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EX LIBRIS
! NATHANIEL SOUTHGATE SHALER
I MIN CM AU Lim.
HARVARD UNIVERSITY
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MIKCVtAUUm
From che Libnuy of
JAY BACKUS WOODWORTH
CbMof 1894
TEACHBR OF GBOLOGY AT HARVARD
FROM 1894 TO 1929
TheGiftof
G. S. HOLDEN R. W. SAYLBS
R. A. F. PENROSB B. WIGGLESWORTH
^
JigitizedbyU oOgle
MAR 1 e 1950
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ESSAI GEOGNOSTIQUE
SUR
LE GISEMENT DES ROCHES
PANS LES DEUX HÉMISPHÈRES.
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STJUSBOURG^ DI l'iBIPBIUIRII OI V. G* UEVllOU»
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ESSAI GÉOGMOSTIQUE
SUR LE
GISEMENT DESt BOCHES
DANS LES DEUX HÉMISPHÈRES.
FAR
ALEXANDRE DE HVMBOLDT.
2.* EDITION^ CONFORME A LA PREMIERE.'
PARIS,
CHEZ F. G, LEVRATJLT, RUE DE LA HARPE, K.*^ 8l J
STRASBOURG,
MÊME MAISON, RUE DES JUIFS, TS.^ 33«
1826.
■ .~ Digitizedby vjOOQIC
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PRÉFACE.
Xj'ovtràge que je soumets au jugement des gëo-
gnostes , embrasse pour ainsi dire toute la gëognosîe
positive. Si j'avois atteint le but que je me suis pro*
posé, les phénomènes de superposition les plus re-
marquables qu'offrent les deux continens, au nord
et au sud de Téquateur, devroient y être consignes
et disposés dans l'ordre de leur enchaînement mu«
tîieL Je n'ose me flatter d'avoir réussi à renfermer
dans un cadre étroit une si grande variété d'objets;
j'espère cependant que mon travail offrira deux genres
d'intérêt, celui de faire connoitre une masse considé-
rable d'observations qui n'ont pas été publiées jus*-
qu'ici, et celui de présenter quelques vues générales
sur la succession des roches considérées comme
ietmes d'une série simple jou périodique.
La comparaison des roches de l'ancien monde avec
les rodies de la Cordillère des Andes, se fonde exclu-
sivement sur mes propres recherches. Pour me pré-
munir contre le danger des premières impressions ou
des erreurs qui naissent de certaines préventions dog-
matiques, j'ai relu dans ces derniers mois tous les
manuscrits que j'ai rapportés de mon yoyage; j'ai
comparé les descriptions aux coupes et aux profils des
montagnes , qui ont été tracés sur les lieux. Après avoir
discuté l'ensemble des rapports géognostiques , je me
suis arrêté à ce qui m'a paru le plus certain ou le plus
probable. Partout j'ai annoncé avec franchise ce qui
exige un examen plus approfondi. Avant d'appliquer
aux formations des Andes, de l'Oréaoque, de l'Amaasone
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( vj )
ou de la Nouvelle -Espagne des noms s jstematîqiies ,
j'ai de'crit leurs rapports divers de gisement, de com-
position et déstructure. Cette méthode, que j ai cons-
tamment suivie, mettra le lecteur en état de prononcer
plus facilement sur le degré de confiance que méritent
mes déterminations. Si Ton se rappelle qu'avant mon
voyage dans l'Amérique équinoxiale presque aucune
roche de ces contrées n'avoit été nommée, que je n'ai
pu être guidé dans l'étude des superpositions par au*
cunq observatioh antérieure, on sera moins étonné,
je l'espère, de trouver que toutes mes descriptions ne
sont pas également complètes. Les articles que j'ai
consacrés aux diverses formations, sont d'une étendue
inhale, selon le nombre plus ou moins grand des
&its nouveaux que j'ai pu y ajouter.
Dans cet Essai géognostique , comme dans mes
Eechercbes sur les ligièes isothermes , sur la géogra-
phie des plantes, et sur les lois que l'on observe dans
la distribution des /ormes organiques <, j'ai tâchée, tout
en exposant le détail des phénomènes, de généraliser
les idées, et d'aborder quelques-unes des grandes
questions de la philosophie naturelle. J'ai insisté prin-
cipalement sur les phénomènes d! alternance , di oscil-
lation et de suppression locale , sur ceux que pré-
sentent lès passages des formations les unes aux autres
par l'effet d'un déi^eloppement intérieur. Ces questions
ne sont pas de vagues spéculations théoriques : loin
d'être infructueuses, elles conduisent à la connoissance
des lois de la nature. Cest rabaisser les sciences que de
fitire dépendre uniquement leurs progrèi» de l'accu-
mulation et de l'étude des phénomènes particuliers.
Le tableau des gisemens que je publie aujourd'hui^
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( VÎ} )
a été aniioncé depuis un grand noiid>re d'années. La
diéfiance avec laquelle on livre à Timpression des oa«
vrages lang-temps attendus /auroit peut-être encore
retarda cette publication » si les devoirs de Tamitié ne
m'y avoient forcé. Un de ces hommes estimables et
utiles qui, d^à pendant leur vie, reçoivent de leurs
concitoyens le tribut de reconnoissance qu'ib ont mé-
rite, M. Levrault 9 recteur de l'Académie de Strasbourg,
dësiroit ma participation à la grande entreprise litté-
i^aire qu'il a confiée aux câèbres professeurs Au Jardin
du Roi. Il sut vaincre fiicilement la répugnance que
j'ai toujours eue pour ce genre de travaux* Je lui
promis de me charger, pour son Dictionnaire des
sciences naturelles, de l'article Géographie des plan^
tes. Des occupations imprévues m'ayant empêché de
remplir ma promesse^ cet article a été rédigé par
M. De Candolle<avec le talent distingué qui caractérise
tous ses ouvrages; Je n'y ai ajouté que les Recherches,
sur les rapports numériques dés formes végétales et
sur la distributioT^ de ces formes entre les différens
climats. Par une espèce de compensation j'offris de
me charger d'un article de géognosie, dans lequel la
description de tous les terrains se J;rouveroit réunie.
C'est cet article qui paroit aujourd'hui imprimé sépa-
rément» Il est à peu près de la même étendue que
l'article Terrain ^ qu'un excellent géognosie, M. de
Bonnard , a donné dans le Dictionnaire ^histoire
naturelle , moins volumineux , publié par M. Déler-
ville. On a cru qu'il valoit mieux exposer les £iits les
plus importans dans leur liaison naturelle, que de cou-
sacrer quarante articles à quarante ybr#7ia//oii5 indé-^
pendantes^
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r ( VÎij )
Tai mis un soin particulier à Hnclication des lieM
qui* offrent les phénomènes de gisement les plus in-^
téressans. Ty ai souvent ajouté les résultats de mes
mesures barométri<}ues ^ et lorsqu'il est question de
pays dont les cartes sont très-^imparfaites, j'ai indiqué
les latitudes telles que je les ai déterminées par des
observations astronomiques pendant le cours de mes
excursions dans les Cordillères.:
J'ai exposé, à la fin de l'ouvrage, lespripcipes d'une
Pasigraphie geognostique. €'ai voulu prouver que ^
par le moyen d'une notation très-simple, et en faisant
abstraction de la composition et de la structure des
roches, on peu^ exprimer rapidement les rapports les
plus compliqués qu'offrent le gisement et le retour
périodique des formations. Ces artifices de notation,
cette concision du lang^ige font reconnoitre l'identité
de phénomènes qui , masqués par des circonstances
accidentelles, auroient au premier abord paru très-
différens. La notation pasigraphique qui procède par
séries , et qui offre presique ^une méthode algorOh-
miquéy est plus susceptible de perfection que la pasi*
graphie imitatiçe ou figurée. L'une et l'autre me pa*
roissent de quelque importance pour la géognosie;
car il en est de ce langage pasigraphique comme des
langues en général : la clarté des idées augmente à
mesure que l'on perfectionne les signes qui servent à
les exprimer. .
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ESSAI GEOGNOSTIQUE
SÙÂ
LE GISEMENT DES ROCHES
bANS LES DEUX ttÉMiSPfiÈRES-
JLe mot formation ' désigne , en géognosie ^ ou la manière dont
• une roche a. été produite, pu un assemblage (système) de
masses minérales qui sont tellement liées entre elles , qu'on les
suppose formées à la même époque^ et qu'elles offrent , dans
les lieux de la terre les plus éloignés, les mêmes rapports gé-
néraux de gisement et de composition. C'est ainsi que Ton at-
tribue la formation de Tobsidienne et du basalte aux feux sou-
terrains; c'est ainsi qUe Ton dit que la formation du thonschiefer
de transition renferme de la pierre Ijdienne , de la cbiastolitbe^
de l'ampélite, et des couches alternantes de ealcaire noir et
de porphjre. La première acception du mot est plus coh- •
ibrme au génie de la langue ; mais elle a rapport à l'origine
des choses , à ime science incertaine qui se fonde sur des hypo-
thèses géogoniques. La seconde acception, aujourd'hui généra-
1 Elirait d'un ouvrage inëdit de M. de Httmboldt, ayant paitr Utre:
De la superposition des roches dans tes deux hémisphères.
X
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{ 3 )
lement reçue par les minéralogistes françois y a été empruntée
a la célèbre École de Werner : elle indique ce qui est;^ non
ce que Ton suppose avoir été.
Dans la description géognostique du globe on peut distinguer
dilTérens degrés d'agroupement des substances minérales^ sim-
ples ou composées ; selon que l'on s'élève à des idées plus géné-
rales. Des taches qui alternent les unes avec les autres , qui
s'accompagnent habituellement et qui offrent les mêmes rap-
ports de gisement > constituent une même formation; la réu-
nion de plusieurs formations constitue un terrain :. mais cel
mots de roches^ de formations et de terrains sont employés
comme synonymes dans beaucoup d'ouvrages de géognosie.
La diversité des roches et la disposition relative des couches
qui forment la croûte oxidée du globe ^ ont^ dès les temps les
plus reculés^ fixé l'attention des hommes. Partout où Texploi-
tation d'une mine étoit dirigée sur un dépôt de sel j de houille
on de fer argileux ^ qui se trouvoit recouvert d'un grand nom-
tire de couches de nature différente^ ce travail fit naître de»
idées plus ou moins précises sur le système de roches propre»
a un terrain de peu d'étendue. Munis de ces oonnoissances lo-
cales^ remplis de préjugés qui naissent de l'habitude ^ les mi-
neurs d'un pays se répandirent dans des pays voisins. Ds firent
ce que les géognostes ont souvent fait de nos jours : ils jugè-
rent du gisement des roches dont ils ignoroîent la nature^
diaprés des analogies incomplètes^ d'après les idées étroites
qu'ils s'étoient faites dans leur pays natal. Cette erreur dut avoir
une influence funeste sur le succès de leurs nouvelles recher-
ches. Au lieu d'étudier la liaison de deux terrains conligus ^ en
suivant quelque couche généralement répandue; au lieu d'a-
grandir et d'étendre^ pour ainsi dire^ le premier type de for--
mations qui étoit resté gravé dans leur esprit^ ils se persuadè-
rent que chaque portion idn g^obe avoit une constitution géo-
logique entièrement différente. Cette opinion populaire trés-
tncienne a été adoptée et soutenue^ en différens pays^ par dei
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( 5 )
sarans frés-distiogaës ; mais > dés que la géognosîe s'est éJeréa
au rang d'une science , qae l^art d'interroger la nature a été
perfectionné^ et que des yojages entrepris dans des contrefis
lointaines ont offert une comparaison plus exacte des diven
terrains ; de grandes et immuables lois ont été reconnues dans
la structure du globe et dans la superposition des rocbes. C'est
alors que les analogies les plus frappantes de gisement ^ de
composition et des dorps organiques renfermés dans âts couches
contemporaines ; se sont manifestées dans les deux mondes. A
mesure qu'on s'habitue à considérer les formations sous un point
de Tue plus général > leur identité même devient de jour en jour
plus probable*
£n effet, en examinant la masse solide de notre planète ^
on s'aperçoit bientôt que quelques-unes de ces substances que
l^oiyctognosie (ou minéralogie deseriptiré) flous a fait cbn^
noitre isolément^ se rencontrent dans des associations constantes ,
et que ces associations y que Ton désigne sous le nom de ro-
ehes composées 9 ne varient pas, comme les êtres organisés^
selon la dififérenoe dfcs latitudes ou des bandes isothermel sous
lesquelles' on lés trouve. Les géognostes qui ont parcouru les
pays les plus éloignés, n'ont pas seulement rencontré da&s les
deux hémisphères la plupart des mêmes substances simples,
le quarz; le feldspath^ le mieÀ, le grenat ou l'amphibole:
ils ont aussi reconnu que les grande^ masses de montagnes pré-
sentent presque partout les mêmes roches > c'est-i-dire les
mêmes assemblages de mica> de quara et de feldspath > dans^
le granité; de mica^ de qùarie et de grenats, danë le micasdiiste;
de feldspath et d^amphibole dans la syénite. Si quelquefois^
bn a cru d^bord qu'une roche appai^ehoit excltisivement à
tme seule portion du globe > on Ta constamment trouvée, par
des recherdies Ultérieures > dans les régions les plus éloignées
de la première localité. On est tenté d'admettre que la for-'
mation des roches a été indépendante de la diversité des cU^
matli; que peiit4lse même elle leur eet Mtérieuri (Itwnb^ldt,
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( 4 )
Géographie des plantes, 1807 j p. .ii5; Idem, Vues des Cor--
diilères , tome i.*', p. 122); Il j a identité de rcwîhes là où les
êtres oi^anîsés sont le plus diversement^ modifiés.
Mais cette identité de composition^ cette analogie que l'on
observe dans> l'association de certaines substances minérales
simples^ -pourrpit être indépendante de l'analogie de gisement
et de superposition. .On pourroit avoir rapporté des îles de
l'Océan Pacifique^ ou de la Cordillère des Andes ^ les mêmes
rocbes que l'on^ observe en Europe ;, sans qu'il fût permis d'en
conclure que ces rocbes sont superposées dans un ordre sem-
blable^ et qu'après la découverte d'une d'elles on puisse pré-
dire avec quelque certitude quelles sont les autres rocbes cpai
se trouvent dans les mêmes lieux^. C'est à reconnoitre ces ana-
logies de gisement et de positions respective» , .qu& doivent
tendre les travaux des géognostes qui se plaisent à étudier lés
lois de la nature inorganique. On a tenté' de réunir dans les
* tableaqix suivans ce que nous savons de plus certain sur la su-
perposition des roches dans les deux continens^ au tiord et au
sud de l'équateur. Ces types des formations ne seront pas seu-
lement étendus y mais aussi diversement modifiés ^ à mesure
que le nombre des vojagenrs exercés aux observations géognos-
tiques se trouvera agrandi , et que des monographies complètes
des divers canton trés-éloignés les uns des autres fourniront des
résultats plus précis. ,
L'exposition des lois que Ton reconnoit dans la superposi-
tion des rocbes ; forme la partie la plus »olide de la science
géognostîque. On ne sauroit nier que les observations de gise-
ment ne présentent souvent de grandes difiicultés, lorsqu'on m
•peut parvenir au contact de deux formations voisines ^ ou que
celles-cr n-offirent pas une stratification régulière ^ ou que leur
gisement n'est «pas^ wiifofnu^ c'est«-dirc que lès strates dy ter-
rain supérieur. ne sont pas parallèles aux strates du terrain
inférieur. Mais ces difficultés ( et< c'est là-un des grands tivan- '
fagts des observations tpi embrasseot une partie, considérai
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( 5 )
h\e de notre ^ planète ) diminuent ed nombre ou disparoissent
totalement par la comparaison de plusieurs terrains trés-éten-
dus. La superposition et l'âge relatif des roches sont des faits
susceptibles d'être constatés immédiatement^ comme la struc-
ture des organes d'un Tegëtal^ comme les proportions des élé-
mens dans l'analyse chimique ^ ou Fëlévation d'une montagne
au-dessus du niveau de la mer. La véritable géogbosie fait con-
noître la croate extérieure du globe, telle qu'elle existe de nos
jours. C'est une science aussi sûre que peuvent l'être les sciences
pbjsiques- descriptives. .Au contraire , tout ce qui a rapport à
l'ancien état, de notre planète , à. ces fluides qui, dit-on,
tenoient toutes les substances minérales en dissolution, à ces
mers- que l'on élève jusqu'jiux sommets des Cordillères pour les
faire dispavoître dans la suite, est aussi incertain que le sont
la -formation de l'atmosphère des planètes, les migrations des
végétaux, et l'origine de$ différentes variétés de notre espèce.
Cependant l'époque n'est pas tris - éloignée où les géologues
s'occupoient de préférence de ce& problèmes presque impossi-
bles à résoudre ^ de ces temps fabuleux de l'histoire physique xlu
monde.
Pour faire mieux comprendre les principes* d'après lesquels
est construit le tahhaù de la superposition ^s roches f nous
devons le faire précéder de quelques observations que fournit
Fétude pratique des difierens terrains. Nous commencerons
par-rappeler qu'il n'est pas aisé de circonscrire les limites- d'une
même formation. Le calcaire du Jura et le calcaire alpin ,
très-séparés dans une région , . parussent parfois étroitenfenl
liés dans une • autre. Ce qui annonce XHndépenâance^ èTune fbr^
mation, comme l'a très-bien observa M. de Bach, c'est sa supier-
position immédiate sur des . roches de diverse nàlure et qui
par conséquent doivent toutes être considérées; comme plus
anciennes. Le grès rouge est une foormatiott indépendante,
parce qu'il est; supeiposé indifféremment sur du calcaire noir
( de transition) , sur da micascfaiste ou d« granité primiti&j
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c « )
maisf dam une r^ion où domine ta graâde formation de
sjrénite et de porphjre^ ces deux roches alternent constamment.-
II en résnhe que la roche s^énitique j est dépendante du por-
phjre^ et n'j recouvre presque nulle part seule le thon*»
schielèr de transition on le gneîs primitif. L'indépendance des
formations n'exdi^t d'ailleurs aucunement Vuniformité ou con-
€0rdancê dt gisement; elle exclut plutôt le passage oryctognos-
tiqne de deux formations superposées. Les terrains de transi-
tion ont très-souYent la m^me direction et la même indinaisoii
que les terrains primitifs; et cependant ^ quelque rapprochée
que puisse être l'époque de leur origine y on n'en est pas moins
fondé à considérer le micaschiste anthraciteux. ou legrauwacke,
alternant arec du porphjre, comme deux formations indépen-
dantes des granités et des gneis primitifs qu'ils reoou?rent.
{l'uniformité de gisement {Gleichformigkeit ier Lageru^g) no
&it rien préjuger contre l'indépendance des formations^ c'est-
i-4ire sur le droit que Ton a de r^rder une roche comme
'Une formation distincte. C'est parce que les formations indé*
pendantes sont placées indifféremment sur toutes leê rochei
j^us anciennes (la craie suit le granité , le grès rouge sur le
micaschiste primitif)^ que la réunion d'un grand nombre
d'obserrations failM sur des points trés-éloignés devient émi-»
nemment utile dans la détermination de Vâge relatif des
roches. Pour reeonnoitre que la sérénité zirconienne est une
fochiB de transition ; il fiiuM'aToir vue placée sur des forma-
tions postérieures à des calcaires noirs remplis d'orthocéinatites»
Des observations faites sur les porphjres et sérénités de la Hon-
grie par If. Beudanty un des géologues les plus distingués de
notre temps, peuvent jeter beaucoup de jour sur les formations
des jàndes mexicaines. C'est ainsi qu'un nouveau végétal dé*
couvert dans llnde fait reeonnoitre l'afiinité naturelle entre
deux lanriUes de plantes de l'Amérique #quinoxiale.
L'ordre que l^n a skdvi dans le tableau des formàtionsi est
eeliii da tgislDment et de la position lespectiyo de9 roches. Je
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( 7 )
ne préleads. pas que ce ^emeat et cette popition. ftV;4>8enrjBii|
dam toutes les régions de la terre; je les indiqua tels qu'ils
m'ont paru le plus probables, d'après la comparaison d'ua
grand nombre de faits que j'ai i:ecueiUis« C'est l'idée de Vàgp
relatif qui m'a guidé dans ce travail , b^ei^ imparfait encore.
Je l'ai commencé; long-temps avant mon voyage dans les Coi^
dillères du Nouveau Continent ^ dés l'année ij^2, où^ SQ|ta&t
de r£cele de Freyberg^ j'étois cbaxgé ( comme Obe^k4fgmfisi$r)
de la direction des mines dans les montagnes du Fi^hte^Cr
bii^e. La même roche peut varier de composition ^ des parties
intégrantes peuvent lui être soustraites ^ de nouveUes sfibstances
peuvent s'y trouver disséminées ^^ sans que pour cela 9 aux jeu^
du géog^oste qui s'occupe de la superposition des terrains , If
rocbe doive changer de dénomination. Sous l'équateur^ comm^
dans le nord de l'Europe, des strates d'une véritable sjénite dç
transition perdent leur amphibole , sans que la masse deyioanç
une autre roche. Les granités des bords de l'Orénoque pren«
peat quelquefois de l'amphibole et ne c<^ssent giière pour
cela d'étfe du granité primitif, quoiqu'ils ne soient pas de I4
première ou plus ancienne format^. Ces €»its ont été recoîio
nus par tous les g^gnostes expénnu^ités. Le caractère essentiel
de l'identité d'une formation indépendante est «on rapport de
position, la place qu'elle occupe dans la série générale def
terrains. (Yojesp le mémoire classique de M. de Buch, Ueber
den Begr^ einer Gebirgsart , dans Mag. dcr Natuff., 1810,
p. 128 — 133.) C'est pour cela qu*un fragment isçrlé, uj|
échantillon de rpchç trouvé dans une collection, pe peuvent
être déterminés géqgnostiquement , c'e^t^-dire comipe forma«
tion constituant une des nombreuses assises dont se composa
la crpùte de ^otre planète. JLa chiastolithe , l'accumulatioii
de carbone ou des nœuds de calcaire opfnpacte d^s Icf
thonschiefer , le titane ..Jiigrine et l'épidote dans les sjénitet
(altenttint avec un granité et des porphyres)^ des conglomé*»
rats ou poudingues enchâssés dans un micachiste aç^tbriuol»
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( 9 )
tetuL f petirent sans doute faire reeonnoitre des formations
de transition ; de même que , d'après les utiles traraux de
M. Brongiiiart; des pétrifications de coquilles bien conserrées
indiquent quelquefois directement telle ou telle couche de
terrains tertiaires : maià ces cas ^ où Ton est guide par des
substances disséminées ou par des caractères purement eooIo-*
giques, n'embrassent qu'un petit nombre de roches d'une ori-.
gine récente ; sourent des observations de ce genre né condui-i
sent qu'à des faits négatifs. Les caractères 'tirés de la couleur
du grain et des petits filons de carbonate de chaux qui tra-
versent les roches calcaires; ceux que fournissent la fissilité
et rédat sojeux du thonschiefer ; l'aspect et les ondulations
'plus ou moins marquées des feuillets du mica dans les mica-
schistes; enfin y la grandeur et la coloration des cristaux de
feld^th dans les granités de différentes formations, peuvent,
comme tout ce qui tient simplement à Ykahitus des miné*
Taux ; induire en erreur l'obsenrateur le plus habile. Sans
doute ; les teintes» blanches et les noires distinguent le plus
souyent les calcaires primitifs et de transition; sans doute,
la formation du Jura, surtout dans ses assises supérieures,
est généralement divisée en tx>uches minces , blanchâtres , à
cassure m'atte , ^ale du ~ cohchoïde , avec des cavités très-
aplaties ( fiachmuschiig ) : mais dans les montagnes de cslU
caire de transition il j a des masses isolées qui, par leur
couleur et leur texture, se rapprochent des caractères or^o-
tognostiqnes de la formation du Jura; mais au sud des Alpes
ir j a des collines de terrains tertiaires où ce même calcaire
fissile et mat du Jura trouve ses analogues (quant à l'aspect)
dans des formations placées au-dessuâ de la craie, et qui
ressemblent au calcaire que lV>n recherche pour les usages de
)a* lithographie. Si Pon préfère de donner aux formations à^
noms tirés de leurs seuls caractères oi^ctognostiques, les divers
strates d'une même roche composée, dont Fépaisseur est coh*
tidéridde^ et que Von poursuit très-loin dans le sens de sa àXn
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( 9 )
rectibn {StreichungslinU) , sembleroient êouvent appartenir à
des roches difTërentes^ selon les points où Ton en prendrait
des échantillons. Par conséquent on ne peut guère déterminer
géognostiquement dans les collections que des suites de roches
dont on connaît la superposition mutuelle.
En énonçant ces idées sur le sens que l'on doit attacher au
mot formations indépendantes , lorsqu'il s'agit du tableau de
leur gisement ^ on est bien loin de méconnoitre les éminens
services que l'examen oryctognostique le plus rigoureux ^ l'étude
approfondie de la composition des roches , ont rendus à la
géognosie moderne ^ et nommément à la science du gisement
ou de la position respective des formations. Quoique ^ d'après
les découvertes de M. Haujr sur la nature intime des substances
inorganiques et cristalliiséeS; il n'existe pas, à proprement par*
1er, un passive d\ine espèce minérale à une autre (Cordier,
sur les rochei volcan^ , pag. 33 , et Berzelius , Noup, Syst. de
Minerai, , pag. 119)^ les passages des masses ou pâtes de roches
ne sont pas restreints aux formations que l'on distingue géné-
ralement par le nom de roches composées. Celles que l'on
eroit sin^ples, par exemple, les calcaires de transition ou les
calcaires secondaires, sont en partie des variétés amorphes dW
pèces minérales dont il existe un tjpe cristallisé, en partie des
agr^ts d'aigile, de carbone, etc., qui ne peuyent être soumis
à aucune détermination fixe. C'est sur les proportions variables
de ces mélanges «hétérogènes que se fonde le passage des cal*
caires mametix à d'autres formations schisteuses. (Haiîjr, 7a-
hleau comparatif de la Cristallographie , pag, XXVII , XXX,)
Toutes les pâtes amorphes des roches , quelque homogènes
qu'elles paroissent au premier aspect, les bases des porphyres
ei des euphotides (serpentines), comme ces masses noires pro-
blématiques qui constituent le hasànite (basalte) des anciens, et
qui' ne ^ont pas toutes des gtninstéin sùrchaiçés d'amphibole,
sont susceptibles d'être soumises a l'analyse mécanique. M.
Cordier a applicpé cette analyse d'une manière ingénieuse fiiue
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( 10 )
diabases (grûnstoin)) aux dolentes, et à d'autres produclioB9
yplcaniques plus récentes* L'examen oi^ctognostique le plus
minutieux en apparence ne peut être indifférent au géc^oste
qui examine Tâge des formations. C'est par cet examen qu'ion
peut se former une juste idée de la manière progressive dont>
par dénloppemint intérieur, c'est-à-dire par im changement trcs-
lent dans les proportions des élémens de la masse, se faif le
passage d'une roche à une roche vc^isine* Les schistes de transi-
Uon , dont la structure paroit d'abord si différente de la struç*
ture des porphyres ou des granités , offrent à l'observateur atten.
tif des exemples frappans de passages insensibles 4 des roches
grenues, porphjroïdes ou granitoïdes. Ces schistes deviennent
d'abord verdâtres et plus durs. A mesure que la pâte amorphe
reçoit de l'amphibole, elle passe à ces amphibolithes trappéen-^
nés qu'on confondoit jadis avec le basalte. Ailleurs, le mica,
d'abord caché dans k pâte amorphe, se développe et se sépare
en paillettes distinctes et nettement cristallisées ; en même temps
le feldspath et le quarz deviennent visibles 5 la masse paroît
grenue à grains très-alongés : c'est un vrai goeis de transition,
Peu à peu les grains perdent leur direction commune j les
cristaux se groupent autour de plusieurs centres : la roc^e de-
vient un granité ou une sy^énite de transition. Ailleurs encore is
^arz seul se développe, il augmente et s'arrondit en nœuds, et
le schiste passe au grauwacke le mieux caractérisé. A ces signes
certains le* géognostes qui ont étudié long-temps la nature, re-
connoissent d'avance la proximité des roches grenues, granitoï-
des et arénaoées. Des passages analogues du micaschiste primitif
à une roche porphjroïde, et le retour de cette roche au gneis,
s'observent dans la Suisse orienUle. (Voyez les développemena
lumineux qu'ont donnés M. de Baumer, Fragmente, pag* 10
et 47 5 M. Léopold de Buch, dans son Voyage de Claris à Chia^
çernia, fait en i8o3 et insà^.dans le Magasin Ar Berliner Na^_
turforseh., tom. 3, pag. ii5.) Mais ces passages ne sont pas
lottjouis ins^isibles et progressifs : souvent aussi les roches sq
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( »» )
silcoèdent brasqUement, et d'une manière bien tranchée $ sontent
(par exemple 9 au Mexique , entre Guanaxuato et-Ovexeras) let
limites entre les sebistes, les porphyres et les sjënites sont aussi
distinctes que les limites entre les porphyres et les oaloaires;
mais dans ce cas même des bancs hétérogènes intercalés indi*
quent des rapports géognostiques arec les roches superposées*
C'est ainsi que le granité de transition de la formation sjéni*
tique offre des^ couches de basanite, en se chargeant d'amphiiP
bole : c'est àinsV que ces mêmes granités passent quelquefois 1
l'euphotide. (Bnch^ V^^g^ ^ Norvi^ége, tom. l, pag* lifi, tom.
n, pag. 85.)
Il résidte de ces considérations^ que l'analjse mécanique des
pâtes amorphes^ au mojen de demi*triturations et de lavages
(analyse dont M. Fleuriau de Bellevue a fait le premier essai qui
ait été couronné de succès , Jûumal de physique^ tom. U, pag;
162), répand à la fois du jour, 1.^ sur les grands cristaux qui
s'isolent et se séparent des cristaux microscopiques entrdaoésdans
la massé; a."^ sur les passages mutuels de quelques roches super^
posées les unes aux autres \ ZJ" sur les eouches subordonnées
qui sont de même nature qu'un des élémeus de la masse amor-
phe. Tous ces phénomènes sont produits, pour ainsi dire, pav
développement intérieur ; par une variation, quelquefois lente^
quelquefois très«brusque, dans les parties constituantes d'une
^asse hétérogène. Des moléctiles cristallines, invisibles à l'cBii,
se trouvent agrandies, dragées du tissu serré delà pâte^ insen-
ttblement elles deviennent, par leur agroupement et leur m^
lai^e avec de nouvelles substances, des bancs intercalés d'une
puissance considérable ; souvent même elles deviennent 4e nou^
velles roches.
Ce sont les bancs intercalés qui méritent surtout la plus
grande attention (Léonhard, Kopp et Gartner ^ Propmd. dir
'MinerahgU , pag. i58). Lorsque deux formations se succédait
immédiatement^ il arrive que les couches ik l'une oommenoeat
4>bord i altemor areç les oouç^ de L'autre, jusquà oe que
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(après ces préludes d'ud grand «changement) la formation la
plus neuve se montre sans aucun mélange de -couches subordon-
nées. (Buch^ Geogm Beoh., tome I^ pag. 104? i56; Humboldt^
Rel. hist», tome 11^ pag. i4o.) Les déyeloppemens progressi&
des élémens d^une roche peuvent par conséquent avoir une in-
fluence marquante sur la position respective des masses miné-
rales. Leurs efïêts sont du domaine de la géognosie ; mais ,
pour les découvrir et pour les apprécier ^ l'observateur doit ap-
peler à son secours les connoissances les plus solides de For^c-
tognosie^ surtout celles de la cristallographie modehie.
£n exposant ^es rapports intimes par lesquels nous voyons
souvent les phénomènes de composition liés aux phénomènes, de .
gisement, je n'ai point eu l'intention de parler de la méthode
purement oiyctognostique^ qui considère les roches d'après la
seule analogie de leur composition. (Journal des mines, tq/iie
54 9 n."* 199:) Ce sont là de véritables classifications , dans les-
quelles on fait abstraction de toute idée de superposition , mais
qui n'en peuvent pas moins donner lieu à des considérations .in-
téressantes sur l'agroupement constant de certains minéraux.
Une classification purement oiyctognostique multiplie les noms
des roches plus que. ne l'exigent les besoins de la géognosie ^
lorsqu'elle s'occupe des gisemens seuls. Selon les.changemens
qu'éprouvent les roches mélangées^ un même strate de beaucoup
d'étendue et d'une grande épaisseur peut (nous devonis le répé-
ter ici) renfermer des parties auxquelles l'oiyctogùoste , qui
classe les roches d'après leur composition^ donnera des dénomi-
nations entièrement différentes. Ces remarques n'ont pas échappé
au savant auteur de la Classification minéralogique des roches;
elles dévoient se présenter à un géc^noste expérimenté qui a si
bien approfondi la superposition des terrains qu'il a parcourus.
« U ne faut pas confondre^ dit M. Brongniart^ dans son mé-
« moire récent sur le Gisement des Ophïolithes^ les positions
« respectives ; l'ordre de superposition des terrains et des roches
« qui les composent ^ avec des descriptions purement minera-
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( ,3 )
« logiques (oiyctôgnostiques). Leur conffision en jetteroit nÀ^es-
« sairement dans la science et en retarderoit les progrès. » Le
tableau que nous donnons à la fin de cet article n'est aucunement
ce que Fon appelle Une classification des roches ; on n'y trouve
pas même réunie^ sous le titre de sections particulières (comme
dans l'ancienne méthode gèognosti^ue de Werner^ on dans Tex-
cellént Traité de GéognôsU de M. d'Aubuisson), toutes les for-
mations primitiyés de granité y toutes les formations secondaires
de grès et de calcaire. On a tâché ^ au contraire ^ de placer
chaque roche coïkime elle se trouve dans la nature^ selon tor-
dre de sa superposition ou de son âge respectif. Lits difTérèntes
formations 'de granité sont séparées par des gneis^ des micaschis-
tes^ des calcaires noirs (de transition) et des grauwackes. Dans
les roches de transition on a éloigné les formations des por-
phyres et des sjénites du Mexique et du Pérou ^ qui sont anté-
rieures au grauwacke et au calcaire à orthocératites , de la for-
mation ^ beaucoup plus récente > des . porph;)rrés et des sjrénites
zircbniennes de la Scandinavie. Dans les roches secondaires on
a éloigné le grès à oolithes de Nebra , qui est postérieur au cal-
caire alpin ou zechstein^ du grès rouge (grès houiller)^ qui ap-
partient à ,une même formation avec le porphjre et 1^ mandeU
stein secoùdairés. D'après le principe que nous suivons , les
mêmes noms de' roches se reti'ouvent plusieurs fois dans le
même tableau. Un micaschiste anthraciteux ( de transition ) est
séparé; par un grand nombre de formations plus anciennes ^ du
micaschiste antérièiit au (honschiefer primitif.
Ail lieu d'une classification des^ roches granitiques ^ . schis-
teuseis; calcaires et arénacées (agrégées), j'ai voulu présenter
une esquisse de la structure géogno'stique du globe ^ un tableau
dans leqiiel les roches superposées se succèdent ^ de bas en
haut; comme dans ces coupes idéales que j'ai dessinées, en
1804^ à l'usage dé VÉcoh des mines de Mexico, ti dont beau-
coup de copies ont été répandues depuis mon retour en Eu-
. rope {Bosqueio de mna Passign^ gcognostica, con tablas que
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( *4 )
(msenan ta strat^cation y el paraîliUsihù Je las roems en aenboe
eontinentes , para el uso dei Bee^ Semùiario de Mineria de
Mexko). Ces tableaux ptMgnphiqtieè téunissoient ^ & mes pro«
près observations faites dans les deux Amériques ^ ce qu'à cette
^K>qne on ayoit recueilli de plus précis sur le gisement des
rocbès primitiTCs , intermédiaires et secondaires , dans Tancien
continent. Elles ofTroient, ar^ le tjpe que l'on pouToit regar*
der comme le plus général, les ^es secondaires , c'esl-à-dîre
les coucbes que j'ai nommées pamllèlesé Cette même méthode
a été suivie dans le travail qu^ |e publie aujourd'hui. Mes for-
mations paraiUhs sont des é^uivahns géognostiques ; ce sont
des roches qui se représentent les unes les antres (voyez \t
Traité de GéoUgU de M. d'Ayhuisson, tom. Il, pag. a55). Eu
Angleterre et sur le continent de l'Europe opposé , il n'existe
pas une identité de toutes les formations : il j existe des éqni*
Talens ou des formations parallèles. Celles de nos houiUea
situées entre les terrains de transition et le grès rouge, la pofti*
tion du sel gemme qui se trouve sur le continent dans le csl*
oaire alpin (zechstein), la position de nos oolithes dans le
grès de Nebra et dans le calcaire du Jura peuvent guider le
géognoste dans le rapprochement des formations éloignées.
On obscâre en Angleterre les houilles (coal-mesures) plaicées
sur des formations de transition, par exemple, sur le calcaire
ou mountain-Hmestone du Derbjshire et de 8outh-Wales, et
sur le grès de transition ou old red sandstoiie de Herfordsfaire.
J'ai cru reconnoitre dans le magnesian-limestone, le red*marl^
le lias et les oolithes blanches de Bath, le» formations réunies de
calcaire alpin (avec sel gemme), de grés à oolithes (bunte
aandstein) et de calcaire du Jura. En compArant les forma-»
tions de pajs plus ou moins éloignés, celles de l'Angleterre
et de la France, du Mexique et de la Hongrie, du bassin se-
condaire de Santa-Fé de Bogota et de la Thuringe, il tie
fiiut pas vouloir opposer à chaque roefae une roche parailèU;
il £Eittt se rappeler qu'une leide fonnatîoa peut en représenier
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( »5 )
plusieurs antres*. C'est ainsi que des bancs d'argile infërienfis
à la craie peuvent^ en France (cap La Hève^ près de Caen),
être séparés de la manière la plus tranchée des couches cal-
caires oolithiques; tandis qu'en Suisse, en Allemagne et dans
rAmérique méridionale^ ils ont pour iquiçaiens des hancs de
marnes subordonnés au calcaire du Jura. Les gjpses^ qni^
dans un district, ne sont quelquefois que des couches inter-
calées dans Iq calcaire alpin ou le grès à oolithes, prennent,
dans un àu^e district, toute l'apparence de formations indé*
pendantes, et se trouvent placés entre le calcaire alpin et le
grés à oolithes, entre ce grès et le muschelkalk (calcaire de
Gœttingue). Le savant professeur dV>xford , M. Buckland, dont
les recherches étendues ont été également utiles aux géognostes
de l'Angleterre et du continent, a publié récemment un ta-
bleau de formations, parallèles, ou, comme il les appelle aussi,
equiçalents of rocks, qui ne s'étend que du 44*' au 54** degré
de latitude boréale, mais qui mérite la plus grande attention.
{^On the structure ofthe Alps , and their relation mth the rocks
wf England, t%^i.)
De même que dans l'histoire des peuples anciens il est plus
facile de vérifier la série des événemens dans chaque pajs que
de déterminer leur coïncidence mutuelle^ de même aussi on
parviendra plutôt à connoître avec la plus grande exactitude
la superposition des formations dans des régions isolées , qu'A
déterminer l'âge relatif ou le parallélisme des formations qui
appartiennent à dîfiPérens sjstèmes de roches. Même dans des
pays peu éloignés les uns des autres, en France, en Suisse et
en Allemagne, il n'est pas aisé de fixer l'ancienneté relative du
muschelkalk, de la molasse d'Aigovie et du quàdersandstein du
Harz, parce que l'on manque le plus souvent de roches géné-
ralement répandues, servant, selon l'expression heureuse de M.
de Gruner, é*horixon géognostîque., et auxquelles on pourroit
comparer les trois formations que nous venons de nommer,
iior^que des rodkt^ ne sont pas en contact immédiat, on ne
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( te 1
peut jtiger de leur parallélisme que par leurs rapport^ d*âge arec
d'autres formations qui les unissent.
Ces recherches de géognosie comparée occuperont encore long-
temps la sagacité des obserrateurs , et il n'est pas surprenant
que ceux qui s'attendoient à retrouver chaque formation dans
toute rindividualité de son gisement ^ de sa structure intérieure
et de ses couches subordonnées , finissent par nier toute analogie
de superposition. J'ai eu Favantage de Yisiter, avant gfion voyage
i réquateur^ une grande partie de PAllemagne^ de la France,
de la Suisse^ de rAngleterre, de l'Italie ^ de la Pologne et de
l'Espagne. Pendant ces courses , mon attention étoit particulier
rement fixée sur le gisement des formations > phénomène que
|e comptois discuter dans un ouvrage particulier. Arrivé dans
rAmérique du Sud, et parcourant d'abord en différentes direc*
tions le vaste terrain qui se prolonge de la chaîne côtière de
Venezuela au bassin de l'Amazone, je fus singulièrement frappé
de la conformité de superposition qu'ofY]^ent les deux continens.
(Voyez ma première esquisse d'un tableau géologique de l'Amé-
rique équinoxiale, dans le Journal de physique, iom. LUI, pag,
3o.) Des observations postérieures, qui embrassoient les Cor-
dillères du Mexique, de la Nouvelle -Grenade, de Quito et du
Pérou, depuis le 21.^ d^é de latitude boréale jusqu'au 12.*
degré de latitude australe, ont confirmé ces premiers aperçus.
Le tjpe des formations s'est plutôt agrandi à mes jeux , qu'il ne
s'est altéré dans ses parties les plus essentielles. Mais, en par-
lant des analogies que l'on observe dans le gisement des roches
et de l'uniformité de ces lois qui nous révèlent l'ordre de la na-
ture, je puis citer un témoignage bien autrement imposant que
le mien, celui du grand géognoste dont les travaux ont le plus
avancé la connoissance de la structure du globe. M. Léopold de
Buch a poussé ses recherches de l'archipel des lies Canaries jus^
qu'au-delà du cercle polaire, au 71.* degri de latitude. Il a dé^
couvert de nouvelles formations placées entre, les formations
anciennement connues ; et^ dans les terrains primitifs comme
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( »7 ) .
dans les terrains de transition y dans les secondaires comme
dans les yolcaniques ^ il a été frappé des grands traits qui ca-
ractérisent le tableau des formations dans les régions les plus
éloignées.
Du scepticisme qui nie tout ordre dans le gisement des
roches^ il fajit distinguer une opinion qui renaît, de temps en
temps, parmi des observateurs très - expérimentés , et d'après
laquelle les formations de granite-gneis^ de grauwacke, de cal-
caire alpin et de craie, uniformément superposéf^s dans différens
pajs, ne correspondent guère entre elles par rapport à Pûge des
élémens homonymes de cbaque série. On croit qu'une rockt^
secondaire peut avoir été formée sur un point du globe, lorsque
les. roches de transition n'existoient pas encore sur un autre
point. Dans cette supposition il ne s'agit pas de ces roches gra-
nitiques qui recouvrent un calcaire rempli d'orthocératites, et
qiii sont par conséquent postérieures aux roches primitives.
C'est un fait généralement reconnu de nos jours, que des for-
mations^ de composition analogue se sont répétées à des époques
très -éloignées les unes des autres. Le doute que nous exposons,
sans le partager nous-mêmes, porte sur un point beaucoup
moins constaté, sur la question de savoir si des micaschistes
indubitablement placés dans un pajs au milieu de roches pri-
mitives (au-dessous de celles dans lesquelles la vie organique
commence à paroitre), sont plus neufs que les roches secon-
daires d'un autre pays. J'avoue que, dans la partie du globe
que j'ai pu examiner, je* n'ai rien vu qui semble confirmer cette
opinion. Des roches grenues sjénitiques répétées deux, peut-étife
même trois fois, dans des. terrains primitifs, intermédiaires (et
secondaires ? ) . sont des phénomènes analogues qui nous sont
devenus familiers dqpuis quinze ans 5 mais la non -concordance
d'âge des grands terrains homonymes ne me semble guère prou-
vée jusqu'ici par des observations directes, faites sur le contact
de formations superposées. La craie ou le calcaire du Jura peut>
d'un.cdté^ couvrir immédiatement le granité prkiïrtif, et àt
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( «8 )
Kautie en être séparé par de nombreuses roclies secondaires et
de transition : ces faits trés-coinmuns ne démontrent que la
soustraction^ Fabsence^ Je non^développement de plusieurs mem-
bres intermédiaires de la série géognostique. Le grauwacke peut^
d^un c6té; plonger sous une roche feldspathique^ par exemple ^
sous du granité de transition ou sous la sjénite zirconienne^ et.
de Tautre côté^ être superposé à du calcaire noir rempli de ma^-
drépores : ce gisement ne démontre que la position intermédiaire
d'une couche de grauwacke entre des roches calcaires et des
j-ocbes feldspathiquçs de transition. Depuis qùe^ par les travaux
importans de MM. Cuvier et Brongniart, Texamen approfondi
des corps oi^anisés fossiles a répandu comme une nouvel le vie
dans Pétude des terrains tertiaires ^ la découverte des mêmes fos-
siles dans des couches analogues de pajs très-éloignés a rendu
encore plus prdbable Fisochronisme de formations très-générale-
ment répandues.
C'est cet ispclironisme seul^ c'est cet ordre admirable de suc-
cession^ qu'il semble donné à l'homme de recounoitre avec quel-
que certitude « Les essais que des géologues hébraïzans ont faits
pour soumettre les époques à des mesures absolues du temps ^
et pour lier la chronologie d'anciennes mythes cosmogoniques
aux observations mêmes de la nature^ n'ont pu être qu'infruc-
tueux. «On a voulu plus d'une fois (dit M. Ramond dans un
{< discours rempli de vues philosophiques ) trouver dans les mo-
^ numens de la nature un supplément à nos courtes annales.
{< G'étoit pourtant assez des siècles historiques pour nous ap-
^ prendre que la succession des événemens physiques et moraux
^< ne se règle point sur la marche uniforme du temps ^ et ne
« sauroit par conséquent en donner la mesure. Nous voyons
« derrière nous une suite de créations et de destructions par
^ l'arrangement des couches dont la croûte de la terre est for*
« mée. Elles font naître l'idée d'autant d'époques distinctes;
« mais ces époques si fécondes en événemens peuvent avoir été
« très-courtes^ eu égard au nombre et à l'importance des. résul^
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( '9 )
^ tats. Entre les créations et les destructions , au contraire,
« nous ne voyons rien^ quelle que puisse être l'immensité des
« intervalles. Là où tout se perd dans le vague d'une antiquité
« indéterminée ; les degrés d'ancienneté n'ont plus de valeur
« appréciable^ parce que la succession des phénomènes n'a plus
« d'échelle qui se rapporte à la division du temps. ^ {M/moires
de r Institut pour Tannée 181 5, pag, 47»)
Dans la monographie géognostique d'un terrain de peu d'é-
tendue^ par exemple^ des environs d'une ville ^ on ne sauroit
distinguer assez minutieusement les différentes couches qui com-
posent les formations locales. Des bancs dé sable et d'argile,
les sousdivisions des gjpses^ les strates de calcaire marneux et
oolithique , désignés en Angleterre sous les noms de Purbeck-
Beds, Portland-Stone, Goral-Raj^ Kellowaj-Rock ctCom-Brash,
acquièrent alors beaucoup d'importance. De minces couches de
terrains secondaires et tertiaires^ renfermant des assemblages de
corps fossiles très -caractéristiques, ont servi Ôl horizon au gèo-
gnoste. On a pu, dans leur prolongement, rapporter à l'une
d'elles ce qui se trouve placé au-dessus ou au-dessous ,dans
l'ordre de la série totale. Les dénominations particulières par
lesquelles on distingue ces couches, offrent même beaucoup
d'avantage dans ime description géognostique, quelque bizarre
ou impropre que puisse être leur signification ou leur origine
puisée dans le langage des mineurs. Mais, dès que l'on traite du
gisement des roches sur une surface très-étendue, il est indis-
pensable de considérer les formations ou agroupemens habituels
de certaines couches sous un point de vue plus général. C'est
alors (Ju'il faut être plus sobre et plus ckconspect dans la dis-
tinction des roches et dans leur nomenclature. L'ouvrage de M.
Freiesleben sur les plaines de la Saxe, qui ont plus de 700
lieues carrées ( Gtograph, Beschreibung des Kupfersckiefergehirges ,
in 4 Theilen, 1807 — 181 5), offre un beau modèle de la réu-
nion d'observations locales et de généralisations géognostiqt^e».
Ces généralfsatioBS, ces essais de simplifier le tableau des for-
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r 20 )
mations et de ne s'arrêter qu'à de grands traits caractéiistiqtie&^
doivent être plus ou moins timides ^ selon qu'on décrit le bassin
d'un ilenve^ une province isolée^ un pajrs grand comme la
France et l'Allemagne ^ ou un continent entier.
Plus on approfondit l'étude des terrains j plus la liaison entre
des formations qui nous paroissent d'abord entièrement indé'-
pendautes^ se manifeste par le grand phénomène ^àlUmanct ,
c'est-à-dire par une succession périodique de couches qui offrent
de l'analogie dans leur composition , et quelquefois même dans
de certains corps fossiles. C'est ainsi que dans les montagnes de
transition, par exemple, en Amérique (à l'entrée des plaines de
Calabozo), des bancs de griinstein et d'euphotide; en Saxe (près
de Friedrichswalde et Maxen), les schistes avec ampélites, les
grauwackesy les porphjres, les calcaires noirs et les grunstein,
constituent, d'après leur aliemanct fréquente et répétée, une
même formation. Souvent il arrive que des bancs subordonnés
ne paroissent qu'à la limite extrême d'une formation , et pren*
nent Taspect d'une roche indépendante. Les marnes cuivreuses et '
bitumineuses (Kupferschiefer), qui se trouvent placées en Thu-
rînge entre le calcaire alpin (zechstcin) et le grès rouge (rothes
liegiende)^ et qui sont devenues depuis des siècles l'objet de
grandes exploitations , sont représentées dans plusieurs parties du
Mexique,, de la Nouvelle-Andalousie et de la Bavière méridio-
nale, par des couches multipliées d'aiçile mametise, plus ou
moins carburées, et enclavées dans le calcaire alpin. Des cir-
constances semblables donnent souvent à des gypses, à des grès^
e( à de petits bancs de calcaires compactes, l'appal-ence de for-
mations particulières. On reconnolt leur dépendance ou leur
subordination par leur association fréquente avec d'autres roches,
par leur manque d'étendue et d'épaisseur, ou:' par leur suppres-
sion totale fréquemment observée. U ne faut point oublier (et ce
lait m'a beaucoup frappé dans les deux hémisphères) que les
grandes formations de calcaires, par exemple le calcaire alpin,
oni Heurs grès, comme les grès très -généralement répandus oi^t
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( 2i )
huî's bancs calcaires. De minces couches de grcs, de calcaires et de
gypses caractérisent^ sous toutes les zones ^ les dépôts de houille
et de sel gemme ou d'argile muriatifère (salzthon), dépôts isolés
qui le plus souvent ne sont recouverts que de ces petites forma-
tions locales. C'est en négligeant ces considérations ^ qui devroicnt
être familières à tout géognoste expérimenté, que l'on a rendu
trop compliqué le tjpe des grandes formations indépendantes.
Le phénomène de Valternance se manifeste, ou localement
dans des roches superposées plusieurs fois les unes aux autres ,
et constituant une même formation complexe', ou dans là suite
des formations considérées dans leur ensemble. Ce sont ou des
griinst«in et des sjénites, des schistes et des calcaires de transi-
tion, des couches de calcaires et de marne qui alternent immé-
diatement, ou c'est tout un système de micaschistes et de roches
feldspathiques grenues (granités, gneis et sjénites) qui repsr*
Toît parmi les terrains de transition, et que séparent du système
homonyme primitif les grauwackes et les calcsrires à orthocéra-
tites. La première connoissance de ce fait, un des plus impor-
tans et des plus inattendus de la géognosie moderne 9 est due
aux belles observations de MM. Léopold de Buch, Brochant et
Hausmann. Ce phénomène i;approche, non par rapport au temps
ou à l'ancienneté relative, mais par rapport à l'analogie de
composition et d'aspçct, le terrain de transition du terrain pri-
mitif. De ce que, dans le premier, des roches grenues, dépour-
vues entièrement de débris organiques, succèdent à des roches
compactes qui contiennent ces mêmes débris, de célèbres géo-
gnostes ont conclu que cette alternance de roches coquillières et
non coquillières pourroit bien s'étendre au-delà des terrains que
nous appelons primitifs. On n'a pas seulement demandé si des
thonschiefer, des micaschistes et des gnejs ne supporloient pas
Jes granités que l'on a crus les plus anciens; on a aussi agité
la question de savoir si des grauwackes et des calcaires noirs à
madrépores ne pourroient pas se retrouver sous ces mêmes gra-
nités. D'après cet aperçu , les roches primitives et de transition
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( ^4 )
simultanée d'une énorme ma«8e de monoootjlédones ; elle offre
comme des points de repos à l'esprit ; et^ tout en se rappelant
que les formations mêmes sont bien plus importantes que les
grandes divisions , on a souvent lieu, en avançant des hautes
montagnes vers les plaines , de reconnoitre l'influence diverse
que Tagroupement des roches primitives et intennëdiaires, celui
des roches secondaires et tertiaires ont exercé sur l'inégalité et
la configuration du sol. C'est à cause de cette influence que
l'aspect du pajsage, la forme des montagnes et des plateaux ^
le caractère de la végétation , varient moins, lorsqu'on voyage
parallèlement à la direction des couches, qu'en' les coupant à
angle droit. (Gnenough, CriU examinât, of Géologie, pag. 38.)
Je continue, en suivant MM. de Buch, Freiesleben, Bro-
chant, Bèudant, Buckland, Raumer ( Geh. von NiederSchlesien ,
1819) et d'autres géôgnostes célèbres, à grouper les formations
indépendantes, d'après les divisions en terrains primitifs, de
transition , secondaires , etc. , sans m'appesantir sur l'impro-
priété de la plupart de ces dénominations. Je continue de sé-
parer l'argile ( avec lignites) superposée à la craie, ^de celle qui
est dessous , et la craie même , des formations secondaires plus
anciennes. Mais ces distinctions par assises et par groupes
d'assises^ si utiles dans la description d'un terrain de peu d'é-
tendue, ne doivent pas empêcher le géc^noste, lorsqu'il tentî»
de s'élever à un point de vue plus général , de lier ces ai^rites
et la craie au calcaire du Jura, et de les r^arder comme les
damiers strates de cette grande formation composée de couche^
calcaires et marneuses. Les assises inférieures de la craie {tuf'
feau) renferment des ammonites. Lie calcaire de la montagne
de Saint -Pierre de Maëstricht indique, comme l'ont déjà ob->
serve MM. Omalius et Brongniart ( Géographie minérale , p. i3)^
le passage de la craie à des calcaires secondaires plus anciens.
Près de Caen, selon les belles observations de M. Prévost, les
argiles sous la craie renferment ces mêmes lignites qui se trou-
vent, en plus grande masse, dans l'aigile superposée i la
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( ?5 )
craie; des cérites^ qui rappellent le calcaire grossier de Paris ,
se montrent 9 dans un calcaire à trigonies^ placés entre des
argiles inférieures à la craie et les couches oolithiques. Je n'in-
siste pas sur ces faits particuliers; je les cite seulement pour
prouver 9 par un exemple frappant^ comment^ en rapprochant
des faits observés sur dilférens points d'un même pajS^ le
grand phénomène de Yaltemance nous révèle des liaisons entre
des formations qui^ au premier abord ^ paroissent n'avoir pres-
que rien de commun. C'est le propre de ces couches qui al-
ternent les unes avec les autres , de ces roches qui se succèdent
en série périodique, d'offrir les contrastes les plus marqués dans
les deux couches qui se suivent immédiatement. En géognosie,
comme dans . les différentes parties de l'histoire naturelle des-
criptive , il faut reconnoître l'avantage des classifications^ des
coupes diversement graduées ^ sans jamais perdre de vue l'unité
de la nature. Aussi ^ ceux qui ont avancé le plus la philoso-
phie naturelle ; ont eu à la fois et la tendance à généraliser
et la connoissance exacte d'une grande masse de faits parti-*
coliers.
On a l'habitude de terminer- la série des terrains par les
roches volcaniques^- et de les faire succéder aux terrains secon-
daires et tertiaires ; même aux terrains de transport. Dans un
tableau formé d'après le seul principe de l'ancienneté relative,
cet arrangement m'a paru peu convenable. Sans doute que des
laves lîthoïdes se sont répandues sur les formations les plus
récentes, même sur des couches de galets. On ne saurait ni^r
qu'il n'existe dés productions volcaniques de différentes épo-
ques; imais, d'après ce que j'ai pu observer dans les Cordillères
du Pérou, de Quito et du Mexique, dans une partie du monde
si célèbre par la fréquence des volcans , il m'a paru que le
site principal des feux souterrains est dans leis roches de transi-
tion et au-dessous de ces roches. J'ai reconnu que tous les cra-
tères enflammés ou éteints des Andes se sont ouverts au mi-
lieu de porphyres trappéçns ou trachjtes ( BerL Abhandl, der
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( »8 )
cède immédiatement au près rouge houiller , . un calcaire de
transition place sous le grès houiller^ enfin ,' des formations plus
récentes qne la craie. Les seules difficultés que présente la
multiplicité de ces dénominations géographiques ^ consistent
dans le choix des noms et dans le degré de certitude que l'on
a acquis sur le gisement ou Tâge relatif de la roche à laquelle
on rapporte les autres. Les géognostes anglois cherchent sur le
continent leur lias et leur red-marl; les géognostes allemands
leur hunte sandsiein et leur muschelkalk. Ces mots se trourenl
associés dans l'esprit des voyageurs à des souvenirs de localités.
Il ne s'agit par conséquent , pour faire naître des idées précises,
que de choisir àt^ Iqcalités assez généralement connues et qui
sont célèbres ^ soit - par l'exploitation des mines y soit par des
ouvrages descriptifs.
. Pour diminuer les effets des vanités nationales ^ et pour rat-
tacher les nouveaux noms à des objets plus importans, j'avois
proposé 9 il j a long-temps ( 1 796 ) ^ les dénominations de pierre
calcaire alpine , et calcaire du Jura, Une partie des Hautes-Alpes
de .la Suisse^ et la majeure partie du Jura^ sont sans doute
formées de ces deux roches : , cependant les noms, aujourd'hui
généralement reçus ^ de calcaire alpin ( zechslein) et de calcaire
du Jura 9 devroient être, à ce que je pense , modifiés ou en-
tièrement abandonnés. Les assises inférieures des montagnes du
Jura, remplies de grjphites, appartiennent k une formation
plus ancienne, peut-être au zechstein^ et une très-grande partie
du calcaire des Alpes de la Suisse n'est certainement pas du
zechstein^ mais, d'après MM. de Buch et.Escher, du calcaire
de transition. U vaut donc mieux choisir les noms géographi-
ques des roches parmi les noms de montagnes isolées et dont
toute la. masse visible n'appartient qu'à une seule formation,
que de les emprunter, comme je l'ai fait à. tort, à des chaînes
entières. J'avois pensé, et beaucoup de géognostes ont par-
tagé cette opinion, que le calcaire du Jura (calcaire à caver-
nes de Franconie) étoitgénéralement placé, sur le continent,
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( »9 )
au-dessous dû grés de Nebra (bunte sandstein)^ entré ce grès
et le zechstein. Des observations postérieures ont proutë que le
nom de calcaire du Jura avoit été arec raison appliqué i des
roches qui sont très-éloignëes des montagnes de la Suisse oc-,
cidentale; mais que la véritable place géognostique de celte
formation (lorsqu'il n'jr a pas suppression des formations infé-
rieures) se trouve bien au«dessus du grés de Nebra, entre le
muschelkalk (ou le quadersandstein?) et la craie. Un nom géo-
graphique^ justement appliqué à plusieurs roches analogues,
nous rend attentif à leur identité de gisement; mais la place
que àe& roches homonymes doivent occuper dans la série to-
tale, n'est bien déterminée que lorsque le nom géographique
a été choisi après avoir acquis une certitude entière sur leur
gisement. Les géognostes se trouvent encore dans une position
semblable, en fixant l'âge relatif de la molasse d'Argovie (na-
gelfluhe ) et du quadersandstein de Pima ( grès blanc de
M. de Bonnard), deux roches très -récentes, qui ont été très-
bien étudiées séparément, mais dont les rapports entre elles
et avec la craie et le calcaire du Jura n'ont été que très-ré-
cemment éclaircis. On peut être assez sur d'avoir rencontré
dans le nouveau continent des roches identiques avec la mo-
lasse ou le quadersandstein, sans pouvoir prononcer pour cela
sur leurs rapports avec toutes les autres secondaires ou tertiaires.
