T
fiiUt t^-v«.
CMJLy \~l [ L °\
Digitized by the Internet Archive
in 2012 with funding from
Univers ity of Toronto
http://archive.org/details/mlangesdocuments06soci
MÉLANGES
(sixième série)
MÉLANGES
DOCUMENTS
PUBLIÉS ET ANNOTÉS PAR MM. CH. DE BEAUREPAIRE,
L'ABBÉ F. BLANQUART,
CH. BRÊARD ET PH. BARREY, LÉOPOLD DELISLE, P. LE CACHEUX,
L. RÉGNIER ET L'ABBÉ A. TOUGARD
SIXIÈME SÉRIE
ROUEN
A. LESTRINGANT
LIBRAIRE
de la Société de l'Histoire de Normandie
II, RUE JEANNE-DARC, II
PARIS
A. PICARD et Fils
LIBRAIRE
de la Société de l'École des Chartes
82, RUE BONAPARTE, 82
1906
BLIOTHéCA
DC
III
L
EXTRAIT DU RÈGLEMENT
Art. 16. — Aucun volume ou fascicule ne peut être livré
à l'impression qu'en vertu d'une délibération du Conseil,
prise au vu de la déclaration du Commissaire délégué, et,
lorsqu'il y aura lieu, de l'avis du Comité intéressé, portant
que le travail est digne d'être publié. Cette déclaration est
imprimée au verso de la feuille du titre du premier volume de
chaque ouvrage.
Le Conseil, vu la déclaration de MM. les Commissaires
délégués, portant que les Mélanges (sixième série), documents
préparés par MM. Ch. de Beaurepaire, l'abbé F. Blanquart,
Ch. Bréard et Ph. Barrey, L. Delisle, P. Le Cacheux,
L. Régnier et l'abbé A. Tougard, leur ont paru dignes d'être
publiés par la Société de l'Histoire de Normandie, après en
avoir délibéré, décide que cet ouvrage sera livré à l'impression.
Fait à Rouen, les 6 mars, 2<) juin, y octobre, 6 novembre et
4 décembre iyoj.
Le Secrétaire de la Société,
P. Le Verdier.
COMPTE
DES DÉPENSES DE l'aBBAYE DE FECAMP, A L'OCCASION
d'une ENOJJETE PAR TOURBES
FAITE A ROUEN ET A CAUDEBEC VERS I4IO.
PUBLIÉ
Par M. Ch. de BEAUREPAIRE
COMPTE
DES DÉPENSES DE L'ABBAYE DE FÉCAMP A L'OCCASION D'UNE ENQJJÊTE
PAR TOURBES FAITE A ROUEN ET A CAUDEBEC VERS 141O
Le Compte que nous publions est tiré des Archives de
la Seine-Inférieure, fonds de l'abbaye de Fécamp. Rien
dans son contenu ne fait connaître d'une manière pré-
cise ni la date à laquelle il fut écrit, ni la nature de
l'affaire à laquelle il se rapporte. On voit seulement qu'il
y est question d'une enquête par turbes ordonnée à l'oc-
casion d'un procès entre l'abbaye de Fécamp et Jean de
Calleville. Cette enquête se fit à Rouen et à Caudebec
par deux commissaires, délégués sans doute par l'Echi-
quier de Normandie, dont les noms sont indiqués,
Messieurs maîtres Thiebaut Tiessart et Jean Roumaing,
auxquels il fut compté dix-huit jours de vacations. Six
turbes ou bandes de praticiens furent formées et con-
sultées : cinq à Rouen, le 30 novembre, une turbe;
le Ier décembre, deux turbes; le 2 décembre, deux
turbes ; une à Caudebec le 5 du même mois. On
prit l'avis de cent sept coutumiers (1) (supposés ex-
perts au fait de la coutume) dans la première turbe ;
de dix-huit dans la seconde ; de seize dans la troi-
(1) Il est rare que ce mot soit employé dans le sens qui lui est donné
dans le Compte que nous publions.
10
sième ; de quinze dans la quatrième ; de vingt dans la
cinquième et de vingt et un dans la sixième. A Caudebec
on entendit, en outre, plusieurs témoins, presque tous,
sinon tous, de Doudeville, qui ne surent rien dire
d'utile pour l'éclaircissement de la cause. Leur inter-
vention prouve, du moins, que l'affaire intéressait par-
ticulièrement leur paroisse, ce qui est pour nous un
indice propre à nous mettre sur une bonne voie.
Remarquons encore que tous les coutumiers consultés
sont des magistrats ou des avocats des premières années
du xve siècle, en exercice antérieurement à la conquête
de la Normandie par Henri V, puisque l'une des parties
au procès n'est autre que Messire Jean de Calleville,
lequel, étant resté fidèle à la France, se vit déposséder
par ce prince de ses seigneuries de Doudeville, le Fresnay
et autres, au profit de l'anglais Hugues Spencer,
18 avril 141 9 (Rôles de Bréquigny, nos 475 et 476).
Jean Segueut, Jean Chopillart, Pierre Poolin, Richard
de Saint-Moris, pour m'en tenir à quelques noms, ne
sont pas distingués des autres avocats. Or, Jean Segueut
devint avocat du roi d'Angleterre au bailliage de Rouen,
dès les premières années de la domination anglaise ; on
voit Jean Chopillart qualifié lieutenant du bailli de
Rouen le 15 octobre 141 9, Pierre Poolin qualifié lieute-
nant général du même bailli le 2 octobre 141 8, Richard
de Saint-Moris qualifié lieutenant au même siège dès le
22 août 1414.
Cette date, qui ne marque pas vraisemblablement le
début de la fonction de ce magistrat, se rapproche sensi-
blement de celle d'une sentence rendue par les gens de
1 1
l'Echiquier de Rouen sur un procès entre les religieux de
Valmont et Messire Jehan de Calleville, chevalier, sieur de
Douville et Doudeville, au sujet du patronage de Doude-
ville. Depuis longtemps, il y avait eu contestation à ce su-
jet, et l'affaire était des plus embrouillées. De guerre lasse,
les parties s'en rapportèrent à l'avis d'un arbitre, Robert
de Lyvet, chanoine de Rouen, vicaire général de l'arche-
vêque Louis de Harcourt, qui porta son jugement en ces
termes : « Oyes les parties en leurs raisons d'un costé et
d'autre tant par les advocas et conseillers d'une partie
comme d'autre, et eu sur ce advis et déliberacion avec
iceulx et autres saiges et notables personnes, ay dit et
ordonné que Jacques de Fréville, chanoine de Rouen,
obtiendra pour cette fois seulement, au droit commun
d'icelles parties, la dite église », qui devait être alterna-
tive, à l'avenir, entre les religieux de Valmont et le sire
de Calleville, 24 août 1409. Cette sentence fut homo-
loguée par l'Echiquier ; mais, à la fin de l'arrêt, se trouve
cette phrase significative : « Après laquelle lecture Robin
Du Couldray, actourné et procureur des religieux de
Fécamp, proteste, disant que le patronage appartient aux
dits religieux à cause du fief du Donjon à Fécamp dont
procès etoit entre ses dits maistres et le dit chevalier ».
Ainsi, le procès terminé entre les religieux de Valmont
et le sire de Calleville dut reprendre entre celui-ci et les
religieux de Fécamp. Il est plus que probable que notre
enquête est relative à ce second procès qui dut s'engager
peu de temps après la décision du premier. Une lacune
de plusieurs années dans les registres de l'Echiquier ne
me permet pas de donner le texte de l'arrêt qui fut rendu
12
sur cette seconde contestation. Tout ce qu'on sait, c'est
qu'il ne dut pas être favorable aux prétentions de l'abbaye
de Fécamp et que les successeurs du sire de Calleville
furent maintenus en possession du droit de patronage de
l'église de Doudeville.
A défaut de l'enquête, probablement perdue, il faut
nous contenter du compte des dépenses qu'eut à payer
l'abbaye de Fécamp. Nous y trouvons la mention d'une
partie assez notable du personnel judiciaire de notre pro-
vince vers 14 10, les prix de divers objets de consom-
mation et de curieux détails de nature à compléter ceux
que Le Grand d'Aussy a si habilement présentés dans son
Histoire delà Vie privée des Français . Même pour les dépenses
de table, les indications fournies par notre document ne
le cèdent pas, en intérêt, à celles que M. Douet d'Arcq a
données comme complément d' « un petit traité de
cuisine écrit en français au commencement du
xive siècle » (1).
(1) Bibliothèque de l'Ecole des Chartes, 5e série, t. I, p. 209.
LE COMPTE
des mises faites pour l'enqueste de la cause touchant MonsT de
Fescamp contre Messire Jehan de Calleville, chevallier, fait et
rendu par moy Adam Anffroy, religieux de Fescamp, a (nom
en blanc).
Recepte.
Ledit religieux a reçu de Monsr de Fescamp lx 1. ;'
De Robin Baudry, bourgeois de Rouen, pour le terme
S. Michiel derrain passé, à cause de la vente des bois, la
somme de vjxx x 1 xiij s. vj d. ;
Et semblablement icellui religieux doit par la fin du
compte qu'il baille à cause des fermes de Heudebou ville ( i ) ,
pour le terme S. Jehan, la somme de (chiffre en blanc),
laquelle somme ledit religieux met en recepte pour soy
deschargier du compte des dites fermes. Pour ce (chiffre
en blanc).
Somme de la recepte (chiffre en blanc).
Despence pour le fait de la dicte commission
et enqueste.
Premièrement :
A Messieurs maistres Thiebaut Tiessart et Jehan
Roumaing pour avoir vacqué ou fait d'icelle enqueste,
tant en allant, séjournant et collacionant icelle enqueste,
es quelles besongnes les dessus diz ont vacqué par l'es-
pace dexviij jours, à vij 1. t. chacun jour, vjxx vj 1. t.
A maistre Jehan Paris, procureur pour mon dit seigneur
(i) Commune du canton de Louviers (Eure).
en la cause, pour avoir vacqué par l'espace du temps
dessus dit, lequel prenoit pour chacun jour deux escus
avecquesses despens, et, sans iceulx despens, Ix s. t., lequel
mist en allant et retournant à Paris par l'espace de
îiij jours, pour chacun jour lx s. t., valent xij 1.
Audit Paris pour avoir vacqué par xiiij jours eu fait
d'icelle enqueste, es quieulx jours prenoit ses despens,
pour chacun jour xl s. t., valent xxxj 1. x s.
Au clerc dudit maistre Thiebaut pour avoir minué (i)
icelle enqueste, lxvij s.
Au clerc maistre Jehan Roumaing pour avoir grossoyé
la dicte enqueste, lxvij s. vj d.
Aux variés des dessus dis commissaires, pour leur
vin, xlv s.
Au clerc maistre Jehan Paris pour son vin semblable-
ment, xxij s. vj d.
Somme, viijxx xix 1. xij s. vj d.
Autres mises à cause des tourbes faites tant à Rouen
comme à Caudebec, desquelles tourbes la première fu
faite à Rouen le merquedi derrain jour de novembre, en
laquelle estoient les coustumiers qui ensuivent, primo :
Jehan de Cantepie, advocat, demourant à
S.-Lô, xxij s. vj d. t.
Michel Aumont demourant à Karenten, xx s.
Jehan Le Herichié demeurant à Caen, xx s.
Manessier De Laistre demeurant à AurTay en
Caux (2), xv s.
Guillaume Loisel (3) demourant à Louviers, ....
(1) Minuer, écrire les minutes.
(2) Auffay, canton de Tôtes (Seine-Inférieure).
(3) Guillaume Loysel était, à la date du 24 février 1426 (v. s),
vicomte de Heudebouville et lieutenant commis du bailli de Gisors
en la vicomte du Pont-de-1'Arche.
i5
Thomas Cornet demourant à Bayeux, x. . .
Thomas Auzane demourant à Caen, xv s.
Guillaume de POraille demourant à Caen, x s.
Maistre Jehan Durand demourant à Anneville en
Coustantin (i), x s.
Gillet Hellepiquet demourant à Chierebourg, x s.
Sanson Vuatier demourant à Valoingnes, vij s. vj d.
Pierres Gervaiz demourant à Gaen, vij s. v d.
Jehan Bellet demourant à Gaen, x s.
Guillaume Mourant demourant à Caen, vij s. vj d.
Richart de Cruelly, de Karenten, vij s. vj d."
Jehan Vicant, de Gaen, vij s. vj d.
Richart Lombart, de Bayeux, vij s. vj d.
Somme, xj 1. iij s. vj d.
Seconde tourbe à Rouen le premier jour de décembre
ensuivant où estoient ceux qui ensuivent, premièrement :
Offroy Eude, advocatdu Roy à Coustances, xxij s. vj d.
Estienne Du Chastellier, advocat du Roy à
Avrances, xx s.
Michiel Hue, advocat du Roy à Karenten, xx s.
Guillaume Bailleul, procureur du Roy au bailliage de
Gostentin, xx s.
Pierres Massy demourant à Pariers (2), xv s.
Jehan Patart, lieutenant du viconte de Karenten, xv s.
Laurens de Limare (3) demourant à Rouen, x s.
Robert Du Chastellier demourant à
Avranches, xij s. vj d.
(1) Anneville-en-Cères, canton de Quettehou (Manche).
(2) Périers, chef-lieu de canton (Manche).
(3) L. de Limare, conseiller en cour laie, bailli de Douville pour
le Chapitre de Rouen, nommé par lui vicomte à La Neuville-
Champ-d'Oisel, 7 août 14 19 ; lieutenant général du vicomte de
Rouen, 1423-1434.
\6
Thomas Villequin demourant au village de S. Sau-
veur-le-Lendelin (r), x s.
Jehan Andrieu demourant à Avranches, x s.
Andry Thomasse demourant à Pariers, x s
Jehan Jalot demourant à Karenten, vij s. vj d.
Perrin Le Bedel demourant à Maregny (2), vij s. vj d.
Robin Pillegrain demourant à Coustances, vij s. vj d.
Jehan de Verdun demourant à Caen, xx s.
Jehan Du Rueil demourant à Ghambroyes (3), xx s.
Guillaume Chauvin demourant à S.-Lô, xv s.
Pierre Mauduit demourant à Varreville en Cous-
tentin (4), xx s.
Somme, xiij 1. ij s. vj d.
Tierce tourbe faite semblablement à Rouen ledit jour,
de relevée, primo :
Jehan de Loraille, advocat du Roy à Gisors, xxv s.
Richart Hellebout, viconte de Longchamp (5), xx s.
Maistre Guillaume de Livarrot demourant à
Louviers, xx s.
Pierres Guilbert demourant à Rouen, x s.
Jehan Sauvalle, procureur du Roi à Gisors, xx s.
Guillaume Pelichon (6), procureur du Roi à
Arques, xx s.
(1) Saint-Sauveur-Lendelin, chef-lieu de canton (Manche).
(2) Marigny, chef-lieu de canton (Manche).
(3) Chambrois, aujourd'hui Broglie, chef-lieu de canton (Eure).
(4) Saint-Martin-de-Varreville, canton de Sainte-Mère-Eglisj
(Manche).
(5) Longchamps, canton d'Etrépagny (Eure), anciennement siège
d'une haute justice.
(6) Guillaume Le Plichon, cité comme lieutenant commis du bailli
de Caux à Arques, en mars 1416 (n. s.). (Arch. de la S.-Inf., F. de
l'archevêché.)
>7
Richart Ravin, procureur du Roy à Rouen, x s.
Colin Boutevillain demourant à Rouen. x s.
Jehan des Parrelles demourant à Gisors, xij s. vj d.
Guillerme Boutevillain demourant à Rouen, vij s. vj d.
Gillot La Guespe demourant à Rouen, x s.
Jehan Guilbert demourant à Rouen, x s.
Thomas Le Moigne demourant en Cous-
tentin, xij s. vj d.
Maistre Jehan Calenche (i) demourant à Andely, xv s.
Guillaume Daguenet demourant à Gisors, xij s. vj d.,
Jehan de Gournay demourant à Eu, x s.
Somme, xj 1. v s.
Quarte tourbe faite audit lieu le vendredi ije jourdudit
mois de décembre, premièrement :
Jehan Seguent Painsné (2), xxij s. vj d.
Colin Thirel (3), xx s.
Regnaut Au poys, Jehan Filleul (4), maistre Jehan
Vincent, Richart de S.-Morisse (5), Rogier Mahieu,
(1) La bonne forme de ce nom est Ghalenge. Jean Chalenge,
lieutenant commis du bailli de Rouen, fils de Guillaume Chalenge,
bailli de Louviers ; cité le dernier avril 1424.
(2) Segueut (Jean), l'aîné, conseiller de l'archevêque, 1405-1406
(Arch. de la S.-lnf., G. 22) ; avocat pensionnaire de la ville de
Rouen, 1408; plus tard, avocat du roi d'Angleterre au bailliage de
Rouen.
(3) Thirel (Colin), avocat pensionnaire de la ville de Rouen,
16 octobre 1409.
(4) J. Filleul, conseiller en Cour laie à Rouen, 140 1 (Tabellionage
de Rouen, reg. 9, fo 216); exécuteur testamentaire de Nicolas
du Bosc, évêque de Bayeux, 1424; bienfaiteur de l'Hôtel-Dieu de
Rouen, 2 septembre 1429.
(5) Richard de Saint-Moris, lieutenant du bailli de Rouen,
22 août 1414 (Cartulaire de Saint-Oucn, no 28 bis, fo 425), 28 fé-
vrier 1416 (n. s.), 21 mai 141 7.
Jehan Mignot, Jehan de Beaussault, Colin Miffant, Colin
De la Court, x s ; Adam Guarin, x s,; Jehan Seguent
le jeune (i), x s. ; Henry Le Cauchois, xv s. ; Massé
Poret (2), vij s. vj d. ; tous demourans à Rouen.
Somme, xj 1. ij s. vj d.
Quinte tourbe faite audit lieu de Rouen, icellui jour
de relevée, premièrement :
Mahieu Turgis (3), advocat demourant à Rouen, xx s.
Guillaume Toulousen Tainsné demourant audit
lieu, xv s.
Pierres Poolin (4), advocat dudit lieu, x s.
Guillemin Le Bateur, dudit lieu, x s.
Guillemin de Rouvres (5), dudit lieu, x s.
Guillemin Toulousen le jeune (6), dudit lieu, x s.
Raoul Caval (7), lieutenant du bailly de Gisors, xv s.
Jehan Vuastel, de Rouen, vij s. vj d.
(1) Jean Segueut le jeune, fils de Jean Segueut l'aîné.
(2) Macé Poret, conseiller en Cour laie, conseiller de l'archevêque
1423-1424; fonda une messe en l'église du prieuré de Beaulieu,
20 décembre 1435 (Tab. de Rouen).
(3) Mahieu Turgis, conseiller en Cour laie, i3g5; pensionnaire de
la ville de Rouen, 1406 ; bailli de la seigneurie de Douville pour le
chanoine prébende de ce lieu, 21 février 1406.
(4) Poolin (Pierre), sieur du Mesnil-au-Cauf et de Monville, con-
seiller en Cour laie, septembre 1414 (Tab. de Rouen); lieutenant
général du bailli de Rouen, 2 octobre 1418, 1429.
(5) Rouvres (Guillemin), sieur du Mesnil-sur-Barentin, septembre
1406 (Tab. de Rouen) ; vicomte des aumônes de l'archevêché, 1423-
1424 (G. 26); de Déville, 1427-1428 (G. 1084); pensionnaire de
l'archevêque, 143 1 (G. 32); était fils de Jean de Rouvres, lieutenant
général du bailli de Rouen et de Gisors en i386.
(6) Toulousen (Guill.), cité comme conseiller en Cour laie en
décembre 1414 (Tab. de Rouen, reg. 17, fo 1 33).
(7) Caval (Raoul), lieutenant du bailli de Gisors à Andely, i3 fé-
vrier 1420 (n. s.).
19
Jehan Chopillart (i), dudit lieu, vij s. vj d.
Richart Hemart, dudit lieu, vij s. vj d.
Durant Hellebout demourant à Louviers, x s.
Jacques Durescu (2), dudit lieu de Rouen, vij s. vj d.
Guillaume Le Coq, dudit lieu, x s.
Guieffroy Le Villain, dudit lieu, x s.
Robin Le Noyer demourant à Gisors, x s.
Martin Lermite demourant à Dieppe, x s.
Jehan Pohier demourant à Rouen, vij s. vj d.
demourant en Coustantin, xij s. vj d.
demourant à Rouen, xx s.
demourant audit lieu, x s.
Somme, xj 1.
Sixte tourbe faite à Gaudebec le lundi ve jour dudit
moys de décembre, premièrement :
Guillaume Theroude (3), xxx s.
Colin de Harduinville, xxv s.
Richart Boudier, xx s.
Robin Doubin, xx s.
Rogier Des Hautez, xv s.
Thomas Le Prévost, lieutenant du viconte de
Caudebec, xv s.
Jehan de Cerifontaine, xv s.
Colin Henry, xv s.
Denis Ansel, xv s.
(1) Chopillart (Jean), lieutenant général du vicomte de Rouen,
1412-1413 ; plus tard, lieutenant général du bailli de Rouen, i5,
■z5 octobre 1418, 26 octobre 1420.
(2) Durescu (Jacques) était vicomte des Baons-le-Comte pour le
Chapitre de Notre-Dame de la Ronde en 1427.
(3) G. Theroulde, avocat du Roi, 1428-1435 (Comptes de l'abbaye
de Montivillliers).
20
Henry Boudier (i), x s.
Guilleminet Thiron, xv s.
Jehan Le Bourgoiz, xv s.
Robin Deschamps, x s.
Guillaume Poisson, x s.
Jehan Becquet, x s.
Jehan Cailleu demourant à Estouteville (2), x s.
Jehan Pillée demourant à Capetot (3), xx s.
Vuatier Pillée demourant à Se-Marie-des-
Ghamps (4), xxij s. vj d.
Robin Le Butor demourant à Ivecrique (5), xxij s. vj d.
Pierres Mauviel (6), xx s.
Robin Le Vasseur, x s.
Somme, xvij 1. v s.
Somme de toutes les tourbes dessus dictes, lxxiiij 1.
xvij s. vj d. (7).
(1) Boudier (Henri), cité comme vicomte des aumônes de Clipon-
ville pour l'archevêque, 1423-1424(0. 26); nommé procureur pour
le Chapitre de la Cathédrale, 14 novembre 1436.
(2) Etoutteville, canton d'Yerville (Seine-Inférieure).
(3) Capetot, hameau de la commune d'Etoutteville.
(4) Sainte-Marie-des-Champs, commune du canton d'Yvetot
(Seine-Inférieure).
(5) Yvecrique, commune du canton de Doudeville (Seine-Infé-
rieure).
(6) Mauviel (Pierre), conseiller du Roi au bailliage de Caux, 141 5;
acquéreur du fief de Poissy à Mannevillette, 5 mai 1426; avocat
pensionnaire de Bedford pour le comté de Lillebonne, 1429 ; séné-
chal et garde du temporel et des aumônes de l'abbaye de Monti-
villiers, 1425- 1435 ; retenu pour avocat pensionnaire par le Cha-
pitre de Rouen, 4 novembre 1436.
(7) La faiblesse des indemnités payées aux coutumiers étrangers à
Rouen ne permet pas d'admettre qu'ils y soient venus exprès pour
cette enquête. Il me paraît plus probable qu'on eut recours à eux
parce qu'on les savait dans cette ville, à raison d'affaires, pendantes
à l'Echiquier, qui les intéressaient.
21
Autre despence pour tesmoings
Pour la despence de Robin Gostren, Robin de
le recepveur de Fescamp et aucuns tesmoings
la dicte enqueste à Caudebec à renseigne du
tant pour eulx comme pour leurs gens et chevaulx.
Item pour ledit Rogier de Grammont, ledit receveur et
aucuns.... de Fescamp, lesquieulx se desjeunèrent et
beurent à Caudebec avant qu'ils partissent, à l'enseigne
du Mouton, pour ce
Item pour la despence dudit Robin Cervoise, lequel
demoura audit lieu de Caudebec jusques à Tendemain, et
ne s'en pout aller avecques les autres pour occupation
que il out, pour ce, vij s. vj d
Item à Thomas De Brassy, de Doudeville, lequel ne
fut point examiné pour ce qu'il ne savoit point bonne-
ment de la besongne, pour ce, v s.
Item à Jehan Le Vesié, de Doudeville, pour deux
journées et ses despens fais audit lieu de Doude-
ville, vij s. vj d.
Item pour le desjeuner de Martin Berthin, son filz, et
Gautier Galopin à Caudebec, à l'enseigne dudit lieu du
Mouton, v s.
Item à Jehan Amis le jeune et Jehan Amis Tainsné,
dudit lieu de Doudeville, pour deux journées qu'ilz
furent à Caudebec, xiij s. iiij d.
Item à Regnaut Malingre dit Ceriot et Estienne Durant
pour le louage de deux chevaulx qu'ilz avoient amenez,
lesquieulx ilz avoient tenus par iij jours, pour chascun
jour pour les deux chevaux, v s., valent xv s.
Item pour la despence d'iceulx et de leurs chevaulx, xvj s.
Item à Guillemme Olive, Naudin Jagan et Guillaume
Bonté, dudit lieu de Doudeville, lesquieulx ne furent
point examinez pour ce qu'ilz ne savoient proprement
22
que dire d'icelle besongne, à chascun d'eulx v s. t. pour
leurs paines et despence, xv s.
Item à Pellet Le Bien et Denis Saiche lesquieulx furent
au dit lieu de Caudebec par iij jours, tant pour eulx
comme pour leurs chevaulx, xx s.
Item à Guiot Du Taillix, du dit lieu de Doudeville,
lequel fu à Caudebec semblablement par iij jours, pour
sa despence de lui et son cheval, xij s. vj d.
Item à Regnaut Thiebaut, de Doudeville, qui fu sem-
blablement à Caudebec par deux jours, vj s. viij d.
Item [à Ba]uquemare et Regnaut Tournant qui furent
au dit [lieu] par deux jours, à chascun viij s. ix d.,
valent xvij s. vj d.
... oy Du Fresnoy, du dit lieu du Fresnoy (i), pour
les despens [de lui et] son cheval faiz audit lieu de Cau-
debec, vij s. vj d.
Item pour le disner de Guieffroy Du Buse, son filz et
de leurs chevaulx, ix s. ij d.
Somme, x 1. v s.
Autre despence pour le fait d'icelle enqueste, première-
ment :
Le merquedi derrain jour dudit moy de nov., pour le
desjeuner aux escuiers du président et aux clers d'iceulx
commissaires en Tostel des Chapelle^ devant Notre-Dame
de Rouen (2), auquel lieu les dessus diz se desjeunerent
(i) Le Fresnoy, hameau de Doudeville.
(2) Je trouve des hôtels à l'enseigne des Chapelets, paroisse Saint-
Martin-du-Pont, 1401 (Tab. de Rouen, reg. 9, f° 23o, v°) ; 1425
(Cart. de Notre-Dame de Rouen, n° 9, fo 188; i582 (Arch. de la
S.-Inf., fonds de Saint-Etienne-des-Tonneliers< ; à Saint-Martin-sur-
Renelle,rue du Fossé-aux-Vantiers, 27 mars 1440 (v. s.), {Ibid. fonds
du Chapitre, Clerc de ville); 1529 (fonds du Mont-aux-Malades) ;
paroisse Saint-Michel, au Vieux-Marché, 1 377-1433, 1 526-1 527
*3
et ourent iij pastés grans où avoit, en chascun, des
oisellés et un capon, pour ce, tant pour pasté que pour
pain et vin, xx s.
Item pour vj mains de pappier baillées aux clers cTiceulx
commissaires pour minuer la dicte enquesie, vij s. vj d.
Item pour la façon du papier maistre Jehan Paris à fere
le kalendier ( i ) d'icelle enqueste, x d.
Item pour deux peaulx de parchemin baillées au dit
Paris à fere les hetiquetes pour examiner tesmoings, ....
Item pour un sac de grosse toille à mètre Tenqueste et
procès, xx d., iiij s. iiij d.
Pour deux buretes d'enque (2) baillées tant aux clers
des diz commissaires que audit maistre Jehan Paris, vj d.
Item pour une torche à aler par nuit chieux les diz
commissaires et ailleurs où Ten avoit à besongnier, ix s.
Item pour chire vermeille à seeler les relacions et com-
missions, xx d.
Item pour une livre de chandelle pour esclairer à
ceulx d'une tourbe lesquïeulx iceulx commissaires
avoient tenu trop tart, xv d.
Item, le jeudi ije jour de déc, pour chandelle pour la
cause dessus dicte, x s.
Item, le vendredi iije jour dudit mois, pour viij peaulx
de parchemin baillées aux clers d'iceulx commissaires
pour grossoier (3) icelle enqueste, xiij s. iij d.
Item pour chandelle à ceuls de la ve tourbe [pour les
(Ibid.f Comptes de la fabrique Saint-Michel) ; à Saint-Nicolas, 1421
(Tab. de Rouen, reg. 19, f° 1 38) ; rue aux Juifs, paroisse Saint-Lô,
1429- 1455. Enseigne remplacée plus tard par celle de YEcu de
France.
(1) Rôle ou calendaire du procès. V. le glossaire de Godefroy.
(2) Enque, d'encaustum, encre.
(3) Transcrire la minute en grosse pour les parties.
24
reconduire à leurs] hostieulz pour ce qu'ilz avoient esté
tenus trop [tart]
Item pour une boite à m être lettres touchans
Item pour deux mains de papier baillies aux clers
de. . . . la dicte enqueste derechief . . . .
Item, le samedi ensuivant, pour un quarteron de
poudre fine. ...
Item, le jeudi jour Notre Dame (i), à un homme de
Fescamp pour avoir apporté dudit lieu de Fescamp à
Gaudebec deux paons, lesquieulx paons (2) furent pré-
sentez aux commissaires, pour ce [pas de chiffre).
Item pour un messager envoyé de Rouen à Fescamp
porter une commission pour adjourner tesmoings, xv s.
Somme, iiij 1. ix s. xj d.
Autre despence pour sallaires de sergens :
A Jehan Verel, sergent à masse à Rouen (3), pour
avoir adjourné et assemblé les tourbes et aussy avoir ad-
journé aucuns tesmoings produiz en icelle enqueste, en
quoy ledit Verel a vacqué par l'espace de v jours, chacun
jour x s. t., valent 1 s.
A Guillemin De Laon, sergent à Rouen, pour avoir
adjourné tesmoings à Caudebec, Doudeville et ailleurs,
en quoy a vacqué ledit Guillemin par vij jours, chacun
jour x s. t. ; ainsy monte en somme lxx s. t. dont est à
rabbatre pour despence de cheval, lequel l'en lui a trouvé
(1)8 décembre, fête de la Conception.
(2) Pas de prix probablement parce que les paons furent tirés de
l'abbaye de Fécamp. « L'usage de manger la chair du paon persista
jusqu'au xvf siècle » (M. Léopold Delisle, Etudes sur la condition de
la classe agricole, i85i, p. 489).
(3) Sur la sergenterie à masse, voir le mémoire de M. E. Gosselin,
les Plaids à masse, dans le Précis des travaux de l'Académie de
Rouen, 1873- 1874.
25
le temps durant viij s. t. ; reste lxij s. ; pour ce, pour ledit
sergent, lxij s.
Jeudi xxviije jour de nov., pour deux chapons et un
oiseau de rivière ( i ) présentez aux diz commissaires, à
leur souper, vij 1. vj d.
Item, ce jour, pour deux galons de vin présentez sem-
blablement à iceulx commissaires avecques iceulx
capons, v s. iiij d.
Le mardi ensuivant pour harenc caque et sor audit lieu
du Chinot (2), x d.
Item pour un cent d'oystre et iiij mellens (3), iiij s. ij d.
Item pour saffren et poudre (4) à faire le potage d'icelles
oystres, x d.
Item pour pain, x d.
Item pour iiij pos de vin, à xvj d. le pot, v s. iiij d.
Item pour la moitié d'un fourmage, vj d.
Item en portage de poisson, ij d.
Item pour belle chiere (5), bois, verjus, moustarde et
autres choses, iiij s.
Item pour la journée de deux chevaulx qui estoient
audit Paris, v s.
Somme de la despence du lundi et mardi, xxiiij s. vj d.
Le merquedi ensuivant, pour un quartier de mouton
et deux pièces de beuf, iiij s. ij d.
Item pour deux vitecos (6) au souper, xx d.
(1) Probablement un canard sauvage.
(2) Hôtel du Chignot ou Sinot, à la Poissonnerie, 14 58-1459
(Arch. de la S.-Inf., G. 263) ; le Chinot en Dourdonne, propriété
de la Ville, 24 décembre 1407 (Délibérations municipales).
(3) Huîtres et merlans.
(4) Probablement la même chose que la poudre-le-duc, sorte de
préparation faite de cannelle et de sucre blanc.
(5) Je crois qu'il faut entendre par ces mots une sorte de dessert.
(6) Bécasses.
26
Item pour demi cent cTespellanc ( i ) pour Jehan
Le Prévost, lequel souppa à Tostel et ne mangoit point
de char, xvj d.
Item pour un quarteron de poires d1 Angoisse (2), xv d.
Item en pain, xiiij d.
Item en vin pour tout le jour, tant pour ceulx de la
tourbe que pour les diz Prévost, Paris et Pailleux, viij pos,
chascun pot à xvj d., valent x s. viij d.
Item pour belle chiere, iiij s.
Item pour les cnevaulx dudit Paris, v s.
Somme d^cellui jour, xxix s. iij d.
Extraordinaire ce jour :
Pour un galon d'ipocras (3) présenté aux diz commis-
saires, xvj s.
Item pour le mestier (4), xx d.
Item pour deux galons de vin présentez aux diz com-
missaires à souper, v s. iiij d.
Le jeudi ensuivant à l'ostel du Chinot, avecques ledit
Paris, Jehan Le Voirrier et Jehan Le Prévost, et aussi
desjeunerent audit hostel ceulz de la tourbe qui s^ assem-
blèrent. Premièrement :
En pain, xvj d.
Item en x pos de vin (5) pour tout le jour, xiij s. iiij d.
(1) Eperlans, de l'allemand Spierling.
(2) M. Léopold Delisle nous apprend, ouvrage précité, p. 5o,
qu'en certaines contrées on donne encore le nom de poire d'Angoisse
à la poire de Bon-Chrétien.
(3) Hippocras, sorte de liqueur dont l'usage durait encore vers la
fin du xvne siècle.
(4) Entre les diverses acceptions que reçoit ce nom, la seule qui
soit admissible, c'est celle d'une sorte de pâtisseries, gaufres ou
autres friandises.
(5) Nulle part, dans ce compte, le cidre n'est indiqué comme
27
Item en belle chière, iiij s.
Item pour la journée des chevaulx dudit Paris, v s.
Item en buef et mouton, iiij s.
Item pour un connin (i) et une xijne
d'alouetes, iiij s. ij d.
Somme, xxxij s.
Extraordinaire :
Ledit jour, pour deux perdris, deux connîns et
deux xijnes d^louetes présentées aux diz commissaires
pour leur souper, xij s. vj d.
Item pour deux galons de vin, à iceulx commis-
saires, v s. iiij d.
Somme, xvij s. x d.
Le vendredi ensuivant se desjeunèrent oudit hostel du
Chinot ceulx de la tourbe, ouquel lieu ilz s'estoient as-
semblés. Primo :
En pain pour tout le jour, xvj d.
Item pour v pos de vin pour tout le jour, le pot
à xvj d., vj s. viij d.
Item pour le dîner au clerc maistre Jehan Paris, xv d.
Pour deux fers aux chevaulx du dit maistre
Jehan, ij s. vj d.
Item pour espellenc à faire un pasté, viij d.
Item pour la façon du dit pasté, v d.
Item pour gresse à oindre houseaulx, v d.
Item en belle chière, iij s.
Item pour la journée des chevaulx dudit Paris, v s.
Somme, xxj s. iij d.
boisson. 11 est clair pour nous qu'il était encore peu en usage à
Rouen.
(i) Connin ou connil, lapin.
28
Extraordinaire pour ce jour :
Pour un brochet, une carpe et ung quarteron d'espel-
lenc présentez aux ditz commissaires, xl s.
Item pour deux galons de vin présentez semblablement
à iceulx commissaires, v s. viij d.
Item pour le desjeuner d'iceulx commissaires avecques
Jehan Le Prévost, ij s. vj d.
Item ce jour soupèrent en la taverne ledit maistre
Jehan Paris, Jehan Le Prévost et plusieurs autres, pour
ce, pour leur souper, xvij s. vj d.
Item pour deux galons de vin présentez aux dis com-
missaires à leur souper, le galon à ij s. viij d.,
valent v s. viij d.
Somme, lxx s. viij d.
Le samedi ensuivant, en pain, vj d.
Pour deux pos de vin, ij s. viij d.
Item pour la journée aux chevaulx dudit Paris, v s.
Somme, viij s. ij d.
Extraordinaire pour ce jour :
Pour deux galons de vin présentez aux diz commis-
saires, v s. iiij d.
Item pour le souper de maistre Jehan Paris, Jehan
Le Prévost, et autres qu'ilz amenèrent en leur com-
paignie, pour tout, xviij s. vj d.
Somme, xxiij s. x d.
Le dimenche ensuivant disnerent en la taverne ledit
maistre Jehan [Paris], Jehan Le Prévost et autres en leur
compaignie, pour ce, x s.
Item pour la disnée aux chevaulx dudit Paris, xx d.
Somme, xj s. viij d.
29
Extraordinaire ce jour :
Pour deux galons de vin donnez aux commis-
saires, v s. iiij d.
Item au clerc dudit lieu du Chinât, lequel servi lesdits
Paris, Pailleux et autres durant le temps qui furent à
Rouen pour icelle enqueste, pour le vin dudit
clerc, ij s. v d.
Somme, vij s. x d.
Le dimenche jour dessus dit allèrent gésir à Caudebec
Jehan Le Prévost, maistre Jehan Paris et Guillaume
Pailleux et despenserent premièrement :
En pain, xij d.
Item pour iij chopines de vin, ij s. vj d.
Item pour ij xijnes d'allouetes, iij s. iiij d.
Item pour ij capons, iij s. iiij d.
Item pour un pasté d'une poule froit pour les ser-
viteurs, xv d.
Item pour belle chiere, ij s. vj d.
Item pour la soupée de vij chevaulx, chacun xx d.,
valent xj s. viij d.
Somme, xxv s. vij d.
Extraordinaire pour ce jour :
Pour deux poissons de rivière présentez aux diz com-
missaires, iij s. iiij d.
Item pour deux galons de vin présentez à iceulx com-
missaires, à iiij s. le galon, valent viij s.
Somme, xj s. iiij d.
Le lundi ensuivant vindrent au giste à Caudebec le
grenetier de Fescamp, Robin Cervoise, Robin de Gram-
mont, escuier, Jehan Loyer, Robin Gontran dit Houppin,
le receveur de Fescamp et plusieurs autres tesmoings
produis en la cause. Premièrement :
30
En pain, ce jour, pour le disner, xiiij d.
Item pour deux pos de vin, iij s. iiij d.
Item pour iiij pièces de char, iij s.
Item pour une oue ( r ), iij s. iiij d.
Item, ce jour, pour pain au souper, pour
xiiij pains, ij s. iiij d.
Item pour ij pos de vin, iiij s. viij d.
Item pour iiij pièces de char et deux chapons, vj s.
Item pour pipreneaulx (2) pour ledit grenetier qui ne
mangoit point de char, xv d.
Item pour la disnée de vj chevaulx, v s.
Item pour la soupée de xj chevaulx, xviij s. iiij d.
Item pour belle chiere, vj s.
Somme, liiij s. v d.
Extraordinaire :
Pour vj poules presentéez ce jour aux diz commissaires
pour souper, v s.
Item pour deux galons de vin présentez aux diz com-
missaires, à iiij s. le galon, valent viij s.
Item pour iiij galons de vin, c'est assavoir deux galons
au disner et deux au souper, lequel vin fu aporté en
l'ostellerie où estoient les dessus diz grenetier et autres
logiez, pour ce que le vin dudithostel n'estoit point suffi-
sant, à iiij s. le galon, valent xvj s.
Item pour un pot de vin donné aux clers d'iceulx com-
missaires, ij s.
Somme, xxxj s.
Le mardi ensuivant, pour iiij pièces de beuf, ung
quartier de mouton, iij pièces d'esquinée (3) de porc et
(1) Une oie. On connaissait à Rouen la rue aux Oues, aujour-
d'hui par erreur la rue aux Ours.
(2) Pimpreneaux, petits poissons de rivière, sparus en latin.
(3) Echine.
31
une loigne ( i ) de veel, x s. x d.
Item pour deux capons, iij s. iiij d.
Item pour une oue, iij s. iiij d.
Item pour deux espaulles de mouton au souper, xx d.
Item pour cannelle, gingembre et amandes à fere la
sausse, xx d.
Item pour espellanc pour le grenetier qui ne mangoit
point de char, xv d.
Item pour iij xijnes de pain pour tout le jour, vj s.
Item pour vij pos de vin, tant pour les variés que pour
les survenans, xj s. x d.
Item pour deux pastez de deux capons pour
souper, iiij s
Item pour un gambon salle, xviij d.
Item pour harens et œufs pour icellui grenetier, xv d.
Item en belle chiere pour tout le jour, vij s. vj d.
Item pour la disnée de v chevaux, c'est assavoir ij pour
le prieur de S. -Gabriel (2), deux pour Jehan Le Prévost,
et un pour Guillaume de Vismesnil, iiij s. ij d.
Item pour deux fers aux chevaulx Jehan Le Prévost,
deux aux chevaulx d'un nommé Le Daulphin, de Fes-
camp, iiij s. ij d.
Item pour la journée de viij chevaulx, viij s.
Item pour la souppe de iiij chevaulx à celz de
Fescamp, vj s. viij d.
Item pour lart, xv d.
Somme, iiij 1. x s. v d.
Extraordinaire ce jour :
Pour iiij xijnes de pinçonnez, ij cappons et trois vite-
(1) On dit maintenant longe.
(2) Prieuré de Saint-Gabriel, dépendant de l'abbaye de Fécamp
et situé dans le diocèse de Bayeux, canton de Creully.
32
coqs présentez aux diz commissaires, ix s.
Pour iiij galons de vin présentez aux diz commissaires,
c'est assavoir deux au disner et deux au souper, à iiij s. le
galon, valent xvj s.
Item pour iij galons et un pot d'icellui vin porté en
Tostel où estoient logiez ledit grenetier et autres, pour
disner, xiiij s.
Item pour deux autres galons de vin pour souper audit
hostel, au pris dessus dit, viij s.
Item pour un prestre qui chanta une messe devant
iceulx commissaires, ij s. vj d.
Somme, xlix s. vj d.
Le merquedi ensuivant vegille Notre Dame (i) pour
deux xijnes de pain, iiij s.
Pour vin pris oudit hostel, c'est assavoir iij pos, à
xxxij d. le galon, qui valent iiij s., et deux pos, à xx d. le
pot, qui valent iij s. iiij d., pour ce, pour tout, viij s. iiij d.
Item pour œufs, iiij d.
Item pour j cent d'ouestres, ij s. vj d.
Item pour vj mellans, ij s.
Item pour demi cent d'espellanc, xv d.
Item pour un galon de vin pris chieulx Hébert et en-
voyé à aucuns de Fescamps qui disnoyent en nostre
hostel, iiij s.
Item pour la journée de viij chevaulx, chacun cheval
ij s. vj d., valent xx s.
Item pour la souppée de celui qui apporta les paons de
Fescamp, lesquieulx paons furent présentez aux dis com-
missaires, xx d.
Item pour iij picotins d'avoine baillés, au matin, aux
(i) 7 décembre, veille de la fête de la Conception, jour d'absti-
nence.
33
chevaulx Martin Berthin, son filz et Gautier Galopin
avant qu^ils partissent de Gaudebec pour eulx aller, xv s.
Item pour belle chière, vj s.
Somme, 1 s. iiij d.
Extraordinaire :
Ce jour, pour une grosse anguille, un quarteron de
pipreneaulx, deux braymes ( i ), ijc d'ouestres et c. et demi
d'espellenc présentez aux diz commissaires, xxxij s. vj d.
Item pour deux galons de vin présentez au disner des
diz commissaires, xx d.
Item pour un autre gallon de vin présenté à iceux
commissaires pour faire collacion au vespre, iiij s.
Item pour espices aux diz commissaires, à colla-
cion, xx d.
Somme, xlvj s. ij d.
Le jeudi ensuivant, jour de Notre Dame, première-
ment :
Pour iij pos et choppine de vin, iij s. x d.
Item pour pain, xij d.
Item pour belle chiere, iiij s.
Item pour la journée de viij chevaulx, xx s.
Item pour deux journées de cheval Jehan Dumont, de
Fescamp, v s.
Item pour beuf et mouton pour les serviteurs, vj s.
Item pour un pot de vin pris par Guillemin De Laon,
sergent, qui estoit avecques iceulx commissaires, xx d.
Somme, xxxviij s. v d.
Extraordinaire ce jour :
Pour iiij perdrix, iiij chapons, iij xijnes d'alouetes pre-
(i) Brème, poisson d'eau douce du genre cyprin (cyprinus brama)
d'après le Dictionnaire de Littré ; Brème cité dans un traité de cui-
sine vers i3o6 (Bibl. de l'Ecole des Chartes, 5e série, t. I, p. 223).
3
34
sentées aux dis commissaires, xxviij s.
Item pour deux galons de vin présentés à leur
disner, viij s.
Item pour iij autres galons de vin, tant d'Orléans que
autres présentés aux dis commissaires à leur souper,
lequel vin estoit à iiij s. le galon, valent xij s.
Item pour deux oiseaulx de rivière présentez sembla-
blement à iceulx commissaires pour leur
souper, iij s. iiij d.
Item pour un quarteron d'espellenc et œufs au grene-
tier de Fescamp lequel ne mengoit point de char, xv d.
Item pour un pot de vin au clerc maître Jehan Paris,
pour son souper, ij s.
Somme, liiij s. vij d.
Le vendredi ensuivant, premièrement :
Pour pain, xx d.
Item pour deux pos de vin, iij s. iiij d.
Item pour harenc et espellenc au grenetier de Fescamp,
lequel se desjeuna avant qu'il partisist de Gaudebec pour
s'en aller, ij s. viij d.
Item pour iiijc d'ouestre à souper, xv d.
Item pour œufs, v d.
Pour fourmage et belle chiere, iij s.
Item pour un galon de vin d'Orléans au dit grene-
tier, iiij s.
Item pour la disnée aux chevaulx du dit grenetier,
Jehan Dumont et Guillemin De Laon, sergent, iij s. iiijd.
Item pour la journée de chinq chevaulx, xij s. vj d.
Item pour la torche de l'oste où estoient logiez ledit
grenetier et autres, laquelle torche avoit esté usée pendant
le temps que iceulx grenetier et autres avoient esté au dit
lieu de Gaudebec, pour ce, iiij s.
Somme, xxvj s. ij d.
35
Extraordinaire ce jour :
Pour cent et demi d'ouestres, une grosse anguille, deux
braymes et un quarteron de pipreneaulx présentez aux
diz commissaires, xxvj s. vj d.
Pour iij galons de vin présentez aux diz commissaires
à leur disner, xij s.
Item pour deux galons de vin dont l'un fu présenté à
iceulx commissaires, Pautre lu beu à Postel, pour
souper, viij s.
Item pour poires, v d.
Item pour un pot d'ipocras présenté aux dis commis-
saires, xij s. vj d.
Item pour le mestier, xx d.
Item pour un pot de vin à faire ypocras, ij s.
Item donné au clerc et chamberiere dudit hostel, v s. x d .
Somme, lxviij s. xj d.
Le samedi ensuivant fu donné à disner aux dis com-
missaires en l'ostel de Saint Gervais (i) ouquel disner fu
despendu ce qui ensuit. Premièrement :
En poisson, xxxv s.
Item pour une xijne de harenc caque, xx d.
Item pour xiiij harens sors, xx d.
Item pour un galon d'ipocras, xvj s. viij d.
Item pour deux plas de mestier, xx d.
Item pour vij pos de vin pris en la ville, ix s. iiij d.
Item pour buirre (2), xx d.
Item pour un quarteron de gingembre, v s.
Item pour une once de canelle, x d.
Item pour demie once d'affaitement (3), xv d.
(1) Le prieuré de Saint-Gervais, aux faubourgs de Rouen, dépen-
dait de l'abbaye de Fécamp.
(2) Beurre.
(3) Assaisonnement.
56
Item pour un cent d'oystres, xv d.
Item pour poires, v d.
Item pour cresson, , j d.
Item pour demy quarteron de chucre, xx d.
Somme, lxxvij s. xj d.
Le dimence ensuivant estoient iceulx commissaires à
Rouen, aus quels fu présenté ce qui ensuit. Première-
ment :
Pour deux galons de vin qui leur fu présenté à
disner, ij s. viij d.
Item pour deux connins et deux oiseaux de rivière qui
semblablement furent présentez aux diz commissaires,
lesquels connins et oyseaulx iceulx commissaires empor-
tèrent, pour ce viij s:
Somme, xiiij s. viij d.
Pour Jehan Le Prévost, advocat, xj 1. ij s. vj d. (i)
Somme toute de la despence tant ordinaire que extraor-
dinaire, xlvj 1. x s. ij d.
Somme de toutes les mises pour la dicte enqueste (pas
de chiffres).
Somme toute tant de despence que de mises {pas de
chiffres) .
Et la recepte monte [pas de chiffres).
Ainsy (balance omise).
(i) Ce chiffre, relativement élevé, indique que Jean Le Prévost
avait été choisi pour avocat par les religieux de Fécamp. Le Prévost
est cité comme conseiller en cour laie en mars 1404 (Tab. de Rouen,
reg. 11, f°s 27, 11 5); comme conseiller pensionnaire de l'arche-
vêché, 1423-1424 (G. 26), 1431 (G. 32); comme conseiller pen-
sionnaire du Chapitre, 5 février 1432 (n. s.) (Registres capitulaires) ;
comme sénéchal de la haute justice de Saint-Gervais pour l'abbaye
de Fécamp, ier mars 1427 (n. s.), 8 octobre 1432.
ANCIEN COUTUMIER
de l'église cathédrale d'êvreux, vulgairement appelé
« HUNAUD »
PUBLIÉ D'APRÈS UNE COPIE DU XVIle SIÈCLE ET ANNOTÉ
Par M. l'abbé F. BLANQUART.
ANCIEN COUTUMIER
de l'église cathédrale d'évreux, vulgairement appelé
« HUNAUD »
INTRODUCTION
Quelque tombés en oubli qu'ils soient de nos jours,
les traités semi-liturgiques, semi-organiques connus
jadis sous les titres de Consuetudines , Consuetudinarium,
Liber usuum ont tenu une place importante dans le fonc-
tionnement de nos églises séculières ou conventuelles, et
il y aurait une réelle utilité, afin d'en faciliter l'étude
comparative, à publier ceux de ces textes qui ont
échappé aux multiples causes de destruction (i). Sans
étendre les recherches au delà des limites de la province
ecclésiastique de Normandie on en formerait une série
assez variée où les établissements monastiques seraient
d'abord représentés par les « us » du Valasse (2) et le
coutumier du Bec (3). Quant aux églises cathédrales,
(1) La Bibliothèque de V Ecole des Chartes, t. II (1890), p. 570, appelant
l'attention sur la Société Henry Bradshaw constituée à Londres pour la
publication des textes liturgiques, signalait, parmi les ouvrages qu'il était
à souhaiter de voir imprimés, les coutumiers de Petersborough, de West-
minster et de Saint-Edmondsbury.
(2) Bibl. de Rouen, ms. A. 495 (xne siècle).
(3) Consuetudinarium secundum normam Bccci Herluini, ms. de la fin du
xme siècle ou des premières années du xive. Bibl. nat., lat., 1208. Dans
40
M. l'abbé Ulysse Chevalier a déjà édité, d'après plusieurs
manuscrits, dont un n'a pas quitté la bibliothèque du
chapitre(i), le coutumier de Notre-Dame de Bayeux (2).
La même bibliothèque en a récemment acquis un autre
provenant de Saint-Pierre de Lisieux (3). Celui de
Rouen est maintenant au Musée Britannique (4).
Qu'un recueil de ce genre eut existé à la cathédrale
d'Evreux, c'est ce que révélaient des témoignages très
précis. A propos de la visite que Charles VIII fit à cette
ville, le Journal de Verdun (5) en reproduisait deux ou
trois passages : « Charles VII, dit-il, n'a pas été le seul
de nos roys qui ait honoré Evreux de sa présence.
Charles VIII y fit aussi son entrée solennelle sur la fin
du quinzième siècle, mais les choses étoient déjà chan-
gées de face. On ne voit plus l'évêque et son clergé sor-
tir hors de la ville pour recevoir le roy. Hunault, qui a
le t. Ier, chapitre XIII, p. 475-507, de son Histoire de V abbaye du Bec, M. le
chanoine Porée a donné une analyse du Livre des usages du célèbre mo-
nastère.
(1) Ms. 122.
(2) Bibliothèque liturgique, t. VIII. Paris, A. Picard, 1902. Le Brevis
tractatus de consuetudinibus et statutis ecclcsice Baiocensis occupe les pages
285-426.
(3) De officiis personarum et consuetudinibus antiquis ecclesia Lexovicnsis ;
Ms. du xvii1' siècle, 100 feuillets in-40, couv. parchemin.
(4) Ms. Reg , 8D, VIII (xii* siècle).
(5) Recherches sur les entrées solennelles faites par nos rois dans la ville
d'Evreux, Journal de Verdun, 1766, t. II. L'article, qui est de Durand « pro-
fesseur au collège royal d'Evreux », a été inséré par M. Th. Bonnin dans
les Opuscules et mélanges historiques sur la ville d'Evreux et le département de
l'Eure, Evreux, J. Ancelle, 1845, P- 124-126. V. aussi : Notes sur les entrées
solennelles des rois de France à Evreux, Evreux, Ancelle, 1838. (Extrait du
Recueil de la Société libre d'agriculture, Sciences et Belles-Lettres du départe-
ment de ÏEure, t. IX, janvier 1838.)
4i
fait le cérémonial de notre église cathédrale, dont il étoit
grand chantre, dit expressément, en très mauvais latin,
que les chanoines ne doivent point sortir hors de l'église,
mais attendre le roy à la porte : Canonici non debent exire
ecclesiam, sed omnes, revestitiin cappis, debent ipsum expec-
tare... Et quand Sa Majesté est entrée dans le chœur, on
est obligé de lui préparer un prie-Dieu : Et sibi débet
parari oratorium cum paramentis honestis. Aussitôt le sous-
chantre, qui n'est que chapelain, entonne un répond de
la Trinité : Rege ingrediente ecclesiam, incipiat succentor
ununi responsorium de Trinitate... Ce cérémonial se lit en-
core aujourd'hui aux chapitres généraux »
Un long factum, paru en 1724, au cours d'une ins-
tance pendante au conseil d'Etat entre l'évêque et les
chanoines, abonde en citations tirées du coutumier de
Hunaud (1) et montre avec évidence que son autorité
était constamment alléguée, pour ou contre le chapitre,
dans toutes les questions où les intérêts et prérogatives
de cette compagnie étaient en jeu (2).
(1) Les mêmes moyens sont de nouveau produits dans une duplique, pièce
faisant suite à celle-ci et qui m'a très serviablement été indiquée par
M. l'abbé Guéry pendant l'impression du Coutumier : « Au Roy et a nos-
seigneurs les commissaires députez par l'arrest de son conseil du 13 no-
vembre 1725 pour juger en dernier ressort les contestations d'entre le sieur
evêque et les doyen, chanoines et chapitre, et le maître de la fabrique de
l'église d'Evreux au sujet de la coupe du bois du parc de Condé » (Pour
l'évêque d'Evreux, signé Ycard). Biblioth. nat., Fm. 5796, in-fol.
(2) Quelques exemples suffiront : «... Le suppliant produit encore un
article d'un ancien recueil fait de l'ordre du chapitre et par lui approuvé en
1508, composé par Hunaud, grand chantre de la cathédrale, où il est dit,
au chap. intitulé Episcopus, que l'évêque, par la fondation et dotation de
son evêché, a ses biens et revenus distincts et séparez de la manse capitu-
laire et qu'il possède, à titre de baronies, Condé, Illiers, Broville, et qu'il a
42
Aussi, des opposants s'élèvent-ils contre le choix d'un
doyen nouvellement élu, le chapitre croit devoir passer
outre aux protestations, l'élection ayant été régulière-
ment faite et « davantage suivant les statuts, usages et
coustumes de lad. église représentés par le livre vulgai-
rement appelé de Hunault, en son vivant chantre et
chancde lad. église » (i).
De leur côté, lors des difficultés survenues, au jour où
fut apporté à l'abbaye de Saint-Taurin le corps de Mgr
Gilles Boutault (14 mars 166 1), entre le chapitre et les
religieux, ceux-ci, entre autres griefs, se plaignirent vive-
ment au doyen et aux chanoines de ce que, « contre la
coustume prescrite dans leur livre appelé le Hunault, ils
des domaines à Evreux : Prœfatus episcopus ex fundatione et dotationc... etc.
S'il y eût eu quelque exception a faire des bois de Condé, Hunaud n'y
eût pas manqué pour l'interest de sa compagnie. Il n'en faudroit pas
davantage pour détruire la prétention desdits du chapitre, puisqu'elle se
trouve démentie par l'approbation solennelle que leurs prédécesseurs ont
donné il y a plus de 200 ans à ce recueil de Hunaud dont l'autorité a
toujours été d'un très grand poids dans le chapitre ». (Requête de 1724,
p. 9.) — « La sixième et dernière preuve est le silence de Hunaud sur cette
prétendue charge ; il a inséré dans son recueil, dont il a déjà esté parlé, un
chapitre particulier de toutes les charges et sujétions dont l'evesque peut
estre tenu envers l'église et le chapitre, intitulé Onera ad quœ tenetur epis-
copus eccleslœ et capitulo. Il y met au nombre de ces charges la rente de
235 1., le salaire des clercs de semaine » — « Il en est de même de
l'entretenement des enfans de chœur... ; c'est tout ce qu'en dit Hunaud
en l'endroit ci-dessus cité : Item débet (episcopus) unatn huram apri,
in festo Innoccntium, pucris chori, aut summam quinque solidorum Turoncn-
siuiii. Pas un mot de la prétendue obligation de contribuer à leur entre-
tien ; il n'est pas cependant à croire que si c'eut esté une des charges de
l'evêché, comme c'en eut esté une importante et journalière, qu'Hunaud,
qui estoit grand chantre de la cathédrale l'eut ignoré ny qu'il l'eut obmis... ».
Ibid.,Y>. (23 et 2$ ).
(1) 28 mars 1589. Grand pouillé, 1er registre. (Arch. de l'Eure, G. 22).
43
estoient entrés en nostre église et cœur, nonobstant les
oppositions formées par deux de nos confrères députés
de la communauté a cet effect » (i).
On se trouvait donc fréquemment, afin de trancher
des litiges de toute sorte, dans le cas de recourir au Cou-
tumier, complément nécessaire des statuts capitulaires et
de l'Ordinaire, et c'est ce qui explique la précaution que
l'on eut d'en prendre des copies plus ou moins étendues,
tantôt informes, tantôt dûment collationnées. L'un de
ces extraits, relatif au doyenné et à peu près contempo-
rain de la rédaction primitive, est conservé aux Archives
départementales (2). Plusieurs figurent dans Y Inven-
taire des titres portant la date de 1769 (3) où est aussi
décrit un « ancien livre contenant un état des droits,
biens et revenus des dignités, chanoines, vicaires et cha-
(1) Livre des délibérations et actes capitulaires du monastère de Saint-Taurin-
le^-Evreux uny a la congrégation de Saint-Maur, du i" mars 1642 au
26 mars 1711. Arch. de l'Eure, H. 809, fol. 83, v°.
(2) Arch. de l'Eure, G. $8, n. 1. Au verso du dernier des six feuillets
est le sommaire analytique : « Dignitas decanalis est major post pontifica-
lem. Fundationes ejusdem, dotaciones, proventus, pensiones, jus patronatus
ecclesiarum, preeminentie et cerimonie chori ».
(3) « Extrait d'un livre étant aux archives, intitulé Hunault, portant que
M. l'evêque, lorsqu'il n'officie pas, doit occuper la stale du côté droit la
plus proche du sanctuaire, celle a côté restant vacante. » {Inventaire des
titres et papiers étant aux archives du chapitre, commencé par Mrs de Lavaur
et Bourlet, chane*, en 1769, in-fol., pap., couv. parch., p. 32, aux archives
de Févêché). — « Dix-sept dossiers, contenant copies collationnées d'anciens
statuts du chapitre et d'extraits du livre intitulé Hunault, concernant le
droit de vacant des prébendes de l'église d'Evreux, et consultations à ce
sujet, des années 1304, 1307, 1437, I4S^, 1508, 1662-72, 1707 et 52. »
(Ibid., p. 227). — « Un dossier concernant la réception et prise de posses-
sion des dignités et prébendes, qui est un extrait du livre intitulé Hu-
nault ». [Ibid., p. 267).
44
pelains de l'église d'Evreux, dressé par M. Hunault,
chantre, de l'ordonnance du chapitre, l'an 1508, reconnu
et paraphé par M. Papavoine de Canappeville, commis-
saire de la cour, en 1761 » (1). La formule étant sem-
blable à celle qui a servi pour les cartulaires, auprès des-
quels ce manuscrit avait son classement, autoriserait à
croire que ce dernier était encore l'original, ou du
moins une transcription presque aussi ancienne.
Qu'est devenu cet exemplaire authentique du Coutumier
de Hunaud ? Il y a lieu de craindre qu'il n'ait péri avec
les nombreux registres du chapitre dont M. Auguste Le
Prévost constatait la perte (2), et l'on pouvait désespérer
d'en recouvrer jamais le texte complet quand, l'année
dernière, notre savant confrère et ami, M. le chanoine
Porée m'avisa de la découverte qu'il venait de faire, dans
un fonds jusqu'alors inexploré des archives diocésaines,
d'une copie, exécutée au xvne siècle, du document dont
nous avions plus d'une fois regretté ensemble la dispari-
tion. Avec une extrême prévenance et un désintéresse-
(i) Extrait d'un livre intitulé Hunault (Ibid., p. 37$).
(2) « Le 28 fructidor an V, l'administration municipale d'Evreux possé-
dait à l'évêché, dont elle fut évincée par l'arrivée du premier préfet, un dépôt
de près de 6000 liasses et registres du chapitre d'Evreux seulement. En
outre des cartulaires heureusement conservés, quatre cartons contiennent
aujourd'hui ce qui reste, et ce sont, pour la plupart, des papiers insigni-
fiants. » (Monstres génér. de la noblesse du bailliage d'Evreux ; préface, en
note.) — « Si l'incurie et l'ignorance d'une administration illettrée a laissé
disperser ou pourrir des milliers de registres et de manuscrits (plus de 600
registres du seul chapitre d'Evreux), il reste encore, à la disposition du
public, sous la protection d'un pouvoir plus éclairé, bien des documents à
consulter. » (Notes, fragments et documents pour servir à l'histoire de la ville
d'Evreux; préface.)
45
ment que je me plais ici à reconnaître, il m'abandonna
le soin d'en préparer l'impression aussitôt projetée, pour
laquelle Mgr l'évêque d'Evreux voulut bien accorder,
outre l'autorisation la plus bienveillante, toutes les faci-
lités désirables.
L'écriture du manuscrit est assez bonne, mais les fautes
y foisonnent, causées par la négligence, les omissions et
erreurs de lecture du scribe peu familiarisé avec les
abréviations. Les corrections qui s'imposaient et qu'il
eût fallu à tout bout de champ renvoyer en note ont
été, pour simplifier, mises entre crochets. Indépendam-
ment des deux feuillets liminaires, le cahier comprend
cent trente-six pages foliotées de deux en deux en chif-
fres arabes. Sa couverture est faite d'une double feuille
de parchemin arrachée à un antiphonaire noté de la fin
du XIIe siècle. Sur le plat extérieur, vers le haut, une
main a tracé, en ronde, le nom de HUNAUD, sous le-
quel le Coulumier était couramment désigné (i).
L'ouvrage est divisé en deux sections, dont chacune,
sans titre aucun, commence par un court préambule;
run,/« capilulo gêner aliecclesuc Ebroicensis, nous fait con-
naître, avec le nom de l'auteur, la date de cette com-
pilation et les motifs qui la lui firent entreprendre;
l'autre, Quoniam memoria hominum labilis est, annonce et
(i) L'habitude de donner, par abréviation, à un ouvrage le nom de son
auteur était fort commune. On disait donc simplement « Langevin » en
parlant du Coutumier de Bayeux, « Fillon » quand il s'agissait d'un Sacra-
mentaire, alors très répandu, du futur évêque de Senlis : « ... sibi emant
tractatum nuncupatum Fillon ... » . « ... ut quilibet eorum habeat apud
se libellum nuncupatum Fillon. . . ». Statuts synodaux de Bayeux (13 avril
1518), dans les Concil. Rothom. de D. Bessin, II, 106.
46
présente un appendice dont la rédaction était postérieure
d'une année.
La première partie entre dans de minutieux détails
concernant le clergé qui, réuni autour de l'évêque, for-
mait le « collège » de la cathédrale. Au-dessous du chef
spirituel du diocèse, le chapitre comptait sept di-
gnités ou personnats, le haut doyen, le grand chantre,
les trois archidiacres, le trésorier et le pénitencier. Les
prébendes étaient au nombre de trente-deux, y compris
les deux canonicats devenus des annexes du doyenné et
de la chantrerie. Il y avait ensuite quatre vicairies,
trente-neuf chapellenies et divers offices, parmi lesquels
on remarquera, non sans surprise, celui de « gardien
de la couronne », dont on ne soupçonnait plus l'exis-
tence (i).
Les années qui suivirent donnèrent naissance à quatre
nouvelles chapelles : celles de Saint-Gourgon (15 21) (2),
de Saint-Pierre de Gravelles, ainsi dite du nom de son
fondateur (3), « à l'autel des Saints-Anges » (1523), du
(1) Un fragment de comptes de dépenses (Arch. de l'Eure, G. 134), à
l'occasion de pensions trimestrielles payées par le chapitre, énumère quelques
autres offices : « Custodi chori eccleie.. .; Matriculario ecclesie at mensu-
ratori granorum...; Organiste ecclesie...; Notario capituli...; Magistro
puerorum chori. . .; Pro pensione prepositi. . .; » etc. (1460).
(.3) Elle dut son origine à un prêtre nommé Bertrand Le Roy.
(3) Pierre Gravelles, écuyer, seigneur de Fourneaux à cause de damoiselle
Marie Regnard, sa femme, et qui portait d'azur au chevron d'or accompagné
de 3 croissants d'argent, avait été receveur des tailles à Evreux. — Les derniers
travaux de restauration ont fait enlever de la chapelle des Anges (la pre-
mière des chapelles septentrionales auprès de celle de « la Mère de Dieu »)
une statue de saint Pierre jusque-là respectée. Le cul-de-lampe polygonal
qui la supportait était décoré d'un écusson en cartouche chargé d'une rose
47
Saint-Esprit « à l'autel Saint-Martin » (1538) (1), et
enfin de la Visitation (2).
Pour chacun des bénéfices, le Coutumier a conscien-
cieusement relaté, d'après les déclarations écrites qui lui
avaient été fournies, les droits, privilèges et charges, le
montant de la portion de revenus qui était distincte des
distributions quotidiennes. Il cite même le nom des titu-
laires, nous offrant ainsi, avec l'organisation intérieure
du chapitre à une des époques les plus florissantes de son
histoire, sa composition exacte et un rôle de tous les
ecclésiastiques qui en relevaient immédiatement. Le ta-
bleau est complet et d'une précision qui le fera davantage
apprécier.
tigée etfejtillée (blason qui ne s'accorde pas avec les armoiries ci-dessus décrites
et serait antérieur à l'anoblissement du nouveau seigneur de Fourneaux).
Sur les facettes se répartissait une inscription en gothique minuscule :
graveUe Salva | petre da mantes | ad te.
Ce cul-de-lampe est déposé, avec d'autres débris, dans le cloître de
l'évêché. L'impossibilité où Ton est aujourd'hui de situer la plupart des
chapelles de la cathédrale et de restituer leurs vocables premiers fait une
fois de plus ressortir les inconvénients qu'ont entraîné le déplacement ou la
suppression des petits monuments qui les peuplaient et auraient pu servir
de repères.
(1) Fondée par le chanoine François Esmangard.
(2) Guillaume Gomont, par qui elle fut érigée, fut prébende de Houet-
teville de 1538 à 1542, année où il mourut. Ces dates détermineront ap-
proximativement l'époque où la fondation fut faite dans la chapelle la plus
voisine du Trésor, fermée, sans doute à cette occasion, d'une jolie grille
en bois sculpté. — Les archives du chapitre gardaient trace d'une chapelle
Saint-Eloi, mais les titres et revenus en étaient perdus. Quant aux biens
qui avaient appartenu à une chapelle Saint-Louis, créée au début de son
épiscopat par Mathieu des Essarts, on verra qu'il en disposa, peu d'années
après, pour former la vicairie du Mesnil-Jourdain.
48
Dans une seconde partie sont exposés l'ordre suivi et
les règlements protocolaires traditionnellement observés
pour les cérémonies extraordinaires, la réception des
évêques et leurs funérailles, la visite de l'archevêque
métropolitain et la joyeuse entrée du Roi. Cette fois,
Hunaud puise surtout dans ses souvenirs personnels,
remontant à un tiers de siècle, et rappelle certains évé-
nements dans lesquels il eut à jouer un rôle actif, tels
que les obsèques de l'évêque Turpin de Crissé ou l'entrée
à Evreux du roi Charles VIII. Quelques traits de son
caractère s'y montrent avec beaucoup de naturel et de
bonhomie, comme dans la brièveté prudemment con-
seillée par lui à ceux qui devront porter la parole devant
les souverains et autres grands personnages. Il aimait
à protester de sa véracité de témoin oculaire en em-
ployant les termes mêmes de PEvangéliste (r), le saint
patron dont sa longévité semblait renouveler la vieillesse
vénérable. Nous ne savons, du reste, presque rien de
Jean Hunaud, en dehors de ce qu'il a pris soin de nous
apprendre. Nommé en 1478 ou 1479 à la grande chan-
trerie, où il succédait à Nicolas Vipart, il en continua
les fonctions jusqu'à l'année 1510 et probablement un
peu au delà. l'Inventaire des titres mentionne, sous la
date de 1507, un testament de notre grand chantre où
l'église cathédrale, son ornementation, la splendeur de
ses cérémonies n'étaient pas oubliées. On lit en effet, au
Ier novembre, dans YObituaire : « Festum Commemora-
tionis defunctorum fuit de novo institutum celebrari cum
triplici solemnitate; pro cujus fundatione venerabilis et
(1) Cf. Joan., XIX, 35, et les pp. 184 et 196 du Coutumier.
49
discretus vir magister Johanncs Hunaudi, cantor et ca-
nonicus hujus ecclesie, dédit centum et viginti libras
Tur. applicatas ad opus fabrice dicte ecclesie, pro sex
libris annui redditus per magistrum dicte fabrice distri-
buendis in dicto festo singulis annis ; de qua somma sex
librarum Tur. distribuentur canonicis communicariis
presentibus in vesperis, matutinis et missa centum solidi
Tur. ; et, super viginti solidis extantibus, canonicus
missam celebrans habebit duos solidos, dyaconus et
subdyaconus quilibet xij d., cantor et duo canonici cho-
rales quilibet xv d., pueri chori xx d. ; et propterea de-
cantabitur offertorium misse in armonia ; pulsator cam-
panarum habebit quinque solidos ; et residuum dicte
somme erit pro suportacione luminaris. Qui quidem
cantor dédit eciam paramenta trium colorum que deser-
viunt in festis triplicibus, una cum cortinis albis et para-
mento [ ] est, ac eciam paramentum
defunctorum. Deus sit sibi merces ! »
Qu'il soit permis à l'éditeur du Coutumier d'Evreux
de s'approprier les réserves que l'auteur, imitant en
cela ses devanciers, formulait à l'adresse de ceux qui ou-
vriraient son livre : « Si aliquid conspexerint minus
bene aratum, pro eorum industria lima bonœ correc-
tionis emendent (i). »
(i) Le rédacteur du Brevis traclatus de consuetudinibus ecclesia Baiocensis
avait dit de même, longtemps auparavant : « Hec autem omnia que dicta
sunt superius scripsi pro memoria in futurum, supplicans omnibus ut quod
deest suppléant et corrigant quod viderint corrigendum. » U. Chevalier,
op. cit., p. 416.
ANCIEN COUTUMIER
DE l'église cathédrale d'évreux, vulgairement appelé
(( HUN AU D »
In capitulo generali ecclesiae Ebroicensis quod fuit
celebratum in ociavis (i) beatorum apostolorum (2) Pétri
et Pauli anno Domini millesimo quingentesimo octavo,
ordinatum fuit [quod] omnes dignitates, canonici prae-
bendati, vicarii et cappellani dictae ecclesiae traderent in
scriptis declarationes fructuum, reddituum et proven-
tuum suorum beneficiorum, scilicet, dignitatum praeben-
darum, vicariarum et capellaniarum, quae et quas obti-
nent in eadem ecclesia, venerabili viro magistro Joanni
Hunaudi, cantori et canonico dictae ecclesiae, ut ipse
cantor, pro bono et utilitate dictorum beneficiorum,
redigat dictas declarationes in uno volumine seu libro.
Qui quidem cantor, ad laudem et gloriam omnipoteniis
Dei et gloriosae Virginis Mariae, volens dominis capitu-
lantibus obedire et eisdem complacere, pro conservatione
(1) Notre copiste, après avoir d'abord écrit octabis, a fait aussitôt
le changement. 11 s'est appliqué, du reste, à corriger de son mieux
les graphies ordinaires à la période médiévale que présentait le
manuscrit original. Quelques-unes ont cependant échappé à son
attention.
(2) L'extrait ms. des Archives départementales omet apostolorum,
et, plus bas, quelques autres mots qui n'étaient pas indispensables
au sens: ligne i5, eisdem; p. 52, ligne 3, incipiendo; lignes 4-5,
habentes communitatem, etc. En revanche, il nous a permis, par
la collation des deux textes, pour les deux courts passages des
pages 5 1-53 et 61-72, de réparer deux ou trois lacunes.
52
jurium dictorum beneficiorum, redegit scripto tenus in
praesenti libro seu volumine declarationes hujusmodi
incipiendo ab episcopo et deinde continuando per digni-
tates, canonicos praebendatos, vicarios, capellanos ha-
bentes communitatem [capituli], demum per capellanos
non participes dictae communitatis et novissime per offi-
cia, prout infra patebit.
Episcopus ( i). — Dominus epîscopus sedet in cathedra
episcopali, sita extra chorum in parte dextra, quando
célébrât in pontificalibus. Aliis vero diebus, quando non
facit officium, habet stallum in choro ad suum benepla-
citum, attamen consuevit sedere in prima sede lateris
dextri versus majus altare, sed opportetquod sit una sedes
vacua inter ipsum et canonicum sedentem in illa
parte.
Item, praefatus episcopus, ex fundatione et dotatione
sui episcopatus, habet suos proventus et redditus dis-
tinctos a mensa capitulari, et habet baronias suas apud
Gondetum, Illerias,Brovillam et Ebroicas (2), et, ad reci-
(i) Transféré du siège d'Angoulême à celui d'Evreux, Raoul du
Fou gouvernait alors, et depuis vingt-huit ans déjà, le diocèse. Il
mourut le 2 février i5io (1 5 1 1 n. s.). La tombe de cuivre qui
recouvrait ses restes laissait lire une longue épitaphe où, entre
autres éloges, on lui faisait honneur de la restauration de nombreux
édifices. Outre les travaux qui se poursuivaient de son temps à la
cathédrale, la reconstruction de presque toutes les églises de la ville
et d'une notable partie de celles de l'Evrecin, il était juste de rap-
peler qu'il fit rebâtir de fond en comble le palais épiscopal. V. la
Notice archéol. et hist. sur l'évêché d'Evreux , de M. G.-A. Prévost,
dans le Bulletin monumental, LUI, pp. 463-480 et 522-545.
(2) Les Baux-de-Breteuil eussent dû compter dans les quatre
baronnies : « Le revenu temporel de l'evesché d'Evreux consiste
aux baronnies de Condé, Iliers, les Baux de Breteuil et de Broville
qui ont toutes leurs hautes justices, dont la dernière a son district
53
piendum rcdditus et provenius suae temporalitatis, habet
suum receptorem, seu plures
Item, habet altam justitiam (i) in omnibus suis baro-
niis (2) ; habet pneterea officiarios dictœ temporalitatis,
seu baillivum, vicecomitem, procuratorem, graffarium,
tabelliones et cohérentes (3), ad exercitium suae jurisdic-
tionis temporalis deputatos.
Item, ad exercitium jurisdictionis spiritualis, habet
suum officiaient, vicarium, sigilliferum, promotorem,
secretarium, magistrum deportuum et intestatorum, cle-
ricum officii, apparitores et custodes carcerum ; et, ad
recipiendum emolumentum spiritualitatis, sigillifer reci-
pit emolumentum sigilli, promotor emendas, magister
deportuum recepit fructus deportuum et magister intes-
tatorum recipit emolumentum testatorum et intestato-
rum, secretarius recepit procurationes visitationis.
Sede vacante, capitulum habet regimen spiritualitatis
et instituit officiarios qui recipiunt fructus spiritualitatis,
super quibus capiunt[ur] expensae factœ ad persequen-
dam electionem et affirmationem futuri pontificis, quibus
deducti[s], residuum reservatur futuro successori.
Dicta sede vacante, apta est regalia et habet Rex dispo-
dans le faubourg de St Gilles, qui en relève à la plus grande
partie. » (Mémorial hist. des évêques, ville et comté d'Evreux, p .5.)
(1) Voir, relativement à ces droits, le cartulaire de l'évêché
d'Evreux (Arch. de l'Eure, G. 6, nos 3 1 3-3 1 5). Ces pièces ont été
répétées au premier cartulaire du chapitre (G. 122, nos 3^ 3^
et 3i5 bis).
(2) Ici s'arrête la première partie de l'extrait ms. des premières
années du xvr8 siècle qui est conservé aux Archives départemen-
tales sous la cote G. 58. L'auteur de la transcription ajoute : « Resi-
duum scribitur in dicto volumine reposito in archivis capituli." » Il
reprend ensuite au chapitre Decanus qu'il reproduit en entier.
(3) Autres tabellions pris pour « adjoints » (.').
54
sitionem temporalitatis et recipit fructus et confert prae-
bendas et dignitates vacantes in regalia quousque épis-
copus novus fecerit hommagium, dempt[is] terra de Ban-
nis (i) Britholii et temporali[bus] de Bernienville quac
non cadunt sub regalia (2).
Sequuntur onera ad quœ tenetur episcopus ecclesiœ
et capitulo :
Per compositionem factam inter episcopum et capitu-
lum, débet summam ducentarum triginta quinquelibra-
rum, sex solidorum, sex denariorum, ut in synodo hye-
mali vijxx x I. vj s. iij d., et in synodo aestivali iiijxx v 1.
iijd.(3).
Item, débet septem procurationes, seu conreia (4) sive
prandia, toti collegio in septem festivitatibus in quibus
débet faceres[acra]mentum (5], videlîcet, infestis Nativita-
tis Domini, Resurrectionis, Penthecostes, Assumptionis,
Nativitatis, Conceptionis et Purificationis Beatae Mariae.
(1) Lisez : de Baucis. Les Baux-de-Breteuil, canton de Breteuil
(Eure). L'identification des paroisses de l'ancien diocèse d'Evreux,
dont le nom se rencontrera dans le Coutumier étant d'une extrême
facilité, nous cesserons de nous en occuper dans les notes.
(2) Une déclaration faîte, en 1400, par Guill. de Cantiers ex-
cepte en effet « les oblations de la chapelle Saint Maur, séant au
manoir de Bernienville, qui ne cheent point en regale ».
(3) « Pour les deux synodes qui se tiennent à la Saint-Luc et à
la Pentecôte, deux cens trente-cinq livres six sols neuf deniers. »
Redevances droitures et autres sujétions de Vevêché d'Evreux
envers l'église et le chapitre du dit lieu. (Inventaire des titres et
papiers. . ., etc., p. 206; Archives diocésaines).
(4) « Le conrois est un repas que l'evesque offroit à son chapitre,
avec une distribution d'argent, comme marque de la vie commune
qui existoit autrefois entre lui et les chanoines. » (Note de J.-B.
Chemin.)
(5) Le copiste avait substitué à ce mot celui de sermentum.
>5
Antiquitus, episcopus dabat pastum, seu prandium, toti
collegio, sed, temporibus subsequentibus, proptcr absen-
tiam episcoporum, factae sunt compositiones inter capi-
tulum et episcopos, quibus [ \ ] ) J •
(D La célébration des sept fêtes épiscopales et l'obligation, pour
l'évoque, à chacune de ces fêtes, « de administrer et donner a disner
honorablement, par manière de procuration, aux doyen et chapitre,
aux chappelains bénéficiés, aux clercs du cuer, au sonneur des cloches
et à tons les officiers et serviteurs de l'église et à l'universtté d'.eelle »,
furent l'occasion de contestations fréquentes pour l'apaisement des-
quelles l'intervention du pape ou celle de l'autorité royale furent par-
fois nécessaires. Les archives du chapitre en témoignaient. V. Inven-
taire des titres, etc., p. 207 : « Conrez. Vingt dossiers contenants
les titres, accords, contrats, procédures, sentences et arrêts au sujet
des conrez dus par l'evcque d'Evreux au chapitre de la dite
église, des années 1 35 1-54-7 1-76-79-80-82-Q1., l6'4< l66f)' I7°4"8°
et I?II _ Acte en parchemin, devant les notaires d'Evreux, por-
tant obligation aux évoques d'officier aux 7 fêtes solennelles et de
donner a dîner au dit chapitre et de s'excuser lorsqu'ils ne peuvent
officier, de l'an 1 375.- Vidimus du vicomte d'Evreux d'un concordat
fait par le chapitre avec son évoque au sujet des conrés et autres droits
du chapitre sur l'eveché, de l'an 1 375. - Six dossiers contenant copie
de bulles d'Alexandre III, vidimus d'icellcs, concernant la juridiction
du chapitre et son droit de conrez, appointement et accord fait a
ce sujet avec Martial rFournier] et M. de Pericard, eveques d'Evreux,
de i432, i523 et 16 14, etc. » Quelques-unes de ces pièces sub-
sistent La bulle d'Alexandre III (Anagni, 14 ma!) a tout a la fois
été transcrite dans le cartulaire de l'évêché (Arch. de l'Eure, G. 6,
no 272, fol. 102) et dans l'un de ceux du chapitre (G. 122, no 2), de
même qu'une sentence arbitrale de Rotrou de Warwick, archevêque
de Rouen (G. 6, no 273, fol. 102, et G. 122, no 3 ; s. d., de 1 épis.
copat de Gilles du Perche, 1170-1179). Voir aussi un mandement
de Charles V, roi de Franco (G. 125, fol. 3o8 vo), et enfin, dans un
autre cartulaire du chapitre (Archives diocésaines, 3, fol. 169 vo
et s ) : Instrumentum super facto conreii Nativitatis béate Marie
Virginis, videlicet, protestacionis cujusdam facte per capitulum
contra episcopumin causam quod non inveniretur absens ex causa
légitima et non captata... (7 septembre i39o); (Ibid. fol. 17O ■
5«
Item, débet potationem pro O Virgo virginum (i),
viginti solidos distribuendos praesentibus, videlicet, cano-
nicis xiij s. ivd. et habituatis vj s. viij d.
Item, débet potationem in Gœna cum nebulis (2), et
debei habere vinum album, claretum et vinum rubeum,
et debent habere canonici duplearia cum mapis (3), ca-
pellani debent habere mapas sine duplearibus, et qui-
libet canonicus débet habere octo denarios, succentor sex
denar., cappellanus quatuor denarios et habituatus duos
denarios.
