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Full text of "Mélanges. Documents"

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Univers ity  of  Toronto 


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MÉLANGES 

(sixième  série) 


MÉLANGES 


DOCUMENTS 

PUBLIÉS    ET    ANNOTÉS    PAR    MM.    CH.    DE   BEAUREPAIRE, 

L'ABBÉ  F.  BLANQUART, 

CH.  BRÊARD  ET  PH.  BARREY,  LÉOPOLD  DELISLE,  P.  LE  CACHEUX, 

L.  RÉGNIER   ET  L'ABBÉ  A.  TOUGARD 


SIXIÈME  SÉRIE 


ROUEN 

A.  LESTRINGANT 

LIBRAIRE 

de  la  Société  de  l'Histoire  de  Normandie 

II,  RUE  JEANNE-DARC,   II 


PARIS 

A.  PICARD  et  Fils 

LIBRAIRE 

de    la    Société    de    l'École    des    Chartes 

82,  RUE   BONAPARTE,  82 


1906 


BLIOTHéCA 


DC 
III 

L 


EXTRAIT  DU  RÈGLEMENT 


Art.  16.  —  Aucun  volume  ou  fascicule  ne  peut  être  livré 
à  l'impression  qu'en  vertu  d'une  délibération  du  Conseil, 
prise  au  vu  de  la  déclaration  du  Commissaire  délégué,  et, 
lorsqu'il  y  aura  lieu,  de  l'avis  du  Comité  intéressé,  portant 
que  le  travail  est  digne  d'être  publié.  Cette  déclaration  est 
imprimée  au  verso  de  la  feuille  du  titre  du  premier  volume  de 
chaque  ouvrage. 


Le  Conseil,  vu  la  déclaration  de  MM.  les  Commissaires 
délégués,  portant  que  les  Mélanges  (sixième  série),  documents 
préparés  par  MM.  Ch.  de  Beaurepaire,  l'abbé  F.  Blanquart, 
Ch.  Bréard  et  Ph.  Barrey,  L.  Delisle,  P.  Le  Cacheux, 
L.  Régnier  et  l'abbé  A.  Tougard,  leur  ont  paru  dignes  d'être 
publiés  par  la  Société  de  l'Histoire  de  Normandie,  après  en 
avoir  délibéré,  décide  que  cet  ouvrage  sera  livré  à  l'impression. 

Fait  à  Rouen,  les  6  mars,  2<)  juin,  y  octobre,  6  novembre  et 
4  décembre  iyoj. 

Le  Secrétaire  de  la  Société, 

P.  Le  Verdier. 


COMPTE 

DES     DÉPENSES     DE     l'aBBAYE    DE    FECAMP,    A    L'OCCASION 

d'une  ENOJJETE   PAR  TOURBES 

FAITE    A    ROUEN    ET    A    CAUDEBEC   VERS    I4IO. 

PUBLIÉ 

Par  M.  Ch.  de  BEAUREPAIRE 


COMPTE 

DES  DÉPENSES  DE  L'ABBAYE  DE  FÉCAMP  A  L'OCCASION  D'UNE  ENQJJÊTE 
PAR  TOURBES  FAITE  A  ROUEN  ET  A  CAUDEBEC  VERS   141O 


Le  Compte  que  nous  publions  est  tiré  des  Archives  de 
la  Seine-Inférieure,  fonds  de  l'abbaye  de  Fécamp.  Rien 
dans  son  contenu  ne  fait  connaître  d'une  manière  pré- 
cise ni  la  date  à  laquelle  il  fut  écrit,  ni  la  nature  de 
l'affaire  à  laquelle  il  se  rapporte.  On  voit  seulement  qu'il 
y  est  question  d'une  enquête  par  turbes  ordonnée  à  l'oc- 
casion d'un  procès  entre  l'abbaye  de  Fécamp  et  Jean  de 
Calleville.  Cette  enquête  se  fit  à  Rouen  et  à  Caudebec 
par  deux  commissaires,  délégués  sans  doute  par  l'Echi- 
quier de  Normandie,  dont  les  noms  sont  indiqués, 
Messieurs  maîtres  Thiebaut  Tiessart  et  Jean  Roumaing, 
auxquels  il  fut  compté  dix-huit  jours  de  vacations.  Six 
turbes  ou  bandes  de  praticiens  furent  formées  et  con- 
sultées :  cinq  à  Rouen,  le  30  novembre,  une  turbe; 
le  Ier  décembre,  deux  turbes;  le  2  décembre,  deux 
turbes  ;  une  à  Caudebec  le  5  du  même  mois.  On 
prit  l'avis  de  cent  sept  coutumiers  (1)  (supposés  ex- 
perts au  fait  de  la  coutume)  dans  la  première  turbe  ; 
de  dix-huit  dans  la  seconde  ;    de  seize   dans  la   troi- 

(1)  Il  est  rare  que  ce  mot  soit  employé  dans  le  sens  qui  lui  est  donné 
dans  le  Compte  que  nous  publions. 


10 


sième  ;  de  quinze  dans  la  quatrième  ;  de  vingt  dans  la 
cinquième  et  de  vingt  et  un  dans  la  sixième.  A  Caudebec 
on  entendit,  en  outre,  plusieurs  témoins,  presque  tous, 
sinon  tous,  de  Doudeville,  qui  ne  surent  rien  dire 
d'utile  pour  l'éclaircissement  de  la  cause.  Leur  inter- 
vention prouve,  du  moins,  que  l'affaire  intéressait  par- 
ticulièrement leur  paroisse,  ce  qui  est  pour  nous  un 
indice  propre  à  nous  mettre  sur  une  bonne  voie. 

Remarquons  encore  que  tous  les  coutumiers  consultés 
sont  des  magistrats  ou  des  avocats  des  premières  années 
du  xve  siècle,  en  exercice  antérieurement  à  la  conquête 
de  la  Normandie  par  Henri  V,  puisque  l'une  des  parties 
au  procès  n'est  autre  que  Messire  Jean  de  Calleville, 
lequel,  étant  resté  fidèle  à  la  France,  se  vit  déposséder 
par  ce  prince  de  ses  seigneuries  de  Doudeville,  le  Fresnay 
et  autres,  au  profit  de  l'anglais  Hugues  Spencer, 
18  avril  141 9  (Rôles  de  Bréquigny,  nos  475  et  476). 

Jean  Segueut,  Jean  Chopillart,  Pierre  Poolin,  Richard 
de  Saint-Moris,  pour  m'en  tenir  à  quelques  noms,  ne 
sont  pas  distingués  des  autres  avocats.  Or,  Jean  Segueut 
devint  avocat  du  roi  d'Angleterre  au  bailliage  de  Rouen, 
dès  les  premières  années  de  la  domination  anglaise  ;  on 
voit  Jean  Chopillart  qualifié  lieutenant  du  bailli  de 
Rouen  le  15  octobre  141 9,  Pierre  Poolin  qualifié  lieute- 
nant général  du  même  bailli  le  2  octobre  141 8,  Richard 
de  Saint-Moris  qualifié  lieutenant  au  même  siège  dès  le 
22  août  1414. 

Cette  date,  qui  ne  marque  pas  vraisemblablement  le 
début  de  la  fonction  de  ce  magistrat,  se  rapproche  sensi- 
blement de  celle  d'une  sentence  rendue  par  les  gens  de 


1 1 

l'Echiquier  de  Rouen  sur  un  procès  entre  les  religieux  de 
Valmont  et  Messire  Jehan  de  Calleville,  chevalier,  sieur  de 
Douville  et  Doudeville,  au  sujet  du  patronage  de  Doude- 
ville.  Depuis  longtemps,  il  y  avait  eu  contestation  à  ce  su- 
jet, et  l'affaire  était  des  plus  embrouillées.  De  guerre  lasse, 
les  parties  s'en  rapportèrent  à  l'avis  d'un  arbitre,  Robert 
de  Lyvet,  chanoine  de  Rouen,  vicaire  général  de  l'arche- 
vêque Louis  de  Harcourt,  qui  porta  son  jugement  en  ces 
termes  :  «  Oyes  les  parties  en  leurs  raisons  d'un  costé  et 
d'autre  tant  par  les  advocas  et  conseillers  d'une  partie 
comme  d'autre,  et  eu  sur  ce  advis  et  déliberacion  avec 
iceulx  et  autres  saiges  et  notables  personnes,  ay  dit  et 
ordonné  que  Jacques  de  Fréville,  chanoine  de  Rouen, 
obtiendra  pour  cette  fois  seulement,  au  droit  commun 
d'icelles  parties,  la  dite  église  »,  qui  devait  être  alterna- 
tive, à  l'avenir,  entre  les  religieux  de  Valmont  et  le  sire 
de  Calleville,  24  août  1409.  Cette  sentence  fut  homo- 
loguée par  l'Echiquier  ;  mais,  à  la  fin  de  l'arrêt,  se  trouve 
cette  phrase  significative  :  «  Après  laquelle  lecture  Robin 
Du  Couldray,  actourné  et  procureur  des  religieux  de 
Fécamp,  proteste,  disant  que  le  patronage  appartient  aux 
dits  religieux  à  cause  du  fief  du  Donjon  à  Fécamp  dont 
procès  etoit  entre  ses  dits  maistres  et  le  dit  chevalier  ». 
Ainsi,  le  procès  terminé  entre  les  religieux  de  Valmont 
et  le  sire  de  Calleville  dut  reprendre  entre  celui-ci  et  les 
religieux  de  Fécamp.  Il  est  plus  que  probable  que  notre 
enquête  est  relative  à  ce  second  procès  qui  dut  s'engager 
peu  de  temps  après  la  décision  du  premier.  Une  lacune 
de  plusieurs  années  dans  les  registres  de  l'Echiquier  ne 
me  permet  pas  de  donner  le  texte  de  l'arrêt  qui  fut  rendu 


12 


sur  cette  seconde  contestation.  Tout  ce  qu'on  sait,  c'est 
qu'il  ne  dut  pas  être  favorable  aux  prétentions  de  l'abbaye 
de  Fécamp  et  que  les  successeurs  du  sire  de  Calleville 
furent  maintenus  en  possession  du  droit  de  patronage  de 
l'église  de  Doudeville. 

A  défaut  de  l'enquête,  probablement  perdue,  il  faut 
nous  contenter  du  compte  des  dépenses  qu'eut  à  payer 
l'abbaye  de  Fécamp.  Nous  y  trouvons  la  mention  d'une 
partie  assez  notable  du  personnel  judiciaire  de  notre  pro- 
vince vers  14 10,  les  prix  de  divers  objets  de  consom- 
mation et  de  curieux  détails  de  nature  à  compléter  ceux 
que  Le  Grand  d'Aussy  a  si  habilement  présentés  dans  son 
Histoire  delà  Vie  privée  des  Français .  Même  pour  les  dépenses 
de  table,  les  indications  fournies  par  notre  document  ne 
le  cèdent  pas,  en  intérêt,  à  celles  que  M.  Douet  d'Arcq  a 
données  comme  complément  d'  «  un  petit  traité  de 
cuisine  écrit  en  français  au  commencement  du 
xive  siècle  »  (1). 

(1)  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Chartes,  5e  série,  t.  I,  p.  209. 


LE  COMPTE 

des  mises  faites  pour  l'enqueste  de  la  cause  touchant  MonsT  de 
Fescamp  contre  Messire  Jehan  de  Calleville,  chevallier,  fait  et 
rendu  par  moy  Adam  Anffroy,  religieux  de  Fescamp,  a  (nom 
en  blanc). 

Recepte. 

Ledit  religieux  a  reçu  de  Monsr  de  Fescamp  lx  1.  ;' 
De  Robin  Baudry,  bourgeois  de  Rouen,  pour  le  terme 
S.  Michiel  derrain  passé,  à  cause  de  la  vente  des  bois,  la 
somme  de  vjxx  x  1   xiij  s.  vj  d.  ; 

Et  semblablement  icellui  religieux  doit  par  la  fin  du 
compte  qu'il  baille  à  cause  des  fermes  de  Heudebou  ville  (  i  ) , 
pour  le  terme  S.  Jehan,  la  somme  de  (chiffre  en  blanc), 
laquelle  somme  ledit  religieux  met  en  recepte  pour  soy 
deschargier  du  compte  des  dites  fermes.  Pour  ce  (chiffre 
en  blanc). 

Somme  de  la  recepte  (chiffre  en  blanc). 

Despence  pour  le  fait  de  la  dicte  commission 
et  enqueste. 

Premièrement  : 

A  Messieurs  maistres  Thiebaut  Tiessart  et  Jehan 
Roumaing  pour  avoir  vacqué  ou  fait  d'icelle  enqueste, 
tant  en  allant,  séjournant  et  collacionant  icelle  enqueste, 
es  quelles  besongnes  les  dessus  diz  ont  vacqué  par  l'es- 
pace dexviij  jours,  à  vij  1.  t.  chacun  jour,         vjxx  vj  1.  t. 

A  maistre  Jehan  Paris,  procureur  pour  mon  dit  seigneur 

(i)  Commune  du  canton  de  Louviers  (Eure). 


en  la  cause,  pour  avoir  vacqué  par  l'espace  du  temps 
dessus  dit,  lequel  prenoit  pour  chacun  jour  deux  escus 
avecquesses  despens,  et,  sans  iceulx  despens,  Ix  s.  t.,  lequel 
mist  en  allant  et  retournant  à  Paris  par  l'espace  de 
îiij  jours,  pour  chacun  jour  lx  s.  t.,  valent  xij  1. 

Audit  Paris  pour  avoir  vacqué  par  xiiij  jours  eu  fait 
d'icelle  enqueste,  es  quieulx  jours  prenoit  ses  despens, 
pour  chacun  jour  xl  s.  t.,  valent  xxxj  1.  x  s. 

Au  clerc  dudit  maistre  Thiebaut  pour  avoir  minué  (i) 
icelle  enqueste,  lxvij  s. 

Au  clerc  maistre  Jehan  Roumaing  pour  avoir  grossoyé 
la  dicte  enqueste,  lxvij  s.  vj  d. 

Aux  variés  des  dessus  dis  commissaires,  pour  leur 
vin,  xlv  s. 

Au  clerc  maistre  Jehan  Paris  pour  son  vin  semblable- 

ment,  xxij  s.  vj  d. 

Somme,  viijxx  xix  1.  xij  s.  vj  d. 

Autres  mises  à  cause  des  tourbes  faites  tant  à  Rouen 
comme  à  Caudebec,  desquelles  tourbes  la  première  fu 
faite  à  Rouen  le  merquedi  derrain  jour  de  novembre,  en 
laquelle  estoient  les  coustumiers  qui  ensuivent,  primo  : 

Jehan  de  Cantepie,  advocat,  demourant  à 
S.-Lô,  xxij  s.  vj  d.  t. 

Michel  Aumont  demourant  à  Karenten,  xx  s. 

Jehan  Le  Herichié  demeurant  à  Caen,  xx  s. 

Manessier  De  Laistre  demeurant  à  AurTay  en 
Caux  (2),  xv  s. 

Guillaume  Loisel  (3)  demourant  à  Louviers,  .... 

(1)  Minuer,  écrire  les  minutes. 

(2)  Auffay,  canton  de  Tôtes  (Seine-Inférieure). 

(3)  Guillaume  Loysel  était,  à  la  date  du  24  février  1426  (v.  s), 
vicomte  de  Heudebouville  et  lieutenant  commis  du  bailli  de  Gisors 
en  la  vicomte  du  Pont-de-1'Arche. 


i5 

Thomas  Cornet  demourant  à  Bayeux,  x. . . 

Thomas  Auzane  demourant  à  Caen,  xv  s. 

Guillaume  de  POraille  demourant  à  Caen,  x  s. 
Maistre  Jehan    Durand   demourant    à    Anneville   en 

Coustantin  (i),  x  s. 

Gillet  Hellepiquet  demourant  à  Chierebourg,  x  s. 

Sanson  Vuatier  demourant  à  Valoingnes,  vij  s.  vj  d. 

Pierres  Gervaiz  demourant  à  Gaen,  vij  s.  v  d. 

Jehan  Bellet  demourant  à  Gaen,  x  s. 

Guillaume  Mourant  demourant  à  Caen,  vij  s.  vj  d. 

Richart  de  Cruelly,  de  Karenten,  vij  s.  vj  d." 

Jehan  Vicant,  de  Gaen,  vij  s.  vj  d. 

Richart  Lombart,  de  Bayeux,  vij  s.  vj  d. 
Somme,  xj  1.  iij  s.  vj  d. 

Seconde  tourbe  à  Rouen  le  premier  jour  de  décembre 
ensuivant  où  estoient  ceux  qui  ensuivent,  premièrement  : 

Offroy  Eude,  advocatdu  Roy  à  Coustances,  xxij  s.  vj  d. 

Estienne  Du  Chastellier,  advocat  du  Roy  à 
Avrances,  xx  s. 

Michiel  Hue,  advocat  du  Roy  à  Karenten,  xx  s. 

Guillaume  Bailleul,  procureur  du  Roy  au  bailliage  de 
Gostentin,  xx  s. 

Pierres  Massy  demourant  à  Pariers  (2),  xv  s. 

Jehan  Patart,  lieutenant  du  viconte  de  Karenten,  xv  s. 

Laurens  de  Limare  (3)  demourant  à  Rouen,  x  s. 

Robert    Du    Chastellier    demourant    à 
Avranches,  xij  s.  vj  d. 

(1)  Anneville-en-Cères,  canton  de  Quettehou  (Manche). 

(2)  Périers,  chef-lieu  de  canton  (Manche). 

(3)  L.  de  Limare,  conseiller  en  cour  laie,  bailli  de  Douville  pour 
le  Chapitre  de  Rouen,  nommé  par  lui  vicomte  à  La  Neuville- 
Champ-d'Oisel,  7  août  14 19  ;  lieutenant  général  du  vicomte  de 
Rouen,  1423-1434. 


\6 


Thomas  Villequin   demourant  au  village  de  S.  Sau- 

veur-le-Lendelin  (r),  x  s. 

Jehan  Andrieu  demourant  à  Avranches,  x  s. 

Andry  Thomasse  demourant  à  Pariers,  x  s 

Jehan  Jalot  demourant  à  Karenten,  vij  s.  vj  d. 

Perrin  Le  Bedel  demourant  à  Maregny  (2),  vij  s.  vj  d. 

Robin  Pillegrain  demourant  à  Coustances,  vij  s.  vj  d. 

Jehan  de  Verdun  demourant  à  Caen,  xx  s. 

Jehan  Du  Rueil  demourant  à  Ghambroyes  (3),       xx  s. 

Guillaume  Chauvin  demourant  à  S.-Lô,  xv  s. 

Pierre    Mauduit    demourant  à   Varreville  en    Cous- 

tentin  (4),  xx  s. 
Somme,  xiij  1.  ij  s.  vj  d. 

Tierce  tourbe  faite  semblablement  à  Rouen  ledit  jour, 
de  relevée,  primo  : 

Jehan  de  Loraille,  advocat  du  Roy  à  Gisors,         xxv  s. 

Richart  Hellebout,  viconte  de  Longchamp  (5),       xx  s. 

Maistre  Guillaume  de  Livarrot  demourant  à 
Louviers,  xx  s. 

Pierres  Guilbert  demourant  à  Rouen,  x  s. 

Jehan  Sauvalle,  procureur  du  Roi  à  Gisors,  xx  s. 

Guillaume  Pelichon   (6),   procureur  du  Roi  à 
Arques,  xx  s. 

(1)  Saint-Sauveur-Lendelin,  chef-lieu  de  canton  (Manche). 

(2)  Marigny,  chef-lieu  de  canton  (Manche). 

(3)  Chambrois,  aujourd'hui  Broglie,  chef-lieu  de  canton  (Eure). 

(4)  Saint-Martin-de-Varreville,  canton  de  Sainte-Mère-Eglisj 
(Manche). 

(5)  Longchamps,  canton  d'Etrépagny  (Eure),  anciennement  siège 
d'une  haute  justice. 

(6)  Guillaume  Le  Plichon,  cité  comme  lieutenant  commis  du  bailli 
de  Caux  à  Arques,  en  mars  1416  (n.  s.).  (Arch.  de  la  S.-Inf.,  F.  de 
l'archevêché.) 


>7 

Richart  Ravin,  procureur  du  Roy  à  Rouen,  x  s. 

Colin  Boutevillain  demourant  à  Rouen.  x  s. 

Jehan  des  Parrelles  demourant  à  Gisors,  xij  s.  vj  d. 
Guillerme  Boutevillain  demourant  à  Rouen,  vij  s.  vj  d. 
Gillot  La  Guespe  demourant  à  Rouen,  x  s. 

Jehan  Guilbert  demourant  à  Rouen,  x  s. 

Thomas    Le   Moigne  demourant   en   Cous- 
tentin,  xij  s.  vj  d. 

Maistre  Jehan  Calenche  (i)  demourant  à  Andely,  xv  s. 
Guillaume  Daguenet  demourant  à  Gisors,  xij  s.  vj  d., 
Jehan  de  Gournay  demourant  à  Eu,  x  s. 

Somme,  xj  1.  v  s. 

Quarte  tourbe  faite  audit  lieu  le  vendredi  ije  jourdudit 
mois  de  décembre,  premièrement  : 

Jehan  Seguent  Painsné  (2),  xxij  s.  vj  d. 

Colin  Thirel  (3),  xx  s. 

Regnaut  Au  poys,  Jehan  Filleul  (4),  maistre  Jehan 
Vincent,    Richart   de   S.-Morisse    (5),    Rogier   Mahieu, 

(1)  La  bonne  forme  de  ce  nom  est  Ghalenge.  Jean  Chalenge, 
lieutenant  commis  du  bailli  de  Rouen,  fils  de  Guillaume  Chalenge, 
bailli  de  Louviers  ;  cité  le  dernier  avril  1424. 

(2)  Segueut  (Jean),  l'aîné,  conseiller  de  l'archevêque,  1405-1406 
(Arch.  de  la  S.-lnf.,  G.  22)  ;  avocat  pensionnaire  de  la  ville  de 
Rouen,  1408;  plus  tard,  avocat  du  roi  d'Angleterre  au  bailliage  de 
Rouen. 

(3)  Thirel  (Colin),  avocat  pensionnaire  de  la  ville  de  Rouen, 
16  octobre  1409. 

(4)  J.  Filleul,  conseiller  en  Cour  laie  à  Rouen,  140 1  (Tabellionage 
de  Rouen,  reg.  9,  fo  216);  exécuteur  testamentaire  de  Nicolas 
du  Bosc,  évêque  de  Bayeux,  1424;  bienfaiteur  de  l'Hôtel-Dieu  de 
Rouen,  2  septembre  1429. 

(5)  Richard  de  Saint-Moris,  lieutenant  du  bailli  de  Rouen, 
22  août  1414  (Cartulaire  de  Saint-Oucn,  no  28  bis,  fo  425),  28  fé- 
vrier 1416  (n.  s.),  21  mai  141 7. 


Jehan  Mignot,  Jehan  de  Beaussault,  Colin  Miffant,  Colin 
De  la  Court,  x  s  ;  Adam  Guarin,  x  s,;  Jehan  Seguent 
le  jeune  (i),   x  s.  ;   Henry   Le  Cauchois,  xv  s.  ;   Massé 
Poret  (2),  vij  s.  vj  d.  ;  tous  demourans  à  Rouen. 
Somme,  xj  1.  ij  s.  vj  d. 

Quinte  tourbe  faite  audit  lieu  de  Rouen,  icellui  jour 
de  relevée,  premièrement  : 

Mahieu  Turgis  (3),  advocat  demourant  à  Rouen,  xx  s. 

Guillaume  Toulousen  Tainsné  demourant  audit 
lieu,  xv  s. 

Pierres  Poolin  (4),  advocat  dudit  lieu,  x  s. 

Guillemin  Le  Bateur,  dudit  lieu,  x  s. 

Guillemin  de  Rouvres  (5),  dudit  lieu,  x  s. 

Guillemin  Toulousen  le  jeune  (6),  dudit  lieu,  x  s. 

Raoul  Caval  (7),  lieutenant  du  bailly  de  Gisors,    xv  s. 

Jehan  Vuastel,  de  Rouen,  vij  s.  vj  d. 

(1)  Jean  Segueut  le  jeune,  fils  de  Jean  Segueut  l'aîné. 

(2)  Macé  Poret,  conseiller  en  Cour  laie,  conseiller  de  l'archevêque 
1423-1424;  fonda  une  messe  en  l'église  du  prieuré  de  Beaulieu, 
20  décembre  1435  (Tab.  de  Rouen). 

(3)  Mahieu  Turgis,  conseiller  en  Cour  laie,  i3g5;  pensionnaire  de 
la  ville  de  Rouen,  1406  ;  bailli  de  la  seigneurie  de  Douville  pour  le 
chanoine  prébende  de  ce  lieu,  21  février  1406. 

(4)  Poolin  (Pierre),  sieur  du  Mesnil-au-Cauf  et  de  Monville,  con- 
seiller en  Cour  laie,  septembre  1414  (Tab.  de  Rouen);  lieutenant 
général  du  bailli  de  Rouen,  2  octobre  1418,  1429. 

(5)  Rouvres  (Guillemin),  sieur  du  Mesnil-sur-Barentin,  septembre 
1406  (Tab.  de  Rouen)  ;  vicomte  des  aumônes  de  l'archevêché,  1423- 
1424  (G.  26);  de  Déville,  1427-1428  (G.  1084);  pensionnaire  de 
l'archevêque,  143 1  (G.  32);  était  fils  de  Jean  de  Rouvres,  lieutenant 
général  du  bailli  de  Rouen  et  de  Gisors  en  i386. 

(6)  Toulousen  (Guill.),  cité  comme  conseiller  en  Cour  laie  en 
décembre  1414  (Tab.  de  Rouen,  reg.  17,  fo  1 33). 

(7)  Caval  (Raoul),  lieutenant  du  bailli  de  Gisors  à  Andely,  i3  fé- 
vrier 1420  (n.  s.). 


19 

Jehan  Chopillart  (i),  dudit  lieu,  vij  s.  vj  d. 

Richart  Hemart,  dudit  lieu,  vij  s.  vj  d. 

Durant  Hellebout  demourant  à  Louviers,  x  s. 

Jacques  Durescu  (2),  dudit  lieu  de  Rouen,  vij  s.  vj  d. 

Guillaume  Le  Coq,  dudit  lieu,  x  s. 

Guieffroy  Le  Villain,  dudit  lieu,  x  s. 

Robin  Le  Noyer  demourant  à  Gisors,  x  s. 

Martin  Lermite  demourant  à  Dieppe,  x  s. 

Jehan  Pohier  demourant  à  Rouen,  vij  s.  vj  d. 

demourant  en  Coustantin,  xij  s.  vj  d. 

demourant  à  Rouen,  xx  s. 

demourant  audit  lieu,  x  s. 

Somme,  xj  1. 

Sixte  tourbe  faite  à  Gaudebec  le  lundi  ve  jour  dudit 
moys  de  décembre,  premièrement  : 

Guillaume  Theroude  (3),  xxx  s. 

Colin  de  Harduinville,  xxv  s. 

Richart  Boudier,  xx  s. 

Robin  Doubin,  xx  s. 

Rogier  Des  Hautez,  xv  s. 

Thomas  Le  Prévost,  lieutenant  du  viconte  de 

Caudebec,  xv  s. 

Jehan  de  Cerifontaine,  xv  s. 

Colin  Henry,  xv  s. 

Denis  Ansel,  xv  s. 


(1)  Chopillart  (Jean),  lieutenant  général  du  vicomte  de  Rouen, 
1412-1413  ;  plus  tard,  lieutenant  général  du  bailli  de  Rouen,  i5, 
■z5  octobre  1418,  26  octobre  1420. 

(2)  Durescu  (Jacques)  était  vicomte  des  Baons-le-Comte  pour  le 
Chapitre  de  Notre-Dame  de  la  Ronde  en  1427. 

(3)  G.  Theroulde,  avocat  du  Roi,  1428-1435  (Comptes  de  l'abbaye 
de  Montivillliers). 


20 


Henry  Boudier  (i),  x  s. 

Guilleminet  Thiron,  xv  s. 

Jehan  Le  Bourgoiz,  xv  s. 

Robin  Deschamps,  x  s. 

Guillaume  Poisson,  x  s. 

Jehan  Becquet,  x  s. 

Jehan  Cailleu  demourant  à  Estouteville  (2),  x  s. 

Jehan  Pillée  demourant  à  Capetot  (3),  xx  s. 

Vuatier  Pillée  demourant  à  Se-Marie-des- 
Ghamps  (4),  xxij  s.  vj  d. 

Robin  Le  Butor  demourant  à  Ivecrique  (5),  xxij  s.  vj  d. 

Pierres  Mauviel  (6),  xx  s. 

Robin  Le  Vasseur,  x  s. 
Somme,  xvij  1.  v  s. 

Somme  de  toutes  les  tourbes  dessus  dictes,  lxxiiij  1. 
xvij  s.  vj  d.  (7). 

(1)  Boudier  (Henri),  cité  comme  vicomte  des  aumônes  de  Clipon- 
ville  pour  l'archevêque,  1423-1424(0.  26);  nommé  procureur  pour 
le  Chapitre  de  la  Cathédrale,  14  novembre  1436. 

(2)  Etoutteville,  canton  d'Yerville  (Seine-Inférieure). 

(3)  Capetot,  hameau  de  la  commune  d'Etoutteville. 

(4)  Sainte-Marie-des-Champs,  commune  du  canton  d'Yvetot 
(Seine-Inférieure). 

(5)  Yvecrique,  commune  du  canton  de  Doudeville  (Seine-Infé- 
rieure). 

(6)  Mauviel  (Pierre),  conseiller  du  Roi  au  bailliage  de  Caux,  141 5; 
acquéreur  du  fief  de  Poissy  à  Mannevillette,  5  mai  1426;  avocat 
pensionnaire  de  Bedford  pour  le  comté  de  Lillebonne,  1429  ;  séné- 
chal et  garde  du  temporel  et  des  aumônes  de  l'abbaye  de  Monti- 
villiers,  1425- 1435  ;  retenu  pour  avocat  pensionnaire  par  le  Cha- 
pitre de  Rouen,  4  novembre  1436. 

(7)  La  faiblesse  des  indemnités  payées  aux  coutumiers  étrangers  à 
Rouen  ne  permet  pas  d'admettre  qu'ils  y  soient  venus  exprès  pour 
cette  enquête.  Il  me  paraît  plus  probable  qu'on  eut  recours  à  eux 
parce  qu'on  les  savait  dans  cette  ville,  à  raison  d'affaires,  pendantes 
à  l'Echiquier,  qui  les  intéressaient. 


21 


Autre  despence  pour  tesmoings 

Pour  la  despence  de  Robin  Gostren,  Robin  de 

le  recepveur  de  Fescamp  et  aucuns  tesmoings 

la  dicte  enqueste  à  Caudebec  à  renseigne  du    

tant  pour  eulx  comme  pour  leurs  gens  et  chevaulx. 

Item  pour  ledit  Rogier  de  Grammont,  ledit  receveur  et 
aucuns....  de  Fescamp,  lesquieulx  se  desjeunèrent  et 
beurent  à  Caudebec  avant  qu'ils  partissent,  à  l'enseigne 
du  Mouton,  pour  ce 

Item  pour  la  despence  dudit  Robin  Cervoise,  lequel 
demoura  audit  lieu  de  Caudebec  jusques  à  Tendemain,  et 
ne  s'en  pout  aller  avecques  les  autres  pour  occupation 
que  il  out,  pour  ce,  vij  s.  vj  d 

Item  à  Thomas  De  Brassy,  de  Doudeville,  lequel  ne 
fut  point  examiné  pour  ce  qu'il  ne  savoit  point  bonne- 
ment de  la  besongne,  pour  ce,  v  s. 

Item  à  Jehan  Le  Vesié,  de  Doudeville,  pour  deux 
journées  et  ses  despens  fais  audit  lieu  de  Doude- 
ville, vij  s.  vj  d. 

Item  pour  le  desjeuner  de  Martin  Berthin,  son  filz,  et 
Gautier  Galopin  à  Caudebec,  à  l'enseigne  dudit  lieu  du 
Mouton,  v  s. 

Item  à  Jehan  Amis  le  jeune  et  Jehan  Amis  Tainsné, 
dudit  lieu  de  Doudeville,  pour  deux  journées  qu'ilz 
furent  à  Caudebec,  xiij  s.  iiij  d. 

Item  à  Regnaut  Malingre  dit  Ceriot  et  Estienne  Durant 
pour  le  louage  de  deux  chevaulx  qu'ilz  avoient  amenez, 
lesquieulx  ilz  avoient  tenus  par  iij  jours,  pour  chascun 
jour  pour  les  deux  chevaux,  v  s.,  valent  xv  s. 

Item  pour  la  despence  d'iceulx  et  de  leurs  chevaulx,  xvj  s. 

Item  à  Guillemme  Olive,  Naudin  Jagan  et  Guillaume 
Bonté,  dudit  lieu  de  Doudeville,  lesquieulx  ne  furent 
point  examinez  pour  ce  qu'ilz  ne  savoient  proprement 


22 


que  dire  d'icelle  besongne,  à  chascun  d'eulx  v  s.  t.  pour 
leurs  paines  et  despence,  xv  s. 

Item  à  Pellet  Le  Bien  et  Denis  Saiche  lesquieulx  furent 
au  dit  lieu  de  Caudebec  par  iij  jours,  tant  pour  eulx 
comme  pour  leurs  chevaulx,  xx  s. 

Item  à  Guiot  Du  Taillix,  du  dit  lieu  de  Doudeville, 
lequel  fu  à  Caudebec  semblablement  par  iij  jours,  pour 
sa  despence  de  lui  et  son  cheval,  xij  s.  vj  d. 

Item  à  Regnaut  Thiebaut,  de  Doudeville,  qui  fu  sem- 
blablement à  Caudebec  par  deux  jours,  vj  s.  viij  d. 

Item  [à  Ba]uquemare  et  Regnaut  Tournant  qui  furent 
au  dit  [lieu]  par  deux  jours,  à  chascun  viij  s.  ix  d., 
valent  xvij  s.  vj  d. 

...  oy  Du  Fresnoy,  du  dit  lieu  du  Fresnoy  (i),  pour 
les  despens  [de  lui  et]  son  cheval  faiz  audit  lieu  de  Cau- 
debec, vij  s.  vj  d. 

Item  pour  le  disner  de  Guieffroy  Du  Buse,  son  filz  et 
de  leurs  chevaulx,  ix  s.  ij  d. 

Somme,  x  1.  v  s. 

Autre  despence  pour  le  fait  d'icelle  enqueste,  première- 
ment : 

Le  merquedi  derrain  jour  dudit  moy  de  nov.,  pour  le 
desjeuner  aux  escuiers  du  président  et  aux  clers  d'iceulx 
commissaires  en  Tostel  des  Chapelle^  devant  Notre-Dame 
de  Rouen  (2),  auquel  lieu  les  dessus  diz  se  desjeunerent 

(i)  Le  Fresnoy,  hameau  de  Doudeville. 

(2)  Je  trouve  des  hôtels  à  l'enseigne  des  Chapelets,  paroisse  Saint- 
Martin-du-Pont,  1401  (Tab.  de  Rouen,  reg.  9,  f°  23o,  v°)  ;  1425 
(Cart.  de  Notre-Dame  de  Rouen,  n°  9,  fo  188;  i582  (Arch.  de  la 
S.-Inf.,  fonds  de  Saint-Etienne-des-Tonneliers<  ;  à  Saint-Martin-sur- 
Renelle,rue  du  Fossé-aux-Vantiers,  27  mars  1440  (v.  s.),  {Ibid.  fonds 
du  Chapitre,  Clerc  de  ville);  1529  (fonds  du  Mont-aux-Malades)  ; 
paroisse  Saint-Michel,   au    Vieux-Marché,   1 377-1433,    1 526-1 527 


*3 

et  ourent  iij  pastés  grans  où  avoit,  en  chascun,  des 
oisellés  et  un  capon,  pour  ce,  tant  pour  pasté  que  pour 
pain  et  vin,  xx  s. 

Item  pour  vj  mains  de  pappier  baillées  aux  clers  cTiceulx 
commissaires  pour  minuer  la  dicte  enquesie,      vij  s.  vj  d. 

Item  pour  la  façon  du  papier  maistre  Jehan  Paris  à  fere 
le  kalendier  (  i  )  d'icelle  enqueste,  x  d. 

Item  pour  deux  peaulx  de  parchemin  baillées  au  dit 
Paris  à  fere  les  hetiquetes  pour  examiner  tesmoings,  .... 

Item  pour  un  sac  de  grosse  toille  à  mètre  Tenqueste  et 
procès,  xx  d.,  iiij  s.  iiij  d. 

Pour  deux  buretes  d'enque  (2)  baillées  tant  aux  clers 
des  diz  commissaires  que  audit  maistre  Jehan  Paris,  vj  d. 

Item  pour  une  torche  à  aler  par  nuit  chieux  les  diz 
commissaires  et  ailleurs  où  Ten  avoit  à  besongnier,    ix  s. 

Item  pour  chire  vermeille  à  seeler  les  relacions  et  com- 
missions, xx  d. 

Item  pour  une  livre  de  chandelle  pour  esclairer  à 
ceulx  d'une  tourbe  lesquïeulx  iceulx  commissaires 
avoient  tenu  trop  tart,  xv  d. 

Item,  le  jeudi  ije  jour  de  déc,  pour  chandelle  pour  la 
cause  dessus  dicte,  x  s. 

Item,  le  vendredi  iije  jour  dudit  mois,  pour  viij  peaulx 
de  parchemin  baillées  aux  clers  d'iceulx  commissaires 
pour  grossoier  (3)  icelle  enqueste,  xiij  s.  iij  d. 

Item  pour  chandelle  à  ceuls  de  la  ve  tourbe  [pour  les 

(Ibid.f  Comptes  de  la  fabrique  Saint-Michel)  ;  à  Saint-Nicolas,  1421 
(Tab.  de  Rouen,  reg.  19,  f°  1 38)  ;  rue  aux  Juifs,  paroisse  Saint-Lô, 
1429- 1455.  Enseigne  remplacée  plus  tard  par  celle  de  YEcu  de 
France. 

(1)  Rôle  ou  calendaire  du  procès.  V.  le  glossaire  de  Godefroy. 

(2)  Enque,  d'encaustum,  encre. 

(3)  Transcrire  la  minute  en  grosse  pour  les  parties. 


24 

reconduire  à  leurs]  hostieulz  pour  ce  qu'ilz  avoient  esté 
tenus  trop  [tart] 

Item  pour  une  boite  à  m  être  lettres  touchans 

Item  pour  deux  mains  de  papier  baillies  aux  clers 
de. . . .  la  dicte  enqueste  derechief . . . . 

Item,  le  samedi  ensuivant,  pour  un  quarteron  de 
poudre  fine. ... 

Item,  le  jeudi  jour  Notre  Dame  (i),  à  un  homme  de 
Fescamp  pour  avoir  apporté  dudit  lieu  de  Fescamp  à 
Gaudebec  deux  paons,  lesquieulx  paons  (2)  furent  pré- 
sentez aux  commissaires,  pour  ce  [pas  de  chiffre). 

Item  pour  un  messager  envoyé  de  Rouen  à  Fescamp 
porter  une  commission  pour  adjourner  tesmoings,  xv  s. 
Somme,  iiij  1.  ix  s.  xj  d. 

Autre  despence  pour  sallaires  de  sergens  : 
A  Jehan  Verel,  sergent  à  masse  à  Rouen  (3),  pour 
avoir  adjourné  et  assemblé  les  tourbes  et  aussy  avoir  ad- 
journé  aucuns  tesmoings  produiz  en  icelle  enqueste,  en 
quoy  ledit  Verel  a  vacqué  par  l'espace  de  v  jours,  chacun 
jour  x  s.  t.,  valent  1  s. 

A  Guillemin  De  Laon,  sergent  à  Rouen,  pour  avoir 
adjourné  tesmoings  à  Caudebec,  Doudeville  et  ailleurs, 
en  quoy  a  vacqué  ledit  Guillemin  par  vij  jours,  chacun 
jour  x  s.  t.  ;  ainsy  monte  en  somme  lxx  s.  t.  dont  est  à 
rabbatre  pour  despence  de  cheval,  lequel  l'en  lui  a  trouvé 

(1)8  décembre,  fête  de  la  Conception. 

(2)  Pas  de  prix  probablement  parce  que  les  paons  furent  tirés  de 
l'abbaye  de  Fécamp.  «  L'usage  de  manger  la  chair  du  paon  persista 
jusqu'au  xvf  siècle  »  (M.  Léopold  Delisle,  Etudes  sur  la  condition  de 
la  classe  agricole,  i85i,  p.  489). 

(3)  Sur  la  sergenterie  à  masse,  voir  le  mémoire  de  M.  E.  Gosselin, 
les  Plaids  à  masse,  dans  le  Précis  des  travaux  de  l'Académie  de 
Rouen,  1873- 1874. 


25 

le  temps  durant  viij  s.  t.  ;  reste  lxij  s.  ;  pour  ce,  pour  ledit 
sergent,  lxij  s. 

Jeudi  xxviije  jour  de  nov.,  pour  deux  chapons  et  un 
oiseau  de  rivière  (  i  )  présentez  aux  diz  commissaires,  à 
leur  souper,  vij  1.  vj  d. 

Item,  ce  jour,  pour  deux  galons  de  vin  présentez  sem- 
blablement  à  iceulx  commissaires  avecques  iceulx 
capons,  v  s.  iiij  d. 

Le  mardi  ensuivant  pour  harenc  caque  et  sor  audit  lieu 
du  Chinot  (2),  x  d. 

Item  pour  un  cent  d'oystre  et  iiij  mellens  (3),  iiij  s.  ij  d. 

Item  pour  saffren  et  poudre  (4)  à  faire  le  potage  d'icelles 
oystres,  x  d. 

Item  pour  pain,  x  d. 

Item  pour  iiij  pos  de  vin,  à  xvj  d.  le  pot,       v  s.  iiij  d. 

Item  pour  la  moitié  d'un  fourmage,  vj  d. 

Item  en  portage  de  poisson,  ij  d. 

Item  pour  belle  chiere  (5),  bois,  verjus,  moustarde  et 
autres  choses,  iiij  s. 

Item  pour  la  journée  de  deux  chevaulx  qui  estoient 
audit  Paris,  v  s. 

Somme  de  la  despence  du  lundi  et  mardi,  xxiiij  s.  vj  d. 

Le  merquedi  ensuivant,  pour  un  quartier  de  mouton 
et  deux  pièces  de  beuf,  iiij  s.  ij  d. 

Item  pour  deux  vitecos  (6)  au  souper,  xx  d. 

(1)  Probablement  un  canard  sauvage. 

(2)  Hôtel  du  Chignot  ou  Sinot,  à  la  Poissonnerie,  14  58-1459 
(Arch.  de  la  S.-Inf.,  G.  263)  ;  le  Chinot  en  Dourdonne,  propriété 
de  la  Ville,  24  décembre  1407  (Délibérations  municipales). 

(3)  Huîtres  et  merlans. 

(4)  Probablement  la  même  chose  que  la  poudre-le-duc,  sorte  de 
préparation  faite  de  cannelle  et  de  sucre  blanc. 

(5)  Je  crois  qu'il  faut  entendre  par  ces  mots  une  sorte  de  dessert. 

(6)  Bécasses. 


26 


Item  pour  demi  cent  cTespellanc  (  i  )  pour  Jehan 
Le  Prévost,  lequel  souppa  à  Tostel  et  ne  mangoit  point 
de  char,  xvj  d. 

Item  pour  un  quarteron  de  poires  d1  Angoisse  (2),  xv  d. 

Item  en  pain,  xiiij  d. 

Item  en  vin  pour  tout  le  jour,  tant  pour  ceulx  de  la 
tourbe  que  pour  les  diz  Prévost,  Paris  et  Pailleux,  viij  pos, 
chascun  pot  à  xvj  d.,  valent  x  s.  viij  d. 

Item  pour  belle  chiere,  iiij  s. 

Item  pour  les  cnevaulx  dudit  Paris,  v  s. 

Somme  d^cellui  jour,  xxix  s.  iij  d. 

Extraordinaire  ce  jour  : 

Pour  un  galon  d'ipocras  (3)  présenté  aux  diz  commis- 
saires, xvj  s. 

Item  pour  le  mestier  (4),  xx  d. 

Item  pour  deux  galons  de  vin  présentez  aux  diz  com- 
missaires à  souper,  v  s.  iiij  d. 

Le  jeudi  ensuivant  à  l'ostel  du  Chinot,  avecques  ledit 
Paris,  Jehan  Le  Voirrier  et  Jehan  Le  Prévost,  et  aussi 
desjeunerent  audit  hostel  ceulz  de  la  tourbe  qui  s^  assem- 
blèrent. Premièrement  : 

En  pain,  xvj  d. 

Item  en  x  pos  de  vin  (5)  pour  tout  le  jour,  xiij  s.  iiij  d. 

(1)  Eperlans,  de  l'allemand  Spierling. 

(2)  M.  Léopold  Delisle  nous  apprend,  ouvrage  précité,  p.  5o, 
qu'en  certaines  contrées  on  donne  encore  le  nom  de  poire  d'Angoisse 
à  la  poire  de  Bon-Chrétien. 

(3)  Hippocras,  sorte  de  liqueur  dont  l'usage  durait  encore  vers  la 
fin  du  xvne  siècle. 

(4)  Entre  les  diverses  acceptions  que  reçoit  ce  nom,  la  seule  qui 
soit  admissible,  c'est  celle  d'une  sorte  de  pâtisseries,  gaufres  ou 
autres  friandises. 

(5)  Nulle   part,  dans  ce  compte,  le  cidre  n'est  indiqué   comme 


27 

Item  en  belle  chière,  iiij  s. 

Item  pour  la  journée  des  chevaulx  dudit  Paris,         v  s. 
Item  en  buef  et  mouton,  iiij  s. 

Item    pour    un    connin    (i)    et    une    xijne 
d'alouetes,  iiij  s.  ij  d. 

Somme,  xxxij  s. 

Extraordinaire  : 
Ledit    jour,    pour    deux    perdris,    deux    connîns    et 
deux  xijnes  d^louetes   présentées   aux  diz  commissaires 
pour  leur  souper,  xij  s.  vj  d. 

Item  pour  deux  galons  de  vin,  à  iceulx  commis- 
saires, v  s.  iiij  d. 
Somme,  xvij  s.  x  d. 

Le  vendredi  ensuivant  se  desjeunèrent  oudit  hostel  du 
Chinot  ceulx  de  la  tourbe,  ouquel  lieu  ilz  s'estoient  as- 
semblés. Primo  : 

En  pain  pour  tout  le  jour,  xvj  d. 

Item  pour  v  pos  de  vin  pour  tout  le  jour,  le  pot 
à  xvj  d.,  vj  s.  viij  d. 

Item  pour  le  dîner  au  clerc  maistre  Jehan  Paris,  xv  d. 

Pour  deux  fers  aux  chevaulx  du  dit  maistre 
Jehan,  ij  s.  vj  d. 

Item  pour  espellenc  à  faire  un  pasté,  viij  d. 

Item  pour  la  façon  du  dit  pasté,  v  d. 

Item  pour  gresse  à  oindre  houseaulx,  v  d. 

Item  en  belle  chière,  iij  s. 

Item  pour  la  journée  des  chevaulx  dudit  Paris,       v  s. 
Somme,  xxj  s.  iij  d. 


boisson.  11   est  clair  pour  nous  qu'il  était  encore   peu  en  usage  à 
Rouen. 

(i)  Connin  ou  connil,  lapin. 


28 


Extraordinaire  pour  ce  jour  : 

Pour  un  brochet,  une  carpe  et  ung  quarteron  d'espel- 
lenc  présentez  aux  ditz  commissaires,  xl  s. 

Item  pour  deux  galons  de  vin  présentez  semblablement 
à  iceulx  commissaires,  v  s.  viij  d. 

Item  pour  le  desjeuner  d'iceulx  commissaires  avecques 
Jehan  Le  Prévost,  ij  s.  vj  d. 

Item  ce  jour  soupèrent  en  la  taverne  ledit  maistre 
Jehan  Paris,  Jehan  Le  Prévost  et  plusieurs  autres,  pour 
ce,  pour  leur  souper,  xvij  s.  vj  d. 

Item  pour  deux  galons  de  vin  présentez  aux  dis  com- 
missaires à  leur  souper,  le  galon  à  ij  s.  viij  d., 
valent  v  s.  viij  d. 

Somme,  lxx  s.  viij  d. 

Le  samedi  ensuivant,  en  pain,  vj  d. 

Pour  deux  pos  de  vin,  ij  s.  viij  d. 

Item  pour  la  journée  aux  chevaulx  dudit  Paris,       v  s. 

Somme,  viij  s.  ij  d. 

Extraordinaire  pour  ce  jour  : 

Pour  deux  galons  de  vin  présentez  aux  diz  commis- 
saires, v  s.  iiij  d. 

Item  pour  le  souper  de  maistre  Jehan  Paris,  Jehan 
Le  Prévost,  et  autres  qu'ilz  amenèrent  en  leur  com- 
paignie,  pour  tout,  xviij  s.  vj  d. 

Somme,  xxiij  s.  x  d. 

Le  dimenche  ensuivant  disnerent  en  la  taverne  ledit 
maistre  Jehan  [Paris],  Jehan  Le  Prévost  et  autres  en  leur 
compaignie,  pour  ce,  x  s. 

Item  pour  la  disnée  aux  chevaulx  dudit  Paris,       xx  d. 

Somme,  xj  s.  viij  d. 


29 

Extraordinaire  ce  jour  : 
Pour  deux  galons  de  vin  donnez  aux  commis- 
saires, v  s.  iiij  d. 
Item  au  clerc  dudit  lieu  du  Chinât,  lequel  servi  lesdits 
Paris,  Pailleux  et  autres  durant  le  temps  qui  furent  à 
Rouen  pour  icelle  enqueste,  pour  le  vin  dudit 
clerc,  ij  s.  v  d. 
Somme,  vij  s.  x  d. 

Le  dimenche  jour  dessus  dit  allèrent  gésir  à  Caudebec 

Jehan  Le  Prévost,  maistre  Jehan  Paris  et  Guillaume 
Pailleux  et  despenserent  premièrement  : 

En  pain,  xij  d. 

Item  pour  iij  chopines  de  vin,  ij  s.  vj  d. 

Item  pour  ij  xijnes  d'allouetes,  iij  s.  iiij  d. 

Item  pour  ij  capons,  iij  s.  iiij  d. 

Item  pour  un  pasté  d'une  poule  froit  pour  les  ser- 
viteurs, xv  d. 

Item  pour  belle  chiere,  ij  s.  vj  d. 

Item  pour  la  soupée  de  vij  chevaulx,  chacun  xx  d., 

valent  xj  s.  viij  d. 
Somme,  xxv  s.  vij  d. 

Extraordinaire  pour  ce  jour  : 

Pour  deux  poissons  de  rivière  présentez  aux  diz  com- 
missaires, iij  s.  iiij  d. 

Item  pour  deux  galons  de  vin  présentez  à  iceulx  com- 
missaires, à  iiij  s.  le  galon,  valent  viij  s. 

Somme,  xj  s.  iiij  d. 

Le  lundi  ensuivant  vindrent  au  giste  à  Caudebec  le 
grenetier  de  Fescamp,  Robin  Cervoise,  Robin  de  Gram- 
mont,  escuier,  Jehan  Loyer,  Robin  Gontran  dit  Houppin, 
le  receveur  de  Fescamp  et  plusieurs  autres  tesmoings 
produis  en  la  cause.  Premièrement  : 


30 

En  pain,  ce  jour,  pour  le  disner,  xiiij  d. 

Item  pour  deux  pos  de  vin,  iij  s.  iiij  d. 

Item  pour  iiij  pièces  de  char,  iij  s. 

Item  pour  une  oue  (  r  ),  iij  s.  iiij  d. 

Item,  ce  jour,  pour  pain  au  souper,  pour 
xiiij  pains,  ij  s.  iiij  d. 

Item  pour  ij  pos  de  vin,  iiij  s.  viij  d. 

Item  pour  iiij  pièces  de  char  et  deux  chapons,         vj  s. 

Item  pour  pipreneaulx  (2)  pour  ledit  grenetier  qui  ne 
mangoit  point  de  char,  xv  d. 

Item  pour  la  disnée  de  vj  chevaulx,  v  s. 

Item  pour  la  soupée  de  xj  chevaulx,  xviij  s.  iiij  d. 

Item  pour  belle  chiere,  vj  s. 

Somme,  liiij  s.  v  d. 

Extraordinaire  : 

Pour  vj  poules  presentéez  ce  jour  aux  diz  commissaires 
pour  souper,  v  s. 

Item  pour  deux  galons  de  vin  présentez  aux  diz  com- 
missaires, à  iiij  s.  le  galon,  valent  viij  s. 

Item  pour  iiij  galons  de  vin,  c'est  assavoir  deux  galons 
au  disner  et  deux  au  souper,  lequel  vin  fu  aporté  en 
l'ostellerie  où  estoient  les  dessus  diz  grenetier  et  autres 
logiez,  pour  ce  que  le  vin  dudithostel  n'estoit  point  suffi- 
sant, à  iiij  s.  le  galon,  valent  xvj  s. 

Item  pour  un  pot  de  vin  donné  aux  clers  d'iceulx  com- 
missaires, ij  s. 
Somme,  xxxj  s. 

Le  mardi  ensuivant,  pour  iiij  pièces  de  beuf,  ung 
quartier  de  mouton,   iij  pièces  d'esquinée  (3)  de  porc  et 

(1)  Une   oie.   On    connaissait  à  Rouen  la  rue  aux  Oues,  aujour- 
d'hui par  erreur  la  rue  aux  Ours. 

(2)  Pimpreneaux,  petits  poissons  de  rivière,  sparus  en  latin. 

(3)  Echine. 


31 

une  loigne  (  i  )  de  veel,  x  s.  x  d. 

Item  pour  deux  capons,  iij  s.  iiij  d. 

Item  pour  une  oue,  iij  s.  iiij  d. 

Item  pour  deux  espaulles  de  mouton  au  souper,    xx  d. 

Item  pour  cannelle,  gingembre  et  amandes  à  fere  la 
sausse,  xx  d. 

Item  pour  espellanc  pour  le  grenetier  qui  ne  mangoit 
point  de  char,  xv  d. 

Item  pour  iij  xijnes  de  pain  pour  tout  le  jour,  vj  s. 

Item  pour  vij  pos  de  vin,  tant  pour  les  variés  que  pour 
les  survenans,  xj  s.  x  d. 

Item  pour  deux  pastez  de  deux  capons  pour 
souper,  iiij  s 

Item  pour  un  gambon  salle,  xviij  d. 

Item  pour  harens  et  œufs  pour  icellui  grenetier,    xv  d. 

Item  en  belle  chiere  pour  tout  le  jour,  vij  s.  vj  d. 

Item  pour  la  disnée  de  v  chevaux,  c'est  assavoir  ij  pour 
le  prieur  de  S. -Gabriel  (2),  deux  pour  Jehan  Le  Prévost, 
et  un  pour  Guillaume  de  Vismesnil,  iiij  s.  ij  d. 

Item  pour  deux  fers  aux  chevaulx  Jehan  Le  Prévost, 
deux  aux  chevaulx  d'un  nommé  Le  Daulphin,  de  Fes- 
camp,  iiij  s.  ij  d. 

Item  pour  la  journée  de  viij  chevaulx,  viij  s. 

Item  pour  la  souppe  de  iiij  chevaulx  à  celz  de 
Fescamp,  vj  s.  viij  d. 

Item  pour  lart,  xv  d. 

Somme,  iiij  1.  x  s.  v  d. 

Extraordinaire  ce  jour  : 
Pour  iiij  xijnes  de  pinçonnez,  ij  cappons  et  trois  vite- 

(1)  On  dit  maintenant  longe. 

(2)  Prieuré  de  Saint-Gabriel,  dépendant  de  l'abbaye  de  Fécamp 
et  situé  dans  le  diocèse  de  Bayeux,  canton  de  Creully. 


32 

coqs  présentez  aux  diz  commissaires,  ix  s. 

Pour  iiij  galons  de  vin  présentez  aux  diz  commissaires, 
c'est  assavoir  deux  au  disner  et  deux  au  souper,  à  iiij  s.  le 
galon,  valent  xvj  s. 

Item  pour  iij  galons  et  un  pot  d'icellui  vin  porté  en 
Tostel  où  estoient  logiez  ledit  grenetier  et  autres,  pour 
disner,  xiiij  s. 

Item  pour  deux  autres  galons  de  vin  pour  souper  audit 
hostel,  au  pris  dessus  dit,  viij  s. 

Item  pour  un  prestre  qui  chanta  une  messe  devant 
iceulx  commissaires,  ij  s.  vj  d. 

Somme,  xlix  s.  vj  d. 

Le  merquedi  ensuivant  vegille  Notre  Dame  (i)  pour 
deux  xijnes  de  pain,  iiij  s. 

Pour  vin  pris  oudit  hostel,  c'est  assavoir  iij  pos,  à 
xxxij  d.  le  galon,  qui  valent  iiij  s.,  et  deux  pos,  à  xx  d.  le 
pot,  qui  valent  iij  s.  iiij  d.,  pour  ce,  pour  tout,  viij  s.  iiij  d. 

Item  pour  œufs,  iiij  d. 

Item  pour  j  cent  d'ouestres,  ij  s.  vj  d. 

Item  pour  vj  mellans,  ij  s. 

Item  pour  demi  cent  d'espellanc,  xv  d. 

Item  pour  un  galon  de  vin  pris  chieulx  Hébert  et  en- 
voyé à  aucuns  de  Fescamps  qui  disnoyent  en  nostre 
hostel,  iiij  s. 

Item  pour  la  journée  de  viij  chevaulx,  chacun  cheval 
ij  s.  vj  d.,  valent  xx  s. 

Item  pour  la  souppée  de  celui  qui  apporta  les  paons  de 
Fescamp,  lesquieulx  paons  furent  présentez  aux  dis  com- 
missaires, xx  d. 

Item  pour  iij  picotins  d'avoine  baillés,  au  matin,  aux 

(i)  7  décembre,  veille  de  la  fête  de  la  Conception,  jour  d'absti- 
nence. 


33 

chevaulx  Martin  Berthin,    son   filz  et  Gautier   Galopin 
avant  qu^ils  partissent  de  Gaudebec  pour  eulx  aller,  xv  s. 
Item  pour  belle  chière,  vj  s. 

Somme,  1  s.  iiij  d. 

Extraordinaire  : 

Ce  jour,  pour  une  grosse  anguille,  un  quarteron  de 
pipreneaulx,  deux  braymes  (  i  ),  ijc  d'ouestres  et  c.  et  demi 
d'espellenc  présentez  aux  diz  commissaires,  xxxij  s.  vj  d. 

Item  pour  deux  galons  de  vin  présentez  au  disner  des 
diz  commissaires,  xx  d. 

Item  pour  un  autre  gallon  de  vin  présenté  à  iceux 
commissaires  pour  faire  collacion  au  vespre,  iiij  s. 

Item  pour  espices  aux  diz  commissaires,  à  colla- 
cion, xx  d. 
Somme,  xlvj  s.  ij  d. 

Le  jeudi  ensuivant,  jour  de  Notre  Dame,  première- 
ment : 

Pour  iij  pos  et  choppine  de  vin,  iij  s.  x  d. 

Item  pour  pain,  xij  d. 

Item  pour  belle  chiere,  iiij  s. 

Item  pour  la  journée  de  viij  chevaulx,  xx  s. 

Item  pour  deux  journées  de  cheval  Jehan  Dumont,  de 
Fescamp,  v  s. 

Item  pour  beuf  et  mouton  pour  les  serviteurs,         vj  s. 

Item  pour  un  pot  de  vin  pris  par  Guillemin  De  Laon, 
sergent,  qui  estoit  avecques  iceulx  commissaires,  xx  d. 
Somme,  xxxviij  s.  v  d. 

Extraordinaire  ce  jour  : 
Pour  iiij  perdrix,  iiij  chapons,  iij  xijnes  d'alouetes  pre- 

(i)  Brème,  poisson  d'eau  douce  du  genre  cyprin  (cyprinus  brama) 
d'après  le  Dictionnaire  de  Littré  ;  Brème  cité  dans  un  traité  de  cui- 
sine vers  i3o6  (Bibl.  de  l'Ecole  des  Chartes,  5e  série,  t.  I,  p.  223). 

3 


34 

sentées  aux  dis  commissaires,  xxviij  s. 

Item  pour  deux  galons  de  vin  présentés  à  leur 
disner,  viij  s. 

Item  pour  iij  autres  galons  de  vin,  tant  d'Orléans  que 
autres  présentés  aux  dis  commissaires  à  leur  souper, 
lequel  vin  estoit  à  iiij  s.  le  galon,  valent  xij  s. 

Item  pour  deux  oiseaulx  de  rivière  présentez  sembla- 
blement  à   iceulx   commissaires  pour  leur 
souper,  iij  s.  iiij  d. 

Item  pour  un  quarteron  d'espellenc  et  œufs  au  grene- 
tier  de  Fescamp  lequel  ne  mengoit  point  de  char,      xv  d. 

Item  pour  un  pot  de  vin  au  clerc  maître  Jehan  Paris, 
pour  son  souper,  ij  s. 

Somme,  liiij  s.  vij  d. 

Le  vendredi  ensuivant,  premièrement  : 

Pour  pain,  xx  d. 

Item  pour  deux  pos  de  vin,  iij  s.  iiij  d. 

Item  pour  harenc  et  espellenc  au  grenetier  de  Fescamp, 
lequel  se  desjeuna  avant  qu'il  partisist  de  Gaudebec  pour 
s'en  aller,  ij  s.  viij  d. 

Item  pour  iiijc  d'ouestre  à  souper,  xv  d. 

Item  pour  œufs,  v  d. 

Pour  fourmage  et  belle  chiere,  iij  s. 

Item  pour  un  galon  de  vin  d'Orléans  au  dit  grene- 
tier, iiij  s. 

Item  pour  la  disnée  aux  chevaulx  du  dit  grenetier, 
Jehan  Dumont  et  Guillemin  De  Laon,  sergent,  iij  s.  iiijd. 

Item  pour  la  journée  de  chinq  chevaulx,       xij  s.  vj  d. 

Item  pour  la  torche  de  l'oste  où  estoient  logiez  ledit 

grenetier  et  autres,  laquelle  torche  avoit  esté  usée  pendant 

le  temps  que  iceulx  grenetier  et  autres  avoient  esté  au  dit 

lieu  de  Gaudebec,  pour  ce,  iiij  s. 

Somme,  xxvj  s.  ij  d. 


35 

Extraordinaire  ce  jour  : 

Pour  cent  et  demi  d'ouestres,  une  grosse  anguille,  deux 
braymes  et  un  quarteron  de  pipreneaulx  présentez  aux 
diz  commissaires,  xxvj  s.  vj  d. 

Pour  iij  galons  de  vin  présentez  aux  diz  commissaires 
à  leur  disner,  xij  s. 

Item  pour  deux  galons  de  vin  dont  l'un  fu  présenté  à 
iceulx  commissaires,  Pautre  lu  beu  à  Postel,  pour 
souper,  viij  s. 

Item  pour  poires,  v  d. 

Item  pour  un  pot  d'ipocras  présenté  aux  dis  commis- 
saires, xij  s.  vj  d. 

Item  pour  le  mestier,  xx  d. 

Item  pour  un  pot  de  vin  à  faire  ypocras,  ij  s. 

Item  donné  au  clerc  et  chamberiere  dudit  hostel,  v  s.  x  d . 
Somme,  lxviij  s.  xj  d. 

Le  samedi  ensuivant  fu  donné  à  disner  aux  dis  com- 
missaires en  l'ostel  de  Saint  Gervais  (i)  ouquel  disner  fu 
despendu  ce  qui  ensuit.  Premièrement  : 

En  poisson,  xxxv  s. 

Item  pour  une  xijne  de  harenc  caque,  xx  d. 

Item  pour  xiiij  harens  sors,  xx  d. 

Item  pour  un  galon  d'ipocras,  xvj  s.  viij  d. 

Item  pour  deux  plas  de  mestier,  xx  d. 

Item  pour  vij  pos  de  vin  pris  en  la  ville,  ix  s.  iiij  d. 

Item  pour  buirre  (2),  xx  d. 

Item  pour  un  quarteron  de  gingembre,  v  s. 

Item  pour  une  once  de  canelle,  x  d. 

Item  pour  demie  once  d'affaitement  (3),  xv  d. 

(1)  Le  prieuré  de  Saint-Gervais,  aux  faubourgs  de  Rouen,  dépen- 
dait de  l'abbaye  de  Fécamp. 

(2)  Beurre. 

(3)  Assaisonnement. 


56 

Item  pour  un  cent  d'oystres,  xv  d. 

Item  pour  poires,  v  d. 

Item  pour  cresson,                        ,  j  d. 

Item  pour  demy  quarteron  de  chucre,  xx  d. 
Somme,  lxxvij  s.  xj  d. 

Le  dimence  ensuivant  estoient  iceulx  commissaires  à 
Rouen,  aus  quels  fu  présenté  ce  qui  ensuit.  Première- 
ment : 

Pour  deux  galons  de  vin  qui  leur  fu  présenté  à 
disner,  ij  s.  viij  d. 

Item  pour  deux  connins  et  deux  oiseaux  de  rivière  qui 
semblablement  furent  présentez  aux  diz  commissaires, 
lesquels  connins  et  oyseaulx  iceulx  commissaires  empor- 
tèrent, pour  ce  viij  s: 
Somme,  xiiij  s.  viij  d. 

Pour  Jehan  Le  Prévost,  advocat,         xj  1.  ij  s.  vj  d.  (i) 

Somme  toute  de  la  despence  tant  ordinaire  que  extraor- 
dinaire, xlvj  1.  x  s.  ij  d. 

Somme  de  toutes  les  mises  pour  la  dicte  enqueste  (pas 
de  chiffres). 

Somme  toute  tant  de  despence  que  de  mises  {pas  de 
chiffres) . 

Et  la  recepte  monte  [pas  de  chiffres). 

Ainsy  (balance  omise). 

(i)  Ce  chiffre,  relativement  élevé,  indique  que  Jean  Le  Prévost 
avait  été  choisi  pour  avocat  par  les  religieux  de  Fécamp.  Le  Prévost 
est  cité  comme  conseiller  en  cour  laie  en  mars  1404  (Tab.  de  Rouen, 
reg.  11,  f°s  27,  11 5);  comme  conseiller  pensionnaire  de  l'arche- 
vêché, 1423-1424  (G.  26),  1431  (G.  32);  comme  conseiller  pen- 
sionnaire du  Chapitre,  5  février  1432  (n.  s.)  (Registres  capitulaires)  ; 
comme  sénéchal  de  la  haute  justice  de  Saint-Gervais  pour  l'abbaye 
de  Fécamp,  ier  mars  1427  (n.  s.),  8  octobre  1432. 


ANCIEN  COUTUMIER 

de  l'église  cathédrale  d'êvreux,  vulgairement  appelé 

«    HUNAUD    » 
PUBLIÉ  D'APRÈS  UNE  COPIE  DU  XVIle  SIÈCLE  ET  ANNOTÉ 

Par  M.  l'abbé  F.  BLANQUART. 


ANCIEN  COUTUMIER 

de  l'église  cathédrale  d'évreux,  vulgairement  appelé 

«    HUNAUD  » 

INTRODUCTION 

Quelque  tombés  en  oubli  qu'ils  soient  de  nos  jours, 
les  traités  semi-liturgiques,  semi-organiques  connus 
jadis  sous  les  titres  de  Consuetudines ,  Consuetudinarium, 
Liber  usuum  ont  tenu  une  place  importante  dans  le  fonc- 
tionnement de  nos  églises  séculières  ou  conventuelles,  et 
il  y  aurait  une  réelle  utilité,  afin  d'en  faciliter  l'étude 
comparative,  à  publier  ceux  de  ces  textes  qui  ont 
échappé  aux  multiples  causes  de  destruction  (i).  Sans 
étendre  les  recherches  au  delà  des  limites  de  la  province 
ecclésiastique  de  Normandie  on  en  formerait  une  série 
assez  variée  où  les  établissements  monastiques  seraient 
d'abord  représentés  par  les  «  us  »  du  Valasse  (2)  et  le 
coutumier  du  Bec  (3).  Quant  aux  églises  cathédrales, 

(1)  La  Bibliothèque  de  V Ecole  des  Chartes,  t.  II  (1890),  p.  570,  appelant 
l'attention  sur  la  Société  Henry  Bradshaw  constituée  à  Londres  pour  la 
publication  des  textes  liturgiques,  signalait,  parmi  les  ouvrages  qu'il  était 
à  souhaiter  de  voir  imprimés,  les  coutumiers  de  Petersborough,  de  West- 
minster et  de  Saint-Edmondsbury. 

(2)  Bibl.  de  Rouen,  ms.  A.  495  (xne  siècle). 

(3)  Consuetudinarium  secundum  normam  Bccci  Herluini,  ms.  de  la  fin  du 
xme  siècle  ou  des  premières  années  du  xive.  Bibl.    nat.,  lat.,    1208.   Dans 


40 

M.  l'abbé  Ulysse  Chevalier  a  déjà  édité,  d'après  plusieurs 
manuscrits,  dont  un  n'a  pas  quitté  la  bibliothèque  du 
chapitre(i),  le  coutumier  de  Notre-Dame  de  Bayeux  (2). 
La  même  bibliothèque  en  a  récemment  acquis  un  autre 
provenant  de  Saint-Pierre  de  Lisieux  (3).  Celui  de 
Rouen  est  maintenant  au  Musée  Britannique  (4). 

Qu'un  recueil  de  ce  genre  eut  existé  à  la  cathédrale 
d'Evreux,  c'est  ce  que  révélaient  des  témoignages  très 
précis.  A  propos  de  la  visite  que  Charles  VIII  fit  à  cette 
ville,  le  Journal  de  Verdun  (5)  en  reproduisait  deux  ou 
trois  passages  :  «  Charles  VII,  dit-il,  n'a  pas  été  le  seul 
de  nos  roys  qui  ait  honoré  Evreux  de  sa  présence. 
Charles  VIII  y  fit  aussi  son  entrée  solennelle  sur  la  fin 
du  quinzième  siècle,  mais  les  choses  étoient  déjà  chan- 
gées de  face.  On  ne  voit  plus  l'évêque  et  son  clergé  sor- 
tir hors  de  la  ville  pour  recevoir  le  roy.   Hunault,  qui  a 

le  t.  Ier,  chapitre  XIII,  p.  475-507,  de  son  Histoire  de  V abbaye  du  Bec,  M.  le 
chanoine  Porée  a  donné  une  analyse  du  Livre  des  usages  du  célèbre  mo- 
nastère. 

(1)  Ms.  122. 

(2)  Bibliothèque  liturgique,  t.  VIII.  Paris,  A.  Picard,  1902.  Le  Brevis 
tractatus  de  consuetudinibus  et  statutis  ecclcsice  Baiocensis  occupe  les  pages 
285-426. 

(3)  De  officiis  personarum  et  consuetudinibus  antiquis  ecclesia  Lexovicnsis ; 
Ms.  du  xvii1'  siècle,   100  feuillets  in-40,  couv.  parchemin. 

(4)  Ms.  Reg  ,  8D,  VIII  (xii*  siècle). 

(5)  Recherches  sur  les  entrées  solennelles  faites  par  nos  rois  dans  la  ville 
d'Evreux,  Journal  de  Verdun,  1766,  t.  II.  L'article,  qui  est  de  Durand  «  pro- 
fesseur au  collège  royal  d'Evreux  »,  a  été  inséré  par  M.  Th.  Bonnin  dans 
les  Opuscules  et  mélanges  historiques  sur  la  ville  d'Evreux  et  le  département  de 
l'Eure,  Evreux,  J.  Ancelle,  1845,  P-  124-126.  V.  aussi  :  Notes  sur  les  entrées 
solennelles  des  rois  de  France  à  Evreux,  Evreux,  Ancelle,  1838.  (Extrait  du 
Recueil  de  la  Société  libre  d'agriculture,  Sciences  et  Belles-Lettres  du  départe- 
ment de  ÏEure,  t.  IX,  janvier  1838.) 


4i 

fait  le  cérémonial  de  notre  église  cathédrale,  dont  il  étoit 
grand  chantre,  dit  expressément,  en  très  mauvais  latin, 
que  les  chanoines  ne  doivent  point  sortir  hors  de  l'église, 
mais  attendre  le  roy  à  la  porte  :  Canonici  non  debent  exire 
ecclesiam,  sed  omnes,  revestitiin  cappis,  debent  ipsum  expec- 
tare...  Et  quand  Sa  Majesté  est  entrée  dans  le  chœur,  on 
est  obligé  de  lui  préparer  un  prie-Dieu  :  Et  sibi  débet 
parari  oratorium  cum  paramentis  honestis.  Aussitôt  le  sous- 
chantre,  qui  n'est  que  chapelain,  entonne  un  répond  de 
la  Trinité  :  Rege  ingrediente  ecclesiam,  incipiat  succentor 
ununi  responsorium  de  Trinitate...  Ce  cérémonial  se  lit  en- 
core aujourd'hui  aux  chapitres  généraux » 

Un  long  factum,  paru  en  1724,  au  cours  d'une  ins- 
tance pendante  au  conseil  d'Etat  entre  l'évêque  et  les 
chanoines,  abonde  en  citations  tirées  du  coutumier  de 
Hunaud  (1)  et  montre  avec  évidence  que  son  autorité 
était  constamment  alléguée,  pour  ou  contre  le  chapitre, 
dans  toutes  les  questions  où  les  intérêts  et  prérogatives 
de  cette  compagnie  étaient  en  jeu  (2). 

(1)  Les  mêmes  moyens  sont  de  nouveau  produits  dans  une  duplique,  pièce 
faisant  suite  à  celle-ci  et  qui  m'a  très  serviablement  été  indiquée  par 
M.  l'abbé  Guéry  pendant  l'impression  du  Coutumier  :  «  Au  Roy  et  a  nos- 
seigneurs les  commissaires  députez  par  l'arrest  de  son  conseil  du  13  no- 
vembre 1725  pour  juger  en  dernier  ressort  les  contestations  d'entre  le  sieur 
evêque  et  les  doyen,  chanoines  et  chapitre,  et  le  maître  de  la  fabrique  de 
l'église  d'Evreux  au  sujet  de  la  coupe  du  bois  du  parc  de  Condé  »  (Pour 
l'évêque  d'Evreux,  signé  Ycard).  Biblioth.  nat.,  Fm.   5796,  in-fol. 

(2)  Quelques  exemples  suffiront  :  «...  Le  suppliant  produit  encore  un 
article  d'un  ancien  recueil  fait  de  l'ordre  du  chapitre  et  par  lui  approuvé  en 
1508,  composé  par  Hunaud,  grand  chantre  de  la  cathédrale,  où  il  est  dit, 
au  chap.  intitulé  Episcopus,  que  l'évêque,  par  la  fondation  et  dotation  de 
son  evêché,  a  ses  biens  et  revenus  distincts  et  séparez  de  la  manse  capitu- 
laire  et  qu'il  possède,  à  titre  de  baronies,  Condé,  Illiers,  Broville,  et  qu'il  a 


42 

Aussi,  des  opposants  s'élèvent-ils  contre  le  choix  d'un 
doyen  nouvellement  élu,  le  chapitre  croit  devoir  passer 
outre  aux  protestations,  l'élection  ayant  été  régulière- 
ment faite  et  «  davantage  suivant  les  statuts,  usages  et 
coustumes  de  lad.  église  représentés  par  le  livre  vulgai- 
rement appelé  de  Hunault,  en  son  vivant  chantre  et 
chancde  lad.  église  »  (i). 

De  leur  côté,  lors  des  difficultés  survenues,  au  jour  où 
fut  apporté  à  l'abbaye  de  Saint-Taurin  le  corps  de  Mgr 
Gilles  Boutault  (14  mars  166 1),  entre  le  chapitre  et  les 
religieux,  ceux-ci,  entre  autres  griefs,  se  plaignirent  vive- 
ment au  doyen  et  aux  chanoines  de  ce  que,  «  contre  la 
coustume  prescrite  dans  leur  livre  appelé  le  Hunault,  ils 

des  domaines  à  Evreux  :  Prœfatus  episcopus  ex  fundatione  et  dotationc...  etc. 
S'il  y  eût  eu  quelque  exception  a  faire  des  bois  de  Condé,  Hunaud  n'y 
eût  pas  manqué  pour  l'interest  de  sa  compagnie.  Il  n'en  faudroit  pas 
davantage  pour  détruire  la  prétention  desdits  du  chapitre,  puisqu'elle  se 
trouve  démentie  par  l'approbation  solennelle  que  leurs  prédécesseurs  ont 
donné  il  y  a  plus  de  200  ans  à  ce  recueil  de  Hunaud  dont  l'autorité  a 
toujours  été  d'un  très  grand  poids  dans  le  chapitre  ».  (Requête  de  1724, 
p.  9.)  —  «  La  sixième  et  dernière  preuve  est  le  silence  de  Hunaud  sur  cette 
prétendue  charge  ;  il  a  inséré  dans  son  recueil,  dont  il  a  déjà  esté  parlé,  un 
chapitre  particulier  de  toutes  les  charges  et  sujétions  dont  l'evesque  peut 
estre  tenu  envers  l'église  et  le  chapitre,  intitulé  Onera  ad  quœ  tenetur  epis- 
copus eccleslœ   et   capitulo.   Il  y   met   au  nombre   de   ces  charges  la  rente  de 

235  1.,  le  salaire  des  clercs  de  semaine »  —  «  Il  en  est   de  même  de 

l'entretenement  des  enfans  de  chœur...  ;  c'est  tout  ce  qu'en  dit  Hunaud 
en  l'endroit  ci-dessus  cité  :  Item  débet  (episcopus)  unatn  huram  apri, 
in  festo  Innoccntium,  pucris  chori,  aut  summam  quinque  solidorum  Turoncn- 
siuiii.  Pas  un  mot  de  la  prétendue  obligation  de  contribuer  à  leur  entre- 
tien ;  il  n'est  pas  cependant  à  croire  que  si  c'eut  esté  une  des  charges  de 
l'evêché,  comme  c'en  eut  esté  une  importante  et  journalière,  qu'Hunaud, 
qui  estoit  grand  chantre  de  la  cathédrale  l'eut  ignoré  ny  qu'il  l'eut  obmis...  ». 
Ibid.,Y>.  (23  et  2$  ). 

(1)  28  mars  1589.  Grand  pouillé,  1er  registre.  (Arch.  de  l'Eure,  G.  22). 


43 

estoient  entrés  en  nostre  église  et  cœur,  nonobstant  les 
oppositions  formées  par  deux  de  nos  confrères  députés 
de  la  communauté  a  cet  effect  »  (i). 

On  se  trouvait  donc  fréquemment,  afin  de  trancher 
des  litiges  de  toute  sorte,  dans  le  cas  de  recourir  au  Cou- 
tumier,  complément  nécessaire  des  statuts  capitulaires  et 
de  l'Ordinaire,  et  c'est  ce  qui  explique  la  précaution  que 
l'on  eut  d'en  prendre  des  copies  plus  ou  moins  étendues, 
tantôt  informes,  tantôt  dûment  collationnées.  L'un  de 
ces  extraits,  relatif  au  doyenné  et  à  peu  près  contempo- 
rain de  la  rédaction  primitive,  est  conservé  aux  Archives 
départementales  (2).  Plusieurs  figurent  dans  Y  Inven- 
taire des  titres  portant  la  date  de  1769  (3)  où  est  aussi 
décrit  un  «  ancien  livre  contenant  un  état  des  droits, 
biens  et  revenus  des  dignités,  chanoines,  vicaires  et  cha- 

(1)  Livre  des  délibérations  et  actes  capitulaires  du  monastère  de  Saint-Taurin- 
le^-Evreux  uny  a  la  congrégation  de  Saint-Maur,  du  i"  mars  1642  au 
26  mars  1711.  Arch.  de  l'Eure,  H.  809,  fol.  83,  v°. 

(2)  Arch.  de  l'Eure,  G.  $8,  n.  1.  Au  verso  du  dernier  des  six  feuillets 
est  le  sommaire  analytique  :  «  Dignitas  decanalis  est  major  post  pontifica- 
lem.  Fundationes  ejusdem,  dotaciones,  proventus,  pensiones,  jus  patronatus 
ecclesiarum,  preeminentie  et  cerimonie  chori  ». 

(3)  «  Extrait  d'un  livre  étant  aux  archives,  intitulé  Hunault,  portant  que 
M.  l'evêque,  lorsqu'il  n'officie  pas,  doit  occuper  la  stale  du  côté  droit  la 
plus  proche  du  sanctuaire,  celle  a  côté  restant  vacante.  »  {Inventaire  des 
titres  et  papiers  étant  aux  archives  du  chapitre,  commencé  par  Mrs  de  Lavaur 
et  Bourlet,  chane*,  en  1769,  in-fol.,  pap.,  couv.  parch.,  p.  32,  aux  archives 
de  Févêché). —  «  Dix-sept  dossiers,  contenant  copies  collationnées  d'anciens 
statuts  du  chapitre  et  d'extraits  du  livre  intitulé  Hunault,  concernant  le 
droit  de  vacant  des  prébendes  de  l'église  d'Evreux,  et  consultations  à  ce 
sujet,  des  années  1304,  1307,  1437,  I4S^,  1508,  1662-72,  1707  et  52.  » 
(Ibid.,  p.  227).  —  «  Un  dossier  concernant  la  réception  et  prise  de  posses- 
sion des  dignités  et  prébendes,  qui  est  un  extrait  du  livre  intitulé  Hu- 
nault ».  [Ibid.,  p.  267). 


44 

pelains  de  l'église  d'Evreux,  dressé  par  M.  Hunault, 
chantre,  de  l'ordonnance  du  chapitre,  l'an  1508,  reconnu 
et  paraphé  par  M.  Papavoine  de  Canappeville,  commis- 
saire de  la  cour,  en  1761  »  (1).  La  formule  étant  sem- 
blable à  celle  qui  a  servi  pour  les  cartulaires,  auprès  des- 
quels ce  manuscrit  avait  son  classement,  autoriserait  à 
croire  que  ce  dernier  était  encore  l'original,  ou  du 
moins  une  transcription  presque  aussi  ancienne. 

Qu'est  devenu  cet  exemplaire  authentique  du  Coutumier 
de  Hunaud  ?  Il  y  a  lieu  de  craindre  qu'il  n'ait  péri  avec 
les  nombreux  registres  du  chapitre  dont  M.  Auguste  Le 
Prévost  constatait  la  perte  (2),  et  l'on  pouvait  désespérer 
d'en  recouvrer  jamais  le  texte  complet  quand,  l'année 
dernière,  notre  savant  confrère  et  ami,  M.  le  chanoine 
Porée  m'avisa  de  la  découverte  qu'il  venait  de  faire,  dans 
un  fonds  jusqu'alors  inexploré  des  archives  diocésaines, 
d'une  copie,  exécutée  au  xvne  siècle,  du  document  dont 
nous  avions  plus  d'une  fois  regretté  ensemble  la  dispari- 
tion. Avec  une  extrême  prévenance  et  un  désintéresse- 


(i)  Extrait  d'un  livre  intitulé  Hunault  (Ibid.,  p.  37$). 

(2)  «  Le  28  fructidor  an  V,  l'administration  municipale  d'Evreux  possé- 
dait à  l'évêché,  dont  elle  fut  évincée  par  l'arrivée  du  premier  préfet,  un  dépôt 
de  près  de  6000  liasses  et  registres  du  chapitre  d'Evreux  seulement.  En 
outre  des  cartulaires  heureusement  conservés,  quatre  cartons  contiennent 
aujourd'hui  ce  qui  reste,  et  ce  sont,  pour  la  plupart,  des  papiers  insigni- 
fiants. »  (Monstres  génér.  de  la  noblesse  du  bailliage  d'Evreux  ;  préface,  en 
note.)  —  «  Si  l'incurie  et  l'ignorance  d'une  administration  illettrée  a  laissé 
disperser  ou  pourrir  des  milliers  de  registres  et  de  manuscrits  (plus  de  600 
registres  du  seul  chapitre  d'Evreux),  il  reste  encore,  à  la  disposition  du 
public,  sous  la  protection  d'un  pouvoir  plus  éclairé,  bien  des  documents  à 
consulter.  »  (Notes,  fragments  et  documents  pour  servir  à  l'histoire  de  la  ville 
d'Evreux;  préface.) 


45 

ment  que  je  me  plais  ici  à  reconnaître,  il  m'abandonna 
le  soin  d'en  préparer  l'impression  aussitôt  projetée,  pour 
laquelle  Mgr  l'évêque  d'Evreux  voulut  bien  accorder, 
outre  l'autorisation  la  plus  bienveillante,  toutes  les  faci- 
lités désirables. 

L'écriture  du  manuscrit  est  assez  bonne,  mais  les  fautes 
y  foisonnent,  causées  par  la  négligence,  les  omissions  et 
erreurs  de  lecture  du  scribe  peu  familiarisé  avec  les 
abréviations.  Les  corrections  qui  s'imposaient  et  qu'il 
eût  fallu  à  tout  bout  de  champ  renvoyer  en  note  ont 
été,  pour  simplifier,  mises  entre  crochets.  Indépendam- 
ment des  deux  feuillets  liminaires,  le  cahier  comprend 
cent  trente-six  pages  foliotées  de  deux  en  deux  en  chif- 
fres arabes.  Sa  couverture  est  faite  d'une  double  feuille 
de  parchemin  arrachée  à  un  antiphonaire  noté  de  la  fin 
du  XIIe  siècle.  Sur  le  plat  extérieur,  vers  le  haut,  une 
main  a  tracé,  en  ronde,  le  nom  de  HUNAUD,  sous  le- 
quel le  Coulumier  était  couramment  désigné  (i). 

L'ouvrage  est  divisé  en  deux  sections,  dont  chacune, 
sans  titre  aucun,  commence  par  un  court  préambule; 
run,/«  capilulo  gêner  aliecclesuc  Ebroicensis,  nous  fait  con- 
naître, avec  le  nom  de  l'auteur,  la  date  de  cette  com- 
pilation et  les  motifs  qui  la  lui  firent  entreprendre; 
l'autre,  Quoniam  memoria  hominum  labilis  est,  annonce  et 

(i)  L'habitude  de  donner,  par  abréviation,  à  un  ouvrage  le  nom  de  son 
auteur  était  fort  commune.  On  disait  donc  simplement  «  Langevin  »  en 
parlant  du  Coutumier  de  Bayeux,  «  Fillon  »  quand  il  s'agissait  d'un  Sacra- 
mentaire,  alors  très  répandu,  du  futur  évêque  de  Senlis  :  «  ...  sibi  emant 
tractatum  nuncupatum  Fillon ...  » .  «  ...  ut  quilibet  eorum  habeat  apud 
se  libellum  nuncupatum  Fillon. . .  ».  Statuts  synodaux  de  Bayeux  (13  avril 
1518),  dans  les  Concil.   Rothom.  de  D.  Bessin,  II,  106. 


46 

présente  un  appendice  dont  la  rédaction  était  postérieure 
d'une  année. 

La  première  partie  entre  dans  de  minutieux  détails 
concernant  le  clergé  qui,  réuni  autour  de  l'évêque,  for- 
mait le  «  collège  »  de  la  cathédrale.  Au-dessous  du  chef 
spirituel  du  diocèse,  le  chapitre  comptait  sept  di- 
gnités ou  personnats,  le  haut  doyen,  le  grand  chantre, 
les  trois  archidiacres,  le  trésorier  et  le  pénitencier.  Les 
prébendes  étaient  au  nombre  de  trente-deux,  y  compris 
les  deux  canonicats  devenus  des  annexes  du  doyenné  et 
de  la  chantrerie.  Il  y  avait  ensuite  quatre  vicairies, 
trente-neuf  chapellenies  et  divers  offices,  parmi  lesquels 
on  remarquera,  non  sans  surprise,  celui  de  «  gardien 
de  la  couronne  »,  dont  on  ne  soupçonnait  plus  l'exis- 
tence (i). 

Les  années  qui  suivirent  donnèrent  naissance  à  quatre 
nouvelles  chapelles  :  celles  de  Saint-Gourgon  (15 21)  (2), 
de  Saint-Pierre  de  Gravelles,  ainsi  dite  du  nom  de  son 
fondateur  (3),  «  à  l'autel  des  Saints-Anges  »  (1523),  du 


(1)  Un  fragment  de  comptes  de  dépenses  (Arch.  de  l'Eure,  G.  134),  à 
l'occasion  de  pensions  trimestrielles  payées  par  le  chapitre,  énumère  quelques 
autres  offices  :  «  Custodi  chori  eccleie..  .;  Matriculario  ecclesie  at  mensu- 
ratori  granorum...;  Organiste  ecclesie...;  Notario  capituli...;  Magistro 
puerorum  chori. .  .;  Pro  pensione  prepositi.  . .;  »  etc.  (1460). 

(.3)  Elle  dut  son  origine  à  un  prêtre  nommé  Bertrand  Le  Roy. 

(3)  Pierre  Gravelles,  écuyer,  seigneur  de  Fourneaux  à  cause  de  damoiselle 
Marie  Regnard,  sa  femme,  et  qui  portait  d'azur  au  chevron  d'or  accompagné 
de  3  croissants  d'argent,  avait  été  receveur  des  tailles  à  Evreux.  —  Les  derniers 
travaux  de  restauration  ont  fait  enlever  de  la  chapelle  des  Anges  (la  pre- 
mière des  chapelles  septentrionales  auprès  de  celle  de  «  la  Mère  de  Dieu  ») 
une  statue  de  saint  Pierre  jusque-là  respectée.  Le  cul-de-lampe  polygonal 
qui  la  supportait  était   décoré  d'un  écusson   en  cartouche  chargé  d'une  rose 


47 

Saint-Esprit  «  à  l'autel  Saint-Martin  »  (1538)  (1),  et 
enfin  de  la  Visitation  (2). 

Pour  chacun  des  bénéfices,  le  Coutumier  a  conscien- 
cieusement relaté,  d'après  les  déclarations  écrites  qui  lui 
avaient  été  fournies,  les  droits,  privilèges  et  charges,  le 
montant  de  la  portion  de  revenus  qui  était  distincte  des 
distributions  quotidiennes.  Il  cite  même  le  nom  des  titu- 
laires, nous  offrant  ainsi,  avec  l'organisation  intérieure 
du  chapitre  à  une  des  époques  les  plus  florissantes  de  son 
histoire,  sa  composition  exacte  et  un  rôle  de  tous  les 
ecclésiastiques  qui  en  relevaient  immédiatement.  Le  ta- 
bleau est  complet  et  d'une  précision  qui  le  fera  davantage 
apprécier. 

tigée  etfejtillée  (blason  qui  ne  s'accorde  pas  avec  les  armoiries  ci-dessus  décrites 
et  serait  antérieur  à  l'anoblissement  du  nouveau  seigneur  de  Fourneaux). 
Sur  les  facettes  se  répartissait  une  inscription  en  gothique  minuscule  : 

graveUe       Salva      |  petre    da       mantes    |  ad  te. 

Ce  cul-de-lampe  est  déposé,  avec  d'autres  débris,  dans  le  cloître  de 
l'évêché.  L'impossibilité  où  Ton  est  aujourd'hui  de  situer  la  plupart  des 
chapelles  de  la  cathédrale  et  de  restituer  leurs  vocables  premiers  fait  une 
fois  de  plus  ressortir  les  inconvénients  qu'ont  entraîné  le  déplacement  ou  la 
suppression  des  petits  monuments  qui  les  peuplaient  et  auraient  pu  servir 
de  repères. 

(1)  Fondée  par  le  chanoine  François  Esmangard. 

(2)  Guillaume  Gomont,  par  qui  elle  fut  érigée,  fut  prébende  de  Houet- 
teville  de  1538  à  1542,  année  où  il  mourut.  Ces  dates  détermineront  ap- 
proximativement l'époque  où  la  fondation  fut  faite  dans  la  chapelle  la  plus 
voisine  du  Trésor,  fermée,  sans  doute  à  cette  occasion,  d'une  jolie  grille 
en  bois  sculpté.  —  Les  archives  du  chapitre  gardaient  trace  d'une  chapelle 
Saint-Eloi,  mais  les  titres  et  revenus  en  étaient  perdus.  Quant  aux  biens 
qui  avaient  appartenu  à  une  chapelle  Saint-Louis,  créée  au  début  de  son 
épiscopat  par  Mathieu  des  Essarts,  on  verra  qu'il  en  disposa,  peu  d'années 
après,  pour  former  la  vicairie  du  Mesnil-Jourdain. 


48 

Dans  une  seconde  partie  sont  exposés  l'ordre  suivi  et 
les  règlements  protocolaires  traditionnellement  observés 
pour  les  cérémonies  extraordinaires,  la  réception  des 
évêques  et  leurs  funérailles,  la  visite  de  l'archevêque 
métropolitain  et  la  joyeuse  entrée  du  Roi.  Cette  fois, 
Hunaud  puise  surtout  dans  ses  souvenirs  personnels, 
remontant  à  un  tiers  de  siècle,  et  rappelle  certains  évé- 
nements dans  lesquels  il  eut  à  jouer  un  rôle  actif,  tels 
que  les  obsèques  de  l'évêque  Turpin  de  Crissé  ou  l'entrée 
à  Evreux  du  roi  Charles  VIII.  Quelques  traits  de  son 
caractère  s'y  montrent  avec  beaucoup  de  naturel  et  de 
bonhomie,  comme  dans  la  brièveté  prudemment  con- 
seillée par  lui  à  ceux  qui  devront  porter  la  parole  devant 
les  souverains  et  autres  grands  personnages.  Il  aimait 
à  protester  de  sa  véracité  de  témoin  oculaire  en  em- 
ployant les  termes  mêmes  de  PEvangéliste  (r),  le  saint 
patron  dont  sa  longévité  semblait  renouveler  la  vieillesse 
vénérable.  Nous  ne  savons,  du  reste,  presque  rien  de 
Jean  Hunaud,  en  dehors  de  ce  qu'il  a  pris  soin  de  nous 
apprendre.  Nommé  en  1478  ou  1479  à  la  grande  chan- 
trerie,  où  il  succédait  à  Nicolas  Vipart,  il  en  continua 
les  fonctions  jusqu'à  l'année  1510  et  probablement  un 
peu  au  delà.  l'Inventaire  des  titres  mentionne,  sous  la 
date  de  1507,  un  testament  de  notre  grand  chantre  où 
l'église  cathédrale,  son  ornementation,  la  splendeur  de 
ses  cérémonies  n'étaient  pas  oubliées.  On  lit  en  effet,  au 
Ier  novembre,  dans  YObituaire  :  «  Festum  Commemora- 
tionis  defunctorum  fuit  de  novo  institutum  celebrari  cum 
triplici  solemnitate;  pro  cujus  fundatione  venerabilis  et 

(1)  Cf.  Joan.,  XIX,  35,  et  les  pp.  184  et  196  du  Coutumier. 


49 

discretus  vir  magister  Johanncs  Hunaudi,  cantor  et  ca- 
nonicus  hujus  ecclesie,  dédit  centum  et  viginti  libras 
Tur.  applicatas  ad  opus  fabrice  dicte  ecclesie,  pro  sex 
libris  annui  redditus  per  magistrum  dicte  fabrice  distri- 
buendis  in  dicto  festo  singulis  annis  ;  de  qua  somma  sex 
librarum  Tur.  distribuentur  canonicis  communicariis 
presentibus  in  vesperis,  matutinis  et  missa  centum  solidi 
Tur.  ;  et,  super  viginti  solidis  extantibus,  canonicus 
missam  celebrans  habebit  duos  solidos,  dyaconus  et 
subdyaconus  quilibet  xij  d.,  cantor  et  duo  canonici  cho- 
rales quilibet  xv  d.,  pueri  chori  xx  d.  ;  et  propterea  de- 
cantabitur  offertorium  misse  in  armonia  ;  pulsator  cam- 
panarum  habebit  quinque  solidos  ;  et  residuum  dicte 
somme  erit  pro  suportacione  luminaris.  Qui  quidem 
cantor  dédit  eciam  paramenta  trium  colorum  que  deser- 
viunt  in  festis  triplicibus,  una  cum  cortinis  albis  et  para- 
mento  [  ]  est,  ac  eciam  paramentum 

defunctorum.  Deus  sit  sibi  merces  !  » 

Qu'il  soit  permis  à  l'éditeur  du  Coutumier  d'Evreux 
de  s'approprier  les  réserves  que  l'auteur,  imitant  en 
cela  ses  devanciers,  formulait  à  l'adresse  de  ceux  qui  ou- 
vriraient son  livre  :  «  Si  aliquid  conspexerint  minus 
bene  aratum,  pro  eorum  industria  lima  bonœ  correc- 
tionis  emendent  (i).  » 

(i)  Le  rédacteur  du  Brevis  traclatus  de  consuetudinibus  ecclesia  Baiocensis 
avait  dit  de  même,  longtemps  auparavant  :  «  Hec  autem  omnia  que  dicta 
sunt  superius  scripsi  pro  memoria  in  futurum,  supplicans  omnibus  ut  quod 
deest  suppléant  et  corrigant  quod  viderint  corrigendum.  »  U.  Chevalier, 
op.  cit.,  p.  416. 


ANCIEN  COUTUMIER 

DE  l'église  cathédrale  d'évreux,   vulgairement  appelé 

((    HUN  AU  D    » 

In  capitulo  generali  ecclesiae  Ebroicensis  quod  fuit 
celebratum  in  ociavis  (i)  beatorum  apostolorum  (2)  Pétri 
et  Pauli  anno  Domini  millesimo  quingentesimo  octavo, 
ordinatum  fuit  [quod]  omnes  dignitates,  canonici  prae- 
bendati,  vicarii  et  cappellani  dictae  ecclesiae  traderent  in 
scriptis  declarationes  fructuum,  reddituum  et  proven- 
tuum  suorum  beneficiorum,  scilicet,  dignitatum  praeben- 
darum,  vicariarum  et  capellaniarum,  quae  et  quas  obti- 
nent  in  eadem  ecclesia,  venerabili  viro  magistro  Joanni 
Hunaudi,  cantori  et  canonico  dictae  ecclesiae,  ut  ipse 
cantor,  pro  bono  et  utilitate  dictorum  beneficiorum, 
redigat  dictas  declarationes  in  uno  volumine  seu  libro. 
Qui  quidem  cantor,  ad  laudem  et  gloriam  omnipoteniis 
Dei  et  gloriosae  Virginis  Mariae,  volens  dominis  capitu- 
lantibus  obedire  et  eisdem  complacere,  pro  conservatione 

(1)  Notre  copiste,  après  avoir  d'abord  écrit  octabis,  a  fait  aussitôt 
le  changement.  11  s'est  appliqué,  du  reste,  à  corriger  de  son  mieux 
les  graphies  ordinaires  à  la  période  médiévale  que  présentait  le 
manuscrit  original.  Quelques-unes  ont  cependant  échappé  à  son 
attention. 

(2)  L'extrait  ms.  des  Archives  départementales  omet  apostolorum, 
et,  plus  bas,  quelques  autres  mots  qui  n'étaient  pas  indispensables 
au  sens:  ligne  i5,  eisdem;  p.  52,  ligne  3,  incipiendo;  lignes  4-5, 
habentes  communitatem,  etc.  En  revanche,  il  nous  a  permis,  par 
la  collation  des  deux  textes,  pour  les  deux  courts  passages  des 
pages    5 1-53    et    61-72,    de  réparer  deux    ou    trois  lacunes. 


52 

jurium  dictorum  beneficiorum,  redegit  scripto  tenus  in 
praesenti  libro  seu  volumine  declarationes  hujusmodi 
incipiendo  ab  episcopo  et  deinde  continuando  per  digni- 
tates,  canonicos  praebendatos,  vicarios,  capellanos  ha- 
bentes  communitatem  [capituli],  demum  per  capellanos 
non  participes  dictae  communitatis  et  novissime  per  offi- 
cia, prout  infra  patebit. 

Episcopus  (  i).  —  Dominus  epîscopus  sedet  in  cathedra 
episcopali,  sita  extra  chorum  in  parte  dextra,  quando 
célébrât  in  pontificalibus.  Aliis  vero  diebus,  quando  non 
facit  officium,  habet  stallum  in  choro  ad  suum  benepla- 
citum,  attamen  consuevit  sedere  in  prima  sede  lateris 
dextri  versus  majus  altare,  sed  opportetquod  sit  una  sedes 
vacua  inter  ipsum  et  canonicum  sedentem  in  illa 
parte. 

Item,  praefatus  episcopus,  ex  fundatione  et  dotatione 
sui  episcopatus,  habet  suos  proventus  et  redditus  dis- 
tinctos  a  mensa  capitulari,  et  habet  baronias  suas  apud 
Gondetum,  Illerias,Brovillam  et  Ebroicas  (2),  et,  ad  reci- 

(i)  Transféré  du  siège  d'Angoulême  à  celui  d'Evreux,  Raoul  du 
Fou  gouvernait  alors,  et  depuis  vingt-huit  ans  déjà,  le  diocèse.  Il 
mourut  le  2  février  i5io  (1 5 1 1  n.  s.).  La  tombe  de  cuivre  qui 
recouvrait  ses  restes  laissait  lire  une  longue  épitaphe  où,  entre 
autres  éloges,  on  lui  faisait  honneur  de  la  restauration  de  nombreux 
édifices.  Outre  les  travaux  qui  se  poursuivaient  de  son  temps  à  la 
cathédrale,  la  reconstruction  de  presque  toutes  les  églises  de  la  ville 
et  d'une  notable  partie  de  celles  de  l'Evrecin,  il  était  juste  de  rap- 
peler qu'il  fit  rebâtir  de  fond  en  comble  le  palais  épiscopal.  V.  la 
Notice  archéol.  et  hist.  sur  l'évêché  d'Evreux ,  de  M.  G.-A.  Prévost, 
dans  le  Bulletin  monumental,  LUI,  pp.  463-480  et  522-545. 

(2)  Les  Baux-de-Breteuil  eussent  dû  compter  dans  les  quatre 
baronnies  :  «  Le  revenu  temporel  de  l'evesché  d'Evreux  consiste 
aux  baronnies  de  Condé,  Iliers,  les  Baux  de  Breteuil  et  de  Broville 
qui  ont  toutes  leurs  hautes  justices,  dont  la  dernière  a  son  district 


53 

piendum  rcdditus  et  provenius  suae  temporalitatis,  habet 
suum  receptorem,  seu  plures 

Item,  habet  altam  justitiam  (i)  in  omnibus  suis  baro- 
niis  (2)  ;  habet  pneterea  officiarios  dictœ  temporalitatis, 
seu  baillivum,  vicecomitem,  procuratorem,  graffarium, 
tabelliones  et  cohérentes  (3),  ad  exercitium  suae  jurisdic- 
tionis  temporalis  deputatos. 

Item,  ad  exercitium  jurisdictionis  spiritualis,  habet 
suum  officiaient,  vicarium,  sigilliferum,  promotorem, 
secretarium,  magistrum  deportuum  et  intestatorum,  cle- 
ricum  officii,  apparitores  et  custodes  carcerum  ;  et,  ad 
recipiendum  emolumentum  spiritualitatis,  sigillifer  reci- 
pit  emolumentum  sigilli,  promotor  emendas,  magister 
deportuum  recepit  fructus  deportuum  et  magister  intes- 
tatorum recipit  emolumentum  testatorum  et  intestato- 
rum, secretarius  recepit  procurationes  visitationis. 

Sede  vacante,  capitulum  habet  regimen  spiritualitatis 
et  instituit  officiarios  qui  recipiunt  fructus  spiritualitatis, 
super  quibus  capiunt[ur]  expensae  factœ  ad  persequen- 
dam  electionem  et  affirmationem  futuri  pontificis,  quibus 
deducti[s],  residuum  reservatur  futuro  successori. 

Dicta  sede  vacante,  apta  est  regalia  et  habet  Rex  dispo- 

dans  le  faubourg  de  St  Gilles,  qui  en  relève  à  la  plus  grande 
partie.  »  (Mémorial  hist.  des  évêques,  ville  et  comté  d'Evreux,  p  .5.) 

(1)  Voir,  relativement  à  ces  droits,  le  cartulaire  de  l'évêché 
d'Evreux  (Arch.  de  l'Eure,  G.  6,  nos  3 1 3-3 1 5).  Ces  pièces  ont  été 
répétées  au  premier  cartulaire  du  chapitre  (G.  122,  nos  3^  3^ 
et  3i5  bis). 

(2)  Ici  s'arrête  la  première  partie  de  l'extrait  ms.  des  premières 
années  du  xvr8  siècle  qui  est  conservé  aux  Archives  départemen- 
tales sous  la  cote  G.  58.  L'auteur  de  la  transcription  ajoute  :  «  Resi- 
duum scribitur  in  dicto  volumine  reposito  in  archivis  capituli."  »  Il 
reprend  ensuite  au  chapitre  Decanus  qu'il  reproduit  en  entier. 

(3)  Autres  tabellions  pris  pour  «  adjoints  »  (.'). 


54 

sitionem  temporalitatis  et  recipit  fructus  et  confert  prae- 
bendas  et  dignitates  vacantes  in  regalia  quousque  épis- 
copus  novus  fecerit  hommagium,  dempt[is]  terra  de  Ban- 
nis (i)  Britholii  et  temporali[bus]  de  Bernienville  quac 
non  cadunt  sub  regalia  (2). 

Sequuntur  onera  ad  quœ  tenetur  episcopus  ecclesiœ 
et  capitulo  : 

Per  compositionem  factam  inter  episcopum  et  capitu- 
lum,  débet  summam  ducentarum  triginta  quinquelibra- 
rum,  sex  solidorum,  sex  denariorum,  ut  in  synodo  hye- 
mali  vijxx  x  I.  vj  s.  iij  d.,  et  in  synodo  aestivali  iiijxx  v  1. 
iijd.(3). 

Item,  débet  septem  procurationes,  seu  conreia  (4)  sive 
prandia,  toti  collegio  in  septem  festivitatibus  in  quibus 
débet  faceres[acra]mentum  (5],  videlîcet,  infestis  Nativita- 
tis  Domini,  Resurrectionis,  Penthecostes,  Assumptionis, 
Nativitatis,  Conceptionis  et  Purificationis  Beatae  Mariae. 

(1)  Lisez  :  de  Baucis.  Les  Baux-de-Breteuil,  canton  de  Breteuil 
(Eure).  L'identification  des  paroisses  de  l'ancien  diocèse  d'Evreux, 
dont  le  nom  se  rencontrera  dans  le  Coutumier  étant  d'une  extrême 
facilité,  nous  cesserons  de  nous  en  occuper  dans  les  notes. 

(2)  Une  déclaration  faîte,  en  1400,  par  Guill.  de  Cantiers  ex- 
cepte en  effet  «  les  oblations  de  la  chapelle  Saint  Maur,  séant  au 
manoir  de  Bernienville,  qui  ne  cheent  point  en  regale  ». 

(3)  «  Pour  les  deux  synodes  qui  se  tiennent  à  la  Saint-Luc  et  à 
la  Pentecôte,  deux  cens  trente-cinq  livres  six  sols  neuf  deniers.  » 
Redevances  droitures  et  autres  sujétions  de  Vevêché  d'Evreux 
envers  l'église  et  le  chapitre  du  dit  lieu.  (Inventaire  des  titres  et 
papiers. . .,  etc.,  p.  206;  Archives  diocésaines). 

(4)  «  Le  conrois  est  un  repas  que  l'evesque  offroit  à  son  chapitre, 
avec  une  distribution  d'argent,  comme  marque  de  la  vie  commune 
qui  existoit  autrefois  entre  lui  et  les  chanoines.  »  (Note  de  J.-B. 
Chemin.) 

(5)  Le  copiste  avait  substitué  à  ce  mot  celui  de  sermentum. 


>5 


Antiquitus,  episcopus  dabat  pastum,  seu  prandium,  toti 
collegio,  sed,  temporibus  subsequentibus,  proptcr  absen- 
tiam  episcoporum,  factae  sunt  compositiones  inter  capi- 
tulum  et  episcopos,  quibus  [  \ ]  )  J • 

(D  La  célébration  des  sept  fêtes  épiscopales  et  l'obligation,  pour 
l'évoque,  à  chacune  de  ces  fêtes,  «  de  administrer  et  donner  a  disner 
honorablement,  par  manière  de  procuration,  aux  doyen  et  chapitre, 
aux  chappelains  bénéficiés,  aux  clercs  du  cuer,  au  sonneur  des  cloches 
et  à  tons  les  officiers  et  serviteurs  de  l'église  et  à  l'universtté  d'.eelle  », 
furent  l'occasion  de  contestations  fréquentes  pour  l'apaisement  des- 
quelles l'intervention  du  pape  ou  celle  de  l'autorité  royale  furent  par- 
fois nécessaires.  Les  archives  du  chapitre  en  témoignaient.  V.  Inven- 
taire des  titres,  etc.,  p.  207  :  «  Conrez.  Vingt  dossiers  contenants 
les  titres,  accords,  contrats,  procédures,  sentences  et  arrêts  au  sujet 
des    conrez    dus  par    l'evcque    d'Evreux    au  chapitre  de    la    dite 
église,  des  années  1 35 1-54-7 1-76-79-80-82-Q1.,  l6'4<  l66f)'  I7°4"8° 
et  I?II    _  Acte  en  parchemin,  devant  les  notaires  d'Evreux,  por- 
tant obligation  aux  évoques  d'officier  aux  7  fêtes  solennelles  et  de 
donner  a  dîner  au  dit  chapitre  et  de  s'excuser  lorsqu'ils  ne  peuvent 
officier,  de  l'an  1 375.-  Vidimus  du  vicomte  d'Evreux  d'un  concordat 
fait  par  le  chapitre  avec  son  évoque  au  sujet  des  conrés  et  autres  droits 
du  chapitre  sur  l'eveché,  de  l'an  1 375.  -  Six  dossiers  contenant  copie 
de  bulles  d'Alexandre  III,  vidimus  d'icellcs,  concernant  la  juridiction 
du  chapitre  et    son  droit  de  conrez,   appointement  et  accord  fait  a 
ce  sujet  avec  Martial  rFournier]  et  M.  de  Pericard,  eveques  d'Evreux, 
de  i432,   i523   et  16 14,  etc.  »    Quelques-unes  de  ces  pièces  sub- 
sistent   La  bulle  d'Alexandre  III  (Anagni,   14  ma!)  a  tout  a  la  fois 
été  transcrite  dans  le  cartulaire  de  l'évêché  (Arch.  de  l'Eure,  G.  6, 
no  272,  fol.  102)  et  dans  l'un  de  ceux  du  chapitre  (G.  122,  no  2),  de 
même  qu'une  sentence  arbitrale  de  Rotrou  de  Warwick,  archevêque 
de  Rouen  (G.  6,  no  273,  fol.  102,  et  G.  122,  no  3  ;  s.  d.,  de  1  épis. 
copat  de  Gilles  du  Perche,  1170-1179).  Voir  aussi  un  mandement 
de  Charles  V,  roi  de  Franco  (G.  125,  fol.  3o8  vo),  et  enfin,  dans  un 
autre   cartulaire    du   chapitre  (Archives  diocésaines,  3,  fol.  169  vo 
et  s  )  :  Instrumentum  super  facto  conreii  Nativitatis  béate    Marie 
Virginis,  videlicet,  protestacionis    cujusdam  facte   per  capitulum 
contra  episcopumin  causam  quod  non  inveniretur  absens   ex  causa 
légitima  et  non  captata...  (7  septembre  i39o);   (Ibid.  fol.   17O  ■ 


5« 

Item,  débet  potationem  pro  O  Virgo  virginum  (i), 
viginti  solidos  distribuendos  praesentibus,  videlicet,  cano- 
nicis  xiij  s.  ivd.  et  habituatis  vj  s.  viij  d. 

Item,  débet  potationem  in  Gœna  cum  nebulis  (2),  et 
debei  habere  vinum  album,  claretum  et  vinum  rubeum, 
et  debent  habere  canonici  duplearia  cum  mapis  (3),  ca- 
pellani  debent  habere  mapas  sine  duplearibus,  et  qui- 
libet  canonicus  débet  habere  octo  denarios,  succentor  sex 
denar.,  cappellanus  quatuor  denarios  et  habituatus  duos 
denarios. 

Item,  débet  unam  huram  apri,  in  festo  Innocentium, 
pueris  chori  aut  summam  quinquesolidorum  Tur. 

Item,  débet  clericis  septimanae,  pro  completoriis,  quo- 
libet mense,  quindecim  solidos  Tur. 

