que   c'étoit  fait  d'elles,  par  ce  que 


212 

pour  rordinaire  les  sauvai^os  s'oiiivront  pour  faire  leurs 
mauvais  coups,  cet  Iroquois  ayant  })assé  dans  cet  excès 
il  entra  dans  un  état  furieux  et  inaccessible,  et  pour  lors 
il  se  mit  à  poursuivre  une  de  ces  femmes,  celle-ci  épou- 
vantée s'enfuit  dans  le  bois  aimant  mieux  périr  par  la 
faim  que  par  la  hache  de  son  ennemi,  le  lendemain  ce 
brutal  surpris  de  sa  proie  échappée  l'alla  chercher  dans 
le  bois  mais  en  vain  :  voyant  enfin  que  le  tems  nous 
pressoit  de  nous  rendre  à  son  villai»e  et  que  nous  avions 
déjà  eu  de  la  neige  il  se  résolut  de  la  laisser  en  ce  lieu 
la  avec  son  enfant,  et  afin  de  l'y  faire  mourir  de  faim  ils 
voulurent  rompre  leur  petit  canot,  à  cause  que  cet  endroit 
étoit  une  isle  au  milieu  du  Ik'uve  St.  Laurent,  néanmoins 
à  force  de  prière  ils  leur  laissèrent  à  nos  instances  ce 
seul  moyen  de  salut  ;  après  notre  départ  et  que  la  Sau- 
vagesse  fut  un  peu  rassurée  elle  sortit  hors  de  sa  cache 
et  trouvant  alors  son  canot  que  nous  lui  avions  fait  laisser, 
elle  s'embarqua  dedans  avec  son  petit  garçon  et  vint  heu- 
reusement au  Montréal,  runcicn  azile  des  malheureux 
fugitifs  ;  quant  à  nous  ayant  emmené  l'autre  Sauvagesse 
5  ou  G  jours  audessus  de  cette  isle  sans  jamais  avoir  su  ob- 
tenir sa  liberté,  à  la  iin  ayant  trouvé  des  hurons  qui  s'en 
alloient  en  traite  au  Montréal  nos  Sauvages  réliéchirent 
sur  ce  que  je  leur  avois  dit  que  M.  de  Courcelle,  qu'ils 
appréhendoient  extraordinairement,  trouveroit   mauvais 

leur (1)  lorsqu'il  le  sauroit,  cette  réllection  leur 

fit  remettre  l'autre  femme  entre  les  mains  de  ces  hurons 
pour  la  ramener  au  Montréal,  ce  qu'ils  firent  fidèlement 
comme  nous  l'apprimes  l'année  d'après  où  nous  sûmes 
aussi  ce  qui  étoit  arrivé  à  cette  autre  pauvre  femme  et  à 
son  petit  enfant  :  à  la  fin  à  force  de  nager,  le  jour  de  la 
fête  St.  Simon  et  St.  Jude  (2j  nous  arrivâmes  à  Kenté  ou 


(I,  Illisible. 

(2)  28  octobre.  (.1.  V.) 


I 


213 

nous  serions  arrivé  la  veille  si  ce  n'avoit  été  la  rencontre 
de  quelques  Sauvages  qui  ravis  d'apprendre  que  nous 
allions  à  Kenté  pour  y  demeurer  nous  iirent  présent 
de  la  moitié  d'un  Orignal  :  au  reste  ce  même 
soir  après  avoir  retrouvé  les  hommes  qui  nous 
avoient  fait  ce  présent  étant  tout  près  des  cabanes, 
nous  apperçûmes  au  milieu  d'une  belle  rivière  ou  nous 
étions  entrés  ce  jour-là  pour  accoursir  notre  chemin,  un 
animal  qu'ici  on  nomme  Scononton  et  qu'en  France  on 
appelle  chevreuil,  ce  qui  nous  donna  le  plaisir  d'une 
chasse  fort  agréable  surtout  à  cause  de  sa  beauté  et 
gentillesse  qui  surpasse  de  beaucoup  ce  que  nous  voyons 
en  ceux  de  France,  son  goût  aussi  est  bien  meilleur  et 
surpasse  toutes  les  venaisons  de  la  nouvelle  France,  étant 
arrivés  à  Kenté  nous  y  fûmes  régalés  autant  bien 
qu'il  fut  possible  aux  Sauvages  du  lieu,  il  est  vrai  que 
le    festin  ne  fut  que  de  quelques  Citrouilles  fricassées 

avec  de   la    graisse    et que   nous    trouvâmes 

bonnes,  aussi  sont-elles  excellentes  en  ce  pays  et  ne 
peuvent  entrer  en  comparaison  avec  celles  de  l'Europe, 
même  on  peut  dire  que  c'est  leur  faire  tort  que  de  leur 
donner  le  nom  de  citrouilles,  il  y  en  a  d'une  très-grande 
quantité  de  figures  et  aucune  n'a  quasi  rapport  avec 
celles  de  France,  même  il  y  en  a  de  si  dures  qu'il  faut 
avoir  des  haches  lorsqu'elles  ne  sont  pas  cuites  et  qu'on 
les  veut  ouvrir,  toutes  ont  des  noms  diflerents  :  un  pau- 
vre homme  n'ayant  rien  de  quoi  nous  donner  fut  tout 
le  long  du  jour  à  la  pêche  afin  de  nous  attraper 
quelque  chose,  et  n'attrapant  qu'un  petit  brocheton  nous 
le  présenta  tout  déconforté  et  confus  de  n'avoir  que  cela 
à  nous  donner  :  il  n'y  a  rien  qui  soit  plus  capable  de  mor- 
tilîer  un  Iroquois  que  quand  il  voit  arriver  quelqu'étran- 
ger  dans  son  pays  et  qu'il  n'a  rien  de  quoi  lui  présenter  ; 
ils  sont   fort  hospitaliers   et  vont  très-souvent   convier 


214 

ceux  qui  arrivent  à  leur  nation  de  venir  loirer  chez  eux: 
Il  est  vrai  que  depuis  qu'ils  hantent  les  Européens  ils  com- 
mencent à  se  comporter  d'une  autre  façon  :  Mais  voyant 
que  les  Ancflois  et  Flamands  leur  vendent  tout  jusqu'à  une 
lionnne,  ils  les  aiment  moins  que  les  François  qui  ordi- 
nairement leur  font  présent  de  pain  et  autres  petites 
choses- quand  ils  vont  chez  eux.  Un  ne  peut  pas  être 
reçu  avec  plus  d'amitié  que  nous  reçurent  ces  barbares 
chacun  fit  tout  ce  qu'il  put,  jusqu'à  une  bonne  vieille  qui 
par  grand  régale  jetta  un  peu  de  sel  dans  une  sagamité^ 
ou  bouillie  de  bled  d'inde  qu'elle  nous  faisoit  ;  après 
avoir  un  peu  respiré  l'air  de  ce  pays,  nous  délibérâmes 
M  De  Fénélon  et  moi  ce  que  nous  avions  à  faire  sur  le 
sujet  de  la  religion,  nous  convinmes  pour  cela  de  nous 
adresser  au  Chef  du  village  appelé  Rohiario  lequel  nous 
avoit  obligé  d'aller  en  son  pays,  ensuite  de  quoi  nous  lui 

allâmes qu'il  savoit  assez   qu'il  nous   étoit   venu 

chercher  afin  de  les  instruire,  que  nous  n'étions  venus 
que  pour  cela,  qu'il  commenceroit  à  nous  aider  en  ce 
dessain,  qu'il  avertit  dans  son  Village  un  chacun  d'en- 
voyer ses  enfans  dans  notre  cabanne  afin  d'être  ensei- 
gnés ;  ce  qui  ayant  réussi  comme  nous  l'avions  désiré, 
quelque  temps  après  nous  priâmes  ce  même  Sauvage  de 
trouver  V>on  et  de  faire  agréer  à  sa  Nation  que 
nous  baptisions  (1)  leurs  enfans;  à  cela  ce  vieillard  répon- 
dit— "  On  dit  que  ce  lavement  d'eau  "  (c'est  ainsi  qu'ils  ap- 
pèlent  le  baptême)  "  fait  mourir  les  enfans,  si  tu  en  bapti- 
ses et  qu'ils  m<'urent  on  dira  que  tu  es  un  Ariflasfo'gufro- 
non'  (2)  (qui  sont  leurs  ennemis),  "lequel  est  venu  dans  no- 
tre Villaire  pour  nous  détruire." — "  Ne  crains  point,"  lui 
dis-je,  "  ce  sont  des  mal-avisés  qui  t'ont  dit  que  ce  baptême 


Il    Bai'lim'ixions. 

(2)  Voir  Api'f»nd:ce  No.  XX. 


215 

tuoit  les  enfans  car  nous  autres  françois  sommes  tous  bap- 
tisés et  sans  cela  nous  n'irions  pas  au  ciel,  et  pourtant  tu 
sais  bien  que  nous  sommes  en  grand  nombre." — Alors,  il 
nous  dit, — "  Fais  comme  tu  voudras,  tu  es  le  maitre." 
Nous  assignâmes  donc  le  jour  que  nous  devions  conférer 
ce  grand  Sacrement  ou  plusieurs  adultes  se  trouvèrent, 
et  nous  baptisâmes  environ  50  petits  enfans  dont  la 
fille  de  Rohario — qui  est  unique — fut  la  première  et  s'ap- 
pela Marie,  mettant  ainsi  nos  prémices  sous  la  protection 
de  la  Ste.  Vierge,  ce  qui  est  à  remarquer  c'est  que  n'é- 
tant mort  aucun  de  ces  50  premiers  baptisés,  ils  n'ont 
plus  eu  de  peine  contre  le  St.  baptême,  encore  qu'il 
soit  mort  depuis  plusieurs  autres  enfans  après  le  St. 
baptême.  Le  printemps  en  1669,  M.  De  Fenelon  étant 
descendu  au  Montréal  pour  la  consultation  des  difficul- 
tés qu'il  eut  dans  le  voyage  ou  il  traina  lui-même  son 
canot  tant  en  montant  qu'en  descendant,  au  millieu  des 
plus  furieux  rapides,  il  baptisa  un  enfant  qui  mourut 
tôt  après,  ce  qui  le  réjouit  beaucoup  au  milieu  de  ses  pei- 
nes qui  sont  si  grandes  qu'on  ne  seroit  pas  cru  si  on  osoit 
les  rapporter,  puisque  en  quantité  d'endroits  et  très- 
souvent  l'on  monte  des  eaux  plus  impétueuses  que  la 
descente  d'un  moulin,  y  étant  parfois  jusque  sous  les 
esselles,  marchant  nu-pieds  sur  des  pierre  fort  coupantes 
dont  la  plupart  de  ces  eaux  sont  pavées  :  M.  de  Fenelon 
revenant  du  Montréal  amena  avec  lui  un  autre  mis- 
sionnaire qui  fut  M.  D'Urfé,  ensuite  étant  arrivé  il 
s'en  alla  hiverner  dans  le  Village  de  Gandafsetiagon,  peu- 
plé de  Sonontouans  détachés — lesquels  étoient  venu  à  la 
côte  du  Nord  dont  nous  avons  le  soin  ;  ces  gens  nous 
ayant  demandé  pour  les  aller  instruire,  furent  ravis 
qu'on  leur  accordât  cette  grâce  sitôt  après  l'avoir  deman- 
dée, quant  à  nous  ayant  été  obligés  d'aller  avec  les 
Sauvages  dans  les  bois  pour  nous  tirer   de    la   nécessité 


21 G 

dos  vivres  dans  laquelle  nous  étions  à  cause  que  notre 
établissement  étoit  nouveau  ;  je  tombai  par  une  provi- 
dence singulière  dans  le  chemin  de  quelques  Sauvages 
qui  étoient  passés  il  y  avoit  déjà  un  peu  de  temps,  mais 
nous  iïimes  au  soir  surpris,  nous  voyant  arrivés  dans  un 
lieu  où  il  y  avoit  de  la  lumée,  c'étoient  les  mêmes  Sauva- 
ges sur  la  piste  desquels  nous  marchions  parmi  les  neiges  : 
Approchant  do  plus  près  nous  vîmes  quelques  branches 

d'arbres  do desquelles  il  sortoitvin  pou  de  iumée;c'é- 

toit  une  pauvre  Iroquoise  laquelle  avoit  accouché  de  deux 
enfans  qui  étoient  cachés  sous  ce  méchant  cabanage, 
avec  quelques  autres,  alors  son  mari  en  s'éveillant  me  dit — 
*'  Viens  voir,  liobe  noire,  elle  a  accouché  de  trois  enfans  :  " 
Ces  pauvre  gens  étoient  réduits  dans  la  dernière  néces- 
sité car  ils  n'avoient  aucuns  vivres  et  ils  ne  subsistoient 
que  par  le  moyen  de  quelques  porcs-épic  qu'ils  tuoient 
et  qu'ils  mangooient,  tout  n'étoit  pas  capable  de  rassasier 
deux  quoiqu'ils  fussent  plus  de  neuf  ou  dix,  Voyant  cette 
pauvre  femme  j'en  fus  d'autant  plus  touché  que  je  ne 
pouvois  lui  prêter  aucun  secours,  car  nous  étions  pour  le 
moins  aussi  dépourvus  qu'eux  je  lui  demandai  si  ses  en- 
fans étoient  en  bonne  santé,  le  mari  répondit  qu'un  des 
deux  mourroit  bientôt,  la  femme  les  démaillota  tous  doux 
devant  moi  et  je  vis  qu'ils  étoient  à  demi  gelés  et  par- 
dessus cela  il  y  en  avoit  un  qui  avoit  la  fièvre  et  étoit 
moribond,  je  pris  delà  occasion  de  leur  parler  de  notre 
reliirion  en  leur  disant,— '"  Que  j'étois  bien  fâché  que  ces 
deux  enfans  allassent  mourir  sans  être  ])aptisés  et  qu'ils 
n'iroient  jamais  au  ciel  sans  cela  ;  "  après  quoi  je  leur 
expliquai  ces  choses  plus  en  détail,  jusqu'à  ce  que  le 
mari  in'intfrrompant  dit  :  "  Courage,  l)aptises-les  tous 
deux,  mon  frère,  cela  est  fâcheux  de  n'aller  pas  au  ciel." 
Ce  consentement  donné  je  h'S  baptisai  tous  deux  et  peu 
après  bon  noml)r»'  de  ces  nouveaux"  chrétiens  alla  jouir 


217 

de  la  gloire  ce  même  hiver,  qui  fut  en  1670;  Depuis  cela 
il  arriva  à  M.  D'Urfé  une  chose  qui  lui  pensa  être  fu- 
neste et  que  je  veux  bien  remarquer  ;  après  avoir  dit  la 
Ste.  messe,  il  alla  faire  son  action  de  grâce  dans  le  bois, 
mais  il  s'y  enfonça  si  avant  qu'il  s'y  égara  et  ne  pouvoit 
revenir,  il  passa  le  jour  et  la  nuit  à  chercher  son  chemin 
sans  le  pouvoir  trouver,  et  après  enfin — il  fut  obligé  de 
se  reposer,  ce  qu'il  fit  dans  une  attrape  à  loup  qu'un 
Sauvage  avoit  fait,  il  y  avoit  déjà  quelque  temps,  le  len- 
demain au  milieu  de  la  sollicitude  ou  le  mettoit  son  égare- 
ment il  eut  recours  à  feu  M.  Ollier  auquel  s'étant  recom- 
mandé il  poursuivit  de  marcher,  et  alors  il  alla  droit  au 
village,  pour  cela  il  croyoit  devoir  beaucoup  à  sa  protec- 
tion ;  pendant  son  absence  les  Sauvages  avoient  couru  de 
toutes  parts  pour  le  chercher,  étant  de  retour  ils  firent 
tous  un  festin  pour  remercier  l'esprit  de  ce  qu'il  n'étoit 
pas  mort  dans  le  bois,  il  dit  que  pendant  sa  marche  il 
s'étoit  substanté  de  ces  méchants  champignons  qui  vien- 
nent autour  du  pied  des  arbres  et  il  assure  qu'il  les 
trouva  fort  bons,  tant  il  est  vrai  que  l'appétit  donne  bon 
goût  aux  choses  qui  sont  les  plus  mauvaises.  En  1671, 
le  même  Missionnaire  pensa  périr  par  une  autre  dis- 
grâce, qui  fut  que  venant  au  Montréal  son  canot  tourna 
sous  voile  d'un  gros  vent-arrière,  quasi  au  milieu  du 
fleuve,  mais  par  bonheur,  encore  qu'il  ne  sçut  point 
nager.  Dieu  le  préserva  d'autant  qu'il  se  tint  si  bien  au 
canot  qu'on  eut  loisir  de  le  secourir,  encore  qu'on  fut 
loin  de  lui.  Cette  dernière  année,  M.  D'Urfé  ayant 
fait  quelque  séjour  à  un  village  de  notre  Mission 
nommé  Ganeraaké,  il  prit  résolution  d'aller  visiter  quel- 
ques Sauvages  établis  à  5  lieues  de  là,  pour  voir  s'il  n'y 
auroit  pas  quelque  chose  à  faire  pour  la  religion,  le 
lendemain  de  son  arrivée  une  pauvre  Iroquoise  se  trouva 
en  mal  d'enfant,  or  comme  ces  pauvres  Sauvagesses  sont 

A* 


218 

extrfmoiiKMit  hontt'us»'s  (|iuiiid  elle  sont  on  cet  état  lors- 
qu'il y  11  des  étrangers,  cette  pauvre  i'erame  se  résolut  sans 
on  rien  tlire  d'aller  dehors  sur  les  neiges  pour  cnlanter, 
quoique  dans  la  plus  grande  rigueur  de  l'hiver  :  Kn  eliet 
peu  de  temps  après  on  entendit  crier  l'eniant,  les  femmes 
de  cette  cabanne  toutes  surprises  y  accoururent  pour 
prendre  cet  enfant  et  secourir  la  mère,  M.  D'Urfé  voyant 
que  cette  honte  avoit  i):(t(luit  un  si  fâcheux  eliet  partit 
au  plus  vite  pour  retourner  a  Ganeraské,  et  laisser  la 
cabane  libre,  mais  le  3' jour  il  résolut  de  revenir  à  cette 
cabane  avec  quelques  françois  parce  que  sa  chapelle  y 
étoit  restée,  y  étant  de  retour  il  trouva  cette  accouchée 
bien  mal,  les  Sauvagesses  lui  dirent  que  depuis  son 
départ  elle  avoit  eu  encore  un  autre  enfant  et  qu'elle 
perdoit  tout  son  sang  ;  trois  quarts  d'heure  après  la  ma- 
lade criant  à  haute  voix  à  quelqu'une  de  ses  compagnes — 
•"donne-moi  de  l'eau"  et  ell*'  mourut  au  même  instant, 
aussitôt  après  celles  qui  l'assistoient  la  poussèrent  dans 
nn  coin  de  la  cabane  comme  une  bûche  et  jettèrent  au- 
près d'elle  ses  deux  enfans,  tous  vivans  qu'ils  étoient, 
pour  être  dès  le  lendemain  matin  enterrés  avec  leur 
mère  ;  M.  1)  l  rfé  (|ui  étoit  ass«'Z  proche  pour  entendre 
mais  non  pas  en  commodité  de  voir  ce  qui  se  passoit,  de- 
manda ce  que  c'étoit  et  pourquoi  on  remuoit  tant,  les 
Sauvages  lui  dirent, — "  C'est  que  cette  femme  est  morte," 
alors  ce  M.  ayant  vu  de  ses  yeux  la  perte  de  la  mère  il 
voulut  irarantir  les  deux  enfans  par  le  baptême,  ce  qu'il 
iit  incontinant  et  fort  à  propos,  car  il  y  en  eut  un  qui 
mourut  la  même  nuit,  l'autre  se  portant  très-bien  le  len- 
demain un  Sauvage  le  prit  pour  l'enterrer  tout  vivant 
avec  sa  mère,  à  (juoi  M.  D'Urfé  leur  dit: — "Est-ce  là 
votre  manière  d'agir,  à  quoi  pensez-vous  {  "  Un  d'eux  lui 
répartit  : — "  Que  veux-tu  que  nous  en  faisions,  qui  le 
nourrira  ?  " — Ne   trouvera-t-on   j>as  une   Sauvagesse  qui 


219 

l'allaitera  ;"  lui  répliqua  M.  D'Urfé.— "  Non,"  lui  répartit 
le  Sauvage.  M.  D'Urfé  voyant  ces  choses  demande  la 
vie  de  l'enfant  auquel  il  lit  prendre  quelque  jus  de  raisin 
et  quelque  sirop  de  sucre  de  quoi  il  laissa  une  petite 
provision  afin  d'assister  cet  orphelin,  pendant  qu'il  iroit 
à  Kenté,  éloigné  de  12  grandes  lieues,  chercher  une 
nourrice,  mais  il  le  fit  en  vain  les  Sauvagesses  par  une 
superstition  étrange  ne  voudroient  pas  pour  quoi  que  ce 
soit  au  monde  allaiter  un  enfant  d'une  dé  cédée.  Ce 
Missionnaire  revenant  voir  son  orphelin  il  le  trouva  mort 
au  monde  et  vivant  à  l'éternité,  après  avoir  vécu  de  ces 
jus  et  sirop  plusieurs  jours.  Voilà  la  misère  dans  la- 
quelle sont  réduits  ces  pauvres  Sauvages,  ce  qui  ne 
s'étend  pas  seulement  svir  les  femmes  qui  sont  enceintes 
dont  il  en  meurt  une  grande  quantité  faute  d'avoir  de 
quoi  se  soulager  dans  leurs  couches,  mais  aussi  sur  toutes 
les  malades,  car  ils  n'ont  aucun  rafraîchissement,  et  un 
pauvre  malade  dans  ces  nations  est  ravi  de  la  visite  d'un 
Missionnaire  espérant  qu'après  l'instruction  qu'il  lui  va 
faire  il  lui  fera  présent  d'une  prune,  de  2  ou  3  grains 
de  raisin  ou  d'un  petit  morceau  de  sucre  gros  comme 
une  noix. 

"  Nous  avons  eu  de  temps  en  temps  des  adultes  que 
Dieu  a  tellement  touchés  dans  leurs  maladies,  qu'après 
avoir  obtenu  le  Saint  Baptême  ils  sont  morts  entre  nos 
mains  avec  d'admirables  sentimens  de  douleur  pour  leurs 
péchés  passés  ;  où  il  est  à  remarquer  que  les  Sauvages 
n'ayant  pas  reçu  comme  nous  cette  grande  grâce  de  l'é- 
ducation chrétienne,  ils  ne  sont  pas  en  récompense  punis 
comme  nous  à  la  mort  de  ce  grand  endurcissement  qui  se 
trouve  ordinairement  en  nous  pour  lors,  quand  nous 
avons  mal  vécu  ;  au  contraire,  d'abord  que  les  gens  sont 
abattus  du  mal  et  par  ce  moyen  plus  en  état  de  refléchir 
sur  le  peu  qu'est  cette  vie  et  sur  la  grandeur  de  celui  qui 


220 

est  ainsi  le  Maître  de  nos  jours,  si  la  Providence  dans  ce 
temps  le  met  entre  les  mains  d'un  Missionnaire,  commu- 
nément il  meurt  dans  les  apparences  d'un  crrand  regret 
de  tout  le  passé.  Il  i'uut  que  je  rapporte  un  exemple  qui 
est  arrivé  cet  année  (1)  sur  ce  sujet,  aussi  bien  y  a-t-il 
quelque  chose  d'extraordinaire  qui  mérite  bien  d'être 
mise  au  jour  Un  Sauvage  un  peu  éloigné  de  nous  et  qui 
ne  se  soucioit  guère  de  s'en  approcher  parcequ'il  ne  i'ai- 
soit  pas  grand  estime  de  la  religion,  fut  saisi  cet  hiver 
d'une  maladie  languissante  et  à  la  fin  l'a  conduit  au  tom- 
beau, longtemps  auparavant  son  décès  il  rêva  dans  son 
sommeil  qu'il  voyoit  une  belle  grande  maison  à  Kenté 
toute  remplie  de  Missionnaires  et  qu'un  jeune  d'entre'eux 
le  baptisoit  ce  qui  l'empêchoit  d'aller  brûler  en  un  feu  et 
le  mettoit  en  état  d'aller  au  ciel  ;  aussitôt  qu'il  fut  ré- 
veillé il  envoya  à  Kenté  chercher  un  prêtre  par  sa  fem- 
me pour  le  baptiser,  M.  d'Urfé  ayant  vu  cette  femme  alla 
voir  ce  que  c'étoit  ;  le  malade  lui  ayant  dit  la  chose  comme 
je  la  viens  de  rapporter,  il  se  mit  à  l'instruire  fortement, 
ce  que  le  malade  écoutoit  avec  une  grande  attention  ; 
après  cela  M.  d'Urfé  me  vint  trouver  et  j'y  allai  à  mon 
tour,  près  de  3  mois  durant  nous  lui  fîmes  successive- 
ment tous  deux  nos  visites,  toujours  ce  malade  nous 
écoutoit  avec  des  oreilles  si  avides  que  nous  étions  extrê- 
mement touchés  en  l'instruisant,  ce  n'étoit  que  des  regrets 
du  péché,  des  déplaisirs  d'avoir  offensé  Dieu  et  des  sou- 
pirs pour  son  service,  incessamment  il  nous  demandoit 
le  baptême  afin  d'être  en  état  d'aller  voir  son  Créateur 
mais  toujours  nous  différions  de  lui  conférer,  soit  à  cause 
d"  la  circonspection  que  nous  y  apportons,  soit  à  cause  des 
grands  avantages  que  le  malade  tiroit  de  st?s  ferv<'nts  désirs 
pour  la  préparation  à  recevoir  ce  sacrement  ;  Enfin  après 

(I)  tC72.  (J.  V.) 


221 

beaucoup  d'importunités  sur  le  même  sujet  nous  lui  avons 
accordé  ses  souhaits,  lorsque  nous  avons  vu  qu'il  étoit 
temps  de  le  faire,  et  depuis  avoir  été  lavé  de  cette  eau 
salutaire  ayant  édifié  un  chacun  de  ceux  qui  le  voyoient 
pratiquer  tant  de  beaux  actes  de  vertu  il  est  mort  pour 
vivre  plus  heureux,  allant  au  lieu  des  soupirs  du  dernier 
temps  de  sa  vie  ;  de  pareilles  bonnes  œu\Tes  font  la  seule 
consolation  des  missionnaires  parmi  toutes  les  peines  qui  se 
rencontrent  dans  l'instruction  de  ces  pauvres  abandonnés, 
je  les  appelé  ainsi  même  à  l'égard  de  leurs  âmes,  parce- 
que  très-souvent  ils  n'ont  pas  pour  le  spirituel  tout  le 
secours  qui  leur  seroit  nécessaire,  operaravy  pauci  missi 
veromulta  (1).  Nous  avons  3  Villages  dans  cette  étendue 
de  notre  Mission,  sans  compter  les  cabanes  écartées.  Il  n'y 
pas  un  de  ces  Villages  ou  il  n'y  eut  pour  employer  un 
bon  Missionnaire.  Nos  principales  occupations  sont  au- 
près des  malades  ou  auprès  des  enfans  qui  écoutent  vo- 
lontiers les  instructions  qu'on  leur  fait  et  même  prient 
bien  Dieu  en  leur  langue  et  se  croient  bien  récompensés 
si  après  leur  instruction  le  missionnaire  leur  fait  présent 
d'un  pruneau  ou  d'une  graine  de  raisin,  ou  quelqu' autre 
semblable  rafraichissement,  ce  qui  nous  sert  comme  les 
agnus  et  les  images  servent  en  France  à  ceux  qui  y 
font  le  cathéchisme.  Les  pères  et  les  mères  n'ont  aucune 
opposition  à  ce  qu'on  instruise  leurs  enfans,  au  contraire 
ils  en  sont  vains  et  en  prient  même  souvent  les  mission- 
naires. Je  suis  obligé  de  rendre  ce  témoignage  à  la  vérité, 
que  les  Sauvages  tous  barbares  qu'ils  sont  et  sans  les 
.lumières  de  l'évangile  ne  commettent  point  tant  de 
péchés  que  la  plupart  des  Chrétiens." 

Voilà  un  petit  crayon  de  tout  ce  qui  s'est  passé  dans 
notre  Mission,  autant  que  la  mémoire  me  l'a  pu  fournir, 

(1)  Je  ne  comprends  point  ce  laliu.      Et  moi,  je  comprsond  qu'on  a  du 
écrire  : — Operarii  pauci,  messis  vro  viulta.  (J.  V.) 


222 

c;ir  jamais  je  me  suis  appliqué  à  en  faire  aiuune  remar- 
que, sachant  bien  que  Dieu  est  une  grande  lumière  et 
que  (juand  il  veut  qu'on  eonnoisse  les  choses  qui  regarde 
sa  gloire,  il  leroit  plustôt  parler  les  arbres  et  les  pierres 
Je  ne  me  suis  pas  fort  attaché  à  décrire  les  petites  peines 
qu'ont  pu  ressentir  les  missionnaires  de  Kenté,  ni  les 
privations  dans  lesquelles  ils  se  sont  trouvés  très-fréquem- 
ment depuis  le  temps  que  cette  œuvre  est  entreprise  : 
Ce  que  je  puis  ajouter  à  la  lettre  de  M.  Trouvé  est  que 
les  missionnaires  de  Kenté  souffriront  beaucoup  moins  à 
l'avenir  que  par  le  passé,  d'autant  que  Messieurs  du  Sé- 
minaire de  St.  Sulpice  ont  fourni  le  lieu  de  bestiaux, 
cochons  et  volailles  et  que  Messieurs  les  Missionnaires 
ont  transférés  avec  beaucoup  de  peines  ;  Que  si  le  Roi 
fait  faire  un  jour  quelque  entreprise  sur  Nontario,  comme 
le  lieu  semble  l'exiger  pour  tenir  les  Iroquois  dans  la 
dernière  soumission  et  avoir  toutes  leurs  pelleteries 
qu'ils  viennent  faire  sur  nos  terres  et  qu'ils  portent  par 
après  aux  étrangers,  ceux  qui  seront  commandés  pour 
cette  exécution  et  établissement  pourront  recevoir  de 
grands  secours  spirituels  et  temporels  tout  à  la  fois  de 
Kenté,  par  le  moyen  des  travaux  et  dépenses  que  font 
Messrs.  du  Séminaire  de  St.  Sulpice  en  ce  lieu  :  Je  ne 
nomme  pas  en  cette  histoire  ceux  de  ce  Séminaire  qui 
font  les  dépenses  du  Montréal  et  de  Kenté,  quoique 
grandes  et  considérables,  parce  que  je  l'ose  pas  faire  : 
que  si  ceux  qui  liront  ceci  le  trouvent  à  redire,  qu'ils 
trouvent  bon  ({ue  je  me  soumette  à  leur  condamnation 
et  que  j»'  n'encours  point  la  disgrâce  de  ces  Messieurs, 
qui  auroit'iii  bientôt  raturé  leur  nom,  si  je  le  voulois 
mettre  sur  le  papier. 

Ayant  conclu  cette  Relation,  on  m'a  fait  voir  la  lettre 
qui  suit,  elle  est  écrite  par  M.  De  Courcelles  et  est  adressée 


223 

à  Monsieur  le  Curé  du  Montréal  (1)  ;  j'ai  estimé  à  propos 
d'en  mettre  la  copie  ci-après,  afin  d'en  sceler  cette  His- 
toire, par  ce  que  j'ai  cru  ne  pouvoir  donner  plus  de  poids 
et  d'autorité  aux  vérités  qui  y  sont  renfermées  qu'en 
usant  d'une  aussi  digne  main  que  la  sienne  pour  faire 
connoitre   quels  sont  ceux  dont  j'ai  entrepris  de  parler. 

"  D.'  Québec  Ci'  256  7bre.,  !G72. 

"  Monsieur  le  Comte  de  Frontenac  étant  arrivé  (2),  que 
le  Roi  a  pourvu  de  ce  gouvernement  pour  me  venir  rele- 
ver, ayant  eu  mon  Congé  de  la  Cour  pour  m'en  retourner, 
je  me  prépare  à  partir,  et  devant  que  de  m'embarquer  je 
suis  bien  aise  de  vous  écrire  celle-ci  tant  pour  l'inclina- 
tion que  j'ai  pour  vous  que  pour  tous  vos  Messieurs,  à 
cause  de  la  fidélité  au  service  du  Roi  que  j'ai  toujours 
reconnu  en  vous,  pour  vous  en  témoigner  ma  reconnois- 
sance. 

"  Je  vous  prie  aussi  de  faire  connoitre  à  tous  nos  habi- 
tans  que  je  leur  rends  la  justice  qui  leur  est  diie,  recon- 
noissant  qu'ils  ont  toujours  été  prêts  et  des  premiers, 
quand  il  s'est  agi  du  service  de  Sa  Majesté,  et  qu'ils  aient 
à  continuer  comme  ils  ont  commencé,  je  témoignerai  à 
Messieurs  les  Ministres,  quand  l'occasion  s'en  présentera, 
que  Sa  Majesté  a  dans  votre  quartier  de  véritables  et 
fidèles  sujets. 

"  Et  comme  je  ne  doute  pas  que  les  gens  qui 
obéissent  bien  à  leur  Prince  ainsi  qu'ils  le  doivent, 
ne  soient  des  Chrétiens  dont  les  prières  sont  bien  agréa- 

(1i  M.  Gilles  Pérot  (d'après  autographe),  2me  curé  de  Montréal,  du  1er 
Septembre  1664  au  17  Juillet  1680,  qu'on  le  trouva  mort  d'apoplexie  dans 
le  Jardin  du  Séminaire  :  c'est  le  1er  jirêtre  inhumé  dans  la  vieille  église  pa- 
roissiale. (J.  V.) 

(2)  Commission  enregistrée  à  Québec  le  12  Septembre  1672.  (J.  V.) 


224 

blés  à  Dieu,  conviez-les,s'il  vous  plaît,  à  le  prier  pour  mon 
heureux  retour  en  France,  je  demande  cette  même  grâce 
à  tous  vos  Messieurs  que  je  crois  qu'ils  ne  me  refuseront 
pas,  et  à  vous  particulièrement,  de  qui  j'espère  toute  as- 
sistance par  vos  bons  suffrages,  sur  lesquels  je  vous  assure 
je  fonde  mes  meilleures  espérances,  en  vous  disant  adieu 
je  vous  prie  de  croire  que  je  serai  toujours  de  cœur  et 
d'affection,  etc." 


"  Monsieur 


Monsieur  Perot  curé  du  Montréal, 

par  Monsieur  De  Courcelles. 


Vraie  copie. 

Montréal,  Novembre,  11  â  26,  1845. 

Js,   Viger.     L.  J    Papineav, 


APPENDICES. 


No.  I.  p.  25. 

Les  A/niales  (M>S.)  f/e  l'Hôtel  Dieu  de  Motitréal  ont 
sur  ce  sujet  des  renseiunements  difierents  de  ceux-ci  et 
fournissent  des  détails  que  nos  lecteurs  pourront 
lire  avec  intérêt  :   les  voici 

"  Made.  de  Bullion  demeura  édifiée  et  très-satisfaite 
de  l'entretien  de  Melle.  Mance  (à  sa  1ère,  visite)  ;  la  pria 
d'y  retourner  pour  sa  consolation,  ce  qu'elle  lit  plusieurs 
fois,  et  s'ouvrit  enfin  sur  le  dessein  qu'elle  avoit  de  fonder 
un  hôpital  dans  la  nouvelle  Colonie  :  et  que,  puisqu'elle 
avoit  assez  de  courage  et  de  vertu  pour  y  vouloir  aller, 
elle  la  chargeroit  de  tout,  pourvu  qu'elle  lui  promit  un 
secret  inviolable;  ce  qu'elle  lit  sur  le  champ 

'•  Melle.  Mance  retourna  voir  Mde.  de  Bullion  et  lui  dit 
qu'elle  étoit  disposée  à  exécuter  toutes  ses  intentions,  con- 
vaincue qu'elle  étoit  que  Dieu  la  vouloit  en  Canada  pour  y 
prendre  soin  de  son  hôx^ital.  Enlin  le  contrat  se  lit  dans  les 
formes,  à  la  réserve  qu'elle  ne  parut  que  sous  le  nom  d'une 
personne  inconnue  qui  ne  veut  point  nommer  d'autre  que 
celle  à  qui  elle  coniioit  son  secret  ;  laquelle  reçut  comp- 
tant dans  son  tablier  pour  se  mieux  cacher  et  à  plusieurs 
reprises, — la  somme  de  60,000liv.  ;  sur  quoi  elle  assigna  une 
pension  de  lOOOliv.  à  Mlle.  Mance,  sa  vie  durante.  Elle 
lui  donna  en  outre  phisieurs  bijoux  de  dévotion  de  grand 
prix,  etc." 

"  Elle  chargea  en  outre  la  d.  'Belle.  Mance  de  l'Ad- 
ministration   du    liien   temporel  du    d.    hôpital   jusqu'à 


'2-26 

sa  mort,  ce  qu'elle  a  ext-cuté  avec  beaucoup  de  peines 
à  cause  de  ses  maladies  continuelles  qui  l'ont  obligé  de 
garder  le  lit  plusieurs  ann»''«'s  de  suite.  Elle  ordonna 
par  son  contrat  que  la  pension  de  lOOOliv.  de  Mlle.  Mance 
retourneroit  après  sa  mort  à  l'hôpital,  qui  a  été  fondé  de 
mille  écus  de  rente;  que  ce  fonds  seroit  inaliénable,  et 
que  si  à  l'avenir  l'Isle  de  Montréal  venoit  à  périr  par  la 
guerre  des  Iroquois  ou  autres  accidens,  le  d.  fonds  de 
60,000liv.,  retourneroit  à  l'Hôtel-Dieu  de  Paris,  qui  jouiroit 
de  la  rente  jusqu'au  rétablissement  du  d.  Montréal  auquel 

elle  retourneroit  " 

"  Mlle.  Mance  reçut  son  argent,  comme  je  lai  dit, 
à  plusieurs  reprises  ou  payments,  crainte  qu'on  ne 
s'en  apperçût,  ne  pouvant  pas  tout  porter  à  la  fois. 
Elle  m'a  raconté  elle-même  plusieurs  fois  agréable- 
ment, qu'elle  s'y  faisoit  porter  en  chaise  et  qu'un  soir  ses 
porteurs  lui  dirent  : — "Mais  !  d'où  vient,  Mlle.,  que  quand 
qus  venez  ici  vous  êtes  moins  pesante  que  quand  vous 
en  sortez  ?  Assurément  cette  Dame  vous  aime  et  vous 
fait  des  présents.  " — Ceci  lui  donna  beaucoup  de  crainte 
d'être  volée  et  peut-être  tuée,  ce  qui  lui  lit  fort  pru- 
demment changer  de  porteurs  et  aussi  d'heure,  pour 
aller  voir  Mde.  de  Bullion.  Aussitôt  qu'elle  eut  reçu 
toute  la  somme,  elle  la  mit  en  fonds  de  rentes  constituées, 
savoir  :  2200liv.  à  l'Hôtel  d'Angoulème,  qui  ont  porté  peu 
de  profit,  et  point  du  tout  depuis  plus  de  30  ans,  que  les 
propriétaires  sont  morts  et  leurs  biens  vendus  par  dé- 
crets :  on  nous  fait  e.spérer  cependant  que  le  fonds  ne 
sera  pas  tout  perdu,  mais  il  ne  produit  plus  de  rente  et 
on  ne  touch»».  ri»Mi  du  fonds  (1)  ;  ce  qui  obère  notre  pau- 
vre hôpital  notablement  et  l'auroit  ruiné,  si  notre  bon 
Roi  ne  l'avoit  soutenu  par  ses  libéralités,  lui  ayant  donné 


(1)  Notre  Annalisl»'  (^crit  ceci  en  1697.  (.1.  'V^) 


227 

lOOOliv.  chaque  année,  depuis  12  à  13  ans.  Mlle.  Mance  fit 
un  autre  contrat  de  22001iv.  sur  M.  le  Baron  de  Kenty  qui 
les  prit  dans  le  désir  de  servir  à  cette  œuvre  qu'il  aimoit 
et  estimoit  beaucoup,  devant  servir  à  la  gloire  de  Dieu 
et  au  salut  de  plusieurs  âmes  dans  le  Canada.  Il  en  a 
payé  la  rente  15  ou  16  ans,  puis  rendit  le  fonds  qui  a 
été  employé  à  soutenir  les  dépenses  de  100  hommes  tra- 
vailleurs et  artisans  que  Messr.  de  St.  Sulpice  (1)  envoy- 
èrent et  firent  passer  de  France  au  Montréal  en  1653,  à 
quoi  Mlle.  Mance  consentit,  à  cause,  comme  elle  s'en  est 
déclarée  plusieurs  fois  et  même  par  écrit,  qu'elle  croyoit 
que,  sans  ce  secours,  l'entreprise  du  Montréal  auroitpéri 
et  échoué  entièrement,  vu  l'état  où  il  étoit  alors  réduit  " 
"Les  16,000liv.  restant  furent  mis  sur  M.  Des- 
bordes qui  en  a  payé  la  rente  jusqu'aujourd'huy  .'\A?inaIes 
de  r Hôtel-Dieu  de  Montréal"  MS.  de  la  Sœur  Blarie 
Morin.)  J.  V. 
No.  II.  p.  33. 

Voilà  enfin  la  confirmation  (que  je  cherche  depuis 
longtemps)  de  ce  qu'avance  Charlevoix  sur  ce  voyage  à 
Montréal  de  M.  De  Maisonneuve,  dès  l'automne  même 
de  1641,  lorsqu'il  dit,  Tom.  I.  page  227  de  son  Histoire 
de  la  Nouvelle-France  : —  "M.  de  Maisonneuve  arriva  à 
Québec"  (en  1641)  "  avec  une  fille  de  condition  nommée 
Mademoiselle  Manse  "..."le  Chevalier  de  Montmagny  et 
le  Supérieur  G-énéral  des  Jésuites  les  conduisirent  à  Mont- 
réal ;  et  le  15  d'Octobre  M.  de  Maisonneuve  fut  déclaré 
Grouverneur  de  l'Isle,"  Les  Sœurs  Juchereau,  Bourgeoys 
et  Morin  ne  parlent  point  de  ce  fait,  qu'on  me  dit  être 
cité,  pourtant,  dans  la  Relation  du  P.  Vimont  (2). 

J.  V. 


(1)  Non,  mais  MM.  les  Associés  du  Montréal.  (J.  V.) 

(2)  J'ai  vu,  depuis,  cette  Relation  du  Père  Vimont. — Je  l'ai  copiée  à  la  p. 
107  et  suivantes  du  T.  II  de  "  Ma  Saberdache,  Lettre  M."  C'est  un  article 


X.).  111.   i>.   M7. 

L«^  "  C^hàt«'au  "  d()iit])arlt'  ici  M.  Dollicr  t-st  le  syiioiiyiue 
(lu  Forl-à-bnstioiis  «Mi  bois  (juc  construisit  M.  île  Maison- 
lu'uvo  i)tni  après  sou  arriv«''»'.  sur  les  plans  et  sous  la  di- 
ri'ction  (It*  M  .  i^ouis  D'Aillt'honl  <lc  ('oulonLics  (  1  ).  Tous  les 
coiitcuiporaius  s'accordent  à  «*n  Jixer  le  site  à  la  pointi', 
depuis  appelée,  Potn/f-à-Ca/firre,  d'ai)rès  le  chevalier 
Hector  de  Callière.  «rouvenicur  (le  Montréal,  de  l(jS4  à 
à  lG!>i>.  «juil  devint  (louvcrneur  général.  •  La  Jlniso/i- 
du-Forl  de  M.  de,  Chouiedey  (-),"  dit  la  f^d'ur  Morin.  "a 
subsisté  l'année  ItiSli  ou  '8'^,  qu'on  acheva  de  la  démolir, 
(luoicju'tdle  lu'  l'ùt  (jue  do  bois,  où  est  à  présent  la  Mai- 
son de  M.  de  C.illieres  ('>),  notre  ;2(»u\  ('r)icur  d  aujour- 
d'huy.  (lt;'.»Tj." 

Nous  avons  i)u  voir  dans  notre  jeune  tenii)s  les 
traces  d«^  ctMte  ancienne  Muison  foi-lifivt',  à  la  l'ointe 
à  Oallière  ;  elle  avait  été  l>âtie  en  pierre  par  son  pro- 
priétaire, ei)ncc.s>i()nnaii"c  du  site  <|uellc  a\ait  «»ccu])é 
par  acte  notarié  du  -  juillet  l»;ss.  (  )ii  r;i|»pel;iit  le 
Ch<Ur(ii(-Citllicri'.  tant  a  cause  de  ses  ailes  servant  de  bas- 
tions, q,ue  de  riloi-' (jiii  l'habitait:   on  en  V(»it  le  i)lan  con- 


oiit-j'i-lail  iiit-T-sfanl,  'pK'  li-  i»*lil  vov.ij:»' fi  Moiilnnl  tlii  I*.  Viiimnl  f\  de 
SCS  coiii|»H^'iit)ti.s  l'ii  l«ii.'.  .If  (lf(;l,'iri' iiî-lriiL'Mili  ()iiii-((M'(u<- II'-  Ip  lira  |MnsnvPc 
jilaisir,    IS'it).  (.1.  V.i 

[Nmis  iivi>n>iiii  il<-vi»ir  lais^t•^  «ftl»-  iiotcilatis  ^oii  iiil<f.'rili'.  Klli-  iiii.iilr'' 
(lulionl  !••  travail  (!■•  n>vi>iiiii  ri  tir  cniiiriitiii  /impiol  sr  livrait  le  Ccmi- 
mafi(l''ur  Vi?»T  ;  iHi- fait  voir  i-nsiiili»,  «lu'à  IV'jmhjuo  oh  il  a  coninD'iio*!  à 
aniiotfr  r«'tl«* ///.«/'(//'»•  on  n'avait  pn<  i-îicrtiv  imis  Jps  ronsi'i;.MiennMit<8  <pip 
ri'Ui-  «lumii'iil  Jiiijtiiird'liiii  lii  piinpn'>hi"ri  c'iMiifiiM<>  il<'s  ltrliili(in<i.  M 
Viç(ir  oi)  avait  copii-  Ifs  plus  rai»--..] 

<!)  ViiV'/  aussi  pa^'f  .'»(». 

r'     *.  ,.lpTii.--it   j."  .  hn'.Mii  .!.'  M.  Dftjli.-i        .1    \ 

iiiliiprnpli»'.  (J.  \ 


229 

serve  dans  toute  son  intéofritr,  aux  plans  de  Moiilrral  de 
1723  par  M.  de  Catalon-iic,  et  de  17(51,  par  M.  V.  [>al)ros- 

86. 

J.  V. 

No.  ly.  p.  39. 

Chaniplain  est  venu  })lusieurs  fois  à  Montréal  et  a  même 
dressé  une  carte  du  lieu  (1),  où  il  indique,  à  ne  s'v  pou- 
voir tromper,  la  Pot nfe-à-Calliùre  comiae  X)oint  de  son  1er 
dé]:)arqu(anent  et  de  son  1er  séjour.  Il  bâtit  quelquc^s 
cabanes  pour  la  traite,  y  sema  des  o-raines  de  jardin 
et  y  éb'va  une  petite  muraille  en  briques.  Il  remar- 
qua à  :20  toises  de  cette  Pointe  un  petit  ilet  d'enviroîi 
cent  pas  de  loni]^.  Il  appelle  "  Place  Ruijale,"  mais  jamais 
Monl-Ro/jnl  ou  Mont-Pi,6al\<i  coin  de  terre  qu'il  défricha  et 
habita  ;  et  il  est  important,  ce  me  semble,  pour  lintellioen- 
cèdes  événements  historiques  de  ré])<)quede  Champlain, 
de  bien  serapi)eler  que  dans  l'itinéraire  des  navii>-ateurs 
de  ce  temps,  un  "  Voyaa'O  à  ^Montréal,"  était  ap- 
pelé un  •■  Voyan'e  au  Orand  îSault  ^^t.  Louis.''  Au.><si  tard 
enfin  que  ltj()3,  on  lit  à  l'acte  notarié  du  0  Mars,  par  le- 
quel les  As.sociés  de  ^[ontréal  l'ont  donation  de  cette  Ile  au 
Séminaire  (h»  St.  Sul])i('e  de  l'aris  : — ''l'Isle  de  Montréal, 
située  en  la  Nouvelle-France  sur  la  Kivière  St.  Laurent 
au  Sault  St.  Louis,  sous  le  44((  deu'ré.  etc."  (2) 

J.   V. 
No.  V.  ]).  113. 

Le  documt^nt  suivant  a  le  mérite  de  relever  deux 
erreurs  du  K.  V.  De  C'harlevoix.  Cet  (\^timable  historien 
semble  lixcr  ;iu  In-  Se])t.  l(!;")t!le  coiiibnt  où  le  1*.  L.  (lar- 

.!     1)111-^  sn.,  v.x  I..'  ■  >i.-  Itil  1.    .1.  \  ., 
-'    Voir  Eilils  ol  Onioniiaiicos.  Vol.  I.  |iag''  .S"2.  (.1.  V.i 


230 

reau  fut  blessé  à  mort,  et  son  décès  au  4.  Le  Reg-istre 
de  Paroisse  contredit  ces  deux  laits,  et  voici  comment: — 
"  Anno  1).  1656,  die  2  Septembris,  circà  undeciman 
"  noctis  horam,  animam  Deo  reddidit  P.  Leonardus  Gar- 
"  reau,  SacerdosSocietatisJesu,  omnibus  sacramentismu- 
"  nitus,  glande  plombω  percussus  ab  Irocacis  die  30 
"  Augusti,  dùm  Evangelii  prœdicandi  causa  Superiores 
"  Regiones  peteret.  Vir  eximiis  Dei  donis  et  virtutibus 
"  prœditus.  Postridie  per  me  Claudium  Pijart  ejusdem 
"  Societatis  Jesu  iSacerdotem  sepultus  est  in  Cœmeterio, 
"  Loco  Sacerdotibus  designato."  (Extrait.) 

J.  V. 
No.  VI.  127. 

Si  l'on  en  devait  croire  M.  Dollier  sur  son  récit,  ce  petit 
voyage  de  nos  deux  hospitalières  de  Québec  n'aurait 
rien  que  de  bien  naturel  et  de  bien  innocent,  et  M.  de 
Maisonneuve  comme  Mlle.  Mance  auraient  été  joliment 
mystifiés.  Ce  voyage  de  nos  RR.  Mères  de  la  Nativité 
et  de  67.  Paul  se  présente  pourtant  sous  un  bien  différent 
aspect  à  l'esprit  du  lecteur,  quand  il  voit  le  motif  qu'en 
donne  la  li.  Mère  Juchereau  de  St.  Ignace  dans  son 
"  Histoire  de  C IIôtel-Dieu  de  Québec,'''  ouvrage  publié  en 
1754  avec  l'approbation  sans  doute  de  sa  Communauté, 
et  toute  mystilication  disparait  à  la  lecture  de  ce  que 
disent  sur  ce  même  sujet  les  "  Annales  MS.  de  V IIôtel- 
Dieu  de  Montréal."  Confrontons  nos  auteurs  avant  de 
prononc«'r  <'t  consultons  pour  cela,  ma  "  Notice  historique 
sur  f  AJjbé  de  Queulus.'' 

J.  V. 

No.  VII.  p.  134. 

M.  L'Abbé  Faillon,  Ptre.  de  St.  Sulpice  de  Paris,  a  pu- 
blié, pour  la  1ère  fois  peut-être,  en  1841,  la  "Déclaration 


231 

de  Melle.  Jeanne  Mance  "  par  elle  écrite  et  signée,  comme 
il  y  est  dit  in  fine, — "  de  la  même  main  dont  j'ai  reçu 
l'usage."— Elle  porte  la  date  du  13  février  1659.  C'est 
la  2e  attestation  de  cette  demoiselle  qui  en  avait  donné 
une  première  le  2d  du  même  mois,  jour  du  miracle. 
(Voir  "  Vie  de  M.  Olier,"  Paris,  Poussielgue-Rusand, 
1841,  Tome  II,  p.  518.) 

J.  V. 

No.  VIII.  p.  150. 

Extrait  du  Registre  de   la  Paroisse  de  Montréal. 

"  1660,  Juin  3.  Nous  avons  reçu  nouvelles  par  un  Huron 
"  qui  s'étoit  sauvé  d'entre  les  mains  des  Iroquois  qui  l'a- 
"  voient  pris  prisonnier  au  combat  qui  s'étoit  fait  huit  jours 
"  auparavant  entre  les  d.  Iroquois  qui  étoient  au  nombre 
"  de  800  et  17  François  de  cette  Habitation  et  4  Algon- 
"  kins  et  environ  40  Hurons,  au  pied  du  Long-Sault  (1), 
"  que  13  de  nos  François  avoient  été  tués  sur  la  place 
"  et  4  emmenés  prisonniers,  lesquels  du  depuis  nous 
"  avons  appris  par  4  autres  hurons  qui  se  sont  sauvés 
"  aussi,  ont  été  cruellement  brûlés  par  les  d.  Iroquois  en 
"  leur  pays.     Or  les  noms  des  d.  François  étoient  : 

"  Adam  Daulat  (2),  commandt.,  Jacques  Brassier,  Jean  Ta. 
"  vernier  d.  Lacochetière,  armurier,  Nicolas  Tiblemont,  ser- 
"  rurier,  Alonce  De  L'Estre,  chaufournier,  Laurent  Hébert 
"  dit  la  Rivière,  Nicolas  Josselin,  Robert  Jurie.  (Nous  avons 
«'  appris  qu'il  s'est  sauvé  par  les  Hollandois  et  retourné 
"  en  France,)  Jacques  Boisseau,  Christophe  Augier  d.  Des- 
^^  jardins,  Etienne  Robi?i  dit  Desforges,  Jean  Le  Compte^ 
"  Louis  Martin,  Jean  Valets,  René  Doucin,  Frs.  Crusson  d. 
"  Pilote  et  Simon  Grenet." 


(1)  Rivière  des  Outaouais.  (J.  V.) 

(2)  Adam  DoUard,  Sieur  Desormeau.x.  (J.  V.) 


Je  remarqurriii  qu'aïufs  ins.j)t'(ti()U  du  Ki'uistrr,  j  ;ii 
pu  constater  que  iJoUarcl  était  un  jmuu'  honune  dv  2r> 
ans  et  (jUf  tcius  les  autres,  à  Ifxeeption  de  deux  qui 
avaient  oO  et  >i\  ans,  étaient  des  jeunes  gens  de  lil  à  27 
ans  au  plus.  N'est-il  pas  extraordinaire  que  Charlevoix 
n'ait  rien  dit  de  cet  étonnant  fait  d'armes  ?  Les  Jésuites 
en  parlent  amplement  dans  leur  "  Relation  de  lôô!<- 
1660."  parle  V.  Laleur.int. 

J.  V. 

^o.   VIII.  his,  p.   151. 

M.  Vi'jer  avait  commencé  sur  la  maison  de  Ste.  Marie 
une  note  (juil  n'a  pu  terminer.  Pour  y  suppléer  nous 
empruntons  à  l' Jlialoire  île  lu  Colonie  Fratiçaise  en  Ciinada 
t.  11,  i>.  -M^T.  le  passaire  suivant  :  "  M.  de  Queylus,  avant 
"  son  déi)art  du  Canada,  avait  établi  les  maisons  de  ISt. 
'•  Crahri<'l  et  de  Ste.  Marie.  Sil  lit  ccmstruire  cette  dernière 
'•  dans  un  lieu  éloiiiiié  de  plus  d'une  demi-lieue  de  Ville- 
"  Marie,  et  par  conséquent  si  exposé  aux  pilleries  des  Jro- 
"  quois,  c'est  qu'apparemment  il  y  avait-là  des  g-raiids  es- 
■' ]>aces  de  terres,  défrichées  autrefois,  probablement  par 
"  les  sauvaii'es  du  village  de  Tiilona'^iii/.  dont  i)arle  .îac- 
"  ques  Cartier,  et  qu'on  ])ouvait  b's  remettre  en  culture 
"  plus  aisément  et  avec  moins  de  dépenses  ;  car  le  Tillaî*-e 
"  de  TulonaLiUN"  semble  a\ oir  été  situé  dans  le  lieu  même 
"de  Sic.  Marie  (aujourd'hui  tMi  dehors  de  Ja  barrière  du 
"  ried-du-Courant),  puis(pie,  d'a^n-es  Cartier,  ce  village 
"  était  environ  à  deux  lieues  au-dessous  des  C'hiites  d'eau, 
''  appelées  ensuite  de  la  Chine,  ce  ((ui  convient  tré.s-bien 
"  à  la  position  de  Sainte-Marie.  " 

Ajoutons  a  cela  (|iu'  M.  haillon  rapport»'  aux  terres  de 
St  (îabriel  et  de  Ste.  Marie  ce  que  M.  Dollier  dit  à  la 
paire  128,  et  <iue  le  nom  de  la  rue  Ste.  Marie  vient  évi- 
demiii-'iit  de  celui  (le  la  Maison  du  Sémiiuiire. 


233 
No.  IX.  p.  161. 

Pas  tout-à-fait  comme  cela.  M.  l'Abbé  de  Queylus, 
qui  ne  voulait  pas  reconnaître  ici  l'autorité  de  Mgr.  de 
Pétrée,  mais  y  maintenir  celle  de  l'Archevêque  de 
Rouen  dont  il  avait  des  lettres  de  G-rand-Vicaire,  repassa 
un  peu  malgré  lui,  en  France,  dans  l'automne  de  1659.  Il 
y  était  à  peine  arrivé,  que  le  Roi  lui  fit  l'honneur  de  lui 
écrire  la  lettre  dont  suit  copie,  conservée  aux  Archives 
du  Diocèse  de  Québec  : — 

"  M.  l'Abbé  de  Queylus. — Ayant  esté  informé  que 
"  vous  faisiez  estât  de  partir  au  plus  tost  par  le  premier 
"  vaisseau  pour  retourner  en  Canada,  et  ne  désirant  pas 
"  pour  bonnes  considérations  qus  vous  fassiez  ce  voyage, 
"  je  vous  fais  cette  Lettre  pour  vous  dire  que  mon  inten- 
"  tion  est  que  vous  demeuriez  dans  mon  royaume  vous 
"  défendant  tres-expressement  d'en  partir  sans  ma  per- 
"  mission  expresse  à  quoy  m'assurant  que  vous  satisfe- 
"  rez  :  Je  ne  vous  ferez  la  présente  plus  longue  que  pour 
"  prier  Dieu  qu'il  vous  ait  M.  l'Abbé  de  Queylus  en  sa 
"  sainte  garde. 

"  Ecrit  a  Aix,  ce  27  février,  1660. 

(Signé)        "LOUIS." 

et  plus  bas — (Signé)     "  Le  Tellier." 

Ceci  ressemble  à  une  lettre  de  Cachet,  à  laquelle 
il  ne  convenait  guère,  pour  un  homme  de  la  robe  de 
l'abbé,  de  ne  pas  se  soumettre.  Il  ne  le  voulut  pas» 
néanmoins,  car  le  3  août  1661,  M.  de  Queylus  était  à 
Québec,  en  dépit  de  la  défense  du  Roi.  Mgr.  de  Pétrée 
sachant  son  arrivée  lui  fit  signifier,  dans  les  formes  ec- 
clésiastiques, de  ne  pas  passer  outre  jusqu'à  la  venue  du 
prochain  vaisseau  de  France,  et  de  n'aller  pas  surtout  à 

C* 


234 

Montroal, — "  sans  iiostro  permission,  sous  poino  de  déso- 
béissance et  de  suspeiitions  ab  o^irio  Sarnrdotis,  encourue 
ipso  facto'\ — Lettre  du  5  août. 

L'Abbé  était  en  trop  beau  chemin  pour  s'arrêter,  il 
partit,  mais  de  nuit,  pour  Montréal,  et  l'Evoque  lui  écri- 
vit le  6  août,  IDtJl  :  ..."  Et  d'autant  que  dei)uis  nostre 
"  Ordonnance  Nous  avons  appris  que  non  seulement 
"  vous  vous  disposez  à  partir  au  plus  tost,  mais  en- 
•'  core  que  le  jour  d'hyer  cinquiesme  aoust,  vous  vous 
"  estes  embarqué  de  nuict,  nous  vous  réitérons  les  dellen- 
'*  ses  cy  dessus,  et  au  cas  que  vous  ne  retourniez  a 
"  Québec  pour  y  recevoir  nos  ordres  et  y  obéir,  nous  vous 
"  déclarons  suspens  ab  ojjicio  mrerdotis,  encourue  iji^n  fnr- 
"  to  que  vous  passerez  outre. 

'•  Ce  sixième  Aoust  mil  six  cent  soixante  et  un." 

(Signé)     "  FliANÇOLS." 
"  Evesque  de  Québec." 

Il  repartit  pour  France  le  22  octobre  1661,  sur  Lettre  de 
cachet  adressée,  dit  l'Abbé  de  la  Tour,  au  Baron  du  Bois 
d'Avauçour,  Gouverneur  général  (Ij 

.T.  V. 

No.  X.  p.  172. 

Marie  des  Neiges  est  la  première  fille  iroquoise  baptisée 
à  Montréal.  Voici  les  entrées  faites  au  Itegistre  de  Pa- 
roisse sur  le  baptême  et  le  décès  de  cette  enlant  sauvage. 
"  1 658,  Août  4.- A  esté  baptisée  Marie,  fille  de  Totinataghé- 
"  Agnoron,  ce  qui  signifie  les  deux  Villages,  et  de  Teon- 
"  nhetharay,  qui  veut  dire  il  y  a  des  Pins,  ses  père  et  mère. 


(I)  "  M.  l'Abbô  de  Kéliis  re<:>'l  l'orflro  de  n-toumor  en  France,  qu'on  lui 
fit  «ignilier  .'i  Monln-al  [lar  un  commandant  ol  une  escouade  de  soldats.'' 
(Abbo  de  Bolinout). 


J 


235 

"  — laquelle  mère  étant  venue  en  ce  lieu  au  retour  de  sa 
"  chasse  avec  d'autres  Sauvag-es  de  son  Village,  a  donné 
"  volontairement  sa  ditte  fille,  âgée  d'environ  10  mois  à 
"  M.  de  Maison-neufve,  Gouverneur  de  ce  lieu,  pour  en 
"  disposer  comme  de  sa  propre  fille,  lequel  l'a  acceptée 
"  en  cette  qualité  ;  et  la  ditte  mère  ayant,  quatre  jours 
"  après,  la  d.  donation  et  acceptation  confirmé,  promet- 
"  tant  de  ne  la  redemander  jamais,  il  l'a  fait  baptiser  et 
"  en  a  esté  le  parain,  et  la  maraine,  Damelle.  Eliza- 
"  beth  Moyen,  femme  du  Sieur  Lambert  Closse,  Sergent- 
"  Major  de  la  garnison.  La  dite  fille  âgée  d'environ  neuf 
"  mois." 

"  1663,  Août,  11. — A  esté  enterrée  Marie  surnommée 
"  des  Neiges,  âgée  de  5  ans  et  10  mois,  prise  à  la  Congré- 
"  gation.  Elle  étoit  Agnierone.  Donnée  pour  fille  à 
"  M.  de  Maisonneufve  par  sa  mère,  à  l'âge  de  10  mois." 

J.  V. 

No.  XL  p.  177. 

U Histoire  du  Montréal  nous  révèle  ici  un  fait  icnoré 
jusqu'à  présent  (1845).  Sur  l'afiirmation  de  Charlevoix 
(Tom.  1er  p.  407,  édit.  in  4  to.)  on  avait  cru  que  M.  de 
Maisonneuve  s'était  retiré  de  lui  même  et  que  son  succes- 
seur immédiat  avait  été  M.  Perrot.  M.  Dollier  nous  ap- 
prend le  contraire,  sans  cependant  nous  donner  assez  de 
détails  pour  nous  permettre  de  trancher  la  question.  Il 
faut  donc  l'examiner. 

D'abord,  il  est  certain,  comme  nous  le  ferons  voir  dans 
■  un  travail  que  la  Société  Historique  publiera  bientôt,  que 
M.  de  Maisonneuve  a  souvent  été  remplacé  dans  le  gou- 
vernement de  Montréal  pendant  les  voyages  qu'il  faisait 
en  France.  Ainsi  M.  D'Ailleboust  le  remplaça  en  1652, 
M.  Closse  en  1657,  M.  Dupui  en  1662,     Le  remplaçant 


23G 

prenait  ordinairement  le  titre  de  Commandant  ;  cepen- 
dant M.  D'Aillehoust    est  désigné   comme     Gouverneur. 

[Par  lettre  patente  du  13  Fé\Tier  1G44,  le  lioi  avait  ra- 
tiiié  l'acte  de  ceission  de  l'Isle  à  la  Compa^^nie  de  Mont- 
réal, consenti  par  M.  Jean  de  Lauson  le  7e  août  ^ 640,  et 
celui  de  confirmation  de  la  dite  cession  par  la  "  Compa- 
gnie des  Cent  Associés,"  du  17  décembre  suivant.  Ces 
lettres  de  ratification  donnaient  en  même  temps  aux 
Associés  du  Montréal  la  justice  de  l'Ile  et  "  le  pouvoir 
de  nommer  le  Gouverneur  de  la  nouvelle  colonie  et  d'y 
avoir  du  canon,  etc".  Ce  pouvoir  fut  librement  exercé  jus- 
qu'en 16*33,  et  M.  de  Maisonneuve  remplacé  quelque- 
Ibis,  comme  nous  venons  de  dire,  fut  tout  le  temps 
gouverneur  de  Montréal  ;  mais  en  1663,  M.  de  Mesy  ôta 
au  Séminaire  et  la  Justice  et  le  droit  de  nommer  le  gou- 
verneur :  M.  de  Maisonneuve  reçut  de  nouveaux  pou- 
voirs (1)  pour  Montréal,  de  M.  de  Mesy  avec  cette  clause 
"  qu'ils  cesseroient  quand  M.  de  Mesy  le  jugeroit  conve- 
"  nable'  . 

Enfin  au  mois  de  Juin  1664  M.  de  Mesy  nomma  M. 
de  Latouche  (2)  à  la  placi-  de  M.  de  Maisonneuve  "  et 
*'  fit  commandement  à  celui-ci,  dit  la  Sœur  Morm,  de 
"  retourner  en  France,   comme    étant  incapable    de    la 

*'  place  et  du  rang  de  gouverneur  qu'il  tenoit  ici 

•'  Il  repassa  en  France." 

Il  ne  paraît  pas,  cependant,  que  M,  de  Maisonneuve 
ait  obéi  immédiatement.  M.  Dollier  ne  met  son  départ 
qu'en  1660,  et  on  voit  son  nom  à  certains  actes  des  regis- 
tres de  la  paroisse  de  Montréal  aux  dates  du  6,  du  13  et 


(t)  Commission  du  "23  (Jclobr^,  18G3. 

(2)  Elienn»;  IV-zanl  <!.'  la  Touch»^,  Srîipneur  «le  Chamjiluin.  I)o  liii  sont 
vomis  los  La  Toiich<!  rl(*  Champlain.  dont  (jnpl'iiK's-uns  no  s'iippol'Tont  que 
Champlain  et  crurent  avoir  d«>s  rap|)orts  du  paronb^  avrc  l'illustro  fnn<laleur 
de  Québec.   La  commission  du  gouverneur  d«  Montréal  est  du  21  juin.  iGG<. 


237 

du  20  avril,  1665.  Le  titre  de  gouverneur  de  Montréal 
lui  est  conservé  dans  ces  actes.  Il  a  pu  être  encore  à 
Québec  lors  de  la  mort  de   M.  de  Mesy,  5  mai   1665, 

Il  semblerait  que  l'administration  de  M.  de  Maison- 
neuve  doive  se  terminer  au  21  juin  1665.  Ce  n'est  pas 
cependant  ce  que  Charlevoix  donne  à  entendre.  Cet 
historien  ne  parle  ni  des  indignités  prodiguées  à  M. 
de  Maisonneuve,  ni  de  la  commission  donnée  à  M. 
de  Latouche  en  violation  flagrante  du  droit  in- 
contestablement admis  à  la  '•  Compagnie  du  Montréal  " 
par  la  lettre  de  ratification  du  Roi.  "  11  se  fit  alors  (1670,) 
'•  dit-il  quelques  changemens  par  rapport  au  Gouverne- 
"  ment  de  Montréal.  M.  de  Maisonneuve  ayant  souhaité 
"  de  se  retirer,  M.  de  Bretonvilliers  Supérieur  G-énéral  du 
"  Séminaire  de  St.  Sulpice,  nomma  de  droit  pour  le  remjda- 
"  cer  M.  Perrot,  qui  avoit  épousé  la  Nièce  de  M.  Talon.  Ce 
"  nouveau  Gouverneur  jugea  que  la  Commission  d'un 
"  Particulier  ne  lui  donnoit  pas  un  caractère  qui  con- 
"  vînt  à  un  Officier  du  Roy,  et  craignit  peut-être  que  les 
"  services  qu'il  rendoit  dans  ce  poste  ne  lui  fussent  pas 
"  pas  comptés.  Il  demanda  donc  et  obtint  des  Provisions  de 
"  Sa  Majesté,  où  il  étoit  expressément  marqué,  qu'elles  avoient 
"  été  données  sur  la  nomination  de  M.  de  Bretonvilliers." 

Telle  est  la  version  de  Charlevoix  qui  tend  à  établir 
que  M.  de  Maisonneuve  a  été  gouverneur  sans  interrup- 
depuis  1641  jusqii'à  1670.  Voyons  celle  de  M.  l'abbé 
Paillon  (1):  "Un  des  premiers  actes  de  M.  Talon 
"  ce  fut  de  rendre  au  séminaire  la  justice  de  l'ile  de 
"  Montréal.  On  lui  rendit  aussi  le  droit  de  ?iommer  le 
''gouverneur,  et  sur  le  choix  que  fit  M.  de  Bretonvilliers 
"  de  la  personne  de  M.  Perrot  (M.  de  Maisonneuve  étant' 


(1)  Vie  de  lu  Saur  Bourgeois  T.  1.  pp.  174-175.  M.  Viger  n'a  ]  as  eu  con- 
naissance de  V  IHsloire  de  la  Colonie  Française  en  Canada. 


238 

"  trop  âgé  pour  retourner  en  Canada),  le  roi  expédia  des 
"  lettres  pour  ce  gouvernement  en  déclarant  qu'il 
"  vaquait  alors  par  la  démission  de  M.  de  Maisonneuve  (1); 
"  ce  qui  donnait  à  entendre  que  la  nomination  du  Sr.  La- 
"  touche  était  nulle,  comme  contraire  au  droit  des  Sei- 
"  gneurs." 

Peut-on  maintenant  dire  que  M.  de  Maisonneuve, 
eut    pour    successeur     M.    de     Latouche  ?    Je    ne    le 

crois   pas Quelques   recherches   que  j'ai   faites   au 

Refj^istres  de  Paroisse,  et  laissé  faire  au  Greffe  de 
cette  ville  par  le  patient  M.  U.  Beaudry,  on  n'a  trouvé 
nulle  part  le  nom  de  M.  de  Latouche,  ni  comme  simple 
particulier,  ni  comme  gouverneur,  de  1664  à  1670.  Au- 
cun acte  d'administration  de  sa  part  n'est  encore  venu 
au  jour.  Il  n'a  donc  pas  succédé  à  M.  de  Maisonneuve, 
selon  moi  au  moins,  et  je  ne  saurai  le  qualifier  de  2me 
Gouverneur  de  3Iontréal  (2).] 

Mais  puisque  M.  de  Maisonneuve  était  absent,  et  qu'il 
fallait  à  Montréal  une  autorité  pour  maintenir  l'ordre, 
sur  qui  les  fonctions  de  Gouverneur  sont  elles  retom- 
bées ? 

Non  pas  sur  M.  de  Latouche.  Sa  commission  était  du 
20  Juin  1664,  et  le  18  Juillet  de  la  même  année  M. 
Souart  présentait  au  Conseil  Souverain  la  copie  des 
pièces  qui  établissaient  les  droits  du  Séminaire.  Il  est 
assez  proh)able  que  le  Conseil  ne  voulut  pas  troubler  M. 
de  Maisonneuve  jusqu'au  moment  de  la  production  des 
oritrinaux.  Mais  suivant  M.  Faillon,  M.  de  Tracy  aurait 
destitué  M.  de  Maisonneuve  dès  le  mois  d'Octobre  1665 
et  nommé  à  sa  place  M.  Zacharie  Dupui.  La  commis- 
sion de  ce  dernier  porte  cependant  :  "  Ayant  permis  à  M. 


(I)  Archives  '!<■  la  MiniKî.  R  ^^.slr.-s  .k-s  l-).'i,è.li.p,  1071,  f..l   .')'2. 
(î)  Extrait  du  MS.  intitulé  :  (jouveinanml  ri  Gouverneurs  de  Montréal, 
par  J.  Vi^-'cr.  Cet  opuscule  sera  prochainement  publié. 


239 

"  de  Maisonneuve  Gouverneur  de  Montréal  de  faire  un 
"  voyage  en  France  pour  ses  affaires  particulières,  nous 
'•  avons  jugé  ne  pouvoir  faire  un  plus  digne  choix,  pour 
"  commander  en  son  absence  que  la  personne  du  Sr.  Du 
"  Puis"  (1). 

Nous  avions  déjà  constaté  nous  même  que  M.  Dupui 
fût  Commandant  à  Montréal.  Il  portait  encore  ce  titre  en 
1668  à  son  contrat  de  mariage  devant  Eageot,  le  22 
octobre. 

Mais  en  1669,  le  commandement  parut  dévolu  à  M.  de 
Lamotte  {Greffe  des  Audiences,  1669)  (2),  qui  le  possédait 
encore  le  10  mars  1670,  où  il  est  qualifié,  dans  le  contrat 
de  mariage  du  Sr.  Abraham  Bouat,  de  :  "  Noble  homme 
Pierre  de  St.  Paul,  Sieur  de  la  Mothe,  Commandant  de  cette 
isUr 

Il  est  probable  que  M.  de  Lamotte  fut  le  dernier 
remplaçant  de  M.  de  Maisonneuve,  les  droits  de  ce  der- 
nier se  trouvant  implicitement  reconnus  jusqu'à  la  nomi- 
nation de  M.  Perrot. 

Il  n'est  peut  être  pas  inutile  de  dire  que  ce  dernier  prit 
d'abord  lui  aussi  le  titre  de  Commandant  du  lieu  jusqu'en 
1671,  qu'il  reçut  une  commission  royale.  En  même 
temps  on  voit  "  Messire  Sidrac  Du  Grué  "  s'appeller 
tantôt  Commandant  de  ce  lieu,  tantôt  Commandant  des 
Armes  du  Roi. 

No.  XII.  p.  187. 

Voici  une  anecdote  qui  trahit  notre  auteur  en  nous 
faisant  connaître  que  t Ecclésiastique  dont  il  nous  cèle  ici 
le  nom  avec  tant  de  modestie   et  de  circonspection,  était 


(1)  Histoire  de  la  Colonie  Franraiso,  T.  III,  p.  111. 

|2)  Des  le  14  janvier  1669,   M.   Dupai  est  désigne  par  son   ancien  titre 
de  "  Major  de  ce  lieu"  (Reg.  de  la  Paroisse.) 


240 

M.  Dollier  de  Casson,  lui-même.  Voici  comment  j'établis 
ce  iait. 

M.  Crrandet,  curé  de  Ste.  Croix  à  Angers,  a  laissé  une 
Notice  manuscrite  sur  M.  Dollier  :  j'en  ai  une  copie  et  je 
lis  ce  qui  suit  : 

'■  Sa  charité  éclata  dans  le  service  qu'il  rendit  aux 
"  troupes  françoises  en  qualité  d'Aumônier  dans  la  guerre 
"  d'Agnié  (1).  Ce  fut  à  peu  près  dans  ce  tems  là  qu'il  fit 
'■'•  un  acte  de  la  charité  la  plus  héroïque  et  digne  d'une 
"  mémoire  éternelle  Un  soldat  s'étoit  enfoncé  dans  la 
"  glace  sur  le  lac  Champlain  et  étoit  prêt  à  se  noyer.  Le 
"  trou  dans  lequel  il  étoit  tombé  étoit  de  très-difficile 
"  abord  ;  les  glaces  étoient  foibles  et  fort  rompues  par  les 
"  efl^brts  que  faisoit  ce  soldat  pour  se  sauver,  personne 
"  nôsoit  se  commettre  à  un  si  grand  péril,  pour  l'en  dé- 
"  liver.  M.  Dollier  seul,  armé  du  sifi^tie  de  la  Croix,  lui 
"  tendit  généreusement  le  bras,  s'avançant  sur  le  bord 
"  du  précipice  ;  et  Dieu  lui  donna,  comme  par  miracle, 
"  toute  la  force,  la  dextérité  et  la  vitesse  nécessaires  pour 
"  le  tirer  de  l'eau." 

M.  Grandet  dit  en  outre  de  M.  Dollier  : — "  Qu'il  a  voit 
"  une  taille  avantageuse  et  une  force  si  extraordinaire 
"  qu'il  portoit  deux  hommes  assis  sur  ses  deux  mains." 

Encore: — "  Qu'avant  d'entrer  dans  les  Sts.  Ordres"...  il 
"  suivit  le  parti  des  armes,  fut  Capitaine  de  Cavalerie, 
"  servit  sous  le  Maréchal  de  Turenne,  et  s'acquit  par  sa 
"  V>ravoure  l'estime  de  ce  grand  Général  d'armée. 

J.  Y. 

No.  XIII.  p.  160. 

Extraits  du  Ivegistre  de  la  Paroisse  pour  1661. 
"  1661,  Murs,  28. — Vincent  Boutereau,  Sébastien  Du 
"  Tuy,  Olivier   Martin,  Pierre  Martin  dit  Larivière  ont 


(1)  Expi  lition  do  M.  «le  Tracy  en  1666. 


241 

*'  été  enterrés,  tués  le  24  .par  les  Iroquois, — et  Michel 
"  Messier,  Pierre  Cannin  dit  Le  Grand  Pierre,  Pierre 
*'  Pitre,  hollendois,  et  Jean  Millet,  emmenés  prisonniers 
•'  le  dit  24  Mars." 

"  Du  depuis,  nous  avons  appris  que  les  Iroquois  ont  lue 
"  le  Grrand  Pierre,  que  Pitre  s'étoit  sauvé  d'entre  leurs 
"  mains,  et  comme  on  ne  l'a  pas  revu  ici,  il  y  a  apparence 
"  qu'il  est  mort  dans  les  bois,  et  qu'ils  ont  tué  Jean 
"  Millet  à  coups  de  bâtons." 

"  1661,  Août,  24.  Jean  Pichard,  tué  à  la  Pointe  St. 
"  Charles." 

" Août,  29.    Messire  Jacques  Le  Maître,  prêtre, 

"  Econome  du  Séminaire,  et  Gabriel  Rié,  tués.  Les  Iro- 
"  quois  ont  emporté  la  tête  de  M.  Le  Maître.  Enterrés 
"  tous  deux  le  30  Août." 

" Septembre,  28.  François  Bertrand,  Sr.  de  la  Fre- 

minière,  soldat,  tué  par  les  Iroquois." 

J.  V. 

No.  XIV.  p.  165. 

Extrait  des  Registres  de  la  Paroisse. 

"  1662,  Mars,  13.  Nous  avons  reçu  nouvelle  par  des 
*'  lettres  du  R.P.  Lemoyne,  estant  en  mission  à  Onontaghé, 
"  que  Messire  G-uillaume  Vignal  qui  avoit  été  pris  par  les 
"  Iroquois  à  l'Isle-à-la-pierre,  le  25  Octobre  dernier 
"  (1661),  a  été  tué  par  eux  deux  jours  après,"  (c'est-à- 
"  dire  le  27  ),  "  et  que  le  Grenadier  Claude  de  Brigard, 
*'  Soldat  et  Secrétaire  de  M.  le  Gouverneur,  qui  fut 
*'  pris  en  la  même  occasion,  âgé  de  30  ans,  a  été  cruelle- 
"  ment  brûlé  par  eux  dans  leur  Village." 

Extrait  des  Annales  de  V Hôtel-Dieu  de  Montréal. 

"  Vers  la  fin  de  l'année  1661,  M.  Vignal  fut  tué  par  les 
*'  Iroquois,  à  demi-lieue  de  V Habitation,  en  un  lieu  appelé 
"  risle-à-la-pierre,  où  il  étoit  allé  afin  d'en  tirer  d'une  car- 


242 

"  riùre  qui  est  en  ce  lieu-là,  pour  bâtir  le  Stminaire,  dont  il 
"  avoit  été  fait  économe  après  la  mort  de  M.  Le  Maître. 
"  M.  Vignal  ne  lut  pas  seulement  tué,  mais  ces  malheu- 
"  Teuxjire/il  rôtir  ce  qu'il  avoit  de  chair  en  son  corps  et  la 
"  mangèrent  "  (MS.  de  la  Sœur  Morin,  ItlOT) 

J.  V. 

No.  XY.  p.  177. 

C'est  au  Fief  St.  Joseph  de  nos  jours,  alors  propriété  de 
l'Hôtel-Dieu  et  maintenant  celle  de  THon.  F.  A.  Quesnel, 
que  Rolin  Bazile  lut  tué,  et  Guillaume  Jérôme  blessé  à 
mort  par  les  Iroquois,  le  24  avril  1665,  et  que  Jacques  Pe- 
tit et  Montor  furent  pris  et  emmenés  par  ces  Sauvages,  le 
même  jour.  Les  Annales  de  C Hôtel-Dieu  disent  à  cette 
occasion. 

"  Malgré  toutes  les  caresses  des  Iroquois  prisonniers 
«'  dans  notre  hôpital,  leur  Nation  ne  laissa  pas  de  faire 
''  coup  à  St.  Joseph,  qui  ne  faisoit  que  commencer  à  s'éta- 
"  blir.  De  4  travailleurs  que  nous  y  avions  il  en  prirent 
•'  deux,  en  tuèrent  un  sur  la  place  et  blessèrent  l'autre  à 
"  mort  :  cela  dans  le  désert  qui  étoit  encore  bien  petit 
•'  et  tout  proche  de  la  cabane  où  étoit  le  bonhomme  Joi- 
"  neau  (1),  qui  apprêtoit  le  diner  comme  Maître  de  la  mai- 
"  son.  Il  eut  la  présence  d'esprit  de  ne  point  sortir  de- 
"  hors,  mais  au  contraire  ferma  sa  porte  et  se  mit  en  devoir 
•' de  se  défendre,  monlrnnt  les  armes  aux  ennemis,  qui 
"  n'osèrent  l'attaquer  par  un  efiet  de  la  providence  de 
"  Dieu  toute  pure.  Quand  on  vint  sonner  la  cloche  et 
"  qu'on  dit  que  les  ennemis  étoient  à  St.  Joseph,  je  n'eus 


(I)  "  C'-toil  lin  vieux  pari^nn,  assez  flévot,  rlit  la  Sœur  Morin,  qi.i  sV-toit 
donné  à  nous  vers  lOfil,  avoc  co  qu'il  nvoit  de  bien,  savoir  :  15  arpent^ 
de  terre  dont  la  moitié  en  valeur,  un^  petite  grange  de  bois  et  une  cabanne 
sous  lern-,  dont  la  cheminée  éloit  une  souche  pourrie  :  plus,  une  vache  et 
un  cochon.  (JV.) 


243 

"  point  d'envie  de  monter  au  clocher On  dit  d'abord 

'•  que  tout  étoit  pris  et  tué,  et  la  maison  pillée.  La  mort  du 
"  bonhomme  Joineau  touchoit  nos  Sœurs  plus  que  tout  le 
"  reste,  par  reconnaissance  du  bien  qu'il  leur  avoit  déjà 
"  fait  et  qu'il  leur  pouvoit  faire  encore  en  prenant  soin  de 
"  leurs  travaux,  et  d'un  autre  côté,  pour  sa  vertu  et  ses 

"  bonnes  qualités Joineau  vint  lui-même  apporter 

"  la  nouvelle  qu'il  n'étoit  ni  pris,  ni  tué,  et  que  la  maison 
"  étoit  encore  en  son  entier,  les  ennemis  n'y  étant  point 
"  entrés.  Il  en  sortit  à  la  faveur  de  ceux  qui  étoient  venus 

"  au  secours  dont  la  vue  avoit  fait  retirer  les  ennemis 

•'  Joineau  redemanda  d'autres  travailleurs  pour  retourner 
«'  avec  lui  à  St.  Joseph,  ne  perdant  pas  courage  pour  cette 
"  perte  et  le  péril  qu'il  avoit  couru.  On  lui  donna  4  autres 
•'  hommes,  en  leur  recommandant  de  se  tenir  mieux  sur 
"  leurs  gardes."  {MS.  de  la  Sœur  Morin.) 

J.  V. 

No.  XYI  (1).  p.  15. 

Concession  par  la  Compagnie  de  la  N.  F.  de  l'Ile  de 
Montréal  en  faveur  de  Me.  Jacques  Girard,  Seigneur 
de  la  Chaussée. 

15  Janvier  1636. 
La  Compagnie  de  la  N'^''"  France  a  t.  près,  et  à 
venir  Salut — Le  désir  que  nous  avons  d'accroitre  la 
colonie  en  la  N'^'i'?  France  nous  faisant  recevoir 
ceux  qui  peuvent  nous  assister  en  cette  louable  entre- 
prise et  voulant  afin  de  les  y  inciter  davantage,  les  o-rati- 
fier  de  quelque  portion  des  terres  à  nous  concédées 
par  le  Roy  après  avoir  été  certifié  des  bonnes  intentions 
de  Messire  Jacques  Girard    Chevalier,    Seigneur   de   la 


(I)  G  i'?t  par  erreur  qu'à  la  page  16G  on  a  oublié  de  mettre  bis  à  la  réfé- 
rence XVI.     Pour  cette  note,  voir  plus  loin  No.  XVI  bis. 


244 

Chaussée,  à  iceluy  pour  ces  cau/ses  et  autres  à  ce  nous 
luouvans  et  en  vertu  du  pouvoir  à  nous  donné  par  Sa 
Majesté  avons  donné  et  octroyé,  donnons  et  octroyons 
par  ces  présentes  l'étendue  et  consistance  des  terres 
ainsi  qu'il  en  suit. — C'est  à  savoir  l'Ile  de  Montréal  si- 
tuée en  la  Nouvelle  France  dans  la  rivière  St.  Laurent 
au  dessus  du  Lac  St.  Pierre  pour  en  jouir  par  le  dit 
Sieur  de  la  Chaussée  ses  successeurs  ou  ayant  cause  en 
toute  propriété, justice  et  seii^neurie  à  perpétuité  tout 
ainsi  et  à  pareil  droit  qu'il  a  plu  à  Sa  Majesté  donner  le 
pays  de  la  N  "  '  France  à  la  d.  compagnie  à  la  réserve 
toutefois  de  la  foi  et  hommage  que  le  dit  Sieur  de  la  Chaus- 
sée ses  successeurs  et  ayant  cause  seront  tenus  de  porter 
au  Fort  St.  Louis  de  Québec,  ou  autre  lieu  qui  sera  désigné 
par  ladite  Compagnie  par  un  seul  hommage  lige  à  chaque 
mutation  de  possesseurs  des  dits  lieux  avec  une  médaille 
d'or  du  poids  de  mi-once  et  le  revenu  d'une  année  de  ce 
que  le  dit  Sieur  dt>  la  Chaussée  se  sera  réservé  après 
avoir  donné  en  fief  ou  à  cens  et  rentes   tout    ou   parties 

des  dits  lieux ressortiront  pardevant  le  Prévost  ou 

baillitf  qui  sera  établi  par  la  compagnie  en  la  rivière  des 
prairies  et  par  appel  au  Parlement  du  dit  lieu  que  les 
hommes  que  le  dit  Sieur  de  la  Chaussée  et  ses  successeurs 
feront  passer  en  la  N  '''"  France  tourneront  à  la  dé- 
charge de  la  Compagnie  et  seront  réputés  du  nombre 
de  ceux  qu'elle  y  doit  faire  passer  selon  l'Edit  de  son 
Etablissement  et  à  cet  effet  ceux  qui  en  feront  les  em- 
barquements seront  tenus  de  faire  tous  les  ans  au  Bureau 
de  la  Compagnie  le  rôle  des  hommes  qui  s'embarqueront 
dans  les  vaisseaux  pour  aller  au  dit  pays,  afin  que  la 
dite  compagnie  en  soit  certifié  sans  toutefois  que  le 
Sieur  de  la  Chaussée  ses  successeurs  ou  ayant  cause  ni 
aucuns  qu'ils  auront  fait  passer  au  dit  pays  puissent  trai- 
ter avec  les  Sauvages  des  peaux  autrement  qu'aux  condi- 


245 

tions  du  dit  Edit  et  en  cas  que  le  dit  Sieur  veuille  faire 
porter  à  la  dite  étendue  de  terre  quelque  titre  et  nom 
plus  honorable  il  se  retirera  à  cet  effet  pardevant  le  Koy 
et  Monseigneur  le  Cardinal  de  Richelieu  pair  de  France, 
Grand  Maître,  chef  et  surintendant  général  de  la  naviga- 
tion et  commerce  de  ce  lioyaume  pour  lui  être  pourvu 
conformément  au  dit  Edit.  Mandons  au  Sr.  de  Montma- 
gny,  chevalier  de  l'ordre  de  St.  Jean  de  Jérusalem,  Gou- 
verneur pour  la  dite  Compagnie  sous  l'autorité  du  Roy 
et  de  mon  dit  Seigneur  le  Cardinal  Duc  de  Richelieu  de 
Québec  et  des  autres  lieux  et  place  étant  sur  le  fleuve  St. 
Laurent  que  de  la  présente  concession  il  fasse  et  souffre 
jouir  le  dit  Sr.  de  la  Chaussée,  lui  assignant  les  bornes  et 
limites  des  clauses  ci  dessus  ainsi  qu'il  appartiendra. 

Fait  en  l'Assemblée  générale  de  la  Compagnie  de  la 
Nelie  France  tenue  à  Paris  en  l'Hôtel  de  M.  de  Lau- 
zon,  Conseiller  du  Roy  en  ses  Conseils,  Intendant  de  la 
dite  Compagnie — le  15e  jour  de  Janvier  1636. 

Extrait  des  délibérations  de  la  Compagnie  signée 
par  moi  A.  Cheffault  Secrétaire. 


Transport  de  la  concession  ci-dessus  et  de  l'antre  part  à 
Mess.  Jean  de  Lauzon — 30  Avril  1638. 
Aujourd'hui  est  comparu  pardevant  les  notaires,  garde- 
notes  du  Roy  en  son  Chatelet  de  Paris  soiissignés  Jac- 
ques G-irard,  Escuyer  Sieur  de  la  Chaussée  et  de  la  Cal- 
lière  demeurant  ordinairement  à  la  Gilardie  pays  de  Poi- 
toUjlequel  a  reconnu  et  confessé  et  déclaré  n'avoir 
prétendu  et  ne  prétendre  aucune  chose  en  la  concession 
qui  luy  a  été  faite  le  15  du  mois  de  Janvier  1636  au  dit 
pays  de  la  N''^^''  France,  de  l'Ile  de  Montréal,  située  au 
dit  pays  de  la  N'allé  France,  moyennant  et  aux  charges 
amplement  déclarées  et  mentionnées  en  la  dite   conces- 


246 

sion  est  et  upparticnt  à  Messire  Jean  de  Lauzoïi,  Conseiller 
du  Roi  eu  ses  Conseils  d'Etat  et  directeur  de  ses  finances, 
n'ayant  le  dit  Sieur  de  la  Chaussée  accepté  la  dite  con- 
cession que  pour  faire  plaisir  et  prêter  son  nom  seule- 
ment au  dit  Sieur  de  Luuzon  en  la  possession  duquel 
elle  est  toujours  demeurée  et  en  tant Il  lait  la  pré- 
sente déclaration  et  transport  de  la  dite  Concession  terres 
et  droits  y  mentionnés  au  dit  Sieur  de  Lauzon  et  le  su- 
broge en  son  lieu  et  droits  noms,  raisons,  actions  sans  tou- 
tefois aucune  garantie  pour  en  jouir  et  disposer  par  le 
Sieur  de  Lauzon,  ses  hoirs  et  ayant  cause  comme  de  sa 
propre  chose  et  à  lui  appartenant  et  acceptant  pour  le 
dit  Sieur  de  Lauzon  Maitre  Nicolas  Hardin  garde  et 
juge  de  la  monnoie  de  Paris  et  demeurant  en  la  dite  Mon- 
noie,  paroisse  St  Germain  de  l'Auxerrois  à  ce  présent, 
promettant,  obligeant  &;c.,  renonçant  «&c. 

Fait  est  passé  à  Paris  en  l'Etude  des  Notaires  Sous- 
signés l'an  mil  huit  cent  trente  huit  le  trentième  jour  d'A- 
vril avant  midi  et  ont  signé — ainsi — Jacques  GtIRard 
Hardin — Huart  et  Haguenier  Notaires. 


Donation  et  transport  de  la  concession  de  l'Ile  de  Mont- 
réal par  M.  Jean  de  Lauzon  aux  Sieurs  Chovrier  de 
Fouancant  et  le  Royer  de  la  Doversière 

Pardevant  le  notaire  Royal  de  la  ville  de  Vienne  sous- 
hWnv  et  en  présence  des  témoins  soussignés  fut  présent 
et  personnellement  établi  Messire  Jean  de  Lauzon,  Con- 
seiller du  Roy  en  ses  Conseils  d'Etat  et  Privé,  Intendant 
de  la  justice  police  et  finances  en  Dauphiné,  lequel  de 
son  bon  gré  pure  franche  et  libre  volonté  a  cédé  donné 
et  transporté  purement  et  simplement  sans  aucune  chose 
en  excepter  se  retenir  et  se  réserver  pour  et  que  cy  après 
à  Pierre  Chevrier,  Ecuyer  Sieur  de  Fouancant  et  à  Jérârme 


247 

leRoyer  Sieur  de  la  Dauversière  demeurant  en  la  ville  de 
La  Flèche  en  Anjou,  le  dit  Sieur  Chevrier  absent  et  le 
Sieur  Le  Royer  tant  en  son  privé  nom  que  comme  pro- 
cureur du  dit  Sieur  Chevrier  par  acte  passé  au  sujet  des 
présentes  par  devant  Maître  de  la  Fousse  et  Jacques 
Gruillier  notaires  Royaux  et  tabellions  au  dit  La  Flèche 
le  12  de  juillet  dernier  icelle  procuration  exhibée  et  jointe 
aux  présentes  en  l'original  présent  et  acceptant  et  avec 
le  notaire  soussigné  stipulant  à  savoir  l'Ile  de  Montréal 
située  en  la  N'""*^  France  dans  la  rivière  St.  Laurent 
au  dessus  du  Lac  St.  Pierre,  tout  ainsi  qu'elle  a  été  don- 
née et  octroyée  par  Messieurs  de  la  Compagnie  de  la 
jq'-iie  France  à  Messire  Jacques  Grirard  Chevalier  Sei- 
gneur de  la  Chaussée  par  acte  du  15  janvier  1636  signé 
Lamy  secrétaire  de  la  dite  Compagnie  duquel  Sieur  Gi- 
rard le  dit  Sieur  de  Lauzon  a  droits  de  la  dite  Ile  de 
Montréal  par  déclaration  du  treize  d'avril  1638,  reçu  par 
Maître  Haguenier  et  Huart  Notaires  au  Châtelet  de  Pa- 
ris pour  en  jouir  par  les  dits  Sieurs  Chevrier  et  Eoyer  et 
autres  ayant  droit  et  cause  comme  de  leur  chose  propre 
et  à  eux  appartenant  aux  charges  et  conditions  particu- 
lièrement exprimées  et  contenues  au  susdit  acte  du  15 
janvier  1636  lesquelles  charges  et  conditions  le  dit  Sieur 
Royer  a  promis  es  d.  nom  d'acquitter  et  observer  de 
point  en  point  leur  teneur  et  selon  leur  forme —  En  sorte 
que  jamais  le  dit  Sieur  de  Lauzon  ni  les  siens  en  soient 
recherchés  :  lequel  Seigneur  de  Lauzon  a  remis  et  réelle- 
ment délivré  au  dit  Sieur  Le  Royer  le  susdit  acte  de 
concession  ensemble  la  déclaration  du  Sieur  de  la  Chaus- 
sée pour  s'en  servir  à  l'effet  des  présentes  et  tout  ainsi 
qu'en  peut  faire  le  dit  Sieur  de  Lauzon  par  vertu  des  dits 
actes  et  les  constitût  procureurs  irrévocables  avec  élec- 
tion de  domicile  suivant  l'ordonnance  sans  toutefois  au- 
cune garantie  sinon  que  de  ses  faits  et  promesses — Ainsi 


248 

convenu  promis  el  juré  par  les  parties  d'avoir  le  contenu 
ci-dessus  agréé  ferme  stable,  observer  maintenir  et  n'y 
contrevenir  directement  ny  indirectement  soit  en  juge- 
ment ou  dehors  à  peine  de  tous  dépens  dommages  et  inté- 
rêts sur  les  obligations  de  tous  leurs  biens  présents  et  à 
venir  quelconques,  soumissions  à  toutes  cours  renonçant 
à  tous  droits  contraires  et  sous  les  autres  clauses  à  ce  re- 
quises et  nécessaires. 

Fait  et  récité  au  dit  Vienne  dans  l'hôtel  de  Maugiron 
où  habite  le  dit  Seigneur  de  Lauzon  le  7ème  d'août  1640 
après-midi.  Présent  Sieur  Polidor  Duteil,  Secrétaire  du 
dit  Sieur  de  Lauzon  et  Sieur  Marc  Justeau,  Sieur  de  la 
Plaine  du  pays  d'Angers,  habit,  au  dit  Vienne,  témoins 
requis  soussignés  avec  les  parties.  Ainsi  signé — De 
Lauzox — Le  Royer — Duteil — Justeau. 


Acte  qui  prouve  que  les  Sieurs  Chevrier  de   Fancamps 
et  Royer  de  la  Dauversière  n'ont  stipulé  qu'au  nom 
de  la  Compagnie  de  Montréal  et  comme  Membres 
d'icelle. 
Aujourd'hui  date   des  présentes  sont  comparus  par- 
devant  les  Not  :  Gard  :  Not  :  du  Roy  notre  Sire,  en  son 
Châtelet  de   Paris  les  soussignés  Pierre  Chevrier  sieur 
de  f.  et  nobl.  homme  Jérôme  le  Royer  Sieur  de  la  Dau- 
versière d»*meurant  en  la  ville  de  la  Flèche  étant  de  pré- 
sent en  cette  ville  de  Paris  logés  ensemblement  rue  des 
Marmousets  en  la  maison  où  est  pour  enseigne  la  fleur 
de  lys  paroisse  de  la  Magdelaine  de  la  cité   lesquels  ont 
déclaré  reconnu  et  confe.';sé  que  l'acceptation  qu'ils  ont 
faite  de  la  donation   qui  leur  a  été  faite  tant  par  Mr.  de 
Lauzon,  conseiller  du  Roy  en  ses  Conseils,  que  par  Mess, 
de  la  Compagnie   de  la  N'  ""    France  de  l'Ile  de  Mont- 


249 

real  en  la  dite  N.  F.  et  autres  terres  au  d.  lieu  par  trois 

divers  contrats  dont  l'un  passé  en  la  ville  de  Vienne, 

le  second et  le   3e   signé  Lami   Secrétaire  de  la 

Compagnie  de  la  N'"  France  a  été  et  est  pour  et  au 
nom  de  Messieurs  les  associés  pour  la  conversion  des 
Sauvages  de  la  N«"f'  France  dans  la  dite  Ile  de  Montréal 
auxquels  partant  ils  en  font  en  tant  que  besoin  est  ou 
serait  cession  et  transport  n'y  prétendant  aucune  chose 
que  comme  étant  du  nombre  des  associés  dont  et  de  la- 
quelle présente  déclaration  les  sieurs  de  Fancamps  et 
de  la  Dauversière  ont  requis  le  présent  acte  aux  d.  Not. 
pour  servir  à  la  d.  Compagnie  en  temps  et  lieu  ce  que 
de  raison — Ce  fut  ainsi  fait  et  passé,  &c.,  25  Mars 
Signé  PouRCELLE  et  Chaussière  Notaires. 


Acte  par  lequel  ils  se  font  donation  mutuelle  et  entre- 
vifs au  dernier  survivant  d'entr'eux  à  l'exclusion  de 
leurs  héritiers,  des  forts,  habitations  et  dépendances 
concédés  à  la  dite  Société. 
Le  21e  jour  de  Mars  1650,  sont  comparus  par  devant 
les  d.  Notaires  les  d.  Sieurs  Pierre  Chevrier  et  Jérôme 
Le  Royer,  étant  de  présent  en  cette  ville  de  Paris  logés 
à  la  fleur  de  lys  rue  des  Marmousets,  paroisse  St.  Pierre 
aux  Bœufs,  lesquels  ont  déclaré  que  Messieurs  les  As- 
sociés pour  la  conversion  des  Sauvages  de  la  Nouvelle 
France  en  l'Ile  de  Montréal  ci-dessus  désignés  sont  : 

lo.  Messire  Jean  Jacques  Ollier,  prêtre  curé  de  Saint 
Sulpice. 

2o.  Mess.  Alexandre  le  Eagois  Ecclésiastique. 

3o.  Nicolas  Barreau  aussi  Ecclésiastique. 

4o,  Messire  Roger  Duplessis,  Seigneur  de  Liancourt, 
Duc  de  la  Rocheguyon  et  autres  lieux,  chevalier  des 
Ordres  du  Rov. 

E* 


2.50 

0.  M"'  Henri  Louis  Habort,  Seigneur  de  Montmort, 
Conseiller  du  lloy  en  ses  Conseils  et  Maitre  des  Requê- 
tes ordinaire  de  son  hôtel. 

60.  Bertrand  Drouart,  ïlcuyer. 

7o.  Louis  Séguior,  Sr.  de  St.  Germain,  au  profit  des- 
quels à  ce  présent  et  acceptant  tant  pour  eux  que  pour 
8  et  9  Louis  D'ailleboust  et  Paul  de  Chaumedy,  Ecuyers. 

Les  dits  Sieurs  de  Chevrier  etiloyer  de  laDauversière 
font  en  tant  que  besoin  est  ou  seroit  la  déclaration  ci- 
dessus  à  refiet  de  la  plus  grande  validité  d'icelle  recon- 
noissant  d'abondant  iceux  sieurs  Fancamps  et  de  la  Dau- 
versière  qu'ils  ne  prétendent  aucune  chose  en  la  dite 
Isle  de  Montréal  forts  et  habitations  d'icelle  et  autres 
dépendances  que  comme  associés  avec  les  d.  Sieurs  ci- 
dessus  nommés  et  tous  ensemble  s'en  font  en  tant  que 
besoin  est  ou  seroit  donation  mutuelle  et  récii^roque  irré- 
vocable et  entrevifs  au  survivant  les  uns  des  autres  en 
cas  de  prédecedés  d'iceux  et  au  survivant  et  dernier 
survivant  de  tous  en  excluant  à  jamais  tous  leurs  héri- 
tiers et  ayant  cause  pour  quelque  cause  et  occasion  que 
ce  soit  donnant  pouvoir  au  porteur  en  cas  qu'il  se 
trouvât  nécessaire  de  faire  insinuer  les  présentes  partout 
où  besoin  sera  dont  ils  ont  requis  acte  aux  dits  No- 
taires à  eux  octroyé  es  études  des  d.  Notaires  les  dits 
jour  et  a7i  que  dessus  et  ont  signé — ainsi  Chevrier — 
Le  Royek,  L.  Séguier,  &c.,  &c. 


No.  XVI.  bis,  p.  166. 

Voici  ce  que  la  Relation  de  1661-62  nous  apprend  de 
la  mort  de  MM.  Viirnal  et  Brigeac. 

"L'autre  perte  n'est  pas  moins  considérable.  C'est  d'vn 
"bon  ecclésiastique  nommé  M.  Vignal,  qui,  dans  le  mois 
"  d'Octobre  de  l'année  passée,  accomi^agnant  des  ouuriers 


251 

*'  qui  alloient  quérir  des  pierres  en  vne  isle  voisine  de 
"Montréal,  comme  ils  mettoient à  terre  sans  défiance, les 
"  Iroquois  qui  se  tenoient  cachés  dans  les  bois,  se  ruèrent 
"à  l'improuiste  sur  eux,  auec  vn  grand  cri,  et  déslapre- 
"  miere  décharge  de  leurs  fusils,  ils  en  tuèrent  trois  sur  la 
"  place,  blessèrent  les  autres,  et  se  saisirent  de  M.  YignaL 
"  qui  auoit  delà  reçu  plusieurs  plaies,  desquelles  il  mourut 
"  peu  de  temps  après  entre  leurs  mains.  Sa  vie  estoit 
"  d'vne  très-douce  odeur  à  tous  les  François  par  la  prati- 
"  que  de  l'humilité,  de  la  charité  et  de  la  pénitence,  ver- 
*'  tus  qui  estoient  rares  en  lui  et  qui  le  rendoient  aimable  à 
"  tout  le  monde  ;  et  sa  mort  a  esté  bien  précieuse  aux  yeux 
"  de  Dieu,  puis  qu'il  l'a  reçue  de  la  main  de  ceux  pour 
"  lesquels  il  a  souuent  voulu  donner  sa  vie  ;  il  auoit  de 
"  grandes  tendresses  pour  leur  salut,  il  s'est  offert  plusieurs 
"  fois  de  nous  venir  joindre,  quand  nous  estions  à  Onnon- 
"taghé,  afin  de  trauailler  coniointement  à  la  conuersion 
"  de  ces  Barbares  ;  et  il  Tauroit  fait,  si  ga  complexion  et 
"  ses  forces  eussent  correspondu  à  son  courage  et  à  ses 
"  ferueurs  "  (1<| 

"  Et,  non  seulement  ceux  qui  sont  auec  le  Père,  ont 
"  ces  bonnes  volontés  pour  leurs  bourreaux  ;  mais  les 
"  autres  qui  sont  esloignez  de  lui,  escriuent  dans  les 
"  mesmes  sentiments,  comme  il  paroist  par  vne  lettre  de 
"  l'vn  des  deux  François  pris  auec  feu  M.  Vignal,  et  me- 
"né  à  Onneïout;  celuy  qui  l'escrit,  a  eu  le  bras  droit 
"  cassé  dans  sa  prise,  et  l'on  croit  que  c'est  celuy  des 
"  deux  que  ces  barbares  ont  tué,  pour  n'estre  pas  plus 
•"  longtemps  chargez  d'vn  homme  estropié.  Voici  la  te- 
"  neur  de  sa  lettre,  qiii  a  de  trop  bons  sentiments,  pour 
"  n'estre  pas  couché  dans  ce  Chapitre.    Il  escrit  au  P. 


(!)  Hdalion  cl.'  1061-62  pp.  Edit.  de  Québec. 


"Simon  Lt-moiiio, qu'il  sauoit  estre  à  Oiinoiitai,''hé,   eiiui 
"roii  vingt  lieues  esloigné  de  luy. 

"  Nous  sommes  deux  prisonniers  de  Montréal  à  Onne- 
•'lout.  M.  Vignal  a  esté  tu»'  par  ces  barbares;  n'ayant 
"pu  marcher  que  deux  iours  j)our  ses  })lessures.  Nous 
"sommes  arrivés  ici  le  premier  dimanche  de  Décembre» 
•  en  pauure  esquipage  :  mon  camarade  a  desia  deux  on- 
"  gles  arrachés;  nous  vous  prions,  pour  l'amour  de 
''  Dieu,  de  vous  transporter  iusques  ici,  et  de  faire  vostre 
"  possible,  par  présents,  de  nous  retirer  auprès  de  vous, 
"  et  puis  nous  ne  nous  soucions  plus  de  mourir.  Nous 
"  auons  fait  alliance  de  faire  et  patir  tout  ce  que  nous 
"  pourrons  pour  la  conuersion  de  ceux  qui  nous  tuent, 
"  et  nous  prions  Dieu  tous  les  iours  pour  leur  salut. 
"  Nous  n'auons  trouué  ici  aucun  François,  comme  nous 
"  espérions  ;  ce  qui  nous  auroit  grandement  consolez.  le 
•'  vous  escris  de  la  main  gauche.  Vostre  seruiteur, 
"  Brigeac."  (1). 

La  Relation  de  DJ64-65  (2)  donne  des  détails  circons- 
tanciés sur  la  mort  et  les  soullrances  que  les  malheu- 
reux compagnons  de  M.  Vignal  eurent  à  endurer.  M. 
Viger  avait  copié  ce  récit  au  long  parce  qu'il  était  peu 
connu  alors  ;  mais  comme  les  Relations  ont  depuis  été 
imprimées  nous  y  renvoyons  nos  lecteurs. 


Xo.  XVII.    p.  r>8.  (3) 
Beatissimi:  Patkk, 

Ad  vestrie  sanctitatis  pedes  accedunt  humillimi  orato- 
res,  christianissimi  regni,  pro  conversione  inlidelium  no- 
vae Francitr  solliciti.  Et  se  suaque  pro  tanto  nogotio 
vota  fundentes,  exponunt. 


(1)  Même  anriAo,  pago  9. 

(2)  Rfinlinn  (i>-  lGGi-65  pp.  ÎO-22.  Edil.  do  Québec.      " 

(3)  Pour  la  note  do  la  pago  185  voir  plus  loin  No.  XVII  bis. 


253 

Quartum  jam  eftluere  aiinum  ex  quo,  Deo  optimo  Ma- 
xime authore,  ex  prœcipuis  Grallia3  ordinibus,  quamplu- 
res  tara  ecclesiastici  quam  sœculares  utriusque  sexûs, 
duces,  comités,  senatores  ferè  omnes  Deo  soli  noti,  seclu- 
so  quocumque  temporalis  commodi,  lucri,  negotiationis 
intuitu,  pro  unius  Dei  gloriâ,  fidei  ac  religionis  in  Novae 
Franciae  plantatione,  totque  infidelium  sainte  procnrandâ 
solliciti,  societati  hinc  nomen  dedere,  nt  suis  consiliis,  cn- 
ris,  sndoribns,  opibns,  elemosynis,  transmarinis  naviga- 
tionibns  in  eas  nationes  fidem  indncerent. 

Huic  operi  promovendo  delegit  societas  locnm,  cui 
nomen  insulse  Montis  Regalis  quod  ipsa  videtur  natnra 
indidisse,  quinquaginta  milliarum  ambitûs,  in  45°  latitudinis 
gradu,  octoginta  nationum  barbararum  quasi  umbilicum 
ob  confluentes  omni  ex  parte  fluvios  alliciendis  infîdeli- 
bus  proprium,  praedicandse  autem  singulis  fidei  ob  flu- 
vium  famosum  sancti  Laurentii  cui  trecentarum  leuca- 
rum  cursus,  peropportunum,  obque  plura  vitse  huma- 
nae  quibus  abundat  commoda,  fovendis,  et  ad  vitam  tum 
civilem,  tum  christianam  Ibrmandis  infidelibus  peropti- 
mum. 