Item, débet unam huram apri, in festo Innocentium,
pueris chori aut summam quinquesolidorum Tur.
Item, débet clericis septimanae, pro completoriis, quo-
libet mense, quindecim solidos Tur.
Item, débet pulsatori ecclesiae, pro pulsatione ad vo-
candos pœnitentes (4), sex solidos Tur.
Appellacio antiqua de conreiis. ..(11 février i354, secundum morem
Francie) (n. s. 1 355) . En dernier lieu, cette « procuration » était
convertible en une somme d'argent : « Pour conrez des sept festes
solennelles auxquelles le seigneur eveque doit officier, a chacun des
dits conrez vingt livres tournois. » (Inventaire des titres, etc., p. 206.)
(1) « Pour la collation après compiles le jour qu'il (l'évêque) doit
chanter le dernier O de Noël, cent sols. » (Redevances, droitures,
etc.) Les intonations des O de Noël, ces antiennes qui se chantent,
à Magnificat, dans les jours qui précèdent immédiatement la fête,
se trouvaient ainsi réparties : la dernière, O Virgo virginum, était
réservée à l'évêque ; la première, O sapîentia, appartenait au doyen ;
les autres étaient attribuées aux dignitaires et plus anciens cha-
noines.
(2) Des oublies ou « neules ».
(3) Rapprochés, comme en cette phrase, les deux termes doivent
s'entendre de serviettes et de nappes, duplarium ayant parfois la
première des deux significations : « Duplarium. . . interdum tamen
non majorem mappam significat sed mappulam, gallice serviette ».
(Du Gange.)
(4) Les cérémonies de l'expulsion, le mercredi des cendres, des
•=1
Item, pro quolibet sermone episcopali : iij s. iv d.
Item, débet providere de luminari in festis triplicibus
in magno candelabro ( i), in cereis puerorum omni die,
in quatuor cereis situatis [supra] pilearia chori (2), juxta
majus altare, et cereum paschalem, et omnia oncra pres-
cripta solvuntur per sigillil'erum domini episcopi.
Item, débet dictus episcopus thesaurario dictae ecclesiae
decem octo sextaria bladi ad comparandum oleum pro
lampadibus chori.
Item, in diebus Paschae, post completorium, débet
species (3) cum trina potatione in aula episcopali, cum
duplearibus et mappis, sicut in Cœna.
fidèles qui subissaient la pénitence publique et de leur réconcilia-
tion, le jeudi saint, se pratiquaient encore en 1722 à la cathédrale.
(V. Le Brasseur, Hist. civile et ecclés. du comté d'Evreux,
pp. 203-204).
(1) Aux jours solennels où il était de règle d'allumer les sept
cierges du grand candélabre placé au milieu du chœur, l'évêque
Raoul de Gierrey avait, en 1220, fait ajouter la fête de l'Annon-
ciation et celle des saints Abdon et Sennen dont l'église cathédrale
possédait les reliques. (Arch. de l'Eure, G. 122, cartulaire I du
chapitre, no 304, fol. 87 ro.)
(2) Les quatre colonnes de cuivre auxquelles étaient suspendues
les courtines qui environnaient l'autel du moyen âge. On voit
ailleurs que ces colonnettes étaient, à Notre-Dame d'Evreux, sur-
montées de petites statuettes d'anges céroféraires.
(3) Bien différentes des épicesde cuisine, les « épices de chambre »,
consistant en confitures sèches, dragées et autres friandises, se
servaient après le dîner, pour clore le dessert, ou avec le vin. Les
comptes dn l'archevêché de Rouen, à défaut de ceux d'Evreux qui
ne nous ont pas été conservés, fourniraient maint exemple de leur
emploi en semblables redevances. Je me bornerai à citer cet article
qui est de i5o8, l'année même où écrivait Hunaud : « Le dit jour
(jeudi saint), après la collacion faicte et leue en chapitre, mon dit
seigneur doibt aux chanoines et chappellains de son église vin claret
et vermeil, oublies et espices de chambre, et fut livré par Michiel
58
Item, débet cereos in festis sancti Stephani, sancti
Joannis Evangelistae et sanctorum Innocentium, et ac-
cenduntur dicti cerei durante servitio, quo finito, resi-
duum dictorum cereorum débet restitui sigillîferodomini
episcopi.
Item, in festo Pnrificationis, débet cereos omnibus
habituatis chori, qui debent portare dictos cereos accensos
in processione, et debent personne et canonici habere ma-
joras cereos ponderis, cœteri vero habituati minor[i]s
ponderis (i).
Et est notandum quod illi qui faciunt aliquod officium
lucrantur cereum qu[e]m portant officiando, alii vero
non officiantes tenentur restituere dictos cereos sigil-
lifero.
Item, débet vinum pro celebratione missarum ad mag-
nam mensuram [in triplicibus]etduplicibus, aliis autem
diebus ad parvam mensuram.
Sequuntur cerimoniœ hactenus observatœ quando
episcopus célébrât in pontificalibus :
Episcopus in revestiario se induit ornamentis pontifi-
calibus et accedit ad suam cathedram pontificalem, qua-
tuor pueris chori prœcedentibus cum candelabris et
cereis accensis. Inchoat officium vesperarum seu matu-
tinarum. Choralis canonicus partis dextrae débet episcopo
tradere primam antiphonam, et dum cantatur hymnus
vesperarum et hymnus de laudibus matutinarum, cantor
débet capere capam et tradere eidem episcopo antipho-
nam de Magnificat, in vesperis, et de Benedictus, in
Flandrin neuf livres d'espices de chambre a vj s. viij d. la livre,
vallent : lx s. »
(i) Comme ci-dessus â propos de nappes et de serviettes, l'ordre
des préséances était ici strictement observé.
59
matutinis; qua antiphona per episcopum inchoata et
pcr chorum cantata, cantor incipit canticum de Magni-
ficat et de Benedictus.
Item, in processione, episcopus facit portare ante se
unam crucem (i), et débet habere unum canonicum pro
socio ultra suos capellanos domesticos sibi assistentes et
servientes. Et débet habere très diaconos et très subdia-
conos in festistriplicibus(2) ; ei est notandum quod capel-
lanus cappelke sancti Michaelis de Vineis débet portare
crucem coram episcopo in processione, et in omnibus
triplicibus débet portare dictam crucem ante evangelium,
etiam absente episcopo (3).
(,) Ce détail est en concordance avec un passage de Y Estât des
obsèques et funérailles de messire Gabriel Le Veneur, evesque
d'Evreux et chancelier de VOrdre du Roy (i574), ms. du grand
Séminaire, copie fort défectueuse d'une relation que cite Le Bras-
seur sous le titre de Manuscrit des archives de la cathédrale :
„ Un autre chappelain portoit une croix de voirre cris-
tallin, ainsi que c'estoit de coustume en procession devant le dit
sr deffunct evesque. »
(2) Dans un grand nombre de cathédrales (Vienne, Laon, Reims,
Paris, Rouen, Bayeux, etc.), quand l'évèque officiait en personne
aux fêtes les plus solennelles, notamment in die natali Domini, le
' diacre et le sous-diacre qui l'assistaient, toujours pris parmi les
chanoines, étaient entourés chacun de deux, quatre ou six diacres
et sous-diacres non chanoines ou bas-formiers. Plus exception-
nellement, en quelques églises, à Lyon, à Tours et, comme on
le verra plus loin, à Evreux, ce privilège s'étendait au doyen du
chapitre. A Saint-Denis et au Mont-Cassin, dit D. Martène,
durant la procession et la messe du jour de la fête de Noël et de
l'Assomption, l'abbé ou le célébrant qui le suppléait avait pour
cortège sept diacres et sept sous-diacres. Il devait en être de
même à des cérémonies extraordinaires. Lorsque Charles VII
fit sa première entrée à Angers (1424), l'évèque, revêtu des orne-
ments pontificaux, était accompagné de deux diacres et deux sous-
diacres. (Grandet, Notre-Dame angevine, p. 75.)
(3) Plusieurs églises d'Evreux, Saint-Denis, Saint-Pierre, Saint-
6o
Item, dominus episcopus, quando facit officium ad
quod tenetur, débet cantare sextum responsorium in
matutinis cum duobus canonicis.
Item, dignitates et canonici officiantes et servientes de
thuribulo et tradentes episcopo antiphonas debent oscu-
lari manum episcopi.
Item, quando episcopus ambulat per chorum, omnes
dignitates, canonici, vicarii, cappellani et cœterihabituati
se debent assurgere.
Item, quando episcopus célébrât missam in pontifica-
libus in festis triplicibus, omnes dignitates, excepto de-
cano, tenentur assistere episcopo, induti capis sericeis, ad
abluendas manus. Tamen, constat per Brève ecclesia; (i)
quod,, quando episcopus célébrât missam in synodis, de-
Léger, Saint-Thomas, Notre-Dame-de-la-Ronde et Saint-Michel-des-
Vignes, furent d'abord desservies par des vicaires amovibles, répu-
tés membres de l'église cathédrale où ils venaient, à certains
jours, remplir des fonctions liturgiques. L'office auquel se trou-
vaient astreints les chapelains de Saint-Michel était un reste de
l'ancien état de choses, mais cessa complètement au xvne siècle :
« Un dossier contenant actes capitulaires, écrits du chapitre et
pièces de procédure contre Jean Damonville, chapelain de Saint-
Michel des Vignes pour l'obliger à porter ou faire porter, à l'évan-
gile de la messe des fêtes triples de [l'église] cathédrale, une troi-
sième croix que ledit chapelain y portoit anciennement, à quoi faire
le dit chapelain n'a pu être assujetti, ne s'etant trouvé de titres, de
l'année 1660. » (Invent, des titres, etc. p. 3o3.)
(1) Le Brève ordinarium contenait, avec le calendrier, l'ordre des
offices et cérémonies particulières de chaque église. La biblio-
thèque de Rouen (ms. Y, 108) garde un Brève per totum annum
secundum usum Rothomagensem ; nous n'avons plus le Brève
secundum usum Ebroicensem, mais sa composition différait peu, je
crois, de celle des recueils similaires qui sont aujourd'hui à la
bibliothèque d'Evreux (ms. 64, 76 et g5, xive et xve siècles) : Inci-
pit Ordo servicii ecclesie Ebroicensis hactenus observatus, etc.
6i
canus débet assistere cum aliis dignitatibus ad abluendas
manus (i).
Item, dominus episcopus confert pleno jure omnes
dignitaies, canonicatus et prœbendas ecclesiœ Ebroi-
censis, excepto decanatu qui est electivus et excepta prae-
benda abbatis Becci Helluyni.
Item, confert pleno jure quatuor vicarias, duas capella-
niasde Albavia, quarum una est annexa succentori, al-
téra tenoristae seu alteri personae utili ecclesiae pro divino
cultu. Bullœ harum annexionis sunt in capitulo.
Item, sunt très praebendœ fundatae supra sigillum do-
mini episcopi, una de centum quindecim solidis Tur.
quam [tenet] magister Ludovicus Louvcl, alia de centum
decem solidis quœ est annexa cantoriae, alia de centum
solidis quam tenet magister Joannes Tinctoris, et
solvuntur dictae pensiones in duabus synodis me-
diatim.
Decanus (modo magister Ambrosius Le Veneur) (2).
— Dignitas decanalis est major dignitas post pontifica-
(1) D'après YOrdo servicii dont il vient d'être question, le doyen
partageait alors ces fonctions avec les abbés présents : <« Si
episcopus cantet missam (la messe synodale), abbates qui présentes
fuerint ministrent ei aquam cum decano, ad lavandas manus. »
(2) Des fils de Philippe Le Veneur, baron de Tillières et, du chef
de Marie Blosset, sa femme, seigneur de Garrouges, trois s'en-
gagèrent dans les ordres et furent, l'un après l'autre, pourvus
du doyenné d'Evreux. Ambroise y succédait, le 20 juillet
i5oi, à Olivier de Pontbriant. 11 fut chanoine de Paris et de
Lisieux, archidiacre d'Auge et du Lieuvin. Elu évêque d'Evreux
par le chapitre en 1 5 1 1, il ne prit cependant possession, en raison
de difficultés relatives au serment qu'il devait prêter à l'église
métropolitaine, que le 9 août i5i3. 11 eut de plus le doyenné de
Lisieux, après la mort de son frère, les abbayes de Saint-Sever et
de Lyre. Il résigna en 1 53 1 son évêché en faveur de son petit-
62
lem (i), et eligitur decanus per capitulum secundum
formas a jure introductas in titulo : De electionibus.
Celebrata electione decani et ipso installato, duo cano-
nici, deputati a capitulo cum litteris credentiae, nuncia-
bunt episcopo aut ejus vicario capitulum elegisse deca-
num, 'atque (2) exhibitione decreti electionis et alia
solemnitate episcopus vel ejus vicarius ratificat dictam
electionem, utendo illis verbis : In nomine Patris et Filii
et Spiritus sancti. Amen. N.,pîacet nobis electio seu
provisio de persona vestra in decanum Ebroicensem a
nostro Ebroicensi capitulo celebrata et eam, quantum
[in] nobis est, approbamus (3). Quo facto, decanus intro-
nisat[ur] et inducitur in pocessionem absque alia confir-
neveu Gabriel, tout en conservant, à cause de la jeunesse de celui-ci,
l'administration du diocèse. Ambroise mourut cinq ans plus tard
au château de Condé et fut inhumé dans le chœur de la cathédrale.
— Gabriel, chanoine de Rouen, doyen de Bayeux et de Lisieux,
abbé de Saint-Sever et de Caunes, prieur d'ivrande et du Plessis-
Grimoult, aurait été, dit-on, doyen d'Evreux à une époque mal
déterminée ; il décéda en i523 dans son prieuré du Plessis. — Jean
Le Veneur, évêque de Lisieux, grand aumônier de France, cardinal
en i533, eut aussi, de i5i2 jusqu'à l'année 1 535 où il résigna en
faveur de Jaeques d'Annebaut, le titre de doyen commendataire
d'Evreux.
(1) V. dans les Opuscules et mélanges histor., de Bonnin, p. 5y,
la note concernant le doyen. Elle y est réimprimée d'après le Calen-
drier historique de 1749, édité par Durand qui, lui-même, l'avait
puisée dans V Abrégé historique de la ville d'Evreux, opuscule
inédit dont l'auteur, Jean Lescalier, chapelain de la confrérie de
l'Assomption, à Verneuil, l'un des hauts vicaires de la cathédrale
d'Evreux vers 17 12, promoteur de l'évêque et qui vécut jusqu'en
1738, était né sur la paroisse Saint-Thomas d'Evreux.
(2) Var. : et absque, qui est la vraie leçon.
(3) A cette formule officielle, l'évêque ajoutait parfois des paroles
d'éloges pour le doyen nouvellement installé et de félicitations
adressées au chapitre.
63
matione, et ista forma continetur in quo[d]am carta[r]io
capituli (i).
Decanus habet primum stallum in choro, in parte
dextra chori, juxta ingressum sub pulpito (2), et sedet in
dicta sede in festis triplicibus, sive faciat officium, sive
non. Aliis autem diebus, sedet ubi sibi placet in dextra
parte chori.
Sequuntur fundationes, dotationes, prœ[e]minéntiœ
et proventus decanatus :
Decanus habet, in villa Ebroicensi, feodum nobile
Spiritus Sancti, habet que jurisdictionem temporalem et
altam justitiam in eodem feodo, ad quam exercendam
habet senescalum clientem.
Et ad causam dicti feodi habet redditus infra scriptos :
Super domum [ad] intersign[um] Floris Lilii, in festis
Sancti Remigii, NatalisDomini, Paschaeet Beati Joannis
Baptistae : vij 1. xiiij s.
(1) Le cartulaire I (Arch. départ., G. 122), n° 388, fol. 127 r»,
nous a conservé le texte d'un accord, du 26 mai 1290, entre Nicolas
d'Auteuil et le chapitre au sujet des élections décanales. La mort du
doyen Guillaume de Porpinché venait de donner lieu à une contesta-
tion assez vive « qui fut accomodée de cette manière qui est demeurée
fixe à l'avenir : qu'immédiatement après l'élection d'un doyen deux
chanoines seroient députés du corps du chapitre, qui nommeroient
a l'evesque celuy qu'ils auroient esleu, affin de prendre de leur
pasteur la confirmation de leur élection et, de la part du doyen
esleu, sa bénédiction ». (Le Batelier d'Aviron, Mémorial hist.
des évêques, ville et comté d'Evreux, p. 89.) Le Brasseur, qui
emprunte à son devancier ce passage presque entier, en a défiguré,
pour les avoir mal lues, les premières lignes, puisqu'il fait de
Porpinché un chanoine ayant mandat de l'évêque pour former oppo-
sition. Cf. Histoire civile et ecclésiastique du comté d'Evreux,
p. 2o5.
(2) Le jubé.
64
Super domum [ad] intersign[um] Bracchii Aurei, in
terminis Sancti Remigii et Paschae mediatim : vj 1.
Super domum [ad] intersignfum] Equi Rubei, in ter-
minis seu festivitatibus Sancti Remigii, Natalis Domini,
Paschae et Nativitatis beati Joannis Baptistae : vj 1. xvij s.
Item, super domum Joannis Le Monnier facientem
cugnum buccii (i) seu compiti Mouletarum (2), ad festa
Sancti Remigii et Paschai : viij 1. ix s.
Item, super domum haeredum Golini Le Monnier, ad
dicta festa sancti Remigii et Paschae : c s. [P.],
Item, super domum haeredum defuncti Thomae Les-
pringuet (3), sitam in dicto feodo, ad festa Nativitatum
Domini et beati Joannes Baptistae : xxv s. |T.].
Item, super domum Johannis Le Vavasseur, sitam in
dicto feodo, ad dicta festa : lx s. (4).
(1) Four buci, bucùs étant pris dans le sens d'entrée. Peut-être
encore le texte original portait-il vici.
(2) « Grand Carrefour. C'etoit le lieu où l'on vendoit autrefois le
poisson, la viande ou le blé, et il s'etendoit depuis le poste Ferré
jusqu'à la Porte Peinte ; la rue du côté du midi s'appeloit la rue
du Carrefour-aux-Moulettes, et celle du côté du septentrion, la rue
aux Bouchers. » Pour la situation relative des rues de la ville, nous
renverrons, une fois pour toutes, aux Opuscules et mélanges
histor., de Bonnin, p. 5o-56.
(3) Cette famille posséda, au Tremblay et à la Trinité, les fiefs
ou portions de fiefs de Lespringuet, le fief au Verrier, le fief d'Omon-
ville et celui d'Argences, à Evreux. Thomas Lespringuet, ver-
dier de la forêt d'Evreux en 1434, était, selon certaines généalogies,
sieur d'Epreville. Par sa fille Catherine, mariée à Jean Postel des
Minières, avocat du Roi au bailliage d'Evreux, il fut l'aïeul et bisaïeul
des deux chanoines Guillaume et Jacques Postel, dont il va être
parlé ci-après.
(4) Extr. des Archives, G. 58. Cet alinéa avait été omis par notre
copiste.
65
Item, super domum Joannis Hagorel ( i ) et suas uxoris,
siîam in parrochia Sancti Nicolai Ebroicensis, vita comité
[eorum] et eorum filii et primi h[aere]dis succedentis
ex dictis marhatis, ad festa praedicta : vj s. ij d.
Item, super Joannem Dehors et Guillelmum Hilard(2),
parrochiae de Morainvilla juxta Damvillam, pro centum
acris terra? situatis in parrochia Sancti Martini de Boes-
seio, ad festa Nativitatis Domini et Penthecostes, lxx s.,
ut patet per litteras obligatorias coram tabellionibus Régis
passatas [de] dat[a] anni Domini millesimi quadringente-
simi septuagesimi quarti et dici xj mensis junii, ideo
hic : lxx s.
Item, super dominium vicecomitatus Ebroicensis, ad
causam decimarum stallorum carnificum Ebroicen-
sium (3), ad fesium Omnium Sanctorum : lxxv s.
Pension es :
Super fructibus, obligationibus et emolumenlis eccle-
siae parrochialis Sancti Pétri Ebroicensis xxx 1. Tur.,
una cum decem libris cerae in duabus synodis Ebroicen-
sibus, ideo : |xxxj 1. ; item, decem libris cerae (4).
Item, super fructibus et obligationibus ecclesiae parro-
chialis Sancti Leodegarii Ebroicensis, triginta libras
annuae pensionis, ut constat per recognitionem domini
Pétri Chefdeville, curati dictae ecclesia3, factam coram
domino Joanne Alespée, presbytero, notario curiae
Ebroicensis (5), d| ej data anni Domini millesimi quin-
(1) Var. : Ragorel.
(2) Var. : Yllart.
(3) V. Archives de l'Eure, G. 122, cartulaire I du chapitre, n°s 84
et 85.
(4) Ces quatre mots forment doublon.
(5) V. J. Alespée, chapelain de la chapelle Sainte-Anne, première
portion, p. i36.
5
66
gentesimi secundi et diei xja mensis februarii; ideo
hic : xxx I. [T].
Item, super fructibus, oblationibus et emolumentis
parrochialis ecclesiae Sancti Martini de Aprileio (i),
decem libras solvendas ad duas synodos, modo nihil.
Item, super Michaelem Doreloç (2), de Boessio (3),
duodecim solidos ex acquisitione defuncti magistri Pétri
Dougier (4), decani Ebroicensis, modo nihil.
Item, super decanum ruralem de Vernolio, ix s. ad
synodum aestivalem, modo nihil (5).
Item, super Micheletum Parisy, ratione unius horti
situati ante portam Nostrae Dominas, ix s. ad festum Na-
tivitatis beati Joannis Baptistae, modo nihil.
Item, dominus decanus habet domum decanalem una
cum horto et atrio de uno butto jungentibus mûris villas,
de alio butto vico versus ecclesiam, de uno latere horto
(1) « La chanoinie et prébende d'Avrilly fut unie au doyenné
par Benoît XIII en 1370 (sic). » (Abrégé hist.) L'erreur a été servile-
ment reproduite par Durand dans le Calendrier hist. de 1749.
V. Bonin, Opusc. et mél., p. 5y, notes.
(2) Var. : Dorenloe.
(3) Var. : Boesseyo.
(4) Var. : Dogier oud'Ogier, de Ogero : « Obiit IV idus maii. Jacet
infra introitum capelle B. Mariae. » (Gall. christ., XI, 623.) Pierre
d'Ogier, doyen du chapitre d'Evreux, licencié in utroque jure, cha-
noine de Paris et conseiller au parlement de cette ville, assistait,
en 14 14, au concile de Paris. Le Brasseur a, d'après le Thésaurus
nov. anecdot., de Martène, inséré dans ses Actes et preuves, p. 114-
116, un instrumentum publicum adressé par cette assemblée au
clergé de la province ecclésiastique de Rouen touchant les députés
qui devaient être envoyés au concile de Constance, où il est appelé
P. de Ogeix.
(5) Ces deux mots, qui ne se trouvent pas dans l'extrait des
Archives départementales, sont une addition postérieure à la pre-
mière rédaction.
67
domini cpiscopi et de alio latere domui de Becco, quam
domum venerabilis vir magister Ambrosius Le Veneur,
decanus, reparari scu aedificari fecit opère magni-
fiée» ( i ) .
Et tenetur decanus solvere capitulo, in festo Sancti
(i) Commencé aux premiers jours de juillet 1507, le portail du
doyenné n'eut son entier achèvement qu'à la fin de l'année i5io.
« Il fut détruit en 1774, à la demande du doyen qui trouvait que
cet édifice de pure décoration était d'un entretien dispendieux
(A. Chassant). » A défaut d'une « veue » comme celle qu'aurait su
crayonner Israël Silvestre, l'imagination peut seule se représenter,
sous ses hautes toitures revêtues d'ardoise et de plombs ouvragés,
ce pavillon d'entrée flanqué, au dedans de la cour, d'une coquette
tour d'escalier et, sur sa face extérieure, de tourelles jumelles dont
les combles coniques se paraient, comme d'une gorgerette, de la
dentelle de pierre des balustrades. Avec le talent d'observation qui
lui est habituel, M. Louis Régnier a parfaitement caractérisé ce genre
particulier d'édifices : « C'est un pavillon, une construction
plus élevée que les autres, d'ailleurs dépourvue de tout caractère
défensif sérieux, mais dont la silhouette, intentionnellement pitto-
resque, revêt d'une sorte de grandeur l'ensemble le moins attrayant.
Tantôt, comme au château d'O, ce pavillon est tout voisin de l'en-
trée, tantôt et plus souvent encore, comme à Alaincourt, à Valencay,
à Saint-Agil, à Carrouges, c'est le pavillon lui-même qui sert d'en-
trée L'effet produit était toujours si heureux, cette donnée
était devenue en quelque sorte si nécessaire, qu'elle traversa tout
le xvie presque sans modifications, au point qu'on la retrouve tou-
jours la même jusque sous le règne de Louis XIII, témoin les
entrées des châteaux de Bonnemare, de Saint-Denis-le-Ferment, de
Saint-Manvieu et d'Outrelaize (Calvados), et celles, malheureuse-
ment détruites, des châteaux de Main ne vil le (Eure) et de Buhy
(Seine-et-Oise). » (Notice archéol. sur la comm. de Parnes, dans
les Mém. de la Société académ. de VOise, t. XIX, 2e partie (1905).
On sait qu'Ambroise Le Veneur fit également reconstruire, à Condé, ,
le château des évêques d'Evreux et, à Lisieux, la maison du doyenné.
V. Gall. christ., XI, 609 et 81 1.
68
Remigii, centum solidos pensionis (i), i[t]em, decem
solidos pro quadam portione cujusdam terrulae eidem
decano traditœ per abbatem de Becco ad augendam do-
mum decanalem (2), de qua summa x solidorum [T.]
capitulum capit quinque solidos et abbas quinque
solidos.
Sequuntur jura prœbendœ annexa? decanatui :
Dominus decanus percipit in parrochia de Aprileo (3)
medietatem decimarum grossarum ejusdem parrochia?,
alteram vero medietatem abbas et conventus Sancti Tau-
rini percipiunt.
Item, percipit et capit medietatem decimarum tam
grenorum quam vinorum de Irvilla (4) et capitulum
aliam medietatem.
Item, capit in parrochia de Boesseio, in quodam trie-
gio nuncupato [ (5)], grossas décimas, et
est communicarius capituli ratione praedendae annexa?.
Jus patronatus ecclesiarum :
Patronatus ecclesia? Sancti Pétri Ebroicensis et unius
cappella? in dicta ecclesia fundatae [ (6)].
(1) La rente dont il s'agit provenait, du moins en partie, de la
convention passée le 3 février 1284 entre Guillaume de Porpinché
et le chapitre cathédral relativement aux réparations de la maison
(manerium) affectée au logement du doyen et à la fondation d'un
anniversaire qui, par la suite, fut inscrit dans l'obituaire à la date
du 11 janvier. (Arch.de l'Eure, G. 122, n« 3go, fol. 128 v«.)
(2) La transaction est en date du 10 juillet 1504.
(3) Var. : Apnleyo. La prébende d'Avrilly avait été fondée par le
comte d'Evreux, Simon de Montfort, au xne siècle.
(4) Var. : Irevilla.
(5) « Le fief du Rosnez. »> Ces quatre mots ont été suppléés d"une
autre écriture dans le ms. des Archives départementales.
(6) « Nuncupatae Omnium Sanctorum ». (Ibid.)
69
Patronatus ecclesi* ( i) Sancti Leodegarii Ebroicensis.
Patronatus ecclesi* parrochialis Sancti Martini de
Aprile[y]o.
Cerimonice chori :
Dominas decanus, quando facit officium in triplicibus,
se induit in revestiario cappa honesta et accedit ad chorum
cum suo capellano induto cappa sericea, duobus puens
prœcedentibus cum candelabris et cereis accensis, et débet
sedere dictus decanus in sua cathedra, dicto suo capellano
et dictis duobus pueris assistentibus durante servitio.
Item, dictus dominus decanus débet habere très dia-
conos et subdiaconos (2).
(1) « Parochialis ». (Ibid.)
(2) Le second cartulaire du Chapitre (Arch dép., G. ia3, no 473,
fol 197 vo) nous a conservé, sous la rubrique Quid debeatur de-
cano et quomodo possit, cum \sibi] placet, in fcstis solemnibus, épis-
copo absente, divinum celebrare officium, une délibération capitu-
lais qui se retrouve également à la Bibl. nat. (lat., nouv. acq., 296)
avec le titre De dignitatibus decani et cantoris et mérite d'obte-
nir place ici : « Anno gracie millésime ce xv°, episcopo pro-
fecto ad concilium domini pape, in festo Omnium Sanctorum, cum
pararetur sedes decani ad cantandas vesperas et ad celebrandum
officium, cantor, qui tune erat ebdomadarius, movit super hoc
questionem, dicens decano non debere intromittere se de septimana
sua, nisi ipse ei forte offerret, et dixit etiam murmur esse eo quod
decanus cantabat cum tribus dyaconis et tribus subdyaconis, sicut
et episcopus, et quod tapetum haberet ante altare sub pedibussuis.
In crastino festi, preposita ista questione a cantore, respondit de-
canus quod electus fuerat a capitulo in decanum et quod invenerat
istas observationes in decanatu observatas a bone memorie Rotroudo
decano qui fuerat sacerdos, et in tempore suo jam observaverat a
tempore electionis sue usque ad hune diem, neque aliquid nomine
constituere volebat nec constituerai, quod sciret, quedam tamen
remiserai, et si capitulum volebat quod ipse observationes istas
teneret, paratus erat, si autem capitulum vellet aliter ordinare et
prefi[n]gere formam qua decanus se gerere deberet, paratus erat
7o
Item, quando decanus transit per chorum, omnes de
inferioribus sedibus debent se assurgere.
Item, dominus decanus débet ire ad offertorium primus
ante omnes officiantes.
Item, diaconus débet portare pacem decano existenfti]
in choro, omnibus diebus festis tam simplicibus, dupli-
sustinere patienter. Et ita compromiserunt decanus et cantor in
capitulum et in alios clericos chori si qui memores essent rerum
gestarum ab antiquo, et ita factum est ; et, qua habita collatione in
capitulo cum illis qui hujus rei memores erant, tam canonicis quam
clericis de choro, recordati sunt unanimiter quod episcopus, in illis
solempnitatibus in quibus est mota et candelabrum, débet celebrare
servicium ecclesie si presens fuerit, si non, decanus débet hoc facere.
Ebdomadarius presbyter débet scire a decano si ipse velit et possit
agere omcium quod suum est ; sin autem, ipse agat, scilicet, ebdomada-
rius. Verumtamen, si aliquapersona, sicut cantor, sicut archidiaconus,
sit in choro que sit sacerdos, ebdomadarius, si voluerit, offerret ei
propter solempnitatem festi et honorem ecclesie quod peragat festum
si velit et possit, sed nullo jure potest aliqua persona, prêter decanum,
exigere ut agat servitium. Ita viderunt a tempore Rotrodi decani.
Viderunt eciam quod decanus in capa de serico incipiebat vesperas
et in stallo suo et dicebat capitulum et orationes, capellano suo
tenente lîbrum. De tribus diaconis et subdiaconis qui erant in missa
quando decanus cantabat, et quod altare ornatum erat omnibus orna-
mentis ante et rétro ac si episcopus cantaret, certissime memores
sunt. Dicunt eciam una voce quod cantor nullam habet dignitatem in
choro plus quam unus de concanonicis suis, excepto quod mittit
clericos in choro per manum suam vel per manum cujuscumque
voluerit, et quod clerici de minori forma assurgunt ei transseunti
per chorum. Et hec, sicut scriptum est, cantori dixerunt ». Conf.
Ordo servicii ecclesie Ebroicensis (Bibl. d'Evreux, ms. 64, fol. 3i5) :
« Si episcopus missam celebret, habeat secum iij diaconos, quorum
unus sit canonicus et sit in medio, similiter très subdiaconos,
quorum unus sit canonicus et in medio illorum, adjuncto dicto
episcopo socio cum capellano suo in capis sericis ; eodem modo si
decanus celebret, sed sine socio ».
7i
cibusquam triplicibus, priusquam aliquis alius osculetur
pacem.
Item, presbyter faciens officium, videlicet, hebdoma-
darius, et alius canonicus servientes ad thuribulum
debent, in triplicibus, incensare decanum existentem in
sua sede ; aliis autem diebus, solus presbiter faciens offi-
cium incensare seu thurificare débet dictum decanum,
etiam episcopo présente, qui episcopus in omnibus ceri-
moniis est sibi praeferendus.
Item, constat per Brève ecclesiae quod, in absentia
episcopi, decanus débet celebrare missas synodales fi).
Sequitur dominium nonfeodatum :
Duœ acrae prati et ultra in duabus aut tribus peciis
situatis in parrochia de Berengevilla in Riparia.
Item, una pecia prati, continens [ij acres (?)], situati
in Rocheta juxta alium pratum quod magister Johannes
Hunaud (2), cantor, accepit ad firmam a capitulo, jun-
gens de uno latere ripariœ Ytonis (3).
Et est notandum quod dignitates non tenentur solvere
vacantem seu deportum (4) capitulo ratione dignitatum
sed dumtaxat ratione prœbendarum annexarum dignita-
tibus, et est in optione capituli eligere taxam vacantis
(1) « .... Et intérim, dum cantatur, preparentur episcopus ve
decanus, cum diacono et subdiacono canonicis, ad missam syno-
dalem celebrandam, et habeant vestimenta rubei coloris cum albis
paratis... » (Ibid., ms. g5, fol. 83).
(2) Var. : Joannes Hunauldi.
(3) Var. : ripparie Itonis.
(4) « Vacants ou déports des prébendes, consistant en la jouissance
par le Chapitre de la première année du revenu desdites prébendes,
lorsqu'elles vaquent par mort, démission ou permutation. » (Inven-
taire des titres, etc., p. 227.)
72
praebendae vel ultra taxam (i), et communiter eligit
pinguius.
Item, est notandum quod capitulum capit vacantem,
sub dicta optione, omnium praebendarum quocumque
modo vacant, et ideo, in declaratione cujuslibet prae-
bendae, scribitur summa taxae reductae et decimae reductae.
Et est decanatus, ratîone praebendae annexae, de taxa
reducta ad : lxxv 1. t.
Et de décima reducta ad : vij 1. x s.
Gantor (modo Joannes Hunaud). — Gantoria est
dignitas in ecclesia Ebroicensi quae sequitur immédiate
decanum in ordine, et, dum cantor facit officium in festis
triplicibus, sedet in prima sede sinistri lateris sub pul-
pito. Aliis autem diebus capit sedem in dicto latere ad
suum beneplacitum.
Eidem dignitati est annexa una praebenda habens
suum grossum de summa centum decem solidorum Tur.
supra sigillum curiae episcopalis Ebroicensis solvendorum
in duabus synodis.
Item, cantor, ratione praebendae annexae, est communi-
carius capituli, capax omnium distributionum ecclesiae,
sicut cœteri canonici communicarii, et, ratione dignitatis
(i) En affermant, dans chaque cas particulier, l'exercice de ce
droit, le chapitre pouvait, à son choix, ou s'en tenir à un prix
tarifé (taxam), ou réclamer la somme à laquelle le déport avait été
enchéri lorsque cette somme dépassait la taxe fixe [ultra taxam).
Ces expressions, pour être comprises, avaient déjà, aux xvne et
xvme siècles, besoin d'un commentaire : « Deux anciens tableaux
contenant les noms des dignités et prébendes qui sont du côté droit
et de celles qui sont du côté gauche et l'explication des termes de
taxe et de taxe réduite dont on se servoit autrefois pour régler les
vacants, de l'an 1598. » (Ibid., p. 267).
73
cui praebenda est annexa, habet secundum locum in
capitule
Ad cantorem, ratione dignitatis, spectant proventus
subséquentes, videlicet, una domussita in civitate Ebroi-
censi quam defunctus magister Nicolaus Vipart,
cantor (i), incepit aedificare, sed magister Joannes
Hunauld, cantor modernus, dictam domum perfecit et
augmentavit, faciendo de novo aedificia satis magnifica (2),
et habet hortum spaciosum, debetque cantor communie
capituli, pro dicto domo, quinque solidos Tur. annui
redditus.
Item, décima du Valesme, in parrochia Sancti iEgidii
Ebroicensis sita, quae valet, communibus annis, viginti
sex libras Tur., et percipit cantor grossas décimas et
virides tam granorum quam leguminum quam etiam
fructuum, arborum et fœni in dicta parrochia Sancti
JEgidiî consistentium, nemine contradicente.
Item, cantor percipit decem libras Tur. annuatim
super thesaurarium ecclesioc Ebroicensis, sicut Octo
Ganonici antiquae fundationis, in festo Resurrectionis
Dominicae.
Item, percipit viginti solidos Tur. super truncos
ecclesiae, sicut Octo Canonici proedicti, et portionem suam
candelarum oblatarum in festis beatae Mariae Virginis.
(1) Me Nicolas Vipart, chantre et chanoine d'Evreux, chanoine et
écolâtre de Lisieux, fit, en 1475, foi et hommage pour la baronnie
du Bec-Thomas. En 1479, cette seigneurie, par sa mort, avait passé
à son frère Etienne Vipart.
(2) Si « messieurs du chapitre » aimaient à bâtir, entrant ainsi
résolument dans le mouvement artistique qui produisait alors tant
de superbes ouvrages, on constatera bientôt, par quelques faits
isolés, qu'ils s'intéressaient non moins vivement à la décoration
intérieure de leur église.
74
Item, ad cantorem spectat una grangia sita apud Cam-
bolem, una cum horto contiguo eidem grangiae et cum
duabus virgultis terrae ubi solebat antiquitus esse vinea
in costa, et a longo tempore non fuit plantata quonîam
terra illa est sterilis et modici valoris, et débet cantor, pro
dicta grangia, communitati capituli quinquaginta solidos
Tur. annuae pensionis.
Item, dictus cantor solet percipere singulis annis supra
curatum ecclesîae parrochialis de Cintrayo quindecim
libras Tur. pensionis annuae, solvendas in terminis
Purificationis beatae Marias et Ascensionis Dominicae
mediatim, de qua pensione cantores pro tempore exis-
tentes fuerunt in bona et pacifica possessione a tanto
tempore quo[d] de ejus initio memoria hominum non
habetur (i), et de qua pensione dictus magister Joannes
Hunaud, cantor, fuit solutus a curato seu ejus capellano
per triginta annos quibus possedit dictam cantoriam,
absque contradictione.
Item, ad dictum cantorem (quando contingit eum
praesidere) (2) spectat installare dignitates, canonicos, vi-
(1) J. Lescalier (op. cit.) s'exprime un peu différemment : « Le
chantre, outre ce qu'il possède aujourd'hui de dîmes dans l'étendue
de la paroisse Saint-Gilles, a joui autrefois de la moitié de celles de
la paroisse de Cintray, en ce diocèse ; mais, sur une contestation
faite pour la perception de cette dîme par un curé de cette paroisse
en 1264, Raoul de Periers ou de Grosparmi régla, peu avant de
quitter son évêché, que, par la suite des temps, les curés de Cintray
jouiroient seuls de la totalité de la dîme de leur paroisse, parce qu'ils
feroient annuellement et a perpétuité aux grands chantres de la
cathédrale une rente de quinze livres payables en trois termes,
savoir, le jour de Saint-André, de la Purification et le mercredi après
les fêtes de la Pentecôte. »
(2) En marge : Nota pro scriptura mutata. La phrase incidente
a été enfermée entre parenthèses par le copiste qui la considérait
comme une glose.
75
carios, capellanos et alios habituatos dictae ecclesiae, qui
installati consueverunt dare dicto canton liberaliter
uaum gallonum vini.
Item, ad dictum cantorem spectat jus patronatus ca-
pellae alterius portionis Pigrorum fundatae ad altare
Beatae Mariae in navi ecclesiae, quam nuper tenebat ma-,
gister Jacobus Le Peltier et modo Joannes Fillon, et
collatio seu institutio dictae portionis spectat decano et
capitulo.
Et tenetur dictus cantor facere officium cantons in
omnibus festis triplicibus ratione sua? dignitatis. In aliis
autem diebus tenetur frequentare et dirigere chorum.
Praecipit etiam canonicis et aliis certa officia, prout decla-
rantur in Brevi ecclesiae, et ponitur in tabula chori ad
sextam lectionem et sextum responsorium, in suo turno,
ratione praebendae annexée.
Item, si cantor se absentaverit ab ecclesia, faciendo
alibi suam residentiam, ipse tenetur solvere fabricae dictae
ecclesiae duos florfejnos auri pro quolibet mense quo
fuerit absens, prout constat ex tenore bullae union is prae-
bendae cum cantoria.
Item, quando dominus episcopus célébrât et facit offi-
cium, cantor, dum cantatur hymnus, débet assumere
capam sericeam et tradere domino episcopo antiphonam
de Magnificat et de Benedictus et incipere dictos
psalmos et tenere chorum cum aliis choralibus, duran-
tibus dictis psalmis.
Item, quando cantor transit per chorum, pueri chorales
et cœteri de bassa cella ( \ ) debent se assurgere coram
ipso.
(i) Cella non semel pro sella scribitur (Maigne d'Arnis).
76
Item, cantor, ratione dignitatis, non débet deportum
capitule
Et est de taxa reducta ad : xx 1.
Et de décima reducta : xl s,
Sequuntur aliœ dignitates, quae non sunt de com-
munia capituli nec habent vocem in capitulo ratione
dignitatum. Si tamen habenri dignitatem conferatur
praebenda, tune est communicarius ratione praebendae
habetque vocem in capitulo et locum seu sessionem se-
cundum ordinem suae dignitatis.
Et est notandum quod collatio dignitatum spectat do-
mino episcopo, sed, antequam habentes dictas dignitates
recipiantur in capitulo in habitu ecclesiae, oportet quod
sint canonici creati ad effectum dignitatis obtinendae (i),
et solet fieri dicta creatioper episcopum autejus vicarium
et per capitulum communi consensu, qui debent con-
venire insimul in dicto capitulo ad faciendam dictam
creationem.
Item, dictae dignitates praecedunt canonicos in statio-
nibus seu processionibus.
Archidiaconus Ebroicensis (2) (modo magister Joannes
(1) Les dignitaires devant être nécessairement pris parmi les cha-
noines, si le candidat choisi par l'évêque ne faisait pas encore partie
de la compagnie, le prélat s'entendait avec le chapitre pour le
nommer chanoine ad effectum dignitatis obtinendœ. Quoique ins-
tallé avec une partie des cérémonies accoutumées, il n'avait pas
voix au chapitre et cette nomination fictive ne lui conférait droit ni
aux revenus d'une prébende, ni aux distributions quotidiennes.
(2) « L'archidiacre d'Evreux est toujours le premier des trois,
mais les deux autres, ceux d'Ouche et du Neubourg, roulent toujours
entre eux selon l'ordre de leur réception au chapitre. » (J. Lescalier,
Abrégé histor., etc.).
77
Favé) (i) (de parte dextra (2)) habet jus visitationis
et procurationis in villa et suburbiis Ebroicensibus,
necnon in ecclesiis parrochialibus decanatuum de Cruce,
de Vernone, de Passeyo et de Ibreio, et suo officio
incumbit visitare sacramenta, ornamenta, libros, calices,
aedificia ecclesiarum et corrigere defïectus, s[i] qui sint
(1) Jean Favé, prébende de Londinières en la cathédrale de Rouen
et pourvu de l'archidiaconé d'Evreux le 1er septembre 1490. C'est
avec ce titre d'archidiacre d'Evreux qu'il est presque exclusivement
désigné dans les registres des délibérations communales de Rouen,
ville dont, apparemment, il était originaire. Investi de la confiance
de ses concitoyens qui s'en remettent à lui, en maintes circonstances,
des missions les plus délicates, on le voit constamment député
auprès du roi ou des princes, chargé d'y soutenir leurs légitimes
intérêts, de haranguer le duc d'Alençon ou de faire la « proposition »
devant le grand archevêque, Georges d'Amboise, à sa première et
joyeuse entrée. Dans son testament, où il lègue à l'église Saint-
Martin d'Oissel, dont il avait la cure depuis l'année 1504, les vases
sacrés et ornements de sa chapelle, il se dit âgé de soixante-quatre
ans ou environ (1er février i52o). Il mourut l'année suivante.
Lorsque le cœur du cardinal d'Estouteville fut rapporté à Rouen en
1483, le bref du pape attestant l'authenticité du précieux dépôt
nomme Jean Favé parmi les quatre mandataires du chapitre qui
avaient été le recevoir. Un autre Jean Favé, l'un des deux généraux
de la Cour des Aides des années 1455 et 1462, commissaire du Roi
à l'Echiquier, est, sans doute, le père de l'archidiacre. Lui-même y
siégeait, à titre de conseiller clerc, lors de la dernière convocation de
cette haute assemblée (1467). Antoine Favé, sieur d'Isneauville,
ancien conseiller de la ville de Rouen, appartient peut-être à cette
famille, comme Roger Favé, écuyer, et Mathieu Favé, sieur de
Forest, frère et neveu de notre Jean Favé.
(2) Ces indications, de parte dextra ou de parte sinistra, qui
vont alterner à chacun des chapitres du Coutumier, se rapportent
au côté que devaient occuper les dignitaires, chanoines ou chapelains
dans les stalles du chœur et — pour les chanoines — dans la salle
des réunions capitulaires.
73
circa prnemissa, et audire compota thesaurariorum et
thesaurarios instituere.
Item, sunt concordata ab antiquo confecta, per epis-
copum et capitulum confirmata, super jurisdictionem
quam habent archidiaconi in cursu visitationis (i), quae
concordata debent ab [ipsis] observari.
Item, dictus archidiaconus et cœteri archidiaconi habent
jus in deportibus ecclesiarum vacantium s[ui] archidia-
conatus ; de quibus deportibus episcopus capit duas
partes, et, de tertia parte restante, archidiaconus capit
duas partes et decanus ruralis tertiam partem dictae tertiae,
et recipiuntur dicti deportus per magistrum deportuum
qui solvit cuilibet suam portionem (2).
ïtem, ad dictum archidiaconum Ebroicensem spectat
praesentatio seu jus patronatus capellae alterius portionis
Pigrorum fundatae ad altare Beatae Mariae in naviecclesiae ;
collatio ejusdem spectat decano et capitulo.
Archidiaconus de Occa (3) (de parte dextra) habet jus
(1) L'ordonnance de Raoul de Chevri, au sujet de Tordre à suivre
dans les visites archidiaconales, et l'approbation du chapitre (1268)
ont été transcrites au grand cartulaire de Saint-Taurin (Arch. de
l'Eure, H., 794, fol. 347-358) et publiées intégralement par Le
Brasseur (Actes et Preuves, p. i3-i5).
(2) < Dans plusieurs diocèses, les fruits des cures vacantes appar-
tiennent à l'archidiacre, ou à l'évêque, ou au chapitre des églises
cathédrales Dans la Normandie, le déport est d'un an entier,
en quelque temps que le titulaire décède Celui qui jouit du
déport est chargé de faire desservir le bénéfice Les évêques de
Normandie sont en possession de jouir du droit de déport sur les
cures de leur diocèse. » (L. de Héricourt, Loix ecclésiastiques de
France, p. 634-635.)
(3) Charles de Hangest, fils de Jean II de Hangest, bailli d'Evreux.
et de Marie d'Amboise, protonotaire apostolique, prieur de Saint-
Nicolas de la Maladrerie, à Evreux, chanoine de Rouen et abbé de
79
visitationis et procurationis in ecclesiis parrochialibus
decanatuum de Aquila, de Vernolio, de Occa, de Lira et
de Gonchis, et recipit procurationem integram ab ali-
quibus curatis, ab aliis pastum, et visitât sacramenta et
caetera superius declarata in archidiacono Ebroicensi.
Item, habet jurisdictionem in cursu visitationis limi-
tatam secundum concordata quae debent observari.
Item, habet portionem in deportibus ecclesiarum
vacantium sui archidiaconatus, sicut scriptum est supra
de archidiacono Ebroicensi.
Item, eidem archidiacono spectat una domus sita in
civitate Ebroicensi, jungens, de uno latere, horto domini
episcopi et, de alio, vico seu stratae publicae et, de uno
butto, domui domini decani et, de alio butto, cuidam
domui canoniali.
Archidiaconus de Novoburgo (modo magister Jacobus
Damont (i) (de parte sinistra) habet jus visitationis et
procurationis in ecclesiis parrochialibus decanatuum de
Novoburgo et de Locoveris.
Item, habet jurisdictionem in cursu visitationis limi-
tatam secundum concordata.
Item, habet portionem in deportibus ecclesiarum va-
cantium sui archidiaconatus sicut caeteri archidiaconi.
Notre-Dame de Prières, était à la fois archidiacre du Vexin normand
et archidiacre d'Ouche lorsqu'il fut élu évêque de Noyon. En lui
accordant ses bulles, le pape lui permit de conserver plusieurs de
ses bénéfices, entre autres les deux archidiaconés dont il était titu-
laire. Il résigna néanmoins presque aussitôt celui du Vexin. En fit-il
de même pour l'archidiaconé d'Ouche ? C'est ce que je ne saurais
dire.
(i) Le 18 août 1 5 17, on nommait à l'archidiaconé du Neubourg,
vacant par le décès de Jacques Damont.
8o
Thesauraiuus (i) (de parte sinistra) habet jus perci-
piendi debitam a thesaurariis ecclesiarum parrochia-
lium diaecesis Ebroicensis, quae quidem débita debetur
ecclesise cathedrali per modum census annui in festo
Paschae (2), cujus debitae declaratio continetur in peîle
seu membrana antecedentia (?) quae pluries fuit renovata
et fideliter ab antiquis collationata et exemplata, et ideo
eidem membranae fides adhibetur tanquam not[a]rio,
compellunturque thesaurarii ad solvendam dictam debi-
tam per viam monitionis, et ascendunt particulares
summae dictae débitas in universo ad summam viijxx
xiij 1.
Item, dictus thesaurarius percipit supra dominum epis-
copum Ebroicensem decem octo sextaria bladi assignata
super receptorem temporalitatis dicti episcopi.
Item, percipit idem thesaurarius super truncos ecclesiae
septem libras Tur.
Item, super vicecomitem Ebroicensem : c s. Tur.
Item, super vicecomitem Bellimonti Rogeri : xx s.
Item, percipit omnes oblationes in cera factas ecclesiae
Ebroicensi, exceptis cereis oblatis in festo Purificationis
beatae Mariae qui debentur episcopo (3), exceptis etiam
(1) Le trésorier était alors Mathurin Guyneuf, chanoine prébende
de Thevray. V. infrà, p. 112.
(2) La débite consistait originairement en une oblation de cire
qui se faisait chaque année, à Pâques, à l'église cathédrale, par les
chefs de famille de chaque paroisse. Ce droit, confirmé vers 1080
par le concile de Lillebonne, avait été converti en une redevance
pécuniaire équivalente.
(3) Le jour de la Purification (2 février), le seigneur de Tillières
et celui de Laigle doivent à l'évêque chacun un cierge de 36 livres
de cire; la prévôté de Vernon, un autre de 18 livres ; le seigneur
d'Avrilly et celui de Blanc-Fossé (de Atbo Fossato), chacun un de
10 livres. L'évcque est tenu, s'il est présent, de donner à déjeuner
Si
oblationibus candelarum cerae quas capitulum, cantor et
Octo Canonici capiunt in ista hora in festis beatue Mariae.
Item, percipit, in funeralibus defunctorum inhuma-
torum in ecclesia et claustris et cimiterio, omnia adja-
centia corpori, tam in luminari quam aliis, imacumjure
pulsationis (i).
Item, ad dictum thesaurarium spcctat nominatio
duorum sacristarum ecclesiae, et capitulum eos acceptât et
instituit si sint idonei, data per eos capitulo sufriciente
cautione de bonis et jocalibus, calicibus et aliis conser-
vandis et non alienandis.
Item, quando episcopus est pra?sens, thesaurarius con-
suevit habcre prandium cum episcopo.
Sequuntur onera thesaurarii :
Thesaurarius débet providere de oleo ad usum septem
lampadarum chori continue, die ac nocte, ardentiûm.
Item, débet providere de candelis ad usum divini ser-
vitii necessariis.
Item, débet Octo Ganonicis antiquae fundationis et
cantori cuilibet decem libras in festo Resurrectionis
Dominiez supra débita, ascendentes in universo ad
summam iiijxx x 1. T.
Item, débet duobus sacristis, pro suisgagiisseu pensio-
nibus, cuilibet xvj 1. x s., sic pro duobus : xxxiij 1.
aux serviteurs chargés de lui remettre ces cierges à l'autel, ou, en
cas d'absence, de leur donner à chacun 12 deniers, etc. (G. Bourbon,
Invent, sommaire des Archives départementales, p. 26.) Cf. : Procès-
verbaux de comparence en l'église cathédrale d'Evreux pendant
l'offertoire de la grand'messe, le jour de la Purification, des per-
sonnes redevables à l'évêché de rentes en cire (1774- 1778). (Arch.
de l'Eure, G. 102.
(1) Le droit exigé pour la sonnerie des cloches.
6
82
îtem, débet providere de cordis pro duabus campanis
lanternce nuncupatis les Mannaulx (i) gallice.
Item, tenetur reparare batellos campanarum si indi-
geant reparatione, nec tenetur illos facere novos, sed
fabrica adhuc tenetur (2).
(1) Maanellus, meenellus ou monellus, selon Ducange, désigne
une cloche de petites dimensions, campana mediocris, et le vocable
était usité à Fécamp, à Auxerre, à Tulle, etc. Sous forme française,
on le rencontrait, de même qu'à Evreux, en diverses villes. On
disait : « le gros Moineau » et « le petit Moineau » de Chartres,
« les deux Moisneaux » de Saint-Vulfranc d'Abbeville, « les trois
Moneaux » de Bayeux, où ils constituaient la petite sonnerie capitu-
laire. Quelques auteurs ont fait dériver ce nom du latin monere,
avertir. C'est, à mon avis, une étymologie fantaisiste. Les glossaires
français donnent « moinel » ou « menel », signifiant « moindre »,
« moyen ». Mais par quelle étrange déformation les « Mannaulx »
d'Evreux étaient-ils devenus, au xvme siècle, les « Manivelles » ?
D'après un article placé en tête des obituaires imprimés chaque
année pour l'usage du chapitre (Obituarium ecclesiœ cathedralis
Ebroicensis pro anno capitulari....), dit l'abbé Lebeurier, qui
avait sous les yeux ceux de 1769 à 1789, les cloches de la cathé-
drale étaient au nombre de huit, six grosses et deux petites ; ces
deux dernières s'appelaient les Manivelles et se sonnaient pendant
un quart d'heure avant la messe du chapitre, et pendant un demi-
quart d'heure avant matines. Conf. Souvenirs et journal d'un bour-
geois d'Evreux, p. 46, et la Campanologie du Dr Billon, dans
Y Annuaire de l'Association normande, 1866, p. 112.
(2) Il ne sera pas sans intérêt de mettre en regard de cette page
des lettres où Rotrou de Beaumont (alias de Warwick), arche-
vêque de Rouen, précédemment évêque d'Evreux (1 i3g-i i65),
énumère les droits et les devoirs attachés de son temps à l'office
du sacriste (plus tard le trésorier) d'Evreux : « .... Hec sunt
autem que ad sacristiam pertinent : custodia cimiterii et ipsius
ecclesie cum omnibus que in ea sunt, scilicet, vestimentis et libris
et calicibus et omnibus ecclesie orna mentis et quidquid ad minis-
terium ejus et ad thesaurum peftinet, ut reliquie sanctorum et
cetera. Est autem consuetudo ab antiquo tempore ante episcopatum
83
PcENiTENTrARius (f) (de parte sinistra). — Dudum
recolendae mémorial dominus Nicolaus, Ebroicensis
episcopus, fundavit pœnitentiariam in ecclesia Ebroi-
censi, pro cujus fundatione dédit et concessit unum
modium grani communis super novalibus forestas de
Aquila, ad mensuram dicti loci, et mediam partem inte-
gram de residuo decimarum novalium dictae foresta?, et
reliqua medietas remanebat priori Sancti Sulpicii de
nostrum, sicut didicimus et tempore nostro tenuimus, ut sncrista
ceram ecclesie custodiat et episcopus, cum voluerit, ministret in
usus necessarios, ita tamen ut ecclesie servicium debito lumine non
careat ; quod si contigerit ceram defficere, episcopus eam ministret
et tradat sacriste. Sacrista vero incensum invenire débet et oleum
ad unam lampadem die ac nocte jugiter ardente m, et ab episcopo,
tempore frugum, de orreo episcopi recipere débet, omni anno,
modium unum siliginis et dimidium modium tritici pro thure et
oleo. Sacrista vero, omni tempore quo episcopus comedit in illa
villa, honorifice débet, se tercio, de suis manducare in mensa epis-
copi ; vinum vero ad missas invenit episcopus. Sacrista vero non
tenetur facere quidquam opère vitrarii vel cementarii vel fabri,
prêter virgas campanarum cum franguntur. Ad partem vero ejus
pertinet medietas oblacionum, nisi quod ejus medietatis octavam
partem dat cantori.... » (Cartulaires du chapitre, arch. diocés., '6,
fol. i65, et arch. départ., G. 122, fol. 10)
(1) Le nom du pénitencier, à cette date de i5o8, ne figure pas
comme celui des autres bénéfkiers, en tête du chapitre qui les
concerne. Il n'est pas davantage inscrit au grand pouillé, lequel
présente, pour l'époque qui nous occupe, des lacunes considérables;
mais les Archives de la Seine-Inférieure suppléeront à cette omis-
sion. Dans des procédures, comparaît, le 6 août i5oc), « maistre
Symon Adam, docteur en théologie, pénitencier de révérend père
en Dieu l'evesque d'Evreux, aagé de quarante ans ou environ »
(G. 4997). — « Autre mise a cause des sermons faicts en la haulte
chaire et aux processions generalles. . . . Le dernier dimence de
l'advent, le sermon fut faict par maistre Symon Adam, pénitencier
d'Evreux ; pour ce : néant » (G. 92). — « Le mardy de Sainct Ger-
vaiz, i5o8, par maistre Symon Adam; pour ce : néant » (G. g3). —
84
Aquila, ut constat p[er litter]as dictae fundationis de data
anni Domini millesimi ducentesimi nonagesimi tertii (i)
quibus decanus et capitulum suum interposuerunt decre-
tum de data diei mercurii per octabas apostolofum Pétri
et Pauli anno superlecto (2). Nunc vero praedictum mo-
dium grani ration[e fundationisj minime percipitur, sed
ipse [pœnitentiarius] percipit totam decimam decimarum
novalium dictae forestae absque coniradictione.
Item, prœfatus episcopus donavit et concessit, ut
constat per dictam fundationem, tertiam partem deci-
marum novalium in loco qui diciturCauda Blanchard (3),
in foresta Ebroicensi, et reliquat duae partes rémanent
apud religiosas Sancti Salvatoris Ebroicensis.
Et tenetur pœnitentiarius prœstare juramentum do-
mino episcopo de residentia personali faciencja, prout
constat p[er litter|as domini Mathaei, episcopi Ebroi-
censis, per capitulum approbatas, de data anno millesimo
ccc° primo (4).
Abbas Beccihellouini (5) (de parte dextra). — Jam
pridem, videlicet, anno gratiae mill0 ce0 vij°, iija novem-
« Item pour la despense de monsieur maistre Arthur Fillon, vicaire
de mond. seigneur, pour luy troysiesme et troys chevaux et de
maistre Symon Adam, pénitencier d'Evreux, pour luy deuxième et
deux chevaulx » (Comptes de l'archevêché, ibid.%
(1) Gartulaire de l'évêché, G. 6, n° 3o3 ter, fol. 119.
(2) 8 juillet 1293. Ibid., n° 3o3 quater, fol. 120.
(3) Enquête au sujet du tiers des dîmes de la Queue-Blanchard
(s. d.), 1187-1190). Compromis passé par Nicolas d'Auteuil, évêque
d'Evreux, et les religieuses de l'abbaye de Saint-Sauveur au sujet
des dîmes navales des essarts de la Queue-Blanchard (1290).
Archiv. de l'Eure, H. 1344.
(4) Ibid., n» 304, fol. 120.
(5) C'était, en ce temps, Guillaume Guérin, dernier abbé régulier
du Bec(i49i-i5i5).
8>
bris nonas, fuit inita confraternitas inter èpiscopum, de-
canum etcapitulum ecclesiae Ebroiccnsis et Guillelmum,
abbatem (i), et conventum B[e]ccensem, per quam idem
G., abbas, et sui successores fuerunt creati canonici prae-
bendati in ecclesia Ebroicensi et communicarii, et habere
debe[nt] vocem in capitulo et stallum in choro et onera
praebendae sustinere, tam in servitio quam in aliis. Qui
quidem abbas, tam pro se quam [pro] suis successoribus,
retinent [sic), pro praebenda et ratione praebendae Ebroi-
censis (2), ecclesias et décimas sequentes, videlicet, eccle-
siam Sancti Albini de Crovilla, ecclesiam de Marbodio,
ecclesiam de la Rousserre, ecclesiam de Esmallevilla,
ecclesiam de Barco, salvo jure prioratus Sanctae Trini-
tatis de Bellomonte, ecclesiam de Hellenvillier, salvo jure
prioratus de Tilleriis et salvis portionibus clericorum qui
in eisdem ecclesiis instituentur. Et concesserunt dicti
episcopus, decanus et capitulum eidem abbati et suis
successoribus, nomine universitatis Beccensis, ut habeant
dictas ecclesias cum pertinentes, [quas] nomine praebendae
ecclesiae Ebroicensis habere noscuntur, addito quod prae-
benda nunquam vacabit, nec communia nec fructus
ejusdem praebendae occasione aliqua in usus episcopi vel
canonicorum converti poterunt, nec abbates Beccenses
cogi ad residentiam faciendam apud Ebroicas. Et intuilu
dictae fraternitatis dicti abbas et conventus B[e]ccensis
dederunt ad augmentum communiae ecclesiae Ebroicensis
quicquid habebant apud Ulmos, tam in decimisquam in
(1) Guillaume, douzième abbé du Bec (1198-1211).
(2) Cette prébende portait, à Evreux, le nom de prébende de
Marbeuf ou du Bec. Au Bec, elle était appelée prébende d'Evreux.
V. chanoine Porée, Hist. de V abbaye du Bec, t. I, p. 52 2. L'abbé
du Bec, à Evreux, en raison de sa prébende, avait droit à la jouis-
sance d'une maison canoniale, dite maison des Croix.
86
rébus aliis, et etiam ecclesiam de Ajou et quicquid habe-
bant in eadem ecclesia tam in jure patronatus quam in
rébus aliis ad eamdem ecclesiam pertinentibus (i).
Item, dicti abbas et convenais, ex sp[ecia]li (2) devotione
quam habebant ad ecclesiam Ebroicensem, concesserunt
eidem episcopo, decano et canonicis communionem om-
nium orationum et eleemosynarum quae f[ient] in ecclesia
B[e]ccensi et in omnibus locis ad eam pertinentibus, tam
in vita quam in morte, et ut unusquisque canonicorum,
cum obitus ipsius denuntiatus fuerit abbati et conventui
B[e]ccensi, habeat missam unam [ab unoquoque sacer-
dotum], ab aliis lta psalmos, a [fratribus] laicis c Pater
noster, et universi canonici eorum defuncti, in missa
quas singulis diebus celebratur pro defunctis, participes
sint sicut monachi. Et similia bénéficia concessa fuerunt
dictis abbati et suis monachis quum primum notificatur
decano et capitulo obitus eorumdem (3).
Octo Canonici antique fundationis. — Ab antiquo
fuerunt fundati octo canonici in ecclesia Ebroicensi, qui
communiter appellantur Octo Canonici antiquae funda-
tionis (4) et habent jurisdictionem temporalem et altam
(1) Bibl. nat., lat. 12884, f°l- 278 ; Cartul, de l'évêché d'Evreux.
(Arch. de l'Eure, G. 6), fol. 10; Cartul. I du chapitre d'Evreux
(ibid., G. 122), n° 55, fol. 14, et n° 57, fol. 16. Le texte de ces
deux dernières chartes a été imprimé par l'abbé Lebeurier dans
Y Annuaire du dép. de VEure pour Vannée 1866; Notice sur la
commune d'Ajou, Pièces justificatives, p. 92-94.
(2) Trompé par l'abréviation qui est presque identique pour les
deux mots, le copiste avait lu spirituali.
(3) Au xvne siècle on laissa périmer cet usage : « Ce qui a été
observé pendant longtemps et ne s'observe plus aujourd'hui, le Cha-
pitre et ledit couvent ayant négligé de se notifier l'un à l'autre le
décès de leurs membres. » {Invent, des titres, p. 268.)
(4) Ces chanoines de l'ancienne fondation, qu'on appelait souvent
87
justitiam (i), mediam et bassam, carceres, patibulum,
baill[ivum], vicecomitem clientem et tabellionatum et
feodos prout inferius declarantur.
Dicti canonici habent feodum vulgariter nuncupatum
le fief des Huict Chanoines gallice, et se extendit a foveis
civitatis Ebroicensis usque ad Angervillam et usque ad
forestam domini nostri Régis nuncupatam la Haye le
Conte (2).
« les Huit » ou, à cause du domaine d'Angerville qu'ils possédaient
en commun, « les Huit Barons », avec le doyen et le grand-
chantre, composaient au début tout le chapitre, il reste d'eux, dans
une des chapelles du pourtour de la cathédrale, un souvenir des plus
singuliers, le médaillon de pierre, en demi-relief, ayant servi de
clef de voûte au chœur de Notre-Dame de la Ronde, rebâti
en i5o5 par les Huit Chanoines qui en étaient patrons et curés pri-
mitifs. Dans un encadrement circulaire ou cerne de nuages stylisés,
la Vierge à l'Enfant — Notre-Dame d'Evreux — réunit à ses pieds,
en deux groupes rappelant vaguement ceux qui entourent la Vierge
protectrice du musée du Puy ou la Vierge de la miséricorde des
Très riches Heures, les coseigneurs d'Angerville. Telle est précisé-
ment, et c'est une remarque qui n'avait pas été faite, la description,
à quelques détails près, des armoiries de leur baronnie enregistrées
en vertu de l'édit de i6g5 : d'azur à une Notre-Dame d'argent
appuiant ses pieds sur un croissant de même, accostée de deux
fleurs de lis d'or et accompagnée, en pointe, de huit chanoines de
carnation, vêtus de sable, revêtus d'un surplis d'argent, ayant leur
aumusse sur le bras, étant à genoux, quatre de chaque côté, les
mains jointes (Bibl. nat., mss. Armoriai général, III, 3q5). On
sait encore, par le Mémorial (p. 141), qu'à l'église de la Ronde,
« pour remarque de la dévotion de ces chanoines, ils se firent
peindre en la principale vuitre derrière l'autel, avec cette inscription
qu'ils l'ont donnée en l'an 1524 ».
(1) Arrêt maintenant les Huit Chanoines d'Evreux en possession
de la haute justice et plaid de l'épée dans leur terre située aux pa-
roisses de la Ronde et d'Angerville. [Olim, I, fol. 63 r°.)
(2) Cf. le dénombrement des biens et revenus de l'église d'Evreux,
88
Item, possunt exercere suam jurisdictionem tempo ralem
in domo quam pro nunc habitat dominus Ricardus
Gueroult, succentor, jungens, ex uno latere, hortis seu
jardinis domorum canon[i]alium Sancti Joannis et
Agnus Dei (i) et, ex alio latere, domui magistri Joannis
Milonis, canonici, ex uno butto, vico et, ex alio, horto
domus cantoriae, et percipiunt super eadem domo Ix s.
redditus.
Item, habent alium feodum prope Damvillam, in
parrochia de Autenay, nuncupatum le fief Gebert.
Item, habent franchisias in foresta Régis pro omnibus
suis hominibus, suntque exempti de fouagio, decustuma
et de panagio (2).
Item, dicti Octo Canonici habent quilibet domum
mansionalem, cum stabulis et grangiis, apud Anger-
villam (3), et quilibet ipsorum habet quadraginta acras
terrae, vel quocirca, una cum franchisiis, denariis, capo-
nibus et decimis debitis per suos homines in dicta sua
terra commorantes.
Item, ad ipsos Octo Canonicos spectat jus patronatus
de l'année 1400, et une déclaration de i52i. (Arch. de l'Eure,
G. 73.)
(1) Les maisons canoniales portaient à peu près toutes le nom
d'un saint ou d'une sainte. L'une d'elles, dite de Saint-Fiacre ou de
l'Ane (sic), avait servi de prison au chapitre.
(2) Sur ces droits et les autres franchises, usages et libertés dont
jouissaient les huit chanoines en la forêt d'Evreux, voir le dénom-
brement ci-dessus cité.
(3) « C'est assavoir que a iceulx huit chanoines de la dite ancienne
fondation, appartient au dit lieu d'Angerville, a cause et par raison
de leur dit noble fief, huit mannoirs, maisons et masures, avec les
jardinages, haies, mainplant * et clostures dessus estans a chacun
mannoir appartenant avec plusieurs terres labourables, etc. » (Ibid.)
* Mainplant, nouveau plant, jeune plant de vigne. (Du Cange.)
ecclesiarum parrochialium Beatae Marioe de Rotunda et
de Angervilla.
Item, percipiunt omnes décimas granorum vallis Ebroi-
censis, tam grossas quam minutas.
Item, percipiunt decimam de Longo Dumo et de
Magdalena, una cum duabus partibus decimœ de Melle-
villa.
Item, capiunt duas partes decimarum in parrochia de
Angervilla, una cum camparto.
Item, apud Netrevillam, capiunt tertiam partem grossrc
decimae, una cum minutis decimis.
Item, capiunt totalem decimam vinorum, videlicet, in
costa Justitiœ Régis, in bordellis, in jardinis episcopi, au
Valliton et in costa Justitice ipsorum Octo Canonicorum ;
attamen episcopus et capitulum percipiunt décimas vino-
rum in suis d[i]magiis ab antiquo limitatis.
Item, capiunt tertiam partem decimae vinorum in
Garennis, in Parvis Montibus et apud Rabeel.
Item, dominus des Arvolus (i) débet, singulis annis,
in festo Paschae, dictis Octo Canonicis cuilibet unum par
cirotecarum quae distribuuntur eis.
Item, omnes subditi commorantes in terra seu feodo
ipsorum debent, singulis annis, pro quolibet foco duos
denarios Par.
Et est notandum quod, pro acquitando dictum feodum
Octo Canonicorum erga dominum Regem et pro ser-
viendo e[i] in suis guerris, fuit tradita pars feodi ipsorum
pnedecessoribus domicellœ Guillemets Guillarbos, nunc
uxoris Joannis Sauvage, scutiferi (2), qucequidem domi-
(1) Les Ervolus, fief au Plessis-Grohan dont Guillaume Le Caron,
écuyer, était seigneur en 1497. Il fut ensuite aux Quincarnon.
(2) « Item, met en son dit adveu que de luy est tenu ung fief de
haubert, nommé le fief de Maubuisson, dont les hoirs de Gaillarbos
90
cella processit et descendit ex progenie defuncti Pétri
du Buisson, militis, domini du Maubuisson Jet de Sissay
prope Ebroicas, qui tenetur et oneratus est, ac etiam ejus
haeredes, acquitare et exonerare dictum feodum Octo
Canonicorum ab omni onere ad quod ipsi tenebantur in
guerris dicti Régis, ut constat per litteras antiquas.
Item Octo Canonici praedicti capiunt supra thesau-
rarium dictae ecclesiae, singulis annis in festo Paschae,
super débita dictae ecclesiae, quilibet decem libras Tur.
Item, super truncis dictae ecclesiae, capiunt annuatim
quilibet xxu solidos.
Item, habent, pro anniversario Theodorici, archidia-
coni Ebroicensis, summam quatuor librarum Tur. quas
distribuunt in choro praesentibus qui sunt de Octo in
choro dictae ecclesiae die xxija ( t ) decembris, et assignantur
ont adepresent le droit. Jehan Le Sauvage, escuier, a cause de sa
femme, en tient les trois quarts en sa main. . . » (1454. Aveu au Roi
de la terre et seigneurie de Damville par Jean de Montmorency.)
Dans les Monstres generalles de la noblesse du bailliage d'Evreux
en 146g, Jean Le Sauvage, seigneur de Cissay en partie et du fief
de Maubuisson, assis au Nuisement (réuni à Manthelon), est dit de-
meurer au bailliage de Gisors.
( 1 ) Lis. xija. A cette date : « Obitus Tierici, archidiaconi Ebroicensis
qui dédit viginti libras Tur. super domum suam ad quernellos (la
maison aux créneaux), quia domini de ea habebunt xv libras pen-
sionis; item, xxxix s. annui redditus apud Rochetam. Item, quicquid
adquisivit in terra Octo Canonicorum distribuetur ipsa die inter
illos de Octo qui interfuerint per antiquiorem ipsorum. » [Obi-
tuaires mss. de la cathéd. d'Evr.) — 1490. Sentence rendue par Jean
Fillon, lieutenant général de Jacques de Chambray, bailli d'Evreux,
pour régler les difficultés survenues au sein du chapitre, relative-
ment à la célébration de l'obit de « deffunt Thierry, archidiacre et
chanoine » et aux distributions qui avaient lieu à la fin de la messe
célébrée à son intention le 12 décembre de chaque année (Invent,
somm. des Archiv. départ., p. 45.)
9i
dictae iiij 1 supra domum presbyteralem curati de Ro-
tunda.
Item, capiunt in omnibus festivitatibus beatae Mariae
medietatem candelarum oblatarum in eadem ecclesia a
principio primarum vesperarum usque in crastinum,
incipiendo a Gloria in excelsis Deo (i), in quibus can-
delis cantor habet portionem suam.
a) Magister Jordanus Le Viconte (2) tenet ad praesens
alteram praebendarum de Octo, in parte dextra chori.
Et, ratione dicta? praebendae, habet suos grossos fructus
super redditibus proventibus et decimis Octo Canoni-
corum superius declaratis, tam in denariis, granis, vinis
et aliis emolumentis,
Item, habet decem libras super thesaurarium dictae
ecclesiae.
Item, habet viginti solidos Tur. supra truncos ec-
clesiae.
Item, f habet] suam portionem candelarum et unum par
cirothecarum.
Item, est capax distributionum chori et de communia
capituli, et habet vocem in capitulo, etlucratfur] interes-
sendo et assistendo in divino servitio, juxta statuta lauda-
bilia ipsius ecclesiae.
Item, dicta praebenda est de taxa : xxv L, et de décima
reducta : 1 s.
(1) Cette partie de phrase est peu compréhensible.
(2) Son obit se célébrait le 18 septembre qui est marqué comme
étant le jour de son décès. 11 avait fait diverses fondations, dont
celle d'une haute messe pro defunctis, après laquelle était chantée
l'absoute ad sepulcrum pie recordationis defuncti magistri Roger i
de Tournebu, in sacra pagina professons ac penitenciarii et cano-
nici prefate ecclesie Ebroicensis. Ce dernier était l'oncle maternel
de Jourdain Le Vicomte.
92
Item, habet, apud Angervillam, domum, grangiam,
et alia adjacentia, una cum quadraginta acris terrae, et
potest habere colonum seu firmarium ad colendas terras.
b) Magister Joannes Aubert (i), in parte sinistra chori,
modo tenet alteram praebendarum de Octo.
Et, ratione dictae prœbendae, habet suos grossos fructus
super redditibus, proventibus et decimis Octo CanonL
corum superius declaratis.
Item, habet, apud Angervillam, domum, grangiam et
alia aedificia adjacentia cum horto, et habet quadraginta
acras terrae vel quocirca.
Item, capit decem libras supra thesaurarium, super
débita ecclesiae, et viginti solidos supra truncos ecclesiae.
Item, habet suam portionem candelarum et unum par
cirothecarum.
Item, est de communia capituli, habens vocem in dicto
capitulo, et interessendo et assistendo divino servitio
lucratur quotidianas distributiones.
Item, dicta prœbenda est de taxa : xvij 1. x s. Et de
décima reducta : xxxv s.
c) Magister Guillelmus Postel (2), nunc magister
(1) Jean Aubert, « chanoine d'Evreux et prieur de Verneuil », dit
une généalogie manuscrite, était fils de Thomas Aubert, « sieur de
Montigny-sur-Avre, près de Verneuil-au-Perche et de Marie »
Un de ses frères, Mathieu, avocat, puis président en la Cour des
Aides, à Rouen, avait été avocat du Roi à Évreux. Un second Mathieu
Aubert, écuyer, licencié ès-lois, est vicomte d'Evreux en 1540.
(2) Guillaume Postel, fils de Jean Postel, sieur des Minières, et de
Catherine Lespringuet, fut curé de Martainville-sous-le-Val, chanoine
d'Evreux en même temps que chanoine de la Saussaye et prébende
d'Angreville en la cathédrale de Rouen. Docteur en médecine, il
assistait, peut-être à ce titre, le bailli d'Evreux, Jacques de Cham-
bray, pendant sa dernière maladie, et signa au testament. Il testa
lui-même le 26 mai 1527 et mourut au mois d'août de l'année sui-
93
Jacobus Postel (i), [de parte dextra] chori, modo tenet
alteram praebendarum de Octo.
Ratione suas prœbendae, habet suos grossos fructus
supra proventibus, redditibus, decimis et aliis superius
declaratis.
Item, habet, apud Angervillam, domum mansionalem,
grangiam et alia asdificia adjacentia, una cum quadraginta
acris terrae vel quocirca, et ad colendas terras potest habere
colonum seu firmarium.
Item, capit decem libras Tur. in festo Paschae a the-
saurario super débita ecclesioe et viginti solidos supra
iruncos ecclesiae.
Item, habet suam portionem candelarum in festis
beatae Mariae et unum par cirothecarum in festo Paschae.
Item, est communicarius capituli, habens vocem in
capitulo, et interessendo et assistendo divino servitio
lucratur suas distributiones quotidianas.
vante. Il avait, plusieurs années auparavant, résigné à son neveu le
canonicat d'Evreux, mais je n'ai pu découvrir à quelle date.
(i) Jacques Postel, né le 2 août 1496 de Thomas Postel, sieur des
Minières, du Cormier, du Colombier, de Sainte-Marthe et des Four-
neaux, et de Catherine Challenge, sœur du chanoine de ce nom. Il
fit, en 1 538, déclaration pour les terres à lui échues par le décès de
son père et, avant l'année 1543, des preuves de noblesse où il se
qualifie « noble et discrète personne maistre Jacques Postel, presbtre,
chanoyne d'Evreux, curé d'Infreville et sieur de la terre et seigneurie
des Mignières-Postel, Nagel et Cavoville ». Il fut, à trois reprises,
chanoine de la Saussaye et enfin doyen de cette église collégiale,
où il reçut la sépulture le 10 avril 069. Il avait été archidiacre du
Neubourg de i566 à 1569. C'est à lui que nous sommes redevables
de la plus belle des clôtures de chapelles de la cathédrale d'Evreux,
cette élégante balustrade de menuiserie, décorée de ses armes, que
notre émdit ami M. l'abbé Porée, si bon juge en choses d'art,
alhrmait être « un pur chef-d'œuvre ». On en verra la description,
accompagnée d'une excellente héliogravure, dans sa notice : Les
clôtures des chapelles de la cathédrale d'Evreux, p. 12 et 21-24.
94
Item, dicta praebenda est de taxa : xx 1. Et de décima
reducta : xl s.
d) Magister Joannes Milonis (i), in parte dextra chori,
modo tenet alteram prœbendarum de Octo.
Et, ad causam suae prœbendae, percipit suos grossos
fructus super proventibus, reddîtibus, decimis granorum
et vinorum Octo Canonicorum superius declaratis.
Item, habet, apud Angervillam, domum mansionalem.
torcular quod ipseœdincari fecit, cum grangia et stabulis,
sicfut] aliis aedificiis pro habitatione sui firmarii, cum
quadraginta acris terrae vel quocirca.
Item, habet hortum fructificibus plantatum et mûris
lateribus coopérais] clausum, et ad augmentum dicti
horti, ut esset quadratus, habuit et acquisivit a quodam
vicino quemdam parvum hortum.
Item, capit decem libras Tur. a thesaurario in festo
Paschae supra débita ecclesiœ et viginti solidos super
truncos.
Item, habet suam portionem candelarum in festis
beatae Mariae et unum par cirothecarum in festo Paschœ.
Item, est communicarius capituli, habens vocem in
capitulo, qui lucratur distributiones quotidianas interes-
sendo et assistendo divino servitio.
Item, dicta praebenda est de taxa : xvij 1. x s.
Et de décima reducta : xxxv s.
(i) Présenté le 28 avril 1499 à la cure de Saint-Nicolas d'Evreux,
Jean Milon démissionnait le même jour. Je n'ai recueilli sur son
compte aucun autre détail, mais son décès est enregistré avec date pré-
cise : « Anno Domini millesimo quingentesimo nono, die vij mensis
septembris, obiit venerabilis vir magister Johannes Milonis, dum
viveret canonicus et secretarius Ebroicensis, qui quidem Milonis
edificari fecit unam domum novam canonicalem in loco vulgariter
nuncupato de Normanvilla super vicum Civitatis et unam aliam
novam domum supra ortum dicti loci » (Obituaires mss.).
95
e) Magister Joannes Henry (i) modo tenet alteram
prœbendarum Octo Canonicorum, in parte d extra chori.
Et, ad causam dicta? pra?benda?, percipit grossos fructus
super redditibus, proventibus, decimis granorum et vi-
norum Octo Canonicorum superius declaratis.
Item, habet, apud Angervillam, domum, grangiam et
alia a?difïcia, hortum et quadraginta acras terra? vel quo-
circa.
Item, capitdecem libras super thesaurariumecclesia? in
festo Pascha? et viginti solidos supra truncos.
Item, habet suam portionem candelarum in festis
beata? Maria? et unum par cirothecarum in festo Pascha?.
Item, est communicarius capituli, habens vocem in
capitulo, qui lucratur et percipit disiributiones quoti-
dianas assistendo et interessendo divino servitio.
Item, dicta pra?benda est de taxa reducta : xxv 1.
Ex de décima reducta : c s.
Item, ad causam dicta? pra?benda?, habet jus patro-
natus capella? Sancti Juliani, proviso quod in dicta
ecclesia nullus sit canonicus descendens ex progenie de
Essartis ; si vero esset canonicus de dicta progenie, jus
patronatus dicta? capella? sibi spectaret per fundationem
dicta? capella?.
/) Magister Arturus Fillon (2) modo tenet alteram
(1) Il y a lieu de croire qu'il était le neveu d'un autre Jean Henry,
seigneur de la Guéroulde, conseiller du Roi au Parlement, grand-
chantre de Notre-Dame de Paris, archidiacre d'Ouche et chanoine
en la cathédrale d'Évreux, et de Mathieu Henry, vicomte de Conches
et de Breteuil, sieur du Broullard et de la Guéroulde. (V. Bonnin,
Monstres generalles de la noblesse du bailliage d'Evreux en
146g.)
(2) Arthur Fillon, docteur en théologie de la maison de Navarre,
l'un des plus habiles orateurs de son temps. Né en 1477 à Verneuil,
nommé le 1er juin i5o5 au prieuré de la Maison-Dieu de cette ville,
96
praebendarum Canonicorum Octo, in parte sinistra chori.
Et, ratione dictas prœbendœ, percipit grossos fructus
suos super redditibus, proventibus, decimis granorum et
vinorum Octo Canonicorum superius declaratis.
Item, habet, apud Angervillam, domum, grangiam
et alia œdificia, hortum et quadraginta acras terrae vel
quocirca.
Item, capit decem libras supra thesaurarium ecclesiœ
in festo Paschae et viginti solidos supra truncos.
Item, habet suam portionem candelarum in festis
beatae Mariae et unum par cirothecarum in festo Paschae,
Item, est communicarius capituli, habens vocem in
capitulo, qui percipit distributiones quotidianas interes-
sendo divino servitio.