Item,  débet  pulsatori  ecclesiae,  pro  pulsatione  ad  vo- 
candos  pœnitentes  (4),  sex  solidos  Tur. 

Appellacio  antiqua  de  conreiis.  ..(11  février  i354,  secundum  morem 
Francie)  (n.  s.  1 355) .  En  dernier  lieu,  cette  «  procuration  »  était 
convertible  en  une  somme  d'argent  :  «  Pour  conrez  des  sept  festes 
solennelles  auxquelles  le  seigneur  eveque  doit  officier,  a  chacun  des 
dits  conrez  vingt  livres  tournois.  »  (Inventaire  des  titres,  etc.,  p.  206.) 

(1)  «  Pour  la  collation  après  compiles  le  jour  qu'il  (l'évêque)  doit 
chanter  le  dernier  O  de  Noël,  cent  sols.  »  (Redevances,  droitures, 
etc.)  Les  intonations  des  O  de  Noël,  ces  antiennes  qui  se  chantent, 
à  Magnificat,  dans  les  jours  qui  précèdent  immédiatement  la  fête, 
se  trouvaient  ainsi  réparties  :  la  dernière,  O  Virgo  virginum,  était 
réservée  à  l'évêque  ;  la  première,  O  sapîentia,  appartenait  au  doyen  ; 
les  autres  étaient  attribuées  aux  dignitaires  et  plus  anciens  cha- 
noines. 

(2)  Des  oublies  ou  «  neules  ». 

(3)  Rapprochés,  comme  en  cette  phrase,  les  deux  termes  doivent 
s'entendre  de  serviettes  et  de  nappes,  duplarium  ayant  parfois  la 
première  des  deux  significations  :  «  Duplarium. . .  interdum  tamen 
non  majorem  mappam  significat  sed  mappulam,  gallice  serviette  ». 
(Du  Gange.) 

(4)  Les  cérémonies  de  l'expulsion,   le   mercredi  des  cendres,  des 


•=1 

Item,  pro  quolibet  sermone  episcopali  :  iij  s.  iv  d. 

Item,  débet  providere  de  luminari  in  festis  triplicibus 
in  magno  candelabro  (  i),  in  cereis  puerorum  omni  die, 
in  quatuor  cereis  situatis  [supra]  pilearia  chori  (2),  juxta 
majus  altare,  et  cereum  paschalem,  et  omnia  oncra  pres- 
cripta  solvuntur  per  sigillil'erum  domini  episcopi. 

Item,  débet  dictus  episcopus  thesaurario  dictae  ecclesiae 
decem  octo  sextaria  bladi  ad  comparandum  oleum  pro 
lampadibus  chori. 

Item,  in  diebus  Paschae,  post  completorium,  débet 
species  (3)  cum  trina  potatione  in  aula  episcopali,  cum 
duplearibus  et  mappis,  sicut  in  Cœna. 

fidèles  qui  subissaient  la  pénitence  publique  et  de  leur  réconcilia- 
tion, le  jeudi  saint,  se  pratiquaient  encore  en  1722  à  la  cathédrale. 
(V.  Le  Brasseur,  Hist.  civile  et  ecclés.  du  comté  d'Evreux, 
pp.  203-204). 

(1)  Aux  jours  solennels  où  il  était  de  règle  d'allumer  les  sept 
cierges  du  grand  candélabre  placé  au  milieu  du  chœur,  l'évêque 
Raoul  de  Gierrey  avait,  en  1220,  fait  ajouter  la  fête  de  l'Annon- 
ciation et  celle  des  saints  Abdon  et  Sennen  dont  l'église  cathédrale 
possédait  les  reliques.  (Arch.  de  l'Eure,  G.  122,  cartulaire  I  du 
chapitre,  no  304,  fol.  87  ro.) 

(2)  Les  quatre  colonnes  de  cuivre  auxquelles  étaient  suspendues 
les  courtines  qui  environnaient  l'autel  du  moyen  âge.  On  voit 
ailleurs  que  ces  colonnettes  étaient,  à  Notre-Dame  d'Evreux,  sur- 
montées de  petites  statuettes  d'anges  céroféraires. 

(3)  Bien  différentes  des  épicesde  cuisine,  les  «  épices  de  chambre  », 
consistant  en  confitures  sèches,  dragées  et  autres  friandises,  se 
servaient  après  le  dîner,  pour  clore  le  dessert,  ou  avec  le  vin.  Les 
comptes  dn  l'archevêché  de  Rouen,  à  défaut  de  ceux  d'Evreux  qui 
ne  nous  ont  pas  été  conservés,  fourniraient  maint  exemple  de  leur 
emploi  en  semblables  redevances.  Je  me  bornerai  à  citer  cet  article 
qui  est  de  i5o8,  l'année  même  où  écrivait  Hunaud  :  «  Le  dit  jour 
(jeudi  saint),  après  la  collacion  faicte  et  leue  en  chapitre,  mon  dit 
seigneur  doibt  aux  chanoines  et  chappellains  de  son  église  vin  claret 
et  vermeil,  oublies  et  espices  de  chambre,  et  fut  livré   par  Michiel 


58 

Item,  débet  cereos  in  festis  sancti  Stephani,  sancti 
Joannis  Evangelistae  et  sanctorum  Innocentium,  et  ac- 
cenduntur  dicti  cerei  durante  servitio,  quo  finito,  resi- 
duum  dictorum  cereorum  débet  restitui  sigillîferodomini 

episcopi. 

Item,  in  festo  Pnrificationis,  débet  cereos  omnibus 
habituatis  chori,  qui  debent  portare  dictos  cereos  accensos 
in  processione,  et  debent  personne  et  canonici  habere  ma- 
joras cereos  ponderis,  cœteri  vero  habituati   minor[i]s 

ponderis  (i). 

Et  est  notandum  quod  illi  qui  faciunt  aliquod  officium 
lucrantur  cereum  qu[e]m  portant  officiando,  alii  vero 
non  officiantes    tenentur  restituere   dictos  cereos  sigil- 

lifero. 

Item,  débet  vinum  pro  celebratione  missarum  ad  mag- 
nam  mensuram  [in  triplicibus]etduplicibus,  aliis  autem 
diebus  ad  parvam  mensuram. 

Sequuntur  cerimoniœ  hactenus  observatœ  quando 
episcopus  célébrât  in  pontificalibus  : 

Episcopus  in  revestiario  se  induit  ornamentis  pontifi- 
calibus et  accedit  ad  suam  cathedram  pontificalem,  qua- 
tuor pueris  chori  prœcedentibus  cum  candelabris  et 
cereis  accensis.  Inchoat  officium  vesperarum  seu  matu- 
tinarum.  Choralis  canonicus  partis  dextrae  débet  episcopo 
tradere  primam  antiphonam,  et  dum  cantatur  hymnus 
vesperarum  et  hymnus  de  laudibus  matutinarum,  cantor 
débet  capere  capam  et  tradere  eidem  episcopo  antipho- 
nam de  Magnificat,  in    vesperis,  et  de  Benedictus,  in 

Flandrin   neuf  livres   d'espices  de  chambre  a  vj   s.  viij  d.  la  livre, 
vallent  :  lx  s.  » 

(i)  Comme  ci-dessus  â  propos  de  nappes  et  de  serviettes,  l'ordre 
des  préséances  était  ici  strictement  observé. 


59 

matutinis;  qua  antiphona  per  episcopum  inchoata  et 
pcr  chorum  cantata,  cantor  incipit  canticum  de  Magni- 
ficat et  de  Benedictus. 

Item,  in  processione,  episcopus  facit  portare  ante  se 
unam  crucem  (i),  et  débet  habere  unum  canonicum  pro 
socio  ultra  suos  capellanos  domesticos  sibi  assistentes  et 
servientes.  Et  débet  habere  très  diaconos  et  très  subdia- 
conos  in  festistriplicibus(2)  ;  ei  est  notandum  quod  capel- 
lanus  cappelke  sancti  Michaelis  de  Vineis  débet  portare 
crucem  coram  episcopo  in  processione,  et  in  omnibus 
triplicibus  débet  portare  dictam  crucem  ante  evangelium, 
etiam  absente  episcopo  (3). 

(,)  Ce  détail  est  en  concordance  avec  un  passage  de  Y  Estât  des 
obsèques  et  funérailles  de  messire  Gabriel  Le  Veneur,  evesque 
d'Evreux  et  chancelier  de  VOrdre  du  Roy  (i574),  ms.  du  grand 
Séminaire,  copie  fort  défectueuse  d'une  relation  que  cite  Le  Bras- 
seur sous  le  titre  de  Manuscrit  des  archives  de  la  cathédrale  : 
„ Un  autre  chappelain  portoit une  croix  de  voirre  cris- 
tallin, ainsi  que  c'estoit  de  coustume  en  procession  devant  le  dit 
sr  deffunct  evesque.  » 

(2)  Dans  un  grand  nombre  de  cathédrales  (Vienne,  Laon,  Reims, 
Paris,  Rouen,  Bayeux,  etc.),  quand  l'évèque  officiait  en  personne 
aux  fêtes  les  plus  solennelles,  notamment  in  die  natali  Domini,  le 
'  diacre  et  le  sous-diacre  qui  l'assistaient,  toujours  pris  parmi  les 
chanoines,  étaient  entourés  chacun  de  deux,  quatre  ou  six  diacres 
et  sous-diacres  non  chanoines  ou  bas-formiers.  Plus  exception- 
nellement, en  quelques  églises,  à  Lyon,  à  Tours  et,  comme  on 
le  verra  plus  loin,  à  Evreux,  ce  privilège  s'étendait  au  doyen  du 
chapitre.  A  Saint-Denis  et  au  Mont-Cassin,  dit  D.  Martène, 
durant  la  procession  et  la  messe  du  jour  de  la  fête  de  Noël  et  de 
l'Assomption,  l'abbé  ou  le  célébrant  qui  le  suppléait  avait  pour 
cortège  sept  diacres  et  sept  sous-diacres.  Il  devait  en  être  de 
même  à  des  cérémonies  extraordinaires.  Lorsque  Charles  VII 
fit  sa  première  entrée  à  Angers  (1424),  l'évèque,  revêtu  des  orne- 
ments pontificaux,  était  accompagné  de  deux  diacres  et  deux  sous- 
diacres.  (Grandet,  Notre-Dame  angevine,  p.  75.) 

(3)  Plusieurs  églises  d'Evreux,  Saint-Denis,   Saint-Pierre,  Saint- 


6o 


Item,  dominus  episcopus,  quando  facit  officium  ad 
quod  tenetur,  débet  cantare  sextum  responsorium  in 
matutinis  cum  duobus  canonicis. 

Item,  dignitates  et  canonici  officiantes  et  servientes  de 
thuribulo  et  tradentes  episcopo  antiphonas  debent  oscu- 
lari  manum  episcopi. 

Item,  quando  episcopus  ambulat  per  chorum,  omnes 
dignitates,  canonici,  vicarii,  cappellani  et  cœterihabituati 
se  debent  assurgere. 

Item,  quando  episcopus  célébrât  missam  in  pontifica- 
libus  in  festis  triplicibus,  omnes  dignitates,  excepto  de- 
cano,  tenentur  assistere  episcopo,  induti  capis  sericeis,  ad 
abluendas  manus.  Tamen,  constat  per  Brève  ecclesia;  (i) 
quod,,  quando  episcopus  célébrât  missam  in  synodis,  de- 


Léger,  Saint-Thomas,  Notre-Dame-de-la-Ronde  et  Saint-Michel-des- 
Vignes,  furent  d'abord  desservies  par  des  vicaires  amovibles,  répu- 
tés membres  de  l'église  cathédrale  où  ils  venaient,  à  certains 
jours,  remplir  des  fonctions  liturgiques.  L'office  auquel  se  trou- 
vaient astreints  les  chapelains  de  Saint-Michel  était  un  reste  de 
l'ancien  état  de  choses,  mais  cessa  complètement  au  xvne  siècle  : 
«  Un  dossier  contenant  actes  capitulaires,  écrits  du  chapitre  et 
pièces  de  procédure  contre  Jean  Damonville,  chapelain  de  Saint- 
Michel  des  Vignes  pour  l'obliger  à  porter  ou  faire  porter,  à  l'évan- 
gile de  la  messe  des  fêtes  triples  de  [l'église]  cathédrale,  une  troi- 
sième croix  que  ledit  chapelain  y  portoit  anciennement,  à  quoi  faire 
le  dit  chapelain  n'a  pu  être  assujetti,  ne  s'etant  trouvé  de  titres,  de 
l'année  1660.  »  (Invent,  des  titres,  etc.    p.  3o3.) 

(1)  Le  Brève  ordinarium  contenait,  avec  le  calendrier,  l'ordre  des 
offices  et  cérémonies  particulières  de  chaque  église.  La  biblio- 
thèque de  Rouen    (ms.  Y,  108)  garde  un  Brève  per  totum   annum 

secundum  usum  Rothomagensem  ;  nous  n'avons  plus  le  Brève 

secundum  usum  Ebroicensem,  mais  sa  composition  différait  peu,  je 
crois,  de  celle  des  recueils  similaires  qui  sont  aujourd'hui  à  la 
bibliothèque  d'Evreux  (ms.  64,  76  et  g5,  xive  et  xve  siècles)  :  Inci- 
pit  Ordo  servicii  ecclesie  Ebroicensis  hactenus  observatus,  etc. 


6i 

canus  débet  assistere  cum  aliis  dignitatibus  ad  abluendas 
manus  (i). 

Item,  dominus  episcopus  confert  pleno  jure  omnes 
dignitaies,  canonicatus  et  prœbendas  ecclesiœ  Ebroi- 
censis,  excepto  decanatu  qui  est  electivus  et  excepta  prae- 
benda  abbatis  Becci  Helluyni. 

Item,  confert  pleno  jure  quatuor  vicarias,  duas  capella- 
niasde  Albavia,  quarum  una  est  annexa  succentori,  al- 
téra tenoristae  seu  alteri  personae  utili  ecclesiae  pro  divino 
cultu.  Bullœ  harum  annexionis  sunt  in  capitulo. 

Item,  sunt  très  praebendœ  fundatae  supra  sigillum  do- 
mini  episcopi,  una  de  centum  quindecim  solidis  Tur. 
quam  [tenet]  magister  Ludovicus  Louvcl,  alia  de  centum 
decem  solidis  quœ  est  annexa  cantoriae,  alia  de  centum 
solidis  quam  tenet  magister  Joannes  Tinctoris,  et 
solvuntur  dictae  pensiones  in  duabus  synodis  me- 
diatim. 

Decanus  (modo  magister  Ambrosius  Le  Veneur)  (2). 
—  Dignitas  decanalis  est  major  dignitas  post  pontifica- 

(1)  D'après  YOrdo  servicii  dont  il  vient  d'être  question,  le  doyen 

partageait  alors  ces  fonctions  avec  les  abbés  présents  :  <«  Si 

episcopus  cantet  missam  (la  messe  synodale),  abbates  qui  présentes 
fuerint  ministrent  ei  aquam  cum  decano,  ad  lavandas  manus.  » 

(2)  Des  fils  de  Philippe  Le  Veneur,  baron  de  Tillières  et,  du  chef 
de  Marie  Blosset,  sa  femme,  seigneur  de  Garrouges,  trois  s'en- 
gagèrent dans  les  ordres  et  furent,  l'un  après  l'autre,  pourvus 
du  doyenné  d'Evreux.  Ambroise  y  succédait,  le  20  juillet 
i5oi,  à  Olivier  de  Pontbriant.  11  fut  chanoine  de  Paris  et  de 
Lisieux,  archidiacre  d'Auge  et  du  Lieuvin.  Elu  évêque  d'Evreux 
par  le  chapitre  en  1 5 1 1,  il  ne  prit  cependant  possession,  en  raison 
de  difficultés  relatives  au  serment  qu'il  devait  prêter  à  l'église 
métropolitaine,  que  le  9  août  i5i3.  11  eut  de  plus  le  doyenné  de 
Lisieux,  après  la  mort  de  son  frère,  les  abbayes  de  Saint-Sever  et 
de  Lyre.  Il  résigna  en   1 53 1    son  évêché   en   faveur   de  son   petit- 


62 

lem  (i),  et  eligitur  decanus  per  capitulum  secundum 
formas  a  jure  introductas  in  titulo  :  De  electionibus. 

Celebrata  electione  decani  et  ipso  installato,  duo  cano- 
nici,  deputati  a  capitulo  cum  litteris  credentiae,  nuncia- 
bunt  episcopo  aut  ejus  vicario  capitulum  elegisse  deca- 
num,  'atque  (2)  exhibitione  decreti  electionis  et  alia 
solemnitate  episcopus  vel  ejus  vicarius  ratificat  dictam 
electionem,  utendo  illis  verbis  :  In  nomine  Patris  et  Filii 
et  Spiritus  sancti.  Amen.  N.,pîacet  nobis  electio  seu 
provisio  de  persona  vestra  in  decanum  Ebroicensem  a 
nostro  Ebroicensi  capitulo  celebrata  et  eam,  quantum 
[in]  nobis  est,  approbamus  (3).  Quo  facto,  decanus  intro- 
nisat[ur]  et  inducitur  in  pocessionem  absque  alia  confir- 

neveu  Gabriel,  tout  en  conservant,  à  cause  de  la  jeunesse  de  celui-ci, 
l'administration  du  diocèse.  Ambroise  mourut  cinq  ans  plus  tard 
au  château  de  Condé  et  fut  inhumé  dans  le  chœur  de  la  cathédrale. 
—  Gabriel,  chanoine  de  Rouen,  doyen  de  Bayeux  et  de  Lisieux, 
abbé  de  Saint-Sever  et  de  Caunes,  prieur  d'ivrande  et  du  Plessis- 
Grimoult,  aurait  été,  dit-on,  doyen  d'Evreux  à  une  époque  mal 
déterminée  ;  il  décéda  en  i523  dans  son  prieuré  du  Plessis.  —  Jean 
Le  Veneur,  évêque  de  Lisieux,  grand  aumônier  de  France,  cardinal 
en  i533,  eut  aussi,  de  i5i2  jusqu'à  l'année  1 535  où  il  résigna  en 
faveur  de  Jaeques  d'Annebaut,  le  titre  de  doyen  commendataire 
d'Evreux. 

(1)  V.  dans  les  Opuscules  et  mélanges  histor.,  de  Bonnin,  p.  5y, 
la  note  concernant  le  doyen.  Elle  y  est  réimprimée  d'après  le  Calen- 
drier historique  de  1749,  édité  par  Durand  qui,  lui-même,  l'avait 
puisée  dans  V Abrégé  historique  de  la  ville  d'Evreux,  opuscule 
inédit  dont  l'auteur,  Jean  Lescalier,  chapelain  de  la  confrérie  de 
l'Assomption,  à  Verneuil,  l'un  des  hauts  vicaires  de  la  cathédrale 
d'Evreux  vers  17 12,  promoteur  de  l'évêque  et  qui  vécut  jusqu'en 
1738,  était  né  sur  la  paroisse  Saint-Thomas  d'Evreux. 

(2)  Var.  :  et  absque,  qui  est  la  vraie  leçon. 

(3)  A  cette  formule  officielle,  l'évêque  ajoutait  parfois  des  paroles 
d'éloges  pour  le  doyen  nouvellement  installé  et  de  félicitations 
adressées  au  chapitre. 


63 

matione,  et  ista  forma  continetur  in  quo[d]am  carta[r]io 

capituli  (i). 

Decanus  habet  primum  stallum  in  choro,  in  parte 
dextra  chori,  juxta  ingressum  sub  pulpito  (2),  et  sedet  in 
dicta  sede  in  festis  triplicibus,  sive  faciat  officium,  sive 
non.  Aliis  autem  diebus,  sedet  ubi  sibi  placet  in  dextra 
parte  chori. 

Sequuntur  fundationes,  dotationes,  prœ[e]minéntiœ 
et  proventus  decanatus  : 

Decanus  habet,  in  villa  Ebroicensi,  feodum  nobile 
Spiritus  Sancti,  habet  que  jurisdictionem  temporalem  et 
altam  justitiam  in  eodem  feodo,  ad  quam  exercendam 
habet  senescalum  clientem. 

Et  ad  causam  dicti  feodi  habet  redditus  infra  scriptos  : 

Super  domum  [ad]  intersign[um]  Floris  Lilii,  in  festis 
Sancti  Remigii,  NatalisDomini,  Paschaeet  Beati  Joannis 
Baptistae  :  vij  1.  xiiij  s. 

(1)  Le  cartulaire  I  (Arch.  départ.,  G.  122),  n°  388,  fol.  127  r», 
nous  a  conservé  le  texte  d'un  accord,  du  26  mai  1290,  entre  Nicolas 
d'Auteuil  et  le  chapitre  au  sujet  des  élections  décanales.  La  mort  du 
doyen  Guillaume  de  Porpinché  venait  de  donner  lieu  à  une  contesta- 
tion assez  vive  «  qui  fut  accomodée  de  cette  manière  qui  est  demeurée 
fixe  à  l'avenir  :  qu'immédiatement  après  l'élection  d'un  doyen  deux 
chanoines  seroient  députés  du  corps  du  chapitre,  qui  nommeroient 
a  l'evesque  celuy  qu'ils  auroient  esleu,  affin  de  prendre  de  leur 
pasteur  la  confirmation  de  leur  élection  et,  de  la  part  du  doyen 
esleu,  sa  bénédiction  ».  (Le  Batelier  d'Aviron,  Mémorial  hist. 
des  évêques,  ville  et  comté  d'Evreux,  p.  89.)  Le  Brasseur,  qui 
emprunte  à  son  devancier  ce  passage  presque  entier,  en  a  défiguré, 
pour  les  avoir  mal  lues,  les  premières  lignes,  puisqu'il  fait  de 
Porpinché  un  chanoine  ayant  mandat  de  l'évêque  pour  former  oppo- 
sition. Cf.  Histoire  civile  et  ecclésiastique  du  comté  d'Evreux, 
p.  2o5. 
(2)  Le  jubé. 


64 

Super  domum  [ad]  intersign[um]  Bracchii  Aurei,  in 
terminis  Sancti  Remigii  et  Paschae  mediatim  :  vj  1. 

Super  domum  [ad]  intersignfum]  Equi  Rubei,  in  ter- 
minis seu  festivitatibus  Sancti  Remigii,  Natalis  Domini, 
Paschae  et  Nativitatis  beati  Joannis  Baptistae  :  vj  1.  xvij  s. 

Item,  super  domum  Joannis  Le  Monnier  facientem 
cugnum  buccii  (i)  seu  compiti  Mouletarum  (2),  ad  festa 
Sancti  Remigii  et  Paschai  :  viij  1.  ix  s. 

Item,  super  domum  haeredum  Golini  Le  Monnier,  ad 
dicta  festa  sancti  Remigii  et  Paschae  :  c  s.  [P.], 

Item,  super  domum  haeredum  defuncti  Thomae  Les- 
pringuet  (3),  sitam  in  dicto  feodo,  ad  festa  Nativitatum 
Domini  et  beati  Joannes  Baptistae  :  xxv  s.  |T.]. 

Item,  super  domum  Johannis  Le  Vavasseur,  sitam  in 
dicto  feodo,  ad  dicta  festa  :  lx  s.  (4). 

(1)  Four  buci,  bucùs  étant  pris  dans  le  sens  d'entrée.  Peut-être 
encore  le  texte  original  portait-il  vici. 

(2)  «  Grand  Carrefour.  C'etoit  le  lieu  où  l'on  vendoit  autrefois  le 
poisson,  la  viande  ou  le  blé,  et  il  s'etendoit  depuis  le  poste  Ferré 
jusqu'à  la  Porte  Peinte  ;  la  rue  du  côté  du  midi  s'appeloit  la  rue 
du  Carrefour-aux-Moulettes,  et  celle  du  côté  du  septentrion,  la  rue 
aux  Bouchers.  »  Pour  la  situation  relative  des  rues  de  la  ville,  nous 
renverrons,  une  fois  pour  toutes,  aux  Opuscules  et  mélanges 
histor.,  de  Bonnin,  p.  5o-56. 

(3)  Cette  famille  posséda,  au  Tremblay  et  à  la  Trinité,  les  fiefs 
ou  portions  de  fiefs  de  Lespringuet,  le  fief  au  Verrier,  le  fief  d'Omon- 
ville  et  celui  d'Argences,  à  Evreux.  Thomas  Lespringuet,  ver- 
dier  de  la  forêt  d'Evreux  en  1434,  était,  selon  certaines  généalogies, 
sieur  d'Epreville.  Par  sa  fille  Catherine,  mariée  à  Jean  Postel  des 
Minières,  avocat  du  Roi  au  bailliage  d'Evreux,  il  fut  l'aïeul  et  bisaïeul 
des  deux  chanoines  Guillaume  et  Jacques  Postel,  dont  il  va  être 
parlé  ci-après. 

(4)  Extr.  des  Archives,  G.  58.  Cet  alinéa  avait  été  omis  par  notre 
copiste. 


65 

Item,  super  domum  Joannis  Hagorel  ( i  )  et  suas  uxoris, 
siîam  in  parrochia  Sancti  Nicolai  Ebroicensis,  vita  comité 
[eorum]  et  eorum  filii  et  primi  h[aere]dis  succedentis 
ex  dictis  marhatis,  ad  festa  praedicta  :  vj  s.  ij  d. 

Item,  super  Joannem  Dehors  et  Guillelmum  Hilard(2), 
parrochiae  de  Morainvilla  juxta  Damvillam,  pro  centum 
acris  terra?  situatis  in  parrochia  Sancti  Martini  de  Boes- 
seio,  ad  festa  Nativitatis  Domini  et  Penthecostes,  lxx  s., 
ut  patet  per  litteras  obligatorias  coram  tabellionibus  Régis 
passatas  [de]  dat[a]  anni  Domini  millesimi  quadringente- 
simi  septuagesimi  quarti  et  dici  xj  mensis  junii,  ideo 
hic  :  lxx  s. 

Item,  super  dominium  vicecomitatus  Ebroicensis,  ad 
causam  decimarum  stallorum  carnificum  Ebroicen- 
sium  (3),  ad  fesium  Omnium  Sanctorum  :  lxxv  s. 

Pension  es  : 

Super  fructibus,  obligationibus  et  emolumenlis  eccle- 
siae  parrochialis  Sancti  Pétri  Ebroicensis  xxx  1.  Tur., 
una  cum  decem  libris  cerae  in  duabus  synodis  Ebroicen- 
sibus,  ideo  :  |xxxj  1.  ;  item,  decem  libris  cerae  (4). 

Item,  super  fructibus  et  obligationibus  ecclesiae  parro- 
chialis Sancti  Leodegarii  Ebroicensis,  triginta  libras 
annuae  pensionis,  ut  constat  per  recognitionem  domini 
Pétri  Chefdeville,  curati  dictae  ecclesia3,  factam  coram 
domino  Joanne  Alespée,  presbytero,  notario  curiae 
Ebroicensis  (5),  d| ej  data  anni   Domini  millesimi  quin- 

(1)  Var.  :  Ragorel. 

(2)  Var.  :  Yllart. 

(3)  V.  Archives  de  l'Eure,  G.  122,  cartulaire  I  du  chapitre,  n°s  84 
et  85. 

(4)  Ces  quatre  mots  forment  doublon. 

(5)  V.  J.  Alespée,  chapelain  de  la  chapelle  Sainte-Anne,  première 

portion,  p.  i36. 

5 


66 


gentesimi  secundi  et  diei  xja  mensis  februarii;  ideo 
hic  :  xxx  I.  [T]. 

Item,  super  fructibus,  oblationibus  et  emolumentis 
parrochialis  ecclesiae  Sancti  Martini  de  Aprileio  (i), 
decem  libras  solvendas  ad  duas  synodos,  modo  nihil. 

Item,  super  Michaelem  Doreloç  (2),  de  Boessio  (3), 
duodecim  solidos  ex  acquisitione  defuncti  magistri  Pétri 
Dougier  (4),  decani  Ebroicensis,  modo  nihil. 

Item,  super  decanum  ruralem  de  Vernolio,  ix  s.  ad 
synodum  aestivalem,  modo  nihil  (5). 

Item,  super  Micheletum  Parisy,  ratione  unius  horti 
situati  ante  portam  Nostrae  Dominas,  ix  s.  ad  festum  Na- 
tivitatis  beati  Joannis  Baptistae,  modo  nihil. 

Item,  dominus  decanus  habet  domum  decanalem  una 
cum  horto  et  atrio  de  uno  butto  jungentibus  mûris  villas, 
de  alio  butto  vico  versus  ecclesiam,  de  uno  latere  horto 

(1)  «  La  chanoinie  et  prébende  d'Avrilly  fut  unie  au  doyenné 
par  Benoît  XIII  en  1370  (sic).  »  (Abrégé  hist.)  L'erreur  a  été  servile- 
ment reproduite  par  Durand  dans  le  Calendrier  hist.  de  1749. 
V.  Bonin,  Opusc.  et  mél.,  p.  5y,  notes. 

(2)  Var.  :  Dorenloe. 

(3)  Var.  :  Boesseyo. 

(4)  Var.  :  Dogier  oud'Ogier,  de  Ogero  :  «  Obiit  IV  idus  maii.  Jacet 
infra  introitum  capelle  B.  Mariae.  »  (Gall.  christ.,  XI,  623.)  Pierre 
d'Ogier,  doyen  du  chapitre  d'Evreux,  licencié  in  utroque  jure,  cha- 
noine de  Paris  et  conseiller  au  parlement  de  cette  ville,  assistait, 
en  14 14,  au  concile  de  Paris.  Le  Brasseur  a,  d'après  le  Thésaurus 
nov.  anecdot.,  de  Martène,  inséré  dans  ses  Actes  et  preuves,  p.  114- 
116,  un  instrumentum  publicum  adressé  par  cette  assemblée  au 
clergé  de  la  province  ecclésiastique  de  Rouen  touchant  les  députés 
qui  devaient  être  envoyés  au  concile  de  Constance,  où  il  est  appelé 
P.  de  Ogeix. 

(5)  Ces  deux  mots,  qui  ne  se  trouvent  pas  dans  l'extrait  des 
Archives  départementales,  sont  une  addition  postérieure  à  la  pre- 
mière rédaction. 


67 

domini  cpiscopi  et  de  alio  latere  domui  de  Becco,  quam 
domum  venerabilis  vir  magister  Ambrosius  Le  Veneur, 
decanus,  reparari  scu  aedificari  fecit  opère  magni- 
fiée» (  i  ) . 

Et  tenetur  decanus   solvere  capitulo,   in  festo  Sancti 

(i)  Commencé  aux  premiers  jours  de  juillet  1507,  le  portail  du 
doyenné  n'eut  son  entier  achèvement  qu'à  la  fin  de  l'année  i5io. 
«  Il  fut  détruit  en  1774,  à  la  demande  du  doyen  qui  trouvait  que 
cet  édifice  de  pure  décoration  était  d'un  entretien  dispendieux 
(A.  Chassant).  »  A  défaut  d'une  «  veue  »  comme  celle  qu'aurait  su 
crayonner  Israël  Silvestre,  l'imagination  peut  seule  se  représenter, 
sous  ses  hautes  toitures  revêtues  d'ardoise  et  de  plombs  ouvragés, 
ce  pavillon  d'entrée  flanqué,  au  dedans  de  la  cour,  d'une  coquette 
tour  d'escalier  et,  sur  sa  face  extérieure,  de  tourelles  jumelles  dont 
les  combles  coniques  se  paraient,  comme  d'une  gorgerette,  de  la 
dentelle  de  pierre  des  balustrades.  Avec  le  talent  d'observation  qui 
lui  est  habituel,  M.  Louis  Régnier  a  parfaitement  caractérisé  ce  genre 

particulier  d'édifices  :  «  C'est un  pavillon,  une  construction 

plus  élevée  que  les  autres,  d'ailleurs  dépourvue  de  tout  caractère 
défensif  sérieux,  mais  dont  la  silhouette,  intentionnellement  pitto- 
resque, revêt  d'une  sorte  de  grandeur  l'ensemble  le  moins  attrayant. 
Tantôt,  comme  au  château  d'O,  ce  pavillon  est  tout  voisin  de  l'en- 
trée, tantôt  et  plus  souvent  encore,  comme  à  Alaincourt,  à  Valencay, 
à  Saint-Agil,  à  Carrouges,  c'est  le  pavillon  lui-même  qui  sert  d'en- 
trée     L'effet  produit  était   toujours    si  heureux,  cette  donnée 

était  devenue  en  quelque  sorte  si  nécessaire,  qu'elle  traversa  tout 
le  xvie  presque  sans  modifications,  au  point  qu'on  la  retrouve  tou- 
jours la  même  jusque  sous  le  règne  de  Louis  XIII,  témoin  les 
entrées  des  châteaux  de  Bonnemare,  de  Saint-Denis-le-Ferment,  de 
Saint-Manvieu  et  d'Outrelaize  (Calvados),  et  celles,  malheureuse- 
ment détruites,  des  châteaux  de  Main  ne  vil  le  (Eure)  et  de  Buhy 
(Seine-et-Oise).  »  (Notice  archéol.  sur  la  comm.  de  Parnes,  dans 
les  Mém.  de  la  Société  académ.  de  VOise,  t.  XIX,  2e  partie  (1905). 
On  sait  qu'Ambroise  Le  Veneur  fit  également  reconstruire,  à  Condé, , 
le  château  des  évêques  d'Evreux  et,  à  Lisieux,  la  maison  du  doyenné. 
V.  Gall.  christ.,  XI,  609  et  81 1. 


68 

Remigii,  centum  solidos  pensionis  (i),  i[t]em,  decem 
solidos  pro  quadam  portione  cujusdam  terrulae  eidem 
decano  traditœ  per  abbatem  de  Becco  ad  augendam  do- 
mum  decanalem  (2),  de  qua  summa  x  solidorum  [T.] 
capitulum  capit  quinque  solidos  et  abbas  quinque 
solidos. 

Sequuntur  jura  prœbendœ  annexa?  decanatui  : 

Dominus  decanus  percipit  in  parrochia  de  Aprileo  (3) 
medietatem  decimarum  grossarum  ejusdem  parrochia?, 
alteram  vero  medietatem  abbas  et  conventus  Sancti  Tau- 
rini  percipiunt. 

Item,  percipit  et  capit  medietatem  decimarum  tam 
grenorum  quam  vinorum  de  Irvilla  (4)  et  capitulum 
aliam  medietatem. 

Item,  capit  in  parrochia  de  Boesseio,  in  quodam  trie- 
gio  nuncupato  [  (5)],  grossas  décimas,  et 

est  communicarius  capituli  ratione  praedendae  annexa?. 

Jus  patronatus  ecclesiarum  : 

Patronatus  ecclesia?  Sancti  Pétri  Ebroicensis  et  unius 
cappella?  in  dicta  ecclesia  fundatae  [         (6)]. 

(1)  La  rente  dont  il  s'agit  provenait,  du  moins  en  partie,  de  la 
convention  passée  le  3  février  1284  entre  Guillaume  de  Porpinché 
et  le  chapitre  cathédral  relativement  aux  réparations  de  la  maison 
(manerium)  affectée  au  logement  du  doyen  et  à  la  fondation  d'un 
anniversaire  qui,  par  la  suite,  fut  inscrit  dans  l'obituaire  à  la  date 
du  11  janvier.  (Arch.de  l'Eure,  G.  122,  n«  3go,  fol.  128  v«.) 

(2)  La  transaction  est  en  date  du  10  juillet  1504. 

(3)  Var.  :  Apnleyo.  La  prébende  d'Avrilly  avait  été  fondée  par  le 
comte  d'Evreux,  Simon  de  Montfort,  au  xne  siècle. 

(4)  Var.  :  Irevilla. 

(5)  «  Le  fief  du  Rosnez.  »>  Ces  quatre  mots  ont  été  suppléés  d"une 
autre  écriture  dans  le  ms.  des  Archives  départementales. 

(6)  «  Nuncupatae  Omnium  Sanctorum  ».  (Ibid.) 


69 

Patronatus  ecclesi*  (  i)  Sancti  Leodegarii  Ebroicensis. 
Patronatus   ecclesi*    parrochialis   Sancti    Martini   de 
Aprile[y]o. 

Cerimonice  chori  : 

Dominas  decanus,  quando  facit  officium  in  triplicibus, 
se  induit  in  revestiario  cappa  honesta  et  accedit  ad  chorum 
cum  suo  capellano  induto  cappa  sericea,  duobus  puens 
prœcedentibus  cum  candelabris  et  cereis  accensis,  et  débet 
sedere  dictus  decanus  in  sua  cathedra,  dicto  suo  capellano 
et  dictis  duobus  pueris  assistentibus  durante  servitio. 

Item,  dictus  dominus  decanus  débet  habere  très  dia- 
conos  et  subdiaconos  (2). 

(1)  «  Parochialis  ».  (Ibid.) 

(2)  Le  second  cartulaire  du  Chapitre  (Arch   dép.,  G.  ia3,  no  473, 
fol    197  vo)  nous  a  conservé,  sous  la  rubrique   Quid  debeatur  de- 
cano et  quomodo  possit,  cum  \sibi]  placet,  in  fcstis  solemnibus,  épis- 
copo  absente,  divinum  celebrare  officium,  une  délibération  capitu- 
lais qui  se  retrouve  également  à  la  Bibl.  nat.  (lat.,  nouv.  acq.,  296) 
avec  le  titre  De  dignitatibus   decani  et  cantoris  et  mérite  d'obte- 
nir   place    ici   :   «   Anno  gracie    millésime   ce   xv°,  episcopo   pro- 
fecto  ad  concilium   domini  pape,  in  festo  Omnium  Sanctorum,  cum 
pararetur  sedes  decani  ad   cantandas  vesperas  et  ad  celebrandum 
officium,   cantor,    qui    tune   erat   ebdomadarius,  movit  super   hoc 
questionem,  dicens  decano  non  debere  intromittere  se  de  septimana 
sua,   nisi  ipse  ei  forte  offerret,  et  dixit  etiam  murmur  esse  eo  quod 
decanus  cantabat  cum  tribus  dyaconis  et  tribus  subdyaconis,  sicut 
et  episcopus,  et  quod  tapetum  haberet  ante  altare  sub  pedibussuis. 
In  crastino  festi,  preposita  ista  questione  a  cantore,  respondit  de- 
canus quod  electus  fuerat  a  capitulo  in  decanum  et  quod  invenerat 
istas  observationes  in  decanatu  observatas  a  bone  memorie  Rotroudo 
decano  qui  fuerat  sacerdos,  et  in  tempore  suo  jam  observaverat  a 
tempore  electionis  sue  usque  ad  hune  diem,   neque  aliquid  nomine 
constituere  volebat  nec  constituerai,  quod   sciret,   quedam   tamen 
remiserai,   et  si   capitulum  volebat   quod  ipse  observationes  istas 
teneret,  paratus  erat,  si  autem  capitulum  vellet   aliter  ordinare  et 
prefi[n]gere   formam  qua  decanus  se   gerere  deberet,  paratus  erat 


7o 

Item,  quando  decanus  transit  per  chorum,  omnes  de 
inferioribus  sedibus  debent  se  assurgere. 

Item,  dominus  decanus  débet  ire  ad  offertorium  primus 
ante  omnes  officiantes. 

Item,  diaconus  débet  portare  pacem  decano  existenfti] 
in  choro,  omnibus  diebus  festis  tam  simplicibus,  dupli- 


sustinere  patienter.  Et  ita  compromiserunt  decanus  et  cantor  in 
capitulum  et  in  alios  clericos  chori  si  qui  memores  essent  rerum 
gestarum  ab  antiquo,  et  ita  factum  est  ;  et,  qua  habita  collatione  in 
capitulo  cum  illis  qui  hujus  rei  memores  erant,  tam  canonicis  quam 
clericis  de  choro,  recordati  sunt  unanimiter  quod  episcopus,  in  illis 
solempnitatibus  in  quibus  est  mota  et  candelabrum,  débet  celebrare 
servicium  ecclesie  si  presens  fuerit,  si  non,  decanus  débet  hoc  facere. 
Ebdomadarius  presbyter  débet  scire  a  decano  si  ipse  velit  et  possit 
agere  omcium  quod  suum  est  ;  sin  autem,  ipse  agat,  scilicet,  ebdomada- 
rius. Verumtamen,  si  aliquapersona, sicut  cantor, sicut  archidiaconus, 
sit  in  choro  que  sit  sacerdos,  ebdomadarius,  si  voluerit,  offerret  ei 
propter  solempnitatem  festi  et  honorem  ecclesie  quod  peragat  festum 
si  velit  et  possit,  sed  nullo  jure  potest  aliqua  persona,  prêter  decanum, 
exigere  ut  agat  servitium.  Ita  viderunt  a  tempore  Rotrodi  decani. 
Viderunt  eciam  quod  decanus  in  capa  de  serico  incipiebat  vesperas 
et  in  stallo  suo  et  dicebat  capitulum  et  orationes,  capellano  suo 
tenente  lîbrum.  De  tribus  diaconis  et  subdiaconis  qui  erant  in  missa 
quando  decanus  cantabat,  et  quod  altare  ornatum  erat  omnibus  orna- 
mentis  ante  et  rétro  ac  si  episcopus  cantaret,  certissime  memores 
sunt.  Dicunt  eciam  una  voce  quod  cantor  nullam  habet  dignitatem  in 
choro  plus  quam  unus  de  concanonicis  suis,  excepto  quod  mittit 
clericos  in  choro  per  manum  suam  vel  per  manum  cujuscumque 
voluerit,  et  quod  clerici  de  minori  forma  assurgunt  ei  transseunti 
per  chorum.  Et  hec,  sicut  scriptum  est,  cantori  dixerunt  ».  Conf. 
Ordo  servicii  ecclesie  Ebroicensis  (Bibl.  d'Evreux,  ms.  64,  fol.  3i5)  : 
«  Si  episcopus  missam  celebret,  habeat  secum  iij  diaconos,  quorum 
unus  sit  canonicus  et  sit  in  medio,  similiter  très  subdiaconos, 
quorum  unus  sit  canonicus  et  in  medio  illorum,  adjuncto  dicto 
episcopo  socio  cum  capellano  suo  in  capis  sericis  ;  eodem  modo  si 
decanus  celebret,  sed  sine  socio  ». 


7i 

cibusquam  triplicibus,  priusquam  aliquis  alius  osculetur 
pacem. 

Item,  presbyter  faciens  officium,  videlicet,  hebdoma- 
darius,  et  alius  canonicus  servientes  ad  thuribulum 
debent,  in  triplicibus,  incensare  decanum  existentem  in 
sua  sede  ;  aliis  autem  diebus,  solus  presbiter  faciens  offi- 
cium incensare  seu  thurificare  débet  dictum  decanum, 
etiam  episcopo  présente,  qui  episcopus  in  omnibus  ceri- 
moniis  est  sibi  praeferendus. 

Item,  constat  per  Brève  ecclesiae  quod,  in  absentia 
episcopi,  decanus  débet  celebrare  missas  synodales  fi). 

Sequitur  dominium  nonfeodatum  : 

Duœ  acrae  prati  et  ultra  in  duabus  aut  tribus  peciis 
situatis  in  parrochia  de  Berengevilla  in  Riparia. 

Item,  una  pecia  prati,  continens  [ij  acres  (?)],  situati 
in  Rocheta  juxta  alium  pratum  quod  magister  Johannes 
Hunaud  (2),  cantor,  accepit  ad  firmam  a  capitulo,  jun- 
gens  de  uno  latere  ripariœ  Ytonis  (3). 

Et  est  notandum  quod  dignitates  non  tenentur  solvere 
vacantem  seu  deportum  (4)  capitulo  ratione  dignitatum 
sed  dumtaxat  ratione  prœbendarum  annexarum  dignita- 
tibus,  et  est  in  optione  capituli  eligere  taxam  vacantis 


(1)  «  ....  Et  intérim,  dum  cantatur,  preparentur  episcopus  ve 
decanus,  cum  diacono  et  subdiacono  canonicis,  ad  missam  syno- 
dalem  celebrandam,  et  habeant  vestimenta  rubei  coloris  cum  albis 
paratis...  »  (Ibid.,  ms.  g5,  fol.  83). 

(2)  Var.  :  Joannes  Hunauldi. 

(3)  Var.  :  ripparie  Itonis. 

(4)  «  Vacants  ou  déports  des  prébendes,  consistant  en  la  jouissance 
par  le  Chapitre  de  la  première  année  du  revenu  desdites  prébendes, 
lorsqu'elles  vaquent  par  mort,  démission  ou  permutation.  »  (Inven- 
taire des  titres,  etc.,  p.  227.) 


72 

praebendae  vel  ultra  taxam  (i),  et  communiter  eligit 
pinguius. 

Item,  est  notandum  quod  capitulum  capit  vacantem, 
sub  dicta  optione,  omnium  praebendarum  quocumque 
modo  vacant,  et  ideo,  in  declaratione  cujuslibet  prae- 
bendae, scribitur  summa  taxae  reductae  et  decimae  reductae. 

Et  est  decanatus,  ratîone  praebendae  annexae,  de  taxa 
reducta  ad  :  lxxv  1.  t. 

Et  de  décima  reducta  ad  :  vij  1.  x  s. 

Gantor  (modo  Joannes  Hunaud).  —  Gantoria  est 
dignitas  in  ecclesia  Ebroicensi  quae  sequitur  immédiate 
decanum  in  ordine,  et,  dum  cantor  facit  officium  in  festis 
triplicibus,  sedet  in  prima  sede  sinistri  lateris  sub  pul- 
pito.  Aliis  autem  diebus  capit  sedem  in  dicto  latere  ad 
suum  beneplacitum. 

Eidem  dignitati  est  annexa  una  praebenda  habens 
suum  grossum  de  summa  centum  decem  solidorum  Tur. 
supra  sigillum  curiae  episcopalis  Ebroicensis  solvendorum 
in  duabus  synodis. 

Item,  cantor,  ratione  praebendae  annexae,  est  communi- 
carius  capituli,  capax  omnium  distributionum  ecclesiae, 
sicut  cœteri  canonici  communicarii,  et,  ratione  dignitatis 


(i)  En  affermant,  dans  chaque  cas  particulier,  l'exercice  de  ce 
droit,  le  chapitre  pouvait,  à  son  choix,  ou  s'en  tenir  à  un  prix 
tarifé  (taxam),  ou  réclamer  la  somme  à  laquelle  le  déport  avait  été 
enchéri  lorsque  cette  somme  dépassait  la  taxe  fixe  [ultra  taxam). 
Ces  expressions,  pour  être  comprises,  avaient  déjà,  aux  xvne  et 
xvme  siècles,  besoin  d'un  commentaire  :  «  Deux  anciens  tableaux 
contenant  les  noms  des  dignités  et  prébendes  qui  sont  du  côté  droit 
et  de  celles  qui  sont  du  côté  gauche  et  l'explication  des  termes  de 
taxe  et  de  taxe  réduite  dont  on  se  servoit  autrefois  pour  régler  les 
vacants,  de  l'an  1598.  »  (Ibid.,  p.  267). 


73 

cui  praebenda  est  annexa,  habet  secundum  locum  in 
capitule 

Ad  cantorem,  ratione  dignitatis,  spectant  proventus 
subséquentes,  videlicet,  una  domussita  in  civitate  Ebroi- 
censi  quam  defunctus  magister  Nicolaus  Vipart, 
cantor  (i),  incepit  aedificare,  sed  magister  Joannes 
Hunauld,  cantor  modernus,  dictam  domum  perfecit  et 
augmentavit,  faciendo  de  novo  aedificia  satis  magnifica  (2), 
et  habet  hortum  spaciosum,  debetque  cantor  communie 
capituli,  pro  dicto  domo,  quinque  solidos  Tur.  annui 
redditus. 

Item,  décima  du  Valesme,  in  parrochia  Sancti  iEgidii 
Ebroicensis  sita,  quae  valet,  communibus  annis,  viginti 
sex  libras  Tur.,  et  percipit  cantor  grossas  décimas  et 
virides  tam  granorum  quam  leguminum  quam  etiam 
fructuum,  arborum  et  fœni  in  dicta  parrochia  Sancti 
JEgidiî  consistentium,  nemine  contradicente. 

Item,  cantor  percipit  decem  libras  Tur.  annuatim 
super  thesaurarium  ecclesioc  Ebroicensis,  sicut  Octo 
Ganonici  antiquae  fundationis,  in  festo  Resurrectionis 
Dominicae. 

Item,  percipit  viginti  solidos  Tur.  super  truncos 
ecclesiae,  sicut  Octo  Canonici  proedicti,  et  portionem  suam 
candelarum  oblatarum  in  festis  beatae  Mariae  Virginis. 


(1)  Me  Nicolas  Vipart,  chantre  et  chanoine  d'Evreux,  chanoine  et 
écolâtre  de  Lisieux,  fit,  en  1475,  foi  et  hommage  pour  la  baronnie 
du  Bec-Thomas.  En  1479,  cette  seigneurie,  par  sa  mort,  avait  passé 
à  son  frère  Etienne  Vipart. 

(2)  Si  «  messieurs  du  chapitre  »  aimaient  à  bâtir,  entrant  ainsi 
résolument  dans  le  mouvement  artistique  qui  produisait  alors  tant 
de  superbes  ouvrages,  on  constatera  bientôt,  par  quelques  faits 
isolés,  qu'ils  s'intéressaient  non  moins  vivement  à  la  décoration 
intérieure  de  leur  église. 


74 

Item,  ad  cantorem  spectat  una  grangia  sita  apud  Cam- 
bolem,  una  cum  horto  contiguo  eidem  grangiae  et  cum 
duabus  virgultis  terrae  ubi  solebat  antiquitus  esse  vinea 
in  costa,  et  a  longo  tempore  non  fuit  plantata  quonîam 
terra  illa  est  sterilis  et  modici  valoris,  et  débet  cantor,  pro 
dicta  grangia,  communitati  capituli  quinquaginta  solidos 
Tur.  annuae  pensionis. 

Item,  dictus  cantor  solet  percipere  singulis  annis  supra 
curatum  ecclesîae  parrochialis  de  Cintrayo  quindecim 
libras  Tur.  pensionis  annuae,  solvendas  in  terminis 
Purificationis  beatae  Marias  et  Ascensionis  Dominicae 
mediatim,  de  qua  pensione  cantores  pro  tempore  exis- 
tentes  fuerunt  in  bona  et  pacifica  possessione  a  tanto 
tempore  quo[d]  de  ejus  initio  memoria  hominum  non 
habetur  (i),  et  de  qua  pensione  dictus  magister  Joannes 
Hunaud,  cantor,  fuit  solutus  a  curato  seu  ejus  capellano 
per  triginta  annos  quibus  possedit  dictam  cantoriam, 
absque  contradictione. 

Item,  ad  dictum  cantorem  (quando  contingit  eum 
praesidere)  (2)  spectat  installare  dignitates,  canonicos,  vi- 

(1)  J.  Lescalier  (op.  cit.)  s'exprime  un  peu  différemment  :  «  Le 
chantre,  outre  ce  qu'il  possède  aujourd'hui  de  dîmes  dans  l'étendue 
de  la  paroisse  Saint-Gilles,  a  joui  autrefois  de  la  moitié  de  celles  de 
la  paroisse  de  Cintray,  en  ce  diocèse  ;  mais,  sur  une  contestation 
faite  pour  la  perception  de  cette  dîme  par  un  curé  de  cette  paroisse 
en  1264,  Raoul  de  Periers  ou  de  Grosparmi  régla,  peu  avant  de 
quitter  son  évêché,  que,  par  la  suite  des  temps,  les  curés  de  Cintray 
jouiroient  seuls  de  la  totalité  de  la  dîme  de  leur  paroisse,  parce  qu'ils 
feroient  annuellement  et  a  perpétuité  aux  grands  chantres  de  la 
cathédrale  une  rente  de  quinze  livres  payables  en  trois  termes, 
savoir,  le  jour  de  Saint-André,  de  la  Purification  et  le  mercredi  après 
les  fêtes  de  la  Pentecôte.  » 

(2)  En  marge  :  Nota  pro  scriptura  mutata.  La  phrase  incidente 
a  été  enfermée  entre  parenthèses  par  le  copiste  qui  la  considérait 
comme  une  glose. 


75 

carios,  capellanos  et  alios  habituatos  dictae  ecclesiae,  qui 
installati  consueverunt  dare  dicto  canton  liberaliter 
uaum  gallonum  vini. 

Item,  ad  dictum  cantorem  spectat  jus  patronatus  ca- 
pellae  alterius  portionis  Pigrorum  fundatae  ad  altare 
Beatae  Mariae  in  navi  ecclesiae,  quam  nuper  tenebat  ma-, 
gister  Jacobus  Le  Peltier  et  modo  Joannes  Fillon,  et 
collatio  seu  institutio  dictae  portionis  spectat  decano  et 
capitulo. 

Et  tenetur  dictus  cantor  facere  officium  cantons  in 
omnibus  festis  triplicibus  ratione  sua?  dignitatis.  In  aliis 
autem  diebus  tenetur  frequentare  et  dirigere  chorum. 
Praecipit  etiam  canonicis  et  aliis  certa  officia,  prout  decla- 
rantur  in  Brevi  ecclesiae,  et  ponitur  in  tabula  chori  ad 
sextam  lectionem  et  sextum  responsorium,  in  suo  turno, 
ratione  praebendae  annexée. 

Item,  si  cantor  se  absentaverit  ab  ecclesia,  faciendo 
alibi  suam  residentiam,  ipse  tenetur  solvere  fabricae  dictae 
ecclesiae  duos  florfejnos  auri  pro  quolibet  mense  quo 
fuerit  absens,  prout  constat  ex  tenore  bullae  union is  prae- 
bendae cum  cantoria. 

Item,  quando  dominus  episcopus  célébrât  et  facit  offi- 
cium, cantor,  dum  cantatur  hymnus,  débet  assumere 
capam  sericeam  et  tradere  domino  episcopo  antiphonam 
de  Magnificat  et  de  Benedictus  et  incipere  dictos 
psalmos  et  tenere  chorum  cum  aliis  choralibus,  duran- 
tibus  dictis  psalmis. 

Item,  quando  cantor  transit  per  chorum,  pueri  chorales 
et  cœteri  de  bassa  cella  (  \  )  debent  se  assurgere  coram 
ipso. 

(i)  Cella  non  semel  pro  sella  scribitur  (Maigne  d'Arnis). 


76 

Item,  cantor,  ratione  dignitatis,  non  débet  deportum 
capitule 

Et  est  de  taxa  reducta  ad  :  xx  1. 
Et  de  décima  reducta  :  xl  s, 

Sequuntur  aliœ  dignitates,  quae  non  sunt  de  com- 
munia capituli  nec  habent  vocem  in  capitulo  ratione 
dignitatum.  Si  tamen  habenri  dignitatem  conferatur 
praebenda,  tune  est  communicarius  ratione  praebendae 
habetque  vocem  in  capitulo  et  locum  seu  sessionem  se- 
cundum  ordinem  suae  dignitatis. 

Et  est  notandum  quod  collatio  dignitatum  spectat  do- 
mino episcopo,  sed,  antequam  habentes  dictas  dignitates 
recipiantur  in  capitulo  in  habitu  ecclesiae,  oportet  quod 
sint  canonici  creati  ad  effectum  dignitatis  obtinendae  (i), 
et  solet  fieri  dicta  creatioper  episcopum  autejus  vicarium 
et  per  capitulum  communi  consensu,  qui  debent  con- 
venire  insimul  in  dicto  capitulo  ad  faciendam  dictam 
creationem. 

Item,  dictae  dignitates  praecedunt  canonicos  in  statio- 
nibus  seu  processionibus. 

Archidiaconus  Ebroicensis  (2)  (modo  magister  Joannes 


(1)  Les  dignitaires  devant  être  nécessairement  pris  parmi  les  cha- 
noines, si  le  candidat  choisi  par  l'évêque  ne  faisait  pas  encore  partie 
de  la  compagnie,  le  prélat  s'entendait  avec  le  chapitre  pour  le 
nommer  chanoine  ad  effectum  dignitatis  obtinendœ.  Quoique  ins- 
tallé avec  une  partie  des  cérémonies  accoutumées,  il  n'avait  pas 
voix  au  chapitre  et  cette  nomination  fictive  ne  lui  conférait  droit  ni 
aux  revenus  d'une  prébende,  ni  aux  distributions  quotidiennes. 

(2)  «  L'archidiacre  d'Evreux  est  toujours  le  premier  des  trois, 
mais  les  deux  autres,  ceux  d'Ouche  et  du  Neubourg,  roulent  toujours 
entre  eux  selon  l'ordre  de  leur  réception  au  chapitre.  »  (J.  Lescalier, 
Abrégé  histor.,  etc.). 


77 

Favé)  (i)  (de  parte  dextra  (2))  habet  jus  visitationis 
et  procurationis  in  villa  et  suburbiis  Ebroicensibus, 
necnon  in  ecclesiis  parrochialibus  decanatuum  de  Cruce, 
de  Vernone,  de  Passeyo  et  de  Ibreio,  et  suo  officio 
incumbit  visitare  sacramenta,  ornamenta,  libros,  calices, 
aedificia  ecclesiarum  et  corrigere  defïectus,  s[i]  qui  sint 


(1)  Jean  Favé,  prébende  de  Londinières  en  la  cathédrale  de  Rouen 
et  pourvu  de  l'archidiaconé  d'Evreux  le  1er  septembre  1490.  C'est 
avec  ce  titre  d'archidiacre  d'Evreux  qu'il  est  presque  exclusivement 
désigné  dans  les  registres  des  délibérations  communales  de  Rouen, 
ville  dont,  apparemment,  il  était  originaire.  Investi  de  la  confiance 
de  ses  concitoyens  qui  s'en  remettent  à  lui,  en  maintes  circonstances, 
des  missions  les  plus  délicates,  on  le  voit  constamment  député 
auprès  du  roi  ou  des  princes,  chargé  d'y  soutenir  leurs  légitimes 
intérêts,  de  haranguer  le  duc  d'Alençon  ou  de  faire  la  «  proposition  » 
devant  le  grand  archevêque,  Georges  d'Amboise,  à  sa  première  et 
joyeuse  entrée.  Dans  son  testament,  où  il  lègue  à  l'église  Saint- 
Martin  d'Oissel,  dont  il  avait  la  cure  depuis  l'année  1504,  les  vases 
sacrés  et  ornements  de  sa  chapelle,  il  se  dit  âgé  de  soixante-quatre 
ans  ou  environ  (1er  février  i52o).  Il  mourut  l'année  suivante. 
Lorsque  le  cœur  du  cardinal  d'Estouteville  fut  rapporté  à  Rouen  en 
1483,  le  bref  du  pape  attestant  l'authenticité  du  précieux  dépôt 
nomme  Jean  Favé  parmi  les  quatre  mandataires  du  chapitre  qui 
avaient  été  le  recevoir.  Un  autre  Jean  Favé,  l'un  des  deux  généraux 
de  la  Cour  des  Aides  des  années  1455  et  1462,  commissaire  du  Roi 
à  l'Echiquier,  est,  sans  doute,  le  père  de  l'archidiacre.  Lui-même  y 
siégeait,  à  titre  de  conseiller  clerc,  lors  de  la  dernière  convocation  de 
cette  haute  assemblée  (1467).  Antoine  Favé,  sieur  d'Isneauville, 
ancien  conseiller  de  la  ville  de  Rouen,  appartient  peut-être  à  cette 
famille,  comme  Roger  Favé,  écuyer,  et  Mathieu  Favé,  sieur  de 
Forest,  frère  et  neveu  de  notre  Jean  Favé. 

(2)  Ces  indications,  de  parte  dextra  ou  de  parte  sinistra,  qui 
vont  alterner  à  chacun  des  chapitres  du  Coutumier,  se  rapportent 
au  côté  que  devaient  occuper  les  dignitaires,  chanoines  ou  chapelains 
dans  les  stalles  du  chœur  et  —  pour  les  chanoines  —  dans  la  salle 
des  réunions  capitulaires. 


73 

circa  prnemissa,  et  audire  compota  thesaurariorum  et 
thesaurarios  instituere. 

Item,  sunt  concordata  ab  antiquo  confecta,  per  epis- 
copum  et  capitulum  confirmata,  super  jurisdictionem 
quam  habent  archidiaconi  in  cursu  visitationis  (i),  quae 
concordata  debent  ab  [ipsis]  observari. 

Item,  dictus  archidiaconus  et  cœteri  archidiaconi  habent 
jus  in  deportibus  ecclesiarum  vacantium  s[ui]  archidia- 
conatus  ;  de  quibus  deportibus  episcopus  capit  duas 
partes,  et,  de  tertia  parte  restante,  archidiaconus  capit 
duas  partes  et  decanus  ruralis  tertiam  partem  dictae  tertiae, 
et  recipiuntur  dicti  deportus  per  magistrum  deportuum 
qui  solvit  cuilibet  suam  portionem  (2). 

ïtem,  ad  dictum  archidiaconum  Ebroicensem  spectat 
praesentatio  seu  jus  patronatus  capellae  alterius  portionis 
Pigrorum  fundatae  ad  altare  Beatae  Mariae  in  naviecclesiae  ; 
collatio  ejusdem  spectat  decano  et  capitulo. 

Archidiaconus  de  Occa  (3)  (de  parte  dextra)  habet  jus 

(1)  L'ordonnance  de  Raoul  de  Chevri,  au  sujet  de  Tordre  à  suivre 
dans  les  visites  archidiaconales,  et  l'approbation  du  chapitre  (1268) 
ont  été  transcrites  au  grand  cartulaire  de  Saint-Taurin  (Arch.  de 
l'Eure,  H.,  794,  fol.  347-358)  et  publiées  intégralement  par  Le 
Brasseur  (Actes  et  Preuves,  p.  i3-i5). 

(2)  <  Dans  plusieurs  diocèses,  les  fruits  des  cures  vacantes  appar- 
tiennent à  l'archidiacre,  ou  à   l'évêque,   ou  au  chapitre  des  églises 

cathédrales Dans  la  Normandie,    le  déport  est  d'un  an   entier, 

en  quelque  temps  que  le  titulaire  décède Celui  qui  jouit   du 

déport  est  chargé  de  faire  desservir  le  bénéfice Les  évêques  de 

Normandie  sont  en  possession  de  jouir  du  droit  de  déport  sur  les 
cures  de  leur  diocèse.  »  (L.  de  Héricourt,  Loix  ecclésiastiques  de 
France,  p.  634-635.) 

(3)  Charles  de  Hangest,  fils  de  Jean  II  de  Hangest,  bailli  d'Evreux. 
et  de  Marie  d'Amboise,  protonotaire  apostolique,  prieur  de  Saint- 
Nicolas  de  la  Maladrerie,  à  Evreux,  chanoine  de  Rouen  et  abbé  de 


79 

visitationis  et  procurationis  in  ecclesiis  parrochialibus 
decanatuum  de  Aquila,  de  Vernolio,  de  Occa,  de  Lira  et 
de  Gonchis,  et  recipit  procurationem  integram  ab  ali- 
quibus  curatis,  ab  aliis  pastum,  et  visitât  sacramenta  et 
caetera  superius  declarata  in  archidiacono  Ebroicensi. 

Item,  habet  jurisdictionem  in  cursu  visitationis  limi- 
tatam  secundum  concordata  quae  debent  observari. 

Item,  habet  portionem  in  deportibus  ecclesiarum 
vacantium  sui  archidiaconatus,  sicut  scriptum  est  supra 
de  archidiacono  Ebroicensi. 

Item,  eidem  archidiacono  spectat  una  domus  sita  in 
civitate  Ebroicensi,  jungens,  de  uno  latere,  horto  domini 
episcopi  et,  de  alio,  vico  seu  stratae  publicae  et,  de  uno 
butto,  domui  domini  decani  et,  de  alio  butto,  cuidam 
domui  canoniali. 

Archidiaconus  de  Novoburgo  (modo  magister  Jacobus 
Damont  (i)  (de  parte  sinistra)  habet  jus  visitationis  et 
procurationis  in  ecclesiis  parrochialibus  decanatuum  de 
Novoburgo  et  de  Locoveris. 

Item,  habet  jurisdictionem  in  cursu  visitationis  limi- 
tatam  secundum  concordata. 

Item,  habet  portionem  in  deportibus  ecclesiarum  va- 
cantium sui  archidiaconatus  sicut  caeteri  archidiaconi. 


Notre-Dame  de  Prières,  était  à  la  fois  archidiacre  du  Vexin  normand 
et  archidiacre  d'Ouche  lorsqu'il  fut  élu  évêque  de  Noyon.  En  lui 
accordant  ses  bulles,  le  pape  lui  permit  de  conserver  plusieurs  de 
ses  bénéfices,  entre  autres  les  deux  archidiaconés  dont  il  était  titu- 
laire. Il  résigna  néanmoins  presque  aussitôt  celui  du  Vexin.  En  fit-il 
de  même  pour  l'archidiaconé  d'Ouche  ?  C'est  ce  que  je  ne  saurais 
dire. 

(i)  Le  18  août  1 5 17,  on  nommait  à  l'archidiaconé  du  Neubourg, 
vacant  par  le  décès  de  Jacques  Damont. 


8o 


Thesauraiuus  (i)  (de  parte  sinistra)  habet  jus  perci- 
piendi  debitam  a  thesaurariis  ecclesiarum  parrochia- 
lium  diaecesis  Ebroicensis,  quae  quidem  débita  debetur 
ecclesise  cathedrali  per  modum  census  annui  in  festo 
Paschae  (2),  cujus  debitae  declaratio  continetur  in  peîle 
seu  membrana  antecedentia  (?)  quae  pluries  fuit  renovata 
et  fideliter  ab  antiquis  collationata  et  exemplata,  et  ideo 
eidem  membranae  fides  adhibetur  tanquam  not[a]rio, 
compellunturque  thesaurarii  ad  solvendam  dictam  debi- 
tam per  viam  monitionis,  et  ascendunt  particulares 
summae  dictae  débitas  in  universo  ad  summam  viijxx 
xiij  1. 

Item,  dictus  thesaurarius  percipit  supra  dominum  epis- 
copum  Ebroicensem  decem  octo  sextaria  bladi  assignata 
super  receptorem  temporalitatis  dicti  episcopi. 

Item,  percipit  idem  thesaurarius  super  truncos  ecclesiae 
septem  libras  Tur. 

Item,  super  vicecomitem  Ebroicensem  :  c  s.  Tur. 

Item,  super  vicecomitem  Bellimonti  Rogeri  :  xx  s. 

Item,  percipit  omnes  oblationes  in  cera  factas  ecclesiae 
Ebroicensi,  exceptis  cereis  oblatis  in  festo  Purificationis 
beatae  Mariae  qui  debentur  episcopo  (3),  exceptis  etiam 

(1)  Le  trésorier  était  alors  Mathurin  Guyneuf,  chanoine  prébende 
de  Thevray.  V.  infrà,  p.  112. 

(2)  La  débite  consistait  originairement  en  une  oblation  de  cire 
qui  se  faisait  chaque  année,  à  Pâques,  à  l'église  cathédrale,  par  les 
chefs  de  famille  de  chaque  paroisse.  Ce  droit,  confirmé  vers  1080 
par  le  concile  de  Lillebonne,  avait  été  converti  en  une  redevance 
pécuniaire  équivalente. 

(3)  Le  jour  de  la  Purification  (2  février),  le  seigneur  de  Tillières 
et  celui  de  Laigle  doivent  à  l'évêque  chacun  un  cierge  de  36  livres 
de  cire;  la  prévôté  de  Vernon,  un  autre  de  18  livres  ;  le  seigneur 
d'Avrilly  et  celui  de  Blanc-Fossé  (de  Atbo  Fossato),  chacun  un  de 
10  livres.   L'évcque  est  tenu,  s'il  est  présent,  de  donner  à  déjeuner 


Si 


oblationibus  candelarum  cerae  quas  capitulum,  cantor  et 
Octo  Canonici  capiunt  in  ista  hora  in  festis  beatue  Mariae. 

Item,  percipit,  in  funeralibus  defunctorum  inhuma- 
torum  in  ecclesia  et  claustris  et  cimiterio,  omnia  adja- 
centia  corpori,  tam  in  luminari  quam  aliis,  imacumjure 
pulsationis  (i). 

Item,  ad  dictum  thesaurarium  spcctat  nominatio 
duorum  sacristarum  ecclesiae,  et  capitulum  eos  acceptât  et 
instituit  si  sint  idonei,  data  per  eos  capitulo  sufriciente 
cautione  de  bonis  et  jocalibus,  calicibus  et  aliis  conser- 
vandis  et  non  alienandis. 

Item,  quando  episcopus  est  pra?sens,  thesaurarius  con- 
suevit  habcre  prandium  cum  episcopo. 

Sequuntur  onera  thesaurarii  : 

Thesaurarius  débet  providere  de  oleo  ad  usum  septem 
lampadarum  chori  continue,  die  ac  nocte,  ardentiûm. 

Item,  débet  providere  de  candelis  ad  usum  divini  ser- 
vitii  necessariis. 

Item,  débet  Octo  Ganonicis  antiquae  fundationis  et 
cantori  cuilibet  decem  libras  in  festo  Resurrectionis 
Dominiez  supra  débita,  ascendentes  in  universo  ad 
summam  iiijxx  x  1.  T. 

Item,  débet  duobus  sacristis,  pro  suisgagiisseu  pensio- 
nibus,  cuilibet  xvj  1.  x  s.,  sic  pro  duobus  :  xxxiij  1. 


aux  serviteurs  chargés  de  lui  remettre  ces  cierges  à  l'autel,  ou,  en 
cas  d'absence,  de  leur  donner  à  chacun  12  deniers,  etc.  (G.  Bourbon, 
Invent,  sommaire  des  Archives  départementales,  p.  26.)  Cf.  :  Procès- 
verbaux  de  comparence  en  l'église  cathédrale  d'Evreux  pendant 
l'offertoire  de  la  grand'messe,  le  jour  de  la  Purification,  des  per- 
sonnes redevables  à  l'évêché  de  rentes  en  cire  (1774- 1778).  (Arch. 
de  l'Eure,  G.  102. 

(1)  Le  droit  exigé  pour  la  sonnerie  des  cloches. 

6 


82 

îtem,  débet  providere  de  cordis  pro  duabus  campanis 
lanternce  nuncupatis  les  Mannaulx  (i)  gallice. 

Item,  tenetur  reparare  batellos  campanarum  si  indi- 
geant  reparatione,  nec  tenetur  illos  facere  novos,  sed 
fabrica  adhuc  tenetur  (2). 

(1)  Maanellus,  meenellus  ou  monellus,  selon  Ducange,  désigne 
une  cloche  de  petites  dimensions,  campana  mediocris,  et  le  vocable 
était  usité  à  Fécamp,  à  Auxerre,  à  Tulle,  etc.  Sous  forme  française, 
on  le  rencontrait,  de  même  qu'à  Evreux,  en  diverses  villes.  On 
disait  :  «  le  gros  Moineau  »  et  «  le  petit  Moineau  »  de  Chartres, 
«  les  deux  Moisneaux  »  de  Saint-Vulfranc  d'Abbeville,  «  les  trois 
Moneaux  »  de  Bayeux,  où  ils  constituaient  la  petite  sonnerie  capitu- 
laire.  Quelques  auteurs  ont  fait  dériver  ce  nom  du  latin  monere, 
avertir.  C'est,  à  mon  avis,  une  étymologie  fantaisiste.  Les  glossaires 
français  donnent  «  moinel  »  ou  «  menel  »,  signifiant  «  moindre  », 
«  moyen  ».  Mais  par  quelle  étrange  déformation  les  «  Mannaulx  » 
d'Evreux  étaient-ils  devenus,  au  xvme  siècle,  les  «  Manivelles  »  ? 
D'après  un  article  placé  en  tête  des  obituaires  imprimés  chaque 
année  pour  l'usage  du  chapitre  (Obituarium  ecclesiœ  cathedralis 
Ebroicensis  pro  anno  capitulari....),  dit  l'abbé  Lebeurier,  qui 
avait  sous  les  yeux  ceux  de  1769  à  1789,  les  cloches  de  la  cathé- 
drale étaient  au  nombre  de  huit,  six  grosses  et  deux  petites  ;  ces 
deux  dernières  s'appelaient  les  Manivelles  et  se  sonnaient  pendant 
un  quart  d'heure  avant  la  messe  du  chapitre,  et  pendant  un  demi- 
quart  d'heure  avant  matines.  Conf.  Souvenirs  et  journal  d'un  bour- 
geois d'Evreux,  p.  46,  et  la  Campanologie  du  Dr  Billon,  dans 
Y  Annuaire  de  l'Association  normande,  1866,  p.  112. 

(2)  Il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de  mettre  en  regard  de  cette  page 
des  lettres  où  Rotrou  de  Beaumont  (alias  de  Warwick),  arche- 
vêque de  Rouen,  précédemment  évêque  d'Evreux  (1  i3g-i  i65), 
énumère  les  droits  et  les  devoirs  attachés  de  son  temps  à  l'office 
du  sacriste  (plus  tard  le  trésorier)  d'Evreux  :  «  ....  Hec  sunt 
autem  que  ad  sacristiam  pertinent  :  custodia  cimiterii  et  ipsius 
ecclesie  cum  omnibus  que  in  ea  sunt,  scilicet,  vestimentis  et  libris 
et  calicibus  et  omnibus  ecclesie  orna  mentis  et  quidquid  ad  minis- 
terium  ejus  et  ad  thesaurum  peftinet,  ut  reliquie  sanctorum  et 
cetera.  Est  autem  consuetudo  ab  antiquo  tempore  ante  episcopatum 


83 

PcENiTENTrARius  (f)  (de  parte  sinistra).  —  Dudum 
recolendae  mémorial  dominus  Nicolaus,  Ebroicensis 
episcopus,  fundavit  pœnitentiariam  in  ecclesia  Ebroi- 
censi,  pro  cujus  fundatione  dédit  et  concessit  unum 
modium  grani  communis  super  novalibus  forestas  de 
Aquila,  ad  mensuram  dicti  loci,  et  mediam  partem  inte- 
gram  de  residuo  decimarum  novalium  dictae  foresta?,  et 
reliqua   medietas    remanebat   priori   Sancti    Sulpicii    de 

nostrum,  sicut  didicimus  et  tempore  nostro  tenuimus,  ut  sncrista 
ceram  ecclesie  custodiat  et  episcopus,  cum  voluerit,  ministret  in 
usus  necessarios,  ita  tamen  ut  ecclesie  servicium  debito  lumine  non 
careat  ;  quod  si  contigerit  ceram  defficere,  episcopus  eam  ministret 
et  tradat  sacriste.  Sacrista  vero  incensum  invenire  débet  et  oleum 
ad  unam  lampadem  die  ac  nocte  jugiter  ardente  m,  et  ab  episcopo, 
tempore  frugum,  de  orreo  episcopi  recipere  débet,  omni  anno, 
modium  unum  siliginis  et  dimidium  modium  tritici  pro  thure  et 
oleo.  Sacrista  vero,  omni  tempore  quo  episcopus  comedit  in  illa 
villa,  honorifice  débet,  se  tercio,  de  suis  manducare  in  mensa  epis- 
copi ;  vinum  vero  ad  missas  invenit  episcopus.  Sacrista  vero  non 
tenetur  facere  quidquam  opère  vitrarii  vel  cementarii  vel  fabri, 
prêter  virgas  campanarum  cum  franguntur.  Ad  partem  vero  ejus 
pertinet  medietas  oblacionum,  nisi  quod  ejus  medietatis  octavam 
partem  dat  cantori....  »  (Cartulaires  du  chapitre,  arch.  diocés.,  '6, 
fol.  i65,  et  arch.  départ.,  G.  122,  fol.  10) 

(1)  Le  nom  du  pénitencier,  à  cette  date  de  i5o8,  ne  figure  pas 
comme  celui  des  autres  bénéfkiers,  en  tête  du  chapitre  qui  les 
concerne.  Il  n'est  pas  davantage  inscrit  au  grand  pouillé,  lequel 
présente,  pour  l'époque  qui  nous  occupe,  des  lacunes  considérables; 
mais  les  Archives  de  la  Seine-Inférieure  suppléeront  à  cette  omis- 
sion. Dans  des  procédures,  comparaît,  le  6  août  i5oc),  «  maistre 
Symon  Adam,  docteur  en  théologie,  pénitencier  de  révérend  père 
en  Dieu  l'evesque  d'Evreux,  aagé  de  quarante  ans  ou  environ  » 
(G.  4997).  —  «  Autre  mise  a  cause  des  sermons  faicts  en  la  haulte 
chaire  et  aux  processions  generalles. . . .  Le  dernier  dimence  de 
l'advent,  le  sermon  fut  faict  par  maistre  Symon  Adam,  pénitencier 
d'Evreux  ;  pour  ce  :  néant  »  (G.  92).  —  «  Le  mardy  de  Sainct  Ger- 
vaiz,  i5o8,  par  maistre  Symon  Adam;  pour  ce  :  néant  »  (G.  g3).  — 


84 

Aquila,  ut  constat  p[er  litter]as  dictae  fundationis  de  data 
anni  Domini  millesimi  ducentesimi  nonagesimi  tertii  (i) 
quibus  decanus  et  capitulum  suum  interposuerunt  decre- 
tum  de  data  diei  mercurii  per  octabas  apostolofum  Pétri 
et  Pauli  anno  superlecto  (2).  Nunc  vero  praedictum  mo- 
dium  grani  ration[e  fundationisj  minime  percipitur,  sed 
ipse  [pœnitentiarius]  percipit  totam  decimam  decimarum 
novalium  dictae  forestae  absque  coniradictione. 

Item,  prœfatus  episcopus  donavit  et  concessit,  ut 
constat  per  dictam  fundationem,  tertiam  partem  deci- 
marum novalium  in  loco  qui  diciturCauda  Blanchard  (3), 
in  foresta  Ebroicensi,  et  reliquat  duae  partes  rémanent 
apud  religiosas  Sancti  Salvatoris  Ebroicensis. 

Et  tenetur  pœnitentiarius  prœstare  juramentum  do- 
mino episcopo  de  residentia  personali  faciencja,  prout 
constat  p[er  litter|as  domini  Mathaei,  episcopi  Ebroi- 
censis, per  capitulum  approbatas,  de  data  anno  millesimo 
ccc°  primo  (4). 

Abbas  Beccihellouini  (5)  (de  parte  dextra).  —  Jam 
pridem,  videlicet,  anno  gratiae  mill0  ce0  vij°,  iija  novem- 

«  Item  pour  la  despense  de  monsieur  maistre  Arthur  Fillon,  vicaire 
de  mond.  seigneur,  pour  luy  troysiesme  et  troys  chevaux  et  de 
maistre  Symon  Adam,  pénitencier  d'Evreux,  pour  luy  deuxième  et 
deux  chevaulx »  (Comptes  de  l'archevêché,  ibid.% 

(1)  Gartulaire  de  l'évêché,  G.  6,  n°  3o3  ter,  fol.  119. 

(2)  8  juillet  1293.  Ibid.,  n°  3o3  quater,  fol.  120. 

(3)  Enquête  au  sujet  du  tiers  des  dîmes  de  la  Queue-Blanchard 
(s.  d.),  1187-1190).  Compromis  passé  par  Nicolas  d'Auteuil,  évêque 
d'Evreux,  et  les  religieuses  de  l'abbaye  de  Saint-Sauveur  au  sujet 
des  dîmes  navales  des  essarts  de  la  Queue-Blanchard  (1290). 
Archiv.  de  l'Eure,  H.  1344. 

(4)  Ibid.,  n»  304,  fol.  120. 

(5)  C'était,  en  ce  temps,  Guillaume  Guérin,  dernier  abbé  régulier 
du  Bec(i49i-i5i5). 


8> 

bris  nonas,  fuit  inita  confraternitas  inter  èpiscopum,  de- 
canum  etcapitulum  ecclesiae  Ebroiccnsis  et  Guillelmum, 
abbatem  (i),  et  conventum  B[e]ccensem,  per  quam  idem 
G.,  abbas,  et  sui  successores  fuerunt  creati  canonici  prae- 
bendati  in  ecclesia  Ebroicensi  et  communicarii,  et  habere 
debe[nt]  vocem  in  capitulo  et  stallum  in  choro  et  onera 
praebendae  sustinere,  tam  in  servitio  quam  in  aliis.  Qui 
quidem  abbas,  tam  pro  se  quam  [pro]  suis  successoribus, 
retinent  [sic),  pro  praebenda  et  ratione  praebendae  Ebroi- 
censis  (2),  ecclesias  et  décimas  sequentes,  videlicet,  eccle- 
siam  Sancti  Albini  de  Crovilla,  ecclesiam  de  Marbodio, 
ecclesiam  de  la  Rousserre,  ecclesiam  de  Esmallevilla, 
ecclesiam  de  Barco,  salvo  jure  prioratus  Sanctae  Trini- 
tatis  de  Bellomonte,  ecclesiam  de  Hellenvillier,  salvo  jure 
prioratus  de  Tilleriis  et  salvis  portionibus  clericorum  qui 
in  eisdem  ecclesiis  instituentur.  Et  concesserunt  dicti 
episcopus,  decanus  et  capitulum  eidem  abbati  et  suis 
successoribus,  nomine  universitatis  Beccensis,  ut  habeant 
dictas  ecclesias  cum  pertinentes,  [quas]  nomine  praebendae 
ecclesiae  Ebroicensis  habere  noscuntur,  addito  quod  prae- 
benda nunquam  vacabit,  nec  communia  nec  fructus 
ejusdem  praebendae  occasione  aliqua  in  usus  episcopi  vel 
canonicorum  converti  poterunt,  nec  abbates  Beccenses 
cogi  ad  residentiam  faciendam  apud  Ebroicas.  Et  intuilu 
dictae  fraternitatis  dicti  abbas  et  conventus  B[e]ccensis 
dederunt  ad  augmentum  communiae  ecclesiae  Ebroicensis 
quicquid  habebant  apud  Ulmos,  tam  in  decimisquam  in 

(1)  Guillaume,  douzième  abbé  du  Bec  (1198-1211). 

(2)  Cette  prébende  portait,  à  Evreux,  le  nom  de  prébende  de 
Marbeuf  ou  du  Bec.  Au  Bec,  elle  était  appelée  prébende  d'Evreux. 
V.  chanoine  Porée,  Hist.  de  V abbaye  du  Bec,  t.  I,  p.  52  2.  L'abbé 
du  Bec,  à  Evreux,  en  raison  de  sa  prébende,  avait  droit  à  la  jouis- 
sance d'une  maison  canoniale,  dite  maison  des  Croix. 


86 

rébus  aliis,  et  etiam  ecclesiam  de  Ajou  et  quicquid  habe- 
bant  in  eadem  ecclesia  tam  in  jure  patronatus  quam  in 
rébus  aliis  ad  eamdem  ecclesiam  pertinentibus  (i). 

Item,  dicti  abbas  et  convenais,  ex  sp[ecia]li  (2)  devotione 
quam  habebant  ad  ecclesiam  Ebroicensem,  concesserunt 
eidem  episcopo,  decano  et  canonicis  communionem  om- 
nium orationum  et  eleemosynarum  quae  f[ient]  in  ecclesia 
B[e]ccensi  et  in  omnibus  locis  ad  eam  pertinentibus,  tam 
in  vita  quam  in  morte,  et  ut  unusquisque  canonicorum, 
cum  obitus  ipsius  denuntiatus  fuerit  abbati  et  conventui 
B[e]ccensi,  habeat  missam  unam  [ab  unoquoque  sacer- 
dotum],  ab  aliis  lta  psalmos,  a  [fratribus]  laicis  c  Pater 
noster,  et  universi  canonici  eorum  defuncti,  in  missa 
quas  singulis  diebus  celebratur  pro  defunctis,  participes 
sint  sicut  monachi.  Et  similia  bénéficia  concessa  fuerunt 
dictis  abbati  et  suis  monachis  quum  primum  notificatur 
decano  et  capitulo  obitus  eorumdem  (3). 

Octo  Canonici  antique  fundationis.  —  Ab  antiquo 
fuerunt  fundati  octo  canonici  in  ecclesia  Ebroicensi,  qui 
communiter  appellantur  Octo  Canonici  antiquae  funda- 
tionis (4)  et  habent  jurisdictionem  temporalem  et  altam 

(1)  Bibl.  nat.,  lat.  12884,  f°l-  278  ;  Cartul,  de  l'évêché  d'Evreux. 
(Arch.  de  l'Eure,  G.  6),  fol.  10;  Cartul.  I  du  chapitre  d'Evreux 
(ibid.,  G.  122),  n°  55,  fol.  14,  et  n°  57,  fol.  16.  Le  texte  de  ces 
deux  dernières  chartes  a  été  imprimé  par  l'abbé  Lebeurier  dans 
Y  Annuaire  du  dép.  de  VEure  pour  Vannée  1866;  Notice  sur  la 
commune  d'Ajou,  Pièces  justificatives,  p.  92-94. 

(2)  Trompé  par  l'abréviation  qui  est  presque  identique  pour  les 
deux  mots,  le  copiste  avait  lu  spirituali. 

(3)  Au  xvne  siècle  on  laissa  périmer  cet  usage  :  «  Ce  qui  a  été 
observé  pendant  longtemps  et  ne  s'observe  plus  aujourd'hui,  le  Cha- 
pitre et  ledit  couvent  ayant  négligé  de  se  notifier  l'un  à  l'autre  le 
décès  de  leurs  membres.  »  {Invent,  des  titres,  p.  268.) 

(4)  Ces  chanoines  de  l'ancienne  fondation,  qu'on  appelait  souvent 


87 

justitiam  (i),  mediam  et  bassam,  carceres,  patibulum, 
baill[ivum],  vicecomitem  clientem  et  tabellionatum  et 
feodos  prout  inferius  declarantur. 

Dicti  canonici  habent  feodum  vulgariter  nuncupatum 
le  fief des  Huict  Chanoines  gallice,  et  se  extendit  a  foveis 
civitatis  Ebroicensis  usque  ad  Angervillam  et  usque  ad 
forestam  domini  nostri  Régis  nuncupatam  la  Haye  le 
Conte  (2). 


«  les  Huit  »  ou,  à  cause  du  domaine  d'Angerville  qu'ils  possédaient 
en  commun,  «  les  Huit  Barons  »,  avec  le  doyen  et  le  grand- 
chantre,  composaient  au  début  tout  le  chapitre,  il  reste  d'eux,  dans 
une  des  chapelles  du  pourtour  de  la  cathédrale,  un  souvenir  des  plus 
singuliers,  le  médaillon  de  pierre,  en  demi-relief,  ayant  servi  de 
clef  de  voûte  au  chœur  de  Notre-Dame  de  la  Ronde,  rebâti 
en  i5o5  par  les  Huit  Chanoines  qui  en  étaient  patrons  et  curés  pri- 
mitifs. Dans  un  encadrement  circulaire  ou  cerne  de  nuages  stylisés, 
la  Vierge  à  l'Enfant  —  Notre-Dame  d'Evreux  —  réunit  à  ses  pieds, 
en  deux  groupes  rappelant  vaguement  ceux  qui  entourent  la  Vierge 
protectrice  du  musée  du  Puy  ou  la  Vierge  de  la  miséricorde  des 
Très  riches  Heures,  les  coseigneurs  d'Angerville.  Telle  est  précisé- 
ment, et  c'est  une  remarque  qui  n'avait  pas  été  faite,  la  description, 
à  quelques  détails  près,  des  armoiries  de  leur  baronnie  enregistrées 
en  vertu  de  l'édit  de  i6g5  :  d'azur  à  une  Notre-Dame  d'argent 
appuiant  ses  pieds  sur  un  croissant  de  même,  accostée  de  deux 
fleurs  de  lis  d'or  et  accompagnée,  en  pointe,  de  huit  chanoines  de 
carnation,  vêtus  de  sable,  revêtus  d'un  surplis  d'argent,  ayant  leur 
aumusse  sur  le  bras,  étant  à  genoux,  quatre  de  chaque  côté,  les 
mains  jointes  (Bibl.  nat.,  mss.  Armoriai  général,  III,  3q5).  On 
sait  encore,  par  le  Mémorial  (p.  141),  qu'à  l'église  de  la  Ronde, 
«  pour  remarque  de  la  dévotion  de  ces  chanoines,  ils  se  firent 
peindre  en  la  principale  vuitre  derrière  l'autel,  avec  cette  inscription 
qu'ils  l'ont  donnée  en  l'an  1524  ». 

(1)  Arrêt  maintenant  les  Huit  Chanoines  d'Evreux  en  possession 
de  la  haute  justice  et  plaid  de  l'épée  dans  leur  terre  située  aux  pa- 
roisses de  la  Ronde  et  d'Angerville.  [Olim,  I,  fol.  63  r°.) 

(2)  Cf.  le  dénombrement  des  biens  et  revenus  de  l'église  d'Evreux, 


88 


Item,  possunt  exercere  suam  jurisdictionem  tempo ralem 
in  domo  quam  pro  nunc  habitat  dominus  Ricardus 
Gueroult,  succentor,  jungens,  ex  uno  latere,  hortis  seu 
jardinis  domorum  canon[i]alium  Sancti  Joannis  et 
Agnus  Dei  (i)  et,  ex  alio  latere,  domui  magistri  Joannis 
Milonis,  canonici,  ex  uno  butto,  vico  et,  ex  alio,  horto 
domus  cantoriae,  et  percipiunt  super  eadem  domo  Ix  s. 
redditus. 

Item,  habent  alium  feodum  prope  Damvillam,  in 
parrochia  de  Autenay,  nuncupatum  le  fief  Gebert. 

Item,  habent  franchisias  in  foresta  Régis  pro  omnibus 
suis  hominibus,  suntque  exempti  de  fouagio,  decustuma 
et  de  panagio  (2). 

Item,  dicti  Octo  Canonici  habent  quilibet  domum 
mansionalem,  cum  stabulis  et  grangiis,  apud  Anger- 
villam  (3),  et  quilibet  ipsorum  habet  quadraginta  acras 
terrae,  vel  quocirca,  una  cum  franchisiis,  denariis,  capo- 
nibus  et  decimis  debitis  per  suos  homines  in  dicta  sua 
terra  commorantes. 

Item,  ad  ipsos  Octo  Canonicos  spectat  jus  patronatus 

de   l'année    1400,   et   une    déclaration   de    i52i.  (Arch.  de  l'Eure, 
G.  73.) 

(1)  Les  maisons  canoniales  portaient  à  peu  près  toutes  le  nom 
d'un  saint  ou  d'une  sainte.  L'une  d'elles,  dite  de  Saint-Fiacre  ou  de 
l'Ane  (sic),  avait  servi  de  prison  au  chapitre. 

(2)  Sur  ces  droits  et  les  autres  franchises,  usages  et  libertés  dont 
jouissaient  les  huit  chanoines  en  la  forêt  d'Evreux,  voir  le  dénom- 
brement ci-dessus  cité. 

(3)  «  C'est  assavoir  que  a  iceulx  huit  chanoines  de  la  dite  ancienne 
fondation,  appartient  au  dit  lieu  d'Angerville,  a  cause  et  par  raison 
de  leur  dit  noble  fief,  huit  mannoirs,  maisons  et  masures,  avec  les 
jardinages,  haies,  mainplant  *  et  clostures  dessus  estans  a  chacun 
mannoir  appartenant  avec  plusieurs  terres  labourables,  etc.  »  (Ibid.) 

*  Mainplant,  nouveau  plant,  jeune  plant  de  vigne.  (Du  Cange.) 


ecclesiarum  parrochialium  Beatae  Marioe  de  Rotunda  et 
de  Angervilla. 

Item,  percipiunt  omnes  décimas  granorum  vallis  Ebroi- 
censis,  tam  grossas  quam  minutas. 

Item,  percipiunt  decimam  de  Longo  Dumo  et  de 
Magdalena,  una  cum  duabus  partibus  decimœ  de  Melle- 
villa. 

Item,  capiunt  duas  partes  decimarum  in  parrochia  de 
Angervilla,  una  cum  camparto. 

Item,  apud  Netrevillam,  capiunt  tertiam  partem  grossrc 
decimae,  una  cum  minutis  decimis. 

Item,  capiunt  totalem  decimam  vinorum,  videlicet,  in 
costa  Justitiœ  Régis,  in  bordellis,  in  jardinis  episcopi,  au 
Valliton  et  in  costa  Justitice  ipsorum  Octo  Canonicorum  ; 
attamen  episcopus  et  capitulum  percipiunt  décimas  vino- 
rum in  suis  d[i]magiis  ab  antiquo  limitatis. 

Item,  capiunt  tertiam  partem  decimae  vinorum  in 
Garennis,  in  Parvis  Montibus  et  apud  Rabeel. 

Item,  dominus  des  Arvolus  (i)  débet,  singulis  annis, 
in  festo  Paschae,  dictis  Octo  Canonicis  cuilibet  unum  par 
cirotecarum  quae  distribuuntur  eis. 

Item,  omnes  subditi  commorantes  in  terra  seu  feodo 
ipsorum  debent,  singulis  annis,  pro  quolibet  foco  duos 
denarios  Par. 

Et  est  notandum  quod,  pro  acquitando  dictum  feodum 
Octo  Canonicorum  erga  dominum  Regem  et  pro  ser- 
viendo  e[i]  in  suis  guerris,  fuit  tradita  pars  feodi  ipsorum 
pnedecessoribus  domicellœ  Guillemets  Guillarbos,  nunc 
uxoris  Joannis  Sauvage,  scutiferi  (2),  qucequidem  domi- 

(1)  Les  Ervolus,  fief  au  Plessis-Grohan  dont  Guillaume  Le  Caron, 
écuyer,  était  seigneur  en  1497.  Il  fut  ensuite  aux  Quincarnon. 

(2)  «  Item,  met  en  son  dit  adveu  que  de  luy  est  tenu  ung  fief  de 
haubert,  nommé  le  fief  de  Maubuisson,  dont  les  hoirs  de  Gaillarbos 


90 

cella  processit  et  descendit  ex  progenie  defuncti  Pétri 
du  Buisson,  militis,  domini  du  Maubuisson  Jet  de  Sissay 
prope  Ebroicas,  qui  tenetur  et  oneratus  est,  ac  etiam  ejus 
haeredes,  acquitare  et  exonerare  dictum  feodum  Octo 
Canonicorum  ab  omni  onere  ad  quod  ipsi  tenebantur  in 
guerris  dicti  Régis,  ut  constat  per  litteras  antiquas. 

Item  Octo  Canonici  praedicti  capiunt  supra  thesau- 
rarium  dictae  ecclesiae,  singulis  annis  in  festo  Paschae, 
super  débita  dictae  ecclesiae,  quilibet  decem  libras  Tur. 

Item,  super  truncis  dictae  ecclesiae,  capiunt  annuatim 
quilibet  xxu  solidos. 

Item,  habent,  pro  anniversario  Theodorici,  archidia- 
coni  Ebroicensis,  summam  quatuor  librarum  Tur.  quas 
distribuunt  in  choro  praesentibus  qui  sunt  de  Octo  in 
choro  dictae  ecclesiae  die  xxija  (  t  )  decembris,  et  assignantur 

ont  adepresent  le  droit.  Jehan  Le  Sauvage,  escuier,  a  cause  de  sa 
femme,  en  tient  les  trois  quarts  en  sa  main.  . .  »  (1454.  Aveu  au  Roi 
de  la  terre  et  seigneurie  de  Damville  par  Jean  de  Montmorency.) 
Dans  les  Monstres  generalles  de  la  noblesse  du  bailliage  d'Evreux 
en  146g,  Jean  Le  Sauvage,  seigneur  de  Cissay  en  partie  et  du  fief 
de  Maubuisson,  assis  au  Nuisement  (réuni  à  Manthelon),  est  dit  de- 
meurer au  bailliage  de  Gisors. 

(  1  )  Lis.  xija.  A  cette  date  :  «  Obitus  Tierici,  archidiaconi  Ebroicensis 
qui  dédit  viginti  libras  Tur.  super  domum  suam  ad  quernellos  (la 
maison  aux  créneaux),  quia  domini  de  ea  habebunt  xv  libras  pen- 
sionis;  item,  xxxix  s.  annui  redditus  apud  Rochetam.  Item,  quicquid 
adquisivit  in  terra  Octo  Canonicorum  distribuetur  ipsa  die  inter 
illos  de  Octo  qui  interfuerint  per  antiquiorem  ipsorum.  »  [Obi- 
tuaires  mss.  de  la  cathéd.  d'Evr.)  —  1490.  Sentence  rendue  par  Jean 
Fillon,  lieutenant  général  de  Jacques  de  Chambray,  bailli  d'Evreux, 
pour  régler  les  difficultés  survenues  au  sein  du  chapitre,  relative- 
ment à  la  célébration  de  l'obit  de  «  deffunt  Thierry,  archidiacre  et 
chanoine  »  et  aux  distributions  qui  avaient  lieu  à  la  fin  de  la  messe 
célébrée  à  son  intention  le  12  décembre  de  chaque  année  (Invent, 
somm.  des  Archiv.  départ.,  p.  45.) 


9i 

dictae  iiij  1  supra  domum  presbyteralem  curati  de  Ro- 
tunda. 

Item,  capiunt  in  omnibus  festivitatibus  beatae  Mariae 
medietatem  candelarum  oblatarum  in  eadem  ecclesia  a 
principio  primarum  vesperarum  usque  in  crastinum, 
incipiendo  a  Gloria  in  excelsis  Deo  (i),  in  quibus  can- 
delis  cantor  habet  portionem  suam. 

a)  Magister  Jordanus  Le  Viconte  (2)  tenet  ad  praesens 
alteram  praebendarum  de  Octo,  in  parte  dextra  chori. 

Et,  ratione  dicta?  praebendae,  habet  suos  grossos  fructus 
super  redditibus  proventibus  et  decimis  Octo  Canoni- 
corum  superius  declaratis,  tam  in  denariis,  granis,  vinis 
et  aliis  emolumentis, 

Item,  habet  decem  libras  super  thesaurarium  dictae 
ecclesiae. 

Item,  habet  viginti  solidos  Tur.  supra  truncos  ec- 
clesiae. 

Item,  f  habet]  suam  portionem  candelarum  et  unum  par 
cirothecarum. 

Item,  est  capax  distributionum  chori  et  de  communia 
capituli,  et  habet  vocem  in  capitulo,  etlucratfur]  interes- 
sendo  et  assistendo  in  divino  servitio,  juxta  statuta  lauda- 
bilia  ipsius  ecclesiae. 

Item,  dicta  praebenda  est  de  taxa  :  xxv  L,  et  de  décima 
reducta  :  1  s. 


(1)  Cette  partie  de  phrase  est  peu  compréhensible. 

(2)  Son  obit  se  célébrait  le  18  septembre  qui  est  marqué  comme 
étant  le  jour  de  son  décès.  11  avait  fait  diverses  fondations,  dont 
celle  d'une  haute  messe  pro  defunctis,  après  laquelle  était  chantée 
l'absoute  ad  sepulcrum  pie  recordationis  defuncti  magistri  Roger i 
de  Tournebu,  in  sacra  pagina  professons  ac  penitenciarii  et  cano- 
nici  prefate  ecclesie  Ebroicensis.  Ce  dernier  était  l'oncle  maternel 
de  Jourdain  Le  Vicomte. 


92 

Item,  habet,  apud  Angervillam,  domum,  grangiam, 
et  alia  adjacentia,  una  cum  quadraginta  acris  terrae,  et 
potest  habere  colonum  seu  firmarium  ad  colendas terras. 

b)  Magister  Joannes  Aubert  (i),  in  parte  sinistra  chori, 
modo  tenet  alteram  praebendarum  de  Octo. 

Et,  ratione  dictae  prœbendae,  habet  suos  grossos  fructus 
super  redditibus,  proventibus  et  decimis  Octo  CanonL 
corum  superius  declaratis. 

Item,  habet,  apud  Angervillam,  domum,  grangiam  et 
alia  aedificia  adjacentia  cum  horto,  et  habet  quadraginta 
acras  terrae  vel  quocirca. 

Item,  capit  decem  libras  supra  thesaurarium,  super 
débita  ecclesiae,  et  viginti  solidos  supra  truncos  ecclesiae. 

Item,  habet  suam  portionem  candelarum  et  unum  par 
cirothecarum. 

Item,  est  de  communia  capituli,  habens  vocem  in  dicto 
capitulo,  et  interessendo  et  assistendo  divino  servitio 
lucratur  quotidianas  distributiones. 

Item,  dicta  prœbenda  est  de  taxa  :  xvij  1.  x  s.  Et  de 
décima  reducta  :  xxxv  s. 

c)  Magister   Guillelmus    Postel  (2),    nunc    magister 

(1)  Jean  Aubert,  «  chanoine  d'Evreux  et  prieur  de  Verneuil  »,  dit 
une  généalogie  manuscrite,  était  fils  de  Thomas  Aubert,  «  sieur  de 

Montigny-sur-Avre,  près  de  Verneuil-au-Perche  et  de  Marie » 

Un  de  ses  frères,  Mathieu,  avocat,  puis  président  en  la  Cour  des 
Aides,  à  Rouen,  avait  été  avocat  du  Roi  à  Évreux.  Un  second  Mathieu 
Aubert,  écuyer,  licencié  ès-lois,  est  vicomte  d'Evreux  en  1540. 

(2)  Guillaume  Postel,  fils  de  Jean  Postel,  sieur  des  Minières,  et  de 
Catherine  Lespringuet,  fut  curé  de  Martainville-sous-le-Val,  chanoine 
d'Evreux  en  même  temps  que  chanoine  de  la  Saussaye  et  prébende 
d'Angreville  en  la  cathédrale  de  Rouen.  Docteur  en  médecine,  il 
assistait,  peut-être  à  ce  titre,  le  bailli  d'Evreux,  Jacques  de  Cham- 
bray,  pendant  sa  dernière  maladie,  et  signa  au  testament.  Il  testa 
lui-même  le  26  mai  1527  et  mourut  au  mois  d'août  de  l'année  sui- 


93 

Jacobus  Postel  (i),  [de  parte  dextra]  chori,  modo  tenet 
alteram  praebendarum  de  Octo. 

Ratione  suas  prœbendae,  habet  suos  grossos  fructus 
supra  proventibus,  redditibus,  decimis  et  aliis  superius 
declaratis. 

Item,  habet,  apud  Angervillam,  domum  mansionalem, 
grangiam  et  alia  asdificia  adjacentia,  una  cum  quadraginta 
acris  terrae  vel  quocirca,  et  ad  colendas  terras  potest  habere 
colonum  seu  firmarium. 

Item,  capit  decem  libras  Tur.  in  festo  Paschae  a  the- 
saurario  super  débita  ecclesioe  et  viginti  solidos  supra 
iruncos  ecclesiae. 

Item,  habet  suam  portionem  candelarum  in  festis 
beatae  Mariae  et  unum  par  cirothecarum  in  festo  Paschae. 

Item,  est  communicarius  capituli,  habens  vocem  in 
capitulo,  et  interessendo  et  assistendo  divino  servitio 
lucratur  suas  distributiones  quotidianas. 

vante.  Il  avait,  plusieurs  années  auparavant,  résigné  à  son  neveu  le 
canonicat  d'Evreux,  mais  je  n'ai  pu  découvrir  à  quelle  date. 

(i)  Jacques  Postel,  né  le  2  août  1496  de  Thomas  Postel,  sieur  des 
Minières,  du  Cormier,  du  Colombier,  de  Sainte-Marthe  et  des  Four- 
neaux, et  de  Catherine  Challenge,  sœur  du  chanoine  de  ce  nom.  Il 
fit,  en  1 538,  déclaration  pour  les  terres  à  lui  échues  par  le  décès  de 
son  père  et,  avant  l'année  1543,  des  preuves  de  noblesse  où  il  se 
qualifie  «  noble  et  discrète  personne  maistre  Jacques  Postel,  presbtre, 
chanoyne  d'Evreux,  curé  d'Infreville  et  sieur  de  la  terre  et  seigneurie 
des  Mignières-Postel,  Nagel  et  Cavoville  ».  Il  fut,  à  trois  reprises, 
chanoine  de  la  Saussaye  et  enfin  doyen  de  cette  église  collégiale, 
où  il  reçut  la  sépulture  le  10  avril  069.  Il  avait  été  archidiacre  du 
Neubourg  de  i566  à  1569.  C'est  à  lui  que  nous  sommes  redevables 
de  la  plus  belle  des  clôtures  de  chapelles  de  la  cathédrale  d'Evreux, 
cette  élégante  balustrade  de  menuiserie,  décorée  de  ses  armes,  que 
notre  émdit  ami  M.  l'abbé  Porée,  si  bon  juge  en  choses  d'art, 
alhrmait  être  «  un  pur  chef-d'œuvre  ».  On  en  verra  la  description, 
accompagnée  d'une  excellente  héliogravure,  dans  sa  notice  :  Les 
clôtures  des  chapelles  de  la  cathédrale  d'Evreux,  p.  12  et  21-24. 


94 

Item,  dicta  praebenda  est  de  taxa  :  xx  1.  Et  de  décima 
reducta  :  xl  s. 

d)  Magister  Joannes  Milonis  (i),  in  parte  dextra  chori, 
modo  tenet  alteram  prœbendarum  de  Octo. 

Et,  ad  causam  suae  prœbendae,  percipit  suos  grossos 
fructus  super  proventibus,  reddîtibus,  decimis  granorum 
et  vinorum  Octo  Canonicorum  superius  declaratis. 

Item,  habet,  apud  Angervillam,  domum  mansionalem. 
torcular  quod  ipseœdincari  fecit,  cum  grangia  et  stabulis, 
sicfut]  aliis  aedificiis  pro  habitatione  sui  firmarii,  cum 
quadraginta  acris  terrae  vel  quocirca. 

Item,  habet  hortum  fructificibus  plantatum  et  mûris 
lateribus  coopérais]  clausum,  et  ad  augmentum  dicti 
horti,  ut  esset  quadratus,  habuit  et  acquisivit  a  quodam 
vicino  quemdam  parvum  hortum. 

Item,  capit  decem  libras  Tur.  a  thesaurario  in  festo 
Paschae  supra  débita  ecclesiœ  et  viginti  solidos  super 
truncos. 

Item,  habet  suam  portionem  candelarum  in  festis 
beatae  Mariae  et  unum  par  cirothecarum  in  festo  Paschœ. 

Item,  est  communicarius  capituli,  habens  vocem  in 
capitulo,  qui  lucratur  distributiones  quotidianas  interes- 
sendo  et  assistendo  divino  servitio. 

Item,  dicta  praebenda  est  de  taxa   :  xvij  1.  x  s. 

Et  de  décima  reducta  :  xxxv  s. 

(i)  Présenté  le  28  avril  1499  à  la  cure  de  Saint-Nicolas  d'Evreux, 
Jean  Milon  démissionnait  le  même  jour.  Je  n'ai  recueilli  sur  son 
compte  aucun  autre  détail,  mais  son  décès  est  enregistré  avec  date  pré- 
cise :  «  Anno  Domini  millesimo  quingentesimo  nono,  die  vij  mensis 
septembris,  obiit  venerabilis  vir  magister  Johannes  Milonis,  dum 
viveret  canonicus  et  secretarius  Ebroicensis,  qui  quidem  Milonis 
edificari  fecit  unam  domum  novam  canonicalem  in  loco  vulgariter 
nuncupato  de  Normanvilla  super  vicum  Civitatis  et  unam  aliam 
novam  domum  supra  ortum  dicti  loci »  (Obituaires  mss.). 


95 

e)  Magister  Joannes  Henry  (i)  modo  tenet  alteram 
prœbendarum  Octo  Canonicorum,  in  parte  d extra  chori. 

Et,  ad  causam  dicta?  pra?benda?,  percipit  grossos  fructus 
super  redditibus,  proventibus,  decimis  granorum  et  vi- 
norum  Octo  Canonicorum  superius  declaratis. 

Item,  habet,  apud  Angervillam,  domum,  grangiam  et 
alia  a?difïcia,  hortum  et  quadraginta  acras  terra?  vel  quo- 
circa. 

Item,  capitdecem  libras  super  thesaurariumecclesia?  in 
festo  Pascha?  et  viginti  solidos  supra  truncos. 

Item,  habet  suam  portionem  candelarum  in  festis 
beata?  Maria?  et  unum  par  cirothecarum  in  festo  Pascha?. 

Item,  est  communicarius  capituli,  habens  vocem  in 
capitulo,  qui  lucratur  et  percipit  disiributiones  quoti- 
dianas  assistendo  et  interessendo  divino  servitio. 

Item,  dicta  pra?benda  est  de  taxa  reducta  :  xxv  1. 

Ex  de  décima  reducta  :  c  s. 

Item,  ad  causam  dicta?  pra?benda?,  habet  jus  patro- 
natus  capella?  Sancti  Juliani,  proviso  quod  in  dicta 
ecclesia  nullus  sit  canonicus  descendens  ex  progenie  de 
Essartis  ;  si  vero  esset  canonicus  de  dicta  progenie,  jus 
patronatus  dicta?  capella?  sibi  spectaret  per  fundationem 
dicta?  capella?. 

/)  Magister  Arturus  Fillon   (2)   modo   tenet   alteram 

(1)  Il  y  a  lieu  de  croire  qu'il  était  le  neveu  d'un  autre  Jean  Henry, 
seigneur  de  la  Guéroulde,  conseiller  du  Roi  au  Parlement,  grand- 
chantre  de  Notre-Dame  de  Paris,  archidiacre  d'Ouche  et  chanoine 
en  la  cathédrale  d'Évreux,  et  de  Mathieu  Henry,  vicomte  de  Conches 
et  de  Breteuil,  sieur  du  Broullard  et  de  la  Guéroulde.  (V.  Bonnin, 
Monstres  generalles  de  la  noblesse  du  bailliage  d'Evreux  en 
146g.) 

(2)  Arthur  Fillon,  docteur  en  théologie  de  la  maison  de  Navarre, 
l'un  des  plus  habiles  orateurs  de  son  temps.  Né  en  1477  à  Verneuil, 
nommé  le  1er  juin  i5o5  au  prieuré  de  la  Maison-Dieu  de  cette  ville, 


96 

praebendarum  Canonicorum  Octo,  in  parte  sinistra  chori. 

Et,  ratione  dictas  prœbendœ,  percipit  grossos  fructus 
suos  super  redditibus,  proventibus,  decimis  granorum  et 
vinorum  Octo  Canonicorum  superius  declaratis. 

Item,  habet,  apud  Angervillam,  domum,  grangiam 
et  alia  œdificia,  hortum  et  quadraginta  acras  terrae  vel 
quocirca. 

Item,  capit  decem  libras  supra  thesaurarium  ecclesiœ 
in  festo  Paschae  et  viginti  solidos  supra  truncos. 

Item,  habet  suam  portionem  candelarum  in  festis 
beatae  Mariae  et  unum  par  cirothecarum  in  festo  Paschae, 

Item,  est  communicarius  capituli,  habens  vocem  in 
capitulo,  qui  percipit  distributiones  quotidianas  interes- 
sendo  divino  servitio. 

Item,  dicta  praebenda  est  de  taxa  :  xx  1. 

il  était  chanoine  d'Evreux  dès  le  28  février  précédent  et  conserva 
cette  prébende  jusqu'en  octobre  i522.  Chanoine  de  Rouen,  curé  de 
Saint-Maclou,  vicaire  général  des  deux  cardinaux  d'Àmboise,  il  fut 
par  l'un  d'eux,  dont  il  était  l'intime  ami,  désigné  pour  exécuteur 
testamentaire.  Député  jusqu'à  dix  fois  pour  le  clergé  aux  États  de 
Normandie,  il  le  fut  également  vers  le  Roi  afin  de  négocier  l'impor- 
tante affaire  des  francs-fiefs  qui  se  termina  au  mieux  des  intérêts  de 
la  ville  de  Rouen  et  de  toute  la  province.  Nommé  évêque  de  Senlis, 
il  fonda  quatre  bourses  au  collège  d'Harcourt  pour  autant  d'écoliers 
pauvres,  deux  de  Senlis  et  deux  de  sa  ville  natale.  Une  tradition 
recueillie  par  Guilmeth  (Notice  sur  Verneuil)  et  Langlois  (Hist.  de 
la  ville  de  Laigle)  veut  que  la  tour  de  la  Madeleine  de  Verneuil  ait 
été  élevée  sur  les  ordres  et  grâce  aux  subsides  d'Arthur  Fillon.  Une 
des  statues  dont  elle  est  ornée,  placée  sur  le  flanc  est,  serait  «  celle 
de  Fillon,  à  genoux,  ayant  sur  le  bras  gauche  l'aumusse  de  chanoine, 
ce  qui  annoncerait  que,  quand  il  bâtit  la  tour,  il  n'était  pas  encore 
évêque  ».  Elle  n'a  point  de  pendant,  m'écrit  M.  l'abbé  Porée  qui  a 
fréquemment  visité  Verneuil,  et  le  personnage  paraît  en  prières 
devant  un  évêque  placé  sur  l'une  des  faces  du  contrefort  central 
(Lettre  du  11  janvier  1906). 