Insulam  banc,  quam  Societas  praefata  jure  possidebat 
propriam  fecit  immaculatse  Deiparse  ac  sacellum  dedica- 
vit,  et  couversionis  infidelium  patronam  nominavit,  om- 
niumque  in  insulâ  habitantium  matrem  et  dominam  vo- 
luit,  celebrantibus  in  eo  RE,.  PP.  Societatis  Jesu  ac  sa- 
cramentum  divinum  custodientibus  ;  jam  ex  supe- 
rioribus  annis  ad  septuagenia  viros  nobiles,  équités,  ope- 
"rarios  transvexit,  pluresque  etiam  nunc  transmittit  qui 
terram  excolant,  barbaris  ostium  fidei  ac  civilis  vitœ  ape- 
riunt,  sanis  et  infirmis,  xenodochio  quod  jam  extruunt, 
alimenta  et  pharmaca  charitatis  et  pietatis  exempla  mi- 
nistrant,  Christo  eos  pariunt,  Ecclesiœ  sanctœ  catholicse 


2ô4 

apostoliccT  romanrc  et  Sanctitatis  vostrcr  filios  faciunt  ob- 
sequioiitissimos. 

Hisque  ita  expositis,  et  jampridem  suœ  Sanctitatis  nuncio 
in  Galliis  résidente  notis,  quâ  possunt  humilitate,  iidem 
oratores  supplices  à  vestrâ  Sanctitate  ex j)oiinnt,  ut  concep- 
tum  etiam  Deo  propitio  lelicibus  successibus  approbatum 
negotium  omnesque  et  singulos  in  eo  incumbentes,  Suâ 
apostolicâ  benedictione  faveat,  novamque  prolem  Novœ 
Franciœ  in  dies  per  humiles  nostrœ  Societatis  labores 
baptismate  sacro  tinctam  ut  pastor  totius  ovilis  foveat. 

Deinde  ut  societatem  pnedictam  tam  in  Galliis  quam 
in  Nova  Franciâ  et  thesauro  ecclesiœ  sibi  crédite  ditare 
dignatur,  plenariâ  indulgentiâ  et  remissione  omnium 
peccatorum  diebus  festivis  Purificationis  et  Assumptionis 
Deiparœ,  sicut  in  Gallià  existentes,  ubivis  exstiterint 
ecclesiam  visitantes,  confessi  et  sacro  pane,  in  Nova 
Franciâ  qui  sacellum  prœfatum  Deiparœ  in  insulâ  Montis 
Regalis  prœfatis  diebus  visitoverint  tam  nostri  quam 
barbari  Christiani  pro  vestrâ  Sanctitate,  ecclesiîc  propa- 
gatione,  pace  principum  et  infidelium  conversione 
preces  fuderint,  similiter  confessi  et  sacramento  cibati, 
prtpfatam  lucrentur  indulorentiam  quot  annis  dio))Us 
prirdictis. 

Insuper,  pro  fœliciori  successu  fidei,  in  dissitis  adeo 
partibus,  ut  missionariis  in  prcefatis  regionibus  laboran- 
tibus  et  a  domino  illustrissimo  Nuntio  Galliaruni  pro- 
batis,  eas  facultates  spirituales  concedere  dignatur,  quas 
iu  simili  casu  missionariis  ad  infidèles  euntibus  solet 
elargire  cum  oœdem  subsint  rationes. 

Tandem,  ne  qui  in  hac  vineâ  excolendâ  accedunt  ne- 
cessario  careant  subsidio,  duo  altaria  privilegiata  conce- 
dere placeat,  alterum  in  prrefatâ  insulâ  Montis  Regalis 
in  sacello  Deipara^,  alterum  in  Parisiis  in  sacello  a  socie- 


255 

tate  electo  et  erecto,  ubi  socii  consueverunt  de  praefatâ 
fidei  propagatione  deliberare,  collectas  facere  et  secum- 
dum.  Deum  huic  operi  vacare. 

(Au  dos)    AU  PAPE  pour  Montréal,  Canada.  (1) 


No.  XVII.  bis.  p.  185. 

Le  Fort  Ste.  Anne  fut  construit  à  l'entrée  du  lac  Cham- 
plain.  C'était  le  cinquième  que  M.  de  Tracy  faisait  bâtir 
depuis  son  arrivée  :  il  complétait  la  ligne  de  défense 
qui  devait  nous  protéger  contre  les  incursions  des  Iro- 
quois.  Aujourd'hui,  il  n'y  en  a  plus  de  traces  ;  mais  nous 
savons  qu'il  s'élevait  dans  une  île  qui  porte  le  nom  de 
M.  de  Lamotte,  capitaine  du  régiment  de  Carignan  qui 
dirigea  les  travaux  (2)  et  qui  y  commanda  ensuite. 

Il  ne  fut  probablement  commencé  qu'au  printemps 
de  1666.  D'abord,  je  n'ai  pas  vu  qu'il  en  soit  question 
avant  cette  date.  M.  de  Courcelle,  au  retour  de  sa  mal- 
heureuse expédition,  étant  déjà  vers  le  milieu  du  lac 
Champlain,  est  obligé  d'envoyer  chercher  des  provisions 
déposées  par  prudence  dans  une  cache  (3).  Mais  comme 
les  provisions  avaient  été  volées  et  que  ses  hommes 
mouraient  de  faim,  il  se  serait  propablement  adressé  au 
fort  St.  Anne,  si  celui-ci  avait  existé. 


(  l  )  Ce  document  a  été  pris  sur  la  copie  des  MS.  du  Parlement,  à  Outaouais, 
1  vol.,  2de.  série.  Il  est  intitulé  :  Mémoire  écril  au  Pape  par  les  RECOL- 
LETS au  sujet  de  l'Eglise  de  la  Nouvelle  France,  1644-45.  Ce  qui  a  pu  don- 
ner lieu  à  cette  erreur  c'est  que  Toriginal  se  trouve  aux  Archives  Départe- 
mentales de  Versailles,  dans  un  carton  intitulé  :  Recollels  de  St.  Denis. 
■  UHist.  de  la  Col.  Fran.  t.  I,  p.  468  rapitorte  ce  document  à  1643.  Nous 
avons  cru  néanmoins  devoir  le  placer  plus  tard  parce  qu'il  dit  positivement 

"  qu'il  s'est  déjà  écoulé    quatre  ans   depuis,  que   plusieurs  personnes 

"  sont  entrée?  dans  le  Compagnie,"  or  celle-ci  fut  formée  en  1640. 

(2)  Relation  de  1666,  p.  8,  édit.  de  Québec. 

(3)  Journal  des  PP.  JJ,  1666. 


2ÔG 

D'ailleurs,  le  Journul  MS.  dfs  IT.  JJ.  semble  assez 
précis  :  "  1666,  Juillet,  20.  Nouvelle  arrive  des  Forts — 
"  delà  basfisse  du  Fort  Ste.  Anne,  dans  le  lac  Champollain, 
"  dans  une  isle  à  4  lieues  de  rem})Ouchure." 

La  Relation  do  1666  est  aussi  claire  en  parlant  de  l'ex- 
pédition do  M.  do  Tracy  :  "  Le  rendez-vous  général 
"  estoit  donné  au  28  Septembre  au  fort  Ste.  Anne  cons- 
"  truit  nouvellement  dans  une  isle  du  lac  Champlain  (1)". 

L'idée  de  construire  un  fort  sur  le  lac  Champlain 
entrait  sans  doute  dans  les  plans  de  M.  de  Tracy  ;  mais 
le  choix  du  site  aura  été  vraisemblablement  déterminé 
pendant  l'expédition  de  M.  Courcelle. 

Pourquoi  fut-il  appelé  Ste.  Anne  ?  La  dévotion  à  cette 
grande  sainte  était  alors  en  pleine  ferveur,  et  elle  était 
justifiée  par  de  nombreux  miracles.  M. M.  de  Tracy,  de 
Courcelle  et  une  trentaine  d'autres  personnes,  parmi  les- 
quelles devaient  se  trouver  plusieurs  officiers,  venaient 
de  faire  le  pèlerinage  de  Ste.  Anne,  à  la  côte  de  Beaupré 
(2)  :  rien  de  plus  naturel,  d'ailleurs,  que  de  mettre  la  navi- 
gation du  lac  Champlain  sous  la  protection  de  celle  qui  a 
toujours  été  regardée  comme  la  patronne  des  marins. 

Les  travaux  n'étaient  pas  pas  encore  terminés  qu'un 
triste  événement  vint  jeter  le  deuil  dans  lapetite  garnison. 
Plusieurs  officiers,  croyant  à  la  paix  qui  avait  été  signée 
avec  quatre  dos  cantons  iroquois,  avaient  formé  un  par- 
ti de  chasse  sur  la  terre  forme,  probablement  du  côté  de 
la  rivière  Chasy.  Uno  troupe  d'Agniers  (3)  lessurprit,  en 
tua  quelques-uns  et  fit  les  autres  prisonniers.    Parmi  les 

(1)  Itrlalion  d"  IGf,6,  p.  S,  ('■dit.  d'^  Quf-hfC. 

(2)  Journal  do<!  PP.  JJ.,  IfiGH,  Mars. 

(3)  Marif  d»;  rincarnalion,  l.rllre  p.  612  dit  qu'ils  étaient  commandés  par 
le  lialard-hlaniatid.  La  Poilicri",  Histoire  de  l'Amrrique,  t  II,  p.  8.i,  met  à 
leur  tile  un  chfT  do  la  ^alion  neutre  auquel  il  danno  li^  nom  d'Agariata. 


257 

premiers  se  trouvait  M.  de  Chasy,  et  parmi  les  seconds, 
M.  de  Lerole,  tous  deux  proches  parents  du  Marquis  de 
Tracy  (1). 

Le  nom  de  M.  de  Chasy  donné  à  la  rivière  près  de  la- 
quelle il  tomba  deA'ait  rappeler  la  mort  prématurée  de  ce 
brave  officier  et  le  souvenir  de  la  perfidie  des  Agniers. 

Les  prisonniers  heureusement  ne  furent  pas  longtemps 
dans  l'incertitude  de  leur  sort  :  la  rapidité  de  la  marche 
de  M.  de  Saurel  et  de  ses  hommes,  déjà  sur  le  point 
d'envahir  le  territoire  ennemi,  força  le  Bâtard-Flamand 
de  ramener  sains  et  saufs  M.  de  Lerole  et  ses  compagnons. 

C'est  au  fort  Lamotte  que  M.  de  Tracy  avait  donné 
rendez-vous  à  ses  troupes  pour  son  expédition  de  1666, 
dont  on  n'a  peu  su  apprécier  assez  la  conséquence.  M. 
Dollier  qui  y  assista,  en  parle  assez  brièvement  pp.  180-81. 

C'est  encore  à  ce  fort  que  se  réfugiaient  les  voyageurs, 
surtout  les  missionnaires,  c[uand  ils  étaient  en  route  pour 


(1)  M.  (le  Chasy  était  son  neveu,  et  M.  de  Lerole,  son  cousin. 

Quant  au  nombre  et  aux  noms  des  autres  officiers,  il  est  assez  difficile  de 
s'en  assurer  avec  précision. 

Le  Journal  des  PP.  JJ.  à  l'endroit  cité  plus  haut  ajoute  :  "  Nouvelle 

"  de  la  mort  de  M.  de  Chasy  avec  deux  autres,  et  4  pris  prisonniers,  entre 
"  autres  M.  de  Lerole  cousin  de  M.  de  Tracy." 

La  Relation  de   16G6,  p.  7,  édit.  de  Québec  :    On  apprit  que  '•  quelques 

"  Frani^ois  du  Fort  St.  Anne avoient  été  surpris  par  les  Agniehrono- 

"  nons,  et  que  le  Si-.nir  de  Iraversij,  Capitaine  au  Régiment  de  Carignan 
"  et  le  Sieur  de  Chasy  en  avoient  esté  tués.' 

M.  lie  Tracy  dans  une  lettre  quil  écrit  aux  commissaires  d'Albany,  le  '22 
juillet  1666  {Documeiis  de  Paris,  traduits  en  anglais  et  publiés  dans  le  V. 
î.  Col  :  Hisl  :  t.  III  p.  131,)  accuse  les  Agniers  d'avoir  '■  assassiné  Sepl  de 
"  mes  Jeunes  gens,  parmi  lesquels  étoient  quatre  gentilhommes."' 

M.  Talon,  dans  un  mémoire  à  l'occasion  de  l'expédition  de  l'été  de  16G6, 
(mêmes  Documenfs,  t.  IX.  p.  bl)  dit  positivement  :  "  La  mort  de  MM. 
"  Chasy  et  Travery  et  des  Sieurs  Chamot  et  Marin  est  une  preuve,  etc." 

La  Potherie,  Histoire  de  V Amérique,  t,  II,  p.  85,  "  Certains  guerriers 
"  (iroquois)  rencontrèrent  à  la  chasse  Mrs.  de  Chasy,  de  Lerole,  de  Monlcgni, 
"  dont  les  deux  étoient  parens  de  M.  do  Trasi.   Agariata  tua  Mrs.  'le  Chan 

F* 


2ô8 

le  pays  des  Iroquois,  surpris  par  raiiiioiice  d'une  embus- 
cade ou  d'une  incursion  ennemie  (1).  Mgr.  Laval  qui 
courait  partout  où  son  zèle  voyait  du  bien  à  l'aire  s'y 
rendit  en  1668,  pour  de   là  descendre  à  Tadoussac  (2). 

A  eehi  pri's,  se  bornent  les  Annales  du  fort,  qui  «''tait  cer- 
tainement abandonné  en  16H1. 


"  et  diî  Mnntagni,  quelriucs  autres  I'Yan<;ois  et  emmenèrent  M.  de  Li-role.' 

Perrot,  dans  ses  Mémoire,  doiil  (Jharkvoix  a  eu  le  MS.  ot  <|ui  ont  été 

publiés  di'puisà  Leijjzig  \y.\r  le  P.  Taillian,  dit  pp.  Il  1-12  :  '•  Les  Aniez 

"  avoienl  de  nos  prisonniers  chez  eux,  entr  autres.  M.  de  Noirolle,  nepveu 
"  de  M.  de  Tracy.     M.  de  Cliasy  son  cousin,  fut  tm-  au   nord  du  fort  de  la 

"  Motte M.  de  Tracy  lit  commamler  l'esté  suivant  un  j>arli  de  troiscents 

"  hommes  Fraii<;oiset  .\.lgonl<ins  qui  nmconln-rent  le  Bâtard  Flamand  ayant 
''  avec  luy  M.  de  Noyrolle  et  trois  autn.'s  Fran'jois,  dont  il  y  en  avoit  un 
"  de  ble.ss'  au  talon  que  M.  «Je  (lourcelles  recommanda  en  parlant  au  Sieur 
"  Corlard." 

Charlevoix,  Hisluire  de  la  A^«"*'-  France,  t.  II,  ]•.  3«i,  (-dit.  in  ilo.  in- 
dique comiU'*  tués  •'  MM.  de  (Jliasy.  Cliamol  et  Marin  "  et  ne  parle  jjas  des 
autres. 

Enlin    M.    Faillon,    lli^t.   de  la    Col.    Fran.,  l.  III,  j).  135  :  "  Quelques 

"  Français tombèrent  dans  une  embuscade  de  .«auvages  Agniers  qui 

"  en  prirent  q»/a/rc,  du  nombre  desquels  était  M.  de  lioles et  en  tuèrent 

"  trois,  M.  de  Cliasy,  M.  de  Traversy,  capitaine  au  n-gimentde  Carignan  et 
"  un  autre." 

On  peut  conclure,  il  me  somble,  lo.  Que  le  jiarti  se  composait  de  sept 
personnes,  d'après  le  témoignage  de  M.  de  Tracy,  qui  devait  être  bien  in- 
formé, et  que  quatre fup'nl  tués,  d'après  M.  Talon,  également  bien  informé; 

2o.  Que  des  quatre  gentilliommes  et  ofliciers  deuv  furent  tués,  MM.  de 
Chasy  et  Traversy  ;  deux  faits  prisonniers  MM.  de  Lerole  et  de  Montagny, 
quoique  la  Potherit.  dise  ce  dernier  tué  ; 

■  3o.  Que  des  trois  autres,  qui  n'étaient  sans  doute  que  de  simples  soldats, 
deux  furent  tués  :  Cliamot  et  Morin.  M.  Talon  a  bien  soin  de  les  distinguer 
des  gentilliommes  ; 

4o.  Enfin,  que  le  liàUrd  Flamand  ram<'na  MM.  de  Lerole,  de  Montagny 
ot  le  3e  prisonnier.  Le  i»'  fran'.ai.s  de  la  troujie  est  fvidenimenl  un  des 
soldats  (jue  M.  de  Courcelle  avait  dû  abandonner  pour  les  faire  soigner  à 
Albany,  à  la  suite  de  son  <-xiK:'dilion. 

(1)  HeUUion  IGG8,  p.  4,  «dit  de  Québec. 

(2)  Idem,  p.  23. 


259 

M.  de  Lamotte  me  paraît  y  avoir  commandé  tout  le 
temps  qu'on  y  tint  garnison  :  il  méritait  par  sa  bravoure, 
dont  N.  Perrot  fait  l'éloge  dans  ses  Mémoires,  qu'on  lui 
confiât  le  poste  le  plus  avancé,  et  partant,  le  plus  ex- 
posé du  pays.  En  1670,  il  était  commandant  à  Montréal. 
(  Appendice  No  XI.  ) 


No.  XVIII.  p.  202. 

Ce  voyage  de  M.  de.  Courcelle  n'était  que  la  consé- 
quence des  instructions  de  la  Cour  {N.  Y.  Col.  Hiat.  t. 
IX  p.  62.).  Fait  à  l'improviste  par  une  voie  encore  plus 
difficile  que  celle  du  Richelieu,  il  dut  surprendre  et  il 
surprit  en  effet  entièrement  les  Iroquois  qui  virent  leurs 
cantons  exposés  à  nos  attaques  par  deux  côtés  à  la  fois. 
Ils  comprirent  plus  que  jamais  qu'il  leur  serait  impos- 
sible de  résister  à  une  nation  qui  ne  se  laissait  arrêter 
ni  par  les  saisons,  ni  par  les  obstacles  de  la  route.  Mais 
je  n'ai  encore  pu  trouver  aucun  document  officiel  qui 

confirme  que  "les  Européens voisins"  des  Iroquois 

conçurent  des  craintes  à  l'occasion  de  ce  voyage  de  M. 
de  Courcelle,  comme  ils  en  avaient  eu  dans  l'hiver  de 
1666  (  N.  Y.  Col.  Hist.  t.  III,  p.  118).  Voici  cependant  ce 
que  dit  la  Mère  Marie  de  Tlncarnation. 

"  Les  Sonontouans  ont  remué  pour  faire  la  guerre  aux 
outaouak,  Monsieur  nôtre  Gouverneur  a  tellement  inti- 
midé les  uns  et  les  autres,  qu'il  les  a  rendus  amis.  Néan- 
moins comme  Ton  ne  se  peut  fier  entièrement  aux  Sau- 
vages afin  de  leur  faire  voir,  qu'on  les  pourra  humilier 
quand  on  voudra,  il  a  pris  sans  faire  bruit  une  troupe 
de  François,  et  s'est  embarqué  avec  eux  en  des  batteaux 
et  en  des  canots  qu'il  a  conduits  par  des  rapides  et  bouil- 
lons où  jamais  les  Sauvages  n'avoient  pu  passer,  quoiqu'ils 
soient  très  habiles  à  canoter.  Il  arriva  heureusement  à 


200 

Quinte,  qui  cstuno  habitation  triliioquois,  dont  ces  lîar- 
bares  lurent  tellomontellVaie/,  qu'après  avoir  long-teinps 
tenu  la  main  sur  la  l>ou(ht'  pour  marque  de  leur  étonne- 
ment,  ils  s'écrièrent  que  les  Fran(,-ois  étoient  des  Diables 
qui  venoient  à  bout  de  tout  ce  qu'ils  vouloient  et  qu'Onon- 
tio  «''tait  l'incomparable.  Monsieur  le  Gouverneur 
leur  dit  (ju'il  jx-rdroit  tous  ceux  qui  leroient  révolte,  et 
quil  i>rendroit  et  détruiroit  leur  ]kus  quand  il  voudroit. 
Vous  remarquerez  qu'avant  ces  troubles  les  tSonontouans 
étoient  d'intellig'ence  avec  les  Anglois  pour  leur  mener 
les  Outaouak,  afin  de  truster  la  traite  des  François,  ce 
qui  eût  perdu  tout  le  commerce.  Mais  les  Anij^lois  aiant 
appris  ce  volage  de  Monsieur  le  Gouverneur  chez  les 
Sauvages,  ne  furent  pas  moins  eftraiez  que  les  Sauvages 
mêmes,  et  eurent  crainte  qu'on  ne  les  allât  attaquer 
pour  les  chasser  de  leur  lieu  (1)." 


No.  XIX.  p.  210. 

Les  Instrit citons  de  Mgr.  Laval  à  MM.  de  Fénélon  et 
Trouvé  font  infiniment  dhonneur  à  la  main  qui  les 
à  tracées  et  au  cœur  qui  les  a  dictées.  (.T.  V.) 

"  INSTRUCTION  pour  nos  bien  aymez  en   nostre  Sei- 
gneur Claude  Trouvé  et  François  de  Sala- 
GNAC,    P-'t's.    allants   en   Mission  aux  Iroquois 
situez  en  la  coste  du  nord  du  lac  Ontario. 
"  I.  Qu'ils  se  persuadent  bien  qu'estant  envoyez  pour 
travailler  a  la  conuersion  des  Infidelles,  ils  ont  l'employ 
le  plus  important  qui  soit  dans  l'Eglise,  ce  qui  les  doit 
obliger  pour  se   rendre  dignes  instrumens  de   Dieu,  a 
se  perfectionner   dans  toutes   les   vertus   propres  d'un 


(I)  .Marifl  rlo  ^Inc.l^niltillrl,  Lettres,  ]>\i.  Gfi'J-TO. 


261 

Missionnaire  apostolique,  méditant  souvent  a  l'imitation 
de  St.  François  Xavier  le  Patron  et  Tidée  des  Mission- 
naires ces  paroles  de  l'Evangile, — Quid  prodest  homini 
si  universum  mundum  lucretur,  animœ  vero  suœ  detrimen- 
tum  patiatur. 

"  II.  Qu'ils  taschent  d'éviter  deux  extremitez  qui  sont  a 
craindre  en  ceux  qui  s'appliquent  a  la  conuersion  des 
âmes,  de  trop  espérer,  ou  de  trop  désespérer  ;  ceux  qui 
espèrent  trop  sont  souuent  les  premiers  a  désespérer  de 
tout  a  la  veue  des  grandes  difficultez  qui  se  trouuent 
dans  l'entreprise  de  la  conuersion  des  Infidelles,  qui  est 
plustost  l'ouvrage  de  Dieu  que  de  l'industrie  des  hommes. 
Qu'ils  se  souuiennent  que  la  semence  de  la  parole  de 
THexi—fructum  affert  in  patientiâ,  Ceux  qui  n'ont  pas 
cette  patience,  sont  en  danger  après  auoir  ietté  beau- 
coup de  feu  au  commencement  de  perdre  enfin  cou- 
rage, et  de  quitter  l'entreprise. 

"  III.  La  langue  est  nécessaire  pour  agir  avec  les  Sau- 
nages, c'est  toutefois  une  des  moindres  parties  d'un  bon 
Missionnaire,  de  mesme  que  dans  la  france  de  bien 
parler  françois  n'est  pas  ce  qui  fait  prescher  avec  fruit. 

"  lY.  Les  Talens  qui  font  les  bons  Missionnaires,  sont... 
lo.  Estre  remply  de  l'Esprit  de  Dieu, — cet  Esprit — doit 
animer  nos  paroles  et  nos  cœurs.  Ex  abundantiâ 
cordis  os  loquitur. 

2o.  Auoir  une  grande  prudence  pour  le  choix  et  l'ordre 
des  choses  qu'il  faut  faire  soit  pour  esclairer  l'en- 
tendemeut,  soit  pour  fléchir  la  volonté  ;  tout  ce 
qui  ne  porte  point  la  sont  paroles  perdues. 

3o.  Auoir  une  grande  application  pour  ne  perdre  pas 
les  moments  du  salut  des  âmes  et  suppléer  a  la 
négligence  qui  souuent  se  glisse  dans  les  Cathe- 
cumenes,  car  comme  le  Diable  de  son  costé,  circuit 


2«32 

IdiKjUdiH  lei)  rugicns  (ji/a:n'/is  qutm  devoret,  aiissy 
laut  il  que  nous  soyons  rij^ilans  contre  ses  eiibrts 
auec  soin,  douceur  et  amour. 
4o.  N'auoir  rien  dans  nostro  vie  et  dans  nos  mœurs  qui 
paroisse»  domontir  ce  que  nous  disons,  ou  qui 
mette  de  riiidisposition  dans, les  esprits  et  dans 
les  cœurs  de  ceux  qu'on  veut  gagner  a  Dieu. 

5o.  Il  faut  se  l'aire  aymer  par  sa  douceur,  sa  patience  et 
sa  charité  et  se  gagner  les  esprits  et  les  cœurs 
pour  les  gagner  a  Dieu  ;  souuent  une  parole  d'ai- 
greur, une  impatienrc,  un  visage  rebutant  détrui- 
ront en  un  moment  ce  qu'on  auoit  fait  en  un  long 
temps. 

60.  L'Esprit  de  Dieu  demande  un  cœur  paisible,  re- 
cueilly,  et  non  pas  un  cœur  inquiet  et  dissipé, 
Il  faut  un  visage  ioyeux  et  modeste,  il  faut  euiter 
les  railleries  et  les  ris  déréglez  et  généralement 
tout  ce  qui  est   contraire  a  une  sainte  et  ioyeuse 

modestie mode^tid  ves.tra  nota  sit  omnibus  ho- 

minibus. 

"  V.  Leur  application  })rincipale  dans  Testât  présent 
ou  ils  se  trouuent,  sera  de  ne  laisser  mourir  autant  qu'il 
sera  possible,  aucun  iSauuage  sans  baptesme  ;  qu'ils 
prennent  garde  néantmoins  d'agir  tousiours  avec  pru- 
dence et  reserue  dans  les  occasions  a  l'égard  des  bap- 
tesmes  des  adultes,  et  mesme  des  enfans  hors  des  dan- 
gers de  mort. 

"  VI.  Dans  le  doute  qu'un  adulte  aura  esté  autrefois 
baptisé,  qu'il  le  baptise  sous  condition  et  pour  asseurer 
d'auantage  son  salut,  qu'il  luy  fasse  faire  en  outre  une 
confession  générale  de  toute  sa  vie,  l'instruisant  aupa- 
rauant  des  moyens  de  la  bien  faire. 


263 

"  VIL  Qu'ils  ayeiit  un  grand  soin  démarquer  par  escrit 
les  noms  des  baptisez,  des  pères  et  mères,  et  mesme  de 
quelques  autres  parens,  le  iour,  le  mois  et  l'année  du 
baptesme. 

"  VIII.  Dans  les  occasions  qu'ils  escriuent  aux  Pères 
Jésuites  qui  sont  employez  dans  les  missions  Iroquoises 
pour  la  resolution  de  leurs  doutes  et  pour  receuoir  de 
leur  longue  expérience  les  lumières  nécessaires  pour 
leur  conduite. 

"  IX.  Ils  auront  aussi  grand  soin  de  nous  informer 
par  toutes  les  voyes  qui  se  présenteront  de  Testât  de 
leur  mission  et  du  progrez  qu'ils  feront  dans  la  conuer- 
sion  des  âmes. 

"  X.  Qu'ils  lisent  souuent  ces  aduis  et  les  autres 
mémoires  des  Instructions  que  nous  leur  auons  donnez 
pour  s'en  rafraichir  la  mémoire  et  les  biens  obseruer, 
se  persuadant  bien  que  de  la  dépend  l'heureux  succez 
de  leur  Mission. 

(Signé)         FRANÇOIS, 

Evesque  de  Petrée  (1). 


No.  XX.  p.  214. 
Les  Andastogués  (pluriel  huron,  Andastogueronon)  ou 
Andastes  étaient  de  la  famille  huronne.  Les  mission- 
naires les  désignaient  aussi  par  l'expression  générale  de 
Sauvages  de  la  Nouvelle  Suède,  Ils  paraissent  avoir  sur- 
tout habité  sur  les  bords  de  la  Susquehanna,  qui  est 
quelquefois  appelée  Rivière  des  Andastes.  Ennemis  na- 
turels des  Iroquois,  ils  avaient  su  se  rendre  redoutables, 
malgré  leur  petit  nombre.  Mais  ils  durent  enfin  céder 
à  la  force  toujours  envahissante  des  Cinq  Nations. 

(1)  Registres  de  rArchevùché  do  Québec. 


265 
ADDENDA. 

I  p.   15,   Note    (1). 

M.  de  Lauson  fut  d'abord  choisi  par  la  Compagnie  delà  Nelie  France, puis 
nommé  par  le  Roi.  Le  document  suivant  nous  fait  connaître  aussi  les  noms 
de  ceux  qui  furent  en  même  temps  présentés  au  choix  royal. 

Pkovisions  de   Grouverneur  de  la  N^He.  France  pour  le 
Sr.  de  Lauzon. 

Du  deuxième  jour  de  Janvier  mil  six  cent  cinquante 
un  en  l'assemblée  de  la  Compagnie  de  la  N'^"'-'-  France 
tenue  chez  le  Secrétaire  de  la  compagnie  au  bureau 
d'icelle. 

Aujourd'hui  la  Compagnie  de  la  Nouvelle  France 
ayant  mis  en  délibération  qu'attendu  que  les  trois  ans 
du  gouvernement  de  M.  D'Ailleboust  Gouverneur  et  Lieu- 
tenant G-eneral  pour  le  Roy  en  la  N«''^  France  étoient 
expirés  il  estoit  nécessaire  de  pourvoir  à  luy  donner  un 
Successeur  et  suivant  qu'il  est  accordé  à  la  compagnie 
présenter  au  Eoy  et  à  la  Eeyne  Régente  trois  associés  en 
a  d.  Compagnie  pour  par  l'un  d'iceux  faire  et  exercer  la 
d.  charge  pendant  trois  ans.  Il  a  esté  résolu  que  les 
Sieurs  de  Lauzon  conseiller  ordinaire  du  Roy  en  son 
Conseil  d'Estat  et  privé  Duplessis  Guerbodo  etRobineau 
Becancour  associés  en  la  d.  Compagnie  seront  présentés 
au  Roy  et  à  la  Dame  Reyne  pour  être  l'un  des  trois  qu'il 
leur  plaira  choisir  pourveu  du  G-ouvernement  de  la 
Nelif^.  France — Conformément  à  la  faculté  accordée 
à  la  d.  Compagnie  par  l'édict  de  l'établissement  d'icelle. 

Ext.  des  délibérations  de  la  Comp.  de  la  N^iJe. 
France. 

Ainsi  signé. 

A.  Chefï^ault, 

Secret,  de  la  Compagnie. 


266 
II. 

La  conc'^ssion  do  terr^  ipii  suit  parait  êln;  la  |iri>niii>ri'  fait"»  à  Montival  : 
conuiii'  oUt'  eut  lieu  en  IG4s,  où  l'un  It.ilil  aussi  le  |iri'niioi'  moulina  Mont- 
réal, on  pt'Ut  la  raiiporter  ù  la  page  (18. 

PAUL  DE  CHOMEDEY  Escuyer,  Sieur  de  M AISON- 
NEUFYE  gouverneur  de  l'Isle  de  Montréal  et  terres  qui 
en  despendent  soubsigné  suy  vant  les  ordres  que  avons 
nous  receus  de  Messieurs  les  Associés  pour  la  conversion 
des  Sauvages  de  la  Nouvelle  France  en  ladite  isle  de 
Montréal  et  Seigneurs  d'icelle  afin  de  donner  et  despartir 
les  terres  et  héritages  contenus  en  la  dite  isle  a  ceulx  les- 
quels auroient  affection  de  s'y  establir  et  y  faire  leur 
demeure  ordinaire  afin  par  ce  moyen  de  procurer  l'es- 
tendue  de  la  iby  dans  le  pays,  concède  par  les  présentes 
à  Pierre  Gadoys  laboureur,  demeurant  à  Ville  Marye, 
quarante  arpens  de  terre  mesure  du  pays  savoir  cent 
perches  pour  arpent  à  dix  huict  pieds  pour  perche,  (2) 
proche  du  dit  Ville  Marye,  a  prendre  pour  la  longueur 
suivant  l'alignement  de  deux  pieux,  plantés  sur  pilotis 
establis  su-est  quart  d'est  et  nord  ouest  quart  d'ouest, 
le  premier  des  dits  pieux  estant  planté  a  23  perches 
du  milieu  du  pont  basti  sur  pilotis  proche  du  fort  du 
dit  Ville  Marye,  sur  la  petite  rivière  qui  passe  joignant 
le  dit  fort  (3)  ou  sur  ouest  quart  d'ouest  du  dit  milieu  du 
pont,  les  dits  deux  pieux  et  pilotis  ayant  été  plantés  (4) 
pour  servir  de  borne  et  pour  marquer  le  run  de  vent 
de  la  dite  concession,  et  pour  la  largeur  de  la  concession 
a  prendre  depuis  la  susdite  borne  et  allignement  susdit, 
a  dix  perches  proche  de  la  dite  petite  rivière   en   mon- 


(•2)  C'était  l'anci-^nne  mesure  de  Paris.    Voir  Dicl.  Universel  do  Bouillet. 

(3i  .Maintenant  couvert^  par  le  niar.'ho  Sle.  Anne. 

lii  Vraisemblablement  par  le  milieu  de  la  rue  St.  Pierre. 


267 

tant  et  côtoyant  icelle  a  la  ditte  espace  de  dix  perches 
jusc|nes  a  la  quantité  de  vingt  perches  en  droite  ligne 
et  continuer  la  dite  largeur  en  tirant  vers  la  montagne 
pour  jouyr  par  le  dit  G-adoys  ses  successeurs  et  ayant 
cause  de  la  dite  concession  aux  charges  clauses  et  con- 
ditions qui  s'ensuyvent  savoir  :  Premièrement  que  le  dit 
Gadoys  sera  tenu  et  obligé  de  faire  sa  résidence  ordi- 
naire en  la  ditte  isle  de  Montréal  et  a  default  de  quoy 
il  ne  pourra  plus  prétendre  aucun  droit  de  propriété 
sur  les  dites  terres  concédées  et  lequel  cas  arrivant 
seront  les  dittes  terres  vendues  au  plus  offrant  et  der- 
nier enchérisseur  a  la  diligence  du  procureur  fiscal  en 
la  justice  du  dict  Yille  Marye  et  l'argent  provenant  de 
la  ditte  vente  sera  dellivré  et  mis  es  mains  du  procureur 
scindicq  des  habitans  du  dict  Yille  Marie  pour  estre 
employé  au  profict  de  la  communauté  des  dicts  habitans 
et  dont  il  sera  obligé  de  rendre  bon  et  fidel  conte  par 
devant  le  gouverneur  de  Montréal  ou  aultre  comman- 
dant en  la  ditte  isle  ;  Et  néantmoins  si  le  dict  gouver- 
neur donne  un  consentment  par  escript  au  dict  Gradoys 
pour  aller  faire  sa  demeure  ailleurs  qu'en  la  dite  isle, 
en  ce  cas  pourra  le  dit  G-adoys  si  bon  luy  semble  vendre 
les  dittes  terres  concédées  nonobstant  qu'il  allast  de- 
meurer ailleurs  qu'en  la  ditte  isle.  Déplus  le  dict  G-a- 
doys sera  obligé  d'avoir  une  maison  dans  sa  ditte  con- 
cession au  lieu  et  place  destinée  pour  la  construction 
d'un  bourg  ou  ville,  et  ne  pourra  le  dict  G-adoys  vendre 
la  totalité  des  dittes  terres  cy-dessus  conceddées  ny  par- 
tyre  d'icelles  sans  le  consentement  par  escript  du  dict 
•gouverneur  ou  commandant  en  la  ditte  isle  en  default 
de  quoy  toutes  les  ventes  qu'il  pourroit  faire  seront  de 
nul  effect  et  valleur.  Sera  le  dict  G-adoys  tenu  et  obligé 
de  payer  annuellement  aux  dicts  Seigneurs  de  Mont- 
réal trois  deniers  de  censive  pour  chascun  arpan  des 


268 

dittes  terres  cy-dessus  conceddées  (5)  et  en  oultre  a  la 
charge  des  lots  et  ventes  delaults  et  amendes,  touteslbis 
et  quantes  que  le  cas  escherra,  le  tout  suyvant  et  con- 
formément a  la  coustume  de  la  prevosté  et  vicomte  de 
Paris  qui  sera  observée  en  la  ditte  isle  de  Montréal. 
Sera  le  dit  Gadoys  obligé  de  laisser  les  terres  que  le 
gouverneur  ou  commandant  on  la  ditte  isle  jugeront 
nécessaires  pour  les  chemins  et  commodité  publicque 
en  remplassant  au  dict  Gadoys  pareille  quantité  de 
terre  au  bout  de  sa  ditte  concession  proche  de  la 
monta"-ne,  lesquelles  terres  le  dict  Gadoys  tiendra  aux 
mesmes  conditions  (^ue  le  surplus  de  sa  ditte  concession. 
Pourront  les  dicts  Seigneurs  de  Montréal,  quand  bon 
leur  semblera  pour  faciliter  la  construction  d'un  bourg 
ou  ville  au  dict  Ville  Marye  reprendre  deux  arpens  de 
terre  de  la  susdittc  concession  pour  chasque  habitant  qui 
se  voudra  bastir  au  lieu  destiné  pour  le  dict  bourg  ou 
ville,  à  la  réserve  néanmoins  de  la  maison  principale  du 
dict  Gadois  et  de  deux  arpens  aux  environs  d'icelle  et 
en  ce  cas  seront  les  dicts  Seigneurs  de  Montréal  obligés 
pour  dédommager  le  dict  Gadoys  de  luy  donner  pa- 
reille quantité  de  terres  que  celles  qu'ils  auront  reprises, 
au  bout  de  sa  dite  concession  vers  la  montagne,  que 
le  dict  Gadoys  tiendra  aux  mesmes  conditions  que 
le  surplus  de  sa  ditto  concession  et  en  oultre  seront  les 
dicts  Seigneurs  de  Montréal  obligés  de  rembourser  le 
dict  Gadoys  des  frais  qu'il  pourroit  avoir  faits  pour  le 
deffrichemont  des  dittes  terres  .suyvant  !<•  dire  de  gens 
a  ce  coi^noissans. 

Fait  au  iort  de  Ville  Marye  en  l'isle  de  Montréal  eu 
la  Nouvelle  France  le  quatriesme  jour  de  janvier  mil  six 
cents  quaranto-huict. 

PAUL  DE  CHOMEDEY. 

i').  CustHiwIip-  lin  quart  du  sou  par  arpt;nt. 


269 

Pardevant  nous  Jean  de  Sainct  Père  commis  au  greffe 
et  tabellionage  de  Ville  Marye  soubsigné  est  comparu 
en  sa  personne  Pierre  Gadoys,  laboureur  demeurant  au 
dict  Ville  Marye  lequel  en  la  présence  de  Louis  Grou- 
deau  Mtre.  chirurgien  du  dict  Ville  Marye  et  Cezar 
Léger  Mtre.  taillandyer  demeurant  au  dict  Ville  Marye 
tesmoins  soubsio;nés  a  reco2:neu  et  confessé  avoir  ce- 
jourd'huy  accepté  la  concession  cy-dessus  dont  lecture 
luy  a  esté  faitte  aux  charges  clauses  et  conditions  por- 
tées par  icelle  auxquelles  il  s'est  obligé  et  obligé  si 
comme,  obligeant,  etc.,  renonçant,  etc.,  promettant,  etc. 

Faict  et  passé  au  dict  Ville  Marye  le  quatriesme  jour 
de  janvier  mil  six  cent  quarente  huict  et  a  le  dict  Gadoys 
signé. 

PAUL  DE  CHOMEDEY. 

P.  Gadoys.  L.  Goudeau.  Cezar  Léger.  J.  de  St. 
Père  (6). 


(6)  Cet  acte  de  St.  Père  porte  le  No.  1. 


TABLE    ALPIIEBETIQUE 

DES 

NOMS  PROrRES. 

PAGES. 

Aaouandio 159 

Abraham  [Le  Patriarche] 115 

Agariata 256,  257 

Agiiiez 111,  192,  240,256,  257,  258 

Arouillon  [M""  F] 21,  24 

Ailleboust  [D"]  de  Conlonges  30, 47, 50,  51,  54,  58,  59, 63,  64, 
68,  69,  70,  82,  94,  120,^152,  153,  228,  235,  236,  250,  265 
Ailleboust  des  Musseaux,  voir  Musseaux. 

Aix 233 

Albany 257,  258 

Algonquins 43,  44, 144.  147,  150,  197,  231,  258 

Alignon  [F] 109 

Allet  [L'abbé  D] 118,  194,  205 

Andastes 263 

Andastogués..... 214,  263 

Anirers 137.  138,  240,248 

Anglais 177,214,  260 

Anfou 102,  153,247 

Anontaha 94,  144,  145,  147,148,  150 

Archambeault 77 

Arg-enson 152 

Arïentenay,  voir  Ailleboust  de  Coulonges. 

Auffier  [Christophe] 231 

Auversiiat  [Laforet  dit.] 45 

Aviiuîrour  [Baron  du  Bois  d'] 234 

Barbarie 208 

Barbeau 79 


i 


271 


Barbier   [Gilbert] 41 

Bardin, 41 

Barre  [Delà] , 54,  58 

Barreau  [L'abbé]  41,  249 

Barnque[La\ 107,  108 

Barthélémy 197 

Basset 142 

Bastoin,  ow  Baston,  o?<  Bastom 87,89 

Batar    [Yves] 104 

Bâtard-Flamand 192,  256,  257 

Baugé 137 

Bazile  RoUin 177,  242 

Bazire 112 

Beaudoin 155 

Beaudry,  41 

Beaudry  [M.  le  Juge] 238 

Beaupré  [Côte   de] 256 

Beauvoir  [A.  de]  du  Roure  de  Combalet 21 

Bellestre  [M.  de] 141,  143,  151,  174,  175,  180 

Belmout  [De] 54,  59,  64,  76,  79,  85,  87,  90,  103 

109,   112,   140,   142,  147  153,   158,  163,  165,  175, 

234. 

Bernard  [St.] 68 

Bertrand  [Frs.  ] 241 

Bizot  [P.] 53 

Bochart  voir  Duplessis. 

Boète  [Bernard] 45 

Boisseau  (Jacques) 231 

Boissier  [Gruillaume] 45 

Bonenfant  [Matliurin] Q^ 

Borgne  [Le]  de  fis/e 44 

Boston  voir  Bastoin. 

Bouat  (Abraham) 239 


272 

l'AGKS. 


Boucher  [M.] ^^ 

Boudart  [Jean] '^"^ 

Boulié,  [Marie  Renée]  roîV  Nativité. 

Boullogne  [Barbe  de] 47 

Boullogne  [d  H"  de] ■*"' 

Bourdon,  Gouverneur  à  Trois-Rivières 68 

Bourgeoys  [Sœur] 82,  96,  100,  101,  102,  103,  136, 

139,  171,  227,  237 

Boutereau ^'^^ 

Brassier  [Jacques] -^^ 

Brehcuf ""^ 

Brehan  voir  Galinée ^^^^ 

Bresoles  1'^"^ 

Bretagne 

Bretonvilliers  [De] 41,  129,  131,  132,  133,  134,  237 

Brigard  ouBrigear  [Claude]..  163,  164, 165,  241,  250,  252 

Brisson ^^^ 

Bullion  [M-  de] 23,  25,  29,  42,  225,  226 

Callière  [Hector  de] 228 

Carignan 255,  257,  258 

Casson,  voir  Dollier. 

Cartier  [Jacques] -'^ 

Catalogne "*" 

Cannin  [Pierre] ""* 

Chahue[M""] ^'^^ 

Chambly  [Fort] ^^'^ 

Chamereau  roiV  Chauveau 

Chamot 257,358 

on  Q 
Champacrne  [Le  sergent] -^"^ 

Champagne  [La] -<^' ^^^ 

Champnour  [M.  doj -      68 

Champlain[M.  de] •^«'  --;^ 

Champlain  [Lac] 18Î,  240,  255,  256 


273 

PAGES. 

Chancelière  [Mme.  la] 23,  41 

Channeau  [R.  P.] 12,  13 

Charlevoix 68,  147,  157,  158,181,  227,  229,  232, 

235,  237,  258. 

Charly  [André]  voir  St.  Ange. 
Charny,  voir  G.  de  Lauson. 

Chasy,  [M.  de]  257,  258 

Chasy,  [Rivière  de] 256 

Chaudebonne   [M.  de] 41 

Chaussée  [M.  Girard  de  la] 243,  244,  245,   246,  247 

Chaussière 249 

Chauveau  [R.  P.]  ou  Chauvet 12 

Chavigny,  voir  Peltrie. 

Cheffault 245,  265 

Chesne  [Du] 164 

Chevalière  [M'"^'  la] 23 

Chevrier  voir  Fancamps. 

Chine  [La]  44,  194,  198,  210,  232 

Chiquot  [Jean] 77,  78 

Chomedey  [Paul  de]  voir  Maisonneuve 
Cicot  voir  Sicottc. 

Closse  [Lambert] 83,  89,  90,  91,  116,  166,  167,  235 

Colson  oî(  Cosson 181 

Combalet, 21 

Conti  [Princesse  de] 201 

Corlard  [Le  Sieur  de] 258 

Cosson 181 

Courcelle 179,  181.  193,  200,  202,  203,  211,  212 

222,  224,  255,  256,  258,  259. 

Courpon -. 30,  31 

Crusson  [François] 231 


274 

Cuillérior  un  Cuillorier lt!4,  Itîi; 

Dalbocq,  ou  Dallet  ou  Dallocq,  l'oir  Allet. 
DaiiE^ers  voir  Angers 

Darieniie 187 

Darpeiitig-ny  ;  roir  Ropentig-ny. 

Dauhig-eou 1()1> 

Daulac  on  Daulat,  foir  Dollard. 

Dauphiné    [Lv] 15,  82,  24(j 

Dauversière  [M.  de  la]. ..12,  13,  14,  15,  16,  17,  18,  19,  25^ 

26,  27,   28,    29,   41,     60,  71,    115,    128,    137,  138,' 

153,  171,  246,  247,  248,  249,  250. 

David 86 

Davost  [R.  P.]  45 

Dég-uillon  voir  Aiuiiilloii. 

Dequen 120 

De.sbordes 227 

Desforges  voir  Robin. 
De.smousseaux  voir  Musseaux. 
Désormeaux,  voir  Dollard. 

Dieppe 25,  29,  30  164 

Dirval 41 

Dollard 142,  148,  144,  145,  14H,  149.  155,  231,  232 

Dollier 102,103,  181,  197, 

198, 199,  204,  206,  228,  230,  232,  235,  236,  240,  257 

Dolu 77 

Dominique  [St.] 13 

Doucin  [René] 231 

Doversiùre,  voir  Dauversière. 

Drouart  [B^-rtrand] 250 

Dubois  [L'abbé] 181 

Ducnesne,  voir  Chesne. 

Duclos  [M.] 156 

Dufresne  [Jacques] 175 


275 

PAGKS. 

Dugué  [Sidrac] 112,  239 

Duhérison  voir  Le  Neuf. 
Duhomeny,  voir  Haumesnil. 

Duplessis  de  Liancourt  de 249 

Duplessis  Bochard 84,85,  265 

Duplessis  Guerbodo  [le  même  que  le  précédent] 

Duplessis  Monbar 41 

Dupui 235,  238,  239 

Dupuy,  Commandant  à  Onontahé 1 24 

Dupuy  [Sébastien] 240 

Durantaye  [De  la] 188,  191 

Duteil  [Polidor] 248 

Durai  [Nicolas] 144 

Espagne  [N'  ] 49 

L'Espérance  [Le  vaisseau] 80 

Estre  [Alonce  de  1'] 231 

FafFart  [Françoise] 104 

Faillon  [M.  l'abbé] 13, 

22,    82,     87,     118,  153,     230    231?.    237,  238,  258 

Falconer, 60 

Fancamp  [M.  le  Baron  de] 13, 

14.    19.    25.     27,    41.    246,    247,    248,    249,     250 

Fauls  [L'abbé  Antoine] 29 

Fauquant,  voir  Fancamp. 

Fénélon  [L'abbé  de] 194,  209,  214,  215,  260 

Flamands  [Les] 166,  208,  214 

Flèche  [La] 12,  125,  126. 127,  129,  130,  135,  137,  138, 

147  153,  154,  247,  248. 

Forestier  [M"-'"] 190 

Fouancamp  voir  Fancamp 

Fousse  [M"^-  De  la] 247 

Foye  [Notre  Dame  de]  voir  Ste.  Foy .' 


■216 

PAKKS. 

France  19,  41, 46,  48  54,  58,  59,  60,  61,  68.  64,  68,  69,  71 ,  72, 
80,  82,  86,  96,  102,  114,  117,  119,  129,  141,  143, 
160,  161,  171, 175,  181,  193,  204,  210,  213.  221,  233, 
234,  235,  236,  239. 

Frémont  [M.  l'abbé] 183 

Frontenac 223 

Gallois  [Pierre] 156,264,  267,  268,  269 

Galinée  [M.  Brehan  de] 194,  197,  198,199,  205 

Galinier 118,  124 

Gandafxetia^on 215 

Ganeraské 217,  218 

G-arreau  [R.  P.] 113,  229,  230 

Gaufifre  [M.  Le] 41.  69,153 

Gervais 104 

Gilardie 245 

Gilles 175 

Girard,  Sieur  de  la  Chaussée  243,  244.  245,  246.  247 

Godé  [Nicolas] 67.   122 

Goffre  voir  Gauffre 

GoudeaufL] ' 269 

GraufT Armée  [Ln] 111 

Grand  Pierre  [Le] 241 

Grandet  [M.  l'abbé] 246 

Grenet  [Simon]  231 

Grenoble 15 

Gué  [Sidracdu] 239 

Guide  [D'     Marg-uerite  La] 204 

Guillaume  [Jérôme  ] 177 

Guillier  [M"  ] 247 

Habort  de  Montemort 41,  250 

Haçuenier  [M^^"- 246,   247 

Hardin  [Nicolas] 246 

Hautmesnil  [De] 181 


277 

PAGES. 

Hébert  [Laurent] 231 

Hébert  [Jean] 79 

Hérisson  [  Du  ]  voir  Le  Neuf. 

Hcrode 157 

Heth  [les  fils  de] 115 

Hollandais 231 

Hollié  voir  (Jiier 
Honontaha  voir  Anontaha. 
Hotaouads  voir  Outaouais. 

Huart  [M'^-] 246,  247 

Huault,  voir  Montmagny 

Hurons 44,  45,  62,  Qb,  70,  72,  73,  74,  75,  76,  94,  95 

116,  144,  146,  147,  148,  150,  201,  231, 

Ile-aux-Oies   108,  109 

Ile-à-la  pierre  162,  241 

Iroquois,  9,  31,  32,  38,  39,  40,  43,  44,  45,  46,  50,  51,  53, 
55,  59,  60,  62,  63,  Qb,  QQ,  67,  68,  70,  72,  73,  76,  77,  78, 
79,  83  84,  85,  88,  89,90,  91,  92,  93,  94,  95,  97,  103, 104, 
106, 108,  109,  110, 112,  113,120, 122,  123,139, 141, 142, 
144,  145,  148,  149,  150,  151,  155,  156,  157,  158,  159, 
162,  163,  164,  165,  166,  168,  174,  175,  176,  177,  178, 
184,  192  198,  200,  201,  202,  203,204,  209,  210,  212,  213, 
216,  217,  226,  230,  231,  232,  241,  242,  250,  251,  258, 
260,  263. 

Isaac  lis 

Jérôme  [G-uillaume] 177,  242 

Joineau 242,  243 

Josselin  [Nicolas] 231 

Juchereau  [Sœur] 227,  230 

Judée 157 

Juillet  [Biaise]  dit  Avignon  144 

Jurie  [Eobert] 231 


278 


Justeau  [Marc] 248 

Kebec,  ro/r  Québec. 
Kt-lus,  voir  Queylus. 
Kcnté,  t'o/V  Quinte. 

Kikapous 70 

Labrosse  [P] 229 

Lachapelle 83 

Laforet  dit  l'Auvergnat 45 

Lalemant  [R.  P.  Charles]... 15,  16,  17,  18,  22,  28,  73  153 

"         [Jérôme] 73 

[Pierre] 73 

[Gabriel] 73 

L  igauchetière,  Lagochetière,  Lalochetière 87,  90 

Lamothe  voir  le  suivant. 

Li^motte  [M.  de] 187,  188,  189,  191,  239,  255,  252,  259 

Limouche 148 

Lamoignon  [M.  de] 99,  100 

Lamy.^ 247,  249 

Lange  vin 1 68 

Langlois  [Honoré]  voir  Lachapelle. 

Langres 20,  28 

Laperle 111 

Laplace  [R.  P.]  voir  Place. 

Latouche .^ 236,  237,  238 

Lauson  [Jean  de]  15,  82,  96,  236,  245,  246,  247,  248,  265 

Lauson  [Charles  de]  Charny 15 

Laval  [Mgr.  de]  135, 140, 195,  209,  210,  233,  234,  258,  260 

Lavigne  [Urbain  Tessier  dit] 78,  159,  169 

Laviolette 88,  90 

Lebeau[(l.] 53 

Le  Ber 174,  186 

Lecompt(^  [Jean] 231 

Leffer 269 


279 

PAGES. 

Leipzic 258 

Le  Jeune  [R.  P.] 16 

Lemaître  voir  Maître 
Lemoine  (voir  Le  Moyne) 

Le  Moyne  [R.  P.] 159,  166,  241,252 

Le  Moyne  [Charles]  60,  66,67,  74,  77,78,  79,94,  109, 

110,  143,  156,   176,  180,  186,  203, 

Lerole  [M.  de] 257,  258 

Le  Neuf  [Michel],  Sieur  du  Hérisson 93 

Liancourt  [Leduc  de]  41,  74 

Ligni-en-Barois 163 

Long-Sault 142,  144  231 

Longue-Pointe 175 

Longueuil  de  [Baronie  ] 60 

Loson  voir  Lauson. 

Loubiat  [M.  de] 203 

Louis  XIV 233 

Louis  [sauvage  huron] 150 

Loups  [Nation  des] 176,  177 

Ludde 137 

Lyon 22 

Lyonnais  [Le] 15 

Macar  [M] 108,111 

Macar  [M  ■"  ] 112 

Macer 237 

Maer  voir  Macer 

Maignan  [Pierre] 175 

Maillet  [Sœur] 137 

Maillot  voir  Maillet.  » 

Maine  [Le] 120 

Maisonneuve  [M.  de]  16,  19,27,28,  29,  30,  31,32,  34,  35 
36,  39,  40,  41,  43,  46,  48,  50,  51,  52,  53,  55,  58,  60,  61, 
64,  65,  67,  69,  70,  72,  80,  '82,  83,  85,  86,   92,  93,  94, 


280 

KG,  100,  101,  102,  103,  104,  10.3.  107,  109,  110,  114, 
116,  117,  118,119,  126, 141,  143,  14Ô,  151,  lô2, 162, 
177,  195,  227  228,  234,  236,  237,  238,  239  250, 
266,  269. 

Maître  [M.  Le]  137,  157,  158,159,  160,  242, 

Malice  (M-"')... 21,  24,  25,  28,  29,30.  31,  36,37,  41,47, 
49,  55,  56,  58,  69,  71,  72,  73,  74,  78,  79,  80, 
83,  84,  S5,  86,  92,  93,  96,  98,  100,  101,  103,  105, 
115,117,  118,124,126,  127,  129,  130,  131,  133, 
134,  135,  136.137.  139,  171,175,  189,  225,  226,  227, 
230,  231, 

Margry  [M.  Pierre] 3,  4,  167,  197 

Mars-uerye  [De  la] 41,74 

Marie  des    Neiges 171,  234,235 

Marie  de  rincarnation 256,  259,  260 

Marin 258 

Marnart  [R  P] 153 

Marmousets  (Rue  des) 248,  249 

Martin  [Louis] 231 

Martin  [Olivier] 240 

Martin   [Pierr.-] 240 

Maten ac  [.T. ]   53 

MauQfiron  [Hôtel  de] 248 

Mores  Hospitalières 125,  126 

Mcssier  [Nîartino] 84.  8.Ô 

Messier  [Michel] 241 

Mesy 174,  236,  237 

Metcalfe  [Le  Gouvorneur] 3 

Metiomècrue 144,  145 

Miireon  de  Branssart 186 

Millet  [Jean] 241 

Minime 40 

Mississipi 197 


281 

PAGES. 

Monmor  [De] 41 

Montagny 257,  258 

Montmag-ny  [De]  30,  31,  32.  36,  39,  46,  47,  60,  62,  68,  66, 

68^  227,  245. 
Montmort  voir  Habert. 

Monter 177,  242 

Montréalistes....57,  63,65,  70,    74,  91,  142,  151,  180,  181 

Morangy   41 

Moriii  [Sœur] 227,  228,  236,  242,  243 

Morin  ou  Marin 256 

Mounier  [Mathurin  Le] 104 

Mounier  [Barbe  Le] 104 

Moyen 108,  111  164 

Moyen   [M'H'^] 111,  236 

Musseaux  [M.  C.  D'Ailleboust  des]...   70,  81,  86,  94,  181 

Nativité  [Mère  delà] 126,  230 

Népissiriniens 62 

Neuf  [Michel  Le]  Sr.  du  Hérisson 93 

Noël  [Jacques] 122 

Noila  [Michel] 103 

Nontario  voir  Ontario. 

Normanville " 66,  67  203 

Normandie 122 

Notre-Dame  [he  nQx\T%  La] 47 

Ohio 197 

Oleron  [Ile  d'] 77 

Olier  [J.J.]  13,  14,  15,  28,  41,  74,  114   115,  117,  118,  125^ 

126,  129, 131,  132,  133, 134,  157,  217,  23],  249. 

Onneyouth 165,  211,251,252 

Onnontagué 241.251,  252 

Onontaga,  Onontaha,  voir  Anontaha. 

Onontahé 124 

Onontio 260 


'2H-2 

PAGES. 

Oniano r.<5,   198,202,206,222 

Orléans    (Ile  d') 32,  120 

Osibaiiocho  [Jeanne] 177 

Otiiuouais  ruir  Oulaouais. 

Outaouais,  Outaouas 18.  202,  260 

OutaouaisuM  Outaouak  [llivière  des] *J81 

Oiitreouhati l.'îH 

i\ipiiieau  [lion.  L.  J.] 3,  4,  224 

Paris 3,4.  22,  23,  25,  28,  29,     99, 

118,  129,   130,    134.   135,   130,   164,  173,   207,   245 

247.  248,  246,  249,   257 

Punnanda 85 

Pelletrio,  voir  le  .suivant 

Peltrie  [>Pnle  la] 21,  34,86,37,  39,  4!» 

Pérot  [M.  l'abbé] 223,  224 

Perrot  [Gouverneur] 199,  203,  204,  235,  237,  239 

Perrot  ]M"']  voir  La  Guide. 

Perrot  [Nicolas] 258,  259 

Petit   [Jacques] l"^?,  242 

Pétrée  voii-  Laval  [Mgr.  de]. 
Pi-zard  [Etienne]  voir  Latouche. 

Pichard  [Jean] 241 

Picoté,  voir  Belestre. 

Pii:^eon 1'^^ 

Pijart 230 

Pilote ^1 

Pitié  [Hôpital  de  lu] 207 

Pitre 241 

Pizeau  voir  Puiseaiix. 

Place   [R.  P.  Jacques  De  la] 25,26,29 

Plaine  [Jnsteau  De  la]  248 

Plume  [La] HO 

Pointe-à-Callière 39.  228,  229 


283 

Poitou 102,  245 

Poncet  [R.  P.] 93,  120,  121 

Poner,  voir  Poncet. 

Portugal 199 

Poterie  [De  la],Gouv.  de  T.  R 68 

Potherie  [Le  Roy  de  la] 256,  257 

Pourcelle 249 

Pouteouatamis 200 

Primot  [M"*]  voir  Messier. 

Primot  [Antoine] 84 

Princesse  [M'""  la] 29 

Prud'homme 88 

Puiseaux 33,  34,  35,  36,  39,  40,  48,  49 

Québec 16,    24,  30,  31,  33,  39,  40,  49,  60,  61,  64,  71, 

74,  82,  83,  84,  91,  92,  93,  95,  96,  101,  102,  109,  112, 
120,   121,  124,   125,  126,   127,   140,  146,   151,   173*, 
174,  177,   179,  200,  202,  205,  207,  233,  236,  242, 
251,  252,  255,  256,  257,  258,  263. 
Quélus,  voir  Qvieylus. 

Quesnel  [Hon.] 242 

Queylus 41,  118,  120,  121,  124, 

126,  140,   160,   194,  195,   197.  198,  204,   205,   21o! 

230,  232,  283,  234 
Quinte  [Baie  de]....  206,  209,  210,  212,  213,  219,  220,  222 

Rageot  JM^'  '] 239 

Ragois  [Le] 249 

Raguideau 174,  177 

Rapin,  voir  Rapine 

Rapine  [R.  P.]  23,  58,  71 

Renty  [Baron  de] 41,  227 

Repentigny  [De] 40 

Richelieu  [Cardinal  de] : 246 

Richelieu  [Fort] 62 


PAGES. 

Richelieu  [lies] 146 

Kichelieu  [Rivière] 209 

Rié  [Gabriel] 241 

Rivière  [Laurent  La]  voir  Hrl)ert. 

Robin  [Etienne] 2:n 

Robinson  de  Bécancourt  [M.  de]. 
Rochejjuyon  [De  la]  voir  Liancourt. 
Rochelle    [La]  19,  20,  25,  28,  41,  54,  77.    129,   185,  136. 

137,  138,  139,  154,  206 

Rohiario 214,  215 

Rôles  [De]  voir  Lérole 

Rolin  [Basile^  177,  242 

Rome  160 

Roos  [Antoine] 86 

Rouen  [L'Archevêque  de] 120,  233 

Rouillé 168,169 

Roy  [Le] 166 

Royer  [Le]  voir  Dauversière. 

Saint  André  [M.  de] 102,  138,  181 

St.  Anq-e 83 

St.  Charles  [Pointe] 78,  241 

St.  François 13 

St.  François  [Lac] 210 

St.  Françoi.*?  Xavier 261 

St  Frcniin  [De] 41 

St.  Gabriel  [Ferme] 39.157.232 

St.  Georges 175 

St.  Germain  de  TAuxerroi.s 246 

St.  Jean    [Fort] 193 

St  Jean  Bte 157 

St.  Jean  de  Jérusalem 245 

f^^t.  Joseph 43 

St.  Joseph  [Fief] 242,  243 


285 

PAGES. 

St.  Jure  [R.  P.  de] 22,  27 

St.  Laurent  [Fleuve]  39,  59,  120,  212,  229,  244,  245,  247, 

253 

St.  Louis  [Fort]  de  Chambly :.  185,  186,  193,  244 

St.  Louis  [Fort]  ou  Québec 244 

St.  Louis,   [Lac] 210 

St.  Louis  [Sault] 44,  229 

St.  Louis  [Village  huron] 73 

St.  Michel  [M.  de.] 111 

St.  Paul  [Jeanne  Agnès  de] 126,  230 

St.Père  [Jean] 122,  123,  266 

St.  Pierre  [Lac] 32,  183,  244,  247 

St.  Pierre  [Rue] 266 

St.  Pierre  aux  bœufs 249 

St.  Simon  et  St.  Jude 212 

St.  Sulpice  [Séminaire  de]  4,  5,  13,  14,  41,  115,  119,  128, 

129,   131,  133,134,138,   139,  140,   157,' 173,  181, 

195,  203,  222,  227,  229,  237. 
Sainte  Anne   [Fort] 184,   185,   186,   187,189, 

192,  255,  256,  257. 

Ste.  Anne  [du  Nord] 256 

Ste.  Anne  [Marché] 266 

Ste.  Croix  d'Angers 240 

Ste.  Foy 33,  34,  36 

Ste.  Hélène  [Ile] 162,  175 

Ste.  Marie  [Ferme] 151,  168,  169,  232 

Ste.  Marie  [Rue] 232 

Ste.  Thérèse 33 

Ste.  Thérèse  [Iles] 175^  17(3 

Sagard , 297 

Salle  [M.  de  la] 198 

Sault  Normand '. g7 

Sault  St.  Louis 229 


286 

l'àCES. 

Saurel  [M.  de] 180,  181,  257 

Srutio?iton  213 

Si'gnicr  [Louis] 250 

Siguin  [M"']  (0 41 

Seine   [La] 6 

Sicotte 77 

Sillery 93 

Soldat  [Le  nommé] 168 

Sonoutouans,  voir  Tsonontouans. 

Sorel  [Rivière] 62 

Sorel  [M.  de]  voir  Saurel 

Soulard  [Mathurin] 144 

Souart  [M.   l'abbé]...  118,   124,125,   126,   184,    185,   189, 
193,  238. 

Suède  [N*^'*] 263 

Susquehanna  [Rivière] 263 

Tadoussac 30,  258 

Tailhan  [R.  P.] 258 

Talon  [M.l'Intendant]173. 174,  193,  199,204,  237,257,258 

Tavernier  [Jean] 231 

T-llier  [Le] 233 

Teonnhethary 234 

Théodore  [Michel]  dit  Gilles 175 

Thibault  [Etienne] 86,  87 

Tibl.Mnont  [Nicolas] 231 

Totinatajrhé- Aernoron 234 

Tour  [L'abbé  De  la] 12,  30 

Tracy  [M.  lo  Marquis  de] 180,  181 

184,  185,  193,  238,  255,  256,  257,  258 

Travery 257, 

Travorsy 257,  258 

T rois-Rivières 68,  83,  84,  85, 

92,  93,  95,  94,  144, 14f;,  151.  174.  183,  184,  203 


287 

PAGES. 

Trottier 111 

Trouvé  [M.  l'abbé] 194.  209,222,  260 

Troyes 100 

Trudante 168 

Trudeau 168 

Truteau 41 

Tsonontouans 215,  259 

Tureniie  [Maréchal  de] 240 

Tutonaguy 232 

Vallière  [M.  de  la] 203 

Valets  [Louis] 231 

Varenne  [M.  de] 203 

Versailles 255 

Vienne 15,  246,  248,  249 

Viennois  [Le] 16 

Viger  [Le  Commandeur] 224,  228,232,  227,  238,  252 

Vignal  [M.  rabbé]139, 162,  164,  165,  241,  241,  250,  251,252 

Vigne  [Delà] 169 

Vignerod  [Marie  Mag:]  voir  Aiguillon 
Villecerain  voir  Villersavin. 

Ville-Marie 58,77,266,267,268,  269 

Viller  Chavin  voir  Villersavin. 

Villersavin 22,  29,  41 

Villesavin  voir  Villersavin. 

Villiers  [M.  de] 112 

Vimont[R.  P.] 36,  37,  227,  228 

Voyer  [De]  voir  Argenson. 

Urfé  [M.  l'abbé  D'] 194,  215,  217,  218,  219,  220 

Wignerod  voir  Vignerod. 

Fin  de  la  Table  Alphabétique. 


TABLE  DES  MATIERES. 


Un  mot  d'explication,  parSI.  Viger 4 

A  Messrs.  les  Infirmes  du  Séminaire  de   St.  Sulpice 

[Dédicace  de  l'Auteur) 5 

Au  Lecteur 7 

De  l'an  1G40  à  1641,  au  départ  des  vaisseaux  du  Ca- 
nada pour  France. — Compagnie  de  Montré- al. — 
M.  de  Maisonneuve  à  Québec. — Son  premier 
voyage  à  Montréal  et  son  retour  à  Québec. — M. 
de  Puiseaux 9 

De  1041  à  1642.— M.  de  Maisonneuve  hiverne  à 
Québec  avec  Mlle.  Mance. — Ils  montent  à  Mont- 
réal en  mai  1642,  avec  M.  de  Montmagiiy. — Ire 
messe  par  le  Tv.  V.  Vimont. — Campement  à  la 
Pointe-à-Callière,  environné  de  pieux. — Nou- 
velles de  France  par  M.  de  Eepentigny,  etc., — 
Le  charpentier  Minime  et  autres  colons. — Mme. 
de  Bullion  36 

De  1642  à  1643. — Le  Fort  est  achevé  et  armé  de 
canons. — Il  est  découvert  par  les  Iroquois. — 
Trahison  des  Hurons.  Les  Iroquois  tuent  ou  en- 
lèvent 6  Français,  puis  massacrent  les  Hu- 
rons.— Eloue  de  M.  de  Maisonneuve. — Nouvel- 
les de  France  par  M.  de  Montmagny,  puis  par 
M.  D'Ailleboust. — M.  de  Puiseaux.— Made.de  la 
Peltrie 43 

De  1643  k  1644.— M  D'Ailleboust  revêt  le  Fort  de 
bastions. —  La  chienne  Pilote. — Combat  de  30 
Français  contre  200  Iroquois  :  bravoure  de  M. 


,# 


289 

de  Maisonneuve. — Bled  récolté, — Colons  venus 
avec  le  Sienr  de  la  Barre. — Sa  conduite  hypo- 
crite.— Libéralité  de  Mde.  Bullion. — L'hôpital 
achcA'é  le  8  oct.  '44. — Mlle.  Mance  s'y  loge. — Sa 
lettre  à  Mme.  de  Bullion 50 

De  1644  à  1645. — Diverses  attacjues  des  Iroquois  : 
anecdote. — M.  de  Maisonneuve  passe  en  France. 
— Le  Sr.  de  la  Barre  renvoyé. — Mme.  de  Bullion 
donne  20,000  liv.  —  M.  D'Ailleboust,  Gouver- 
neur      57 

De  1645  à  1646. — Paix  fourrée. — Fort  à  4  bastions 
achevé  ;  réflexions  sur  son  site. — M.  Chs.  Le 
Moyne,  interprète  à  Montréal. — M.  de  Maison- 
neuve  reA'ient  de  France  et  y  repasse  de  suite...     59 

De  1646  à  1647. — Fort  Richelieu  brûlé  par  les  Iro- 
quois.— Guerre. — Mauvaise  disposition  des  Hu- 
rons. — Arrivée  de  M.  de  Maisonneuve  et  nou- 
velles qu'il  apporte  de  France  concernant  M. 
D'Ailleboust 62 

De  1647  à  1648. — Guerre  acharnée. — Affaire  des 
Iroquois  à  Montréal  avec  les  Srs.  Normanville, 
Le  Moyne  et  Godé. — Moulin  bâti. — Fâcheuses 
nouvelles  de  France. — Garnison  renforcée. — M. 
D'Ailleboust,   Gouverneur  Général 65 

De  1648  à  1649. — Guerre  entre  les  Irocjuois  et  les 
Hurons. — M.  Des  Musseaux  à  Montréal  avec  40 
hommes. — Tristes  nouvelles  de  France.  Melle. 
Mance  y  passe  en  conséquence 70 

De  1649  à  1650. — Défaite  entière  des  Hurons  par 
les  Iroquois. — Mort  des  PP.  de  Brebeuf  et 
Lalement. — Retour  de  Melle.  Mance  avec  bon- 
nes nouvelles. — M.  Le  Moyne  et  les  Hurons....     73 

De  1650  à  1651. — Fréquentes    attaques    des     Ire- 


290 

quois  sur  Moiiirt-al. — Actions  viv^oureusos  on- 
tr'eux  et  les  Srs.  Boudart,  Chiquot,  Le  Moyne, 
Archambault,  Lavigne,  dans  l'une  desquelles 
les  Iroquois  sont  repousses  avec  une  grande 
perte. — Melle.  Mancesc  rt'luiri»*  au  l'ort. — Olires 
qu  elle  fait  au  Gouverneur  pour  le  salut  de  la 
place. — M.  de  Maisonneuve  va  en  France,  lais- 
sant M.  des  Musseaux  commandant 76 

De  lOôl  îi  1652. — M.  Jean  de  Lauson,  Gouverneur 
Général;  sa  conduite  envers  M.  de  Maisonneu- 
ve et  10  soldats  qu'il  envoie  à  Montréal. — Cou- 
ratre  de  la  femme  Primot,  surnommée  Parnmfln. 
— Combat  aux  Trois-Kivières  et  mort  de  M.  Du- 
plessis,  gouverneur. — Nouvelles  de  France  re- 
çues par  Melle.  Mance 81 

De  1652  à  1663. — Combat  à  Montréal  du  14e  Cet. 
1652:  M.  Closse  et  24  Français  défait  200  Iro- 
quois :  éloge  de  M.  Closse. — Plaisante  aventure 
d'une  barque  venue  de  Québec  à  Montréal — 
Melle.  Mance  va  à  Québec — Le  P.  Poncet  pri- 
sonnier.— Blocus  de  Trois-Rivières. — Il  est  levé 
et  comment. — Paix  fourrée. — Arrivée  de  M.  de 
Maisonneuve  avec  100  hommes. —  Nouvelles 
qu'il  donne  à  Melle.  Mance  d'après  une  entre 
vue  avec  Mme.  de  Bullion. — Arrivée  de  la 
Sœur  Bourgeoys  ;  éloge  de  son  Institut. — M.  de 
St.    André 85 

De  1653  à  1654. — On  bâtit  l'église  de  rh6i)ital  et 
autres  biitiments. — Gervais. — Melle.  Mance  ren- 
tre dans  son  hôpital,  qu'elle  n'habitait  plus 
depuis  1651 104 

De  1654  à  1655. — Sentinelle  enlevée  par  un  Iro- 
quois. Combat  entre  La  Barriffuc  et  M.  Closse. 


291 

La  Barrique  blessé  et  prisonnier  :  il  contribue 
plus  tard  à  la  paix. — M.  Le  Moyne. — La  Plume. 

Combat. — Paix. — Echange  de  prisonniers 106 

De  1655  à  1656. — G-râce  à  la  paix,  on  avance  consi- 
dérablement les  habitations. — Les  Iroquois  en 
guerre  avec  les  Outaouais. — Meurtre  du  P.  Grar- 
reau. — M.  de  Maisonneuve  va  en  France  sollici- 
,  ter  des  Prêtres  de  M.  Olier. — M.  Closse  com- 
mande en  son  absence...... " 113 

De  1656  à  1657-. — Melle.  Mance  se  casse  un  bras. — 
Arrivée  de  l'Abbé  de  Queylus  et  de  3  autres 
prêtres  de  St.  Sulpice  :  leur  réception  à  Québec. 
—Mort  de  M.  Olier 117 

De  1657  à  1658. — Assassinatà  Montréal  par  les  Iro- 
quois.— Légende. — M.  Dupuy  à  Montréal  avec 
50  Français  venant  d'Onontagué. — L'Abbé  de 
Queylus  résidant  à  Montréal. — Melle.  Mance 
parle  de  passer  en  France. — M.  de  Queylus  fait 
venir  2  Hospitalières  de  Québec  :  explications 
mensongères. — Départ  de  Melle.  Mance 122 

De  1658  à  1659.— Terres  de  St.  Gabriel  et  de  Ste. 
Marie  établies  par  le  Séminaire  aux  deux  extré- 
.  mités  de  l'habitation. —  Melle.  Mance  en  France: 
nouvelle  à  son  sujet  :  sa  guérison  miraculeuse. 
— Conférences  de  Mgr.  de  Pétrée  avec  les  Asso- 
ciés de  Montréal. — Chute  de  Melle.  Mance,  sans 
suite  pour  son  bras  guéri. — Trois  Sœurs  hospi- 
talières de  la  Flèche  sont  désignées  pour  Mont- 
réal :  oppositions  faites  à  leur  départ  surmon- 
tées.— Melle.  Mance  s'embarque  à  la  Rochelle 
avec  elles,  2  prêtres  de  St.  Sulpice,  la  Sœur 
Bourgeoys  et  22  filles  pour  la  Colonie. — Arrivée 
de  Mgr.  Pétrée  dans  un  autre  vaisseau. — Départ 


292 

de  l'Abbé  de  Queylus  pour  France. — Arrivée  de 
M.  de  Belestre. — Le  vaisseau  de  Melle.  Mance 
infecté 128 

De  1659  à  1660.— Le  Sr.  Dollard  engage  16  autres 
Français  à  le  suivre  en  parti  de  guerre  contre 
les  Iroquois. — Ils  vont  au  pied  du  Long-Sault 
delà  Rivière  des  Outaouais  pour  y  attendre 
l'ennemi. — Ils  y  sont  joints  par  4  Algonquins 
et  40  Hurons. — Cernés  ensuite  dans  leur  fort 
par  800  Iroquois  et  abandonnés  par  tous  les 
Hurons  à  la  seule  exception  d'Anontaha,  leur 
chef,  les  17  Français,  et  les  Algonquins  soutien- 
nent un  siège  de  8  jours. — Le  Fort  est  enfin 
emporté. — Dispositions  que  prend  M.  de  Mai- 
sonneuve,  à  la  nouvelle  de  la  défaite  du  parti 
de  guerre  français. — Mort  et  ebsèques  de  Mr. 
D'Ailleboust  à  Montréal  :  son  éloge. — Mort  de 
M.  de  la  Dauversière  en  France 142 

De  1660  à  1661. — Les  Iroquois  à  Montréal  en  jan- 
vier, février  et  mars  1661  :  ils  tuent  ou  enlèvent 
33  français. — Courage  de  Beaudoin,  Gadois  :  la 
femme  Duclos  et  Le  Moyne. — Détails  du  meur- 
tre de  M.  Le  Maître,  prêtre,  tué  par  les  Iroquois  : 
merveille. — L'abbé  de  Queylus  à  Montréal 
inroirnito  :  on  le  fait  repasser  en  France 155 

De  1661  à  1662. — Plusieurs  attaques  des  Iroquois. — 
Bâtisse  du  1er  Séminaire. — Détails  sur  le  meur- 
tre de  M.  Vignal,  ptre.,  à  Vlle-à-la-piejre,  vis-à- 
vis  Montréal. — Mr.  Briirard  fait  prisonnier  :  son 
courairo,  sa  mort  eruelle  à  (  )nneyouth. — Combat 
du  7  fev.  1662,  où  Mr.  Clo.sse  est  tué. — Combat 
du  6  mai  à  la  maison  Sfe.  Marie. — Mr.  de  Be- 
lestre.— M.  de  la  Vicrno 162 

De    1662   à    1663. — Vovage    de    Melle.   Mance    en 


293 

France,  à  l'occasion  de  la  mort  de  M.  de  la 
Dauversière.  —  Marie  des  Neiges  et  2  an- 
tres petites  sanvagesses  élevées  à  la  Congréga- 
tion    171 

De  1663  à  1664.— Messrs.  de  St.  Snlpice— Seigneurs 
de  l'île  de  Montréal  :  ils  en  prennent  posses- 
sion.— Mr.  Talon  leur  rend  le  droit  de  Justiciers, 
qu'on  leur  avait  d'abord  ôté. — Craintes  et  gène 
qu'inspirent  les  Iroquois. — Courage  et  services 
de  M.  Jacques  Le  Ber. — Melle.  Mance 

De  1664  à  1665. — M.  Le  Moyne  étant  à  la  chasse,  à 
l'île  Ste.  Thérèse,  est  surpris  par  les  Iroquois, 
qui  le  font  prisonnier  :  inquiétude  à  son  sujet  : 
il  est  ramené  à  Montréal. — Compliment  fait  à 
sa  femme. — Arrivée  de  troupes  à  Montréal. — 
M.  de  Maisonneuve 176 

De  1665  à  1666.— Expéditions  de  MM.  de  Courcel- 
le,  de  Sorel  et  de  Tracy  en  1666  contre  les  Iro- 
quois.—MM.  Le  Moyne,  D'Ailleboust,  De  Haut- 
mesny  et  de  St.  André  marchent  dans  ces  expédi- 
tions avec  des  habitants  de  Montréal  :  éloge  de 
ces  milices. — L'auteur  suit  M.  de  Tracy  comme 
aumônier. — Il  plaisante  sur  lui-même  et  sur  quel- 
ques autres 179 

De  1666  à  1667.— Voyage  de  M.  Frémont,  ptre.,  à 
Trois-Rivières  :  incidents. — L'auteur  va  avec 
fatigue  et  danger,  au  fort  Ste.  Anne  dans  l'île  à 
Lamotte,  lac  Champlain. — Il  sauve,  avec  l'aide 
de  M.  Darienne,  un  soldat  tombé  à  l'eau. — 
Sa  réception  au  Fort  :  maladie  et  mortalité 
parmi  la  garnison. — Le  poste  est  ravitaillé  :  cha- 
rité de  l'auteur  envers  les  malades. — Conduite 
honorable  et  humaine  du  chirurgien  Forestier. 
Testaments  des  malades  :   leur  conduite   chré- 


294 

tionno. — Vie  de  ruuiour  au  fort  Ste.  Anne. — Le 
Bâtard  Flamand,  chef  Agnier. — MM.  de  Tracy 
et  Talon  à  Montréal  :  belle  et  louable  con- 
duite de  ce  dernier  Intendant, — M.  Souart  va 
en   France 183 

De  1667  à  1668 — Nom  de  La  Chine  donné  à  l'une 
des  côtes  de  Montréal. — Arrivéede  4  Sulpiciens, 
compris  l'abbé  de  Queylus. — M.  de  Fénélon  et 
M.  Trouvé  vont  étaV>lir  une  mission  Iroquoise  à 
la  baie  de  Quinte. — Les  troupes  repassent  en 
France. — Réflexions  politiques  de  l'auteur 194 

De  1668  à  1669.— M.  Barthélémy,  ptre.  Sulpicien, 
hiverne  dans  le  bois  avec  les  Algonquins,  pour 
apprendre  leur  langue. — L'auteur  et  M.  de  Ga- 
linée  nommés  par  M.  de  Queylus  pour  aller 
porter  l'évangile  à  7  ou  800  lieues  d'ici. — M.  de  la 
Salle  se  joint  à  eux.  Ils  partent  le  6  juin  1669..  197 

De  1669  à  1670. — L'auteur,  parlant  du  voyage  qu'il 
a  fait  avec  M.  de  Galinée  en  1669,  renvoie  à  la 
relation  que  ce  dernier  en  a  faite. — Mr.  Perrot 
gouverneur  de  Montréal 199 

De  1670  à  1671. — Prisonniers  rendus  et  amenés  à 
Montréal  par  les  Iroquois. —  Filles  Sauvages 
mises  à  la  Congrégation. — La  Princesse  de 
Conti. — Traite  de  l'eau  de  vie  :  réflexions  con- 
tre.— M.  de  Courcelle  à  Montréal. — Son  voyage 
en  bateaux  au  lac  Ontario  :  il  y  est  accompa- 
gné par  MM  Perrot,  de  Loubiat,  de  Varenne, 
Le  Moyne,  de  la  Vallière,  de  Normanville  et 
autres. — L'auteur  est  du  voyage. — Services  du 
sergent  Champagne. — Mad.  Perrot  à  Montréal. 
— Mort  et  éloire  de  de  Mr.  Dominique  Galinier, 
ptre.  de  Montréal. — Départ  pour  France  de 
l'Abbé  de   Queylus  et  de  Messrs.  D'Alet  et  de 


295 

G-alinée 200 

De  1671  à  1672. — De  la  longé^-ité  chez  les  femmes, 
en  Canada. — De  la  facilité  donnée  à  leurs  ma- 
riages.— Des   fréquentes   évasions  d'un  certain 
prisonnier  d'entre  les  mains  de  ses  gardiens...   206 
Abrégé  de  la  Mission  de  Kenté  pris  d'une  lettre  de 

M.  Trouvé 209 

Lettre  de   Mr.   de  Courcelle  Gouvr.  à  Mr.  Perot 

Curé  de  Montréal 223 

Appendice  No.  I 225 

"  No.  II 227 

No.  III 228 

No.  IV 229 

No.  Y 229 

No.  YI 230 

No.  YII 230 

No.  YIII 231 

No.  YIII  6es 232 

No.  IX 233 

No.  X 234 

No.  XI 235 

No.  XII 239 

No.  XIII 240 

No.  XIV 241 

No.  XV 242 

No.  XVI 243 

No.  XVI  où" 250 

No.  XVII 252 

No.  XVII />/.s- 255 

No.  XVIII 259 

No.  XIX 260 

No.  XX 263 

Addenda 265 

Table  Alphabétique  des  noms 285 


ERRATA. 

Page  204,  Note  3  :  Galinée,  lisez  G-alinier. 

Il  s'est  glissé  quelques  autres  fautes  d'impres-ion  que 
le  lecteur  pourra  facilement  corriger. 


OFi^lCîlKllW 


SOCIETE  HISTORIQUE  DE  MONTREAL. 


['ATK0N8   : 

Sih  (.    K    (JAHTIEH  ET  lIIon.  J.  (J    CHaUVEAU. 

PRÉSIDENT: 

M    L'Abui!:  h.  a.  VERUKAU. 

Vice-PréKidenI  :  Son  Hon.  M.  lk  Juge  BKAUDRY, 
Secrétaire:  H.  BELL,EMARE,  Ecuier. 
Trésorier:  W.  MAHCIIAND,  Ecuier, 
Bibliolliôcairij:  L.  A.  H.  LATOUM,  Ecuier, 
Assistant-Secrétaire:  J.  R.  DANIS,  Ecl-jer, 


IVIEMOIEES 


r  f 


SOCIETE  HISTORIQUE 


DE   MONTREAL. 


CINQXJliï^MiE  lL,IVrtAISOIV. 


REGNE   MILITAIRE 


CA^NA_r)^. 


MONTREAL  : 

DES    PRESSES    A    VAPEUR    DE    LA    MINERVE 

RUE   ST.    VINLlîNT,    lô. 
1870 


REGNE  MILIÏAIRI-:  EN  CANADA 


or 


ADMINISTRATION  JUDICIAIRE  DE  CE  PAYS 


PAR     LES    ANGLAIS 


DU  8  SEPTEMBRE  1760  AU  10  AOUT  1764 


JIAWUSCBITS    BECUEILLIS    ET  ANNOTES 


LE  COMMANDEUR  J.  VIGER. 


TO^klE     1er. 


UN  MOT  D'AVIS  AU  LECTEUR. 


Quoique  les -SVa;  LeUres  nmv-ànies  aient  déjà  vu  le  Jour, 
je  crois  néanmoins  ne  pouvoir  me  dispenser  de  les  re- 
produire ici.  Elles  ont  été  publiées  en  1827,  de  Jan- 
vier à  Juin,  dans  la  "  Bibliothèque  Canadienne,  ''  sous 
le  titre  de  Matériaux  pour  P Histoire  du  Canada.  Il  n'est 
que  juste  que  je  lasse  connaître,  aujourd'hui,  les  deux 
habiles  et  zélés  collaborateurs  qui  ont  bien  voulu,  dans 
le  temps,  venir  à  mon  aide,  et,  joignant  leurs  découvertes 
aux  miennes,  contribuer  aussi  puissamment  qu'ils  Font 
fait,  à  jeter  de  la  lumière  sur  cette  période — alors  si  peu 
connue — de  notre  Histoire. 

"  Le  Règ-fie  Militaire  "'  est  le  nom  populaire  sous  le- 
quel nos  pères  ont  cru  pouvoir  désigner  la  période  des 
quatre  années  qui  ont  suivi  la  prise  de  Montréal  et  la 
conquête  du  Canada  par  les  Anglais,  c'est-à-dire  l'espa- 
ce compris  entre  le  8  septembre  1760  et  le  10  août  17H4. 

Quoique  possédé  militairement,  durant  tout  ce  temps, 
par  ses  vainqueurs,  le  pays  néanmoins  fut  régi  par  eux 
d'après  les  lois,  formes  et  usages  qui  y  avaient  prévalu 
sous  les  Français,  au  moins  quant  au  civil.  Mais  comme 
l'administration  judiciaire  fut  remise  entre  les  mains  des 
Officiers  de  Milice  et  des  Troupes  Britanniques,  par  suite, 
peut-être,  de  ce  que  la  plupart  des  hommes  de  loi  étaient 
alors  passés  en  France,  il  dut  se  commettre  plus  d'un 
acte  arbitraire  de  la  part  de  juges  aussi  peu.  ou 
aussi  imparfaitement  maîtres  des  lois  du  Canada  ;  de  là, 


^aiis  doute,  le  nom  <l.»ini.-  par  nos  aiicétivs  à  cette  courte 
période  de  notre  hisK.ire.  Voilà,  je  crois,  toute  l'intro- 
duction que  demandent  la  correspondance  publiée  en 
isJT  »'t  les  documens  inédits  qui  la  suivent,  .s'étendant 
enseml)b'  au-delà  di*  <»'  i>remier  volume. 

.1    VKIKK 
Montréal,  1er.  Mars  lH4ô. 


MATERIAUX 

POUR 

L'HISTOIRE   DU   CANADA. 


I. 

M.  BiBAUD, 

Depuis  que  la  Bibliothèque  Canadienne  est  commencée, 
vous  avez  souvent  invité  vos  abonnés  et   ceux  qui  ne  le 
sont  pas  à  devenir    vos   collaborateurs  à  cet  intéressant 
Journal.  Cet  appel  a  été  suivi  d'un  succès  assez  flatteur, 
pour  devoir   vous  encourager  dans  la  tâche  patriotique 
que  vous  vous  êtes  imposée  "  d'accueillir  et  faire   con- 
naître les  talents  de  votre  pays.  "  Chacun,  devinant  votre 
pensée,  s'est  empressé  de   répondre  à  votre   invitation, 
en  vous  adressant  des  Essais  littéraires  de  tous  genres,  en 
vous  communiquant  même  des  Manuscrits,  t^r.  Des  com- 
mencements aussi  heureux  doivent  vous  faire  présager 
un  certain  succès   pour   votre  journal,    comme    ils   de- 
vraient, il  semble,  porter  ceux  de    vos    concitoyens  qui 
ne   l'ont   pas   fait    encore,    à  contribuer    de    tous    leurs 
moyens  à  le  rendre  de  plus  en  plus    utile    et    honorable 
pour  le  pays   et  propre  à  faire  naître  chez  l'étranger  (  où, 
tel  qu'il  est,  il  a  déjà  reçu  un  accueil  favorable  ),  une  idée 
avantageuse  de  vos  compatriotes.  Qui  peut  douter,  sous 
ce  dernier  rapport,  que  les  écrits  politiques  de  votre  cor- 
respondant D.  (1),  toujours  reconnaissable    quoiqu'il   ne 
signe  pas  toujours,  ne  soient  capables  d'ajouter    ô  la    ré- 


(li  Llloii.  I).  B.  ViL'..^r. 


8 

putatioii  (!«'  votro  journal  ^ Pourtant,  il  a  un  dé- 
faut, «lUf  i»'  ne  lui  druuiscrai  pas  il    n't'*«rit  pas  assez 

souvent  sur  ce  sujet.  (|u'il  traite  avec  autant  d'haliileté 
(juc  ([•'   sa\(>ir. 

\'(>UN  tloniu'Z  à  vos  IccltMirs  uiu'  •  Histoire  du  Cana- 
da '  :  il  est  l)i«'n  connu  (juc  M.  livr/lir/n/  iyArfi<^/éi/  a 
dcjà  ras.seniblc  de  nombreux  matériaux  sur  le  même 
Kujet,  et  que  le  Dr.  Jtirtptes  Ltibric,  (jui  prépare  aussi  une 
histoire  de  ce  pays,  en  était,  au  mois  d'août  dernier,  ren- 
du à  réi>o(|ue  de  la  con(|uét»'  Quelles  consolantes  ré- 
flexions CCS  entreprises  des  l'hiftinls  du  sol  ne  sont-elles 
pas  proi>res  à  iaive  naître  dans  1<'  ctriir  de  tous  les 
Canadiens  ? 

Qui'lques  soins  que  vous  et  ces  Mc.ssi»'urs,  vous  vous 
soyez  donnés,  quelques  recherches  que  vous  ayez  pu 
laire.  n"est-il  jjas  à  craindre,  que  vous  ne  soyez  pas  eu 
possession  de  tous  les  matériaux  nécessaires  pour 
<-omi>léter  rédilicc  dont  vous  ave/  eu  le  mérite  de 
concevoir  le  plan  et  d'entreprendre  la  construction? 
QuicoïKjue  a  les  plus  petits  moyens  de  v(»us  aider,  doit 
s'empresser  de  seconder  vos  uénéreux  ellbrts.  Pour  moi, 
je  suis  prêt  à  commencer,  de  ce  jour  ;  en  vous  faisant 
part  de  ce  (|ue  la  tradition  m'a  appris,  i-u  \ ous  conimu- 
nifjiiaiit  (juejijiies  piil)lications  aneinuics  (mi  i)i'u  con- 
nues au  i)ays,  en  vous  adressant  des  extraits  de  quel- 
qiu's  Mémoires  et  autr«'s  Maintscrils  aux([Uels  je  j)uis 
avoir  accès,  ou  dont./r  .s// /.s  seul  en  j/ossessio/t.  Parlez,  M. 

l)il»au(l,  et /n//s  mes  Irésors  sont  à  \'otre    dispositi(»n  : 

mais  au  moins,  (jue  crhii  <jui  le  peut,  en  lasse  autant 
<|U«'  moi. 

Les  quatre  années  (jui  suivirent  immédiatemenl  la 
con(iuéte  du  Canada,  forment  une  période  vuljyairement 
connu»-  sous  le    nom    de     Rè'^i  c  Dlililairt  :   parce  que 


durant  tout  ce  temps,  la  justice  fut  administrée  par  des 
tribunaux  auxquels  présidèrent  des  Officiera  de  Milice  et 
momo  de  l Armée,  qui  pourtant  devaient  juiivr  d'après 
leii  /ois,  farines  et  t/sa<:;-es  du  pays,  niais  qui  n'<'n  étant  pas 
trop  instruits,  comme  on  le  peut  aisément  supposer,  du- 
rent plus  d'une  fois,  s'en  éloigner  pour  suivre  l'arbitrai- 
re, ou,  suivant  eux  sans  doute,  /'équité.  Je  vous  dirai 
d'abord  ce  que  la  tradition  et  l'histoire  nous  ont  conser- 
vé de  cette  époque  relativement  à  ces  tribunaux,  et 
vous  donnerai  à  la  suite  un  document  historique  inédit 
qui  a  particulièrement  rapj)ort  à  leur  organisation  pour 
le  Gouvernement  de  Montréal,  du  13  octobre  1761  au 
10  août  1764.  Je  pourrais  le  faire  suivre,  si  vous  le  trou- 
viez bon,  de  12  à  15  autres  pièces  ég'alement  inédites  et 
authentiques,  qui  se  rattachent  toutes  à  l'administration 
de  la  Justice,  durant  cette  période,  dans  le  Grouverne 
ment  particulier  de  Montréal 


DU  REGNE  MTLrTAIRE. 


l'KNDAN  r 


Les  Quatre  Années  on  on  r  scivt  la  Con- 
quête DU  Canada.   1760 — 64. 


Toute  personne  instruite  tk  l'histoire  de  ce  pays  sait 
({u'après  la  reddition  de  Montréal  aux  armes  anglaises, 
le  8  septembre  1760,  et  la  réduction  du  Canada  qui  en 
fut  la  suite,  Sir  Jeffery  Amheraf.  Lient.  Grénl.  et  Com- 
mandant en  chef  des  Forces  britanniques  de  l'Amérique 
du  Nord,  avant  son  retour  à  New-York,  divisa  la  partie 
habitée  du  Canada  en  troin  GonvernemenU  militaires, 
savoir,  ceux  de  Québec,  de  Monfréa/  et  des  Trots-Rivières  ; 
— qu'il  nomma  pour  Gouverneurs,  au  1er.,  le  général 
James  Murray,  au  2d.,  le  général  Thomas  Gage,  et  au 
8e.,  le  Colonel  Hal])h  Burton  ; — qu'il  établit  dans  ces  gou- 
A''erner.ients  des  tribunaux  ti^uns  et  ])résiJ'Vs  par  les  offi- 
ciers de  milice,  qui  devaient  juger  souverainement  tous 
procès  civils  et  criminels  portés  devant  eux,  avec  appel 
aux  gouverneurs, — et  que  t^a  Majesté  en  approuvant,  plus 
fard,  les  arrangements  de  Sir  Jeffery  voulut  qu'ils  eus- 
sent force  et  effet  jusqu'à  la  paix,  et  à  l'établissement 
d'un  gouvernement  civil  au  pays,  si  le  Canada  devait 
demeuier  à  l'Ano-leterre. 


12 

La  tradition  et  Mr.  Smif/i  (1)  sont  parlaitomont  d'ac- 
cord sur  tout  ce  que  je  viens  de  dire,  mais  Rai/nol  difl'é- 
raiit  sur  lini  de  ces  points,  je  reviendrai  tout-à-rheure 
à  cet  historien. 

On  sait  encore  que  le  Canada  ayant  été  cédé  à  l'Angle- 
terre par  letraité  déllnitilde  paix  du  10  lévrier  17G3  (2) 
dont  les  ratifications  lurent  échang-ées  le  10  mars  sui- 
vant, la  paix  lut  proclamée  à  Westminster  et  à  Londres 
le  20  du  même  mois  ; — qu'information  officielle  de  cette 
cession  lut  donnée  aux  habitants  de  la  colonie,  au 
moins  à  ceux  du  gouvernemenl  de  Montréal,  le  17 
mai  de  la  même  année,  par  une  proclamation  du  Gou- 
verneur Gage  (3)  ; — et  que  celle  du  K(n  George  III,  divi- 
sant les  nouvelles  possessions  de  l'Angleterre  en  quatre 
gouvernements  civils,  (ceux  de  Québec,  d(^  la  Floride 
orientale,  de  la  Floride  occidentale  et  de  hi  Grenade,)  ne 
sortit  et  ne  l'ut  publiée  à  Londres  que  le  7  octo})re  1763. 

Quoique  la  nouvelle  de  la  cession  du  Canada  à  l'An- 
gleterre eût  été  signifiée  aux  (  'luuiibres  dr  .lnslice  de 
Montréal,  le  17  mai  1763,  comme  je  viens  de  le  dire, 
et  qu'on  pût  croire,  dès  lors  (  d'après  ce  i{\\\  a  été  dit 
plus  haut  )  qu'au  <^ouvernemen(  tnililaire  allait  immédia- 
tement succéder  le  gouvernemenl  tiri/,  néanmoins  la  l'or- 
me de  l'administration  du  pays  et  de  ses  divers  tribunaux 
ne  lut  pas  en  même  temps  changée.  Les  C/ianibres  de  Jus- 
tice établies  le  13  octobre  1761,  (  Voir  l'Ordonnance  ci- 
après  ),  continuèrent  d'exister  jusqu'au  10  août  1764 
(4);  et  les    Cours   civiles    qui   les   remplacèrent    ne    leur 


(1)  Ilislnry  ol  Canada,  QiU'boc,  ,1.  Nfilson,  181.'},  2  V.  in  8. 

{1]  lia  sipnatiirp  dps  arliclfs  itn'liminairos  do  la  paix  est  du  .1  novonibro 
1762,  à  Fonlaincîblcau. 

(3)  ('••llf  proclamation  (  qiio  j'ai  maimscrit»»  >  fnt  adr<'.«s*''o  danslo  temps 
jiar  le  Gouverneur  (iage  aux  Cltamhrrs  dr  Juslice  Sfuli-ment  :  c'est  ainsi 
qu'on  appelait  Ifs  (iours  d'alors  dans  li-  (janverncnieiil  de  Mnnirval. 

i4)  V.  l'Ordonnance  du  Gouverneur  et  Conseil  du  20  septembr»-  1764. 


13 

furent  substituées  que  le  17  septembre  de  la  même  an- 
née, par  l'Ordonnance  de  cette  date  du  général  Murray 
et  de  son  Conseil,  établissant  des  Co?irs  du  Banc  du  Roy 
et  desPlaidoyers  communs. 

Ce  délai  peut  s'expliquer  ainsi.  Le  Major-général 
J.  Murray  avait  été  fait,  il  est  vrai,  '  Capitaine-général 
et  Grouverneur  en  chef  de  la  Province  de  Québec  ",  le 
21  novembre  1763  ;  mais  il  ne  reçut  et  ne  publia  sa  com- 
mission en  Canada,  que  le  10  août  1764  :  il  est  donc  pro- 
bable que  quoiqu'il  dût  connaître  depuis  longtemps  la 
cession  faite  du  Canada  à  l'Angleterre,  il  ne  se  crût  pas 
autorisé  à  rien  changer  de  l'administration  du  pays, 
avant  qu'il  eût  reçu  les  instructions  de  Sa  Majesté,  et  pu- 
blié sa  commission. 

Tels  sont  à-peu-près  les  seuls  détails  connus,  ou  du 
moins  constatés  par  des  pièces  officielles,  qui  ont  rap- 
port au  Règ-nemilifaire.  Revenons  maintenant  à  Raynal, 
et  parlons  des  documents  ignorés  et  conservés  dont  la 
publicité  pourrait  jeter  une  plus  grande  lumière  sur 
cette  période  de  notre  histoire. 

J'ai  dit  plus  haut  que  l'Abbé  Kaynal  différait  sur  nn 
seul  point  avec  la  tradition  et  Mr.  Smith  :  c'est  sur  la 
composition  des  tribunaux  établis  par  Sir  Jefïery  Amherst 
immédiatement  après  la  prise  de  Montréal.  En  effet,  cet 
écrivain  dit,  en  parlant  de  ces  tribunaux  :  "  C'étaient  des 
Officiers  de  troupes  qui  jugeaient  les  causes  civiles  et  cri- 
minelles à  Québec  et  aux  Trois-Rivières,  tandis  qu'à 
Montréal  ces  fonctions  augustes  et  délicates  étaient  con- 
fiées à  des  Citoyens.''  (1) 

Malheureusement,  je  n'ai  point  l'Ordonnance,  ou  la 
Proclamation  (je  ne  sais  quel  nom  lui  donner  )  de  Sir 
Jeffery,  établissant  l'ordre  de   choses  qui    a   existé  par 

(l)Hist.  Philos.  T.  VIII.  Edition  corriif<'^e  de  1780. 


! 


u 

tout  1«»  pays,  ou  si'uU'mi-nt  à  Moutit'al,  <'ntr»'  lo  H  sept. 
1760  et  le  18  oct.  17H1.  Il  est  clair.  m«Mne  d'après  le 
préambule  de  !'(  )i(loiniaiuM'  de  ectt»'  dernière  date,  que 
dans  ee  uouverm'int'iit  au  inoins,  ou  a  lait  (juelque  chan- 

îjement  à  l'ordre  de  choseK  existant  avant    ITtil Quel 

♦'•tait-il  donc  ?  La  publication  de  l'Ordonnance  de  Sir 
Jettery  pourrait  seule  donnrr  la  réponse  à  cette  ques- 
tion ;  et  s'il  est  possible  de  le  découvrir,  on  doit  sen- 
tir combien  il  serait  désirable  de  publier,  en  toutes 
lettres,  ce  document  intéressant,  la  première  loi  que 
nos  pères  reçurent  d«'  leurs  vainqueurs.  Et  comme  Ray" 
nal  est  à-peu-près  le  .»,eul  historien  qui  ait  écrit  sur  cette 
époque  de  notr»'  histoire,  il  serait  aussi  facile  qu'impor- 
tant de  redilier  rerreur,  s'il  y  est  tombé,  parla  publica- 
tion d'un  document  historique  qui  doit  exister  en  Canada. 
Au  rt'ste.  r(>rd(»nnance  de  Sir  .Tetiéry  (  relativement  au 
irouvcrucnient  d»*  Montréal  ),  ne  ])eut  être  nécessaire 
que  pour  (  oiistater  quelle  a  été  la  forme  de  l'adminis- 
tration judiciaire  du  H  septembre  1700  au  13  octobre 
ITtjl  ;  car,  à  com])ter  de  cette  dernière  date  jusqu'au  10 
août  1704,  les  dociiiiieiits  oHiciels  que  je  possède  ne  lais- 
sent amuii  (loiite  Mir  la  numiére  dont  la  justice  a  été  ad- 
niiiilNtiie  dans  Cl*  i»ou\  enienieni. 

Le  pius  lnii)ortant  de  ces  «locuments  historiques  est, 
sans  contredit.  lOriloinninrp  tlii  (îonvrrfffttr  (Taire  i/ h  \H 
nr/dhrf  1701.  Le  motif  (jui  y  donna  lieu  fait  sans  doute 
l'éloi^e  du  (îéiicial  ;  mais  les  détails  (hnis  les(jU(.ls  elle 
entre  sur  la  <livisi<»n  du  uouvernement  de  Montréal,  en 
ein(|  jurisdictiojis  civiles  et  criminelles  j>our  les  canipa- 
içnes,  indépendamment  de  celle  de  la  ville  ;  sur  les  cours 
d'appel  ambulante.^,  qu'elle  établit  ;  sur  la  classe  (non  équi- 
vo(jue.  )  de  citoyens  (ju'elle  app<»lle  à  composer  les 
'•  C'hambre>  de  .lustice.  "  comme   elle  les  nomme  :  tout 


15 

en  la  rendant  précieuse  pour  l'historien  et  curieuse  pour 
l'habitant  du  pays,  doivent  en  l'aire  surtout  désirer  la  pu- 
blication, dans  un  moment  où  notre  compatriote,  M.  L. 
Piamondon,  avocat  aussi  éclairé  qu'orateur  distingué, 
paraît  s'occuper  d'approfondir  en  particulier  V Histoire 
légale  du  Canada  (1). 

Je  vous  dois  peut-être  et  à  vos  lecteurs,  M.  Bibaud,  un 
mot  sur  la  soiirce  à  laquelle  j'ai  puisé  le  document  his- 
torique que  je  vous  envoie  aujourd'hui.  Je  l'ai  copié, 
ainsi  que  quelques  autres  dont  je  vous  ai  dnjà  fait  offre, 
d'un  des  Registres  (bxiem.^^  :  ils  sont  donc  authentiques. 
Chacune  des  cinq  Chambres  de  Justice  de  campagne  éta- 
blies par  l'Ordonnance  ci-dessous  transcrite  tenait  un 
semblable  registre,   dont  voici  le  titre  :  "  Registre  de  la 

"  Chambre  de    Justice   de établie  par  son  Excel- 

"  lence  Monsieur  Thomas  Grage,  Gouverneur  de  Mon- 
"  tréal  et  de  ses  dépendances,  &c.,  le  13  octobre  1761. 
"  par  son  Ordonnance  enregistrée  sur  le  dit  registre,  sur 
''  la  page  numérotée  et  paraphée  première  page,  par  un 
"  des  Capitaines  de  la  dite  Chambre."  En  marge  de  ce- 
lui qu'on  m'a  communiqué  (2)  sont  les  initiales  Fr.  G. 
initiales  du  nom  du  Capitaine  de  milice  François  Guy. 
Au  haut  il  est  écrit  :  "  1761,  1\  oct.,  "  et  immédiatement 
en  tête  de  l'Ordonance  est  le  signe  religieux  d'une  f 
On  n'y  parle  qu'vme  seule  langue,  le  Français 

Montréal,  1er.  Décembre  1826. 

-S.  II.  (3) 


(t)  M.  L.  Piamondon,  Avocat,  venait  d'ouvrir  à  Qué)ie>cun  Cours  de  lec- 
tures sur  le  Droit  du  Canada.  {  V.  Bibliot.  Canad.  T.  4.  p.  36.  i 

(2)  Ce  Registre  était  dès  lor.';,  comme  il  est  encore,  en  ma  possession  .:  c'est 
celui  de  la  Chambre  de  JuslUe  de  l.ongueial.  Je  le  tiens  avec  quelques  au- 
tres M^S.  anciens,  de  mon  ami  M.  P.  Gauthier,  notaire  à  Bouclierville. 

(3)  Pseudonyme  de  Jacques  Viger. 


16 

(JOUVEUNEME.NT  )  "   ^''-  ^'-   Exlmit   (1)  de   fOfdon^ 

DE  .        iianre  et  Règlement  des  Chambres  de 

MONTREAL.        ^       .Justice  du    Gouveinement  île   Mont' 

réul,  pur  S(tn   Exiellence    Monsieur 

TiidM  vs   (ÎACE,   d'uvrrneur    du  dit 

Monirval  it  ses  dépendanres,  &C. 

•  PAR  SON  EXCELLENCE  THO- 
MAS GAGE,  Gouvenu-ur  de 
Montréal  et  de  ses  dépeudau» 
ces,  &c.,  &:c.,  &c., 

'•  ^çavuii  :  Nouk  étant  l'ait  rendre  compte  de  1  état  ac- 
tuel de  l'administration  de  la  justice  dans  les  campagne» 
de  notre  Gouvernement,  et  recherchant  avec  zèle  le« 
moyens  de  la  rendre  j^Ius  pronij)Le,  ])1uh  aisée  et  moins, 
coûteuse  à  ceux  qui  seront  dans  l'obligation  d'y  recourir, 
— Nous  avons  lait  le  présent  Règlement  que  Nous  vou- 
lons être  suivi  et  exécuté  suivant  sa  forme  et  teneur. 

•  Notre  Gouvernement  sera  divisé  pour  l'administra- 
tion de  la  Justice  en  cinq  l^istricts,  que  nous  avons  pla- 
cés au  centre  des  campagn»;s  de  chaque  district,  afin  de 
faciliter  ceux  qui  seront  obligés  d'y  avoir  recours. 

'•  Pour  le  premier  District,  la  Chambre  d'Audience  se 
tiendra  à  la  Pointe-Claire,  t't  les  habitants  d»*s  Cèdres, 
Vaudreuil,  Isle  Perrault  (2),  Ste.  Anne,  Ste.  Gene- 
viève, Sault-au-Récollet,  La  Chine  et  St.  Laurent  seront 
justiciables  de  cett»*  Chambre. 

•  Pour  le  second  District,  la  Chamlire  d'Audience  se 
tiendra  à  Longueuil,  pour  les  habitants  de  Chambly,  ChA- 
teauguay,  La  Prairi»-.  Boucherville  et  "\'arennes. 

"  Pour  le  troisième  District,  la  Chambre  d'Audience 
se   tiendra  à  .S7.  Antoine,  pour  les  habitants  de  îSorel.  St. 


(Il  O  mol  veuliljrc  /''//»(>. 
(2)  Perroi. 


17 

Ours,  St.  Denis,  Contrecœur,  St.  Charles  et  Verchères. 
"  Ponr  le  quatrième  District,  la  Chambre  d'Audience 
^;^'  tiendra  à  la  Foinfe-iiux-Trei)ibles,po\u'  les  habitants  de  la 
Longue-Pointe,  la  Rivière-des-Prairies,  Ste.  Eose,  St.  Frs- 
<le  Sales,  St.  Yincent-de-Paule.  Terrebonne,  la  Mascou- 
che  et  La  Chênaie. 

*'  Pour  le  cinquième  et  dernier  District,  la  Chambre 
d'Audience  se  tiendra  à  la  Valtrie,  pour  l'Assomption,  La 
Nauraie,  Repentigny,  St.  Sulpice,  Berthier,  Isle  Dupas  et 
autres  isles  dans  cette  partie. 

"  Dans  chacune  de  ces  Chambres  il  s'assemblera  un 
corps  d'Officiers  de  Milice,  tous  les  premiers  et  quinze 
de  chaque  mois  ;  si  ces  jours  arrivent  Dimanche  ou  F  été 
l'audience  sera  remise  au  lendemain. 