Item, dicta praebenda est de taxa : xx 1.
il était chanoine d'Evreux dès le 28 février précédent et conserva
cette prébende jusqu'en octobre i522. Chanoine de Rouen, curé de
Saint-Maclou, vicaire général des deux cardinaux d'Àmboise, il fut
par l'un d'eux, dont il était l'intime ami, désigné pour exécuteur
testamentaire. Député jusqu'à dix fois pour le clergé aux États de
Normandie, il le fut également vers le Roi afin de négocier l'impor-
tante affaire des francs-fiefs qui se termina au mieux des intérêts de
la ville de Rouen et de toute la province. Nommé évêque de Senlis,
il fonda quatre bourses au collège d'Harcourt pour autant d'écoliers
pauvres, deux de Senlis et deux de sa ville natale. Une tradition
recueillie par Guilmeth (Notice sur Verneuil) et Langlois (Hist. de
la ville de Laigle) veut que la tour de la Madeleine de Verneuil ait
été élevée sur les ordres et grâce aux subsides d'Arthur Fillon. Une
des statues dont elle est ornée, placée sur le flanc est, serait « celle
de Fillon, à genoux, ayant sur le bras gauche l'aumusse de chanoine,
ce qui annoncerait que, quand il bâtit la tour, il n'était pas encore
évêque ». Elle n'a point de pendant, m'écrit M. l'abbé Porée qui a
fréquemment visité Verneuil, et le personnage paraît en prières
devant un évêque placé sur l'une des faces du contrefort central
(Lettre du 11 janvier 1906).
97
Et de décima reducta : xl s.
g) Franciscus Esmengeart (i) modo tenetalteram prae-
bendarum Ocio Canonicorum, in parte dextra chori.
Ratione dictae pnebendae, percipit suos grossos fructus
super rcdditibus, proventibus et decimis Octo Ganoni-
corum superius declaratis.
Item, habet, apud Angervillam, domum, grangiam et
alia aedificia pro habitatione firmarii, hortum fructi[ri]ci-
bus planiatum et quadraginta acras terne vel quocirca.
Item, capit decem libras Tur. supra thesaurarium
ecclesiae in fesio Paschae et viginti solidos supra truncos
ecclesiae.
Item, habet suam portionem candelarum in festis
beatae Maria.1 et unum par ciroihecarum in festo Paschae.
Item, est communicarius capituli, habens vocem in
capitulo, et percipit quotidianas distributiones interes-
sendo divino servitio.
Item, dicta praebenda est de taxa : xx 1.
Et de décima reducta : xl s.
h) Magister Joannes Brouart (2) modo tenet alteram
praebendarum Octo Canonicorum, in parte sinistra chori.
Et, ad causam dictas pnebendae, percipit suos grossos
fructus supra redditibus, proventibus et decimis Octo
Canonicorum superius declaratis.
Item, habet, apud Angervillam, domum, grangiam et
alia aedificia et hortum, una cum quadraginta acris terrae
vel quocirca.
(1) F. Esmangard fonda en 1 538, à l'autel Saint-Martin, une
chapelle du Saint-Esprit. Ce chanoine décéda en 1 53g, le 4 juillet,
jour où, à la cathédrale, était célébré son anniversaire.
(2) Nommé le 21 juillet i5i6 à la chapelle de Toussaint, à Saint-
Pierre d'Evreax., il permuta quinze jours après pour la cure de Saint-
Gilain-sur-Avre; f en septembre i522.
.98
Item, capit decem libras Tur. super thesaurarium
ecclesiae in festo Paschae et viginti solidos super truncos.
ïtem, habet suam portionem candelarum in festis
beatae Mariae et unum par cirothecarum in festo Paschae.
Item, est communicarius capituli, habens vocem in
capitule», et percipit quotidianas distributiones interes-
sendo divino servitio.
Item, dicta praebenda est de taxa : xx 1.
Et de décima reducta : xl s.
Pr^benda de Bernienvilla, Paintienvilla et Cher-
ray ( r ) quam nunc tenet magister Michàel Daniel (2),e[s]t
est de latere dextro chori.
Ratione dictai praebendae, habet jus patronatus eccle-
siarum parrochialium de Bernienvilla, Paintienvilla et
Gharreyo.
Et, in praedictis parrochiis, capit praebendatus suos
grossos fructus in modum qui sequitur, videlicet, in Ber-
nienvilla, situata in archidiaconatu et decanatu Novi-
burgi, accipit praebendatus omnes grossas décimas et
curatus loci solum habet, super grangia praebendati,
duos modios grani, et in Pintheanvilla, sîta in praedictis
(i) La charte de fondation (fin du xne siècle) par Adam de Cierrey
et la confirmation de cet acte par son fils Guillaume, frère de l'évêque
d'Evreux, Garin de Cierrey, sont au cartulaire 1 du chapitre,
n°s io i et 102, fol. 24 v°.
(2) Fils de Michel Daniel, sieur du Bois-d'Ennemets, avocat du
roi au bailliage de Gisors, et d'isabeau Daguenet. Chanoine de la
collégiale de Mantes, curé de Saint-Sulpice de Varvannes, au diocèse
de Rouen, et chapelain de Saint-Jean dans l'église de Gisors, il per-
mutait, en 1494, ces bénéfices pour un canon icat d'Evreux. Vicaire
général d' Ambroise Le Veneur, chanoine de Vernon et de Saint-Louis
de la Saussaye, il mourut le sixième jour d'octobre i5a . En i5i8,
il avait été député aux États de Normandie pour le clergé du bailliage
d'Evreux.
99
archidiaconaiu et decanatu, prœbendatus percipit duas
partes grossarum decimarum et curatus tertiam partem,
et in Cherrayo, qui est in decanatu de Passeyo, sub
archidiaconatu Ebroicensi, prœbendatus capit duas partes
grossarum decimarum et curatus tertiam partem.
Estque dictus praebendatus, ratione prœbendoe, com-
municarius et particeps in distributionibus quotidianis,
honoribus et emolumentis, sicut cœieri canonici, sine
aliqua exceptione.
Et est de taxa reducta ad : xl libras.
Et de décima reducta ad : iiij 1.
Pr^ebenda de Hecuria et de Sancto Garone ( i ) quam
nunc tenet magister Georgius de Vico (2), et est de latere
sinistro chori.
Ratione dictas praebendœ, habet jus patronatus eccle-
siarum parrochialium de Hecuria et de Sancto Carone.
Item, praetendit habere jus patronatus capellœ de
Chambines sitee in parrochia de Hecuria.
Item, ad causa m fundationis dictae prasbendae, percipit
duas partes omnium grossarum decimarum granorum
(1) Jean de Chambines, dont le nom se lit dans le cartulaire I du
chapitre, n° 89, fol. 22 r°, doit être regardé comme le véritable fon-
dateur de la prébende d'Hécourt et Saint-Chéron, dont il augmenta
considérablement les revenus (tin du xne siècle). Cependant, comme
le fait remarquer le Dict. hist. de VEure, II, p. 36o, il est possible
qu'elle ait dû son commencement à Hugues de Chambines, oncle
du précédent, qui était, dès 1164, grand-chantre de la cathédrale
d'Evreux.
(2) f le 3 mars i5o8 (n. s. i5og). Par les présentations à la cure
d'Hécourt, on voit qu'il était déjà, en 1482, pourvu de la prébende.
Un Georges de la Rue, curé de Canteleu, près Rouen, cité comme
témoin dans une enquête au sujet de l'élection de Jean La Balue à
l'évêché d'Evreux, paraît être le même que le chanoine d'Hécourt.
WBUOTHECA
100
excrescentium in dictis duabus parrochiis, exceptis
aliquibus terris ab antiquo elemosynatis curatis praedic-
tarum ecclesiarum.
Estque dictus pracbendatus communicarius et particeps
omnium distributionum quotidianarum cum honoribus
et emolumentis universis, sicut cœteri canonici.
Et est de taxa reducta ad : xx 1.
Et de décima ad : xl s.
Pr^ebenda de Esmanvilla et Semervilla (i) quam
nunc tenet magister Petrus Mesenge (2), et est de latere
dextro chori.
Ad causam dictae praebendas percipit praebendatus
omnes et singulas décimas grossas granorum dictae par-
rochiœ, pro quibus débet curato octo sextaria bladi et [ ]
duodenas avenae, excepto quodam triegio in quo thé-
saurus ecclesiae percipit decimam.
(1) Richard de Hereford, fils d'un seigneur de Breteuil, Emma, sa
femme, et son beau-fils (Gillebertus privignus predicti Ricardi)
fournirent la dotation de cette prébende (1 1 ig-i i35). V. le cartu-
laire I du Chapitre, n» 206, fol. 42 vo.
(2) L'un des trois chanoines prébendes de Nécy, en la cathédrale
de Rouen, par suite de la résignation de Jean Bohier (i4g5), et
trésorier de l'archevêque G. d'Amboise du 29 septembre 1494
au 29 septembre i5o6. Le 8 avril suivant, Pierre Mesenge entre-
prit le pèlerinage de terre sainte, avec une quinzaine de compa-
gnons « meuz comme lui de dévotion de aller visiter le glorieux
sainct sépulcre de nostre Saulveur Jhesus Grist en Jherusalem et
aultres lieux saincts » et ne fut de retour que le 26 décembre, après
une absence de neuf mois et demi. Il a laissé, de son pieux voyage,
une relation dont deux copies du xvi« siècle sont conservées à la
bibliothèque de Rouen (A. 280 a et U. 100). Son testament, du
20 mai i52i, fut présenté au chapitre de Rouen le 28 août i522,
ce qui nous donne, à quelques jours près, la date de sa mort. Nous
n'avons pas celle où, fort longtemps auparavant, il céda à Ursin
Chauvin la prébende d'Émanville.
101
Et, rationesuae praebendae, habet jus patronaïusecclesiae
de Semervilla et Esmanvilla.
Pr^ebenda de Cretonk(t), quam nuper tenebat ma-
gister Franciscus Bohier (2) et modo [ ], est
de latere sinistro chori.
Et habet, ad causam praebendae, jus patronatus ad
ecclesiam de Creton.
Ad causam dictae praebendae, percipit praebendatus
omnes décimas infra limites parrochiae, proquibus débet
curato viginti sextaria grani ad mensuram Ebroicensem
juxta concordatum anno 1 3 12 quod est in capsa praeben-
dati, scilicet, tria sextaria frumenti, septem sextaria mis-
tologii, tria sextaria siliginis, quinque sextaria avenae,
(1) Pour cette prébende et un certain nombre de celles qui vont
suivre, l'époque de la fondation est inconnue.
(2) François Bohier, fils de Thomas Bohier et de Catherin:
Briçonnet, fut reçu à une prébende de la cathédrale de Rouen (i522),
doyen de Tours, prévôt de Normandie dans le chapitre de Notre-
Dame de Chartres et abbé commendataire de Bernay (1524). Coad-
jutcur de son onde Denis Briçonnet 0^27), il lui succéda sur le
siège épiscopal de Saint-Malo (1 5^4- 1567). Il s'est fait, avec un
seigneur de sa famille, représenter en costume de prévôt, agenouillé
sur un prie- Dieu à ses armes devant les images de la Sainte Vierge
et de son saint patron, dans une verrière placée au chevet de la petit''
église paroissiale de Vraiville. 11 ne paraît pas qu'il ait jamais été
chanoine d'Évreux. Comme le montrent divers actes capitulaires, il
faut substituer ici à son nom celui de son oncle Jean Bohier, frère
du cardinal Antoine Bohier, qui fut reçu le 18 novembre 1494 au
canonicat et prébende de Creton et le 17 mars i5o3 à une prébende
d la cathédrale de Rouen qu'il ne conserva qu'un an. Chanoine de
l'église de Clermont, chanoine et ch intre dans celle, de Paris, con-
seiller-clerc au parlement de cette ville, il était président aux En-
quêtes quand il fut nommé à l'évêché de Nevers. Il en prit possession
le 29 octobre i5o8 et mourut le 3o juillet i5i2.
102
très minas hordei et unam minam pisorum et ducenta
fourragiorum, scilicet, medietatem bladi et aliam medie-
tatem avenae. Haec omnia accipere débet curatus in
grangia praebendati.
Pr^ebenda de Piris, quam nunc tenet magister Simon
Dablon (i), est de latere dextro chori.
Et, ad causam dictae praebendae, percipit praebendatus
duas partes grossarum decimarum parrochiae de Piris et
curatus tertiam partem, excepto tam[en] feodo seu domi-
n[i]o de Bigars (2).
Item, percipit super curatum de Gamba sex sextaria
hordei ad [parvam] mensuram valentem quatuor sextaria
ad magnam mensuram.
Item, est communicarius capituli, particeps distribu-
tionum et omnium emolumentorum ac jurium canonici
praebendati.
Et est de taxa reducta : xv 1.
Et de décima reducta : xxx s.
Pr^ebenda fundata super vicecomitem de Paceyo, quam
nuper tenebat magister Guillelmus Chalenge (3), modo
], est de parte sinistra chori.
(1) Ce prébende de Périers fonda, en la faisant suivre d'un repas
(conrreyum) pris en commun par les chanoines, une messe le
2 5 novembre, fête de sainte Catherine, dans la chapelle de la con-
frérie de ce nom, devant l'autel de laquelle il est enterré. Son obit,
marqué au 27 octobre, laisse entendre qu'il décéda à pareil jour
de l'année i5i 1.
(2) Le fief de Bigards, dont le chef- mois était à Nassandres, avait
quelque extension sur le territoire de Périers.
(3) Guillaume Challenge, fils d'un président au Parlement de
Normandie où il eut lui-même la charge de conseiller-clerc, fut,
en 1 5 1 1 , prince de l'Académie des Palinods. Sans entrer dans
103
Et, ad causam dictae praebendae, praebendatus percipit
supra dictum vicecomitem pro suo grosso, singulisannis,
summam xiij librarum Tur.
Item, estcommunicariuscapituli, capax distributionum
et omnium emolumentorum ac jurium canonici praeben-
dati.
Et est de taxa reducta : x 1. x s.
Et de décima reducta : xxj s.
PRjEBENDA ANNEXA CANT0R1,E, FUNDATA SUPRA SIGILLUM
episcopi, quam modo tenet magister Joannes Hunaud.
Ad causam dictœ praebendae, dictus cantor percipit
annuatim supra sigillum episcopi centum decem solidos
solvendos in duabus synodis, estque communicarius ut
supra declaratum est.
Et est de taxa reducta : lv s.
Et de décima reducta : v s. vj d.
l'énumcration des bénéfices qu'il obtint successivement, il suffira de
rappeler une des deux portions de la cure de Notre-Dame de Lou-
viers, ville dont son frère était bailli et où sa famille avait fondé
et décoré la chapelle qui porte aujourd'hui encore leur nom. Cha-
noine de la Saussaye jusqu'en 1529, chanoine et chantre de la cathé-
drale de Rouen (i5o8 et i5ai), il alla reposer dans l'aile droite du
chœur de cette dernière église, sous une dalle de pierre gravée de
huit vers qui nous révèlent son âge et le jour où il trépassa :
En Guillelmus adest Chaliengeus, nobilis ortu,
Consule Rothomagi prœside pâtre satus ;
Princeps Ebvoicis diaconus et œde sonorus
Hac prœcentor, habens hic et ibi canona ;
Arte potens cantus fidiumque peritus, honesto
Magnifiais sumptu pauperibusque pius ;
Quarto hune sexagenum augusti sole tulerunt,
Ter septem adpositis lustra decem decies (4 août 1 535).
La dignité d'archidiacre d'Évreux {princeps diaconus), quoiqu'il
n'en ait été revêtu qu'à partir du 3o août i533, c'est-à-dire durant
moins de deux ans, n'a pas été oubliée dans l'épitaphe.
i 04
( Pr,ebendjE de Brovilla ( i ) . ]
a) Altéra praebendarum de Brovilla, quam tenet nunc
magister Joannes de Podio Harbaudi senior (2), est de
latere dextro chori.
Ad causam dictae praebendœ, dictus praebendatus per-
cipit duas partes decimarum grossarum granorum et vino-
rum territorii magnae portionis,
Et est notandum quod sunt duae praebendae fundatae
apud Brovillam, una dicitur magnae portionis, altéra
dicitur parvae portionis, et est quaedam semita faciens
separationem decimagiorum dictarum prasbendarum,
nam magna portio percipit décimas territorii sui a dicta
semita usque ad manerium de Brovilla et parva portio
capit de altéra parte versus les Angles.
Item, dicti praebendati, in suis portionibus, capiunt
duas partes omnium minutarum decimarum, videlicet,
pisorum, fabarum, lini, canapis, pavoti, aliarum, cepum,
pomorum, pirorum et quorumcumque leguminum ac
etiam fœni.
Et est dictus praebendatus communicarius, particeps
distributionum.
Et est de taxa reducta ad : x 1. Tu r.
(1) Un des historiographes d'Evreux, Jean Lescalier, attribue à
l'évêque Hugues (910-942), sans fournir, d'ailleurs, aucune preuve,
la fondation des deux prébendes de Brosville.
(2) Dans l'enquête préalable à la reconstruction de l'évêché,
en 1499, pièce importante qu'a publiée M. G.-A. Prévost (op. cit.),
comparaît maître Jean du Puyherbaud, « procureur de révérend
père en Dieu l'evesque d'Evreux ». Ce chanoine, qui fut curé de
Thevray, fit à la cathédrale fondation d'obits aux deux fêtes de la
Sainte-Croix (3 mai et 14 septembre), d'une messe le jour de la fête
de saint Espain (24 octobre) et de la procession qui se faisait, la
veille, à la chapelle renfermant l'autel de ce saint. Un article de
YObituaire met sa mort au 14 juin 1509.
IO)
Et de décima reducta : xx s.
b) Altéra praebendarum de Brovilla, quam modo tenet
magister Joannes [de Podio] Harbaudi junior (i), est de
lateresinistro et dicitur pracbenda parvae portionis.
Ad causam dicta? praebendae, praebendatus percipit, in
dicta parrochia de Brovilla, in sua portione, duas partes
omnium decimarum, tam grossarum quam minutarum,
utgrani, bladi, hordei, avenue, veciae, pisorum, fabarum
et omnium leguminum, vini, fœni, pomorum, pirorum,
et est quœdam semita faciens separationem dictarum
duarum portionum, et se extendit dicta magna portio
versus manerium de Brovilla et parva portio versus les
Angles.
Et est dictus praebendatus communicarius et capaxdis-
tributionum.
Et est de taxa reducta : x 1. Tur.
Et de décima reducta : xx s.
Pr^benda de Nocumknto, Authenayo et Cantulupi
quam modo tenet magister Jacobus Louet (2) est de latere
dextro chori .
Et ad causam dicta; praebendœ, praebendatus habet jus
patronatus ecclesiarum de Nocumento, de Authenayo et
Cantulupi ac capellae de Malodumo.
(1) Sa notice nécrologique est inscrite au 9 mai, mais sans indi-
cation d'année. Elle place sa sépulture prope altare Divi Spani. Les
Puyherbaud, on le voit, avaient une dévotion spéciale à ce saint
martyr honoré surtout en Touraine. Un de leurs neveux, qui fut,
durant peu de temps, curé de Notre-Dame de Verneuil, en avait
reçu le nom au baptême.
(2) Jacques Louet, chapelain de la chapelle Saint-Nicolas du
château de Laigle, chanoine de Notre-Dame de Paris et conseiller au
parlement de cette ville ; f en i5'5j.
io6
Item, percipit duas partes grossarum decimarum in
dictis tribus parrochiis et curati teniam partem.
Estque dictus praebendatus communicarius capituli et
residendo percipit distributiones et aliaemolumentasicut
cœteri canonici praebendati.
Et est de taxa reducta : xxxv l .
Et de décima reducta : lxx s.
Pr^benda de Sacco et de Rulleyo quam modo tenet
magister Gaufridus Regnart (i) et est de latere sinistro
chori.
Ad causam praebendae, praebendatus habet jus patro-
natus ecclesiarum de Rulleyo et de Sacco et capellae Sancti
Michaelis de Vineis juxta Ebroicas.
Item, habet jus visitationis in dictis ecclesiis, instituit
thesaurarios, audit et claudit compta eorum, facitcorrec-
tiones in cursu sue visitationis.
Nec sunt dictas ecclesias in deportu (2), nec solvunt
synodos et calendas, sed sunt curati decani in suis parro-
chiis.
Item, praebendatus confert scholas de Rullevo.
Item, débet babere jura luneralium dictorum curato-
(1) Comme Robert Regnard, qui lui succéda dans sa prébende, il
était de la famille de Jean Regnard, seigneur de Fourneaux, à
Faverolles-la-Gampagne, fief qui appartint ensuite, par le mariage
de Marie Regnard, à Pierre de Gravelles et à leurs enfants. Geoffroy
Regnard avait, de i486 à 1488, la cure de Saint-Jacques de Ver-
neuil. 11 quitta, par démission, le 3 novembre 1488 la vicairie de
Branville et le 5 août 1492 celle de Mandres par permutation pour
la chapelle Saint-Nicolas de l'offidalité.
(2) « Il y a aussi, dans le diocèse d'Évreux, quelques bénéfices-
cures qui sont exempts de déports ... Les cinq appariteurs de
Tévêque, sçavoir : Rcully, Broville, Sac, Condé et Angerville »
(Routier, Pratiques bénéftciales .)
107
rum defunctorum et percipere fructus quousque curatus
fu[er]it in eis institutus.
item, habet unam decimam in parrochia de Sacco que
potet valere, communibus annis, xxx 1.
Item, habet, supra, curatum de Rulleyo, portionem tre-
decim librarum Tur. et triginta solidos quando visitai,
et parochiani debent sibi prandium.
Item, habet unam parvam decimam quai se extendit in
feodo d1 Yton, quae valet, communibus annis, xxli bucellos
bladi.
Item, habet unam parvam decimam in parrochia de
Mesnillo Fugueti quie valere potest duo aut tria sextaria
grani.
Item, habet jus percipiendi unum ducatum auri super
fructibus capellae Sancti Michaelis.
Et est de taxa reducta : xv 1. Tur.
Et de décima reducta : xxx s.
Item, est communicarius capituli .
[PRiEBENDyE SUPRA SIGILLUM EPISCOPI (i).]
a) Altéra praibendarum fundatarum supra sigillum
episcopi quam modo tenet magister Ludovicus Louvel (2),
et est de latere dextro chori .
(1) L'Abrégé historique dit que ce tut « Audoin ou Audin de
Bayeux (de Condé) (1 1 12-1 i3g) qui fonda trois prébendes en faveur
de ses aumôniers ou chapelains.... sur les emolumens du sceau de
l'évêché ». Dans le (Calendrier historique de 1749, Durand rapporte
le même fait à l'évêque Luc (1 20^-1220). Ni l'un ni l'autre n'a fait
connaître sur quoi est basée son affirmation.
(2) Louis Louvel, frère de Jean Louvel, lieutenant du bailli
d'Évreux, avait été chapelain d'Aubevoye et chapelain de Saint- Vincent
de Landes (1475). Chanoine d'Évreux, il fit réédifier à ses frais la
maison canoniale de Sainte-Marie-Madeleine et fonda, pour le jour
de la fête de saint Taurin, un repas (conrreyum ad instar aliorum
to8
Ad causam dictae prasbendae, pcrcipit praebendatus
supra sigillum episcopi centum quindecim solidos Tur.
in duabus synodis.
Item, est communicarius et particeps communitatum
capituli et percipit distributiones.
Et est de taxa reducta : lvij s. vj d.
Et de décima reducta : vj s. ix d.
b) Altéra praebendarum supra sigillum episcopi funda-
tarum quam modo tenet magister Joannes Tinctoris (r),
et est de sinistro latere chori.
Ad causam praebendae percipit supra sigillum episcopi
annuatim centum solidos Tur. in duabus synodis me-
diatim
Item, est communicarius et percipit distributiones quo-
tidianas.
Et est de taxa reducta : 1 s.
Et de décima reducta : v s.
PrjEBEnda de Houettevilla, quam tenuit magister
R[eginald]us Reinquet (2) et modo tenet magister
conrreyorum festorum triplicium) (1494). Curé de Notre-Dame de
Louviers (1488-15 16) en même temps que Guillaume de Challenge,
il eut, conjointement avec lui et l'official d'Évreux, délégation, par
bulles du pape Jules II, pour connaître d'un appel relatif à la nomi-
nation de l'abbé de Saint-Wandrille (1507). Il mourut le 6 février
i320 et fut enseveli, dans la cathédrale, « au Pardon, prope capellam
Sancti Pétri ».
(1) 11 juillet 1493, la chapelle du manoir de Garembouville est
conférée à Jean Teinturier; — 21 août 1495, Jean Le Teinturier,
curé de Brosville, permute pour la prébende sur la vicomte de
paCy ; — i3 octobre i5o2, J. Le Teinturier quitte la cure d'Avrilly
pour être chanoine d'Évreux et prébende sur le sceau. Il fut aussi
secrétaire de l'évêché d'Évreux et vicaire général d'Ambroise Le
Veneur. En plein chapitre, le 27 novembre i5i4, il fut acciden-
tellement blessé d'un coup violent qui le mit au tombeau quatre jours
après, le vendredi Ier décembre.
(2) 10 février 1496, la chapelle Saint-Thibaut, au prieuré de
109
Joannes Colas (i), et de latere dextro choiï est.
Ad causam dictae prsebendae, praebendatus habet jus
pr^sentationis ad ecclesiam de Houettevilla, fueruntque
plures curati praesentaû per dictos Rinquet et Colas,
scilicet, Gaufredus Alespée (2), magister Nicolaus de
Mailloc, dominus temporalis loci (3), magister Guillel-
mus Guerin, dominus temporalis [de (4) J, et
dominus Joannes de Beauvoys, presbyteri.
Saint-Jacques de l'Hôtel-Dieu, est conférée à Regnault Rainquier,
chanoine d'Évreux. — 1 i septembre (i5o6 ?). Obitus nobilis et dis-
creti viri magistt i Reginaldi de Rainquier, dum viveret canonici
Ebroicensis. — 7 juin ID17. Pierre Rainquier, clerc, prend posses-
sion de la prébende du Plessis. Dans l'église dont cette prébende
avait le patronage on lit, au bas d'une verrière : « Vitrina haec est
de dono spectabilis ac generosi viri Fetri de Rainquier, presbyteri,
canonici Ebroicensis ac prsebendati hujus loci de Plesseio Grohan et
patroni ejusdem ecclesie, i53?. » Ecu de gueules au lion d'or.
(Mém. et notes d'Aug. Le Prévost, II, 546.) Il mourut le 1 1 juillet
i53d. Cette famille, dont les deux chanoines précités furent sans
doute les derniers représentants, habitait Évreux dès le xivc siècle
et posséda à Saint-Germain un petit domaine qui prit d'elle le nom
de fief de la Rinquette ou Ringuette.
(1) Jean Colas, prêtre, curé de Saint-Georges-des-Champs, est
nommé, le 3i juillet i5o6, à la prébende de Houetteville. Par per-
mutation de la chapelle de la Sainte-Vierge et de Tous-les-Saints de
l'église Saint-Pierre d'Evr ,'ux, il devint curé de Saint-Aquilin en
cette même ville et mourut en i52D, année où la cure était vaa.nte.
(2) Geoffroy Alespée, curé de Fontaine-sous-Jouy. (Arch. de l'Eure
G. i38.)
(3) En 1483, Nicolas de Mailloc fait hommage pour Houetteville.
Il était mort en i5oo(D/c*. hist. de l'Eure, II, 388).
(4) Guillaume Garin, sieur de la Houblonnière et du Mesnil-
Vicomte. •— i5i8 ( 1 5 1 9 n. s.), 11 mars. Déclaration de foi et hom-
mage de Guillaume Garin, prêtre, chanoine de Lisieux, pour la
seigneurie de Houetteville, mouvante d'Évreux, et pour les fiefs du
Breuil-Poignard et du Mesnil, mouvants de la vicomte de Conches
(Actes de François Ier).
I 10
Item, dictus praebendatus, pro grosso suae praebendae,
partes duas decimarum dictae parrochiae percipit, vide-
licet, bladi, vini, hordei, siliginis, mistolii, avenae, piso-
rum, vessiae, pomorum, pirorum, tam in agris antiquis
quam in jardinis, ut constat per appunctuamentum fac-
tum inter praebendatum et dictum dominum Gaufredum
Aiespée, signatum per Thomam Vavassorem notarium.
hem, est communicarius capituli et percipit quoti-
dianas distributiones.
Et est de taxa reducta : x 1. x s.
Et de décima reducta : xxj s.
Pr^bend^e de Quiteboto ( i ) . — a) Altéra praebenda-
rum de Quiteboto quam modo tenet magister [Ludovi-
cus] Herbert (2), et est de latere dextro chori.
Dicta prœbenda est fundata supra decimam de Quite-
boto, una cum altéra praebenda quœ nu ne est suppressa
et applicata magistro et pueris chori, ut infra patebit.
Et habet dictus praebendatus jus percipiendi supra dic-
tam decimam suum grossum, narii dicta décima traditur
ad rirmam per capitulum plus offerenti ad certum nume-
rum modiorum grani, supra quo[s] proventus curatus de
Quiteboto capit tôt sextaria bladi quod sunt modia grani ;
deinde, fit petitio dicti grani per capitulum et, petitione
(1) Quittebeuf paraît être une des six prébendes fondées, au milieu
du xne siècle, par Simon, comte d'Evreux. V. Arch. de l'Eure,
G. 122, no 75, fol. 19 ro.
(2) Chanoine d'Evreux du 17 novembre i5oo, Louis Herbert,
frère de Godefroy Herbert, évêque de Coutances, fut archidiacre de
Goutances, chanoine de Rouen et d'Avranches et abbé de Saint-Lô.
Le chapitre métropolitain, per devolutum, le nomma à l'évêché
d'Avranches par acte du 25 février i5io (v. s.). Il mourut le 4 avril
1526 au château du Parc qu'il avait, en 1614, fait reconstruire.
I I T
facta, capitulum capit quinque modia bladi, residuum
vero dicti grani sic dividitur, nam capitulum, de illo
residuo, capit duas partes, tertia vero pars illius residui
dividitur œqualiter inter duos dictos prxbendatos, et sic
dictus praebendatus percipit medietatem tertiae partis dicti
residui.
Item est communicarius et capax distributionis com-
munitatum capituli.
Et est de taxa reducta : x 1.
Et de décima reducta -. xx s.
b) Altéra procbendarum de Quiteboto quam tenebat,
dum viveret, defunctus magister Robertus Le Four-
beur (i), ad supplicationem domini episcopi et capituli
una cum consensu ipsorum et ipsius Le Fourbeur, fuit
auctoritate apostolica,per summum pontificem dominum
Alexandrum papam sextum, suppressa et extincta et
applicata pro fundatione magistri et puerorum chori (2),
ut, de grossis fructibus dictas prebendae et de distribu-
tionibusquotidianis provenientibus de communia capi-
tuli, habeant ipsi magister et pueri sua alimenta, vesti-
menta et omnia necessaria juxta ordinationcm capituli
quad députât unum canonicum ad recipiendos et guber-
nandos fructus et distributiones praedictas et ad provi-
dendum eisdem magistro et pueris de pecuniis prout
capitulum ordinabit.
(1) Il était filsde Roger Le Fourbeur et, par sa mère, Jeanne Cibole,
neveu de Robert Cibole, qui, originaire de Breteuil, fut, comme
on le sait, proviseur au collège d'Harcourt, chancelier de l'uni-
versité de Paris et doyen du chapitre d'Evreux de 1453 à 1458.
Robert Le Fourbeur vécut, croyons-nous, jusqu'au 19 juin i5o2.
(2) Cette suppression se fit sur requête présentée au pape
par l'évêque, le chapitre et le titulaire de la prébende et sur lettres
IT2
Et, ex ordinationedictorum episcopi et capituli, erunt,
decaetero, octo pueri, magister ad instruendos illos in
cantu et submagister ad instruendos eos in gram-
matica.
Et, de caetero, dicta prœbenda non erit in deportu nec
in taxa reducta.
Et habet dicta praebenda medietatem teniae partis resi-
dui grani decimae de Quicteboto una cum distributio-
nibus quotidianis tam in granoquam in pecunia.
Pr^ebenda de Thevrayo quam modo tenet magister
Mathurinus Guyneuf (i), et est de parte dextra chori.
patentes du roi *. « Trois dossiers contenant original des bulles
d'Alexandre VI portant suppression de l'une des prébendes de
Quittebeuf. possédée par Robert Le Fourbeur, pour l'entretien des
enfans de cœur ; copie de la ditte bule et de lettres de Charles, roy
de France, portant permission au chapitre de supprimer la dite
prébende, et ratification de l'extinction et union 4'ice^e ; etat des
revenus et charges de la dite prébende éteinte et supprimée ; des
années 1496 et i5o2. » {Inventaire des titres..., p. 3oo.) La pré-
bende prit le nom de prébende des enfants de chœur. En mémoire
des bienfaiteurs qui l'avaient autrefois dotée de revenus, deux obits
étaient célébrés au lendemain des deux fêtes de saint Nicolas
(10 mai et 7 décembre). A la messe de ces obits, par ordonnance
de l'évêque Raoul du Fou, du doyen et du chapitre, les enfants
de chœur devaient être revêtus, comme des chanoines [ad instar
canonicorum), d'aumusses ou capuces de petit-gris. Deux d'entre
eux remplissaient les fonctions de choraux, quatre autres chantaient
le « trait ». Cette coutume affectait donc, à une époque où ces
naïves solennités tendaient presque partout à disparaître, de faire
revivre la pompe éphémère et puérile qui entourait jadis le petit
évoque de la fête des Innocents.
(1) Mathunn Guyneuf, trésorier et chanoine, prieur et adminis-
trateur de la léproserie Saint-Nicolas d'Evreux après avoir été curé
d'Ec dles-Aîlix, au diocèse de Rouen, f en i525.
* Le grand pouillé, d'après les registres capitulaires, donne pour le décret la date
du 17 novembre 1495 .
Dicta praebenda fuit fundataper dominum deffunctum
Rogeri um de Thevrayo ( i ) .
Et habet praebendatus altam justitiam, patibulum ad
iiijor pillearia, baill[i]vium, vicecomitem et clientem in-
feodatum.
Item, habet plures homines subditos tenentes ab eo
suas terras et masuras.
Item, habet jus patronatus ecclesiae de Thevrayo, et
de hoc habet plures sententias obtentas a suis praedeces-
soribus.
Item, percipit omnes grossas décimas dicta? parrochiae.
Item, in parrochiis [ ].
Item, habet unam grangiam, una cum horto seu jar-
dino plantato arboribus [continente] duas acras terrae vel
quocirca.
Item, habet unam domum cum horto de acquisitione
defuncti magistri Gaufredi de Chaumont (2), et hortus
non est de feodo dictae praebendae.
Item, est communicarius capituli et percipit distribu-
tiones et quaecumque alia.
Item, est de taxa reducta ad : xl 1.
Et de décima reducta : iiij 1.
Praebenda Sanct^e Columbe, quam modo tenet magister
Franciscus Allard (3), est de latere sinistro chori.
(1) La donation que fit Roger de Thevray (n 70-1 179) du patro-
nage de l'église de Thevray, avec les dîmes et autres droits en
dépendant, pour la formation d'une prébende, fui approuvée par
son suzerain, Robert de Meulent. (Archives de l'Eure, G. 122, car-
tul. I du chapitre, n»s 79 et 80, fol. 20 ro.)
(2) Ce chanoine avait eu la prébende sur la vicomte d'Evreux
avant de passer, antérieurement à 1482, à celle de Thevray.
(3) François Allard, chapelain de la chapelle Saint-Thomas
H4
Dictus praebendatus, ad causam dictae praebendae, per-
cipit tertiam partem grossarum. decimarum dictae parro-
chiae, capitulum tertiam partem et prior de Parco(i) ter-
tiam partem.
Item, est communicarius capituli et percipit distribu-
tiones quotidianas et quaecumque alia jura quae canonici
praebendati percipere soient.
Et est de taxa reducta : xij 1. x s. T.
Et de décima reducta : xxv s.
Pr^ebenda de Plesseyo Grohan (2), quam modo tenet
magister Alainus Richart, est de latere dextro chori.
Ad causam dictae praebendae, praebendatus habet jus
patronatus ecclesiae parrochialis de Plesseyo Grohan.
Item, abbas Sancti Taurini et praebendatus partiuntur
et dividunt inter se aequaliter decimam granorum totius
parrochiae, reservato quodam triegio nuncupato triegium
capellae Sancti Briccii, cujus quidem triegii praebendatus
capit decimam.
Item, décima communis inter abbatem et praebenda-
tum reponitur in grangia praebendae et, super portione
praebendati, curatus capit pro suo grosso decem sextaria
bladi.
Item, omnia fourragia decimagii rémanent praeben-
dato, eo medio quo[dJ dictus praebendatus débet facere
martyr à l'hôpital Saint-Antoine de Rouen, permuta, le 19 mars
1494, ce bénéfice pour le canonicat de Sainte-Colombe; f le 9 février
i52i. Je ne sais s'il serait exact de l'identifier avec un archidiacre
du Petit-Caux du même nom.
(1) Le Parc d'Harcourt, prieuré conventuel, O. S. A.
(2) M. T. Bonnin, Analectes historiques, pièce IV, a publié la
charte de fondation, par Simon, comte d'Evreux, de cette prébende
ainsi que de celle d'Avrilly annexée plus tard au doyenné. Ce
document est au cartulaire I du chapitre, n° 76, fol. 19 r°.
1^5
flagellari omnia grana et solvere abbati sex sextaria
bladi.
Item, abbas teneiur ad reparationem cancelli ecclesiae
et praebendatus ad reparationem grangioe.
Item, prœbendatus est communicarius capituli et parti-
ceps distributionum.
Et est de taxa reducta : xx 1.
Et de décima reducta : xl s.
PrjEbenda fundata supra vicecomitem Ebroicensem,
quam modo tenet magister Jacobus Baudoux (i), est de
latere sinistro chori.
Ad causam dictae praebenda?, quae est de fundatione
Régis, praebendatus percipit super denariis receptae dicti
vicecomitis summam decem octo librarum Tur. singulis
annis in termino Omnium Sanctorum.
Item, est communicarius capituli, particeps omnium
distributionum et aliorum emolumentorum, sicut caeteri
canonici prcebendati.
Et est de taxa reducta : vj 1. xvj s. vj d.
Et de décima reducta : xiij s. ix d.
(i) Un arrêt du 28 juillet i5o8 maintint Jacques Baudoux, cha-
noine d'Evreux, en la possession et jouissance du bénéfice-cure
d'Ajou. En 1 5 1 7, le 1er février, il échange cette églis? pour celle de
la Trinité-de-la Charmoye. Le 16 avril i5i8, démission pure et
simple de la cure de la Trinité par Jacques Baudoux. prêtre, cha-
noine d'Evreux. La date de sa mort nous reste inconnue, quoique
la clôture remarquablement sculptée d'une chapelle septentrionale
de la nef, dédiée à Saint-Nicolas, porte, en belles capitales et sur
une seule ligne, le quatrain suivant :
CY GIST MAISTRE IACQVES BAVDOVLX
CHANOINE IADIS SANS DIFFAME
EN CESTE EGLISE BEGNIN ET DOVLX
MA FAICT CLORE A DIEV SOIT SON AME. AM
T I 6
Pr^benda de Crestoto (i), quam modo tenet magister
Guido de Bordeilles (2), est de latere dextrochori.
Est autem dictus praebendatus, ad causam dictae prae-
bendae, patronus ecclesiœ de Crestot, prout meridiana
luce clariusdilucidavit magister Carolus Drouyn (3), mo-
dernus canonicus dictae [ecclesiae] Ebroicensis, in quod
processit strenue, agitato conventu, Gelestinos Medon-
(1) Par un édit d'Orléans, de l'année i56o, cette prébende fut
unie et annexée à la principalité du collège. Une pareille mesure
incorpora au Bureau des pauvres le prieuré de Saint-Jacques de
l'Hôpital ou de la Maladrerie, à charge de verser au principal, pour
lui et ses régents, 400 1. par an.
(2) Peut-être le second fils de François de Bourdeille, baron de
Bourdeille et de la Tour-Blanche, le seul de cette famille qui ait
porté le nom de Guy. Si l'identité pouvait être établie, le chanoine
serait l'arrière-neveu du cardinal Hélie de Bourdeille et l'oncle de
François de Bourdeille, évêque de Périgueux, comme aussi du
fameux abbé de Brantôme.
(3) Charles Drouin avait vraisemblablement été pourvu, peu
avant i52 2, de la prébende de Crestot. Son nom se rencontre
encore dans des actes capitulaires des 18 et 22 juin i543, mais
l'année où il mourut n'est enregistrée nulle part. La clôture de la
première chapelle nord de la nef de la cathédrale, exécutée de son
vivant, sinon et en tout cas dans le deuxième quart du xvie siècle,
rappelle du moins aujourd'hui la mémoire et le suprême vœu du
chanoine défunt. Courant à hauteur d'appui à l'intérieur de cette
grille, se lit un distique latin dont plusieurs mots ont été intervertis
mais qui peut être rétabli ainsi :
dic de p[ro]fvndis missam qvi dixeris o[mn]is
[h]anc precvla[m] c[arolvs] postvlat ipse drov[yn]
Répondant à ses pieuses intentions, un de ses neveux, Gilles
Drouin, chapelain dans l'église cathédrale et curé de Claville, qui
décéda le 28 lévrier i568, prescrivit par son testament la fondation
d'un obit pour le salut de son âme et de celles de ses parents et
amis, parmi lesquels il désigne nommément, avec son propre frère
Gabriel (f en i56y), également prébende de Crestot, vénérable et
discrète personne maître Charles Drouin, leur oncle. Tous trois
tenses et dominos temporale[s] de Chantelou (i) praesu-
mentes aliquale jus habere patronatus in dicta cura,
et hoc acium extitit anno Domini millesimo quingen-
tesimo xxij0 (2).
Et, ad causam dictae praebendae percipit praebendatus
aliquantulam partem decimarum, cum abbate de Becco,
in parrochia proxima.
Pr^ebenda de Fauvilla (3), quam modo tenet [Germa-
nus de Ganay (4)], est de latere dextro chori.
Et, ad causam dictae praebendae, habet jus patronatus
avaient leur sépulture devant l'autel Saint-Esp in, dont la situation
se trouvera ainsi déterminée. Un autre de leurs parents, J. Drouin,
chanoine d'Evreux, vivait dans les premières années du xvie siècle
(1) Louis de la Haye et ses frères, seigneurs de Chantelou (à
Saint- Vigor), de Cesseville, Crestot, etc.
(2) « Liasse de parchemins, contenant titres et pièces du procès
entre le sr Drouyn, prebendé de Cretot et le sr , procureur
des Cclestins de Mantes, et le seigneur de Chanteloup, au sujet du
patronage de la cure du dit lieu prétendue par les dites parties,
lequel a été déclaré appartenir au dit Drouyn par sentence du Pont
de l'Arche et désistement des parties, de l'an i522. >» (Invent, des
titres, etc., p. 286.)
(3) La date de sa fondation est ignorée. J. Lescalier dit seulement :
« L'église Saint-Thomas (d'Evreux) tire son origine a peu près du
même temps que les précédentes. Elle fut fondée par Robert de
Fauville qui l'annexa a sa prébende de Fauviïle qu'il fonda dans la
cathédrale. Il donna a cette prébende, non seulement la dîme de
l'église de Fauville, mais les dîmes qu'il percevoit dans les prés,
dosages et masurages de Saint-Thomas qui n'etoit alors qu'un
village »
(4) Le nom omis est celui de Germain de Ganay. Frère
d'un chancelier de France, conseiller-clerc au Parlement de Paris,
doyen de Beauvais et chanoine de Bourges, il garda la prébende de
Fauville jusqu'en i5i2, année où ce canonicat était devenu vacant
par sa promotion à Tévêché de Gahors. Il fut presque aussitôt trans-
féré au siège épiscopal d'Orléans.
i8
et praesentationem ecclesiarum Sancti Thomae Ebroi-
censis et de Fauvilla.
Item, pensionem octo librarum Tur. super fructibus
dictae ecclesiae Sancti Thomae.
Item, percipit omnesgrossas décimas dictae parrochiae
de Fauvilla et habet grangiam ad reponenda grana, et
tenetur praebendatus soivere curato unum modium.
Item, est communicariuscapituli residendo et percipit
distributiones bladi.
Et est de taxa reducta : xx 1.
Et de décima reducta : xlij s.
Est notandum quod canonici et dignitates recipiuntur
in capitulo prout sequitur:
Primo, faciunt in capitulo suam supplicationem et
praesentant Hueras suae collationis, quo facto, exeunt
capitulum et ipsum seclusum capitulum, visis litteris,
délibérât et conclusionem capit supra dicta receptione ;
deinde, vocatur dignitas vel canonicus ad capitulum et
capit habitum ecclesiae et accedit coram praesidente capi-
tuli et, uno genu flexo, tenet in manibus suis unum gallo-
num vini et unum cheminellum (i), et recipitur et indu-
citur in possessionem dignitatis seu canonicatus et
praebendae per dictum praesidentem per traditionem panis
et vini, et débet canonicus providere de vino et chemi-
nellis si fit potatio in capitulo, et installatur in choroper
cantorem et deinde [recipitur] ad osculumpacis (2).
(1) Chemineau, cheminel ou seminel (V. le Glossaire de Du-
cange, au mot simenellus, dérivé de simila), petit pain ou gâteau
de fleur de farine. Actuellement encore, on continue chaque matin,
à Rouen, la fabrication de cette antique pâtisserie.
(2) Ce petit cérémonial d'investiture et d'installation est particu-
lièrement intéressant.
M9
Dignitas seu praebenda solvit capellanis xx s., succen-
tori xx s , notario capituli xx s., pulsatori x s., pueris
choiï x s. et fabricœ xl s.
Canonicus praebendatus solvit pro capa xx scuta auri,
per novam constitutionem (i), et pro aliis juribus iiijor
libras x s. distribuendafs] ut sequitur, videlicet capel-
lanis xx s., pueris chori xx s., notario capituli xx s., suc-
centori x s. et pulsatori x s.
Praeterea, est advertendum nunc quod, si canonicus
decedat communicarius, distributiones anni a die obitus
sui computandi dividuntur inter fabricam ecclesiae et
haeredes seu exequtores defuncti, et canonicus succedens
eidem defuncto non percipit pro illo anno de dictis dis-
tributionibus.
(i) La décision qui portait à cette somme le « droit de chape »
était en effet on ne peut plus récente, ayant été prise en juillet i5o8 :
« Statuimus et ordinamus quod capam, per canonicos
deinceps et amodo in dicta ecclesia et in capitule recipiendos debi-
tam et jurejurando promissam, estimari seu apreciari debere ad
sommam viginti scutorum aureorum valentium, in moncta currenti
et usuali, triginta quinque libras T » (Statuts du chapitre
d'Evreux, Arch. dioc, fonds de l'évéché.) Le chiffre en fut
élevé bientôt à 60 livres : « Les chanoines et dignités feront
la profession de foi et jureront l'observation des statuts du cha-
pitre, à leur réception, donneront une chappe de valeur au moins
de soixante livres ou bien payeront comptant au maistre de
fabrique la somme de soixante livres pour ladite fabrique, donne-
ront aussi les cemeneaux et le vin, de quoy sera fait essay, par un
chanoine a ce député, avant la distribution... » (Extrait et recueil
des statuts du chapitre, xvme s. ; ibid., 29.) Le 11 juillet 1654, ce
même droit de chape est fixé à 100 livres. Au chapitre général du
10 juillet 1744, on arrête qu'à l'avenir « aucun chanoine ne sera
dispensé de payer, entre les mains du maistre de fabrique et au
profit d'icelle, dans le Ier mois de la résidence rigoureuse, la somme
de 3oo 1., au lieu et place du vin qui se distribuoit anciennement
dans les iers jours de la résidence. . . » (Ibid.)
120
Si vero praebenda conferatur alicui causa permuta-
tionis, percipit illico distributiones intégras si resideat.
Et similiter observatur quum canonicus decedens non est
residens et [est] communicarius, quia tune successor ejus,
si resideat, percipit distributiones.
Sequuntur declarationes vicariarum et capellaniarum
ecclesiœ Ebroicensis :
Et est notandum quod vicarii et capellani habent com-
munitatem et bursam communem ad onus celebrandi
missas pro deffunctis et alias missas. Sunt tamen non-
nulli capellani qui non participant in dicta communitate,
nec sunt capaces distributionum dictorum capellanorum,
ut infra patebit; tamen clerici chori et clerici canonico-
rum habentes habitum ecclesiae, ut pueri chori, prœsen-
tibus capellanis sunt participes dictae communitatis.
Item, est notandum quod quatuor vicarii, juxta eorum
fundationem, tenentur frequentare chorum horis singulis
diurnis et nocturnis et anniversariis defunctorum, et
insuper tenentur, alternatis vicibus, in suis hebdomadis
celebrare officium sacerdotis in matutinis horis, missa et
vesperis, et soli vicarii célébrant missas in majori altari
et sunt in altis sedibus chori.
Praeterea, est notandum quod omnes capellani commu-
nicarii tenentur frequentare chorum, nam, in festis et
feriis trium lectionum, prima lectio legitur per clericum
septimane, primum responsorium per puerum chori,
secunda lectio per capellanum et secundum responso-
rium per clericum septimane, tertia lectio legitur per
canonicum et tertium responsorium per capellanum.
In festis vero novem lectionum, capellani debent légère
quintam lectionem et quintum responsorium, ut etiam
I 2
septimum et octavum responsorium et antiphonas de
laudibus.
In festis duplicibus et triplicibus, capellani ponuntur
in tabula ad primam lectionem, vicarii ad secundam,
capellani vero ad quintum, septimum et octavum res-
ponsoria; cœtera autem officia ad quae tenentur capellani
ponuntur in Brevi ecclesiae.
Vicaria de Branvilla ( i ), quam modo tenet Robertus
Le Bas, presbyter, est de latere dextro chori, in altis
sedibus.
Vicarius praedictae vicariae percipere consuevit duas
partes grossarum decimarum parrochiaede Branvilla (2),
cum jure patronatus ecclesiae.
Item, apud Quictebotum, percipere consuevit unum
modium bladi frumenti quod tenetur solvere dominus
temporalis dicti loci eidem vicario.
Item, quando est hebdomadarius, percipit, supra bursa
capituli et per manus praepositi, qualibet die viginti de-
narios.
Item, est capax distributionis communitatis capella-
norum.
Vicaria de Mandres, quam nunc tenet magister [Jaco-
bus] Fillon (3), est de latere sinistro chori.
(1) Les deux vicairies de Branville et de Mandres furent créées par
Robert de Brucourt, évêque d'Evreux, au moyen des revenus de
quatre prébendes supprimées à cet effet : « Quatuor exstinctis prae-
bendis an. i35o, duos adjecit vicarios perpetuos duobus a Matthaeo
des Essarts institutis. » (Gall. christ., XI, 597.)
(2) Réunie aujourd'hui à Caugé.
(3) Jacques Fillon, chapelain de Maubuisson, permute avec Noël
Peschard pour la vicairie de Mandres (27 août 1492). Il succéda,
dans le prieuré de Verneuil (Hôtel-Dieu) à Arthur Fillon, son proche
parent.
122
Ad dictam vicariam spectat jus patronatus ecclesiae par-
rochialis Sancti Pétri de Mandris.
Item, eidem vicariae spectant grossae decimae dictae par-
rochiae, super quibus debentur curato octo sextaria mis-
tolii et ducenti fascicul[i] straminis.
Item, habet feodum (i) et seneschallum, et sunt viginti
tenentes xxli masuras, et quaelibet masura débet valere
quinque solidos.
Item, in parrochia de Baulx, habet quinquagintaacras
terrae olim traditas ad firmam per consensum capituli
usque ad terminum nonaginta novem annorum, hoc est
iiijxx xix, pro summa vij 1. x s. Tur.
Item, per hypothecam, percipit decem solidos redditus
[ ], de fundatione magistri Gaufridi
Regnart, ad omis celebrandi unam missam quolibet
anno.
Item, eidem vicariae spectat una portio cujusdam do-
mus sitae in civitate Ebroicensi inter domos canoniales
Sancti Andreœ et Sancti Nicolai.
Item, quando est hebdomadarius, percipit qualibetdie
suae hebdomadae xxli denarios, et valent pro toto anno :
vij 1. x s.
Item, est communicarius et capax distributionum ca-
pellanorum.
Vtcaria [de Mesnillo Jordani(i)] quam tenet nunc
(i) « Le fief de Mandres, quart de fief de haubert, appartenait
aux vicaires et aux chapelains de la cathédrale d'Evreux qui y
furent maintenus le i5 décembre 1679. « (Mém. et notes de M. Aug.
Le Prévost, II, 370.)
(1) Les lettres de fondation (17 novembre i3oi), par Tévêque
Mathieu des Essarts, des deux vicairies perpétuelles du Mesnil-Jour-
dain et de la Taillerie, sont au cartulaire de l'évêché (G. 6, n° 3o6,
fol. 120) et dans le cartulaire I du chapitre (G. 122, n° 448,
123
magister Joannes de la Rivière (i) (de parte dextra).
Eidem vicariae fuit unita capella domus episcopalis quae
fundatur supra tertiam garbam decimarum parrochia?
Beatae Mariae de Mesnillo Jordani, qua3 tertia pars allo-
caturseu affirmaturad numerum duodecimduodenarum
frumenti necnon ad numerum novemdecim duodenarum
avenae reddendarum pure ac libère in *oppido Ebroi-
censi.
Item, eidem capellae unitae et annexae spectat quaedam
parva décima situata in parrochia de Ylleriis in feodo
domini temporalis de Gerseyo (2), quae, communibus
annis, traditur ad firmam ad unum modium grani
a[scendensj ad summam quindecim librarum.
Item, eidem vicariae spectat una domus cum horto sita
in parrochia Sancti Nicolai, de donatione defuncti Pétri
Harast, vicarii, quaeoneratur multis redditibus.
Item, Magister Gaufridus Regnart dédit decem solidos
Tur. redditus pro fundatione unius missa? celebrandae
singulis annis per dictum vicarium in aliquo dierum
Quatuor Temporum.
Item, quando est hebdomadarius, percîpit singulis die-
bus hebdomadae viginti denarios, et valent pro toto anno :
vij 1. x s.
Item, est communicarius et capax distributionum ca-
pellanorum.
fol. i52V°). Le Gallia christiana, (XI, q53) en fait semblablement
mention : « Duos vicarios perpetuos, qui vices canonicorum in
quotidiana divini officii celebratione supplerent, instituit in ecclesia
Ebr., anno i3oi, unum quidem super bonis unius e portionibus
capellae Sancti Johannis domus episcopalis et alterum super capella
Sancti Ludovici quam in eadem ecclesia fundaverat. »
(1) j- peu avant i525.
(2) Le fief de Jarcey, à Illiers-l'Eveque, appartenait aux Cou-
tumel.
I24
Vicaria nuncupata la Taillerie, quam nunc tenet
magister Joannes Le Roy (i), presbyter, est de latere
sinistro chori.
Ad dictam vicariam de la Taillerie situatam in parro-
chia de Mandris (2) spectant quinquaginta duae acrae
terrae quae traditae fuerunt in emphiteosim, per decretum
capituli, magistro Nicolao Allard et Joanni Roger pro
summa vij 1. x s. annui redditus.
Item, in dicta parrochia, vicarius percipit super Robi-
num Le Cler xxviij s. Tur.
Item, super manerium de la Poullière, x s. Tur.
Item, in parrochia de Bosco Hellenei, a domino Mg\-
dio Honfray et a Joanne Le Paige qui tenent quilibet
quinque jugera, g[allice] journaulx, terrae et reddunt
vicario quilibet triginta solidos, per traditionem capituli ;
sic lx s.
Item, super praepositura de Vernolio, x 1., nfunc]
nihil (3).
Item, medietas cujusdam domus sitaa int[er] domos
canoniales Sancti Nicolai et Sancti Andreae.
Item, percipit xx1' d . qualibet die suae hebdomadae, va-
lentes : vij 1. xs.
Item, percipit distributiones communitatum capella-
norum ecclesiae.
DlLE CAPELLANIjE BEATiE MaRLE RETRO CHORI (4). —
Dudum defunctus recolendae memoriae Radulphus, epis-
(1) Par l'intermédiaire de son procureur, il démissionna purement
et simplement le i5 août 1524.
(2) « ... Super manerio et terris le Taillieria, in parrochia de
Mandris. ...» (Lettres de fondation.)
(3) Le copiste avait écrit : nec nihil.
(4) « En l'autel de la Mère de Dieu» (Arch. départ., G. 181 3).
sous l'invocation de l'Immaculée-Conception.
125
copus Albanensis et cardinalis, qui etiam fuerat episcopus
Ebroicensis (t), fundavit dictas duascapellanias (2) supra
décimas novalium ibrestae de Valle Rodolii, de Monte
Aureo et de Haya Malerbe et assignavit cuilibet capel-
lano libras duodecim Tur. annuatim solvendas supra
dictis novalibus, qui tenentur celebrare ad altare Beatae
Mariae rétro chori missas singulis diebus et assistere in
choro singulis horis, ut constat per bullam plombeam
domini Urbani papae quarti, in qua insinuuntur literae
fundationis dicti cardinalis, episcopi Albanensis.
item, percipiunt distributiones communitatis capella-
norum.
a) Dominus Joannes Gastinel (3), presbyter, tenet ad
praesens alteram dictarum capellaniarum et est de latere
dextro chori.
b) Dominus Nicolaus Guernon, presbyter, nunc tenet
alteram dictarum capellaniarum, de latere sinistro chori.
Du^E CAPELLANI^E DE ALBAVIA BeATI AnDREjE APOSTOLI (4)
in navi ecclesiae deserviri solitae.
(1) Raoul de Grosparmi, évêque d'Evreux de 1259 à 1262, puis
cardinal et évêque d'Albano, légat apostolique, f le 10 août 1270.
(2) « Bienmo post, Radulphus fundavit capellam Conceptionis
B, Mariae in ecclesia Ebroicensi de decimis silvae Vallis Rodolii. . . »
(1264, Gall. christ., XI, 568.)
(S) Ce chapelain, f en 1 5 19, était-il parent d'un Guillaume Gas-
tinel qui, en 1481, comme seigneur temporel de Saint-Germain-
des-Prés (St-G. -de-Navarre), présenta à la cure ? Les Gastinel,
remarque M. Izarn, sont fort peu connus dans notre histoire
départementale (Notice hist. sur la comm. de Saint-Germain-lès-
Erveux, p. 49, note). On trouve cependant, aux xvne et xvin0 siè-
cles, des seigneurs de ce nom à Nogent-le-Sec, à Mauny ou les
Seaules, etc.
(4) I Cartul. du chapitre, G. 122, no 77, fol. 19 ro, fondation
des chapelles d'Aubevoye par Amauri 111, comte d'Evreux et de
126
Duo capellani dictarum capellaniarum percipiunt qui-
libet, super dominium Régis et super recepta communi-
tatis Ebroicensis, undecim libras qujndecim solidos Tur.
solvendas per vicecomitem Ebroicensem in duobus ter-
minis, scilicet, AscensionisDomini et festivitatis Omnium
Sanctorum mediatim, ut constat per compota Guillermi
Le Conte (i) et Nicolai Thyoult (2), locum tenen[tium]
dicti vicecomitis, et suorum praedecessorum.
Item, supra curatum de Albavia, percipiunt quilibet
quatuor libras decem solidos pensionis annuoe in ter-
minis Nativitatis Domini, Paschae et in duabus synodis,
aestivali scilicet et hyemali, et, si deficiat in solutione
cujuslibet termini, multari débet in summa quinque
solidorum pro qualibet die qua def[ecerit] in solutione.
Item, percipiunt partes duas unius jardini seu horti
contigui domu[i] presbyteral[i] curati dicti loci.
Item, percipiunt partem decimae vini dictas parrochiae
de Albavia, quae est casualis et aliquando plus valet et
aliquando minus. Et est notandum quod dicta décima
vini distribufijtur inter abbatem de Gruce Sancti Leu-
fredi et dictos duos capellanos et curatum modo infra
scripto, nam abbas [ (3)].
Montfort (1 181-1 192). On les désignait parfois sous le titre de cha-
pelles des Apôtres.
(1) 1470. Un Guillaume Le Comte tient, à Juignettes, le fief du
Boesle. — 1 523. Guillaume Le Conte, lieutenant-général du vicomte
d'Evreux, anobli, par Charles VIII, moyennant 90 1. d'or, en l'année
1486. (Lebeurier. Recherche de la noblesse de l'élect. d'Evr.)
(2) i5io. « Nicolas Thioult, recepveur des domaines de la viconté
d'Evreux. » Nicolas Thioult, lieutenant-général de la vicomte
d'Evreux, marié à Guiilemette de Château-Thierry, posséda, au
xvie siècle, la Ringuette, huitième de fief à Saint-Germain-lès-
Evreux (Izarn).
(3) V. au cartulaire des chapelles (Archives de l'Eure, G. 69,
127
Item, similiter percipiunt portionem décimas grani in
dicta parrochia, quae est casualis et dividitur inter dictos
abbatem, curatum et ipsos.
Et est notandum quod dominus Georgius de Ambasia,
cardinalis tituli Sancti Sixti et archiepiscopus Rothoma-
gensis, fieri fecit unum parcum muratum ( i ) in quo clau-
duntur multœ terrae, videlicet le Lysdieu (2) et aliae
terrae, per dictum dominum a parrochianis dictae parro-
chiae acquisit[ae], de quibus dicti capellani, ante clausu-
ram dicti parci, percipiebant decimam et ad praesens nihil
recipiunt, et solebat décima dictarum [terrarum] valere
sex sextaria grani singulis annis inter dictos capellanos
distribuenda, et tenetur dictus cardinalis recompensare
dictos capellanos.
Item, dominus de Tournebu (3), ad causam capellae
suae sitae in suo manerio, débet in festo sancti Remigii
cuilibet dictorum capellanorum viginti septem solidos
sex denarios pro obligationibus factis in dicta capella. Et
habet dictus dominus de Tournebu terminum octo die-
rum post dictum festum, [qui] quidem, si defecerit in
fol. 149 r°) une sentence arbitrale prononcée par l'official d'Evreux
dans le différend entre l'abbé et le couvent de la Croix, d'une
part, et Jean Guérin et Nicolas Yves, chapelains, d'autre part, au
sujet de la perception des dîmes de la paroisse d'Aubevoye (141 1).
(1) La construction des murs du parc du château de Gaillon
commença le 17 décembre i5o2. V. les comptes de l'archevêché,
Archiv. delà Seine-Inférieure, G. 618, ou A. Deville, Comptes de
dépenses de Gaillon, p. 36.
(2) 1 5 06-1 507. « La mise de la maison et allées du Lidieu, que
monseigneur le légat fait dedans son parc, près son chasteau de
Gaillon. » (Arch. de la Seine-Inférieure, G. 627.)
(3) « Le fief de Berou et le fief de Tournebut en basse jus-
tice que tient a présent Louis Le Pillois, dont les chefs sont assis
es dites paroisses de Gaillon et Aubevoye » (Aveu de G. d'Am-
boise pour Gaillon, i5oi.)
128
solutione, suspendetur seu sententiam suspensionis a
divinis audiendis incurret (i), ut constat per litteras
auctenticas.
Item, dicti capellani sunt capaces distributionum corn-
munitatum capellanorum ecclesiae.
Item, una diciarum capellaniarum fuit per summum
pontifïcem Alexandrum papam sextum unita perpétue»
succentori dictas ecclesiae, et altéra uni tenoristae aut
alteri personae necessariœ chori, tali con[di]tione (2)
quod, si se absentaveri[n]t per très menses, dictas capel-
laniae vacabunt.
Et tenentur dicti capellani celebrare missas singulis
diebus, quilibet in sua hebdomada, et interesse in choro
in obitibus defunctorum aut aliis diebus juxta statuta
ecclesiae .
Decanus et capitulum praesentat ad dictas capellanias
et episcopus facit collationem .
a) Altéra portio seu capellania de Albavia, quam ad
praesens tenet dominus Richardus Gueroult, presbyter,
succentor ecclesiae, (modo magister Joannes de Rocha (3),
(1) Cette censure ecclésiastique est, à proprement parler, un
interdit personnel : « On confond aussi la suspense avec l'interdit
quand on mêle, parmi les cas de suspense, ceux où l'entrée de
l'église est défendue pour quelque temps. » (André, Cours alpha-
bétique et méthodique de droit canon.)
(2) La copie porte, par erreur, contradictione.
(3) Il était encore, en i5o8, chapelain delà chapelle des Maries.
V. page 169. Le i5 juin i5og, « sur la présentation faitte par le
chapitre d'Evreux en sa faveur, Jean de la Roche, prestre, de
gremio ecclesiœ cathedralis Ebroycensis habituatus, est nommé à
la portion de la chapelle vulgairement appelée d'Aubevoie, annexée
par l'authorité apostolique a la sous-chantrerie. . . ». (Grand pouillé.)
Il décéda en juillet 1 5 1 5.
129
est de latere dextro chori et est perpetuo imita succen-
tori.
Et, ad causam dictae capellaniae unitae succentori,
habetsuam portionem decimarum, reddituum et proven-
tuum super[ius] declaratorum, ad onuscelebrandi missas
in sua hebdomada.
Praeterea, ad causam succentoriae, percipit stipendium
unias clerici septimane et tenetur interesse omnibus et
singulis horis et facere officium succentoris atque p[rae]ci-
père antiphonas ante psalmos et illas repetere post psal-
mos et alia praecepta facere in festis duplicibus et domi-
nicalibus et tenere chorum, ac etiam, in triplicibus, in
secundo et tertio nocturnis et in laudibus; caetera ad quae
tenetur sunt in Brevi ecclesiae et in usu.
Item, in receptionibus canonicorum percipit xx s., in
receptionibuscapellanorum v s., et in receptionibus digni-
tatum xx s.
b) Altéra portio de Albavia quam ad praesens tenet
magister Joannes Foucault (i), presbyter, est de latere
sinistro et est affecta uni tenoristae aut alteri personae
idoneae et instructae in musica, et tenetur interesse omni-
bus horis.
Et, ad causam fundationis dictae capellae, habet suam
portionem decimarum, reddituum et proventuum su-
perdus] declaratorum, ad onus celebrandi missas in sua
hebdomada.
(i) Jean Fouciult, présenté le 2 novembre i5o2 à l'une des
chapelles d'Aubevoye, permute en i523, cette chapeilenie pour
la petite portion de la cure d'Audrieu (?) dans le diocèse de
Bayeux, fut chanoine sur le sceau de l'évêché et mourut le 6 juin
i53o. Guillaume Foucault, aussi chanoine d'Evreux, fonda pour
le repos de l'âme de son frère, un obit que Ton célébrait à la date
anniversaire de ce jour.
ISO
Item, habet unam domum sitam ante ecclesiam Sancti
Nicolai, inter domos capellaniarum de Angelis et Sancti
Fiacrii.
Dile capellanle Miss^: Matutinalis (i). — Sequuntur
redditus et proventus quos percipiunt duo capellani
dictœ Missœ Matutinalis et quos inter se partiuntur
œqualiter :
Dicti capellani percipiunt et jus percipiendi medieta-
tem decimae parrochiae de Colongis habent.
Item, habent, in parrochia de Caerio, acram et dimi-
diam vineae vel quo circa.
Item, pro feodo de Gravallet (2) sito in parrochia de
Bosco Falsorum, tradito in emphiteosim, tam in terris,
nemoribus, redditibus et aliis emolumentis dicti feodi,
quem ad praesens tenet Eustachius Marie, burgensis de
Locoveriis, percipiunt dicti capellani centum solidos
Tur., duos capor.es et duo milliaria de eschallas (3).
Item, pro tribus virgultis terrae traditis in emphiteosim
Robino Maillart, parrochiae de Emalleville, et Jacobo
Bosguerard, parrochiae de Heudrevilla, situatis in triegio
de la Mare Flammier, ex uno latere eidem Robino Mail-
lart et ex aiio latere et uno butto Jacobo de Quinquernon
et ex alio butto pluribus buteriis, pro quibus tribus vir-
gultis dicti Maillart et Bosguerard tenentur reddere an-
(1) Deux portions de chapelle Matutinale, l'une sous l'invocation
de saint Jean l'Evangéliste, l'autre sous l'invocation de saint Maur,
fondées par Jean de Meulent, l'an 1261. (Inv. somm. des arch. dép.,
série G., p. 45.)
(2) Ce nom de lieu n'est cité que dans les Notes de M. Aug. Le
Prévost (I, 489), sous la forme « Cravelles » signalée comme
douteuse.
(3) Eschallas, d'une autre écriture.
i3i
nuatim eisdem capellanis quatuor solidos et duas gal-
linas.
Item, percipiunt dicti capellani summam quatuor
librarum annui redditus per hypothecam supra Tho-
mam Buzot, dominum Joannem Legrand, in parrochia
Grandis Silvas (i), et supra Joannem Berville [in] parro-
chia Sancti Pétri Ebroicensis.
Item, supra Joannem de Cruce, alias Groisy, commo-
rantem in parrochia de Croisy, pro una domo, jardino,
curte et [loco] situatis apud Croisy, quas res solebat
tenere Joannes Duboys et ante eum Joannes de Cocherel,
jungentes ex uno latere domui Perini Le Mieulx, ex alio
latere semitae quae ducit ad ripariam, ex uno butto supra
dictam ripariam et ex alio iter Régis, et percipiunt dicti
capellani, prodictis rébus, triginta solidos redditus.
Item, jEgidius Gournaultet Margareta ejus uxor, par-
rochiœ Sancti Nicolai Ebroicensis, debent dictis capel-
lanis quadraginta solidos annui redditus.
Item, Raoulinus Hotingue, commorans in dicta par-
rochia* Sancti Nicolai Ebroicensis, débet quadraginta
solidos redditus.
Item, Michael Le Mercier, parrochiœ de Guarentieres,
commorans in hamello du Boys de la Queue, débet
quadraginta solidos.
Item, Robinus Le Mercier, parrochiae de Gaerio, débet
eisdem capellanis, viginti solidos redditus.
Item, apud Sanctum Dionysium de Boscohellenei,
supra quosdam nuncupatos les Bretons, de fundatione
defuncti magistri Roberti Le Fourbeur, debentur qua-
draginta solid[i] redditus.
Item, super quendam nuncupatum La Pie, de la Mag-
(i) Grossœuvre.
T32
deleine prope Ebroicas, habent dicti capellani decem
solidos redditus.
Item, dicti capellani repereruni de novo quamdam anti-
quam litteram de summa vij s. vj d. redditus debitorum
apud Pacy de quibus non habent notitiam.
Item, dicti capellani percipiunt distributionescommu-
nitatis capellanorum.
Item, est quaedam platea spectans eisdem capellanis,
jungens ex uno latere domui Joannis François, ex altero
Joanni Desays, ex uno butto eidem François et ex alio
super vicum, de qualibet platea non gaudent.
a) Dominus Reginaldus Hardouyn ( i ) tenet ad praesens
alteram dictarum capellaniarum deserviri solitam ad
altare Beati Mauri sub pulpito, et est de latere dextro
chori.
Et, ad causam fundationis ejusdem capellaniœ, percipit
medietatem decimarum, vinearum et reddituum supra
declaratorum.
Item, eidem capellaniae pertinet una domus sita in
civitate Ebroicensi inter domum canonicalem Sancti Ni-
colai et domum capellaniœ Sanctae Trinitatis.
Item, eidem spectat una alia domus [jungens] ex uno
latere domui alterius portionis Missas Matutinalis quam
tenet magister Thomas Du val, et ex alio latere domui
quam tenet Golinus Pouchet, ex uno butto mûris civi-
tatis et ex alio butto vico, et fuit dicta domus allocata
domino Joanni Baudouyn, vita sua comité, pro summa
sexaginta solidorum Tur.
Et tenetur celebrare missasmatutinales singulis diebus
suœ hebdomadae.
(i) Regnault Hardouin nommé, le 26 août i5i8, curé de Notre-
Dame de la Ronde.
135
b) Magister Thomas Duval tenet alteram portionem
deserviri solitam ad altare Sancti Joannis Evangelistae, in
latere sinistro chori.
Et percipit medietatem decimarum, vinearum et reddi-
tuum supradictorum.
Item, eidem capellaniœ spectat una domus jungens, ex
uno latere, domui capellaniœ Sancti Michaeliset, ex alio,
domui capellaniae Sancti Mauri, ex uno butto, mûris
civitatis et, ex alio, vico.
Et tenetur celebrare missas matutinales ad dictum
altare Sancti Joannis Evangelistae sub pulpito in ingressu
chori singulis diebus suae hebdomadce.
Cappella Anniversariorum ad altare Beati Taukinf
rétro majus altare fundata ( f ) , quum nunc tenet dominus
Ricardus Duval (2), presbyter, est de latere sinistro chori.
Capellanus dicta? capellaniae habet jus percipiendi quo-
libet anno in horreis dominorum decapitulo unum mo-
dium bladi solvendum per manum proposai eorumdem
dominorum.
, Item, habet jus percipiendi in pecunia, super bursa
capituli, summam quatuor librarum, de pensione sibi
débita, in duabus synodis solvendarum œqualiter per
manus dicti prœpositi.
Item, habet jus percipiendi quolibet anno, in parro-
chia Sancti Germani de Angulis, super haereditates quae
(1) Elle prenait le nom de chapelle de l'Anniversaire ou des Anni-
versaires. Il faut donc rectifier une légère inexactitude de D. Claude
de Vert dans ses Explications des cérémonies de V Eglise :
« La même chose se pratique, à Evreux, aux messes célébrées
a Y autel matutinal placé derrière le grand autel » •
(2) 6 juillet 1482. Richard Duval présenté à la chapelle Saint-
Thibaut, église Saint-Jacques de l'Hôtel-Dieu.
134
tempore praeteritospectabant defuncto Roberto Fournier,
postea Joanni Fournier, et nunc illas tenet Guillelmus
Verard, summam triginta solidorum redditus, ad solu-
tionem cujus summse est obligatus Robertus Aubouyn,
parrochiae de Normanvilla, ut patet per litteras super hoc
confectas quas habet dictus capellanus.
Item, habet jus percipiendi quolibet anno, in parrochia
Sancti Dionysii de Boscohellenei, supra Guillelmum
Mareschal et filios ejus et supra omnia bona sua mobilia
et immobilia, unum sextarium bladi ad mensuram de
Britolio venientem de [e]lemosyna defuncti magistri
Roberti Le Fourbeur, canonici Ebroicensis, exécutons
testamenti defuncti magistri Roberti Cybole ( i ), dum
viveret decani ecclesise Ebroicensis, ut constat per litteras
super hoc confectas quas habet dictus capellanus.
Item, dictus capellanus habet jus percipiendi quolibet
anno, in parrochia de [WJesto, supra Theobaldum Har-
delay (2), scutiferum, et ejus uxorem, summam viginti
(1) R. Cibole, on s'en souvient, était l'oncle maternel (et peut-être
le parrain) de Robert Le Fourbeur. Les dons ou legs qu'il fit à la
cathédrale étaient rappelés dans sa notice nécrologique : « Eodem die
obiit magister Robertus Cybole, sacerdos, sacre théologie professor,
decanus Ebroicensis, qui dédit centum solidos super bursa capituli
quolibet anno percipiendos. Praeterea, idem decanus donavit pulpi-
tum cupreurn chori ; librariam in exquisitis voluminibus ampliavit
et ecclesie ac fabrice ejusdem plurima bona largitus est. Largitor
omnium bonorum Dominus Jhesus sit il l i premium et merces.
Amen ». Obituaires mss.).
(2) « Thibault Hardelay, de la paroisse de Hucst, a produit sa
généalogie, plusieurs lettres justificatives et témoignages de plu-
sieurs gentilshommes... » (Recherche de i523). Les Hardelay,
ajoute en note l'abbé Lebeurier, paraissent originaires de cette
paroisse qu'ils ont habitée longtemps sans y posséder de fief. Ils
tenaient, aux xvne et xvme siècles, la Motinière, à Boissy-Lamber-
ville, le Buisson-Duret, au Tilleul-Lambert, etc.
33
solidorum Tur. redditus venientem de denariis decem
librarum de racquitamento aherius sextarii bladi [quem]
quidem dictus Le Fourbeur, tanquam executor dicii
Cybole, [elee]mosin[av]erat eidem capellan[i]œ in parro-
chia prœdicti Sancti Dionysii de Boscohellenei, ut patet
per [litteras] supra hoc confectas quas habet dictus capel-
lanus.
Item, dictus capellanus habet jus percipiendi quolibet
anno, in dicta parrochia de Westo, super hœreditatibus
et bonis mobilibus et immobilibus Guillelmi Dumons-
tier, dictae parrochiae, summam triginta solidorum de
redditu racquisito per summam xv 1. Tur., dicta summa
veniens de racquitamento principalis summae quod jam-
diu fecit defunctus Joannes Le François senior, ut patet
per litteras quas habet dictus capellanus.
Item, eidem capellae spectat una domus sita in parro-
chia Sancti Nicolai Ebroicensis, [jungens], de uno butto,
domui capellae Angelorum et, de alio, Ldomui] capellae
Trinitatis, de uno latere est hortus capellae Matutinalis
et de alio latere iter regium ; et débet dominisdecapitulo
quindecim solidos Tur. redditus annui;quam domum
dictus dominus Ricardus aedificari fecit de novo et cons-
trui propriis suis sumptibus.
Et est capellanus capax distributionis communitatum
capellanorum.
Et tenetur célébra re alta voce ad dictum altare Sancti
Taurini missas omnium obituum seu anniversariorum
dictas ecclesiae.
[Gapella Beat*: Ann^e (i)].— a) Fundatioalterius por-
(i) Dans le Recueil des travaux de la Société libre de l'Eure,
IVe série, t. Vil, p. 224, note, M. Armand Bénet a publié une pièce
relative à la fondation par l'évêque Geoffroy Fae, en février i337
136
tionis capellae Beatae Annse quam ad praesens tenet do-
minus Joannes Alespée(i), près by ter, et est de latere
dextro chori :
In parrochia Sancti Audoëni de Atheys, juxta Conde-
tum, super masuris et terris quas defunctus dominus
Petrus Harast, tune dictae portionis capellanus, tradidit
in emphiteosim Joanni Benesiz, dictae parrochiae, pro
summa lx s. Tur. annui redditus solvendo[rum] in ter-
minis Paschae et Sancti Remigii mediatim, ut patet per
(v. s.), de la chapellenie Sainte-Anne : « Admortizacio xx lib. t.,
pro domino Gaufredo Fae, episcopo Ebroicensi. Jehan, ainsné filz
du Roy de France, duc de Normendie nous li avons octroyé
et octroyons de grâce especial et de certaine science que pour le
doement d'une chapellenie laquelle il entent a fonder en l'église
d'Evreux pour le salu de s'arae et de ses bienfaiteurs, il puisse
acquérir » (Arch. nation., Trésor des chartes, registre JJ., 68,
no 38.) — Ibid., confirmation du roi Philippe VI, de la même date.
(Registre JJ., 71, no 3i, fol. 25.) La première de ces deux pièces a
été transcrite dans le cartulaire des chapelles, fol. 191 r°. Cf. Gall.
christ., XI, 5g6. — Ibid., col. 597, est relatée l'augmentation par
Robert de Brucourt des revenus de la chapelle : « Dotavit capellam
Sanctae Annae 12 novembris et 4 decembris 1348. » — Une donation
de ce même évêque pro duplici sanctœ Annœ se voit dans le car-
tulaire conservé aux archives de l'évêché, fol. 1 16 vo.
(1) 1507. « Jehan Alespée presbtre, commis par noble et véné-
rable personne monsieur maistre Ambroyse Le Veneur, hault doyen
de l'église cathedral Nostre-Dame d'Evreux, a recepvoir les rentes,
dixmes et autres pensions apartenant au dit sieur a cause de son
dit doyenné. » — i522. Convocation pour le concile provincial est
faite au chapitre d'Evreux par Jean Alespée, secrétaire de l'évêché.
— i525. Jean Alespée, « vicaire gênerai (?)ou procureur de monsieur
Jean Le Veneur, evesque de Lisieux et doyen commendataire de
l'église cathédrale d'Evreux. ». A la date du 2 mai 1540, décharge
générale fut donnée à son frère et héritier Me André Alespée, avo-
cat en cour laie à Evreux des derniers comptes que « led.
deffunct Alespée avoit présentés pour estre ouys le xxve jour de juin
mil vec trente ^ept ».
137
litteras obligatorias coram Petro Mareschal et Joanne
Robillard tabellionibus passatas, de data anni Domini
millesimi [quadringentesimi] lxiij et diei xiiij* aprilis post
Pascha; ideo hic : lx s.
Item, in parrochia Sancti Pétri de Longavilla, alias de
Autitio, super unam peciam vineae nuncupatam la Pi-
gnengiere, continentem tria quarteria vineae aut quo-
circa, de uno latere Reginaldi Fleurie et ex alio Martini
Viel, de uno butto Robineti Jolis et ex alio [butto] Jar-
dinii Dufour, per magistrum Joannem de Quinquernon
tradiiam in emphiteosim Joanni Trabouillart pro summa
quadraginta solidorum Tur. annui redditus in festo
Omnium Sanctorum solvendorum, ut patet per litteras
obligatorias coram magistro Reginaldo Gaut et Henrico
Le[s]pringuet tabellionibus Ebroicensibus passatas, de
data anni Domini millesimi quadringentesimi septuage-
simi septimi et dieixxij mensisdecembris; ideo hic : xl s.
Item, in dicta parrochia Sancti Pétri de Longavilla,
sunt quatuor peciae vinearum quarum una nuncupata la
Morveuse continet dimidium arpentum vel cocirca, de
uno latere Joannis de Bordeaux et ex alio Guilloti Hardel
et de uno butto Guerini Le Sesne
Item, una petia nuncupata le Grand Sorel continet
unum quarterium cum dimidio vineae, de uno latere
Gabrielis Fossart et ex alio Praevoti Le Charpentier et de
uno butto Joannis Duquesnay ad causam suae uxoris.
Item, una alia petia nuncupata le Petit Sorel, de uno
latere Guilloti Hardel et ex alio Reginaldi Delannon et
de uno butto Joannis Pain.
Item, alia petia nuncupata Gobout continet octodecim
perticas vineae vel quocirca, de uno latere Joannis Duval
et ex alio haeredum Robinetae La Filoque et de uno butto
semitae Juratae, ut patet per litteras coram Joanne Lan-
■ 38
gloys, locum tenenti nobilis viri Joannis Jabin, viceco-
mitis de Gisorcio (i), factas, de data anni m. iiijc lvj et
diei xix mensi[s] junii.
Quas quidem petias terrae capellanus ad praesens in
suis manibus tenet.
Item, dictus capellanus est capax in distributionibus
communitatis vicariorum et capellanorum dictae ecclesiae
Ebroicensis.
Et tenetur dictus capellanus qualibet hebdomada cele-
brare unam missam pro fundatoribus dictae portionis
et ad deserviendum in choro secundum statuta ecclesiae.
b) Altéra portio capellae Sanctae Annae, quam nunc tenet
dominus Tussanus Flambart (2), presbyter, est de latere
sinistro chori.
Ad dictam portionem spectant res et proventus quae
sequuntur :
Apud Hondovillam, quatuor virguhae prati in quatuor
peciis quae soient tradi ad firmam per summam xlvij s.
vj d. (modo traditur pretio sex 1.) .
Item, super Joannem Jouennet, parroch[i]ae [ ],
supra omnia bona sua, per hypothecam, xx s. T. (modo
xxu s.).
Item, in parrochia de Condeto, in villagio du Chesne,
sunt quindecim acrae terrae in una pecia quae per nunc
fuerunt traditae ad firmam Guillelmo Eudeline pro
summa viij 1. T.
(1) Jean Jabin, vicomte de Gisors (1450-1460).