97 

Et  de  décima  reducta  :  xl  s. 

g)  Franciscus  Esmengeart  (i)  modo  tenetalteram  prae- 
bendarum  Ocio  Canonicorum,  in  parte  dextra  chori. 

Ratione  dictae  pnebendae,  percipit  suos  grossos  fructus 
super  rcdditibus,  proventibus  et  decimis  Octo  Ganoni- 
corum superius  declaratis. 

Item,  habet,  apud  Angervillam,  domum,  grangiam  et 
alia  aedificia  pro  habitatione  firmarii,  hortum  fructi[ri]ci- 
bus  planiatum  et  quadraginta  acras  terne  vel  quocirca. 

Item,  capit  decem  libras  Tur.  supra  thesaurarium 
ecclesiae  in  fesio  Paschae  et  viginti  solidos  supra  truncos 
ecclesiae. 

Item,  habet  suam  portionem  candelarum  in  festis 
beatae  Maria.1  et  unum  par  ciroihecarum  in  festo  Paschae. 

Item,  est  communicarius  capituli,  habens  vocem  in 
capitulo,  et  percipit  quotidianas  distributiones  interes- 
sendo  divino  servitio. 

Item,  dicta  praebenda  est  de  taxa  :  xx  1. 

Et  de  décima  reducta  :  xl  s. 

h)  Magister  Joannes  Brouart  (2)  modo  tenet  alteram 
praebendarum  Octo  Canonicorum,  in  parte  sinistra  chori. 

Et,  ad  causam  dictas  pnebendae,  percipit  suos  grossos 
fructus  supra  redditibus,  proventibus  et  decimis  Octo 
Canonicorum  superius  declaratis. 

Item,  habet,  apud  Angervillam,  domum,  grangiam  et 
alia  aedificia  et  hortum,  una  cum  quadraginta  acris  terrae 
vel  quocirca. 

(1)  F.  Esmangard  fonda  en  1 538,  à  l'autel  Saint-Martin,  une 
chapelle  du  Saint-Esprit.  Ce  chanoine  décéda  en  1 53g,  le  4  juillet, 
jour  où,  à  la  cathédrale,  était  célébré  son  anniversaire. 

(2)  Nommé  le  21  juillet  i5i6  à  la  chapelle  de  Toussaint,  à  Saint- 
Pierre  d'Evreax.,  il  permuta  quinze  jours  après  pour  la  cure  de  Saint- 
Gilain-sur-Avre;  f  en  septembre  i522. 


.98 

Item,  capit  decem  libras  Tur.  super  thesaurarium 
ecclesiae  in  festo  Paschae  et  viginti  solidos  super  truncos. 

ïtem,  habet  suam  portionem  candelarum  in  festis 
beatae  Mariae  et  unum  par  cirothecarum  in  festo  Paschae. 

Item,  est  communicarius  capituli,  habens  vocem  in 
capitule»,  et  percipit  quotidianas  distributiones  interes- 
sendo  divino  servitio. 

Item,  dicta  praebenda  est  de  taxa  :  xx  1. 

Et  de  décima  reducta  :  xl  s. 

Pr^benda  de  Bernienvilla,  Paintienvilla  et  Cher- 
ray  (  r  )  quam  nunc  tenet  magister  Michàel  Daniel  (2),e[s]t 
est  de  latere  dextro  chori. 

Ratione  dictai  praebendae,  habet  jus  patronatus  eccle- 
siarum  parrochialium  de  Bernienvilla,   Paintienvilla  et 

Gharreyo. 

Et,  in  praedictis  parrochiis,  capit  praebendatus  suos 
grossos  fructus  in  modum  qui  sequitur,  videlicet,  in  Ber- 
nienvilla, situata  in  archidiaconatu  et  decanatu  Novi- 
burgi,  accipit  praebendatus  omnes  grossas  décimas  et 
curatus  loci  solum  habet,  super  grangia  praebendati, 
duos  modios  grani,  et  in  Pintheanvilla,  sîta  in  praedictis 

(i)  La  charte  de  fondation  (fin  du  xne  siècle)  par  Adam  de  Cierrey 
et  la  confirmation  de  cet  acte  par  son  fils  Guillaume,  frère  de  l'évêque 
d'Evreux,  Garin  de  Cierrey,  sont  au  cartulaire  1  du  chapitre, 
n°s  io i  et  102,  fol.  24  v°. 

(2)  Fils  de  Michel  Daniel,  sieur  du  Bois-d'Ennemets,  avocat  du 
roi  au  bailliage  de  Gisors,  et  d'isabeau  Daguenet.  Chanoine  de  la 
collégiale  de  Mantes,  curé  de  Saint-Sulpice  de  Varvannes,  au  diocèse 
de  Rouen,  et  chapelain  de  Saint-Jean  dans  l'église  de  Gisors,  il  per- 
mutait, en  1494,  ces  bénéfices  pour  un  canon icat  d'Evreux.  Vicaire 
général  d' Ambroise  Le  Veneur,  chanoine  de  Vernon  et  de  Saint-Louis 
de  la  Saussaye,  il  mourut  le  sixième  jour  d'octobre  i5a  .  En  i5i8, 
il  avait  été  député  aux  États  de  Normandie  pour  le  clergé  du  bailliage 
d'Evreux. 


99 

archidiaconaiu  et  decanatu,  prœbendatus  percipit  duas 
partes  grossarum  decimarum  et  curatus  tertiam  partem, 
et  in  Cherrayo,  qui  est  in  decanatu  de  Passeyo,  sub 
archidiaconatu  Ebroicensi,  prœbendatus  capit  duas  partes 
grossarum  decimarum  et  curatus  tertiam  partem. 

Estque  dictus  praebendatus,  ratione  prœbendoe,  com- 
municarius  et  particeps  in  distributionibus  quotidianis, 
honoribus  et  emolumentis,  sicut  cœieri  canonici,  sine 
aliqua  exceptione. 

Et  est  de  taxa  reducta  ad  :  xl  libras. 

Et  de  décima  reducta  ad  :  iiij  1. 

Pr^ebenda  de  Hecuria  et  de  Sancto  Garone  (  i  )  quam 
nunc  tenet  magister  Georgius  de  Vico  (2),  et  est  de  latere 
sinistro  chori. 

Ratione  dictas  praebendœ,  habet  jus  patronatus  eccle- 
siarum  parrochialium  de  Hecuria  et  de  Sancto  Carone. 

Item,  praetendit  habere  jus  patronatus  capellœ  de 
Chambines  sitee  in  parrochia  de  Hecuria. 

Item,  ad  causa  m  fundationis  dictae  prasbendae,  percipit 
duas  partes  omnium   grossarum  decimarum  granorum 

(1)  Jean  de  Chambines,  dont  le  nom  se  lit  dans  le  cartulaire  I  du 
chapitre,  n°  89,  fol.  22  r°,  doit  être  regardé  comme  le  véritable  fon- 
dateur de  la  prébende  d'Hécourt  et  Saint-Chéron,  dont  il  augmenta 
considérablement  les  revenus  (tin  du  xne  siècle).  Cependant,  comme 
le  fait  remarquer  le  Dict.  hist.  de  VEure,  II,  p.  36o,  il  est  possible 
qu'elle  ait  dû  son  commencement  à  Hugues  de  Chambines,  oncle 
du  précédent,  qui  était,  dès  1164,  grand-chantre  de  la  cathédrale 
d'Evreux. 

(2)  f  le  3  mars  i5o8  (n.  s.  i5og).  Par  les  présentations  à  la  cure 
d'Hécourt,  on  voit  qu'il  était  déjà,  en  1482,  pourvu  de  la  prébende. 
Un  Georges  de  la  Rue,  curé  de  Canteleu,  près  Rouen,  cité  comme 
témoin  dans  une  enquête  au  sujet  de  l'élection  de  Jean  La  Balue  à 
l'évêché  d'Evreux,  paraît  être  le  même  que  le  chanoine  d'Hécourt. 


WBUOTHECA 


100 

excrescentium  in  dictis  duabus  parrochiis,  exceptis 
aliquibus  terris  ab  antiquo  elemosynatis  curatis  praedic- 
tarum  ecclesiarum. 

Estque  dictus  pracbendatus  communicarius  et  particeps 
omnium  distributionum  quotidianarum  cum  honoribus 
et  emolumentis  universis,  sicut  cœteri  canonici. 

Et  est  de  taxa  reducta  ad  :  xx  1. 

Et  de  décima  ad  :  xl  s. 

Pr^ebenda  de  Esmanvilla  et  Semervilla  (i)  quam 
nunc  tenet  magister  Petrus  Mesenge  (2),  et  est  de  latere 
dextro  chori. 

Ad  causam  dictae  praebendas  percipit  praebendatus 
omnes  et  singulas  décimas  grossas  granorum  dictae  par- 
rochiœ,  pro  quibus  débet  curato  octo  sextaria  bladi  et  [  ] 
duodenas  avenae,  excepto  quodam  triegio  in  quo  thé- 
saurus ecclesiae  percipit  decimam. 

(1)  Richard  de  Hereford,  fils  d'un  seigneur  de  Breteuil,  Emma,  sa 
femme,  et  son  beau-fils  (Gillebertus  privignus  predicti  Ricardi) 
fournirent  la  dotation  de  cette  prébende  (1 1  ig-i  i35).  V.  le  cartu- 
laire  I  du  Chapitre,  n»  206,  fol.  42  vo. 

(2)  L'un  des  trois  chanoines  prébendes  de  Nécy,  en  la  cathédrale 
de  Rouen,  par  suite  de  la  résignation  de  Jean  Bohier  (i4g5),  et 
trésorier  de  l'archevêque  G.  d'Amboise  du  29  septembre  1494 
au  29  septembre  i5o6.  Le  8  avril  suivant,  Pierre  Mesenge  entre- 
prit le  pèlerinage  de  terre  sainte,  avec  une  quinzaine  de  compa- 
gnons «  meuz  comme  lui  de  dévotion  de  aller  visiter  le  glorieux 
sainct  sépulcre  de  nostre  Saulveur  Jhesus  Grist  en  Jherusalem  et 
aultres  lieux  saincts  »  et  ne  fut  de  retour  que  le  26  décembre,  après 
une  absence  de  neuf  mois  et  demi.  Il  a  laissé,  de  son  pieux  voyage, 
une  relation  dont  deux  copies  du  xvi«  siècle  sont  conservées  à  la 
bibliothèque  de  Rouen  (A.  280  a  et  U.  100).  Son  testament,  du 
20  mai  i52i,  fut  présenté  au  chapitre  de  Rouen  le  28  août  i522, 
ce  qui  nous  donne,  à  quelques  jours  près,  la  date  de  sa  mort.  Nous 
n'avons  pas  celle  où,  fort  longtemps  auparavant,  il  céda  à  Ursin 
Chauvin  la  prébende  d'Émanville. 


101 


Et,  rationesuae  praebendae,  habet  jus  patronaïusecclesiae 
de  Semervilla  et  Esmanvilla. 

Pr^ebenda  de  Cretonk(t),  quam  nuper  tenebat  ma- 
gister  Franciscus  Bohier  (2)  et  modo  [  ],  est 

de  latere  sinistro  chori. 

Et  habet,  ad  causam  praebendae,  jus  patronatus  ad 
ecclesiam  de  Creton. 

Ad  causam  dictae  praebendae,  percipit  praebendatus 
omnes  décimas  infra  limites  parrochiae,  proquibus  débet 
curato  viginti  sextaria  grani  ad  mensuram  Ebroicensem 
juxta  concordatum  anno  1  3 12  quod  est  in  capsa  praeben- 
dati,  scilicet,  tria  sextaria  frumenti,  septem  sextaria  mis- 
tologii,   tria  sextaria  siliginis,  quinque  sextaria   avenae, 


(1)  Pour  cette  prébende  et  un  certain  nombre  de  celles  qui  vont 
suivre,  l'époque  de  la  fondation  est  inconnue. 

(2)  François  Bohier,  fils  de  Thomas  Bohier  et  de  Catherin: 
Briçonnet,  fut  reçu  à  une  prébende  de  la  cathédrale  de  Rouen  (i522), 
doyen  de  Tours,  prévôt  de  Normandie  dans  le  chapitre  de  Notre- 
Dame  de  Chartres  et  abbé  commendataire  de  Bernay  (1524).  Coad- 
jutcur  de  son  onde  Denis  Briçonnet  0^27),  il  lui  succéda  sur  le 
siège  épiscopal  de  Saint-Malo  (1 5^4- 1567).  Il  s'est  fait,  avec  un 
seigneur  de  sa  famille,  représenter  en  costume  de  prévôt,  agenouillé 
sur  un  prie- Dieu  à  ses  armes  devant  les  images  de  la  Sainte  Vierge 
et  de  son  saint  patron,  dans  une  verrière  placée  au  chevet  de  la  petit'' 
église  paroissiale  de  Vraiville.  11  ne  paraît  pas  qu'il  ait  jamais  été 
chanoine  d'Évreux.  Comme  le  montrent  divers  actes  capitulaires,  il 
faut  substituer  ici  à  son  nom  celui  de  son  oncle  Jean  Bohier,  frère 
du  cardinal  Antoine  Bohier,  qui  fut  reçu  le  18  novembre  1494  au 
canonicat  et  prébende  de  Creton  et  le  17  mars  i5o3  à  une  prébende 
d  la  cathédrale  de  Rouen  qu'il  ne  conserva  qu'un  an.  Chanoine  de 
l'église  de  Clermont,  chanoine  et  ch  intre  dans  celle,  de  Paris,  con- 
seiller-clerc au  parlement  de  cette  ville,  il  était  président  aux  En- 
quêtes quand  il  fut  nommé  à  l'évêché  de  Nevers.  Il  en  prit  possession 
le  29  octobre  i5o8  et  mourut  le  3o  juillet  i5i2. 


102 


très  minas  hordei  et  unam  minam  pisorum  et  ducenta 
fourragiorum,  scilicet,  medietatem  bladi  et  aliam  medie- 
tatem  avenae.  Haec  omnia  accipere  débet  curatus  in 
grangia  praebendati. 

Pr^ebenda  de  Piris,  quam  nunc  tenet  magister  Simon 
Dablon  (i),  est  de  latere  dextro  chori. 

Et,  ad  causam  dictae  praebendae,  percipit  praebendatus 
duas  partes  grossarum  decimarum  parrochiae  de  Piris  et 
curatus  tertiam  partem,  excepto  tam[en]  feodo  seu  domi- 
n[i]o  de  Bigars  (2). 

Item,  percipit  super  curatum  de  Gamba  sex  sextaria 
hordei  ad  [parvam]  mensuram  valentem  quatuor  sextaria 
ad  magnam  mensuram. 

Item,  est  communicarius  capituli,  particeps  distribu- 
tionum  et  omnium  emolumentorum  ac  jurium  canonici 
praebendati. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  xv  1. 

Et  de  décima  reducta  :  xxx  s. 

Pr^ebenda  fundata  super  vicecomitem  de  Paceyo,  quam 
nuper  tenebat  magister  Guillelmus  Chalenge  (3),   modo 
],  est  de  parte  sinistra  chori. 

(1)  Ce  prébende  de  Périers  fonda,  en  la  faisant  suivre  d'un  repas 
(conrreyum)  pris  en  commun  par  les  chanoines,  une  messe  le 
2  5  novembre,  fête  de  sainte  Catherine,  dans  la  chapelle  de  la  con- 
frérie de  ce  nom,  devant  l'autel  de  laquelle  il  est  enterré.  Son  obit, 
marqué  au  27  octobre,  laisse  entendre  qu'il  décéda  à  pareil  jour 
de  l'année  i5i  1. 

(2)  Le  fief  de  Bigards,  dont  le  chef- mois  était  à  Nassandres,  avait 
quelque  extension  sur  le  territoire  de  Périers. 

(3)  Guillaume  Challenge,  fils  d'un  président  au  Parlement  de 
Normandie  où  il  eut  lui-même  la  charge  de  conseiller-clerc,  fut, 
en  1 5 1 1 ,  prince    de   l'Académie   des    Palinods.    Sans    entrer   dans 


103 

Et,  ad  causam  dictae  praebendae,  praebendatus  percipit 
supra  dictum  vicecomitem  pro  suo  grosso,  singulisannis, 
summam  xiij  librarum  Tur. 

Item,  estcommunicariuscapituli,  capax  distributionum 
et  omnium  emolumentorum  ac  jurium  canonici  praeben- 

dati. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  x  1.  x  s. 
Et  de  décima  reducta  :  xxj  s. 

PRjEBENDA      ANNEXA    CANT0R1,E,     FUNDATA    SUPRA    SIGILLUM 

episcopi,  quam  modo  tenet  magister  Joannes  Hunaud. 

Ad  causam  dictœ  praebendae,  dictus  cantor  percipit 
annuatim  supra  sigillum  episcopi  centum  decem  solidos 
solvendos  in  duabus  synodis,  estque  communicarius  ut 
supra  declaratum  est. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  lv  s. 
Et  de  décima  reducta  :  v  s.  vj  d. 
l'énumcration  des  bénéfices  qu'il  obtint  successivement,  il  suffira  de 
rappeler  une  des  deux  portions  de  la  cure  de  Notre-Dame  de  Lou- 
viers,   ville  dont  son  frère  était  bailli  et  où  sa  famille  avait  fondé 
et  décoré  la  chapelle  qui  porte  aujourd'hui  encore  leur  nom.  Cha- 
noine de  la  Saussaye  jusqu'en  1529,  chanoine  et  chantre  de  la  cathé- 
drale de  Rouen  (i5o8  et  i5ai),  il  alla  reposer  dans  l'aile  droite  du 
chœur  de  cette  dernière  église,   sous  une  dalle  de  pierre  gravée  de 
huit  vers  qui  nous  révèlent  son  âge  et  le  jour  où  il  trépassa  : 
En  Guillelmus  adest  Chaliengeus,  nobilis  ortu, 

Consule  Rothomagi  prœside  pâtre  satus  ; 
Princeps  Ebvoicis  diaconus  et  œde  sonorus 

Hac  prœcentor,  habens  hic  et  ibi  canona  ; 
Arte  potens  cantus  fidiumque  peritus,  honesto 

Magnifiais  sumptu  pauperibusque  pius  ; 
Quarto  hune  sexagenum  augusti  sole  tulerunt, 
Ter  septem  adpositis  lustra  decem  decies  (4  août  1 535). 
La  dignité   d'archidiacre  d'Évreux  {princeps  diaconus),   quoiqu'il 
n'en  ait  été  revêtu  qu'à  partir  du  3o  août  i533,  c'est-à-dire  durant 
moins  de  deux  ans,  n'a  pas  été  oubliée  dans  l'épitaphe. 


i  04 

(  Pr,ebendjE  de  Brovilla  (  i  ) .  ] 

a)  Altéra  praebendarum  de  Brovilla,  quam  tenet  nunc 
magister  Joannes  de  Podio  Harbaudi  senior  (2),  est  de 
latere  dextro  chori. 

Ad  causam  dictae  praebendœ,  dictus  praebendatus  per- 
cipit  duas  partes  decimarum  grossarum  granorum  et  vino- 
rum  territorii  magnae  portionis, 

Et  est  notandum  quod  sunt  duae  praebendae  fundatae 
apud  Brovillam,  una  dicitur  magnae  portionis,  altéra 
dicitur  parvae  portionis,  et  est  quaedam  semita  faciens 
separationem  decimagiorum  dictarum  prasbendarum, 
nam  magna  portio  percipit  décimas  territorii  sui  a  dicta 
semita  usque  ad  manerium  de  Brovilla  et  parva  portio 
capit  de  altéra  parte  versus  les  Angles. 

Item,  dicti  praebendati,  in  suis  portionibus,  capiunt 
duas  partes  omnium  minutarum  decimarum,  videlicet, 
pisorum,  fabarum,  lini,  canapis,  pavoti,  aliarum,  cepum, 
pomorum,  pirorum  et  quorumcumque  leguminum  ac 
etiam  fœni. 

Et  est  dictus  praebendatus  communicarius,  particeps 
distributionum. 

Et  est  de  taxa  reducta  ad  :  x  1.  Tu  r. 

(1)  Un  des  historiographes  d'Evreux,  Jean  Lescalier,  attribue  à 
l'évêque  Hugues  (910-942),  sans  fournir,  d'ailleurs,  aucune  preuve, 
la  fondation  des  deux  prébendes  de  Brosville. 

(2)  Dans  l'enquête  préalable  à  la  reconstruction  de  l'évêché, 
en  1499,  pièce  importante  qu'a  publiée  M.  G.-A.  Prévost  (op.  cit.), 
comparaît  maître  Jean  du  Puyherbaud,  «  procureur  de  révérend 
père  en  Dieu  l'evesque  d'Evreux  ».  Ce  chanoine,  qui  fut  curé  de 
Thevray,  fit  à  la  cathédrale  fondation  d'obits  aux  deux  fêtes  de  la 
Sainte-Croix  (3  mai  et  14  septembre),  d'une  messe  le  jour  de  la  fête 
de  saint  Espain  (24  octobre)  et  de  la  procession  qui  se  faisait,  la 
veille,  à  la  chapelle  renfermant  l'autel  de  ce  saint.  Un  article  de 
YObituaire  met  sa  mort  au  14  juin  1509. 


IO) 


Et  de  décima  reducta  :  xx  s. 

b)  Altéra  praebendarum  de  Brovilla,  quam  modo  tenet 
magister  Joannes  [de  Podio]  Harbaudi  junior  (i),  est  de 
lateresinistro  et  dicitur  pracbenda  parvae  portionis. 

Ad  causam  dicta?  praebendae,  praebendatus  percipit,  in 
dicta  parrochia  de  Brovilla,  in  sua  portione,  duas  partes 
omnium  decimarum,  tam  grossarum  quam  minutarum, 
utgrani,  bladi,  hordei,  avenue,  veciae,  pisorum,  fabarum 
et  omnium  leguminum,  vini,  fœni,  pomorum,  pirorum, 
et  est  quœdam  semita  faciens  separationem  dictarum 
duarum  portionum,  et  se  extendit  dicta  magna  portio 
versus  manerium  de  Brovilla  et  parva  portio  versus  les 

Angles. 

Et  est  dictus  praebendatus  communicarius  et  capaxdis- 

tributionum. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  x  1.  Tur. 
Et  de  décima  reducta  :  xx  s. 

Pr^benda  de  Nocumknto,  Authenayo  et  Cantulupi 
quam  modo  tenet  magister  Jacobus  Louet  (2)  est  de  latere 

dextro  chori . 

Et  ad  causam  dicta;  praebendœ,  praebendatus  habet  jus 
patronatus  ecclesiarum  de  Nocumento,  de  Authenayo  et 
Cantulupi  ac  capellae  de  Malodumo. 

(1)  Sa  notice  nécrologique  est  inscrite  au  9  mai,  mais  sans  indi- 
cation d'année.  Elle  place  sa  sépulture  prope  altare  Divi  Spani.  Les 
Puyherbaud,  on  le  voit,  avaient  une  dévotion  spéciale  à  ce  saint 
martyr  honoré  surtout  en  Touraine.  Un  de  leurs  neveux,  qui  fut, 
durant  peu  de  temps,  curé  de  Notre-Dame  de  Verneuil,  en  avait 
reçu  le  nom  au  baptême. 

(2)  Jacques  Louet,  chapelain  de  la  chapelle  Saint-Nicolas  du 
château  de  Laigle,  chanoine  de  Notre-Dame  de  Paris  et  conseiller  au 
parlement  de  cette  ville  ;  f  en  i5'5j. 


io6 


Item,  percipit  duas  partes  grossarum  decimarum  in 
dictis  tribus  parrochiis  et  curati  teniam  partem. 

Estque  dictus  praebendatus  communicarius  capituli  et 
residendo  percipit  distributiones  et  aliaemolumentasicut 
cœteri  canonici  praebendati. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  xxxv  l . 

Et  de  décima  reducta  :  lxx  s. 

Pr^benda  de  Sacco  et  de  Rulleyo  quam  modo  tenet 
magister  Gaufridus  Regnart  (i)  et  est  de  latere  sinistro 
chori. 

Ad  causam  praebendae,  praebendatus  habet  jus  patro- 
natus  ecclesiarum  de  Rulleyo  et  de  Sacco  et  capellae  Sancti 
Michaelis  de  Vineis  juxta  Ebroicas. 

Item,  habet  jus  visitationis  in  dictis  ecclesiis,  instituit 
thesaurarios,  audit  et  claudit  compta  eorum,  facitcorrec- 
tiones  in  cursu  sue  visitationis. 

Nec  sunt  dictas  ecclesias  in  deportu  (2),  nec  solvunt 
synodos  et  calendas,  sed  sunt  curati  decani  in  suis  parro- 
chiis. 

Item,  praebendatus  confert  scholas  de  Rullevo. 

Item,  débet  babere  jura  luneralium   dictorum  curato- 

(1)  Comme  Robert  Regnard,  qui  lui  succéda  dans  sa  prébende,  il 
était  de  la  famille  de  Jean  Regnard,  seigneur  de  Fourneaux,  à 
Faverolles-la-Gampagne,  fief  qui  appartint  ensuite,  par  le  mariage 
de  Marie  Regnard,  à  Pierre  de  Gravelles  et  à  leurs  enfants.  Geoffroy 
Regnard  avait,  de  i486  à  1488,  la  cure  de  Saint-Jacques  de  Ver- 
neuil.  11  quitta,  par  démission,  le  3  novembre  1488  la  vicairie  de 
Branville  et  le  5  août  1492  celle  de  Mandres  par  permutation  pour 
la  chapelle  Saint-Nicolas  de  l'offidalité. 

(2)  «  Il  y  a  aussi,  dans  le  diocèse  d'Évreux,  quelques  bénéfices- 
cures  qui  sont   exempts   de    déports  ...    Les   cinq   appariteurs  de 

Tévêque,  sçavoir  :  Rcully,  Broville,  Sac,  Condé  et  Angerville » 

(Routier,  Pratiques  bénéftciales .) 


107 

rum  defunctorum  et  percipere  fructus  quousque  curatus 
fu[er]it  in  eis  institutus. 

item,  habet  unam  decimam  in  parrochia  de  Sacco  que 
potet  valere,  communibus  annis,  xxx  1. 

Item,  habet,  supra, curatum  de  Rulleyo,  portionem  tre- 
decim  librarum  Tur.  et  triginta  solidos  quando  visitai, 
et  parochiani  debent  sibi  prandium. 

Item,  habet  unam  parvam  decimam  quai  se  extendit  in 
feodo  d1  Yton,  quae  valet,  communibus  annis,  xxli  bucellos 
bladi. 

Item,  habet  unam  parvam  decimam  in  parrochia  de 
Mesnillo  Fugueti  quie  valere  potest  duo  aut  tria  sextaria 
grani. 

Item,  habet  jus  percipiendi  unum  ducatum  auri  super 
fructibus  capellae  Sancti  Michaelis. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  xv  1.  Tur. 

Et  de  décima  reducta  :  xxx  s. 

Item,  est  communicarius  capituli . 

[PRiEBENDyE  SUPRA  SIGILLUM  EPISCOPI  (i).] 

a)  Altéra  praibendarum  fundatarum  supra  sigillum 
episcopi  quam  modo  tenet  magister  Ludovicus  Louvel  (2), 
et  est  de  latere  dextro  chori . 

(1)  L'Abrégé  historique  dit  que  ce  tut  «  Audoin  ou  Audin  de 
Bayeux  (de  Condé)  (1 1 12-1  i3g)  qui  fonda  trois  prébendes  en  faveur 
de  ses  aumôniers  ou  chapelains....  sur  les  emolumens  du  sceau  de 
l'évêché  ».  Dans  le  (Calendrier  historique  de  1749,  Durand  rapporte 
le  même  fait  à  l'évêque  Luc  (1 20^-1220).  Ni  l'un  ni  l'autre  n'a  fait 
connaître  sur  quoi  est  basée  son  affirmation. 

(2)  Louis  Louvel,  frère  de  Jean  Louvel,  lieutenant  du  bailli 
d'Évreux,  avait  été  chapelain  d'Aubevoye  et  chapelain  de  Saint- Vincent 
de  Landes  (1475).  Chanoine  d'Évreux,  il  fit  réédifier  à  ses  frais  la 
maison  canoniale  de  Sainte-Marie-Madeleine  et  fonda,  pour  le  jour 
de  la  fête  de  saint  Taurin,  un  repas  (conrreyum  ad  instar  aliorum 


to8 


Ad  causam  dictae  prasbendae,  pcrcipit  praebendatus 
supra  sigillum  episcopi  centum  quindecim  solidos  Tur. 
in  duabus  synodis. 

Item,  est  communicarius  et  particeps  communitatum 
capituli  et  percipit  distributiones. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  lvij  s.  vj  d. 

Et  de  décima  reducta  :  vj  s.  ix  d. 

b)  Altéra  praebendarum  supra  sigillum  episcopi  funda- 
tarum  quam  modo  tenet  magister  Joannes  Tinctoris  (r), 
et  est  de  sinistro  latere  chori. 

Ad  causam  praebendae  percipit  supra  sigillum  episcopi 
annuatim  centum  solidos  Tur.  in  duabus  synodis  me- 
diatim 

Item,  est  communicarius  et  percipit  distributiones  quo- 
tidianas. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  1  s. 

Et  de  décima  reducta  :  v  s. 

PrjEBEnda  de  Houettevilla,  quam  tenuit  magister 
R[eginald]us    Reinquet    (2)     et    modo    tenet    magister 

conrreyorum  festorum  triplicium)  (1494).  Curé  de  Notre-Dame  de 
Louviers  (1488-15 16)  en  même  temps  que  Guillaume  de  Challenge, 
il  eut,  conjointement  avec  lui  et  l'official  d'Évreux,  délégation,  par 
bulles  du  pape  Jules  II,  pour  connaître  d'un  appel  relatif  à  la  nomi- 
nation de  l'abbé  de  Saint-Wandrille  (1507).  Il  mourut  le  6  février 
i320  et  fut  enseveli,  dans  la  cathédrale,  «  au  Pardon,  prope  capellam 
Sancti  Pétri  ». 

(1)  11  juillet  1493,  la  chapelle  du  manoir  de  Garembouville  est 
conférée  à  Jean  Teinturier;  —  21  août  1495,  Jean  Le  Teinturier, 
curé  de  Brosville,  permute  pour  la  prébende  sur  la  vicomte  de 
paCy  ;  —  i3  octobre  i5o2,  J.  Le  Teinturier  quitte  la  cure  d'Avrilly 
pour  être  chanoine  d'Évreux  et  prébende  sur  le  sceau.  Il  fut  aussi 
secrétaire  de  l'évêché  d'Évreux  et  vicaire  général  d'Ambroise  Le 
Veneur.  En  plein  chapitre,  le  27  novembre  i5i4,  il  fut  acciden- 
tellement blessé  d'un  coup  violent  qui  le  mit  au  tombeau  quatre  jours 
après,  le  vendredi  Ier  décembre. 

(2)  10  février    1496,   la  chapelle   Saint-Thibaut,  au  prieuré   de 


109 

Joannes  Colas  (i),  et  de  latere  dextro  choiï  est. 
Ad  causam  dictae  prsebendae,  praebendatus  habet  jus 
pr^sentationis  ad  ecclesiam  de  Houettevilla,  fueruntque 
plures  curati  praesentaû  per  dictos  Rinquet  et  Colas, 
scilicet,  Gaufredus  Alespée  (2),  magister  Nicolaus  de 
Mailloc,  dominus  temporalis  loci  (3),  magister  Guillel- 
mus  Guerin,  dominus  temporalis  [de  (4)  J,  et 

dominus  Joannes  de  Beauvoys,  presbyteri. 

Saint-Jacques  de  l'Hôtel-Dieu,  est  conférée  à  Regnault  Rainquier, 
chanoine  d'Évreux.  —  1  i  septembre  (i5o6  ?).  Obitus  nobilis  et  dis- 
creti  viri  magistt  i  Reginaldi  de  Rainquier,  dum  viveret  canonici 
Ebroicensis.  —  7  juin  ID17.  Pierre  Rainquier,  clerc,  prend  posses- 
sion de  la  prébende  du  Plessis.  Dans  l'église  dont  cette  prébende 
avait  le  patronage  on  lit,  au  bas  d'une  verrière  :  «  Vitrina  haec  est 
de  dono  spectabilis  ac  generosi  viri  Fetri  de  Rainquier,  presbyteri, 
canonici  Ebroicensis  ac  prsebendati  hujus  loci  de  Plesseio  Grohan  et 
patroni  ejusdem  ecclesie,  i53?.  »  Ecu  de  gueules  au  lion  d'or. 
(Mém.  et  notes  d'Aug.  Le  Prévost,  II,  546.)  Il  mourut  le  1 1  juillet 
i53d.  Cette  famille,  dont  les  deux  chanoines  précités  furent  sans 
doute  les  derniers  représentants,  habitait  Évreux  dès  le  xivc  siècle 
et  posséda  à  Saint-Germain  un  petit  domaine  qui  prit  d'elle  le  nom 
de  fief  de  la  Rinquette  ou  Ringuette. 

(1)  Jean  Colas,  prêtre,  curé  de  Saint-Georges-des-Champs,  est 
nommé,  le  3i  juillet  i5o6,  à  la  prébende  de  Houetteville.  Par  per- 
mutation de  la  chapelle  de  la  Sainte-Vierge  et  de  Tous-les-Saints  de 
l'église  Saint-Pierre  d'Evr ,'ux,  il  devint  curé  de  Saint-Aquilin  en 
cette  même  ville  et  mourut  en  i52D,  année  où  la  cure  était  vaa.nte. 

(2)  Geoffroy  Alespée,  curé  de  Fontaine-sous-Jouy.  (Arch.  de  l'Eure 
G.  i38.) 

(3)  En  1483,  Nicolas  de  Mailloc  fait  hommage  pour  Houetteville. 
Il  était  mort  en  i5oo(D/c*.  hist.  de  l'Eure,  II,  388). 

(4)  Guillaume  Garin,  sieur  de  la  Houblonnière  et  du  Mesnil- 
Vicomte.  •—  i5i8  (  1 5 1 9  n.  s.),  11  mars.  Déclaration  de  foi  et  hom- 
mage de  Guillaume  Garin,  prêtre,  chanoine  de  Lisieux,  pour  la 
seigneurie  de  Houetteville,  mouvante  d'Évreux,  et  pour  les  fiefs  du 
Breuil-Poignard  et  du  Mesnil,  mouvants  de  la  vicomte  de  Conches 
(Actes  de  François  Ier). 


I  10 

Item,  dictus  praebendatus,  pro  grosso  suae  praebendae, 
partes  duas  decimarum  dictae  parrochiae  percipit,  vide- 
licet,  bladi,  vini,  hordei,  siliginis,  mistolii,  avenae,  piso- 
rum,  vessiae,  pomorum,  pirorum,  tam  in  agris  antiquis 
quam  in  jardinis,  ut  constat  per  appunctuamentum  fac- 
tum  inter  praebendatum  et  dictum  dominum  Gaufredum 
Aiespée,  signatum  per  Thomam  Vavassorem  notarium. 

hem,  est  communicarius  capituli  et  percipit  quoti- 
dianas  distributiones. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  x  1.  x  s. 

Et  de  décima  reducta  :  xxj  s. 

Pr^bend^e  de  Quiteboto  (  i  ) .  —  a)  Altéra  praebenda- 
rum  de  Quiteboto  quam  modo  tenet  magister  [Ludovi- 
cus]  Herbert  (2),  et  est  de  latere  dextro  chori. 

Dicta  prœbenda  est  fundata  supra  decimam  de  Quite- 
boto, una  cum  altéra  praebenda  quœ  nu  ne  est  suppressa 
et  applicata  magistro  et  pueris  chori,  ut  infra  patebit. 

Et  habet  dictus  praebendatus  jus  percipiendi  supra  dic- 
tam  decimam  suum  grossum,  narii  dicta  décima  traditur 
ad  rirmam  per  capitulum  plus  offerenti  ad  certum  nume- 
rum  modiorum  grani,  supra  quo[s]  proventus  curatus  de 
Quiteboto  capit  tôt  sextaria  bladi  quod  sunt  modia  grani  ; 
deinde,  fit  petitio  dicti  grani  per  capitulum   et,   petitione 


(1)  Quittebeuf  paraît  être  une  des  six  prébendes  fondées,  au  milieu 
du  xne  siècle,  par  Simon,  comte  d'Evreux.  V.  Arch.  de  l'Eure, 
G.  122,  no  75,  fol.  19  ro. 

(2)  Chanoine  d'Evreux  du  17  novembre  i5oo,  Louis  Herbert, 
frère  de  Godefroy  Herbert,  évêque  de  Coutances,  fut  archidiacre  de 
Goutances,  chanoine  de  Rouen  et  d'Avranches  et  abbé  de  Saint-Lô. 
Le  chapitre  métropolitain,  per  devolutum,  le  nomma  à  l'évêché 
d'Avranches  par  acte  du  25  février  i5io  (v.  s.).  Il  mourut  le  4  avril 
1526  au  château  du  Parc  qu'il  avait,  en  1614,  fait  reconstruire. 


I  I  T 

facta,  capitulum  capit  quinque  modia  bladi,  residuum 
vero  dicti  grani  sic  dividitur,  nam  capitulum,  de  illo 
residuo,  capit  duas  partes,  tertia  vero  pars  illius  residui 
dividitur  œqualiter  inter  duos  dictos  prxbendatos,  et  sic 
dictus  praebendatus  percipit  medietatem  tertiae  partis  dicti 
residui. 

Item  est  communicarius  et  capax  distributionis  com- 
munitatum  capituli. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  x  1. 

Et  de  décima  reducta  -.  xx  s. 

b)  Altéra  procbendarum  de  Quiteboto  quam  tenebat, 
dum  viveret,  defunctus  magister  Robertus  Le  Four- 
beur  (i),  ad  supplicationem  domini  episcopi  et  capituli 
una  cum  consensu  ipsorum  et  ipsius  Le  Fourbeur,  fuit 
auctoritate  apostolica,per  summum  pontificem  dominum 
Alexandrum  papam  sextum,  suppressa  et  extincta  et 
applicata  pro  fundatione  magistri  et  puerorum  chori  (2), 
ut,  de  grossis  fructibus  dictas  prebendae  et  de  distribu- 
tionibusquotidianis  provenientibus  de  communia  capi- 
tuli, habeant  ipsi  magister  et  pueri  sua  alimenta,  vesti- 
menta  et  omnia  necessaria  juxta  ordinationcm  capituli 
quad  députât  unum  canonicum  ad  recipiendos  et  guber- 
nandos  fructus  et  distributiones  praedictas  et  ad  provi- 
dendum  eisdem  magistro  et  pueris  de  pecuniis  prout 
capitulum  ordinabit. 


(1)  Il  était  filsde  Roger  Le  Fourbeur  et,  par  sa  mère,  Jeanne  Cibole, 
neveu  de  Robert  Cibole,  qui,  originaire  de  Breteuil,  fut,  comme 
on  le  sait,  proviseur  au  collège  d'Harcourt,  chancelier  de  l'uni- 
versité de  Paris  et  doyen  du  chapitre  d'Evreux  de  1453  à  1458. 
Robert  Le  Fourbeur  vécut,  croyons-nous,  jusqu'au  19  juin  i5o2. 

(2)  Cette  suppression  se  fit  sur  requête  présentée  au  pape 
par  l'évêque,  le  chapitre  et  le  titulaire  de  la  prébende  et  sur  lettres 


IT2 


Et,  ex  ordinationedictorum  episcopi  et  capituli,  erunt, 
decaetero,  octo  pueri,  magister  ad  instruendos  illos  in 
cantu  et  submagister  ad  instruendos  eos  in  gram- 
matica. 

Et,  de  caetero,  dicta  prœbenda  non  erit  in  deportu  nec 
in  taxa  reducta. 

Et  habet  dicta  praebenda  medietatem  teniae  partis  resi- 
dui  grani  decimae  de  Quicteboto  una  cum  distributio- 
nibus  quotidianis  tam  in  granoquam  in  pecunia. 

Pr^ebenda  de  Thevrayo  quam  modo  tenet  magister 
Mathurinus  Guyneuf  (i),  et  est  de  parte  dextra  chori. 

patentes  du  roi  *.  «  Trois  dossiers  contenant  original  des  bulles 
d'Alexandre  VI  portant  suppression  de  l'une  des  prébendes  de 
Quittebeuf.  possédée  par  Robert  Le  Fourbeur,  pour  l'entretien  des 
enfans  de  cœur  ;  copie  de  la  ditte  bule  et  de  lettres  de  Charles,  roy 
de  France,  portant  permission  au  chapitre  de  supprimer  la  dite 
prébende,  et  ratification  de  l'extinction  et  union  4'ice^e  ;  etat  des 
revenus  et  charges  de  la  dite  prébende  éteinte  et  supprimée  ;  des 
années  1496  et  i5o2.  »  {Inventaire  des  titres...,  p.  3oo.)  La  pré- 
bende prit  le  nom  de  prébende  des  enfants  de  chœur.  En  mémoire 
des  bienfaiteurs  qui  l'avaient  autrefois  dotée  de  revenus,  deux  obits 
étaient  célébrés  au  lendemain  des  deux  fêtes  de  saint  Nicolas 
(10  mai  et  7  décembre).  A  la  messe  de  ces  obits,  par  ordonnance 
de  l'évêque  Raoul  du  Fou,  du  doyen  et  du  chapitre,  les  enfants 
de  chœur  devaient  être  revêtus,  comme  des  chanoines  [ad  instar 
canonicorum),  d'aumusses  ou  capuces  de  petit-gris.  Deux  d'entre 
eux  remplissaient  les  fonctions  de  choraux,  quatre  autres  chantaient 
le  «  trait  ».  Cette  coutume  affectait  donc,  à  une  époque  où  ces 
naïves  solennités  tendaient  presque  partout  à  disparaître,  de  faire 
revivre  la  pompe  éphémère  et  puérile  qui  entourait  jadis  le  petit 
évoque  de  la  fête  des  Innocents. 

(1)  Mathunn  Guyneuf,  trésorier  et  chanoine,  prieur  et  adminis- 
trateur de  la  léproserie  Saint-Nicolas  d'Evreux  après  avoir  été  curé 
d'Ec  dles-Aîlix,  au  diocèse  de  Rouen,  f  en  i525. 

*  Le  grand  pouillé,  d'après  les  registres  capitulaires,  donne  pour  le  décret  la  date 
du   17  novembre  1495 . 


Dicta  praebenda  fuit  fundataper  dominum  deffunctum 
Rogeri um  de  Thevrayo  (  i  ) . 

Et  habet  praebendatus  altam  justitiam,  patibulum  ad 
iiijor  pillearia,  baill[i]vium,  vicecomitem  et  clientem  in- 
feodatum. 

Item,  habet  plures  homines  subditos  tenentes  ab  eo 
suas  terras  et  masuras. 

Item,  habet  jus  patronatus  ecclesiae  de  Thevrayo,  et 
de  hoc  habet  plures  sententias  obtentas  a  suis  praedeces- 
soribus. 

Item,  percipit  omnes  grossas  décimas  dicta?  parrochiae. 

Item,  in  parrochiis  [  ]. 

Item,  habet  unam  grangiam,  una  cum  horto  seu  jar- 
dino  plantato  arboribus  [continente]  duas  acras  terrae  vel 
quocirca. 

Item,  habet  unam  domum  cum  horto  de  acquisitione 
defuncti  magistri  Gaufredi  de  Chaumont  (2),  et  hortus 
non  est  de  feodo  dictae  praebendae. 

Item,  est  communicarius  capituli  et  percipit  distribu- 
tiones  et  quaecumque  alia. 

Item,  est  de  taxa  reducta  ad  :  xl  1. 

Et  de  décima  reducta  :  iiij  1. 

Praebenda Sanct^e  Columbe,  quam  modo  tenet  magister 
Franciscus  Allard  (3),  est  de  latere  sinistro  chori. 

(1)  La  donation  que  fit  Roger  de  Thevray  (n 70-1 179)  du  patro- 
nage de  l'église  de  Thevray,  avec  les  dîmes  et  autres  droits  en 
dépendant,  pour  la  formation  d'une  prébende,  fui  approuvée  par 
son  suzerain,  Robert  de  Meulent.  (Archives  de  l'Eure,  G.  122,  car- 
tul.  I  du  chapitre,  n»s  79  et  80,  fol.  20  ro.) 

(2)  Ce  chanoine  avait  eu  la  prébende  sur  la  vicomte  d'Evreux 
avant  de  passer,  antérieurement  à  1482,  à  celle  de  Thevray. 

(3)  François    Allard,    chapelain    de    la    chapelle    Saint-Thomas 


H4 

Dictus  praebendatus,  ad  causam  dictae  praebendae,  per- 
cipit  tertiam  partem  grossarum.  decimarum  dictae  parro- 
chiae,  capitulum  tertiam  partem  et  prior  de  Parco(i)  ter- 
tiam partem. 

Item,  est  communicarius  capituli  et  percipit  distribu- 
tiones  quotidianas  et  quaecumque  alia  jura  quae  canonici 
praebendati  percipere  soient. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  xij  1.  x  s.  T. 

Et  de  décima  reducta  :  xxv  s. 

Pr^ebenda  de  Plesseyo  Grohan  (2),  quam  modo  tenet 
magister  Alainus  Richart,  est  de  latere  dextro  chori. 

Ad  causam  dictae  praebendae,  praebendatus  habet  jus 
patronatus  ecclesiae  parrochialis  de  Plesseyo  Grohan. 

Item,  abbas  Sancti  Taurini  et  praebendatus  partiuntur 
et  dividunt  inter  se  aequaliter  decimam  granorum  totius 
parrochiae,  reservato  quodam  triegio  nuncupato  triegium 
capellae  Sancti  Briccii,  cujus  quidem  triegii  praebendatus 
capit  decimam. 

Item,  décima  communis  inter  abbatem  et  praebenda- 
tum  reponitur  in  grangia  praebendae  et,  super  portione 
praebendati,  curatus  capit  pro  suo  grosso  decem  sextaria 
bladi. 

Item,  omnia  fourragia  decimagii  rémanent  praeben- 
dato,  eo  medio  quo[dJ  dictus  praebendatus  débet  facere 

martyr  à  l'hôpital  Saint-Antoine  de  Rouen,  permuta,  le  19  mars 
1494,  ce  bénéfice  pour  le  canonicat  de  Sainte-Colombe;  f  le  9  février 
i52i.  Je  ne  sais  s'il  serait  exact  de  l'identifier  avec  un  archidiacre 
du  Petit-Caux  du  même  nom. 

(1)  Le  Parc  d'Harcourt,  prieuré  conventuel,  O.  S.  A. 

(2)  M.  T.  Bonnin,  Analectes  historiques,  pièce  IV,  a  publié  la 
charte  de  fondation,  par  Simon,  comte  d'Evreux,  de  cette  prébende 
ainsi  que  de  celle  d'Avrilly  annexée  plus  tard  au  doyenné.  Ce 
document  est  au  cartulaire  I  du  chapitre,  n°  76,  fol.  19  r°. 


1^5 

flagellari  omnia  grana  et  solvere  abbati  sex  sextaria 
bladi. 

Item,  abbas  teneiur  ad  reparationem  cancelli  ecclesiae 
et  praebendatus  ad  reparationem  grangioe. 

Item,  prœbendatus  est  communicarius  capituli  et  parti- 
ceps  distributionum. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  xx  1. 

Et  de  décima  reducta  :  xl  s. 

PrjEbenda  fundata  supra  vicecomitem  Ebroicensem, 
quam  modo  tenet  magister  Jacobus  Baudoux  (i),  est  de 
latere  sinistro  chori. 

Ad  causam  dictae  praebenda?,  quae  est  de  fundatione 
Régis,  praebendatus  percipit  super  denariis  receptae  dicti 
vicecomitis  summam  decem  octo  librarum  Tur.  singulis 
annis  in  termino  Omnium  Sanctorum. 

Item,  est  communicarius  capituli,  particeps  omnium 
distributionum  et  aliorum  emolumentorum,  sicut  caeteri 
canonici  prcebendati. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  vj  1.  xvj  s.  vj  d. 

Et  de  décima  reducta  :  xiij  s.  ix  d. 

(i)  Un  arrêt  du  28  juillet  i5o8  maintint  Jacques  Baudoux,  cha- 
noine d'Evreux,  en  la  possession  et  jouissance  du  bénéfice-cure 
d'Ajou.  En  1 5 1 7,  le  1er  février,  il  échange  cette  églis?  pour  celle  de 
la  Trinité-de-la  Charmoye.  Le  16  avril  i5i8,  démission  pure  et 
simple  de  la  cure  de  la  Trinité  par  Jacques  Baudoux.  prêtre,  cha- 
noine d'Evreux.  La  date  de  sa  mort  nous  reste  inconnue,  quoique 
la  clôture  remarquablement  sculptée  d'une  chapelle  septentrionale 
de  la  nef,  dédiée  à  Saint-Nicolas,  porte,  en  belles  capitales  et  sur 
une  seule  ligne,  le  quatrain  suivant  : 

CY   GIST   MAISTRE   IACQVES   BAVDOVLX 

CHANOINE  IADIS   SANS   DIFFAME 

EN   CESTE   EGLISE    BEGNIN    ET   DOVLX 

MA  FAICT  CLORE    A   DIEV   SOIT   SON    AME.  AM 


T  I  6 


Pr^benda  de  Crestoto  (i),  quam  modo  tenet  magister 
Guido  de  Bordeilles  (2),  est  de  latere  dextrochori. 

Est  autem  dictus  praebendatus,  ad  causam  dictae  prae- 
bendae,  patronus  ecclesiœ  de  Crestot,  prout  meridiana 
luce  clariusdilucidavit  magister  Carolus  Drouyn  (3),  mo- 
dernus  canonicus  dictae  [ecclesiae]  Ebroicensis,  in  quod 
processit  strenue,  agitato  conventu,  Gelestinos  Medon- 

(1)  Par  un  édit  d'Orléans,  de  l'année  i56o,  cette  prébende  fut 
unie  et  annexée  à  la  principalité  du  collège.  Une  pareille  mesure 
incorpora  au  Bureau  des  pauvres  le  prieuré  de  Saint-Jacques  de 
l'Hôpital  ou  de  la  Maladrerie,  à  charge  de  verser  au  principal,  pour 
lui  et  ses  régents,  400  1.  par  an. 

(2)  Peut-être  le  second  fils  de  François  de  Bourdeille,  baron  de 
Bourdeille  et  de  la  Tour-Blanche,  le  seul  de  cette  famille  qui  ait 
porté  le  nom  de  Guy.  Si  l'identité  pouvait  être  établie,  le  chanoine 
serait  l'arrière-neveu  du  cardinal  Hélie  de  Bourdeille  et  l'oncle  de 
François  de  Bourdeille,  évêque  de  Périgueux,  comme  aussi  du 
fameux  abbé  de  Brantôme. 

(3)  Charles  Drouin  avait  vraisemblablement  été  pourvu,  peu 
avant  i52  2,  de  la  prébende  de  Crestot.  Son  nom  se  rencontre 
encore  dans  des  actes  capitulaires  des  18  et  22  juin  i543,  mais 
l'année  où  il  mourut  n'est  enregistrée  nulle  part.  La  clôture  de  la 
première  chapelle  nord  de  la  nef  de  la  cathédrale,  exécutée  de  son 
vivant,  sinon  et  en  tout  cas  dans  le  deuxième  quart  du  xvie  siècle, 
rappelle  du  moins  aujourd'hui  la  mémoire  et  le  suprême  vœu  du 
chanoine  défunt.  Courant  à  hauteur  d'appui  à  l'intérieur  de  cette 
grille,  se  lit  un  distique  latin  dont  plusieurs  mots  ont  été  intervertis 
mais  qui  peut  être  rétabli  ainsi  : 

dic  de  p[ro]fvndis  missam  qvi  dixeris  o[mn]is 
[h]anc  precvla[m]  c[arolvs]  postvlat  ipse  drov[yn] 

Répondant  à  ses  pieuses  intentions,  un  de  ses  neveux,  Gilles 
Drouin,  chapelain  dans  l'église  cathédrale  et  curé  de  Claville,  qui 
décéda  le  28  lévrier  i568,  prescrivit  par  son  testament  la  fondation 
d'un  obit  pour  le  salut  de  son  âme  et  de  celles  de  ses  parents  et 
amis,  parmi  lesquels  il  désigne  nommément,  avec  son  propre  frère 
Gabriel  (f  en  i56y),  également  prébende  de  Crestot,  vénérable  et 
discrète   personne  maître  Charles  Drouin,    leur  oncle.  Tous   trois 


tenses  et  dominos  temporale[s]  de  Chantelou  (i)  praesu- 
mentes  aliquale  jus  habere  patronatus  in  dicta  cura, 
et  hoc  acium  extitit  anno  Domini  millesimo  quingen- 
tesimo  xxij0  (2). 

Et,  ad  causam  dictae  praebendae  percipit  praebendatus 
aliquantulam  partem  decimarum,  cum  abbate  de  Becco, 
in  parrochia  proxima. 

Pr^ebenda  de  Fauvilla  (3),  quam  modo  tenet  [Germa- 
nus  de  Ganay  (4)],  est  de  latere  dextro  chori. 

Et,  ad  causam  dictae  praebendae,  habet  jus  patronatus 

avaient  leur  sépulture  devant  l'autel  Saint-Esp  in,  dont  la  situation 
se  trouvera  ainsi  déterminée.  Un  autre  de  leurs  parents,  J.  Drouin, 
chanoine  d'Evreux,  vivait  dans  les  premières  années  du  xvie  siècle 

(1)  Louis  de  la  Haye  et  ses  frères,  seigneurs  de  Chantelou  (à 
Saint- Vigor),  de  Cesseville,  Crestot,  etc. 

(2)  «  Liasse  de  parchemins,  contenant   titres  et  pièces  du  procès 

entre  le  sr  Drouyn,  prebendé  de  Cretot  et  le  sr ,  procureur 

des  Cclestins  de  Mantes,  et  le  seigneur  de  Chanteloup,  au  sujet  du 
patronage  de  la  cure  du  dit  lieu  prétendue  par  les  dites  parties, 
lequel  a  été  déclaré  appartenir  au  dit  Drouyn  par  sentence  du  Pont 
de  l'Arche  et  désistement  des  parties,  de  l'an  i522.  >»  (Invent,  des 
titres,  etc.,  p.  286.) 

(3)  La  date  de  sa  fondation  est  ignorée.  J.  Lescalier  dit  seulement  : 
«  L'église  Saint-Thomas  (d'Evreux)  tire  son  origine  a  peu  près  du 
même  temps  que  les  précédentes.  Elle  fut  fondée  par  Robert  de 
Fauville  qui  l'annexa  a  sa  prébende  de  Fauviïle  qu'il  fonda  dans  la 
cathédrale.  Il  donna  a  cette  prébende,  non  seulement  la  dîme  de 
l'église  de  Fauville,  mais  les  dîmes  qu'il  percevoit  dans  les  prés, 
dosages  et  masurages  de  Saint-Thomas  qui  n'etoit  alors  qu'un 
village » 

(4)  Le  nom  omis  est  celui  de  Germain  de  Ganay.  Frère 
d'un  chancelier  de  France,  conseiller-clerc  au  Parlement  de  Paris, 
doyen  de  Beauvais  et  chanoine  de  Bourges,  il  garda  la  prébende  de 
Fauville  jusqu'en  i5i2,  année  où  ce  canonicat  était  devenu  vacant 
par  sa  promotion  à  Tévêché  de  Gahors.  Il  fut  presque  aussitôt  trans- 
féré au  siège  épiscopal  d'Orléans. 


i8 


et  praesentationem  ecclesiarum  Sancti  Thomae  Ebroi- 
censis  et  de  Fauvilla. 

Item,  pensionem  octo  librarum  Tur.  super  fructibus 
dictae  ecclesiae  Sancti  Thomae. 

Item,  percipit  omnesgrossas  décimas  dictae  parrochiae 
de  Fauvilla  et  habet  grangiam  ad  reponenda  grana,  et 
tenetur  praebendatus  soivere  curato  unum  modium. 

Item,  est  communicariuscapituli  residendo  et  percipit 
distributiones  bladi. 

Et  est  de  taxa  reducta  :  xx  1. 

Et  de  décima  reducta  :  xlij  s. 

Est  notandum  quod  canonici  et  dignitates  recipiuntur 
in  capitulo  prout  sequitur: 

Primo,  faciunt  in  capitulo  suam  supplicationem  et 
praesentant  Hueras  suae  collationis,  quo  facto,  exeunt 
capitulum  et  ipsum  seclusum  capitulum,  visis  litteris, 
délibérât  et  conclusionem  capit  supra  dicta  receptione  ; 
deinde,  vocatur  dignitas  vel  canonicus  ad  capitulum  et 
capit  habitum  ecclesiae  et  accedit  coram  praesidente  capi- 
tuli  et,  uno  genu  flexo,  tenet  in  manibus  suis  unum  gallo- 
num  vini  et  unum  cheminellum  (i),  et  recipitur  et  indu- 
citur  in  possessionem  dignitatis  seu  canonicatus  et 
praebendae  per  dictum  praesidentem  per  traditionem  panis 
et  vini,  et  débet  canonicus  providere  de  vino  et  chemi- 
nellis  si  fit  potatio  in  capitulo,  et  installatur  in  choroper 
cantorem  et  deinde  [recipitur]  ad  osculumpacis  (2). 

(1)  Chemineau,  cheminel  ou  seminel  (V.  le  Glossaire  de  Du- 
cange,  au  mot  simenellus,  dérivé  de  simila),  petit  pain  ou  gâteau 
de  fleur  de  farine.  Actuellement  encore,  on  continue  chaque  matin, 
à  Rouen,  la  fabrication  de  cette  antique  pâtisserie. 

(2)  Ce  petit  cérémonial  d'investiture  et  d'installation  est  particu- 
lièrement intéressant. 


M9 

Dignitas  seu  praebenda  solvit  capellanis  xx  s.,  succen- 
tori  xx  s  ,  notario  capituli  xx  s.,  pulsatori  x  s.,  pueris 
choiï  x  s.  et  fabricœ  xl  s. 

Canonicus  praebendatus  solvit  pro  capa  xx  scuta  auri, 
per  novam  constitutionem  (i),  et  pro  aliis  juribus  iiijor 
libras  x  s.  distribuendafs]  ut  sequitur,  videlicet  capel- 
lanis xx  s.,  pueris  chori  xx  s.,  notario  capituli  xx  s.,  suc- 
centori  x  s.  et  pulsatori  x  s. 

Praeterea,  est  advertendum  nunc  quod,  si  canonicus 
decedat  communicarius,  distributiones  anni  a  die  obitus 
sui  computandi  dividuntur  inter  fabricam  ecclesiae  et 
haeredes  seu  exequtores  defuncti,  et  canonicus  succedens 
eidem  defuncto  non  percipit  pro  illo  anno  de  dictis  dis- 
tributionibus. 

(i)  La  décision  qui  portait  à  cette  somme  le  «  droit  de  chape  » 
était  en  effet  on  ne  peut  plus  récente,  ayant  été  prise  en  juillet  i5o8  : 

« Statuimus  et  ordinamus quod  capam,    per   canonicos 

deinceps  et  amodo  in  dicta  ecclesia  et  in  capitule  recipiendos  debi- 
tam  et  jurejurando  promissam,  estimari  seu  apreciari  debere  ad 
sommam  viginti  scutorum  aureorum  valentium,  in  moncta  currenti 

et  usuali,  triginta  quinque   libras   T »   (Statuts   du  chapitre 

d'Evreux,  Arch.  dioc,  fonds  de  l'évéché.)  Le  chiffre  en  fut 
élevé  bientôt  à  60  livres  :  «  Les  chanoines  et  dignités  feront 
la  profession  de  foi  et  jureront  l'observation  des  statuts  du  cha- 
pitre, à  leur  réception,  donneront  une  chappe  de  valeur  au  moins 
de  soixante  livres  ou  bien  payeront  comptant  au  maistre  de 
fabrique  la  somme  de  soixante  livres  pour  ladite  fabrique,  donne- 
ront aussi  les  cemeneaux  et  le  vin,  de  quoy  sera  fait  essay,  par  un 
chanoine  a  ce  député,  avant  la  distribution...  »  (Extrait  et  recueil 
des  statuts  du  chapitre,  xvme  s.  ;  ibid.,  29.)  Le  11  juillet  1654,  ce 
même  droit  de  chape  est  fixé  à  100  livres.  Au  chapitre  général  du 
10  juillet  1744,  on  arrête  qu'à  l'avenir  «  aucun  chanoine  ne  sera 
dispensé  de  payer,  entre  les  mains  du  maistre  de  fabrique  et  au 
profit  d'icelle,  dans  le  Ier  mois  de  la  résidence  rigoureuse,  la  somme 
de  3oo  1.,  au  lieu  et  place  du  vin  qui  se  distribuoit  anciennement 
dans  les  iers  jours  de  la  résidence. . .  »  (Ibid.) 


120 

Si  vero  praebenda  conferatur  alicui  causa  permuta- 
tionis,  percipit  illico  distributiones  intégras  si  resideat. 
Et  similiter  observatur  quum  canonicus  decedens  non  est 
residens  et  [est]  communicarius,  quia  tune  successor  ejus, 
si  resideat,  percipit  distributiones. 

Sequuntur  declarationes  vicariarum  et  capellaniarum 
ecclesiœ  Ebroicensis  : 

Et  est  notandum  quod  vicarii  et  capellani  habent  com- 
munitatem  et  bursam  communem  ad  onus  celebrandi 
missas  pro  deffunctis  et  alias  missas.  Sunt  tamen  non- 
nulli  capellani  qui  non  participant  in  dicta  communitate, 
nec  sunt  capaces  distributionum  dictorum  capellanorum, 
ut  infra  patebit;  tamen  clerici  chori  et  clerici  canonico- 
rum  habentes  habitum  ecclesiae,  ut  pueri  chori,  prœsen- 
tibus  capellanis  sunt  participes  dictae  communitatis. 

Item,  est  notandum  quod  quatuor  vicarii,  juxta  eorum 
fundationem,  tenentur  frequentare  chorum  horis  singulis 
diurnis  et  nocturnis  et  anniversariis  defunctorum,  et 
insuper  tenentur,  alternatis  vicibus,  in  suis  hebdomadis 
celebrare  officium  sacerdotis  in  matutinis  horis,  missa  et 
vesperis,  et  soli  vicarii  célébrant  missas  in  majori  altari 
et  sunt  in  altis  sedibus  chori. 

Praeterea,  est  notandum  quod  omnes  capellani  commu- 
nicarii  tenentur  frequentare  chorum,  nam,  in  festis  et 
feriis  trium  lectionum,  prima  lectio  legitur  per  clericum 
septimane,  primum  responsorium  per  puerum  chori, 
secunda  lectio  per  capellanum  et  secundum  responso- 
rium per  clericum  septimane,  tertia  lectio  legitur  per 
canonicum  et  tertium  responsorium  per  capellanum. 

In  festis  vero  novem  lectionum,  capellani  debent  légère 
quintam  lectionem  et  quintum  responsorium,  ut  etiam 


I  2 


septimum   et   octavum    responsorium   et  antiphonas   de 
laudibus. 

In  festis  duplicibus  et  triplicibus,  capellani  ponuntur 
in  tabula  ad  primam  lectionem,  vicarii  ad  secundam, 
capellani  vero  ad  quintum,  septimum  et  octavum  res- 
ponsoria;  cœtera  autem  officia  ad  quae  tenentur  capellani 
ponuntur  in  Brevi  ecclesiae. 

Vicaria  de  Branvilla  (  i  ),  quam  modo  tenet  Robertus 
Le  Bas,  presbyter,  est  de  latere  dextro  chori,  in  altis 
sedibus. 

Vicarius  praedictae  vicariae  percipere  consuevit  duas 
partes  grossarum  decimarum  parrochiaede  Branvilla  (2), 
cum  jure  patronatus  ecclesiae. 

Item,  apud  Quictebotum,  percipere  consuevit  unum 
modium  bladi  frumenti  quod  tenetur  solvere  dominus 
temporalis  dicti  loci  eidem  vicario. 

Item,  quando  est  hebdomadarius,  percipit,  supra  bursa 
capituli  et  per  manus  praepositi,  qualibet  die  viginti  de- 
narios. 

Item,  est  capax  distributionis  communitatis  capella- 
norum. 

Vicaria  de  Mandres,  quam  nunc  tenet  magister  [Jaco- 
bus]  Fillon  (3),  est  de  latere  sinistro  chori. 

(1)  Les  deux  vicairies  de  Branville  et  de  Mandres  furent  créées  par 
Robert  de  Brucourt,  évêque  d'Evreux,  au  moyen  des  revenus  de 
quatre  prébendes  supprimées  à  cet  effet  :  «  Quatuor  exstinctis  prae- 
bendis  an.  i35o,  duos  adjecit  vicarios  perpetuos  duobus  a  Matthaeo 
des  Essarts  institutis.  »  (Gall.  christ.,  XI,  597.) 

(2)  Réunie  aujourd'hui  à  Caugé. 

(3)  Jacques  Fillon,  chapelain  de  Maubuisson,  permute  avec  Noël 
Peschard  pour  la  vicairie  de  Mandres  (27  août  1492).  Il  succéda, 
dans  le  prieuré  de  Verneuil  (Hôtel-Dieu)  à  Arthur  Fillon,  son  proche 
parent. 


122 

Ad  dictam  vicariam  spectat  jus  patronatus  ecclesiae  par- 
rochialis  Sancti  Pétri  de  Mandris. 

Item,  eidem  vicariae  spectant  grossae  decimae  dictae  par- 
rochiae,  super  quibus  debentur  curato  octo  sextaria  mis- 
tolii  et  ducenti  fascicul[i]  straminis. 

Item,  habet  feodum  (i)  et  seneschallum,  et  sunt  viginti 
tenentes  xxli  masuras,  et  quaelibet  masura  débet  valere 
quinque  solidos. 

Item,  in  parrochia  de  Baulx,  habet  quinquagintaacras 
terrae  olim  traditas  ad  firmam  per  consensum  capituli 
usque  ad  terminum  nonaginta  novem  annorum,  hoc  est 
iiijxx  xix,  pro  summa  vij  1.  x  s.  Tur. 

Item,  per  hypothecam,  percipit  decem  solidos  redditus 
[  ],  de  fundatione  magistri  Gaufridi 

Regnart,  ad  omis  celebrandi  unam  missam  quolibet 
anno. 

Item,  eidem  vicariae  spectat  una  portio  cujusdam  do- 
mus  sitae  in  civitate  Ebroicensi  inter  domos  canoniales 
Sancti  Andreœ  et  Sancti  Nicolai. 

Item,  quando  est  hebdomadarius,  percipit  qualibetdie 
suae  hebdomadae  xxli  denarios,  et  valent  pro  toto  anno  : 
vij  1.  x  s. 

Item,  est  communicarius  et  capax  distributionum  ca- 
pellanorum. 

Vtcaria   [de   Mesnillo  Jordani(i)]  quam   tenet  nunc 

(i)  «  Le  fief  de  Mandres,  quart  de  fief  de  haubert,  appartenait 
aux  vicaires  et  aux  chapelains  de  la  cathédrale  d'Evreux  qui  y 
furent  maintenus  le  i5  décembre  1679.  «  (Mém.  et  notes  de  M.  Aug. 
Le  Prévost,  II,  370.) 

(1)  Les  lettres  de  fondation  (17  novembre  i3oi),  par  Tévêque 
Mathieu  des  Essarts,  des  deux  vicairies  perpétuelles  du  Mesnil-Jour- 
dain  et  de  la  Taillerie,  sont  au  cartulaire  de  l'évêché  (G.  6,  n°  3o6, 
fol.   120)  et   dans  le    cartulaire   I   du    chapitre  (G.   122,  n°  448, 


123 

magister  Joannes  de   la   Rivière  (i)    (de  parte  dextra). 

Eidem  vicariae  fuit  unita  capella  domus  episcopalis  quae 
fundatur  supra  tertiam  garbam  decimarum  parrochia? 
Beatae  Mariae  de  Mesnillo  Jordani,  qua3  tertia  pars  allo- 
caturseu  affirmaturad  numerum  duodecimduodenarum 
frumenti  necnon  ad  numerum  novemdecim  duodenarum 
avenae  reddendarum  pure  ac  libère  in  *oppido  Ebroi- 
censi. 

Item,  eidem  capellae  unitae  et  annexae  spectat  quaedam 
parva  décima  situata  in  parrochia  de  Ylleriis  in  feodo 
domini  temporalis  de  Gerseyo  (2),  quae,  communibus 
annis,  traditur  ad  firmam  ad  unum  modium  grani 
a[scendensj  ad  summam  quindecim  librarum. 

Item,  eidem  vicariae  spectat  una  domus  cum  horto  sita 
in  parrochia  Sancti  Nicolai,  de  donatione  defuncti  Pétri 
Harast,  vicarii,  quaeoneratur  multis  redditibus. 

Item,  Magister  Gaufridus  Regnart  dédit  decem  solidos 
Tur.  redditus  pro  fundatione  unius  missa?  celebrandae 
singulis  annis  per  dictum  vicarium  in  aliquo  dierum 
Quatuor  Temporum. 

Item,  quando  est  hebdomadarius,  percîpit  singulis  die- 
bus  hebdomadae  viginti  denarios,  et  valent  pro  toto  anno  : 
vij  1.  x  s. 

Item,  est  communicarius  et  capax  distributionum  ca- 
pellanorum. 

fol.  i52V°).  Le  Gallia  christiana,  (XI,  q53)  en  fait  semblablement 
mention  :  «  Duos  vicarios  perpetuos,  qui  vices  canonicorum  in 
quotidiana  divini  officii  celebratione  supplerent,  instituit  in  ecclesia 
Ebr.,  anno  i3oi,  unum  quidem  super  bonis  unius  e  portionibus 
capellae  Sancti  Johannis  domus  episcopalis  et  alterum  super  capella 
Sancti  Ludovici  quam  in  eadem  ecclesia  fundaverat.  » 

(1)  j-  peu  avant  i525. 

(2)  Le  fief  de  Jarcey,  à  Illiers-l'Eveque,  appartenait  aux  Cou- 
tumel. 


I24 

Vicaria  nuncupata  la  Taillerie,  quam  nunc  tenet 
magister  Joannes  Le  Roy  (i),  presbyter,  est  de  latere 
sinistro  chori. 

Ad  dictam  vicariam  de  la  Taillerie  situatam  in  parro- 
chia  de  Mandris  (2)  spectant  quinquaginta  duae  acrae 
terrae  quae  traditae  fuerunt  in  emphiteosim,  per  decretum 
capituli,  magistro  Nicolao  Allard  et  Joanni  Roger  pro 
summa  vij  1.  x  s.  annui  redditus. 

Item,  in  dicta  parrochia,  vicarius  percipit  super  Robi- 
num  Le  Cler  xxviij  s.  Tur. 

Item,  super  manerium  de  la  Poullière,  x  s.  Tur. 

Item,  in  parrochia  de  Bosco  Hellenei,  a  domino  Mg\- 
dio  Honfray  et  a  Joanne  Le  Paige  qui  tenent  quilibet 
quinque  jugera,  g[allice]  journaulx,  terrae  et  reddunt 
vicario  quilibet  triginta  solidos,  per  traditionem  capituli  ; 
sic     lx  s. 

Item,  super  praepositura  de  Vernolio,  x  1.,  nfunc] 
nihil  (3). 

Item,  medietas  cujusdam  domus  sitaa  int[er]  domos 
canoniales  Sancti  Nicolai  et  Sancti  Andreae. 

Item,  percipit  xx1'  d .  qualibet  die  suae  hebdomadae,  va- 
lentes  :  vij  1.  xs. 

Item,  percipit  distributiones  communitatum  capella- 
norum  ecclesiae. 

DlLE     CAPELLANIjE     BEATiE      MaRLE    RETRO     CHORI    (4).  — 

Dudum  defunctus  recolendae  memoriae  Radulphus,  epis- 

(1)  Par  l'intermédiaire  de  son  procureur,  il  démissionna  purement 
et  simplement  le  i5  août  1524. 

(2)  «  ...  Super  manerio  et  terris  le  Taillieria,  in  parrochia  de 
Mandris. ...»  (Lettres  de  fondation.) 

(3)  Le  copiste  avait  écrit  :  nec  nihil. 

(4)  «  En  l'autel  de  la  Mère  de  Dieu»  (Arch.  départ.,  G.  181 3). 
sous  l'invocation  de  l'Immaculée-Conception. 


125 

copus  Albanensis  et  cardinalis,  qui  etiam  fuerat  episcopus 
Ebroicensis  (t),  fundavit  dictas  duascapellanias  (2)  supra 
décimas  novalium  ibrestae  de  Valle  Rodolii,  de  Monte 
Aureo  et  de  Haya  Malerbe  et  assignavit  cuilibet  capel- 
lano  libras  duodecim  Tur.  annuatim  solvendas  supra 
dictis  novalibus,  qui  tenentur  celebrare  ad  altare  Beatae 
Mariae  rétro  chori  missas  singulis  diebus  et  assistere  in 
choro  singulis  horis,  ut  constat  per  bullam  plombeam 
domini  Urbani  papae  quarti,  in  qua  insinuuntur  literae 
fundationis  dicti  cardinalis,  episcopi  Albanensis. 

item,  percipiunt  distributiones  communitatis  capella- 
norum. 

a)  Dominus  Joannes  Gastinel  (3),  presbyter,  tenet  ad 
praesens  alteram  dictarum  capellaniarum  et  est  de  latere 
dextro  chori. 

b)  Dominus  Nicolaus  Guernon,  presbyter,  nunc  tenet 
alteram  dictarum  capellaniarum,  de  latere  sinistro  chori. 

Du^E  CAPELLANI^E  DE  ALBAVIA  BeATI  AnDREjE  APOSTOLI  (4) 

in  navi  ecclesiae  deserviri  solitae. 

(1)  Raoul  de  Grosparmi,  évêque  d'Evreux  de  1259  à  1262,  puis 
cardinal  et  évêque  d'Albano,  légat  apostolique,  f  le    10  août  1270. 

(2)  «  Bienmo  post,  Radulphus  fundavit  capellam  Conceptionis 
B,  Mariae  in  ecclesia  Ebroicensi  de  decimis  silvae  Vallis  Rodolii. . .  » 
(1264,  Gall.  christ.,  XI,  568.) 

(S)  Ce  chapelain,  f  en  1 5 19,  était-il  parent  d'un  Guillaume  Gas- 
tinel qui,  en  1481,  comme  seigneur  temporel  de  Saint-Germain- 
des-Prés  (St-G. -de-Navarre),  présenta  à  la  cure  ?  Les  Gastinel, 
remarque  M.  Izarn,  sont  fort  peu  connus  dans  notre  histoire 
départementale  (Notice  hist.  sur  la  comm.  de  Saint-Germain-lès- 
Erveux,  p.  49,  note).  On  trouve  cependant,  aux  xvne  et  xvin0  siè- 
cles, des  seigneurs  de  ce  nom  à  Nogent-le-Sec,  à  Mauny  ou  les 
Seaules,  etc. 

(4)  I  Cartul.  du  chapitre,  G.  122,  no  77,  fol.  19  ro,  fondation 
des  chapelles  d'Aubevoye    par  Amauri  111,  comte    d'Evreux  et  de 


126 

Duo  capellani  dictarum  capellaniarum  percipiunt  qui- 
libet,  super  dominium  Régis  et  super  recepta  communi- 
tatis  Ebroicensis,  undecim  libras  qujndecim  solidos  Tur. 
solvendas  per  vicecomitem  Ebroicensem  in  duobus  ter- 
minis,  scilicet,  AscensionisDomini  et  festivitatis  Omnium 
Sanctorum  mediatim,  ut  constat  per  compota  Guillermi 
Le  Conte  (i)  et  Nicolai  Thyoult  (2),  locum  tenen[tium] 
dicti  vicecomitis,  et  suorum  praedecessorum. 

Item,  supra  curatum  de  Albavia,  percipiunt  quilibet 
quatuor  libras  decem  solidos  pensionis  annuoe  in  ter- 
minis  Nativitatis  Domini,  Paschae  et  in  duabus  synodis, 
aestivali  scilicet  et  hyemali,  et,  si  deficiat  in  solutione 
cujuslibet  termini,  multari  débet  in  summa  quinque 
solidorum  pro  qualibet  die  qua  def[ecerit]  in  solutione. 

Item,  percipiunt  partes  duas  unius  jardini  seu  horti 
contigui  domu[i]  presbyteral[i]  curati  dicti  loci. 

Item,  percipiunt  partem  decimae  vini  dictas  parrochiae 
de  Albavia,  quae  est  casualis  et  aliquando  plus  valet  et 
aliquando  minus.  Et  est  notandum  quod  dicta  décima 
vini  distribufijtur  inter  abbatem  de  Gruce  Sancti  Leu- 
fredi  et  dictos  duos  capellanos  et  curatum  modo  infra 
scripto,  nam  abbas  [  (3)]. 

Montfort  (1 181-1  192).  On  les  désignait  parfois  sous  le  titre  de  cha- 
pelles des  Apôtres. 

(1)  1470.  Un  Guillaume  Le  Comte  tient,  à  Juignettes,  le  fief  du 
Boesle.  —  1  523.  Guillaume  Le  Conte,  lieutenant-général  du  vicomte 
d'Evreux,  anobli,  par  Charles  VIII,  moyennant  90  1.  d'or,  en  l'année 
1486.  (Lebeurier.  Recherche  de  la  noblesse  de  l'élect.  d'Evr.) 

(2)  i5io.  «  Nicolas  Thioult,  recepveur  des  domaines  de  la  viconté 
d'Evreux.  »  Nicolas  Thioult,  lieutenant-général  de  la  vicomte 
d'Evreux,  marié  à  Guiilemette  de  Château-Thierry,  posséda,  au 
xvie  siècle,  la  Ringuette,  huitième  de  fief  à  Saint-Germain-lès- 
Evreux  (Izarn). 

(3)  V.  au  cartulaire  des  chapelles  (Archives    de    l'Eure,  G.  69, 


127 

Item,  similiter  percipiunt  portionem  décimas  grani  in 
dicta  parrochia,  quae  est  casualis  et  dividitur  inter  dictos 
abbatem,  curatum  et  ipsos. 

Et  est  notandum  quod  dominus  Georgius  de  Ambasia, 
cardinalis  tituli  Sancti  Sixti  et  archiepiscopus  Rothoma- 
gensis,  fieri  fecit  unum  parcum  muratum  (  i  )  in  quo  clau- 
duntur  multœ  terrae,  videlicet  le  Lysdieu  (2)  et  aliae 
terrae,  per  dictum  dominum  a  parrochianis  dictae  parro- 
chiae  acquisit[ae],  de  quibus  dicti  capellani,  ante  clausu- 
ram  dicti  parci,  percipiebant  decimam  et  ad  praesens  nihil 
recipiunt,  et  solebat  décima  dictarum  [terrarum]  valere 
sex  sextaria  grani  singulis  annis  inter  dictos  capellanos 
distribuenda,  et  tenetur  dictus  cardinalis  recompensare 
dictos  capellanos. 

Item,  dominus  de  Tournebu  (3),  ad  causam  capellae 
suae  sitae  in  suo  manerio,  débet  in  festo  sancti  Remigii 
cuilibet  dictorum  capellanorum  viginti  septem  solidos 
sex  denarios  pro  obligationibus  factis  in  dicta  capella.  Et 
habet  dictus  dominus  de  Tournebu  terminum  octo  die- 
rum  post  dictum  festum,  [qui]   quidem,  si  defecerit  in 

fol.  149  r°)  une  sentence  arbitrale  prononcée  par  l'official  d'Evreux 
dans  le  différend  entre  l'abbé  et  le  couvent  de  la  Croix,  d'une 
part,  et  Jean  Guérin  et  Nicolas  Yves,  chapelains,  d'autre  part,  au 
sujet  de  la  perception  des  dîmes  de  la  paroisse  d'Aubevoye  (141 1). 

(1)  La  construction  des  murs  du  parc  du  château  de  Gaillon 
commença  le  17  décembre  i5o2.  V.  les  comptes  de  l'archevêché, 
Archiv.  delà  Seine-Inférieure,  G.  618,  ou  A.  Deville,  Comptes  de 
dépenses de  Gaillon,  p.  36. 

(2)  1 5 06-1 507.  «  La  mise  de  la  maison  et  allées  du  Lidieu,  que 
monseigneur  le  légat  fait  dedans  son  parc,  près  son  chasteau  de 
Gaillon.  »  (Arch.  de  la  Seine-Inférieure,  G.  627.) 

(3)  «  Le  fief  de  Berou et  le  fief  de  Tournebut  en  basse  jus- 
tice que  tient  a  présent  Louis   Le  Pillois,  dont   les  chefs  sont  assis 

es  dites  paroisses  de  Gaillon  et  Aubevoye »  (Aveu  de  G.  d'Am- 

boise  pour  Gaillon,  i5oi.) 


128 

solutione,  suspendetur  seu  sententiam  suspensionis  a 
divinis  audiendis  incurret  (i),  ut  constat  per  litteras 
auctenticas. 

Item,  dicti  capellani  sunt  capaces  distributionum  corn- 
munitatum  capellanorum  ecclesiae. 

Item,  una  diciarum  capellaniarum  fuit  per  summum 
pontifïcem  Alexandrum  papam  sextum  unita  perpétue» 
succentori  dictas  ecclesiae,  et  altéra  uni  tenoristae  aut 
alteri  personae  necessariœ  chori,  tali  con[di]tione  (2) 
quod,  si  se  absentaveri[n]t  per  très  menses,  dictas  capel- 
laniae  vacabunt. 

Et  tenentur  dicti  capellani  celebrare  missas  singulis 
diebus,  quilibet  in  sua  hebdomada,  et  interesse  in  choro 
in  obitibus  defunctorum  aut  aliis  diebus  juxta  statuta 
ecclesiae . 

Decanus  et  capitulum  praesentat  ad  dictas  capellanias 
et  episcopus  facit  collationem . 

a)  Altéra  portio  seu  capellania  de  Albavia,  quam  ad 
praesens  tenet  dominus  Richardus  Gueroult,  presbyter, 
succentor  ecclesiae,  (modo  magister  Joannes  de  Rocha  (3), 


(1)  Cette  censure  ecclésiastique  est,  à  proprement  parler,  un 
interdit  personnel  :  «  On  confond  aussi  la  suspense  avec  l'interdit 
quand  on  mêle,  parmi  les  cas  de  suspense,  ceux  où  l'entrée  de 
l'église  est  défendue  pour  quelque  temps.  »  (André,  Cours  alpha- 
bétique et  méthodique  de  droit  canon.) 

(2)  La  copie  porte,  par  erreur,  contradictione. 

(3)  Il  était  encore,  en  i5o8,  chapelain  delà  chapelle  des  Maries. 
V.  page  169.  Le  i5  juin  i5og,  «  sur  la  présentation  faitte  par  le 
chapitre  d'Evreux  en  sa  faveur,  Jean  de  la  Roche,  prestre,  de 
gremio  ecclesiœ  cathedralis  Ebroycensis  habituatus,  est  nommé  à 
la  portion  de  la  chapelle  vulgairement  appelée  d'Aubevoie,  annexée 
par  l'authorité  apostolique  a  la  sous-chantrerie. . .  ».  (Grand  pouillé.) 
Il  décéda  en  juillet  1 5 1 5. 


129 

est  de  latere  dextro  chori  et  est  perpetuo  imita  succen- 
tori. 

Et,  ad  causam  dictae  capellaniae  unitae  succentori, 
habetsuam  portionem  decimarum,  reddituum  et  proven- 
tuum  super[ius]  declaratorum,  ad  onuscelebrandi  missas 
in  sua  hebdomada. 

Praeterea,  ad  causam  succentoriae,  percipit  stipendium 
unias  clerici  septimane  et  tenetur  interesse  omnibus  et 
singulis  horis et  facere  officium  succentoris  atque  p[rae]ci- 
père  antiphonas  ante  psalmos  et  illas  repetere  post  psal- 
mos  et  alia  praecepta  facere  in  festis  duplicibus  et  domi- 
nicalibus  et  tenere  chorum,  ac  etiam,  in  triplicibus,  in 
secundo  et  tertio  nocturnis  et  in  laudibus;  caetera  ad  quae 
tenetur  sunt  in  Brevi  ecclesiae  et  in  usu. 

Item,  in  receptionibus  canonicorum  percipit  xx  s.,  in 
receptionibuscapellanorum  v  s.,  et  in  receptionibus  digni- 
tatum  xx  s. 

b)  Altéra  portio  de  Albavia  quam  ad  praesens  tenet 
magister  Joannes  Foucault  (i),  presbyter,  est  de  latere 
sinistro  et  est  affecta  uni  tenoristae  aut  alteri  personae 
idoneae  et  instructae  in  musica,  et  tenetur  interesse  omni- 
bus horis. 

Et,  ad  causam  fundationis  dictae  capellae,  habet  suam 
portionem  decimarum,  reddituum  et  proventuum  su- 
perdus]  declaratorum,  ad  onus  celebrandi  missas  in  sua 
hebdomada. 

(i)  Jean  Fouciult,  présenté  le  2  novembre  i5o2  à  l'une  des 
chapelles  d'Aubevoye,  permute  en  i523,  cette  chapeilenie  pour 
la  petite  portion  de  la  cure  d'Audrieu  (?)  dans  le  diocèse  de 
Bayeux,  fut  chanoine  sur  le  sceau  de  l'évêché  et  mourut  le  6  juin 
i53o.  Guillaume  Foucault,  aussi  chanoine  d'Evreux,  fonda  pour 
le  repos  de  l'âme  de  son  frère,  un  obit  que  Ton  célébrait  à  la  date 
anniversaire  de  ce  jour. 


ISO 

Item,  habet  unam  domum  sitam  ante  ecclesiam  Sancti 
Nicolai,  inter  domos  capellaniarum  de  Angelis  et  Sancti 
Fiacrii. 

Dile  capellanle  Miss^:  Matutinalis  (i).  —  Sequuntur 
redditus  et  proventus  quos  percipiunt  duo  capellani 
dictœ  Missœ  Matutinalis  et  quos  inter  se  partiuntur 
œqualiter  : 

Dicti  capellani  percipiunt  et  jus  percipiendi  medieta- 
tem  decimae  parrochiae  de  Colongis  habent. 

Item,  habent,  in  parrochia  de  Caerio,  acram  et  dimi- 
diam  vineae  vel  quo  circa. 

Item,  pro  feodo  de  Gravallet  (2)  sito  in  parrochia  de 
Bosco  Falsorum,  tradito  in  emphiteosim,  tam  in  terris, 
nemoribus,  redditibus  et  aliis  emolumentis  dicti  feodi, 
quem  ad  praesens  tenet  Eustachius  Marie,  burgensis  de 
Locoveriis,  percipiunt  dicti  capellani  centum  solidos 
Tur.,  duos  capor.es  et  duo  milliaria  de  eschallas  (3). 

Item,  pro  tribus  virgultis  terrae  traditis  in  emphiteosim 
Robino  Maillart,  parrochiae  de  Emalleville,  et  Jacobo 
Bosguerard,  parrochiae  de  Heudrevilla,  situatis  in  triegio 
de  la  Mare  Flammier,  ex  uno  latere  eidem  Robino  Mail- 
lart et  ex  aiio  latere  et  uno  butto  Jacobo  de  Quinquernon 
et  ex  alio  butto  pluribus  buteriis,  pro  quibus  tribus  vir- 
gultis dicti  Maillart  et  Bosguerard  tenentur  reddere  an- 

(1)  Deux  portions  de  chapelle  Matutinale,  l'une  sous  l'invocation 
de  saint  Jean  l'Evangéliste,  l'autre  sous  l'invocation  de  saint  Maur, 
fondées  par  Jean  de  Meulent,  l'an  1261.  (Inv.  somm.  des  arch.  dép., 
série  G.,  p.  45.) 

(2)  Ce  nom  de  lieu  n'est  cité  que  dans  les  Notes  de  M.  Aug.  Le 
Prévost  (I,  489),  sous  la  forme  «  Cravelles  »  signalée  comme 
douteuse. 

(3)  Eschallas,  d'une  autre  écriture. 


i3i 

nuatim  eisdem  capellanis  quatuor  solidos  et  duas  gal- 
linas. 

Item,  percipiunt  dicti  capellani  summam  quatuor 
librarum  annui  redditus  per  hypothecam  supra  Tho- 
mam  Buzot,  dominum  Joannem  Legrand,  in  parrochia 
Grandis  Silvas  (i),  et  supra  Joannem  Berville  [in]  parro- 
chia Sancti  Pétri  Ebroicensis. 

Item,  supra  Joannem  de  Cruce,  alias  Groisy,  commo- 
rantem  in  parrochia  de  Croisy,  pro  una  domo,  jardino, 
curte  et  [loco]  situatis  apud  Croisy,  quas  res  solebat 
tenere  Joannes  Duboys  et  ante  eum  Joannes  de  Cocherel, 
jungentes  ex  uno  latere  domui  Perini  Le  Mieulx,  ex  alio 
latere  semitae  quae  ducit  ad  ripariam,  ex  uno  butto  supra 
dictam  ripariam  et  ex  alio  iter  Régis,  et  percipiunt  dicti 
capellani,  prodictis  rébus,  triginta  solidos  redditus. 

Item,  jEgidius  Gournaultet  Margareta  ejus  uxor,  par- 
rochiœ  Sancti  Nicolai  Ebroicensis,  debent  dictis  capel- 
lanis quadraginta  solidos  annui  redditus. 

Item,  Raoulinus  Hotingue,  commorans  in  dicta  par- 
rochia* Sancti  Nicolai  Ebroicensis,  débet  quadraginta 
solidos  redditus. 

Item,  Michael  Le  Mercier,  parrochiœ  de  Guarentieres, 
commorans  in  hamello  du  Boys  de  la  Queue,  débet 
quadraginta  solidos. 

Item,  Robinus  Le  Mercier,  parrochiae  de  Gaerio,  débet 
eisdem  capellanis,  viginti  solidos  redditus. 

Item,  apud  Sanctum  Dionysium  de  Boscohellenei, 
supra  quosdam  nuncupatos  les  Bretons,  de  fundatione 
defuncti  magistri  Roberti  Le  Fourbeur,  debentur  qua- 
draginta solid[i]  redditus. 

Item,  super  quendam  nuncupatum  La  Pie,  de  la  Mag- 

(i)  Grossœuvre. 


T32 

deleine   prope  Ebroicas,    habent  dicti  capellani   decem 
solidos  redditus. 

Item,  dicti  capellani  repereruni  de  novo  quamdam  anti- 
quam  litteram  de  summa  vij  s.  vj  d.  redditus  debitorum 
apud  Pacy  de  quibus  non  habent  notitiam. 

Item,  dicti  capellani  percipiunt  distributionescommu- 
nitatis  capellanorum. 

Item,  est  quaedam  platea  spectans  eisdem  capellanis, 
jungens  ex  uno  latere  domui  Joannis  François,  ex  altero 
Joanni  Desays,  ex  uno  butto  eidem  François  et  ex  alio 
super  vicum,  de  qualibet  platea  non  gaudent. 

a)  Dominus  Reginaldus  Hardouyn  (  i  )  tenet  ad  praesens 
alteram  dictarum  capellaniarum  deserviri  solitam  ad 
altare  Beati  Mauri  sub  pulpito,  et  est  de  latere  dextro 
chori. 

Et,  ad  causam  fundationis  ejusdem  capellaniœ,  percipit 
medietatem  decimarum,  vinearum  et  reddituum  supra 
declaratorum. 

Item,  eidem  capellaniae  pertinet  una  domus  sita  in 
civitate  Ebroicensi  inter  domum  canonicalem  Sancti  Ni- 
colai  et  domum  capellaniœ  Sanctae  Trinitatis. 

Item,  eidem  spectat  una  alia  domus  [jungens]  ex  uno 
latere  domui  alterius  portionis  Missas  Matutinalis  quam 
tenet  magister  Thomas  Du  val,  et  ex  alio  latere  domui 
quam  tenet  Golinus  Pouchet,  ex  uno  butto  mûris  civi- 
tatis  et  ex  alio  butto  vico,  et  fuit  dicta  domus  allocata 
domino  Joanni  Baudouyn,  vita  sua  comité,  pro  summa 
sexaginta  solidorum  Tur. 

Et  tenetur  celebrare  missasmatutinales  singulis  diebus 
suœ  hebdomadae. 


(i)  Regnault  Hardouin  nommé,  le  26  août  i5i8,  curé  de  Notre- 
Dame  de  la  Ronde. 


135 

b)  Magister  Thomas  Duval  tenet  alteram  portionem 
deserviri  solitam  ad  altare  Sancti  Joannis  Evangelistae,  in 
latere  sinistro  chori. 

Et  percipit  medietatem  decimarum,  vinearum  et  reddi- 
tuum  supradictorum. 

Item,  eidem  capellaniœ  spectat  una  domus  jungens,  ex 
uno  latere,  domui  capellaniœ  Sancti  Michaeliset,  ex  alio, 
domui  capellaniae  Sancti  Mauri,  ex  uno  butto,  mûris 
civitatis  et,  ex  alio,  vico. 

Et  tenetur  celebrare  missas  matutinales  ad  dictum 
altare  Sancti  Joannis  Evangelistae  sub  pulpito  in  ingressu 
chori  singulis  diebus  suae  hebdomadce. 

Cappella  Anniversariorum  ad  altare  Beati  Taukinf 
rétro  majus  altare  fundata  (  f  ) ,  quum  nunc  tenet  dominus 
Ricardus  Duval  (2),  presbyter,  est  de  latere  sinistro  chori. 

Capellanus  dicta?  capellaniae  habet  jus  percipiendi  quo- 
libet anno  in  horreis  dominorum  decapitulo  unum  mo- 
dium  bladi  solvendum  per  manum  proposai  eorumdem 
dominorum. 

,  Item,  habet  jus  percipiendi  in  pecunia,  super  bursa 
capituli,  summam  quatuor  librarum,  de  pensione  sibi 
débita,  in  duabus  synodis  solvendarum  œqualiter  per 
manus  dicti  prœpositi. 

Item,  habet  jus  percipiendi  quolibet  anno,  in  parro- 
chia  Sancti  Germani  de  Angulis,  super  haereditates  quae 

(1)  Elle  prenait  le  nom  de  chapelle  de  l'Anniversaire  ou  des  Anni- 
versaires. Il  faut  donc  rectifier  une  légère  inexactitude  de  D.  Claude 
de    Vert    dans     ses    Explications   des   cérémonies    de    V Eglise  : 

« La  même  chose  se  pratique,  à  Evreux,  aux  messes  célébrées 

a  Y  autel  matutinal  placé  derrière  le  grand  autel »  • 

(2)  6  juillet  1482.  Richard  Duval  présenté  à  la  chapelle  Saint- 
Thibaut,  église  Saint-Jacques  de  l'Hôtel-Dieu. 


134 

tempore  praeteritospectabant  defuncto  Roberto  Fournier, 
postea  Joanni  Fournier,  et  nunc  illas  tenet  Guillelmus 
Verard,  summam  triginta  solidorum  redditus,  ad  solu- 
tionem  cujus  summse  est  obligatus  Robertus  Aubouyn, 
parrochiae  de  Normanvilla,  ut  patet  per  litteras  super  hoc 
confectas  quas  habet  dictus  capellanus. 

Item,  habet  jus  percipiendi  quolibet  anno,  in  parrochia 
Sancti  Dionysii  de  Boscohellenei,  supra  Guillelmum 
Mareschal  et  filios  ejus  et  supra  omnia  bona  sua  mobilia 
et  immobilia,  unum  sextarium  bladi  ad  mensuram  de 
Britolio  venientem  de  [e]lemosyna  defuncti  magistri 
Roberti  Le  Fourbeur,  canonici  Ebroicensis,  exécutons 
testamenti  defuncti  magistri  Roberti  Cybole  (  i  ),  dum 
viveret  decani  ecclesise  Ebroicensis,  ut  constat  per  litteras 
super  hoc  confectas  quas  habet  dictus  capellanus. 

Item,  dictus  capellanus  habet  jus  percipiendi  quolibet 
anno,  in  parrochia  de  [WJesto,  supra  Theobaldum  Har- 
delay  (2),  scutiferum,  et  ejus  uxorem,   summam  viginti 

(1)  R.  Cibole,  on  s'en  souvient,  était  l'oncle  maternel  (et  peut-être 
le  parrain)  de  Robert  Le  Fourbeur.  Les  dons  ou  legs  qu'il  fit  à  la 
cathédrale  étaient  rappelés  dans  sa  notice  nécrologique  :  «  Eodem  die 
obiit  magister  Robertus  Cybole,  sacerdos,  sacre  théologie  professor, 
decanus  Ebroicensis,  qui  dédit  centum  solidos  super  bursa  capituli 
quolibet  anno  percipiendos.  Praeterea,  idem  decanus  donavit  pulpi- 
tum  cupreurn  chori  ;  librariam  in  exquisitis  voluminibus  ampliavit 
et  ecclesie  ac  fabrice  ejusdem  plurima  bona  largitus  est.  Largitor 
omnium  bonorum  Dominus  Jhesus  sit  il l i  premium  et  merces. 
Amen  ».  Obituaires  mss.). 

(2)  «  Thibault  Hardelay,  de  la  paroisse  de  Hucst,  a  produit  sa 
généalogie,  plusieurs  lettres  justificatives  et  témoignages  de  plu- 
sieurs gentilshommes...  »  (Recherche  de  i523).  Les  Hardelay, 
ajoute  en  note  l'abbé  Lebeurier,  paraissent  originaires  de  cette 
paroisse  qu'ils  ont  habitée  longtemps  sans  y  posséder  de  fief.  Ils 
tenaient,  aux  xvne  et  xvme  siècles,  la  Motinière,  à  Boissy-Lamber- 
ville,  le  Buisson-Duret,  au  Tilleul-Lambert,  etc. 


33 


solidorum  Tur.  redditus  venientem  de  denariis  decem 
librarum  de  racquitamento  aherius  sextarii  bladi  [quem] 
quidem  dictus  Le  Fourbeur,  tanquam  executor  dicii 
Cybole,  [elee]mosin[av]erat  eidem  capellan[i]œ  in  parro- 
chia  prœdicti  Sancti  Dionysii  de  Boscohellenei,  ut  patet 
per  [litteras]  supra  hoc  confectas  quas  habet  dictus  capel- 
lanus. 

Item,  dictus  capellanus  habet  jus  percipiendi  quolibet 
anno,  in  dicta  parrochia  de  Westo,  super  hœreditatibus 
et  bonis  mobilibus  et  immobilibus  Guillelmi  Dumons- 
tier,  dictae  parrochiae,  summam  triginta  solidorum  de 
redditu  racquisito  per  summam  xv  1.  Tur.,  dicta  summa 
veniens  de  racquitamento  principalis  summae  quod  jam- 
diu  fecit  defunctus  Joannes  Le  François  senior,  ut  patet 
per  litteras  quas  habet  dictus  capellanus. 

Item,  eidem  capellae  spectat  una  domus  sita  in  parro- 
chia Sancti  Nicolai  Ebroicensis,  [jungens],  de  uno  butto, 
domui  capellae  Angelorum  et,  de  alio,  Ldomui]  capellae 
Trinitatis,  de  uno  latere  est  hortus  capellae  Matutinalis 
et  de  alio  latere  iter  regium  ;  et  débet  dominisdecapitulo 
quindecim  solidos  Tur.  redditus  annui;quam  domum 
dictus  dominus  Ricardus  aedificari  fecit  de  novo  et  cons- 
trui  propriis  suis  sumptibus. 

Et  est  capellanus  capax  distributionis  communitatum 
capellanorum. 

Et  tenetur  célébra re  alta  voce  ad  dictum  altare  Sancti 
Taurini  missas  omnium  obituum  seu  anniversariorum 
dictas  ecclesiae. 

[Gapella  Beat*:  Ann^e  (i)].—  a)  Fundatioalterius  por- 

(i)  Dans  le  Recueil  des  travaux  de  la  Société  libre  de  l'Eure, 
IVe  série,  t.  Vil,  p.  224,  note,  M.  Armand  Bénet  a  publié  une  pièce 
relative  à  la  fondation   par  l'évêque  Geoffroy  Fae,  en  février   i337 


136 

tionis  capellae  Beatae  Annse  quam  ad  praesens  tenet  do- 
minus  Joannes  Alespée(i),  près by ter,  et  est  de  latere 
dextro  chori  : 

In  parrochia  Sancti  Audoëni  de  Atheys,  juxta  Conde- 
tum,  super  masuris  et  terris  quas  defunctus  dominus 
Petrus  Harast,  tune  dictae  portionis  capellanus,  tradidit 
in  emphiteosim  Joanni  Benesiz,  dictae  parrochiae,  pro 
summa  lx  s.  Tur.  annui  redditus  solvendo[rum]  in  ter- 
minis  Paschae  et  Sancti  Remigii  mediatim,  ut  patet  per 

(v.  s.),  de  la  chapellenie  Sainte-Anne  :  «  Admortizacio  xx  lib.  t., 
pro  domino  Gaufredo  Fae,  episcopo   Ebroicensi.  Jehan,  ainsné  filz 

du  Roy  de  France,  duc  de  Normendie nous  li  avons  octroyé 

et  octroyons  de  grâce  especial  et  de  certaine  science  que  pour  le 
doement  d'une  chapellenie  laquelle  il  entent  a  fonder  en  l'église 
d'Evreux  pour   le    salu   de   s'arae  et  de  ses  bienfaiteurs,    il  puisse 

acquérir »  (Arch.  nation.,  Trésor  des  chartes,  registre  JJ.,  68, 

no  38.)  —  Ibid.,  confirmation  du  roi  Philippe  VI,  de  la  même  date. 
(Registre  JJ.,  71,  no  3i,  fol.  25.)  La  première  de  ces  deux  pièces  a 
été  transcrite  dans  le  cartulaire  des  chapelles,  fol.  191  r°.  Cf.  Gall. 
christ.,  XI,  5g6.  —  Ibid.,  col.  597,  est  relatée  l'augmentation  par 
Robert  de  Brucourt  des  revenus  de  la  chapelle  :  «  Dotavit  capellam 
Sanctae  Annae  12  novembris  et  4  decembris  1348.  »  — Une  donation 
de  ce  même  évêque  pro  duplici  sanctœ  Annœ  se  voit  dans  le  car- 
tulaire conservé  aux  archives  de  l'évêché,  fol.  1 16  vo. 

(1)  1507.  «  Jehan  Alespée  presbtre,  commis  par  noble  et  véné- 
rable personne  monsieur  maistre  Ambroyse  Le  Veneur,  hault  doyen 
de  l'église  cathedral  Nostre-Dame  d'Evreux,  a  recepvoir  les  rentes, 
dixmes  et  autres  pensions  apartenant  au  dit  sieur  a  cause  de  son 
dit  doyenné.  »  —  i522.  Convocation  pour  le  concile  provincial  est 
faite  au  chapitre  d'Evreux  par  Jean  Alespée,  secrétaire  de  l'évêché. 
—  i525.  Jean  Alespée,  «  vicaire  gênerai  (?)ou  procureur  de  monsieur 
Jean  Le  Veneur,  evesque  de  Lisieux  et  doyen  commendataire  de 
l'église  cathédrale  d'Evreux.  ».  A  la  date  du  2  mai  1540,  décharge 
générale  fut  donnée  à  son  frère  et  héritier  Me  André  Alespée,  avo- 
cat en  cour  laie  à  Evreux  des  derniers  comptes  que  «  led. 
deffunct  Alespée  avoit  présentés  pour  estre  ouys  le  xxve  jour  de  juin 
mil  vec  trente  ^ept  ». 


137 

litteras  obligatorias  coram  Petro  Mareschal  et  Joanne 
Robillard  tabellionibus  passatas,  de  data  anni  Domini 
millesimi  [quadringentesimi]  lxiij  et  diei  xiiij*  aprilis  post 
Pascha;  ideo  hic  :  lx  s. 

Item,  in  parrochia  Sancti  Pétri  de  Longavilla,  alias  de 
Autitio,  super  unam  peciam  vineae  nuncupatam  la  Pi- 
gnengiere,  continentem  tria  quarteria  vineae  aut  quo- 
circa,  de  uno  latere  Reginaldi  Fleurie  et  ex  alio  Martini 
Viel,  de  uno  butto  Robineti  Jolis  et  ex  alio  [butto]  Jar- 
dinii  Dufour,  per  magistrum  Joannem  de  Quinquernon 
tradiiam  in  emphiteosim  Joanni  Trabouillart  pro  summa 
quadraginta  solidorum  Tur.  annui  redditus  in  festo 
Omnium  Sanctorum  solvendorum,  ut  patet  per  litteras 
obligatorias  coram  magistro  Reginaldo  Gaut  et  Henrico 
Le[s]pringuet  tabellionibus  Ebroicensibus  passatas,  de 
data  anni  Domini  millesimi  quadringentesimi  septuage- 
simi  septimi  et  dieixxij  mensisdecembris;  ideo  hic  :  xl  s. 

Item,  in  dicta  parrochia  Sancti  Pétri  de  Longavilla, 
sunt  quatuor  peciae  vinearum  quarum  una  nuncupata  la 
Morveuse  continet  dimidium  arpentum  vel  cocirca,  de 
uno  latere  Joannis  de  Bordeaux  et  ex  alio  Guilloti  Hardel 
et  de  uno  butto  Guerini  Le  Sesne 

Item,  una  petia  nuncupata  le  Grand  Sorel  continet 
unum  quarterium  cum  dimidio  vineae,  de  uno  latere 
Gabrielis  Fossart  et  ex  alio  Praevoti  Le  Charpentier  et  de 
uno  butto  Joannis  Duquesnay  ad  causam  suae  uxoris. 

Item,  una  alia  petia  nuncupata  le  Petit  Sorel,  de  uno 
latere  Guilloti  Hardel  et  ex  alio  Reginaldi  Delannon  et 
de  uno  butto  Joannis  Pain. 

Item,  alia  petia  nuncupata  Gobout  continet  octodecim 
perticas  vineae  vel  quocirca,  de  uno  latere  Joannis  Duval 
et  ex  alio  haeredum  Robinetae  La  Filoque  et  de  uno  butto 
semitae  Juratae,  ut  patet  per  litteras  coram  Joanne  Lan- 


■  38 

gloys,  locum  tenenti  nobilis  viri  Joannis  Jabin,  viceco- 
mitis  de  Gisorcio  (i),  factas,  de  data  anni  m.  iiijc  lvj  et 
diei  xix  mensi[s]  junii. 

Quas  quidem  petias  terrae  capellanus  ad  praesens  in 
suis  manibus  tenet. 

Item,  dictus  capellanus  est  capax  in  distributionibus 
communitatis  vicariorum  et  capellanorum  dictae  ecclesiae 
Ebroicensis. 

Et  tenetur  dictus  capellanus  qualibet  hebdomada  cele- 
brare  unam  missam  pro  fundatoribus  dictae  portionis 
et  ad  deserviendum  in  choro  secundum  statuta  ecclesiae. 

b)  Altéra  portio  capellae  Sanctae  Annae,  quam  nunc  tenet 
dominus  Tussanus  Flambart  (2),  presbyter,  est  de  latere 
sinistro  chori. 

Ad  dictam  portionem  spectant  res  et  proventus  quae 
sequuntur  : 

Apud  Hondovillam,  quatuor  virguhae  prati  in  quatuor 
peciis  quae  soient  tradi  ad  firmam  per  summam  xlvij  s. 
vj  d.  (modo  traditur  pretio  sex  1.) . 

Item,  super  Joannem  Jouennet,  parroch[i]ae  [  ], 

supra  omnia  bona  sua,  per  hypothecam,  xx  s.  T.  (modo 
xxu  s.). 

Item,  in  parrochia  de  Condeto,  in  villagio  du  Chesne, 
sunt  quindecim  acrae  terrae  in  una  pecia  quae  per  nunc 
fuerunt  traditae  ad  firmam  Guillelmo  Eudeline  pro 
summa  viij  1.  T. 


(1)  Jean  Jabin,  vicomte  de  Gisors  (1450-1460). 

(2)  Toussaint  Flambart,  curé  de  Saint-Denis  d'Evreux  en  i523, 
scelleur  ou  gardien  du  sceau  (sigillator)  de  l'évêché,  chanoine  pré- 
bende des  Huit  dans  l'église  cathédrale,  doyen  de  la  collégiale  de  la 
Saussaye,  dignité  dont  il  fit  démission  en  i53o,  archidiacre  du 
Neubourg  de  i53o  à  i532,  f  en  i534. 


139 

Item,  in  dicta  parrochia  de  Condeto,  pro  pluribus 
hasreditatibus  traditis  in  emphiteosim  quas  nunc  tene|  n]t 
quidam  nuncupati  les  Laurens  pro  summa  iiij  1.  T. 
redditus;  sic  :  iiij  1. 

Item,  est  capax  distributionis  communitatum  capella- 
norum. 

Item,  tenetur  celebrare  qualibet  hebdomada  ad  altare 
Beata?  Annae  unicam  missam. 

Item,  une  pièce  de  vigne  assise  à  la  coste  de  Saint- 
Michel,  pro  qua  debetur  {sic)  celebrare  unicam  missam 
pro  defunctis. 

DujE  portiones  capeline  Sanctorum  Jacobi  et  Philippi 

FUNDATiE    SUPRA  LOCUM  DE  LA  PoUPRELIERE  (i).   —    Est  nO- 

tandum  quod  jampridem,  tempore  guerrarum,  manerium 
de  la  Pourreliere  (2),  in  parrochia  de  Francheville,  fuit 
inhabitabile  et  nullius  valons,  et  procterea  fuit  traditum 
per  emphiteosim  per  dominos  Petrum  Fromont  et 
Joannem  Sauvale,  capellanos,  de  consensu  capituli, 
Joanni  Le  Tabourier  et  Ricardo  Potuito  pro  summa 
centum  solidorum  Tur.  solvendorum  in  terminis  Sancti 
Michaelis  et  Paschae  dictis  capellanis  et  eorum  successo- 
ribus,  scilicet,  cuilibet  capellano  1  s.,   ut  constat  per  lit— 

(1)  «  Les  chapelles  de  la  Pourillicres,  fondées  par  Nicolas  de  No- 
nancourt,  cardinal.  Il  est  enterré  dans  le  chœur,  sous  une  tombe  de 
cuivre,  au  dessous  de  Moïse...  »  (Note  de  1686  dans  le  cartulaire 
des  chapelles,  fol.  247  r°).  Cette  tombe  a  été  dessinée  par  Gaignières. 
Nicolas  de  Laide,  dit  de  Nonancourt  parce  qu'il  naquit  en  cette  ville, 
cardinal  du  titre  de  Saint-Laurent  in  Damaso,  mourut  à  Anagni  en 
1299.  La  fondation  de  la  chapelle  Sainte-Anne,  en  i3o8,  eut  son 
accomplissement  par  ses  héritiers,  ses  frères  et  son  neveu,  et  par 
Nicolas  de  Bienfaite,  chanoine  u'Evreux,  chargé  de  l'exécution  du 
testament. 

(2)  La  Porillière. 


140 

teras  obligatorias  passatas  coram  Joanne  Fauquet,  tabel- 
lione,  anno  Domini  m0  iiij[cc]  1. 

a)  Dominus  Franciscus  de  Croville,  presbyter,  nuper 
tertebat  alteram  duarum  portionum  praedictarum  modo 

],  et  est  de  latere  dextro  chori,  qui  per- 
cipit  1  s.,  ut  supra  dictum  est. 

Estque  capax  distributionis  communitatum  capella- 
norum. 

b)  [  ,  ]  Taillebois  tenet  alteram  portionem 
et  est  de  latere  sinistro  chori  et  percipit  1  s.,  ut  supra  dic- 
tum est. 

Estque  capax  distributionis  communitatis  capella- 
norum. 

Capella  Sanctje  Trinitatis  (i),  quam  tenet  ad  praesens 
magister  Joannes  Bourgouin,  presbyter,  est  de  latere  si- 
nistro chori  et  ad  ipsam  pertinent  res  sequentes  : 

Una  domus  sita  in  civitate  Ebroicensi,  jungen[s],  ex 
uno  butto,  domui  capellae  Missse  Matutinalis  et,  ex  uno 
latere  et  alio  butto,  vico  seu  pavimento. 

Et  débet  capellanus  capitulopro  dicta  domo  [summam] 
xxv  solidorum  redditus. 