Quand des formations ne se touchent pas immédiatement, et
qu'elles ne sont pas recouvertes par àe^ terrains d'un gisement
connu, on ne peut juger de leur ancienneté relative que d'après
de 'Simples analogies.
ïjts termes àt la série géognostique sont ou sirhples on complexes.
Aux termes simples appartiennent la plupart des formations pri-
«nitives : les granités > les gneis, les micaschistes, les thon*
schiefer, etc. Les termes complexes se trouvent en plus grand
nombre parmi les roches de transition : c'est li que chaque
formation comprend \m groupe entier de roches qui alternent
périodiquement. Les termes de la série n'j sont pas des calcaires
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f
( 3o )
de transition ou des grauwackes, constituant des formations
indépendantes : ce sont des associations de thonscHiefer ^ grun-
stein etgrauwacke; de porphyre etgrauwacke; de calcaire grenu
stéatiteux et de poudingues à roches primitiyes ; de thonschiefer
et de calcaire noir. Lorsque ces associations sont formées de
trois ou quatre roches qui alternent ^ il est difficile de leur don-
ner des noms significatifs^ des noms qui indiquent toute la
composition du groupe ^ tous les membres partiels du terme
complexe de la série. On peut alors aider à fixer les groupes
dans la rnémoire^ en rappelant les roches qui y dominent sans
manquer absolument dans les groupes voisins. C'est ainsi que
le calcaire grenu stéatitenx caractérise la formation de la Taran-
taise ; le grauwacke ^ la grande formation de transition du Harz
et des bords du Rhin ; les porphjres métallifères riches en am-
phibole et presque dépourvus de quarz, la formation du Mexi-
que et de la Hongrie. Si les phénomènes d^altemance et d'à-
groupement atteignent leur maximum dans les terrains de
transition ; ils ne sont pas entièrement exclus pour cela des
terrains primitifs et secondaires. Dans Fun et l'autre de ces ter-
rains , des termes complexes sont mêlés aux termes simples de
la série géognostique. Je citerai parmi les formations secondaires
le grès placé au-dessus du calcaire alpin (le grès de Nebra^
le bunte sandstein), qui est une association d'aiçile marneuse ^
de grès et d'oolithes; le calcaire qui recouvre le grès rouge
faouiller (le zechstein ou alpenkalkstein); qui est une associa-
tion moins constante de calcaliv, de gypse ( muriatifère ) ^ de
stinkstein et de marne bitumineuse pulvérulente (asche des mi-
neurs du Mansfeld). Dans les terrains primitifs nous trouvons
les trois premiers termes de la série ^ les roches les plus an-
ciennes , ou isolés ou alternant deux k deux y selon qu'ils sont
géognostiquement plus rapprochés par leur âge relatif^ ou bien
alternant tous les trois. Le granité forme quelquefois avec le
gneis^ le gneis avec le micaschiste^ des associations constantes.
Ces alternances suivent des lois particulières : on voit (par
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' ( 3. )
exemple , att Brésil y et quoique moins distinctement ^ dans la
chaîne du littoral de Venezuela ) le granité y le gneis et le mi-
caschiste dans une triple association; mais je ne connois pas
de granité alternant seul avec du micaschiste ^ du gneis et du
micaschiste alternant seuls avec le thonschiefer.
Il ne faut pas confondre ^ et j'ai souvent insisté sur ce point
4ans cet article^ des roches passant insensiblement à celles qui
sont en contact immédiat avec elles , par. exemple^ des mica-
schistes qui asdlUnt entre le gneis et le thonschiefer^ avec des
roches qui alternent les unes avec les autres y et qui conservent
tous leurs caractères distinctifs de composition et de structure.
M. d'Aubuisson a fait voir, il J a long -temps, combien Fana-
Jjse chimique rapproche le thonschiefer du mica. ( Journal éU
physique y tom. 68, pag. 128; Traité de Géognosie y fom. 2,
pag, 97. ) Le ^maàtVy il est vrai y n'a pas l'éclat métallique du
micaschiste; il renferme un peu moins de potasse et plus de
carbone ; la silice ne s'^ réunit pas en nœuds ou lames minces
de quarz comme dans le micaschiste : mais on ne peut douter
que des feuillets de mica ne constituant la base principale du
thonschiefer. Ces feuillets sont tellement soudés ensemble y que
l'œil ne peut les distinguer dans le tissu. C'est peut-être cette
affinité même qui empêche l'alternance des thonschiefer et des
micaschistes : car dafns ces alternances la nature semble favo-
riser l'association de roches hétérogènes; ou^ pour me servir
d'une expression figurée ^ elle se. plaît dans les associations dont
les roches alternantes offrent un grand contraste de cristallisa-
tion, de mélange et de couleur. Au Mexique j'ai vu des griin-
stein vert-noirâtre alterner des milliers de fois avec des syénites
blanc-rougeâtre et qui abondent plus en quarz qu'en feldspath :
il j a dans ce griiustein.des liions de sjénite, et dans la sjénîte
des filons de griinstein ; mais aucune des deux roches ne passe
à l'autre. (Essai politique sur la nouvelle Espagne, tom, 2,
pag. 5a5.) Elles offrent sur la limite de leur contact mutuel
des di£férences aussi tranchées quq les porphjres qui alternent
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( 32 )
arec les grauwackes ou avec leç sjéûUes ^ que l^s calcaires
noirs qui alternent avec les thonschîefer de transition^ et tant
d'autres roches de composition et d'aspect entièrement hétéro-
gènes. Il j a plus encore : lorsque dans des terrains primitifs
des roches plus rapprochées par la nature de leur composition
que par l^ur structure ou par le mode de leur agrégation ^ par
exemple^ les granités etles gneis, ou les gneis et les mica-
schistes^ alternent , ces roches ne montrent guère cette même ten-
dance de passer les unes aux autres qu'elles présentent isolément
dans des formations non complexes. Nous avons déjà fait ob-
server plus haut que souvent une couche fi , devenant plus fî*é-
quente dans la joche a^ annonce au géognoste vojageur qu'à
la formation simple et va succéder une formation complexe
dans laquelle a et fi alternent. Plus tard il arrive que fi prend
un plus grand développement; que a n'est pi u%. une roche alter-
nante ^ mais une simple couche subordonnée à ^^ et que cette
roche fi se montre seule jusqu'à ce que par la fréquente ap-
parition de couches y elle prélude à une formation comj^exe
de fi alternant avec y. On peut substituer à ces signes les
mots de granité , gneis et micaschiste; ceux de porphjre^ grau-
wacke et sjénite; de gypse, manie et calcaire fétide (stink-
stein). Le langage peisigraphique a l'avantage de généraliser les
problèmes; il est plus conforme aux besoins de la philosophU
géognostique , dont j'essaie de donner ici les premiers élémens^
en tant qu'ils ont rapport à l'étude de la superposition des
roches.' Or^ si souvent entre des formations simples et trcs-
rapprochées dans l'ordre. de leur ancienneté relative, entre les
formations a, fi y y y se trouvent placées des formations com-
plexes, A fi et fiy (c'est-à-dire a alternant avec fi y et fi alter-
nant avec ^); on observe aussi, quoique moins iréquemment^
qu'une des formations ( par exemple , a } prend un accroisse-
ment si extraordinaire qu'elle enveloppe la formation fij, et
que ^, au lieu de se montrer comme une roche indépendante^
placée entre a et y^ n^'est plus qu'une qo:uehe dans a. C'est
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( 33 )
ainsi que dans la Silésie inférieure le grès rouge renferme la
formation du zechstein ; car le calcaire de Kunzendorf ^ rempli
d'empreintes de poissons ^ et analogue à la marne bitumineuse
et abondante en poissons de Tburinge, est entièrement enve-
loppé dans le grès houiller. (Buch^ Beob,, T. I, pag, 104 >
iSj; Idem, Reise nach Norwegen, T, I, pag, i58; Raumer,
Gebirge von Niedêr-^hiesien , pag. 79. ) M. Beudant ( Voyage
miner,, iom, III , pag, i83) a observé un phénomène semblable
en Hongrie. Dans d'autres régions , par exemple y en Suisse et à
Fextrémité méridionale de la Saxe^ le grès rouge disparoi t en-
tièrement, parce qu'il est remplacé et pour ainsi dire vaincu
par un prodigieux développement du grauwacke ou du calcaire
alpin. ( Freiesleben , Kupfersch, B. IV, 109*) Ces effets de Tal-
temance et du développement inégal des roches sont d'autant
plus dignes d'attention, que leur étude peut jeter du jour sur
quelques déviations apparentes d'un ^e de superposition gé-
néralement reconnu ; et qu'elle peut servir à ramener à un
type commun des séries de gisement observées dans des pajs
Irès-éloignés.
Pour désigner les formations composées de deux roches qui
alternent les unes avec les autres, j'ai généralement préféré les
mots granité et gneis, syénite et grUnstein , aux expressions plus
usitées de granite^gneis , syénite'grunsiein. J'ai craint que cette
dernière méthode de désigner des formations composées de
roches alternantes, ne fit plutôt naître l'idée d'un passage du
granité au gtieis, de la syénite au grunstein. £n effet, un géo-
gnoste dont les travaux sur les trachjtes de l'Allemagne n'ont
pas été assez appréciés, M. Nose, s'étoit déjà servi des mots
granité-porphyres et porphyre-granites , pour indiquer des varié-
tés de structure et d'aspect, pour séparer les granités porphy-
roïdes des porphyres qui, par la fréquence des Cristaux empâ-
tés dans la masse, présentent une structure d'agrégation, une
véritable structure granitique. £n adoptant les dénominations
de granité et gneis, de sjénite et porphyre^ de grauwacke et
3
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( 34 )
porphyre y^ de calcaire et thonschiefer, on ne laisse aucun doute
sur la nature des termes complexes de la série géognoslique.
Parmi les différentes preuves de Tidentité des formations dans
les régions les plus éloignées du globe ^ une des plus frappantes
et que Ton doit aux secours de la zoologie^ est l'identité des
corps organisés enfouis dans des couches d'un gisement ana-
logue. Les recherches qui conduisent à ce genre de preuves
ont singulièrement exercé la sagacité des sàvans^ depuis que
MM. de Lamarck et Defrance ont commencé à déterminer les
coquilles fossiles des environs de Paris, et que MM. Cuvier et
Brongniart ont publié leurs mémorables travaux sur les ossemens
fossiles et les terrains tertiaires. Commis la plus grande masse
des formations qui composent la croûte de notre planète ne
renferme pas des dépouilles de corps organisés^ que ces dépouilles
sont très-rares dans les terrains de transition^ souvent brisés et
difficiles à séparer de la roche dans les terrains secondaires très-
anciens, rétude approfondie des corps fossiles n'embrasse qu'une
petite partie de la géognosie, mais une partie bien digne de
l'attention du philosophe. Les problèmes qui se présentent sont
nombreux : ils ont rapport à la géographie des animaux dont
les races sont éteintes, et qui par cette raison appartiennent
déjà à l'histoire de notre planète : ils nécessitent la discussion
des caractères zoologiques par lesquels on voudroit distinguer
les différentes formations superposées. Pour rester fidèle au but
que je me suis proposé, de ne considérer, dans cette Intro-
duction au Tableau des roches , les objets que dans leur plus
grande généralité, je vais citer les questions de zoologie géo-
gnostique qui paroissent lés plus importantes dans l'état actuel
de la science, et dont la solution a été tentée avec plus ou
moins de succès : Quels sont les genres et (si l'état de conser-
vation et le peu d'adhérence à la masse rocheuse permettent
une détermination plus complète) quelles sont les espèces aux-
quelles on peut rapporter les dépouilles fossiles ? Une détermi-
nation exacte des espèces en fait- elle reconnoitre avec certitude
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( 35 )
qui sont identiques arec les plantes et les animaux du monde
actuel ? Quels sont les classes ^ les ordres et les familles
d'êtres organisés qui offrent le plus de ces analogies ? Dans
quel rapport le nombre des genres et des espèces identiques
augmente- 1- il avec la noureauté des roches ou des dépôts
terreux ? L'ordre observé dans la superposition des terrains
intermédiaires^ secondaires ^ tertiaires et d'alluvion, est-il par-
tout en harmonie avec l'analogie croissante qu'ofirent les tjpes
d'organisation ? <^es types se succédent-ils de bas en haut (en
passant des grauwackes et des calcaires noirs de transition, par
le grès houiller, le calcaire alpin ^ le calcaire du Jura et la
craie ,. au gjpse tertiaire y aux terrains d'eau douce et aux al-
luvions modernes) dans le même ordre que nous adoptons
dans nos systèmes d'histoire naturelle, en disposant les êtres
selon que leur structure devient plus compliquée, et qu'aux
oi^anes de la nutrition d'autres systèmes d'oi^anes se trouvent
ajoutés ? La distribution des corps organisés fossiles indique-t-
elle un développement progressif de la vie végétale et animale
sur le globe ; une apparition successive de plantes acotylédones
et monocotylédones, de zoophytes, de crustacés, de mollusques
(céphalopodes, acéphales, gastéropodes), de poissons, de sauriens
(quadrupèdes ovipares), de plantes dicotylédones, de mammi-
fères marins et de mammifères terrestres? £n considérant les corps
fossiles, non dans leur rapport avec telle ou telle roche dans
laquelle on les a découverts, mais «simplement sous le point de
vue de leur distribution climatérique , remarque-t-on une difleo
rence appréciable entre les espèces qui dominent dans l'ancien
et le nouveau continent dans les climats tempérés et sous la zone
torride, dans l'hémisphère boréal et dans l'hémisphère austral?
Y a-t-il un certain nombre d'espèces tropicales que l'on trouve
partout, et qui semblent annoncer qu'indépendantes d'une dis-
tribution de climats semblables aux climats actuels, elles ont
éprouvé, au premier âge du monde, la haute température que
la croûte crevassée du globe fortement écliauffe dans son in-
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( 36 )
térieur a donné à Tatmosphére ambiante ? Est-on sàr de dis->
tinguer par des caractères précis les coquilles d'eau douce et
les coquilles marines ? La détermination du genre sufRt-elle ?
ou ny a-t-il pas (comme parmi les poissons) quelques genres
dont les espèces vivent à la fois dans les fleuves et les mers?
Quoique dans quelques-unes des roches tertiaires les coquilles
fluviatiles se trouvent mélangées (par exemple^ à l'embouchure
de nos rivières) avec les coquilles pélagiques, n*observe-t-on pas
en général que les premières forment des dépôts particuliers ,
caractérisant des terrains dont l'étude avoit été négligée jus-
qu'ici, et qui sont d'une origine très-récente? A-t-on jamais dé-
couvert sous le calcaire du Jura, près des poissons réputés flu-
viatiles , dans le schiste bitumineux du calcaire alpin , des
coquilles d'eau douce ? Des espèces identiques de fossiles se
trouvent- elles dans les mêmes formations sur différens points
du globe ? Peuvent-elles fournir des caractères zoologiques pour
reconnoître les diverses formations superposées ? ou ne doit-on
pas plutôt admettre ^ue des espèces que le zoologiste est en
droit de regarder comme identiques, diaprés les méthodes adop-
tées, pénètrent à travers plusieurs formations 5 qu'elles se mon-
trent même dans celles qui ne sont pas en contact immédiat ?
Les caractères zoologiques ne doivent-ils pas être tirés et de
l'absence totale de certaines espèces, et de leur fréquence rela-
tive ou prédominance , enfin de leur association constante avec
un certain nombre d'autres espèces ? Est^on en droit de diviser
une formation dont l'unité a été reconnue d'après des rapports
de gisement et d'après l'identité des couches qui sont paie-
ment intercalées aux strates supérieurs et inférieurs , par la
seule raison que les premiers de ces strates renferment des co-
quilles d'eau douce, et les derniers des coquilles marines ? L'ab-
sence totale de corps organisés dans certaines masses de terrains
secondaire et tertiaire, est-elle un motif suffisant pour consi-
dérer ces masses comme des formations particulières, si d'autres
rapports géognostîques ne justifient pas cette séparation ?
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( 3; )
Une partie de ces proLlémes s'étoit présentée depuis long-
temps aux naturalistes. Déjà Lister ayoit avancé , il jr a plus
de cent cinquante ans^ que chaque roche étoit caractérisée par
des coquilles fossiles différentes. {Philos, Trans, , ».** jQ, pag.
2283.) Pour prouver que les coquilles de nos mers et de nos »
lac^ sont spécifiquement différentes des coquilles fossiles (iapi"
des sui generîs), il affirme «que les dernières^ par exemple ^
« celles des carrières de Northamptonshire ^ portent tous les
« caractères de nos Murex y de nos Tellines et de nos Trochus;
« mais que des naturalistes qui ne sont pas accoutumés à s'ar-
« réter à un aperçu vague et général des choses , trouveront
« les coquilles fossiles spécifiquement différentes de toutes les co- .
ff quilles du monde actuel.^ Presque à la même époque^ Nicolas
Stenon {De solido intra solidum coniento, 16699 pag, 2, ij, 28,
,63, 69^ fig. 20— 25) distingua le premier «les roches (primli-
« tives) antérieures à l'existence des plantes et des animaux sur
fi le glohe et n^ renfermant par conséquent jamais des déhris
« organiques 9 et les roches (secondaires) superposées aux pré-
« mîéres et remplies de ces déhris ( iurbîdi maris sedimenia sibi
^ imicem imposiia).^ Il considéra chaque hanc de roche secon-
daire « comme un sédiment déposé par un fluide aqueux ; » et
exposant un système entièrement semblahle à celui de Deluc
K sur la formation des vallées par des affaissera ens longitudl-
^ nauX; et sur l'inclinaison de couches d'ahord toutes horizon-
g. taies 9 ^ il admet pour le sol de la Toscane^ à la manière de
nos géologues modernes ^ « six grandes époques de la nature
^ ( sex disiinàtoB Eirurim faciès , ex prcesenti fade Eiruriœ col"
« lectœ), selon que la mer inonda périodiquement le continent^
^ ou qu'elle se retira dans ses anciennes limites. ^ Dans ces
temps où l'observation de la nature fit naître en Italie les pre-
mières idées sur l'âge relatif et la succession des couches pri-
n>itives et secondaires , la zoologie et la géognosie ne pouvoient
encore se prêter un secours mutuel^ parce que les zoologistes
ne conuoissoient pas les roches, et que les géognosles étoient
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( 38 )
entièrement étrangers à l'histoire naturelle des animaux. On se
bomoit à des aperçus vagues^ on regardoit comme spécifique-
ment identique* tout ce qui offroit quelque analogie de forme ;
mais en même temps, et ceci étoit un pas fait dans la bonne
route, on étoit attentif aux fossiles qui prédominoient dans
telle ou telle roche. C'est ainsi que les dénominations de cal-
eaire à gryphiies, de calcaire à trochiUs , de schistes à fougères,
schistes à trilobites (Giyphiten- und Trochiten-Kalk; Krauter-
und Trilobiten-Schiefer), furent très- anciennement employées
par les minéralogistes d'Allemagne. La détermination des genres
caractérisés par les dents, par les fossettes, par les lames sail-
lantes et crénelées de la charnière, par les plis et les bourrelets
de l'ouverture de la coquille, est bien plus difficile dans les
roches secondaires très- anciennes que dans les formations ter-
tiaires, les premières étant généralement moins friables et plus
adhérentes au test du corps fossile. Cette difficulté augmente
lorsqu'on veut distinguer les espèces 5 elle devient presque in-
surmontable dans quelques roches calcaires dé transition et
dans le muschelkalk, qui renferme des coquilles brisées. Si les
caractères zoologiques d'un certain nombre de formations pou-
voient être tirés de genres bien distincts , si ' les trilobites et
les orthocératites appartenoient exclusivement aux terrains in-
termédiaires, les . giyphites au calcaire alpin (zechsteîn)^ les
pectinites au bunte sandstein (grès de Nebra), les trochites et
mjtulites au muschelkalk, les tdlines au quadersandsteîn 5 les
ammonites et turri telles au calcaire du Jura et à ses marnes,
les oursins anachjtes et les spatanges à la craie, les cérites au
calcaire grossier; la connoissance de ces genres seroit d'un se-
cours aisé pour la détermination des roches : on n'auroit plus
besoin d'examiner sur les lieux la superposition des formations ;
on reconnoîtroit ces dernières sans sortir de son cabinet, en
ne consultant que les collections. Mais il s'en faut de beau-
coup que la nature ait rendu si facile à l'homme l'étude des
masses coquillières qui constituent la crorûte de notre planète.
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,( 39 )
Les mêmes types d'oi^anisation se sont rëpëlés à des époques
très-différentes : les mêmes genres se retrouvent dans les for-
mations les plus distinctes. Il J a des orthocératites dans les
calcaires de transition, les calcaires alpins et le grès bigarré;
des térébratulites dans le calcaire du Jura et dans le muschel-
kalk; des trilobites dans les thonschiefer de transition, dans le
schiste bitumineux du zechstein, et, selon un excellent géo-
gnoste, M. de Schlottbcim, même dans le calcaire du Jura; il
y a des pentacrinites dans le thonscbiefer de transition et dans
le muscbelkalk le plus moderne. Les ammonites pénètrent à
travers beaucoup de formations calcaires et marneuses, depuis
les grauwackes (Raumer, Versuche, pag. 22; Sbblottheim ,
Petrefacienkunde , pag, 38) jusque 'dans les couches inférieures
de la craie. Il j a des troncs de mônocotylédones et dans le
grès rouge, et dans les marnes du gypse d'eau douce, for-
mées à une époque où le monde étoit déjà rempli de plantes
dicotylédones.
Mais, à une époque où les naturalistes ne s'arrêtent plus à>
àes notions vagues et incertaines, on a reconnu avec sagacité
que le plus grand nombre de ces fossiles (grypbites, térébratu-
lites , ammonites , trilobites , etc. ) , enfouis dans différenles
formations , ne sont pas spécifiquement les mêmes ; qu'un
grand nombre d'espèces qu'on a pu examiner avec précision,
varient avec les roches superposées, hes poissons que l'on ob-
serve dans les schistes de transition ( Glaris ) , dans les scbistes
bitumineux du zecbstein, dans le calcaire du Jura, dans le
calcaire tertiaire à cérite de Paris et de Monte Bolca, et dans
le gypse de Montmartre, sont des espèces distinctes, en partie
pélagiques, en partie fluvîatiles. Est-on en droit de conclure de
la réunion de ces faits, que toutes les formations sont caracté-
risées par des espèces particulières , que les coquilles fossiles de
la craie, du muscbelkalk^ du calcaire du Jura et du calcaire
alpin, diffèrent toutes entre elles ? Je pense que ce seroit pous-
ser l'induction beaucoup trop loin, et M. Brongniart même.
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( 4o )
qui connôit fti bien la valeur des caractèc^ zoologiques ^ restreint
leur application absolue au cas « où la superposition ( les cir-
« constances de gisement) ne s'j opposent pas.» Je pourrois
citer les cérites du calcaire grossier qui se trouvent (près de Gaen)
au-dessous de la craie^ et qui semblent indiquer, comme la
répétition des argiles avec lignites en dessus et au-dessous de
la craie 9 une certaine connexité entre des terrains qu'au pre-
mier coup d'œil on croiroit entièrement distincts. Je pourrois
m'arr^ter à d'autres espcées de coquilles , qui appartiennent à la
fois à plusieurs formations tertiaires, et rappeler que si un jour,
par des caractères peu sensibles et par de foibles nuances , on
parvenoit à séparer des espèces que Ton croit identiques au-
jourd'hui, la finesse même de ces distinctions ne rassureroit paa
trop sur l'universalité, d'ailleurs si désirable^ des caractères zoo-
logiques en géognosie. Une autre objection , tirée de l'influence
que les climats exercent même sur les animaux pélagiques^
me paroit plus importante encore. Quoique les mers, par des
causes phjsiques très-connues , offrent , à de grandes profon-
deurs, la même température sous l'équateur et sous la zone
tempérée , nous voyons pourtant , dans l'état actuel de notre
planète, les coquilles des tropiques (parmi lesquelles les unî-
valves dominent, comme parmi les testacés fossiles) différer
beaucoup des coquilles des climats septentrionaux. Le plus
grand nombre de ces animaux aiment les récifs et les bas-fonds :
d'où il suit que les différences spécifiques sont souvent très-
sensibles, sous un même parallèle, sur des côtes opposées. Or^
si les mêmes formations se répètent et s'étendent, pour ainsi
dire , à de prodigieuses distances, de l'est à l'ouest et du nord
au sud, d'un bémisphère dans l'autre, n'est-il pas probable^
quelles que soient les causes compliquées de l'ancienne tempé-
rature de notre globe, que des variations de climats ont mo-
difié, jadis comme de nos jours, les types d'oiganisation ^ et
qu'une même formation (c'est-à-dire une même roche placée,
dans les deux hémisphères, entre deux formations homonymes)
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( 4» )
a pu envelopper des espèces distinctes ? H anire sonveat sans
doute que des couches superposées présentent un contraste de
corps fossiles trés-frappant. Mais peut- on conclure de là qu'a-
près qu'un dépôt s'étoit formé, les êtres qui habitoient alors là
surface du globe, aient tous été détruits ? U est incontestable
que des générations de fypes différens se sont succédé les unes
aux autres. Les ammonites, que l'on* trouve à peine parmi les
roches de transition , atteignent leur maximum dans les couches
qui représentent sur différens points du globe le muschelkalk et
le calcaire du Jura y ils disparoissent dans les couches supé-
rieures de la craie et au-dessus de cette formation. Les échini-
teSf très-rares dans le calcaire alpin et même dans le muschel-
kalk, deviennent au contraire très-communs dans le calcaire du
Jura, dans la craie et les terrains tertiaires. Mais rien ne nous
prouve que cette succession de différens tjrpes organiques, cette
destruction graduelle des genres et des espèces, coïncide néces*
sairement avec les époques où chaque terrain s'est formé. «La
« considération de similitude ou de différence entre les débris
« organiques n'est pas d'une grande importance, dit M. Beudant
« {Voyage min., tom. III, pag. 278), lorsque l'on compare des
« dépôts qui se sont formés dans des contrées très - éloignées
« les unes des autres : elle est de beaucoup d'importance, si
« l'on compare des dépôts très-rapprochés. ^
Tout en combattant les conclusions trop absolues qu'on pour-
roit être tenté de tirer de la valeur des caractères zoologiques,
je suis loin de nier les services importans que Tétude des corps
fossiles rend à la géognosie, si l'on considère cette science sous
un point de ^oie philosophique. La géognosie ne se borne pas
a chercher des caractères diagnostiques ; elle embrasse l'ensem-
ble des rapports sous lesquels on peut considérer chaque for-
mation : 1.*^ son gisement 5 2.*^ sa constitution orjctognostique
(G^est^-dire, sa composition chimique, et le mode particulier
d'agrégation plus ou moins cristalline de ses molécules); 3."^
l'association des différens corps organisés que l'on j trouve en-
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( 4a )
fouis. Si la superposition des masses rocheuses hétérogènes nous
révèle l*ordre successif de leur formation , comment ne pas nous
intéresser aussi à connoitre l'état de la nature oi^anique aux
différentes époques où les dépôts se sont formés ? On ne peut
révoque^ en doute que^ sur une surface de plusieurs milliers
de lieues carrées ( en Tliuringue et dans toute la partie septen-
trionale de l'Allemagne), neuf formations superposées ^ celles
de calcaire de transition , de grauwacke , de grès rouge , de zech-
slein avec schiste bitumineux ( de gypse muriatifère ) , de grès
à oolithes (de gjpse argileux ), de muscnelkalk et de grès blanc
( quadersandstein ) ; ont pu être reconnues con^me distinctes,
sans recourir aucunement à Temploi de caractères zoologiques ;
mais il ne suit pas de là que la recherche la plus minutieuse
de ces caractères , ou , pour mieux dire , que la connoissance
la plus intime des fossiles contenus dans chacune des formations
ne soit indispensable pour offrir un tableau complet et vraiment
géognostique. II en est de Tétude des terrains comme de celle
des êtres organisés. La botanique et la zoologie, considérées de
nos temps sous un point de vue plus élevé, ne se bornent plus
à la recherche de quelques caractères extérieurs et distinctifs des
espèces; ces sciences approfondissent l'ensemble de l'organisation
Totale et animale. Les caractères tirés des formes de la co-
quille suffisent pour distinguer les diverses espèces d'acéphales
testacés. Regarderoit-on pour cela comme superflue la connois-
sance des animaux qui habitent ces mêmes coquilles ? Telle est
la connexité des phénomènes et de leurs rapports naturels (de
ceux de la vie, comme de ceux qu'offrent fes dépôts pierreux
formés à différentes époques), que, si l'on en néglige quelques-
uns, on se forme non-seulement une image incomplète, mais
le plus souvent une image infidèle.
Dans le cas de la conformité de gisement, il peut y avoir
identité de masse (c'est-à-<lire de composition minera logique)
et diversité de fossiles, ou diversité de masse et identité de
fossiles. Les roches j@ et j6' placées à de grandes distances hori-
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( 43 )
zontàles entre deux formations identiques « et ^^ ou appartien-
nent à une même formation , ou sont des formations parallèles.
Dans le premier cas, leur composition minérale est semblable;
mais , à cause de la distance des lieux et des efïèts Climaté-
riques, les débris organiques qu'elles renferment, peuTcnt dif.
ftérer considérablement. Dans le second cas, la composition mi-
néralogique est différente, mais les débris oi^aniques peuvent
être analogues. Je pense que les mois ^ formations identiques , for-
mations paralMes, indiquent la conformité ou non-conformité
de composition minéralogique, mais qu'ils ne font rien préjuger
sur l'identité des fossiles. S*il est assez probable que des dépôts
/S et )8', placés à de grandes distances horizontales entre les
mêmes roches ce et ^, sont formés à la même époque, parce
qu'ils renferment les mêmes fossiles et une masse analogue^
il n'est pas également probable que les époques de formation
sont très -éloignées les unes des autres, lorsque les fossiles sont
distincts. On peut concevoir que sous une même zone, dans un
pajs de peu d'étendue, des générations d'animaux se sont suc-
cédé, et ont caractérisé, comme par des types particuliers ;, les
époques des formations; mais, à de grands éloîgnemens hori-
zontaux, des êtres de formes très-diverses peuvent, sous difle-
rens climats, avoir occupé simultanément la surface du globe
ou le bassin de mers. Il j a plus encore : le gisement de fi
entre a, ti y prouve que la formation de j8 est antérieure à
celle de ^, postérieure à celle de a ; mais rien ne nous donne
la mesure absolue de l'intervalle entre les époques ^ limites , et
difFérens dépôts (isolés) de j8 peuvent ne pas être simultanés.
Il semble résulter des faits que le zèle et la sagacité des
naturalistes ont réunis depuis un petit nombre d'années, que,
si l?on ne doit pas toujours s'attendre à trouver, comme le
prétendoit Lister, dans chaque formation différente d'autres
dépouilles de corps organisés , le plus souvent des formations
reconnues pour identiques par leur gisement et leur compo-
sition, renferment, dans les contrées les plus éloignées du globe^ "
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( 44 )
des âSftoeîations d'espèces entièrement semblables^ M. Bron»
gniart; dont les travaux, joints à ceux de MM. Lamarck^ De-
vance ^ Beudant; Desmarest, Preyost^ Férusssac, Schlotthetm,
Wahlenbeig, Buckland'^ Webster, Phillips, Greenough, War-
burton, Sowerbj, Brocchî, Soldani, Cortesi, et d'autres miné-
ralogistes célèbres, ont tant ayancé l'étude de la conchyliologie
souterraim y a fait voir récemment les analogies frappantes
qu'offrent, sous le rapport des corps fossiles, certains terrains
d'Europe et de TAmérique septentrionale. Il a essayé de prouver
qu'une formation est parfois tellement déguisée, que ce n'est
que par des caractères . zoologiques que l'on peut la reconnoitre
(Brongniart^ HisU nat, des crustacés fossiles , pag. 67, 62).
Dans Fétude des formations, comme dans toutes les sciences
physiques descriptives , ce n'est que l'ensemble de plusieurs
caractères qui doit nous guider dans la recherche de la vérité.
La description spécifique des débris de plantes et d'animaux
renfermés dans les divers terrains, nous en offre pour ainsi
dire la Flore ou la Faune, Or, dans le monde primordial,
comme dans celui d'aujourd'hui , la végétation et les pro-
ductions animales des diverses portions du globe paroissent
avoir été moins caractérisées par quelques formes isolées d'un
aspect extraordinaire, que par l'association de beaucoup de
formes spécifiquement différentes, mais analogues entre elles j
malgré la distance des lieux. En découvrant une nouvelle terre
près du détroit de Torres, il ne seroit pas aisé de déterminer,
d'après un petit nombre de productions, si celte .terre est con-
tiguë à la Nouvelle -Hollande, ou à l'une des îles Moluques ou
à la Nouvelle- Guinée. Comparer des formations sous le rap-
port des fossiles, c'est comparer des Flores et des Faunes de
divers pays et de diverses époques ; c'est résoudre un problème
d'autant plus compliqi^é qu'il est modifié à la fois par l'espace
•t le temps.
Parmi les caractères zoologiques appliqués à la géognosic,
l'absence de certains fossiles caractérise souvent mieux les for*
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{ 45 )
màtiotis que leur présence. C'est le cas 4eA roches de transi*
tion : on n^j trouTe généralement que des madrépores ^ des en-
crinites, des trilobites, des orthocéralîtes et des coquilles de
la famille des térébratules , c^est-à-dire des fossiles dont quel-
ques espèces 7 non identiques^ mais analogues^ se rencontrent
dans des couches secondaires très-modernes^ mais ces roches
de transition sont privées de bien d'autres dépouilles de corps
organisés^ qui paroissent en abondance au-dessus du grès rouge.
Le jugement que Fon porte sur Tabsence de certaines espèces »
ou sur l'absence totale des corps fossiles, peut cependant être
fondé sur xune erreur qu'il sera utile de signaler ici. En exami-
nant en grand les formations coquillières , on observe que les
corps organisés ne sont pas toujours également distribués dans
la masse; mais i.**, que des strates entièrement dépourvus de
fossiles alternent avec d^autres strates qui en fourmillent; 2,^
que, dans une même formation, des associations particulières
de fossiles caractérisent certains strates qui alternent avec d'au-
tres strates à fossiles distincts. Ce phénomène, observé depuis
long-temps, se retrouve dans le muschelkalk et dans le calcaire
alpin (zechstein), qu'une couche de trochites sépare souvent
du grès houiller (Buch, Beoh,, T, L pag. i55, i46, 171); il
est propre aussi au calcaire du Jura et à plusieurs formations
tertiaires. £n n'étudiant que la craie des environs de Paris, oh
pourroit presque croire que les coquilles univalves manquent
entièrement à cette formation : cependant les univalves poljtha*
lames, les ammonites, comme nous l'avons rappelé déjà, sont
très-communs en Angleterre , dans les couches les plus anciennes
de la craie. Même en France (côte de Sainte-Catherine près de
Caen) la craie tufïeau et la craie chloritée contiennent beau-
coup de fossiles que l'on ne troUve pas dans la craie blanche
(Brongniart, Caractères zooLy fkig, 12). Comme dans diffîrens
pajs les terrains ne se sont pas développés paiement, et que
l'on peut prendre des lambeaux de formations pour des forma-
tions entières et complètes, celles qui sont dépourvues de co-
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( 46 )
quilles dans une région, peuvent en offrir dans une .autre.
Celte considération est importante pour obvier à la tendance assez
générale de trop multiplier les formations ; car, lorsque sur un
même point du globe un terrain (par exemple de grès) abonde
dans sa partie inférieure en corps fossiles, et que sa partie su-
périeure en manque entièrement, cette seule absence des fos-
siles ne justifie pas la scission du même terrain en deux forma-
tions distinctes. Dans la description géologique des environs de
Paris, M. Brongniart a très-bien réuni les meulières sans co-
quilles avec celles qui sont comme pétries de coquilles d'eau douce.
Nous venons de voir qu'une formation peut renfermer dans
différens strates des pétrifications spécifiquement différentes,
mais que le plus souvent quelques eàpèces du strate inférieur
se mêlent à la grande masse d'espèces hétérogènes qui se trou-
vent réunies dans le strate superposé. Lorsque celte différence
porte sur des genres dont les uns sont des coquilles pélagiques ,
les autres des coquilles d'eau douce, le problème de l'unité ou
de l'indivisibilité d'une formation devient plus embarrassant. Il
faut d'abord distinguer deux cas : celui où quelques coquilles
fluviatiles se trouvent mêlées à une grande masse de coquilles
marines, et celui où des coquilles marines et fiuviatiles pour-
roient alterner couche par couche. MM. Gilet de Laumont et
Beudant ont fait des observations intéressantes sur ce mélange de
productions marines et d'eau douce dans une même couche. M.
Beudant a prouvé^ par des expériences ingénieuses, comment
beaucoup de mollusques fluviatiles s'habituent graduellement à
Tivre dans une eau qui a toute la salure de l'océan. Le même
savant a examiné*^ conjointement avec M. Marcel de Serres ^
certaines espèces de paludines qui, préférant les eaux saumâtres,
se trouvent près de nos côtes, tantôt avec des coquilles péla-
giques, tantôt avec des coquilles fiuviatiles. {Journ. de pkys.,
T. LXXXIII, pag. i37, T. LXXXVIII , pag. an ; Bron-
gniart^ Géogr, min., pag. 2j , Si, 89.) A ces faits curieux se
joignent d'autres faits ^ que j'ai publiés dans la Relation de mon
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( 4r )
yayage aux régions équinoxiahs (T, I, pag. 535 et T. II, pag.
606)^ et qui semblent expliquer ce qui s'est passé jadis sur le
globe 9 d'après ce que nous observons encore aujourd'hui. Sur
les côtes de la Ten'e-ferine , entre Cumana et Nueva-Barcelona^
j'ai vu des crocodiles s'avancer lt)in dans la mer. Pigafetta a
fait la même observation sur les crocodiles de Bornéo. Au sud
de l'ile de Cuba, dans le golfe de Xagua^ il J a des lamantins
dans la mer, sur un point où, au milieu de l'eau salée, jaillis-
sent des sources d'eau douce. Lorsqu'on réfléchit sur l'ensemble
de ces faits, on est moins étonné du mélange de quelques pro«
ductions terrestres avec beaucoup de productions incontestable^
ment marines. Le second cas que nous avons indiqué, celui de
l'alternance, ne s'est jamais présenté, je crois, d'une manière
aussi prononcée que l'alternance du thonschiefer et du calcaire
noir dans un même ten^ain de transition, ou (pour rappeler un ùliI
qui a rapport à la distribution des corps oiganisés) que Talter-
nance de deux grandes formations marines (calcaire à cérites et
grès de Romainville), avec deux grandes formations d'eau douce
(gypse et meulières du plateau de Montmorency). Ce que l'ob-
servation attentive des superpositions a offert jusqu'ici, se réduit
à des couches alternantes de gypse et de marne, placées entre
deux formations marines, et renfermant au centre (dans leur
plus grande masse) des productions terrestres et d'eau douce, et
Vers les limites supérieure et inférieure, tant dans le gypse que
dans les marnes, des productions marines : telle est la constitu-
tion géologique du. gypse de Montmartre. La variation spécifique
dans les pétrifications, le mélange observé à Pierrelaie, et le
phénomène d'alternance que présente Montmartre, ne suffisent
pas pour motiver le' morcellement d'une même formation. Les
marnes et le gypse qui renferment des coquilles marines (n.** 26
de la troisième masse), ne peuvent être géognostiquement séparés
des marnes et des gypses qui renferment des productions d'eau
douce. Aussi MM. Cuvier et Brongniart n'ont pas hésité de coH'^
sidérer l'ensemble de ces marnes et de ces gypses marins et d'eau
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( 48 ) •
douce comme un même terrain. Ces savans ont même cité cette
réunion de couches alternantes comme un des ei^emples les
plus clairs de ce que I*on doit entendre par le mot formation^
{Géogr. miner,, pag, 3i , Sg, 189.) En effet > dans un même
terrain peuvent être renfermés diflTérens systèmes de couches : ce
sont des groupes , des sous-divisions, ou, comme disent les géo-
gnostes de l'école de Freiherg, des membres plus ou moins dé-
veloppés d'une même formation. (Freiesleben, Kupf., T, I,
pag, 17, T.III,pag. i.)
Malgré le mélange de coquilles pélagiques et fluviatiles que
Ton observe quelquefois au contact de deux formations d'origine
différente, on peut donner à Tune de ces formations lé nom
de calcaire ou de grès marin , lorsqu'on ne veut tirer la dénomi*
nation des roches que des espèces qui constituent la plus grande
masse et le centre des couches. Cette terminologie rappelle un
fait qui a rapport , pour ainsi dire , à la géogonie , à l'ancienne
histoire de notre planète : elle précise (et peut-être un peu
trop) l'alternance des eaux douces et des eaux salées. Je ne
conteste pas l'utilité des dénominations grès ou calcaire marin
pour des descriptions locales; mais, d'après les principes que
je me suis proposé de suivre dans le tableau général des for-
mations caractérisées d'après la place qu'elles occupent comme
termes d'une série , j'ai cru devoir l'éviter avec soin. Tous les
terrains au-dessous de la craie et même au-dessous du calcaire
à cérites (calcaire grossier du bassin de Paris) sont -ils, sans
exception, des calcaires et des grès marins F Ou les monitors
et les poissons des schistes cuivreux dans le calcaire àfpin de
Thuringe ; les ichthjosaures de M. Home , placés au-dessous des
oolithes d'Oxford et de Bath , dans le Ijas de l'Angleterre ( qui
sur le continent est représenté par une partie du calcaire du
Jura); les crocodiles de Honfleur, enfouis dans des ai]giles
avec bancs calcaires au-dessus des oolithes de Dive et du calcaire
d'Isignj, par conséquent supérieurs au calcaire du Jura, prou-
vent-ils qu'il j a déjà au-dessotis de la craie, entre ce terrain
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( 49 )
et le grès roiige ^ de petites formations d'eau douce intercalées
aux grandes fomuttions ^narines ? Les 'houilles à fougères sous
le grès rouge et sous le porphjre secondaire ne nous offrent-
elles pas un exemple évident d'une très-ancienne formation non
marine ? Ces. circonstances prescrivent , dans Pètat actuel de la
science 9 beaucoup de réserve, lorsqu'on se hasarde > d'après des
caractères purement zoologiques, de morceler des terrains dont
l'unité a paru constatée par Taltemance des mêmes ^couches et
i^x d'autres phénomènes de gisement. (Engelhard el^Raumer,
Geogn. Versuchcy pag, 126 — i33») iCette réserve est d'autant
plus nécessaire que, d'après le témoignage d'un minéralogiste
qui a long -temps approfondi cette matière, M. Brongniart,
^ il existé une espèce de transition entre la formation du cal-
caire marin et du gjpse d'eau douce qui suit ce calcaire, et
que ces deux terrains n'offrent pas cette séparation J>rusque
qui se montre y sur les mêmes lieux , entre ]a craie et le cal-
caire grossier, c'est«à-dire entre deux formations marines. On
ne petit, douter, ajoute le même observateur, que les premières
couches de" gypse n'aient été déposées dans un liquide analo-
gue à la mer,> tandis que les suivantes ont été déposées dans
un liquide analogue à l'eau douce. * {Géograph, miner,, p^ 168
et 193.)
£n énonçant les motifs qui m'empêchent de généraliser une
terminologie fondée sur le contraste entre des productions
d'eau douce et des productions marines, je suis loin de con-
tester l'existence d'une fonnation d'eau douce supérieure à
toutes les autres formations tertiaires, et qui ne renferme que
des bulimes, des limnées, des cfclostomes et àts pôtamides.
Des observations récentes ont démontré combien cette forma-
tion est plus répandue qi^'on ne l'avoit cru d'abord. C'est un
nouveau et dernier terme à ajouter à la série géognostique.
Nous devons .la^connoissance plus intimé de ce calcaire d^eau
douce aux utiles travaux de M. Brongniart. Les phénomènes
qu'offrent les formations d'eau douœ, dont l'existence n'étpit
4
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( 5o )
anciennement connue que par les tuffs de la Thuringfè et par
le Trarertin toujours renaissant des plaine^ de Rome ( Reuss ,
Geogn.; T. II, pag. 64a, Buch, Geogn. Beobacàt., T. Il, p.
21 — ' 3o), se lient de la manière la plus satisfaisante aux lois
admirables -que M. Guvier a reconnues dans le gisement des o$
des quadrupèdes vivipares* (Brongniart^ Anmdes du Muséum,
T. XY^ pag. 5579 58|$ Guvier, Rech» sur hs osstm. fossiles ,
T. I, p. UVO
La distinction entre les coquilles fossiles fluviatiles et mari-
nes est l'objet de recherches très-délicates : car il peut arriver^
lorsque les dépouilles des corps oiganises se détachent diffici-
lement de la masse du calcaire siliceux qui les renferme y qu'on
confonde des ampullaires avec des natices , des potamides avec
des cérites. Dans la famille des conques on ne s^arè avec
certitude les cyclades et les cy rênes, des venus et des lucines,
que par l'examen des dents de la ohamîère. Le travail que
M. de Férussac a entrepris sur les coquilles terrestres et fluvia-
tiles, jettera beaucoup de jour sur cet objet important. D'ail-
leurs , lorsqu'on croit voir un genre de coquilles pélagiques au
milieu d'un genre de coquilles d'eau douce «. on peut agiter
la question, si effectivement les mêmes tjpes génériques ne
peuvent se retrouver dans les lacs et dans les mers. On connoit
déjà l'exemple d'un véritable mjtilus âuviatile. Peut-être les
ampullaires et les corbules offriront-ils des mélanges analc^es
de formes marines et de formes d'eau douce. (Voyez un mémoire
de M. VaUnciennesj inséré dans mon Recueil d'observations de
zoologie et d'anatomie comparée, T, II , pag. 218.)
11 résulte de ces considérations générales sur les caractères
zoologiques et sur l'étude des corps fossiles , que , malgré les
beaux et anciens travaux de Camper, de Biumcnbach et de
Sômmering, l'exacte détermination spécifique des espèces, et
l'examen de leurs rapports ^vec des couches très-récentes et
Toisines de la craie , ne datent que de vingt-cinq ans. Je pense
que cette étude des corps fossiles, appliquée à toutes les autres
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( ô» )
cûdche» secondaires et intermédiAifes pât des 'géognostes qai
consultent en tnéme temps le giisement et la (Composition mi-
nérale des roches ^ loin de renverser tout le ir^stéme des forma-
tions déjà établies > servira plutôt à étajer ce système , à H
perfectionner > à en compléter le Vaste tableau. On peut «itî-
sager sans doute la science géognostique des formations sous
des points de vue. très * diiTérens ^ selon que Ton s'attache d#
préférence à la superposition des masses minérales ^ à leur
composition (c'est-à-dire > à leur-anal;)rse chimique et mécani*
que ) > ou aux fossiles qui se trouvent renfermés dans plusieurs
de ces masses ; cependant la science géognostique est une. Les
dénominations 9 géognoste de gisement OU de superposition, géo*
gnosie oryttognosiviue ( analjrsant le tissu des masses ) ^ géognosie
des fossiles, désignent > je ne dirai pas^ des embraiichemens
dWe même science^ mais diTersé» classes de rapports que Ton
tâche d'isoler pour les étudier plus particulièrement. Cette
unité de la science ^ et le vaste champ qu'elle embrasse^ avoient
été très-bien reconnus par Wemer> le créateur de la géognosie
positive. Quoiqu'il ne possédât pas ^s mojens nécessaires pour
se livrer à une détermination rigoureuse des espèces fossiles , it
n'a cessé, dans ses cours ^ de ifixer l'attention dé ses élèves sur
lés rapports qui existent entre certains fossiles et les formations
de diflTérens âges. J'ai été témoin de la vive satisfaction qu'il
éprouva 9 lorsqU^en 179S! M. de Schlottheim^ géognoste des
plus distingués de l'école de Freibeig^ commença à faire de
ces rapports l'objet principal de ses études. La géognosie posi^
tive s'enrichit de toutes les découvertes qui ont été faites sur la
constitution minérale du globe 5 elle fourmi à Une autre science >
impropi^ment appelée théorie de la terre, et qui embrasse l'his^
toire première' des catastrophes de notre planète > les matériaux
les plus précieux. Elle réfléchit plus de lumiéi*e sur cette science
qu'elle n'en reçoit d'elle à son tour ; et Sans révoquer en doute
l'ancienne fluidité ou le ramollissement de toutes les couches
pierreuses (phénomène qui se manifeste par les corps fossiles^
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( 52 )
par Paspect cristallin des masses ^ par les cailloux roules ou les
fragmens empâtes dans les roches de transition et les roches
secondaires ) 9 la géognosie positive ne prononce point sur la
liature de ces liquides dans, lesquels ^ dit-on ^ les dépôts se
sont formés 9 sur ces eaux de granité y de porphyre et de gypse,,
que la géologie hypothétique fait arriver, marée par marée,
sur un même point du globe. ,
Pans, le tableau des formations je n'ai point indiqué Fincli-
naison des strates comme caractère géognostique. Nul doute que
la discordance de deux roches ( Ungleichfôrmigkeit der Lage-
rung), c'est-à-dire, le manque de parallélisme dans leur direc-
tion et leur inclinaison , ne soit le plus souvent une preuve évi-
dente de 1,'indépendance des formations; nul doute que la
grande inclinaison du terrain houiiler ( coal-measures ) , du grès
rouge et des roches de transition, si justement opposée en An-
gleterre par M. Buckland à l'horizontalité du calcaire magné-
sien, du red-marl, du. Ijas et de toutes les couches plus mo-
delées encore, ne soit un phénomène très -digne d'attention:
mais , dans d'autres régions de la terre , sur le continent de
r£urope et dans l'Amérique équinoxiale, le calcaire alpin et
le calcaire du Jura, qui représentent ces formations horizon-
tales de l'Angleterre, sont très -inclinés aussi. En embrassant
sous un même point de vue de vastes étendues . du ^\ohe , les
Alpes, les montagnes métallifères de la Saxe, les Apennins,
les Andes de la Nouvelle-Grenade et les Cordillères du Mexi-
que , on observe que l'inclinaison des strates n'augmente pas
du tout ( comme on le répète encore souvent dans des ouvrages
très-estimés) selon l'âge des formations. 11 j a quelquefois, et sur
des étendues de terrain très-considérables, des couches presque
horizontales parmi les roches très-anciennes; et, qui plus est:,
ces phénomènes s'observent plutôt parmi les roches primitives
que parmi les roches de transition , et dans les premières plutôt
parmi le gneis et les granités stratifiés, que parmi les thou-
schiefer et les micaschistes. U m'a paru en général , que les
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( 53 )
foches les plus inclinées se- trouvent ( si l'on fait abstraction
de couches trés^rapprochées des hautes chaînes de montagnes )
entre le micaschiste primitif et le grcs rouge. L'horizontalité
des strates n'est bien générale et bien prononcée qu'au^-dessus
de la craie ^ dans les terrains tertiaires^ par conséquent dans
des masses d'une épaisseur comparativement peu considérable.
Ce n'est point ici le lieu d'approfondir la question de savoir
si toutes les couches inclinées sont des couches relevées ^ comme
le prétendoit Stenon dés' l'année 1667, et comme le semble
prouver le phénomène local de galets ou fragmens aplatis placés
parallèlement aux surfaces des couches inclinées dans des con-
glomérats de transitk>ii (grauwacke) et « dans le nagelfluhe, ou
s'il est possible que des attractions que l'on suppose ayoir agi
à la fois sur une grande partie de la surface du globe, ont
produit dans nos plaines des strates inclinés dés leur origine,
semblables à ces lames superposées, et sans contredit primiti-
vement inclinées , qui forment le clivage d'un cristal. Certains
grès (Nebra) oflrent un parallélisme très-régulier dans leurs
feuillets les plus minces, coupant sous un angle de 20^ à
35® les fissures de stratification horizontales ou inclinées. Sans
vouloir tenter de résoudre ces problèmes , il me sera permis de
réunir à la fin de cette introduction quelques faits qui se lient
à l'étude des.giseniens. Lorsqu'au milieu de pajs non monta-
gneux, ou sur des plateaux non interrompus par des vallées,
où la roche reste constamment visible^ on vojage pendant huit
à dix lieues dans une direction qui coupe celle des couches à
angle droit , et que l'on trouve ces couches ( de thonschieler
de transition ) parallèles entre elles , presque également incli-
nées de 5o à 60 degrés, vers le pord-ouest par exemple, on
a de la peine à se former une idée d'un relèvement ou d'un
ubaissement si uniforme, et dés dimensions de la montagne
ou du crèUx qu'on doit admettre pour expliquer par une im-
pulsion violente et simultanée cette inclinaison des strates.
£n raisonnant sur Porigine des couohes inclinées, il faut dis»»
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( *i )
tinguer deux circoiutânces très-difTérentes : leur position dan»
la proximité d'une haute chatne de montages qui est traversée
par des vallées longitudinales ou transversales^ et leur poûtion
loin de toute chaîne de montagnes ^ au milieu des plaines ou
de plateaux peu élevés. Dans le premier cas, les effets du relè-
vement paroissent souvent incontestables et les couches incli-
nent assez généralement vers la chaîne , c'est-à-^iirc sur la pente
septentrionale des Alpes au sud, sur la pente méridionale, mais
beaucoup moins régulièrement au nord ( Buch , in Schr. Nai*
FreEuuk, 1809^ pag, io3> 109^ 179, 181 ; Bemowllï , Seht'^iz^
Miner, f pag. 2Z ) ; mais, à de grandes distances de la chaîne ^
eelle-<n paroît influer sur la seule direction des couches, et non
#ur leur inclinaison*
J'ai été, dés l'année 1793^ trés^ttentif à ce parallélisme on
plutôt à 19e hxodronUsmi des couch($$. Habitant des monti^es
de roch^ stratifiées où ce phénomène est très-constant, exa-
minant la direction et l'inclinaison des couches primitives et
de transition, depuis la côte de Gènes, a travers la chaîne de
la Bochetta , les plâûnes de la Lombardie , les Alpes du Saint-
G<»thafd, le plateau de la Soùabe, les mcmtagnes de Bareuth
et les plaines de l'Allemagne septentrionale, j'avois été frappé ,
Aaoa de la oônstanee, du moins de Textrème fréquence des
directions hor* 3-^4 de la boussole de Freiberg (du sud-ouest
au nord-est). Cette recherche, que je crojms devoir conduire
lei physiciens i la découverte d'une grande loi de la nature,
Avoit «ilors tant d'attraits pour moi, qu'elle est devenue un des
motifs l^ plus puisaans de mon voyage à l'équateur. Lorsque
j'arrivai sur les côtes de Venezuela, et que je parcourus la haute
chaîne du littoral et les montagnes de granite^eis qui se pro-
loijgent du Bas^Orénoilae au bassin du Rio Negro et de Vkm^
zone, je reconnus de nouveau, dans la direction des cou-
ches, le parallélisme lé plus surprenant. Cette direction étoit
encore hor. 3—4 (oîi N. 45" E.), peut-être parce que la
chaîna du littoral de Venezuela ne s'éloigne pas considérable-
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( 55 )
ment de l'sgdgle que fait arec le méridien la ckaine centrale
de r£arope. J'ai éaoncé les premiers résultats que ni'ofTroient
\n roches primitives et de transition de FAmérique méridio<>
nide^ dans up mémoire piiUié par M. de Lamétherie^ dans
son Journal de physique, T. 5^^ p. 4^. J'j ai mêlé (comme
cela arrive souvent aux vojageurs^ lorsqu'ils publient le résultat
de leurs travau^l pendant le cours même du Yojage)^ à des ob»
servations très-précises sur la grande uniformité dans la diree»
tion des couches (i l'isthme d'Araya^ à la Silla de Caracas, au
Çamburj prés Portocabello y sur les rives du Gassiquiare t
voyez ma iliibi, lUstor., T. I, p. îgl, 5^2, 564, 578, T. II,
P^S* ^^ y 99? ^^^5 i40> ^^ aperçus généraux que )'ai rof
gardés depuis comme vagues et moins exacts. Quatre années, de
courses dans les Cordillères ont rectifié mes idées sur un phé«
nomène qui e^t beaucoup plus important qu'on ne Ta voit cru
autrefois; et, de retour en Europe, je me suis empressé da
consigner le résultat général de mes observations dans la 6/0-
graphu des plantes, pag. 116, et dans VEssm politique sur h$
Nomette-'Espagme 9 2\ II, p, Sao. L'indication de ce. résultat
étoit sans doute restée inconnue au savant auteur du Criiical
eaçûsminaiian of Geokgy (p» ^76), lorsqu'il a combattu les as-
sjertions publiées pendant mon absence^ en 1799^ p^r M. de
]C<amétfaerie.
. II n'existe dans aucun hémisphère, parmi les roches, une
uniformité générale et absolue de direction; mais, dans des
ridions d'une étendue très -considérable, quelquefois sur plu«
sieurs milliers de lieues carrées , on reconnoît que la direction ^
.plus lareme^t l'inclinaison, ont été déterminées par un sys-
tème de &Mrecs pad^ticulier. On j décourre , à des distance»
trèsrgrandes, un partMiUsme de couches, une direction dont lo
type se manifeste au milieu des porturbaticms partielles, et qiû
reste souvent le même dans lès terrons primitife et de tran-
siUea. Cette identité de direction s'cduserve plus, fréquemment
loiades hautes chaînes alpin^es très-«levées, que dans ct$ chat-
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( 56 )
nés mêmes , où les strates se trouvent contournés , redressa et
brisés. Assez généralement , et oe fait avoit déjà frai>pé M. Pa-
lassou {Essai sur la Min. des Pyrénées, 1781 ) et même M. do
&ussure ( Voyages dans les Alpes, %. aSoa), la direction do
couches trés-éloignées des chaUies principales suit la direction
de ces chaînes de montagnes. Cette uniformité de parallélisme
des couches (du nord -est au sud -ouest) a été observée dans
une grande partie de rAliemagne septentrionale ^ au Fichtelge-
biige^ en Franconie et sur les bords du Rhin; en Belgique;
aux Ardennes^ dans les Vosges ;^ dans le Cotentin; dans la
Tarantaise; dans la majeure partie des Alpes de la Suisse et
en Ecosse. «Fe ne citerai que des géognostes modernes ^ trés-exer-*
ces à ce genre d'observations^ et d'autant plus attentifs à la
direction et à l'inclinaison des strate»^ que les assertions que
j'avois émises sur un -paralUlisme ou hxodromisme à de grandes
distances , avoient excité de vives contestations. « Qu'on vienne ,
« dit M. Boue, examiner en Ecosse , la boussole à la main^
« la position des masses minérales 5 et qu'on sache s'arrêter
« aux faits généraux; l'on s'apercevra. que la direction des cou-
« ches est constante et correspond à celle des chaînes du sud-
« ouest au nord-est, mais que l'inclinaison varie d'après des
« circonstances locales. » (Raumcr, Geogn. Versucbe , p- ^i ,
44 9 4d ; Id. 9 Fragmente, pag. 58^ 64* Goldfuss et Bischof,
Fichtelgeb., T. I, p. 189. Omalius d'Halloj, dan$ le Journal
des mines, iSoS , pag. 463. Brochant^ Obserp, géoh sur les ter^
rains de transition, pag, i4* Escher, dans VAlpina, T, IV ,
pag. 337; Gruner, dans Vlsis , i8oS^ Oet., pag^ 181. Ber-
Bouilii, Schweig:, Min., pag. i9-r-24» Ebel, Alpen, T. 1,
pag, 320; T, II, pag. 201, 21 5^ 357. Boue, Géoh d'Ecosse p
pag, i3. ) Dans les Pyrénées la direction générale des strates
est, d'après \ts belles observations de MM. Palassou, Ramond^
Charpentier et d'Aubuisson, comme la direction générale de
la chaîne, N. 68° O. , ou de l'est-sud-est à l'ouest-^nord-ouest.