(2) Toussaint Flambart, curé de Saint-Denis d'Evreux en i523,
scelleur ou gardien du sceau (sigillator) de l'évêché, chanoine pré-
bende des Huit dans l'église cathédrale, doyen de la collégiale de la
Saussaye, dignité dont il fit démission en i53o, archidiacre du
Neubourg de i53o à i532, f en i534.
139
Item, in dicta parrochia de Condeto, pro pluribus
hasreditatibus traditis in emphiteosim quas nunc tene| n]t
quidam nuncupati les Laurens pro summa iiij 1. T.
redditus; sic : iiij 1.
Item, est capax distributionis communitatum capella-
norum.
Item, tenetur celebrare qualibet hebdomada ad altare
Beata? Annae unicam missam.
Item, une pièce de vigne assise à la coste de Saint-
Michel, pro qua debetur {sic) celebrare unicam missam
pro defunctis.
DujE portiones capeline Sanctorum Jacobi et Philippi
FUNDATiE SUPRA LOCUM DE LA PoUPRELIERE (i). — Est nO-
tandum quod jampridem, tempore guerrarum, manerium
de la Pourreliere (2), in parrochia de Francheville, fuit
inhabitabile et nullius valons, et procterea fuit traditum
per emphiteosim per dominos Petrum Fromont et
Joannem Sauvale, capellanos, de consensu capituli,
Joanni Le Tabourier et Ricardo Potuito pro summa
centum solidorum Tur. solvendorum in terminis Sancti
Michaelis et Paschae dictis capellanis et eorum successo-
ribus, scilicet, cuilibet capellano 1 s., ut constat per lit—
(1) « Les chapelles de la Pourillicres, fondées par Nicolas de No-
nancourt, cardinal. Il est enterré dans le chœur, sous une tombe de
cuivre, au dessous de Moïse... » (Note de 1686 dans le cartulaire
des chapelles, fol. 247 r°). Cette tombe a été dessinée par Gaignières.
Nicolas de Laide, dit de Nonancourt parce qu'il naquit en cette ville,
cardinal du titre de Saint-Laurent in Damaso, mourut à Anagni en
1299. La fondation de la chapelle Sainte-Anne, en i3o8, eut son
accomplissement par ses héritiers, ses frères et son neveu, et par
Nicolas de Bienfaite, chanoine u'Evreux, chargé de l'exécution du
testament.
(2) La Porillière.
140
teras obligatorias passatas coram Joanne Fauquet, tabel-
lione, anno Domini m0 iiij[cc] 1.
a) Dominus Franciscus de Croville, presbyter, nuper
tertebat alteram duarum portionum praedictarum modo
], et est de latere dextro chori, qui per-
cipit 1 s., ut supra dictum est.
Estque capax distributionis communitatum capella-
norum.
b) [ , ] Taillebois tenet alteram portionem
et est de latere sinistro chori et percipit 1 s., ut supra dic-
tum est.
Estque capax distributionis communitatis capella-
norum.
Capella Sanctje Trinitatis (i), quam tenet ad praesens
magister Joannes Bourgouin, presbyter, est de latere si-
nistro chori et ad ipsam pertinent res sequentes :
Una domus sita in civitate Ebroicensi, jungen[s], ex
uno butto, domui capellae Missse Matutinalis et, ex uno
latere et alio butto, vico seu pavimento.
Et débet capellanus capitulopro dicta domo [summam]
xxv solidorum redditus.
Item, dicta capella olim fuit fundata de uno modio
bladi et de quatuor libris Tur. super praeposito com-
munie capituli, sed ad praesens dictus capellanus recipit
a dicto praeposito dimidium modium bladi et xlta solidos
dumtaxat.
Item, dictus capellanus est capax distributionis commu-
nitatum capellanorum.
Et tenetur celebrare qualibet hebdomada.
Capella Angelorum fundata per defunctum bon[ae
(i) On n'a pu trouver le titre de fondation, est-il dit dans un re-
gistre de 1762.
141
memoriae] magistrum Robertum Le Biscault (i), dum
viveret decanum ecclesiœ Ebroicensis, quam tenet ad
praesens dominus Laurentius Lamy, presbyter, et est de
latere sinistro chori.
Ad dictam capellam pertinent res et redditus sequentes :
Una domus situata ante porticum Sancti Nicolai Ebroi-
censis, ex uno butto, vico, [ex alio], domui canoniali
quam tenet magister Joannes Aubert, canonicus Ebroi-
censis, ex uno latere, domui capellani Anniversariorum
et, ex alio, domui capellani alteriusportionis de Albavia,
et oneratur erga dominos de capitulo de summa octo soli-
dorum praeposito capituli [solvendorum], et ergacommu-
nitatem capellanorum de summa triginta solidorum, et
erga curatum et thesaurum Sancti Nicolai de summa
decem solidorum.
(i) « Anno Domini millesimo cccm° quadragesimo octavo, dis-
creptus vir magister Robertus Le Bicault de Heudebouvilla, decanus
ecclesie nostre Ebroicensis. ... pro salute anime sue, parentum et
predecessorum suorum ac eciam bone memorie Guillelmi dicti
Le Bicault de Heudebouvilla quondam fratris sui et canonici dicte
ecclesie, intendebat in ipsa ecclesia quamdam capellam edificare et
dotem ei assignare pro sustentacione cujusdam capellani.... » —
« En la révérence, honneur et louenge de Dieu, de la vierge
Marie et de tous les benoitz sains et sainttes de la benoiste court du
ciel et en especial de la benoiste Vierge Marie et de monsieur saint
Michiel Tangue et de tous les benoitz anges et archanges du ciel, de
la benoiste saincte Katherine et de la benoiste Marie Magdallaine...,
icellui Le Biscault, doien dessus dit, fonda icelle chapelle qui est
assise en la dicte église de Nostre Dame, a la senestre partie, jouxte
la chapelle a la Mère fde] Dieu » (Gartulaire des chapelles,
fol. 2 v° et fol. 220 v°). La famille de laquelle descendait ce doyen
d'Évreux qui était de plus chanoine de Rouen et conseiller du roi
de Navarre, avait, à Louviers, donné son nom à la sergenterie ou
noble fief « au Bicaut » assis sur les paroisses Notre-Dame et Saint-
Germain.
142
Item, super pluribus hœreditatibus et peciis vin[e]arum
situa[ta]rum in parrochia Sancti Justi prope Vernonem,
debentur redditus, tam in pecunia quam in vino, a per-
sonis infra scriptis :
Magister Guillelmus de Lymonges (i), commorans
Rothomagi, Guillelmus de Lymonges, de parrochia
Sancti Pétri de Longavilla, debent quinque barillos vini
et xvj d. per ips[os] super suis vineis.
Joannes de L[e]vemont (2), scutifer, de parrochia
Sancti Marcelli, débet dimidium barillum vini.
Magister Natalis Le Leu, de dicta parrochia Sancti
Pétri, débet unum barillum vini.
Guillotus Le Leu, de Sancto Justo, unum barillum
vini.
Rogerius Cuyoî, deRanvilla (3), unum barrillum vini.
Colinus Delestre, de Sancto Justo, dimidium barrillum
vini.
Haeredes Ferrandi Delavigne dimidium barrillum vini.
Petrus Le Fort, de Bysy, duodecim potos de roy
gallice, [et] xij d. Parisis.
Simon Lebigre, de Bysy, duodecim potos de roy.
Haeredes Simonis Bouvery, viij s. Par.
Magister Joannes Maignart (4) vij s. Par.
(1) Une branche de cette nombreuse famille résida à Vernon et
dans les paroisses environnantes. Un Guillaume de Limoges, prêtre,
présenté à la cure de La Chapelle-du-Bois-des-Faulx en 1493 par
le seigneur du lieu, Bertrand de Limoges, son parent, transigea le
2 novembre i5o5 avec l'abbaye de la Croix au sujet du patronage.
Rien n'indique qu'il s'agisse ici de lui et qu'il eut domicile à Rouen
(2) De Lèvemont, sieur de la Tourelle, à Saint-Marcel.
(3) Réanville, ancienne paroisse maintenant réunie à La Chapelle-
Génevray (Chapelle-Réanville, canton de Vernon).
(4) Jean Maignard, sieur de la Rayne et de Houville, avocat gêné-
143
Nicolaus LeCaron, commorans Rothomagi, dimidium
barrillum vini.
Perrotus Bradel, de Sancto Petro de Longavilla, dimi-
dium barrillum vini.
Haeredes Guilloti Dumonstier dimidium barrillum.
Gardinotus Legier, de Vernone, v s. Parisiis.
Haeredes Huennyer et Michaelis Rose, de Vernone,
vij s. Parisis.
Joannes Rasonet, de Sancto Justo, v s. Parisi[s],
Magister Joannes Maignart et rilius Rogerii Com-
bault ( i ), commorans Rothomagi, pro loco de la Harelle,
très barrillos vini, et sunt in processu.
Haeredes Pétri Ducelier, pro una masura vineae et
t[err]a arabili sita in parrochia Sancti Marcelli, très bar-
rillos vini.
Dominus Stephanus Dubost, presbyter, curatus de
Champegnart, et sui fratres debent, pro una pecia vineae
situata apud Garcouet, prope vineam Sanctae Catharinae,
XXV s.
Jacobus Delabarre, parrochiae de Hardencourt, supra
suis haereditagiis, iiij 1.
Et est capellanus capax distributionis communitatum
capellanorum.
Et tenetur, singulis hebdomadis, celebrare duas
missas.
Gapella Sancti Johannis et Sancto Cath^rin^e (2),
quam tenet ad praesens Jacobus Toulle, presbyter, est de
rai à la Cour des Aides, frère aîné du conseiller Guillaume Mai-
gnard, sieur de Bernières.
(1) Roger Gombault, greffier en l'élection de Rouen. Jean Maignard,
sieur de Houville, épousa Catherine Combault, tille de Jean Com-
bault, vicomte de l'Eau, à Rouen.
(2) La chapelle Saint-Jean-Baptiste et Sainte-Catherine eut pour
144
latere sinistro chori, ad quam spectantredditus et res quae
sequuntur :
Hugo Le Mettaier, chirurgus, loco defuncti Joannis
Le Diacre et ante Joannis Sinot et suae uxoris, supra
domo situata in parrochia Sancti Pétri Ebroicensis in
burgo, ex uno latere, domus intersignii de la Fleur de
Lys quœ fuit dicto Le Diacre, ex alio latere, Joannis
Courtoys, ex uno butto, pavimentum, débet in terminis
Nativitatum Sancti Joannis et Domini mediatim vj 1. Tur.
Dominus Stephanus Mallet, presbyter, capellanus ca-
pella? Sancti Martini fundatae in dicta ecclesia, débet
xxx s., de quibus capellanus Sancti Joannis Baptistae
nihil recepit, et sunt in processu.
Joannes Deshays, burgensis, loco defuncti Odonis
Guibert, pro uno horto sito apud Arnieres : x s.
Joannes, Petrus et Guillelmus dicti Gérard, alias Hu-
neaux, in festo sancti Remigii : xxx s. Tur.
Mahietus et Petrus dicti Delacourt, Joannes Dupuys et
ejus filius ac dominus Matheus Guyard : lxiiij s. Tur.
Joannes Heuctes, de Caerio, loco Joannis Beaufle et
Roberti Le Mercier, super uno horto sito in dicto loco de
Caerio, et est in processu : xij s. Tur.
Guillelmus Harel, loco Joannis Lemoyne, de Cruce
Sancti Leufredi, pro quadam terra infeodata : xx s.
fondateurs, en i3q5 et i3q7, deux chanoines d'Évreux, Pierre
La Belle et Guillaume Riglan. Le premier n'était plus en l'année
1400, et son neveu et héritier Pierre La Belle, curé de Saint-Léger
d'Évreux, confirma ses donations. Quant au second, il vivait en 1403
et tenait de la baronnie du Neubourg un huitième de fief appelé le
« fief Riglan », situé à la Pyle. La chapelle qu'ils firent clore et
orner, pourvoir d'un autel, d'un missel, d'un calice et autres orne-
ments nécessaires pro missis ibidem celebrandis, se trouvait au
chevet de l'église, du côté gauche, et joignait la chapelle des
Anges.
145
Rogerius Canappe, de Tournevilla, loco Radulphi
Sanson, pro quadam petia terrae infeodata sita in dicta
parrochia : vj s.
Item, spectat eidem capellae una petia vineae sitae in
parrochia | ] et in baron ia de Brovilla, et
continet dimidiam acram terrae vel quocirca.
Item, capellanus dictae capellae est capax distributionis
communitatis capellanorum.
Et tenetur celebrare qualibet hebdomada duas missas.
Gapella Sancti Anthonii (i), quam tenet ad praesens
magister Joannes Bardouil, presbyter, est de latere si-
nistro.
Ad dictam capellam pertinent res et redditus sequentes :
Una insula nuncupata Vlsle Coypel, cum quadam
portione ripariae in qua est saltus unius molendini, cum
omnibus proventibus dictas insulae tam in fœno quam
arboribus, quae quidem insula valet, communibus annis,
], et sita in parrochia de Gravigneyo.
Item, una acra cum dimidia terrae laborabilis sita in
dkcta parrochia juxta dictam insulam, ex uno latere, hae-
redes defuncti Guillermi Delangle et, ex uno butto, iter
quo itur Rothomagum.
Item dimidia acra vineae vel quocirca sita au Valyton,
in parrochia Sancti Leodegarii, ex uno buito, Robertus
Le Rond et, ex uno latere, iter tendens apud Avironem et,
ex alio latere, Bosguerard, de Heudrevilla.
(i) Deux chapellenies de ce nom avaient été instituées, d'abord
par Richard Prévost en 1348 (Cartul. des chapelles, G. 6g, fol. 62
et i52 r»), puis vers i5oo par Charles Gouaffedour, l'un et l'autre
chanoines de la cathédrale d'Évreux. Il n'est question, en ce mo-
ment, que de cette dernière, dont le chapelain prenait place dans
les stalles de la partie gauche du chœur.
10
146
Item, supra vinea dicti Bosguerard, percipit dictus
capellanus triginta solidos Tur. redditus in terminis
Paschae et Omnium Sanctorum.
Item una domus sita in parrochia Sancti Nicolai Ebroi-
censis, ex unolatere et uno butto, Laurentius Debrecy et,
ex alio, Petrus Michel.
Item una domus cum horto et loco sito in parrochia
Sancti Aquilini, ex uno latere, Robertus Hervieu, et ex
alio latere et alio butto, iter regium.
Item capellanus est capax distributionis capellanorum.
Et tenetur celebrare qualibet hebdomada [ ] missas.
Capella Sanctorum Cosm,e et Damiani (i), quam tenet
ad praesens dominus Joannes Langueil, presbyter, est de
latere sinistro chori.
Ad dictam capellam pertinent res et redditus sequentes
et a personis infrascriptis :
Robinus Le Mettayer, parrochia? de Paintievilla, débet
in festo sancti Remigii sexaginta solidos, et duodecim
gallinas seu pullas in festo Nativitatis Domini, et très
stophos (2) in festo Sancti Sacramenti.
(1) Cette chapelle aurait été créée par Jean de Croust en 1438, si
l'on en croit le registre de 1762, mais la date est évidemment er-
ronée. V. dans le cartulaire III du chapitre, fol. 292 r°, la donation
par « vénérable et discrepte personne maistre Jehan de Croust, cha-
noine en l'esglise Nostre Dame d'Evreux.... meu de devocion,
considérant les grans biens, honneurs et prouffis qu'il a en la dicte
egliss en laquelle il a esleu sa sépulture en la chappelle des deux
glorieux martyrs monsieur saint Cosme et saint Damien » d'une
rente annuelle de 4 1. 10 s. pour la célébration de son anniversaire.
(9 septembre 1420). — L'obituaire fait mention d'une procession, la
veille, et d'une messe célébrées par le chapitre le jour de la fête des
deux saints martyrs (27 septembre).
(2) Stoffus, esteuf, balle pour le jeu de paume.
H7
Joannes Bouchebee, de Bachiputeo, et sui fratres
debent, in festo Nativitatis beatae Mariae Virginis, viginti
solidos redditus.
Guillotus Dumoncel et Fabianus Le Monnier, parro-
chiae de Mantylone, debent, in terminis Nativitatum
Domini et Sancti Joarmis Baptistae mediatim, quadra-
ginta solidos.
Stephanus Le Roy et sui fratres, parrochiae de Parvilla,
debent, in quartae dîei martii termino, triginta sex solidos.
Guillelmus Blancfune, parrochiae de Ferariis Alti
Glocarii, débet, in termino Omnium Sanctorum, triginta
solidos.
Joannes Legoust, parrochiae de Guichenvilla, débet, in
festo Omnium Sanctorum, triginta solidos.
Cafinus Viel, de Curia Dominica (i), débet, prima die
martii, viginti solidos Turonenses.
Joannes Le Bossu, de Gravigneyo, et sui fratres debent,
in termino Omnium Sanctorum, viginti s.
Jacobus Eschart et Joannes Sourville, parrochiae de
Orgevilla, debent, in terminis Nativitatis Domini et Beaii
Joannis Baptistae, triginta solidos.
Joannes de la Barge et Robinus de Quessigny, parro-
chiae de Sacquenvilla, debent, in dictis terminis Nativi-
tatum Domini et Sancti Joannis, triginta solidos Tur.
Joannes Damoye, parrochiae de Quicteboto, in hamello
du Boullon, débet, in festo Assumptionis beatae Mariae,
duodecim bucellos bladi ad mensuram Ebroicensem.
Item, ad dictam capellam pertinet una domus cum
horto situato in civitate Ebroicensi, quae débet xlta solidos
capitulo Ebroicensi.
(i) Courdemanche.
148
Item capellanus est capax distributionis communitatis
capellanorum.
Et tenetur celebrare in dicta capella, qualibet hebdo-
mada, duas missas pro fundatoribus et interesse bis in
hebdomada in obitibus defunctorum.
Capella Sancti Martini (i), quam tenet ad praesens
Stephanus Malet, presbyter, est de latere dextro chori.
Ad dictam capellam pertinet una domus sita in civitate
Ebroicensi cum horto, ex uno latere, domus canonialis
dicta de Villy (2) quam tenet magister Symon Dablon,
et, ex alio latere, domus capellae Sancti Sebastiani, ex uno
butto, mûri villae, ex alio, vicus, et débet capitulo xij d.
redditus.
Capellanus Sanctae Cathannae prétendit habere supra
dicta domo xxx s. redditus.
Ad dictam capellam dudum pertinebant multi redditus,
[ascendjentes, ut fusius, usque ad summam xxx 1. Tur.,
qu[i] f[uer]unt p[er]diti tempore hostilitatis, de quibus
tamen capellanus recup[~er]avit redditus infrascriptos :
Ludovicus Le Picart et Maria ejus uxor, commorantes
apud Bysy juxta Vernonem, ut constat per litteras pas-
(1) Cartulaire des chapelles (G. 69), fol. io5 r°. « Les chartes de
fondation de la chapelle monseigneur Saint-Martin et Saint-Denis »,
par Robert de Fresnes, chanoine et archidiacre d'Evreux, « in dextra
parte capitis ecclesie, irt quadam capella non perfecta vel con-
summata, sed eam volo et promitto in vitrinis, latomia, carpentaria,
iibris ornamentis et aliis necessariis ita decenter consummare
propriis sumptibus et ornare » (i3o8).
(2) La maison canoniale dite de Villy ou de Saint-Joseph venait,
peu d'années auparavant, d'être bâtie et donnée au Chapitre par
maître Jean de Quincarnon. V. VObituaire, à la date du i3 dé-
cembre.
149
satas coram Roberto Petit et Joanne Godin, tabellionibus
apud Vernonem vija julii vc vij : vij s. vj d.
Item Janotus Le Leu, de Sancto Justo, ut constat per
litteras passatas coram Roberto Le Sac prima die maii
anno m. iiij[c iiijxx] x : v s. Parisis.
Item dictus capellanus est de communitate capellano-
rum.
Et tenetur celebrare qualibet hebdomada unam missam.
Gapella Sancti Fiacrii ( i ), quam tenet ad praesens
Benedictus Basselin (2), presbyter, est de parte sinistra
chori, et ad dictam capellam pertinent res et redditus se-
quentes :
Una domus sita ante ecclesiam Sancti Nicolai, ex uno
butto, domus capellae de Albavia, ex alio, domus domini
de la Cousture.
Super domo Philippi Souchey (3) sita in parrochia
Sancti Thomae, ex uno latere, domus magistri Mathaei
Aubert, ex alio, Stephanus Souchey : 1 s.
Item super domo quam tenet Jacobus Chevallot (4)
sita in dicta parrochia Sancti Thomae, ex uno latere,
(1) Chapelle fondée en i358 par Guillaume Asselin et Mahault,
sa femme, bourgeois d'Evreux, de la paroisse Saint-Pierre.
(2) Il échangea, le 3 octobre i5i5, la cure de l'église paroissiale
Saint -Louis de Brécamp, diocèse de Chartres, pour celle de Saint-
Gilles d'Evreux; f en 1 533, avant le 3 juin.
(3) « Cependant le clocher de l'église de S» Jacques de l'Hospital
qui estoit de bois, ayant esté entièrement consommé par le feu, les
frères de la charité assemblèrent leurs antiques, les plus notables
bourgeois de la ville et délibérèrent de faire eslever une tour de
pierre de taille, a l'imitation de celle delà par. de St Thomas
Philippe du Souchey, eschevin, commença a placer la première
pierre le huitième d'avril i52i. »> (Le Batelier d'Aviron, Mémorial,
p. 144.)
(4) Receveur des deniers communs de la ville d'Evreux (i5i5).
JoannesLe Gros et, ex alio, Joannes Heudebourg : xxxs.
Item super domo Joannis Du bue sita in parrochia
Sancti Pétri Ebroicensis, ex uno latere, magister Joannes
Louvel, et ex alio, Gabriel Le Febvre : x s. Tur.
Item super domo pertinente Joanni Le Monnier sita in
dicta parrochia Sancti Pétri, ex uno latere, Oliverius
Ragorel, ex alio, Joannes Lemoyne : xj s. Tur.
Item super domo pertinente Joanni Le Monnier sita in
parrochia Sancti Pétri, ex uno latere, domus de Lesprin-
guet : xx s. Tur.
Item super domo sita in parrochia praedict[a] in qua
nunc moratur Huguetus Barbifesor : xx s. T.
Item super domo pertinente a laBigaude, inquapendet
intersignium de la Fleur de Lys : xx s. Tur.
Itern super domo pertinente Robineto Courtoys sita in
dicta parrochia, ex uno latere, Danvilliér (?) et, ex alio,
magister Reginaldus Delangle : vj s. ix d.
Item super domo pertinente Joanni Mussot sita in vico
du Homme, extra muros : x s. Tur.
Item eidem capellaniae pertinet una vinea sita aux
Petits Mons, continens dimidiam acram terras.
Item unus clausus, continens duas acras terrae vel quo-
circa, situatus in parrochia de Gravigneyo.
Item dimidia acra terrae sita in dicta parrochia, et per-
cipit capellanus, tam pro dicta dimidia acra quam pro
clauso, xviij bucellos bladi cum médiate fructuum.
Item, apud Emallevillam, novem virguflae] terrae, pro
quibus capellanus habet, pro modo firmae, vij bucellos
bladi.
Capellanus est capax distributionis communitatis
capellanorum.
Et tenetur celebrare duas missas qualibet hebdomada.
i5i
Quatuor capell^e seu portiones fundat^e ad altare
Sanctorum Martyrum Stephaw, Laurentii et Vincentii
in cruciata, versus domum episcopalem (i), quarum duae
surit de parte dextra chori, aliae duae surit de sinistra parte,
et capellani dictarum portionum ascendunt in altis se-
dibus in obitibus episcopi fundatoris ipsarum.
a) Altéra portio dictorum Martyrum, quam tenet ad
praesens Nicolaus Joannes, presbyter, est de latere dextro
chori, ad quam pertinent res et redditùs sequentes :
Colinus Delisle, pro quibusdam terris quas tenet in
parrochia des Manières, débet : iiij 1. x s. redditùs.
Joannes Symon Vaisné débet : lxxij s.
Joannes Symon junior débet : xxx s.
Guillelmus Cocherel : iiij 1. x s.
Ludovicus Chappon : xxiiij s.
Joannes Le Masurier : vj s.
Dictus capellanus est capax distributionis comm'uni-
tatum capellanorum.
Et tenetur celebrare qualibet hebdomada.
b) Altéra portio dictorum Martyrum, quam tenet ad
praesens Henricus Duclos, est de latere sinistro chori.
Colinus Maistresse, parrochiae de Boessy prope Dam-
villam, débet capellano dictae capellaniae, pro certis sibi
haereditatibus in emphiteosim traditis, in terminis Nati-
(i) L'évêque Jean d'Aubergenville, fondateur de ces chapelles en
i25o, voulut y être enterré, au pied de l'autel, « en une cave soubs
terre, au dessus de laquelle est une tombe d'airain parsemée de
fleurs de lys où il est représenté de sa grandeur, un petit chien à
ses pieds, revestu de ses habits pontificaux » {Mémorial historique,
p. 84). Les quatre portions ou chapellenies étaient encore dites
« chapelle de Coignefesse ou des Boiteux », surnom qui leur était
venu des biens-fonds ayant formé leur première dotation ou des
anciens possesseurs de ceux-ci. (Arch. de l'Eure, G. 69 ; cartul. des
chapelles, fol. 216, r°.)
152
vitatum Domini et Sancti Joannis Baptistae : [ (i)].
Et est capax distribution is communitatum capellano-
rum.
Et tenetur celebrare.
c) Altéra portio capellœ Martyrum, quam tenet ma-
gister Michaël des Barres, est de latere dextro chori, et ad
dictam portionem pertinent res et redditus sequentes :
[ (2)]-
d) Altéra portio capellae Martyrum, quam tenet Nico-
laus Aubert (?), est de latere sinistro chori, et ad dictam
portionem pertinent res et redditus sequentes : [ (4)].
Capella Sancti Christophori (5), quam tenet ad prae-
sens Guillelmus Esnault, presbyter, est de latere dextro
chori. Ad quam capellam pertinent res et redditus se-
quentes :
Una portio domus, in parrochia de Champigneyo,
(1, 2 et 4) L'espace réservé pour l'indication des revenus n'a pas
été rempli.
(3) Neveu du chanoine Jean Aubert, il était fils de Nicolas Aubert,
greffier de la grande sénéchaussée de Normandie, et de Marguerite
Gravelles. Nicolas Aubert, clerc, est chapelain de Saint-Thibaut à
l'Hôtel-Dieu d'Evreux, en 1 5o6, et prieur de Verneuil. Chanoine
des Huit, il se rend en \bi3 à Rouen, pour l'assemblée provinciale,
chargé de procuration du chapitre de la cathédrale d'Evreux.
(5) La chapelle Saint-Jacques Saint-Christophe fut érigée vers
l'année 1200. On l'avait surnommée « la chapelle au Regnard »
{quœ alias, a vulpibus, capella Vulpis mincupatur), à cause d'une
dîme, appelée dîme Regnard, que le chapelain avait droit de prendre
dans la paroisse de Fontaine-sous-Jouy : « Il est vray que cette
dixme s'est toujours appelée dixme Regnard et que le seul chapelain
y prenoit dixme a l'exclusion des autres decimateurs et du sieur
curé, que le proverbe établi de tout temps dans le païs porte que
ou le Regnard prend, personne n'a plus que voir. »
*53
quae, communibus annis, valere potest viginti tria sex-
taria bladi.
Item, alia portio décima?, in parrochia de Fontibus
su[btus] Joyacum, quae valet, communibus annis, tam
in grano, in vino quam in decimis viridibus, octo vel
novem libras.
Item, alia décima, au Mesnil Anseauîme, quae, com-
munibus annis, valet quinque aut sex libras.
Item, capellanus est capax distributionis communi-
tatum capellanorum.
Et lenetur celebrare singulis hebdomadis.
Capella Sancti Sebastiani (i), quam tenet ad praesens
magister Jacobus Le Pelletier, presbyter, est de latere
sinistro chori, et ad ipsam pertinent res sequentes :
Super domo ubi pendet intersignium Equi Albi, in
parrochia Sancti Pétri Ebroicensis, quae spectat Petro
Hernault, bonnetier gallice, debentur capellano : vj 1.
Tur.
Item, est capax distributionis communitatis capellano-
rum.
Et tenetur celebrare qualibet hebdomada.
Capella fundata ad altare Sancti Agniani in navi
ecclesle (2), quam tenet ad praesens Nicolaus Gandon,
presbyter, est de latere dextro chori, et ad dictam capel-
lam pertinent res et redditus sequentes :
Una domus sita in civitate Ebroicensi, in parrochia
Sancti Nicolai, ex uno butto, supra vicum tendent[em] ab
(r) Son établissement, en i36i, est dû à Gilles de Meresse,
bourgeois d'Evreux.
(2) On attribuait à un chanoine nommé Jean Pesnel ou Paynel
(Paganelli) la fondation de la chapelle Saint-Aignan.
154
ecclesia Beatae Maria? Ebroicensis ad locum qui dicitur
le Trou au Baillif et, ex alio butto, mûris villae et civi-
tatis Ebroicensis, ex uno latere, domui spectanti domino
Philippo Le Goux, et eidem lateri abutat hortus lepro-
sariae Sancti Nicolai.
Item, dictus capellanus percipit, singulis annis, a
capitulo Ebroicensi, per manus praepositi, decem libras
Turonenses.
Item, dictus capellanus est capax distributionis com-
munitatis capellanorum.
Et tenetur celebrare.
Capella Sancti Eustachii ( i ) quam tenet ad praesens
Giraudus Lendormy (2), presbyter, et est de latere si-
nistro chori.
Sequuntur res et redditus dicta? capellaniœ, de qui-
bus capellanus gaudet :
Una domus sita in civitate Ebroicensi ; ex uno latere,
[ (3)].
(1) 1340. Fondation et dotation, par maître Guillaume Ruault,
chanoine de Rennes et recteur de l'église Notre-Dame d'Iville, au
diocèse d'Evreux, d'une chapelle dans l'église cathédrale, à l'entrée
de la nef, du côté gauche, en l'honneur de saint Eustache et de ses
compagnons, martyrs. (G. Bourbon, Inventaire somm. des arch. dép.,
série G, p. 44.)
(2) De 1482 à i5oi, le curé de Saint-Gilles d'Evreux se nommait
Jean Lendormy.
(3) Les titres de la chapelle désignent ainsi cette maison : «
Un manoir, comme il se comporte en long et en lé , assis le
dit manoir en la paroisse Saint Nicolas de la Cité d'Evreux, entre
la maison maistre Martin Bende, prieur de Saint Nicollas de la
Malladrerie d'Evreux, d'une part, et la maison de la chappelle que
fonda Jehan Panel, jadis chanoine d'Evreux, d'autre, et aboutissant
sur la rue, d'un bout, par devant, et, d'autre bout, aux murs de la
Cité d'Evreux. ...» (G. 69, Cartul. des Chap., fol. 283.)
155
Item, supra domo in qua tune moratur Lucas Bras-
defer, in parrochia [ ], capellanus percipit
quadraginta solidos redditus.
Item, apud Bernienvillam, [ ].
Item, apud Rochetam, habet unam petiam vineae
continentem quinquaginta perticas vineae.
Sequuntur redditus de quibus ad prœsens non gaudet :
In parrochia de Y[sjcarvilla : xxxv s. iiij d. et un
chappon.
In parrochia Sancti Cirici de Valle Rodolii : viij s. et
un chappon.
In parrochia Beatae Mariae de Valle Rodolii : iiij 1.
xiij s. vj d.
In parrochia Sancti Joannis de Elboto : xij s.
In dicta parrochia, super una petia prati : iiij s. Tur.
In parrochia Sancti Albini juxta Bolen : xxij s.
In parrochia Sancti Martini de Tourneville (i), juxta
Portum Sancti Audoeni : lxij s. ix d.
Item, super quamdam plateam sitam in vico Sancti
Joannis Ebroicensis : xiiij s.
Item, super domum qu[ae] fuit Radulphi Leprevost,
sitam in suburbiis Ebro. : x s.
Dictus capellanus est capax distributionis communi-
tatis capellanorum.
Et tenetur celebrare singulis hebdomadis.
Capella Sancti Portiani (2), quam tenet nunc Joannes
Trembler, presbyter, est de latere dextro chori, et ad dic-
tam capellam pertinent redditus sequentes :
Joannes Dupuys, parrochias de Plesseyo Grohan, in
hamello des Arvolus, loco Raulini de Viveney, débet
(1) Lire : Tourville[-la-Rivière] (canton d'Elbeuf (Seine-Inférieure).
(2) Fondateur : Robert Piel, curé de Notre-Dame d'Aspres, aujour-
d'hui paroisse du canton de Moulins-la-Marche (Orne).
i5<S
xij s. redditus in termino Omnium Sanctorum, ut constat
per litteras passatas coram Alexandro Robillard et Petro
Mareschal, una de data diei secundi julii anno m. iiijc
iiijxx ix, alia de data diei penultimae septembris m. iiijc
iiijxx x ; sic : xij s.
Guillelmus Ducelier, de Hardencuria, débet, in dicto
termino, x s. Tur., ut constat per litteram passatam
coram Arnulpho Le Clerc et Guillelmo Le Moyne, de
data diei iij octobris m. iiijc iiijxx xv; sic : x s. Tur.
Joannes Mouchart, alias Huneaux, de Garello, débet,
in termino Sancti Nicolai hyemalis, xv solidos Tur. red-
ditus, ut constat per litteras passatas coram Alexandro et
Joanne dictis Robillard, de data v diei decembris m.
iiijc iiijxx xj ; sic : xv s. Tur.
Guillotus de Saint Jore, in termino Nativitatis Domini,
débet duos capones.
Mathœus Bouhin, parrochiœde Escorsayo prope Aqui-
lam, débet, in termino Nativitatis Domini, decem solidos,
ut constat per litteras passatas coram Guillelmo Desventes
et Alexandro Robillard, de data xxvj diei januarii anno
m. iiijc lxxiij; sic : x s.
Cardinus Letremblé, parrochiae de Bellomontello, loco
P[er]rini Nyon, débet octo solidos, ut constat per litteras
passatas coram Colino [ l,de data xv junii
m. iiijc lj, sic : viij s.
Robertus Vorim, de Nascendris, débet, in termino
Paschae, xx s., et, in festo Sancti Remigii, xx s., ut constat
per litteram signatam : Sochey. de data xxvij diei octobris
m. iiijc lxxix ; sic pro duobus terminis : xl s. Tur.
Robinetus Hue, de Nestreville, débet x s. in termino
Penthecostes, ut constat per litteram passatam coram Mi-
chaële et Alexandro dictfis] Robillard, de data xvj maii
m. iiijc iiijxx vj
157
Bernardus Buguerin, de Sancto Luca, débet x s., ut
constat per litteram passatam coram Guillelmo Desventes
et Alexandro Robillard, de data xx maii m. iiijc lxxij ;
sic, in festo Trinitatis : x s.
Jacobus Ducelier, de Hardencuria, débet, in termino
Nativitatis beati Joannis Baptistae, x s., ut constat per
litteram passatam coram Ranulpho Le Clerc et Joanne
Morel, de data xx junii anno m. iiijc iiijxx xv ; sic : x s.
Joannes Galloys, de Nestreville, débet, in dicto termino
Sancti Joannis, decem solidos, ut constat per litteras pas-
satas coram Guillelmo Desventes et Alexandro Robillard,
de data xxij junii, anno m. iiijc lxxij ; sic : x s.
Thomas Lambert, de Plesseyo Grohan, débet, in ter-
mino Sancti Remigii, decem solidos Tur., ut constat per
duas litteras, prima est signata : Mareschal et Robillard
et est de data îij diei m. iiijc iiijxx vj, altéra est de data
diei xxiiij februarii m. iiijc iiijxx xvij, signata : Laisné
Lachelay,; sic : x s.
Guillotus de Saint Jore débet in termino Paschae (et est
de Melleville) : x s.
Joannes Dubosc, parochine de Rotunda, locode la Fon-
taine : viij s.
Et capellanus est capax distributionis communitatum
capellanorum.
Et tenetur celebrare qualibet hebdomada.
Capella Beat^e Marle Magdalen^e ( i ), quam tenet ad
praesens magister Jacobus Gouget, presbyter, est de
sinistro latere chori .
(i) Fondée en 1297 par les exécuteurs testamentaires de Guil-
laume de Meulent, trésorier et chanoine de l'église d'Évreux, et en
accomplissement de ses dernières volontés, cette chapelle eut pour
premier titulaire un second Guillaume de Meulent que nous rêver-
i58
Ad dictam capellam pertinent très acrae terrae, quarum
duas situantur au Longbuisson et altéra prope capellam
Beatœ Marine Magdalenae prope (sic), et per nunc tra-
duntur ad firmam pro summa xl s.; sic : xl s. Tur.
Item, supra domum quandam, sitam apud Pennette,
quam tenet ad prœsens dominus Joannes Baudouyn,
presbyter : vj s. Tur.
Item, supra domum quandam, sitam apud Sanctum
Germanum de Pratis, quam tenet ad praesens Gaufridus
Thibault aut filius ejus Natalis Thibault : viij s.
Item, supra quendam jardinum, situatum in vico de la
Bove, rétro Sanctum Petrum, quem tenet nunc Robinetus
Delaporte et qui alias fuerat traditus in emphiteosim
Joanni Fordos : xij s.
Item, supra quandam domum quae fuit Damaigne, si-
ta[m] juxta domum magistri Joannis Louvel, domini de
Garrel (i) : xxviij s. Tur. redditus ; et sunt in processu
contra Ricardum Postis (2).
Item, supra domum quae fuit defuncti magistri Jacobi
rons un peu plus loin, chapelain, en i3i3, de la chapelle Saint-
Jacques Sainte-Catherine.
(1) Jean Louvel, écuyer, sieur de Garel, fils du Jean Louvel qui
qui avait été anobli par les francs-fiefs et de Jeanne Le Roux, était
lieutenant-général des baillis d'Evreux Jacques de Chambray et
Adrien de Haugest, sieur de Genlis. Il y eut, dans l'église Saint-Pierre
d'Evreux, une chapelle dédiée à Notre-Dame en i5i6 et dite cha-
pelle de Garel, « de la fondation du sieur Louvel, sieur de Garel,
qui l'a faitte bastir, peindre et fournir d'ornements nécessaires pour
y célébrer la saincte messe, comme aussi il a achevé de faire bastir
la dernière arche et voutte de cette église, aux pilliers et vuitres de
laquelle sont ses armes qui porte d'azur au sautoir d'or » (Le Bate-
lier, Mémo rial hist., p. 143).
(2) Richard Postis, sieur d'Argences, du chef de sa femme Cécile
Lespringuet.
159
Chrestien, situatam in Parva Civitate, quam idem Gougei
nomine privato acquisivit : xl s.
Item, eidem capellae pertinet una domus sita rétro dic-
tam domum acquisitam et prope muros Givitatis, una
eu m horto.
Item, capellanus est capax distributionis communi-
tatum capellanorum.
Et tenetur celebrare.
Gapella Sancti Nicolai (i), quam tenet ad prresens
dominus Philippus Le Goux (2), presbyter, est de latere
sinistro chori et ad ipsam pertinent res sequentes :
Dicta capella, ut asserit capellanus, olim fuit fundata
de xij sextariis bladi super praepositura capituli et de
quatuor libris, sed nunc, et a longo tempore, praepositus
dicti capituli solvit dumtaxat sexsextaria bladi etquadra-
ginta solidos.
Dictus capellanus est capax distributionis communi-
tatum capellanorum.
Et tenetur celebrare qualibet hebdomada.
Gapella Sancti Jacobi et Sancti Catharin^e (3) quam
(1) Sans titre de fondation.
(2) Philippe Le Goux, curé de Guichainville. (Registre qui date des
premières années du xvie siècle; Archiv. de l'Eure, G. i38.)
(3) La chapelle Saint-Jacques le Majeur et Sainte-Catherine fut
dotée, à l'aide du legs qu'avait fait dans ce but Alain de Meulent,
archidiacre d'Evreux, f avant i3o8, par l'évêque Mathieu des Es-
sarts. (Cartulaire G. 122, n° 86, fol. 81 ro.) Un très curieux procès-
verbal contenu en ce même cartulaire (no 401, fol. i35 r°) nous
montrera, à propos de ce bénéfice, l'inventaire du mobilier particu-
lier d'une chapelle de la cathédrale au début du xive siècle : Circa
capellaniam fundatam in ecclesia Ebroicensi a magistro Alano de
Mellento, quondam archidiacono Ebroicensi : Anno Domini Mo tre-
centesimo nono, die veneris post Quasimodo (1 1 avril i3og), nos,
i6o
tenet ad prœsens dominus Guillelmus Bousquain (i),
presbyter, et est de parte dextra chori ; et ad dictam ca-
pellam pertinent res et redditus sequentes :
Capellanus dictae capellae percipit, singulisannis, super
sigillum domini episcopi, in duabus synodis aequaliter,
xviij 1. Tur.
Item, super domo sita in parrochia Sancti Thomas
Ebroicensis, super vicum, quae domus fuit Petro Le
Marchant : iiij 1. Tur.
Item, super domo sita directe coram ecclesia Sancti
Thomae : xl s.
Item, super alia domo sita in dicto vico Sancti Thomae,
qu[ae] pertinet [ ] Fouchart : xxv s. Tur.
A., decanus, et capitulum Ebroic, in capitulo more solito cons-
titua, unanimi assensu contulimus capellaniam rundatam a magis-
tro Alano de Mellento, quondam archidiacono Ebr., Gaufrido dicto
Gilemer, presbytero, et ipsum investivimus de eadem ; calicem et
patenam argenteos deauratos, missale notatum cum evangeliis, gra-
dale notatum cum epistolis, legendam pulcherrimam cum salterio
fèriali, antiphonarium pulcherrimum cum hympnis notatum, duas
infulas, unam de cendali nigro fourratam de tela viridi, aliam de
tela alba, unam albam pa[ratam] cum amicto, duas stolas cum duo-
bus manipulis, unum succinctorium, duo corporalia cum duobus
repositoriis pulcherrimis cum sex touailliis quarum una est parata,
duo paramenta ad altare cum dossali et duabus cortinis cum suis
paramentis, et omnia et singula conscribi fecimus in missali dicte
capellanie et cartario nostro. » — En addition et d'une autre encre :
« Et hec omnia et singula, de mandate capituli, tradita fuerunl et
liberata domino Guillelmo de Mellento, presbytero et nunc dicte
capelle capellano, die martis in festo sancti Dyonisii, anno Domini
M0 CCCo tercio decimo, una cum quadam archa forti et duabus cla-
vibus, una, scilicet, de ostio dicte capelle et alia dicte arche ; pre-
sentibus ad hec A., decano, V., archidiacono, L., penitenciario, et
aliis. »
(i) Ou Boscain. Ce chapelain vécut jusqu'en 1545.
I6l
Super dictis domibus debetur domino episcopo Ebroi-
censi : xxiiij s. ix d. Tur.
Capellanus dictae capellœ est capax distributionis com-
munitatum capellanorum.
Et tenetur celebrare qualibet hebdomada duas missas.
Gapella Sancti MarctArit^. ( i ), quam tenet ad praesens
Joannes Delisje, presbyter, est de latere sinistro chori, et
ad ipsam pertinent res et redditus sequentes :
Dictus capellanus habet jus percipiendi, supra curatum
de Nonancuria, in duabus synodis, quatuor decem libras
Turonenses.
Item, a praeposito capituli : viginti solidos.
Item, eidem capellano pertinet una domus contigua
domui presbyterali Sancti Nicolai Ebroicensis.
Dictus capellanus est capax distributionis communita-
tum capellanorum.
Et tenetur celebrare qualibet hebdomada.
Capella Sancti Michaelis eundata in dextra turri
ecclesi^e Ebroicensis (2), quam tenet ad praesens Joannes
Le Caron, presbyter, est de latere dextro chori, et ad
ipsam pertinent res et redditus sequentes :
Una domus sita in Parva Civitate(3) Ebroicensi, prope
le Trou au 'Baillif gallice, ex uno latere, Guillelmus
Ragerel, exaltero domus capellae Matutinalis quam tenet
(1) L'évêque Mathieu des Essarts et le chapitre avaient ensemble
contribué, en i3oi, à fonder la chapelle Sainte-Marguerite.
(2) Chapelle Saint-Michel-de-la-Tour (in turri), fondée en 1255
par le seigneur de Nonancourt, Robert de Courtenay, doyen de
l'église Notre-Dame de Chartres, qui devint, en 12 58, évêque d'Or-
léans.
(3) Une des rues d'Evreux, après avoir été appelée rue de Y Ave
Maria, continue de se nommer rue de la « Petite-Cité ».
1 1
\6i
magister Thomas Duval, et, ex unobutto, pavimento seu
vico dictae civitatis, et nihil débet dicta domus.
Item, capellanus habet jus percipiendi super praeposi-
tura de Nonancuria, in terminis Purificationis beatae
Mariae et Ascensionis Domini, decem libras Tur. sol-
vendas per vicecomitem super recepta dicti loci de Non-
nancuria.
Item, supra quadam platea sita supra fossatos, rétro
domum episcopalem, quam plateam nunc[tenet] Joannes
Davrilly
Item, capellanus est capax distributionis communi-
tatis capellanorum.
Item, tenetur celebrare quaiibet hebdomada.
Est notandum quod antiquitus, in parrochiis de Pacy,
Menilles et Croisy, erant xij 1. in pluribuspartibusquLae]
per decanum Ebroicensem, présente capellano, distribue-
bantur pauperibus in sotularibus, in duobus obitibus
defuncti magistri Pétri de la Houssaye (i), super tumba
sua, juxta altare Pardonis, de qua summa xij 1. nulla fit
distributio, quoniam redditus, tempore guerrarum, fue-
rant deperditi et ignoratur ubi situantur.
Gapella Sancti Joannis Evangelistve (2) quam nunc
tenet Joannes Petit, presbyter, fundata in antiqua turri
(1) Pierre de la Houssaye était, en l^5^, archidiacre d'Ouche ; il fut
un des deux exécuteurs testamentaires de l'évêque Raoul de Cierrey,
mort en 1243. Je ne rencontre, dans le nécrologe du chapitre, la
mention que d'un seul de ces obits et des distributions qui, à leur
occasion, se faisaient aux pauvres : « Eodem die (26 mai) obitus
Pétri de Housseya, sacerdotis, archidiaconi, xl s. ; item, eodem die
debent habere pauperes septem libras, per manus decani ecclesie
Ebroicensis distribuendas. »
(2) Fondée vers 1246.
l6i
ecclesias lateris sinistri, et est de latere sinistro chori, et
ad ipsam pertinent res et redditus sequentes :
Capellanus dictas capellas percipit singulis annis, in
parrochia de Canapevilla, certam portionem décima ru m
crescentium in feodis dominorum infrascriptorum, [sci-
licet], Radulphi du Boullay et Nicolai Bestenc (i), et in
terris suorum hominum tenentium ab eisdem, ut constat
per litteras fundationis dictas capellas existentes in capi-
tule» ; et valet, communibus annis, dicta portio [
]•
Item, dictus capellanus percipit singulis annis xv so-
lidos super quadam domo et horto sitis in parrochia
Sancti Aquilini, qu[os] nunc tenet Cardinus Delaprée.
Item, super bursa capituli, in duabus synodis : xv s.,
videlicet, in qualibet synodo : vij s. vj d.
Item, eidem capellae spectat una domus sita in parro-
chia Sancti Nicolai, ex uno latere et uno butto, domus
prioratus leprosarias Sancti Nicolai, et, ex alio latere,
domus domini Philippi Le Goux, et, ex alio butto, vicus
seu pavimentum, et débet dicta domus communitati
capellanorum xxvij s. Tur.
Capellanus dictas capellas est capax distributionis com-
munitatum capellanorum.
Et tenetur celebrare, singulis hebdomadis, duas missas.
Sequuntur capellœ in dicta ecclesia Ebroicensi fundatœ
quarum capellani nihil percipiunt de distributionibus
communitatis capellanorum ; tamen habent habitum
ecclesiœ :
Du^E PORTIONES CAPELLŒ PlGRORUM AD ALTARE BEAT^,
(3) Les deux fiefs, auxquels ces seigneurs laissèrent leur nom,
n'en formèrent plus tard, sous le nom de Boulay-Béthan, qu'un
seul qui fut acquis, vers i522, par Simon Le Muterel.
164
Marine in navi ecclesle (i) per defunctum dominum
Joannem Le Parmentier, canonicum, fundatae, ad quas
portiones pertinent res et redditus sequentes quos duo
capellani dividunt inîer se aequaliter :
Apud Gisayum, super quosdam nuncupatos les Tel-
liers, in terminis Nativitatum Domini et Sancti Joannis
Baptistae mediatim : iiij 1. x s.
Item, apud Flamain (2), prope Conchas, super quos-
dam nuncupatos les Fere^, in praedictis terminis Nativi-
tatis Domini et Sancti Joannis : vij 1.
Item, apud Sanctum Albinum d'Ecrovilla, percipiunt
quandam portionem decimae quae valet, communibus
annis, xvj 1.
Item, Joannes Mussot, carnifex Ebroicensis, pro vinea
dicta de la Caboscharde, débet in terminis Paschae et
Sancti Remign mediatim iiij 1. annui redditus; sic : iiij 1.
Item, Martinus Bourgeoys, pro sua vinea : iiij s.
Item, Robinetus Michelet, de Nestrevilla, débet, in
termino Omnium Sanctorum, xxxv s.
Item, le Fief aux Chevaliers (3) [gallice], situatus
apud Brovillam, valet, singulis annis, iiij 1. x s.
(1) « La chappelle de la messe aux parecheux que fonda messire
Jehan Le Parmentier a l'autel de Nostre Dame du pillier en l'église
d'Evreux en la révérence de Dieu et de monsieur sainct Jehan
Baptiste et madame saincte Katherine. » Avant d'être chanoine et
d'exécuter cette fondation, que l'on croit de 1414, il avait eu la cure
de Feuguerolles. (Arch. de l'Eure, G. 12.3, fol. 45 v°.)
(2) Lieux dits « les Flamains ou Flimains », à la Croisille et à
Portes.
(3) Le Fief-aux-Chevaliers, à Brosville, avait été acheté au moyen
d'une somme de 100 1. t. que donna Me Jean de Villiers, prêtre et
chanoine d'Evreux, pour la fondation de son obit. Le Chapitre,
d'accord avec les chapelains de la « chapelle aux Paresseux », vendit
bientôt après ce fief à l'évêque, désireux de le réunir à ses domaines
de Brosville.
ié5
Item, portio decimae de Faverolis et de Lignerolis,
prope Illerias, valet, communibus annis, [cum] duobus
caponis, xlij s. Tur.
Item, dominus de Faverolis débet, singulis annis, in
festo Sancti Remigii, xxxv s
Item, pertinet dictis duabus portionibus una domus
cum horto situatis in suburbiis Ebroicensibus, juxta
Fratres Minores Sancti Joannis Ebroicensis, quae per
nunc fuit tradita ad locationem pro summa xxx s.
Item, unum pratum situatum apud Arnieres et ante
ecclesiam Sancti Laudulphi (i) [quod | quidem traditur
ad firmam, singulis annis, pro summa xl s.
Item, eisdem portionibus pertinet una domus sita in
civitate Ebroicensi, ex uno latere [ ].
Et tenentur capellani dictarum portionum celebrare
missas, singulis diebus, quilibet in sua hebdomada, et
debent incipere dictas missas Pigrorum quando levatur
corpus Domini (2) in majori missa chori.
a) Magister Joannes Bardin, presbyter, tenet alteram
portionem capellae Pigrorum, in parte dextra chori.
Et est dicta portio ad praesentatîonem archidiaconi
Ebroicensis et ad collationem dominorum decani et
capituli.
Et percipit capellanus medietatem rerum superius
declaratarum, ut in domibus, decimis, redditibus et pro-
ventibus.
(1) L'église de Bérengeville-la-Rivière, dédiée à saint Laudulphe,
était située à l'extrémité de cette ancienne paroisse, tout près du
territoire d'Arnières.
(2) A l'élévation ou « lever-Dieu », selon l'expression qu'em-
ployaient nos pères. — L'heure tardive assignée à la célébration des
messes de cette chapelle lui avait valu sa dénomination populaire.
i66
Et tenetur celebrare missas singulis diebus in sua heb-
domada, hora superius determinata.
b) Magister Joannes Fillon (i) tenet alteram portionem
dictae capellae Pigrorum, in parte sinistra chori.
Et est dicta portio ad prassentationem cantons et ad
collationem dominorum decani et capituli.
Et percipit capellanus medietatem rerum superius
declaratarum, videlicet, in domibus, decimis, redditibus-
et aliis proventibus.
Et tenetur celebrare missas singulis diebus in sua heb-
domada, hora superius determinata.
Capella ad alt are BeatjE Catharin^e, per Arturum
Despinefort, presbyterum,executorem testamenti defuncti
magistri Caroli Gouaffedour (2), canonici, fundat[a] de
bonis executionis ipsius defuncti, quam' capellam tenet
dicîus Despinefort, et est de latere sinistro chori, ad quam
pertinent redditus sequentes :
Supra domo de geaulla Octo Canonicorum antiquae
fundationis, xl [s.] Tur. redditus, per hypothecam, redi-
mabil[es] solvendo pertinentes res, ut constat per litteram
adjudications decreti super hoc facti ; sic : xl s. T.
Item, supra domo sita in vico Carnotino, pertinente
(2) Jean Fillon, prêtre, est présenté le 29 septembre i5o3, par
Jean Chevallot, prieur et administrateur de THôtel-Dieu, à la cha-
pelle Saint-Thibaut, dans l'église de ce prieuré. Il devait être de la
même famille qu'Arthur et Jacques Fillon, et que Jean Fillon, lieu-
tenant général du bailli d'Evreux.
(2) .« Eodem die (i5 janvier) obitus venerabilis viri magistri Karoli
Gouaffedour, canonici, qui dédit domum et viridarium in parro-
chia Sancti Leodegarii Ebroicensis » La date du décès de ce
chanoine n'est indiquée par aucun document, mais il mourut certai-
nement à l'extrême fin du xve siècle, ce qui peut aider à dater la
fondation.
i*7
his diebus[ad] Joann[emj Morisse, xx s. redditus redima-
bilis, ut consiat per litteras passatas coram tabellionibus
-Ebroicensibus, de data vija januarii anno m0 vc secundo;
sic : xx s. Tur.
Item, supra Oliverium Touey, parrochiœ sancti Thomœ
Ebroicensis, x i, ut constat per litteras passatas coram
tabellionibus Ebroicensibus, ut constat per litteras de die
xva octobris m. iiijc iiijxx xvij; [sic] : x s.
Item, super haeredcs Robini Le Roy, de CracoviJla,
vj s. redditus, de rente fonsiere gallice, juxta litteras pas-
satas xjija die februarii m. iiijc iiijxx viij coram tabellio-
nibus Ebroicensibus; sic : vj s. de rente fonsiere .
Item, super haeredes dicti Robini Le Roy, v s. redditus
[per] hypothe[cam |, ut constat per litteras passatas coram
tabellionibus Ebroicensibus die vija aprilis anno m. iiijc
lxx ante Pasch|a|; sic : v s.
Item, super Petrum Regnoult, x s. redditus garen-
diat[i|per Petrum Mathieu, de Cracovilla, juxta litteras
passatas [die] sabbati xiiija novembris m. iiijc iiijxx nono;
sic : x s. hypoth.
Item, super Joannem Foubert, de Clavilla, xvj s. red-
ditus hypothe[cari]i, juxta litteras passatas die xvja martii
m. iiijc lx; sic : xvj s.
Item, super dominum Nicolaum Chorel, presbyterum,
de Clavilla, x s. redditus hypoth., juxta litteras passatas
xvja junii anno m. iiijc lxix; sic : x s.
Item, super Jacobum Josse, de Mantelone, xx s. red-
ditus hypoth., juxta litteras passatas xxiiija octobris anno
mille"10 vc; sic : xx s.
Item, super Dionysium, Guillelmum et Martinum
dictos Neelle, lx s. redditus hypoth., juxta litteras passatas
coram tabellionibus Ebroicensibus die sabbati xxa de-
cembris anno m0 vc ij°; sic : lx s.
68
Item, super Joannem Boyvin, Sancti Germani de An-
gulis, xxx s. redditus hypoth., juxta litteras passatas die
martis xxja januarii m0 iiijc iiijxx ij°; sic : xxx s.
Item, super Thomam Maucois et Golinum Paulmier,
Sancti Germani juxta Ebroicas, xx s. redditus hypoth.,
juxta litteras passatas die sabbati xxvija decembris m0
iiijc iiijxx viij0; sic : xx s.
Item, supra Andream Boulongne, de Cultura prope
Ybreium, xx s. redditus hypoth., juxta litteras passatas
die jovis xxiiij3 januarii anno m0 iiijc iiijxx xij°; sic : xx s.
Item, supra Andream Framart, parrochiae de Cultura,
xx s. redditus hypoth., juxta litteras passatas coram tabel-
lionibus [die] jovis xxvja januarii m0 vc ijo • sic : Xx s.
Item, super Joannem Le Cauchoys et Joannem Le
Fauscheur, de Hondovilla, x s. redditus hypoth., juxta
litteras passatas coram tabellionibus diexxa mensisaprilis
anno m0 iiijxx xiij0; sic : x s.
Item, super Robinum Le Leu, de Hondovilla, xx s.
redditus juxta litteras passatas : xx s.
Item, super Colinum Guillemel, de Vendis, iiij s. red-
ditus juxta litteras passatas coram tabellionibus xxiija die
mensis maii anno Domini m0 iiijc iiijxx ix; sic : iiij s.
Item, super Gilletum Dehon, de Cracovilla, percipit
xlij s. redditus, juxta litteras; sic : xlij s.
S : xviij 1. iij s.
Et tenetur capellanus celebrare duas missas qualibet
hebdomada.
Capella Sanctarum Sororum (i) per defunctum ma-
(i) Autrement dite « chapelle des Maries », fondée en l'an 1491
par Jean de Quincarnon, chanoine d'Evreux, sous l'invocation des
saintes sœurs Marie, mère de Jacques, et Marie Salomé, dont René
d'Anjou, roi de Sicile, avait, en 1449, offert à l'église cathédrale
i69
gistrum Joannem deQuinquernon (r), canonicum Ebroi-
censem,ad altare Beatœ Mariœ in navi ecclesiae fundata(2)
(modo magister Joannes de Rocha (3); modo Christo-
phor[us], chorista), ad quam pertinent redditussequentes :
Super terris de Nestreville que fuerunt Thomae de
Quinquernon, patris dicti canonici, unum modium
bladi.
Super Guillelmum Picot, commorantem apud Nestre-
ville : xxx s.
Super Simonem Gérard, parrochiae Sancti Thomae
Ebroicensis : v s.
Item, super Allaricum Mellot, ad causam [unius] petiae
terrae sitae in parrochia Sancti Leodegarii Ebroic. : xvj s.;
m[od]o nihil.
« deux parties notables des costes..., attestées en parolles de roy,
avoir esté tirées de leurs corps ». (Mémorial des évêques d'Evreux,
p. i32). On y faisait la solennité des deux saintes comme de fête
triple le 22 octobre. La veille de ce jour, une procession à l'autel
dédié sous leur vocable avait été instituée par le fondateur de la
chapelle.
(1) Thomas de Quincarnon, son père, bourgeois d'Evreux et
sieur d'Asseville, anobli par les francs-fiefs, figure à la Monstre de
1469. L'obituaire fait mémoire de lui et de Simonne, sa femme,
le 1er juillet, date à laquelle était chanté un des obits fondés par
Me Jean de Quincarnon. Celui-ci avait donné à l'église de riches
joyaux et enrichi de livres de droit canonique et de droit civil (le
donateur était licencié en décret) la bibliothèque capitulaire. En
1465, ce chanoine se présenta pour prendre possession de l'évêché
d'Evreux comme chargé de procuration de l'évêqueélu Jean Balue.
(2) L'autel des Maries, au rapport de Lebrasseur {Hist. du comté
d'Evreux, p. 379), « étoit dans ce temps là au premier pilier de la
nef du côté du chœur à main droite, vis-à-vis l'image de Sainte-
Agathe ».
(3) Jean de la Roche, curé de Coudres (commencement du xvie
siècle). 11 devint chapelain de Saint-André d'Aubevoye et sous-
chantre. V. p. 70.
ïtem super Petrum Turelure, parrochiae de Vacaria, ad
causam unius petiae vineae sitae in parrochia de Brovilla :
v s.
Item, super Robinum Dufresche, alias Cavart, ad cau-
sam unius masurae et jardini sitorum in parrochia de
Rotunda : xx s.
Item, super Guilletum Le Monnier, parrochiae [ ],
ad causam suae domus : v s.
Item, super Petrum Le Breton, de Dardes : xx s.
Item, super Stephanum Moncolet, de Brovilla : xv s.
Item, super Guillelmum Adam, de Garentieres : xx s.
Item, super dictos Dubosc, nempe Petrum et Michae-
lem, parrochiae de Paintievilla : xv s.
Item, super Guillelmum et Thomam dictos les Tel-
liers, de Esmallevilla : xij s.; modo nihil.
Item, super les Pelletiers, de Escardenvilla : lx s.
Item, super domo quae fuit magistri Jacobi Lespicier,
quam nunc tenet Guillelmus Le Moyne : xxvj s.
Item, super Joannem Gillet, de Novoburgo : xl s. ; qu[i|
fuerunt racquitat[i], et de pecunia restituta fuerunt ac-
quisiti redditus sequentes :
A Radulpho Delamare, alias Crespin, commorantem
apud Novumburgum : c s,
Item, a domino Johanne Le Grand et Thoma Buzot,
parrochiae de Grossœuvre : c s.
Item, tenetur capellanus celebrare très missas qualibet
hebdomada.
Et, per fundationem, dicta capellania débet conferri
uni clerico septimane aut puero seu adolescenti chori.
Et ad praesens Joannes Kochette, presbyter, clericus
septimane, tenet dictam capellaniam.
Capella Sancti Claudii, de novo fundata per domicel-
lam Georgetam Le Gras (i), relictam defuncti Michaelis
Le Moyne, quam tenet ad prœsens magister Johannes
Le Moyne, presbyter, est de latere sinistro chori.
Dicta capella est fundata de quindecim libris Turon.
redditus, de rente fonsiere gallice, capiendis super dicta
domicella et super omnibus bonis suis mobilibus et here-
ditatibus donec et quousque ips[a | tradiderit dictum red-
ditum eidem capellano in bona et surficienti situatione.
Et tenetur capellanus celebrare duas missas qualibet
hebdomada in diebus lunae et sabbathi.
Et tenetur celebrare, die lume in hebdomada sancta, ad
altare Sancti Claudii, unam missam alta voce cum dia-
cono et subdiacono, in qua domini canonici et capellani
communicarii assistere debent, et distribuunturcanonicis
praesentibus xl s., et capellanis xx s.
(i) Sur cette dame et ses œuvres pieuses et charitables, on pourra
lire, dans V Annuaire de l'Eure de 1859, 1860 et 1880, des notices
de MM. A. Chassant et G. Bourbon. Georgette Le Gras, les
armoiries en témoignent, était de la môme lignée qu'un « Jehan Le
Gras, tenant le fief au Blanc », à Grandchain, et défaillant à la Monstre
de 1470. Les registres du chapitre donnent l'établissement de la
chapelle Saint-Claude comme étant de 1509. Déjà veuve d'un élu
d'Evreux, la fondatrice avait présenté un parent de celui-ci à ce
nouveau bénéfice. Remariée à Jean du Buisson, écuyer, seigneur de
la Couture, à la Madeleine-de-Nonancourt, et de Mélleville (paroisse
unie aujourd'hui à Guichainville), elle avait, avant 1 5 20, perdu son
second mari. Il est à remarquer que l'inscription de la dalle funé-
raire destinée à recouvrir ses restes mortels, gravée durant son
premier veuvage, avec des blancs pour la date du décès, n'a jamais
été complétée et porte uniquement le nom de Michel Le Moine,
tandis que YObituaire parle seulement de Jean du Buisson : (23 oc-
tobre) « Obitus domicelle Georgete Le Gras, relicte nobilis viri
Johannis du Buisson, dum viveret domini temporalis de Cultura...,
et fiet processio in fine misse, eundo ad tumulum ejusdem domi-
celle, decantando Libéra cum De profundis. — Prope sacellum
Divi Claudii ».
172
Item, dictus capellanus tenetur celebrare unammissam
alta voce cum diacono et subdiacono et percipit ab eadem
domicella quadraginta solidos Tur. redditus, de qua
summa capellanus distribuet clericis chori subdicto
choro (?) qui assistent dicte missae, cuilibet x d., et in
fine dictae missae distribuet pauperibus, ad dicta? domi-
cellae intentionem, xxx d. T.
Capella Sancti Juliani, quam tenet ad praesens ma-
gister Hector Dallibert, presbyter, est de latere dextro
chori.
Constat per litteras fundationis dictae capellae qu[od]
dudum, videlicet, anno m. iiijc xxxij0, nobilis vir Petrus
Buchet (1), scutifer, et domicella Hisabellis, ejus uxor,
domini temporales du Jarié Ernoult,de Primas (?) et de
Jarcey (2), fundarunt et dotarunt dictam capellam, et
dederunt usque ad summam xxvj 1. et duos capones [red-
ditus], ad onus celebrandi très missas qualibet hebdo-
mada, in redditibus sequentibus :
Dicti nobiles dederunt omnes redditus quos habebant,
(1) Lire : Behuchet ou Beuchet. 11 était issu des seigneurs de
Musy, Louye et Escrignolles dont le plus célèbre fut Nicolas Behu-
chet, chevalier, maître des Eaux et Forêts, maître des Comptes, tré-
sorier du Roi et amiral, dont on sait l'infortune au combat naval de
l'Ecluse et la fin tragique (24 juin 1349). Des notes de 1761 et
1762 (Arch. de l'Eure, G. 70 et 181 3) rapportent la fondation de
la chapelle Saint-Julien à l'année 142 1 et l'attribuent à Pierre
Buchet, chanoine, seigneur de Jarcey. On peut croire à une erreur
ou chercher à concilier les deux assertions en supposant la chapel-
lenie créée par les fondateurs par égard pour un de leurs fils qui
aurait été pourvu d'un canonicat dans l'église d'Evreux.
(2) Le Jarrier-Arnault, àChamp-Dominel (Villez-Champ-Dominel) ;
Primas, situation inconnue; Jarcey, à illieis.
*73
apud Chavigneyum, in feodo domini Joannis de Flori-
gny (i ), militis.
Item, super Joannem Lamy, de Marsilly, in feodo du
Fayel, in barronia de Illeriis : c s. et ij capones.
Item, super nobilem virum Joannem Mansel, in par-
rochia de Bailleul(2), et super omnibus bonis suis : vj 1,
De quibus redditibus capellanus ad praesens nihil per-
cipit, quod, tempore hostilitatis, litterae fuerunt perditae.
Sequuntur redditus dati jper magistrum Thomam
Poignart ad augmentationem dicta? capellœ :
Super Thomam Barbé, de Sancto Andréa in Marchia :
xxxij s. iij capones.
Item, super Gaufridum Le Duc, dicti loci : xxxij s.
Item, super Binet Viel et Guillelmum Viel, ejus fra-
trem, parrochiae de Parco : xxx s.
Item, super Petrum Breant, de Paintievilla, nunc
commorantem apud Angervillam : xx s.
Item, super Petrum Le Cousturier, de Bailliolo : xxs.
Item, super Joannem Vymont, de Bosco Régis : xlv s.
Capella Innocentium et Sancti Leonardi (3), quam
tenet ad praesens Martinus Hubert, clericus, est de latere
sinistro chori, ad quam pertinent res et redditus sequentes :
Una domus sita in civitate Ebroicensi, ex uno latere,
(i) Les Fieurigny possédèrent, à Chavigny, le fief du Défends.
(2) Le Dictionn. hist. de VEure s'est donc trompé quand, après
avoir fait mention de Richard Mansel , l'insigne bienfaiteur de
l'abbaye de Gonches, et de ses fils, avant 1126, il ajoute : « Nous
ne trouvons plus, dans la suite, de membres de la famille Mansel à
Bailleul » (t. I, p. jbj). Bailleul-la-Campagne a été réuni à Cha-
vigny en 1845.
(3) Jean du Torpt et Robine, sa femme, avaient été, en 141 6, les
fondateurs de la chapellenie des Innocents.
174
domus canonialis nuncupata de Villy, ex alio latere,
domus [magistri (i)] Guillelmi Leconte, ex uno butto,
dicta domus de Villy et, ex alio, vicus publicus tendens ad
ecclesiam; et tenetur capellanus solvere communitati
capellanorum dicta? eccleske xxxv solidos T. annui red-
ditus in termino sancti Remigii.
Item, ex augmentatione facta per defunctum dominum
Joannem Varabourg (2), canonicum, pertinent eidem
capellae redditus sequentes per hypothecam :
Super Gervasium de Lospital, parrochiaede Gouldrayo,
in termino Omnium Sanctorum : xxx s.
Item, super hœredes magistri Pétri Fleury, curati de
Aubenayo (3) prope Ruglas, in termino Sancti Remigii :
xxx s. t.
Item, super Joannem Senard, parrochiae de Joyaco, in
termino Nativitatis Domini : xxx s.
(1) Le copiste a laissé un blanc à cette place, mais les fonctions
dont était investi Guillaume Le Conte (v. p. 126) autorisent à resti-
tuer le titre.
(2) (1442-1443). « Jehan du Val Rabourg », chanoine en l'église
Notre-Dame d'Evreux. (Lettres de Robert Legras, vicomte d'Evreux,
orig. parch., Bibl. nat., lat. 9214, n° 28 ; publié par M. Arm. Bénet
dans le Recueil de la Société libre de l'Eure, 4e série, t. VII,
p. 253 et s.). — (1460). Comptes de dépenses du chapitre, rendus
par Jean de Valrabourg, prêtre, chanoine d'Evreux et prévôt du
Chapitre (Arch. de l'Eure, G. 134). —(1465). Jean du Valrabourg,
chanoine, est témoin dans l'enquête relative à l'élection de Jean
Balue. (Arch. de la Seine-Inf., G. 1166). — (18 mars 1490, v. s).
Jehan du Valrabourg figure dans une délibération capitulaire (Arch.
dioc, 4). Si ces différentes mentions se rapportent au même per-
sonnage, ce qui n'est pas impossible, il aurait fait partie du chapitre
d'Evreux durant au moins un demi-siècle.
(3) Ambenay et Aubenay, car les deux formes ont été en usage
et la seconde avait été adoptée par l'auteur du Journal des guerres
civiles, Du Buisson-Aubenay, qui en était seigneur.
175
Item, super Joannem Maurice, parrochiae de Quicte-
boto, in termino xxij diei mail : xl s. T.
Item, super Joannem Lecoq, de Houettevilla, in ter-
mino Sancti Ludovici : xx s. T.
Item, super Perrinum Mabire, parrochiae de Morsent,
in termino medii maii : xx s. vj d. T.
Item, super Guillelmum Le Savetier, parrochiae Sancti
jEgidii Ebroicensis, in terminis Nativitatum Domini et
Beati Joannis Baptistae : xxxvj s.
Item, super Thomam et Guillotum Desmoulins, de
Brovilla, in lerminis Omnium Sanctorum : xiiij s.
Et tenetur capellanus dicta: capellae celebrare, seu cele-
brari facere, quolibet anno, in die sanctorum Innocen-
tium, in exitu matutinarum, unam missam alta voce in
qua assistere debent pueri chori et cantare, in qua missa
presbiter celebrans dicet in memoriam fundatorum :
Omnipotens sempiterne Deus, qui vivorum dominaris
simul et mortuorum . . . (i).
Sequuntur officia ecclesiœ Ebroicensis :
Duo sacristie et de eorum institutione.
Est notandum, prout continet[ur] in capituli ecclesiae
statutis, [quod] thesaurarius débet nominare capitulo très
aut quatuor capellanos ecclesiae quos estimaverit magis
idoneos ad exercenda dicta officia, et, si non sint idonei,
denominabit extraneos capitulo, et, de nominatis per the-
saurarium, capitulum accepîabit magis idoneos qui tene-
buntur dare fidejussores capitulo qui erunt responsales
pro ipsis si aliquid de libris, calicibus, ornamentis, reli-
quiaribus et aliis rébus exequentibus in custodia dictorum
sacristarum fuerit deperditum.
(i) C'est l'oraison Pro vivis et defunctis du Missel (Orationes
diverses..., n. 35).
176
Item, institutio et destitutio dictorum sacristarum per-
tinent capituloet non thesaurario.
Item, prestant juramentum spéciale capitulo quod scri-
bitur in libro seu cartario continente juramenta recipien-
dorum.
Item, ad eorum officium pertinet pulsare campanas
existentes in pinaculo lanternœ (i), quae appellantur les
Mannaulx, et campanam capituli (2) toties quoties
expedit.
Item, tenentur ministrare capas et alia ornamentaoffi-
ciantibus, ministrare etiam calices, panem et vinum pres-
byteris celebrantibus, parare altaria et chorum in festis
solemnibus etaliis diebus quando opus est.
Item, debent ostendere lectiones, portare libros ad
cantandam missam, lectiones et alia continentia divinum
cultum; tenentur etiam mundare chorum.
Item, debent petere et habere a thesaurario candelas
cerae provenientes de oblationibus et illos ministrare offi-
ciantibus et servientibus quoties opus est.
Item, tenentur accendere lampades et cereos deputatos
ad ardendum durante servitio divino, tam in festis tripli-
cibus, duplicibus, dominicalibus et novem lectionum, ac
etiam trium lectionum, ac etiam in aliquibus obitibus
episcoporum et aliis servitiis ordinatis per capitulum pro
defunctis.
Item, tenentur mundare chorum toties quoties opus est.
(1) Tour centrale, ouverte, selon l'usage normand, au-dessus de
l'intertransept et ajourée de grandes baies, ce qui motivait l'ex-
pressive appellation.
(2) La cloche qui servait à convoquer aux réunions capitulaires
n'était donc pas, comme on aurait pu le penser, l'un des deux
« Mannaulx ».
177
Item, debent conservare ornamenta honeste, illa repo-
nendo in archis thesauri bene plicata.
Item, debent habere a thesaurario quilibet sexdecim
libras decem solidos Tur. pro suis gagiis, facientes sum-
mam xxxiij 1.
Item, debent habere a domino episcopo vinum pro
celebratione missarum, videlicet, in festis triplicibus et
duplicibus [ad] magnam mensuram et aliis diebus [ad]
parvam mensuram, quae duae mensurae ab antiquo fuerunt
ad hoc ordinatœ.
Item, habere debent unum sextarium bladi frumenti a
vicecomite Ebroicensi (i) ad conriciendum panem seu
hostias pro celebratione missarum [majorum]seu parva-
rum, quod valet, in festo Purificationis beatae Mariae,
[ ]•
Item habet, ex dono magistri Gaufridi Regnart, cano-
nic[i], in parrochia de Gravigneyo [ ] terrae ad
conficiendum panem ad celebrandum.
Dominus Nicolaus Le Grand et dominus Philippus Le
Clerc, presbyteri, sunt ad praesens instituti percapitulum
ad officium praedictum.
Diaconus. Subdiaconus. — Est notandum quod jam-
pridem diaconus et subdiaconus fuerunt fundati per
[Johannem] de Bauffes (2) qui dédit certos redditus, usque
(1) V. un mandement adressé au vicomte d'Evreux (14 avril 1427,
n. s.) de payer régulièrement chaque année, sur la recette de sa
vicomte, un setier de blé « pour faire pain à chanter pour l'église
cathédrale ». (Arch. de l'Eure, G. 12 5, cartul. IV du Chapitre,
fol, 345 ro).
(2) Jean de Bauffes, fils d'un bailli et capitaine d'Evreux du
même nom, fut conseiller du comte d'Evreux et roi de Navarre
Charles le Mauvais, évêque de Dax en 1 36 1 , puis d'Osca (Huesca)
en Espagne. La cathédrale d'Evreux faisait son anniversaire le
12
,78
ad summamxll vel quocirca, situat[o]s in villa Ebroi-
censi, quos recipiebant illi qui erant deputati ad dicta
officia in capitulo generali, ad onus legendi epistolam et
evangelium et deserviendi in ecclesia cathedraliin officiis
diaconi et subdiaconi, ac etiam ad onus celebrandi sin-
gulis diebustotius anni missas in ecclesia Beati Pétri (i),
ad altare ad hoc deputatum, quilibet in sua hebdomada.
Sed quia dicti presbyteri non poterant commode deservire
in officiis diaconi et subdiaconi in ecclesia cathedrali et
celebrare missas in ecclesia Sancti Pétri faciebantque
17 mars : « Eodem die, missa pro Johanne Bauffes, episcopo
Osquensi, et amicis dicti episcopi {Obituaire) ». Le Brasseur a, "bien
à tort, confondu ce prélat avec son homonyme et peut-être son
parent Jean de Bauffes, évoque de Lérida, qui vivait cinquante ans
plus tôt et dont le corps fut rapporté le 27 avril i332, pour y être
mis en sépulture, dans l'église Saint-Pierre d'Evreux : « Quelques
écrivains assurent que c'est lui (l'évêque de Lérida) qui a donné des
fonds à l'église cathédrale pour l'établissement des offices de diacre
et de sous-diacre dans la célébration de toutes les messes hautes
qui se chantent en cette église ». Hist. civ. et ecclés. du
comté d'Evreux, p. 236).
(1) « Deux dossiers contenant copie collationnée de lettres de
Charles, fils du roy de Navarre, garde de Mgr le Roy de France, [et]
copie collationnée d'acte devant les notaires du Ghatelet de Paris
portant donation faite au chapitre d'Evreux par Jean de Bauffre,
baillif d'Evreux, et Jean, evesque d'Acqs, son fils, de 40 1. 2 s. de
rente, a prendre sur des maisons sises à Evreux, pour célébrer tous
les jours dans l'église paroissiale de St Pierre une messe, des années
1384 et 1400 » {Inventaire des titres, etc., p. 240). L'article a été
cancellé et remplacé, p. 276, par une rédaction différente : « Deux
dossiers contenant copte collationnée de contract de donation de
40 1. 2 s. tournois de rente, a prendre sur plusieurs maisons sises
paroisse de St Pierre et sur autres biens situés a Netreville et a
Fauville, faitte par Jean de Bauffre, bailly d'Evreux, et Jean, son nls
eveque de Dax, pour fondation de messes en la paroisse de
St Pierre, et lettres d'amortissement de ladite rente, des années
1384 et 1400 ».
179
multas marentias (i) et deffectus circa officia diaconi et
subdiaconi, unde oriebatur scandalum, ordinatum fuit in
capitulo ecclesiae Ebroicensis anno Domini m. quingen-
tesimo quod de caetero dicti diaconus et subdiaconus
non habebuntonuscelebrandi missasde Bauffes inecclesia
Sancti Pétri, sed percipient singulis annis super praepo-
situram capituli quilibet viginti quinque libras Tur., ad
onus exercendi officium diaconi et subdiaconi et etiam
ad onus celebrandi singulis diebus totius anni, quilibet
in sua hebdomada, missas ad altare Beati Joannis Evan-
gelistae sub pulpito ex fundatione defuncti bonae memo-
riae magisiri Pétri Latiere, dum viveret penitentiarii et
canonici praebendati dictae ecclesiae praebendae de Esman-
villa, qui dédit capitulo et communias capituli pecunias
ad acquirendos redditus pro fundatione dictarum missa-
rum etplurium anniversariorum descriptorum in marti-
rologio ecclesiae (2).
Et, ultra onera praedicta, tenentur dicti diaconus et
subdiaconus frequentare chorum in horisdiuturnis (3) et
nocturnis et esse in subsidium clericorum septimane,
quoniam hac occasione fuit cuilibet ipsorum assignata
pensio seu provisio xxv 1.
Praeterea fuit ordinatum quod redditus de Bauffes
amodo recipientur per praepositum capituli qui de illis
reddet rationem in suis compotis.
(1) Marance, faute légère, absence de l'office divin, la peine dont
elle était punie (Gloss. de Ducange). On rencontre ce terme dans
les Statuts du chapitre d'Evreux : « De marenciis capellanorum
misse matitunalis. . . « De marenciis clericorum septimane. . . »,etc.
(2) Aux dates des 16 mai, i<?r août, 8 août et 1er décembre. Pierre
Latière« presbyter, in sacra pagina proressor, canonicus Ebroicensis.
dum viveret domini episcopi Ebroicensis vicarius generalis », exer-
çait la charge de pénitencier entre les années 1489 et i5oo.
(3) Pour diurnis.
i8o
Fundatio de Bauffes . — Jampridem defunctus reco-
lendae memoriae dominus [Johannes de Bauffes] ordi-
navit certos redditus in hac villa Ebroicensi pro duobus
presbyteris, ad onus legendi epistolam et evangelium in
ecclesia cathedrali et celebrandi singulis diebus, quilibet
in sua hebdomada, missas in ecclesia Sancti Pétri Ebroi-
censis. Sed quia, ut profertur, dicti presbyteri non pote-
rant commode deservire ecclesiae cathedrali et ecclesiae
Sancti Pétri faciebantqUe multos defectus circa officia
diaconi et subdiaconi, capitulum ordinavit quod de
caetero deputabuntur duo presbyteri de habituatis ecclesiae
qui habebunt onus celebrandi dictas missas de Bauffes
in ecclesia Sancti Pétri et ultra frequentabunt chorum et
erunt in subsidium clericorum septimane, et quilibet
ipsorum percipiet de bursa capituli xx[v] libras solvendas
per praepositum per quarteria anni, qui quidem praepo-
situs amodo recipiet redditus de Bauffes et de illis reddet
compotum.
Et in capitulo generali eligentur et deputabuntur dicti
duo presbyteri qui habebunt onus celebrandi dictas
missas et frequentandi chorum, ut supra scribitur.
Fundatio magistri Joannis de Podio Harbaudi. —
Venerabilis vir magister Joannes de Podio Harbaudi,
canonicus, senior (i), dédit capitulo magnam pecuniae
summam, una cum certis redditibus per eum acquisitis,
pro augmentatione octo clericorum septimane, nam
perantea dicti clerici septimane habebant quolibet die
quilibet decem denarios, sed ipse voluit augmentare
eorum lucrum de sex denariis diurnis, et ad onus cele-
brandi singulis diebus unam missam pro defunctis ad
(i) C'est le prébende de Brosville, grande portion, de la
page 104.
i8i
altare Beatae Mariae in navi ecelesiae per dicios octo cle-
ricos successive; et hoc fuit continuatum per aliquod
tempus. Verumtamen, quod aliqui clerici, per incuriam
aut lasciviam, faciebant multos defectus in celebratione
dictas missae, defraudando piam intentionem fundatoris,
ordinatum fuit in capitulo quod amodo dicti clerici sep-
timane habebunt, de augmentatione praedicta, quilibet
très denarios, et sic habebunt quolibet die xiij d. eis dis-
tribuendos in horis quibus intererunt, et perd[ejnt horam
qua fuerunt absentes, sed sunt et fuerunt a celebratione
dictae missae exonerati.
Etideo, super residuo dictae augmentationis, capitulum,
de consensu dicti fundatoris, ordinavit quod amodo depu-
tabuntur in capitulo generali duo presbyteri de habi-
tuatis ecelesiae aut aliis qui habebunt onus celebrandi
dictam missam quotidie, quilibet in sua hebdomada,
juxta intentionem dicti fundatoris, et habebunt quilibet
viginti libras sibi solvendas per praepositum capituli per
quarteria anni, et tenebuntur frequentare chorum et in
subsidium erunt clericorum septimane.
Dominus PetrusGuerinetdominusNicholausLegrand,
presbyteri, per nunc sunt deputati ad missas celebrandas
et frequentandum chorum.