"Ce  Corps  d'Officiers  de  Milice  sera  composé  au 
plus  de  sept  et  au  moins  de  cinq,  du  nombre  desquels  il 
y  aura  toujours  un  Capitaine  :  s'il  s'en  trou  voit  plu- 
sieurs, le  plus  ancien  présidera. 

"  Les  Officiers  de  Milice  de  chaque  District  s'assem- 
bleront avant  toutes  choses  dans  les  paroisses  ci-men. 
tionnées,  pour  le  24  octobre,  afin  de  régler  leurs  assises 
aux  Audiences  à  tour  de  rôles,  afin  qu'ils  se  trouvent 
toujours  à  leur  tour  le  nombre  de  sept. 

''  Chacune  Chambre  aura  soin  de  tenir  un  Registre 
numéroté  par  première  et  dernière  page,  paraphé  à  cha- 
que page  d'un  des  Capitaines  de  la  Chambre  ;  dans  le 
quel  registre  seront  enregistrés  tous  les  jugements  de  la 
dite  Chambre  et  les  Ordonnances  qui  seront  par  Nous 
rendues 

"  Lorsqu'il  conviendra  parvenir  à  quelques  ventes  par 
décrets  ou  retraits,  il  faut  qu'elles  soient  faites  dans  les 
manières  accoutumées. 

3 


'•  Dans  Ifs  aHiiircs  où  il  v  aura  ik  Li'.->it('  «l'avoir  dos 
témoins,  la  partit»  (|ui  succomln'ra  serateiiut»  d»'  les  payer 
à  raison  do  3  liv,  j)ar  jour,  ft  si  la  distanco  excède  •) 
lieuos,  les  dits  témoins  seront  payés  (J  liv.  par  jour.  Les 
plaideurs  de  numvaise  loi  seront  contraints  de  payer  les 
dépenses  de  leurs  parties  adverses,  suivant  l'arbitraire 
qui  en  sera  lait  par  les  dites  Chambres. 

"  Chacune  Chambre  est  aulori.sée  à  l'aire  i)aroitre  les 
dits  témoins  malgré  qu'ils  demeurent  dans  un  autre  dis- 
trict, à  peine  contr»'  chacun  des  témoins  qui  reluseroni 
d'obéir,  de  ô  piastr»»s  d'amende  pour  la  1ère  lois,  et  de 
10  en  cas  de  ré<  idive. 

•  Lorsqu'il  y  aura  des  procès  entre  des  particuliers  de 
différents  districts,  le  demandeur  s'adressera  à  la  Cham- 
bre d'où  dépendra  le  défendeur. 

"  Nous  exceptons  cependant  les  habitants  de  Mont- 
réal, à  qui  Nous  conservons  le  privilég-e  de  faire  venir 
à  leur  Chambre  les  particuliers  des  campag-nes. 

"  Nous  fixons  le  délai  ])our  ai)pt'ler  des  juiienients  de 
chaque  Chambre  à  un  mois  du  jour  qu'ils  seront  ren- 
dus, passé  lequel  temps  tous  les  dits  ju<;-ements  seront 
exécutés  ;  en  conséquence  les  Officiers  des  Chambres 
assemblés  donneront  ordre  au  Cap  taine  du  perdant  de 
le  contraindre  par  corps  ou  par  saisie  de  ses  biens. 

"  Atin  de  décider  sur  les  ap]>els  qui  seront  faits,  Nous 
prévenons  que  tous  l(\s  vinirt  de  chaque  mois,  il  s'a«sem- 
Hlera  un  Consril  ffO(^in'prs  rfes  Trnufies  de  Sa  3/<^(/V.n7^,  sa- 
voir, un  à  Montréal,  pour  le  1er  district,  un  autre  à  Va- 
,enne>  pour  h»  2e.  et  3o.  district,  et  un  autre  à  St.  S'/l/n'rr 
pcmv  le  4e.  et   .îe.  district. 

"  Les  i>arties  qui  voudront  encore  ai>peller  du  jutre- 
raeni  des  dits  Olhciers,  seront  tenues  de  le  faire  dans  la 
quinzaine,  pardevant  Nous,  et  à  cet  effet  elles  remettront 


]9 

leurs  pièces  en  Notre  Secrétariat  dans  le  dit  délai,  lautc 
de  quoi  elles  n'y  seront  plus  reçues. 

"  Lorsqu'il  se  trouvera  dans  quelques  ]:)aroisses  des 
•uens  sans  aveu  ou  des  scélérats,  ils  seront  conduits  de- 
vant la  Chambre  du  district  où  ils  seront  pris,  laquelle 
les  condamnera,  soit  au  fouet,  prison  ou  amende,  suivant 
l'exigence  du  cas. 

"  S'il  se  commettoit  quelques  crimes  atroces,  comme 
assassin  (1),  viol  ou  autres  capitaux,  chaque  Officier  de  mi- 
lices est  autorisé  à  arrêter  les  criminels  et  les  complices  et 
les  faire  conduire,  sous  bonne  et  sure  garde,  à  Montréal 
avec  l'état  du  crime  et  la  liste  des  témoins. 

"  Lorsqu'il  s'agira  de  procès  qui  n'excéderont  pas  20 
liv.,  chaque  Officier  de  Milices  pourra  seul  les  décider, 
et  les  parties  ne  pourront  appeler  de  leurs  décisions 
qu'à  la  Chambre  du  District  seulement. 

"  Pour  indemniser  les  Officiers  de  Milice  des  Cham- 
bres de  chaque  district,  de  la  perte  de  leur  temps,  aban- 
don de  leurs  travaux,  entretien  de  leur  Chambre,  et  sub- 
venir aux  dépenses  d'icelles  pour  bois  et  chandelles  né- 
cessaires,— Nous  leur  allouons  ce  qui  suit  :  — 

"  La  partie  qui  aura  succombé  dans  un  procès  de  la 
valeur  de  20  liv.  jusqu'à  50  liv.,  payera  une  demi-piastre 
— depuis  50  liv.  jusqu'à  100  liv.,  une  piastre — depuis  100 
liv.  jusqu'à  250  liv.  une  piastre  et  demie — depuis  250  liv. 
à  500  liv.  deux  piastres  et  demie — -de  500  liv.  à  1000  liv., 
quatre  piastres — de  1000  liv.  à  3000  Ha.,  six  piastres — de 
8000  liv.  à  7000  liv.,  huit  piastres— de  7000  liv.  à  10,000 
liv.,  dix  piastres — et  au-dessus  de  10,000  liv.,  vingt  pias- 
tres. 

"  Les  amendes  que  les  particuliers  auront  encourues, 

■  I i)  Mot  employé  yoyiJ' os sassinat  dan>  Xous.  les  MS S.   du   temps   en    ma 
possession. 


•20 

l'autt»  d'avoir  satisfait  à  Nos  Ordoiiiiaiiccs,  lour  seront  al- 
louées. 

'■  C'haque  Chambre  uoninitra  un  trésorier  qui  touche- 
•ra  l'arj^ent  des  i)arties  et  des  ditos  amendes,  en  tiendr;i 
un  eompte  exact  et  en  rendra  compte,  tous  les  trois  mois, 
aux  olïiciers  des  dites  Chambres,  t'utre  lescjnels  le  total 
sera  p.irtaiçé  eu  éy;^ard  au  nombre  de  leurs  assises  aux  Au- 
diences, et  à  la  distance  du  chemin  qu'ils  auront  l'ait  : 
les  frais  de  l'entretien  dt'  b'ur  Chambre  préalabliMnenl 
déduits. 

"  Nous  ne  pouvons  trop  recommander  aux  dits  Olii- 
ciers  de  Milices  de  maintenir  le  bon  ordre  dans  leurs 
compag-nies,  d'accommoder  autant  qu'il  leur  sera  possi- 
ble tous  lesditl'érends  à  ramiablc.  enfin  de  tenir  la  main 
à  l'exécution  du  présent  Règlement,  lequel  sera  enre- 
gistré en  tête  de  leurs  Registres.  (1) 

MANDONS  que  Notre  présente  soit  hic.  publié»»  et  af- 
fichée es  lieux  accoutumés. 

"  Fait  à  Montréal.  le  18e.  octobre  ITtll.  Signé  de  No- 
tre main,  scellé  du  sceau  de  Nos  armes  et  contresigné 
par  Notre  Secrétaire. 

TIIOS.  GAGE 

■  J^(ir   >'f'//  K.rcrlleticr, 

G.  M.\TrKiN 


(l)  C]es  mots  m /f'/c  <i''  leurs  llnjislns  indiquant  bion  la  Ut»*  o)»«>rnlioii 
il'un  tribunal  <lo  noiivt^le  cnvifion.  Qwls  cUiifiil  donc  les  tribunaux  ant'- 
rieurein'rnl  tixislaiil»;  ?  La  I'rni:lainnliou  ou  Onlonuanc»'  di;  Sir.l.  .\nilior>r 
le  iW-ail  voir.  Il  l'sf  doii<-  birrià  d'^sir'-i'  qu'on  lar<Mid<*  publi<|U<*. 


21 


II 

M.  BiBAUD, — J'apprends  que  la  publication  de  mon 
premier  écrit,  ou  plutôt  de  V Ordonnance  et  Règlement  qu'il 
accompagne,  a  eu  le  bon  effet  de  piquer  la  curiosité 
publique  et  de  porter,  de  suite,  plusieurs  Messieurs  du 
Barreau  de  Montréal,  des  Trois-Rivières  et  de  Québec,  à 
faire  des  recherches,  dont  quelques-unes  ont  été  couron- 
nées du  plus  heureux  succès.  J'ai  déjà  reçu  de  Québec 
des  documents  précieux  relatifs  à  l'organisation  des 
Cours  de  Justice  de  ce  Gouvernement  {!),  durant  la  pé- 
riode entière  du  "  Règne  Militaire,  "'  et  qui  datent  d'aussi 
loin  que  du  31  Octobre  1760  :  je  vous  les  communique- 
rai prochainement. 

Je  ne  désespère  pas  de  recevoir  aussi  ceux  qui  ont 
rapport  au  Gouvernement  des  Trois-Rivières,  sans  trop 
oser  m'en  flatter  néanmoins. 

Quant  à  Montréal,  je  sais  qu'un  Monsieur  de  cette 
ville,  dont  la  modestie  égale  le  patriotisme  et  les  lumiè- 
res, et  que  sa  profession  rend  plus  propre  que  bien  d'au- 
tres à  traiter  ce  sujet,  a  également  eu  le  bonheur  d'a- 
voir dernièrement  accès  à  des  Registres  perdus  de  vue 
depuis  longtemps  (2).  Cette  découverte  le  mettra  à  mê- 
me, m.'a-t-on  dit,  de  fournir  quelques  renseignements 
sur  l'administration  de  la  justice  dans  ce  gouvernement, 
depuis  1760  jusqu'à  1761  :  c'est  exactement-là  la  partie 
du  Rèsçne  Militaire  qu'il  s'agit  de  faire  connaitre,  parce - 
que  l'absence  de  tous  documents  officiels  y  relatifs  la 
tient  encore  dans  l'ombre. 


(1)  Pai  M.  J.  F.  Pen-ault,  Protonotaire,  dès  le  ô  Janvier. 

(2)  M.  Dominique  Mondelet,  Avocat  alors,  et  maintonanl  .Jur/e  aux  Trois 
Riv. 


Pour  moi.  M.  Bilniud,  toul»'8  les  inrorniations  que  jr 
puis  vous  il»)un»»r  d»'  jilus.  aujourd'hui,  ft  toujours  rela- 
tiviMUont  au  CicuvrinpnifHt  th  Mtnitiinl,  consistent  en 
cf  (jui  suit  : 

Montréal  l'Ut  deux   (  î<>u\<i)ii'urN   dur.mt  le  rè'j'Uf  mi 
litaire. 

M.  Thomas  (raii«*.  iKannii-  aussitôt  ajtrès  la  reddi- 
tion de  Montr«''Ml.  le  lut  jns(ju'en  octi>lii<'    1T<!-"). 

Durant  ce  temps  il  publia  !>  (nf/otntanres,  '2  réi^lfineiit^ 
et  1  iniKlumaliun  :  je  parle  d'après  !••  titre  même  dos  piè- 
ces que  j'ai  en  ma  possession 

M.  lîalph  {Ra/f/iaë/)  Burtoii,  d'ahord  CJouverneur  des 
Trois-Kivières,  fut  nomme  à  Montréal  le  2^>  octobre  1763. 

ÎI  demeura  dans  cette  charufe  jusqu'au  10  août  1704  ; 
époque  à  laquelle  le  rèi^tte  //li/i/aire  cessa,  et  où  le  général 
.1.  Murray  tut  proclamé  "  (louverneur  en  chef  de  la 
Province  de  Québec.  " 

Durant  son  administration.  M  IWirtun  publia  :»  o/vA;//- 
iKiiires  et  1  iilnrunl. 

Vai\u\,  Maitre  Panet.  notaire,  lui  nommé  et  ai>il  com- 
me "  Cî-relHer  d»'  Montréal. 

Suivent  les  date,  titre  et  sommaire  des  diHérents  do- 
cuments plus  haut  mentionnés.  (1) 

S'il  est  aucune  de  ces  pièces.  M.  llibaiid.  qu'il  vous 
plaise  publier,  ou  que  qu<'l<|at.*  jurisconsulte  désire  con- 
naître pour  l'aider  dans  ses  rc(lier<hessur  Y  histoire  lé*^ole 
lia  CaïKidn,  et  ai)puyer  ses  opinions  sur  ce  sujet  intéres- 
sant, je  vous  l'ai  déjà  dit  et  je  vou^  !••  répet.',  elles  sont 
toutes  à  votre  di8positi<»n. 

Montré;)].  1er.  l"<vricr  1S:27. 

(1)  Ji-  ne  'TOis  pas  nrc''j»snire  d»-  n'copifr  i<i  cfU».'  lislr,  ^  u  qu'on  trouvera 
c>  s  pièces  IrHiiscritPs  au  long  »n  p^u  pins  loin.  \  <iir  l'irrrs  flfprlrllr\,  p.  88. 


23 


III 

Per^'e  quo  cepisti  pede. 
M.  BiBAUD, 

Permettez-moi  de  vous  féliciter  sur  rintérét  croissant 
qu'acquiert  votre  Bibliothèque  Canadienne^  depuis  quel- 
ques mois  ;  car.  sans  parler  de  votre  Histoire  ""énérale 
du  pays,  où  les  faits  sont  aussi  bien  choisis  que  fidèle- 
ment relatés,  vous  nous  y  avez  donné  plusieurs  pièces 
qui  feront  conserver  soigneusement  votre  livre,  et  lui 
donneront  une  place  permanente  dans  toutes  les  biblio- 
thèques Canadiennes,  et  probablement  aussi  dans  celles 
de  nos  voisins  et  ailleurs  C'est  surtout  de  la  Saherdarhe 
et  des  Matériaux  pour  V Histoire  que  je  veux  parler. 

Et  pour  commencer  par  la  Saberdache  (1),  quelle  délica- 
tesse dans  les  pensées,  quelle  élégance,  quel  enjoùment 
dans  le  style  des  lettres  qu'elle  contient  ;  qtte  l'arrange- 
ment des  faits  y  est  naturel  !  que  la  narration  en  est  cou- 
lante !  que  de  goût  dans  les  compliments  î  Pouvait-on 
mieux  dire  sur  des  sujets  de  ce  genre  ?  Non,  jamais  deux 
amis  ne  furent  plus  capables  de  se  rendre  justice  dans 
un  commerce  de  lettres  ;  jamais  personne  ne  mania 
mieux  le  badinage.  Je  vous  assure,  M.  Bibaud,  que  sans 
la  certitiide  de  l'histoire,  qm  m'apprend  que  Mme.  De 
Sévigné  est  morte  depuis  plusieurs  dixaines  de  lustres, 
je  me  serais  livré  à  l'illusion  de  la  croire  Avenue  rendre 
visite  aux  parages  rustiques  de  notre  Colombie  Britan- 
nique. * 

Au  reste,  il  n'y  a  pas  que  cette  correspondance  qui 
nous  plaise  dans  la  Saberdache  :  toutes  les  anecdotes 
qu'elle  contient  respirent    un  air  du    pays  qui    doit  les 

(Il  Ma  !<aberdacfu'.  nom  donnt^  par  Mr.  .1.  Viger  à  sa  colle'-lion  de  do- 
cuments historiques. 


24 

it'iulrt'  rln'it's  à  tous  ses  habitants.  C'o  «ont  autant  de 
traits  (jui  (l«nt»t«'nt  K'uv  carat't('ri'  et  peuvent  nourrir 
en  eux  laniour  de  tout  ce  qui  est  l)on,  juste,  noble  et 
diiiue  de  louanj^es.  C'est  en  montrant  ce  qu'ont  été  nos 
ancêtres,  que  l'on  peut  inspirer  à  la  uénération  présen- 
te, comme  à  celles  qui  la  suivront,  le  désir  de  l«*s  imiter 
dans  ce  tpi'ils  ont  l'ait  df  ])ien  et  de  remarcjuahle. 

Ivien  ne  pouvait  venir  plus  à  propos  (|ue  les  Maté- 
riaux piun-  /'liisfoire  du  Canada,  dans  un  temps,  où,  sortis 
depuis  peu  de  leur  condamnable  apathie  pour  les  choses 
de  leur  pavs,  les  canadiens  semblent  vouloir  l'aire  oul)lier 
leur  néa:li«j;ence  passée,  par  la  diligence  qu'ils  apportent 
nuiinti'nant  à  en  rechercher  les  plus  minutieux  détails  : 
la  pu))lication  de  l'Ordonnance  de  M.  Thomas  (rage, 
l>réiédée  des  remarques  qui  lui  servent  dintrodution, 
convenait  admirablement  à  la  présente  conjoiulure.  J'en 
dis  autant  des  matéiiaux  que  vous  donne/  au  No.  II  : 
tout  cela  jette  des  lumières  sur  l'histoire  légale  et  politi- 
([ue  d'une  époque  sur  laquelle  nous  nous  sommes,  je 
crois,  grandement  trompés  et  (jue  nous  semblions  avoir 
condamnée  à  l'oubli,  par  cela  seul  que  son  titre  de  "  Mi- 
litairi'  "  paraissait  devoir  nous  rendre  peu  curieux  d'en 
divulguer  les  événements.  Sous  ce  rapport,  nous  avons 
les  plus  grandes  obligations  a  M.  .S.  R. 

Quant  à  moi,  M.  l'Editeur,  je  n'ai  pas  le  boniieur  d'a- 
voir mis  la  main  sur  aucun  document  df  l'imporlance 
de  ceux  que  s'est  procuré  votre  corresi)ondant  S.  R.  ; 
mais  J'ai  réiléchi  sur  ceux  qu'il  nous  a  communiqués,  et 
c'est  du  résultat  d«  mes  observations,  comparées  avec 
quelques  jui!:ementsdes  "Cours  Martiales  tenues  à  Mont- 
réal, dans  les  années  ITOl  et  ITOJ.  '  que  je  \ eux  vous 
entretenir  aujourd'hui  ;  atin  de  parvenir,  s'il  est  po.ssible, 
à  une  conclusion  qui  nous  ai)prenn»*.  d'une  manière 
sure  : 


'Zo 


lo.  Quelle  était  l'étendue  des  pouvoirs  donnés  par 
rordonnance  aux  Chambres  de  Justice  ; 

2o.  D'après  quelles  lois  et  quels  princi])es  on  y  ju- 
ueait  ; 

3o,  Où  se  portaient  les  causes  qui  n'étaient  pas  de  leur 
compétence. 

D'abord.  "  Quelle  a  été  l'étendue  des  pouA'oirs,  &:c.  ?  " 
Sur  ce  chapitre,  l'ordonnance  est  assez  claire  ;  toute 
action  pour  dettes,  compensation  en  dommages,  exécu- 
tion de  marché,  ikc,  pour  un  montant  quelconque,  était 
assurément  du  ressort  des  (h ambres  de  Justice  ;  elles 
étaient  un  vrai  substitut  aux  "  Cours  Royales  "  que  ve- 
nait d'interrompre  la  conquête.  Elles  avaient  encore 
une  certaine  jurisdiction  criminell*^  ;  car  il  est  dit  à  la 
clause  19e  de  l'ordonnance  : — "  Lorsqu'il  se  trouvera 
"  dans  quelques  paroisses  des  gens  sans  aveu,  ou  des 
•'  scélérats,  ils  seront  conduits  devant  la  Chambre  du 
••  District  où  ils  seront  pris,  laquelle  les  condamnera  soit 
"  au  fotiet,  prison  ou  amende,  suivant  l'exigence  du 
"  cas." — Pour  déterminer  jusqu'où  s'étendait  la  jurisdic- 
tion comprise  dans  cette  clause,  il  faudrait  voir  les  regis- 
tres des  différentes  Chambres  de  Justice,  et  y  examiner 
les  jugemens  qui  y  sont  consignés.  Cet  examen  nous 
apprendrait,  d'une  manière  rapprochée  de  la  vérité  au 
moins,  quels  délits  se  portaient  devant  les  chambres. 

Pour  moi,  je  serais  porté  à  croire  qu'elles  firent  rare- 
ment usage  de  leur  jurisdiction  criminelle  ;  et  la  raison 
qui  me  range  à  cette  opinion,  c'est  que  n'ayant  point 
de  prison  pour  confiner  les  criminels,  soit  avant,  soit 
après  le  jugement,  non  plus  que  d'exécuteur  public, 
pour  rapi)lication  du  fouet,  quand  elle  aurait  été  ordon- 
née en  conformité  de  l'ordonnance,  il  leur  eût  été  assez 
inutile  de  condamner  des  gens  auxquels  ils  n'avaient  pas 


•J() 

les  luoyoïis  <rinlliiit'r  lt\s  punitions  iiktiIits.  Il  »•«!  bien 
])lus  prol):il)lo  (ju.'  pour  les  pi^tits  dt-lits,  comme  pour 
les  grands,  les  olhciers  de  milice,  seuls  ou  réunis  en 
chambre,  renvoyaient  les  coupables  aux  jurisdictions  de 
la  ville,  où  l'on  avait  toute  lacililé  de  mettre  les  jug-e- 
mens  à  exécution.  Nous  en  (lonn«»rons  quehjues  preu- 
ves, après  avoir  examiné  la  seconde  (question,  par  la- 
quelle on  demande  "  d'ai)rès  quelles  lois  et  quels  prin- 
cipes on  ju^-eait  dans  les  chambres  de  justice." 

La  lie  clause  do  l'ordonnaïK'e  de  M.  Gag-Cidit:  "  lors- 
'*  qu'il  conviendra  parvenir  à  quelques  ventes  par  dé- 
"  créts,  ou  retraits,  il  faut  qu'elles  soient  faites  dans  les 
"  manières  accoutumées  ;  "  ce  qui  signifie  que  l'on  devait 
observer  les  mêmes  formalités  et  les  mêmes  précautions 
que  l'on  observait,  quand  les  tribunaux  franvais  étaient 
en  opération  :  n'étant  permis  d'y  dévier  que  pour  cer- 
taines choses,  énumérées  dans  les  autres  sections  de  l'or- 
donnance. Et  comme  il  n'y  est  point  donné  de  direction 
sur  la  manière  de  procéder  dans  les  i)oursuites,  soit  en 
jjrand,  soit  pour  un  petit  montant  ;  ei  qu'il  n'y  est  pas 
non  plus  mentionné  comment  devait  s'eti'ectuer  la  vente 
des  meubles,  quand  les  chambres  l'ordonneraient,  on 
doit  en  conclure  que  le  gouverneur  ne  prétendait  faire 
à  l'ordre  de  choses  établi  avant  la  conquête,  d'autres 
changemens,  que  ceux  que  requerraient  les  circonstances 
où  se  trouvait  le  pays,  privé  comme  il  l'était,  de  ses 
gens  de  loi,  qui  étaient  j)t)ur  la  ])lupart  re])assés  en 
France  avec  M.  de  Vaudreuil. 

Il  laissa  donc  subsister  les  anciennes  lois,  aussi  bien 
que  la  procédure  ;  et,  de  fait,  si  nous  examinons  bien  sa 
position,  nous  trouverons  qu'il  n'était  point  en  son  pou- 
voir de  faire  davantage  :  car  de  tous  les  principes  qui 
servent  de   règle   à  la  conduite  des  nations  (tivilisées,  il 


27 

n'en  est  point  de  plus  universellement  respecté  que  ce- 
lui qui  prescrit  de  laisser  à  un  peuple  conquis  ses  lois  et 
ses  institutions  locales,  et  de  se  contenter  de  son  alle- 
u-oance  (1).  Si  le  souverain  conquérant  se  permet  d'y 
taire  quelques  changemens,  ce  doit  être  avec  la  plus 
grande  réserve,  et  jamais  avant  de  s'être  assuré  que  ces 
changemens  seront  du  goût  et  ]30ur  l'avantage  certain 
de  ses  nouveaux  sujets,  dont  il  ne  peut  gagner  l'estime 
et  la  fidélité,  qu'en  se  montrant  favorable  à  leurs  préju- 
gés nationaux,  quand  bien  même  il  ne  les  regarderait 
pas  comme  tout-à-fait  raisonnables.  Il  doit  en  agir  à  cet 
égard  avec  lenteur  et  prudence,  et  leur  laisser  leurs  lois 
et  leurs  coutumes,  jusqu'à  ce  cj[u'ils  soient  eux-mêmes 
convaincus  du  besoin  d'y  faire  des  changemens.  Que 
de  flots  de  sang  ont  arrosé  les  plaines  de  l'Angleterre  et 
de  l'Irlande,  pour  avoir  adhéré  à  des  principes  diffé- 
rents de  ceux-ci  !  La  première  dut  son  salut  à  l'énergie 
de  ses  habitans,  qui  contraignirent  enfin  leurs  monar- 
([ues  à  s'en  départir  :  la  seconde  est  peut-être  pour  tou- 
jours destinée  à  languir  dans  la  misère  et  dans  l'anarchie 
qu'y  entretient  la  mise  en  pratique  de  ces  principes, 
aussi  erronés  qu'ils  sont  inhumains  et  se  ressentent  des 
temps  de  barbarie  où  ils  ont  pris  naissance. 

Dans  le  cas  du   îrouvernement  de  Montréal,  M.  Crage 


(1)  "  There  is  not  a  maxiin  ofthc  cninmon  law  more  certain,  tlian  that  a 
••  coiiqui  red  people  ri'lain  th''ir  aiicit'iil  custom?.  till  Ihi'  comjui'ror  shal'. 
'•  déclare  new  laws.  To  change  at  once  the  law?  anil  manners  of  setlled 
'•  counlry.  must  be  atlended  witii  liardship  and  violence:  and  llierefore 
■•  wise  conqnerorï;,  having  provided  l'or  tlic  security  of  their  dominions, 
••  procced  genlly,  and  indnlge  their  conquered  subjects  in  ail  their  local 
•'  customs.  which  are  in  their  o\\  n  nat\u-e  indifl'erent  and  which  hâve  been 
••  received  as  rules  of  property,  or  hâve  attained  the  force  of  laws. 

•'  It  is  the  more  mat^rial  that  this  policy  be  pursued  in  Canada,  because 
'•  il  is  a  great  and  ancient  cnlony,  long  settlod."  \c. 

(Extrait  d'un  rapport  adressé  aux  Lords  du  Commercr  cl  dfs  Plantations, 
par  M.  York,  Avocat -Général,  et  \Vm.  DeGrey^  SoUidtnir-Général 
d'Angleterre,  le  14  d' Avril  1776.) — L. 


28 

n'aviiit  point  rautorit»-  du  roi  pour  y  inlroduir.»  di'  uon- 
velles  lois,  et,  quiind  il  l'eut  eue,  la  mesure  n'en  eut  pas 
été  moins  illéirale  ;  ciir  If  roi  n'ayant  point  le  pouvoir  de 
statuer  si»ul.  ne  pos.sédant  même  <e  droit  qu'en  commun 
de  eonet'rt  avec  les  deux  Chamhres  du  Parlement,  il  ne 
pouvait  le  transmettre  à  son  (rouverneur.  Ce  dernier 
dut  donc  laisser  subsister  les  anciennes  lois  ;  elles  seu- 
les, en  autant  au  moins  qu'elles  furent  connues  des  ju- 
ges, durent  tonner  dans  les  chaml)n's  de  justice  la  règ-le 
des  décisions  qui  s'y  rendirent  ;  et  s'il  fallait  une  nou- 
velle preuve  pour  nous  confirmer  dans  cette  opinion, 
nous  la  trouverions  dans  le  choix  que  l'on  fit  des  officiers 
de  milice,  pour  v  faire  les  fonctions  de  Juges. 

En  etfet,  à  l'époque  dont  nous  parlons,  les  places  de 
capitaines  et  d'olliciers  de  milice,  dans  les  campasfues 
du  Gouvernement  de  Montréal  au  moins,  étaient  crénéra- 
lement  occui)ées  par  les  seii^neurs  et  autres  personnai^es 
notables  qui  y  faisaient  leur  résidence  ;  et  ces  person- 
nes étaient  les  plus  instruites,  celles  qui  avaient  le  plus 
de  connaissances  générales  et  même  légales.  Après  le 
départ  des  g-ens  de  loi,  on  ne  put  donc  mieux  faire  que 
de  les  choisir  pour  administrer  la  justice  ;  et  d'ailleurs, 
c'était  aussi  la  chusse  d'hommes  que  le  vainqueur  avait 
été  plus  à  même  d'ai)précier  ;  les  ayant  vus  braves  mili- 
taires, il  put  leur  supposer  l'honneur,  inséparable  de 
cette  profesbion  ;  et  par  cons  quent  l'équité,  nécessaire 
à  des  juges  et  qu'il  savait  faire  h'  partage  ordinaire  des 
cours  et  des  conseils  militaires.  L'événement  prouva  qu'il 
ne  s'était  jioint  trompé,  car  les  chambres  de  justice  don- 
nèrent une  satisfaction  assez  générale  à  tous  les  habi- 
tans  ;  tellement  que  lorsque,  quelques  années  plus  tard, 
ils  se  décidèrent  à  redemander  à  leur  nouveau  souve- 
rain le    rétablissement  de  leurs  anciennes  lois,  qu'on 


i 


29 

leur  avait  si  cruellement  otées,  à  l'époque  de  l'institu- 
tion du  gouvernement  civil,  ils  ne  le  firent  qu'après 
avoir  exprimé  combien  ils  avaient  été  heurevix,  quand 
leurs  i^ropres  concitoyens,  leur  avaient  administré  la  jus- 
tice sous  le  Règne  Militaire.  Ecoutons-les  eux-mêmes 
parler  ;  ils  vont  nous  dire  quelles  lois  furent  en  force  et 
de  quelle  manière  ils  furent  jugés,  sous  ce  prétendu  rè- 
gne militaire. — "  Loin  de  ressentir,  au   moment  de 

"  la  conquête,  les  tristes  eifets  de  la  gène  et  de  la  capti- 
"  vite,  le  sage  et  vertueux  général  qui  nous  a  conquis, 
"  digne  image  du  souverain  glorieux  qui  lui  confia  le 
"  commandement  de  ses  armées,  nous  laissa  en  posses- 
"  sion  de  nos  lois  et  de  nos  coutumes.  Le  libre  exercice 
"  de  notre  religion  nous  fut  conservé  et  confirmé  par  le 
"  traité  de  paix  ;  et  nos  anciens  citoyens  furent  établis 
"  les  juges  de  nos  différends  civils.  Nous  n'oublierons 
"  jamais  cet  excès  de  bonté  :  ces  traits  généreux  d'un  si 
"  doux  vainqueur  seront  conservés  précieusement  dans 
"  nos  fastes  ;  et  nous  les  transmettrons  d'âge  en  âge  à 
"  nos  derniers  neveux."  (Extrait  de  V Adresse  des  Cana- 
diens au  Roi,  pour  demander  le  rétablissement  de  leurs 
lois,  en  1773.) 

Ce  langage  est  positif  et  décide  péremptoirement  c|ue 
les  Chambres  de  Justice  du  Grouvernement  de  Montréal 
jugèrent  d'après  les  lois  et  usages  anciens  du  pays,  et 
non  d'après  les  lois  anglaises  ou  l'équité  simplement, 
comme  le  prétendent  ceux  qui  croient  que  tout  fut  pu- 
rement militaire  dans  les  quatre  années  qui  suivirent 
immédiatement  la  conquête.  Dans  quelques  jours,  M.  Bi- 
baud,  je  tâcherai  de  vous  prouver  que,  quoique  la  jus- 
tice fut  rendue  à  Québec  par  les  officiers  des  troupes, 
les  mêmes  lois  et  usages  du  pays  n'y  firent  pas  moins 
la  règle  de  leurs  décisions  ;  et  cela  en  conformité  même 


no 

nux  (lict.'fs  il»'  l;i  capitulation,  coinni»'  J\'sp«'r<»  1»'  de- 
montror.  Tour  aujourd'hui,  nous  passerons,  si  vous  vou- 
lez bien,  à  notrt'  troisième  question,  qui  est  celle-ci  :  '•  où 
se  portait'Ut  les  causes  (|ui  n't'-taient  point  de  la  compé- 
tence des  CMiaml)re^  d»'  Justice,  oi  (quelles  ('«taient  ces 
causes  ?  " 

L'article  "20  d«»  l'ordonnance  réserve  (quoique  indirec- 
tement) aux  tribunaux  de  la  ville  la  connaissance  des 
«grandes  félonies  ;  mais  quels  étaient  ces  tribunaux  ? 
Etait-ce  la  chambre  de  cette  ville  ?  Lui  avait-on  accor- 
dé i)lus  de  pouvoirs  ([u'à  celles  des  campai^nes  ?  C'est  ce 
([ue  ne  nous  apprcmifut  point  les  documens  qui  nous 
sont  jusqu'ici  parvenus  par  la  voie  de  l'impression,  et 
c'est  peut-être  «-e  que  les  registres  de  cette  chambre 
pourraient  seuls  nous  faire  connaître  d'une  manière  cer- 
taine. Nous  invitons  donc  M.  S.  R.  à  continuer  là-dessus 
ses  recherches  :  en  attendant  qii'il  nous  en  communique 
le  résultat,  nous  transcrirons  ici  quelques  juiremeus  des 
Cours  Martiales  tenues  à  Montréal  dans  les  années  1761 
et  17<>2  :  ils  ont,  trouvons-nous,  beaucoup  de  rapport  à 
la  (|U»'stion  qui  nous  reste  à  résoudre,  et  s'ils  ne  la  déci- 
«b'iit  pas  complèteiMt'iit.  ils  iorm«'nt  au  moins  de  trè.s- 
lirandes  probabilités  en  faveur  de  l'opinion  <pie  nous  ne 
tarderons  pas  à  émettr»'  comme  résultat  de  la  teneur  de 
ces  juuemens. 

Extraits  (Inhhu'ls)  d' un  •'  Lirrt  iForiIrv."  ((uinnrHff-  à 
M  nu  tri' ni  nn  \f'r  (le  Jn/trirr  1  T<il . 

■]  Juin. — '•  Cour  martialr  iiénérajc  :  rrésidcnl.  Li«'Ut.- 
Col.  r/w///' 

Jean  Mnn  luni'l,  de  llouchcrvill»'.  poursuivi  pour  le 
nifurtre  de  Jnseph  ( 'nr/n-nlifr.  Caïuidien,  est  acquitté. 

"  Cour  Martiale  de  irarnison  :  rrési«b»nt  le  Capitaine 
Mnrtin  " 


31 

Mardi,  le  30  Juin — William  Bewen,  accusé  d'avoir  eni- 
vré des  soldats,  et  vendu  du  rum  sans  licence,  est  trou- 
vé coupable,  ayant  été  accessoire  à  son  associé  Isaac  Law- 
rence, lequel  a  pour  habitude  de  vendre  du  rum  aux  sol- 
dats. Condamné  à  recevoir  200  coups  de  fouet  et  à  être 
chassé  de  la  ville  au  bruit  du  tambour. 

La  sentence  approuvée  par  le  général  est  exécutée  le 
lendemain,  1er  Juillet,  par  les  tambours  de  la  garnison, 
à  la  garde  montante 

Sibenberger,hahii-ànt  de  la  ville,  accusé  d'avoir  insulté 
une  sentinelle,  est  acquitté. 

1er  Juillet. — Isaac  Laivrenre,  associé  de  Bewen,  est 
convaincu  de  la  même  ofFence  que  lui  et  condamné  à  la 
même  punition,  mise  à  exécution  le  lendemain,  2  Juillet. 

"  Cour  martiale  générale  :  Président  Major  (1) 
Munster." 

6  Août. — Joseph  Lavallé  et  François  Herpin,  habitans  de 
la  ville  de  Montréal,  poursuivis  pour  vol,  sont  acquittés. 

Joseph  Burgen,  un  de  ceux  qui  sont  venus  à  la  suite 
de  l'armée,  est  accusé  et  convaincu  de  vol  :  condamné 
â  être  pendu  par  son  cou  jusqu'à  ce  que  mort  s'ensuive  : 

Le  général  approuve  la  sentence  mais  lui  pardonne, 
à  la  condition  qu'il  laisse  sans  délai  ce  Grouvernement. 

"  Cour  martiale  de^-arnison  :  Président,  le  Capitaine 
Martin.'' 

13  Août. — Jean  Eté.  Lebr un,  ^ouxsxxixi  pour  avoir  blessé 
Charles  Fishburg,  avec  un  sabre,  est  trouvé  coupable  et 
condamné  à  payer  le  compte  des  chirurgiens,  ainsi  que 
8  francs  au  dit  Fishburg,  pour  l'indemniser  de  la  perte 
de  son  temps  et  des  douleurs  que  cette  coupure  lui  a 
causées.  11  lui  est  fait  défense  de  porter  le  sabre  sous 
le  gouvernement  anglais. 


(1)  Il  portail  le  lilre  de  Baron  Munster.  (H.  V.) 


32 

Geof'^e  Skip/ter  cl  Be/luir,  l>'julaiii^ors.  accusi's  et  tra- 
duits j)ar  le  Capitaine  Disney,  pour  avoir  vendu  du  pain 
i|ui  n'avait  p;i.s  le  poi<l>  requis,  sont  acquittés. 

lô  Sf/iffhihrr. — Jarqiifs  Banift^er.  (peut-être  ont-ils 
voulu  dire  licllaiti^  r),  autrement  dit  Laurier,  Canadien, 
accusé  d'avoir  vendu  des  liqueurs  fortes  sans  licence  : 
c«)ndaniné  à  cinq  louis  sterliu'.;  dainende.  »'t  m  la  pristni 
s'il  ne  i>av«'  tout  de  suite. 

••  Cour  martiale  de  L'"arnis<)n  :  Président.  Capitaine 
Martin  de  l'Artillerie  Royale.'" 

19  Septembre. — Jean  Charlelte  et  un  nommé  Lameure, 
Canadiens,  sont  traduits,  pour  avoir  sollicité  Joseph 
Mt/rt/,  taml)Our.  à  déserter.  Charlefte  est  acquitté,  Lameu- 
re, trouvé  coupable,  est  condamné  à  recevoir  800  coups 
de  l'ouet.   Le  Général  lui  pardonne. 

13  Décembre. —  Wm.  Morris,  accusé  d'avoir  tenu  une 
maison  de  dé})auche,  condamné  à  cinq  livres  sterling 
d'anieiide. 

•24. — Deux  Canadiens  sont  poursuivis  pour  avoir  eu 
des  outils  du  roi  en  leur  possession.  L'un  est  acquitté  ; 
l'autre,  trouve  coupable,  est  condamné  à  recevoir  400 
(•oui>s  de  fouet. 

Le  Crénéral  approuve  la  sentence,  mais  réduit  les 
<-oups  de  fouet  à  ÔO  ;  il  les  reçut,  le  jour  suivant.de  la 
main  du  bourreau. 

ITtrJ. 
"  COUR  MVWTl  \i.i:.' 

.;i  Janvier. — John  Raab  et  Daviil  Kiw^,  domestiques 
du  NL\j<>r  Chrisfir.  accusés  d'avoir  laissé  le  service  de 
leur  maître  sans  permission,  d'avoir  passé  la  nuit  hors 
de  chez  lui.  et  «lavoir  olft-rt  de  .^«'enrôler  dans  les  réîçi- 
mens,  nawX  trouves  coupables  et  <(»ndamnés  à  recevoir 
chacun  300  coups  de  fouet. 


33 

Le  Grénéral  approuve  la  sentence,  mais  leur  remet  la 
moitié  de  la  peine  :  ils  reçurent  l'autre  moitié,  le  lende- 
main, par  les  tambours  de  la  garnison. 

"  Cour  martiale  générale  :  Major  Munster,  Président." 
26  Février. — M.  Grant  et  Edward  Chinn,  Marchands 
de  Montréal,  accusés  d'avoir  insulté  et  assailli  l'Enseigne 
Nott,  du  4e  bataillon  du  6e  régiment,  ou  Royal  Américain, 
sont  trouvés  coupables  et  condamnés:  M.  Grrant  à  <£30 
d'amende  et  M.  Chinn  à  ,£20  ;  "  lesquelles  sommes  Le- 
"  roient  employées,  d'après  la  direction  du  Grénéral,  au 
"  soulagement  des  pauvres  malheureux  du  gouverne- 
"  m.ent  de  Montréal,  et  aussi  à  demander  solennellement 
*'  pardon  à  l'Enseigne  Nott,  en  présence  de  la  garnison 
"  de  Montréal,  dans  les  termes  suivants,  savoir  : 

"  Enseigne  Nott,  je  suis  très-fâché  de  m'être  rendu  cou- 
"  pable  d'assault  à  votre  égard,  et  je  vous  en  demande 
"  très-humblement  pardon.  " 

Le  Grénéral  approuve  la  sentence,  mais  réduit  l'amen- 
de de  M.  arant  à  £2.0,  et  celle  de  M.  Chinn  à  .£13. 

Un  M.  Forrest  Oaks  fut  aussi  poursuivi  à  la  même  cour, 
pour  pareille  offense,  et  condamné  de  même  à  deman- 
der pardon  à  l'Enseigne  Nott,  et  à  souffrir  14 jours  d'em- 
prisonnement. 

Le  Grénéral  réduisit  l'emprisonnement  à  24  heures 
et  exempta  M.  Oaks  de  demander  pardon,  parce  qu'il  lui 
parut  que  les  injures  avaient  été  réciproques. 

Je  m'arrête  ici,  M.  Bibaud  :  si  ces  extraits  vous  parais- 
sent mériter  insertion  dans  votre  Bibliothèque,  ÏQ  conti- 
nuerai dans  quelles  jours  de  vous  donner  la  suite  de 
ceux  qui  furent  rendus,  depuis  la  date  de  mon  dernier 
extrait  jusqu'au  10  Août  1764. 

Quant  à  la  conclusion  que  l'on  doit  tirer  des  extraits 
ci-dessus,  elle  me  paraît  fort    aisée  :  les  Chambres  de 


84 

Justice  ju2:eaient  dos  affaires  purement  civiles  ;  mais  les 
délits,  tant  petits  que  u^rands,  d'une  nature  criminellef 
se  portaient  au  conseil  de  ifuerre,  autrement  dit  Cour 
Martiale  :  c'est-là.pouvons-nous  assurer,  que  se  jugeaient 
les  affaires  qui  ressortissent  maintenant  à  nos  îSessions  de 
Quartier  et  à  nos  Cours  criminelles  du  Banc-du-Roi  : 
nous  en  serons  pourtant  i)lus  certains,  en  continuant 
notre  examen  des  jusremens  de  nos  cours  marlialos  :  ce 
que  je  ferai  volontiers,  M.  Bibaud,  si  vous  accueillez 
cette  communication.  L.  (1) 


(I)  Pseudonyme  du  Dr.  Jacques  Lahrie. 


35 

IV. 

Inventes  illic  et  facta  domesticn  vobis  ; 

Sœpe  tibi  pater  est,  sœpe  legendus  aviis. — Ovid. 

M.  BiBAUD, 

Les  recherches  que  l'on  fait  tous  les  jours  sur  l'his- 
toire du  pays,  et  dont  les  résultats  sont  si  satisfaisants 
dans  l'intérêt  de  nos  droits  politiques,  comme  dans  celui 
de  notre  honneur  national,  ont  donné  la  preuve  non- 
équivoque  que  notre  goût  se  forme,  et  que  nous  avons 
le  bon  esprit  de  mettre  dans  l'ensemble  des  connaissan- 
ces que  nous  travaillons  à  acquérir,  une  méthode  qui 
fait  honneur  à  notre  discernement  et  à  notre  cœur.  Est- 
il,  en  eifet,  une  étude  qui,  dans  l'ordre  de  nos  occulta- 
tions, doive  précéder  celle  de  l'histoire  de  notre  patrie  ? 
S'il  n'en  était  pas  ainsi,  nous  mériterions  ce  reproche  : 

Qui  manet  in  patriâ  et  patriam  cognoscere  temnit, 
/s  mihi  non  civiSj  sed  peregrinus  erit. 

Pour  n'en  pas  partager  la  honte,  permettez  que  je 
contribue,  autant  qu'il  est  en  moi,  à  dissiper  les  nuages 
qui,  dans  des  temps  reculés,  ont  obscurci  notre  horizon 
politique,  en  vous  faisant  part  de  quelques  renseigne- 
ments capables  de  jeter  de  la  lumière  sur  une  ma- 
tière qui  semble  ne  présenter  que  des  notions  dou- 
teuses et  contradictoires.  Si  mes  recherches  et  mes 
observations  vous  paraissent  dirigées  dans  un  sens  uni- 
que et  trop  exclusif,  n'en  accusez  que  mon  état,  qui  m'a 
dû  porter  à  traiter  ainsi  le  siijet,  pour  le  faire  d'une 
manière  plus  facile  pour  moi;  persuadé,  comme  je  le 
suis,  que  vous  et  a^os  lecteurs  éclairés  saurez  faire  des 
faits  relatés  une  application  aussi  étendue  qu'il  convient. 

Connaissant  quelques  monumens  où  sont  consignés  les 
actes  des  premiers  tribunaux  qui  administrèrent  la  jus- 
tice, aussitôt  que  le  Canada  eut  changé  de  souverain,  je 


86 

ne  fais  que  remplir  un  devoir  eu  m'ompressaut  de 
publier  les  extraits  que  j'«ui  ai  laits.  Si  dans  les 
observations  qui  les  accompagnent  vous  n'appercevez 
pas  le  talent  qui  caractérise  les  spéculations  ingénieuses 
de  votre  correspondant  L.  ni  l'esprit  admirable  d'obser- 
vation auquel  rien  n'échappe,  d'un  autre  collaborateur 
non  moins  éclairé,  pardonnez  au  moins  en  faveur  de  ma 
bonne  volonté. 

Dans  l'histoire  du  Règne  militaire  de  1760  à  1704,  le 
dernier  de  ces  correspondants  (.S.  R.)  se  plaint  avec  raison 
de  l'absence  d'une  pièce  importante  :  "  Malheureuse- 
*'  ment,  dit-il,  je  n'ai  point  l'ordre  général,  l'Ordonnance 
"ou  la  Proclamation,  (  je  ne  sais  quel  nom  lui  donner), 
'*  de  Sir  Jeti'ery  Amherst,  établi-sant  l'ordre  de  choses 
"  qui  a  existé  par  tout  le  pays,  ou  seulement  à  Montréal, 
"  entre  le  8  septembre  1760  et  le  13  octobre  1761.  Il 
"  est  clair  même  d'après  le  préambule  de  l'Ordonnance 
"  cy-après,  "  (Ordonnance  du  Gouverneur  Gage  du  13 
octobre  1761,)  "  que,  dans  ce  gouvernement  au  moins, 
"  on  a  fait  quelque  changement  à  l'ordre  de  choses 
"  préexistant  à  1761  :  quel  était-il  donc  ?  La  publication 
"  de  l'Ordonnance  de  Sir  .Telfery  pourrait  seule  donner 
"  la  réponse  à  cette  question,  s'il  était  possible  d'y 
"  avoir  accès." 

Déplorant  avec  S.  R.,  l'absence  de  ce  document  cons- 
titutit  de  quelques-uns  des  tribunaux  établis  après 
la  conquête,  je  tâcherai  d'y  suppléer  par  une  autre 
Ordonnance  d'une  date  subséquente,  ainsi  que  par  des 
extraits  des  procédés  des  cours  qui  siégèrent  immédiate- 
ment après  la  réduction  du  pays,  et  dont  l'autorité  éma- 
nait, il  n'en  faut  pas  douter,  de  quelque  acte  formel,  et 
consigné  en  quelque  endroit  du  pouvoir  suprême. 

L'inspection  de   sept    registre^   déposés   au   greffe  de 


37 

Montréal  et  auxquels  j'ai  eu  accès,  prouve  que,  dès  l'ori- 
gine, le  gouvernement  de  Montréal  a  été  divisé  en  un 
nombre  inconnu  de  Districts  :  (l'Ordonnance  du  Gouver- 
neur G-age  du  13  octobre  1761,  le  divisa  ensuite  en  5 
districts  pour  les  campagnes,  indépendamment  de  celui 
de  la  ville).  A  chacun  de  ces  districts  était  préposé  un 
"  commandant  militaire,  "  auquel  on  appelait  des  "  Cham- 
bres de  Justice,  "  et  de  ce  commandant  de  district  au 
gouverneur  lui-même.  On  y  lit  des  jugements  rendus 
en  première  instance  par  des  capitaines  de  troupes  com- 
mandant dans  certaines  paroisses,  telle  que  Lachine,  St. 
Yincent  de  Paul,  etc.,  dont  l'appel  se  fait  au  gouver- 
neur. Quant  à  Montréal,  la  justice  y  était  administrée 
par  des  ojftciers  de  milice,  tous  capitaines,  siégeant  tous 
les  mardis,  (sans  compter  les  audiences  extraordinaires) 
avec  appel  directement  au  gouverneur.  Indépendam- 
ment de  ces  cours,  le  gouverneur  s'attribuait  juridiction 
originaire  dans  certains  cas. 

1er  registre. 
Sur  la  période  de  1760  à  1764,  nous  trouvons  dans  un 
registre  intitulé  :  "  Registre  pour  servir  à  enregistrer  le 
sordonnances  de  Son  Excellence  le  Grouverneur  de  Mont- 
réal, les  sentences  qui  seront  rendues  par  le  Conseil  des 
Capitaines  de  Milice,  pourvus  d'autorité,  &c.,  commencé  le 
4  novembre  1760,  etjini  le  22  août  1761,"-d'abord  l'Ordon- 
nance suivante  du  Gouverneur  Gage,  au  1er  feuillet  de 
ce  registre. 

"  Par  Son  Excellence  THOMAS  GAGE,  Colonel  d'un 
Hégimeîit  d'Infanterie  de  ligne,  Brigadier-Général  des 
Armées  du  Roi,  dans  f  Amérique  Septentrioncde,    Gou- 
verneur de  Montréal  et  de  ses  dépendances. 
Sçavoir   faisons,  qu'il  est  défendu  à  tous  habitans,   ou 

autres,  de  garder  chez  eux  aucuns  déserteurs,  ou  favori- 


88 

sor  Itnir  iuite.sous  peiiu'  d»»  ving-t  écus  d'amende.  Il  leur 
est  enji)iiit  de  dénoncer  tous  ceux  (ju'ils  .soui)(,'onneront 
pour  tels  devant  le  Capitaine  de  Milice,  ù  qui  il  est  or- 
donné, par  ces  présentes,  de  les  l'aire  conduire,  sous 
nuiiii-lorte,  devant  l'oliicier  commandant  le  bataillon  de 
la  ville. 

"  Il  est  aussi  déi'endu  à  toutes  personnes  d'acheter  ou 
troquer  avec  les  soldats,  leurs  armes,  habits,  souliers, 
guêtres,  fournitures,  ch;ii>eaux'.  ou  autres  choses  fournies 
par  le  roi,  sous  peine  aux  contre veiians  de  20  écus  d'a- 
mende, et  de  punition  corporelle,  en  cas  de  récidive. 

"  Qiic  par  Ir  Placard  du  2'2  Septembre,  1rs  Officiers  de  Milice 
dans  chaque  paroisse  sont  rtmnis  d'autorité  de  ti  rminer  les  diffé- 
rends ([in  pourraient  survenir  parmi  les  habituas  de  leurs  parois- 
ses, mais  que  les  parties  intéressées  pourraient  raijpder  de  leurs 
juycmens  pardevant  les  o/ficiers  commandant  les  troupes  du  roi 
dans  le  dislricl  ou  canlonnemcnt  uà  les  parties  résident,  et  que 
non  contens  de  celle  seconde  dérision.  1rs  parlirs  auroirnt  droit 
d'en  rappeler  pardevant  Nous. 

"  Nous  faisoits  sçavoir,  en  rnnséquriirr,  qur  laus  appris  faits 
pardevant  Nous  doivent  être  rédifjrs  par  écrit,  et  remis  entre  1rs 
mains  de  notre  Secrétaire  :  et  Ir  jour  que  naus  drsfinrrnns  à  1rs 
écouler  et  déterminer  sera  publié  et  nffu'hé,  auqarijour  les  parties 
intéressées,  arec  leurs  témoins.  sero)it  ouies. 

"••  Nous  dn)iiions  avis  à  tous  les  habita  as  de  Muntréal.  (fur  les 
Officiers  de  Milice  de  la  ville  .s'assembleront  un  jour  de  la  semaine, 
SCaVOir.  ''■  oinrdi.  junir  délriiiiinrr  linilis  Ciiiilrstitliiuis  ili  s  niir/i- 
culiers. 

"  Etant  nécessaire  de  faire  des  arranircmens  qui  re- 
«.^ardi'nt  la  police  de  la  ville,  Nous  ordonnons  que  les  pro- 
priétaires et  locataires  des  maisons  serout  tenus  de  faire 
ramoner  leurs  cheminées,  une  fois  par  mois,  à  jx-ine  de  6 
livres  d'amende.  Si  le  feu  prend  à  quelque  cheminée 
après  le  mois  de  ramonage  expiré,  le  propriétaire  sera 
condamné  à  12  livres  d'amende  :  si  le  feu  i)rend  avant  le 


39 

mois  fini,  le  ramoneur  sera  condamné  à  la  même  peine. 
Que  tous  les  charpentiers  de  la  ville  et  faubourgs  se 
trouvent  avec  leurs  haches,(au  premier)  annonce  du  feu, 
où  il  sera,  à  peine  de  6  livres  d'amende.  Que  tous  les 
habitans  sont  tenus,  en  cas  de  feu,  de  s'y  trouver,  et  de 
porter  avec  eux  chacun  une  hache  et  un  seau,  à  peine 
de  6  livres  d'amende. 

.  "  Que  chaque  particulier  ait  soin,  quand  il  viendra 
de  grands  abats  de  neige,  de  la  faire  ôter,  de  manière 
que  les  chemins  soient  de  niveau  audevant  de  leurs 
maisons,  à  peine  de  10  livres  d'amende;  et  que  chaque 
particulier  ait  soin  également  d'entretenir,  le  long  des 
murailles  de  sa  maison,  un  chemin  de  deux  pieds  de 
large,  sous  la  même  peine 

"  Que  chaque  particulier  soit  tenu,  chacune  jour,  de 
faire  ramasser  audevant  de  son  terrain,  les  fumiers,  im- 
mondices et  ordures  qui  s'y  trouveront,  les  mettre  en  tas 
et  les  faire  transporter  au  bord  de  l'eau,  pour  être  jetés 
dans  la  rivière,  à  peine  de  10  livres  d'amende  au  con- 
trevenant. 

"  Que  chaque  particulier  ait  soin  de  tenir  leurs  che- 
mins et  ponts  en  bon  ordre.  Où  il  se  trouvera  des  che- 
mins et  ponts  impraticables,  faute  de  les  raccommoder,  la 
paroisse  sera  condamnée  à  20  écus  d'amende,  et  chaque 
paroisse  pourra  choisir  son  Voyer  ou  inspecteur  de  grands 
chemins. 

"  Il  est  défendu  à  tous  marchands,  ou  autres,  d'acheter 
ou  troquer  pour  leurs  marchandises,  les  denrées  de  la 
campagne,  pour  les  revendre  en  ville  ou  ailleurs.  Les 
troupes  ont  ordre  de  s'emparer  de  ceux  qui  contrevien- 
dront, dont  les  marchandises  seront  confisquées.  Ils 
seront  de  plus  condamnés  à  un  mois  d'emprisonnement. 
Que  toutes  les  denrées  seront  portées  sur  la  place  du 


40 

marché.  Ceux  à  qui  il  :irrivora  d'aller  au-dovaut  des 
canots,  voitures  ou  habitans  portant  l«'urs  denrées  au 
marché,  seront  condamnés  à  10  écus  d'amende. 

"  Voulons  et  entendons  que  notre  présente  d'Oron- 
nance  soit  lut»,  publiée  et  affichée  ès-lieux  accoutumés. 
En  foi  de  quoi  nous  avons  siirné  ces  présentes,  à  icelles 
fait  apposer  le  sceau  de  nos  armes,  et  contresigné  par 
notre  Secrétaire.  Fait  à  Montréal,  le  28   octobre,    1760. 

THOS.  GAGE. 
"  Par  Son  Excellence, 

G.  Maturin. 

On  voit  que  cette  Ordonnance  embrasse  des  objets  di- 
vers :  l'établissement  de  certains  tribunaux  évidemment 
civils,  leur  pouvoir  étant  "de  déterminer  toutes  les  con- 
testations des  particuliers,  "  et  des  règlements  sur  la  po- 
lice correctionnelle  et  municipale. 

Il  ne  parait  pas  que  les  chambres  des  milices  aient 
exercé  aucune  juridiction  criminelle.  Dans  le  Registre 
dont  je  viens  de  parler,  on  lit,  au  ISe.  feuillet,  une  ordon- 
nance du  Gouverneur  Gage  du  14  déc.  17G0,  enjoignant 
à  toutes  personnes  d'arrêter  un  individu  comigné  chez  le 
Prévôt  j)our  cas  de  vol,  et  qui  s'était  échappé.  Cette  or- 
donnance est  marquée,  "  signée,  /nir  ordre  fie  Son  Excel- 
lence, G.  Maturin,  "  et  est  signée  plus  bas  par  les  Capi- 
taines de  Milice.  Que  conclure  de  la  présence  de  cette 
ordonnance  dans  le  Registre  des  Capitaines  de  milice  ? 
Rien  autre  chose,  ce  me  sf^mble,  sinon  que  c'était  un 
moyen  que  l'on  prenait  de  donner  de  la  publicité  à  ce 
document 

Tous  lesjugements  de  ce  registre  de  107  feuillets,  con- 
tenant 570  entrées,  (presque  chacune  étant  une  procé- 
dure complète,  composée  de  la  demande,  de  la  défense, 
de  l'instruction  et  du  jugement)  et   deux   ordonnances, 


41 

sont  rédigés  en  assez  bon  style,  et  motivés  avec  assez  de 
clarté,  probablement  par  Maître  Pierre  Pmief,  notaire  et 
g-refiier  de  cette  cour  Leurs  dispositions  sont  assez  gé- 
néralement équitables,  et  se  fondent  assez  souvent  iiur 
les  lois  positives.  Les  régies  de  la  procédure  n'y  sont  que 
rarement  -v-iolées  d'une  manière  essentielle,  lorsque  des 
femmes  sous  puissance  de  mari,  ou  des  procureurs,  sont 
portés  à  un  procès,  les  premières  sans  l'assistance  de 
leurs  maris,  et  les  seconds  sans  qu'ils  agissent  conjointe- 
ment avec  leurs  commettans  (1). 

Il  ne  faut  pas  une  pénétration  bien  grande,  pour  se 
persuader,  après  avoir  parcouru  ces  registres  et  presque 
tous  les  monumens  judiciaires  de  ce  temps,  que  les  gou- 
verneurs de  cette  époque  n'avaient  rien  tant  à  cœur  que 
de  nous  attacher  à  eux,  en  conservant  nos  usages 
et  nos  lois.  L'on  n'apperçoit  nulle  pair  la  préten- 
tion dïntroduire  les  lois  anglaises,  et  encore  moins  celle 
déjuger  suivant  la  loi  martiale  :  car  si  ces  juges  tombent 
parfois  dans  l'arbitraire,  il  faut  bien  se  garder  d'en  con- 
clure que  la  cause  s'en  trouve  dans  leur  adhésion  à  une 
loi  qui  n'est  faite  que  pour  des  soldats,  mais  seulement 
que  leur  désir  d'atteindre  à  la  justice  particulière  de 
chaque  cause  les  force  à  violer  quelquefois  les  principes 
çfénéraux  des  lois.  Ces  cours  n'avaient  de  militaire  que  le 
nom,  qu'elles  avaient  pris  des  juges  qui  y  présidaient  (2). 


il)  Au  reste,  celte  irrégiilariti'  ne  serait  pas  propre  à  ces  IriJiunaux  pou 
éclairés.  Dans  la  Prévoté  de  Québec,  sous  la  présidence  de  deux  hommes 
de  loi,  MM.  André  DcLcigne  et  Daiii.  deux  des  plus  éminens  lieutenans 
civils  et  criminels,  suivant  M.  Perrault.  Ton  voit  plusieurs  exemples  de 
semblables  violations  des  premières  régies.  V.  Extraits  <?r.v  registres  Or  Ju 
Prévôté  de  Québec,  par/.  F.  Perrault,  écr..  pp.  3i,  etc. 

(2)  L'on  s'abuse  étrangement  sur  Tacception  des  termes  iuilttaij'e  et  »?«/■- 
/ifl/ employés  ici,  de  même  que  sur  l'autorité  de  ces  tribunaux  composés  de 
militaires  et  d'officiers  de  milice.  Si  l'on  n'était  bien  convaincu  par  plu- 
sieurs actes  du  gouverneur  Gage  d'une  volonté  bien  prononcé':'  de  donner 
à  tous  c^^s  tribunaux  les  anciennes  lois  du  pavs  pour  rèsrle  de  décision 
6 


\-2 

(^u«»i(]iu'  jt'  puisse  luuniir  tl»'s  preuves  iuuhi])liéos  à 
l'appui  de  ees  opinions,  je  me  honierai  à  (|U«'lques  ex- 
traits, eu  suivant  rordir  du  registre. 

Au  f't'uilUl  4.  se  irouve  l'inventairt-  du  17  novembre  lï^iO, 
du  mobilier  d'un  individu  dont  le?»  héritierKKont  absents, 
et  r«''tablissement  d'un  uardien  à  c»»s  ejf'ets,  jKtur  la  cou- 
seri'titiofi  i/t'  .sv'.s-  hit'fi:i  /njur  ses  lurilicrs  (thsc/its.  C'est  un 
des  capitaines  do  milict-,  jui^e  du  tribunal,  qui  est  prépo- 
sé à  cette  tâche,  qui'  remplissaient  en  l'rance  "  les  i^e/is 
du  roi.' 

Aux  l'fiiilhls.  1.')  et  17,  est  une  procédure  en  licita- 
tiou,  des  :20  et  'Id  décembre  17G0.  Elle  est  dans  les  for- 
mes les  plus  strictes  voulues  ])ar  les  lois.  L'interlocutoire 
qui  ordonne  la  visite  d'experts  pour  constater  si  l'héri- 
tage est  parlay^eable  commodément  et  sans  détérioration, 
est  motivé  en  lanuage  précis  et  technique. 

On  lit  encore  an  feuillet  17. 

••  Audience  /'•//(/'  ,uir  l/l/.  Dicdimi/iir.  Ilnrirur.  frh'ni.  (iiij/. 
(îiiinrlin,  }i''Zhn\  l\rinnni\  t.r  ('iiiiitf-l)iiiir  '■.  Fuiihlanr/i/' 
ri   Hiui'h/,  II-  .U)  ilrrrinl/i'-    I7ii(l. 

"Entre  M.  D  i/lh-hnttl,  prêtre,  missionnaire  de  Re- 
'•  p'Mitiirtiy,  demandeur,  comi^arant  par  Damoiselle  fJail- 
"  lebnut  (le  la  Mn'lehiine,  l'cjiidée  de  son  pouvoir,  d'une 
"  part,  et  Monsieur  Daillehoul  <lv  Péri'^ny,  Ecuier.  déf'en- 
''  deur.  comparant  par  Dame  Corrtutlf-Lfirôfe,  son  épouse, 
"  d'autre  part.  Après  que  la  dite  Damoiselle  de  la  Ma- 
"  delaine  pour  le  dit  Sieur  demandeur  a  dit,  (qu'elle  nous 
"  sui>plie   de  condaiinH-r  b-  dit   Si«'ur  Di*  Périuiiy   n    lui 

l'on  n'**n  floul<^rail  jiliis  apW's  avtiir  lu  fniolfiuoç-uns  (h»  cps  jupf'm<'ns.  Onx 
qui  ont  intf'p'-t  ù  uionlifr  «pi*-  nos  voinqUfMirs  vonlnipnl  nous  fli^pouillnr 
fie  loiil  cf  quf  nous  a\ions<|i'  cb<T,  pourraient  «lire  que  ces  lrii>unAux 
n'avaient  aucune  réKl"  «'•*  f'oniluite,  avec  plus  de  \Tais«>mblancc  |iful-ùlre, 
en  ju^r-anl  sur  quelques  cas  parliculi'-rs,  que  d'en  fuirc  les  irilor[»rètes  de 
la  loi  martiales,  qui  a  des  n-^les  llxes.  el  <jui  n'a  rien  de  commun  avec  la 
jurisprudence  de  celle  époque. —  \'nir  lifllu'  o\\  Mililui  i)  Imw,  ]».  '2i. — 


4^5 

''  payer  la  somme  de  150  liv.,  pour  une  année  de  la  rente 
''  de  son  titre  clérical  qu'il  lui  doit,  échu  le  1er  Nov. 
"  dernier  :  la  dite  Dame  épouse  du  dit  Sieur  de  Périgny 
"  a  dit  comme  en  son  écrit  non  signé,  dont  lecture  a  été 
"  faite.  Nous,  parties  ouïes,  attendu  que  suivant  r usage 
''  ordînairej  il  n'y  a  compensation  que  de  liqnide  à  liquide, 
'•  condamnons  le  dit  Sieur  de  Périgny  à  payer  au  dit 
'■  Sieur  demandeur,  en  espèces  sonnantes,  la  somme  de 
"  cent  cinquante  livres',  pour  une  année  do  la  rente  de  son 
"  titre  clérical,  qu'il  lui  doit,  échu  au  premier  novembre 
''  dernier  ;  sauf  au  dit  Sieur  de  Périgny  son  recours  con- 
"  tre  le  dit  Sieur  Daillebout.  ainsi  ciu'U  avisera,  pour  rai- 
"  son  des  comptes  de  la  succession  de  feue  Délie.  Anne  de 
"  Musseau,  avec  dépens  taxés  à  trente  sols." 

A  la  fin  de  chaque  audience,  le  plumitif,  ou  plutôt  le 
registre,  est  signé  par  tous  les  juges  et  le  greffier. 

Au  feuillet  18,  et  en  maint  autre  endroit,  demande  en 
insinuation  d'actes  portant  donation,  accordée  par  la 
cour. 

Feuillet  50. — "Entre  la  Dame  épouse  et  procuratrice 
'•  de  M.  Têtard,  {Montigny,  en  interligne  et  d'une  encre 
'•  différente),  écuier,  Capt.  d'Infanterie  du  roi  très-chré- 
"  tien,  demandeur,  d'une  part,  et  Antoine  Leduc,  défen- 
'■  deur,  d'autre  part.  A^^rès  que  la  Dame  demanderesse 
"  nous  a  supplié  de  condamner  le  dit  défendeur  à  lui 
"  faire  et  parachever  la  maison  qu'il  lui  a  entreprise,  et 
"  dont  il  a  reçu  le  paiement  d'avance,  conformément  au 
"  marché  passé  devant  Me.  Dauré,  notaire,  le  22  juin 
"  1760  ;  le  défendeur  a  dit  que  le  fléau  de  la  guerre  l'a 
'•  voit  empêché  de  pouvoir  satisfaire  au  dit  marché  ; 
"  qu'il  y  avoit  commencé  à  travailler,  mais  que  par  les 
"  commandemens  qu'il  étoit  obligé  de  faire  à  toute  force 
"  pour  le  service,  en   qualité  de   sergent,  l'avoient  em- 


"  pôfh«»  di'  pouvoir  travailler;  qu'il  fst  hors  d'état  de 
••  pouvoir  fontinuor  la  dite  bâtisse,  dans  ruidii^tMice  où 
"  il  t'st  réduit  :  pourquoi  ollro  d'abuiidoiiin'r  à  la  dite 
"  Dame  Moiitiiiuy  les  pièces  de  bois  qui  sont  sur  son 
"  terrain,  de  perdre  le  temps  qu'il  a  employé,  et  de  lui 
"  rembourser  les  ordonnances  <ju'ellc  lui  a  données. 
*'  Nous,  parties  ouies,  attendu  (jUi'  1"  dit  défendeur  n':> 
"  pu  être  «Tarant  des  évènemens  qui  sont  arrivés  d'après 
"  la  passation  de  son  marché,  et  l'impossibilité  manifeste 
"  où  il  a  été  de  travailler  aux  dits  ouvra<>es  à  cause  des 
'  commandemens,  avons  décliarrré  le  dérend<Hir  de  l'en- 
"  treprise  par  lui  liiite,  en  par  lui.  suivant  ses  ollres, 
'•  abandonnant  à  la  dite  Dame  de  Montisfuy  les  pièces 
•'  de  bois  qui  sont  sur  son  terrain  et  lui  remboursant,  en 
"  ordonnances,  la  somme  de  quinze  cents  livres,  au 
"  moyen  de  quoi  le  dit  marché  demeurera  nul:  le  con- 
*'  damnons  aux  dépens,  taxés  à  trente  so]-^. 

"  Mandons,  etc." 

Dans  un  jui>"ement,  motivé  aw  feuillet  12,  on  trouve  b's 
expressions  suivantes,  qui  peuvent  donner  la  mesure 
des  connaissances  léi^ales  de  cette  époque. 

"  Et  attendu  que  conformément  aux  décisions  des 
"  lérrislateurs  et  particulièrement  de  Ferrière,  dans  la 
"  srienie  jKtrftiite  des  nof (lires,""  etc. 

Le  feuillet  10(î  contient  une  sentenee  d'ordre  et  de 
distribution. 

OMF.^     3MF.     p.p      4MK      REGISTRES. 

Je  viens  de  rendre  compte,  M.  Bibaud,  du  1er  Regis- 
tre du  "  Conseil  des  Capitaines  de  MiHce  de  Montréal," 
commencé  le  4  novembre,  17H0,  se  tenuinant  le  22  août, 
17 'Jl  ;  et  je  dois  ajouter  qu'il  est  accompai^né  de  trois 
autres,  qui  contiennent  les  procédures  ultérieures  de  ce 
même   tribunal   (aussi   appelé  ''Chambre  de  Justice'' qï 


45 

*'  Chambre  de  Milice  de  Montréal,''')  du  25  août  1761  au  26 
avril  1764. 

Ces  trois  derniers  registres,  comme  le  premier,  sont 
entièrement  écrits  en  français.  Les  noms  anglais  y  sont 
écorchés  pour  les  franciser. 

5ME    -prj,      gMK     REGISTRES. 

J'ai  également  eu  accès  à  deux  registres,  peu  volumi- 
neux, renfermant  les  sentences  rendues  en  appel,  durant 
le  Règne  mi/itaire,  tant  par  le  "  Conseil  "  ou  la  "  Chambre 
Militaire  de  Montréal,"  que  par  le  "  Conseil  "  ou  la 
"  Chambre  Militaire  de  St.  Sulpice."  C'étaient  des  tri- 
bunaux qui  siégeaient  le  20  de  chaque  mois,  en  vertu 
de  l'ordonnance  du  gouverneur  Grage  du  13  octobre 
1761,  (V.  Art.  18e.)  et  qui  n'étaient  composés  que  d'Offi- 
ciers de  /'Armée,  toujours  au  nombre  de  cinq.  On  appe- 
lait à  eux  des  jugemens  rendus  par  les  chambres  de  mi- 
lice de  districts,  et  on  appelait  d'eux  au  gouverneur. 

Leurs  jugemens  étaient  qualifiés  d'Arrêts,  comme  on 
le  voit  par  le  titre  de  l'un  de  ces  deux  registres  (1).  De 
81  arrêts  rendus  par  cette  cour  de  Montréal  (du  21  nov. 
1763  au  21  juillet  1764,)  présidée  tout  ce  temps  par  le 
capt.  Thos.  Fa/coner,  du  44e  régiment,  5  seulement  sont 
en  anglais  et  dans  des  causes  où  les  parties,  ou  l'une 
d'elles,  sont  d'origine  anglaise.  Le  registre  du  Conseil 
Militaire  de  St.  Sulpice,  dont  le  1er  feuillet  manque,  se 
compose  de  62  pages,  et,  commençant  le  20  février  1762, 
se  termine  le  20  août  1763.  Il  contient  68  arrêts,  dont  un 
seul  est  en  anglais,  dans  une  cause  entre  un  officier  de 
l'armée  et  un  canadien.  M"^"  C.  F.  Caron,  notaire  roval, 
et  MM.  Daquilhe  et  Demoulin  ont  successivement  été  les 
greffiers  de  ce  tribunal. 


(l)  "  Plumitif  pour  servir  aux  Arrêts  par  extrait  du  Conseil  Militaire  de 
Montréal," 


iùi  partouniiit  e«'s  ciiuj  cU'rnior.s  rejjistios.  on  vomi 
<jii«*  K's  observations  (jui'  j'ai  laites  sur  le  premier  leur 
sont  ai>plic'ahles. 

""*     KKdlSTlCK. 

Le  septième  registre  don!  jai  eu  communication  nu 
irreile  de  Montréal,  fst  lelui  des  ■  Appels  au  Gouver- 
neur." 

Il  est  de  'Z'2'2  pages  in-lolic»  et  contient  2i»î'  jugemens 
par  le  irouverneur  Gti'^t,  et  Oô  i>ar  le  gouverneur  Buriott 
Ces  juiiemens  sont  qualiliés  à'ChdoiinuHces  et  Arrêts  ; 
les  jugemens  en  dernier  ressort  prenaient  ce  titre  en 
France;  ceux  des  cours  dont  l'appel  était  interjette  : 
Seiitenres. 

Le  1er  arrêt  du  u(>u\erneuv  Crage  est  du  tl  décembre 
ITtJU.  et  conlirme  une  sentence  de  la  '  Chambre  des 
Milices  de  Montréal"  du  2  du  mém«*  Mois;  le  dernier 
arrêt  est  du  '1\  octobre  IT'I-). 

L»*  Ter  arrêt  ou  ordonnanc<'  du  gouverneur  lUirion 
ot  du  -n  octo})re  IT»'.:^  :  le  dernier  du  10  août  17G4. 

Ce  reffistre  contient,  consétiuemment,  tous  les  appels 
du  i;(»uvt*rneraent  de  Montréal  pendant  le  i?<'gwf  inili- 
l<iir> 

Des  -VU  ordonnances  ou  arrêts  reiulus  par  ces  deux 
LTOUverneurs.  du  «i  décembre  17G0  au  10  août  17G4,  trois 
seulement  I  ont  été  par  le  'gouverneur  et  son  Conseil""; 
tous  les  autres  par  le  gouverneur  seul.  l.ie  langage  de 
ce  retristre  est  encore  le  français;  toutes  les  causes  sont 
pour  atiaires  civiles,  aucune  pour  affaires  criminelles. 

Je  termiiu'  par  un  seul  extrait  des  jugemens  d'appel, 
qui  donnera  de  nouvelles  lumières  sur  la  jurisprudence 
de  ce  temps. 


47 

"  1762,  15  mai.         j       •  Par  Son  Excellence 
Entre  Charle:^  Rohidon  [  THOMAS  GAGE,  etc. 

et  Jacques  Robidou."  )  "  Entre  Charles  Kobidou,  rap- 
pelant d'une  sentence  rendue  par  le  Conseil  Militaire  de 
cette  ville,  du  20  avril  1762,  d'une  part,  et  Jacques  Robi- 
dou, défendeur,  d'autre  part.  Après  que  le  dit  deman- 
deur nous  a  supplié  de  casser  la  dite  sentence  rendue 
par  le  dit  conseil,  qui  condamne  les  dites  parties  à  payer 
par  égale  portion  la  somme  de  45  liv.  pour  les  frais 
qu'elle  alloue  pour  un  procès  intenté  par  esprit  d'animO' 
site,  et  les  condamne  en  outre  à  payer  chacun  six  pias- 
tres d'amende. 

"  Il  nous  auroit  été  fait  en  outre  des  représentations 
par  les  Sieurs  officiers  de  milice  du  district  de  la  Pointe- 
Claire,  qu'ils  auroient  été  également  condamnés  par  la 
dite  sentence  à  payer  les  frais  mentionnés  aux  pièces 
qu'ils  nous  ont  présentées,  où  il  est  spécifié  qu'ils  ont 
iugé — "  selon  leurs  lumières,  n'ayant  jamais  étudié  le 
droit  ;  " — et  qu'en  outre  ce  n'a  été  qu'à  la  jiersécution 
des  parties  qu'ils  ont  ouï  tant  de  témoins. 

"  Nous,  parties  ouïes,  vu  la  justification  des  sieurs  offi- 
ciers de  milice  et  en  outre  l'extraordinaire  qui  n'est  que 
suivant  les  intentions  de  notre  placard  de  justice,  et  les 
papiers  à  Nous  présentés,  avons  ordonné  ce  qui  suit  : 

"  Sçavoir,  que  les  articles  mentionnés  dans  ladite  sen- 
tence qui  condamne  les  dits  officiers  à  des  frais,  sont 
cassés  et  annulés,  ainsi  que  l'article  qui  spécifie  de  faire 
enregistrer  la  dite  sentence  sur  le  Registre  de  ta  Pointe- 
Claire.  Et  pour  à  l'égard  de  Charles  et  Jacques  Robidou 
avons  ordonné  ce  qui  suit  : 

"  lo.  Chaque  partie  payera  les  témoins  qu'il  a  menés 
à  la  chambre  de  la  Pointe-Claire  et  les  significations  des 
ordres  donnés  aux  dits  témoins,  et  les  deux  piastres  par 


48 

la    ilitt'   chainUr.^    >.M(Hit    i):i\  <••'>    par    nioitii'    aux    dites 
parties. 

'•  lu.  Lo>  huit  piastres  d  aiu-'iidc  coïKlaimn'i'  par  lu 
chamhrt»  il»'  la  Pointe-Claire,  (jui  doivent  s«'rvir  à  payer  le 
teins  des  oiHciers  asseni}>l«''s.  aill^i  (pif  !«•  lireliier.  seront 
pavées  par  Jacques  Uohidou.  /tour  tiroir  eu  île  si  nxmvdis 
///•(irédés  roiitre  le  demnmieiir. 

"  3o.  Charles  Robidon  payera  un»'  pia.viic  d  amcudi'. 
pour  n'avoir  point  ex ''cuté  les  ordres  du  Capitaine  pour 
tracer  les  chemins. 

"  Et  pour  les  six  piastres  d'amende  (IohI  les  parties 
sont  éaalement  condamnées  à  payer  par  le  Conseil  mili- 
taire, ordonnons  qu'ils  n'en  payeront  que  chacun  trois, 
pour  les  raisons  y  contenues,  et  (iéfenihns  à  l'avoiir  niir 
fiites  /mrdes  de  s'i//frtffrr  f'/nir  à  l' m/Ire  (im-un  /n'ocrs  .s7///v  ffes 
misons  so/iffes. 

••  >Ian<lons,  etc. 

'•  Donné  au  ChAte;ui  d-'  Montréal.  K'  lô  mai  170l'. 

THOS.  (JA(rE. 

••   rnr  >(>//    Errcllfnre. 

.1.    MATUltl.V." 

Si  ce  juq'ement  contient  des  sinirularités,  on  ne  peut 
.sempecher  d'y  voir  un  désir  bien  prononcé  de  réprimer 
le  despotisme  de  la  -'Chambre  Militaire." 

Aveitissrnwnl  el  siiina/ement  d'un  n'enre  siiiirulier  qui 
.se  trouve  dans  le  •  Ueiiistre  des  Appels,"  avec  quelques 
autres. 

"  Le  nommé  Truieis,  <  harrelit'r  à  Québec,  a  iissassiné 

•"  au  dit  lieu,  le  20  du  présent  mçis,  le  nommé  Sf,  Louis. 

"  Ce  Travers  a  cinq  pieds  de  haut,  les  cheveux  châtains, 

"  menu  du  corp.s,    le  nez  croche,  les  yeux  creux,  barbe 

*•  rousse.  visaq"e  affreux,  et  àpré  de  '50  ans  ou  environ. 

RALPH  BUUTON.  Etc..  Etc. 


49 

"  Ordre    circulaire  à   tous    les  capitaines  de    milice    et 
"  autres  officiers  du  gouvernement  de  Montréal. 

'•  11  vous  est  ordonné  de  faire  appréhender  et  saisir 
"  par  corps  le  dénommé  ci-dessus,  en  quelqu'endroit 
"  qu'il  se  trouve  dans  le  gouvernement  de  Montréal,  et 
"  de  le  faire  conduire,  sous  bonne  et  sure  garde  ès-pri- 
"  sons  royaux  de  cette  ville. 

"  Mandons,  etc. 

"  Donné  à  Montréal,  le  26  avril,  1764." 

[Nun  signé.) 

En  voilà  bien  long,  M.  Bibaud  ;  mais  il  convenait  de 
réunir  tout  ce  qui  avait  rapport  à  VHistoire  légale  du 
règne  militaire,  à  laquelle  il  ne  semble  plus  manquer  que 
le  "  Placard  du  '22.  septembrt^  1760." 

Montréal,  2  avril  1827. 

E.  T.  (1) 


(1/  P^fudonymti  (Jp:  .M.  Iioiiri/u'qw  .l/oyirfr/f^  alors  avocat  à  ^^ontl■éal,  et 
maintenant  juge  aux  Trois-Rivières.  On  verra  le  "  Placard  du  21  sept. 
1760."  dont  il  est  ici  parlé,  aux  Pièces  Officielles,  Gouvernement  des  Trois- 
Riiiièrcs,  sous  la  dat<'  du  ■   lt>r  oct." — .T.  \'. 


50 

\  . 

•  Le  [tnys  doit  i  fiiiorrici'  M.  Ri- 
li.iiid  t't  ses  nirn>s|i<iiitlauls  d'avoir 
fait  part  i\r  its  litirufiimls  au  piildir- 
Ils  iioiiiiont  sf'ivir  à  ndfvcr  j)lii- 
si«Mirs  assertions  mal  foiiU^'cs  et  à 
(•oriif:t'rt|iud(]iH»s  inexactitudes  sur 
tes  matières,  eausées  jiar  réloif,'ne- 
meiil  des  leiiijis  et  riiicerlitudo  dos 
cniuiaissaiices  purement  liadilinii- 
nelles." — Lu  Minrrrr. 

Toi  ost,  M.  Bibaud,  le  ju^-omc'iit  porté  par  le  patriotique 
éditeur  de  La  Minerve  (1)  sur  la  correspondance  relative 
au  lièij^ne  Militaire.  Etait-il  possible  d'être,  à  la  fois, 
plus  poli,  plus  mesuré,  plus  concis,  qu'il  Ta  été  dans 
cette  saçe  critique  si  l)ien  pensée  et  si  convenable- 
ment exprimée  ?    S'il  est  persuadé  (pie  le  travail  de  vos 

correspondans  L. E.  T. et  iS.  R. doive  être 

utile  ;  s'il  a  le  îroiit  de  l'analyse,  comme  il  me  paraît  en 
avoir  le  talent,  qu'il  se  charg-e  d'indi(juer  à  l'histgrien 
"  comment  et  de  quels  faits  doit  se  composer,  à  l'avenir,  la 
page  véridique  de  C histoire  légale  du  Canada"  d'après  les 
mouumens  historiques  fournis  par  votre  Journal.  Ce 
pourrait  être  une  tâche  «jui  lui  conviendrait,  et  dont  il 
s'acquitterait,  sans  doute,  avec  honneur  pour  lui-même 
et  pour  son  pays. 

Je  vous  adresse  aujourd'hui  les  derniers  doiumms  en 
ma  possession,  tant  sur  le  Clouvernement  de  Monlrtal,  que 
8ur  celui  de  Québec  :  il  n'y  a  rien  à  avoir  sur  celui  des 
Trois-Ilirières,  [(^n  donnerai  bientôt  la  raison.  L.  et  E. 
T.,  ne  paraissent  pas  avoir  fait  de  nouvelles  découvertes 


(1(  A.  N.  Monn,  Ecr..  Avural. 


51 

depuis  mars  et  avril  (1).  Il  conviendra  donc  de  résumer 
au  prochain  numéro.  Je  laisse  à  L.,  et  E.  T.^  de  le 
faire,  en  les  priant  d'agréer  mes  remercimens  pour  leurs 
précieux  essais,  publiés  à  mo>i  aide  dans  ce  journal,  et 
pour  les  honnêtetés  qu'ils  m'y  ont  personnellement 
adressées. 

Pourquoi  me  demandera-t-on,  peut-être,  faut-il  un 
résumé  ?  Pourquoi  faut-il  qu'un  autre  le  fasse  ? — Le 
voici  : 

lo.  Un  résumé  est  nécessaire  ; — pour  constater  en 
quoi  et  jusqu'où  le  but  qu'on  s'était  proposé  est,  en  effet, 
rempli  :  pour  faire  res.sortir,  par  la  confrontation  que 
l'on  y  doit  faire  des  textes  ou  autres  autorités,  "les  as- 
sertions mal-fondées  qu'on  a  relevées." — •'  les  inexacti- 
tudes que  l'on  a  eu  le  bonheur  de  corriger,"  preuves  qui 
se  font  en  citant  alors,  en  raccourci,  les  piècet justificatives 
publiées  tout  au  long  sous  les  signatures  L. — E.  T. — 
S.  R.,  ou  autres.  Il  est  nécessaire  :  pour  convaincre  le 
lecteur,  dans  le  moins  de  mots  possible,  qu'il  a  dû  ac- 
quérir, par  la  lecture  de  ces  pièces  justificatiiies^  des  no- 
tions certaines  et  positives,  autres  que  les  notions 
vagues  et  mensongères  qu'il  avait  auparavant. — Il  est 
nécessaire  :  pour  mettre  en  garde  contre  certain  écri- 
vain inexact,  et  en  faire  apprécier  un  autre  en  qui,  peut- 
être,  l'on  n'avait  pas  la  même  confiance.  Il  est  surtout 
nécessaire  ici,  et  dans  ce  moment  plus  particulièrement  : 
afin  de  prévenir  contre  l'erreur  ou  l'incertitude  ceux  de 


fl)  Votre  correspondant  E.  T.,  en  a  fait  une  très-importante  ;  c'est  celle 
d'un  extrait  du  Placard  du  Tl  Sept.,  1760  (page  38  plus  haut).— 

Sait-on  si  le  général  Amherst  était  en  Canada  à  cette  date?  Smilh 
donne  au  moins  à  entendre  qu'il  y  était  encore  le  17.  Ce  placard  serait- 
il  de  ce  général,  et  celui  par  lequel  il  établissait  ses  tribunaux  de  justice? 

Oui;  on  verra  ce  Placard,  trouvé  en  1845,  parmi  les  Pièces  Officielles, 
Gouvernement  des  Trois-Rivières,  1  Octobre  1760. 


52 

nos   rnni/Kifn'titt'^   q\ii    s'occuppnt    à    t'-orin»    VfJis/oirr    t/u 

(  \imifnl. 

'_'<».    lin  :iuti»^  (jiU'  iiioi  (l<»il  se  cliaru^»-!"  de  lain'  <•♦'  rcsu- 
nir  :  parr»'  qu'un  autre  (|U«*  inoi  le    Irva  l>it*n  «'t  que  jt»  le 
ferais  mal.  Qiie  peut-on  m'opposera  cette  raison  !  Quelle 
autre    t'xii^era-t-on    apr^s    celle-là  ?    Qu'on   examine    les 
fnih  jusqu'alors  icrnorés  ou  perdus   de  vue.  (si    l'on  sup- 
pose (juils  t'taieut  seeretement  connus  de  quehjaun,  au 
pays),  ([ue  les  essais  de  L.  et    /J.  T.  ont  lait    ecomaitre  ou 
reparaitre  au  jour,    et  (|ui  ont  donn»'-  une  tout  autre  di- 
rection   aux     re<'herches    que    d'abord  j'avais    en   vue. 
Vove/  Tordre  (ju'ils  ont  mis  tous  deux  dans  le  sujet  par- 
ticulier ({uils  <»nt  trait»'  1  le  parti  (ju'ils  en  ont    su  tirer, 
le  premier  comme  politique  et  comme  historien,  le  se- 
cond en  jurisconsulte  méditatii'  et  »''clair«'',  et  tous  deux 
comme  Canadiens,  amis  de  leur  pays.  Knlin,  la  question, 
tell.'  (ju'elle  est  actuellement  devant  le  public,  ^ràce  au 
point  de  vue  sous  lequel  ces  messieurs  ont  eu  le   talent 
de  la  voir  et  de  l'agiter,  doit  provoquer  d'intéressantes 
observations,  de  plus  d'un  uenre,  particulièrement  sur  la 
jouissance   non   interrompue  de  nos  lois,  de  nos  usag-es, 
de  notre  lanirue,  etc.,  que  nous  avons  toujours  dû  conser- 
ver,  à    compter  de  la    Ca/fif/zlufion    mt'me    de    Montréal^ 
dont  on  verra  bientôt  qu'on  peut  s'étayer,  pour  prouver 
<iue   la  possession  de  ces  droits  nous  «'-tait  «garantie  par 
elle.     11   faut  donc  absolument  (ju'un  autre  qu«'  moi  tra- 
vaille  au    r«''sumé    en  question:  outre  le  talent,  c.rtuins 
matériaux  nécessaires  me  manquent. 

Tas.sons  maintenant  aux  derniers  documents  dont   jai 
«lit  plus  haut,  que  je  vous  ferais  part  aujourd'hui. 

lo.    (ÎOT'VEUNEME.NT  DE  MONTREAL. 

En  vous  envoyant,  M.  Bibaud,  le  1er  février,  une  liste 
de  certaines  ordonnances,  etc.,  des  Gouverneurs  Gage  et 


53 

Bnrton,  alors  en  ma  possession,  j'ignorais  qne  j'en  avais 
d'autres.  J'ai  trouvé  ces  papiers  depuis  lors.  (î) 

Toutes  ces  pièces,  annoncez-le,  M.  Bibaud,  sont  comme 
les  autres,  au  service  de  quiconque  voudra  y  avoir  accès 
pour  l'avantage  public. 

Encore  un  document,  qui  montrera  comment  un  Gou- 
verneur d'alors  prenait  possession  de  son  gouvernement, 
et  par  quelle  autorité  il  était  nommé  dans  ces  temps. 

"  Ralph  Burton,  Ecuier,  Brigadier- 
"  Général,  Colonel  d'Infanterie,  C4ov- 
"  verveur  de  Montréaf  et  de  ses  dépen- 
"  danres,  etc. 

"  Sa  Majesté  ayant  jugé  à  propos  d'appeler  à  la  Nou- 
velle-York, pour  le  bien  de  son  service.  Son  Excellence 
M.  le  Majjor-Grénéral  Gage  : 

"  Nous  faisons  sçavoir  à  tous  bourgeois,  marchands  et 
habitants  quelconques  de  la  Ville  et  Gouvernement  de 
Montréal,  qu'il  a  plù  à  Son  Excellence  M.  le  Génl.  Am- 
herst,  de  Nous  nommer  Gouverneur  de  cette  A'ille  et 
gouvernement  (2). 

"  Vovilons  que  tous  les  Ordres  et  Règlements  pour  le 
bon  ordre  et  la  police  de  ce  gouvernement,  ci-devant 
donnés  et  publiés  par  Son  Excellence,  M.  le  Général 
Gage,  soient  exactement  suivis  en  tous  points  et  sous 
les  peines  y  portées,  à  moins  d'un  ordre  de  notre  part 
au  contraire. 


(1)  Je  me  dispenserai  de  copier  ici  cotte  lislr,  vu  qu'on  doit  tronv-'r  ces 
Ordonnances,  etc.,  transcrites  en  leur  entier,  un  peujilus  loin,  Pièces  Offi- 
cielles, etc. 

(2)  Le  général  Amherst,  alors  à  New-York,  partait  pour  l'Angleterre, 
sous  congé,  et  appelait  le  général  Gage  pour  le  remplacer  dans  le  •'  com- 
mandement en  chef  des  troupes  de  1"  Amérique  du  Nord",  comme  on  le  peut 
voir  par  un  Ordre  général  daté  de  New-York,  le  17  Novembre  176.3. 


54 

l'iileiuloiis  ([Wi'Vd  justice  livile  continuera  à  être  admi- 
nistrée imrdevont  /es  Clninihres  «le  Milice  et  Militaires,  et 
par  ajijicl  /larf/cvunt  Xoits,  accc  les  mi'mcs  formes  que  ci- 
lle va  ni . 

"  La  présent»'  Ordonnauor  sera  lue,  publiée  et  affichée 
en  la  manière  accontuniéc,  afin  qu<*  personne  n'en  pré- 
tend»' (^aiise  d'i«rnorante,  slirn»-  de  notre  main,  scellé  du 
sceau  dt'  nos  armes  et  contresii^né  par  notre  Secrétaire. 

Mandons,  etc.,  Doiii».'  au  Chaleau  de  Montréal,  le  2î» 
o.'tohre  17G'Î. 

•  RALPH    lUlRTON 

■    Par  Mi)N<irur  le    (iouverneur, 

J.   r.RWYÈRES." 

Cette  Ordonnance  ou  Proclamation,  offre  bien  une 
preuve  certaine  (jue  \a  Justice  criminelle  n'était  point  du 
ri's.sort  des  "Cliambres  de  Milice",  lomme  Ta  déjà  établi 
votr»'  correspondant  L. 

L*0.    Ool'VERNEMKNT    DK    QUKBKC. 

Les  Documents  inédits  que  j'ai  reçus  de  Québec  et  qni 
ont  rapport  <\  ce  Gouvernement,  sont  au  nombr»"!  de  trois. 
Je  suis  rt'ilcvable  do  ces  copies  authciiti(|ues  à  la  poli- 
tesse obli'jfeante  de  M  ./.  /'\  Perreault,  nn  des  protono- 
taires  du  District  de  Québec,  et  qui,  en  cette  qualité,  est 
le  dépositaire  du  Uej;-istre  d'où  ils  sont  copiés. 

Il  parait  que  le,  lan<^a<z:e  de  v;ette  Ccur.  civile  et  crimi- 
nelle à  la  fois,  était  le  français  ;  que  sa  première  séance 
est  du  4  Novembre  1760  et  sa  dernière  du  4  Août  1764  ; 
et  qu'il  n'y  a  point  eu  de  "  Chambres  de  Milices"  dans 
ce  Gouvernement  (1).  Voilà  tout  ce  que  je  puis  ajouter, 
pour  le  moment,  aux  connaissances  que  tout  autre  peut 
puiser,  comme  moi,  dans  les  documens  mêmes  que  je 

>h  Hayval  <'Si  'loue  «îio'  l,  «n  Smilh  '-ti  (i<^raiii 


55 

vous  envoie,  et  sur  lesquels  je  m'abstiendrai  de  faire 
aucune  observation.  Mais  je  me  flatte  qu  il  se  trouve- 
ra, à  Québec,  un  autre  E.  T.  qui  voudra  bien  entrepren- 
dre un  travail  semblable  au  sien,  et  communiquer  en- 
suite au  i^ublic  les  détails  intéressants  sur  VHistoire 
légale  de  ce  Gouvernement,  durant  le  "  Règne  Militaire,  " 
qu'il  aura  pu  puiser  dans  le  Registre  en  question. 

Extrait  d'un  Registre  déposé  dans  les  Archives  de 
Québec,  intitulé  : 

"  Re(;istre  du  Conseil  iiuIiJaire  <(e  Qafbec,  conlfiianl  les  Ordon- 
nances, Règlements,  sentences  et  Arrêts  de  la  dite  Cour  de 
Justice  el  autres  arlfs  îles  Notaires.  " 

"De  la  part  de  Son  Excellence  Monsieur  Jacques 
MuRRAY,  Grouverneur  de  Québec,  etc. 

"  Notre  principale  intention  ayant  été,  dans  le  Gou- 
vernement qu'il  a  plû  Sa  Majesté  Britannique  de  nous 
confier,  de  faire  rendre  la  justice  à  ses  nouveaux  sujets, 
tant  Canadiens  que  François,  élablis  dans  la  Ville  et 
Côtes  de  ce  Gouvernemetit.  Nous  avons  cru  également  né- 
cessaire d'établir  la  forme  de  procéder  ;  de  fixer  le  jour 
de  nos  audiences,  ainsi  que  ceux  de  notre  Conseil  Mili- 
taire que  nous  avons  établi  en  cette  ville  :  afin  que  cha- 
cun puisse  s'y  conformer,  dans  les  affaires  qu'ils  auront 
à  faire  juger  en  nos  audiences,  ou  celles  que  nous  juge- 
rons nécessaire  de  renvoyer  au  dit  Conseil.  A  ces  cau- 
ses, nous  avons  réglé  et  ordonné  par  le  présent  Règle- 
ment comme  suit: 

"  Art.  1er. — Toutes  plaintes  ou  aflTaires  d'intérêt  civil 
ou  criminel  nous  seront  faites  par  placets  ou  requêtes 
adressant  à  Nous,  lesquels  seront  remis  néanmoins  à  M. 
H.  Cramahé,  notre  secrétaire,  qui  les  répondra,  pour  que 
les  assignations  soient  ensuite  données  par  le  premier 
huissier,  aux  parties  adverses,   aux   fins  de   comparoître 


.)0 

pour    d«''l«'iulit'     iii    iiotir   aiuiioiuri'  suivant    U-ts    délais 
iuai(iu»''>  eu  t'uanl  a  la  di.slaïut*  dt's  li»'iix. 

.1/7.  'liiin. — L»'s  jour.s  d«'  nu>  au<li«'ini's  «eront  1«* 
uiardi  <l»'  t  hat|iu'  M'inuiiU'.  dfpui.s  pi  Ih-uits  du  mutin 
jusquà  midi.  »'l  .«so  tieudrout  l'U  noln*  Uohl,  à  cummen- 
otT  mardi  prochain.  4  \o\fml»rr 

•■  Arl.  '-\iiir. —  Les  plueets  ou  requeteis  (]Ui  auront  été 
répondus  par  notre  Secrétaire,  dans  la  form»*  expliquée 
par  l'Article  1er  signifiés  aux  parties  adverses,  et  le  dé- 
lai de  l'assiu-nation  expiré,  seront  remis  à  notre  secrétai- 
re, la  v»'illed«'  l'audienee,  c'est-à-dire  le  lundi,  ])Our  Tau- 
ilienct'  du  mardi  :  sans  quoi,  elles  ne  seront  point  ju- 
gées. »'t  remises  à  la  prochaine  audience. 

"  Ail.  Xiiir. — Les  parties  adverses,  qui  auront  quelques 
papiers  ou  écritures  servant  à  la  dél'ensede  leurs  causes, 
seront  pareillement  tenues  de  les  remettre  à  notre  se- 
crétaire la  veille  de  l'audience,  sin<»n.  sera  laii  droit  sur 
la  demande   de  la  partie. 

Ail.  ônif . — .Si  les  parties  assignées  n"oni  a\icune  écri- 
ture à  produire,  elles  seront  tenues  de  comparoître  en 
notre  audience,  au  jour  de  rassijriu'ment,  soit  en  person- 
ne ou  par  procureur,  sinon  il  ne  sera  donné  aucun 
déiaut.  et  sera  pareillement  l'ail  droit  sur  la  .seule  assi- 
gnation tjui  leur  aura  été  donnée  ;  alin  d'éviter  la  loii- 
irueuv  <l«'>  procédures  et  la  multiplicité  des  Irais. 

Al/.  *)nitf. — Si  la  trop  uramle  (jiuintilé  d'aHaires  ne 
pou\<>it  permettre  de  les  juuer  toutes,  dans  une  seule 
audience,  elles  seront  remises  à  la  i)rochaine,  et  les 
parties  tenues  d'y  c:<ymj)ar<)iti f,  sans  aulïe  assignation. 

Ail.  ~iiu'. — Les  jugemeiis  <jui  seront  rendus  en  notre 
llùtel,  à  l'audience,  .seront  exécutés  sans  appel,  et  les 
parties  contraini«'s  d'y  satislaire  suivant  ce  qui  sera  pro- 
noueé  ;    a  rexce]»tir »ii   des  alFaires   «pie  nous    jui^erons    à 


propos  de  renvoyer  au  Co/tseï/  hiilitairc  pour  être  jugées  ; 
lesquelles  seront  remises  à  un  des  Conseillers  que  nous 
nommerons,  qui  en  fera  son  rapport  au  Conseil,  pour  sur 
ieelui  être  fait  droit  à  qui  il  appartiendra. 

"  Art.  Sme. — Le  Conseil  de  g-uerre  s'assemblera  les 
mercredi  et  samedi  de  chaque  semaine,  et  se  tiendra  en 
la  maison  de  M.  de  Beavjeu,  rue  St.  Louis. 

Art.  9me. — Les  jugemens  rendus  en  notre  audience, 
ainsi  que  les  arrêts  militaires,  seront  inscrits  sur  le 
registre,  par  le  greffier  que  nous  avons  commis  pour  cet 
effet,  et  les  expéditions  par  lui  délivrées  aux  parties. 

"  Art.  lOme. — Tout  ce  que  dessus  sera  exécuté,  tant 
pour  la  ^-ille  que  pour  les  campagnes;  à  l'exception 
néanmoins  des  différents  que  les  habitants  des  côtes 
pourroient  avoir  entr'eux  pour  raison  de  clôtures,  dom- 
mages, ou  autres  cas  provisoires,  dont  nous  renvoyons 
la  connaissance  au  Comninndant  de  la  troupe,  dans  chaque 
côte.,  qui  les  jugera  sur  le  champ;  sawî  Appel  au  Conseil 
Militaire,  si  le  cas  y  échêt  et  qu'il  y  ait  matière. 

"  Et  sera  le  présent  Règlement  lu.publié  et  affiché,  tant 
dans  les  lieux  et  endroits  accoutumés  de  cette  ville,  que 
dans  chaque  côte  de  ce  gouvernement  ;  à  ce  que  per- 
sonne n'en  prétende  cause  d'ignorance,  et  ait  à  s'y  con- 
former ;  interdisons  toutes  autres  Cours  et  jurisdictions 
qui  auroient  pu  être  établies  tant  dans  la  ville,  que  les 
faubourgs  et  campagnes  (1). 

(i)  Je  crois  devoir  faire  observer  ici:  Que  Québec  ayant  capitulé  le  18 
Septembre,  1759,  cinq  jours  après  la  bataille  dans  laquelle  Wolfc  et  Mont- 
ca/m  perdirent  la  vie  el  gagnèrent  l'immortalilé,  le  général  TownsJundTprM 
possession  de  cette,  ville  le  môme  jour  :  que  le  Général  Murray,  qui  lui  succéda 
dans  le  commandement,  demeura  maître  et  Gouvertuur  de  cette  place  jus- 
qu'à la  reddition  entière  du  pays,  le  8  Septembre  1760  ;  qu'il  dût  y  main- 
tenir, pendant  tout  ce  temps,  les  tribunaux  qu'il  y  trouva  existants,  ou  en 
établir  île  sa  façon,  puisqu'on  a  de  lui  un  Règl  ment  du  15  Janvirr  1760, 
(que  SmWi,  qui  nous  l'a  conservé,  qualifie  de  Proclamalion),  conçu  et  ré- 
dige dans  les  formes  usitées  par  les  gouverneurs  du  Règne  mitituwe, — par 
lecjuel  il  lixe  le  prix  du  pain  et  de  la  viande,  etc.,  et  que  c'est  peut-être 
aux  tribunaux  par  lui  établis  que  le  général  fait  ici  allusion  par  cette  or- 
donnance. 


58 

*'  Fuit  et  doniu ,  .ous   notr»»  sccl  vi  \o   ('oulroseing;  de 
notre  socrôtairo,  à  Qut'«})t»c.  le  '.U  (  )i'to])r«'  1700. 


.Ia.  MlTliRAY. 


Par  Son    ExrtUfni'f, 

II.  T.    Ck.\m.\iik." 


"  Jacques  Murrav,  Ecuy»*r,  Colonel  d'infanterir,  Bri- 
"  gadier-Général  des  armées  de  S.  M.  B.,  Gouver- 
"  neur  de  Québec  et  dépendances. 

"  Ayant  établi  une  Cour  et  Conseil  Supérieur  à  Québec, 
"  pour  rendre  Li  justice  aux  habitants  de  notre  Crouver- 
*'  neniHiit,  coiiroriiiriiK'iil  à  Yarlicle  42  «le  la  cajiilitlation 
"  générale  de  la  lolonif,  Il  est  nécessaire,  pour  compo- 
"  ser  ce  Conseil,  de  commettre  des  Conseillers,  pour  don- 
"  ner  leurs  voix  délibératives  dans  les  affaires  qui  se 
"  présenteront  à  juger.  A  cet  effet,  étant  pliMiiement 
"  et  suffisamment  informé  des  bonnes  vies,  mœurs  et 
"  capacités  de  Messrs.  le  Major  Augustin  Prévost,  les 
"  Capitaines  Hector  Théophile  Cramahé,  Jacques  Baz- 
"  hiill,  Ivichard  Ji(n'/lie,  Ilughvs  Camcron,  Edouard  Malo- 
"  ne,  Jean  Brairn  h's  avons  nommés  par  ces  présentes 
"  pour  Conseillers  ;  pour  par  eux  jouir  dfs  droits,  pré- 
*'  émin«'nc<"s,  prérogatives  et  honoraires  attachés  aux 
"  dit«'s  charges.  Et  ont,  les  dits  sieurs  Augustin  Prévost 
*'  Hector  Théophile  Cramahé,  Jacques  Bazbult,  Richard 
"  Baillie,  Hugh»^s  Cameron.  Edouard  Malone,  Jean 
"  Brown,  l'ait  serment  rn  nos  mains,  sur  les  Saints  Evan- 
'•  giles,  de  s'acquitter  fiddenn-nt  et  noblement  de»  dites 
"  charges  :  eu  loi  de  (ju<ii  nous  leur  avons  délivré  la 
**  présente  Commission.  <jue  nous  avons  signée  de  notre 


••  main,  à  icelle  fait  apposer  le  cachet  de  no><  armes  et 
•'  fait  contresigner  par  notre  secrétaire. 

"  Ja.  MURKAY. 
''  A  Québec,  le  2  NoA^embre  1760. 
"  Par  Son  Excellence, 

H.  T.  Cramahé." 


"  Jacques  Murray,  Ecuyer, 

"  Colonel  dlnfanterie,  &c. 

"  N'ayant  rien  tant  à  cœur  que  de  rendre  une  prompte 

•'  et  bonne  justice  aux  habitants  de  notre  gouvernement 

•'  nous  avons  à  cet  effet  étabU  une  Coter  et  Conseil  Supé 

i;  rieur,    dans   la  dite  ville    de  Québec,    ronforjnément  à 

•  /  article  42  de  la  Capitulntum  générale  de  cette  colonie  (1) 

•  et  comme  nous  .jugeons  avantageux  pour  la  œ«.m;a/.oJ 
de,  bien,  des  minems  et  absents,  de  commettre,  dans  Pé- 

•  tendue  de  notre  gouvernement  deux  Procureurs,  dans 
•  a  dite  Cour  et  Conseil,  l'un  pour  la  Côte  du  Nord,  l'au- 
-  tre  pour  la  Côte  du  Sud,  faisant  fonction  de  Commissai- 

re  a  l  apposition  et  reconnaissance  des  scellés,  inventaire 
•'  et  procès-verbaux  de  vente  des  biens  qui  pomront  apparies 
''  mr  aux  mineurs  qui  n'auront  point  de  tuteurs,  ou  aux  ab. 
••  sents,  et  aussi  pour  pourvoir  à  Ventretien  des  chemins 
ymbhcs  dans  les  dites  Côtes  de  notre  gouvernement- 
'•  a  cet  effet,  étant  suffisamment  informé  des  bonnes  vies 
;•  mœurs  et  capacité  en  fait  des  lois  de  Mons.  Jacques  Bell 
'  court  de  la  Fontaine,  nous  l'avons  commis  et  nommé  le 
"  commettons  et  nommons,  par  ces  présentes,  Procureur^ 
■  General  en  notre  dite  Cour  et  Conseil  Supérieur,  et 
'   Commissaire  à  l'effet  de  procéder  dans  toute  retendue  de 

il)  Gai.ilulat!on  Wp  Moiun-al,  du  S  s..'pt,,m[.re  1760. 


"  ladite  Côte  du  >«</  de  notre  dit  cfouvtMiitMinMit.  à  toutes 
"  appositions  de  scelh's  et  reconnoissance  d'icfux.  dans 
"  lesquels  actes  il  se  l'era  assister  de  notre  Grellier  en 
'*  CheTou  du  (îrel'Her  par  lui  eommis,  dont  il  délivrera 
"commission:  sera  loisiMc  à  mou  dit  sieur  Delà  Fon- 
"  taine,  en  cas  d'éloiyfnemtMit  des  lieux,  et  pour  rviter  à 
"  frais,  de  subdélé«^uer  une  personne  capable  ;  lui  don- 
"  nous  pareillement  pouvoir  de  rendre  les  ordonnances 
"  qu'il  jugera  convenables  pour  l'aire  faire  les  chemins 
"  publics  nécessaires,  lentretenemenl  d'iceux,  dans  l'éten- 
"  duc  de  la  dite  Cote  du  Sud  ;  pour  par  mon  dit  sieur  De 
'•  h\  l'ontaine  jouir  des  dites  charges,  droits,  honneurs, 
"  prérogatives  et  honoraires  y  attachés  ;  et  a  mon  dit  sieur 
"  De  la  Fontaine  fait  serment,  entre  nos  mains,  sur  les 
"  Saints  Evanirib'S,  de  s'a<(|uitter  bien  et  lidelement  des 
"  dites  charges;  en  loi  de  quoi,  lui  avons  délivré  les  pré- 
"  sentes,  que  nous  avons  signées  de  notre  main,  à 
"  icelle  lait  apposer  le  cachet  de  nos  armes  et  lait  con- 
"  tresiirner  par  notre  secrétaire. 


.Ta.  MUKUAY. 


"  A  Québec,  le  2  nov.  ITtJo. 

l*<li'  Siifi   l-l.rrrlhncf. 

H.    T.  CllAMAHK.' 


Mriii.'  commission,  ajoute  M.  Perrault,  a  été  donnée 
à  M  Mtre  J()sr/)/i  IClienne  Cuij^net,  pour  la  Côte  du  Nord: 
même  date. 

Et  une  commission  a  été  donnée  à  Mtre  Jean  Clnitde 
Panel  de  (rrr/fier  en  ihefde  la  Cour  l<u//érieure  de  Québec 
et  Justice  en  déj)endant,  Dé/tositaire  des  Minutes,  Actes 
et  Papiers  du  (louvernenienl  :  même  date. 


61 

3o.  GOUVERNEMENT  DES  TROIS-RIVIÈRES. 

Les  Registres  de  ce  aouvernement  qui  ont  rapportai! 
Règne  Militaire,  n'ont  pas  encore  pu  être  consultés. 