(Râ?no»d, Pyrén,, T.I, pag. 67, T, II, pag. 354 5 d'Au-
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( 5? )
ImÎ9iôiiy Géohgit, T. 1, pag. 34a.) Cette mètie rignlsnrité
régne dans le Gancafe; Aux £tftt$4Jnis de l'Amérique septen-
trionale , les roches primitires et intermédiaires sont dirigées ^
d'après M. Maclure^ comme la chaîne des Alleghanjs , du
nord-est an sud-ouest Les directions du nord an sud ou du
nord-nord*est au sud-4ud*ouest prédominent en Suède et en
Finlande. (Haussmann^ dans \t& Mémùins âeFjicadémie de
Munie, iSoS, P. I , p. 147. Buch, Lapphnd, T. I, p. 2yy ,
39S. Hisinger^ Min, Gâçgr, von Schvpeden 9 p, 465. Engelhardt,
Felsgebilde Rjussïands, p. 18.) Dans les Cordillères du Mexique
on ohserve un tjpe de direetion très-général : les couches qui
forment le plateau se diri^fentdu sud-est au nord-ouest, paral-
lèlement à la (direction de la chaîne d'Anahuac^ tandUs que
Vax-t Tfolcarûgue (la ligne qui passe, entre les 18** Sg' et 19*
12' de latitude par le Pic d'Oizaha, les deux volcans de la
Puehia, le Nevado de Toluça , le Pic de Tancitaro et le volcan
de Golima , ligne qui est en même temps le paraOèh des plus
grandes élévations) se prolonge de l'est à l'ouest, 'ccAnme une
erevasse qui traverse l'isthme mexicain d'une mer à l'autre.
{Essai politique , T. H, p. 255.)
Comme nous ignorons les causes primordiales des phéno-
mènes, la philosophie naturelle, dont la géognosie sera un
jour une des parties les plus intéressantes, doit s'arrêter i la
connaissance des lois; et, dans le phénomène qui nous occupe,
ces lois peuvent être soumises à des mesures exactes. Il ne faut
point oublier que les lignes de direction dès cônchès {Sirei-
chungsUnien ) rencontrent les - méridiens , lorsqu'à de grandes
distancées -ces couches sont , par exemple , uniformément diri-
gées N. 45"* £., comme les élémens d'une ligne loxodromique,
sans être parallèles dans Fespaoe. La direction des couches an-
ciennes ( primitive et de transition ) n'est pas un petit phéno-
mène de localité : c'est au contraire un phénomène indépeur
dant de la direction des chaînes secondaires; de leurs embran-
ohemens et de la sinuosité de leurs vallées ; un phénomène
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{ 58 )
dont la cause a agi, d^ùne manière uniforme , à de prod%îciises
distances, par exemple, dans l'ancien continent entre les 4^"^
et 57'' de latitude, depuis TËcosce jusqu'aux confins de l'Asie.
Quelle est cette influence apparente des hautes chaînes alpines
sur des couches qui, quelquefois, en sont éloignées de plus de
cent lieues ? J'ai de la peine i croire que la même catastrophe
ait soulevé les montagnes et iocliné les strates dans les plaines ,
de sorte que*la tranche de ces strates, jadis tous horizontaux,
aujourd'hui tous inclinés de 5o° à 60^ , et formant la surface
du globe, se seroit trourée à de grandes jf^rq^oindears. Les chaînes
des montagnes alpines ont^Uea été soiderées ? Sautilles sor-
ties (sémbkUes à oeUe raagfée de <»m'eft releaniques dans les
pkines de JQfuUo^ enU'e la inUe de Mexico et les cotes de la
mer du Sud ) sur des 4rreva$sfe A^rmées parallèlement à la direc-
tion de coHehes inclinées piréexistantes?
Etk traçant le tableau géognostique des formations, j'ai dû
m'abstenir de citer à chaque observation la source à laquelle
je l'ai puisée. La géognûaie positire est une science qui ne date
que de la fin du dernier siède, et il n'iost paa facile, je pour-*
rois ajouter, il n'est pas sans diajagei?, de faire l'hisloire d'une
science si moderne. Quoique dans le cours d'une vie laborieuse
j'a^ eu le bonheur de voir une plus grande étendue de moU'*
lagnes qu'aucun autre géognoste, le peu que j'ai observé se
p«rd dans la grande massé des £iits que j^ntrepread^ d'ex^ ,
poser ici. Ce que ce Traité des formations renferme d'impor^
tant, est dâ aux efforts réunis de mes coJUtemporiMi]^. J'ai
voulu présenter au» lecteurs, d'une manière concise, J'enchai-^
nefhent des découvertes qui ont été faites : j'ai cru pouvoir
ajouter ce qui est seulement probable i ce qui me paroit en-
tièrement constaté. Si j'avois atteint le but que je me suis pro-
posé, les hommes supérieurs qui en Allemagne, en France^ ep
Angleterre, en Suède et en Italie, ont contribué à agrandir l'é-
difice de la science géc^ostique, devroient reconnoitre à cha-
que page le résultat. de leurs travaux. J'ai rejeté dans des notes ^
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< 59 )
à la fin du tableau^ les citations des faits mains géo^ralemant
connus^ et je n'ai nommé dans le tableau même que les sâvana
qui on,t bien voulu mé communiquer des observations et des
aperçus qu'ils n'ont point encore publiés. Les eommunications
les plus nombreuses et les plus intéressantes de ce genre soni
celles que }é dois, depuis quinze ans, à M. Léopold de Bucb^
avec lequel j'ai eu l'aTantage de -faire mes premières études mi-
néralogiques sous un grand maître, et qui, sur une vnste éten*
due de terrains ( entre les ^8^ et les 71 ** de latitude), a recueilli
des matériaux précieux pour la géognosie , l'bistoire de l'atmos-
phère et la géographie des y^étaUx. J'ai iait usage, dans le
cours de mon travail, de plusieurs notes inédites que ce savant
a bien voulu me donner sur le tissu cristallin des tradbjrtes que
j'ai rapportés des Cordillères , et sur l'ordre des formations en
Suisse^ en Angleterre, en Ecosse, en Toscane et dans les en*
virons de Rome. J'ai aussi eu l'avantage de le consulter, pen-
dant les différens séjours qu'il a faits à Paris ^ sur ce qui me
paroissjoât douteux dans le gisement des formations. Toutes les
observations relatives à la Hongne sont tirées du Vt^age mi*
néralogùfue de M. Beudant,^ qui est sur le point de paroi tre ,
et dans lequel la plupart des qi»e$tÎQns de gisement sont traitées
avec une grande supériorité. Mon compatriote , M. de Char-
pentier, directeur des salines de Subse, a bien voulu com-
muniquer son excellente destcription des Pjrénéea, travail le
plus complet que l'on possède sur une grande chaîne de mon-
tagnes. Plusieurs renseignemene sur les poiphjres d'Europe
sont tirés d'une notioe qve j'ai écrite, pour ainsi dire, sous
la dictée de M. Wemer, lorsque cet homme célèbre est venu,
pour qijielques jours, de Garlsbad à Vienne (en iSii), pour
s'entretenir avec moi sur la constitution géognostique de la Cor*
diUère des Andes et du Mexique. C'est un devoir bien doux i
remplir que de donner un témoignage public de reconnois-
sance à ceux dont la mémoire nous est chère' Je n'ai pas tiré
tout le parti que j'aurois voulu des travaux importans de MA{,
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( 60 )
Maculloch, Jameson^ Weawcr, Berger, et d-autrcs rtiembres
des Sociétés géologique et wemérienne , en Angleterre , parce que
fai craint de prononcer sur l'identité des formations d'un pajs
que je ne connois pas, an nord des montagnes dû Derbjrshire,
et qui, dans ce moment, est exploré arec tant de zélé et de
succès. ^
En indiquant pour chaque formation les noms de quelques-
uns des lieux où elles se trouyent ( ce que les botanistes ap-
pellent les habitations) y je n'ai eu aucunement la prétention
d'étendre le domaine de la géographie minéralogîque : je n'ai
voulu que présenter des exemples dé gisement bien obsenrés.
Les exemples ne sont pas toujours choisis parmi des contrées
qui, par les descriptions de géognostes célèbres, sont devenues,
pour ainsi dire, classiques. D a fallu nommer quelquefois, dans
l'autre hémisphère, des lieux qu'on ne trouve sur aucune de
nos cartes. Allemont, Dudlej*, cap de Gates, Mansfield et
Œningue sont plus connus des minéralogistes que les grandes
provinces métallifères d'Antioquiâ, des Guamalies et de Zaca-
tecas. Pour faciliter ce genre de recherches, j'ai souvent ajouté,
c.itre deux parenthèses, des renseignemcns géographiques , par
evemple, Quindiu ( Nouvelle- Grenade ) , Ticsan (Andes de
Quito), Tomependa (plaines de l'Amazone ). A côté de l'indi-
cation àts lieux où prédomine telle ou telle formation, j'ai
tAché de faire connoître l'ordre entier de superposition qui a
été observé avec quelque certitude sur des points très-éloignés ,
par exemple, dans les Cordillères des Andes, en Norwége, en
Allemagne, en Angleterre, en Hongrie et au Caucase. Ces des-
criptions de coupes, qui présentent des matériaux pour la cons-
truction, si long-temps désirée, A^xm Atlas géognostique , sont,
pour ainsi dire , les pièces justificatives d'un tableau général des
roches ; car la géognosie , lorsqu'elle s'occupe de la série des
formations, est à la géographie minéralogique ce que Vhydro'
graphie comparée est ^ la topographie des grands fleuves, tracée
isolément. C'est de la connoissance intime d<^ influences qu'exer-
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( 6i )
cent les inégalités du teirain^ la foùte des neiges^ les pluies
périodiques et les marées ^ sur la vitesse ^ sur les sinuosités^ sur
les étranglemens ^ sur les bifurcations et sur la forme des em-
bouchures du Danube 9 du Nil ^ du Gange ^ de l'Amazone, que
résulte une théorie générale des fleuves, oa pour mieux dire ^
un système de lois empiriques qui embrassent ce que l'on a
trouvé de commun et d'analogue dans les phénomènes locaux
et partiels. (Yojez quelques élémens de cette hjdrographie
comparée, dans ma Relat, historiq.y T» H, p. 617 — 626, et
'657 — ;664* ) La g^ognosie des formations offre aussi des lois em-
piriques, qui ont été abstraites d'un grand nombre de cas par«
ticuliers. Fondée sur la géographie minéralogique, elle en dif-
fère essentiellement, et cette difTérence entre l'abstraction et
l'observation individuelle peut devenir, chez des géognostes
qui ne connaissent qu'un seul pays, la cause de quelques
jugemens erronés sur la précision d'un tableau général des
terrains. ,
l^s sciences physiques reposent en grande partie sur des
inductions^ et. plus ces inductions deviennent complètes, plus
aussi les , circons,lances locales qui accompagnent chaque phé-
nomène, .se trouvent exclues de l'énoncé des lois générales.
L'histoire même de la géognosie justifie cette assertion. Wer-
ner, en créant la science géognostique, a reconnu, avec une
perspicacité digne d'admiration , tous les rapports sous lesquels
il faut envisager l'indépendance des formations primitives, de
transition et .secondaires. Il a indiqué ce qu'il falloit observa,
ce qu'il importoit de savoir : il a préparé, pressenti, pour
ainsi dire, une partie des découvertes dont la géognosie s'est
enrichie après lui, dans des pays qu'il n'a pu visiter. Comme
les formations ne suivent pas les variations de latitude et de
climats, et que des phénomènes, observés peut-être pour la
première fois dans l'Himalaya ou dans les^ Andes, se retrouvent,
et souvent avec l'association de circonstances que l'on croiroit
entièrement accidentelles^ en Allemagne^ en Ecosse ou dans les
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( 6a )
Pjrrén^; une très-petite portion du globe ^ nn terrain de quel-»
ques liettes carrées dans lequd la nature a réuni beaucoup de
formations^ peut (comme un vrai microcosme des philosophes
anciens) faire naître ^ dans l'esprit d'un excellent observateur,
àcs idées trés-préeises sur les tentés fondamentales de la géo*
gnosîe. En effet ^ la plupart des premiers aperçus de Wemer,
même ceux que cet homme illustre s'étoit formés avant Fannée
•179O; étoient ' d'une justesse qui nous frappe encore aujour^
d'hui. Les savans de tous les pajs, même ceux qui ne montrent
aucune prédilection pour l'école de Freibeig ^ les ont conservés
comme bases des dassîfications géognostiques. Cependant , ce
que l'on savoit en 1790 des terrains primitifs ^ de transition et
secondaires^ se fondoit presque entièrement sur la Thuringe^
sur les montagnes métallifères de la Saxe et sur celles du
fiarz, sur une étendue de pajs qui n'a pas soixante -quinze
lieues de longueur, ht» mémorables travaux de Dolomieu , \tA
descriptions des Alpes de Saussure , furent consultés; mais ils
ne purent exercer une grande influence sur les travaux de Wer->
ner. Sans doute, Saussure a donné des modèles inimitables
•d'exactitude dans la topographie de chaque cime, de chaque
vallon; mais cet intrépide vojageur, frappé et de la compli-
cation que présentent les phénomènes de superpoôtion et du
désordre apparent qui règne toujours dans l'intérieur des hautes
chaînes alpines, sembloit peu tenté de se livrer à des idées
générales sur la constitution géognosfique d'un pajs. Dans ce
premier âge de la science , le iypc des formations étoit 4bndé
sur un petit nombre d'observations ; il ressembloit trop à la
description des lieux où il avoit pris naissance. On prenoit
pour des formations indépendantes les masses minérales qui,
dans d'autres pajs, ne sont que des couches subordonnées ou
accidentelles; on ignoroit l'existence àe» fonnations qui youent
un rôle important dans l'Amérique équatoriale, dans le nord
et dans l'ouest de l'Europe ; on méconnoissoit l'ancienneté re-
lative des poiphjre», des sjésiites et des cuphotides; on nci
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( «3 )
complétoit pas l'hisloire des couche» |rfai récentes par «ae dé-
termination rigotticiase des corps oigâniques fossiles qu'elles
renferment : on observoit avec une grande précision le gisement
des basaltes 9 des pkonolitkes (phorphjrschiefer) et des dolé-
rites ; qu'on avoit long-temps confondus avec les griinstein trap-
péens; mais on combtattoit jusqu'à la possibilité de leur ori-
gine ignée ^ parce que, dans le pajs où la géognosie moderne
s'est formée, on n'étoit entouré que de quelques lambeaux de
terrains yolcaniques , et que l'on ne pouvait examiner les rap-
ports qui existei^t entre les trachjtes (trapporphjr), les ba-
saltes, les lares plus modernes, les scories et les ponces. Si le
tableau des formations de Wemer, malgré les livres qu'il con-
sultoit, malgré la surprenante perspicacité avec laquelle il sa voit
démêler la vérité dans les récits souvent confos des vojageun,
étoit resté incomplet, ce savant ne s'a£9igeoit pas de voir ses
travaux perfectionnés par d'autres mains. Il avoit enseigné le
premier l'art de r-econnoître et d'observer àeè formations. C'est
par l'application de cet art que la géognosie est devenue une
science positive. Reconnoissant que sa véritable gloire se fon-
doit plutôt sur la découverte des principes de la science , sur
l'instrument qu'il falloit employer, que sur les résultats ob-
tenus à telle ou telle époque, Wemer ne chérissoit pas moins
ceux de ses élèves qui ne partageoient pas son opinion sur
l'âge relatif et sur l'origine de plusieurs terrains. Ge^ n'est qu'en
soumettant a l'observation une plus grande partie du globe,
que le tjpe des formations a pu être a la fois 'agrandi et sim- .
plifié. On l'a rendu plus conforme à la constitution géognos-
tique des coutinehs considérés sous un point de vue général.
Nous connoissoos aujourd'hui d'une manière assez exacte le
gisement relatif de beaucoup de formations, i.** Dans V ancien
continent : dans les lies de la Grande-Bretagne^ daHs le nord
de la France, et en Belgique^ en Noninége, en Suéde et eh
Finlande, en Allemagne, en Hongrie, en Suisse, «dans les Py-
rénées, en Lombardie, en Toscane et dam les eftvirons de
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( 64 )
Rome; en Grimée et au Caucase (lat. 4i*-*^7i^ bor. ; long.
40"* or.— la"* oc:). 3.* Dans le nouveau confinent : aux États-
Unis de l'Amérique septentrionale^ entre la Virginie et le lac
Ontario (lat. 36"— 43* bor. 5 long. oc. 78"—- 86*) ; au Mexi*
que y entre Veracroz^ Acapulco et Guanaxuato (lat. 16^ 5o' —
21" 1' bon; long. oc. 98"* 39' — io3 22*)*, dans File de Cuba
(lat. a3* 9' bor. ) ; dans les Prorinces-Unies de Venezuela^ entre
la côte de Paria ^ Portocàbello j le Haut-Orénoque et San Carlos
del Rio Negro; dans les Andes de la Nouvelle-Gi'enade ^ de
- Popajan^ de Pastp^ de Quito et du Pérou; dans la Tallée de
la Rivière des Amazones et sur les côtes de la mer du Sud
(lat. 10* 27' bor. a 12? 2' auslr.; long. oc. 66** i5' — ^182"
16'); au Brésil, entre Rio Janeiro et la limite occidentale de
la province de Minas Geraes(lat. 18* — aS" aust.; long. oc.
45<» — 49°)- A mesure que l'on s'élève à des idées plus génë«-
rales , le tableau des formations , tout* en devenant plus vaste
et (nous osons le croire) plus vrai, satisfait moins ceux qui
voudroient j trouver fortement prononcés les traits individuels,
la physionomie locale de leur canton. Mais ces traits indivi-
duels, cette physionomie locale, ne peuvent j être conservés
' que comme de simples variations d'un type général , comme
des modifications particulières des grandes lois de gisement.
Quelque incomplète que soit encore la connoissance de ces
lois, nous^ pouvons du moins nous flatter d'avoir ^éjà acquis,
par les travaux réunis de nos contemporains , là certitude qu'il
en existe de constantes -et d'immuables au milieu du conflit des
perturbations locales.
Terraiits primitifs.
Les plus ^anciennes formations de roches primitives que l'on
a pu soumettre aux observations, sont, dans quelques r^ons
du globe, le granité (une formation dans laquelle le granité
n'alterne avec. aucune autre roche) 5 dans d'autres régions, le
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( 65 )
^amU'g^ieis ( une^formaiion granitique dans laquelle des coiiélies
de granité altemenl avec des couches de gneis). On auroit de
la peine à nommer un granité que les géognostes Tardassent
unànimtemént eomme antérieur à toutes les autres roches; mais
cette incertitude tient à la nature même des choses ^ i l'idée
tpie nous nous formons de l'âge relatif et de la superposition
des roches. On peut constater par ^observation > que le granit6
du Saint-Gothard reposé sur du* micaschiste ; que celui.de Kiel-»
^g^ eiv Norwége^ repose sur du thonschiefelr. Mais Comment
démontrer un fait négatif 'y comment prouver que, soUs Un gra-
hite que l'on appehe de première formation, il ne ïe trouve
pas de nouveau du ^eis^ ou quelque aUtre iroche primitive^
En traçant le tableau des connoissances que nous avons ac-
quises sur ia Superposition des roches, nous devons nous abs-
tenir de prononcer avec assurance sur la première assise de
Pédifice géognostique. C^est ainsi (car il en est du temps comme
de PespaCe ) qu^à travers de longues migrations des peuples l'his-
toire ne recônhoît pas avec certitude quels ont été les premiers
habitans d'une eontree«
L û RANIME ^Riteitii^.
S. 1. (ïranite qui n'alterne pas avec le gheis. (lommé bû à
récemment élevé des doutes trés-fbndés isur l'ancienneté dé
beaucoup de formations de granité , oi^ ne peut désigner la pre^
tanière deà roeties primitives que par des Caractères natifs. U
kn^a paru que dans les deUx hémisphères > surtout dans le liOU«
Veau monde, le granité est d'autant plus ancien, qu'il n'est
]pas stratifié, qu'il est plus riche en quarz et moins abondant
en mica. Dans les hautes chaînes des montagnes ( dans les
Alpes de la Suisse et dans les Cordillères dès Andes > entre Loxa
et Zauiacà), le granité ^ par l^abondance et la direction uni-
forme des feuillets de mi<ià, tend à devenir lamelleux; tandis
<ïue les granités qui percent la terre végétale dans les plainefi^
présentent généralement^ par leur texture plus uniformément
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{ 6è )
grenue ; un contraste plus marqué avec le gneîs. La grosseur
du grain ; la r^^arité de la cristallisation des parties consti-
tuantes, et la couleur rouge ou blanche du feldspath, sont
des phénomènes très -dignes d'attention, si l'on considière d«
grandes masses d'une roche, et si l'on fait abstraction des
bancs subordonnés de granité à petits grains que l'on ren-
contre au milieu d'un granité à gros grains, et vïce versa. Ces
phénomènes désignent l'âge relatif d'une formation dans une
étendue de terrain plus ou moins circonscrite^ mais on ne
sàuroit en déduire des caractères généraux, applicables à un
continent entier. Dans les Cordillères , le granité à petits grains
et à feldspath blanc et blanc jaunâtre m'a pain le plus an-
cien. L'absence, je ne dis pas de la tourmaline et du titane-ratile,
mais de l'amphibole disséminé, de la stéatîte, des grenats, de
répxdote, de l'actinote, de l'étain, du fer oligiste, rempla-
çant le mica (Gottesgabe dans le Haùt-Platinat) ; le manqué
de bancs subordonnés hétérogènes ( grûnstein , calcaire grenu )
et de rognons à très-petits grains et fortement micacés, qui
sont de formation contemporaine et semblent comme enchâsses
dans }a masse principale^, enfin, le manque de stratification
dans les couches inférieures , et la structure non poiphjroïde ,
paraissent caractériser les granités de première formation ( côtes
occidentales de l'Amérique équinoxiale , Cascas , Santa et Guar-
maj dans le Bas-Pérou; rives du Cumbeima près Ibagué; Qui-
lichao et Caloto dans les Andes de la Nouvelle-Grenade). Les
granités des cataractes de l'Orénoque et des montagnes de la
Parime renferment, comme ceux des Pyrénées et de la Haute-
Egypte, quelques couches dans' lesquelles on reconnoît des
cristaux isolés d'amphibole : ces roches appartiennent proba-
blement â lUie époque iin peu plus récente que le granité du
' Bas-Pérou. Quoique les granités les plus anciens n'offrent géné-
ralement pas de bancs subordonnés de calcaire primitif, la
chaux commence cependant à se montrer, au sein des mon-
tagnes primitives (je n'osé dire au premier âge du monde, dsLDà
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, ( ^ )
le feldspath et peut-être dans les tournai Ihes. t^lfis tattl cette
Quantité de cliàux augitiente par ^addition de l'amphibole dan»
fes couches Syénitiqués qui caractérisent les gràuités left ptu»
modernes.
GaAmTE iT Gneis PRtMmrs,
$, i. Cette formation, si bien caractérisée par M. de Rau-
mer, ofïre des couches de granité et de gneis très^istinctes> à
peu prés contemporaines et alternant les unes ayec les autres.
Eyé repose quelquefois ( Riesengebiiçe ) immédiatement sut* la
formation précédente; d'autres fois (au sud -est de Riobamba,^
^ans le royaume de Quito)' elle est la plus ancienne des
roches visibles. Ce retour périodique de couches hétérogènes
se re^*ou¥e surtout dans les forqpations de transition , par exem-^
pie, dans celles de porphyre et syénite, de sjrénite et gnin-^
stein. Je pense qu'il faut distinguer de la formation de gra-
nité et gneis, et les granités dont les couches passent souvent
et insensiblement au gneis , comme le granité du littoral de
Venezuela, et les gneis qui passent au granité (pente mcridio-^
nale de la Jungfrau et du Titlis). Les baiics subordonnés au
granité et gneis sont : les micaschistes, qui, à leur tour, ren^
ferment du calcaire ^renu , les schistes amphiboliques et chlo*
riteux; le weisstein.
GrAKITE STAimiFÈRE«
S. 3. Généralement à parties constituantes très - désagrégées^,
le feldspath passait au caolin ( Carlsbad y chemin d'£ibenstock
a Johaan-Georgenstadt^ et, dVptès; M. de Boniiard, probable-
ment aussi. les> ^anites du département de la Haute-Vienne).
On reeônnoitra peut -être dans là suite que plusieurs de ces
roches frtannifères sont d'un âge j^ us récent encore^ et qu'il
faudroit lea placer pia-mi les granités postérieurs au gneis et
antérieurs au micaschiste. Des caractères de nouveauté sem-
blent se retrouver même dans les grànilès du Fichtelgebiige ^
cû Ffanconie, qiiî non-seulement sont ttès-régulrére/nent stra-
tifiés, rhais qui (Â>ntiénnen{ aussi' des bancs 'é^tirgrânsttin (dia^
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( 68 )
base primitive ; patetlestein ). Je ne connois point la formât
tion alpine de granité stanniiere dans les Andes : le granité qui'
constitue les sommets des Cordillères , est presque toujours
recouvert de formations de porphjre de transition et de trachyte.-
W£ISST£IIf AVEC SeBFENTIME.
S. 4* ^ weisstein (eùrite); dans lequel domine le feldspath
Compacte (partie nord -ouest de l'Erzgebîrge}^ repose sur* Id
granité ancien. Il est recouvert de gneis^ quelquefois de mica"
schiste (Hartha) ^ ou d'un schiste primitif auquel (Hermsdorf >
Doheln) le weisstein paroît passer insensiblement. Bancs subor^
donnés : granité tantât à grains très-gros ( Penig ) , tantôt à petits
grains ; passant souvent au weisstein^ et renfermant de la lépi-
dolithe et de la parenthine lamelleuse; serpentine (Wâld-
heim). Le weisstein qui enchâsse quelquefois des grenats et
de la cjanite^ est en Saxe d'après les observations de MM. Pusch ^
Raumer et Mohs^ une formation indépendante, antérieure a a
gneis; et non un banc subordonné; en Silésie ( Engelsbei^ près
Zobten, et Weiserilz près Schweidnitï) , il ne forme que des
couches dans le granité et le gneis primitif. Ce phénomène
n'a rien qui puisse étonner le géognoste. Les micaschistes y les
gneis et les porphyres se trouvent à la fois comme roches in-
dépendantes et comme bancs subordonnés. La serpentine de
Buenavista dans les montagnes de l'Higuerpte , à l'ouest de Ca-
racas , appartient proprement au gneis t^queux; mais il paroit
que^ dans le même groupe de montagnes, il J a aussi de la
serpentine liée à un weisstein qui est superposé à la {brmation
de granité et gneis. La serpentine du weisstein est la plus an-*
cienne des roches d'euphotides à très-petits grains, rodies qui
passent, pour ainsi dire, à travers toutes les formations sui-
vantes jusqu'à la limite supérieure des terrains de transiâon.
IL Gneis phimitif.
S. 5. Nous distinguons cette formation de gneis (Freiberg^
Ljon ; plateau entre Autniji «t la montagne d'Aussi ; Amsbeig
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( 69 )
dans le Riesengebirge > Lôdingen en Nofw^e^ Grampians en
Ecosse)/ qui renferme des bancs subordonnés de micaschiste >
de la formation^ paiement importante, de gneis et mica-,
«chiste, dans laquelle des couches de gneis alternent avec des
couches de micaschiste. Le gneis est , d'après MM. de Buch et
Haussmann, la roche dominante en Scandinarie, où le granité
ancien (antérieur au gneis) n'est presque nulle part visible.
Les bancs subordonnés du gneis «ont très-Tariés et fvéquens;
ils le sont cependant beaucoup moins lorsque le gneis ne passe
pas au micaschiste. Nous ne nommerons iâ que les bancs les
plus remarquables : quarz souvent grenatifére; feldspath plus
ou moins décomposé et dépourvu de potasse; porphyre , géné-
ralement rougeàtre , à base pétrosiliceuse y renfermant du
feldspath , du quarz et du mica ( lagerporphjr de la Hais-
brucke, d'Ober-Frauendorf, de Liebstadt), calcaire grenu assez
rarement (route du Simplom, mine du Kurprinz près de Freî-
berg); grenat commun; mêlé de calcaire grenu, de blende et
de fer oxidulé (Schwarzenberg); micaschiste^ ( Bergen en Nor-
wége); sjénite (Burkcrsdorf en Silésie) ; granité à feldspath
décomposé, mais non stannifère; serpentine (ophyolithe) for-
mant, d'après M. Gordier, une couche d'une étendue immense
dans les départemens de la Haute^Yîenne , du Lot et de l'Avej-
ron; amphibolîte schistoïde ou hornblendschiefer ;•- grûnstein ,
mêlé de fer magnétique (Taberg près Jonkoping), de zircon^
de zoïsite et de menakan ( Priockterhalt , en Garinthie ) ; fer
magnétique en couches de vingt à trente toii»es d'épaisseur,
souvent mêlé de calcaire grenu, d'ichthjophtalme , de spodu-
mène^ de trémolite, d'àmianthe, d'actinote et de bitume (Da-
nemora, Gellivara et Kinsivara, en Suède et en Laponie);
pegmatite (Lôch-Laggan en Ecosse); gneis renfermant des
masses anguleuses de gneîs d'une texture différente de celle de
la roche principale (Rostenbei]g, en Nonvége). Ge dernier
phénomène ( effet d'une cristallisation contemporaine?) est
beaucoup plus analogue aux gràaites du Greiffenstein en Saxe,
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( 70 )
ni du. Pic Qpiiirat doxis les Pyrénées , qu'au gneis de transi tîoa
renfermant les poudingues de la Valorsine. La grande forma»
tion do gneis primilif, très-çiche en minerais d'argent qt d'or,
9A Alleni^qei dans quelque partie de la France, en Grèce et
4aQ6 FA&fe naÎMeurej a été. «désigiiéo long- temps comme la
IpcUe la ph^ argentifère du globe.. On sait aujourd'hui , d'après
des recherches faites dans les deux Amériques et en Hongrie ;
que la grande masse des métaux précieux qui circulent dans
les de^x çontinens, est due à des forma^tions de beaucoup pos-
térieures au gneis et 4 tontes les autres formations primitives;
.qi;i'elLe provient des roches de transition, de porphjres. sjéni-
tiques et même de trachjtes. Le gneis peu métallifère de la
partie: équinoxiale du n9uveau monde se montre, sur pnç plus
grande étendue de terrain dans les: montagnes qui courent de
l'est 4 rpuest (c))aine du littoral de Caracas, Ca^, Codera,, et
.îles du lac de Tacarigua^ Orénoque, Sierrai dç. la Pari me) et
;dan& les riions basses éloignées de la chaîne d^s Andes (à Test
des inontagnes du Brésil), que dans la cré^te élevée, dei cette
chaîne même. Je n'ai pas. vu le gneis. (à la Silla ôfi Caraça?
#t au passade des Andes, de, Qaindiu ) i plus de treize çeuts et
quatorze cents toiseside hauteur au-dessus du niveau de l'océan,
.^r }p dps des Cordillères, entre Ibaguç et Ca^thago (Nou-
.veJle-Crrens^ck ou Cundinamarca ) , comme an Paxaxi^o de Chu-
,bu3anas,,e](^ desoeod^ot Ye];s rAmazpne,. un granité de nouvelle
-formation r^Quvre le gnei& à dix^fiuit qeots, toises de hauteur*
,$l dansées moBtagntBs de l'EurqpeJte gneis,. le micaschiste et
U^ granité^ de seconde formation copsti tuent, les plus hautes
cimes; dàa& les Aiides, au cOAlTaire', les sommets les plus
, élevés ne préseatetit que d'éapripc«i fcouniulations, de roches
; ItachjtiqttCfi- £a $uivant une mém^ chaîne, un même aligne-
rineùt de moiptagûe^, 09 voit jes basise^ régions de graiiite^gneis
eb d6 gn/ds-mica3ohiâte.(pvoyinQ^ d'Qlax^ipEi àm^ la NOHYel}e-
.Esp^ga», où le gneis. e«t aiwifêr^; groi^pes pr^niitifs ,4fi ,0^'»-
^dj»^ AkBàgttca:> J&n^nN^^ ^ sud 4u> Cliîiiibpi^a^ ^ S^'fgH!!^
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( 7». )
et Xoxa ;^ dans les Andes du Pérou) alterner avec les régions
élevées (deux mille à trois mille trois cents toises) de trachjtes.
Ces derniers terrains^ produits ou modifiés par le feu<^ recou-
vrent sans doute et quelquefois immédiatement ^ sans ^ùe des
formations porphjriques de transition soient interposées y le gra-
nité et le gnei$9 cependant, là où j'ai pu voir Ic^ trachjtes du
royaume de Quito (volcan de Tunguragua^ ravin du Rio-Puela
prés de Penipe ) reposer sur un schiste micacé verdâtrc rempli
de grenats et recouvrant à son tour un granité un peu syéni-
tique avec quarz et mica (noir! ), cette superposition n'a aussi
lieu qu'à la hauteur peu considérable de douze cent quarante
toises. U résulte en général de mon nivellement barométrique"
des Cordillères^ que dans toute cette région des tropiques les
granités et les gneis anciens ^ qu'il ne faut pas confondre;
avec des roches syénitîques et granitiques de transition ^ ne^
s'élèvent guères au-dessus de la hauteur qu^ittéignent les sommets
des Pyrénées. Tous les massifs^ supçrposés aux roches priihiti-,
yes^ qui dépassent la limite des neiges perpétuelles ( deux mille
trois cents à deux mille quatre ce^it soixante toises)^ et qui
donnent aux Cordillères leur caractçre de grandeur et de ma«
jesté^ ne s6nt généralement dus ni à des formations primitives,
ni à des f:oches calcaires ( il n'j a que le calcaire alpin des^
plateaux de Gualgayoc et de Guancavelica qui se trouve &^
deux mille cent et deux miiks trois cents toises)^ mais à de$
porphiyres trachjtiques ^ à . des dolériles et des phonoUlhes^
(Nous igii^orons encore.de quelles roches sont composés les
sommets de VHiaialaja^ les extrémités de oes pics récemment
mesurés par M. Webh. Le gneis des Cordillères abonde bien
plus que le micaschiste en couches subordonnées de calcaire
grenu (micacé et reinpli de .pyrites). Aussi dans l'Amérique^
équinoxiale, comme à l'extrémité la pli|^ boré^e de l'Europe
et dans les Pyrénées^ le greii^t est le pl^s commun dans Iç^
gneis ^ et cette dernière roc^e ne ççsse généralement de çof^tei;
nir des grenats que lorsqu'elle se. rapj^oche du schiste pncaco
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( 7» )
(montagne d'Avila^ prés de Caracas). Un véritable gneîs, dé«
pounru de grenats^ se montre cependant à l'ouest de Mari*
qui ta ^ entre Rio Quamo et les mines de S. Ana (Nouvelle-
Grenade). Au Brésil; d'après l'observation de M. d'Eschw^e,
rëtain (zinnstein) est disséminé ^ non dans le granité ^ mais
dans le gnëis (bords du Rio-Paraopeba près de Yitia-Ricca).
Entre les deux grandes formations de gneis et de micaschiste
primitifs ; nous placerons plusieurs formations parallèles :
Gneis et Micaschiste ; Syénits psibutive?
Gràmite fostérieuji. au Gnsis Serpentine faihitive?
ET ANTSftIEUft AU MlCASCHISTfi^ CaeGAULE GRENU.
Deux de ces formations sont peut-être aussi douteuses que
l'est le porphyre primitif^ considéré comme formation indé->
pendante.
Gneis et MigAjschisve.
$, 6. Des couches de gneis alternent avec des couches de
micaschiste , de même que le gneis , dans la formation S* ^ >
alterne avec le granité. Ce ne sont pas des roches qui passent
l'une à l'autre ; mais des couches alternantes ^ très -nettement
tranchées ( Neisbach et Jauersbeig en Silésie; Waltersdorf près
Scheibenberg en Saxe. Dans les Cordillères de TAmérique^ et
peut-être dans la plupart des grandes chaînes de montagnes
de l'ancien continent, comme l'ijlustre Dolomîeu me l'avoit
Élit observer en Suisse dès l'anoie 1795, les formations mixtes
ou ^alternance périodique, de gneis et granité , et de gneis et
micaschiste ; sont beaucoup plus fréquentes que les formations
simples y de granité , de gneis et de micaschiste.^ La formation
indépendante de gneis-micaschiste repose tant^ sur* la forma-
tion de gneis (3* 5)^ t^ptôt immédiatement sur le granité le
plus ancien ( §. .1 ). Sans ce dernier cas elle doit être consi-
dérée comme une formation parallèle au ^eis. Bancs subor-
donnés : calcaire grenu, schistes ^mphiboliques , grunstein,
serpentine^ et tbonsohiefer avec actinote* Ces bancs subordon-
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( 73 )
nés se répètent plusieurs fois; car, dans toutes les forma^Êm
^dhemamce piriàdique, soit primititesi^ soit de transition (les
granités et gneis, les gneis et micaschistes, les sjénites et griin*
stein, les porphyres et syénites, les porphyres et grauMracke,
les calcaires noirs et schistes de transition), le retour pério-
dique 'des masses s'étend jusqu'aux hancs subordonnés. Cette
grande loi géologique- se manifeste dans toute la Cordillère des
Andes, surtout dans les montagnes situées au sud et au sud-est
du volcan de Tunguragua , au Condorasto , au Cuviilan et au
Paramo del Hatillo , où (ce qui est très-rare dans cette région)
le gneis micaschiste s'élève à plus de deux mille toises de hau-
teur, et renferme des filons d'argent jadis très-célèbres ( weiss-
giiltigerz et sjM'ôdglaserz, argent blanc et argent vitreux aigre).
Ces gnels^micaschistes métallifères du Condorasto et de Pomal-
lacta se cachent vers le sud sous lès formations de porphyres^
tracbjtiques des Andes de l'Assuaj; ils reparoissent (à dix-sept
cents toises de hauteur) entre les ruines du palais de llnca
(Ingapîlca) et la ferme de Turdie^ et ils se cachent d^ nou-
veau sous les grès de Cuença. Les forêts de Quinquina, à l'ouest
de Loxa, couvrent aussi des montagnes de gneis alternant avec
du micaschiste! Dans le passage des Andes de Quindiù, entre
les bassins du Rio Cauca et du Rio Magdalena^ la formation
de gneis-micaschiste repose (au-dessus de la station de la Pal-
xnilla ) immédiatement sur le grknite ancien.' Elle atteint une
énorme épaisseur, en s'éleVant vers le Paramo de San-Juani
Les couches de micaschistes altèrnsmt avec le gneis j sont tou^
jours dépourvues de grenats ; elles offrent , au Yalle del Moral
( à un mille soixante-cinq toises de hauteur), des filons remplis
de soufre, exhalant des vapeurs sulfureuses dont la tempérsiture
s'élève à 4B* cent. , l'air atmosphérique étant â ao**. Ce phéno-
mène est d'autant plus remarquable qu'au sud de l'équateur,
dans la. célèbre mùntagne du soufre de Ticsan, j'ai trouvé le
soufre dans du quarz, subordonné comme couche au mica-
fchiste primitif. Les* couches de gneis de' Quindiù contiennent
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i 7i >
4^ gr«aâ(ts diBsétninés el des bancs de çaolin décoYnposé. Dans
}a chaîne câliére de Caracas^ entre T^riamo et Villa de Cura^
les formations de granite-goeis et de gneis-micaschiste occnpçnt^
dans une direction . perpendiculaire à l'axe de la chaîne , un
terrain ,de dix lieues de largeur; le gneis micaschiste se c^cbe
vers les Llanos de Venezuela sous des schistes yerts de transi-;
tion. Prés de 1^ Guajra> au cap Blanc^ cette formation ren«
HçTakfi des bapcs çpbordonnçs . de chlorite Stchisteuse ( avee >
grenats et sfible magnétique )9 de hornblendschiefer et de grtin-..
^fitein mêlé de quarz et de pyrites. Sur les côtes du Brésil, où
plusieurs chaînes primitives se dirigent parallélemeat aux Andes
du Péro^ et du Gh|li dans le sens d'un, nitéridien, deê cpuehes
de granité y de gqei^ et ^e raicasçhistje co:pstituent une seule
formation et alternent en séries pério4M]ue6 (Uha Giraq^^^ au
^ud dcRio-J^neiro^ près Villa d'Angra dosReis^ se)oii M. d'Esch-^
lvege)..Les trois roches j.sont contemporaineéf , cqmme les syé*
içiites qui alternent périodiquement^ soit ayec'le^ tl^ouBcbiefer ,
soit 'avec le griinstein de frfuisition.
Granités posteriçurs au Gneis^^ antérieurs au Micachiste pributif.
S. 7. Je réunis ici plusieurs formations de granité k peu prési
parallèles^ placées, entre' le gneis et ],e micaschiste jj telles qup le
granité stannifère (lijalomicte ^. graisen) de Zianwa^d et d'AU
ten]beig> en Saxe^ qui paroit reposer sur le gneis çt.qui abonde
en tourmalines noires^ la p^part; deS' pegmatites pu granitet;
graphiques (schrillgranite) , qui renferment de la lépidolitc
(Rozena^ ei;i Moravie; le& granités avec épidote; les granités a
bancs subprdonnés de lyeisstein qu eurite ( Reichenstein ei^
Silésie); les granités avec stéatite et chlorite, contenant souvent
dç l'amphibole disséminée^ et prenant l'aspect d'une c^énite
ou 4'un sçUiste çhloriteui^ (protogines du Mont-Blanc et de
presque tou,te la chaîne des Alpes en,tre le Mont-Gçnis et le,
Saint -Golhard; probablemeut aussi la roche du Rebbei^ au
)(a^}; les granités des P^énées;» si bien étudiés par M. dj^
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( 75 )
Charpentier j et regafermant de nombreux bancs de.gaeîsy de
micajsçhîste el de calcaire grenu. Peut-être les granités d'AJten*
beig appartiennent-ils (c'est l'opinion de M. Beudant) i^ux. as«
§is€a inférieures des porphjres de transition ; peut-être les gra-
nités des Pyrénées^ qui enchâssent 4^s amas d'urgnin&tein
(diabase primitive), sont-ils même postérieurs à la grande for-
mation de mi^sdiiste (S- 1^)9 comme aussi les gi:anites stan-
nifêres du, Ficbtelberg, qui renferment du grunstein ( Ochsen-
kqpf, Schnéebei]g, dix Fraaconie), et que nous avons indiqués
provisoirenjent au S* ^- l^ même doute me reste sur beaucoup
de granités qui abondent en filonsr argentifères ^ , sur tous lep
granités avec grenats, et sur les granités porpbjrqïdes (à très*,
grands cristaux de feldspath rquge et blanc )^ qui $ont souvent
aussi régulièrement stratifiés qu^ l'e^t |e calcaire secondaire. J^
^'ai point voulu cji,ltçr ici les aipas d'étain de G^er e% de Schla7
ckeowald,. parce que Jes granitef qui les renferment, ne sont
que des cpucbcis dans le gncti» et le miçaj^bi$te : ce ne sont
pas de véritables roches,, des forn^atiQ^^^ indépendantes, qomme
jes granités d^ Garlsba4 . eA du Flçbtelgebirge. Dans l'Amérique
équinoKÎale on peut rapporter avec quelque vraisemblance à
la forma tip^ de gxanîte postérieure au ^i^i^ et antérieure a^
micaschiste, les granité^ de la pente occidentale des Cordil-
lères du Meoj^ique. (plateau du Papagallpef d(t la Moxonera)^
qui sont ou ppi|J\)n:oïdes.^ ou divisés en ^ boules à couchef
COQoentriqines. Us ei^châsseut des bapcs ^énitiq^es liés à de|i
filons de bjisa^ite,(urgriinstein comp|iç^)* Je \ç^ ai vU' régu-
lièrement stratifiés en Qoucbei. de sef^t à }iuit p^W^s dl.'épaisr
leur^ et affectant^ non upe même incli^aiispu^ m^is une
jnême direction a^pc les couches du. po;çp^yi;e) dfe triu^sition et
du calcaire alpin s^pei^posées. Oa ne connfjijit paûit^ il est vrai^
les roches que. recouvre çe^te; fpimaJbîçnt «lexi^oaine 4e gr^wtp;
^c'est'cellQ sur laquelle toutes les aii^re^ roches. du Mexique soi^^
placées; ma^s les carapli^ref . die ÇQi^^posâ^^on ^ (du st^ucturç qu'elle
offçe* en gr^^id, et son anaicgit» SLywz^^àtS^^j^^^^t^^Sitj^ép
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( 7« )
.des hautes Andes du Pérou ^ me font croire qu'elle est d'os
igé plus récent que la formation S* i. 'Au gr^inite antérieur au
micaschiste, mais postérieur au gneb, appartient plus positi- ^
rement celui de la Ganta del Paramo , au pied du volcan éteint
de Tolima (Aitdes de Quindiù); celui de la Silla de Caracas;
les granités trés-régulièrefnent stratifiés ( sans passer au gneis)
de Las Trincheras dans la chaîne entière de Venezuela ; les
granités dû groupe étendu des montagnes de la Parime , qui
sont ou régulièrement stratifiés ( détroit du Baraguan , vallée
du Bas-Orénoque ) 9 ou passant à la pegmatite (Esmeralda et
confluent de'lUcamu, .Haut-Orénoque), ou -amphiboliques
(cataractes d'Aturès). Dans ce vaste groupe granitifére de la
Sierra P&rime, qui sépare le bassin du Bas-Orénoque de celui
de l'Amazone 9 se répètent quelques phénomènes de la Finlande
et de la Nonvége : aucune autre masse minérale n'j paroit au
jour qiie la roche granitique. Là où j'ai côtoyé la Sierra Parime
au nord, à Fouest et au sud, j'ai observé, à quelques petites
masses de grès près, une absence totale de formations secon-
daires , même de roches postérieures à un granité de nouvelle
formation. Ce granité, et le gneis qui le supporte, forment^
là ou de petites plaines séparent les montagnes entre elles , au
milieu des forêts et d'une végétation vigoureuse, des bancs de
rochers nus, dépourvus de terreau, ayant phis de deux cent
cinquante mille toises carrées et s^élevant à peine de trois à
quatre pouces au-dessus du sol environnant. Dans Fhémisphèr*
méridional je peux citer comme granités de nouvelle formation ,
la roche du Fàreton (pente orientale des Andes du Pérou, entre
Guancabamba et la rivière des Amazones), où le granité stéa-
titeux passe à la protogyne; le granité du Paramo de Pata
grande et de Nimaguacu , stratifié et dépourvu d'amphibole ;
la roche de Yanta , stratifiée comme le granité de l'Ochsenkopf
en Franconie , se cachant sous le micasdiiste de Gualtàqùillo
et d'Aipata, et renfermant* des cristaux disséminés d'ampfiiboïo,
sans passer à la vraie syéaiie (Cordillères de Gueriïiga, àroueat
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( 77 ) . :
de Guancabamba). On voit par ces exemflLe& qne^ dans les
Andes comme dans les Alpes ^ surtout à des hauteurs . considé-
rables ^ une roche granitique couvre le gnels primitifs On se
demande si- les gninstein prinûtifs^ qui forment des couches
dans les formations SS* 3^ ^> 6, 7 ,. renferment quelquefois^
comme le prétendent plusieurs géognostes ^ non-seulement de
i^amphibole mêlé au feldspath compacte, mais aussi du pj*
roxéne. M. de Charpentier a vu cette dernière substance en
grandes masses dans le calcaire primitif des Pyrénées. Il j a
aussi du pyroxéne-coccolithe dans Purgrunstein du lac Cham*»
plain; je n'ai tu des yéritables p^oxènes identiques avec ceux
des trachjtes et de quelques porphyi:es de transition- de Quito >
que dans les gninstein et manddstein de- transition de Parapara
(montagnfss de Venezuela).
Sybnite jpiuMrriVE?
S* 8 La plupart des sjénites de l'ancien et du noureau eon«
iinent que Ton considéroit autrefois comihe des roches indé-
pendantes , et de formation primitive, sont ou des granités avec
amphibole, c'est-à-dire des couches subordonnées aux granités
SS. 7 et 11 (Sjèney non Phil^e, oU les premiéreà cataractes
mêmes de la Haute-£g}^te> qui sont danslegneis; Àturés ou -
cataractes de FOrénoque; vallée de Macara et Gualtaquillo , à
la pente orientale des Andes du t^érou), ou des xformations de
transition (Mont Sinaï, d'apréâ les intéressantes observations
de M; Roziére ; vallée de Plauen > prés de Dresde ; Gyanaxuato,
au Mexique), intimement liées aux porphyres, au gninstein et
au thonschiefer de transition. Quelqties véritables sjénites ne
Aie paroissent cependant offrir aucune trace de cette liaison;
elles constituent peut-être des . formations primitives indépen-»
dan tes : telles sont la sjénite (beaucoup de feldspath lamellaire
rougeâtre, peu d'amphibole, presque pas de quarz, pas de
mica, pas de fer titane) du Cerro Munchique (Cordillère cen-
trale des Andes du Popajan y à l'est de la métairie du Cascabel)>
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- f 7«)
6tip«rpos^6 au gtièîs, et en partie (?) técciiiverte At kntcàschisfe
primitif; la sjénite du Paramo de Yamoca (pente orientale
des An des du Pérou, prés des vilïage^ indiens de Colascy et
'de Clionialj), placée sur le granile de 2aulacà et recouverte
par le schiste du lac de ' Hatatacumba. Gommé ce schiste, à
"son tour, supporte' un porphjrè vert de transition, et que ce
porphjre arûppoi'te Un calcaire grÎÀ noirâtre, jnais coquillier
{ Sari-Felipe, province dé iaeti de Brâcambros), il reste trcs-
iloûteux si la syénîte de Yamoca et lé Schiste de Hacatacumba
ne sont pas aussi des roches de transition , et par conséquent plus
lieuves que les sjénites du Cerro Munchique dans les Andes de
1*o'pajan. Les sjénites composées de feldspath blanc et d'amphi-
bole vert du pîèd de Mbnt-&lanc (Gormajèux), et les sjénites
deBiela, liées à des euphotides, sont-elles primitives ?
Serpentine piuMmvE?
$.9. Les grandes formations d'euphotîde (gabbro ou roches
Serpenlirieuses ) sont postérieures au thonschiefer primitif, el
appartiennent en partie déjà aux roches dé transition. La petite
formation que nous désignons ici, est analogue à celle de Zœ-
blilz en Saxe : elle repose suir du giieîs, et n'est recouverte par
aucune autre roche. Dans l'Amérique méridionale la serpentine
(sans diallage métalloïde, mais avec grenats) des montagnes
àe f'Higuerote (près San-Pedro, entre la ville de Caracas el les
vallées d'Aragua ) paroit analogue à celle de Saxe : elle rç^pose
sur le gneil talqueux de Buenavîsta , qui passe , ce qui est assez
rare dans ces contrées, à un micaschiste grenatifére. Cependant^
comme on ne voit aucune roche superposée à ces serpentines^
leur âge reste un peu douteux. Ce qui me paroit prouver l'an-
cienneté' des serpentines de l'Higuerotp, c'est qu'avant de pa-
roîtré comme formation particulière et indépendante, elles se
montrent comme des couchés subordonnées au gneis- mica-
schiste, à peu près comme les serpentines de )a vallée d'Aoste.
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( yè )
Calcaire pbimitif.
' % 16. Existe- 1- il une formation indépendante de 'calcaire
grenu parmi les roches primitives? Ou tous ces calcaires g^nus,
coAime on Ta admis assez généralement jusqu'ici, ne sont -ils
que des bancs subordonnés au gneis, au micaschiste , aux gra<*
nites de nouvelle formation et au thonschiefer? Dans les Pjré«
nées ( vallée de Vicdessos) Mw de Charpentier regarde le calcaire
jgpraiu quelquefois noirâtre et mêlé de graphite , et reniermant
de grandes masses de p^rox^iie (lhersK>lite, augilfels) et det
couches de griinstein^ comme une formation étendue et indé*
pendante. Cette autorité est sans doute de beaucoup de poids^
Au sud de l'équateur , sur le plateau de Quito ( au CeboUar et
aux bords du Rio Machangara^ près Cuença; Portete, dans le
Llano de Tarquin), on trouve placé sur le micaschiste (de Gua*
sunto et du Canar ] un calcaire blanc y à gros grain y ressemblant
au plus beau marbre de Carare, et alternant avec des eouchcfe
calcaires presque compactes, rubanées et tellement translucides
qu'on s'eii sert) dans les couvens et les chapelles, en guise de
glaces pour les fenêtres. «Tai ri^ardé long-temps ce calcaire grenu
de Guença, dépourvu de pétrifications^ comme une formation
primitive et indépendante; mais il n'est couvert que de grès
rouge de Nabon^ et une formation très-analogue (Tolonta près
de Ghillo), placée au milieu d'un terrain de trachjtes et de
porphyres de transition , rend très-douteux l'âge de la formation
de Gùença. Les bancs de calcaires prîmitifs, subordonnés aux
roches de granite-gneis, sont beaucoup plus rares dans l'Ame-
tique équinoxiale que dans les Pjnrénées et les Alpes. £n exami-
nant avec soin les granites-gneis de la Parime, entre les 2.* et
8.* d^és de latitude boréale, je n'ai pas vu un seul de ces
bancs.
III, Micaschiste prihitif.
S. 11; Le micaschiste (schiste micacé^ gflimmerschîefer) ra-
pose le plus souvent sur le gixcis^ d'autres^ fois immcdiatement
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( 80 )
stlr le gfranite {$. i), avec lequel il commence d^abord a alieh
ner (Schnëeberg, en Saxe^f Minas Geràes^ au Brésil) ayant dd
se montrer coknme uiie formation indépendante. D sb distingué
du gneis) lorsque les deux roches sont nettement tranchées (ce
qui est bien plus rare dans la haute chaîne des Alpes et des
Cordillères du Pérou que dans les plaines ) ^ par l'agrégation du
mica 9 qui^ dans le micaschiste^ offre une surface continue. De
toutes les fc»rmations primitives c'est celle qui^ dans l'Europe
centrale, est la plus développée, et qui présente la plus grands
variété d^ bancs subordonnés; l'hétérogénéité des couches aug-
mente à mesure que l'on s'éloigne du granité. Les micaschistes
des Pyrénées 9 que l'on considère comme bien . décidément pri'»
imitifs, renferment Souvent de la cliia»tolithe> et Cette substance
pénètre quelquefois jusque dans les bancS de thonschiefer et
de calcaire grenu intercalés. Couches subordotmées au mica^
schistes: schiste chloritique ( chloritschiefer avec greuat); mé*
lange entrelacé de micaschiste et de calcaire grenu (Splûgen^
entre Glaris et Chiavenna; pic de Midi de Tarbes, dans les Py-
rénées); thonschiefer; calcaire grenu et dolomie avec trémolile
(grammatite)> épidote, talc^ tourmaline^ lépidolithe^ amphi-»
bole^ fer magnétiquaet corindon; calcaire grenu tenfermant du
quarz (Pjrénées); dolomie mêlée de gjpse primitif (passage
du Splûgen dans les Alpes); qùarz schistoïde et micacé, gestell'*
stein; grûnsteinet grunsteinschiefer, diabase grenue et schisteuse
(Montaiia de Avila, Cabo blanco près Caracas); feldspath cotn*
pacte vert noirâtre (dichter grunstein ); pierre oUaire, top&tein
>(Ursèm); «chiste talqueux ( talkschiefer ) avec grenats, cjanite,
tourmaliiie et actinote; serpeiltine pufe (Sillthal dans le.Tj-*
roi); serpentine mêlée de calcaire grenu, verde antico (mon*
Cagnes de Caramanie; Reichenstein^ R$rsdorf et Rothzeche, en
Siiésie); schiste amphibolique (Saint-Pierre, au sud du grand
Saint-Bernard ) ; amphibole commune en gi'^des masses (Schôn->
heig, en Tjrol.),.sjénite (Mittelwald, dans le Tjrol), couches
de grenat avec fer oxidulc (Braunsbei^f près Freiberg, Frauen*
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( 8' )
l>eTg pré$ Ehrenfriedrichsdorf ^ en Saxe ) ; grenat arec pjroxène>-
omphacite et amphibole (Gefrecs et Scbwanenbach , pajs de
fiareuth^ Saualpe en Carintbie); grenat actinote et cjanite;
fluate de chaux (MefTersdorf); bancs de micaschiste renfermant
des masses de gneis, peut^tre d'une formation contemporaine
(Toffle, en Norwcge), bancs d0 plusieurs pieds d'épaisseur y com-
posés d'un mélange intime de feldspat^h compacte ^ de quarz et
de mica (Kûhlstad près Drontheim^ enNorw^e); micaschiste
avec mica noir et carburé (Sneebattan^ en Norwége; Huf&ner>
dans le Valais). Je ne cite pas le gjpse du Val Canaria prés
d'Airoio^ que nous avons cru, M. Freiesleben et moi ^ en i795>
être de formation primitive intercalée au micaschiste > mais que
MM. Brochant et Beudant ( qui les ont étudiés tous deux sépa-
rément avec soin) ont reconnu pour un gypse de transition SU4>
perposé au micaschiste. Le micaschiste renferme souvent d«
l'ampbibDle disséminé dans toute sa masse (Salzbouig$ Saint-
Gothard^ Oberwiesenthal en Saxe; Sommerleiten prés Bareuth)*
Les émeraudes de Sahara , dans la Haute^£gjpte ^ retrouvées par
l'intrépide vojageur M. Gailliaud^ et celles de Salzbourg) sont
enchâssées dans la masse du micaschiste même, comme le sont^
dans les deux continens^ le grenat^ la staurotide (Saint^So-
thard; Sierra Nevada de Merida) et la c)ranite(i]es Schetland;
Maniquarez, au nord de Cumana). Les émeraudes de Muzo^
dans la Nouvelle-Grenade ^ m'ont paru former une couche da06
un homblendschiefer qui est subordonné au micaschiste. Si l'on
ne considère les formations que sous le rapport de leur volume
et de leur masse, on doit admettre que le micaschiste, dans
les chaînes des montagnes de l'Europe, joue un r61e presque
aussi important que le, font ^ au Mexique et dans les Andes do
Quito et du Pérou , les porphjres de transition et les trachjtes*
Les masses continues de micaschiste les plus considérables qu#
j'aie vues danis l'Amérique équinoxiale> sont celles de la Cordil-
lère du littoral de Veneauela , où le granite^eis domine depuis
Je cap Codera jusqu'à la Punta-Tucacas ( à }'ouest de Portocaf
6
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( 82 )
bello), tandis que la iiïcme Cordillère est composée de niica^
schiste et même d'un micaschiste grenatifére yers l*est, dans les
montagnes du Macanao de File de la Marguerite et dans toute la
p\éninsule d'Araja. A l'ouest de Chuparipari, celte dernière
roche offre de petites couches de quarz avec cyanile et titane
rutile. Près de Caracas le calcaire grenu forme des couches ^ non
(dans le micaschiste ^ maïs dans lo gneis^ au contraire ^ dans les
montagnes du Tuj, c'est un micaschiste passant ( comme dans
ia vallée de Capaja) au schiste talqueux, qui renferme des
l)ancs de calcaire primitif et de petites couches de zeichenschiefer
(ampélile graphique). Au sud de l'Orcnoque, dans le groupe
des montagnes de la Parime, sur 180 lieues de longueur, je
n'ai pas vu de vcritahle micaschiste superposé au granitie-gneis.