Custos corons (i). — Ad officium custodis coronae et
reliquiarum spectant ressequentes :
(i) Viollet-le-Duc (Dictionn. du mobil., t. I, p. 142 et s.) s'est
occupé de ces couronnes de lumières suspendues aux voûtes de
quelques grandes églises, Toul, Metz et Cantorbéry, Saint-Remy
de Reims, Saint-Pierre de Gluny, etc., et enfin Hildesheim et
Aix-la-Chapelle où elles existent encore. En Normandie, la plus
célèbre était celle de Bayeux qui fut détruite pendant les troubles
de i5Ô2. Il y avait dans cette cathédrale un gentilhomme {armiger
capituli), astreint à diverses obligations, qui portait aussi le titre
182
Unae portio domus contiguadomuicapellae Sanctorum
Cosmœ et Damiani et adhœrens ex uno latere domui
canoniali [ ] quam tenet magister Gaufridus
Regnart, canonicus.
Item, dictus custos percipit singulis annis sex libras
pensionis sibi solvendas per magistrum fabricae.
•Item, habet habitum et pannos ecclesiae et gaudet pri-
vilèges et libertatibus ejusdem.
Et tenetur continue esse in casa juxta pilleare ubi con-
servatur dicta corona et recipere oblationes Christifide-
lium, necnon legata testamentorum et denarios prove-
nientes ex breveti[s], et illa scribere singulis hebdomadis
in breviculis quos débet tradere magistro fabricae ut de
illis reddat compotum (i).
de « gardien de la couronne ». Il n'est parlé de la couronne de
lumières d'Evreux par aucun des auteurs qui se sont occupés de
•la cathédrale. Je renverrai donc aux deux seuls documents iné-
dits où il en soit fait une brève mention, à YObituaire d'abord,
où la sépulture de Regnault de Rainquet est indiquée prope
coronam, puis au fragment de comptes (xv6 siècle) du maître de
fabrique, double feuillet de parchemin qui a servi de couver-
ture à un registre d'état civil de la paroisse de Bernienville et
que M. G. Besnier, archiviste de l'Eure, a bien voulu me com-
muniquer. On y trouve précisément les trois chefs de recettes
énumérés ici, oblations pro corona, c'est-à-dire pour l'entretien
des cierges de la grande couronne, legs testamentaires, produit
des offrandes destinées aux restaurations de la cathédrale et qui
donnaient lieu à la délivrance de brevets ou cédules d'indul-
gences. (V. dans les Mélanges, 2e série, p. 268 et s., Bulles d'in-
dulgences et documents relatifs aux travaux exécutés du XIIIe au
XVh siècles à la cathédrale d'Evreux.) La note qui suit repro-
duit quelques lignes de l'état dressé par le comptable.
(1) Le maître de fabrique inscrivait, en effet, chaque samedi, les
recettes qui lui étaient ainsi remises :
« Sabbato post Ascensionem Domini, pro corona : xxx s. iij d.
Item, pro legatis : ix s. iij d.
i«3
Officium pulsatoris sku [apparitoris]. — Dictum offi-
cium potest exerceri per laicum vel clericum conjugaturrr
qui tamen sit honestœ conversationis.
Et débet pulsare campanas, per se vel per alios allo-
catos, secundum qualitaiern dierum et festorum tam tri-
plicium quam duplicium et dominicalium, ac etiam
feriarum, etiam in processionibus generalibus, tam ordi-
nariis quam extraordinariis ; tenetur etiam mundare
ecclesiam.
Débet etiam virgam argenteam portare in festis solem-
nibus et diebus dominicis, durante servitio, et etiam in
processionibus generalibus, et ponere ordinem in populo
ne sitaliqua deordinatio in diciis processionibus (i).
Sabbato post synodum estivalem, pro corona et indulgenciis,
pro tota septimana : iiij— xij 1. x s. j d.
Item, pro legatis : _ W l ') s" vh| d-
Sabbato post Euchanstiam XP1, pro corona : xhx s. viij d.
Item, pro legatis : V1J s
Sabbato post festum Sanctorum Gervasii et Prothasu pro co-
, xxxi s. ii) d*
r[ona] :
Sabbato post festum Beati Johannis Baptiste, pro coro-
xxxv j s. vj d.
na : .
Item, pro legatis :
Sabbato post festum apostolorum Pétri et Pauli, pro coro-
xlii s. vj d.
na : -a
, X S, XII d.
Item, pro legatis : » '
Item, pro confratria sanctorum apostolorum... », etc., etc.
La partie de compte, à laquelle sont empruntés ces exemples,
s'arrête avant la fin de septembre : « sabbato post festum Sancti
Matheei, apostoli et evangeliste », l'usage étant de commencer
chaque exercice à la Saint-Michel.
(i) On ne dédaignait pas, en haut lieu, de réglementer à propos
de ces modestes huissiers d'église : « . . . Liceat preterea aPPa-
ritori episcopi et clienti seu bedello capittili, in omnibus prepo-
sicionibus, legationibus agendis et negociis ecclesiae ac junsdic-
tionibus predictorum episcopi, decani et capituli, virgas argenteas
184
Item, tenetur me urare grana capituli in horreis ad
mensuram dicti capituli.
Sequuntur emolumenta dicti officii : [ (i)].
Quoniam memoria hominum labilis est, egregia facta
hominum, et praecipue ea quae raro accidunt memoratu
digna, per oblivionem a,b hominum memoria penitus
évadèrent si non litteriset chartis, pro instructione poste-
rorum, redigerentur. Ego itaque, haec considerans, ad
preces venerabilium virorum dominorum decani et capi-
tuli hujus insignis ecclesiae Ebroicensis quas habeo pro
praecepto (quoniam est orandi ducum species violenta
jubendi), proposui et institui, cum Dei adjutorio, hoc in
chartario seu libello describere receptiones episcoporum
hujus ecclesiae in suo jucundo adventu ac etiam regum,
archiepiscopumque metropolitanorum, aliquando cardi-
nalium apostolicae sedis legatorum, prout expertus sum
per tempus triginta unius annorum quo fui cantor et
canonicus hujus ecclesiae immeritus. Nam de his quae
vidi testimonium p[er]hibeo, et testimonium meum verum
est, ut posieri, qui praemissa non viderunt, fidem meîs
scriptisadhibeant ; et si aliquid conspexerint minus bene
exaratum, pro eorum industria lima bonae correctionis
emendent.
aut ligneas ante eos déferre, ac cum eisdem virgis quecumque
loca, jurisdictiones, auditoria, cohuas aut pretoria intrare, eciam
coram nostram regiam majestatem, dum inibi nos personaliter
fore contingeret, se presentare. . . ». (Confirmation des privilèges
du doyen et du chapitre de l'église cathédrale d'Evreux ; Ordon-
nances des rois de France, t. XV, p. 56o.)
(i) A part cette ligne, placée en tête, le recto et le verso du
feuillet n'ont pas été remplis.
.8s
MODUS RECEPTIONIS EPISCOPI EbROICENSIS IN SUO PRIMO
ADVENTU AD ECCLESIAM EbROICENSEM (i). — ACCeSSUrUS
itaque episcopus Ebroicensis ad suam ecclesiam in primo
suo adventu, obviantibusque eidem episcopo omnibus
curatis villae et suburbiorum Ebroicensium cum capis et
crucibus, primo descendit in monasterio Sancti Taurini
cum sua comitiva et cum suis equitaturis, ibique recipi-
tur honorifice per abbatem et monachos qui conducunt
eum ad ecclesiam cantando Sint lumbi etc , et, completo
responsorio paratoque oratorio coram majori altari, epis-
copus dicit orationem et dat suam benedictionem mona-
chis et populo ibidem assistenti.
His itaque peractis, vadit episcopus cum sua comitiva
ad domum abbatialem ubi paratur sibi prandium et pas-
(i) Le Calendrier histor.et astronom. pour l'année i75o} a
publié, sans indiquer de source ou avertir le lecteur de l'emprunt,
une notice intitulée Réception de nosseigneurs évêques d'Evreux à
leur joyeux avènement. Elle n'est autre qu'une traduction para-
phrasée et à peine amplifiée de tout ce chapitre de Hunaud. L'ar-
ticle a depuis été reproduit par Bonnin (Opuscules et mélanges
hist., p. i3o-i33) et deux fois réimprimé dans la Semaine reli-
gieuse d'Evreux (nos des 18 novembre i883 et 23 août i8go). Des
recherches bibliographiques sur les ouvrages qui ont, pour
Evreux, abordé ce pittoresque sujet de l'entrée solennelle des
évêques, ne seraient pas ici à leur place. Je signalerai seulement
à ceux qui voudraient des détails plus circonstanciés : D'Expilly,
Dictionnaire des Gaules, Extrait d'un livre manuscrit des choses
mémorables arrivées depuis que la réforme a été introduite dans
l'abbaye de Saint-Taurin ; Joyeux avènement des évêques d'Evreux
au XVIe siècle, lettre de M. Th. Bonnin (10 août 1841) à M. le
rédacteur du Courrier de l'Eure ; Entrées solennelles des évêques
d'Evreux, d'après la relation qu'en a faite dom Beaunier dans
son Recueil histor., chronolog. et topogr. des archeveschez, eves-
chez, abbayes et prieurez de France pour l'année 1726, publié par
M. A. Chassant dans YAlmanach annuaire de l'Eure de 1 863,
p. 69, etc.
i86
tum pro eo et pro tota sua comitiva, tam pro prandio
quam pro caena et tam pro hominibus quam pro equita-
turis suis, et débet abbas esse instructus de numéro homi-
num et equitaturarum dicti epi&opi ut possit honeste
providere de cibariis secundum qualitatem temporis et
personarum, tenenturque ipsi abbates et conventus eum
recipere cum centum equitaturis, expensis eorumdem.
Hac de causa, abbas et conventus Sancti Taurini sunt
penitus immunes et exempti a solutione procurationis
débita? pro visitatione, tota vita comité dicti episcopi, et
nihilominus dictus episcopus potest illos visitare et refor-
mare (i). .
(i) Sentence arbitrale par Guillaume de Flavacourt, archevêque
de Rouen, au sujet des difficultés soulevées entre l'évêque d'Evreux
et les abbés et religieux de Saint-Taurin : « ... Ordinamus
quod dictus episcopus et ejusdem successores prefatos religiosos
et eorum monasterium memoratum, tanquam diocesani eorum,
semel in anno et alias, dum necesse fuerit et de jure poterunt,
valeant libère visitare, nullam tamen procuracionem petere vel
exigere proinde poterunt ab eisdem. Item, quod iidem religiosi
Ebroicensem episcopum, qui quidem pro tempore fuerit, in die
vigilie adventus sui jocondi seu receptionis ejusdem in Ebroicensi
ecclesia, qui fuerit noviter consecratus, una cum nocte sequenti,
cum centum equitaturis, tam principalibus quam accessoriis in
centum hujusmodi computatis ita quod centum equorum nume-
rum non excédant, recipere et eisdem ministrare necessaria com-
petenter in dicto monasterio teneantur. Item, quod ipsi religiosi
predicti, episcopi et ejusdem successorum omnium venerabilia
corpora, dum extremum diem vite sue clauserint, teneantur in
monasterio recipere memorato, dum ibidem eadem afferri conti-
gerit, atque corpus cujuslibet episcoporum hujusmodi custodien-
tibus et ibidem pernoctantibus centum solidos Tur. solvere pro
eorum necessariis teneantur et mapas ad usum comedendi tune
inibi tantummodo ministrare pênes eosdem religiosos post comes-
tionem hujusmodi remansuras... »(i2qo). Arch. de l'Eure, H. 794,
grand cartulaire de Saint-Taurin, fol. 56.
i87
Episcopus débet pernoctare in dicto monasterio cum
tota sua familia et cum omnibus suis equitaturis.
In crastinum episcopus débet accedcre cum abbate et
monachis ad ecclesiam Ebroicensem per vicum ante
Fratres Minores, et débet episcopus habere mitram cum
baculo pastorali et esse indutus alba cum capaet se repo-
nere in quadam parva domo scu tugurio sito prope
domum intersignii de la Croce, quod quidem tugurium
spectat cuidam burgensi [ ], et débet esse ho-
norifice paratum, et ibi episcopus discalciatus est et nudus
pedes, et capit burgensis calceamenta episcopi (i).
In exitu dictae domus seu tugurii, débet compar[e]re
dominus de Gauvillaqui, tempore aestivali, débet habere
paveam in magna copia et, tempore hyemali, paleam
seu stramina etiam in magna copia (2) ; et débet propriis
manibus projicere ad terram, ante episcopum ambulan-
tem discalceatum, paveam seu stramina in tanta copia
quod episcopus non tangat terram suis pedibus, et débet
dictus dominus de Gauville proferre haec verba proji-
ciendo paveam seu stramina : Monseigneur, je suis
vostre homme de foy; cecy vous doibs et autre chose ne
vous doibs.
(1) « En i5o3, Jean Filieu, clerc de la paroisse Saint-Léger
d'Evreux, aumôna à la fabrique de cette église les chausses basses
des évêques, aux droits de cette maison à lui appartenante, aux
charges de la servitude qu'elle doit à l'évêché lors de l'entrée et
prise de possession des évèques. » (Note du Calendrier historique
de 1750).
(2) Les comptes de quelques fabriques de Rouen font pareille-
ment distinction des « poudreures vertes » (herbes ou tiges fleu-
ries pour les fêtes d'été) et des « poudreures sèches » (paille ou
feurre pour les fêtes d'hiver) dont était semé le sol de l'église
On appelle encore aujourd'hui « pavée », dans notre contrée nor-
mande, les feuillages et fleurs qui jonchent les chemins aux pro-
cessions de la Fête-Dieu.
Ambulat ergo episcopus nudus pedes ab illo tugurio
usque ad portam Nostrae Dominae, associatus monachis
Sancti Taurini, et ibidem veniunt obviam illi decanus,
canonici, totumque collegium ecclesiae cathedralis usque
prope pontem, cum cruce, aqua benedicta, et cum textu
evangeliorum, induti capis sicut fieri consuevit in majo-
ribus festis triplicibus.
Stantibus igitur episcopo et monachis supra pontem,
cum [decano] et collegio ecclesiae cathedralis citra pontem,
abbas seu prior conventus profert haec verba vel similia :
Messeigneurs, voicy nostre evesque que nous vous ame-
nons; vif le vous baillons et mort le nous rendre^ (i).
Quibus verbis prolatis, decanus, si sit praesens, aut
major dignitas post eum, dat crucem et textum evange-
liorum ad osculandum episcopo et facit brevissimam
salutationem, quoniam non expedit facere magnam
harengam cum episcopus est nudus pedes.
Et conducit eumdem episcopum decanus, aut major
dignitas, ab illo loco ubi recipiunt eum a monachis usque
ad portam ecclesiae cathedralis, dicto domino de Gauvilla
projiciente paveam seu stramina usque ad portam dictam
ecclesiae cathedralis, ubi domini decanus et canonici
debent sibi parare oratorium et tapecium sub pedibus
suis nudis, et ibidem episcopus, antequam ingrediatur
ecclesiam, débet praestare juramentum quod sequitur :
Ego N., divina miser atione episcopus Ebroicensis,
juro, per Deum et per hœc sancta evangelii, qu[od]
fidelis ero ecclesiœ Ebr oie ensi, jura et libertates et pos-
sessions ipsius ecclesiœ bona fide conservabo, et ad
revocationem illicite alienatorum diligentiam et auxi-
(i) Des coutumes presque identiques se rencontrent ailleurs.
V. D. Pommeraye et Farin pour Rouen, Piganiol pour Beauvais,
etc.
189
lium bonafide adhibebo, consuetudines antiquas et appro-
batas ejusdem ecclesiœ necnon et privilégia Jideliter
observabo, et quod compositionem sive pacem habitant
inter dominum R., prœdecessorem meum, ex una parte,
et decanum et capitulum Ebroicense, ex altéra, super
nemoribus ecclesiœ, prout in litteris patent Abus dicto-
rum episcopi et capituli continetur ( i ), Jideliter et bona
fide observabo. Sic me Deus adjuvet et hœc sancta
evangelia. Et in hujus signumhanc scripturam propria
manu consigno.
Istud juramentum praestiterunt omnes episcopi in
receptionibus suis, et suis signis apparet, prout constat in
libro evangeliorum deservienti in festis triplicibus (2). Et
datur signare propria manu supra majus altare.
Praestito dicto juramento, episcopus ingreditur eccle-
siam, praecedente collegio, et débet cantari una antiphona
de beata Maria, vel pulsentur organa, debentque proce-
dere festinanter usque ad majus altare ecclesiae ne gra-
(1) Ce concordat entre Raoul IV de Chevri et le Chapitre, qui
est de I2Ô5 et existe au cartulaire I (n° 219, fol. 46 r°), n'empêcha
pas d'interminables procès. Un important mémoire de cinquante-
cinq pages, dont j'ai fait récemment l'acquisition, requête pré-
sentée « au Roi et a nosseigneurs de son conseil » en l'année
1724 par Mgr Le Normand, expose longuement les arguments
qui militaient en faveur de l'évêché. Quant aux prétentions des
chanoines, elles sont résumées dans l'analyse sommaire qu'en
présente Y Inventaire des titres et papiers étant aux archives ,
p. 206-207 : a Redevances, droitures et autres sujétions de l'évêché
d'Evreux envers l'église et le chapitre dudt Evreux
i3» Pour tous les hauts bois de l'évêché étants au parc de Gondé,
lors de leur vente, moitié de la somme ; laquelle moitié doit être
partagée, moitié a la fabrique et l'autre au chapitre ».
(2) C'est le précieux texte qui fait maintenant partie des collec-
tions de la Société libre de l'Eure.
190
vetur episcopus qui ambulat nudis pcdibus ; et débet
parari ibi oratorium ubi episcopus, genibus flexis, ora-
tionem faciat sub silentio ad suam devotionem ; deinde,
signet suum juramentum super altare, ut dictum est.
Postea, vadat ad revestiarium et sumat calceamenta
seque apparet ad celebrandam missam in pontificalibus
et habeat très diaconos et très subdiaconos, inter quos
sunt duo canonici.
Cantetur missa cum magna solemnitate, pulsantibus
organis sicut in festo triplici, et sit missa de Sancto
Spiritu aut de festo diei, si sit festum duplex, ad devo-
tionem ipsius episcopi.
Finita missa, vadat episcopus ad suam domum episco-
palem in qua débet esse solemne prandium omnibus
venientibus, expensis ipsius episcopi, et débet essemagni-
ficum in suo primo jucundo adventu ; et dominus de
Gauvilla prassentat episcopo primum poculum in cupa
seu tassea argentea, postque episcopus bibit, dictus
dominus de Gauvilla capitet retinet pro se dictam cupam.
Pro jocalibus. — Est notandum quod in thesauro
ecclesiae sunt jocalia, videlicet, libri, mitra, baculus pas-
toralis, annuli et alia, quibus utitur episcopus dum célé-
brât in pontificalibus, quae fuerunt data ecclesiae per
quendam episcopum Ebroicensem, nomine Philippum
de Brucuria |i), et de quibus voluit episcopos ejus suc-
(i) Tout ceci, on le verra bientôt, s'applique à l'évêque Phi-
lippe I de Ghaource, décédé en 1281 et enterré au milieu du
chœur des Dominicains d'Evreux, et non à Philippe de Brucourt,
coadjuteur de son frère Robert de Brucourt et qui finit presque
en même temps que lui, l'un étant mort le i5 décembre 1374,
l'autre le 24 janvier 1375. Le procès-verbal de la prise de posses-
sion de l'évêché d'Evreux, le ier mars i5-]5, par le procureur de
Claude de Sainctes, pièce inédite dont une mauvaise copie est
i9i
cessores habere usum quotiens célébrant in pontifica-
libus in ecclesia Ebroicensi aut etiam in diœcesi cele-
brando ordines; et remanere debent jocalia in custodia
capituli et conservari in thesauro ; et tenetur quilibet
episcopus solvere semel summam quadraginta quinque
librarum ; et débet dicta pecunia converti ad acquirendum
redditus pro augmentatione fundationis obitus illius
episcopi qui dédit dicta jocalia; et voluitdictus episcopus
à la bibliothèque du grand séminaire, montre que les chanoines
d'Evreux, à la fin du xvie siècle, persistaient dans cette inexplicable
méprise : « ... Après laquelle prinsc de possession et après
que la grande messe du chœur fut finie, sonnèrent toutes les
grosses cloches a vol pour convoquer ung chacun assister a la
célébration d'une haulte messe, au grand autel du chœur, pour
les deffuncts evesques d'Evreux et speciallement pour l'ame du
sr de bonne mémoire Philippe de Brécourt, en son vivant evesque
d'Evreux, lequel donna plusieurs joyaux a la dite église pour
servir a ses successeurs evesques, et principalement une crosse
d'argent doré et esmaillé, du poiz de quinze marcs [et] plus, laquelle
est de trois pièces fermantes a viz l'une dedans l'aultre, par con-
dition que, au jour de la possession prinse dudit evesché, le dit
obyt seroit célébré et qu'un chacun evesque par succession eut
l'usage de ladite crosse et aultres joyaux, en payant, par celuy
qui est mis en possession du dit evesché, la somme de quarante-
cinq livres et entretenir ledit obyt et grande messe des trespasscz.
Laquelle messe fust solempnisée en la manière que on célèbre
annuellement la haulte messe de la Commemoracion des morts
du jour prochain d'aprez la feste de Toussainctz, hors mis le drap
mortuaire lequel fut estendu sur une manière de cercueil dessus
la tombe de messire Robert de Brécourt, evesque d'Evreux, en la
dextre du chœur, entre le grand autel et les trois chaires, en quoy
y eut faulte, et fut prins Robert de Brécourt pour Philippe de
Brécourt, lequel Philippe est inhumé en laultre costé senestre,
sur le premier pas, au costé du grand autel ou est couchée une
tombe de pierre noire, a l'opposite de la tombe de Robert de Bré-
court «. (Estât de la prinse de possession de V evesché
d'Evreux).
192
quod de dicta summa xlv librarum recipienda ab episco-
pis suis successoribus capiatur summa centum solidorum
Tur. pro custodia dictorum jocalium et quod celebretur
missa solemnis pro defunctis pro anima dicti episcopi et
pro animabus omnium defunctorum ; et dictos centum
solidos aequis portionibus divident inter se canonici qui
missae interfuerint memoratae ; voluit insuper quod de
augmento quod fiet de csetero de dicta pecunia, videlicet,
de quadraginta libris restantibus, quod capellani et clerici
chori habeant portionem tertiam partem, prout constat
per chartam dicti episcopi de data an no m0 ce0 octogesimo,
die veneris post festum Sancti Martini [hyemalis] ( i).
Effigies dicti episcopi est depicta in tabello juxta pil-
leare.
(i) Le testament de Philippe de Ghaource se trouve à la fois
aux Archives départementales (G. 122, cartul. I n° 386, fol. 125,
v°) et à celles de l'évêché (Archiv. dioc, 3, fol. i6f> v°). C'est de
cet acte que je transcris les dispositions essentielles relatives aux
joyaux : « U. p. 1. i., Philippus, permissione divina Ebroicensis
episcopus..., damus et concedimus pure et libère, discretis viris,
amicis nostris carissimis, decano et capitulo ecclesie nostre Ebroi-
censis, bona seu res quorum nomina secuntur, nichil juris in
eis, nisi usum nostrum tantum modo quamdiu vixerimus, reti-
nentes, videlicet, breviarium nostrum notatum in duobus volu-
minibus, antiphonarium, gradale, missale cum evangeliis et
epistolis et cum gradali ad usum Parisiensem in eodem volumine,
collectarium, du[o] episcopalia, mitram nostram auream quam
bone memorie O., quondam Rothomagensis archiepiscopus, nobis
relinquit, crocam nostram, anulum nostrum pontifkalem et
quemdam alium nostrum anulum cum lapide smaragdino,
item, quemdam alium" anulum cum rubino sive balesio et
cum multis lapidibus smaragdinis in circuitu seu circonferencia
ipsius anuli, item, bacina capelle nostre argentea et buretas
argenteas, sub tali condicione quod quilibet successor noster
episcopus Ebroicensis, qui pro tempore fuerit, habeat, si voluerit,
et habere possit, ad usum suum et dies suos tantum, a prefato
193
Modus inhumationis episcopi Ebroicensis, quando con-
tingit eum decedere ab humanis in villa aut diœcesi
Ebroicensi.
Defunctus recolendae memoriae dominus Petrus Tour-
pin (i), episcopus Ebroicensis, diem suum clausit extre-
mum in Castro de Condeto et ejus corpus mortuum indu-
tum fuit ornamentis pontifïcalibus, videlicet, alba. casula
et aliis ornamentis, cum mitra, cum chirothecis et junctis
manibus, et fuit delatum in curru a dicto loco de Con-
deto ad domum episcopalem Ebroicensem ubi canonici
et totum collegium ecclesiae Ebroicensis, in habitu
ecclesiae, ipsum expectabant , et, absque mora, [per] pre-
dictum collegium dictum corpus fuit conductum usque ad
capitulo omnia bona predicta pro quadraginta quinque libris
Turonensibus, et dictum capitulum tenebitur tradere ipsi episcopo
omnia et singula bona predicta pro dicta pecunie quantitate ,
ita videlicet quod, de pecunia quam recipiet dictum capitulum ex
causa predicta, emantur redditus et cédant in augmentum anni-
versarii nostri statuti a nobis et faciendi a nobis, prêter centum
solidos quos dictum capitulum, die qua recipiet dictam pecuniam,
de ea ad opus sui pro dictorum bonorum custodia retinebit, hoc
modo quod die predicta faciet dictum capitulum celebrari missam
solempnem de deffunctis pro anima nostra et aliorum fidelium
defunctorum et dictos centum solidos equis porcionibus divident
inter se canonic[i] qui misse interfuerint memorate ». (i5 no-
vembre 1280. — Vidimus du mercredi ier septembre 1283).
(1) Pierre Turpin de Crissé mourut dans son diocèse, au châ-
teau de Condé, en 1473. « Gondé est la maison de Plaisance des
évêques d'Evreux. C'est là où le fameux cardinal du Perron, qui
en étoit évêque, a composé la plus grande partie de ses ouvrages.
Ce château, bâti par Ambroise et Gabriel Le Veneur, évoques
d'Evreux, étoit abandonné et prêt à tomber en ruines, mais
M. de Rochechouart, aujourd'hui évêque de Bayeux, en a lait un
séjour charmant, et c'est à cet illustre prélat qu'on est redevable
de cette réédification ». (Durand, Mémoire sur Illiers, dans
Opusc. et mélang. hist. sur la ville d'Evreux, p. 21 5, note).
i3
194
ecclesiam monasterii Sancti Taurini et per monachos
receptum, in choro ecclesiae repositum et per eosdem
monachos custoditutn per totam noctem eu m precibus et
orationibus.
Crastina die, collegium majoris ecclesiae ivit processio-
naliter apud Sanctum Taurinum ad reducendum dictum
corpus ad majorem ecclesiam, monachis associantibus
collegium majoris ecclesiae, et fuit positum in choro sub
quadam capella lignea exoperta cereis ardentibus in
magno numéro, eratque facie disco[o]perta, eu m mitra,
etindutum ornamentis pontificalibus, et, celebratis tribus
missis, una de Spiritu Sancto, alia de beata Maria, altéra
de Requiem, fuit inhumatum inter cathedram episco-
palem et majusaltare (i).
MODUS RECEPTIONIS REGIS FrANCORUM CHR1STIANISSIMI. —
Quando Rex Francorum facit suum primum introitum
in villa Ebroicensi, omnes officiarii Régis, omnes bur-
genses et personae notabiles dictae villas pergunt obviam
Régi extra villam et aliquis eorum in aggressu facit sibi
harengam.
Villa débet esse parata et ornata, et, Rege ingrediente,
(i) Le Gallia christiana dit : in ingressu chori a parte dextra, ce
qui doit s'entendre de l'entrée latérale vers le bas-côté méri-
dional du chœur. Hunaud, qui avait été témoin, dans la cathé-
drale, des obsèques de Turpin de Crissé, n'y put voir celles de
son successeur, Jean Héberge, mort à Paris le 28 août 147g et mis
en terre dans une crypte ou chapelle souterraine de l'abbaye
Saint-Victor. L'épitaphe, à demi effacée, encastrée dans la mu-
raille, et de laquelle l'auteur du Séries episcoporum Ebroicensium
n'avait déchiffré que peu de mots, a été, d'après un recueil ma-
nuscrit de la bibliothèque de l'Arsenal (ms. 4627, fol. 292), inté-
gralement publiée par M. H. Omont dans les Archives histor.,
artist. et litt., t. II, p. 363.
T?5
burgenses debent ipsum recipere sub pallio (i), quod
aliqui nobiles aut viri notabiles debent portare supra
Regem, et ipsum conducere usque ad portam anteriorcm
ecclesice Ebroicensis quae est in butto ecclesiœ.
Canonici non debent exire ecclesiam, sed omnes, re-
vestiti in capis, debent ipsum expectare, et majores seu
antiquiores canonici debent esse primi, et debent facere
portare crucem et textum evangeliorum una cum aqua
benedicta.
Episcopus, si sit prœsens, aut decanus, cantor aut alia
dignitas, seu antiquior canonicus, débet aspergere Regem
aqua benedicta et praesentare sibi crucem et textum evan-
geliorum ad osculandum in ingressu ecclesiae.
Rege ingrediente ecclesiam, incipiat succentor unum
responsorium de Trinitate, et chorus cantet, et cantando
conducatur Rex usque ad majus altare, et sibi débet parar[i]
oratorium cum paramentis honestis; item, chorus etmajus
altare debent ornari seu parari quemadmodum fit in festis
triplicibus.
Finito responsorio, episcopus, dignitas seu canonicus
antiquior, dicat orationem de Trinitate et pro Rege [
] et, his peractis, fiât sibi salutatio et harenga, si
placeat sibi dare audientiam et non fuerit fatigatus ; sin
autem, differatur dicta harenga in aliam diem qua veniet
(i) M. Armand Bénet, archiviste du Calvados, dans d'érudites
communications dont la Société de l'Histoire de Normandie a eu
la primeur (Charles VIII à Evreux, 1485. Documents tirés des
archives communales, Rouen, i883, in-8°. Extrait du Bulletin, et
Charles VIII à Evreux, dans le même Bulletin, t. V, p. 43-44) a
publié cinq pièces relatives à la venue du roi à Evreux en cette
circonstance. On y apprend de quelle étoffe fut confectionné le
« paelle a porter sur le Roy », dais de taffetas « pers » de Flo-
rence, frangé de soie blanche et rouge, qu'un peintre avait décoré
d'un semé de « fleurs de lis de fin or ».
\96
ad ecclesiam, et caveat orator ne sit prolixa, sed brevis
et compendiosa, quoniam reges et principes gaudent bre-
vitate.
Iste modus fuit observatus in receptione régis Garoli
octavi qui suum fecit introitum in dicta ecclesia Ebroi-
censi in mense martii anno Domini millésime» quadrin-
gentesimo [octogesimo quarto] (i) et, in absentiaepiscopi
et decani, ego, cantor praedictus, feci receptionem prae-
dictam dando eidem domino Régi aquam benedictam
praesentandoque sibi crucem et textum evangeliorum ad
osculandum et dicendo orationem, et de his quae vidi et
feci [testimonium p[er]hibeo et testimonium meum ve-
rum est.
Et, quia Rex erat fatigatus, noluit tune audire haren-
gam, sed, in crastinum, ipse venit ad ecclesiam audire
missam et, in fine missae, pronuntiavi brevem orationem
in gallico sermone.
Modus receptionis domini archiepiscopi Rothomagensis
metropolitani. — Accedens dominus archiepiscopus ad
ecclesiam Ebroicensem débet intrare per portam ante-
riorem et, quemadmodum supra scriptum est in Régis
receptione, omnes canonici et totum collegium ecclesiae
debent esse in capis, et débet recepi cum cruce, aqua
benedicta et cum textu evangeliorum, et débet conduci
(i) « Le séjour de Charles VIII à Evreux, dit M. A. Bénet (op.
cit.), n'est mentionné ni par Le Batelier, ni par Le Brasseur, nos
deux seuls chroniqueurs dont les œuvres soient publiées, mais il a
laissé des traces dans d'autres pièces d'archives, parmi lesquelles
je signalerai une lettre missive et une lettre patente datées
d'Evreux, 12 mars 1485 (n. s.) , ainsi que divers documents
publiés dans les Ordonnances des rois de France (t. XIX,
p. 491 et 492 : 23 mars 1484(5) ; p. 516 : avril 1484 (5), avant
Pâques (3 avril) ».
197
processionaliter a dicta porta usque ad majus altare can-
tando responsorium de confessoribus Sint lumbi vestri
prœ[cinc)ti etc.
Oratorium débet sibi praeparari coram majori altari ubi
se prosternere débet archiepiscopus ad orandum, et, si
placet, dicat unam orationem de Sancia Maria et det suam
benedictionem, et, si noluerit dicere dictam orationem,
dicatur per antiquiorem personam seu canonicum.
Postmodum fiât [salutatio] et harenga congratulatoria
per dictam antiquiorem personam seu per aliquem alium
canonicum bene tritum atque doctum et eloquentem.
Iste modus fuit observatus in receptione reverendissimi
in Christo patris domini Georgii de Ambasia, archiepis-
copi Rothomagensis, qui postmodum fuit cardinalis tituli
Sancti Sixti et sanctae sedis apostolicae legatus.
Et similis modus débet observari in receptionibus do-
minorum cardinalium sanctae sedis apostolicae lega-
torum.
Collationné a l'original dessus escript, ce requérant noble et dis-
crète personne Me Jean de Beaumesnil, prebstre, chantre et cha-
noine en l'église cathédrale Nostre Dame d'Evreux, pour luy valoir
a telle fin que de raison ; l'original rendu après ladite collation faite
par moy soubzsigné, notaire apostolique au diocèse d'Evreux, deué-
ment immatriculé suivant l'edit du Roy, ce xxj mars i663.
(Signé) Loquette.
TABLE
Pages
Introduction 40
Premier avant-propos de Hunaud 52
Episcopus 52
Decanus 61
Cantor 72
Archidiaconus Ebroicensis 76
Archidiaconus de Occa 78
Archidiaconus de Novoburgo 79
Thesaurarius 80
Pcenitentiarius 83
Abbas Beccihelluini . . 84
Octo Canonici antiquae fundationis. , .'. 86
Praebenda de Bernienvilla, Paintienvilla et Cherray 98
Praebenda de Hecuria et de Sancto Carone 99
Praebenda de Esmanvilla et Semervilla 100
Praebenda de Cretone 101
Praebenda de Piris 102
Praebenda fundata super vicecomitem de Paceyo 102
Praebenda annexa cantoriae fundata supra sigillum episcopi 103
Praebendae de Brovilla 104
Praebenda de Nocumento, Authenayo et Cantulupi ... 105
Praebenda de Sacco et de Rulleyo 106
Praebendae supra sigillum episcopi 107
Praebenda de Houettevilla 108
Praebenda de Quiteboto no
Praebenda de Thevrayo 112
Praebenda Sanctae Columbae .... 113
Praebenda de Plesseyo Grohan 114
Praebenda fundata supra vicecomitem Ebroicensem 115
Praebenda de Crestoto 116
Praebenda de Fauvilla 117
200
Vicaria de Branvilla 121
Vicaria de Mandres 121
Vicaria de Mesnillo Jordani 122
Vicaria nuncupata la Taillerie 124
Duae capellaniae Beatae Mariae rétro chori 124
Duae capellaniae de Albavia Beati Andreae apostoli 125
Duae capellaniae Missae Matutinalis 130
Capella Anniversariorum ad altare Beati Taurini rétro majus altare
fundata . ; 133
Capella Beatae Annae 13*;
Duae portiones capellae Sanctorum Jacobi et Philippi fundatae supra
locum de la Pourreliere 139
Capella Sanctae Trinitatis 140
Capella Angelorum 140
Capella Sancti Johannis et Sanctae Catharinae 143
Capella Sancti Anthonii 145
Capella Sanctornm Cosmae et Damiani 146
Capella Sancti Martini 148
Capella Sancti Fiacrii 149
Quatuor capellae seu portiones fundatae ad altare Sanctorum Marty-
rum Stephani, Laurentii et Vincentii in cruciata, versus domum
episcopalem 151
Capella Sancti Christophori 152
Capella Sancti Sebastiani 153
Capella fundata ad altare Sancti Agniani in navi ecclesiae 153
Capella Sancti Eustachii 154
Capella Sancti Portiani 155
Capella Beatae Mariae Magdalenae 157
Capella Sancti Nicolai 159
Capella Sancti Jacobi et Sanctae Catharinae 159
Capella Sanctae Margaritae 161
Capella Sancti Michaelis fundata in dextra turri ecclesiae Ebroicensis. 161
Capella Sancti Johannis Evangelistae 162
Duae portiones capellae Pigrorum ad altare Beatae Mariae in navi ec-
clesiae 163
Capella ad altare Beatae Catharinae 166
Capella Sanctarum Sororum 168
Capella Sancti Claudii 170
Capella Sancti Juliani 172
20T
Capella Innocentium et Sancti Leonardi 173
Duo sacristas 175
Diaconus. Subdiaconus 177
Fundatio de Bauffes 180
Fundatio magistri Joannis de Podio Harbaudi 180
Custos coronse 181
Officium pulsatoris seu apparitoris 183
Deuxième avant-propos de Hunaud 184
Modus receptionis episcopi Ebroicensis in suo primo adventu ad eccle-
siam Ebroicensem 185
Pro jocalibus 190
Modus inhumationis episcopi Ebroicensis 193
Modus receptionis régis Francorum christianissimi 194
Modus receptionis domini archiepiscopi Rothomagensis metropolitani. 196
DOCUMENTS
RELATIFS A LA MARINE NORMANDE
AUX XVe ET XVIe SIÈCLES
Publiés par MM. Charles BRÉARD et Philippe BARREY
DOCUMENTS
RELATIFS A LA MARINE NORMANDE AUX XVe ET XVIe SIECLES
INTRODUCTION
Il y a peu d'années encore et dans un passé tout récent,
ceux qui essayaient d'étudier l'histoire de la marine nor-
mande dans son organisation et son action rencontraient
une extrême difficulté. Le sujet avait été longtemps
négligé, tant au point de vue des découvertes, du com-
merce, des colonies, que des armements militaires. La
disette des documents était capable seule de rebuter
l'historien qui veut être exact, informé le mieux qui lui
est possible, et n'écrire que d'après les sources. Sa situa-
tion est plus favorable aujourd'hui. La Société de l'His-
toire de Normandie y a contribué pour sa part depuis
trente ans. Son Conseil d'administration vient de nou-
veau offrir au public quelques pièces historiques, des
fragments intéressants et curieux. On y verra, une fois
de plus, que la Normandie s'est distinguée au premier
rang, en tous les temps, dans les affaires de mer, et que
si l'on s'attachait en particulier à traiter de la marine
normande au xvie siècle, les expéditions militaires ou
commerciales qui furent organisées pendant cette période
fourniraient une ample matière à notre histoire provin-
2()6
ciale. Nous avons la confiance que les documents rap-
portés ci-après, bien que le nombre en soit restreint,
sont susceptibles d'y trouver leur place.
Leur provenance a excité notre curiosité. Ce sont les
débris rares et recherchés de dossiers qu'il serait, de nos
jours, impossible de reconstituer, d'un fonds disloqué et
dépecé à jamais. Ce sont les anciennes archives privées
d'un vice-amiral dont quatre rois ont apprécié les ser-
vices. Il s'agit de Guyon Le Roy, chevalier, seigneur du
Chillou. Le chartrier du château d'Azay-le-Rideau a
conservé ses papiers pendant près de quatre cents ans ;
aujourd'hui, le tout a été disséminé. C'est regrettable.
Mais, de ces papiers naufragés, semblables aux épaves
que la mer rejette sur ses bords, on en a sauvé quelques-
uns de la destruction. Par un acte libéral, la municipalité
du Havre les a mis à l'abri. Avec juste raison, elle les a
considérés comme un bien qui lui appartenait originai-
rement, en a fait l'acquisition et les a réunis à son dépôt
d'archives (i). Là, au moins, les vieux actes que nous
publions sont définitivement rangés ; on ne les verra plus
circuler dans les ventes d'autographes.
La publication de ces documents a paru utile; elle se
joindra à l'ouvrage que M. Stéphano de Merval a publié
en 1875. Les mêmes liasses du chartrier d'Azay-le-
Rideau avaient alors fourni à notre confrère les éléments
du volume que la Société de l'Histoire de Normandie a
édité (2),
(1) Arch. comm. du Havre, EE. 78 à 87.
(2) Documents relatifs à la fondation du Havre (Rouen, 1875 , in-8°). La
plupart de ces documents ont été également acquis par la ville du Havre.
207
Le nom de Guyon Le Roy, seigneur du Chillou, est
familier à tous ceux qui s'intéressent aux marins nor-
mands. Plus loin, nous grouperons ce que l'on sait de ce
qui concerne le premier capitaine de la ville du Havre
qui, de son temps, a connu les meilleurs marins de la
Manche, des hommes de mer hardis et instruits. Leur
hardiesse s'est marquée en affrontant les périls de longues
expéditions ; l'étendue et la solidité de leur science nau-
tique sont apparues avec éclat lorsque les mers lointaines
se sont ouvertes de toutes parts aux progrès de leurs
voyages. C'est donc un travail utile que de recueillir les
informations qui s'y rapportent.
C'est à la marine de guerre d'abord, c'est ensuite à la
marine marchande que l'on peut rattacher les documents
que nous présentons. On y rencontrera, à côté de Guil-
laume Gouffier, sieur de Bonnivet, amiral, et de Guyon
Le Roy, son lieutenant, le nom du grand armateur diep-
pois Jean Ango, ceux de ses capitaines Jacques de Saint-
Maurice, Jean et Jacques Fain, celui du redoutable cor-
saire Jean Fleury, originaire de Vatteville, localité où se
forma une foule de marins très habiles.
Les deux premières pièces nous reportent au temps où
Charles VIII armait par terre et par mer en prévision
d'une guerre contre l'Angleterre, et où son mariage avec
Anne de Bretagne venait de donner à la France de très
bons ports et d'excellents marins. D'un côté et de l'autre
régnait une grande activité sur les chantiers et dans les
arsenaux (1487-1490). A Rouen, on formait des équi-
pages de galères; on y construisait des brigantins. A Hon-
fleur, on fait d'importants travaux. L'amiral de Graville
208
visite les ports de la côte. Au printemps de l'année 149 1,
on lève par ordre cinq cents hommes de guerre de pied
dans les élections de Rouen, Caudebec, Montivilliers et
Lisieux « pour l'entretenement, garde, deffense et equi-
paige des grans nefz, navires et autres bateaux de mer
estans sur les pors et hables du pays de Normendie ». En
temps de crise, au premier indice d'une guerre maritime,
les amiraux fermaient tous les ports et faisaient main
basse sur les capitaines, pilotes, matelots et mariniers,
tantôt plus, tantôt moins, selon les besoins du moment.
On les enrôlait en les exemptant de quelques taxes indi-
rectes. La levée suspendait tout commerce durant un
certain laps de temps. On ne dira pas qu'aucun avantage
ne compensait pour les armateurs normands l'interrup-
tion du trafic. Des caves, des soliers que nous connais-
sons, ont été des magasins d'approvisionnements dans
lesquels se trouvait disposé un amas de choses étrangères
et précieuses dont la source se tarit quand il y eut une
solide police constituée sur mer.
Au premier rang des navires de ce temps, était la
Louise de France, la Grande Louise, la Louise (1), nef
(1) Un navire que l'on a dit être la Louise est figuré dans un manuscrit
du château de Chantilly. « C'est une grande nef d'or à quatre mâts, à la
poupe et à la proue relevées. Les voiles latines de l'arrière sont larguées.
Deux longues flammes aux couleurs de France se dessinent sur une grande
voile blanche gonflée par le vent et timbrée des armes de Graville avec le
collier de Saint-Michel. Les mêmes armes se retrouvent sur les boucliers
qui cuirassent les bastingages et sur les pennons attachés aux trompettes.
La grande hune est pleine de monde, la batterie des gaillards armée, d'autres
canons montrent leur gueule par les sabords de l'entrepont. Près de la nef,
vogue une embarcation ; les six hommes qui la montent, tenant la barre, la
gaffe et les avirons, portent sur leur cotte de maille une tunique aux armes
de Graville ». — Musée Condé. Le Cabinet des livres. Manuscrits, t. II, p. 104.
209
renommée pour sa grandeur imposante et pour la force
de son armement. Elle était de construction normande
et son nom mérite d'être mis en relief. On trouvera donc
dans les lignes qui suivent les faits épars que nous avons
notés aussi exactement que possible.
Et d'abord il y a toute probabilité que la Louise amirale
a été mise en chantier à Honfleur par ordre de Louis
Malet de Graville, en l'année 1487 ou un peu plus tard.
Destinée à l'amiral de France, elle remplaçait la nef de
Louis de Bourbon (1), à laquelle sans doute s'applique
le certificat suivant délivré en 1479 au grenetier de
Honfleur (2) au sujet d'une livraison de sel : « c'est
assavoir, pour la Grant Nef et pour la Michielle un muy,
deux sextiers, deux minots et demy ; pour la nef Maistre
Jehan Desivarest, sept sextiers ; pour la Marie de Rouxillon,
six sextiers, ung minot; et pour la Nef de Honnefleu,
trois sextiers, trois minots (3) ». La nef de l'amiral de
Bourbon, c'était la Grant Nef; la Nef de Honnefleu était
la nef du vice-amiral, elle était « nommée Coullon », du
nom de Guillaume de Casenove, homme de mer d'un
mérite reconnu. Il eut la confiance de Louis XI ; il la
partageait avec un marin levantin, Georges le Grec, capi-
taine de Touques, de Lisieux et d'Orbec (1466-1490),
(1) Voy. le sceau reproduit dans le savant ouvrage de M. de la Roncière
{Hist. de la Marine franc., t. II, 345).
(2) Pierre de Sallenove. écuyer. Les Sallenove ou Salnove étaient venus à
Honfleur comme hommes de guerre dans les compagnies de Robert de
Floques, en 145 1. Ils s'y fixèrent. Thibaut de Sallenove est en garnison à
Honfleur en 1494 et sa nièce, Barbe de Sallenove, possède les fiefs de Blos-
seville (commune de Pennedepie) en 1519; elle épousa Jean de Nollent.
(3) Ms. fr. 26940, n° 79.
2IO
mort en 1496 et dont la descendance a vécu longtemps
sur des terres peu distantes de Gournay (1).
D'après divers mandements de dépenses, la Louise était
nolisée par le roi pour la somme de 790 écus d'or, à
raison d'un écu par tonneau. On voit que la base du
louage était calculée sur le tonnage; celui-ci était établi
et fixé par des commissaires. Mais, en ces matières, les
officiers des amirautés ne parvenaient pas à empêcher les
fraudes dont quelques capitaines se réservaient le béné-
fice. Aussi l'amiral Bonnivet ordonna- t-il la vérification
du tonnage des navires du roi au mois de mai 15 18 (2),
bien qu'il eut appris par l'expérience que ces sortes de
recherches ne sont pas durables.
La Louise, de sept cent quatre-vingt-dix tonneaux,
embarquait sept cent quatre-vingt-dix hommes, tant gens
de guerre que mariniers, en raison de la règle : « pour
chascun port de tonneau ung homme; pour cent ton-
neaux, cent hommes ». Quant à son armement, il.
consistait, suivant un inventaire dressé en 1516 et qu'on
trouvera plus loin (3), en soixante-douze pièces d'artil-
lerie, dont dix gros canons (4), bouches à feu lourdes,
de gros volume, et exigeant beaucoup d'espace. Pour
faire usage de ces pièces, on donnait un peu d'embrasure
aux sabords, aux ouvertures, c'est-à dire qu'on les faisait
plus ouverts par dehors que par dedans, afin qu'on pût
(1) Abbé Renet, Les Bissipat du Beauvaisis, dans les Mémoires de la
Société acad. de l'Oise (1889), t. XIV, ire partie.
(2) Voy. la pièce n° IX.
(3) Voy. la pièce no III.
(4) La gravure donnée par A. Spont, dans The JVar with France, p. 88,
ne présente que deux ouvertures percées à chaque flanc.
21 F
mieux diriger le canon, mais en élargissant trop les
sabords on s'exposait à la mousqueterie de l'ennemi.
Classée parmi les bâtiments de premier rang, la Louise
devait être à la tête des armées navales pour imposer par
la force de son artillerie. Son nom était bien connu.
« A Rouen, disait Antoine de Conflans, il y a navires à
caravelles et autres navires qui navigent par la mer. . .
Aussy y a aultres grands navires pour faire la guerre,
comme la Loyse, la Nef de Rouen, et autres grosses
barges ».
C'est avec ces navires de la marine normande que la
« grant nef de Mgr l'Admirai », la Louise, était à l'ancre
entre Honfleur et Villerville au mois de juin 1489. On
faisait diligence pour terminer son armement (1). La divi-
sion dont elle allait prendre la tête devait permettre de
secourir Brest. Dans les derniers jours d'août 1489, le
convoi de ravitaillement, parti de Honfleur et de Dieppe,
arriva sous les ordres de l'amiral de Graville ; il mit en
fuite la flotte qui investissait Brest (2). La Louise, l'année
suivante, est en croisière dans la Manche et le long de la
côte d'Angleterre (septembre 1490), « pour essayer à
revencher l'oultraige fait par les Englois à bruller la
Hogue et autres villaiges du duchié de Normendie ». Et
la même année, au mois de novembre, la Louise escorte
(1) En 1489, au mois d'octobre, les armuriers de Tours avaient
expédié à Honfieur trente arbalètes de passe et huit mille traits
pour la Louise (Bibl. Nat., ms. fr. 7881, fol. 177 vo).
(2) Voy. pour cette période : Perret, Notice biogr. sur Louis Malet de
Graville, p. 130-140. — A. Spont, La Marine franc, sous Charles VIII,
p. 19-32. — Ch. de la Roncière, Hist. de la Marine française, t. II,
p 421-428.
212
les navires qui vont à Brest porter les commissaires du
roi et le paiement des gens d'armes qui y tenaient gar-
nison (i).
En 149 1, au mois d'avril, la Louise fait voile de nou-
veau vers Brest avec une escadre normande et malouine.
L'amiral, pour équiper cette escadre, reçoit la somme de
vingt-deux mille cinq cents livres par les soins de Jean
Le Gendre, payeur des gens de guerre. La pièce n° II, que
nous publions, se rapporte aux armements qui s'étaient
alors continués à Honneur et à Saint-Malo et aux
mesures prises pour compléter les équipages Le 26 juillet,
Antoine de Lastre. dit Cauwart (2), vice-amiral, arrêtait
le rôle des « affranchis-mariniers » levés dans l'élection
de Montivilliers et sur la côte du pays de Caux. Le vice-
amiral passe en revue, àHonfleur,lelundi25 juillet 1491,
les mariniers pour « aler au service du roy et de Mgr l'Ad-
mirai, par la mer, choisis et esleuz à Honnefleu ». Ils
étaient au nombre de soixante-quinze (3).
Dès l'année 1492, on commença à parler de la malheu-
reuse entreprise sur le royaume de Naples, puis elle fut
(1) Bib. Nat., Pièces orig., 1814, dossier Malet, n° 60, 62, 64, 65.
(2) On avait autrefois grand'peine à connaître ce vice amiral, vicomte de
Conches et de Breteuil, capitaine de Honneur en 1490-1496, et, comme
Georges Le Grec, capitaine des nefs de Louis XL Aux documents qui font
mention de lui, on peut ajouter qu'il se maria dans le pays d'Auge et que,
par son alliance, il devint propriétaire des fiefs de Gassart et de Genneville,
assis dans les sergenteries de Pont-1'Evêque et de Beaumont. Les comptes
de l'église Saint-Michel de Pont TEvêque font mention de plusieurs dona-
tions faites par Antoine de Lastre à cette église. Farin (Hist. de Rouen, II,
436), signale son épitaphe dans l'église de Saint-Maclou. Un Jean de Lastre,
son parent, a été abbé de Sainte -Catherine de Rouen ou Sainte-Trinité-du-
Mont.
(3) Bibl. Nat., ms. fr. 25781, n<> 75.
213
délaissée, après remise sur le tapis, et une armée se réunit
au pied des Alpes à la fin de l'été de 1494- Six mois
auparavant, on s'était mis à l'œuvre pour armer la flotte
de Normandie qui pouvait fournir deux galères et sept
navires de haut-bord. Parmi ces derniers, on comptait la
Louise, vaisseau amiral que Guyon Le Roy commandait,
la Nef de Rouen et autres bâtiments qu'André de la Vigne
a nommés dans Le Vergier d'honneur (1) :
Avec elle fut la grande nef Loyse
Qui la voille d'aller scavoit la guise
Quand une fois elle avoit vent en poupe ;
La Franche Nau, la Figue (2), la Denise.
D'après le plan de campagne, l'expédition maritime
devait être la partie capitale, et l'on prenait Gênes pour
quartier général (3). Charles VIII avait donné l'ordre d'y
conduire la Louise qui devait se rallier aux galères équi-
pées en Provence. « J'ay escript à MM. l'Admirai et
Maréchal de Gyé de recouvrer six barches en Bretagne
des meilleures et mieux esquipées qu'on y pourra trouver,
pour aller quérir la Loyse et l'accompagner jusqu'à Mar-
seille, et me servir en ceste affaire. Je ne fays point de
doubte qu'ilz ne le façent car ils entendent assez qu'il est
besoing et que seroit grant perte de perdre ladicte
Loyse (4) ».
L'ordre du roi fut exécuté en toute hâte. Un navire
breton, nommé Lesneven, de deux cents tonneaux, et la
(1) Jal., Archéologie nav., II, 504.
(2) La Normande ou la Figue, nef de Georges Le Grec. Nous la retrou-
verons en 1499 dans la bataille navale contre les Turcs.
(3) De Maulde, Histoire de Louis XII, t. III, p. 17.
(4) MUe Dupont, Mém. de Commines, t. III. Preuves, p. 444.
2I4
barque nommée la Balta^ar, de quatre-vingts à cent
tonneaux, furent « esquipés en guerre pour accompaigner
et conduire en plus grande sceureté la grant nef la
Loyse(i) ». C'est ce que fait connaître un article des
comptes du trésorier du duché de Bretagne. Le même
trésorier chargea aussi son compte, pour l'année 1495,
d'une somme de deux mille livres relative au nolisage de
la Louise :
« A Guyon Le Roy, seigneur du Chillou et cappitaine
du Croisic, et Jehan de Porcon, conseillers dudit sei-
gneur, la somme de deux mil livres tournois faisant
partie de vj mil liv. t. à eulx ordonnée pour ravitaille-
ment et gaiges de huit cens mariniers ordonnez estre mis
es navires de Charente, la Loyse et aultres navires par
eulx menées et conduictes au pays de Provence pour le
service du roy, nostre dit seigneur, au recouvrement de
son royaume de Scicille (2). »
Il y a quelque apparence que Tordre d'armement est
antérieur de quatre mois à la modeste victoire navale
dans le golfe de Rapallo. Il fallait bien du temps pour
faire doubler Gibraltar, rallier Marseille par les lourds
vaisseaux de la division normande et bretonne, puis jeter
l'ancre sur la côte génoise.
La lutte était commencée ; elle s'était étendue peu à
peu. Les efforts furent combinés pour attaquer les ports
d'Italie par terre et par mer. C'était une grande question
parmi les conseillers de Charles VIII de savoir si la mer
(1) Paiement pour deux mois de fret et équipage. (Ms. fr. 8310, fol. 228.)
(2) Bibl. Nat., ms. fr. 8310, fol. 226. Comptes des recettes et dépenses
du trésorier du duché de Bretagne, en 1495.
215
serait libre. Elle le fut. Les nefs armées de l'escadre de
Rouen et les galères de Marseille s'unirent pour réduire
les villes fortes : les unes combattant sous voiles, les
autres présentant leur éperon aux remparts armés d'ar-
tillerie. Après le combat de Rapallo, la flotte napolitaine
s'était retirée à Livourneet à Pise(r). Quant aux navires
français, ils battaient la côte dans le but de provoquer le
soulèvement de la population, mais la tempête les dis-
persa .
En 1496, ces navires se dirigèrent vers Livourne, que
Maximilien d'Autriche assiégeait ; ils y débarquèrent un
corps de troupes pour la couvrir et opérer de concert
avec la garnison et des vivres pour la ravitailler. Au
nombre de ces bâtiments, nous rencontrons de nouveau
la Louise, « la nave normande », qui porte à son bord
des hommes de guerre gascons, suisses et français, la nef
Gabrielle et une autre nef française dont le nom n'est pas
donné par l'annaliste (2). On sait qu'alors, d'heure en
heure, les affaires des Français allaient de mal en pis dans
cette lointaine aventure.
Mais nous n'avons pas perdu les traces de la Louise.
La nefamirale reparaît dans les opérations sur mer qu'en-
traîna la conquête du Milanais (1499). On sait aussi que
dans l'armée de terre figurait ce que d' Auton appelle la
« bende du seigneur de Normanville », composée de
deux mille hommes de pied mis sus en Normandie, en
1498, d'après les ordres de Charles VIII (3).
(1) Commynes, t. II, p. 143 (édit. de Mandrot).
(2) Diarii di Sanuto, t. II, col. 373.
(3) D'Auton, Chron. de Louis XII, t. I, p. 24 (édit. de Maulde de la
Clavière) .
2l6
A cette époque (septembre 1499), au nord de l'entrée
du golfe de Corinthe, à Lépante (Naupacte), les flottes
vénitienne et française coalisées livrèrent un combat san-
glant dont il serait difficile de trouver la mention dans les
historiens français (1). Aux côtés des galères vénitiennes,
qui étaient chargées de surveiller les Turcs et de protéger
les côtes de l'Adriatique, vinrent combattre les galères
des chevaliers de Rhodes, sur l'une desquelles com-
mandait l'expérimenté et intrépide capitaine Prégent de
Bidoux. Il avait pour auxiliaires de non moins habiles et
valeureux marins normands, qui avaient été aux prises
avec les Portugais et les Flamands, ayant quelquefois
contre eux la justice et pour eux la fortune. C'étaient les
équipages de la Louise, de la Figue, de la Michelle, de la
Comtesse, de la Panthère et du Lion, « dont Emarde Vescq
étoit chief ». N'oublions pas la Charente, grosse nef,
bonne voilière, « l'une des plus avantageuses pour la
guerre de toute la mer (2) » .
Le 21 août, en conseil de guerre, les coalisés arrê-
tèrent un plan d'attaque (3). Le grand prieur d'Au-
vergne, avec la nef la Charente, engagerait le combat et
aborderait l'amiral turc. Le chef d'escadre vénitien et la
Louise (4), de l'amiral de France, avaient ordre d'enve-
lopper une grosse galéasse musulmane. La Louise com-
(1) Nous devons à l'obligeante amabilité de M. Ch. de la Roncière de
connaître ce fait de guerre maritime. Ce n'est pas à nous qu'il appartient
de le développer dans ses détails et ses circonstances. Mais nous remer-
cions M. de la Roncière d'avoir pensé à nous.
(2) D'Auton, Chron. de Louis XII, t. IT, p. 18.
(3) Sanuto, t. II, col. 1292, 1293.
(4) Elle est désignée sous la forme vénitienne Alvixa.
2iy
battait en première ligne. Il y avait trois autres divisions
dans lesquelles figuraient des vaisseaux français : la Pan-
thère, le Lion ; des caravelles comme la Comtesse, la Figue,
la Michelle. Une mêlée terrible, qui dura plusieurs
heures, s'engagea entre les deux flottes. Nos marins du
Ponant y firent des prodiges de valeur. L'expédition
échoua.
Ce fut deux années après (août 1501) que Louis XII
organisa une nouvelle expédition et mit sur mer force
navires, dont étaient la Cordelière et la Louise. Philippe
de Ravenstein devait conduire l'armée navale contre les
Turcs et prendre terre en l'île de Mitylène (1). Il avait
sous ses ordres douze navires de Normandie et de Bre-
tagne et les galères de Prégent de Bidoux. Mais il régna
une mésintelligence entre les chefs et du mauvais vouloir
du côté des Vénitiens. On attaqua Mitylène sans succès ;
il fallut lever le siège. Au retour en France, une nef
s'échoua et se perdit sur des rochers ; une autre sombra
avec son équipage de sept cents hommes (2)
Aux années qui suivirent, la Louise est sur les côtes
d'Italie pendant la campagne désastreuse de Gaète et de
Naples (15 03-1 5 04).
Huit ans plus tard, en 1512, nous retrouvons la
Grande-Louise aux prises avec la flotte anglaise, placée
sous les ordres de l'amiral Howard, qui avait ravagé les
environs de Brest. Pour arrêter ces incursions, une flotte
(1) Ch. de la Roncière, L'expédition de Mitylène, dans Le Correspondant,
25 novembre 1901.
(2) Spont, Les galères royales dans la Méditerranée, p. 7 — 12 du tirage a
part. — D'Auton, Chron. de Louis XII, t. II, p. 149.
2l8
fut armée en Normandie. Le vice-amiral René de Cler-
mont vint à Rouen, à Harfleur, à Honfleur, où il séjour-
nait le 5 avril. Dans ce dernier port, on fait apprêter tous
les navires, « là on les répare du tout pour la guerre et
peult estre en nombre de ioo à 120 navires, lesquelles
sont tous en l'entrée de la Seine, sans encores point de
provision ne de garde, sinon qu'ilz font armer 4 grans
navires pour bouter en la mer pour faire le guet et veoir
quels navires passeront (1) ».
Les nefs que l'on « boutait » ainsi à la mer pour pré-
venir les surprises étaient sous le commandement de
capitaines dont les familles sont bien connues. Nous ne
parlons pas du vice- amiral qui montait la Louise, il n'ap-
partient pas à la Normandie. Mais nous citerons : la
Nef -de-Dieppe, capitaine Rigault de Berquetot (2) ; la
Petite-Louise, capitaine Adenet Legendre (3) ; la Foy,
capitaine Jacques d'Estimauville; la Françoise-cT Orléans,
capitaine Louis Bigars de la Londe (4). Ce fut au mo-
ment où ces navires mirent à la voile que des mar-
(1) Spont, The War with France, p. xx, note.
(2) Berquetot était un fief de la sergenterie de Bolbec. Rigault de Ber-
quetot est décédé vers l'année i5i8 ; il avait fait construire la nef Hermine,
de çoo tonneaux, achetée 17,000 francs, en 15 17, par le Roi. (De Merval,
Doc, p. 150, 168, et Bibl. Nat., pièces originales, vol. 30. dossier Ber-
quetot.)
(3) Adenet ou Adam Legendre figure dans des montres d'hommes de
guerre à morte-paye passées à Honfleur en 1505, 15 12 et 1573 (ms.
fr. 21507, 25785). Sa fille aînée, Jeanne Legendre, avait épousé Robert
Beschard, capitaine ordinaire pour le roi en la marine et lieutenant à Hon-
fleur en 1562 et 1569.
(4) « Vieux brave aventurier de guerre », seigneur de la Londe-Commin
et de Tourville-la-Campagne. Tué à Saint-Dizier en 1544. Voy. d'Auton,
t. I, p. 59, notice.
219
chands de Rouen obtinrent des lettres de représailles
contre les Anglais (i) .
« L'armée de la mer » partit de Honfleur le 17 juillet
15 12. La Grande-Louise battait pavillon du vice-amiral
René de Clermont. Elle était mouillée, avec les autres
navires, en dehors des passes du goulet de Brest, quand
elle fut jointe par la flotte anglaise. Attaquée avant
d'avoir pu lever l'ancre, accablée d'une grêle de boulets,
ayant perdu son grand mât, la nef amirale française fut
vaincue et s'enfuit vers Brest. C'est là le premier épisode
du célèbre combat de la Cordelière et du Régent, qui
s'anéantirent au milieu des eaux et des flammes (2) .
Nous n'avons pas à nous y arrêter autrement.
Dès les premiers jours de l'année suivante (15 13), une
activité extraordinaire régnait à Rouen, à Honfleur et à
Dieppe. On y comptait quinze ou seize navires en arme-
ment, sous les ordres de Guyon Le Roy, seigneur du
Chillou, à qui Louis XII donna une commission de
lieutenant-général de l'armée de mer (25 janvier). La
Louise est à Honfleur, où des victuailles y sont embar-
quées pour trois mois (3); et, avec cette nef, quinze
navires de guerre n'attendaient que le vent favorable pour
atteindre Brest : sept navires bien équipés « à la guerre »
étaient venus de Dieppe et étaient à l'ancre à l'embou-
chure de la Seine, sous Villerville. Au mois de mars,
Guyon Le Roy quitta Honfleur à bord de la Louise, sur
(1) Spont, The War, etc., p. 19.
(2) Voy. Jalj, Marie-la-Cor délier c (Paris, 1845, tirage à part). — Ch. de
la Roncière, La Cordelière et le Régent, dans Revue des questions hist.,
juillet 1899.
(3) Bibl. Nat., ms. fr. 26112, n° 1161.
220
laquelle il avait placé, pour la conduire a la côte de Bre-
tagne, le pilote malouin Philippe Roussel, qui eut charge
quelques mois plus tard « de par le roy d'Ecosse de la
grant nef d'Escosse, comme pilote pour icelle amener et
conduire à Brest Et à ce que ledit Rouxel voullut
prendre congié dudit admyrall d'Escosse, il en futreffuzé
et lui fut dit qu'il conduiroit laditte grant nef d'Escosse
jusques es parties de Normandie, à Honfleu (i), avant
que avoir son dit congié (2) ». Cest sous la conduite de
ce marin aussi brave qu'expérimenté que la Grande-
Louise et la flotte française gagnèrent le port de Brest
(mars 15 13). L'amiral Edouard Howard se proposa de
l'y détruire. Mais Prégent de Bidoux arriva sur la côte
avec une petite division, la plaça près le Conquet dans une
position avantageuse et attendit l'attaque de l'amiral
anglais. Celui-ci tenta la fortune, serra de près la galère
que commandait Prégent de Bidoux, alla à l'abordage,
sauta sur le pont, suivi d'une poignée de marins et d'offi-
ciers. Mais les deux bâtiments s'étant séparés, sir Howard
et les siens durent se rendre et furent précipités à la
mer (3). Le combat contre la flotte anglaise avait été
terrible; il ne fut pas suivi d'un engagement sérieux. Les
nefs normandes, bloquées dans le port de Brest, se déga-
gèrent, revinrent à Dieppe et à Honfleur « pour se rafraî-
chir de vivres » . Dans une revue d'hommes de guerre à
(1) « A cause qu'elle ne peult entrer au hable de Dieppe «. (Spont, ibid.,
p. 195.) Louis XII l'acheta au roi d'Ecosse par le prix de 40,000 livres.
Ms. fr. 261 14, n° 25.)
(2) Spont, id.,/p. 176, note 4.
(3) Delà Nicollière-Teijeiro, La marine bretonne aux XVe et XVIe siècles,
p. 102.
221
morte-paye passée à Honfleur, le 18 octobre 15 13 (1),
figurent les capitaines et conducteurs de l'armée de mer
qui avaient fait la campagne de Brest : Guillaume Car-
merien, Jacques d'Estimauville, Jean Barbelée, maître de
la Louise, et Adenet Legendre (2).
Depuis plusieurs années, la Grande-Louise était tirée
de tout péril. Vers l'année 15 15, elle avait pris son
mouillage à Honfleur, où elle était solidement ancrée et
enfoncée dans les bancs vaseux qui encombraient les deux
chenaux de ce port. Une partie de son artillerie avait été
débarquée et portée sur les remparts. Les atterrages de la
baie de Seine subissaient alors des changements dont il
ne serait pas aisé de donner une idée. Pourtant on en
connaît les effets. Un des plus intéressants à constater,
c'est une sorte d'émigration forcée des marins et des
pilotes honfleurais qui quittèrent leur pays pour aller
s'établir ailleurs. Le cours des choses en fit des Dieppois
d'abord, des Havrais ensuite. C'est ainsi que le nom des
Naguet, principaux bourgeois que Louis XII anoblit,
marchands-armateurs qui avitaillaient la flotte (3), se
retrouve à Dieppe en 1520 : les Naguet y trafiquaient
sur les salaisons. Un de leurs compatriotes, dont une
légende a fait revivre le souvenir, à propos de son voyage
présupposé au Brésil en 1488 (4), le fameux Jean Cousin,
s'était transporté à Dieppe.
(1) Bibl. Nat., ms. fr. 25785, n« 189.
(2) Bibl. Nat., ms. fr. 25787, n° 93. Adenet Legendre et Jean Barbelée
sont au nombre des bourgeois de Honfleur qui votent l'impôt des aides, le
17 novembre 1499, en présence de René de Clermont.
(3) Bibl. Nat., ms*. fr. 26113, n« 1189; 26114, n° 101.
(4) M. Ch. de la Roncière a fait bonne justice de cette légende dans le
Bulletin de Géographie historique et descriptive, année 1895,^ 2, p. 196.
222
Mais l'état de la rive Sud de la baie de Seine eut une
autre importance que celle d'éloigner les marchands et
les marins. Il a été une cause de la disparition successive
des navires de guerre qui désarmaient à Honfleur entre
deux campagnes : la population en avait un profit tout
clair. Elle vit se tarir la source de son gain. On peut
croire qu'il alla en décroissant.
Quant à la nef amirale, elle avait été affrétée pour le
service du roi depuis plusieurs années. Au commence-
ment de l'année 1516, dont il ne devait pas voir la fin,
l'amiral de Graville donnait encore quittance pour l'en-
tretien et la garde de la nef la Louise pendant i^ 15 (1).
Il est probable que les héritiers de l'amiral la vendirent à
François Ier.
En 15 17, ce navire était échoué sur les bancs de vase
de Honfleur, et de si fâcheuse façon qu'il y demeurait à
sec la plupart du temps et y dépérissait journellement.
Alors François Ier donna l'ordre de radouber sa grande
nef, voulant qu'on la conduisît en un lieu où elle pour-
rait se tenir à flot à toutes marées (2). Le lieu de mouil-
lage le plus convenable était peu éloigné et désigné
d'avance. C'était la ville Françoise de Grâce qu'on fondait
et que <f plébeins, villageois, forains nommoient le Hable
Neuf y) (3). Vers Tannée 15 18, Guyon Le Roy y amena
la Louise dont il était le capitaine. Bientôt, d'autres na-
vires vinrent l'y rejoindre : Y Hermine (4), la Nef d'Or-
(1) Bibl. nat. Pièces orig., 1814 -, dossier Malet, n° 81.
(2) Voy. la pièce n° V.
(3) Guillaume de Marceilles, Mém. de la fondation, etc., p. 6.
(4) De Merval, Documents, etc., p. 205.
223
lé ans ^ la Barbe (r), la Dauphine, « pour y estre gardés et
mis hors du danger ».
Jusqu'à présent, la fin de la nef amirale était demeurée
obscure. On supposait qu'elle avait dû se perdre à l'entrée
du port du Havre ou dans la baie : ce fut le sort, comme
on le sait, de nombreux navires. Toutefois, sa destruc-
tion avait-elle été complète ? On en doutait d'autant
plus qu'une lettre de l'amiral Bonnivet adressée à Guyon
Le Roy, le 15 février 1525, lui réitérait l'ordre : « de
faire bailler au prince de Breszé les apareilz, cordaiges,
voilles et toutes autres municions qui se sont saulvées de
la grant nef Loyse, pour servir à la nef Princesse qui n'en
a nulz 0 (2). Mais un document que nous avons ren-
contré tout récemment fait connaître la destinée malheu-
reuse de la nef amirale. Un incendie décida de son sort.
La Louise fut brûlée dans le port du Havre, où elle était
sous la garde de quelques hommes dont l'imprudence a
causé sa perte, avant l'année 1525. On lit, en effet, dans
un rôle de dépenses des paiements faits à des ouvriers
« qui besognent à rabiller la souille de la Grande Loyse, à
vuider les pièces de boys d'icelle qui estoient demeurez
dedens ladite souille quant elle fust brûlée, et faire la
pointe d'icelle souille plus dedens les terres pour y mettre
la nef Princesse affin que sa quille jusques au gouvernail
portast droit en terre tant derrière que devant » (3). Il y
a lieu de croire que cet événement fit renoncer François Ier
à l'achat de vaisseaux vieillis dans les exercices de la
(1) Nous publions l'inventaire de la Barbe, n« IV.
(2) Arch. comm. du Havre EE, 79.
(3) Bibl. nat., ras. fr. 21,513, n° 1097.
224
guerre et concourut au besoin de déployer sa force et de
devenir plus puissant sur mer. Presque immédiatement
après la fondation du Havre, — on travaillait à la cons-
truction du port depuis six années seulement, — on
avait conçu le projet de mettre en construction un grand
navire (1522), « dont un surnommé le capitaine
Lespargne (1), gentilhomme du pays de Bretagne, avoit
eu charge de le faire faire » . C'était la Grande Françoise
qui ne devait jamais sortir du port (2).
Parmi les souvenirs qui viennent s'offrir à la mémoire,
conviendrait- il d'oublier le premier capitaine du Havre
de qui proviennent les documents que nous publions,
Guyon Le Roy ? On lui consacrera quelques lignes.
Guyon Le Roy, seigneur du Chillou, vice-amiral de
France, était poitevin. Le Chillou, que sa famille possé-
dait, est situé dans l'arrondissement de Parthenay (Deux-
Sèvres). Une autre seigneurie qui lui a appartenu,
Mendon (et non Mondori), se trouve dans la Vienne. La
généalogie du P. Anselme (3) désigne son frère,
Guillaume III Le Roy, capitaine de Montlhéry en 1436,
et sa mère, Françoise de Fontenay. Le lieu de sa nais-
sance est inconnu, mais on en peut presque fixer
l'époque. Il mourut à quatre-vingt-un ans, en l'année
1528, ce qui revient à placer sa naissance en 1447. Il
(1) Bertran du Thilly, capitaine de Touques (1S24-1530), qui a com-
mandé la grande nef la Françoise. Mort en 1530 d'après un mémoire (Arch.
nat. R4 902).
(2) La grande nef Françoise coûta plus de 150,000 francs et l'on déroba le
tiers de l'argent. — De Fréville, Mèm. sur le commerce maritime de Rouen,
II, 408.
(3) Hist. généalogique, etc., t. VIII, p. 249.
225
avait un frère aîné. On ignore tout de la première partie
de sa vie. Les généalogistes rapportent qu'il a servi
Louis XI ; on suppose qu'il navigua sur les nefs royales
dans le même temps que Coulon et Cauwart, mais rien
ne le prouve jusqu'à présent Son nom ne se rencontre
pour la première fois que plus tard, sous Charles VIII,
pendant l'expédition de Naples. Il était capitaine du
Croisic en 1495, et, l'année précédente, de concert avec
Jean de Porcon, il avait conduit la Louise et d'autres na-
vires « jusqu'au pays de Provence ». Dans ces circons-
tances, il paraît avoir été un vaillant marin qui s'éleva
fort honorablement. Quand Louis XII partit de Pavie
pour aller à Gênes, au mois d'août 1502, il trouva devant
le môle de cette ville la Louise qui, de son artillerie,
salua son entrée. C'était Guyon Le Roy du Chillou qui
la commandait. Avec les marins et les hommes de guerre
d'élite qu'il avait amenés sur sa nef amirale, Guyon
Le Roy s'était jeté dans le château de Gênes qui, alors,
était hors la ville, droit vis-à-vis du môle (1). Il en était
le capitaine. Et le dimanche 28 août 1502, Louis XII
vint dîner au château de Gênes ; il y fut reçu par Guyon
Le Roy et « ses mortes-payes et soudarts » au nombre
de trois cents, tous en bel ordre et bien armés (2). Cinq
années plus tard, en 1507, au mois d'avril, les troupes
françaises assaillent la « montagne » de Gênes et s'em-
parent d'un bastion (3). Pour battre ce bastion, on avait
(1) Il aurait contribué à en augmenter les défenses, s'il faut en croire
Guillaume de Marceilles (p. 7) : « il se plaisoit fort à bastir, bien expert
qu'il y estoit, auroit fait bastir les deux grosses tours à Gennes, du temps
qu'il y estoit lieutenant du roy Louis douziesme. »
(2) J. d'Auton, t. III, p. 45 et 66.
(3) D'Auton, t. IV, p. 192.
i5
226
posté des canonniers adroits. L'un d'eux nous est connu.
Il se nommait Pierre de Sallenove (i); c'est à son père
que le fief de Blosseville, près de Honfleur, a appartenu.
La même année, en avril 1507, Guyon Le Roy pre-
nait part, aux. portes de Gênes, à un combat périlleux et
hardi qui fut engagé sur son conseil (2). C'est le moment
où les Génois, combattus par La Palisse et Bayard,
durent se rendre à discrétion. Vinrent plus tard les mau-
vaises affaires des Français dans le duché de Milan et le
licenciement d'une bonne partie des troupes.
Comme nous l'avons vu, Guyon Le Roy tient cam-
pagne sur les côtes de Bretagne en 15 12-15 13 ; ^ a recu
une commission de lieutenant général et chef de Tannée
de la mer (3) ; la charge de vice-amiral lui est donnée et
il y remplace René de Clermont dont la destitution fut
prononcée en mai 15 14. Guyon Le Roy est alors capi-
taine de Honfleur; il conservera cette capitainerie jus-
qu'en 1524-1525, c'est-à-dire jusqu'à la mort de l'amiral
Bonnivet. Entre temps, le 4 juin 15 19, il reçut commis-
sion et mandement d'armer en Normandie une division
navale pour transporter en Danemark des troupes qui
étaient sous le commandement de Gaston de Brézé.
Quant au rôle que cet officier éminent joua dans la
fondation du port du Havre, il a été mis trop en lu-
mière pour qu'il y ait lieu d'y revenir. Mais ce serait le
mal connaître et ignorer le temps où il a vécu que de ne
(1) D'Auton, t. IV, p, 196, 231. Il était le fils du grenetier au magasin à
sel de Honfleur
(2) D'Auton, t. IV, p. 203.
(3) De Merval, Documents, etc., p. i.
227
pas rappeler que ce vice-amiral sut user de la lettre de
marque et ne pas dédaigner de pratiquer la piraterie.
Toutes ses prises ne furent pas jugées bonnes (i).
Arrêtant nos notes à l'année 1528, époque à laquelle
le rôle de Guyon Le Roy s'arrête brusquement au
Havre, par suite de sa mort, il nous reste à résumer ce
que l'on connaît de sa famille. Il y a, sur ce sujet, des
incertitudes et des confusions. Guyon Le Roy contracta
deux mariages. Avant 1481, dit le P. Anselme, il avait
épousé Isabeau de Beauva], fille de Philippe de Beauval,
qui 'vivait en 1466. Elle possédait la seigneurie-pairie de
Villeroy-en-Ponthieu dont elle portait le nom (2). De
cette première union, sont issus trois enfants : deux filles
et un fils. L'aînée des filles, Anne Le Roy, dame du
Chillou, épousa François du Plessis-Richelieu en 1506 ;
la cadette, nommée Jeanne Le Roy, se maria dans les
Pays-Bas français. Quant au fils, c'était Gilles Le Roy,
écuyer, sieur du Plessis, capitaine de marine, comman-
dant la nef Hermine en 15 18 (3), marié l'année suivante
à Catherine de Brézé, seule fille de Gaston de Brézé,
seigneur de Planes, Auricherou Orcher. et de Plainbosc.
Le mois qui a suivi son mariage, Gilles Le Roy produi-
sait l'hommage pour la seigneurie d'Orcher; la décla-
ration est datée du 25 juillet 15 19 et non de l'an-
née 15 17. En la circonstance, il agissait au nom de son
(1) Gosselin, Doc. inédits sur Vhist. de la Marine normande, p. 36, 40, 71.
(2) Villeroy-sur-Authie, commune de Vitz, canton de Crécy (Somme).
Voy. de Belleval, Les Fiefs et Seigneuries du Ponthieu et du Vimeu, p. 328.
(3) Selon nous, c'est de Gilles Le Roy, sieur du Plessis, que le receveur
général en Normandie parle dans la lettre du 15 mars 1519, que M. de Merval
a publiée {Documents, etc., p. 166).
228
père et comme son procureur. Toutefois nous remar-
querons la particularité suivante, c'est que le vice-amiral
n'a pris la qualité de seigneur d'Orcher dans aucun acte
antérieur à l'année 15 22-1 5 23, c'est-à-dire que ces docu-
ments sont postérieurs au décès de son fils, Gilles
Le Roy, sieur du Plessis et d'Orcher, mort sans enfants.
Sa veuve, Catherine de Brézé (1), se remaria en 1525
à Nicolas de Dreux, baron d'Esneval, et décéda
en 1528 (2).
C'est, selon toute probabilité, en l'année 1522 que se
déroula au château d'Orcher le drame qui a coûté la vie
à Gilles Le Roy du Plessis. On ne le connaît que par le
récit de Guillaume de Marceilles (3). Gilles Le Roy
mourut empoisonné par son maître d'hôtel, ainsi que
quatorze personnes de sa maison.
(1) Et non Françoise.
(2) Un arrêt du Parlement de Rouen (23 décembre 1575) fait mention
des actes suivants : Traité de mariage passé devant les tabellions de Hon-
fleur, le 28 juin 15 19, entre Gilles Le Roy, sieur du Plessis, fils de Guyon
Le Roy, sieur du Chillou, d'une part, et Catherine de Brézé, seule fille et
héritière de feu Gaston de Brézé, sieur de Fauguernon, d'autre. — Traité
de mariage entre Nicolas de Dreux, sieur et baron d'Esneval, d'une part, et
ladite Catherine de Brézé, veuve dudit sieur du Plessis, en date du 14 mai
1525. — Autre contrat passé devant les tabellions de Pavilly, le 19 no-
vembre 1528, par lequel Nicolas de Dreux, baron d'Esneval, donne à
Nicolas Restault, son filleul, tout et tel droit exercer que ledit sieur
d'Esneval pourrait prétendre et réclamer à l'encontre des hoirs du sieur
du Chillou et la due de Fauguernon, et chaeun d'eux, à raison du douaire
de ladite Catherine de Brézé, lors défunte, sa première femme. (Arch. com.
du Havre, DD, 54.) — On ne sait comment expliquer l'emploi, dans l'acte
du 28 juin 1519, des termes héritière de feu Gaston de Brézé qui le sup-
posent déjà mort, alors que Gaston de Brézé donnait quittance en no-
vembre 1520 et en 1525. — Ms. fr. 26993, dossier 11513, n°s 95 et 102.
(O Mèm. sur la fondation de la ville Françoise de Grâce, p. 7 (éd. Morlent).
229
Le vice-amiral, son père, convola en secondes noces,
d'après le P. Anselme. Il épousa Radegonde de Maridor,
on ne sait en quelle année, et il en aurait eu une fille,
Nicolle Le Roy, mariée deux fois (1).
Nous n'avons recueilli rien autre chose sur Guyon
Le Roy du Chillou, vice-amiral de France. Nous passons
aux documents qui proviennent de ses archives. En les
livrant à l'impression, nos prétentions d'éditeurs n'ont
pas été jusqu'à nous persuader que tout y soit d'un égal
intérêt. Néanmoins, nous pensons fournir d'utiles maté-
riaux et apporter un modeste contingent à l'histoire
de la marine normande.
Charles Bréard. Philippe Barrey.
(i) P. Anselme, VIII, 251
DOCUMENTS
RELATIFS A LA MARINE NORMANDE AUX XVe ET XVIe SIECLES
I
Certificat délivré par le vice- amiral Cauwart, au sujet
du ravitaillement de la nef la Louise de France.
— 1491, 7 janvier (n. st.).
Je Anthoine de Lastre dit Cauwart (1), seigneur de
Gassart,cappitaine deHonnefleu etvisadmiral soubz hault
et puissant seigneur Mgr Loys, seigneur de Graville, de
Marcoussis, de Seez et de Bernay et admirai de France,
certifiions à tous à qui il appartient avoir fait bailler et
délivrer par deffunct Richart Le Paulmier (2), lors gre-
netier du grenier à sel estably pour le roy nostre dit sei-
gneur audit Honnefleu, le nombre et cantité de ung muy
trois septiers de sel gros prins audit grenier le troisième
jour de novembie derrain passé pour faire et saller les
chars de ravitaillement de la grant nef nommée la Louyse
(1) Voy. l'Introduction, note. C'est le vice-amiral cité par de
Fréville (t. II, 402).