L'Ordonnance  du  Gouvr.  Murray  et  de  son  Conseil. 
du  17  septembre  1764, — "  pour  rés^/er  et  établir  les  Cours 
de  Justice,  Jug-es-de-Paix,  Séance  de  Quartier,  Baillis  et 
autres  matières  touchant  la  distribution  de  la  Justice  dans  cette 
Province  "  de  Québec,  ayant  temporairement  aboli  le 
Gouvert.  des  Trais-Rivières,  et  divisé  la  province  dans 
les  deux  seuls  districts  de  Québec  et  de  Montréal,  dont 
la  rivière  Godefroy  au  sud,  et  celle  St.  Maurice  au  nord 
du  fleuve  St.  Laurent,  devaient  faire  la  ligne  de  sépa- 
ration (1)  ;  il  paraît  que  les  registres  furent  dès  lors 
transportés  à  Québec  et  déposés  au  secrétariat  de  la 
Province.  Je  n'ai  pu  encore  y  avoir  accès,  faute  d'en 
avoir  sollicité  communication.  Au  reste,  les  documens 
cités  plus  haut,  de  Québec,  établissant  la  i?er«czYe  de  E-aynal 
et  l'inexactitude  de  Smith,  il  est  permis,  ce  semble,  de 
croire,  en  l'absence  de  ces  registres,  ce  que  dit  le  pre- 
mier de  ces  écrivains  relativement  aux  tribunaux  qui 
ont  dii  exister  aux   Trois-Rivières,  de  1760  à  1764. 

Les  Colonels  Ralph  Burton  et  Frederick  Haldimand 
paraissent  avoir  été  les  deux  gouverneurs  des  Trois-Ri- 
vières, durant  le  "Règne  militaire." 

S.  R. 


(l)La  raison  do  l'abolition  temporaire  du  gouvernement  des  Trois-Ri- 
vières, alors  nommé  Dislrict,  est  donnée  dans  ces  termes  mêmes  :  "  Et 
"  comme,  à  présent,  il  n'y  a  pas  un  nombre  suffisant  de  sujets  protestants 
"  faisant  leur  résidence  dans  le  District  projeté  des  Trois-Rivières,  quali- 
"  fiés  à  être  juges  de  Paix  et  tenir  des  séances  de  Quaitier  ;  il  est  ordonné, 
"etc." — Le  Dislrict  des  Trois-Rivières  a  été  rétabli  en  1790,  par  or- 
donnance de  Lord  Dorchester  et  Conseil,  du  1 2  avril  de  cette  année.  (Voir 
ordonnance  de  la  30e  G.  3,  ch.  5.) 


r,2 

f*i>sfrn'/)//nti. —  Le  pH-uiitT  jt>uni;i|  JUlMif  ;iU  l';iyfsll0 
(laie  (|iit'  (lu  iM  Juin  lT<î4  ;  c'«»st  la  (nizrlh-  île  Qt/éhei\ 
alors  lii  propriéiô  de  M»'ssrs.  Ilrnin/  ci  (Hh/iorr.  Ello  ne 
dit  rifu  tlii  UfiriH'  militair»'.  ]j'A/nmii/  I\r*rt's(f)\  Mnsères, 
Ciirvcr,  Du  Calvct,  luunsai/  Jlfniof  t't  (quelques  autres 
[mblic'istos,  historiens  et  voyajj^r'iirs  qui  ont  écrit  sur  le 
Cîiniula  t't  ([\\i'  j'ai  consultés,  se  taisent  ép-alenicnt  sur 
cette  période  de  notre  histoire. 

Tout  ce  que  je  connais  de  /mh/ié  sur  le  "Kéjrno  mili- 
taire "  consiste  dans  les  trois  seuls  Extraits  ci-dessous. 
Je  crois  qu'il  convient  de  les  consii^ner  au  lon^;  dans  ce 
journal  ;  ce  sera  le  moyen  de  réunir  ensemble  "toutes 
les  pièces  du  j^roces."  D'ailleurs,  tout  lecteur  n'a  pas  les 
ouvraL'cs  dont  ces  extraits  sont  tirés  :  Le  j)reniier  en 
particulier  est  assez  rare. 

\rr.  Ij.rtinil 

■    C'oMiuie  a  la    eduquelc   de  ce    pays,  le    coiuiMandant 

•  en  chef  des  troupes  de  Sa  Majesté  en  Amérique  (Am- 

•  heist)  ordonna  et  ré^^la  (|ue  la  justice    seroit    adminis- 

•  trée  aux  habitants  d'icelui  par  des  cours  établies  dans 

•  les  dilléreiifs    irouvernements    en    lesquels  cette    l'ro- 

•  vince  étoit  pour  lors  diA'isée,  dont  Sa  Majesté,  par    un 

•  de  ses  secrétairi's  d'étal,  sinniiia  son  aj>i>robation  roya- 

•  le  et  commanda  la  continuation    de  cet    arranirement 

» 

•'jusqu'à  ce  fju'on   ju'J<»At  a    j)ropos  d'y    établir    le    irou- 

•  veruennMit  civil.  "'   etc.   (]). 

Va  ]i1us  bas  : — '■  Tons  1rs  ordres,  juuemens  ou  décrets 
••  du  ('o)iscil  militaire  <!.•    C^uébce  (2),  comme  de    toutes 

I  Ij  (JfUf  i>r<ioiiiiJiiKM- (Ju  (,'•■"'  Amltcrsl  il  s>on  n/jHdbalinn  parti  Uni 
î'onl«'n'"«ir«»«|t's  <lf)CiinH'nsf|iii  noii"^  mnnqufnl  ft  dont  on  iiPf'onnait  point  l<»s 
Jalfs.  (■) 

(•)  Voir,  CH-rm  (tntdiUrH,  (invt.  du  T.  H.  !•)  Murs  1702,  lettre  de  Lord  Egremnnt 
du  12  !'<■<•  inb  i  Lut  Ahlr  J.  Aiobenit,  (MontréMi,  avril  IMâ.) 

■1\  (J'fst 'O  nifiiii'-  "  0;nsril  niilttairo  fie  (^iif^boc  "  que  le  niéin«  général 
Mirray  niipollo  missi.  ronim»'  on  a  jm  k  remaripifT  plu«  haut.  "  Conseil 
de  |/ucrr«',  "  i'.\  "  Cour  cl  Conseil  •«Ufx'Ti^'iir.  ' 

\ 


V-i 

"  les  antres  cours  de  justice  dans  le  dit  gonvernment, 
"  ou  dans  les  gouvernements  de  Montréal  et  des  Trois- 
"  Kivières,  etc."  (F  Ordonnance  dv  20,  Ibrc  1764  du 
Gouverneur  Murray  et  de  soti  Conseil,  poii^e  17  du  "  Re- 
cueil. ") 

2nte  Extrait. 

"  Immediately  on  the  réduction  of  Montréal  (8  sept. 
"  1760)  gênerai  Amherst  established  a  military  govern- 
"  ment  for  the  préservation  of  the  publie  tranquillity, 
"  and  divided  the  country  into  three  districts,  of  Québec 
"  Montréal  and  Three-Rivers  ;  over  the  first  was  placed 
"  gênerai  James  Murray,  gênerai  Thomas  Gage  at  the 
"  head  of  the  second,  and  Colonel  Ralph  Burton  as 
"  commandant  of  the  third  division.  Within  thèse  dis- 
*'  tricts  he  established  several  Courts  of  justice,  compo- 
"  sed  of  militia  officers  of  the  country,  who  decided 
"  causes  brought  before  them  in  a  summary  way,  with 
"  an  appeal  to  the  commanding  officer  of  the  district. 
"  The  order  which  constituted  thèse  courts  was  appro- 
"  ved  of  by  his  Majesty,  with  a  command  that  they 
"  should  exist  iintil  Peace  was  restored,  and  civil  go- 
"  vernment  (on  the  event  of  Canada  being  relinquished 
"  by  France  to  G-reat-Britain)  could  be  established.  " 
{History  of  Canada,  &c..  by  "Wm  Smith,  Esq.  Vol.  1er, 
p.  375.) 

?ime     Extrait. 

"  Pendant  quatre  années,  (1760-1764),  cette  Colonie 
"  fut  divisée  en  trois  gouvernements  milii aires.  C'étaient 
"  des  officiers  des  troupes  qui  jugeaient  les  causes  civiles 
"•  et  crimhielles  à  Québec  et  aux  Trois-Rivières,  tandis  qu'à 
"  Montréal,  ces  fonctions  augustes  et  délicates  étaient 
''  confiées  à  des  citoyens.  Les  uns  et  les  autres  iuno- 
"  raient  également  les  lois.     Le  commandant  de  chacjue 


«4 

"  Distritl   aiujiu'l   on    pouvait  apin'hiv  do  l«Hirs  .senten- 
'•  ces,  ne  les  eonnaissait  i)a.s   davantasT»'       {llai/nal,  Hist. 

Montrt-al.  Lm.  mai  1.S2T.  .S.  R. 


à 


I 


65 
VI 

M.  BiBAUD, — Dans  ma  communication  du  mois  de 
mars  dernier,  je  vous  avais  promis  quelques  nouveaux 
extraits  du  Livre  d'ordre  qui  m'était  tombé  dans  les 
mains  ;  alors  je  pensais  que  cela  pourrait  être  nécessaire 
pour  compléter  la  preuve  de  la  proposition  que  j'avais 
émise  au  sujet  du  tribunal  qui  jugeait  des  délits  crimi- 
nels, sous  le  Règne  jnHitaire,  dans  ce  gouvernement. 
Mais  les  extraits,  faits  des  Registres  des  Cours  des  Capi- 
taines par  votre  correspondant  E.  T  ayant  mis  hors  de 
doute  que  ces  cours  jugeaient  des  affaires  civiles,  et  les 
cours  martiales  des  affaires  criminelles,  je  crois  inutile, 
ici,  de  grossir  ma  communication  de  nouvelles  citations 
de  jugements,  qui.  vu  leur  sévérité,  ne  pourraient  qu'é- 
veiller en  nous  des  sensations  désagréables  et  mortifian- 
tes en  même  temps.  L'esprit  se  révolte  et  s'indigne  à 
la  vue  des  deux  domestiques  du  Major  Christie,  condam- 
nés à  recevoir  chacun  300  coups  de  fouet,  pour  s'être  ab- 
sentés une  nuit  de  chez  leur  maître  et  avoir  offert  de 
s'enrôler  dans  les  troupes. 

Il  n'est  guère  plus  consolé,  lorsqu'il  voit  un  honnête 
canadien  condamné  à  400  coups,  parce  qu'un  hazard, 
dont  il  ne  peut  rendre  compte,  fait  trouver  dans  sa  Cour 
quelques  chétifs  outils  du  Roi,  lesquels  ne  valaient  peut- 
être  pas  autant  de  deniers  qu'on  le  condamne  à  rece- 
voir de  coups  de  fouet.  Eloignons  donc  notre  vue. et 
notre  attention  d'objets  si  propres  à  faire  abhorrer  ceux 
qui  gouvernèrent  Montréal  durant  cette  époque  sous  d'au- 
tres rapports  si  intéressante  pour  nous.  Ne  nous  attachons 
qu'à  l'examen  des  nouveaux  documens  que  nous  four- 
nit S.  R.  dans  votre  dernier  No.;  et  disons,  avec  les  plus 
intelligens  de  vos  lecteurs,  qu'en  même  temps  qu'ils  font 
le  plus  grand  honneur  au  zèle  et  au  patriotisme  de   ce- 


66 

lui  qui  vi»^nt  de  les  faire  connaître,  ils  constatent  un  f:iit 
(|ui  notait  lï-uère  que  supposé  par  plusieurs,  et  iiit-  par 
le  plus  «rrand  nombre  ;  ils  nous  (U'couvr«Mit  la  manière 
dont  nous  devons  entendre  le  42e  arlirle  de  la  capitulation 
générale,  en  nous  montrant  le  sens  qu'y  attachaient  ceui- 
mêmes  qui  l'avaient  accordée  :  savoir,  les  irénéraux 
Amherst,  Mitrrai/,  Gni^e  et  autres  qui  commandèrent  aux 
trois  districts,  dans  les  quatre  années  qui  suivirent  im- 
médiatement la  conquête  — Il  est  vrai  que  nous  n'avons 
pas  encore  beaucoup  de  rensein;nements  sur  le  district 
ou  «rouvernement  des  Trois-Rivières  ;  mais,  comme  le 
remarque  trés-})ien  votre  correspondant  iS.  /t.,  l'autori- 
té de  Raynal  qui  est  correct  quant  aux  deux  autres  gou- 
vernements, doit  suffire  pour  nous  convaincre  que  les 
choses  s'y  passèrent  comme  dans  celui  de  Québec  ;  au 
moins,  en  ce  que  les  officiers  des  troupes  y  furent  les  ad- 
ministrateurs de  la  justice,  en  respectant  toutefois  et  en 
suivant  même  les  procédures,  les  lois  et  les  usages  an- 
ciens de  la  colonie,  autant  qu'ils  les  connurent,  ou  que 
le  permirent  les  circonstances  où  elle  se  trouvait. 

Pour  s'en  convaincre,  il  suffit  de  comparer  les  tribu- 
naux du  pays,  leur  procédure,  et  les  lois  qu'ils  obser- 
vaient avant  la  conquête,  avec  les  tribunaux  établis  par 
M.  Murray,  leur  procédure,  et  les  lois  d'après  lesquelles 
on  y  administrait  la  justice. 

"  .1  Qweôef,  la  cour  inférieure  portait  le  nom  de  Cour 
de  Prévoté,  et  se  composait  d'un  Lieutenant-Général,  d'un 
Lieutenant-particulier,  d'un  Procureur  du  Roi,  et  d'un 
Greffier  en  Chef.  Cette  Cour  siégeait  deux  fois  par  se- 
maine, le  mardi  et  le  vendredi,  et  la  juridiction  s'éten- 
dait au  Criminel  comme  au  Civil. 

"  Aux  Trois-Rivières,  cette  Cour  était  connue  sous  le 
nom  de  Juridiction  Royale,  et  siégeait  aussi  souvent  qu'à 


67 

Québec  ;    mais  elles  n'avait  point  de   Lieutenanl-particu- 
lier. 

"  Procédures  dans  les  Cours  inférieures. — Le  Procureur 
du  Roi  donnait  ses  conclusions,  de  vive  voix  dans  des 
causes  sommaires,  et  en  écrit  dans  les  autres.  C'était 
pour  lui  un  devoir  de  les  étayer  des  points  de  lois,  ou 
ordonnances  du  royaume,  ou  du  prononcé  des  édits, 
déclaration  ou  ordonnances  du  roi,  signifiés  par  lui  être 
en  force  en  ce  pays.  Les  jugemens  de  cette  juridiction 
étaient  rendus  par  le  Lieutenant-général,  conjointement 
avec  le  Lieutenant-particulier,  qui  pouvaient  se  confor- 
mer aux  conclusions  prises,  ou  en  diiférer.  Les  causes 
plaidées  le  mardi  étaient  jugées  le  mardi  suivant  :  il 
fallait  de  grandes  raisons  pour  qu'il  fût  accordé  de  plus 
longs  délais. 

"  Devoirs  des  Procureurs. — Le  Procureur-général,  dans 
le  Conseil  Supérieur,  et  ses  substituts  les  Procureurs  du 
Roi  dans  les  cours  inférieures,  étaient  obligés  de  plaider 
gratuitement  pour  le  pauvre,  la  veuve,  l'orphelin  et  les 
mineurs.  Chargés  de  faire  administrer  la  justice  crimi- 
nelle, ils  poursuivaient  la  condamnation  des  accusés; 
mais  le  Procureur-général  avait  droit  d'appeler  à  minimâ 
au  Conseil  Supérieur,  dans  tous  les  cas  qui  entrainaient 
des  punitions  corporelles,  ou  la  peine  de  mort. 

'•  On  appelait  des  juridictions  inférieures  de  Québec 
et  des  Trois-Rivières  ainsi  que  de  la  Cour  Royale  de 
Montréal  au  "Conseil  supérieur  de  Québec,"  institué 
pour  toute  la  province,  et  composé  de  douze  conseillers 
{dont  les  deux  tiers  devaient  être  des  gens  de  loi)  et 
d'un  Procureur-Général.  En  sa  qualité  de  chef  de  la  jus- 
tice, V Intendant  présidait  cette  Cour,  dans  laquelle  le 
Gl-ouverneur  et  l'Evêque  avaient  droit  de  siéger. 

"  Des    Conseillers-assesseurs    et  des    Rapjwrteurs. — On 


ajouta  encore  à  «x^tlt»  cour  suprénu'  di's  ('(tnsfi/lers-assrs' 
seurs  ;  hommes  versi's  ilaiis  la  connaissance  des 
lois  et  qui  n'avaient  au  Contseil  que  voix  coiiBultative, 
excepté  les  cas  où  ils  a«;iKsaient  comme  Rapporteurs, 
ayant  alors  une  voix  délibérati\  e.  iJans  tous  les  can  qui 
n'rtaient  pas  somnuiireis,  les  causas,  jiiirties  ouïes,  se  don- 
naient par  le  Président  aux  Conweillerb,  ou  aux  ames- 
seurs,  pour  que,  dans  un  temps  lixé,  ils  lissent  leur  rai>- 
port  par  écrit  au  Conseil.  Ces  rapport«*urs  devaient 
faire  un  extrait  de  tous  les  papiers  })roduils  dans  lu 
cause,  ainsi  que  des  plaidoyers  des  parties,  et  le  commu- 
niquaient ensuite  au  l'rocureur-Général,  pour  lui  faci- 
liter les  moyens  de  tirer  ses  <:onclusions.  Quand  ce  pro- 
cureur le  leur  avait  remis,  ils  y  écrivaient  leurs  conclu- 
sions, autrement  dit  leur  opinion,  fondée  sur  les  lois  et 
autorités  applicables  à  la  question.  On  lisait  alors  publi- 
quement le  rapport  et  les  conclusions  tant  du  Rappor- 
teur que  du  Procureur-Général,  et  le  jugement  suivait, 
conforme  à  leurs  conclusions  ou  en  ditféraut,  suivant 
qu'il  paraissait  juste  aux  Conseiiiiers  chargés  de  le  pro- 
noncer. Lorsque  leur  jugement  s'accordait  avec  les  con- 
clusions du  Rapporteur,  celui-ci  le  sij^nait  à  la  minute  : 
en  différaient-il  ?  c'était  le  Président  qui  y  mettait  sou 
nom.  Le  Conseil  supéri^nir  siégeait  tous  les  lundis,  les 
vacances  exceptés.  Il  fallait  cinq  juges  pour  les  causes 
civiles  et  sept  pour  les  criminelles,  à  part  du  Procureur- 
Général  qui  ne  manquait  jamais  de  donner  ses  conclu- 
sions. 

"  Outre  les  appels  qui  lui  venaient  des  trois  cours  in- 
férieures de  Québec,  de  Montréal  et  des  Trois-Rivières, 
le  conseil  supérieur  jugeait  des  causes  où  se  trouveaient 
concernés  le  roi,  les  communautés  et  certains  individus 
qui,  ayant   le  droit  de  commiltimus  au   Conseil,   n'étaient 


69 

pas  tenus  de  comparaître  en  première  instance  dans  les 
cours  inférieures. 

"  De  Vlntendant. — L'Intendant,  qui  était  toujours  un 
homme  de  loi,  comme  "  Chef  de  la  justice  et  police,  " 
pouvait  évoqiier  ou  amener  devant  lui  toutes  les  causes, 
tant  civiles  que  criminelles,  commencées  dans  les  tribu- 
naux inférieurs  ;  et  prononçait  (à  l'exclusion  de  tous  les 
autres),  dans  toutes  les  affaires  où  le  Roi  se  trouvait  in- 
téressé, et  qui  n'avaient  pas  été  portées  devant  le  conseil. 
Il  réglait  la  police  intérieure  du  pays,  ainsi  que  toutes 
les  difficultés  qui  s'élevaient  entre  les  seigneurs,  ou  en- 
tre les  seigneurs  et  leurs  censitaires,  et  vice  versa. 
Comme  chef  de  la  justice,  il  établissait,  par  ses  commis- 
sions, des  subdélégués  de  son  choix  :  il  nommait  de 
même  des  juges  inférieurs  et  des  conseillers,  qu'il  char- 
geait de  décider,  d'une  manière  sommaire  et  sans  frais, 
toutes  les  petites  causes,  depuis  une  livre  (de  20  sols) 
jusqu'à  cent,  et  aussi  maintenir  la  police.  On  appelait  à 
lui  de  leurs  jugements. 

"  Dans  les  affaire  de  commerce,  l'Intendant  pouvait, 
sur  réquisition  de  l'une  des  parties,  juger  toutes  les  cho- 
ses y  relatives,  à  la  manière  du  Juge  Consul  ;  et  alors  il 
s'entourait  de  quelques  marchands  instruits,  qui  lui 
servaient  d'Assesseurs.  S'agissait-il  d'affaires  de  fief? 
ce  devoir  était  rempli  par  trois  ou  quatre  conseillers,  et 
le  Procureur -Grénéral  donnait  ses  conclusions. 

"  Toutes  les  juridictions  de  l'Intendant  ne  causaient 
aucuns  frais  aux  plaideurs.  Ces  derniers  exposaient  eux- 
mêmes  leurs  causes,  sans  l'intervention  d'aucun  avocat, 
et  les  jugemens,  que  signait  le  Secrétaire,  se  rendaient 
gi'atis. 

''  Du  Conseil  Supérieur  on  pouvait  appeler  au  Roi  en 
son  Conseil   d'Etat.    Dans   l'absence   de   l'Intendant,  le 


70 

Conseiller  en  chel  présidait  le  const'il  ;  et  quand  ce  der- 
nier manquait,  c'était  le  premier  conseiller  (1)." 

l'assons  maintenant  à  l'examen  de  ce  qui  se  fit  sous 
le  gouvernement  prétendu  militaire  de  M.  Murray  ; 
voyons  quels  rapproehemeiis  on  i)eut  laire  d'un  état  à 
l'autre  ;  et  si  nous  trouvons  que  le  f^ouverneur  anglais 
8e  soit  efforcé  d'imiter  les  français,  tant  dans  l'établisse- 
ment de  ces  cours,  que  (l:ins  la  fixation  de  leurs  procé- 
dures et  des  lois  d'après  lestjuelles  elles  rendaitoit  leurs 
jugemeus,  alors  nous  pourrons  justement  conclure  que 
le  gouvernement  du  général  Murray  n'était  rien  moins 
que  militaire  ;  que  l'opinion  qu'on  en  a  eue  jusqu'ici  est 
erronée,  en  même  temps  qu'elle  l'ait  injure  à  la  mémoire 
de  ce  premier  gouverneur,  dont  nous  sommes  loin,  au 
reste,  d'avoir  l'opinion  défavorable  que  plusieurs  person- 
nes semblent  en  avoir.  Il  ne  faut  pourtant  pas  s'atten- 
dre à  trouver  l'ordre  de  choses  qu'il  établit  parfaite- 
ment semblable  à  celui  qu'il  remplaçait  :  comment  cela 
eût-il  été  possible,  dans  un  pays  que  presque  tons  ses 
hommes  de  loi  venaient  de  quitter,  et  où  le  gouverneur 
put  à  peine  trouver  les  grelliers  et  les  procureurs  néces- 
saires à  l'administration  de  la  justice,  sur  le  plan  qu'il  le 
voulait.  jKjur  la  satisfaction  des  Jiouveaux  sujets  de  son 
maître  ? 

Nous  trouverons  cept;ndant  qu  il  lit  beaucouj)  pour  se 
rapprocher  de  la  pratique  française  ;  et  si  quelqu'un 
veut  se  donner  la  peine  de  liiire  l'examen  des  registres 
de  ces  cours,  il  pourra,  je  pense,  porter  jusqu'à  l'évidence 
les  preuves  de  ce  que  j'avance  ici  sur  l'autorité  seule  des 
trois  pièces  qui  leur  ont  donné  l'existence. 

La  rareté  des  hommes  de  loi  fut,  sans  doute,  ce  qui 
engagea  M.  Murray  à  supprimer  la  "  Cour  de  Prévôté  :  " 


ih  Smilh's  Hislory  of  Canada.  Vol.  I.  A|)pyrKlice.  pp.  8-11 — L. 


71 

— il  semble  s'y  être  substitué,  en  prenant  en  même  temps 
sur  lui  les  principaux  devoirs  de  l'intendant,  et  en  s'at- 
tribuant  la  connaissance  des  aiiaires  qui  étaient  de  la 
compétence  de  cet  officier.  C'est  au  moins  ce  que  nous 
croyons  pouvoir  inférer  des  six  premiers  articles  de  l'es- 
pèce d'ordonnance  qui  crée  les  tribunaux  (1).  Ce  général 
n'y  parle  que  de  lui  en  première  instance.  Ce  n'est  qu'à 
fart.  7e.  qu'il  fait  mention  du  Conseil  Militaire,  pour  dire 
qu'il  lui  renverra  certaines  afiaires  à  juger  ;  ce  qui  nous 
porte  à  croire  que  ce  conseil  était  destiné  à  tenir  lieu  du 
Conseil  Supérieur,  comme  le  prouve  encore  la  teneur  de 
la  seconde  pièce  (2),  où  M.  Murray  dit  qu'il  a  établi  une 
Cour  et  Conseil  Supérieur,  à  Québec,  pour  rendre  la  jus- 
tice aux  habitans  de  son  gouvernement.  Le  style  même 
et  l'énoncé  de  ce  document  comportent  l'idée  de  quelque 
chose  de  plus  grand,  de  plus  noble,  et  de  plus  perma- 
nent qu'une  simple  Cour  Martiale,  que  l'on  convoque  et 
qu'on  dissout  d'un  jour  à  l'autre,  comme  cela  se  prati- 
quait à  Montréal.  Les  Conseilliers  étaient  choisis  et  nom- 
més, pour  donner  leurs  voix  délibéraiives  dans  les  affaires  à 
iuger,  et  ils  devaientyoMtV  des  droits,  préémine7ices,  préro- 
gatives et  honoraires  attachés  aux  dites  charges  ;  ce  qui  ré- 
férait évidemment  à  un  ordre  de  choses  déjà  connu  des 
gens  et  du  pays  auxquels  le  gouverneur  s'adressait,  ou 
pour  lesquels  il  dictait  les  nouveaux  arrangemens.  Yoilà 
donc  le  "  Conseil  Supérieur  "  réprésenté  par  le  ''  Con- 
seil Militaire  ou  de  Guerre,  "  car  c'était,  pensons-nous, 
la  même  chose.  En  limitant  le  nombre  de  ses  membres 
à  sept,  il  complétait  le  plus  haut  quorum  requis  dans 
l'ancien  conseil  :  comme  là,  aussi,  un  des  Conseillers,  sur 
choix  du  gouverneur,  (qui  y  fesait  probablement  le  de- 


(1)  V.  page  5â. 

(2)  V.  page  58. 


voir  de  Préaidenf  ,)  devait  y  agir  comme  Rapporteur.  Vn 
firreffier,  qui  t«Mi!iit  le  registre  tant  de  la  Cour  du  gou- 
verneur que  d»»  (.'elle  du  Conseil,  y  inscrivait  les  jugi'- 
mens,  et  délivrait  aux  parties  les  expéditions  sig-nifiées 
par  le  Premier  Huissier. 

Ces  dispositions  s'adressaient  à  la  ville  et  aux  cam- 
pagnes :  mais  à  celles-ci  il  fut  jugé  expédient  de  donner 
de  nouvelles  facilités,  pour  éviter  les  frais  qui  seraient 
résultés  de  l'éloignement,  dans  les  affaires  relatives  aux 
clôtures,  fossés,  chemins,  dommages,  ou  autres  ras  provi- 
soires ;  dont  la  connaissance  fut  renvoyée  au  "  Comman- 
dant de  la  troupe  dans  chaque  côte,  "  avec  appel  néan- 
moins au  "  Conseil  militaire,  "  lorsque  la  matière  en  li- 
tige serait  de  nature  à  le  justifier.  Tel  est  le  sens  de 
l'article  10e  au  moyen  duquel  il  nous  paraît  que  ce 
commandant'de  côte  représentait  ceux  auxquels  l'Inten- 
dant cou  fiait  autrefois  le  soin  de  régler  les  petites  affai- 
res, dans  les  campagnes  éloignées. 

Il  est  donc  clair  que,  sous  le  rapport  des  tribunaux  et 
des  moyens  d'obtenir  justice,  les  canadiens  n'eurent  rai- 
son de  regretter  l'ancien  régime,  qu'en  autant  que  les 
nouveaux  juges  étaient  moins  éclairés  que  les  anciens  ; 
mais  ce  mal  même  ne  fut  pas  laissé  sans  remède,  puis- 
qu'il y  eut  de  nommés  deux  Procureurs  versés  dans  les 
lois  (lu  pat/s  et  familiers  avec  la  langue  que  parlaient  ses 
habitants  (1),  pour  les  éclairer  et  les  guider  dans  leurs 
décisions. 

De  la  procédure  instituée  par  le  général  Murray. — Pas- 
sons à  la  procédure.  Sous  l'ancien  régime,  le  mode  de 
procéder  était  simple  et  les  frais  extrêmement  modi- 
ques.    Les   plaideurs    n'étaient    point    astreints    à    em- 


1,  MM.  Zy«   la  Fontaine  ri  Cugnel   «laieiil  memluo- ilii    Cunseil   Supe- 
r  itur.  à  la  daie  de  la  capitulation  de  Québec.    .1.  V. 


73 

ployer  d'avocats  ;  aucun  délai  de  formes  ni  de  termes 
n'interrompait  le  cours  des  affaires  ;  la  décision  d'une 
cause  quelconque  prenait  rarement  plus  de  huit  jours. 

Il  en  fut  de  même  sous  M.  Murray.  Lorsqu'on  vou- 
lait instituer  un  procès,  on  lui  présentait  une  requête, 
ou  placet  adressé  à  son  secrétaire  ;  lequel  sortait  l'ordre 
d'assignation,  pour  qu'il  fût  signifié  à  la  partie  adverse 
par  le  Premier  Huissier  dont  le  rapport,  ainsi  que  tous 
les  papiers  concernant  l'affaire  tant  ceux  du  deman- 
deur que  ceux  du  défendeur  devaient  être  remis  au 
Secrétaire,  la  veille  du  jour  où  devait  se  tenir  l'au- 
dience. Si  le  demandeur  commettait,  sous  ce  rapport, 
quelque  défaut,  sa  cause  était  remise  à  l'audience  sui- 
vante ;  une  pareille  négligence  de  la  part  du  défendeur 
n'empêchait  pas  de  procéder  et  de  faire  droit  (  arts  3  et 
4  )  soit  qu'il  fût  présent  ou  absent,  qu'il  eût  fait,  ou  non, 
ses  défenses,  (  Art  5  ). 

De  même  qu'il  ne  parait  point  y  avoir  eu  d'appel  des 
jugemens  rendus  par  l'Intendant,  ainsi  Mr.  Murray  ne 
semble  point  en  avoir  permis  dans  les  causes  qu'il  déci- 
dait, comme  l'indique  assez  Vart  7,  où  il  est  dit  : —  "  Les 
"  jugemens  qui  seront  rendus  en  notre  hôtel,  à  l'audience 
"  seront  exécutés  sans  appel,  et  les  parties  contraintes  d'y 
"  satisfaire,  suivant  ce  qui  sera  prononcé.  " 

Il  avait  cependant  prévu  que,  dans  certaines  causes 
il  pourait  trouver  bon  de  ne  point  prendre  sur  lui  seul  la 
responsabilité  de  la  décision  :  dans  ces  cas,  il  s'était  ré- 
servé le  droit  de  les  renvoyer  devant  le  Conseil,  où  il 
voulut  qu'on  procédât  à-peu-près  de  la  même  manière 
qu'on  le  fesait  au  Conseil  Supérieur,  avant  la  con- 
quête ;  suivant  que  nous  l'indique  la  seconde  partie  de 
VArt.    7e  qui   prononce  que  "  ces  affaires  seraient  remi- 

"  ses  à  un  des  Conseillers  qu'il  nommerait  lui-même,  le- 

lU 


74 

"  quel  devait  en  faire  son  rapport  au  Conseil,  pour  sur 
"  icelui  <Hre  fait  droit  "  Au  rt*ste,  si  le  crouverueur  Mur- 
ray  n'entre  point  là-dessus  dans  de  LTands  détails,  c'est 
(^u'il  voulait  laisser  subsister  les  anciennes  formes  de 
procédés,  que  tout  le  monde  connaissait. 

Il  en  lit  de  même  à  ré«?ard  des  lois  qu'on  serait  ohligé 
de  suivre,  et  qu'il  ne  désiyrnc  (|u'en  référant  au  •42me 
article  de  la  capitulation,  comme  suit  :  "  N'ayant  rien 
"  tant  à  cœur  que  de  rendre  une  bonne  et  prompte  jus- 
•'  tice  aux  habitants  de  notre  gouvernement,  nous  avons 
"  à  cet  effet  éta}>li  une  cour  et  conseil  supérieur  dans  la 
"  dite  ville  de  Québec,  conformément  à  l'article  42e  de  la 
"  capitulation  <j;énérale  de  cette  colonie^  Mais  que  dit 
cette  clause  ?  Quelles  lois  désigne-t-elle  comme  devant 
être  en  force  après  la  capitulation  ?  Disons-le  sans 
crainte  d'errer,  elle  désigne  les  loii>  en  usage  avant  la  con- 
quête ;  car  voici  comment  s'y  exprime  M.  deVaudreuil 
pour  toute  la  colonie. 

"  Art.  42me. — Les  François  et  Canadiens  continue- 
"  ront  d'être  gouvernés  suivant  la  coutume  de  Paris  et 
"  les  lois  et  usages  établis  pour  ce  pays  ;  et  ils  ne  pour- 
"  ront  être  assujettis  à  d'autres  impôts  qu'à  ceux  qui 
*•  étoient  établis  sous  la  domination  françoise.  " 

Remarquons  ici  que  la  seconde  partie  de  l'article  était 
nne  demande  absurde,  pleine  d'inconséquence,  et  qui 
méritait  un  r«^fus  formel.  Elle  provoqua  les  paroles  sui- 
vantes :  "  Répondu  par  les  articles  précédents,  et  particuliè- 
rement par  le  dernier.  "  Or,  voici  cet  article  : 

Art.  41  me. — Les  François,  Canadiens  et  Acadiens  qui 
'*  r('st«'ront  dans  la  colonie,  de  quelqu'état  et  condition 
"  qu'ils  soient,  ne  seront  ni  pourront  être  forcés  à  pren- 
'•  dre  les  armos  contre  sa  Majesté  très-chrétienne,  ni  ses 
"  alliés,  directement  ni  indirectement,  dans  quelque  oc- 


7.5 

"  casion  que  ce  soit,  le  gouveTiiement  britannique  ne 
"  pourra  exiger  d'eux  qu'une  exacte  neutralité.  " 

Il  est  difficile  d'imaginer  que  Mr.  de  Vaudreuil  fût  sé- 
rieux, lorsqu'il  faisait  cette  demande  ;  on  ne  voit  pas,  au 
moins,  sur  quels  principes  du  droit  public  il  pouvait  en 
montrer  la  plausibilité  :  chaque  couronne  doit  pouvoir 
commander  à  ses  sujets  et  exiger  d'eux  les  services  que 
requiert  la  sûreté  commune.  Aussi,  le  général  Amberst 
sut-il  le  faire  sentir  à  M.  de  Vaudreuil,  en  lui  répondant 
fort  à  propos  et  avec  une  grande  modération  : 

"  Ils  deviennent  sujets  du  Roi  ;  "  c'est-à-dire  qu'ils  par- 
tageront le  sort  des  autres  et  qu'ils  serviront  comme  eux 
quand  le  bien  de  la  colonie  pourra  le  requérir.  Cette 
réponse,  si  juste  et  si  méritée,  convenait  également  bien 
à  la  seconde  partie  du  42me.  article,  où  le  gouverneur 
français  faisait  une  autre  demande  déplacée  S'applique- 
rait-elle avec  autant  de  raison  à  la  première  moitié  de 
cet  article  ?  Qu'on  me  permette  de  me  déclarer  pour  la 
négative,  y  ayant  plusieurs  bonnes  raisons  pour  justi- 
fier cette  interprétation. 

En  effet,  par  le  37me.  article,  il  était  stipulé  :  "  Que 
"  les  Canadiens  conservaient  leurs  propriétés. — Or,  com- 
"  me  d'après  l'opinion  des  plus  savantsjurisconsultes, — 
"  conserver  ses  propriétés  signifie  conserver  les  lois  qui  les 
"  régissent  (1),  il  s'ensuit  que  l'espèce  d'indépendance 
"  que  comportait  la  réponse  :  Ils  deviennent  sujets  du  Roi,  " 
n'était  point  appliquable  à  la  demande  des  lois,  pour 
signifier  qu'on  les  refusait,  mais  seulement  pour  dire 
qu'on  réservait  à  Sa  Majesté  et  à  son  parlement  le  droit 
d'y  faire  pour  la  suite  des  changements,  s'ils  le  trou- 
vaient juste,  La  réponse  convenait  encore  mieux  à  l'ex- 
ception  demandée  de  servir  et  de  payer  les  impositions. 

(1)"  Voir  page  81 — l'opinion  de  M.  Masères.  L. 


76 

Et  il  faut  bien  <ju»'  les  jGfénéraui  rententlissent  de  même 
puisque,  quelques  jours  après,  ils  s'accordèrent  tous  à 
établir  des  tribunaux  et  à  nommer  des  officiers,  pour 
l'administration  de  ces  mêmes  lois  qu'avait  demandées 
M.  de   Vaudreuil. 

>5upposerons-nous  que  M.  Murray,  qui  était  présent  à 
la  capitulation  et  qui  dût  être  consulté  sur  les  réponses 
à  faire  à  chacun  des  articles,  n'en  entendait  pas  la  vraie 
signification  ?  C'est  impossible.  Les  faits  parlent  d'une 
manière  trop  péremptoire.  Les  canadiens  devenaient 
sujets  ancflais  et  dans  cette  qualité  obtenaient  des  droits 
à  la  protection  que  leur  devait  le  gouvernement  :  mais 
quelle  protection  eût  été  celle  qui  les  aurait  privés 
de  leurs  lois,  les  seules  qu'ils  entendissent,  les  seu- 
les qui  fussent  adaptées  à  leur  position,  et  qui  pus- 
sent leur  être  de  quelque  utilité  ?  Sans  aucunes  notions 
de  la  langue  anglaise,  n'ayant  pas  la  moindre  idée  des 
lois  de  l'empire,  n'eût-ce  pas  été  au  contraire  uji  acte  de 
vraie  tyrannie  que  de  les  y  assujettir  ?  En  le  faisant,  les 
vainqueurs  n'auraient-ils  pas  prolongé,  envenimé  même 
d'avantage  la  haine  que  leur  portaient  les  canadiens  ? 
Reportons  pour  un  instant  notre  imagination  sur  cette 
époque,  représentons-nous  la  position  respective  des 
deux  peuples,  également  braves,  également  susceptibles 
aux  impressions  du  malheur  ou  de  la  bonne  fortune  ; 
l'un  le  cœur  ulcéré,  accablé  par  le  poids  de  son  infor- 
tune, l'autre  lier  et  exalté  de  ses  succès,  mais  lamémoire 
encore  pleine  du  souvenir  des  pertes  qu'ils  lui  ont  coûtées. 
Que  de  passions  en  jeu  !  qu»'  de  craintes  formées  !  que 
d'espoirs  anticipés  !  que  de  conjectures  inquiétantes  !  Ne 
fallait-il  pas  la  plus  grande  sagesse  et  une  prudence 
consommée,  pour  appaiser  tant  d'agitations,  tranquili- 
ser     les    esprits,    faire    naitre    l'espérance    du     mieux 


77 

chez   les-uns,   restreindre    les   excès   chez  les    autres  ? 
Convenons-en,  il  fallut  aux  généraux    vainqueurs  une 
mesure    plus   qu'ordinaire   de   prudence    et   de   modé- 
ration ;  pour  le  bonheur  de  nos  ancêtres,  pour  celui  de 
leurs  descendants,  ils  s'en  trouvèrent  doués  ;   et,  loin 
d'ôter  au  pays  ses  lois  et  ses  usages,  ils  les  lui  laissèrent 
dans  toute  leur   force  et  avec  leurs  formes  et  leurs  at- 
tributs, établissant  des  tribunaux  et  nommant  des   offi- 
ciers pour  les  administrer,   comme  le   démontre  l'aveu 
même  des  canadiens  dans  leur  "  Requête  au  Roi  "  en 
1773  (1),   et  comme  le  prouve  très-bien  le  registre  du 
conseil,  dans  les  trois  documens  que  nous  a  communi- 
qués S.  R.  Car,  à  part  de  ce  que  nous  avons  déjà   cité, 
nous  y  trouvons  encore   qu'il  fut  nommé   deux    Procu- 
reurs, l'un  pour  la  "  Côte  du  sud,"  M.  Jos.  Belcourt  de  la 
Fontaine,  l'autre  pour  la  "  Côte  du  Nord,"  M.  Jos.  Et.  Cu- 
gnet  (2).    Comme  leurs   prédécesseurs  dans  cet   office, 
ces  deux  Messieurs  devaient,  dans  tous  les  cas,  prendre 
leurs   conclusions,   et  étaient  spécialement  chargés  de 
défendre  la  veuve  et  l'orphelin,  ainsi   que  de  veiller  à 
la  conservation   des   biens  des  mineurs,  des  absents   et 
autres  personnes   pauvres   et   privées   des   moyens   de 
faire  valoir    leurs    droits.     Leur   charge    était   d'autant 
plus  importante,  que  sur  eux  devait  rouler  toute  la    be- 
sogne, et  que  de  leurs  conclusions  dépendaient  le   plus 
souvent  les  décisions  du  conseil,  composé,  comme  nous 
l'avons  vu,  de  personnes  étrangères  aux  lois  et  aux  usa- 
ges du  pays.     En  réalité,  ils  étaient  les  juges  destinés  à 
conduire    et   surveiller   l'administration  de  ces   mêmes 
lois  et  non  d'aucun  autre  code 

Par  la  même  raison,  on  dut  aussi  placer  la  charge  de 


(1)  V.  page  29 

(2)  y.  page  59. 


78 

Greffier  dans  lot;  mains  d'un  canadien  ;  et  M.  Jcan- 
Claiult'  Pantt,  (jui  fii  l'ut  trouvé  di<z;nt',  devint  le  déposi- 
taire (/es  winule^,  iicies  et  pa/iiers  du  Gouvernement  (1),  tous 
écrits  en  français,  comme  h*  lurent  auHsi  les  a«si«rnations 
des  parties  et  autres  procédés  des  cours  de  justice  :  nou- 
velle marque  du  rtspect  des  vainqutuirs  pour  la  lan«rue 
des  vaincus  et  pour  tout  ce  (jui  avait  rapport  à  leurs 
habitudes  (2).   Résumons. 

M.  Murray,  ainsi  que  les  autres  Lrénéraui  anglais  qui 
avaient  assisté  à  la  capitulation,  avait  sans  doute  été 
consulté  sur  les  réponses  à  lairt'  aux  articles  dont  elle 
se  compose;  il  savait  donc,  comme  eux,  en  quel  sens  il 
fallait  entendre  l'article  42me,  or,  comme  en  y  réi'é- 
rant,  M.  Murray  établit  des  cours  et  des  oflSciers  pour 
administrer  les  lois  françaises  du  pays  ;  comme  il  l'énonce 
dans  le  préambule  de  la  commission  des  deux  procu- 
reurs ;  comme  dans  la  prati<|ue  il  y  adhéra;  il  s'en  suit 
donc,  et  l'on  doit  regarder  comme  vérité  constante,  (jue 
par  la  capitulation — le  pays  avait  la  promesse  de  n'être 
point  privé  de  son  code  civil. 

En  vain  l'on  objecterait  que  les  ministres  de  Sa  Ma- 
jesté britannique  n'entendaient  pas  ainsi  la  capitulation, 
puisque,  dès  l'année  1764,  ils  substituèrent  les  lois  an- 
glaises aux  françaises.  Je  soutiens  que  ce  raisoniuMuent, 
si  c'en  est  un,  ne  prouverait  rien  contre  la  plausiinlité  de 
ma  proposition,  appuyée,  comme  elle  l'est,  sur  les  faits 
et  sur  les  autorités  que  j'ai  citées. 

Eblouis  par  l'avantage  apparent  d'établir  un  système 
uniforme  dans  toutes  leurs  colonies,  les  ministres  et  le 
roi  même,  purent  croire  que  cette  mesure  contribuerait 


(1)  Voir  pape  60. — li. 

(2)  Voyez  à  la  siiilo  do  ccUo  communicalion  l'cxlrail  d'une  IrUro 
de  Québec,  qui  vinnl  ù  l'appui  des  observations  judicinusos  de  notre  cor- 
respoDdanl  L. — {Note  de  l'Editeur  il''  la  Hibliolhècjuu  (^nadi^nno.) 


79 

à  l'avancement  du  Canada,  comme  elle  leur  semblait 
avoir  contribué  à  celui  de  leurs  vieilles  provinces.  D'ail- 
leurs, les  anciens  sujets  qui  avaient  déjà  émigré  ici,  ou 
qui  se  proposaient  d'y  émigrer  prochainement,  sollici- 
taient fortement  l'adoption  de  la  mesure  ,  il  leur  parais- 
sait que  sans  cela  il  n'y  aurait  pour  eux  ni  accès  ni  con- 
tentement dans  ces  parages  lointains,  dont  plusieurs 
n'avaient  encore  qu'une  idée  imparfaite  et  confuse  :  on  se 
rendit  donc  à  leurs  vœux,  et,  en  1764,  l'on  imposa  sur  ce 
trop  malheureux  pays  toute  la  masse  ruineuse  des  codes 
civils  et  criminels  de  la  métropole. 

Muse  de  l'histoire,  tire  le  rideau  sur  la  surprise  ex- 
trême où  cette  nouvelle  jeta  tous  les  nouveaux  sujets  de 
Sa  Majesté,  déjà  revenus  de  bien  des  préjugés,  déjà 
portés  d'inclination  pour  un  gouvernement  qui  s'était, 
pour  ainsi  dire  nationalisé  par  quatre  années  d'une  ad- 
ministration qui  avait  su  respecter  ce  qu'ils  avaient  de 
plus  cher  et  de  plus  précieux,  leur  religion,  leur  langue 
et  leurs  lois  civiles  :  dérobe  à  nos  regards  les  sensations 
déchirantes  qu'éprouvèrent  nos  ancêtres,  lorsque  Thé- 
mis  commença  à  leur  parler  un  langage  inconnu;  lors- 
que ses  oracles  ne  furent  plus  appuyés  que  sur  des 
principes  et  des  statuts  entièrement  ignorés  de  ceux 
qu'ils  affectaient,  sans  être  complètement  connus  de 
ceux  qui  les  rendaient  :  répands  des  ombres  sur  cette 
partie  affligeante  des  fastes  du  Canada,  et  n'expose  à 
notre  vue  que  les  suites  consolantes  du  retour  des  mi- 
nistres à  la  parole  de  leurs  généraux  ;  à  ces  promesses 
en  vertu  desquelles  nous  derions  jouir  de  nos  propriétés 
et  des  lois  qui  les  régissaient.  Ce  retour,  il  est  vrai,  fut 
un  peu  tardif;  il  fallut  du  temps  et  de  la  réflexion,  pour 
persuader  ces  ministres  de  l'inconvenance  d'une  mesure 
qu'ils  avaient  adoptée  dans  la  bonne  foi  de  bien  faire, 


80 

quoi  qu'elle  fut  inique  en  elle-même  et  désastreuse 
pour  les  Canadiens.  Telle  est  la  marche  de  l'esprit  ;  il 
est  prompt  pour  le  mal,  lent  pour  le  bien.  Mais  enfin, 
les  maux  que  soutirait  ce  pays  étaient  trop  grands  et  trop 
sensibles,  pour  ne  pas  être  connus  au-delà  des  mers;  pour 
ne  pas  frapper  l'oreille  d'un  monarque  ambitieux  d'être 
appelé  le  jinre  de  ses  sujetx. 

Il  avait  ici  un  serviteur  lidele,  à  qui  rien  n'échappait 
et  qui  ne  lui  cachait  rien  de  ce  qu'il  savait.  Amateur 
de  la  vérité,  ce  grand  homme  mit  tout  en  œuvre  pour 
la  connaître,  et,  lorsqu'il  la  connut,  ce  fut  toujours  pour 
la  faire  servir  au  profit  des  nouveaux  sujets  de  son  maî- 
tre. Ami  des  canadiens,  qu'il  aimait  parce  qu'il  s'était 
appliqué  à  les  connaître,  Carleton  ne  négligea  aucune 
occasion  de  parler  en  leur  faveur,  et  de  faire  valoir  ce 
qu'il  considérait  comme  une  chose  qui  leur  appartenait 
de  droit.  S'il  n'eut  pas  été  sans  cesse  contredit  par 
les  méchants,  si  les  anti-Canadiens  d'alors  n'eussent 
pas  cherché  tous  les  moyens  de  le  contrecarrer,  le  pays 
n'eût  pas  été  dix  ans  sous  la  pire  des  oppressions, — 
celle  qui  s'exerce  au  nom  de  la  justice  et  par  les 
tribunaux  qui  la  dispensent.  Mais,  à  la  fin,  les  fausses 
représentations  cédèrent  à  la  vérité.  Grâce  à  l'acti- 
vité et  à  la  constance  du  vertueux  général,  les  ministres 
furent  éclairés  ;  et  le  roi,  convaincu  des  désastres  qu'a- 
vait causé  au  Canada  l'introduction  des  lois  anglaises, 
iil  passer  dans  les  deux  branches  de  son  Parlement  le 
premier  de  nos  actes  constitutionnels,  celui  de  la  14me 
année  de  son  règne  ;  Quoique  cet  acte  ne  soit  pas  sans 
défaut,  il  est  précieux  pour  nous  et  généralement  honora- 
ble à  la  mémoire  de  ses  auteurs  et,  en  particulier,  à 
celle  de  l'immortel  gouverneur  qui  en  avait  fait  le  sujet 
de  ses  plus  instantes  sollicitudes. 


81 

L'opinion  de  Mr.  Masères,  Avocat  G-énéral  de  la  Pro- 
vince de  Québec  (1),  depuis  1766  jusqu'à  1769,  vient  à 
l'appui  de  ce  que  j'ai  avancé  plus  haut.  S'adressant 
au  Roi,  il  dit  : 

"  On  doit  considérer  les  lois  de  tenure  comme  déjà 
"  accordées  par  votre  Majesté  à  vos  nouveaux  sujets 
"  canadiens,  par  cet  article  de  la  capitulation  générale 
"  de  1760,  où  le  génréal  de  V.  M.  leur  accorde  la  jouis- 
"  sance  de  leurs  biens-fonds,  tant  les  nobles  que  les  rotu- 
"  riers,  ainsi  que  par  la  permission  que  vous  leur  avez 
"  donnée  de  continuer  de  les  posséder  et  d'en  jouir,  dans 
"  le  traité  définitif  de  1763;  ces  lois  étant  absolument 
"  nécessaires  à  cette  possession  et  à  cette  jouissance.  De 
"  cette  description  sont  les  lois  relatives  aux  rentes  sei- 
"  gneuriales,  aux  lods  et  ventes,  au  droit  de  préemption 
"  (de  retrait,)  et  à  ceux  d'aubaine,  lesquels  forment  la 
"  principale  partie  des  propriétés  seigneuriales." 

Puis  parlant  un  peu  plus  bas  des  lois  qui  règlent  l'hy- 
pothèque, il  dit:  "qu'il  ne  les  regarde  pas  comme  aussi 
"  nécessaires  à  la  jouissance  des  biens-fonds  ;  cependant 
"  il  conçoit  qu'elles  ont  beaucoup  de  rapport  avec  les 
"  lois  de  tenure,  et  qu'elles  en  dépendent  assez,  pour  ne 
"  pouvoir  pas  souffrir  de  grands  changemens,  sans  dimi- 
"  nuer  considérablement  la  valeur  de  ces  mêmes  biens- 
"  fonds,  au  moyen  des  difficultés  qui  résulteraient,  dans 
"  la  pratique  des  nouveaux  modes  de  les  transférer  qui 
"seraient  substitués  aux  anciens."  Il  dit,  "qu'il  faut 
"  faire  revivre  ou  continuer  en  force  les  lois  françaises  à 
"  ce  sujet,  ne  fût-ce  que  pour  empêcher  l'introduction 

"  des  lois  anglaises  qui  y  ont  rapport et  cela,  parce 

"  qu'elles  sont  remplies  de  tant  de  subtilités  et  de  va- 


(1)  C'est  une  erreur  de  L.  Le  Baron  Francis  Masères  ne  fut  pas  Avocat- 
Général,  mais  Procureur  Général  du  Roi,  dans  la  Province  de  Qué- 
bec,  de  Septembre   1760  à  Septemlire  1769. — J.  V. 

il 


82 

"  riétés,  que,  si  elles  étaient  introduites  dans  cette  pro- 
"  vince,  elles  en  jetteraient  tous  les  hahitans,  sans  même 
"  en  excepter  les  avocats  anglais,  dans  un  labyrinthe 
"  dont  il  leur  serait  impossible  de  savoir  comment  se 
"  tirer"  (1). 

Pour  les  lois  qui  règlent  le  douaire,  l'héritage  des 
terres  et  la  distribution  des  biens  après  la  mort,  il  ne  les 
considérait  point  comme  liées  aussi  étroitement  à  la  jouis- 
sance et  à  la  valeur  des  propriétés:  on  ne  pouvait  donc 
pas,  suivant  lui,  les  regarder  comme  comprises  aussi  im- 
plicitement que  les  précédentes  dans  les  articles  précités 
de  la  capitulation  et  du  traité  de  paix  définitif.  Il  pen- 
sait néanmoins  qu'il  n'était  point  encore  temps  de  les 
changer;  et  que  si  on  en  venait  jamais  là,  il  ne  faudrait 
le  faire  que  par  degré  et  lentement,  ayant  la  précaution 
d'avertir  ceux  des  habitans  qui  n'aimeraient  pas  le  ré- 
sultat de  ces  changemens,  d'y  obvier  par  des  testamens 
qui  conserveraient  l'ancien  ordre  de  choses. 

L 

Montréal,  4  Juin  1827. 


ExTUAiT  (TiDie  lettre  de  Québec  du  10  Juin   1827,  adressée  à 
notre  correspondant  S.  R. 

Je  crois,  mon  cher  monsieur,  avoir  trouvé  la  solution 
du  problème  qui  vous  occupe  depuis  quelque  temps  : 
•'  Sur  quelles  lois  les  tribunaux  militaires  établis  en  ce 
pays,  après  la  conquête,  ont-ils  fondé  leurs  jugemens  ?  " 
— Sur  les  lois  en  force  en  ce  pays,  lors  de  la  capitula- 
tion.— J'ai  pour  témoins  du  fait  que  je  vous  mentionne 
les  juges  Pierre  Panet,  Mabane  et  Dunn,  dont  le  pre- 
mier a  été  greflier  d'une  de   ces  cours  (2),  et  les  deux 

(h  Voyz  rc  Happorl  loiil  au  lonj?  danslos  "  Québec  Commissions,"  pp. 
50-57,  et  plus  particulièrement  les  pages  6i  cl  55,  dont  co  qui  précèdo  est 
extrait  ou  traduit. 

(2)  A  Monlrt-ai— J.  V. 


83 

autres  avaient  vécu  avec  les  juges  militaires,  Yoici 
comme  ces  messieurs  s'expriment  dans  un  Mémoire 
adressé  à  Sa  Majesté  Britannique,  au  sujet  de  l'adminis- 
tration de  la  justice  en  ce  pays,  signé  le  15  octobre  1787. 

"  Though  Canada  was  conquered  by  His  Majesty's 
"  arms  in  the  fall  1760,  the  administration  in  England 
"  did  not  interfère  with  the  interior  government  of  it, 
"  till  the  year  1763.  It  remained  during  that  period 
"  divided,  as  formerly,  into  three  districts,  under  the 
"  separate  command  of  military  oflB.cers,  who  established 
"  in  their  respective  districts,  military  court,  under 
"  différent  forms,  indeed,  but  in  which,  according  to  the 
"  policy  observed  in  ivise  nations  towards  a  conquered  people, 
•'  the  laivs  and  usages  of  Canada  were  observed  in  the 
"  rules  of  decisionr — C'est-à-dire — "  Quoique  le  Canada 
ait  été  conquis  par  les  armes  de  Sa  Majesté,  dans  l'au- 
tomne de  1760,  l'administration  en  Angleterre  ne  s'occu- 
pa de  son  gouvernement  interne  qu'en  l'année  1763. 
Durant  cet  intervalle,  le  pays  demeura  divisé,  comme  il 
l'avait  été  auparavant,  en  trois  districts  (gouvernemens) 
sous  le  commandement  séparé  d'officiers  de  l'armée,  qui 
établirent  dans  leurs  différents  districts  des  cours  mili- 
taires, sous  différentes  formes,  à  la  vérité,  mais  dans 
lesquelles,  d'après  les  règles  observées  par  les  nations  sages 
à  regard  d'un  peuple  conquis,  les  lois  et  usages  du  Canada 
servirent  de  règles  de  décision^ 

Ce  document  est  d'une  grande  importance  ;  il  décide 
une  question  sur  laquelle  il  y  avait  des  doutes.  Je  l'ai 
extrait  pour  vous  d'un  ouvrage  intitulé  :   Québec  Papers. 

Yotre  serviteur  et  ami, 

S.  N.  (1) 
A  M.  &  R. 


(1)  Pseudonyme  de  M.  Louis  Plamondon,  avocat  de  Québec. 


PIECES   OFFICIELLES 


PLACARDS,  REGLEMENTS,  ORDONNANCES,  Etc. 


PUBLIEES    PAR   LES 


GOUVERNEURS     DE    MONTREAL 


DURANT   LK 


REGNE      MILITAIRE 


â^8©  a   â^®^, 


DOCUMENTS      INEDITS 


Extrait  des  Registres  de  V  Epoque. 


LEGISLATION 


DU 


O0UyERXEj\IEXT  DE  MONTREAL 


DURANT    LE 


REGNE      MILITAIRE 


1760. 

22  Septembre. 
Placaed   de  Son    Excellence   Monsieur  le 
Grénéral  Amherst. 

Ce  Placard  que  M.  D.  Mondelet  cite,  page  38,  ne 
se  trouve  point  aux  Registres  de  Montréal,  mais  on  le 
voit,  en  son  entier,  aux  Registres  du  Grouvernement  des 
Trois-Rivières  ;  on  le  trouvera  plus  loin,  Gouvernement 
des  Trais-Rivières,  1er  Octobre  1760."  C'est  bien  là  la 
première  loi  que  nos  pères  reçurent  de  leurs  vainqueurs 
et  la  première  institution  de  Cours  poui  l'administration 
de  la  justice  dans  les  deux  gouvernements  de  Montréal 
et  des  Trois-Rivières,  car  il  ne  paraît  pas  qu'il  fut  adressé 
au  Grénéral  Murray,  Grouverneur  de  Québec.  Voici  les 
titres  et  qualités  que  prend  le  général  Amherst  en 
publiant  ce  Placard,  qu'il  date  de  Montréal: — "  Par  Son 
"  Excellence  Jeffery  ^Im^ers/,  Ecuier,  Maréchal  de  Camp, 
"  Commandant  en  Chef  les  troupes  et  forces  de  Sa  Majesté 
"  le  Roy  de  la  G-rande  Bretagne  dans  l'Amérique  Sep- 
■"  tenirionale,  son  Gouverneur-Grénéral  pour  la  Province 


17G1  88 

"  lie    Virginie,  &c.  &c.,   &:c."     Il  le   signe  seul  et  sans 
coutreseinî^   de  secrétaire. 


28  Octobre. 
Ordonnance  du  Gouverneur  Tiios.  Gage,  sur  divers 
sujets,  ou  concernant  les  déserteurs,  Vachat  des 
armes,  ^'c,  des  soldais,  les  appels  à  lui  être  faits,  la 
Chambre  de  Milice  de  Montréal,  la  Police  correc- 
tionnelle et  municipale 

Cette   ordonnance  étant  transcrite   tout  au   Ioul--,  pp. 
37-40  je  ne  la  recopie  i^as  ici. 


1  7G  1. 
13  Octobre. 

Ordonnance  et  Règlement  des  Chambres  de  Justice 
du  Crouvernement  de  Montréal,  par  S.  E.  Mons. 
Thomas  Gage,  Gouverneur  du  dit  Montréal  et  ses 
dépendances,  etc. 

C'est  l'ordonnance  qui  divisait  les  campagnes  du  gou- 
vernement en  cinq  Districts,  et  qiii  établissait  un  nouvel 
ordre  de  choses  relativement  à  l'administration  de  la  jus- 
tice, que  l'on  trouve  copiée  au  long,  plus  haui,  pp.  IG- 
20.   J'y  renvoie  le  lecteur. 


8  et  17  Octobre. 
Règlement  du  "  Conseil  des  Capitaines  de  Milice  de 
Montréal,"   approuvé    par    e   Gouverneur,  le  17 
Octobre  1761. 
Nou.s,  Capitaines  de  Milice  de  ^Montréal,  établis  par 
Son  Excellence  le  Gouverneur,  pour  administrer  la  jus- 
tice,—  Etant  nécessaire  de  perfectionner  la  justice  dont 


89  1761 

S.  E.  nous  a  confié  l'administration  et  pourvoir  à  des 
choses  absolument  utiles,  sous  son  bon  plaisir,  Nous 
avons  fait  le  présent  Kèglement. 

1— Nous  administrerons  la  justice  gratuitement  ainsi 
que  nous  l'avons  fait  parle  passé,  demandant  seulement 
comme  une  faveur  à  Son  Excellence,  qu'il  luy  plaise 
nous  exempter  du  logement  de  gens  de  guerre,  ainsy  que 
de  tous  tems  nous  avons  été  exempts. 

2.— Nous  continuerons  nos  assemblées  dans  la  cham- 
bre du  greffe,  qui  sera  destinée  à  cet  effet. 

3.— Comme  il  faudra  que  cette  Chambre  soit  échauffée 
pendant  l'hyver,  il  sera  pris  sur  les  amendes  la  somme 
nécessaire  pour  achepter  six  cordes  de  bois. 

4.-Etant  juste  que  M.  Panet,  notre  greffier,  soit  dé- 
dommagé de  ses  travaux,  ne  jouissant  plusdesavantao-es 
qui  1  en  récompensoient,  il  luy  sera  payé  trente-sols  par 
chaque  sentence,  prix  qu'il  avoit  cy-devant. 

Les  sentences  qui  par  leur  nature  exigeront  du  tems 
seront  taxées  eu  égard  à  leur  longueur. 
^   5.-Comme  nos  sergents  de  milice  ne  sçavent  point 
écrire,  ou  ne  le  font  qu'imparfaitement,  et  par  cette  rai- 
son,  ne  peuvent  point  mettre  nos  jugemens  à  exécution 
Nous  choisirons  deux  sergents  capables,  auxquels  Nous 
teronsun  tarif  de  leurs  ouvrages  capable  de  les  faire  vi 
vre  sans  molester  le  public. 

Nous  aurons  chaque  jour  de  nos  audiences  un  de  nos 
sergents  de  milice  qui  appellera  les  causes,  et  luy  sera 
alloué  deux  sols  par  chaque  appel  de  cause  suivant  le 
passage. 

6.— Les  amendes  seront  remises  ès-mains  de  M  Panet 
dont  l'employ  sera  fait  par  la  chambre  pour  les  serments' 
qui  seront  employés  tant  pour  ce  qui  regardera  leurs 
corvées  pour  le  service,  que  pour  la  justice. 

12 


ITiil  î>0 

7. — Ayant  dt-libéré  «ur  lu  ch«M*té  du  bois,  et  craignant 
qu'il  ii'uugmtMite  encore,  sur  le  rapport  à  Nous  fait  par 
M.  Ilervieux  des  sentiments  de  Son  Excellence  à  ce  su- 
jet,— Nous  croyons  qu'il  est  indispen.sablement  nécessaire 
de  le  taxer  à  neuf  livres  la  corde  de  bois  Irunc.  Nous 
la  supplions  d'interposer  son  autorité  à  cet  ell'et,  pour 
faire  publier  cette  taxe,  et  ceux  qui  excéderont  ce  prix 
seront  coiulainnés  à  douze  livres  d'amende,  avec  confis- 
cation de  leur  bois.  Laquelle  :iin.')i.l.'  ;iur:i  pareillement 
lieu  contre  les  achepteurs. 

Fait  à  Montréal,  le  8  Octobre  ITiJl. 

(8i-né)     R.  DECOUAGNE. 

J'approuve  les  propositions  cy-dessus  de  Messrs.  les 
officiers  de  milice.  Comme  leur  greflier  no  se  croit  pas 
suffisamment  récompensé  par  les  réglemens  cy-menti(jn- 
nés,  il  est  à  ces  messieur-  de  faire  quelque  changement 
à  son  égard,  s'ils  le  jugent  nécessaire.  Au  Château  de 
Montréal,  lo  17  Octobre  17G1. 

TllOS.  GAGE. 


27  NovEMiiUi:. 

OUDuN.XAN'CE  contre  les  marchands  qui,  sans  permi.s- 
sion  du  Gouverneur,  alloient  vendre  des  marchan- 
dises et  boissons  dans  les  campagnes. 

Par  Son  Excellence  THOMAS  Gage,  Gouverneur 
de  Montréal  et  de  ses  dépendances  i^-c,  Sçc,  Sçc. 

.S'v/ro/r,  sur  les  représentations  qui  nous  ont  été  faites 
que  plusieurs  personnes  se  retirent  dans  les  campagnes 
avec  des  marchandises  et  des  boissons,  sous  prétexte  de 
les  vendre  en  gros,  et  voulant  interdire  l'abus  qui  pour- 
roit  .s'v  introduire. 


91  1762 

Nous  ordonnons  en  conséquence  à  tous  Capitaines  de 
Milice  des  Côtes  que  lorsqu'il  se  présentera  quelque 
nouveau  marchand  pour  résider  dans  leurs  paroisses 
sans  une  permission  signée  de  Nous,  de  le  faire  avertir 
d'en  sortir  sous  six  jours,  à  peine  de  200  livres  d'amen- 
des et  de  300  livres  en  cas  de  récidive,  et  s'il  n'en  est 
point  sorty  les  six  jours  expirés,  ils  seront  traduits  de- 
vant la  chambre  du  District. 

Nous  permettons  cependant  à  tous  maichands  qui 
sont  anciennement  établis  dans  les  campagnes  d'y  conti- 
nuer leur  commerce  tels  qu'ils  ont  toujours  eus. 

Nous  ordonnons  pareillement  à  tous  officiers  de  milice 
de  faire  arrêter  tous  pacotilleurs  qui  se  présenteront  en 
pacotille  dans  leurs  environs,  sans  une  permission  signée 
de  Nous,  et  les  faire  arrêter  et  conduire  avec  leurs  mar- 
chandises confisquées  à  Montréal.     Mandons,  &c. 

Fait  et  donné  à  Montréal  le  27  Novembre  (1761.)  Signé 
de  notre  main,  scellé  du  sceau  de  nos  armes  et  contresigné 
par  notre  Secrétaire, 

THOS.  GAGE. 
Par  So?i  Excellence, 

Gr.  Matukin. 


1762,  13  Janvier. 

Ordonnance  en  explication  de  la  dernière  ;  et  en  ou- 
tre, prohibant  le  débit  des  boissons  tant  avx  soldats 
qiCaux  sauvages,  et  fixant  la  quantité  qu'il  en  sera 
permis  de  vendre,  à  la  fois,  aux  habitants. 

Par  Son  Excellence  Thomas  G-age,  &c. 

Sçavoir, — Comme  nous  avons  été  informez  :me  plu- 
sieurs marchands  et  officiers  de  milice  des  côtes  inter- 
prettent  notre  Placard  du  27  Novembre  dernier  tout  au 


1762  92 

contraire  de  nos  intentions  et  de  l'esprit  du  d.  Placard  au 
sujet  des  Boissons — étant  spécifié  que  tous  marchands 
ancionut>ni«Mit  établis  dans  les  cfttos  peuvent  y  conti- 
nuer leur  commerce  tel  qu'ils  ont  toujours  eus. 

Nous  faisons  sçavoir,  en  conséquence,  que  cet  article 
n'est  uniquement  que  pour  les  marchandises  sèches,  et 
pour  à  l'ég-ard  des  Boissons,  Nous  doffendons  à  tout  mar- 
chand d'en  débiter  au  dessous  d'une  Velte  aux  habitants 
n'y  d'en  vendre  n'y  en  gros  n'y  en  détail  sous  aucun  pré- 
texte au  soldat,  sous  peine  de  300  livres  d'amende,  et  de 
double  et  d'emprisonnement  au  cas  do  récidive.  Il  leur 
est  aussy  dellendu  ainsy  qu'aux  aubergistes  et  autres, 
d'en  donner  n'y  vendre  aux  Sauvages,  à  peine  de  con- 
fiscation de  liqueur  et  de  pareilles  amendes  cy-mention- 
nées.  Mandons,  &c. 

Fait  et  donné  au  Chat«^au  do  Montréal,  le  13  Janvior 
1762.  Signé  de  notre  main,  scellé  du  sceau  de  nos  ar- 
mes et  contresigné  par  notre  secrétaire. 

THOS.  GAGE. 
Par  Son  Excellence, 

G.  Maturin. 


23  Maks. 

Ordonnance  concernant  les  Perdrix. 

Par  Son  Excellence  Thomas  Gage.  &c. 

Srnvoir. — Ayant  trouvé  à  propos,  pour  le  bien  de  cette 
colonie,  de  laisser  multiplier  le  nombre  des  Perdrix  qui 
dégénèrent  de  jour  en  jour  par  la  chasse  que  l'on  en  fait 
dans  le  temps  de  leur  accouplement,  nous  défendons 
en  ronsiV|Uonce  à  toutes  personnes  quelque  qualité  et 
condition  qu'elles  soient,  de  tuer  et  faire  tuer,  achepter, 


93  .     1762 

prendre  au  collet  ou  à  la  tonnelle  des  perdrix,  depuis  le 
quinze  du  présent  mois,  jusqu'au  quinze  Juillet  de  cha- 
que année,  sous  peine  de  100  livres  d'amende,  applica- 
ble moitié  au  Dénonciateur  et  l'autre  moitié  aux  pau- 
vres de  la  paroisse  sur  lesquelles  elles  auront  été  prises, 
tuées  ou  emportées. 

Mandons  que  notre  présente  soit  lue,  publiée   et  affi- 
chée ès-lieux  accoutumé. 

Fait  à  Montréal  le  23  Mars  1762.  Signe,  &c. 

THOS.  GrAGrE. 
Par  Son  Excellence, 

Gr.  Maturin. 


\ 


15  Avril. 
Ordonnance  au    sujet  des    contributions  que    font 

payer  aux  miliciens  divers  officiers   de  milice. 
Par  Son  Excellence,  Thomas  GtAGE. 

Sçavoir. — Qu'il  nous  auroit  été  porté  des  plaintes  que 
plusieurs  officiers  de  milice  de  différentes  paroisses  au- 
roit fait  payer  contribution  à  leurs  miliciens,  sous  diffé- 
rents prétextes. 

Nous  deffendons  en  conséquence  à  tous  officiers  de 
milices  et  autres  que  puisse  être,  de  faire  payer  à  l'ave- 
nir aucune  taxe  ni  impositions  sous  aucun  prétexte, 
sans  en  avoir  une  ordre  positive  signé  de  Nous  et  affiché 
dans  les  paroisses,  à  peines  de  deux  milles  livres  d'a- 
mende, sans  toutefois  préjudicier  aux  amendes  des 
Chambres. — Mandons,  etc. 

Fait  à  Montréal  le  15  Avril  1762.  Signé,  etc, 

THOS.  GAaE. 
Par' Son  Excellence, 

Or.  Maturin. 


17C2  94 

12  Mai. 

RlgleuE'ST  pour  le  bois  à  fournir  aux  troupes  can- 
tonnées  daus  les  nnupa fortes,  eu  hiver  et  en  été. 

Par  Son  Excellence,  ïiioMAS  Gage,  etc. 

Faisons  Sçavoir — (|u';iy;int  jugr  à  propo.s  de  faire  un 
Règlement  pour  les  fournitures  des  Bois  qu'ils  doivent 
être  faites  aux  troupes  dans  les  campagnes,  Nous  avuns 
ordonné  ce  qui  suit  : 

Sçavoir  : 

Que  chaque  particulier  fournira  à  rofficit,-!-  ou  .«soldat 
logés  chez-lui  un  feu. 

Chaque  paroisse  sera  tenue  de  fournir  i>oar  l'utilité 
de  la  garnison  de  leur  endroit  proportionnément  au 
Eéglement  ci-dessus. 

Pour  le  court    de  riiiver. 

A  chacpie  garde  où  il  y  aura  un  officier,  pour  son  feu 
et  celuy  des  soldats  il 

< OHDFS  DE   HOIS 

Sera  fourni,   par  semaine, 3 

Celles  commandées  par   sergent  ou  caporaux, H 

Pour  l'hôpital 2 

Pour  l'ordinaire  des  officiers,  par  semaine  : 

A  un  lieut.-colonel  commandant, 3 

A  un  major, 2 

A  un  capitaine, 1 

Pour  les  officiers  subalternes  de  chaque  compagnie  1 

Pour  l'aumônier, 1 

Pour  le  chirurgien  et  son  garçon, 1 

Pour  l'adjudant  et  cartier-raaitre, 1 


95  1762 

Pour  VEté. 

Cordes  de  Bois. 

Il  sera  fournie  à  l'hôpital,  par  semaine 1 

Au  lieut-colonel,,  1 

Au  major, 1 

An  capitaine, -| 

Aux  officiers  subalternes  de  chaque  compagnie,...  | 

h  l'aumônier, | 

Au  chirugien  et  son  garçon, | 

A  l'adjudant  et  Quartier-maitre, | 

Le  chauffage  de  l'hiver  commencera  le  1er  Novembre 
et  finira  le  30  Avril. 

Celui  de  l'été  commencera  le  1er.  may  jusqu'au  31 
Octobre. 

Les  officiers  qui  ont  des  commissions  doubles  ne  pour- 
ront exiger  du  bois  que  pour  une  ;  il  n'en  sera  fourni 
même  que  pour  le  nombre  des  oflS.cierâ  présent.  Il  sera 
permis  à  un  Major  commandant  au  Régiment  de  s'en 
faire  fournir  comme  Lieutenant-Colonel,  et  un  capitaine 
commandant  un  corps  comme  Major.  Dans  les  endroits 
où  les  compagnies  seront  divisées  dans  différentes  parois- 
ses, chaque  paroisse  fournira  à  l'officier  commandant  une 
corde  l'hiver  et  demy  l'été,  par  semaine. 

Sy  l'hôpital,  l'Etat-major  et  l'ofîicier-commandant  se 
trouv  oient  dans  la  même  paroisse,  laquelle  par  un  sem- 
blable accident  seroit  trop  surchargée  des  fournitures  de 
bois  qu'elle  seroit  obligée  de  faire,  l'officier  commandant 
est  autorisé  de  la  soulagé  en  faisant  contribuer  le«  pa- 
roisses voicines.  La  corde  de  bois  sera  de  8  pieds  de 
lono:  sur  4  de  hauteur  et  de  lars^eur. 

Mandons  que  le  présent  Règlement  sois  ponctuelle- 
ment exécuter  et  de  ne  faire  aucune  autre  fourniture 
de  bois  sous  aucun  prétexte,  sans  un  ordre  de  Nous. 


17G2  DC 

Fait  à  Montréal,  le  12  de  Mai    17G2,   Signé   de  notre 
main,  &c. 

THOS.  GAGE. 
Par  Son  Excellence, 

G.  Maturin. 


22   JUILLKT. 

Lettre  à  MM.  les  Capitaines  de  Milices  do  la 
Chambre,  à  Montréal,  concernant  MM.  les  ïSei- 
g-ncurs  do  l'Ile  de  Montréal. 

Messieurs, 

Il  nous  a  été  représenté  par  Mrs.  les  »Seif^nours  de 
risle  de  Montréal,  que  dans  les  contributions  qu'on  avoit 
coutume  cy  devant  de  lever  pour  le  bien  du  uouvorne- 
ment,  que  le  Roy  de  France  ayant  eu  égard  à  leur  qua- 
lité do  Seigneur  et  membre  du  Clergé,  avoit  eu  la  bonté 
de  les  taxer  luy-mème  pour  leur  coste-part,  et  d'ordon- 
ner que  le  Supérieur  du  Séminaire,  ou  un  délégué  de 
Ba  part,  assisteroit  aux  assemblées  qui  se  tiendroient 
pour  la  répartition  qui  seroit  à  faire  sur  les  peuples,  et 
ces  Mrs.  espèrent  que  nous  voudrions  bien  avoir  les 
mesmes  bontés  pour  eux,  et  nous  prient  d'avoir  égard  à 
la  convenance  et  à  la  justice  de  leur  demande  et  aux 
usages  cy  devant  observés,  et  d'ordonner  que  dans  les 
répartitions  publiques  qui  surviendront  dans  noire  gou- 
vernement, ils  seront  obligés  de  supporter  en  leur  parti- 
culier une  taxe  égale  à  celle  des  quatre  plus  riches  Bour- 
geois. 

Souhaitant  dans  ce  temps  d'incertitude  de  ne  rien  de- 
ranger  des  anciens  usages,  qui  ne  sont  point  opposés  au 
service  du  Roy,  Nous  ordonnons  que  Mr.  le  Supérieur 
du  Séminaire   sera  invité  à   assister  aux   assemblées  qui 


97  1762 

se  tiendront  pour  les  répartitions  publiques,  et  pour  me 
mettre  en  état  de  bien  juger  de  la  taxe  qut-  Mrs.  les  sei- 
gneurs doivent  supporter  en  leur  particulier,  aujourd'huy 
vous  aurez  la  bonté  de  nous  instruire  des  taxes  que  ces 
Messrs.  ont  supporté  dans  toutes  les  répartitions  laites 
en  diftérentes  occasions  et  pour  différents  usages. 
Je  suis,  Messieurs, 
Votre  très-humble  serviteur, 

TFOS.  OAaE. 

Au  Château  de  Montréal,  | 
le  22  Juillet,  1762.       \ 


26  Juillet. 
Ordonnance  concernant  la  A-aleur  de  la  monnaie 
françoise. 
Par    Son  Excellence    Thomas    G-age,  Colo7iel  d'un  régi- 
ment d'infanterie  légère,  Maréchal  des  camps  et  des 
armées  du  Roy,  Gouverneur  de  Montréal,  et  de  ses 
dépendances,  etc. 
Sur  les  représentations  qui  nous  ont  été  faites  que  la 
monnaie  françoise  avait  été  moins  estimée  que  sa  valeur 
dans  notre  gouvernement  de  Montréal,  ce   qui  a  porté 
les  particuliers  à  la  faire  passer  à  d'autres  endroits  où  la 
valeur  de  la  dite  monnaie  était  plus  haute,  à  l'inconvé- 
nient et  le  préjudice   que  cela  cause  à  tous  les  négo- 
ciants et  autres  particuliers  du  dit  gouvernement  par 
la  rareté  de  l'argent  et  surtout  de  la  petite  monnaie. 

A  ces  causes  après  avoir  mûrement  examiné  les  dites 
représentations  et  pris  toutes  les  connaissances  et  éclair- 
cissements les  plus  exacts,  qui  nous  ont  été  possible,  les 
avons  trouvé  juste  et  équitable,  en  conséquence  ordon- 
nons que  l'Ecus  français  de  six  livres  tournois  passera 

13 


J7»;l>  98 

prt'stMih'ment  et  sera  reçue  dans  tous  les  payements  qui 
se  feront  dans  notre  dit  q-ouvernemenl  de  Montréal  à 
commencé  du  jour  de  la  datte  de  Notre  présente  ordon- 
nance ù  huit  schelings  et  dix  sols  nionnai»'  de  Montréal. 
Le  sol  marqué  vieux  à  une  coppe  et  demi  et  le  sol  mar- 
qué neuf  à  dt'ux  coppes  juste. 

ICnjolirnons  par  notre  dite  ordonnance  à  toute  personne 
(lu  (lit  i^otivernement  de  s'y  conformer  sous  peine  de 
désobéissance.  Mandons,  etc., 

Donné  au  CMulteiiu  de  Montréal,  le  2()   Juillet  1702, 

k^i^né,  etc., 

TirOS.  GAGE. 
Pur  Son  Excel lenre. 

Ci.  M.VTl'HIN 


Ml    .luiLI.ET. 

Ordonnance  concernant  la  réjiarnfion  de  l'enceinte 
de  la  ville  de  Montréal. 
Par    Son    Excellence    ÏIIOMAS  CJagk,  Colonel  du  22e.  Re- 
nient (Flnfanlerie,  Maréchal  des  camps,  etc., 

Etant  informé  qu'il  avoit  été  fait  une  imposition  de 
six  mille  livres,  par  un  arrêt  de  8a  Majesté  le  roi  de 
France,  rendu  le  b  mai  171  »J,  et  renouvelle  le  1er.  du  d. 
mois  1743,  sur  les  habitants  de  Montréal,  dont  2000  li- 
vres à  payer  par  le  Séminaire  de  St.  Sulpice,  établis  en 
cette  ville,  j)our  être  la  dite  somme  de  GOOO  livres  em- 
ployé»' au  remboursement  des  fonds  avancés  i^ar  sa  dite 
Majesté  pour  les  dépenses  de  l'Etablissement  de  l'en- 
ceinte de  cette  dite  ville,  sur  laquelle  somme  de  COOO 
liv.  étoit  pris  les  fonds  nécessaires  pour  l'employé  de 
l'entretien  d'icelle,  et  que  la  dite  imposition  a  toujours 
continué  dans  la  mesme  forme  jusqu'à  l'année  17G0. 


I 


99  1762 

En  voyant  aujourd'huy  la  dite  enceinte  tomber  en 
ruine  et  qu'il  seroit  nécessaire  de  pourvoir  à  ses  répara- 
tions et  à  y  faire  quelques  ouvrages,  ou  changement 
pour  le  bien  publique,  et  voulant  dans  ce  temps  d'incer- 
titude suivre  les  anciens  usages  qui  ne  sont  point  oppo- 
sés au  service  du  Roy. 

Nous  ordonnons,  qu'il  sera  imposé  tous  les  ans,  à  com- 
mencer la  présente  année  1762,  une  somme  dont  le  tiers 
sera  payé  par  le  dit  Séminaire  de  St.  Sulpice  qui  a  des 
emplacements  dans  la  dite  ville  de  Montréal,  dont  il 
est  seigneur  direct  aussi  bien  que  de  toute  l'Isle  du 
mesme  nom,  et  les  deux  autres  tiers  restant,  par  les 
communautés  régulières  et  ségulières,  et  les  habitants  de 
ladite  ville  de  Montréal  ;  pour  être  la  dite  somme  em- 
ployée à  faire  les  réparations  nécessaires  à  la  dite  en- 
ceinte, qui  commenceront  le  printemps  prochain  ;  mais 
que  la  porte  à  laquelle  l'on  travaille  sera  faite  et  parfaite 
cette  année.  Et  que  la  dite  imposition,  dont  les  deniers 
seront  remis  à  une  personne  nommée  par  la  chambre  des 
milices  du  dit  Montréal,  ne  passera  pas  la  somme  de 
6000  liv.  par  chaque  année,  et  sera  continuée  jusqu'à 
l'entière  réparation  de  la  dite  enceinte,  à  la  fin  desquel- 
les réparations  la  présente  ordonnance  demeurera  nulle 
et  sans  effet.  Les  rolles  de  la  dite  imposition  et  taxe  d'i- 
celle,  seront  fait  par  la  dite  Chambre  de  Milices  et  le  su- 
périeur du  Séminaire,  ou  un  délégué  de  sa  part.  Les 
quelles  rolles  nous  seront  présentés  pour  être  par  nous 
arrestés. 

Enjoignons  à  la  dite  Chambre  et  au  dit  S.  Supérieur 
du  Séminaire,  qu'ils  se  trouveront  présents  aux  marchés 
et  redition  des  comptes  faits  des  dits  ouvrages  ;  et  que 
la  présente  ordonnance  sera  exécutée  nonobstant  oppo- 
sitions ou  appellations  quelconques  dont  si    aucuns   in- 


1762  100 

tervionnent,  nous  nous  réservons  la  connoissance.  Sera 
onroufistrr  au  (irt'llt»  <\o  lu  dit»*  Chamhr»',  soit  lm\  pu- 
bliée *»t  alfiehé  partout  ou  hesoiii  sera.   Mandons,  etc. 

Donné  au  Chatt-au  df  Montr''al,  le  trentf-un  Juillet 
mil  sept  cent  soixante  deux.  Siûfué  d«*  notre  main,  et 
celle  du  sceau  de  nos  anm-s  et  c(nitresi«_;n<'  par  notre  Se- 
crétiiiro. 

rilOS.   (iA(JK. 
P(ir  San   E.r(f//e/irf\ 

G.  M\Tui;i\. 


•î  Août. 
OuDtjN.NA.NCK     réglant    que   les    marchandises     se 
vendront,  à  l'avenir,  à  la  veriçe. 

Par  Son  Errrihnre  TlloMvs  (r.4GE  Colonel,  du  22e. 
Kes;.  etc. 

Sur  les  représentations  qui  nous  ont  été  faites,  (jue 
plusieurs  personms  dans  le  commerce  à  Montréal,  se  ser- 
voit  de  diflTérentes  mezures  pour  vendre,  tant  qu'en  gros 
qu'en  détaille,  des  marchandises  sèches,  à  l'inconvénient 
et  le  préjudice  que  cela  cause,  tant  pour  les  fraudes  qui 
peuvent  se  glisser  dans  le  dit  commerce  ;  que  la  dilFiculté 
que  cela  occasionne  au  négociant  anglois  résidant  en  cette 
ville,  pour  la  redition  de  leurs  comptes  avec  leur  com- 
mettant en  Angleterre  ;  qu'il  est  ordinaire  et  mesme  de 
nécessité  dans  toutes  les  villes  d'avoir  une  seule  et  mesmo 
mesure,  établie  et  hotorizé  par  justice,  à  laquelle  tout  le 
monde  est  obligé  de  se  conformer  pour  la  facilité  du  com- 
merce. En  conséquence  et  pour  oln-ier  à  l'avenir  aux  abus 
et  difficultés  qui  pourroient  subvenir  à  ce  sujet.  Ordon- 
nons que  l'on  fera  usage  en  cette  ville  de  Montréal,  de  la 
Kerg-e  dAn};lelerre,  conformément  à   un   étalon  qui  sera 


101  1762 

déposé  chez  le  Major  de  la  Place,  auquel  étalon  tous  les 
négociants  et  marchands  seront  obligés  de  faire  étalon- 
ner leur  verge  ou  mezure,  et  pour  ce.  donnons  vingt 
jours  pour  toute  préfixion  et  delays,  à  compter  du  jour 
de  la  publication  de  notre  présente  ordonnance  Faisons 
dès  à  présent  comme  dès  lors  inhibition  et  defïence  à 
tous  négociants  et  marchands  qui  vende  de  se  servir 
d'autre  mezure  que  de  la  d.  verge  étalonnée,  à  peine 
par  le  contrevenant  d'une  piastre  d'amende  et  en  cas  de 
récidive  de  plus  grande  peine. 

La  présente  ordonnance  sera  enregistrée  au  greffe  de 
la  chambre  de  cette  ville.  Lue,  publié  et  affiché  où  be- 
soin sera.  Mandons,  etc. 

Donné  au  Château  de  Montréal,  le  3  Août  17«]2.  Si- 
gné de  notre  main,  scellé  du  sceau  de  nos  armes  et  con- 
tresigné par  notre  secrétaire. 

THOS.  GAGE. 
Par  Son  Excellence, 

G.  Matuhin. 


12  Août. 

Ordonnance  défendant  à  d'autres  qu'rtw  proprié- 
taire du  Bac  entre  Montréal  et  Longueuil,  de 
traverser  à  prix  d'argent. 

Par  Son  Excellence  Thomas  G.A.GE,  &c. 

Sur  les  représentations  qui  nous  ont  été  faites  derniè- 
rement par  le  Mtre.  du  bac  entre  Montréal  et  Longue 
que  plusieurs  habitans  contrevenants  au  Règlement  que 
M.  Çhrisiie,  Maréchal  des  logis  des  armées  du  roy,  avoit 
fait  publier  par  nos  ordres  en  datte  du  22  juin  der.,  traver- 
soient  tous  les  iours  à  Montréal  les  allants  et  venants  en  se 


17(Î2  102 

luisant  payer  au  pri' judice  que  cola  cause  au  mtre.  du  cl.  bac 
qui  est  obliii;é  d'entretenir  du  inonde  pour  lairo  les  dites 
traverses,  ou  pasages,  et  à  qui  nos  ordres  ont  été  donnés. 
En  conséquence  pour  obvier  à  l'avenir  à  pareils  contra- 
ventions faisons  très  expresses  inhibitions  et  defienses  à 
tous  les  habitans  ou  autres  personnes,  de  traverser  en  pa- 
yant aucun  des  dits  allants  et  venants,  sous(|uelquo  pré- 
texte que  se  puisse  être,  sans  un  ordre  expressément  don- 
né, à  peine  d'une  piastre  d'amande,  qui  sera  payé  après 
preuve  laite  par  serment  du  dénonciateur,  devant  au- 
cun Capitaine  de  Milices  où  le  cas  arrivera,  la  dite 
amande  applicable  au  Mtre  du  dit  bac,  et  au  cas  de  ré- 
cidive, de  plus  grandes  peines,  n'entendant  point 
toutefois  empêcher  les  dits  hal^itans  ou  autres  de  se  tra- 
verser comme  à  l'ordinaire,  gratis.  Enjoignons  aux  Capi- 
taines et  autres  officiers  de  milice  du  dit  lieu  de  tenir  la 
main  à  l'exécution  de  notre  présente  ordonnance,  qui 
sera  lue,  publiée  et  affichée  en  la  manière  accoutumée. 
Mandons  &c. 

Donné  au  Chilteau  de  Montréal,  le  12    Août  1702.    Si- 
gné, cv:c. 

TIIOS.  GAGE. 
Par  Son  Excellence, 

G.  Maturin. 


12  Octobre. 

Ordonn.wce  défendant  aux  officiers  de  milice  do 

se  porter  pourvoyeurs  des  officiers  des  Troupes. 
Par  Sun  Excellence  TllOMAS  Gage,  &c. 
Sur  les  plaintes  qui  nous   ont  été  porté   par  les  habi. 
tans  de  Notre  Gouvernement,  que  les  capitaines  et  au- 
tres officiers  de  Milice,  sans  aucune  authorité,  alloient 


103  1762 

chez  eux  leur  faire  donner  des  provisions  pour  les  offi- 
ciers des  Troupes  en  quartier  dans  les  différentes  i:)a- 
roisses  du  dit  gouvernement. 

Nous  ayant  égard  aux  dittes  plaintes  faisons  très  ex- 
presse inhibition  et  défence  aux  officiers  des  d.  milice 
•qui  seront  établie  pour  le  service  du  Roy  de  se  porter 
pourvoyeur  des  offici'^rs  des  dittes  troupes  sous  peine  de 
désobéissance,  Mrs  les  officiers  étant  daijà  avertis  de  se 
servir  de  leurs  domestiques  pour  jïourvoyeurs. — Man- 
dons &c. 

Donné  au  Château  de  Montréal,  le  12  Octobre  1762. 
Sig"né  &c., 

THOS.  GAGE. 

Par  Son  Excellence, 

G.  Maturin 


18  Octobre. 

RÈGLEMENT  ET  ORDONNANCE  fixant  le  prix  auquel 
les  Boulangers  vendront  le  pain. 

Par  Son  Excellence  Thomas  GtAGE  &c., 
Sur  les  représentations  qui  nous  ont  été  faites  que  les 
13oulangers  de  cette  ville  vendent  leur  pain  sur  le  pied 
lie  Tannée  dernière,  quoique  la  récolte  de  cette  année 
soit  de  beaucoup  plus  abondante  que  la  précédente.  En 
outre  que  dans  les  années  qui  ont  précédées  la  redition 
du  païs  le  Bois  étoit  monté  à  un  prix  exorbitant  les  d. 
Boulangers  faisoient  payer  la  fabrication  du  pain  aux 
particuliers  qui  faisoient  boulanger  leur  farine  à  raison 
de  quatre  livres  le  quintal,  que  depuis  notre  ordonnan- 
ce rendue  pour  la  taxe  du  d.  bois  à  neuf  livres  la  corde, 
les  d.  Boulangers  ont  toujours  continué  à  fabriquer  sur 
le  mesme  pied  de   4  Ib.  le   quintal  de  farine.     A   quoi 


17r,2  104 

ayiint  tgard,  et  sur  les  certitudes  que  nous  avons  de 
r«''tut  de  cette  Kécolte,  voulant  remédier  ù  pareil  abus 
afin  de  soulager  les  citoyens  de  cette  ville,  il  nous  a  paru 
convenable  de  taxer  le  pain  «'t  la  Tabrication  d'ycelui  à 
un  prix  raisonnable. 

liln  consrquence  les  boulaimi  r>  de  i-riiv  ville  iburni- 
ront  le  pain,  à  compter  du  20  du  présent  mois  jusqu'au 
premier  Janvier  prochain,  sur  le  pied  cy-i^près, — sça- 
voir  : — 

La  pain  blanc  du  poids  de  4  livres  pour  10  coppes,  à 
raison  de  deux  coppes  et  demy  la  livre. 

Le  pain  bis-blanc  du  poids  de  6  livres,  pour  12  coppes, 
à  raison  de  deux  coppes  la  livre. 

Le  quintal  de  farine  converty  en  pain  à  raison  de  deux 
schelins  dix  coppes  de  façon  par  quintal  de  farine. 

Ordonnons  aux  dits  boulangers  de  se  conformer  au 
présent  règlement  sous  peine  de  confiscation  du  pain 
qui  se  trouvera  de  faux  poids,  et  de  trente  piastres  d'a- 
mende pour  le  contrevenant. 

Mandons  au  Major  de  la  place  et  aux  Srs.  Capitaines 
des  Milices  de  la  chambre  de  Montréal  de  tenir  la  main 
à  l'exécution  du  présent  règlement,  qui  sera  lue,  publiée 
et  afïïchée  en  la  manière  accoutumée,  et  registrée  au 
greffe  de  la  dite  chambre. 

Donné  au  château  de  Montréal,  le  18  Octobre  1762, 
Siirné  de  notre  main,  etc. 

THOS.  GAGE. 

Par  Son  Exrdfenre, 

G.  Maturin 


105  1762 

15  Novembre. 
Ordonnance  concernant  la  Douane  de  Montréal. 
Par  Son  Excellence  THOMAS  G-age  SfC. 

D'autant  que  les  Très-Honorables  Seigneurs  les  Com- 
missaires du  Trésor  Royal  ont  par  leur  ordonnance  déli- 
béré et  enjoint  à  Messieurs  les  Commissaires  des 
Douanes  de  Sa  Majesté,  qu'il  seroit  à  propos  pour  le  bien 
de  l'état  et  du  bon  ordre,  d'établir  une  Douane  dans  la 
ville  de  Blontréal,  et  pour  y  parvenir  ont  les  dits  Srs  Com- 
missaires jugés  à  propos  de  nommer  et  d'établir  le  S. 
Thomas  Lamhs,  Ecuier,  en  qualité  de  Directeur,  et  le  S. 
Richard  Oakes,  visiteur  de  la  dite  Douane  à  Montréal  :  En 
conséquence  ordonnons  à  tous  les  citoyens  du  dit  Mont- 
réal et  de  ses  dépendances,  de  regarder  et  reconnoître  les 
dits  Srs.  Thomas  Lambs  et  Richard  Oakes  en  la  dite 
qualité. 

Mandons  à  tous  officiers  civils  et  militaires  de  prêter 
main-forte,  toute  fois  et  quand  il  en  sera  requis  par  les 
dits  Srs.  pour  le  dit  service,  et  de  les  appaïer  de  toute 
leur  authorité,  conformément  à  nos  ordres. 

Tous  armateurs  et  autres  intéressés  dans  le  commerce 
sont  avertis  que  tous  les  bâtiments  venant  d'Europe  ou 
des  Colonies,  chargés  pour  le  compte  des  négociants  de 
Montréal,  et  autres  qui  voudront  y  venir  en  commerce, 
pourront  suivre  leurs  destinations  jusqu'au  dit  Montréal, 
sans  être  obligé  de  décharger  et  recharger  leurs  marchan- 
dises à  Québec,  sous  quelque  prétexte  que  ce  puisse  être, 
à  moins  qu'ils  ne  soient  soupçonnés  de  porter  des  mar- 
chandises de  contrebande,  dans  le  dessein  d'y  faire  un 
commerce  prohibé. 

La  présente  ordonnance  sera  lue,  publiée  et  affichée 
en  la  manière  accoutumée  et  enregistrée  au  greffe  de  la 


17C-2  10() 

chambre  des  Milices  de  Montréal, — sigiK-  de  notre  main, 
scellé  du  sceau  de  nos  armes,  etc. 

Donné  au  Château  de  Montréal,  le  là  Novembre  17G2. 

THOS.  GAGE. 
Par  Son  Ezceltetice, 

G.  Matukin. 


20     X(A'E.MIÎUE. 

i'uoc'L.vMATi"  i\  à  l'occasion  des  prélimniairt's  do  la 
paix,  et  de  la  cessation  des  hostilités  par  mer  et 
par  t'Tn'. 

De  par  le  Koy. 

Ordonnance. 

GEORGE   lU)  Y. 

D'autant  que  les  préliminaires  pour  rétablir  la  paix 
furent  signés  à  Fontainebleau,  le  3e  jour  du  présent  mois 
de  Novembre,  par  nos  ministres,  ceux  du  Roy  très-chré- 
tien et  du  Roy  catholique,  et  pour  mettre  fin  aux  cala- 
mités de  la  «guerre,  aussitôt  et  aus.si  loin  qu'il  est  possible, 
il  a  été  convenu  entre  Nous,  Sa  Majesté  très-chrétienne 
et  Sa  Majesté  catholique,  comme  suit,  c'est-à-dire,  qu'aus- 
sitôt que  les  préliminaires  seroient  sig-nés  et  ratifiés, 
toutes  les  hostilités  cesseroient  par  mer  et  par  terre. 

Et  pour  prévenir  toutes  les  occasions  de  plaintes  et 
de  disputt'S  qui  pourroient  naître  au  sujet  des  navires, 
marchandises  et  autres  ellets  qui  peuvent  être  pris  par 
mer,  on  est  convenu  mutuellement  que  les  navires, 
marchandises  et  effets  qui  seront  pris  dans  la  Manche  et 
dans  les  Mers  du  Nord,  après  l'espace  de  douze  jours,  à 
être  comptés  du   jour  de  la  ratification  des  prés«'nts  ar- 


107  1762 

ticles  préliminaires.  Et  que  tous  les  navires,  marchan- 
dises et  effets  qui  seront  pris  six  semaines  après  la  dite 
ratification  au-delà  de  la  Manche  et  Mers  du  Nord  aussi 
loin  que  les  Iles  des  Canaries  inclusivement,  soit  dans 
l'Océan  où  la  Méditerrannée,  et  pour  l'espace  de  trois 
mois  des  dites  Iles  des  Canaries  jusqu'à  la  ligne  Equi- 
noxtialc  ou  Equateur;  et  pour  l'espace  de  six  mois  au- 
delà  de  la  dite  ligne  Equinoxtiale  ou  Equateur,  et  dans 
toutes  les  autres  parties  du  monde  sans  exception  ou 
autres  distinctions  plus  j)articulières  de  temps  ou  de 
lieu;  seront  restitués  départ  et  d'autre. 

Et  d'autant  que  les  ratifications  des  dits  articles  préli- 
minaires ont  été  échangés  à  Versailles,  dans  toutes  les 
formes,  par  nos  plénipotentiaires,  ceux  du  Roy  très- 
chrétien  et  dii  Eoy  catholique,  le  22  de  ce  mois  de  No- 
vembre, duquel  jour  les  termes  respectifs  cy-dessus 
mentionnés,  de  douze  jours,  de  six  semaines,  de  trois 
mois  et  de  six  mois  pour  la  restitution  de  tous  les  navires, 
marchandises  et  autres  effets  pris  sur  mer,  doivent  être 
comptés.  Nous  avons  jugé  à  propos,  par  l'avis  de  notre 
conseil  privé,  de  notifier  la  mesme  à  tous  nos  fidèles 
sujets,  et  nous  déclarons  que  tel  est  notre  bon  plaisir  et 
volonté  royale,  et  nous  donnons  ordre  par  ces  présentes 
et  nous  commandons  à  tous  nos  officiers  de  mer  ou  de 
terre,  et  à  tous  nos  autres  sujets  quelconques  de  faire 
cesser  tous  actes  d'hostilités  soit  par  mer  ou  par  terre, 
contre  Sa  Majesté  très-chrétienne  et  Sa  Majesté  catho- 
lique, leurs  vaisseaux  et  sujets,  depuis  et  après  le  temps 
res^Dectif  cy-dessus  mentionné,  sous  peine  d'encourir 
notre  plus  haute  disgrâce. 

Fait  et  donné   en  notre  Palais  de   St.  James,  le  26e 


1763  108 

jour  de   Novembre  dans  la  troisième    année  de   notre 
rècrne  et  dans  l'an  de  notre  Seicrneur  1702. 

DiKr  CONSERVE  LE  V\.n\ . 

Pour  n>/)ir,  (r.  MaTURIN. 


1703. 
7  Janvier. 

lvi:<'>l.E.MENT  dt'leiulant    d'aller  an  iriaiid    iroi    dans 
les  rues  et  faubourgs  de  Montréal,  etc. 

Par  Son  Excellence  Thomas  Ga(}E,  Colonel,  etc. 
Sur  le  compte  qui  nous  a  été  rendu  qu'an  préjudice 
des  différents  règlements  de  police,  les  charretiers  et 
autres  personnes  de  cette  ville,  et  mesme  les  habitants 
de  la  campagne  qui  y  viennent,  mènent  leurs  traines 
et  cariolles  avec  une  si  grande  vitesse  que  les  gens  de 
pieds,  à  qui  ils  ne  donnent  pas  le  temi:)S  de  se  ranger, 
sont  exposés  à  être  dancrereuscmeut  blessés,  comme 
aussy  les  jours  de  dimanche  et  fêtes,  la  plus  grande 
partie  des  personnes  qui  ont  des  voitures  les  laisse  à  la 
porte  des  églises  pendant  le  service  divin,  avec  une  si 
grande  confusion  que  ceux  qui  n'en  ont  point  sont  ex- 
posés, en  sortant,  à  être  estropiés  par  les  chevaux.  Et 
étant  nécessaire  de  remédier  à  de  pareils  accidents,  qui 
peuvent  être  fîicheux  comme  on  l'a  déjà  vu. 

Nous  fai.sons  deffence  à  toutes  personnes  qui  condui- 
ront des  cariolles,  ou  autres  voitures,  ou  qui  seront  sur 
leurs  chevaux,  de  les  faire  galoper  ou  trotter  au  grand 
trot,  dans  les  rues  et  faubourgs  de  cette  ville,  ni  de  les 
tenir  aux  portes  des  églises.  Leur  ordonnons,  lorsqu'ils 
trouveront  des  gens  de  pied  dans  leur  chemin,  de  s'ar- 
rêter et  mesme  de  se  détourner,   afin   de  leur  donner  le 


109  1763 

temps  de  se  retirer.  En.  outre,  aux  charretiers  et  habi- 
tants qui  ont  des  voitures  à  deux  chevaux,  d'avoir  des 
cruides  ou  cordeaux,  à  chacun  des  dits  chevaux,  afin  de 
les  conduire  sans  aucuns  accidents,  Le  tout  à  peine  de 
20  livres  d'amende,  payable  sans  déport,  applicable 
moitié  aux  pauvres  et  l'autre  moitié  au  dénonciateur,  et 
de  plus  grandes  peines  en  cas  de  récidive.  Mandons 
au  S.  Major  de  la  place  et  aux  officiers  de  la  chambre  de 
Montréal  de  tenir  la  main  à  l'exécution  de  la  présente 
ordonnance,  laquelle  sera  lue,  publiée  et  affichée  en  la 
manière  accoutumée,  à  ce  que  personne  n'en  prétende 
cause  d'ignorance,  Signé  de  notre  main,  scellé  du  sceau 
de  nos  armes  et  contresigné  par  notre  secrétaire. 
Donné  au  Château  de  Montréal,  le  7  Janvier  1763. 

THOS.  GrAGrE. 
Par  Son  Excellence, 

Gr.  MaTURIX. 


13  Janvier. 

Ordonnance  contre  l'exportation  des  farines  et  du 
bled  hors  du  G-ouvernement  de  Montréal. 

Par  Son  Excellence  Thomas  G-age,  «S:c. 

Sur  le  compte  qui  nous  a  été  rendu  de  la  dernière  ré- 
colte. Nous  avons  lieu  de  penser  qu'il  y  a  suffisament 
du  bled  pour  faire  subsister  les  habitants  du  Gouverne- 
ment, mais  pour  ne  pas  courir  les  risques  de  retomber 
dans  une  pareille  disette  que  l'on  a  essuiez  ses  années 
dernières,  que  le  gouvernement  de  Montréal  ayant 
beaucoup  souffert  par  la  quantité  que  l'on  en  a  tiré  pour 
soulager  les  autres  gouvernements.  Il  est  à  propos  de 
ne  pas  en  laisser  sortir  les  bleds  et  farines  afin  de  n'être 
pas  dans  le  cas  par  la  suite  d'une  seconde  disette. 


17G3  110 

rourquoi  Nous  fuisoiis  tn-s  expresse  inliiKiiiou  et 
deflenso  à  tous  partieuliors  qui  auront  dessoiu  de  iïibri- 
quer  des  l'urine  ou  biscuits  pour  le  commerce,  non- 
seulement  de  les  faire  sortir  du  dit  Gouvernement  pour 
leur  compte,  l'Eté  prochain,  mais  encore  de  les  vendre 
à  des  capitaines  de  navires  qui  seront  dans  le  cas  d'en 
taire  commerce. 

Faisons  pareille  deflfencc  à  tous  voituriers,  Mtre.  de 
barque  ou  autrt^s  battiments  de  chargé  des  dits  farine 
ou  bleds  dans  quelque  endroit  que  ce  soit  du  dit  g"ou- 
vernement  de  Montréal  pour  le  transporter  à  Québec 
ou  ailleurs  par  mer  on  par  terre,  sans  une  permission  de 
nous  par  écrit,  à  peine  par  les  dits  particuliers,  voitu- 
riers, Mtre.  de  barque,  de  cent  piastres  d'amende  et  de 
six  mois  de  prisons,  et  contre  les  propriétaires  des  dits 
bleds  et  farine  de  confiscation  d'yceux  et  de  pareil 
amende  de  cent  piastres  et  de  six  mois  de  prisons. 

Sera  la  présente  ordonnance  enregistré  au  grefie  de 
la  chambre  de  cette  ville,  lue,  publiée  et  affichée  en  la 
manière  accoutumés.  Signé  de  notre  main,  scellé  du 
sceau  de  nos  armes  et  contresigné  de  notre  secrétaire. 

Mandons,  etc. 

Donné  au  Château  de  Montréal,  le  13  Janvier  17G3. 

TIIOS.  GAGE. 
Par  Son  Excellence, 

G.  Matuimn. 


4  Avril. 

Ordonnance  établissant  une  Douane  à  Montréal. 

Par    Son    Excellence    Tlloi^fAS    Gaoe,    Colonel    du    22e 
rés^ivient,  etc. 

D'autant  que  Sa  Majesté  auroit  par  son  ordonnance 


111  1763 

jugé  à  propos,  pour  le  bien  de  l'Etat  et  du  bon  ordre 
d'établir  une  Douane  dans   la  ville   de   Montréal,  pour 
l'imposition  des  droits  d'entré   et  sorties  du  Gouverne- 
ment du  dit  Montréal,  et  que  tous  les  navires  et  autres 
bâtiments   venant   d'Europe,   Iles   de   l'Amérique,    des 
Provinces  voisines  de  ce  continent,  ou  mesmes  de  Qué- 
bec et  des  Trois-Rivières,  qui  seront  destinés  pour  cette 
dite  ville  ou  pour  autres  endroits  du  dit  Grouvernement, 
seront  obligés  d'aborder  au  port  du  dit  Montréal,  pour 
y  faire  dans  les  vingt-quatre  heures  de  leur  arrivée,  au 
Bureau  de  la  dite  Douane,  leurs  déclarations  des  mar- 
chandises de  leur  chargement  en  entier,   et  d'y  repré- 
senter les  connoissemens  et  acquits  à  caution  des  diffé- 
rents ports  de  leur  département.     En  conséquence  Or- 
donnons aux  capitaines  de  navires  et  autres  bâtiments 
venant  des   ports   mentionnés   cy-dessus   de    faire    au 
Bureau  de  la  dite  Douane,  dans  les  vingt-quatre  heures 
de  leur  arrivée  au  port  du  dit  Montréal,  une  déclaration 
générale,  exacte  et  fidèle  de  leur  chargement  en  entier, 
tant  de  ce  qui  est  sons  connoissem.ent  que  sans  connois- 
sement,   et  de  tous  les  articles  chargés  dans  les  dits 
navires  pour  leur  compte  particulier  et  celuy  de  leurs 
officiers.     Faisons  en  outre  très  expresse  inhibition  et 
deffence  aux  dits  Cai)itaines,  officiel  «^   matelots  et  autres 
de   descendre  à  terre,  ou  vendre  à  bord,  le  Ions-  des 
costes  du  dit  gouvernement,  des  marchandises,  ou  bois- 
sons, dans  le  dessein  de  frauder  les  droits  imposés  sur 
ycelles,  avant  la  déclaration  cy-dessus  mentionnés.     Le 
tout  à  peine  par  les  contrevenants  de  confiscation  des 
marchandises   non  déclarées  et  de   cinquante  piastres 
d'amende.     Sera  notre  présente  ordonnance  lue,  publiée 
et.  affichée   où  besoin  sera,   afin  que  personne  n'en  j^ré- 
tende  cause   d'ignorance.     Mandons  aux  Srs.  Directeur 


17G3  112 

de  la  dite  Douane  et  Capitaines  de  Milices  de  Notre 
Gouvernement,  de  tenir  la  main  à  son  exécution.  Sign6 
de  notre  main,  scellé  du  sceau  de  nos  armes  et  contre- 
signé i^ar  notre  secrétaire. 

Donné  au  Château  de  Montréal,  le  4  Avril  17G3. 


TIIOS.  GAGE. 


Par  Son  Excellence, 

G.  Matuihn 


17  Mai. 


PuocL.vMATioN  dc  l'avtictc  JV  du  Traite  de  Paix  concernant  la 
cession  du  Canada  à  S.  Mté.  Dritanni(iuc^  cl  d'une  Déclara- 
tion dc  M.  dc  Choiseul  par  rapport  aux  dettes  durs  aux 
Canadiois. 

Par  Sun  Excellence  Thomas  Gage,  colonel  du  22e.  Régi- 
ment d'Infanterie,  Maréchal  des  camps  et  armées  du  Roy, 
Gouverneur  de  Montréal,  et  de  ses  déj/endnnces.  l'ifc. 