Cette dernière formation sèmhle seule counir cette vaste contrée;
ma^s le giieis j passe quelquefois au micaschiste : il rend res-
plendissans, au lever et au coucher du soleil, les flancs de
plusieurs montagnes élevées ( pic Calitamini , Cerro Ucacuamo ,
entre les sources de l'Esscquebo et du Rio-Branco , et il a con-
tribué par là au mythe du Dorado et des richesses de la Gujane
espagnole. Dans les Cordillères des Andes, la formation indé-
pendante de micaschiste m'a paru moins rare au nord qu'au
sud de l'équateur. Au Nevado de Quindiù (Nouvelle-Grenade)
elle atteint une épaisseur de plus de Goo toises. £n avançant de
là par Quito et Loxa vers les Andes du Pérou , on voit sortir le
micaschiste sous les trach^^tes , et porphyres de transition de Po-
pajan ( au sud de^ volcans de Sotara et du Puracè ) ; plus loin
celte roche reste visible sur différens points, depuis l'Alto' del
Roble ( arête ijui paitage les eaux entre l'océan Pacifique et la
mer des Antilles) jusqu'à la vallée de Quilquasè. Elle se cache
de nouveau par intervalles sous des poi-phyres trachjtiques , à
hase de phonolithe, et reparoît plusieurs fois, par exemple,
entre Almaguer et le Rio Yacanacatu , entre Voisaco et le volcan
de Pasto, entre Gansée et le volcan de Tungaragua , entre Gua-
môte et Ticsan près d'Alausi (où le micaschiste offre une im-
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( 83 )
fnense couche de quara renfermant du soufre^ et une autre
couche (?) de gypse primitif), entre Guasunto et Popallacta;
entre \e Canar et Burgay, à la partie méridionale du groupe tra-
chytique de l*Assuaj; enfin, entre Loxa et Gonzanama. Cest
prés de ce dernier lieu que> dans le ravin de Vinajacu, on
trouve une couche de graphite lamellaire dans un micaschiste
qui est certainement primitif. En descendant de Loxa pafr le
Paramo de Yamoca, yers TAmazone, entre les 4** et les 5'//
de latitude australe, un granité de seconde formation est recou-
vert de micaschiste dans la yallée de Pomahuaca ; mais , en gê-
nerai, dans cette partie des Cordillères ce n'est pas le mica-
schiste, mais la sjéaite et le thonschiefer primitifs qui ont
pris un grand développement , partout où le sol n'est pas cou-
vert de porphyres et de trachyles. Dans la Nouvelle-Espagne , le
micaschiste abonde (mines d'or de Rio San-Antonio) dans la
province d*Oaxaca : mais plus, au nord (i6 — 18** lat. hor.), sur la
pente orientale des Cordillères entre Acapulco et Sumpango , le
granité n'est pas même recouvert de gneis ; il l'est immédiate-
ment de Calcaire alpin (Alto deî Peregrino ) et de porphyres de
transition (la Moxonera, Acaguisotla ). Cependant un mica-^
schiste, dépourvu de grenats et pnsssant quelquefois au thon*
schiefer, se montre dans les riches mines de Tehuilotepec et de
Tasco (entre Chilpansingo et Mexico) sous le calcaire alpin*
Des filons dWgent i;oUge pénètrent de l'une de ces roches dans
l'autre, malgré la grande distance qu*on doit admettre entre
l'acre de leur formation « Je ne connois dans les Andes aucun
exemple d'une couche de porphyre dans le micaschiste, ou d'un
passage de cette dernière roche à uûe iroche porphyroïde ; pas-
sage qui , selon l'importante observation de M. de Buch , a
lieU dans les Alpes du Splûgen , entre le village de Ce nom et
la vallée de Schams. Les terrains primitifs dans lesquels abonde
le micaschiste, sont ceux qui offrent aux oiyctognostes la plus
grande variété de substances cristallisées* Ces roches^ si abon-
dantes en potasse, rivalisent sous se rapport avec les mandel^
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( «4 )
&teln(amjgda]oïde») de transition et plusieurs roches volcaniques;.
Il est très-rare que Ton observe dans la nature un développement
à peu prés égal des trois formations de gnels^ de micaschiste
et de thonschiefer^ et lorsque ce développement à eu lieu^ c'est
plutôt dans des montagnes de peu d*élévation et là où elles se
perdent vers les plaines y que dans les hautes chaînes des An-
des, des Alpes, des P;vrcnées et de la/ Noi'wége. Nulle part, peut-
être, la suppression totale des formations micacées ou schis-
teuses n'est plus fréquente que dans les Cordillères du Mexique
et de l'Amérique méridionale. On j volt la série des roches
primitives s'arrêter brusquement, soit au granité -gneis et à une
5yénite que je crois primitive , soit au gneis - micaschiste. Ce
phénomène) a ménie lieu là où il j a (Cordillère de la Parime)
absence de trachjtes et de tout phénomène volcanique.
Geahite postérieur au Micaschiste, axtérieur au Thonschiefer.
$. 12. Un granité de nouvelle formation reposant sur le mi-
caschiste, auquel il appartient géognostiquement ( Saint -60-
thard, dans les Alpes; Reichenstein , en Silésie). Souvent il est
stratifié (Hôgholm, en Norwége, selon M. de Buch ; Mai-
friedersdorf et Stri^au en Silésie, selon M. Schulze), renferme
des grenats et de l'amphibole, et passe à une roche sjénitique
à très -gros grains. Le quarz j est remarquable par sa grande
transparence, le feldspath par la grandeur de ses cristaux. Ce
granité est parfois stéatiteux; il indique le retour des roches
schisteuses aux roches grenues et cristallisées. Le granité de Mit-
telwald, au nord de Brixen (passage des Alpes du Brenner),
repose sur une sjénile primitive qui alterne plusieurs fois avec
le micaschiste. Le granité à topazes du Sclmeckenstein , en Saxe,
que l'on a considéré long-temps comme une roche ou terrain
particulier (topasfels), n'est probablement qu'un amas trans-
versaï dans le micaschiste. Je suppose l'existence d'une forma-
tion de granité analogue à celle du Saint-Gothard ( c'est-à-dire
postérieure aux micaschistes ) dans les Andes du Baraguan, de
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( 85 )
Qoindiù et d'Hervéo ^ où plusieurs granités modernes viennent
au jour sur la crête des Cordillères^ supportant des pics de,tra-
ckjtes. Est - ce à cette même formation qu'appartiennent le '
granité de Kii^glach en Stjrie^ dans lequel la lasulithé (blau-
spath ) remplace le feldspath commun ^ et la roche intéressante
du Gamatic; dont nous devons la connoissance à M. le comte
deBoumon? Cette dernière ^st composée d'indianite^ de feld-»
Spath et de corindon (avec grenats , épidote et fihrolite).
Gneis postérieur au Micaschistc,
é
'S. i3. Une petite formation de gneis grenatifère , observée
par M. de Buc^h. Elle couvre le micaschiste (Bergen, Classness
et Klôwen y en Nonvége ) , et renferme des bancs subordonnés de
calcaire grenu et même de micaschiste. Cette formation se re-
trouve dans les Pjrénées.
GrÛNSTEIN - SCHIEFER ?
S. i4- La diabase schistoïde (grûnstein-schiefer) ^X placée
entre le gneis et le thonschiefer primitif (Siebenlehn, Rosen-
tlial ) , ou entre le micaschiste et le thonschiefer primitif ( Gers-
dorf et Rosswein en Saxe ) 5 elle renferme des filons argentifères
très-anciens. On trouve aussi le grûnstcîn-schiefer comme banc
subordonné au micaschiste. C'est une formation de feldspath
compacte, dont l'indépendance me paroit assez douteuse*
ly. Thonschiefer primitif.
$. i5* Schiste primitif (schiste argileux, phjllade^ urthon«
schiefer ) , moins carburé et généralement à couleurs moins
foncées que le thonschiefer de transition. Lorsqu'il passe au mi-
caschiste, le mica est fendu en grandes lames, tandis que le
mica , en petites paillettes isolées , caractérise le thonschiefer de
transition. Bancs subordonnés : calcaiw grenu bleuâtre ; porphjre ^
chlorite schisteuse avec grenats et ^hène disséminés; mica-
schiste (Kleii^-Kielvig, en Norwége) ; grunstein, mais beau-
coup plus rare que dans Iq thonschiefer de transition; griinn
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( 86 )
stein-scfaiefer; quarz avec épidote^ un mélange de diallage et
de feldspath. Les bancs subordonnés au tbonschiefer primitif sont
moins fréquens que ceux de micaschiste^ roche dans laquelle
Fhétérogénéité des couches^ Tabondance et la rampté des subs-
tances cristallisées ont atteint leur maximum , en passant du gra-
nité pri mi tif aux roches de transition. Lorsqu'on considère en grand
la diflTérence des ihonschiefer primitifs et des tbonschiefer de tran-
sition^ on peut indiquer pour les prSniers plusieurs caractères né-
gatifs très-importans, tels que l'absence des nœuds ou bancs
subordonnés de calcaire compacte, l'absence» de chiastolithe dissé-
minée dans la ma/se , de feuillets de tbonschiefer luisans et forte-
ment chargés de carbone; enfin l'absence des couches fréquentes
de grûnstein (en boules), d'ampélite alumineuse et graphique
(alaun- und 2«ichensclHefer), de pierre Jjdienne et de kieselschiefer :
mais il ne faut point oublier que ces caractères généraux souflfirent
de& exceptions partielles, dont le géognoste expérimenté est
d'autant moins surpris, que \e tbonschiefer de transition suc-
cède souvent immédiatement, selon l'âge relatif des formations,
au tbonschiefer primitif. On trouve, dans le dernier, de la
chiastolithe aux sommets des Pjrénées et près de Kielvig en
Norwége. M. de Raumer j a vu, en Silésie (Rohrsdorf, Nieder-
Kunzendorf), à la fois des bancs subordonnés de porphjre à
base feldspathique , de gneis - micaschiste , de calcaire grenu,
d'ampélite et de pierre Ijj^dienne. Dans l'Amérique équinoxiale
(chaîne du littoral de Venezuela, isthme d'Araja, Cerro de
Cbupariparu) , j'ai observé, dans un tbonschiefer qui passe au
micaschiste primitif et cjanitifère sur lequel il repose, à la fois
des couches de titane-rutile et d'ampélite luisante , traversées
par de petits filons d'alun natif. Il est quelquefois très-difïl-
cilie d'indiquer avec précision où cessent le tbonschiefer primi-
tifs, où commencent ceux de transition. Les schistes bleu-noi-
râtre de Ptedras Azules (entre Villa de Cura et Parapara), à
l'ancien rivage boréal des Llanos ou steppes de Venezuela ,
ceux de Guanaxuato, au Mexique, dont les strates inférieurs
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' ( 8? ) • .
passent aa schiste talqueux et cbloritçux ( talk- et chloiit-
schiefer), tandis que les strates supérieurs sont charges do car*-
bone et enchâssent des bancs de sjénite serpentineuse^ se trou-
vent sur cette limite de deux terrains coatigus. Il n'e&t guères
douteux que dans Jes deux continens ia plus grande niasse de
schistes ne soient des schistes de transition; mais en Amérique,
surtout dans la région équinoxiale^ on est moins frappé de
cette différence que de la rareté absolue de tous les thonschiefcr,
^n les comparant aux gneis micaschistes. Le thonschiefer psiroit
manquer entièrement tlans la Cordillère de la Parime , à travers
laquelle FOrénoque s'est frajé un chemin : dans les Andes,
comme dans les Pyrénées , il n'occupe que des terrains de pea
d'étendue. Je l'ai trouvé au nord de l'équateur , supportant les
formations secondaires du. plateau de Santa-Fé de Bogota, entre
Villeta et Mave; au sud de l'équateur, placé sur les micaschistes
du Gondorasto , et servant de base aux porphyres de transition
de l'Alto de Pilches , entre San-Luis Cl Pomallacta ( Ande& de
Quito); sous la pierre calcaire alpine de Hualgajoc, venant
au jour à 2000 toises de hauteur, dans le Paramo de Yana-
guanga (crête des Andes du Pérou); superposé immédiatement à
du granité ancien, entre les villages indiens de San -Diego et
de Cascas (pente occidentale des Andes du Pérou. ) J'ignore si
le thonschiefer recouvrant une sjcnile qui appartient au gra-
nité, aux bords du lac de Hacatacjimba et .^u. Paramo de Ya-
moca ( pente orientale des Andes du Pérou,. provixice de Jaen
die Bracanaoros ) , est véritablement de forfnation primitive. Les
passages insensibles que Ton observe quelquc^fois entre les gra-
nitesj les gneis,. les micaschistes .et les thonschiefer, et qui
trouvent leurs analogues dans les passages, d^s sjénitas et des
serpentines au g^iinstein de transition , ont fait croire à -plusieurs
géognos^tes quie c^s quat):e formations . n'en sont .qu'une seule.
On voit, en effet, de vastes étendues de pays dans lesquelles JLe
gneis oscille, perpétufUemenJ; entre Iq granité et le micaschiste,
le micaschiste entre le gneis et le thonschiefer ; mais ce phéno-
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( 88 )
mène n*est auciinement général. Il faut distingue^ dans les deux
hémisphères ^ i .^ des terrains où ces passages insensibles ^ ces
oscillations entre des roches voisines y ont lieu fréquemment «t
d'une manière irrégolière; a,^ des terrains où des strates distincts
de granité et de gneis^ de gneis et de micaschiste, alternent et
constituent des formations complexes de granité et gneis y de
gneis et micaschiste } 3.® des terrains où les formations simples
de granité, ff^^^^f micaschiste et thonschlefer sont superposées
sans alternance ( ayec ou sans passage au point du contact mu-
^el). Ce dernier cas n'exclut point, dans*le gneis, par exemple,
les coiiches de granité qui rappellent les roches de dessous, ni
les couches de micaschiste, qui annoncent, pour ainsi dire,
d'avance les roches qui se trouveront superposées.
Nous ferons suivre au thonschiefer quatre formations parai*
lèles:
Roche pe QuiBz^ Porpht&e PRiNmF ?
Graiote- Gneis postérieur kv ëuphoude pRiMn^ivE,
Thonschiefer.
La première de ces formations est très-peu connue en Europe ^
la troisième paroit douteuse comme formation indépendante.
ROGBE DE QUARZ (iVEC MASSES DE FER OUGISTE MÉtàILOÏDE).
$. 16. C'est la grande formation qui embrasse lltacolumite,
ou quarz élastique chloriteux (gelehkqnarz, biegsamer sand-
stein, chloritquarz ) de M. d^ch^ege, et des couches de fer
oligiste micacé et spéculaire. Au sud de IMquateur, dans les
montagnes du Brésil et dans les Cordillères des Andes, on trouve
des masses de quarz, tantôt entièrement pur, tantôt mêlé de
talc et de chlorite, qui, par l'énorme épaisseur de leurs couches
et par l'étendue qu'elles occupent, méritent l'attention des géc»-
gnostes. Ces roches de quarz m'ont paru ofïHr plusieurs forma-
tions d'une ancienneté relative très^différente. Bans l'Amérique
méridionale, les unes sont liées à un thonschiefet qui est déci-
dément primitif : les autres , bien plus difficiles à saisir dans
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( «9 )
leurs rapports de superposition , sont placées entre les porphyres
de transition et le calcaire alpin ; elles remplacent quelquefois
le grès rouge. Nous ne parlerons ici que des premières ^ en sépa-
rant les formations dont le gisement est eiiactement connu ^ de
celles qui offrent plus d'incertitude. Sur le plateau de Minas-
Geraes près de Yilia-Rica ( selon les belles obseryations de M.
d'Eschwege^ directeur général des mines du Brésil), un mica-
schiste qui renferme des bancs de calcaire grenu, est recouvert
d'un thonschiefer primitif. Sur cette dernière roche repose, en
stratification concordante, le quarz chloriteux (chloritquarz) qui
constitue la masse du Pic d'Itacolumi, à looo toises de hauteur
au-dessus du niveau de la mer. Cette formation quarzeuse ren-
ferme des couches alternantes, i.*^ de quarz aurifère blanc, ou
vcrdâtre, ou rubané, mêlé de talc-chlorite et offrant des strates
de quarz flexible, que Ton a faussement attribuées jusqu'ici à
rhjalomicte (greisen), ou à des couches de quarz dans le mi-
caschiste; 2.** de chlorite schisteuse; 3.** de quarz aurifère, mêlé
de tourmaline ( schorlschiefer de Freiesleben) ; 4*'' de fer oligiste
métalloïde, mêlé de quarz aurifère (goldhaltiger eisenglimmer-
schiefer). Les couches de quarz chloriteux ont jusqu'à looo pieds
d'épaisseur. Toute cette formation est couverte d'une brèche fer-
rugineuse extrêmement aurifère. C'est à la destruction des couches
que nous venons de nommer, et qui sont liées géognostiquement
les unes aux autres, que M. d'Ëschw^e croit pouvoir attribuer
les terrains de lavage qui renferment à la fois l'or, le platine^
le palladium et lès diamans (Corrego das Lagens), l'or et les
dinmans (Tejuco), le platine et les diamans (Rio Âbaete^. Le
çhloritschiefer décomposé, dont ont tire les topazes et les eu-
clases du Brésil , appartient à cette même formation. Quelque-
fois, dans les montagnes de Minas-Geraes , lai roche de quarz est
d'une structure plus simple. Sans être composée de couches al*
temantes, elle n'offre qu'ujie seule masse de quarz entrelace
avec du fer spéculaire granulaire ou dense (dich'ter eisenglanz;
fer oligiste non lamellaire, non micacé). Cette masse a jusqu'à
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( s*» )
1800 pieds d'épaisseur 9 et ne contient pas d*or disséminé. Elle
est placée sur le thonschiefer primitif qui recouvrç immédiate-
ment le gneis. On peut dire que c'est cette formation peu con-
nue de quarz-Itacolumite qui a fourni, par sa décomposition
(par les terrains meubles auxquels il a donné naissance )9 dans
les années 1756 — 1764? annuellement prés de trente millions
de francs en or. Elle succède immédiatement an thonschiefer;
mais^ d'après les observations faites jusqu'ici ^ il sçroit difficile
de la considérer ayec les schistes novaculaires (eos^ ivezscbiefer)^
qui sont gris-yerdâtre^ gris de fumée^ mêlés de beaucoup d'a]u->
mine, comme des couches subordonnées au thonschiefer. Le
quarz-Itacolumite, par une affinité orycftognostique qui existe
entre, le talc et la chlorite, se rapproche du schiste talqueux
( talkschiefer ) , qui abonde dans tous les pajjs, en minéraux
bien cristallisés, et qui, par la suppression des lames dq, talc,
n'est quelquefois que du quarz pur : aussi le schiste talqueux
forme-t-il, dans les deux continens, des couches aubordoilnées
au thonschiefer et au micaschiste primitifs. J'ai trouvé une for-
mation analogue a celle de Minas-^Geraes , mais dépourvue 1. de
fer spéculaire, à 1600 toises de hauteur au-dessus du niveau de
.la mer, dans les savanes de Tiocaxas (au sud du ChimbOrazo,
entre Guamote et Ssui-Luîs) et i. Test du Paramo de Yamoca
près de Hacatacumba (Andes de Quito), i D'énormes masses de
quarz y sont mêlées à quelques feuillets de mica , et superpo-
sées au dionschièfer primitif. L'indépendance des formation^
quarzenses primitives, que nous indiquons ici, sera mieux éta-
blie lorsqu'on les trouvera immédiïitement superposées, non tou-
jours à la même roche (au thonschiefer), mais à diffét&àtes
roches plus anciennes, par exemple, au micaschiste, au gneis
et au granité. C'est dans cette indépendance de gisement que
s'observe la roche de quarz de Gontumaza^ que je crois secoix-
daire : elle recouvre d'abord le porphyre, puis (près de Cascas)
le même granité qui forme les côtes de la mer du Sud dans le
Bas-Pérou. Une observation très-importante , que M. de Buch a
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faile dans le nord de la péninsule Scandinave ^ paroit justifier
la place que nous assignons^ parmi les roches primitives ^ à la
rocbe dé quarz de rhémisphère austral. Cet infatigable vojageur
a i^econnu que^ dans la région boréale de Fancien monde 9. le
thonschiefer primitif est remplacé quelquefois par une roche
de quarz que colore le fer. Celte roche de quarz et le thon-
schiefer sont par conséquent; en Norwége, des roches paral-
lèles^ des équivalens géc^ostiques. II est bien remarquable
de voir le soufre^ Tor, le mercure et le fer oligiste métalloïde ,
liés dans PAmérique méridionale à ces énormes amas de silice.
Quel que soit l'intérêt qu'inspirent les métaux précieipc^ on
ne sauroit nier que l'abondance du soufre dans des terrains
primitifs est^ sous le rapport de l'étude des volcans et des
roches à travers lesquelles^ le feu souterrain s'est frajé son
chemin 5 un phénomène bien plus important que l'abondance
de l'or. Un peu au sud des hautes savan&s de Tiocaxas et de
Guamote (Cordillères de Quito); où nous venons de désigner
la formation ; peut-être indépendante, de quarz superposé au
thonschiefer 9 j'ai examiné la célèbre montagne de soufre de
Ticsah, qui est une couche de quarz (direction N. 18** £. ; an-
clinaisoa 70-— 80° au NO.; épaisseur de la couche , 200 toises;
hauteur ' au-dessus du niveau de la mer^ 1260 toises) dans le
micaschiste. Au Brésil , la formation de quarz chloriteux (Itaco»
lumite)^ superposée au thonschiefer primitif , renferme non-
seulement de l'or, mais aussi du soufre. Des plaques de cette
roche, fortement chauffées, brdlent avec une flamme bleue*
Un thonschiefer du même âge que celui sur lequel est lsuper<«
posé le quarz chlocciteux, renferme (Serra do Frio, près de 5«
Antonio Perdra) un banc de calcaire primitif mêlé de masses
de soufre natif. L'or et le soufre se trouvent aussi (Andes de
Caxamarca, au Pérou,, entre Curimajo et Alto del Tuai), sur
la limite des porphyres de transition et des calcaires alpLos,
dans des masses puissantes de quarz qui sont parallèles au grès
rouge. C'est à ces mêmes roches de quarz, ou plutèt à des for-
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( 9» )
mations pins neuves encore , qu'appartient le grand dépôt (qnan«
flôtz ) de mercure sulfuré dé Guancavelica ^ taàdis que le mercure
de Cuença (partie méridionale du royaume de Quito ), de même
que celui du duché de Deux-ponts, appartient au grès roug«. Ces
notions suffisent pour répandre quelque jour sur les couches puis-
santes de quarz que nous avons observées, M. d'Ëschwege et moi,
dans l'hémisphère austral, et qu'on ne peut guère appeler des
grès quarzeux. Ces roches semblent passer, comme les forma-
tions calcaires, à travers les difTérens terrains primitifs, inter-
médiaires et secondaires. Plusieurs géognostes célèbfes ont^ déjà
fente d'introduire des roches de quarz, comme formations in-
dépendantes , dans le tjpe général des terrains. Le çuarzgebirge
de Werner est primitif et repose sur du gneis (Frauensteiiij
Oberschônau, en Saxe.), dont peut-être il a été. jadis recouvert.
Des couches qui appartiennent essentiellement à une formation,
Se trouvent quelquefois à la limite supérieure et inférieure de
cette formation (exemples : schiste bitumineux sous le zechstein
du calcaire alpin ; gypse au-dessus du zechstein ; kieselschiefer,
pierre lydienne ou ampélite, au-dessus du thonsçhiefer de tran-
sition et dans cette roche). Les petites masses de quarz primitif
observées sur la crête des montagnes de l'Europe ne peuvent être
comparées, pour leur puissance et leur étendue, aux roches de
quarz primitives des Andes et du Brésil. Le granular-çuarzrock
(avec feldspath) des Hébrides de M. Jameson, les roches quar-
zeusts et chloriUuses antérieures au grauwac^e et liées au grès
rouge {ptimary red sandstone ) de M. Maculloch , offrent quelques
traits d'analogie géognostique avec les masses quarzeuses de
l'Amérique équinoxiale ; mais elles sont beaucoup plus noélan^
gées (moins simples de structure), et pourroient bien, d'après
les discussions intéressantes de M. Boue, appartenir à d'anciennes
roches de transition. Le trappsandsiein ou quarzfels secondaire
de quelques géognostes allemands entoure les basaltes^ et est,
à n'en pas douter, d'un âge beaucoup plus récent que la for-
mation de quans en masse (extrêmement pur^ non mélangé et
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non agrégé} qui y placé entre le porphyre de transition et le
calcaire alpin ^ atteint^ d'apris mes observations à la pente oc-
cidentale des Andes du Pérou (Contumaza, Namas), Ténorme
épaisseur de 6000 pieds.
Gràmite et Gvtis t>osT£aiEufi AU Thonschiefeu.
S. 17. Une formation de granité a petits grains ^ passant quel-
quefois à un gneis grenatifère et alternant avec lui. Cette for*
mati'on intéressante (Kielvig, à l'extrémité septentrionale de la
Norwége, et îles Shetland) repose, selon M. de Buch, sur le
thonschiefer primitif. Elle renferme de Tamphibole et du dial-
lage 5 elle manifeste par là son affinité arec une des formations
snivantes. On pourroit désigner les formations de granité ( SS* 4 >
7, 12 et 17} par les noms de granité du weisstein, du gneis ,
du micaschiste et du thonschiefer ; mais ces dénominations
feroient croire que ces petites formations sont nécessairement
dans le weisstein, dans le gneis, dans le micaschiste et dans le
thonschiefer : elles se trouvent simplement superposées aux
roches dont elles paroissent dépendre. La présence de Tétain ,
du fer magnétique (?), de l'amphibole, de la diallage, du gre-
nat, du talc et de la chlorite remplaçant le mica, comme la
tendance de passer à la pegmatite (schriftgranit), caractérisent
les granités de nouvelle formation.
Porphyre primitif ?
S. 18. £xiste-t-il une formation primitive et indépendante de
porphjre? 11 ne peut être question ici, ni des porphyres qui se
trouvent comme des bancs subordonnés dans d'autres roches
primitives (SS» 5 et 1 5), ni de ces gneis et micaschistes des hautes
Alpes qui deviennent grenus et, prennent, par l'isolement des
cristaux de feldspath, un aspect porphyroïde. J'hésite de placer
parmi les roches primitives les porphyres de Saxe et, de Silésie
(duché de Schweidnitz), quoique les premiers recouvrent im-
médiatement le gneis (entre Freiberg etXharandt). Ils sont quel-
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l
( 94 )
quefois traversés, par des filons d'étain (Altenbeig) et des mine-
rais d'argent (Grand). Les 'porpbjres de Silésie renferment de
l'amphibole disséminé (Friedland) î on les a crus jusqu'ici plus
anciens que le thonschiefer primitif. Il est certain que les por-
phjrres de Saxe sont en partie des porphyres de transition, en
partie des porphyres dé grès rouge. Dans les Cordillères des
.Andes du Pérou, de Quito, de la Nouyelle- Grenade et du
Mexique, parmi cette innombrable variété de roches porpbj-
riques dont les masses atteignent 2800 à 5ooo toises d'épaisseur,
je n'ai pas vu un seul porphyre qui me parût décidément pri-
mitif. La formation la plus ancienne que j'aie observée > se
trouve dans la vallée profonde de la Magdalena (entre Guambos
et Truxillo, au Pérou) : c'est un porphyre à base argileuse, un
peu décomposée, avec feldspath commun, non vitreux^ sans
amphibole, mais aussi sans quarz. Cette formation, qui paroît
distincte de tous les porphyres de transition et trachytiques* de
Quito et de la crête des Andes du Pérou, vient au jour à 600
toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer ^ elle est placée
immédiatement sur le granité, et recouverte, à la pente occiden-
tale des Andes, d'une roche de quarz secondaire, à la pente
orientale (vraisemblablement) de grès rouge.
V. EuPHOTiJjE p&mrrivE postebjevre au Thonschiefeb.
S. 19. Une formation placée à la limite des fortnations .pri-
mitives et de transition. C'est le Gabbro de M. de Buch ; l'Eu-
photiçle de M. Haûy; le Schillei-fels de M. deRaumer; l'Ophio*
lithe de M. Brongnîart. Cette roche a été désignée jadis sous
les noms de serpentinite , granité serpentineux, granité de dial-'
lage, granitone, granito di gabbro, granito dell' Impruneta,
scrpentinartiger urgriinstein. Nous la caractérisons ici telle que
M. de Buch l'a circonscrite le premier. Elle se trouve superposée
(dap Nord de l'Ile Mageroe, en Norwége) à un schiste primitif,
qui passe vers le haut à l'euphotide, vers le bas au micaschiste*
L'euphotide du Yal Sesia recouvre aussi, selon M« Beudant, im«
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médiafement le micaschiste primitif. On peut dire qu'en général
Teuphotide on gabbro est un mélange de diallage (smaragdite),
de jade (saussurite^ feldspath tenace) et de feldspath lamelleux.
Quelquefois (Bergen, en Norwcge) le jade manque entièrement;
mais dans le verde di Gorsica (Stazzona^ au nord de Goile et
S. Pietro di llostîno dans l'île de Corse) l'euphotide n'est qu'un
mélange de jade voisin du feldspath compacte ^ et de diallage
verte sans feldspath lamelleux. Quoique, d'après les intéressantes
observations rapportées par M. Haûj dans son Tableau compa^
ratif, les diallages métalloïdes ( schîUerspath ) vertes, à reflets
satinés, et les diallages grises passent progressivement (roches du
Musinet près de Turin) les unes aux autres, on peut pourtant
distinguer ces substances par les caractères géognostiques qu'elles
ofïrent le plus fréquemment en grand. L^euphotide à diallage
grise est beaucoup plus fréquente (un peu plus ancienne ? )
que l'euphotide à diallage verte. La serpentine est presque tou-
jours dans une liaison de gisement intime avec l'euphotide,
dont elle ne semble être qu'une variété à très-petits grains, d'ap-
parence homogène. Cette liaison se manifeste aussi en Hongrie
(Dobschau), où M. Beudaïit a trouvé l'euphotide grenue et
schisteuse immédiatement supeiposéc au micaschiste primitif.
La soude, d'après les travaux de Théodore de Saussure et de
Klaproth , s'obser>'e parmi les roches primitives dans le feldspath
compacte du weisstein et du griinsteinschiefer, dans le jade des
euphotides, et dans la lazulite (outre- mer) du Baldakschan.
Cette dernièî'e substance paroit appartenir à une couche de cal-
caire- primitif intercalée au granite-gneis. Bancs subordonnés à
l'euphotide : serpentine avec asbeste et diallage métalloïde ; ser-
pentine accompagnée de chiysoprase, opale et calcédoine (Ko-
semitz, en Silésie); calcaire grisâtre compacte, passant au cal-
caire à petits grains (Alten, en ^onvége). Ce calcaire rapproche
l'euphotide de la Scandinavie, qui est le dernier membre des
formations primitives, du terrain des roches intermédiaires très-
anciennes. Comme l'euphotide n'est souvent pas recouverte^ et
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que la superposition d'une roche sur une autre trés-ancienne ne
nous éclaire pas sur l^époque de sa formation, il reste des doutes
sur l*âge relatif de beaucoup d'euphotides. M. de Buch a vu celle
du Haut -Valais (Saas, Mont -More) placée au-dessus du mica-
scliiste; celle de Sestri>- au nord du golfe de la Spezzia, sous le
thonsôhiefer (de transition?) de Lavagna* M. de Raumer, dans
son excellent ouvrage sur la Silésie inférieure, place le schiller-
fels du Zobtenberg parmi le6 forma tioixs primitives ; M. Keferstein
y range Peuphotîdé du Harz (entre Neustadt et Oderkrug), qui
renferme du titane ferrifère (nigrine)> disséminé. Je pen^ aussi
que les serpentines du Heideberg prés de Zell, et celles que
Ton trouve entre Wurlitz et Kotzau , où elles renferment du
pjroxène-diopside^ sont très* anciennes. Toutes ces serpentines
des montagnes de Bareuth m'ont paru intimement liées au
fichiste amphibolique (homblendschiefer) et au schiste chlori*
riteux (chlontschiefer). Elles offrent des propriétés magnétiques
très-remarquables, que j'ai fait connoitre en 1796, et qui depuis
ont été l'objet des recherches plus exactes de MM. Goldfuss,
Bischof et Schneider. £n jetant un coup d'oeil général sur les
euphotides des deux continent, on ne sauroit se refuser d'ad*^
mettre plusieurs formations, d'un âge relatif assez distinct. Les
euphotides que j'ai obsen^ées à l'Ile de Cuba, à Guanaxuato^
au Mexique , et à l'entrée des Llanos de Venezuela , sont liées
soit à la syénite, soit au calcaire noir, et ine semblent bien déci-
dément des euphotides de transition , de même que l^euphotide
(serpentine stratifiée en couches assez minces t direct. N. 62** E. ;
incl. 70° NO.; épaisseur 10 toises) de la ciipe de la Bochetta
de Gênes, que j*ai observée en 179$ et i8o5, et qui est intercalée
a un thonschiefer de transition qui alterne avec du calcaire noir*
Les euphotides de la Spezzia, de Prato et de tout le Siennois,
que MM. de Buch et Brocchi considèrent comme de formation
primitive ou de formation de transition très -ancienne, parois-
sent à M. Brongniart, qui les a récemment examinées avec beau-
coup de soin, appartenir aux formations secondaires, ou tout
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(.97 ) *
au plus aux formations de transition les plus récentes. Les'gecv
gnostes célèbres que |e viens de nommer^ sont assez d'accord sur
îe gisement iniitiédiat de ces euphotides de l'Italie, c'est-à-dire
sur la détermination oiyctognostique des roches qui se trouyent
au-dessous et au-dessus de l'euphotide ; mais ils différent sur l'âge
de formation que l'on doit assigner géognostiquement à ces roches
en contact avec l'euphotide. C'est ainsi qu'en géographie on con-
noît quelquefois' avec précision le gisement d'un îlot, par rap-
port aux îles voisines ; tandis que la longitude absolue de tout
l'archipel, sa plus grande proximité de l'ancien ou du nouveau
continent, restent encore incertaines.
Terrains de transitioît*
Le terrain de transition réunit, d'après M. Wemer, des rochea
qur offrent dans leur composition beaucoup d'analogie avec celles
des teiTains primitifs, mais qui alternent avec des roches frag«
mentairesou arénacées (élastiques, agrégées 5 roches de transport)*.
Quelques débris de corps oi^aniques (des empreintes de roseaux^'
de palmiers et de fougères arborescentes; des madrépores, pen-
tacrinites, orthocératites, trilobites, hjstérolithes , etc. ) j parois-
sent de préférence, je noy dirai pas dans les roches, supérieures^
ou les moins anciennes de cet ordre, mais en général dans les
roches non feldspath iques et dont la masse ne présente pas un as*
pect très -cristallin. Ce sont surtout les belles observations de
MM. de Buch et Brochant qui ont étendu les limites des terrains
de transition. Ces limites sont plus faciles à fixer vejrs le haut^
où commencent les terrains secondaires , que vêts le bas, où,
finissent les terrains primitifs. J'ai rappelé ailleurs comment,
par les micaschistes anthraciteux et les thonschiefer verts, les
roches de transition se lient aux roches primitives; comment, par
les porphjres à feldspath vitreux, elles se lient aux terrains,
volcaniques, et par les grauwackes à petitis grains et les por-
phyres abondant en cristaux de quarz, au grès rouge et aux
porphjres des terrains secondaires* Dans les régions les plus
7
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( .9» )
cloignées les unes des autres^ des roches analogies ^ des thon-
schiefer talqueux^ à feuillets fortement contournés^ chargés de
. carbone^ renfermant de PampéMte (alaunschiefef ) et de la pierre
lydienne; des calcaires noirs alternant avec Iç thonschiefer, des
grauwackes , des porphyres et des sj^énites mélangés de fer titane ,
«e trouvent placés entre des roches primitives, c'est-à-dire entiè-
rement dépourvues de traces d'organisation et de masses aréna-
cées, et la grande formation de houilles; mais la succession des
roches homonymes de transition varie même là où elles semblent
toute,s également développées. Le plus grand iiombre des forma-
tions de ce terrain sont composées de deux ou trois roches alter-
nantes (calcaire noir compacte, giûnstein et thonschiefer; grau-
wacke et porphjre ; calcaire grenu , grauw^acke et micaschiste
anthraciteux); et comme des membres partiels des groupes ou
formations d'une structure si compliquée passent d'un groupe à
l'autre, d'excelJens observateurs, MM. de Raumer, d'Engelhardt
et Bonnard, ont été tellement frappés de ce phénomène de
connexité et d'alternance, qu'ils ne reconnoissent dans la classe
entière qu'une seule grande famille de roches. Si l'on examine
les formations de transition d'après leur structure et leur com-
position oiyctognoslique, on j distingue cinq associations très-
marquées : les roches schisteuses ; les roches porphyritiques
( feldspathiques ou sjénitiques ) ; les roches calcaires grenues et
compactes , avec gypse anhydre et sel gemme ; Jes roches d'eu-
photide, et les roches agrégées (grauwacke et brèches calcaires).
Sur quelques points du globe un seul de ces groupes ou de ces
associations de roches, cristallisées et non cristallisées a pris un
développement si extraordinaire ,. que les autres groupés parois-
sent presque entièrement supprimés. C'est ainsi que dominent
dans les Cordillères du Mexique et de Quito, comme ©n Hongrie
et dans plusieurs parties de la Norwége, les porphyres et les
syénites de transition; dans la Tarantaise, les calcaires grenus
et talqueux; dans quelques régions des Alpes et de la Bochetta,
les calcaires noirs presque compactes ou à très -petits grains ;
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eiifia, au Harz. et sur les bords du Rhin ^ les grauwackes et '
thonschiefer de transition : mais cette épaisseur et cette étendue
qu'acquièrent les masses minérales , ne doivent pas guider le
g^cognoste lorsqu'il discute Tâge relatif des formations partielles.
Une extrême variété de gisement ne s'observe pas seulement dans .
les petites formations; les grandes formations bomonjmes très-
développées ne peuvent aussi guères être envisagées comme con-
temporaines, c'est-à-dire qu'elles n'offrent pas le même gisement
par rapport aux autres termes de la série des rocbes intermé-
diaires. Les porphjres de Guanaxuato, par exemple, sont super-
posés à un thonschiefer stéatiteux et chaîné de carbone ^ ceux
de la Hongrie, à un micaschiste talqueux de transition renfer-
mant des bancs de calcaire gris-noirâtre. Les porphjres des Andes
de Quito (et des îles Britanniques?) recouvrent immédiatement
des roches primitives, et sont par conséquent antérieurs à toute
roche calcaire ^ui renferme des vestiges de corps organisés : au
contraire , les porphjres et sjéniles zirconiennes de Norwége ,
comm« probablement aussi les porphjres du Caucase, si bien
observés par MM. d'Engelhardt et Parrot, succèdent, selon l'âge
de leur formation, au calcaire rempli d'orthocératites. Les plus
grandes masses de grauwacke ( alternant avec le grauwacken-
schiefer) se sont développées sans doute au milieu des schistes
de transition les plus anciens; mais on trouve aussi des bancs
de grauwacke très-puissans, d'une origine beaucoup plus récente.
En général , les cinq groupes de roches que nous venons de
distinguer d'après des rapports de composition ou des caractères
oiyctognostiques, ne conservent pas partout la même place dans
ia série des Formations intermédiaires ; ils ne se trouvent guère
séparés dans la nature comme dans une classification oryctognos-
tique des roches. On observe que les thonschiefer et les calcaires
noirs, les thonschiefer et les porphjres, les thonschiefer et les
grauwackes, les porphjres et les sjénites, les calcaires grenue et
les micaschistes anthraciteux, forment des associations géognos-
tiques dans les contrées les plus élo^nées les unes des autres.
I
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C'est la constance de ces associations binaires ou ternaires qui
caractérise les terrains de transition , bien plus que l'analogie
qu'offre dans chaque groupe la succession des roches homo-
njmes.
En discutant les terrains primitifs où les formations sont plus
'Simples^ plus tranchées, sujettes à des alternances moins fré-
quentes, j'ai pu essayer d'énumérer séparément les granités qui
succèdent aux gneis, les gneis qui succèdent aux micaschistes.
Il V a des granités et des gneis primitifs de différens êiges, comme
dans les terrains de transition il j a des grauwackes ou des cal-
caires noirs, semblables de dbmposition, mais très-éloignés les
uns des autres, selon leur ancienneté relative. Si dans ces der-
niers terrains le géognoste ne tente pas de nommer séparément
les différentes couches de grauwacke ou de calcaire, c'est parce
que ces couches, isolément, n'ont pas de valeur comme termes
de la série des roches intermédiaires;, elles n'en ont qu'autant
qu'elles font partie de certains groupes. Or, ce sont ces groupes
mêmes, ces associations constantes de thonschiefer, griinstein et
grauwacke, de calcaire stéatiteux et grauwacke, de porphvre et
grauwacke, etc., qui sont les véritables termes de la série. Il eu
résulte que, d'après les principes que nous suivons dans l'arran-
gement des formations, on doit énumérer séparément non des
masses isolées de calcaire, de grauwacke et de porphjre, qui se
mêlent entre elles ou à d'autres roches, mais des groupes entiers
et bien caractérisés, cçux, par exemple, dans lesquels dominent
les grauwackes et les thonschiefer, ou les porphjres et les sjé-
nites. Parmi ces derniers les uns sont postérieurs, les autres
antérieurs à des roches qui renferment des débris d'êtres orga-
nisés. Dans les terrains primitifs les termes de la série sont
généralement simples ; dans les terrains de transition ils sont
tous complexes, et c'est de cette complexité mênie que naît h
difficulté d'étudier, par assises, un édifice dont on saisit avec
peine l'ordonnance au milieu de l'entassement de tant de maté-
riaux semblable». Pour justifier l'ordre que j'assigne aux diiïe-
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( »o» )
rens terrains de transition ^ je' commei^cerai par présenter dans
le tableau suivant la succession des formations (en commençant
par les plus anciennes ) qui ont été observées dans plusieurs con-
trées et examinées avec soin. Je n'emploirai que la description
oréograpbique des géognostes habitués à suiyre les mêmes prin*
cipes dans la dénomination des roches.
1. AilDES SE QOITO ZT DU PÉROU.
Porphyres de transition, non mé-
tallifères , reeonrrant immédiate-
ment les roches primitives (granité,
thonschiefer).
Crùnstein en boules (kugelge-
«tcin).
Calcaire noir, superposé au por-
phyre.
Je n'y ai pas vu de grauwacke;
il est remplacé , dans les Andes
de Quito et du Pérou , au sud de
l'équateur, par la grande formation
de porphyre.
3. MoiTTAGnES su MbXIQUX.
Thonschiefer de transition, char-
gé de carbone, renfermant des cou-
ches de syénite et de serpentine.
Les couches inférieures passent au
schiste talqueux, et reposent sur des
roches primitives.
Syénite alternant avec du. grùn-
stein.
Porphyre de transition, métalli-
fère , placé immédiatement sur le
thonschiefer de transition. Les cou-
ches supérieures passent à la pho-
nolithe.
Telle est la série des roches de
Guanaxuato. Dans le chemin de
Heiico à Acapulco j'ai va les por-
phyres de transition reposer immé-
2. MoirTACVES SE yEllEZUZI.A.
Schistes verts stéatiteux de tran-
sition , couvrant du gneis- mica-
schiste primitif.
Calcaire noir.
Serpentine et griinstein (recou-
verts d'amygdaloïde avec pyroxène).
C'est la suite des roches que j'ai
observée au bord septentrional des
Llanos de Calabozo.
4. HOSGRIE.
Micaschiste de transition avec de»
bancs de calcaire noir superposé
à des roches primitives.
Porphyres et syénites de transi-
tion. Couches subordonnées : mica-
schiste de transition; calcaire grenu
blanc avec serpentine ; masses de
grùnstein.Ce8porphyre8sont,comme
la plupart de ceux des Andes, im-
médiatement recouverts pardestra-
chytes çyénitiques blancs et noirs.
(Observations de M. Beudant.)
6. Suisse.
Dans le passage des Alpes, de
Chiavenna" à Claris, d'après M. de
Burh:
Thonschiefer de transition, avec
des couches de calcaire gris, repo-
sant sur du thonschiefer et du mi-
caschiste primitifs.
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(
diatement sur le granité primitif.
Près deTotonilco ces porphyres sont
couver u de rocbes secondaires, tels
que le calcaire alpin, le grès et le
gjpse argileux. Je n'ose prononcer
sur les rapports d'âge entre les cal-
caires de transition des mines du
Docror et de Zimapan, et les por-
phyres de Cuanaxuato et de Pachu-
ca; mais, d'après MM. Sonneschmidt
et Yalencia, on voit suivre dans les
riches mines de Zacatecas, presque
comme à Cuanaxuato, de bas en
~^ haut, sjënite et thonschiefer de
transition (avec griinstein et pierre
lydienne ) , grauwacke , porphyre
non métallifère.
5. Tarautaise.
Une même formation , reposant
immédiatement sur le terrain pri-
mitif, renferme du calcaire grenu
stéatiteux, du micaschiste avec gneis
et du grauwacke anthraciteux. 'Ces
différentes roches alternent plu-
sieurs fois, el offrent des bancs sub-
ordonnés de serpentine, de griin-
stein, de quarz compacte et de gypse
de transition. (Observations de M.
Brochant deYilliers.)
7. Allemaghe.
Système de gisement en Saxe ,
entre Freiberg,Maxen et Meissen,
d'après MM. de Raumer et Bonnard :
Thonschiefer avec ampélite et
pierre ijdicnne, alternant à la fois
avec du grauwacke, du griinstein,
du porphyre et du calcaire. Ce-ter-
. rain repose sur le gneis primitif.
Syénite et porphyre. Dans cette
102 )
Serpentine avec grenats.
Calcaire noir.
Crauwacke.
Thonschiefer alternant avec du
calcaire noir.
Thonschiefer avec empreintes de
poissons (presque secondaire).
Dans les environs de Bex, d'après
M. de Charpentier :
Crauwacke superposé au gneis
(primitif?).
Calcaire noir, renfermant des bé-
lemnites, et alternant avec du thuu-
schiefer de transition.
Calcaire argileux de transition ,
avec ammonites, offrant des couches
subordonnées de grauwacke , de
gypse anhydre et de sel gemme.
M. de Buch, d'après des observa-
tions gcognostiques faites avant l'an-
née 1Ô04, assignoit aux formations
de transition de la Suisse occiden-
tale, considérées sous un point de
vue général, et en passant des ro-
ches inférieures aux roches supé-
rieures , l'ordre suivant :
Thonschiefer de transition. — —
Calcaire noir. — MuriaCite salifère
et gypse. — Crauwacke. — Calcaire
nt)ir. — Thonschiefer, avec em-
preintes de poissons.
ô. P&ESQU'lLE DU COTEKTIIY £T
fiHETAGNE.
Thonschiefer vert, luisant, stéa-
titçux Xde transition) , alternant
quelquefois avec du grauwacke, avec
du calcaire noir et~^vec la roche
de quarz.
Syénite et granité.
Thonschiefer de transition , re-
couvrant quelquefois de nouveau la
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( »o3 )
formation, qui ^abonde atissi au
Thiiringerwald , selon l'excellente
description de M. Heini , se trouvent
intercalés du granité et du gneis de
transition.
Le Harz et rAUeinagne occiden-
tale (entre le Rhin et la Lahn) sont
recouverts d'une grande formation
de ihonschiefer , dans laqudle ,
comme par développement inté-
rieur , se montrent des masses de
grauwaclie et grauwackenschiefei*,
de calcaire (souvent .d'une couleur
peu foncée ) , de griinstein , d e quarz
et de porphyre. Cette dernière roche
7 est cependant plus rare que dans
la formation indépent^nte de syé-
nite et porphyre^ que supporte dans
d'autres contrées le thonschiefer de
transition.
11. CAVGASEi
Thonschiefer, peut-être déjà de
transition^
Calcaire noir avec ampëlite.
Porphyre de transition, alternant
avec le thonschiefer. Ce porphyre,
souvent colonnaire, avec feldspath
vitreux, peu de quaraetpeudetnica,
ressemble dans les montagnes du
Kasbek (comme font souvent les
porphyres des sommets mexicains )
à du trachyte poreux.
Gneis, syénite et granité de tran-
sition en couches alternantes.
Thonschiefer de transition, cou-
vert d'un calcaire fétide,, qui pa-
roît secondaire. (Observations de
MM. d*Engelhardt et Parrot.)
syénite. (Observations de MM. Bron*
gniart et d'Onialius d'Ilalloy.)
9. ISLES BrITAKRIQUES.
Syénite etpoi'p.hyre de transition
reposant sur des roches primitives.
(Chaîne du Snowdon, Cranipians,
Bcn-Nevis.)
Thonschiefer de transition , avecf
tri 1 obi tes, renfermant dans les cou»
ches inférieures un agloniérat de;
roches primitives , semblable à celui
de la Valorsine (Llandriudod, Ril-
larney , cime du Snovvdon). *
Crauwacke (May-hill et North-
AVales).
Calcaire de transition (Longhope ^
Dudiey ).
Crauwacke , old red sandstone
(Mitchel Dean de Herefordshire).
Calcaire de transition, mountain*
limestone (Derbyshire) , recouvert
par la grande formation de houille.
(Observations de M. Buckland , qui
semble cependant regarder la syé-
nite et une partie des porphyres
comme primitifs.)
10. Noit\lVÉGE.
Gisement des roches près de Chris*
tiania , d'après les obs^ervations de
M. de Buch :
Thonschiefer de transition, al-
ternant avec du calcaire noir, rem-
pli d'orthocératites et reposant sur
du gneis primitif.
Crauwacke et kieselscbiefer.
Porphyre à cristaux de quarz ^
renfermant une couche de grîinstein
poreux avec pyroxène. •
Syéiïiteà zircons, et granité de
traqsi ti-on,aveccouch es di porphyre-
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( .q4 )
On reconnoît, dans ces différens types de superposition, ro-
eueillîs en Europe, en Amérique et en Asie, au nord et au sud
de rëquateur, que parmi les plus anciennes roches de transition
trois grandes formations, celle de calcaire grenu et talqueux,
grauwacke avec anthracite et micaschiste, celle de syénite et
porphyre (à cristaux d'amphihole et très-peu de quarz, et celle
de thonschiefer, grauwacke et calcaire noir, occupent à peu
prés le miéme rang sur différens points du glohe. Les calcaires
micacés et poudingues à fragmens de roches primitives de la
Tarantaise ; les porphyres et syénites du Pérou ; le thonschiefer
de transition avec grauivacke (Harz, Friedrichswalde en Saxe,
Aggerselv en Norwége, et Guanaxuato au Mexique), sont peut-
être d'une origine contemporaine. En rangeant les roches comme
termes d'une seule série, il auroit fallu pemt-étre rappeler leur
parallélisme de la manière suivante : Il (I ou III). Je distingue,
comme termes de la série des roches de transition, six groupes
qui me paroissent hien caractérisés par les toches qui y domi-
nent, par leur gisement et par Tétendae de leur masse. Ces
groupes ou grandes formations sont : I. Calcaire grenu stéatiteux,
micaschiste de transition et grauwacke à fragmens primitifs,
II. Porphyre (non métallifère) antérieur au calcaire à orthocé-
ratites, au thonschiefer et au micaschiste de transition. III. Thon-
schiefer renfermant des grauw«lckes, des calcaires, des porphyres
et des grûnstein. IV. Porphyres et syénites (métallifères) posté-
rieurs au thonschiefer de transition, antérieurs a un calcaire qui
renferme des débris organiques. V. Porphyres, syénites et gra-
nités zirçoniens (non métallifères), postérieurs au thonschieî'er
et au calcaire avec orthocératiles. VI. Euphotide de transition
avec jaspe et serpentine. Presque chaque groupe est composé de
roches alternantes, et plusieurs de ces roches, qu'on peut con-
sidérer comme de petites formations partielles, sont communes
à tous les groupes. C'est cette communauté, cette alternance,
ce retour périodique des mêmes masses , qui constituent Tu ni té
apparente de la grande famille des terrains de transition. Ccpen-^
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( '05 )
dant chaque groupe a des roches qui .prédominent et qui lui
donnent un aspect particulier. Tels sont les calcaires grenus et
taiqueux dans le premier groupe ; les porphyres non métalli-
fères^ ahondant en amphibole et presque dépourvus de quarz^
dans le second ; les grauwacke dans le troisième ; les roches
serpentineuses dans le sixième. Le quatrième et le cinquième
groupes sont caractérisés ^ l'un par des porphjres et sjénites
métallifères; l'autre^ par des granités zirconiens. Mais ce sont
là des caractères en partie oiyctogi^ostiques } la véritable base de
la division que nous proposons provisoirement aux géognostes,
sont la superposition et l'âge relatif,' observés dans différentes
parties du globe. Une partie des porphjres mexicains et péruviens
du deuxième et même du quatrième groupe , semble avoir des
rapports intimes ayec les trachjtes^ qui sont les plus anciennes
parmi les roches volcaniques.
Avant de décrire en détail les six grandes formations inten'
médimres , je développerai quelques considérations générales sur
le terrain de transition^ superposé le plus souvent en gisement
concordant au* terrain primitif. La magnésie ; le fer oxidulé
(magnétique ), qui ofTre des rapports géognostiques si frappans
avec toutes les substances dans lesquelles domine la magnésie ;
le fer titane; le carbone et la chaux carbonatée, pénètrent à
travers la plupart des formations de transition. M. Betidant a
fait l'observation importante , que les sjénites et porphjres de,
Schemnitz^ de Plauen et de Guanaxuato font effervescence avec
les acides , tandis que les trachjtes ( porphjres trachjtiques ) de la
Hongrie n'offrent pas le même phénomène. Saussure et M. Bro-
chant ont trouvé effervescens des micaschistes de transition (à
la Tête-Noire) et des quarz compactes (dans la Taran taise), là
même où ces roches sont très-éloignées de bancs intercalés de
calcaire grenu sléatiteux. J'ai vu dans les Cordillères du Pérou
(Paramo de Yamoca), comme dans le Thûringerwald-Gebii^e
(entre Lauenstein et Gràfenthal)^ un thonschiefer qui offroit
d'abord tous les caractères d'une roche primitive, mais qui peu
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( »o6 )
à peu devenoit effervescent, et dont les dernières couches prc-
sentoient des nœuds épars de calcaire compacte gris -noirâtre.
La éhaux carbonatëe, d'abord disséminée dans' la masse entière,
se concentre progressivement pour donner à la roche une struc-
ture glanduleuse 9 pour former des strates minces alternans, des
bancs intercalés ^ et à la un des roches calcaires grenues ou com-
pactes ^ qui remplacent le thonschiefer^ le micaschiste ou Teu-
photide^ au sein desquels elles se sont développées. M. StefFens,
dans son Traité d'Oryctognosie, a consigné des remarques ingé-
nieuses sur le rôle important que le feldspath et l'amphibole
jouent dans les terrains primitifs, dans les terrains intermédiaires
ou de transition, et dans le grès rouge. Au milieu du second de
ces terrains le feldspath se montre jusque dans le calcaire com-
pacte. On peut croire qu'en passant du granité au thonschiefer
par les gneis et les micaschistes, cétt<i substance reste cachée
nlans la pâte qui n'est qu'homogène en apparence; car nous
voyons le thonschiefer de transition devenir quelquefois du por*
phjre, comme, par d'autres développemens intérieurs, par des
accumulations de silice et de carboiie , et par l'agrégatidn de»
élémens de l'amphibole, il devient du kieselschiefer, de l'an-
thracite, du grûnstein et de là sjénite. Dans les porphyres de
transition on distingue souvent deux sortes de feldspath, le comr
mun, elle vitreux à cristaux très-effilés (Andes du Pérou, vallée
de Mexico). Ce dernier, qui est moins une espèce minéralogique
qu'un état particulier du feldspath commun, appartient à la fois
aux terrains de transition et aux véritables trachjtes. La pré*
sence fréquente de l'amphibole et le hianque de quarz cristallisé
distinguent oryctognostiquement beaucoup de porphjrey de tran-
sition de ceux des terrains primitifs. Ces derniers ne sont peut-
être que des couches subordonnées à d'autres roches. L'amphi-
bole, qui est presque restreint aux bancs interéalés dans le ter-
rain primitif, n'est nulle part plus abondant que dans le» terrains
de trauisition et dans les terrains trachjtiques. Parmi les pre-.
miers^ les griinstein et les sjénites offrent, par des changemens
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- ( 107 )
de proportions dans les ciémens du tissu cristallin , une espèce
de lutte entre le feldspath et l'amphibole. Le pjroxène, que
Ton croit trop exclusiven^ent caractériser les trachjtes, les ba-
saltes et les dolentes^ est propre à plusieurs porphyres de tran-
sition des Andes et de la Hongrie. On le trouve aussi dans les
couches huileuses^ noires et basaltiques^ de la sjénite zircooienne
de Norwëge. J'ai cru avoir reconnu dans quelques porphyres de
transition de rAmérique équinoxiale.des traces d'olivine; mais
ce n'étoient sans doute que des variétés moins foncées et ver-
dâlres du pjroxène, dont on distinguoit à peine les sommets
dièdres, et dont je n'ai pu essayer la fusibilité au chalumeau.
L'olivine appartient proprement aux formations basaltiques, et
il est même encore douteux si elle se montre dans les trachytes.
La tendance fréquente à la cristallisation, que l'on observe dans
ks terrains de transition au milieu de roches à sédiment et de
roches agrégées, est un phénomène si extraordinaire, que des
géognostes célèbres ont été tenté d'admettre que beaucoup de
ces roches qui paroîssent agrégées (sous forme de brèches ou pou-
dingues *y de roches élastiques et arénacées ; de grès de transition
ou d'agglomérats), bien loin de contenir des débris de roche^
préexistantes, ne sont que l'effet d'une cristallisation confuse,
mais contemporaine. Des masses que dans quelques strates on
a prises pour des fragmens anguleux et nettement circonscrits,
se fondent à peu de distance de là dans la pâte même de la
roche; d'autres masses, qui ressemblent à des cailloux l'ouïes >
deviennent des nœuds fortement adhérens aux lames contournées
d'un schiste, s'alongent et s'évanouissent peu à peu. Lorsque l'on
compare certains granités et porphyres, des brèches calcaires,
des grauwackes et des' grès rouges, on croit reconnoître dans des
roches d'âge si différent, à de certains indices de structure, le
passage insensible d'une formation contemporaine, d'une cristal-
lisation siinultanée, mais troublée par des attractions particu-
lières, à une véritable agrégation (agglutination) de débris dcr
roches préexistances^ Sous toutes les zones il y a des granités à
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( io8 )
g^ros grains 9 dans lesquels des masses à petiU grains trés->inicacés
se trouvent concenfrées çà et là, et qui paroissent, au premier
coup d'œil, renfermer des fragmens d'un granité plus ancieD.
Celte apparence est aussi trompeuse que celle de taut de por-
phyres, d'euphotides et de calcaires de transition, que les anti-
quaires et les marbriers désignent sous le nom de brèches ou de
roches régénérées. Les prétendus fragmens, souvent striés ou ru-
banés (dans le verde antico et les calcaires les plus recherchés
comme ornemens intérieurs des édifices),» ne sont vraisembla-
blement que des masses qui se sont consolidées les premières
dans un fluide fortement agité. L'eau congelée de nos fleuves,
et divers mélanges de sels, dans nos laboratoires, présentent des
phénomènes analogues. La manière dont les fragmens réunis ou
anguleux du grauwacke, ceux des poudingues calcaires à pâte
grenue et à fragmens compactés, ceux de certains grès rouges,
paroissent quelquefois s'évanouir et se fondre dans la masse en-
tière, est bien plus difficile à expliquer dans l'état actuel de
nos connoissances. On ne peut révoquer en doute que l'alter-
nance fréquente de strates visiblement agrégés et de, strates pres-
que homogènes ou légèrement noduleux, de même que le pas-
sage de ces masses les unes dans les autres, a été constatée par
des observations très -précises ; et M. de Bonnard , dans sou
Traité des terrains, a eu raison de dire « que ce phénomène est
4j un des plus incompréhensibles de tous ceux qui peuvent nous
« frapper dans l'étude de la géognosie. » Doit -on admettre,
lorsque les contours des fragmens enchâssés disparoissent presque
en entier, qu'il n'j a eu qu'un très -petit intervalle de temps
entre la solidification des fragmens et celle de la pâte ? Nous ver-
rons plus tard que, dans le grès rouge, des cristaux de feldspath
naissent dans cette pâte même et la rapprochent du porphjre du
grès rouge. (Steffens^ Geognosiisch-geolog. Aufs.y pag, i5, i6i
23, 3i. Freiesleben, Kupfersch^, T. IV, pag, ii5.).
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( »^ ) .
I. Calcajre grenu talqueux^ Micaschiste de transitiom, et
Grauwacke avec anthracite.