(2) De la famille dont est issu le navigateur Binot Paulmier de
Gonneville, Richard Le Paulmier vivait en 1460; il fut grenetier
au magasin à sel après Pierre de Sallenove (1482); l'amiral de Gra-
ville le nomma son procureur et contrôleur à Hon fleur (1487). Il
est décédé le 2 novembre 1490, laissant un fils, Guillaume Le
Paulmier, sieur de Meautrix et Saint-Nicol.
232
de France et autres navires qui sont allez avecques ladite
grant nef pour porter les commissaires duroyetle paiement
des gens d'armes à Brest. Duquel nombre, etc. Tesmoing
mon saing manuel cy mis, le septiesme jour de janvier
Pan mil CCCC quatre-vingtz et dix.
Bibl. Nat. ms. fr. 26281, n° i5g.
II
Charles VIII accorde exemption d^impôts à cinq cents
hommes de guerre à pied, levés en Normandie pour
être embarqués sur la flotte aux ordres de l'amiral de
Gr avilie. — 1491 , 3 mars (n. st.).
A tous ceulx qui ces présentes lettres verront ou orront,
Jehan Deschamps, escuyer, garde du scel des obligacions
de la viconté de Montivilliers, salut. Savoir faisons que
Pan de grâce mil CCCG IIIIXX et unze, le septiesme jour
de novembre par Jehan de Pimont et Nicollas Jacques,
tabellions jurés pour le Roy nostre sire en ladite viconté
au siège et sergenterie de Harfleu, nous a esté tesmoigné
avoir tenu et leu mot après mot unes lettres escriptes en
parchemin scelleez sur double queue et cire vert, saines
et entières en scel saingtz et escriptures contenant fourme
de vidimus desquelles la teneur ensuict : A tous ceux qui
ces lettres verront ou orront, salut. Savoir faisons que Pan
de grâce mil CCCC. IIIIXX et unze, le septiesme jour
d'octobre par Robert Ygou et Robert Porrée, tabellions
jurez à Rouen pour le Roy nostre sire, nous a esté tes-
moigné avoir veu, tenu et leu mot après moi unes lettres
escriptes en parchemins scelleez sur simple queue et
entières en seel, saingtz et escriptures desquelles la teneur
ensuict :
233
Charles, par la grâce de Dieu, Roy de France, à noz
amez et féaulx les généraulx conseillers par nous ordonnez
sur le fait et gouvernement de toutes nos finances, salut
et dillection. Comme pour l'entretenement, garde, def-
fence, ecquippaige de nos grans navires, nefz et aultres
basteaulx et vaisseaulx de mer estant sur les ports et havres
de notre pays et duchié de Normendie que avons ordonné
faire ecquipper et mectre suz pour résister aux entre-
prises de nos ennemis et adversaires nous avons puis
naguère fait choisir et mectre sus es ellections de Rouen,
Caudebec, Monstievilliers et Lisieux, le nombre de cinq
cens hommes de guerre à pié, cest assavoir : en ladite
ellection de Rouen, cinquante trois hommes; en ladite
ellection de Monstivilliers, soixante douze hommes; et en
ladite ellection de Lisieux, trois cent quarante huit
hommes. Et voullu et ordonné qu'ils soient francz quictez
et exemptz de- la contribucion et paiement de noz tailles
et aultres deniers mis sur cette présente armée commencée
le premier jour de janvier dernier passé à ce quilz soient
plus envieux et enclins à nous bien loyaument et soi-
gneusement servir sur mer ou fait de nos guerres à len-
contre de nosd. ennemis et adversaires, et pour que en
faisant l'assiette par le menu de nosdictes tailles et octroy
de cested. présente année lesdictz hommes ainsi prins et
choisis pour le faict de nosd. navires soient imposez et
assiz à la somme de deux mille xxix 1. vij s. vj d. tz. pour
leur porcion et contribucion d'icelles tailles et octroi, cest
à savoir pour ceulx de lad. ellection de Rouen la somme
de ccxxxij 1. x s. iv d.; ceulx de ladicte ellection de Cau-
debec xliij 1. xv s. iij d.; et ceulx de la dicte ellection de
Monstivilliers ccc iiijxxxx xiv 1. iij s. iij d. tz ; ceulx de la
dicte ellection de Lisieux mcclxviij 1. xviij s. vij d. tz dont
nos receveurs des dites tailles d'icelles ellections et les
234
habitans ou iceulx hommes sont demourans les voul-
droient et pourroient faire exécuter au paiement d'iceulx
deniers et pourroient estre cause et occasion de leur faire
délaisser et discontinuer les services en quoi avons inten-
tion les faire employer es dicts navires sils nestoient bien
jouir et user de lad. franchise, en quoy nous et toute la
chose publicque pourrions avoir très grant dommaige et
seroit au retardement du partement d'iceulx navires quant
larTaire la requert ainsi que tout ce nom a ete dit et
remontre bien au long. Pour ce est-il que nous voulions
a ce remédier et pourveoir par l'advis et deliberacion
daucun des princes et seigneurs de notre sang et gens de
notre conseil et nous avons ordonné et déclairé, ordon-
donnons et déclairons de grâce especialle par ces présentes
que tous les dits cinq cents hommes de pié qui ont esté
ou seront pris et choisis par notre très-chiers et féal cousin,
conseiler et chambellan, le sire de Gravilie, admirai de
France, notre lieutenant général au dit pays de Normendie
ou ses visadmiral, lieutenant ou commis à ce, seront et
demoureront francs, quiets et exempts desd. sommes en
quoi ils ont été assis et imposés ceste dite année a nosd.
tailles et octroi, le tout montant ensemble jusqu'à la dite
somme de deux mille xxix 1. vij s. vj d. tz. et les avons
affranchis, quictez et exemptez, affranchissons, quictons
et exemptons par cesd. présentes et pour ce que la valeur
de nosd. tailles et aultres deniers de nos dites finances du
pays de Normendie de cested. année présente sont entiè-
rement chargez pour le faict de nos guerres et autres
grants et urgens affaires et qu'il convient pour (illisible)
avoir et recouvrer par les meilleurs moyens que faire se
pourra à la dite somme de deux mille vingt neuf livres tz.
à ce que nos dites finances n'en soient aucunement en
arrière nous pour a ce pourvoir et obvier qu aucune crue
235
ne soit a ceste cause mise sur (ou suz) et imposée sur
nostre pour peuple nous par Padvis déliberacion que des-
sus ordonné et ordonnons par ces dites présentes que les
habitans des villes franches de Normendie cy après declai-
rées payeront et fourniront pour cette fois la dite somme
de deux mille liv. tz. et sans préjudices de leurs privilèges
pour le temps advenir c'est à savoir la ville de Dieppe
mil quinze livres sept solz cinq deniers tz, la ville de Har-
fleu iijcxxxviij 1. tz., la ville et faubourgs de Honnefleu
iijcxxxviij 1. tz., la ville et faubourgs du Pont-Audemer
huit-vingt et dix neuf 1. tz., et la ville et faubourgs de
Loviers pareille somme à prendre tant sur les deniers par
nous ordonnez pour les fortifficacions et reparacions
desd. villes que autres deniers et assises commis dicelles
et par les meilleurs et autres plus aisez moyens que lesd.
habitans pourront adviser et recouvrer par entreulx et
payer icelles sommes si voulons et vous commandons et
par nos présentes vouloir declaracion et ordonnance vous
faictes ces dits cinq cents hommes de pié ainsi mis suz
jouir user de nosd. affranchissemens et exemptions et en
ce faisant les faictes par lesd. receveurs de nos tailles et
octrois es dits collecteurs tenir quictes et paisibles desd.
sommes pour leur portion dicelles tailles et octroy de
ceste année en faisant par vous cueillir et lever prompte-
irient icelle somme de deux mille 1. tz. sur les bourgeois,
manans et habitans desd. dessus declairees et de chacune
dicelles pour lesd. sommes que dessus dit et ce par les
décharges du receveur de nos finances en nostre pays de
Normendie lesquelles voulons et entendons estre par vous
et led. receveur gênerai deulx levées pour convertir et
employer a cause de sond. office tant au remboursement
desd. receveurs pour les causes dessusd. que autrement
en nos affaires ainsi que par vous lui a esté ou sera or-
2^6
donné et a ce faire et souffrir et paier par lesd. villes et
chacune dicelles lesd. sommes de deniers pour leur por-
cion d'icelle somme de deux mil 1. tz contraignez ou
faites contraindre tous les habitans desd. villes et chacun
deulx en cas de reffus ou delay par toutes voyes et ma-
nières deues et accoustumees affaire pour nos propres
deniers et affaires non obstant opposicions, appellacions,
clameur de haro et doléances quelconques. Et en rappor-
tant ces présentes signez de nostre main parled. receveur
gênerai seulement et le vidimus dicelles par chacun desd.
receveurs des tailles desd ellectionsde Rouen, Caudebec,
Monstiervilliers et Lisieux ou lesd. cinq cens hommes
choisiz pour le fait de nosd. navires sont demourans avec
les quictances et reconnaissances particulières de chacun
diceulx hommes pour autant que sont assiz auxd. tailles
et octroys de ceste présente année peut monter le tout
montant ensemble lad. somme de deux mil 1. tz. nous
voulions icelles estre allouées es comptes et rabatues des
receptes diceulx receveurs c'est assavoir led. receveur de
Rouen ccxxxij 1. x s. iiij d. tz., le receveur de Caudebec
xliij 1. xv s. iij d. tz., led. receveur de Monstiervilliers
iiijciiipx xiij 1. iij s. iij d. tz., et les receveurs de Lisieux
et vicontés d Auge et Pontaudemer ou lesd. hommes
dicelles élections ont esté choisiz ainsi que dit est douze
cents cinquante huit livres xviij s. vij d. tz. par nos amez
et feaulx gens de nos comptes ausquels nous mandons
ainsi le faire sans aucune difficulté non obstant que desd.
sommes en quoi lesd. cinq cens hommes ont este assiz en
nos dites tailles ceste dite année nen soient levées des
charges selon lordre de nosd. finances et quelconques res-
titucions. Et pour ce que de cesd. présentes on pourroit
avoir a besogner en plusieurs et divers lieux nous vou-
lons que aud. vidimus dicelle foy soit adioustee comme a
237
ce présent original. Donné à Am boise, le iije jour de
mars mil CCCC quatre vingt et diz et de nostre règne le
viije, Ainsi signé: Gharles. Et au dessoubs d'icelle signa-
ture étoit escript : Par le Roy, les sire de Graville, ad-
mirai de France, Dubouchaige, de Lisle, de Grimaud et
aultres présents (i ).
III
Inventaire du matériel de la grande nef la Louise.
i 5i6, 14 novembre.
Inventere des cordages, voielles, artillerie, ustencilles
et munycions qui sont à la grant nef nommée La Loyse
qui fut et appartinst à feu hault et puissant saigneur
monseigneur de Graville, admyral de France, lad. inven-
tere faicte par Jehan Barbelée, maistre aprez Dieu de lad.
nef, Richart Roques, escrivain d'icelle et Robert Ta-
riennes, gardien en lad. nef, le xiiije jour de novembre
l'an mil cinq cens et saize, ainsi qu'il ensuyt :
Et premièrement,
Le corps de lad. nef garny de paneaulx et de pavoys
pains aux armes et devises de mond. seigneur, garny
aussy de deux cabesteurs, l'un assis au chasteaugaillard
servant à toutes les grosses affaire de lad. nef, pourveu de
barres qui luy sont nécessaires et Fautre cabesteur plus
petit assis au chasteaudevant, garny pareillement de
(1) D'après une copie conservée aux Archives de la Marine (D2),
sur laquelle est la note suivante, de la main de M. Jal : « Tirée
d'un registre manuscrit des comptes de Loys Raoulin, receveur
d'Harefleur, registre qui appartient à une bibliothèque particulière
de Rouen. Cette pièce inédite m'a été communiquée le 24 sep-
tembre 1844, par M. Viau, d'Haï fleur. »
238
barres. Lad. nef garnye pareillement de trois pompes à
gecter Peau d'icelle, les deux pompes assises et l'autre de
provision, garnyes de bonectes et clapetz.
Lad. nef garnye de grant mast, mastereaulx et verges
qui luy appartiennent et davantage de deux mastereaulx
pour faire^une grant verge au grant mast, de provision si
besoing estoit quant lad. nef alloit par la mer.
Trois hunes, Tune pour led. grand mast, l'autre pour
le mastereau de devant et l'autre pour le mastereau de
grant misenne.
Le mast de beaupré avecques sa verge garny de sa
voielle d'itaque, d'issatz, d'escouttes et des poullies gar-
nyes de boys qui luy appartiennent et d'un grant grappin
de fer avecques sa chesne.
Led. mastereau de devant garny de pappefilz et trois
bonnectes qui ont servy. Plus d'un pappefilz et une bon-
necte tous neufz, garny aussy de haubans, d'ytaques et
racques, boullines, escouttes, couetz, ballencines, bras,
marticles, trousses, drenc et des poullies qui luy appar-
tiennent où il y a dix-huyt rouetz de cuyvre passez ausd.
poullies.
La hune dud. mastereau de devant garnye de mast, de
verge, de ballencines, d'escouttes et de sa voielle.
Deux becquetz et deux cappons qui sont au chasteau-
devant qui servent à bosser et lever les ancres hault,
garnys de quatre rouetz de cuyvre avecques le davyet dud.
chasteau devant où il y en a deux autres rouetz de cuyvre.
Led. grant mast garny de pappefilz et trois bonnectes
qui ont servy, plus d'un pappefilz et d'une bonnecte
neufz, garny aussy de haubans, cinq pallens, une cande-
lette, boulines et rotz à boullines, quatre martynetz
d'itaques neufves, d'escouttes, couetz et racques, trousses,
239
drencs, ballencines, marticles, bras et des poullies qui luy
appartiennent où il y a xxviij rouetz de cuyvre.
Plus il y a unes itaques vielles.
La corde de la foc.
La hune dud. grant mast garnye de mast, verge, de
haubans, d'yssatz, d'ytaques, d'un drenc et de sa voielle.
Le mastereau de grant mysenne garny de haubans et
d'yssatz et de sa voielle et des poullies qui luy appar-
tiennent où il y a quatre rouetz de cuyvre.
Le mastereau de pequye garny de haubans, d'issatz,
d'ytaque, d'escoutte et de sa voielle où il y a aud. hissatz
quatre rouetz de cuyvre.
Deux marmontures, Tune pour la grant hune et l'autre
pour la hune du mastereau de devant, de drap rouge et
jaune faictes aux armes et devises de feu monseigneur.
Cinq estandars de sayecte rouge et les franges de mesmes.
Six banyeres carrées de bougren de flandres rouge, du
reste de dix banyeres qui ont esté autreffoys mises en lad.
nef, dont les quatre ont esté usées aux voiages quelle a
esté par la mer.
Le gouvernail garny de deux bonetes de tymon et de
bares.
Une cloche de métal pesante iij 1.
Deux auges à gouttrenner cordage.
Deux cabesteurs de boys pour servir à master et des-
master lad. nef, Pun d'iceulx cabesteurs au cymetière de
l'église Notre-Dame et l'autre aux Vazes.
Plus y a pour lad. nef dix-huit grandes poullies qui
ont servi à mectre la nef en Féaux et qui pevent servir
pour Tadvenir à desmaster et remaster lad. nef, qui sont
en la garde de Pierre Bouchart.
Item, lad. nef est garnye de huyt ancres telz que a telle
240
nef appartient, six grans et deux moyens et des esseux
pour icelle.
Onze gros cables, tant neufz que autres, suffisans pour
servir à icelle.
Trois cubleaux, une haussière.
Lad. nef est pourvueue et garnye de deux bateaulx
neufz garnys de tostes, davyetz et de trois douzaines
d'avyrons et cinq rotz à bateaulx.
Plus y a ung petit ancre pour servir aux sd. bateaulx.
ARTILLERIE
Il y a pour lad. nef xxij pièces d'artillerie de fonte en-
voyées de par feu mond. seigneur, ainsy que cy aprez
sont déclarées, C'est assavoir :
Une grant couleuvryne nommée la Barbe.
Une autre couleuvryne plus moyenne.
Dix faucons, donc il en y a ung rompu.
Sept fauconneaulx.
Ung canon moyen de fonte garny d'une bonecte.
Ung autre petit canon de fonte garny d'une bonecte.
Le tout garny d'esseux et roes tant bons que autres
avecques ex boulletz de fer et fonte, plus que moins, pour
servir à lad grand couleuvryne nommée la Barbe et
viijc plomées pour tirer tant à lad. artillerie de fonte que
à l'artillerie de fer, plus que moins : duquel nombre de
xxij pièces d'artillerie de fonte, sept desd. pièces sont au
cellier de la maison de Symon du Solier, cinq à la halle
au pain de la ville de Honnefleu et le surplus à lad. nef
et sur la muraille de lad. ville de Honnefleu.
Item, il y a pour lad. nef l'artillerie de fer qui ensuyt.
C'est assavoir :
Quatre gros canons de fer garnyz les aucuns d'afTultz
et roes et de chacun deux bonectes.
241
Six autres gros canons de fer garnyz aussi les aucuns
d'affultz ei roes et de chacun trois bonectes et de plusieurs
boulletz de grez pour servir esd. pièces et y en peult avoir
iiijxx ou environ.
Douze gros passevollans garnyz d'affustz (a cuz ?) ferrés
et de chacun trois bonectes.
Dix autres gros passevollans meudres garnyz comme
dessus et de chacun trois bonectes dont l'un fut rompu
par la nef de Bordeaulx à la rade de Villerville par une
tourmente, duquel a esté fait ung canon à hune.
Quatorze autres passevollans de fer plus petiz pour
servir au chasteau devant garnyz comme dessus et de
chacun trois bonectes, réservé une desd. boneaes qui a
esté perdue. Donc trois d'icelles pièces furent rompues par
la grant nef d'Escosse qui aborda lad, nef à lad. radde de
Villerville par le chasteaudevant, desquelles pièces le fer
a servi pour faire des bonectes pour led. canon de hune
jusques au nombre de six ou huyt bonectes.
Cinq autres longues serpentines de fer garnyes que
dessus et de chacune deux bonectes, dont Tune desd.
pièces avecques ses bonectes a esté baillée à la nef Jehan
Denys qui est à recouvrer.
AUTRFS MUNYCIONS
Item, il y a en lad. nef xlviij arbalaisires d'une sorte et
d'un jatyust?).
Vingt-sept guyndatz pour servir à icelles.
Une casse toute plaine de trect neuf clouée où ii n'a
point esté touché.
Plus un poinsson tout plain d'autre trect non enfonssé
tant ferré que déferré que garrotz vuydez d'une demye
pippe envoiée par feu monseigneur de Marcoussis pour
tirer à de grosses arbalaistres de passe, lesquelles arba-
i6
242
laistres ont esté depuys refondues aux xlviij arbalaistres
devant escurées. Lequel trect fut retiré des compaignons
de guerre et mariniers qui furent aux voiages de lad. nef
qui avoit esté atynts pour tirer tant ausd. grosses arba-
laistes de passe que autres arbalaistres qu^voient lesd.
compaignons de guerre et mariniers.
Quarante-sept curasses.
Vingt-deux sallades.
iiijxxxviij voulges de reste de cent voulges dont les deux
furent perduz au voiage dernier de lad. nef.
Trois douzaines de lances à feu avecques une xije ou ij
de bastons de fresine à en mancher lesd. lances.
Cent quinze picqués ou lances ferrées.
Cinq xijnes de dars à hunes, plus que moins, qui sont
soubz les cordages.
USTENCILLES DE CUISINE ET AUTRES MUNYCIONS
Item, il y a en lad. nef huit frisons d^stain de potin du
nombre de douze qui avoient été ordonnez et mis en lad.
nef.
Six plats, saize escuelles, du nombre de xviij escuelles,
deux grandes chaudières d 'errai n, Tune pesant lvij 1.
d'errain, garny de fer dont led. fer pèse liij 1.
Plus ung petit chaudron.
Plus une autre chaudière d^errain de petite valleur qui
a servy à lad. net à chauffer le gouttron et résine.
Une autre chaudière de fer pour servir à cuyre le bray
à lad. nef.
Et ung trépié de fer pour y servir.
Plus ung autre trépié plus petit.
Deux grans potz de fer pour cuyre les pois à la mer.
Une paesle de fer.
Trois broches de fer donc une est rompue.
Deux landiers.
243
Un gril et un havet.
Trois douzaines de platz de boys
Une xijne d'escuelles.
cxiiij bidons.
Six grandes cuylliers de fer pour servir à la cuysine et
à fondre plombées.
Six marteaulx pointuz pour servir à adouber les grosses
pierres de grelz pour les gros canons perriers.
Cinq autres marteaulx pour servir aux canonniers pour
l'artillerie.
Ung petit pot de fer pour servir à l'artillerie.
Deux ou trois douzaines de fer-blanc.
Quatre sacquetz de cuyr, du nombre de six pour servir
à mectre la pouldre à canon pour les canonniers.
Quatre chargeurs de fer-blanc pour l'artillerie.
Plus ung autre chargeur d'errain.
Quatre poire de fers à enferrer prisonniers dont les
deux poire sont grans et longe du nombre de six poire de
fer qui avoient esté mis en lad. nef, donc Tune poire fut
perdue par un angloys qui en estoit en ferré qui se jecta
ou laissa cheoir du besle de lad. nef en la mer et en la
baie de Brest.
Item, une grue de fer pour emprisonner par la teste,
piedz et mains ung homme par la mer et ung sept de
boys.
Deux gourbies.
Quatre harpons à prendre marsouyns par la mer.
Trois oyseaulx grans et petis.
Deux grandes haches à charpentier donc l'une' est
rompue.
Une petite hache dont le taillant est rompu.
Et une autre hache à fendre boys rompue.
Unes tenailles a tirer doux.
244
Trois marteaulx à dens du nombre de cinq qui avoient
esté mis en lad. nef. Les autres perdus.
Quatre tarrières de toutes sortes.
Une plenne.
Troys cyes Tune grande et deux petites.
Ung cyon à main.
Deux fallotz de fer à porter le feu par la mer comme
admyralle.
xliiij panyers à pain.
Quatre chevilles de fer à espisser cordages.
Quatre pinsses de fer.
Sept escoppes et une xijne de pelles tant ferrées que des
ferrées.
Une olonne entière et deux petites pièces pour servir
à radouber les apparelz par la mer.
xxxix boutz de fer à mectre aux hunes de lad. nef pour
faire combat.
Deux raquettes.
Une douzaine d^alesnes sustz et fers.
Huit compas et huyt orloges.
Trois douzaines de lanternes tant grandes que petites.
Item, il y a en lad. nef du clou de toutes sortes, des
chevilles et autre vieille ferraille.
Au dos est écrit : L'inventore des cordages, voielles,
artillerie, estencilles et municions de guerre qui sont à la
grant nef nommée la Loyse qui fut à feu Monseigneur de
Graville, admyral de France.
Arch. comra. Havre, EE., 79.
IV
Inventaire de la nef làBavbe(i). — 1 5 16, 27 décembre.
Inventore faicte à Honnefleu par Girard Bonide, le
(1) Citée par Gosselin, dans les Doc. sur la Marine norm., p. 7^,
243
xxvijme jour de décembre, Tan mil cinq cens saize, des
cordaiges, voielles, artillerye et extancilles qui sont à la
nef nommée la Barbe appartenante à Richard Boul-
lart (i), bourgeois de Honnefleu, ainsi qu'il enssuit :
Et premièrement,
Le corps de lad. nef garny de panneaulx et de pavoys
pains.
Lad. nef garnye de grand mast, matereaulx et verges
qui luy appartiennent et de deux hunes assises.
elle appartenait en 1524 à Silvestre Billes, capitaine des navires de
Jean Ango; on le croit originaire de Vatteville. C'est très probable-
ment son nom qu'on doit lire sur un vitrail de l'église de cette loc
lité, comme capitaine de la Romaine (i52i). Silvestre Billes aurait
été anobli en 1540; il avait épousé Jeanne de la Rivière. On con-
naît son fils, Jacques de Billes, écuyer, sieur du Foyer et de Blon-
ville, bourgeois de Honrleur en 1576, marié à Antoinette de Féron,
veuve de Pierre de Mahiel ; et son petit fils Antoine de Billes,
écuyer, sieur du Foyer et de Blonville, demeurant à Vauville, qui
épousa en 1620 Françoise de Vipart-Silly, tante du marquis de
Silly dont on a le portrait dans Saint-Simon (t. XII, p. 190-198).
Le titre de « sieur du Foyer » a une curieuse origine. Les Billes, à
la fin du xve siècle, avaient fait bail du droit de foyer pour le trait
de Quillebeuf, à prendre sur les navires étrangers qui montaient
« à mont la rivière de Seyne ». Un foyer était une cuvette remplie
de charbons ardents placée sur les côtes pour faire les signaux
durant la nuit. Le possesseur du droit de foyer détenait un fief-
office et il en avait pris le nom. Divers actes notariés font mention
de M. du Foyer, en 1576, 161 1, 1625 ; nous avons été un certain
temps avant de reconnaître sous cette dénomination le capitaine
Silvestre Billes ou son fils Jacques.
(1) Marchand et marin (i5i3), opère le ravitaillement delà nef le
Lion. Un Jean Boullart, dont il est fait mention en 1475 comme
maître de navire (Hist. de la Marine franc., t. Il, 410, note 6),
appartenait à la même famille qui a donné son nom à une rue de
Honfleur et à un massif boisé de la forêt de Touques, dit les
Boullart s.
246
Led. mast de beauprey garny de sa voille seullement,
luy fault toult son cordaige.
Le mastereau de devant garny d'un papefilz neuf
avecques troys bonnettes garny de haubans chacun bort
ce qui luy en duyt luy reste le demeurant du cordaige qui
luy appartient comme itaques, hissatz, trousses, drencs,
escoutes, couetz et ballencines.
La hune dud. mastereau garny de son boursset et luy
fault toult son cordaige : c'est assavoir haubans, bolli-
netes, hissatz et trousses.
Le grand mast garny de papefilz et trois bonnettes, de
haubans de chacun costé long d'au boult dud. grand
mast garny aussy dissatz, deux garans de pallent, quatre
penteres garnis de poullies qui luy appartiennent où il y
a cinq rouetz de cuyvre, reste quil fault aud. grant mast
itaques, deux garans de pallentz, deux trousses, deux
drencs, bollines, martinez et bras, aussi il y a en lad. nef
escoutes, rouetz et marticles.
La hune dud. grand mastgarnye de son boursset toult
neuf et du cordaige qui appartient aud. mastereau, réserve
une trousse.
Led. mastereau de pequye n'est garny que de sa voielle ;
luy reste toult le furain dud. mastereau et autre cordaige
qui luy appartient.
Et sont toutes les voielles dessud. au guernyer de la
basse court reserve le boursset de beaupré qui est a la
maison de la Pie près la Rocque.
Item, il y a une lice le long du pont de lad. nef.
Item, il y a au chasteau de devant deux chaînes de fer
pour les bosses traversannes des ancres.
Le cabestan de lad. nef garnv de troys barres.
Le gouvernail d'icelle garny de sa bonette et ce qui luy
appartient.
2 47
Lad. nef est garnye d'une pompe assise.
Le basteau de lad. nef toult neuf garny de davyet, totes
et de une douzaine et demye d'avyrons
Item, il y a en lad. nef quatre ancres qui a telle nef
appartiennent
Item deux cables Pun toult neuf qui est à lad. maison
de la Pie avecques la voielle dud mast de beaupré et
l'autre cable qui n'est gueres bon. Et quelque peu de viel
cordaige avecques une quantité de poullies et rouetz qui
sont en lad nef.
ARTILLERIE
Il y a en lad. nef troys -rosses pièces d'artillerye de fer,
les deulx garnyes chacune de deulx bonettes et le canon
court qui n'a que une bonette affustés et montées sur
roeez.
Trois faulcons ou faulconneaulx de fonte montés sur
roes.
Deux faulcons de fer montés sur roes sans bonettes.
Item, il y a en lad. nei deux grosses pièces d'artillerye
de fer garnys de chacune deulx bonettes et d'affustz montés
sur roez.
USTANCILLES ET MUNICIONS
Huit lanternes.
Dix paniers.
Douze mannes.
Douze segles dont Tune est pleine de cullers de boys.
Quatre gastes : troys grandes et une petite.
• Quatre pelles ferrés.
Une pince de fer.
Deux racquettes.
Trois chevilles à espisser cordaige.
248
Un conaing de fer.
Une douzaine et demye de picques ferrés.
Six pacquetz de dars.
Une cyee.
Le collect de fer du mastereau de la petite hune
Deux estandars de sargettc rouge et blanche et les
franges de mesmes.
Arch. comm. du Havre, EE. 78.
V
Mandement de payement à Jehan Lalemant, des répa-
rations de la Grande Loyse, nef amirale. — t 5 1 7,
27 janvier (n. st.).
(Coppie). De par le Roy.
Notre amé et féal. Nous avons naguerez ordonné à
notre amé et féal Guyon Le Roy, vis admirai de France,
se transporter pour aucune noz affaires en notre pays et
duché de Normendye, auquel entre autres nosd. affaires
avons donné expresse charge de visiter la grant nef Loyse
admiralle qui est de présent au havre de notre ville de
Honnefleu, et laquelle comme avons entendu se deppérist
par faulte de luy faire quelque radob dont elle a besoing
et aussi affin de la faire tirer du lieu où elle est de pré-
sent parce que la pluspart du temps elle y demeure à sec
et la faire conduire en lieu de seuretéoù elle puisse conti-
nuellement flocter de toutes marées pour la conservation
d'icelle. Pour lesquelles choses faire, vous mandons par
ceste présente que les deniers qui seront nécessaires y
fournir vous les baillez et délivrez de ceulx de votre d.
office par Tordonnance dud. vis admirai et par le contre-
rolle en quictances qui en seront fêtes et passées par notre
249
cher et bien amé Symon du Sollier d), demeurant aud.
Honnefleu. Et de ce que aurez fourny et délivré pour
led. affaire à quelque sommequ'il se puisse monter nous
vous en baillerons tel acquit qui vous sera nécessaire, en
rapportant seullement la présente avec l'ordonnance de
notred. conseiller et vis-admiral ; sy n'y vueillez faire
faulte ne difficulté. Donné à Paris, le xxvije jour de jan-
vier, Tan mil cinq cens seize. Ainsi signé : Francoys et
de Neuf vil le. Et à la subscription desd. lectres estoit
escrip. A notre amé et féal conseiller, Jehan Lalemant,
receveur général de noz finances en Normendye.
Colacion faicte à Voriginal par moy, Guillaume
Preudomme, notaire et secrétaire du Roy. le dixme jour
de novembre, Van mil cinq cens dix-sept. Prkudomme.
Arch. comm. du Havre, EE. 79.
VI
Dépenses pour amener la Loyse au Havre-de-Gràce .
Sans date.
Pour la nef nommée la Grant Loyse semble pour le
présent que le moins qui s'y peult faire de mises pour la
(1) Né vers 1451, Simon du Solier était tabellion à Honfleur
(siège de Pont-Audemer et de Grestain) en 1489- 1524; procureur-
syndic des habitants en 1499; il est qualifié « écuyer » en i5o5.
C'est entre ses mains que, vers le commencement du xvie siècle, se
trouvait un précieux manuscrit qui a appartenu à la librairie de
Charles V et qu'aujourd'hui possède la bibliothèque de Stockholm
Le Livre de Marco Polo, manuscrit d'après lequel une copie avait
été faite pour l'amiral de Graville au temps où ce manuscrit était à
Honfleur. — Voy. la notice de M. Léopold Delisle dans la Bibl. de
V Ecole des Chartes, t. XLIII, p." 226 (1882).
250
mectre hors de Honnefleu et conduire au Havre-de-Grace
luy est requis faire se qui ensuit :
Premièrement.
Pour le callefestaige, bray, estouppes, clousterie et
paine d'ouvriers, la somme de iijc 1. t.
Item, fault prendre son gouvernail et le ferrer comme
il appartient, qui pourra couster xl 1. t.
Item, luy fault matz, matereaulx et verges tous neufz
et pour le présent ne se prendra que les matereaux des
mysannes, les matereaux de devant et matereaux de beau-
pré et verges qui y appartiennent qui pourront couster la
somme de iijc 1. t.
Item, pour lesesseulx des ancres qu'il fault faire neufz,
qui pourront couster la somme de xl 1. t.
Item, fault faire les paneaulx tous neufz et quelque
partie des lisses et faire paindre lesd. paneaulx et pavoys
aux armes du Roy lx 1. t.
Item, pour advirons de bateaulx et callefaistaige desd.
basteaulx, la somme de xl 1. t.
Pour pionnaige à tisrer lad. nef hors et dans le
havre de Honnefleu, la somme de vjxx 1. t.
Pour mectre lad. nef hors dud. havre de Honnefleu et
la conduire au Havre de Grâce y fauldra deux grans
mers (1) ; l'une pour saillir au bout des ballises, l'autre
grant mer pour conduire lad. nefaud. Havre-de-Grace,
et fauldra entretenir soixante et dix mariniers qui pour-
ront couster en gaiges et vitailles iiijc 1. 1.
Et n'est conté cy dessus le cordaige jusques à dès qu'elle
soit conduicte au Havre-de-Grace, auquel lieu avant
(1) Des marées de vive eau ordinaire, dont la cote est 7 m. 90.
Le niveau des pleines mers d'équinoxe est de 8 m. 3o. — Arnoux,
Notice sur le port de Honjleur, p. 8 (1875).
25'
qu'elle parte pour aller en voyaige de mer luy fauldra
bien trente milliers de cordaige, pour ce que ceulx qui
sont de présent ont si longuement servy qu^ils ne seront
jamais siables.
Au regard des voisles, pour cette heure on ne demande
point que ceulx qui y sont, mais si failloit aller en voyaige
conviendroit avoir le grant tref et le bourset neufz, aussi
son grant mastzet pareillement deux plattes formes, Tune
pour la belle et Fautre pour le derrière de la nef dont ne
se conte riens cy dessus.
Arch. coram. du Havre, EE., 79.
VII
Vente de la nef Saint-Laurent à V amiral Gouffier
de Bonnivet et au vice-amiral Guyon Le Roy. —
1 5 1 7, 21 octobre.
Je, Jehan Foucher, huissier du Roy, notre sire en la
court de parlementa Rouen, prometz à hault et puissant
seigneur monseigneur Padmiral de France et à monsei-
gneur le vis-amiral de France, ou proucureur ? par eulx
en le traicté et accord passé
devant les tabellions de ceste ville de Rouen de leur
bailler Tadiudicacion de la nef nommée saint Laurent,
laquelle adiudication a esté par faicte à Honnefleu, devant
maistre Jehan le Parche, lieutenant de mond. seigneur
Padmiral; laquelle adiudicacion je leur prometz rendre
à mes propres fresz et despens touteffois qui leur plaise
jouxte ? et aussi comme? je suis tenu au contraict et obli-
gacion des passée pard. lesd. tabellions et en
tent ? que sont lesd. aultres pièces où il esteys seulement
bailler je les ay baillés à Martin Chambon (1), secrétaire
(1) Receveur de l'amiral en i522. Voy. les nos X et XII.
252
de monseigneur le vis amiral. Tesmoing mon signe cy
mis, le xxje jour d'octobre, mil cinq cens dix sept.
Foucher.
Arch. comm. du Havre, EE., 87.
VIII
Etat du matériel nécessaire à la nef Princesse pour la
conduire au Havre-de-Grdce. — Sans date.
C'est se qui semble estre à faire pour Theure de présent
pour amener la nef Princesse ( 1 ) :
Premièrement. La fault callefester despuis sa noyson
en sus et tous ses tillatz. Et aussi fauldra pour la su-
retey d'icelle renforcer et cheviller de fer pour couldre
les membres avecques les courbes ferrés et painctes qui
pourra couster se que dessus environ la somme
de iiijc 1. tx.
Pour un second basteau 1 1. tx.
Pour advirons pour les basteaulx xij 1. tx.
Pour les mastereaulx garnis de verges, non comprins
le grant mast, la somme de ijc 1. tx.
Item, pour chesnes de haulx bans, tant pour le grant
matz que pour les mastereaux pourront couster environ
la somme de 11. tx.
Item, pour les funins qui appartiennent aux maste-
reaux pour aucières à touez et à master que pour quatre
(r) La nef Princesse, appartenant au. roi, est mentionnée dans
l'ouvrage de M. St. de Merval (p. 206 et 256). Le capitaine «< Prince
de Brézé » y est identifié avec Louis de Brézé, grand sénéchal de
Normandie. Il y a là une erreur. Le capitaine de la Princesse était,
non point le grand sénéchal, mais son frère, Gaston de Brézé, sei-
gneur de Fauguernon et de Plainbosc. (Bibl. Nat., ms. fr. 26993,
dossier ii5i3, n° 95. — Quittance du 23 janvier i525 (n. st.)
253
câbles qui luy fault pour la mectre au Havre -de-Grace,
pourra monter dix milliers cordaige qui pourra couster
le millier lxx l.quiaud. pois se morue, la somme
de vijc 1. tx.
Item, pour les voisles des deux mysannes grandes et
petites, du bourset de devant et bourset de beaupré,
pourra couster la somme de iijc 1. tx.
Item, pour la husnedu mastereau de devant xx 1. tx.
Item, pour conduire lad. nef jusques au port de Grâce,
pourra estrequ^l conviendra deux grans mers avant pour
la puisse mectre dedans le Havre-de-Grace : parquoy
fauldra cinquante mariniers pour le moins, payez et
vitaillez pour lesd. mariniers qui pourra monter environ
la somme de iiijc 1. tx.
Arch. comm. du Havre, EE., 78.
IX
Commission donnée par l'amiral Bonnivet à Guyon Le
Roy pour vérifier le tonnage des navires à la solde
du Roy. — 1 5 18, 8 mai.
Guillaume Gouffier, chevalier de l'ordre, seigneur de
Bonnyvet, conseiller et chambellan ordinaire du Roy et
admirai de France, A tous ceulx qui ces présentes lectres
verront, salut. A monseigneur Guion le Roy, chevalier,
seigneur du Ghillou, vis-admiral de France. Pour ce que
nous avons esté advertiz que plusieurs des cappitaines
commis par le Roy, nostre sire, à la garde des navires
quHl a retenus à sa soulde estans de présent aux portz et
havres de Normendye sur lesquelz led. seigneur nous a
baillé la totalle charge et superintendence, se sont renduz
plaintifs, disans que lesd. navires dont ilz ont la charge
254
sont de plus grant port qu'ilz ne leur ont esté baillées et
extimées par led. seigneur, et que, à ce moien sont inté-
ressez en leurs gaiges et ne peuvent d'iceulx satisfaire à
Pentretenement et fournissement pour la garde d^ceulx
navires ( i ). Et d'autre part avons esté advertiz que aucuns
des autres cappitaines d^ceulx navires ont plus de gaiges
qui ne leur appartient pour ce que par leur faulx donne
entendre ont fait mectreiceulx navires de plus grant port
qu^ilz ne sont pas, et tellement que à ce moien leurs gaiges
montent et excédent plus grosse somme qu^lz ne dov-
vent. Quelle chose est contre le droict et proffit du Roy,
nostre sire, le tout par le mauvois ordre et pollice qui par
cy devant y a esté et est encoures de présent. Pour aus-
quelles choses obvyer et afin que lesd. cappitaines desd.
navires soient pour Padvenir loyaulment stipendiez et
que led. seigneur puisse savoir au vray le port de ses
navires d'iceluy pays et y mectre prompte provision, et
que notre honneur comme deesirons y puisse estre gardé,
vous mandons et commectons par ces présentes, en vertu
du povoir à nous donné et octroyé par led. seigneur en
ceste partie, que vous vous informez et acertenez ? suffi-
samment et bien de tous lesd. navires estant esd. havres
dud. pays de Normendye du vray port d'icelles en les
faisant gauger en vostre présence. Appelez avec vous telz
maistres de navires et gens à ce congnoissans que advi-
serez. Et Tinformacion et gauge que ferez envoyrez par-
devers nous seabiement close et scellée, pour après ce veu
y mectre et donner telle ordre et provision qu'il appar-
tiendra. Par raison de ce faire vous avons donné povoir,
puissance et auctorité, mandons et commandons à tous
ceulx qu'il appartiendra que à vous en ce faisant soit
(i) Les gages des capitaines étaient proportionnels au tonnage.
255
obéy. Donné à Amboyse, le viije jour de may, Pan m
cinq cens et dix-huit. Gouffier.
Arch. comm. du Havre, EE., 78.
Rétrocession à Guy on Le Roy, vice-amiral, d'un droit
de prise sur un navire portugais amené à Dieppe. —
i52i, novembre.
A tous ceux qui ces présentes lectres verront ou orront,
Jehan Ango(i), escuier, viconte et garde du scel aux
obligations de la ville de Dieppe pour très hault et très
révérend père en Dieu et seigneur, Monseigneur l'arche-
vêque de Rouen, salut. Savoir faisons que par devant
Rigault Filleul et Raoul Delaplancque, tabellions jurez
aud. lieu de Dieppe, furent présents Michel Delisle,
derftourant à Vateville et Martin Chambon (2), escuier,
lesquelz volontairement recongnurent et confessèrent le
contenu en une fueille de pappier demouré par devers
lesd. tabellions pour registre, de laquelle la teneur ensuyt :
Fut présent, Michel Delisle, demourant à Vateville,
lequel confessa avoir transporté et vendu à Martin Cham-
bon, escuier, tout et tel droict qu^il peult prétendre et
avoir es succres, maliaces, nef, artilleries, appareils,
marchandises et autres choses prinses en ung navyre
de Porte, en Portugal, naguères prins sur la mer par
(1) Il y a lieu de croire que la prise portugaise dont il s'agit dans
cet acte avait été faite par un des navires du célèbre armateur.
Michel Delisle, Guillaume Delisle, son frère, de même que Silvestre
Billes, tous de Vatteville, ont été ses capitaines.
(2) Receveur de l'amiral en i522, commissaire de l'artillerie de
la marine à Honfleur, en 1 538 (Annales maritimes, juillet 1842).
Epousa Jacqueline Naguet, dont la famille a été citée.
256
un navyre appartenant aud. Delisle dont estoit maistre
Guillaume Delisle (i), son frère, et amené en ceste ville
par led. Guillaume et autres prétendans droict en lad.
prinse, en tant que se peult monter le total droict de lad.
nef, la moictié des victailles d'icelle et la totalle part dud .
maistre et ses compaignons, cappitaine et autres prenans
paye aud. navyre sous lad. maîtrise. Ensemble luy avoir
vendu la moictié de ce qu'il reste des victailles estantes
aud. navyre lors de son retour et arrivement au Havre
de Grâce avecquez sa part et porcion des pouldres et mu-
nitions estantes aud. navyre. Ceste vendue faicte, c'est
assavoir : pour le droict de lad. nef, moictié des victailles,
part et porcion des cappitaine, maistre et ses compai-
gnons prenans paye end. navyre par le prix et somme de
cinq cens livres tournois que paiera et s'est obligé payer
led. escuier aud. Delisle au derrenier jour de ce présent
moys ; et pour la moictié du reste desd. vitailles et poul-
dres la somme de troys cens cinquante livres dont led.
Delisle a esté payé de la somme de cinquante livres tour-
nois et le reste à payer lors que lad. marchandise prinse
ou partye d'icelle sera adiugée ou déclarée de bonne
prinse. Et au moyen que led. Ghambon a promis bailler
plege suffisant en Normendye aud. Delisle de luy payer
se mestier est la somme de deniers qu'il auroit receue de
la vente desd. marchandises d'autant qu'il en auroit plus
vendu qu'il ne luy en seroit adiugé de bonne prinse et
(i) Capitaine de la nèfle Jacques, en i53 5. Son frère, Michel
Delisle, dénommé dans l'acte, est le marin qui a fait don à l'église
de Vatteville, en 1028, de la verrière : Vie de saint Je an- Baptiste
(transept sud, deuxième vitre). Sa description, ainsi que celle de la
première verrière donnée, en i52i, par « le maistre de la Roumaine
et ses bourgeoys », se trouve dans les Eglises de l'arrondissement
d'Yvetot, par M. l'abbé Cochet, t. Ier, p. i3 5.
257
d'autant de marchandise que led. Chambon auroit vendue
qui ne seroit trouvée de bonne prinse, lad. cauxion res-
pondra de ce et des intérestz et dommaige. Et aussi led.
Chambon a promis que pour raison de lad. prinse, led.
Delisle n'aura perte ne dommage et led. Delisle promis
et s'est submis faire ractiffier se mestier est ceste présente
vendue ausd. maistre et compaignons et auires qui end.
droict cède pour ce prétendre droict. Et le tout sur Tobli-
gacion faict le deuxiesme jour de novembre, Pan mil cinq
cens vingt et un. Signé : M. Chambon, ung paraphe et
une merche estre leur propre saint et obligacion et icelle
avoir signé et merché des saing et merche y apposez,
promettants icelley contenu tenir, faire et accomplir de
point en point sans jamais aller an contre, sur l'obligacion
de tous leurs biens meubles et héritages présents et ad-
venir. En tesmoin de ce nous, à la réclamation desd.
tabellions avons mis à ces lectres led, scel. Ce fut faict
aud. lieu de Dieppe, le dixiesme jour de novembre, Pan
mil cinq cens vingt et ung. Signé : Jehan Terrien, pro-
cureur de lad. ville de Dieppe, et Ector Quignard.
Filleul. Delaplanque.
Je, Martin de Chambon, dénommé au blanc de l'autre
part, confesse avoir cédé, transporté et délaissé à noble et
puissant seigneur Monseigneur Gyon le Roy, chevalier,
seigneur du Chillou et vis amyral de France, tout et tel
droit que j'ay eu et acquis de Michel de Lisle, maistre du
navire speciffié et déclaré end. blanc par et aumoyen que
mond. seigneur m'a restitué la somme de cinquante livres
tournois que j'avoys paiées aud. De Lisle en faisant par
moy lad. acquisicion et aussi par ce que mond. seigneur
c'est submis me, acquicter et descharger envers led. De
Lisle et tous autres des subgections en quoy je m'estoit
17
258
obligé par le contenu dud. autrepart. Fait soulz mon
saingcy miys, le xviije jour de novembre, Pan mil cinq
cens vingt et ung, en présence dud. De Lisle, Jacques
d'Estimauville, escuier, controolleur au grenier à sel du
Havre-de-Grace et De Ghambon.
Arch. comm. du Havre, EE., 78.
XI
Quittance par Pierre Durant, marchand de Rouen, à
Guyon Le Roy, vice-amiral, pour des sucres venant
de Portugal. — 1 52 1, 28 novembre ( 1 ).
Receu par moy Pierre Durant, marchand bourgoys,
demourant à Rouen, en nom et comme facteur et procu-
reur de Jehan Becuid, marchand, demourant en Lisle-
bonne en Portugal, de hault et puyssant seigneur, Gyon
le Roy, chevallier, seigneur de Ghillou, wys admirai de
France, les deux tiers de lxxj casses de sucre blanc, de
xxvd'excusmes, de vj de rexcusmes, de xiij de mellaces,
de xv de mesquanattes en ensuyvant Tappoinctement
entre led. seigneur et moy end. nom recours end. ap-
poinctement desquelles deux parties des casses dessus
spécieffiées je tiendz quicte led. seigneur et tous autres
promectant que jamais pour raison desd. deux tiers par
moy receuz aucune chose demanderay aud. seigneur et
tous autres quelzconques. Tesmoing mon signe cy mis
le xxviijme jour de novembre Fan mil cinq cens et vingt
et ung. Et se ay receu la coppie du translat des lectres
dud. Jehan Becuyd faisant mencion de lad. marchandise,
laquelle n^st signée ne aprouvée. Durant.
Arch. comm. du Havre, EE., 78.
(1) Voy. le n° XV, du Ier juin i522.
2)9
XII
Radoub et avitaillement de la nèfle Christophe.
i522, mai (i).
Premyèrement ; pour ce que led. Cristophe au retourt
de son dernier veoyaige frappa en terre à la Hogue, fut
rompu son masz, perdu câbles, ung ancre et beaucoup
d'autres choses rompues de lad. nef, parquoy a convenu
faire masz nouveau, verge et partie des chasteaulx ; calle-
feter hault et bas, dehors et dedans et mètre du bordaige ;
qu'il a convenu faire deux câbles neufz et emprunter ung
autre ; faire hobens neufz et beaucoup de menu cordaige
pour faire, le tout se monte l'adoub et de ce qui est de-
vant dit y compregniant mains d'ouvriers, ferraiges,
bray, gontran et estouppes le tout revyent à la somme
de iiijc iiijxxl.
Cy aprez ensuyt la myse des vitailles :
Premièrement.
Pain biscuit, deux mil cinq cens douzeines qui coûte
seze livres le cent qui est pour led. biscuit iii jcc 1.
Item, pour pain fraiz xx 1.
Item, pour bruvaige soixante quinze pippes de sidre,
vallant fust et lye la somme de xxxx xvj 1. xvij s. vj d.
Item, pour les despens de ceulx qu'ilz ont cherroyer
et fait emplir les bruvaiges et les arrimer à la nef, la
somme de xij 1.
Item, pour douze pippes à mectre les eaues, pour
ce vj li.
(i) Voy. la pièce no XIX. Elle fait connaître qu'à la suite de cet
armement, le Christophe, équipé en guerre, partit du port de Hon-
fleur au mois d'août i522, croisa au large des Açores, fit des prises
sur les Espagnols, puis fut capturé par les Portugais.
260
Item, pour cinq pippes et demye de beuf l'une portant
l'autre vingt livres la pippe fusz et scelz ce monte la
somme de cx *■•
Item, a esté fourny aud. Cristophe pour ce présent
veoyaige quatre vingtz cotez de lart dont les quareinte
à vingt deux solz pièce coûtent quareinte quatre livres,
les autres quareinte, coûtent vingt quatre solz pièce qui
est pour lesd. quareinte quareinte huit livres et aussy
revyennent lesd. iiijxx cotez a iiijxx xij i.
Item, pour jours mesgres une pippe plaine de poix et
une autre plaine de febves qu'ilz revyennent lesd. deux
pippes sensz et sont à xx 1. iiij s.
Item, de beurre en a esté achepté sept cens quatre-
vingtz livres de beurre nect à six frans le cent, val-
lant xlv) L xv) s'
Item, a esté achepté en Brethaigne par le cappne Al-
lonce (i) pour led. Cristophe encores cinq cens livres de
beurre qui coûtent aud. pays la somme
^g xx 1. viij s. iiij d.
Item, pour une pippe de vin aigre et ung baril davan-
taige X1J *'
Item, pour cent cinquente livres de chandelle à quinze
deniers la livre qu'ilzvallent la somme de ixl. vijs. vj d.
Item, pour deux douzeines d'avyrons iiij 1.
Item, pouldre pour TartiUerve : y luy en avoit de
l'autre veoyaige troys cens livres de reste et pour cette
heure luy en a esté baillé troys cens livres qui est pour
lesd. pouidres xxx '•
Pour six demys barilz à les mectre, pour ce xviij s.
Item, pour plomb à faire plombées et pour dez de fers
et pour pierres, pour ce vj 1-
(i) Alonce de Bellesonce, capitaine de la barque Jean- Denis, en
i5i2. (Spont, p. 49> note')
26l
Item, pour faire deux afusz neufz à deux grosses
pièces, pour faire ferrer et acoutrer autres pièces, pour
ce viij 1.
Item, pour faire un esiandart et quatre ban-
nyères xij 1.
Item, pour bidons, bonquestz et autres platz, escuelles,
pour ce c s.
Item, pour estouppes qu'il a fallu porter à la nef,
soixeinte livres, qu'il vallent xxx s.
Item, pour Estimauville (i) qui alla à la Hogue pour
led. navire qui esté frappé à terre, câbles et ancres perdus
et le masz coupé pour la depence dud. Estimau-
ville viij 1.
Item, pour la despence de vin^t cinq compaignons qui
passèrent ledit Cristophe, de Grâce à Honnefleu, et cou-
chèrent une nuyct à la radde, pour leurs despens de lad.
radde aussy pour les despens qu'il feirent en revenant à
Honnefleu, pour ce c s.
Pour le suif et suaige ? de la nef comprins paille, vade-
aulx et de disner de tout Tesquipaige, pour ce xx 1.
Item, pour la clouterye de toutes sortes qu'il a fallu
mectre de provysion ded. la nef, ce monte pour toute la
clouterye ex s.
Item, pour lesgaigesdu gardien dud. Cristophe depuis
la Toussaint jusques au premier jour de mars qu'ilz font
quatre moys, à soixeinte solz par moys, vallant xij 1.
Comme de toutes les parties cy dessus ce monte à la
somme de xv c. liij 1. xj s.
(i) La terre d'Estimauville est sur la paroisse de Toussaint-en-
Caux. Jacques d'Estimauville, dont il s'agit ici, prit part à l'expé-
dition de Naples; il commandait la Foy en i5i2 et faisait partie des
hommes de guerre de la morte-paye de la garnison de Honfleur,
en octobre i5i3. Il fut souvent employé par Guyon Le Roy lors de
la fondation du Havre.
262
Item, que le veoyaige dernier qu'il a faict la myse
monte à la somme de xiij c. xxvij 1. dont monseigneur'
l'admirai paya vj c. 1. et le vys-admiral en fournyt
vij c. xxvij 1., pourquoy mond. seig. l'admirai debveroit
pour sa moictié dud. veoyaige dernier la
somme de lxiij 1. x s.
Item, debveroit mond. seigr l'admirai pour le veoyaige
de présent iij c. viij 1. pour sa moictié sans comprendre
l'argent preste aux compaignons sur leurs leoyez, qui
feroit en somme deu au vys-amiral, la
somme de iijc iiijxx vj 1. v s.
Surquoy est à rabatre au vys-admiral quareinte livres
qu'il a receu du dixiesme du papier vendu du veoyaige
dernier, pour ce, cy xl 1.
Item, led. vys-admiral a vendu cinq pièces de camellot
qu'ilz estoient encores du dernier voyaige, qu'ilz ont esté
venduz la somme de xxx 1.
Qui est à rabatre quinze livres pour la part de mon-
seigr l'admirai, pour ce xv 1.
Item, pour une petite barque qui a esté vendue la
somme de soixeinte livres dont en tient pour le dixiesme
à monseig' l'admirai six livres donc led. vys-admiral tient
compte à mond. seigr l'admirai desd. six livres.
Et pour la part de la vente de lad. barque pour mond.
seigr l'admirai, la somme de xv I.
Plus receu par monseig1" le vis-admiral du dixiesme de
Thomas Durant, la somme de iijc 1.
Et parce resteroit encore à payer par mond. seignr l'ad-
mirai la somme de x 1. 6 s.
Pour recongnoissance de se que dessus j'approuve se
que dessus, ce xxiije de may Ve XXII (i).
Guyon le Roy.
(i) L'attestation est de la main de Guyon Le Roy.
263
Et moy, Martin Chambon, receveur de mondit sei-
gneur l'admirai, pour approbation de se que dessus ay
signé le présent compte, le xxvje jour de may V^ XXII.
De Chambon.
Arch. comm. du Havre, EE., 78.
XIII
Dépenses pour la nèfle Christophe, et vente de marchan-
dises provenant d'une prise. — 1 522, mai [1).
Ensuit la mise qui a esté t'ecte dud. navire de Chris-
tophe :
Pour Estimauville qui alla à la Hogue pour led. na-
vire qui estoit frappé à terre, câbles et ancres perdus et le
maz coppé, pour la despence dud. Estimauville viij 1.
Item, fust vendu par le maistre dud. navire pour sub-
venir aux affaires et remises sur lad. nef, fust vendu par
luy huit pièces de camellot
Item, pour descharger lad. net pour ce qu'elle faisoit
eaue pour l'amener à Grâce plus seurement, fust frété une
navire pour porter la marchandise à Grâce, la somme
de • x11-
Desquelles quarantes livres les mariniers de l'esqui-
page en paièrent pour leurs pars xx 1. par quoy n'est coté
YY 1
îcy en mises que
(1) D'après ce document et celui qui suit, il est aisé de comprendre
que la nèfle Christophe avait couru la mer et attaqué des navires
marchands, fait des actes de course ou de piraterie, auxquels le
vice-amiral Guyon Le Roy se trouvait plus ou moins mêlé. Aux
xv et xvie siècles, les ports de l'embouchure de la Seine ont été
des nids de forbans : cela est de toute certitude. Aujourd'hui encore,
on y armerait sans peine un corsaire.
264
Item, pour descharger lad. marchandise et la mectreen
cellier xl s.
Item, pour la despence de xxv compaignons qui pas-
sèrent led. Cristophe de Grâce à Honnefleur et couchè-
rent une nuit à la radde, pour leurs despens de lad.
radde et aussy les despens qu'ilz firent alors à revenir à
Honnefleu, pour ce cent s.
Et n'auroit aultre chose.
Aultres mises pour led. Cristophe :
Pour le callefaitage, iiij barilz de bray xl.
Item, pour ung cent d'estouppes 1 s.
touttes les aultres estouppes qu'il a fallu à lad. nef était
de provision dedans lad. nef.
Item, pour charpentiers et calfaicteurs, mast, câbles et
cordages et aultres choses nécessaires, ce qui aprez s'en-
suit :
sur le cordaiges lxx 1.
Plus
Pour le gardien dud. Cristophe, depuis la Toussaint,
jusques au dernier jour de décembre, pour ses
gaiges vj 1.
Pour Pachat du grant masz dud. Cristophe xx 1.
Pour faire ung estendart à la petite hune dud. Cris-
tophe et quatre bennyères, Pune au matériel de la grant
hune, une sur le bout du chasteau de devant, deux sur la
poupe derrière, pour toille et peinture, pour ce xij 1.
Sy aprez ensuit ce qui a esté vendu de la prinse qu'a
faict le navire le Cristophe à ce dernier voiage :
Et premièrement.
A esté vendu une pièce de velloux que le grant ve-
neur a vollu avoir dont il a paier iiijxx iij 1.
265
Item, a esté vendu de pappier pour iiijc xxxvj 1.
Item, a esté vendu demye pippe cildre xv s.
Item, a esté vendu trois pippes de cappres lxvj 1.
Item, plus a esté vendu deux barilz de paincture x 1.
Item, a estéencores vendu de pappier pour xvij 1.
Item, a esté vendu de fyl d^rbalestre pour lxxv s.
Item, a esté vendu xv pièces de camellotz, la somme
de cent 1.
Plus a esté vendu iiij pièces de camellot pour xxviij 1.
Plus a esté vendu d'acher pour lxvj 1.
Pour viij c. xxxvj ltz. xv s.
Item, plus a esté vendu quatre grans cabaz de reisine,
la somme de xj 1.
Somme toutte : viij c. xlvij ltz. xvs.
Plus a esté vendu quatre petites pièces de fustaine
pour xiiij 1.
Plus a esté vendu de papyer pour ( i ) xij 1.
Arch. comm. du Havre, EE., 78.
XIV
Déposition faite devant le vice-amiral Guy on Le Roy
par Thomas Durant, maître de nef, au sujet d'un
galion de Dieppe capturé par les Portugais (2). —
1 î)22, 6 mai.
Du sixiesme jour de may, mil cinq cens vingt deux,
devant nous Guyon le Roy, chevalier, seigneur du
(1) Quelques mots de la main de Guyon Le Roy.
(2) Cette pièce, très intéressante, relate les faits suivants : un
navire de Rouen, que l'enquête ne nomme point, arrive à Lisbonne
le 16 mars i522. Huit jours après, le 23 mars, trois bâtiments
266
Chillou, vis amyral de France, présence de Pierre
Cecire(t), procureur, à Honnefieu, de monseigneur
F Amyral, appelé pour adjoint :
Thomas Durant, de Rouen, maistre d'une nefdud.
lieu, appartenant aux héritiers Rogean ? Lefevre et ung
nommé Saldaigne (2), marchand d'icellui lieu, aagé de
cinquante ans ou environ, juré et examyné sur le fait du
raport du voyaige par luy fait en mer marchandamment,
duquel voyaige il est arryvé cejourduy en la radde de
Villerville, près led. lieu de Honnefieu.
A dit que environ karesme prenant il party de la ryvière
de Seyne en intencion d'aller à Lixebonne, au pays de
Portugal, auquel lieu il arryva le second dymence de
caresme derrain chargé de plusieurs marchandizes pour
s'amarrent auprès de ce navire ; l'un d'eux est la Marie, de Dieppe ;
l'autre, une barque espagnole, qui a été capturée par les Dieppois :
ces deux navires ont été pris par les Portugais. Le roi Jean III fait
jeter en prison les marins français et donne l'ordre de les pendre.
Ces circonstances coïncident avec la présence du corsaire Jean
Fleury dans les parages des Açores et des îles Madère, et on conçoit
que, par contre-coup des prises de l'infatigable corsaire, la popu-
lation portugaise exigeât le supplice des Français. On remarquera
la richesse de la prise faite par le galion de Dieppe : les caisses de
corail, de perles, les coffres remplis de lingots d'or que la barque
espagnole contenait. Ce navire venait assurément du Mexique, où il
avait trouvé dans le pillage, par Cortez, du trésor royal de Monté-
zuma, les éléments de sa cargaison. Il faut rapprocher la pièce
ci-dessus de la lettre de marque que M. de Fréviile a publiée dans
Mém. sur le commerce maritime de Rouen, t. II, p. 43o, et qui
est datée du 3 septembre i522.
(r) Pierre Cécire du Bocage, bourgeois de Honfleur en i5i8 ;
« tenant le fief du Bocage, à Genneville », en 022.
(2) Pierre de Saldaigne et Alonce de Civille, cité plus bas, dési-
gnent de riches marchands rouennais d'origine espagnole, qui ont
tenu un rang très important.
267
lesd. Lefebvreet Saldaigne. Et luy arryvé aud. lieu, il et
tous les compaignons de son esquippaige eurent? maul-
vays raceul du commun peuple, disant icelluy commun
peuple que on devoit pendre tous les Françoys et s'ilz ne
se fusset advouez de Alonce de Cyville ilz eussent esté
mal receullés et traictés.
Plus a dit led. Durant que huyt jours après son arry-
vement aud. lieu de Lixebonne, arrivèrent en icellui lieu
quatre arbatroisses dud. pays de Portugal, avecqz ung
gallyon de Dieppe dont estoit maistre Jacques Morice (1)
et capitaine le frère (2) de Jacques Fain, aud. lieu de
Dieppe, et une barque espaignolle venante des Indes,
laquelle avoit esté prinse par led. galiion de Dieppe et
depuis reprinse avecqz led. galiion par lesd. quatre arba-
troisses dud. pays de Portugal. Et eulx arryvés en la
ryvière et port dud. lieu de Portugal pozèrent l'ancre
auprès de la nef dud. Durant, et après avoir esté amarrés
allèrent faire leur rapport au Roy d'iceilui pays de Por-
tugal, lequel commanda mectre tous les Françoys estans
aud. galiion en prison et se ordonna qu'ilz fussent pendus
le lendemain et à l'heure ou bien tost après furent mis
lesd. Françoys estans aud. galiion à terre atachés par les
jambes et par le col et mis aux prisons. Disant oultre led.
Durant qu'il y ult ung viel baron d'icelluy pays qui se
meist à genoulx devant le Roy, son maistre, lequel dist
qu'ilz n'avoient déservy la mort par autant qu'ilz n'a-
voient point riens qui appartinst aux Portugalloys et que
pour faire la guerre aux Castillens qu'il ne les devoit
(1) Jacques de Saint-Morisse. capitaine de marine au service du
grand Dieppois du xvr« siècle, Jean Ango.
(2) Jean Fain, autre pilote d'Ango, « a été, dit M. Guénin, un
des émules les plus hardis de Jean Fleury (Ango et ses pilotes,
p. 67). Son nom revient souvent dans les actes de ce temps.
26?
condampner à mort, priant led. Roy, son maistre, de
rescorder son commandement, et alors led. Roy com-
manda Pexecucion desd. Françoys estre différée.
Item a dit que le commun peuple disoit que les Por-
îugalloys et Castillens estoient joinctz ensemble et que
les Françoys faisoient la guerre aux Castillens, maiz que
c'estoit autant comme à eux et que par raison on devoit
pendre les Françoys.
Item led. Durant a dit s'avoir enquis que, pour
vérité, lad. barque espaignolle estoit prisée valloir à Lixe-
bonne plus de deux cens mil ducatz, et qu'il y avoit en
lad. barque huyt casses plaines de coural et de perles,
troys coffres plains de lingos d'or, sans comprendre l'or
des compaignons, lesquelz pouvoient avoir chacun six ou
sept livres d'or avecqz deux cens casses de sucre fin
estantes en icelle barque dont led. Roy de Portugal s'est
saisy de tout.
Interrogué que sont devenus les Françoys estans aud.
gallion et ainsi constitués prisonniers que devant est dit :
A deppozé qu'ilz estoient encore aux prison à son par-
tement dud. lieu de Lixebonne qui fut la veille de Pas-
ques fleuries derraine et que cependant qu'il a esté par
delà n'a esté aucunement donné à boire ne à manger
ausd. Françoys de Tesquipaige d'icellui gallion synon
par led. Durant et ses compaignons en faveur de charité.
Inquis si, il, et ses compaignons ont aucune choze
trouvé par la mer depuis son partement dud. lieu de
Lixebonne ;
A dit que au sortir d'icellui lieu de Lixebonne trou-
vèrent une nef d'Espaigne esquippée en guerre qui les
chassa deux jours et une nuyt, et à force de voille s'es-
toient saulvés, Et en passant par le travers de Surlingues
avoient trouvé deux autres navyres de guerre dud. pays
269
d'Espaigne, lesquelz leur avoient donné pareillement la
chasse dont ilz se sont semblablement saulvés à force de
voille; et est tout le rapport que led. Durant seauroit fait
desondit voyaige.
Guillaume Boutiée, barbier de Tesquipaige de la nef
dudit Durant, demeurant aud. Honnetieu, aagé de trente
ans ou environ, juré comme dessus :
A dit qu'il party dedens la nef dud. Durant premier
examyné environ caresme prenant derrain en in tendon
d'aller à Lixebonne, au pays de Portugal, où il, ledit
Durant et les autres compaignons de son esquippaige
estoit arrivez le second dimence de caresme derrain. Et
environ huit jours après y estoient arryvés quatre arba-
trousses dud. pays de Portugal avecques ung gallion de
Dieppe et une barque espaignolle qui avoit esté prinse
par led. gallion et depuis reprise avecqz led. gallion par
lesn. quatre arbatrousses ; duquel gallion estoit cappitaine
le frère de Jacques Fain, dud. lieu de Dieppe, et maistre
Jacques Morice, et eulx arryvez en la rivière et port dud.
lieu de Lixebonne pozèrent Tancre au plus près de la nef
dud. Durant, par après allèrent faire leur rapport au Roy
d'icellui pays de Portugal, lequel commanda tous les
Françoys estans aud. gallion estre mis en prison et le
lendemain estre pendus. Tantost après lequel commanda
lesd. Françoys d'icellui gallion furent mis à terre, atachés
par les jambes et par le col et menés aux prisons. Lors
duquel commandement fait par le Roy dud. pays de
Portugal y avoit un viel baron d'icellui pays, lequel se
mist à genoulx devant led. Roy son maisire, disant que
lesd. Françoys n'avoient deservy la mort parce qu'ilz n'a-
voient rens prins qui appartinst aux Portugalloys et que
pour faire la guerre aux Gastillens, qu'il ne les devoit
condampner à mort, priant led. Roy son maistre de
270
refroider ? son commandement. Et alors led. Roy com-
manda l'exécution desd. Françoys estre différée, et lors
disoit le commun peuple dud. pays que les Portugalloys
et Castillens estoient joinctz ensemble et que la guerre
que faisoient les Françoys aux Castillens estoit autant
comme à eulx et par ce que on devoit pendre les Fran-
çoys, laquelle commenté avoit fait très mauvoys raceul
aud. depposant et à tous les autres de Pesquippaige dud.
Durant.
Item, a dit s'avoir inquis que lad. barque espaignolle
estoit chargée de huit casses plaines de coural et de perles,
troys coffres plains de lingos d'or, sans comprendre Por
des compaignons de lad. barque espaignolle venant des
Indes, dont chacun desd. compaignons pouvoit avoir six
ou sept livres; et s y avoit en lad. barque deux cens
casses de sucre fin dont du tout led. Roy de Portugal s'est
saisy.
Interrogué que sont devenus les Françoys estans aud.
gallion qui auroient esté constitués prisonniers, a dit
qu'ilz estoient encores à son partementdud. lieu de Lixe-
bonne, qui fût la veille de Pasques fleuries derraine, aux
prisons, auxquelz prisonniers n 'avoit esté donné aucunes
à boire nemanger pendant qu'il avoit esté par delà, synon
ce que led. Durant, led. depposant et les autres de Pes-
quippaige d'icelluy Durant leur avoient donné en faveur
de charité.
Inquis s'il avoit aucune choze veu depuis son parle-
ment dud. lieu de Lixebonne, a dit que, au sortir d'icel-
luy lieu de Lixebonne, il et ses compaignons avoient esté
chassés d'une nef de guerre d'Espaigne deux jours et une
nuyt, et à force de voille s'estoient saulvés. Et se, avoit
esté chassez de deux autres navires de guerre d'Espaigne,
le travers de Sorlingues, dont par semblablement ilz s'es-
271
toient saulvés à force de voille. Et plus ne sçavoict que
dépozé. Guyon le Roy. Cecire.
Au dos est écrit : Examen contre les Portugualle^.
Arch. comm. du Havre, EE., 83.
XV
Arrêté de comptes et règlement convenus entre Guyon
Le Roy, vice-amiral, et un marchand de Rouen ( i ). —
i 522, ier juin.
Je Pierres Durant (2), demeurant à Rouen, procureur
du sieur Jehan Becud, maréchal, demourantà Lissebonne.
confesse avoir rechut du sieur Nicolas Baudaire, mar-
chant, demourant à Dieppe, estant de présent en ceste
ville de Rouen, pour et à la descharge de seigneur Guyon
Le Roy, sieur de Sillou, et vis amiral de France, la
somme de onze cens quatre vingtz dix huit livres quinze
soubz tournoys pour le desrnier apoinctement faict entre
led seigneur et moy faysant mention led. apoinctement
de cent traize casses de sucres, du quel différant avions
chargé arbitres lez quieulx arbitres nous onvet acordés
par le moyen que led. seigneur seroit tenu me payer lad.
somme et pour ce que luy rechues par les mains dud.
Baudere pour et à la descharge dud. seigneur. Je tiens
quicte led. seigneur et tous autres de lad. somme de
xjc iiijxx xviij 1 xv soubz tournoys. Tesmoing mon signe
(1) Il s'agit de sucres provenant d'une prise faite par un des na-
vires du vice-amiral et qui occasionna une affaire portée devant le
Parlement par des marchands portugais, à la suite de laquelle il y
eut transaction.
(2) Un Pierre Durant commandait la Pensée en i525, navire qui
fut attaqué et pris par des vaisseaux de guerre espagnols. Gosselin,
Doc. pour l'hist. de la marine normande, p. 74-75.
272
manuel sy mis le premier jour de juing mil cinq cens
vingt et deulx. Et la quelle somme j1ay endosée sur le dos
dud. apoinctement faict entre led. seigneur de Sillou et
moy en ens. la santance arbitralle pour servir de des-
charge la quelle santance et apoinctement je devers moy
pour me servir à ma descharge vers led. Becuid mon
maistre. Et sy et acorde touttes foys et quantes qu'il
plaira aud. seigneur de Sillou endoser led. payment sur
le dos de la santance et apoinctement domct il a le parail
du myen pour luy servir de descharge du payment de lad.
somme et oultre proummetz et acorde aud. seigneurs de
Sillou et Baudaire leur ayder de touttes les escriptures
que je ay touchant lad. santance et apoinctement et de
se qui en despant et ausy de la procuration et pover qui
m'a esté baillée par led. Becud et de leur en ayder et
bailler copies touttes et quantes qui leur plaira, le tout
dûment aprouvé. Et en tesmoing de seu, je signe ceste
presante de mon signe manuel sy mis, Fan et jour
dessusdit es présances et de Gauvain Du Val et Nicolas
Morel, bourgeois de Dieppe. Durant.
L'an de grâce mil vc et vingt deux, le premier jour de
juing, à Rouen, devant nous Robert Bour, licentiè es
loys, bailly de Dieppe, est comparu par Durant dessus
nommé, lequel à la requeste et présence de Nicolas
Baudaire, bourgeois de Dieppe, stippullantpour puissant
seigneur monseigneur Guyon Le Roy, chevalier, vis ad-
mirai de France, confesse le contenu cy dessus estre en
fait et obligacion et iceluy avoir signé de son saing et
paraffe; promect end tenir et acomplir le contenu en
icelle selon sa forme et teneur sur Tobligacion de tous ses
biens meubles et héritages présents et advenir. En tes-
moing de ce, à la présence de Gauvain Du Val et Nicolas
273
Morel, avons signé ceste pièce recongnoissante de notre
saing manuel. Lebour.
Au dos est écrit : Quictance et appointement faict
avecques Pierre Durant pour et au nom de Jehan
Bescud.
Arch. comm. du Havre, EE, 85.
XVI
Déclaration devant le Lieutenant de l'amirauté de
Harfleur des marchandises prises sur un navire por-
tugais venant de Calicut (i). — 1524, 8 novembre.
Gest la déclaration de partye des marchandises trouvées
en une nef venant de Caillicou, abordée par le flambart
de la Sallemandre (2).
Donc a esté mis en lad. nef arrière du mast saize casses
de fil de soye et cent bottes dud. fil prinses par Jehan
(1) Ce voyage à un port del'Hindoustan, en 1 523-1 524, appartient
à la marine portugaise ; c'est seulement trois années après que l'on
mentionne la présence de navires français dans les mers de l'Inde.
(2) La nef la Salamandre était un navire d'Ango, et il est fort
possible qu'il soit l'un de ceux de la verrière de Villequier, qui en
serait ainsi plus digne d'intérêt.
Il y a un monument d'un caractère historique qui excite les
souvenirs de cette époque (i522-i525) : c'est le beau vitrail de
l'église de Villequier, dont un combat naval occupe le milieu dans
toute sa largeur. Deux nefs de guerre, leur baucent hissé au sommet
du mât, s'attaquent corps à corps. Sur la plus petite, la flamme est
jaune et porte une aigle éployée ; sur la plus grande, la flamme est
rouge, avec une croix blanche au milieu. Le pont de chacune d'elles
et les châteaux de proue et de poupe sont chargés de combattants,
parmi lesquels des chevaliers armés de toutes pièces. Sur la pou-
laine du plus grand navire, on remarque une Salamandre cou-
ronnée d'or. La coupe et la dimension des nefs, le gréement, les
18
274
Jolis, chacune botte pesant cinq livres et quattre balotz
de poyvre prins par led. Jolis.
Plus arrière du mast traize pipes de clou.
En avant du mast huict casses de fil de soye.
Item, en troys pipes ung poynson et demy pipe de
clou.
Ung coffre plain de pièces de damas pesant iiijxx xvij
pièces.
Item en ung aultre coffre deux chefz de tafetas figure.
Cinquante et quattre pacquetz de fil de soye reteurs.
Deux pièces de sarge rouge large à frenge.
Item en aultre coffre cent cinquante et huict pièces de
tafetas de damas et satin, deux chiefz et traize pacquetz
de fil reteurs et ung nombre de esventeaulx à femme. Et
si estoit en lad. nef quelque nombre de poyvre qui estoit
en guernier en la soulte dont il ne sçait le nombre.
Baillée par led. Poytevin à nous Jehan de la Masure,
escuier, lieutenant au siège de Harfleur de monseig.
l'admirai de France, le viije jour de novembre mil vc xxiiij.
De Lamasure.
Au dos est écrit : Inventeyre de ce que aporta Jehan
Jolis a bretz ? du dernier voaige qu^l fist à la mer des
marchandises prises des Portuguallez en une nef venant
de Callicou.
Arch. comm. du Havre, EE, 85.
hunes garnies de pavois, remplacement de l'artillerie, les tentures
qui bordent les flancs de ces navires et qui sont formées de bou-
cliers, les armoiries peintes sur les bordages, enfin les riches cos-
tumes des hommes de guerre sont autant de détails que ce vitrail
tout exceptionnel permet d'étudier. Signalé et décrit par M. l'abbé
Cochet (Eglises de l'arr. d'Yvetot, t. I, p. 90), il a été restauré en
i85g, grâce aux soins de ce savant archéologue.
275
XVII
Placet présenté à Louis de Bré\é, lieutenant général
en Normandie, à V effet d\)btenir les morceaux de fer
sauvés de la « Grande Louise ». — 1 525, 19 mars
(n. st.)
A Monseigneur, Monseigneur le Grand Sénéchal,
lieutenant pour le Roy en Normendie.
Supplyent très humblement Jehan Collette et Jehan
Bullant, povres maréchaulx demeurantz au Havre de
Grâce, remonstrantz que par l'ordonnonce, adveu ou
commandement des officiers ordonnés pour Tannée passée
sur le fait du radoub des navires appartenant au Roy
notre sire, et pour tousiours subvenir aux affaires dud.
seigneur penssantz estre payés comme ilz avoient de
coustume, ilz ont payé deulx ans en ça, baillé et livré
pour led. radoub ainsy qu'ilz monstrent par attestacion
signée du contrerolleur dud. affaire ung sy gros nombre
de fer mis en œuvre avec la clouterie qu'il a convenu
pour led. radoub, qu'il leur reste de leur payment, la
somme de neuf cens livres tournois ou environ, de
laquelle ou an peu près ilz et chacun d'eulx sont obligés
et par corps au payment d'icelle à plusieurs marchantz,
tant pour le charbon, outilz, paine de serviteurs, vivres,
argent preste, que pour le fer qu'il leur a convenu avoir
à faire led. ouvraige, ce qu'ilz ne pourroyent payer mais
demeurroyent à jamaitz destruictz sans vostre ayde. Par
quoy, de rechief, très humblement supplyent Monseigneur
que en faveur de pitié il vous plaise, de votre bénigne
grâce ordonner de leur payment ou de partie d'icelluy et
que, du demeurant, pour tousiours fournir et subvenir
aux affaires desd. navires, il leur soit baillé la vielle
ferraille ou partie sortissant de la Loyse aux prix qu'elle
276
sera estimée à la livre par gens à ce recongnoissans, le
toult en rabatant sur ce qu'il leur peult estre deu et ilz
priront Dieu pour vous.
Monseigneur du Ghillou. J'ay ordonné aux supplians
cy dessus dénommez la vielîe ferraille sortissant de la
Loyse ou ce qui pourra falloir d'icelle pour satisfaire à
leur payment de ce qui leur est deu si tant est qu'elle
puisse monter à plus grant somme. Et pour ce faire leur
en bailler et délivrer jusques à satisfacion de leurd. deu
ou à rabattre sur icelluy se elle ne se peult tant monter.
En l'aprécyant ou faisant aprécyer à ce qu'elle pourra
valloir et ceste présente vous vauldra descharge. Fait à
Harfleur, le xixme jour de mars Pan mil cinq cens vingt
et quatre. Brézé.
Au dos est écrit : C'est l'ordonnance de Monseigneur
le grant séneschal pour la délivrance du vieil fer de la
Loyse.
Arch. comm. du Havre, EE., 79.
XVIII
Levée de l'arrêt mis sur quatre navires flamands
chargés de pastel. — i525, 20 mars (n.st.)
Monseigneur du Chillou. Aprez avoir, depuis notre
conclusion de hier, entendu comme il va du fait des
quatre navyres flamans chargez de pastel et autres menues
marchandises qui sont au Havre, apartenans à Guillaume
Legras et Olyvyer Parde et aussi qu'ilz ne portent nulles
marchandises préiudiciables, j'ay levé la main de l'arrest
à eulx fait et leur ay donné congé de partir. Et pour ce,
277
mectez les à délivrance. Et à Dieu qu'il vous ait en sa
garde. A Honnefleu, lexxme de mars. Le plus que tout un.
Brézé,(i).
Même autorisation du 21 mars à deux navires chargés de même,
appartenant à Jehan Delayre.
Arch. comm. du Havre, EE., 84.
XIX
Enquête à Roscqff sur la capture d'un navire génois
faite par Nicolas de Croixmare, capitaine *soub\ la
charge » de Jean Fleury. — t 525, 2 mai.
Le ije jour de may vc xxv après Pasques à Ronscou (2)
(1) Louis de Brézé, comte de Maulévrier, baron de Mauny et du
Bec-Crespin, maréchal hérédital, grand sénéchal et réformateur du
pays et duché de Normandie.
A la même époque, une tempête suivie d'un violent ras de mare.
bouleversa les travaux de maçonnerie, les quais et les fortifications
du Havre, le i5 janvier i5a5, dit Guillaume de Marceilles (p. 7) ou
le 22 du même mois : « En commémoration de ce, se faict chacun
an une procession généralle on Ja ville, et en l'esglise Notre-Dame
d'icelle se chante en haut une grande messe des trespassez. » C'est
précisément de cet événement qu'un ordre de paiement donné par
Louis de Brézé se rapporte : « Mandement enjoignant de payer à
Jacques d'Estimauville la somme de neuf vingtz dix livres pour son
remboursement de pareille somme advancée pour faire retirer de
dedans le Havre de Grâce que de dedans le sable du long de la
mer qui bat au Chef de Caulx le nombre de trente-quatre pièces
d'artillerie tant de fer que de fonte qui auroient, par impétuosité
d'un flot de lad. mer advenu aud. Havre le 22 janvier derrain passé,
été emportées de dessus les remparts dudit Chef de Caulx, etc. » —
Bibl. nat., ms. fr. 26993, dossier Brézé, n° 11 3. — Ce détail est
curieux, mais il n'est reproduit ici que pour seulement indiquer en
quoi consistait l'armement du Havre avant la construction d'une
tour et d'une jetée (i52g).
(2) Roscoff. La nef génoise avait été amenée dans ce port où, sans
278
a esté faict enqueste pour une prinse faicte par Nicolas de
Croimare (i) comme il s'ensuit :
A dit ledit de Croimare estant soubz la charge du cap-
pitaine Jehan Fleury (2) que une neff nommée le Jehan
Baptiste, de Gennes, prise par ledit Jehan Fleury, le
travers de Calix, luy a esté baillé par ledit Jehan Fleury
pour icelle vendre et aprouficter comme estant prise sur
les Genevoys, ennemys du Roy, ainsi qu'il apierd par la
charge et povoir qu'il en a dudit Fleury signé de sa main
dont la teneur est escripte cy après.
Surquoy ledit de Croimare a requis luy estre faict adju-
dication d'icelle prise ce que luy a esté octroyé, ainsi qu'il
apartient par raison, et pour faire raison et justice à
chamcun a esté le maistre dudit navire prins à examen
qui a dit ce qui s'ensuit :
Par Poslede Masto aagéde xxxiiij ans, natiffde Gennes,
patron de lad. neff nommée le Sainct Jehan Baptiste, a
dit et juré par son serment sur les saintes évangilles que
lad. neff apartient à Phelipe et Vincent de Negro frères,
doute, de Croixmare avait été obligé de relâcher. L'amirauté lui
suscita des tracasseries et lui disputa la prise ; l'un et l'autre
manœuvrèrent pour avoir l'avantage du vent.
(1) Nicolas de Croixmare et Jacques de Croixmare ont commandé
des navires de Jean Ango. Il semble qu'on peut les rattacher au
village de Croixmare, du canton de Pavilly.