Item,  dicta  capella  olim  fuit  fundata  de  uno  modio 
bladi  et  de  quatuor  libris  Tur.  super  praeposito  com- 
munie capituli,  sed  ad  praesens  dictus  capellanus  recipit 
a  dicto  praeposito  dimidium  modium  bladi  et  xlta  solidos 
dumtaxat. 

Item,  dictus  capellanus  est  capax  distributionis  commu- 
nitatum capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare  qualibet  hebdomada. 

Capella   Angelorum   fundata   per  defunctum    bon[ae 

(i)  On  n'a  pu  trouver  le  titre  de  fondation,  est-il  dit  dans  un  re- 
gistre de  1762. 


141 

memoriae]  magistrum  Robertum  Le  Biscault  (i),  dum 
viveret  decanum  ecclesiœ  Ebroicensis,  quam  tenet  ad 
praesens  dominus  Laurentius  Lamy,  presbyter,  et  est  de 
latere  sinistro  chori. 

Ad  dictam  capellam  pertinent  res  et  redditus  sequentes  : 
Una  domus  situata  ante  porticum  Sancti  Nicolai  Ebroi- 
censis, ex  uno  butto,  vico,  [ex  alio],  domui  canoniali 
quam  tenet  magister  Joannes  Aubert,  canonicus  Ebroi- 
censis, ex  uno  latere,  domui  capellani  Anniversariorum 
et,  ex  alio,  domui  capellani  alteriusportionis  de  Albavia, 
et  oneratur  erga  dominos  de  capitulo  de  summa  octo  soli- 
dorum  praeposito  capituli  [solvendorum],  et  ergacommu- 
nitatem  capellanorum  de  summa  triginta  solidorum,  et 
erga  curatum  et  thesaurum  Sancti  Nicolai  de  summa 
decem  solidorum. 

(i)  «  Anno  Domini  millesimo  cccm°  quadragesimo  octavo,  dis- 
creptus  vir  magister  Robertus  Le  Bicault  de  Heudebouvilla,  decanus 
ecclesie  nostre  Ebroicensis.  ...  pro  salute  anime  sue,  parentum  et 
predecessorum  suorum  ac  eciam  bone  memorie  Guillelmi  dicti 
Le  Bicault  de  Heudebouvilla  quondam  fratris  sui  et  canonici  dicte 
ecclesie,  intendebat  in  ipsa  ecclesia  quamdam  capellam  edificare  et 
dotem   ei   assignare  pro   sustentacione  cujusdam  capellani....  »  — 

« En  la  révérence,    honneur  et  louenge  de  Dieu,    de  la  vierge 

Marie  et  de  tous  les  benoitz  sains  et  sainttes  de  la  benoiste  court  du 
ciel  et  en  especial  de  la  benoiste  Vierge  Marie  et  de  monsieur  saint 
Michiel  Tangue  et  de  tous  les  benoitz  anges  et  archanges  du  ciel,  de 
la  benoiste  saincte  Katherine  et  de  la  benoiste  Marie  Magdallaine..., 
icellui  Le  Biscault,  doien  dessus  dit,  fonda  icelle  chapelle  qui  est 
assise  en  la  dicte  église  de  Nostre  Dame,  a  la  senestre  partie,  jouxte 

la   chapelle  a   la  Mère  fde]   Dieu »    (Gartulaire  des  chapelles, 

fol.  2  v°  et  fol.  220  v°).  La  famille  de  laquelle  descendait  ce  doyen 
d'Évreux  qui  était  de  plus  chanoine  de  Rouen  et  conseiller  du  roi 
de  Navarre,  avait,  à  Louviers,  donné  son  nom  à  la  sergenterie  ou 
noble  fief  «  au  Bicaut  »  assis  sur  les  paroisses  Notre-Dame  et  Saint- 
Germain. 


142 

Item,  super  pluribus  hœreditatibus  et  peciis  vin[e]arum 
situa[ta]rum  in  parrochia  Sancti  Justi  prope  Vernonem, 
debentur  redditus,  tam  in  pecunia  quam  in  vino,  a  per- 
sonis  infra  scriptis  : 

Magister  Guillelmus  de  Lymonges  (i),  commorans 
Rothomagi,  Guillelmus  de  Lymonges,  de  parrochia 
Sancti  Pétri  de  Longavilla,  debent  quinque  barillos  vini 
et  xvj  d.  per  ips[os]  super  suis  vineis. 

Joannes  de  L[e]vemont  (2),  scutifer,  de  parrochia 
Sancti  Marcelli,  débet  dimidium  barillum  vini. 

Magister  Natalis  Le  Leu,  de  dicta  parrochia  Sancti 
Pétri,  débet  unum  barillum  vini. 

Guillotus  Le  Leu,  de  Sancto  Justo,  unum  barillum 
vini. 

Rogerius  Cuyoî,  deRanvilla  (3),  unum  barrillum  vini. 

Colinus  Delestre,  de  Sancto  Justo,  dimidium  barrillum 
vini. 

Haeredes  Ferrandi  Delavigne  dimidium  barrillum  vini. 

Petrus  Le  Fort,  de  Bysy,  duodecim  potos  de  roy 
gallice,  [et]  xij  d.  Parisis. 

Simon  Lebigre,  de  Bysy,  duodecim  potos  de  roy. 

Haeredes  Simonis  Bouvery,  viij  s.  Par. 

Magister  Joannes  Maignart  (4)  vij  s.  Par. 


(1)  Une  branche  de  cette  nombreuse  famille  résida  à  Vernon  et 
dans  les  paroisses  environnantes.  Un  Guillaume  de  Limoges,  prêtre, 
présenté  à  la  cure  de  La  Chapelle-du-Bois-des-Faulx  en  1493  par 
le  seigneur  du  lieu,  Bertrand  de  Limoges,  son  parent,  transigea  le 
2  novembre  i5o5  avec  l'abbaye  de  la  Croix  au  sujet  du  patronage. 
Rien  n'indique  qu'il  s'agisse  ici  de  lui  et  qu'il  eut  domicile  à  Rouen 

(2)  De  Lèvemont,  sieur  de  la  Tourelle,  à  Saint-Marcel. 

(3)  Réanville,  ancienne  paroisse  maintenant  réunie  à  La  Chapelle- 
Génevray  (Chapelle-Réanville,  canton  de  Vernon). 

(4)  Jean  Maignard,  sieur  de  la  Rayne  et  de  Houville,  avocat  gêné- 


143 

Nicolaus  LeCaron,  commorans  Rothomagi,  dimidium 
barrillum  vini. 

Perrotus  Bradel,  de  Sancto  Petro  de  Longavilla,  dimi- 
dium barrillum  vini. 

Haeredes  Guilloti  Dumonstier  dimidium  barrillum. 

Gardinotus  Legier,  de  Vernone,  v  s.  Parisiis. 

Haeredes  Huennyer  et  Michaelis  Rose,  de  Vernone, 
vij  s.  Parisis. 

Joannes  Rasonet,  de  Sancto  Justo,  v  s.  Parisi[s], 

Magister  Joannes  Maignart  et  rilius  Rogerii  Com- 
bault  (  i  ),  commorans  Rothomagi,  pro  loco  de  la  Harelle, 
très  barrillos  vini,  et  sunt  in  processu. 

Haeredes  Pétri  Ducelier,  pro  una  masura  vineae  et 
t[err]a  arabili  sita  in  parrochia  Sancti  Marcelli,  très  bar- 
rillos vini. 

Dominus  Stephanus  Dubost,  presbyter,  curatus  de 
Champegnart,  et  sui  fratres  debent,  pro  una  pecia  vineae 
situata  apud  Garcouet,  prope  vineam  Sanctae  Catharinae, 
XXV  s. 

Jacobus  Delabarre,  parrochiae  de  Hardencourt,  supra 
suis  haereditagiis,  iiij  1. 

Et  est  capellanus  capax  distributionis  communitatum 
capellanorum. 

Et  tenetur,  singulis  hebdomadis,  celebrare  duas 
missas. 

Gapella  Sancti  Johannis  et  Sancto  Cath^rin^e  (2), 
quam  tenet  ad  praesens  Jacobus  Toulle,  presbyter,  est  de 

rai  à  la  Cour  des  Aides,  frère  aîné  du  conseiller  Guillaume  Mai- 
gnard,  sieur  de  Bernières. 

(1)  Roger  Gombault,  greffier  en  l'élection  de  Rouen.  Jean  Maignard, 
sieur  de  Houville,  épousa  Catherine  Combault,  tille  de  Jean  Com- 
bault,  vicomte  de  l'Eau,  à  Rouen. 

(2)  La  chapelle  Saint-Jean-Baptiste  et  Sainte-Catherine  eut  pour 


144 

latere  sinistro  chori,  ad  quam  spectantredditus  et  res  quae 
sequuntur  : 

Hugo  Le  Mettaier,  chirurgus,  loco  defuncti  Joannis 
Le  Diacre  et  ante  Joannis  Sinot  et  suae  uxoris,  supra 
domo  situata  in  parrochia  Sancti  Pétri  Ebroicensis  in 
burgo,  ex  uno  latere,  domus  intersignii  de  la  Fleur  de 
Lys  quœ  fuit  dicto  Le  Diacre,  ex  alio  latere,  Joannis 
Courtoys,  ex  uno  butto,  pavimentum,  débet  in  terminis 
Nativitatum  Sancti  Joannis  et  Domini  mediatim  vj  1.  Tur. 

Dominus  Stephanus  Mallet,  presbyter,  capellanus  ca- 
pella?  Sancti  Martini  fundatae  in  dicta  ecclesia,  débet 
xxx  s.,  de  quibus  capellanus  Sancti  Joannis  Baptistae 
nihil  recepit,  et  sunt  in  processu. 

Joannes  Deshays,  burgensis,  loco  defuncti  Odonis 
Guibert,  pro  uno  horto  sito  apud  Arnieres  :  x  s. 

Joannes,  Petrus  et  Guillelmus  dicti  Gérard,  alias  Hu- 
neaux,  in  festo  sancti  Remigii  :  xxx  s.  Tur. 

Mahietus  et  Petrus  dicti  Delacourt,  Joannes  Dupuys  et 
ejus  filius  ac  dominus  Matheus  Guyard  :  lxiiij  s.  Tur. 

Joannes  Heuctes,  de  Caerio,  loco  Joannis  Beaufle  et 
Roberti  Le  Mercier,  super  uno  horto  sito  in  dicto  loco  de 
Caerio,  et  est  in  processu  :  xij  s.  Tur. 

Guillelmus  Harel,  loco  Joannis  Lemoyne,  de  Cruce 
Sancti  Leufredi,  pro  quadam  terra  infeodata  :  xx  s. 

fondateurs,  en  i3q5  et  i3q7,  deux  chanoines  d'Évreux,  Pierre 
La  Belle  et  Guillaume  Riglan.  Le  premier  n'était  plus  en  l'année 
1400,  et  son  neveu  et  héritier  Pierre  La  Belle,  curé  de  Saint-Léger 
d'Évreux,  confirma  ses  donations.  Quant  au  second,  il  vivait  en  1403 
et  tenait  de  la  baronnie  du  Neubourg  un  huitième  de  fief  appelé  le 
«  fief  Riglan  »,  situé  à  la  Pyle.  La  chapelle  qu'ils  firent  clore  et 
orner,  pourvoir  d'un  autel,  d'un  missel,  d'un  calice  et  autres  orne- 
ments nécessaires  pro  missis  ibidem  celebrandis,  se  trouvait  au 
chevet  de  l'église,  du  côté  gauche,  et  joignait  la  chapelle  des 
Anges. 


145 

Rogerius  Canappe,  de  Tournevilla,  loco  Radulphi 
Sanson,  pro  quadam  petia  terrae  infeodata  sita  in  dicta 
parrochia  :  vj  s. 

Item,  spectat  eidem  capellae  una  petia  vineae  sitae  in 
parrochia  |  ]  et  in  baron ia  de  Brovilla,  et 

continet  dimidiam  acram  terrae  vel  quocirca. 

Item,  capellanus  dictae  capellae  est  capax  distributionis 
communitatis  capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare  qualibet  hebdomada  duas  missas. 

Gapella  Sancti  Anthonii  (i),  quam  tenet  ad  praesens 
magister  Joannes  Bardouil,  presbyter,  est  de  latere  si- 
nistro. 

Ad  dictam  capellam  pertinent  res  et  redditus  sequentes  : 

Una  insula  nuncupata   Vlsle  Coypel,  cum  quadam 

portione  ripariae  in  qua  est  saltus  unius  molendini,  cum 

omnibus  proventibus  dictas  insulae  tam  in  fœno  quam 

arboribus,  quae  quidem  insula  valet,  communibus  annis, 

],  et  sita  in  parrochia  de  Gravigneyo. 

Item,  una  acra  cum  dimidia  terrae  laborabilis  sita  in 
dkcta  parrochia  juxta  dictam  insulam,  ex  uno  latere,  hae- 
redes  defuncti  Guillermi  Delangle  et,  ex  uno  butto,  iter 
quo  itur  Rothomagum. 

Item  dimidia  acra  vineae  vel  quocirca  sita  au  Valyton, 
in  parrochia  Sancti  Leodegarii,  ex  uno  buito,  Robertus 
Le  Rond  et,  ex  uno  latere,  iter  tendens  apud  Avironem  et, 
ex  alio  latere,  Bosguerard,  de  Heudrevilla. 

(i)  Deux  chapellenies  de  ce  nom  avaient  été  instituées,  d'abord 
par  Richard  Prévost  en  1348  (Cartul.  des  chapelles,  G.  6g,  fol.  62 
et  i52  r»),  puis  vers  i5oo  par  Charles  Gouaffedour,  l'un  et  l'autre 
chanoines  de  la  cathédrale  d'Évreux.  Il  n'est  question,  en  ce  mo- 
ment, que  de  cette  dernière,  dont  le  chapelain  prenait  place  dans 
les  stalles  de  la  partie  gauche  du  chœur. 

10 


146 

Item,  supra  vinea  dicti  Bosguerard,  percipit  dictus 
capellanus  triginta  solidos  Tur.  redditus  in  terminis 
Paschae  et  Omnium  Sanctorum. 

Item  una  domus  sita  in  parrochia  Sancti  Nicolai  Ebroi- 
censis,  ex  unolatere  et  uno  butto,  Laurentius  Debrecy  et, 
ex  alio,  Petrus  Michel. 

Item  una  domus  cum  horto  et  loco  sito  in  parrochia 
Sancti  Aquilini,  ex  uno  latere,  Robertus  Hervieu,  et  ex 
alio  latere  et  alio  butto,  iter  regium. 

Item  capellanus  est  capax  distributionis  capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare  qualibet  hebdomada  [        ]  missas. 

Capella  Sanctorum  Cosm,e  et  Damiani  (i),  quam  tenet 
ad  praesens  dominus  Joannes  Langueil,  presbyter,  est  de 
latere  sinistro  chori. 

Ad  dictam  capellam  pertinent  res  et  redditus  sequentes 
et  a  personis  infrascriptis  : 

Robinus  Le  Mettayer,  parrochia?  de  Paintievilla,  débet 
in  festo  sancti  Remigii  sexaginta  solidos,  et  duodecim 
gallinas  seu  pullas  in  festo  Nativitatis  Domini,  et  très 
stophos  (2)  in  festo  Sancti  Sacramenti. 


(1)  Cette  chapelle  aurait  été  créée  par  Jean  de  Croust  en  1438,  si 
l'on  en  croit  le  registre  de  1762,  mais  la  date  est  évidemment  er- 
ronée. V.  dans  le  cartulaire  III  du  chapitre,  fol.  292  r°,  la  donation 
par  «  vénérable  et  discrepte  personne  maistre  Jehan  de  Croust,  cha- 
noine en  l'esglise  Nostre  Dame  d'Evreux....  meu  de  devocion, 
considérant  les  grans  biens,  honneurs  et  prouffis  qu'il  a  en  la  dicte 
egliss  en    laquelle  il  a  esleu  sa  sépulture  en  la  chappelle  des  deux 

glorieux  martyrs  monsieur  saint  Cosme  et  saint  Damien »  d'une 

rente  annuelle  de  4  1.  10  s.  pour  la  célébration  de  son  anniversaire. 
(9  septembre  1420).  —  L'obituaire  fait  mention  d'une  procession,  la 
veille,  et  d'une  messe  célébrées  par  le  chapitre  le  jour  de  la  fête  des 
deux  saints  martyrs  (27  septembre). 
(2)  Stoffus,  esteuf,  balle  pour  le  jeu  de  paume. 


H7 

Joannes  Bouchebee,  de  Bachiputeo,  et  sui  fratres 
debent,  in  festo  Nativitatis  beatae  Mariae  Virginis,  viginti 
solidos  redditus. 

Guillotus  Dumoncel  et  Fabianus  Le  Monnier,  parro- 
chiae  de  Mantylone,  debent,  in  terminis  Nativitatum 
Domini  et  Sancti  Joarmis  Baptistae  mediatim,  quadra- 
ginta  solidos. 

Stephanus  Le  Roy  et  sui  fratres,  parrochiae  de  Parvilla, 
debent,  in  quartae  dîei  martii  termino,  triginta  sex  solidos. 

Guillelmus  Blancfune,  parrochiae  de  Ferariis  Alti 
Glocarii,  débet,  in  termino  Omnium  Sanctorum,  triginta 
solidos. 

Joannes  Legoust,  parrochiae  de  Guichenvilla,  débet,  in 
festo  Omnium  Sanctorum,  triginta  solidos. 

Cafinus  Viel,  de  Curia  Dominica  (i),  débet,  prima  die 
martii,  viginti  solidos  Turonenses. 

Joannes  Le  Bossu,  de  Gravigneyo,  et  sui  fratres  debent, 
in  termino  Omnium  Sanctorum,  viginti  s. 

Jacobus  Eschart  et  Joannes  Sourville,  parrochiae  de 
Orgevilla,  debent,  in  terminis  Nativitatis  Domini  et  Beaii 
Joannis  Baptistae,  triginta  solidos. 

Joannes  de  la  Barge  et  Robinus  de  Quessigny,  parro- 
chiae de  Sacquenvilla,  debent,  in  dictis  terminis  Nativi- 
tatum Domini  et  Sancti  Joannis,  triginta  solidos  Tur. 

Joannes  Damoye,  parrochiae  de  Quicteboto,  in  hamello 
du  Boullon,  débet,  in  festo  Assumptionis  beatae  Mariae, 
duodecim  bucellos  bladi  ad  mensuram  Ebroicensem. 

Item,  ad  dictam  capellam  pertinet  una  domus  cum 
horto  situato  in  civitate  Ebroicensi,  quae  débet  xlta  solidos 
capitulo  Ebroicensi. 


(i)  Courdemanche. 


148 

Item  capellanus  est  capax  distributionis  communitatis 
capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare  in  dicta  capella,  qualibet  hebdo- 
mada,  duas  missas  pro  fundatoribus  et  interesse  bis  in 
hebdomada  in  obitibus  defunctorum. 

Capella  Sancti  Martini  (i),  quam  tenet  ad  praesens 
Stephanus  Malet,  presbyter,  est  de  latere  dextro  chori. 

Ad  dictam  capellam  pertinet  una  domus  sita  in  civitate 
Ebroicensi  cum  horto,  ex  uno  latere,  domus  canonialis 
dicta  de  Villy  (2)  quam  tenet  magister  Symon  Dablon, 
et,  ex  alio  latere,  domus  capellae  Sancti  Sebastiani,  ex  uno 
butto,  mûri  villae,  ex  alio,  vicus,  et  débet  capitulo  xij  d. 
redditus. 

Capellanus  Sanctae  Cathannae  prétendit  habere  supra 
dicta  domo  xxx  s.  redditus. 

Ad  dictam  capellam  dudum  pertinebant  multi  redditus, 
[ascendjentes,  ut  fusius,  usque  ad  summam  xxx  1.  Tur., 
qu[i]  f[uer]unt  p[er]diti  tempore  hostilitatis,  de  quibus 
tamen  capellanus  recup[~er]avit  redditus  infrascriptos  : 

Ludovicus  Le  Picart  et  Maria  ejus  uxor,  commorantes 
apud  Bysy  juxta  Vernonem,  ut  constat  per  litteras  pas- 

(1)  Cartulaire  des  chapelles  (G.  69),  fol.  io5  r°.  «  Les  chartes  de 
fondation  de  la  chapelle  monseigneur  Saint-Martin  et  Saint-Denis  », 
par  Robert  de  Fresnes,  chanoine  et  archidiacre  d'Evreux,  «  in  dextra 

parte  capitis  ecclesie, irt  quadam  capella  non  perfecta  vel  con- 

summata,  sed  eam  volo  et  promitto  in  vitrinis,  latomia,  carpentaria, 
iibris  ornamentis  et  aliis  necessariis  ita  decenter  consummare 
propriis  sumptibus  et  ornare »  (i3o8). 

(2)  La  maison  canoniale  dite  de  Villy  ou  de  Saint-Joseph  venait, 
peu  d'années  auparavant,  d'être  bâtie  et  donnée  au  Chapitre  par 
maître  Jean  de  Quincarnon.  V.  VObituaire,  à  la  date  du  i3  dé- 
cembre. 


149 

satas  coram  Roberto  Petit  et  Joanne  Godin,  tabellionibus 
apud  Vernonem  vija  julii  vc  vij  :  vij  s.  vj  d. 

Item  Janotus  Le  Leu,  de  Sancto  Justo,  ut  constat  per 
litteras  passatas  coram  Roberto  Le  Sac  prima  die  maii 
anno  m.  iiij[c  iiijxx]  x  :  v  s.  Parisis. 

Item  dictus  capellanus  est  de  communitate  capellano- 
rum. 

Et  tenetur  celebrare  qualibet  hebdomada  unam  missam. 

Gapella  Sancti  Fiacrii  (  i  ),  quam  tenet  ad  praesens 
Benedictus  Basselin  (2),  presbyter,  est  de  parte  sinistra 
chori,  et  ad  dictam  capellam  pertinent  res  et  redditus  se- 
quentes  : 

Una  domus  sita  ante  ecclesiam  Sancti  Nicolai,  ex  uno 
butto,  domus  capellae  de  Albavia,  ex  alio,  domus  domini 
de  la  Cousture. 

Super  domo  Philippi  Souchey  (3)  sita  in  parrochia 
Sancti  Thomae,  ex  uno  latere,  domus  magistri  Mathaei 
Aubert,  ex  alio,  Stephanus  Souchey  :  1  s. 

Item  super  domo  quam  tenet  Jacobus  Chevallot  (4) 
sita  in  dicta  parrochia  Sancti  Thomae,    ex  uno  latere, 

(1)  Chapelle  fondée  en  i358  par  Guillaume  Asselin  et  Mahault, 
sa  femme,  bourgeois  d'Evreux,  de  la  paroisse  Saint-Pierre. 

(2)  Il  échangea,  le  3  octobre  i5i5,  la  cure  de  l'église  paroissiale 
Saint -Louis  de  Brécamp,  diocèse  de  Chartres,  pour  celle  de  Saint- 
Gilles  d'Evreux;  f  en  1 533,  avant  le  3  juin. 

(3)  «  Cependant  le  clocher  de  l'église  de  S»  Jacques  de  l'Hospital 
qui  estoit  de  bois,  ayant  esté  entièrement  consommé  par  le  feu,  les 
frères  de  la  charité  assemblèrent  leurs  antiques,  les  plus  notables 
bourgeois    de  la   ville  et  délibérèrent  de  faire  eslever  une  tour  de 

pierre  de   taille,    a  l'imitation  de  celle  delà  par.  de  St  Thomas 

Philippe  du  Souchey,  eschevin,  commença  a  placer  la  première 
pierre  le  huitième  d'avril  i52i.  »>  (Le  Batelier  d'Aviron,  Mémorial, 
p.  144.) 

(4)  Receveur  des  deniers  communs  de  la  ville  d'Evreux  (i5i5). 


JoannesLe  Gros  et,  ex  alio,  Joannes  Heudebourg  :  xxxs. 

Item  super  domo  Joannis  Du  bue  sita  in  parrochia 
Sancti  Pétri  Ebroicensis,  ex  uno  latere,  magister  Joannes 
Louvel,  et  ex  alio,  Gabriel  Le  Febvre  :  x  s.  Tur. 

Item  super  domo  pertinente  Joanni  Le  Monnier  sita  in 
dicta  parrochia  Sancti  Pétri,  ex  uno  latere,  Oliverius 
Ragorel,  ex  alio,  Joannes  Lemoyne  :  xj  s.  Tur. 

Item  super  domo  pertinente  Joanni  Le  Monnier  sita  in 
parrochia  Sancti  Pétri,  ex  uno  latere,  domus  de  Lesprin- 
guet  :  xx  s.  Tur. 

Item  super  domo  sita  in  parrochia  praedict[a]  in  qua 
nunc  moratur  Huguetus  Barbifesor  :  xx  s.  T. 

Item  super  domo  pertinente  a  laBigaude,  inquapendet 
intersignium  de  la  Fleur  de  Lys  :  xx  s.  Tur. 

Itern  super  domo  pertinente  Robineto  Courtoys  sita  in 
dicta  parrochia,  ex  uno  latere,  Danvilliér  (?)  et,  ex  alio, 
magister  Reginaldus  Delangle  :  vj  s.  ix  d. 

Item  super  domo  pertinente  Joanni  Mussot  sita  in  vico 
du  Homme,  extra  muros  :  x  s.  Tur. 

Item  eidem  capellaniae  pertinet  una  vinea  sita  aux 
Petits  Mons,  continens  dimidiam  acram  terras. 

Item  unus  clausus,  continens  duas  acras  terrae  vel  quo- 
circa,  situatus  in  parrochia  de  Gravigneyo. 

Item  dimidia  acra  terrae  sita  in  dicta  parrochia,  et  per- 
cipit  capellanus,  tam  pro  dicta  dimidia  acra  quam  pro 
clauso,  xviij  bucellos  bladi  cum  médiate  fructuum. 

Item,  apud  Emallevillam,  novem  virguflae]  terrae,  pro 
quibus  capellanus  habet,  pro  modo  firmae,  vij  bucellos 
bladi. 

Capellanus  est  capax  distributionis  communitatis 
capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare  duas  missas  qualibet  hebdomada. 


i5i 

Quatuor  capell^e  seu  portiones  fundat^e  ad  altare 
Sanctorum  Martyrum  Stephaw,  Laurentii  et  Vincentii 
in  cruciata,  versus  domum  episcopalem  (i),  quarum  duae 
surit  de  parte  dextra  chori,  aliae  duae  surit  de  sinistra  parte, 
et  capellani  dictarum  portionum  ascendunt  in  altis  se- 
dibus  in  obitibus  episcopi  fundatoris  ipsarum. 

a)  Altéra  portio  dictorum  Martyrum,  quam  tenet  ad 
praesens  Nicolaus  Joannes,  presbyter,  est  de  latere  dextro 
chori,  ad  quam  pertinent  res  et  redditùs  sequentes  : 

Colinus  Delisle,  pro  quibusdam  terris  quas  tenet  in 
parrochia  des  Manières,  débet  :  iiij  1.  x  s.  redditùs. 

Joannes  Symon  Vaisné  débet  :  lxxij  s. 

Joannes  Symon  junior  débet  :  xxx  s. 

Guillelmus  Cocherel  :  iiij  1.  x  s. 

Ludovicus  Chappon  :  xxiiij  s. 

Joannes  Le  Masurier  :  vj  s. 

Dictus  capellanus  est  capax  distributionis  comm'uni- 
tatum  capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare  qualibet  hebdomada. 

b)  Altéra  portio  dictorum  Martyrum,  quam  tenet  ad 
praesens  Henricus  Duclos,  est  de  latere  sinistro  chori. 

Colinus  Maistresse,  parrochiae  de  Boessy  prope  Dam- 
villam,  débet  capellano  dictae  capellaniae,  pro  certis  sibi 
haereditatibus  in  emphiteosim  traditis,  in  terminis  Nati- 

(i)  L'évêque  Jean  d'Aubergenville,  fondateur  de  ces  chapelles  en 
i25o,  voulut  y  être  enterré,  au  pied  de  l'autel,  «  en  une  cave  soubs 
terre,  au  dessus  de  laquelle  est  une  tombe  d'airain  parsemée  de 
fleurs  de  lys  où  il  est  représenté  de  sa  grandeur,  un  petit  chien  à 
ses  pieds,  revestu  de  ses  habits  pontificaux  »  {Mémorial  historique, 
p.  84).  Les  quatre  portions  ou  chapellenies  étaient  encore  dites 
«  chapelle  de  Coignefesse  ou  des  Boiteux  »,  surnom  qui  leur  était 
venu  des  biens-fonds  ayant  formé  leur  première  dotation  ou  des 
anciens  possesseurs  de  ceux-ci.  (Arch.  de  l'Eure,  G.  69  ;  cartul.  des 
chapelles,  fol.  216,  r°.) 


152 

vitatum  Domini  et  Sancti  Joannis  Baptistae  :  [  (i)]. 

Et  est  capax  distribution is  communitatum  capellano- 
rum. 

Et  tenetur  celebrare. 

c)  Altéra  portio  capellœ  Martyrum,  quam  tenet  ma- 
gister  Michaël  des  Barres,  est  de  latere  dextro  chori,  et  ad 
dictam   portionem   pertinent  res  et  redditus  sequentes  : 

[  (2)]- 

d)  Altéra  portio  capellae  Martyrum,  quam  tenet  Nico- 
laus  Aubert  (?),  est  de  latere  sinistro  chori,  et  ad  dictam 
portionem  pertinent  res  et  redditus  sequentes  :  [         (4)]. 

Capella  Sancti  Christophori  (5),  quam  tenet  ad  prae- 
sens  Guillelmus  Esnault,  presbyter,  est  de  latere  dextro 
chori.  Ad  quam  capellam  pertinent  res  et  redditus  se- 
quentes : 

Una  portio  domus,   in  parrochia    de   Champigneyo, 


(1,  2  et  4)  L'espace  réservé  pour  l'indication  des  revenus  n'a  pas 
été  rempli. 

(3)  Neveu  du  chanoine  Jean  Aubert,  il  était  fils  de  Nicolas  Aubert, 
greffier  de  la  grande  sénéchaussée  de  Normandie,  et  de  Marguerite 
Gravelles.  Nicolas  Aubert,  clerc,  est  chapelain  de  Saint-Thibaut  à 
l'Hôtel-Dieu  d'Evreux,  en  1 5o6,  et  prieur  de  Verneuil.  Chanoine 
des  Huit,  il  se  rend  en  \bi3  à  Rouen,  pour  l'assemblée  provinciale, 
chargé  de  procuration  du  chapitre  de  la  cathédrale  d'Evreux. 

(5)  La  chapelle  Saint-Jacques  Saint-Christophe  fut  érigée  vers 
l'année  1200.  On  l'avait  surnommée  «  la  chapelle  au  Regnard  » 
{quœ  alias,  a  vulpibus,  capella  Vulpis  mincupatur),  à  cause  d'une 
dîme,  appelée  dîme  Regnard,  que  le  chapelain  avait  droit  de  prendre 
dans  la  paroisse  de  Fontaine-sous-Jouy  :  «  Il  est  vray  que  cette 
dixme  s'est  toujours  appelée  dixme  Regnard  et  que  le  seul  chapelain 
y  prenoit  dixme  a  l'exclusion  des  autres  decimateurs  et  du  sieur 
curé,  que  le  proverbe  établi  de  tout  temps  dans  le  païs  porte  que 
ou  le  Regnard  prend,  personne  n'a  plus  que  voir.  » 


*53 

quae,  communibus  annis,  valere  potest  viginti  tria  sex- 
taria  bladi. 

Item,  alia  portio  décima?,  in  parrochia  de  Fontibus 
su[btus]  Joyacum,  quae  valet,  communibus  annis,  tam 
in  grano,  in  vino  quam  in  decimis  viridibus,  octo  vel 
novem  libras. 

Item,  alia  décima,  au  Mesnil  Anseauîme,  quae,  com- 
munibus annis,  valet  quinque  aut  sex  libras. 

Item,  capellanus  est  capax  distributionis  communi- 
tatum  capellanorum. 

Et  lenetur  celebrare  singulis  hebdomadis. 

Capella  Sancti  Sebastiani  (i),  quam  tenet  ad  praesens 
magister  Jacobus  Le  Pelletier,  presbyter,  est  de  latere 
sinistro  chori,  et  ad  ipsam  pertinent  res  sequentes  : 

Super  domo  ubi  pendet  intersignium  Equi  Albi,  in 
parrochia  Sancti  Pétri  Ebroicensis,  quae  spectat  Petro 
Hernault,  bonnetier  gallice,  debentur  capellano  :  vj  1. 
Tur. 

Item,  est  capax  distributionis  communitatis  capellano- 
rum. 

Et  tenetur  celebrare  qualibet  hebdomada. 

Capella  fundata  ad  altare  Sancti  Agniani  in  navi 
ecclesle  (2),  quam  tenet  ad  praesens  Nicolaus  Gandon, 
presbyter,  est  de  latere  dextro  chori,  et  ad  dictam  capel- 
lam  pertinent  res  et  redditus  sequentes  : 

Una  domus  sita  in  civitate  Ebroicensi,  in  parrochia 
Sancti  Nicolai,  ex  uno  butto,  supra  vicum  tendent[em]  ab 

(r)  Son  établissement,  en  i36i,  est  dû  à  Gilles  de  Meresse, 
bourgeois  d'Evreux. 

(2)  On  attribuait  à  un  chanoine  nommé  Jean  Pesnel  ou  Paynel 
(Paganelli)  la  fondation  de  la  chapelle  Saint-Aignan. 


154 

ecclesia  Beatae  Maria?  Ebroicensis  ad  locum  qui  dicitur 
le  Trou  au  Baillif  et,  ex  alio  butto,  mûris  villae  et  civi- 
tatis  Ebroicensis,  ex  uno  latere,  domui  spectanti  domino 
Philippo  Le  Goux,  et  eidem  lateri  abutat  hortus  lepro- 
sariae  Sancti  Nicolai. 

Item,  dictus  capellanus  percipit,  singulis  annis,  a 
capitulo  Ebroicensi,  per  manus  praepositi,  decem  libras 
Turonenses. 

Item,  dictus  capellanus  est  capax  distributionis  com- 
munitatis  capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare. 

Capella  Sancti  Eustachii  (  i  )  quam  tenet  ad  praesens 
Giraudus  Lendormy  (2),  presbyter,  et  est  de  latere  si- 
nistro  chori. 

Sequuntur  res  et  redditus  dicta?  capellaniœ,  de  qui- 
bus  capellanus  gaudet  : 

Una  domus  sita  in  civitate  Ebroicensi  ;  ex  uno  latere, 
[  (3)]. 

(1)  1340.  Fondation  et  dotation,  par  maître  Guillaume  Ruault, 
chanoine  de  Rennes  et  recteur  de  l'église  Notre-Dame  d'Iville,  au 
diocèse  d'Evreux,  d'une  chapelle  dans  l'église  cathédrale,  à  l'entrée 
de  la  nef,  du  côté  gauche,  en  l'honneur  de  saint  Eustache  et  de  ses 
compagnons,  martyrs.  (G.  Bourbon,  Inventaire  somm.  des  arch.  dép., 
série  G,  p.  44.) 

(2)  De  1482  à  i5oi,  le  curé  de  Saint-Gilles  d'Evreux  se  nommait 
Jean  Lendormy. 

(3)  Les  titres  de  la  chapelle  désignent  ainsi  cette  maison  :  « 

Un  manoir,  comme  il  se  comporte  en  long  et  en  lé ,  assis  le 

dit  manoir  en  la  paroisse  Saint  Nicolas  de  la  Cité  d'Evreux,  entre 
la  maison  maistre  Martin  Bende,  prieur  de  Saint  Nicollas  de  la 
Malladrerie  d'Evreux,  d'une  part,  et  la  maison  de  la  chappelle  que 
fonda  Jehan  Panel,  jadis  chanoine  d'Evreux,  d'autre,  et  aboutissant 
sur  la  rue,  d'un  bout,  par  devant,  et,  d'autre  bout,  aux  murs  de  la 
Cité  d'Evreux. ...»  (G.  69,  Cartul.  des  Chap.,  fol.  283.) 


155 

Item,  supra  domo  in  qua  tune  moratur  Lucas  Bras- 
defer,  in  parrochia  [  ],  capellanus  percipit 

quadraginta  solidos  redditus. 

Item,  apud  Bernienvillam,  [  ]. 

Item,  apud  Rochetam,  habet  unam  petiam  vineae 
continentem  quinquaginta  perticas  vineae. 

Sequuntur  redditus  de  quibus  ad prœsens  non  gaudet  : 

In  parrochia  de  Y[sjcarvilla  :  xxxv  s.  iiij  d.  et  un 
chappon. 

In  parrochia  Sancti  Cirici  de  Valle  Rodolii  :  viij  s.  et 
un  chappon. 

In  parrochia  Beatae  Mariae  de  Valle  Rodolii  :  iiij  1. 
xiij  s.  vj  d. 

In  parrochia  Sancti  Joannis  de  Elboto  :  xij  s. 

In  dicta  parrochia,  super  una  petia  prati  :  iiij  s.  Tur. 

In  parrochia  Sancti  Albini  juxta  Bolen  :  xxij  s. 

In  parrochia  Sancti  Martini  de  Tourneville  (i),  juxta 
Portum  Sancti  Audoeni  :  lxij  s.  ix  d. 

Item,  super  quamdam  plateam  sitam  in  vico  Sancti 
Joannis  Ebroicensis  :  xiiij  s. 

Item,  super  domum  qu[ae]  fuit  Radulphi  Leprevost, 
sitam  in  suburbiis  Ebro.  :  x  s. 

Dictus  capellanus  est  capax  distributionis  communi- 
tatis  capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare  singulis  hebdomadis. 

Capella  Sancti  Portiani  (2),  quam  tenet  nunc  Joannes 
Trembler,  presbyter,  est  de  latere  dextro  chori,  et  ad  dic- 
tam  capellam  pertinent  redditus  sequentes  : 

Joannes  Dupuys,  parrochias  de  Plesseyo  Grohan,  in 
hamello  des  Arvolus,   loco  Raulini  de  Viveney,  débet 

(1)  Lire  :  Tourville[-la-Rivière]  (canton  d'Elbeuf  (Seine-Inférieure). 

(2)  Fondateur  :  Robert  Piel,  curé  de  Notre-Dame  d'Aspres,  aujour- 
d'hui paroisse  du  canton  de  Moulins-la-Marche  (Orne). 


i5<S 

xij  s.  redditus  in  termino  Omnium  Sanctorum,  ut  constat 
per  litteras  passatas  coram  Alexandro  Robillard  et  Petro 
Mareschal,  una  de  data  diei  secundi  julii  anno  m.  iiijc 
iiijxx  ix,  alia  de  data  diei  penultimae  septembris  m.  iiijc 
iiijxx  x  ;  sic  :  xij  s. 

Guillelmus  Ducelier,  de  Hardencuria,  débet,  in  dicto 
termino,  x  s.  Tur.,  ut  constat  per  litteram  passatam 
coram  Arnulpho  Le  Clerc  et  Guillelmo  Le  Moyne,  de 
data  diei  iij  octobris  m.  iiijc  iiijxx  xv;  sic  :  x  s.  Tur. 

Joannes  Mouchart,  alias  Huneaux,  de  Garello,  débet, 
in  termino  Sancti  Nicolai  hyemalis,  xv  solidos  Tur.  red- 
ditus, ut  constat  per  litteras  passatas  coram  Alexandro  et 
Joanne  dictis  Robillard,  de  data  v  diei  decembris  m. 
iiijc  iiijxx  xj  ;  sic  :  xv  s.  Tur. 

Guillotus  de  Saint  Jore,  in  termino  Nativitatis  Domini, 
débet  duos  capones. 

Mathœus  Bouhin,  parrochiœde  Escorsayo  prope  Aqui- 
lam,  débet,  in  termino  Nativitatis  Domini,  decem  solidos, 
ut  constat  per  litteras  passatas  coram  Guillelmo  Desventes 
et  Alexandro  Robillard,  de  data  xxvj  diei  januarii  anno 
m.  iiijc  lxxiij;  sic  :  x  s. 

Cardinus  Letremblé,  parrochiae  de  Bellomontello,  loco 
P[er]rini  Nyon,  débet  octo  solidos,  ut  constat  per  litteras 
passatas  coram  Colino  [  l,de  data  xv  junii 

m.  iiijc  lj,  sic  :  viij  s. 

Robertus  Vorim,  de  Nascendris,  débet,  in  termino 
Paschae,  xx  s.,  et,  in  festo  Sancti  Remigii,  xx  s.,  ut  constat 
per  litteram  signatam  :  Sochey.  de  data  xxvij  diei  octobris 
m.  iiijc  lxxix  ;  sic  pro  duobus  terminis  :  xl  s.  Tur. 

Robinetus  Hue,  de  Nestreville,  débet  x  s.  in  termino 
Penthecostes,  ut  constat  per  litteram  passatam  coram  Mi- 
chaële  et  Alexandro  dictfis]  Robillard,  de  data  xvj  maii 
m.  iiijc  iiijxx  vj 


157 

Bernardus  Buguerin,  de  Sancto  Luca,  débet  x  s.,  ut 
constat  per  litteram  passatam  coram  Guillelmo  Desventes 
et  Alexandro  Robillard,  de  data  xx  maii  m.  iiijc  lxxij  ; 
sic,  in  festo  Trinitatis  :  x  s. 

Jacobus  Ducelier,  de  Hardencuria,  débet,  in  termino 
Nativitatis  beati  Joannis  Baptistae,  x  s.,  ut  constat  per 
litteram  passatam  coram  Ranulpho  Le  Clerc  et  Joanne 
Morel,  de  data  xx  junii  anno  m.  iiijc  iiijxx  xv  ;  sic  :  x  s. 

Joannes  Galloys,  de  Nestreville,  débet,  in  dicto  termino 
Sancti  Joannis,  decem  solidos,  ut  constat  per  litteras  pas- 
satas  coram  Guillelmo  Desventes  et  Alexandro  Robillard, 
de  data  xxij  junii,  anno  m.  iiijc  lxxij  ;  sic  :  x  s. 

Thomas  Lambert,  de  Plesseyo  Grohan,  débet,  in  ter- 
mino Sancti  Remigii,  decem  solidos  Tur.,  ut  constat  per 
duas  litteras,  prima  est  signata  :  Mareschal  et  Robillard 
et  est  de  data  îij  diei  m.  iiijc  iiijxx  vj,  altéra  est  de  data 
diei  xxiiij  februarii  m.  iiijc  iiijxx  xvij,  signata  :  Laisné 
Lachelay,;  sic  :  x  s. 

Guillotus  de  Saint  Jore  débet  in  termino  Paschae  (et  est 
de  Melleville)  :  x  s. 

Joannes  Dubosc,  parochine  de  Rotunda,  locode  la  Fon- 
taine :  viij  s. 

Et  capellanus  est  capax  distributionis  communitatum 
capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare  qualibet  hebdomada. 

Capella  Beat^e  Marle  Magdalen^e  (  i  ),  quam  tenet  ad 
praesens  magister  Jacobus  Gouget,  presbyter,  est  de 
sinistro  latere  chori . 

(i)  Fondée  en  1297  par  les  exécuteurs  testamentaires  de  Guil- 
laume de  Meulent,  trésorier  et  chanoine  de  l'église  d'Évreux,  et  en 
accomplissement  de  ses  dernières  volontés,  cette  chapelle  eut  pour 
premier  titulaire  un  second  Guillaume  de  Meulent  que  nous  rêver- 


i58 

Ad  dictam  capellam  pertinent  très  acrae  terrae,  quarum 
duas  situantur  au  Longbuisson  et  altéra  prope  capellam 
Beatœ  Marine  Magdalenae  prope  (sic),  et  per  nunc  tra- 
duntur  ad  firmam  pro  summa  xl  s.;  sic  :  xl  s.  Tur. 

Item,  supra  domum  quandam,  sitam  apud  Pennette, 
quam  tenet  ad  prœsens  dominus  Joannes  Baudouyn, 
presbyter  :  vj  s.  Tur. 

Item,  supra  domum  quandam,  sitam  apud  Sanctum 
Germanum  de  Pratis,  quam  tenet  ad  praesens  Gaufridus 
Thibault  aut  filius  ejus  Natalis  Thibault  :  viij  s. 

Item,  supra  quendam  jardinum,  situatum  in  vico  de  la 
Bove,  rétro  Sanctum  Petrum,  quem  tenet  nunc  Robinetus 
Delaporte  et  qui  alias  fuerat  traditus  in  emphiteosim 
Joanni  Fordos  :  xij  s. 

Item,  supra  quandam  domum  quae  fuit  Damaigne,  si- 
ta[m]  juxta  domum  magistri  Joannis  Louvel,  domini  de 
Garrel  (i)  :  xxviij  s.  Tur.  redditus  ;  et  sunt  in  processu 
contra  Ricardum  Postis  (2). 

Item,  supra  domum  quae  fuit  defuncti  magistri  Jacobi 


rons  un   peu  plus  loin,  chapelain,  en  i3i3,  de  la  chapelle  Saint- 
Jacques  Sainte-Catherine. 

(1)  Jean  Louvel,  écuyer,  sieur  de  Garel,  fils  du  Jean  Louvel  qui 
qui  avait  été  anobli  par  les  francs-fiefs  et  de  Jeanne  Le  Roux,  était 
lieutenant-général  des  baillis  d'Evreux  Jacques  de  Chambray  et 
Adrien  de  Haugest,  sieur  de  Genlis.  Il  y  eut,  dans  l'église  Saint-Pierre 
d'Evreux,  une  chapelle  dédiée  à  Notre-Dame  en  i5i6  et  dite  cha- 
pelle de  Garel,  «  de  la  fondation  du  sieur  Louvel,  sieur  de  Garel, 
qui  l'a  faitte  bastir,  peindre  et  fournir  d'ornements  nécessaires  pour 
y  célébrer  la  saincte  messe,  comme  aussi  il  a  achevé  de  faire  bastir 
la  dernière  arche  et  voutte  de  cette  église,  aux  pilliers  et  vuitres  de 
laquelle  sont  ses  armes  qui  porte  d'azur  au  sautoir  d'or  »  (Le  Bate- 
lier, Mémo rial  hist.,  p.  143). 

(2)  Richard  Postis,  sieur  d'Argences,  du  chef  de  sa  femme  Cécile 
Lespringuet. 


159 

Chrestien,  situatam  in  Parva  Civitate,  quam  idem  Gougei 
nomine  privato  acquisivit  :  xl  s. 

Item,  eidem  capellae  pertinet  una  domus  sita  rétro  dic- 
tam  domum  acquisitam  et  prope  muros  Givitatis,  una 
eu  m  horto. 

Item,  capellanus  est  capax  distributionis  communi- 
tatum  capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare. 

Gapella  Sancti  Nicolai  (i),  quam  tenet  ad  prresens 
dominus  Philippus  Le  Goux  (2),  presbyter,  est  de  latere 
sinistro  chori  et  ad  ipsam  pertinent  res  sequentes  : 

Dicta  capella,  ut  asserit  capellanus,  olim  fuit  fundata 
de  xij  sextariis  bladi  super  praepositura  capituli  et  de 
quatuor  libris,  sed  nunc,  et  a  longo  tempore,  praepositus 
dicti  capituli  solvit  dumtaxat  sexsextaria  bladi  etquadra- 
ginta  solidos. 

Dictus  capellanus  est  capax  distributionis  communi- 
tatum  capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare  qualibet  hebdomada. 

Gapella  Sancti  Jacobi  et  Sancti  Catharin^e  (3)  quam 

(1)  Sans  titre  de  fondation. 

(2)  Philippe  Le  Goux,  curé  de  Guichainville.  (Registre  qui  date  des 
premières  années  du  xvie  siècle;  Archiv.  de  l'Eure,  G.  i38.) 

(3)  La  chapelle  Saint-Jacques  le  Majeur  et  Sainte-Catherine  fut 
dotée,  à  l'aide  du  legs  qu'avait  fait  dans  ce  but  Alain  de  Meulent, 
archidiacre  d'Evreux,  f  avant  i3o8,  par  l'évêque  Mathieu  des  Es- 
sarts.  (Cartulaire  G.  122,  n°  86,  fol.  81  ro.)  Un  très  curieux  procès- 
verbal  contenu  en  ce  même  cartulaire  (no  401,  fol.  i35  r°)  nous 
montrera,  à  propos  de  ce  bénéfice,  l'inventaire  du  mobilier  particu- 
lier d'une  chapelle  de  la  cathédrale  au  début  du  xive  siècle  :  Circa 
capellaniam  fundatam  in  ecclesia  Ebroicensi  a  magistro  Alano  de 
Mellento,  quondam  archidiacono  Ebroicensi  :  Anno  Domini  Mo  tre- 
centesimo  nono,  die  veneris  post   Quasimodo  (1 1   avril  i3og),  nos, 


i6o 

tenet  ad  prœsens  dominus  Guillelmus  Bousquain  (i), 
presbyter,  et  est  de  parte  dextra  chori  ;  et  ad  dictam  ca- 
pellam  pertinent  res  et  redditus  sequentes  : 

Capellanus  dictae  capellae  percipit,  singulisannis,  super 
sigillum  domini  episcopi,  in  duabus  synodis  aequaliter, 
xviij  1.  Tur. 

Item,  super  domo  sita  in  parrochia  Sancti  Thomas 
Ebroicensis,  super  vicum,  quae  domus  fuit  Petro  Le 
Marchant  :  iiij  1.  Tur. 

Item,  super  domo  sita  directe  coram  ecclesia  Sancti 
Thomae  :  xl  s. 

Item,  super  alia  domo  sita  in  dicto  vico  Sancti  Thomae, 
qu[ae]  pertinet  [  ]  Fouchart  :  xxv  s.  Tur. 


A.,  decanus,  et  capitulum  Ebroic,  in  capitulo  more  solito  cons- 
titua, unanimi  assensu  contulimus  capellaniam  rundatam  a  magis- 
tro  Alano  de  Mellento,  quondam  archidiacono  Ebr.,  Gaufrido  dicto 
Gilemer,  presbytero,  et  ipsum  investivimus  de  eadem  ;  calicem  et 
patenam  argenteos  deauratos,  missale  notatum  cum  evangeliis,  gra- 
dale  notatum  cum  epistolis,  legendam  pulcherrimam  cum  salterio 
fèriali,  antiphonarium  pulcherrimum  cum  hympnis  notatum,  duas 
infulas,  unam  de  cendali  nigro  fourratam  de  tela  viridi,  aliam  de 
tela  alba,  unam  albam  pa[ratam]  cum  amicto,  duas  stolas  cum  duo- 
bus  manipulis,  unum  succinctorium,  duo  corporalia  cum  duobus 
repositoriis  pulcherrimis  cum  sex  touailliis  quarum  una  est  parata, 
duo  paramenta  ad  altare  cum  dossali  et  duabus  cortinis  cum  suis 
paramentis,  et  omnia  et  singula  conscribi  fecimus  in  missali  dicte 
capellanie  et  cartario  nostro.  »  —  En  addition  et  d'une  autre  encre  : 
«  Et  hec  omnia  et  singula,  de  mandate  capituli,  tradita  fuerunl  et 
liberata  domino  Guillelmo  de  Mellento,  presbytero  et  nunc  dicte 
capelle  capellano,  die  martis  in  festo  sancti  Dyonisii,  anno  Domini 
M0  CCCo  tercio  decimo,  una  cum  quadam  archa  forti  et  duabus  cla- 
vibus,  una,  scilicet,  de  ostio  dicte  capelle  et  alia  dicte  arche  ;  pre- 
sentibus  ad  hec  A.,  decano,  V.,  archidiacono,  L.,  penitenciario,  et 
aliis.  » 
(i)  Ou  Boscain.  Ce  chapelain  vécut  jusqu'en  1545. 


I6l 


Super  dictis  domibus  debetur  domino  episcopo  Ebroi- 
censi  :  xxiiij  s.  ix  d.  Tur. 

Capellanus  dictae  capellœ  est  capax  distributionis  com- 
munitatum  capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare  qualibet  hebdomada  duas  missas. 

Gapella  Sancti  MarctArit^.  (  i  ),  quam  tenet  ad  praesens 
Joannes  Delisje,  presbyter,  est  de  latere  sinistro  chori,  et 
ad  ipsam  pertinent  res  et  redditus  sequentes  : 

Dictus  capellanus  habet  jus  percipiendi,  supra  curatum 
de  Nonancuria,  in  duabus  synodis,  quatuor  decem  libras 
Turonenses. 

Item,  a  praeposito  capituli  :  viginti  solidos. 

Item,  eidem  capellano  pertinet  una  domus  contigua 
domui  presbyterali  Sancti  Nicolai  Ebroicensis. 

Dictus  capellanus  est  capax  distributionis  communita- 
tum  capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare  qualibet  hebdomada. 

Capella  Sancti  Michaelis  eundata  in  dextra  turri 
ecclesi^e  Ebroicensis  (2),  quam  tenet  ad  praesens  Joannes 
Le  Caron,  presbyter,  est  de  latere  dextro  chori,  et  ad 
ipsam  pertinent  res  et  redditus  sequentes  : 

Una  domus  sita  in  Parva  Civitate(3)  Ebroicensi,  prope 
le  Trou  au  'Baillif  gallice,  ex  uno  latere,  Guillelmus 
Ragerel,  exaltero  domus  capellae  Matutinalis  quam  tenet 

(1)  L'évêque  Mathieu  des  Essarts  et  le  chapitre  avaient  ensemble 
contribué,  en  i3oi,  à  fonder  la  chapelle  Sainte-Marguerite. 

(2)  Chapelle  Saint-Michel-de-la-Tour  (in  turri),  fondée  en  1255 
par  le  seigneur  de  Nonancourt,  Robert  de  Courtenay,  doyen  de 
l'église  Notre-Dame  de  Chartres,  qui  devint,  en  12 58,  évêque  d'Or- 
léans. 

(3)  Une  des  rues  d'Evreux,  après  avoir  été  appelée  rue  de  Y  Ave 
Maria,  continue  de  se  nommer  rue  de  la  «  Petite-Cité  ». 

1 1 


\6i 

magister  Thomas  Duval,  et,  ex  unobutto,  pavimento  seu 
vico  dictae  civitatis,  et  nihil  débet  dicta  domus. 

Item,  capellanus  habet  jus  percipiendi  super  praeposi- 
tura  de  Nonancuria,  in  terminis  Purificationis  beatae 
Mariae  et  Ascensionis  Domini,  decem  libras  Tur.  sol- 
vendas  per  vicecomitem  super  recepta  dicti  loci  de  Non- 
nancuria. 

Item,  supra  quadam  platea  sita  supra  fossatos,  rétro 
domum  episcopalem,  quam  plateam  nunc[tenet]  Joannes 

Davrilly 

Item,  capellanus  est  capax  distributionis  communi- 
tatis  capellanorum. 

Item,  tenetur  celebrare  quaiibet  hebdomada. 

Est  notandum  quod  antiquitus,  in  parrochiis  de  Pacy, 
Menilles  et  Croisy,  erant  xij  1.  in  pluribuspartibusquLae] 
per  decanum  Ebroicensem,  présente  capellano,  distribue- 
bantur  pauperibus  in  sotularibus,  in  duobus  obitibus 
defuncti  magistri  Pétri  de  la  Houssaye  (i),  super  tumba 
sua,  juxta  altare  Pardonis,  de  qua  summa  xij  1.  nulla  fit 
distributio,  quoniam  redditus,  tempore  guerrarum,  fue- 
rant  deperditi  et  ignoratur  ubi  situantur. 

Gapella  Sancti  Joannis  Evangelistve  (2)  quam  nunc 
tenet  Joannes  Petit,  presbyter,  fundata  in  antiqua  turri 


(1)  Pierre  de  la  Houssaye  était,  en  l^5^,  archidiacre  d'Ouche  ;  il  fut 
un  des  deux  exécuteurs  testamentaires  de  l'évêque  Raoul  de  Cierrey, 
mort  en  1243.  Je  ne  rencontre,  dans  le  nécrologe  du  chapitre,  la 
mention  que  d'un  seul  de  ces  obits  et  des  distributions  qui,  à  leur 
occasion,  se  faisaient  aux  pauvres  :  «  Eodem  die  (26  mai)  obitus 
Pétri  de  Housseya,  sacerdotis,  archidiaconi,  xl  s.  ;  item,  eodem  die 
debent  habere  pauperes  septem  libras,  per  manus  decani  ecclesie 
Ebroicensis  distribuendas.  » 

(2)  Fondée  vers  1246. 


l6i 

ecclesias  lateris  sinistri,  et  est  de  latere  sinistro  chori,  et 
ad  ipsam  pertinent  res  et  redditus  sequentes  : 

Capellanus  dictas  capellas  percipit  singulis  annis,  in 
parrochia  de  Canapevilla,  certam  portionem  décima  ru  m 
crescentium  in  feodis  dominorum  infrascriptorum,  [sci- 
licet],  Radulphi  du  Boullay  et  Nicolai  Bestenc  (i),  et  in 
terris  suorum  hominum  tenentium  ab  eisdem,  ut  constat 
per  litteras  fundationis  dictas  capellas  existentes  in  capi- 
tule» ;  et  valet,  communibus  annis,  dicta  portio  [ 

]• 

Item,  dictus  capellanus  percipit  singulis  annis  xv  so- 
lidos  super  quadam  domo  et  horto  sitis  in  parrochia 
Sancti  Aquilini,  qu[os]  nunc  tenet  Cardinus  Delaprée. 

Item,  super  bursa  capituli,  in  duabus  synodis  :  xv  s., 
videlicet,  in  qualibet  synodo  :  vij  s.  vj  d. 

Item,  eidem  capellae  spectat  una  domus  sita  in  parro- 
chia Sancti  Nicolai,  ex  uno  latere  et  uno  butto,  domus 
prioratus  leprosarias  Sancti  Nicolai,  et,  ex  alio  latere, 
domus  domini  Philippi  Le  Goux,  et,  ex  alio  butto,  vicus 
seu  pavimentum,  et  débet  dicta  domus  communitati 
capellanorum  xxvij  s.  Tur. 

Capellanus  dictas  capellas  est  capax  distributionis  com- 
munitatum  capellanorum. 

Et  tenetur  celebrare,  singulis  hebdomadis,  duas  missas. 

Sequuntur  capellœ  in  dicta  ecclesia  Ebroicensi  fundatœ 
quarum  capellani  nihil  percipiunt  de  distributionibus 
communitatis  capellanorum  ;  tamen  habent  habitum 
ecclesiœ  : 

Du^E     PORTIONES    CAPELLΠ   PlGRORUM    AD    ALTARE     BEAT^, 

(3)  Les  deux  fiefs,  auxquels  ces  seigneurs  laissèrent  leur  nom, 
n'en  formèrent  plus  tard,  sous  le  nom  de  Boulay-Béthan,  qu'un 
seul  qui  fut  acquis,  vers  i522,  par  Simon  Le  Muterel. 


164 

Marine  in  navi  ecclesle  (i)  per  defunctum  dominum 
Joannem  Le  Parmentier,  canonicum,  fundatae,  ad  quas 
portiones  pertinent  res  et  redditus  sequentes  quos  duo 
capellani  dividunt  inîer  se  aequaliter  : 

Apud  Gisayum,  super  quosdam  nuncupatos  les  Tel- 
liers,  in  terminis  Nativitatum  Domini  et  Sancti  Joannis 
Baptistae  mediatim  :  iiij  1.  x  s. 

Item,  apud  Flamain  (2),  prope  Conchas,  super  quos- 
dam nuncupatos  les  Fere^,  in  praedictis  terminis  Nativi- 
tatis  Domini  et  Sancti  Joannis  :  vij  1. 

Item,  apud  Sanctum  Albinum  d'Ecrovilla,  percipiunt 
quandam  portionem  decimae  quae  valet,  communibus 
annis,  xvj  1. 

Item,  Joannes  Mussot,  carnifex  Ebroicensis,  pro  vinea 
dicta  de  la  Caboscharde,  débet  in  terminis  Paschae  et 
Sancti  Remign  mediatim  iiij  1.  annui  redditus;  sic  :  iiij  1. 

Item,  Martinus  Bourgeoys,  pro  sua  vinea  :  iiij  s. 

Item,  Robinetus  Michelet,  de  Nestrevilla,  débet,  in 
termino  Omnium  Sanctorum,  xxxv  s. 

Item,  le  Fief  aux  Chevaliers  (3)  [gallice],  situatus 
apud  Brovillam,  valet,  singulis  annis,  iiij  1.  x  s. 

(1)  «  La  chappelle  de  la  messe  aux  parecheux  que  fonda  messire 
Jehan  Le  Parmentier  a  l'autel  de  Nostre  Dame  du  pillier  en  l'église 
d'Evreux  en  la  révérence  de  Dieu  et  de  monsieur  sainct  Jehan 
Baptiste  et  madame  saincte  Katherine.  »  Avant  d'être  chanoine  et 
d'exécuter  cette  fondation,  que  l'on  croit  de  1414,  il  avait  eu  la  cure 
de  Feuguerolles.  (Arch.  de  l'Eure,  G.  12.3,  fol.  45  v°.) 

(2)  Lieux  dits  «  les  Flamains  ou  Flimains  »,  à  la  Croisille  et  à 
Portes. 

(3)  Le  Fief-aux-Chevaliers,  à  Brosville,  avait  été  acheté  au  moyen 
d'une  somme  de  100  1.  t.  que  donna  Me  Jean  de  Villiers,  prêtre  et 
chanoine  d'Evreux,  pour  la  fondation  de  son  obit.  Le  Chapitre, 
d'accord  avec  les  chapelains  de  la  «  chapelle  aux  Paresseux  »,  vendit 
bientôt  après  ce  fief  à  l'évêque,  désireux  de  le  réunir  à  ses  domaines 
de  Brosville. 


ié5 

Item,  portio  decimae  de  Faverolis  et  de  Lignerolis, 
prope  Illerias,  valet,  communibus  annis,  [cum]  duobus 
caponis,  xlij  s.  Tur. 

Item,  dominus  de  Faverolis  débet,  singulis  annis,  in 
festo  Sancti  Remigii,  xxxv  s 

Item,  pertinet  dictis  duabus  portionibus  una  domus 
cum  horto  situatis  in  suburbiis  Ebroicensibus,  juxta 
Fratres  Minores  Sancti  Joannis  Ebroicensis,  quae  per 
nunc  fuit  tradita  ad  locationem  pro  summa  xxx  s. 

Item,  unum  pratum  situatum  apud  Arnieres  et  ante 
ecclesiam  Sancti  Laudulphi  (i)  [quod  |  quidem  traditur 
ad  firmam,  singulis  annis,  pro  summa  xl  s. 

Item,  eisdem  portionibus  pertinet  una  domus  sita  in 
civitate  Ebroicensi,  ex  uno  latere  [  ]. 

Et  tenentur  capellani  dictarum  portionum  celebrare 
missas,  singulis  diebus,  quilibet  in  sua  hebdomada,  et 
debent  incipere  dictas  missas  Pigrorum  quando  levatur 
corpus  Domini  (2)  in  majori  missa  chori. 

a)  Magister  Joannes  Bardin,  presbyter,  tenet  alteram 
portionem  capellae  Pigrorum,  in  parte  dextra  chori. 

Et  est  dicta  portio  ad  praesentatîonem  archidiaconi 
Ebroicensis  et  ad  collationem  dominorum  decani  et 
capituli. 

Et  percipit  capellanus  medietatem  rerum  superius 
declaratarum,  ut  in  domibus,  decimis,  redditibus  et  pro- 
ventibus. 


(1)  L'église  de  Bérengeville-la-Rivière,  dédiée  à  saint  Laudulphe, 
était  située  à  l'extrémité  de  cette  ancienne  paroisse,  tout  près  du 
territoire  d'Arnières. 

(2)  A  l'élévation  ou  «  lever-Dieu  »,  selon  l'expression  qu'em- 
ployaient nos  pères.  —  L'heure  tardive  assignée  à  la  célébration  des 
messes  de  cette  chapelle  lui  avait  valu  sa  dénomination  populaire. 


i66 


Et  tenetur  celebrare  missas  singulis  diebus  in  sua  heb- 
domada,  hora  superius  determinata. 

b)  Magister  Joannes  Fillon  (i)  tenet  alteram  portionem 
dictae  capellae  Pigrorum,  in  parte  sinistra  chori. 

Et  est  dicta  portio  ad  prassentationem  cantons  et  ad 
collationem  dominorum  decani  et  capituli. 

Et  percipit  capellanus  medietatem  rerum  superius 
declaratarum,  videlicet,  in  domibus,  decimis,  redditibus- 
et  aliis  proventibus. 

Et  tenetur  celebrare  missas  singulis  diebus  in  sua  heb- 
domada,  hora  superius  determinata. 

Capella  ad  alt are  BeatjE  Catharin^e,  per  Arturum 
Despinefort,  presbyterum,executorem  testamenti  defuncti 
magistri  Caroli  Gouaffedour  (2),  canonici,  fundat[a]  de 
bonis  executionis  ipsius  defuncti,  quam'  capellam  tenet 
dicîus  Despinefort,  et  est  de  latere  sinistro  chori,  ad  quam 
pertinent  redditus  sequentes  : 

Supra  domo  de  geaulla  Octo  Canonicorum  antiquae 
fundationis,  xl  [s.]  Tur.  redditus,  per  hypothecam,  redi- 
mabil[es]  solvendo  pertinentes  res,  ut  constat  per  litteram 
adjudications  decreti  super  hoc  facti  ;  sic  :  xl  s.  T. 

Item,  supra  domo  sita  in  vico  Carnotino,  pertinente 

(2)  Jean  Fillon,  prêtre,  est  présenté  le  29  septembre  i5o3,  par 
Jean  Chevallot,  prieur  et  administrateur  de  THôtel-Dieu,  à  la  cha- 
pelle Saint-Thibaut,  dans  l'église  de  ce  prieuré.  Il  devait  être  de  la 
même  famille  qu'Arthur  et  Jacques  Fillon,  et  que  Jean  Fillon,  lieu- 
tenant général  du  bailli  d'Evreux. 

(2)  .«  Eodem  die  (i5  janvier)  obitus  venerabilis  viri  magistri  Karoli 

Gouaffedour,  canonici,  qui  dédit  domum  et  viridarium in  parro- 

chia  Sancti  Leodegarii  Ebroicensis »    La  date  du  décès  de  ce 

chanoine  n'est  indiquée  par  aucun  document,  mais  il  mourut  certai- 
nement à  l'extrême  fin  du  xve  siècle,  ce  qui  peut  aider  à  dater  la 
fondation. 


i*7 

his  diebus[ad]  Joann[emj  Morisse,  xx  s.  redditus  redima- 
bilis,  ut  consiat  per  litteras  passatas  coram  tabellionibus 
-Ebroicensibus,  de  data  vija  januarii  anno  m0  vc  secundo; 
sic  :  xx  s.  Tur. 

Item,  supra  Oliverium  Touey,  parrochiœ  sancti  Thomœ 
Ebroicensis,  x  i,  ut  constat  per  litteras  passatas  coram 
tabellionibus  Ebroicensibus,  ut  constat  per  litteras  de  die 
xva  octobris  m.  iiijc  iiijxx  xvij;  [sic]  :  x  s. 

Item,  super  haeredcs  Robini  Le  Roy,  de  CracoviJla, 
vj  s.  redditus,  de  rente  fonsiere  gallice,  juxta  litteras  pas- 
satas xjija  die  februarii  m.  iiijc  iiijxx  viij  coram  tabellio- 
nibus Ebroicensibus;  sic  :  vj  s.  de  rente  fonsiere . 

Item,  super  haeredes  dicti  Robini  Le  Roy,  v  s.  redditus 
[per]  hypothe[cam  |,  ut  constat  per  litteras  passatas  coram 
tabellionibus  Ebroicensibus  die  vija  aprilis  anno  m.  iiijc 
lxx  ante  Pasch|a|;  sic  :  v  s. 

Item,  super  Petrum  Regnoult,  x  s.  redditus  garen- 
diat[i|per  Petrum  Mathieu,  de  Cracovilla,  juxta  litteras 
passatas  [die]  sabbati  xiiija  novembris  m.  iiijc  iiijxx  nono; 
sic  :  x  s.  hypoth. 

Item,  super  Joannem  Foubert,  de  Clavilla,  xvj  s.  red- 
ditus hypothe[cari]i,  juxta  litteras  passatas  die  xvja  martii 
m.  iiijc  lx;  sic  :  xvj  s. 

Item,  super  dominum  Nicolaum  Chorel,  presbyterum, 
de  Clavilla,  x  s.  redditus  hypoth.,  juxta  litteras  passatas 
xvja  junii  anno  m.  iiijc  lxix;  sic  :  x  s. 

Item,  super  Jacobum  Josse,  de  Mantelone,  xx  s.  red- 
ditus hypoth.,  juxta  litteras  passatas  xxiiija  octobris  anno 
mille"10  vc;  sic  :  xx  s. 

Item,  super  Dionysium,  Guillelmum  et  Martinum 
dictos  Neelle,  lx  s.  redditus  hypoth.,  juxta  litteras  passatas 
coram  tabellionibus  Ebroicensibus  die  sabbati  xxa  de- 
cembris  anno  m0  vc  ij°;  sic  :  lx  s. 


68 


Item,  super  Joannem  Boyvin,  Sancti  Germani  de  An- 
gulis,  xxx  s.  redditus  hypoth.,  juxta  litteras  passatas  die 
martis  xxja  januarii  m0  iiijc  iiijxx  ij°;  sic  :  xxx  s. 

Item,  super  Thomam  Maucois  et  Golinum  Paulmier, 
Sancti  Germani  juxta  Ebroicas,  xx  s.  redditus  hypoth., 
juxta  litteras  passatas  die  sabbati  xxvija  decembris  m0 
iiijc  iiijxx  viij0;  sic  :  xx  s. 

Item,  supra  Andream  Boulongne,  de  Cultura  prope 
Ybreium,  xx  s.  redditus  hypoth.,  juxta  litteras  passatas 
die  jovis  xxiiij3  januarii  anno  m0  iiijc  iiijxx  xij°;  sic  :  xx  s. 

Item,  supra  Andream  Framart,  parrochiae  de  Cultura, 
xx  s.  redditus  hypoth.,  juxta  litteras  passatas  coram  tabel- 
lionibus  [die]  jovis  xxvja  januarii  m0  vc  ijo  •  sic  :  Xx  s. 

Item,  super  Joannem  Le  Cauchoys  et  Joannem  Le 
Fauscheur,  de  Hondovilla,  x  s.  redditus  hypoth.,  juxta 
litteras  passatas  coram  tabellionibus  diexxa  mensisaprilis 
anno  m0  iiijxx  xiij0;  sic  :  x  s. 

Item,  super  Robinum  Le  Leu,  de  Hondovilla,  xx  s. 
redditus  juxta  litteras  passatas  :  xx  s. 

Item,  super  Colinum  Guillemel,  de  Vendis,  iiij  s.  red- 
ditus juxta  litteras  passatas  coram  tabellionibus  xxiija  die 
mensis  maii  anno  Domini  m0  iiijc  iiijxx  ix;  sic  :  iiij  s. 

Item,  super  Gilletum  Dehon,  de  Cracovilla,  percipit 
xlij  s.  redditus,  juxta  litteras;  sic  :  xlij  s. 

S  :  xviij  1.  iij  s. 

Et  tenetur  capellanus  celebrare  duas  missas  qualibet 
hebdomada. 

Capella  Sanctarum  Sororum   (i)  per  defunctum  ma- 

(i)  Autrement  dite  «  chapelle  des  Maries  »,  fondée  en  l'an  1491 
par  Jean  de  Quincarnon,  chanoine  d'Evreux,  sous  l'invocation  des 
saintes  sœurs  Marie,  mère  de  Jacques,  et  Marie  Salomé,  dont  René 
d'Anjou,    roi   de  Sicile,  avait,   en    1449,  offert  à  l'église  cathédrale 


i69 

gistrum  Joannem  deQuinquernon  (r),  canonicum  Ebroi- 
censem,ad  altare  Beatœ  Mariœ  in  navi  ecclesiae  fundata(2) 
(modo  magister  Joannes  de  Rocha  (3);  modo  Christo- 
phor[us],  chorista),  ad  quam  pertinent  redditussequentes  : 

Super  terris  de  Nestreville  que  fuerunt  Thomae  de 
Quinquernon,  patris  dicti  canonici,  unum  modium 
bladi. 

Super  Guillelmum  Picot,  commorantem  apud  Nestre- 
ville :  xxx  s. 

Super  Simonem  Gérard,  parrochiae  Sancti  Thomae 
Ebroicensis  :  v  s. 

Item,  super  Allaricum  Mellot,  ad  causam  [unius]  petiae 
terrae  sitae  in  parrochia  Sancti  Leodegarii  Ebroic.  :  xvj  s.; 
m[od]o  nihil. 

«  deux  parties  notables  des  costes...,  attestées  en  parolles  de  roy, 
avoir  esté  tirées  de  leurs  corps  ».  (Mémorial  des  évêques  d'Evreux, 
p.  i32).  On  y  faisait  la  solennité  des  deux  saintes  comme  de  fête 
triple  le  22  octobre.  La  veille  de  ce  jour,  une  procession  à  l'autel 
dédié  sous  leur  vocable  avait  été  instituée  par  le  fondateur  de  la 
chapelle. 

(1)  Thomas  de  Quincarnon,  son  père,  bourgeois  d'Evreux  et 
sieur  d'Asseville,  anobli  par  les  francs-fiefs,  figure  à  la  Monstre  de 
1469.  L'obituaire  fait  mémoire  de  lui  et  de  Simonne,  sa  femme, 
le  1er  juillet,  date  à  laquelle  était  chanté  un  des  obits  fondés  par 
Me  Jean  de  Quincarnon.  Celui-ci  avait  donné  à  l'église  de  riches 
joyaux  et  enrichi  de  livres  de  droit  canonique  et  de  droit  civil  (le 
donateur  était  licencié  en  décret)  la  bibliothèque  capitulaire.  En 
1465,  ce  chanoine  se  présenta  pour  prendre  possession  de  l'évêché 
d'Evreux  comme  chargé  de  procuration  de  l'évêqueélu  Jean  Balue. 

(2)  L'autel  des  Maries,  au  rapport  de  Lebrasseur  {Hist.  du  comté 
d'Evreux,  p.  379),  «  étoit  dans  ce  temps  là  au  premier  pilier  de  la 
nef  du  côté  du  chœur  à  main  droite,  vis-à-vis  l'image  de  Sainte- 
Agathe  ». 

(3)  Jean  de  la  Roche,  curé  de  Coudres  (commencement  du  xvie 
siècle).  11  devint  chapelain  de  Saint-André  d'Aubevoye  et  sous- 
chantre.  V.  p.  70. 


ïtem  super  Petrum  Turelure,  parrochiae  de  Vacaria,  ad 
causam  unius  petiae  vineae  sitae  in  parrochia  de  Brovilla  : 
v  s. 

Item,  super  Robinum  Dufresche,  alias  Cavart,  ad  cau- 
sam unius  masurae  et  jardini  sitorum  in  parrochia  de 
Rotunda  :  xx  s. 

Item,  super  Guilletum  Le  Monnier,  parrochiae  [  ], 
ad  causam  suae  domus  :  v  s. 

Item,  super  Petrum  Le  Breton,  de  Dardes  :  xx  s. 

Item,  super  Stephanum  Moncolet,  de  Brovilla  :  xv  s. 

Item,  super  Guillelmum  Adam,  de  Garentieres  :  xx  s. 

Item,  super  dictos  Dubosc,  nempe  Petrum  et  Michae- 
lem,  parrochiae  de  Paintievilla  :  xv  s. 

Item,  super  Guillelmum  et  Thomam  dictos  les  Tel- 
liers,  de  Esmallevilla  :  xij  s.;  modo  nihil. 

Item,  super  les  Pelletiers,  de  Escardenvilla  :  lx  s. 

Item,  super  domo  quae  fuit  magistri  Jacobi  Lespicier, 
quam  nunc  tenet  Guillelmus  Le  Moyne  :  xxvj  s. 

Item,  super  Joannem  Gillet,  de  Novoburgo  :  xl  s.  ;  qu[i| 
fuerunt  racquitat[i],  et  de  pecunia  restituta  fuerunt  ac- 
quisiti  redditus  sequentes  : 

A  Radulpho  Delamare,  alias  Crespin,  commorantem 
apud  Novumburgum  :  c  s, 

Item,  a  domino  Johanne  Le  Grand  et  Thoma  Buzot, 
parrochiae  de  Grossœuvre  :  c  s. 

Item,  tenetur  capellanus  celebrare  très  missas  qualibet 
hebdomada. 

Et,  per  fundationem,  dicta  capellania  débet  conferri 
uni  clerico  septimane  aut  puero  seu  adolescenti  chori. 

Et  ad  praesens  Joannes  Kochette,  presbyter,  clericus 
septimane,  tenet  dictam  capellaniam. 

Capella  Sancti  Claudii,  de  novo  fundata  per  domicel- 


lam  Georgetam  Le  Gras  (i),  relictam  defuncti  Michaelis 
Le  Moyne,  quam  tenet  ad  prœsens  magister  Johannes 
Le  Moyne,  presbyter,  est  de  latere  sinistro  chori. 

Dicta  capella  est  fundata  de  quindecim  libris  Turon. 
redditus,  de  rente  fonsiere  gallice,  capiendis  super  dicta 
domicella  et  super  omnibus  bonis  suis  mobilibus  et  here- 
ditatibus  donec  et  quousque  ips[a |  tradiderit  dictum  red- 
ditum  eidem  capellano  in  bona  et  surficienti  situatione. 

Et  tenetur  capellanus  celebrare  duas  missas  qualibet 
hebdomada  in  diebus  lunae  et  sabbathi. 

Et  tenetur  celebrare,  die  lume  in  hebdomada  sancta,  ad 
altare  Sancti  Claudii,  unam  missam  alta  voce  cum  dia- 
cono  et  subdiacono,  in  qua  domini  canonici  et  capellani 
communicarii  assistere  debent,  et  distribuunturcanonicis 
praesentibus  xl  s.,  et  capellanis  xx  s. 

(i)  Sur  cette  dame  et  ses  œuvres  pieuses  et  charitables,  on  pourra 
lire,  dans  V Annuaire  de  l'Eure  de  1859,  1860  et  1880,  des  notices 
de  MM.  A.  Chassant  et  G.  Bourbon.  Georgette  Le  Gras,  les 
armoiries  en  témoignent,  était  de  la  môme  lignée  qu'un  «  Jehan  Le 
Gras,  tenant  le  fief  au  Blanc  »,  à  Grandchain,  et  défaillant  à  la  Monstre 
de  1470.  Les  registres  du  chapitre  donnent  l'établissement  de  la 
chapelle  Saint-Claude  comme  étant  de  1509.  Déjà  veuve  d'un  élu 
d'Evreux,  la  fondatrice  avait  présenté  un  parent  de  celui-ci  à  ce 
nouveau  bénéfice.  Remariée  à  Jean  du  Buisson,  écuyer,  seigneur  de 
la  Couture,  à  la  Madeleine-de-Nonancourt,  et  de  Mélleville  (paroisse 
unie  aujourd'hui  à  Guichainville),  elle  avait,  avant  1 5  20,  perdu  son 
second  mari.  Il  est  à  remarquer  que  l'inscription  de  la  dalle  funé- 
raire destinée  à  recouvrir  ses  restes  mortels,  gravée  durant  son 
premier  veuvage,  avec  des  blancs  pour  la  date  du  décès,  n'a  jamais 
été  complétée  et  porte  uniquement  le  nom  de  Michel  Le  Moine, 
tandis  que  YObituaire  parle  seulement  de  Jean  du  Buisson  :  (23  oc- 
tobre) «  Obitus  domicelle  Georgete  Le  Gras,  relicte  nobilis  viri 
Johannis  du  Buisson,  dum  viveret  domini  temporalis  de  Cultura..., 
et  fiet  processio  in  fine  misse,  eundo  ad  tumulum  ejusdem  domi- 
celle, decantando  Libéra  cum  De  profundis.  —  Prope  sacellum 
Divi  Claudii  ». 


172 

Item,  dictus  capellanus  tenetur  celebrare  unammissam 
alta  voce  cum  diacono  et  subdiacono  et  percipit  ab  eadem 
domicella  quadraginta  solidos  Tur.  redditus,  de  qua 
summa  capellanus  distribuet  clericis  chori  subdicto 
choro  (?)  qui  assistent  dicte  missae,  cuilibet  x  d.,  et  in 
fine  dictae  missae  distribuet  pauperibus,  ad  dicta?  domi- 
cellae  intentionem,  xxx  d.  T. 

Capella  Sancti  Juliani,  quam  tenet  ad  praesens  ma- 
gister  Hector  Dallibert,  presbyter,  est  de  latere  dextro 
chori. 

Constat  per  litteras  fundationis  dictae  capellae  qu[od] 
dudum,  videlicet,  anno  m.  iiijc  xxxij0,  nobilis  vir  Petrus 
Buchet  (1),  scutifer,  et  domicella  Hisabellis,  ejus  uxor, 
domini  temporales  du  Jarié  Ernoult,de  Primas  (?)  et  de 
Jarcey  (2),  fundarunt  et  dotarunt  dictam  capellam,  et 
dederunt  usque  ad  summam  xxvj  1.  et  duos  capones  [red- 
ditus], ad  onus  celebrandi  très  missas  qualibet  hebdo- 
mada,  in  redditibus  sequentibus  : 

Dicti  nobiles  dederunt  omnes  redditus  quos  habebant, 


(1)  Lire  :  Behuchet  ou  Beuchet.  11  était  issu  des  seigneurs  de 
Musy,  Louye  et  Escrignolles  dont  le  plus  célèbre  fut  Nicolas  Behu- 
chet, chevalier,  maître  des  Eaux  et  Forêts,  maître  des  Comptes,  tré- 
sorier du  Roi  et  amiral,  dont  on  sait  l'infortune  au  combat  naval  de 
l'Ecluse  et  la  fin  tragique  (24  juin  1349).  Des  notes  de  1761  et 
1762  (Arch.  de  l'Eure,  G.  70  et  181 3)  rapportent  la  fondation  de 
la  chapelle  Saint-Julien  à  l'année  142 1  et  l'attribuent  à  Pierre 
Buchet,  chanoine,  seigneur  de  Jarcey.  On  peut  croire  à  une  erreur 
ou  chercher  à  concilier  les  deux  assertions  en  supposant  la  chapel- 
lenie  créée  par  les  fondateurs  par  égard  pour  un  de  leurs  fils  qui 
aurait  été  pourvu  d'un  canonicat  dans  l'église  d'Evreux. 

(2)  Le  Jarrier-Arnault,  àChamp-Dominel  (Villez-Champ-Dominel)  ; 
Primas,  situation  inconnue;  Jarcey,  à  illieis. 


*73 

apud  Chavigneyum,  in  feodo  domini  Joannis  de  Flori- 
gny  (i  ),  militis. 

Item,  super  Joannem  Lamy,  de  Marsilly,  in  feodo  du 
Fayel,  in  barronia  de  Illeriis  :  c  s.  et  ij  capones. 

Item,  super  nobilem  virum  Joannem  Mansel,  in  par- 
rochia  de  Bailleul(2),  et  super  omnibus  bonis  suis  :  vj  1, 

De  quibus  redditibus  capellanus  ad  praesens  nihil  per- 
cipit,  quod,  tempore  hostilitatis,  litterae  fuerunt  perditae. 

Sequuntur  redditus  dati  jper  magistrum  Thomam 
Poignart  ad  augmentationem  dicta?  capellœ  : 

Super  Thomam  Barbé,  de  Sancto  Andréa  in  Marchia  : 
xxxij  s.  iij  capones. 

Item,  super  Gaufridum  Le  Duc,  dicti  loci  :  xxxij  s. 

Item,  super  Binet  Viel  et  Guillelmum  Viel,  ejus  fra- 
trem,  parrochiae  de  Parco  :  xxx  s. 

Item,  super  Petrum  Breant,  de  Paintievilla,  nunc 
commorantem  apud  Angervillam  :  xx  s. 

Item,  super  Petrum  Le  Cousturier,  de  Bailliolo  :  xxs. 

Item,  super  Joannem  Vymont,  de  Bosco  Régis  :  xlv  s. 

Capella  Innocentium  et  Sancti  Leonardi  (3),  quam 
tenet  ad  praesens  Martinus  Hubert,  clericus,  est  de  latere 
sinistro  chori,  ad  quam  pertinent  res  et  redditus  sequentes  : 

Una  domus  sita  in  civitate  Ebroicensi,  ex  uno  latere, 


(i)  Les  Fieurigny  possédèrent,  à  Chavigny,  le  fief  du  Défends. 

(2)  Le  Dictionn.  hist.  de  VEure  s'est  donc  trompé  quand,  après 
avoir  fait  mention  de  Richard  Mansel ,  l'insigne  bienfaiteur  de 
l'abbaye  de  Gonches,  et  de  ses  fils,  avant  1126,  il  ajoute  :  «  Nous 
ne  trouvons  plus,  dans  la  suite,  de  membres  de  la  famille  Mansel  à 
Bailleul  »  (t.  I,  p.  jbj).  Bailleul-la-Campagne  a  été  réuni  à  Cha- 
vigny en  1845. 

(3)  Jean  du  Torpt  et  Robine,  sa  femme,  avaient  été,  en  141 6,  les 
fondateurs  de  la  chapellenie  des  Innocents. 


174 

domus  canonialis  nuncupata  de  Villy,  ex  alio  latere, 
domus  [magistri  (i)]  Guillelmi  Leconte,  ex  uno  butto, 
dicta  domus  de  Villy  et,  ex  alio,  vicus  publicus  tendens  ad 
ecclesiam;  et  tenetur  capellanus  solvere  communitati 
capellanorum  dicta?  eccleske  xxxv  solidos  T.  annui  red- 
ditus  in  termino  sancti  Remigii. 

Item,  ex  augmentatione  facta  per  defunctum  dominum 
Joannem  Varabourg  (2),  canonicum,  pertinent  eidem 
capellae  redditus  sequentes  per  hypothecam  : 

Super  Gervasium  de  Lospital,  parrochiaede  Gouldrayo, 
in  termino  Omnium  Sanctorum  :  xxx  s. 

Item,  super  hœredes  magistri  Pétri  Fleury,  curati  de 
Aubenayo  (3)  prope  Ruglas,  in  termino  Sancti  Remigii  : 
xxx  s.  t. 

Item,  super  Joannem  Senard,  parrochiae  de  Joyaco,  in 
termino  Nativitatis  Domini  :  xxx  s. 

(1)  Le  copiste  a  laissé  un  blanc  à  cette  place,  mais  les  fonctions 
dont  était  investi  Guillaume  Le  Conte  (v.  p.  126)  autorisent  à  resti- 
tuer le  titre. 

(2)  (1442-1443).  «  Jehan  du  Val  Rabourg  »,  chanoine  en  l'église 
Notre-Dame  d'Evreux.  (Lettres  de  Robert  Legras,  vicomte  d'Evreux, 
orig.  parch.,  Bibl.  nat.,  lat.  9214,  n°  28  ;  publié  par  M.  Arm.  Bénet 
dans  le  Recueil  de  la  Société  libre  de  l'Eure,  4e  série,  t.  VII, 
p.  253  et  s.).  —  (1460).  Comptes  de  dépenses  du  chapitre,  rendus 
par  Jean  de  Valrabourg,  prêtre,  chanoine  d'Evreux  et  prévôt  du 
Chapitre  (Arch.  de  l'Eure,  G.  134).  —(1465).  Jean  du  Valrabourg, 
chanoine,  est  témoin  dans  l'enquête  relative  à  l'élection  de  Jean 
Balue.  (Arch.  de  la  Seine-Inf.,  G.  1166).  —  (18  mars  1490,  v.  s). 
Jehan  du  Valrabourg  figure  dans  une  délibération  capitulaire  (Arch. 
dioc,  4).  Si  ces  différentes  mentions  se  rapportent  au  même  per- 
sonnage, ce  qui  n'est  pas  impossible,  il  aurait  fait  partie  du  chapitre 
d'Evreux  durant  au  moins  un  demi-siècle. 

(3)  Ambenay  et  Aubenay,  car  les  deux  formes  ont  été  en  usage 
et  la  seconde  avait  été  adoptée  par  l'auteur  du  Journal  des  guerres 
civiles,  Du  Buisson-Aubenay,  qui  en  était  seigneur. 


175 

Item,  super  Joannem  Maurice,  parrochiae  de  Quicte- 
boto,  in  termino  xxij  diei  mail  :  xl  s.  T. 

Item,  super  Joannem  Lecoq,  de  Houettevilla,  in  ter- 
mino Sancti  Ludovici  :  xx  s.  T. 

Item,  super  Perrinum  Mabire,  parrochiae  de  Morsent, 
in  termino  medii  maii  :  xx  s.  vj  d.  T. 

Item,  super  Guillelmum  Le  Savetier,  parrochiae  Sancti 
jEgidii  Ebroicensis,  in  terminis  Nativitatum  Domini  et 
Beati  Joannis  Baptistae  :  xxxvj  s. 

Item,  super  Thomam  et  Guillotum  Desmoulins,  de 
Brovilla,  in  lerminis  Omnium  Sanctorum  :  xiiij  s. 

Et  tenetur  capellanus  dicta:  capellae  celebrare,  seu  cele- 
brari  facere,  quolibet  anno,  in  die  sanctorum  Innocen- 
tium,  in  exitu  matutinarum,  unam  missam  alta  voce  in 
qua  assistere  debent  pueri  chori  et  cantare,  in  qua  missa 
presbiter  celebrans  dicet  in  memoriam  fundatorum  : 
Omnipotens  sempiterne  Deus,  qui  vivorum  dominaris 
simul  et  mortuorum . . .  (i). 

Sequuntur  officia  ecclesiœ  Ebroicensis  : 

Duo  sacristie  et  de  eorum  institutione. 

Est  notandum,  prout  continet[ur]  in  capituli  ecclesiae 
statutis,  [quod]  thesaurarius  débet  nominare  capitulo  très 
aut  quatuor  capellanos  ecclesiae  quos  estimaverit  magis 
idoneos  ad  exercenda  dicta  officia,  et,  si  non  sint  idonei, 
denominabit  extraneos  capitulo,  et,  de  nominatis  per  the- 
saurarium,  capitulum  accepîabit  magis  idoneos  qui  tene- 
buntur  dare  fidejussores  capitulo  qui  erunt  responsales 
pro  ipsis  si  aliquid  de  libris,  calicibus,  ornamentis,  reli- 
quiaribus  et  aliis  rébus exequentibus  in  custodia  dictorum 
sacristarum  fuerit  deperditum. 

(i)  C'est  l'oraison  Pro  vivis  et  defunctis  du  Missel  (Orationes 
diverses...,  n.  35). 


176 

Item,  institutio  et  destitutio  dictorum  sacristarum  per- 
tinent capituloet  non  thesaurario. 

Item,  prestant  juramentum  spéciale  capitulo  quod  scri- 
bitur  in  libro  seu  cartario  continente  juramenta  recipien- 
dorum. 

Item,  ad  eorum  officium  pertinet  pulsare  campanas 
existentes  in  pinaculo  lanternœ  (i),  quae  appellantur  les 
Mannaulx,  et  campanam  capituli  (2)  toties  quoties 
expedit. 

Item,  tenentur  ministrare  capas  et  alia  ornamentaoffi- 
ciantibus,  ministrare  etiam  calices,  panem  et  vinum  pres- 
byteris  celebrantibus,  parare  altaria  et  chorum  in  festis 
solemnibus  etaliis  diebus  quando  opus  est. 

Item,  debent  ostendere  lectiones,  portare  libros  ad 
cantandam  missam,  lectiones  et  alia  continentia  divinum 
cultum;  tenentur  etiam  mundare  chorum. 

Item,  debent  petere  et  habere  a  thesaurario  candelas 
cerae  provenientes  de  oblationibus  et  illos  ministrare  offi- 
ciantibus  et  servientibus  quoties  opus  est. 

Item,  tenentur  accendere  lampades  et  cereos  deputatos 
ad  ardendum  durante  servitio  divino,  tam  in  festis  tripli- 
cibus,  duplicibus,  dominicalibus  et  novem  lectionum,  ac 
etiam  trium  lectionum,  ac  etiam  in  aliquibus  obitibus 
episcoporum  et  aliis  servitiis  ordinatis  per  capitulum  pro 
defunctis. 

Item,  tenentur  mundare  chorum  toties  quoties  opus  est. 

(1)  Tour  centrale,  ouverte,  selon  l'usage  normand,  au-dessus  de 
l'intertransept  et  ajourée  de  grandes  baies,  ce  qui  motivait  l'ex- 
pressive appellation. 

(2)  La  cloche  qui  servait  à  convoquer  aux  réunions  capitulaires 
n'était  donc  pas,  comme  on  aurait  pu    le    penser,  l'un    des  deux 

«  Mannaulx  ». 


177 

Item,  debent  conservare  ornamenta  honeste,  illa  repo- 
nendo  in  archis  thesauri  bene  plicata. 

Item,  debent  habere  a  thesaurario  quilibet  sexdecim 
libras  decem  solidos  Tur.  pro  suis  gagiis,  facientes  sum- 
mam  xxxiij  1. 

Item,  debent  habere  a  domino  episcopo  vinum  pro 
celebratione  missarum,  videlicet,  in  festis  triplicibus  et 
duplicibus  [ad]  magnam  mensuram  et  aliis  diebus  [ad] 
parvam  mensuram,  quae  duae  mensurae  ab  antiquo  fuerunt 
ad  hoc  ordinatœ. 

Item,  habere  debent  unum  sextarium  bladi  frumenti  a 
vicecomite  Ebroicensi  (i)  ad  conriciendum  panem  seu 
hostias  pro  celebratione  missarum  [majorum]seu  parva- 
rum,  quod  valet,  in  festo  Purificationis  beatae  Mariae, 

[      ]• 

Item  habet,  ex  dono  magistri  Gaufridi  Regnart,  cano- 
nic[i],  in  parrochia  de  Gravigneyo  [  ]  terrae  ad 

conficiendum  panem  ad  celebrandum. 

Dominus  Nicolaus  Le  Grand  et  dominus  Philippus  Le 
Clerc,  presbyteri,  sunt  ad  praesens  instituti  percapitulum 
ad  officium  praedictum. 

Diaconus.  Subdiaconus.  —  Est  notandum  quod  jam- 
pridem  diaconus  et  subdiaconus  fuerunt  fundati  per 
[Johannem]  de  Bauffes  (2)  qui  dédit  certos  redditus,  usque 

(1)  V.  un  mandement  adressé  au  vicomte  d'Evreux  (14  avril  1427, 
n.  s.)  de  payer  régulièrement  chaque  année,  sur  la  recette  de  sa 
vicomte,  un  setier  de  blé  «  pour  faire  pain  à  chanter  pour  l'église 
cathédrale  ».  (Arch.  de  l'Eure,  G.  12 5,  cartul.  IV  du  Chapitre, 
fol,  345  ro). 

(2)  Jean  de  Bauffes,  fils  d'un  bailli  et  capitaine  d'Evreux  du 
même  nom,  fut  conseiller  du  comte  d'Evreux  et  roi  de  Navarre 
Charles  le  Mauvais,  évêque  de  Dax  en  1 36 1 ,  puis  d'Osca  (Huesca) 
en    Espagne.    La   cathédrale    d'Evreux   faisait  son  anniversaire  le 

12 


,78 

ad  summamxll  vel  quocirca,  situat[o]s  in  villa  Ebroi- 
censi,  quos  recipiebant  illi  qui  erant  deputati  ad  dicta 
officia  in  capitulo  generali,  ad  onus  legendi  epistolam  et 
evangelium  et  deserviendi  in  ecclesia  cathedraliin  officiis 
diaconi  et  subdiaconi,  ac  etiam  ad  onus  celebrandi  sin- 
gulis  diebustotius  anni  missas  in  ecclesia  Beati  Pétri  (i), 
ad  altare  ad  hoc  deputatum,  quilibet  in  sua  hebdomada. 
Sed  quia  dicti  presbyteri  non  poterant  commode  deservire 
in  officiis  diaconi  et  subdiaconi  in  ecclesia  cathedrali  et 
celebrare   missas  in   ecclesia    Sancti   Pétri  faciebantque 

17  mars  :  «  Eodem  die,  missa  pro  Johanne  Bauffes,  episcopo 
Osquensi,  et  amicis  dicti  episcopi  {Obituaire)  ».  Le  Brasseur  a,  "bien 
à  tort,  confondu  ce  prélat  avec  son  homonyme  et  peut-être  son 
parent  Jean  de  Bauffes,  évoque  de  Lérida,  qui  vivait  cinquante  ans 
plus  tôt  et  dont  le  corps  fut  rapporté  le  27  avril  i332,  pour  y  être 
mis  en  sépulture,  dans  l'église  Saint-Pierre  d'Evreux  :  «  Quelques 
écrivains  assurent  que  c'est  lui  (l'évêque  de  Lérida)  qui  a  donné  des 
fonds  à  l'église  cathédrale  pour  l'établissement  des  offices  de  diacre 
et  de  sous-diacre  dans  la  célébration  de   toutes  les  messes   hautes 

qui   se  chantent   en  cette   église ».   Hist.   civ.   et  ecclés.   du 

comté  d'Evreux,  p.  236). 

(1)  «  Deux  dossiers  contenant  copie  collationnée  de  lettres  de 
Charles,  fils  du  roy  de  Navarre,  garde  de  Mgr  le  Roy  de  France,  [et] 
copie  collationnée  d'acte  devant  les  notaires  du  Ghatelet  de  Paris 
portant  donation  faite  au  chapitre  d'Evreux  par  Jean  de  Bauffre, 
baillif  d'Evreux,  et  Jean,  evesque  d'Acqs,  son  fils,  de  40  1.  2  s.  de 
rente,  a  prendre  sur  des  maisons  sises  à  Evreux,  pour  célébrer  tous 
les  jours  dans  l'église  paroissiale  de  St  Pierre  une  messe,  des  années 
1384  et  1400  »  {Inventaire  des  titres,  etc.,  p.  240).  L'article  a  été 
cancellé  et  remplacé,  p.  276,  par  une  rédaction  différente  :  «  Deux 
dossiers  contenant  copte  collationnée  de  contract  de  donation  de 
40  1.  2  s.  tournois  de  rente,  a  prendre  sur  plusieurs  maisons  sises 
paroisse  de  St  Pierre  et  sur  autres  biens  situés  a  Netreville  et  a 
Fauville,  faitte  par  Jean  de  Bauffre,  bailly  d'Evreux,  et  Jean,  son  nls 
eveque  de  Dax,  pour  fondation  de  messes  en  la  paroisse  de 
St  Pierre,  et  lettres  d'amortissement  de  ladite  rente,  des  années 
1384  et  1400  ». 


179 

multas  marentias  (i)  et  deffectus  circa  officia  diaconi  et 
subdiaconi,  unde  oriebatur  scandalum,  ordinatum  fuit  in 
capitulo  ecclesiae  Ebroicensis  anno  Domini  m.  quingen- 

tesimo quod  de  caetero  dicti  diaconus  et  subdiaconus 

non  habebuntonuscelebrandi  missasde  Bauffes  inecclesia 
Sancti  Pétri,  sed  percipient  singulis  annis  super  praepo- 
situram  capituli  quilibet  viginti  quinque  libras  Tur.,  ad 
onus  exercendi  officium  diaconi  et  subdiaconi  et  etiam 
ad  onus  celebrandi  singulis  diebus  totius  anni,  quilibet 
in  sua  hebdomada,  missas  ad  altare  Beati  Joannis  Evan- 
gelistae  sub  pulpito  ex  fundatione  defuncti  bonae  memo- 
riae  magisiri  Pétri  Latiere,  dum  viveret  penitentiarii  et 
canonici  praebendati  dictae  ecclesiae  praebendae  de  Esman- 
villa,  qui  dédit  capitulo  et  communias  capituli  pecunias 
ad  acquirendos  redditus  pro  fundatione  dictarum  missa- 
rum  etplurium  anniversariorum  descriptorum  in  marti- 
rologio  ecclesiae  (2). 

Et,  ultra  onera  praedicta,  tenentur  dicti  diaconus  et 
subdiaconus  frequentare  chorum  in  horisdiuturnis  (3)  et 
nocturnis  et  esse  in  subsidium  clericorum  septimane, 
quoniam  hac  occasione  fuit  cuilibet  ipsorum  assignata 
pensio  seu  provisio  xxv  1. 

Praeterea  fuit  ordinatum  quod  redditus  de  Bauffes 
amodo  recipientur  per  praepositum  capituli  qui  de  illis 
reddet  rationem  in  suis  compotis. 

(1)  Marance,  faute  légère,  absence  de  l'office  divin,  la  peine  dont 
elle  était  punie  (Gloss.  de  Ducange).  On  rencontre  ce  terme  dans 
les  Statuts  du  chapitre  d'Evreux  :  «  De  marenciis  capellanorum 
misse  matitunalis. . .  «  De  marenciis  clericorum  septimane. . .  »,etc. 

(2)  Aux  dates  des  16  mai,  i<?r  août,  8  août  et  1er  décembre.  Pierre 
Latière«  presbyter,  in  sacra  pagina  proressor,  canonicus  Ebroicensis. 
dum  viveret  domini  episcopi  Ebroicensis  vicarius  generalis  »,  exer- 
çait la  charge  de  pénitencier  entre  les  années  1489  et  i5oo. 

(3)  Pour  diurnis. 


i8o 


Fundatio  de  Bauffes .  —  Jampridem  defunctus  reco- 
lendae  memoriae  dominus  [Johannes  de  Bauffes]  ordi- 
navit  certos  redditus  in  hac  villa  Ebroicensi  pro  duobus 
presbyteris,  ad  onus  legendi  epistolam  et  evangelium  in 
ecclesia  cathedrali  et  celebrandi  singulis  diebus,  quilibet 
in  sua  hebdomada,  missas  in  ecclesia  Sancti  Pétri  Ebroi- 
censis.  Sed  quia,  ut  profertur,  dicti  presbyteri  non  pote- 
rant  commode  deservire  ecclesiae  cathedrali  et  ecclesiae 
Sancti  Pétri  faciebantqUe  multos  defectus  circa  officia 
diaconi  et  subdiaconi,  capitulum  ordinavit  quod  de 
caetero  deputabuntur  duo  presbyteri  de  habituatis  ecclesiae 
qui  habebunt  onus  celebrandi  dictas  missas  de  Bauffes 
in  ecclesia  Sancti  Pétri  et  ultra  frequentabunt  chorum  et 
erunt  in  subsidium  clericorum  septimane,  et  quilibet 
ipsorum  percipiet  de  bursa  capituli  xx[v]  libras  solvendas 
per  praepositum  per  quarteria  anni,  qui  quidem  praepo- 
situs  amodo  recipiet  redditus  de  Bauffes  et  de  illis  reddet 
compotum. 

Et  in  capitulo  generali  eligentur  et  deputabuntur  dicti 
duo  presbyteri  qui  habebunt  onus  celebrandi  dictas 
missas  et  frequentandi  chorum,  ut  supra  scribitur. 

Fundatio  magistri  Joannis  de  Podio  Harbaudi.  — 
Venerabilis  vir  magister  Joannes  de  Podio  Harbaudi, 
canonicus,  senior  (i),  dédit  capitulo  magnam  pecuniae 
summam,  una  cum  certis  redditibus  per  eum  acquisitis, 
pro  augmentatione  octo  clericorum  septimane,  nam 
perantea  dicti  clerici  septimane  habebant  quolibet  die 
quilibet  decem  denarios,  sed  ipse  voluit  augmentare 
eorum  lucrum  de  sex  denariis  diurnis,  et  ad  onus  cele- 
brandi singulis  diebus  unam   missam  pro  defunctis  ad 

(i)    C'est    le    prébende    de    Brosville,    grande    portion,    de   la 
page  104. 


i8i 


altare  Beatae  Mariae  in  navi  ecelesiae  per  dicios  octo  cle- 
ricos  successive;  et  hoc  fuit  continuatum  per  aliquod 
tempus.  Verumtamen,  quod  aliqui  clerici,  per  incuriam 
aut  lasciviam,  faciebant  multos  defectus  in  celebratione 
dictas  missae,  defraudando  piam  intentionem  fundatoris, 
ordinatum  fuit  in  capitulo  quod  amodo  dicti  clerici  sep- 
timane  habebunt,  de  augmentatione  praedicta,  quilibet 
très  denarios,  et  sic  habebunt  quolibet  die  xiij  d.  eis  dis- 
tribuendos  in  horis  quibus  intererunt,  et  perd[ejnt  horam 
qua  fuerunt  absentes,  sed  sunt  et  fuerunt  a  celebratione 
dictae  missae  exonerati. 

Etideo,  super  residuo  dictae augmentationis,  capitulum, 
de  consensu  dicti  fundatoris,  ordinavit  quod  amodo  depu- 
tabuntur  in  capitulo  generali  duo  presbyteri  de  habi- 
tuatis  ecelesiae  aut  aliis  qui  habebunt  onus  celebrandi 
dictam  missam  quotidie,  quilibet  in  sua  hebdomada, 
juxta  intentionem  dicti  fundatoris,  et  habebunt  quilibet 
viginti  libras  sibi  solvendas  per  praepositum  capituli  per 
quarteria  anni,  et  tenebuntur  frequentare  chorum  et  in 
subsidium  erunt  clericorum  septimane. 

Dominus  PetrusGuerinetdominusNicholausLegrand, 
presbyteri,  per  nunc  sunt  deputati  ad  missas  celebrandas 
et  frequentandum  chorum. 

Custos  corons  (i).  —  Ad  officium  custodis  coronae  et 
reliquiarum  spectant  ressequentes  : 

(i)  Viollet-le-Duc  (Dictionn.  du  mobil.,  t.  I,  p.  142  et  s.)  s'est 
occupé  de  ces  couronnes  de  lumières  suspendues  aux  voûtes  de 
quelques  grandes  églises,  Toul,  Metz  et  Cantorbéry,  Saint-Remy 
de  Reims,  Saint-Pierre  de  Gluny,  etc.,  et  enfin  Hildesheim  et 
Aix-la-Chapelle  où  elles  existent  encore.  En  Normandie,  la  plus 
célèbre  était  celle  de  Bayeux  qui  fut  détruite  pendant  les  troubles 
de  i5Ô2.  Il  y  avait  dans  cette  cathédrale  un  gentilhomme  {armiger 
capituli),  astreint  à  diverses  obligations,  qui  portait  aussi  le  titre 


182 

Unae  portio  domus  contiguadomuicapellae  Sanctorum 
Cosmœ  et  Damiani  et  adhœrens  ex  uno  latere  domui 
canoniali   [  ]   quam   tenet   magister   Gaufridus 

Regnart,  canonicus. 

Item,  dictus  custos  percipit  singulis  annis  sex  libras 
pensionis  sibi  solvendas  per  magistrum  fabricae. 

•Item,  habet  habitum  et  pannos  ecclesiae  et  gaudet  pri- 
vilèges et  libertatibus  ejusdem. 

Et  tenetur  continue  esse  in  casa  juxta  pilleare  ubi  con- 
servatur  dicta  corona  et  recipere  oblationes  Christifide- 
lium,  necnon  legata  testamentorum  et  denarios  prove- 
nientes  ex  breveti[s],  et  illa  scribere  singulis  hebdomadis 
in  breviculis  quos  débet  tradere  magistro  fabricae  ut  de 
illis  reddat  compotum  (i). 

de  «  gardien  de  la  couronne  ».  Il  n'est  parlé  de  la  couronne  de 
lumières  d'Evreux  par  aucun  des  auteurs  qui  se  sont  occupés  de 
•la  cathédrale.  Je  renverrai  donc  aux  deux  seuls  documents  iné- 
dits où  il  en  soit  fait  une  brève  mention,  à  YObituaire  d'abord, 
où  la  sépulture  de  Regnault  de  Rainquet  est  indiquée  prope 
coronam,  puis  au  fragment  de  comptes  (xv6  siècle)  du  maître  de 
fabrique,  double  feuillet  de  parchemin  qui  a  servi  de  couver- 
ture à  un  registre  d'état  civil  de  la  paroisse  de  Bernienville  et 
que  M.  G.  Besnier,  archiviste  de  l'Eure,  a  bien  voulu  me  com- 
muniquer. On  y  trouve  précisément  les  trois  chefs  de  recettes 
énumérés  ici,  oblations  pro  corona,  c'est-à-dire  pour  l'entretien 
des  cierges  de  la  grande  couronne,  legs  testamentaires,  produit 
des  offrandes  destinées  aux  restaurations  de  la  cathédrale  et  qui 
donnaient  lieu  à  la  délivrance  de  brevets  ou  cédules  d'indul- 
gences. (V.  dans  les  Mélanges,  2e  série,  p.  268  et  s.,  Bulles  d'in- 
dulgences et  documents  relatifs  aux  travaux  exécutés  du  XIIIe  au 
XVh  siècles  à  la  cathédrale  d'Evreux.)  La  note  qui  suit  repro- 
duit quelques  lignes  de  l'état  dressé  par  le  comptable. 

(1)  Le  maître  de  fabrique  inscrivait,  en  effet,  chaque  samedi,  les 
recettes  qui  lui  étaient  ainsi  remises  : 

«  Sabbato  post  Ascensionem  Domini,  pro  corona  :  xxx  s.  iij  d. 

Item,  pro  legatis  :  ix  s.  iij  d. 


i«3 

Officium  pulsatoris  sku  [apparitoris].  —  Dictum  offi- 
cium  potest  exerceri  per  laicum  vel  clericum  conjugaturrr 
qui  tamen  sit  honestœ  conversationis. 

Et  débet  pulsare  campanas,  per  se  vel  per  alios  allo- 
catos,  secundum  qualitaiern  dierum  et  festorum  tam  tri- 
plicium  quam  duplicium  et  dominicalium,  ac  etiam 
feriarum,  etiam  in  processionibus  generalibus,  tam  ordi- 
nariis   quam    extraordinariis  ;    tenetur   etiam    mundare 

ecclesiam. 

Débet  etiam  virgam  argenteam  portare  in  festis  solem- 
nibus  et  diebus  dominicis,  durante  servitio,  et  etiam  in 
processionibus  generalibus,  et  ponere  ordinem  in  populo 
ne  sitaliqua  deordinatio  in  diciis  processionibus  (i). 

Sabbato  post  synodum  estivalem,  pro  corona  et  indulgenciis, 
pro  tota  septimana  :  iiij— xij  1.  x  s.  j  d. 

Item,  pro  legatis  :  _  W  l  ')  s"  vh|  d- 

Sabbato   post  Euchanstiam  XP1,  pro  corona  :  xhx  s.  viij  d. 

Item,  pro  legatis  :  V1J  s 

Sabbato    post    festum  Sanctorum    Gervasii   et    Prothasu   pro  co- 

,  xxxi  s.  ii)  d* 

r[ona]  : 

Sabbato     post     festum     Beati    Johannis      Baptiste,     pro    coro- 

xxxv j  s.  vj  d. 
na  :  . 

Item,  pro  legatis  : 

Sabbato    post   festum   apostolorum     Pétri   et    Pauli,    pro    coro- 

xlii  s.  vj  d. 
na  :  -a 

,  X  S,  XII  d. 

Item,  pro  legatis  :  »     ' 

Item,  pro  confratria  sanctorum  apostolorum...  »,  etc.,  etc. 

La  partie  de  compte,  à  laquelle  sont  empruntés  ces  exemples, 
s'arrête  avant  la  fin  de  septembre  :  «  sabbato  post  festum  Sancti 
Matheei,  apostoli  et  evangeliste  »,  l'usage  étant  de  commencer 
chaque  exercice  à  la  Saint-Michel. 

(i)  On  ne  dédaignait  pas,  en  haut  lieu,  de  réglementer  à  propos 
de  ces  modestes  huissiers  d'église  :  «  . . .  Liceat  preterea  aPPa- 
ritori  episcopi  et  clienti  seu  bedello  capittili,  in  omnibus  prepo- 
sicionibus,  legationibus  agendis  et  negociis  ecclesiae  ac  junsdic- 
tionibus  predictorum  episcopi,  decani  et  capituli,  virgas  argenteas 


184 

Item,  tenetur  me     urare  grana  capituli  in  horreis  ad 
mensuram  dicti  capituli. 

Sequuntur  emolumenta  dicti  officii  :  [  (i)]. 