S- 20. C'est un même terrain^ une même formation , qui em-i
Lrasse différentes roches calcaires ^ schisteuses et fragmentaires ,
alternant les unes ayec les autres. Cette formation n'est pas com-
posée de trois roches isolées (comme l'est la formation de por-
phyre, de sycnite et de griinstein); mais de trois formations
partielles, de trois séries ou systèmes de roches. Le type le plus
compliqué de cet agroupement de roches presque contempo-
raines s'est développé au sud -est des Alpes, dans la vallée da
rïsère , où il a été l'ohjet des recherches approfondies de M,
Brochant. Si presque tous les termes de la série des roches in-
termédiaires sont complexes, ces termes ou giandes formations
n'en varient pas moins, selon le degré de celte complexité,
selon le nombre et la nature des masses alternantes. Le terrain
de la Tarantaîse (c'est le nom sous lequel nous désignerons le
terrain S« 20) offre dans sa structure et sa composition (dans
ses calcaires grenus et talqueux, dans ses gneis et ses micaschistes)
tellement l'apparence d'un terrain primitif, qu'on ne reconnoît
son âge relatif que par quelques débris de corps organiques et
par rintercalation fréquente de couches arénacées (poudingues^
brèches, grauwackes). Aussi, pendant long-temps les géognostes^
négligeant l'observation de l'alternance et de l'unité de celle for-
mation complexe , ont placé les poudingues de la Valorsine
parmi les roches primitives, et les ont considérées comme un
phénomène purement local. Des recherches qui embrassent une
plus grande partie du globe, nous ont révélé beaucoup de faits
analogues. Ces poudingues à fragmens primitifs sont des gràu-
vsrackes qui alternent avec des calcaires micacés, ou avec les
ihonschiefer verts, ou avec des gneis de transition. On les ob-
serve dans les Alpes (Trient au Valais, dans la Tarantaîse, en
Irlande, dans les montagnes de Killamey et Saint-David ; enfin,
sur les c6tes orientales de l'Egypte, dans la vallée de Cosseir
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( '>o )
(Qozir). Les calcaires de la Tarantaise et du petit Sainte Bernard ,
qui renferment des cristaux de feldspath disséminés^ et qui cons-
tituent une espèce de roche porphjroïde à base catcàii*e , se re-
trouvent dans des formations analogues des Alpes de Carintbie.
Ce phénomène d'association de la chaux et du feldspath est
d'autant plus remarquable que le feldspath lamelleux et les cal-
caires grenus et compactes paroissent manifester partout ailleurs ;
dans leurs rapports géognostiques^ une espèce de répulsion beau-
coup plus prononcée que celle qu'on remarque dans quelques
pajs entre l'amphibole et le calcaire. Des micaschistes et des
gneis de transition ont été regardés long-temps comme exclusi-
yement propres à la région sud -ouest des Alpes ; mais ils se
retrouvent dans les terrains de ihonschiefer et porphjre ^a Cau-
case, et dans le terrain de porphjre et sjénite de Saxe et de
Hongrie. Cependant, en général, la formation qui fait l'objet
de cet article , et qui est caractérisée à la fois par l'absence des
porphjres et par la fréquence des calcaires grenus et talqueux,
des quarz micacés et des anthracites, paroît avoir plus favorisé
le développement des micaschistes et des gneis de transition qae
les grandes formations de porphjres et syénites, ou de thonschiefer
et grauwacke. C'est au contraire dans ces deux dernières que se
trouvent plus abondamment les granités de transition , roches
cristallines, grenues, non feuilletées, presque dépourvues de
mica, et appartenant géognostiquement (lors même qu'elles ne
renferment aucune trace d'amphibole) à la syénite, comme les
micaschistes et les gneis de transition appartiennent au quarz
micacé. Les syénites , soit qu'elles forment de simples couches
dans Jes thonschiefer verts , soit qu'elles constituent avec les
porphjrres une formation indépendante, préludent pour ainsi
dire aux granités de transition ; les quarz compactes, schisteux
et mélangés de feuillets de mica (quarz du terrain calcaire an-
ihraciteux, quarz du terrain de thonschiefer et porphjre), pré-
ludent aux micaschistes et a ces gneis de transition que l'on a
très -justement' désignés comme des micaschistes porphjroïdes à
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( »« ).
cristaux (et nœuds) de feldspath. Ce sont ces modes dirers de
développement des granités au sein des roches sjénitiques, des
gneis et des micaschistes au sein des roches quarzeuses^ qui nous
font concevoir pourquoi les gneis et micaschistes se trouvent
associés (environs de Meissen en Saxe^ et pente septentrionale
du Caucase) hien plus rarement au granité des terrains de tran-
sition, qu'à celui des terrains primitifs. On pourroit dire que
les granités du premier de ces terrains ne sont que des hancs
de sjénite.avec suppression d'amphihole, et que la plupart des
micaschistes de transition ne présentent que des modifications
(de certains étals) d'un quarz micacé^ dans lequel le mica de-
vient plus ahondant. Cependant ces changemens par développe-
ment intérieur ne se font pas toujours de la même manière.
Quelquefois aussi (vallée de Mûglitz en Saxe) le granité de
transition naît immédiatement du thonschiefer , et les sjénites
de Meissen et de Prasitz passent à la fois au granité et au gneis
intermédiaires.
Voici les séries de roches calcaires, schisteuses et arénacées
alternantes, qui constituent la formation que nous plaçons à la
tét^ des terrains de transition.
Calcaires grenus talqueiùc , souvent veinés, schisteux, fétides
(comme le marhre grenu et hlanc de Tile de Thasos), mêlés
de grains ou nœuds de quarz, et renfermant ( Sainte -Foix) des
couches d'une serpentine de transition. Calcaire compacte jau-
nâtre, quelquefois gris et renfermant des cristaux de feldspath
(Bonhomme, petit Saint-Bernard et vallée de la Tarantaise).
Poudingues ou conglomérais calcaires à pâte grenue et à fragmens
compactes (hréche tarentaise de Villette). Ces trois roches, qui
forment une sous-division du groupe S» 20, alternent entre elles
et arec les schistes de la série suivante. Les calcaires compactes
de transition ressemblent quelquefois au calcaire du Jura, d'au*
très fois ils passent au calcaire à petits grains. Le calcaire sac-
charoïde talqueux, souvent blanc et veiné, prend l'aspect des
beaux marbres primitifs du Penteiique (Cipolino), de l'Hjmette
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( lï-^ )
et du Garjrste dans l'Eubëe. Les débris de corps organisés man"
quent généralement dans la série calcaire; mais, comme nous
le verrons bientôt ^ les rocbes de cette série alternent avec des
schistes remplis d'empreintes de plantes monocotylédones. M.
Brochant a même découvert une pétrification de nautile ou
d'ammonite dans les poudingiies calcaires de la Yillette^ entre
Moutîers et Saint -Maurice.
Thonschiefer de transition, ou rubanés^ et offrant des lames de
calcaire interposées ^ ou onctueux , mélangés de talc fibreux (mine
de Pese^)^ sans parties calcaires visibles ^ mais faisant efferves-
cence avec les acides. Ce thonschiefer renferme (Bonneval) des
couches subordonnées de gninstein.
Quarz compactes, ou quarzites^ sans mélange^ ou micacés^ et
appartenant aussi bien aux calcaires grenus qu'au thonschiefer
de transition. G^est de l'accumulation du mica dans ces quarz
compactes que naissent les micaschistes de cette formation^ et
même les gneis; car souvent les quarz renferment un peu de
feldspath disséminé dans la masse. Les micaschistes^ passant à
des ^histes noirs bitumineux^ remplis d'empreintes v^étales
(Montagnjr^ petit Saint-Bernard, Landiy), sont associés à des
anthracites, et alternent (Moutîers) avec les calcaires stéatiteux
et des grauwackes ou poudingues à fragmens primitifs. La pâte
de ces conglomérats, qui enchâssent du quan^ du granité et du
gneis, n'est pas toujours de la nature du thonschiefer, comme
dans les grauwackes du Harz (de la grande formation S- aa):
le plus souvent elle ressemble au schiste micacé. Lorsque les
fragmens deviennent très -rares dans la masse, ou confond ces
roches avec de vrais micaschistes de transition.
Dans ce terrain , composé de tant de couches périodiquement
alternantes, la série schisteuse avec anthracite paroit un peu plus
neuve, lorsqu'on a égard aux grandes masses, que la série cal-
caire. Si, d'un côté, \^ gypses de la Taran taise et de l'Allée^
blanche, renfermant du muriate de soude, du soufre et de la
chaux anhjdrosulfatée, reposent simplement sur les terrains de
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( ii3 )
transition^ san8«n être bien visiblement recouverts, il n'en pa-
roit pas moins certain , diaprés les discussions intéressantes de
M. Brochant, que les gypses de Cogne, de Brigg et de Saint-
Léonard, en Valais, sont intercalés dans le calcaire de transition
ménoe. Les grandes formations SS* ^o et 25 sont les seules des
roches, intermédiaires dans lesquelles les porphyres et les sjénites
ne paroissent pas s*étre développés : ce sont celles aussi dans les-
quelles abondent le plus les calcaires saccharoïdes l^lancs et les
masses de talc. Le feldspath lamelleux qui pénétre dans' les
roches calcaires (calciphjres feldspath iques de M. Brongniart),
semble n'appartenir qu'au terrain $. 20. Les anthracites sont
communs 1 ce terrain et à la grande formation de thonschiefer
et gr^uwâcke , $. 22 ; mais ils sont 'moins fréquens dans cette
. dernière formation , où le carbone est plutôt disséminé dans la
masse entière des thonschiefer, des Ijdiennes et des calcaires^
qu'il colore en noir, que concentré dans des couches particu-
lières. L'anthracite, comme l'observe très -bien M. Breithaupt^
est d'une formatipn. plus ancienne que la houille, et d'une for-
mation plus récente que le graphite ou fer carburé. Le carbono
devient plus hjdrogéné à mesure qu'il s'approche des roches se-
condaires. Ces roches sont dans les mêmes rapports géognostiques
avec la houille, que le sont l'anthracite avec les roches de tran-
sition, et le graphite avec les roches primitives. Je ne connois
dans les Andes aucime formation calcaire qui se rapproche de
celles contenues dans le groupe' $. 20. Seulement à Contreras ^
an pied oriental de la Cordillère de Quindiù (Nouvelle-Grenade)^
j'ai vu un calcaire de transition non compacte, mais très -grenu,
gris-bleuâtre, mêlé de grains de quarz, et enchâssant des masses
siliceuses qui ressemblent au pechsteîn. Ces masses sont traver-
sées par des filons de calcédoine. Le gisement de ce calcaire de
Contreras, au milieu d'un terrain de grès et de gypse secondaires,
est difficile à déterminer.
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C "4 )
II. Porphyres et Sténites de transition recouvrant iHnÉDiÀT£MK«T
LES ROCHES PRIBUTIVES, GàLCAIRE NOIR ET « GrÛNSTEIN.
S. 21. C'est la grande formation , dépourvue de grauwacke,
de rAmérique méridionale. Elle offre des problèmes assez diffi-
ciles à résoudre, et embrasse les porphjres de transition des
Andes de Popajan et de cette partie du Pérou que j'ai traversée
en revenant de la rivière des Amazones aux côtes de la Mer du
Sud. Avant de donner la description détaillée de celte formation,
je jetterai un coup d'oeil général sur les rocbes porpbjroïdes de
l'Amérique équinoxiale, roches qui ont été l'objet principal de
mes recherches géognostiques. Si ett Allemagne et dans une
grande partie de l'Europe, comme l'observe très-bien M. Mohs,
le grauwacke cractérise de préférence les terrains intermédiaires ,
on peut, dans la région équinoxiale du nouveau continent, re-
garder les porphjrres comme le tjpe princijpal de ces terrains.
Aucune autre chaîne de montagnes ne renferme une plus grande
masse de porphyres que les Cordillères , qui s'étéûdent presque
. dans le sens d'un méridien, sur une longueur de 25oo lieues de
l'un à l'autre hémisphère. Ces porphjres, en partie riches en
minerais d'or et d'argent (S. 23), sont le plus souvent associés
aux trachjtes qui les surmontent et à travers lesquels agissent
encore les forces volcaniques. Cette association de roches métal-
lifères aux roches produites ou altérées par le feu ctonneroit
moins les géognostes d'Europe, si elle ne s'étendoit pas à l*or et
à l'argent; mais seulenient au fer oligiste, au fer oxidulé,^ au fer
titane et au cuivre muriaté. C'est un des phénomènes les plus
fVappans et les plus contraires aux opinions qui ont été partagées
long-temps par les hommes les plus célèbres. Cependant, et il
est nécessaire de bien préciser ce fait, il y a proximité dans le
gisement , quelquefois analogie dans la composition , et non-
identité de formation. La méthode, que nous avons adoptée, de
circonscrire les différens terrains d'après leur superposition et la
nature des roches qui les recouvrent, servira, je m'en flatte^ à
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( "5 )
jeter quelque lumière sur les rapports qu'on observe entre les
porphyres de transition, les trachjtes et les porphjres (secon^
claires) du grès rouge. J'indiquerai en même temps les lieux où
Ton n'a point e(ncore décourert dans la nature des limites aussi
tranchées que semble l'exiger l'état actuel de nos divisions sjsléh
matiques.
Les porphjres de l'Amérique méridionale peuvent être consî»
dérés de deux manières , selon leur position géographique^ et
selon la différence que présente l'âge de leur formation. £!n Eu-
rope, nous trouvons les porphjres et sjénites de transition (Saxe,
Vosges, Norwége) généralement éloignés des trachjtes (Sieben-
gebirge près de Bonn ; Auveigne). : il arrive cependant aussi que
les porphjres et les trachjtes se trouvent réunis (Hongrie), et
alors les premiers sont quelquefois métallifères. Dans l'Amérique
méridionale les porphjres et les trachjtes sont tous accumulés
sur une bande étroite dans la partie la pjus occidentale et la
plus élevée du continent, au bord de cet immense bassin de
l'océan Pacifique, qui est limité, du côté de l'Asie, par les vol-
cans et les roches trachjtiques des îles Kuriles, Japonoises, Phi*
lippines et Moluques. A l'est des Andes, dans toute la partie
orientale de l'Amérique du Sud, sur une étendue de terrain de
plus de 5oo,ooo lieues carrées, soit dans les plaines, soit dans
des groupes de montagnes isolées, on ne connoit encore ni da
porphjre de transition, ni du véritable basalte avec olivine, ni
du trachjts, ni un volcan actif. Les^ phénomènes du terrain
tï*acbjtique paroîssent restreints à la crête et à la lisière des Andes
du Chili, du Pérou, de la Nouvelle -Grenade, de Sainte -Marthe
et de Merida. J'énonce ce fait d'une manière absolue, pour
exciter les voyageurs à l'éclaircir davantage ou à le réfuter. Dans
cette même région , qui s'étend de la pente orientale des Andes
vers les côtes de la Guiane et du Brésil, on a trouvé de l'or, da
platine, du palladium, de l'étain et d'immenses amas de fer spé-
culaire et magnétique; mais, au milieu de beaucoup d'indices
d'argent sulfura ou muriaté , on n^ a pas découvert un gîte ^e
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( 116 )
minerais que Ton puisse comparer pour la richesse aux gîtes du
Pérou et du Mexique. Je n'ai . même pas vu de porphjres de
transition ni de porphjres de grés rouge dans la chaîne côtiére
de Venezuela^ dans la Sierra de la Parime^ ni dans les plaines
entre TOrénoque, le Rio Negro et la rivière des Amazones. Je
ne connois à Vest des Andes qu'un petit ]amheau de terrain tra-
cbj tique, pvés de Farapara (bord septentrional des Llanos de
Caracas), où, dans un lieu infiniment intéressant pour la géo-
gnosie, de la phonolithe et du mandelstein avec pyroxène sont
«upeiposés à des serpentines et des thonschiefer de transition :
mais ces phoiiolithes se trouvent sur la lisière de la Cordillère
de Caracas, qui se lie par Nirgua, Tocujo et le Paramo de Ni-
quitao aux Andes de Merida. M. d'Eschwege a trouvé au Brésil
quelques porphjres intercalés par couches dans des formations
primitives de granite-gneis ^ mais il pense que ce vaste pajs est
également dépourvu de formations indépendantes de porphjre
de transition, de trachjte, de basalte oxt de dolérite. En Amé-
rique, la prodigieuse longueur du cours des flçuves et le .nombre
de leurs affluens facilitent, par l'exam^en des pierres roulées, la
connoissance des contrées qu'on n'a pu parcourir. Entre Carare
• et Honda j'ai ramassé, au milieu d'un terrain de grès, des frag-
mens de trach^tes que la rivière de la Magdeleine reçoit des
Andes d'Antioquia et de Herveo (Nouvelle-Grenade).
Quant à la nature des formations de porphjre accumulées
dans la bande occidentale et montagneuse de l'Amérique du Sud
•et du Mexique, qui n'est qu'une prolongation de cette même
bande , nous j ferons connoitre deux groupes bien distincts. Le
premier (S- 21), non métallifère, repose immédiatement sur
des roches primitives; le second (S* 23), souvent métallifère^
repose sur un thonschiefer ou sur des schistes talqueux avec cal-
caire de transition : Fun et l'autre, par leur gisement et leur
composition , se rapprochent quelquefois des porphjres trachj-
tiques, comme les porphjres du groupe S* 22 se rapprochent de
ceux du grès rouge. En effet ^ les porphjres de transitioa des
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( »«7 )
Ândèr du Pérou et ^ Mexique se trouvent souvent recourerts
de trachjtes, tandis que les porphjres de quelques parties de.
rAllemagne sont recouverts de la formation secondaire du grés
rouge ^ qui renferme à son tour des porphjres et du mandelstein.
Dans l'Amérique équinoxiale les limites entre les porphjres de
transition et les véritables trachjtes , reconnus pour être des
roches volcaniques^ ne sont pas faciles à fixer. En s'élevant des
porphjres qui renferment les riches mines d'argent de Pachuca ,
de Real del Monte et de Moran (porphjres dépourvus de quarz^
souvent abondans en amphibole et en feldspath commun ) , vers
les trachjtes blancs avec periite et obsidienne de l'Ojamel et
du Gerro de las Navajas (montagne des Couteaux , à l'est de
Mexico) ; en passant^ dans les Andes de Popajan^ des porphjres
de transition recouverts sur quelques points de calcaire noir à
petits grains ; aux trachjtes ponceux qui entourent le volcan de
Puracè^ on trouve des roches porphjriques intermédiaires que
l'ou' est tenté de regarder tantôt comme des porphjres de tran-
sition^ tantôt comme des trachjtes. Il j a plus encore : «u milien
de ces porphjres du Mexique, si riches en minerais d'or et d'ar-
gent, on observe des couches (Villalpandç près de Guanaxuato)
dépourvues d'amphibole, mais riches en cristaux effilés de feld-
spath vitreux. On ne sauroit les distinguer des phonolithes (por-
phjrschiefer) du Biliner-Stein en Bohème. Généralement, comme
le savant professeur- de minéralogie à Mexico, M. Andrès del Rio,
un des élèves les plus distingués de l'école de Wemer, l'avoit
observé avant moi; généralement^ les porphjres de transition
de la Nouvelle -Espagne contiennent à la fois deux espèces de
feldspath , le commun et le vitreux. H m'a paru que le dernier
devient plus abondant dans les couches supérieures, à mesure
que l'on approche des porphjres trachjtiques.
Dans la partie équinoxiale du nouveau continent on est tout
aussi embarrassé de la liaison des porphjres souvent argentifères
avec les trachjtes qui renferment des obsidiennes, qu'on l'est en
Europe de la liaison intime des dernières roches de transition
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' ( »»8 )
arec les plus anciennes roches secbndairei^ ou de Falfemaifse
des micaschistes de transition, qui ont toute Tappa^enoe de
toches primitives , avec les grauwackes et les conglomérats très-
anciens. La source de cet embarras n'est cependant pas la même.
Il n'j a rien de bien étonnant de Voir qu'à des roches fragmen-
taires ou remplies d'orthocératites, de madrépores et d'encrinites^
puissent succéder de nouveau des roches dépourvues de débris
organiques 9 et ressemblant à des gneis et à des micaschistes pri-
mitifs. Cette alternance ; cette absence locale et périodique d»
la vie^ se manifeste jusque dans les terrains secondaires «et ter-
tiaires : elle j paroit indiquer différens états de la surface da
globe ou du fond des bassins dans lesquels les dépôts pierreuic
se sont formés. Au contraire, Tassociation des porphjres de tran-
sition et des trachjtes, l'apparence fréquente du passage de ces
roches les unes aux autres, est un phénomène qui semble at*
taquer la base des idées géogoniques les plus généralement
reçues. Faut-» il considérer les trachjtes, les perlstein et les obsi-
diennes, comme étant de même origine que les thonschiefer a
trilobites et que les calcaires noirs à orthocératites ? ou iie doil-on
pas plutôt admettre que l'oii a trop restreint le domaine des
forces volcaniques, et que ces porphjrres, en partie métallifères^
dépourvus de quarz, mêlés d'amphibole, de feldspath vitreux
et même de pjroxène, sont, sous le rapport de l'âge relatif et
de l'origine, liés aux trachjtes, comme ces trachjtes, confondus
jadis avec les porphjres de transition sous le nom de porphjres
trappéens, sont liés aux basaltes et aux véritables coulées de
laves que vomissent les volcans actuels ? La première de ces hjpo.
thèses me paroit répugner à tout ce que l'on a observé en Europe,
à tout ce que j'ai pu recueillir sur les obsidiennes et les perU
stein au Pic de TénérifFe, aux volcans de Popajan et de Quito,
La seconde hjpothése paroitra moins hardie, moins dénuée de
vraisemblance peut-être , lorsqu'on ne restreindra plus l'idée
d'une action volcanique aux effets produits par les cratères de
nos volcax^ enflaoïmés, et que l'on envisagera cette actioa
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( "9 )
•omme due à la haute température qui règne partout^ à de
grandes profondeurs^ dans Tintérieur de notre planète. Qn a vu
dans les temps historiques ^ même dans ceux qui sont le plus
rapprochés de nous^ sans flammes^ sans éjection de scories, des
roches de trachjtes s'élever du sein de la mer (archipel de la.
Grèce ^ iles Açores et Aleutiennes) ; on a vu des houles de ba-
salte ^ à couches concentriques ^ sortir de la terre toutes formées ,
et s'amonceler en petits cônes (Plaças de Jorullo au Mexique).
Ces phénomènes ne font- ils pas deviner, jusqu'à un certaiix
point y ce qui, sur une échelle beaucoup plus grande, a pu
4ivoir lieu jadis dans 1^ croûte crevassée du globe, partout où
cette chaleur intérieure, qui est indépendante de l'inclinaison de
Taxe de la terre et des petites influences climatériques , a sou«
levé, par l'intermède de fluides élastiques, des masses rocheuses
plus ou moins ramollies et liquéfiées?
Lorsqu'on parle de ces terrains de transition qui, dans les
Andes du Mexique, de la Nouvelle -Grenade et du Pérou, sem-
blent liés aux trachjrtes dont ils sont recouverts, ou ne peut
éviter de se livrer à des considérations sur Forigine des roches.
C'est l'imperfection de notre classification des terrains qui con-
duit à cette digression* Le mot rochg volcanique annonce, comme
je l'ai rappelé plus haut, un principe de division tout différent
de celui que l'on suit en séparant les roches primitives des roches
secondaires. Dans le dernier cas on indique un fait susceptible
d'une observation directe. Sans remonter plus haut, en n'exa-
minant que l'état actuel des choses, on peut décider si une as-
sociation de roches est entièrement dépourvue de débris oiga-
niques, si aucun banc aréuacé ou fragmentaire ne s'j trouve
intercalé, ou si ces débris et ces bancs y paroisseut. Au con-
traire, en opposant les terrains volcaniques aux terrains primitifs
et secondaires, on agite une question entièrement historique; on
engage le géognoste, malgré lui, à prononcer, comme par ex-
clusion, sur ^origine des granités, des syénites, et àes porphjres.
Ce n'est plus l'observation directe de ce qui est, la présence ou
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( lao )
le manque d'empreintes de corps oi]gani$és^ c'est un raisonnev .
^nent fondé sur des inductions et des analogies plus ou moins
contestées y qui doit décider sur la volcanicité ou la non^volcam"
cité d'une formation. Entre les produits que le plus grand nombre
des géognostes, je pourrois dire tous ceux qui ont tu l'Italie ^
l'Auvergne, les Canaries et les Andes, considèrent comme déci-
dément ignés (porphjres à base d'obsidienne, porphjres semi-
ritreux, porpbjres tracbjtiques ) , et les porphjres qui, par leur
composition, par la présence du quarz, par l'absence du feld-
spath yitreux, de l'amphibole et du pjroxène, se rapprochent
des porphjres du grauwacke, se trouyent placées, dans la Cor-
dillère des Andes, des couches dont la base passe à la phono-
lithe (à la base du porphjrschiefer ) , et dans lesquelles le feld-
spath yitreux, l'amphibole et quelquefois même le pjroxène
remplacent progressivement le feldspath commun. On ne sait
alors où finissent les porphjres qu'on est convenu d'appeler de
transition, et où commencent les trachjtes.
. Je ne doute pas que de nouveaux vojages, et l'examen ap-
profondi des roches feldspathiques intermédiaires et de cdlës
que renferme le grès rouge, ne répandent plus de jour sur ce
problème intéressant; dans l'état actuel de nos connoissances,
je me laisserai guider dans la séparation des porphjres et des
' trachjtes des Andes, moins par des idées de composition, que
par des idées de gisement. D est «extrêmement rare^ de rencon-
trer dans les véritables trachjtes de FAmérique équinoxiale du
feldspath commun; mais le feldspath yitreux, l'amphibole et
le pjroxène s'observent à la fois dans ces roches et dans les
porphjres SS- 2i et 23, qui sont en partie recouverts d'un cal-
caire noir de transition et de grès rouge secondaire. On ren-
contre également peu de quarz dans les porphjres 'de l'Amérique
équinoxiale et ,dans les ti*achjtes; cette substance caractérise, au
contraire, la plupart des porphjres de l'Europe, SS- 22 >et 24*
SonT absence totale est cependant si peu un indice certain d'une
formation trachjtique, qu'il se trouve, quoiqu'en petites mas-
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( 121 )
«es^ dans quelques trachjtes des Dardanelles^ de la Hongrie et
d|i Chimborazo. M. de Buch a observé près des basaltes d'An*
trim un porphjre très-analc^ue à ceux du grés rouge et renfer*
ntant à la fois 9 et du quarz et du feldspath commun disséminés,
et des couches intercalées de perlstein et d'obsidienne. Ce phé-
nomène se répète aussi dans les trachjtes des Monts Euganéens.
Le mica et surtout les grenats paroissent^ très-rarement ^ dans
les porphyres de transition des deux continens ; mais ils se mon-
trent également dans les.tracbytes de l'ancien volcan de Yanaurcu^
au pied du Chimborazo et dans les conglomérats trachjliques
de l'Europe. Les porphyres ^ aussi bien que les trachjtes des
Andes, offrent de superbes colonnes : la masse des trachjtes co-
lonnaires est quelquefois tellement compacte qu'on a de la peine
à j découvrir des pores et des gerçures.
n résulte de ces données, que les caractères de composition
(caractères absolus et isolés, par lesquels on voudroit distinguer
les porphyres de transition et les trachytes des Cordillères) sont
très-incertains : c'est l'ensemble de tous les caractères oiyctognos-
tiques, c'est le passage d'une roche à l'état vitreux, ce sont
l'obsidienne, le perlstein et les masses scorifîées qu'elle enchâsse,
ce cent des rapports de gisement, qui la font reconnoître comme
trachyte. On se décide d'ailleurs plus facilement à nommer cer-
taines formations des trachytes, qu'à prononcer sur l'origine
prétendue neptunienne de quelques autres. Les trachytes et les
porphyres de transition peuvent être également superposés aux
roches primitives; ce ne sont pas les roches qui les supportent,
mais celles dont elleir sont recouvertes, qui doivent guider le
géognoste. Le plus souvent les trachytes et les porphyres des Cor-
dillères ne sont pas recouverts par d'autres formations ; mais ,
partout où ce recouvrement a lieu et où la roche superposée est
indubitablement de transition, cette superposition seule décide,
selon moi, le problème de classification que l'on veut résoudre..
Les trachytes ne servent de base qu'à d'autres produits ignés :
très-rarement (Hongrie) à des formations tertiaires identiques avec
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( 122 )
le terrain de Paris; plus rarement encore (archipel des Canaries^
Andes de Quito) à de minces formations de gypse et d'oolitbes
intercalées ou superposées aux tufs ponceux. Quelquefois leâ
porphyres de transition de l'Amérique (et non les trachytes)
sont recouverts de calcaire noir à petits grains ^ de grès rouge
ou de calcaire alpin ; et c'est lorsque ce recouvrement ne s'observe
pas^ qu'on est obligé d'avoir recours à la méthode peu sûre
de l'induction et des analogies. On risqueroit peut-être moins
de séparer ce que la nature a réuni par des liens assez étroits,
si l'on décrivoit provisoirement sous la dénomination vague de
porphyres amphiboliqxus ( homblendiges porpbyiçebilde) l'ensem-
ble de ces roches des Cordillères à structure porphyroïde( por-
phyres de transition et porphyres trappéens ou trachytes), qui
sont presque dépourvus de quarz^ et qui abondent à la fois
en amphibole et en feldspath lamelleux ou vitreux.
Après avoir donné cet aperçu général des porphyres de tran-»
sition des Andes ^ et de leur affinité géognostique avec les tra«
chytes, je vais caractériser le groupe de porphyres qui sont anté-
rieurs au calcaire à entroques et à orthocératites , au thonchiefer
et au micaschiste de transition. On peut distinguer dans ce
groupe équatorial^ là où je l'ai ol^servé avec soin dans l'hémi-
sphère boréal (Cordillères de Popayan et d'Almaguer) et dans
l'hémisphère austral ( montagnes d'Ayavaca sur les limites des
Andes de Quito et du Pérou), plusieurs formations partielles $
savoir :
Porphyres ;
Griinstein et aigîles ferrugineuses;
Syénites ;
(Granités de transition?);
Calcaires chargés de carbone;
(Gypses de transition ? ).
Des porphyres dont l'aspect est jsouvent trachytique dominent
dans ce groupe. Je n'y ai vu alterner ni les porphyres avec la
syénite ou s^ec le calcaire de transition^ ni la syénite avec le
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( 123 )
grSnstem^ comme c^est le cas (SS* ^3 et ^4) au Meîxlque et dans
plusieurs parties de l'Europe. La sr^'énîie des Andes de Baraguan y
de Ghinche et de Huile (à Test du Rio Gauca cntare Quindiu
et Guanacas^ lat. bor. 2.** 45' à 4' io')> est superposée à des
roches primitives, à du granité -gneis, peut-être même à du
micaschiste. C'est une formation partielle qui est parallèle aux
porphjres de Popajan , rccouyerts de calcaire fortement chaîné
de carbone. Cette sjcnite est composée de beaucoup d'amphi-
bole et de feldspath commun blanc-rougeâtre, contenant très-
peu de mica hoir et de quarz. Le feldspath domine dans la
masse; le quarz (ce qui est assez remarquable dans une syé-
nite) est translucide, gris -blanchâtre et constamment cristal-
lisé, comme l'est le quarz des porphyres dIEurope du groupe
$. 24* L'agrégation des parties est presque en plaques , de sorte
que la sjénite de transition des Cordillères n'a pas la texture
entièrement grenue , comme la sjénke de Plauen près de Dresde ;
la texture (flasrige Struclur) de cette ro<ihe se rapproche au
contraire de celle du gneis. Ce qui éloigne la syénite du Nevado
de Baraguan, des granités avec amphibole ($. y ) , ou d'une
sjénite que l'on pourroit croire primitive (S. 8)^ et son pas-
sage au trachjte et sa liaison avec les grunsiein de transition
qui lui sont superposés, entre le Paramo d'Iraca et le Rio Paez
(Province de Popayan ). Le quarz disparoit peu à peu dans
eette syénite de transition, l'amphibole devient plus abondant^
et la roche prend la structure porphjroïde. On trouve alors
dans une pâte pétrosiliceuse ( euritique ) , de couleur rougeâtrc
ou grîs-jàunâtre ^ très-peu de mica noir, beaucoup d'amphibole,
et des cristaux épars, très^ alongés , de feldspath, dont l'éclat
est plutôt vitreux que nacré , et dont les lames peu prononcées
ont des gerçures longitudinales. Ce n'est plus une syénite, mais
un trachyte dont des masses énormes et diversement groupées
s'élèvent , comme des châteaux forts , sur la crête des Andes.
Ces passages me paroissent très-remarquables, et semblent for-»
iifier les doutes qu'on peut avoir sur l'origine de toutes \t&
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( "4 )
rocbes primitive^ grenues. Il est très-difficile'^ dans les contrécf
équatoriales , d'appliquer des noms à un grand nombre de for-
mations mêlées de feldspath et d'amphibole^ parce que ces
formations se trouvent sur la limite entre les syénites de transi-
tion et les trachjtes. Tantôt grenues ^ tantôt porphjroïdes, elles
ressemblent ou aux sjénites du groupe S* ^3 de Hongrie y ou
aux traclijrtes du Drachenfels, près de Bonn^ et du grand pla«
teau de Quito. Comme on observe que les porphjres de tran-
sition de Popajan passent aussi aux trachjtes ^ le parallélisme
de formation entre les ry^énites et les porphjres du même groupe'
S. 21 se trouve confirmé par les rapports géognostiques ' de deux
roches avec une' troisième. Quelquefois (pied du volcan de
Puracc, près deSanta-Barbâra) un granité de transition, très-abon-
dant en mica , semble séparer les sjénites qui enchâssent du quarz
et du feldspath commun à éclat nacré ^ des vrais trachjtes^ dont
la pâte vers le sommet des «montagnes ( à 2200 toises de hau-
teur)^ devient vitreuse et passe à l'obsidienne.
Dans tout le groupe des sjénites et des porphjres que j'ai
examinés dans la Cordillère des Andes (entre le Nevado de
Tolima et les villes de Popajan'^ d'Almaguer et de Pasto) , le
porphjre qui porte le plus décidément le caractère d'une roche
de transition ^ est celui qui entoure lés basaltes de la Tetilla de
Juliimito ( rive gauche du Rio Cauca à l'ouest de Popajan ) ,
et qui est recouvert ( à Los Serillos ) d'un cahaire mnrâtre, pas-
sant du compacte au calcaire à petits grains ^ traversé de fiions
de spath calcaire blanc ^ et tellement surchargé de carbone^
que dans quelques parties il tache fortement les doigts^ef' que
le carbone s'j trouve accumulé en poudre sur les fissures de
stratification. Cette accumulation de carbone , que l'on observe
également dans les schistes anthraciteux et alumineux ^ et dans
les Ijdiennes et le kieselschiefer^ ne laisse aucun doute sur la
question de savoir si le calcaire noirâtre de Los Serillos ( près
de Julumito ) ^ dans lequel je n'ai pu trouver aucune trace de
débrb organiques ^ est un vrai calcaire de transition. La Ijdieane
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( "5 )
que Pon observe dans les thonschiefer de transition de Naila et
de Steben ( montagnes de Bareutb ) offre aussi ce dépôt de poudra
charbonneuse entr&ses fissures; et des échantillons qui ne tachent
pas les doigts m*ont servi à exciter les nerfs d'une grenouille^
en les employant dans le cercle galvanique conjointement avec
le zinc. Le calcaire noir de transition ( ntro antico ) ^ si célèbre
parmi les anciens sous le nom de marmor Luculleum , contient
aussi; d'après l'analjrse de M. Jobn^ y^ p. c. d'oxide de car-
bone y distribué comme principe colorant dans toute la masse
de la roche. Un porphjre recouvert d'un calcaire fortement car-
buré y noir-grisâtre , à grains fins, et peut-être dépourvu de pé-
trifications^ est pour le géognoste, qui met plus d'importance
au gisement qu'à la composition des terrains ^ un porphjre de
transition ; quelle que soit la nature oijcU^ostique de he& parties
constituantes. Les trachjtes^ comme noujs l'avons exposé pluf
haut; n'ont été trouvés recouverts jusqu'ici que par d'autres
roches volcaniques ^ par des tufis ou par quelques formations
tertiaires très-récentes. Le porphjre de transition de Popajan,
auquel le calcaire noir est superposé; est assez régulièrement
stratifié; il renferme peu d'ampliibole ; très -peu de quarz en
petits cristaux implantés dans la masse ; et un feldspath qui
passe du commun au feldspath vitreux. Je n'j ai point vu de py-
roxènc; pas plu^ que dans les porphyres dePisojè; qui forment^
à la pente occidentale du volcan de Puracè, sur [la rive droits
du Rio Gauca , une magnifique colonnade. Ce porphjre de Pi-
sojè est divisé en prismes à 5 — - 7 pans et de 18 pieds de long^
prismes que j'ai pris de loin pour du basalte ; et que l'on re«
trouve, en Europe dans beaucoup de porphyres de transition,
même dans ceux du grès rouge. Une rangée perpendiculaire de
ces colonnes est placée sur une rangée entièrement horizontale.
Dans une pâte gris-verdâtre ; vraisemblablement de feldspath
compacte coloré par l'amphibole ; l'on observe très-peu de cris-
taux d'amphibole visibles à l'œil nU; du mica noir, et beaucoup
de felflspath laiteux^ non vitreux. Le quarz manque dans ces
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( "6 )
' porphjres coloonaires^ comme dans presque tous les porphyres
de transition et métallifères du Mexique. La roche de Pisojè
étant géographiquement assez éloignée des porph;yre$ de Julumito
liés au calcaire de transition^ il reste douteux si elle n'appar-
tient pas déjà à la formation de trachjte. Quant aux porphjres
de transition de Julumito , on ne sait pas sur quel tenrain ils
reposent; car, depuis Quilichao jusqu'à l'arête de los Robles^
qui est située à l'ouest du Paramo de Palitarà et du yolcan de
Puracè , et qui partage les eaux entre la mer du Sud et la mer
des Antilles, on ne voit plus de roches primitives au jour. L'Alto
de los Robles même est composé de schiste micacé (direction
des couches N. 60* E. , comme le gneis- micaschiste des> Andes
de Quindiù, incl. 5o® au SO.). Cette roche primitive des Ro-
bles s'observe également près de Timbio et près des Sources d»
Rio de las Piedras (hauteur ioo4 toises), sortant au-dessous
des trachjtes de Puracè et de Sotarà. Sur le schiste micacé re-
posent, comme je l'ai vu très-clairement dans les ravins entre
le Rio Quilquasé et le Rio Smita , les roches porphjrriques du
Cerro Broncaso, et celles qui suivent vers le sud entre Los
Robles et le Paramillo d'Almaguer. Aussi de grands blocs ^e
q'uarz que l'on trouve épars au milieu de ces terrains de por-
phyre et de trachyte, annoncent partout la proximité du mir
caschiste.
C'est ici que se présente la question importante de savoir
si les roches à structure porphyroïde, au sud de l'Alto de los
Robles, formant la pente occidentale du volcan de Sotarà et
des Taramos de las Papas et de Cnjurcu (voyez ma carte du
Rio granék de la MagdcUena ) , sont de véritables porphyres de
transition? Je vais exposer les faits tels qile je les ai observés.
Les porphyres de Broncaso (lat. bor. a* 17', long. 79** 3', en
déduisant cette position des observations astronomiques que j^i
faites à, Popayan et à Almaguer) renferment beaucoup et de
très -grands cristaux de fehlspath blanc -laiteux, des cristaux
eflilés d'amphibole qui se croisent , comme le feldspath dans
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( "7 )
le porphjre appelé vulgairement par les antiquaires serpentina
yerde antico ou ;mii^^E<20 i^n^ ( griin-porphjr de Wemer)^ et un
peu de quarz translucide cristallisé. Souyent les cristaux d'am-
phibole et de feldspath partent d'un même point. Dans l'intérieur
du feldspath on trouve d'autres cristaux très -petits et noirs,
que j^ai cru être plut6t du pjroxêne que de l'amphibole. Le
point central autour duquel se groupent les lames cristallisées du
leucite (amphigène), est également^ d'après M. de Buch^ un
cristal microscopique de pjroxéne^ et dans les gninstein por-
phyrique de Hongrie M. Beudant a trouvé des grenats au milieu
des cristaux d'amphibole. Des croisemens et des agroupemens
bizarres de cristaux de feldspath commun et d'amphibole carac-
térisent tous les porphyres entre le Genro Broncaso et les vallées
de Quilquasè et de Rio Smita, porphjrres qui sont irrégulière-
ment stratifiés ^n stratification non concordante ( bancs de 2 -—
3 pieds ^direction N. 53** O., indin. 4o® au nord-est) avec les
couches du micaschiste. Leur pâte diffère de celle des porphjrres
de Julumito : elle est d'un beau vert d'asperge^ à cassure com-
pacte ou écailleuse^ quelquefois assez tendre, offrant une ra-
clure grise et prenant au souffle une couleur très-foncée; d'autres
fois elle est dure et ressemble au jade ou à la phonolithe (kling-
stein ; base du* porphjrschiefer ) y c'est-à-dire qu'elle appartient
au feldspath compacte. Sur les bords du Rio Smita fai vu dans
ces porphjrres, qui passent au porfido verde des antiquaires, des
couches presque dépourvues de cristaux disséminés : Ce sont des
masses de jade (satissurite) vert d'asperge et vert poireau, pres-
que semblables à^ celles qu'on trouve dans les roches d'eupho-
tide de transition ; elles sont traversées par une infinité de petits
filons de quarz. Plus au sud, les porphyres verts à base do
feldspath «compacte conservent leurs cristaux épars de quarz ^
et ce caraètère les éloigne du porphyrschiefer appartenant au
terrain trachy tique, dans lequel le quarz est un phénomène
isolé, d'une rareté extrême. £n même temps on commence i,
y trouver du mica noir et une variété de pyroxéne, à surface
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C 128 )
Irès-éclatante , à cassure transversale conchoïde^ et d'une cou-
leur vert-oHye si peu foncée qu'on la prendroit presque pour
roliyine des basaltes. Ce porpbjre à mica noir remplit les val-
lées des petites rivières de San-Pedro, Guachicon et Putes; il
se cache quelquefois- ( vallée de la Sequia ) sous des amas de
grûnstein en boules de 4 — 6 pouces de diamètre ^ et finit par
ne^plus être stratifié ^ mais séparé^ exactement comme le grun-
«tein Superposé ; en boules qui se divisent par décomposition
en pièces séparées concentriques. Souvent les boules de por-
pbjre y d'une extrême dureté y sont d'une composition identique
aVec le porphjre en masse. Leur nojau est solide et ne ren-
ferme ni quarz ni calcédoine : elles forment des coiusbes par-
ticulières de six pieds d'épaisseur, et se trouvent comme im-
plantées et fondues dans la roche non altérée par de$ influences
atmosphériques ou galvaniques. Cette structure n'est pas un eâèt
de la décomposition, comme on l'a cru de quelques basaltes
colonnaires qui se séparent en boules. Elle me paroît plutôt
tenir à un arrangement primitif des molécules. Je crois que nulle
part dans le monde on en trouve une plus grande accumulation
de roches à structure globuleuse que dans la Cordillère des Andes,
surtout depuis Quilichao ( entre Caloto et Popayan ) jusqu'à la
petite ville d'Almaguer.
. £n descendant du Cerro Broncaso, et en traversant suces-
sivement ( toujours dans la direction du nord au sud, et dans
le chemin de Popajan à Ahnaguer ) les vallées de Smita , de
San Pedro et de Guachicon , on observe au milieu d'un por-
phjre qui n'est pas divisé en boules , et qui renferme plus ji'am-
phibole et plus de pyroxène vert d'olive que de feldspath vi-
treux, un phénomène géognostique très -remarquable. Des
fragmens anguleux de gnéis de 3 à 4 pouces carrés sont empâtés
dans la masse. C'est un gneis abondant en mica : c'est le phéno-
mèoe que présentent les trachjtes du Drachenfels (Siebengebirge
sur les bords du Rhin) et, dans ses couches inférieures, la
phonolithe (poiphjrschiefer) du Biliner Stein en Bohème. Non
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( »29 )
loin de li^ dans la partie nord -est de cette même rallée de
£io Guachicon (yallée de 4oo toises de profondeur ^ dans la-
quelle je me suis arrête une journée entière ) ^ la roche por-
pbjroïde a la structure la plus composée que. j'aie jamais trouvée
dans les porpbjrres de transition et dans le& ^rachjtes porphj-
riques. On j observe à la fois des cristaux de feldspath vitreux >
d'amphibole ; de mica noir^ de quarz . et de pyjroxéne, dont
la couleur se rapproche de, celle de Folivinè. Le quarz ne se
présenlerqu'en, de tijps-petites masses; mais il n'est certainement
pas dû à des infiltrations postérieures. Après avoir passé , pku
au sud encore 9 Taréte qui sépare le Rio Guachicon du Rio Pûtes ^
les cinq substaiices dis^minées dans la masse disparoissent pres-
que entiièrement; la. roche, porpl^roïde devient homc^lène , ex-
trêmement dure^ et ^ de. ce beau . noir que l'on admire dans
quelques Ijdlennes trps - pures , ou dans la base du prétendu
jaspe porpjijrique de FAltaï , ou dans de certaines statues égj^
tiennes faussement appelées basaltes ou hasamies. Je doute que
ce soit du peclistein : c'est plutôt un feldspath conipacte^ coloré
en noir pfir l'amphibole ou par quelque autre substance. La
cassure de cette pâte homogène est unie ou eonchoïde^ a ^andel
cavités aplaties; elle est. sans. éclats ^ presque entièrement matte.
Je n'jr ai reconnu que peu de cristaux très-efiUés de feldspath
vitreux et des prismes hexaèdres de pjroxène conchoïde (mnsch-
ligeraugit jde Werner)^ , qui ont la couleur noire du mélar
nite^ et qui, ressemblent, quant i l'éclat et à' la cassure -, au
pyroxéne du Heulenbei^ près dejSchandau en Saxe. . »
Je viens de décrire successivement les porphyres de Julumito^
recouverts de calcaire noir et carburé; ceux de Pisojè, à felds*
path non vitreux , et divisés en prismes; les ^OTfhjtés verts
renfermant du quarz, et fréquemment des cristaux Croisés d'am-
phibole de Cerro Broncaso et de Ja vallée de Smita; les roches
porphjroïdes du Rio Guachicon, enchâssant des firagmens de
gneis^; enfin, celle du Rio Pûtes ^ dont la ^m^sse noire, bor
mc^ène et compacte, n'offre que très-peu de cristaux- disse-
9
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( i3o )
minée. Toutes ces roches appartiennent-elles a une même (ot"
mation^ qui offre des caractères particuliers dans les direrses
yallées de la Cordillère de Sotorà et de Gnjurcù? On ne sauroit
réroquer en doute que les fragmens de gneis empâtés dans
les roches qui avoisinent le Rio Guachicon^ ne caractérisent
de véritables trachjtes. Ce sont, pour ainsi dire^ les précurseurs
de «es. trachjtes et de cet énorme amas de ponces que j'ai tron-
réê, TÎngt lieues plus au sud^ sur les rires du Majo. Mais fant-îl
étendre cette dénomination de trachjle sur tous les porphjrres
qui se prolongent par le Gerro Broncaso vers les micaschistes de
TAlto de los Roblesy et qui sont en partie couverts, non de
dolérites^ mais de grtinstein de structure globuleuse , resson-
blant entièrement au grânstein du terrain de transition en Alle-
magne? D'après ce que fai exposé plus haut sur le passage
ûisMisible des porphjres métallifères du Mexique à des roches
qii| renfktnent de Fobsidienne et du perlstein^ et dont la rol-
canioité n'eat presque plus contestée aujourd'hui , je ne sais pas
comment décider une questidn si importante. Elle présente
0M>ins un problème de gisement qu'un problème que j'appd-
lerûis hisiêrHfuey parce qu'il est l'objet de la géogonie^ et qui
tient aux idées que l'on se forme sur l'origine des divers dépôts
rocheux qui conrrent la surface du globe, ht géognoste a rempli
ta tâche 9 lorsqu'il a examiné les rapports de gisement et de
ecmiposition. D n'est pas temps encore de prononcer sur des
masses qui semblent osciller entre les porphjres de transition
et ces trachjtes exclusiremenft appelés porphjres rolcaniques«
Ce qui paroit difficile i débrouiller aujourd'hui ^ deviendra clair
peut-être lorsque l'Amérique équinoxiale^ libre, cirilisée^ plus
ftooessible aux voyageurs ^ sera explorée par un grand nombre
d'hommes instruits; lorsque de nourelles décourectes auront
feit conceroir que des effets rolcaniques, lents et progressifs ^
eu brusques et tumultueux y ont pu aroir lieu partout oà des
crevasses ont ouvert des communications avec l'intérieur du
globe dans lequel régne encore aujourd'hui ^ d'après toutes les
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{ i3i )
Apparences , une température extrêmement éievée. Nouf «von»
déjà des preuves certaines que des roches presque identiques
avec celles qui appartiennent au terrain tracfajtique ou qui sur^
montent ce terrain , aont intercalées 4ans des véritahies por-
phyres de transition et dans des porphyres du giés rouge. Tons
les géognostes connoissent les observations impoitant^» fiâtes
par M. de Buch, prés de Holmstrandt , dans le golf^ d« GhfistuoM
en Norwége. Un porphyre renfermant» outre le feldspath oom*
mun (non vitreux ), trés-peu d'amphilwle et de quani» ae trouve
placé entre un calcaire à orthocératites et une sjéfûle i sir*
con^. Personne ne s'est encore refusé à considérer ce porpbjio
comme une formation de transition ^ personne ne l'a appelé
trachjte. Or, an milieu de ce porphyre on voit> non un filon
( dyke ) , mais une couche de basalte avec pyroxéne. « Le por«
« phyre de Holmstrandt, dit M. de Buch^ devient basalte par
« ces mêmes passages et œs nuances insenaibles que Vûa trouve
« si communément en Auvergne. Ce basalte est très- noir; prai*
« que à petits grains, dépourvu de feldspath , mais rempli de
« pyroléne. Quelquefois il devient huileux , et prend un aspect
« rouge et scorifié, au contact avec le porphyre. ^ U ne seroit
peut-être pas plus étrange de découvrir des firagmeito de gneis
enveloppés dans ce basalte huileux et scorifié, rempli de py-
roxénes , que de les avoir observée dans les basaltes du fiareii^
stein (prés d'Annaberg en Saxe], ou dans les trachytes de la
varllée du Rio Guachicon (dans rAmj^rique méridionale }. Qaellc
est l'origine de cette couche basaltique, huileuse, pyroxénique,
de Holmstrandt?£st-elle, comme tout leporphjre, une coulée
venue d'en-bas par des filons? La présenoe d'une massai que Ton
croit d'origine ignée, offre- 1- elle un motif suffisant pdur ad*
mettre que tout le terrain auquel cette masse appartient doive
être séparé des formations de transition et classe parmi les tra*
chytes? J'en doute : les roches incontestablement volcaniques du
Rio Guachicon,. enchâssant des fragmens de gneis, aont gép-
gnostiquement liées a^ porphyres de transition, comme, sur
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( »32 )'
d'antres points du globe y ceux - ci sont giognostiquement lié«
aux porphjres du grès rouge.
Je sépare provisoirement toutes les roches porphjroïdes pla-
cées au sud d'une arête composée de micaschiste ( Alto de los '
Robles), de celles qui se trouvent au nord -ouest de cette
arête ^ et qui^ près de Julumito, sont recouvertes d'un calcaire
abondant en carbone. C'est à cette dernière classe , et par con-
séquent au terrain de transition ($. 21} qui fait l'objet spécial
de cet article ; que je rapporte, avec plus de confiance peut- ,
être, les porphjnres de Yoisaco (Andes de Pasto, lat. 1° ^4'
bor. ) et ceux d'Ajavaca ( Andes du Pérou , lat. 4* 38'. austr. )%
Voici les circonstances de gisement de ces deux roches» Les por-
phjres et tracbjtes de Popajan, du Cerro Broncaso, du Rio
Guachîcon et du Rio Putes ^ sont séparés de ceux de la pro-
vince de Pasto par un plateau des roches primitives , qui s'étend
depuis Aïmaguer jusqu'au Tablon, au jpied du Paramo de Pur
ruguaj. C'est au sud dû Tablon que recommencent les por-
phyres : près du village indien de Yoisaco ils se distinguent
par une polarité que nous avons trouvée sensible jusque dans,
les plus petits iragmens. On voit très-clairement que ces por-
phyres sont placés sur le micaschiste. Une masse gris-verdâtre
enchâsse à la fois deux variétés de feldspath , le commun et le
vitreux : phénomène que l'on rencontre souvent dans les por-
phyres de transition du Mexique ($. 25). Quelques cristaux
adoulaires de pjroxène pénètrent entre les feuillets du feldspath
vitreux. Un rocher placé à l'entrée du village nous a offert en
petit, à M. Bonpland et à moi, tous les phénomènes de la ser-
pentine polarisante de Bareuth ($. 19) que j'avois découverte
en 1796.
Ilians l'hémisphère austral, en suivant les Andes de Quito par
Loxa à Ajavaca, on voit paroitre alternativement au jour les
roches primitives et les porphyres , phénomène que nous avons
déjà signalé plus haut (S$* 5 et 6). Presque chaque fois que
la masse des montagnes s'élève , les porphyres se montrent, et
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(■ i33 ) ^
cachent aiux yeux du yojageilr le gneU et le micaschiste. A ces
porphjres; qui offrent d'abord plus de feldspath commun que
de feldspath TÎtreUx, succèdent des trachjtes^ et ces trachjtes
annoncent assez généralement deux phénomènes combinés ^ le
voisinage de quelque volcan encore actif ^ et l'élévation rapide-
ment croissante de la Cordillère ^ dont les sommets vont atteindre
ou dépasser la limite des neiges perpétuelles ( 2460 toises sons
réquateur). J'ajouterai que les trachjtes recouvrent immédiate^
ment ou les roches primitives ou les porphjres de transition ^ et
que dans ceux^i le feldspath ^âtreux, l'amphibole et quelque-
fois le pjroxéne deviennent plus fréquens à mesure qu'ils se-
trouvent plus près des roches volcaniques. Tel est le type que
suivent les phénomènes de gisement dans la région équinoxiale
du Mexique et de l'Amérique méridionale ; ^peque j'ai reconnu
surtout dans les coupes que j'ai dessinées sur les lieux en 1801
et i8o3.
Les porphyres d'Ayavaca forment une partie de cet enchaîne-
ment général des roches* feldspathiques. Sur les schistes micacés
de Loxa j où v^ètent lès plus beaux arbres de quinquina que
l'on connoisse jusqu'ici [Cinchona £ondaminea) , sont placés
dès porphyres qui remplissent tout Je terrain compris entre
les ' vallées ' du Gatamayo et du Gutaco. Près de Lucarquc et
d^Ayavaca (hauteur de ^407 toises) ^ ces porphyres se trouvent
divisés en boules à couches concentriques , et des amas de ces
boules reposent (vallée du Rio Gutaco; hauteur du fbnd de ce
ravin ; 756 toises) sur un porphyre qui renferme du feldspath
commun et de l'amphibole^ qui est régulièrement stratifié , et
'dont la masse^ très- dense ^ est trarersée par une infinité dé
petits filons de spath calcaire , tout comme le thonschiefer de
transition en Europe est traversé par des veines de quan. Les
mesures barométriques que fai faites ^ assignent à ces porphyres
d'Ayavaca^ que je ne crois pas être des trachytes^ 48qo> pieds
d'épaisseur. Je ne cite pas, comme appartenant auir groupe
S« il ; les roches porphyroïdes vertes^ dépourvues de .qiiara>
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( >34 )
renfermant trés-peu d'amphibole et beanooup de feldspath com-
mun laiteux ; qui constituent les Andes de l'Assuaj* lis sont
placés sur les micaschistes primitifs de Pomallacta^ et j^ai ea
occasion de les examiner, dans leur énorme épaisseur , depuis
i5oo jusqu'à 2074 toises de hauteur au-dessus du nireau de
l'océan. Ils sont généralement stratifiés ; maïs cette stratification,
«ouTcnt très«r^ulière (N. 4^^ O. ], s'observe aussi dans beau-
coup de vrais trachjtes du Ghimborazo et du volcan enflammé
de Tunguragua. En examinant avec soip, dans les Cordillères
des Andes , les difTérens états du feldspath dans les porphyres
de transition et dans les trachjtes^ j'ai vu que des rocfhes déci-
dément trachjtiques en renferment aussi qui n'est pas vitreux ,
mais feuilleté laiteux. J'indine à croire que le porphjre de
l'Assuaj; groupe de montagnes c^èbres par le passage qu'il
offre entre Quito e^ Guença, est du trachyte.
J'ai discuté les roches qui constituait dans l'Amérique méri-
dionale le groupe S* 21^ la sjénite du Baraguan, le granité de
transition de Santa -Barbara^, les porhjres de Julumito, les
grunstein , et le calcaire noir et carburé : il me reste quelques
observations à faire sur des membres moins importans de ce
groupe. Des sources de mtiriate de soude que l'on trouve en-
tourées de syénites à une prodigieuse hauteur près de San-Mi«-
guel^ à l'est de Tulua^ dans la Cordillère du Baragnan^ indi-
quent peut-être la liaison, géognostique de quelque gypse d»
transition avec la ^énite on avec un calcaire lioir analogue i
celui des Serijlos de fbpajan. Mais dans ces contrées la hauteur
seule n^est pias un motif pour exdute une formation gjpseuse
du domaine âm terrains secondaires. J'ai vu sur le plateau de
Santa-^é de. Bogota , k i4oô toises de hauteur, la masise de sel
gemma de Zipaquiva reposer sur un calcaire qui est décidément
de formation seôondains^ fl est plutôt probable que le gypse
fibreux , mèU d'aigite, de liesan ( Puebli» viejo dans le royaume
de Qusto:^ lat« a* i3' iiustr.}» plaaé vis -a -vis la fameuse mon-
t^goe de soufre ($$• n et 16), loin de toute roche secondaire »
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{ >35 )
sur da micaschiste primitif, est un gypse de transition , analo-
gue à ceux de Bedillac dans les Pjrénées et de Saint-Michel
pr^ Modanfe en Savoie.
Lm grunstein du groupe S* 3 1 , qui paroissent couvrir les syé-
nites du Baraguan et des porphjres analogues à ceux de Juin*
mito, abondent, au nord de Popajan, au pied des Paramot
d'Iraca et de Chinche, surtout dans la vallée orientale du bassin
du RioGauca (Gurato de Quina major, et Quilichao). J)ans ce.
dernier endroit de riches lavages d'or s'opèrent eatre des frag*
mens de grunstein (diabase de Brongniart, diorite de Hatij).
Cette roche n'est décidément pas une dolérite : c'est un grun-
stein de transition semblable à celui que l'on trouve intercalé
au thonschiefer chaigé de carbone du Ficfatelgebiige ( S« ^^ ) «^
au micaschiste de Caracas (S* n )• Le grunstein de Quina major
devient quelquefois trés-noir, trés-homogéne, sonore, fissile et
stratifié comme le schiste amphibolique des tenrains primitifs
(homblendschiefer). Il est rempli de pyrites, n'agit point sur
Vaimant, et prend à l'idr une croûte Jaunâtre, comme le ba-
salte. Pr4s de Quilichao (entre les villes de Cali et de Popajan)
il présente de grands cristaux d'amphibole disséminés dans la
masse , et des filons qui sont remplis de pjroxénes d'une cou-
leur vert d'olive très-peu foncée. J'ai pris sur Içs lieux ces py-
loxénes pour l'oiivine lamelleose de M. Freiesleben. Les cris-
taux ne se trouvent pas disséminés dans la masse , mais seule-
ment t^j^ssa&t des fentes ; c'est comme des filons de dolérito
qui traversent le grunstein. Cette même roche, quoique dépour-
vue de filons, se montre, comme nous l'avons dit plus haut,
en boules aplaties an snd de Popajan et de l'Alto de los Robles^
dans la vallée de la Sequia ( entre le Cerro Sroncaso et le Rio
Guachicon ] ; elle j recouvre les porphjrres verts du Rio Smita.
La superposition du grunstein est ici plus manifeste que danf
le Curato de Quina major et dans les lavagies d'or de Quilichao.