(2) Sur Jean Fleury, voir l'ouvrage de M.-Eug. Guénin, Ango et
ses pilotes (Paris, 1901, in-80). Ce marin a été un audacieux corsaire
qui a vécu dans une période extraordinaire où se sont révélés des
officiers de marine et des équipages qui ont grandement honoré la
Normandie. Dans le reg. de la confrérie de la Charité de Notre-Dame,
à Honneur, nous avons noté les noms suivants : i5i3, Nicolas
Fleury ; 1 5 18, Jean Fleury, demeurant rue Haute et débiteur d'une
année de cotisation ; i5zo, Christophe Fleury, frère servant, est
inscrit à côté de Sylvestre Billes, autre capitaine d'Ango.
279
demourant à Germes ; que alors qu'il partit dud. Gennes,
la ville et les habitans d'icelle estoint révoltez contre le
Roy tenans le party de l'Empereur, ennemy dudit
seigneur, et, pour ce, déclare lad. neffestot de bonne prise
de guerre se ainsi est que lad. ville de Gennes soit encores
à présent de party contraire audit seigneur.
De parce que ledit de Groimare a dit que alors que lad.
neff fut prise fut gecté ung pacquet de lectres en mer : a
dit, ledit maistre, sur le serment que desus qu'il fut gecté
en mer quelque papier qu'avoit escript l'escripvain et ne
soit que c'est.
Et inquis ledit maistre de la marchandise qui estoit
dedans lad. neff dit qu'il y avoit cinq cens quinttaulx de
plomb, vignt trois grans balles de garcnce et une petite,
six balles de frise, six cens boxtz de planches ou environ,
cent trente barilz de goitron ou environ, dix-huyt balles
de lin, ung baril d'estaing ouvré.
Guillaume de Sezin, bonbardier de lad. neff, aagé de
xlv ans ou environ, natiff de Gennes, a dit et juré par son
serment que lad. nef apartient ausd. Phelippe et Vincent
de Negro et fut prise le travers de Calix environ le
xxviije jour de mars derrain passé. Et alors qu'il partit
dudit Gennes icelle ville et habitans d'icelle estoint enne-
mys du Roy, tenans le party de l'Empereur et, parce, dit
lad. prise estre de bonne guerre.
Et inquis s'il soit qu'il ait esté gecté nulles lectres en
mer : dit par son serment que non.
Et inquis quelle marchandise y avoit dedans lad. neff
dit qu'il y a du plomb et garence, frise, goitron et autre
marchandise dont il ne sait le nombre.
Baptiste de Ceste, paige de lad. neff, aagé de xv ans ou
environ dit qu'il y a ung an qu'il est en lad. neff et qu'elle
apartient ausd. Phelipe et Vincent Negro demourant à
28o
Gennes, et qu'il y a dedans du goitron, du plomb, des
garences, de frize et autres marchandises dont il ne soit le
nombre ; et oultre dit qu'il a esté deschargé en Calix
environ quarante ballotz d'acier et aussi quelque autre
marchandises à Envers, là où ilz ont chargé les marchan-
dises y estans de présent.
Jehan Aimasse Negro, aagé de xxv ans interrogé sur ce
que dit est : dit que lad. neff est ausd. Phelipe et Vincent
Negro, demourant à Gennes, et que en icelle y a plomb,
garence, frises, planches et autres choses susd. dont il ne
sait le nombre et dit lad. neff estre de bonne guerre prise.
Faict par nous souscriptz ou lieu de Roscou es présences
des seigneurs de Lexpengoet ? Rollant Bergolay, Modest
Dubost, seigneur de Beaulieu, Jehan Bourset, seigneur
de Thou, Jehan Laguedec et autres à Roscou, le ije jour
de may, Tan mil cinq cens vignt cinq. Ainsi signé :
Morisse Gelh, J. Lagadec, notaire présent.
Collacionné avecques ung orriginal de
et prilz motz que cy dessus est contenu escript sur papier
non vicié ny en nulle manière suspecte ce
que moy, notaire et tabellion de la court de S1 Malo, ay
veu et collacionné de mot à mot. Tesmoing mon signe cy
mys le xiije jour de may l'an mil cinq centz vingt cinq.
Au dos est écrit : Examen de Croixmare du voaige
que rist avec Jehan Fleury.
Arch. comm. du Havre, EE., 85.
XX
Lettre de S1 Maars à Guyon le Roy. —
i 525, 5 mai.
Monseigneur, tant de si bon ceur que faire puis
tousiours à votre bonne grâce me recommande. J'ay
28l
receu voz lectres ensamble ay entandu la faveur
qu'il vous a plu donnez à la nef Salmande dont vous
mercye bien fort et se vient apropostz vous a persévérez
que j'auray voz affaires en toutes recommandascions. Au
demourant en ansuivant san que maiiez escript j'ay
preste quarante frans à votre petite nef qui va au Brésil
comme plus amplement pourrez veoir par leur certifficat
que je vous envoys par se porteur auquel vous prye,
Monseigneur, luy baillez lad. somme et vous rendra led.
certifficat. Touchant les dix esculz que je prestys à la rivée
de votred. nef je les ay reseuz par le cappitaine de la Sal-
mande. En se cartyer, n'avons rien de nouveau fors que
quelques scondes ? nouvelles de armée de mer et le
partyr je le croyray quant je le verray. J'esparre en Dieu
m'en aller en court dans deux jours et si je trouve homme
qui veien ? en votre cartyer je vous despartyray des nou-
velles quy pour lors y courront. Et, Monseigneur, s'il est
service que pour vous puisse, vous prye m'en advertyr et
de bon ceur m'y amployray à l'aide du créateur du monde
auquel je prye, Monseigneur, vous donnez très bonne
santé et longue vye. De Brest, se cinqme jour de may.
Seluy qui est tousiours prest à vous faire service,
S Maart ?
Arch, comm. du Havre, EE., 87.
XXI
Réclamation d'indemnité par Guy on le Roy au sujet
de la capture par les Portugais de son navire le
Christophe. — i527, 14 juillet.
L'an de grâce mil cinq cens vingt sept, le quatorzeiesme
jour de juillet, en la présence de nous Richard Barneville,
tabellion royal en la viconté d'Auge et sergenterie de
282
Honnefleu, et commis par la court de parlement à Texer-
cisse d'icelluy tabellionnage et Jullien Dufresne, son
adioinct, Symon du Sollier, Martin Chambon,
Eberoult, Martin Beschard, Jehan Fain, Loys Sengler
et Gilles Des Fossés, escuîers, a esté baillé et présenté
requeste à noble et puissant seigneur, messire Honorât
de Caix, ambassadeur pour le Roy, notre sire, au pays et
royaulme de Portugal, par noble et puissant seigneur,
messire Guy Le Roy, chevalier, seigneur du Chillou, vis-
amiral de France, tendant par icelle que led. ambassadeur
luy baillast et donnast lectres de l'ordonnance et décla-
ration de rescompense faicte par le Roy de Portugal tant
au prouffit de feu hault et puissant seigneur, monseigneur
de Bonnyvet, en son vivant admirai de France, quedud.
vis-amiral et de cappitaine, maistre et compaignons de
Fesquippage d'une nef nommée le Cristofle, du port de
huit vingtz tonneaulx ou environ que led. seigneur du
Chillou disoit luy appartenir et aud. seigneur admirai
par moytié et icelle avoir esté esquippée en guerre sur mer
et partye de ce port et havre de Honnefleu au moys
d'aoust que Ton comptoit mil cinq cens vingt deux, et de
laquelle estoit lors cappitaine led. Des Fossés (i) et
maistre Jehan Choquet dit Bon. Et que durant icelluy
voiage ilz avoient fait plusieurs prinses tant sur les
Angloys que sur les Espaignolz, lors ennemys du Roy
notre sire et de ses subiectz. Lesquelles prinses consis-
toient en cuyr, draps, pelombtz, estains et mantes et
autres marchandises. Lequel navire le Cristqfle, biens,
prinses et marchandises dessusd. led. seigneur vis-amiral
(i) Gilles Des Fossés, cité plus haut, est inscrit en compagnie de
Martin Beschard sur les rôles de montres d'hommes de guerre de
la morte-paye reçues à Honneur, en septembre i520, décembre i5î7
et décembre i528.
28,
disoit et estymoit valloir jusques à la somme de quarante
ou cinquante mille escus d'or ou plus, avoient esté prins
par les subiectz du Roy de Portugal, lors et de présent
confédérez et alliez de ce royaulme et les cappitaine, et
maistre et compaignons dud. esquipaige le Cristojîe ont
esté menez en terre par lesd. subiectz de Portugal et par
les justiciers et officiers d'icelluy Roy de Portugal en la
ville de Faro avoient esté constituez prisonniez aux
prisons et illec estroitement détenuz, enférez en grant
calamyté, destresse et misérablement treitez de leurs per-
sonnes par Pespace de unze moys et plus; à la fin des-
quelz unze moys lesd. Des Fossés, cappitaine, et maistre,
furent délivrez et allèrent devers led. Roy de Portugal
pour remonstrer qu'ilz avoient esté prins sans cause ne
raison et qu'il leur feust ordonné restitucion leur estre
faicte de leur navire et biens qu'ilz estimoientà la somme
dessusd. et avoir droitz aux intérestz dud. emprisonne-
ment, temps perdu, et encouru durant icelluy empri-
sonnement. Laquelle rescompense avoit esté déclairée par
led. le Roy de Portugal pour instrucsion et lettres en
avoit esté baillées aud. ambassadeur, et que au moyen
d'icelle récompense et déclaracion led. feu seigneur de
Bonnyvet en son vivant avoit receu grant nombre de
deniers à rabastre sur icelle ainsi que dist led. seigneur
vis amiral dont il luy en appartenoit la moytié. Aprez
laquelle requeste veue et délibérée par led. ambassadeur
a esté par luy dit et respondu aud seigneur vis-amiral
qu'il avoit certaine congnoissance que led. navire le Cris-
tojîe avoit esté prins par lesd. subietz de Portugal et qu'il
avoit veu led. Des Fossés et maistre en la court dud. Roy
de Portugal poursuiv lad. récompense de déprédacion,
que icelle leur avoit esté déclairée dont lectres ins-
trucion luy en avoit esté baillée par led. Roy de Portugal
284
signée de sa main et que si led. seigneur vis-amiral voul-
loit envoyer par devers luy un homme scien serviteur
à la court qu'il luy bailleroit la coppie ou vydimus de
lad. lectre en instrucion de rescom pense ce led. seigneur
de Bonnyvet. Desquelles choses led. seigneur vis-amiral
en la présences des dessd. nous a requis ces présentes
faites et signées les an et jour dessd. ( i ).
BARNEVILLE. — DîJFRESNE.
Au dos est écrit : Pour Monseigneur du Ghillou
contre le Roy de Portugal.
Arch. comm. du Havre, EE., 83.
(i) La requête était formulée tant par le vice-amiral Guyon
Le Roy, propriétaire pour moitié du Christophe, qu'au nom du
capitaine Des Fossés et de son équipage. Elle méritait une attention
particulière. La valeur du Christophe était estimée 40,000 à
5o,ooo écus d'or. Prenons le chiffre moyen de 45,000. Vers 1527,
l'écu d'or valait 2 livres, et la livre 5 fr. i5, valeur absolue. Le
calcul fournit une somme supérieure à 2,700,000 francs ; tout
hasardé qu'il soit, il donne une idée du profit que pouvait produire
une expédition conduite avec succès. Un grand nombre de ces
expéditions maritimes, au retour desquelles les équipages revenaient
chargés de butin, ont été combinées en Normandie, au xvie siècle.
V Histoire de la Marine française, par M. Ch. de la Roncière, nous
les fera connaître dans le troisième volume qui est sous presse.
C'est une œuvre où de claires vues d'ensemble sont unies à des
particularités longtemps négligées et qui en font, pour nous autres
Normands, un ouvrage d'un haut intérêt.
285
XXII
Mandement enjoignant de payer soixante~dou\e livres
treize sous au maître-conducteur du navire la Cathe-
rine, de Rouen, armé pour Terre-Neuve, puis équipé
en guerre et envoyé à la poursuite des corsaires an-
glais jusque par le travers de Vile de Wight (i). —
1544, IO janvier (n. st.).
Jehan de la Porte, receveur des denyers communs de
la ville Françoise de Grâce, payez et délivrez comptant à
Jaques Fresel, maître conducteur de la nef nomée la
Catherine, de Rouen, du port de cent dix tonneaux ou
environ, la somme de soixante et douze livres traize solz
tr. pour lad. cause ci aprez déclarez : pour son payement
de victuailles et autres partyes de despense cmi sont con-
tenus en la déclaracion cy attachée et par luy fournyes au
moys de novembre dernier passé dedans lad. nef par
notre ordonnance et commandement. Laquelle nef alors
qu'elle estoit en hamon de ladite ville, preste et advi-
tuaillée pour faire le voyage de la Terre Nefve aussi
qu'elle estoit pour faire route et nous voyans à la voille
deux flouques d'Angleterre, venant de la coste de su droict
à la Hève du Chef de Caux qui est le traver delagueulle
et entrée de la rivière de Seyne, lesquels par cy devant
y avoient prins plusieurs dont avyons receu lesd. plaintes
nous a cesd. causes et pour donner crainte aux ennemys
et occasion de n'aprocher et venir en lad. gueule de Seine
(i) A cet armement se rattachent sans doute les Lettres patentes
données aux habitants du Havre, le 8 avril 1544, et portant
exemption de contribuer à la solde de 5o,ooo hommes de pied,
sous la condition d'entretenir deux brigantins, armés en guerre,
« pour descouvrir le long de la coste d'Angleterre, durant ladite
année ». — Arch. comm. du Havre, AA., 10.
286
et aussy leur faire congnoistre qu'il y a tousours navyres
en lad. ville prestz de leur courrir sus quand besoing sera,
avons icelle nef promptement et à la mesme marée fait
esquipper de cent dix homes de lad. ville et estoit cappi-
taine Nicollas Lescollier, escuyer, seigneur d'Aubreville,
et Jehan Grecq, maître de lad. nef, et icelle armée d'une
couleuvrine, deux faulconneaux de fonte, deux passe-
vollans de fer, piques, haquebushes et autres munycions
de la ville, outre que estoit dedans lad. nef pour de en la
compaignie d'une autre nef par nous semblablement et
ensemble dilligence faict armer et esquipper et aller in-
vahir et prendre sy possible estre lesd. flouques ; lesquelz
furent lesd. deux navyres poursuyvis et chassez jusques
en travers de Porlan, coste d Angleterre, prez Tisle de
Wight, auquel lieu ilz se sonct veneus de légèreté de
voille, ainsy que lesd. cappitaines, maîtres, esquippaiges
nous a esté dict et rapporté, et qu'ilz rengèrent lad. coste
d'Angleterre en laquelle ilz ne trouvèrent aucuns navyres
ennemys, au moyen de quoy ilz s'en estoient retournez.
Et pour ce faire ont vaqué par l'espace de cinq jours
entiers durant lequel temps ilz ont faict la despence con-
tenue en lad. déclaracion, laquelle despence nous avons
par l'advis des officiers de lad. ville ordonné estre payés
des denyers communs de lad. ville, attendu que c'estoit
pour le bien de lad. ville et choze publique ; et aussy que
le Roy n'avoit faict délivrer aucuns denyers pour la garde
et deffence de la coste de Caux à Tentour de la ville, où
lesd. flouques sont par ordinairement à naviguer pour
prendre et supprendre led. navires et subietcz du Roy
habitans aud. pays. Et par rapportant lad. présente avec
quittance dud. Jaques Fresel, lad. somme de 72 1. i3 st.
vous sera alouée à la despence de voz comptes rendant
iceulx. Faict le dixme jour de janvier, mil cinq cent qua-
287
rante et trois. Pourlxxij 1. xiij stz. — Sanglyer, De Ratif,
SoRTEMBOSC, FaUCHER, COLLIN GeFFROY.
Au dos est écrit : Je, Nicollas Lebour, confesse avoir
receu de Jehan de Lapone, receveur des denyers comuns
de la ville Françoyse de Grâce, la somme de soixante
doulze livres traize soubz tornois contenus en Tautrepart
led. Lebourg, procureur de Jacques Frcsel. Faict soub
mon sine, le xiijc jour de janvier mil vc xliiij.
N. Lkbour.
Arch. comm. du Havre, EE., 78.
TABLE DES DOCUMENTS
I. 1491. — Certificat délivré par le vice-amiral Cauwart au
sujet du ravitaillement de la nef la Louise de
France.
IL 1491. — Charles VIII accorde exemption d'impôts à cinq
cents hommes de guerre à pied levés en Nor-
mandie pour être embarqués sur la flotte aux
ordres de l'amiral de Graville.
III. 15 16. — Inventaire de la Grande Louise, nef amirale.
IV. 15 16. — Inventaire de la nef la Barbe.
V. 15 17. Mandement de payement à Jehan Lalemant,
relatif aux réparations de la Grande Louise.
VI. {Sans date.) — Dépenses pour amener la Louise au Havre.
VII. 15 17. — Vente par adjudication de la nef Saint-Laurent.
VIII. (5. d.) — Etat du matériel nécessaire à la nef Princesse pour
la conduire au Havre.
IX. 15 18. - Commission donnée par l'amiral Bonnivet à
Guyon Le Roy pour vérifier le tonnage des
navires.
X. 1521. — Rétrocession à Guyon Le Roy, vice-amiral, d'un
droit de prise sur un navire portugais amené
à Dieppe.
XL 1521. — Quittance par Pierre Durant, marchand de
Rouen, à Guyon Le Roy, vice-amiral, pour
des sucres venant de Portugal.
XII. 1522. — Radoub et avitaillement de la nef le Christophe.
XIII. 1522. — Dépenses pour le Christophe et vente de marchan-
dises provenant d'une prise.
XIV. 1522. — Déposition faite devant le vice-amiral Guyon
Le Roy par Thomas Durant, maître de nef, au
19
290
sujet d'un galion de Dieppe capturé par les
Portugais.
XV. 1522. — Arrêté de comptes et règlement entre Guyon
Le Roy, vice-amiral, et un marchand de Rouen.
XVI. 1524. — Déclaration devant le lieutenant de l'amirauté de
Harfleur des marchandises prises sur un navire
portugais venant de Calicut.
XVII. 1525. — Placet présenté à Louis de Brézé, lieutenant gé-
néral en Normandie, à l'effet d'obtenir les
morceaux de fer sauvés de la Grande Louise.
XVIII. 1525. — Levée de l'arrêt mis sur quatre navires flamands
chargés de pastel.
XIX. 1525. — Enquête à Roscoff sur la capture d'un navire
génois faite par Nicolas de Croixmare, capi-
taine « soubz la charge de Jean Fleury ».
XX. 1525. — Lettre de Saint-Mards à Guyon Le Roy.
XXI. 1527. — Réclamation d'indemnité par Guyon Le Roy au
sujet de la capture par les Portugais de son
navire le Christophe.
XXII. 1544. — Mandement enjoignant de payer soixante-douze
livres treize sous au maître-conducteur du na-
vire la Catherine, de Rouen, armé pour Terre-
Neuve, puis équipé en guerre et envoyé à la
poursuite des corsaires anglais jusque par le
travers de l'île de Wight.
EXTRAITS
DE
COMPTES DES GUERRES.
GENS DE GUERRE DU COTENTIN, I34O.
GARNISON NORMANDE DE GUERNESEY, I34O-I344.
Publié par M. Léopold DELISLE.
EXTRAITS DE COMPTES DES GUERRES
GENS DE GUERRE DU COTENTIN, I 340.
GARNISON NORMANDE DE GUERNESEY, 134O-I344.
La disparition de la plus grande partie des archives de
la Chambre des comptes de Paris, par suite de l'incurie
et du vandalisme, est une des plus grandes calamités
qu'aient à déplorer les amis de l'histoire nationale, et,
tant que j'ai eu l'honneur d'appartenir à la Bibliothèque
nationale, je me suis préoccupé de tout ce qui pouvait,
dans une mesure, hélas ! bien faible, atténuer de trop
légitimes regrets. Au temps où la direction du départe-
ment des manuscrits était entre les mains du vénéré M. de
Wailly, j'ai pu, sous ses ordres et d'après ses instruc-
tions, travailler à la mise en ordre d'une masse énorme
de parchemins, mis au rebut par la Chambre des
comptes, et revendus au poids du parchemin par des spé-
culateurs, à la veille de la Révolution, et j'ai présidé à
la constitution de volumes dans lesquels ont pris place
des milliers de documents et dont les deux plus impor-
tantes séries intitulées, l'une Lettres royales, l'autre Quit-
tances et pièces diverses de comptabilité, sont venus compléter
les anciennes collections du Cabinet des titres, de Gai-
gnières, de Clairambault et d'autres, et forment aujour-
d'hui l'une des sources les plus abondantes de notre
histoire, surtout au xive et au xve siècle.
294
Un peu plus tard, quand mes fonctions m'appelèrent
à diriger le service des acquisitions, je m'efforçai de ne
laisser échapper aucune occasion de faire entrer au dé-
partement des manuscrits les débris des archives de la
Chambre des comptes qui apparaissaient dans des ventes
publiques ou dont l'existence m'était signalée dans des
fonds de librairie et dans des collections privées en
France ou à l'étranger. Mon successeur au département
des manuscrits, M. Omont, n'est pas moins actif que
je le fus pendant de longues années à rechercher, sauver
et conserver à la France ce genre de pièces dont la rareté
devient de plus en plus grande, en même temps que la
valeur en est de plus appréciée des travailleurs.
La Normandie est peut-être la province qui a la part
la plus importante à revendiquer dans le sauvetage des
restes des archives de la Chambre des comptes. On le
reconnaîtra surtout quand reviendront à la lumière les
innombrables pièces que Dom Le Noir avait recueillies,
pour la plupart, dans ces archives, et qui devaient rem-
plir vingt-cinq volumes in-folio, annoncés en 1788
comme prêts à être imprimés, sous le titre de : Collection
chronologique des actes et des titres de Normandie, concernant
l'histoire, les familles nobles et les fiefs des trois généralités
de cette province, depuis le onzième siècle jusqu'à nos jours.
Nous pourrons bientôt entrevoir la richesse d'un tel
trésor quand M. le marquis d'Harcourt nous aura donné
la partie que Dom Le Noir avait détachée pour former
les Preuves généalogiques de la maison d'Harcourt.
L'usage qui a été fait depuis une quarantaine d'années
des pièces provenant de la Chambre des comptes prouve
295
d'ailleurs suffisamment quelles ressources elles fournis-
sent à l'histoire de notre province (i), et nos archivistes,
à leur tête Charles de Beaurepaire, leur doyen et leur
modèle, se sont applaudis de la part qui échut à leurs
dépôts en 1855, lors de la liquidation des magasins de
Danquin, l'un des marchands qui ont exercé avec le plus
d'intelligence et de succès le commerce des vieux par-
chemins et papiers pendant la première moitié du
xix° siècle (2).
J'ai toujours présentes à la mémoire les circonstances
dans lesquelles j'ai fait arriver à la Bibliothèque nationale
de grandes ou petites épaves de la Chambre des comptes.
J'ai gardé un souvenir attendri du jour où, après avoir
mis un peu d'ordre dans le cabinet du comte de Bastard
d'Estang, je montrai à la veuve de cet illustre apprécia-
teur des manuscrits à peintures un tas d'environ 1,400
parchemins de la Chambre des comptes, acquis en 1830
au prix de 500 francs, et qui étaient oubliés au milieu
de débarras de tout genre; je n'eus pas plus tôt témoi-
gné mon admiration pour cette collection, jusqu'alors
inconnue, que la noble dame fit empaqueter ces parche-
mins et me dit tout simplement : « Puisque cela vous
intéresse, emportez-le à la Bibliothèque ». Le cata-
(1) Je citerai, en suivant l'ordre chronologique de publication, mon His-
toire du château de Saint-Sauveur-le-Vicomte, 1867 ; — les Mandements et
actes divers de Charles V, dans les Documents inédits de l'histoire de France,
1874; — la Chronique du Mont-Saint-Michel, de Siméon Luce, 1879 et
1883 (Société des anciens textes^ ; — les Actes normands de la Chambre des
comptes sous Philippe de Valois (Société de l'histoire de Normandie).
(2) Sur cette collection on peut voir les notes insérées dans le Bulletin
monumental^ 2e série, t. X, 1854, p. 417-448.
296
logue de ces pièces, qui a été publié (i), suffit pour en
montrer l'intérêt. Avec l'autorisation de la donatrice,
j'ai cru devoir en distraire deux pièces d'une valeur par-
ticulière, deux lettres originales, l'une de Du Guesclin,
et l'autre de Jean le Bon, comte d'Angoulême, qui
avaient jadis appartenu aux Archives nationales et qui
ont été réintégrées dans ce dépôt. En me remettant le
précieux paquet, Mme de Bastard y joignit une pièce qui
était à part dans son salon : une longue instruction diplo-
matique, que le poète Charles, duc d'Orléans, avait écrite
de sa main, pendant qu'il était prisonnier de guerre
en Angleterre. En me la remettant, elle me recommanda
bien de la garder personnellement, en souvenir de son
mari et de son fils, le général de Bastard, recommanda-
tion à laquelle il n'a pas été manqué, lors de mon dé-
part de la Bibliothèque (mars 1905), quand a été trans-
formé en don entre vifs le legs que, ma femme et moi,
nous avions fait de nos livres et de nos papiers à un
établissement, affectionné par tous deux comme une
maison de famille et près duquel nous avons passé l'un
cinquante-trois et l'autre quarante années de bonheur.
Une vingtaine d'années après le don de Mme la com-
tesse de Bastard, une occasion se présenta d'acquérir en
Angleterre une collection d'environ 1,200 pièces, venant
pour la plupart de la Chambre des comptes, qui avaient
fait partie de la trop fameuse bibliothèque de Barrois.
Avec quel empressement, au mois de juin 1901, je col-
laborai au déballage des caisses dans lesquelles M. Omont
(1) Dans le volume intitulé Les Collections de Bastard d'Estang à la
Bibliothèque nationale. Nogent-le-Rotrou, 1885, in-8°.
297
rapportait de Londres un notable morceau des richesses
bibliographiques sorties de France depuis 1849 et exilées
pendant un demi-siècle dans le château d'Ashburnham !
Combien je félicitai mon collègue de nous avoir rapporté
les huit grands volumes sur les feuillets desquels avaient
été montés les parchemins de la collection Barrois !
J'ai aussi conservé un très vif souvenir de la satisfac-
tion avec laquelle, il y a peu de temps, je reçus d'un
libraire la communication de six volumes de comptes
originaux des trésoriers des guerres sous les règnes des
deux premiers Valois, Philippe et Jean (13 38-135 5). J'y
reconnus des documents dont les historiographes du
xviie et du xvme siècle avaient fait grand usage, et dont
la disparition avait été souvent regrettée (1). La Biblio-
thèque put en faire l'acquisition, malgré le prix élevé
qu'on en demandait, et j'espère qu'aucun de nos histo-
riens ne regrettera de voir ces volumes sur les rayons de
la Bibliothèque nationale. C'est dans le dossier préparé
en vue de l'acquisition que je prends un morceau, sus-
ceptible de prendre place dans le volume de Mélanges
que publie aujourd'hui la Société de l'histoire de Nor-
mandie .
Cet ensemble de comptes est ainsi décrit par M. Omont
dans le Catalogue général des manuscrits français de la
Bibliothèque nationale (2)
(1) Je ne serais pas étonné que ces registres eussent fait partie de la
collection de Jourvansault. Au commencement d'un des registres il y a une
note du début du xixe siècle, ainsi conçue : «- A remettre à M. le Cer de
Crécy, à Dôle (Jura). »
(2) Nouvelles acquisitions, t. III, p. 272.
298
9236-9241 . Comptes originaux des trésoriers des
guerres sous les règnes de Philippe VI de Valois et de
Jean II. (t338-i355.)
I.-II. f9236-q237). Compte de Barthélemi du Drach,
trésorier des guerres, et de François de L'Ospital, clerc des
arbalétriers, pour la guerre de Gascogne (1 338- 1 341). —
xxx feuillets et 882 pages.
III-IV. (9238-9230). Compte de Barthélemi du Drach,
pour Post de Buiron fosse et de Bouvines (1 339-1341). —
xLvin et 3 16 feuillets.
V. (92401. Compte de Jean du Cange pour l'ost de
de Bouvines, etc. (1 340-1349), — xxu et 21 2 feuillets.
VI. (9241). Compte de feu François de L/Ospitalpour
la grande armée de mer et les autres armées de mer des
années 1 340-1 342. — Fol. 42. Compte de Jean de L'Os-
pital pour Tannée de mer de Tamiral Floton de Revel
(1346- 1347). — Fol. 87. Compte de Barthélémy du
Drach pour la semonce de Compiègne et le voyage du
duc de Normandie (1346). — Fol. 1 58. Compte de
Barthélemi du Drach pour Post d'Amiens et de Saint-
Omer ( 1 3 5 5) . — 194 feuillets.
xive siècle. Parchemin. 6 volumes. 3qo sur 3oo milli-
mètres. Demi-reliure.
Le plus curieux document est le double compte qui
remplit les deux volumes portant les nos 9238 et 9239
du fonds français des nouvelles acquisitions (1). Je ne
connais rien qui donne une idée aussi complète de notre
(1) Ces deux volumes étaient jadis réunis en un seul, composé de 317 feuil-
lets, dont les 175 premiers forment le ms. 9238, et les autres le ms. 9239.
Ont disparu les deux premiers feuillets du commencement, les feuillets
61-72 et ce qui suivait le fol. 317. Les fol. 308-316 ont subi des mutila-
tions.
299
organisation militaire au commencement de la guerre
de Cent Ans, de la mobilisation à l'entrée en campagne,
de la composition des compagnies, de la solde, de la
comptabilité, et la dislocation des corps de troupe. Il
s'agit des opérations qui eurent pour théâtre la frontière
de Flandre, et qui furent assez compliquées, puisque
les sommes dépensées pour les gages des gens de guerre
s'élèvent à 1,235,959 livres 9 sous tournois. Il existe peu
de campagnes de cette époque dont la chronologie de
tous les détails puisse être établie avec autant de rigueur.
Les opérations se divisent en deux campagnes : lune
appelée l'ost de Buironfosse, qui fut close le 27 octobre
1339; l'autre, l'ost de Bouvines, terminée le 27 sep-
tembre 1340.
a Establies des chastiaus sur les frontières de Flandres
et de Hainnaut après le département de Fost de Buiron-
fosse feni le xxvij jour d'octobre cccxxxix. » Fol. 25 1.
« Gens d'armes qui servirent en Fost de Bouvines, feni
le xxvije jour de septembre cccxl. » Fol. 2~5.
Sont désignés comme chefs de corps ou de compa-
gnies :
Le roi, qui prit part à la campagne de Bouvines
(fol. 247).
Jean, duc de Normandie (fol. 165 v° et 223 v°)> qui
rejoignit l'armée sur la frontière le 18 mai 1340.
Gautier, duc d'Athènes (fol. 25).
Raoul, comte d'Eu, connétable de France (fol. 140
et 275).
Godemart du Fay, gouverneur de Tournésis (fol. 54 V0).
3oo
Louis d'Espagne, comte de Thalmont, à Lille (fol. 91
v°).
L'amiral Hue Kieret et Nicole de Wasiers, à Douai
(fol. 93).
Jean de Vienne, à Mortagne (fol. 102).
Imbert de Choloy, à Cambrai (fol. 102 v°).
Robert de Wauring, à Saint-Venant (fol. 131).
Jean de Trainel à Aire et sur les frontières de l'Artois
(fol. 132).
Les maréchaux Mathieu de Trie et Robert Bertran,
sire de Briquebec (fol. 160).
Louis, comte de Flandre, de Nevers et de Rethel,
lieutenant du roi, à Aire et à Bapaumes (fol. 191).
Eudes, duc de Bourgogne (fol. 214).
Le roi de Navarre (fol. 227).
Le comte d'Alençon (fol. 231 v°).
Le comte d'Armagnac (fol. 241).
Gascon, comte de Foix (fol. 244).
Amé, comte de Savoie, accompagné d'Ame, comte
de Genève (fol. 24e).
Adolfe, évêque de Liège (fol. 246 v°).
Du grand compte de Barthélemi du Drach, trésorier'
des guerres (1), j'ai extrait les noms de gens d'armes du
Cotentin, qui, sous les ordres du maréchal Bertran, ser-
virent en 1 340 sur les frontières de Flandre et de Hainaut,
et qui, pour la plupart, soutinrent le siège de Tournai
pendant les mois d'août et de septembre 1340.
(1) Fol. 161 et suiv.
301
Robert Bertran, sire de Briquebec, mareschal de
France, banneret, et xvj escuiers montez au pris, du
iiije jour d'avril jusques au xxe jour du dit mois. . .
Pour la venue du dit mons. le mareschal et des diz
escuiers du pais de Gostentin à Paris, par viij jours, vj 1.
xij s. par jour, lij 1. xvj s.
Pour leur retour de Tournay au dit pays, par xj jours,
vij 1. x s. par jour, iiijxx ij 1. x s.
Pour Robert Bertran et xj escuiers montez, au pris,
du xije jour d'avril jusques au xxe jour du dit mois. . .
Pour leur venue du pays de Costentin à Noyon, par
x jours, iiij 1. iiij s. par jour, xvj 1.
Pour leur retour de Tournay au dit lieu de Costentin,
par xj jours, iiij 1. x s. par jour, xlix 1. x s.
Pour Guillaume Bertran et vij escuiers montez au pris,
dès le xije jour d'avril jusques au xxe jour du dit mois. . .
Pour leur venue du pays de Gostentin à Noyon, par
x jours, lvj s. par jour, xxviij 1.
Pour leur retour d'Arras au dit pays, par x jours, lx s.
par jour, xxx 1.
Pour Jehan Douce Pensée et un autre escuier. . .
Pour leur venue du pais de Costentin à Noion, par
x jours, xiiij s. par jour, vij 1.
Pour leur retour de Bovines au dit lieu de Gostentin,
par x jours, xv s. par jour, vij 1. x s.
Pour Jehan de Nonancourt, escuier. . .
Pour sa venue du païs de Costentin à Cambray et re-
tour de Tournay au dit lieu, pour xxj jours, xij s. vj d.
par jour, vij i. xvij s. vj d.
Pour Martinet Pinchart. . . Pour sa venue du pays de
Costentin à Cambray et retour de Tournay au dit pays,
par xxj jours, vij s. vj d. par jour, vij 1. xvij s. vj d.
Pour Robert Erembourt. . . Pour sa venue du pays de
302
Costentin à Cambray et retour cPillec au dit lieu, par
xx jours. . .
Pour le Camus de Sauchoy. . . Pour son retour de
Tournay en Costentin, par xj jours. . .
Pour Robert Gautier. . . Pour son retour d'Arras en
Costentin, par x jours. . .
Pour Pierre Tessart et ij escuiers. . . Pour leur venue
du pays de Costentin à Arras et leur retour de Tournay
au dit pays, par xxj jours. . .
Pour Guillaume Le Petit. . . Pour son retour de Tournay
au pays de Costentin, par xj jours. . .
Pour mons. Jehan de Mangneville, bacheler, et iiij es-
cuiers. . . Pour Colin de Botemont, escuier, . . Pour leur
venue du pays de Costentin à Douay et retour d1 Arras au
dit pays, par xx jours, lij s. vj d par jour, lij 1. x s.
Pour mons. Guillaume Paienel. sire de Hambuie, che-
valier, un autre chevalier bachelier, et viij escuiers...
Pour leur venue du pays de Costentin et Cambray et
retour d'Arras au dit pays, par xx jours, par jour comme
dessus, iiijxx x 1.
Pour mons. Guillaume de Pirou, bachelier et iij es-
cuiers. . .
Pour J ehan de Pirou et iij escuiers . . . Pour la creue des
gaiges du dit Jehan de Pirou, fait chevalier nouvel,
le xiije jour de juing. . . Pour la venue du dit chevalier
et les diz escuiers du pais de Costentin à Cambray, par
x jours. . . Pour leur retour de Tournay et du pays d'en-
viron au dit pays, par xj jours. . .
Pour mons. Raoulant de Verdun, bacheler. . . Pour
son retour de Tournay au pais de Costentin, par x j jours. . .
Pour mons. Guillaume de Braye, sire de Cernon, ban-
neret, compaignon du dit mareschal, un chevalier bache-
lier et vij escuiers... Pour leur venue du pays de
303
Gosientin à Douay et retour de Douay au dit pays, par
xxj jours. . .
Pour Colin Campion... Pour sa venue du pays de
Costentin à Cambray et retour de Tournay au dit pays,
par xx) jours. . .
Pour Jehan de Chambliz. . . Pour sa venue du pays de
Costentin. . .
Pour Jehan Le Grenetier. . . Pour sa venue du pais de
Costentin . . .
Pour Loys Poquaire, escuier. . . Pour sa venue du pays
de Costentin . . .
Pour Pierre de La Rochelle. . . Pour sa venue du pays
de Costentin. . .
Pour Robinet de Bruccourt et iij escuiers. . . — Pour
Robert de Bruecort. . . — Pour la venue des v derreniers
escuiers du pays de Costentin. . .
Pour mons. Henri de Thieuville, bacheler, et' iij es-
cuiers. . . — Pour Guillaume Meudrac et j escuier. . . —
Pour leur venue du pays de Costentin. . .
Pour Jehan de La Rosière, escuier. . . — Pour Collart
de Larray. . . — Pour la venue des ij derrains escuiers
du pays de Costentin. . .
Pour mons. Jehan de Villers, seigneur de Hommet,
bachelier, et iij escuiers... — Pour Robinet Le Forestier...
— Pour la venue du dit bachelier et de ses escuiers du
pays de Costentin. . .
Pour mons. Jehan de La Haie de Harondeville, ba-
chelier, et ij escuiers. . .
Pour mons. Richart de Tolevast et iiij escuiers. . .
Pour mons. Guillaume de Semilli, bachelier, et iij es-
cuiers. . .
Pour mons. Jehan de La Haie de Neahou, bachelier,
et ij escuiers . . .
304
Pour mons. Jehan Paynel de Marcey, bacheler, et
iiij escuiers. . .
Pour la venue des v chevaliers derrain dessus diz et
xv escuiers de leur compaignie du pays de Costentin à
Cambray . . .
Voici la note que j'avais prise sur le registre VI de la
collection quand elle fut soumise à mon examen. Il
porte aujourd'hui le n° 9241 du fonds français des Nou-
velles acquisitions.
Fol. 1-39. — Le compte de feu François de L'Ospital,
jadis clerc des arbalestiers du roy nostre seigneur des
receptes et des mises par lui faites à cause de la grant
armée de la mer Tan mil ccc xl, souz le gouvernement
de mons. Hue Quieret, admirai de France, et de sire
Nicolas Behuchet, conseiller du roy nostre dit seigneur,
et aussi de Parmée souz mons. Robert de Houdetot,
chevalier, capitaine de la mer, ou dit an, et semblablement
souz mons. Loys d'Espaigne, admirai ou dit an xl et
ccc xli. [Laquele armée fu desconfite devant L'Escluse,
veille Saint Jehan xxiiije jour de juing Tan mil ccc xl.]
Fol. 40-78. — Compte Jehan de L'Ospital, clerc des
arbalestiers du roy nosseigneur des receptes et mises par
luy faittes pour cause de Parmée de la mer soubz le gou-
vernement de noble homme mons. Floton de Revel,
admirai de la mer, depuis may Fan xlvi jusques au dar-
rain jour d'octobre, que les galées se désarmèrent, et
d'aucunes gens qui demeurèrent pour la garde des nefs et
galées jusques en avril xlvii.
Fol. 79-1 35. — Le compte Berthelemy du Drach, tré-
sorier des guerres du roy nostre seigneur, des receptes
et mises faites pour cause de la semonse du dit seigneur
faite à Gompiègne à la Saint Remy Tan mil ccc quarante
3°5
six, et du voiage que mons. le duc de Normandie en
tendoit à faire de Compiègne en Touraine ou mois d'oc-
tobre l'an dessus dit.
Fol. 1 38-i 66. — Compte Berthelemy du Drach, tréso-
rier des guerres du roy nostre seigneur, pour cause des
receptes et despences par lui faites et par ses lieux tenenz,
pour cause des gens d'armes qui furent es guerres du roy
nostre dit seigneur, aux gaiges du dit seigneur, es parties de
Picardie, en son host d'Amiens et de Saint Orner, pour
causes de la cemonce faite par le roy nostre dit seigneur à
Compiègne, ou mois d'octobre Pan m ccc lv, lesqueles gens
d'armes furent tous cassez à Saint Orner par le roy nostre
dit seigneur le xve jour de novembre l'an dessus dit.
Dans le compte de François de L'Ospital j'ai relevé
trois articles sur l'occupation du château Cornet, dans
l'île de Guernesey, en 1340 et 1344, par la garnison
normande, à la suite de la conquête de l'île faite en 1338
par Robert Bertran (1).
Pour le dit connestable (Pierre Mathieu) et viij des
dessus diz (arbalestiers) du xxviije du dit mois de sep-
tembre ( 1 340) jusques au derrain d'octobre qu'il partirent
du chasteau Cornet, pour xxxiiij jours, xxiiij s. par jour,
xl 1. xvj s. (2).
Mess. Bertaut Jobelin, commis et député de par le roy
nostre seigneur es parties de Costentin, peur acheter vivres
et garnisons pour la nécessité du chastel Cornet. . . (3).
Richart de Mons, escuier, envoie par noble homme et
puissant mons. Robert Bertran de Costentin au chastel
(1) Hist. du Cotentin et de ses îles, par Dupont, t. II, p. 271, 296 et 314,
(2) Fol. 8 du Registre VI (ms. 9241).
(3) Fol. 33 v° du même registre.
20
306
Cornet, par mer, pour veoir et visiter le dit chastel, les
garnisons et ordennances d'icelli et rapporter au dit
mons. Robert la convine pour le faire savoir au roy nostre
seigneur qui le li avoit escript pour ce par lettre donnée
lundi devant la Saint Martin d'iver l'an xliiii, xxx 1. t.
fors valent vijxx x 1. t. febles ( i ).
(i) ibîd., p. 34.
COMPTE
DE LA VICOMTE DE PONT-AUTHOU POUR LA RANÇON
d'olivier DU GUESCLIN
PUBLIÉ
Par M, LE CACHEUX
COMPTE
DE LA VICOMTE DE PONT-AUTHOU POUR LA RANÇON
d'olivier DU GUESCLIN
Un des épisodes les plus marquants du siège que Ber-
trand du Guesclin mit devant Cherbourg, à la fin de
l'année 1378, et qu'il dut lever, après plusieurs mois
d'efforts infructueux, une escadre ennemie ayant réussi à
ravitailler la place, est la capture d'Olivier du Guesclin,
frère du connétable, par les Anglo-Navarrais qui tenaient
garnison dans le château. Ce seigneur était venu s'éta-
blir à Valognes pour surveiller les sorties des assiégés ;
de cette ville il poussait de fréquentes reconnaissances
dans la région boisée connue au moyen âge sous le nom
de Forêt de Brix, et ses chevauchées le conduisaient jus-
qu'aux portes même de Cherbourg. Au cours d'une
escarmouche, racontée par Froissart avec force détails
pittoresques (1), peu après le 17 novembre 1378 (2), il
tomba entre les mains du capitaine anglais Jean d'Arondel
et de l'écuyer navarrais Jean Coq. Transporté à Cher-
bourg, puis en Angleterre (3), il se vit imposer une
(1) Chroniques de Froissart, édit. Luce-Raynaud, t. IX, p. 96-99. Cet
épisode est également raconté dans la Chronique de Pierre Cochon, édit.
Beaurepaire, p. 158.
(2) Ce jour est celui où il fit montre à Valognes, avec huit chevaliers
bacheliers et quarante-huit écuyers. (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de
Bretagne, t. II, p. 390.)
(3) Aux dates du 25 mai et du 20 juin 1379, une s°mme de 100 sols est
310
rançon de 40,000 francs, qui ne tarda pas à soulever des
difficultés entre ses vainqueurs. Le 20 octobre 1379, le
roi d'Angleterre dut charger Gui de Brian, Mathieu de
Gournai et Richard d'Abberbury d'examiner les préten-
tions du roi de Navarre, de Jean d'Arondel, maréchal
d'Angleterre, et d'autres chevaliers, qui revendiquaient
Olivier du Guesclin comme leur prisonnier (1). S'il faut
en croire Froissart, la rançon d'Olivier se partagea par
moitié entre les deux capitaines qui l'avaient pris. Le
10 septembre 1380, un sauf-conduit fut accordé par le
roi d'Angleterre aux porteurs de cette rançon (2), et le
13 juillet 1381, un autre sauf-conduit fut donné à
diverses personnes, entre autres à Bertrand du Guesclin,
fils d'Olivier, qui venaient chercher le prisonnier à
Calais (3). Le frère du bon connétable resta donc entre
les mains des Anglais pendant l'espace d'un peu moins
de trois ans. Cette courte période fut féconde en événe-
ments importants. Lorsqu'il revint en France, son frère
Bertrand était mort et Charles V l'avait suivi dans la
tombe. Olivier vint mettre son épée au service du duc
de Bretagne et prit part à la campagne de Flandre de
1382. On connaitses démêlés avec sa belle-sœur, Jeanne
de Laval, veuve de Bertrand, à cause du douaire qu'elle
réclamait sur le comté de Longueville (4), et l'on sait
accordée à Jean Clewel pour conduire de Weymouth à Londres Olivier
du Guesclin, deux écuyers et un valet. (Record Office, Issue Rolls,
2 Rich. II, m. 8.)
(1) Rymer, Fcedera, III, part. 3, p. 90.
(2) lbid., p. 106.
(3) lbid., p. 125.
(4) Les arrêts du Parlement de Paris relatifs à cette affaire ont été publiés
3"
qu'il mourut une vingtaine d'années après son retour
d'Angleterre (i), vers le mois de mars 1403 (v. s.).
Charles VI autorisa ses fidèles sujets de Normandie à
s'imposer extraordinairement pour aider Olivier du
Guesclin à payer sa rançon. Un subside fut levé à cet
effet dans la province, déjà écrasée d'impôts et ruinée par
la guerre. Les Archives Nationales possèdent le compte
des deniers fournis par la vicomte de Pont-Authou. Ils
atteignent la somme de 300 livres, et l'assiette en fut faite
par le vicomte Jean des Wys, sur l'ordre de Guy Chré-
tien, bailli de Rouen et de Gisors. La procuration donnée
par Olivier du Guesclin à Jean des Wys, pour recevoir
cette somme en son nom, est datée de Paris le 18 dé-
cembre 1381. Le compte lui-même doit être de bien peu
de temps postérieur à cette date ; rien n'autorise à l'attri-
buer à Tannée 1387, comme on l'a fait dans les inven-
taires des Archives. C'est un cahier de six feuillets de
parchemin, mesurant 36 centimètres sur 22 et inscrit
sous la cote KK 327. Ce document, dans lequel on
trouve énumérées toutes les paroisses des vicomtes de
Pont-Authou et de Pont-Audemer(2), nous a paru digne
par M. Bertrand de Broussillon dans son Cartulaire de la Maison de Laval,
t. II, p. 827 et suiv.
(r) Olivier du Guesclin dut mourir peu avant le mois de mars 1403
(v. s.). Cette date est celle de la donation faite par le roi Charles VI à
Louis de France, duc de Guyenne, dauphin de Viennois, son fils, du
comté de Longueville et des terres de la Roche-Tesson et d'Anneville,
qu'Olivier avait vendues au roi pour 46,000 livres tournois, les 7-10 octobre
1391, en s'en réservant l'usufruit. (Arch. Nat., ] 211, n°s 44 et 46. —
P. Anselme, Hist. généal., t. VI, p. 187.)
(2) Après la réunion de la Normandie à la couronne, en 1204, Pont-
Authou fut, paraît-il, le siège d'une juridiction royale et d'une vicomte qui
312
d'être publié, à cause des renseignements qu'il fournit sur
la situation respective de ces paroisses. Le chiffre de la
taxe imposée à chacune d'elles a dû, en effet, être établi
d'après le nombre des feux. Ce document présente en
outre un intérêt géographique, puisqu'il fixe les limites
d'une circonscription administrative de la Haute-Nor-
mandie, au début du règne de Charles VI. Enfin, c'est
le seul compte qui ait été signalé jusqu'à présent du sub-
side levé dans la province pour la rançon d'Olivier du
existait encore en 1340. (Charpillon, Dict. bistor. des communes de l'Eure,
t. II, p. 659.) Mais, en 1353, lorsque le roi Jean concéda à Charles le
Mauvais la vicomte de Pont-Audemer, celle de Pont-Authou ne formait
déjà plus une unité administrative. Un mandement de Charles VI à la
Chambre des Comptes (Paris, 8 septembre 1392) nous apprend en effet
que le roi Jean, en faisant cette donation, se réserva les églises cathédrales,
celles de fondation royale, la forêt de Brotonne et six fiefs nobles, à son
choix, « desquelles reservacions, ajoute le mandement, la viconté de Pont-
Autou fu lors créé et ordonnée ». En 1392, Charles VI, ayant appris que
le comte d'Harcourt avait acheté pour 1,200 livres l'un de ces six fiefs
nobles, celui de Bourgtheroulde, craignit qu'il ne l'annexât à son comté ;
il ordonna aux gens des comptes de retenir ce fief pour l'incorporer au
domaine royal, moyennant paiement d'une somme de 1,260 livres. Le
vicomte de Pont-Authou, Jean des Wis, fut chargé de cette opération, et
le fief ainsi acquis augmenta le territoire de sa vicomte (Arch. Nat.
P 1905 1 n. 1917). La réunion des vicomtes de Pont-Authou et de Pont-
Audemer ne remonte donc pas, comme l'affirme Charpillon, à l'année 1353 ;
elle dut suivre bien plutôt la campagne de 1378, au cours de laquelle
Charles V confisqua à son profit les domaines concédés par son père au roi
de Navarre. Les Archives Nationales possèdent, appendu à un acte du
mois de septembre 1379 (J 220, n° 18), le sceau des vicomtes de Pont-
Authou et Pont-Audemer réunies. La face représente un pont à trois
arches baignant dans l'eau, crénelé et surmonté de trois fleurs de lis ; le
contre-sceau est la reproduction réduite de la face. Légende de la face :
Sceau des obligations de\ vicontei du Pont-Audemer ; du contre-sceau : Contre
sceau des obligations de la viconté du Pont-Authou. (Invent, de Douet d'Arcq,
n° 4986.)
313
Guesclin II convient de le rapprocher de ces curieux
fragments de comptes des vicomtes de Pont-Authou et
Pont-Audemer pour les années 1495 et 1496, décou-
verts à Orléans et publiés en 1897, Par M. Vignat, dans
le Bulletin du Comité des travaux historiques (t). La com-
paraison permet de constater, à une centaine d'années
d'intervalle, des différences assez notables, sinon dans
l'étendue de ces deux vicomtes — dont chacune conser-
vait son nom distinct, quoiqu'elles ne formassent plus
qu'une unité administrative — du moins dans le nombre
des sergenteries qui les composaient. Dans le document
mis au jour par les soins de M. Vignat, le compte des
recettes pour les domaines est établi par sergenteries : ce
sont les sergenteries de- Romois, de Quillebeuf, de la
Londe, de Montfort, de Préaux, du Mesnil. Dans un
chapitre intitulé : « Parties d'amendes », se trouvent
également mentionnées la sergenterie de Moyade
(Moyaux), et, plus loin, celles d'Epaigne et de laMaerie.
Mais il n'est question dans les comptes de 1495 ni de la
sergenterie des arrière-fiefs de Lisieux, ni de celle des
arrière-fiefs de Beaumont-le-Roger, ni de celle de Saint-
Evroult, ni de celle de la Chapelle-Bayvel, qui figurent
dans le compte de Jean des Wys. On doit supposer
qu'au cours du xve siècle ces dernières sergenteries
s'étaient confondues avec les précédentes ou que la cir-
conscription même des deux vicomtes réunies avait été
l'objet d'un important remaniement (2)
(i) Bulletin du Comité des travaux historiques, 1897, p. 789-796. Le
vicomte du Pont-Authou et Pont-Audemer était alors Louis de Poncher,
écuyer.
(2) Le Compte de Jean des Wys pourrait faire supposer qu'au début du
3'4
Sans être aussi célèbres qu'Olivier du Guesclin, les
quelques personnages mentionnés dans le compte de
Jean des Wys portent des noms connus des érudits mo-
dernes. Guy Chrétien, qui figure dans ce document en
qualité de bailli de Rouen et de Gisors, s'était vu confier
cette charge importante par Charles V, le 3 octobre 1375.
M. Coville lui a consacré une notice assez détaillée dans
son ouvrage sur les Etats de Normandie (p 324-328).
Pierre de la Rocherousse, qui versa une partie des deniers
reçus à Olivier du Guesclin, doit être identifié avec le
personnage du même nom qui, le 19 décembre 1392,
était nommé par Charles VI capitaine de Saint-Sauveur-
règne de Charles VI il y avait fusion complète, au point de vue adminis-
tratif, entre les vicomtes de Pont-Authou et de Pont-Audemer. En réalité,
rien n'est moins certain. La Bibliothèque Nationale possède en effet deux
fragments de comptes, qui remontent, l'un aux environs de l'année 1380
(Franc. 26017, no 68), et l'autre au mois d'août 1382 ( Franc. 26019,
no 344). La distinction entre les deux vicomtes y est nettement établie.
Dans le compte de 1382, le plus complet, qui s'intitule : Compte de l'aide
ordonnée a estre levée sur les menus breuvaiges et les draps en Normandie, la
vicomte de Pont-Authou se compose des sergenteries des arrières-fiefs de
Moyaux, de l'exemption de Bernay, de Saint-Evroult, des arrières-fiefs de
Préaulx et de Montfort ; dans la vicomte du Pont-Audemer sont rangées les
sergenteries du MesniL de Préaulx et d'Epaignes. Le compte de 1380,
complet pour la vicomte de Pont-Authou, est entièrement conforme au
compte de 1382. On voit que l'un et l'autre présentent de notables différences
avec le compte de Jean des Wys et les fragments de comptes de 1495-1496.
Dans le même ordre d'idées, il convient de signaler un mandement de
Richard de Houdetot, bailli de Rouen et de Gisors, adressé au vicomte du
Pont-Authou et daté de Rouen, le 14 mars 1388 (n. s.). Le bailli fait
remarquer que le bailliage de Pont-Audemer, récemment enclavé dans celui
de Rouen, en a été de nouveau séparé, et il ordonne au vicomte de ne plus
tenir à Monfort les plaids des sergenteries de Romois et de la Londe, mais
d'en reporter le siège au Bourgachard, où il était fixé précédemment (B. N.
Franc. 26022, no 11 58. Original).
3*5
le-Vicomte, aux gages de 800 livres tournois par an, et
qui fit exécuter à ce château d'importantes réparations(i).
Guillaume d'Anfernet, son associé, était seigneur de
Tracy, chambellan du Roi et trésorier des guerres. Un
mandement de Charles V, daté de Saint-Germain-en-
Laye le 9 août 1380, et relatif à la démolition du château
de Tinchebray, lui donne le titre de « bailli des terres
que souloit tenir le roi de Navarre en Costentin » (2) .
En juillet 1385, Charles VI lui accordait la permission
de fortifier son château de Tracy, pour la défense des
villages voisins contre les Anglais et la sécurité du pays de
Vire (3). Le moins connu des personnages cités dans le
compte de Jean des Wys est encore ce dernier lui-même.
Il dut occuper sa charge de vicomte de 1380 à 1395 envi-
ron. La Bibliothèque Nationale possède en effet une
quittance de Richard de Brumare, vicomte de Pont-
Authou, commis sur le fait des ouvrages du navire du
roi et à la garde du Clos des Galées, à Rouen, en date
du 3 novembre 1379 (4). Dès le mois de mai suivant,
nous trouvons Jean des Wys qualifié du titre de vicomte
du Pont-Audemer et chargé d'informer dans l'étendue
de sa vicomte « sur le fait des forfaicturez de ceulx qui
ont tenu ou tiennent le parti du Roy de Navarre. »
(29 mai 1380.) Un fragment de cette curieuse enquête
d) Delisle, Hist. du château et des sires de Saint-Sauveur -le-Vicomte,
P- 243-
(2) Delisle, Mandements et actes divers de Charles V, n« 1947, p. 944-
(jl D'Hozier, Armoriai général, t. VII, p. 13 et suiv. On y trouvera
une notice intéressante sur la famille d'Amphernet, originaire des environs
de Vire.
(4; Bibl. Nat. Nouv. acq. franc. 3654, n<> 82.
3i6
est conservé dans le fonds des Quittances de la Biblio-
thèque Nationale (i). Le 28 octobre 1380, Jean Mau-
viel, procureur de Robert Patry, chevalier, seigneur du
Mesnil-Mauger et de Saint-Denis-le-Vetu, reconnaît
avoir reçu de Jean des Wys, vicomte et receveur du
Pont-Audemer, la somme de 50 livres tournois, moitié
d'une rente de 100 livres qu'il a l'habitude de prendre
chaque année, aux termes de Pâques et de la Saint-
Michel, « entre les assignés à héritage de la viconté du
Pont-Audemer » (2) Les gouverneurs généraux du
subside voté par les Etats de Normandie à Louviers le
17 février 1381 (n. s.) instituent Jean des Wys, à la
requête des habitants du pays, receveur de l'aide aux
vicomtes de Pont-Authou, Pont-de-P Arche , Pont-
Audemer et dans le comté d'Harcourt, pour les terres
entre Seine et Risle (3). Le 23 août 138 1, Huet de
Saint-Erme, receveur général aux diocèses d'Evreux,
Lisieux et Sées, au comté d'Harcourt et en la terre de
Roumois, entre Rille et Seine, des aides nouvellement
ordonnées pour la défense du royaume, reconnaît avoir
reçu, au Bec-Hellouin, de Jean des Wys (Wieux), rece-
veur en ladite terre de Roumois, un acompte de 100 li-
vres tournois sur ce qu'il doit à cause de sa recette (4).
Nous savons par ailleurs que Jean des Wys était vicomte
de Pont-Audemer et, partant, de Pont-Authou, en 1389,
et qu'il fut remplacé quelques années plus tard par Jean
(1) Bib. Nat. Franc. 26017, no 64-65. Original.
(2) Bib. Nat. Franc. 26017, n° 31. Original.
(3) Coville, Les Etats de Normandie, p. 393. L'acte est du 8 avril
1381 (n. s.).
(4) Bib. Nat. Franc. 29232, n» 61435. Original.
317
d'Esquay (i). Ce personnage, dont il paraît difficile
d'établir l'origine, a donc joué dans l'histoire un rôle
assez effacé. Les chroniqueurs de l'époque ne mention-
nent pas son nom et rares sont les documents d'archives
où il figure. En publiant celui-ci, nous rendons à sa
mémoire un véritable service (2).
(1) Charpillon, Dict. histor. des communes de VEure, t. II, p. 652. Un
mandement de Jean de la Tuille, bailli de Rouen et de Gisors, daté du
28 décembre 1392, lui est adressé. (Arch. Nat. P 1905 », n. 1917.) On
le trouve encore mentionné dans une quittance -de Thomas, évêque de
Beauvais, relative à la garde de Martin de Valvandrin, qui possédait un
fief dans la paroisse de Thuit-Hébert (21 février 1393, n. s. — Bib. Nat.
Franc. 29431, n" 65472. Original.)
(2) Il ne faut pas confondre le subside dont il est question dans le
compte de Jean des Wys avec l'aide de 6,000 florins d'or que les Etats de
Normandie votèrent, au mois de novembre 1383, pour délivrer Olivier du
Guesclin. Il s'agissait d'indemniser ce dernier de la somme qu'il avait
dépensée pour racheter a Guy de la Trémoïle et à Jean de Bueil un pri-
sonnier de haute valeur, le capitaine navarrais Ferrando d'Ayens. Olivier
comptait sur cette acquisition pour obtenir sa liberté par voie d'échange.
Mais les officiers du roi refusèrent de laisser partir Ferrando, qu'ils consi-
déraient comme un homme dangereux. Il fallut rembourser à Olivier
du Guesclin la somme qu'il avait dépensée. (Coville, Les Etats de Nor-
mandie, p. 138.) La vicomte de Pont-Authou contribua à cette aide pour
une somme de 500 livres, que Jean des Wys versa, par l'entremise de
Robert Geoffroy, sergent à verge au Châtelet de Paris, entre les mains du
receveur Berthaut A la Dent. Cette opération financière est attestée par un
certificat des « generaulx conseillers a Paris sur le fait des aides ordennez
pour la guerre », daté de Paris, le n février 138;, n. st. (Bib. Nat. Franc.
26020, no 505), et par une quittance de Robert Geoffroy, sergent, qui, le
28 septembre 1385, en son nom et au nom de « quatre compaignons de
cheval », reconnaît avoir reçu de Jean des Wys, vicomte de Pont-Authou,
la somme de 15 livres tournois « pour avoir porté, conduit et mené a ses
propres coux, perilz et despenz, du Bec-Hellouin en la ville de Paris, la somme
de cinq cens livres tournois, pour et ou nom dudit vicomte, et l'en avoir
acquitté devers maistre Berthaut Aladent, commis a recevoir la finance qui
ordenée a esté lever ou pais de Normandie pour Ferrando d'Ayens,
navarrois ». (Bib. Nat. Franc. 26021, n° 781).
?,8
On a jugé inutile d'identifier tous les noms de lieu
mentionnés dans le compte de Jean des Wys. Leur grou-
pement par régions les rend facilement reconnaissables.
En général l'orthographe actuelle diffère peu de l'an-
cienne. C'est seulement lorsque cette différence a paru
de nature à produire une confusion que Ton a indiqué
entre parenthèses la forme sous laquelle le nom de lieu
est connu aujourd'hui.
COMPTE
DE LA VICOMTE DE PONT-AUTHOU POUR LA RANÇON
d'olivier DU GUESCLIN
Le Compte Jehan des Wys, vicomte du Pont- Autou ( i ) ,
de la recepte et despence par lui faite de la somme de
iijc i. t. octryeez en l'an mil CCC III Ixx et un a Monsieur
Ollivier du Guesclin, conte de Longueville et frère du
bon connestable, par les subgés de la dite viconté, pour
lui aider a poier sa ranchon et soy délivrer des ennemis
du Roy nostre sire, asquiex il estoit prisonnier, de
laquelle somme ledit vicontea fait assiete particulière sur
les subgés de ladite viconté par ordenance de maistre Guy
Crestien, lors bailli de Rouen, commissaire du Roy
nostre sire en ceste partie, de Toctroy et consentement de
plusieurs des diz subgés et fait recepte pour ledit conte
par vertu de sa commission, desquelles commissions la
teneur est escripte en la fin de ce compte, et première-
ment de celle du dit maistre Guy.
Recepte.
La sergenterie de la Londe (2).
La parroisse de Bourtheroude vj 1.
(1) En tête est écrit, en caractères plus menus : » Taillia de
iijc 1, t. in vicecomitatu Pontis Autonis pro redemptione domini
Oliveri de Guesclino, comitis Longeville, anno CCC HII** primo. »
_ Et dans la marge : « Littere hujus compoti ponuntur in
xliijo sacco litterarum subsidiorum Normannie, incepto ab anmo CCC
Ulxx lUcio citra. »
(2) La sergenterie de la Londe était une sergenterie mouvante
320
La parroisse de Touberville (i) xl s.
La parroisse de Glos lx s.
La parroisse de Bourneville sur le Bec iiij 1.
La parroisse de Caumont xl s.
La parroisse de Berville en Romoiz v s.
La parroisse du Bec Helluin viij 1.
La parroisse de Baville x s.
La parroisse du Bosc Robert xl s.
La parroisse de Touville lx s.
La parroisse de Houllebec xxx s.
La parroisse de Saint Martin du Parc xxx s.
La parroisse du Pont-Autou xl s.
La parroisse de Malleville xl s.
La parroisse d^ppetot x s.
La parroisse de Saint Eloy de Fourques iiij 1.
La parroisse de Saint Taurin x s.
La parroisse de Touberville xl s.
La parroisse de Gonnouville [Guenouville] xv s.
La parroisse de Hauville vj 1.
La parroisse de Hauguemare xxx s.
La parroisse de Barneville vj 1.
La parroisse de la Londe xl s.
La parroisse du Bosc Benart x s.
La parroisse de Saint-Phillebert de Boessay xxx s.
de la vicomte de Pont-Authou. On trouve aux Archives Nationales,
dans la série P (Chambre des Comptes) l'hommage rendu au roi
Charles VII par Thomas Thibault pour celte sergenterie, en février
1451 (n. s.). (Arch. Nat., P 264', no 602, et P 3o5, 4e part.,
fol. 3g.)
(1) Le vaste territoire qui formait au moyen âge la paroisse de
Thouberville se trouve aujourd'hui réparti entre les quatre com-
munes de la Trinité-de-Thouberville, Saint-Ouen-de-Thouberville,
Caumont et Bourg-Achard.
XXX s.
xl s.
xl s.
xl s.
X s.
xl s.
xl s.
xl s.
321
La parroisse du Tuit Heudebert ( 1 )
La parroisse du luit Hesbert
La parroisse de Saint Denis du Bosc Guerart
La parroisse de Saint Pierre [Saint-Pierre-du-
Boscguérard]
La parroisse de Saint Paul sur Fourques
La parroisse de Berville sur Saine
La parroisse d'Iffreville
La parroisse d^spreville
Summa lxxvij 1. t.
La sergenterie des Arrereffie-^ de Lisieux (2).
La parroisse de Bourneville la Louvet
La parroisse de Tiberville
La parroisse de Piencourt
La parroisse de la Cappelle Harenc
La parroisse de Maerolles
La parroisse de Gourtonne la Murdrac
La parroisse de Saint Liger
La parroisse de Glos sur Lisieux
La parroisse de Fontaines la Louvet
La parroisse des Places
La parroisse de Sirefontaines
La parroisse de Villiers
La parroisse du Mesnil-Guillaume
La parroisse de Saint-Maltin du Val d'Orbec
[ Saint-Martin-de-Mailloc]
La parroisse de Prestreville
{i) Pair, dite Saint-Ouen-de-la-Londe, aujourd'hui Saint-Ouen-du-
Tilleul.
(2) Le 12 juin i382, Jean de Bellemare, écuyer, sergent fieffé
de la sergenterie des arrière-fiefs de Lisieux, rend aveu au roi
Charles VI pour ladite sergenterie, située au bailliage de Rouen,
en la vicomte de Pont-Authou. (Arch. Nat., P. 307, fol. 5, verso.)
21
viij
1.
viij
1.
iiij
1.
lx
s.
lx s.
lx
s.
1
s.
lx
s.
xl
s.
XXV
s.
XX
s.
X
s.
XX
s
X
s.
X
s.
322
La parroisse de Courtonnel
La parroisse de Corps de Bugle
La parroisse de Saint Denis du Val d'Orbec
[Saint-Denis-de-Mailloc]
Summa xlij 1,
La sergenterie de Mont fort (i).
La parroisse de Montfort
La parroisse d'Appeville
La parroisse de Vactetot | Valletot]
La parroisse de Braetot [Brestot)
La parroisse de Collectot
La parroisse d'IUeville
La parroisse de Frelencourt [Flancourtj
La parroisse de Catelon
La parroisse d'Escaquelon
La parroisse de Saint Liger [Saint-Leger-du-
Gennetey]
La parroisse de Voicreville
La parroisse de Tierreville
La parroisse de Saint Phillebert sur Rille
La parroisse de Saint Christophle
La parroisse de Saint Pierre des Ays [Saint-
Pierre-des-Ifs]
La parroisse de Saint Estienne de Lalier
La parroisse de Lanoe [La Noe- Poulain]
La parroisse de Saint George du Vievre
La parroisse de la Lequeroie
La parroisse de Saint Joire du Mesnil [Saint-
Georges-du-Mesnil] xx s.
(i) Montfort-sur-Risle était une sergenterie mouvante de la
vicomte de Pont-Audemcr. (Arch. Nat., P 3o5, 4e part., fol. 2,
12 et 65.)
V s.
V s.
X s.
. V s. t.
XXX s.
XXX s.
XV s.
X s.
XV s.
xl s.
V s.
XX s.
XXX s.
X s.
X s.
XV s.
iiij s.
X s.
XX s
XXX s.
X s.
iiij 1.
XX s.
ni) i.
XXX s.
XX s.
ls.
XX s.
iiij 1.
xl s.
XV s.
x s.
323
La parroisse de Saint Victor d'Espines
La parroisse de Ncufville
La parroisse de Saint Pierre de Salerne
La parroisse de Livet
La parroisse d'Autou
La parroisse de Fresnouze [Freneuse]
La parroisse de Saint Gringoire [Saint-Gré-
goire-du-Vievre]
La parroisse de Saint Benest des Umbres
La parroisse de Corneville
Summa xlij 1. v s. t.
Lasergenterie de Quillebeuf (1).
La parroisse de Quillebeuf vj 1.
La parroisse de Saint-Aubin iiij 1.
La parroisse de Sainte Opportune lx s.
La parroisse de Trouville x 1.
La parroisse du Viel Port xx s.
La parroisse d\Aezié xl s.
La parroisse de Sainte Croix iiij 1.
La parroisse du Maresc Varnier iiij 1.
La parroisse de la Roque lx s.
La parroisse de Saint Sanxon (2) xl s.
Summa xxxix 1. t.
(1) Quillebeuf était une sergenterie mouvante de Pont-Audemer.
Aveu le 3i mnrs 1455 (n. s.) par Guillaume du Fay. (Arch. Nat.,
P 3o5, 4e part., fol. 24.)
(2) Dans le dénombrement fait par Richard, évêque de Dol, le
8 juin i3g2, delà terre de Saint-Samson-sur-Risle, dépendant de
son évêché, il est fait mention de 80 hommes resséants pour les
deux paroisses de Saint-Samson et de la Roque. (Arch. Nat., P 307,
fol. 43, verso.)
324
La sergenterie de Romoys (3).
La parroisse du Bourc Achart vj 1.
La parroisse de Boucquetot lx s.
La parroisse du Lendinc x s.
La parroisse de Guerbaville xl s.
La parroisse du Boscgouet xx s.
La parroisse de Bluiquetuit iiij 1,
La parroisse de Vacteville | Vatteville-la-Rue] lx s.
La parroisse de la Haie de Rontot xl s.
La parroisse de la Haie Auberée lx s.
La parroisse de Bourneville iiij 1.
La parroisse d'Esturville [Etreville] iiij 1.
La parroisse d'Esturqueroye lx s.
La parroisse du Rougemoustier xv s.
La parroisse de Fourmetot xx s.
Summa xxxviij 1. x s. t.
La sergenterie du Mesnil ( i ).
La parroisse de Triqueville xl s.
La parroisse de Fastouville iiij 1.
La parroisse de Toustainville iiij 1.
(3) Le ii mars 1392 (n. s.), Guillaume Taupin, sergent de la
sergenterie fieffée de Romois, rend aveu pour sa femme Marguerite
au roi Charles VI, à cause de ladite sergenterie « située es termes
et metes des viscontez de Pont-Audemer et de Pont-Authou, ou
bailliage de Rouen, en et soux les termes et metes de laquelle sont
comprinses plusieurs villes et teritoires, c'est assavoir le Bouca-
chart, le Vauxgouet, Watheville, Gerbauville, Bugetuit, la Hau-
berée, Luidetot, Coletot et autres. » Il doit au roi service d'un
homme d'armes pendant six jours, à ses frais. S'il décède, laissant
des mineurs, la garde de la sergenterie et de tout leur héritage
reviendra au roi. (Arch. Nat., P 307, fol. 42, verso.)
(1) Le Mesnil était une sergenterie mouvante de Pont-Authou.
Hommage le 23 mars 141 6 (v. s.) par Robin d'Angerville. (Arch.
Nat., V 264', no 679, et P 271', no 4562.)
32)
La parroisse de Foumoville [Fortmoville]
iiij 1.
La parroisse de la Lande
XX s.
La parroisse de Beuzeville
xl s.
La parroisse de Queteville
xl s.
La parroisse de Saint Maclou
XX s.
La parroisse de Saint Pierre du Castel
XX s.
La parroisse de Nostre Dame du Val
XX s.
La parroisse de Conteville.
lx s.
La parroisse de Berville
XX s.
La parroisse de Fiquefleu
XX s.
La parroisse de Saint Supplis
XXX s.
La parroisse d^squainville
XXX s.
Summa
XXX 1. t.
a sergeriterie des arrerefie^ de Beaumont le
Rogier(\).
La parroisse de Mourcenc[Morsan]
v s.
La parroisse de Heuguemanville
XXX s.
La parroisse de Franqueville
xl s.
La parroisse de Boesnay
v s.
La parroisse de Combon
XX s.
La parroisse du Plesseis Mahiel
xl s.
La parroisse du Tilleul dame Agnes
v s.
La parroisse du Barc
v s.
La parroisse de Goupillieres
X s.
La parroisse de Beaumontel avec ceulz de Beau-
mont
X s.
La parroisse de Gatehon (2)
v s.
(1) On trouve un hommage rendu en 1453 par Guillaume le
Loutreul pour la sergenterie des arrière-fiefs de Beaumont-k-
Roger (Arch. Nat., P 2692, n» 3879.)
(2) Gatehon est un ancien fief de la commune du Châtelier-Saint-
Pierre, réunie, en 1792, à celle du Noyer-en-Ouche, canton de Beau-
mesnil, arrondissement de Bernay.
32é
La parroisse de la Roussiere xj s
La parroisse de la Trinicté xx s
La parroisse du Pontchardoa et de Tiergeville lx s.
La parroisse du Sap xx g
La parroisse de Cernay xj s
Summa xvij 1. xv s. t.
La sergenterie de Préaux.
La parroisse de Nostre dame de Préaux lxx s.
La parroisse de Saint Siphorien ixx s#
Les hommes de Tourville et de Saint Germain xl s.
La parroisse de Nostre dame de Selles iiij j.
La parroisse de Campigny \\\\ \
La parroisse de Saint Martin le Viel 1 s.
La parroisse de Gondé jjj: ^
La parroisse de Saint Pol sur Rille ij s. vj d.
Summa xxiij 1. xij s. vj d. t.
La sergenterie de Saint Evroult.
La parroisse du Doyt Ertu xx s
La parroisse de Heugon xx s>
La parroisse de Saint Nicolas des Lettiers xx s.
La parroisse du Boscensoy [Bocquencé] xl s.
La parroisse de Saint Evroult xxxv s.
La parroisse de Touquete xv s.
La parroisse du Sap Andrieu xx s>
La parroisse du Nouyer-Menart xxx s>
La parroisse de la Gaullafriere x s>
Summa x 1. x s. t.
La sergenterie d'Espaigne ( i )
La parroisse d'Espaigne c s<
Summa per se c. s. t.
(i) Le plus ancien hommage que possèdent les Archives Natio-
327
La sergenterie de la Cappelle Bayvel (i)
La parroisse de la Cappelle Bayvel iiij 1-
Summa per se iiij 1. t.
Summa recepte presentiscompoti iij c. xxix 1. xvij s. vj d . t.
Despence
Au dit conte de Longuevillc comptens par Pierre de la
Roche Rousse et Guillaume d'Enfernet, sur ce qui deu
lui estoit dudit aide, appert par sa quictance donnée le
xixeiour d'avril IIII*X et deux après Pasques, rendue
' cl. t.
cy
A lui comptens par Philippin Chauvin sur ce qui deu
lui estoit dudit aide, vij» xiij 1. 1. en une partie et xxx 1. 1.
en une autre qui font en somme ix** iij 1. t., appert par
sa quictance donnée le xxj* jour de juillet oudit an, rendue
ixxx iii 1. t.
pour ce '
A maistre Guy Crestien, lors bailli de Rouen et de
Gisors, pour pluseurs voyages et despens mis et faiz par
lui pour ledit conte en pluseurs ses négoces et besoignes,
corne il appert par sa quictance donnée le vj* jour d'oc-
tobre IIIIXX et deux, rendue cy pour ce xvnj 1.
Summa denariorum traditorum iijc j L. t.
Autre despence
Au viconte pour ses gaiges d'avoir fait la recepte dudit
•a xl. t.
aide
Pour les despens des sergens qui furent avec ledit
nales pour la sergenterie d'Epaignes est celui d'Etienne Halley, du
28 mars 1498 (v. s.). Aveu par le même en février 1499 (v. s.).
(Arch. Nat., P 2632, no 423 ; P 264', nos 643, 659 et 884.)
(1) Robert de Percy rend hommage, en septembre 1410, pour la
Chapelle-Bayvel. (Arch. Nat., P. 2672, n° 2773.)
328
viconte quant ilz firent l'assiette de ce présent
compte xxx s.
Pour parchemin et paine de clerc a fere et doubler ce
présent compte xxiiij s. t.
Summa expense communis xij 1. xiiij s. t.
Summa totalis expense hujus com-
poti iijcxiij 1. xiiij s. t. (i).
Teneur de la commission dudit maistre Guy. Guy
Crestien, bailli de Rouen et de Gisors et commissaire du
Roy nostre sire en ceste partie, au viconte du Pont-Autou
ou a son lieutenant, salut. Nous avons receu les lettres
du Roy nostre sire contenantes la fourme qui ensuit :
Charles, par la grâce de dieu Roy de France, au bailli de
Rouen ou a son lieutenant salut. Comme nostre amé et
féal chevalier Olivier du Guesclin, conte de Longueville,
jadis frère du bon connestable de France feu Bertrand du
Guesclin, ait esté prisonnier de nos ennemis d'Englen-
terre et demouré en leurs mains et prisons longuement
et par eulz mis a si grande et excessive finance et rençon
que bonnement il ne la pourroit poier sanz avoir aide de
nous et de nos subgés, et pour ce, eue consideracion aux
très grans, proufitables et agréables services que ledit feu
Bertran fist en son temps a nostre très chier père, que
Dieu absoille, et a nostre Royaume en maintes manières
et aussi a ceulz que le dit Ollivier a faiz et espérons qu'il
face ou temps advenir, nous ayons voulu, consentu et
acordé que nos subgés, par especial en nostre pays de
Normendie, lui facént telle aide chascun en droit soy
(i) Au bas est écrit : « Auditus ad burellum xiija die aprilis
CCCC IIIIt0 post Pascha — Débet xvij l. xiij s. vj d. Redduntur
régi per statum suum finale, sunt post compotam vicecomitalus
Pontis Autonis et Pontis Audomari de termina S. Michaelis CCC
jUp-x XIII et quictus hic. »
329
comme bon leur semblera, et il soit ainxi que aucuns de
nostre bailliage, qui ont promis et acordé lui aider sont
a présent refusans et rebelles a poier ce a quoy ilz se sont
submiz a lui aider pour la cause dessus dite, si comme
nous avons entendu, nous voulons et vous mandons, en
commettant se mestier est, que touz ceulz qui pour ladite
cause auront promis a poier ou contribuer aucune chose
du leur audit chevalier, que vous trouvères rebelles et
desobeissans, vous contraigniez viguereusement, par
toutes voies et manières raisonnables acoustumées a fere
en tel cas, a poier chascun endroit soy, selon sa faculté et
que promis et acordé auront, comme dit est, et, en cas
d'opposition, faictes aux parties, icelles ouiez, bon et
brief droit, car ainsi nous plaist il estre fait, et a nostre dit
chevalier Pavons octroyé et octroyons par ces présentes
de grâce especial, se mestier est, non obstant quelconques
ordenances ou deffences, faites ou a fere, ad ce contraires.
Donné au Boiz de Vincennes, le xvje jour de décembre,
Fan de grâce mil CGC IIIIxxet un et le second de nostre
règne. A la relacion du conseil, Gontier. Si vous man-
dons, en commectant se mestier est, que les dites lettres
royaux dessus transcriptes vous entérinés et accomplisses
de point en point jouxte leur fourme et teneur et gardés
que deffault n'y ait. Donné à Rouen, le iiije jour de jan-
vier, Tan mil CGC IIIIXX et un.
Teneur de la commission dudit chevalier. Ollivier du
Guesclin, conte de Longueville et seigneur de la Roche
Tesson, A touz ceulz qui ces lettres verront, salut. Savoir
faisons que nous, confians a plain du senz, loyauté et
bonne diligence de nostre bien amé le viconte du Pont
Autou, icelui avons commis et establi et par ces présentes
commectons et establissons receveur de l'aide a nous
330
octryé par les habitans de la ville et viconté dudit lieu du
Pont Auiou et lui avons donné et donnons plain povoir,
auctoritéet mandement especial de cuillir et recevoir ledit
aide, et voulons et nous plaist que ledit vicomte puisse
baillier quictance, soubz son scel ou soubz autre tel qu'il
lui plaira, de ce qu'il aura receu dudit aide, lesquelles
quictances nous voulons estre d'aussy grant valleur comme
elles seroient ou pourroient estre se elles estoient faites
soubz nostre propre scel; et ou cas que ledit viconte seroit
occuppé d'autres besoignes, par quoy il ne pourroit en-
tendre a la recepte de nostre aide, nous voulons qu'il
puisse commectre et instituer a fere la dite recepte telle
personne suffisante comme bon lui semblera, auquel
commis nous donnons aussi grant povoir et semblable
povoir comme audit viconte, et promectons avoir ferme
et estable et agréable tout ce qui par ledit viconte ou son
dit commis sera fait, receu, quicté, sanz ce que pour le
temps advenir nous puissons aller a rencontre en quel-
conques manière que ce soit. Donné a Paris, le xviije jour
de décembre, Tan mil CGC IIIIXX et un.
Arch. Nat, KK. 327. (Parchemin, 6 feuillets.)
DEVIS
POUR LA CONSTRUCTION D'UNE MAISON FORTE A ELBEUF-SUR-
SEINE PENDANT L'OCCUPATION ANGLAISE DU XVe SIECLE
Publié par M. L. RÉGNIER
DEVIS
POUR LA CONSTRUCTION D'UNE MAISON FORTE A ELBEUF-SUR-
SEINE PENDANT INOCCUPATION ANGLAISE DU XVe SIECLE
INTRODUCTION
Pendant l'occupation anglaise de la première moitié
du xve siècle, le comté d'Harcourt et son annexe la sei-
gneurie d'Elbeuf furent aux mains de trois usurpateurs
successifs. Dès le Ier juillet 141 8, le légitime propriétaire,
Jean VII, comte d'Harcourt, s'en voyait dépouillé au
profit de Thomas Beaufort, duc d'Exeter, oncle paternel
du roi Henri V (1). Ce premier intrus étant mort vers
le Ier janvier 1427 (2), le régent, duc de Bedford, s'at-
tribua le comté d'Harcourt, auquel vinrent presque
aussitôt s'ajouter plusieurs terres voisines, le Neubourg,
Combon, la Rivière-Thibouville, données à la duchesse
sa femme, Anne de Bourgogne, après la mort du comte
de Salisbury (3).
(1) Rôles de Bréquigny, n° 205. — Thomas Beaufort était un bâtard
légitimé de Jean de Ghent ou de Gaunt, troisième fils d'Edouard III. — Les
historiens d'Elbeuf font à tort du duc de Clarence (Thomas de Lancastre,
frère cadet de Henri V) le premier seigneur d'Elbeuf sous la domination
anglaise. Voyez notamment H. Saint-Denis, Histoire d'Elbeuf, t. Ier, p. 487
et 509.
(2) 1428 (n. s.). Notice par M. Round dans le Dictionary of national
biography de Leslie Stephen, t. IV, p. 49-50. — M. Doyle (The Officiai
baronage of England, t. Ier, p. 711) donne la date du 30 décembre 1427.