D'autant  que  le  traitté  deffinitifde  Paix  entre  leurs 
Majestés  Britannique,  très  chrétienne,  catholique  et  très 
fidèle,  a  été  conclus  et  signé  le  dix  février  passé,  et  les 
ratiiications  échangées  le  dix  mars  dernier.  Et  d'autant 
que  par  le  dit  traité,  sa  Majesté  très  chrétienne  ayant  cé- 
dé le  Canada  et  toutes  ses  dépendances  en  plain  droit  de 
propriété  à  Sa  Majesté  Britannique. 

Nous  en  conséquence,  pour  que  tous  le  monde  soit  ins- 
truit de  la  dite  cession,  alin  que  ceux  qui  se  trouvent  le 
plus  intéressés  puissi;nt  être  averti  au  plutôt,  et  être  en 
état  dc  prendre  leur  arraiigementà  ce  sujet.  Nous  avons 
jugé  à  propos  de  faire  publier  le  quatrième  article  du  dit 
Traité  dont  la  teneur  suit: 


113  1763 

Quatrième  Article  du  Tiaité. 

"  Sa  Majesté  très  chrétieiiue  renonce  à  toutes  les  pré- 
"  tentions  qu'elle  a  formé  autrefois,  ou  peut  former  à  la 
"  Nouvelle-Ecosse  ou  VAcadie,  en  toutes  ses  parties,  et  la 
"  garantit  toute  entière  et  arec  toutes  ses  dépendances  au 
"  Roy  de  la  Grande  Bretagne.  De  plus,  Sa  Majesté  très 
"  chrétienne  cède  et  garantit  à  Sa  dite  Majesté  Britanni- 
"  que,  en  toute  propriété,  le  Canada,  avec  toutes  ses  dé- 
"  pendances,  ainsy  que  l'Isle  du  Cap  Breton  et  toutes 
"  les  autres  isles  et  costes  dans  le  golfe  du  fleuve  St. 
"  Laurent,  et  généralement  tous  ce  qui  dépend  dés  dits 
"  païs,  terres,  isles  et  costes,  avec  la  souveraineté,  pro- 
"  priété,  pocession,  et  tous  droits  acquits  par  traité  ou 
"  autrement  par  le  Roy  très  chrétien  et  la  couronne  de 
"  France  ont  eus  jusqu'à  présent  sur  les  dits  païs, 
"  isles,  terres,  lieux,  costes  et  leurs  habitans,  ainsy  que  le 
"  Roy  très  chrétien  cède  et  transporte  le  tout  au  dit  Roy 
"  et  à  la  Couronne  de  la  Grande  Bretagne,  et  cela  dans 
"  la  manière  et  dans  la  forme  la  plus  ample  sans  restiic- 
"  tion  et  sans  qu'il  soit  libre  de  revenir  sous  aucun  pré- 
"'  texte  contre  cette  cession  et  garantie,  ni  de  troubler 
"  la  Grande  Bretagne  dans  les  possessions  susmen- 
"  tionnées. 

"  De  son  costé,  Sa  Majesté  Britannique  convient  d'ac- 
"  corder  aux  habitans  du  Canada  la  liberté  de  la  religion 
"catholique:  en  conséquence  Elle  donnera  les  ordres 
"  les  plus  précis  et  les  plus  efiectifs  pour  que  ses  nou- 
"  veaux  sujets  Catholiques  Romains  puissent  professer 
"  le  culte  de  leur  religion  selon  le  rit  de  l'église  romaine, 
"  en  tant  que  le  permettent  les  lois  de  la  Grande 
"  Bretagne. 

"  Sa  Majesté  Britannique   convient,   en  outre,  que  les 

"  habitans  françois  ou  autres,  qui  auroient  été  sujets  du 

15 


I7t);î  1 1 1 

"  liuy  tii-i  clirôtirii  en  Canada,  puuriont  .se  retirer  en  tou- 
"  te  sûreté  et  liberté,  où  bon  leur  semblera;  et  pourront 
"  vendre  leurs  biens,  pourvu  que  ee  soit  à  des  sujets  de 
"  Sa  Majesté  Britannique,  et  transporter  leurs  eflets 
"  ainsi  que  leurs  personnes,  sans  être  gênés  dans  leur 
"  émigration,  sous  quelque  prétexte  que  ce  puisse  être 
"  hors  celuy  de  dette  ou  poursuite  criminelle.  Le  terme 
"  limité  pour  cette  émigraiion  sera  fixé  à  l'espace  de 
•  dix-huit  mois,  à  comi^ler  du  jour  de  l'échana'e  du 
••  dit  Traité." 

Nous  voulons  bien  aussy  informer  les  canadiens,  que 
Sa  Majesté  toujours  attcntil'au  l)ien  de  ses  sujets,  a  fait 
fair«'  par  son  Embassadeur  Monseigneur  le  Duc  de  Bed- 
t'ord,  des  r»'montrances  les  plus  fortes  auprès  de  Sa 
Majesté  très  chrétienne,  par  rapport  aux  dettes  dues  par 
la  France  à  ses  nouveaux  sujets  de  Canada,  fin  consé- 
quence. Monseigneur  de  Choisei/l,  Dur  de  Prasli?/,  dîie- 
ment  autorisé  par  Sa  Majesté  très-chrétienne,  a  fait,  an 
nom  du  Ti,oy  son  maître,  la  déclaration  cy-après. 

"  Dcr.laration  du  Plénipotentiaire  de  Sa  Majesté 
"  très-chrétienne  par  rapport  aux  dettes  dues  aux 
•  Canadiens. 

"  Le  Roy  de  hi  Grande  Bretagne  aiant  désiré  que  le 
•*  payement  des  lettres  de  change  et  billets  qui  ont  été 
"  délivrés  aux  canadiens  pour  les  fournitures  faites  aux 
"  troupes  françoises,  fût  assuré,  Sa  Majesté  très-cliré- 
*'  tienne  très  disposée  à  rendre  à  chacun  la  justice  qui 
"  luy  est  légitimement  due,  a  déclaré  et  déclare  que  les 
"  dits  l)illets  et  lettres  de  change  seront  exactement 
"  payés  d'après  liquidation  faite  dans  un  temps  conve- 
'  nable,  selon  la  distance  des  lieux  et  la  possibilité,  en 
"  évitant  néanmoins  que  les  billets  et  lettres  de  change 
"  quo  los  sujets  françois  pourroient  avoir  au  moment  de 


115  1763 

"  cette  déclaration  ne  soient  confondus  avec  les  billets 
"  et  lettres  de  change  qui  sont  dans  la  possession  des 
"  nouveaux  sujets  du  Ko}'-  de  la  Grande  Bretagne. 

"  En  foy  de  quoy  Nous  Ministre  Soussigné  de  Sa  Ma- 
"  jesté  très-chrétienne,  à  ce  dûement  autorisé,  avons 
"  signé  la  présente  déclaration  et  à  ycelle  fait  apposer  le 
'''  sceau  de  nos  armes. 

"  Donné  à  Paris,  le  10e  février  1763. 

(Signé),     "  CHOISEUL,  Duc  de  Pr.a.slin. 

Le  présent  sera  lu,  publié  et  affiché  en  la  manière 
accoutumée,  et  registre  au  G-reffe  de  la  Chambre  de 
cette  ville.  Signé  de  notre  main,  scellé  du  sceau  de 
nos  armes  et  contresigné  par  notre  secrétaire.  Mandons, 
etc.     Donné  au  Château  de  Montréal,  le  17  Mai  1763. 

THOS.  GAGE. 
Par  Son  Excellence, 

Gr.  MaTURIN. 

27  Mai. 

Règlement  des  Capitaines  de  milice  de  Montréal  concernant 
le  recouvrement  des  dettes  cy-dessus  mentionnées. 

Nous  Capitaines  de  milice  ie  Montréal,  administrant  la 
justice  en  vertu  du  pouvoir  de  Son  Excellence  Monsieur 
le  gouverneur,  &c. 

Sa  majesté  très-chrétienne  ayant  rendu  un  arrêt  le  24  dé- 
cembre dernier,  pour  obliger  tous  propriétaires  et  por- 
teurs de  Lettres  de  Change  et  ordonnances  du  Canada  d'en 
faire  leur  déclaration,  et  par  le  Traité  de  Paix  ayant  pro- 
mis de  jîayer  aux  nouveaux  sujets  canadiens  de  Sa  Ma- 
jesté Britannique  ce  qui  seroit  légitimement  dû.  Pour 
entrer  dans  ces  vues,  Nous  avons  cru  indispensable  de 


iim  11»; 

conuoitrL'  à  quelle  isomiuo  iiionto  la  moniioie  d»;  papier 
restée  dans  ce  Gouvernoineiit,  pour  à  quoy  parvenir  le 
présent  Kéglemeiil  enlin  sous  le  ])()ii  plaisir  de  Son  Ex- 
lence. 

Article  \tr. — Tous  les  partieuliers  et  habitants  de  ce 
Gouvernement  sont  avertis  de  remettre,  depuis  le  1er. 
juin  jusqu'au  30  du  dit  mois  inclusivement,  ès-mains  de 
Me.  Tanet,  Notaire  et  Greffier  de  Montréal, qui  «'st  commis 
à  cet  eilet,  les  lettres  de  change,  Ordonnances,  cartes  et 
certiiioats  visés  de  l'Intendant  ou  son  subdélégué  enCa. 
nada,  qu'ils  ont  entre  leurs  mains,  avec  deux  bordereaux  : 
après  cela,  on  n'en  recevra  plus. 

Article  2nd. — Chaque  bordereau  ne  contiendra  que  ce 
qu'il  ai^partient  à  une  seule  personne.  Il  sera  fait  men- 
tion des  noms,  ([ualité,  domicile  des  propriétaires  et  mé- 
me  du  dépositaire  ou  commisionnaire.  On  y  donnera 
par  chaque  nature  de  papiers  les  divers  enseignements 
indiqués  au  modèle  qui  est  mis  à  la  fin  des  présentes. 

Article  3p. —  L<'  dit  S.  Panet  remettra  aux  propriétaires 
ou  porteurs,  au  bas  du  double  de  leurs  bordereaux,  son 
certificat  des  lettres  de  change,  Ordonnances,  cartes  ou 
certificats  y  contenus  ;  lesquels,  après  vérification,  leur 
seront  remis  à  l'instant.  Il  gardera  par  devers  lui  un 
bordereau  dont  il  fera  Registre  par  Extraits. 

Article  4e. — Le  dit  S.  Panet  est  autorisé  à  faire  prêter 
serment  aux  porteurs  et  propriétaires,  que  la  monnaye 
qu'ils  apporteront  leur  appartient  et  qu'ils  ne  prêtent 
leurs  noms  pour  personne.  Ceux  qui  tomberont  dans 
ce  cas  seront  poursuivis  extraordinairement  comme 
faussaires. 

Article  be. — Pour  indemniser  le  dit  S.  Receveur  de  ses 
écritures  et  travaux  immenses  qu'une  telle  opération 
exigera,  chaque  particulier  sera  tenu  de  lui  payer  en  es- 


117  1763 

pèces  cinq  sols  par  chaque  mille  livres  ;  les  cinq  sols  se- 
ront payés  au  prorata. 

Article  6e. — On  recevra  depuis  7  heures  du  matin  jus. 
qu'à  midy,  et  depuis  2  heures  après-midy  jusqu'à  5. 

Article  7e.— On  sait  assez  que  les  jours  de  dimanche  et 
fête  ne  sont  point  compris  dans  les  jours  pour  recevoir. 

Article  Se. — Si  un  même  particulier  a  diverses  sortes 
de  papiers,  comme  Ordonnances,  lettres  de  change,  Car- 
tes et  Certificats,  il  aura  soin  que  les  bordereaux  soient 
distincts  et  séparés  par  chaque  nature  de  papier. 

Sera  le  présent  Règlement  lu,  publié  et  afB.ché  à  l'issue 
de  la  messe  paroissiale  de  chaque  Eglise  de  ce  Grouver- 
nement,  afin  que  personne  n'en  ignore. 

Fait  à  Montréal,  le  27  may  1763. 

R.  Decouagne,  L.  Prudhomme,  Le  Comte  Du^n-»'' 
Ignace  Gamelin,  Hervieux,  Hery,  Mésières,  Ne- 
veu Sevestre,  Jacques  Hervieux,  &c. 

THOS.  aAGE. 


5   Août. 

Ordonxaxce  (Ufendant  de  transporter  dans  les  pays  d'en  hauL 
aux  sauvages.,  aucunes  marchandises.,  munitions  de  guerre^ 
(kc,  vu  que  ces  sauvages  avaient  faits  des  incursions  aux 
dits  pays. 

Par  Son  Excellence,  Thomas  GrAGE,  &c. 

Sur  les  avis  que  nous  avons  reçus  des  incursions  com- 
mis par  les  sauvages  dans  les  païs  d'en  haut  ;  et  voulant 
leur  couper  toutes  voies  possibles  de  pouvoir  continuer 
leurs  brigandages,  en  les  privant  de  tous  secours.  Nous 
faisons  très  expresses  inhibitions  et  defienses  à  tous  né- 
gociants, marchands,  voyageurs,  ou  autres  personnes,  de 
transporter  dans  les  dits  païs  aucunes  marchandises,  mu- 


17C3  118 

îiitions  de  g-ucrrc  et  de  bouche,  ou  autres  ed'ets  à  leurs 
usaçes,  ny  mesme  y  contribuer  en  prêtant  quelques 
secours  directement  ou  indirectement  à  ceux  qui  auroicnt 
dessein  d'y  passer,  sous  peine  de  j)unitions  exemplaires. 
Mandons  et  ordonnons  ù  tous  ofliciers  civils  et  militaires 
de  tenir  la  main  à  l'exécution  de  notre  présente  ordon- 
Jiance,  laquelle  sera  lue,  publiée  et  affichée  partout  où 
besoin  sera,  et  registrée  au  greffe  de  la  Chambre  de  cette 
ville.  kSigné  de  notre  main,  scellé  du  sceau  de  nos  armes 
et  contresigné  par  notre  secrétaire.  Fait  et  donné  au 
Château  de  Montréal,  le  ô  Août  17G3. 

TIIOS.  GAGE. 
F(ir  Son  Excellence. 

(î.  Maturix. 


18  Août. 

OnDûNNANcE  défendant  de  vendre.,  dans  les  iiies  et  sur  lex 
ijrèveSj  des  marchandises  et  autres  effets  ;  excepté  dis  oxi- 
vraijes  de  terre  cuite,  ^r.   fabrif/iiis  par   les  artisans  du 
pays. 
Par  Son  E.crellencc,  TiioMAs  tÎACE,  &:c. 

»Sur  les  représentations  qui  nous  ont  été  laites  par  les 
négociants  et  marchands  de  cette  ville,  qu'au  préjudice 
des  anciens  règlements  de  police,  plusieurs  artisans, 
journaliers  et  autres  sortoient  de  leur  estât,  pour  vendre 
journellement  sur  les  places  publiques  de  cette  ville, 
dans  les  rues  d'ycelle  et  sur  les  grèves,  des  marchandises 
et  autres  effets  ;  engageoient  les  habitants  à  acheter  leur 
pacotille  à  des  prix  souvent  au-dessous  du  cours,  ce  qui 
occasionne  qu'ils  ne  vont  plus  que  très-rarement  dans 
les  magazins  de  vos  exposants,  qui  voient  par  là  étein- 
dre leur  commerce  :    en  outre,  les  mettent   dans  le  cas, 


119  1763 

i^ous  les  jours,  de  payer  la  main  d'œuvre  à  des  i)nx  exor- 
bitants, par  la  rareté  des  joiirnalliers.  Nous  aïant  égard 
aux  dites  représentations  et  voulant  mettre  ordre  à  un 
abù  aussy  préjudiciable  au  commerce  qu'à  la  police,  fai- 
sons très  expresse  inhibition  et  deffense  à  tous  particu- 
liers de  quelque  estât  qu'il  puisse  être,  de  vendre  à 
l'avenir  sur  les  places  publiques  de  cette  ville  et  dans 
les  rues  d'ycelles,  mesme  sur  les  g-rôves  et  ba'nlieux,  au- 
cunes marchandises,  sous  peine  de  confiscation  d'ycelle  ; 
à  l'exception  toutefois  des  ouvrages  de  terres  cuites,  &c. 
fabriqués  par  les  artisans  du  pais.  Mandons  au  S.  Major 
de  la  place  et  aux  Capitaines  de  la  chambre  des  milices 
de  cette  ville,  de  tenir  la  main  à  l'exécution  de  notre 
présente  Ordonnance,  laquelle  sera  lue,  publiée  et  affichée 
partout  où  besoin  sera,  en  la  manière  accoutumée,  et  re- 
gistrée  au  grefîé  de  la  Chambre  de  cette  dite  ville.  Signé 
de  notre  main,  scellé  du  sceau  de  nos  armes  et  contresi- 
gné par  notre  secrétaire.  Donné  au  Château  de  Mont- 
réal, le  18  Août  1763. 

THOS.  GAGE. 
Par  Son  Excellence, 

Gr.  MaTURIN. 


16  Septembre. 

Ordonnance  concernant  certains  terrains  incultes  dans  les 
banlieues  du  Gouvernement  dont  on  demandait  la  conces- 
sion. 

Par  Son  Excellence  Thomas  GtAGE,  &c. 

Plusieurs  personnes  nous  aïant  représenté  que  des 
étendues  de  terre  considérables  restoient  incultes  dans 
les  Baulieux  du  Grouvernement,  faute  d'être  concédées, 
et  sur  ce  nous  ont  supplié,  sous  le  bon  plaisir  du  Eoy, 
■de  leur  accorder  des  concessions  en  fief  et  sei^rneurie. 


1763  320 

Nous  aïant  éûarJ  luix  dites  représentations  et  voulant 
satisiaire  à  leurs  denuuules,  pour  l'établissement  et 
agrandissement  de  la  colonie.  Faisons  sçavoir  à  toutes 
personnes  qui  ont  des  titres  de  concessions  en  fief,  rele- 
vant cy-devant  de  Sa  Majesté  très-chrétienne  et  sur 
lesquels  il  n'y  a  encore  aucun  défrichement,  ou  qui  en 
ayant  eu  ont  été  abandonnés  pour  causes  de  guerre  ou 
autres  événements,  de  les  présenter  en  notre  secrétariat, 
sous  un  mois  de  la  datte  des  présentes  pour  toute  préfixion, 
pour  les  présens  en  ce  Gouvernement,  et  six  semaines 
pour  ceux  qui  résident  dans  les  autres  gouvernements 
de  la  colonie,  sous  peine  d'en  être  déchu  ;  afin  que  dans 
les  nouvelles  concessions  qui  seront  expédiées,  l'on 
puisse  éviter  les  employs  qui  pourroient  porter  préju- 
dice aux  anciens  concessionnaires. 

En  conséquence  Ordonnons  que  la  présente  sera  lue, 
publiée  et  alfichéc  partout  où  bcooin  sera,  afin  que  per- 
sonne n'en  prétende  cause  d'ignorance,  et  registrée  au 
Grefl'e  de  la  chambre  de  cette  ville.  Signé  de  notre 
main,  scellé  du  sceau  de  nos  armes  et  contresigné  par 
notre  secrétaire. 

Mandons,  etc.  Donné  au  Château  de  Montréal,  le  10 
Septembre  17G3. 

THOS.  GAGE. 
Pur  Son  Excellence, 

G.  Maturin. 


121  1763 

15  Octobre. 

Lettre  du  Général  Gage,  lors  de   sa  démission  de 
Gouverneur. 

A  Messrs.  les  Capitaines  de  la  ) 
Chambre  de  Milices  de  Montréal,  \ 

Montréal,  le  15  Octobre  1763. 
Messieurs, 

Je  ne  dois  pas  garder  le  silence  sur  la  satisfaction  que 
j'ay  toujours  eu  en  votre  conduite,  depuis  que  j'ay  eu 
l'honneur  d'être  votre  chef;  et  il  m'importe,  avant  que 
de  quitter  votre  païs,  de  vous  témoigner  ma  A^ve  recon- 
naissance pour  les  services  que  vous  avez  rendus  au 
Roy  et  à  la  Patrie.  Continués  les  mesmes  soins  pour  le 
bien  publique,  qui  vous  ont  daijà  acquis  tant  de  réputa- 
tion parmis  vos  compatriotes,  et  qui  ne  manqueront 
certainement  pas  de  vous  attirer  la  bienveillance  et  la 
protection  du  Itoy. 

Acceptés,  Messieurs,  mes  remerciments  pour  l'adresse 
aftectionnée  que  vous  avez  eu  la  bonté  de  me  présenter  ; 
et  je  vous  prie  d'être  persuadé  que  je  suis  et  que  je  serai 
toujours, 

Messieurs, 

Votre  très-humble 

et  obéissant  serviteur. 

THOS.  GAGE. 


16 


29  Octobre. 

Ordonnanck  par  la  II  utile  le  Uiiijadicr  Géniial  RALPH  HL'IiTON 
annonce  711"//  remplace  le  ip'nèral  Thns.  Oaijc   dans  le  Uou- 
verncmenf  de  Monirral  ri  Je  ses  dcpendances.  Du  "29  Octo 
l.îv  ITii:^ 
On  trouvera  cotte  ordoniuiiice  on  son  entier,  aux  pj) 
ô3  et  54,  c'est  pour  cela  que  je  ne  crois  pas  devoir  la  re- 
copier ici. 


0    NoVEMliRE. 
IvÉciLEMENT/fxa/i/  le  prix  du  pain  et  de  la  viande. 

Ralph  BurtoN,  Ecuicr,  Colonel  tC Infanterie,  Bri'^ailier 

Général  des  Armées  du    Ho//,  (loarernenr  de  Montréal 

et  de  ses  dépendances,  6çc. 

Sur  les  représentations  qui  nous  ont  été  faites,  que  les 

prix  du  pain  et  de  la  viande  augmentent  dans  cette  Aille 

sans  aucunes  raisons  apparentes,  Nous  aïant  égard   au 

bien  général  et  en  particulier  à  celui  des  pauvres  à  qui 

ces  provisions  sont  indispensablement  nécessaires,  avons 

ordonné  que  la  chambre  s'assembleroit  et    consulteroil 

sur  ces  chel's,  et  nous  feroit  rapport  de  leur  délibération, 

vu,  lesquelles,  en  conséquence  avons  lait    le  Réglemeni 

qui  suit. 

ScAVoni  : 

Que  les  Bonlanii;ers  de  cette  dite  ville  fourniront  le 
pain,  à  compter  du  quinze,  présent  mois,  jusqu'au  1er. 
février  prochain,  sur  le  pied  cy-après. 

Le  pain  blanc  du  poids  de  4  livres,  pour  7  sols,  à  rai- 
son d'un  sol  neuf  deniers  la  livre. 

Le  pain  bis-blanc  du  poids  de  G  livres,  pour  9  sols,  à 
raison  d'un  sol  six  deniers  la  livre. 

Les  Bouchers  fourniront  la  viande  de  bœuf,  à  raison  d»' 


123  1763 

3  sols  6  deniers  la  livre,  à  commencer  le  dit  jour  quin- 
ze du  présent  mois  jusqu'au  1er.  Avril  prochain,  et  de- 
puis le  dit  jour  1er.  Avril  jusqu'au  24  Juin  suivant,  a 
raison  de  4  sols  6  deniers  la  livre. 

Ordonnons  aux  dits  Boulangers  et  Bouchers  de  se 
conformer  au  présent  Kéglement,  sous  peine  de  trente 
piastres  d'amande  par  le  contrevenant. 

Mandons  au  S.  Major  de  la  place  et  aux  Capitaines 
des  milices  de  Montréal  de  tenir  la  main  à  l'exécution 
du  dit  Règlement,  qui  sera  lu,  publié,  et  affiché  en  la  ma- 
nière accoutumée,  et  registre  au  greffe  de  la  chambre 
de  Montréal.  Signé  de  notre  main,  scellé  du  sceau  de 
nos  armes  et  contresigné  par  notre  secrétaire. 

Donné  au  Château  de  Montréal,  le  9  Novembre  1763. 

R.  BURTON. 
Par  Monsienr  le  Gouverneur^ 

J.  Bruyères 


20   DÉCEMBRE. 

Règlement  renouvellant  celui  du  7  Janvier  1763. 

Ralph  Burton,  Ecuier,  Colonel  cVInfanterie,  Sçc. 

Aïant  à  cœur  de  maintenir  les  Règlements  de  police 
cy-devant  faits  et  en  particulier  ceux  mentionnés  au 
Placard  du  7  .Janvier  dernier.  Nous  ordonnons  que  les 
charretiers  de  cette  ville  et  autres  qui  ont  des  voitures, 
et  mesme  les  habitans  de  la  campagne  fassent  attention 
à  ne  point  galoper  ou  trotter  au  grand  trot  dans  les  rues 


t'I  i'aiihour^^s  do  cotte  villo,  ot  de  no  point  tenir  leurs  voi- 
tures aux  portos  dos  ôiilisos,  pendant  le  seivice  divin, 
les  jours  de  dimanches  et  lotes.  Voulant  pour  éviter 
la  contusion  aux  portes  des  dites  Eglises  à  la  sortie,  que 
les  dites  voitures  ne  se  présentent  qu'une  à  une,  en  Ibr- 
mant  un  cercle  et  observant  de  tenir  la  porte  de  l'Eglise 
sur  leur  droite.  Ordonnons  aux  dils  charretiers  et  ha- 
bitants qui  ont  des  voitures  à  d«'ux  clievaux  davoir  des 
cordeaux,  ou  guides,  à  chacun  des  chevaux,  aiin  do  les 
conduire  plus  suroniont,  et  en  outre  pour  obvier  aux  ac. 
cidents  (^ui  pouvi-nt  arriver  dans  les  rues  de  cette  ville. 
Voulons  que  toutes  les  voitures  qui  se  rencontreront  ti. 
rent  l'une  et  l'autre  sur  la  droite,  au  moyen  de  quoy  ils 
éviteront  de  s'entrechoquer.  Le  tout  à  peine  de  20  li- 
vres d'amande  payable  sans  déport,  applicable  moitié 
aux  pauvres  et  l'autre  moitié  au  dénonciateur,  et  de  plus 
grandes  peines  en  cas  de  récidivo. 

Mandons  au  S.  Mnjor  de  la  place  ci  aux  Capitaines  di' 
la  chambre  de  cotte  ville  de  tenir  la  main  à  l'exécution 
de  la  présente  ordonnance,  laquelle  sera  lue,  publiée  et 
affichée  en  la  manière  accoutumée,  afin  que  personne  n'en 
prétendo  cause  d'ignorance.  Signé  de  notre  main,  scellé 
du  socaii  do  nos  armes  et  contresigné  par  notre  secrétai- 
ro. 

A  Mont  irai,  le  20  Décembre.   1763. 

K.  BURTON. 
Far  Monsifi/r  le  Gouverneur, 

.T.  Bruyères. 


125  1763 

29   DÉCEMBRE. 

RÈGLEMENT  concernant  la  Police  de  la  ville. 
Ralph  Burton,  Ecuier,  Sfc 

Sur  les  représentations  qni  nous  ont  été  faites,  que 
les  voitures  pour  éviter  les  neiges,  prenoient  souvent 
leur  route,  dans  les  rues  de  cette  ville,  le  long  des  pavés, 
et  couroient  risque  de  blesser  les  gens  de  pied,  comme 
on  a  déjà  vu. 

En  conséquence,  pour  éviter  pareils  accidents  et  pré- 
venir mesme  les  disputes  cj[ue  souvent  cela  occasionne, 
nous  ordonnons  aux  charretiers,  habitants  et  autres  c[ui 
ont  des  voitures,  de  tenir  leur  route  au  milieu  des  rues, 
et  leur  faisons  très-expresses  deffences  de  passer  avec 
leurs  voitures  le  long  des  pavés,  afin  de  les  laisser  libres 
aux  gens  de  pied.  Ordonnons  pareillement  aux  gens  de 
pied  de  tenir  leur  route  sur  les  pavés,  leur  defiendant 
très-expressément  de  se  tenir  au  milieu  des  rues,  afin  de 
laisser  les  j^assages  libres  aux  voitures.  Le  tout  à  peine 
contre  les  contrevenants  de  six  livres  d'amande,  laquel- 
le sera  remise  entre  les  mains  du  S.  Major  de  la  place. 
Mandons  au  dit  S.  Major  de  la  place  et  aux  Capitaines 
des  milices  de  cette  ville  de  tenir  la  main  à  l'exécution 
de  la  présente  ordonnance,  laquelle  sera  lue,  publiée  et 
affichée  en  la  manière  accoutumée,  afin  c|ue  i)ersonne 
n'en  prétende  cause  d'ignorance.  Signé  de  notre  main, 
scellé  du  sceau  de  nos  armes  et  contresigné  par  notre 
secrétaire. 

Donné  au  Château  de  Montréal,  le  29  Décembre.  1763. 

R.  BURTON. 

Par  Monsieur  le  Gouverneur, 

J.  Bruyères. 


12G 
I 
5   Janvieu 
Ordonnance  concernant  la  /tondre  à  tirer. 
Halph  Burton,  Ecnier,  iVr. 

Sur  l»\s  rapports  certains  qui  nous  ont  été  faits  que 
quelques  marchands,  Bourgeois  et  autres  de  cette  ville 
avoient  actuellement  dans  leurs  maisons,  voûtes  ou  ma- 
uasins  de  la  Poudre  à  tirer.  Nous  aïant  égard  à  la  sûreté 
publique  et  au  ])ien  du  service,  Ordonnons  par  ces  pré- 
sentes à  tous  marchands  et  autres  personnes  quelcon- 
ques qui  ont  de  la  poudre  à  tirer  en  leur  possession  eu 
telle  petite  ou  grosse  quantité  que  ce  soit,  de  la  faire, 
sous  trois  jours  de  la  publication  des  présentes,  porter  à 
la  poudrière,  pour  y  être  logée  et  enregistrée  sous  leurs 
noms.  Faisons  en  outre  très-expresses  deffenses  à  tous 
marchands  et  autres  de  vendre,  débiter  ou  troquer  à  qui 
que  ce  soit  de  la  poudre  à  tirer,  à  commencer  du  jour  de 
la  i)remière  publication  des  présentes,  sans  une  permis 
sion  à  cet  effet  signée  de  Nous,  ou  par  notre  ordre,  sous 
peine  par  les  contrevenants  de  cinq  cents  livres  d'aman- 
de, monnaye  de  la  Nouvelle- York,  dont  trente  livres 
seront  payées,  preuves  faites,  au  dénonciateur,  et  d'estre 
bannis  de  ce  Gouvernement.  Dellendons  pareillement 
à  tous  voituriers,  canoteurs  et  autres,  de  sortir  de  la  pou. 
dre  de  cette  ville,  sans  une  permission  signée  de  notre 
main,  sous  peine  de  punition  corporelle  et  de  six  mois  de 
prisons  contre  les  dits  voituriers  et  canoteurs,  de  confis- 
cation des  voitures,  chevaux  et  marchandises  ;  et  en 
outre  à  l'amande  et  peine  cy-dessus  portée  contre  les 
propriétaires,  au  profit  de  >Sa  Majesté.  Et  pour  que  per- 
sonne n'on  ignore,  voulons  que  les  présentes  soient  lues 
et  publiées  dans  les  endroits  accoutumées,  pendant  trois 


127  1764 

jours  consécutifs,  et  ensuite  affichées  ainsy  que  de  cou 
tume. 

Mandons  au  S.  Major  de  la  place  et  aux  Capitaines  de 
la  chambre  de  cette  ville,  de  tenir  la  main  à  l'exécution 
de  la  présente  Ordonnance.  Signé  de  notre  main,  scellé 
du  sceau  de  nos  armes  et  contresignée  par  notre  secrétai- 
re. 

Donné  au  Château  de  Montréal,  le  5    Janvier  1764. 


E.  BURTON. 


Tar  Monsieur  le  Gouverneur, 

J.  Bruyères. 


11  Janvier. 

Ordonnance  à  reffct  de  réunir  au  Domaine  de  la  Seigneurie 
de  Montarville^  plusieurs  terres  concédées^  faute  par  les  te- 
nanciers d'avoir  tenu  feu  et  lieu. 

IIalph  Burton,  Ecui/er,  Colonel,  Brigadier-général  des 
■urmées  du  Roy,  Gouverneur  de  Montréal  et  de  ses  Dépen- 
dances, Sçc. 

Yù  l'ordonnance  rendue  par  Son  Excellence  le  Géné- 
ral Gage  du  21  Janvier  1763,  sur  la  Kequête  à  lui  pré- 
sentée par  le  S.  De  LaBrûères,  Ecuyer,  Seigneur  et  pro- 
priétaire de  la  Seigneurie  de  MontarviUe,  contenant  qu'il 
auroit  concédé  des  terres  dans  la  dite  Seigneurie  aux 
nommés  Fierre  Denis,  une  terre  de  deux  arpents  de 
front  sur  vingt  cinq  de  profondeur,^/e.  Décardon?iet  idem, 
le  S.  Houtelas  idem,  Louis  Languedoc  idem,  le  Sr.  Montar- 
viUe, quatre  arpens  sur  idem,  François  Denoyon  quatre 
arpens  sur  idem,  les  héritiers  de  Pierre  St.  Germain  idem» 
François  St.  Germain  idem,  Jos.  Bourgois  idem,  les  héri- 
tiers de  Jos.  St.  (Ter«2a?«  idem,  les  héritiers  Frenière  idem 
Augustin  Refiaud  dit  St.  Jean  idem,  les   héritiers  Joseph 


ITGl  128 

Bernard  icloni,  les  héritiers  Lt<;cr  Martin  idem,  les  héri- 
tiers Simon  Ladcroute  idem,  les  héritiers  de  T/u>s.  Onliam 
idem,  les  héritiers  Charles  Langevain  idrin,  Ju^e pli  Robert 
idem,    Joseph  Reguindean  idem,  la  veuve  et  les  héritiers 
de  Pierre  De  nia  n  quatre  arpens  sur  idem,  Louis  Quintal 
deux    arpens  sur  idem,  Louis  Reguindeau  idem,  Vcron- 
neau  idem,    Louis  Délorier  idem,   Berlin  père,  idem,   An- 
toine Ménard  idem,  Louis  Robert  idem,  Charles    Robert 
idem,   François  Mcnard  idem,  Charles  Ménard  idem.  Les- 
pérance  idem,  Jean  Robin  idem,  Miehel  Viger  trois  arpens 
sur  idem.    François  Laframboisc  deux  arpens  sur  idem, 
Marie  Duludc  trois    arpens  sur  idem,  Lahontc  idem,  Jos. 
Deniers  dit  Chedeville  idem,  Henri  Deniers  dit  Chedeville 
idem,  les  héritiers  François  Poirier  six  arpens  sur  idem, 
les  héritiers  Charles  Lebeau  trois  arpens  sur  idem  ;    par 
laquelle  Ordonnance    il  auroit  été  accordé  aux  hahitans 
dénommés  cy-dcssus  un  delay  jusqu'au  i^remier  Janvier 
do  la  présente  année.pour  par  eux  se  conformer  à  l'Ordon- 
nance et  tenir  feu  et  lieu  sur  les  terres  à  eux  concédées, 
et  faute  par  les  dits  habitants  de  satisfaire  à  la  dite  Ordon- 
nance   dans  le    delay    cy-dessus  et  icelui  passé,  il  seroit 
procédé  définitivement  à  la  réunion  de  leurs  dites  terres 
au  domaine  de  la  Seig-neuric  de  Montarville,  sur  les  cer- 
tificats des  Capitaines  de  Milice  du  dit  lieu  :     Comme 
les  dits  habitants  n'auroient  tenu  compte  de  profiter  du 
delay  à  eux  accordé  par  la  dite  Ordonnance,  ni  tenir  feu 
et  lieu  sur  les  terres,  il  auroit  été  ordonné  que  la  dite  Or- 
donnance seroit  publiée  à  la  porte  de  l'éa-lise  paroissiale, 
par  trois  dimanches  consécutifs,  à  l'issue  de  la  Messe  pa- 
roissiale, afin  que  les  dits  habitants  n'en  prétendent  cause 
d'iî^norance,  le  Certificat  de  Rarirot,  serg-ent  de  la  dite  pa- 
roiîïse  en  date  du  18  février  17C3  comme  il  a  été  publié 
en  la  dito  paroisse   la  dite  Ordonnance    par  trois  diman- 


129  1764 

ches  consécutifs,  autres  Certificats  du  dit  jour  dès  Srs. 
Lebeaii  et  Robin,  Capitaines  de  Milice  comme  la  dite  Or- 
donnance a  été  publiée  comme  dit  est  cy-dessus,  antres 
Certificats  du  4  Janvier  présent  mois  du  dit  Robin  et 
Paul  Cristin,  Capitaines,  d'eux  signé  par  laquelle  il  paroit 
que  les  dénommés  cy-après  n'ont  point  profité  du  delay 
qui  leur  étoit  accordé  pour  tenir  feu  et  lieu  sur  les  dites 
terres,  Sçavoir  Pierre  Denis,  Bte.  Décardonnet,  le  Sr. 
Houtelas,  Louis  Langedoc,  le  Sr.  Montaryille,  François 
Denoyon,  les  héritiers  de  Pierre  St.  G-ermain,  François 
St.  Germain,  Joseph  Bourgis,  les  héritiers  ou  ayant  cau- 
se de  Joseph  St.  G-ermain,  les  héritiers  ou  ayant  cause  de 
Freniôre,  les  héritiers  d'Augustin  Renaud,  les  héritiers 
de  Joseph  Bernard,  les  héritiers  de  Léger  Martin,  les 
héritiers  de  Simon  Ladéroute,  les  héritiers  ou  ayant  cau- 
se de  Thomas  Ouliam,  Charles  Lange  vain,  Joseph  Ro- 
bert, les  héritiers  de  Joseph  Eeguindeau,  la  veuve  et  les 
héritiers  de  P.  Deniau,  Louis  Quintal,  Joseph  Yeronnean, 
Charles  Robert,  Frs.  Laframboise  et  Michel  Viger. 

Le  tout  considéré.  Nous,  en  vertu  du  pouvoir  à  Nous 
donné,  avons  déclaré  les  nommés  Pierre  Denis  {et  autres 
noms  ci-contre  jusqu'à  et  compris  celui  de)  Michel  Viger, 
bien  et  duement  déchus  de  la  propriété  des  terres  à  eux 
concédées  par  le  dit  S.  La  Brùere,  faute  i)ar  eux  d'y  avoir 
tenu  feu  et  lieu  dans  le  temps  prescrit  par  l'Ordonnance 
de  Sa  dite  Excellence  le  Général  Gage  sus  datée,  et  icel- 
les  terres  avons  réunies  au  domaine  de  la  Seigneurie  de 
Montarville. 

Permettons  au  Sr.  La  Brùere  de  les  concéder  à  d'autres 
habitants  ainsi  qu'il  avisera  bon  être,  et  sera  la  présen- 
te Ordonnance  lue  et  publiée  à  la  porte  de  l'église  parois- 
siale- du  dit  lieu,  afin  qu'aucuns  des  dits  habitants  n'en 

prétendent  cause  d'ignorance. 

17 


17(54  130 

Si<riu''  de  notre  inain,  scellé  du  .scoaii  de  nos  armes  et 
contreKiî^né  par  notre  Secrétaire. 

Mandons.  &c.  Donné  an  Chati^au  de  Montréal,  le  11 
Janvier  ITT)!. 

1^  nURTON. 
Fur  Ordre  de  Monsieur  le  lioiiverneiir, 
.T.  Bkuyères. 


22  Fkvkiek. 

OiiDO.NNANCL    il(' fciiiliDil  <lr  .  ventlvr  (hf.  riomlfs  aiUnirs   qiir 
sur  le  Morcli'\ 

Kalph  Burton,  Kruirr,  Gouvemevr  de  Montréal  fi  de 
ne  a  Dépendances,  i^'c 

Sur  les  représentations  qui  nous  ont  été  faites,  que  les 
Bouchers  et  habitants  négligeoient  de  garnir  le  Marché 
de  cette  ville  de  bœuf  et  autres  viandes,  comme  ils  le 
fesoient  cy-devant,  et  qu'ils  en  disposaient  clandestine- 
ment, Nous  aïant  égard  aux  dites  représentations  laisont 
deffenses  aux  dits  Bouchers  et  habitants  d'en  disposer 
autrement  que  sur  le  Marché  publique  de  cette  ville,  en 
la  manière  accoutumée,  sous  peine  de  saisie  des  dites  vian- 
des et  amende  suivant  l'exigoance  du  cas.  Et  afin  d'en- 
courager les  dits  Bouchers  et  habitants  à  se  conformer  à 
la  présente  Ordonnance,  Nous  avons  infirmée  et  infir- 
mons notre  Ordojinanee  du  0  Novembre  dernier  au 
chef  qui  regarde  le  prix  de  la  viande  de  V>oucherie  seu- 
lement, qui  se  trouvoit  par  ycelle  taxée  à  Ss.  6d.  la  livre. 
Mandons  au  S.  Major  de  la  place  et  aux  Capitaines  des 
Milices  de  la  chambre  de  cette  ville,  de  tenir  la  main  à 
l'exéution  des  présentes,   laquelle   sera   liie,  publiée  et 


131  1764 

affichée  en  la  manière  accoutumée,  signée  de  notre  main, 
scellée  du  sceau  de  nos  armes  et  contresignée  de  notre  se- 
crétaire.    Donné  à  Montréal,  le  22  février  1764. 

R.BURTON. 

Par  Monsieur  le  Gouverneur, 

.T.  Bruyères. 

26  Mars. 

Hki>ukskntation  d'en  Capilaiiies  dr  M/lire,  coiiccnuiiU  la  inaaic- 
re  accoutumée  de  procéder  à  la  Liquidalion  et  vente  des 
Biens  des  Mineurs  et  Absents^  à  laqueUe  le  vendeur-public 
apportait  r/uelque  obstacle  ;  et  Réponse  du  Gouve)-neuf. 

A  Son  Excellence  Ralph  Burton,  Ecuyer,  Colonel  d'In- 
fanterie, Brigadier  Gréneral  des  Armées  du  Roy, 
Grouverneur  de  Montréal  et  ses  Dépendances  &c.&c. 

Les  Capitaines  des  Milices  de  Montréal  y  administrant 
la  Justice  prennent  la  liberté  de  représenter  avec  le  plus 
profFond  respect  à  Votre  Excellence,  que  de  tout  temps' 
il  a  été  d'usage,  à  l'ouverture  des  successions  où  les  Mi- 
neurs et  héritiers  absents  sont  intéressés,  de  procéder 
par  encan  à  la  vente  des  Biens  en  dépendants  ; 

Les  premiers  Juges  ont  eus  toujours  le  droit  d'ordon- 
ner ces  sortes  de  ventes,  et  la  permission  de  les  faire  an- 
noncer au  son  de  la  caisse  n'a  jamais  été  refiusôe. 

Aujourd'hui  qu'il  s'agist  de  liquider  plusieurs  succes- 
sions de  cette  nature,  et  de  faire  procéder  à  la  vente  des 
Biens  meubles  en  dépendants,  il  se  trouve  un  obstacle  : 
le  Sieur  vendeur-public  se  croit  en  droit  de  retirer  une 
rétribution  de  5  p.  o/o.  sur  le  produit  de  ces  sortes  d'en- 
cans. 

Les  Représentants  croyent  qu'il  est  de  leur  devoir  de 
combattre  une  telle  prétention    Et  pour  y  parvenir  ils 


suplioiit  Votre  Excellonco  de  vouloir  bien  observer  qu'il 
ne  s'agint  point  de  l)imf]ueroute,  où  le  Veiid«>ur  public 
est  nécessaire,  mais  de  simples  arrani^ements  de  Inmille  ; 
que  le  dit  Vendeur  i)ublic  n'est  point  en  état  de  tenir  un 
procès-verbal  de  vente  en  l'rançais  dr  lu  vmte  de  ces 
meubles  ;  ([u'il  luy  laut  un  huissier,  ce  qui  aULMuente 
considérablement  les  frais  ;  Enfin  les  Keprésentants, 
jaloux  de  conserver  des  prérogatives  qu'ils  ne  tiennent 
que  de  vos  bontés  et  de  celles  de  votre  prédécesseur, 
sont  flattés  que  personne  n'y  donne  atteinte. 

Les  Keprésentants  se  feront  toujours  un  devoir  de  sui- 
vre ponctuellement  tout  ce  que  Votre  Excellence  voudra 
leur  prescrire  Le  devoir  est  bien  doux,  quand  il  est 
accompagné  de  l'attachement. 

li.  Deroua<Jcn(',  L.  pYtulhimime,  Ilervieux,  Ifçnave  Game- 
lin,  Ile.ry,  Reaiane,  Neveu.  Sevestre,  Jacques  Ilervieux,  Sf. 
Cleori^e  Dujtré,  Clieneville. 


Uammi  Burtox,  iScc.  kQ.  &c. 

Lu  la  Requête  des  autres  parts, — Ordonnons  que  lors- 
qu'il s'agira  de  la  vente  des  effets  de  succession,  proposée 
et  faite  à  l'amiable  par  les  hériters,  pour  arrangement 
d'affaires  de  famille,  il  sera  par  les  tuteurs,  héritiers  ou 
autres  parties  principales  fait  serment  pardevant  Messrs, 
les  Capitaines  de  la  Chambre  des  Milices  de  cette  ville, 
leur  audience  tenante,  par  lequel  sermc-ntil  sera  déclaré 
que  la  vente  demandée  n'est  point  pour  cause  de  Ban- 
queroute, et  consistera  des  effets  réellement  appartenans 
à  la  succession,  sans  autre  mélange,  et  sur  l'attestation 
du  dit   serment  signé  d'un  de  Messieurs  les  Capitaines, 


133  1764 

il  sera  par  Nous  ordonné  que  ladite  vente  sera  faite  sans 
aucune  molestation.  Donné  à  Montréal  ce  26  Mars  1764. 


R.  BURTOX. 


Par  Monsieur  le  Gouverneur, 

J.  BRUYÈREt 


13  Avril. 

Ordonnance  prohibant  le  commerce  avec  les  sauvages  encov 
en  guerre. 

Ralph  Burton,  Ecuier,  Gouverneur  de  Montréal  et  de 
ses  dépendances,  SfC,  SfC,  SfC. 

Les  outrages  et  les  hostilités  commises  par  les  sauvages 
des  pays  d'en  haut,  pendant  le  cours  de  l'année  derniè- 
re, doivent  arrester  nécessairement,  pour  le  bien  du  ser- 
vice de  Sa  Majesté  et  suivant  les  usages  de  la  guerre,  le 
commerce  qui  se  fait  avec  les  différentes  nations  qui  les 
composent,  jusqu'à  ce  que  la  paix  soit  établie,  et  que  le 
commerce  avec  ses  sauvages  soit  libre  et  ou"\*ert  ;  ce  que 
j'aurai  le  plaisir  d'annoncer  publiquement  à  tous  les  su- 
jets de  Sa  Majesté  dans  ce  Grouvernement,  aussitôt  que 
je  serai  suffisamment  autorisé  pour  le  faire. 

Mais  afin  que  le  commerce  intérieur  de  cette  Colonie 
pratiqué  avec  les  sauvages  domiciliés  ne  souffre  point  de 
cette  interruption  ; 

On  fait  à  sçavoir  à  tous  marchands  et  autres,  que  pour 
la  plus  grande  sûreté  et  la  facilité  du  dit  commerce  inté- 
rieur, Il  nous  a  plû  établir  un  poste  à  Carillon,  dans  la 
G-rande  Rivière,  et  un  autre  aux  Cèdres,  sur  le  fleuve 
St.  Laurent,  jusqu'où  et  en  deçà  desquels  il  est  permis  à 
tous  les  sujets  de  Sa  Majesté  de  commercer  et  de  trafi- 
quer avec  les  Sauvages  librement  et  ouvertement,  sans 
qu'il  soit  nécessaire  de  se  munir  de  passeports  à  cet  effet, 


17«'.4  134 

et  sans  néanmoins  préjudicier  aux  droits  resp3ctit's  des 
t^eiirneurs  et  particuliers  établis  dans  les  différentes  côtes 
do  l'intérieur  des  dites  postes. 

Il  est  très  expressément  deir<'ndù  à  toutes  personnes 
taisant  ce  commerce  de  vendre  ou  détailler  aux  sauvages 
et  autres,  aucune  poudre  à  tiror.  armes  à  l'eu  et  boissons, 
sous  peine  de  confiscation  de  toutes  les  marchandises  <?t 
effets  qui  se  trouveront  dans  le  canot,  ou  les  canots,  bat- 
teau  ou  batteaux  de  ceux  qui  seront  pris  sur  le  fait,  ou 
convaincus  d'avoir  contrevenu  au  présent  ordre,  à  moins 
d'une  permission  expresse  signée  de  Nous  à  cet  effet  ; 
déclarons  que  la  moitié  des  marchandises  ainsy  confis- 
quées sera  aplicaV>le  à  Sa  Majesté,  et  l'autre  au  dénoncia- 
teur. 

Faisons  pareillement  très-expresse  detfence  à  tous  mar- 
chands et  autres  quelconques,  de  passer  les  postes  éta- 
blis et  cy-dessus  mentionnés,  à  moins  d'être  munis  d'un 
passeport  à  cet  efi'et  signé  de  notre  main,  à  peine  de  con- 
fiscation moitié  au  proffit  de  Sa  Majesté  et  moitié  au 
profRt  de  ceux  qui  arresterontles  dits  canots  oubatieaux, 
et  autres  peines  portées  aux  placards  cy-devant  publiés 
au  sujet  du  commerce  avec  les  sauvages. 

Et  enfin  nous  faif-ons  soavoir  à  tous  marchands  et  au- 
tres qui  ont  actuellement  des  effets  et  marchandises  à 
Chounffain,  (1)  que,  sur  la  demande  qu'ils  nous  en  feront, 
accompagnée  d'une  liste  des  dits  effets,  il  leur  sera  permis 
de  faire  descendre  les  dits  effets  gratis  dans  les  batteaux 
du  Roy,  lorsqu'ils  reviendront  de  ce  poste  pendant  cet 
Été.  Los  dits  effetset  marchandises  seront  rapportées  en 
droiture  jusqu'en  cette  ville,  sans  déballer  le  long  de  la 
route,  ne  leur  étint  pas  permis  de  trafiquer  ou  d'échan- 
L-^t  r  aucunes  marchandises  avec  les  sauvages. 

(Il  Ecrivons  C/n'.vVuf  <(.'>>  l  .'Osw  'go  ilo<  \n  éAcaini^,\ac  Uniano.  .1.  V. 


135  1764 

Sera  le  présent  lu,    publié  et  affiché   en    la   manière 
accoutumée. 

Mandons  &c.  Donné  à  Montréal,  sous  le  sceau  de  nos 
armes,  le  treizième  jour  d'avril  1764. 

R    BURTON. 

Par  ordre  de.  Monsieur  le  Gouverneur 
J.  Bruyères 

26  AVRIL. 

Ordre  cnjoiynanl  à  tous  Canadiens  et  François  qui  se  propo- 
sent de  quitter  le  pays  et  de  se  retirer  en  France^  ati.r  ter- 
mes et  dans  les  délais  portés  dans  le  traité  de  paix^  de  si- 
gnifier au  secrétaire  leur  intention  de  ce  faire^  sous  trois 
semaines  de  ta  date  de  cet  ordre. 

Ralph  BuRTON,  Ecuier,  Gauvemeur  de  Montréal  et  de  ses 
dépendances,  &c.  &c.  &c. 
En  conséquence  d'une  Lettre  de  Mylord  Halifax,  iSe- 
crétaire  d'Etat,  datée  de  St.  James  le  14.  janvier  1764,  on 
fait  à  sçavoir  à  tous  les  Canadiens  et  François  de  Tun  et 
de  l'autre  sexe,  résidans  actuellement  dans  la  ville  et 
Grouvernement  de  Montréal,  qui  se  proposent  de  quitter 
ce  pays  et  de  se  retirer  en  France,  aux  termes  et  dans 
les  delays  portés  au  4.  Art.  du  Traité  définitif  de  la 
paix,  ratifié  entre  les  couronnes  de  la  G-rande-Bretagne 
et  de  France  le  10  mars  1763.  Qu'ils  aient  à  envoyer 
sans  faute,  et  sous  trois  semaines  de  la  date  du  présent 
ordre,  au  bureau  du  Secrétariat  de  cette  ville,  leur  décla- 
ration de  l'intention  qu'ils  ont  de  passer  en  France.  Cette 
déclaration  contiendra  leurs  noms,  noms  de  baptêmes, 
profession  (c'est-à-dire,  Ofîicièr,  Grentil-homme,  Bourgeois 
Marchands  ou   Habitants,)    femmes,  nombre   d'enfants 


I 


1TG4  I3ti 

mâles  ou  lemelles,  ot  nombro  de  doinestiques-mriles  ou 
femelles,  et  si  ces  derniers  sont  nés  Canadiens  ou  Fran- 
çois, qu'ils  se  proposent  d'emmener  avec  eux,  afin  (juil 
en  soit  fait  et  tenu  un  Kegistre  exact. 

Et  afin  que  personne  n'en  prétende  cause  d'ignorance, 
voulons  que  le  présent  soit  lu,  publié  et  affiché,  tant  à  la 
ville,  qu'à  la  campairne.  en  la  manière  accoutumée. 

Mandon.<  cS:c.  «.Vc.  iJcc.  Fait  et  donné  à  Montréal,  le]2G 
avril  1704 

\l.   l'.URTON. 
/V//-  M<i//siri/r  If  (!(un'erncur. 


!t  MAI 
!■'(.  \(;.\ui)  //  /  ('//r/  ilr  fnirc  IV  part  r  Irs  r/irmins.  jkuiIs  il  fnssi'a. 

K.\I,I'II  BuRTON,  Ecuier,  Co/onel  (C Infanterie.  Brigadier 
(rénéral  des  armées  du  Ru//,  Gouvernef/r  de  Montréal 
«l  dp  se.s  Dépendanees,  &c. 

L'utilité  du  public  en  général  et  la  commodité  des 
voyageurs  requiert  que  les  chemins,  ponts  et  chaussée- 
soient  raccommodés  et  établis,  maintenant  que  les  se- 
mences et  travaux  du  printemps  doivent  être  finis. 

Nous  ordonnons  trés-expressement  à  tous  les  Capitai- 
nes et  officiers  de  Milices  dans  toute  l'étendue  de  ce 
Crouvernemeait  de  commander  incessamment,  après  la 
publication  du  présent  Placard,  que  les  chemins  soient 
raccommodés,  les  ponts  relevés  et  rétablis  tant  pour  i' 
passage  des  ruisseaux  que  les  mouillères  et  savannes,  et 
que  les  fossés  soient  recallés  ou  de  nouveaux  faits  par- 
tout où  besoin  .sera,  chacun  dans  leur  différent  District 
ou  Paroisse,  et  ce  en  la  manière  accoutumée,  sous  peine 


137  1764 

d'une  amende  arbitraire  contre  les  Capitaines  ou  offi- 
ciers de  Milice  des  Paroisses  qifi  auront  négligé  de  faire 
raccommoder  les  dits  chemins  et  rétablir  les  ponts  dans 
leurs  districts,  lors  de  la  visite  dans  un  mois  après  la  pu- 
blication de  la  présente.  Voulons  que  les  faubourgs  et 
banlieue  de  Montréal  soient  compris  dans  la  présente 
ordre.  Mandons  &c.  Donné  à  Montréal,  sous  le  sceau 
de  nos  armes  et  contreseing  de  notre  secrétaire,  le  9  may 
1764. 


R.  BURTON. 


Par  ordre  de  Monsieur  le  Gouverneur. 
J.  Bruyères. 


7  Juin. 

Ordonn.\nce  contre  les  proprictnires  franimaux  qui  seront 
ari'ètcs  sur  les  terres  de  In  Banlieue  de  Montréal. 

Ralph  Burton,  Ecuier^  Gouverneur  de  Montréal  et  de  ses 
dépendances,  &c. 

Sur  les  représentations  qui  nous  ont  été  faites  par 
plusieurs  particuliers  de  cette  ville,  propriétaires  de 
Terres  dans  la  banlieue  d'icelle,  qu'au  préjudice  des  an- 
ciens réglemens  de  police  qui  defFendent  à  toutes  person- 
nes de  laisser  courir  indifféremment  sur  les  dites  Terres, 
des  chevaux,  bœufs  et  vaches,  il  s'y  en  trouve  continuel- 
lement que  les  particuliers  auxquels  ils  apartiennent,  ne 
veulent  pas  retenir  enfermés,  ou  enfergés;  Pourquoy 
ils  nous  suplient  de  vouloir  bien  pourvoir  à  ce  désordre 
qui  leur  fait  un  tort  considérable. 

Nous  ayant  égard  aux  dites  représentations,  ordonnons 
à  toutes  personnes  quelconques  qui  n'ont  point  de  terres, 
de  loiier  des  parcs  pour  y  renfermer  leurs  animaux  et  y 
enferger   leurs   chevaux.     Faute  de  quoy,  condamnons 


1704  138 

dès  à  présent  comme  des  lors  les  propriétaires  des  ani- 
maux qui  seront  arresté^sur  les  Terres  de  la  Banlieue 
de  cette  ville,  en  l'amende  de  dix  livres  pour  un  cheval, 
et  de  trois  livres  pour  un  Ixinil'  ou  vache,  aplicable  au 
propriétaire  de  la  terre  sur  la(|uelle  ils  seront  pris,  en 
outre  aux  dommages  que  les  dits  animaux  auront  pût 
faire  sur  la  dite  Terre,  suivant  l'estimation  qui  en  sera 
faite  pur  arbitres  ;  Et  faute  par  les  propriétaires  des  ani- 
maux retenus,  de  les  retirer  dans  deux  jours  après  leur 
prise  :  il  en  sera  vendu  un  ou  plusieurs  s'il  est  nécessai- 
re, m  la  manière  accoutumée,  pour  sur  le«provenû  être 
déduit  les  amendes  et  dommages  encourues,  ainsy  que 
les  Irais  de  vente,  et  le  surplus  remis  aux  propriétaires 
des  dits  animaux. 

Mandons  aux  Srs.  Capitaines  des  Milices  de  la  cham- 
bre de  cette  ville,  de  tenir  la  main  à  l'exécution  de  la 
présente  ordonnance,  qui  sera  lue,  publiée  et  affichée 
partout  où  besoin  sera,  et  registrée  au  (irellede  la  cham- 
bre de  cette  dite  ville.  Donné  au  Château  de  Montréal, 
sous  le  sceau  de  nos  armes  et  le  contreseing  de  notre 
Secrétaire,  le  7  Juin  1764. 

R.  BURTON. 
Far  Monsieur  le.  Gouverneur. 

J.  Bruyères. 


139 

PROCLAMATION. 

Aote.  On  trouve  encore  dans  les  Registres  du  temps  du  Gcuvernement 
de  Montréal,  mais  sur  des  feuilles  volantes,  une  Copie  de  la  Proclamation 
royale  du  7  octobre  1763,  par  laquelle  George  III.  établissait  la  "  P?o- 
vince  de  Québec"  et  lui  donnait  un  gouvernement  civil,  4c.  Cetle  copie 
porte,  pour  marque  sans  doute  de  son  authenticité,  la  signature  "  7?.  Bur- 
lon,"  sans  addition  aucune  qui  indique  quand  elle  a  été  communiquée  ou 
promulguée  par  ce  Gouverneur  aux  habitans  de  Montréal.  Ce  document  est 
long,  et  si  bien  connu,  que  je  ne  crois  pas  devoir  le  recopier  ici.  Voilà  donc 
toutes  les  pièces  authentiques  que  les  Registres  du  temps  nous  ont  conser- 
vées concernant  l'administration  législative  du  Gowrrutmeni  de  Mont- 
réal, durant  le  Règne  militaire. 

Vraies  copies. 


Montréal,  Mars  1845. 


J.   VIGER. 


LEGISLATION 


liV 


GOUVERNEMENT  DE   TROIS  -  RIVIERES 


DURANT    I.K 


REGNE      M  l  L  1  T  A  I  R  E 


LETTRES  ET  PLACARDS  AFFICHÉS 


GOUVERNEMENT  DE  TROIS-RIVÎÈRES 


EN 


1760,  1701.  176-2.  1763.  1764 


143 


DEUX    MOTS    D'AVIS. 


Comme  on  a  pu  voir  par  tout  ce  qui  précède  sur 
Montréal  et  Québec,  écrit  et  publié  dans  la  Bibliothèque 
Canadienne  en  1827,  les  Registres  des  Trois-Rivières  se 
trouvoieut  adhirés;  eh  bien,  les  voici,  trouvés   en   1845. 

Le  manuscrit,  grand  in-folio,  sur  lequel  j'ai  fait  la  copie 
suivante,  n'est  lui-même  qu'une  copie,  mais  exacte  et  fi- 
dèle, du  MS  original,  qui  se  trouve  adhiré  ;  ou,  du 
moins,  qui  ne  se  retrouve  point  au  greffe  du  District  des 
Trois-Rivières,  où  certainement  il  aurait  dû  être  déposé 
en  1764.  J'en  dois  la  communciation,  à  moi  faite  en 
mars  1845,  à  l'Honorable  Matthew  Bell,  du  ci-devant 
Conseil  Législatif  du  Bas-Canada,  ancien  habitant  de  la 
ville  des  Trois-Rivières  et  longtemps  Fermier  des  For- 
ges de  St.  Maurice.  Q>q..MS.  lui  appartient,  comme  lui 
ayant  été  donné  par  feu  M.  Munro,  son  associé  pour  un 
temps  dans  le  commerce,  et  l'exploitation  des  Mines  de  St. 
Maurice. 

M.  Bell  ne  sait  pas  ce  qu'est  devenu  le  MS.  original, 
et  dit  qu'il  tient  de  son  ancien  Associé,  "  que  la  Copie 
"  qu'il  en  possède  a  été  faite  sous  ses  yeux  et  par  ses  or- 
"  dres,  et  qu'elle  est  fidèle  à  sa  connaissance  personnelle." 
M.  Bell  n'a  pas  pu  me  dire  quand  cette  transcription  avait 
été  faite  pour  M.  Munro. 

Montréal,  Avril,  1845.  J.  VIGER. 


144 
II 

Par  uiio  ('.oiiicidtMice  assez  sint,aiiit'io.  an  moment  où 
nous  livrions  à  l'impression  les  actes  olliciels  des  Gou- 
verneurs de  Trois-Kivières,  notre  ami,  A.  Garneau,  Ecr., 
découvrait,  à  Québec,  le  registre  oripnal  dont  M.  Vi«^er 
rei^rettait  la  perte. 

Ce  registre  nous  parait  original  et  ollieiel.  D'abord,  on  y 
trouve,  en  plusieurs  endroits,  des  corrections  entre  ligne 
ou  à  la  marge  :  ce  qui  fait  voir  qu'une  première  rédaction 
a  été  ju2:«'e  imparfaite,  et  retouchée.  En  second^lieu,  il 
est  facile  de  se  convaincre  que  plusieurs  ordonnances 
sont  de  l'écriture  de  M.  Gugy,  secrétaire  du  Gouverneur 
Haldimand  ;  que  d'autres  portent  la  signature  autogra- 
phe de  Haldimand  :  la  dernière,  même,  est  écrite  toute 
entière  de  sa  main. 

Le  cahier  dans  lequel  ces  ordonnances  sont  transcrites, 
avait  été  acheté  en  France,  à  Bordeaux,  ainsi  que  l'indi- 
que une  placjuette  collée  à  l'intérieur  du  couvert.  Les 
Anglais,  en  ellet,  ne  pouvaient  trouver  ici,  au  lendemain 
de  la  conquête,  que  des  articles  du  commerce  français. 

Le  nom  de  M.  M.  Bell,  qui  se  trouve  aussi  à  l'intérieur 
du  couvert,  me  fait  croire  que  c'est  là  le  cahier  sur  le- 
quel M.  Viger  a  travaillé  et  qu'il  a  pris  pour  une  copie. 
Ou  pourrait  objecter  qu'en  plus  d'un  endroit,  on  recon- 
naît la  main  calme  et  régulière  d'un  copiste.  Mais 
chacun  sait  que  dans  les  liurcaux  les  pièces  oflicielles  ne 
sont  entrées  dans  les  registres  qu'après  une  rédaction 
complète,  et  le  plus  souvent  par  un  clerc. 

Voilà  ce  qui  a  pu  tromper,  d  abord  M.  Munro,  et  en- 
suite MM.  liell  et  Viger. 

Quoiqu'il  en  soit,  la  Société  Historique  a  été  heureuse 
de  faire  l'acquisition  de  ce  précieux  manuscrit. 

Montréal,  Novembre  1870.  II.  V. 


LÉGISLATION 


DU 


GOUVERNEMENT  DES  TROIS-RIVIERES 

DURANT    LE    RÈGNE    MILITAIRE. 


"  Lettres  et  Placards  ailichés  dans 
"  le  Gouvernement  des  Trois-Ri- 
^' vières,  1760,  1761,176?,  1763'et 
''  1764," 


1760. 

19  Septembre. 

.4  tous  les  Capitaines  de  Milice,  pour  empêcher   qu'il   )ie  soit 
vendu  aux  passants  aucune  sorte  de  denrées. 

b'  par  Son  Excellence  Monsieur  h'  Colonel  Burton.  Gouvern'ur 
des  Trois-Biricres. 

La  molle  Complaisance  des  habitans  de  ce  Gouverne- 
ment, qui  se  Laissent  persuader  à  se  défaire  de  leurs  mou- 
tons, volailles  et  autres  choses  nécessaires  à  la  vie  en  fa- 
veur des  passants  qui  traversent  le  gouvernement,  pour- 
roit  tirer  à  conséquence  et  épuiser  le  pays  de  ces  rafrai- 
chissemens  ;  il  est  donc  expressément  défendu  par  ces 
présentes  aux  habitans  du  gouvernement  des  trois-Ri- 
vières,  de  se  défaire  de  leurs  volailles,  moutons  et  autres 
choses  nécessaires  à  la  vie  en  faveur  des  passants,  de 
telle  qualité   ou  sous   quelque  prétexte  que  ce  soit,  sans 


un  orcln-  sii^iir  d»'  Son  Kxct'lltMifo,  jusqu'à  ce  qu'il  luy 
l>laiso  d'eu  ortlounor  iiutremtMit.  S'il  arrivoit  que  l'ou 
usa  de  force  pour  les  obliger  à  déisobéir  à  la  préseute 
Ordonuauce,  il  leur  est  enjoint  de  faire  connoître  les 
contrevenans,  en  les  dénonçant  au  Capitaine  de  Milice, 
qui  aura  soin  d'en  faire  son  rapport,  pour  (ju'ils  soient 
punis  avec  rigueur. 

Donné  aux  Trois-lvi\i<Tt's,  le  TJ  Septembre  17GU. 

(Signé)  lî.  r.TMÎTOX. 


21  Septembre. 

()|U)UK  à  lintslcs  Cujnliiiiirs  ilr  Milirr  dr  In   rnir  du  siitLiniiir 
inrltrr  Ixix  1rs  aniirs  ri  jirrirr  Ir  srr)iiriil  ilr  /iilt'litr. 

Monsieur  le  Gouverneur  des  Trois-Kivières  ne  tarde- 
ra pas,  Monsieur,  à  envoyer  des  officiers  nommés  par  luy 
pour  iaire  passer  en  revue  les  miliciens  de  toute  la  côte 
du  sud  de  son  Gouvernement,  pour  leur  faire  mettre  bas 
les  armes  et  prêter  le  serment  de  fidélité  ;  il  m'a  en  consé- 
quence ordonné  de  vous  avertir  de  tenir  prest  1  •  lîolle 
de  votre  compagnie  et  celuy  des  haliitans  de  la  Paroisse 
et  de  faire  sçavoir  à  tous  vos  Miliciens  qu'il  aient  à  se 
tenir  prests  au  premier  instant  à  paroitre  à  l'arrivée  des 
dits  otficiers. 

Vous  ferez  passer  la  présente  de  paroisse  en  paroisse 
dans  toute  l'étendue  du  Gouvernement  des  Trois-Rivie- 
rcs  sur  la  côte  du  sud.  Je  suis  très  sincèrement,  Mon- 
sieur, votre  très-buml)le  serviteur. 

(Signé)        .T.  Bruyère.  (1) 


Il  II  signait  Iliii}i.'i<->  ;  j'ai  son  nulogi-a|ili<\   .1.  V 


147  1760 

22  Sei'tkmhrk. 

OuDRK  //  Idus  1rs  l\ijiiliiiiics  (le  Milice^  pour  de/fendre  à  leurs 
habilans  de  recevoir  ou  donner  en  payement  les  Caries  et 
Billels  d'()rdnnn(inr/\  ref/ai'drs  ranime  monnaie  imaginaire. 

Monsieur, — Je  suis  extrêmement  surpris  d'apprendre 
que  malgré  les  déclarations  publiques  et  publiées  de 
Monsieur  le  Grénéral  Murraij,  et  toutes  les  précautions 
prises  pour  faire  connoitre  aux  Canadiens  la  non-valeur 
de  leur  monnoie  de  papier,  depuis  l'Edit  du  Roy  de 
France  datte  le  15  8bre  dernier,  qu'il  se  trouve  encore 
des  habitans  assez  aveugles  sur  leurs  interests  particu- 
liers pour  recevoir  cette  monnoie  imaginaire  en  échange 
pour  des  marchandises  réelles  et  utiles.  Ce  ne  peut  être 
que  par  mauvaise  foye  et  ignorance  de  part  et  d'autre  ; 
que  cet  argent  est  employé  par  les  vendeurs  et  les  ache- 
teurs, et  comme  j'ay  résolu  très  fermement  de  ne  pas 
souffrir  le  premier  vice  dans  mon  Grouvernement,  et  que 
je  regarde  comme  j)artie  de  mon  devoir  d'éclairer  ceux 
à  qui  l'ignorance  feroit  commettre  des  erreur. 

Je  vous  donne  ordre  de  faire  assembler  votre  compa- 
gnie et  les  habitans  de  la  paroisse,  pour  leur  lire  la  pré- 
sente, et  leur  faire  sçavoir  de  ma  part,  que  je  leur  dé- 
fend de  recevoir  ou  de  donner,  en  payement  pour  leurs 
effets  ou  marchandises,  les  cartes,  ou  monnoie  de  papier 
connue  sous  le  nom  de  Billets  D'ordonnance,  et  que  je 
ferai  punir,  dans  toute  l'étendiie  de  mon  Gouvernement, 
ceux  qui  en  imposeront  à  la  crédulité  des  habitans,  et 
les  forceront  de  se  contenter  de  ce  payement  fraudu. 
leux. 

Vous  ferôs  passer  la  présente  au  Capitaine  de   milice 


17C0  148 

le  plus  voisin,  qui  ou  lora  autant,  jusqu'à  co  que  la 
Lettre  ait  passé  dans  toute  l'étandue  de  notre  province. 
Je  suis,  Monsieur,  Votre  ali'ectionné  Serviteur. 

(signé)  K.  BUKTOX. 


22  Septembkk. 

OiutiiK  ù  M.  la  fnnnboisr,  ('iij)il(iiiti\  tic  ftiin  asscniblir  les 
hahifans,  pour  li  ur  fiiirv  nirttrf  bas  les  aniies^  el  prt^ter 
le  si'riiK  II!  lie  fuli'lit-'. 

A  M.  la  fraiiiboisr^  l'npitaini  dis  inilins  di  la  villr  ilrs  ',\ 
nirii'irs. 

11  vous  est  ordonne  de  la  part  de  Monsieur  le  Colonel 
Burton,  gouverneur  des  trois  Rivières,  de  faire  avertir 
Messieurs  les  Cî-entils-honimes  et  autres  personnes  habi- 
tants cette  ville  des  trois  Rivières,  non  incorporés  dans 
le  Rolle  de  vos  milices,  de  se  rendre  avec  leurs  armes 
dans  Le  parloir  des  recollets  de  cette  ville  demain  matin 
à  9  heures,  pour  y  prêter  Le  serment  de  fidélité  et  de 
soumission  Du  à  îSa  Majesté  Britannique  Georges  Second. 

Donné  au  gouvernement,  ce  22,  7bre  1760. 

(Signé,)      .T.  Bruyère. 


1  Octobre. 

OiiDUi-;  //  M'jnsieur  Cou'val^  pour  lu  réf/ie   tirs  t'ori/rs. 
A.  M.  Courrai^  aux  for(,cs. 

Monsieur, — Son  Excellence  M.  le  Colonel  Burton  m'a 
ordonné  de  vous  faire  sçavoir,  qu'en  conséquence  des 
instructions  qu'il  a  reçu  de  Monsieur  le  général  Amherst, 


149  1760 

il  juge  à  propos  de  faire  exploiter  à  Loisir  La  fonte  qui 
est  déjà  tirée  des  mines,  et  pour  Cette  Effet  voudroit  re- 
tenir sur  Le  même  Pied  que  ci-devant  Les  ouvriers 
dont  vous  trouvères  les  noms  à  la  suite  de  la  présente. 
Le  Charbon  étant  un  article  indispensable,  et  dont  les 
forges  sont  actuellement  mal  pourvues,  et  son  Excel- 
lence ayant  appris  qu'il  y  en  a  plusieurs  fourneaux 
déj  à  préparés  ;  il  vous  j)laira  d'engager  en  qualité  de 
journaliers  Les  Charbonniers  et  autres  que  vous  jugerés 
absolument  nécessaires  pour  faire  La  Cuisson  et  autres 
ouvrages  dépendants  de  cette  partie  là. 

Yous  tiendrés,  s'il  vous  plait,  un  compte  exacte  des 
gens  que  vous  Emploirés,  du  temps  que  durera  leurs 
travaux  et  de  quantité  de  charbon  qu'ils  feront.  Yous 
prendrés  sur  vous  Le  soin  de  faire  graisser  et  relever  les 
soufflets  des  forges,  en  un  mot  de  faire  les  petites  ré- 
parations qui  sont  absolument  nécessaires  pour  mettre 
Les  forges  en  état  d'exploiter  peu  à  peu  la  fonte  dont  il 
est  parlé  Ci-dessus. 

J'ay  l'honneur  d'être,  Monsieur,  votre  très  humble  et 
très  obéissant  serviteur. 

(Signé,)      J.  Bruyèke. 

Noms  des  ouvriers  retenus  aux  forges  par  ordre  de 
Son  Excellence  M.  le  Gouverneur  : 

Delorme,  Robiclwn,  Marchand,  Humblot,  Terraut,  Mi' 
rJielin,  Belu. 


171J0  150 

1   ocToinii:. 

I'lacaUT  </<■  s. m  Kixcll'itcr  Monsinir  Ir  lintirnl  Aiiihrrsl. 

r„r  S>n  Ecrellence  JRFFERY  AMIIERf^T,  Eniyer, 
inircch'il  de  camp,  Commui'lant  en  chef  Les  troupes  el  for- 
ces de  ^a  Majesté  le  roi/  de  hi  'grande  Bretagne  dans  La- 
mirique  Septentrionale,  et  son  Gouverneur  Général  /lour 
lu  Province  de  Virginie,  i\c.  ^^-c.  Sf-r. 

SçAVOiR  raisons,  quo  nous  avons  constitué  et  établi 
Monsieur  GAfJE,  Bri^-adier  des  armés  du  Koy,  (rouver- 
neur  de  la  ville  de  Montréal  et  de  ses  dépendances  :  et 
que  nous  avons  pareillement  étably  Monsieiir  BuiîTON, 
Colonel  des  troupes  de  Sa  Majesté,  Gouverneur  des  trois 
Iviviéres  et  de  ses  Dépendances. 

(^ue  tous  les  hahitans  du  Gouvernement  des  trois-lvi- 
vières  qui  n'ont  pas  encore  rendu  les  armes  ayent  à  les 
rendre  aux  Endroits  nommés  par  Monsieur  Burton 

(^ue  pour  D'autant  mieux  maintenir  Le  bon  ordre  et 
La  police  dans  Chaque  paroisse  ou  District,  il  Sera  rendu 
aux  officiers  de  milice  leurs  armes  ;  et  si  par  La  suite  il  y 
avoit  quelques-uns  des  habitans  qui  Désireroient  en 
avoir,  ils  devront  en  demander  la  permission  au  Gouver- 
neur, signée  par  le  dit  Gouverneur  ou  ses  subdélégués, 
afin  que  L'ollicier  des  troupes,  commandant  au  District 
ou  ces  haVjitans  seront  résidens,  puisse  sçavoir  qu'ils  r.ut 
Droit  de  porter  les  armes. 

<^ue  par  nos  instructions  les  gouverneurs  sont  auto- 
risés de  nommer  à  tous  employs  vacans  dans  la  milice, 
et  de  débuter  par  sicrner  des  commi.s.sions  en  faveur  de 
Ceux  qui  en  ont  d<'rnièrement  joui  sous  Sa  Majeslé  très- 
Chrétienne. 


loi  17t)0 

Que  pour  terminer  autant  qu'il  sera  j)Ossible  tous  dii- 
ferens  qui  pourroient  survenir  entre  les  habitans  à  l'a- 
miable, les  dits  Grouverneurs  sont  enjoints  D'autoriser 
l'officier  de  milice  Commandant  dans  chaque  paroisse,  ou 
District,  d'écouter  toutes  plaintes,  et  si  elles  sont  de  natu- 
re qu'il  puisse  les  terminer,  qu'il  ait  à  le  faire  avec  toute 
La  droiture  et  Justice  qu'il  convient  ;  S'il  n'en  peut  pro- 
îioncer  pour  lors  il  doit  renvoyer  les  parties  devant  l'of- 
ficier des  troupes  Commandant  dans  son  district,  qui  sera 
pareillement  autorisé  de  décider  entre  eux,  si  le  cas  n'est 
pas  assés  grave  pour  exiger  qu'il  soit  remis  devant  le 
gouverneur  même,  c^ui,  dans  ce  Cas,  comme  en  tout  au- 
tre, fera  rendre  Justice  où  elle  est  due. 

Que  les  troupes,  tant  dans  les  villes  que  dans  leurs 
Cantonnemens  sont  nourries  par  le  Roy  en  nature,  et 
qu'il  leur  est  ordonné  expressément  de  payer  tout  ce 
qu'elles  achètent  de  Thabitant  en  argent  Comptant  et 
esj)èces  sonnantes. 

Que  tout  propriétaire  de  Chevaux  de  Charettes,  ou 
autres  voitures  qui  seront  employés,  soit  par  les  troupes, 
ou  autres,  seront  également  payés  en  Espèces  sonnantes 
pour  Chaque  Voyage,  on  par  Journée  c^u'ils  auront  été 
ainsy  employés,  et  Cela  suivant  Le  tarif  et  sur  le  pied  de 
dix  schellings  argent  de  la  nouvelle  York,  par  jour, 
pour  chaque  Charrette  ou  traineau  portant  un  millier  pe- 
zant;  et  une  Journée  de  Cheval  à  raison  de  trois  schel- 
lings D'york. 

Les  Maitres  des  postes  auront  attention  de  ne  louer 
ny  fournir,  a  cj^ui  que  ce  soit,  sans  un  ordre  par  Ecrit  de 
nous,  ou  des  G-ouverneurs  Gage,  Murray,  et  Burton,  ny 
chevaux,  ny  calèches  apj)artenantes  aux  Bureaux  des 
dites  postes,  et  Ceux  à  qui  il  en  sera  fournis  comme  ci- 
dessus,  payeront  pour  un  cheval  a  raison  de    17  sols,  ar- 


ITUO  lô2 

firent  de  la  nouvelle  york,  par  chaque  trois  mille  ani;loi- 
ses  ou  lieue  de  IVauce  ;  Ceux  qui  prendront  cheval  et 
calèche  payeront  le  double,  mais  il  leur  sera  permis  d'y 
aller  à  deux  personnes 

Que  le  peu  de  secours  (|ue  le  ("aiKuhi  a  re^u  de  la  Iran- 
ce  depuis  deux  années,  l'ayant  «'puisé  de  Bien  de  rairai- 
ehisseraent  et  de  nécessaire,  Nous  avons  pour  le  bien 
commun  des  troupes  et  de  l'habitant  recommandé  par 
nos  lettres  aux  dillereiis  trouverneurs  des  Colonies 
angloises  les  plus  proximcs  du  Canada  d'afficher  et  pu- 
blier des  avis  à  leurs  Colons  pour  se  transporter  icy 
avec  toutes  sortes  de  denrées  et  de  rafrachissemens,  et 
nous  nous  flattons  qu'on  ne  tardera  pas  de  voir  remplir 
ce  Projet  ;  et,  lorsqu'il  Le  sera,  un  chacun  en  sera  ins- 
truit pour  qu'il  puisse  y  participer  au  prix  courant  et 
sans  impots. 

Le  Commerce  sera  Libre  ei  .sans  impôts  a  un  chacun, 
mais  les  Commerçants  seront  tenus  de  prendre  des  pas- 
seports des  gouverneurs,  qui  leur  seront  expédié  gratis. 

Comme  il  e.st  expressément  enjoint  aux  troupes  de 
vi\Te  avec  l'habitant  en  bonne  harmonie  et  intelligence, 
nous  recommandons  pareillement  à  l'habitant  de  rece- 
voir et  de  traiter  les  troupes  en  frères  et  Concitoyens.  Il 
leur  est  encore  enjoint  d'écouter  et  d'obéir  tout  ce  qui 
Leur  sera  ordonné  tant  par  nous  que  par  leurs  Gouver- 
neurs, et  Ceux  ayant  droit  de  nous  et  de  Luy  ;  et  tant 
que  les  dits  habitans  obéiront  et  se  conformeront  aux 
dits  ordres,  ils  jouiront  des  mesmes  privilèges  que  les 
enciens  sujets  dii  Koy,  et  ils  peuvent  Compter  sur  notre 
protection. 

Voulons  Et  entendons  (|uc  notre  prés«»nt  ordonnance 
soit  lue,  publiée  et  affichée  es  lieux  accoutumés. 


153  1760 

Fait  à   Montréal,  le  22   7bre.  1760,  Signée  de  notre 
main  et  scellée  du  sceau  de  nos  armes. 

(Signé,)  JEFFERY  AMHERST 
Pour  coppie». 
t  J.  Bruyère. 


l^i-A'JCART  de  son  Excellence  Monsieur  le  Gouverneur  Burton 
pour  accompagner  le  placcart  cy-dessus^  et  pour  empêcher 
que  les  fiabitans  ne  soient  trompés  sur  la  monoie  Dijork. 

Par  Son  Excellence  Ralph  Burton,  Ecuyer,  Colonel 
d'infanterie,  Gouverneur  des  Trois-Rivières  et  de  ses  dé- 
pendances 

Son  Excellence,  Monsieur  le  Maréchal  de  Camp 
Amherst,  ayant  par  le  Placurt  ci-joint  fait  connoître  ses 
intentions,  et  donné  les  règlemens  qu'il  a  jugé  les  plus 
utiles,  et  les  plus  nécessaires  pour  maintenir  le  bon  ordre 
et  la  police  dans  toute  l'étendue  du  Canada. 

Nous  ORDONNONS  et  enjoignons  atout  Capitaine,  ou 
autres  officiers  de  milice.  Commandant  dans  chaque  pa- 
roisse du  GrouYernement  des  trois-riYiôres,  de  faire  com- 
prendre aux  habitans  des  dites  paroisses  la  teneur  du 
placcart  de  Son  Excellence,  et  de  leur  en  expliquer  les 
articles,  en  tant  que  besoin  sera,  pour  qu'il  ne  puissent 
en  prétendre  cause  D'ignorance. 

Nous  faisons  aussi,  par  Ces  présentes,  sçaYoir  à  tous 
canadiens,  ou  autres  personnes  établies  dans  l'étendue  de 
notre  GouYernement  des  trois  RiYières,  que  par  les 
pouYoirs  par  nous  donnés.  Conformément  aux  instruc- 
tions de  Son  Excellence    Monsieur  Le  Grénéral   amheist,' 

aux  Capitaines,  ou  officiers  de  milice  commandans  dans 

•20 


1760 


151 


chaque  paroisse,  D'écouter  toutes  plaintes  portées  devant 
Kux,  et  de  les  terminer  avec  Justice  et  Droiture,  il  est  par 
nous  enjoint  et  ordonné  aux  dits  ofliciersde  remplir  Cette 
partie  de  leur  charge  Gratis  et  sans,  pour  Cause  de  ce,  pré- 
tendre à  aucune  recompense  ou  Emolunu'iit  en  ar<ient, 
ou  autrement  de  telle  façon  quelconque. 

E\  OUTRE,  comme  il  a  déjà  Plus  à  Son  Excellence  Le 
General  Amherst,  de  iixer  le  prix  de  Certains  articles,  et 
qu'il  est  ordonné  de  payer  aux  habitans  leurs  travaux,  ou 
leurs  Denrées  en  Espèces  Sonnantes,  pour  obvier  au  tort 
que  Gens  mal  intentionnés  pourroient  leur  faire  en  pro- 
lilant  du  peu  de  Connoissance  qu'ils  ont  de  notre  mon- 
noie  sonnante  ;  Nous  jugeons  nécessaire  de  les  instruire 
de  La  valeur  des  espèces  les  plus  usitées  tel  qu'elles  ont 
Cours  à  La  nouvelle  vork. 


La  pièce  d'or  ûp|iel<o  portugaise 
vaut  huit  piastres,  ou  soixante  qu.i- 
tr-  chL'lings  monnaie  d'York,  ou  qua- 
rante huit  livres  de  France 

Lu  piastre 

Le  demi  piastre 

L>>  (juart  de  jMastre 

I^a  ein'|uii;me  jiartie  de  piastre 

Li  huitième  partie  de  piastre 

Lfi  seizième  partie  de  piastre 

Les  pièces  de  cuivre  valent 


NoUVKLLft      YoHK      HKfONDANT      A      LA 

Kiian<;aisk. 

04  schelings 48  livres 

H c, 

4 3 

v! l-IOs 

I  Te I-  4 

1 (l-!ô 

n.O n-  7-fid 

0 U-  I 


Nous  nous  flattons  que  Le  Présent  placcart  suffira  pour 
Eclairer  les  habitans,  et  empêcher  qu'on  no  leur  en  ini 
pose  ;  et  Nous  ordonnons  à  tous  capitaines  de  milice  de 
tenir  La  main  à  son  Exécution,  et  de  le  lire  et  ex])liquer  a 
leurs  Concitoyens,  après  quoy  ils  L'afficheront  anx  En 
droits  accoutumés. 

Donné   aux   trois  Kivières  Le  18brc  17G0  et  scellé  du 
sceau  de  nos  armes. 

(Signé,)  II.  15UUT0N. 


155  1760 

Jeudy,  2  Octobre. 

Ohdue  à  tous  les  Capitaines  de  milice  de  se  rendre  au  Gouver 
Hcmcnt  pour  y  rccevoirs  Les  ordres  de  Son  Excellence. 

Monsieur, — Yous  aurés  la  bonté  d'aider  Monsieur  l'of- 
ficier commandant  les  troupes  de  Sa  Majesté  Britani- 
que  a  faire  Loger  les  soldats  dans  votre  paroisse  de  la 
façon  la  plus  commode,  il  vous  dira  combien  il  a  d'hom- 
mes, et  dans  quelle  paroisse  il  a  ordre  de  les  Cantonner. 

Monsieur  le  Gouverneur  a  appris  qu'il  y  avoit  du  Bois 
de  Coupé  dans  vos  Costes,  il  vous  enjoint  d'en  faire  Char- 
ger le  bâtiment. qui  porte  les  troupes,  vous  m'enverrés 
un  état  exacte  de  ce  que  vous  mettrés  à  bord,  pour  que 
je  puisse  L'enregistrer. 

Lundy  prochain  vous  viendrés  au  gouvernement  des 
trois  Rivières  a  onze  heure  du  matin,  Yous  n'y  manque- 
rés  pas,  D'autant  plus  que  C'est  pour  y  recevoir  Les  ordres 
de  Son  Excellence  ;  Je  suis.  Monsieur,  Yotre  très-hum- 
ble serviteur, 

(Signé,)  J.  Bruyère. 


2  Octobre. 

.-1  Monsieur  CourvaL  Inspecteur  aux  forges  au  Sujet  des  vivres. 

Monsieur, — Je  viens  de  recevoir  La  marmitte  que 
vous  m'avés  envoyée  des  forges,  Je  vais  vous  faire  or- 
donner les  vivres,  que  vous  aurés  La  bonté  de  faire  Dis- 
tribuer suivant  Le  détaille  du  dernier  Compte,  il  y  en  a 
pour  les  sept  familles  que  je  vous  ai  nommé,  et  pour 
vous  et  le  chapelin  et  vos  deux  domestiques  pendant 
Sept  jours. 

Yous  rcmettrés,  s'il  vous  plait,  au  porteur  les   poêles 


1760  156 

(^ue  vous  tlevez  nou.s  fiivoyer,  et  h'«  i'erés  embarquer 
abord  du  batteau  (|Uo  je  vous  envoyé.  J'ay  L'honneur 
d'être,  Monsieur,  \'(jtre  très  humble  Serviteur. 

(Signé,)  J.  Bruteue. 


li    OCTOBUK 

(jRbUE  au  Capitaine  tirs  milice  de  Macliiclie,  pu  a  r  faire  cxeinp- 
l'^r  (le  la  bandon  des  aniiiKtax  Le  prc    de    Ute.  lo'jlandri. 

Monsieur, — Le  bien  du  service  et  L'avantat^e  du  pu- 
blique voulant  que  les  Chevaux  des  maîtres  des  postes 
soient  toujours  en  Etat  de  marcher,  vous  auréssoin  d'ex- 
empter les  prés  de  Bte.  LaL^laudrie  de  Labandon  accor- 
dée après  la  St.  michel,  et  de  ne  pas  permettre  que  les 
Chevaux  et  autres  animaux  de  ses  voisins  viennent  dé- 
pouiller le  fourage  des  dits  Prés  ;  vous  lerés  conuoitre 
Cet  ordre  à  vos  paroissiens,  et  vous  prendrés  Garde  que 
sous  prétexte  du  présent  ordre.  Le  dit  Sr  Laglandri 
n'étande  pas  ses  prétentions  plus  Loing  qu'il  ne  doit, 
vous  devés  Connoitre  quels  sont  les  prés,  ou  Le  seul  pré  a 
luy  appartenant,  et  C'est  Cela  seul  que  Mr  le  gou- 
verneur Prétend  exempter.  Je  .suis.  Monsieur,  Votre 
très  humble  serviteur. 

(Signé,)  J.  Ukuyerk. 


t)   OCTOBRE' 

Letthe  à  tuus  Us  Oij/ilaines  de  uiilice  pour  accotiipaijJier  1rs 
placcarls  de  leurs  Excellence  Amhkiist  et  Blhto.n  Et  qui 
nomme  hs  dits  Capitaines  arbitres  et  Juijes  Chacun  dans 
Leur  paroisse. 

Monsieur, — Je  vous    qiv  oyc   par    le   prosent  Courier 


157  1760 

deux  placarts,  l'un  de  Sou  Excellence  Le  Général  Am- 
herst,  et  l'autre  de  moi.  Yous  aurés  soin  de  lire  l'un  et 
l'autre  avec  attention,  et  d'en  étudier  Le  sens  pour  le 
faire  comprendre  aux  habitans  de  votre  paroisse.  Le 
premier  placart  vous  instruira  dos  intentions  de  Mon- 
sieur le  Grénéral  Amherst  au  sujet  de  l'administra- 
tion de  La  Justice,  et  le  second  vous  fera  Connoitre  que 
.Te  veux  qu'elle  se  rende  sans  intérest  et  Gratis.  Je  ne 
doute  nullement  que  vous  ne  vous  y  pretiés  avec  tout 
le  plaisir  qu'un  honnête  homme  ressent  Lorsqu'il  peut 
obliger  ses  Concitoyens.  La  bonne  réputation  dont  vous 
jouisses  me  persuade  que  j'aurai  lieu  d'être  Content  de 
vos  soins,  pour  f;iire  régner  la  paix  et  l'harmonie  dans 
votre  paroisse. 

Ainsi  en  vertu  du  pouvoir  à  moi  donné,  par  son  Ex- 
cellence le  Général  Amherst,  Commandant  en  Chef  les 
troupes  et  les  forces  de  sa  majesté  britanique,  je  vous 
nomme  et  Etabli  arbitre  des  difFérens  et  querelles  qui 
pourroient  Survenir  entre  les   habitans   de  la   paroisse 

de ,  vous   autorisant  à    recevoir   et  Ecouter  toutes 

plaintes  portées  devant  vous,  sans  aucune  partialité,  et 
vous  ordonnant  de  les  terminer,  et  d'en  décider  à  l'amia- 
ble, suivant  les  Lumières  de  votre  raison,  et  en  Cons- 
cience avec  toute  lajustice  et  la  droiture  qu'il  Convient, 
et  Le  tout  Gratis.  Si  L'entêtement  des  parties,  ou  La  na- 
ture Embarassante  des  causes  vous  autoient  Le  pouvoir 
de  terminer  par  vous-même,  vous  renverrés  pour  lors 
les  parties  devant  L'officier  des  troupes  Commandant 
dans  votre  dite  paroisse  de ,  qui  en  décidera  sui- 
vant les  instructions  qu'il  a  reçu  de  moi  à  Ce  Sujet. 

Vous  Garderés  soigneusement  la  présente,    qui  voua 


1760  158 

servira  d'instruction,  et  de   pouv©*r    do    ma   part   pour 
agir  Qii  qualité  d'arbitre  vis-à-vis  de  vos  Concitoyens. 
J'ay  l'honneur  d'être,  &:c., 

(Signé)  R.  BURTON. 

P.  S. — .T'oubliois  de  vous  dire  au  sujet  des  Accadiens 
rependus  dans  mon  gouvernement,  que  le  Roy  d'an- 
g-loterre  n'entend  pas  j)ayer  leur  pension  et  par  là  les 
Encourager  à  la  fainéantise.  Il  faut  doresnavant  qu'ils 
travaillent  ou  se  mettent  en  service,  pour  Gagner  leur 
vie.  Vous  en  avertirez  vos  paroissiens  et  les  accadiens 
qui  sont  dans  votre  District  ;  si  ils  s'entrouvoient  parmis 
eux  que  leurs  infirmités  ou  vieillesse  rendissent  Réel- 
lement dignes  de  pitié,  et  de  secours.  Vous  me  les  ferés 
Connoltre,  Et  après  avoir  examiné  par  moi-même  leur 
Etat,  j'en  déciderai  comme  bon  me  semblera. 

(Signé)  R.  BURTON- 


7  Octobre 

Au.v  Capitaines  de  milice  de  la  Rivière  batiscant,  Ste.  anne 
Sle.  marie  et  Si.  Pierre  les  bequets,  jiour  ne  s  être  point 
rendus  aux  ordres  de  Son  Excellence. 

Monsieur, — J'ay  ordre  de  vous  témoigner  la  surprise 
de  Mr.  le  Gouverneur,  de  ce  que  vous  avés  négligés  de 
vous  rendre  aux  ordres  qui  vous  ont  été  signifiés  de  ve- 
nir hier  matin  au  Gouvernement  ;  il  s'attend  à  plus  de 
ponctualité  de  votre  part,  et  il  seroit  fâché  que  votre  né- 
gligence à  L'avenir,  Le  forçât  à  en  venir  à  des  remèdes 
qu'il  sera  toujours  bien  aise  d'éviter.     Partes  aussitôt  la 


159  1760 

présente  reçue  et  veiiés  recevoir  les  placarts  et   les   or- 
dres que  TOUS  auriés  du  venir  chercher  hier. 

Faites  passer  la  présente  aux  Capitaines  de  Ste.  marie, 
Ste.  anne  et  St  jîierre  les  bequets. 

J'ay  l'honneur  d'être,  &c. 

(Signé)  J.  Bruyère. 


11  Octobre. 

De  Par  Son  Excellence  Ealph  Burton  Ecuyer  Co- 
lonel d infanterie  et  Gouverneur  des  trois  Riuières  et  de 
ses  dépendances. 

Placcart  de  Son  Excellence  Mr. le  Gouverneur  au  sujet  des 
Déserteurs,  et  pour  Empêcher  qu'on  ne  troque  avec  les  Sol- 
dats leurs  hardes,  ny  taffia,  eau-de-vie,   ou   autre  liqueur. 

Comme  il  arrive  quelquefois  que  des  matelots,  sol- 
dats, ou  autres  Engagés  au  service  de  Sa  Majesté  bri- 
tannique, s'absentent  de  leur  régimens.  Vaisseaux,  ou 
Compagnies,  avec  intention  de  ne  plus  retourner  à  leur 
devoir,  et  de  déserter,  et  qu'il  est  absolument  nécessaire 
de  faire  punir  des  gens  dont  l'intention  et  la  conduite 
ftont  aussi  criminelles. 

Nous  DEFFENDONS  expressément  à  tous  Canadiens  et 
habitans  de  notre  gouvernement  des  trois  Rivières  de 
tel  rang  et  condition  qu'ils  soient,  de  retirer  chez  Eux, 
ou  de  favoriser  dans  leur  fuite  aucun  déserteur  soit 
matelot,  ou  soldat,  et  leur  ordonnons  et  enjoignons 
d'arrêter  ou  faire  arrêter  tout  soldat,   matelot,  ou   autre 


17C0  160 

pnçagé  au  service  de  Sa  Majesté  qu'ils  trouveront  cou- 
rant les  Côtes,  ou  séjournant  dans  les  dillérentes  pa- 
roisses de  ce  Crouvornoment,  et  qu  ils  auront  lieu  de 
soupçonner,  ou  regarder  coninio  vagabons,  et  déser- 
teurs, lesquels  il  leur  est  ordonné  de  mener  à  leur  Ca- 
pitaine de  milice,  qui  le?  fera  conduire  sous  main-forte 
en  présence  de  l'oflicier  commandant  les  troupes  an- 
gloises,  ou  l'endroit  le  plus  voisin  ou  il  s'en  trouvera 
qui  aura  ordre  de  les  envoyer  au  Quartier  Général. 

Deffexdons  aussi  à  tous  Canadiens  et  habitans  de  re- 
tenir, acheter  ou  troquer  avec  les  soldats  de  Sa  Majesté 
ou  autres  personnes  quelconques  aucunes  de  leurs  ar- 
mes, accoutremens,  habits  d'ordonnance,  souliers.  Guê- 
tres, chapeaux,  ou  autres  fournitures  faites  aux  dits  sol- 
dats, par  Sa  Majesté. 

Deffendons  pareillement  à  toutes  persones  quelcon- 
ques habitantes  dans  notre  Gouvernement  de  vendre 
ou  troquer  avec  les  soldats,  leurs  femmes  ou  Enl'ant.s, 
taffia,  eau-de-vio,  ou  autre  liqueur  forte  en  gros  ou  en 
détaille,  sans  une  permission  par  Ecrit  de  nous. 

Voulons  et  ordonnons  que  la  présente  soit  Exécutée 
en  tout  point,  sous  peine  de, Désobéissance  et  punition 
Corporelle,  ou  pécuniaire  à  notre  Gré,  et  pour  que  per- 
sonne n'en  ignore,  voulons  qu'elle  soit  lue,  publiée  et 
aflichée  es  lieux  accoutumés. 

Aux  trois  llivières,  ce  lie  8'^'''^  1760,  signée  de  notre 
main,  scellée  du  sceau  de  nos  armes  et  contresignée  par 
notre  secrétaire. 

(Signé)  K.  BURTON. 


161  1760 

15  Octobre. 

De  Par  Son  Excellence  Ralph  Burton  Entier  Co- 
lonel itinfanlerie,  Gouverneur  dea  trois  Rivières  et  de 
ses  dépendances. 

TIjA-CCAUT  de  Son  Excellence  Monsieur  le  Goiwerneur,  cm 
sujet  des  incendies  et  pour  Le  ramonag'e  des  cheminées, 

Les  ravages  affreux  que  les  incendies  ont  plusieurs 
fois  causés  dans  cette  ville,  devroient  être  des  leçons 
suffisantes  à  tous  ses  habitans  pour  les  engager  à  pren- 
dre les  précautions  nécessaires  pour  prévenir  de  pareils 
malheurs  à-L'avenir.  Il  se  trouve  malgré  cela  toujours 
des  paresseux  qui  s'exposent  à  Périr  et  à  faire  périr  les 
autres,  par  une  négligence  Criminelle. 

Nous  AVONS  donc  pour  La  sûreté  publique  pourvu 
cette  ville  d'un  Ramoneur,  qui  a  nos  ordres  d'aller  une 
fois  en  quinze  jours  netoyer  et  Ramoner  toutes  les  che- 
minées de  la  ville  des  trois  Rivières. 

Voulons  et  ordonnons  que  tous  les  habitans  de  la 
dite  ville  se  servent  du  dit  ramoneur,  Lorsqu'une  fois, 
pendant  la  quinzaine,  il  ira  pour  Cet  effet  se  présenter 
à  leurs  portes.  Et  Comme  il  est  juste  que  la  peine  d'une 
personne  aussi  utile  à  toute  La  société,  soit  récompefi- 
sôe,  tout  proï)riétaire,  ou  Locataire  de  maison  dans  Cette 
ville,  sera  tenu  sous  peine  d'exécution,  de  payer  à  rai- 
son de  quatre  sols  pour  Chaque  Cheminée  à  simple  éta- 
ge, et  six  sols  pour  Celle  a  double  étage,  tous  les  quinze 
Jours,  Lequel  p  yement  se  fera  de  deux  mois  en  deux 
mois  es  mains  du  Capitaine  des  milices  de  la  ville  des 
trois  Ri'V'ières,  à  commencer  du  quinze  d'octobre. 

Voulons  et  ordonnons,  en  outre,  que  Chaque  particu. 
lier  dans  sa  maison  donne  au  dit  Ramoneur  les   secours 


17G0  162 

ot  l'aidt»  dinit  il  povirra  avoir  })esoiii,  pour  le  netoyage 
et  liauioiiago  des  dites  cheminées. 

Kt  .sçav«)IU  iaisons  que  si,  par  néiiliiTonce,  on  lanie 
d'avoir  vonln  iaire  ramoner,  lorsqne  le  dit  ramoneur 
se  présente  dans  sa  tournée  poiir  Je  faire,  il  arrivoit  que 
le  l'eu  i)rit  a  quelques  maisons.  Le  propriétaire  ou  Loca- 
taire de  la  dite  maison  ou  le  feu  prendroit  sera  tenu  de 
payer  une  amande  de  seize  schelling-s,  monnoie  Dyork, 
qui  sera  payable  es  mains  du  dit  Capitaine  de  milice, 
pour  en  disposer  comme  il  en  sera  par  nous  ordonné. 
Lt  en  cas  qu'il  parut  dans  le  fait  de  l'incendiaire  une 
malice  marquée,  et  une  envie  de  nuire'au  propriétaire 
de  La  maison  (piil  habite,  ou  à  ses  voisins,  le  dit  Incen- 
diaire sera  pour  lors  puni  corporelleraent,  avec  toute  la 
rigueur  qu'une  pareille  méchanceté  mérite. 

Voulons  que  la  présente  soit  lue,  i^ubliée  et  affichée 
es  Lieux  accoutumés  :  aux   trois   Rivières,   Le  15e   S'^ro 

17G0. 

(.Signé)  R  BURTON. 


lô  Ue'TuEKi:. 

A  tous  les  CajiiUiints  de  milice,  pour  nccomjiagner  le  jilac 
cart  de  monsieur  le  gouverneur  nu  sujet  des  déserteurs. 
Monsieur,— Je  vous  envoyé  Ci  Joint  un  placart  de 
son  Excellence  Monsieur  le  Gouverneur  Vous  le  ferés 
Lire  et  publier  en  la  manière  ordinaire.  Vous  le  feré» 
comprendre  aux  habilans  de  votre  paroisse,  après  quoy 
vous  L'afficherés  es  lieux  accoutumés. 

J'ay  l'honneur,  &c. 
(Signé)  J    Bruyère 


163  1760 

16  Octobre. 
Ordre  à  tous  les  Capitaines  de  milice,  cVenvoijer  au  gou- 
vernement les  fusils  qui  sont  à  leur  garde. 
Monsieur, — il  tous  est  ordonné  d'envoyer  au  gouverne- 
ment des  trois  Rivières,  tous  Les  fusils  qui  sont  à  votre 
Grarde.  Vous  Les  enverrés  par  Grens  sûrs, 

Je  suis  Monsieur,  Votre  très  humble  serviteur, 
(Signé)  J.  Bruyère. 


18  Octobre. 

ORDRE  à  tous  les  Capitaines  de  milice,  pour  faire  fournir 
à  3IM.  les  officiers  des  troupes  le  bois  qui  leur  est  né- 
cessaire. 

Monsieur, — pour  prévenir  que  les  officiers  de  sa  Ma- 
resté  Britanique  manquent  du  bois  que  le  Roy  leur  Croit 
nécessaire,  et  pour  empêcher  en  même  temps  qu'ils  ne 
deviennent  trop  à  Charge  sur  Cet  article  aux  personnes 
chez  lesquelles  ils  sont  logés.  Il  vous  est  ordonné  de 
leur  faire  fournir,  aux  dépens  de  L'endroit  où  ils  sont 
cantonnés,  à  raison  de  cinq  Cordes  de  Bois  par  mois  à 
Mr.  le  major  demeurant  à  St  François,  quatre  Cordes  à 
chaque  Capitaine,  et  trois  à  Chaque  officier  au-dessous 
du  rang  de  Capitaine. 

Quand  aux  sergens.  Caporaux  et  soldats,  il  est  à  pré- 
sumer que  leurs  difFérens  hôtes  auront  soin  de  les  main- 
nir  chaudement  ^Dendant  La  froide  saison. 

Vous  aurés  soin  de  faire  Cotiser  Chacun  dans  votre 
paroisse,  suivant  leurs  facultés,  le  nombre   de  Leur   fa- 


17t)0  104 

mille  ot    autres  Considérations    auxquelles    vous    aurrs 
Iv^ard,  pour  que  personne  n'aii  lieu  de  se  plaindre. 

C'est  un  Commandement  qui  coûtera  si  peu  de  temps 
à  Chaque  particulier,  pour  l'exi'cuter,  que  Je  suis  per- 
suadé qu'ils  obéiront  aussitôt  \:\    présente    Keçue    sans 

Murmuî<\ 

.l'ay  l'iionnour  \'f. 

(Signé)  .1.  l'.nTivKTîE. 


•21  Of'TonRK. 

Ordrk  à  (oua  h-s  Capitnincis  de  milire  ti envoyer  nu  Eçnuver 
nement  le  nom  des  j)er^o>n?es  ii^.es  m/Je/s  du  Boy  d'nfifj^le- 
terre  et  des  oj/in'ers  frafirois. 

Monsieur, — Vous  m'enverres  aussitôt  la  présente  re- 
çue, le  nom  de  toutes  les  personnes  nées  sujets  du  Roy 
d'angleterre,  de  tel  âge  ou  sexe  qu'elles  soient,  vous  me 
marquerés  si  Elles  sont  Etablies  pour  leur  compte,  ou 
seulement  domestiques  d'autrui,  si  elles  sont  mariées  ou 
non,  le  nombre  de  leurs  enfans,  leur  Age  présent  et  Ce- 
lui qu  elles  avoient  lorsqu'elles  sont  venues  dans  le 
pays,  pour  vous  rendre  ce  détail  plus  facile,  vous  trou- 
vères ci-joint  un  modèle  sur  lequel  vous  n'aurés  qu'a 
remplir  les  noms  et  les  nombres,  ainsi  que  vous  le  ver- 
res au  premier  Coup  D'œil. 

Vous  profiteras  de  la  même  occasion  pour  mcnvoyer 
le  nom  des  officiers  françois  qui  ont  la  permission  de 
Mr.  de  Vaudreuil  de  rester  en  Canada,  pour  affaires,  et 
qui  sont  retirés  dans  votre  paroisse,  s'il  y  en  a. 

•l'ay  l'honneur,  t^c. 

(Signé)  J.  Bruyère. 


165  1760 

22  OCTOBE. 

a   Blr.  Courval.,  aux  fbrg'es,  pour    L'envoi/    d'une    barrique 

de  taffia. 

Monsieur, — Je  vous  envoyé  la  Barrique  de  tatEa  que 
vous  me  demandés.  Je  ne  peux  pas  vous  en  marquer  le 
Contenu,  parceque  je  n'ay  pas  encore  vu  Le  Commis- 
saire des  Vivres,  qui  L'a  Livrée,  je  vous  le  ferai  sçavoir  à 
la  première  occasion,  en  attendant  vous  la  distribuerés 
votre  Gré  aux  ouvriers,  en  tenant  registre  {de  ce)  que 
vous  leur  en  donné,  sans  doute  que  personne  ne  vous 
a  pas  encore  demandé  de  fer,  autrement  vous  m'auriés 
fait  le  plaisir  de  m'en  parler.  Il  ne  seroit  peut  être  pas 
mal  à  propos  de -faire  sçavoir  aux  ouvriers  de  Montréal 
qu'il  y  en  a  à  vendre,  mais  vous  en  ferés  ainsy  que 
vous  le  Jugerés  a  propos. 

J'ay  l'honneur  d'être.  Monsieur,  «&c. 

(Sio-né)  J.  Betjyèiik. 


27  Octobre. 
Répondu  au  Cap'^e  ^q  maska,  de  garder  le  bois  jus- 
qu'aux premières  glaces,  n'étant  pas  possible  de  L'avoir 
à  présent  en  Cajeux,  sans  risqiier  de  Le  perdre,  et  lui 
ai  demandé  La  quantité  qu'il  en  pourra  fournir  :  à  luy 
envoyé  les  permissions  de  Chasse. 

(Signé)  J.  Bruyère. 


27  Octobre. 

Répondu  au  Cap^^^  de  la  Baye,  de  tâcher  de  trouver 
des  œufs,  et  d'envoyer  six  Couples  de  volailles  de  cha- 
que espèce — à  luy  envoyé  six  feuilles  de  papier. 

(Signé)  J.  Bruyère. 


1760  icr, 

Formule  de  permission  jiour  fuire  Commerce. 

Il  est  permis  au  Sr Sous  notre  bon  plaisir,  de  s'al- 
ler Etablir  clans  la  Paroisse  de ,  dans  notre  Gouver- 
nement des  trois  Ivivières,  pour  y  faire  un  Commerce 
tixe.  Si  le  peu  d'encourai-ement,  ou  autres  raisons, 
l'enîraireoient,  à  changer  le  lieu  de  sa  résidence,  il  sera 
tenu  de  vous  en  faire  part  et  d'obtenir  notre  permission 
à  Cet  reflet  :  et  il  est  detîendu  à  qui  que  ce  soit  de  L'in- 
terrompre ou  molester  dans  Le  présent  Etablissement, 
en  tant  qu'il  se  Comportera  Comme  il  le  doit,  et  se  Con- 
formera aux  ordres  qui  peuvent  être  par  nous  donnés, 
suivant  notre  volonté,  pour  le  bon  ordre  et  la  police  de 
Notre  Gouvernement.    Aux  trois  Rivières,  ce 1760. 

1{.   BURTON. 


27  Octobre. 

Aux  yiMTJl'Eii  lies  postes,  depuis  Cette  ville  Jusqu'au  Che- 
ndildii  Xordj  pour  le]>uycmcnt  des  Couriers  roi/aux  a  Eux 
envoyés  pur  Houle. 