Comme les porphjres au nord de l'Alto de Içê Robles sont
en partie (Julumito) couverta de calcaire nçir de traisitioa^
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{ 136 )
et que cenz^ au contraire ^ que l'on observe au sud de Los
Robles paroissent liés aux trachjtes du Rio Guachicoh^ cette
superposition uniforme de griihstein sur l'un et l'autre de ces
porphjres est un phénomène de gisement qui mérite beaucoup
d'att^Qtion. D'après les observations faites jusqu'ici dans les deux
continens/ les trachjtes et les basaltes se trouvent couverts de
dolente (mélange intime de feldspath et de pjroxène ) y mais
lion de gninstein (mélange intime de feldspath et d'amphibole).
Ne faut -il pas conclure de là, que tout ce qui est au-dessous
des gfuHs|mn en boules de"* la Sequia et de Quilichao , est un
porphyre de transition,' et non uii trachjte? Ne doit-on pas ,
à- cause de cette superposition uniforme du grunstein, séparer
les roches porphjroïdes du Rio Smità et du Cerro Broncaso,
des porhjres trachjtiques et plus décidément pjrogènes de la
vallée de Guachicon, c'est-à-dire de ceux qui enchâssent des
fragmèns de gneis? Il j a une certaine probabilité qu'une roche
recouverte de grunstein est plutôt une formation de transition
qu'une formation de trachjte : mais des terrains d'origine ignée
peuvent être d'un âge très-ancien. Pourquoi n'j auroit-il pas des
masses de trachjtes et de dolérites intercalées aux roches de tran-
sition modernes?
De plus y et j'adresse oeUe question aux savans minéralogistes
qui se sont livrés plus spécialement à l'étude des caractères
oljctognostiques des' roches > lesgriinstein sont- ils toujours mi-
}iéfalc^quement^(par leur composition) aussi différens'' des
dolentes qu'ils en sont le plus souvent éloignés géognostique-
ihe^t (par leur gisement)? Les cristaux qui se séparent du tissu
d'une pâte et qui deviennent visibles à l'œil nu, existent, à
:A'en pas douter, mêlés à d'autres substances dans ce tissu même.
Gomme les basaltes renferment souvent à la fois (Saxe^ Bo-
hème, Bhônegebîi^e) de grands cristaux disséminés depjroxèàe
et d'amphibole (basaltische hornblende), on ne sauroit douter
qu'outré le pjroxène ; l'amphibole n'entre aussi dans la niasse
de quelques bia$alt€|s. Pdurqùoi des mélanges analogues ne pouf-
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( »37 )
roient-ils avoir lieu dans les pâtes des dolërites et des grunstein^
dont on croit (pour me servir de la nomenclature mythologi-
que généralement reçue ) les uns d'oiigine volcanique , les au-
tres d^origine neptunienne? Le pjroxéne en roche , qui, d'après
M. de Charpentier, se trouve en stratification parallèle d^ns le
calcaire primitif des Pjrénées, renferme de Faraphihole dissé-
miné. On assure avoir reconnu des pjroTènes dans les griin-
stéin ' qui forment de vraies couches au milieu des granités du
Fichtelgebii]ge en Franconie (S* 7 )• M. Beudant a vu des griin-
stein indubitablement pjroxéniques (par conséquent des dolé»*
rites) dans les porphjres et s^énites de transition de Hongrie
( Tepla près de Schemnitz), comme d%ins le grès houiiler
(secondaire) de Fûnfkirchen. Les griinstein stratifiés et glo-
bulaires des environs de Popajan ne passent ni au mandelstein ,
ni au porphjre sjéni tique. C'est une formation très-nettement
tranchée , et qui est accompagnée ici , comme presque partout
dans la Cordillère des Andes (où elle se tient assez éloignée de
la crête des volcans actifs ) , de masses énormes . d'aif^ile. Ces
masses rappellent plus encore les accumulations d'argile dans
les terrains basaltiques du Mittelgebirge en Bohème , que l'ar-
gile liée au gjpse des griinstein ( ophites de Palassou ) dans les
Pjrrénées et dans le département des Landes. Elles rendent le
passage des Cordillères, de Popajan à Quito, extrêmement pé-
nible pendant la saison des pluies.
Les analogies que nous avons indiquées entre quelq^ues por-
phjres du groupe $, 21 et les trachjtes ou autres roches volca-
niques, se retrouvent dans le groupe mexicain S* 2 3 et même
dans les porphjres norwégiens du groupe S<- ^4 ; mais généra-
lement ( à l'exception des porphjres^ du Caucase ) on ne les ob-
serve presque pafr^ans les porphjres subordonnés au thonschîefer
de transition et aux grauwackes $. 2a. U j a plus encore : au
milieu des porphjres secondaires du grès rouge ^ les mandel-
stein- et d'autres couches intercalées (Allemagne, Ecosse, Hon-
grie) prennent aussi quelquefois l'aspect de^ roches pjroxènes.*
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( «38 )
D*apréf ces divers rapports de gisement et de composition^ je
pense qu'on n'est point en droite dans l'état actuel de nos con-
noissances^ de nier entièrement l'existence des porphjres de
transition daftis les Cordillères de l'Amérique méridionale 9 et
dé regarder toutes les roches de syénites, de porphyres el de
grunstein^ que je viens de décrire ^ comme des trachjtes. Les
porphjrres des groupes $$. 2 1 et 25 sont camctéiîsés dans l'Amé-
rique méridionale et au Mexique par leur tendance constante
à une stratification régulière; tendance très-«rarement observée
en Europe, sur une grande étendue de terrain, dans les groupes
SS* 22 et 24< La râlante dé stratification est cependant beau-
coup plus grande dans les porphyres mexicains postérieurs an
thonschiefer de transition, que dans les porphjrres des Andes de
Popajan , de Pasto et du Pérou , qui réposent immédiatement
sur les roches primitives. Cette dernière formation ( $. 21) ne
m'a pas offert une seule couche subordonnée de sjrénite, de
griinstein , de calcaire et de mandelstein , comme on en trouve
dans les groupes SS* ^2 et 23.
Dans la Nouvelle-Espagne , entre Acapulco et Tehuilotepec,
j'ai vu des porphjrres de transition, qui ne sont pas métallifêresy
reposer immédiatement sur du granité primitif (Alto de los
Caxones , Acaguisotla , et plusieurs points entre Sopilote et
Sumpango) ; mais, comme plus au nord ( près de Guanaxnato)
des porphjrres métallifères d'une composition semblable cou-
vrent un thonschiefer de transition , il reste incertain , malgré
la différence de gisement , si les uns et les autres n'appartien-
nent pas a un même terrain et à un terrain plus récent que
le groupe S* 21. Un terme J^de la série géognostique peut suivre,
immédiatement à ^, là où ^ ne s'est pas développé. C'est ainsi
que le calcaire du Jura repose près de Laufenhouig immédiate-
tement sur du gneis, parce que les termes intermédiaires d^ la
série des formations, les roches situées ailleurs (par exemple
dans la vallée du Necker ) entre le calcaire du Jurk et le terrain
primitif, s'y tix>uvent supprimés. Dans les Isles Britanniques,
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( >39 ), •
d'après les observations du savant professeur Bucklanâ et d'après
celles de MM. de Buch et Boue , la formation de syénite ^ grûn-
stcin et porphjre de transition (Ben Nevis, Grampians) repose
aussi immédiatement sut* des roches primitives (micaschiste et
urthonschiefer ). Elle paroi t par conséqu^oit appartenir au pre-
mier groupe de porphjres dont je viens de tracer l'histoire
(S. 21 ). Les porphjres du nord de l'Angleterre et ceux de l'E-
cosse sont recouverts tantôt de grauwacke y tantôt de la forma-
tion houillère; ils offrent une base feldspathique ^ et se trouvent
souvent dépourvus de quarz^ comme les porphjrres de FAmé-
rîque équinoxiale. On j a observé des grenats : ce phénomène
se retrouve dans les porphyres de transition de Z^mapan ( Mexi-
que ); et dans ceux qui couronnent la fameuse montagne du
Potosi et qui appartiennent probablement aussi au groupe S- ^S-
Si le mandelstein dllefeld fait partie^ comme le croit M. de
Raùmer^ du terrain de grès rouge ^ les .porphyres grenatifères du
Netzbei^ (au Harz) sont probablement de formation secondaire.
En Hongrie^ les grenats se rencontrent i la fois et dans les
porphyres oîi griinstein porphynques du groupe S« a3 ? et dans
les conglomérats du terrain trachjtique. U en résulte que les
grenats pénètrent depuis les roches primitives ( gneis, v^eisstein^
serpentine )^ par les porphyres de transition, jusque dans les
tracbytes et basaltes volcaniques^ et que, dans les zones les
plus éloignées les unes des autres , certains porphyres offrent dea
rapports très-^multipliés avec les tracbytes. J'^ore si la syénite
titanifère de Keilendorf en Silésie, qui repose immédiatement
sur le gneîs et qui passe à un granité de transition à petits
grains dépourvu d'amphibole , appartient à l'ancienne formation
du groupe S* 21, ou si c'est un lambeau de la formation S- ^3 ,
placé accidentellement sur des roches primitives. Rien n'est plu*
difficile que de reconnoitre avec certitude s'il y a eu suppression
de quelques membres intermédiaires de la série des roches ,
ou si le contact immédiat que l'on observe , est celui que l'on
trouveroit partout ailleurs sur le globe eu comparant l'âge re*^
latif ou le gisement des mêmes terrains.
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( ao )
III. THONScmsrER de thànsition renfermait des grauwàckes, des
GRÛMSTEIN; DES CALCAIRES HOIRS ;, DES SYEMITES ET DES PORPHYRES.
S. 22. Cest la grande formation de thonscbiéfer qui trayerse
lies Pyrénées occidentales ^ les Alpes de la Suisse entre Itantz et
Glaris; et le Nord de rAllemagne depuis le Hârz jusqu'en Bel-
gique et aux Ardennes^ et dans laquelle dominent legrauwacke
et les calcaires; ce sont les thonscbiéfer et gneis de transition
du Gotentin^ de la Bretagne et du Caucase 5 ce sont les^ roches
schisteuses placées en Norw^e au-dessous des porphyres" et syc-
nites zirconiennes y c'est-à-dire y entre ces porphyres et les roches
primitives; ce sont les thonschiefer verts, avec calcaires noirs,
serpentine et griinstein , de Malpasso dans la Cordillère de Ve-
nezuela , et les thonschiefer avec sjénites de Guanaxuato au
Mexique. Nous avons exposé plus haut le gisement de ces rocher
dans les difTérens pays que nous venons de nommer : il s'agit
à présent de les considérer dans leur ensemble , et de séparer le^
résultats de la géognosie des notions purement locales qu^ofTre la
géographie minéralogique. Le groupe '$. 22 repose, comme les
deux groupes précédons , immédiatement sur le terrain primitif:
il se. distingue du premier ($.20) par l'absence presque totale
des calcaires grenus stéatiteux; du second ($. 21 ), par la fré-
quence des thonschiefer et des grauvirackes. Les formations sui-
vantes, intimement liées entre elles; appartiennent à ce groupe
($.22), qui est un des mieux conirus et des plus anciennement
étudiés :
Thonschiefer, r avec des couches dequarz compacte, de'grau-
wacke, de calcaire noir, de lydienne, d'ampélite carburée, de
pbrphyre, de griinstein, de granité à petits grains, de syénitc
et de serpentine;
Grauivacke (et grcs quaTzeux);
Calcaire noir.
Ces roches, ou sont isolées, ou alternent les unes avec les
autres , ou forment des couches subordonnées.
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( >4i )
J'ai diseuté. plas haut (S- 1 5 ) les caractères qui (fistlngUeui
ass^z généralement Je thonschiefer primitif du tkonscfaiefer de
trausition : j'ai iak observer que les caractères tirés de la com-»
position :ipinéralogique des roches n'ont pas la valeur absolue
qu'on a voulu . quelquefois . leur assigner; et que , pour les
employer avec. succès ^ il &ut avoir recours en même temps au
gisement, à l'intercalation ou à l'absence de couches fragmen-
taireÀ (grauws^kes, conglomérats) , et aux < débris de corps of*
ganisés, qui .manquent totalement aux terrains primitifs et que
l'on commence à trouver .dans, les terrains de .transition. . Les
thonschiefer de ce demieriterrain se .distinguent par leur insm-
bilitéy par. une t^dance conHnuelle à. changer de. composition
et d'aspect; par le,nom)iïe des bancs ûntorcajês ; par des passages
fréquens, tantôt brusques; > tantôt insensibles et lents, à l'ampé->
lite^.au lâeseischiefer, au griinstein, ou à des roches porphj-
roïdes et sjénidquet. Sans doute que ces changemens, ces effets
d'un développement intérieur , se font aussi remarquer dans quel-
ques roches primitives. M. de Charpentier observe que les gra-
nités -gneis des Pyrénées, qui renferment presque toujours un
peu d'amphibole disséminé dans la masse, sans être pour cela
des sjénites, et que l'on croit primitifs sans être des plus anciens,
présentent un grand nombre de couches étrangères , par exemple,
des couches de micaschiste, de grunstein et de calcaire grenu.
Dans cette même .chaîne de montagnes, le micaschiste primitif
contient de la.chiastolithe disséminée, substance généralement
plus commune dans le thonschiefer de transition, hts Alpes de
la Suisse , surtout le passage du Spiûgen , si bien décrit par M^'
de Buch, offrent un micaschiste du terrain primitif qui passe
insensiblement à un pprphjre dont la ,pâte de- feldspath com-
pacte enchâsse des cristaux de feldspath lamelleux et de.quarz.
Cependant, en. général, ces changemens. sont moins .fréquens
parmi les. formations primitives que parmi Jes formations de
transition. . .
Quelque intime que soit ,1a liaison .que l'on observe entre l6s
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( »4» )
ipoches qui constituent un niéme groupe^ ou entre les difTérens
groupes de tout le terrain intermédiaire, on reconnoU pourtant ,
sur difieiens points du globe , un certain degré dlnclëpendance,
non -seulement entre les six groupes ou termes de la série des
roches de transition (par exemple, entre les thonschiefer avec
grauwacke et les porphyres et syénites), mais aussi entre les
membres partiels de chaque groupe ou association de roches
intermédiaires. U en résulte que, pour bien saisir les traits qui
caractérisent la constitution géologique d^un ^9j$f il faut étudier
ces rapports isolément (par exemple, ceux des grauwackes, des
thonschiefer et des calcaires que renferme le groupe $. 22), et
fixer pour les^divers terrains ou membres partiels d'une même
association les degrés de dépendance ou d'indépendance qu'ils
conservent entre eux. Nous les voyons ou alterner périodique-
ment, ou s'envelopper et se réduire les uns les autres (par un
accroisfliementin^l de volume) à l'état de singles couches subor-
données, ou enfin se couvrir mutuellement comme feroient des
roches primitives de différente formation.
Il arrive en effet que les termes partiels d'un même groupe,
A y i8, y y se succédait quelquefois avec une certaine régularité
en série périodique, «• fi* y* a» fi* y. «• • • • D'autres fois et
prend un si grand développement que jS et y s'y trouvent ren-
fermés comme de simples couches ; d'autres fois encore et^ fiy
y sont simplement superposés les uns aux autres sans retour
périodique. Ce dernier cas n'exclut point la possibilité que fi ,
avant de succéder à « , n'j paroisse d'abord comme une couche
subordonnée. U arrive dans un même groupe tout ce que Fon
observe dans des termes non complexes de la série des terrains
primitifs. On peut dire, comme nous l'avons fait observer plus
haut , qu'une formation de calcaire noir, qui constitue de grandes
masses de montagnes et qui est superposée à des masses également
considérables de thonschiefer de transition , prélude par des
couches de calcaire noir intercalées au thonschiefer. Lorsque fi
et ^forment des couches intercalées dans «, ces couches peu-
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( .43 )
vent être si frëquemment répétées, qu'elles prennent, sur de
grandes étendues de terrain , l'aspect de roches alternantes. C'est
ainsi que le thonschiefer intermédiaire, qui d'abord enreloppoit
le grauwacke et le calcaire noir, et puis altemoit arec eux
(goige d'Aston dans les Pyrénées^ Maxen en Saxe), finit par
recourrir, et avec un grand accroissement de masse, ces roches
alternantes ou ces couches fréquemment intercalées. Il en est
d'ailleurs de la régularité du tjpe dans les formations partielles
de chaque .groupe comme de la direction des strates ou de
l'angle que font ces strates avec le méridien. Au premier aboid '
tout paroit confus et oontradidoire ; mais, dès que l'on examine
avec soin une grande étendue de pays, on finit toujours par
reconnoUre certaines lois de gisement ou .de stratification. Si le
type que l'on décourre dans la suite des formaticMis particules,
paroit varier selon les lieux, c'est que le développement de ces
petites formations n'a pas été partout le même. Quel(^efQÎs
(Caucase) le porphjre, le calcaire, la syénite et le granité de
transition , se sont dévelc^és à la fois au sein des thonschiefer
de transition 5 d'autres fois on n'jr trouve ni le porphjre ( Co-
tentin, Alpes de la Suisse), ni le grauwacke (chaîne du littoral
de Venezuela ) , ni le granité et la sjénite de transition ( Pjré-
nées). L*association du thonschiefer de transition et du calcaire
noir compacte est presque aussi constante que celle du calcaire
blanc et .grenu avec le micaschiste dans le terrain primitif. On
trouve cependant aussi des calcaites de transition qui, n'étant
associés ni au thonschiefer ni au grauwacke , paroîssent rempla-
cer géognosiiquement le thonschiefer; mais je ne connois pas
im seul point des deux continens où l'on ait vu , sur une étendue
un peu considérable, des thonschiefer de transition qui ne fussent
pas liés au calcaire.
Nous venons de voir que dans quelques parties du globe
(Caucase et presqu'île du Cotentin) le thonschiefer intermédiaire
envdoffpc ou les porphjres ou les syénites et les granités; dans
d'autres parties (Norwége et Saxe, entre Friedrichswalde , Maxen
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( »44 )
€t Dolina) ^ ces trois rocKes se trouyent , après ayoir préludé comme
couches subordonnées au thonscbiefer, superposées à celui- ci ^
soit isolément et formant des masses considérables y soit alternant
entre elles. C'est seulement dans ces cas dlsolement ou d'alter-
nance qu'un terrain indépendant de porphyre (Mexique)^ on un
terrain indépendant de porphyre et syénite (Norwége), semble
surmonter le terrain des thonscbiefer intermédiaires. Ce mcme
isolement ( sinon cette même indépendance) s'obsenre quelquefois
dans les calcaires de transition et^ quoiqu'à un àsifci moins pro-
noncé f dans les grauwackes.
. La sjénite et le granité sont liés dans le terrain de transition
plutôt aux porpbjres qu'au micaschiste et au gneis : dan& ce
méifie terrain on trouve des syéûites sans granité; maïs il est
beaucoup plus rare de trouver des syénites et des granités sans
porpbjre. Lorsque les membres partiels d'un groupe, «k? i8 9 y^
alternent en série périodique , et que par conséquent ils ne sont
ni intercalés les uns aux autres comme couches subordonnées ,
ni superposés comme des couches ou formations distinctes, il
est difficile de déterminer si j8 et ^ sont d'une formation plus
récente que a. • cependant, même dans le cas d'une origine
que l'on appelle contemporaine, l'examen attentif des terrains
feit reconnoitre de certaines prépondérances de formation. Géné-
ralement le grauwacke et le thonscbiefer de transition sont plus
anciens que les calcaires noirs, ou, pour m'appuyer d'une ob-
servation très -juste de M. de Charpentier, «généralement on
«t observe que, malgré l'alternance dans la partie du terrain
« intermédiaire qui est la plus rapprochée du terrain primitif,
« c'est le grauwacke et le thonscbiefer qui dominent en grandes
« masses, et le calcaire leur est subordonné; tandis que, dans
^ la partie plus moderne du terrain de transition , c'est au con-
« traire le calcaire qui est la roche prépondérante, et le thon-
^ schiefer est seulement intercalé au calcaire en couches plus ou
« moins épaisses. ^
Après avoir exposé les rapports d'âge et de gisement des roches
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( '45 )
qrui constituent un même groupe^ noas allons caractériser plus
^spécialement chacune des formations partielles.
Thonschiefer , bleu noirâtre et carburé , ou yerdâtre , onctueux
et sojreux; tantôt terreux ou à feuillets très- épais , tantôt fissile
et parfaitement feuilleté. Dans ses couches très -anciennes^ qui
passent au niicaschiste de transition , il est ondulé et n'offre que
de grandes lames de mica fortement adhérentes. Dans les couches
plus neuves , près du contact avec le grauwacke , il renferme de
petites paillettes isolées de mica y souvent aussi de la chiastolite,
de l'épidote et des filets de quarz. Le thonschiefer de transition ,
caractérisé par son extrême variabilité, c'est-à-dire par sa tendance
continuelle à changer de composition et d'aspect y contient un
grand nombre de couches ^ dont quelques-unes y par leur répeti- *
tion fréquente^ semblent former des roches alternantes avec iui.
Les effets les plus habituels de ce développement intérieur sont
les bancs intercalés àe grauwacke ei de grauivacke schisteux ; de
calcaire généralement compacte et noir , ou gris-noirâtre ^ quel-
quefois rougeâtre ( Braunsdorf ) 9 et même grenu et blanq (Miltiba
en Saxe) y comme dans le groupes* so ; de grunsiein; àt porphyre
(Caucase; Saxe, près Friedrichwalde et Seidivitzgrund) ; de schiste
alumineux , ou ampélite fortement carburée; de (fuarz compacte
( quarzite ; quarzfels de Hausmann ) y quelquefois avec de petits
cristaux de feldspath (Kemielf en Finlande) ; de lydienne et kie-
selschiefer. Ces deux dernières substances siliceuses se trouvent
à là fois dans le thonschiefer ^ le grauwacke ^ le calcaire ^ et sous
la forme de jaspe dans le porphyre : elles att^tent par leur pré-
sence l'afilnité géognostique qui unit ces diverses roches de tran-
sition. Le thonschiefer ( S- 22 ) renferme y moins habîtuelliement :
des bancs intercalés de gnds (Lockwitzgrund et Neutanneberg); de
micaschiste tt granité (Krotte en Saxe; Fûrstenstein en Silésîe;
Honâeur.en Normandie ; Mon^ermé dans les Ardennes) ; de gra-»
nite et syénite ( Caucase ^ Cotentin^ Calitelf en Nonvége ) ; ' d'or-
gile schisteuse graphique ( schwarze kretde : vallée de Castillon
dans les Panées; Ludwtgsta4t en Francoaie)^ de schiste noçacu^
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( »46 )
loin (ivetzscliiefer ); de serpentine (Bochetta près de Qènts ; Lo-
vezara et deux autres points ^ plus au nord^ vers Voltaggio;
TOjez $, 19) ; de feldspath compacte (yatlée d'Arran dans les Pyré-
nées^ Poullaoueu en Bretagne)^ tantôt pnr^ noirâtre ^ gris-verdâtre
ou vert d'oHye^ tantôi (Pyrénées^ Harz, et partie orientale de
la Haute-£gjpte), mêlé de cristaux disséminés de feldspath la-
inelleux^ d'amphlbok^ de scbërl et de quarz. Lorsque le feld-
^ath ccHBpacte. est sim|^eraent mêlé d'amphibole ^ il formïe le
grunsteinschiefer de Wernei:^ qui alterne avecle thonschiefer de
Ij^aositioB ( UUeaboig ea Suède ) et se retrouve dans les terrains
|irimi(i&. Quoique y comme |'ai tâehé de le prouver dans mon
Uémoice sur le fictffAvhnç et XiBoç 'H^âeatXe/x ,. publié en 1790,
1». ma|efire parties des basaltes àes anciens soit due à des roches
syénitiques de transition ^ ou à des bancs de griinstein intercalés
à des voches piimitives^ Texamen des statues égyptiennes con-
servées à Rome ; à Naples, à Londres et à Paris ^ m'a cependant
£ût naître ildée que beaucoup dt basaltes noirs et verts ,dt nos
antiq:aakes ne sont (fue des masses de feldspath compacte tirées
de terrains intermédiaires , et colorées soit en noir soit en vert
par de Taoïphibole^ par de la chlorite^ par du carbone ou des
oxide& métalliques. Il n'j a que Tanaljse chimique de ces 'masses
anciennes non mélangées qui pourra résoudre cette question d'ar-
chéologie minéralogique. M. Beudant a vu^ dans le terrain de
transition de la Hongrie, des griinstein porphjrroïdes se tran&-
formf^r en une pâte verte ou noire d'apparence homogène. Cette
pâte n'étoit plus qu'un feld^ath compacte coloré par l'amphi-
hole*
: Nous avons déjià fait observer plm haut que le thonschiefer
dfi6 transition forme de beaucoup plus grandes masses dans le
monde, que le thonschiefer pximitif. Ce dernier est généralement
Mlbordonné au micaschiste; comme formation, indépendante il
est aussi rare dans les Pjrénées et les Alpes que dans les Cor-
dillères. Je n'ai même vu dans F Amérique méridk)na]«^ exitre
les parallèles de lo"" nord et 7'' sud^ de tfaonschiefi» dv transition
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( «47 )
que sur la bande australe de la chaîne du littoral dé Venezuela ,
à rentrée des Lîanos de Galabozo. Ce bassin des Llanas^ fond
d'an ancien lac courert de formations secondaires (grès rouge,
zecfastein et gjpse ai]gileux), est bordé par une bande de ter-
rain intermédiaire de thonschie&r, de caloaiie noir et d'eupbo*
tide, liée à des grânstein de transition. Sur les gneis et lï^ica»
schistes, qui ne constituent qu'âne seule formation enCre les
vallées d'Aragua et la Villa de Cura, reposent en gisement coi^
cordant, dans les ravins de Malpaaso et de Piedras azules, des
thonschiefer ( direction N. Sa** E. ; inclin. 70** vers le NO.), dont
les couches inférieures sont vertes, stéatiteuses et mêlées d'aine
phibole; les supérieures d^une couleur giis- perlée et bleu •noi-
râtre. Xics thonschiefer renferment ( comme ceux de Steben en
Franconie, du duché de Nassau et de la Peschéls*Mûhle en Saxe)
«tes couches de gninstein , tantôt en masse, tantôt divisé en boule.
Dans la Nouvell&-Ëspagne , le fameux fiion de Gnanaxuato p
qui, de 1786 à i8o5, a produit, année commune, '556,ooo
marcs d'argent, traverse aussi un thonschiefer de transition.
Cette roche ^ dans ses strates inférieurs, passe , dans la mine de
Valenciana ( à neuf cent trente-deux toises de hauteur au-dessus
du niveau de la mer), au schiste talquèux, et je Tai décrite, dans,
mon Emoi peiitiqtte , comme placée sur la limite des terrains
prîmitifà et intermédiaires. Un examen plus approfondi des
rapports de gisement que j'avais notés sur les lieux,, la eocn-
paraisoa des bancs de syénite et de serpentine que Fou a percés
en creusftttt le tiro gênerai, arec les bancs qui sont intercalés
dans les terrains de transition de Saxe, de la Bocbetta deGénet
et du Cotentin, me donnent aujourd'hui la certitude que le
thoDschider de Guanaxuato appartient aux plus anciennes for-
mations intermédiaires. Nous ignorons si sa stratification est
parallèle et concordante avec celle dés granites^gneis de Zacateeas
et du Penon blanco , qui probablement le supportent; car 1^
eotitact de ces formations n'a point été observé 5 mais sur le
grand plateau du Mexique presque toutes les roches poi|^jrri-
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( 48 )
qâes suivent la diredidn générale de la chaîné des montagnes
(N. 4o° — So" O ). Cette concordance parfaite ( Gleichfôrmigkeit
der Lagerung ) s'observe entre le gneis primitif et les thon-
schiefer de transition de la Saxe ( Friedrichswalde \ vallée de la
Mûglitz y Seidewitz et Lockwitz ) : elle prouve que la formation
du terrain intermédiaire a succédé immédiatement à la forinatioo
dès dernières couches du terrain primitif. Dans les Pjrénées,
comme l'observe M. de Charpentier ^ le premier de' ces deux
terrains se trouve en gisement différent ( non parallèle ) y quel-
quefois en. gisement /nznr^^ji/' ( ûbei^greifende Lagerung ) avec
le second. Je rappellerai à cette occasion que lé parallélisme
entre la stratification de deux formations consécutives^ ou l'ab-
sence de ce parallélisme ; ne décide pas seul la question de saroir
si les deux formations doivent être réunies ou non réunies dans
un même terrain primitif ou secondaire : c'est plutôt l'ensemble
de tous les' rapports géognostiques qui décide le problème. Le
thonschiefer de Guanaxuato est très -régulièrement stratifié
(direct. N. 46'' O. ; incl. 45"" au SO.)^ et la forme des vallées
n'a aucune influence sur la direction et l'inclinaison des strates.
On j distingue trois variétés^ qu'on pourrôit désigner conin^e
trois époques de formation : un ' thonschiefer ai^enté et stéa-
titenx passant au schiste talqueux (talkschiefer); un thonschiefer
Terdâtre^ à éclat sojeux^ ressemblant au schiste chlorité; enfin ^ i
un thonschiefer noir, à feuillets très «minces, surchargé de car- |
bone y tachant les doigts comme l'ampélite et le schiste mar-
neux du zechstein, mais ne faisant point effervescence avec les
acides. L'ordre dans lequel j'ai nommé ces variétés y est celui
dans lequel je les ai observées de bas en haut dans îa mine
de Yalenciana, qui a 263 toises de profondeur perpendiculaire;
mais, dans les mines de Mellado, d'Animais et de Rajas, le
thonschiefer surcarburé ( hafa de Uhro ) se trouve sous la variété
verte et stéatiteuse, et il est probable que des strates qui pas-
sent au schiste talqueux, à là chlorite et i l'ampélite, alternent
plusieurs fois les uns aveg les autres.
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■( ^9 )
LMpaisseur de cetle formation de ihonschiefer de. transition) ^
^ que fai retrourée a la montagne de Santa -Rosa près de Los
Joares; où les Indiens ramassent de la glace dans de petits
bassins creusés à mains d'hommes , est de plus de 5ooo pieds.
. Elle renferme , en couches subordonnées ^ non-seulement de la
syénite (comme les thonschiefer de transition du Cotentin}>
mais aussi , ce qui est trés-remarquable , de la serpentine et un
schiste amphibplique qui n'est pas du grunstein. On a trouvé^
en creusant en plein roc y dans le toit du filon , le grand puits
de tirage de Vaîenciana ( puits qui a coûté près de sept millions
de francs); de haut en bas^ sûr quatre-vingt-quatorze toises de
profondeur 9 les strates suivans : conglomérat ancien ^ repré-
sentant le grès rouge; thonschiefer de transition noir^ fortement
carburé; à feuillets très-minces; thonschiefer gris- bleuâtre ,
magnésifèrc; talqueux; schiste amphibolique , noir-verdàtre;
un peu mêlé de quarz et et de pyrites ,^ dépourvu de feldspath ,
ne passant pas au grunstein , et entièrement semblable au
schiste amphibolique( hornblendschiefer) qui forme des couches
dans le gneis et le micaschiste primitifs (SS« 5 et ii )j^ serpen-
tine vert de prase passant au vert d'olive , à cassure inégale et
à grain Un, intérieurement matte^ mais éclatante sur les fis-
sures y remplie de pjrites , dépourvue de grenats et de diallage
métalloïde (schillerspalh), mélangée de talc et de stéatite:
schiste amphibolique ; syénite ^ ou mélange grenu de beaucoup
d'amphibole vert- noirâtre ^ beaucoup de quarz jaunâtre et peu
de feldspath lamelleux et blanc. Cette syénite se' fend en strates
très-minces; le quarz et le feldspath y sont si irr^lièrement
répartis, qu'ils forment quelquefois de petits filons au milieu
d'une pâte amphibolil^e. De ces huits couches intercalées ^ dont
la direction et l'inclinaison sont exactement parallèles à celles
de la roche entière y la syénite forme la couche la plus puis* .
santé. Elle a plus de 3o toises d'épaisseur; et comme dans les
travaux les plus profonds de la mine ( planes de San-Bernardo )
i'ai VU; à 170 toises au-dessous de la couche de syénite; repa-
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( «50 )
roître un thonschiefer carburé ^ identique arec celui a frarers
lequel on a commencé à creuser le nouTcau puits ^ il ne peut
rester douteux que l^mphibole schisteuse alternant deux fois
avec la serpentine y «t que la serpentine alternant probablement
arec la sjénite ^ ne forment des bancs subordonnés a la grande
liasse de thonschiefer de Guanaxuato. La liaison que nous yenons
de signaler entre deux roches amphiboliques et la serpentine ,
$e retrouve sur d'autres points du globe ^ dans des formations
d'euphotide de diffêrens kges : par exemple , au Heideberg près
Zelle en Franconie (S* 19); à Kielwig, à l'extrémité boréale
de la Norwége; à Portsoj en Ecosse, et à File de Cuba, entre
Régla et Guanavacoa.
Je n'ai renconti'é ^ni des débris de corps organiques, ni des
couches de porphjres, de grauwacke et de Ijdienne, dans le
thonschiefer de transition de Guanaxuato , qui est la roche la
plus riche en minerai d'argent qu'on ait trouvée jusqu'ici : mais
ce thonschiefer est recouvert en gisement concordant, dans
quelques endroits, de porphjres de transition trés-réguliérement
stratifiés (los Alamos de la Sierra); en d'autres endroits, de
griinstein et de sjénites alternant des milliers de fois les uns
avec les autres ( entre l'Ësperanza et Gomangillas ) ; en d'autres
encore, ou d'un conglomérat calcaire et d'une roche calcaire de
transition gris^bleuâtre, un peu argileuse et à petits grains ( ravin
d'Acabuca)ou de grés rouge (Marfil)^ Ces rapports du thon-
schiefer de Guanaxuato avec les roches qu'il supporte, et dont
quelques-unes (les sjénites) préludent comme bancs subordon-
nés, suffisent pour le placer parmi les formations de transition;
ils justifieront surtout oe résultat aux jeux des géognostes qui
connoîssent les observations publiées réceifknnent sur les terrains
intermédiaires de l'Europe. Quant à la pierre Ijdieane, il ne
pet^t j avoir a«cuB doute que le thonschiefer de Guanaxuato
pe la renlenaesnr quelques points non encore explorés; car
}'ai trouvé eette substance fréquemment enchâssée en gros frag-
nens dans le conglomérat ancien (grès rouge) qui recouvre le
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( «5> ) ,
thonschiefer entre Valenciana, MarfU et Guevas. A dix lieuet
a1l^ sud de Gueyas ^ entre Queretaro et la Guesta de ]a Noria ,
au milieu du plateau mexicain^ on voit sortir, sous le por^
phjre, up thonsdiiefer (de transition ) gris-noirâtre , peu fissile ,
et passant à la fois au schiste siliceux (jaspe schistoïde, kiesel-
schiefer) et à la Ijdienhe* Tout près de la Noria beaucoup de
fragmens de Ijdienne.se trouvent épars dans les champs. Les
roches à filons argentifères de Zacatecas et une petite partie des
filons de Gatorce traversent aussi ^ d'après le rapport de deut
minéralogistes instruits, MM. Soiineschmidt et Yalencia , un
thonschiefer de transition qui renferme de véritables couches
de pierre lydienne et qui paroit reposçr sur des sr^énites. Gette
superposition prouveroit , d'après ce qui a été rapporté sur les
couches percées dans le grand puits de «Valencîana , que les
thonschiefer mexicains constituent ( comme au Gaucase et dans
le Gotentin) une seule formation avec les syénites et les eu-
photides de transition, et que peut-être ils alternent avec elles.
Grauivacke, Ge nom bizarre, usité parmi les géognostes alle-
mands et anglo», a été conservé, comme celui de thonschiefer^
pour éviter une confusion de nomenclatane si nuisible à la
soience des formations. Il désigne , lorsqu'on le prend dans un
sens plus général, tout conglomérat, tout grès, tout poudin^-
gue, toute roche fragmentaire pu arénaçée du terrain do tran-
sition, c'est^^re, antérieure au grès rouge et au terrain bouiller^
he vieux grès rouge (old red sandstone du Hm-eibrdshire ) à%
M. Buckland, placé sous le calcaire de transition (mountatifc
limestone ) de Deibjshire , est un grès du terrain intermédiaire >
comme cet excellent géognoste l'a très -bien indiqué lui- mèm«
dans son Mémoire sur la structure des Alpes* Le nouveau eoti-
glomérai rouge (new red conglomerate d'fixeter) est le grès
rouge des minéralogistes françois, ou iodie Utgende des miné-
ralogistes allemands; c'est le premier grès du terrain secondaire y
c'est-à-dire le grès du terrain houiller , qui est intimement lié
au porphjre secondaire, appelé pour cela porphjre de grès* rouge.
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( »52 ) , • -
Lorsqu'on prend le mot grauvoacke (traumates de M. d^Auboîi-
son, psammites. anciens et mimophjres quarzeux de M. BroQ»
gniart) dans un. sens- plus étroit^ on l'applique à des roches
arénacées du terrain de transition y qui ne renfermei^t que de
petits fragmens plus ou moins arrondis de substances simples^
par. exemple^ de quarz^ de lydienne, de feldspath et de thon-
schiefer ^ non de fragmens de roches composées. On exclut iilors
. Ats grauwackes , . et l'on décrit sous le nom de . brèche ou con^
gf ornerais à gros fragmens primitifs (S. 20), les diverses agglu-
tinations de morceaux de granité, de gneis et de sjénite : on
r sépare également \t8 poudingues calcaires daçs lesquels des frag-
meùs aiTondis de chaux carbonatée sont cimentés par une pâte
T de même nature. Toutes ces. distinctions (si l'on en excepte
* certaines brèches calcaires dans lesquelles le contenu et le cop.
tenant pourroient bien être quelquefois d'une origine contem-
poraine ) ne sont pas d'une grande importance pour l'étude des
formations. Le grauwacke grossier (^rosskômige grauwacke )
passe. peu à peu au conglomérat . à gros fragmens; il alterne
dans une même contrée, non-seulement avec des couches de grau-
wacke à petits grains, mais aussi avec d'autres dont la pâte est
presque homogène. Les poudingues et brèches à gros fragmens
de roches primitives et composées ( urfels-conglomérate de la
•Valorsine en Savoie ,' et de Salv^n dans le Bas-Yalais ) sont de
véritables grauwackes ; ce sont les couches les plus anciennes de
cette formation, couches dans lesquelles les fragmens à cop-
: tours distincts ne sont: pas fondus dans la masse, et don t. le
. ciment schisteux à feuillets courbes, et ondulés ressemble.au mi-
caschiste^ tandis que le ciment des grauwackes plus récens du
-Harz , du duché de Nassau et du Mexique , ressemble au thon-
schiefer. En général , les conglomérats pu grauwackes du groupe
'%. 20 offrent des fragmens.de roches préexistantes , d'un vo-
lume plus considérable et plus inégal que. les grauwackes du
l^roupe Ç. 22.
. Lorsqu'on compare ceux-ci au calcaire de transition, on les
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( .53 )
troaye le plus souvent d'uue origine antérieure;, quelquefois ils
remplacent même- le thonschiefer de transition. L'antériorité du
grauwacke 9 au calcaire^ se manifeste dans les Pyrénées et en
Hongrie. Il paroit que dans ce dernier pajs le thonschiefer in-
termédiaire n'a pu prendre un grand développement; car^ loin
à!y être une formation indépendante qui renferme le grauwacke ,
,ip*est au. contraire le grauwacke schisteux (grauwacken-schiefer),
â paillettes de mica . agglutinées , qui j prend . tous les carac-
tères d'un vrai schiste de transition. En Angleterre aussi, la
grande masse isolée des montagnes calcaires (comtés de Derbj,
de Glocester. et de Sommerset) est d'un âge plus récent que la
grande masse de grauwackes qui alternent avec quelques strates
calcaires ; mais , lorsqu'on examine en détail les points qù les
différens membres du groupe S- 22 ont pris un développement
extraordinaire ^ on reconnoît deux grandes formations calcaires
( transition 'limestone de Longhope, et mountain-limestone du
Derbjshire et de South-Wales ), alternant avec deux fo]:mations
de grauwacke (grejwacke de Maj-Hill et old red sandstone de
Mitchel-Dean en Herefordshgre). Cet, ordre de gisement, cette
bisection des masses ^ calcaires et arénacées se trouve répétée sur
plusieurs points du globe. M. Beudant a reconnu ,, en Hongrie^
le vieux grès rouge de l'Angleterre dans le grès quarzeux de tran-
sition de Neusohl , qui surmonte des grauwackes à gros grains
après j avoir été intercalé : il croit reconnoître le mountain-
limestone , placé enti'e le vieux grès, rouge et le terrain houilliisr
d'Angleterre y dans> le. calcaire intermédiaire du groupe de Tatra.
Si l'Oldenhorn et les Diablerets ,, comme il est très -probable^
.appartiennent au terrain de transition , iLj a aussi. en Suisse^
au-dessus et au-dessous du grauwacke delà Dent de Ghamos-
saire, deux grandes formations de calcaires noirs , que M. de
Buch, depuis long-temps, a distingué sous les noms de premier
et second, calcaire de transition. En Norwége ( Ghristianiafiord )
le grauwacke est décidément plus nouveau que le thonschiefer
intermédiaire et le calcaire à orthocératites»
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( i54 )
Dans le centre de l'Europe y le grauwacke à fres-petits graini
offre quelquefois des fragmens de cristaux de feldspath lamel-
lenx qui lui donnent un aspect porphjroïde ( Pont Pellissier prés
Servoz; £lm, dans le passage du Splugen ; Neusohl, en Hon-
grie)^ maïs il ne faut pas confondre ces yariétés d'une roche
arénacëe avec des bancs de porphjre intercalés. Nous yerrons
bientôt que, dans les deux continens, ces cristaux brisés d#
feldspath se retrouyent dans le grés rouge, et dans un conglo-
mérat feldspathique beaucoup plus récent. Dans l'hémisphéré
austral, le grauwacke forme , d'après M. d'Eschw^e, la pente
orientale des montagnes du Brésil. Aux États-Unis j*ai trouyé
cette même roche ( chaîne des AUeghanjs ) renfermant des bancs
de Ijdienne et de calcaires noirs , entièrement semblables à ceux
du terrain de transition du Harz. M. Maclure a, le premier,
déterminé les yéritables limites des grauwackes depuis la Caro-
line jusqu'au lac Champla^n. Dans le Nord de l'Angleterre (Cum-
berland, Westmoreland ) cette roche offre des couches de por-
phyres grenatifères.
^Calcmrt de transition. Cette roche commence, ou par former
des couches dans le grauwacke et le thonschiefer intermédiaire^ ;
ou par alterner ayec eux : plus tard , le thonschiefer et le grau-
wacke schisteux disparoissent , et le calcaire superposé deyient
vnt formation simple , que l'on seroit tenté de croire indépen-
dante , quoiquelle appartienne toujours au groupe $. 23. Lors-
qu'il j a alternance de schiste et de calcaire , cette alternance
a lieu, ou par couches Caisses { cime de la Bochetta près de
Gènes, «t chemin entre Noyi et Gayi), comme dans lesforma^
iions composées de granité et gneis , de grauwacke et grauwacke
schisteux, de sjénite et griinsteîn, de thonschiefer et porphyre^
ou bien l'alternance s'étend aux feuillets les plus minces des
roches (calschistes), de sorte que chaque lame de schiste est
soudée sur une lame calcaire ( yallée de Càmpan et d'Oueil ^
dans les' I^rénées ; montagnes de Poinik en Hongrie ).
De même que dans les Pyrénées on trouye intercalés au gra-
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(155)
nite-gneis et au micasctHste primitifs des calcaires que par leur
seul aspect on croîroit intermédiaires^ savoir^ dbs calcaires noir«*
grisÙLÏTe (Col de La Trappe) colorés par du graphite ^ qui est la
plus ancienne def substances carburées^ des calcaires fétides
répandan! l'odeur de Th^drogène sulfuré ^ et des calcaires com-
pactes remplis de cbiastolithes : de même aussi les terrains de
transition du groupe S* ^^ présentent quelques exemples de
calcaires blancs et grenus (Miltitz^ en Saxe; Tallées d'Ossan et
de Soubie, dans les Pyrénées). £n général, cependant^ si l'on
en excepte le groupe $. 20 ( celui dont la Tarantaise o^îe le
type), les calcaires de formation intermédiaire sont ou com-
pactes , ou passent au grenu à très-petits grains. Leurs teintes
sont plus obscures (gris cendré, gris noir) que celles des cal-
caires primitifs. Le plus grand nombre des belles variétés de
marbres rouges ( yallée de Lucbon des Pyrénées ) , yerts et jaunes ,
célèbres parmi les antiquaires sous les noms de marbre africain
fleuri, noir de LucuUusy jmme el rouge antique ,pa9onazzo et
brèche dorée, me semblent appartenir à des calcaires et con-
glomérats calcaires de transition. Nous ayons vu plus haut que
la chiastolithe du thonschiefer de transition se montre par ex-
ception dans le thonschiefer primitif : c^est d'une manière ana-
logie que la trémolilhe, si commune dans la dolomie et le
calcaire blanc primitif, se trouve par exception ( entre Gielie»
beck etDranunen en Morw^e) dana le calcaire noir de tran-
sitioa. Certaines espèces minérales appartiennent sans doute
plus a tel âge qu'à tout autre ; mais leurs rapports avec les fbr«.
mations ne sont pas asses exclusif pour en faire des caractères
diagnostiques dans une science dans laquelle le gisement seul
peut déddw d'unie maaière absolue. Sonvoit des circonstances
locales ont singulièrement influé sur les liaisons que l'on obn
serve entre les espèces minérales et les terrains. Dans les Pjrénées
et surtout dans l'Amérique méridionale, les grenats disséminés
sont propres au gneis, tandis que partout ailleurs ils semblent
plutôt apparteuir au micaschiste.
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( i56 >
Lts calcaires de transition , là où ils forment de grandes massçs
isolées, abondeîH en silice; et tantôt (chaîne des Pyrénées)
cette silice se trouye réunie en cristaux de quarz ; tantôt (chaîne
des Alpes) elle est mêlée à la ipasse entière 9 comme un sable
très -fin. Dans la première de ces chaînes le calcaire intermé-
diaire renferme , comme le calcaire primitif, des couches de
gninstein (vallée de Saleîx) et même de feldspath compacte,
deux roches qui généralement sont'plus communes dans le thon-
schiefer intermédiaire. Les bancs de griinstein se trouvent aussi,
d'après M. Mohs, dans le calcaire de transition de la Styrie,
et les mandelstein du mountain-Hmestone du Derbjshire (entre
ShefEeld et Caslelton ) appartiennent à un système de couches
intercalées géognostiquement analogues. Ces couches prennent
souvent Taspect de véritables filons.
Le prodigieux développement que le calcaire intermédiaire
atteint dans la haute chaîne des Alpes , pourroit faire croire
que le groupe S* 22 renferme deux formations distinctes, dont
Tune, plus ancienne, embrasse les schistes et les grauwackes
avec des porphjres et des calcaires intercalés, et l'autre, d'un
âge plus récent,, les calcaires considérés comme roches indé-
pendantes ; mais cette séparation ne me paroîtroit pas sufïisam-
ment justifiée par la constitution géognostîque des terrains. En
Suisse^ comme en Angleterre, de grandes masses calcaires alter-
nent avec des roches fragmentaires de transition, et ces mémçs
calcaires, qu'on voudroit élever au rang de formations indé-
pendantes, manifestent par des bancs intercalés une liaison
intime avec tous les autres membres du groupe S* 22. Dans le
calcaire intermédiaire des Diablerets et de l'Oldenhom, M. de
Charpentier a observé dés couchas de grauwacke schisteux. D'après
ce même géognoste expérimenté, le gypse murialifère de Bex
,est subordonné à un calcaire de transition qui repose sur du
grauwacke , et qui alterne à la fois avec cette dernière roche et
avec du thonschiefer de transition. Les assises inférieures du
calcair^ de transition sont très-noires et remplies de bélemnites;
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( >57 )
les assises supërieures'sont argileuses et renferment des ammo-
nites. Legjpse anhjdre, dans lequel le sel gemme est disséminé ^
appartient à ces assises supérieures ; il offre à son tour des bancs
subordonnés de gjpse commun ou hjdràté^ de calcaire - com-
pacte , ^ de thon$chiefer> de grauwacke et de brèches. C'est ainéi
que chaque dépdt de sel y de houille et de minerai de* fer ^' dans ^
les terrains intermédiaire et secondaire^ renferme de petites fort'
mations locales, qu'il ne faut pas confondre arec les yéritablés
termes de la série géognostique«. D'après les observations de M. dis
Charpentier et M. Lardj^ le gypse du terrain secondaire, en ne
considérant que de grandes masses y est toujours hydraté ( Thu-
ringe); tandis que le gjpse de transition (Bex) est a'nhjdre où
hydraté épigène. h^ opinions des géognostes sont d'ailleurs
encore partagées sur' l'âge du dépôt safôfère de la Suisse. M. de
Buch ,' dans ses lettres à M. Escher^ publiées en' 1809, semble
placer le gypse muriatifère de Bex' entre le grauwacke de la Dent
de Chamossaire et le conglomérat de Sepey r MM, de Bonnard
et Beudant le regardent comme secondaire et appartenant soit
au grès bouiller, soit au'zechstein. U nous.atoit paru tel aussi,
a M. Freiesleben et à moi, lorsque nous atons examiné ces con-
trées en 17^5.
Dans la chaîne des Pyrénées, la limite entre les terrains de
transition (Pic long, 1668 toises; Pic d'EstaU, i55o toises) et
lès terrains de grès rouge, (montagnes deLarij, 1100 tCHses)
et de calcaire alpin (Montperdu, 1747 toises) est très -nette-
ment tracée. Partout où il j a du grès rouge, on peut distin-
guer deux calcaires, un qui recouvre le grès rouge et un qui le
supporte. Xe premief de ces calcaires, quelles que soient sa
composition et sa couleur, est, pour le géognoste qui . noIniKie
les formations d'après lé gisement , un <^loaire4lkl^in (zechstein) ;
le second est un calcaire de transition; Dans' la haute chaîne
des Alpes, et nous reviendrons plus tard sur cet objet intésres-
sant, le grès roiige n'est pas plus caïiaclàEisé qu'il ne l'^st dafis
une grande partie de Ta CordUlére def.\Ajiid«^; W y^ m^^
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( «M )
Invoquer en doute s'il y exUte. Il est don^ assez naturel que
la limite entre le eaicaire alpin ou zechstein et le calcaire de
transition le pins récent ne paisse pas j élre reconnue arec cer-
tîtnde. Les calcaires de la bande méridionale des Alpes^ savoir,
de la Dent da Midi de Saint-Maurice, de la Dent de Morcie,
des Diablerets ( si l'on en excepte la sommité trés-coquillére an
nord-est de Bex), de l'Oldenhom, du Gemmi j de la Jungfrau,
éa Titiis et du Todi, sont aussi évidemment de transition, que
les ealcaires deLongbope, de Dudley ou de Derbjshire, en An-
gleterre; q«e ceux des yallées de Gampan et de Luchon dans
les Pyrénées; qvc 'œux de Namur en Belgique, de Blanken-
I>ouT)^, d'E&ingerode ^ de Scharzfeld et dm Schnéebeig prés de
•Vienne, en ^icm^pie. Cette éyidence est beaucoup moins
jgrande pour la bande calcaire septentrionale des Alpes, pour la
Tocbe du Mole, de la Dent d'Ocbe, du Molesson, de la Tour
d'Aj, de la Dent de Janient^ du Stockbom, du Glamiscb et
du Sentis, que quelques géognostes célèbres prennent pour du
oechstein , d'autres pour la formation la plus récente des cal-
caires de transition. Les roches de la bande méridionale et
septentrionale des Alpes ont été souvent confondues sous une
dénomination commune, celle de calcaire des hau^s montagnts
(HockgMrgskaiisinn):; dénomination qui seroit plus vague en-
core que eelle.de calcaire alpin ,. si Voù j attacboit une idée de
gisement géi^graphiffue et si elle n'exprimoit que la position de
certaines roches à. «le très-grandes hauteurs. Le mot calcaire
alpin, regardé dans son origine comme sjnonjme de zéGlisteîn^
'indique un gisanent géagnosiique y u^e formation plaoée, que
ice soit dans les plaises ou dans des chaînes de montagnes très-
^le^éetf , immédiatement au-dessus du grès rouge. C'est un fait
assez remarquaUe q«e te calcaire à encrinites ( meantain-limes-
tone)> et métni^lé'lMtaigloméraitde transition (oèd red sandstone)
-qui supporte ce ealeaire, contiennent^ en Angleterre et en
•Ceossë^ quelques Umé» de heûlle diffisrant de l'anthratite.
" Les tériitaMes yamlifkés (Dorancé^Mont-Aose), qui offirent
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( ^59 )
d«s nodules die feldip^tb compacte, disséminés d^ins un mé*
lange intime presque homogène d'amphibole, de chlorithe (?)
et de feldspath , appartiennent soit au groupe que nous Tenons
de décrire, soit au groupe suivant. Peut-être ne sont-elles que
des bancs intercalés à un grunstein porphjroide , bancs dans
lesquels une portion du feldspath s'est dégagée du tissu de la
masse. On n'a long-tanps connu ces variolithes que comme
galets ou en gros fragmens détachés : il ne faut pas Les con^
fondre avec les yariolithes à nœud de spath calcaire (blatter-
steine ] , subordonnées au thonschiefer vert de transition^ ni avec
les yariolithes qui naissent par infiltration dans le mandektein
du grès rouge.
Quoique nous sojrons lûen loin encore de pouvoir compléter
rhistoire de chaque terrain intermédiaire et secondaire par
ré numération des espaces de corps fossiles qui s'jr trouvent, nous
allons pourtant indiquer quelques-uns de ces débris organiques
qui semblent caractériser le groupe ^.22, Dans le thonschiefer
et le grauwacke , surtout dans le grauwacke schisteux : plantes
monocotjléd(»ies ( arundinacées ou bambousacées), antérieures
peut-être aux animaux les plus anciens; entroques, condlites,
ammonites ( vallées de Castillon dans les Pyrénées ; busQ de la
montagne de Fis , en Savoie; duché de Nassau et Hars en Al-
lemagne) ; hjstérolithes , orthocératites, beaucoup plus rares
que dans le calcaire intermédiaire; pectinites (Gerolstein, en
Allemagne); trilobites aveugles de M. Wahlenbeig, dans les*
quels on ne voit aucune trace d'jeux ( Olstorp , en Suède ) ;
ogygies de M. Bron^iart, dans lesquels les jeux, ne sont pour
ainsi dire qu'indiqués par deux tubérosités sjur le chaperon
(Angers et Amérique septentrionale); Caljméfltt de Triatan et
Galjmène macrophtalme âe Brongniart (Bretagne, Gotentin).
Dans le calcaire, sav«dr, dans les couches les plus anciennes ;
entroques, madrépores, bélemnites (Bex en Suisse) Pic en
Bedillae dans les Pyrénées); quelques aaimcHUtes^ jamais pac
bancs, mais isolés des ortbocéraAites > Asaphus Bucbii^ A. HttOfr*
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( i6o )
tnatini (pajs de Galles ^ Suéde); très-peu de coquilles birâlves.
Dans les couches plus récentes du calcaire : Galjméne Blu»
mënbachii ( Dudlej en Angleterre , et Miami dans rAmérique
du ' nord) y Asaphus caudatus de Brongniart ; des ammonites y
des lërébratules y des orthocëratités y quelques ' gryphites ( Na-
in ur, Avesnes); des encriuites. En Allemagne , le calcaire de
transition * est quelquefois ( Eiffel el duché de Bergen ) tout
pétri de- coquilles. Le calcaire grenu de l'île de Paros (Link,
Uiweîty pag, 2) doit, d'après un passage de Xénophane de
GolophoB, conservé dans Origène {Philosophumena , cap^ i4,
T. I. , pag. 893, B. édit, Delarue ) , renfermer des débris or-
ganiques \ mais il reste bien douteux y selon qu'on lit «Teé^vii
ou aj^m , si ces débris sont du règne végétal ( du bois de lau-
rier), ou du régne animal (l'empreinte d'un anchois). Nous
n'insistons pas sûr cette détermination \ car il seroit possible
que le marbre de Paros fût aussi peu primitif que le marbre
de Garare , sur lequel je partage les doutes de plusieurs ^io-^
gnostes célèbres. Le phénomène des grattes ne s'oppose cepen-
dant pas à la haute antiquité des calcaires de l'Archipel: il j
en a dans quelques -pays (Silésie, près Kaûfdngen ; Pyrénées,
Vallées de Naupounts et montagne de Meigut) qui paroissent
appartenir au calcaire primitif.
IV etV. PoRPHYRBSj Syéwtes it GauMswm postérieurs au Thon-
scbiefer de transitiok, quelquefois meme au calcaire a orthoge-
rautes. ■ > ■
s» 23. Je réunis en deux groupes, qui peut-étVe n'en forment
qu*un seul, lefe porphyres , les grûnstein porphyriques et Jes
syénites que^ dans les deux hémisphères , j'ai vu recouvrir le
thonschiefer de transition. Ces roches ,* par leur composition et
leurs rapports avec les trachytes qui leur sont immédiatement
superposés , offrent beaucoup . d'analogie avec le groupe plus
ancien S- 21. C'est dans ces porphyres et grûnstein porphyri-
ques que i-on a déêouyert^ au nord de l'équateur, au Mexique
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. ( .6i )
tt en Hongrie , d'immenses richesses de minerais d'or et d'aigent;
car , quoique la roche métallifère de Schemnitz ( saxum mé"
ialliferum de Bom ) soit peut-être postérieure à des calcaires de
transition renfermant quelques foibles débris organiques;^ ce
gisement , d'après Topinion- d'un géognoste célèbre ^ M. Beudânt^
est trop incertain y pour séparer des formations aussi étroitement
' unies que celles de la NonrellewEspagne et de la Hongrie. \j^
sjénites à zircons 'j les granités de transition et \t% porphjres
de Norwége, que MM. de Buch et Hausmann nous ont fait con^'
noitre^ sont non-seulement postérieurs (Stromsoê^ Krogskoyen)
an grauwacke et à un thonschiefer qui alterne avec le calcaire
à orthocér^titesy mais ces roches recouvrent aussi (Skeen)
immédiatement un quarzite ( quarzfels ) qui représente le grau-
wacke et qui repose sur un calcaire noir dépourvu de couches
alternantes de thonschiefer.
11 résulte de ces considérations qu'on aurait des motifs très-*
valables pour réunir les groupes $S- ^3 et 24 ^ en ne distinguant^
parmi les porphjres de transition^ que deux formations indé-
pendantes , antérieures et postérieures au thonschiefer^ et un*
troisième formation (S. 23i ) subordonnée à cette roche. La pro-
propriété qu'ont certains porphjres et syénites porphjriques
d'être éminemment métallifères^ ne doit pas s'opposer^ je pense ^
à la réunion des roches du Mexique j de la Hongrie , de la Saxe
et de la Norwége. Les minerais d'or et d'argent n'j forment
pas de couches contemporaines^ mais des filons qui atteignent
une puissance extraordinaire. Des porphjres de transition^ dont
oir seroit tenté de placer plusieurs parmi les trachjtes^ parce
^ qu'ils renferment de véritables couches de phonolithe avec fel-
spath vitreux 9 participent à cette richesse minérale que parmi
les terrains, postérieurs aux terrains primitifs l'on a crue trop
long-temps exclusivement propre aux thonschiefer carburé et
micacé, au grau wacke et au calcaire de transition. Dans cet
mêmes régions il existe des groupes de porphjres et de sjénites
très -analogues, par leur composition jninéralogiquje et kur
11
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( i6» )
gisement 9 aux rocheB des plus riches mines de Schemnitz oa
de la Nouvelle-EsfNigDe, et qui néanmoins se trouvent entière-
ment dépourvus de métaux. C'est presque le cas de tous les
porphyres cie transition (et des roches trachjtiqnes) deFAmé-
rique méridionale. Les grandes exploitations du Pérou ^ cplles
de Hualgo^oe ou Ghota^ et de Llauricocha ou Plisco^ ne sont
pas dans le porphjre^ mais dans le calcaire alpin. Dans la ré^
publique de Btténos-Ajres y le fameux Gerro del Potosi est com-
posé de thonachiefer ( de transition ? ) recouvert de porphyre qui
contient des grenats disséminés.