Quoniam  memoria  hominum  labilis  est,  egregia  facta 
hominum,  et  praecipue  ea  quae  raro  accidunt  memoratu 
digna,  per  oblivionem  a,b  hominum  memoria  penitus 
évadèrent  si  non  litteriset  chartis,  pro  instructione  poste- 
rorum,  redigerentur.  Ego  itaque,  haec  considerans,  ad 
preces  venerabilium  virorum  dominorum  decani  et  capi- 
tuli hujus  insignis  ecclesiae  Ebroicensis  quas  habeo  pro 
praecepto  (quoniam  est  orandi  ducum  species  violenta 
jubendi),  proposui  et  institui,  cum  Dei  adjutorio,  hoc  in 
chartario  seu  libello  describere  receptiones  episcoporum 
hujus  ecclesiae  in  suo  jucundo  adventu  ac  etiam  regum, 
archiepiscopumque  metropolitanorum,  aliquando  cardi- 
nalium  apostolicae  sedis  legatorum,  prout  expertus  sum 
per  tempus  triginta  unius  annorum  quo  fui  cantor  et 
canonicus  hujus  ecclesiae  immeritus.  Nam  de  his  quae 
vidi  testimonium  p[er]hibeo,  et  testimonium  meum  verum 
est,  ut  posieri,  qui  praemissa  non  viderunt,  fidem  meîs 
scriptisadhibeant  ;  et  si  aliquid  conspexerint  minus  bene 
exaratum,  pro  eorum  industria  lima  bonae  correctionis 
emendent. 

aut  ligneas  ante  eos  déferre,  ac  cum  eisdem  virgis  quecumque 
loca,  jurisdictiones,  auditoria,  cohuas  aut  pretoria  intrare,  eciam 
coram  nostram  regiam  majestatem,  dum  inibi  nos  personaliter 
fore  contingeret,  se  presentare. . .  ».  (Confirmation  des  privilèges 
du  doyen  et  du  chapitre  de  l'église  cathédrale  d'Evreux  ;  Ordon- 
nances des  rois  de  France,  t.  XV,  p.  56o.) 

(i)  A  part  cette  ligne,  placée  en  tête,  le  recto  et  le  verso  du 
feuillet  n'ont  pas  été  remplis. 


.8s 

MODUS     RECEPTIONIS     EPISCOPI     EbROICENSIS    IN   SUO    PRIMO 
ADVENTU     AD     ECCLESIAM     EbROICENSEM    (i).     —     ACCeSSUrUS 

itaque  episcopus  Ebroicensis  ad  suam  ecclesiam  in  primo 
suo  adventu,  obviantibusque  eidem  episcopo  omnibus 
curatis  villae  et  suburbiorum  Ebroicensium  cum  capis  et 
crucibus,  primo  descendit  in  monasterio  Sancti  Taurini 
cum  sua  comitiva  et  cum  suis  equitaturis,  ibique  recipi- 
tur  honorifice  per  abbatem  et  monachos  qui  conducunt 
eum  ad  ecclesiam  cantando  Sint  lumbi  etc  ,  et,  completo 
responsorio  paratoque  oratorio  coram  majori  altari,  epis- 
copus dicit  orationem  et  dat  suam  benedictionem  mona- 
chis  et  populo  ibidem  assistenti. 

His  itaque  peractis,  vadit  episcopus  cum  sua  comitiva 
ad  domum  abbatialem  ubi  paratur  sibi  prandium  et  pas- 

(i)  Le  Calendrier  histor.et  astronom.  pour  l'année  i75o}  a 
publié,  sans  indiquer  de  source  ou  avertir  le  lecteur  de  l'emprunt, 
une  notice  intitulée  Réception  de  nosseigneurs  évêques  d'Evreux  à 
leur  joyeux  avènement.  Elle  n'est  autre  qu'une  traduction  para- 
phrasée et  à  peine  amplifiée  de  tout  ce  chapitre  de  Hunaud.  L'ar- 
ticle a  depuis  été  reproduit  par  Bonnin  (Opuscules  et  mélanges 
hist.,  p.  i3o-i33)  et  deux  fois  réimprimé  dans  la  Semaine  reli- 
gieuse d'Evreux  (nos  des  18  novembre  i883  et  23  août  i8go).  Des 
recherches  bibliographiques  sur  les  ouvrages  qui  ont,  pour 
Evreux,  abordé  ce  pittoresque  sujet  de  l'entrée  solennelle  des 
évêques,  ne  seraient  pas  ici  à  leur  place.  Je  signalerai  seulement 
à  ceux  qui  voudraient  des  détails  plus  circonstanciés  :  D'Expilly, 
Dictionnaire  des  Gaules,  Extrait  d'un  livre  manuscrit  des  choses 
mémorables  arrivées  depuis  que  la  réforme  a  été  introduite  dans 
l'abbaye  de  Saint-Taurin  ;  Joyeux  avènement  des  évêques  d'Evreux 
au  XVIe  siècle,  lettre  de  M.  Th.  Bonnin  (10  août  1841)  à  M.  le 
rédacteur  du  Courrier  de  l'Eure  ;  Entrées  solennelles  des  évêques 
d'Evreux,  d'après  la  relation  qu'en  a  faite  dom  Beaunier  dans 
son  Recueil  histor.,  chronolog.  et  topogr.  des  archeveschez,  eves- 
chez,  abbayes  et  prieurez  de  France  pour  l'année  1726,  publié  par 
M.  A.  Chassant  dans  YAlmanach  annuaire  de  l'Eure  de  1 863, 
p.  69,  etc. 


i86 


tum  pro  eo  et  pro  tota  sua  comitiva,  tam  pro  prandio 
quam  pro  caena  et  tam  pro  hominibus  quam  pro  equita- 
turis  suis,  et  débet  abbas  esse  instructus  de  numéro  homi- 
num  et  equitaturarum  dicti  epi&opi  ut  possit  honeste 
providere  de  cibariis  secundum  qualitatem  temporis  et 
personarum,  tenenturque  ipsi  abbates  et  conventus  eum 
recipere  cum  centum  equitaturis,  expensis  eorumdem. 

Hac  de  causa,  abbas  et  conventus  Sancti  Taurini  sunt 
penitus  immunes  et  exempti  a  solutione  procurationis 
débita?  pro  visitatione,  tota  vita  comité  dicti  episcopi,  et 
nihilominus  dictus  episcopus  potest  illos  visitare  et  refor- 
mare  (i).    . 

(i)  Sentence  arbitrale  par  Guillaume  de  Flavacourt,  archevêque 
de  Rouen,  au  sujet  des  difficultés  soulevées  entre  l'évêque  d'Evreux 

et  les  abbés  et  religieux  de  Saint-Taurin  :  «  ...  Ordinamus 

quod  dictus  episcopus  et  ejusdem  successores  prefatos  religiosos 
et  eorum  monasterium  memoratum,  tanquam  diocesani  eorum, 
semel  in  anno  et  alias,  dum  necesse  fuerit  et  de  jure  poterunt, 
valeant  libère  visitare,  nullam  tamen  procuracionem  petere  vel 
exigere  proinde  poterunt  ab  eisdem.  Item,  quod  iidem  religiosi 
Ebroicensem  episcopum,  qui  quidem  pro  tempore  fuerit,  in  die 
vigilie  adventus  sui  jocondi  seu  receptionis  ejusdem  in  Ebroicensi 
ecclesia,  qui  fuerit  noviter  consecratus,  una  cum  nocte  sequenti, 
cum  centum  equitaturis,  tam  principalibus  quam  accessoriis  in 
centum  hujusmodi  computatis  ita  quod  centum  equorum  nume- 
rum  non  excédant,  recipere  et  eisdem  ministrare  necessaria  com- 
petenter  in  dicto  monasterio  teneantur.  Item,  quod  ipsi  religiosi 
predicti,  episcopi  et  ejusdem  successorum  omnium  venerabilia 
corpora,  dum  extremum  diem  vite  sue  clauserint,  teneantur  in 
monasterio  recipere  memorato,  dum  ibidem  eadem  afferri  conti- 
gerit,  atque  corpus  cujuslibet  episcoporum  hujusmodi  custodien- 
tibus  et  ibidem  pernoctantibus  centum  solidos  Tur.  solvere  pro 
eorum  necessariis  teneantur  et  mapas  ad  usum  comedendi  tune 
inibi  tantummodo  ministrare  pênes  eosdem  religiosos  post  comes- 
tionem  hujusmodi  remansuras...  »(i2qo).  Arch.  de  l'Eure,  H.  794, 
grand  cartulaire  de  Saint-Taurin,  fol.  56. 


i87 

Episcopus  débet  pernoctare  in  dicto  monasterio  cum 
tota  sua  familia  et  cum  omnibus  suis  equitaturis. 

In  crastinum  episcopus  débet  accedcre  cum  abbate  et 
monachis  ad  ecclesiam  Ebroicensem  per  vicum  ante 
Fratres  Minores,  et  débet  episcopus  habere  mitram  cum 
baculo  pastorali  et  esse  indutus  alba  cum  capaet  se  repo- 
nere  in  quadam  parva  domo  scu  tugurio  sito  prope 
domum  intersignii  de  la  Croce,  quod  quidem  tugurium 
spectat  cuidam   burgensi  [  ],  et  débet  esse  ho- 

norifice  paratum,  et  ibi  episcopus  discalciatus  est  et  nudus 
pedes,  et  capit  burgensis  calceamenta  episcopi  (i). 

In  exitu  dictae  domus  seu  tugurii,  débet  compar[e]re 
dominus  de  Gauvillaqui,  tempore  aestivali,  débet  habere 
paveam  in  magna  copia  et,  tempore  hyemali,  paleam 
seu  stramina  etiam  in  magna  copia  (2)  ;  et  débet  propriis 
manibus  projicere  ad  terram,  ante  episcopum  ambulan- 
tem  discalceatum,  paveam  seu  stramina  in  tanta  copia 
quod  episcopus  non  tangat  terram  suis  pedibus,  et  débet 
dictus  dominus  de  Gauville  proferre  haec  verba  proji- 
ciendo  paveam  seu  stramina  :  Monseigneur,  je  suis 
vostre  homme  de  foy;  cecy  vous  doibs  et  autre  chose  ne 
vous  doibs. 

(1)  «  En  i5o3,  Jean  Filieu,  clerc  de  la  paroisse  Saint-Léger 
d'Evreux,  aumôna  à  la  fabrique  de  cette  église  les  chausses  basses 
des  évêques,  aux  droits  de  cette  maison  à  lui  appartenante,  aux 
charges  de  la  servitude  qu'elle  doit  à  l'évêché  lors  de  l'entrée  et 
prise  de  possession  des  évèques.  »  (Note  du  Calendrier  historique 
de  1750). 

(2)  Les  comptes  de  quelques  fabriques  de  Rouen  font  pareille- 
ment distinction  des  «  poudreures  vertes  »  (herbes  ou  tiges  fleu- 
ries pour  les  fêtes  d'été)  et  des  «  poudreures  sèches  »  (paille  ou 
feurre  pour  les  fêtes  d'hiver)  dont  était  semé  le  sol  de  l'église 
On  appelle  encore  aujourd'hui  «  pavée  »,  dans  notre  contrée  nor- 
mande, les  feuillages  et  fleurs  qui  jonchent  les  chemins  aux  pro- 
cessions de  la  Fête-Dieu. 


Ambulat  ergo  episcopus  nudus  pedes  ab  illo  tugurio 
usque  ad  portam  Nostrae  Dominae,  associatus  monachis 
Sancti  Taurini,  et  ibidem  veniunt  obviam  illi  decanus, 
canonici,  totumque  collegium  ecclesiae  cathedralis  usque 
prope  pontem,  cum  cruce,  aqua  benedicta,  et  cum  textu 
evangeliorum,  induti  capis  sicut  fieri  consuevit  in  majo- 
ribus  festis  triplicibus. 

Stantibus  igitur  episcopo  et  monachis  supra  pontem, 
cum  [decano]  et  collegio  ecclesiae  cathedralis  citra  pontem, 
abbas  seu  prior  conventus  profert  haec  verba  vel  similia  : 
Messeigneurs,  voicy  nostre  evesque  que  nous  vous  ame- 
nons; vif  le  vous  baillons  et  mort  le  nous  rendre^  (i). 

Quibus  verbis  prolatis,  decanus,  si  sit  praesens,  aut 
major  dignitas  post  eum,  dat  crucem  et  textum  evange- 
liorum ad  osculandum  episcopo  et  facit  brevissimam 
salutationem,  quoniam  non  expedit  facere  magnam 
harengam  cum  episcopus  est  nudus  pedes. 

Et  conducit  eumdem  episcopum  decanus,  aut  major 
dignitas,  ab  illo  loco  ubi  recipiunt  eum  a  monachis  usque 
ad  portam  ecclesiae  cathedralis,  dicto  domino  de  Gauvilla 
projiciente  paveam  seu  stramina  usque  ad  portam  dictam 
ecclesiae  cathedralis,  ubi  domini  decanus  et  canonici 
debent  sibi  parare  oratorium  et  tapecium  sub  pedibus 
suis  nudis,  et  ibidem  episcopus,  antequam  ingrediatur 
ecclesiam,  débet  praestare  juramentum  quod  sequitur  : 

Ego  N.,  divina  miser atione  episcopus  Ebroicensis, 
juro,  per  Deum  et  per  hœc  sancta  evangelii,  qu[od] 
fidelis  ero  ecclesiœ  Ebr  oie  ensi,  jura  et  libertates  et  pos- 
sessions ipsius  ecclesiœ  bona  fide  conservabo,  et  ad 
revocationem  illicite  alienatorum  diligentiam  et  auxi- 

(i)  Des  coutumes  presque  identiques  se  rencontrent  ailleurs. 
V.  D.  Pommeraye  et  Farin  pour  Rouen,  Piganiol  pour  Beauvais, 
etc. 


189 

lium  bonafide  adhibebo,  consuetudines  antiquas  et  appro- 
batas  ejusdem  ecclesiœ  necnon  et  privilégia  Jideliter 
observabo,  et  quod  compositionem  sive  pacem  habitant 
inter  dominum  R.,  prœdecessorem  meum,  ex  una parte, 
et  decanum  et  capitulum  Ebroicense,  ex  altéra,  super 
nemoribus  ecclesiœ,  prout  in  litteris  patent Abus  dicto- 
rum  episcopi  et  capituli  continetur  (  i  ),  Jideliter  et  bona 
fide  observabo.  Sic  me  Deus  adjuvet  et  hœc  sancta 
evangelia.  Et  in  hujus  signumhanc  scripturam  propria 
manu  consigno. 

Istud  juramentum  praestiterunt  omnes  episcopi  in 
receptionibus  suis,  et  suis  signis  apparet,  prout  constat  in 
libro  evangeliorum  deservienti  in  festis  triplicibus  (2).  Et 
datur  signare  propria  manu  supra  majus  altare. 

Praestito  dicto  juramento,  episcopus  ingreditur  eccle- 
siam,  praecedente  collegio,  et  débet  cantari  una  antiphona 
de  beata  Maria,  vel  pulsentur  organa,  debentque  proce- 
dere  festinanter  usque  ad  majus  altare  ecclesiae  ne  gra- 


(1)  Ce  concordat  entre  Raoul  IV  de  Chevri  et  le  Chapitre,  qui 
est  de  I2Ô5  et  existe  au  cartulaire  I  (n°  219,  fol.  46  r°),  n'empêcha 
pas  d'interminables  procès.  Un  important  mémoire  de  cinquante- 
cinq  pages,  dont  j'ai  fait  récemment  l'acquisition,  requête  pré- 
sentée «  au  Roi  et  a  nosseigneurs  de  son  conseil  »  en  l'année 
1724  par  Mgr  Le  Normand,  expose  longuement  les  arguments 
qui  militaient  en  faveur  de  l'évêché.  Quant  aux  prétentions  des 
chanoines,  elles  sont  résumées   dans  l'analyse  sommaire   qu'en 

présente  Y  Inventaire  des  titres  et  papiers  étant  aux  archives , 

p.  206-207  :  a  Redevances,  droitures  et  autres  sujétions  de  l'évêché 

d'Evreux  envers  l'église  et   le  chapitre  dudt  Evreux 

i3»  Pour  tous  les  hauts  bois  de  l'évêché  étants  au  parc  de  Gondé, 
lors  de  leur  vente,  moitié  de  la  somme  ;  laquelle  moitié  doit  être 
partagée,  moitié  a  la  fabrique  et  l'autre  au  chapitre ». 

(2)  C'est  le  précieux  texte  qui  fait  maintenant  partie  des  collec- 
tions de  la  Société  libre  de  l'Eure. 


190 

vetur  episcopus  qui  ambulat  nudis  pcdibus  ;  et  débet 
parari  ibi  oratorium  ubi  episcopus,  genibus  flexis,  ora- 
tionem  faciat  sub  silentio  ad  suam  devotionem  ;  deinde, 
signet  suum  juramentum  super  altare,  ut  dictum  est. 

Postea,  vadat  ad  revestiarium  et  sumat  calceamenta 
seque  apparet  ad  celebrandam  missam  in  pontificalibus 
et  habeat  très  diaconos  et  très  subdiaconos,  inter  quos 
sunt  duo  canonici. 

Cantetur  missa  cum  magna  solemnitate,  pulsantibus 
organis  sicut  in  festo  triplici,  et  sit  missa  de  Sancto 
Spiritu  aut  de  festo  diei,  si  sit  festum  duplex,  ad  devo- 
tionem ipsius  episcopi. 

Finita  missa,  vadat  episcopus  ad  suam  domum  episco- 
palem  in  qua  débet  esse  solemne  prandium  omnibus 
venientibus,  expensis  ipsius  episcopi,  et  débet  essemagni- 
ficum  in  suo  primo  jucundo  adventu  ;  et  dominus  de 
Gauvilla  prassentat  episcopo  primum  poculum  in  cupa 
seu  tassea  argentea,  postque  episcopus  bibit,  dictus 
dominus  de  Gauvilla  capitet  retinet  pro  se  dictam  cupam. 

Pro  jocalibus.  —  Est  notandum  quod  in  thesauro 
ecclesiae  sunt  jocalia,  videlicet,  libri,  mitra,  baculus  pas- 
toralis,  annuli  et  alia,  quibus  utitur  episcopus  dum  célé- 
brât in  pontificalibus,  quae  fuerunt  data  ecclesiae  per 
quendam  episcopum  Ebroicensem,  nomine  Philippum 
de  Brucuria  |i),  et  de  quibus  voluit  episcopos  ejus  suc- 

(i)  Tout  ceci,  on  le  verra  bientôt,  s'applique  à  l'évêque  Phi- 
lippe I  de  Ghaource,  décédé  en  1281  et  enterré  au  milieu  du 
chœur  des  Dominicains  d'Evreux,  et  non  à  Philippe  de  Brucourt, 
coadjuteur  de  son  frère  Robert  de  Brucourt  et  qui  finit  presque 
en  même  temps  que  lui,  l'un  étant  mort  le  i5  décembre  1374, 
l'autre  le  24  janvier  1375.  Le  procès-verbal  de  la  prise  de  posses- 
sion de  l'évêché  d'Evreux,  le  ier  mars  i5-]5,  par  le  procureur  de 
Claude  de  Sainctes,  pièce  inédite  dont   une   mauvaise  copie  est 


i9i 

cessores  habere  usum  quotiens  célébrant  in  pontifica- 
libus  in  ecclesia  Ebroicensi  aut  etiam  in  diœcesi  cele- 
brando  ordines;  et  remanere  debent  jocalia  in  custodia 
capituli  et  conservari  in  thesauro  ;  et  tenetur  quilibet 
episcopus  solvere  semel  summam  quadraginta  quinque 
librarum  ;  et  débet  dicta  pecunia  converti  ad  acquirendum 
redditus  pro  augmentatione  fundationis  obitus  illius 
episcopi  qui  dédit  dicta  jocalia;  et  voluitdictus  episcopus 

à  la  bibliothèque  du  grand  séminaire,  montre  que  les  chanoines 
d'Evreux,  à  la  fin  du  xvie  siècle,  persistaient  dans  cette  inexplicable 

méprise  :  «  ...   Après  laquelle  prinsc  de  possession et  après 

que  la  grande  messe  du  chœur  fut  finie,  sonnèrent  toutes  les 
grosses  cloches  a  vol  pour  convoquer  ung  chacun  assister  a  la 
célébration  d'une  haulte  messe,  au  grand  autel  du  chœur,  pour 
les  deffuncts  evesques  d'Evreux  et  speciallement  pour  l'ame  du 
sr  de  bonne  mémoire  Philippe  de  Brécourt,  en  son  vivant  evesque 
d'Evreux,  lequel  donna  plusieurs  joyaux  a  la  dite  église  pour 
servir  a  ses  successeurs  evesques,  et  principalement  une  crosse 
d'argent  doré  et  esmaillé,  du  poiz  de  quinze  marcs  [et]  plus,  laquelle 
est  de  trois  pièces  fermantes  a  viz  l'une  dedans  l'aultre,  par  con- 
dition que,  au  jour  de  la  possession  prinse  dudit  evesché,  le  dit 
obyt  seroit  célébré  et  qu'un  chacun  evesque  par  succession  eut 
l'usage  de  ladite  crosse  et  aultres  joyaux,  en  payant,  par  celuy 
qui  est  mis  en  possession  du  dit  evesché,  la  somme  de  quarante- 
cinq  livres  et  entretenir  ledit  obyt  et  grande  messe  des  trespasscz. 
Laquelle  messe  fust  solempnisée  en  la  manière  que  on  célèbre 
annuellement  la  haulte  messe  de  la  Commemoracion  des  morts 
du  jour  prochain  d'aprez  la  feste  de  Toussainctz,  hors  mis  le  drap 
mortuaire  lequel  fut  estendu  sur  une  manière  de  cercueil  dessus 
la  tombe  de  messire  Robert  de  Brécourt,  evesque  d'Evreux,  en  la 
dextre  du  chœur,  entre  le  grand  autel  et  les  trois  chaires,  en  quoy 
y  eut  faulte,  et  fut  prins  Robert  de  Brécourt  pour  Philippe  de 
Brécourt,  lequel  Philippe  est  inhumé  en  laultre  costé  senestre, 
sur  le  premier  pas,  au  costé  du  grand  autel  ou  est  couchée  une 
tombe  de  pierre  noire,  a  l'opposite  de  la  tombe  de  Robert  de  Bré- 
court     «.    (Estât   de   la    prinse    de   possession    de    V evesché 

d'Evreux). 


192 

quod  de  dicta  summa  xlv  librarum  recipienda  ab  episco- 
pis  suis  successoribus  capiatur  summa  centum  solidorum 
Tur.  pro  custodia  dictorum  jocalium  et  quod  celebretur 
missa  solemnis  pro  defunctis  pro  anima  dicti  episcopi  et 
pro  animabus  omnium  defunctorum  ;  et  dictos  centum 
solidos  aequis  portionibus  divident  inter  se  canonici  qui 
missae  interfuerint  memoratae  ;  voluit  insuper  quod  de 
augmento  quod  fiet  de  csetero  de  dicta  pecunia,  videlicet, 
de  quadraginta  libris  restantibus,  quod  capellani  et  clerici 
chori  habeant  portionem  tertiam  partem,  prout  constat 
per  chartam  dicti  episcopi  de  data  an  no  m0  ce0  octogesimo, 
die  veneris  post  festum  Sancti  Martini  [hyemalis]  (  i). 

Effigies  dicti  episcopi  est  depicta  in   tabello  juxta  pil- 
leare. 

(i)  Le  testament  de  Philippe  de  Ghaource  se  trouve  à  la  fois 
aux  Archives  départementales  (G.  122,  cartul.  I  n°  386,  fol.  125, 
v°)  et  à  celles  de  l'évêché  (Archiv.  dioc,  3,  fol.  i6f>  v°).  C'est  de 
cet  acte  que  je  transcris  les  dispositions  essentielles  relatives  aux 
joyaux  :  «  U.  p.  1.  i.,  Philippus,  permissione  divina  Ebroicensis 
episcopus...,  damus  et  concedimus  pure  et  libère,  discretis  viris, 
amicis  nostris  carissimis,  decano  et  capitulo  ecclesie  nostre  Ebroi- 
censis, bona  seu  res  quorum  nomina  secuntur,  nichil  juris  in 
eis,  nisi  usum  nostrum  tantum  modo  quamdiu  vixerimus,  reti- 
nentes,  videlicet,  breviarium  nostrum  notatum  in  duobus  volu- 
minibus,  antiphonarium,  gradale,  missale  cum  evangeliis  et 
epistolis  et  cum  gradali  ad  usum  Parisiensem  in  eodem  volumine, 
collectarium,  du[o]  episcopalia,  mitram  nostram  auream  quam 
bone  memorie  O.,  quondam  Rothomagensis  archiepiscopus,  nobis 
relinquit,  crocam  nostram,  anulum  nostrum  pontifkalem  et 
quemdam  alium  nostrum  anulum  cum  lapide  smaragdino, 
item,  quemdam  alium"  anulum  cum  rubino  sive  balesio  et 
cum  multis  lapidibus  smaragdinis  in  circuitu  seu  circonferencia 
ipsius  anuli,  item,  bacina  capelle  nostre  argentea  et  buretas 
argenteas,  sub  tali  condicione  quod  quilibet  successor  noster 
episcopus  Ebroicensis,  qui  pro  tempore  fuerit,  habeat,  si  voluerit, 
et  habere  possit,  ad   usum  suum  et  dies  suos  tantum,  a  prefato 


193 

Modus  inhumationis  episcopi  Ebroicensis,  quando  con- 
tingit  eum  decedere  ab  humanis  in  villa  aut  diœcesi 
Ebroicensi. 

Defunctus  recolendae  memoriae  dominus  Petrus  Tour- 
pin  (i),  episcopus  Ebroicensis,  diem  suum  clausit  extre- 
mum  in  Castro  de  Condeto  et  ejus  corpus  mortuum  indu- 
tum  fuit  ornamentis  pontifïcalibus,  videlicet,  alba.  casula 
et  aliis  ornamentis,  cum  mitra,  cum  chirothecis  et  junctis 
manibus,  et  fuit  delatum  in  curru  a  dicto  loco  de  Con- 
deto ad  domum  episcopalem  Ebroicensem  ubi  canonici 
et  totum  collegium  ecclesiae  Ebroicensis,  in  habitu 
ecclesiae,  ipsum  expectabant  ,  et,  absque  mora,  [per]  pre- 
dictum  collegium  dictum  corpus  fuit  conductum  usque  ad 

capitulo  omnia  bona  predicta  pro  quadraginta  quinque  libris 
Turonensibus,  et  dictum  capitulum  tenebitur  tradere  ipsi  episcopo 

omnia  et  singula  bona  predicta  pro  dicta  pecunie  quantitate , 

ita  videlicet  quod,  de  pecunia  quam  recipiet  dictum  capitulum  ex 
causa  predicta,  emantur  redditus  et  cédant  in  augmentum  anni- 
versarii  nostri  statuti  a  nobis  et  faciendi  a  nobis,  prêter  centum 
solidos  quos  dictum  capitulum,  die  qua  recipiet  dictam  pecuniam, 
de  ea  ad  opus  sui  pro  dictorum  bonorum  custodia  retinebit,  hoc 
modo  quod  die  predicta  faciet  dictum  capitulum  celebrari  missam 
solempnem  de  deffunctis  pro  anima  nostra  et  aliorum  fidelium 
defunctorum  et  dictos  centum  solidos  equis  porcionibus  divident 
inter  se  canonic[i]  qui  misse  interfuerint  memorate ».  (i5  no- 
vembre 1280. —   Vidimus  du  mercredi  ier  septembre  1283). 

(1)  Pierre  Turpin  de  Crissé  mourut  dans  son  diocèse,  au  châ- 
teau de  Condé,  en  1473.  «  Gondé  est  la  maison  de  Plaisance  des 
évêques  d'Evreux.  C'est  là  où  le  fameux  cardinal  du  Perron,  qui 
en  étoit  évêque,  a  composé  la  plus  grande  partie  de  ses  ouvrages. 
Ce  château,  bâti  par  Ambroise  et  Gabriel  Le  Veneur,  évoques 
d'Evreux,  étoit  abandonné  et  prêt  à  tomber  en  ruines,  mais 
M.  de  Rochechouart,  aujourd'hui  évêque  de  Bayeux,  en  a  lait  un 
séjour  charmant,  et  c'est  à  cet  illustre  prélat  qu'on  est  redevable 

de  cette  réédification  ».  (Durand,  Mémoire sur  Illiers,  dans 

Opusc.  et  mélang.  hist.  sur  la  ville  d'Evreux,  p.  21 5,  note). 

i3 


194 

ecclesiam  monasterii  Sancti  Taurini  et  per  monachos 
receptum,  in  choro  ecclesiae  repositum  et  per  eosdem 
monachos  custoditutn  per  totam  noctem  eu  m  precibus  et 
orationibus. 

Crastina  die,  collegium  majoris  ecclesiae  ivit  processio- 
naliter  apud  Sanctum  Taurinum  ad  reducendum  dictum 
corpus  ad  majorem  ecclesiam,  monachis  associantibus 
collegium  majoris  ecclesiae,  et  fuit  positum  in  choro  sub 
quadam  capella  lignea  exoperta  cereis  ardentibus  in 
magno  numéro,  eratque  facie  disco[o]perta,  eu  m  mitra, 
etindutum  ornamentis  pontificalibus,  et,  celebratis  tribus 
missis,  una  de  Spiritu  Sancto,  alia  de  beata  Maria,  altéra 
de  Requiem,  fuit  inhumatum  inter  cathedram  episco- 
palem  et  majusaltare  (i). 

MODUS  RECEPTIONIS  REGIS    FrANCORUM    CHR1STIANISSIMI.    — 

Quando  Rex  Francorum  facit  suum  primum  introitum 
in  villa  Ebroicensi,  omnes  officiarii  Régis,  omnes  bur- 
genses  et  personae  notabiles  dictae  villas  pergunt  obviam 
Régi  extra  villam  et  aliquis  eorum  in  aggressu  facit  sibi 
harengam. 

Villa  débet  esse  parata  et  ornata,  et,  Rege  ingrediente, 

(i)  Le  Gallia  christiana  dit  :  in  ingressu  chori  a  parte  dextra,  ce 
qui  doit  s'entendre  de  l'entrée  latérale  vers  le  bas-côté  méri- 
dional du  chœur.  Hunaud,  qui  avait  été  témoin,  dans  la  cathé- 
drale, des  obsèques  de  Turpin  de  Crissé,  n'y  put  voir  celles  de 
son  successeur,  Jean  Héberge,  mort  à  Paris  le  28  août  147g  et  mis 
en  terre  dans  une  crypte  ou  chapelle  souterraine  de  l'abbaye 
Saint-Victor.  L'épitaphe,  à  demi  effacée,  encastrée  dans  la  mu- 
raille, et  de  laquelle  l'auteur  du  Séries  episcoporum  Ebroicensium 
n'avait  déchiffré  que  peu  de  mots,  a  été,  d'après  un  recueil  ma- 
nuscrit de  la  bibliothèque  de  l'Arsenal  (ms.  4627,  fol.  292),  inté- 
gralement publiée  par  M.  H.  Omont  dans  les  Archives  histor., 
artist.  et  litt.,  t.  II,  p.  363. 


T?5 

burgenses  debent  ipsum  recipere  sub  pallio  (i),  quod 
aliqui  nobiles  aut  viri  notabiles  debent  portare  supra 
Regem,  et  ipsum  conducere  usque  ad  portam  anteriorcm 
ecclesice  Ebroicensis  quae  est  in  butto  ecclesiœ. 

Canonici  non  debent  exire  ecclesiam,  sed  omnes,  re- 
vestiti  in  capis,  debent  ipsum  expectare,  et  majores  seu 
antiquiores  canonici  debent  esse  primi,  et  debent  facere 
portare  crucem  et  textum  evangeliorum  una  cum  aqua 
benedicta. 

Episcopus,  si  sit  prœsens,  aut  decanus,  cantor  aut  alia 
dignitas,  seu  antiquior  canonicus,  débet  aspergere  Regem 
aqua  benedicta  et  praesentare  sibi  crucem  et  textum  evan- 
geliorum ad  osculandum  in  ingressu  ecclesiae. 

Rege  ingrediente  ecclesiam,  incipiat  succentor  unum 
responsorium  de  Trinitate,  et  chorus  cantet,  et  cantando 
conducatur  Rex  usque  ad  majus  altare,  et  sibi  débet  parar[i] 
oratorium  cum  paramentis  honestis;  item,  chorus etmajus 
altare  debent  ornari  seu  parari  quemadmodum  fit  in  festis 
triplicibus. 

Finito  responsorio,  episcopus,  dignitas  seu  canonicus 
antiquior,  dicat  orationem  de  Trinitate  et  pro  Rege  [ 

]  et,  his  peractis,  fiât  sibi  salutatio  et  harenga,  si 
placeat  sibi  dare  audientiam  et  non  fuerit  fatigatus  ;  sin 
autem,  differatur  dicta  harenga  in  aliam  diem  qua  veniet 

(i)  M.  Armand  Bénet,  archiviste  du  Calvados,  dans  d'érudites 
communications  dont  la  Société  de  l'Histoire  de  Normandie  a  eu 
la  primeur  (Charles  VIII  à  Evreux,  1485.  Documents  tirés  des 
archives  communales,  Rouen,  i883,  in-8°.  Extrait  du  Bulletin,  et 
Charles  VIII  à  Evreux,  dans  le  même  Bulletin,  t.  V,  p.  43-44)  a 
publié  cinq  pièces  relatives  à  la  venue  du  roi  à  Evreux  en  cette 
circonstance.  On  y  apprend  de  quelle  étoffe  fut  confectionné  le 
«  paelle  a  porter  sur  le  Roy  »,  dais  de  taffetas  «  pers  »  de  Flo- 
rence, frangé  de  soie  blanche  et  rouge,  qu'un  peintre  avait  décoré 
d'un  semé  de  «  fleurs  de  lis  de  fin  or  ». 


\96 

ad  ecclesiam,  et  caveat  orator  ne  sit  prolixa,  sed  brevis 
et  compendiosa,  quoniam  reges  et  principes  gaudent  bre- 
vitate. 

Iste  modus  fuit  observatus  in  receptione  régis  Garoli 
octavi  qui  suum  fecit  introitum  in  dicta  ecclesia  Ebroi- 
censi  in  mense  martii  anno  Domini  millésime»  quadrin- 
gentesimo  [octogesimo  quarto]  (i)  et,  in  absentiaepiscopi 
et  decani,  ego,  cantor  praedictus,  feci  receptionem  prae- 
dictam  dando  eidem  domino  Régi  aquam  benedictam 
praesentandoque  sibi  crucem  et  textum  evangeliorum  ad 
osculandum  et  dicendo  orationem,  et  de  his  quae  vidi  et 
feci  [testimonium  p[er]hibeo  et  testimonium  meum  ve- 
rum  est. 

Et,  quia  Rex  erat  fatigatus,  noluit  tune  audire  haren- 
gam,  sed,  in  crastinum,  ipse  venit  ad  ecclesiam  audire 
missam  et,  in  fine  missae,  pronuntiavi  brevem  orationem 
in  gallico  sermone. 

Modus  receptionis  domini  archiepiscopi  Rothomagensis 
metropolitani.  —  Accedens  dominus  archiepiscopus  ad 
ecclesiam  Ebroicensem  débet  intrare  per  portam  ante- 
riorem  et,  quemadmodum  supra  scriptum  est  in  Régis 
receptione,  omnes  canonici  et  totum  collegium  ecclesiae 
debent  esse  in  capis,  et  débet  recepi  cum  cruce,  aqua 
benedicta  et  cum  textu  evangeliorum,  et  débet  conduci 

(i)  «  Le  séjour  de  Charles  VIII  à  Evreux,  dit  M.  A.  Bénet  (op. 
cit.),  n'est  mentionné  ni  par  Le  Batelier,  ni  par  Le  Brasseur,  nos 
deux  seuls  chroniqueurs  dont  les  œuvres  soient  publiées,  mais  il  a 
laissé  des  traces  dans  d'autres  pièces  d'archives,  parmi  lesquelles 
je    signalerai    une  lettre    missive   et    une    lettre   patente    datées 

d'Evreux,  12  mars  1485  (n.  s.) ,  ainsi  que  divers   documents 

publiés  dans  les  Ordonnances  des  rois  de  France (t.    XIX, 

p.  491  et  492  :  23  mars  1484(5) ;  p.  516  :  avril  1484  (5),  avant 

Pâques  (3  avril)  ». 


197 

processionaliter  a  dicta  porta  usque  ad  majus  altare  can- 
tando  responsorium  de  confessoribus  Sint  lumbi  vestri 
prœ[cinc)ti  etc. 

Oratorium  débet  sibi  praeparari  coram  majori  altari  ubi 
se  prosternere  débet  archiepiscopus  ad  orandum,  et,  si 
placet,  dicat  unam  orationem  de  Sancia  Maria  et  det  suam 
benedictionem,  et,  si  noluerit  dicere  dictam  orationem, 
dicatur  per  antiquiorem  personam  seu  canonicum. 

Postmodum  fiât  [salutatio]  et  harenga  congratulatoria 
per  dictam  antiquiorem  personam  seu  per  aliquem  alium 
canonicum  bene  tritum  atque  doctum  et  eloquentem. 

Iste  modus  fuit  observatus  in  receptione  reverendissimi 
in  Christo  patris  domini  Georgii  de  Ambasia,  archiepis- 
copi  Rothomagensis,  qui  postmodum  fuit  cardinalis  tituli 
Sancti  Sixti  et  sanctae  sedis  apostolicae  legatus. 

Et  similis  modus  débet  observari  in  receptionibus  do- 
minorum  cardinalium  sanctae  sedis  apostolicae  lega- 
torum. 

Collationné  a  l'original  dessus  escript,  ce  requérant  noble  et  dis- 
crète personne  Me  Jean  de  Beaumesnil,  prebstre,  chantre  et  cha- 
noine en  l'église  cathédrale  Nostre  Dame  d'Evreux,  pour  luy  valoir 
a  telle  fin  que  de  raison  ;  l'original  rendu  après  ladite  collation  faite 
par  moy  soubzsigné,  notaire  apostolique  au  diocèse  d'Evreux,  deué- 
ment  immatriculé  suivant  l'edit  du  Roy,  ce  xxj  mars  i663. 

(Signé)  Loquette. 


TABLE 


Pages 

Introduction 40 

Premier  avant-propos  de  Hunaud 52 

Episcopus 52 

Decanus 61 

Cantor 72 

Archidiaconus  Ebroicensis 76 

Archidiaconus  de  Occa 78 

Archidiaconus  de  Novoburgo 79 

Thesaurarius 80 

Pcenitentiarius 83 

Abbas  Beccihelluini . .  84 

Octo  Canonici  antiquae  fundationis. , .'.  86 

Praebenda  de  Bernienvilla,  Paintienvilla  et  Cherray 98 

Praebenda  de  Hecuria  et  de  Sancto  Carone 99 

Praebenda  de  Esmanvilla  et  Semervilla 100 

Praebenda  de  Cretone 101 

Praebenda  de  Piris 102 

Praebenda  fundata  super  vicecomitem  de  Paceyo 102 

Praebenda  annexa  cantoriae  fundata  supra  sigillum  episcopi 103 

Praebendae  de  Brovilla 104 

Praebenda  de  Nocumento,  Authenayo  et  Cantulupi ...    105 

Praebenda  de  Sacco  et  de  Rulleyo 106 

Praebendae  supra  sigillum  episcopi 107 

Praebenda  de  Houettevilla 108 

Praebenda  de  Quiteboto no 

Praebenda  de  Thevrayo 112 

Praebenda  Sanctae  Columbae ....  113 

Praebenda  de  Plesseyo  Grohan 114 

Praebenda  fundata  supra  vicecomitem  Ebroicensem 115 

Praebenda  de  Crestoto 116 

Praebenda  de  Fauvilla 117 


200 


Vicaria  de  Branvilla 121 

Vicaria  de  Mandres 121 

Vicaria  de  Mesnillo  Jordani   122 

Vicaria  nuncupata  la  Taillerie 124 

Duae  capellaniae  Beatae  Mariae  rétro  chori 124 

Duae  capellaniae  de  Albavia  Beati  Andreae  apostoli 125 

Duae  capellaniae  Missae  Matutinalis 130 

Capella   Anniversariorum   ad  altare  Beati  Taurini   rétro  majus  altare 

fundata .  ; 133 

Capella  Beatae  Annae 13*; 

Duae  portiones  capellae   Sanctorum  Jacobi  et   Philippi  fundatae  supra 

locum  de  la  Pourreliere 139 

Capella  Sanctae  Trinitatis 140 

Capella  Angelorum 140 

Capella  Sancti  Johannis  et  Sanctae  Catharinae 143 

Capella  Sancti  Anthonii 145 

Capella  Sanctornm  Cosmae  et  Damiani 146 

Capella  Sancti  Martini 148 

Capella  Sancti  Fiacrii 149 

Quatuor  capellae    seu  portiones  fundatae  ad  altare  Sanctorum  Marty- 
rum   Stephani,   Laurentii  et  Vincentii  in  cruciata,  versus   domum 

episcopalem 151 

Capella  Sancti  Christophori 152 

Capella  Sancti  Sebastiani 153 

Capella  fundata  ad  altare  Sancti  Agniani  in  navi  ecclesiae 153 

Capella  Sancti  Eustachii 154 

Capella  Sancti  Portiani 155 

Capella  Beatae  Mariae  Magdalenae 157 

Capella  Sancti  Nicolai 159 

Capella  Sancti  Jacobi  et  Sanctae  Catharinae 159 

Capella  Sanctae  Margaritae 161 

Capella  Sancti  Michaelis  fundata  in  dextra  turri  ecclesiae  Ebroicensis.  161 

Capella  Sancti  Johannis  Evangelistae 162 

Duae  portiones  capellae  Pigrorum  ad  altare  Beatae  Mariae  in  navi  ec- 
clesiae   163 

Capella  ad  altare  Beatae  Catharinae 166 

Capella  Sanctarum  Sororum 168 

Capella  Sancti  Claudii 170 

Capella  Sancti  Juliani 172 


20T 


Capella  Innocentium  et  Sancti  Leonardi 173 

Duo  sacristas 175 

Diaconus.    Subdiaconus 177 

Fundatio  de  Bauffes 180 

Fundatio  magistri  Joannis  de  Podio  Harbaudi 180 

Custos  coronse 181 

Officium  pulsatoris  seu  apparitoris 183 

Deuxième  avant-propos  de  Hunaud 184 

Modus  receptionis  episcopi  Ebroicensis  in  suo  primo  adventu  ad  eccle- 

siam  Ebroicensem 185 

Pro  jocalibus 190 

Modus  inhumationis  episcopi  Ebroicensis 193 

Modus  receptionis  régis  Francorum  christianissimi 194 

Modus  receptionis  domini  archiepiscopi  Rothomagensis  metropolitani.  196 


DOCUMENTS 

RELATIFS    A    LA    MARINE    NORMANDE 
AUX  XVe  ET  XVIe  SIÈCLES 

Publiés  par  MM.  Charles  BRÉARD  et  Philippe  BARREY 


DOCUMENTS 

RELATIFS  A  LA  MARINE  NORMANDE  AUX  XVe  ET  XVIe  SIECLES 

INTRODUCTION 

Il  y  a  peu  d'années  encore  et  dans  un  passé  tout  récent, 
ceux  qui  essayaient  d'étudier  l'histoire  de  la  marine  nor- 
mande dans  son  organisation  et  son  action  rencontraient 
une  extrême  difficulté.  Le  sujet  avait  été  longtemps 
négligé,  tant  au  point  de  vue  des  découvertes,  du  com- 
merce, des  colonies,  que  des  armements  militaires.  La 
disette  des  documents  était  capable  seule  de  rebuter 
l'historien  qui  veut  être  exact,  informé  le  mieux  qui  lui 
est  possible,  et  n'écrire  que  d'après  les  sources.  Sa  situa- 
tion est  plus  favorable  aujourd'hui.  La  Société  de  l'His- 
toire de  Normandie  y  a  contribué  pour  sa  part  depuis 
trente  ans.  Son  Conseil  d'administration  vient  de  nou- 
veau offrir  au  public  quelques  pièces  historiques,  des 
fragments  intéressants  et  curieux.  On  y  verra,  une  fois 
de  plus,  que  la  Normandie  s'est  distinguée  au  premier 
rang,  en  tous  les  temps,  dans  les  affaires  de  mer,  et  que 
si  l'on  s'attachait  en  particulier  à  traiter  de  la  marine 
normande  au  xvie  siècle,  les  expéditions  militaires  ou 
commerciales  qui  furent  organisées  pendant  cette  période 
fourniraient  une  ample  matière  à  notre  histoire  provin- 


2()6 


ciale.  Nous  avons  la  confiance  que  les  documents  rap- 
portés ci-après,  bien  que  le  nombre  en  soit  restreint, 
sont  susceptibles  d'y  trouver  leur  place. 

Leur  provenance  a  excité  notre  curiosité.  Ce  sont  les 
débris  rares  et  recherchés  de  dossiers  qu'il  serait,  de  nos 
jours,  impossible  de  reconstituer,  d'un  fonds  disloqué  et 
dépecé  à  jamais.  Ce  sont  les  anciennes  archives  privées 
d'un  vice-amiral  dont  quatre  rois  ont  apprécié  les  ser- 
vices. Il  s'agit  de  Guyon  Le  Roy,  chevalier,  seigneur  du 
Chillou.  Le  chartrier  du  château  d'Azay-le-Rideau  a 
conservé  ses  papiers  pendant  près  de  quatre  cents  ans  ; 
aujourd'hui,  le  tout  a  été  disséminé.  C'est  regrettable. 
Mais,  de  ces  papiers  naufragés,  semblables  aux  épaves 
que  la  mer  rejette  sur  ses  bords,  on  en  a  sauvé  quelques- 
uns  de  la  destruction.  Par  un  acte  libéral,  la  municipalité 
du  Havre  les  a  mis  à  l'abri.  Avec  juste  raison,  elle  les  a 
considérés  comme  un  bien  qui  lui  appartenait  originai- 
rement, en  a  fait  l'acquisition  et  les  a  réunis  à  son  dépôt 
d'archives  (i).  Là,  au  moins,  les  vieux  actes  que  nous 
publions  sont  définitivement  rangés  ;  on  ne  les  verra  plus 
circuler  dans  les  ventes  d'autographes. 

La  publication  de  ces  documents  a  paru  utile;  elle  se 
joindra  à  l'ouvrage  que  M.  Stéphano  de  Merval  a  publié 
en  1875.  Les  mêmes  liasses  du  chartrier  d'Azay-le- 
Rideau  avaient  alors  fourni  à  notre  confrère  les  éléments 
du  volume  que  la  Société  de  l'Histoire  de  Normandie  a 
édité  (2), 

(1)  Arch.  comm.  du  Havre,  EE.  78  à  87. 

(2)  Documents  relatifs  à  la  fondation  du   Havre   (Rouen,    1875 ,  in-8°).   La 
plupart  de  ces  documents  ont  été  également  acquis  par  la  ville  du  Havre. 


207 

Le  nom  de  Guyon  Le  Roy,  seigneur  du  Chillou,  est 
familier  à  tous  ceux  qui  s'intéressent  aux  marins  nor- 
mands. Plus  loin,  nous  grouperons  ce  que  l'on  sait  de  ce 
qui  concerne  le  premier  capitaine  de  la  ville  du  Havre 
qui,  de  son  temps,  a  connu  les  meilleurs  marins  de  la 
Manche,  des  hommes  de  mer  hardis  et  instruits.  Leur 
hardiesse  s'est  marquée  en  affrontant  les  périls  de  longues 
expéditions  ;  l'étendue  et  la  solidité  de  leur  science  nau- 
tique sont  apparues  avec  éclat  lorsque  les  mers  lointaines 
se  sont  ouvertes  de  toutes  parts  aux  progrès  de  leurs 
voyages.  C'est  donc  un  travail  utile  que  de  recueillir  les 
informations  qui  s'y  rapportent. 

C'est  à  la  marine  de  guerre  d'abord,  c'est  ensuite  à  la 
marine  marchande  que  l'on  peut  rattacher  les  documents 
que  nous  présentons.  On  y  rencontrera,  à  côté  de  Guil- 
laume Gouffier,  sieur  de  Bonnivet,  amiral,  et  de  Guyon 
Le  Roy,  son  lieutenant,  le  nom  du  grand  armateur  diep- 
pois  Jean  Ango,  ceux  de  ses  capitaines  Jacques  de  Saint- 
Maurice,  Jean  et  Jacques  Fain,  celui  du  redoutable  cor- 
saire Jean  Fleury,  originaire  de  Vatteville,  localité  où  se 
forma  une  foule  de  marins  très  habiles. 

Les  deux  premières  pièces  nous  reportent  au  temps  où 
Charles  VIII  armait  par  terre  et  par  mer  en  prévision 
d'une  guerre  contre  l'Angleterre,  et  où  son  mariage  avec 
Anne  de  Bretagne  venait  de  donner  à  la  France  de  très 
bons  ports  et  d'excellents  marins.  D'un  côté  et  de  l'autre 
régnait  une  grande  activité  sur  les  chantiers  et  dans  les 
arsenaux  (1487-1490).  A  Rouen,  on  formait  des  équi- 
pages de  galères;  on  y  construisait  des  brigantins.  A  Hon- 
fleur,  on  fait  d'importants  travaux.  L'amiral  de  Graville 


208 


visite  les  ports  de  la  côte.  Au  printemps  de  l'année  149 1, 
on  lève  par  ordre  cinq  cents  hommes  de  guerre  de  pied 
dans  les  élections  de  Rouen,  Caudebec,  Montivilliers  et 
Lisieux  «  pour  l'entretenement,  garde,  deffense  et  equi- 
paige  des  grans  nefz,  navires  et  autres  bateaux  de  mer 
estans  sur  les  pors  et  hables  du  pays  de  Normendie  ».  En 
temps  de  crise,  au  premier  indice  d'une  guerre  maritime, 
les  amiraux  fermaient  tous  les  ports  et  faisaient  main 
basse  sur  les  capitaines,  pilotes,  matelots  et  mariniers, 
tantôt  plus,  tantôt  moins,  selon  les  besoins  du  moment. 
On  les  enrôlait  en  les  exemptant  de  quelques  taxes  indi- 
rectes. La  levée  suspendait  tout  commerce  durant  un 
certain  laps  de  temps.  On  ne  dira  pas  qu'aucun  avantage 
ne  compensait  pour  les  armateurs  normands  l'interrup- 
tion du  trafic.  Des  caves,  des  soliers  que  nous  connais- 
sons, ont  été  des  magasins  d'approvisionnements  dans 
lesquels  se  trouvait  disposé  un  amas  de  choses  étrangères 
et  précieuses  dont  la  source  se  tarit  quand  il  y  eut  une 
solide  police  constituée  sur  mer. 

Au  premier  rang  des  navires  de  ce    temps,    était  la 
Louise  de  France,  la  Grande  Louise,   la  Louise  (1),   nef 

(1)  Un  navire  que  l'on  a  dit  être  la  Louise  est  figuré  dans  un  manuscrit 
du  château  de  Chantilly.  «  C'est  une  grande  nef  d'or  à  quatre  mâts,  à  la 
poupe  et  à  la  proue  relevées.  Les  voiles  latines  de  l'arrière  sont  larguées. 
Deux  longues  flammes  aux  couleurs  de  France  se  dessinent  sur  une  grande 
voile  blanche  gonflée  par  le  vent  et  timbrée  des  armes  de  Graville  avec  le 
collier  de  Saint-Michel.  Les  mêmes  armes  se  retrouvent  sur  les  boucliers 
qui  cuirassent  les  bastingages  et  sur  les  pennons  attachés  aux  trompettes. 
La  grande  hune  est  pleine  de  monde,  la  batterie  des  gaillards  armée,  d'autres 
canons  montrent  leur  gueule  par  les  sabords  de  l'entrepont.  Près  de  la  nef, 
vogue  une  embarcation  ;  les  six  hommes  qui  la  montent,  tenant  la  barre,  la 
gaffe  et  les  avirons,  portent  sur  leur  cotte  de  maille  une  tunique  aux  armes 
de  Graville  ».  —  Musée  Condé.  Le  Cabinet  des  livres.  Manuscrits,  t.  II,  p.  104. 


209 

renommée  pour  sa  grandeur  imposante  et  pour  la  force 
de  son  armement.  Elle  était  de  construction  normande 
et  son  nom  mérite  d'être  mis  en  relief.  On  trouvera  donc 
dans  les  lignes  qui  suivent  les  faits  épars  que  nous  avons 
notés  aussi  exactement  que  possible. 

Et  d'abord  il  y  a  toute  probabilité  que  la  Louise  amirale 
a  été  mise  en  chantier  à  Honfleur  par  ordre  de  Louis 
Malet  de  Graville,  en  l'année  1487  ou  un  peu  plus  tard. 
Destinée  à  l'amiral  de  France,  elle  remplaçait  la  nef  de 
Louis  de  Bourbon  (1),  à  laquelle  sans  doute  s'applique 
le  certificat  suivant  délivré  en  1479  au  grenetier  de 
Honfleur  (2)  au  sujet  d'une  livraison  de  sel  :  «  c'est 
assavoir,  pour  la  Grant  Nef  et  pour  la  Michielle  un  muy, 
deux  sextiers,  deux  minots  et  demy  ;  pour  la  nef  Maistre 
Jehan  Desivarest,  sept  sextiers  ;  pour  la  Marie  de  Rouxillon, 
six  sextiers,  ung  minot;  et  pour  la  Nef  de  Honnefleu, 
trois  sextiers,  trois  minots  (3)  ».  La  nef  de  l'amiral  de 
Bourbon,  c'était  la  Grant  Nef;  la  Nef  de  Honnefleu  était 
la  nef  du  vice-amiral,  elle  était  «  nommée  Coullon  »,  du 
nom  de  Guillaume  de  Casenove,  homme  de  mer  d'un 
mérite  reconnu.  Il  eut  la  confiance  de  Louis  XI  ;  il  la 
partageait  avec  un  marin  levantin,  Georges  le  Grec,  capi- 
taine de  Touques,  de  Lisieux  et  d'Orbec  (1466-1490), 

(1)  Voy.  le  sceau  reproduit  dans  le  savant  ouvrage  de  M.  de  la  Roncière 
{Hist.  de  la  Marine  franc.,  t.  II,  345). 

(2)  Pierre  de  Sallenove.  écuyer.  Les  Sallenove  ou  Salnove  étaient  venus  à 
Honfleur  comme  hommes  de  guerre  dans  les  compagnies  de  Robert  de 
Floques,  en  145 1.  Ils  s'y  fixèrent.  Thibaut  de  Sallenove  est  en  garnison  à 
Honfleur  en  1494  et  sa  nièce,  Barbe  de  Sallenove,  possède  les  fiefs  de  Blos- 
seville  (commune  de  Pennedepie)  en  1519;  elle  épousa  Jean  de  Nollent. 

(3)  Ms.  fr.  26940,  n°  79. 


2IO 


mort  en  1496  et  dont  la  descendance  a  vécu  longtemps 
sur  des  terres  peu  distantes  de  Gournay  (1). 

D'après  divers  mandements  de  dépenses,  la  Louise  était 
nolisée  par  le  roi  pour  la  somme  de  790  écus  d'or,  à 
raison  d'un  écu  par  tonneau.  On  voit  que  la  base  du 
louage  était  calculée  sur  le  tonnage;  celui-ci  était  établi 
et  fixé  par  des  commissaires.  Mais,  en  ces  matières,  les 
officiers  des  amirautés  ne  parvenaient  pas  à  empêcher  les 
fraudes  dont  quelques  capitaines  se  réservaient  le  béné- 
fice. Aussi  l'amiral  Bonnivet  ordonna- t-il  la  vérification 
du  tonnage  des  navires  du  roi  au  mois  de  mai  15  18  (2), 
bien  qu'il  eut  appris  par  l'expérience  que  ces  sortes  de 
recherches  ne  sont  pas  durables. 

La  Louise,  de  sept  cent  quatre-vingt-dix  tonneaux, 
embarquait  sept  cent  quatre-vingt-dix  hommes,  tant  gens 
de  guerre  que  mariniers,  en  raison  de  la  règle  :  «  pour 
chascun  port  de  tonneau  ung  homme;  pour  cent  ton- 
neaux, cent  hommes  ».  Quant  à  son  armement,  il. 
consistait,  suivant  un  inventaire  dressé  en  1516  et  qu'on 
trouvera  plus  loin  (3),  en  soixante-douze  pièces  d'artil- 
lerie, dont  dix  gros  canons  (4),  bouches  à  feu  lourdes, 
de  gros  volume,  et  exigeant  beaucoup  d'espace.  Pour 
faire  usage  de  ces  pièces,  on  donnait  un  peu  d'embrasure 
aux  sabords,  aux  ouvertures,  c'est-à  dire  qu'on  les  faisait 
plus  ouverts  par  dehors  que  par  dedans,  afin  qu'on  pût 

(1)  Abbé   Renet,   Les    Bissipat  du   Beauvaisis,    dans    les    Mémoires  de   la 
Société  acad.  de  l'Oise  (1889),  t.  XIV,  ire  partie. 

(2)  Voy.  la  pièce  n°  IX. 

(3)  Voy.  la  pièce  no  III. 

(4)  La  gravure  donnée  par  A.  Spont,  dans  The  JVar  with  France,  p.  88, 
ne  présente  que  deux  ouvertures  percées  à  chaque  flanc. 


21  F 


mieux  diriger  le  canon,  mais  en  élargissant  trop  les 
sabords  on  s'exposait  à  la  mousqueterie  de  l'ennemi. 
Classée  parmi  les  bâtiments  de  premier  rang,  la  Louise 
devait  être  à  la  tête  des  armées  navales  pour  imposer  par 
la  force  de  son  artillerie.  Son  nom  était  bien  connu. 
«  A  Rouen,  disait  Antoine  de  Conflans,  il  y  a  navires  à 
caravelles  et  autres  navires  qui  navigent  par  la  mer.  .  . 
Aussy  y  a  aultres  grands  navires  pour  faire  la  guerre, 
comme  la  Loyse,  la  Nef  de  Rouen,  et  autres  grosses 
barges  ». 

C'est  avec  ces  navires  de  la  marine  normande  que  la 
«  grant  nef  de  Mgr  l'Admirai  »,  la  Louise,  était  à  l'ancre 
entre  Honfleur  et  Villerville  au  mois  de  juin  1489.  On 
faisait  diligence  pour  terminer  son  armement  (1).  La  divi- 
sion dont  elle  allait  prendre  la  tête  devait  permettre  de 
secourir  Brest.  Dans  les  derniers  jours  d'août  1489,  le 
convoi  de  ravitaillement,  parti  de  Honfleur  et  de  Dieppe, 
arriva  sous  les  ordres  de  l'amiral  de  Graville  ;  il  mit  en 
fuite  la  flotte  qui  investissait  Brest  (2).  La  Louise,  l'année 
suivante,  est  en  croisière  dans  la  Manche  et  le  long  de  la 
côte  d'Angleterre  (septembre  1490),  «  pour  essayer  à 
revencher  l'oultraige  fait  par  les  Englois  à  bruller  la 
Hogue  et  autres  villaiges  du  duchié  de  Normendie  ».  Et 
la  même  année,  au  mois  de  novembre,  la  Louise  escorte 

(1)  En  1489,  au  mois  d'octobre,  les  armuriers  de  Tours  avaient 
expédié  à  Honfieur  trente  arbalètes  de  passe  et  huit  mille  traits 
pour  la  Louise  (Bibl.  Nat.,  ms.  fr.  7881,  fol.  177  vo). 

(2)  Voy.  pour  cette  période  :  Perret,  Notice  biogr.  sur  Louis  Malet  de 
Graville,  p.  130-140.  —  A.  Spont,  La  Marine  franc,  sous  Charles  VIII, 
p.  19-32.  —  Ch.  de  la  Roncière,  Hist.  de  la  Marine  française,  t.  II, 
p    421-428. 


212 


les  navires  qui  vont  à  Brest  porter  les  commissaires  du 
roi  et  le  paiement  des  gens  d'armes  qui  y  tenaient  gar- 
nison (i). 

En  149 1,  au  mois  d'avril,  la  Louise  fait  voile  de  nou- 
veau vers  Brest  avec  une  escadre  normande  et  malouine. 
L'amiral,  pour  équiper  cette  escadre,  reçoit  la  somme  de 
vingt-deux  mille  cinq  cents  livres  par  les  soins  de  Jean 
Le  Gendre,  payeur  des  gens  de  guerre.  La  pièce  n°  II,  que 
nous  publions,  se  rapporte  aux  armements  qui  s'étaient 
alors  continués  à  Honneur  et  à  Saint-Malo  et  aux 
mesures  prises  pour  compléter  les  équipages  Le  26  juillet, 
Antoine  de  Lastre.  dit  Cauwart  (2),  vice-amiral,  arrêtait 
le  rôle  des  «  affranchis-mariniers  »  levés  dans  l'élection 
de  Montivilliers  et  sur  la  côte  du  pays  de  Caux.  Le  vice- 
amiral  passe  en  revue,  àHonfleur,lelundi25  juillet  1491, 
les  mariniers  pour  «  aler  au  service  du  roy  et  de  Mgr  l'Ad- 
mirai, par  la  mer,  choisis  et  esleuz  à  Honnefleu  ».  Ils 
étaient  au  nombre  de  soixante-quinze  (3). 

Dès  l'année  1492,  on  commença  à  parler  de  la  malheu- 
reuse entreprise  sur  le  royaume  de  Naples,  puis  elle  fut 

(1)  Bib.  Nat.,  Pièces  orig.,  1814,  dossier  Malet,  n°  60,  62,  64,  65. 

(2)  On  avait  autrefois  grand'peine  à  connaître  ce  vice  amiral,  vicomte  de 
Conches  et  de  Breteuil,  capitaine  de  Honneur  en  1490-1496,  et,  comme 
Georges  Le  Grec,  capitaine  des  nefs  de  Louis  XL  Aux  documents  qui  font 
mention  de  lui,  on  peut  ajouter  qu'il  se  maria  dans  le  pays  d'Auge  et  que, 
par  son  alliance,  il  devint  propriétaire  des  fiefs  de  Gassart  et  de  Genneville, 
assis  dans  les  sergenteries  de  Pont-1'Evêque  et  de  Beaumont.  Les  comptes 
de  l'église  Saint-Michel  de  Pont  TEvêque  font  mention  de  plusieurs  dona- 
tions faites  par  Antoine  de  Lastre  à  cette  église.  Farin  (Hist.  de  Rouen,  II, 
436),  signale  son  épitaphe  dans  l'église  de  Saint-Maclou.  Un  Jean  de  Lastre, 
son  parent,  a  été  abbé  de  Sainte -Catherine  de  Rouen  ou  Sainte-Trinité-du- 

Mont. 

(3)  Bibl.  Nat.,  ms.  fr.  25781,  n<>  75. 


213 

délaissée,  après  remise  sur  le  tapis,  et  une  armée  se  réunit 
au  pied  des  Alpes  à  la  fin  de  l'été  de  1494-  Six  mois 
auparavant,  on  s'était  mis  à  l'œuvre  pour  armer  la  flotte 
de  Normandie  qui  pouvait  fournir  deux  galères  et  sept 
navires  de  haut-bord.  Parmi  ces  derniers,  on  comptait  la 
Louise,  vaisseau  amiral  que  Guyon  Le  Roy  commandait, 
la  Nef  de  Rouen  et  autres  bâtiments  qu'André  de  la  Vigne 
a  nommés  dans  Le  Vergier  d'honneur  (1)  : 

Avec  elle  fut  la  grande  nef  Loyse 
Qui  la  voille  d'aller  scavoit  la  guise 
Quand  une  fois  elle  avoit  vent  en  poupe  ; 
La  Franche  Nau,  la  Figue  (2),  la  Denise. 

D'après  le  plan  de  campagne,  l'expédition  maritime 
devait  être  la  partie  capitale,  et  l'on  prenait  Gênes  pour 
quartier  général  (3).  Charles  VIII  avait  donné  l'ordre  d'y 
conduire  la  Louise  qui  devait  se  rallier  aux  galères  équi- 
pées en  Provence.  «  J'ay  escript  à  MM.  l'Admirai  et 
Maréchal  de  Gyé  de  recouvrer  six  barches  en  Bretagne 
des  meilleures  et  mieux  esquipées  qu'on  y  pourra  trouver, 
pour  aller  quérir  la  Loyse  et  l'accompagner  jusqu'à  Mar- 
seille, et  me  servir  en  ceste  affaire.  Je  ne  fays  point  de 
doubte  qu'ilz  ne  le  façent  car  ils  entendent  assez  qu'il  est 
besoing  et  que  seroit  grant  perte  de  perdre  ladicte 
Loyse  (4)  ». 

L'ordre  du  roi  fut  exécuté  en  toute  hâte.  Un  navire 
breton,  nommé  Lesneven,  de  deux  cents   tonneaux,  et  la 

(1)  Jal.,  Archéologie  nav.,  II,  504. 

(2)  La  Normande  ou  la  Figue,  nef  de  Georges  Le  Grec.  Nous  la  retrou- 
verons en  1499  dans  la  bataille  navale  contre  les  Turcs. 

(3)  De  Maulde,  Histoire  de  Louis  XII,  t.  III,  p.   17. 

(4)  MUe  Dupont,  Mém.  de  Commines,  t.  III.  Preuves,  p.  444. 


2I4 

barque  nommée  la  Balta^ar,  de  quatre-vingts  à  cent 
tonneaux,  furent  «  esquipés  en  guerre  pour  accompaigner 
et  conduire  en  plus  grande  sceureté  la  grant  nef  la 
Loyse(i)  ».  C'est  ce  que  fait  connaître  un  article  des 
comptes  du  trésorier  du  duché  de  Bretagne.  Le  même 
trésorier  chargea  aussi  son  compte,  pour  l'année  1495, 
d'une  somme  de  deux  mille  livres  relative  au  nolisage  de 
la  Louise  : 

«  A  Guyon  Le  Roy,  seigneur  du  Chillou  et  cappitaine 
du  Croisic,  et  Jehan  de  Porcon,  conseillers  dudit  sei- 
gneur, la  somme  de  deux  mil  livres  tournois  faisant 
partie  de  vj  mil  liv.  t.  à  eulx  ordonnée  pour  ravitaille- 
ment et  gaiges  de  huit  cens  mariniers  ordonnez  estre  mis 
es  navires  de  Charente,  la  Loyse  et  aultres  navires  par 
eulx  menées  et  conduictes  au  pays  de  Provence  pour  le 
service  du  roy,  nostre  dit  seigneur,  au  recouvrement  de 
son  royaume  de  Scicille  (2).  » 

Il  y  a  quelque  apparence  que  Tordre  d'armement  est 
antérieur  de  quatre  mois  à  la  modeste  victoire  navale 
dans  le  golfe  de  Rapallo.  Il  fallait  bien  du  temps  pour 
faire  doubler  Gibraltar,  rallier  Marseille  par  les  lourds 
vaisseaux  de  la  division  normande  et  bretonne,  puis  jeter 
l'ancre  sur  la  côte  génoise. 

La  lutte  était  commencée  ;  elle  s'était  étendue  peu  à 
peu.  Les  efforts  furent  combinés  pour  attaquer  les  ports 
d'Italie  par  terre  et  par  mer.  C'était  une  grande  question 
parmi  les  conseillers  de  Charles  VIII  de  savoir  si  la  mer 

(1)  Paiement  pour  deux  mois  de  fret  et  équipage.  (Ms.  fr.  8310,  fol.  228.) 

(2)  Bibl.  Nat.,  ms.  fr.  8310,  fol.  226.  Comptes  des  recettes  et  dépenses 
du  trésorier  du  duché  de  Bretagne,  en  1495. 


215 

serait  libre.  Elle  le  fut.  Les  nefs  armées  de  l'escadre  de 
Rouen  et  les  galères  de  Marseille  s'unirent  pour  réduire 
les  villes  fortes  :  les  unes  combattant  sous  voiles,  les 
autres  présentant  leur  éperon  aux  remparts  armés  d'ar- 
tillerie. Après  le  combat  de  Rapallo,  la  flotte  napolitaine 
s'était  retirée  à  Livourneet  à  Pise(r).  Quant  aux  navires 
français,  ils  battaient  la  côte  dans  le  but  de  provoquer  le 
soulèvement  de  la  population,  mais  la  tempête  les  dis- 
persa . 

En  1496,  ces  navires  se  dirigèrent  vers  Livourne,  que 
Maximilien  d'Autriche  assiégeait  ;  ils  y  débarquèrent  un 
corps  de  troupes  pour  la  couvrir  et  opérer  de  concert 
avec  la  garnison  et  des  vivres  pour  la  ravitailler.  Au 
nombre  de  ces  bâtiments,  nous  rencontrons  de  nouveau 
la  Louise,  «  la  nave  normande  »,  qui  porte  à  son  bord 
des  hommes  de  guerre  gascons,  suisses  et  français,  la  nef 
Gabrielle  et  une  autre  nef  française  dont  le  nom  n'est  pas 
donné  par  l'annaliste  (2).  On  sait  qu'alors,  d'heure  en 
heure,  les  affaires  des  Français  allaient  de  mal  en  pis  dans 
cette  lointaine  aventure. 

Mais  nous  n'avons  pas  perdu  les  traces  de  la  Louise. 
La  nefamirale  reparaît  dans  les  opérations  sur  mer  qu'en- 
traîna la  conquête  du  Milanais  (1499).  On  sait  aussi  que 
dans  l'armée  de  terre  figurait  ce  que  d' Auton  appelle  la 
«  bende  du  seigneur  de  Normanville  »,  composée  de 
deux  mille  hommes  de  pied  mis  sus  en  Normandie,  en 
1498,  d'après  les  ordres  de  Charles  VIII  (3). 

(1)  Commynes,  t.  II,  p.  143  (édit.  de  Mandrot). 

(2)  Diarii  di  Sanuto,  t.  II,  col.  373. 

(3)  D'Auton,  Chron.    de   Louis   XII,    t.  I,  p.  24  (édit.    de  Maulde  de  la 
Clavière) . 


2l6 


A  cette  époque  (septembre  1499),  au  nord  de  l'entrée 
du  golfe  de  Corinthe,  à  Lépante  (Naupacte),  les  flottes 
vénitienne  et  française  coalisées  livrèrent  un  combat  san- 
glant dont  il  serait  difficile  de  trouver  la  mention  dans  les 
historiens  français  (1).  Aux  côtés  des  galères  vénitiennes, 
qui  étaient  chargées  de  surveiller  les  Turcs  et  de  protéger 
les  côtes  de  l'Adriatique,  vinrent  combattre  les  galères 
des  chevaliers  de  Rhodes,  sur  l'une  desquelles  com- 
mandait l'expérimenté  et  intrépide  capitaine  Prégent  de 
Bidoux.  Il  avait  pour  auxiliaires  de  non  moins  habiles  et 
valeureux  marins  normands,  qui  avaient  été  aux  prises 
avec  les  Portugais  et  les  Flamands,  ayant  quelquefois 
contre  eux  la  justice  et  pour  eux  la  fortune.  C'étaient  les 
équipages  de  la  Louise,  de  la  Figue,  de  la  Michelle,  de  la 
Comtesse,  de  la  Panthère  et  du  Lion,  «  dont  Emarde  Vescq 
étoit  chief  ».  N'oublions  pas  la  Charente,  grosse  nef, 
bonne  voilière,  «  l'une  des  plus  avantageuses  pour  la 
guerre  de  toute  la  mer  (2)  » . 

Le  21  août,  en  conseil  de  guerre,  les  coalisés  arrê- 
tèrent un  plan  d'attaque  (3).  Le  grand  prieur  d'Au- 
vergne, avec  la  nef  la  Charente,  engagerait  le  combat  et 
aborderait  l'amiral  turc.  Le  chef  d'escadre  vénitien  et  la 
Louise  (4),  de  l'amiral  de  France,  avaient  ordre  d'enve- 
lopper une  grosse  galéasse  musulmane.  La  Louise  com- 

(1)  Nous  devons  à  l'obligeante  amabilité  de  M.  Ch.  de  la  Roncière  de 
connaître  ce  fait  de  guerre  maritime.  Ce  n'est  pas  à  nous  qu'il  appartient 
de  le  développer  dans  ses  détails  et  ses  circonstances.  Mais  nous  remer- 
cions M.  de  la  Roncière  d'avoir  pensé  à  nous. 

(2)  D'Auton,  Chron.  de  Louis  XII,  t.  IT,  p.  18. 

(3)  Sanuto,  t.  II,  col.  1292,  1293. 

(4)  Elle  est  désignée  sous  la  forme  vénitienne  Alvixa. 


2iy 

battait  en  première  ligne.  Il  y  avait  trois  autres  divisions 
dans  lesquelles  figuraient  des  vaisseaux  français  :  la  Pan- 
thère, le  Lion  ;  des  caravelles  comme  la  Comtesse,  la  Figue, 
la  Michelle.  Une  mêlée  terrible,  qui  dura  plusieurs 
heures,  s'engagea  entre  les  deux  flottes.  Nos  marins  du 
Ponant  y  firent  des  prodiges  de  valeur.  L'expédition 
échoua. 

Ce  fut  deux  années  après  (août  1501)  que  Louis  XII 
organisa  une  nouvelle  expédition  et  mit  sur  mer  force 
navires,  dont  étaient  la  Cordelière  et  la  Louise.  Philippe 
de  Ravenstein  devait  conduire  l'armée  navale  contre  les 
Turcs  et  prendre  terre  en  l'île  de  Mitylène  (1).  Il  avait 
sous  ses  ordres  douze  navires  de  Normandie  et  de  Bre- 
tagne et  les  galères  de  Prégent  de  Bidoux.  Mais  il  régna 
une  mésintelligence  entre  les  chefs  et  du  mauvais  vouloir 
du  côté  des  Vénitiens.  On  attaqua  Mitylène  sans  succès  ; 
il  fallut  lever  le  siège.  Au  retour  en  France,  une  nef 
s'échoua  et  se  perdit  sur  des  rochers  ;  une  autre  sombra 
avec  son  équipage  de  sept  cents  hommes  (2) 

Aux  années  qui  suivirent,  la  Louise  est  sur  les  côtes 
d'Italie  pendant  la  campagne  désastreuse  de  Gaète  et  de 
Naples  (15 03-1 5 04). 

Huit  ans  plus  tard,  en  1512,  nous  retrouvons  la 
Grande-Louise  aux  prises  avec  la  flotte  anglaise,  placée 
sous  les  ordres  de  l'amiral  Howard,  qui  avait  ravagé  les 
environs  de  Brest.  Pour  arrêter  ces  incursions,  une  flotte 


(1)  Ch.  de  la  Roncière,  L'expédition   de  Mitylène,    dans  Le  Correspondant, 
25  novembre  1901. 

(2)  Spont,  Les  galères  royales  dans  la  Méditerranée,  p.   7  — 12  du  tirage  a 
part.  —  D'Auton,  Chron.  de  Louis  XII,  t.  II,  p.  149. 


2l8 


fut  armée  en  Normandie.  Le  vice-amiral  René  de  Cler- 
mont  vint  à  Rouen,  à  Harfleur,  à  Honfleur,  où  il  séjour- 
nait le  5  avril.  Dans  ce  dernier  port,  on  fait  apprêter  tous 
les  navires,  «  là  on  les  répare  du  tout  pour  la  guerre  et 
peult  estre  en  nombre  de  ioo  à  120  navires,  lesquelles 
sont  tous  en  l'entrée  de  la  Seine,  sans  encores  point  de 
provision  ne  de  garde,  sinon  qu'ilz  font  armer  4  grans 
navires  pour  bouter  en  la  mer  pour  faire  le  guet  et  veoir 
quels  navires  passeront  (1)  ». 

Les  nefs  que  l'on  «  boutait  »  ainsi  à  la  mer  pour  pré- 
venir les  surprises  étaient  sous  le  commandement  de 
capitaines  dont  les  familles  sont  bien  connues.  Nous  ne 
parlons  pas  du  vice- amiral  qui  montait  la  Louise,  il  n'ap- 
partient pas  à  la  Normandie.  Mais  nous  citerons  :  la 
Nef -de-Dieppe,  capitaine  Rigault  de  Berquetot  (2)  ;  la 
Petite-Louise,  capitaine  Adenet  Legendre  (3)  ;  la  Foy, 
capitaine  Jacques  d'Estimauville;  la  Françoise-cT Orléans, 
capitaine  Louis  Bigars  de  la  Londe  (4).  Ce  fut  au  mo- 
ment où  ces  navires  mirent  à   la  voile  que  des   mar- 

(1)  Spont,   The  War  with  France,  p.  xx,  note. 

(2)  Berquetot  était  un  fief  de  la  sergenterie  de  Bolbec.  Rigault  de  Ber- 
quetot est  décédé  vers  l'année  i5i8  ;  il  avait  fait  construire  la  nef  Hermine, 
de  çoo  tonneaux,  achetée  17,000  francs,  en  15 17,  par  le  Roi.  (De  Merval, 
Doc,  p.  150,  168,  et  Bibl.  Nat.,  pièces  originales,  vol.  30.  dossier  Ber- 
quetot.) 

(3)  Adenet  ou  Adam  Legendre  figure  dans  des  montres  d'hommes  de 
guerre  à  morte-paye  passées  à  Honfleur  en  1505,  15 12  et  1573  (ms. 
fr.  21507,  25785).  Sa  fille  aînée,  Jeanne  Legendre,  avait  épousé  Robert 
Beschard,  capitaine  ordinaire  pour  le  roi  en  la  marine  et  lieutenant  à  Hon- 
fleur en  1562  et  1569. 

(4)  «  Vieux  brave  aventurier  de  guerre  »,  seigneur  de  la  Londe-Commin 
et  de  Tourville-la-Campagne.  Tué  à  Saint-Dizier  en  1544.  Voy.  d'Auton, 
t.  I,  p.  59,  notice. 


219 

chands  de  Rouen  obtinrent  des  lettres  de  représailles 
contre  les  Anglais  (i)  . 

«  L'armée  de  la  mer  »  partit  de  Honfleur  le  17  juillet 
15 12.  La  Grande-Louise  battait  pavillon  du  vice-amiral 
René  de  Clermont.  Elle  était  mouillée,  avec  les  autres 
navires,  en  dehors  des  passes  du  goulet  de  Brest,  quand 
elle  fut  jointe  par  la  flotte  anglaise.  Attaquée  avant 
d'avoir  pu  lever  l'ancre,  accablée  d'une  grêle  de  boulets, 
ayant  perdu  son  grand  mât,  la  nef  amirale  française  fut 
vaincue  et  s'enfuit  vers  Brest.  C'est  là  le  premier  épisode 
du  célèbre  combat  de  la  Cordelière  et  du  Régent,  qui 
s'anéantirent  au  milieu  des  eaux  et  des  flammes  (2) . 
Nous  n'avons  pas  à  nous  y  arrêter  autrement. 

Dès  les  premiers  jours  de  l'année  suivante  (15 13),  une 
activité  extraordinaire  régnait  à  Rouen,  à  Honfleur  et  à 
Dieppe.  On  y  comptait  quinze  ou  seize  navires  en  arme- 
ment, sous  les  ordres  de  Guyon  Le  Roy,  seigneur  du 
Chillou,  à  qui  Louis  XII  donna  une  commission  de 
lieutenant-général  de  l'armée  de  mer  (25  janvier).  La 
Louise  est  à  Honfleur,  où  des  victuailles  y  sont  embar- 
quées pour  trois  mois  (3);  et,  avec  cette  nef,  quinze 
navires  de  guerre  n'attendaient  que  le  vent  favorable  pour 
atteindre  Brest  :  sept  navires  bien  équipés  «  à  la  guerre  » 
étaient  venus  de  Dieppe  et  étaient  à  l'ancre  à  l'embou- 
chure de  la  Seine,  sous  Villerville.  Au  mois  de  mars, 
Guyon  Le  Roy  quitta  Honfleur  à  bord  de  la  Louise,  sur 

(1)  Spont,  The  War,  etc.,  p.  19. 

(2)  Voy.  Jalj,  Marie-la-Cor  délier  c  (Paris,  1845,  tirage  à  part).  —  Ch.  de 
la  Roncière,  La  Cordelière  et  le  Régent,  dans  Revue  des  questions  hist., 
juillet  1899. 

(3)  Bibl.  Nat.,  ms.  fr.  26112,  n°  1161. 


220 


laquelle  il  avait  placé,  pour  la  conduire  a  la  côte  de  Bre- 
tagne, le  pilote  malouin  Philippe  Roussel,  qui  eut  charge 
quelques  mois  plus  tard  «  de  par  le  roy  d'Ecosse  de  la 
grant  nef  d'Escosse,  comme  pilote  pour  icelle  amener  et 

conduire  à  Brest Et  à  ce  que  ledit  Rouxel  voullut 

prendre  congié  dudit  admyrall  d'Escosse,  il  en  futreffuzé 
et  lui  fut  dit  qu'il  conduiroit  laditte  grant  nef  d'Escosse 
jusques  es  parties  de  Normandie,  à  Honfleu  (i),  avant 
que  avoir  son  dit  congié  (2)  ».  Cest  sous  la  conduite  de 
ce  marin  aussi  brave  qu'expérimenté  que  la  Grande- 
Louise  et  la  flotte  française  gagnèrent  le  port  de  Brest 
(mars  15 13).  L'amiral  Edouard  Howard  se  proposa  de 
l'y  détruire.  Mais  Prégent  de  Bidoux  arriva  sur  la  côte 
avec  une  petite  division,  la  plaça  près  le  Conquet  dans  une 
position  avantageuse  et  attendit  l'attaque  de  l'amiral 
anglais.  Celui-ci  tenta  la  fortune,  serra  de  près  la  galère 
que  commandait  Prégent  de  Bidoux,  alla  à  l'abordage, 
sauta  sur  le  pont,  suivi  d'une  poignée  de  marins  et  d'offi- 
ciers. Mais  les  deux  bâtiments  s'étant  séparés,  sir  Howard 
et  les  siens  durent  se  rendre  et  furent  précipités  à  la 
mer  (3).  Le  combat  contre  la  flotte  anglaise  avait  été 
terrible;  il  ne  fut  pas  suivi  d'un  engagement  sérieux.  Les 
nefs  normandes,  bloquées  dans  le  port  de  Brest,  se  déga- 
gèrent, revinrent  à  Dieppe  et  à  Honfleur  «  pour  se  rafraî- 
chir de  vivres  »  .  Dans  une  revue  d'hommes  de  guerre  à 

(1)  «  A  cause  qu'elle  ne  peult  entrer  au  hable  de  Dieppe  «.  (Spont,  ibid., 
p.  195.)  Louis  XII   l'acheta  au    roi  d'Ecosse  par  le  prix  de  40,000  livres. 

Ms.  fr.  261 14,  n°  25.) 

(2)  Spont,  id.,/p.  176,  note  4. 

(3)  Delà  Nicollière-Teijeiro,  La  marine  bretonne  aux  XVe  et  XVIe  siècles, 
p.  102. 


221 


morte-paye  passée  à  Honfleur,  le  18  octobre  15 13  (1), 
figurent  les  capitaines  et  conducteurs  de  l'armée  de  mer 
qui  avaient  fait  la  campagne  de  Brest  :  Guillaume  Car- 
merien,  Jacques  d'Estimauville,  Jean  Barbelée,  maître  de 
la  Louise,  et  Adenet  Legendre  (2). 

Depuis  plusieurs  années,  la  Grande-Louise  était  tirée 
de  tout  péril.  Vers  l'année  15 15,  elle  avait  pris  son 
mouillage  à  Honfleur,  où  elle  était  solidement  ancrée  et 
enfoncée  dans  les  bancs  vaseux  qui  encombraient  les  deux 
chenaux  de  ce  port.  Une  partie  de  son  artillerie  avait  été 
débarquée  et  portée  sur  les  remparts.  Les  atterrages  de  la 
baie  de  Seine  subissaient  alors  des  changements  dont  il 
ne  serait  pas  aisé  de  donner  une  idée.  Pourtant  on  en 
connaît  les  effets.  Un  des  plus  intéressants  à  constater, 
c'est  une  sorte  d'émigration  forcée  des  marins  et  des 
pilotes  honfleurais  qui  quittèrent  leur  pays  pour  aller 
s'établir  ailleurs.  Le  cours  des  choses  en  fit  des  Dieppois 
d'abord,  des  Havrais  ensuite.  C'est  ainsi  que  le  nom  des 
Naguet,  principaux  bourgeois  que  Louis  XII  anoblit, 
marchands-armateurs  qui  avitaillaient  la  flotte  (3),  se 
retrouve  à  Dieppe  en  1520  :  les  Naguet  y  trafiquaient 
sur  les  salaisons.  Un  de  leurs  compatriotes,  dont  une 
légende  a  fait  revivre  le  souvenir,  à  propos  de  son  voyage 
présupposé  au  Brésil  en  1488  (4),  le  fameux  Jean  Cousin, 
s'était  transporté  à  Dieppe. 

(1)  Bibl.  Nat.,  ms.  fr.  25785,  n«  189. 

(2)  Bibl.  Nat.,  ms.  fr.  25787,  n°  93.  Adenet  Legendre  et  Jean  Barbelée 
sont  au  nombre  des  bourgeois  de  Honfleur  qui  votent  l'impôt  des  aides,  le 
17  novembre  1499,  en  présence  de  René  de  Clermont. 

(3)  Bibl.  Nat.,  ms*.  fr.  26113,  n«  1189;  26114,  n°  101. 

(4)  M.  Ch.  de  la  Roncière  a  fait  bonne  justice  de  cette  légende  dans  le 
Bulletin  de  Géographie  historique  et  descriptive,  année  1895,^  2,  p.  196. 


222 

Mais  l'état  de  la  rive  Sud  de  la  baie  de  Seine  eut  une 
autre  importance  que  celle  d'éloigner  les  marchands  et 
les  marins.  Il  a  été  une  cause  de  la  disparition  successive 
des  navires  de  guerre  qui  désarmaient  à  Honfleur  entre 
deux  campagnes  :  la  population  en  avait  un  profit  tout 
clair.  Elle  vit  se  tarir  la  source  de  son  gain.  On  peut 
croire  qu'il  alla  en  décroissant. 

Quant  à  la  nef  amirale,  elle  avait  été  affrétée  pour  le 
service  du  roi  depuis  plusieurs  années.  Au  commence- 
ment de  l'année  1516,  dont  il  ne  devait  pas  voir  la  fin, 
l'amiral  de  Graville  donnait  encore  quittance  pour  l'en- 
tretien et  la  garde  de  la  nef  la  Louise  pendant  i^  15  (1). 
Il  est  probable  que  les  héritiers  de  l'amiral  la  vendirent  à 
François  Ier. 

En  15 17,  ce  navire  était  échoué  sur  les  bancs  de  vase 
de  Honfleur,  et  de  si  fâcheuse  façon  qu'il  y  demeurait  à 
sec  la  plupart  du  temps  et  y  dépérissait  journellement. 
Alors  François  Ier  donna  l'ordre  de  radouber  sa  grande 
nef,  voulant  qu'on  la  conduisît  en  un  lieu  où  elle  pour- 
rait se  tenir  à  flot  à  toutes  marées  (2).  Le  lieu  de  mouil- 
lage le  plus  convenable  était  peu  éloigné  et  désigné 
d'avance.  C'était  la  ville  Françoise  de  Grâce  qu'on  fondait 
et  que  <f  plébeins,  villageois,  forains  nommoient  le  Hable 
Neuf  y)  (3).  Vers  Tannée  15  18,  Guyon  Le  Roy  y  amena 
la  Louise  dont  il  était  le  capitaine.  Bientôt,  d'autres  na- 
vires vinrent  l'y  rejoindre  :  Y  Hermine  (4),  la  Nef  d'Or- 


(1)  Bibl.  nat.  Pièces  orig.,  1814  -,  dossier  Malet,  n°  81. 

(2)  Voy.  la  pièce  n°  V. 

(3)  Guillaume  de  Marceilles,  Mém.  de  la  fondation,  etc.,  p.  6. 

(4)  De  Merval,  Documents,  etc.,  p.  205. 


223 

lé  ans  ^  la  Barbe  (r),  la  Dauphine,  «  pour  y  estre  gardés  et 
mis  hors  du  danger  ». 

Jusqu'à  présent,  la  fin  de  la  nef  amirale  était  demeurée 
obscure.  On  supposait  qu'elle  avait  dû  se  perdre  à  l'entrée 
du  port  du  Havre  ou  dans  la  baie  :  ce  fut  le  sort,  comme 
on  le  sait,  de  nombreux  navires.  Toutefois,  sa  destruc- 
tion avait-elle  été  complète  ?  On  en  doutait  d'autant 
plus  qu'une  lettre  de  l'amiral  Bonnivet  adressée  à  Guyon 
Le  Roy,  le  15  février  1525,  lui  réitérait  l'ordre  :  «  de 
faire  bailler  au  prince  de  Breszé  les  apareilz,  cordaiges, 
voilles  et  toutes  autres  municions  qui  se  sont  saulvées  de 
la  grant  nef  Loyse,  pour  servir  à  la  nef  Princesse  qui  n'en 
a  nulz  0  (2).  Mais  un  document  que  nous  avons  ren- 
contré tout  récemment  fait  connaître  la  destinée  malheu- 
reuse de  la  nef  amirale.  Un  incendie  décida  de  son  sort. 
La  Louise  fut  brûlée  dans  le  port  du  Havre,  où  elle  était 
sous  la  garde  de  quelques  hommes  dont  l'imprudence  a 
causé  sa  perte,  avant  l'année  1525.  On  lit,  en  effet,  dans 
un  rôle  de  dépenses  des  paiements  faits  à  des  ouvriers 
«  qui  besognent  à  rabiller  la  souille  de  la  Grande  Loyse,  à 
vuider  les  pièces  de  boys  d'icelle  qui  estoient  demeurez 
dedens  ladite  souille  quant  elle  fust  brûlée,  et  faire  la 
pointe  d'icelle  souille  plus  dedens  les  terres  pour  y  mettre 
la  nef  Princesse  affin  que  sa  quille  jusques  au  gouvernail 
portast  droit  en  terre  tant  derrière  que  devant  »  (3).  Il  y 
a  lieu  de  croire  que  cet  événement  fit  renoncer  François  Ier 
à  l'achat  de  vaisseaux  vieillis  dans  les  exercices  de  la 


(1)  Nous  publions  l'inventaire  de  la  Barbe,  n«  IV. 

(2)  Arch.  comm.  du  Havre  EE,  79. 

(3)  Bibl.   nat.,  ras.  fr.   21,513,  n°  1097. 


224 

guerre  et  concourut  au  besoin  de  déployer  sa  force  et  de 
devenir  plus  puissant  sur  mer.  Presque  immédiatement 
après  la  fondation  du  Havre,  —  on  travaillait  à  la  cons- 
truction du  port  depuis  six  années  seulement,  —  on 
avait  conçu  le  projet  de  mettre  en  construction  un  grand 
navire  (1522),  «  dont  un  surnommé  le  capitaine 
Lespargne  (1),  gentilhomme  du  pays  de  Bretagne,  avoit 
eu  charge  de  le  faire  faire  » .  C'était  la  Grande  Françoise 
qui  ne  devait  jamais  sortir  du  port  (2). 

Parmi  les  souvenirs  qui  viennent  s'offrir  à  la  mémoire, 
conviendrait- il  d'oublier  le  premier  capitaine  du  Havre 
de  qui  proviennent  les  documents  que  nous  publions, 
Guyon  Le  Roy  ?  On  lui  consacrera  quelques  lignes. 

Guyon  Le  Roy,  seigneur  du  Chillou,  vice-amiral  de 
France,  était  poitevin.  Le  Chillou,  que  sa  famille  possé- 
dait, est  situé  dans  l'arrondissement  de  Parthenay  (Deux- 
Sèvres).  Une  autre  seigneurie  qui  lui  a  appartenu, 
Mendon  (et  non  Mondori),  se  trouve  dans  la  Vienne.  La 
généalogie  du  P.  Anselme  (3)  désigne  son  frère, 
Guillaume  III  Le  Roy,  capitaine  de  Montlhéry  en  1436, 
et  sa  mère,  Françoise  de  Fontenay.  Le  lieu  de  sa  nais- 
sance est  inconnu,  mais  on  en  peut  presque  fixer 
l'époque.  Il  mourut  à  quatre-vingt-un  ans,  en  l'année 
1528,  ce  qui  revient  à  placer  sa  naissance  en  1447.  Il 

(1)  Bertran  du  Thilly,  capitaine  de  Touques  (1S24-1530),  qui  a  com- 
mandé la  grande  nef  la  Françoise.  Mort  en  1530  d'après  un  mémoire  (Arch. 
nat.  R4  902). 

(2)  La  grande  nef  Françoise  coûta  plus  de  150,000  francs  et  l'on  déroba  le 
tiers  de  l'argent.  —  De  Fréville,  Mèm.  sur  le  commerce  maritime  de  Rouen, 
II,  408. 

(3)  Hist.  généalogique,  etc.,  t.   VIII,  p.  249. 


225 

avait  un  frère  aîné.  On  ignore  tout  de  la  première  partie 
de  sa  vie.  Les  généalogistes  rapportent  qu'il  a  servi 
Louis  XI  ;  on  suppose  qu'il  navigua  sur  les  nefs  royales 
dans  le  même  temps  que  Coulon  et  Cauwart,  mais  rien 
ne  le  prouve  jusqu'à  présent  Son  nom  ne  se  rencontre 
pour  la  première  fois  que  plus  tard,  sous  Charles  VIII, 
pendant  l'expédition  de  Naples.  Il  était  capitaine  du 
Croisic  en  1495,  et,  l'année  précédente,  de  concert  avec 
Jean  de  Porcon,  il  avait  conduit  la  Louise  et  d'autres  na- 
vires «  jusqu'au  pays  de  Provence  ».  Dans  ces  circons- 
tances, il  paraît  avoir  été  un  vaillant  marin  qui  s'éleva 
fort  honorablement.  Quand  Louis  XII  partit  de  Pavie 
pour  aller  à  Gênes,  au  mois  d'août  1502,  il  trouva  devant 
le  môle  de  cette  ville  la  Louise  qui,  de  son  artillerie, 
salua  son  entrée.  C'était  Guyon  Le  Roy  du  Chillou  qui 
la  commandait.  Avec  les  marins  et  les  hommes  de  guerre 
d'élite  qu'il  avait  amenés  sur  sa  nef  amirale,  Guyon 
Le  Roy  s'était  jeté  dans  le  château  de  Gênes  qui,  alors, 
était  hors  la  ville,  droit  vis-à-vis  du  môle  (1).  Il  en  était 
le  capitaine.  Et  le  dimanche  28  août  1502,  Louis  XII 
vint  dîner  au  château  de  Gênes  ;  il  y  fut  reçu  par  Guyon 
Le  Roy  et  «  ses  mortes-payes  et  soudarts  »  au  nombre 
de  trois  cents,  tous  en  bel  ordre  et  bien  armés  (2).  Cinq 
années  plus  tard,  en  1507,  au  mois  d'avril,  les  troupes 
françaises  assaillent  la  «  montagne  »  de  Gênes  et  s'em- 
parent d'un  bastion  (3).  Pour  battre  ce  bastion,  on  avait 

(1)  Il  aurait  contribué  à  en  augmenter  les  défenses,  s'il  faut  en  croire 
Guillaume  de  Marceilles  (p.  7)  :  «  il  se  plaisoit  fort  à  bastir,  bien  expert 
qu'il  y  estoit,  auroit  fait  bastir  les  deux  grosses  tours  à  Gennes,  du  temps 
qu'il  y  estoit  lieutenant  du  roy  Louis  douziesme.  » 

(2)  J.  d'Auton,  t.  III,  p.  45  et  66. 

(3)  D'Auton,  t.  IV,  p.  192. 

i5 


226 


posté  des  canonniers  adroits.  L'un  d'eux  nous  est  connu. 
Il  se  nommait  Pierre  de  Sallenove  (i);  c'est  à  son  père 
que  le  fief  de  Blosseville,  près  de  Honfleur,  a  appartenu. 

La  même  année,  en  avril  1507,  Guyon  Le  Roy  pre- 
nait part,  aux.  portes  de  Gênes,  à  un  combat  périlleux  et 
hardi  qui  fut  engagé  sur  son  conseil  (2).  C'est  le  moment 
où  les  Génois,  combattus  par  La  Palisse  et  Bayard, 
durent  se  rendre  à  discrétion.  Vinrent  plus  tard  les  mau- 
vaises affaires  des  Français  dans  le  duché  de  Milan  et  le 
licenciement  d'une  bonne  partie  des  troupes. 

Comme  nous  l'avons  vu,  Guyon  Le  Roy  tient  cam- 
pagne sur  les  côtes  de  Bretagne  en  15  12-15  13  ;  ^  a  recu 
une  commission  de  lieutenant  général  et  chef  de  Tannée 
de  la  mer  (3)  ;  la  charge  de  vice-amiral  lui  est  donnée  et 
il  y  remplace  René  de  Clermont  dont  la  destitution  fut 
prononcée  en  mai  15  14.  Guyon  Le  Roy  est  alors  capi- 
taine de  Honfleur;  il  conservera  cette  capitainerie  jus- 
qu'en 1524-1525,  c'est-à-dire  jusqu'à  la  mort  de  l'amiral 
Bonnivet.  Entre  temps,  le  4  juin  15  19,  il  reçut  commis- 
sion et  mandement  d'armer  en  Normandie  une  division 
navale  pour  transporter  en  Danemark  des  troupes  qui 
étaient  sous  le  commandement  de  Gaston  de  Brézé. 
Quant  au  rôle  que  cet  officier  éminent  joua  dans  la 
fondation  du  port  du  Havre,  il  a  été  mis  trop  en  lu- 
mière pour  qu'il  y  ait  lieu  d'y  revenir.  Mais  ce  serait  le 
mal  connaître  et  ignorer  le  temps  où  il  a  vécu  que  de  ne 

(1)  D'Auton,  t.  IV,  p,   196,  231.  Il  était  le  fils  du  grenetier  au  magasin  à 
sel  de  Honfleur 

(2)  D'Auton,  t.  IV,  p.  203. 

(3)  De  Merval,  Documents,  etc.,  p.  i. 


227 

pas  rappeler  que  ce  vice-amiral  sut  user  de  la  lettre  de 
marque  et  ne  pas  dédaigner  de  pratiquer  la  piraterie. 
Toutes  ses  prises  ne  furent  pas  jugées  bonnes  (i). 

Arrêtant  nos  notes  à  l'année  1528,  époque  à  laquelle 
le  rôle  de  Guyon  Le  Roy  s'arrête  brusquement  au 
Havre,  par  suite  de  sa  mort,  il  nous  reste  à  résumer  ce 
que  l'on  connaît  de  sa  famille.  Il  y  a,  sur  ce  sujet,  des 
incertitudes  et  des  confusions.  Guyon  Le  Roy  contracta 
deux  mariages.  Avant  1481,  dit  le  P.  Anselme,  il  avait 
épousé  Isabeau  de  Beauva],  fille  de  Philippe  de  Beauval, 
qui 'vivait  en  1466.  Elle  possédait  la  seigneurie-pairie  de 
Villeroy-en-Ponthieu  dont  elle  portait  le  nom  (2).  De 
cette  première  union,  sont  issus  trois  enfants  :  deux  filles 
et  un  fils.  L'aînée  des  filles,  Anne  Le  Roy,  dame  du 
Chillou,  épousa  François  du  Plessis-Richelieu  en  1506  ; 
la  cadette,  nommée  Jeanne  Le  Roy,  se  maria  dans  les 
Pays-Bas  français.  Quant  au  fils,  c'était  Gilles  Le  Roy, 
écuyer,  sieur  du  Plessis,  capitaine  de  marine,  comman- 
dant la  nef  Hermine  en  15 18  (3),  marié  l'année  suivante 
à  Catherine  de  Brézé,  seule  fille  de  Gaston  de  Brézé, 
seigneur  de  Planes,  Auricherou  Orcher.  et  de  Plainbosc. 
Le  mois  qui  a  suivi  son  mariage,  Gilles  Le  Roy  produi- 
sait l'hommage  pour  la  seigneurie  d'Orcher;  la  décla- 
ration est  datée  du  25  juillet  15 19  et  non  de  l'an- 
née 15 17.  En  la  circonstance,  il  agissait  au  nom  de  son 

(1)  Gosselin,  Doc.  inédits  sur  Vhist.  de  la  Marine  normande,  p.  36,  40,  71. 

(2)  Villeroy-sur-Authie,  commune  de  Vitz,  canton  de  Crécy  (Somme). 
Voy.  de  Belleval,  Les  Fiefs  et  Seigneuries  du  Ponthieu  et  du  Vimeu,  p.  328. 

(3)  Selon  nous,  c'est  de  Gilles  Le  Roy,  sieur  du  Plessis,  que  le  receveur 
général  en  Normandie  parle  dans  la  lettre  du  15  mars  1519,  que  M.  de  Merval 
a  publiée  {Documents,  etc.,  p.  166). 


228 

père  et  comme  son  procureur.  Toutefois  nous  remar- 
querons la  particularité  suivante,  c'est  que  le  vice-amiral 
n'a  pris  la  qualité  de  seigneur  d'Orcher  dans  aucun  acte 
antérieur  à  l'année  15  22-1 5  23,  c'est-à-dire  que  ces  docu- 
ments sont  postérieurs  au  décès  de  son  fils,  Gilles 
Le  Roy,  sieur  du  Plessis  et  d'Orcher,  mort  sans  enfants. 
Sa  veuve,  Catherine  de  Brézé  (1),  se  remaria  en  1525 
à  Nicolas  de  Dreux,  baron  d'Esneval,  et  décéda 
en  1528  (2). 

C'est,  selon  toute  probabilité,  en  l'année  1522  que  se 
déroula  au  château  d'Orcher  le  drame  qui  a  coûté  la  vie 
à  Gilles  Le  Roy  du  Plessis.  On  ne  le  connaît  que  par  le 
récit  de  Guillaume  de  Marceilles  (3).  Gilles  Le  Roy 
mourut  empoisonné  par  son  maître  d'hôtel,  ainsi  que 
quatorze  personnes  de  sa  maison. 

(1)  Et  non  Françoise. 

(2)  Un  arrêt  du  Parlement  de  Rouen  (23  décembre  1575)  fait  mention 
des  actes  suivants  :  Traité  de  mariage  passé  devant  les  tabellions  de  Hon- 
fleur,  le  28  juin  15 19,  entre  Gilles  Le  Roy,  sieur  du  Plessis,  fils  de  Guyon 
Le  Roy,  sieur  du  Chillou,  d'une  part,  et  Catherine  de  Brézé,  seule  fille  et 
héritière  de  feu  Gaston  de  Brézé,  sieur  de  Fauguernon,  d'autre.  —  Traité 
de  mariage  entre  Nicolas  de  Dreux,  sieur  et  baron  d'Esneval,  d'une  part,  et 
ladite  Catherine  de  Brézé,  veuve  dudit  sieur  du  Plessis,  en  date  du  14  mai 
1525.  —  Autre  contrat  passé  devant  les  tabellions  de  Pavilly,  le  19  no- 
vembre 1528,  par  lequel  Nicolas  de  Dreux,  baron  d'Esneval,  donne  à 
Nicolas  Restault,  son  filleul,  tout  et  tel  droit  exercer  que  ledit  sieur 
d'Esneval  pourrait  prétendre  et  réclamer  à  l'encontre  des  hoirs  du  sieur 
du  Chillou  et  la  due  de  Fauguernon,  et  chaeun  d'eux,  à  raison  du  douaire 
de  ladite  Catherine  de  Brézé,  lors  défunte,  sa  première  femme.  (Arch.  com. 
du  Havre,  DD,  54.)  —  On  ne  sait  comment  expliquer  l'emploi,  dans  l'acte 
du  28  juin  1519,  des  termes  héritière  de  feu  Gaston  de  Brézé  qui  le  sup- 
posent déjà  mort,  alors  que  Gaston  de  Brézé  donnait  quittance  en  no- 
vembre 1520  et  en  1525.  —  Ms.  fr.  26993,  dossier  11513,  n°s  95  et  102. 

(O  Mèm.  sur  la  fondation  de  la  ville  Françoise  de  Grâce,  p.  7  (éd.  Morlent). 


229 

Le  vice-amiral,  son  père,  convola  en  secondes  noces, 
d'après  le  P.  Anselme.  Il  épousa  Radegonde  de  Maridor, 
on  ne  sait  en  quelle  année,  et  il  en  aurait  eu  une  fille, 
Nicolle  Le  Roy,  mariée  deux  fois  (1). 

Nous  n'avons  recueilli  rien  autre  chose  sur  Guyon 
Le  Roy  du  Chillou,  vice-amiral  de  France.  Nous  passons 
aux  documents  qui  proviennent  de  ses  archives.  En  les 
livrant  à  l'impression,  nos  prétentions  d'éditeurs  n'ont 
pas  été  jusqu'à  nous  persuader  que  tout  y  soit  d'un  égal 
intérêt.  Néanmoins,  nous  pensons  fournir  d'utiles  maté- 
riaux et  apporter  un  modeste  contingent  à  l'histoire 
de  la  marine  normande. 

Charles  Bréard.  Philippe  Barrey. 


(i)  P.  Anselme,  VIII,  251 


DOCUMENTS 

RELATIFS  A  LA  MARINE  NORMANDE  AUX  XVe  ET  XVIe  SIECLES 


I 

Certificat  délivré  par  le  vice- amiral  Cauwart,  au  sujet 
du  ravitaillement  de  la  nef  la  Louise  de  France. 
—  1491,  7  janvier  (n.  st.). 

Je  Anthoine  de  Lastre  dit  Cauwart  (1),  seigneur  de 
Gassart,cappitaine  deHonnefleu  etvisadmiral  soubz  hault 
et  puissant  seigneur  Mgr  Loys,  seigneur  de  Graville,  de 
Marcoussis,  de  Seez  et  de  Bernay  et  admirai  de  France, 
certifiions  à  tous  à  qui  il  appartient  avoir  fait  bailler  et 
délivrer  par  deffunct  Richart  Le  Paulmier  (2),  lors  gre- 
netier  du  grenier  à  sel  estably  pour  le  roy  nostre  dit  sei- 
gneur audit  Honnefleu,  le  nombre  et  cantité  de  ung  muy 
trois  septiers  de  sel  gros  prins  audit  grenier  le  troisième 
jour  de  novembie  derrain  passé  pour  faire  et  saller  les 
chars  de  ravitaillement  de  la  grant  nef  nommée  la  Louyse 

(1)  Voy.  l'Introduction,  note.  C'est  le  vice-amiral  cité  par  de 
Fréville  (t.  II,  402). 

(2)  De  la  famille  dont  est  issu  le  navigateur  Binot  Paulmier  de 
Gonneville,  Richard  Le  Paulmier  vivait  en  1460;  il  fut  grenetier 
au  magasin  à  sel  après  Pierre  de  Sallenove  (1482);  l'amiral  de  Gra- 
ville le  nomma  son  procureur  et  contrôleur  à  Hon fleur  (1487).  Il 
est  décédé  le  2  novembre  1490,  laissant  un  fils,  Guillaume  Le 
Paulmier,  sieur  de  Meautrix  et  Saint-Nicol. 


232 

de  France  et  autres  navires  qui  sont  allez  avecques  ladite 
grant  nef  pour  porter  les  commissaires  duroyetle  paiement 
des  gens  d'armes  à  Brest.  Duquel  nombre,  etc.  Tesmoing 
mon  saing  manuel  cy  mis,  le  septiesme  jour  de  janvier 
Pan  mil  CCCC  quatre-vingtz  et  dix. 
Bibl.  Nat.  ms.  fr.  26281,  n°  i5g. 


II 


Charles  VIII  accorde  exemption  d^impôts  à  cinq  cents 
hommes  de  guerre  à  pied,  levés  en  Normandie  pour 
être  embarqués  sur  la  flotte  aux  ordres  de  l'amiral  de 
Gr avilie.  —  1491 ,  3  mars  (n.  st.). 