(3) Il y a aux Archives de l'Eure (série E, chartrier du Champ-de-
334
Bedford mourut à son tour le 14 septembre 1435, lais-
sant tous ses biens à sa seconde femme, Jacqueline de
Luxembourg (1), qui dut transiger à ce sujet avec les
héritiers naturels du régent. C'est, du moins, ce que l'on
peut déduire d'un passage de Farin dans lequel sont
indiqués comme héritiers de Bedford « le marquis (sic)
d'Orset et le duc de Glocester » (2) Quoi qu'il en soit,
ce fut à Edmond Beaufort, comte de Dorset, prince du
sang de Lancastre, arrière-petit-flîs d'Edouard ITI, qu'é
chut le comté d'Harcourt, avec ses dépendances (3). Le
premier document dans lequel ce personnage paraisse
avec le titre de comte d'Harcourt est du 25 février
Bataille) le Compte de Johan IVilleton, escuier, recepveur du Neufbourc, Com-
bou, Je la Rivière de Thibouville et du fieu de Bricourt, séant à Bernay, pour
très hault et excellent prince Monseignour le régent de France, conte de Hare-
court, seignour des dites seignouries à cause de ma très redoublée dame Madame
la régente sa compaigne ; ce compte fait depuis le trespas de seignour de noble
memore Monseignour le conte de Sallebery, que Dieu pardont, seignour en son
vivant des dites seignouries de la Rivière et de Brucourt, lequel trespassa le
iiif jour de novembre mil iiijc xxviij ; et ce compte finit le iiijc jour de novem-
bre iiijv xxix. — La date indiquée pour la mort de Salisbury est à noter,
les historiens n'étant pas d'accord sur ce point. — M. Stevenson a publié
(Lettcrs and papers illustrative of the wars of the English in France during
the reign of Henry the sixth, t. II, 2e partie, p. $53) un état sans date du
revenu annuel des comtés d'Harcourt et de Dreux et des autres terres
appartenant personnellement au régent.
(1) Testament publié par M. Charles de Beaurepaire dans la Bibliothèque
de V Ecole des chartes, année 1873, à la suite d'un article intitulé : Fonda-
lions pieuses du duc de Bedford à Rouen (p. 343-386).
(2) Histoire de la ville de Rouen, 1668, in-12, 3e partie, p. 352.
(3) Il ne faut pas oublier que, les concessions de domaines en Normandie
étant faites assez souvent à titre viager (cf. L. Puiseux, VEmigration nor-
mande et la colonisation anglaise en Normandie au XV* siècle, p. 65), Dorset
put profiter d'une donation directe du roi Henri VI.
335
1437 (0- Edmond Beaufort, devenu duc de Somerset,
posséda Harcourt jusqu'à la prise de cette forteresse par
Dunois en août 1449 (2).
Edmond Beaufort était déjà, en août 1428, titulaire
du comté de Mortain (3), qui ne fut de même rendu à
son légitime propriétaire, Charles d'Anjou, comte du
Maine, qu'après l'expulsion des Anglais. Beaufort figure
d'abord dans les documents sous le nom de comte de
Dorset, bien que la charte qui lui confère ce titre ne soit
que du 28 août 1442 (4). A partir de ce moment, il
prend la qualification de marquis de Dorset, parfois celle
de marquis et comte de Dorset (5), jusqu'à ce que, par
(r) 1438 (n. s.) Quittance par Thomas Le Clerc, verdier de Vernon et
d'Harcourt, à Raoul Vigny, chanoine de Rouen, de neuf saluts d'or tou-
chés par lui « de la revenue de la seigneurie de Virey », laquelle somme
le recevant s'engage à bailler à « Monseigneur le conte de Dorset, de Mor-
taing et de Harcourt. » (Arch. de l'Eure, série B, pièces provenant de la
collection Danquin. Cette quittance et le compte de Jean Willeton, cité
dans une note précédente, m'ont été obligeamment signalés par M. Besnier,
archiviste de l'Eure.)
(2) A cette date, Richard Fregneval ou Frognall était le chambellan de
Somerset, « le principal de son hostel, le plus prochain de sa personne et
son bailly d'Harcourt. » (Négociations betvjcen the ambassadors oj France and
England, 1449, publiées par M. Stevenson dans Narratives of the . expulsion
of the English front Normandy, p. 493.) — Un autre document, publié par
le même érudit au t. II (2e partie, p. [622]) de ses Letters and papers, dit
que le château fut rendu par « Jehan Worcestre, capitaine du dit lieu pour
le duc de Somerset. »
(3) Ch. de Beaurepaire, De V administration de la Normandie sous la domi-
nation anglaise, dans Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie,
t. XXIV, p. 194.
(4) Voir une note de MM. Hardy dans leur édition de Wavrin, t. IV,
p. 3$ 3. — M. Doyle (t. III, p. 346) dit que ce fut le 28 août 1441 que
Beaufort fut créé comte de Dorset.
(5) Cf. Stevenson, Lctten and papers, I, 157, 477, 479. 481 ; II, 2e part.,
336
lettres du 3 mars 1447 (1448, n. s.), le roi Henri VI
fasse revivre pour lui le titre de duc de Somerset, créé
en 1443 pour son frère aîné, Jean Beaufort, et dont
celui-ci, mort dès le 27 mai 1444, n'avait pas joui une
année entière (1).
Bien que M. Tipping place le premier commandement
militaire d'Edmond Beaufort sur le continent à la date
de 143 1 (2), on le trouve dès le mois d'août 1428 avec
le titre de connétable de Vost et armée du roi au royaume de
France (3). Il devait être encore bien jeune à cette
époque. On lui fait honneur de la reprise d'Harfleur en
1440. Il eut peu de temps après la capitainerie générale
et le gouvernement du Maine et de l'Anjou. Dès lors, il
vise à la lieutenance générale en France et intrigue, avec
l'appui de son oncle le cardinal Beaufort et du comte de
Suffolk, pour évincer de cette haute situation Richard
Plantagenet, duc d'York, son cousin. On sait comment
le duc d'York, nommé lieutenant général après la mort
de Bedford, fut remplacé successivement par Richard
Beauchamp, comte de Warwick, en 1437, et par Jean
Beaufort, comte de Somerset, en 1439, et combien il
eut de peine à obtenir de nouveau ce poste de confiance
685, 692, 697, [704]. Voir aussi le t. III de l'édition de Mathieu d'Es-
couchy par M. de Beaucourt, p. 170, 171, 174. — Selon Dugdale (Baro-
nage of England, t. II, p. 123), il aurait été fait marquis de Dorset le
24 juin 1443 .
(1) Voir notes de MM. Hardy dans Wavrin, t. IV, p. 349, 350 et 351 .
(2) Dictionary de Stephen, t. IV, p. 38.
(3) Ch. de Beaurepaire, De V administration de la Normandie, p. 194. —
Sur les différentes fonctions militaires et autres remplies par Edmpnd
Beaufort, voyez l'excellent répertoire de M. James Doyle, The officiai baro-
nage of England, t. III , p. 346-347.
337
en 1441. Mais il eut alors à se défendre contre Dorset,
héritier des prétentions et de la rancune de son frère
aîné. Wavrin et Thomas Basin nous font assister à ces
longues compétitions entre le duc d'York et les Beaufort
et aux décisions contradictoires que les adversaires arra-
chaient tour à tour au faible Henri VI. York fut obligé
une seconde fois de quitter la France. Son heureux rival,
devenu duc de Somerset, débarqua en Normandie au
mois de mai 1448 (1) ; mais, l'année suivante, com-
mençait la brillante campagne qui devait mettre fin si
rapidement à la domination anglaise en Normandie. Les
ennemis du gouverneur cherchèrent naturellement à
l'accabler sous la responsabilité de tous ces désastres. Il
tint tête à l'orage et conserva toute son influence. Enfin,
Richard d'York ayant pris les armes, Somerset trouva la
mort, le 22 mai 145 5 , dans la bataille de Saint-Albans,
la première de cette lamentable guerre des Deux-Roses
qui devait pendant trente ans déchirer l'Angleterre.
Il ne saurait être question d'examiner ici dans quelle
mesure le duc de Somerset a pu mériter, en 1448 et 1449,
les accusations de ses compatriotes. Toutefois, la colla-
boration de son beau-frère Talbot (2), dont il fut aidé,
d'après des témoignages contemporains (3), et le soin
(1) Ch. de Beaurepaire, Les Etats de Normandie sous la domination anglaise,
p. 99-
(2) Talbot s'était remarié vers 1433 à Marguerite Beauchamp, fille aînée
de Richard Beauchamp, cinquième comte de Warwick, qui mourut gou-
verneur de Normandie en 1439. Dorset avait épousé en 1435 Eléonore, la
seconde fille de ce même Warwick, alors veuve de Thomas, lord Ross de
Hamlake. (Doyle, III, p. 311 et 347.)
(3) Thomas Basin, éd. Quicherat, t. IV, p. 314 {'Pièces pour l'éclaircisse-
ment de quelques points des histoires de Charles VII et de Louis XI). — Sui-
22
338
qu'il mit à « remparer » les fortifications démantelées et
même à en construire de nouvelles (i), permettent de
penser que la haine des yorkistes chargea plus qu'il ne
convenait la gestion du dernier gouverneur anglais de la
Normandie.
C'est uniquement d'une entreprise privée qu'il s'agit
dans le devis dont on trouvera le texte plus loin. L'ori-
ginal, recueilli par Gaignières, figure aujourd'hui dans
le manuscrit français 20348 de la Bibliothèque nationale.
Ecrit sur papier, il comprend quatre pages et trois lignes,
et occupe les folios 200, 201 et 202 du volume. Les dé-
tails biographiques qui précèdent permettent de suppléer
quelque peu à l'absence de date. C'est entre la mort de
Bedford(i4 septembre 1435) et l'époque (août 1442) où
Edmond Beaufort commença à prendre le titre de mar-
quis de Dorset qu'il faut placer la rédaction de la pièce
dont nous nous occupons, Comme on va le voir, il s'a-
gissait moins d'une forteresse que d'une résidence mise
à l'abri des coups de main par une enceinte d'ailleurs
vant M. Doyle, Talbot fut, de 1448 à 1450, lieutenant de basse Nor-
mandie. Ill'indique même comme ayant été, du 3 octobre 1438 au 2 juillet
1440, gouverneur et lieutenant général de France et de Normandie. (III,
P- 310 -311-)
(1) Il fit bâtir deux forteresses à Mortain et mit en état de défense le
château de Saint- James-de-Beuvron, précédemment démantelé. Cf. Ste-
venson, Letters and papers, t. Ier, p. 211, 245 ; le même, Narratives, p. 402,
440, 467 ; Mathieu d'Escouchy, éd. Beaucourt.. t. III (preuves), p. 213,
220, 227, 232, 236 ; Robert Blondel, éd. Héron, t. II, p. 81. — Somerset
fit visiter les places de basse Normandie par François de Surienne, dit
l'Aragonais. (Thomas Basin, éd. Quicherat, t. IV, p. 324 : Pièces pour
l'éclaircissement, etc.)
339
soigneusement pourvue de tous les moyens de défense
alors en usage. Comme pour le palais de Rouen et le
château d'Harfleur, c'est au bord de l'eau, sur le port,
que l'emplacement avait été choisi. La Seine était, aux
yeux des Anglais, la grande route de leur nouvelle con-
quête, la voie d'accès qu'il fallait toujours surveiller.
Rien n'indique la relation de cette entreprise avec les
ouvrages élevés en 1441 pour fortifier l'île d'Ori-
fosse, située devant Elbeuf, et à laquelle fut donné
depuis le nom d'île de la Bastille (1). On ignore
môme, à vrai dire, si le comte de Dorset réalisa son
projet. Au moment où il faisait rédiger le devis, le
terrain, en effet, n'était pas encore acheté, ainsi que le
rappellent les derniers mots du document. Nous ne sau-
rions dire, par conséquent, s'il faut identifier la maison
forte à laquelle songeait le seigneur d'Elbeuf avec le
château dit du Glayeul, dont un annaliste de la ville,
François Dupont (2), voyait ou croyait voir les vestiges
au xvme siècle (3). Quant aux constructions défensives
(1) Dom Lenoir, La Normandie anciennement pays d'Etats, p. 81, 82 ;
Ch. de Beaurepaire, Les Etats de Normandie sous la domination anglaise,
p. 74 et 75. — M. G. Lefèvre-Pontalis a constaté que la garnison de l'île
de la Bastille comprenait, en 144 1, cinquante-deux hommes d'armes et
archers et une petite flottille de foncets et de baleiniers. (Episodes de l'inva-
sion anglaise : la guerre de partisans dans la haute Normandie, dans la Biblio-
thèque de l'Ecole des chartes, 1893, p. 517.)
(2) Cité par Guilmeth, Histoire de la ville et des environs d'Elbeuf, 2e éd.,
1842, p. 598. Voir aussi Parfait Maille, Recherches sur Elbeuf, t. III,
p. 249.
(3) Guilmeth a publié (op. cit., p. 531, note) un document puisé, dit-il,
dans les rôles de la chancellerie du duché de Normandie pendant le règne
de Henri V, et duquel il tire la conclusion qu'Elbeuf possédait un château
avant la mort de ce souverain. Or, aux mots suivants : « castrum et domi-
340
qui auraient été entreprises à Elbeuf par les Anglais en
1420 et 1424, et dont parle, sans citer de source, un
des historiens locaux (1), on n'en trouve nulle trace
dans les documents.
Que le manoir du comte de Dorset ait été ou non
édifié, la description contenue dans le devis n'en est pas
moins intéressante. Malgré quelques lacunes et obscu-
rités, elle permet assez bien de se représenter par l'ima-
gination ce qu'eût été cette construction après son achè-
vement. Les lettres dont nous avons marqué les diffé-
rents alinéas du document permettront de s'y reporter
et de juger si nous en avons fidèlement interprété les
termes dans l'essai de « restitution » qui va suivre.
Au milieu d'une enceinte de murailles munie d'ouver-
tures pour le tir du canon, de l'arc et de l'arbalète, et dont
le glacis eût plongé dans un fossé rempli d'eau (g, v),
se serait élevé un logis quadrangulaire, parallèle à la
Seine (h) et mesurant 23 mètres de long sur 10 mètres
de large (a). Un rez-de-chaussée et un premier étage,
nium de Alboum » (sic), dont il appuie son opinion, il faut substituer
ceux-ci : « castrum et dominium de Lillebone ». (Cf. Bréquigny, Rôles.
no 205.) — On ignore à quelle époque fut construit le châtean du Glayeul.
Il n'existait vraisemblablement pas encore en 1359, tandis que des actes de
143 1 et 1433 font mention, à Elbeuf, des « fossés » et du « mur du gardin
du chastel ». (Voyez Saint-Denis, op. cit., p. 368, 409-410, 521, $39» 543-)
Rien n'autorise à attribuer ce château aux Anglais.
(1) Guilmeth, p. 529-534- — Cet auteur, ayant trouvé trace dans les
archives de la collégiale de la Saussaye de la possession de l'île d'Orifosse
par le roi d'Angleterre, place hardiment la construction de la Bastille en
1418 (p. 528). Les mentions contenues, à la date 1441, dans l'ouvrage de
" dom Lenoir permettent de prendre une fois de plus l'historien d'Elbeuf en
flagrant délit de mensonge.
34i
de 4 mètres de hauteur chacun, et un second étage de
2 m. 6o, devaient s'y superposer, avec des murs d'un
mètre d'épaisseur (b). Sous une partie de ce logis eût
régné un cellier (j), pour lequel le devis prévoit une voûte
soit en berceau, soit d'ogives (1). A chaque angle du logis,
un gros contrefort carré que la tourelle du sommet nous
fait penser parallèle aux façades, comme à l'époque
romane, et non planté de biais, suivant l'usage du
xve siècle, devait renfermer un cabinet de latrines disposé
à hauteur convenable pour que les différents étages et le
comble eussent respectivement le leur (a). La partie
inférieure serait disposée de façon à ce que les matières
s'écoulent rapidement dans l'eau du fossé (a).
La porte d'entrée de la maison eût occupé le milieu
de la façade tournée vers la Seine. Un escalier devait la
précéder, preuve que le soubassement était prévu d'une
certaine hauteur. Cet escalier serait protégé par un porche
couvert d'ardoise (t) et précédé d'un petit fossé muni
d'un pont-levis. Un parapet empêcherait « que gens et
bestes ne puissent cheoir dedens le dit fossé » (h).
Il semble que l'escalier des étages dût être une tou-
relle extérieure appliquée contre la façade regardant la
ville ; l'emplacement d'une ou deux « vis » plus petites
n'est pas désigné (b, c, t).
Par « huisseries de fenestres de pierre de taille », il
faut entendre le cadre des baies et les meneaux : croix,
trumeau ou simple traverse (d).
(i) C'est ainsi que nous croyons devoir interpréter les expressions du
texte: « lequel cellier sera pavé et fait de maçonnerie et d'eglize (sic). »
Le sens paraît être, en effet : « ... de maçonnerie en manière d'église. »
342
On se figure bien les appartements, avec leurs cloisons
et leurs cheminées de plâtre (s), leurs plafonds portés sur
des poutres, soulagées elles-mêmes par des corbeaux en
pierre (d).
L'écoulement des eaux, dans la cuisine et dans les
cours, est soigneusement prévu. Les cours seront pavées
de grès ou de silex. Un puits y sera creusé « au plus près
de la cuisine » (e, f).
On prévoit un comble « à ansse de panier ». Comme
les dimensions indiquent une toiture à pentes très ra-
pides (n), il faut supposer un système de jambettes et de
contrefiches formant un berceau surbaissé, comme celui
que Viollet-le-Duc a relevé au-dessus de la salle syno-
dale de l'évêché d'Auxerre, construite au xme siècle (1).
L'emplacement assigné aux lucarnes, « tant aux costés
comme es boutz », annonce un comble terminé par des
croupes et non par des pignons (o). Deux chambres en
galetas devaient être ménagées dans le comble, « du
costé de devers les jardins », c'est-à-dire vraisemblable-
ment au midi (a). Une tourelle carrée, en bois, « de la
hauteur d'icelle maison », termine chacun des gros con-
treforts d'angle (p). On y pénètre évidemment du
comble, lui-même accessible par un étage supérieur,
également de bois, qui couronne la tourelle d'esca-
lier (a). Des « bannières » de cuivre, peintes et dorées,
aux armes de « Monseigneur » (2), eussent brillé par-
tout, sur les lucarnes, aux extrémités du comble et au
(1) Cf Dictionnaire d'architecture, t. III, p. 26-29 (%• l9 et 2°)-
(2) Ecartelé de France et d'Angleterre, à la bordure componée d'argent et
d'azur.
343
sommet des tourelles, servant d'amortissement à des
épis de plomb ouvragé (n, p, u).
Ainsi terminée, avec ses quatre hautes tourelles d'angle,
la maison du comte de Dorset aurait eu un aspect tout
britannique bien fait pour réjouir le cœur de son pro-
priétaire.
Ajoutons encore une ou deux réflexions.
Il semble résulter des détails du devis que les extré-
mités du logis donnent directement sur les dehors et que
l'édifice sépare complètement les deux cours. Les murs,
dit le document, seront « talluez et fondez à V endroit
d'iceulxjossez, ung pié plus bas que le fons desdits fossez,
et les murs des piliers semblablement » (b). Donc, les
fossés n'entourent pas le logis tout entier. La nécessité
de protéger le degré extérieur par un petit fossé particu-
lier en est une autre preuve.
On doit remarquer l'absence de détails touchant les
entrées du dehors, vers la ville et vers la Seine. Il est
seulement question de la charpenterie à fournir pour les
« deulx pons levys » et pour les ponts dormants munis
de herses (r).
Rien ne permet de deviner l'auteur du devis. La rédac-
tion prouve seulement qu'il était Français. Nous nous
contenterons de rappeler trois noms. Depuis 1419 jus-
qu'à sa mort, arrivée le 5 janvier 1441 (n. s.), l'archi-
tecte de l'abbaye de Saint-Ouen, Alexandre de Berneval,
fut en même temps maître des œuvres de maçonnerie du
roi au bailliage de Rouen. Immédiatement après, le 23 du
même mois, Simon Le Noir et Jean Wyllemer paraissent
avec le titre de « maistres des euvres de machonnerie et
344
charpenterie du roy nostre sire », dans un procès-verbal
d'expertise dont M. de Beaurepaire a publié le texte et
donné le fac-similé ( i ) .
(i) Notes sur les architectes de Rouen, dans Bulletin des Amis des monu-
ments rouennais, année 1902, p. 91.
DEVIS
POUR LA CONSTRUCTION D'UNE MAISON FORTE A ELBEUF-SUR-
SEINE PENDANT L'OCCUPATION ANGLAISE DU XV" SIECLE
a) Cy enssuit le devis de V ouvrage de maçonnerie que
hault et puissant seigneur monseigneur le conte de
Dorset, de Mortaing et de Harecourt entend faire en
sa ville d'EIlebeuf, en une maison et ediffice fortiffiée
defosse%, au plus près du port ; laquelle maison aura
xij toizes de long ou environ et v toizes de large ou envi-
ron. Et aux quatre cornes aura iiij gros piliers qui sau-
dront(i) oultre les cornes de ladicte maison v piez ou
environ Et aura chacun piller de large vij piez et demi
ou environ, de dehors en dehors, et se trouveront lesaise-
mens en chacun d'iceulx piliers pour servir toutes les
estagcs dudit ediffice.. Et auront les murs d'iceulx pllers
ij piez d'espoisse. Et seront les cieux d'iceulx piliers voû-
tez par dedens oeuvre jusques aux rasemens des terres.
Et y aura essaux par où les matières se wideront ou fons
desditz fossez Et sy seront iceulx aisemens pavez par
leur dessoubz, à pentes raisonnables, affin que les ma-
tières ne demourent dedens lesditz aisemens pour les
emondices etpunaizies qui en pourroient yssir.
b) Et premièrement les murs desditz ediffices auront
trois piez d'espoisse comme il est poutrait sur le parche-
min sur ce fait ; et seront les murs talluez et fondez à
l'endroit d'iceulx fossez ung pié plus bas que le fons des-
(i) Qui feront saillie.
346
ditz fossez, et les murs desditz piliers semblablement;
lesquelx tallus seront sy hault qui pourront résister aux
eaues et crestines ( i } qui y pourroient venir; dont le
premier ediffice aura xij piez de hault, le second estage
autres xij piez, et le tiers estage sera de viij piez, surquoy
le comble -du gallatas serra; et aura oudit ediffice une
grant wys de pierre de taille fournye de ses marches et
noel, comme il est porté sur ledit parchemin.
c) Item aura une petite wys où deulx, si mestier est,
oudit ediffice, où il sera advisé au plus nécessaire que
faire se pourra.
d) Item ledit ediffice sera fournyde huisseries de fenes-
tres de pierre de taille, lesquelz huisseries et fenestres
seront faictes de pierre dure et les marches desdictes wys ;
et sy aura chaynes de pierre dure endroit les trefs (2),
fournys de corbeaux pour soustenir lesditz trefs ; et le
demourant dudit ediffice sera de pierre tendre, de la pierre
d'Orival, et toute ladicte pierre tendre d'estanfische (3). et
seront tous les costez pardedens oeuvre de pierre dure
d'une toize de hault, affin que la pierre tendre ne gaste
les robes (4), et aussi les taillus de ladicte maison endroit
les fossez seront de pierre dure jusques au dessus des
eaues.
e) hem la cuisine dudit lieu sera pavée de dure pierre
à bonne pente, et y aura cahotz par fourme de gargoulle
pour geter les eaues de la cuisine dedens les fossez.
f) Item il y aura ung puis au plus prez de ladicte cui-
sine, le plus parfont que faire se pourra ; et sy seront les
cours pavées de pavement de grès ou de caillou brisés ;
(1) Inondations.
(2) Poutres.
(3) Pierre pour les fondations.
(4) Les parements.
347
lesquelles cours auront pentes raisonnables et cahotz en
plusieurs lieux pour esgouter les eaues, affin que lesdictes
cours se puissent tenir nestes.
g) Item lesdictes cours seront talués et maçonnez de
pierre de taille toutentour par leur dehors, bien et deue-
ment, et au dessus desditz tallus et de l'enrasement des-
dictes cours aura avant mures garniz decarneauxà haul-
teur raisonnable, où il aura archieres, arbalestrieres et
canonnières par tout où il appartendra, pour mieulx
garder ladicte place et pour y mectre guet par nuyt, se
mestier estoit.
h) Item, ou parmy (i) dudit ediffice, et en la court de
devers Seine, aura ung grant degré de pierre dure pour
monter et avaller gens et garnisons en ladicte place quant
mestier en sera; lequel degré montera, le kay, le degré et
les aires, sy hault que les grans eaues n'y pourront venir ;
et au devant d'icellui degré aura ung petit pont levys
pour passer et entrer dedens les ediffices et maison, d'une
toize de large et de ix piez [sic], et au dessoubz, à l'en-
droit d'icellui pont leveys, aura ung petit fossé de trois
toizesde long et de toizeet demie de large autour d'icellui
petit fossé [sic] ; lequel fossé sera tallué de pierre de taille
de viij à ix piez de parfont ; et à l'enrasement de ladicte
court aura ung avant muret sur ledit tallu, de iij piez de
hault et de ung piéd'espoisse, affin que gens ne bestes ne
puissent cheoir dedens ledit fossé.
i) Item, et seront les clouesons et chemynées qui seront
esditz ediffices toutes faictes de piastre, s'il plaist à mondit
seigneur.
j) Item convient faire ung cellier voûté dessoubz la
salle, de iij toizes et demie de long et de deux toizes et
(i) Au milieu.
348
demie de large, lequel cellier sera pavé et fait de maçon-
nerie et d'eglize (sic), en manière que Teaue n'y puisse
entrer, ouquel cellier y aura une trappe à avaler les vins
et ung degré apoteer.
Et peult monter ladicte maçonnerie et pavement, tant
de la cuisine que des cours, environ iijc lxx toizes, qui,
à viîj s. pour toize que les ouvriers en demandent,
an [sic] ouvrant toutes matières, montent ijm vc f.
Carpenterie.
k) Enssuit le devys de la charpenterie qu'il convient
faire sur la maçonnerie cy dessus declairée.
l) Et premièrement il convient en restage d'embas
vij trefs espassés egaument pour porter les planchiers
fournys de solliveaux, lesquelz trefs auront v toises de
long ou environ et xv pousses de reffait en tous sens.
m) Item ou ije estage pareillement.
n) Item convient faire ung comble sur ladicte maçon-
nerie à ansse de pennier, de xi j toizes de long et de v toizes
de large ou environ, et de vj toisses de chevron ou envi-
ron, fourny de chevrons, d'entrefs, de ponçons, de jambes,
esseliers, avccques les plates fourmes et joux tant dehors
que dedens, et les couyaulx pour couvrir ladicte maçon-
nerie, avecques feste et soubz feste et liessons à ce conve-
nables, et les ploncours amortis pour asseoir les plomme-
ryes et banieres.
o) Item, en icellui comble seront fermés vj lucagnes
tant aux costés comme es boutz, chacune de vij piez de
hault et de vj piez de lay, et sera fait en chacune lucagne
ung conple (sic) à tiers point garny d'espy pour mettre
vire victes.
p) Item il convient faire iiij tourelles à iiij coings dudit
ediffice, où il aura en chacune tourelle une estage de bois
3 49
de la hauteur cTicelle maison, et seront icclles tourelles
toutes carrées, de viij piez de large, et sur chacune tou-
relle aura une vire vicie, et sera le comble d 'icelle tou-
relle fermés (sic) à tiers point, et à chacune d'icelle tou-
relle sera fait les bées des fenestres bastardes pour y
donner jour.
q) Item, du costé de devers les jardins, convient, entre
les deulx tourelles, recouvrir deulx chambres et ung degré
de la haulteur desdictes tourelles.
r) Item lesditz carpentiers seront tenuz de faire les
deulx pons levys et le treste dormant, avecques une herche
qui sera sur le pont dormant.
Et^pour ce faire et pour le cariage et abatage du bois
demandent les ouvriers viijc f .
Plastrerie.
s) Pour plastrer les clouesons desthamps (sic) fournys
de cheminées, chambres aisies, plastrer les planchiers et
le galatas par fourme de lambroys, pour plastrer et peine
d'ouvriers, et rendre tout prest les plastreries, en deman-
dent pour ce faire m frans.
Couverture Gardoise.
t) Pour couvrir d'ardoise toute ladicte maison et édit-
rices, c'est assavoir les piliers où sont lesaisemens et deux
chambres, et le degré qui seront dehors ladicte maison,
les ouvriers demandent m vc frans.
Plommerie.
u) Pour plommer toutes les edifficescy dessus nommez,
fournir de banieres de cuivre paintes et dorées aux armes
dhcellui seigneur bien et deuement, ainsi qu'il appar-
tient, le plommier en demande iiijc f.
350
Pyonnerie.
v) Pour faire la pyonnerie où seront assiz les fonde-
mens tant de ladicte maison et ediffices comme des fossez
d'entour, lesquelz fossez contendront v toizes de large ou
environ et ij toizes et demie de parfont ou environ, depuis
l'enrasement des aires dudit hostel jusques au parfont ;
et seront lesditz pyonniers tenuz à tenir les eaues à termes
raisonnables, tellement que les maçons puissent ma-
çonner les fondemens d'iceulx ediffices ainsi qu'il appar-
tient; et pour ce faire demandent les ouvriers vc f.
Somme toute vjm vijc f. ( i )
Et est sans la hucherie, serreurerie, verrerie et autres
habillemens.
Et sans les places sur lesquelles mondit seigneur
entend à faire ;cellui ediffice, qu'il conviendroit achetter.
(i) Environ 260,000 francs de notre monnaie.
EXTRAIT
EN FORME DE REMARQUES COMPILEES
Par M. BIOT,
Prêtre de la paroisse S. -François,
Touchant la ville du Havre -de- Grâce.
INTRODUCTION
L'abbé Pierre Biot (1661-1731) n'est certes pas un
inconnu parmi les annalistes du Havre. Ce n'est pour-
tant que par un ensemble de circonstances, inutiles à
préciser ici, que l'attention vient d'être rappelée sur lui,
juste à propos pour lui faire prendre place dans ce vo-
lume, où abondent les pièces havraises.
L'intérêt propre de Biot, c'est qu'il vient immédiate-
ment après de Marceilles, et qu'ainsi il a été, plus de cin-
quante ans, contemporain des faits qui ont terminé le
second siècle de l'histoire du Havre.
Autant, pour la période antérieure, son récit n'a rien
qui l'autorise, autant ces simples notes d'un témoin ocu-
laire méritent de ne pas rester dans l'oubli. Ainsi en
jugeaient naguère ses compatriotes les plus éclairés; et
la Société a cru bon de commencer la publication à peu
près avec l'année de la naissance du chroniqueur. Elle
imprime donc un peu plus du tiers (pp. 52-80) de son
travail.
En parlant du Rouen sous l'année 1692, Borély {His-
toire du Havre, III, 47) a emprunté quelques phrases à
23
354
M,le Le Golft. Or ces citations se retrouvent mot pour
mot dans l'abbé Biot : ce qui prouve qu'il a été servile-
ment pillé.
Mais Biot n'aurait-il pas lui-même copié autrui ? C'est
ce que vient de se demander la notice qu'en donne
M. l'abbé Anthiaume dans son savant Collège du Havre
(I, 324). Le mot « compiler » du titre ferait déjà seul
croire à l'affirmative, tout en sauvegardant la probité lit-
téraire de l'auteur. Il y a plus : la notice médicale de
1681 est sûrement d'un anonyme ; n'y parle-t-il pas en
première personne de ses « jeunes années » et de « petit
camarade » au xvme siècle, époque où Biot allait at-
teindre la quarantaine.
Du reste, notre choriste de Saint-François ne mit pas
la dernière main à son œuvre. Cela se voit par les dates
qu'il a laissées en blanc ; comme celles dont il n'a tracé
que les deux premiers chiffres attestent son souci de
l'exactitude.
Enfin, par un incident plus fâcheux, le manuscrit si
obligeamment communiqué par M. Marcel Toussaint,
le seul connu apparemment, puisque c'est celui que cite
M. l'abbé Anthiaume comme ayant appartenu à l'histo-
rien ecclésiologique du Havre, l'abbé J.-B. Lecomte, ce
manuscrit n'est pas autographe, ainsi que les dernières
lignes en font foi. Et le copiste y a commis des négli-
gences assez fortes pour qu'un petit nombre de passages
laissent à désirer pour la correction, et parfois même
pour le sens. Sous ces points de vue, le document est
donc médiocre ; mais il est du temps, ce qui en compense
les défauts.
355
L'annotation eût pu aisément devenir copieuse. Di-
vers motifs persuadent à l'éditeur qu'il a suffisamment
rempli sa tâche, s'il présente à ses collègues des Extraits
correctement publiés. C'est affaire aux travailleurs qui
les allégueront de les comparer avec les sources déjà
connues pour en discuter l'exactitude.
A. Tougard.
7 novembre 1905.
EXTRAITS
Par l'Abbé P. Biot.
Duc de S.-Aignan Gouverneur. — M. le duc de S.-
Aignan vint prendre possession du gouvernement du
Havre en Tannée 1664.
Au mois d'octobre, cinquante ou plutôt soixante jeunes
Bourgeois à cheval furent audevant plus de cinq lieues,
avec pareil nombre des villes de Montivilliers et d'Har-
fleur, en tout cent vingt. Ils ramenèrent jusques à la ci-
tadelle. Les cchevins à la tête de la Bourgeoisie sous les
armes Pattendoient à la porte dMngouville avec les clefs
qu'ils lui présentèrent. Il a fait beaucoup de bien à la
ville.
En 1 665, il fit une revue des habitans capables de por-
ter les armes, qui se trouvèrent au nombre de quatre
mille. M. de Montosier, Gouverneur de Normandie,
voulant venir au Havre pour en faire la visite, à cause
qu'on étoit menacé de guerre, M . le duc de S.-Aignan eut
ordre de ne le recevoir que comme un gentilhomme qui
en viendroit voir un autre ; et le sr de Montosier voulant
aller à Fécamp, le duc de S.-Aignan fit [mot effacé) re-
montra au Roy que cette ville avoit toujours été de son
gouvernement. Le Roy érigea alors le Havre en gouver-
nement, et M. le duc de S.-Aignan fit une revue de tout
son gouvernement au mois de juin 1674 dans la cam-
pagne de Fongueusemare, à six lieues du Havre. Toute
la noblesse et les paysans s'y trouvèrent avec la cavalerie
358
des villes du Havre, Montivilliers et Harfleur. Il en
forma une armée d'environ douze mille hommes, la ca-
valerie des villes à la droite, la noblesse à la gauche, et un
corps de réserve avec quatre pièces de canon apportées du
Havre, et le bagage.
Vaisseaux au Havre. — Le Roy, à la sollicitation de
M. Colbert, Intendant des finances, donna un arrest du
Conseil, dans lequel le Roy promettoit donner à ceux
qui feroient bâtir des vaisseaux de cent tonneaux et au-
dessus jusqu'à deux cents, ioo sous pour chaque tonneau
des deniers du trésor royal, et 6 livres pour chaque ton-
neau des vaisseaux qui en excéderoient deux cents, moitié
payable lorsque la quille seroit posée, et l'autre moitié
lorsque le navire seroit lancé à Peau.
Cet arrest eut son exécution pendant quelque tems.
Cela fit bâtir au Havre des vaisseaux beaucoup plus
grands qu'on n'avoit coutume de faire ; et en si grand
nombre, qu'on en a vu plus de cent aller à la morue sur
le banc de Terreneuve, qui étoit le principal commerce
du Havre, où les habitans réussissoient mieux que les
autres : sans compter les autres navigations sur les côtes
du Nord, et les côtes d'Espagne : nonobstant la difficulté
de l'entrée du port qui se bouchoit de tems en tems lors-
qu'il survenoit quelque tempête. Mais aussitôt on ou-
vroit un autre canal tendant au nord-ouest de ladite
entrée : en sorte que le galet se trouvoit poussé tout d'un
coup de l'autre côté du port, et le canal s'augmentoit de
jour en jour par le moyen des barres qui l'envoient du
côté de l'Heure, où il est très utile, comme on verra dans
la suite ; et le port se trouvoit bientôt au premier état.
Pionnage. — C'étoient les habitans qui faisoient ce
travail eux-mêmes, parce qu'ils avoient besoin de leur
port ; et ils étoient commandés par les officiers, comme
359
pour la garde de leur ville, qui leur étoit alors confiée
entièrement. Ce travail s'appeloit le pionnage, lequel,
tout incommode qu'il étoit, leur étoit cependant suppor-
table, parce qu'il n'arrivoit pas souvent, et étoit de peu
de durée, par rapport aux barres qui, étant tout proches,
avoient beaucoup plus d'effet qu'elles n'en auroient au-
jourd'hui ; à joindre qu'on labouroit le sable à la charue
pour l'émouvoir, et qu'on ne portoit que les gros cail-
loux.
Epis. — Ce fut en ce même temps qu'on multiplia les
épis, pour remédier à l'entrée du port qui se bouchoit ; et
il n'y en avoit pas un si grand nombre, à cause de la
digue de la Hèvequi retenoit le galet pendant qu'elle sub-
sistoit, et ce qui étoit bon tant que les épis ont subsisté,
et n'ont point été comblés de galet.
Canal du Havre à Harfleur. — Dans ce même tems
encore, pour déboucher encore plus facilement le port, on
résolut de faire un canal de ladite ville à celle d'Harfleur,
où M. de Colbert avait dessein d'établir des manufac-
tures, ainsi qu'à Montivilliers. Ce fut M. le duc de S.-
Aignan qui conduisit l'ouvrage à sa perfection, non pas
sans chagriner beaucoup de particuliers sur les terres des-
quels passa ledit canal. Mais le peuple négligea bientôt
cette commodité ou canal ; et il s'est presque rempli vers
Harfleur/et ne sert plus à présent que dans la crainte
d'un siège, pour pouvoir introduire les rivières qui se
déchargent dans la mer à Harfleur, par les marais du
Havre, afin de les inonder et rendre la grande barre du
Havre plus abondante et forte pour déboucher le port ;
depuis qu'on a détruit le moulin à l'eau du Gouverneur,
qui étoit au côté de ladite barre, du côté de la citadelle."
Et ce qui est une marque que la mer battoit autrefois près
les murailles du château de Graville et Harfleur, on y
360
trouva une quille de vaisseau de quatre-vingts pieds de
long, qui depuis ce tems s'étoit conservée dans la terre.
J'ai ouï dire aussi à M. Gougeart que, voulant faire un
petit étang, il y a quelques années, au bas de la basse-
cour au dessous de son jardin vers les marais, il avoit
trouvé aussi, en faisant creuser, un mât de vaisseau tout
droit, c'est-à-dire, enfoncé viron de sept pieds, le reste
dans la terre. Il avoit trois pieds de circonférence.
Bateau pour canal. — On bâtit ici, dans le tems qu'on
eut fait le canal, un petit bateau pour la commodité des
Bourgeois pour aller et venir d'Harfleur au Havre, et du
Havre à Harfleur, et porter en cette ville des légumes et
fruits de la vallée. On y travailla même les fêtes de Pâ-
ques ; et cependant il ne servoit jamais.
M. de Colbert — Après le canal fini, M. de Colbert,
qui avoit ordre de visiter toutes les côtes pour faire un
hauvest port dans la Manche, vint au Havre. Il n'en
trouva pas de plus propre, après avoir visité les côtes de
Bretagne, Picardie et Normandie, entre autres Etretat et
la Hogue ; le terrein du Havre étant déjà disposé et propre
à creuser à volonté, si ce n'est à l'entrée du port où il y a
deux roches à cinq ou six toises de l'ancienne jetée de
pierre.
Pour recevoir M. Colbert, M. le duc de S.-Aignan fit
équiper une chaloupe, qu'il envoya à Harfleur par le
nouveau canal. Les habits et bonnets des rameurs étaient
blancs et uniformes. Et M. Colbert s'étant embarqué dans
la chaloupe, les cent vingt cavaliers dont on a parlé, l'ac-
compagnèrent des deux côtés du canal jusqu'au pont des
Ruettes, où il monta en carosse pour entrer dans la ville
par la porte d'Ingouville. Un bataillon de jeunesse au
dessous de vingt ans l'attendoit dans la campagne d'In-
gouville, et le conduisit jusqu'à la citadelle avec les cava-
36,
liers entre deux files de bourgeois sous les armes dans les
rues. On fit alors Fessai de l'inondation par le moyen
dudit canal ; et pendant trois jours, il n'y eut que par la
chaussée seule d'Ingouville que l'on pouvoit entrer dans
la ville, tout le marais étant couvert.
Vases du bassin. — M. Colbert parti, on laissa écouler
l'inondation, et on travailla à vuider les vazes du bassin
qui est entre les paroisses de N.-Dame et S. -François, le
roi Louis XIII Payant fait creuser et murailler lorsqu'il
bâtit la citadelle. On fit un batardeau à quarante ou cin-
quante pieds du pont du côté du port, et les eaux qui se
trouvoient dans le bassin étoient vuidées dans les fossés
de la ville par le moyen d'un moulin tourné par deux
chevaux avec des auges enchaînées qui la jetoient dans
des conduits faits à dessein. De la terre qu'on en tira,
on construisit la demie lune qui est à la pointe du bas-
tion de S -Michel, dans lequel on en fit aussi un cavalier
extraordinairement hault.
Pont aux chaînes. — Au lieu de l'ancien pont qui
n'étoit porté que sur des mats de navire, on en fit cons-
truire un qui se tenoit de deux côtés avec des chaînes de
fer, et qui en s'abaissant se joignoit en voûte au milieu
du passage ; pont à la vérité incommode pour les navires
qui entroient ou sortoient dudit bassin, mais de beaucoup
d'apparence, et pouvait passer pour une très belle pièce.
La Bête du pont. — Un espèce de lutin, si on en croit
la tradition, faisoit le guet aux environs dudit pont, pen-
dant les nuits obscures, pour battre et noyer les passans,
comme il est arrivé à plusieurs. Ledit lutin, traînant des
chaînes, s'est évanoui, lorsque le pont a été démoli. Il se
nommoit la Bête du pont, c'est ainsi que le peuple en a
toujours parlé.
Mais ceux qui n'ajoutoient pas tant de foi aux lutins ni
1,62
aux loups-garous, ont pensé plus juste, en disant que les
matelots, voulant sauver les droits de leurs marchan-
dises, s'étoient avisés de traîner des chaînes, et avoient
battu les gardes de la douane qui rodoient le long du
pont ; et que successivement les uns et les autres n'au-
roient pas laissé que de battre quelques autres personnes
quand ils les prenoient pour des gardes, et de faire peur
à des femmes et à des gens qui leur paroissoient timides,
pour persuader mieux un stratagème qui leur réussissoit
si bien ; et que quand quelqu'un s'était noyé principale-
ment du côté du bastion, que cela seroit arrivé par im-
prudence : car alors le bastion n'étoit pas clos de mu-
railles ; ladite bête ne s'étant jamais fait entendre que
dans les nuits où la lune ne paroissoit point.
Il y avo;t auparavant un très beau pont, qui rompit
pendant une procession et fit noyer beaucoup de monde
en Tannée 16... Quelque temps auparavant, une des
écluses de l'entrée du bassin s'étant rompue, lorsque la
mer étoit haute et agitée et le bassin vuide, plusieurs na-
vires y entrèrent, dont un entre autres fit le tour avec
une rapidité inconcevable,
Arsenal. — Le travail du bassin fut achevé en 1669.
Ensuite le Roy acheta la place de l'hôpital et quelques
maisons proches, dans la rue qui porte encore aujour-
d'hui son nom, et fit construire ce bel arsenal, que nous
voyons sur un carré, environné de magasins haut et bas,
avec une galerie qui règne tout à l'entour de la cour, qui
est fort spacieuse.
Le Roi acheta encore une grande place nommée la
Cour Chevalier, où les habitans faisoient bâtir et radou-
ber leurs vaisseaux ; et de cet endroit on en a fait le chan-
tier pour la construction.
Lorsque ledit arsenal fut achevé, le Roy y envoya un
363
Commissaire Général de Marine, et en 1 68 t un Inten-
dant avec officiers nécessaires et convenables à la réputa-
tion du lieu. Aussi, auparavant que les principaux ar-
méniens se fissent à Brest, tous les Amiraux de France
s'étoient fait un honneur d'être Gouverneurs du Havre.
Hydrographe. — On y établit un professeur d'hydro-
graphie, qui a formé les pilotes les plus expérimentés et
les plus recherchés dans les dernières guerres ; puisque
les amiraux et pilotes et la plupart des autres officiers à
Brest ont été choisis parmi ceux du Havre, qui sont venus
successivement à cette charge par leur mérite et par leurs
services en Part de naviguer.
Corderies. — On construisit aussi deux belles corde-
ries sur les remparts de la ville : la première et la plus
belle entre la porte du Perrey et le bastion Ste-Adresse,
et la seconde entre le bastion de S. -Michel et celui des
Capucins, avec une belle et grande forge, particulièrement
pour les ancres, dans la contregarde de la porte d'Ingou-
ville ; la seconde corderie aux dépens de la Compagnie
d'Orient, dont on parlera cy-après.
Murailles du bassin. — M. Arnouet, intendant de la
marine en 1 6 . . ., fit entourer le bassin de murailles, et le
chantier des vaisseaux de planches ; ce qui fit un tort no-
table aux maisons voisines du bassin.
Hôpital. — On bâtit l'Hôpital-Général à Ingou ville
sur le grand chemin du Havre à Rouen, pour être exposé
à la charité des passans. On avoit dessein de le mettre au
pied de la côte de Sanvic, où étoit la maison du chirur-
gien de la Santé. Sa situation auroit été plus saine, et
auroit eu des eaux. On y en a voulu faire venir là où il
est; mais en vain. Il fut placé sur la terre du sieur de
Grainville (sic) qu'on désintéressa ; et depuis la dame
Dutuit lui a donné la maison qui est au pied de la côte.
3*4
S.-Roch. — La chapelle de S.-Roch étoit et est pour
les personnes attaquées du mal de la peste. Il y avoit dans
le pré plusieurs maisons pour les malades, dont la plu-
part sont tombées par la négligence des MM. de ville. Il y
avoit aussi une maison et jardin proche ladite chapelle
pour un chapelain qui étoit un prêtre de ladite ville. Elle
est pareillement tombée par la même négligence, aussi
bien que la maison du chirurgien qui étoit au bas de la
côte de Sanvic.
On bâtit d'abord la chapelle de l'hôpital et les deux
aîles en 1669 ; le bâtiment qui est dans la cour pour les
sœurs et offices en 1673 ; celui du levant et le moulin en
t 678 ; la grande muraille du cimetière ensuite, et autres
jusqu'en 171 2. Il se nomme PHôpital-Général de la cha-
rité de S. -Jean-Baptiste.
Fontaines. — On fit dans le même temps (1669) de
nouveaux canaux pour les fontaines. Ce fut le frère Cons-
tance, capucin, qui conduisit Fouvrage ; et, au lieu de les
faire venir par S.-Roch, et ensuite par le bastion de Ste-
Adresse du côté de la porte d'Ingouville,. comme les an-
ciennes, il les fit venir par dessous le moulin à vent de
Ste-Adresse. Il y a cinq regards, dont le plus beau et
grand est au bas de la côte de Sanvic, sur la terre du sieur
Gasquerel, bourgeois de cette ville. Les canaux en sont de
grès, et ainsi plus sains. Ces canaux viennent le long de
la chaussée du Perrey, entrent dans la ville parle bastion
de S. -André, d'où ils se répandent dans huit ou neuf fon-
taines. Le seigneur de Vitenval, sur sa plainte, fut dé-
dommagé de ses eaux, mais non le sieur Gasquerel de sa
terre.
Au mois de novembre 1669, le Roy supprima la charge
de Grand-Maître et Surintendant de la navigation et
commerce de France, et voulut rétablir la charge d'Ami-
3^5
rai en faveur du comte de Vermandois, duc de Bourbon
légitimé ; après sa mort, il la donna au comte de Tou-
louse, autre légitimé de Bourbon.
Le navire le Rouen. — En cette même année, le Roy
fit bâtir en cet arsenal un vaisseau de trois cents tonneaux
pour aller en Perse avec un autre vaisseau acheté en
Hollande nommé le Flamant, valant chacun plus d'un
million avec leurs charges. Ils sortirent du Havre, et
furent en rade au dessus de l'Eclat, qui est un petit banc
rond vers la pointe de la Hève, qui ne découvre jamais.
Le vendredi 17 janvier 1676, les officiers du navire le
Rouen (celui qui avoit été bâti en cette ville), ayant filé
les câbles en l'absence du capitaine, sur les neuf heures du
matin, étant deux heures d'ebbe, le navire vint vis-à-vis
le Havre, et ensuite fut se perdre sur les sables, entre la
pointe du Hoc et celle des Neiges. On a vu un de ses
mâts pendant plus de quinze ans debout, le corps du na-
vire ayant été ensablé en peu de tems.
Le capitaine fut condamné à mort par contumace ; et
les autres officiers coupables de la mauvaise manœuvre
condamnés et conduits aux galères, d'autres à servir sans
gages sur les vaisseaux du Roy. On attribue ce naufrage
aux crimes commis sur ledit navire, et aux voleries dans
sa construction et armement, lequel avoit tant coûté que
les clous auroient dû être d'or massif, si on en croit la
tradition des habitans. Cet arrest fut exécuté le huitième
mars suivant. On a voulu plusieurs fois tascher de le re-
lever pour en retirer les effets et le canon qui étoit tout de
bronze ; et on n'y a pu réussir, et tout a été perdu.
Navires de Perse. — Il arriva de Perse au Havre deux
navires revenant de Perse, de plus de quatre cents ton-
neaux. L'un se nommoit le Dauphin, et l'autre le Pais,
chargés d'une infinité de marchandises de Perse et de
366
la Chine, qui attirèrent tant de marchands de tout le
royaume, et gens de qualité, que la plupart furent obligés
de coucher dans leur carosse au milieu de la rue. Au
lieu du navire le Rouen, il partit deux autres vaisseaux
pour la Perse. Mais la jalousie du gouverneur fit que la
Compagnie des Indes quitta ce lieu pour aller s'établir
au Port-Louis.
En Tannée 1675, le régiment Dauphin étant logé chez
le bourgeois, le major eut prise avec le receveur de ville,
au sujet de quelques deniers qu'il devoit payer. Il lui fit
donner dans la rue un soufflet par un soldat. La plainte
portée, information faite et jugement donné, le major fut
dégradé à la tête du régiment, et le soldat condamné
d'avoir le poing coupé. Mais il ne put être arrêté ; et le
major, par maladie, fut seulement obligé à venir, en pré-
sence du lieutenant du Roy et du major de la Ville, de
demander pardon à MM. de Ville et au receveur en par-
ticulier, à Tissue de la grande messe, l'Hôtel-de-Ville
assemblé.
Galeries. — Les galeries autour de la cour de l'Hôtel-
de- Ville furent faites en 1679, comme porte l'inscription
sur la porte ; et les deux du côté de la porte ont été démo-
lies en 17.., par un accident qui arriva à partie d'une des
deux, qui fut entraînée par la populace, lors d'un feu de
joye qui se fit à la place d'armes pour le privilège de
faire venir des marais de Brouage le sel nécessaire pour
la provision des habitans du Havre pour deux ans. [Il]
fut confirmé en 1680.
Accouchement monstrueux . — Le i3 octobre 1681, la
femme de Pierre Mioc, carleur et marinier, accoucha en
cette ville d'un enfant monstrueux au huitième mois et
demi de sa grossesse. Cétoient deux enfants, joints en-
semble, tous deux du sexe féminin. L'un, ayant montré
367
la tête le premier, fut baptisé après avoir donné des mar-
ques de vie. Ils étoient [mot omis\ et bien conformés,
attachés l'un à l'autre par le milieu de la poitrine, ne
composant qu'un seul sternon et le cartilage xiphoïde, en
sorte qu'un se joignoit par son côté droit au côté gauche
de l'autre, quoiqu'ils eussent chacun son épine du dos
très distincte.
Ils avoient deux têtes, quatre bras et quatre jambes. Le
reste des parties externes étoit double, comme pour deux
corps. Il n'y avoit cependant qu'un seul ventre pour les
deux, et un seul umbilic. Son cordon étoit composé de
quatre artères et une seule veine. Ils avoient un anus
bien conditionné. Il n'y avoit que deux mammelles, une
de chaque côté de leur poitrine commune. On trouva que
le ventre étoit commun, au milieu duquel il y avoit un
seul foie plus grand qu'à l'ordinaire, avec une seule vessie
du fiel. Il avoit deux œsophages, par rapport aux
deux cols, deux ventricules, un de chaque côté, des-
quels sortoit un intestin grêle, continuant sa longueur
de même que pourroit être celle du duodénum, qui tous
deux s'unissoient dans le milieu pour y former une ca-
vité membraneuse qui excédoit de beaucoup celle des
deux ventricules, mais si déliée et si claire qu'on la pour-
roit dire autant une dilatation extraordinaire d'un in-
testin grêle, qu'un troisième ventricule, comme plusieurs
estimèrent alors, etc. On y trouva deux cœurs.
Il est à remarquer que ladite femme n'avoit eu aucune
imagination qui aye contribué à la production d'un ac-
couchement si prodigieux. Les savans pourront y faire
réflexion et examiner': i° la cause d'un tel prodige;
20 s'il a eu deux âmes, comme il est bien probable par la
duplicité des parties principales ; 3° si le baptême d'un
est tout à fait inutile à l'autre.
368
Cette femme avoit eu plusieurs enfants parfaits ; mais
celui qui précéda immédiatement le dernier étoit con-
traire à celui-cy et ne sembloit pas moins admirable. Car
elle accoucha à près de sept mois d'un petit fœtus, qui
n'étoit pas plus gros ni plus long qu'un bon doigt ; mais
il étoit aussi bien formé en toutes ses parties extérieures
qu'un enfant de neuf mois ; en sorte qu'il n'y manquoit
que la grandeur et la grosseur convenables. Ce fut le
sieur Pelle le Jeune, maître chirurgien en cette ville, très
expert en cette matière, qui l'accoucha de ce premier, avec
cependant beaucoup de difficulté.
Ledit Pierre Mioc mourut en cette ville au mois de dé-
cembre 1 727. Il a un fils de lui et de cette femme, nommé
Simon Mioc, qui est actuellement au canal de Versailles
en 1 73 1 , où j'ai bu avec lui, ayant été mon petit cama-
rade dans nos jeunes années, en 17...
Bombardement cf Alger et de Gênes. — On équipa en
cet arsenal deux galliotes à bombes pour le bombarde-
ment d'Alger en Tannée 1682. Elles servirent aussi à celui
de Gênes au mois de décembre en 1 685 ; ils étoient soup-
çonnés d'avoir eu part au complot pour brûler les vais-
seaux de Marseilies.
En 1 683, le 26 juin, se fit un grand ouragan et orage,
qui fit tant de désordre, qui abâtit les clochers et trans-
porta celui de S. -Michel, arracha quantité d'arbres d'une
grosseur extraordinaire.
Digue de bois; 1684. — On fit une digue de bois à
l'entrée du port du côté du nord-ouest; à cause que le
port, malgré les épis, se trouvoit bouché. Elle fut de plus
de cent cinquante toises dans la mer, en plusieurs an-
nées. Elle fut commencée en l'année 1684, et a subsisté
en son entier jusqu'à 1705 le trente décembre, qu'une
tempête furieuse en détruisit plus de la moitié. Et tant
369
qu'elle a subsisté, le port fut le meilleur port de France.
Mandarins. — Cette même année 1684, les mandarins
de Siam débarquèrent en ce port pour se rendre à Paris
de la part du roy (de ce pays], pour demander au Roy
son amitié, par le bruit de ses conquêtes, à la persuasion
de M. Constance Anglois, son premier ministre. Il étoit
Grec de nation, et fils d'un cabaretier de Céphalonie.
Statue du Roy. — La ville du Havre se distingua par
sa réjouissance pour la convalescence du Roy d'une dan-
gereuse maladie : et après la révocation de l'édit de
Nantes, elle fit comme les autres villes ériger une statue
de Sa Majesté à la place d'armes sur la fontaine de la
place. Le Roy y est debout, vêtu à la romaine. Elle est
de plâtre et d'une belle couleur de bronze. Sa dépense
monta à plus de 1000 livres.
Arrêt de 1686. — En l'année 1686, les échevins de
la ville et autres officiers ayant été accusés d'avoir abusé
de l'administration des deniers qui leur avoient été con-
fiés ; après les informations, plusieurs furent condamnés
par un arrêt du 4 octobre 1686, à restitution : et cet arrêt
régla aussi plusieurs choses touchant la police de la ville,
par augmentation de l'arrêt 1669.
Ouvrages abattus. — En 1 688 on délibéra de nouveau
si on fortifieroit le Havre, ou si on le démantelleroit.
Mais les raisons qui prévalurent sous le Roy Charles IX,
prévalurent encore en ce tems. C'est pourquoi on démo-
lit avec des mines l'ouvrage de corne que M . le cardinal
de Richelieu avoit fait bâtir ; et en sa place on fit une
demi-lune avec des fossés et des chemins couverts aussi
revêtus, depuis la porte du Perrey jusqu'à la contregarde
de Ste- Adresse ; de même que la demi-lune de la pointe
du bastion de la Musique, sans en creuser beaucoup le
fossé. On fit aussi des cavaliers élevés sur les bastions de
24
370
S. -André et de Ste- Adresse, et on remplit les casemates
qui étoient dans les flancs.
Ruine de Percanville. — On fit aussi, à la citadelle un
chemin couvert vers les champs, avec des palissades et un
avant-fossé large et profond, composé en partie de la
crique de Percanville, dont la ferme (qui appartenoit à
Monseigneur le prince de Conty, marquis de Graville) fut
entièrement rasée, ainsi que les vieilles ruines du vieil
Havre, qui avoient alors encore plus de huit à dix pieds
de hauteur. Les fossés en furent comblés, de manière
qu'à peine y peut-on remarquer la contrescarpe, qui
s'élève à quelques endroits d'environ deux pieds, et forme
quelque marais. Et de tous ces débris il ne reste que les
deux flancs du bastion près de l'église de Leure, qui sont
de maçonnerie et s'élèvent l'un d'environ un pied et
l'autre de trois ; et les bornes se pourroient conserver
longtemps, parce qu'ils séparent les champs dîmables de
la paroisse de Leure, et de celle du Havre.
Chemins couverts et travaux, 1688. — Depuis Tannée
1688 jusqu'en 1690, on construisit des chemins couverts
autour du reste de la ville, et on en approfondit les fossés.
On abattit aussi la tour doise [d'ouest ?], étant devenue
inutile dans les fortifications. Elle étoit au commence-
ment de la jetée du sud-est, à la place de laquelle on y a
fait depuis des meurtrières. On fit aussi un magasin à
poudre, ou plutôt on a renforcé celui qui y étoit, à
l'épreuve de la bombe, qui est dans un ancien bastion de
la ville, lorsqu'elle fut retranchée en 1 55o. On augmenta
aussi et on fortifia celui de la grosse tour, et les quatre
voûtes des quatre bastions de la citadelle, à l'épreuve de
la bombe.
Ce fut en ce même tems qu'un navire apporta de la mer
Méditerranée en cette ville une statue équêtre du Roy,
37'
ébauchée d'un seul morceau de marbre, que Ton poria à
Versailles et qu'on plaça étant achevée. On en avoit fondu
une aussi à Paris pour la ville de Lion, qu'on y trans-
porta de ce port par le Rhône.
Pendant toute la guerre qui dura jusqu'en l'an 1697
qui fut terminée par le traité de Rishuit, Sa Majesté
donna des convois aux vaisseaux marchands pour les
conduire en flotte. Le Havre, comme le meilleur port,
fut le rendez-vous de toutes les flottes, tant pour la Ro-
chelle et lieux circonvoisins que pour Dunkerque et la
côte de Flandre. Sa Majesté faisoit construire tous les
ans un ou deux vaisseaux de soixante à soixante-dix
pièces de canon pour ses armées navales, le magasin de
l'Arcenal étant toujours rempli d'armes et d'agrès pour
établir une armée quand elle y seroit venue.
Armée en rade, 16 go. — Aussi l'armée du Roy, ayant
battu celle d'Angleterre et d'Hollande, vint au mois de
juillet 1690 en la rade du Havre pour y prendre des
rafraîchi ssemens, et débarquer des malades et blessés,
qui causèrent de grandes maladies dans la ville. Ensuite
elle fit descente en Angleterre à Turbayes avec galères
construites à Rochefort, et qui ne se trouvèrent point au
combat, qui auroient fait des merveilles. On dit que la
jalousie des commandans causa leur retardement; d'au-
tres que ce furent les vents contraires. Cette, descente en
Angleterre ne produisit pas grand effet : l'armée retourna
à Brest, et les galères demeurèrent au Havre, qui n'en
put contenir qu'onze à cause des autres vaisseaux.
On construisit en cet arcenal deux galères pour rem-
placer, dans la construction desquelles il entra plus de
bois qu'il n'en faudroit à un vaisseau de soixante canons,
parce qu'on est obligé d'en ôter tout l'aubeau. Voyant
qu'elles étoient inutiles en ces mers, par rapport aux
372
fortes marées, courants et tempêtes ordinaires, on les en-
voya à Rouen, où elles furent dépiécées, excepté quelques-
unes qu'on envoya en divers ports les années suivantes
pour empêcher le bombardement dont ils étoient me-
nacés.
Le Roy, voulant rétablir le roy d'Angleterre dans ses
états, fit équiper tous les vaisseaux marchands des ports
de Normandie pour transporter des troupes en Angle-
terre. Le Havre fut le rendez-vous d'une grande partie, et
la Hougue pour le rendez-vous général avec grand nombre
d'hommes et de chevaux. Il parut en rade quelques An-
glais, mais ils n'osèrent attaquer notre flotte.
Le comte de Tourville, vice-amiral du Ponant, par les
ordres pressans du Roy se rendit à la Hogue, sans at-
tendre le maréchal de Gœuvres, vice-amiral du Levant,
qui par jalousie ou autrement tardoit trop à le joindre,
et de se battre contre les Anglais s'ils s'opposoient à son
dessein.
Navires brûlés à la Hougue. — La reine d'Angle-
terre avoit chargé tous ses capitaines. M . de Tourville
fut battu, et les Anglais brûlèrent la plupart des navires
de transport, et ceux qui s'y étoient retirés et échappés du
combat. Le sieur de Tourville s'y transporta vaillam-
ment ; mais bien le tiers de ses navires furent brûlés par
les Anglois, excepté ceux qui se rendirent à S.-Malo et
au Havre.
Le roy Jacques étoit à la Hogue. On pescha presque
tous les canons de fer et de bronze, par un plongeur
nommé Le Roy, du Havre ; et on les apporta au Havre,
ou ils furent éprouvés derechef; et ceux de bronze qui
ne purent supporter l'épreuve furent mis dans des four-
neaux pour les faire rougir et les casser par morceaux.
On voulut les scier; mais l'ouvrier qui avoit trouvé le
373
secret de faire une scie pour cela très facilement, n'espé-
rant pas de récompense, abandonna l'ouvrage (i).
Tremblement de terre. — Il arriva, en la même année
1692, le 18 septembre, un léger tremblement de terre
qui fut général presque dans toute l'Europe. Il se fit sen-
tir aussi au Havre, sur les trois heures d'après midi, et il
n'y causa aucun dommage. Nous eûmes ensuite des mal-
heurs : car en 1694 le grain fut extrêmement cher par
tout le royaume, et au Havre particulièrement. Il y eut
cependant tant de blé gâté en cette ville, qu'on aima
mieux le laisser gâter que de le donner à bon marché. Il
y avoit en cela des vues particulières.
Bombardement de Dieppe. — Les ennemis s'avisèrent
de bombarder les villes maritimes. Ce fut le 22 juil-
let 1694. Ils commencèrent parla ville de Dieppe, qu'ils
réduisirent en cendres. Ils avoient onze bombardes ou
environ, quarante autres navires, tant gros que petits. Le
bruit des canons et des mortiers s'entendoit de la ville du
Havre par ceux qui étoient sur les chemins couverts.
(1) Voici, surtout à titre de curiosité, comment le contre-coup au
Havre de la bataille de la Hogue est raconté où on n'en chercherait
pas un mot, dans un recueil imprimé à deux cents lieues d'ici.
« Il s'est fait quelque tumulte au Havre contre le sieur Louvigm,
qu'on accuse de n'avoir pas fait son devoir fà la Hogue], et d'être
mal intentionné comme étant nouveau converti. Il a été obligé de
sî retirer dans le fort.
« L'ai irme est grande sur toutes nos côtes ; et le maréchal de
Bellelond est au Havre pour y donner les ordres nécessaires.
« On repêcha à la Hogue plus de deux cents canons qu'on scia en
plusieurs morceaux pour la commodité du transport. On les amena
à Paris pour les faire refondre à Rochefort et à la Rochelle.
« Il y a quelques jours qu'on lança au Havre trois vaisseaux neufs
qui faillirent à périr. »
Galette de Berne (d'après des lettres de Paris), 21 juin, 5 juillet,
27 août et 3 décembre 1692.
374
L'état-major eut avis de ce qui se passoit à Dieppe; cepen-
dant ils en gardoient un profond silence, et on ne pouvoit
savoir aucune chose. Cependant quelques-uns firent enle-
ver leurs meubles, qui furent suivis du reste des habitans.
Bombardement du Havre, i6g4. — On fit travailler à
une batterie près des Tuileries, une autre entre la grande
digue et l'épi à cornes. La flotte ennemie ayant quitté la
rade de Dieppe, parut au Havre le dimanche 26 juillet
sur les dix heures de matin et les deux heures après midi,
par la passée du nord de la petite rade, d'où elle auroit
bombardé sans ladite batterie des Tuileries, qui leur fit
prendre le large. Lorsqu'ils se furent approchés de la ville
avec la marée, on tira sur eux des bastions de la ville, et
sur les cinq heures on leur coula à fond une bombarde ù
deux mortiers, dont presque tout l'équipage fut noyé. Les
Anglais qui sont venus au Havre depuis ont voulu dire
que le feu avoit pris aux poudres par accident de leur
part, ce qui l'avoit fait sauter; mais il est certain que ce
fut par une bombe qui fut jetée de la ville au dessus du
bastion de S^-Adresse, au rapport de ceux qui servoient
le mortier (le sieur Languillet en eut une gratification).
Sur la fin du jour il arriva le maréchal de Ghoiseul. A
son arrivée, on tira cinq coups de canon du bastion de la
Musique, on cria Vive le Roy. Les ennemis, ayant oui
les coups tirés précipitamment, crurent que c'étoit quel-
que magasin à poudre qui étoit sauté par quelqu'une de
leurs bombes.
Le feu des ennemis dura jusqu'au point du jour, sans
qu'on tirât de la ville pendant la nuit qui cachoit leurs
navires. Et s'étant postés dans la fosse de l'Heure, où il
v avoit alors une bonne rade inconnue à nos ingénieurs,
ils prenoient la ville en flanc, et par un lieu où elle n'a-
voit que la grosse tour pour défendre. Ils mirent le feu à
375
une maison qui en consuma encore six autres au voisi-
nage rue des Viviers. Ils jetèrent à cette première fois
viron neuf cents bombes, et auroient peut-être continué
plus longtems, si une grosse pluie, la marée et un fort
vent du sud ne les eût obligés à se retirer à la grande
rade.
Sitôt qu'ils se furent retirés, on perfectionna la batterie
près le grand épi, pour tirer à boulets rouges, comme on
en avoit tiré quelques-uns le jour précédent; et Ton acheva
de déménager la plus grande partie des meubles de la
ville. Le maréchal de Choiseul donna ordre de brûler
toutes les pailles, ce qui couvrit la ville d'une très épaisse
fumée jusqu'à midi, ce qui fit croire aux ennemis que la
ville étoit réduite en cendres comme celle de Dieppe, vu
encore le feu qu'ils avoient vu des maisons dont on vient
de parler.
Mais ils furent bien surpris quand, sur le midi, ils ne
virent aucun dommage apparent. C'est pourquoi ils com-
mencèrent à bombarder la nuit du 28, et jetèrent environ
deux cents bombes, sans causer d'incendie. Enfin le
dimanche ier août, le gros vent s'étant élevé, ils retour-
nèrent sur les quatre heures après midi dans leurs ports.
Il y eut viron en tout cent cinquante maisons endom-
magées ; et l'on compta que les pailles qu'on avoit brûlées,
montoient à plus de 2,000 livres de perte pour les habi-
tans, le reste allant à plus de 3oo,ooo livres.
Vont du Bassin. — En 1690, on construisit un nou-
veau pont au bassin pour passer au quartier de S. -Fran-
çois, au lieu et place du pont aux chaînes. Celui-ci tourne
sur un pivot, comme encore aujourd'hui, une moitié du
côté de N.-Dame, et l'autre du côté de S. -François,
chaque moitié sur un pivot. Ce pont est plus commode,
parce qu'il ne nuit nullement aux navires qui entrent et
37^
qui sortent du bassin, chaque moitié de ce pont se trou-
vant sur les murailles et ne débordant aucunement,
laissant le passage entièrement libre, et d^ne même
ouverture que forment les murailles et les portes. Il n'y
avoit que la moitié du côté de N.-D. qui baculoit pour la
facilité de le fermer; mais ayant été refait de neuf en 17, .
par un charpentier flamand, il a aussi fait baculer celle
du côté de S. -François. Il fit aussi les quatre portes du
bassin de neuf en même tems. Ce fut le sieur Pierre
Derubéqui avoit fait le premier pont tournant.
Nouvelles batteries. — Les années suivantes, après le
bombardement, on fit de nouvelles batteries, ce qui fut
facile à cause de la plus grande partie des canons venus
de la Hogue qui étoient encore au Havre. On en fit une
au fort de Luce ou S.-Aignan avec un mortier, une à
Pépi de S.-Roch, une autre au grand épi en équerrepour
battre sur la rade, et à la fosse de l'Heure, et deux mor-
tiers sur le glacis de la nouvelle demi lune. Six grosses
pièces de canon sur la tête de la digue, et un mortier à
Tentrée sur la jetée du sud ; deux batteries, une de chaque
côté de la tour du Vidame. On garnit de canon le bastion
de la citadelle le plus avancé dans la mer; et la butte ou
école des canonniers, afin de battre à la fosse de l'Heure.
On mit à mi-côte de la Hève deux pièces de canon de
trente-six livres de balle et d^utres petits canons pour
empêcher le passage dans la rade. Mais, par difficultés ou
la perte des ennemis, lorsqu^ls ont eu dessein de bombar-
der, ils ont mieux aimé le faire à S.-Malo ou à Calais
q^au Havre (i ).
Bâtiment des Urselines. — En Tannée i6q5, les dames
religieuses urselines de cette ville firent bâtir leur bâti-
(1) Le Havre fut néanmoins bombardé une seconde fois en 1759.
377
ment nouveau, selon le dessin que leur en donna le sieur
Rolland, ingénieur en chef de la ville. Elles suivirent en
cela la plupart des autres couvents de religieuses qui ont
fait bâtir, pour la dépense desquels bâtiments plusieurs
se sont ruinées ou beaucoup obérées. Celles-ci ont, en
Tannée 1730, fait construire une chapelle neuve dédiée
au Sacré-Cœur, à l'aide de plusieurs habitans qui s'y sont
associés, qui ont beaucoup contribué à l'achever, et peut-
être toute la dépense. Elle est l'aile gauche de leur église,
du côté de l'évangile.
Le Roy créa des maires et officiers dans plusieurs villes
avec des privilèges; il en créa aussi pour le Havre. On
acheta celle de maire, ce qui fut à charge à la ville,
n'ayant point de deniers. Par la recommandation de
M, de Beauvilliers, gouverneur du Havre, les soldats qui
étoient chez le bourgeois, logèrent dans les cazernes delà
citadelle qui étoient en grand nombre; ce qui fit une
grande décharge aux bourgeois.
En 1697, après la paix conclue à Risuich, toutes les
batteries furent démontées, excepté celle de la grande
digue.
Les compagnies du Sénégal et de Salé s'établirent au
Havre; mais elles ne purent subsister par les grandes
dépenses des commis.
En l'année 1700, les maire et échevinsde la ville firent
construire une nouvelle horloge, pour mettre en la place
de l'ancienne, trop ancienne et usée, dans le clocher de
N.-Dame. Ce fut un nommé Renaut de Bolbec qui la
travailla. Il eut très peu pour son travail ; aussi n'est-il
pas fini, comme il devrait. Il fit aussi par leur ordre un
mouvement pour mettre une montre près la porte du
Perrey, et une autre pour mettre sur la porte d'Ingou-
ville, où elles sont actuellement, excepté la montre de
378
dessus la porte d'Ingouville, qui fut endommagée par le
tonnerre, et Ton fut obligé d'en faire refaire une autre
en 1730.
Nouvelles batteries. — Des ennemis puissants mena-
çant la France en 1705, on mit en délibération si on ne
démantelleroit pas le Havre. La négative l'emporta encore
cette fois. On rétablit les susdites batteries, et on en fit
encore une nouvelle vis-à-vis du fort de Ste-Adresse, avec
des retranchemens depuis le pied de la côte et Croix de
Ste-Adresse, jusqu'au fort de S.-Aignan.
Ouragan. — Le 3o décembre en Tannée 1705, il se fit
un coup de vent la nuit jusqu'à midi des plus extraordi-
naires, puisque le mercure dans le tube du baromètre
baissa jusqu'à vingt-six pouces deux lignes, lieu où il n'a
pas descendu depuis ce tems, excepté le 1 8 décembre 1 724,
comme on dira.
Cet ouragan renversa et emporta la moitié de la grande
jetée de bois du nord-ouest et la batterie qui étoit sur le
bout, combla presque l'entrée du port de galet, fit couler
plusieurs navires dans le port. L'eau passa par dessus le
quai et les bisquines des lamaneurs venoient avec les
vagues sur la Place d'Armes. L'eau fut dans la rue
S. -Julien et dans celle de la Fontaine de S. -François,
passant par l'égoût qui va dans le quai. Plusieurs navires
eurent leurs amarres cassées, et furent l'un sur l'autre à
l'écluse de la Barrière. Les flots rompirent aussi le perrey
de l'Heure en plusieurs endroits et la mer entra dans la
plaine de l'Heure. Le poudrin des vagues et de la mer
passoit par dessus le Havre, et alloit jusqu'au dessus de la
ferme de Tourneville.
On auroit continué en 1706 la jetée du sud environ
trente toises, dans le dessein de la prolonger. Mais cet
379
accident de 1705, dont on vient de parler, rompit ce
dessein.
On résolut de faire une digue de pierre, contre et joi-
gnant la grande digue de bois du nord-ouest. On la
poussa viron quarante toises au bout de l'ancienne tête
de pierre. Mais un autre coup de vent ayant presque bou-
ché le port, on cessa les travaux jusqu'en r 71 1.
La voûte de la grosse tour tomba en 1 708, par la né-
gligence de ceux qui auroient dû en avoir soin. On a
négligé cette réparation jusqu'en 1725. '
Continuation de la Digue. — Pendant Tannée 171 r,
on recommença à travailler à la digue de pierre, par le
milieu, au lieu du bout où on avoit achevé Tannée pré-
cédente. On se servit d'eau douce pour détremper la
chaux, qu'on tira des fontaines de la ville par un peut
conduit et canal, qui viennent dans un bassin proche de
la jetée; et on ne se servit plus d'eaux salées.
Il arriva plusieurs contestations sur ces travaux. Les
uns disoient qu'on fermoit l'entrée du port par l'angle
qu'on faisoit ; et les anciens capitaines soutenoient qu'elle
étoit bonne, et qu'elle mettoit à l'abri les navires dans
le port par une espèce d'angle qu'elle forme au milieu, en
poussant le bout au nord, qui font amortir et tuent les
vagues, ce qu'on a expérimenté depuis. Le sieur Le
Febvre, ingénieur en chef, suivit en ce faisant, le senti-
ment des capitaines anciens.
Second tremblement de terre, iyii. — Le 6 octo-
bre 171 1, à huit heures douze minutes ou viron du soir,
la terre trembla II se fit deux secousses ou tremblemens;
le premier parut un peu moindre que le second . Il sembloit
que la terre alloit du nord au sud, puis revenoit, On
entendit dans l'air pendant ce tems-là un certain bruit
confus : on ne pouvoit distinguer ce que c etoit (on dit
380
qu'on remarque cela ordinairement quand la terre
tremble, aux lieux que cela arrive souvent).
On dit qu'on entendit sonner la petite cloche de l'é-
glise S. ^François qui sonne les heures, et les tinterelles
de celles de N.-Dame. Les oiseaux en cage s'éveillèrent et
voltigèrent dans leur cage. Ces deux secousses ensemble
durèrent viron l'espace de trois minutes : ceux qui étoient
aux hauts étages des maisons s'en aperçurent davantage.
Curés. — Pour ce qui regarde les églises, dont on n'a
plus parlé depuis Tannée i638, M. Rolland Lhérel fut
curé jusqu'en l'année 1644. M. Gaulde lui succéda; mais
il quitta sa cure, pour être chanoine et grand vicaire à
Rouen. M. Gimar vint ensuite, qui la quitta aussi pour
être grand pénitencier à Beauvais. M. Jean Dufestel y fut
viron un an : d'autres disent qu'il étoit seulement à la
citadelle, où il y avoit lors des fonts; et le bénitier d'à-
présent de la chapelle servoit de cuve auxdits fonts.
M. Michel Bourdon, originaire du Havre, le fut ensuite
M posséda cette cure quelque tems, puis il la résigna,
parce qu'il avoit reçu un soufflet d'un officier de la gar-
nison, qui croyoit avoir été trop désigné dans les sermons
que le sieur curé faisoit. Il fut conseillé de se défaire de
sa cure, ce qu'il fit en faveur de M. Jean-Baptiste Declieu,
du consentement de M. le prince de Conti, seigneur de
Graville. Et ensuite ledit sieur Bourdon fut à Limoges,
où il fut grand pénitencier, et où il décéda en 1706. Ce
fut M. Bourdon qui fit bâtir la Communauté ou le sémi-
naire des prêtres et de S. -Charles en l'année Il fut
aidé de MM. Bailleul, Grenier, le Berquier, le Cheval-
lier, et encore quelques autres. Il y avoit alors encore un
étage plus qu'aujourd'hui, qu'on a été contraint d'a-
battre. La chapelle pour les infirmes étoit au dernier
étage.
38.
Le sieur Declieu fit bâtir la chapelle de S. -Charles près
et au derrière de ladite Communauté, en Tannée 1680,
sur les fonds qu'il avoit acquis des nommées paillette et
autres. Il y a trois autels, dont celui du fond a quelque
rapport à celui du milieu du dôme de l'Hôtel royal des
Invalides à Paris, un autre de l'image de la Ste-Vierge, et
le troisième de S. -Charles, sur lequel donne une chambre
ou infirmerie des prêtres malades de leur Communauté.
Il y a autour de cette chapelle des armoiries encadrées
dans des couronnes d'épines et le nom de Jésus, avec des
clous et autres instrumens de la Passion de Notre-Sei-
gneur J.-C, et quelques petites croix tirées des armes de
sa famille. Il y a au plafond du dôme une lanterne vitrée
en forme de clocher, au milieu du dessus de ladite cha-
pelle, un crucifix en peinture qui est plat, et qui paroît
d'en bas et point de vue debout, qui est une pièce très
estimée.
Cette chapelle lui a coûté io,5oo livres. Quelques-uns
ont prétendu qu'elle a été construite des donations et
aumônes que ledit sieur curé avoit attirées des âmes
pieuses.
Il est décédé le 1 719. Le sieur Jérôme Pou-
get, docteur es décrets, natif de , lui a succédé, sur la
démission que lui fit M. Dorigny du consentement de
M. le prince de Conti, seigneur de Graville, et par la
permutation que lui fit M. Dorigny de ladite cure, qui en
prit possession le contre un petit prieuré estimé
800 livres, qu'avoit M. Pouget, qui étoit porte-Dieu à
Bonne-Nouvelle, proche Paris, qui en prit possession
le
Eglise S. -François. — L'église S. -François fut en-
tièrement achevée en 1687. En 1671 on plaça la contre-
table du chœur qui fut lambrissé en 1672. En l'année
382
i68o, on acheva les murailles des chapelles du côté du
nord, avec trois vitres qui restoient à placer; et on mit
une horloge sur le portail du midi. En 1687 on fit les
dernières voûtes de ce côté-là; et en 1692, on fit placer la
cloche de l'horloge provenante des amendes payées au
siège du bailliage, à rencontre de quelques reîigionnaires
qui avoient commis des irrévérences lors de l'inhumation
d'un corps, et lorsqu'on portoit le S. -Sacrement à quel-
ques malades. Auparavant Prieure sonnoit sur la grosse
cloche de ladite église.
Doyenné du Havre. — La cure d'Ingouville étant un
des bénéfices les plus distingués du royaume après les
évêchés, on démembra du doyenné de S.-Romain-de-
Golbosc, après le décès de Me Pierre Simenel, bachelier
de Sorbonne et curé de S. -Nicolas de l'Heure, qui rétoit
[doyen] de son vivant, toutes les paroisses voisines de la
mer, au nombre de trente-huit. En l'année 1697, on
forma le doyenné du Havre, et le curé-doyen
[lacune]. Mais ii s'en démit à cause du travail et de rem-
barras de sa cure.
Banc au chœur de N.-Dame. — M. le prince de Conti
fit en l'année placer un banc dans le chœur de
N.-Dame, du côté de l'évangile, comme seigneur de Gra-
ville et patron de ladite église, avec ses armes au-dessus
contre le pilier; et depuis ce temps-là on ne dit plus le
curé d'Ingouville qu'à l'archevêché, mais le curé du
Havre.
Tous les culs de lampe qui pendoient aux ceintres de
toutes les voûtes de l'église de N.-Dame, qui étoient
très superbes et estimés pour le travail en sculpture et
beauté, qui étoient de pierre, furent abattus et retirés,
ainsi que les armoiries qui étoient à quelques-uns ; parce
que quelques-unes tombèrent par leur propre poids et
383
par la faute de la verge de fer qui étoit dedans et qui les
soutenoit, laquelle s etoit consumée par la rouille. On ne
mit plus que les armoiries du Roy sur une plaque de fer-
blanc au dessus du maître -autel.
On célébra un service solennel en 1 église de N.-D. le
5 septembre pour Mgr Louis Dauphin de France (î). Il
y avoit un mausolée de six pieds en carré et quinze de
haut, avec une pyramide de douze pieds. M. de Clieu
curé officia, fit l'oraison funèbre, et prit pour texte
Regnum meum non est de hoc mundo.
Achevé ceci sur l'original qu 'avoit fait le sieur Biot
prêtre, décédé en ij3i, qui a gouverné jusqu'à son
décès les horloges de N.-Dame, S. -François, et les
montres du Perrey et porte d'Ingouville, qui sont entre
les mains du sieur Vieillard, cirier, qui a le même soin
des horloges. Ce /er mars ij32.
(i) Vraisemblablement le «grand dauphin», fils de Louis XIV et
grand-père de Louis XV, mort le 14 avril 171 1.
TABLE
Pages
Compte des dépenses de l'abbaye de Fécamp, à l'occasion
d'une enquête par tourbes, faite à Rouen et à Caudcbec
vers 1410, publié par M. Ch. de Beaurepaire 7
Ancien coutumier de l'église cathédrale d'Evreux, vulgaire-
ment appelé Hunaud, publié d'après une copie du xvne siècle
et annoté par M. l'abbé F. Blanq.uart 37
Documents relatifs à la marine normande aux xve et xvie
siècles, publiés par MM. Ch. Bréard et Philippe Barrey. 203
Extraits de comptes des guerres. Gens de guerre du Cotentin,
1340. Garnison normande de Guernesey, 13 40- 1344. Pu-
bliés par M. Léopold Delisle 291
Compte de la vicomte de Pont-Authou pour la rançon d'Oli-
vier du Guesclin, publié par M. P. Le Cacheux 307
Devis pour la construction d'une maison forte à Elbeuf-sur-
Seine, pendant l'occupation anglaise du xve siècle, publié
par M. L. Régnier 331
Extrait en forme de remarques compilées par M. Biot, prêtre
de la paroisse Saint-François, touchant la ville du Hâvre-
de-Grâce 351
La Bibliothèque
Université d'Ottawa
Échéance
The Library
University of Ottawa
Date due
a39003 002980638b
CE OC 0611
.N842S6 1891
CGC SOCIETE
ACC* 1071428
V006
DE L
MELANGES