Si les grands dépôts ai^entiféres et aurifères qui font depuis
des siècles la richesse de la Hongrie et de la Transylvanie^ se
trouvent uniquement au milieu dessjénites et des griinsteiu
Ipotphjriques^ il ne faut point en conclure qu'il en est de même
dans la Nouvelle-Espagne. Sans doute les porphyres mexicains
ont offert deà exemples isolés d'une prodigieuse richesse. A
Pachuca , le seul puits de tirage de l'Ëncino a fourni pendant long^
temps anduellcment plus de 5o^ooo marcs d'argent: en 1726 et
ly^J 9 les deux exploitations de la Bisoaina et du Xacal ont
donné ensemble 542^000 marcs ^ c'est^i-dire presque deux fois
autant qu'en ont donnée dans le même intervalle^ toute l'Eu-
rope et toute la Russie asiatique. Ces mêmes porphyres de
Real dél Monte , qui par leurs couches supérieures se lient aux
trachytes porphyriques et aux perlites avec obsidiennes du
Gerro de las Navajas^ dut fourni par l'exploitation de la mine
de la Bîscaina au comte de R<gla> (de 176a à 1781 ) plus de
onze millions de piastres. Gependant ces richesses sont encore .
inférieures à oelles que 1'<hi retire ^ dans le même pays , de
formations de transition non pdrphyriques« La Véta negra de
Sombrerete^ >qui traverse ua eakaire compacte rempli de ro-
gnons de pierre lydienne a o^rt l'exemple de ta plus grande
abondance de minerais d'atgent qu'on ait observée dans les
deux mondes : la lliiiiiii<ie de Fagoaga ou dn mArquiS del Apar**
fada èa a retiré en peu de ittob un profit net de quatre mil^
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( »63 î
lions de piastres. La mine de Valénciana^ o^ploitée dans du
schiste de transition^ a été d'un produit si constant que^ jus-
qu'à la fin du dernier siècle > elle n'a pas cessé de foiimir. an«
nuellement^ pendant quarante années consécutiyes > au-delà
de 36o^ooo marcs d'arg^ent. £n général dans la partie centrale
de la Nouvelle -Espagne^ où les porphyres sont fréquent , ce
n'est point cettie roche qui fournit. les métaux précieux aux trois
grandes exploitations de Guanaxuato ^ de 2^catecas et de Ga*
torce. Ces trois districts de mines ^ qui donnent la moitié de
tout l'or et l'argent mexicain , sont situés entre les 18** et 23^
de latitude boréale. Les mineurs y travaillent sur des gîtes de
minerais conteirus presque entièrement dans des terrains (de
thonschiefer intermédiaire ^ de grauwacke et dç calcaire alpin:
je dîs^ presque entièrement; car la fameufie Veta madré de
Guanaxuato, plus riche que le Potosi, et fournissant (jusqi/ea
1804)9 année communq, un sixième de l'argent que l'Amérique
verse dans la circulation du monde entier , traverse à là fois
le thonschiefer et le porphyre. Les mines de Belgrado y de San*
Bruno et de Mârisanchez , ouvertes dans la. partie porphjritique
au sud-est de Valenciana , ne sont que de très-^pcu d'importance»
D'autres exploitations, dirigées sur les porphjrçs du groupe
S. 23. (Real del Monte, Moran, Pachuca et BolaSos), ne four-
nissent aujourd'hui pas au-delà dé • 100,000 marcs ou un vingt-
cinquième de l'argent exporté ( i8o3 ) du port de la Yera-Gruz»
J'ai cru devoir consigner ici ceê faits , parce que ladénominatioft
de porpkyris métallifères , dont je me suis souvent servi dans mes
ouvrages, peut donner lieu à Terreur de regarder les richesses
métalliques du nouveau mo^de comme dues en très-grabde
partie aux poiphyres de transition. Plus on avance dans Tétude
de la cons^tution du globe sous les difierens climats, pliits otx
recounoit qu'il existe à peine une roche antérieure au calc^e
alpin, qm>. dans de certaines contrées , 'n'ait été trouvée très-
aigentifôre. Le jphénomène de ces filons aiieiens dans lesquels
S(B trouvent déposées nos riohewes métalliquei ( peui^tre comin«
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( >64 )
le fer oligiste spéculaire et le muriate de cuivre sont 'déposés et
remontent encore de nos jours dans les crevasses des laves ) ^
est un phénomène qui paroi t pour ainsi dire indépendant de
la nature spécifique des roches.
Pour donner une idée précise de la composition du terrain
de porphjre, syénite et grunstein^ postérieur au thouschie-
fer de transition , il est nécessaire y dans Tétat actuel de la '
science y de distinguer quatre formations partielles , savoir ^
«elles
de la région équinfoxiale du nouveau continent^
de la Hongrie ;
delà Saxe et ^ ^
de la Nôrwégc.
' Malgré \es rapports qui unissent ce& formations partielles ^
ehaciiné d'elles offre des différences assez remarquables. Nous
les désignerons par des noms puremens géographiques , selon les
lieux qui en présentent les types les plus distincts ^ sans touloir
indiquer par là qu^n ne puisse trouver la formation de
fii^ngne dans le- nouveau continent, ou celle de Guanaxuato,
avec toutes les Circonstances qui l'accompagnent^ dans' quelques
|>arties dé l'Europe. . ^
A. Groupes de la régiçn éqiUnoxiale du nouveau continent.
'■ a. Dans F hémisphère boréal. Ce qui caractérise en général
les porphjrjBS,.. en partie trés-niétalliféres ^ de l'Amérique équi-
noidale (ceux du groupe S* ^^ 9 comme ceux du groupe S- ^1 )^
c'est l'absence presque totale, du quarz^ la présence de l'amphi-
bole^ du feldspath vitreux, et quelquefois du pjroxéne. J'ai
insisté sur ces caractères distinctif» dans tous les ouvrages que
j^ai publiés depuis i8o5; on les retrouve en grande partie dans
If^ porphjres on griinstein porphjriques , également métalli*
-fières, de la Hongrie et de la Transylvanie. Les pOrphjres mexi-
'Cainsy comme nous l'avons fait observei^ pltiis haut, présentent,
souvent à la fois deux variétés de feldspath , le commun et le
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( i65 )
vitreux : it premier résiste beaucoup moins à la décomposition
que le second. La forme de leurs cristaux ^ larges ou effilés, les
fait reconnoître presque autant que l'éclat et la stiiictare la-
melleuse plus ou moins nettement prononcée. Le quarz , si
parfois il se montre^ n'est point cristallisé , mais en petits grains
informes : le pyroxène et le grenat , qui se trouvent également
dans les grûnstein porphjriques de la Hongrie, sont très-rares.
Le groupe argentifère mexicain abonde moins en amphibole :
le mica^ que l'on retrouye dans quelques trachjtes , -manque
toujours dans les porphyres- de la Nouvelle-Espagne. La plupart
de ces roches sont très^régulièrement stratifiées; et, qui plus
^ est f la direction de leurs strates est souvent ( entre la M oxonera
et Sopilote au nord d'Acapulco ; au Puerto de Santa Rosa près
de Guanaxuato ) concordante ayee la direction des roches pri»
mitives et inteimédiaires auxquelles elles sont superposées. Dans
la Nouyelle-Espagne , comme en Hongrie, le terrain traehjtique
est placé immédiatement sur les porphyres, métallifères : mais ,
dans le premier de ces pays , les porphyres sont recouverts sur
quelques points (Zimapan, Xaschi et Xacala) de calcaire gris-
noirâtre de transition; sur d'autres points (Villalpando), de
grés ronge; sur d'autres encore (entre Masatlan et €hilpanzingo ,
entre Amajaque et la Magdalena ; entre San Francisco Ocotlan
et la Puebla de los Angeles ; entre Cholula et Totomehuaoan ) ^
de calcaire alpin.
Les })orphyre$ de transition de la Hongrie, de la Saxe et de
la Noi*wége ont une structure très-compliquée : ils alternent avec
des syénites, des granités, des grûnstein ; et lorsqu'il n'y a pas
d'alternance , ces trois dernières roches , et même des micaschistes
ou des calcaires stéatiteux, se trouvent renfermés , comme couches
subordonnées, dans les porphyres. La fréquence de ces bancs inter-
calés éloigne d'une manière très-prononcée les porphyres de la
Hongrie ou de la Norw^e des roches trachy tiques ; elle les
éloigne aussi des porphyres de la Nouvelle -Espagne, qui leur
ressemblent par leur composition minéralogique ( par la nature
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( .66 )
de leur pâte et des cristaux enchâsses). La stracture des por-
phyres mexicains est d'une grande siinplictté : ils forment un
immense terrain non interrompu par des bancs intercalés. J'ai
vu des sjénites dans le thonschiefer de transition de Guanaxuato
(S* 22); 9e les ai vues, au-dessus de ce thonscbiefer , alterner
ayec des grûnstein : mais je n'ai tu ni sjénite , ni micaschiste ,
ni gninstein, ni calcaire dans les porphjres de la Moxonera^
de^Pachuca ^ de Moran et de. Guanaxuato. Ce n'est qu'à Bolanos
que l'on trouve du mandelstein dans le porphyre. Ce dévelop-
pement uniforme et non interrompu des porphyres métallifères
et non métallifères de la Nouvelle -Espagne est un «phénomène
irès-frappant : il rend plus difficile la séparation systématique
des terrains de porphyre et de trachyte^ là où ces terrains se
supportent immédiatement. Lorsqu'on évalue l'épaisseor des deux
terrains réunis ^ .c'est-à-dire, lorsqu'on s'élève des couches les
plus basses d'un porphyre que l'on peut croire de transition,
parce qu'il est recouvert de grandes formations calcaires, ana-
logues au zechatein (Guasintlan, à la pente occidentale, et
Venta del Ëncero, à la pente orientale de la Cordillère ) , }us-
qu'au sommet trachy tique du grand volcan de la Puehla (Popo*
catepetl), on trouve, d'après mes naesures barométriques et
irigonométriques, une épaisseur, non interrompue- par des roches
intercalées, de plus de i3,ooo pieds (2:^33 toises). L'épaisseur
des seules couches de porphyre métallifère, en comptant de-
puis Guasintlan et Puente de Istla (où les porphyres se cachent
sous les mandelstein poreux de Guehiiaque et de la vallée de
Mexico ) jusqu'à l'affleurement des filons ai^ntiHères. de Cabrera
(Reaide Moraii), est de 5ooo pieds (817 toises). Ces dimen-
siohs ont été déterminées en comparant les hauteurs absolues
des stations; car, d'après l'inclinaison variable des couches,
et d'après le rapport entre la direction des courues et la direc-
tion de la roche, il est probable que les épaisseurs apparentes
(les difiTérences entre le maximum et le minimum de hauteur)
s'éloignent très-peu des épaisseurs véritables j qui sont la somme
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( >67 )
el«g épaisseurs • 'éraluées perpendiculairement aux fissures de '
stratification. Voici les circonstances locales, les plus intéres*
santés, du gisement des porpbjres du Meidque entre les 17*^ et
âi"* de latitude boréale.
et. Chemin d'Acapuîeo à Mexico, Le porphjve, à la peirte oc**
eidentale de la Cordillère d'Anahuac , ne descend que jusqu'à
la Tallée du Rio Papagallo , un peu au notd de la Venta d«
"Tierra colorada , à 25o toises de hauteur au-dessus du niveau
de Focéan Pacifique. Sur la ij^X^ orientale de la Goydiilèvf
d'Anahuac , entre la vallée de Meictco et le port de la V«ra-
Gruz, }e n'ai vu aucune traee de cette roeh^ au-dessous àm
Iflticero , à 476 toises de hauteur. Le porpfajre «^ «aehe sous -
un grés argileux qui enchâsse de« fraguneâa d'amygdaloïde tra-
chjrtique. Les deux groupes principaux de porphyres > dans le
ehemin d'Acapulco à Mexico , sont ceux de la MoKonera e| de
Zumpango; /
La vallée granitique du Papagalk) est bordée au sud ( Alto
del Per^friao ) par une formation de oalcati^ compacte ( de 8S
toises d'épaisseur )j bleu -noirâtre, traversé par de petits filons
blancs de spath calcaire. £lle est remplie de grandes eavemes,
mais analogues plutôt au calcaire al[Hn qu'au càlcai^ de tran-
«tion. Au iM>rd la vallée est bordée par une masse de por-
pbjre (Alto de la Moxonera et de Los Ca3(oi4es) qui a 355
ijùnes d'épaisseur. Ce porphyre est assez réguli^reinetit stratifiié
(dir. N. 55^ £., inclin. 4o° au N. 0.)| quelquefois il e4t di-
visé en boules à couches concentriques. Sa base est verdàlre et
aiffiieuse , enchâssant du feldspath vitreux et des pjroxenes dé-
composés , qui ont presque la couleur de l'oUvioe : poiat de
quaix, point de miea^^point de feldspath lamdleux. De grandes
masses d'argile blanc /rougeitre sont interoaiéps dans ce por-
phjre terreux; il repose tnimédiatetnent, comme le ealcatre du
Peregrino (dont les strates ont dir. N. 45"* £. ; inolin. 60 au N. O. ) ,
sur le granité primitif. Ce dénier , qui a .été décrit plus haut
(S- 7)9 renferme , au pied de la colline porphjritique de Los
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( •€« )
Gaxones^ dans la vallée même du Papagallo^ des filons d'ans-
phiboUte noir et des boules de granité i couches concentriques f
semblables a celles que j'ai observées au Ficbtelgebiige près de
Seissen. La plus grande masse de ce granité à gros grains est
très-r^ulièrement stratifiée (dir. N. 4o° £. ) et inclinée par
groupes d'une vaste étendue^ le plus souvent au N. O., quel-
quefois au. S. E. Les cimes (porpbjriques?) voisines ( Ccrros
de las Gaxas et del Toro.) ont des formes bizarres; et si, a. cause
de la composition minéralogique du porphjre de la Moxonerar
et de l'Alto de los Caxones, et à cause de sop isolement , oa
étoit tenté ^de le prendre pour du trachjte , le paraUétisme de
•dir^tion de ses strates avec ceux du calcaire et du granité , et
le recouvrement d'un porphjre tiés - semblable et trés>- voisin
(Masatlan) par.de puissantes formations.de calcaire secondaire^
s'opposeroient à cette hjpothèse. (In descendant de la itiontagne
porphjrique de hos Gaxones^ vers le sud ^ c'est-à dire vers les
c6tes de l'océan Pacifique , j'ai vu v^nir au jour alternative-
ment : le granité primitif de la valide du Papagallo, le calcaire
alpin de l'Alto del Peregrino^ le granité primitif de la vallée
du Gamaron, la sjénite de l'AUo dd Camaron, enfin le gnu-
nite primitif de l'Exido et des cotes d'Acapulco. La sjénite du
Camaron , renfermant de» cristaux d'amphibole de huit lignes
de long.> ne me paroi t pas liée aux porphjres mexicains. Ce
n'est quhin changement de composition dans la masse du gra-
nité^ qui^ dans eette région , se uïéle à Tamphibole^ et devient
« porphjroi'de sur tous les sommets des collines,
X© second groupe de porphjre intermédiaire dont j'ai pu exa-
miner la superposition .avec soia^ est celui de Zumpanga. Ce
groupe commence quelques lieues au nord de l'Alto de los
Gaxpnes^ et supporte , en s'étendant vers Mescala, un vaste
plateau composé, de calcaire, de grés et de. gjpse- (entre Ma-
satlan et Ghilpanzîngo ). G'est dans ce p}ateau> -dont la hauteur
absolue (c'est-à-dire, au-dessus dii .niveau de la mer) est de
yoo toises , qu'un porphjre semblable par sa composition k
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( '69 )
celui de la Moxoiiera supporte des terrains secondaires d'ane
stmcttire très-compliquée. En descendant deTAlto delos Caxones
(hauteur 585 toises )9 vers le nord, on voit d'abord de nou-
veau reparoilre au jour le granité primitif de la vallée du Pa-
pagailo; puis Ton découvre un lambeau de calcaire alpin >
semblable à celui du Peregrino (lambçau de 200 toises de
laige^ qui se trouve superposé immédiatement au granité);
puis paroit encore le granité , et enfin Ton atteint le groupe
porpbjrique de Zumpango, dans lequel se conserve trés-régu-
liérement la direction des strates ^ N. So** à 4^'' £•; avec une
inclinaison trés-fréquente au N. O.
Ce porphjre^ rempli de feldspath vitreux , dépourvu d'am-
phibole , et recouvrant le granité primitif ^ sert d'abord de base
(Acaguisolla) à une formation d'amjgdaïoïde brun-rougeâtre ,
8emi-viU*euse 9 presque sans' cavités, renfermant des amandes
do calcédoine décomposée , des lames de niica noir et du mé-
lanite. Bientôt ie mandelstein dispa'roit y et le porphjre se
montre de nouveau sur un espace de terrain considérable , jus»
qu'à ce qu'il se cache sous le calcaire de Masatlan et de Ghil-
pansingo, c'est-à-dire , sous deux formations poreuses très-dis-
tinctes , dont la supérieure et blanchâtre, argileuse et friable^
l'inférieure bleu-grisâtre, intimement mêlée de spath calcaire
g^renu et en masse. Ces deux calcaires semblent*, au premier
«bord , moins anciens que le calcaire alpin du Peregrino ; mais
ils n'appartiennent certainement pas à des terrains tertiaires,*
qui en Hongrie reposent «ur des trachjtes. Je n'j ai trouvé
aucune trace de pétrifications : ils sont dirigés N. 55" £.> et
généralement inclinés de 40"*, non au N. O., mais au S. £.
Cette -uniformité de direction ( non d'iuMinaison ) , observée
parmi des roches qui paroissent d'im âge si différent, est un
phénomène très-rare. U ajouté peut-être aux motifs quer l'on a
de ne pas considélr^r comme des trachjtes les porphyres dont
nous venons de faire connoitre le gisement. Les calcaires de
Ghilpansingo ont des cavités qui varient d« quatre lignes jus-
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( »7o )
qu'à huit pouces de diamètre. La formation inférieure ^ qni eêè
bleu-^ifiâtre , recouvre immédiatement le porphjre ; elie perce
qiielquefoift la formation blanchâtre^ et forme à la surface du
sol de petits rochers cylindriques ou coralliformes de trois ou
quatre pieds de haut^ qui présentent l'aspect le plus bizarre.
Ces cîrsconstances de composition et de structure indiquent beau*
coup d'analogie entre le calcaire cayerneux .trouvé depuis Ma^
satlan et Petaquillas jusqu'à Chilpansingo^ et les couches infé-
rieures du calcaire du Jura (hôhlenkalk; schlackiger^ blasiger
kalkstein) qui^ également cayemeuses dans le Haut - Palatinat
(entre Laber et Ettershausen ) et en Franconie (entre Pegnitz
et Muggendorf)^ donnent, par leurs aspérités, k la surâice
du sol une phjsicmomie particulière. Non loin de Zumpango
le porphyre sort de nouveau au-dessous des calcaires caverneux
de Chilpansingo , ou plutôt sous un conglomérat calcaire qui,
renfermant i la fois de gros fragmens de la formation bleue
et de la formation blanche, recouvre cette dernière sur plu-
sieurs points. Gomme dans les groupes de Los Gaxones et
de Zumpango les porphyres s'élèvent à peu près au même ni-
veau ( 56o et 585 toises), on peut supposer, avec quelque
probabilité, que les calcaires caverneux qu'ils supportent dantf
le plateau de Chilpansingo , ont 800 pieds d'épaisseur.
En avançant au nord vers Sopilote, Mescala et Tasco , on perd
de nouveau de vue le porphyre. Le granité primitif reparoîtf mai»
bientôt il se trouve caché par un porphyre dont la composition'
minéralogique offre des caractères très - remarquables i il est gris-
bleuâtre, un peu argileux par décomposition, et enchâsse de
grands cristaux de feldspath jaune -blanchâtre (plutôt lamelleux
que vitreux ) , du pyroxène presque vert», poireau et un peu de
quarz non cristallisé. Ce porphyt^e stratifié est recouvert, vers le
sud, du même conglomérat calcaire qui abonde sur le plateau
de Chilpansingo ; vers le nord (Sopilote , Estola , Mescala ) , dNia
calcaire compacte, grisâtre et traversé db filons de carbonate de
chaux. Le calcaire d'ËsCola n'est pas spongieux eu bulleux dans
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( «71 )
$k masse entière ^ oomAie la formation de Masatlan; mais il ren-
ferme de grandes cavernes isolées y comme le calcaire du Per^grU
no , que nous avons décrit plus haut. Il ne m'est resté aucun doute ^
en voyageant dans ces montagnes, que les roches de la Canada ,
de Sopilote et de TAlto del Peregrino sont identiques avec notre
calcaire alpin (zechstein) de l'Europe , avec celui qui succède ,
selon l'âge de sa formation, au grès rouge, ou, lorsque celui-ci
manque, aux roches de transition. Près de Mescala, un peu au
nord de Sopilote, de riches filons argentifères, analogues aux
filons de Tasco et de Tehuilotepec, traversent le calcaire alpin»
Dans la vallée de Sopilote, la roche qui recouvre le porphjre du
groupe 4e Zumpango, présente ces mêmes couches sinueuses et
contournées que Ton voit à l'Achsenherg, auhord du lac de Lucerne,
et dans d'autres montagnes de calcaire alpin en Suisse. J'ai oh*
serve que Its coucftes supérieures de la formation de Sopilote
et de Mescala passent progressivement au gris-hlanchâtre, et
que, dépourvues de filons de spath calcaire , elles offrent une
cassure matte, compacte ouconchoïde. Elles se divisent, presque
comme le calcaire de Papp«iheim, en plaques très -minces. On
diroit d'un passage du calcaire alpin au calcaire du Jura , deux
formations qui se recouvrent immédiatement en Suisse, dans les
Apeanii^ et dans plusieurs parties de l'Amérique équinoxiaie,
mais qui, dans le Sud de l'Allemagne, sont séparées Fune de
l'autre par plusieurs formations intercalées ( par le grès de Nehra
ou hunte sandstein , par le muschelkalk et le grès blanc ou qua<-
dersandstein ).
Près du village de Sochipala, le calcaire alpin est couvert de
gypse, et entre Estola et Tepecuacuilco on voit sortir sous le
calcaire alpin (dirigé tantôt N. 10° E. avec incl. ^o^ a l'est,
tantôt N. iS^ £« avec incl. So** au sud -est) un porplijre vert
d^asperge à base de f^dspath compacte, divisé en strates très-
minces , comme celui d'Achidiintla, et {iresque dépourvu de
eristaux disséminés. Cette roche ressemble an porphj^re phono-
litique ( porphjtadiiefer ) du terrain de trachjte. Si l'on avance
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( 1-2 )
rtn lès mines de Tebuilotepec et de Tasco^ on trouve cette
même roche recouverte d'un grès quarzeux à ciment argiJo- cal-
caire 9 et analogue au weiss liegende ( couchjB inférieure arénacée
du zechstein) de la Thuringue. Ce grès quarzeux annonce de
nouveau la proximité du calcaire alpin : aussi ^ sur ce. grès et
peut-être immédiatement sur le porphjre (comme c'est le cas
à Zumpango et à l'Alto de los Gaxones) , on voit reposer , près
du lac salé de Tuspa y une masse immense de calcaire alpin souvent
caverneux ^ renfermant quelques pétrifications de trochus et
d'autres coquilles univalves. Ce calcaire de Tuspa y indubitable-
ment postérieur à tous les porphjres que je viens de décrire,
renferme des couches de gypse spéculaire et des strates d'aigle
schisteuse et carburée qu'il ne faut pas confondre avec du grau-
wackeschiefer. Il est généralement gris - bleuâtre ^ compacte^ et
traversé par des filons de carbonate de chaux. Sur beaucoup de
points, loin d*étre caverneux, il fait passage à une formation
blanche, très - compacte , analc^e au calcaire de Pappenkeim.
J'ai été très -frappé de ces variations de texture, que nous avons
observées également, M. de Buch et moi^ dans les Apennins
(entre Fosombrono, Furli et Fulîgno), et qui semblent prouver
que y là où les membres intermédiaires de la série n'ont pu se
développer, les formations de calcaire alpin et de calcaire du
Jura sont plus intimement liées qu'on ne l'admet généralement.
Les riches fUons d'argent de Tasco, qui ont donné jadis 160,000
marcs d'argent par an , traversent à la fois le calcaire et un
thonschiefer qui passe au micaschiste ; car , malgré l'identité des
formations calcaires , ^^lement ai]gentifères , de Tasoo et de
Mescala, la première de ces formations, partout où elle a été
percée dans les travaux des mines (Cerro de S. Ignacio), n'a
pas été trouvée superposée au porphjrre comme le calcaire de
Mescala , mais recouvrant une roche plus ancienne que le por- -
pbjre, un micaschiste (dir. N. 5o* E. ;. incl. 4o** — 60°, le plus
souvent au N. O. , quelquefois au S. £. ) dépourvu de grenats
^ passant au thonschiefer primitif. J'ai dû entrer dans ces d^
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( «75 )
tails frur U$ terrains qui succèdent aux porplijres , parce que ce
n'est qu'en faisant connoitre la nature des roches superposées
qu'on peut mettre les géognostes , en état de prononcer sur la
place que doivent occuper les porphyres mexicains dans l'ordre
des formations. L'esquisse d'un tableau géognostique n'a de valeur
qu'autant qu'on rattache la roche qu'on veut faire connoitre^
à celles qui lui succèdent immédiatement au-dessus et au-des-
sous. Les seuls faits oiyetognostiques peuvent être présentés iso-
Jément : la geognosie positive est ime science d'enchaînemens
et de rapports^ et l'on ne peut, en décrivant une portion quel-
conque du globe f borner son horizon et s'arrêter à telle ou telle
couche qu*on veut étudier de préférence.
fi. 'Plateau central. Vallée de Mexico; terrain entre Pachuca,
Moran et La Puehla. Une éncH^me niasse de porphjre de tran-
sition s'élève à la hauteur moyenne de 1200 à i4oo toises au-
dessus du niveau de la mer. Elle est recouverte, dans la vallée
de Mexico et au sud vers Guernavaca et Guchilaque, de man-
delstein basaltique et celluleui^ (en mexicain teizontli); vers l'est
et le nord- est (entre Tiascala et Totonilco), de formations se-
condaires. Il est probable que le porphyre, qui se cache d'abord
âous le calcaire alpin de Mçscaia , puis dans les Llanos de' San-
Gabriel (près du pont d'Istla), sous des conglomérats trachy»
tiqùes et sous un mandelstein poreux, et identique av^ec celui
qui reparoit, 1 5 lieues plus au nord et 800 toises plus haut, sur
les bord$ du lac de Tezcuco. C'est dans la belle vallée de Mexico
que la roche porphyrique perce l'amygdaloïde qelluleuse dans
les collines de Chapoltepec, de Notre-Dame de la Guadeloupe
et du Penol de los Banos. Elle présente plusieurs variétés très -re-
marquables : 1 .^ gris - rongeâtre , un peu argileuses , sans strati-
fication distincte , renfermant en parties égales des cristaux d am-
phibole et de feldspath commun ( galerie creusée dans le rocher
de Chapoltepec); 2.^ noires ou giis- noirâtre (quelquefois fen-
dillées et huileuses) , stratifiées par couches de 3—^4 pouces d'épais--
«e^;, à base de feldspath compacte^ à cassure matte^ unie ou
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( »74 )
impaifâitetiï^t conchoïde' (ressemblant plus à la cassnre de 1^
Ijdienne qu*à celle du pechsUin)^ renfermant de petits cristaux
de feldspath vitreux et de pyroxène vert d'olive, presque dépour-
vues d'amphibole, souvent recouvertes à leur surface de superbes
masses de hjalithe mamelonné ou verre de Mûllér ( Penol de los
Banos, dir. N. 6o* O. , incl. 60" N. E.)^ S." rouges, terreuses,
avec beaucoup de grands éristaux de feldspath commun décomposé
( salines du lac de Tezcuco, là où d'anciennes sculj^tures aztèques
couvrent le Penol). Le porphjre de la vallée de Mexico offre
non -seulement des sources d'eau potable qui sont amenées a la
ville par de longs et somptueux aqueducs, mais aussi des eaux
thermales acidulées, les unes chaudes et les autres froides. On j
trouv'e , et ce fait est bien remarquable , comme dans le mica-
schiste piîmitif des environs d'Araya et de Gumana, du naphte
et du pétrole (promontoire du Sanctuaire de Guadeloupe). Quoi-
que ce porphjrre sorte au-dessous de Fam^gdaloïde poreuse, et
qu'il se montre au jour (Cerro de las Gmces et Tiangillo , Guesta
de Varientos et Gapulalpan , Cerro Vcntoso et Rio Frio ) dans
tout le pourtour circulaire du bassin dc^ Tenochtitlan , fond d'un
ancien lac en partie desséché , ce n'est que vers le nord-nord-est
seulement ( Pachuca , Real del Monte et Moran } qu'il a été trouvé
argentifère.
De riches filons traversent , depuis la mine de San^Pedro à la
cime du Cérro Ventoso (i46i toises) jusqu'au fond de l'ancien
puits de l'Ëncino (11 70 toises) dans le Real de Pachuca , une masse
de porphjre qui a. plus de 1700 pieds d'épaisseur. Cette roche,
que jadis on auroit appelée pétrosiliceuse ou homsteinporphjr ,
est-généralement gris-verdâtre, quelquefois vert de prase, à cas-
sure écdilleuse , offrant des fragmens à bords aigus. Sa pâte est
probablement un feldspath compacte , chaîné de silice : elle ren-
ferme, non du quart et du mica, mais des cristaux de feldspath
commun et d'amphibole. La dernière substance n'est générale-
ment pas très -abondante, et lorsque le porphjrre est argileux ou
plutôt terfeui , on né reconnoît l'amphibole que par des taches i
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( »75 )
larfitce striée et d'un vert très -foncé. Les couches presque argi-
leuses et plus tendres ( thonporphjr de Moran ) pajroissent infé-
rieures aux couches plus dures et plus tenaces. On trouve inter-
calés aux unes et aux autres des strates de phonolithe ( klingstein )
gris de fumée ou vert-poireau y divisés en tables ou feuillets très-
sonores. Ce n'est cependant pas entièrement un porphjrschiefer
du terrain trach^lique ; car la masse phonolithique n'offre pas
des cristaux effilés de' feldspath vitreux, mais des cristaux de
feldspath commun blanc - grisâtre , constamment accompagnés
d'un peu d'amphibole. Tous ces porphjres argentifères de Moran
et de Real del Monte sont très-r^^lièrement stratifiés ( direction
générale y comme dans la vallée de Mexico, N. 60*" O., incl.'
So*" — 60° au N. £.) : ik n'offrent des divisions en colonnes in-
formes que dans les Oi^nos de Actopau ( Gerro de Mamancho-»
ta, sommet iSsj toises) et les Monjas de TotonilcQ el Ghico,
si toutefois la roche des Organos , dont la masse a 5ooo pieds
d'épaisseur, en ne comptant que les porphyres visibles au-dessus
des plaines voisines , est identi<|ue avec la roche de Moran*
La dernière renfenne un peu moins de cristaux d'amphibole.
L'une et l'autre de ces roches ne sont ni fendillées ni poreuses,
et c'est au pied des pics . grotesques des Monjas que se trouvent
les riches filons de Totonilco el Ghico.
Jusque-là tous les porphjrres ai^entifères de Pachuca et de
Moran , que je viens de décrire , ne nous ont tïcii offert qui les
éloigne du terrain de transition : ils sont même recouverts, entre
les bains de Totonilco él Grande et la caverne de la Madré de
Dios ou Roche percée, d'énormes masses de formations calcaires,
de grès et de gTpse. La formation calcaire, de 1000 pieds d'épais-
seur, est gris «bleuâtre, compacte, non poreuse, renfermant
des filons de galène et des couches de calcaire blanc presque
smodiariik k gros gtaitis. G'est pour le moins la formation
alpine (alpenkalkstein), si ce n'est pas un calcaire de transit-
tion-, et les rapports de gisement qu'on observe entre celte roche
Qsdcatre et les pOrphjr^s de Moran et de la Magdalena semblent
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( »76 )
caractériser ceux-ci comme décidément non tràchjtîqnes; En
avançant à quatre ou cinq lieues de distance des mines da
Moran, par Omitlan^ par les sayanes de Tinaxas et par une
vaste forêt de chênes ^ vers le Jacal, dont TOyamel ou la Mon-^-
tagne des Couteaux ( Cerro de los Navajas ) forme la pente oc-
cidentale ^ on entre dans un pajs qui offre, dans sa composi-
tion géognostique, la trace très -récente àes feux souterrains.
On trouve d'abord au pied de rOjamel un porphjre terreux
blanc -grisâtre, renfermant des cristaux de feldspath vitreux , et
présentant presque la même direction (le même angle avec le
méridien, N. Zo"* O. ) que les porphjres argentifères, ^mais une
inclinaison (7 5*" au S. O.) diamétralement opposée. L'état de
la v^étation ne permet pas de fixer les rapports de gisement
entre les roches de POjamel et les porphyres de transition des
mines d'aj^ent de Moran. hts premières, qui sont encore dé-
pourvues d'obsidienne, servent de base à une roche blano-rou-
geâtre, à éclat émaillé, à cassure unie, quelquefois grenue,
renfermant un peu de feldspath vitreux, et divisée en une infi-
nité de petites couches parallèles, souvent ondulées. Cette roche
est une perlite porphjrique lithoïde , ou plutôt un: porphjre tra-
chj tique non 'spongieux, non fendillé, dont la base passe au
perlstein. Un tel passage de la pâte pierreuse à une masse conv*
posée de globule» agglutinés, se manifeste même dans des couches
'qu'à leur seul aspect on croiroit d'abord composées de feldspath
compacte ou d'un kieselsckiefer terne et grisâtre. Aux cristaux
effilés de feldspath vitreux, disséminés dans la pâte, ne se trou-
vent mêlés ni le mica noir, ni le quarz, mélange que l'on observe
dans la perlite de Tokai et de Ghemnitz en Hongrie.
L'abondance d'obsidienne que renferment les porphjres de la
montagne des Couteaux , et qui les rapproche des perlstein .de
Cinapecuaro , ne laisse pas de doute sur leur nature volcanique»
Us constituent des montagnes isolées, souvent jumelles , à couches
perpendiculaires, rappelant, par leur aspect, les collines de
basalte et de trachjte des Monts Ëuganéens. Xes masses volca*
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( '«77 )
niques sont elles ^ sorties du sein des porphyres de transition
de Moran, ou existe -t -il un passs^ des unes aux autres? Les
roches de VÔystméi sont- elles seulement superposées aux pot*
phjres métallifères^ comme le sont les hasaltes colonnaires de
Régla? On se demande de même si les porphyres noirs^ souvent
huileux ; de' la vallée de Mexico (Penol de los BaSos ),, recouverts
d'amygdaloïde ^ basaltiques et cellulaires ^-sont d'une origine dif^
férente des porphyres qui se cachent (Totonilco el Grande) sous le
calcaire alpin ? Dans cette même vallée de Mexico (en avançant
du lac de Tezcuco au nord vers Queretaro)^ on voit sortir >■ à
la Cuesta de Yariéntos^ sous le mandelstein volcanique^ un por-
phyre terreux , rouge - brunâtre ^ sans amphibole ^ . mais ahfm-
dant en cristaux effilés de feldspath vitreux. C'est sur la pro-
longation des strates de cette roche d'un aspect trachy tique que
reposent les formations secondaires et tertiaires (calcaire, dii
Jura 9 gfpse et marnes avec ossemens d'éléphans^ à 1170 toise#
de hauteur) 9 qui remplissent les bassins deTHaçienda del SalftQ>
de Bâtas et -du Puerto de los Reyes» Dix lieues plus loin , &
lira^ on trouve des roches porphyriques i base semi- vitreuse
et vert-olive^ recouvertes d'hyalithe mamelpnnéç et dépourvues de
pyroxène. Ces roches enchâssent > outre un. peu de feldspath^
des grains de quarz 1 elles offirent en même temps de petites
couches d'obsidienne intercalées. C'est 5 à n'en pas douter ^ uft
trachyte (roche à laquelle en Hongrie le quarz n'est pas noA
pltt^ entièrement étranger). Or^ comment distinguer les cQUche^
dé porjphyre trachytique des porphyres de transition qui les sup-
portent immédiatement; lorsque les uns. et les autres ^ au mélange,
près d'obsiditnne et de perlite> ont une composition minéralo-
gique-si analogue?
- Cette difficulté ^embarrasse encore plus le voyageur. gé(^0«te^ >
lorsquHl'sèrt de la vallée dé Mexico, vers Pest^ pour tça verser
Taréte de montagnes sur ^quelle s'élèvent les deux, vplcans de
la PuiçbU^ l'Iztaccibuatl { Femme - blanche , M^6 tpisçs) et le
Popocatepetl(ilio9/a^B«/u»u»i/^, 2770 toises). Lm roc)ies por-
12
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( »78 •)
phjrriqttes qxk*on voit au jour près de la Venta de GordoTa et
de Rio frio , sont intimement liées aux tracbjtes du Grand-Vol-
can encore enflammé. Elles sont recouvertes de brèches ponceuses
et de perlites avec obsidienne (entre Ojo del Agua et le fort de
Perote ) ^ et serrent de base ( entre San Francitoo Ocotlan> la
Puebla de los Angeles^ Totonfiehuacan^ Tecali et Cholula; entre
Vaita de Soto ^ £1 Pizarro et Portachuelo ) à une puissante for«
mation calcaire^ tantôt compacte et bleu -grisâtre^ tantôt à
petits grains et blanche ou à couleur mélangée. Ce calcaire (de
transition on alpin?) n'est certainement pas tertiaire, comme
le sont les formations très» récentes de calcaire coquiUier, de
marnes et de • gypse , que dans différentes parties du globe on
voit placées ; par lambeaux , sur le terrain trachjtique. M. Son-
nesehmidt a yu près de Zimapan , Xascbi et Xacala ^ un véri-
table calcaire de transition, gris -noirâtre et fortement carburé,
reposer sur des porphyres entièrement semblables à ceux que
nous venons de décrire dans le plateau centrai de la Nouvelle-
fispagne. Quelques strates de ces porphyres de Zimapan, de
Xaschi et dlsmiquilpan renferment, comme les grûnstein por-
phyriques et les perlites de la Hongrie, et comme le porphyre su-
perposé au thonschiefiH' (de tmnsilion) de la fameuse montagne de
Potosi , des grenats disséminés dans la masse, ils sont traversés de
ftlons qui présentent cette magnifique variété d'opale jaune-orangé
que nous avolis fait connoltre, M. Sonneschmidt et moi, eousle
nom d^opale de feu (feueropal), et qui a été retrouvée par M» Beu-
dant parmi les trachytes de Telkébanja. J^ai vu enchâssés dans la
pâte porphyrique dé Zimapan, des globules rayonnes de perlite
gris-^bleuâtre, ressemblant par leur couleur à delà thermantide jas-
poïde (porzellan-jaspis). On n'a point encore éclairoi les fàp
ports de gisemeht entre ces porphyres , qu'on cfoifoit tMohyti-
ques , et ceux qui supportent les gntndes formation carl^Aifes.
Il est plus aisé de séparer les porphyres métalliftk^s deé trïi-
^hytes dans ncfa elàsaiacations ttîtifidelles qu'à la rtie toértie de»
çio4tag»c«.
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( ^79 )
y. Groupe de p&rphyres de Guanaxwiio» C'est ce groupe qui
détermine ]e plus clairement l'âge relatif ^ ou, pour m'exprîmec
avec plus de précision^ le maximum de l'ancienneté des por-
phjres mexicains j si toutefois ceux dont nous Tenons d'indiquer
les gisemens sont, d'une même formation ' que les porphyres de
Guanaxuato. La superposition de œs porphyres sur des roches
appartenant au terrain intermédiaire est manifeste. Près de la
ferme de la Noria et dans' la Caîiada de Queretaro^ un poiu
phjre vert d^olive schisteux ^ rempli de fe}d.*path vitreux en cristaux
microsGopiqi^es, est superposé à un thonschiefer de transition
qui renferme de la lydienne. Prés de Guanaxuato ^ et surtout
prés de Santa Rosa de la Sierra , cette superposition est égale*
ment certaine. Les pcnrphyres de ce district ont en général un
gisement concordant (une direction et une inclinaison parallè-
les) avec les strates du thonschiefer. Ils sont éminemment mé-
tallifères, et le fameux filon de Guanaxuato (Yeta madré ), fai-
sant le même angle avec le méridien que les filons de Zacatecas,
de Tasco et de Moran (N- 5o^ O.) a été exploité successivement
sur une longueur de i2>ooo toises et une largeur {puissance) de
20 à 25 toises. Il ;a fourni en sSo ans plus de 180 millions de
piastres , et il traverse à la fois le porphyre et le schiste de traiv
sition. La première de ces roches forme > à l'est de Guanaxuato,
des^ masses gigantesques qui se présentent de loin sous l'aspect le
plus étrange, comme des murs et des hastions. Ces crêtes, tail*^
lée» à pic et élevées de plus de 200 toises au-dessus des plaines
environnantes, portent le nom de buffas; elles sont dépourvues
de métaux, paroissent soulevées par des fluides élastiques, et
sont regardées par les mineurs mexicains , qui à Zacatecas les
voient aussi placées sur ^n thonschiefer de transition éminem-
ment métallifère, comme un indice naturel de la riobesse de
ces conti:ée6. Lorsqu'on embrasse sous un même point de vue
les porphyres de la BufTa de Guanaxuato, et ceux des mines
jadis célèbres de Belgrado. de San Bruno , de la Sierra de Santu
&osa et de ViUs^pando, on croit reconnaître dai^ leun stmlts
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( i8o )
les plus récens des passages à des roches qne Ton lest ^inénle*-
'ment convenu en Europe de placer parmi les trachjtes.
Dans les environs de Guanaxuato dominent les porphyres à
l^te de feldspath compacte > vert de gris et vert d'olive ^ • enehâs-
(sant du feldspath klnelleux (non vitreux)^ soit en cristaux
presque microscopiques (BufTa); soit en cristaux très -grands
(Mines de San Bruno et du Tesoro). L'amphihole décomposé ,
qui teint probablement en vert la masse entière de ces roches,
-ne se distingue que pa: des taches informes. £n s'élevant vers la
Sièira (Puerto de Santa Rosa, Puerto de Varientos), le porphjrc
est souvent divisé en boules à couches concentriques : sa pâte
devient vert -noirâtre, semi -vitreuse ( pechsteinporphjr ) , etren-
tferme à la fois un peu de mica cristallisé et des grains de quarz.
Près de Yillalpando les filons aurifères traversent un porphjre
•vert de prase, à base de phonolithe, dans lequel on ne recon-
noit que quelques petits cristaux effilés de fddspath vitreux. C'est
une roche qu'on a de la peine à distinguer du porphjrsehiefer
trachjtique : je Fai vu couverte et d'un porph^e terreux blanc-
jaunâtre (mine de Santa-Cruz) , et d'un conglomérat ancien (boca
'de la mina de Yillalpando )y qui représente évidemment le grès
rouge et dont les cpuches inférieures passent au grauwacke.
Les porphyres de la région équinoxiale du Mexique renferment ,
quoique bien rarement^ outre quelques grenats disséminés (Izmi-
quilpan et Xaschi), du mercure sulfuré (San Juan de la Chica;
Cerro del Fraile près de la Villa de San -Felipe; Gasave, à l'ex-
trémité septentrionale de la vallée de Mexico);^ de l'étain (El
Bobedal; et la Mesa de los Hemandez); de l'alunite (Real del
Monte, d'après M. Sonneschmidt). Cette dernière substance semble
rapprocher encore davantage ces roches por|)hjriques des véritables
trachjtes ; quoique , dans l'Amérique méridionale ( péninsule
d' Ara ja, Cerro del Distiladero et de Chupariparu), j^aie vue un
thonschiefer qui appartient plutôt au terrain primitif qu'au ter-
rain intermédiaire, traversé par des filons , je ne cHrai pas, d'alu-
uite (alaunstein), mai» d'alun natif dont lei indiens vendait^
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ikVL fisarcHé de Gumèiua, des morceaux de plus d'un pouce de
grosseur; Le cinabre des porphyres de San -Juan de la Chicay
les couches ' argileuses du Durasno^ mêlées à la fois ^ de houille
et de cinabre^ et placées sur un porphjre très-amphiboliquey
sont "des phénomènes bien dignes d'attention. 'Ceux des géognostes
qui hiettent (comme moi) plus d'importance au gisement qu'à
la colnposition orjctognostique des roches, rapprocheront sans*
doute les porphjres et ai^iles du Durasno des d^p^ts de mercure
que présente dans les deux mondes la fcwmation de grés rouge'
et de porphjre (duché de Deux -ponts, et Cuença entre Quito
et Loxa). Les dernières couches du terrain de transition se trou-
vent partout dans une liaison intime avec les couches les plus
àncieiines du terrain secondaire.
Le célèbre filon ai^entifére de Bolanos a offert sa plus grande
richesse dans une amjgdaloïde intercalée au porphyre. En Hon-
grie , ètt Angleterre, en Ecosse et même en Allemagne, des roches
d'amjgdaloïde et de porphyres appartiennent à la fois aux grau-
ivackes, aux thonschiefer et calcaires de transition et au grés
rouge ou grès houiller. Le porphyre métallifère de Guanaxualo
recouvre simplement le thonschiefer : il n'y forme pas en même
temps des couches interôalées (coinme dans le groupe S* 2^};
mais une ^yénite analogue à celle que l'on voit dans la mine de r
^ Yalenciana, au milieu du thonschiefer intermédiaire, alterne des '
milliers de fois , sur uiie surface de plus de vingt lieues carréesy
avec dix grunstein de transition , entre la mine de PEsperanza et
le village de Comangillas. Dans cette région, la roche «yénitlqu^
est dépioliirvue de métaux ; mais à Gomanja elle est aigentifère^,,
comnrê elle l'est aussi en Saxe et en Hongrie.
b. Dans r hémisphère austral. Entré les S"" et S"" de latitude fài,
vu des roches porphy ri tiques , intimement liées entre elles, oou^
vrir les pentes orientales et occidentales des Andes du Pérou. Ces
rodies reposent, soit sur un thonschiefeip (de transition?) tra-
versé par des filons argentifères. (Mander, El Pareton), spit,
quand le thonschiefer manque^ sitr du granité. Les unes sont
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( »8> )
eu divisées en colonnes gigantesques (Paramo de Ghirittcanas),
ou très -régulièrement stratifiées (Sondorillo). Leur base noire
est presque basaltique; elles renferment plus de pjroxène que
de feldspath, et alternent (Quebrada de Taoorpo) avec des couches
de jaspe et de feldspath compacte. Ce dernier^ dépourvu de
cristaux disséminés , -est noir comme de Ja pierre Ijdienne , et
rappelle, par sa couleur et son homogénéité, c<^rtains basanites
des monumens anciens. D'autres porphyres ( N/'* S.'* del Car-
men,, au nord du village indien de San Felipe) ont une appa-
rence moins trachjtique ; ils offrent de riches filons argentifères,
et sont recouverts tantôt de couches de quarz de trois ou quatre
toises de large , tantôt d'un calcaire ( alpin ? ) compacte bleu-^oi-
ràtre , traversé par de petits fiions de spath culcaire et rempli de
coquilles pétrifiées ( hjstérolithes , anomies, cardium, et fragmens
de grandes coquilles poljthalames, qui sont plutôt des nautilite$
que des ammonites). £n descendant (toujours sur la pente orien-
tale des Andes) vers Tomependa, aux bords de la rivière des
Amazones, j*ai vu, entre Sonanga et Schamaja, le grès ancien
( todtes liegende ) supeirposé 9, un porphyre terreux grisâtre , ren-
fermant ( comme celui de Pucara ) beaucoup d'amphjbole et
un peu de feldspath commun. Sur la pente occidentale des Andes,
en approchant des côtes de la mer du Sud, on trouve (entre
Namas et Magdalena) des porphyres entièrement dépourvus
d'amphi))ole , et supportant cette grande formation de quan
qui remplace d^ns cette région le grès rouge» J'ai indiqué plus
haut (S* 18) que ce porphyre, loin d'être primitif, m'a paru
le plqs ancien dtô porphyres de transition. Ce résultat n'a pu
être énoncé qu'avec doute; car, entre Ayavaca, Zaalaçii, Ya-
mocft (S* 8) èi Namas (province d^ Jaen de Bracamoros et in-^
tendance de T^uxillo ) , il est bien difficile de déterminer avec
certitude l'âge des granités, des syénites et desi thonschiefer sur
lesquels retK>^nt les porphyres intermédiaires et les trac^ytes
poarphjriques. Loi^que les rapports de superposition ne sont
pas entièrement connus , l'on ne doit prononcer qu'uvec réserve
mf m tçirain d'we cQDstîtution géognostiquç h compliquée.
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( »85 )
B. Groupe de la Hongrie,
C'est I0 terrain de syénite et de griinsteia porphjriqne qui
renferme la principale richesse minérale de la Hongrie et de la
Transylvanie ( Schemnitz p Kremnilz , Hocbwiesen et Kx£nîgsbei]gf ;
le Bannaty Kapnack et Nagjag). Nous faisons connoitre ce ter-
sain d'après les belles observations ^ encore inédites , de M. Beu-
dant. La formation de Hongrie est beaucoup moins simple que
celle du Mexique y avec laquelle on lui trouve d'ailleurs de grandes
analogies. Les roches qui constituent sa masse prineipale, sont des
roches porphjriques à base de feldspath compacte, colorée en
vert : elles renferment , comme l|is porphyres de rAmériquo
éqiiinoxiale que j'ai fait cOnnoitre plus haut, de l'ampliibole^
tt.sont presque dépourvues de quarz. Cette dernière substance
ne se montre que dans les couches subordonnées de sjénite,
de granité, de gneis et de grunstein compacte, auxquelles passo
la roche porphjrîque. Dans la Nouvelle-* Espagne, lesporphjre^
à filons aurifères et argeatifères ont une pâte en apparence ho«
mogène, Je plus sonvafit foiblement colorée ^ en Hongrie» ce
ne sont pas lies vxais porpbj^'es qui dominent, mab les grunstein
pÉ»rph;yriqHes> D'apr^ ib simples considérations oijctognostiques^
ç'est^à^re de composition , le terrain aurifère de Hongrie res«
semble bien plus a la formation mexicaine d'Ovexeras , dans
laquelle alternent des i^«nites et des grunstein plus ou mojns
pprpb^fiqiM» qu'à ce» grandes masses de porphyres que traver*
sent, ^es imlcfares filbn^ de Paohuca , Real del Mont^ , Moran
et. Guanaxuato (au sud«*^st de la mine de Belgrade )| mais^
eonsidéri^ géogiM^tiqueçaeQt, toutes ces roches de porphjrro
et de sycniie^ isA^^ ^ M<9xlque «t de la Hongrie, ne constj-
luent qu'une seule fprm^^Pj tantôt simple | tantât çoroposép
• (avec aU^tiance).
Les r»dbf« po^hjÂqUfM» et igrtiniM^iue^ 4e Ifpngriej les i^ut
«pmfiietcis ^amfm U^ idl^ mHm^» rci^en^iiienjt du carbonate
d^ .«haia> et fmt pffyirm»^m^ %Ymi }^ a^4es» Ce caractère
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( »84 )
se retrouTe dans les roches d'un gisement analogue du Mexique,
mais non dans les trachjtes qui leur sont superposés. Le feld-
spath vitreux est beaucoup plus rare dans les porphyres à base
de grûnstein de la Hongrie que dans les porphyres mexicains :
il ne se rencontre ( Hpchwiesen , Bleihûtte ) que dans les strates
supérieurs et terreux^ surtout là où commence le terrain tra-
chjtique. Le fer oxidulé abonde lorsque l'amphibole se montre
«en cristaux très -distincts; le grenat ( que nous avons, déjà in^
diqué plus haut dans les porphyres mexicains de Zimapan et
dans ceux de Potosi , sut le revers oriental des Andes du Pérou)
pénétre jusqu'au niilieu des prismes d'amphibole. Quoique dans
la grande formation de syéiiites et de grûnstein porphjriques
de la Hongrie les diverses variétés de roches passent fréquem-
ment les unes aux autres , on remarque pourtant en général
le tjpe suivant d'association et de superposition : la partie in-
férieure de tout le système est formée par des syénites à gros
et à petits grains, passant à un granité talqueux (Hodritz) et
au gneis; la partie moyenne est composée tantôt de grûnstein
compacte , à pâte noire presque dépourvue de cristaux dissémi-
nés ^ tantôt de roches porphyriques^ à base de feldspath pur, .
ou à base mélangée de feldspath et d'amphibole, enchâssant
des cristaux dé feldspath commun (lamèlleux), de l'amphibole,
un petr de mica est des grenats, très- rarement, de quarz; la
partie Supérieure offre des grûnstein porphynques terreux et par-
ticulièrement aurifères. C'est seulement cette dernière assise qui
renferme quelquefois du feldspath vitreux, de la laumonite, du
mica et (comme dans rAmérique éqninoxiale) des filons de
jaspe rouge. Dans les grûnstein terreux qui sont d'une structure
plus simple , parce qu'ils n'alternent pas avec des syénites, des gra-
nités ou gneis de transition , on trouve (vallée de Glashûtte) des
niasses compactes basaltiformes (divbées en prismes) et un grûn-
stein porphyrique noir à base de feldspath amphiboleux. Ce grûn-
stein enchâsse dés aiguilles très-petites d^«mphibole> des lamellefl
nombreuses de mica noir^'et des ckuses de quan blanc et rouge.
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( i85 )
Les couches subordonnées à la grande formation de sjénité et
griînstein porphjrrique de Hongrie sont : des. micaschistes (rallee,
d'Eisenbach ) ; du quarz compacte^ tantôt feuilleté et micacé^
tantdt grenu , passant partiellement à un silex terne à cassure uni^
(bassin occidental de Schemnitz); du calcaire stéatiteux^ jaune
de soufre ; verdâtre ou rougeâtre^ avec grenats disséminés dans
la masse ^ et accompagné de serpentine (Hodritz). Tout ce sys-
tème de roches sj^nitiques et porphjnques est très - distincte-
ment stratifié en Hongrie comme au Mexique; mais^ dans le;
premier de 'ces deux pajs^ la direction et Tinclinaison des strates
ne sont tiniformes que dans un même groupe de montagnes; La
nature du terrain sur lequel reposent les sjénites et gi;tinstein
porpli^ques de la Hongrie, n'est pas facile à déterminer avec:
certitude. M. Beudant les crdit d'une formation plus récente que
kSgpnwackes, qui ne se sont pas développés en Hongrie là où.
dominent les griinstein porphjriques. Des schistes talqueux, al-
ternant avec des calcaires cristallins grisâtres, et appartenant pro-^
bablement au terrain de transition les plus anciens, ont paru
à ce savant gédgnoste, de même qu'à M, Becker, servir de base
à la formation sjénitique et porphyrique. Ce seroit une analogie
de plus qu'offriroit cette formation aVec le terrain homonyme du
Mexique.- £n Hongrie, comme dans le nouveau continent, les
porphyres , les sjénites et les griinstein sont immédiatement
recouverts de trachy tes et de conglomérats trachy tiques avec ob*.
sidiennes el perlites. £n Auvergne (Mont -d'or, Cantal); daçs
les îles -de la Grèce (Argentiera, Milo, Santorino), visitées par
un exodleiU observateur, M. Hawkins; à Unalaska, exploré
récemment par M. de Chamisso et par l'expédition du capitaine
Kotzebue, ces mêmes rapports de gisement s'observent entre les
trachy tés et les porphyres- de transition. A la montagne du Kas-
beck, dans la chaîne Caucasique, un porphyre intermédiair<Qj,
qui alt^nie avec de lasyénite, du granité, du gneis et du thon-
scliiefeTr de transition, renferme aussi du feldspath vitreux : il
offre même d4n$ quidques strates toutes les apparences d'un
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( i86 )
ffkehjte poreux. C'est ainsi que sur les points les plus ^oig^és
du globe 5 en Amérique ^ en Earope et en Asie, nous vojons oscil-
ler les porphjres entre des roches de transition et des roches yol-
^iniques trës - anciennes.
C. Groupe de la Saxe.
Nous ne parlons point ici du porphjre qui forme avec le
grunstein et le calcaire gris -noirâtre des couches subordonnées
(Friedrichswalde, Seidwitzgrund ) dans le schiste de transition
(S. as ), mais de la grande formation de sjénite et porphyre
que Wemer désignoit par le nom àe formation principale ( Haupt"
mederlage). Ce savant illustre distinguoit quatse terrains de
porphjres : le premier formant des couches ( ou plut6t des
filons? ) dans le gneis et le micaschiste primitifs; le second
alternant avec la sjénite; le troisième appartenant au grès
houiller, et renfermant des grunstein^ des rétinites et des amjg-
daloïdes agathiféres; le quatrième intercalé à des roches trap-^
, péennes (volcaniques). Ces quatre terrains , dont le premier ne
constitue yraisembUblement pas une formation indépendanie ,
sont, comme je l'ai exposé ailleurs ( Voyage aux régions équi-
noxiales , 7*. Ij pag. iÔ5), les porphjres intercalés aux roches
primitives, les porphjres de transition, les porphjres secon-
daires et les trachjtes (trapporphjre). La formation principak
de porphjre et de sjénite de Saxe repose sur des schistes de
transition ( avec grauwacke) , et par conséquent , là où les thcHi-
schiefer ne se sont pas développés , sur des roches plus anciennes.
La sjénite qui alterne avec le porphjre (Meissen, Leuben et
Prasitz; Suhl) passe au granité et au gneis. Ce granité de tran-
sition est généralement à gros grains, composé de feld^patii
vougeâtre , de quarz gris de fumée , et de mica noir bien cris-
tallisé (Dohna, Posewîtz et Wesenstein ). Le gnds de transition
('Mdssen) est plus rare que le granité, et forme des couches
dans la syéoite, comme en ferment aussi le oaleaire grenu et
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( »87 )
blanc (Naundorf) «t ua griinstein qui passe an basalte («Wehiiitz)^
La présence de la farmatîon de sjénite qui renferme > dans la
vallée de jPIauen ( comme en .Norwége ) , quelques cristaux dis-
séminés de zircon , ne se manifeste souvent que par des bancs
de granité; car la substitution^ fréquente et locale ^ du mica
à l'amphibole et de l'amphibole au mica^ caractérise la forma-*
tion sjéniti^ue^ abondante en sphènebrun (braunmenakanerz);
qui est un silicate de titane et de chaux. Le porphyre non stra-
tifié de Saxe a généralement une base rouge, grisâtre et argi-
leuse (thonporphjr> résultat d^une décomposition du feldspath
compacte); d'après M. Boué> quelquefois (vallée de Tharandt)
cette base prend l'aspect du klingstein. Ce porphjre ne ren-
ferme presque pas d'amphibole , et n'est point dépourvu de
qnarz^ comme ceux du Mexique et de la Hongrie. On j trouve '
du feldspath commun, du quarz cristallisé en doubles pyra-
mides hexaèdres^ et quelquefois un peu de mica. Le groupe
de porphyres et sjénîtes de Saxe est na peu métallifère; la
syénite stratifiée à bancs épais de Scharfenberg offre des filons
d'aigent, et le porphyre d'AUenberg contient quelquefois de
l'étain.
C'est dans la vallée de Plauen^ prés de Dresde, que se trouve
la roche à laquelle Wcrner a donné, le premier, le nom de
syénitey croyant par erreur que les obélisques épyptiens con-
servés à Rome contenoient tous de l'amphibole. M. Wad {Foss.
CBgypi, Musei Borgiani, 1 794 ? pag. 6 f / 4S 5 Zoega , de Obe-
lùcis , pag, 648) a prouvé que ces obélisques, dont le plus beau,
minéralogiquement parlant , est celui de Piazza Navona , sont
un véritable granité avec mica noir aggloméré, sans amphi-
bole. £n effet, il n'existe point à Syéne de formation indépen-
dante de ayénite et de porphyre intermédiaires ; mais le granité
primitif, peut-être d'une formation pas très -ancienne, y ren-
ferme de l'amphibole ( comme à POrérioque ; au Spitzbeiç près
Krummhûbel en Silésie ; près Wiborg en Finlande ) dissiminé
dafus des couches sid)ordoimée$^ non étendues et d'un prolon-
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( >88,)
l^ement peu régalier. Pour le géognoste cU^ificateut la roche de
Sjéne est un granité qui contient de l'amphibole y ce n'est point
de la syénite. Quelques fragmens de cette roche y que l'on troure
isolés parmi les mouumens égyptiens^ ont trompé Wemer par
Tanalogie oryctognostique qu'ils présentent .avec la sjénite de-
là vallée de Plauen.