A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lettres  verront  ou  orront, 
Jehan  Deschamps,  escuyer,  garde  du  scel  des  obligacions 
de  la  viconté  de  Montivilliers,  salut.  Savoir  faisons  que 
Pan  de  grâce  mil  CCCG  IIIIXX  et  unze,  le  septiesme  jour 
de  novembre  par  Jehan  de  Pimont  et  Nicollas  Jacques, 
tabellions  jurés  pour  le  Roy  nostre  sire  en  ladite  viconté 
au  siège  et  sergenterie  de  Harfleu,  nous  a  esté  tesmoigné 
avoir  tenu  et  leu  mot  après  mot  unes  lettres  escriptes  en 
parchemin  scelleez  sur  double  queue  et  cire  vert,  saines 
et  entières  en  scel  saingtz  et  escriptures  contenant  fourme 
de  vidimus  desquelles  la  teneur  ensuict  :  A  tous  ceux  qui 
ces  lettres  verront  ou  orront,  salut.  Savoir  faisons  que  Pan 
de  grâce  mil  CCCC.  IIIIXX  et  unze,  le  septiesme  jour 
d'octobre  par  Robert  Ygou  et  Robert  Porrée,  tabellions 
jurez  à  Rouen  pour  le  Roy  nostre  sire,  nous  a  esté  tes- 
moigné avoir  veu,  tenu  et  leu  mot  après  moi  unes  lettres 
escriptes  en  parchemins  scelleez  sur  simple  queue  et 
entières  en  seel,  saingtz  et  escriptures  desquelles  la  teneur 
ensuict  : 


233 

Charles,  par  la  grâce  de  Dieu,  Roy  de  France,  à  noz 
amez  et  féaulx  les  généraulx  conseillers  par  nous  ordonnez 
sur  le  fait  et  gouvernement  de  toutes  nos  finances,  salut 
et  dillection.  Comme  pour  l'entretenement,  garde,  def- 
fence,  ecquippaige  de  nos  grans  navires,  nefz  et  aultres 
basteaulx  et  vaisseaulx  de  mer  estant  sur  les  ports  et  havres 
de  notre  pays  et  duchié  de  Normendie  que  avons  ordonné 
faire  ecquipper  et  mectre  suz  pour  résister  aux  entre- 
prises de  nos  ennemis  et  adversaires  nous  avons  puis 
naguère  fait  choisir  et  mectre  sus  es  ellections  de  Rouen, 
Caudebec,  Monstievilliers  et  Lisieux,  le  nombre  de  cinq 
cens  hommes  de  guerre  à  pié,  cest  assavoir  :  en  ladite 
ellection  de  Rouen,  cinquante  trois  hommes;  en  ladite 
ellection  de  Monstivilliers,  soixante  douze  hommes;  et  en 
ladite  ellection  de  Lisieux,  trois  cent  quarante  huit 
hommes.  Et  voullu  et  ordonné  qu'ils  soient  francz  quictez 
et  exemptz  de-  la  contribucion  et  paiement  de  noz  tailles 
et  aultres  deniers  mis  sur  cette  présente  armée  commencée 
le  premier  jour  de  janvier  dernier  passé  à  ce  quilz  soient 
plus  envieux  et  enclins  à  nous  bien  loyaument  et  soi- 
gneusement servir  sur  mer  ou  fait  de  nos  guerres  à  len- 
contre  de  nosd.  ennemis  et  adversaires,  et  pour  que  en 
faisant  l'assiette  par  le  menu  de  nosdictes  tailles  et  octroy 
de  cested.  présente  année  lesdictz  hommes  ainsi  prins  et 
choisis  pour  le  faict  de  nosd.  navires  soient  imposez  et 
assiz  à  la  somme  de  deux  mille  xxix  1.  vij  s.  vj  d.  tz.  pour 
leur  porcion  et  contribucion  d'icelles  tailles  et  octroi,  cest 
à  savoir  pour  ceulx  de  lad.  ellection  de  Rouen  la  somme 
de  ccxxxij  1.  x  s.  iv  d.;  ceulx  de  ladicte  ellection  de  Cau- 
debec xliij  1.  xv  s.  iij  d.;  et  ceulx  de  la  dicte  ellection  de 
Monstivilliers  ccc  iiijxxxx  xiv  1.  iij  s.  iij  d.  tz  ;  ceulx  de  la 
dicte  ellection  de  Lisieux  mcclxviij  1.  xviij  s.  vij  d.  tz  dont 
nos  receveurs  des  dites  tailles  d'icelles  ellections  et  les 


234 


habitans  ou  iceulx  hommes  sont  demourans  les  voul- 
droient  et  pourroient  faire  exécuter  au  paiement  d'iceulx 
deniers  et  pourroient  estre  cause  et  occasion  de  leur  faire 
délaisser  et  discontinuer  les  services  en  quoi  avons  inten- 
tion les  faire  employer  es  dicts  navires  sils  nestoient  bien 
jouir  et  user  de  lad.  franchise,  en  quoy  nous  et  toute  la 
chose  publicque  pourrions  avoir  très  grant  dommaige  et 
seroit  au  retardement  du  partement  d'iceulx  navires  quant 
larTaire   la  requert   ainsi  que  tout  ce  nom  a  ete  dit  et 
remontre  bien  au  long.  Pour  ce  est-il  que  nous  voulions 
a  ce  remédier  et  pourveoir   par   l'advis   et  deliberacion 
daucun  des  princes  et  seigneurs  de  notre  sang  et  gens  de 
notre  conseil  et  nous  avons  ordonné  et  déclairé,  ordon- 
donnons  et  déclairons  de  grâce  especialle  par  ces  présentes 
que  tous  les  dits  cinq  cents  hommes  de  pié  qui  ont  esté 
ou  seront  pris  et  choisis  par  notre  très-chiers  et  féal  cousin, 
conseiler  et  chambellan,  le  sire  de  Gravilie,  admirai  de 
France,  notre  lieutenant  général  au  dit  pays  de  Normendie 
ou  ses  visadmiral,  lieutenant  ou  commis  à  ce,  seront  et 
demoureront  francs,  quiets  et  exempts  desd.  sommes  en 
quoi  ils  ont  été  assis  et  imposés  ceste  dite  année  a  nosd. 
tailles  et  octroi,  le  tout  montant  ensemble  jusqu'à  la  dite 
somme  de  deux  mille  xxix  1.  vij  s.  vj  d.  tz.  et  les  avons 
affranchis,  quictez  et  exemptez,  affranchissons,  quictons 
et  exemptons  par  cesd.  présentes  et  pour  ce  que  la  valeur 
de  nosd.  tailles  et  aultres  deniers  de  nos  dites  finances  du 
pays  de  Normendie  de  cested.  année  présente  sont  entiè- 
rement chargez  pour   le  faict  de  nos  guerres  et  autres 
grants  et  urgens  affaires  et  qu'il  convient  pour  (illisible) 
avoir  et  recouvrer  par  les  meilleurs  moyens  que  faire  se 
pourra  à  la  dite  somme  de  deux  mille  vingt  neuf  livres  tz. 
à  ce  que  nos  dites  finances  n'en  soient  aucunement  en 
arrière  nous  pour  a  ce  pourvoir  et  obvier  qu  aucune  crue 


235 


ne  soit  a  ceste  cause  mise  sur  (ou  suz)  et  imposée  sur 
nostre  pour  peuple  nous  par  Padvis  déliberacion  que  des- 
sus ordonné  et  ordonnons  par  ces  dites  présentes  que  les 
habitans  des  villes  franches  de  Normendie  cy  après  declai- 
rées  payeront  et  fourniront  pour  cette  fois  la  dite  somme 
de  deux  mille  liv.  tz.  et  sans  préjudices  de  leurs  privilèges 
pour  le  temps  advenir  c'est  à  savoir  la  ville  de  Dieppe 
mil  quinze  livres  sept  solz  cinq  deniers  tz,  la  ville  de  Har- 
fleu  iijcxxxviij  1.  tz.,  la  ville  et  faubourgs  de  Honnefleu 
iijcxxxviij  1.  tz.,  la  ville  et  faubourgs  du  Pont-Audemer 
huit-vingt  et  dix  neuf  1.  tz.,  et  la  ville  et  faubourgs  de 
Loviers  pareille  somme  à  prendre  tant  sur  les  deniers  par 
nous  ordonnez  pour  les  fortifficacions  et  reparacions 
desd.  villes  que  autres  deniers  et  assises  commis  dicelles 
et  par  les  meilleurs  et  autres  plus  aisez  moyens  que  lesd. 
habitans  pourront  adviser  et  recouvrer  par  entreulx  et 
payer  icelles  sommes  si  voulons  et  vous  commandons  et 
par  nos  présentes  vouloir  declaracion  et  ordonnance  vous 
faictes  ces  dits  cinq  cents  hommes  de  pié  ainsi  mis  suz 
jouir  user  de  nosd.  affranchissemens  et  exemptions  et  en 
ce  faisant  les  faictes  par  lesd.  receveurs  de  nos  tailles  et 
octrois  es  dits  collecteurs  tenir  quictes  et  paisibles  desd. 
sommes  pour  leur  portion  dicelles  tailles  et  octroy  de 
ceste  année  en  faisant  par  vous  cueillir  et  lever  prompte- 
irient  icelle  somme  de  deux  mille  1.  tz.  sur  les  bourgeois, 
manans  et  habitans  desd.  dessus  declairees  et  de  chacune 
dicelles  pour  lesd.  sommes  que  dessus  dit  et  ce  par  les 
décharges  du  receveur  de  nos  finances  en  nostre  pays  de 
Normendie  lesquelles  voulons  et  entendons  estre  par  vous 
et  led.  receveur  gênerai  deulx  levées  pour  convertir  et 
employer  a  cause  de  sond.  office  tant  au  remboursement 
desd.  receveurs  pour  les  causes  dessusd.  que  autrement 
en  nos  affaires  ainsi  que  par  vous  lui  a  esté  ou  sera  or- 


2^6 

donné  et  a  ce  faire  et  souffrir  et  paier  par  lesd.  villes  et 
chacune  dicelles  lesd.  sommes  de  deniers  pour  leur  por- 
cion  d'icelle  somme  de  deux  mil  1.   tz    contraignez  ou 
faites  contraindre  tous  les  habitans  desd.  villes  et  chacun 
deulx  en  cas  de  reffus  ou  delay  par  toutes  voyes  et  ma- 
nières deues  et  accoustumees  affaire  pour  nos  propres 
deniers  et  affaires  non  obstant  opposicions,  appellacions, 
clameur  de  haro  et  doléances  quelconques.  Et  en  rappor- 
tant ces  présentes  signez  de  nostre  main  parled.  receveur 
gênerai  seulement  et  le  vidimus  dicelles  par  chacun  desd. 
receveurs  des  tailles  desd  ellectionsde  Rouen,  Caudebec, 
Monstiervilliers  et  Lisieux  ou  lesd.  cinq  cens  hommes 
choisiz  pour  le  fait  de  nosd.  navires  sont  demourans  avec 
les  quictances  et  reconnaissances  particulières  de  chacun 
diceulx  hommes  pour  autant  que  sont  assiz  auxd.  tailles 
et  octroys  de  ceste  présente  année  peut  monter  le   tout 
montant  ensemble  lad.   somme  de  deux  mil  1.  tz.  nous 
voulions  icelles  estre  allouées  es  comptes  et  rabatues  des 
receptes  diceulx  receveurs  c'est  assavoir  led.  receveur  de 
Rouen  ccxxxij  1.  x  s.  iiij  d.  tz.,  le  receveur  de  Caudebec 
xliij  1.  xv  s.   iij  d.  tz.,  led.  receveur  de  Monstiervilliers 
iiijciiipx  xiij  1.  iij  s.  iij  d.  tz.,  et  les  receveurs  de  Lisieux 
et   vicontés  d  Auge  et    Pontaudemer  ou  lesd.    hommes 
dicelles  élections  ont  esté  choisiz  ainsi  que  dit  est  douze 
cents  cinquante  huit  livres  xviij  s.  vij  d.  tz.  par  nos  amez 
et  feaulx  gens  de  nos  comptes   ausquels  nous  mandons 
ainsi  le  faire  sans  aucune  difficulté  non  obstant  que  desd. 
sommes  en  quoi  lesd.  cinq  cens  hommes  ont  este  assiz  en 
nos  dites  tailles  ceste  dite  année  nen  soient  levées   des 
charges  selon  lordre  de  nosd.  finances  et  quelconques  res- 
titucions.  Et  pour  ce  que  de  cesd.  présentes  on  pourroit 
avoir  a  besogner  en  plusieurs  et  divers  lieux  nous  vou- 
lons que  aud.  vidimus  dicelle  foy  soit  adioustee  comme  a 


237 

ce  présent  original.  Donné  à  Am boise,  le  iije  jour  de 
mars  mil  CCCC  quatre  vingt  et  diz  et  de  nostre  règne  le 
viije,  Ainsi  signé:  Gharles.  Et  au  dessoubs  d'icelle  signa- 
ture étoit  escript  :  Par  le  Roy,  les  sire  de  Graville,  ad- 
mirai de  France,  Dubouchaige,  de  Lisle,  de  Grimaud  et 
aultres  présents  (i  ). 

III 

Inventaire  du  matériel  de  la  grande  nef  la  Louise. 
i  5i6,  14  novembre. 

Inventere  des  cordages,  voielles,  artillerie,  ustencilles 
et  munycions  qui  sont  à  la  grant  nef  nommée  La  Loyse 
qui  fut  et  appartinst  à  feu  hault  et  puissant  saigneur 
monseigneur  de  Graville,  admyral  de  France,  lad.  inven- 
tere faicte  par  Jehan  Barbelée,  maistre  aprez  Dieu  de  lad. 
nef,  Richart  Roques,  escrivain  d'icelle  et  Robert  Ta- 
riennes,  gardien  en  lad.  nef,  le  xiiije  jour  de  novembre 
l'an  mil  cinq  cens  et  saize,  ainsi  qu'il  ensuyt  : 

Et  premièrement, 

Le  corps  de  lad.  nef  garny  de  paneaulx  et  de  pavoys 
pains  aux  armes  et  devises  de  mond.  seigneur,  garny 
aussy  de  deux  cabesteurs,  l'un  assis  au  chasteaugaillard 
servant  à  toutes  les  grosses  affaire  de  lad.  nef,  pourveu  de 
barres  qui  luy  sont  nécessaires  et  Fautre  cabesteur  plus 
petit   assis   au    chasteaudevant,    garny    pareillement   de 

(1)  D'après  une  copie  conservée  aux  Archives  de  la  Marine  (D2), 
sur  laquelle  est  la  note  suivante,  de  la  main  de  M.  Jal  :  «  Tirée 
d'un  registre  manuscrit  des  comptes  de  Loys  Raoulin,  receveur 
d'Harefleur,  registre  qui  appartient  à  une  bibliothèque  particulière 
de  Rouen.  Cette  pièce  inédite  m'a  été  communiquée  le  24  sep- 
tembre 1844,  par  M.  Viau,  d'Haï  fleur.  » 


238 

barres.  Lad.  nef  garnye  pareillement  de  trois  pompes  à 
gecter  Peau  d'icelle,  les  deux  pompes  assises  et  l'autre  de 
provision,  garnyes  de  bonectes  et  clapetz. 

Lad.  nef  garnye  de  grant  mast,  mastereaulx  et  verges 
qui  luy  appartiennent  et  davantage  de  deux  mastereaulx 
pour  faire^une  grant  verge  au  grant  mast,  de  provision  si 
besoing  estoit  quant  lad.  nef  alloit  par  la  mer. 

Trois  hunes,  Tune  pour  led.  grand  mast,  l'autre  pour 
le  mastereau  de  devant  et  l'autre  pour  le  mastereau  de 
grant  misenne. 

Le  mast  de  beaupré  avecques  sa  verge  garny  de  sa 
voielle  d'itaque,  d'issatz,  d'escouttes  et  des  poullies  gar- 
nyes de  boys  qui  luy  appartiennent  et  d'un  grant  grappin 
de  fer  avecques  sa  chesne. 

Led.  mastereau  de  devant  garny  de  pappefilz  et  trois 
bonnectes  qui  ont  servy.  Plus  d'un  pappefilz  et  une  bon- 
necte  tous  neufz,  garny  aussy  de  haubans,  d'ytaques  et 
racques,  boullines,  escouttes,  couetz,  ballencines,  bras, 
marticles,  trousses,  drenc  et  des  poullies  qui  luy  appar- 
tiennent où  il  y  a  dix-huyt  rouetz  de  cuyvre  passez  ausd. 
poullies. 

La  hune  dud.  mastereau  de  devant  garnye  de  mast,  de 
verge,  de  ballencines,  d'escouttes  et  de  sa  voielle. 

Deux  becquetz  et  deux  cappons  qui  sont  au  chasteau- 
devant  qui  servent  à  bosser  et  lever  les  ancres  hault, 
garnys  de  quatre  rouetz  de  cuyvre  avecques  le  davyet  dud. 
chasteau  devant  où  il  y  en  a  deux  autres  rouetz  de  cuyvre. 

Led.  grant  mast  garny  de  pappefilz  et  trois  bonnectes 
qui  ont  servy,  plus  d'un  pappefilz  et  d'une  bonnecte 
neufz,  garny  aussy  de  haubans,  cinq  pallens,  une  cande- 
lette,  boulines  et  rotz  à  boullines,  quatre  martynetz 
d'itaques  neufves,  d'escouttes,  couetz  et  racques,  trousses, 


239 

drencs,  ballencines,  marticles,  bras  et  des  poullies  qui  luy 
appartiennent  où  il  y  a  xxviij  rouetz  de  cuyvre. 

Plus  il  y  a  unes  itaques  vielles. 

La  corde  de  la  foc. 

La  hune  dud.  grant  mast  garnye  de  mast,  verge,  de 
haubans,  d'yssatz,  d'ytaques,  d'un  drenc  et  de  sa  voielle. 

Le  mastereau  de  grant  mysenne  garny  de  haubans  et 
d'yssatz  et  de  sa  voielle  et  des  poullies  qui  luy  appar- 
tiennent où  il  y  a  quatre  rouetz  de  cuyvre. 

Le  mastereau  de  pequye  garny  de  haubans,  d'issatz, 
d'ytaque,  d'escoutte  et  de  sa  voielle  où  il  y  a  aud.  hissatz 
quatre  rouetz  de  cuyvre. 

Deux  marmontures,  Tune  pour  la  grant  hune  et  l'autre 
pour  la  hune  du  mastereau  de  devant,  de  drap  rouge  et 
jaune  faictes  aux  armes  et  devises  de  feu  monseigneur. 

Cinq  estandars  de  sayecte  rouge  et  les  franges  de  mesmes. 

Six  banyeres  carrées  de  bougren  de  flandres  rouge,  du 
reste  de  dix  banyeres  qui  ont  esté  autreffoys  mises  en  lad. 
nef,  dont  les  quatre  ont  esté  usées  aux  voiages  quelle  a 
esté  par  la  mer. 

Le  gouvernail  garny  de  deux  bonetes  de  tymon  et  de 
bares. 

Une  cloche  de  métal  pesante  iij  1. 

Deux  auges  à  gouttrenner  cordage. 

Deux  cabesteurs  de  boys  pour  servir  à  master  et  des- 
master  lad.  nef,  Pun  d'iceulx  cabesteurs  au  cymetière  de 
l'église  Notre-Dame  et  l'autre  aux  Vazes. 

Plus  y  a  pour  lad.  nef  dix-huit  grandes  poullies  qui 
ont  servi  à  mectre  la  nef  en  Féaux  et  qui  pevent  servir 
pour  Tadvenir  à  desmaster  et  remaster  lad.  nef,  qui  sont 
en  la  garde  de  Pierre  Bouchart. 

Item,  lad.  nef  est  garnye  de  huyt  ancres  telz  que  a  telle 


240 

nef  appartient,  six  grans  et  deux  moyens  et  des  esseux 
pour  icelle. 

Onze  gros  cables,  tant  neufz  que  autres,  suffisans  pour 
servir  à  icelle. 

Trois  cubleaux,  une  haussière. 

Lad.  nef  est  pourvueue  et  garnye  de  deux  bateaulx 
neufz  garnys  de  tostes,  davyetz  et  de  trois  douzaines 
d'avyrons  et  cinq  rotz  à  bateaulx. 

Plus  y  a  ung  petit  ancre  pour  servir  aux  sd.  bateaulx. 

ARTILLERIE 

Il  y  a  pour  lad.  nef  xxij  pièces  d'artillerie  de  fonte  en- 
voyées de  par  feu  mond.  seigneur,  ainsy  que  cy  aprez 
sont  déclarées,  C'est  assavoir  : 

Une  grant  couleuvryne  nommée  la  Barbe. 

Une  autre  couleuvryne  plus  moyenne. 

Dix  faucons,  donc  il  en  y  a  ung  rompu. 

Sept  fauconneaulx. 

Ung  canon  moyen  de  fonte  garny  d'une  bonecte. 

Ung  autre  petit  canon  de  fonte  garny  d'une  bonecte. 

Le  tout  garny  d'esseux  et  roes  tant  bons  que  autres 
avecques  ex  boulletz  de  fer  et  fonte,  plus  que  moins,  pour 
servir  à  lad  grand  couleuvryne  nommée  la  Barbe  et 
viijc  plomées  pour  tirer  tant  à  lad.  artillerie  de  fonte  que 
à  l'artillerie  de  fer,  plus  que  moins  :  duquel  nombre  de 
xxij  pièces  d'artillerie  de  fonte,  sept  desd.  pièces  sont  au 
cellier  de  la  maison  de  Symon  du  Solier,  cinq  à  la  halle 
au  pain  de  la  ville  de  Honnefleu  et  le  surplus  à  lad.  nef 
et  sur  la  muraille  de  lad.  ville  de  Honnefleu. 

Item,  il  y  a  pour  lad.  nef  l'artillerie  de  fer  qui  ensuyt. 
C'est  assavoir  : 

Quatre  gros  canons  de  fer  garnyz  les  aucuns  d'afTultz 
et  roes  et  de  chacun  deux  bonectes. 


241 

Six  autres  gros  canons  de  fer  garnyz  aussi  les  aucuns 
d'affultz  ei  roes  et  de  chacun  trois  bonectes  et  de  plusieurs 
boulletz  de  grez  pour  servir  esd.  pièces  et  y  en  peult  avoir 
iiijxx  ou  environ. 

Douze  gros  passevollans  garnyz  d'affustz  (a  cuz  ?)  ferrés 
et  de  chacun  trois  bonectes. 

Dix  autres  gros  passevollans  meudres  garnyz  comme 
dessus  et  de  chacun  trois  bonectes  dont  l'un  fut  rompu 
par  la  nef  de  Bordeaulx  à  la  rade  de  Villerville  par  une 
tourmente,  duquel  a  esté  fait  ung  canon  à  hune. 

Quatorze  autres  passevollans  de  fer  plus  petiz  pour 
servir  au  chasteau  devant  garnyz  comme  dessus  et  de 
chacun  trois  bonectes,  réservé  une  desd.  boneaes  qui  a 
esté  perdue.  Donc  trois  d'icelles  pièces  furent  rompues  par 
la  grant  nef  d'Escosse  qui  aborda  lad,  nef  à  lad.  radde  de 
Villerville  par  le  chasteaudevant,  desquelles  pièces  le  fer 
a  servi  pour  faire  des  bonectes  pour  led.  canon  de  hune 
jusques  au  nombre  de  six  ou  huyt  bonectes. 

Cinq  autres  longues  serpentines  de  fer  garnyes  que 
dessus  et  de  chacune  deux  bonectes,  dont  Tune  desd. 
pièces  avecques  ses  bonectes  a  esté  baillée  à  la  nef  Jehan 
Denys  qui  est  à  recouvrer. 

AUTRFS    MUNYCIONS 

Item,  il  y  a  en  lad.  nef  xlviij  arbalaisires  d'une  sorte  et 
d'un  jatyust?). 

Vingt-sept  guyndatz  pour  servir  à  icelles. 

Une  casse  toute  plaine  de  trect  neuf  clouée  où  ii  n'a 
point  esté  touché. 

Plus  un  poinsson  tout  plain  d'autre  trect  non  enfonssé 
tant  ferré  que  déferré  que  garrotz  vuydez  d'une  demye 
pippe  envoiée  par  feu  monseigneur  de  Marcoussis  pour 
tirer  à  de  grosses  arbalaistres  de  passe,  lesquelles  arba- 

i6 


242 

laistres  ont  esté  depuys  refondues  aux  xlviij  arbalaistres 
devant  escurées.  Lequel  trect  fut  retiré  des  compaignons 
de  guerre  et  mariniers  qui  furent  aux  voiages  de  lad.  nef 
qui  avoit  esté  atynts  pour  tirer  tant  ausd.  grosses  arba- 
laistes  de  passe  que  autres  arbalaistres  qu^voient  lesd. 
compaignons  de  guerre  et  mariniers. 

Quarante-sept  curasses. 

Vingt-deux  sallades. 

iiijxxxviij  voulges  de  reste  de  cent  voulges  dont  les  deux 
furent  perduz  au  voiage  dernier  de  lad.  nef. 

Trois  douzaines  de  lances  à  feu  avecques  une  xije  ou  ij 
de  bastons  de  fresine  à  en  mancher  lesd.  lances. 

Cent  quinze  picqués  ou  lances  ferrées. 

Cinq  xijnes  de  dars  à  hunes,  plus  que  moins,  qui  sont 
soubz  les  cordages. 

USTENCILLES  DE  CUISINE  ET  AUTRES  MUNYCIONS 

Item,  il  y  a  en  lad.  nef  huit  frisons  d^stain  de  potin  du 
nombre  de  douze  qui  avoient  été  ordonnez  et  mis  en  lad. 
nef. 

Six  plats,  saize  escuelles,  du  nombre  de  xviij  escuelles, 
deux  grandes  chaudières  d 'errai n,  Tune  pesant  lvij  1. 
d'errain,  garny  de  fer  dont  led.  fer  pèse  liij  1. 

Plus  ung  petit  chaudron. 

Plus  une  autre  chaudière  d^errain  de  petite  valleur  qui 
a  servy  à  lad.  net  à  chauffer  le  gouttron  et  résine. 

Une  autre  chaudière  de  fer  pour  servir  à  cuyre  le  bray 
à  lad.  nef. 

Et  ung  trépié  de  fer  pour  y  servir. 

Plus  ung  autre  trépié  plus  petit. 

Deux  grans  potz  de  fer  pour  cuyre  les  pois  à  la  mer. 

Une  paesle  de  fer. 

Trois  broches  de  fer  donc  une  est  rompue. 

Deux  landiers. 


243 

Un  gril  et  un  havet. 

Trois  douzaines  de  platz  de  boys 

Une  xijne  d'escuelles. 

cxiiij  bidons. 

Six  grandes  cuylliers  de  fer  pour  servir  à  la  cuysine  et 
à  fondre  plombées. 

Six  marteaulx  pointuz  pour  servir  à  adouber  les  grosses 
pierres  de  grelz  pour  les  gros  canons  perriers. 

Cinq  autres  marteaulx  pour  servir  aux  canonniers  pour 
l'artillerie. 

Ung  petit  pot  de  fer  pour  servir  à  l'artillerie. 

Deux  ou  trois  douzaines  de  fer-blanc. 

Quatre  sacquetz  de  cuyr,  du  nombre  de  six  pour  servir 
à  mectre  la  pouldre  à  canon  pour  les  canonniers. 

Quatre  chargeurs  de  fer-blanc  pour  l'artillerie. 

Plus  ung  autre  chargeur  d'errain. 

Quatre  poire  de  fers  à  enferrer  prisonniers  dont  les 
deux  poire  sont  grans  et  longe  du  nombre  de  six  poire  de 
fer  qui  avoient  esté  mis  en  lad.  nef,  donc  Tune  poire  fut 
perdue  par  un  angloys  qui  en  estoit  en  ferré  qui  se  jecta 
ou  laissa  cheoir  du  besle  de  lad.  nef  en  la  mer  et  en  la 
baie  de  Brest. 

Item,  une  grue  de  fer  pour  emprisonner  par  la  teste, 
piedz  et  mains  ung  homme  par  la  mer  et  ung  sept  de 
boys. 

Deux  gourbies. 

Quatre  harpons  à  prendre  marsouyns  par  la  mer. 

Trois  oyseaulx  grans  et  petis. 

Deux  grandes  haches  à  charpentier  donc  l'une' est 
rompue. 

Une  petite  hache  dont  le  taillant  est  rompu. 
Et  une  autre  hache  à  fendre  boys  rompue. 
Unes  tenailles  a  tirer  doux. 


244 

Trois  marteaulx  à  dens  du  nombre  de  cinq  qui  avoient 
esté  mis  en  lad.  nef.  Les  autres  perdus. 

Quatre  tarrières  de  toutes  sortes. 

Une  plenne. 

Troys  cyes  Tune  grande  et  deux  petites. 

Ung  cyon  à  main. 

Deux  fallotz  de  fer  à  porter  le  feu  par  la  mer  comme 
admyralle. 

xliiij  panyers  à  pain. 

Quatre  chevilles  de  fer  à  espisser  cordages. 

Quatre  pinsses  de  fer. 

Sept  escoppes  et  une  xijne  de  pelles  tant  ferrées  que  des 
ferrées. 

Une  olonne  entière  et  deux  petites  pièces  pour  servir 
à  radouber  les  apparelz  par  la  mer. 

xxxix  boutz  de  fer  à  mectre  aux  hunes  de  lad.  nef  pour 
faire  combat. 

Deux  raquettes. 

Une  douzaine  d^alesnes  sustz  et  fers. 

Huit  compas  et  huyt  orloges. 

Trois  douzaines  de  lanternes  tant  grandes  que  petites. 

Item,  il  y  a  en  lad.  nef  du  clou  de  toutes  sortes,  des 
chevilles  et  autre  vieille  ferraille. 

Au  dos  est  écrit  :  L'inventore  des  cordages,  voielles, 
artillerie,  estencilles  et  municions  de  guerre  qui  sont  à  la 
grant  nef  nommée  la  Loyse  qui  fut  à  feu  Monseigneur  de 
Graville,  admyral  de  France. 

Arch.  comra.  Havre,  EE.,  79. 

IV 

Inventaire  de  la  nef  làBavbe(i). —  1  5  16,  27  décembre. 
Inventore  faicte  à  Honnefleu  par  Girard  Bonide,  le 
(1)  Citée  par  Gosselin,  dans  les  Doc.  sur  la  Marine  norm.,  p.  7^, 


243 

xxvijme  jour  de  décembre,  Tan  mil  cinq  cens  saize,  des 
cordaiges,  voielles,  artillerye  et  extancilles  qui  sont  à  la 
nef  nommée  la  Barbe  appartenante  à  Richard  Boul- 
lart  (i),  bourgeois  de  Honnefleu,  ainsi  qu'il  enssuit  : 

Et  premièrement, 

Le  corps  de  lad.  nef  garny  de  panneaulx  et  de  pavoys 
pains. 

Lad.  nef  garnye  de  grand  mast,  matereaulx  et  verges 
qui  luy  appartiennent  et  de  deux  hunes  assises. 

elle  appartenait  en  1524  à  Silvestre  Billes,  capitaine  des  navires  de 
Jean  Ango;  on  le  croit  originaire  de  Vatteville.  C'est  très  probable- 
ment son  nom  qu'on  doit  lire  sur  un  vitrail  de  l'église  de  cette  loc 
lité,  comme  capitaine  de  la  Romaine  (i52i).  Silvestre  Billes  aurait 
été  anobli  en  1540;  il  avait  épousé  Jeanne  de  la  Rivière.  On  con- 
naît son  fils,  Jacques  de  Billes,  écuyer,  sieur  du  Foyer  et  de  Blon- 
ville,  bourgeois  de  Honrleur  en  1576,  marié  à  Antoinette  de  Féron, 
veuve  de  Pierre  de  Mahiel  ;  et  son  petit  fils  Antoine  de  Billes, 
écuyer,  sieur  du  Foyer  et  de  Blonville,  demeurant  à  Vauville,  qui 
épousa  en  1620  Françoise  de  Vipart-Silly,  tante  du  marquis  de 
Silly  dont  on  a  le  portrait  dans  Saint-Simon  (t.  XII,  p.  190-198). 
Le  titre  de  «  sieur  du  Foyer  »  a  une  curieuse  origine.  Les  Billes,  à 
la  fin  du  xve  siècle,  avaient  fait  bail  du  droit  de  foyer  pour  le  trait 
de  Quillebeuf,  à  prendre  sur  les  navires  étrangers  qui  montaient 
«  à  mont  la  rivière  de  Seyne  ».  Un  foyer  était  une  cuvette  remplie 
de  charbons  ardents  placée  sur  les  côtes  pour  faire  les  signaux 
durant  la  nuit.  Le  possesseur  du  droit  de  foyer  détenait  un  fief- 
office  et  il  en  avait  pris  le  nom.  Divers  actes  notariés  font  mention 
de  M.  du  Foyer,  en  1576,  161 1,  1625  ;  nous  avons  été  un  certain 
temps  avant  de  reconnaître  sous  cette  dénomination  le  capitaine 
Silvestre  Billes  ou  son  fils  Jacques. 

(1)  Marchand  et  marin  (i5i3),  opère  le  ravitaillement  delà  nef  le 
Lion.  Un  Jean  Boullart,  dont  il  est  fait  mention  en  1475  comme 
maître  de  navire  (Hist.  de  la  Marine  franc.,  t.  Il,  410,  note  6), 
appartenait  à  la  même  famille  qui  a  donné  son  nom  à  une  rue  de 
Honfleur  et  à  un  massif  boisé  de  la  forêt  de  Touques,  dit  les 
Boullart  s. 


246 

Led.  mast  de  beauprey  garny  de  sa  voille  seullement, 
luy  fault  toult  son  cordaige. 

Le  mastereau  de  devant  garny  d'un  papefilz  neuf 
avecques  troys  bonnettes  garny  de  haubans  chacun  bort 
ce  qui  luy  en  duyt  luy  reste  le  demeurant  du  cordaige  qui 
luy  appartient  comme  itaques,  hissatz,  trousses,  drencs, 
escoutes,  couetz  et  ballencines. 

La  hune  dud.  mastereau  garny  de  son  boursset  et  luy 
fault  toult  son  cordaige  :  c'est  assavoir  haubans,  bolli- 
netes,  hissatz  et  trousses. 

Le  grand  mast  garny  de  papefilz  et  trois  bonnettes,  de 
haubans  de  chacun  costé  long  d'au  boult  dud.  grand 
mast  garny  aussy  dissatz,  deux  garans  de  pallent,  quatre 
penteres  garnis  de  poullies  qui  luy  appartiennent  où  il  y 
a  cinq  rouetz  de  cuyvre,  reste  quil  fault  aud.  grant  mast 
itaques,  deux  garans  de  pallentz,  deux  trousses,  deux 
drencs,  bollines,  martinez  et  bras,  aussi  il  y  a  en  lad.  nef 
escoutes,  rouetz  et  marticles. 

La  hune  dud.  grand  mastgarnye  de  son  boursset  toult 
neuf  et  du  cordaige  qui  appartient  aud.  mastereau,  réserve 
une  trousse. 

Led.  mastereau  de  pequye  n'est  garny  que  de  sa  voielle  ; 
luy  reste  toult  le  furain  dud.  mastereau  et  autre  cordaige 
qui  luy  appartient. 

Et  sont  toutes  les  voielles  dessud.  au  guernyer  de  la 
basse  court  reserve  le  boursset  de  beaupré  qui  est  a  la 
maison  de  la  Pie  près  la  Rocque. 

Item,  il  y  a  une  lice  le  long  du  pont  de  lad.  nef. 

Item,  il  y  a  au  chasteau  de  devant  deux  chaînes  de  fer 
pour  les  bosses  traversannes  des  ancres. 

Le  cabestan  de  lad.  nef  garnv  de  troys  barres. 

Le  gouvernail  d'icelle  garny  de  sa  bonette  et  ce  qui  luy 
appartient. 


2  47 

Lad.  nef  est  garnye  d'une  pompe  assise. 

Le  basteau  de  lad.  nef  toult  neuf  garny  de  davyet,  totes 
et  de  une  douzaine  et  demye  d'avyrons 

Item,  il  y  a  en  lad.  nef  quatre  ancres  qui  a  telle  nef 
appartiennent 

Item  deux  cables  Pun  toult  neuf  qui  est  à  lad.  maison 
de  la  Pie  avecques  la  voielle  dud  mast  de  beaupré  et 
l'autre  cable  qui  n'est  gueres  bon.  Et  quelque  peu  de  viel 
cordaige  avecques  une  quantité  de  poullies  et  rouetz  qui 
sont  en  lad   nef. 

ARTILLERIE 

Il  y  a  en  lad.  nef  troys  -rosses  pièces  d'artillerye  de  fer, 
les  deulx  garnyes  chacune  de  deulx  bonettes  et  le  canon 
court  qui  n'a  que  une  bonette  affustés  et  montées  sur 

roeez. 

Trois  faulcons  ou  faulconneaulx  de  fonte  montés  sur 

roes. 

Deux  faulcons  de  fer  montés  sur  roes  sans  bonettes. 

Item,  il  y  a  en  lad.  nei  deux  grosses  pièces  d'artillerye 
de  fer  garnys  de  chacune  deulx  bonettes  et  d'affustz  montés 
sur  roez. 

USTANCILLES    ET    MUNICIONS 

Huit  lanternes. 
Dix  paniers. 
Douze  mannes. 

Douze  segles  dont  Tune  est  pleine  de  cullers  de  boys. 
Quatre  gastes  :  troys  grandes  et  une  petite. 
•    Quatre  pelles  ferrés. 
Une  pince  de  fer. 
Deux  racquettes. 
Trois  chevilles  à  espisser  cordaige. 


248 

Un  conaing  de  fer. 

Une  douzaine  et  demye  de  picques  ferrés. 
Six  pacquetz  de  dars. 
Une  cyee. 

Le  collect  de  fer  du  mastereau  de  la  petite  hune 
Deux  estandars  de   sargettc   rouge   et    blanche   et  les 
franges  de  mesmes. 

Arch.  comm.  du  Havre,  EE.  78. 


V 


Mandement  de  payement  à  Jehan  Lalemant,  des  répa- 
rations de  la  Grande   Loyse,  nef  amirale.  —  t  5 1  7, 

27  janvier  (n.  st.). 

(Coppie).  De  par  le  Roy. 

Notre  amé  et  féal.  Nous  avons  naguerez  ordonné  à 
notre  amé  et  féal  Guyon  Le  Roy,  vis  admirai  de  France, 
se  transporter  pour  aucune  noz  affaires  en  notre  pays  et 
duché  de  Normendye,  auquel  entre  autres  nosd.  affaires 
avons  donné  expresse  charge  de  visiter  la  grant  nef  Loyse 
admiralle  qui  est  de  présent  au  havre  de  notre  ville  de 
Honnefleu,  et  laquelle  comme  avons  entendu  se  deppérist 
par  faulte  de  luy  faire  quelque  radob  dont  elle  a  besoing 
et  aussi  affin  de  la  faire  tirer  du  lieu  où  elle  est  de  pré- 
sent parce  que  la  pluspart  du  temps  elle  y  demeure  à  sec 
et  la  faire  conduire  en  lieu  de  seuretéoù  elle  puisse  conti- 
nuellement flocter  de  toutes  marées  pour  la  conservation 
d'icelle.  Pour  lesquelles  choses  faire,  vous  mandons  par 
ceste  présente  que  les  deniers  qui  seront  nécessaires  y 
fournir  vous  les  baillez  et  délivrez  de  ceulx  de  votre  d. 
office  par  Tordonnance  dud.  vis  admirai  et  par  le  contre- 
rolle  en  quictances  qui  en  seront  fêtes  et  passées  par  notre 


249 

cher  et  bien  amé  Symon  du  Sollier  d),  demeurant  aud. 
Honnefleu.  Et  de  ce  que  aurez  fourny  et  délivré  pour 
led.  affaire  à  quelque  sommequ'il  se  puisse  monter  nous 
vous  en  baillerons  tel  acquit  qui  vous  sera  nécessaire,  en 
rapportant  seullement  la  présente  avec  l'ordonnance  de 
notred.  conseiller  et  vis-admiral  ;  sy  n'y  vueillez  faire 
faulte  ne  difficulté.  Donné  à  Paris,  le  xxvije  jour  de  jan- 
vier, Tan  mil  cinq  cens  seize.  Ainsi  signé  :  Francoys  et 
de  Neuf  vil  le.  Et  à  la  subscription  desd.  lectres  estoit 
escrip.  A  notre  amé  et  féal  conseiller,  Jehan  Lalemant, 
receveur  général  de  noz  finances  en  Normendye. 

Colacion  faicte  à  Voriginal  par  moy,  Guillaume 
Preudomme,  notaire  et  secrétaire  du  Roy.  le  dixme  jour 
de  novembre,  Van  mil  cinq  cens  dix-sept.     Prkudomme. 

Arch.  comm.  du  Havre,  EE.  79. 


VI 


Dépenses  pour  amener  la  Loyse  au  Havre-de-Gràce . 
Sans  date. 

Pour  la  nef  nommée  la  Grant  Loyse  semble  pour  le 
présent  que  le  moins  qui  s'y  peult  faire  de  mises  pour  la 

(1)  Né  vers  1451,  Simon  du  Solier  était  tabellion  à  Honfleur 
(siège  de  Pont-Audemer  et  de  Grestain)  en  1489- 1524;  procureur- 
syndic  des  habitants  en  1499;  il  est  qualifié  «  écuyer  »  en  i5o5. 
C'est  entre  ses  mains  que,  vers  le  commencement  du  xvie  siècle,  se 
trouvait  un  précieux  manuscrit  qui  a  appartenu  à  la  librairie  de 
Charles  V  et  qu'aujourd'hui  possède  la  bibliothèque  de  Stockholm 
Le  Livre  de  Marco  Polo,  manuscrit  d'après  lequel  une  copie  avait 
été  faite  pour  l'amiral  de  Graville  au  temps  où  ce  manuscrit  était  à 
Honfleur.  —  Voy.  la  notice  de  M.  Léopold  Delisle  dans  la  Bibl.  de 
V Ecole  des  Chartes,  t.  XLIII,  p."  226  (1882). 


250 

mectre  hors  de  Honnefleu  et  conduire  au  Havre-de-Grace 
luy  est  requis  faire  se  qui  ensuit  : 

Premièrement. 

Pour  le  callefestaige,  bray,  estouppes,  clousterie  et 
paine  d'ouvriers,  la  somme  de  iijc  1.  t. 

Item,  fault  prendre  son  gouvernail  et  le  ferrer  comme 
il  appartient,  qui  pourra  couster  xl  1.  t. 

Item,  luy  fault  matz,  matereaulx  et  verges  tous  neufz 
et  pour  le  présent  ne  se  prendra  que  les  matereaux  des 
mysannes,  les  matereaux  de  devant  et  matereaux  de  beau- 
pré et  verges  qui  y  appartiennent  qui  pourront  couster  la 
somme  de  iijc  1.  t. 

Item,  pour  lesesseulx  des  ancres  qu'il  fault  faire  neufz, 
qui  pourront  couster  la  somme  de  xl  1.  t. 

Item,  fault  faire  les  paneaulx  tous  neufz  et  quelque 
partie  des  lisses  et  faire  paindre  lesd.  paneaulx  et  pavoys 
aux  armes  du  Roy  lx  1.  t. 

Item,  pour  advirons  de  bateaulx  et  callefaistaige  desd. 
basteaulx,  la  somme  de  xl  1.  t. 

Pour  pionnaige  à  tisrer  lad.  nef  hors  et  dans  le 
havre  de  Honnefleu,  la  somme  de  vjxx  1.  t. 

Pour  mectre  lad.  nef  hors  dud.  havre  de  Honnefleu  et 
la  conduire  au  Havre  de  Grâce  y  fauldra  deux  grans 
mers  (1)  ;  l'une  pour  saillir  au  bout  des  ballises,  l'autre 
grant  mer  pour  conduire  lad.  nefaud.  Havre-de-Grace, 
et  fauldra  entretenir  soixante  et  dix  mariniers  qui  pour- 
ront couster  en  gaiges  et  vitailles  iiijc  1. 1. 

Et  n'est  conté  cy  dessus  le  cordaige  jusques  à  dès  qu'elle 
soit  conduicte   au    Havre-de-Grace,    auquel  lieu   avant 

(1)  Des  marées  de  vive  eau  ordinaire,  dont  la  cote  est  7  m.  90. 
Le  niveau  des  pleines  mers  d'équinoxe  est  de  8  m.  3o.  —  Arnoux, 
Notice  sur  le  port  de  Honjleur,  p.  8  (1875). 


25' 

qu'elle  parte  pour  aller  en  voyaige  de  mer  luy  fauldra 
bien  trente  milliers  de  cordaige,  pour  ce  que  ceulx  qui 
sont  de  présent  ont  si  longuement  servy  qu^ils  ne  seront 
jamais  siables. 

Au  regard  des  voisles,  pour  cette  heure  on  ne  demande 
point  que  ceulx  qui  y  sont,  mais  si  failloit  aller  en  voyaige 
conviendroit  avoir  le  grant  tref  et  le  bourset  neufz,  aussi 
son  grant  mastzet  pareillement  deux  plattes  formes,  Tune 
pour  la  belle  et  Fautre  pour  le  derrière  de  la  nef  dont  ne 
se  conte  riens  cy  dessus. 

Arch.  coram.  du  Havre,  EE.,  79. 

VII 

Vente  de  la  nef  Saint-Laurent  à  V amiral  Gouffier 
de  Bonnivet  et  au  vice-amiral  Guyon  Le  Roy.  — 
1  5  1 7,   21  octobre. 

Je,  Jehan  Foucher,  huissier  du  Roy,  notre  sire  en  la 
court  de  parlementa  Rouen,  prometz  à  hault  et  puissant 
seigneur  monseigneur  Padmiral  de  France  et  à  monsei- 
gneur le  vis-amiral  de  France,  ou  proucureur  ?  par  eulx 
en  le  traicté  et  accord  passé 

devant  les  tabellions  de  ceste  ville  de  Rouen  de  leur 
bailler  Tadiudicacion  de  la  nef  nommée  saint  Laurent, 
laquelle  adiudication  a  esté  par  faicte  à  Honnefleu,  devant 
maistre  Jehan  le  Parche,  lieutenant  de  mond.  seigneur 
Padmiral;  laquelle  adiudicacion  je  leur  prometz  rendre 
à  mes  propres  fresz  et  despens  touteffois  qui  leur  plaise 
jouxte  ?  et  aussi  comme?  je  suis  tenu  au  contraict  et  obli- 
gacion  des  passée  pard.  lesd.  tabellions  et  en 

tent  ?  que  sont  lesd.  aultres  pièces  où  il  esteys  seulement 
bailler  je  les  ay  baillés  à  Martin  Chambon  (1),  secrétaire 

(1)  Receveur  de  l'amiral  en  i522.  Voy.  les  nos  X  et  XII. 


252 

de  monseigneur  le  vis  amiral.  Tesmoing  mon  signe  cy 
mis,  le  xxje  jour  d'octobre,  mil  cinq  cens  dix  sept. 

Foucher. 
Arch.  comm.  du  Havre,  EE.,  87. 

VIII 

Etat  du  matériel  nécessaire  à  la  nef  Princesse  pour  la 
conduire  au  Havre-de-Grdce.  —  Sans  date. 

C'est  se  qui  semble  estre  à  faire  pour  Theure  de  présent 
pour  amener  la  nef  Princesse  (  1  )  : 

Premièrement.  La  fault  callefester  despuis  sa  noyson 
en  sus  et  tous  ses  tillatz.  Et  aussi  fauldra  pour  la  su- 
retey  d'icelle  renforcer  et  cheviller  de  fer  pour  couldre 
les  membres  avecques  les  courbes  ferrés  et  painctes  qui 
pourra  couster  se  que  dessus  environ  la  somme 
de  iiijc  1.  tx. 

Pour  un  second  basteau  1  1.  tx. 

Pour  advirons  pour  les  basteaulx  xij  1.  tx. 

Pour  les  mastereaulx  garnis  de  verges,  non  comprins 
le  grant  mast,  la  somme  de  ijc  1.  tx. 

Item,  pour  chesnes  de  haulx  bans,  tant  pour  le  grant 
matz  que  pour  les  mastereaux  pourront  couster  environ 
la  somme  de  11.  tx. 

Item,  pour  les  funins  qui  appartiennent  aux  maste- 
reaux pour  aucières  à  touez  et  à  master  que  pour  quatre 

(r)  La  nef  Princesse,  appartenant  au.  roi,  est  mentionnée  dans 
l'ouvrage  de  M.  St.  de  Merval  (p.  206  et  256).  Le  capitaine  «<  Prince 
de  Brézé  »  y  est  identifié  avec  Louis  de  Brézé,  grand  sénéchal  de 
Normandie.  Il  y  a  là  une  erreur.  Le  capitaine  de  la  Princesse  était, 
non  point  le  grand  sénéchal,  mais  son  frère,  Gaston  de  Brézé,  sei- 
gneur de  Fauguernon  et  de  Plainbosc.  (Bibl.  Nat.,  ms.  fr.  26993, 
dossier  ii5i3,  n°  95.  —  Quittance  du  23  janvier  i525  (n.  st.) 


253 

câbles  qui  luy  fault  pour  la  mectre  au   Havre -de-Grace, 
pourra  monter   dix  milliers  cordaige  qui  pourra  couster 
le  millier  lxx  l.quiaud.  pois  se  morue,  la  somme 
de  vijc  1.  tx. 

Item,  pour  les  voisles  des  deux  mysannes  grandes  et 
petites,  du  bourset  de  devant  et  bourset  de  beaupré, 
pourra  couster  la  somme  de  iijc  1.  tx. 

Item,  pour  la  husnedu  mastereau  de  devant     xx  1.  tx. 

Item,  pour  conduire  lad.  nef  jusques  au  port  de  Grâce, 
pourra  estrequ^l conviendra  deux  grans  mers  avant  pour 
la  puisse  mectre  dedans  le  Havre-de-Grace  :  parquoy 
fauldra  cinquante  mariniers  pour  le  moins,  payez  et 
vitaillez  pour  lesd.  mariniers  qui  pourra  monter  environ 
la  somme  de  iiijc  1.  tx. 

Arch.  comm.  du  Havre,  EE.,  78. 


IX 


Commission  donnée  par  l'amiral  Bonnivet  à  Guyon  Le 
Roy  pour  vérifier  le  tonnage  des  navires  à  la  solde 
du  Roy.  —  1  5 18,  8  mai. 

Guillaume  Gouffier,  chevalier  de  l'ordre,  seigneur  de 
Bonnyvet,  conseiller  et  chambellan  ordinaire  du  Roy  et 
admirai  de  France,  A  tous  ceulx  qui  ces  présentes  lectres 
verront,  salut.  A  monseigneur  Guion  le  Roy,  chevalier, 
seigneur  du  Ghillou,  vis-admiral  de  France.  Pour  ce  que 
nous  avons  esté  advertiz  que  plusieurs  des  cappitaines 
commis  par  le  Roy,  nostre  sire,  à  la  garde  des  navires 
quHl  a  retenus  à  sa  soulde  estans  de  présent  aux  portz  et 
havres  de  Normendye  sur  lesquelz  led.  seigneur  nous  a 
baillé  la  totalle  charge  et  superintendence,  se  sont  renduz 
plaintifs,  disans  que  lesd.  navires  dont  ilz  ont  la  charge 


254 

sont  de  plus  grant  port  qu'ilz  ne  leur  ont  esté  baillées  et 
extimées  par  led.  seigneur,  et  que,  à  ce  moien  sont  inté- 
ressez en  leurs  gaiges  et  ne  peuvent  d'iceulx  satisfaire  à 
Pentretenement  et  fournissement  pour  la  garde  d^ceulx 
navires  (  i  ).  Et  d'autre  part  avons  esté  advertiz  que  aucuns 
des  autres  cappitaines  d^ceulx  navires  ont  plus  de  gaiges 
qui  ne  leur  appartient  pour  ce  que  par  leur  faulx  donne 
entendre  ont  fait  mectreiceulx  navires  de  plus  grant  port 
qu^ilz  ne  sont  pas,  et  tellement  que  à  ce  moien  leurs  gaiges 
montent  et  excédent  plus  grosse  somme  qu^lz  ne  dov- 
vent.  Quelle  chose  est  contre  le  droict  et  proffit  du  Roy, 
nostre  sire,  le  tout  par  le  mauvois  ordre  et  pollice  qui  par 
cy  devant  y  a  esté  et  est  encoures  de  présent.  Pour  aus- 
quelles  choses  obvyer  et  afin  que  lesd.  cappitaines  desd. 
navires  soient  pour  Padvenir  loyaulment  stipendiez  et 
que  led.  seigneur  puisse  savoir  au  vray  le  port  de  ses 
navires  d'iceluy  pays  et  y  mectre  prompte  provision,  et 
que  notre  honneur  comme  deesirons  y  puisse  estre  gardé, 
vous  mandons  et  commectons  par  ces  présentes,  en  vertu 
du  povoir  à  nous  donné  et  octroyé  par  led.  seigneur  en 
ceste  partie,  que  vous  vous  informez  et  acertenez  ?  suffi- 
samment et  bien  de  tous  lesd.  navires  estant  esd.  havres 
dud.  pays  de  Normendye  du  vray  port  d'icelles  en  les 
faisant  gauger  en  vostre  présence.  Appelez  avec  vous  telz 
maistres  de  navires  et  gens  à  ce  congnoissans  que  advi- 
serez.  Et  Tinformacion  et  gauge  que  ferez  envoyrez  par- 
devers  nous  seabiement  close  et  scellée,  pour  après  ce  veu 
y  mectre  et  donner  telle  ordre  et  provision  qu'il  appar- 
tiendra. Par  raison  de  ce  faire  vous  avons  donné  povoir, 
puissance  et  auctorité,  mandons  et  commandons  à  tous 
ceulx  qu'il  appartiendra  que  à  vous  en  ce  faisant  soit 

(i)  Les  gages  des  capitaines  étaient  proportionnels  au  tonnage. 


255 


obéy.  Donné  à  Amboyse,  le  viije  jour  de  may,  Pan   m 
cinq  cens  et  dix-huit.  Gouffier. 

Arch.  comm.  du  Havre,  EE.,  78. 


Rétrocession  à  Guy  on  Le  Roy,  vice-amiral,  d'un  droit 
de  prise  sur  un  navire  portugais  amené  à  Dieppe.  — 
i52i,  novembre. 

A  tous  ceux  qui  ces  présentes  lectres  verront  ou  orront, 
Jehan  Ango(i),  escuier,  viconte  et  garde  du  scel  aux 
obligations  de  la  ville  de  Dieppe  pour  très  hault  et  très 
révérend  père  en  Dieu  et  seigneur,  Monseigneur  l'arche- 
vêque de  Rouen,  salut.  Savoir  faisons  que  par  devant 
Rigault  Filleul  et  Raoul  Delaplancque,  tabellions  jurez 
aud.  lieu  de  Dieppe,  furent  présents  Michel  Delisle, 
derftourant  à  Vateville  et  Martin  Chambon  (2),  escuier, 
lesquelz  volontairement  recongnurent  et  confessèrent  le 
contenu  en  une  fueille  de  pappier  demouré  par  devers 
lesd.  tabellions  pour  registre,  de  laquelle  la  teneur  ensuyt  : 
Fut  présent,  Michel  Delisle,  demourant  à  Vateville, 
lequel  confessa  avoir  transporté  et  vendu  à  Martin  Cham- 
bon, escuier,  tout  et  tel  droict  qu^il  peult  prétendre  et 
avoir  es  succres,  maliaces,  nef,  artilleries,  appareils, 
marchandises  et  autres  choses  prinses  en  ung  navyre 
de  Porte,  en   Portugal,   naguères  prins  sur  la  mer  par 

(1)  Il  y  a  lieu  de  croire  que  la  prise  portugaise  dont  il  s'agit  dans 
cet  acte  avait  été  faite  par  un  des  navires  du  célèbre  armateur. 
Michel  Delisle,  Guillaume  Delisle,  son  frère,  de  même  que  Silvestre 
Billes,  tous  de  Vatteville,  ont  été  ses  capitaines. 

(2)  Receveur  de  l'amiral  en  i522,  commissaire  de  l'artillerie  de 
la  marine  à  Honfleur,  en  1 538  (Annales  maritimes,  juillet  1842). 
Epousa  Jacqueline  Naguet,  dont  la  famille  a  été  citée. 


256 

un  navyre  appartenant  aud.  Delisle  dont  estoit  maistre 
Guillaume  Delisle  (i),  son  frère,  et  amené  en  ceste  ville 
par  led.  Guillaume  et  autres  prétendans  droict  en  lad. 
prinse,  en  tant  que  se  peult  monter  le  total  droict  de  lad. 
nef,  la  moictié  des  victailles  d'icelle  et  la  totalle  part  dud  . 
maistre  et  ses  compaignons,  cappitaine  et  autres  prenans 
paye  aud.  navyre  sous  lad.  maîtrise.  Ensemble  luy  avoir 
vendu  la  moictié  de  ce  qu'il  reste  des  victailles  estantes 
aud.  navyre  lors  de  son  retour  et  arrivement  au  Havre 
de  Grâce  avecquez  sa  part  et  porcion  des  pouldres  et  mu- 
nitions estantes  aud.  navyre.  Ceste  vendue  faicte,  c'est 
assavoir  :  pour  le  droict  de  lad.  nef,  moictié  des  victailles, 
part  et  porcion  des  cappitaine,  maistre  et  ses  compai- 
gnons prenans  paye  end.  navyre  par  le  prix  et  somme  de 
cinq  cens  livres  tournois  que  paiera  et  s'est  obligé  payer 
led.  escuier  aud.  Delisle  au  derrenier  jour  de  ce  présent 
moys  ;  et  pour  la  moictié  du  reste  desd.  vitailles  et  poul- 
dres la  somme  de  troys  cens  cinquante  livres  dont  led. 
Delisle  a  esté  payé  de  la  somme  de  cinquante  livres  tour- 
nois et  le  reste  à  payer  lors  que  lad.  marchandise  prinse 
ou  partye  d'icelle  sera  adiugée  ou  déclarée  de  bonne 
prinse.  Et  au  moyen  que  led.  Ghambon  a  promis  bailler 
plege  suffisant  en  Normendye  aud.  Delisle  de  luy  payer 
se  mestier  est  la  somme  de  deniers  qu'il  auroit  receue  de 
la  vente  desd.  marchandises  d'autant  qu'il  en  auroit  plus 
vendu  qu'il  ne  luy  en  seroit  adiugé  de  bonne  prinse  et 

(i)  Capitaine  de  la  nèfle  Jacques,  en  i53  5.  Son  frère,  Michel 
Delisle,  dénommé  dans  l'acte,  est  le  marin  qui  a  fait  don  à  l'église 
de  Vatteville,  en  1028,  de  la  verrière  :  Vie  de  saint  Je  an- Baptiste 
(transept  sud,  deuxième  vitre).  Sa  description,  ainsi  que  celle  de  la 
première  verrière  donnée,  en  i52i,  par  «  le  maistre  de  la  Roumaine 
et  ses  bourgeoys  »,  se  trouve  dans  les  Eglises  de  l'arrondissement 
d'Yvetot,  par  M.  l'abbé  Cochet,  t.  Ier,  p.  i3  5. 


257 

d'autant  de  marchandise  que  led.  Chambon  auroit  vendue 
qui  ne  seroit  trouvée  de  bonne  prinse,  lad.  cauxion  res- 
pondra  de  ce  et  des  intérestz  et  dommaige.  Et  aussi  led. 
Chambon  a  promis  que  pour  raison  de  lad.  prinse,  led. 
Delisle  n'aura  perte  ne  dommage  et  led.   Delisle  promis 
et  s'est  submis  faire  ractiffier  se  mestier  est  ceste  présente 
vendue  ausd.  maistre  et  compaignons  et  auires  qui  end. 
droict  cède  pour  ce  prétendre  droict.  Et  le  tout  sur  Tobli- 
gacion  faict  le  deuxiesme  jour  de  novembre,  Pan  mil  cinq 
cens  vingt  et  un.  Signé  :  M.   Chambon,  ung  paraphe  et 
une  merche  estre  leur  propre  saint  et  obligacion  et  icelle 
avoir  signé  et  merché  des  saing  et  merche  y   apposez, 
promettants  icelley  contenu  tenir,  faire  et  accomplir  de 
point  en  point  sans  jamais  aller  an  contre,  sur  l'obligacion 
de  tous  leurs  biens  meubles  et  héritages  présents  et  ad- 
venir. En  tesmoin   de  ce  nous,  à   la  réclamation  desd. 
tabellions  avons  mis  à  ces  lectres  led,  scel.  Ce  fut  faict 
aud.  lieu  de  Dieppe,  le  dixiesme  jour  de  novembre,  Pan 
mil  cinq  cens  vingt  et  ung.  Signé  :  Jehan  Terrien,  pro- 
cureur de  lad.  ville  de  Dieppe,  et  Ector  Quignard. 

Filleul.  Delaplanque. 

Je,  Martin  de  Chambon,  dénommé  au  blanc  de  l'autre 
part,  confesse  avoir  cédé,  transporté  et  délaissé  à  noble  et 
puissant  seigneur  Monseigneur  Gyon  le  Roy,  chevalier, 
seigneur  du  Chillou  et  vis  amyral  de  France,  tout  et  tel 
droit  que  j'ay  eu  et  acquis  de  Michel  de  Lisle,  maistre  du 
navire  speciffié  et  déclaré  end.  blanc  par  et  aumoyen  que 
mond.  seigneur  m'a  restitué  la  somme  de  cinquante  livres 
tournois  que  j'avoys  paiées  aud.  De  Lisle  en  faisant  par 
moy  lad.  acquisicion  et  aussi  par  ce  que  mond.  seigneur 
c'est  submis  me,  acquicter  et  descharger  envers  led.  De 
Lisle  et  tous  autres  des  subgections  en  quoy  je  m'estoit 

17 


258 

obligé  par  le  contenu  dud.  autrepart.  Fait  soulz  mon 
saingcy  miys,  le  xviije  jour  de  novembre,  Pan  mil  cinq 
cens  vingt  et  ung,  en  présence  dud.  De  Lisle,  Jacques 
d'Estimauville,  escuier,  controolleur  au  grenier  à  sel  du 

Havre-de-Grace  et De  Ghambon. 

Arch.  comm.  du  Havre,  EE.,  78. 

XI 

Quittance  par  Pierre  Durant,  marchand  de  Rouen,  à 
Guyon  Le  Roy,  vice-amiral,  pour  des  sucres  venant 
de  Portugal. —  1  52 1,  28  novembre  (  1  ). 

Receu  par  moy   Pierre  Durant,  marchand  bourgoys, 
demourant  à  Rouen,  en  nom  et  comme  facteur  et  procu- 
reur de  Jehan  Becuid,   marchand,  demourant  en  Lisle- 
bonne  en  Portugal,  de  hault  et  puyssant  seigneur,  Gyon 
le  Roy,  chevallier,  seigneur  de  Ghillou,  wys  admirai  de 
France,  les  deux   tiers  de  lxxj  casses  de  sucre  blanc,  de 
xxvd'excusmes,  de  vj  de  rexcusmes,  de  xiij  de  mellaces, 
de  xv  de   mesquanattes  en  ensuyvant   Tappoinctement 
entre  led.  seigneur  et   moy  end.   nom   recours  end.  ap- 
poinctement   desquelles   deux  parties  des  casses  dessus 
spécieffiées  je  tiendz  quicte  led.  seigneur  et  tous  autres 
promectant  que  jamais  pour  raison  desd.  deux  tiers  par 
moy  receuz  aucune  chose  demanderay  aud.  seigneur  et 
tous  autres  quelzconques.   Tesmoing  mon  signe  cy  mis 
le  xxviijme  jour  de  novembre  Fan  mil  cinq  cens  et  vingt 
et  ung.  Et  se  ay  receu  la  coppie  du  translat  des  lectres 
dud.  Jehan  Becuyd  faisant  mencion  de  lad.  marchandise, 
laquelle  n^st  signée  ne  aprouvée.  Durant. 

Arch.  comm.  du  Havre,  EE.,  78. 

(1)  Voy.  le  n°  XV,  du   Ier  juin  i522. 


2)9 

XII 

Radoub  et  avitaillement  de  la  nèfle  Christophe. 
i522,  mai  (i). 

Premyèrement  ;  pour  ce  que  led.  Cristophe  au  retourt 
de  son  dernier  veoyaige  frappa  en  terre  à  la  Hogue,  fut 
rompu  son  masz,  perdu  câbles,  ung  ancre  et  beaucoup 
d'autres  choses  rompues  de  lad.  nef,  parquoy  a  convenu 
faire  masz  nouveau,  verge  et  partie  des  chasteaulx  ;  calle- 
feter  hault  et  bas,  dehors  et  dedans  et  mètre  du  bordaige  ; 
qu'il  a  convenu  faire  deux  câbles  neufz  et  emprunter  ung 
autre  ;  faire  hobens  neufz  et  beaucoup  de  menu  cordaige 
pour  faire,  le  tout  se  monte  l'adoub  et  de  ce  qui  est  de- 
vant dit  y  compregniant  mains  d'ouvriers,  ferraiges, 
bray,  gontran  et  estouppes  le  tout  revyent  à  la  somme 
de  iiijc  iiijxxl. 

Cy  aprez  ensuyt  la  myse  des  vitailles  : 

Premièrement. 

Pain  biscuit,  deux  mil  cinq  cens  douzeines  qui  coûte 
seze  livres  le  cent  qui  est  pour  led.  biscuit  iii jcc  1. 

Item,  pour  pain  fraiz  xx  1. 

Item,  pour  bruvaige  soixante  quinze  pippes  de  sidre, 
vallant  fust  et  lye  la  somme  de        xxxx  xvj  1.  xvij  s.  vj  d. 

Item,  pour  les  despens  de  ceulx  qu'ilz  ont  cherroyer 
et  fait  emplir  les  bruvaiges  et  les  arrimer  à  la  nef,  la 
somme  de  xij  1. 

Item,  pour  douze  pippes  à  mectre  les  eaues,  pour 
ce  vj  li. 

(i)  Voy.  la  pièce  no  XIX.  Elle  fait  connaître  qu'à  la  suite  de  cet 
armement,  le  Christophe,  équipé  en  guerre,  partit  du  port  de  Hon- 
fleur  au  mois  d'août  i522,  croisa  au  large  des  Açores,  fit  des  prises 
sur  les  Espagnols,  puis  fut  capturé  par  les  Portugais. 


260 


Item,  pour  cinq  pippes  et  demye  de  beuf  l'une  portant 
l'autre  vingt  livres  la  pippe  fusz  et  scelz  ce  monte  la 
somme  de  cx  *■• 

Item,  a  esté  fourny  aud.  Cristophe  pour  ce  présent 
veoyaige  quatre  vingtz  cotez  de  lart  dont  les  quareinte 
à  vingt  deux  solz  pièce  coûtent  quareinte  quatre  livres, 
les  autres  quareinte,  coûtent  vingt  quatre  solz  pièce  qui 
est  pour  lesd.  quareinte  quareinte  huit  livres  et  aussy 
revyennent  lesd.  iiijxx cotez  a  iiijxx  xij  i. 

Item,  pour  jours  mesgres  une  pippe  plaine  de  poix  et 
une  autre  plaine  de  febves  qu'ilz  revyennent  lesd.  deux 
pippes  sensz  et  sont  à  xx  1.  iiij  s. 

Item,  de  beurre  en  a  esté  achepté  sept  cens  quatre- 
vingtz   livres  de   beurre  nect   à  six    frans   le  cent,  val- 

lant  xlv)  L  xv)  s' 

Item,  a  esté  achepté  en  Brethaigne  par  le  cappne  Al- 

lonce  (i)  pour  led.  Cristophe  encores  cinq  cens  livres  de 

beurre  qui  coûtent  aud.  pays  la  somme 

^g  xx  1.  viij  s.  iiij  d. 

Item,  pour  une  pippe  de  vin  aigre  et  ung  baril  davan- 

taige  X1J  *' 

Item,  pour  cent  cinquente  livres  de  chandelle  à  quinze 
deniers  la  livre  qu'ilzvallent  la  somme  de     ixl.  vijs.  vj  d. 

Item,  pour  deux  douzeines  d'avyrons  iiij  1. 

Item,  pouldre  pour  TartiUerve  :  y  luy  en  avoit  de 
l'autre  veoyaige  troys  cens  livres  de  reste  et  pour  cette 
heure  luy  en  a  esté  baillé  troys  cens  livres  qui  est  pour 
lesd.  pouidres  xxx  '• 

Pour  six  demys  barilz  à  les  mectre,  pour  ce         xviij  s. 

Item,  pour  plomb  à  faire  plombées  et  pour  dez  de  fers 
et  pour  pierres,  pour  ce  vj  1- 

(i)  Alonce  de  Bellesonce,  capitaine  de  la  barque  Jean- Denis,  en 
i5i2.  (Spont,  p.  49>  note') 


26l 


Item,  pour  faire  deux  afusz  neufz  à  deux  grosses 
pièces,  pour  faire  ferrer  et  acoutrer  autres  pièces,  pour 
ce  viij  1. 

Item,    pour  faire  un  esiandart  et  quatre  ban- 
nyères  xij  1. 

Item,  pour  bidons,  bonquestz  et  autres  platz,  escuelles, 
pour  ce  c  s. 

Item,  pour  estouppes  qu'il  a  fallu  porter  à  la  nef, 
soixeinte  livres,  qu'il  vallent  xxx  s. 

Item,  pour  Estimauville  (i)  qui  alla  à  la  Hogue  pour 
led.  navire  qui  esté  frappé  à  terre,  câbles  et  ancres  perdus 
et  le  masz  coupé  pour  la  depence  dud.  Estimau- 
ville viij  1. 

Item,  pour  la  despence  de  vin^t  cinq  compaignons  qui 
passèrent  ledit  Cristophe,  de  Grâce  à  Honnefleu,  et  cou- 
chèrent une  nuyct  à  la  radde,  pour  leurs  despens  de  lad. 
radde  aussy  pour  les  despens  qu'il  feirent  en  revenant  à 
Honnefleu,  pour  ce  c  s. 

Pour  le  suif  et  suaige  ?  de  la  nef  comprins  paille,  vade- 
aulx  et  de  disner  de  tout  Tesquipaige,  pour  ce     xx  1. 

Item,  pour  la  clouterye  de  toutes  sortes  qu'il  a  fallu 
mectre  de  provysion  ded.  la  nef,  ce  monte  pour  toute  la 
clouterye  ex  s. 

Item,  pour  lesgaigesdu  gardien  dud.  Cristophe  depuis 

la  Toussaint  jusques  au  premier  jour  de  mars  qu'ilz  font 

quatre  moys,  à  soixeinte  solz  par  moys,  vallant         xij  1. 

Comme  de  toutes  les  parties  cy  dessus  ce  monte  à  la 

somme  de  xv  c.  liij  1.  xj  s. 

(i)  La  terre  d'Estimauville  est  sur  la  paroisse  de  Toussaint-en- 
Caux.  Jacques  d'Estimauville,  dont  il  s'agit  ici,  prit  part  à  l'expé- 
dition de  Naples;  il  commandait  la  Foy  en  i5i2  et  faisait  partie  des 
hommes  de  guerre  de  la  morte-paye  de  la  garnison  de  Honfleur, 
en  octobre  i5i3.  Il  fut  souvent  employé  par  Guyon  Le  Roy  lors  de 
la  fondation  du  Havre. 


262 


Item,  que  le  veoyaige   dernier   qu'il   a  faict  la  myse 
monte  à  la  somme  de  xiij  c.  xxvij  1.  dont  monseigneur' 
l'admirai   paya   vj    c.    1.   et  le   vys-admiral   en    fournyt 
vij  c.  xxvij  1.,  pourquoy  mond.  seig.  l'admirai  debveroit 
pour   sa  moictié  dud.    veoyaige  dernier   la 
somme  de  lxiij  1.  x  s. 

Item,  debveroit  mond.  seigr  l'admirai  pour  le  veoyaige 
de  présent  iij  c.  viij  1.  pour  sa  moictié  sans  comprendre 
l'argent  preste  aux   compaignons  sur  leurs  leoyez,  qui 
feroit  en  somme  deu  au  vys-amiral,  la 
somme  de  iijc  iiijxx  vj  1.  v  s. 

Surquoy  est  à  rabatre  au  vys-admiral  quareinte  livres 
qu'il  a  receu  du  dixiesme  du  papier  vendu  du  veoyaige 
dernier,  pour  ce,  cy  xl  1. 

Item,  led.  vys-admiral  a  vendu  cinq  pièces  de  camellot 
qu'ilz  estoient  encores  du  dernier  voyaige,  qu'ilz  ont  esté 
venduz  la  somme  de  xxx  1. 

Qui  est  à  rabatre  quinze  livres  pour  la  part  de  mon- 
seigr  l'admirai,  pour  ce  xv  1. 

Item,  pour  une  petite  barque  qui  a  esté  vendue  la 
somme  de  soixeinte  livres  dont  en  tient  pour  le  dixiesme 
à  monseig'  l'admirai  six  livres  donc  led.  vys-admiral  tient 
compte  à  mond.  seigr  l'admirai  desd.  six  livres. 

Et  pour  la  part  de  la  vente  de  lad.  barque  pour  mond. 
seigr  l'admirai,  la  somme  de  xv  I. 

Plus  receu  par  monseig1"  le  vis-admiral  du  dixiesme  de 
Thomas  Durant,  la  somme  de  iijc  1. 

Et  parce  resteroit encore  à  payer  par  mond.  seignr  l'ad- 
mirai la  somme  de  x  1.  6  s. 
Pour  recongnoissance  de  se  que  dessus  j'approuve  se 
que  dessus,  ce  xxiije  de  may  Ve  XXII  (i). 

Guyon  le  Roy. 
(i)  L'attestation  est  de  la  main  de  Guyon  Le  Roy. 


263 

Et  moy,  Martin  Chambon,  receveur  de  mondit  sei- 
gneur l'admirai,  pour  approbation  de  se  que  dessus  ay 
signé  le  présent  compte,  le  xxvje  jour  de  may  V^  XXII. 

De  Chambon. 
Arch.  comm.  du  Havre,  EE.,  78. 


XIII 

Dépenses  pour  la  nèfle  Christophe,  et  vente  de  marchan- 
dises provenant  d'une  prise.  —  1 522,  mai  [1). 

Ensuit  la  mise  qui  a  esté  t'ecte  dud.  navire  de  Chris- 
tophe : 

Pour  Estimauville  qui  alla  à  la  Hogue  pour  led.  na- 
vire qui  estoit  frappé  à  terre,  câbles  et  ancres  perdus  et  le 
maz  coppé,  pour  la  despence  dud.  Estimauville       viij  1. 

Item,  fust  vendu  par  le  maistre  dud.  navire  pour  sub- 
venir aux  affaires  et  remises  sur  lad.  nef,  fust  vendu  par 
luy  huit  pièces  de  camellot 

Item,  pour  descharger  lad.  net  pour  ce  qu'elle  faisoit 
eaue  pour  l'amener  à  Grâce  plus  seurement,  fust  frété  une 
navire  pour  porter  la  marchandise  à  Grâce,    la  somme 

de  •      x11- 

Desquelles  quarantes  livres  les  mariniers  de  l'esqui- 

page  en  paièrent  pour  leurs  pars  xx  1.  par  quoy  n'est  coté 

YY     1 

îcy  en  mises  que 

(1)  D'après  ce  document  et  celui  qui  suit,  il  est  aisé  de  comprendre 
que  la  nèfle  Christophe  avait  couru  la  mer  et  attaqué  des  navires 
marchands,  fait  des  actes  de  course  ou  de  piraterie,  auxquels  le 
vice-amiral  Guyon  Le  Roy  se  trouvait  plus  ou  moins  mêlé.  Aux 
xv  et  xvie  siècles,  les  ports  de  l'embouchure  de  la  Seine  ont  été 
des  nids  de  forbans  :  cela  est  de  toute  certitude.  Aujourd'hui  encore, 
on  y  armerait  sans  peine  un  corsaire. 


264 

Item,  pour  descharger  lad.  marchandise  et  la  mectreen 
cellier  xl  s. 

Item,  pour  la  despence  de  xxv  compaignons  qui  pas- 
sèrent led.  Cristophe  de  Grâce  à  Honnefleur  et  couchè- 
rent une  nuit  à  la  radde,  pour  leurs  despens  de  lad. 
radde  et  aussy  les  despens  qu'ilz  firent  alors  à  revenir  à 
Honnefleu,  pour  ce  cent  s. 

Et  n'auroit  aultre  chose. 

Aultres  mises  pour  led.  Cristophe  : 

Pour  le  callefaitage,  iiij  barilz  de  bray  xl. 

Item,  pour  ung  cent  d'estouppes  1  s. 

touttes  les  aultres  estouppes  qu'il  a  fallu  à  lad.  nef  était 
de  provision  dedans  lad.  nef. 

Item,  pour  charpentiers  et  calfaicteurs,  mast,  câbles  et 
cordages  et  aultres  choses  nécessaires,  ce  qui  aprez  s'en- 
suit : 

sur  le  cordaiges  lxx  1. 

Plus 


Pour  le  gardien  dud.  Cristophe,  depuis  la  Toussaint, 
jusques  au  dernier  jour  de  décembre,  pour  ses 
gaiges  vj  1. 

Pour  Pachat  du  grant  masz  dud.  Cristophe  xx  1. 

Pour  faire  ung  estendart  à  la  petite  hune  dud.  Cris- 
tophe et  quatre  bennyères,  Pune  au  matériel  de  la  grant 
hune,  une  sur  le  bout  du  chasteau  de  devant,  deux  sur  la 
poupe  derrière,  pour  toille  et  peinture,  pour  ce        xij  1. 

Sy  aprez  ensuit  ce  qui  a  esté  vendu  de  la  prinse  qu'a 
faict  le  navire  le  Cristophe  à  ce  dernier  voiage  : 

Et  premièrement. 

A  esté  vendu  une  pièce  de  velloux  que  le  grant  ve- 
neur a  vollu  avoir  dont  il  a  paier  iiijxx  iij  1. 


265 

Item,  a  esté  vendu  de  pappier  pour  iiijc  xxxvj  1. 

Item,  a  esté  vendu  demye  pippe  cildre  xv  s. 

Item,  a  esté  vendu  trois  pippes  de  cappres  lxvj  1. 

Item,  plus  a  esté  vendu  deux  barilz  de  paincture     x  1. 
Item,  a  estéencores  vendu  de  pappier  pour  xvij  1. 

Item,  a  esté  vendu  de  fyl  d^rbalestre  pour  lxxv  s. 

Item,  a  esté  vendu  xv  pièces  de  camellotz,  la  somme 
de  cent  1. 

Plus  a  esté  vendu  iiij  pièces  de  camellot  pour    xxviij  1. 
Plus  a  esté  vendu  d'acher  pour  lxvj  1. 

Pour  viij  c.  xxxvj  ltz.  xv  s. 

Item,  plus  a  esté  vendu  quatre  grans  cabaz  de  reisine, 
la  somme  de  xj  1. 

Somme  toutte  :  viij  c.  xlvij  ltz.  xvs. 

Plus  a   esté  vendu   quatre  petites    pièces  de  fustaine 

pour  xiiij  1. 

Plus  a  esté  vendu  de  papyer  pour  (  i  )  xij  1. 
Arch.  comm.  du  Havre,  EE.,  78. 

XIV 

Déposition  faite  devant  le  vice-amiral  Guy  on  Le  Roy 
par  Thomas  Durant,  maître  de  nef,  au  sujet  d'un 
galion  de  Dieppe  capturé  par  les  Portugais  (2).  — 
1  î)22,  6  mai. 

Du  sixiesme  jour  de  may,  mil  cinq  cens  vingt  deux, 
devant    nous  Guyon    le    Roy,    chevalier,  seigneur   du 

(1)  Quelques  mots  de  la  main  de  Guyon  Le  Roy. 

(2)  Cette  pièce,  très  intéressante,  relate  les  faits  suivants  :  un 
navire  de  Rouen,  que  l'enquête  ne  nomme  point,  arrive  à  Lisbonne 
le  16  mars  i522.   Huit   jours  après,   le   23   mars,  trois    bâtiments 


266 


Chillou,  vis  amyral  de  France,  présence  de  Pierre 
Cecire(t),  procureur,  à  Honnefieu,  de  monseigneur 
F  Amyral,  appelé  pour  adjoint  : 

Thomas  Durant,  de  Rouen,  maistre  d'une  nefdud. 
lieu,  appartenant  aux  héritiers  Rogean  ?  Lefevre  et  ung 
nommé  Saldaigne  (2),  marchand  d'icellui  lieu,  aagé  de 
cinquante  ans  ou  environ,  juré  et  examyné  sur  le  fait  du 
raport  du  voyaige  par  luy  fait  en  mer  marchandamment, 
duquel  voyaige  il  est  arryvé  cejourduy  en  la  radde  de 
Villerville,  près  led.  lieu  de  Honnefieu. 

A  dit  que  environ  karesme  prenant  il  party  de  la  ryvière 
de  Seyne  en  intencion  d'aller  à  Lixebonne,  au  pays  de 
Portugal,  auquel  lieu  il  arryva  le  second  dymence  de 
caresme  derrain  chargé  de  plusieurs  marchandizes  pour 


s'amarrent  auprès  de  ce  navire  ;  l'un  d'eux  est  la  Marie,  de  Dieppe  ; 
l'autre,  une  barque  espagnole,  qui  a  été  capturée  par  les  Dieppois  : 
ces  deux  navires  ont  été  pris  par  les  Portugais.  Le  roi  Jean  III  fait 
jeter  en  prison  les  marins  français  et  donne  l'ordre  de  les  pendre. 
Ces  circonstances  coïncident  avec  la  présence  du  corsaire  Jean 
Fleury  dans  les  parages  des  Açores  et  des  îles  Madère,  et  on  conçoit 
que,  par  contre-coup  des  prises  de  l'infatigable  corsaire,  la  popu- 
lation portugaise  exigeât  le  supplice  des  Français.  On  remarquera 
la  richesse  de  la  prise  faite  par  le  galion  de  Dieppe  :  les  caisses  de 
corail,  de  perles,  les  coffres  remplis  de  lingots  d'or  que  la  barque 
espagnole  contenait.  Ce  navire  venait  assurément  du  Mexique,  où  il 
avait  trouvé  dans  le  pillage,  par  Cortez,  du  trésor  royal  de  Monté- 
zuma,  les  éléments  de  sa  cargaison.  Il  faut  rapprocher  la  pièce 
ci-dessus  de  la  lettre  de  marque  que  M.  de  Fréviile  a  publiée  dans 
Mém.  sur  le  commerce  maritime  de  Rouen,  t.  II,  p.  43o,  et  qui 
est  datée  du  3  septembre  i522. 

(r)  Pierre  Cécire  du  Bocage,  bourgeois  de  Honfleur  en  i5i8  ; 
«  tenant  le  fief  du  Bocage,  à  Genneville  »,  en  022. 

(2)  Pierre  de  Saldaigne  et  Alonce  de  Civille,  cité  plus  bas,  dési- 
gnent de  riches  marchands  rouennais  d'origine  espagnole,  qui  ont 
tenu  un  rang  très  important. 


267 

lesd.  Lefebvreet  Saldaigne.  Et  luy  arryvé  aud.  lieu,  il  et 
tous  les  compaignons  de  son  esquippaige  eurent?  maul- 
vays  raceul  du  commun  peuple,  disant  icelluy  commun 
peuple  que  on  devoit  pendre  tous  les  Françoys  et  s'ilz  ne 
se  fusset  advouez  de  Alonce  de  Cyville  ilz  eussent  esté 
mal  receullés  et  traictés. 

Plus  a  dit  led.  Durant  que  huyt  jours  après  son  arry- 
vement  aud.  lieu  de  Lixebonne,  arrivèrent  en  icellui  lieu 
quatre  arbatroisses  dud.  pays  de  Portugal,  avecqz  ung 
gallyon  de  Dieppe  dont  estoit  maistre  Jacques  Morice  (1) 
et  capitaine  le  frère  (2)  de  Jacques  Fain,  aud.  lieu  de 
Dieppe,  et  une  barque  espaignolle  venante  des  Indes, 
laquelle  avoit  esté  prinse  par  led.  galiion  de  Dieppe  et 
depuis  reprinse  avecqz  led.  galiion  par  lesd.  quatre  arba- 
troisses dud.  pays  de  Portugal.  Et  eulx   arryvés  en   la 
ryvière  et  port  dud.   lieu  de  Portugal   pozèrent   l'ancre 
auprès  de  la  nef  dud.  Durant,  et  après  avoir  esté  amarrés 
allèrent  faire  leur  rapport  au  Roy  d'iceilui  pays  de  Por- 
tugal, lequel  commanda  mectre  tous  les  Françoys  estans 
aud.  galiion  en  prison  et  se  ordonna  qu'ilz  fussent  pendus 
le  lendemain  et  à   l'heure  ou  bien  tost  après  furent  mis 
lesd.  Françoys  estans  aud.  galiion  à  terre  atachés  par  les 
jambes  et  par  le  col  et  mis  aux  prisons.  Disant  oultre  led. 
Durant  qu'il  y  ult  ung  viel  baron  d'icelluy  pays  qui  se 
meist  à  genoulx  devant  le  Roy,  son  maistre,  lequel  dist 
qu'ilz  n'avoient  déservy  la  mort  par  autant  qu'ilz  n'a- 
voient  point  riens  qui  appartinst  aux  Portugalloys  et  que 
pour  faire  la  guerre  aux  Castillens  qu'il  ne  les  devoit 

(1)  Jacques  de  Saint-Morisse.  capitaine  de  marine  au  service  du 
grand  Dieppois  du  xvr«  siècle,  Jean  Ango. 

(2)  Jean  Fain,  autre  pilote  d'Ango,  «  a  été,  dit  M.  Guénin,  un 
des  émules  les  plus  hardis  de  Jean  Fleury  (Ango  et  ses  pilotes, 
p.  67).  Son  nom  revient  souvent  dans  les  actes  de  ce  temps. 


26? 


condampner  à  mort,  priant  led.  Roy,  son  maistre,  de 
rescorder  son  commandement,  et  alors  led.  Roy  com- 
manda Pexecucion  desd.  Françoys  estre  différée. 

Item  a  dit  que  le  commun  peuple  disoit  que  les  Por- 
îugalloys  et  Castillens  estoient  joinctz  ensemble  et  que 
les  Françoys  faisoient  la  guerre  aux  Castillens,  maiz  que 
c'estoit  autant  comme  à  eux  et  que  par  raison  on  devoit 
pendre  les  Françoys. 

Item  led.  Durant  a  dit  s'avoir  enquis  que,  pour 
vérité,  lad.  barque  espaignolle  estoit  prisée  valloir  à  Lixe- 
bonne  plus  de  deux  cens  mil  ducatz,  et  qu'il  y  avoit  en 
lad.  barque  huyt  casses  plaines  de  coural  et  de  perles, 
troys  coffres  plains  de  lingos  d'or,  sans  comprendre  l'or 
des  compaignons,  lesquelz  pouvoient  avoir  chacun  six  ou 
sept  livres  d'or  avecqz  deux  cens  casses  de  sucre  fin 
estantes  en  icelle  barque  dont  led.  Roy  de  Portugal  s'est 
saisy  de  tout. 

Interrogué  que  sont  devenus  les  Françoys  estans  aud. 
gallion  et  ainsi  constitués  prisonniers  que  devant  est  dit  : 

A  deppozé  qu'ilz  estoient  encore  aux  prison  à  son  par- 
tement  dud.  lieu  de  Lixebonne  qui  fut  la  veille  de  Pas- 
ques  fleuries  derraine  et  que  cependant  qu'il  a  esté  par 
delà  n'a  esté  aucunement  donné  à  boire  ne  à  manger 
ausd.  Françoys  de  Tesquipaige  d'icellui  gallion  synon 
par  led.  Durant  et  ses  compaignons  en  faveur  de  charité. 

Inquis  si,  il,  et  ses  compaignons  ont  aucune  choze 
trouvé  par  la  mer  depuis  son  partement  dud.  lieu  de 
Lixebonne  ; 

A  dit  que  au  sortir  d'icellui  lieu  de  Lixebonne  trou- 
vèrent une  nef  d'Espaigne  esquippée  en  guerre  qui  les 
chassa  deux  jours  et  une  nuyt,  et  à  force  de  voille  s'es- 
toient  saulvés,  Et  en  passant  par  le  travers  de  Surlingues 
avoient  trouvé  deux  autres  navyres  de  guerre  dud.   pays 


269 

d'Espaigne,  lesquelz  leur  avoient  donné  pareillement  la 
chasse  dont  ilz  se  sont  semblablement  saulvés  à  force  de 
voille;  et  est  tout  le  rapport  que  led.  Durant  seauroit  fait 
desondit  voyaige. 

Guillaume  Boutiée,  barbier  de  Tesquipaige  de  la  nef 
dudit  Durant,  demeurant  aud.  Honnetieu,  aagé  de  trente 
ans  ou  environ,  juré  comme  dessus  : 

A  dit  qu'il  party  dedens  la  nef  dud.  Durant  premier 
examyné  environ  caresme  prenant  derrain  en  in  tendon 
d'aller  à  Lixebonne,  au  pays  de  Portugal,  où  il,  ledit 
Durant  et  les  autres  compaignons  de  son  esquippaige 
estoit  arrivez  le  second  dimence  de  caresme  derrain.  Et 
environ  huit  jours  après  y  estoient  arryvés  quatre  arba- 
trousses  dud.  pays  de  Portugal  avecques  ung  gallion  de 
Dieppe  et  une  barque  espaignolle  qui  avoit  esté  prinse 
par  led.  gallion  et  depuis  reprise  avecqz  led.  gallion  par 
lesn.  quatre  arbatrousses  ;  duquel  gallion  estoit  cappitaine 
le  frère  de  Jacques  Fain,  dud.  lieu  de  Dieppe,  et  maistre 
Jacques  Morice,  et  eulx  arryvez  en  la  rivière  et  port  dud. 
lieu  de  Lixebonne  pozèrent  Tancre  au  plus  près  de  la  nef 
dud.  Durant,  par  après  allèrent  faire  leur  rapport  au  Roy 
d'icellui  pays  de  Portugal,  lequel  commanda  tous  les 
Françoys  estans  aud.  gallion  estre  mis  en  prison  et  le 
lendemain  estre  pendus.  Tantost  après  lequel  commanda 
lesd.  Françoys  d'icellui  gallion  furent  mis  à  terre,  atachés 
par  les  jambes  et  par  le  col  et  menés  aux  prisons.  Lors 
duquel  commandement  fait  par  le  Roy  dud.  pays  de 
Portugal  y  avoit  un  viel  baron  d'icellui  pays,  lequel  se 
mist  à  genoulx  devant  led.  Roy  son  maisire,  disant  que 
lesd.  Françoys  n'avoient  deservy  la  mort  parce  qu'ilz  n'a- 
voient  rens  prins  qui  appartinst  aux  Portugalloys  et  que 
pour  faire  la  guerre  aux  Gastillens,  qu'il  ne  les  devoit 
condampner  à  mort,  priant   led.   Roy    son  maistre   de 


270 


refroider  ?  son  commandement.  Et  alors  led.  Roy  com- 
manda l'exécution  desd.  Françoys  estre  différée,  et  lors 
disoit  le  commun  peuple  dud.  pays  que  les  Portugalloys 
et  Castillens  estoient  joinctz  ensemble  et  que  la  guerre 
que  faisoient  les  Françoys  aux  Castillens  estoit  autant 
comme  à  eulx  et  par  ce  que  on  devoit  pendre  les  Fran- 
çoys, laquelle  commenté  avoit  fait  très  mauvoys  raceul 
aud.  depposant  et  à  tous  les  autres  de  Pesquippaige  dud. 
Durant. 

Item,  a  dit  s'avoir  inquis  que  lad.  barque  espaignolle 
estoit  chargée  de  huit  casses  plaines  de  coural  et  de  perles, 
troys  coffres  plains  de  lingos  d'or,  sans  comprendre  Por 
des  compaignons  de  lad.  barque  espaignolle  venant  des 
Indes,  dont  chacun  desd.  compaignons  pouvoit  avoir  six 
ou  sept  livres;  et  s  y  avoit  en  lad.  barque  deux  cens 
casses  de  sucre  fin  dont  du  tout  led.  Roy  de  Portugal  s'est 
saisy. 

Interrogué  que  sont  devenus  les  Françoys  estans  aud. 
gallion  qui  auroient  esté  constitués  prisonniers,  a  dit 
qu'ilz  estoient  encores  à  son  partementdud.  lieu  de  Lixe- 
bonne,  qui  fût  la  veille  de  Pasques  fleuries  derraine,  aux 
prisons,  auxquelz  prisonniers  n 'avoit  esté  donné  aucunes 
à  boire  nemanger  pendant  qu'il  avoit  esté  par  delà,  synon 
ce  que  led.  Durant,  led.  depposant  et  les  autres  de  Pes- 
quippaige d'icelluy  Durant  leur  avoient  donné  en  faveur 
de  charité. 

Inquis  s'il  avoit  aucune  choze  veu  depuis  son  parle- 
ment dud.  lieu  de  Lixebonne,  a  dit  que,  au  sortir  d'icel- 
luy lieu  de  Lixebonne,  il  et  ses  compaignons  avoient  esté 
chassés  d'une  nef  de  guerre  d'Espaigne  deux  jours  et  une 
nuyt,  et  à  force  de  voille  s'estoient  saulvés.  Et  se,  avoit 
esté  chassez  de  deux  autres  navires  de  guerre  d'Espaigne, 
le  travers  de  Sorlingues,  dont  par  semblablement  ilz  s'es- 


271 

toient  saulvés  à  force  de  voille.  Et  plus   ne  sçavoict  que 
dépozé.  Guyon  le  Roy.  Cecire. 

Au  dos  est  écrit  :  Examen  contre  les  Portugualle^. 
Arch.  comm.  du  Havre,  EE.,  83. 

XV 

Arrêté  de  comptes  et  règlement  convenus  entre  Guyon 
Le  Roy,  vice-amiral,  et  un  marchand  de  Rouen  (  i  ).  — 
i  522,  ier  juin. 

Je  Pierres  Durant  (2),  demeurant  à  Rouen,  procureur 
du  sieur  Jehan  Becud,  maréchal,  demourantà  Lissebonne. 
confesse  avoir  rechut  du  sieur  Nicolas  Baudaire,  mar- 
chant, demourant  à  Dieppe,  estant  de  présent  en  ceste 
ville  de  Rouen,  pour  et  à  la  descharge  de  seigneur  Guyon 
Le  Roy,  sieur  de  Sillou,  et  vis  amiral  de  France,  la 
somme  de  onze  cens  quatre  vingtz  dix  huit  livres  quinze 
soubz  tournoys  pour  le  desrnier  apoinctement  faict  entre 
led  seigneur  et  moy  faysant  mention  led.  apoinctement 
de  cent  traize  casses  de  sucres,  du  quel  différant  avions 
chargé  arbitres  lez  quieulx  arbitres  nous  onvet  acordés 
par  le  moyen  que  led.  seigneur  seroit  tenu  me  payer  lad. 
somme  et  pour  ce  que  luy  rechues  par  les  mains  dud. 
Baudere  pour  et  à  la  descharge  dud.  seigneur.  Je  tiens 
quicte  led.  seigneur  et  tous  autres  de  lad.  somme  de 
xjc  iiijxx  xviij  1   xv  soubz  tournoys.  Tesmoing  mon  signe 

(1)  Il  s'agit  de  sucres  provenant  d'une  prise  faite  par  un  des  na- 
vires du  vice-amiral  et  qui  occasionna  une  affaire  portée  devant  le 
Parlement  par  des  marchands  portugais,  à  la  suite  de  laquelle  il  y 
eut  transaction. 

(2)  Un  Pierre  Durant  commandait  la  Pensée  en  i525,  navire  qui 
fut  attaqué  et  pris  par  des  vaisseaux  de  guerre  espagnols.  Gosselin, 
Doc.  pour  l'hist.  de  la  marine  normande,  p.  74-75. 


272 

manuel  sy  mis  le  premier  jour  de  juing  mil  cinq  cens 
vingt  et  deulx.  Et  la  quelle  somme  j1ay  endosée  sur  le  dos 
dud.  apoinctement  faict  entre  led.  seigneur  de  Sillou  et 
moy  en  ens.  la  santance  arbitralle  pour  servir  de  des- 
charge la  quelle  santance  et  apoinctement  je  devers  moy 
pour  me  servir  à  ma  descharge  vers  led.  Becuid  mon 
maistre.  Et  sy  et  acorde  touttes  foys  et  quantes  qu'il 
plaira  aud.  seigneur  de  Sillou  endoser  led.  payment  sur 
le  dos  de  la  santance  et  apoinctement  domct  il  a  le  parail 
du  myen  pour  luy  servir  de  descharge  du  payment  de  lad. 
somme  et  oultre  proummetz  et  acorde  aud.  seigneurs  de 
Sillou  et  Baudaire  leur  ayder  de  touttes  les  escriptures 
que  je  ay  touchant  lad.  santance  et  apoinctement  et  de 
se  qui  en  despant  et  ausy  de  la  procuration  et  pover  qui 
m'a  esté  baillée  par  led.  Becud  et  de  leur  en  ayder  et 
bailler  copies  touttes  et  quantes  qui  leur  plaira,  le  tout 
dûment  aprouvé.  Et  en  tesmoing  de  seu,  je  signe  ceste 
presante  de  mon  signe  manuel  sy  mis,  Fan  et  jour 
dessusdit  es  présances  et  de  Gauvain  Du  Val  et  Nicolas 
Morel,  bourgeois  de  Dieppe.  Durant. 

L'an  de  grâce  mil  vc  et  vingt  deux,  le  premier  jour  de 
juing,  à  Rouen,  devant  nous  Robert  Bour,  licentiè  es 
loys,  bailly  de  Dieppe,  est  comparu  par  Durant  dessus 
nommé,  lequel  à  la  requeste  et  présence  de  Nicolas 
Baudaire,  bourgeois  de  Dieppe,  stippullantpour  puissant 
seigneur  monseigneur  Guyon  Le  Roy,  chevalier,  vis  ad- 
mirai de  France,  confesse  le  contenu  cy  dessus  estre  en 
fait  et  obligacion  et  iceluy  avoir  signé  de  son  saing  et 
paraffe;  promect  end  tenir  et  acomplir  le  contenu  en 
icelle  selon  sa  forme  et  teneur  sur  Tobligacion  de  tous  ses 
biens  meubles  et  héritages  présents  et  advenir.  En  tes- 
moing de  ce,  à  la  présence  de  Gauvain  Du  Val  et  Nicolas 


273 

Morel,  avons  signé  ceste  pièce  recongnoissante  de  notre 
saing  manuel.  Lebour. 

Au  dos  est  écrit  :  Quictance  et  appointement  faict 
avecques  Pierre  Durant  pour  et  au  nom  de  Jehan 
Bescud. 

Arch.  comm.  du  Havre,  EE,  85. 


XVI 

Déclaration  devant  le  Lieutenant  de  l'amirauté  de 
Harfleur  des  marchandises  prises  sur  un  navire  por- 
tugais venant  de  Calicut  (i).  —  1524,  8  novembre. 

Gest  la  déclaration  de  partye  des  marchandises  trouvées 
en  une  nef  venant  de  Caillicou,  abordée  par  le  flambart 
de  la  Sallemandre  (2). 

Donc  a  esté  mis  en  lad.  nef  arrière  du  mast  saize  casses 
de  fil  de  soye  et  cent  bottes  dud.  fil  prinses  par  Jehan 

(1)  Ce  voyage  à  un  port  del'Hindoustan,  en  1  523-1 524,  appartient 
à  la  marine  portugaise  ;  c'est  seulement  trois  années  après  que  l'on 
mentionne  la  présence  de  navires  français  dans  les  mers  de  l'Inde. 

(2)  La  nef  la  Salamandre  était  un  navire  d'Ango,  et  il  est  fort 
possible  qu'il  soit  l'un  de  ceux  de  la  verrière  de  Villequier,  qui  en 
serait  ainsi  plus  digne  d'intérêt. 

Il  y  a  un  monument  d'un  caractère  historique  qui  excite  les 
souvenirs  de  cette  époque  (i522-i525)  :  c'est  le  beau  vitrail  de 
l'église  de  Villequier,  dont  un  combat  naval  occupe  le  milieu  dans 
toute  sa  largeur.  Deux  nefs  de  guerre,  leur  baucent  hissé  au  sommet 
du  mât,  s'attaquent  corps  à  corps.  Sur  la  plus  petite,  la  flamme  est 
jaune  et  porte  une  aigle  éployée  ;  sur  la  plus  grande,  la  flamme  est 
rouge,  avec  une  croix  blanche  au  milieu.  Le  pont  de  chacune  d'elles 
et  les  châteaux  de  proue  et  de  poupe  sont  chargés  de  combattants, 
parmi  lesquels  des  chevaliers  armés  de  toutes  pièces.  Sur  la  pou- 
laine  du  plus  grand  navire,  on  remarque  une  Salamandre  cou- 
ronnée d'or.    La   coupe  et  la  dimension  des  nefs,  le  gréement,  les 

18 


274 

Jolis,  chacune  botte  pesant  cinq  livres  et  quattre  balotz 
de  poyvre  prins  par  led.  Jolis. 

Plus  arrière  du  mast  traize  pipes  de  clou. 

En  avant  du  mast  huict  casses  de  fil  de  soye. 

Item,  en  troys  pipes  ung  poynson  et  demy  pipe  de 
clou. 

Ung  coffre  plain  de  pièces  de  damas  pesant  iiijxx  xvij 
pièces. 

Item  en  ung  aultre  coffre  deux  chefz  de  tafetas  figure. 

Cinquante  et  quattre  pacquetz  de  fil  de  soye  reteurs. 

Deux  pièces  de  sarge  rouge  large  à  frenge. 

Item  en  aultre  coffre  cent  cinquante  et  huict  pièces  de 
tafetas  de  damas  et  satin,  deux  chiefz  et  traize  pacquetz 
de  fil  reteurs  et  ung  nombre  de  esventeaulx  à  femme.  Et 
si  estoit  en  lad.  nef  quelque  nombre  de  poyvre  qui  estoit 
en  guernier  en  la  soulte  dont  il  ne  sçait  le  nombre. 

Baillée  par  led.  Poytevin  à  nous  Jehan  de  la  Masure, 
escuier,  lieutenant  au  siège  de  Harfleur  de  monseig. 
l'admirai  de  France,  le  viije  jour  de  novembre  mil  vc  xxiiij. 

De  Lamasure. 

Au  dos  est  écrit  :  Inventeyre  de  ce  que  aporta  Jehan 
Jolis  a  bretz  ?  du  dernier  voaige  qu^l  fist  à  la  mer  des 
marchandises  prises  des  Portuguallez  en  une  nef  venant 
de  Callicou. 

Arch.  comm.  du  Havre,  EE,  85. 


hunes  garnies  de  pavois,  remplacement  de  l'artillerie,  les  tentures 
qui  bordent  les  flancs  de  ces  navires  et  qui  sont  formées  de  bou- 
cliers, les  armoiries  peintes  sur  les  bordages,  enfin  les  riches  cos- 
tumes des  hommes  de  guerre  sont  autant  de  détails  que  ce  vitrail 
tout  exceptionnel  permet  d'étudier.  Signalé  et  décrit  par  M.  l'abbé 
Cochet  (Eglises  de  l'arr.  d'Yvetot,  t.  I,  p.  90),  il  a  été  restauré  en 
i85g,  grâce  aux  soins  de  ce  savant  archéologue. 


275 
XVII 

Placet  présenté  à  Louis  de  Bré\é,  lieutenant  général 
en  Normandie,  à  V effet  d\)btenir  les  morceaux  de  fer 
sauvés  de  la  «  Grande  Louise  ».  —  1  525,  19  mars 
(n.  st.) 

A    Monseigneur,     Monseigneur   le    Grand    Sénéchal, 
lieutenant  pour  le  Roy  en  Normendie. 

Supplyent  très  humblement  Jehan  Collette  et  Jehan 
Bullant,  povres  maréchaulx  demeurantz  au  Havre  de 
Grâce,  remonstrantz  que  par  l'ordonnonce,  adveu  ou 
commandement  des  officiers  ordonnés  pour  Tannée  passée 
sur  le  fait  du  radoub  des  navires  appartenant  au  Roy 
notre  sire,  et  pour  tousiours  subvenir  aux  affaires  dud. 
seigneur  penssantz  estre  payés  comme  ilz  avoient  de 
coustume,  ilz  ont  payé  deulx  ans  en  ça,  baillé  et  livré 
pour  led.  radoub  ainsy  qu'ilz  monstrent  par  attestacion 
signée  du  contrerolleur  dud.  affaire  ung  sy  gros  nombre 
de  fer  mis  en  œuvre  avec  la  clouterie  qu'il  a  convenu 
pour  led.  radoub,  qu'il  leur  reste  de  leur  payment,  la 
somme  de  neuf  cens  livres  tournois  ou  environ,  de 
laquelle  ou  an  peu  près  ilz  et  chacun  d'eulx  sont  obligés 
et  par  corps  au  payment  d'icelle  à  plusieurs  marchantz, 
tant  pour  le  charbon,  outilz,  paine  de  serviteurs,  vivres, 
argent  preste,  que  pour  le  fer  qu'il  leur  a  convenu  avoir 
à  faire  led.  ouvraige,  ce  qu'ilz  ne  pourroyent  payer  mais 
demeurroyent  à  jamaitz  destruictz  sans  vostre  ayde.  Par 
quoy,  de  rechief,  très  humblement  supplyent  Monseigneur 
que  en  faveur  de  pitié  il  vous  plaise,  de  votre  bénigne 
grâce  ordonner  de  leur  payment  ou  de  partie  d'icelluy  et 
que,  du  demeurant,  pour  tousiours  fournir  et  subvenir 
aux  affaires  desd.  navires,  il  leur  soit  baillé  la  vielle 
ferraille  ou  partie  sortissant  de  la  Loyse  aux  prix  qu'elle 


276 

sera  estimée  à  la  livre  par  gens  à  ce  recongnoissans,  le 
toult  en  rabatant  sur  ce  qu'il  leur  peult  estre  deu  et  ilz 
priront  Dieu  pour  vous. 

Monseigneur  du  Ghillou.  J'ay  ordonné  aux  supplians 
cy  dessus  dénommez  la  vielîe  ferraille  sortissant  de  la 
Loyse  ou  ce  qui  pourra  falloir  d'icelle  pour  satisfaire  à 
leur  payment  de  ce  qui  leur  est  deu  si  tant  est  qu'elle 
puisse  monter  à  plus  grant  somme.  Et  pour  ce  faire  leur 
en  bailler  et  délivrer  jusques  à  satisfacion  de  leurd.  deu 
ou  à  rabattre  sur  icelluy  se  elle  ne  se  peult  tant  monter. 
En  l'aprécyant  ou  faisant  aprécyer  à  ce  qu'elle  pourra 
valloir  et  ceste  présente  vous  vauldra  descharge.  Fait  à 
Harfleur,  le  xixme  jour  de  mars  Pan  mil  cinq  cens  vingt 
et  quatre.  Brézé. 

Au  dos  est  écrit  :  C'est  l'ordonnance  de  Monseigneur 
le  grant  séneschal  pour  la  délivrance  du  vieil  fer  de  la 
Loyse. 

Arch.  comm.  du  Havre,  EE.,  79. 


XVIII 

Levée  de  l'arrêt  mis  sur  quatre  navires  flamands 
chargés  de  pastel.  —  i525,  20  mars  (n.st.) 

Monseigneur  du  Chillou.  Aprez  avoir,  depuis  notre 
conclusion  de  hier,  entendu  comme  il  va  du  fait  des 
quatre  navyres  flamans  chargez  de  pastel  et  autres  menues 
marchandises  qui  sont  au  Havre,  apartenans  à  Guillaume 
Legras  et  Olyvyer  Parde  et  aussi  qu'ilz  ne  portent  nulles 
marchandises  préiudiciables,  j'ay  levé  la  main  de  l'arrest 
à  eulx  fait  et  leur  ay  donné  congé  de  partir.   Et  pour  ce, 


277 

mectez  les  à  délivrance.  Et  à  Dieu  qu'il  vous  ait  en  sa 
garde.  A  Honnefleu,  lexxme  de  mars.  Le  plus  que  tout  un. 

Brézé,(i). 

Même  autorisation  du  21   mars  à  deux  navires  chargés  de  même, 
appartenant  à  Jehan  Delayre. 

Arch.  comm.  du  Havre,  EE.,  84. 


XIX 

Enquête  à  Roscqff  sur  la  capture  d'un  navire  génois 
faite  par  Nicolas  de  Croixmare,  capitaine  *soub\  la 
charge  »  de  Jean  Fleury.  —  t  525,  2  mai. 

Le  ije  jour  de  may  vc  xxv  après  Pasques  à  Ronscou  (2) 

(1)  Louis  de  Brézé,  comte  de  Maulévrier,  baron  de  Mauny  et  du 
Bec-Crespin,  maréchal  hérédital,  grand  sénéchal  et  réformateur  du 
pays  et  duché  de  Normandie. 

A  la  même  époque,  une  tempête  suivie  d'un  violent  ras  de  mare. 
bouleversa  les  travaux  de  maçonnerie,  les  quais  et  les  fortifications 
du  Havre,  le  i5  janvier  i5a5,  dit  Guillaume  de  Marceilles  (p.  7)  ou 
le  22  du  même  mois  :  «  En  commémoration  de  ce,  se  faict  chacun 
an  une  procession  généralle  on  Ja  ville,  et  en  l'esglise  Notre-Dame 
d'icelle  se  chante  en  haut  une  grande  messe  des  trespassez.  »  C'est 
précisément  de  cet  événement  qu'un  ordre  de  paiement  donné  par 
Louis  de  Brézé   se  rapporte  :  «  Mandement  enjoignant  de  payer  à 
Jacques  d'Estimauville  la  somme  de  neuf  vingtz  dix  livres  pour  son 
remboursement   de   pareille  somme  advancée  pour  faire  retirer  de 
dedans  le  Havre  de  Grâce    que  de  dedans  le  sable  du  long  de  la 
mer  qui   bat  au    Chef  de  Caulx  le  nombre  de  trente-quatre  pièces 
d'artillerie  tant  de  fer  que  de  fonte  qui  auroient,  par    impétuosité 
d'un  flot  de  lad.  mer  advenu  aud.  Havre  le  22  janvier  derrain  passé, 
été  emportées  de  dessus  les  remparts  dudit  Chef  de  Caulx,  etc.  »  — 
Bibl.  nat.,  ms.   fr.  26993,  dossier  Brézé,  n°  11 3.  —  Ce  détail   est 
curieux,  mais  il  n'est  reproduit  ici  que  pour  seulement  indiquer  en 
quoi  consistait  l'armement   du  Havre   avant   la   construction    d'une 
tour  et  d'une  jetée  (i52g). 
(2)  Roscoff.  La  nef  génoise  avait  été  amenée  dans  ce  port  où,  sans 


278 

a  esté  faict  enqueste  pour  une  prinse  faicte  par  Nicolas  de 
Croimare  (i)  comme  il  s'ensuit  : 

A  dit  ledit  de  Croimare  estant  soubz  la  charge  du  cap- 
pitaine  Jehan  Fleury  (2)  que  une  neff  nommée  le  Jehan 
Baptiste,  de  Gennes,  prise  par  ledit  Jehan  Fleury,  le 
travers  de  Calix,  luy  a  esté  baillé  par  ledit  Jehan  Fleury 
pour  icelle  vendre  et  aprouficter  comme  estant  prise  sur 
les  Genevoys,  ennemys  du  Roy,  ainsi  qu'il  apierd  par  la 
charge  et  povoir  qu'il  en  a  dudit  Fleury  signé  de  sa  main 
dont  la  teneur  est  escripte  cy  après. 

Surquoy  ledit  de  Croimare  a  requis  luy  estre  faict  adju- 
dication d'icelle  prise  ce  que  luy  a  esté  octroyé,  ainsi  qu'il 
apartient  par  raison,  et  pour  faire  raison  et  justice  à 
chamcun  a  esté  le  maistre  dudit  navire  prins  à  examen 
qui  a  dit  ce  qui  s'ensuit  : 

Par  Poslede  Masto  aagéde  xxxiiij  ans,  natiffde  Gennes, 
patron  de  lad.  neff  nommée  le  Sainct  Jehan  Baptiste,  a 
dit  et  juré  par  son  serment  sur  les  saintes  évangilles  que 
lad.  neff  apartient  à  Phelipe  et  Vincent  de  Negro  frères, 

doute,  de  Croixmare  avait  été  obligé  de  relâcher.  L'amirauté  lui 
suscita  des  tracasseries  et  lui  disputa  la  prise  ;  l'un  et  l'autre 
manœuvrèrent  pour  avoir  l'avantage  du  vent. 

(1)  Nicolas  de  Croixmare  et  Jacques  de  Croixmare  ont  commandé 
des  navires  de  Jean  Ango.  Il  semble  qu'on  peut  les  rattacher  au 
village  de  Croixmare,  du  canton  de  Pavilly. 

(2)  Sur  Jean  Fleury,  voir  l'ouvrage  de  M.-Eug.  Guénin,  Ango  et 
ses  pilotes  (Paris,  1901,  in-80).  Ce  marin  a  été  un  audacieux  corsaire 
qui  a  vécu  dans  une  période  extraordinaire  où  se  sont  révélés  des 
officiers  de  marine  et  des  équipages  qui  ont  grandement  honoré  la 
Normandie.  Dans  le  reg.  de  la  confrérie  de  la  Charité  de  Notre-Dame, 
à  Honneur,  nous  avons  noté  les  noms  suivants  :  i5i3,  Nicolas 
Fleury  ;  1 5 18,  Jean  Fleury,  demeurant  rue  Haute  et  débiteur  d'une 
année  de  cotisation  ;  i5zo,  Christophe  Fleury,  frère  servant,  est 
inscrit  à  côté  de  Sylvestre  Billes,  autre  capitaine  d'Ango. 


279 

demourant  à  Germes  ;  que  alors  qu'il  partit  dud.  Gennes, 
la  ville  et  les  habitans  d'icelle  estoint  révoltez  contre  le 
Roy  tenans  le  party  de  l'Empereur,  ennemy  dudit 
seigneur,  et,  pour  ce,  déclare  lad.  neffestot  de  bonne  prise 
de  guerre  se  ainsi  est  que  lad.  ville  de  Gennes  soit  encores 
à  présent  de  party  contraire  audit  seigneur. 

De  parce  que  ledit  de  Groimare  a  dit  que  alors  que  lad. 
neff  fut  prise  fut  gecté  ung  pacquet  de  lectres  en  mer  :  a 
dit,  ledit  maistre,  sur  le  serment  que  desus  qu'il  fut  gecté 
en  mer  quelque  papier  qu'avoit  escript  l'escripvain  et  ne 
soit  que  c'est. 

Et  inquis  ledit  maistre  de  la  marchandise  qui  estoit 
dedans  lad.  neff  dit  qu'il  y  avoit  cinq  cens  quinttaulx  de 
plomb,  vignt  trois  grans  balles  de  garcnce  et  une  petite, 
six  balles  de  frise,  six  cens  boxtz  de  planches  ou  environ, 
cent  trente  barilz  de  goitron  ou  environ,  dix-huyt  balles 
de  lin,  ung  baril  d'estaing  ouvré. 

Guillaume  de  Sezin,  bonbardier  de  lad.  neff,  aagé  de 
xlv  ans  ou  environ,  natiff  de  Gennes,  a  dit  et  juré  par  son 
serment  que  lad.  nef  apartient  ausd.  Phelippe  et  Vincent 
de  Negro  et  fut  prise  le  travers  de  Calix  environ  le 
xxviije  jour  de  mars  derrain  passé.  Et  alors  qu'il  partit 
dudit  Gennes  icelle  ville  et  habitans  d'icelle  estoint  enne- 
mys  du  Roy,  tenans  le  party  de  l'Empereur  et,  parce,  dit 
lad.  prise  estre  de  bonne  guerre. 

Et  inquis  s'il  soit  qu'il  ait  esté  gecté  nulles  lectres  en 
mer  :  dit  par  son  serment  que  non. 

Et  inquis  quelle  marchandise  y  avoit  dedans  lad.  neff 
dit  qu'il  y  a  du  plomb  et  garence,  frise,  goitron  et  autre 
marchandise  dont  il  ne  sait  le  nombre. 

Baptiste  de  Ceste,  paige  de  lad.  neff,  aagé  de  xv  ans  ou 
environ  dit  qu'il  y  a  ung  an  qu'il  est  en  lad.  neff  et  qu'elle 
apartient  ausd.  Phelipe  et  Vincent  Negro  demourant  à 


28o 

Gennes,  et  qu'il  y  a  dedans  du  goitron,  du  plomb,  des 
garences,  de  frize  et  autres  marchandises  dont  il  ne  soit  le 
nombre  ;  et  oultre  dit  qu'il  a  esté  deschargé  en  Calix 
environ  quarante  ballotz  d'acier  et  aussi  quelque  autre 
marchandises  à  Envers,  là  où  ilz  ont  chargé  les  marchan- 
dises y  estans  de  présent. 