Monsieur, — Le  Sr.  Houle  de  Machiche,  est  Chargé  de 
vous  remettre  un  Brevet  comme  maître  de  poste  dans 
votre  paroisse,  il  est  défendu  àiqui  que  ce  soit  d'oser  in- 
tervenir à  votre  occupation,  à  moins  que  vous  ne  les 
nommiés  pour  vous  assister.  Vous  recevrés  aussy  un  es- 
pèce de  liolle  sur  lequel  vous  enrégistrerés  les  Cou- 
riers qui  passent,  en  suivant  les  Colonnes  marquées  ; 
Cela  n'empêchera  pas  que  vous  ne  Gardiés  leurs  uottes, 
et  une  fois  par  mois  vous  L'apporterés  au  Gouverne- 
ment, et  vous  serés  payé  pour  les  Couriers  du  Roy 
bien  attendu  que  vous  vous  ferés  payer  par  les  autres 
à  mesure  qu'ils  Passent. 


167  1760 

J'ay  trouvé,  parmi  les  billets  qui  ont  été  envoyés, 
qu'il  y  avoit  Réellement  quatre  des  Couriers  Royaux,  et 
jay  donné  au  dit  Houle  ce  qui  vous  est  dû  pour  leur 
passage.  Si  c'est  vous  qui  les  avés  menés,  a'ous  garde- 
rez le  tout  ;  Si  non,  vous  payerez  ceux  qui  vous  ont  ai 
dés  et  Dorénavant,  c[uand  un  Courrier  sera  dû,  il  vous 
sera  payé  à  vous,  sauf  à  vous  à  repayer  vos  assistans. 
Je  suis.  Monsieur,  &c. 

(Signé)  J.  Bruyère. 

28  Octobre. 

Idem,   depuis    le    Cap    la   magdeleine   jusquà    Sle.    anne 

Idem  pour  Rocher  au. 

Monsieur, — Le  Sr.  Rocherau,  du  Cap.  Et  le  reste  com- 
me ci-dessus  Excepté,    cj^u'il   y   avoit   six   des    Couriers 

Royaux. 

(Signé)  J.  Bruyère. 


28  OCTOBKE. 

Pae  Son  Excellence  Ralph  Bukton  Ecuyer  Colonel 
d'infanterie  Gouverneur  des  trois  Rivières  et  de  ses  dé- 
pendances. 

Placcart  de  son  Excellence  Monsieur  Le  i^ouvernenr,Pour 
faire  défense  aux  Canadiens  de  vendre  vin  ou  eau-de-vie 
aux  soldats. 

Nous  SOMMES  très  surpris  dd  trouver  dans  cette 
^dlle  des  personnes  d'un  caractère  assez  bas  et  assez 
méprisable,  pour  abuser  de  La  permissions  cpie  nous 
avons  Donnée  à  notre  Marchand  de  vendre  ;  Eau-de-vie 


1760  168 

(»u  autres  Liqueurs  aux  Canadiens  et  habitauK.  Ils  ne 
peuvent  ig-noier  que  nous  avons  defl'endu  en  même 
temps,  qu'il  en  fût  vendu  aux  soldats,  dans  la  Crainte 
des  désordres  qui  pourroient  s'en  suivre.  Malgré  notre 
précaution  et  nos  ordres,  L'appas  sordide  d'une  Chétivo 
récompense  ou  La  blâmable  envie  de  boire  avec  nos 
soldats,  a  séduit  quelques  misérables,  qui  se  sont  Lais- 
sés persuader  d'en  aller  acheter  pour  Eux,  Ce  qui  a  oc- 
casionné des  Désordres.  Nous  avons  même  découvert 
et  l'ait  mettre  un  de  ces  Coupables  à  la  grande  Garde. 

Xoi's  FAISONS  sçavon-  à  tous  Canadiens  ou  habitans, 
que  si  pareille  chose  arrive  à  lavenir,  nous  détiendrons 
très  expressément  à  notre  marchand,  ou  tout  autre,  de 
vendre  aucune  sorte  de  liqueur  à  telle  i^ersonne  que  ce 
soit. 

y.T  QUE  TOUT  CANADIEN,  OU  habitant,  qui  sera  Con- 
vaincu d'avoir,  sous  tel  prétexte  que  ce  soit,  procuré  de 
L'eau-de-vie,  ou  Liqueur,  à  nos  soldats,  sera  puni  avec 
La  même  rigueur  que  le  vendeui.  Comme  Désobéissant 
au  présent  ordre,  que  nous  voulons  qui  soit  lu,  publié, 
et  affiché  aux  Lieux  accoutumés. 

Aux  trois-Tlivières,  ce  28  Octobre  1760. 

(Signé)  R.  BUllTON. 


Forme  Ue  tommissio/i  pour  les  mailres  de  jiostts. 

IvAT.iMI  BuRTON,  Eri(i/cr  Colonel  d'infanterie,  Cûitivrrneur 
des  Trois-Ri vires  et  de  ses  dépendances. 

Le  rien  du  service  et  la  Commodité  du  publique  re- 
quérant qu'une  Communication  facile  et  prompte  soit 
maintenue  dans  les  difl'erens  Lfouvernemens  du  Canada, 


IGO  1760 

Nous  avons  à  Cet  effet  résolu  d'établir  des  postes  de  dis- 
tance en  distance  dans  L'étandue  de  notre  Grouverne- 
ment  des  trois-Rivières,  pour  le  passage  des  Couriers  et 
Voyageurs.  Ayant  api^ris  que  Le  nommé de  la  pa- 
roisse de ,  avoit  déjà  Exercé  cet  office  sous  la  domi- 
nation françoise,  et  qu'il  Etoit  muni  des  chevaux  et  voi- 
tures nécessaires.  Nous  Etablissons  Le  dit en  qualité 

de  Maitre  de  x^oste  de  la  dite  paroisse  de ,  ou  il  sera 

tenu  de  fournir  aux  couriers  et  voyageurs,  munis  de 
nos  ordres  à  Cet  effet,  les  chevaux  ou  voitures  dont  ils 
auront  Besoin  pour  les  mener  en  diligence  au  plus  pro- 
chain Maître  de  poste  par  nous  Etabli  peur  le  même 
effet  Pourra  le  dit ,  En  cas  de  besoin,  se  faire  as- 
sister par  une  ou  deux  personnes  dont  il  déclarera  les 
noms  au  Capitaine  de  milice  de  la  dite  Paroisse,  afin  de 
les  luy  faire  connoitre  comme  assistans,  et  qu'il  Juge  de 
leur  Capacité  et  nous  envoyer  les  noms.  Sera  le  dit 
maître  de  Poste  paie  par  tous  Couriers  et  voyageurs  à 
raison  du  prix  déjà  fixé  par  Son  Excellence  le  G-énéral 
Amherst,  et  deffendons  à  tous  habitans  du  dit  lieu,  ex- 
cepté les  assistans  par  luy  nommés  et  enregistrés  com- 
me tels,  de  mener  qui  que  ce  soit  en  poste,  à  peine  d'a- 
mende arbitraire  et  de  Dédommager  le    dit ,  du  tort 

qui  lui  seroit  fait  en  le  privant  de  la  dite  poste  Etablie 
chez  lui. 

Aux  trois-Rivières,  ce  1760. 

R.  BURTON. 


21 


1760  170 

29  Octobre. 

Aux  Sieurs  DU  NORD  (1),  du  rhennih/u  Xord,  et   MAIL- 
LOU  GOUfN,  de  Sle.  Anne,  et  JOACHIM  GOUIN,  au  su- 
jet des  Courier  s  venant  de  Québec  et  de    Montréal. 

Monsionr. — .le  m'apparçois  quelquesfois  que  plu- 
sieurs personnes  venans  de  québec  et  Montréal,  traver- 
sent le  Gouvernement  sans  être  munies  d'ordres  à  Ce  su- 
jet ;  Comme  vous  estes  sur  les  frontières  de  notre  Goiiver- 
nement  vous  devés  avoir  l'attention  de  leur  demander  à 
voir  leurs  ordres,  et  s'ils  n'en  sont  munis  vous  devés 
pas  ig-norer  les  ordres  précis  de  Mr.  le  général  am- 
herst.  Vous  devés  aussi  empêcher  que  personne  ne 
mené  les  Couriers  ou  Voyageurs,  sinon  ceux  que  vous 
devés  avoir  déjà  nommés  pour  vous  aider,  et  qui  doi- 
vent être  enregistrés.  Le  tout  suivant  les  ordres  que 
vous  avez  reçus,  incérés  dans  votre  Commission  de 
Maître  de  Poste. 

Je  suis.  Monsieur,  votre  serviteur. 

(Signé)  •  J.  Bruykiîe. 


13  Novembre. 
A  TOUS /es  Capitaines  de  milice,  pour  empêcher  qui!  nr  soit 
vendu  aucune  sorte  de  denrées  aux  Passans.  ou    Coureurs 
de  côte. 

Monsieur — Son  Excellence  vous  a  enjoint  par  un  pla- 
cart  du  10  Sept,  dernier,  de  ne  pas  soufl'rir  que  Los  ha- 
bitans  se  défassent  de  leurs  Volailles,  moutons  ou  autres 
denrées,  en  faveur  des  passans.    Vous  devés  être  assuré 

I    Dubord  ? 


171  1760 

que  c'est  eu  conséquence  de  la  Connoissance  que  Mr.  le 
Grouverneur  a  de  la  rareté  de  ces  Choses  dans  Son  Gou- 
vernement, qu'il  TOUS  a  fait  publier  le  dit  placart.  Il  est 
surpris  d'apprendre  que  malgré  des  ordres  aussi  pu- 
bliques, quelques  habitans  s'exposent  à  vendre  à  des 
coureurs  de  Côtes,  Il  m'a  chargé  de  vous  avertir  que 
c'est  contraire  à  ses  intentions  et  aux  ordres  déjà  don- 
nés. Vous  aurés  soin,  s'il  vous  plait,  d'en  rafraîchir  la 
mémoire  aux  habitans,  et  leur  faire  connoitre  qu'aucune 
permission  pour  se  pourvoir  dans  les  côtes,  faite  en  fa- 
veur d'autres  personnes  que  les  habitans  mêmes  de  ce 
Gouvernement,  Doit  être  regardée  comme  nulle,  à  moins 
qu'elle  ne  soit  ratifiée  ici  au  Gouvernement, 

Vous  comprenés  bien  que  cette  defFense  n'a  lieu  que 
pour  les  Etrangers,  et  qu'il  est  permis  de  droit  et  sans 
aucun  écrit  aux  habitans  de  ce  Gouvernement  et  aux 
officiers  et  soldats  qui  y  sont  Cantonnés  de  se  pourvoir 
des  Denrées  qu'ils  y  consomment, 

Vous  lires  la  présente  aux  habitans  de  votre  paroisse, 
le  premier  dimanche  après  sa  réception,  et  Vous  tien- 
drés  exactement  la  main  à  son  Exécution  ;  et  vous  la 
ferés  voir  à  Messieurs  les  officiers  des  troupes,  s'il  y  en 
a  dans  votre  paroisse. 

Je  suis,  Monsieur,  &c. 

(Signé)  J,  Bruyère. 


24  Novembre, 

A  TOUS  les  Capitaines  de  milice,  pour  engager  les  habitans 

à  apporter  leurs  denrées  en  cette  ville. 

Monsieur. — Les  chemins  sont  maintenant  fraïés.  Il  est 
aussi  à  présumer  que  les  troupes  répandues  dans  le  Gou- 


1700  17l' 

v«Tjieiaciit  ont  fait  leurs  provisions  D'hiver.  Les  Bour- 
i^i^ois  de  cette  ville  paroissent  souhaiter  que  leshabitans 
y  apportent  des  denrées.  Il  n'y  a  pas  lieu  de  craindre  (pu" 
les  Conimandans  dos  troupes  dans  les  difFérens  districts 
s'y  opposent.  Mr.  le  Gouverneur  s'est  expliqué  avec  eux 
à  ce  îSujot.  ÏAchés  donc  d'eng"agor  les  habitans  de  votie 
paroisse  à  apporter  en  ville  ce  dont  ils  veulent  so  défaire. 
Il  en  résultera  un  avantaî^e  mutuel  pour  eux  et  pour 
les  boursfeois  de  cette  ville.  Tour  que  la  présente  ait 
un  effet  plus  sûr,  vous  tiendrés  une  main  exacte  au 
dernier  ordre  qui  deffend  aux  habitans  de  se  défaire 
de  leurs  denrées  en  faveur  des  Coureurs  de  Côte.  Ce 
sont  gens  qui  Communément  leur  en  imposent,  et  qui 
font  naitrc  la  disette  dans  des  endroits  où  sans  eux 
file  ne  paroitroit  jamais.  Vous  ferés  connoitrc  à  vt)s 
habitans  que  ce  qui  est  dit  ci-dessus  est  L'intention  de 
S<»>i  l'\'(cll"n'e. 

Je  suis,  Monsieur, 

Votre  très  humble  .serviteur, 
(Signé)  .T.  Bruykre 


l'J   DÉCEMBRE. 

Monsieur —Vous  aurés  soin,  aussitôt  la  présente  re- 
çue, de  faire  avertir  les  nourices  des  enfans  bâtards, 
envoyés  dans  votre  paroisse  par  Mr.  Tonnancour,  de  se 
rendre  au  Gouvernement  des  trois  Rivières,  avant  la 
iin  de  ce  présent  mois,  pour  y  rendre  compte  de  leur 
Charge  ;  et  pour  y  recevoir  la  récompense  ordinaire  des 
soins  qu'elles  en  ont  pris,  et  les  engager  à  les  continuer. 

Je  suis.  "Monsieur,  &c. 
(Signé)  J.  Bruykre. 


173  1760 

28  Décembre. 
Signalement  de  Pierre  Lnhoi.r,  deserleur  des  prisoni^  de 
Montréal. 

Pierre  Lahoix,  coiisig'iié  chez  le  Prt'vot  pour  vol, 
s'est  échapé  l'onzième  de  décembre, 

Voici  le  signalement  du  dit  Pierre  Lahoix. 

Il  est  grand  environ  de  5  pieds,  5  pouces,  le  visage 
basané,  parle  un  peu  d'anglois,  et  se  dit  marinier  appar- 
tenant à  un  vaisseau  de  Gruerre  de  G-aspée,  on  le  sup- 
pose marqué  d'un  fer  chaud  sur  l'épaule  gauche,  pour 
un  Crime  précèdent.  Il  étoit  habillé,  lorsqu'il  a  déser- 
té de  la  prison,  d'un  capot  de  couverte  blanche,  avec 
une  perruque  Brune,  et  n'avoit  pas  de  chapeau. 

Il  est  enjoint  à  toutes  personnes  quelconques  d'arret- 
ter  le  dit  Pierre  Lahoix,  partout  où  il  se  trouvera,  sous 
peine  de  désobéissance. 

Par  ordre  de  son  Excellence  Mons.  le  Gouverneur. 

(Signé)  .T.  Beuyère. 


28  Décembre 

A  TOUS /es  Capitaines  de  m ilire,  j'onr  accovipagner  ie  signa- 
lement ci-dessiis. 

Monsieur. — Vous  aurés  pour  agréable  de  faire  afficher 
le  signalement  ci-inclus  aux  lieux  accoutumés,  après  en 
avoir  fait  lecture.  Si  le  criminel  se  découvre  dans  votre 
district,  vous  le  ferés  arretter  et  mener  sous  main-forte  au 
plus  prochain  officier  Anglois  commendant  les  troupes 
de  sa  majesté. 

J'ay  l'honneur  d'être,  &c. 

(Signé)  J.  Bruyère. 


1761  174 

10  Janvier,  1761 

Signalement  (fun  déserteur  du  48e  Régiment. 

Sip:nalenient  du  nommé  George  Chambers  soldat  du 
48e.  Régiment. 

Le  dit  Chambers,  natif  d'Irlande,  est  âgé  de  31  ans, 
a  5  pieds  6  pouces  de  haut,  mesure  de  france,  les  che- 
veux noirs,  le  teint  brun,  la  taille  déliée  et  le  visage 
pâle.  Il  portoit  l'uniforme  du  dit  48e  llegt.,  lorsqu'il 
quitta  son  Cantonnement  vers  la  lin  du  mois  de  décem- 
bre dernier. 

Il  est  enjoint  à  toutes  personnes  d'arrêter  le  dit 
Chambers,  partout  où  il  se  trouvera,  et  de  le  faire  me- 
ner, sous  main-forte,  au  plus  prochain  Cantonnement 
anglois,  et  là  le  remettre  à  l'officier  Commandant.  Il  est 
deifendu,  sous  peine  de  désobéissance  de  lui  donner  le 
Couvert,  ou  de  le  favoriser  et  cacher  dans  sa  fuite.  Ce- 
lui ou  ceux  qui  l'arrêteront  et  le  remettront  sûrement 
es  mains  d'un  officier  anglois,  recevront  huit  Piastres  en 
outre  de  la  récompense  accordée  en  pareil  cas  par  acte 
du  Parlement  d'Angleterre. 

Fait  aux  3  Rivières,  le  10  Janvier  17G1. 

Par  ordre  de  Son  Excellence. 

(Signé)  J.  BiiuviLiiE. 


17  Janvier. 

Ordre   à  tous  les  Capitaines  de  Milice  pour  la  recherche 
des  grains. 

Monsieur. — Il  vous  est  enjoint  de  par  Son  Excellence 
Mr.  Le  Gouverneur,  de  faire  la  recherche  delà  quantité 


175  1761 

actuelle  de  grains  chez  les  différeiis  habitaiis  de  votre 
paroisse,  et  de  m'en  envoler  un  état  exact  au  Gouverne- 
ment avant  le  commencement  du  mois  prochain.  Vous 
distinguerés  les  différentes  espèces  de  grains. 

J'ai  ordre  de  vous  dire  que  cette  recherche  n'a  pas 
pour  but  de  priver  les  habitans  de  leur  propriété,  ny 
de  les  forcer  à  s'en  défaire.  S'il  s'en  trouve  quelques- 
uns  qui  par  cette  crainte  mal  fondée  et  par  autres  rai- 
sons fassent  un  faux  rapport  de  ce  qu'ils  ont,  leur  four- 
berie sera  punie  à  la  dernière  rigueur. 

Commencés  de  bonheure,  et  faites-vous  aider  par 
les  officiers  de  votre  compagnie,  en  leur  donnant  à  cha- 
cun un  district,  ou  partie  de  la  paroisse,  où  ils  seront  te- 
nus de  faire  la  dite  recherche. 

Je  suis,  Monsieur,  &c. 

(Signé)  J.  Bruyèke. 

S  Rivières,  ce  17  Janvier,  1761. 


13  Février. 

Signalement  et  lettres  circulaires  ainsi  que  dessus  en- 
volées aux  Capitaines  de  Milice,  pour  le  nommé  ^Iatb.I'E'U, 
soldat  déserteur  de  la  Compagnie  de  Mr.  le  Chevalier  Co(J- 
BORX,  au  48e.  Re'j:t.,  le  13  février  1761. 


19  FÉVRIER. 

Ordre  à  Mr.  Laframboise,  pour  faire  assembler  les  gentils- 
hommes de  la  ville,  pour  répetter  à  G-EORGE  Ille,  le  ser- 
ment de  fidélité  prêté  à  GrEORGE  SecoNJ). 

Il  vous  est  ordonné  de  la  part  de  Mr.  le  Colonel  Bur- 
ton,  Grouverneur  des  trois  Ki^-ières,  de  faire  avertir 
Messieurs  les   Gentilshommes  et  autres   personnes  ha- 


1761  ITH 

hitaiis  ci'tte  ville  dos  trois  liivii'n-s,  non  incorporôes 
clans  le  lîoUo  do  vos  milices,  de  se  rendre  au  (îouverne- 
ment  dimanche  prochain  à  dix  heures  du  matin,  pour  y 
répetter  au  Koy  (ieorge  Troisième,  \c  serment  de  fidélité 
et  de  soumission  (jui  avoit  été  prêté  au  feu  Koy  ('forgr- 
SicD/iiI.  Donné  au  (louvi-rnement.  le  !!•  lévrier  17G1. 

(Si«,nié,)  .T.  BuuYÈRE. 


19  Fevriek. 
Ordre  circulaire  «wx  Capitaines  de  Milices,  j/our  répet- 
ter au  Roy  George  3e.,  le  serment  de  fidélité  qui   avoit 
été  prêté  à  Geoïice  Second. 

Monsieur. — Son  Excellence   a  donné   ordre  à  un   des 

ofliciers  de  Sa  Majesté  de  se  transporter  à ,  pour  y 

faire  répette'r  au  Koy  George  Troisième,  le  serment  de  fi- 
délité qui  avoit  été  prêté  au  feu  Koy  George  Second. 
Vous  aurés  soin  de  faire  avertir  par  les  serc-ens  de  votre 
C'ompag-nie,  tous  les  habitans  de  votre  paroisse,  de  telle 

qualité  qu'ils  soient,  de  s'assembler  chez  vous,  le 

pour  y  prêter  le  dit  serment. 

Je  suis,  Mons.  &c. 

(Siî^né;  .T.  Bruvkre. 

^  Kiviéres,  ce  11»  février  17C1. 


Proclam.\tion  du  Koy  GEOKGES  TOISIÈMi:. 
De  par  Son  Excellence  Kalph  Burton,  Ecuyer, 
Colonel  if  Infanterie,    Gouverneur  des  Trois  Rivières,  ^-c 

Comme  il  a  plu  a  Dieu  d'appeller  au  trône  de   sa  mi- 
séricorde notre  Souverain  SciLrncur  .1  Koy  feu  George 


177  1761 

Second,  d'heureuse  et  glorieuse  mémoire,  et  que  x^ar  son 
décès  la  Couronne  Impériale  des  Royaumes  de  la 
Grande  Bretagne,  de  France  et  d'Irlande,  ainsi  que  la  do- 
mination suprême  et  le  droit  de  souveraineté  sur  le 
pays  du  Canada  et  toutes  ses  dépendances,  de  même 
que  sur  toutes  les  autres  possessions  de  sa  feue  Majesté 
en  Amérique,  sont  uniquement  et  légitimement  dévolus 
à  Très-Haut  et  Très-Puissant  Prince  Geoege,  Prince 
DE  Galles. 

En  conséquence,  Nous  Ralph  Burton,  Gouverneur 
des  trois-Rivières,  accompagné  des  officiers  des  troupes 
de  Sa  Majesté  en  garnison  en  cette  ville,  et  d'un  nombre 
considérable  des  principaux  bourgeois  et  marchands  de 
cette  dite  ville,  publions  et  proclamons,  d'une  voix 
unanime  et  qui  porte  l'expression  sincère  de  nos  cœurs, — 
Que  le  Haut  et  très  puissant  Prince  George,  Prince  de 
Galles,  est  actuellement,  par  la  mort  de  notre  feu  sou- 
verain d'heureuse  et  glorieuse  mémoire.  Notre  seul  et  Lé- 
gitime Seigneur  et  Roy  George  Troisième  par  la  grâce 
de  Dieu,  Roy  de  la  Grande  Bretagne,  de  France  et  d'Ir- 
lande, deffenseur  de  la  Foy,  seigneur  Suprême  du  dit 
pays  de  Canada  et  de  toutes  les  terres  qui  en  dépen- 
dent, ainsi  que  de  tous  les  autres  territoires  et  Domaines 
de  sa  feue  Majesté  en  Amérique.  Et  nous  luy  vouons 
et  promettons  une  fidélité  entière  et  une  obéissance 
constante,  accompagné  du  plus  humbles  et  du  plus  sin- 
cère attachement  :  Priant  Dieu  par  qui  les  Rois  et  les 
Reines  régnent  sur  la  terre,  de  répendre  ses  bénédic- 
tions sur  sa  Majesté  le  Roy  George  Troisième,  et  de  luy 
accorder  de  régner  sur  nous  et  sur  tous  ses  peuples  pen- 
dant un  long  cours  d'heureuses  et  glorieuses  années. 

(Signé)  R.  BURTON. 


1761  178  "•« 

30  Mars. 

Placcart  de  Sun  Excellence  jiuur  faire  payer  au  Roi  les 
droits  de  (juinf,  de  lods  et  ventes,  tCéchan<^e  de  fief,  et  en 
roture. 

Kalpii  liURTux,  Ecni/er,  Colonel  d'Infanterie,  Gouver- 
neur de  lu  ville  et  Gouvernement  des  trois  Rivières. 

Etant  inl'oniu'  que  plusieurs  particuliers  et  habitans 
de  la  ville  et  Gouvernement  des  trois  Rivières  ont  ache- 
té des  fiefs  et  Seigneuries,  et  fait  Divers  Echanges,  sans 
payer  au  Roy  les  droits  de  quint  et  de  lots  et  ventes» 
dont  ils  sont  tenus. 

Not;.s  ukdun.no.ns  à  toutes  personnes  et  habitans  de 
cette  dite  ville  et  gouvernement  d'exhiber  devant  nous 
dans  20  jours  de  datte  du  présent,  les  contracts  d'acquisi- 
tion et  d'Echange  qu'ils  pourroient  avoir  fait,  et  de 
payer  les  droits  de  quints  et  de  lots  et  ventes  qu'ils  doi- 
vent au  Koy,  à  peine  d'y  être  contraints  par  Saisie  et 
confiscation  de  leurs  biens. 

Nous  ORDONNONS  à  tous  les  notaires  du  dit  Gouverne- 
ment de  donner  par  extrait  copie  des  Contracts  de  vente 
ou  d'Echange  de  fief,  ainsi  que  des  Echanges  en  roture 
qu'ils  peuvent  avoir  pas.sé    depuis  leur  réception. 

Fait  aux  3  Rivières,  le  30  Mars  1761, 

(Signé,)  R.  BURTON. 

Par  Son  Excellence. 

J.  liBUYERE. 


179  1T61 

30  Maes. 

Lettre  à  tous  les  Capitaines  de  Milice,  pour  accompagner 
le  Placcart  ci-dessus. 

Monsieur. — Vous  trouvères  ci-inclus,  un  Placcart  ten- 
dant à  affermir  et  mettre  en  valeur  les  droits  de  Sa  Ma- 
jesté dans  l'étendue  de  ce  Gouvernement.  Yous  le  fe- 
rés  publier  en  la  manière  accoutumée,  et  il  vous  est  en- 
joint de  veiller  dans  l'étendue  de  votre  paroisse  à  ce 
qu'il  ne  se  passe  aucun  contract  de  A^ente  ou  Echange, 
sans  en  donner  avis  au  Gouvernement,  au  cas  que  les 
habitans  négligent  de  le  faire. 

J'ai  l'honeur,  &c., 

(Signé,)  J.  Bruyère. 

3  Eivières,  ce  30  Mars  1T61. 


26  Avril. 

De  par  Son  Excellence  Ralph  Burton,  Ecujjer,  Co- 
lonel en  pied  d'un  Regt.  d'infanterie,  Gouverneur  des  trois 
Rivières,  Sçc,  Sçc. 

Le  retottr  du  doux  temps  rend  le  grand  nombre  de 
feux  moins  nécessaires,  et  les  incendies  conséquemment 
moins  à  craindre  ;  Son  Excellence  juge  à  propos  d'épar- 
gner aux  habitans  de  cette  ville  pendant  le  cours  de  la 
belle  Saison  les  dépenses  du  Bamoneur,  dont  son  atten- 
tion à  la  sûreté  publique  les  avoit  pourvu. 

Il  est  donc  enjoint  à  tous  les  bourgeois  et  habitans  de 
cette  ville  de  faire  Ramoner  par  eux-mêmes  leurs  che- 
minées jusqu'à  nouvel  ordre. 


1761  180 

Si  la  NixiLUiENCE,  oulamalice  de  certains  particuliors 
cause  quoique  incendie,  ils  seront  punis  aux  termes  du 
riaccart  de  Son  Excellence  en  date  du  15  8'*''-'  dernier, 
par  amande  pécuniaire,  ou  punition  corporelle,  suivant 
la  nature  de  leur  faute. 

Donné  aux  trois  Rivières,  le  -0  Avril  1701. 
Par  ordre  de  Son  Excellence, 

(Si^né,)  .T.  Bruyère. 


28  AvKii,. 

Pliccart  de  son  Excellence,  qui  fixe  le  prix  du  jjassa<2,e  des 
chevaux. 

De  Par  Son  Excellence  Ralph  Burton  Ecr.,  Colonel 
(C un  Régiment,  Sçc.,Sçc. 

Ayant  jugé  nécessaire,  pour  la  commodité  du  public, 
d'établir  un  Bacq  et  de  fixer  un  Passage  à  Fond  de 
Veaux  sur  la  Rivière  St.  Maurice. 

Nous  enjoignons  à  tous  ceux  qui  q\\  feront  usage, 
sous  peine  de  désobéissance,  de  payer  le  dit  passage 
suivant  le  tarif  ci-dossous,  sçavoir  : 

Argent  de  France. 
L.  S.  D. 

Pour  chaque  personne 3  0 

Chaque  soldat  marchant  par  ordre 1   H 

In  cheval  et  son  cavalier 4  0 

Une  voiture  à  un  seul  cheval »)  0 

Idem         à  deux  chevaux 8  0 

Chaque  bête  à   corne,   ou    2   moutons 1  6 


181  1761 

On  suivra  le  tarif  ci-dessas  pour  tous  les   autres    pas- 
sagers dans  l'étendue  de  ce  gouvernement. 

(Signé)  R.  BURTOX. 

Par  Son  Excellence. 

J.  Bruyère. 


17  May. 


Placcart  de  son  Excellence  portant  deffense  à  toutes  person- 
nes non  qualifiées  de  passer  aucun  acte  de  Notaire. 
De  Par  Son  Excellence  Ealph  Burton,  Ecuyer,  Sfc, 

S,'C. 

Les  Changemens  faits  dans  la  forme  d'administrer  la 
Justice,  en  établissant  les  Capitaines  de  milice  pour 
Juges,  n'ont  eu  pour  but  que  la  Commodité  et  le  Soula- 
gemens  du  public,  cela  ne  regarde  que  la  décision  des 
procès  que  des  prétentions  mal  assurées,  ou  mal  fon- 
dées pouvoient  faire  naître  entre  les  habitans  de  ce 
pays,  on  a  tâché  d'en  accélérer  la  fin,  et  de  retrancher 
les  frais  immenses  qui  les  accompagnoient. 

Les  ACTES  qui  assurent  les  biens  et  les  prétentions  des 
particuliers,  tels  que  contrats,  donnations,  ventes,  clô- 
tures d'Inventaires,  &c.,  sont  assujétis  à  une  formule 
qui  doit  être  suivie.  Si  on  la  néglige,  on  se  prépare  des 
disputes  et  des  procès. 

Il  Y  A  des  gens  avoués  par  le  Gouvernement  connus 
sous  le  nom  de  Notaires  dont  le  devoir  et  l'étude  sont 
en  s'assurant  des  intentions  des  parties  contractantes, 
de  les  revêtir  de  la  forme  ordonnée  par  les  loix.  ils  y 
sont  obligés  par  serment. 


1761  182 

Nous  AVONS  appris  que  plusieurs  personnes  non  qua- 
lifiées se  meloient  de  passer  des  actes,  sans  les  soup- 
çonner de  mauvaise  foi,  il  est  à  craindre  que  leur  igno- 
rance no  donne  niatierre  ù  des  procôs,  à  des  disputes, 
et,  pour  y  obvier,  nous  deffendons  à  toutes  personnes 
quelconques,  dans  l'étendue  de  ce  Gouvernement,  de 
s'iu'jrérer  ù  dresser  les  actes  qui  ont  coutume  d'être  passés 
devant  les  notaires  publics,  sous  peine  d'amende  envers 
les  dits  notaires,  ou  même  de  punition  plus  sévères  si  le 
cas  le  méritoit,  ainsi  qu'il  nous  plaira  en  ordonner. 

Exceptons  néantmoins  les  contrats  de  mariages  qui 
peuvent,  ainsi  que  ci-devant,  se  passer  devant  les  curés 
en  les  faisant  insinuer  au  Grefle  des  Trois-Tlivières,  dans 
l'espace  de  deux  mois  de  leurs  dattes 

Fait  et  Donné  aux  Trois  Rivières,  le  17  Mars  1701. 

(Signé.)  R.  BURTON. 

Et  plus  bas  Par  Sou  Excellence, 

(îSigné,)  .T.  Bruyeke. 

17  May. 

A  tous /es  capitaines  de  Milice  pour  accompas^ner  le  placart 
cidessus,  et  pour  faire  raccommoder  les  ponts  et  chemins. 

Monsieur. —  Je  vous  envoie  ci-joint  un  Placcart  de 
Son  Exellence,  Il  vous  est  enjoint  de  le  faire  publier 
en  la  manière  ordinaire,  de  l'afiicher  aux  lieux  accou- 
tumés et  de  tenir  la  main  à  son  exécution. 

Il  TOUS  est  pareillement  enjoint  de  faire  raccommoder 
les  ponts  et   les  chemins  qui  sont  dans   votre   district. 


183  1761 

C'est  une  chose  absolument  nécessaire  tant  pour  la 
commodité  du  public,  que  pour  l'utilité  des  couriers  et 
voyageurs. 

J'ai  l'honneur  d'être,  &c., 

(Signé,)  J".  Bruyère. 


31  May. 
Placcart  de  son  Excellence  qui  ordonne  à  toutes  personnes 
de  déclarer  aux  Capitaines  des  Milices  les  noms  de  tous  les 
Anglois,  nés  sujets  de  Sa  Majesté  Britannique,  soit 
prisonniers  ou  déserteurs  et  pour  la  garde  des  ani- 
maux. 

De  par  Son  Excellence  Ralph  Burton,  Ecuyer,  Colonel 
d'un  Régiment  d'Infanterie,  Gouverneur  de  la  ville  et 
Gouvernement  des  3  Rivières. 

Il  est  joint  à  toutes  personnes,  de  tel  rang  ou  condi- 
tion qu'elles  soient,  prêtres  ou  autres,  de  déclarer,  dans 
la  quinzaine  de  la  publication  du  présent  placart,  le 
nom,  l'âge  et  le  sexe  des  enfans  et  domestiques  anglois 
qui  demeurent  avec  eux,  soit  qu'ils  les  ayent  reçu  en 
présent,  soit  qu'ils  les  ayent  achettés  des  sauvages. 
Nous  ORDONNONS  aux  dites  personnes  d'en  faire  leur  dé- 
claration, dans  le  terme  cy-dessus,  aux  Capitaines 
des  Milices  de  la  paroisse  où  elles  sont  habituées  de 
les  leur  faire  enregistrer  en  y  ajoutant  s'ils  le  sça- 
vent,  le  nom  de  l'endroit  et  l'année  où  les  dits  enfants 
et  domestiques  ont  été  pris  par  les  François,  ou  Sauva- 
ges. Le  tout,  à  peine  de  400  Ibs.  d'amende  et  6  mois  de 
prison  contre  quiconque  négligera  d'obéir  aux  ordres 
contenus  en  ce  présent  placart. 


ITtU  1H4 

ToL'TES  LES  TEUUEs  soiit  uiuiiilt'naiit  ensemencées  ;  en 
conséquence.  Nous  deffendons  à  tous  les  habitans,  ou 
autres  de  donner  l'abandon  à  leurs  animaux  et  bestiaux, 
depuis  la  présente  publication  jusqu'à  la  ,St.  Michel  pro- 
chaine, sous  peines  des  amendes  ordinaires. 

Donné  aux  Trois-Kivières.  h»  .11  Muj  17(!1. 

(.Signé,)  J:.   lU'KTOX. 

Et  plus  bas.  P/ir  Son  Exrrlh  nrr. 

(Signé,)  J.  Bruyère. 


31  May. 

Lettre  à  tous  les  Caj/ifaines  de  Milice,  en  conséquence  du 

Placart  cy-dessus. 
Monsieur, 

Vous  avés  déjà  re(,'-u  le  '1\  Octobre  17G0,  ordre  d'en- 
voyer au  gouvernement  le  nom  de  tous  les  Anglois  nés 
sujets  de  S.  M.  B.  retirés  dans  votre  paroisse.  Vous  vous 
êtes  conformé  au  dit  ordre,  eu  envoiant  les  noms  des 
AuLflois  établis  et  autres  qui  étoient  à  votre  connoissan- 
ce,  M.  le  gouverneur  a  appris  qu'il  y  avoit  en  outre  plu- 
sieurs enfants  et  domestiques  qui  navoient  pas  été  dé- 
clarés. A  cet  effet,  il  fait  publier  le  placart  cy-inclus, 
que  vous  ferés  afficher  en  la  manière  accoutumée,  pour 
obliger  tous  les  habitans  de  vous  faire  des  déclarations 
exactes  dans  la  quinzaine. 

Vous  aurés  donc  pour  agréable  d'envoyer  de  rechef 
un  nouveau  rolle  au  gouvernement,  pareil  au  premier 
avec  les  augmentations  qui  vous  parviendront,  vous  en- 
verrés  le  dit  Rolle  dans  tfois  semaines  aprùs  la  publica- 


à 


185  1761 

tion  du  dit  placart.  Ton  s  enjoiiidrés  aux  personnes  qui 
vous  feront  leurs  déclarations  de  se  rendre  responsables 
des  enfans  ou  domestiques  demeurant  avec  eux,  et 
vous  les  avei tirés  de  se  tenir  prêts  à  les  représenter  au 
premier  ordre  à  cet  efïet  de  la  part  de  Son  Excellence. 
Vous  avertirés  i:)areillement  les  Anglois  qui  sont  établis 
pour  leur  comte  dans  votre  paroisse,  de  se  tenir  aussi 
prêts  à  recevoir  et  excuter  les  dits  ordres. 

Aux  Capitaines  des  milices  de  la  F  ointe  du  Lac,  Bécanronr 
et  St.  François  seulement. 

Si  vous  avés  connoissance  de  quelques  Anglois  habi- 
tué avec   les  sauvages  de  ,   il   vous   est    enjoint 

d'en  faire  votre  rapport  sur  un  papier  séparé. 

Les  derniers  ordres  que  vous  avés  reçus  au  sujet  des 
ponts,  regardent  aussi  les  chemins,  que  vous  aurés  soin 
de  faire  aussi  racommoder. 

Vous  exécuterés  ponctuellement  le  contenu  en  cette 
lettre,  sous  peine  de  désobéissance. 

J'ai  l'honneur  d'être.  Monsieur,  &:c., 

(Signé)  J.  Beuyère. 

Ce  31  May  1761. 


31  May 

Aux  Missionnaires  de  St.  François  et  Bécancour,au  sujet 
des  Anglois  prisonniers  ou  déserteurs,  qui  sont  avec  les 
sauvages. 

Monsieur^ 

Son  Excellence  me  charge  de  vous   dire    qu'il   vous 

enjoint  de  donner  ordre  de   sa  part   aux  Sauvages   de 

22 


17G1  186 

votn»  mission  de  liver,  dans  l'ospaco  de  trois  Bemainos 
de  la  présente,  sous  peine  de  désobéissance  et  de  jnini- 
tions,  tous  les  Ani^lois  nés  sujets  do  S.  M.  B.,  déserteurs 
ou  prisonniers,  qui  vivent  actuellement  parmi  eux, 
soit  qu'ils  les  ayent  adoptés  ou  uon.  Vous  leur  donne- 
rés  ordre  d'amener  les  dits  Ani^lois  au  gouvernement 
des  Trois  Rivières,  et  d'en  faire  leur  déclaration  au  Se- 
crétariat, où  vous  les  enverrés  avec  une  liste  de  votre 
main  contenant  le  nom  des  dits  déserteurs  ou  prison- 
niers, avec  celui  de  l'année  et  de  l'endroit  où  ils  ont 
été  pris,  ou  ont  déserté. 

J'ai  l'honneur  d'être,  Monsieur, 

(Signé)  J.  Bruyère. 

Ce  31  May  17G1. 


10  Juin. 


Aux  Capitaixe.s  de  Milice  de  Maskinotigé,  Mnrhirhe, 
Trois-Rivière.f,  Cap  de  la  Mngdeleine,  Bntiscant,  Ste. 
Anne,  Nirolelle,  St.  François  et  YanwKka. 

Monsieur, 

Il  vous  est  enjoint  d<'  la  part  de  Son  Excellence  de 
commender  à  quatre  miliciens  de  votre  compagnie,  bons 
canoteurs,  de  se  tenir  prêts  à  s'embarquer  dans  le  bat- 
teau  de  Roy  qui  doit  porter  le  bagage  des  troupes  de  S. 
M.,  cantonnés  dans  votre  paroisse.  Vous  donnerés  leurs 
noms  à  l'oflicior  commandant  les  troupes,  qui  les  averti- 
ra du  jour  du  départ.  Ils  doivent  aller  jusqu'à  Cham- 
bli  et  de  là  revenir   aussitôt   aux   Trois  Rivières,   avec 


187  1761 

les  batteaiix  qui  leur  seront  confiés.  Ayés  soin  que  vo- 
tre monde  soit  averti  à  temps  et  aussitôt  la  présente 
reçue. 

J'ay  l'honneur,  &c, 

(Signé)  J.   Bruyère. 

Trois  Rivières,  ce  16  Juin  1761. 


20  Juin. 

Ordre  à  tous  les  Capitaines  de  Milice,  pour  faire  rendre  les 
armes  à  ceux  à  qui  son  Excellence  avait  permis  de  s'en 
servir  pour  la  chasse. 

Monsieur, 

II  vous  est  enjoint,  de  la  part  de  son  Excellence,  de  faire 
rendre  les  armes  à  ceux  de  votre  paroisse  à  qui  elle 
avoit  permis  de  s'en  servir,  et  de  reprendre  aussi  les 
permissions.  Vous  enverrés  les  dites  armes  au  Gouver- 
nement dans  le  courant  de  la  semaine  prochaine.  Los 
officiers  de  milice  peuvent  garder  les  leurs. 

Aussitôt  que  les  troupes  qui  montent  du  Gouverne- 
ment de  Québec  seront  passées,  vous  recueillerés  les 
Billets  que  les  officiers  auront  laissé  dans  votre  parois- 
se pour  les  voitures  et  le  j^assag-e  des  rivières  et  vous 
me  les  enverrés  aussitôt,  pour  que  j'en  fasse  un  état 
qui  sera  envoie  au  général  et  que  son  Excellence  vous 
fera  payer. 

Il  n'y  aura  que  les  billets  des  officiers  angiois  qui  se- 
ront reçus. 

J  ai  l'honneur  d'être,  Monsieur, 

(Signé)  J.  Bruyère. 

Le  20  Juin  1761. 


1761  188 

N.  lî.  J't'iitens  par  les  billets  do  voiturage  et  de  pas- 
sai^e  ceux  des  3  rôgimens  qui  ont  drja  passés  et  des  3 
autres  qui  passeront.  Je  n'entends  par  parler  des  voi- 
tures, ou  corvées  faites  pendant  le  Quartier  d'hivert. 


-•j  Juin. 

Ordre  aux  Cupituines  de  milice  cTenuot/er  au   Gouverneur 
les  sujets  de  S.  M.  B.,  /frisn/niiers  ou  déseiteu^s. 

Monsieur 

Il  vous  est   enjoint    de    la    part    do    tSon    Excellence. 

d'ordonner  aux  nommés ,  habitués   dans 

votre  paroisse  de  se  rendre  avec  leurs  familles  et  leur 
butin  ici  au  gouvernement  des  Trois  Rivières  le  Lundi, 
six  du  mois  de  Juillet  prochain,  pour  y  recevoir  les  or- 
dres de  Son  Excellence. 

J'ai  l'honneur,  &c.,  &c. 

(Signé)  J.  Bruyère. 

Le  23  Juin  1761. 


25  Juin. 


Au  Sieur  Ls.  Gouin,  Capitaine  de  milice  de  Ste.Annr,  au 
sujet  d'un  soldat  déserteur. 

Monsieur, 

Le  nommé  Thomas  Knce,  soldat  de  la  compagnie  du 
Chevalier  CocBORN,  qui  a  passé  l'hivert  dans  votre  pa- 
roisse, s'est  absenté  depuis  deux  jours  de  sa  compagnie. 
On  a  assuré  Son  Excellence  qu'il  étoit  rétourné  dans  votre 


189  1761 

paroisse  où  il  a  quelque  attachement.  11  vous  est  en- 
joint très  exi:)ressement  d'en  faire  une  exacte  recherche 
et  de  le  renvoyer  ici  sous  main-forte.  J'ai  ordre  de 
vous  avertir  que  si  par  hazard  il  échappoit  à  votre  vi- 
gilence  et  qu'il  vint  à  être  reconnu  dans  votre  parois- 
se, sous  quelque  temps,  vous  serés  personnellement 
blâmé.   Ainsi,  faites  toutes  vos  diligences. 

C'est  un  garçon  de  5  pieds  1  pouce  ou  2,  âgé  de  24 
ans,  assôs  bien  fait,  le  teint  frais,  le  né  gros  et  les  che- 
veux d'un  brun  clair. 

J'ai  l'honneur  d'être,  Monsieur,  &c. 

(Signé)  J.  Bruyère. 

Le  25  Juin  1761. 

Son  Excellence  m'ordonne  de  vous  repetter  ses  or- 
dres au  sujet  de  la  reddition  des  fusils  et  des  permis- 
sions de  chasses  dans  votre  paroisse.  Faites  aussi,  aver- 
tir le  Capitaine  Loranger. 


Même  lettre  que  cy-dessus  a  été  écrite  au  Sr.  Mar- 
chand, Capitaine  des  milices  de  Batiscant,  au  sujet  du 
nommé  McKann,  soldat  de  la  compagnie  de  Christie, 
garçon  de  5  pieds  3  ou  4  pouces,  d'environ  35  ans,  le 
teint  brun  et  la  taille  menue. 


30  Juin. 
Ordre  ù  tous  les  Capitaines  de  milice  d'envoier  du  bois   et 
de  la  Faillç  pour  les  troupes,  et  pour  ordonner  aux   habi- 
tans  d'apporter  leurs  denrées  au  marché. 

Monsieur, 

Son  Excellence  a  jugé  à  propos,  pour  le  soulagement 
des  habitans,  de  faire  camper  la  plus  grande  partie   des 


iTf.i  i:to 

troupt^s  do  ce  Gouvornemoit  dans  la  commune  des 
trois  Rivières.  Il  est  juste  que  les  dillerentes  parois- 
ses leur  fournissent  du  bois  et  de  la  paille.  Il  vous  est 
donc  enjoint  de  faire  aussitôt  la  présente  reçue  cou- 
per   cordes  de  bois,    d'en    faire    un  cajeux    et   de 

l'envoyer  aux  Trois  Rivières,  et  le  faire  mettre  en  pile 
le  lonç  do  la  grève  auprès  du  moulin.  Vous  fcrés  aussi 
fournir bottes  de  paille. 

Il  vous  est  ausiii  enjoint  d'(.)ni(jiinvr  aux  iKiiuians 
de  votre  paroisse  d'apporter  de  tems  on  tems  en  cette 
ville  le  plus  de  rafraichissemens  qu'ils  pourront,  tels 
que  veaux,  mouton.*?,  poissons,  beurre,  œufs  et  autres 
denrées,  pour  l'usa  ire  des  troupes  et  autres  personnes  ; 
et  pour  leur  en  assurer  le  payement  et  le  débit,  il  a  plu 
à  Son  Excellence  d'assigner  le  bord  de  l'eau,  vis-à-vis 
fatu-ienne  porte,  pour  Place  de  marcher,  vous-  ordonnant 
d'avertir  vos  paroissiens  que  les  heures  du  dit  marcher 
seront  depuis  sept  jusqu'à  neuf  heures  du  matin  pen- 
dant lequL'l  ttMns  il  y  aura  un  officier  ou  serjeant  pré- 
sent, pour  empêcher  que  les  Soldats  ou  Bourgeois  ne 
s'emparrent  des  dites  denrées  sans  payer. 

Pour  plus  grande  sûreté,  il  scroit  à  propos  que  vos 
paroissiens  à  leur  arrivée  fassent  un  rapport  des  den- 
rée qu'ils  apportent  au  major. 

cordes  de  bois,  bottes  de  paille. 

Il  a  été  demandé  à  Yamaska..  20  100 

A  la  Bave  St.  Antoine 0  lôO 

A  Nicoh'tte 24  0 

A    Maskinongé 0  200 

liivière  du    Loup 20  0 

Machiche  20  0 

Peinte  du  Lac L'3  0 

91)  Î.'.O 


191  1761 

4  Juillet. 

A  TOUS  les  Capitaines  de  Milice,  pour  leur  envoyer  des  per- 
mis de  Chasse. 

Monsieur, 

Il  plait  à  Son  Excellence,  pour  le  soulagement  des 
habitaus  de  son  Gronvernement,  d'accorder  à  chaque  pa- 
roisse un  nombre  fixe  de  fusils  pour  la  Chasse.  Son  in- 
tention est  qu'ils  soient  confiés  aux  plus  pauvres  et  aux 
plus  nécessiteux.  Les  permissions  seront  numérotées 
et  ne  feront  mention  d'aucun  autre  nom  que  celui  de 
la  paroisse,  Son  Excellence  voulant  que  les  dits  fusils 
et  permission  se  prêtent  mutuellement  et  charitable- 
ment de  l'un  à  l'autre  entre  les  habitans  d'une  même 
paroisse.  Il  vous  est  ordonné  de  tenir  la  main  que 
les  dits  fusils  et  les  permissions  se  prêtent  sans  partia- 
lité et  qu'ils  passent  tour  à  tour  entre  les  mains  de 
tous  ceux  qui  sont  en  état  de  s'en  servir,  observant 
néantmoins  de  les  laisser  plus  longtemps  par  preferance 
aux  plus  pauvres.  Monsieur  le  Gouverneur  en  accorde 

à  votre  paroisse,  en  outre,  un   pour   le   Seigneur 

et  un  pour  le  Curé  ;  Tous  trouvères  cy-inclus  les  permis 
numérotés,  et  un  ordre  pour  qu'on  vous  délivre  en  con- 
séquence  fusils  ici  au  gouvernement,  que  vousremet- 

trés  à  la  personne  que  vous  enverrés  pour  chercher  les 
dits  fusils. 

Avertisses    vos   parois.siens    qu'il  sera   inutile   d'em- 
ployer aucune  personne  pour  obtenir  un   seul   fusil   de 
plus  dans  votre  paroisse.    Son  Excellence   étant   résolu 
'  de  n'en  pas  accorder  davantage  sous  tel   prétexte   que 
ce  soit. 


Les  ollkiers  do  milice  et  serifens  contiiiuont  de  gar- 
der les  leurs,  sans  aiiir.»  ]i''niiissiôn  «pi''  !'•  ]>rivil«''ge  de 
leurs  commissions. 

J'ai    riionneur  d'être,  Monsieur.  &c. 

(Signé)  .T.  BuuYKRK. 

Le  4  Juillet  ITGl. 


20  Juillet. 

ORDRE  à  tons  les  Capitaines  de  milice  (Tenvoier  les  habitans 

bûcher  aux  forges. 
Monsieur, 

11  vous  est  enjoint  de  la  part  de   Son   Excellence   de 

faire  commander,  aussitôt  la  présente  reçue,  habi- 

tans  de  votre  paraisse,  pour  bûcher  chacun  15  cordes 
de  bois  aux  Forges  St.  Maurice.  Vous  leur  ordonuerés 
d'apporter  avec  eux  leurs  haches  et  des  vivres  pour  le 
temps  qu'ils  mettront  à  bûcher  leur  bois.  Vous  les  en- 
verrés  en  droiture  à  Mr.  Courval,  aux  Forges,  de  qui  ils 
recevront  les  ordres.  Ce  travail  presse,  donnés  vos  or- 
dres incessamment  et  avertissés-les  qu'ils  seront  payés. 
J'ai  l'honneur,  &<•. 

(Signé)  .].  BRUYhiRE 

Le  20  Juillet  17G1 
Aux  Capitaines  de  milice  de  la  Côte  du  Nord. 

P.  S. — J'ai  ordre  de  vous  avertir  que  le  payement  des 
Billets  pour  les  voitures  et  passages  des  rivières  des 
Kégts.  qui  ont  passé  à  travers  votre  paroisse,  et-t  arrêté 
jusqu'à  nouvel  ordre,  par  A!ef^^sr8.  les  Généraux.  Je  vous 
les  renvoyé,  gardés-les. 


193  17G1 

26  Juillet. 

Ordre  à  tous  les  Capitaines  de    mi/ice,  pour  deffendre    de 
chasser  à  travers  les  terres  ensemencées  et  les  prairies. 

De  par  Son  Excellence  Ralph  Burton,  Ecuyer  Colonel 
d'un  Régt.  d'Infanterie^  Gouverneur  de  la  ville  et  Gou- 
vernement de  Trois  Rivières,   &c. 

Malgré  la  bonne  volonté  avec  laquelle  chacun  de- 
vroit  être  poi'té  à  conserver  les  grains  et  les  fourages 
que  la  providence  promet  aux  habitans  de  ce  gouver- 
nement, il  nous  est  parvenu  que  plusieurs  personnes 
preiferant  leur  plaisir  particulier  au  bien  public,  vont 
à  travers  les  terres  ensemencées  et  les  prairies  dont  le 
foin  est  presque  mûr,  pour  suivre  leur  gibier.  C'est 
abuser  do  la  permission  que  nous  leur  avons  donné 
de  se  servir  de  leurs  armes. 

Nous  DEFFENDONS  donc  à  toutes  personnes  quelcon- 
ques sous  peine  d'amende  et  autre  punitions,  de  chasser 
à  travers  les  terres  ensemencées,  et  les  prairies  dont  le 
foin  n'est  pas  encore  coupé.  Ordonnons  à  tous  Officiers 
de  milice  de  tenir  la  main  à  l'exécution  du  présent  or- 
dre, et  de  nous  faire  un  Rapport  exact  des  contrevenans. 

Donnée  aux  trois  Rivières,  le  26  Juillet  1761. 

(Signé)  R.  BURTON. 

Par  Son  Excellence, 

(Signé)  J.  Bruyère 


nul  1U4 

20  JUILLET. 

Lettre  à  /ous  Us  Cdjniuifies  le  mi/ire  /mur  (iccompa^ner le 
Phirra rt  rif -dess u y . 

NoNsicnr, 

Vous  aurés  la  bonté,  aussitôt  la  présente  reçue,  de 
faire  publier  le  présent  ordre  et  de  rafRcher  aux  lieux 
accoutumé. 

J'ai  l'honneur,  &c. 

(Signé)  J.  Bruykre. 

Ce  26e  Juillet  17t;i. 


1  i   AoU.ST. 

PlaccakT  «w  sujet  (lcs()(ficiers  François  de  o  Rivières,  Mu- 
chiche,  Masquinongé,  Côte  de  Baliscant,  Champlain, 
Becancour  et  St.  François. 

De  par  Son  Excellence  Ralph  Burton,  &c.,  &, 

Messieurs  les  officiers  François  résidans  actuelle- 
ment dans  la  ville  et  Gouvernement  des  3  Rivières, 
qui  sont  restés  dans  cette  colonie  pour  arranger  leurs 
affaires,  suivant  les  termes  de  la  capitulation  du  8  Sep- 
tembre 1700,  et  dont  les  Congés  à  cet  eflct  sont 
sur  le  point  d'expirer,  sont  avertis  et  priés  d'en- 
voyer au  Secrétariat  des  Trois-Riviéres,  avant  le  18  du 
du  présent  mois,  leurs  noms  et  le  nombre  de  personnes 
qu'ils  se  proposent  d'emmener  en  France,  afin  que  la 
liste  en  soit  envoiée  à  Mr.  I.nndrieve,  commissaire  de 
S.  M.  T.  C,  de  qui  ils  recevront  avis  des  arrangemens 
pris,  et  du  tems  fixé  pour  leur  départ. 


195  1761 

Il  est  eu  même  temps  ordonné  par  le  présent  à  tout 
soldat  François  actuellement  au  service  de  S.  M.  T.  C, 
dans  toute  l'étendue  de  ce  gouvernement  de  paroître 
au  Secrétariat  des  Trois  Rivières  avant  l'expiration  du 
terme  cy-dessus,  sçavoir,  le  18  du  présent,  pour  s'y  faire 
enregistrer  afin  que  la  dite  liste  soit  pareillement  en- 
voyée à  temps  au  dit  Sr.  Landrieve  de  qui- ils  recevront 
leurs  ordres. 

S'il  se  trouvoit  aussi  quelques  personnes  dans  ce  gou- 
vernement qui  souhaita  passer  en  France,  qu'elles 
ayent  pour  agréable  de  venir  au  dit  Secrétariat  se  faire 
enregistrer  et  y  donner  leurs  noms  et  le  nombre  des 
personnes  qui  doivent  les  accompagner,  soit  femm^es  ou 
enfans. 

Donné  aux  trois  Eivières,  le  14  Aoust  1761 

(Signé)  E.  BURTON. 

Par  Son  Excellence 

(Signé)        J.  Brtjyèke. 


14.  Aoust. 

Lettre  pour  accompagner  le  Placcart  cy-desus. 

Monsieur, 

Yous  ferés  afficher  le  Placcart  ci-inclus  en  la  manière 
accoutumée.  Yous  aurés  en  outre  soin  d'envoyer  un 
de  vos  sergens  donner  avis  du  contenu  aux  officiers 
françois,  habitués  dans  votre  parroisse,  s'il  y  en  a,  aussi- 
tôt la  présente  reçue. 


17»n  lOG 

Vous  donnerés  pareillement  avis  de  la  présente  publi- 
cation aux  parroisses  voisines,  d'autant  plus  qu'il  n'a  pas 
été  jugé  nécessaire  d'en  faire  pour  toutes. 

J'ai  l'honneur  d'être,  «S:c. 

(SiLnié)  .T.  lÎRT'Vi^IKE. 

Ce  14  Aoust  17G1. 

P  S. — Vous  voies  que  cette  aflUire  presse  :  il  faut  que 
j'aie  réponse  de  ces  Messrs.  avant  le  dix  huit  du  ])ré- 
sent. 


14  AoUïST    (1) 

Signalement  d'un  iléacricur. 

Signalement  du  nommé  Henry  Furlor,  désert^-ur  du 
du  4Ge.  Kégt. 

Il  est  grand  d'oiiviruii  ô  pieds  2  pouces.  Agé  de  23 
ans,  fort  et  trapu,  les  cheveux  et  sourcils  noirs,  parle 
un  assez  mauvois  ano'lois  ;  déserté  avec  habit,  veste 
d'ordonnance  et  son  fusil  ;  iTportoit  des  mitasses.  En- 
joint à  toutes  personnes  d'arretter  le  dit  Henri/  Furloc, 
et  le  remettre  sous  la  garde  d'un  officier  anglois.  Qua- 
tre piastres  de  récompense  en  outre  de  celle  accordée 
par  le  parlement,  pour  ceux  qui  arretteront  le  dit  dé- 
serteur. 

Aux  3  Rivières,  le  15  Août  ITGl. 

Par  ordre  de  Son  Excellence. 

(Signé)  .T.   BRUYJiRE. 

(1)  Ainsi  marqué  à  la  marge  ;  mais  la  dal-  au  bas  de  laleltrcMl  du    l.'i 
Août. 


197  1761 

24  AousT. 

Placcart  povr  deffendre  aux  habitaNS  de  vendre  feurs  den- 
rées aiix  coureurs  de  côtes. 

De  par  Son  Excellence  Ealph  Burton,  &c.,  &c. 

Plusieurs  vagabonds  ont  coutume  de  se  répandre,  à 
peu  près  dans  ce  tems-ci,  dans  les  côtes  de  ce  gouver- 
nement, et  d'y  faire  des  levées  de  denrées  dont  ils  vont 
se  deffaire  ailleurs.  Nous  avons  déjà  tâché  d'arretter  cet 
abus  par  un  placart  du  19  7bre.  1760,  renouvelle  au 
mois  de  9bre.  suivant.  Nous  répettons  ces  mêmes  ordres 
et  defïendons,  sous  peine  d'amende  et  de  confiscation  des 
denrées  d'en  vendre  à  aucun  coureur  de  côtes,  sans  une 
permission  de  notre  part,  et  ordonnons  aux  habitans, 
lorsqu'il  s'en  présentera  pour  achetter,  d'en  faire  aussitôt 
avertir  leur  Capitaine  ou  plus  proche  officier  de  milice, 
afin  que  ces  derniers  examinent  les  permissions  en 
vertu  desquelles  ils  agissent. 

Donné  aux  3  Eivières,  le  2-4Aoust,  1761. 

(Signé)  R.  BURTON. 

Par  Son  Excellence, 

(Signé)  J.  Bruyère. 


24  AousT. 

Lettre  à  tous  les  Capitaines  de  milice  pour  accompagner 
le  Placart  cy -dessus. 

Honneur, 

La  fin  de  la  récolte  pourra  engager  plusieurs  cou- 
reurs de  côtes  a  se  répandre  dans  l'étendue  de  ce  Grou- 
vernement,  pour  s'y  pourvoir    de   denrées  qu'ils   vont 


k 


1761  198 

consommer  ailleurs.  L'app;\s  d'un  crain  présent  porte- 
roit  peut-être  les  habitans  a  oublier  les  défenses  déjà 
faites  à  ce  sujet.  Sou  Excellence  juge  à,  propos  de  les 
renouveller,  et  de  vous  enjoindre  à  y  tenir  la  main. 

Pour  que  personne  n'en   puisse   ignorer,   vous   ferés 
Lire  et  afficher  le  Placart  cj' -joint. 

J'ai  l'honneur  d'être,  Monsieur,  &c., 

(Signé)  J.  Bruyère. 

Ce24  Aoustnci. 


28  AousT. 

Aux  Capitaines  des  milices  de  Bécancour,  Sf.  François, 
Baye  St.  A/Uuine  et  Yamas/ca,  au  sujet  de  deux  Déser- 
teurs. 

Monsieur, 

Il  vous  est  ordonné,  sous  peine  de  désobéissance,  de 
chercher  et  faire  chercher  par  vos  officiers  et  Sergens 
de  milice,  dans  toutes  les  maisons  de  votre  paroisse,  s'il 
ne  s'y  trouveroit  pas  deux  soldats  déserteurs  de  cachés. 
Vous  en  trouvères  la  Description  cy  dessous.  Vous  aver- 
tirés  vos  habitans  qu'ils  soroient  punis  Corporellement, 
s'ils  étoient  trouvés  di^z  eux,  après  la  recherche  faite.  11 
vous  est  aussi  enjoint  de  vous  informer  s'ils  ne  seroient 
point  retirés  chez  les  sauvages  de  votre  endroit  (ou  de 
vos  environs.) 

L'un  est  soldai  du  4 le  Régt.,  appelle  Joseph  Thomas 
Chapellier  de  son  métier.  Il  a  environ  27  ans,  est  de  ') 
pieds  3  pouces  de  haut,  assés  bien  fait,  le  teint  clair, 
le  visage  rond,  les  yeux  gris,  les   cheveux   cendrés,  et 


199  1761 

avoit    sou   habit   d'ordonnance   tout   neuf,   lorsqu'il   a 
déserté. 

L'autre  est  soldat  du  43e  Hégt.  appelle  Robert  Cooper, 
de  la  même  taille,  c'est-à-dire  5  pieds  3  pouces  de  haut, 
bien  fait,  les  cheveux  bruns,  et  avoit  une  veste  de  drap 
brun,  lorsqu'il  a  déserté. 

J'ai  l'honneur  d'être,  &c. 

(Signé,)        J.  Bruyère. 
Ce  28  Aoust  1761. 


19  Septembre. 

Signalement  cTîin  déserteur. 

Signalement  du  nommé  Robert  Lée,  soldat  du  46e 
Rég.  déserté  du  Camp  de  L'Assomption,  le  14  Septembre 
1761. 

Le  dit  Lee,  anglois  de  naissance,  est  âgé  de  27  ans 
haut  de  5  pieds  5  ponces  ;  il  a  le  visage  brun,  les  yeux 
gris,  la  face  large,  le  nez  large  et  plat,  il  parle  fran- 
çois  et  sauvage.  Il  étoit  habillé  lorsqu'il  déserta,  d'un 
capot  de  couverte,  avoit  une  culotte  de  flanelle  blanche 
des  bas  blancs  de  laine,  point  de  chapeau.  Il  est  en- 
joint, etc.,  etc.,  etc.  Vingt  cinq  piastres  de  récompense  à 
ceux  qui  le  ramèneront  ôs-mains  d'un  ofEcier  anglois. 

Aux  3  Rivières,  le  19  Septembre  1761. 

Par  ordre  de  Son  Excellence^ 

(Signé)        J.  Bruyère. 


1761  200 

20  Septembre. 

PACCART^/e  Son  Excellence  pour  le  départ  des  officiers  fran- 
çois,  soldats,  matelots,  etc. 

De  j>nr  Son  Excellence  R  vT.ru   BuUTuN,  Kcuyer,  etc. 

>5CAV0IR  FAISONS  à  tout  olficicrs,  soldats,  matelots 
François  et  autres  qui  doivent  passer  en  France  sur  les 
bâtimens  de  Cartel,  et  qui  sont  actuellement  résidans 
dans  la  ville  et  Gouvernement  des  trois  Rivières,  que 
les  arranîjoinens  sont  pris  pour  leur  procurer  un  passage 
de  cette  ville  jusqu'à  Québec,  et  Nous  les  avertissons 
qu'ils  aient  à  se  tenir  prêts  à  s'embarquer  ici  le  27  du 
présent  mois  pour  se  rendre  en  la  dite  ville  de  Québec, 
d'où  les  dits  biltimens  de  Cartel  doivent  faire  voile  pour 
France,  pendant  les  premiers  jours  du  mois  d'octobre 
prochain.  Ordonnons,  que  le  présent  soit  lu  publié  et 
affiché,  afin  que  personne  ne  puisse  en  prétendre  cause 
d'icrnorance. 

Donné  aux  Trois  Rivières,  le  20e  jour   de  Septembre 

17t>l. 

(Signé)  R.  BURTON. 

Par  Son  Excellence, 

(Signé)        .T.  Bruyère. 


22  Septembre. 

Lettre  awa;  Capitaines  de  Milice,  pour  le  bois  de  chauffage 
jiour  les  casernes. 

Monsieur, 

Son  Excellence  aiant  jugé  nécessaire  d'égaliser  au- 
tant que  faire  se  peut  entre  les  habitans  de  son  Gou- 
vernement les  dépenses  occasionnées  par  le  cantonne- 
ment des  Troupes  de  Sa  Majesté  : 


i'Oi  1761 

11  lui  u  plu  (l'ordonner  que  les  habitans  de  votre  pa- 
roisse naiaiit  point  de  soldats  logés  chez  eux,  eussent  à 
fournir  pour  le  chauffag-e  de  ceux  qui  sont  cazernés  aux 

3  Rivières cordes  de  bois  pas  mois,  pendant 

0  ou  7  mois,  à  commencer  du  1er.  octobre. 


Aitx  Cnj/ildines  de  Milirr  du  lour  du  Lac,  \. 

La  commodité  que  vous  avés  de  pouvoir  envoler  le 
vôtre  en  cajeux  par  eau,  la  porte  à  vous  ordonner 
d'envoier  au  plutôt  trois  mois  de  votre  taxe  ;  c'est  à  dire 

cordes,  et  le  reste  à  votre  commodité  et  à  votre 

2Té,  avant  l'expiration  des  d.  trois  mois. 


Avx  Capitaines  TouriiJi:)ii.  Bnoiel  et  LnCroix. 

Vous  pouvés  l'aire  bûcher  le  bois  à  votre  commodi- 
té, pour  être  en  état  d'envoier  votre  proportion  en  en- 
tier, lorsque  la  gelée  ou  les  neiges  auront  rendu  lesCha- 
roiages  plus  faciles,  si  mieux  n'aimés  faire  autrement, 
et  envoyer  dès  à  présent  au  magasin.  Il  ne  faut  pas 
souflrir  que  vos  hahitans  apportent  par  cordes  ou  de- 
mie cordes,  mais  qu'ils  viennent  lorsqu'ils  auront  au 
moins  un  mois  complet  à  délivrer  eu  même  temps 


Vous  vous  adresserés  au  sergent  de  ville   pour   rece- 
voir et  tenir  compte  du  bois  que  vous   apportés.    C'est 
à  vous  d'ordonner   la   proportion    de    chaque   habitant 
dans  votre  paroisse,  et  de  fixer  la  manière   de  Tenvoier. 
J'ai  l'honneur  d'être.  Monsieur,  votre  &c. 

(Siorné)  J.  Bruyère. 

Ce'2-2  7bre  17G1. 
■23 


ITÙl 


202 


Bais  d<Mn:indr'  clans  cIkuiuo  p:\roisso   par   la  k'ttro  cy 
dessus. 

Yaraaska • par  mois 

Baie  St.  antoiiie... 

Nicolette 

Ivivière  du  Loup. 

Maehieh»' 

]*te.  du  Lac 

Béeaneour 

Gentillv 


Cap  Magdeleine do 


mois 

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11  Octobre. 
Placcakt  pour  annoncer  le  mariage  du  lioi/. 
De  par  Son  Excellence  Ralph  Burtox,  Ecui/cr,  Colonel, 

SçAVOiR  FAISONS,  &:c.,à  tous  Canadiens, et  autres  sujets 
de  Sa  Majesté  dans  toute  l'étendue  de  notre  Gouverne- 
ment, qu'il  a  plii  à  Sa  dite  Majesté  Notre  Souvt'raiii 
Seigneur  et  Roy  de  faire  la  déclaration  suivante  à  son 
Conseil  assemblé  au  Palais  de  St.  James  à  Londres  le  8e 
jour  de  Juillet  17G1,  on  ces  termes  : 

"  N'aiant  rien  tant  à  cœur  que  de  procurer  l'avantage 
"  et  le  bonheur  do  mes  peuples  et  d'y  donner  toute  la 
"  stabilité  qui  peut  l'assurer  à  leur  postérité,  je  me  suis 
"  occupé,  dt'puis  mon  avènement  à  la  couronne,  du  soin 
|-  de  choisir  une  Princesse  pour  partager  mon  trftne. 
"  J'ai  la  satisfaction  de  vous  apprendre  aujourd'huy, 
"  qu'après  les  informations  les  plus  amples,  et  la  délibé- 
•'  ration  la  plus  réiléchie,  je  suis  résolu  de  demander  en 
•'  mariage  la   Princesse  Charlotte  Mecklenburg  Stielitz 


203  1761 

"  Princesse  distinguée  par  toutes  les  vertus  et  les  quali- 
"  tés  aimables  du  cœur  et  de  l'esprit,  dont  l'illustre  mai- 
"  son  a  donné  des  preuves  constantes  de  son  zèle  sincè- 
"  re  pour  la  religion  protestante,  et  de  son  attachement 
"  particui.er  à  ma  famille.  J'ai  jugé  à  propos  de  vous. 
•'  faire  [part]  de  mes  présentes  intentions,  pour  que  vous 
"  n'ignoriés  pas  d'une  chose  dont  l'importance  est  aussi 
"  considérable  pour  moi  et  mes  Eo^^aumes,  et  qui,  je 
"  me  flatte,  fera  plaisir  à  tous  mes  bons  et  fidèles  su- 
"  jets.  " 

Ensuite  de  quoi  tous  les  Conseillers  du  Conseil  Privé, 
à  ce  présens  suplièrent  très-humblement  Sa  Majesté 
de  permettre  que  la  susdite  déclaration  qu'il  avoit  plù 
à  Sa  Majesté  de  leur  faire,  fût  rendue  publique,  ce  qui 
leur  fut  accordé. 

En  conséquence  voulons  et  ordonnons  que  le  pré- 
sent placcart  soit  lu,  publié  et  affiché  en  la  manière  ac- 
coutumée, afin  que  personne  ne  puisse  en  prétendre 
cause  d'ignorance. 

Donné  aux  Trois  Rivières,  le  lie.  jour  d'octobre  1761, 

(Signé)  E.  BURTON. 

Par  Son  Excellence, 

(Signé)  .T.  r)EUYF.RE. 


17(11  204 

11  Octobre. 

Placart  pour  deffendre  daller  au  devant  des  Tètes  de  Boule 
avec  des  Marchandises. 

IvALPll  BuRTON,  Ecuyer,  Colonel,  Sçc  S^-c,  S^-r. 

SçAVOIR  FAISONS,  &c.  qi^'il  nous  est  parvenu  quo  qu»*]- 
ques  particuliers  de  cotte  ville  et  gouvernement  avoient 
envoie  des  marchandises  au  devant  de  la  nation  tSau- 
vage  appelée  testes  de  boule,  dans  les  profondeurs,  et 
avoient  par  ce  moyen  empêché  cette  nation  de  descen- 
dre faire  la  traite  ouvertement  aux  trois  lîivières.  La 
visite  que  nous  avons  reçue  ces  jours  derniers  de  quel- 
ques uns  de  ces  sauvages  nous  a  confirmé  la  vérité  du 
rapport  qui  nous  a  voit  été  fait. 

Une  pareille  conduite  est  contraire  à  l'intention  du 
Gouvernement  Anglois  qui  veut  que  le  commerce  soit 
libre  et  ouvert  à  toutes  personnes.  Nous  sommes  de 
plus  persuadés  que  Ceux  dont  l'avarice  les  a  porté  à 
à  faire  ce  Commerce  avoient  en  vue  de  tirer  avantage 
.de  l'ignorance  de  ces  peuples,  et  que,  pour  y  parvenir 
et  retenir  cette  nation  crédule  et  craintive,  ils  luy  ont 
tenue  des  discours  injurieux  à  l'honneur  de  La  nation 
Angloise,  crime  qui  mériteroit  une  punition  exemplaire, 
et  qui  seroit  sûrement  puni,  si  les  Coupables  étoient 
connus  avec  certitude. 

Pour  empêcher  que  pareille  chose  n'arrive  à  l'avenir, 
nous  defTendons  très-expressement  a  toutes  Personnes 
quelconques  de  remonter  avec  des  marchandises  les  riviè- 
res par  lesquelles  le.s/e.s/p.«  de  boule  ont  coutume  de  des- 
cendre pour  faire  la  traite  de  leurs  pelleteries,  sous  peine 
de  Confiscation  des  dites  marchandises  et  autres  puni- 
tions. 


205  1761 

Voulons  que  le  commerce  avec  la  dite  nation  soit 
libre  et  ouvert  à  tontes  personnes,  ainsi  que  nous  l'avons 
fait  entendre  aux  dits  sauvages,  dans  la  dernière  visite 
qu'ils  nous  ont  rendu. 

Ordonnons  que  le  présent  Placart  soit  lu,  publié  et 
affiché  à  la  manière  cccitumée,  afin  que  personne 
ne  puisse  prétendre  en  ignorer. 

fait  aux  trois  Rivières,  ce  11  octobre  1761 

(Signé)  R.  BURTOX. 

Par  Son  Excellence, 

(Signé)  J.  Bruyère, 


25  OCTOBRE 

Signalement  de  deux  soldats  déserteurs  du  44e  Régt. 

Le  nommé  Isaac  Cannon,  soldat  de  la  compagnie  d'in- 
fanterie légère  de  Capt,  Dunbar  a  5  pieds  5  pouces  |  de 
haut,  le  teint  brun,  le  visage  long,  les  che"\«eux  brun- 
foncé,  les  yeux  gris,  anglois  de  naissance,  tisserand  de 
son  métier.  On  pense  cjue,  lorsqu'il  a  déserté,  il  avoit  un 
vieux  capot  brun  de  cadis  et  un  bonnet  d'infanterie  lé- 
gère. 

Et  Le  nommé  Philipe  Chancelier,  du  même  Régt.  et 
de  la  même  Compagnie,  a  cinq  pieds  cinq  pouces  et  demi 
de  haut,  marqué  de  la  petite  vérole,  le  visage  long,  le 
teint  Clair,  les  Cheveux  cendrés,  les  yeux  gris,  allemand 
de  naissance,  journallier  ;  il  avoit,  lorsqu'il  a  déserté  un 
habit  rouge  tout  uni. 

Ils  ont  emporté  leurs  armes  et  leur  amunition. 

11  est  enjoint,  &c.,  &c.,  &c.,  huit  piastres  de  récom- 


17 1.1  206 

pense  pour   ceux  qui  iirn'tteroiit    les    d.  Déserteurs,  ou 
quatre  piastres  pour  un  des  deux. 
Aux  trois  KiviO-r.'s,  le  23  8'"^'  ITGl. 

(Siuiir)         K.  iu;rtox. 

P(ir  Sun  Excellenir, 

(.SiofUé)  J.    lillUVÈUK. 


1er.  Novemhue. 
AxxoNCE  delà  réduction  de  Po/iticlicri/,dd  la  prise  de  l'istr 
St.  Domini(jue,  et  d' une  victoire  remportée  jxir  le  Prince 
Ferdinand  sur  //'.<  armées  de  la  France. 

De  par  Son  E.ccellence  IIalpH  Burton,  Ecui/er,  i^f-,  tV'-.  A'' • 
En  conskquence  d'une  Lettre  de  Son  Excellence 
Mr.  le  Ch^  Jeffery  Amherst,  Major-Général  et  Com- 
mandant en  Chef  les  armées  de  Sa  Majesté  Britanique 
en  Amérique,  Son  Excellence  le  Clouverneur  a  le  plai- 
sir et  la  satisfaction  de  faire  sçavoir  aux  Sujets  de  Sa  Ma- 
jesté, Canadiens,  et  autres  résidans  dans  la  ville  et  gou- 
vernement^des  trois  lîivières,  la  réduction  de  Pontiche- 
ry  dans  les  Indes  orientales,  La  prise  de  TIslc  de  St.  Do- 
minique dans  les  Isles  occidentales,  et  la  victoire  glo- 
rieuse remportée  en  Allemagne  par  les  troTupes  de  Sa 
Majesté  et  de  ses  alliés,  commandées  par  Son  Altesse 
Sérénissisraî  lePrinc-3  Ferdinand,  dont  il  a  plu  à  la  pro. 
vidence  de  favoriser  ses  armes  le  16  du  mois  de  juillet 
dernier  par  la  défaite  des  armées  réunies  de  la  Franc»». 

commandées  pnr  Messrs.  le  Prince  de  Soubi.se  et  Le  Ma- 

'■  I 

réchal  Duc  de  Broglio. 
Aux  trois  liivières,  ce  1  Nov.  1701. 

(Signé,)  IvV  BURTOX. 

Par  Son  F.rcellcnce, 

(Signé,)        J.  Bruyère, 
Vive  le  Roy. 


207  1761 

14  NOVEMBRE. 

Aux  Capitaines  de  Milice  de  la  Côte  du  Nord,  pour  faire  et 
entretenir  un  Chemin  d^hivert  de  12  ou  15 pieds, 

De  PAR  Son  Excellence,  &c.,  &:c. 

Pour  remédier  à  rincommodité  des  Chemins  de  terre' 
pendant  l'hivert,  et  prévenir  Le  retard  que  Cela  occasion- 
ne aux  Couriers  et  voiageiirs  pendant  cette  saison.  Il  est 
enjoint  aux  habitans  des  différentes  paroisses  de  ce  G-ou- 
vernement  sur  la  Côte  du  Xord,  de  tracer  avec  leurs 
traînes  et  Cariolles,  dès  que  la  neige  Couvrira  la  terre,  un 
chemin  de  12  ou  15  pieds  de  large,  à  peine  de  20  pias- 
tres d'amende  contre  les  paroisses  qui  négligeront  de 
faire  et  entretenir  un  tel  chemin.  Et  pour  rendre  L'en- 
tretien du  dit  Chemin  plus  facile,  Voulons  et  ordonnons 
que  toutes  voitures  faisant  route  de  Québec  à  Montréal, 
ou  partie  de  la  dite  route,  soient  tenues  de  marcher  sur 
la  droite  du  dit  chemin,  c.-à.-d.,  vers  les  terreset  que  celles 
qui  descendront  de  Montréal  à  Québec  soient  tenues  de 
marcher  sur  la  G-auche,  c.-à.-d.,  vers  la  grève,  à  peine 
d'une  piastre  d'amende  Contre  les  habitans  ou  Maîtres 
de  poste  qui  mèneront  les  dites  voitures,  dont  moitié 
sera  donnée  à  la  personne  qui  aura  pris  les  Contre ve- 
nans  sur  le  fait,  et  l'autre  moitié  aux  pauvres  de  la  pa- 
roisse où  la  voiture  aura  été  arrettée. 

Ordonnons  aux  Capitaines  de  milices  de  la  Côte  du 
Xord  de  tenir  la  main  à  l'exécution  du  présent  ordre, 
et,  pour  que  personne  n'en  ignore,  Voulons  qu'il  soit  lu, 
publié  et  affiché  au  plutôt.  Enjoignons  aux  Maîtres  de 
postes  de  Ste.  Anne  et  du  Chenail  du  Nord  de  faire 
part  du  présent  ordre  aux  Maîtres  de  poste  des  G-ron- 
dines  et  de  Berthier,  afin  qu'ils  n'en  ignorent  et  aient 
à  s'y  conformer. 


ITfn  208 

Ordonnons  parcilleiinMii  <iuo  K-s  Clioiniiis  soient  ba- 
lisés à  l'ordinaire,  sitôt  ({U*'  l<'s   noit^^os    Lo  permettront. 
I)onn<''  aux  trois  Ivivières,  ce  14e.  novembre  ITGl. 

(Sinfn.')  i;.  15URT0N. 

Par  Son  Kxrellcnrt', 

(Siiiin'')  .1.  liUUVÈUK. 

A'.  B.  II  iuut  (|uo  les  balises  soient  uu  iiiuius  do  i)  :c  7 
pieds  au  dessus  de  la  neige. 


29  NOVEMBRE. 
Si(4NAr.EME.\T  (le  lieux  (lotnestiques  déserteurs. 

Sk^nalement  de  dt-ux  domestiques  désertés  de  chez 
Mr.  le  Major  Christie,  à  Montréal,  la  nuit  du  24  au  25  du 
présent,  ayant  emporté  avec  eux  quelques  meubles  de 
sa  maison. 

Le  nommé  Thomas  Leoyd,  anglois  de  naissance,  jeu- 
ne homme  d'environ  17  ans,  de  ô  pieds  4  pouces  de 
haut,  as.sés  bienfait,  Les  jambes  menues,  les  Cheveux  et 
Sourcils  blonds.  Le  visage  pâle  et  long-,  et  il  parle  un 
assés  mauvois  tVançois.  Il  avoit,  lorsqu'il  s'échajxi.  nu 
habit  de  livrée  de  drap  bleu  dou])lé  de  serge  rouge  v\ 
paremens  de  panne  rouge  et  boutons  blancs,  plats,  un»' 
veste  d'écarlatte  et  une  Culotte  de  p;>au  passée,  avec  un 
bonnet  de  velours  noir. 

Va  Le  nommé  Jean  Mora,  Canadien  de  <.^uébec,  d'en- 
viron 18  ans,  de  ô  pieds  7  pouces  de  haut,  bien  l'ait,  le 
visage  blanc  unis,  le  nez  haut  et  retroussé,  les  Cheveux 
et  sourcils  blonds  ;  il  avoit,  lorsqu'il  s'échappa,  un  ca- 
pot brun,  une  veste  bleue  dou})lée  de  blanc,  une  Cu- 
lotte verte,  un  Chapeau  à  bord  haut  et  une  radingottL* 
de  drap  gris. 


209  1761 

Il  est  enjoint,  &:c. — Dix  piastre  de  récompenses  pour 
ceux  cj^ui  arretteront  les  dits  déserteurs,  ou  cinq  piastres 
pour  un  des  deux. 

Aux  trois  Rivière,  le  29e  Nov.  1761. 

(Signé)  R.  BURTON. 

Et  par  Son  Excellence, 

(Signé)        .1.  Bruyère.  ■ 


7  DÉCEMBRE. 

]-*LA.CCART  qui  deffend  de  couper  du  bois  sur  la  Seigneurie 
de  St.  Maurice. 

Ralph  Burton,  &c.,  &c.,  &. 

Sur  le  raport  qui  nous  a  été  fait,  que  plusieurs 
Bourgeois  et  habitans  de  Oette  ville  alloient,  sans  au- 
cune permission  de  notre  part,  couper  et  enlever  des  bois 
de  ChaufFage  et  autre  sur  les  terres  dépendantes  de  la  Sei- 
gneurie et  Fief  St.  Maurice  :  pour  arretter  cet  abus, 
Nous  defFendons  très  expressément  à  toutes  personnes 
quelconques  de  couper  à  l'avenir  et  d'enlever  les  bois 
de  la  dite  Seigneurie,  sans  une  permission  écrite  de 
notre  main,  Sous  peine  contre  les  Contrevenans  d'une 
piastre  d'amende  pour  Chaque  Charrette  ou  traine,  et 
de  punition  arbitraire  en  cas  de  récidive.  Voulons  que 
le  présent  soit  lu  et  publié  en  la  manière  accoutumée, 
afin  que  personne  n'en  ignore. 

Donné  aux  trois  Rivières,  ce  7  Dec.  1761. 

(Signé)  R.  BURTON. 

Par  Son  Excellence, 

(Signé)        J.  Bruyère. 


1761  210 

23  DÉCEMBRE. 

Aux  Capitaines  des  intlires  dej/uis  le  Caji  j u^quà  Sle.  Anne, 
au  Sujet  (les  chcntins  de  nei^e. 

Monsieur, — Son  Excellence  ayant  appris  que  vous  ne 
vous  Etiés  point  Conformé  à  son  placcart  au  Sujet  des 
Chemins  de  neiire,  faute  do  l'avoir  bien  compris,  elle  m'a 
ordonné  de  vous  l'expliquer. 

C'est  un  Chemin  de  1.")  pieds  de  larj^e  dans  lequel 
les  voitures  puissent  tenir  la  droite  en  montant  et  la 
(raiiche  en  descendant,  et  non  pas  deux  Chemins  sépa- 
rés et  encore  moins  des  balises  au  milieu  :  vous  le  fe- 
rés  entendre  aux  habitans  de  votre  paroisse,  afin  qu'ils 
ayent  à  s'y  conformer,  et  vous  leur  ordonnerés  d'appla- 
tir  le  banc  de  neige  qui  s'épare  à  présent  les  deux  Che- 
mins et  d'en  oter  par  conséquent  les  Balise.s,  pour  n'en 
faire  qu'un  seul  chemin. 

J'ay  l'honneur,  iS:c. 

Ce  23c  Déceml)ve  ITtîl. 

(Siirné)  .T.  Bkuyèuk. 

P.  S. — Ne  né!,^liu-és  pas  Surtout  de  faire  baliser  en 
ré  île,  sous  peine  de  l'amende  portée  par  le  placcart. 


29  DKCKMlilIE. 

Aux  Capitaines  des  milices  d'  Yamasrn,  Baye  St.  Antuinr, 
Nicolet  et  Bécanrour,  pour  le  bois  des  Cazernes. 
Monsieur. — En  conséquence  de  l'ordre  de  S.  E.  du  2J 
7brc  dernier,  il  vous  étoit  ordonné  de  faire  fournir  })ar 
les  habitans  de  votre  paroisse.... cordes  de  bois  de  Chauf- 
fa!,^o  par  mois,  pendant  G  mois,  pour  l'entretien  des  ca- 
zernes en  cette  ville,  et  Comme  vous  en  avez  fournis.... 


211  1762 

pour  votre  taxe  des  8  premiers  mois,  il  vous  est  enjoint 

d'envoyer  incessamment,   et    au   plutôt cordes 

pour  3  autres  mois.  Ce  transport  vous  est  fort  facile  main- 
tenant que  les  chemins  sont  fraïés,  ainsi  profiités-en, 
J'ay  l'honneur  d'être,  Monsieur,>&c, 

(Signé)  J.  Bruyère. 

Nota. — Demandé     à     Bécancour    2   cordes   par  mois 
d'augmentation  et  autant  à  Bécancour  (1). 


1762. 
23  Janvier. 

Yamaska,  St.    François,  Nicolette,  Bécancour,  Ste.  Pierre, 

St.  Anne,  C/iampIain,    Trois   Ricières,  Machiche,    Mas- 

kinongé. 

Signalement  du  nommé  Thomas  Hanter,  Soldat  dé- 
serteur du  44e  ^Q^ï.  de  la  Compagnie  de  Mr.  Le  Capi- 
taine Hervey. 

C'est  un  homme  d'environ  34  ans,  de  5  pieds,  G  pou- 
ces de  haut,  le  visage  Long,  le  tein  olivâtre,  les  yeux 
et  les  Cheveux  d'un  Brun  foncé.  Il  est  né  en  Ecosse,  et 
il  est  tisserant  de  son  métier.  Il  avoit  lorsqu'il  est  par- 
ti, son  habit  d'ordonnance,  un  capot  de  Couverte  et  une 
Bayonnette  attaché  à  une  Ceinture  de  Cuir.  Il  servoit, 
l'année  dernière  dans  Le  Régt.  dés  Ecossais  de  la  gar- 
nison de  Montréal,  d'où  il  a  été  échangé  et  placé  dans 
le  44e,  Eégt. 

Il  est  enjoint,  &c.  Quatre  piastres  de  récompense 
pour  ceux  qui  arretteront  Le  dit  Déserteur,  &c. 

Par  ordre  de  Son  Excellence, 

(Signé)  J.  Bruyère. 


("1)  Ainsi,  à  la  copie  du  MS.  que  je  transci'is.  J,  V 


17fi2  212 

.'i't  Janvikk. 

A  luus  IfS  i'iijiittiincs    dr  ini/irrs  du  su/if  des    Coioriers  de 
Côtes. 

Monsieur, —  Vous  dt'vri»'is  avoir  Compiis  par  les  i>la- 
carts  publiés,  qui  ont  vii'.  n'itért's,  que  S,  Kx.  ne  veut 
point  Souti'rir  le  Coinnierce  qui  se  lait  par  le  moyen  des 
Coureurs  de  C6tes  ;  Cependant,  on  lui  a  lait  rapport  que, 
Maiç^ré  son  intention  et  ses  deilenses,  il  s'en  rependoit 
de  tems  en  tems  (|ui,  avkic  des  permissions  du  Gouver- 
nement de  Québec,  trali([Uoi».'nt  pendant  une  quinzaine 
dans  une  paroisse  et  de  là  îS'en  alloient  dans  une  autre. 
Il  vous  est  de  rechef  ordonné  d'arrêter  ce  commerce-là. 
et  de  l'aire  Exécuter  les  placarts  de  Son  Excellence. 
Pour  y  parvenir.  Lorsque  vous  apprendrés  L'arrivée  de 
quelques  [unsjde  ces  Coureurs  de  Côtes  dans  votre  parois- 
se, vous  les  ferés  sommer  de  se  rendre  pardevant  vous  et 
vous  leur  lerés  produire  leurs  permissions  et  passe- 
ports, et  lorsque  vous  \\\'n  verres  j)oint  de  Sig^nés  par  i^î. 
Ex.,  ou  par  moi  par  son  ordre  Vous  signilirés  à  cesgen.s- 
là  les  ordres  que  vous  avés  et  leur  ordonnerés  de  quit- 
tor  votre  paroisse  dans  l'espace  de  24  heures,  leur  del- 
fendant  néantmoins  de  trafiquer  pend'  le  dit  tems  ; 
Le  tout  sous  peine  de  ^Saisie  de  Leurs  effets.  Si,  après 
ces  ordres  de  votre  part,  ils  s'obstinoient  à  rester  aude- 
là  du  tems  Limité,  Il  vous  est  Enjoint  de  faire  saisir 
leurs  effets  et  de  les  mettre  en  sûreté,  en  Quelque  par- 
tie de  votre  maison  ou  ailleurs,  où  vous  jugerés  néces- 
saire, sous  Clef  et  d'envoyer  aussitôt  faire  votre  raj)- 
port  ici  de  ce  que  vous  aurés  fait,  accompagné  de 
L'homme  dont  vous  aurés  Saisi  les  effets  et  d'une  note 
de  leur  quantité  et  nature 

Vous  lerés  attention  que.  S'il  est  ici    donné   des    pcr- 


218  1762 

missions  pour  aller  dans  les  paroisses,  elles  seront  don- 
nées en  françois,  et  que  si  les  dits  Coureurs  de  Côtes 
vous  produisent  une  permission  en  ang-lois  de  Mr. 
Murray  ou  de  son  Secrétaire,  et  que  la  dite  permission 
soit  appostillée  de  moi  pareillement  en  ang'lois,  cette 
appostille  contient  une  deffense  de  trafiquer  et  non  pas 
une  permission. 

J'ay  riionneur  d'être,  Monsieur,  &c. 

Ce  30  Janvier  1762. 

(Signé)  .T.  Bruyère. 


Si  vous  vous  trouvés  dans  le  cas  d'avoir  besoin  de 
secours  pour  Exécuter  les  ordres  cy-dessus,  vous  pou- 
vés  vous  adresser  au  Commandant  des  troupes  Le  plus 
voisin,  qui  vous  donnera  toute  assistance  nécessaire. 

J.  B. 


4  FÉVRIER. 
Annonce  du  Mariage  et  Couromiement  de  leurs  Majestés. 
De  par  Son  Excellence,  &c.,  &c.,  &c. 

Nous  AVONS  reçu  des  Lettres  de  Mr.  le  ministre  et 
Secrétaire  d'Etat  de  Sa  Majesté.  Nous  faisant  part  du  ma- 
riage de  Sa  dite  Majesté  G-eorge  Trois  K,oy  de  la  G-ran- 
de-Bretagne  avec  très  haute  et  très  puissante  Princesse 
Charlotte  de  MeKlembourg  Strelitz  lequel  a  été 
heureusement  célébré  à  Londres.  Le  8  71^''^- 1761.  Les  di- 
tes lettres  nous  donnent  pareillement  avis  du  Sacre  et 
Couronnement  de  Leurs  Majestés,  dans  la  Cathédrale 
de  "W^esminster,  le  22e  du  dit  mois.  En  conséquence 
des  dites  Lettres  Nous  jugeons  a  propos  défaire  part 
et  Congratuler  tous  les  bons  et  Loyaux  Sujets  de  Sa  Ma 


1702  214; 

jostô  clans  l\''tondao  de  ce  Gouvenicnicnt  de  cet  heu- 
reux et  ulorieux  aveuomeut,  qui  ne  peut  manquer  de 
les  remplir  de  plaisir  et  de  satisfaction, 

Donné  aux  trois-liivières  ce   -le  IV'vrier  17(52. 

(Sii^né)  M.  lîURTOX. 

/'<//•  Son  /J.nellenre, 

fSiirnr)         .1.  liRrvKKK. 


G  Mars. 

PuBLu':, — que  Le  Nommé  Martin,  iVan(;oi.s  de  nais- 
sance, s'étoit  noyé  le  26e  février  dernier,  à  six  heures  du 
matin  ;  que  Le  scellé  a  été  apposé  Le  même  jour  sur 
les  effets  du  dit  Martin,  par  ordre  de  Monsr.  Le  Député 
Juge-Avocat  pour  le  Roy,  et  que  le  dit  scellé  sera  levé 
dans  dix  jours.  Enjoint  a  tous  les  Créanciers  du  dit  Mar- 
tin d'envoyer  leurs  noms  chez  le  ^^r.  Diellt»,  Nof''-  et 
le  montant  de  ce  qu'il  leur  est  dû  Par  le  dit  Martin. 

Par  or<lro  d<'  Son  Excellence. 

(Signé)  .1.  P>nT-VKRK. 


Le  même  jour  Publié  ET  Enjoint  au  nommé  i^f/r?- 
niut,  (1)  françois  de  Naissance,  Cordonnier  de  son  métier, 
ey-devant  résidant  en  Cette  Ville,  et  dont  il  est  absent 
depuis  plus  d'un  mois,  de  Comparoitre,  sous  10  jours, 
dans  La  maison  où  il  demeuroit,  a  faute  de  ce  faire,  que 
leB  effets  qu'il  a  Laissés  en  Cette  Ville  seront  saisis  et 
vendus  au  profit  de  ses  Créanciers. 

(Signé)  .T.  BRUYhlRK. 


M.  Vifor  avail  lu  Farinant. 


215  1762 

6  Mars. 
Au  Sie?-:!'  BRiS'E.BOls,faisant  fond  ion  de  Cap'^'-  de  Milice  a 
Yamasca,  au  sujet  des  fusils. 

Monsieur,  —  Son  Excellence  apprend  avec  peine, 
qu'il  y  a  plus  de  fusils  rependus  dans  votre  paroisse 
qu'il  n'en  a  permis.  Il  vous  est  enjoint  très  expressé- 
ment, et  Sous  peine  de  Son  déplaisir,  de  faire  faire  une 
recherche  exacte  et  de  faire  apporter  au  Gouvernement 
Le  surplus. 

Vous  n'ignorés  pas  qu'il  lui  a  plut  d'accorder  un  fusil 
a  Chaque  officier  de  Milice,  c'est  à   dire  Cinq  personnes 

faisant 5  fusils 

Deux  sergents.... 2     " 

Mr.LeCuré 1     " 

Et  a  aix  habitans  a  tour  de  Rolle,  suivant  les 

permissions  numérotées 10     " 

Faisant  en  tout 18     " 

Vous  ferés  Saisir  et  vous  enverrés,  sans  aucune  excei> 
tion  ni  partialité  Le  Surplus,  et  vous  avertirés  vos  habi- 
tans que  si  Son  Excellence  par  information  ou  autrement, 
apprend  qu'il  y  en  ait  cy-après  plus  que  le  nombre  susdit 
il  fera  sévèrement  punir  les  personnes  chez  qui  les  di- 
tes armes  se  trouA'eront. 

J'ai    l'honneur  d'être,  &c., 
(Signé)  J.  Bruyère. 


P.t    Maks. 

Lettrk  du  St'crrfdirc  il' Etat  a  Mr.  Ir  Cltrrr.  AmukUs  r,  nu 
Sujet  (1rs  Canat/icNs, 

De  tau  Son*  Kxckllkxci:.  «S:c.,  «S:f.,  iS:. 

Il  a  plu  ù  Son  Excellence  Monsr.  le  chevalier  .Tekfi:- 
RY  Amiierst,  Maréchal  des  Camps  et  armées,  Comman- 
dant en  Chef  les  troupes  de  Sa  Majesté  Britannique  en 
Amérique,  de  nous  envoyer  copie  d'une  Lettre  qui  lui  u 
étéaddressée  par  Mylord  EoREMONT,  Secrétaire  d'Etat 
de  la  Cfrande-Bretaî]^ne,  en  datte  do  AVhitohall  du  12ine. 
Décembre  1701. 

l'aile  renlerme  les  ordres  a;-acieux  de  Sa  Majesté  pour 
ses  Conquêtes  dans  l'Amérique  Septentrionale.  Sa  bonté 
et  sa  bienveillance  envers  ses  nouveaux  Sujets  y  sont  ex- 
primées d'une  façon  trop  llateuse  pour  ne  pas  répan- 
dre Lajoye  dans  leurs  Cœurs,  et  exciter  en  eux  tous  les 
sentimens  de  reconnoissance  et  d'attachement,  qu'une 
pareille  atteniion  a  leur  ])onheur  doit  naturellemenl 
produire.  C'est  dans  cette  persuasion  que  Nous  nous 
(ai.sons  un  plaisir  sensible  d'en  donner  Connoissance  a 
tous  les  habitans  de  Notre  Gouvernement,  et  que  Nous 
voulons  que  les  intentions  de  S.  M.  b-ur  soient  Commu- 
niquées dans  Les  propres  tennesqui  composent  la  Lettre 
cy-dessus  mentionnée. 

Mylord  Eirremont,  après  avoir  applaudi  de  la  ma- 
nière la  plus  ample  et  la  plus  crracieuse,  de  La  Part  du 
Roy  a  la  jirudence  des  arraniromens  faits  par  Son  l'excel- 
lence Mr.  le  chevr.  Amherst  pour  le  Ciouvernement  du 
C!anada,  et  ses  ordres  donnés  en  Conséquence  aux  Gou- 
verneurs de  Québec,  de  Montréal,  et  des  trois-Tîivie- 
res.  S'exprime  ainsi  : 


217  1762 

"  Sa  Majesté  remarque,  avec  i^laisir,   la   douceur  et 

"  la  bénignité  avec  laquelle  Yous  offres    également    et 

"  sans  partialité,  sa  protection  Eoyalle  a  tous  ses  sujets. 

"  Les  ordres   que   vous   donnés   particulièrement   aux 

"  troupes  de  vivre  en  bonne  intelligence   et   en   bonne 

"  harmonie  avec  les  Canadiens,   méritent,  avec  justice, 

"  l'approbation  dont  je  suis  Chargé  de  vous  faire  part, 

'*  Et  Comme  rien  ne  peut  être  plus  Essentiel  au  Service 

"  de  S.  M.  Le  Bon  plaisir  du  Roy,-  et  que   vous  reiteriés 

"  aux  difîerens  G-ouverneurs  des  endroits  cy-dessus  nom- 

"  mes  de  Suivre  les  voies  de  douceur  et  de  Conciliation 

"  qui  font  partie  des  Instructions  que   vous   leur   avés 

"  donné,  et  que  vous  recommandiés  très   expressément 

"  a  leur  vigiience  et  a  leur  attention,  de   se   Servir  des 

"  moyens   les  plus    efficaces   pour   que   les   Canadiens 

"  soient  traités  avec  douceur  et  avec  humanités.  Ils  Sont 

"  maintenant  en  effet  comme  vous  fexprimés  fort  bien, 

"  également  sujets  de  Sa  Maje.sté  Britanniqiie,  et  comme 

"  tels  ont  également  droit  de  reclamer  sa  protection  et 

"  de  jouir  de  tous  les  avantages  de  cette  humanité  et  de 

"  Cette  douceur  de  Gouvernement  qui  distingue  déjà  le 

"  Eegne  propice  de  Sa  Majesté,  et  fait  Le  bonheur  parti- 

"  culier  de  tous  les  peuples  sujets  à  l'Empire  de  la  G-ran- 

"  de-Bretagne  ;  et  vous  avertirés  les  Gouverneurs  cy-des- 

"  sus  nommés  de  donner  des   ordres   précis   et  très-ex- 

"  près,  pour   empêcher   qu'aucun   soldat,   matelot,   ou 

"  autre  n'insulte  les  habitans  françois  qui  Sont   mainte- 

"  nant  Sujets  du  même  prince,  deffendant  a  qui  que  ce 

"  soit  de  les  off'enser  en  leur  rappellant  d'une  façon  peu 

"  généreuse  cette  infériorité  a  laquelle  le   sort   des    ar- 

"  mes  les  a  réduits,  ou  en  faisant   des  remarques  insul- 

"  tantes  sur  leur  Langage,  leurs  habillemens,  leurs  mo- 

"  des,  leurs  coiitumes  et  leur  pays,    ou   des   reflexions, 
■24 


ITÔ-J  218 

"  peu  Chariliibles    et  ihmi    Clin-licmifs  sur  l;i    KcHirioii 
'•  qu'ils  prolossout. 

■  Kt.  comme  il  n'y  a  i)oint  encore  de  Magistrature 
*'  civile  établie  dans  le  dit  pais  Conquis.  Le  Koy  veut 
''  que    Messrs.*  les   Gouverneurs   se  servent    de   toute 

•  l'autorité    qui    leur  a  é'é    confiée  pour    punir    toutes 

•  personnes  assés  peu  respectueuses  pour  oser  manquer 
'•  aux  ordres  de  Sa  Majesté  en  un  point  aussi  essentiel  a 
'•  ses  interests.  FA  vous  donnerés  vos  ordres  pour  que  les 
'•  présentes  intentions  de  S.  M.  soient  nottifiées  a  tous 
'•  ceux  a  (jui  il  appartiendra,  afin  qu'aucun  Sujets  An- 
••  cflois  ne  désobéisse    par  iornorance,  et    que  tout    sujet 

•  l'rançois  puisse  ressentir  et  Goûter  les  doux  efl'ets   de 
la  i)uissante  protection  de  Sa  Majesté  dans   toute  leur 

•  l'^tendiie. 

Afin  que  Les  Intentions  favorables  et  Bienveuillantes 
de  Sa  Majesté  ne  soient  ignorées  d'aucun  de  ses  Sujets, 
Voulons  et  Ordonnons  que  le  présent  Tlacartsoit  lu, 
iJimanche  prochain,  a  L'issu  de  la  messe  paroissiale  de 
chaque  église  de  Notre  Gouvernement,  et  ensuite  affiché 
a  la  (por/r)  de  chacune  des  dites  Eglises. 

l)i>XNK  aux  trois  lîivières,  ce  19e  mars  1702. 

(Si-né)  K.  BUKTOX. 

Va  plus  lias. —  l*tir  Son  Excellence, 

(Siirn.')        .T.  Bnuvi-:RE. 


219  1762 

19  Mars 
Placart  au  Svjet  du  commerce  avec  les  Sauvages. 

De  par  Son  Excellence,  &c.,  &c.,  &c. 

Il  nous  a  été  rapporté,  de  façon  a  n'en  pas  douter, 
qu'il  y  a  de  petits  marchands  en  Canada  qui,  pour  Sa- 
tisfaire aux  basses  vues  d'un  interest  personnel,  sont 
assés  méprisables  pour  mettre  en  usage  toutes  sortes 
d'artifices  pour  en  imposer  aux  Sauvages  et  les  trom- 
per dans  les  marchers  qu'ils  font  ensemble.  Cette  Indi- 
gne Conduite  est  parvenue  jusqu'aux  oreilles  de  Sa  Ma- 
jesté et  n'a  pasmanquée  d'exciter  toute  son  indignation. 

Or,  Comme  les  Sauvages  sont  maintenant  Sujets  de  S 
M.  et  ont  par  conséquent  le  même  droit  de  S'attendre 
aux  avantages  de  sa  protection,  que  de  plus  une  Con 
duite  aussi  injuste  en  irritant  leurs  esprits  les  indispose 
contre  le  G-ouvernement,  et  leur  donne  des  Idées  fausses 
et  déshonorantes  des  Commerçants  Anglois. 

Nous  VOULONS  ET  ORDONNONS  que  tous  Ics  sujets  de 
S.  M.  residans  dans  notre  Grouvernement,  soit  Anglois 
ou  François,  traittent  les  Sauvages  avec  humanité,  et 
fassent  affaire  avec  eux'  avec  cette  ouverture  et  cette 
probité  a  laquelle  ils  ont  droit  de  s'attendre  ainsi  que 
tous  les  autres  sujets  de  Sa  Majesté  Britanique  et  ils 
peuvent  être  assurés,  au  cas  qu'ils  aient  de  justes  su- 
jets de  plante,  qu'on  leur  rendra  la  justice  la  plus  exacte 
et  que  les  Contrevenans  au  présent  ordre  seront  punis 
avec  Sévérité,  suivant  l'exigence  des  Cas. 
Donné  aux  trois  Rivières,  ce  19e  Mars  1762. 

(Signé)  R.  BURTON. 

Et  par  Son  Excellence, 

(Signé)       J.  Bruyère. 


ITC-J  220 

r.«  Mai:s 

ri,\c\riT  (jiii  ilt(ftnil  t/f  fiier  f/rs  Pi  rilii.i . 

Dk  PVK  So\  ICxt'KIil.KNrK.  \'c..  \-c..  c\:c.. 

A"\  ANT  i-U'  inroriiié  quo,  dopuis  Le  vinjrt  Mars  jusqu'au 
1.'»  juill«'t,  il  so  lait  une  p^raiide  destruction  do  perdrix, 
et  notamment  dans  le  toms  qu'elles  s'accouplent,  par  la 
facilité  qu'il  y  a  'le  les  tuer,  faisant  alors  Connoitrc  par 
leur  lîattement  d'ailes  les  endroits  où  elles  Sont,  et  pour 
''mpc-clier  la  Continuation  de  celte  abus  dont  s'ensui- 
vroit  intailliblement  l'entière  destruction  de  cesoiseaux, 
<'<M|ui  pvivt'roit  Le  public  'l'une  ofrande  douceur  a  la  vie. 

Nous  DEKFKXDONS  à  toutes  personnes,  de  quelque  qua- 
lité et  Condition  qu'elles  soient,  de  tuer  des  perdrix,  de- 
puis Le  1er.  Avril  jusqu'au  1er.  Aoust,  a  peine  de  2'J 
piastres  d'amende,  applicable  au  dénonciateur,  comme 
aussi  de  Les  prendre  a  la  tonnelle  et  au  Collet  et  d'en  en- 
lever les  œufs,  sous  peine  d'une  amende  du  double  de 
celle  cy-dessus  marquée,  applicable  motié  au  Dénoncia- 
teur et  moitié  a  la  Fabrique  de  la  Paroisse  »^ur  laquelle 
elles  auront  été  prises  et  enlevées. — Et,  pour  oter  tout 
L'appas  et  l'envie  que  quelque-uns  peuvent  avoir  d'en 
tuer  a  l'avenir,  pendant  l'espace  de  tems  cy-dessus  Mar- 
qué, Nous  dépendons  aussi,  sous  la  même  peine  de  20 
piastres  d'amende,  a  toutes  sortes  de  personnes  d'en  ven- 
clre  ou  achftter  pendant  le  dit  temps  et  d'en  apporter 
•lans  La  Ville,  ny  autres  lieux  de  ce  Gouvernement. 

M.\Ni)o\s  aux  Capt  '  "^  et  olliciers  de  milice  tant  de 
Cette  Ville  (jue  des  Côtes  de  ce  Gouvernement,  de  tenir 
L:i  iiiiiiii  ;»   l'éxecution  de   la    présente  Ordonnanf^c.  qui 


221  17»»2 

sera  lue,  publiée  et  afiichée  partout  où  Ix'soiu  sorn,  a  ce 
que  personne  n'en  ignore. 

Donné  aux  trois  Rivières  ce  19e  Mars  17G2. 

(Signé)  li.  BUKÏON. 

Et  pKis  Bas, — Par  Sou  Excellence, 

(Signé)        .T.  Bruyère. 


19  Mars. 

A  tous  les  Capi'^''--  de  milices,  pour  accompagner  les  Irais 
placcarts  cij-dessus,  et  leur  ordonner  d'envoijer  un  nouveau 
rolle  des  habitans  de  leur  paroisse. 

Monsieur, — Vous  aurés  Soin,  aussitôt  la  présente  re- 
çue, de  faire  publier  et  afficher  les  Placcarts  cy-inclus,  en 
la  manière  accoutumée. 

Il  vous  est  pareillement  Enjoint  d'envoyer  au  Gou- 
vernement, le  plutôt  que  faire  se  pourra,  un  nou- 
veau Kolle  des  habitans  de  votre  paroisse,  suivant  le 
model  cy-inclus  dont  vous  remplirés  les  Colonnes.  Vous 
marquerôs  au  bas,  ainsi  que  vous  le  verres  le  nom  des 
nouveaux  habitans,  soit  francois,  ou  autres,  depuis  l'an- 
née 1760,  s'il  s'en  trouve,  ainsi  que  des  Accadiens,  por- 
tant pareillement  Le  nombre  de  leurs  familles. 

J'ai  l'honneur  d'être  Monsieur  «S;:c  , 

(Signé)  .1.  Bruyère. 

Ce  19  Mars  1762. 


17G2  222 

G  Avuiii. 

OliDUK/i  tous  les  Not''''^  (t envoi/ er  les  Extraits  des  contrats 
de  vente  ou  Krh(inv!;c  des  biens  relevons  du  domaine. 