Jehan  Aimasse  Negro,  aagé  de  xxv  ans  interrogé  sur  ce 
que  dit  est  :  dit  que  lad.  neff  est  ausd.  Phelipe  et  Vincent 
Negro,  demourant  à  Gennes,  et  que  en  icelle  y  a  plomb, 
garence,  frises,  planches  et  autres  choses  susd.  dont  il  ne 
sait  le  nombre  et  dit  lad.  neff  estre  de  bonne  guerre  prise. 

Faict  par  nous  souscriptz  ou  lieu  de  Roscou  es  présences 
des  seigneurs  de  Lexpengoet  ?  Rollant  Bergolay,  Modest 
Dubost,  seigneur  de  Beaulieu,  Jehan  Bourset,  seigneur 
de  Thou,  Jehan  Laguedec  et  autres  à  Roscou,  le  ije  jour 
de  may,  Tan  mil  cinq  cens  vignt  cinq.  Ainsi  signé  : 
Morisse  Gelh,  J.  Lagadec,  notaire  présent. 

Collacionné  avecques  ung  orriginal  de 
et  prilz  motz  que  cy  dessus  est  contenu  escript  sur  papier 
non  vicié  ny  en  nulle  manière  suspecte  ce 

que  moy,  notaire  et  tabellion  de  la  court  de  S1  Malo,  ay 
veu  et  collacionné  de  mot  à  mot.  Tesmoing  mon  signe  cy 
mys  le  xiije  jour  de  may  l'an  mil  cinq  centz  vingt  cinq. 

Au  dos  est  écrit  :  Examen  de  Croixmare  du  voaige 
que  rist  avec  Jehan  Fleury. 

Arch.  comm.  du  Havre,  EE.,  85. 

XX 

Lettre  de  S1  Maars  à  Guyon  le  Roy.  — 
i  525,  5  mai. 

Monseigneur,  tant  de  si  bon  ceur  que  faire  puis 
tousiours   à  votre  bonne   grâce  me   recommande.   J'ay 


28l 


receu  voz  lectres  ensamble  ay  entandu  la  faveur 

qu'il  vous  a  plu  donnez  à  la  nef  Salmande  dont  vous 
mercye  bien  fort  et  se  vient  apropostz  vous  a  persévérez 
que  j'auray  voz  affaires  en  toutes  recommandascions.  Au 
demourant  en  ansuivant  san  que  maiiez  escript  j'ay 
preste  quarante  frans  à  votre  petite  nef  qui  va  au  Brésil 
comme  plus  amplement  pourrez  veoir  par  leur  certifficat 
que  je  vous  envoys  par  se  porteur  auquel  vous  prye, 
Monseigneur,  luy  baillez  lad.  somme  et  vous  rendra  led. 
certifficat.  Touchant  les  dix  esculz  que  je  prestys  à  la  rivée 
de  votred.  nef  je  les  ay  reseuz  par  le  cappitaine  de  la  Sal- 
mande. En  se  cartyer,  n'avons  rien  de  nouveau  fors  que 
quelques  scondes  ?  nouvelles  de  armée  de  mer  et  le 
partyr  je  le  croyray  quant  je  le  verray.  J'esparre  en  Dieu 
m'en  aller  en  court  dans  deux  jours  et  si  je  trouve  homme 
qui  veien  ?  en  votre  cartyer  je  vous  despartyray  des  nou- 
velles quy  pour  lors  y  courront.  Et,  Monseigneur,  s'il  est 
service  que  pour  vous  puisse,  vous  prye  m'en  advertyr  et 
de  bon  ceur  m'y  amployray  à  l'aide  du  créateur  du  monde 
auquel  je  prye,  Monseigneur,  vous  donnez  très  bonne 
santé  et  longue  vye.  De  Brest,  se  cinqme  jour  de  may. 
Seluy  qui  est  tousiours  prest  à  vous  faire  service, 

S  Maart  ? 
Arch,  comm.  du  Havre,  EE.,  87. 

XXI 

Réclamation  d'indemnité  par  Guy  on  le  Roy  au  sujet 
de  la  capture  par  les  Portugais  de  son  navire  le 
Christophe.  —  i527,  14  juillet. 

L'an  de  grâce  mil  cinq  cens  vingt  sept,  le  quatorzeiesme 
jour  de  juillet,  en  la  présence  de  nous  Richard  Barneville, 
tabellion  royal  en  la  viconté  d'Auge  et  sergenterie   de 


282 


Honnefleu,  et  commis  par  la  court  de  parlement  à  Texer- 
cisse   d'icelluy   tabellionnage   et   Jullien    Dufresne,    son 

adioinct,  Symon  du  Sollier,  Martin  Chambon,  

Eberoult,  Martin  Beschard,  Jehan  Fain,  Loys  Sengler 
et  Gilles  Des  Fossés,  escuîers,  a  esté  baillé  et  présenté 
requeste  à  noble  et  puissant  seigneur,  messire  Honorât 
de  Caix,  ambassadeur  pour  le  Roy,  notre  sire,  au  pays  et 
royaulme  de  Portugal,  par  noble  et  puissant  seigneur, 
messire  Guy  Le  Roy,  chevalier,  seigneur  du  Chillou,  vis- 
amiral  de  France,  tendant  par  icelle  que  led.  ambassadeur 
luy  baillast  et  donnast  lectres  de  l'ordonnance  et  décla- 
ration de  rescompense  faicte  par  le  Roy  de  Portugal  tant 
au  prouffit  de  feu  hault  et  puissant  seigneur,  monseigneur 
de  Bonnyvet,  en  son  vivant  admirai  de  France,  quedud. 
vis-amiral  et  de  cappitaine,  maistre  et  compaignons  de 
Fesquippage  d'une  nef  nommée  le  Cristofle,  du  port  de 
huit  vingtz  tonneaulx  ou  environ  que  led.  seigneur  du 
Chillou  disoit  luy  appartenir  et  aud.  seigneur  admirai 
par  moytié  et  icelle  avoir  esté  esquippée  en  guerre  sur  mer 
et  partye  de  ce  port  et  havre  de  Honnefleu  au  moys 
d'aoust  que  Ton  comptoit  mil  cinq  cens  vingt  deux,  et  de 
laquelle  estoit  lors  cappitaine  led.  Des  Fossés  (i)  et 
maistre  Jehan  Choquet  dit  Bon.  Et  que  durant  icelluy 
voiage  ilz  avoient  fait  plusieurs  prinses  tant  sur  les 
Angloys  que  sur  les  Espaignolz,  lors  ennemys  du  Roy 
notre  sire  et  de  ses  subiectz.  Lesquelles  prinses  consis- 
toient  en  cuyr,  draps,  pelombtz,  estains  et  mantes  et 
autres  marchandises.  Lequel  navire  le  Cristqfle,  biens, 
prinses  et  marchandises  dessusd.  led.  seigneur  vis-amiral 

(i)  Gilles  Des  Fossés,  cité  plus  haut,  est  inscrit  en  compagnie  de 
Martin  Beschard  sur  les  rôles  de  montres  d'hommes  de  guerre  de 
la  morte-paye  reçues  à  Honneur,  en  septembre  i520,  décembre  i5î7 
et  décembre  i528. 


28, 

disoit  et  estymoit  valloir  jusques  à  la  somme  de  quarante 
ou  cinquante  mille  escus  d'or  ou  plus,  avoient  esté  prins 
par  les  subiectz  du  Roy  de  Portugal,  lors  et  de  présent 
confédérez  et  alliez  de  ce  royaulme  et  les  cappitaine,  et 
maistre  et  compaignons  dud.  esquipaige  le  Cristojîe  ont 
esté  menez  en  terre  par  lesd.  subiectz  de  Portugal  et  par 
les  justiciers  et  officiers  d'icelluy  Roy  de  Portugal  en  la 
ville  de  Faro  avoient  esté  constituez  prisonniez  aux 
prisons  et  illec  estroitement  détenuz,  enférez  en  grant 
calamyté,  destresse  et  misérablement  treitez  de  leurs  per- 
sonnes par  Pespace  de  unze  moys  et  plus;  à  la  fin  des- 
quelz  unze  moys  lesd.  Des  Fossés,  cappitaine,  et  maistre, 
furent  délivrez  et  allèrent  devers  led.  Roy  de  Portugal 
pour  remonstrer  qu'ilz  avoient  esté  prins  sans  cause  ne 
raison  et  qu'il  leur  feust  ordonné  restitucion  leur  estre 
faicte  de  leur  navire  et  biens  qu'ilz  estimoientà  la  somme 
dessusd.  et  avoir  droitz  aux  intérestz  dud.  emprisonne- 
ment, temps  perdu,  et  encouru  durant  icelluy  empri- 
sonnement. Laquelle  rescompense  avoit  esté  déclairée  par 
led.  le  Roy  de  Portugal  pour  instrucsion  et  lettres  en 
avoit  esté  baillées  aud.  ambassadeur,  et  que  au  moyen 
d'icelle  récompense  et  déclaracion  led.  feu  seigneur  de 
Bonnyvet  en  son  vivant  avoit  receu  grant  nombre  de 
deniers  à  rabastre  sur  icelle  ainsi  que  dist  led.  seigneur 
vis  amiral  dont  il  luy  en  appartenoit  la  moytié.  Aprez 
laquelle  requeste  veue  et  délibérée  par  led.  ambassadeur 
a  esté  par  luy  dit  et  respondu  aud  seigneur  vis-amiral 
qu'il  avoit  certaine  congnoissance  que  led.  navire  le  Cris- 
tojîe avoit  esté  prins  par  lesd.  subietz  de  Portugal  et  qu'il 
avoit  veu  led.  Des  Fossés  et  maistre  en  la  court  dud.  Roy 
de  Portugal  poursuiv  lad.  récompense  de  déprédacion, 
que  icelle  leur  avoit  esté  déclairée  dont  lectres  ins- 

trucion  luy  en  avoit  esté  baillée  par  led.  Roy  de  Portugal 


284 

signée  de  sa  main  et  que  si  led.  seigneur  vis-amiral  voul- 
loit  envoyer  par  devers  luy  un  homme  scien  serviteur 
à  la  court  qu'il  luy  bailleroit  la  coppie  ou  vydimus  de 
lad.  lectre  en  instrucion  de  rescom pense  ce  led.  seigneur 
de  Bonnyvet.  Desquelles  choses  led.  seigneur  vis-amiral 
en  la  présences  des  dessd.  nous  a  requis  ces  présentes 
faites  et  signées  les  an  et  jour  dessd.  (  i  ). 

BARNEVILLE.  —  DîJFRESNE. 

Au   dos  est  écrit  :  Pour   Monseigneur  du    Ghillou 
contre  le  Roy  de  Portugal. 

Arch.  comm.  du  Havre,  EE.,  83. 


(i)  La  requête  était  formulée  tant  par  le  vice-amiral  Guyon 
Le  Roy,  propriétaire  pour  moitié  du  Christophe,  qu'au  nom  du 
capitaine  Des  Fossés  et  de  son  équipage.  Elle  méritait  une  attention 
particulière.  La  valeur  du  Christophe  était  estimée  40,000  à 
5o,ooo  écus  d'or.  Prenons  le  chiffre  moyen  de  45,000.  Vers  1527, 
l'écu  d'or  valait  2  livres,  et  la  livre  5  fr.  i5,  valeur  absolue.  Le 
calcul  fournit  une  somme  supérieure  à  2,700,000  francs  ;  tout 
hasardé  qu'il  soit,  il  donne  une  idée  du  profit  que  pouvait  produire 
une  expédition  conduite  avec  succès.  Un  grand  nombre  de  ces 
expéditions  maritimes,  au  retour  desquelles  les  équipages  revenaient 
chargés  de  butin,  ont  été  combinées  en  Normandie,  au  xvie  siècle. 
V Histoire  de  la  Marine  française,  par  M.  Ch.  de  la  Roncière,  nous 
les  fera  connaître  dans  le  troisième  volume  qui  est  sous  presse. 
C'est  une  œuvre  où  de  claires  vues  d'ensemble  sont  unies  à  des 
particularités  longtemps  négligées  et  qui  en  font,  pour  nous  autres 
Normands,  un  ouvrage  d'un  haut  intérêt. 


285 

XXII 

Mandement  enjoignant  de  payer  soixante~dou\e  livres 
treize  sous  au  maître-conducteur  du  navire  la  Cathe- 
rine, de  Rouen,  armé  pour  Terre-Neuve,  puis  équipé 
en  guerre  et  envoyé  à  la  poursuite  des  corsaires  an- 
glais jusque  par  le  travers  de  Vile  de  Wight  (i).  — 
1544,  IO  janvier  (n.  st.). 

Jehan  de  la  Porte,  receveur  des  denyers  communs  de 
la  ville  Françoise  de  Grâce,  payez  et  délivrez  comptant  à 
Jaques  Fresel,  maître  conducteur  de  la  nef  nomée  la 
Catherine,  de  Rouen,  du  port  de  cent  dix  tonneaux  ou 
environ,  la  somme  de  soixante  et  douze  livres  traize  solz 
tr.  pour  lad.  cause  ci  aprez  déclarez  :  pour  son  payement 
de  victuailles  et  autres  partyes  de  despense  cmi  sont  con- 
tenus en  la  déclaracion  cy  attachée  et  par  luy  fournyes  au 
moys  de  novembre  dernier  passé  dedans  lad.  nef  par 
notre  ordonnance  et  commandement.  Laquelle  nef  alors 
qu'elle  estoit  en  hamon  de  ladite  ville,  preste  et  advi- 
tuaillée  pour  faire  le  voyage  de  la  Terre  Nefve  aussi 
qu'elle  estoit  pour  faire  route  et  nous  voyans  à  la  voille 
deux  flouques  d'Angleterre,  venant  de  la  coste  de  su  droict 
à  la  Hève  du  Chef  de  Caux  qui  est  le  traver  delagueulle 
et  entrée  de  la  rivière  de  Seyne,  lesquels  par  cy  devant 
y  avoient  prins  plusieurs  dont  avyons  receu  lesd.  plaintes 
nous  a  cesd.  causes  et  pour  donner  crainte  aux  ennemys 
et  occasion  de  n'aprocher  et  venir  en  lad.  gueule  de  Seine 

(i)  A  cet  armement  se  rattachent  sans  doute  les  Lettres  patentes 
données  aux  habitants  du  Havre,  le  8  avril  1544,  et  portant 
exemption  de  contribuer  à  la  solde  de  5o,ooo  hommes  de  pied, 
sous  la  condition  d'entretenir  deux  brigantins,  armés  en  guerre, 
«  pour  descouvrir  le  long  de  la  coste  d'Angleterre,  durant  ladite 
année  ».  —  Arch.  comm.  du  Havre,  AA.,  10. 


286 


et  aussy  leur  faire  congnoistre  qu'il  y  a  tousours  navyres 
en  lad.  ville  prestz  de  leur  courrir  sus  quand  besoing  sera, 
avons  icelle  nef  promptement  et  à  la  mesme  marée  fait 
esquipper  de  cent  dix  homes  de  lad.  ville  et  estoit  cappi- 
taine  Nicollas  Lescollier,  escuyer,  seigneur  d'Aubreville, 
et  Jehan  Grecq,  maître  de  lad.  nef,  et  icelle  armée  d'une 
couleuvrine,  deux  faulconneaux  de  fonte,  deux  passe- 
vollans  de  fer,  piques,  haquebushes  et  autres  munycions 
de  la  ville,  outre  que  estoit  dedans  lad.  nef  pour  de  en  la 
compaignie  d'une  autre  nef  par  nous  semblablement  et 
ensemble  dilligence  faict  armer  et  esquipper  et  aller  in- 
vahir  et  prendre  sy  possible  estre  lesd.  flouques  ;  lesquelz 
furent  lesd.  deux  navyres  poursuyvis  et  chassez  jusques 
en  travers  de  Porlan,  coste  d Angleterre,  prez  Tisle  de 
Wight,  auquel  lieu  ilz  se  sonct  veneus  de  légèreté  de 
voille,  ainsy  que  lesd.  cappitaines,  maîtres,  esquippaiges 
nous  a  esté  dict  et  rapporté,  et  qu'ilz  rengèrent  lad.  coste 
d'Angleterre  en  laquelle  ilz  ne  trouvèrent  aucuns  navyres 
ennemys,  au  moyen  de  quoy  ilz  s'en  estoient  retournez. 
Et  pour  ce  faire  ont  vaqué  par  l'espace  de  cinq  jours 
entiers  durant  lequel  temps  ilz  ont  faict  la  despence  con- 
tenue en  lad.  déclaracion,  laquelle  despence  nous  avons 
par  l'advis  des  officiers  de  lad.  ville  ordonné  estre  payés 
des  denyers  communs  de  lad.  ville,  attendu  que  c'estoit 
pour  le  bien  de  lad.  ville  et  choze  publique  ;  et  aussy  que 
le  Roy  n'avoit  faict  délivrer  aucuns  denyers  pour  la  garde 
et  deffence  de  la  coste  de  Caux  à  Tentour  de  la  ville,  où 
lesd.  flouques  sont  par  ordinairement  à  naviguer  pour 
prendre  et  supprendre  led.  navires  et  subietcz  du  Roy 
habitans  aud.  pays.  Et  par  rapportant  lad.  présente  avec 
quittance  dud.  Jaques  Fresel,  lad.  somme  de  72  1.  i3  st. 
vous  sera  alouée  à  la  despence  de  voz  comptes  rendant 
iceulx.  Faict  le  dixme  jour  de  janvier,  mil  cinq  cent  qua- 


287 

rante  et  trois.  Pourlxxij  1.  xiij  stz.  —  Sanglyer,  De  Ratif, 

SoRTEMBOSC,   FaUCHER,  COLLIN  GeFFROY. 

Au  dos  est  écrit  :  Je,  Nicollas  Lebour,  confesse  avoir 
receu  de  Jehan  de  Lapone,  receveur  des  denyers  comuns 
de  la  ville  Françoyse  de  Grâce,  la  somme  de  soixante 
doulze  livres  traize  soubz  tornois  contenus  en  Tautrepart 
led.  Lebourg,  procureur  de  Jacques  Frcsel.  Faict  soub 
mon  sine,  le  xiijc  jour  de  janvier  mil  vc  xliiij. 

N.  Lkbour. 
Arch.  comm.  du  Havre,  EE.,  78. 


TABLE  DES  DOCUMENTS 


I.  1491.  —  Certificat  délivré  par  le  vice-amiral  Cauwart  au 
sujet  du  ravitaillement  de  la  nef  la  Louise  de 
France. 
IL  1491.  —  Charles  VIII  accorde  exemption  d'impôts  à  cinq 
cents  hommes  de  guerre  à  pied  levés  en  Nor- 
mandie pour  être  embarqués  sur  la  flotte  aux 
ordres  de  l'amiral  de  Graville. 

III.  15 16.   —  Inventaire  de  la  Grande  Louise,  nef  amirale. 

IV.  15 16.   —  Inventaire  de  la  nef  la  Barbe. 

V.  15 17.   Mandement   de    payement    à    Jehan   Lalemant, 

relatif  aux  réparations  de  la  Grande  Louise. 

VI.  {Sans  date.)  —  Dépenses  pour  amener  la  Louise  au  Havre. 

VII.  15 17.   —  Vente  par  adjudication  de  la  nef  Saint-Laurent. 

VIII.  (5.  d.)  —  Etat  du  matériel  nécessaire  à  la  nef  Princesse  pour 

la  conduire  au  Havre. 
IX.   15 18.   -    Commission    donnée    par    l'amiral    Bonnivet    à 
Guyon  Le  Roy  pour  vérifier  le  tonnage  des 
navires. 
X.   1521.  —  Rétrocession  à  Guyon  Le  Roy,  vice-amiral,  d'un 
droit  de  prise  sur  un  navire  portugais  amené 
à  Dieppe. 
XL   1521.   —  Quittance    par    Pierre    Durant,     marchand    de 
Rouen,   à  Guyon  Le  Roy,   vice-amiral,  pour 
des  sucres  venant  de  Portugal. 
XII.  1522.   —  Radoub  et  avitaillement  de  la  nef  le  Christophe. 

XIII.  1522.  —  Dépenses  pour  le  Christophe  et  vente  de  marchan- 

dises provenant  d'une  prise. 

XIV.  1522.  —  Déposition  faite  devant    le    vice-amiral   Guyon 

Le  Roy  par  Thomas  Durant,  maître  de  nef,  au 

19 


290 


sujet  d'un  galion  de  Dieppe   capturé  par  les 
Portugais. 
XV.   1522.   —  Arrêté  de  comptes  et   règlement   entre   Guyon 
Le  Roy,  vice-amiral,  et  un  marchand  de  Rouen. 
XVI.   1524.   —  Déclaration  devant  le  lieutenant  de  l'amirauté  de 
Harfleur  des  marchandises  prises  sur  un  navire 
portugais  venant  de  Calicut. 
XVII.   1525.   —  Placet  présenté  à  Louis  de  Brézé,  lieutenant  gé- 
néral en  Normandie,   à    l'effet    d'obtenir  les 
morceaux  de  fer  sauvés  de  la  Grande  Louise. 
XVIII.   1525.   —  Levée  de  l'arrêt  mis  sur  quatre  navires  flamands 
chargés  de  pastel. 
XIX.   1525.    —  Enquête   à   Roscoff  sur   la  capture   d'un   navire 
génois  faite  par  Nicolas  de  Croixmare,  capi- 
taine «  soubz  la  charge  de  Jean  Fleury  ». 
XX.   1525.    —  Lettre  de  Saint-Mards  à  Guyon  Le  Roy. 
XXI.   1527.   —  Réclamation  d'indemnité  par  Guyon  Le  Roy  au 
sujet  de  la  capture  par  les  Portugais  de  son 
navire  le  Christophe. 
XXII.   1544.   —  Mandement  enjoignant  de  payer  soixante-douze 
livres  treize  sous  au  maître-conducteur  du  na- 
vire la  Catherine,  de  Rouen,  armé  pour  Terre- 
Neuve,  puis  équipé  en  guerre  et  envoyé  à  la 
poursuite  des  corsaires  anglais  jusque  par  le 
travers  de  l'île  de  Wight. 


EXTRAITS 

DE 

COMPTES  DES  GUERRES. 

GENS  DE  GUERRE  DU  COTENTIN,  I34O. 
GARNISON    NORMANDE    DE   GUERNESEY,     I34O-I344. 

Publié    par  M.    Léopold  DELISLE. 


EXTRAITS  DE  COMPTES  DES  GUERRES 

GENS  DE  GUERRE  DU  COTENTIN,    I  340. 
GARNISON  NORMANDE  DE  GUERNESEY,    134O-I344. 

La  disparition  de  la  plus  grande  partie  des  archives  de 
la  Chambre  des  comptes  de  Paris,  par  suite  de  l'incurie 
et  du  vandalisme,  est  une  des  plus  grandes  calamités 
qu'aient  à  déplorer  les  amis  de  l'histoire  nationale,  et, 
tant  que  j'ai  eu  l'honneur  d'appartenir  à  la  Bibliothèque 
nationale,  je  me  suis  préoccupé  de  tout  ce  qui  pouvait, 
dans  une  mesure,  hélas  !  bien  faible,  atténuer  de  trop 
légitimes  regrets.  Au  temps  où  la  direction  du  départe- 
ment des  manuscrits  était  entre  les  mains  du  vénéré  M.  de 
Wailly,  j'ai  pu,  sous  ses  ordres  et  d'après  ses  instruc- 
tions, travailler  à  la  mise  en  ordre  d'une  masse  énorme 
de  parchemins,  mis  au  rebut  par  la  Chambre  des 
comptes,  et  revendus  au  poids  du  parchemin  par  des  spé- 
culateurs, à  la  veille  de  la  Révolution,  et  j'ai  présidé  à 
la  constitution  de  volumes  dans  lesquels  ont  pris  place 
des  milliers  de  documents  et  dont  les  deux  plus  impor- 
tantes séries  intitulées,  l'une  Lettres  royales,  l'autre  Quit- 
tances et  pièces  diverses  de  comptabilité,  sont  venus  compléter 
les  anciennes  collections  du  Cabinet  des  titres,  de  Gai- 
gnières,  de  Clairambault  et  d'autres,  et  forment  aujour- 
d'hui l'une  des  sources  les  plus  abondantes  de  notre 
histoire,  surtout  au  xive  et  au  xve  siècle. 


294 


Un  peu  plus  tard,  quand  mes  fonctions  m'appelèrent 
à  diriger  le  service  des  acquisitions,  je  m'efforçai  de  ne 
laisser  échapper  aucune  occasion  de  faire  entrer  au  dé- 
partement des  manuscrits  les  débris  des  archives  de  la 
Chambre  des  comptes  qui  apparaissaient  dans  des  ventes 
publiques  ou  dont  l'existence  m'était  signalée  dans  des 
fonds  de  librairie  et  dans  des  collections  privées  en 
France  ou  à  l'étranger.  Mon  successeur  au  département 
des  manuscrits,  M.  Omont,  n'est  pas  moins  actif  que 
je  le  fus  pendant  de  longues  années  à  rechercher,  sauver 
et  conserver  à  la  France  ce  genre  de  pièces  dont  la  rareté 
devient  de  plus  en  plus  grande,  en  même  temps  que  la 
valeur  en  est  de  plus  appréciée  des  travailleurs. 

La  Normandie  est  peut-être  la  province  qui  a  la  part 
la  plus  importante  à  revendiquer  dans  le  sauvetage  des 
restes  des  archives  de  la  Chambre  des  comptes.  On  le 
reconnaîtra  surtout  quand  reviendront  à  la  lumière  les 
innombrables  pièces  que  Dom  Le  Noir  avait  recueillies, 
pour  la  plupart,  dans  ces  archives,  et  qui  devaient  rem- 
plir vingt-cinq  volumes  in-folio,  annoncés  en  1788 
comme  prêts  à  être  imprimés,  sous  le  titre  de  :  Collection 
chronologique  des  actes  et  des  titres  de  Normandie,  concernant 
l'histoire,  les  familles  nobles  et  les  fiefs  des  trois  généralités 
de  cette  province,  depuis  le  onzième  siècle  jusqu'à  nos  jours. 

Nous  pourrons  bientôt  entrevoir  la  richesse  d'un  tel 
trésor  quand  M.  le  marquis  d'Harcourt  nous  aura  donné 
la  partie  que  Dom  Le  Noir  avait  détachée  pour  former 
les  Preuves  généalogiques  de  la  maison  d'Harcourt. 

L'usage  qui  a  été  fait  depuis  une  quarantaine  d'années 
des  pièces  provenant  de  la  Chambre  des  comptes  prouve 


295 

d'ailleurs  suffisamment  quelles  ressources  elles  fournis- 
sent à  l'histoire  de  notre  province  (i),  et  nos  archivistes, 
à  leur  tête  Charles  de  Beaurepaire,  leur  doyen  et  leur 
modèle,  se  sont  applaudis  de  la  part  qui  échut  à  leurs 
dépôts  en  1855,  lors  de  la  liquidation  des  magasins  de 
Danquin,  l'un  des  marchands  qui  ont  exercé  avec  le  plus 
d'intelligence  et  de  succès  le  commerce  des  vieux  par- 
chemins et  papiers  pendant  la  première  moitié  du 
xix°  siècle  (2). 

J'ai  toujours  présentes  à  la  mémoire  les  circonstances 
dans  lesquelles  j'ai  fait  arriver  à  la  Bibliothèque  nationale 
de  grandes  ou  petites  épaves  de  la  Chambre  des  comptes. 
J'ai  gardé  un  souvenir  attendri  du  jour  où,  après  avoir 
mis  un  peu  d'ordre  dans  le  cabinet  du  comte  de  Bastard 
d'Estang,  je  montrai  à  la  veuve  de  cet  illustre  apprécia- 
teur des  manuscrits  à  peintures  un  tas  d'environ  1,400 
parchemins  de  la  Chambre  des  comptes,  acquis  en  1830 
au  prix  de  500  francs,  et  qui  étaient  oubliés  au  milieu 
de  débarras  de  tout  genre;  je  n'eus  pas  plus  tôt  témoi- 
gné mon  admiration  pour  cette  collection,  jusqu'alors 
inconnue,  que  la  noble  dame  fit  empaqueter  ces  parche- 
mins et  me  dit  tout  simplement  :  «  Puisque  cela  vous 
intéresse,    emportez-le  à    la   Bibliothèque  ».   Le  cata- 

(1)  Je  citerai,  en  suivant  l'ordre  chronologique  de  publication,  mon  His- 
toire du  château  de  Saint-Sauveur-le-Vicomte,  1867  ;  —  les  Mandements  et 
actes  divers  de  Charles  V,  dans  les  Documents  inédits  de  l'histoire  de  France, 
1874;  —  la  Chronique  du  Mont-Saint-Michel,  de  Siméon  Luce,  1879  et 
1883  (Société  des  anciens  textes^  ;  —  les  Actes  normands  de  la  Chambre  des 
comptes  sous  Philippe  de  Valois  (Société  de  l'histoire  de  Normandie). 

(2)  Sur  cette  collection  on  peut  voir  les  notes  insérées  dans  le  Bulletin 
monumental^  2e  série,  t.  X,  1854,  p.  417-448. 


296 

logue  de  ces  pièces,  qui  a  été  publié  (i),  suffit  pour  en 
montrer  l'intérêt.  Avec  l'autorisation  de  la  donatrice, 
j'ai  cru  devoir  en  distraire  deux  pièces  d'une  valeur  par- 
ticulière, deux  lettres  originales,  l'une  de  Du  Guesclin, 
et  l'autre  de  Jean  le  Bon,  comte  d'Angoulême,  qui 
avaient  jadis  appartenu  aux  Archives  nationales  et  qui 
ont  été  réintégrées  dans  ce  dépôt.  En  me  remettant  le 
précieux  paquet,  Mme  de  Bastard  y  joignit  une  pièce  qui 
était  à  part  dans  son  salon  :  une  longue  instruction  diplo- 
matique, que  le  poète  Charles,  duc  d'Orléans,  avait  écrite 
de  sa  main,  pendant  qu'il  était  prisonnier  de  guerre 
en  Angleterre.  En  me  la  remettant,  elle  me  recommanda 
bien  de  la  garder  personnellement,  en  souvenir  de  son 
mari  et  de  son  fils,  le  général  de  Bastard,  recommanda- 
tion à  laquelle  il  n'a  pas  été  manqué,  lors  de  mon  dé- 
part de  la  Bibliothèque  (mars  1905),  quand  a  été  trans- 
formé en  don  entre  vifs  le  legs  que,  ma  femme  et  moi, 
nous  avions  fait  de  nos  livres  et  de  nos  papiers  à  un 
établissement,  affectionné  par  tous  deux  comme  une 
maison  de  famille  et  près  duquel  nous  avons  passé  l'un 
cinquante-trois  et  l'autre  quarante  années  de  bonheur. 

Une  vingtaine  d'années  après  le  don  de  Mme  la  com- 
tesse de  Bastard,  une  occasion  se  présenta  d'acquérir  en 
Angleterre  une  collection  d'environ  1,200  pièces,  venant 
pour  la  plupart  de  la  Chambre  des  comptes,  qui  avaient 
fait  partie  de  la  trop  fameuse  bibliothèque  de  Barrois. 
Avec  quel  empressement,  au  mois  de  juin  1901,  je  col- 
laborai au  déballage  des  caisses  dans  lesquelles  M.  Omont 

(1)  Dans  le  volume  intitulé  Les  Collections  de  Bastard  d'Estang  à  la 
Bibliothèque  nationale.  Nogent-le-Rotrou,  1885,  in-8°. 


297 

rapportait  de  Londres  un  notable  morceau  des  richesses 
bibliographiques  sorties  de  France  depuis  1849  et  exilées 
pendant  un  demi-siècle  dans  le  château  d'Ashburnham  ! 
Combien  je  félicitai  mon  collègue  de  nous  avoir  rapporté 
les  huit  grands  volumes  sur  les  feuillets  desquels  avaient 
été  montés  les  parchemins  de  la  collection  Barrois  ! 

J'ai  aussi  conservé  un  très  vif  souvenir  de  la  satisfac- 
tion avec  laquelle,  il  y  a  peu  de  temps,  je  reçus  d'un 
libraire  la  communication  de  six  volumes  de  comptes 
originaux  des  trésoriers  des  guerres  sous  les  règnes  des 
deux  premiers  Valois,  Philippe  et  Jean  (13  38-135  5).  J'y 
reconnus  des  documents  dont  les  historiographes  du 
xviie  et  du  xvme  siècle  avaient  fait  grand  usage,  et  dont 
la  disparition  avait  été  souvent  regrettée  (1).  La  Biblio- 
thèque put  en  faire  l'acquisition,  malgré  le  prix  élevé 
qu'on  en  demandait,  et  j'espère  qu'aucun  de  nos  histo- 
riens ne  regrettera  de  voir  ces  volumes  sur  les  rayons  de 
la  Bibliothèque  nationale.  C'est  dans  le  dossier  préparé 
en  vue  de  l'acquisition  que  je  prends  un  morceau,  sus- 
ceptible de  prendre  place  dans  le  volume  de  Mélanges 
que  publie  aujourd'hui  la  Société  de  l'histoire  de  Nor- 
mandie . 

Cet  ensemble  de  comptes  est  ainsi  décrit  par  M.  Omont 
dans  le  Catalogue  général  des  manuscrits  français  de  la 
Bibliothèque  nationale  (2) 


(1)  Je  ne  serais  pas  étonné  que  ces  registres  eussent  fait  partie  de  la 
collection  de  Jourvansault.  Au  commencement  d'un  des  registres  il  y  a  une 
note  du  début  du  xixe  siècle,  ainsi  conçue  :  «-  A  remettre  à  M.  le  Cer  de 
Crécy,  à  Dôle  (Jura).  » 

(2)  Nouvelles  acquisitions,  t.  III,  p.  272. 


298 

9236-9241  .  Comptes  originaux  des  trésoriers  des 
guerres  sous  les  règnes  de  Philippe  VI  de  Valois  et  de 
Jean  II.  (t338-i355.) 

I.-II.  f9236-q237).  Compte  de  Barthélemi  du  Drach, 
trésorier  des  guerres,  et  de  François  de  L'Ospital,  clerc  des 
arbalétriers,  pour  la  guerre  de  Gascogne  (1 338- 1  341).  — 
xxx  feuillets  et  882  pages. 

III-IV.  (9238-9230).  Compte  de  Barthélemi  du  Drach, 
pour  Post  de  Buiron fosse  et  de  Bouvines  (1  339-1341).  — 
xLvin  et  3  16  feuillets. 

V.  (92401.  Compte  de  Jean  du  Cange  pour  l'ost  de 
de  Bouvines,  etc.  (1  340-1349),  —  xxu  et  21  2  feuillets. 

VI.  (9241).  Compte  de  feu  François  de  L/Ospitalpour 
la  grande  armée  de  mer  et  les  autres  armées  de  mer  des 
années  1 340-1  342.  —  Fol.  42.  Compte  de  Jean  de  L'Os- 
pital  pour  Tannée  de  mer  de  Tamiral  Floton  de  Revel 
(1346- 1347).  —  Fol.  87.  Compte  de  Barthélémy  du 
Drach  pour  la  semonce  de  Compiègne  et  le  voyage  du 
duc  de  Normandie  (1346).  —  Fol.  1 58.  Compte  de 
Barthélemi  du  Drach  pour  Post  d'Amiens  et  de  Saint- 
Omer  (  1  3 5 5) .  —  194  feuillets. 

xive  siècle.  Parchemin.  6  volumes.  3qo  sur  3oo  milli- 
mètres. Demi-reliure. 

Le  plus  curieux  document  est  le  double  compte  qui 
remplit  les  deux  volumes  portant  les  nos  9238  et  9239 
du  fonds  français  des  nouvelles  acquisitions  (1).  Je  ne 
connais  rien  qui  donne  une  idée  aussi  complète  de  notre 

(1)  Ces  deux  volumes  étaient  jadis  réunis  en  un  seul,  composé  de  317  feuil- 
lets, dont  les  175  premiers  forment  le  ms.  9238,  et  les  autres  le  ms.  9239. 
Ont  disparu  les  deux  premiers  feuillets  du  commencement,  les  feuillets 
61-72  et  ce  qui  suivait  le  fol.  317.  Les  fol.  308-316  ont  subi  des  mutila- 
tions. 


299 


organisation  militaire  au  commencement  de  la  guerre 
de  Cent  Ans,  de  la  mobilisation  à  l'entrée  en  campagne, 
de   la  composition  des  compagnies,   de  la  solde,  de  la 
comptabilité,  et  la  dislocation  des  corps  de  troupe.  Il 
s'agit  des  opérations  qui  eurent  pour  théâtre  la  frontière 
de  Flandre,   et  qui   furent  assez  compliquées,  puisque 
les  sommes  dépensées  pour  les  gages  des  gens  de  guerre 
s'élèvent  à  1,235,959  livres  9  sous  tournois.  Il  existe  peu 
de  campagnes  de  cette  époque  dont  la  chronologie  de 
tous  les  détails  puisse  être  établie  avec  autant  de  rigueur. 
Les  opérations  se  divisent  en  deux  campagnes  :  lune 
appelée  l'ost  de  Buironfosse,  qui  fut  close  le  27  octobre 
1339;  l'autre,  l'ost  de  Bouvines,  terminée  le   27  sep- 
tembre 1340. 

a  Establies  des  chastiaus  sur  les  frontières  de  Flandres 
et  de  Hainnaut  après  le  département  de  Fost  de  Buiron- 
fosse feni  le  xxvij  jour  d'octobre  cccxxxix.  »  Fol.  25  1. 

«  Gens  d'armes  qui  servirent  en  Fost  de  Bouvines,  feni 
le  xxvije  jour  de  septembre  cccxl.  »  Fol.  2~5. 

Sont  désignés  comme  chefs  de  corps  ou  de  compa- 
gnies : 

Le   roi,   qui   prit  part  à  la  campagne  de  Bouvines 

(fol.  247). 

Jean,  duc  de  Normandie  (fol.  165  v°  et  223  v°)>  qui 
rejoignit  l'armée  sur  la  frontière  le  18  mai  1340. 

Gautier,  duc  d'Athènes  (fol.  25). 

Raoul,  comte  d'Eu,  connétable  de  France  (fol.   140 

et  275). 

Godemart  du  Fay,  gouverneur  de  Tournésis  (fol.  54  V0). 


3oo 

Louis  d'Espagne,  comte  de  Thalmont,  à  Lille  (fol.  91 
v°). 

L'amiral  Hue  Kieret  et  Nicole  de  Wasiers,  à  Douai 
(fol.  93). 

Jean  de  Vienne,  à  Mortagne  (fol.  102). 

Imbert  de  Choloy,  à  Cambrai  (fol.  102  v°). 

Robert  de  Wauring,  à  Saint-Venant  (fol.  131). 

Jean  de  Trainel  à  Aire  et  sur  les  frontières  de  l'Artois 
(fol.  132). 

Les  maréchaux  Mathieu  de  Trie  et  Robert  Bertran, 
sire  de  Briquebec  (fol.  160). 

Louis,  comte  de  Flandre,   de  Nevers  et  de  Rethel, 
lieutenant  du  roi,  à  Aire  et  à  Bapaumes  (fol.  191). 

Eudes,  duc  de  Bourgogne  (fol.  214). 

Le  roi  de  Navarre  (fol.  227). 

Le  comte  d'Alençon  (fol.  231  v°). 

Le  comte  d'Armagnac  (fol.  241). 

Gascon,  comte  de  Foix  (fol.  244). 

Amé,  comte  de  Savoie,  accompagné  d'Ame,  comte 
de  Genève  (fol.  24e). 

Adolfe,  évêque  de  Liège  (fol.  246  v°). 

Du  grand  compte  de  Barthélemi  du  Drach,  trésorier' 
des  guerres  (1),  j'ai  extrait  les  noms  de  gens  d'armes  du 
Cotentin,  qui,  sous  les  ordres  du  maréchal  Bertran,  ser- 
virent en  1 340  sur  les  frontières  de  Flandre  et  de  Hainaut, 
et  qui,  pour  la  plupart,  soutinrent  le  siège  de  Tournai 
pendant  les  mois  d'août  et  de  septembre  1340. 


(1)  Fol.  161  et  suiv. 


301 

Robert  Bertran,  sire  de  Briquebec,  mareschal  de 
France,  banneret,  et  xvj  escuiers  montez  au  pris,  du 
iiije  jour  d'avril  jusques  au  xxe  jour  du  dit  mois. . . 

Pour  la  venue  du  dit  mons.  le  mareschal  et  des  diz 
escuiers  du  pais  de  Gostentin  à  Paris,  par  viij  jours,  vj  1. 
xij  s.  par  jour,  lij  1.  xvj  s. 

Pour  leur  retour  de  Tournay  au  dit  pays,  par  xj  jours, 
vij  1.  x  s.  par  jour,  iiijxx  ij  1.  x  s. 

Pour  Robert  Bertran  et  xj  escuiers  montez,  au  pris, 
du  xije  jour  d'avril  jusques  au  xxe  jour  du  dit  mois. . . 

Pour  leur  venue  du  pays  de  Costentin  à  Noyon,  par 
x  jours,  iiij  1.  iiij  s.  par  jour,  xvj  1. 

Pour  leur  retour  de  Tournay  au  dit  lieu  de  Costentin, 
par  xj  jours,  iiij  1.  x  s.  par  jour,  xlix  1.  x  s. 

Pour  Guillaume  Bertran  et  vij  escuiers  montez  au  pris, 
dès  le  xije  jour  d'avril  jusques  au  xxe  jour  du  dit  mois. . . 

Pour  leur  venue  du  pays  de  Gostentin  à  Noyon,  par 
x  jours,  lvj  s.  par  jour,  xxviij  1. 

Pour  leur  retour  d'Arras  au  dit  pays,  par  x  jours,  lx  s. 
par  jour,  xxx  1. 

Pour  Jehan  Douce  Pensée  et  un  autre  escuier. . . 

Pour  leur  venue  du  pais  de  Costentin  à  Noion,  par 
x  jours,  xiiij  s.  par  jour,  vij  1. 

Pour  leur  retour  de  Bovines  au  dit  lieu  de  Gostentin, 
par  x  jours,  xv  s.  par  jour,  vij  1.  x  s. 

Pour  Jehan  de  Nonancourt,  escuier. . . 

Pour  sa  venue  du  païs  de  Costentin  à  Cambray  et  re- 
tour de  Tournay  au  dit  lieu,  pour  xxj  jours,  xij  s.  vj  d. 
par  jour,  vij  i.  xvij  s.  vj  d. 

Pour  Martinet  Pinchart. . .  Pour  sa  venue  du  pays  de 
Costentin  à  Cambray  et  retour  de  Tournay  au  dit  pays, 
par  xxj  jours,  vij  s.  vj  d.  par  jour,  vij  1.  xvij  s.  vj  d. 

Pour  Robert  Erembourt. . .  Pour  sa  venue  du  pays  de 


302 

Costentin  à  Cambray  et  retour  cPillec  au  dit  lieu,  par 
xx  jours. . . 

Pour  le  Camus  de  Sauchoy. .  .  Pour  son  retour  de 
Tournay  en  Costentin,  par  xj  jours. . . 

Pour  Robert  Gautier.  .  .  Pour  son  retour  d'Arras  en 
Costentin,  par  x  jours. . . 

Pour  Pierre  Tessart  et  ij  escuiers.  . .  Pour  leur  venue 
du  pays  de  Costentin  à  Arras  et  leur  retour  de  Tournay 
au  dit  pays,  par  xxj  jours. . . 

Pour  Guillaume  Le  Petit. . .  Pour  son  retour  de  Tournay 
au  pays  de  Costentin,  par  xj  jours.  . . 

Pour  mons.  Jehan  de  Mangneville,  bacheler,  et  iiij  es- 
cuiers. .  .  Pour  Colin  de  Botemont,  escuier,  .  .  Pour  leur 
venue  du  pays  de  Costentin  à  Douay  et  retour  d1  Arras  au 
dit  pays,  par  xx  jours,  lij  s.  vj  d    par  jour,  lij  1.  x  s. 

Pour  mons.  Guillaume  Paienel.  sire  de  Hambuie,  che- 
valier, un  autre  chevalier  bachelier,  et  viij  escuiers... 
Pour  leur  venue  du  pays  de  Costentin  et  Cambray  et 
retour  d'Arras  au  dit  pays,  par  xx  jours,  par  jour  comme 
dessus,  iiijxx  x  1. 

Pour  mons.  Guillaume  de  Pirou,  bachelier  et  iij  es- 
cuiers. .  . 

Pour  J ehan  de  Pirou  et  iij  escuiers .  . .  Pour  la  creue  des 
gaiges  du  dit  Jehan  de  Pirou,  fait  chevalier  nouvel, 
le  xiije  jour  de  juing. .  .  Pour  la  venue  du  dit  chevalier 
et  les  diz  escuiers  du  pais  de  Costentin  à  Cambray,  par 
x  jours. .  .  Pour  leur  retour  de  Tournay  et  du  pays  d'en- 
viron au  dit  pays,  par  xj  jours. .  . 

Pour  mons.  Raoulant  de  Verdun,  bacheler.  .  .  Pour 
son  retour  de  Tournay  au  pais  de  Costentin,  par  x  j  jours. . . 

Pour  mons.  Guillaume  de  Braye,  sire  de  Cernon,  ban- 
neret,  compaignon  du  dit  mareschal,  un  chevalier  bache- 
lier et  vij   escuiers...    Pour   leur    venue    du    pays   de 


303 

Gosientin  à  Douay  et  retour  de  Douay  au  dit  pays,  par 
xxj  jours. .  . 

Pour  Colin  Campion...  Pour  sa  venue  du  pays  de 
Costentin  à  Cambray  et  retour  de  Tournay  au  dit  pays, 
par  xx)  jours. .  . 

Pour  Jehan  de  Chambliz.  . .  Pour  sa  venue  du  pays  de 
Costentin. .  . 

Pour  Jehan  Le  Grenetier.  .  .  Pour  sa  venue  du  pais  de 
Costentin . . . 

Pour  Loys  Poquaire,  escuier. . .  Pour  sa  venue  du  pays 
de  Costentin . .  . 

Pour  Pierre  de  La  Rochelle. .  .  Pour  sa  venue  du  pays 
de  Costentin. . . 

Pour  Robinet  de  Bruccourt  et  iij  escuiers.  . .  —  Pour 
Robert  de  Bruecort.  . .  —  Pour  la  venue  des  v  derreniers 
escuiers  du  pays  de  Costentin. . . 

Pour  mons.  Henri  de  Thieuville,  bacheler,  et'  iij  es- 
cuiers. . .  —  Pour  Guillaume  Meudrac  et  j  escuier. .  .  — 
Pour  leur  venue  du  pays  de  Costentin. . . 

Pour  Jehan  de  La  Rosière,  escuier.  .  .  —  Pour  Collart 
de  Larray.  . .  —  Pour  la  venue  des  ij  derrains  escuiers 
du  pays  de  Costentin. . . 

Pour  mons.  Jehan  de  Villers,  seigneur  de  Hommet, 
bachelier,  et  iij  escuiers...  —  Pour  Robinet  Le  Forestier... 
—  Pour  la  venue  du  dit  bachelier  et  de  ses  escuiers  du 
pays  de  Costentin. . . 

Pour  mons.  Jehan  de  La  Haie  de  Harondeville,  ba- 
chelier, et  ij  escuiers. . . 

Pour  mons.  Richart  de  Tolevast  et  iiij  escuiers. . . 

Pour  mons.  Guillaume  de  Semilli,  bachelier,  et  iij  es- 
cuiers. . . 

Pour  mons.  Jehan  de  La  Haie  de  Neahou,  bachelier, 
et  ij  escuiers . . . 


304 

Pour  mons.  Jehan  Paynel  de  Marcey,  bacheler,  et 
iiij  escuiers. . . 

Pour  la  venue  des  v  chevaliers  derrain  dessus  diz  et 
xv  escuiers  de  leur  compaignie  du  pays  de  Costentin  à 
Cambray . . . 

Voici  la  note  que  j'avais  prise  sur  le  registre  VI  de  la 
collection  quand  elle  fut  soumise  à  mon  examen.  Il 
porte  aujourd'hui  le  n°  9241  du  fonds  français  des  Nou- 
velles acquisitions. 

Fol.  1-39.  —  Le  compte  de  feu  François  de  L'Ospital, 
jadis  clerc  des  arbalestiers  du  roy  nostre  seigneur  des 
receptes  et  des  mises  par  lui  faites  à  cause  de  la  grant 
armée  de  la  mer  Tan  mil  ccc  xl,  souz  le  gouvernement 
de  mons.  Hue  Quieret,  admirai  de  France,  et  de  sire 
Nicolas  Behuchet,  conseiller  du  roy  nostre  dit  seigneur, 
et  aussi  de  Parmée  souz  mons.  Robert  de  Houdetot, 
chevalier,  capitaine  de  la  mer,  ou  dit  an,  et  semblablement 
souz  mons.  Loys  d'Espaigne,  admirai  ou  dit  an  xl  et 
ccc  xli.  [Laquele  armée  fu  desconfite  devant  L'Escluse, 
veille  Saint  Jehan  xxiiije  jour  de  juing  Tan  mil  ccc  xl.] 

Fol.  40-78.  —  Compte  Jehan  de  L'Ospital,  clerc  des 
arbalestiers  du  roy  nosseigneur  des  receptes  et  mises  par 
luy  faittes  pour  cause  de  Parmée  de  la  mer  soubz  le  gou- 
vernement de  noble  homme  mons.  Floton  de  Revel, 
admirai  de  la  mer,  depuis  may  Fan  xlvi  jusques  au  dar- 
rain  jour  d'octobre,  que  les  galées  se  désarmèrent,  et 
d'aucunes  gens  qui  demeurèrent  pour  la  garde  des  nefs  et 
galées  jusques  en  avril  xlvii. 

Fol.  79-1 35.  —  Le  compte  Berthelemy  du  Drach,  tré- 
sorier des  guerres  du  roy  nostre  seigneur,  des  receptes 
et  mises  faites  pour  cause  de  la  semonse  du  dit  seigneur 
faite  à  Gompiègne  à  la  Saint  Remy  Tan  mil  ccc  quarante 


3°5 

six,  et  du  voiage  que  mons.  le  duc  de  Normandie  en 
tendoit  à  faire  de  Compiègne  en  Touraine  ou  mois  d'oc- 
tobre l'an  dessus  dit. 

Fol.  1 38-i  66.  —  Compte  Berthelemy  du  Drach,  tréso- 
rier des  guerres  du  roy  nostre  seigneur,  pour  cause  des 
receptes  et  despences  par  lui  faites  et  par  ses  lieux  tenenz, 
pour  cause  des  gens  d'armes  qui  furent  es  guerres  du  roy 
nostre  dit  seigneur,  aux  gaiges  du  dit  seigneur,  es  parties  de 
Picardie,  en  son  host  d'Amiens  et  de  Saint  Orner,  pour 
causes  de  la  cemonce  faite  par  le  roy  nostre  dit  seigneur  à 
Compiègne,  ou  mois  d'octobre  Pan  m  ccc  lv,  lesqueles  gens 
d'armes  furent  tous  cassez  à  Saint  Orner  par  le  roy  nostre 
dit  seigneur  le  xve  jour  de  novembre  l'an  dessus  dit. 

Dans  le  compte  de  François  de  L'Ospital  j'ai  relevé 
trois  articles  sur  l'occupation  du  château  Cornet,  dans 
l'île  de  Guernesey,  en  1340  et  1344,  par  la  garnison 
normande,  à  la  suite  de  la  conquête  de  l'île  faite  en  1338 
par  Robert  Bertran  (1). 

Pour  le  dit  connestable  (Pierre  Mathieu)  et  viij  des 
dessus  diz  (arbalestiers)  du  xxviije  du  dit  mois  de  sep- 
tembre (  1  340)  jusques  au  derrain  d'octobre  qu'il  partirent 
du  chasteau  Cornet,  pour  xxxiiij  jours,  xxiiij  s.  par  jour, 
xl  1.  xvj  s.  (2). 

Mess.  Bertaut  Jobelin,  commis  et  député  de  par  le  roy 
nostre  seigneur  es  parties  de  Costentin,  peur  acheter  vivres 
et  garnisons  pour  la  nécessité  du  chastel  Cornet. . .  (3). 

Richart  de  Mons,  escuier,  envoie  par  noble  homme  et 
puissant  mons.  Robert  Bertran  de  Costentin  au  chastel 

(1)  Hist.  du  Cotentin  et  de  ses  îles,  par  Dupont,  t.  II,  p.  271,  296  et  314, 

(2)  Fol.  8  du  Registre  VI  (ms.  9241). 

(3)  Fol.  33  v°  du  même  registre. 

20 


306 

Cornet,  par  mer,  pour  veoir  et  visiter  le  dit  chastel,  les 
garnisons  et  ordennances  d'icelli  et  rapporter  au  dit 
mons.  Robert  la  convine  pour  le  faire  savoir  au  roy  nostre 
seigneur  qui  le  li  avoit  escript  pour  ce  par  lettre  donnée 
lundi  devant  la  Saint  Martin  d'iver  l'an  xliiii,  xxx  1.  t. 
fors  valent  vijxx  x  1.  t.  febles  (  i  ). 

(i)  ibîd.,  p.  34. 


COMPTE 

DE  LA  VICOMTE    DE    PONT-AUTHOU    POUR   LA    RANÇON 
d'olivier  DU  GUESCLIN 

PUBLIÉ 

Par  M,   LE  CACHEUX 


COMPTE 

DE     LA     VICOMTE     DE     PONT-AUTHOU     POUR     LA      RANÇON 
d'olivier  DU  GUESCLIN 

Un  des  épisodes  les  plus  marquants  du  siège  que  Ber- 
trand du  Guesclin  mit  devant  Cherbourg,  à  la  fin  de 
l'année  1378,  et  qu'il  dut  lever,  après  plusieurs  mois 
d'efforts  infructueux,  une  escadre  ennemie  ayant  réussi  à 
ravitailler  la  place,  est  la  capture  d'Olivier  du  Guesclin, 
frère  du  connétable,  par  les  Anglo-Navarrais  qui  tenaient 
garnison  dans  le  château.  Ce  seigneur  était  venu  s'éta- 
blir à  Valognes  pour  surveiller  les  sorties  des  assiégés  ; 
de  cette  ville  il  poussait  de  fréquentes  reconnaissances 
dans  la  région  boisée  connue  au  moyen  âge  sous  le  nom 
de  Forêt  de  Brix,  et  ses  chevauchées  le  conduisaient  jus- 
qu'aux portes  même  de  Cherbourg.  Au  cours  d'une 
escarmouche,  racontée  par  Froissart  avec  force  détails 
pittoresques  (1),  peu  après  le  17  novembre  1378  (2),  il 
tomba  entre  les  mains  du  capitaine  anglais  Jean  d'Arondel 
et  de  l'écuyer  navarrais  Jean  Coq.  Transporté  à  Cher- 
bourg, puis  en  Angleterre  (3),  il  se  vit  imposer  une 

(1)  Chroniques  de  Froissart,  édit.  Luce-Raynaud,  t.  IX,  p.  96-99.  Cet 
épisode  est  également  raconté  dans  la  Chronique  de  Pierre  Cochon,  édit. 
Beaurepaire,  p.  158. 

(2)  Ce  jour  est  celui  où  il  fit  montre  à  Valognes,  avec  huit  chevaliers 
bacheliers  et  quarante-huit  écuyers.  (Dom  Morice,  Preuves  de  l'Histoire  de 
Bretagne,  t.  II,  p.  390.) 

(3)  Aux  dates  du  25  mai  et  du  20  juin  1379,  une  s°mme  de  100  sols  est 


310 

rançon  de  40,000  francs,  qui  ne  tarda  pas  à  soulever  des 
difficultés  entre  ses  vainqueurs.  Le  20  octobre  1379,  le 
roi  d'Angleterre  dut  charger  Gui  de  Brian,  Mathieu  de 
Gournai  et  Richard  d'Abberbury  d'examiner  les  préten- 
tions du  roi  de  Navarre,  de  Jean  d'Arondel,  maréchal 
d'Angleterre,  et  d'autres  chevaliers,  qui  revendiquaient 
Olivier  du  Guesclin  comme  leur  prisonnier  (1).  S'il  faut 
en  croire  Froissart,  la  rançon  d'Olivier  se  partagea  par 
moitié  entre  les  deux  capitaines  qui  l'avaient  pris.  Le 
10  septembre  1380,  un  sauf-conduit  fut  accordé  par  le 
roi  d'Angleterre  aux  porteurs  de  cette  rançon  (2),  et  le 
13  juillet  1381,  un  autre  sauf-conduit  fut  donné  à 
diverses  personnes,  entre  autres  à  Bertrand  du  Guesclin, 
fils  d'Olivier,  qui  venaient  chercher  le  prisonnier  à 
Calais  (3).  Le  frère  du  bon  connétable  resta  donc  entre 
les  mains  des  Anglais  pendant  l'espace  d'un  peu  moins 
de  trois  ans.  Cette  courte  période  fut  féconde  en  événe- 
ments importants.  Lorsqu'il  revint  en  France,  son  frère 
Bertrand  était  mort  et  Charles  V  l'avait  suivi  dans  la 
tombe.  Olivier  vint  mettre  son  épée  au  service  du  duc 
de  Bretagne  et  prit  part  à  la  campagne  de  Flandre  de 
1382.  On  connaitses  démêlés  avec  sa  belle-sœur,  Jeanne 
de  Laval,  veuve  de  Bertrand,  à  cause  du  douaire  qu'elle 
réclamait  sur  le  comté  de  Longueville  (4),  et  l'on  sait 

accordée  à  Jean  Clewel  pour  conduire  de  Weymouth  à  Londres  Olivier 
du  Guesclin,  deux  écuyers  et  un  valet.  (Record  Office,  Issue  Rolls, 
2  Rich.  II,  m.  8.) 

(1)  Rymer,  Fcedera,  III,  part.  3,  p.  90. 

(2)  lbid.,  p.   106. 

(3)  lbid.,  p.  125. 

(4)  Les  arrêts  du  Parlement  de  Paris  relatifs  à  cette  affaire  ont  été  publiés 


3" 

qu'il  mourut  une  vingtaine  d'années  après  son  retour 
d'Angleterre  (i),  vers  le  mois  de  mars  1403  (v.  s.). 

Charles  VI  autorisa  ses  fidèles  sujets  de  Normandie  à 
s'imposer  extraordinairement  pour  aider  Olivier  du 
Guesclin  à  payer  sa  rançon.  Un  subside  fut  levé  à  cet 
effet  dans  la  province,  déjà  écrasée  d'impôts  et  ruinée  par 
la  guerre.  Les  Archives  Nationales  possèdent  le  compte 
des  deniers  fournis  par  la  vicomte  de  Pont-Authou.  Ils 
atteignent  la  somme  de  300  livres,  et  l'assiette  en  fut  faite 
par  le  vicomte  Jean  des  Wys,  sur  l'ordre  de  Guy  Chré- 
tien, bailli  de  Rouen  et  de  Gisors.  La  procuration  donnée 
par  Olivier  du  Guesclin  à  Jean  des  Wys,  pour  recevoir 
cette  somme  en  son  nom,  est  datée  de  Paris  le  18  dé- 
cembre 1381.  Le  compte  lui-même  doit  être  de  bien  peu 
de  temps  postérieur  à  cette  date  ;  rien  n'autorise  à  l'attri- 
buer à  Tannée  1387,  comme  on  l'a  fait  dans  les  inven- 
taires des  Archives.  C'est  un  cahier  de  six  feuillets  de 
parchemin,  mesurant  36  centimètres  sur  22  et  inscrit 
sous  la  cote  KK  327.  Ce  document,  dans  lequel  on 
trouve  énumérées  toutes  les  paroisses  des  vicomtes  de 
Pont-Authou  et  de  Pont-Audemer(2),  nous  a  paru  digne 

par  M.  Bertrand  de  Broussillon  dans  son  Cartulaire  de  la  Maison  de  Laval, 
t.  II,  p.  827  et  suiv. 

(r)  Olivier  du  Guesclin  dut  mourir  peu  avant  le  mois  de  mars  1403 
(v.  s.).  Cette  date  est  celle  de  la  donation  faite  par  le  roi  Charles  VI  à 
Louis  de  France,  duc  de  Guyenne,  dauphin  de  Viennois,  son  fils,  du 
comté  de  Longueville  et  des  terres  de  la  Roche-Tesson  et  d'Anneville, 
qu'Olivier  avait  vendues  au  roi  pour  46,000  livres  tournois,  les  7-10  octobre 
1391,  en  s'en  réservant  l'usufruit.  (Arch.  Nat.,  ]  211,  n°s  44  et  46.  — 
P.  Anselme,  Hist.  généal.,  t.  VI,  p.  187.) 

(2)  Après  la  réunion  de  la  Normandie  à  la  couronne,  en  1204,  Pont- 
Authou  fut,  paraît-il,  le  siège  d'une  juridiction  royale  et  d'une  vicomte  qui 


312 

d'être  publié,  à  cause  des  renseignements  qu'il  fournit  sur 
la  situation  respective  de  ces  paroisses.  Le  chiffre  de  la 
taxe  imposée  à  chacune  d'elles  a  dû,  en  effet,  être  établi 
d'après  le  nombre  des  feux.  Ce  document  présente  en 
outre  un  intérêt  géographique,  puisqu'il  fixe  les  limites 
d'une  circonscription  administrative  de  la  Haute-Nor- 
mandie, au  début  du  règne  de  Charles  VI.  Enfin,  c'est 
le  seul  compte  qui  ait  été  signalé  jusqu'à  présent  du  sub- 
side levé  dans  la  province  pour  la  rançon  d'Olivier  du 

existait  encore  en  1340.  (Charpillon,  Dict.  bistor.  des  communes  de  l'Eure, 
t.  II,  p.  659.)  Mais,  en  1353,  lorsque  le  roi  Jean  concéda  à  Charles  le 
Mauvais  la  vicomte  de  Pont-Audemer,  celle  de  Pont-Authou  ne  formait 
déjà  plus  une  unité  administrative.  Un  mandement  de  Charles  VI  à  la 
Chambre  des  Comptes  (Paris,  8  septembre  1392)  nous  apprend  en  effet 
que  le  roi  Jean,  en  faisant  cette  donation,  se  réserva  les  églises  cathédrales, 
celles  de  fondation  royale,  la  forêt  de  Brotonne  et  six  fiefs  nobles,  à  son 
choix,  «  desquelles  reservacions,  ajoute  le  mandement,  la  viconté  de  Pont- 
Autou  fu  lors  créé  et  ordonnée  ».  En  1392,  Charles  VI,  ayant  appris  que 
le  comte  d'Harcourt  avait  acheté  pour  1,200  livres  l'un  de  ces  six  fiefs 
nobles,  celui  de  Bourgtheroulde,  craignit  qu'il  ne  l'annexât  à  son  comté  ; 
il  ordonna  aux  gens  des  comptes  de  retenir  ce  fief  pour  l'incorporer  au 
domaine  royal,  moyennant  paiement  d'une  somme  de  1,260  livres.  Le 
vicomte  de  Pont-Authou,  Jean  des  Wis,  fut  chargé  de  cette  opération,  et 
le  fief  ainsi  acquis  augmenta  le  territoire  de  sa  vicomte  (Arch.  Nat. 
P  1905 1  n.  1917).  La  réunion  des  vicomtes  de  Pont-Authou  et  de  Pont- 
Audemer  ne  remonte  donc  pas,  comme  l'affirme  Charpillon,  à  l'année  1353  ; 
elle  dut  suivre  bien  plutôt  la  campagne  de  1378,  au  cours  de  laquelle 
Charles  V  confisqua  à  son  profit  les  domaines  concédés  par  son  père  au  roi 
de  Navarre.  Les  Archives  Nationales  possèdent,  appendu  à  un  acte  du 
mois  de  septembre  1379  (J  220,  n°  18),  le  sceau  des  vicomtes  de  Pont- 
Authou  et  Pont-Audemer  réunies.  La  face  représente  un  pont  à  trois 
arches  baignant  dans  l'eau,  crénelé  et  surmonté  de  trois  fleurs  de  lis  ;  le 
contre-sceau  est  la  reproduction  réduite  de  la  face.  Légende  de  la  face  : 
Sceau  des  obligations  de\  vicontei  du  Pont-Audemer  ;  du  contre-sceau  :  Contre 
sceau  des  obligations  de  la  viconté  du  Pont-Authou.  (Invent,  de  Douet  d'Arcq, 
n°  4986.) 


313 

Guesclin  II  convient  de  le  rapprocher  de  ces  curieux 
fragments  de  comptes  des  vicomtes  de  Pont-Authou  et 
Pont-Audemer  pour  les  années  1495  et  1496,  décou- 
verts à  Orléans  et  publiés  en  1897,  Par  M.  Vignat,  dans 
le  Bulletin  du  Comité  des  travaux  historiques  (t).  La  com- 
paraison permet  de  constater,  à  une  centaine  d'années 
d'intervalle,  des  différences  assez  notables,  sinon  dans 
l'étendue  de  ces  deux  vicomtes  —  dont  chacune  conser- 
vait son  nom  distinct,  quoiqu'elles  ne  formassent  plus 
qu'une  unité  administrative —  du  moins  dans  le  nombre 
des  sergenteries  qui  les  composaient.  Dans  le  document 
mis  au  jour  par  les  soins  de  M.  Vignat,  le  compte  des 
recettes  pour  les  domaines  est  établi  par  sergenteries  :  ce 
sont  les  sergenteries  de-  Romois,  de  Quillebeuf,  de  la 
Londe,  de  Montfort,  de  Préaux,  du  Mesnil.  Dans  un 
chapitre  intitulé  :  «  Parties  d'amendes  »,  se  trouvent 
également  mentionnées  la  sergenterie  de  Moyade 
(Moyaux),  et,  plus  loin,  celles  d'Epaigne  et  de  laMaerie. 
Mais  il  n'est  question  dans  les  comptes  de  1495  ni  de  la 
sergenterie  des  arrière-fiefs  de  Lisieux,  ni  de  celle  des 
arrière-fiefs  de  Beaumont-le-Roger,  ni  de  celle  de  Saint- 
Evroult,  ni  de  celle  de  la  Chapelle-Bayvel,  qui  figurent 
dans  le  compte  de  Jean  des  Wys.  On  doit  supposer 
qu'au  cours  du  xve  siècle  ces  dernières  sergenteries 
s'étaient  confondues  avec  les  précédentes  ou  que  la  cir- 
conscription même  des  deux  vicomtes  réunies  avait  été 
l'objet  d'un  important  remaniement  (2) 

(i)  Bulletin  du  Comité  des  travaux  historiques,  1897,  p.  789-796.  Le 
vicomte  du  Pont-Authou  et  Pont-Audemer  était  alors  Louis  de  Poncher, 
écuyer. 

(2)  Le  Compte  de  Jean  des  Wys  pourrait  faire  supposer  qu'au  début  du 


3'4 

Sans  être  aussi  célèbres  qu'Olivier  du  Guesclin,  les 
quelques  personnages  mentionnés  dans  le  compte  de 
Jean  des  Wys  portent  des  noms  connus  des  érudits  mo- 
dernes. Guy  Chrétien,  qui  figure  dans  ce  document  en 
qualité  de  bailli  de  Rouen  et  de  Gisors,  s'était  vu  confier 
cette  charge  importante  par  Charles  V,  le  3  octobre  1375. 
M.  Coville  lui  a  consacré  une  notice  assez  détaillée  dans 
son  ouvrage  sur  les  Etats  de  Normandie  (p  324-328). 
Pierre  de  la  Rocherousse,  qui  versa  une  partie  des  deniers 
reçus  à  Olivier  du  Guesclin,  doit  être  identifié  avec  le 
personnage  du  même  nom  qui,  le  19  décembre  1392, 
était  nommé  par  Charles  VI  capitaine  de  Saint-Sauveur- 

règne  de  Charles  VI  il  y  avait  fusion  complète,  au  point  de  vue  adminis- 
tratif, entre  les  vicomtes  de  Pont-Authou  et  de  Pont-Audemer.  En  réalité, 
rien  n'est  moins  certain.  La  Bibliothèque  Nationale  possède  en  effet  deux 
fragments  de  comptes,  qui  remontent,  l'un  aux  environs  de  l'année  1380 
(Franc.  26017,  no  68),  et  l'autre  au  mois  d'août  1382  ( Franc.  26019, 
no  344).  La  distinction  entre  les  deux  vicomtes  y  est  nettement  établie. 
Dans  le  compte  de  1382,  le  plus  complet,  qui  s'intitule  :  Compte  de  l'aide 
ordonnée  a  estre  levée  sur  les  menus  breuvaiges  et  les  draps  en  Normandie,  la 
vicomte  de  Pont-Authou  se  compose  des  sergenteries  des  arrières-fiefs  de 
Moyaux,  de  l'exemption  de  Bernay,  de  Saint-Evroult,  des  arrières-fiefs  de 
Préaulx  et  de  Montfort  ;  dans  la  vicomte  du  Pont-Audemer  sont  rangées  les 
sergenteries  du  MesniL  de  Préaulx  et  d'Epaignes.  Le  compte  de  1380, 
complet  pour  la  vicomte  de  Pont-Authou,  est  entièrement  conforme  au 
compte  de  1382.  On  voit  que  l'un  et  l'autre  présentent  de  notables  différences 
avec  le  compte  de  Jean  des  Wys  et  les  fragments  de  comptes  de  1495-1496. 
Dans  le  même  ordre  d'idées,  il  convient  de  signaler  un  mandement  de 
Richard  de  Houdetot,  bailli  de  Rouen  et  de  Gisors,  adressé  au  vicomte  du 
Pont-Authou  et  daté  de  Rouen,  le  14  mars  1388  (n.  s.).  Le  bailli  fait 
remarquer  que  le  bailliage  de  Pont-Audemer,  récemment  enclavé  dans  celui 
de  Rouen,  en  a  été  de  nouveau  séparé,  et  il  ordonne  au  vicomte  de  ne  plus 
tenir  à  Monfort  les  plaids  des  sergenteries  de  Romois  et  de  la  Londe,  mais 
d'en  reporter  le  siège  au  Bourgachard,  où  il  était  fixé  précédemment  (B.  N. 
Franc.  26022,  no  11 58.  Original). 


3*5 

le-Vicomte,  aux  gages  de  800  livres  tournois  par  an,  et 
qui  fit  exécuter  à  ce  château  d'importantes  réparations(i). 
Guillaume  d'Anfernet,  son   associé,   était   seigneur  de 
Tracy,  chambellan  du  Roi  et  trésorier  des  guerres.  Un 
mandement  de  Charles  V,  daté  de  Saint-Germain-en- 
Laye  le  9  août  1380,  et  relatif  à  la  démolition  du  château 
de  Tinchebray,  lui  donne  le  titre  de  «  bailli  des  terres 
que  souloit  tenir  le  roi  de  Navarre  en  Costentin  »  (2) . 
En  juillet  1385,  Charles  VI  lui  accordait  la  permission 
de  fortifier  son  château  de  Tracy,  pour  la  défense  des 
villages  voisins  contre  les  Anglais  et  la  sécurité  du  pays  de 
Vire  (3).  Le  moins  connu  des  personnages  cités  dans  le 
compte  de  Jean  des  Wys  est  encore  ce  dernier  lui-même. 
Il  dut  occuper  sa  charge  de  vicomte  de  1380  à  1395  envi- 
ron.  La  Bibliothèque   Nationale   possède   en  effet  une 
quittance  de  Richard  de  Brumare,   vicomte  de   Pont- 
Authou,  commis  sur  le  fait  des  ouvrages  du  navire  du 
roi  et  à  la  garde  du  Clos  des  Galées,  à  Rouen,  en  date 
du  3  novembre  1379  (4).  Dès  le  mois  de  mai  suivant, 
nous  trouvons  Jean  des  Wys  qualifié  du  titre  de  vicomte 
du  Pont-Audemer  et  chargé  d'informer  dans  l'étendue 
de  sa  vicomte  «  sur  le  fait  des  forfaicturez  de  ceulx  qui 
ont  tenu  ou  tiennent  le  parti  du   Roy  de  Navarre.  » 
(29  mai  1380.)  Un  fragment  de  cette  curieuse  enquête 

d)  Delisle,    Hist.    du   château  et  des    sires   de    Saint-Sauveur -le-Vicomte, 

P-  243- 

(2)  Delisle,  Mandements  et  actes  divers  de  Charles  V,  n«  1947,  p.  944- 
(jl  D'Hozier,  Armoriai  général,    t.    VII,    p.  13  et  suiv.    On    y  trouvera 

une  notice  intéressante  sur  la  famille  d'Amphernet,  originaire  des  environs 

de  Vire. 

(4;  Bibl.  Nat.  Nouv.  acq.  franc.  3654,  n<>  82. 


3i6 

est  conservé  dans  le  fonds  des  Quittances  de  la  Biblio- 
thèque Nationale  (i).  Le  28  octobre  1380,  Jean  Mau- 
viel,  procureur  de  Robert  Patry,  chevalier,  seigneur  du 
Mesnil-Mauger  et  de  Saint-Denis-le-Vetu,  reconnaît 
avoir  reçu  de  Jean  des  Wys,  vicomte  et  receveur  du 
Pont-Audemer,  la  somme  de  50  livres  tournois,  moitié 
d'une  rente  de  100  livres  qu'il  a  l'habitude  de  prendre 
chaque  année,  aux  termes  de  Pâques  et  de  la  Saint- 
Michel,  «  entre  les  assignés  à  héritage  de  la  viconté  du 
Pont-Audemer  »  (2)  Les  gouverneurs  généraux  du 
subside  voté  par  les  Etats  de  Normandie  à  Louviers  le 
17  février  1381  (n.  s.)  instituent  Jean  des  Wys,  à  la 
requête  des  habitants  du  pays,  receveur  de  l'aide  aux 
vicomtes  de  Pont-Authou,  Pont-de-P  Arche ,  Pont- 
Audemer  et  dans  le  comté  d'Harcourt,  pour  les  terres 
entre  Seine  et  Risle  (3).  Le  23  août  138 1,  Huet  de 
Saint-Erme,  receveur  général  aux  diocèses  d'Evreux, 
Lisieux  et  Sées,  au  comté  d'Harcourt  et  en  la  terre  de 
Roumois,  entre  Rille  et  Seine,  des  aides  nouvellement 
ordonnées  pour  la  défense  du  royaume,  reconnaît  avoir 
reçu,  au  Bec-Hellouin,  de  Jean  des  Wys  (Wieux),  rece- 
veur en  ladite  terre  de  Roumois,  un  acompte  de  100  li- 
vres tournois  sur  ce  qu'il  doit  à  cause  de  sa  recette  (4). 
Nous  savons  par  ailleurs  que  Jean  des  Wys  était  vicomte 
de  Pont-Audemer  et,  partant,  de  Pont-Authou,  en  1389, 
et  qu'il  fut  remplacé  quelques  années  plus  tard  par  Jean 

(1)  Bib.  Nat.  Franc.  26017,  no  64-65.   Original. 

(2)  Bib.  Nat.  Franc.  26017,  n°  31.  Original. 

(3)  Coville,    Les    Etats    de   Normandie,    p.    393.    L'acte    est  du    8    avril 
1381  (n.  s.). 

(4)  Bib.  Nat.  Franc.  29232,  n»  61435.  Original. 


317 

d'Esquay  (i).  Ce  personnage,  dont  il  paraît  difficile 
d'établir  l'origine,  a  donc  joué  dans  l'histoire  un  rôle 
assez  effacé.  Les  chroniqueurs  de  l'époque  ne  mention- 
nent pas  son  nom  et  rares  sont  les  documents  d'archives 
où  il  figure.  En  publiant  celui-ci,  nous  rendons  à  sa 
mémoire  un  véritable  service  (2). 

(1)  Charpillon,  Dict.  histor.  des  communes  de  VEure,  t.  II,  p.  652.  Un 
mandement  de  Jean  de  la  Tuille,  bailli  de  Rouen  et  de  Gisors,  daté  du 
28  décembre  1392,  lui  est  adressé.  (Arch.  Nat.  P  1905  »,  n.  1917.)  On 
le  trouve  encore  mentionné  dans  une  quittance  -de  Thomas,  évêque  de 
Beauvais,  relative  à  la  garde  de  Martin  de  Valvandrin,  qui  possédait  un 
fief  dans  la  paroisse  de  Thuit-Hébert  (21  février  1393,  n.  s.  —  Bib.  Nat. 
Franc.     29431,  n"  65472.  Original.) 

(2)  Il  ne   faut  pas    confondre  le   subside    dont    il   est    question  dans    le 
compte  de  Jean  des  Wys  avec  l'aide  de  6,000  florins  d'or  que  les  Etats  de 
Normandie  votèrent,  au  mois  de  novembre  1383,  pour   délivrer  Olivier  du 
Guesclin.    Il   s'agissait    d'indemniser    ce    dernier  de  la  somme    qu'il    avait 
dépensée  pour  racheter  a  Guy  de  la  Trémoïle  et  à  Jean  de  Bueil   un    pri- 
sonnier de  haute   valeur,  le  capitaine  navarrais  Ferrando  d'Ayens.   Olivier 
comptait  sur  cette  acquisition    pour   obtenir   sa  liberté  par  voie  d'échange. 
Mais  les  officiers  du  roi  refusèrent  de  laisser  partir  Ferrando,   qu'ils  consi- 
déraient   comme   un    homme   dangereux.    Il   fallut   rembourser    à   Olivier 
du  Guesclin  la  somme  qu'il    avait  dépensée.   (Coville,    Les    Etats   de   Nor- 
mandie, p.  138.)  La  vicomte  de   Pont-Authou  contribua  à  cette   aide  pour 
une  somme  de   500   livres,  que   Jean    des  Wys  versa,   par   l'entremise  de 
Robert  Geoffroy,  sergent  à  verge  au  Châtelet  de  Paris,  entre  les  mains  du 
receveur  Berthaut  A  la  Dent.   Cette  opération  financière  est  attestée  par  un 
certificat  des  «  generaulx  conseillers  a  Paris  sur  le  fait  des  aides   ordennez 
pour  la  guerre  »,  daté  de  Paris,  le  n  février  138;,  n.  st.  (Bib.  Nat.  Franc. 
26020,  no  505),  et  par  une  quittance  de  Robert  Geoffroy,  sergent,  qui,  le 
28  septembre  1385,  en  son  nom  et  au  nom  de    «  quatre  compaignons  de 
cheval  »,  reconnaît  avoir  reçu  de  Jean  des  Wys,  vicomte  de  Pont-Authou, 
la  somme  de  15  livres  tournois   «  pour  avoir  porté,    conduit  et  mené  a  ses 
propres  coux,  perilz  et  despenz,  du  Bec-Hellouin  en  la  ville  de  Paris,  la  somme 
de  cinq  cens  livres  tournois,  pour  et   ou  nom  dudit  vicomte,  et  l'en  avoir 
acquitté  devers  maistre  Berthaut  Aladent,  commis  a  recevoir  la  finance  qui 
ordenée    a    esté    lever    ou    pais   de   Normandie    pour    Ferrando    d'Ayens, 

navarrois  ».  (Bib.  Nat.  Franc.  26021,  n°  781). 


?,8 

On  a  jugé  inutile  d'identifier  tous  les  noms  de  lieu 
mentionnés  dans  le  compte  de  Jean  des  Wys.  Leur  grou- 
pement par  régions  les  rend  facilement  reconnaissables. 
En  général  l'orthographe  actuelle  diffère  peu  de  l'an- 
cienne. C'est  seulement  lorsque  cette  différence  a  paru 
de  nature  à  produire  une  confusion  que  Ton  a  indiqué 
entre  parenthèses  la  forme  sous  laquelle  le  nom  de  lieu 
est  connu  aujourd'hui. 


COMPTE 

DE     LA     VICOMTE     DE     PONT-AUTHOU     POUR     LA     RANÇON 
d'olivier    DU    GUESCLIN 

Le  Compte  Jehan  des  Wys,  vicomte  du  Pont- Autou  (  i  ) , 
de  la  recepte  et  despence  par  lui  faite  de  la  somme  de 
iijc  i.  t.  octryeez  en  l'an  mil  CCC  III Ixx  et  un  a  Monsieur 
Ollivier  du  Guesclin,  conte  de   Longueville  et  frère  du 
bon  connestable,  par  les  subgés  de  la  dite  viconté,  pour 
lui  aider  a  poier  sa  ranchon  et  soy  délivrer  des  ennemis 
du    Roy   nostre   sire,  asquiex   il    estoit    prisonnier,   de 
laquelle  somme  ledit  vicontea  fait  assiete  particulière  sur 
les  subgés  de  ladite  viconté  par  ordenance  de  maistre  Guy 
Crestien,   lors  bailli  de   Rouen,    commissaire   du    Roy 
nostre  sire  en  ceste  partie,  de  Toctroy  et  consentement  de 
plusieurs  des  diz  subgés  et  fait  recepte  pour  ledit  conte 
par  vertu  de  sa  commission,  desquelles  commissions  la 
teneur  est  escripte  en  la  fin  de  ce  compte,  et  première- 
ment de  celle  du  dit  maistre  Guy. 
Recepte. 
La  sergenterie  de  la  Londe  (2). 
La  parroisse  de  Bourtheroude  vj  1. 

(1)  En  tête  est  écrit,  en  caractères  plus  menus  :  »  Taillia  de 
iijc  1,  t.  in  vicecomitatu  Pontis  Autonis  pro  redemptione  domini 
Oliveri  de  Guesclino,  comitis  Longeville,  anno  CCC  HII**  primo.  » 
_  Et  dans  la  marge  :  «  Littere  hujus  compoti  ponuntur  in 
xliijo  sacco  litterarum  subsidiorum  Normannie,  incepto  ab  anmo  CCC 
Ulxx  lUcio  citra.  » 

(2)  La  sergenterie  de  la  Londe  était   une  sergenterie  mouvante 


320 


La  parroisse  de  Touberville  (i)  xl  s. 

La  parroisse  de  Glos  lx  s. 

La  parroisse  de  Bourneville  sur  le  Bec  iiij  1. 

La  parroisse  de  Caumont  xl  s. 

La  parroisse  de  Berville  en  Romoiz  v  s. 

La  parroisse  du  Bec  Helluin  viij  1. 

La  parroisse  de  Baville  x  s. 

La  parroisse  du  Bosc  Robert  xl  s. 

La  parroisse  de  Touville  lx  s. 

La  parroisse  de  Houllebec  xxx  s. 

La  parroisse  de  Saint  Martin  du  Parc  xxx  s. 

La  parroisse  du  Pont-Autou  xl  s. 

La  parroisse  de  Malleville  xl  s. 

La  parroisse  d^ppetot  x  s. 

La  parroisse  de  Saint  Eloy  de  Fourques  iiij  1. 

La  parroisse  de  Saint  Taurin  x  s. 

La  parroisse  de  Touberville  xl  s. 

La  parroisse  de  Gonnouville  [Guenouville]  xv  s. 

La  parroisse  de  Hauville  vj  1. 

La  parroisse  de  Hauguemare  xxx  s. 

La  parroisse  de  Barneville  vj  1. 

La  parroisse  de  la  Londe  xl  s. 

La  parroisse  du  Bosc  Benart  x  s. 

La  parroisse  de  Saint-Phillebert  de  Boessay  xxx  s. 


de  la  vicomte  de  Pont-Authou.  On  trouve  aux  Archives  Nationales, 
dans  la  série  P  (Chambre  des  Comptes)  l'hommage  rendu  au  roi 
Charles  VII  par  Thomas  Thibault  pour  celte  sergenterie,  en  février 
1451  (n.  s.).  (Arch.  Nat.,  P  264',  no  602,  et  P  3o5,  4e  part., 
fol.  3g.) 

(1)  Le  vaste  territoire  qui  formait  au  moyen  âge  la  paroisse  de 
Thouberville  se  trouve  aujourd'hui  réparti  entre  les  quatre  com- 
munes de  la  Trinité-de-Thouberville,  Saint-Ouen-de-Thouberville, 
Caumont  et  Bourg-Achard. 


XXX  s. 

xl  s. 

xl  s. 

xl  s. 

X  s. 

xl  s. 

xl  s. 

xl  s. 

321 

La  parroisse  du  Tuit  Heudebert  (  1  ) 
La  parroisse  du  luit  Hesbert 
La  parroisse  de  Saint  Denis  du  Bosc  Guerart 
La  parroisse  de  Saint   Pierre  [Saint-Pierre-du- 
Boscguérard] 

La  parroisse  de  Saint  Paul  sur  Fourques 
La  parroisse  de  Berville  sur  Saine 
La  parroisse  d'Iffreville 
La  parroisse  d^spreville 

Summa  lxxvij  1.  t. 

La  sergenterie  des  Arrereffie-^  de  Lisieux  (2). 

La  parroisse  de  Bourneville  la  Louvet 
La  parroisse  de  Tiberville 
La  parroisse  de  Piencourt 
La  parroisse  de  la  Cappelle  Harenc 
La  parroisse  de  Maerolles 
La  parroisse  de  Gourtonne  la  Murdrac 
La  parroisse  de  Saint  Liger 
La  parroisse  de  Glos  sur  Lisieux 
La  parroisse  de  Fontaines  la  Louvet 
La  parroisse  des  Places 
La  parroisse  de  Sirefontaines 
La  parroisse  de  Villiers 
La  parroisse  du  Mesnil-Guillaume 
La  parroisse  de  Saint-Maltin  du  Val  d'Orbec 
[  Saint-Martin-de-Mailloc] 
La  parroisse  de  Prestreville 

{i)  Pair,  dite  Saint-Ouen-de-la-Londe,  aujourd'hui  Saint-Ouen-du- 
Tilleul. 

(2)  Le  12  juin  i382,  Jean  de  Bellemare,  écuyer,  sergent  fieffé 
de  la  sergenterie  des  arrière-fiefs  de  Lisieux,  rend  aveu  au  roi 
Charles  VI  pour  ladite  sergenterie,  située  au  bailliage  de  Rouen, 
en  la  vicomte  de  Pont-Authou.  (Arch.  Nat.,  P.  307,  fol.  5,  verso.) 

21 


viij 

1. 

viij 

1. 

iiij 

1. 

lx 

s. 

lx  s. 

lx 

s. 

1 

s. 

lx 

s. 

xl 

s. 

XXV 

s. 

XX 

s. 

X 

s. 

XX 

s 

X 

s. 

X 

s. 

322 

La  parroisse  de  Courtonnel 
La  parroisse  de  Corps  de  Bugle 
La  parroisse  de  Saint  Denis  du  Val  d'Orbec 
[Saint-Denis-de-Mailloc] 

Summa  xlij  1, 

La  sergenterie  de  Mont  fort  (i). 

La  parroisse  de  Montfort 

La  parroisse  d'Appeville 

La  parroisse  de  Vactetot  |  Valletot] 

La  parroisse  de  Braetot  [Brestot) 

La  parroisse  de  Collectot 

La  parroisse  d'IUeville 

La  parroisse  de  Frelencourt  [Flancourtj 

La  parroisse  de  Catelon 

La  parroisse  d'Escaquelon 

La  parroisse  de  Saint  Liger  [Saint-Leger-du- 
Gennetey] 

La  parroisse  de  Voicreville 

La  parroisse  de  Tierreville 

La  parroisse  de  Saint  Phillebert  sur  Rille 

La  parroisse  de  Saint  Christophle 

La  parroisse  de  Saint  Pierre  des  Ays  [Saint- 
Pierre-des-Ifs] 

La  parroisse  de  Saint  Estienne  de  Lalier 

La  parroisse  de  Lanoe  [La  Noe- Poulain] 
La  parroisse  de  Saint  George  du  Vievre 
La  parroisse  de  la  Lequeroie 
La  parroisse  de  Saint  Joire  du  Mesnil  [Saint- 
Georges-du-Mesnil]  xx  s. 

(i)  Montfort-sur-Risle  était  une  sergenterie  mouvante  de  la 
vicomte  de  Pont-Audemcr.  (Arch.  Nat.,  P  3o5,  4e  part.,  fol.  2, 
12  et  65.) 


V  s. 

V  s. 

X  s. 

.  V  s.  t. 

XXX  s. 

XXX  s. 

XV  s. 

X  s. 

XV  s. 

xl  s. 

V  s. 

XX  s. 

XXX  s. 

X  s. 

X  s. 

XV  s. 

iiij  s. 

X  s. 

XX  s 

XXX  s. 

X  s. 

iiij  1. 

XX  s. 

ni)  i. 

XXX  s. 

XX  s. 

ls. 

XX  s. 

iiij  1. 

xl  s. 

XV  s. 

x  s. 

323 

La  parroisse  de  Saint  Victor  d'Espines 
La  parroisse  de  Ncufville 
La  parroisse  de  Saint  Pierre  de  Salerne 
La  parroisse  de  Livet 
La  parroisse  d'Autou 
La  parroisse  de  Fresnouze  [Freneuse] 
La  parroisse  de  Saint  Gringoire  [Saint-Gré- 
goire-du-Vievre] 

La  parroisse  de  Saint  Benest  des  Umbres 
La  parroisse  de  Corneville 

Summa  xlij  1.  v  s.  t. 

Lasergenterie  de  Quillebeuf  (1). 

La  parroisse  de  Quillebeuf  vj  1. 

La  parroisse  de  Saint-Aubin  iiij  1. 

La  parroisse  de  Sainte  Opportune  lx  s. 

La  parroisse  de  Trouville  x  1. 

La  parroisse  du  Viel  Port  xx  s. 

La  parroisse  d\Aezié  xl  s. 

La  parroisse  de  Sainte  Croix  iiij  1. 

La  parroisse  du  Maresc  Varnier  iiij  1. 

La  parroisse  de  la  Roque  lx  s. 

La  parroisse  de  Saint  Sanxon  (2)  xl  s. 

Summa  xxxix  1.  t. 


(1)  Quillebeuf  était  une  sergenterie  mouvante  de  Pont-Audemer. 
Aveu  le  3i  mnrs  1455  (n.  s.)  par  Guillaume  du  Fay.  (Arch.  Nat., 
P  3o5,  4e  part.,  fol.  24.) 

(2)  Dans  le  dénombrement  fait  par  Richard,  évêque  de  Dol,  le 
8  juin  i3g2,  delà  terre  de  Saint-Samson-sur-Risle,  dépendant  de 
son  évêché,  il  est  fait  mention  de  80  hommes  resséants  pour  les 
deux  paroisses  de  Saint-Samson  et  de  la  Roque.  (Arch.  Nat.,  P  307, 
fol.  43,  verso.) 


324 

La  sergenterie  de  Romoys  (3). 

La  parroisse  du  Bourc  Achart  vj  1. 

La  parroisse  de  Boucquetot  lx  s. 

La  parroisse  du  Lendinc  x  s. 

La  parroisse  de  Guerbaville  xl  s. 

La  parroisse  du  Boscgouet  xx  s. 

La  parroisse  de  Bluiquetuit  iiij  1, 

La  parroisse  de  Vacteville  |  Vatteville-la-Rue]  lx  s. 

La  parroisse  de  la  Haie  de  Rontot  xl  s. 

La  parroisse  de  la  Haie  Auberée  lx  s. 

La  parroisse  de  Bourneville  iiij  1. 

La  parroisse  d'Esturville  [Etreville]  iiij  1. 

La  parroisse  d'Esturqueroye  lx  s. 

La  parroisse  du  Rougemoustier  xv  s. 

La  parroisse  de  Fourmetot  xx  s. 
Summa                xxxviij  1.  x  s.  t. 

La  sergenterie  du  Mesnil  (  i  ). 

La  parroisse  de  Triqueville  xl  s. 

La  parroisse  de  Fastouville  iiij  1. 

La  parroisse  de  Toustainville  iiij  1. 

(3)  Le  ii  mars  1392  (n.  s.),  Guillaume  Taupin,  sergent  de  la 
sergenterie  fieffée  de  Romois,  rend  aveu  pour  sa  femme  Marguerite 
au  roi  Charles  VI,  à  cause  de  ladite  sergenterie  «  située  es  termes 
et  metes  des  viscontez  de  Pont-Audemer  et  de  Pont-Authou,  ou 
bailliage  de  Rouen,  en  et  soux  les  termes  et  metes  de  laquelle  sont 
comprinses  plusieurs  villes  et  teritoires,  c'est  assavoir  le  Bouca- 
chart,  le  Vauxgouet,  Watheville,  Gerbauville,  Bugetuit,  la  Hau- 
berée,  Luidetot,  Coletot  et  autres.  »  Il  doit  au  roi  service  d'un 
homme  d'armes  pendant  six  jours,  à  ses  frais.  S'il  décède,  laissant 
des  mineurs,  la  garde  de  la  sergenterie  et  de  tout  leur  héritage 
reviendra  au  roi.  (Arch.  Nat.,  P  307,  fol.  42,  verso.) 

(1)  Le  Mesnil  était  une  sergenterie  mouvante  de  Pont-Authou. 
Hommage  le  23  mars  141 6  (v.  s.)  par  Robin  d'Angerville.  (Arch. 
Nat.,  V  264',  no  679,  et  P  271',  no  4562.) 


32) 


La  parroisse  de  Foumoville  [Fortmoville] 

iiij  1. 

La  parroisse  de  la  Lande 

XX  s. 

La  parroisse  de  Beuzeville 

xl  s. 

La  parroisse  de  Queteville 

xl  s. 

La  parroisse  de  Saint  Maclou 

XX  s. 

La  parroisse  de  Saint  Pierre  du  Castel 

XX  s. 

La  parroisse  de  Nostre  Dame  du  Val 

XX  s. 

La  parroisse  de  Conteville. 

lx  s. 

La  parroisse  de  Berville 

XX  s. 

La  parroisse  de  Fiquefleu 

XX  s. 

La  parroisse  de  Saint  Supplis 

XXX  s. 

La  parroisse  d^squainville 

XXX  s. 

Summa 

XXX  1.    t. 

a  sergeriterie  des  arrerefie^  de  Beaumont  le 

Rogier(\). 

La  parroisse  de  Mourcenc[Morsan] 

v  s. 

La  parroisse  de  Heuguemanville 

XXX  s. 

La  parroisse  de  Franqueville 

xl  s. 

La  parroisse  de  Boesnay 

v  s. 

La  parroisse  de  Combon 

XX  s. 

La  parroisse  du  Plesseis  Mahiel 

xl  s. 

La  parroisse  du  Tilleul  dame  Agnes 

v  s. 

La  parroisse  du  Barc 

v  s. 

La  parroisse  de  Goupillieres 

X  s. 

La  parroisse  de  Beaumontel  avec  ceulz  de  Beau- 

mont 

X  s. 

La  parroisse  de  Gatehon  (2) 

v  s. 

(1)  On  trouve  un  hommage  rendu  en  1453  par  Guillaume  le 
Loutreul  pour  la  sergenterie  des  arrière-fiefs  de  Beaumont-k- 
Roger  (Arch.  Nat.,  P  2692,  n»  3879.) 

(2)  Gatehon  est  un  ancien  fief  de  la  commune  du  Châtelier-Saint- 
Pierre,  réunie,  en  1792,  à  celle  du  Noyer-en-Ouche,  canton  de  Beau- 
mesnil,  arrondissement  de  Bernay. 


32é 

La  parroisse  de  la  Roussiere  xj  s 

La  parroisse  de  la  Trinicté  xx  s 

La  parroisse  du  Pontchardoa  et  de  Tiergeville        lx  s. 
La  parroisse  du  Sap  xx  g 

La  parroisse  de  Cernay  xj  s 

Summa  xvij  1.  xv  s.  t. 

La  sergenterie  de  Préaux. 
La  parroisse  de  Nostre  dame  de  Préaux  lxx  s. 

La  parroisse  de  Saint  Siphorien  ixx  s# 

Les  hommes  de  Tourville  et  de  Saint  Germain       xl  s. 
La  parroisse  de  Nostre  dame  de  Selles  iiij  j. 

La  parroisse  de  Campigny  \\\\  \ 

La  parroisse  de  Saint  Martin  le  Viel  1  s. 

La  parroisse  de  Gondé  jjj:  ^ 

La  parroisse  de  Saint  Pol  sur  Rille  ij  s.  vj  d. 

Summa  xxiij  1.  xij  s.  vj  d.  t. 

La  sergenterie  de  Saint  Evroult. 
La  parroisse  du  Doyt  Ertu  xx  s 

La  parroisse  de  Heugon  xx  s> 

La  parroisse  de  Saint  Nicolas  des  Lettiers  xx  s. 

La  parroisse  du  Boscensoy  [Bocquencé]  xl  s. 

La  parroisse  de  Saint  Evroult  xxxv  s. 

La  parroisse  de  Touquete  xv  s. 

La  parroisse  du  Sap  Andrieu  xx  s> 

La  parroisse  du  Nouyer-Menart  xxx  s> 

La  parroisse  de  la  Gaullafriere  x  s> 

Summa  x  1.  x  s.  t. 

La  sergenterie  d'Espaigne  (  i  ) 
La  parroisse  d'Espaigne  c  s< 

Summa  per  se  c.  s.  t. 

(i)  Le  plus  ancien  hommage  que  possèdent  les   Archives   Natio- 


327 

La  sergenterie  de  la  Cappelle  Bayvel  (i) 

La  parroisse  de  la  Cappelle  Bayvel  iiij  1- 

Summa  per  se  iiij  1.  t. 

Summa  recepte  presentiscompoti  iij  c.  xxix  1.  xvij  s.  vj  d .  t. 
Despence 
Au  dit  conte  de  Longuevillc  comptens  par  Pierre  de  la 
Roche  Rousse  et  Guillaume  d'Enfernet,  sur  ce  qui  deu 
lui  estoit  dudit  aide,  appert  par  sa  quictance  donnée  le 
xixeiour  d'avril  IIII*X  et  deux  après  Pasques,  rendue 

'  cl.  t. 

cy 

A  lui  comptens  par  Philippin  Chauvin  sur  ce  qui  deu 
lui  estoit  dudit  aide,  vij»  xiij  1. 1.  en  une  partie  et  xxx  1. 1. 
en  une  autre  qui  font  en  somme  ix**  iij  1.  t.,  appert  par 
sa  quictance  donnée  le  xxj*  jour  de  juillet  oudit  an,  rendue 

ixxx  iii  1.  t. 
pour  ce  ' 

A  maistre  Guy  Crestien,  lors  bailli  de  Rouen  et  de 
Gisors,  pour  pluseurs  voyages  et  despens  mis  et  faiz  par 
lui  pour  ledit  conte  en  pluseurs  ses  négoces  et  besoignes, 
corne  il  appert  par  sa  quictance  donnée  le  vj*  jour  d'oc- 
tobre IIIIXX  et  deux,  rendue  cy  pour  ce  xvnj  1. 
Summa  denariorum  traditorum         iijc  j  L.  t. 

Autre  despence 

Au  viconte  pour  ses  gaiges  d'avoir  fait  la  recepte  dudit 

•a  xl.  t. 

aide 

Pour   les  despens  des    sergens  qui   furent  avec  ledit 


nales  pour  la  sergenterie  d'Epaignes  est  celui  d'Etienne  Halley,  du 
28  mars  1498  (v.  s.).  Aveu  par  le  même  en  février  1499  (v.  s.). 
(Arch.  Nat.,  P  2632,  no  423  ;  P  264',  nos  643,  659  et  884.) 

(1)  Robert  de  Percy  rend  hommage,  en  septembre  1410,  pour  la 
Chapelle-Bayvel.  (Arch.  Nat.,  P.  2672,  n°  2773.) 


328 

viconte  quant  ilz  firent  l'assiette  de   ce  présent 
compte  xxx  s. 

Pour  parchemin  et  paine  de  clerc  a  fere  et  doubler  ce 

présent  compte  xxiiij  s.  t. 

Summa  expense  communis     xij  1.  xiiij  s.  t. 

Summa  totalis  expense  hujus  com- 
poti  iijcxiij  1. xiiij  s.  t.  (i). 

Teneur  de  la  commission  dudit  maistre  Guy.  Guy 
Crestien,  bailli  de  Rouen  et  de  Gisors  et  commissaire  du 
Roy  nostre  sire  en  ceste  partie,  au  viconte  du  Pont-Autou 
ou  a  son  lieutenant,  salut.  Nous  avons  receu  les  lettres 
du  Roy  nostre  sire  contenantes  la  fourme  qui  ensuit  : 
Charles,  par  la  grâce  de  dieu  Roy  de  France,  au  bailli  de 
Rouen  ou  a  son  lieutenant  salut.  Comme  nostre  amé  et 
féal  chevalier  Olivier  du  Guesclin,  conte  de  Longueville, 
jadis  frère  du  bon  connestable  de  France  feu  Bertrand  du 
Guesclin,  ait  esté  prisonnier  de  nos  ennemis  d'Englen- 
terre  et  demouré  en  leurs  mains  et  prisons  longuement 
et  par  eulz  mis  a  si  grande  et  excessive  finance  et  rençon 
que  bonnement  il  ne  la  pourroit  poier  sanz  avoir  aide  de 
nous  et  de  nos  subgés,  et  pour  ce,  eue  consideracion  aux 
très  grans,  proufitables  et  agréables  services  que  ledit  feu 
Bertran  fist  en  son  temps  a  nostre  très  chier  père,  que 
Dieu  absoille,  et  a  nostre  Royaume  en  maintes  manières 
et  aussi  a  ceulz  que  le  dit  Ollivier  a  faiz  et  espérons  qu'il 
face  ou  temps  advenir,  nous  ayons  voulu,  consentu  et 
acordé  que  nos  subgés,  par  especial  en  nostre  pays  de 
Normendie,  lui   facént  telle  aide  chascun  en  droit  soy 

(i)  Au  bas  est  écrit  :  «  Auditus  ad  burellum  xiija  die  aprilis 
CCCC  IIIIt0  post  Pascha  —  Débet  xvij  l.  xiij  s.  vj  d.  Redduntur 
régi  per  statum  suum  finale,  sunt  post  compotam  vicecomitalus 
Pontis  Autonis  et  Pontis  Audomari  de  termina  S.  Michaelis  CCC 
jUp-x  XIII  et  quictus  hic.  » 


329 

comme  bon  leur  semblera,  et  il  soit  ainxi  que  aucuns  de 
nostre  bailliage,  qui  ont  promis  et  acordé  lui  aider  sont 
a  présent  refusans  et  rebelles  a  poier  ce  a  quoy  ilz  se  sont 
submiz  a  lui  aider  pour  la  cause  dessus  dite,  si  comme 
nous  avons  entendu,  nous  voulons  et  vous  mandons,  en 
commettant  se  mestier  est,  que  touz  ceulz  qui  pour  ladite 
cause  auront  promis  a  poier  ou  contribuer  aucune  chose 
du  leur  audit  chevalier,  que  vous  trouvères  rebelles  et 
desobeissans,  vous  contraigniez  viguereusement,  par 
toutes  voies  et  manières  raisonnables  acoustumées  a  fere 
en  tel  cas,  a  poier  chascun  endroit  soy,  selon  sa  faculté  et 
que  promis  et  acordé  auront,  comme  dit  est,  et,  en  cas 
d'opposition,  faictes  aux  parties,  icelles  ouiez,  bon  et 
brief  droit,  car  ainsi  nous  plaist  il  estre  fait,  et  a  nostre  dit 
chevalier  Pavons  octroyé  et  octroyons  par  ces  présentes 
de  grâce  especial,  se  mestier  est,  non  obstant  quelconques 
ordenances  ou  deffences,  faites  ou  a  fere,  ad  ce  contraires. 
Donné  au  Boiz  de  Vincennes,  le  xvje  jour  de  décembre, 
Fan  de  grâce  mil  CGC  IIIIxxet  un  et  le  second  de  nostre 
règne.  A  la  relacion  du  conseil,  Gontier.  Si  vous  man- 
dons, en  commectant  se  mestier  est,  que  les  dites  lettres 
royaux  dessus  transcriptes  vous  entérinés  et  accomplisses 
de  point  en  point  jouxte  leur  fourme  et  teneur  et  gardés 
que  deffault  n'y  ait.  Donné  à  Rouen,  le  iiije  jour  de  jan- 
vier, Tan  mil  CGC  IIIIXX  et  un. 

Teneur  de  la  commission  dudit  chevalier.  Ollivier  du 
Guesclin,  conte  de  Longueville  et  seigneur  de  la  Roche 
Tesson,  A  touz  ceulz  qui  ces  lettres  verront,  salut.  Savoir 
faisons  que  nous,  confians  a  plain  du  senz,  loyauté  et 
bonne  diligence  de  nostre  bien  amé  le  viconte  du  Pont 
Autou,  icelui  avons  commis  et  establi  et  par  ces  présentes 
commectons  et    establissons  receveur  de  l'aide  a  nous 


330 

octryé  par  les  habitans  de  la  ville  et  viconté  dudit  lieu  du 
Pont  Auiou  et  lui  avons  donné  et  donnons  plain  povoir, 
auctoritéet  mandement  especial  de  cuillir  et  recevoir  ledit 
aide,  et  voulons  et  nous  plaist  que  ledit  vicomte  puisse 
baillier  quictance,  soubz  son  scel  ou  soubz  autre  tel  qu'il 
lui  plaira,  de  ce  qu'il  aura  receu  dudit  aide,  lesquelles 
quictances  nous  voulons  estre  d'aussy  grant  valleur  comme 
elles  seroient  ou  pourroient  estre  se  elles  estoient  faites 
soubz  nostre  propre  scel;  et  ou  cas  que  ledit  viconte  seroit 
occuppé  d'autres  besoignes,  par  quoy  il  ne  pourroit  en- 
tendre a  la  recepte  de  nostre  aide,  nous  voulons  qu'il 
puisse  commectre  et  instituer  a  fere  la  dite  recepte  telle 
personne  suffisante  comme  bon  lui  semblera,  auquel 
commis  nous  donnons  aussi  grant  povoir  et  semblable 
povoir  comme  audit  viconte,  et  promectons  avoir  ferme 
et  estable  et  agréable  tout  ce  qui  par  ledit  viconte  ou  son 
dit  commis  sera  fait,  receu,  quicté,  sanz  ce  que  pour  le 
temps  advenir  nous  puissons  aller  a  rencontre  en  quel- 
conques manière  que  ce  soit.  Donné  a  Paris,  le  xviije  jour 
de  décembre,  Tan  mil  CGC  IIIIXX  et  un. 

Arch.  Nat,  KK.  327.  (Parchemin,  6  feuillets.) 


DEVIS 

POUR  LA  CONSTRUCTION  D'UNE  MAISON  FORTE  A  ELBEUF-SUR- 
SEINE  PENDANT  L'OCCUPATION  ANGLAISE  DU  XVe  SIECLE 

Publié  par  M.  L.  RÉGNIER 


DEVIS 

POUR  LA  CONSTRUCTION  D'UNE  MAISON  FORTE  A  ELBEUF-SUR- 
SEINE  PENDANT  INOCCUPATION  ANGLAISE  DU  XVe  SIECLE 

INTRODUCTION 

Pendant  l'occupation  anglaise  de  la  première  moitié 
du  xve  siècle,  le  comté  d'Harcourt  et  son  annexe  la  sei- 
gneurie d'Elbeuf  furent  aux  mains  de  trois  usurpateurs 
successifs.  Dès  le  Ier  juillet  141 8,  le  légitime  propriétaire, 
Jean  VII,  comte  d'Harcourt,  s'en  voyait  dépouillé  au 
profit  de  Thomas  Beaufort,  duc  d'Exeter,  oncle  paternel 
du  roi  Henri  V  (1).  Ce  premier  intrus  étant  mort  vers 
le  Ier  janvier  1427  (2),  le  régent,  duc  de  Bedford,  s'at- 
tribua le  comté  d'Harcourt,  auquel  vinrent  presque 
aussitôt  s'ajouter  plusieurs  terres  voisines,  le  Neubourg, 
Combon,  la  Rivière-Thibouville,  données  à  la  duchesse 
sa  femme,  Anne  de  Bourgogne,  après  la  mort  du  comte 
de  Salisbury  (3). 

(1)  Rôles  de  Bréquigny,  n°  205.  —  Thomas  Beaufort  était  un  bâtard 
légitimé  de  Jean  de  Ghent  ou  de  Gaunt,  troisième  fils  d'Edouard  III.  —  Les 
historiens  d'Elbeuf  font  à  tort  du  duc  de  Clarence  (Thomas  de  Lancastre, 
frère  cadet  de  Henri  V)  le  premier  seigneur  d'Elbeuf  sous  la  domination 
anglaise.  Voyez  notamment  H.  Saint-Denis,  Histoire  d'Elbeuf,  t.  Ier,  p.  487 
et  509. 

(2)  1428  (n.  s.).  Notice  par  M.  Round  dans  le  Dictionary  of  national 
biography  de  Leslie  Stephen,  t.  IV,  p.  49-50.  —  M.  Doyle  (The  Officiai 
baronage  of  England,  t.  Ier,  p.  711)  donne  la  date  du  30  décembre   1427. 

(3)  Il   y  a    aux    Archives    de   l'Eure  (série    E,    chartrier  du   Champ-de- 


334 

Bedford  mourut  à  son  tour  le  14  septembre  1435,  lais- 
sant tous  ses  biens  à  sa  seconde  femme,  Jacqueline  de 
Luxembourg  (1),  qui  dut  transiger  à  ce  sujet  avec  les 
héritiers  naturels  du  régent.  C'est,  du  moins,  ce  que  l'on 
peut  déduire  d'un  passage  de  Farin  dans  lequel  sont 
indiqués  comme  héritiers  de  Bedford  «  le  marquis  (sic) 
d'Orset  et  le  duc  de  Glocester  »  (2)  Quoi  qu'il  en  soit, 
ce  fut  à  Edmond  Beaufort,  comte  de  Dorset,  prince  du 
sang  de  Lancastre,  arrière-petit-flîs  d'Edouard  ITI,  qu'é 
chut  le  comté  d'Harcourt,  avec  ses  dépendances  (3).  Le 
premier  document  dans  lequel  ce  personnage  paraisse 
avec  le   titre  de  comte  d'Harcourt  est  du    25    février 


Bataille)  le  Compte  de  Johan  IVilleton,  escuier,  recepveur  du  Neufbourc,  Com- 
bou,  Je  la  Rivière  de  Thibouville  et  du  fieu  de  Bricourt,  séant  à  Bernay,  pour 
très  hault  et  excellent  prince  Monseignour  le  régent  de  France,  conte  de  Hare- 
court,  seignour  des  dites  seignouries  à  cause  de  ma  très  redoublée  dame  Madame 
la  régente  sa  compaigne  ;  ce  compte  fait  depuis  le  trespas  de  seignour  de  noble 
memore  Monseignour  le  conte  de  Sallebery,  que  Dieu  pardont,  seignour  en  son 
vivant  des  dites  seignouries  de  la  Rivière  et  de  Brucourt,  lequel  trespassa  le 
iiif  jour  de  novembre  mil  iiijc  xxviij  ;  et  ce  compte  finit  le  iiijc  jour  de  novem- 
bre iiijv  xxix.  —  La  date  indiquée  pour  la  mort  de  Salisbury  est  à  noter, 
les  historiens  n'étant  pas  d'accord  sur  ce  point.  —  M.  Stevenson  a  publié 
(Lettcrs  and  papers  illustrative  of  the  wars  of  the  English  in  France  during 
the  reign  of  Henry  the  sixth,  t.  II,  2e  partie,  p.  $53)  un  état  sans  date  du 
revenu  annuel  des  comtés  d'Harcourt  et  de  Dreux  et  des  autres  terres 
appartenant  personnellement  au  régent. 

(1)  Testament  publié  par  M.  Charles  de  Beaurepaire  dans  la  Bibliothèque 
de  V Ecole  des  chartes,  année  1873,  à  la  suite  d'un  article  intitulé  :  Fonda- 
lions  pieuses  du  duc  de  Bedford  à  Rouen  (p.  343-386). 

(2)  Histoire  de  la  ville  de  Rouen,  1668,  in-12,   3e  partie,  p.  352. 

(3)  Il  ne  faut  pas  oublier  que,  les  concessions  de  domaines  en  Normandie 
étant  faites  assez  souvent  à  titre  viager  (cf.  L.  Puiseux,  VEmigration  nor- 
mande et  la  colonisation  anglaise  en  Normandie  au  XV*  siècle,  p.  65),  Dorset 
put  profiter  d'une  donation  directe  du  roi  Henri  VI. 


335 

1437  (0-  Edmond  Beaufort,  devenu  duc  de  Somerset, 
posséda  Harcourt  jusqu'à  la  prise  de  cette  forteresse  par 
Dunois  en  août  1449  (2). 