Monsieur, — 11  vous  est  Enjoint  d'onvoyor  incessam- 
ment au  Gouvernement  les  Extraits  de  Contrats  de 
vente  ou  d'echançe  de  Fief,  ainsi  que  des  Echanges  en 
roture,  ou  autres  actes  equipolens  des  biens  relevans  du 
Domaine,  depuis  le  dernier  appel,  et  de  continuer  de  3 
mois  en  3  mois,  a  compter  du  l^'''-  avril  de  cette  présente 
année  a  peine  de  20  piastres  et  d'interdiction  <'n  cas  de 
neg-li^-ence.  Tel  est  l'ordre  de  Son  Excellence  qu'il  m'a  en- 
joint de  vous  Signifier. 

.T'ai  l'hoiineur,  iS:c., 

(Signé)  .T.  BllTJYKRE 

('"  •;.>  avril  17<';2. 


23     AvTMT,. 

Placcaiît  pour  La  garde  des  animaux. 
De  par  Son  Excellence,  &c.,  &c.,  &c. 

Les  terres  sont  maintenant  enseraeucées.  Il  est  de 
l'intérest  du  public  que  les  grains  et  autres  Semences 
qui  Sont  confiés  an  sein  de  la  terre  y  soient  conservés 
autant  que  l'aire  se  pourra,  en  conséquence,  nous  def- 
fendons  a  tous  habitans,  ou  autres,  de  donner  l'abandon 
a  leur*»  animaux  et  Bestiaux,  depuis  la  présente  publica- 
tion jusqu'à  la  St.  Michel  prochain,  sous  peine  d'une 
demie  piastre  d  amende  jiour  chaque  animal  ou  Béte-a- 
cornes. 


223  1702 

Ordonnons  a  tous  les  Capitaines  de  Milice  détenir  la 
main  a  l'exécution  du  [^present. 

Donné  aux  T.  Uivières,  ce  2oe  avril  1T02. 

i^igné)  U.  lîURTOX. 

El  ])(()•  Son  Excellenee 

(Signé)  .T.  lîiiUYKKi:. 


23  Avril. 

Ordres  «MX-  Cay>^ '-^'  <^e    Milice   de   faire    racoi/imoder  les 
ponts  et  Chemins. 

Monsieur, — Vous  aurés  soin,  aussitôt  La  présente  re- 
çue, de  faire  publier  et  afficher  le  Placcart  cy-inclus,  en 
la  manière  accoutumée.  Tous  aurés  pareillement  soin 
de  faire  racommoder  les  ponts  et  les  Chemins  à  l'or- 
dinaire —  c'est  un3  Chose  absolument  nécessaire. 


J'ay  &:c 
(Signé)  .T.  Ukuyère 


Ce  23e  avril  1762, 


28  AvEiLl 


Déclaration  ^/e  guerre  De  Sa  Majesté  Brilanniq/fe  contre 
Le  Roy  cV Espagne. 

'•  L'objet  constant  de  notre  attention  depuis  notre 
"  avènement  a  la  Couronne,  n'a  Cessé  d'être,  autant 
'■  qu  il  nous  a  été  possible  de  mettre  fin  aux  Calamités 
"  de  la  Gruerre,  et  d'établir  la  tranquilité  Publique  sur 
"  une  ferme  et  Solide  Base.  Pour  empêcher  que  ces  Ca- 
•'  lamités   ne   s'étendissent  plus  loin,    et   d'autant   plus 


•'  <|iriinopart'îiitt'  haniionii'  t'iiiri-  la  (» raudo-Brotagfiio  et 
"  l'Espaî^ne  est  en  tout  temps  do  l'iutérost  mutuel  de  ces 
"  deux  nations.  Nous  avons    toujours  ardemment  sou- 
"  hait''  entretenir  L'amitié  la  plus  étroittc  avec  le  lioy 
"  d'Espaçne,  et  arranger  a   l'amiable    les   difi'erens  qui 
'•  pou  voient     s'élever   entre  Nous   et   cette  Couronne. 
*'  Nous  avons   persisté  Constamment   dans    cotte    viie, 
"  Mal2:ré  la  partialité  Evidente  des  Espagnols  pour  les 
"  François   nos  ennemis,   pendant   lo   cours    de   cette 
"  Guerre,  qui  ne  s'accordoit  nullement  avec   leur  neu- 
•'  tralité.  Et  la  Cour  de  la  Grande-Bretagne   n'a  Cessé 
"  de  donner  des  preuves  es.sentielles  de   son    amitié   et 
•'  de  son  Estime  pour  le  lîoy  d'Espagne   et   sa  famille. 
"  Après  une  Conduite  au.ssi  amicale  et  remplie  de  tant 
"  de  bonne  foy  de  notre  part,  nous  nous   sommes  trou- 
"  vés  extrêmement  surpris  a  la  viie  d'un  mémoire    pre- 
ssente Le  23  de  juillet  dernier,  par  M.   DE   Bus.sY,  Mi- 
"  ni.strc  Plénipotentiaire  de  France,  a  un  de  nos   Prin- 
"  cipauxSecretaired'Etat,  au  sujet  des  disputes  qui  Sub- 
"  sisbent  entre  Nous  et  la  Cour  d']']spagne,  portant  que 
'*  si  ces   disputes   occasionnoient    la  Guerre   entre    les 
"  deux  Couronnes,  la  France  se  trouveroit   obligée  d'y 
*'  prendre  part.  Notre  Surprise  augmenta  ensuite   lors- 
"  que  Le  Ministre  d'E.spagne  avoua    a  notre    Ambassa- 
"  deur  a  la  Cour    de    Madrid,    qu'une    démarche   aussi 
'*  extraordinaire  et  au.s.si  in.sultante,  faite  par  une  Puis- 
"  sance  actuellement  en  Guerre  avec  nous,  s'étoit  faite 
"  avec  L'approbation  et  du  Consentement  du  Koy  d'Es- 
"  pagne,  en  a.ssurant  que  ce  mémoire  n'auroit  jamais  été 
"  presené,  si  l'on  avoit  pu   prévoir   qu'il   eût   été   reçu 
•'  Comme  une  insuite,   qu'au  reste,    le  Koy   d'Espagne 
"  étoit  lo  Maître  d'arranger  ses  diflerens  avec   la  Cour 
"  de     la   Grande-Bretagne,   sans    l'Interposition  de   la 


225  1762 

France,  et  qu'il  ôtoit  très  porté  a  Lo  l'aire.  Peu  do 
temps  après,  nous  eûmes  la  satisfaction  d'apprendre, 
par  Notre  Ambassadeur  a  Madrid,  que,  sur  les  Bruits 
qui  Curroient  d'une  rupture  prochaine,  Le  Ministre 
d'Espagne  avoit  pris  occasion  de  l'assurer  que  le  Roy 
son  Maître  étoit,  autant  que  jamais,  disposé  a  Culti- 
ver sa  bonne  intelligence  avec  nous,  Et  Comme  TAm- 
basseur  Espagnol  a  notre  Cour  repetoit  les  mêmes 
Déclarations,  nous  avons  crû  qu'il  étoit  de  notre  Jus- 
tice et  de  notre  Prudence  de  ne  point  en  venir  a  au- 
cune Extrémités. 

"  Mais  Le  tendre  Intérest  que  nous  x)renons  au  bien 
de  nos  Sujets,  en  nous  empêchant  d'entrer  avec  pré- 
cipitation en  Gruerre  avec  l'Espagne,  s'il  étoit  possible 
de  l'éviter,  nous  obligeoit  nécessairement  de  nous  in- 
former avec  Certitude  des  Engagemens  actuels  et  des 
intentions  réelles  de  la  Cour  d'Espagne.  En  consé- 
quence, nous  apprîmes  qu'il  s'étoit  contracté  depuis 
peu,  des  Engagemens  entre  les  cours  de  Madrid  et  de 
Versailles,  et  peu  après  les  Ministres  de  France  eu- 
rent soin  de  répandre  adroitement  dans  toute  l'Eu- 
rope que  le  but  de  ces  Engagemens  étoit  offensif 
envers  la  Grande  Bretagne,  et  que  l'Espagne  étoit  sur 
le  point  d'entrer  en  Gruerre,  sur  quoi  nous  ordonnâmes 
a  notre  Ambassadeur  de  demender,  de  la  façon  la 
plus  amicale,  Communication  des  traités  Conclus  de- 
puis peu  entre  La  France  et  l'Espagne,  ou  des  articles 
qui  avoient  particulièrement  rapport  aux  Interests  de 
la  G-rande  Bretagne,  s'il  y  en  avoit,  ou  enfin  une  as- 
surance positive  qu'il  n'y  en  avoit  aucuns  qui  fussent 
incompatibles  avec  la  bonne  amitié  qui  existoit  entre 
nous  et  la  Couronne  d'Espagne.  Nous  fumes  extrê- 
mement Surpris  et  peines  d'apprendre  que  Le  Minis- 


22(j  17G2 

•  Ire  Espagnol  avoit  cviti'  do  répondre  u  une    demande 
•'  aussi  raisonnable,  et  s'étoit  servi  de  raisonnemens   et 
"  d'Insinuations  qui  paroissoient   découvrir   des   inten- 
"  tions  d'hostilité,  et  Connue  nous    revumes    en   niênn' 
•'  temps  des  intelligences  certaines  que    l'Espagne    l'ai- 
"  soit  de  Grands  armemens  par  Mer  et  par  terre,  nous 
"ju'^eames    qu'il    étoit    indispensablement   nécessaire 
"  d'essaier  encore  une  lois,  s'il    seroit    possible    d'éviter 
"  d'en  venir  a  une  rupture.  En  Conséquence,  nous  don- 
"  nâmes  ordre  a  Notre  Ambassadeur  de  demander,  d'une 
"  façon  polie,  mais  ferme,  si  la  Cour  de    Madrid   avoit 
'•  intention  de  se  joindre    aux    François,  nos    Ennemis, 
"  dans  leurs  actes  d'hostilité  Contre  la   Grande    Breta- 
"  "-ne.  ou  si  Elle  se  proposoit  de  se  départir  de  sa    neu- 
"  tralité,  et  en  Cas  qu'il  s'aperrut  que  le  Ministre  Espa- 
'*  fiiol  évita   de  donner  une  réponse  claire   et   précise 
"  il  avoit  ordre  d'insinuer  que  son    refus    de    repondre 
"  précisément  a  une  demande  aussi  raisonnable  donne- 
"  roit  lieu  de  penser  que  le  Roy    d'Espagne    avoit   pris 
"  parti  contre  Nous,  ou  qu'il  étoit  résolu  de  faire,  ce  qui 
"  seroit  regardé  comme  un  aveu  des  ses  Intentions  En- 
'•  nemies  et  équivalent  a  une   déclaration   de  Guerre  ; 
"  auquel  cas  il  avoit  ordre  de  quitter   incessamment   la 
'•  Cour  de  Madrid.  Le  refus  positif  que   la   Cour   d'Es- 
"  pa^-ne  lit  de  donner  La  moindre  Satisfaction  a  des  de- 
"  mandes  aussi  raisonnables  de  Notre  part,  et  la  Decla- 
'•  ration  Solennelle,  que  Le  Ministre  Espagnol  lit  rn  mé- 
'•  me  temps,  que  l'on  regardoit  La  Guerre  Comme  actut'I- 
"  lement  déclarée,  prouve  Clairement  que  La  resolution 
"  d'a""ir  olfensivement  étoit  décidément  et  si  fermement 
•'  prise,  (ju'il  n'etoit  plus  possible  de  la  Cacher,  ou  de  la 
*'  nier. 

•  Le  liuy  d'Espagne  ayant  donc  jugé   a  propos  sans 


227  1762 

"  aucune  provocation  de  Notre    part,   de    regarder  La 
"  guerre  comme  déjà  commencée  contre  Nous,  et  L'ayant 
"  en  effet  fait  déclarer   a  Madrid,   Nous  Espérons   que, 
"  par  la  protection  du  Dieu   Tout  Puissant,  eu   égard   a 
"  la  justice  de  Notre  Cause,  et  L'aide  de  nos  bons  et  fide- 
"  les  Sujets,  nous  nous  trouverons  en  état  d'arretter  et  de 
"  deffaire  les  desseins  ambitieux  qui  ont  formé  la  présente 
"  alliance  entre  les  deux  Branches  de  la  Maison  deBour- 
"  bon,  qui  donnent  naissance  a  une  Nouvelle  Guerre,  et 
"  Menacent  l'Europe  des  plus  fatales  Suites.  En  Gonse- 
"  quence  Nous  avons  jugé  a  propos  de  Déclarer,  et  nous 
"  DECLARONS   dcs  a  présent  La  Guerre  au  Roy  cVEspa- 
"  gne,  et  conformément  a  cette  déclaration,   nous  Som- 
"  mes  résolus  de  continuer   avec  vigueur  cette  G-uerre 
"  qui  interesse  Si  intimement  l'honneur   de  notre  Cou- 
"  ronne,  le  bien   de  nos  Sujets,  et  la  prospérité  de  cette 
"  nation,  dont  la  Conservation  et  L'appui  feront  en  tout 
"  tems  l'objet  le  plus  cher  de  notre  attention.     Et  Nous 
"  Voulons  et  ordonnons  par  ces  présentes  a  tous  nos  G-e 
"  neraux  et  Commandans  de  nos  troupes,  aux  person. 
"  nés  commises  a  l'exécution  de   la   charge    de    G-rand 
'•  amiral  de  la  Grrande  Bretagne,  a  nos  Lieutenants  dans 
"  les  différente  provinces,  a  nos  Gouverneurs  des  forts 
"  et  des  Citadelles,  et  a  tous   autres  officiers  et   soldats 
"  soumis  a  leur    commandement  tant  par  mer,  et   par 
"  terre,  en  conséquence  de  la  présente  guerre,  de  faire 
"  et    d'exécuter    tous    actes    d'hostilité   contre  le  Ro)^ 
"  d'Espagne,   Ses  Yassaux,    et   Sujets,  et    de   s'opposer 
"  a  leurs  entreprises. 

"  Nous  VOULONS  ET  ORDONNONS  a  tous  nos  sujets  de 
"  faire  attention  a  la  présente   déclaration,  leur  deffen 
"  dant  très  expressément,  d'entretenir  à  l'avenir  aucune 
"  Correspondence,  ou  d'avoir  Communication   avec   le 


17»;J  228 

•  Ivoy  d'Kspairno  ou  si^s  Sujets.  Et  nous  Corauuuulons 
"  par  cos  présentes  a  tous  nos  sujots,  et  donnons  avisa 
"  toutes  autres  personnes  do  telle  nation  qu'elles  soient 
"  de  ne  point  transporter  aucuns  Soldats,  armes,  poudre, 
"  amunition,  ou  autres  effets  do  contre  bande,  sur  les 
"  terres,  territoires,  colonies,  etablissemens  et  pais  ap- 
"  partenants  au  dt.  Roy  d'Espairne,  Déclarant  que  tout 
"  vaissau,  ou  Bâtiment  qui  sera  trouvé  Chargé  de  sol- 
"  dats.  armes,  poudre,  amunition  ou  autres  effets  de 
"  contre  bande  destinés  pour  les  terres,  territoires,  Co- 
"  lonies,  Etablissemens,  et  pais  appartenants  au  dt.  Roy 
"  d'Espagne,  seront  pris,  saisis  et  condamnés  comme  de 
'*  bonne  prise.  Et  comme  il  se  peut  trouver  plusieurs 
"  sujets  de  Sa  Majesté  Espagnole,  habitués  et  établis 
"  dans  nos  .Royaumes,  Nous  déclarons  par  ces  presen- 
'•  tes  que  Notre  Royale  Intention  est,  que  tous  les  Su- 
"  jets  Espagnols  qui  se  Comporteront  envers  nous  avec 
"  Respect,  Soient  protégés  et  maintenus  tant  en  leurs 
"  personnes  que  dans  leurs  effets. 

"  Donné  a   notre  Cour   de  St.  .Ta  -(lucs,  le  2  '  jour  de 
'•  .Tanvi'^r  1702,  la  2  '  •"•  année  de  notre  Règne.  " 


Publié  aax  trois  Rivières,  le  28e.  avril  17G2. 

(Signé)  R.  BURTOX. 

Et  plus  bas, —  Par  Son  Excellence, 

(Signé)  J.  Bruyère. 


229  17G2 

8  May. 

Placart  qui  annonce  le  départ  de  Son  Excellence  et  encan- 
séquence  des  ordres  remis  a  Mr.  Frederick  Haldim an 
Colonel  d'Infanterie,  etc. 

De  par  Son  Excellence  Ralph  Burton,  &c.,  &c., 
&c. 

Son  Excellence  Monsieur  le  Chevalier  Amherst  m'a 
instruit  dernièrement  des  ordres  de  la  Cour,  portant 
qu'il  plait  a  Sa  Majesté  que  je  m'absente  pendant  quel- 
que tems  du  Grouvernement  des  trois  Rivières  pour 
me  rendre  a  L'armée,  et  Son  Excellence  voulant  que 
les  affaires  de  ce  Gouvernement  ne  soient  en  aucune 
façon  interrompues,  m'a  en  Conséquence  ordonné  d'en 
remettre  entièrement  le  soin,  pendant  la  dite  absence,  a 
Monsi'-  Frederick  Haldim  an  Ecuyer  Colonel  d'Infan- 
terie, &c. 

A  ces  fins  nous  faisons  par  ces  présentes  sçavoir  a 
tous  les  sujets  de  Sa  Majesté  Canadiens,  ou  autres  dans 
l'étendue  de  ce  Grouvernement  que  nous  avons  remis 
et  nous  remettons  en  Conséquence  des  ordres  cy  des- 
sus a  Monsieur  Frederick  Haldiman  tous  les  pou- 
voirs dont  nous  sommes  revêtus  î)our  fadministration 
de  la  justice  et  le  Grouvernement  des  sujets  de  Sa  Majes- 
té sous  notre  obéissance  et  afin  que  personne  n'en  puis- 
se ignorer.  Voulons  que  la  présente  soit  liie,  publiée,  et 
affichée  en  la  manière  accoutumée. 

Donné  aux  trois  Rivières  ce  8'"*^  jour  de   May  1762 

(Signé)  R.  BURTON. 

Et  plus  bas, — rPar  Son  Excellence, 

(Signé)     »  .T    Brityeiie. 


17C2  230 

1'.'.   M  AV. 

Placart  qui  dt'fftnil  de  chasser  sur  la  seii^neurie  de  St  Mau- 
rirc,  j'ublié  aux  3  Rivières,  MurJtirhe,  /'•''"  du  Lac,  Cap 
Mai^deleiuc  et  aux  Fors^es. 

De  jiar  Xous  FREDERICK  IIaldimand  Ecuî/er  Colovel 
(C Infanterie  Commandant  In  Ville  et  Gouvernement  des 
Trois  [Rivières]  et  les  troupes  de  Sa  Majesté  dans  l'éten- 
due du  dit  Gouvernement. 

Il  est  dekfexdu  à  toutes  porsonnes  qin'lconquos  de 
chasser  sur  les  terres  de  la  ;Seigneurie  de  St.  Maurice,  et 
autres  dépandantes  des  Forges,  et  dans  les  environs  de 
la  mine  derrière  la  pointe  du  Lac,  sans  une  permission 
Expresse  Signée  de  nous,  sous  peine  de  vingt  piastres  d'a- 
mende pour  la  première  lois,  et  de  punition  arbitraire 
en  cas  de  récidive,  La  dite  amande  applicable  moitié  au 
dénonciateur  ;  et  l'autre  moitié  aux  pauvres  de  la  par- 
roisse,  et  afin  que  personne  n'en  puisse  ignorer,  Vou- 
lons que  La  présente  soit  lue,  publiée  et  aliichée  en  la 
manière  accoutumée, 

Donne  aux  trois  Rivières  ce  19e  may  17G2. 

(Signé)  FRED.  IIALDJMAM). 

Et  plus  bas  — Par  Mr.  le  Commandant. 

(Signé)  J.  Bruyère. 


231  1762 

23  May. 

Signalement  de  deux  domestiques  désertés  de  Chez  Mr. 
le  Blajor  Chrisiie  a  Montréal. 

Signalement  de  deux  domestiques  désertés  de  chez 
Monsieur  le  Major  Ciiristie  a  Montréal  La  nuit  du  20 
au  21e  du  présent  mois, 

JoNHS  Eaab  allemand  mince,  d'environ  cinq  pieds 
sept  pouces,  les  yeux  rouges,  fort  noir,  de  longs  Cheveux 
noirs  ordinairement  en  tresse,  porte  un  habit  verd,  et 
un  morceau  de  Ruband  verd  pour  cockarde  à  son  cha- 
peau Bordé  d'argent. 

David  King  un  allemend  d'environ  cinq  pieds  cinq 
pouces,  bien  fait,  Cheveux  rouges,  Beaucoup  de  Rous- 
seurs ;  Son  habit  rouge  tout  unis,  et  des  Culottes  de 
peau;  tous  les  deux  parlent  françois  Mais  mauvais  An- 
glois. 

N.  B.  lis  ont  emporté  avec  eux  une  radingotte  bleiie 
avec  des  Boutons  blancs. 

Aux  3  Rivières  ce  23e  may  1762. 

Six  piastres  de  recompense  pour  ceux  qui  les  arrette- 
ront  et  les  remettront  à  Mr.  Le  Major  Christie  à  Mont- 
réal. 

Par  ordre  de  Monsr.  le  Colonel  Haldimand. 

(Signé)  L.  Metrat, 

Major  de  Place 


1TG2  232 

25  MvY. 

liois  (le  chauffuge  dcmcndé  dans  lis  jtarroisse  de  Yamasca, 
Nivolet  et  la  Baye,  Rivière  du  Loup  et  Marhirhe, 

Monsieur. — Comme  il  se  trouve  nécessaire  de  renou- 
veller  les  provisions  de  bois  pour  le  cours  de  L'été  pour 
la  garnison  de  cette  ville.  Il  vous  est  Enjoint  de  la  part 
de  Monsr.  le  Gouverneur  de  faire  incessemment  couper 
dans  l'étendue  de  votre  parroisse  et  par  vos  habitans  (1) 
dans  l'endroit  que  vous  jugerés  le  plus  convenable, 
cent  cinquante  Cordes  de  bois  de  Chauiliage  que 
vous  ferés  descendre  aux  trois  Rivières  en  cajeux, 
Vous  ordonnerés  qu'il  soit  arrangé  sur  la  grève 
entre  les  deux  Maicazins  de  provisions,  pour  vous  faci- 
liter dans  le  Choix  de  l'endroit  où  vous  ferés  faire  la 
dte.  Coupe  et  pour  que  le  propriétaire  du  dt.  endroit  ne 
se  croye  pas  lésé  preferabloment  a  tout  autre  vous  lui 
ferés  iSçavoir  que  les  dtes  cent  cinquante  cordes  de  bois 
lui  seront  payées  par  moi  a  raison  de  dix  sols  de  France 
pour    Chacune  des  dtes  Cordes   prises  sur  pied. 

J'ai  Ihouneur  détro.  Monsr,  «Jcc, 

(Signé)  J.  Bruyère. 

Ce  2r>  Mav  17»;2. 


(l)  El  coii\  <lo  II  li.'iyf.  Ac.  Vous  cr)iniiiii[iii{ii.'rr<s  la  |ircsoiitf  au  ('.a|im' 
<li!  Milice  Je  la  Baye,  l'I  vous  couvion-lr-'S  avi'c  lui  «lu  nonilni*  (!<•  Im- 
•  luMirs,  Ac. 

I.p  ni>''iiie  à  1.1  Hiv.  ilu  l.  .iip 


233  1762 

28  May. 
Placart  au  Si/Jet  du  Commerce  dea  Sauvng'es  têtes  de  houle. 

De  par  Nous  Frederick  IIaldimand  Ecni/er  Cohue! 
d'Infanterie  Commandant  la  Ville  et  Gouvernement  des 
trois  Rivières  et  les  troupes  de  Sa  Majesté  dans  l'étendue 
du  dt.  Gouvernement. 

Le  commerce  des  têtes  de  boule  est  iine  des  princi- 
pales resources  des  habitaiis  de  cette  ville  et  Gouver- 
nement. Il  seroit  donc  a  x^ropos  de  tacher  d'engager 
cette  Nation  Sauvage  a  y  apporter  leurs  pelleteries.  Il 
nous  paroit  que  le  moyen  le  plus  sûr  d'y  parvenir  est  de 
donner  a  ce  Commerce  toute  la  sûreté  et  la  liberté  pos- 
sible. 

A  cet  effet  Nous  réitérons  les  defFenses  cy  devant 
faites  a  toutes  x)ersonnes  d'aller  a  la  rencontre  des  dits 
sauvages,  et  par  là  les  empêcher  de  venir  au  marcher  j^u- 
blicde  cette  ville.  Voulons  en  outre  qu'aussitôt  L'arri- 
vée des  dits  sauvages  leurs  pelleteries  soient  déposées 
en  gros  a  l'endroit  accoutumée  sur  le  haut  de  la  Côte 
vis  a  vis  la  maison  du  Sr.  de  Francherille,  ou  après  avoir 
préalablement  prélevé  les  Crédits  qu'ils  auront  reçus 
dans  les  volages  précédens,  et  qui  seront  duement  enre- 
gistrés au  Secrétariat,  Elles  seront  exposées  en  vente 
public,  et  toute  personne  quelconque  reçue  et  admise  a 
faire  avec  les  dits  Sauvages  tels  Marchers  qu'il  jugera  le 
plus  convenable. 

L'heure  du  marcher  après  l'arrivé  des  dits  sauvages 
sera  notiffi.ee  a  tous  les  Marchands  et  Bourgeois  de  cette 
ville  par  cry  public. 

Il  est  deffendu  a  qui  que  ce  soit  d'attirer  avant 
l'heure  du  dt.  Marcher  les  sauvages  dans  Sa  Maison  pour 


17  r,  2  234 

y  faire  aucun  Marchor  pnrticulioV,  .sous  peine  de  vinat 
l)iastres  tramande,  et  d<'  Coniiseali  >n  des  pelleteriescju'i! 
aura  ainsi  aequises. 

La  roUDRE  est  un  article  n^-eessaire  jxnir  la  traite 
des  sauvaQfCS,  et  Comme  la  vente  en  est  particulière- 
ment attribuée  à  un  seul  mareliand  de  cette  ville  ;  Nous 
Taisons  savoir  a  tous  les  Marchands  et  Ijourgeois  de 
cette  ville  (^ue  pour  faciliter  la  dite  traite  et  la  rendre 
d'un  avantag-e  Commun  à  Ions,  Nous lixerons  a  l'arrivée 
de  Chaque  parti  Sauvage  la  quantité  que  nous  ju- 
ii'erons  a  propos  qu'il  leur  soit  vendi'ie,  laquelle  sera 
également  repartie  entre  les  Commerçans  de  cette 
ville  qui  en  Conséquence  se  jauniront  a  l'ordinaire 
d'ordres  pour  autoriser  It*  di  marchand  a  leur  en  don- 
ner en  payant  le  prix  ordinaire  la  quantité  qui  sera 
spéciliée  sur  les  dts,  ordres. 

Kt  pour  PREVENill  les  mauvaises  suites  de  i'yvro- 
gnerie  des  dts  Sauvages,  défaut  auquel  ils  ne  sont 
que  trop  enclins,  nous  ueffendons  sous  peine  de  puni- 
tion arbitraire  suivant  l'exigence  des  Cas,  à  qui  que  ce 
soit  de  l«nir  donner  aucune  liqueur  forte  avant  la  lin 
du  dt  Marcher  Public,  et  même  de  leur  en  procurer  une 
trop  erande  quantité  en  retour  de  leurs  pelleteries,  d'au- 
tant plus  que  cette  sorte  d'Echaime  les  empêche  de  se 
pourvoir  des  autres  choses  qui  leur  sont  nécessaires  pour 
la  Chasse,  qui  seule  peut  établir  et  augmenter  leur  Com- 
merce avec  les  habitans  de  cette  Colonie. 

Donné  aux  0  Ivivières  ce  28e.  May  17G2. 

(Signé)  FRED.  IIALDH^  \M) 

Ei  phiN  bas, —  P(ir  Monsia/r  le  (hmrcrneiir, 

(Signé)  .T.  lÎKUYERE. 


235  .  1762 

28  May. 
OilDRE  à  fo/n  (eA  Cap'^''^-(/e  milice  de  se  rendre  un  (Gouver- 
nement. 

Monsieur, — ïl  vous  est  expressément  Enjoint  toute 
alïaire  Cessante,  de  a^ous  rendre  au  Gom^ernement  des 
trois  Eivieres  Scimedy  i:>rocliain  Se.  jour  du  mois  de 
juin  pour  y  prendre  les  ordres  de  Monsieur  Le  Gouver- 
neur. Hi  quelqu'indispositionrous  empe choit  de  pouvoir 
y  venir  vous  même  vous  ordonnerés  au  plus  ancien  de 
vos  olEciers  de  Milice  d'y  paroitre  a  votre  lieu  et  j)]ace. 

J'ai  l'honneur  d'être,  Monsr.  &:c., 

(Signé)  .T.  Bkuyeke. 

Aux  3  Eivières  ce  28e  May  17G2. 


31  May 


Au  Sr.  Sicard  Cap''^^-  de&  Milices  de  Masquinoiigé  au  svjet 
des  Clôture. 

Monsieur, — Yous  devés  avoir  reçu  et  publié  le  23e 
d'avril  dernier  un  placart  par  lequel  il  est  defFendu 
de  donner  l'abandon  aux  animaux  et  Bestiaux  juscju'à 
la  St.  Michel  Sous  joeine  d'une  demie  piastre  d'amande, 
Cela  auroit  dû  naturellement  engagé  les  habitans  a 
faire  faire  les  Clôtures  de  la  Commune  pour  éviter  de 
s'exposer  à  l'amande  cy-dessus.  J'ai  été  surpris  d'ap- 
prendre \)'àY  plusieurs  lettres  que  la  Clôture  de  votre 
Commune  n'avoit  point  été  faite  et  les  guerets  des  en- 
virons se  trouvoient   exposés.     Yous   ferés   donc   som- 


I 


uiiM-  sur  l;i  pr6soiito  les  habitans  do  laive  ïixuo  la  ditto 
Clotiiro  io  plutôt  (|U<>.  faire  se  pourra  sous  les  poinos 
ordinaires  et  vous  les  avertiras  on  niônio  tonij)s  quo 
los  animaux  qui  so  trouveront  dans  les  champs  voisins 
seront  à  l'avenir  arrottés  et  retonus  pour  L'amande  sans 
aucune  remission  ni  distinction. 

.rai  rii(^nni'ur  d'être  M'-&c., 

(Sicile)  .1.   liKUVi-:i{E. 

o  Rivières  ce  'M     uinv  ITtii!. 


Juin. 


rL.\.<'C.\.HT  //.iitr  Etablir  des  Chambres  ■fdutlitdirc  j)onr  Cail- 
)ninislralio)i  de  la  J iisticf. 

De  par  Nou.^  Frederick  11.\ldi.m.\nd  Ecuyefi  Colonel 
d'Infanterie,  Commandant  la  Ville  et  Gouvernement  des 
tr.ii'i  Ririeres,  et  les  frouj/cs  de  Sa  Ma/esté  dans  C (ten- 
due du  dit  Couvernement 

Cherchant  avec  zèle  les  moyens  de  rendre  l'admi- 
nistration de  la  Justice  dans  les  Campagnes  du  Gouver- 
nement, qui  Nous  est  coniiépour  le  temps  présent,  pluw 
prompte,  plus  aisée,  et  moins  Coûteuse,  a  ceux  qui  se- 
ront dans  jj'obligation  d'y  recourir.  Nous  avons  l'ait  le 
présent  Règlement  que  Nous  Vouions  être  suivi — sui- 
vant sa  l'orme  et  teneur.  (1) 

Article  Icr.  — L^  Gouvernement  des  trois  Rivières  sera 


ilj  Iv;  G'Mi.<;ag'' avait  lail  un  scmlilablo  llogl«m<'iil   jiour  son"  Gou- 
vornemenl  «J'J  Montréal .  " — dès  le  13e  octobre  17CI. — Voir  pp.  16. 


237  1762 

divisé  x^onr  radministration  de  la  Justice  en  quatre 
Districts  que  nous  avons  i^lacé  au  Centre  des  Campa- 
gnes de  Chaque  District  pour  la  commodité  de  ceux 
qui  seront  obligés  d'3"  avoir  recours. 

Art.  2d.-rou:-  le  premier  District,  la  Chambre  d'audian- 
ce  se  tiendra  à  (  iHAMPLAix  chez  le  Cap'-e.  des  milices,  et 
les  habitans  de  Champlain,  Ste.  anne,  Ste.  Marie,  Ri- 
vière Batiscan,  côte  de  Batiscan,  et  Cap  Magdeleine, 
seront  justiciables  de  Cette  Chambre. 

Art.  Se. — Pour  le  second  District,  La  Chambre  d'au- 
diance  se  tiendra  à  la  Rivière  du  Loup,  pour  les  ha 
bitans  de  la  pointe  du  Lac,  Machiche,  Rivière  du 
Lou}),  Maskinongé,  et  chenail  du  Nord. 

A^rt.  4e. — Pour  le  troisième  District  La  Chambre  d'au- 
diance  se  tiendra  à  ^^t.  François  pour  les  habitans  de 
Yamasca,  St-  françois.  Baye  8t.  antoine,  et  Nicolette. 

Art.  oe. — Pour  le  quatrième  District  la  Chambre 
d'audiance  se  tiendra  a  (xENTlLLY  pour  les  habitant 
de  St.  Pierre  les  Bequets,  Gentilly  et  Becancour. 

Art.  Ge. — Quant  a  la  justice  et  police  de  cette  ville, 
elle  Continura  a  être  administrée  par  Mr.  le  Capt"*-'- 
des  Milices,  aidé  d'un  autre  officier  des  Milices  de  cette 
ville,  et  Taudiance  se  tiendra  tous  les.lundis  depuis  neuf 
heures  jusqu'à  midi.  L'appel  s'en  fera  au  Gouverne, 
ment  a  l'ordinaire.  Les  emolumens  de  la  Chambre  du 
Cap"*?-  ainsi  que  Ceux  cy  dessus.  (2) 

Art.  7e. — Dans  chacune  de  ces  chambres  il  s'assem- 
blera un  corps  d'officiers  de  milices  tous  les  premiers 
et  quinze  de  chaque  mois.     Si  ces  jours   se   trouvoient 


(2)  Ainsi  au  MS. 


1TG2  238 

Dinuiiulu's.  ruudiiuioo  scM-;i  rciui.si'  au  liUiuli.  La  dto 
aiuliiince  se  tiendra  aux  d.  jours  et  lieux  depuis  huit 
heures  jusqu'à  midi,  oi  depuis  deux  heures  do  relevée 
jusqu'à  si\   heures. 

-1/7.  8e. — Ce  corps  d'oliicii'rs  sera  composé  au  plus  de 
Cinq,  et  au  moins  de  trois,  dont  le  président  sera  tou- 
jours un  Capitaine. 

.1/7.  î>e. — Chacune  des  Chambres  aura  un  Ecrivain 
qui  sera  nommé  a  cet  effet,  et  dont  les  emolumens  se- 
ront lixés  par  nous,  et  allichés  dans  l'intérieur  de  la 
Chambre  d'audiance.  Chaque  Ecrivain  aura  soin  de  te- 
nir pour  la  Chambre  a  laquelle  il  est  attaché,  un  liegistre 
numéroté  par  i)remiere  et  dernière  page,  et  paraphé 
a  Chaque  page  d'un  des  Capnes.  de  la  Chambre,  dans  le- 
(|uel  seront  enregistrés  tous  les  jugemens  de  la  dte. 
Chambre  et  Lcsordonnaucos  de  justice  et  de  police  qui 
seront  par  nous  rendues. 

,1/7.  10e. —  Lorsqu'il  conviendra  parvenir  a  quelque 
vente  par  décret,  ou  par  retrait,  la  dite  vente  sera  faite 
avec  les  form  dites  essentielles  et  en  la  manière  accou- 
tumée. 

.4/7.  Ile. — :*.ius  les  alfaires  où  il  y  aura  nécessité  d'a- 
voir des  témoins,  Ifl,  partie  qui  Succombera  sera  tenue 
de  les  payer  a  raison  de  trois  livres  par  jour,  s'ils  do- 
meurent  dai:-;  l'étendue  du  Di.strict  de  la  chambre,  et 
de  six  livres  ;>ils  demeurent  dans  un  autre  District,  ou 
(rouvernem '.it  a  moins  qu'ils  ne  se  trouvent  sur  les 
lieux  sans  avoir  été  sommés  de  s'y  rendre.  Les  plai. 
deurs  de  Mauvaise  foy  seront  contraints  de  payer  les 
dépenses  de  leurs  parties  adverses  suivant  l'arbitrage 
(jui  t'ii  sera  i';iil  par   les    d.  Chaml/res. 


1762  239 

Art.  12e. — Chaque  chambre  est  autorisée  a  faire  pa- 
roitre  les  témoins  quoiqu'ils  demeurent  dans  un  autre 
District,  a  peine  contre  ceux  qui  refuseront  d'obéir  de 
cinq  piastres  pour  La  première  fois  et  de  dix  en  cas  de 
récidive. 

Art.  loe. — Lor&qu'il  y  aura  des  j)rocès  entre  des  parti- 
culiers de  difterens  District,  le  Demandeur  s'addrcp^era 
a  la  Chambre  d'où  dépendra  le  Défendeur. 

Art.  14e. — Xous  exceptons  cependant  les  habitans  des 
trois  Rivières  a  cj^ui  nous  conservons  le  priviieae  de  faire 
venir  a  la  ville  les  i:>articuliers  des  Campagnes. 

Art.  15e. — On  i:)ourra  fair  api^el  de  tous  les  jugemens 
prononcés  jiar  les  Chambres  susnommées  au  Conseil  des 
officiers  des  troupes  de  Sa  Majesté,  et  cet  appel  pourra 
se  faire  pendant  un  mois  a  compter  du  jour  que  les  Ju- 
gemens seront  rendus  i:>ar  la  Chambre  de  milice,  après 
lequel  tems  les  dits  jug-emens  seront  exécutés,  en  con 
séquence,  les  d.  officiers  des  chambres  assemblées 
donneront  ordre  au  Capitaine  du  Perdant  de  le  Con- 
traindre par  corps,  ou  par  Saisie  de  ses  biens. 

Art.  16e. — Afin  de  décider  sur  les  aj)i)els  qui  seront 
faiis.  Nous  faisons  savoir,  c[ue  tous  les  vingt  de  chaque 
mois  les  officiers  des  troupes  de  Sa  Majesté  cantonnés 
dans  chaque  District  s'assembleront,  savoir,  ceux  du 
District  deChamplaina  Ste  Anne,  chez  Mr.  Le  comman- 
dant, ceux  du  District  de  la  liiv  :  du  Loup,  a  Maski- 
nongé,  chez  Mr.  Le  Commandant,  et  ceux  de  St.  Fran- 
çois, a  St.  François,  aussi  chez  Mr.  Le  Commandant,  ou 
l'Ecrivain  des  chambres  de  Chaque  District  sera  tenu  de 
se  rendre  avec  le  Registre  de  la  Chambre  de  Milice,  et 
d'en  tenir  un  autre  de  décisions  sur  appel  de  la  Charn- 
ière du  Conseil  des  officiers  de  Sa  Majesté. 


17C-:  240 

,1/7.  ITo. — Los  parties  <iui  Vomlroiit  encore  appoUor 
du  juîrement  des  dts.  olUeiers  seront  lîeeus,  Mais  tenus 
de  le  faire  pardevant  nous  dans  la  (quinzaine,  et  a  cet 
ellet  ils  remettroiit  leurs  pièces  et  instruiront  leurs 
causes  a  Notre  Secrétariat  dans  le  d.  Delay,  faute  de 
(|Uoy,  ils  n'y  seront  plus  reçus. 

Art.  18e. — Lorsqu'il  se  trouvera  dans  quelques  parrois- 
ses  des  g-ens  sans  aveu,  et  Scélérats  ils  seront  conduits 
prisonniers  aux  trois  [Kivières] 

Art.  li'e. — S'il  se  commettoit  quelque  Crime  atroce, 
Comme  assassin,  viol,  ou  autres  Crimes  Capitaux,  chaque 
officier  de  Milice  est  autorisé  a  arretter  le  Criminel,  et  les 
Complices,  et  a  les  faires  conduire  sous  bonne  et  sure 
garde  aux  trois  liivieres  avec  l'état  du  Crime  et  la  liste 
des  témoints 

Art.  20c. — Pour  indemniser  les  officiers  de  Milice  dos 
Chambres  do  Chaque  District,  delà  perte  de  leurs  tems, 
i^bandon  de  leurs  travaux,  et  subvenir  aux  autres  dé- 
penses nécessaires  et  indispensables  dans  les  d.  cham- 
bres, Nous  leur  allouons  ce  c[ui  suit 

Art.  21e. — La  partie  qui  aura  succombé  dans  un  j)ro- 
cès  de  la  Valeur  de  20  liv.  jusqu'à  50  liv.  paiera  à  la 
Chambre  une  demie  piastre,  depuis  50  liv.  jusqu'à  100 
liv.  uuo  j).  istre,  depuis  100  liv.  jusqu'à  250  liv.  une 
piastre  et  lemie,  depuis  250  liv.  ju.squ'à  500  liv.  deux 
piastres  et  demie,  de  500  liv.  jusqu'à  1000  liv.  quatre 
piastres,  de  1000  liv.  jusqu'à  3000  liv.  six  piastres,  de 
3000  liv.  à  7000  liv.  huit  piastres,  de  7000  liv.  à  10,000 
liv.  dix  piastres,  et  au-dessus  de  10,000  liv.  vingt  pias- 
tres. 


241  1762 

jST.  B. — Ces  dépens  n'ont  lien  que  pour  la  Chambre  de 
Milice,  les  parties  ne  seront  aacnnement  tenues  d'en 
payer  de  pareils  aux  Chambres    d'appel. 

Art.  22e. — Dans  le  Cas  où  il  se  troureroit  des  particu- 
liers qui  méritassent  d'être  mis  a  l'amende  faute  d'exé- 
cution de  nos  ordonnances  ;  les  Chambres  pourront  les 
y  Condamner,  mais  elles  seront  teniies  d'enyo^-er  à  No- 
tre Secrétariat  tous  les  troisièmes  jours  de  chaque  mois 
la  liste  des  amendes,  leur  montant,  les  raisons  cjui 
les  ont  occasionnées,  et  le  nom  de  ceux  qui  les  ont  en- 
couru?, pour  sur  les  d.  listes  recevoir  de  nous  le  pou- 
voir de  lever  les  d.  amendes  ainsi  qu'elles  seront 
par  nous  approuvées  et  le  produit  sera  pareillement 
déposé  dans  la  Bourse  de  chaque  Chambre  pour  subve- 
nir aux  frais  d'icelles. 

Art.  23e. — L'Ecrivain  de  Chaque  Chambre  sera  pareil- 
lement trésorier,  il  touchera  l'argent  provenant  du  Ee- 
glement  porté  a  l'article  21e.  du  présent,  et  les  amendes 
par  Nous  approuvées.  Le  tout  sera  porté  sur  le  Eegistre 
des  Causes,  et  arretté  a  la  fin  de  la  séance  du  premier  de 
chaque  mois,  auquel  jour  il  en  rendra  Compte  aux  offi- 
ciers de  sa  Chambre,  entre  lesquels  le  total  sera  partagé 
gu  égard  au  nombre  de  leurs  assises,  aux  audiances,  et  a 
la  distance  du  Chemin  qu'ils  auront  fait,  les  frais  de 
l'entretien  de  la  dite    Chambre  préalablement    déduits. 

Art.  24e. — Nous  ne  pouvons  trop  recommander  a  tous 
officiers  de  Milices  de  maintenir  le  bon  ordre  dans  leurs 
Compagnies,  et  d'y  arranger  autant  qu'il  leur  sera  possi- 
ble tous  difFerens  a  l'amiable,  et  enfin  de  tenir  la  main 
a  l'exécution  du  présent  Règlement,  lequel  sera  enre- 
gistré en  tête  de  leurs  Registres. 

Art.  25e. — Pour    prévenir    les   abus   qui   pourroit  se 


1762  242 

U'iissor  dans  la  présente  uilniiaisLratioji  de  la  .1  ustico, 
Nous  voulons  que  les  lieufistres  des  Causes  <|ui  paroi- 
tront,  et  seront  dreidées  dans  les  dillérentes  chambres 
susnommées  soient  envoyés  tous  les  trois  mois  a 
commeneer  de  la  datte  du  présent  lleglcment,  a  Notre 
^Secrétariat,  pour  y  être  par  Nous  cxaîninés  et  aprou- 
vés  ainsi  que  de  raison. 

Mandons  et  Oudonn()N>  a  iwus  les  Cap'"  -•  ei  ulii- 
ciers  de  milices  des  Côt(^s  de  ce  Gouvernement  de  tenir 
la  main  à  l'exécution  du  présent  Ke^-lement  qui  sera 
lii,  publié,  et  alFielié  en  la  manière  accoutumée. 

Donné  aux  trois  liivieres,  ce  ôe  Juin  17G2. 

(Signé)  FliED.  IIALDIMAND. 

i'.i  [>n[<,  bis, —  Par  Moiiiiicnr  le  (loiivcrneiir, 

(Signé)  .1.  IÎKL'Yt;RE. 


8  Juin 


OlîDRE  a  tous  les  Cnji'i  ■''■  île  faire  arrcller  le  nommé  Giiillot 
ilil  La    Rose. 

Monsieur, — Il  vous  est  enjoint  de  l'aire  arretter  Le. 
nommé  Guillot  dit  La  Rose,  établi  dernièrement  aux  trois 
Itivieres  .s'il  se  trouve  dans  l'étendue  de  A'otre  parroisse, 
et  de  le  l'aire  conduire  en  sûreté  aux  troisllivieres.  Il  est 
dt'il't'îidu  a  toute  personne  quelconque  de  lui  donner 
a/ile,  ou  de  favoriser  sa  fuite  sous  peine  d'amende  et 
punition  corporelle,  instruises  vos  ])arroissiens  du  prv.- 
sent  ordre. 

.l'ai  riionneur  d'être  Mr.  &c., 

(Siirné)  .1,   lîiiuvKiJE. 

Ce  8o.  Juin  1702. 


243  1762 

4  Juillet. 

Placart  qui  deffenda  toulcs personnes  d'achetter  de  soldat, 
ou  autres,  aucun  outil  appartenant  à  Sa  Majesté. 

De  par  Nous  Frederick  Haldimand  Ecuijer  Colonel 
d'Infanterie,  Gouverneur  actuel  de  la  ville  et  Gouverne- 
ment des  Trois  Rivières. 

On  fait  a  sçavoir  a  tous  Bourgeois  et  liabitaiis  de 
cette  Yille  et  Gouvernement,  qu'il  leur  est  defFendu.sous 
peine  de  vingt  piastres  d'amende,  d'achetter  a  Taveni, 
soit  a  prix  d'argent,  ou  autrement,  de  soldats,  ou  autres 
personnes  aucune  pelle,  pioches,  ou  autres  outils  ap- 
partenans  a  Sa  Majesté  ;  et  s'il  se  trouvoit  quelque  per- 
sonnes qui  en  eussent  actuellement  en  leur  possession 
1  leur  est  expressément  Enjoint  de  les  envoyer  chez  Mr. 
le  Capiis.  des  milices  de  cette  ville  dans  La  huitaine 
après  la  publication  du  présent,  sous  peine  de  L'amende 
cy  dessus  dénoncée,  contre  toutes  personnes  chez  qui 
il  pourroit  se  trouver  aucun  des  dits  outils,  dans  les  vi- 
sites et  recherches  qu'il  pourra  nous  plaire  ordonner  d'ê- 
tre faites  de  tems  a  autres,  après  l'expiration  de  la  dite 
huitaine.  Et  pour  que  x^ersonne  n'en  ignore  Voulons 
que  Le  présent  placart  soit  lu,  publié,  et  affiché  en  la 
manière  accoutumée. 

^Jonné  aux    trois  Itivières  ce  4e  Juillet  1762, 

(Signé)  FRED.  HALDIMAND. 

Et  plus  bas,— P«r  Monsieur  le  Gouverneur, 
(Signé)  J.  Bruyère. 


170-2  244 

8  Juillet. 

Placaut  public  (Iiifis  L(i   Ville  au  si'Jcf  d'-s  incendies. 

Dl-:    PAU     Nous     FUEDERICK     llALDLMAND,  ^C,  cS:C..  cScC 

L'incendie  malheureux  qui  vient  de  coiisummev 
une  partie  de  la  Basse  Ville  s'est  passé  sous  vos  yeux,  les 
Craintes  qui  agitoient  chaeun  des  habitans  de  cette 
ville  pendant  s(jn  ravage,  ont  sans  doute  l'ait  place  a 
la  Compassion  pour  ceux  qui  en  ont  été  les  victimes,  et 
ont  fait  naitre  dans  le  Cœur  de  tous  un  désir  Sincère  de 
les  soulager  chacun  suivant  ses  l'acultés,  trop  heureux 
d'y  être  échapé  soi-même,  et  de  pouvoir  en  témoigner 
en  partie  sa  reconnoissance  a  la  providence  qui  vous 
a  préservé — par  des  œuvres  de  Charité.  Nous  pensons 
que  vous  n'attendes  qu'a  être  instruits  de  l'endroit  où 
vous  pouvés  déposer  les  preuves  de  votre  humanité  et 
de  votre  compa.ssion  pour  les  y  porter  avec  empresse- 
ment. Nous  vous  FALSONS  doiic  s^-avoir  avec  plaisir  que 
Messieurs  Perrault  grand-vicaire,  Tonnancour  et  Cres. 
se  le  père  se  chargent  de  recevoir  vos  Chaiités  et  de 
voir  qu'elles  soient  employées  Suivant  vos  Intentions. 
Donné  aux    trois  liivieres,  ce  8e  Juillet  1702, 

(Signé)  FRED.   IIALUIMAXD 

Et  plus  hns, —  P(ir  Jlotisiei/r  le  Gunvcrneur, 

(Sili-né)  J.  lÎRUYEUE. 


245  1762 

8  Juillet 
ThACA-UT  publié  dans  les  Campag)ies  au  Sujet  des  Incendies. 
De  par  Nous  Frederick  Haldimand,  &c.,  &c.,  &c. 

Le  feu  vient  encore  de  passer  par  la  ville  des  trois 
Rivières  le  4e  du  présent  mois,  tonte  la  A'iirilence  et 
L'activité  que  l'on  a  emi)loyée  pour  arretter  le  progrès 
de  ce  terrible  fléau,  n'ont  pu  empêcher  que  les  flammes 
n'aient  dévorées  cinq  maisons  entierres,  tous  les  han- 
gards  et  fournis  qui  en  dependoient,  ainsi  que  les  meu. 
blés,  Marchandises,  et  effets  qui  y  étoient  renfermées. 
Ces  Maisons  sont  positivement  celles  qui  par  leur  proxi- 
mité de  la  grève  servoient  de  retraite  aux  habitans  des 
campagnes  lorsque  leurs  affaires  les  attiroient  en  ville. 
Le«  propriétaires  et  Locataires  sont  réduits  a  la  der- 
nière misère. 

Nous  sommes  trop  persuadés  des  sentimens  d'huma- 
nité, de  Religion,  et  de  compassion  qui  doivent  remplir 
le  Cœur  des  habitans  de  ce  Grouvernement  envers  leurs 
frères  et  Compatriotes  pour  Croire  qu'il  faille  les  exiter 
par  des  représentations  étudiées  :  Nous  pensons  qu'il 
Suffit  de  leur  annoncer  que  cet  accident  est  arrivé,  que 
X)lusieurs  personnes  en  souffi-ent,  qu'elles  ont  besoin 
d'un  secours  prompt  et  réel,  et  que  nous  avons  donné 
nos  Instructions  a  tous  les  Captes,  de  Milices  de  s'infor- 
mer  chacun  dans  leur  endroit  des  secours  que  leur  par- 
roisse  se  propose  d'envoyer  aux  Licendiés,  soit  en  plan- 
ches. Madriers,  Bois  de  Charpente,  argent  ou  autre- 
ment dont  ils  Nous  enverront  la  liste  au  plutôt. 

Et  pour  que  personne  n'en  ignore  Voulons  et  Ordon- 
nons que  le  présent  soit  lu,  et  publié  en  la  manière  ac- 
coutumée. 

Donné  aux  trois  Rivières  ce  8e  Juillet  1762. 

(Signé)  FRED.  HALDIMAND. 


1702  -4(5 

Va  i>1us  l);is, —  l^(tr  Jln/isiciir  le  Oonvcrnrnr, 
(Sicrné)  .T.  Bkityeijk. 


8  .TuiMii:T. 
LkttrE  l'our  (iv<o)H)i(tii;ncr  le  plai-drl  cy  dcssi/!^. 

Monsieur, — Vous  iorés  iucv\s.samiaoiit  pul)li('r  le  i)la- 
cart  ey  inclus,  ot  aussitôt  apros  vous  vous  iniormorés 
par  v</us  mémo,  par  vos  oliieiers,  ot  par  vos  sergents  des 
secours  que  les  dillerens  habitans  de  votre  parroisse  se 
trouvent  disposés  a  fournir  ;  et  en  quelle  nature  ;  vous 
eu  ferés  un  petit  état  que  vous  m'enverrés  dans  la  hui- 
taine après  la  publication.  C'est  a  dire  que  vous  gar- 
derés  pardevers  vous  Li  note  de  ce  que  chacun  vous  pro- 
mettra, et  que  vous  mécrirés  seulement,  : 

-'  Monsieur. — Je  trouve  que  les  hal)itansde promet- 

t.Mit  de  Iburnirpour  Le  secours  des  Incendiés.......  plan- 
ches  Madriers..... -.pièces    de  Charpente,  et  en  outre 

d'argent,  "  et  sur   cjt  avis   vous    recevrés  ordre  de 

le  luire  ramasser  et  de    l'envoyer  a    telle   personne   qui 
sera  préposé  a  la  recette. 

J'ai  l'honneur  d'être,  Monsieur  \  uire  cS:c 

(Signé)  J.  BuuvEiii:. 

7  AorsT. 

pLACAUi  j'o'ii  su^jiC'Jiclre  r administration  de  la  JnsHicJns- 
(jnau  quinze  Sejftembre prochain,  et  qni  permet  que  le 
<rros  Eru  de  France  aie  cours  j/onr  G  le.  12  .v. 

De  TAi:  Nous  Frederick  IIalDimaxd    Ecnt/cr,  ,yc.,  i\c. 

La  IvECOi/rE  des  Grains,  la  Coupe  des  foins,  et  les  au- 
tres travaux  indispensablemt  nécessaires  a  la  Campagne 
pendant  cette  saison  doivent  iixer  et  occuper  tous  les 
habitans  do  ce  Gouvernement  sur  leurs  terres.     Pour 


247  1762 

provenir  le  dérangement  que  la  malice,  on  riiumeur  liti- 
gieuse de  Certaines  gens  pourroit  occasionner,  Nous  ju- 
geons a  propos  de  suspendre  l'administration  de  la  Jus- 
tice confiée  aux  Chambres  établies  dans  les  diflerens  dis- 
tricts de  notre  Gouvernement  par  notre  placart  du  cinq 
Juin  dernier,  et  Nous  vouj^ons  que  les  dites  Chambres 
soient  fermées  et  leurs  Séances  suspendiies  jusc^u'au 
quinze  du  mois  de  Septembre  i)rochain  auquel  jour 
elles  reprendront  l'exercice  de  leurs  fonctions  en  la  ma- 
nière accoutumée  comme  cy  devant.  Et  nous  faisons 
pareillement  sçavoir  a  tous  les  habitans  de  ce  Ctou- 
vernement  Marchands  et  autres  que  XDOur  faciliter  le 
Commerce,  et  mettre  la  monoie  Courrante  sur  le  même 
pied  que  dans  les  Gouvernemens  de  Montréal  et  de 
Québec,  Nous  Permettons,  a  conter  de  ce  jour,  que  le 
gros  Ecu  de  France  a  Couronne  qui  s'est  jusqu'à  pré- 
sent donné  pour  une  piastres,  passe  et  aie  cours  dans 
toute  l'étendue  de  ce  Gouvernement  pour  la  somme  de 
six  livres  douze  sols  de  France,  ou  cinc[  Schellings  et 
six  sols  argent  d'Halifax,  ainsi  qu'il  est  reçu  dans  les 
Gouvernement  de  Montréal  et  de  Québec. 
Donné  aux   trois  Kivières   le  7'^-  Aoust  1762. 

(Signé)  FRED.  HALDIMAND. 

Et, — Par  Monsieur  le  Gou^'ernenr, 

(Signé)  J.    BllUYEEE. 


27  Aoust. 

Aux    Cap'"^.  de   Blillce  ]wur  de  la  paille  pour  ha  cazerne<i. 

Monsieur, — Il  vous  est  enjoint  de  faire  garder  par  les 

differens habitans  de  votre  parroisse  le  nombre  de 


17G2  248 

Bottes  do  piiillo  pour  l'usaijfe  des  Cazernes  de    la   vilK' 
•.iHn  ([u'elles  soient  prêtes  a  rtre  apportées  eu  ville,  lors- 
qu'on vous  lesdemendera,  et  que  le  lîesoin  le  requerera. 
J'ai  l'honneur  d'être,  Monsieur  Yotre  cVc, 

(Signé)  .T.  liuuYEllE. 

(  c  27e  Aoust  17G2. 

Faille  dfnic/i'lcf  t//ins  clitKjfic  Pairoissc  Par  I a  lettre  ry  iles- 

SHS. 

3  Kivii-res  ei  lîanlioue 300  Bottes 

rte.  duLac 50  " 

Machicho 400  " 

Baye  St.  antoine 300  " 

Nicolette 300  " 

Becancour 40O 

Champlain  200  " 

Cap  Magdeleino 100  " 

Bottas  de  paille  2100 


23  Septembre. 

Ordke  a  /()/^^■  Ifs   (-fi/f'^  "'•  f/r  niiliec    pour  taire  racommniler 

les  po/tts  et  les  ehemins. 

Monsieur, — Il  vous  est  enjoint  aussitôt  la  présente 
reçue  de  l'aire  raconimodcr  les  ponts  et  les  Chemins 
qui  sont  dans  votre  District,  C'est  une  Chose  absolu- 
ment nécessaire  pour  la  commodité  du  Public  et  l'utilité 
des  Couriers  et  voj^açeurs. 

.T'ay  l'honneur,  d'être  «S:c., 

(Signé)        "   .T.  Bruyère. 
Ce  23e  Sépare  1702. 


249  1762 

2  Octobre. 

Placcart  pour  faire  faire  le  chemin  de  Roy  de  30  pieds  de 
large  avec  des  fossés  aux  côtés  du  dit  chemin. 

De  par    Nors   Frederick   Haldimand  Ecmjer  &c., 
&c.,  &c. 

Sur  les  représentations  qui  Nous  ont  été  faites, 
que  le  grand  Chemin  de  Poste  traversant  le  Gouver- 
nement des  trois  Rivières,  pour  aller  de  Montréal  a 
Québec,  étoit  trop  étroit  en  plusieurs  endroits  du  Gou- 
vernement, ce  qui  Cause  le  retardement  des  Couriers 
et  voyageurs,  lorsque  plusieurs  voitures  se  rencontrent, 
et  donne  lieu  a  des  Marres  d'Eau  et  a  des  Bourbiers  qui 
gâtent  entièrement  les  Chemins  après  la  Chute  des 
pluies  ou  a  la  fonte  des  Neiges.  Aiant  considéré  l'avan- 
tage du  public  Nous  VOULONS  et  ordonnons  que  le 
grand  chemin  de  Roy  conduisant  de  Montréal  a  Québec, 
soit  a  l'avenir  dans  Tétendue  de  ce  Gouvernement  de 
trente  pieds  de  large  entre  les  clôtures  ou  les  bois,  et  que 
pour  l'Egoùt  des  Eaux  il  soit  lait  dans  tous  les  endroits 
nécessaires  un  fossé  sur  les  côtés  du  dit  chemin,  voulant 
que  ces  fossés,soient  de  trois  pieds  de  large  a  fleur  de  terre, 
et  de  deux  pieds  et  demi  de  profondeur  observant  d'en 
jetter  la  terre  sur  le  milieu  du  grand  chemin  pour  le  re- 
lever et  lui  donner  une  pente  douce  pour  l'écoulement 
des  eaux  vers  les  dits  fossés.  Mandons  et  Ordonnons 
a  tous  les  Captes,  ^ç.  Milices  des  Côtes,  de  faire  incessam- 
ment travailler  au  dit  chemin  par  tous  les  miliciens  de 
leurs  compagnies,  soit  qu'ils  demeurent  sur  le  dit  chemin 

ou  non  jusqu'à  ce  qu'il  soit  fait  et   parfait,   après    quoy 

:20     * 


17G2  2-)0 

chacun    i'iMitretienclra    sur    su    devaiituro    dans    celte 
ui<"-me  proportion,  ainsi  que  do  coutume. 
1)(>\Xk  aux  Trois  lîivicrcs.  co  2o  8'"'-  1762. 

(Siffué)  KRKl).  ITALDIMAND. 

El  |>lus  bas. —  P(ir  M.  Ir  (louvcrneuf, 

(SiiriiL')  J.  BRUYr:REs. 


"1  Octobre. 

Placart  au  sujet  dts  incendies,  pour  des  érhelles.  seaux  et 

béliers. 
Dk  par  Nous  Frederick  Hai^dimand,  Erui/er  ^v.  ikc. 

On  ne  sçauroit  trop  se  precautionner  contre  les  acci- 
dens  du  feu,  et  se  mettre  en   état  d'en  arretter  les  pro- 
i^rès. — Nous   voyons  avec  peine  que  malgré  les  incen- 
dies réitérées  auxquelles  cette   ville   a   été  sujette,   les 
maisons  de  plusieurs  de  ses  habitans  sont  dégarnies  d'é- 
chelles, sceaux  et  autres  choses  nécessaires  pour  arret- 
ter et  éteiidre  le  feu.  Nous  VOULONS  que   chac'une  des 
niaisons  d'  cette  ville  se  pourvoyent  incessamment  d'é- 
chelles appliquées  sur   les    couvertures    en    dehors,    et 
d'une  auti  (!  pour  y  monter  que  l'on   gardera  dans  l'inté- 
rieur des  cours,  d'une  couple  de  sceaux,  et  de  deux  bé- 
liers dans   chaque  grenier  des  maisons  a  peine  de  cinq 
piastres  .l'amende  contre   ceux   qui   négligeront  de   le 
faire  dan  >  l'espace  de  quinze  jours,  à  compter  de  la  pu- 
blication du  présent,  et  de  dix  piastres  contre  ceux  qui 
laisseront  passer  un  mois.    Maxdon.s  et  Ordoxxoxs  au 
('ai)itainc  des  milices  de  cette  ville  de  tenir  la  main  a  l'ex- 
écution du  présent,  et  de  faire  ou  faire  faire  par  ses  ofii- 


251  1762 

ciers  et  sergens  la  visite  de  chaque  maison,  après  l'expi- 
ration de  chacun  des  delays  cy-dessns,  et  de  Nous  faire 
son  rapport  de  quiconque  aura  négligé  de  s'y  conformer. 
Donné  aux  trois  [Rivières],  ce  2e  Octobre  1762. 

(Signé)  FRED.  HALDIMAND. 

Et  plus  has.  Par  Monsieur  le  Gouverneur, 

(Signé)  J.  Brijyèee. 


29   OCTOBEE. 
Annonce  delà  Naissance  du  Dauphin. 
De  par  Nous  Frederick  Haldimand,  Ecvyer,  &fc.,  4'-' 

Salut.  Sçavoir  faisons  a  tous  les  bons  et  fidèles  su" 
jets  de  Sa  Majesté  dans  l'étendue  de  ce  Gouvernement, 
qu'en  conséquence  d'une  Lettre  de  Mylord  Egremont, 
l'un  des  principaux  Secrétaires  d'Etat  de  Sa  Majesté 
Brittanique,  en  datte  de  AVhitehaldu  14e  aoust  dernier, 
Nous  avons  le  plaisir  et  la  satisfaction  de  leur  annoncer 
qu'il  a  plu  a  Dieu  de  bénir  le  marriage  de  Leurs  Majes- 
tés Georges  Trois,  et  très  Puissante  Dame  Charlotte, 
Roy  et  Reine  de  la  Grande  Bretagne  et  autres  lieux,  et 
de  donner  a  la  nation  un  Prince  héréditaire  de  la  cou- 
ronne né  au  palais  de  St.  James  le  12e.  Aoust  3762,  en- 
tre sept  et  huit  heures  du  matin. 

Donné  aux  trois  Rivières,  le  29e  Octobre  1762. 

(Signé)  FRED.  HALDIMAND. 

Et  plus  bas,  Par  Monsieur  le  Gouverneur, 

(Signé)  J.  Bruyère. 

Vive  le  Roy. 


1762  252 

lô  NorEMHKE. 
Lkttke    a    /(<//>■    /f's   <^ti/t""'    (If  hii/ircs  /)()ur  le  rerenuvie7if 

Monsieur, — Vous  auirs  pour  aiirt-able  aussitôt  la  pré- 
sente reçue  de  faire  le  recensement  des  crains  recueil- 
lis dans  votre  paroisse,  dans  la  dernière  moisson,  et  d'en 
envoyer  le  rapport  au  Cîouvernement  1"  plutôt  qui] 
vous  sera  jiossihj.'. 

Cette  recherche  n'a  pas  pour  l)ut  de  priver  les  hahi- 
tans  de  leurs  grains,  ou  de  les  forcer  a  s'en  deffaire,  ce 
n'est  uniquement  que  pour  connoitre  le  succès  de  leurs 
travaux  et  juger  si  ce  Gouvernement  est  en  état  de  se 
passer  du  secours  des  autres,  ce  dont  on  se  flatte. 

\  ous  aurés  soin  de  tenir  la  main  a  ce  que  les  rap- 
ports soient  très  exacts.  Pour  plus  grande  vigilence 
vous  vous  ferés  aider  par  a'os  officiers  et  sergents,  a  qui 
vous  assignerés  chacun  une  partie  de  la  parroisse,  où  ils 
feront  le  recensement  et  vous  en  feront  rapport.  Il 
suffira  de  marquer  qu'il  y  a  tant  de_^minots  de  Idtd. 
tant  d'avoine,  tant  d'oriro,  et  tant  de  pois. 

.lai  l'honneur  d'être,  ikc, 

(Silillè)  .T.  l^RUYKRES. 

Vf  1.")  Xovcinhri'.  Mi>2. 


27  NovE.MimE. 

Monsieur. —  Il  faudra  rfiiouvellt-r  la   j)r()vision  du  hois 
(If  fhaulia'ji'  jK)Ur  la  i^arnison    <h'    cctî»'   ville,    avant     la 


253  1762 

lin  dii  mois  de  Janvier  lournira  cordes  de 

bois  pour  les  mois  de  Janvier,  Février,  Mars.  Avril  et 
May  ;  Vous  anrés  pour  agréable  d'avertir  vos  habitans 
dès  a  présent  afin  qu'ils  soient  en  état  de  voiturer  leur 
part  lorsque  les  ordres  vous  seront  envoyés  le  20  ou  24 
de  Janvier,  lorsque  les  chemins  d'hivert  seront  faits. 

Monsieur  le  G  ouverneur  m'ordonne  de  vous  avertir  de 
leur  recommander  de  n'amener  que  du  bois  franc,  si- 
non, qu'il  ne  sera  pas  reçu  au  magasin.  Ne  souft'rés 
pas  qu'aucun  amène  sa  part  avant  les  ordres  que  vous 
en  recevrés  en  ce  tems  là. 

J'ai  l'honneur,  d'être,  (Jcc, 

(Signé)  J.  Bruyère!^. 

Ce  27e  Novembre  1762. 

Bois  demendé  dans  chaque  parroisse  par  la  Lettre  c/j-c/essas. 

cordes. 

Yamasca ôO 

Baye  St.  Antoine 20 

Nicolétte 80 

Machiche 80 

Rivière  du  Loup 80 

pie.  du  Lac 25 

Becancour 35 

Grentilly 15 

Cap  Madeleine 20 

Batiscant 30 

R'^i-e-  Batiscant 40 

Total 325 


1763  2.')4 

15  Février  1763. 

De  par  le  Roy. 

Proclamation  de  la  suspension  d'armes  tant  par  terre 

que  par  mor,  convenue  entre  Sa  Majesté  Brittanique, 

le  Roy  TrèsjChrétien,  et  Sa  Majesté  Catholique,  avec 

ordre  de  s'y  conformer. 

GEORGE  R. 

On  fait  a  sÇAVoiR  que  les  préliminaires  de  la  paix 
ont  été  signés  a  Fontainebleau  le  troisième  jour  du  pré- 
sent mois  de  Novembre  par  nos  Ministres,  ceux 
de  Sa  Majesté  Très  Chrétienne,  et  ceux  de  Sa  Majesté 
Catholique,  et  pour  mettre  lin  le  plus  promptement 
qu'il  sera  possible,  aux  malheurs  de  la  guerre.  Nous, 
Sa  Majesté  très  Chrétienne,  et  Sa  Majesté  Catholique 
sommes  convenus  des  articles  suivans,  sçavoir  : 

"  Qu'aussitôt  les  préliminaires  signés  toutes  hostilités 
'  cesseront  tant  par  mer  que  par  terre. 

"  Et  pour  prévenir  tous  les  sujets  de  plainte  et  de  dis- 
'•  pute  qui  pourroient  survenir  pour  les  vaisseaux,  mar- 
"  chandises,  et  effets  qui  pourroient  être  pris  en  mer  ; 
"  Nous  sommes  mutuellement  convenus  que  toutes  les 
"  prises  de  vaisseaux,  marchandises,  et  effets,  faites  dans 
"  la  Manche,  et  dans  les  mers  du  Nord  a  compter  douze 
"  jours  après  la  ratification  des  articles  des  presens  pre- 
"  liminaires,  et  six  semaines  après  la  dte.  ratification  par 
"  delà  la  Manche,  les  mers  Brittaniques  ou  mers  du  Nord 
"  ju.squ  aux  Isles  Canaries  soit  sur  locéan  ou  la  mer  Me- 
"  diterannée,  et  dans  l'espace  de  trois  mois  par  delà  les 
"  dtes.  Isles  Canaric-s  jusqu'à  la  ligne  Equinoxiale, 
"  et  enfin  après  l'espace  de  six  mois  dans  tous  les  autres 
"  endroits  par  delà  la  dte.  ligne  Equinoxiale  dan^  toutes 
"  les  parties  du  monde  sans  aucune  Exception,  et  sans 


255  1763 

"  qu'il  soit  nécessaire  de  faire  une  distinction  plus  par- 
''  ticulière  du  tems,  et  des  endroits,  seront  rendus  de 
*'  part  et  d'autre. 

"  On  fait  pareillement  a  scavoir  que  la  dte.  ratification 
"  des  articles  préliminaires  a  été  siirnée  et  passée  en 
"  bonne  forme  par  Nos  Plénipotentiaires,  Ceux  de  S.  M. 
'•  T.  C.  et  ceux  de  Sa  Majesté  Catholique  à  Versailles  le 
"  Vingt  deux  du  présent  mois  de  Novembre,  duquel 
"  jour  commenceront  le  delays  cy  dessus  mentionnés  de 
"  douze  jours,  six  semaines,  trois  mois,  et  six  mois  pour 
''  la  restitution  de  tous  Vaisseaux,  Marchandises,  et  au- 
''  très  eflets  pris  en  mer  Nous  avons  jug-é  apropos  de 
•■  l'avis  de  Notre  Conseil  privé  de  faire  publier  la  présente 
"  a  tous  nos  bons  et  Loyavix  Sujets,  et  nous  Enjoignons  et 
"  Commandons  très  Expressément  a  tous  nos  officiers 
"  tant  de  mer  que  de  terre  et  a  tous  nos  autres  sujets 
"  quelconques,  de  cesser  tous  actes  d'hostilité  par  mer 
"  et  par  terre  envers  Sa  Majesté  très  Chrétienne,. et  Sa 
"  Majesté  Catholique,  leurs  Vasseaux  ou  Sujets  depuis 
"  et  après  les  delays  cy  dessus  marqués,  et  ce  sous  peine 
'•  de  toute  Notre  disgrâce.  Car  tel  est  Notre  Rovalle 
•'  volonté  et  notre  bon  plaisir. 

"  Donné  a  notre  Cour  de  St.  James  le  26e  Novembre 
'•  de  la  troisième  année  de  Notre  Kegne,  L'an  de  crace 
'•1762." 

VIVE    LE    IlOY. 

Lue,  publiée  et  affichée  en  la  manière  accoutumée 
aux  trois  Rivières,  ce  15e.  février  1763. 

iSigné)  FRED.  HALDIMAND. 

Et  plus  bas,  Par  M.  le  Gouveriieur, 

(Signé)  J.  Bkuyères. 


17G3  256 

11  Mars. 

Lettre  a  tous  les  Cap"^''^-  de  milices  nu  sujet  du  retour  de 
Monsr.  Bu r ton. 

Monsieur, — Le  Placart  du  huitième  may  dernier  vous  a 
annoncé,  et  a  tous  les  habitans  de  votre  parroisse  qu'il 
plaisoit  a  la  Cour  que  je  m'absentasse  pour  quoique  tems 
de  mon  Gouvernement  des  trois  Rivières.  J'ai  mainte- 
nant la  satisfaction  de  vous  l'aire  part  de  mon  retour,  et 
de  rae  réjouir  avec  vous  du  succès  dont  la  Providence  a 
couronné  l'expédition  où  j'ai  eu  l'honneur  d'être  appelle. 
Les  témoig-nages  que  Monsieur  le  Colonel  Ilaldimand, 
Gouverneur  pendant  mon  absence,  m'a  rendu  de  la  sou- 
mission et  de  la  bonne  conduite  des  habitans  de  votre  par- 
roisse m'a  rempli  de  joye.  Je  ne  doute  point  que  votre  at- 
tention et  votre  vigilance  pour  prévenir  et  arretter  tout 
ce  qui  pourroit  porter  atteinte  au  bon  ordre,  conjointe- 
ment avec  vos  officiers  ne  contribue  efficacement  a  assu- 
rer cette  tranquilité  dont  je  souhaite  sincèrement  que 
tous  les  habitans  de  ce  Gouvernement  jouissent  sans  in- 
terruption, ils  peuvent  être  assurés  et  particulièrement 
ceux  de  votre  parroisse,  que  je  me  ferai  toujours  un  de- 
voir et  un  plaisir  de  veiller  a  leur  procurer  tous  les 
avantages  qu'ils  ont  lieu  d'espérer  d'un  Gouvernement 
juste  et  doux  tant  qu'ils  continuront  a  le  mériter  par 
leur  conduite. 

Vous  f'erés,  ou  ferés  faire  lecture  de  la  présente  Di- 
manche prochain,  a  l'issue  de  la  messe  parroissiale,  ou 
par  assemblée  de  votre  compagnie  chez  vous  au  cas 
qu'il  n'y  ait  point  de  service  divin,  ce  jour-là,  dans  vo- 


257  1763 

tre  parroisse,  afin  qu'aucun  habitant  n'en  ignore,  et 
vous  leur  donnerés  les  assurances  sincères  de  ma  pro- 
tection. 

J'ai  l'honneur  d  être,  &c., 

(Signé)  n.  BURTON, 

Ce  lie  Mars  1763. 


15  Avril. 

Placart  au  sujet  des  perdrix,  des  ponts  et  chemins  et  de 
la  garde  des  animaux  et  bestiaux. 

De  par  Son  Excellence  Ralph  Burton",  Ecuyer, 
Brigadier  General,  CoIo7iel  du  quatrevingt  quinzième 
Régiment  d'' Infanterie,  Gouverneur  de  la  ville  et  Gou- 
vernement des  Trois  Rivières,  &c.,  &c.,  &c. 

Jugeant  nécessaire  pour  l'avantage  public  de  renou- 
veller  l'ordre  que  nous  avons  donné  le  19^-  mars  1762 
pour  la  conservation  des  perdrix  dans  toute  l'etendiie 
de  ce  Grouvernement, 

Nous  DEFFENDONS  a  toutes  personnes,  de  quelque 
qualité  et  condition  qu'elles  soient,  de  tuer  des  perdrix 
depuis  la  présente  publication  jusqu'au  premier  aoust, 
a  peine  de  vingt  piastres  d'amende  applicable  au  dé- 
nonciateur, comme  aussi  de  les  prendre  a  la  ton- 
nelle et  au  colet,  et  d'en  enlever  les  œufs  sous  peine 
d'une  amende  du  double  de  celle  cy-dessus  marquée 
applicable  moitié  au  dénonciateur  et  moitié  a  la  Fabri- 
que de  la  parroisse  sur  laquelle  elles  auront  été  prises 
et  enlevées.  Et  pour  oter  entièrement  l'envie  que 
quelques-uns  peuvent  avoir  d'en  tuer  a  l'avenir,  pen- 
dant l'espace  de  tems  cy-dessus  marqué,  Nous  deffen- 


1763  238 

DONS  aussi  SOUS  la  même  peine  de  vingt  piastres  d'amen- 
dt'  a  toutes  sortes  de  personnes  d'en  vendre  ou  acheter 
pondant  le  dit  tems  et  d'en  apporter  dans  la  ville  ny 
autres  lieux  de  ce  Gouvernement. 

Nous  DEFFENDONspareill«'m«Mit  par  cos  présentes,  pour 
la  conservation  des  semences,  a  tous  habitans  ou  autres, 
de  donner  l'abandon  a  leurs  animaux  et  bestiaux,  de- 
puis la  présente  publication  jusqu'à  la  St.  Michel  pro- 
chain, sous  peine  d'une  demi  piastre  d'amende  pour  cha- 
que animal  ou  bête  a  cornes. 

1^]XFIN  NOUS  ORDONNONS  qu'aussitôt  que  la  terre  sera 
découverte,  les  ponts,  chaussées  et  chemins  soient  repa- 
rés ou  refaits,  dans  toute  l'étendue  de  ce  Uouvernement 
en  la  manière  accoutumée,  observant  néautmoins  que  le 
o-rand  chemin  de  Roy  allant  de  Québec  a  Montréal  et 
passant  a  travers  ce  Gouvernement  soit  de  trente  pieds 
de  larne  entre  les  clôtures  ou  les  bois,  avec  des  égoux 
pour  les  eaux  et  fossés  aussi  sur  les  côtés  du  dit  che- 
min, dans  les  endroits  nécessaires,  ainsi  qu'il  est  ordon- 
né par  le  Placart  du  2e  Octobre  dernier. 

Mandons  ET  ORDONNONS  a  tous  les  Cap''^'^-  de  milices 
des  côtes  de  ce  Gouvernement  de  tenir  exactement  la 
main  a  l'exécution  du  présent  placart.  de  faire  travail- 
ler au  dit  chemin  par  tous  les  miliciens  de  leurs  com- 
pagnies soit  qu'ils  demeurent  sur  le  dit  chemin,  ou  non, 
jusqu'à  ce  qu'il  soit  fait  et  parfait,  après  quoy  chacun 
l'entretiendra  sur  sa  devanture,  dans  cette  même  pro- 
portion, ainsi  que  de  coutume. 

Donné  aux  trois  Kivieres  ce  15e.  avril  1703. 

(Signé)  R.  BURTON. 

Par  Son  Excellence, 

(Signé)  .r.  Bruyères. 


259  1763 

8  May. 

Ordre  pour  faire  renfermer  les  cucJionx. 
De  par  Son  Excellence, 

Maintenant  que  les  terres  sont  presque  toutes  ensemen- 
cées, et  que  les  cochons,  malgré  les  clôtures,  ont  déjà  fait 
et  peuvent  faire  du  tort  aux  guerets  qui  sont  aux  envi- 
rons de  cette  ville  Ilestdeffendu,  soit  qu'ils  soient  annel- 
lés  ou  non,  de  leur  donner  l'abandon,  sous  peine  de  l'a- 
mende portée  par  le  placart,  et  de  domage  contre  les 
propriétaires  de  ces  animaux  qui  seront  trouvés  a  faire  le 
dégât  dans  les  terres  ensemencées  a  commencer  du  jour 
de  demain  Voulons  que  la  présente  soit  lue,  publiée, 
et  affichée  afin  que  personne  n'en  ignore. 

Donné  aux  Trois  Rivières,  ce  8e  May  1763. 

(Signé)  R.  BURTON. 

Et  Par  Son  Excellence, 

(Signé)  J.  Bruyères. 


21  May. 

Proclamation  de  la  Paix. 

De  Par  Son  Excellence   Ralph  Burton,  Ecui/cr, 
Brigadier  General,  Colonel,  &c.,  &c.,  &c. 

Son  Excellence  Monsieur  le  Grouverneur  a  la  satis- 
faction de  faire  savoir  a  tous  les  bons  et  fidéls  sujets  de 
Sa  Majesté  Britanique,  residans  dans  ce  Gouverne- 
ment, que  le  Très  Honorable  Mylord  Egremont,  Secré- 
taire d'Etat,  lui  a  donné  avis  par  ses  dernières  dépê- 
ches, que  le  traité  définitif  de  la  paix  entre  leurs  Ma- 
jestés Britanique,  Très  Chrétienne,  et  Catholique  avoit 


t'té  sigiu'  a  l'aris.  le  dix  du  mois  do  IVvrier  dornior, quf 
l'ambassadour  do  Sa  Majostô  le  Ivoy  de  Portugal  y  avoit 
accédé  le  mémo  jour,  ot  que  les  ratilications  du  dit  trai- 
té avoieut  été  mutuelloraeut  échanirées  entre  les  quatro 
l'uissances  cy-dessus  nominéos  lo  dix  du  mois  de  mars 
aussi  doniior. 

AiANxdonc  pi  II  au  Tout-puissant  de  répandre  l'esprit 
dunion  et  de  concorde  sur  les  Princes  dont  les  divisions 
avoient  porté  le  trouble  dans  les  quatre  parties  du  monde, 
ot  de  leur  inspirer  le  dessein  de  l'aire  succéder  les  dou- 
ceurs de  la  paix  aux  malheurs  d'une  longue  et  sanglante 
guerre.  Il  a  été  convenu  qu'il  y  aura  une  paix  chré- 
tienne, universelle  et  perpétuelle  tant  par  mer  quo 
par  terre,  et  qu'une  amitié  sincère  et  constante  sera  re- 
lablie  entre  leurs  Majestés  Britanique,  Très  Chrétien- 
ne, Catholique,  et  très-lidele,  et  entre  leurs  héritiers  suc- 
cesseurs, royaumes,  états,  sujets,  et  vassaux  de  quelques 
qualité  et  condition  qu'ils  soient,  en  sorte  que  les  hautes 
parties  centractantes  apporteront  la  plus  grande  atten- 
tion a  maintenir  entre  elles,  et  leurs  dits  états,  et  sujets 
cette  amitié  et  correspondance  réciproque,  sans  permettre 
que  dorénavant  ont  commette  de  part  ni  d'autre  aucune 
hostilité  par  mer  ou  par  terre,  sous  quelque  prétexte 
que  ce  puisse  être,  et  qu'il  y  aura  un  oubli  gênerai  do 
tout  ce  qui  a  pu  être  l'ait,  ou  commis  avant,  ou  depuis 
le  commencenent  de  la  guerre  qui  vient  de  finir. 

l*ar  un  des  articles  du  dt  Traité  Sa  Majesté  très  Chré- 
tienne renonce  a  toutes  les  prétentions  qu'elle  a  pu  for- 
mer a  la  Nouvelle  Ecosse,  ou  l'Acadie  en  toutes  ses  par- 
ties, et  la  garantit  toute  entière,  et  avec  toutes  ses  dépen- 
dances au  Iloy  de  la  Grande  Bretagne.  De  plus  Sa  Ma- 
jesté Très  Chrétienne  cède  et  garantit  a  Sa  dte    Majesté 


261  1763 

Britaniqiie  en  toute  propriété  le  Canada  avec  toutes  ses 
dépendances,  ainsi  que  l'isle  du  Cap  Breton,  et  toutes 
les  autres  Isles  et  Côtes  dans  le  Cxolphe  et  fleure  St. 
Laurent  et  généralement  ce  qui  dépend  du  dt  pays  en 
toute  souveraineté,  propriété  et  possession,  et  tous  droits 
acquis  par  traités,  ou  autrement  que  le  Roy  très  Chré- 
tien cède  et  transporte  au  Roy  et  a  la  Couronne  de  la 
Grande  Bretagne  de  la  manière,  et  dans  la  forme  la  plus 
ample  sans  restriction,  et  sans  qu'il  soit  libre  de  revenir 
contre  cette  cession  et  garantie. 

De  Son  Côté  Sa  Majesté  Britanique  Convient  d'ac- 
corder aux  habitans  du  Canada  la  liberté  de  la  Religion 
Catholique,  et  donnera  les  ordres  les  plus  précis  pour 
que  ses  nouveaux  sujets  Catholiques  Romains  puissent 
profFesser  le  Culte  de  leur  Religion  selon  le  rit  de  l'E- 
glise Romaine,  en  tant  que  le  permettent  les  Loix  de 
la  Grrande  Bretagne.  Sa  Majesté  Britanique  convient 
en  oul;re  que  les  habitans  françois  ou  autres  qui  auroient 
été  sujets  du  Roy  très  Chrétien  en  Canada  pourront  se 
retirer  en  toute  liberté  et  sûreté  ou  bon  leur  semblera, 
et  vendre  leurs  biens  pourvu  que  ce  soit  a  des  sujets  de 
Sa  Majesté  Britanique,  et  transporter  leurs  eiFets  ainsi 
que  leurs  personnes  sans  être  gênés  dans  leur  émigra- 
tion sous  aucun  prétexte,  hors  celui  des  dettes,  ou  de 
procès  Criminel.  Le  terme  limité  pour  cette  émigration 
est  fixé  à  l'espace  de  dix  huit  mois  a  compter  du  dix  de 
Mars  dernier  jour  de  l'échange  des  Ratifications. 

Et  par  un  article  séparé  il  est  marqué  que  le  Roy  de  la 
Grrande  Bretagne  ayant  désiré  que  le  payement  des  Let- 
tres de  change  et  Billets  qui  ont  été  délivrés  aux  Cana- 
diens pour  les  fournitures  faites  aux  troupes  françoises  fut 
assuré.  Sa  Majesté  très  Chrétienne,  très  disposée  aren- 


1763  262 

dro  a  chacun  la  justice  qui  lui  est  légitimement  due,  a 
déclaré  etdcclaroquo  losditsBillots  et  lettres  de  chano-c 
siéront  exactement  payés  d'après  une  liquidation  faite 
dans  un  tems  convenable,  selon  la  distance  des  lieux 
et  a  la  possibilité,  en  évitant  néantmoins  que  les  billets 
et  lettres  de  chani^e  que  les  sujets  françois  pourroient 
avoir  au  moment  de  cette  Déclaration  ne  soient  confon- 
dus avec  ceux  qui  sont  dans  la  possession  des  nouveaux 
sujets  de  la  G-rande  Bretag-ne.  Mandons  et  ordonnons 
a  tous  nos  Cap*'-^  ou  officiers  de  milices  qu'ils  aient  a 
faire  lire,  publier  et  afficher  le  présent  Placart,  en  la 
manière  accoutumée. 

Donné  aux  trois  Rivières,  le  21e  May  1763  dans  la 
troisième  année  du  Règne  de  notre  illustre  et  Souverain 
G-eorge  Trois,  Roy  de  la  Grrànde  Bretagne,  &c.,  &c.,  &c. 

(Signé,)  R.  BURTOX. 

Et  plus  bas,  Par  Son  Excellence, 

(Signé,)  J.  Bruyères. 

Vive  le  Rov. 


23  Mav. 
V[4\.C\.MT  (jiii  (li'fff'irhl'allf.r  (U(-devattt  t/fs    Tefcs   dr   hoi/lr. 

De  par  Son  Excellence,  &c  ,  &c. 

Les  Sauvages  Têtes  de  Boule  sont  sur  le  point  de  des- 
cendre des  terres  et  d'arriver  en  cette  ville  et  Gouver- 
îiement.  Son  p]xcellence  souhaitant  sincèrement  de  don- 
ner au  Commerce  qui  se  fait  avec  cette  nation  toute  la 
sûreté  et  toute  la  liberté  possible,  réitère  les  defîenses 


263  1763 

cy-deraut  faites  à  toutes  personnes  quelconques  d'aller  à 
la  rencontre  des  dits  Sauvages,  ce  qui  les  empêcheroit 
de  venir  au  marcher  public  de  cette  ville,  sous  les  pei- 
nes portées  par  les  Placarts  déjà  publiés  à  cet  effet.  En 
outre,  veut  que  les  Pelletries  des  dits  Sauvages  aus. 
sitôt  leur  arrivée,  soient  déposées  en  gros  sur  le  marcher 
vis-à-vis  la  maison  du  Sr.  de  Fran cheville,  les  crédits  dé- 
jà faits  payés,  les  nouveaux  enregistrés  au  Secrétariat, 
le  tout  ainsi  qu'il  s'est  pratiqué,  l'année  dernière,  et 
qu'il  est  porté  au  Placart  du  28e  may  1762,  que  Son  Ex- 
cellence veut  qui  soit  suivi  en  tout  points,  a  l'exception 
de  ce  qui  regarde  la  poudre  à  tirer. 

A  cet  égard,  pour  assurer  autant  qu'il  est  possible  l'é- 
galité du  commerce  entre  toutes  les  personnes  qui  trai- 
tent avec  les  dits  Sauvages.  Monsieur  le  Grouverneur  leur 
fait  a  savoir  qu'il  se  propose  de  faire  monter  incessamment 
de  Québec  une  certaine  quantité  de  poudre  a  tirer  qu'il 
fera  déposer  au  Magasin,  d'où  les  Marchands  pourront 
la  tirer  sur  les  ordres  qu'ils  en  demenderont  pour  cet 
usage  seulement,  et  suivant  la  quantité  que  Son  Excel- 
lence jugera  a  propos  qui  soit  distribuée   pour  la  traite. 

Cette  poudre  sera  payée  par  les  dits  Marchands,  aux- 
quels seuls  il  en  sera  livré  pour  la  traite  en  argent  au 
prix  coûtant  a  Québec,  ainsi  qu'il  sera  porté  sur  la  fac- 
ture. 

Donné  aux  trois  Rivières,  ce  23'-may  1763. 

(Signé)  E.  BURTON. 

Et  plus  bas,  Par  Son  Excellence, 

(Signé)  J.  Bkuyères. 


1763  204 

Kj  Jrix. 

I'lacaut  au   sujet  tics   aniinmi r  qui  roui  fhnis.  les  i^rdins  i( 
pour  la  levée  de  Vametulc 

De  par  î:>o.\  Excellence,  &c.,  &c.,  &c. 

Pour  prévenir  ou  arrotter  les  abus  qui  peuvent  se 
commettre  pour  la  levt'e  de  l'amende  prononcée  par  li' 
IMacart  du  15  avril  dernier,  contre  les  propriétaires 
des  Chevaux  ou  Bètes  a  cornes  dont  les  animaux  s'écar- 
tent et  passent  dans  les  terres  ensemencées  faute  d'enfer- 
ces,  ou  autres  précautions  usitées. 

On  a  fait  a  sç avoir  qu'il  est  delfendu,  sous  peine 
de  punition  arbitraire,  a  toutes  personnes  quelconques 
de  lever  les  dites  amendes  de  son  autorité  privée. 

Lorsqu'il  se  trouve  des  Chevaux  ou  Bêtes  a  cornes 
dans  les  grains,  ou  a  l'abandon  sans  enferges,  celui  qui 
les  trouve  est  tenu  de  faire  sommer  le  propriétaire  de 
paroitre  devant  le  Cap'ie.  j^es  milices,  qui  sur  le  rapport 
et  l'examen  prononcera  l'amende,  avec  dommages  si  le 
cas  le  requiert. 

Le  Cap ''  de  milices  est  autorisé  a  faire  payer  l'a- 
mende sur  le  champ,  dont  il  remettra  aussitôt  la  moitié 
au  Dénonciateur,  et  gardera  l'autre  qu'il  enregistrera,  et 
qui  sera,  suivant  nos  ordres  appliquée  a  des  œuvres  cha- 
ritables. Pour  que  personne  n'en  prétende  cause  d'i- 
gnorance. Voulons  et  ordonons  que  le  présent  Placart 
soit  lu,  publié  et  affiché  en  la  manière  accoutumée. 

DoNNK  aux  tiois  lîivicres  le  IGe.  juin  17G3. 

(Signé)  M.  BURTOX. 

Et  plus  bas,  Far  Son  ExceJlenre, 

(Sicrné)  .T.  Bruyères. 


265  1763 

22  Juillet. 

Renouvelle  les  deffenses  portées  par  le  Placart  du  19e 
May  17G2,  de  chasser  sur  les  terres  de  la  Seigneurie  de 
St.  Maurice,  &c.,  &c. 


30  Juillet. 
De  par  le  Roy. 


Proclamation  de  la  paix. 

"  G-eorCtE  R. 

"  Salut,  sçavoir  faisons— Que  le  traité  définitif 
"  de  Paix  et  d'amitié  entre  Nous,  le  Roy  très  chrétien, 
"  et  le  Roy  d'Espagne,  auquel  le  Roy  de  Portugal  a  ac- 
"  cédé,  a  été  conclu  a  Paris  le  dix  de  février  dernier,  et 
"  que  les  ratifications  solennelles  du  dit  traité  ont  été 
"  échangées  le  dix  du  présent  mois  de  mars. 

"  En  conséquence,  Nous  Ji^geons  a  propos  de  donner 
"  ordre  que  ce  traité  soit  publié  dans  toute  l'étendue  de 
"  Nos  Royaumes,  et  Nous  déclarons  a  tous  nos  bons  et 
"  loyau.x  sujets  qu'ils  aient  a  observer  inviolablement 
"  par  mer  et  par  terre  et  dans  tous  les  endroits  quel- 
"  conques  ce  traité  de  paix  et  d'amitié  Car  tel  est  no- 
"  tre  bon  plaisir,  Et  Nous  recommandons  et  ordonnons 
"  très  expressément  a  tous  nos  bons  sujets  d'y  faire  at- 
"  tention  et  de  s'y  conformer  dans  tous  les  points. 

"  Donné  en  notre  Palais  de  St.  James  le  21^-  jour  de 
"  mars,  l'an  de  grâce  1763,  et  la  troisième  année  de  Notre 

"  Règne.— Yive  le  Roy.  " 

27 


17G3  2^(1 

Lu.  publié  ot  afliché  dans  tout  le  Gouv»'rnoment  des 
trois  Ivivi.Tj's,  ]o  P.Oo.  juillet  1703. 

(Si^ni.-)  K.  Bi;UT(JN. 

Ili    /V/r  >■/'//  JJ.irc/lincf, 

(Siijn.'')  .1.  r.iMVKKKs. 


.'»    AOUST 
OliDRE  réitéré  pour  taire  rrnferïiier  frs  coc/kh/s. 

De  par  Son  Excellence,  iSrc,  tVc. 

MalorkIos  placarts  souvent  publiés,  et  principab'- 
m«'nt  celui  du  8e.  may  dernier,  la  pluspart  des  proprié- 
taires de  cochons  continuent  à  donner  l'abandon  a  ces 
animaux,  sans  avoir  égard  aux  deffenses  faites  et  au  dégât 
(ju'ils  peuvent  faire,  et  qu'ils  font  journellement  dans  les 
bleds  des  environs  de  cette  ville.  Pour  en  arretter  entiè- 
rement le  cours,  Nous  Ordonnons  a  toutes  personnes 
([uelconques  qu'elles  aient  a  renfermer  ces  animaux  aus- 
sitôt après  la  publication  du  présent,  faisant  sçavoirque 
Nous  changeons  l'amende  prononcée  par  le  placart  du 
Se.  may  dernier  en  une  permission  de  tirer  dessus,  et  tuer 
sans  aucun  «lommage  et  interest  ces-  animaux,  lorsqu'ils 
seront  trouvés  dans  les  Bleds,  ou  terres  ensemencées 
Voulons  que  la  présente  soit  iVie,  publiée,  et  affichée. 
Mandons,  &(•. 

DoNNi':  aux  trois  Kivières,  le  ô*'- Aoust  1763. 

(Signé)  R.  BURTON. 

\A.  Fdi  >'"//  Excellence, 

(Signé)  J.  Bruyères. 


267  1763 

23  AousT. 

Ordre  circulair  a  tous  les  maiires  de  postes,  pour  le  prix 
des  postes  du  Courier  portant  la  Malle. 

Par  Son  Excellence   Ralph  Burton,  Ecuyer,  ^-c, 

Comme  Sa  Majesté  a  jugé  à  propos,  pour  l'avantage 
du  Commerce,  d'établir  un  Bureau  de  poste  en  Canada, 
sous  la  direction  du  Sr.  Finlay,  résidant  a  Québec,  et 
que  pour  la  commodité  du  public  il  y  a  un  bureau  déta- 
ché par  ledit  Sieur,  ouvert  en  la  ville  des  trois  Rivières. 
Ordonnons  a  tous  les  maîtres  de  postes  de  ce  G-ouver- 
nement  sur  la  route  de  Québec,  de  fournir  an  Sr.  Finlay, 
ou  a  celui  qu'il  pourra  commettre  a  cet  effet,  les  chevaux 
de  selle  dont  il  aura  besoin  pour  porter  la  Malle  conte- 
nant les  lettres,  a  raison  d'un  demy  Schelling  par  Lieue, 
argent  de  Québec,  tant  en  allant  qu'en  revenant  de  Qué- 
bec, toutes  les  fois  qu'ils  en  seront  requis.  Ordonnons 
aussi  aux  passagers  des  Rivières  de  ce  Gouvernement 
de  luy  donner,  ou  au  porteur  de  lettres  passage  dans  les 
Bacs,  Batteaux  ou  Canots  qu'ils  ont  sur  les  rivières,  sans 
rien  exiger,  et  ce  sans  delay  ou  retardement,  sous  peine 
de  punition  a  ceux  qui  seroient  convaincus  d'y  contreve- 
nir. 

Donné  aux  trois  Rivières,  ce  28e  Aoust  1763. 

(Signé)  R.  BURTON. 

Et  plus  bas,  Par  Son  Excellence, 

(Signé)  J.  Bruyères. 

Même  ordre  que  cy-dessus  a  étc  donné  pour  les  pos- 
tes d'ici  a  Montréal. 


1763  268 

Sans  date 

Pj.AC.MîT  (in  s/i/'i't  il  II  Bnicati  île  Pos!fs. 

De  PAU  Son  Kxcellen'ce  Iîai.i'ii  Iîurtun,  ikc  ikc 
Comme  par  acte  tlu  rarlomeut  i)a.s.sr'.  dans  la  iiciivième 
année  du  Kt'prne  de  la  Jveine  Anne,  un  Bureau  gênerai  de 
Postes  a  été  etal)li  pour  les  pays  a]>partenants  a  l'Empire 
r.rittanni(iue.  et  le  Suvinti-ndant  du  dit  Bureau  ayant  ju- 
ij(é  a  propos,  pour  le  l)ien  geniM-al  du  commerce  et  plus 
particulièrement  pour  celui  de  cette  Province,  d'établir 
un  Bureau  de  Poste  a  Québec  et  de  commettre  le  S''-  Fin- 
hiv  pour  le  reuir,  Conrormomcnl  a  la  teneur  du  dit  acte, 
Lequel  a  ouvert  un  Bureau  de  postes  danscette  ville  des 
trois  liivières  en  la  maison  du  Sr.  Hart  Marchand, 
Ordonnons  ce  qui  suit,  s(,*avoir,  que  tous  les  Maîtres  ou 
Commandants  de  Vaisseaux  ou  Bâtiments  arrivants  au 
port  des  trois  Ixivières,ou  dépendances  d'icelui,  aussi  bien 
([ue  tous  ceux  qui  composent  Téquipane,  ou  ont  passé  sur 
les  dits  vaisseaux  ou  batiments,immediatement  après  leur 
arrivée  remettent  au  ])irecteur  du  Bureau  icy  les  lettres 
dont  ils  sont  chargés,  le  dit  Directeur  leur  payant  un  sol 
par  lettre  dont  ils  luy  fourniront  quittance,  on  excepte 
les  lettres  des  négotiants  ou  propriétaires  de  bâtiments 
qui  regardent  les  dits  Bâtiments  et  leurs  cargaisons  que 
les  Maîtres  pourront  rendre,  ou  par  eux-mêmes,  ou  par 
ceux  qu'ils  voudront  employer,  aux  personnes  a  qui 
elles  seront  addressées,  en  exceptant  aussi  toutes  les  pro- 
cédures de  Loix,ou  lettres  envoyées  par  Amis  voyageants, 
ou  par  messager  exprès  pour  des  aflaires  particulières, 
sous  peine  de  payer  une  amende  de  cinq  livres  mon. 
noie  do  la  (rraude  Bretagne,  pour  Chaque  Contraven. 
tiona  ce  qui  est  ordonné  par  le  dit  acte. 

En  outre  faisons  defïenses.  et  ce  conformément  au  dit 


269  1763 

acte  a  quiconque  (le  seul  Directeur  des  postes  excepté 
ou  ses  employés)  de  recevoir,  prendre,  ordonner,  livrer, 
ou  envoyer,  par  terre  ou  par  eau,  des  lettres  ou  paquets 
(autres  que  les  lettres  ou  paquets  cy-dessus  exceptés}, 
sous  peine  de  payer  une  amende  de  cinq  livres,  monnoye 
de  la  G-rande  Bretagne  ;  la  moitié  des  dites  amendes  ap- 
partenant a  Sa  Majesté,  ainsi  qu'il  est  porté  par  le  dit  acte, 
l'autre  moitié  applicable  au  proffit  de  ceux  qui  feront 
les  informations  nécessaires  et  poursuivront  les  fautifs 
en  justice,  qui  seront  condamnés  avec  dépens  en  cas  de 
conviction.  Ordonnons  aux  officiers  de  milices  et  autres 
de  ce  Grouvernement  d'avoir  l'œil  a  l'exécution  des  pré- 
sentes. En  foy  de  quoy  nous  les  avons  signé,  a  icelles 
fait  apposer  le  cachet  de  nos  armes,  et  le  contreseing  de 
notre  Secrétaire. 

Donné  aux  trois  Rivières,  le 

{Ni  date  ni  sig//ai/(re) 


29  Septembre. 

Envoyé  un  Placart  aux  Forges,  pour  detfendre  aux 
ouvriers  et  autres  de  se  servir  du  charbon  dans  leurs 
maisons,  sous  peine  de  punition. 

{PoiiiL  de  signature) 


30  Septembre. 

De  par  Son  Excellence  Ralph  Burton,  Ecnyer, 
ikc,  &c.,  &c. 

Plusieurs  personnes  ayant  représenté  qu'il  resloitdes 
étendiies  de  terre  considérables  incultes  dans  le  ressort 
du  Gouvernement  de  Montréal  et  autres  lieux,  lesquel- 


1763  270 

les  n'ont  point  ^-té  conceddéos.  et  cos  personnes  ayant 
ëupplié  Monsieur  le  Gouverneur  de  leur  accorder  des 
concessions  en  fiefs  et  seigneuries  sous  le  bon  plaisir  du 
Roy,  (1)  Son  Excellence  ayant  ei^ard  aux  dites  représen- 
tations et  voulant  satisfaire  a  leurs  demendes  qui  tendent 
a  l'établissement  et  à  l'agrandiissenient  de  cette  colonie, 
FAIT  A  sçAVoiR  a  toutcs  persouues  qui  ont  des  concessions 
en  iiefs  relevants  cy-devant  de  Sa  Majesté  Très  chré- 
tienne dans  retendue  du  Gouvernement  de  Montréal  et 
autres  lieux  sur  lesquelles  ils  n'ont  fait  aucun  défriche- 
ment, ou  qui  en  ayant  fait  les  ont  abandonné  pour  cau- 
se de  eruerre  ou  autres  événements,  de  les  présenter  a 
Notre  Secrétariat  sous  trois  semaines  de  la  datte  du  pré- 
sent  pour  tout  delay,  sous  peine  d'en  être  déchu. 

Ordonnons  que  le  présent  soit  lu,  publié,  et  affiché 
partout  ou  besoin  sera  afin  que  personne  n'en  ig-nore. 

Donné  aux  3  Rivières,  le  30e  Sept.  1763. 

(Signé)  R.  BURTON. 

Et  Par  Son,  Excellence, 

(Signé)  .1.  Bruyères. 

N.  B. — A  la  suite  de  ce  placart,  on  trouve  le  com- 
mencement d'une  "  lettre  (du  13  janv.  1764)  aux  Capi- 
taines de  milices,  " — au  sujet  de  ceux  qui  vendent  df>.s 
liqueurs  dans  les  paroisses  des  Trois  Rivières  sans  au- 
torisation. Cette  lettre,  non  finie,  est  bâlonnée,  et  il  y 
a  en  marge  le  moi  "  Néant."  On  la  trouvera  plus  loin, 
à  sa  date. 


(Ij  V.  Ordonnance  <J"  Mr.  Gage  du  IG  «oijlcinbro  1763,  pogos  119 — 120 


271  1Î64 

Sans  date. 
Le  Géri.  R.  Burton  est  nommé  Gouverneur  de  Montréal. 

Monsieur, — Comme  il  a  plu  a  Son  Excellence  Mon- 
sieur le  chevalier  Jeffrey  Amherst,  d'appelier  Mon- 
sieur le  Colonel  Burton  au  Gouvernement  de  Montréal 
(1)  et  m'ayant  nommé  pour  luy  succéder  dans  celuy 
des  Trois  Rivières,  J'ai  cru  nécessaire  de  vous  le  faire 
savoir  aiin  que  vous  puissiés  en  instruire  les  sujets  de 
Sa  Majesté    dimanche  prochain  a  l'issue  de  la  messe. 

J'ai  nommé  Monsieur  le  lieutenant  GtUGY  pour  suc- 
céder a  Mons.  Bruyères  dans  les  charges  de  Secrétai- 
re et  de  Juge- Avocat,  et  je  luy  ai  fait  contresigner  la 
présente  afin  que  vous  reconnoissiés  les  ordes  qui  vous 
seront  addressés. 

Je  suis,  Monsieur,  Votre  &c., 

(Signé)  Fred.  HALDIMAND. 

Et  Par  ordre  de  Son  Excellence, 

(Signé)  C.  GuGY,  Secre. 


13  Janvier  1761. 
Lettre  aux  Cajj»-^-  de  Milices,  au   sujet   de  ceux  qui  font 

commerce. 

MoNSiEUR,-SoN  Excellence  étant  informée  que  nom- 
bre de  personnes  vendent  et  détaillent  des  liqueurs  dans 
les  différentes  parroisses  de  ce  G-ouvernement  sans  y  être 
autorisées,  ce  qui  occasionne  des  desordres  et  des  irre- 
o-ularités.  Pour  remédier  a  l'avenir  a  ces  inconveniants, 
Monsr.  le  Gouverneur  me  charge  de  vous  enjoindre,  que 


1)  V.  à  cesuj'H  l'Ord.  de  M.  Burton  du  1^  Oct.  1763,  p.r)3. 


ITiU  212 

vous  ayt's  a  ordoiiiuT  aux  ])orsonos  qui  sont  dans  votre 
parroisse  faisant  commerce  de  quelque  espèce  qu'il 
soit,  ou  qui  y  vendent  des  liqueurs,  do  se  trouver  avant 
midi  24e  de  ce  mois,  au  Gouvernement  avec  leurs  per- 
missions par  lesquelles  ils  sont  autorisées  a  vendre  des 
boissons,  ou  marchandises,  afin  qu'elles  y  soient  exami- 
nées et  rafraichies  si  Son  Excellence  jug-e  a  propos  de 
les  continuer  ;  ceux  qui  négligeront  de  venir  avec  leurs 
permis,  seront  billes  d«'  la  Liste  et  ne  pourront  faire  aucun 
commercf 

A  la  recepuoii  de  la  i)n'.sente  vous  visiterés  les  mai- 
tons  des  particuliers,  que  vous  croyés  vendre  des  li- 
queurs sans  permission,  et  si  vous  en  trouvés  chez  de 
telles  personnes,  vous  vous  en  saisirés  et  vous  l'envoyerés 
ici  le  24  du  mois  en  y  venant  vous-même.  Vous  me 
manderés  la  réception  de  la  présente  aussitôt  que  vous 
l'aurés  reçu. 

J'ai  l'honneur  d'être,  (^c, 

(Signé)  GuGY,  Secre. 


28  Janvier. 
De  par  le  Ivoy 


PROCLAMATION. 

Pior.lamaliitu  dn  Roi/  dalée  de  St.  Jfunea  le  7  OcUilnc  ITO-î, 
oe  an/ice  de  son  rci^tte. 

George  Rex. 

Comme  il  nous  a  j)lû  de  prendre  en  notre  consi- 
dération Koyale,  les  grandes  et  importantes  acquisi- 
tions en  Amep.ique,  assurées  n  Notre  Couronne  par  le 


273  1764 

Traitté  définitif  de  Paix,  conclu  a  Paris  le  dix  de  Fé- 
vrier passé,  et  souhaitant  que  tout  nos  aimés  sujets, 
tant  ceux  de  nos  Royaumes,  que  ceux  qui  résident  dans 
Nos  Colonies  en  Amérique,  puissent  proffiter  sans  delay 
de  l'utilité  et  des  avantages  qui  en  dérivent  au  Bien  de 
leur  Commerce,  Manufacture,  et  Navigi^tion.  Nous 
avons  trouvé  nécessaire  arec  l'avis' de  Notre  Conseil 
privé,  de  publier  la  présente  proclamation  Royale,  pu- 
bliant et  déclarant  à  tous  Nos  Bien  aimés  Sujets  que 
Nous  avons  par  l'avis  de  Notre  susdit  Conseil  privé,  ac- 
cordé Nos  Lettres  patentes  passées  sous  le  G-rand  Sceau 
de  la  G-rande  Bretagne,  afin  d'ériger  dans  les  pays  et  Isles 
qui  Nous  ont  été  cédés,  et  confirmés  par  le  dt.  Traitté  de 
Paix,  Quatre  Gouvernements  distincts  et  séparés,  et  ap- 
pelles par  les  Noms  de  Québec,  Floride  Orientale,  Floride 
Occidentale,  et  Grenade,  dont  les  bornes  et  limites  sont 
comme  il  suit. 

lo.  Le  Gouvernement  de  Québec,  borné  sur  la  Côte 
de  Labrador,  par  la  Rivière  St.  Jean,  et  de  là  par  une 
ligne  tirée  depuis  la  source  de  la  dite  Rivière  par  le  Lac 
St.  Jean,  au  Sud  du  Lac  Nipissin,  d'où  la  dte.  ligne  cou- 
pant la  Rivière  St.  Laurent  et  le  Lac  Champlain  au  45e 
degré  de  Latitude  Septentrionale,  et  suivant  les  monta- 
gnes qui  divisent  les  Rivières  qui  se  déchargent  dans  la 
Rivière  St.  Laurent,  de  celles  qui  se  répendent  dans  la 
mer,  et  aussi  le  long  de  la  côte  du  Nord  de  la  Baye  des 
Chaleurs,  et  de  la  côte  du  Golphe  St.  Laurent  au  Cap 
Des  Rosiers,  et  de  la  passant  par  l'embouchure  de  la 
Rivière  St.  Laurent  par  le  Ouest  de  l'Isle  d'Anticostie 
va  se  terminer  a  la  susdte.  Rivière  St.  Jean. 

2o.  Le  Gouvernement  de  la  Floride  Orientale,  borné 
au  Ouest  au  Golphe  du  Mexique  et  à  la  Rivière  Apala- 


17.;4  274 

chifola,  et  au  >soi\l  par  iiiu'  lii^iio  liréo  par  hi  partie  de 
la  dte.  KivitTO,  où  le  Chatahouchée,  et  la  Eivière  aux 
pierres  a  l'eu  se  joignent,  jusqu'à  la  source  de  la  Kivière 
ÎSte.  Marie,  et  par  le  cours  de  la  dte.  Xvivière  à  l'Océan 
Atlanti(iue  ;  et  au  Sud  et  a  TEsit  par  l'Océan  Atlantique 
et  le  Oolplie  de  la  Floride,  en  y  comprenant  toutes  les 
,  Lsles  qui  sont  a  six  lieues  des  Côtes  de  la  Mer. 

3o.  Le  Gouvernement  de  la  Floride  Occidentale,  borné 
au  ^5ud  par  le  Golphe  Mexique,  et  y  comprenant  toutes 
les  lsles  a  six  lieues  des  Côtes  depuis  la  llivière  Apala- 
chicola  au  Lac  Pontchartrain,  au  Ouest  par  le  dt.  Lac,  le 
Lac  Maurepas,  et  la  lîivière  Mississipi  ;  au  Nord  par 
une  ligne  tirée  a  l'Est  de  cette  partie  de  la  ]vivière  Mis- 
sissipi qui  est  au  31e  Degré  de  Latitude  Septentrionale 
a  la  Rivière  Apalachicola  ou  Chatahouchée,  et  à  l'Est  par 
la  dite  Kivière. 

4o.  Le  Gouvernement  dt;  Grenade  comprenant  llsle 
de  ce  nom,  avec  les  Grenades,  et  les  lsles  Dominique,  Sf. 
Vincent  et  Toba^o.  Et  afin  que  l'entierre  J^iberté  de 
pêche,  de  Nos  Sujets  puisse  s" étendre  et  se  faire  sur  la 
Côte  de  Labrador,  et  les  lsles  adjacentes,  Nous  avons 
juiré  propre  par  l'avis  de  Notre  Conseil  Privé,  de  mettre 
toute  cette  Côte  depuis  la  liivière  St.  Jean,  jusqu'au 
détroit  de  lludson  avec  les  lsles  d'Anticostie  et  de  la 
Madelaine,  et  autres  petites  lsles  situés  sur  la  dte.  Côte 
sous  les  soins  et  l'inspection  de  Notre  Gouverneur  de 
Terreneuve. 

Nous  avons  aussi  par  1  avis  de  Notre  Conseil  privé, 
jugé  nécessaire  d'annexer  les  lsles  de  St.  Jean  et  du  Cap 
Breton,  ou  Isle  Royale  avec  les  petites  lsles  des  environs 
a  Notre  Gouvernement  de  la  Nouvelle  Ecosse.  Nous 
avons  en  outre  par  lavis  de  Notre  Conseil  privé,  jugé 


275  1764 

propre  d'annexer  a  Notre  Province  de  Géorgie  tontes  les 
terres  entre  les  Rivières  Attamaha  et  Ste.  Marie. 

Et  comme  il  contribue  beaucoup  au  prompt  établisse- 
ment de  Nos  susdts.  Grouvernements  que  Nos  bien  aimés 
Sujets  soient  informés  de  Nos  soins  paternels  pour  la 
Sûreté,  Liberté  et  Biens  de  ceux  qui  sont,  et  qui  en  de- 
viendront habitans  ;  Nous  avons  jugé  nécessaire  de 
publier  et  déclarer  par  Notre  présente  proclamation,  que 
Nous  avons  dans  les  Lettres  patentes,  sous  le  Grand 
Sceau  de  la  Grande  Bretagne  par  lesquels  les  dts.  Gou- 
vernements sont  constitués,  donn3  pouvoir  exprés,  et 
instructions  à  Nos  Gouverneurs  de  Nos  dites  Colonies 
respectivement  qu'aussitôt  que  les  Circonstances  des 
dites  Colonies  le  permettront,  qu'ils  feront  par  l'avis  et 
le  consentement  des  membres  de  Notre  Conseil,  ajourner, 
convoquer  des  Assemblées  générales  dans  Nos  dits  Gou- 
vernements respectivement,  en  telle  manière  et  forme 
usitée  et  enjointe  dans  les  dtes.  Colonies  des  Provinces 
de  l'Amérique  qui  sont  sous  Notre  Gouvernement  im- 
médiat. Et  Nous  avons  aussi  donné  pouvoir  a  Nos  dts. 
Gouverneurs,  avec  l'aA'is  de  Nos  dts  Conseils  et  les  re- 
présentans  du  peuple  ainsi  convoqués,  comme  ci-dessus 
de  faire,  constituer,  passer  des  Loix,  Statuts,  et  Ordon- 
nances, pour  le  Bien  du  Public,  Conservation,  et  le  Bon 
Ordre  de  Nos  dites  Colonies,  et  de  ses  habitans,  autant 
que  cela  pourra  convenir  avec  les  Loix  d'Angleterre,  et 
sous  tels  règlements  et  restrictions  qui  sont  en  usa^-e 
dans  les  autres  Colonies,  Et  en  attendant,  et  jusqu'à  ce 
que  telles  assemblées  puissent  être  convoquées,  comme 
il  est  dit  cydessus,  toutes  pei sonnes  habitant  actuelle- 
ment, ou  qui  se  rendront  dans  Nos  dites  Colonies,  peuvent 
être  assurées  de  Notre  protection  Roj^alle  en  la  jouissan- 
ce des  avantages  des  Loix  du  Eoyaume  d'Angleterre  ;  A 


17t;4  270 

ces  lias  iSoiis  ii\  tnis  [cluiiiu-J  pouvoir  à  Nos  (Jouvei'iieurs 
de  Nos  dites  Colonios  respectivement,  sous  le  Grand 
iSceiUK  d't'-riiivr  et  de  eoiistitucr,  p:ir  l'avis  de  Nos  dits 
Conseils  resi)eelivem''nt,  des  Cours  d<i  Judicature,  et  de 
justice  publique,  dans  Nos  dites  Colonies,  pour  entendre 
et  déterminer  toutes  causes  tant  criminelles,  que  civiles, 
suivant  les  Loix  et  l'Equité,  et  autant  que  faire  se  pourra 
suivant  les  Loix  d'Angleterre,  avec  Liberté  a  toutes  per- 
sonnes qui  se  croyent  lezées  par  les  sentences  de  telles 
Cours  en  matière  civiles,  d'en  appeller  sous  les  Limita- 
tions et  restrii- lions  usitées  a  Nous  dans  Notre  Conseil 
privé. 

Nous  avons  aussi  juué  propre  avec  l'avis  de  ^olre 
Conseil  privé,  comme  ci-dessus,  de  donner  à  Nos  Gou- 
verneurs, et  Conseils  de  nos  dtes.  trois  Nouvelles  Colo. 
nies,  sur  le  continent,  plein  pouvoir  et  authorité  d'arran- 
q-er  et  convenir  avec  les  habitans  de  Nos  dites  Nouvelles 
Colonies  ou  avec  quelqu'autres  personnes  qui  s'y  ren- 
dront, pour  telles  terres,  tenements,  héritages  qui  sont 
actuellement,  ou  qui  seront  cy-après  en  Notre  disposi- 
tion, de  les  accorder  à  telle  personne,  ou  personnes,  à 
tels  termes,  et  redevance  modique,  services,  et  recon- 
nance  (1)  féodale,  comme  celles  qui  ont  été  réglées  et  ar- 
rangées dans  nos  autres  Colonies,  ef  sous  de  telles  autres 
Conditions  qui  nous  paroitront  nécessaires,  et  avanta- 
geuses pour  le  Bien  des  octroyés,  et  l'amélioration,  et 
l'établissement  de  Nos  dites  Colonies. 

Et  comme  Nous  souhaitons,  en  toutes  occasions,  témoi- 
irnerNotreapprobation  Koyallc  à  l'égard  de  la  Conduitte 
••t  Bravoure  des  oliiciers  et  soldats  de  Nos  armées,  et  alin 
de  les  recompenser.    Nous  commandons  et  authorisons 


;l)  Ainsi  au  iiiunuscril. 


211  1764 

par  ces  présentes  Nos  Gouverneurs  de  Nos  trois  Nou- 
velles Colonies,  et  tous  les  autres  Gouverneurs  de  Nos 
différentes  provinces  de  l'Amérique  Septentrionale  de 
concéder  sans  droits  ni  récompense  à  tels  officiers  refor- 
més qui  ont  servi  dans  TAmérique  Septentrionale  pen- 
dant la  dernière  Guerre,  et  à  tels  soldats  qui  ont  été 
congédiés,  et  à  ceux  qui  doivent  l'être  en  Amérique,  et 
qui  y  résident  actuellement,  et  qui  en  feront  personnel- 
lement la  demende,  les  quantités  suivantes  de  terres  su- 
jettes à  l'expiration  de  dix  ans,  aux  mêmes  rentes  fon- 
cières, que  le  sont  les  terres  dans  la  province  dans  la. 
quelle  ces  terres  auront  été  concédées,  et  seront  sujettes 
aux  mêmes  conditions  d'amélioration. 

A  chaque  officier  de  l'état  Major,  5000  arpents,  aux 
Capnes.,  3000,  aux  Subalternes,  2000  ;  aux  sergents,  200, 
et  à  chaque  soldat,  50  arpens.  Nous  authorisons  et  re- 
quérons pareillement  les  Gouverneur  et  Commaudans 
en  Chef  de  Nos  dites  Colonies  du  Continent  de  l'Amé- 
rique Septentrionale,  de  concéder  les  mêmes  quantités 
de  terre,  et  aux  mêmes  conditions,  à  tels  Ofiiciers  refor- 
més de  la  Marine,  de  même  rang  qui  ont  servi  abord  de 
Nos  Vaisseaux  de  Guerre  dans  l'Amérique  Septentrio- 
nale à  la  réduction  de  Louisbourg,  et  de  Québec  pen- 
dant la  dernière  Guerre,  et  qui  s'adresseront  personnel- 
ement  à  Nos  Gouverneurs  pour  de  pareilles  Concessions. 

Et  comme  il  est  juste,  raisonnable  et  essentiel  à  Nos 
intérêts  et  à  la  sûreté  de  Nos  Colonies  que  les  différentes 
Nations  de  Sauvages  avec  lesquelles  Nous  avons  quelques 
relations,  et  qui  vivent  sous  Notre  protection,  ne  soient 
ni  inquiétées,  ni  troublées  dans  la  possession  de  telles 
parties  de  Nos  Domaines,  et  territoires  comme  ne  Nous 
ayant  pas  été  cédés,  ni  achettés  par  Nous,  leur  sont  réser- 
vés, ou  "â  aucun  d'eux,  comme  leur  pays  de  Chasse  ; 


]Tt;4  278 

Vax  conséquence,  Nous  déclarons  par  Tavis  de  Notre 
Conseil  privé,  que  tel  est  Notre  Bon  i>liii.sir,  et  volonté 
Koyale  qu'aucun  Gouverneur,  ou  Commandant  en  Chei 
dans  qu  elles  de  Nos  Colonies  que  ce  puisse  être,  soit  de 
Québec,  l-'loride  Orientale,  Floride  Occidentale,  ne  pré- 
sume sous  (juelque  prétexte  que  ce  puisse  être  d'accorder 
des  ordres  pour  l'aire  arpenter,  ou  accorder  des  Lettres 
patentes  pour  terres  hors  des  limites  de  leurs  Gouverne- 
ments respectifs,  Comme  il  est  enjoint  dans  leurs  com- 
missions, comme  aussi  qu'aucun  Gouverneur,  ou  Com- 
mandant en  Chef  de  nos  Colonies,  ou  plantations  en  Amé- 
rique, ne  x^resume  pour  le  présent,  et  jusqu'à  ce  que  No- 
tre Volonté  soit  plus  amplement  connu(\  d'accorder  au- 
cunes Lettres  patentes,  ou  permission,  pour  établir  dos 
terres  au  delà  des  sources  des  Ivivières  qui  se  déchargent 
dan?  rOcean  Atlantique  du  Ouest  ou  Nord  Ouest,  ou  sur 
quel  autre  que  ce  puisse  être  qui  ne  nous  aiant  pas  été 
cédés,  ou  autrement  sont  réservées  pour  les  dts.  Sauvages, 
comme  il  est  dit  cydessus. 

Nous  déclarons  de  plus  que  telle  est  notre  volonté  et  notre 
bon  plaisir  pour  le  présent,  comme  cydessus,  de  reserver 
sous  Notre   Souveraineté,  protection,  et  Gouvernement 
pour  l'iisaî^e  des  dts.Sauvag'es,toutes  les  terres,  ou  territoi- 
res qui  ne  sont  pas  compris  dans  les  Limites  des  trois  Nou- 
veaux Gouvernements  ci-dessus  mentionnés,  ou  dans  Cel- 
les des  terres  accordées  à  la  Compie  de  la  Baye  de  Hudson  ; 
comme  aussi  toutes  les  terres  et  territoires   qui   se  trou- 
vent au  Ouest  des  sources  des   Ivivières   qui    se  jettent 
dans  le  Mer  depuis  le  Ouest  au  Nord  Ouest  comme  il  est 
mentionné  ey-dessus  ;  VA  Nous    deffendons   aussi  expres- 
sément sous  peine  d'encourir  Notre  Déplaisir,  à  tous  oSo 
lideles  Sujets,  d'acheter,  cultiver,  ou  prendre  possession 


279  1764 

d'aucunes  des  terres  ci-dessus  réservées,  sans  avoir  pre- 
mièrement obtenu  Notre  permission  a  ce  sujet. 

Et  Nous  Enjoignons  et  ordonnons  à  toutes  personnes 
quelconques,  qui  se  sont  établies  volontairement,  ou  au- 
trement sur  quelques  terres  dans  les  territoires  cydessus 
mentionnés,  ou  sur  quelques  autres  terres  qui  ne  nous 
ont  point  été  cédées  ni  vendues,  et  par  la  réservées  aux 
dts.  Sauvages,  comme  mentionné  cydessus  de  se  retirer 
immédiatement  de  dessus  telles  habitations. 

Et  comme  il  s'est  commis  de  grandes  fraudes  et  abus 
dans  l'achat  des  terres  fait  avec  les  Saiivages  au  crrand 
préjudice  de  Nos  intérêts,  et  au  mécontentement  des  dits 
Sauvages  ;  pour  prévenir  de  pareilles  irrégularités,  a  l'a- 
venir, et  afin  que  les  Sauvages  soient  convaincus  de 
Notre  Justice  et  de  la  résolution  que  Nous  avons  prise 
d'écarter  tout  juste  sujet  de  mécontentement,  Voulons 
et  ordonnons  avec  l'avis  de  Notre  Conseil  privé  que  per- 
sonne n'achète  des  terres  des  dts.  Sauvages  qui  leur  ont 
été  réservées  dans  ces  parties  de  Nos  Colonies,  ou  Nous 
avons  trouvé  a  propos  de  permetlre  des  Etablissements, 
Mais  s'il  arrivoit  qu'aucun  des  dts.  Sauvages  voulut  dis- 
poser des  dittes  terres  Nous  Voulons  que  l'achat  en  soit 
tait  par  Nous,  et  en  Notre  Nom.  dans  une  assemblée  des 
dts.  Sauvages  qui  sera  convoquée  a  ce  dessein  par  les 
Grouverneurs  ou  Commandants  en  Chef  de  Nos  différen- 
tes Colonies  dans  lesquelles  elles  pouront  se  trouver  et 
dans  le  cas  quelles  fussent  dans  les  Limites  de  quelque 
Gouvernement  propriétaire,  on  ne  pourra  les  achetter 
qu'au  nom  et  pour  l'usage  uniquement  de  tel  proprié- 
taire, suivant  les  directions  et  instructions  que  Nous,  ou 
Eux  trouverons  a  propos  de  donner  à  ce  sujet  ;  Et  avec 
l'avi-s  de  Notre  Conseil  Privé,  Nous  déclarons  et  enjoi' 


1704  2«0 

i»nons  que  le  Commerce  avec  les  dits  Sauvages  sera  libre 
a  tous  Nos  Sujets  quelconques,  pourvu  que  ceux  qui 
^souhaiterons  commercer  avec  les  tlts.  Sauvaircs  soient 
authorisés  par  permission  du  Crouverui'ur,  ou  du  Com- 
mandant en  Chel",  de  Celle  de  Nos  Colonies  ou  la  per- 
sonne réside  ;  l'aile  devra  aussi  donner  caution  d'obserrer 
tels  Keglements  que  Nous  croirons  nécessaires  de  donner 
par  Nous  mêmes,  ou  des  Commissaires  nommés  pour 
veiller  au  Bien  et  a  l'agrandissement  du  dt.  Commerce  ; 
Et  Nous  authorisons,  enjoignons,  et  commandons  par  ces 
présentes  tous  Nos  Gouverneurs  et  Commandans  en 
Chef  de  chacune  de  Nos  Colonies  en  particulier,  aussi 
bien  Celles  qui  se  trouvent  immédiatement,  <:omme  celles 
qui  sont  sous  le  Gouvernement  et  la  Direction  des  pro- 
priétaires, d'accorder  telles  permission  sans  exiger  de 
droits  ni  recompense,  avec  cette  reserve,  q  ue  telles  per- 
missions deviendrons  nulles  et  la  Caution  confisquée,  au 
cas  que  la  personne  a  qui  on  aura  accordée  une  pareille 
permission,  refuse  ou  negliire  de  se  porter  au  règlement 
({ue  Nous  jvin-oront  a  |)ropos  de  prescrire  comme  cyd«\s- 
sus. 

En  outre  Nous  enjoignons  et  requérons  expressément 
tous  ofliciers  militaires,  comme  ceux  qui  sont  chargés  de 
la  direction  des  allaires  des  Sauvages  dans  les  territoires 
réservés,  comme  il  est  dit,  a  l'usage  des  dts.  Sauvages, 
de  se  saisir  et  prendre  tous  ceux  qui  sont  accusés  de  tra- 
hison, ou  qui  en  auront  eu  connoissance  sans  en  faire 
part;  Ceux  qui  auront  commis  Meurtre,  Crime,  ou  Mal- 
versation, et  qui  se  relugieront  dans  les  dts.  territoires 
l)our  evitter  lespoursuittes  de  la  justice,  de  les  faire  con- 
duire par  une  garde  sure,  a  la  Colonie  dans  laquelle  le 
Crime  dont  on  l'accu-se  aura  été  commis,  afin  qu'ils  puis- 
sent y  être  jugés  en  conséquence. 


281  1Î64 

Donné  a  Notre   Cour  de   St.  James  le   7e.  8bre.  1763, 
dans  la  3e  année  de  Notre  Règne. 


15  Février  1764. 
Placard  pour  engager  à  ne  point  agioter  le  papier  du  Ca- 
nada. 

Par  Son  Excellence  Fred.  Haldimand,  Ecuyer,  Colo- 
nel, &c.,  &c..  &c. 

Sa  Majesté  Notre  Auguste  Souverain  ayant  com- 
mandé de  nouveau  à  ses  Ministres  de  travailler  a  obte- 
nir de  la  Cour  de  France  l'entier  accomplissement  de  ce 
qu'elle  a  stipulé  dans  le  dernier  Traité  de  Paix  au  sujet 
du  papier  du  Canada.  Nous  exhortons  vivement  tous  les 
propriétaires  du  dit  papier,  domiciliés  en  la  ville,  Gou- 
vernement et  Dépendances  des  trois  Hivieres,  Province 
de  Québec,  de  n'en  point  agioter  ou  escompter  a  vil  prix, 
Mais  plutôt  d'attendre  avec  patience  la  définition  de 
cette  affaire.  L'agiotage  pouvant  porter  préjudice  a  leurs 
droits,  et  servir  de  prétexte  pour  empêcher  ou  reculer  la 
liquidation  qui  doit  s'en  faire  suivant  la  Déclaration  du 
Ministre  Plénipotentiaire  de  France  du  10e  Février 
1763.  (1) 

Les  Nouveaux  Sujets  de  Sa  Majesté  doivent  toujours 
s'attendre  a  ressentir  les  effets  de  ses  soins  paternels, 
comme  tous  ses  autres  peuples,  autant  qu'ils  se  com- 
porteront en  bons  et  fidèles  sujets,  ainsi  qu'ils  l'on  fait 
jusqu'à  présent. 

Fait  et  donné  aux  trois  Rivières,  sous  le  Cachet  de 
Nos  armes  et  le  contreseing  de  Notre  Secrétaire,  ce  15e 
février  1761. 

(Signé)  FRED.  HALDIMAND, 

Et,  Far  ordre  de  Son  Excellence, 

(Signé)  C.  GuGY,  Secre. 

(.1)  V^  celle  déclaralion  de  M.  de  Choiseul  aux  paffcs  1 1  i  cl  1 15. 


17i;i  282 

11  Mars. 

l'i,\<'Mri'  iioiir  /'rt/r«'u;islrf'iiir///  .lu  ijdjiin-  ilii  Canada. 

Ih-  par  Son  Kacllence  FREDERICK.  IIaLDIMAND, 
llrni/('i\  \i\.  Av.,  \i-. 

Avant  reçu  ordre  de  constater  alitant  qu'il  seroit  en 
\olre  pouvoir,  le  montant  des  Lettres  de  Change  du  Ca- 
liada,  Billets  d'Ordonnances,  Monnoye  de  Cartes,  et  Cer- 
liiicals  résidants  dans  le  pays,  afin  que  le  rembourse- 
ment en  soit  demendé  suivant  la  déclaration  du  Mini.*-- 
tre  rirnipott'ntiaire  de  France  du  10e  février  17G3,  et  en 
exécution  des  ordres  de  S;i  Majesté  .sirrnifiés  par  un  de 
ses  Secrétaires  d'Etat, 

Ordonnon.<  et  REQUERONS  tous  les  sujets  de  Sa 
Majesté,  tant  Anglois  que  Canadiens  et  François  rési- 
dants dans  le  (îouvernement  des  trois  Kivieres,  de  don- 
ner immédiatement  un  Etat  juste  et  fidèle  des  Lettres  de 
Chanj^e  du  Canada,  Billets  d'Ordonnances,  Monnoye  de 
Cartes,  et  Certificats  qu'ils  possèdent,  en  y  détaillant  les 
moyens  par  lesquels  ils  les  ont  acquis. 

Ordonnons  de  plus  à  Ceux  qui  par  nécessité  ou  au- 
trement pouroient  avoir  été  induits  à  vendre  à  bas 
jjrix  partie  de  (•<>  qu'ils  possédoient  de  ces  papiers,  lors 
de  la  Cession  du  pays  par  le  traité  de  Paix  conclu  à  Pa- 
ris le  10e  lévrier  lTr.3,  que  les  dites  personnes  ayent  à 
donner  un  Etat  .-iéparé  et  circonstancié  du  papier  qu'ils 
ont  vendu  depuis  ce  tems  là,  \)'^T  qui,  à  qui  il  a  été 
vendu,  et  à  ([uc]  prix,  lequel  état  ils  alRrmeront  par  un 
serment  soiemnel  prêté  entre  les  mains  du  Juge  Avocat 
établi  pour  le  présent  dans  ce  Gouvernement.  Et  afin 
(]ue  ce  qui  est  ordonné  parles  présentes  soit  bien  e^  due. 
inontexé^-uté,  Nous  avons  jucréà  propos  que  l'enregistre- 


283  .        1764 

ment  se  fit  sous  l'inspection  de  trois  personnes  de  cette 
ville  qui  siég-eront  tous  les  jours  de  la  semaine  (les  diman- 
ches exceptés)  à  commencer  du  seize  du  présent  mois  de 
mars  jusqu'au  30e  avril  inclusivement,  depuis  neuf  heu- 
res du  matin  jusqu'à  une  heure  après  midi,  auquel  jour 
du  oOe  avril  tout  enregistrement  finira,  et  on  ne  recevra 
plus  de  déclaration.  Les  bordereaux  seront  faits  suivant 
la  formule  remise  aux  Commissaires.  Et  afin  que  tous 
les  fidèles  sujets  de  Sa  Majesté  connoissent  ses  bonnes 
intentions,  ils- sont  avertis  que  l'enregistrement  des  dits 
papiers  se  fera  gratis. 

Ordonnons  expressément  au  Cap^^  de  Milice  de  cha- 
que parroisse  de  faire  lire  la  présente  Ordonnance,  à  l'is- 
sue de  la  messe  parroissiale  les  deux  premiers  diman- 
ches après  sa  réception,  et  ensuite  de  l'afficher  en  la  ma- 
nière accoutumée,  afin  que  personne  n'en  puisse  pré- 
tendre cause  d'ignorance. 

Donné  aux  trois  Rivières  ce  lie  Mars  1764. 

(Signé)  FKED.  HALDIMAND. 

Et  Par  ordre  de  son  Excellence. 

(Signé)  C.  GuGY,  Secre. 

P.  S. — Les  personnes  nommées  pour  présider  à  l'en- 
registrement cy  dessus  ordonné,  sont  Mrs.  de  Tonnan. 
cour,  de  Rouville,  et  Bte.  Perrault,  Et  le  Bureau  pour 
cet  effet  se  tiendra  pendant  le  temps  prescript  cy  dessus, 
chez  Mr.  Baptiste  Perrault. — (4). 


[k]  Y.  la  manière  de  procéder  sur  ce  sujet  par  le  Général  Gage,  pp.  1 15 
—117,  dès  1763. 


17(;4  284 

1-J  Maks. 

LllTTliK  ù   tuiis  les  Caj/t  '''^  de  Mi/ircs  //')//»•  /"  uro/lrmcnf 
tles  Cdfiad l'eus  en  Cum/)ni:^nies. 

Monsieur, — Quoique  je  vous  aie.  déjà  insUuit  de  bou- 
che des  soins  que  Sa  Majesté  se  donne  pour  assurer  le 
bonheur  de  ses  sujets,  et  de  hi  terme  rC-solution  qu'elle 
a  prise  de  faire  revenir  a  la  raison  quelques  Nations 
kSauvages,  dont  la  mauvaise  volonté  s'est  manifestée 
par  la  trahison  et  la  violence,  et  de  les  obliger  à  conclure 
une  paix  stable  qui  assure  le  retour  d'un  commerce 
avantageux,  et  la  trnnquilité  si  nécessaire  à  ses  peuples  ; 
J'ai  cru  devoire  vous  informer  qu'à  cet  elfet  le  Gouver- 
nement s'est  déterminé  de  joindre  cinq  compagnies  de 
Canadiens  aux  troupes  qui  doivent  être  employées  à  pro- 
curer ce  but.  Ces  compagnies  seront  composées  de 
soixante  hommes  chacunes.  Deux  seront  levées  dans 
le  Gouvernement  de  Québec,  deux  dans  celuy  de 
Montréal,  et  une  dans  celuy  des  trois  Rivières,  et  seront 
commandées  par  des  officiers  canadiens,  ()i\  n'agré- 
gera dans  ces  compagnies  que  ceux  qui  de  leur  plain 
gré  seront  déterminés  de  rester  sous  l'empire  de  Sa 
Majesté  Britanique. 

Pour  reconnoitre  et  récompenser  la  bonne  volonté  de 
ceux  qui  s'enrolleront,  on  donnera  douze  piastres  en 
argent,  à  chaque  volontaire,  on  leur  délivrera  un  capot, 
deux  paires  de  souliers  sauvages,  et  une  paire  de  mi- 
tasses ;  on  les  pourvoira  d'armes,  d'amtmitions  et  de 
vivres,  durant  tout  le  temps  de  la  campagne.  La  solde 
affectée  pour  eliaquc  homme  sera  de  six  sols  anglois]>ar 
jour,  et  on  aura  soin  de  les  faire  accompagner  par  un 
prêtre  pour  y  exercer  les  fonctions  de  son  ministère. 


I 


285  17 04 

Le  service  de  ces  volontaires  Unira  avec  la  campagne, 
après  laquelle  chacun  sera  libre  de  retourner  chez  soy. 

Une  pareille  démarche  suppose  dans  le  Gouverne- 
ment bien  de  la  confiance  envers  les  sujets  de  Sa  Ma- 
jesté ;  on  est  en  droit  d'attendre  qu'ils  y  répondront 
non  seulement  par  un  grand  empressement  à  s'en- 
roller,  mais  encore  par  une  grande  fidélité  à  soutenir 
leurs  engagements  dans  toutes  les  circonstances  où  le 
bien  du  service  les  placera,  Du  moins  iis  doivent  le 
faire  autant  par  honneur,  et  par  devoir,  que  par  re- 
connoissance,  et  par  zèle  pour  leur  propre  intérest. 

En  attendant  que  vous  soyés  à  même  de  publier  cette 
Ordonnance  dimanche  prochain  à  la  porte  de  l'Eglise, 
vous  aurés  soin  autant  qu'il  dépendra  de  vous  de  la 
rendre  publique,  mais  surtout  parmy  vos  jeunes  gens, 
afin  qu'ils  puissent  être  instruits  de  toutes  les  conditions 
qui  leur  y  sont  offertes. 

Fait  et  donné  aux  trois  Rivières,  sous  le  sceau  de 
Nos  armes,  le  12e  mars  1764. 

(Signé)  FRED.  HALDIMAND. 


28  Maes 


OnifU^  pour  faire  rendre  les  armes  aux   habitans  de  Batis- 

cant,  Rivière  Batiscant, 

Monsieur, — Il  vous  est  ordonné  par  la  présente  d'ap- 
porter immédiatement  aux  trois  Rivières,  .toutes  les 
armes  qui  vous  avoient  été  confiées  pour  l'usage  des  habi- 
tans de  votre  parroisse,  des  gens  qui  refusent  aussi  insol- 
lemment  de  s'en  servir  pour  le  bien  du  public,  ne  méri- 
tent pas  d'en  avoir  l'usage  pour  leur  intérest  personnel. 


17»;  I  28(5 

11  vous  est  enjoint  do  plus  de  laire  une  exacte  recher- 
che parmis  les  habitans  de  votre  parroisse,  et  de  vous 
faire  di'livror  toutes  les  armes  qu'ils  pourroieut  avoir  ac- 
(|uis  de  quelle  façon  (pie  ce  .soit,  pour  être  dr'livr«''S  de 
même  au  magazin  du  Uoy  ;  et  si  après  cette  recherche 
vous,  ou  qui  que  ce  puisse  être,  vient  à  découvrir  au- 
cun fusil  dans  votre  parroisse,  le  propriétaire  de  la  mai- 
son où  ce  fusil  se  trouvera,  ou  celui  entre  les  mains  de 
qui  on  pourra  le  découvrir,  est  parle  présent  ordre  con- 
damné à  douze  piastres  d'amende  pour  la  première 
fois,  dont  la  moitié  sera  pour  le  délateur,  et  les  six 
piastres  restants  pour  les  pauvres,  et  en  cas  de  réci- 
dive, une  telle  personne  ainsi  contrevenant  aux  ordres 
sera  punie  suivant  que  la  loi  l'exige. 

Je  suis  fâché  d'en  devoir  venir  à  cette  extrémité,  mais 
la  mauvaise  volonté  de  vos  habitans  est  trop  manifeste, 
pour  qu'il  me  soit  permis  de  la  tolérer  davantage. 

Vous  aurés  à  apporter  les  armes  vous  même,  ou  à  les 
envoyer   par  un  de  vos  officiers,  afin   qu'il  puisse  être 
présent  à  la  visite  que  l'armurier  en  fera. 
Je  suis,  Mr.  &c. 
(Signé)  FrtED.IIALDIMAND. 


•21  Avril. 
PiiACARD  nu  sujet  de  la  sor/ie  des  crains. 

De  par  Son  E.ccelle/ire  Frederick  IIaldimand,  «S:c., 
&c.,  &c. 

Comme  il  peut  être  d'une  grande  utilité  aux  habitans 
de  ce  Gouvernement  d'être  instruits  à  tems  des  mesures 
que  Monsieur  de  Murray  Gouverneur  de  Québec  a 
prises  pour  la  libre  exportation  du  bled  hors  de    cette 


287  1704 

ProTince  ;  J'ai  jugé  nécessaire  de  rendre  la  connoi.s- 
sance  publique  du  Placard  ci  dessous,  afin  que  chacun 
puisse  se  conformer  aux  restrictions  et  réserves  men- 
tionnées sous  lesquelles  l'exportation  de  bled  se  doit 
faire  au  port  de  Québec. 

Comme  rien  ne  contribuera  plus  à  encourager  la  ciiltu- 
re  des  terres,  et  de  vivifier  le  commerce  de  cette  Province, 
que  la  sortie  libre  du  bled  de  froment,  à  présent- son  pro- 
duit principal,  pourvu  que  cette  sortie  soit  assujettie  à  des 
règlements  qui  puissent  efficacement  prévenir  les  incon- 
véniens  que  le  pays  en  a  ci  devant  ressenti  ;  et  comme 
il  est  uste  et  raisonnable  que  les  vendeurs  aussi  bien 
que  les  acheteurs  de  cette  marchandise  précieuse  puis- 
sent être  informés  de  bonne  heure  des  intentions  du  gou- 
vernement à  cet  égard,  après  avoir  mûrement  réfléchi  sur 
cette  afiaire,  nous  avons  jugé  à  propos,  et  par  ces  présen- 
tes, Nous  ORDONNONS,publions  et  déclarons  que  dès  l'ins- 
tant que  la  navigation  du  fleuve  St.  Laurent  sera  ouverte, 
il  sera  libre  à  tout  chacun  de  faire  des  envois  de  bled 
de  froment,  du  Port  de  Québec  aux  Ports  Etrangers  li- 
mités par  les  actes  du  Parlement  Brittannique,  pourvu 
qu'au  tems  de  cet  envois,  et  pendant  les  quatorze  jours 
XH-écédens,  le  prix  du  cours  à  Québec  n'aura  pas  excédé 
trois  schelings  quatre  sols,  argent  courant,  par  minot  ; 
mais  quand  le  prix  du  bled  à  Québec  haussera  au  delà 
de  trois  schelings  quatre  sols,  argent  courant  de  Québec 
par  minot,  alors  en  vertu  des  présentes,  l'exportation 
en  est  defiendue  jusques  à  ce  qu'il  revienne  au  taux  cy 
dessus  spécifié,  nommément  de  trois  schelings  quatre 
sols  ou  au-dessous,  et  qu'il  y  continue  pendant  quatorze 
jours  consécutifs,  avant  qu'on  puisse  recommencer  à  en 
faire  sortir  ;  Et  afin  de  constater  le  prix  courant,  chaque 


17G4  288 

expoilati'ur  sora  ohligi-,  avant  renil>ai(jUoin«'Ut,  di*. 
donner  à  Titré,  le  naval  oflicier,  ou  a  son  député,  un 
état  de  la  (quantité  qu'il  doit  embarquer,  luy  produiroct 
luy  laisser  pour  prouve  un  certificat  siijné  de  cinq  négo- 
cians  résidentaires  à  QuCdjec,  gens  de  réputation,  faisant 
loi  que  le  prix  courant  du  bled  en  cette  ville,  pendant 
les  quatorze  jours  précédens  celui-là,  n'a  point  excédé 
trois 'schelings  quatre  sols  par  minot,  et  déclarants  par 
serment  qu'ils  n'y  oni  aucun  intérest  directement  ou  in- 
directement ;  et  si  quelqu'un  est  convaincu  d'avoir  em- 
barqué du  bled  de  froment,  le  prix  du  cours  étant  au- 
dessus  de  trois  schelings,  quatre  sols  par  minot,  ou 
d'avoir  manqué  à  produire  le  certificat  et  déclaration  cy 
ordonnés,  son  bled  sera  confisqué  moitié  au  proffit  des 
pauvres,  l'autre  moitié  à  celuy  du  dénonciateur. 

Ordonnons  aux  Keceveurs,  Controlleurs  et  autres  offi- 
ciers de  la  Douanne  du  Koy  de  tenir  la  main  à  l'exécu- 
tion des  présentes. 

DoNNt:  aux  trois  llivières,  le  21e  avril  1704,  en  la 
quatrième  année  du  Règne  de  Notre  Souverain  Seigneur 
George  troisième,  par  la  Grâce  de  Dieu,  Roy  de  la  Grande 
Bretagne,  de  France  et  d'Irlande,  DefTenseur  de  la  Foy, 
«Sec,  «îtc,  &:c. 

(Signé)  FRED.  IIALDIMAND. 


P>Y  FTwEDERICK  IIaldimand,  Esqr.  Col.  uf  J/i/antrj/,  i^-r 

WiiEREAS  GovERNOR  MuRRAY  thought  fit  iu  ordcr  to 
promotc  the  Trade  of  this  Country  to  issue  Proclamation 
j)ermitting  a  frce  exportation  of  wheat  from  the  Port  of 
Quebeck,  undt^r  su'^h    restrictions  as    are   therin   men- 


289  17G1 

tion'd,  I  think  it  necessary  to  acc|naint  Ilis  Majesty's 
subjects  in  this  Government  of  the  contents  of  the  same. 

Whereas  a  free  exportation  of  wheat,  at  présent  the 
staple  of  this  Province,  mnst  tend  greatly  to  promote 
the  Tillage  and  to  encourage  the  trade  thereof,  provi- 
ded  the  same  be  made  subjest  to  such  Rules  and  Régu- 
lations as  shall  eflfectually  prevent  the  inconveniencies 
under  which  this  Country  has  formerly  labour'd,  and  it 
being  requisite  and  just  both  Yendors  and  Buyors  of 
this  most  useful  commodity,  should  be  early  apprised 
of  the  intents  of  Grovernment  on  that  head,  after  ha- 
ving  maturely  consider  d  the  same,  I  hâve  thought  pro- 
per,  and  do  hereby  order,  publish  and  déclare, — That 
from  that  instant  the  navigation  of  tlie  St.  Lawrence 
opens,  it  shall  be  free  to  any  person  whatsoever  to  ship 
wheat  at  the  Port  of  Quebeck  for  any  of  the  foreign 
Markets  limited  by  the  British  Acts  of  Parliament,  pro- 
vided  that  at  the  time  of  shipping  said  wheat,  and  for 
the  fourteen  days  preceeding,  the  current  price  thereof 
at  Quebeck  has  not  exceeded  three  shillings  and  four  pen- 
ce this  currency  the  minot,  the  measure  by  which  it  is  in 
gênerai  sold  at  présent  ; — But  whenever  the  price  of 
wheat  at  Quebeck  Market  shall  exceed  three  shillings 
and  four  pence  the  minot,  then  the  exportation  thereof 
is  hereby  prohibited,  untill  fourteen  days  after  the  same, 
shall  hâve  fallen  again  to  or  under  the  standard  price 
herein  specify'd,  namely  of  three  shillings  and  four 
pence  the  minot  ;  And  in  order  to  ascertain  the  current 
price,  each  and  every  •  exporter  shall  previously  to  the 
shipping  thereof,  be  obliged  to  deliver  into  the  N'aval 
Ofiicer  of  the  Port,  or  his  Deputy,  a  Keport  of  the  quan- 
tity  by'him  to  he  shipped,  produce  to  and  leave  with 


hiiu  as  liis  Voucher  aCertilicate  sijçued  by  livc  creditable 
Merchants  rosidiuî^  in  Quebcck,  specifyin^  that  thc 
lurreiit  inarket  prie»»  oi"  \vheat,  at  saitl  place,  for  the 
Iburteeii  last  procoedinp:  days  bas  iiot  exceeded  three 
sbillinirs  and  ibur  pence  the  minot.  and  declaring  the. 
ii'iii,  upon  oath,  that  they  bave  no  interest  in  the  same 
cither  dircctoloy  or  indirect  loy  ;  and  an  y  person  wbo  sliall 
l)e  convictedof  bavinnfsbipped  wheat  whcn  the  markct 
price  exceeded  three  shillings  and  four  pence  the  minot, 
or  \vithout  producins'  the  certiliçate  and  déclaration  he- 
rein  directed  shall  fovfoit  the  samo.  One  Moiety  whereof 
to  the  Poor,  the  other  to  the  inlormor.  And  I  do  here])y 
order  and  direct  the  Collecter,  Coraptroller,  naval  or 
other  officers  of  Ilis  Majesty's  Customs  to  see  the  same 
put  in  due  exécution. 

Given  at  Trois  Ttivièrfs  this  21.st.  day  oi"  April  IT*;^, 
in  the  fourth  year  of  the  Keign  of  Our  Sovereign  Lord 
George  the  Third,  by  the  Grâce  of  God,  King  of  Great 
Britain,  France  and  Ireland,  Defender  of  the  Faith. 

(Signed)  FPvED.  IIALDIMAND. 

Countersigned. 

C.  GuGY,  îSecy.  (1) 


20  Avril. 
PliACAIiD    (uf    sttjcl   (les  jiersonne^    (jui    veulent  jmsser   en 

France. 
De   par   son    Excellence    FREDERICK   1L\LDIM.\\D,   .S:c., 

&c.,  &c. 

Comme  le  terme  fixé  par  le  dernier  traité  de   paix 
pour  l'émigration   des  habitans  de  ce  pays  approche,  et 


(I)  Toute  ceU«  proclamation  est  <lr  la  main  «1'.'  M.  Gugy. 


291  17G4 

qu'il  est  nécessaire  de  savoir  le  nombre  des  personnes 
qui  sont  déterminées  à  passer  en  France,  afin  d'être  a 
même  de  pourvoir  à  leur  passage,  avant  la  mauvaise 
saison  ;  Il  est  ordonné  en  conséquence  à  toutes  person- 
nes, de  quelque  rang  et  condition  qu'elles  puissent  être 
qui  se  trouvent  dans  ce  cas,  d'apporter  leurs  noms  à 
notre  Secrétariat,  sous  l'espace  de  quinze  jours  à  compter 
de  la  datte  de  la  présente  ordonnance  ;  Il  faudra  qu'ils 
fassent  aussi  mention  du  nombre  d'enfants  et  de  Do- 
mestiques qui  doivent  passer  avec  eux  ;. — Ces  personnes 
peuvent  être  assurées  qu'on  ne  souffrira  pas  qu'il  leur 
soit  fait  aucune  imposition,  ni  vexation  de  la  part  des 
Capitaines  des  Vaisseaux, — soit  pour  le  prix  de  leur  pas- 
sage ou  celui  de  leurs  effets.  Le  prix  en  sera  réglé  à 
Québeck,  et  ils  peuvent  être  certains  qu'ils  seront  traités 
à  tous  ces  Egards,  sur  le  même  pied  que  le  seroient  les 
sujets  nés  de  Sa  Majesté. 

Donné  aux  trois  Rivières,  ce  26e  avril  1764. 
(Signé)  FRED.  HALDIMAND, 


5  May. 

Lettre  à  tom  les  Capt'i^^pour  accompagner  le  Placard  cy- 
dessus. 

.  Monsieur, — Suivant  les  ordres  de  Son  Excellence,  je 
vous  envoyé  le  Placard  cy-inclus,  que  les  Circonstances 
n'ont  pas  permis  de  vous  faire  tenir  plutôt  ;  Vous  aurés 
à  demender  à  votre  Curé  d'en  faire  la  lecture  en  Chaire, 
et  vous  à  la  porte  de  l'Eglise,  Dimanche  prochain  ;  après 
quoy  vous  m'enverrés  le  plutôt  possible  un  Certificat 
signé  de  votre  main  du  nombre  de  personnes  de  votre  par- 


lT.;i  202 

roisso  qui  so  {rt)U\"<Mil  dans  lo  cas  do  jvi.sscr  en  Fraïu-c, 
t't  s'il  no  s'en  trouve  aucune,  vous  m'en  informeras  de 
même  par  un  autre  certificat. 

Vous  avertiras  en  même  tems  vos  lial)i(ans  que  Mon- 
sieur le  Gouverneur  ajuLjé  à  propos  de  prolong-er  l'enre- 
iristrement  des  Oidonnances  jusqu'au  quinze  du  présent 
mois. 

Je  siiis,  Monsieur,  Voire,  &c. 

(Signé),  C.  GuGY,  Secre. 


IG  Mav. 


Lettre  à  tous  les  Capt'^'"'  de  Milite  pour  le  delay  de  fen- 
rei;;istrement  des  Ordonnanies  et  jfour  le  buis  de  chaiifage. 

Monsieur. — Comme  il  peut  se  trouver  encore  des  per- 
sonnes dans  votre  parroisse  qui  n'ont  pas  fait  enregistrer 
leurs  ordonnances  et  autres  papiers  du  Canada  en  leur 
possession,  et  que  les  travaux  ou  maladies  de  quelques- 
uns  et  la  négligence  des  autres  ont  jusqu'ici  empêché  de 
le  faire,  malgré  les  ordres  réitérés  à  ce  Sujet.  Son  Excel- 
lence, dans  la  vue  de  donner  aux  habitans  de  ce  Gouver- 
nement tous  les  avantages  qu'elle  peut  leur  procurer, 
veut  bien  encore  leur  accorder  un  nouveau  delay  jus- 
qu'au dernier  de  ce  mois,  après  lequel  tout  enregistre- 
ment cessera,  et  personne  ne  sera  reçu. 

Il  vous  est  enjoint  de  rendre  le  présent  ordre  public, 
aussitôt  que  faire  se  pourra. 

.l'ai  l'honneur,  tVc. 
(Signé)  C.  GuGY,  Secre. 

Ce  ICe  May  17(JI. 


293  1764 

Par  la  même  Lettre,  ordonné  aux  liabitans  de  Nicolette, 
Baye  St.  Antoine,  Yamasca,  Rivière  du  Loup.  Machiche 
et  Pointe  du  Lac  d'amener  en  cette  ville,  dans  le  cours 
du  mois  prochain,  chacun  leur  proportion  de  bois  de 
chauffage  pour  six  mois,  à  commencer  du  pr.  de  Juin. 


18  May. 
Placard  au  sujet  du  Commerce  des  lêles  de  Boules. 

Par  son  Excellence  Frederick  Haldimand,  «fec,  &c.,  &c. 

Comme  c'est  bientôt  le  tems  que  les  Sauvages  du  Nord 
descendent  pour  faire  le  commerce  de  Pelleteries  avec 
les  habitans  de  ce  Grouvernement,  j'ai  jugé  nécessaire 
pour  le  bien  du  dit  commerce  de  rappeller  et  confirmer  les 
ordonnances  et  Placards  qui  ont  été  plubliés  à  ce  sujet 
depuis  la  réduction  du  pays,  et  par  ces  présentes  confir- 
mons, en  toute  sa  teneur,  un  Placard  de  Monsieur  BuR- 
TON  publié  le  18  Octobre,  1761,  par  lequel  il  est  deffen- 
du  à  toute  personne  d'aller  au-devant  des  Sauvages  têtes 
de  Boule  avec  des  Marchandises,  par  les  rivières  par  les- 
quelles ils  ont  coutume  de  descendre,  sous  peine  de  con- 
fiscation des  dites  Marchandises,  et  autres  punitions  ;  Ces 
mêmes  deffenses  sont  réitérées  par  un  Placard  que  nous 
avons  fait  publier  le  28e  May  1762,  portant  en  outre  qu'à 
l'arrivée  des  dits  Sauvages  leurs  pelleteries  seront  dépo- 
sées en  gros  à  l'endroit  accoutumé,  sur  le  haut  de  la  côte 
vis-à-vis  la  maison  de  deffunt  Fran cheville,  où  après  avoir 
préalablemen  t  prélevé  les  Crédits  qu'ils  auront  reçu 
dans  les  voyages  précédents,  elles  seront  exposées  en 
vente  publique,  et  toute  personne  reçue  et  admise  à 
faire  avec  les  dits  Sauvages  les  Marchers  qu'il  jugera  le 
plus  convenable  ;L'heure  du  marcher,  ai^rès  l'arrivée  des 


I7.;4  '  204 

(lits  Sauvag'os,  sera  noliliée  à  ions  les  Mavchaiulset  Bour- 
pfeois  de  cetto  villf  \r.\Y  un  cry  public  :  il  «>st  deffendu  à 
qui  ijUe  ce  soit  d'attirer  avant  l'heure  du  dit  marcher  les 
Sauvag-es  dans  sa  maison  pour  y  faire  aucun  marcher  par- 
ticulier, sous  peine  de  20  piastres  d'amende  et  de  conlisca- 
tion  des  Pelleteries  ainsi  acquises. 

La  Poudre  étant  un  article  nécessaire  pour  la  traite  des 
Sauvaî^es,  et  pour  la  faciliter  et  la  rendre  d'un  avantai*-c 
commun  à  tous,  nous  fixerons,  à  l'arrivée  de  chaque  parti 
Sauvage,  la  quantité  que  nous  jugerons  à  propos  qu'il  leur 
soit  vendue,  laquelle  sera  égallement  répartie  entre  les 
commerçants  de  cette  ville,  qui  seront  tenus  d'avoir  un 
ordre  pour  les  authoriser  à  cet  effet.  Il  est  pareillement 
deffendu,  sous  peine  de  punition  arbitraire,  suivant  l'exi- 
gence des  cas,  de  leur  donner  aucune  liqueur  forte  avant 
la  fin  du  marcher  public,  et  même  de  leur  en  procurer 
une  trop  grande  quantité  en  retour  de  leurs  pelleteries, 
d'autant  que  cela  les  empêche  de  se  pourvoir  des  autres 
choses  qui^leur  sont  n/icessaires  y>o\xt  laChasse  et  qui  seule 
peut  établir  et  augmenter  leur  commerce.  Les  ordres 
cy-dessus  sont  confirmés  par  un  Placard  du  23e  May  1703 

Donné  aux  3  Rivières,  sous  le  Sceau  de  Nos  armes, 
ce  18e  May  1704. 

(Signé)  FRED.  HALDIMAND. 

12  Aou.sT. 
IjETTRE.  circulaire  à  tou^  les  Capitaines  de  Milice,  leur  au. 

nonçant  l'arrivée  des  Commissions  de  Monsieur  Murray. 

Monsieur. — Je  viens  de  recevoir  aujourd'huy  une  Let- 
tre de  son  Excellence  Mr  le  Général  Murray,  par  laquelle 
il  me  notifie  qu'il  a  plu  à  Sa  Majesté  Notre  Gracieux 
Souverain  de  le  nommer  son  Capitaine  Général  et  Gou- 


295  .  1764 

verneur  en  Chef  dans  et  sur  tonte  l'étendne  de  la  Pro- 
vince  de  Québec,  dont  le  district  des  trois  Eivières  fait 
partie.  Et  m' ayant  envoyé  copie  des  dites  Commissions 
qui  luy  ont  été  expédiées  à  cet  effet,  en  datte  du  21e  No- 
vembre 1763,  scellées  du  grand  sceau  de  la  Grande  Bre- 
tagne. Je  fais  en  conséquence  publier  demain  cet  évé- 
nement en  place  publique,  avec  les  solemnités  usitées, 
en^aisant  faire  lecture  des  dites  Commissions,  afin  que 
tous  les  sujets  de  Sa  Majesté  soient  instruits  que  Son  Ex. 
cellence  Mr.  Jacques  Murray  est  Gouverneur  en  Chef 
dans  toute  l'étendue  de  la  Province  de  Québec.  Et  la 
présente  est  pour  vous  annoncer  ce  changement,  afin 
que  vous  ayés  à  le  publier  à  tous  vos Parroissiens,  parles 
voies  accoutumées,  afin  que  personne  n'en  puisse  pré- 
texter cause  d'ignorance. 

Vous  aurés  aussi,  en  conséquence  du  changement  cy- 
dessus,  à  suspendre  l'assemblée  des  Chambres  de  Milices 
qui  étoient  établies  dans  vos  Quartiers,  jusqu'à  ce  que 
vous  receviés  les  ordres  ultérieurs  de  la  part  de  Son  Ex- 
cellence. Je  demeure  très  parfaitement.  Monsieur,  &c., 
&c. 

(Signé)  FRED.  HALDIMAND. 


28  Septembre. 

Lettre  Circulaire  aux  Capitaines  de  Milice. 

Monsieur, — Par  ma  Lettre  du  12e  Août,  je  vous  dou- 
ais avis  de  l'arrivée  des  Comissions  de  Son  Excellence 
Monsieur  le  Gouverneur  Murray,  en  vous  disposant  à 
recevoir  par  la  suite  les  Ordres  qui  a'ous  viendraient  de  sa 
part. 


17r,4  .  296 

Il  envoyé  aujourd'hui  Monsieur  Cramahé-,  un  des 
membres  de  son  Conseil,  auquel  j'ai  remis  tous  les  Pou- 
voirs Civils  qui  m'avaient  été  conliés  par  Son  Excellence 
Monsieur  le  Général  en  Chef. 

Je  demeure  très  parfaitement, 

Monsieur, 

(Signé)  FRED.  IIALDIMAND.  (1) 


LISTE 

DES   DIFFÉRENTS  PERMIS   DONNÉS   PAR    LES 

GOUVERNEURS  DES  TROIS-RIVIÉRES. 


lo.  Ville  des  Trois-Ritières  et   banlieue 


26  Octobre  1760. 

Il  est  permis  au  Sieur  Desbarras  de  s'établir  dans  la 
Ville  des  trois-nivières  pour  y  faire  un  commerce  fixe. 

27  Octobre. 

Donné  une  permission  à    Mr.    de    Tomianœin\  pour 
ifJcm. 

28  Octobre. 

Donné  nue  permission  au  Sr.  Lnfrnmboise,   pour  idem. 


17  May  1761. 

Donné  une    permission  au   Sr.   .Tidin    nof/nrfiffd  pour 
idem. 


(1)  Iy''Up'  ft  siiTiinliire  niilot/r.iiiln's. 


297 
10  Juin. 

Donné  une  permission  au  Sr.  Sau^uincl  pour  idem 

Le  cit.  Sr.  Sanguinet  de  Québec. 

25  Juin. 
Idem — au  Sr.  Ménéclier  de  Québec. 

25  Juin. 
Idem — au  Sr.  Pefrimoiilx. 

4  Juillet. 
Il  a  été  accordé  par   Mr.  le  Grouverneur  à  la  ville  des 
8  Rivières  et  Banlieue,  en  outre  de  ceux  des  Officiers  de 
milice  et  de  deax  sergens, — 

10  fusils,  )  ,     , 

m  •         ^'     ;-'      }  pour  lâchasse. 

10  permis  numérotes,    \  ' 

25  Aoust. 
Idem  (pour  commercer),  au  Sr.  /.  Nugent. 

25  Aoust. 
Idem  —au  Sr.  Laurent  Lemelin. 

22  Octobre. 
Donné  permission  à  Frs.  B.oy  dt.  Crepiti  de  faire  com- 
merce dans  la  ville. 

18  Novembre. 
Idem — au  Sr.  Sansruinet. 


2  Septembre  1762. 

Accordé  une  permission  de   chasse  à    Volig'nt/,  pour 
l'usage  du  Grouverneur. 


29 


208 

.*>  Janvier  17G.'^ 

Donne  pM-niission  à  Panneton  do  tenir  auborc-e  publi- 
que. 

4  .lanvicr. 
Idem — au  nommé  Dnfrêne. 

4  A  oust. 

Donné   permission    de    l'aire    commerce  à  Mr.   Gilles 
Pommer  (tu. 


2o.  PAROISSE  DK  MASKINOXni:. 


4  Juillet  1701. 
Monsieur  le  Gouverneur  a  accordé  à  la  parroisse  de 
Jl(is(juinonL!^é,^in  outre  de  ceux  des  Officiers  de  Milice  et 
de  deux  sergens  par  Comp''' — 
1  i'usil  et  permis   pour  le  Sr. 
Dnrheni,  Seiiiiieur, 

7  iusils  pour  les  habitans,  )  ,      , 

•  '     j'  }/onr  la  (liasse. 

I  permi.s  numérotes,  \  ' 


Omis  sur  sa  place  13  Février. 
Permis  au  Sr.  François  Coffre,  qui  avoit  épousé  une 
Angloise,  de  passer  dans  les  Colonies  Angloises. 


(sans  date.)  1702. 
Donné   permi.ssion   à  faire   commerce  au   Chenail   du 
Nord,  parroisse  de  Maskinoni^é,  au  Sr.  André  Roy. 
Idem  au  Sr.  Pierre  liohinai/d. 
Idem  à  Nanon  Sanioistf. 


200 

8  Octobre  1763. 
Idem  à  Ainable  Be/air. 


ûO.  PAROISSE  DE  LA  EIVIERE-DU-LOUP. 


26  Février  1761. 

Permis  an  Sr.  Lonis  Gober l  père,  de  s'établir    dans  1^ 
paroisse,  pour  y  faire  commerce. 

4  Juillet. 
Monsieur  le  Grouverneur  a  accordé  à  la  paroisse  de  la 
Rivicre-dii  Loup,  en  outre  de  ceux  des  Officiers  de  Milice 
et  de  deux  Sergens, — 

1  fusil  et  permis  pour  M.  Petrimoux, 
Curé, 

8  fusils  pour  les  habitans,  )  ,      , 

o  •  '     J-'  \  pour  la  chasse. 

8  permis  numérotes.  )  ' 


4  Mars  1762. 

Donné  permission  au  Sr.  Jea?i  Dejarlais,  de  faire  com- 
merce dans  la  parroisse. 

Do. — à  Ambroise  Laverg'ue,  Lonis   Gobert  et  AugustiH 
H  ou  de. 


4o.  PAROISSE  DE  MACHICHE. 


4  Juillet.  1761. 

Monsieur  le  Gouverneur  a  accordé  à  la  paroisse   de 
Machiche,  en  outre  de  ceux  des  Officiers  de  Milice  et  de 


300 


doux  kSorirons, — 

1  fusil  ot  permis   pour   y] .  Chef 

(le  ville,  Curô, 
lOiusilspourloshabitans,  ]  .  j^^  ^.,,^^^^^ 

10  permis  numérotes,  ) 


.')0.  TAROISSE  DE  LA  POINTE-DU-LAC. 


4  Juillet  1761. 

Monsieur  le   Gouverneur  a  accordé  à  la  paroisse  de  la 

Poifile  (in  Lue,  en  outre  de  ceux  des  Olliciers  de  Milice 

et  de  deux  Sergens, — 

')  fusils  pour  les  habitans,    )         ^  ;      i 

.*  ...  )  jxmr  la  chasse. 

0  permis  numérotes,  ) 


Go.  PAROISSE  DU  CAP  LA  MAGDELELXE. 


4  Juillet  1761. 
Monsieur  le  Gouverneur  a  accordé  à  cette  parroisse,  en 
outre  de  ceux  des  Officiers   de  Milice  et  de  deux  Ser- 


gens, 


o  fusils  pour  les  habitans,  /  ,      , 

}  .     .,  \  pour  la  chasse, 

0  permis  numcrotes,  )  ' 


(0.  PAROISSE  DE  CIIAMPLAIN. 


28  Octobre  1760. 
Donné  une  permission  au  Sr,  Charetieràe  s'établir  dans 

cette  paroisse,  pour  y  faire  un  commerce  fixe à  lia- 

tiscan.  (1) 

(1)  Ces  deux 'Icrrii'^rs  mots  sont  d'uru;  ''crimr*' diir»'r''nt»*,  ot  ont  rorlni- 
nomuni  élé  ajoutes  plus  lard,  quand  Charelicr,  |>a'Sa  à  Balican.  Vi.ir  jMigo 
suivante. 


301 

28  Décembre. 

î)onné  permission  à  Jh.Marsereau  pour  faire  commercô 
à  Champlain. 


4  Juillet  1761. 
Monsieur  le   G-ouverneur  a  accordé  à  cette  parroisse, 
en  outre  de  ceux  dos  Officiers  de  Milice  et  de  deux  Ser- 
gents,— 

1  fusil  pour  Mr.  Champlain^  Sei- 
gneur, 
1  fusil  pour  Mr.  Morissau,  Curé, 

7  fusils  pour  les  habitans,  )  ,      , 

rr        _•  '     i.'  i  vo2ir  la  chasse 

7  permis  numérotes,  \  ^ 

7  Juillet. 

Donné  permission  à  Mr.  Egoii.  Chirurgien,  habitué  à 

Champlain,  de  débiter  vin,  eau-de-vie,  &c.  et  defïense  à 

lui  faite  d'eu  vendre  aux  troupes. 


16  Septembre  1763. 

Donné  permission  au  nommé  Frs.  Arcouette  de  dé* 
tailler  de  l'eau-de-vie,  pendant  le  cours  de  cet  hiver 
seulement. 

7  Octobre. 

-  Même  permission  qu'au  Sr.  Egon  donné   au  Sr.  Fran- 
çois Davis. 


8o. — GRANDE  COTE  DE  BATISCANT. 


22  Avril  1761. 
Donné  permission  au  Sr.  Chartier  pour  faire  commerce 
dans  cette  paroisse. 


302 

4  .luilK-i. 
Mdii.sieur    It'    (lt>uvenicur  a  accordé  à  cotto  paroisso' 
l'ij  outro  do  ceux  clos  Olliciers  de  Iklilice  et  de  deux  Sér- 
iions,— 

1  insil  et  ponnis  pour  Mr.  .'^7. 

Oiiii;e,  Clin'', 

()  fusils  pour  li's  habitons,  )  ,      , 

'      ,  -  iioitf  la  i/Kissr. 

«)  permis  numérotes,  )  ' 


5  Octobre  17 02. 
Permis  au  iwiinar  T^^on  d'avoir  un  l'usil  à  bord  de  son 
bâtiment. 


r»0.— lîIViiÎRE  I5ATISC.\.\T 


4  Juillet  1761. 

Monsieur  le  (louverneur  a  accordé  à  cette  paroisse, 
en  outre  de  ceux  des  (  )lliciers  de  Milice  et  de  deux  k>er- 
gens,— 

1  fusil  et  permis  pour  !Mr. 

Lacroix,  Curo, 
7  fusils  pour  les  habitans,  )  ,      , 

i  permis  numérotes,  )  ' 


4  Février  17G2. 
Donné  permission  au  Sr.  7iV//f/(f/^pour  commercer  dans 
la  parroisse 


I 


20  Mars. 
Idem  au  Sr.  S(ui}j;i(iiu'l,  pour   faire  commorcf  dans  la 
dite  parroisse. 


31  Mars. 
Idem  au  Sr.  Brouard  et  au  Sr.  Cliateminevf. 


20  Septembre. 
Idem  au  Sr.  Louis  Gui  lie  t. 


lOo — PAROISSE  STE.  ANNE. 


4  Juillet  1761, 
Monsieur  le  Gouverneur  a  accordé  à  la  paroisse  Ste, 
Anne,  en  outre  de  ceux  des  officiers  de  milice  et  de  deux 
sergens,— 

1  fusil  et  permis  pour  Made. 

Gautier,  Seigneuresse, 
1  fusil  et   permis  pour   Mr. 

Guai/,  Curé, 

7  fusils  pour  les  liahitans,  )  ,      , 

fj  ■  '     ir  (  nour  la  chasse. 

7  permis  numérotes,  )  ^ 


2  Septembre  1762. 

Donné  une  permission  au  Sr.  James  Price  de  s'établir 
dans  cette  parroisse,  pour  y  faire  commerce. 


24  Octobre  1762. 

Donné  une  permission  au  Sr.   François  Faribault  de 
faire  commerce  dans  la  parroisse  Ste.  Anne. 


18  Octobre  1763. 
Do. — au  Sr.  John  Frazei\ 


304 

Uo. — PAROISSE  STF..  :\IAIî!n 


4  Juillet  17G1. 
Monsieur  le  Gouverneur  a  accordé  à  cette  parroisse.en 
outre  de  ceux  des  ofTiciers  de  milice  et  de  deux  sergens, — 

C  l'usils  ]>our  les  habitans,    )  ,      , 

0  permis  numérotes,  \' 


12o. — .ST.  riEKRE-LES-BECQUETS. 


4  Juillet. 

Monsieur  le    Gouverneur  a  accordé  à  cette  parroisse, 
en  outre  de  ceux  des  Ofliciors  de  Milice  et  de  deux  Ser- 


nens. 


1  l'usil  et   permis   pour   Mr. 

Levrard,  Seigneur, 
1  fusil  et  permis  pour  Mr. 

Ga^iiietK  Curé, 
S  fusils  pour  les  habitans,    )  ,      , 

8  permis  numérotes,  \  ' 


13o. — PAROLSSE  DE  GENTILLY 


4  Juillet. 
Monsieur  le   Gouverneur  a  accordé  à  la  parroisse  de 
Gentill//,  e!i  outre   de  ceux  des  Officiers  de  Milice  et  de 
deux   îSeri;en.s, — 

1  fusil  ot  permis  pour  Mr.  Pois- 
son, Seigneur, 
^  fusils   i)our  les  halntans,  /  ,      , 

b  permis  numérotes,  \  ' 


305 

14o.— PAEOISSE  DE  BÉCANCOUK. 


25  Octobre  17G). 
Donné  une  permission  au  Si*.   Faribanll,  de   s'établir 
dans  la  paroisse  de  Bécanroicr,  ponr  y  faire  un  commerce 
fixe  (1). 


4  Juillet  1761. 
Monsieur   le  Gouverneur  a  accordé  à  cette  parroisse, 
en  outre  de  ceux  des  Officiers  de  Milice  et  de  deux  Ser- 
g-ens,— 

1  fusil  et  permis  pour  le  P. 

Gounou,  Curé, 

8  fusils  pour  les  habitans,  )  ,      , 

o  •  '    -     .'  \  i)OHr  la  chasse. 

8  permis   numérotes,  \  ^ 


1er.  Avril  1762. 
Donné  permission  au  Sr.  Toretà^  s'établir  dans  la  par- 
roisse, pour  y  faire  commerce. 


lÔO. — PAROISSE  DE  NICOLETTE. 


4  Juillet  1761. 
Monsieur   le   Grouverneur  a  accordé  à  la  parroisse  de 

(l). — Une  feiiiHe  ro/a.';/r,  attachée  par  une  épingle  à  l'une  des  feuilles 
de  ce  MS.,  nous  fournit  la  formule  de  ces  sortes  de  permis,  dans  celui 
même  accord'i',  ce  jour,  à  M.  FarihauU  :  en  suit. la  copie. — J.  V. 

"  Il  est  est  jiermis  au  Sieur  FarihauU,  sous  notre  bon  plaisir,  rie  s"aller 
''  établir  dans  la  paroisse  de  Bécancourl,  dams  noire  gouvernemet  dos  Trois- 
"  Rivières,  pour  y  faire  un  commerce  fixe.  Si  le  peu  d'encouragement,  ou 
"  autres  raisons  l'engageoient  à  changer  le  lieu  de  sa  résidence,  il  sera  tenu 
"  de  nous  en  faire  part  et  d'obtenir  notre  permission  à  cet  effet  ;  el  il  est 
"  deffenlu  à  qui  que  ce  soit  de  Tinlerompre  ou  molester  dans  le  présent 
"  établissement,  en  tant  qu'il  se  comportera  comme  il  le  doit,  et  se  confor- 
"  niera  aux  ordres  qui  peuvent  cire  par  nous  donnés,  suivant  notre  volonté, 
"  pour  le  bon  ordre  et  la  police  de  notre  gouvernement. — Aux  Trois-Rivie- 
"  res,  le  25e.  8e.  1760." 


306 

Kiculetle,  en  outre  de  ceux  des  Olliciers  de  Milice  et  do 
deux  Sergens, — 

1    fusil  et  permis  ])our   M. 

Ferdinand,  Cur»'', 
9  fusils  pour  les  habitaiis,  1  , 

y  permis  uumerotes,  )  ' 

{sans  (lutf.) 
Jacques  Ilamel,  se  disant  de  Ste.  Croix,  établi  4  Niculet, 
Pierre  Perrault  chez  Antoine  Ourle. 

I60. — BAYE  ST.  ANTOINE. 


4  Juillet. 

Monsieur  le  Gouverneur  a  accordé  ù  cette  parroisse, 
en  outre  de  ceux  des  Officiers  de  Milice  et  de  deux  >Ser- 
gens,— 

1   fusil   et  permis  jiour  M. 

Lefevre,  Seigneur, 

8  fusils  pour  les  habitans,  )  ,      , 

o  •  '     i.'  1  iiour  la  f/tasse. 

8  permis  numérotes,  J  ' 


17o. — PAROISSE  ST.  FRANÇOIS. 


4  Juillet. 
Monsieur  le  Gouverneur  a  accordé  à  cette  paroisse,  en 
outre  de  ceux  des  Officiers  de  Milice   et  de  deux  8er. 
gens,— 

1  fusil  et  permis  pour  M.  St.  Fran- 
çois, iSeigneur, 

1  fusil  et  permis  pour  le  P.  Rou- 

haud.  Missionnaire  des  îSauvages, 

8  fusils  pour  les  habitans,  )  ,      , 

o  •  '     i'  t  i>our  lu  (liasse, 

b  permis  numérotes,  \  ' 


807 

(Sans  date.) 

.^o^epk  Briscbois,  une  permission  de  vend ro  à  .SV.  Frd/i- 
çois. 


1er  Avril  17 G2. 
Idem  au  Sr.  MoUdr. 
Idem  au  Sr.  Claude  Cartier. 


24  Mars  1763. 
Idem  au  Sr.    David  Vander  heyden,  Marchand  Ang-lois, 

(Sans  date). 
Mr.   le   Gouverneur  a    accordé    au   nommé   Lausière 
mary  de  Melle.   St.  François.,  une  exemption  de   toutes 
corvées  et  logement. 


18o. — PAROISSE  DE  YAMASKA. 


4  Juillet  1761. 
Monsieur  le   Grouverneur  a  accordé  à  cette  parroisse, 
en  outre  de  ceux  des  Officiers  de  Milice  et  de  deux  Ser- 
gens,— 

1  fusil  et  permis  pour  M.  Parent., 
Curé, 

10  fusils  pour  les  liabitans,  )  ,     ;  ^ .  ^ 

-,rt  •  '     i.'  ^  }  pour  la  ciiasse. 

10  permis  numérotes,  )  ^ 


14  Janvier  1762. 
Donné  une    permission    au   Sr.   ///.    Briseboia,  pour 
commercer. 

Traie  Copie. 

Montréal.  Avril  1845.  Js.  YiOER. 


TABLE 


DES 


NOMS     PROPRES 


(1) 


Acadie 113  260 

Acadiens 74,  158,  i^l 

Ailleboust,  Voir  D'Aillebout. 

Allemagne 206 


Anglais 144,183,184,    185,  186 

Angleterre 12,  13,27,83,  lOO,  158,  164,  174,275,  276 

Anne  (La  Reine) 268 

Annual  Reyisler 62 

Anticosti  (lied")  273,  274 

Apalacliicola 273,  274 

Arconette  (François) 301 

Artigny   (Berthelot   d') 8 

Assomption  (Paroisse   de  1") 17,   199 

Altamaha  (Rivière) 275 

Baillie  (Richard) :;8 

Baningcr  (Jac([nes) 32 

Batiscan  (Rivière).. 158,  186,  189,  194,  237,  253,  285,  302 

Baye  des  Ghalenrs 273 

Baye  d'Hndson 278 

Baye  St.  Antoine     (Ic/r  La  Baie) 190,  198,  202,  210^  237 

248,  253,  293 

Bazbnlt  (Jacqnesi... 58 

Beanjeu,  De 57 

Bécanconr 185,  194,  198,  202,  210,  211,  237,  248,  253,  305 

Bedford,  Dnc  De 114 

Bélair  (Amable) 299 

Belconrt  de  la  Fontaine  (Jacques) 5£,  60,  72,  77 

(I)  Les  noms  sont  écrits  avec  l'orthographe  des  documents.  Les  noms 
d>'.  t-M-re,  qui  commencent  par  De  devront  être  cherchés  par  la  lettre  qui 
suif  la  particule. 


310 

n»'ll   (Malh.'w li.'K  l'«i 

Hellair -^i 

Hcllaii-fr :^2 

H.'ll.'lrU' :w»2 

Hrlil IW 

H.Mnara 1-28,  [•2\) 

H.'rtli.'IotiVArti;-rny .ce  ^  8 

Hi'iiliicr  (Paroisse  de)  — 17,  '2U1 

Ik'itin 128 

Be-vven  (Wiin ^il 

Bibaud   8,13,  21,  •2>, -2:5,  ".Ml,  33,   3i,    i'.,  41),  ô(l,  .V2,  Ô3,  (i.j 

liihliothcque  Canadienne ô,  7,  '23,33,  78,  I '»3 

Bondv 42 

Bonnefleld  (John)  2% 

Boiiloau x 1 4 i 

Bouclierville  (Paroisse  di.M 1  j,   IG,  30 

Bourbon _;•  227 

Bourgeois  (Joseph) 127,  120 

B 1-  i  s  e  b  0  i  s 210 

Brisebois  (Joseph) 307 

Bro-lioiDj) 200 

Brouard 302 

Brown,  (Jeani 38 

Brown,  Mr 02 

Brunel, 201 

Bnigen  (Joseph) 31 

Bruvère  (J.) 34,  123,  27i 

Burton,  (Ualphi 8,  22,46,  33,  34,  Gl,  63,  122,  271,  2î)3 

Bnssy,  De 224 

Calvet.  Voir  Diu-alvef. 

Canada.  3.  8.  11.12.  13.  22.  2'.,  1 12,  113,  Il  i,  132,  133,  lOi,  177 

2 10,  2 1 0,  20 1 ,  207,  28 1 .  282,  2i)2 

Canieron   (Hughes) 38 

Canaries  (Iles) 107,  234 

Canuon 203 

Cap  Breton, 113,  201,  274 

Cap  la  Madelaine...l07,  180,  2U2,  210,  230,  237,  'Vi^,  233,  300 

Carillon 133 

Caron  (C.  ¥.) 42 

Carleton 80 

Cnr[»entier  (Jost'phi  30 

Carlier  (Claude» 307 

Carver 02 

Cadres,  Los, 10,  133 


311 

Chamhprs  (Georges) 1 7i 

Cliaiiibly    (Paroisse  de) K',^   IHO 

('Jianii)laiu  (Paroisse  de) lOî,  211,  i>:j7,  23!),  248,  :}()| 

(^liamplain,  Lae 273 

(]liani[)laiii  (Mr.)  Seigneur 301 

Clianeellor,  (P) 205 

Charlette  (Jean) 32 

Charlotte,  Princesse, 202,  213,  251 

Cliartier 300,  301 

Ghataliouchée  (Rivière)  274 

GliAteaugnay  (Paroisse  de) jG 

GhAteaniieuf 303 

Ghedeville,  dit  Deniers 132 

Ghef-de-Ville  (Mr.)  Garé  300 

/^.henaie  (Paroisse  de  la).  Voir  La  Gli('nai(> 

Ghenail-du-Nord lOG,  170,  207,  237,  298 

Gheneville, 132 

Ghine  (Paroisse  de  la)  Voir  La  Gliine. 

Ghinn  (Edward) 33 

Glioiseul,Duc  d(>, 112,   114,  281 

Ghouagain  (Ghonégueni  134 

Ghristie  (Le  Major)'. 32,  05,  101,  208,  231 

Gorhorn, 175,  188 

Goiîre  (Franrois) 298 

Gontrecœur  (Paroisse  de) 17 

Gooper 199 

Gôte  du  Nord 207 

Gonagne  (De) 42,  90,  117,  132 

(^ouranlt-Larosle 42 

Gourval 148,  155,  165,  192 

Gramahé  (H.  T.)  55,  58,  59,  60,  296 

Grépin,  Voir  Roy. 

Gristin ^ , 129 

Gugnet  (Joseph  Etienne) 60,72,  77 

D***  (pseudonyme  de  THon.  D.  B.  Viger 7 

D'Aillebout...^ \'. 42,  43 

"         de  la  Magdeleine 42 

"         de  Musseau 43 

"         de  Perigny 42,  43 

D  a  g  u  i  1  h  e ". 45 

Dain  (Daisne)  41 

Dan  ré 43 

Davis  (François) 309 


312 


Docanloimrt  (nie.) i:7,  IJI 

D.'jarlais  (.Icii)' '  -.".Ml 

1  )rli'i  .u'iu»     André  I il 

I).'luri(>r  \\j.) I2rt 

ndornio 14!) 

Domcrs  (dit  Chcdevillo) I2S 

DoiiuTS,  11 1^8 

Dciaouliïi 45 

Doiiiau,  P leH,  !;>!) 

Denis,  P 1-27,  129 

Donoyon  iFrancoisi |-27,  12'.) 

Desliànas,  iLc  Sr.) 29() 

Diolle 214 

Disney,  Capitaine 32 

Dominique  ille)  274 

Doirlie.sler,  Lord 01 

Duealvet ()2 

Diieheni  (Duchesnav  ?i 298 

Dufrène 298 

Dulnde 128 

Dnnbar 205 

Dunord  (l)uhord  ?i 170 

Dunn 82 

Duiias  (Ile) 17 

K.  T.  ([iseiidonvinede  Mr.  Doinini(iue  Mondelet)  49,  50.51 

52,     G5 

Egon,  Chirurgien  'M\\ 

K-reuiont,   Lord  02,210,251,2.59 

Kon 302 

Espagne  iRoi  d) 223,  224,  225,  220,  227,  228,  205 

Falconcr  iTliouiasi 45 

l-'arihaulL  (François) 303 

Faril)ault,  Sr....'. 305 

I-'arinaut,  ou  Farnianl 214 

Ferdinand  (Prinf(»i 200 

Ferdinand  iMr.)Curé 300 

Fcrrière 4  4 

Finlay,  Le  Sr 207,  208 

Fisliburg  (Charles) 31 

Fiorid.' 12,273,  274.  278 

Fonblanclie 42 

F'ond-dc  Veaux 180 


313 

b'oiilaiiif  il'clcouil  de  l.i)  cuir  UcIcoidI 

Fontaine])le;iii 12,  lOC,  •2''.\ 

Forgos   (St.  Maurice) .2;i(),  209 

France,  5,  2(5,  42,  40,  03.  '.)0,  98,  1 13,  13:).  14  4,  147.  152, 154, 

177  180,  194,  19j,  2uO,  200,  22'i,  225.  232,  240,  247, 

281,282,283/290,  291,  292, 

Fraiicheville,  Le  Sr 233,  203,  293 

Fi-azer  (Johni 303 

Frenière   127,   129 

Furloc,  lî li)0 

Gage,  (Tliomas,)  11,12,  14,  15,  IG,  20,  22,  24,  20,  27,  30,  37, 
40,  41,  45,  40,  47,  48,  52,  53,  03  00,  88,  90,  91,  92,  93, 
9i,  90,  97.  98,  100,  101,  102,  103,  104,  105,  100,  UH, 
109,  110,  112,  115,    117,  118,   119,   121,   122,  129,  150, 

151,  230,  270,  283 

r.ameliu  ilgnace) 42,  117,   132 

(Tanieau,  A 144 

GasTjé  T 173 

Gassien,  curé 304 

Gautliier,  Mme 303 

Gauthier  (P.)  notaire ,-......£. 15 

Gazelle  de  Québec 02 

Gentilly  (Paroisse  de) 205,  237,  253,  304 

Géorgie 275 

Georges  II  148,  175,  170 

Georges  HT,  12,  lUO,  139,  175,  170,  177,213,218,251,254, 

202,  205,  272,  288,  289,  290 

Gilmore  02,  251 

Gobert  (Louis)    29!) 

(iodefroy  (Rivière) 01 

(ïouiii  (Joachim) 170 

Gouin  I Louis) 188 

Gouiu  (Maillou) 17U 

Gouiion,  Le  P 305 

Grande-Bretagne,  03,  87,  113,  114,  115,  135,  150,  177,  213, 
210,  217.  224,  225,  220,  227,  251,  200,   201,  202,   208, 

209,  273,  275,  288,  290,  295 

Grande-Rivière 133 

Grant,  Colonel 30 

Grant,  Mr 33 

Grenade  (La) 12,  273,  274 

Grey  (Wm.de) 27 

Grondines,  Les 207 

■      30 


814 

Gunv  y\\:  Ciiiv - 303 

Clii-V  .Conrad» Iii,-27l,  '2~,-2,  '281,283,290,  2*)-2 

Ciiirint,  dit  L.i  Uoso 2'r2 

t;iiillol  (Louis) 303 

Guy  (Fraiirois) 1"),  42 

Haldiniaud  (FivtlfMiclo 01,  l'.l,  220,  200 

Halifax,  Lord  13.') 

Halifax   (Mf)iui.iio  d') 2'»7 

Haniel  (Jac(iuos) 300 

Hart 208 

Hcrpin  (Fraucois! 31 

H.'iriot  02 

H.'ivcy 211 

Horvicux  i.latciMesi i2,   1 17,   132 

Hervieux,  M  i2,  00,  117,  132 

Héry '..HT,  132 

Houde  (Augustin  ) 200 

lloulo : 100,  107 

Houtelass 127,  120 

Hudsou  (Baie) 278 

Hiidson  (Délroil) 27 i 

Huuil)lot 1(0 

lluntcr  iThomas) 21 1 

Indes  Oiiciilaji's  206 

Irlande 27,  174,   177,288.  200 

Islcs  Occidentales 200 

Isle  Royale  (Gap  Breton) 274 

King  (David) 32,  231 

Knee  (Thomas) 188 

L*'*  (pseudonyme  du  Dr   Lahrie)    27.    3i,  30,  50,   51,  .V2, 

ô'»,  75,  78,  81,     82 

La  Baie,  (Voir  Baie  St.  Antoinei 232 

Labouté 128 

I^abrador 27  i 

Laltrie  (Dr.  Jarqnes) 8,     3i 

La  Bruc-re,  De 127,   120 

Lac(Tour-dn-) 20 1.  2.8 

La  Chênaie 17 

La  Chine K;,     37 

Lac  roi  X 201 


ol.> 

LadiM'uiilc  (Siiiinm | -28,    \y.) 

Lafraiiihoiso   (Fran^-ois) k'.S,  r2'.l,  I  iK,    |7.'> 

Lifrain hni^o  ( liO  Sioiir) !><.)(; 

Laglaiidri  uT.  lite.) lôG 

i-ia.^roix  (Mr.)  curé ;5()2 

Lalioix  (Pierre) 17:5 

J.ambs,  (Thomas) Kj;, 

J  ja  in(>  1 1 1(> ;-j2 

La  Naiiraie   (Pai-oisse  de) 17 

L  a  n  d  r  i  è  V  e |  !  )  ',  ^   1  î  1  ;, 

Langevain  (Ghs.i |-2,s,   \->[) 

Languedoc  (Louis) 127,   1211 

La  Prairie  (Paroisse  de) K;^     ôl 

Laurier, ;V2 

Tjausières 307 

Lavallée  (Joseplil 31 

La  Valtrie,....  17 

La  vergue  (  Ambroise) 2nîl 

Lawrence  i  Isaac ' 31 

Lebeau  (Charles) 128,   120 

Lebrun  (J.  B.) 31 

Le  Comte  Du  pré 42,  1 17 

Leduc  (Antoine) 43 

Lee  (Pvoberl) 199 

Lofèvre  Mr 306 

Lemelin  (Laurent.) , 097 

Leoyd  (Thomas) 208 

Lespérance 128 

Levrard .■ 304 

Londres 12,  202,  213 

Longue-Pointe  (Paroisse  de) 17 

Longueuil  (Paroisse  de) 15^  I(j    n^n 

Loranger,  Capitaine IS9 

Louisbourg 277 

Mabane  P2 

Machiche,  (Paroisse  de),  136,  lOO,  186,  190,  104,  202,  211 

230,  232,  237,  248,  253,  203;  200 

Madrid 224,  225,  226,  227 

Magdek^ine  (Cap  de  hu  To//' Cap 167,  186,'  300 

Magdeleine  (lie  de  la) 274 

Maillou-Gouin  170 

Malone  (Edouard  1 5g 

Manche  (La) '..  lOG,  107,  25i 


310 

MnivlKMi.l Uî),   180 

>farchaii(l  (.fcau) '.W 

Marscreau  (Joseph) HOl 

Martin 214 

Martin  (Lôp:or) 12H,  \'2\) 

Martin  (CapitaiiKM 30,  31,  32 

Mascouchc  (Paroisse  de  lai, 17 

Masères,  02,  75,  81 

Maska  (Paroisse  do)  Klô 

Maskinongé  (Paroisse  do)  18(;,  lUd,  ll)i,  211,235,237,231),  298 

Mathieu,  175 

Matiirin  (G) 20,  40,  48,  01-120 

Maiiropas  (Lac) 274 

McKann 180 

Méditerranée 107,  254 

Ménard  (Antoino) 1J8 

Ménard  (Charles» 128 

Ménard  (Franeois) 128 

Méneclier 207 

Mers  du  Nord 106,  107,  254 

Méfrat  [L.\ 231 

Mexique  (GoUo  diM  273,  274 

Meziôro 42,  117 

Michelin 140 

Minerve  (La) 50 

Not 33 

Nouvelle-Ecosse 113,  2G0,  274 

Nugent. 207 

Oaks  (Foresl) 33 

(Jaks  iRichard) 33 

Ontario  (Lac) 134 

Oswego 134 

Onde  (Antoine) 30(i 

Ouliam  (Thomas) 128,  120 

Panel  •. 22 

Panel  l.loan  Claude) 00,  78,80,  110 

Panet  (Pierre) 41,     H2 

Panneton  08 

Part-nt  (M.  le  Curé) 307 

Paris ,, 115,  205 

Peri;înv,     Voir  d'Aillehcnt. 


ait 

Perrault  ((Trand  Vicaire) 2i'i 

Perrault  (Pierre) :i06 

Perrault  (Ile  Perroli Ki 

Perrault  (J.  F.) -21,  41,  ôi,     GO 

Perrault  (I3te) 283 

Petrimoulx 297 

Plamouclon  (Louis) !'»,     83 

Poi  u  te-au.\-Trembles 17 

Pointe-Claire  10,  47,     48 

Poinle-du-Lac  (Paroisse  U^  la)  185,  l'JU,  2U2,  230,  237,  248 

253,  203,  300 
Pointe  (Longue).     Vo/r  Longue-Pointe. 

Poirier  (François) 128 

Poisson  (Mn.-. 304 

Pommereaii 293 

Pontchartraiii  (Lac) 274 

Ponticliéry ;jo«r  Pondieheiv 200 

Portugal ". 2G0,  205 

Prévost  (Augustin) , 58 

Price  (Jamesi 303 

Prince  de  Galles 177 

Prud'homme  (Louis) 117,   132  . 

Québec  IL  12,  13,  15,  21,  22,  20,  4!,  48,  50,  54,  55,  57,  58, 
59,  60,  61,  ()2,  63,  66,  67,  68.  72,  74.  78,  81,  82,  83.  87, 
105,  110,  111,  143,  144,  170,  187,  200,  207,  208,  212, 
216,  247,  249,   258,  265,  268,  273,  277,  278,  281,  284, 

286,  •2S7,  288,  289,  290,  291,  295 

Quinial  (Louis) 128,  129,  187 

Enab  (John) 32,  231 

Piacicùt  (Le  sergent) 128 

Ramsav  (L'historien! 62    63 

Ravnal 12,  13,  14,  54,  61,  64,  66 

Réàume 42,  132 

Kécollets 148 

lîi'rjnc  Militaire  5,  8,  13,  21,  22,  29,  36,  45,  46,50,  55,  57,61, 

64,  85,  87,  139,  145 

Reguindcau  (Joseph) 128.  129 

''         (Louis) 128 

Renaud  (Augustin,  dit  St.  Jean) :..127,  129 

Repenligny  (Paroisse  de) 17,  42 

Rivière-aiix-Pierres-à-feu 274 

Rivière  des  Prairies 17 


318 

Rivi.Tt'  (hi  Loup 100,  202,,  2:V2,  237,  230,  2:)3,  293,  299 

llivièreSt  Jean 273 

RobiTl  iCli.irk's) 12S,  129 

(.Iosoi)lii 128,  129 

(I.oiiisi 128 

Robk'hon 1 '»9 

Robulon  (Charles) 47,     -W 

Robidon  (Jacques)     47 

Robin  (Jean) 128.  129 

Robineaud  (Pierre) 298 

Rochereau I(i7 

Rosier»  (Cap  d(;s ) 273 

Roubeand  (Le  P.)  30G 

Roy  (André) 298 

Koy  dit  Crépin 2*.l7 

lioyal  A mcrican ',V.\ 

Rouville  (Mr.  dei 283 

Sahenlnche  {La]  23 

S.  R.  (pseudonvuiii  de  J.  Vi^er)   15,  22,  2i,  30,  30,  50,  51, 

01,04,(15,00,77,82,  83 

Saint  Antoine  Voir  La  Baie 

"       (Paroisse  de) 10 

Saint  Charles  (Paroisse  de) 17 

'-     Denis      ''     17 

'■     Dominique  (Ue  de) 200,  274 

''     Franrois,  Mr.,  Seigneur 300 

"            •'        Melle 307 

^^     François  (Paroisse  de)  ..103,  185,  180,  194,  198,  211, 

237,  239,  306,  307 

"     Franrois  de  Sales  (Paroisse  de) 17 

'■'     George  Dupré 132 

"     Germain  (Jose[»h) 127,  12!» 

''            ''      iFrancois) 127,  129 

"            '•       iPierrî') 127,  129 

''     James  (L'î  Caliinet  dei..  1(i7,  135,  202,  228,  251,  255, 

205,  272,  281 

"     Jean  (A.  Renaud  dil)  127,  129 

"         '•     (lîivièrei 273,  274 

"         "     (Ile) 274 

"     Laurent  (Fleuve) 01,  113,  133,  261,  273,  287,  289 

''        <-'         (Paroisse) 10 

''     Louife  (Rue) 57 

''     Louis  (f  e  uonimf'M 48 


m 

Sailli  Mam-ico CI.  I'.:],  IïHO,  10?,  200,  230.  2fo 

"    Ongo,  Ciiiô 201 

"     Ours  (Paroisse  de)  17 

'■'■     Pieri-e-Ies-BocqiK'ts  (Païuisse  (l.-i i:*8,  l.")!!,  211,  2;{7 

'■•    Sulpice  (Séiniiiairei ".)(»,     *.IM 

"     Sulpice  (l*aroiss(;  (le) 17,  IH.      'i.') 

Vincent  de  Paul  (Paroisse) 17.     :V 


Vincent  die). 


274 
Sainte  Anne  (Paroisse  il  )  10,  158,  150,  107,  170,  IHG,  1H8, 

207,  210,  211,  237,  23Î),  303 

"     Croix 300 

"   'Geniviève 1<» 

"     Marie  (Paroisstî  de) 138,  1.j9,  237 

"     ^[arie  (RiviÎMe) 274,  27.> 

"     Rose  '•  17 

Samoiset  (Nanon)   298 

Sanguinet 2U7,  302 

Saur-an-Récollet 10 

Séminaire  de  St  Snlrnce 07,  118,     90 

Sevestre  (Neveu).....*. 117   132 

Sévigné  (Mme  de) 23 

Si  ben  berger 31 

Sicard  (GapitainiM 235 

Skipper  (Georgci 32 

Smith  (L'historien) 12,  13,  54,  57,  01,  03,     70 

S.  N.  (pseudonyme  de  Louis  Plamondon) 83 

Sorel  (Paroisse  de) 10 

Soubise  (Prince  de) 200 

Terrant l'jO 

Terrebonne  (Paroisse  de) 17 

Terrenenve 274 

Téiard  (Dame  T.  Montignv) , 43 

Tcles  de  Boule ". 204,  233,  202,  293 

Thomas  (Joseph) 198 

Titré 288 

Tobago(Ile)  274 

Tonnancour(M.  De) 172.244,  283,  290 

Toret 305 

Tour-du-Lac  201,  2Î8 

Tourigny 201 

Townshend 57 

Travers 48 

Trois-Rivières  11,  13,  21,  22,  49,  50,  51,  01,  03,   00,  07,  08, 


320 

87,  111,  143,  lii,  li5,  140,  li8,  1.^0,  i:>3,  15i,  155, 
159,  100,  1()1,  10-2,  103,  100,  107,  108,  100,  172,  1/4, 
17.-),  170,  177,  178,  170,  180,  182,  183,  18i,  180,  187, 
188,100,103,  104,  l'.);-),  1<)0.  1!)7,  100,  200,  201,  203, 
204,205,  200,208,  200,211,  214,210,  218,210,  221, 
223,  228,  22",).  230,231,233,235,230,240  242,  244, 
245,  247,  240, '250,  251,  250,257,258,  25!),  202,  203, 
:20'i,  200,  207,  208,  200,  270,  271,  281,  282,  284,  285, 

288,200,201,204,205,200,207 

Tytlcr 42 

N'altrie  (Paroisse).  Vuir  La  \'altric. 

Vaiennes  (Paroisse  de) 1G,     18 

Vaudreuil  (Le  marquis  de) 20,  74,  75,  70,  104 

Vaudreiiil  (Paroisse  de) 10 

Vender-heydeii  (David)  3(i7 

Verchères  (Paioisse  dei 17 

Véronneau 128,  12'.) 

Versailles 107,  255 

Vi.aer,  (Michel) 128,  120 

Viger  (D.  B.) 7 

Viger  (Jacques).  0,  15,  23,40  72,  82,  81,  134,  130,  143,144, 

140,211,  214 

Virginie  (Lai 88,  150 

Voligny 207 

Westminster 12,  212,  213 

Whiteliall 210,  251 

AVolfe  (Général) 57 

Yamaska  ..180,  100,  108,  202,  210,  211,  232,  237,  253  203,  307 

York  (Monnaie  d) 151,  152,  153,  154,  120 

York  M 27 


TAlBT.lil  DES  MA-TIEHES 


AnANDON    dos  animaux 1:}»,  lôO,    222,  235,258,  20'» 

Absents.  Scellés  et  garde  de  Inurs  biens 42,  59,  60,  21  i 

''       Manière  de  procéder  à  la  vente  de  leurs  biens...   i:3l 
Achats   d'armes  :    Vide  Armks. 

Allégeanck.     Ordre  de  prêter  le  sei-meut  d" l 'jH,  175,   17(5 

Amende 10,  .Si) 

Ammerst  divise  le  Cianada  eu  (lOuvernemenls Il 

^'  ses  titres 87 

''  approbation  ({n'il   reçoit 216 

Anglais    (sujets)   dans   les  campagnes  :  ordre  d'envoyer 

leurs  noms  au  gonvei-nement lOi,  183,  81  i 

Animaux.  l7(/e  Abandon. 

"         errants  dans  les  banlieues 137 

'•        Défense  d'en  vendre  aux  passants  dans  le  gou- 
vernement des  Trois-Rivières..  145,  170,   197,  212 

Appel.  Gonrs  d'appel 18 

*'       Vide  ChamoPiE  de   justice,  Chambiie  de  milice,  Gou- 
verneur 

"       réglé  par  le  gonveriieur  Gage 88 

^'  ''•  '       ''  Haldimand 237,  239,  240 

Armes.     Leur  acliat  réglé  par  le  gouverneur  Gage 88 

"       Ordre  de  les  déposer I  i6,  148,  150,  163,   187 

"       Ordre  de  les  retirer 215 

'•       Permission  ponr  en  avoir 150 

"      Permission  d'en  avoir  accordée  à  différentes  per- 
sonnes  297,  307 

Arrêts.  Vide  chambre  de  justice,  CHAAfBRE  de  milice,  cou- 
ve un  eu  r. 

Arrestation  des  criminels .' 240,  280 

"        Vide  aussi  Déserteurs. 

Assemblées  à  être  établies  dans  les  Colonies 275 

Assignations  données  sur  requête  et  par  qui 55 

ATTAM.4.HA.    Terres   entre   Attamalia    et   Ste.   Marie   an- 
nexées à  la  province  de  Géorgie 275 

Audiences.  Règlement  concernant  les  audiences  55,  150,  236 
Avènement  au  trône  de  George  II  f 176 


32â 

B 

BanliilIES,  Rt'qleinent   quant  à  la  concession  ûe  lorrains 

incultes  dans  les  banlieues 1 10 

"         concornaut  les  animaux  qui  y  sont  errants \M 

Bâtards    Ordre  aux  nourrices  d'en  rendre  compte 172 

BujLioTHiÎQLE  canadienne,  encouragement  qu'elle  reçoit...       7 
Billets   d'ordonnance.   Règlement   pour   leur  recouvre- 
ment  11  i,  115 

pour  leur  enregistrement 292 

Défense   de    les   donner  ou   recevoir   en 

paiement 1  i7 

"        "        Conseil  de  ne  point  les  agioter 281 

Bled.   Défense  de  l'exporter 109 

Bois.  Règlement  qui  en  fi.xe    le  prix 90 

"    Gonlribnlion  de  Lois  pour  les  troupes.  94,  163,  10.3, 

232,  252,  293 

"  '•  *••  pour  les  casernos 200 

*•'     Etat  à  fournir  du  bois  coupé  dans   clia(iue   côte I à;") 

"•  Défense  d'en  couper  sur  la  Seigneurie  St.  Maurice.  209 
FJoissoN.  Règlement  concernant  le  débit  des  boissons....  91,  23 i 
BuRTON.  Général  Ralph,  uonuué  gouverneur  à  Montréal. 

53,   122,  271 
"  "  '•       son    retour   aux   T.  R.  annoncé  25G 

G 

Canada.  Histoire  publiée  par  Bibaud,  auire  préparée  par 

M.  Berthelot,  autre  par  le  Dr.  Labrie 8 

"        cédé  à  l'Angleterre 12 

Canadiens  et  Français  désirant  se  retirer  en  France,  or- 
dre à  eux  d'en  donner  avis 135 

Cap  Breton  annexé  à  la  Nouvelle-Ecosse 274 

Capitaines  de  milice.  Ordre  de  se  rendre  chez  le  gouver- 
neur pour  recevoir  ses  ordres 155,  235 

"        Peines  pour  désobéissance 158,235 

Cartes  (monnaie  de  )  Vide  Billets  d'ordonnance. 

Chambres  de  Justice.  Leur  établissement IG,  37,  151 

"  "  Leur  composition 17 

'"•  "  Manière  de  procéder 18 

"  "■  Étendue  de  leurs  pouvoirs..25.  38,     40 

"  "  Leurs  registres 17,44,45,     4G 

"•  ''  Leurs   arrêts 45 

Chambres  de   Milice.  Leurs  registres 44 

"  *'  Leurs  arrêts 45 


323 

Chamcuks  Mililaircs.  Leurs  coiisliliitions  cl  ordonnanros 

4."),     'tT 

"  "  ApiiL'l    (le    leur  détisioii 57 

''  "  Ucpiession  de  leur  despotisme 'iH 

Chapelain  nu X  Forges  Si.  Maui-ice I."),") 

Chauhox*  Défense  aux  ouvriiM-s  des  l'orges  de  s'en  servir 

dans  leurs  maisons îlV.) 

Chasse.  Permis  exigé lill 

"       Défense  de  chasser  à  travers  terres  et  prairies I',i;5 

'"       Défense  de   chasser   sur    la  Seigneurie  St.  Mau- 
rice  2M().  2i;.") 

CuEMiNÉKS.  Conc(M-nanl  le  ramonage  des  cheminées..  Kil,   I  7'J 
Chemins  publics,  leur  entretien  3*),  GO,  13G,  18-3,  2-2:{,   -JiM, 

•2't'.j,  '  2.>8 

"       d"liiver  à  être  faits  et  entretenus 207 

Citoyens.  Doivent  vivre  en  bons  rapports  avec  les  soldats  135 

Cochons.  Ordn^  de  les  renfermer 251),  200 

Colporteurs.  Règlement  (jni  les  concerne 00 

Commandant  de  la  troupe  dans  cluKjue  côte  établi  juge 

57,  151 

Commekce  libre 152 

"  Permis  pour  le  faire 160,271,  200 

''  avec  les   Sauvages,   comment  i-églé, 219 

233,  262,  280,  203 
Compensation  de  dettes,  lorsqu'elles  sont  de  même  nature.     43 

Concession  de    fiefs '. 119,  270 

Conseil  d'officiers  siégeant  en  appel 18 

•'  siégeant  en  appel   avec  le  gouverneur..     40 

•'  militaire  ou  chambre  militaire 45,     57 

Conseillers  nommés  par  le  gouverneur  Muiray 58 

Construction,  marché  de,  résilié  pour  cause  de  force  ma- 
jeure      43 

Contributions  pour  les  troupes 94,  103,  105,  232,  252,  293 

"  défendu  d'en  exiger  des  miliciens 93 

Criminels.    Leur   arrestation 240 

"  sur  réserves  des  Sauvages 280 

Coureurs  des  côtes,  réglementa  leur  égard.  145,  170,  197,  212 

Couronnement  de  George  III  annoncé 213 

Cours  martiales 34 

D. 

Dauphin.    {Prince  de  Galles  ?)  Annonce  de  sa  naissance....  251 
Démission  du  général  Gage,  lettre  de  lui  à  cette  occasion  121 


324 

Dénuées.    Coiicornanl  ItMir  importation 152 

'■'■  Pour  cMiuager  les  habitants  à  en  apporter  aux 

T.  R..^ 171,   ISO 

Instrnction  pour  on  procurer l(»r> 

Dkpositaiue  (Greffier)  des  papiers.  &c.,  du  prouvernement.     OU 
Déserteurs.    Ré/^leuients  à  leur  épard.  37,  88,  173,  174, 

175,  185,  18G,  188,  180,  lOG,  198,  191),  205,  208,  231 

Despotisme  des  Chambres  militaires  réprimé  48 

Domestiques  déserteurs 2(J8,  231 

Donation  insinuée  dans  les  tribunaux  militaires 43 

Douane  établie  à  Montréal 105,  110 

E 

Eau-de-vie.  Défense  d'en  vendre  aux  soldats I(i7 

PIntrée  en  fonctions  du  général  Ralph  Burton 53,   \2-2 

Espagne.  Déclaration  de  guerre  à  l'Espagne 223 

Extraits   du  livre  d'ordre  du  règne  militaire 02 

F 

Farines.  Exportation  en  est  défendue 100 

Feurière.  Son  parfait  notaire  invoqué  au  soutien  d'un  ju- 
gement de  la  Chambre  de  Milice 4i 

Fiefs  non  défrichés 120 

P^LORiDES.  Leurs  limites  fixées 273,  27'i 

Force  majeure.    Vide  Construction. 

Forges.. Ordre  pour  leur  régie 148 

"        Ordre  quant  à  leur  approvisionnement 155,  1G5 

''        Ordre  d'y  envoyer  habitants  pour  bûcher j 102 

Fortifications  de  Montréal,  contribution  pour  les  réparer.  98 

Fouet.  Peine  du  fouet  ordonnée (15 

Frais  des  procès 10 

P^rancais.    Viife  Canadiens. 

(Omciers.)   VU/c  Officiers. 

G 

Gardien  nommé  a\ix  biens  d'un  absent 42,  214 

ftfizetlc  de  (Jucher,  date  du  21  Juin  17G4 62 

Géorgie,  ttirres  y  annexées 275 

Gouvernement  Militaire  continué  après  la  paix 12 

"  '•  "  "         pourquoi..     13 

"  provinciaux,  fixation  de  leurs  limites 273 

"  leur  administration 150,  270 


325 

GonvEitNian  siégoanl  on  apiiul i.'»,  IC 

"          SOS  anrts 'i7,  (il 

"          (1(>  Moiilrôal,  api(''s  la  coïKjiir'lc Ji 

''           leur  cniif]nit(^  f^riiôrale îl 

Ciii.MNS,  onlro  i)Oiir  la  rerlierclie  dos  gi-ains 17'j 

'^      onlro  il'eu  faire  lo  rcconsonioiil ^'f2 

(îiiKFFiER.  Vide  Dôposilaiio. 

Grenade.    Limites  de  ce  gouvonieinont ^7» 

Guerre  déclarée  à  l'Espagne JJ.} 

I 

IsLE  Royale  anuexéi!  à  la  Noiivellc-Keosse ^^7'! 

TsLE  St.  Jean            •'                    "                 -274 

Incendies.    Pour  les  prévenir 2ô0 

Incendiés  .  l'oiir  les  secourir -Jii,  245 

.1 

Ji'DîCiAiP.E.  Organisation,  i"),   4(j,   47,  35.  00,  7'2,  87,  88, 

l50,  133,  130,  230 

.Iluisdictiox  des  Trois-Rivièrts abolie Cl 

rétablie 01 

Justice.  Comment  administrée  après  la  eontjnète 3 

L 

Langue  employée  dans  les  Chambres  de  justice 3-i 

Lettres  de  change,  concernant  leur  recouvrement,  &:r., 

114,  115,  147,  281,  292 

LiciTATiON.  Procédure  suivie  par  la  chambre  de  milice....  214 

Limites  des  Provinces  fixées 273,  274 

IjIVRe. d'ordre.  P^xtraits  de  ce  livre 02,  05 

Lois  françaises  conservées 41,  81 

'■'           "     observées  par  les  cours  militaires 82 

M 

Maîtres  de  Poste.  Règlements  à  leur  égard.  151,  100.207,  208 

"         Commissions 108,  170 

''■        paiement  de  leurs  attelages 151 

Mariage  du  Roi  George  III   annoncé ...202,  213 

Marchandises.  Ordonnance   réglant  qu'elles  ne   doivent 

se  vendre  qu"à  la  verge 100 

''        Défense  d'en  vendre  sur  les  places  publiques.  1 18 


326 

Mesure.     Vide  Mairhandisps. 

Milice.  Pouvoirs  dos  (illicierspour  adiniiiislror   la  jiistico.  38 
"■     Défense  aux  officiers  de  milice  de  se  iiorler  pour- 
voyeurs des  officiers  des  troupes Kl.' 

"•     Nomination  dans  la  milice lôU 

''     Ordre  aux  capitaines  de  se  rendie  chez  le  (iouver- 

nenr 1ô5,  158,  23.") 

Mineurs.  Scellés  sur  Liens  des  mineurs 50,  00 

manière  de  procédera  les  vendre 131 

Militaire.  Gouvernement  et  règne 5,  1)2 

MoNNOiE  fran(;aise,  sa  valeur  fixée 97,  247 

"         de  cartes.     Vide  Cartes. 

"        d'York,  fixation  de  sa  valeur loi 

■NfoNTRKAL.  Fortificaùonsde OH 

Montréal  (District  de,)  divisé  en  cinq  jurisdictions,  14,  10,  37 

N 

Notaire.     Défense  aux  personnes   non  qualifiées  de  pas- 
ser actes  de  Notaire ISI 

"  Ordre  aux  notaires  d'envoyer  extraits  des  actes 
de  vente  et  d'échange  des  terrains  relevant 
du  domaine 222 

O 

Officiers.  F/r/e  Milice,  Français. 

"      de  l'armée,  leur  récompense 277 

Ordonnances  des  Gouverneurs 4{) 

Ordonnances  (hillets  d'i.    Vide  Billets. 
Organisation  judiciaire.    Vide  Judiciaire. 

P 

PAILLES  requises  pour  les  casernes 247 

Pain.   Prix  réglé 57,  103,   122 

Paix.  Proclamation  du  traité  de  i7()3 112,  250,  2C5 

Panet,  Jean  Claude,  Greffier  déclaré  dépositaire  des  ])a- 

piersdu  Gouvernement 00 

Perdrix.  Règlement  concernant  1.  s  i'erdrix 02,  22U,  257 

Permis.  Liste  des  permis  donnés  pour  commerce,  chasse 

et  armes 206 

Places  publiques.  Défense  d'y  vendre  des  marchandises..  ilH 

Plackts  ou  ret|uêtes  ou  obtenir  assignation 55 

Police  do  la  ville  de  Montréal 38,  88,  125 


327 

"        "         "      des   Trois-Rivi(TOs 2i0 

"         correctionnell(M^t  nmiiicipalo H8 

PoNoiciiKui.  Annonce  de  sa  prise 20(3 

Ponts.  Réparation  et    entretien  des  ponts,  13G,  183,  22;î, 

3'j8,  257 

PounnE.  Ordonnances  concci-nant  la  pondre |-26,  2'.i\ 

Pnociîs.  Rèj,'lenienl  (juant  anx  procès  intentés  par  aniiiio- 

site  'i7 

PitoviNCEs,  Limites  fixées 273,  27i 

Q 

Québec.  Erection  de  la  Province  de  Qnébec 130 

'"■        Ses  limites 273 

R 

Ramonage  des  cheminées IGl,  170 

Recensenent  des  prrains  252 

"        des  habitants  des  côtes  et  paroisses 221 

Registres  des  conrs  sij.ïnés  par  tons  les  jn?es 43 

"        des  chambres  de  justice  à  Montréal  44 

"            St.  Snlpice 45 

Trois-Rivières  50,  G! 

Qnébec  50 

"        des  T.  R.  transportés  à  Qnébec 61 

Riîr.NE  Militaire,  ce  que  signifie  ce  mot 5,  8 

Requêtes.  Vide  Assignation 

Réserves  des  Sauvages 278,  270,  280 

"        de  la  Couronne 278 

Réunion  an  domaine  des  terres  non  défrichées 127 

S 

Sabeudache.  (Eloge  de  la) 23 

Ste.  Maiue.  Terres  entre  Attamaha  et  Ste.  Marie  annexées 

"          à  la  province  de  Géorgie  275 

Sauvages.   Défense   de  limr  porter   des  marchandises  et 

munitions  de  guerre 1 17,  133,  204 

"         Défense  de  leur  vendre  des  boissons 234 

"        Terres  réservées  pour  eux 278,  270,  280 

S;:ELr,És  sur  biens  des  mineurs  et  abseîUs 50,  (îO 

sur  les  biens  d'un  noyé 21» 

Skic.neuriks  non  défrichées 270 


328 

SivMiNAinr:  do  St.   Riiliiice.  Sa  ({iiotc  paii    de    l'éparalidiis 

dos  fortifications  do  Moiitiùal,  fvo '.)(>,  W 

Si';uri;sTnK  sur  los  bioiis  d'un  absout 42 

Sii;naM':.ment  do  dôsortoiirs  a\ix  rt\i,'islro? -W 

Soldats.  Raiiporls  ontro  oux  t»t  los  citoyoïis I.V2 

"•     Dofonse de  leurs  tro(iuor,  armes,  boissons,  îkc.  I.V.),  '2V.i 

"     déserteur,  signalement I7i,  17.) 

'■'■     leur   cantonnement 155,  IH(> 

Suspension  d'arn?es  entre  rAngloteri-e  et  la  Fraiict; 25 i 


TuAiTE.   Ville  Sauvages.  Commerce. 

Translation  du  gouvernement  des  Trois-Rivières  du  Gé- 
néral Bnrton  au  Général  Haldimand 25G 

Traverses  à  prix  d'argent   permises   seulement  au   pro- 
priétaire de  bac 101 

"        taux  de  péage ISo 

Terrains  incultes,  le\ir  concession 1 19,  27(1 

Titres  du  Général  Amherst «7 

Trêve  entre  rAngleterre  et  la  France 25't 

Trirlnaux  établis   après  la  conquête,  leur  composition...     i:j 
Trois-Rivières.  Vide  Registres,  Judiciaire,  Gouverneurs, 

Police 143 

Trot.  Défense  d'aller  au  grand  trot I(J8,   124 

Troupes  nourries  en  nature  par  le  Roy 151 


Viande.    Règlemeut  fixant  le  prix  de  la  viande 57,  130 

Verge  imposée  comme  mesure  de  la  marchandise 1U0 

Volailles.  Ordre  d'apporter  aux  Trois-Rivières  six  cou- 
ples de  volailles  de  chaque  espèce 105 

VûVER  peut  être  choisi  par  chaque  paroisse 3'J 


i^ 


F      Société  historique  de  Montréal 

5A50      Mémoires 

S55 

livr.1-5 


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