Edmond  Beaufort  était  déjà,  en  août  1428,  titulaire 
du  comté  de  Mortain  (3),  qui  ne  fut  de  même  rendu  à 
son  légitime  propriétaire,  Charles  d'Anjou,  comte  du 
Maine,  qu'après  l'expulsion  des  Anglais.  Beaufort  figure 
d'abord  dans  les  documents  sous  le  nom  de  comte  de 
Dorset,  bien  que  la  charte  qui  lui  confère  ce  titre  ne  soit 
que  du  28  août  1442  (4).  A  partir  de  ce  moment,  il 
prend  la  qualification  de  marquis  de  Dorset,  parfois  celle 
de  marquis  et  comte  de  Dorset  (5),  jusqu'à  ce  que,  par 

(r)  1438  (n.  s.)  Quittance  par  Thomas  Le  Clerc,  verdier  de  Vernon  et 
d'Harcourt,  à  Raoul  Vigny,  chanoine  de  Rouen,  de  neuf  saluts  d'or  tou- 
chés par  lui  «  de  la  revenue  de  la  seigneurie  de  Virey  »,  laquelle  somme 
le  recevant  s'engage  à  bailler  à  «  Monseigneur  le  conte  de  Dorset,  de  Mor- 
taing  et  de  Harcourt.  »  (Arch.  de  l'Eure,  série  B,  pièces  provenant  de  la 
collection  Danquin.  Cette  quittance  et  le  compte  de  Jean  Willeton,  cité 
dans  une  note  précédente,  m'ont  été  obligeamment  signalés  par  M.  Besnier, 
archiviste  de  l'Eure.) 

(2)  A  cette  date,  Richard  Fregneval  ou  Frognall  était  le  chambellan  de 
Somerset,  «  le  principal  de  son  hostel,  le  plus  prochain  de  sa  personne  et 
son  bailly  d'Harcourt.  »  (Négociations  betvjcen  the  ambassadors  oj  France  and 
England,  1449,  publiées  par  M.  Stevenson  dans  Narratives  of  the . expulsion 
of  the  English  front  Normandy,  p.  493.)  —  Un  autre  document,  publié  par 
le  même  érudit  au  t.  II  (2e  partie,  p.  [622])  de  ses  Letters  and  papers,  dit 
que  le  château  fut  rendu  par  «  Jehan  Worcestre,  capitaine  du  dit  lieu  pour 
le  duc  de  Somerset.   » 

(3)  Ch.  de  Beaurepaire,  De  V administration  de  la  Normandie  sous  la  domi- 
nation anglaise,  dans  Mémoires  de  la  Société  des  antiquaires  de  Normandie, 
t.  XXIV,  p.  194. 

(4)  Voir  une  note  de  MM.  Hardy  dans  leur  édition  de  Wavrin,  t.  IV, 
p.  3$ 3.  —  M.  Doyle  (t.  III,  p.  346)  dit  que  ce  fut  le  28  août  1441  que 
Beaufort  fut  créé  comte  de  Dorset. 

(5)  Cf.  Stevenson,  Lctten  and  papers,  I,   157,  477,  479.  481  ;  II,  2e  part., 


336 

lettres  du  3  mars  1447  (1448,  n.  s.),  le  roi  Henri  VI 
fasse  revivre  pour  lui  le  titre  de  duc  de  Somerset,  créé 
en  1443  pour  son  frère  aîné,  Jean  Beaufort,  et  dont 
celui-ci,  mort  dès  le  27  mai  1444,  n'avait  pas  joui  une 
année  entière  (1). 

Bien  que  M.  Tipping  place  le  premier  commandement 
militaire  d'Edmond  Beaufort  sur  le  continent  à  la  date 
de  143 1  (2),  on  le  trouve  dès  le  mois  d'août  1428  avec 
le  titre  de  connétable  de  Vost  et  armée  du  roi  au  royaume  de 
France  (3).  Il  devait  être  encore  bien  jeune  à  cette 
époque.  On  lui  fait  honneur  de  la  reprise  d'Harfleur  en 
1440.  Il  eut  peu  de  temps  après  la  capitainerie  générale 
et  le  gouvernement  du  Maine  et  de  l'Anjou.  Dès  lors,  il 
vise  à  la  lieutenance  générale  en  France  et  intrigue,  avec 
l'appui  de  son  oncle  le  cardinal  Beaufort  et  du  comte  de 
Suffolk,  pour  évincer  de  cette  haute  situation  Richard 
Plantagenet,  duc  d'York,  son  cousin.  On  sait  comment 
le  duc  d'York,  nommé  lieutenant  général  après  la  mort 
de  Bedford,  fut  remplacé  successivement  par  Richard 
Beauchamp,  comte  de  Warwick,  en  1437,  et  par  Jean 
Beaufort,  comte  de  Somerset,  en  1439,  et  combien  il 
eut  de  peine  à  obtenir  de  nouveau  ce  poste  de  confiance 

685,  692,  697,  [704].  Voir  aussi  le  t.  III  de  l'édition  de  Mathieu  d'Es- 
couchy  par  M.  de  Beaucourt,  p.  170,  171,  174.  —  Selon  Dugdale  (Baro- 
nage of  England,  t.  II,  p.  123),  il  aurait  été  fait  marquis  de  Dorset  le 
24  juin  1443 . 

(1)  Voir   notes  de  MM.  Hardy  dans  Wavrin,  t.  IV,  p.  349,   350  et  351  . 

(2)  Dictionary  de  Stephen,  t.  IV,  p.  38. 

(3)  Ch.  de  Beaurepaire,  De  V administration  de  la  Normandie,  p.  194.  — 
Sur  les  différentes  fonctions  militaires  et  autres  remplies  par  Edmpnd 
Beaufort,  voyez  l'excellent  répertoire  de  M.  James  Doyle,  The  officiai  baro- 
nage of  England,  t.  III  ,  p.  346-347. 


337 

en  1441.  Mais  il  eut  alors  à  se  défendre  contre  Dorset, 
héritier  des  prétentions  et  de  la  rancune  de  son  frère 
aîné.  Wavrin  et  Thomas  Basin  nous  font  assister  à  ces 
longues  compétitions  entre  le  duc  d'York  et  les  Beaufort 
et  aux  décisions  contradictoires  que  les  adversaires  arra- 
chaient tour  à  tour  au  faible  Henri  VI.  York  fut  obligé 
une  seconde  fois  de  quitter  la  France.  Son  heureux  rival, 
devenu  duc  de  Somerset,  débarqua  en  Normandie  au 
mois  de  mai  1448  (1)  ;  mais,  l'année  suivante,  com- 
mençait la  brillante  campagne  qui  devait  mettre  fin  si 
rapidement  à  la  domination  anglaise  en  Normandie.  Les 
ennemis  du  gouverneur  cherchèrent  naturellement  à 
l'accabler  sous  la  responsabilité  de  tous  ces  désastres.  Il 
tint  tête  à  l'orage  et  conserva  toute  son  influence.  Enfin, 
Richard  d'York  ayant  pris  les  armes,  Somerset  trouva  la 
mort,  le  22  mai  145  5 ,  dans  la  bataille  de  Saint-Albans, 
la  première  de  cette  lamentable  guerre  des  Deux-Roses 
qui  devait  pendant  trente  ans  déchirer  l'Angleterre. 

Il  ne  saurait  être  question  d'examiner  ici  dans  quelle 
mesure  le  duc  de  Somerset  a  pu  mériter,  en  1448  et  1449, 
les  accusations  de  ses  compatriotes.  Toutefois,  la  colla- 
boration de  son  beau-frère  Talbot  (2),  dont  il  fut  aidé, 
d'après  des  témoignages  contemporains  (3),  et  le  soin 

(1)  Ch.  de  Beaurepaire,  Les  Etats  de  Normandie  sous  la  domination  anglaise, 
p.  99- 

(2)  Talbot  s'était  remarié  vers  1433  à  Marguerite  Beauchamp,  fille  aînée 
de  Richard  Beauchamp,  cinquième  comte  de  Warwick,  qui  mourut  gou- 
verneur de  Normandie  en  1439.  Dorset  avait  épousé  en  1435  Eléonore,  la 
seconde  fille  de  ce  même  Warwick,  alors  veuve  de  Thomas,  lord  Ross  de 
Hamlake.  (Doyle,  III,  p.   311  et  347.) 

(3)  Thomas  Basin,  éd.  Quicherat,  t.  IV,  p.  314  {'Pièces  pour  l'éclaircisse- 
ment de  quelques  points  des  histoires  de  Charles  VII  et  de  Louis  XI).  —  Sui- 

22 


338 

qu'il  mit  à  «  remparer  »  les  fortifications  démantelées  et 
même  à  en  construire  de  nouvelles  (i),  permettent  de 
penser  que  la  haine  des  yorkistes  chargea  plus  qu'il  ne 
convenait  la  gestion  du  dernier  gouverneur  anglais  de  la 
Normandie. 

C'est  uniquement  d'une  entreprise  privée  qu'il  s'agit 
dans  le  devis  dont  on  trouvera  le  texte  plus  loin.  L'ori- 
ginal, recueilli  par  Gaignières,  figure  aujourd'hui  dans 
le  manuscrit  français  20348  de  la  Bibliothèque  nationale. 
Ecrit  sur  papier,  il  comprend  quatre  pages  et  trois  lignes, 
et  occupe  les  folios  200,  201  et  202  du  volume.  Les  dé- 
tails biographiques  qui  précèdent  permettent  de  suppléer 
quelque  peu  à  l'absence  de  date.  C'est  entre  la  mort  de 
Bedford(i4  septembre  1435)  et  l'époque  (août  1442)  où 
Edmond  Beaufort  commença  à  prendre  le  titre  de  mar- 
quis de  Dorset  qu'il  faut  placer  la  rédaction  de  la  pièce 
dont  nous  nous  occupons,  Comme  on  va  le  voir,  il  s'a- 
gissait moins  d'une  forteresse  que  d'une  résidence  mise 
à  l'abri  des  coups  de  main  par  une  enceinte  d'ailleurs 

vant  M.  Doyle,  Talbot  fut,  de  1448  à  1450,  lieutenant  de  basse  Nor- 
mandie. Ill'indique  même  comme  ayant  été,  du  3  octobre  1438  au  2  juillet 
1440,  gouverneur  et  lieutenant  général  de    France  et  de   Normandie.  (III, 

P-  310  -311-) 

(1)  Il  fit  bâtir  deux  forteresses  à  Mortain  et  mit  en  état  de  défense  le 
château  de  Saint- James-de-Beuvron,  précédemment  démantelé.  Cf.  Ste- 
venson, Letters  and  papers,  t.  Ier,  p.  211,  245  ;  le  même,  Narratives,  p.  402, 
440,  467  ;  Mathieu  d'Escouchy,  éd.  Beaucourt..  t.  III  (preuves),  p.  213, 
220,  227,  232,  236  ;  Robert  Blondel,  éd.  Héron,  t.  II,  p.  81.  —  Somerset 
fit  visiter  les  places  de  basse  Normandie  par  François  de  Surienne,  dit 
l'Aragonais.  (Thomas  Basin,  éd.  Quicherat,  t.  IV,  p.  324  :  Pièces  pour 
l'éclaircissement,  etc.) 


339 

soigneusement  pourvue  de  tous  les  moyens  de  défense 
alors  en  usage.  Comme  pour  le  palais  de  Rouen  et  le 
château  d'Harfleur,  c'est  au  bord  de  l'eau,  sur  le  port, 
que  l'emplacement  avait  été  choisi.  La  Seine  était,  aux 
yeux  des  Anglais,  la  grande  route  de  leur  nouvelle  con- 
quête, la  voie  d'accès  qu'il  fallait  toujours  surveiller. 

Rien  n'indique  la  relation  de  cette  entreprise  avec  les 
ouvrages  élevés  en  1441  pour  fortifier  l'île  d'Ori- 
fosse,  située  devant  Elbeuf,  et  à  laquelle  fut  donné 
depuis  le  nom  d'île  de  la  Bastille  (1).  On  ignore 
môme,  à  vrai  dire,  si  le  comte  de  Dorset  réalisa  son 
projet.  Au  moment  où  il  faisait  rédiger  le  devis,  le 
terrain,  en  effet,  n'était  pas  encore  acheté,  ainsi  que  le 
rappellent  les  derniers  mots  du  document.  Nous  ne  sau- 
rions dire,  par  conséquent,  s'il  faut  identifier  la  maison 
forte  à  laquelle  songeait  le  seigneur  d'Elbeuf  avec  le 
château  dit  du  Glayeul,  dont  un  annaliste  de  la  ville, 
François  Dupont  (2),  voyait  ou  croyait  voir  les  vestiges 
au  xvme  siècle  (3).  Quant  aux  constructions  défensives 

(1)  Dom  Lenoir,  La  Normandie  anciennement  pays  d'Etats,  p.  81,  82  ; 
Ch.  de  Beaurepaire,  Les  Etats  de  Normandie  sous  la  domination  anglaise, 
p.  74  et  75.  —  M.  G.  Lefèvre-Pontalis  a  constaté  que  la  garnison  de  l'île 
de  la  Bastille  comprenait,  en  144 1,  cinquante-deux  hommes  d'armes  et 
archers  et  une  petite  flottille  de  foncets  et  de  baleiniers.  (Episodes  de  l'inva- 
sion anglaise  :  la  guerre  de  partisans  dans  la  haute  Normandie,  dans  la  Biblio- 
thèque de  l'Ecole  des  chartes,  1893,  p.  517.) 

(2)  Cité  par  Guilmeth,  Histoire  de  la  ville  et  des  environs  d'Elbeuf,  2e  éd., 
1842,  p.  598.  Voir  aussi  Parfait  Maille,  Recherches  sur  Elbeuf,  t.  III, 
p.  249. 

(3)  Guilmeth  a  publié  (op.  cit.,  p.  531,  note)  un  document  puisé,  dit-il, 
dans  les  rôles  de  la  chancellerie  du  duché  de  Normandie  pendant  le  règne 
de  Henri  V,  et  duquel  il  tire  la  conclusion  qu'Elbeuf  possédait  un  château 
avant  la  mort  de  ce  souverain.  Or,  aux  mots  suivants  :  «  castrum  et  domi- 


340 

qui  auraient  été  entreprises  à  Elbeuf  par  les  Anglais  en 
1420  et  1424,  et  dont  parle,  sans  citer  de  source,  un 
des  historiens  locaux  (1),  on  n'en  trouve  nulle  trace 
dans  les  documents. 

Que  le  manoir  du  comte  de  Dorset  ait  été  ou  non 
édifié,  la  description  contenue  dans  le  devis  n'en  est  pas 
moins  intéressante.  Malgré  quelques  lacunes  et  obscu- 
rités, elle  permet  assez  bien  de  se  représenter  par  l'ima- 
gination ce  qu'eût  été  cette  construction  après  son  achè- 
vement. Les  lettres  dont  nous  avons  marqué  les  diffé- 
rents alinéas  du  document  permettront  de  s'y  reporter 
et  de  juger  si  nous  en  avons  fidèlement  interprété  les 
termes  dans  l'essai  de  «  restitution  »  qui  va  suivre. 

Au  milieu  d'une  enceinte  de  murailles  munie  d'ouver- 
tures pour  le  tir  du  canon,  de  l'arc  et  de  l'arbalète,  et  dont 
le  glacis  eût  plongé  dans  un  fossé  rempli  d'eau  (g,  v), 
se  serait  élevé  un  logis  quadrangulaire,  parallèle  à  la 
Seine  (h)  et  mesurant  23  mètres  de  long  sur  10  mètres 
de  large  (a).  Un  rez-de-chaussée  et  un  premier  étage, 

nium  de  Alboum  »  (sic),  dont  il  appuie  son  opinion,  il  faut  substituer 
ceux-ci  :  «  castrum  et  dominium  de  Lillebone  ».  (Cf.  Bréquigny,  Rôles. 
no  205.)  —  On  ignore  à  quelle  époque  fut  construit  le  châtean  du  Glayeul. 
Il  n'existait  vraisemblablement  pas  encore  en  1359,  tandis  que  des  actes  de 
143 1  et  1433  font  mention,  à  Elbeuf,  des  «  fossés  »  et  du  «  mur  du  gardin 
du  chastel  ».  (Voyez  Saint-Denis,  op.  cit.,  p.  368,  409-410,  521,  $39»  543-) 
Rien  n'autorise  à  attribuer  ce  château  aux  Anglais. 

(1)  Guilmeth,  p.  529-534-  —  Cet  auteur,  ayant  trouvé  trace  dans  les 
archives  de  la  collégiale  de  la  Saussaye  de  la  possession  de  l'île  d'Orifosse 
par  le  roi  d'Angleterre,  place  hardiment  la  construction  de  la  Bastille  en 
1418  (p.  528).  Les  mentions  contenues,  à  la  date  1441,  dans  l'ouvrage  de 
"  dom  Lenoir  permettent  de  prendre  une  fois  de  plus  l'historien  d'Elbeuf  en 
flagrant  délit  de  mensonge. 


34i 

de  4  mètres  de  hauteur  chacun,  et  un  second  étage  de 
2  m.  6o,  devaient  s'y  superposer,  avec  des  murs  d'un 
mètre  d'épaisseur  (b).  Sous  une  partie  de  ce  logis  eût 
régné  un  cellier  (j),  pour  lequel  le  devis  prévoit  une  voûte 
soit  en  berceau,  soit  d'ogives  (1).  A  chaque  angle  du  logis, 
un  gros  contrefort  carré  que  la  tourelle  du  sommet  nous 
fait  penser  parallèle  aux  façades,  comme  à  l'époque 
romane,  et  non  planté  de  biais,  suivant  l'usage  du 
xve  siècle,  devait  renfermer  un  cabinet  de  latrines  disposé 
à  hauteur  convenable  pour  que  les  différents  étages  et  le 
comble  eussent  respectivement  le  leur  (a).  La  partie 
inférieure  serait  disposée  de  façon  à  ce  que  les  matières 
s'écoulent  rapidement  dans  l'eau  du  fossé  (a). 

La  porte  d'entrée  de  la  maison  eût  occupé  le  milieu 
de  la  façade  tournée  vers  la  Seine.  Un  escalier  devait  la 
précéder,  preuve  que  le  soubassement  était  prévu  d'une 
certaine  hauteur.  Cet  escalier  serait  protégé  par  un  porche 
couvert  d'ardoise  (t)  et  précédé  d'un  petit  fossé  muni 
d'un  pont-levis.  Un  parapet  empêcherait  «  que  gens  et 
bestes  ne  puissent  cheoir  dedens  le  dit  fossé  »  (h). 

Il  semble  que  l'escalier  des  étages  dût  être  une  tou- 
relle extérieure  appliquée  contre  la  façade  regardant  la 
ville  ;  l'emplacement  d'une  ou  deux  «  vis  »  plus  petites 
n'est  pas  désigné  (b,  c,  t). 

Par  «  huisseries  de  fenestres  de  pierre  de  taille  »,  il 
faut  entendre  le  cadre  des  baies  et  les  meneaux  :  croix, 
trumeau  ou  simple  traverse  (d). 

(i)  C'est  ainsi  que  nous  croyons  devoir  interpréter  les  expressions  du 
texte:  «  lequel  cellier  sera  pavé  et  fait  de  maçonnerie  et  d'eglize  (sic).  » 
Le  sens  paraît  être,  en  effet  :  «  ...  de  maçonnerie  en  manière  d'église.  » 


342 

On  se  figure  bien  les  appartements,  avec  leurs  cloisons 
et  leurs  cheminées  de  plâtre  (s),  leurs  plafonds  portés  sur 
des  poutres,  soulagées  elles-mêmes  par  des  corbeaux  en 
pierre  (d). 

L'écoulement  des  eaux,  dans  la  cuisine  et  dans  les 
cours,  est  soigneusement  prévu.  Les  cours  seront  pavées 
de  grès  ou  de  silex.  Un  puits  y  sera  creusé  «  au  plus  près 
de  la  cuisine  »  (e,  f). 

On  prévoit  un  comble  «  à  ansse  de  panier  ».  Comme 
les  dimensions  indiquent  une  toiture  à  pentes  très  ra- 
pides (n),  il  faut  supposer  un  système  de  jambettes  et  de 
contrefiches  formant  un  berceau  surbaissé,  comme  celui 
que  Viollet-le-Duc  a  relevé  au-dessus  de  la  salle  syno- 
dale de  l'évêché  d'Auxerre,  construite  au  xme  siècle  (1). 
L'emplacement  assigné  aux  lucarnes,  «  tant  aux  costés 
comme  es  boutz  »,  annonce  un  comble  terminé  par  des 
croupes  et  non  par  des  pignons  (o).  Deux  chambres  en 
galetas  devaient  être  ménagées  dans  le  comble,  «  du 
costé  de  devers  les  jardins  »,  c'est-à-dire  vraisemblable- 
ment au  midi  (a).  Une  tourelle  carrée,  en  bois,  «  de  la 
hauteur  d'icelle  maison  »,  termine  chacun  des  gros  con- 
treforts d'angle  (p).  On  y  pénètre  évidemment  du 
comble,  lui-même  accessible  par  un  étage  supérieur, 
également  de  bois,  qui  couronne  la  tourelle  d'esca- 
lier (a).  Des  «  bannières  »  de  cuivre,  peintes  et  dorées, 
aux  armes  de  «  Monseigneur  »  (2),  eussent  brillé  par- 
tout, sur  les  lucarnes,  aux  extrémités  du  comble  et  au 

(1)  Cf    Dictionnaire  d'architecture,  t.  III,  p.  26-29  (%•  l9  et  2°)- 

(2)  Ecartelé  de  France  et  d'Angleterre,  à  la  bordure  componée  d'argent  et 
d'azur. 


343 


sommet  des  tourelles,   servant   d'amortissement  à   des 
épis  de  plomb  ouvragé  (n,  p,  u). 

Ainsi  terminée,  avec  ses  quatre  hautes  tourelles  d'angle, 
la  maison  du  comte  de  Dorset  aurait  eu  un  aspect  tout 
britannique  bien  fait  pour  réjouir  le  cœur  de  son  pro- 
priétaire. 

Ajoutons  encore  une  ou  deux  réflexions. 

Il  semble  résulter  des  détails  du  devis  que  les  extré- 
mités du  logis  donnent  directement  sur  les  dehors  et  que 
l'édifice  sépare  complètement  les  deux  cours.  Les  murs, 
dit  le  document,  seront  «  talluez  et  fondez  à  V endroit 
d'iceulxjossez,  ung  pié  plus  bas  que  le  fons  desdits  fossez, 
et  les  murs  des  piliers  semblablement  »  (b).  Donc,  les 
fossés  n'entourent  pas  le  logis  tout  entier.  La  nécessité 
de  protéger  le  degré  extérieur  par  un  petit  fossé  particu- 
lier en  est  une  autre  preuve. 

On  doit  remarquer  l'absence  de  détails  touchant  les 
entrées  du  dehors,  vers  la  ville  et  vers  la  Seine.  Il  est 
seulement  question  de  la  charpenterie  à  fournir  pour  les 
«  deulx  pons  levys  »  et  pour  les  ponts  dormants  munis 
de  herses  (r). 

Rien  ne  permet  de  deviner  l'auteur  du  devis.  La  rédac- 
tion prouve  seulement  qu'il  était  Français.  Nous  nous 
contenterons  de  rappeler  trois  noms.  Depuis  1419  jus- 
qu'à sa  mort,  arrivée  le  5  janvier  1441  (n.  s.),  l'archi- 
tecte de  l'abbaye  de  Saint-Ouen,  Alexandre  de  Berneval, 
fut  en  même  temps  maître  des  œuvres  de  maçonnerie  du 
roi  au  bailliage  de  Rouen.  Immédiatement  après,  le  23  du 
même  mois,  Simon  Le  Noir  et  Jean  Wyllemer  paraissent 
avec  le  titre  de  «  maistres  des  euvres  de  machonnerie  et 


344 

charpenterie  du  roy  nostre  sire  »,  dans  un  procès-verbal 
d'expertise  dont  M.  de  Beaurepaire  a  publié  le  texte  et 
donné  le  fac-similé  (  i  ) . 

(i)  Notes  sur   les  architectes   de  Rouen,    dans   Bulletin   des  Amis   des  monu- 
ments rouennais,  année  1902,  p.  91. 


DEVIS 

POUR  LA  CONSTRUCTION  D'UNE  MAISON  FORTE  A  ELBEUF-SUR- 
SEINE  PENDANT  L'OCCUPATION  ANGLAISE  DU  XV"  SIECLE 

a)  Cy  enssuit  le  devis  de  V ouvrage  de  maçonnerie  que 
hault  et  puissant  seigneur  monseigneur  le  conte  de 
Dorset,  de  Mortaing  et  de  Harecourt  entend  faire  en 
sa  ville  d'EIlebeuf,  en  une  maison  et  ediffice  fortiffiée 
defosse%,  au  plus  près  du  port  ;  laquelle  maison  aura 
xij  toizes  de  long  ou  environ  et  v  toizes  de  large  ou  envi- 
ron. Et  aux  quatre  cornes  aura  iiij  gros  piliers  qui  sau- 
dront(i)  oultre  les  cornes  de  ladicte  maison  v  piez  ou 
environ  Et  aura  chacun  piller  de  large  vij  piez  et  demi 
ou  environ,  de  dehors  en  dehors,  et  se  trouveront  lesaise- 
mens  en  chacun  d'iceulx  piliers  pour  servir  toutes  les 
estagcs  dudit  ediffice..  Et  auront  les  murs  d'iceulx  pllers 
ij  piez  d'espoisse.  Et  seront  les  cieux  d'iceulx  piliers  voû- 
tez par  dedens  oeuvre  jusques  aux  rasemens  des  terres. 
Et  y  aura  essaux  par  où  les  matières  se  wideront  ou  fons 
desditz  fossez  Et  sy  seront  iceulx  aisemens  pavez  par 
leur  dessoubz,  à  pentes  raisonnables,  affin  que  les  ma- 
tières ne  demourent  dedens  lesditz  aisemens  pour  les 
emondices  etpunaizies  qui  en  pourroient  yssir. 

b)  Et  premièrement  les  murs  desditz  ediffices  auront 
trois  piez  d'espoisse  comme  il  est  poutrait  sur  le  parche- 
min sur  ce  fait  ;  et  seront  les  murs  talluez  et  fondez  à 
l'endroit  d'iceulx  fossez  ung  pié  plus  bas  que  le  fons  des- 

(i)  Qui  feront  saillie. 


346 

ditz  fossez,  et  les  murs  desditz  piliers  semblablement; 
lesquelx  tallus  seront  sy  hault  qui  pourront  résister  aux 
eaues  et  crestines  (  i }  qui  y  pourroient  venir;  dont  le 
premier  ediffice  aura  xij  piez  de  hault,  le  second  estage 
autres  xij  piez,  et  le  tiers  estage  sera  de  viij  piez,  surquoy 
le  comble -du  gallatas  serra;  et  aura  oudit  ediffice  une 
grant  wys  de  pierre  de  taille  fournye  de  ses  marches  et 
noel,  comme  il  est  porté  sur  ledit  parchemin. 

c)  Item  aura  une  petite  wys  où  deulx,  si  mestier  est, 
oudit  ediffice,  où  il  sera  advisé  au  plus  nécessaire  que 
faire  se  pourra. 

d)  Item  ledit  ediffice  sera  fournyde  huisseries  de  fenes- 
tres  de  pierre  de  taille,  lesquelz  huisseries  et  fenestres 
seront  faictes  de  pierre  dure  et  les  marches  desdictes  wys  ; 
et  sy  aura  chaynes  de  pierre  dure  endroit  les  trefs  (2), 
fournys  de  corbeaux  pour  soustenir  lesditz  trefs  ;  et  le 
demourant  dudit  ediffice  sera  de  pierre  tendre,  de  la  pierre 
d'Orival,  et  toute  ladicte  pierre  tendre  d'estanfische  (3).  et 
seront  tous  les  costez  pardedens  oeuvre  de  pierre  dure 
d'une  toize  de  hault,  affin  que  la  pierre  tendre  ne  gaste 
les  robes  (4),  et  aussi  les  taillus  de  ladicte  maison  endroit 
les  fossez  seront  de  pierre  dure  jusques  au  dessus  des 
eaues. 

e)  hem  la  cuisine  dudit  lieu  sera  pavée  de  dure  pierre 
à  bonne  pente,  et  y  aura  cahotz  par  fourme  de  gargoulle 
pour  geter  les  eaues  de  la  cuisine  dedens  les  fossez. 

f)  Item  il  y  aura  ung  puis  au  plus  prez  de  ladicte  cui- 
sine, le  plus  parfont  que  faire  se  pourra  ;  et  sy  seront  les 
cours  pavées  de   pavement  de  grès  ou  de  caillou  brisés  ; 

(1)  Inondations. 

(2)  Poutres. 

(3)  Pierre  pour  les  fondations. 

(4)  Les  parements. 


347 

lesquelles  cours  auront  pentes  raisonnables  et  cahotz  en 
plusieurs  lieux  pour  esgouter  les  eaues,  affin  que  lesdictes 
cours  se  puissent  tenir  nestes. 

g)  Item  lesdictes  cours  seront  talués  et  maçonnez  de 
pierre  de  taille  toutentour  par  leur  dehors,  bien  et  deue- 
ment,  et  au  dessus  desditz  tallus  et  de  l'enrasement  des- 
dictes cours  aura  avant  mures  garniz  decarneauxà  haul- 
teur  raisonnable,  où  il  aura  archieres,  arbalestrieres  et 
canonnières  par  tout  où  il  appartendra,  pour  mieulx 
garder  ladicte  place  et  pour  y  mectre  guet  par  nuyt,  se 
mestier  estoit. 

h)  Item,  ou  parmy  (i)  dudit  ediffice,  et  en  la  court  de 
devers  Seine,  aura  ung  grant  degré  de  pierre  dure  pour 
monter  et  avaller  gens  et  garnisons  en  ladicte  place  quant 
mestier  en  sera;  lequel  degré  montera,  le  kay,  le  degré  et 
les  aires,  sy  hault  que  les  grans  eaues  n'y  pourront  venir  ; 
et  au  devant  d'icellui  degré  aura  ung  petit  pont  levys 
pour  passer  et  entrer  dedens  les  ediffices  et  maison,  d'une 
toize  de  large  et  de  ix  piez  [sic],  et  au  dessoubz,  à  l'en- 
droit d'icellui  pont  leveys,  aura  ung  petit  fossé  de  trois 
toizesde  long  et  de  toizeet  demie  de  large  autour  d'icellui 
petit  fossé  [sic]  ;  lequel  fossé  sera  tallué  de  pierre  de  taille 
de  viij  à  ix  piez  de  parfont  ;  et  à  l'enrasement  de  ladicte 
court  aura  ung  avant  muret  sur  ledit  tallu,  de  iij  piez  de 
hault  et  de  ung  piéd'espoisse,  affin  que  gens  ne  bestes  ne 
puissent  cheoir  dedens  ledit  fossé. 

i)  Item,  et  seront  les  clouesons  et  chemynées  qui  seront 
esditz  ediffices  toutes  faictes  de  piastre,  s'il  plaist  à  mondit 
seigneur. 

j)  Item  convient  faire  ung  cellier  voûté  dessoubz  la 
salle,  de  iij  toizes  et  demie  de  long  et  de  deux  toizes  et 

(i)  Au  milieu. 


348 

demie  de  large,  lequel  cellier  sera  pavé  et  fait  de  maçon- 
nerie et  d'eglize  (sic),  en  manière  que  Teaue  n'y  puisse 
entrer,  ouquel  cellier  y  aura  une  trappe  à  avaler  les  vins 
et  ung  degré  apoteer. 

Et  peult  monter  ladicte  maçonnerie  et  pavement,  tant 
de  la  cuisine  que  des  cours,  environ  iijc  lxx  toizes,  qui, 
à  viîj  s.  pour  toize  que  les  ouvriers  en  demandent, 
an  [sic]  ouvrant  toutes  matières,  montent  ijm  vc  f. 

Carpenterie. 

k)  Enssuit  le  devys  de  la  charpenterie  qu'il  convient 
faire  sur  la  maçonnerie  cy  dessus  declairée. 

l)  Et  premièrement  il  convient  en  restage  d'embas 
vij  trefs  espassés  egaument  pour  porter  les  planchiers 
fournys  de  solliveaux,  lesquelz  trefs  auront  v  toises  de 
long  ou  environ  et  xv  pousses  de  reffait  en  tous  sens. 

m)   Item  ou  ije  estage  pareillement. 

n)  Item  convient  faire  ung  comble  sur  ladicte  maçon- 
nerie à  ansse  de  pennier,  de  xi  j  toizes  de  long  et  de  v  toizes 
de  large  ou  environ,  et  de  vj  toisses  de  chevron  ou  envi- 
ron, fourny  de  chevrons,  d'entrefs,  de  ponçons,  de  jambes, 
esseliers,  avccques  les  plates  fourmes  et  joux  tant  dehors 
que  dedens,  et  les  couyaulx  pour  couvrir  ladicte  maçon- 
nerie, avecques  feste  et  soubz  feste  et  liessons  à  ce  conve- 
nables, et  les  ploncours  amortis  pour  asseoir  les  plomme- 
ryes  et  banieres. 

o)  Item,  en  icellui  comble  seront  fermés  vj  lucagnes 
tant  aux  costés  comme  es  boutz,  chacune  de  vij  piez  de 
hault  et  de  vj  piez  de  lay,  et  sera  fait  en  chacune  lucagne 
ung  conple  (sic)  à  tiers  point  garny  d'espy  pour  mettre 
vire  victes. 

p)  Item  il  convient  faire  iiij  tourelles  à  iiij  coings  dudit 
ediffice,  où  il  aura  en  chacune  tourelle  une  estage  de  bois 


3  49 

de  la  hauteur  cTicelle  maison,  et  seront  icclles  tourelles 
toutes  carrées,  de  viij  piez  de  large,  et  sur  chacune  tou- 
relle aura  une  vire  vicie,  et  sera  le  comble  d 'icelle  tou- 
relle fermés  (sic)  à  tiers  point,  et  à  chacune  d'icelle  tou- 
relle sera  fait  les  bées  des  fenestres  bastardes  pour  y 
donner  jour. 

q)  Item,  du  costé  de  devers  les  jardins,  convient,  entre 
les  deulx  tourelles,  recouvrir  deulx  chambres  et  ung  degré 
de  la  haulteur  desdictes  tourelles. 

r)  Item  lesditz  carpentiers  seront  tenuz  de  faire  les 
deulx  pons  levys  et  le  treste  dormant,  avecques  une  herche 
qui  sera  sur  le  pont  dormant. 

Et^pour  ce  faire  et  pour  le  cariage  et  abatage  du  bois 
demandent  les  ouvriers  viijc  f . 

Plastrerie. 

s)  Pour  plastrer  les  clouesons  desthamps  (sic)  fournys 
de  cheminées,  chambres  aisies,  plastrer  les  planchiers  et 
le  galatas  par  fourme  de  lambroys,  pour  plastrer  et  peine 
d'ouvriers,  et  rendre  tout  prest  les  plastreries,  en  deman- 
dent pour  ce  faire  m  frans. 

Couverture  Gardoise. 

t)  Pour  couvrir  d'ardoise  toute  ladicte  maison  et  édit- 
rices, c'est  assavoir  les  piliers  où  sont  lesaisemens  et  deux 
chambres,  et  le  degré  qui  seront  dehors  ladicte  maison, 
les  ouvriers  demandent  m  vc  frans. 

Plommerie. 

u)  Pour  plommer  toutes  les  edifficescy  dessus  nommez, 
fournir  de  banieres  de  cuivre  paintes  et  dorées  aux  armes 
dhcellui  seigneur  bien  et  deuement,  ainsi  qu'il  appar- 
tient, le  plommier  en  demande  iiijc  f. 


350 

Pyonnerie. 

v)  Pour  faire  la  pyonnerie  où  seront  assiz  les  fonde- 
mens  tant  de  ladicte  maison  et  ediffices  comme  des  fossez 
d'entour,  lesquelz  fossez  contendront  v  toizes  de  large  ou 
environ  et  ij  toizes  et  demie  de  parfont  ou  environ,  depuis 
l'enrasement  des  aires  dudit  hostel  jusques  au  parfont  ; 
et  seront  lesditz  pyonniers  tenuz  à  tenir  les  eaues  à  termes 
raisonnables,  tellement  que  les  maçons  puissent  ma- 
çonner les  fondemens  d'iceulx  ediffices  ainsi  qu'il  appar- 
tient; et  pour  ce  faire  demandent  les  ouvriers  vc  f. 

Somme  toute  vjm  vijc  f.  (  i  ) 

Et  est  sans  la  hucherie,  serreurerie,  verrerie  et  autres 
habillemens. 

Et  sans  les  places  sur  lesquelles  mondit  seigneur 
entend  à  faire  ;cellui  ediffice,  qu'il  conviendroit  achetter. 

(i)  Environ  260,000  francs  de  notre  monnaie. 


EXTRAIT 

EN    FORME    DE    REMARQUES    COMPILEES 

Par  M.    BIOT, 

Prêtre  de  la  paroisse  S. -François, 
Touchant    la    ville    du    Havre -de- Grâce. 


INTRODUCTION 

L'abbé  Pierre  Biot  (1661-1731)  n'est  certes  pas  un 
inconnu  parmi  les  annalistes  du  Havre.  Ce  n'est  pour- 
tant que  par  un  ensemble  de  circonstances,  inutiles  à 
préciser  ici,  que  l'attention  vient  d'être  rappelée  sur  lui, 
juste  à  propos  pour  lui  faire  prendre  place  dans  ce  vo- 
lume, où  abondent  les  pièces  havraises. 

L'intérêt  propre  de  Biot,  c'est  qu'il  vient  immédiate- 
ment après  de  Marceilles,  et  qu'ainsi  il  a  été,  plus  de  cin- 
quante ans,  contemporain  des  faits  qui  ont  terminé  le 
second  siècle  de  l'histoire  du  Havre. 

Autant,  pour  la  période  antérieure,  son  récit  n'a  rien 
qui  l'autorise,  autant  ces  simples  notes  d'un  témoin  ocu- 
laire méritent  de  ne  pas  rester  dans  l'oubli.  Ainsi  en 
jugeaient  naguère  ses  compatriotes  les  plus  éclairés;  et 
la  Société  a  cru  bon  de  commencer  la  publication  à  peu 
près  avec  l'année  de  la  naissance  du  chroniqueur.  Elle 
imprime  donc  un  peu  plus  du  tiers  (pp.  52-80)  de  son 
travail. 

En  parlant  du  Rouen  sous  l'année  1692,  Borély  {His- 
toire du  Havre,  III,  47)  a  emprunté  quelques  phrases  à 

23 


354 

M,le  Le  Golft.  Or  ces  citations  se  retrouvent  mot  pour 
mot  dans  l'abbé  Biot  :  ce  qui  prouve  qu'il  a  été  servile- 
ment pillé. 

Mais  Biot  n'aurait-il  pas  lui-même  copié  autrui  ?  C'est 
ce  que  vient  de  se  demander  la  notice  qu'en  donne 
M.  l'abbé  Anthiaume  dans  son  savant  Collège  du  Havre 
(I,  324).  Le  mot  «  compiler  »  du  titre  ferait  déjà  seul 
croire  à  l'affirmative,  tout  en  sauvegardant  la  probité  lit- 
téraire de  l'auteur.  Il  y  a  plus  :  la  notice  médicale  de 
1681  est  sûrement  d'un  anonyme  ;  n'y  parle-t-il  pas  en 
première  personne  de  ses  «  jeunes  années  »  et  de  «  petit 
camarade  »  au  xvme  siècle,  époque  où  Biot  allait  at- 
teindre la  quarantaine. 

Du  reste,  notre  choriste  de  Saint-François  ne  mit  pas 
la  dernière  main  à  son  œuvre.  Cela  se  voit  par  les  dates 
qu'il  a  laissées  en  blanc  ;  comme  celles  dont  il  n'a  tracé 
que  les  deux  premiers  chiffres  attestent  son  souci  de 
l'exactitude. 

Enfin,  par  un  incident  plus  fâcheux,  le  manuscrit  si 
obligeamment  communiqué  par  M.  Marcel  Toussaint, 
le  seul  connu  apparemment,  puisque  c'est  celui  que  cite 
M.  l'abbé  Anthiaume  comme  ayant  appartenu  à  l'histo- 
rien ecclésiologique  du  Havre,  l'abbé  J.-B.  Lecomte,  ce 
manuscrit  n'est  pas  autographe,  ainsi  que  les  dernières 
lignes  en  font  foi.  Et  le  copiste  y  a  commis  des  négli- 
gences assez  fortes  pour  qu'un  petit  nombre  de  passages 
laissent  à  désirer  pour  la  correction,  et  parfois  même 
pour  le  sens.  Sous  ces  points  de  vue,  le  document  est 
donc  médiocre  ;  mais  il  est  du  temps,  ce  qui  en  compense 
les  défauts. 


355 

L'annotation  eût  pu  aisément  devenir  copieuse.  Di- 
vers motifs  persuadent  à  l'éditeur  qu'il  a  suffisamment 
rempli  sa  tâche,  s'il  présente  à  ses  collègues  des  Extraits 
correctement  publiés.  C'est  affaire  aux  travailleurs  qui 
les  allégueront  de  les  comparer  avec  les  sources  déjà 
connues  pour  en  discuter  l'exactitude. 

A.   Tougard. 

7  novembre  1905. 


EXTRAITS 
Par  l'Abbé  P.  Biot. 

Duc  de  S.-Aignan  Gouverneur.  —  M.  le  duc  de  S.- 
Aignan  vint  prendre  possession  du  gouvernement  du 
Havre  en  Tannée  1664. 

Au  mois  d'octobre,  cinquante  ou  plutôt  soixante  jeunes 
Bourgeois  à  cheval  furent  audevant  plus  de  cinq  lieues, 
avec  pareil  nombre  des  villes  de  Montivilliers  et  d'Har- 
fleur,  en  tout  cent  vingt.  Ils  ramenèrent  jusques  à  la  ci- 
tadelle. Les  cchevins  à  la  tête  de  la  Bourgeoisie  sous  les 
armes  Pattendoient  à  la  porte  dMngouville  avec  les  clefs 
qu'ils  lui  présentèrent.  Il  a  fait  beaucoup  de  bien  à  la 
ville. 

En  1 665,  il  fit  une  revue  des  habitans  capables  de  por- 
ter les  armes,  qui  se  trouvèrent  au  nombre  de  quatre 
mille.  M.  de  Montosier,  Gouverneur  de  Normandie, 
voulant  venir  au  Havre  pour  en  faire  la  visite,  à  cause 
qu'on  étoit  menacé  de  guerre,  M .  le  duc  de  S.-Aignan  eut 
ordre  de  ne  le  recevoir  que  comme  un  gentilhomme  qui 
en  viendroit  voir  un  autre  ;  et  le  sr  de  Montosier  voulant 
aller  à  Fécamp,  le  duc  de  S.-Aignan  fit  [mot  effacé)  re- 
montra au  Roy  que  cette  ville  avoit  toujours  été  de  son 
gouvernement.  Le  Roy  érigea  alors  le  Havre  en  gouver- 
nement, et  M.  le  duc  de  S.-Aignan  fit  une  revue  de  tout 
son  gouvernement  au  mois  de  juin  1674  dans  la  cam- 
pagne de  Fongueusemare,  à  six  lieues  du  Havre.  Toute 
la  noblesse  et  les  paysans  s'y  trouvèrent  avec  la  cavalerie 


358 

des  villes  du  Havre,  Montivilliers  et  Harfleur.  Il  en 
forma  une  armée  d'environ  douze  mille  hommes,  la  ca- 
valerie des  villes  à  la  droite,  la  noblesse  à  la  gauche,  et  un 
corps  de  réserve  avec  quatre  pièces  de  canon  apportées  du 
Havre,  et  le  bagage. 

Vaisseaux  au  Havre.  —  Le  Roy,  à  la  sollicitation  de 
M.  Colbert,  Intendant  des  finances,  donna  un  arrest  du 
Conseil,  dans  lequel  le  Roy  promettoit  donner  à  ceux 
qui  feroient  bâtir  des  vaisseaux  de  cent  tonneaux  et  au- 
dessus  jusqu'à  deux  cents,  ioo  sous  pour  chaque  tonneau 
des  deniers  du  trésor  royal,  et  6  livres  pour  chaque  ton- 
neau des  vaisseaux  qui  en  excéderoient  deux  cents,  moitié 
payable  lorsque  la  quille  seroit  posée,  et  l'autre  moitié 
lorsque  le  navire  seroit  lancé  à  Peau. 

Cet  arrest  eut  son  exécution  pendant  quelque  tems. 
Cela  fit  bâtir  au  Havre  des  vaisseaux  beaucoup  plus 
grands  qu'on  n'avoit  coutume  de  faire  ;  et  en  si  grand 
nombre,  qu'on  en  a  vu  plus  de  cent  aller  à  la  morue  sur 
le  banc  de  Terreneuve,  qui  étoit  le  principal  commerce 
du  Havre,  où  les  habitans  réussissoient  mieux  que  les 
autres  :  sans  compter  les  autres  navigations  sur  les  côtes 
du  Nord,  et  les  côtes  d'Espagne  :  nonobstant  la  difficulté 
de  l'entrée  du  port  qui  se  bouchoit  de  tems  en  tems  lors- 
qu'il survenoit  quelque  tempête.  Mais  aussitôt  on  ou- 
vroit  un  autre  canal  tendant  au  nord-ouest  de  ladite 
entrée  :  en  sorte  que  le  galet  se  trouvoit  poussé  tout  d'un 
coup  de  l'autre  côté  du  port,  et  le  canal  s'augmentoit  de 
jour  en  jour  par  le  moyen  des  barres  qui  l'envoient  du 
côté  de  l'Heure,  où  il  est  très  utile,  comme  on  verra  dans 
la  suite  ;  et  le  port  se  trouvoit  bientôt  au  premier  état. 

Pionnage.  —  C'étoient  les  habitans  qui  faisoient  ce 
travail  eux-mêmes,  parce  qu'ils  avoient  besoin  de  leur 
port  ;  et  ils  étoient  commandés  par  les  officiers,  comme 


359 

pour  la  garde  de  leur  ville,  qui  leur  étoit  alors  confiée 
entièrement.  Ce  travail  s'appeloit  le  pionnage,  lequel, 
tout  incommode  qu'il  étoit,  leur  étoit  cependant  suppor- 
table, parce  qu'il  n'arrivoit  pas  souvent,  et  étoit  de  peu 
de  durée,  par  rapport  aux  barres  qui,  étant  tout  proches, 
avoient  beaucoup  plus  d'effet  qu'elles  n'en  auroient  au- 
jourd'hui ;  à  joindre  qu'on  labouroit  le  sable  à  la  charue 
pour  l'émouvoir,  et  qu'on  ne  portoit  que  les  gros  cail- 
loux. 

Epis.  —  Ce  fut  en  ce  même  temps  qu'on  multiplia  les 
épis,  pour  remédier  à  l'entrée  du  port  qui  se  bouchoit  ;  et 
il  n'y  en  avoit  pas  un  si  grand  nombre,  à  cause  de  la 
digue  de  la  Hèvequi  retenoit  le  galet  pendant  qu'elle  sub- 
sistoit,  et  ce  qui  étoit  bon  tant  que  les  épis  ont  subsisté, 
et  n'ont  point  été  comblés  de  galet. 

Canal  du  Havre  à  Harfleur.  —  Dans  ce  même  tems 
encore,  pour  déboucher  encore  plus  facilement  le  port,  on 
résolut  de  faire  un  canal  de  ladite  ville  à  celle  d'Harfleur, 
où  M.  de  Colbert  avait  dessein  d'établir  des  manufac- 
tures, ainsi  qu'à  Montivilliers.  Ce  fut  M.  le  duc  de  S.- 
Aignan  qui  conduisit  l'ouvrage  à  sa  perfection,  non  pas 
sans  chagriner  beaucoup  de  particuliers  sur  les  terres  des- 
quels passa  ledit  canal.   Mais  le  peuple  négligea  bientôt 
cette  commodité  ou  canal  ;  et  il  s'est  presque  rempli  vers 
Harfleur/et  ne  sert  plus  à  présent  que  dans  la  crainte 
d'un  siège,   pour  pouvoir  introduire  les  rivières  qui  se 
déchargent  dans  la  mer  à   Harfleur,  par  les  marais  du 
Havre,  afin  de  les  inonder  et  rendre  la  grande  barre  du 
Havre  plus  abondante  et  forte  pour  déboucher  le  port  ; 
depuis  qu'on  a  détruit  le  moulin  à  l'eau  du  Gouverneur, 
qui  étoit  au  côté  de  ladite  barre,  du  côté  de  la  citadelle." 
Et  ce  qui  est  une  marque  que  la  mer  battoit  autrefois  près 
les  murailles  du  château  de  Graville  et  Harfleur,  on  y 


360 

trouva  une  quille  de  vaisseau  de  quatre-vingts  pieds  de 
long,  qui  depuis  ce  tems  s'étoit  conservée  dans  la  terre. 
J'ai  ouï  dire  aussi  à  M.  Gougeart  que,  voulant  faire  un 
petit  étang,  il  y  a  quelques  années,  au  bas  de  la  basse- 
cour  au  dessous  de  son  jardin  vers  les  marais,  il  avoit 
trouvé  aussi,  en  faisant  creuser,  un  mât  de  vaisseau  tout 
droit,  c'est-à-dire,  enfoncé  viron  de  sept  pieds,  le  reste 
dans  la  terre.  Il  avoit  trois  pieds  de  circonférence. 

Bateau  pour  canal.  —  On  bâtit  ici,  dans  le  tems  qu'on 
eut  fait  le  canal,  un  petit  bateau  pour  la  commodité  des 
Bourgeois  pour  aller  et  venir  d'Harfleur  au  Havre,  et  du 
Havre  à  Harfleur,  et  porter  en  cette  ville  des  légumes  et 
fruits  de  la  vallée.  On  y  travailla  même  les  fêtes  de  Pâ- 
ques ;  et  cependant  il  ne  servoit  jamais. 

M.  de  Colbert  —  Après  le  canal  fini,  M.  de  Colbert, 
qui  avoit  ordre  de  visiter  toutes  les  côtes  pour  faire  un 
hauvest  port  dans  la  Manche,  vint  au  Havre.  Il  n'en 
trouva  pas  de  plus  propre,  après  avoir  visité  les  côtes  de 
Bretagne,  Picardie  et  Normandie,  entre  autres  Etretat  et 
la  Hogue  ;  le  terrein  du  Havre  étant  déjà  disposé  et  propre 
à  creuser  à  volonté,  si  ce  n'est  à  l'entrée  du  port  où  il  y  a 
deux  roches  à  cinq  ou  six  toises  de  l'ancienne  jetée  de 
pierre. 

Pour  recevoir  M.  Colbert,  M.  le  duc  de  S.-Aignan  fit 
équiper  une  chaloupe,  qu'il  envoya  à  Harfleur  par  le 
nouveau  canal.  Les  habits  et  bonnets  des  rameurs  étaient 
blancs  et  uniformes.  Et  M.  Colbert  s'étant  embarqué  dans 
la  chaloupe,  les  cent  vingt  cavaliers  dont  on  a  parlé,  l'ac- 
compagnèrent des  deux  côtés  du  canal  jusqu'au  pont  des 
Ruettes,  où  il  monta  en  carosse  pour  entrer  dans  la  ville 
par  la  porte  d'Ingouville.  Un  bataillon  de  jeunesse  au 
dessous  de  vingt  ans  l'attendoit  dans  la  campagne  d'In- 
gouville, et  le  conduisit  jusqu'à  la  citadelle  avec  les  cava- 


36, 

liers  entre  deux  files  de  bourgeois  sous  les  armes  dans  les 
rues.  On  fit  alors  Fessai  de  l'inondation  par  le  moyen 
dudit  canal  ;  et  pendant  trois  jours,  il  n'y  eut  que  par  la 
chaussée  seule  d'Ingouville  que  l'on  pouvoit  entrer  dans 
la  ville,  tout  le  marais  étant  couvert. 

Vases  du  bassin.  —  M.  Colbert  parti,  on  laissa  écouler 
l'inondation,  et  on  travailla  à  vuider  les  vazes  du  bassin 
qui  est  entre  les  paroisses  de  N.-Dame  et  S. -François,  le 
roi  Louis  XIII  Payant  fait  creuser  et  murailler  lorsqu'il 
bâtit  la  citadelle.  On  fit  un  batardeau  à  quarante  ou  cin- 
quante pieds  du  pont  du  côté  du  port,  et  les  eaux  qui  se 
trouvoient  dans  le  bassin  étoient  vuidées  dans  les  fossés 
de  la  ville  par  le  moyen  d'un  moulin  tourné  par  deux 
chevaux  avec  des  auges  enchaînées  qui  la  jetoient  dans 
des  conduits  faits  à  dessein.  De  la  terre  qu'on  en  tira, 
on  construisit  la  demie  lune  qui  est  à  la  pointe  du  bas- 
tion de  S  -Michel,  dans  lequel  on  en  fit  aussi  un  cavalier 
extraordinairement  hault. 

Pont  aux  chaînes.  —  Au  lieu  de  l'ancien  pont  qui 
n'étoit  porté  que  sur  des  mats  de  navire,  on  en  fit  cons- 
truire un  qui  se  tenoit  de  deux  côtés  avec  des  chaînes  de 
fer,  et  qui  en  s'abaissant  se  joignoit  en  voûte  au  milieu 
du  passage  ;  pont  à  la  vérité  incommode  pour  les  navires 
qui  entroient  ou  sortoient  dudit  bassin,  mais  de  beaucoup 
d'apparence,  et  pouvait  passer  pour  une  très  belle  pièce. 

La  Bête  du  pont.  —  Un  espèce  de  lutin,  si  on  en  croit 
la  tradition,  faisoit  le  guet  aux  environs  dudit  pont,  pen- 
dant les  nuits  obscures,  pour  battre  et  noyer  les  passans, 
comme  il  est  arrivé  à  plusieurs.  Ledit  lutin,  traînant  des 
chaînes,  s'est  évanoui,  lorsque  le  pont  a  été  démoli.  Il  se 
nommoit  la  Bête  du  pont,  c'est  ainsi  que  le  peuple  en  a 
toujours  parlé. 

Mais  ceux  qui  n'ajoutoient  pas  tant  de  foi  aux  lutins  ni 


1,62 

aux  loups-garous,  ont  pensé  plus  juste,  en  disant  que  les 
matelots,  voulant  sauver  les  droits  de  leurs  marchan- 
dises, s'étoient  avisés  de  traîner  des  chaînes,  et  avoient 
battu  les  gardes  de  la  douane  qui  rodoient  le  long  du 
pont  ;  et  que  successivement  les  uns  et  les  autres  n'au- 
roient  pas  laissé  que  de  battre  quelques  autres  personnes 
quand  ils  les  prenoient  pour  des  gardes,  et  de  faire  peur 
à  des  femmes  et  à  des  gens  qui  leur  paroissoient  timides, 
pour  persuader  mieux  un  stratagème  qui  leur  réussissoit 
si  bien  ;  et  que  quand  quelqu'un  s'était  noyé  principale- 
ment du  côté  du  bastion,  que  cela  seroit  arrivé  par  im- 
prudence :  car  alors  le  bastion  n'étoit  pas  clos  de  mu- 
railles ;  ladite  bête  ne  s'étant  jamais  fait  entendre  que 
dans  les  nuits  où  la  lune  ne  paroissoit  point. 

Il  y  avo;t  auparavant  un  très  beau  pont,  qui  rompit 
pendant  une  procession  et  fit  noyer  beaucoup  de  monde 
en  Tannée  16...  Quelque  temps  auparavant,  une  des 
écluses  de  l'entrée  du  bassin  s'étant  rompue,  lorsque  la 
mer  étoit  haute  et  agitée  et  le  bassin  vuide,  plusieurs  na- 
vires y  entrèrent,  dont  un  entre  autres  fit  le  tour  avec 
une  rapidité  inconcevable, 

Arsenal.  —  Le  travail  du  bassin  fut  achevé  en  1669. 
Ensuite  le  Roy  acheta  la  place  de  l'hôpital  et  quelques 
maisons  proches,  dans  la  rue  qui  porte  encore  aujour- 
d'hui son  nom,  et  fit  construire  ce  bel  arsenal,  que  nous 
voyons  sur  un  carré,  environné  de  magasins  haut  et  bas, 
avec  une  galerie  qui  règne  tout  à  l'entour  de  la  cour,  qui 
est  fort  spacieuse. 

Le  Roi  acheta  encore  une  grande  place  nommée  la 
Cour  Chevalier,  où  les  habitans  faisoient  bâtir  et  radou- 
ber leurs  vaisseaux  ;  et  de  cet  endroit  on  en  a  fait  le  chan- 
tier pour  la  construction. 

Lorsque  ledit  arsenal  fut  achevé,  le  Roy  y  envoya  un 


363 

Commissaire  Général  de  Marine,  et  en  1 68 t  un  Inten- 
dant avec  officiers  nécessaires  et  convenables  à  la  réputa- 
tion du  lieu.  Aussi,  auparavant  que  les  principaux  ar- 
méniens se  fissent  à  Brest,  tous  les  Amiraux  de  France 
s'étoient  fait  un  honneur  d'être  Gouverneurs  du  Havre. 

Hydrographe.  —  On  y  établit  un  professeur  d'hydro- 
graphie, qui  a  formé  les  pilotes  les  plus  expérimentés  et 
les  plus  recherchés  dans  les  dernières  guerres  ;  puisque 
les  amiraux  et  pilotes  et  la  plupart  des  autres  officiers  à 
Brest  ont  été  choisis  parmi  ceux  du  Havre,  qui  sont  venus 
successivement  à  cette  charge  par  leur  mérite  et  par  leurs 
services  en  Part  de  naviguer. 

Corderies.  —  On  construisit  aussi  deux  belles  corde- 
ries  sur  les  remparts  de  la  ville  :  la  première  et  la  plus 
belle  entre  la  porte  du  Perrey  et  le  bastion  Ste-Adresse, 
et  la  seconde  entre  le  bastion  de  S. -Michel  et  celui  des 
Capucins,  avec  une  belle  et  grande  forge,  particulièrement 
pour  les  ancres,  dans  la  contregarde  de  la  porte  d'Ingou- 
ville  ;  la  seconde  corderie  aux  dépens  de  la  Compagnie 
d'Orient,  dont  on  parlera  cy-après. 

Murailles  du  bassin.  —  M.  Arnouet,  intendant  de  la 
marine  en  1 6 . . .,  fit  entourer  le  bassin  de  murailles,  et  le 
chantier  des  vaisseaux  de  planches  ;  ce  qui  fit  un  tort  no- 
table aux  maisons  voisines  du  bassin. 

Hôpital.  —  On  bâtit  l'Hôpital-Général  à  Ingou ville 
sur  le  grand  chemin  du  Havre  à  Rouen,  pour  être  exposé 
à  la  charité  des  passans.  On  avoit  dessein  de  le  mettre  au 
pied  de  la  côte  de  Sanvic,  où  étoit  la  maison  du  chirur- 
gien de  la  Santé.  Sa  situation  auroit  été  plus  saine,  et 
auroit  eu  des  eaux.  On  y  en  a  voulu  faire  venir  là  où  il 
est;  mais  en  vain.  Il  fut  placé  sur  la  terre  du  sieur  de 
Grainville  (sic)  qu'on  désintéressa  ;  et  depuis  la  dame 
Dutuit  lui  a  donné  la  maison  qui  est  au  pied  de  la  côte. 


3*4 

S.-Roch.  —  La  chapelle  de  S.-Roch  étoit  et  est  pour 
les  personnes  attaquées  du  mal  de  la  peste.  Il  y  avoit  dans 
le  pré  plusieurs  maisons  pour  les  malades,  dont  la  plu- 
part sont  tombées  par  la  négligence  des  MM.  de  ville.  Il  y 
avoit  aussi  une  maison  et  jardin  proche  ladite  chapelle 
pour  un  chapelain  qui  étoit  un  prêtre  de  ladite  ville.  Elle 
est  pareillement  tombée  par  la  même  négligence,  aussi 
bien  que  la  maison  du  chirurgien  qui  étoit  au  bas  de  la 
côte  de  Sanvic. 

On  bâtit  d'abord  la  chapelle  de  l'hôpital  et  les  deux 
aîles  en  1669  ;  le  bâtiment  qui  est  dans  la  cour  pour  les 
sœurs  et  offices  en  1673  ;  celui  du  levant  et  le  moulin  en 
t  678  ;  la  grande  muraille  du  cimetière  ensuite,  et  autres 
jusqu'en  171 2.  Il  se  nomme  PHôpital-Général  de  la  cha- 
rité de  S. -Jean-Baptiste. 

Fontaines.  —  On  fit  dans  le  même  temps  (1669)  de 
nouveaux  canaux  pour  les  fontaines.  Ce  fut  le  frère  Cons- 
tance, capucin,  qui  conduisit  Fouvrage  ;  et,  au  lieu  de  les 
faire  venir  par  S.-Roch,  et  ensuite  par  le  bastion  de  Ste- 
Adresse  du  côté  de  la  porte  d'Ingouville,.  comme  les  an- 
ciennes, il  les  fit  venir  par  dessous  le  moulin  à  vent  de 
Ste-Adresse.  Il  y  a  cinq  regards,  dont  le  plus  beau  et 
grand  est  au  bas  de  la  côte  de  Sanvic,  sur  la  terre  du  sieur 
Gasquerel,  bourgeois  de  cette  ville.  Les  canaux  en  sont  de 
grès,  et  ainsi  plus  sains.  Ces  canaux  viennent  le  long  de 
la  chaussée  du  Perrey,  entrent  dans  la  ville  parle  bastion 
de  S. -André,  d'où  ils  se  répandent  dans  huit  ou  neuf  fon- 
taines. Le  seigneur  de  Vitenval,  sur  sa  plainte,  fut  dé- 
dommagé de  ses  eaux,  mais  non  le  sieur  Gasquerel  de  sa 
terre. 

Au  mois  de  novembre  1669,  le  Roy  supprima  la  charge 
de  Grand-Maître  et  Surintendant  de  la  navigation  et 
commerce  de  France,  et  voulut  rétablir  la  charge  d'Ami- 


3^5 

rai  en  faveur  du  comte  de  Vermandois,  duc  de  Bourbon 
légitimé  ;  après  sa  mort,  il  la  donna  au  comte  de  Tou- 
louse, autre  légitimé  de  Bourbon. 

Le  navire  le  Rouen.  —  En  cette  même  année,  le  Roy 
fit  bâtir  en  cet  arsenal  un  vaisseau  de  trois  cents  tonneaux 
pour  aller  en  Perse  avec  un  autre  vaisseau  acheté  en 
Hollande  nommé  le  Flamant,  valant  chacun  plus  d'un 
million  avec  leurs  charges.  Ils  sortirent  du  Havre,  et 
furent  en  rade  au  dessus  de  l'Eclat,  qui  est  un  petit  banc 
rond  vers  la  pointe  de  la  Hève,  qui  ne  découvre  jamais. 

Le  vendredi  17  janvier  1676,  les  officiers  du  navire  le 
Rouen  (celui  qui  avoit  été  bâti  en  cette  ville),  ayant  filé 
les  câbles  en  l'absence  du  capitaine,  sur  les  neuf  heures  du 
matin,  étant  deux  heures  d'ebbe,  le  navire  vint  vis-à-vis 
le  Havre,  et  ensuite  fut  se  perdre  sur  les  sables,  entre  la 
pointe  du  Hoc  et  celle  des  Neiges.  On  a  vu  un  de  ses 
mâts  pendant  plus  de  quinze  ans  debout,  le  corps  du  na- 
vire ayant  été  ensablé  en  peu  de  tems. 

Le  capitaine  fut  condamné  à  mort  par  contumace  ;  et 
les  autres  officiers  coupables  de  la  mauvaise  manœuvre 
condamnés  et  conduits  aux  galères,  d'autres  à  servir  sans 
gages  sur  les  vaisseaux  du  Roy.  On  attribue  ce  naufrage 
aux  crimes  commis  sur  ledit  navire,  et  aux  voleries  dans 
sa  construction  et  armement,  lequel  avoit  tant  coûté  que 
les  clous  auroient  dû  être  d'or  massif,  si  on  en  croit  la 
tradition  des  habitans.  Cet  arrest  fut  exécuté  le  huitième 
mars  suivant.  On  a  voulu  plusieurs  fois  tascher  de  le  re- 
lever pour  en  retirer  les  effets  et  le  canon  qui  étoit  tout  de 
bronze  ;  et  on  n'y  a  pu  réussir,  et  tout  a  été  perdu. 

Navires  de  Perse.  —  Il  arriva  de  Perse  au  Havre  deux 
navires  revenant  de  Perse,  de  plus  de  quatre  cents  ton- 
neaux. L'un  se  nommoit  le  Dauphin,  et  l'autre  le  Pais, 
chargés  d'une  infinité   de  marchandises  de  Perse  et  de 


366 

la  Chine,  qui  attirèrent  tant  de  marchands  de  tout  le 
royaume,  et  gens  de  qualité,  que  la  plupart  furent  obligés 
de  coucher  dans  leur  carosse  au  milieu  de  la  rue.  Au 
lieu  du  navire  le  Rouen,  il  partit  deux  autres  vaisseaux 
pour  la  Perse.  Mais  la  jalousie  du  gouverneur  fit  que  la 
Compagnie  des  Indes  quitta  ce  lieu  pour  aller  s'établir 
au  Port-Louis. 

En  Tannée  1675,  le  régiment  Dauphin  étant  logé  chez 
le  bourgeois,  le  major  eut  prise  avec  le  receveur  de  ville, 
au  sujet  de  quelques  deniers  qu'il  devoit  payer.  Il  lui  fit 
donner  dans  la  rue  un  soufflet  par  un  soldat.  La  plainte 
portée,  information  faite  et  jugement  donné,  le  major  fut 
dégradé  à  la  tête  du  régiment,  et  le  soldat  condamné 
d'avoir  le  poing  coupé.  Mais  il  ne  put  être  arrêté  ;  et  le 
major,  par  maladie,  fut  seulement  obligé  à  venir,  en  pré- 
sence du  lieutenant  du  Roy  et  du  major  de  la  Ville,  de 
demander  pardon  à  MM.  de  Ville  et  au  receveur  en  par- 
ticulier, à  Tissue  de  la  grande  messe,  l'Hôtel-de-Ville 
assemblé. 

Galeries.  —  Les  galeries  autour  de  la  cour  de  l'Hôtel- 
de- Ville  furent  faites  en  1679,  comme  porte  l'inscription 
sur  la  porte  ;  et  les  deux  du  côté  de  la  porte  ont  été  démo- 
lies en  17..,  par  un  accident  qui  arriva  à  partie  d'une  des 
deux,  qui  fut  entraînée  par  la  populace,  lors  d'un  feu  de 
joye  qui  se  fit  à  la  place  d'armes  pour  le  privilège  de 
faire  venir  des  marais  de  Brouage  le  sel  nécessaire  pour 
la  provision  des  habitans  du  Havre  pour  deux  ans.  [Il] 
fut  confirmé  en  1680. 

Accouchement  monstrueux .  —  Le  i3  octobre  1681,  la 
femme  de  Pierre  Mioc,  carleur  et  marinier,  accoucha  en 
cette  ville  d'un  enfant  monstrueux  au  huitième  mois  et 
demi  de  sa  grossesse.  Cétoient  deux  enfants,  joints  en- 
semble, tous  deux  du  sexe  féminin.  L'un,  ayant  montré 


367 

la  tête  le  premier,  fut  baptisé  après  avoir  donné  des  mar- 
ques de  vie.  Ils  étoient  [mot  omis\  et  bien  conformés, 
attachés  l'un  à  l'autre  par  le  milieu  de  la  poitrine,  ne 
composant  qu'un  seul  sternon  et  le  cartilage  xiphoïde,  en 
sorte  qu'un  se  joignoit  par  son  côté  droit  au  côté  gauche 
de  l'autre,  quoiqu'ils  eussent  chacun  son  épine  du  dos 
très  distincte. 

Ils  avoient  deux  têtes,  quatre  bras  et  quatre  jambes.  Le 
reste  des  parties  externes  étoit  double,  comme  pour  deux 
corps.  Il  n'y  avoit  cependant  qu'un  seul  ventre  pour  les 
deux,  et  un  seul  umbilic.  Son  cordon  étoit  composé  de 
quatre  artères  et  une  seule  veine.  Ils  avoient  un  anus 
bien  conditionné.  Il  n'y  avoit  que  deux  mammelles,  une 
de  chaque  côté  de  leur  poitrine  commune.  On  trouva  que 
le  ventre  étoit  commun,  au  milieu  duquel  il  y  avoit  un 
seul  foie  plus  grand  qu'à  l'ordinaire,  avec  une  seule  vessie 
du  fiel.  Il  avoit  deux  œsophages,  par  rapport  aux 
deux  cols,  deux  ventricules,  un  de  chaque  côté,  des- 
quels sortoit  un  intestin  grêle,  continuant  sa  longueur 
de  même  que  pourroit  être  celle  du  duodénum,  qui  tous 
deux  s'unissoient  dans  le  milieu  pour  y  former  une  ca- 
vité membraneuse  qui  excédoit  de  beaucoup  celle  des 
deux  ventricules,  mais  si  déliée  et  si  claire  qu'on  la  pour- 
roit dire  autant  une  dilatation  extraordinaire  d'un  in- 
testin grêle,  qu'un  troisième  ventricule,  comme  plusieurs 
estimèrent  alors,  etc.  On  y  trouva  deux  cœurs. 

Il  est  à  remarquer  que  ladite  femme  n'avoit  eu  aucune 
imagination  qui  aye  contribué  à  la  production  d'un  ac- 
couchement si  prodigieux.  Les  savans  pourront  y  faire 
réflexion  et  examiner':  i°  la  cause  d'un  tel  prodige; 
20  s'il  a  eu  deux  âmes,  comme  il  est  bien  probable  par  la 
duplicité  des  parties  principales  ;  3°  si  le  baptême  d'un 
est  tout  à  fait  inutile  à  l'autre. 


368 

Cette  femme  avoit  eu  plusieurs  enfants  parfaits  ;  mais 
celui  qui  précéda  immédiatement  le  dernier  étoit  con- 
traire à  celui-cy  et  ne  sembloit  pas  moins  admirable.  Car 
elle  accoucha  à  près  de  sept  mois  d'un  petit  fœtus,  qui 
n'étoit  pas  plus  gros  ni  plus  long  qu'un  bon  doigt  ;  mais 
il  étoit  aussi  bien  formé  en  toutes  ses  parties  extérieures 
qu'un  enfant  de  neuf  mois  ;  en  sorte  qu'il  n'y  manquoit 
que  la  grandeur  et  la  grosseur  convenables.  Ce  fut  le 
sieur  Pelle  le  Jeune,  maître  chirurgien  en  cette  ville,  très 
expert  en  cette  matière,  qui  l'accoucha  de  ce  premier,  avec 
cependant  beaucoup  de  difficulté. 

Ledit  Pierre  Mioc  mourut  en  cette  ville  au  mois  de  dé- 
cembre 1 727.  Il  a  un  fils  de  lui  et  de  cette  femme,  nommé 
Simon  Mioc,  qui  est  actuellement  au  canal  de  Versailles 
en  1 73 1 ,  où  j'ai  bu  avec  lui,  ayant  été  mon  petit  cama- 
rade dans  nos  jeunes  années,  en  17... 

Bombardement  cf  Alger  et  de  Gênes.  —  On  équipa  en 
cet  arsenal  deux  galliotes  à  bombes  pour  le  bombarde- 
ment d'Alger  en  Tannée  1682.  Elles  servirent  aussi  à  celui 
de  Gênes  au  mois  de  décembre  en  1 685  ;  ils  étoient  soup- 
çonnés d'avoir  eu  part  au  complot  pour  brûler  les  vais- 
seaux de  Marseilies. 

En  1 683,  le  26  juin,  se  fit  un  grand  ouragan  et  orage, 
qui  fit  tant  de  désordre,  qui  abâtit  les  clochers  et  trans- 
porta celui  de  S. -Michel,  arracha  quantité  d'arbres  d'une 
grosseur  extraordinaire. 

Digue  de  bois;  1684.  —  On  fit  une  digue  de  bois  à 
l'entrée  du  port  du  côté  du  nord-ouest;  à  cause  que  le 
port,  malgré  les  épis,  se  trouvoit  bouché.  Elle  fut  de  plus 
de  cent  cinquante  toises  dans  la  mer,  en  plusieurs  an- 
nées. Elle  fut  commencée  en  l'année  1684,  et  a  subsisté 
en  son  entier  jusqu'à  1705  le  trente  décembre,  qu'une 
tempête  furieuse  en  détruisit  plus  de  la  moitié.  Et  tant 


369 

qu'elle  a  subsisté,  le  port  fut  le  meilleur  port  de  France. 

Mandarins.  — Cette  même  année  1684,  les  mandarins 
de  Siam  débarquèrent  en  ce  port  pour  se  rendre  à  Paris 
de  la  part  du  roy  (de  ce  pays],  pour  demander  au  Roy 
son  amitié,  par  le  bruit  de  ses  conquêtes,  à  la  persuasion 
de  M.  Constance  Anglois,  son  premier  ministre.  Il  étoit 
Grec  de  nation,  et  fils  d'un  cabaretier  de  Céphalonie. 

Statue  du  Roy.  —  La  ville  du  Havre  se  distingua  par 
sa  réjouissance  pour  la  convalescence  du  Roy  d'une  dan- 
gereuse maladie  :  et  après  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes,  elle  fit  comme  les  autres  villes  ériger  une  statue 
de  Sa  Majesté  à  la  place  d'armes  sur  la  fontaine  de  la 
place.  Le  Roy  y  est  debout,  vêtu  à  la  romaine.  Elle  est 
de  plâtre  et  d'une  belle  couleur  de  bronze.  Sa  dépense 
monta  à  plus  de  1000  livres. 

Arrêt  de  1686.  —  En  l'année  1686,  les  échevins  de 
la  ville  et  autres  officiers  ayant  été  accusés  d'avoir  abusé 
de  l'administration  des  deniers  qui  leur  avoient  été  con- 
fiés ;  après  les  informations,  plusieurs  furent  condamnés 
par  un  arrêt  du  4  octobre  1686,  à  restitution  :  et  cet  arrêt 
régla  aussi  plusieurs  choses  touchant  la  police  de  la  ville, 
par  augmentation  de  l'arrêt  1669. 

Ouvrages  abattus.  —  En  1 688  on  délibéra  de  nouveau 
si  on  fortifieroit  le  Havre,  ou  si  on  le  démantelleroit. 
Mais  les  raisons  qui  prévalurent  sous  le  Roy  Charles  IX, 
prévalurent  encore  en  ce  tems.  C'est  pourquoi  on  démo- 
lit avec  des  mines  l'ouvrage  de  corne  que  M .  le  cardinal 
de  Richelieu  avoit  fait  bâtir  ;  et  en  sa  place  on  fit  une 
demi-lune  avec  des  fossés  et  des  chemins  couverts  aussi 
revêtus,  depuis  la  porte  du  Perrey  jusqu'à  la  contregarde 
de  Ste- Adresse  ;  de  même  que  la  demi-lune  de  la  pointe 
du  bastion  de  la  Musique,  sans  en  creuser  beaucoup  le 
fossé.  On  fit  aussi  des  cavaliers  élevés  sur  les  bastions  de 

24 


370 

S. -André  et  de  Ste- Adresse,  et  on  remplit  les  casemates 
qui  étoient  dans  les  flancs. 

Ruine  de  Percanville.  —  On  fit  aussi,  à  la  citadelle  un 
chemin  couvert  vers  les  champs,  avec  des  palissades  et  un 
avant-fossé  large  et  profond,  composé  en  partie  de  la 
crique  de  Percanville,  dont  la  ferme  (qui  appartenoit  à 
Monseigneur  le  prince  de  Conty,  marquis  de  Graville)  fut 
entièrement  rasée,  ainsi  que  les  vieilles  ruines  du  vieil 
Havre,  qui  avoient  alors  encore  plus  de  huit  à  dix  pieds 
de  hauteur.  Les  fossés  en  furent  comblés,  de  manière 
qu'à  peine  y  peut-on  remarquer  la  contrescarpe,  qui 
s'élève  à  quelques  endroits  d'environ  deux  pieds,  et  forme 
quelque  marais.  Et  de  tous  ces  débris  il  ne  reste  que  les 
deux  flancs  du  bastion  près  de  l'église  de  Leure,  qui  sont 
de  maçonnerie  et  s'élèvent  l'un  d'environ  un  pied  et 
l'autre  de  trois  ;  et  les  bornes  se  pourroient  conserver 
longtemps,  parce  qu'ils  séparent  les  champs  dîmables  de 
la  paroisse  de  Leure,  et  de  celle  du  Havre. 

Chemins  couverts  et  travaux,  1688. —  Depuis  Tannée 
1688  jusqu'en  1690,  on  construisit  des  chemins  couverts 
autour  du  reste  de  la  ville,  et  on  en  approfondit  les  fossés. 
On  abattit  aussi  la  tour  doise  [d'ouest  ?],  étant  devenue 
inutile  dans  les  fortifications.  Elle  étoit  au  commence- 
ment de  la  jetée  du  sud-est,  à  la  place  de  laquelle  on  y  a 
fait  depuis  des  meurtrières.  On  fit  aussi  un  magasin  à 
poudre,  ou  plutôt  on  a  renforcé  celui  qui  y  étoit,  à 
l'épreuve  de  la  bombe,  qui  est  dans  un  ancien  bastion  de 
la  ville,  lorsqu'elle  fut  retranchée  en  1  55o.  On  augmenta 
aussi  et  on  fortifia  celui  de  la  grosse  tour,  et  les  quatre 
voûtes  des  quatre  bastions  de  la  citadelle,  à  l'épreuve  de 
la  bombe. 

Ce  fut  en  ce  même  tems  qu'un  navire  apporta  de  la  mer 
Méditerranée  en  cette  ville  une  statue  équêtre  du  Roy, 


37' 

ébauchée  d'un  seul  morceau  de  marbre,  que  Ton  poria  à 
Versailles  et  qu'on  plaça  étant  achevée.  On  en  avoit  fondu 
une  aussi  à  Paris  pour  la  ville  de  Lion,  qu'on  y  trans- 
porta de  ce  port  par  le  Rhône. 

Pendant  toute  la  guerre  qui  dura  jusqu'en  l'an  1697 
qui  fut  terminée  par  le  traité  de  Rishuit,  Sa  Majesté 
donna  des  convois  aux  vaisseaux  marchands  pour  les 
conduire  en  flotte.  Le  Havre,  comme  le  meilleur  port, 
fut  le  rendez-vous  de  toutes  les  flottes,  tant  pour  la  Ro- 
chelle et  lieux  circonvoisins  que  pour  Dunkerque  et  la 
côte  de  Flandre.  Sa  Majesté  faisoit  construire  tous  les 
ans  un  ou  deux  vaisseaux  de  soixante  à  soixante-dix 
pièces  de  canon  pour  ses  armées  navales,  le  magasin  de 
l'Arcenal  étant  toujours  rempli  d'armes  et  d'agrès  pour 
établir  une  armée  quand  elle  y  seroit  venue. 

Armée  en  rade,  16 go.  — Aussi  l'armée  du  Roy,  ayant 
battu  celle  d'Angleterre  et  d'Hollande,  vint  au  mois  de 
juillet  1690  en  la  rade  du  Havre  pour  y  prendre  des 
rafraîchi ssemens,  et  débarquer  des  malades  et  blessés, 
qui  causèrent  de  grandes  maladies  dans  la  ville.  Ensuite 
elle  fit  descente  en  Angleterre  à  Turbayes  avec  galères 
construites  à  Rochefort,  et  qui  ne  se  trouvèrent  point  au 
combat,  qui  auroient  fait  des  merveilles.  On  dit  que  la 
jalousie  des  commandans  causa  leur  retardement;  d'au- 
tres que  ce  furent  les  vents  contraires.  Cette,  descente  en 
Angleterre  ne  produisit  pas  grand  effet  :  l'armée  retourna 
à  Brest,  et  les  galères  demeurèrent  au  Havre,  qui  n'en 
put  contenir  qu'onze  à  cause  des  autres  vaisseaux. 

On  construisit  en  cet  arcenal  deux  galères  pour  rem- 
placer, dans  la  construction  desquelles  il  entra  plus  de 
bois  qu'il  n'en  faudroit  à  un  vaisseau  de  soixante  canons, 
parce  qu'on  est  obligé  d'en  ôter  tout  l'aubeau.  Voyant 
qu'elles  étoient  inutiles  en   ces   mers,    par  rapport  aux 


372 

fortes  marées,  courants  et  tempêtes  ordinaires,  on  les  en- 
voya à  Rouen,  où  elles  furent  dépiécées,  excepté  quelques- 
unes  qu'on  envoya  en  divers  ports  les  années  suivantes 
pour  empêcher  le  bombardement  dont  ils  étoient  me- 
nacés. 

Le  Roy,  voulant  rétablir  le  roy  d'Angleterre  dans  ses 
états,  fit  équiper  tous  les  vaisseaux  marchands  des  ports 
de  Normandie  pour  transporter  des  troupes  en  Angle- 
terre. Le  Havre  fut  le  rendez-vous  d'une  grande  partie,  et 
la  Hougue  pour  le  rendez-vous  général  avec  grand  nombre 
d'hommes  et  de  chevaux.  Il  parut  en  rade  quelques  An- 
glais, mais  ils  n'osèrent  attaquer  notre  flotte. 

Le  comte  de  Tourville,  vice-amiral  du  Ponant,  par  les 
ordres  pressans  du  Roy  se  rendit  à  la  Hogue,  sans  at- 
tendre le  maréchal  de  Gœuvres,  vice-amiral  du  Levant, 
qui  par  jalousie  ou  autrement  tardoit  trop  à  le  joindre, 
et  de  se  battre  contre  les  Anglais  s'ils  s'opposoient  à  son 
dessein. 

Navires  brûlés  à  la  Hougue.  —  La  reine  d'Angle- 
terre avoit  chargé  tous  ses  capitaines.  M .  de  Tourville 
fut  battu,  et  les  Anglais  brûlèrent  la  plupart  des  navires 
de  transport,  et  ceux  qui  s'y  étoient  retirés  et  échappés  du 
combat.  Le  sieur  de  Tourville  s'y  transporta  vaillam- 
ment ;  mais  bien  le  tiers  de  ses  navires  furent  brûlés  par 
les  Anglois,  excepté  ceux  qui  se  rendirent  à  S.-Malo  et 
au  Havre. 

Le  roy  Jacques  étoit  à  la  Hogue.  On  pescha  presque 
tous  les  canons  de  fer  et  de  bronze,  par  un  plongeur 
nommé  Le  Roy,  du  Havre  ;  et  on  les  apporta  au  Havre, 
ou  ils  furent  éprouvés  derechef;  et  ceux  de  bronze  qui 
ne  purent  supporter  l'épreuve  furent  mis  dans  des  four- 
neaux pour  les  faire  rougir  et  les  casser  par  morceaux. 
On  voulut  les  scier;  mais  l'ouvrier  qui  avoit  trouvé  le 


373 

secret  de  faire  une  scie  pour  cela  très  facilement,  n'espé- 
rant pas  de  récompense,  abandonna  l'ouvrage  (i). 

Tremblement  de  terre.  —  Il  arriva,  en  la  même  année 
1692,  le  18  septembre,  un  léger  tremblement  de  terre 
qui  fut  général  presque  dans  toute  l'Europe.  Il  se  fit  sen- 
tir aussi  au  Havre,  sur  les  trois  heures  d'après  midi,  et  il 
n'y  causa  aucun  dommage.  Nous  eûmes  ensuite  des  mal- 
heurs :  car  en  1694  le  grain  fut  extrêmement  cher  par 
tout  le  royaume,  et  au  Havre  particulièrement.  Il  y  eut 
cependant  tant  de  blé  gâté  en  cette  ville,  qu'on  aima 
mieux  le  laisser  gâter  que  de  le  donner  à  bon  marché.  Il 
y  avoit  en  cela  des  vues  particulières. 

Bombardement  de  Dieppe.  —  Les  ennemis  s'avisèrent 
de  bombarder  les  villes  maritimes.  Ce  fut  le  22  juil- 
let 1694.  Ils  commencèrent  parla  ville  de  Dieppe,  qu'ils 
réduisirent  en  cendres.  Ils  avoient  onze  bombardes  ou 
environ,  quarante  autres  navires,  tant  gros  que  petits.  Le 
bruit  des  canons  et  des  mortiers  s'entendoit  de  la  ville  du 
Havre  par  ceux  qui  étoient  sur  les  chemins  couverts. 

(1)  Voici,  surtout  à  titre  de  curiosité,  comment  le  contre-coup  au 
Havre  de  la  bataille  de  la  Hogue  est  raconté  où  on  n'en  chercherait 
pas  un  mot,  dans  un  recueil  imprimé  à  deux  cents  lieues  d'ici. 

«  Il  s'est  fait  quelque  tumulte  au  Havre  contre  le  sieur  Louvigm, 
qu'on  accuse  de  n'avoir  pas  fait  son  devoir  fà  la  Hogue],  et  d'être 
mal  intentionné  comme  étant  nouveau  converti.  Il  a  été  obligé  de 
sî  retirer  dans  le  fort. 

«  L'ai  irme  est  grande  sur  toutes  nos  côtes  ;  et  le  maréchal  de 
Bellelond  est  au  Havre  pour  y  donner  les  ordres  nécessaires. 

«  On  repêcha  à  la  Hogue  plus  de  deux  cents  canons  qu'on  scia  en 
plusieurs  morceaux  pour  la  commodité  du  transport.  On  les  amena 
à  Paris  pour  les  faire  refondre  à  Rochefort  et  à  la  Rochelle. 

«  Il  y  a  quelques  jours  qu'on  lança  au  Havre  trois  vaisseaux  neufs 
qui  faillirent  à  périr.  » 

Galette  de  Berne  (d'après  des  lettres  de  Paris),  21  juin,  5  juillet, 
27  août  et  3  décembre  1692. 


374 


L'état-major  eut  avis  de  ce  qui  se  passoit  à  Dieppe;  cepen- 
dant ils  en  gardoient  un  profond  silence,  et  on  ne  pouvoit 
savoir  aucune  chose.  Cependant  quelques-uns  firent  enle- 
ver leurs  meubles,  qui  furent  suivis  du  reste  des  habitans. 
Bombardement  du  Havre,  i6g4.  —  On  fit  travailler  à 
une  batterie  près  des  Tuileries,  une  autre  entre  la  grande 
digue  et  l'épi  à  cornes.   La  flotte  ennemie  ayant  quitté  la 
rade  de  Dieppe,  parut  au  Havre  le  dimanche  26  juillet 
sur  les  dix  heures  de  matin  et  les  deux  heures  après  midi, 
par  la  passée  du  nord  de  la  petite  rade,  d'où  elle  auroit 
bombardé  sans  ladite  batterie  des  Tuileries,  qui  leur  fit 
prendre  le  large.  Lorsqu'ils  se  furent  approchés  de  la  ville 
avec  la  marée,  on  tira  sur  eux  des  bastions  de  la  ville,  et 
sur  les  cinq  heures  on  leur  coula  à  fond  une  bombarde  ù 
deux  mortiers,  dont  presque  tout  l'équipage  fut  noyé.  Les 
Anglais  qui  sont  venus  au  Havre  depuis  ont  voulu  dire 
que  le  feu  avoit  pris  aux  poudres  par  accident  de  leur 
part,  ce  qui  l'avoit  fait  sauter;  mais  il  est  certain  que  ce 
fut  par  une  bombe  qui  fut  jetée  de  la  ville  au  dessus  du 
bastion  de  S^-Adresse,  au  rapport  de  ceux  qui  servoient 
le  mortier  (le  sieur  Languillet  en  eut  une  gratification). 
Sur  la  fin  du  jour  il  arriva  le  maréchal  de  Ghoiseul.  A 
son  arrivée,  on  tira  cinq  coups  de  canon  du  bastion  de  la 
Musique,  on  cria  Vive  le  Roy.  Les  ennemis,  ayant  oui 
les  coups  tirés  précipitamment,  crurent  que  c'étoit  quel- 
que magasin  à  poudre  qui  étoit  sauté  par  quelqu'une  de 
leurs  bombes. 

Le  feu  des  ennemis  dura  jusqu'au  point  du  jour,  sans 
qu'on  tirât  de  la  ville  pendant  la  nuit  qui  cachoit  leurs 
navires.  Et  s'étant  postés  dans  la  fosse  de  l'Heure,  où  il 
v  avoit  alors  une  bonne  rade  inconnue  à  nos  ingénieurs, 
ils  prenoient  la  ville  en  flanc,  et  par  un  lieu  où  elle  n'a- 
voit  que  la  grosse  tour  pour  défendre.  Ils  mirent  le  feu  à 


375 


une  maison  qui  en  consuma  encore  six  autres  au  voisi- 
nage rue  des  Viviers.  Ils  jetèrent  à  cette  première  fois 
viron  neuf  cents  bombes,  et  auroient  peut-être  continué 
plus  longtems,  si  une  grosse  pluie,  la  marée  et  un  fort 
vent  du  sud  ne  les  eût  obligés  à  se  retirer  à  la  grande 
rade. 

Sitôt  qu'ils  se  furent  retirés,  on  perfectionna  la  batterie 
près  le  grand  épi,  pour  tirer  à  boulets  rouges,  comme  on 
en  avoit  tiré  quelques-uns  le  jour  précédent;  et  Ton  acheva 
de  déménager  la  plus  grande  partie  des  meubles  de  la 
ville.  Le  maréchal  de  Choiseul  donna  ordre  de  brûler 
toutes  les  pailles,  ce  qui  couvrit  la  ville  d'une  très  épaisse 
fumée  jusqu'à  midi,  ce  qui  fit  croire  aux  ennemis  que  la 
ville  étoit  réduite  en  cendres  comme  celle  de  Dieppe,  vu 
encore  le  feu  qu'ils  avoient  vu  des  maisons  dont  on  vient 
de  parler. 

Mais  ils  furent  bien  surpris  quand,  sur  le  midi,  ils  ne 
virent  aucun  dommage  apparent.  C'est  pourquoi  ils  com- 
mencèrent à  bombarder  la  nuit  du  28,  et  jetèrent  environ 
deux  cents  bombes,  sans  causer  d'incendie.  Enfin  le 
dimanche  ier  août,  le  gros  vent  s'étant  élevé,  ils  retour- 
nèrent  sur  les  quatre  heures  après  midi  dans  leurs  ports. 
Il  y  eut  viron  en  tout  cent  cinquante  maisons  endom- 
magées ;  et  l'on  compta  que  les  pailles  qu'on  avoit  brûlées, 
montoient  à  plus  de  2,000  livres  de  perte  pour  les  habi- 
tans,  le  reste  allant  à  plus  de  3oo,ooo  livres. 

Vont  du  Bassin.  —  En  1690,  on  construisit  un  nou- 
veau pont  au  bassin  pour  passer  au  quartier  de  S. -Fran- 
çois, au  lieu  et  place  du  pont  aux  chaînes.  Celui-ci  tourne 
sur  un  pivot,  comme  encore  aujourd'hui,  une  moitié  du 
côté  de  N.-Dame,  et  l'autre  du  côté  de  S. -François, 
chaque  moitié  sur  un  pivot.  Ce  pont  est  plus  commode, 
parce  qu'il  ne  nuit  nullement  aux  navires  qui  entrent  et 


37^ 

qui  sortent  du  bassin,  chaque  moitié  de  ce  pont  se  trou- 
vant sur  les  murailles  et  ne  débordant  aucunement, 
laissant  le  passage  entièrement  libre,  et  d^ne  même 
ouverture  que  forment  les  murailles  et  les  portes.  Il  n'y 
avoit  que  la  moitié  du  côté  de  N.-D.  qui  baculoit  pour  la 
facilité  de  le  fermer;  mais  ayant  été  refait  de  neuf  en  17, . 
par  un  charpentier  flamand,  il  a  aussi  fait  baculer  celle 
du  côté  de  S. -François.  Il  fit  aussi  les  quatre  portes  du 
bassin  de  neuf  en  même  tems.  Ce  fut  le  sieur  Pierre 
Derubéqui  avoit  fait  le  premier  pont  tournant. 

Nouvelles  batteries.  —  Les  années  suivantes,  après  le 
bombardement,  on  fit  de  nouvelles  batteries,  ce  qui  fut 
facile  à  cause  de  la  plus  grande  partie  des  canons  venus 
de  la  Hogue  qui  étoient  encore  au  Havre.  On  en  fit  une 
au  fort  de  Luce  ou  S.-Aignan  avec  un  mortier,  une  à 
Pépi  de  S.-Roch,  une  autre  au  grand  épi  en  équerrepour 
battre  sur  la  rade,  et  à  la  fosse  de  l'Heure,  et  deux  mor- 
tiers sur  le  glacis  de  la  nouvelle  demi  lune.  Six  grosses 
pièces  de  canon  sur  la  tête  de  la  digue,  et  un  mortier  à 
Tentrée  sur  la  jetée  du  sud  ;  deux  batteries,  une  de  chaque 
côté  de  la  tour  du  Vidame.  On  garnit  de  canon  le  bastion 
de  la  citadelle  le  plus  avancé  dans  la  mer;  et  la  butte  ou 
école  des  canonniers,  afin  de  battre  à  la  fosse  de  l'Heure. 
On  mit  à  mi-côte  de  la  Hève  deux  pièces  de  canon  de 
trente-six  livres  de  balle  et  d^utres  petits  canons  pour 
empêcher  le  passage  dans  la  rade.  Mais,  par  difficultés  ou 
la  perte  des  ennemis,  lorsqu^ls  ont  eu  dessein  de  bombar- 
der, ils  ont  mieux  aimé  le  faire  à  S.-Malo  ou  à  Calais 
q^au  Havre  (i  ). 

Bâtiment  des  Urselines.  —  En  Tannée  i6q5,  les  dames 
religieuses  urselines  de  cette  ville  firent  bâtir  leur  bâti- 

(1)  Le  Havre  fut  néanmoins  bombardé  une  seconde  fois  en  1759. 


377 

ment  nouveau,  selon  le  dessin  que  leur  en  donna  le  sieur 
Rolland,  ingénieur  en  chef  de  la  ville.  Elles  suivirent  en 
cela  la  plupart  des  autres  couvents  de  religieuses  qui  ont 
fait  bâtir,  pour  la  dépense  desquels  bâtiments  plusieurs 
se  sont  ruinées  ou  beaucoup  obérées.  Celles-ci  ont,  en 
Tannée  1730,  fait  construire  une  chapelle  neuve  dédiée 
au  Sacré-Cœur,  à  l'aide  de  plusieurs  habitans  qui  s'y  sont 
associés,  qui  ont  beaucoup  contribué  à  l'achever,  et  peut- 
être  toute  la  dépense.  Elle  est  l'aile  gauche  de  leur  église, 
du  côté  de  l'évangile. 

Le  Roy  créa  des  maires  et  officiers  dans  plusieurs  villes 
avec  des  privilèges;  il  en  créa  aussi  pour  le  Havre.  On 
acheta  celle  de  maire,  ce  qui  fut  à  charge  à  la  ville, 
n'ayant  point  de  deniers.  Par  la  recommandation  de 
M,  de  Beauvilliers,  gouverneur  du  Havre,  les  soldats  qui 
étoient  chez  le  bourgeois,  logèrent  dans  les  cazernes  delà 
citadelle  qui  étoient  en  grand  nombre;  ce  qui  fit  une 
grande  décharge  aux  bourgeois. 

En  1697,  après  la  paix  conclue  à  Risuich,  toutes  les 
batteries  furent  démontées,  excepté  celle  de  la  grande 
digue. 

Les  compagnies  du  Sénégal  et  de  Salé  s'établirent  au 
Havre;  mais  elles  ne  purent  subsister  par  les  grandes 
dépenses  des  commis. 

En  l'année  1700,  les  maire  et  échevinsde  la  ville  firent 
construire  une  nouvelle  horloge,  pour  mettre  en  la  place 
de  l'ancienne,  trop  ancienne  et  usée,  dans  le  clocher  de 
N.-Dame.  Ce  fut  un  nommé  Renaut  de  Bolbec  qui  la 
travailla.  Il  eut  très  peu  pour  son  travail  ;  aussi  n'est-il 
pas  fini,  comme  il  devrait.  Il  fit  aussi  par  leur  ordre  un 
mouvement  pour  mettre  une  montre  près  la  porte  du 
Perrey,  et  une  autre  pour  mettre  sur  la  porte  d'Ingou- 
ville,  où  elles  sont  actuellement,  excepté  la  montre  de 


378 

dessus  la  porte  d'Ingouville,  qui  fut  endommagée  par  le 
tonnerre,  et  Ton  fut  obligé  d'en  faire  refaire  une  autre 
en  1730. 

Nouvelles  batteries.  —  Des  ennemis  puissants  mena- 
çant la  France  en  1705,  on  mit  en  délibération  si  on  ne 
démantelleroit  pas  le  Havre.  La  négative  l'emporta  encore 
cette  fois.  On  rétablit  les  susdites  batteries,  et  on  en  fit 
encore  une  nouvelle  vis-à-vis  du  fort  de  Ste-Adresse,  avec 
des  retranchemens  depuis  le  pied  de  la  côte  et  Croix  de 
Ste-Adresse,  jusqu'au  fort  de  S.-Aignan. 

Ouragan.  —  Le  3o  décembre  en  Tannée  1705,  il  se  fit 
un  coup  de  vent  la  nuit  jusqu'à  midi  des  plus  extraordi- 
naires, puisque  le  mercure  dans  le  tube  du  baromètre 
baissa  jusqu'à  vingt-six  pouces  deux  lignes,  lieu  où  il  n'a 
pas  descendu  depuis  ce  tems,  excepté  le  1 8  décembre  1 724, 
comme  on  dira. 

Cet  ouragan  renversa  et  emporta  la  moitié  de  la  grande 
jetée  de  bois  du  nord-ouest  et  la  batterie  qui  étoit  sur  le 
bout,  combla  presque  l'entrée  du  port  de  galet,  fit  couler 
plusieurs  navires  dans  le  port.  L'eau  passa  par  dessus  le 
quai  et  les  bisquines  des  lamaneurs  venoient  avec  les 
vagues  sur  la  Place  d'Armes.  L'eau  fut  dans  la  rue 
S. -Julien  et  dans  celle  de  la  Fontaine  de  S. -François, 
passant  par  l'égoût  qui  va  dans  le  quai.  Plusieurs  navires 
eurent  leurs  amarres  cassées,  et  furent  l'un  sur  l'autre  à 
l'écluse  de  la  Barrière.  Les  flots  rompirent  aussi  le  perrey 
de  l'Heure  en  plusieurs  endroits  et  la  mer  entra  dans  la 
plaine  de  l'Heure.  Le  poudrin  des  vagues  et  de  la  mer 
passoit  par  dessus  le  Havre,  et  alloit  jusqu'au  dessus  de  la 
ferme  de  Tourneville. 

On  auroit  continué  en  1706  la  jetée  du  sud  environ 
trente  toises,  dans  le  dessein  de  la  prolonger.   Mais  cet 


379 

accident  de  1705,  dont  on  vient  de  parler,  rompit  ce 
dessein. 

On  résolut  de  faire  une  digue  de  pierre,  contre  et  joi- 
gnant la  grande  digue  de  bois  du  nord-ouest.  On  la 
poussa  viron  quarante  toises  au  bout  de  l'ancienne  tête 
de  pierre.  Mais  un  autre  coup  de  vent  ayant  presque  bou- 
ché le  port,  on  cessa  les  travaux  jusqu'en  r  71 1. 

La  voûte  de  la  grosse  tour  tomba  en  1  708,  par  la  né- 
gligence de  ceux  qui  auroient  dû  en  avoir  soin.  On  a 
négligé  cette  réparation  jusqu'en  1725.   ' 

Continuation  de  la  Digue.  —  Pendant  Tannée  171  r, 
on  recommença  à  travailler  à  la  digue  de  pierre,  par  le 
milieu,  au  lieu  du  bout  où  on  avoit  achevé  Tannée  pré- 
cédente. On  se  servit  d'eau  douce  pour  détremper  la 
chaux,  qu'on  tira  des  fontaines  de  la  ville  par  un  peut 
conduit  et  canal,  qui  viennent  dans  un  bassin  proche  de 
la  jetée;  et  on  ne  se  servit  plus  d'eaux  salées. 

Il  arriva  plusieurs  contestations  sur  ces  travaux.  Les 
uns  disoient  qu'on  fermoit  l'entrée  du  port  par  l'angle 
qu'on  faisoit  ;  et  les  anciens  capitaines  soutenoient  qu'elle 
étoit  bonne,  et  qu'elle  mettoit  à  l'abri  les  navires  dans 
le  port  par  une  espèce  d'angle  qu'elle  forme  au  milieu,  en 
poussant  le  bout  au  nord,  qui  font  amortir  et  tuent  les 
vagues,  ce  qu'on  a  expérimenté  depuis.  Le  sieur  Le 
Febvre,  ingénieur  en  chef,  suivit  en  ce  faisant,  le  senti- 
ment des  capitaines  anciens. 

Second  tremblement  de  terre,  iyii.  —  Le  6  octo- 
bre 171 1,  à  huit  heures  douze  minutes  ou  viron  du  soir, 
la  terre  trembla  II  se  fit  deux  secousses  ou  tremblemens; 
le  premier  parut  un  peu  moindre  que  le  second .  Il  sembloit 
que  la  terre  alloit  du  nord  au  sud,  puis  revenoit,  On 
entendit  dans  l'air  pendant  ce  tems-là  un  certain  bruit 
confus  :  on  ne  pouvoit  distinguer  ce  que  c  etoit  (on  dit 


380 

qu'on    remarque    cela   ordinairement    quand    la    terre 
tremble,  aux  lieux  que  cela  arrive  souvent). 

On  dit  qu'on  entendit  sonner  la  petite  cloche  de  l'é- 
glise S. ^François  qui  sonne  les  heures,  et  les  tinterelles 
de  celles  de  N.-Dame.  Les  oiseaux  en  cage  s'éveillèrent  et 
voltigèrent  dans  leur  cage.  Ces  deux  secousses  ensemble 
durèrent  viron  l'espace  de  trois  minutes  :  ceux  qui  étoient 
aux  hauts  étages  des  maisons  s'en  aperçurent  davantage. 

Curés.  —  Pour  ce  qui  regarde  les  églises,  dont  on  n'a 
plus  parlé  depuis  Tannée  i638,  M.  Rolland  Lhérel  fut 
curé  jusqu'en  l'année  1644.  M.  Gaulde  lui  succéda;  mais 
il  quitta  sa  cure,  pour  être  chanoine  et  grand  vicaire  à 
Rouen.  M.  Gimar  vint  ensuite,  qui  la  quitta  aussi  pour 
être  grand  pénitencier  à  Beauvais.  M.  Jean  Dufestel  y  fut 
viron  un  an  :  d'autres  disent  qu'il  étoit  seulement  à  la 
citadelle,  où  il  y  avoit  lors  des  fonts;  et  le  bénitier  d'à- 
présent  de  la  chapelle  servoit  de  cuve  auxdits  fonts. 

M.  Michel  Bourdon,  originaire  du  Havre,  le  fut  ensuite 
M  posséda  cette  cure  quelque  tems,  puis  il  la  résigna, 
parce  qu'il  avoit  reçu  un  soufflet  d'un  officier  de  la  gar- 
nison, qui  croyoit  avoir  été  trop  désigné  dans  les  sermons 
que  le  sieur  curé  faisoit.  Il  fut  conseillé  de  se  défaire  de 
sa  cure,  ce  qu'il  fit  en  faveur  de  M.  Jean-Baptiste  Declieu, 
du  consentement  de  M.  le  prince  de  Conti,  seigneur  de 
Graville.  Et  ensuite  ledit  sieur  Bourdon  fut  à  Limoges, 
où  il  fut  grand  pénitencier,  et  où  il  décéda  en  1706.  Ce 
fut  M.  Bourdon  qui  fit  bâtir  la  Communauté  ou  le  sémi- 
naire des  prêtres  et  de  S. -Charles  en  l'année Il  fut 

aidé  de  MM.  Bailleul,  Grenier,  le  Berquier,  le  Cheval- 
lier, et  encore  quelques  autres.  Il  y  avoit  alors  encore  un 
étage  plus  qu'aujourd'hui,  qu'on  a  été  contraint  d'a- 
battre. La  chapelle  pour  les  infirmes  étoit  au  dernier 
étage. 


38. 

Le  sieur  Declieu  fit  bâtir  la  chapelle  de  S. -Charles  près 
et  au  derrière  de  ladite  Communauté,  en  Tannée  1680, 
sur  les  fonds  qu'il  avoit  acquis  des  nommées  paillette  et 
autres.  Il  y  a  trois  autels,  dont  celui  du  fond  a  quelque 
rapport  à  celui  du  milieu  du  dôme  de  l'Hôtel  royal  des 
Invalides  à  Paris,  un  autre  de  l'image  de  la  Ste-Vierge,  et 
le  troisième  de  S. -Charles,  sur  lequel  donne  une  chambre 
ou  infirmerie  des  prêtres  malades  de  leur  Communauté. 

Il  y  a  autour  de  cette  chapelle  des  armoiries  encadrées 
dans  des  couronnes  d'épines  et  le  nom  de  Jésus,  avec  des 
clous  et  autres  instrumens  de  la  Passion  de  Notre-Sei- 
gneur  J.-C,  et  quelques  petites  croix  tirées  des  armes  de 
sa  famille.  Il  y  a  au  plafond  du  dôme  une  lanterne  vitrée 
en  forme  de  clocher,  au  milieu  du  dessus  de  ladite  cha- 
pelle, un  crucifix  en  peinture  qui  est  plat,  et  qui  paroît 
d'en  bas  et  point  de  vue  debout,  qui  est  une  pièce  très 
estimée. 

Cette  chapelle  lui  a  coûté  io,5oo  livres.  Quelques-uns 
ont  prétendu  qu'elle  a  été  construite  des  donations  et 
aumônes  que  ledit  sieur  curé  avoit  attirées  des  âmes 
pieuses. 

Il  est  décédé  le  1  719.  Le  sieur  Jérôme  Pou- 

get,  docteur  es  décrets,  natif  de ,  lui  a  succédé,  sur  la 

démission  que  lui  fit  M.  Dorigny  du  consentement  de 
M.  le  prince  de  Conti,  seigneur  de  Graville,  et  par  la 
permutation  que  lui  fit  M.  Dorigny  de  ladite  cure,  qui  en 

prit  possession  le contre  un   petit  prieuré   estimé 

800  livres,  qu'avoit  M.  Pouget,  qui  étoit  porte-Dieu  à 
Bonne-Nouvelle,  proche  Paris,  qui  en  prit  possession 
le 

Eglise  S. -François.  —  L'église  S. -François  fut  en- 
tièrement achevée  en  1687.  En  1671  on  plaça  la  contre- 
table  du  chœur  qui  fut  lambrissé  en   1672.  En  l'année 


382 

i68o,  on  acheva  les  murailles  des  chapelles  du  côté  du 
nord,  avec  trois  vitres  qui  restoient  à  placer;  et  on  mit 
une  horloge  sur  le  portail  du  midi.  En  1687  on  fit  les 
dernières  voûtes  de  ce  côté-là;  et  en  1692,  on  fit  placer  la 
cloche  de  l'horloge  provenante  des  amendes  payées  au 
siège  du  bailliage,  à  rencontre  de  quelques  reîigionnaires 
qui  avoient  commis  des  irrévérences  lors  de  l'inhumation 
d'un  corps,  et  lorsqu'on  portoit  le  S. -Sacrement  à  quel- 
ques malades.  Auparavant  Prieure  sonnoit  sur  la  grosse 
cloche  de  ladite  église. 

Doyenné  du  Havre.  —  La  cure  d'Ingouville  étant  un 
des  bénéfices  les  plus  distingués  du  royaume  après  les 
évêchés,  on  démembra  du  doyenné  de  S.-Romain-de- 
Golbosc,  après  le  décès  de  Me  Pierre  Simenel,  bachelier 
de  Sorbonne  et  curé  de  S. -Nicolas  de  l'Heure,  qui  rétoit 
[doyen]  de  son  vivant,  toutes  les  paroisses  voisines  de  la 
mer,  au  nombre   de  trente-huit.    En  l'année   1697,  on 

forma    le    doyenné   du    Havre,    et    le   curé-doyen 

[lacune].  Mais  ii  s'en  démit  à  cause  du  travail  et  de  rem- 
barras de  sa  cure. 

Banc  au  chœur  de  N.-Dame.  —  M.  le  prince  de  Conti 

fit  en  l'année placer  un   banc  dans   le  chœur  de 

N.-Dame,  du  côté  de  l'évangile,  comme  seigneur  de  Gra- 
ville  et  patron  de  ladite  église,  avec  ses  armes  au-dessus 
contre  le  pilier;  et  depuis  ce  temps-là  on  ne  dit  plus  le 
curé  d'Ingouville  qu'à  l'archevêché,  mais  le  curé  du 
Havre. 

Tous  les  culs  de  lampe  qui  pendoient  aux  ceintres  de 
toutes  les  voûtes  de  l'église  de  N.-Dame,  qui  étoient 
très  superbes  et  estimés  pour  le  travail  en  sculpture  et 
beauté,  qui  étoient  de  pierre,  furent  abattus  et  retirés, 
ainsi  que  les  armoiries  qui  étoient  à  quelques-uns  ;  parce 
que  quelques-unes  tombèrent  par  leur  propre  poids  et 


383 

par  la  faute  de  la  verge  de  fer  qui  étoit  dedans  et  qui  les 
soutenoit,  laquelle  s  etoit  consumée  par  la  rouille.  On  ne 
mit  plus  que  les  armoiries  du  Roy  sur  une  plaque  de  fer- 
blanc  au  dessus  du  maître -autel. 

On  célébra  un  service  solennel  en  1  église  de  N.-D.  le 
5  septembre  pour  Mgr  Louis  Dauphin  de  France  (î).  Il 
y  avoit  un  mausolée  de  six  pieds  en  carré  et  quinze  de 
haut,  avec  une  pyramide  de  douze  pieds.  M.  de  Clieu 
curé  officia,  fit  l'oraison  funèbre,  et  prit  pour  texte 
Regnum  meum  non  est  de  hoc  mundo. 

Achevé  ceci  sur  l'original  qu 'avoit  fait  le  sieur  Biot 
prêtre,  décédé  en  ij3i,  qui  a  gouverné  jusqu'à  son 
décès  les  horloges  de  N.-Dame,  S. -François,  et  les 
montres  du  Perrey  et  porte  d'Ingouville,  qui  sont  entre 
les  mains  du  sieur  Vieillard,  cirier,  qui  a  le  même  soin 
des  horloges.  Ce  /er  mars  ij32. 

(i)  Vraisemblablement  le  «grand  dauphin»,  fils  de  Louis  XIV  et 
grand-père  de  Louis  XV,  mort  le  14  avril  171 1. 


TABLE 


Pages 

Compte  des  dépenses  de  l'abbaye  de  Fécamp,  à  l'occasion 
d'une  enquête  par  tourbes,  faite  à  Rouen  et  à  Caudcbec 
vers  1410,  publié  par  M.  Ch.  de  Beaurepaire 7 

Ancien  coutumier  de  l'église  cathédrale  d'Evreux,  vulgaire- 
ment appelé  Hunaud,  publié  d'après  une  copie  du  xvne  siècle 
et  annoté  par  M.  l'abbé  F.  Blanq.uart 37 

Documents  relatifs  à  la  marine  normande  aux  xve  et  xvie 
siècles,  publiés  par  MM.  Ch.  Bréard  et  Philippe  Barrey.     203 

Extraits  de  comptes  des  guerres.  Gens  de  guerre  du  Cotentin, 
1340.  Garnison  normande  de  Guernesey,  13 40- 1344.  Pu- 
bliés par  M.  Léopold  Delisle 291 

Compte  de  la  vicomte  de  Pont-Authou  pour  la  rançon  d'Oli- 
vier du  Guesclin,  publié  par  M.  P.  Le  Cacheux 307 

Devis  pour  la  construction  d'une  maison  forte  à  Elbeuf-sur- 
Seine,  pendant  l'occupation  anglaise  du  xve  siècle,  publié 
par  M.  L.  Régnier 331 

Extrait  en  forme  de  remarques  compilées  par  M.  Biot,  prêtre 
de  la  paroisse  Saint-François,  touchant  la  ville  du  Hâvre- 
de-Grâce 351 


La  Bibliothèque 

Université  d'Ottawa 

Échéance 


The  Library 

University  of  Ottawa 

Date  due 


a39003  002980638b 


CE  OC   0611 
.N842S6  1891 

CGC   SOCIETE 
ACC*  1071428 


V006 

DE  L 


MELANGES