Des formations de porphyre et de sjénite entièrement sem-
blables à celles de Saxe^ et placées sur le schiste de ti:ansitioa
et le grauwacke^ sont communes au Thûringerwald : d'après
M. Boue 9 en Moravie (entre Blansko^ Brûnn et 2^aim) ; d'après
M. Roaûère ^ dans la péninsule du Mont Sinaï. Ces dernières,
méritent une attention particulière. Des roches intermédiaires
schisteuses et arénacées couvrent une partie de rArabie pétrée.
Au milieu de ces roches , qui renferment des conglomérats avec
fragmens de granité et de porphyre {brèche uniçerselh d'Êgyj/ftpy
dans le langage des antiquaires ) ^ sortent des sjénites, et des
porphyres à base de feldspath compacte silicifère, enchâssant des
cristaux de feldspath lamelleux, un peu d'amphibole et, d'après
M. Burckhardty du quarz. Jjcê porphyres sont généralement in-
férieurs à la syénite, et cette dernière, dont se composent pro-
bablement les tables de la loi que l'on croit enterrées à Djçhel
Moussa, est accompagnée de griinstein compacte noirâtre (golfe
d'Akaba ) et de gronstein porphyrique. Tout ce terrain de l'Ara-
bie pétrée, dont j'ai pu examiner de nombreux échanlilloi^s ,
ressemble de la' manière la plus frappante au terrain pcMphy-
rique et syénitique d'Ovexeras et de Guanaxuato au Mexique.
£n substituant avec M. Rozière le mot sinaite à celui de ffyénite,
on auroit donné à la roche de ti^ansition qui est composée
d'amphibole et de feldspath, et mêlée [quelquefois d'un peu
de quarz et de mica, un nom géograp^ue plus çxact, un nom
qui ( comme celui de calcaire du Jura ) auroit rappelé non-
seulement des rapports de compositip;!^ mais aussi des rapports
de gisement.
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( >89 >
D. Groupe de la Nonvége.
^\ S- 24. C'est le terrain décrit par deux géognostes célébrer ^
le professeur Hàussmahn et M. Lëopold de Buch; c'est celui
tlans lequel la formation de granité postérieure à des roches cal-»
eaîres^ remplies de débris de corps organisés ^ s'est le mieux
développée ^ et qui par conséquent a répandu le plus de jour
sur la rentable nature des roches de transition. On n'aroit d'a-
bord regardé cette classe de roches que comme une association
de grauwacke^ de schistes carbures et de calcaires noirs : peu
i peu l'on reconnut que la grande masse de porphyres appelés
long-temps porphjres primitifs appartenoit y soit au terrain do
transition^ sôit même au grès rouge. On réunissoit aux por-
phyres intermédiaires les ^énites de Meissen; mais^ quoique
ces dernières perdent l'amphibole et passent insensiblement au
igranite de transition (Dohna ) ^ la généralité de ce phénomène,
Tàpparition -nouvelle de roches granitôïdes ^ entièrement ana-
logues aux roches primitives j et recouvrant à la fois des por-
phjrds noirs avec pjroxène et des calcaires à orthocératites , ne
commença à bien fixer l'attention des géognostes que lorsque
les rivés du golfe dé Christiania furent décrites dans tous leurs
tnerveillëUx rapports de superposition.
Lesf zircoûs, qui ont donné tant de célébrité à la sjénite de
Holmstrand et de Stromsoë ^ se retrouvent abondamment dan&
les sjéniies du Groenland méridional (d'après M. Giesecke, près
du cap Comfort ^ à Kittiksut et à Holsteensberg ) : ils sont aussi
'disséminés en très-pétitës masses dans les syénites de Mei«sen
«t de la vallée de Plaùén. Cette substance ^ dans d'autres loca«.
lités; appartient plutôt aux roches primitives (par. exemple,
au' gneis); car, quoique le zircon, le fer titane, le sphène ,
IVpidoté^ Je feldspath vitreux, le chiastolithe , la pierre Ij-
cfcîeniie, la' diallàge, l'amphibole et le pjroxèae accompagnent
de préfêreùce certaines formations, il ne faut point considéner
Cts assdciirtionf'coihme des càrjictéres d'âne valeur absolue. L'ac**
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( «9^ )
camulation des zircons dans les sjénites de Ghristianîaflord tst ,
sous le rapport des questions géogonîques, beaucoup moins
remarquable que la multiplicité de racuoles^ la structure caver-
neuse et gercée de ces mêmes sjénites de transition^ qui sont
liées à des pçrpbjres basaltiques et pyroxéniques. Pepuis que^
par les analogies fréquentes que l'on a observées entre le ter-
rain de porphjre et de syénite de Christiania et les terrains de
transition du Caucase, de la Hongrie, de TAllemagne, de la
France occidentale, du Groenland et du Mexique, lesgéognostes
ne sont plus étonnés de la succession de roches feldspathiques
et cristallisées aux grauwackes et aux calcaires pétris d'enttoques
et d'orthocératites, Tapparition de ces mêmes roches cristallines
dans le plus ancien membre de la série des roches secondaires
commence à fixer leur attention. On a reconnu que, dans les
deux mondes, des massés cristallines, composées de feldspath
et d'amphibole, ou de feldspath et 4^ pjroxène, oscillent entre
le terrain volcanique, le terrain intermédiaire et le grès rouge.
Ces oscillations y ces intercalatipns de roches problématiques,
que Ton est tenté de regarder comme les effets d'une pénétra-
tion successive de bas en haut, prouvent la liaison intime qui
existe entre les couches les plus récentes du terrain de transitiqjQ,
et les plus anciennes couches des terrains secondaires et volca-
nique. Dans la partie méridionale du Tjrol des masses de gra-
nité et de porphjre sjénitique semblent même dâ>order du grés
rouge dans le calcaire alpin; et ces phénomènes curieux d'is/-
iemancey liés a tant d'autres' plus anciennement connus, sem-
blent condamner à la fois et la séparation du grès houjUer des
porphjres du terrain intermédiaire, et la dénomination Mstori*
que et trop exclusive de terrains pjrogènes.
La grande formation des porphjres, des sjéni^s et d^ gra«-
nites de la Norw^e, repose sur un ierrain de schiste de tran«^
sition qui renferme d^ couches alternant^ de calcaire noir ^
de pierre Ijdienne et peut-être niême ( car le gisement dans «e
point est mpiuft évident) d« gs^^Ue» l^ «ftkyûre s^it (Aggjc^y
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( «9» )
sely^ Saasen) est pétri d^orthocératites de plusieurs pieds àù
longfueur^ d'entroques^ de madrépores ^de pectinites et (quo^
que très-rarement) d'ammonites. Des filons de porphyre et de
grunstein porpbjriques de 2 à i5 toises d'épaisseur trayersent
le thonschiefer et le calcaire (Skiallebjerg) et préludent pour
ainsi dire aux masses analogues de porphjres qui reposent^ non
immédiatement sur le thonschiefer^ mais sur une roche arénar
cée (grauwacke ) dont le thonschiefer est recouvert. Entre Strom-
soë^ Maridal et Krogskoyn , le grauwacke y au lieu de se trourer
en couches dans le thonschiefer auquel il appartient ($, 22) ,
en forme comme une assise supérieure , de sorte que Ton j
voit suivre de bas en haut : gneis primitif 5 thonschiefer de
tansition^ alternant avec du calcaire à orthocératites ^ gr^u*
wacke ; porphjre avec des couches subordonnées de grunstein |
granité ; sjénite à zircons^ alternant avec quelques couches de
porphjrres. Prés de Skeen et de Homlstrând le calcaire à ortho-
cératites a pris un tel développement^ que le thonschiefer j
manque entièrement; le grauwacke y est remplacé par xme
roclie de quarz micacé. On j voit de bas en haut : du gneis
primitif; du calcaire de transition; la roche de quarz; le por<«
phjre dont l'assise inférieute est du mandelstein; la sjénite à
zircons. X^es porpfyres de Ghristianiafiord , mélangés par iafil«
tration de carbonate de chaux ^ sokit généralement brun-rou-
geâtre : ils offrent des cristaux quelquefois très-ef&lés de feld*
spath lamdleuxj, et sont presque dépourvus de quarz et d'am-
phibole. Le quarz cristallisé ne se montre qti'entre AugerskJif
et Revo. La pâte du porphjre devient parfois noire et boursou-
flée (Viigy Holmstrand. Dans cet ntat la roche ressemble à du
basalte^ comme la sjénite de la péninsule du tnont Siiutï, et
renferme des crislawL de pjrroxéiie. M. de Buch, auquel fem*
pmnfte «tous ces faits iitiportans^ observe que les cristaux de
Mdqpath disparoisèeikt à memfe que la masse preod une teinte
plusAÔire; phénométie quem'ôHtoifertatissi ptiisiéuriporpbjris
de jCnniition du Mttûçof. Le nàtidebtttii» d^t ka c«vilé»
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( »9« ) '
alongéed âont remplies de carbonate de chailx ^ et qui fofme Vai*
sise inférieure des pprphjres norwégîens .de Skeen et de Kla-
VehesS; rappelle le mandelsteîn du porphyre de Bolaiios (pro*^
vince me^dcaine de la Nouvelle-Galice), qui est traversé par un
dès plus riches filons argentifères. Les syénites de Christiania-
fiord, toujours placés au-dessus des porphjres , quoique alter*
nant d'abord avec eux , sont composés ( Waringskullen , Hacke-
dalen ) de beaucoup de grands cristaux de feldspath rouge, ^et
' de peu d'amphibole en très-petits cristaux : le mica et le quarz
n'jr sont qu'accidentels. Quelques vacuoles anguleuses de la sjé»
" ni te offrent des cristaux de zircons et d'épidote. Le titane fer-
rifère, commun dans les deux mondes aux roches d'euphotide
primitive et aux trachjtès, se trouve parfois disséminés dans
la masse des syénites à zircons.
VI. Edphotide de TRAKsmoir.
* S- 25. n faut distinguer, comîne parmi les sjénites, entre
les l>ancs intercalés et les formations indépendantes. Des coaches
de serpentine se trouvent intercalées dans le weissteîn (S' 4)>
dans le micaschiste primitif ($. ii )et dans le thonschiefer dé
transition (S- 22). Quant aux terrains indépendans d'euphotide
(gabbro ) , qui souvent sont d'une structure très-compliquée,
ôh peut en compter pour le moins deux, même en rejetant
la formation non recouverte et assez douteuse de Zoblitz en,
Saxe. La première de ces formations indépendantes se trouve
($• 19) sur la limite des terrains primitifs et intermédiaires :•
6'est celle que M. de Buch à fait oonnoitre en Nprwége ( Alag-
geroe, Alten), et M. Beudant en Hongrie (Dobsçhau). La
seconde formation appartient aux terrains de transition les plus
noiuveaux; elle se trouve sur la limite des roches. intermédiaires,
et secondaires. On a regardé pomme plus récente encore lasser- r
pëntine liée à la formation ^ophUe, observée par M. l^kssop.
dàïis lés Pyrénées (vallée de Baigony, Riemont) et dams le
iépartemeat des Landes» Mais oet ophyte est un grunstoin^
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( »95 )
mélange intime de feld^th^ d'épidote et d'ampbibole ^ att*
quel sont intercalés des bancs de serpentine (Pousac) ; il passe >
par le changement dans la proportion des éiémens^ tantôt à
la sjénite y tantôt au granité graphique. M. Boue , qui a récem^
ment examiné cet ophjte sur les lieux ^ le croit une formation
de transition ^ recouverte de grès bigarré ^ d'argile et de gfpse
secondaire. • *
Dans ^Amérique équinosiale ^ la grande formation d'enpho*
tide de transition ( celle qui conatitue le dernier membre de la
série des roches intermédiaires) semble presque constamment
liée (comme dans le Piémont, entre le Mont Cervin et le Breuil )^
à des •■ rochts amphiboliques. Sur le bord septentrional des
Llanos de Yentôuela^ recouyertes de grès rouges^ entre Villa
de Cura et Malpassô y on voit des masses considérables dé ser*
pentine reposer- sur un thonscbiefer vert et sur un calcaire de
transition ^ quelquefois immédiatement sur le gneis primitif. Un
griinstein à petits grains forme des- couches à la fois dans le
thonschiefer et dans ^ la serpentine* Gelle-di est même quelque-^
fois mêlée de feldspath et d'amphibole. Les schistes verts et
bleus ) le griinstein^ le Calcaire noir, et la serpentine traversée
par des liions dé cuivre, ne forment qu'un seul terrain, qui est
recouvert et intimement lié à des amjgdaloïdeB pjroxéniques et
à de la phonoifthe. J'ai décrit ce gisement remarquable des
roches serpentineuses de Venezuela dans le 16.* chapitre de
mon Voyage aux régions épdnoxiales de r Amérique,
Dans l'ile de Cuba, la 'baie de la Havane sépare le calcaire
du Jura d'une formation d'enphotide dont les couches les plus
basses alternent, non avec du griinstein, mais avec une véri-
table sjénite de transition composée de beaucoup de feldspath
blanc , d'amphibole décomposé et d'un peu de quarz. Les strates
altemans de la sjénite et de la serpentine ont jusqu'à trois toises
d'épaisseur; l'assise supérieure de cette formation mixte est de
la serpentine , formant des collines de trente à quarante toises
de hauteur ; abondant en diallage métalloïde^ et traversée de
i3
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( »94 ) .
£lûns remplis de belles calcédoines^ d'améthjstes et de ininérai9
de caivre. Cette roche est confusément stratifiée ( par groupes ,
N. 55° E.; incl. de 60* au S. O. ou N. 90 £.; incL de 5o" au
N. ) : il en sort des sources de pétrole et d'eau chargée d'hj-
drogéne sulfuré.
A ce même terrain d'euphotide de transition (S* ^5 ) sem-
blent appartenir et la formation d'Ecosse (Girvan et Bellan-
traë) composée y d'après M. Boue ^ de serpentine» des roches
hjpersihéniques et de sjénite , et la célèbre formation du Flo-
rentin ( Prato, Monteferratp ) ; décrite par MM. Viriani, Bardi,
Brocchiet Brongniart. L'hjpersthène remplace souTent( Ecosse y
et Gemerode en Allemagne) la diallage* Quant attx eupho-
tides du Floréntiin , elles ont été récemment l'obiet de discus-
sions intéressantes. Elles renferment des lits de |aspe rougeâtre^
quelquefois rubaaé, et paroissen t «uperposées , d*après M, Broc*
chi^ comme celles de Styrie^ à des gi'auwack^ et à des cal*
caires de transition. M. Brongniart pense que le terrain are-
nacé^ ou^ comme il le homme 9 le terrain calcaréo-peammitique
des Apennins , qui sert de base aux euphotides }aspifères ^ est ou
une roche secondaire tré»-mince ^ ou une roche de transition très-
moderne. Ce sayai^ a fctit connoître la liaison intime qui existe
entre la serpentine dltalie et le terrain jaspique. Ce dernier ter-
mîn constitue généralement l'assise inférieure des eùpbotides.
Ici se termine la série des formations intermédiaires. Nous
avons donné plus d'étendue à leur description ^ parce qtie^
tout en essayant de les présenter diaprés ime nouvelle classi-
fication par groupea^ nous avons voulu fixer l'attention des géo^
gnostes sur divers {diénomènes de gisement qu'offrent les mon*
tagnes peu confines du Mexique et de l'Amérique du Sud.
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(•«95 )
Terrains secondaires.
I. Grand dépôt de houille^ grès rouge
et porphyre . secondaire, ( Aiuygda*
loïde, griinstein, rétioite.)
II. Zechstein (calcaire alpin, magne-
sian limestone), quelquefois inter-
calé au grès rougè. ( Gypse hydraté,
sel gemme.)
III. Dépôts aliernanSj arénacés et cal-
irairej (marneux et oolitliiqaes), placés
efUre te zechstein et la craie. Nous ne
citerons ici que deux types très-ana-
logues dans leurs rapports géognosti-
ques, et en commençant chaque série
par les roches les plus anciennes.
i.** Tyiȕ.
Grès bigarré (à oolithes)9et argile avec
gypse fibreux et traces de sel gemme.
JHuscheikalk (calcaire de Gœttingue).
Quadersandstein.
Calcaire du Jura en plnsieurs assises:
Ciilcûre spongieux et caTerneux; cal-
caire marneux avec ossemens d'ich-
thyosaures*(lia8); oolithes; calcaires
à madrépores et à polypiers (coral
rag); calcaires k poissons et crabes
fossiles..
jirjgile apec lignites.
Grès et sables verts (craie çhloritée
ou plinerkalk).
2.* Type.
Red mari y terrain marneux avec gypse
et sel gemme.
Terrain d'ooliihes, dont Tassise infé-
rieure est le lias.
Sables verts (green sand), qui repré-
sentent la craie chloritée.
IT. Craie blanche et grise ^ ou craie-
taffeau.
Terrains exclusivement
volcaniques.
I. Formations Irachy tiques,
Trachytes granitoïdes et syé-
nitiques,
Trachjrtes porphyritjues (feld-
spathiques etpyroxéniques).
Phonolithes des irachytes,
Trachjrtes semi-vitreuxi
Perlites apec obsidienne.
Meulières traekjrtiques eelW^
le uses ^ arec nida siliceux.
(Conglomérats trachjrti^ues et
ponceuxj atec alunites, sou-
fre , opale et bois opalisé.)
II. Formations basait it^ues.
Basaltes avec olivine, pyro^
xène et un peu d'amphibole.
Phonolithes des basaltes.
Dolérites*
Mandelstein cellnleux.
. Argile avec grenatf-pjrropes.
Cette dernière Ibnnatioii
seml^le liée à l'argile creç
Ugnites du terrain ter-
tiaire sur lequel se sont
aouTent réj>andue8 dés
coulées àe bHselre.
(Conglomérats et scories, ba»
salti^ues.)
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( '96
Terrains tertiaires.
Î)ép6ts supérieurs à la craie. Leur ordre
de succession diffère selon l'aller*
nance des formations partielles qui se
trouvent plus ou moins développées.
Nous présentons le tjpe le plus com-
pliqué et le mieux cdnnu :
Argiles plastiques açee lignites, succiil
et grès quarzeux. (Une formation à
peu près parallèle, peut-être plus
neuve encore, est la formation de mo-
lasse et oagelfiulie d'Argovie avec
lignâtes et ossemens fossiles).
Calcaire (grossier) de Paris. Les cou-
cbes supérieures et inférieures sont
du grès.
Marnes et gj^psc à ossemens. Les as-
sises inférieures sont du calcaire si-
liceuT<
Grès et sables de Fontainfhleau»
terrain lacustre y ou d'eau douce, supé-
rieur. (Meulières siliceuses. Calcaire
d'OEningen, peut-être lié à la molasse.
Travertin.)
Dépôts d'alluvion. .
)
Suite desTERKAivs ëxclu-
VIVEMENT VOLCANIQUES.
III. Laces sorties d'un cratère
volcanique. (Laves anciennes
à larges nappes, généralement
abondantes en feldspatli. Laves
modernes k courans distincts
\ et de peu de largeur^ Obsi-
diennes et poAces des obsi-
diennes.)
lY. Tttjffs des volcans avec co-
quilles*
[Dépôts de calcaire compacte,
de marne, de gypse et iL^oo-
litbes superposés aux tuffs
volcaniques les plus mo-
dernes. Ces petites forma-
tions locales appartiennent
peut-être aux terrains ter-
tiaires. Plateau de Riobam-
ba; Isles Fortaventnra et
Laocerote. }
J^ai exposé plus haut les raisons pour lesquelles je • fais suc-
céder à la fois y comme par bîsection, les terrains secondaires
et volcaniques aux terrains de transition. Ces derniers se lient ^
par leurs grauwackes et leurs porphjres^ comme par une grande
accumulation de carbone, an grés rouge , aux porphyres 6eoon-
dairès et aux dépôts de houilles ; ils se lient par leurs por-
phjres et sjénites auX' trachjtes. Ces liaisons sont si intimes
qu'on a souvent de la peine à séparer les porphjres^ les amjg-
daloïdes huileuses et les roches pjrqxéniques appartenant au
terrain de transition ^ soit des grès rouges ayec hancs intercalés
de porphjre «t de grunstein, soit des formations exclusivement
volcaniques. Je me sers de Texpression terrain excluswemmt
volcanique, pour rappeler que hors de ce terrain il peu^j avair
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( »97 )
^es roch«s d'origine ignée ^ mais que nulle part ailleurs on n'en
trouTe une suite moins interrompue et moin$ contestée.
Terrains secondaires*
Ces terrains se sont très-inégalement développés sur le globe ^
et. la cause d& cette inégalité de, développement est un de» pro-
blèmes les' plus intéressans de la géogonie ou géologie hisfori'
^«f^.n.e&t assez rare de- trouver ,toqs les membres de la séirie
des formations secondAirès et tertiaires réunis dans un mènhe
pajs (Tburinge, HanoiTe, Westphalie; Bavière; France septan*
trionale ;. centre et sud de l'Angleterre } : souV6nt de grandes
formations y par. exemple ^ ie grès rouge ou «le calcaire alpin,
manquent entièrement; d'autres Ibis le second est contenu dans
le premier comme une couche subordonnée; d'autre» fois encore
tous les termes de .la série géognostique entre le calcaire alpin
et Je Jura^ ou ceux qm sont postérieurs à la craie ^ se trouvent
supprimés. Dans la péninsule Scandinave, sur les côtes de la
Mer. de Behring, et (si l'oa excepte le grès des Kgnites que
.recouvrent Jes basaltes) même dans le* Groenland, cette sup-
pression s'étend sur tous ■ les terrains «econdaires et tertiaires.
On. a cru iong^temps que* ce phénomène bizarre étoit exclusive
ment propre à la zone la plus boréale y surtout à celle qui est
eontenue entre les %&^ et 70*^ deJatîtade; mai&> dans un inl«
naense. espace dé la Sierra Parimeyprès âe l'équateur, entre
le bassin de l'Amazone 'et celui dtf Bas -Orénoque (lat. 2^-»*-
8? y long. . 65*^-^70*) y j'ai aussi vu la formation primitive de
granite^gneis non recouverte de terrains' iiiiftermédiaires , secôn-
dakes. et tertiaires. Lorsque l'absence des formations postérieures
au développement des êtres organisés sur le 'globe n'est pas iO"
taie j ce sont plutôt les terrain^ calcaires qtie ceux de grès qui
se trouvent supprimés ; car. chaque formation non schisteuse a
«ies brèshes et des conglomérats à *fragmeris ou grains plus Ou
moins gros,, qui lui sont propres. Ces conglomérats sont de
p^its dépôts piartiels qu'il <ne feut pas confonidie avec les grandes
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( «98 )
formations indépendantes de grauwacke, dé grés rouge , de grès
bigarré et de quadersandstein.
I. HouiLLB 9 Gtiàs AOVGB ET PotPHTAB SEcoHDAns ( oçec amyg-
daloïde, grunstein et calcaire intercalés).
S. 36. Le grés houiller et le porphjr/e constituent une mémo
formation (rothes todtes liegende)^ yariable d'aspect ^ et d'une
structure souvent très-compliquée. Des mandelstein eelluleux^
du grunstein, des roches grenues feldspathiques et pjroxénî*
ques j des rétinites ( pechstein ) et ^quelques calcaires fétides ap*
partiennent à cette formation comme bancs intercalés. Les mi-*
néralogistes anglais nomment nouveau conghmirat range (new
red conglomerate d'Ëxeter et Têignmouth ) notre formation de
grés rouge et de porphjrre, pour la distinguer de leur grès rpugé
ancien (old'red sandstone de Mitchel Dean^ dans le Hereford-
sfaire, qui est une roche arénacée (grauwacke) de transition ,
placée entre deux calcaires de transition, ceux du Derbjshire
et de Longbope. Cette nomenclature, que le savant professeur
^d'Oxford, ]Vf. Buckland, a récemment éclaircie, a été la cause
de beaucoup de méprises géologiques. Il seroit, je croîs, très»
utile pour les progrés de la sci«ice des gisemens ^ que l'on aban-^
donnât peu à peu ces dénominations vagues de grés anciens ,
intermédiaires ei ncupeoi^^ de' gypses et de grès mfirieurs tt sapé*
rieurs, de calcaires de première, seconde et troisième formation.
Elles n'ont qu'une vérité relative dans tel ou tel lieu; elles
énumérent ce qui est numériquement variable , «don les alter-
nances et les suppressions des différens termes de la série.
Le terrain de transition n'offre pas seulement de l'anthracite;
il of&c.dé>a de la v^t^Ue houille. On en trouve de petits dé-
pôts en Angleterre dans f old red sandstone ( Bristol ) , dont les
ODUcl^es inférieures prissent d'un conglomérat fin et mameust a
un grauwacke très -compactiez et dans le mountain- limestone
( Gumberland), qui est analogue au calcaire de transition de.
Namur en Belgique et de Prague en Bohème» Mais le grande
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( »99 )
dëpdt tlehonille (coal measures) se trouve > comme nous l'avons
dit plus haut ^ sur la limite des roches intermédiaires et secoua
daines. A cause de cette position même, la houille est quelque^
fois ( Angleterre ; Hongrie ^ Autriche au sud du Danube^ Bel-
gique} mêlée de couches arénacees liées à de véiitaBles grau-*
wackes; d^antres fois (et c'est là le tjpe le plus généralemenf
reconnu sur le contin^it depuis les observations de Fuchs el
de Lehman y fitites vers Tau ij^o) elle appartient à k grande
formation; de porphyre et de grès rouge. . Dans le premier cas
(AjQgleterte) , les dépôts de houille suivent Tinclinaison des
roches do transition auxquelles ( comme l'ont judicieusemenC
prouvé MM. Gonjbeare et Phillips) ils sont plus particulière^
ment liés^ on les trouve tout aussi inclinés que les calcaires
noirs et les granwackes qu'ils surmontent. La série des forma-
tiens horiiontales et secondaires ne paroît «lors commencer
qu'avee )» calcaire magnésien , qui représente le zechatein ou
calcaire alpin» Dans le second cas (Allemagne; est de France )9
te dépôt boniller accompagne le grès rouge et le porphjre^
quels que puiêseiit être 1^ terrains primitifs ou intermédiaires
sur lesquels ces deux roches sont immédiatement placées. Cette
union constante avec des roches superposées ^ et cette indifférence
pour le terrain inférieur ^ sont les caractères géc^ostiques les
plus sârs de la dépendance ou de l'indépendance d'une forma-
tion. Souvent le grand dépôt de houille n'est ni recouvert de'
porphjre et de grès rouge ^ ni mêlé de couches arénacees appaiv
tenant au terrain intermédiaire. Souvent il est placé dans des
bassins entourés de collines de grès rouge et âe porphjre , et
n'ofire (dans son toit' que des couchés alternantes d'argile schis-
teuse (schieferthon)y tantôt gris-bleuâtre ^ tendres et remplies
d'empreintes de fougères ^ tantôt compactes , carburéies (brand-
schiefer) et pjriteuses. De minces strates de grès charbonneux
( koblenschiefer ) 9 de grès quarseux passant au quarz grenu ^ de
conglomérats à gros fragmens (steiukohlen-congiomérat) et de
calcaire fétide > se rencontrent au milieu du schiefertbon avant
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.( 200 )
qu'on atteigne la houille. Ce. sont de petites formations locales
que présentent également ^ et dans de$ circonstances entière-
ment analogues^ les dépôts d'argile muriatifére (saltzthon), de
sel gçmme^ do fer hjdraté et de calamine, qui ne sont pas
reoourerts immédiatement par la grande formation de calcaire
alpin. Malgré ces apparences d'isolement et d'indépendance ^ les
houilles et le ^ sel gemme n'en appartiennent pas moins , géo^
u gnostiqu^nient, les ui^es^au grés rouge et l'autre au calcaire »l]Hn
pu zechstein. Les empreintes de fougères, comme l'ont observé
très-bien MM. Voigt et .Brongniart, caractérisent l'époque dès
yéi^ tables houilles, tan4U que les aigiles des lignites en sont
: tjépourvues^ , . .<'* '
Dans la zone tempérée de i^sHfoien coptinent la houille des-
cend jusque dans les lieux les plus bas du littcnral. Près dé Ne#-
ea&tle-on-lj^ne on trouve , au niveau et au-dessus du fond de
la. mer, ^cinquante-sept OQUches,d'argile endurcie et de coDglo-
, mérat, alternant avec yingt-cinq couches de houille. Au con-
traire, dans la région équinoxiale du nouyeau continent .j'ai
yu. la houille intercalée au grès rouge s'élever, dans le plateau
de Santa-Fé de Bogota (Ghipo entre Canoas. etle Salto de
Tequendama ; montagne de Suba ^ Cerro de los. Tunjos ) à i36o
tOBes de hauteur au-dessus du niveau de l'océan* L'hémisphère
austral oifrç i^ussi des houilles dans les hautes Cordillères de
Quarocheri et de Ganta : on m'a même assuré que près de
Huanuco elles se trouvent (intercalées au calcaire alpin?) très-
prè5 del? limite des. neîg^ perpétuelles, à a3oo toises de hau*-
léur, par conséquent au-dessus de toute végétation phanérogame*
I/es dépôts de houille abondeot hors des tropiques dans le
I^^ouveau-Mexiqiie, ai^ centre des plaines- salifères du Moqui et
de Nabajoa, et à l'est des montagnes roqhenses, comme ausû
vers les sources du Rio Sahina , dans cet immense bassin, coô-
yert de formation^ secondaires., que parcourent le Missourjr et
FArkansas. Des masses rhomboi'daJes fibreuses. à éclat sojeux ei
oplorant les doigts ^ trouyent enchâssées dans la houille com-
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( 201 ),
pacte des deux continens; elles forment une espèce de brèche
que les mineurs regardent comme renfermant des fragmens de
Bois cbarbonné. Quelquefois ces masses lustrées sont presque in-
combustibles , et deviennent une espèce d^antbracite à texture
fibreuse (faserkôhle d'Estner; minerai ische bolzkoble de Wer-
ner). On les trouyè, selon les obseryations de MM. de Buch
etKarsten, accumulées (Lagiewnick dans la baute Silésie ) en
■ bancs de 4 à 5 pouces d'épaisseur. Ce phénomène mérite une
attention particulière ; car lé& houilles qui enchâssent les frag-
mens à éclat soyeux y appartiennent au grès rouge le mieux ca-
ractérisé^ et non aux lignites des ai^iles placées immédiatement
au-dessous ou au -^dessus de la cràîè. Dans la péninsule de la
Crimée dévastes terrains présentent des alternances sans nombre
de couches d'aigile ischisteuse dépourvues de boitilles, de con-
glomérats ^ degrîinstein et de calcaire comfpactes. Est-ce là une
- formation de grès rouge , renfermant des roches amphiboliques
et alternant avec lezechstein?
U est difficile d'assigner un type général à l'ordre des difTérentes
assises qui constituent la gi^ande formation S* a6. La houille
paroit le plus souvent au-dessous du grès rouge ; quelquefois elle
est placée évidemment ou dans cette roche^ ou dans le porphyre. Le
porphyre pénètre et déborde de différentes manières dans la for-
mation du gi%s houiller : on le voit parfois recouvrir immédiatement
la houille ; plus généralement il surmonte le grés ^ et s'élève en
dômes y en cloches ou en rochers à pentes abruptes. Lorsque lés ter-
rains de transitipn sont immédiatement recouverts de grés rouge
(Saxe)^ il est souvent assez difficile de décider si les porphyres que
ron rencontre dans la proximité des houilles sont des porphyres
de transition ^ ou s'ils appartiennent au grès rouge. Il paroit d'ail*
leurs que les ' porphyres forment moins souvent de véritables
couches, que des amas transversaux et entrelacés (stehcn<fe
Stocke et Stockiverke ) dans le terrain houiller. Us varient beau-
coup de couleur : ils sont vic^àtres, gris et brun - rougeâtré ou
• iiraat $ur le blanc (^Petersberg près de Halle ^ Giebichensteih'^,
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C aoj )
Wettin), infillrës de chaux fluat^e^ non stratifiî^, divisés qtiel#
qaefois en tables minces, et accompagnés de brèches porphyriqmiSk
La pâte de ces porphjres, qui enchâssent , outre le feldspath
lamelleux, quelquefois stéatiteux, du quan noirâtre, un peu
de n^ica brun et d'amphibole , est généralement form^ par du
feldspath compacte. Cette pâte passe au Juiolin (Morl pr^ Halle) ;
d'autres fois elle devient noi^ et presque basaltique (Lobegun en
Saxe, Schulsbei]gf en Silésie), huileuse et comme scorifiée (Plizgrund
prés Schmiedsdorf en Silésie) , ou passant à la phonolithe (2Ktta«
en Saxe). Dans les porpbjres, les amjgdaloïdes , les grunsteÎA
et les roches pyroxéniques du grès rouge , on remarque quelque-
fois ( Saxe , Silésie , Palatinat , Ecosse ) ces mêmes analogies
avec les roches exclusivement appelées volcaniques , qu'on trouve
dans les porphjres et sjénites du terrain intermédiaire (Hon-
grie, Norwége, Mexique, Pérou). M. de Bnch a vu en Silésie
des porphyres du grès rouge abmider en cristaux d'amphibole
(Reichmacher près Friediand), ou enchâsser k la fois (Wilden*
beig près Janer) du quarz et des cristaux effilés de feldspath
ritreux. M. Boue observe que dans le grès rouge cPEcosse, qui^
ai général , est assez dé|)ourvu de houille (à l'exception du comté
de Dumlrîes), les roches trappéennes intercalées ont des va«
cuoles à enduit lustré et alongées. Ces mandelstein bulleitx du
grès rouge prennent toute l'apparence de coulées volcaniques in*
tercalées.
L'Allemagne offre , à son extrémité septentrionale (Ile de Rugen)^
de la craie et des terrains tertiaires; à son extrémité méridionale,
dans le Tjrol (vallée de l'Eisack, GoUman, Botzen, Peigine, Neu^
markt), les porphyres du grès rouge. La composition de ces por«
phyres du Tyrol est identique avec celle des porphyres du Mans-*
iield : ils renferment , outre le feldspath , le mica noir et le quarz
brun-de-girofle, un peu d'amphibole. Lk couleur ronge de ieuf
pâte pénètre quelquefois jusque dans les cristaux de feldspath
qu'ils enchâssent. Dans un voyage géognostique fait en 1795;
î'ai troufé ces porphyres aséez régulièrement stratifiés, près de
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( ^o3 )
BtoUen et de Brandsol (N. 25*' O. ind. ie So"" au S; E.). Us
of&ent de petits dép6tfr de houille sut les bords de l'Adige , entre
Saiss et S. Peter.
Dans toutes les« partîeft de l'Europe , les porphjres seopiMiaires
oiTrent l'apparence d^UB passage progressif au grès rouge. QueU
qnes géc^nostes admettent que de» cristatuc isoles de feldspath
se trouvent «mpàt^ daitt le ciment de la roche atéxMteie, ou
qu'ils s'j sont dëyelc^ip^; d'autres assurent (et avec plus de rai-
son peut-être) que ces prétendus passages des porphjres aux
brèches porphjriques et au grès rouge ne sont que l'effet d'une
illusion produite par des porphyres régértérés, c'est-à-dire, par
des agglomérats qui se sont formés à une époque où les fragmens
empâtés étoient encore dans un état de ramollissement peu propre
à conserver leurs contours au milieu du ciment interposé. Une
brèche porphjiique (trummerporpbjr) près de Duchs en Bo-
hème, que nous avons décrite, M. Freiesleben et moi, en 1792,
et dans laquelle des grains informes de quârz sont mêlés à des
cristeux brisés de quarz et de feldspath , peut répandre quel-
que jour sur un phénomène ^ui n'est point encore suffisam-
ment éclairci. U est bien remarquable, et cette observation a
ëté faite depuis long -temps, que les porphjres manquent au
nord des Alpes de la Suisse et du Tjrrol , tandis qu'ib sont très-
communs a la pente méridionale des Alpes , entre ie lac Magg^ore
et la Garinthie.
Le grès rûUge est généralement composé de âragmens de roches
qaà tirent lenr origine des montagne» les plus voisines. Dans
l'AUemagne septentrionale^ ces fragmens sont plus souvent le
quarz, la lydienne, le silex (hornsteiil), le porphjre, la sjémte
et le thonschiefer, que le gneiS/ le granité et le micaschiste, ha
couleur du grès rouge est très -variable : elle passe du brun<«
rougeâtre au gris (graue liegende) ^ elle est même quelquefois
mélangée par couches très -minces, comme- dttm le grès bigarrée
La teinte rouge, de cette formation est due, selon l'ojMnion de
plnsieurs géo|<^es c^èbres, aux parties ferrugineuses des por«^
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. ( M,. )
phjres voisins» Sans vouloir infirmer la- justesse de celte obier-
vation pour ce qui regarde une partie de l'ancien continent ^
je dois pourtant énoncer quelques doutes relativement à l'in-
fluence des porphjrres sur la formation du grés rouge. dans les
régions équinoxîales du nouveau continent. Le grès des «vastes
steppes de Venezuela est brun-rougeitre^ comme Je iodte liegendc
de Mansfeld; il ne renferme pas de fragmens de porphjrre, et
à plusieurs centaines de lieues de distance on n'j connoit aucupe
couche de porphjre intermédiaire ou secondaire. U en est de
même des grès rouges de Fùnfkirchen et de Vasas en Hoiigrie,
décrits par M. Beudant.
Partout où; dans la formation S- 26 , des conglomérats gros-
siers alternent avec des roches arénacées à petits gi'ains^ ces
derniers passent au grès houiller schisteux et fortement micacé
(sandsteinschiefer). Ces masses alternantes renferment de Taille
schisteuse grise, verdâtre ou brune. Lorsque cette argile est
fortement carburée ( kohlensch iefer) et bitumineuse , elle contient
quelquefois (Suhl, Goldlauter) des minerais argentifères (du
cuivre gris, de la galène et des pyrites cuivreuses). Elle offre
des empreintes de poissons fossiles, et prend l'aspect du kupfer«
schiefer appartenant au calcaire alpin. D'un autre c6lé, la désa-
grégation de roches arénacées à petits grains forme des bancs
de sable quarzeux et brunâtre ( triebsand ) au milieu des grès
rouges les plus compactes (Walkenried et Bieber). Le ciment
du grès houiller est quelquefois, calcaire , et les parties de chaux
carbonatée deviennent si fréquentes , qu'elles donnent à la roche
une apparence de calcaire grenu et arénacé ( montagnes houil-
lères sur les limites de la Hongrie et de la Galicie). Ce sont là
les grès ccdcarifères de M. Beudant , mêlés de grains verts chip,
riteux. Quant aux fragmens enchâssés dans les grès rouges , ils
sont ou anguleux et fondus dans la masse, ou arrondis et apla-
tis comme les cailloux roulés de la nagelfluhe la plus récente. La
formation de grès rouge qui constitue la majeure partie de l'Ir^
lande, et qui est si commune dans l'AUemagae septentrionale»
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( iko5 )
dans là Fôtét-ûoîré et dans les Vosges ^ manque (de même que
la formation des porphjres) presque entièrement dans les hautes
Alpes de la Suisse. Le Niesen appartient probablement déjà au
grauwacke , et 'M. de Grimer croit que les environs de Mels^
Bregentz et Sontbofen offrent les seuls conglomérats qui ^ par
leur 'Structure et leur gisement, se . rapprochent du grès rouge*
Bans les hautes Alpes, comme dans plusieurs parties de la Silésîe
( Sèhweidnitz ) et de la Hongrie ( Dunajitz ) , le grès rouge en-
châsse pour ainsi dire lé calcaire alpin et alterne avec lui : dans
le cercle de Neustàdt, en Saxe, le grès rouge -manque entière-
ment.
Les couches subordonnées au grès rouge ou alternant arec
lui sont les suivantes : calcaires fétides et schistes fortement
carbures et bitumineux (kohlenschiefet de Freiesleben ), qui an-
noncent la liaison intime du grès rouge avec le zechstein et avec
les schistes mamo-bitumineux ( kupferschiefer) : grûnstein, mé-
langé de feldspath et d'amphibole (Nojant et Figeac en France),
quelquefois même pjroxénique (Ecosse) : mandelstein celluleux,
quelquefois comme boursouflé, renfermant (Ihlefeld a a Harz;
xives de la Nahe, Oberstein et Kirn, £xeter, Heavitree) des
agathes, de la calcédoine, de la prehnite et de la chabasîe,
et pénétrant comme par des crevasses dans la masse du grès
rouge (Planitz en Saxe) : houilles alternant avec des argiles
schisteuses à fougères : anthracites (Schônfeld entre Altenbem
et ffînnwald) appartenant plus particulièrement, d'après M. Beu-
dant, au porphjre intercalé au grès rouge qu'à cette dernière
roche : porphjres alternant d'abord avec le grès rouge et puis
le surmontant en grandes masses rocheuses : pechstein (quarz
résmi%e ou rétinite ). Le vrai gisement du pechstein en Saxe a
été. reconnu par MM. Jameson , Raumer , Prssjstanowskj et
Schenk. Cette substance forme un porphjre à base semi-vitreuse,
jenfermant du feldspath souvent fendillé, et très -peu de mica^
d'amphibole et de quarz cristallisé (vallée de Triebitch). Lt
pechstein enchâsse des fragment de gneis (Mohom et Braunsn
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( io6 )
dorf); il est Irarené par de petits filbm d'anthracite fibrense
(Planitz pr^ Zwickau), et il alterne avec le porphjre commnn
du grès ronge. Ces porpbjres et ces rëtinîtes reposent (Nieder-
Garsebach) sur la syénite de transition. M. Beudant, qni a
récemment donné une description détaillée de ce gisement^ a re-
connu qiie le pecbstein de Herzogswalde est enclavé dans un
dépôt arénaoé à pâte d'argilolithe ( thonstein ) y dépôt qui en-
diâsse des fragmens angtdeux de gneis et de micaschiste, et
qui appartient au grès ronge. Le pechstein de Grandola au lac
Maggiore t>£fre le mérae gisement : odui dIÈcosse contient du
napbte. Au Pérou il j a. des pecbstein (gris de fumée, presque
dépourvus de feldspath, renfermant du mica cristallisé) dans
le chemin de Couzco à Guamanga. lis j forment des monta-
gnes entières; mais ce terrain, d'après les observations de M, de
Nordenfljcht, est subordcmné, comme en Europe, au terrain
porphjrique.
Toute la formation S* 26, que nous décrivons, est générale-
ment caractérisée par l'absence des coquilles fossiles. Si Voù
en trouve quelques-unes, elles appartiennent aux couches cal-
caires et aux schistes carbures ( kohlenschiefer ) qui sont inter-
calés au grés rouge, et non à la masse de celui-ci , qui n'abonde
dans les deux hémisphères (plaines de la Thuringe, Kiffhan-
ser, Tilleda; plaines de Yeneïuela eiitre Galabozo et Ghagna-
. ramas ; plateau de Cuença , au sud de Quito ) qu'en troncs de
bois fossile et autres débris de monocotylé^fehées. M. Brongniart
fils croit cependant que les impressions de vrais palmiers manquent
dans les bouilles.
Bans la région équinoxiale du nouveau continent j'ai en
l'occasion d'observer le teirain de grès rouge au nord et au sud
de l'équateur sur six points diffih%ns ; savoir : dans la Nouvelle-
Espagne (de 1100 à i3oo toises de hauteur), dans les steppes
ou ^anos'de Venezuela (5o-— 5o toises), dans la Nouvelle-
Grenade (5o— i8od toises), sur lé platc;au méridional de la
roTÎnce de Qtiito(i35o «—11600 toises), dans le bassin deCax»-
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' ( '^ ) .
marca au Pérou (1470 toises)^ et dans là raillée occidentale
de rAmazone (200 toiles ).
1. Ncfuçilk'Espagne. Les schistes et les porphyres de transition
de Gnanaxnato (plateau d'Anahuac), dont nous ayons donné
plus haut (SS- ^^ y 23) une description détaillée^ sont cou-
verts d'une formation de grés rouge. Cette formation remplit
les plaines de Celaja^ de Salamanca et de Burras ( 900 toises) ;
elle j supporte un calcaire assez aenalogue à. celui du Jura
et un gypse feuililBté. £Ue remcHite par la Canada de Marfil aux
montagnes qui ei^tourait la ville de Guanaxuato ^ et se montre
par lambeaux dans la Siemi de Santa Rosa prés de Villalpando
(i33o toises). Ce grés mexicam offre la jressemhlanoe la plus
frappante arec le roihc todte Ikgemk du Mansfeld en Saxe ; il en-*
châsse des fVagiaeos constammeai anguleux de lydienne ^ de
^énite^ de porphyre y de quart i$t de silex (splittriger hornstein),
Le cioietït qui lie ces frsgmens^ est aigilo- ferrugineux, très-
tenace > brun -jaunâtre 9 sauvent (prés de la mine de Serena)
rouge de brique. Des cou<$bes de conglomérat grossier, renfermant
des fragtnens de deux à trots pouces de diamètre , alternent avec
un conglomérat très- fin, quelquefois même (Cuevas) avec un
grés à grains de quara; uniformément arrondis. Les conglomérats
grossiers abondent plus dans les plaines et dans les ravins que sur
les hauteurs. Dans les couches les plus anciennes (mine de Rayas)
l'ai cru voir un passage du grés rouge au grauwaoke t les morceaux
de syénite et A^ porphyre enchâssés deviennent très-petits; leui«
contours sont peu distincts, et ils paroÂsseni comme fondus dans
la masse. U ne faut pas confondre ce eonglomérat { fiijolillo de
Bf^as) avec celui de la mina d'Animas^ qui est gris -blanchâtre
et renfenne des fragm^os jde ea^eaire icompacte. Souvent dans
le grés rouge de Guanaxuato, eomnsie dans celui df&lebeo en
Saxe, le ciment est si abondait (dbeminde Guanaxuatoi Rayas»
et à Salgado) quç i^n n^ dâstingue {ilus d« fragmens en^tés.
Des couches argiJieuses de S'A 4 toisos d'épaisseur :alAémtent alors
arec le conglomérat grosMr. Généfakmeat , la granda â^rma»^
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( ao8 )
tioD de grès rouge ^ superposée au thonschiefer métallifère > ne
paroît (BelgradO; BufTa de Guanatuato) qu'adossée an porphjre
de transition ; mais a Yillalpando on la voit clairement reposer
sur cette dernière roche. Je n'ai point trouvé de coquilles
pétrifiées, ni de traces de houille et de bois fossile , dans les
grès rouges de Guanaxuato. Ces substances combustibles se trou-
rent fréquemment en d'autres parties de la Nouvelle- Espagne >
surtout dans celles qui sont moins élevées au-dessus du niveau
de la mer. On connolt la bouille dans l'intérieur du Nouveau-
Mexique, non loin des rives du Rio del Norle. D'autres dépôts
sont probablement cachés. dans les plaines du Nuevo-Sant-Ander
et du Texas. Au nord de Natchitoches , près de la houillère de
Chicha , une colline isolée fait entendre de temps en temps ,
peut être par Tinflammalion du gaz hydrogène mêlé à l'air atmo-
sphérique, des détonations souterraines. Le bois, fossile est com-
mun dans les grès rouges qui s*étendent vers le nord -est de
la ville de Mexico } on le trouve également dans les immenses
plaines de l'intendance de San -Luis Potosi, et près de la Villa
de Altamira. La houille du Durasno (entre Tierra-Nueva et
San -Luis de la Paz) est placée sotts ime couche d'argile renfer-
mant du bois fossile , et sur une couche de mercure sulfuré qui
recouvre le porphjre. Appartient- elle à des lignites trcs-récens?
ou ne doit- on pas plutôt admettre que ces substances combus-
tibles du Durasno, ces a]]giles et ces porphjres semi- vitreux
(pechstein- porphjre), globuleux et couverts d'hjalithe mame-
lonnée , porphjres qtii , dans d'autres parties du Mexique (San-
Juan de la Ghica; Cerro del Fraile près de la Villa de San-Felipe),
renferment des dépôts de mercure sulfuré, sont liés à la grande
formation du grès rouge? U n'est pas douteux que cette forma-
tion ne soit tout aussi riche en mercure dans le nouveau continent,
que dans l'Allemagne occidentale ; elle l'est même là où manquent
les porphjres (Guença, plateau de Quito); et, si la réunion de
filons, d'étain à des filons de cinabre , dans les porphjres de
San-Felipe^ paroit éloigner au premier abord les roches por-
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( aQ9 )
phjrique^ qui- abondent ea mercure de ceux du grès rouge ^ il
faut se rappeler que les thonsfltiiefer et porphjrres de traùsitiou
(Hollgruad près Steben , Harteastein) sont aussi en Eurc^e quel-
quefois stannifères.
Je place à la suite du grés houiller de Guanaxuato une for-
mation un peu problématique ^ que j'ai déjà décrite y dans mon
Essai politique, sur la NouçelU- Espagne , sous le nom de lozero
ou d'agglomérat feldspathique : c'est une roche arénacée^ blanc-
rougeâtre^ quelquefois vert de pomme , qui se diyise, semblable
au grès à dalles ( Leuben^ ou WaldplatUnstein de Subi ) ^ en
plaques très- minces {lozas) : elle renferme des grains de quarz^
de petits fragmens de tbonschi«fer , et beaucoup de cristaux de
feldspath «n partie brisés , eh partie r«stés intacts. Ces diverses
substances sont liées ensemble dans le lozero du Mexique^ comme
dans la roche â aspect porphjrrique de Subi, par un cim^it
argilo-ferrùgineux (Gariada de Serena et presque toute la montagae
de ce nom). Il est probable que la destruction du porphjre a eu la
plus grande influence sur la formation du grès feldspathique de
Ouanaxuat^. Le minéralogiste le plus exercé seroit tenté de le
prendre ; au premier abord , pour un porphjre à base aigileuse
ou pour une brèche porphjrique. Autour de Yalenciana le lù^
zéro forme des masses de 200 toises d'épaisseur : elles excèdent:
en élévation les montagnes formées par le porphjre intermédiaire»
Près de Villalpando^ un agglomérat feldspathique à très-petitft
grains alterne par couches d'un à deux pieds d'épaisseur ;' vingt-
huit fois ^ avec de l'aigilé schisteuse brun - noirâtre. Partout
j'ai vu reposer cet agglomérat ou lozero sur le grès rouge ^ et
à la pente sud -ouest du Cerro de Ser^a^ en descendant vera
la mine de Rajas , il m'a paru même assez évident que le lozero
forme une couche dans le conglomérat grossier de Marfil. Je
doute par conséquent que cette formation remarquable puisse
appartenir à des con^mérais trachyiiques ponceux, comme M^
Beudant semble l'admettre d'après l'analogie de quelques roches
de Hongrie* Souvent le ciment argileux devient si abondant quç^
i4
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( 210 )
les parties enchâssées sont à peine yisibles^ et que la niasse
passe à Fargiiolithe (thonstein) compacte. Dans cet état le lozero
^ffre la belle pierre de taille de Queretaro ( carrières de Garetas
et de Guimilpa), qui est si recherchée pour les constructions.
J'en ai vu des colonnes de quatorze pieds de haut et de deux
pieds et demi de diamètre^ rouge de chair , de brique ou de
fleurs de pécher. Ces belles couleurs^ en contact avec l'atmo-
sphère^ passent au g^ris^ probablement par Faction de 1 atmo-
sphère sur le noanganèse dendritiforme qui) renferme la roche dans
ses fissures. La cassure des colonnes de Queretaro est unie y comme
c^le de la pierre lithographique du Jura. Ce n'est qu'avec peine
que l'on découvre dans ces aigilolithes quelques fragmens extrê-
mement petits de thonschiefer^ de quarz^ de feldspath et de
mica. Je ne déciderai pas si les cristaux non brisés du lozero
ou grès leldspathique se sont développés dans la masse même ,
ou s'ils s'jr trouvent accidentellement. Je me borne à rappeler
ici qu'en Europe le grès rouge et ses porphyres sont aussi quel-
quefois caractérisés par une suppression loade de cristaux et de
fragmens enchâs^. Le hzero me paroît une formation de gpès
Mperposée^ peut ^^ être même subordonnée au grès rouge; et si
l'aneieii continent ne nous offre pas une roche entièrement sem-
blable ^ nous vojons du moins les premiers germes de ce genre de
stmcture pseudo-porphyriqne dans les bancs de grès à cristaux de
feldspath , brisés ou intacts ^ qu'enchâsse quelquefois la grande
formation de grès rouge du Mansfeld et duThuriûgerwald. (Freies-
leben, Kupf,, B. IV, p. 8^, 85, 96, 194.)
2.* Venezuela, Dans l'Amérique méridionale, les immenses
plaines de Venezuela (Llanos du Bas-Orénoque) sont en grande
partie recouvertes de grès rouge et de terrains calcaires et gypseux.
Le grès rouge j est dispo.sé en gisement concaçe ( muldenformige
Lagerung) entre les montagnes du littoral de Caracas et celles de
la Parime ou du Haut-Orénoque. H s'adosse au nord à des
schistes de transition 5 au sud il repose immédiatement sur le
granité primitif. C'est un conglomérat à fragmens arrondis de
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( 211 )
quarz^ de pierre ]jdienne et de kieselschiefer^ réunis par un
ciment argilo- ferrugineux, brun-olivâtre el extrêmement tenace.
Ce ciment est quelquefois ( près de Galabozo) d'un rouge si yif ^
que les gens du pajs l'ont cru mêlé de cinabre. Le conglomérat
à gros grains y alterne avec un grès quarzeux à grains très^fins
( Mesa de Paja ). L'un et l'autre encbâssent de petites masses de
fer brun et du bois pétrifié de monocotjlédonés. Cette formation
arénacée est reéouyerte (Tisna«i) par un calcaire compacte gtîs-
blanchâtre^ analogue au calcaire du Jura. Au*dessus de ce cal-
caire on trouTC (Mesa de San-J)iego et Ortiz) du gypse lamelleux
alternant avec des couches de mam«. Je n'ai ru des coquilles
fossiles dans aucune de ces couches arénacées^ calcaires^ gyp*
sensés^ et marneuses. Le ciment du conglomérat ne fait nulle
part effervescence avec les acides ; et par son gisement et sa
composition le grès dçs steppes de Venezuela m'a paru très*
éloigné du nagelfluhê (grès à lignites) du terrain tertiaire^ atec
lequel il a une certaine analogie d'aspect par la forme arrondie
des fragmens enchâssés. Ces formations arénacées et calcaires ne
s'élèvent pas a a-dessus de 5o à 5o toises de hauteur absolue. Dans
la partie orientale du Llano de Venezuela (près Curataquiche )
on trouve dispersés^ à la sui^ce du sol^ de beaux morceaux
de jaspe rubané ou caillmtx d'Egypte. Appàrtienn^it-ils au grès
rouge, ou sont -ils dus^ comme près de Suez^ à un terrain plia
moderne?
5." N&melU'Grtnade. Une formation de grès d^une étendue
pTO^gieinse couvre, presque sans interruption, non -seulement
les plaines septentrionales de la Nouvelle-Grenade, entre Mompox,
le canal de Mahates et les montagnes de Tolu et de Maria , mais
aussi le bassin du Rio de la Magdalena (entre Teneriffe et
^elgar) et celui du Rio Cauca (entre Gartbago et Gali). Quel-
ques fragmens épars de grès schisteux et charbonneux (kohlen-
•chiefer) que j'ai trouvés à l'embouchure du Rio Sinu (à l'est
du golfe de Darien) , rendent probable que cette formation s'étend .
m^e vers le Rio Atrato et vers J'isthme de Panama. £Ue s'élève
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( 2.3 )
à de grandes hauteurs, non sur le rameau' intermédiaire ou
central de la Cordillère (Nevados de Tolima et de Quindiù),
itiais sur les rameaux oriental (Paramos de Ghingasa et deSuma
Paz ) et occidental ( montagnes entre le bassin du Rio Cauca et
le terrain platinifëre du Ghoco). J'ai pu suivre ce grès de la
Nouvelle-Grenade , sans le perdre de vue un seul instant y de-
puis la vallée du Rio Magdalena (Honda , Melgar, i5o — 188 1.) ,
par Pandi, jusqu'au plateau de Santa -Fé de Bogota (i365 t.),
et même jusqu'au-dessus du lac de (ïuatavita et de la chapelle
de Notre-Dame de Montserrate. Il s'adosse à la Cordillère orien-
tale (celle qui sépate les affluens du Rio Magdalena des affluens
du Meta et de l'Orénoque ) jusqu'à plus de 1800 toises de hau-
teur au-dessus du niveau de l'océan. J'insiate sur ces notions
de géc^raphie minéralogique, parce qu'elles fournissent de nou-
velles preuves de l'énorme épaisseur qu'atteignent les roches,
dans les régions équinoxiales de l'Amérique. Plusieurs terrain^
second^^ires (grès avec couches de houille y gjpse avec sel gemme.
Calcaire presque dépourvu de pétrifications) , que dans le plateau
de Santa -Fé de Bogota on seroit tenté de prendre pour un
groupe de formations locales remplissant un bassin , descendent
jusque dans des vallées dont le niveau est de 7000 pieds plus
bas que ce plateau. £n allant de Honda à Santa -Fé de Bogota,
le grès est interrompu , prés de Yilleta , par des thonschiefer
de transition ; mais la position des sources salées de Pinceima et
et de Pizarà près de Muzo me porte à croire qu'ausisi de ce côté-
là , sur les rives du Rio N^o ( entre les schistes amphiboliquea
et carbures de Muzo, renfermant des éméraudes, et les schistes
de transition avec filons de cuivre de Yilleta), le grès houiller et
le gjpse muriatifère du plateau de Bogota et de Zipaquira se lient
aux terrains homonymes qui remplissent le bassin du Rio Mag*
dalena entre Honda et le détroit de Garare.
Ce g^ès de la Nouvelle -Grenade (là où j'ai pu l'examiner entr»
les i^ et 9/,* de lat. bor.) est composé de couches alternantes de
grès quarzeux et schisteux à petit grains, et de conglomérats qui
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( "3 )
enchâssent des fragmens anguleux (ajant â à 3 pouces de laideur)
de pierre Ijdienne, de thonschiefer^ de gneis etdequarz (Honda ^
E^înal). Le ciment est argileux et ferrugineux^ quelquefois 'sili*
ceux. Les couleurs de la roche yarient du gris -jaunâtre au rouge-
hmnâtre.' Cette dernière couleur est due au fer : aussi trouve --t*
on partout de la mine de fer brun, très -compacte ^ enchâssée "«i
nids^ en petites couches et en filons irrëguliers. Le grès est stra<^
tifié .en bancs plus ou moins horizontaux. Quelquefois ces bancs
inclinent par groupes et d'une manière assez constante. Près de
ZambranO; sur la rive occidentale du Bio Magdalena^ au sud de
Teneriffe, la roche prend une structure globuleuse. J'j ai tu des
boules de grès à très -petits grains de deiix à trois pieds de dia-
mètre: elles se séparent en douze ou quinze couches concentriques*
La pierre Jjdienne du plus beau noir , rarement traversée de filets
de quarz^ est beaucoup plus abondante dans les conglomérats
grossiers que ne le sont les fragmens de roches primitives. Par-
tout le grès schisteux à petits grains l'emporte , pour sa masse^
^ur les conglomérats à gros fragmens. Sur les hauteurs (au-dessus
de 800 à 1000 toises) les derniers disparoissent presque en en-
tier. Le grès du plateau de Bogota et celui que Ton observe en
montant aux deux chapelles placées au-dessus de la ville de
Santa -Fé^ à i65o et 168^ toises d'élévation ^ sont uniformé-
ment composés de très -petits grains quarzeux. On n'j remarqua
presque plus de fragmens de Ijrdîenne ; les grains de quarz se
rapprochent tellement que la roche prend quelquefois l'aspect
d'un quarz grenu. C'est ce même grès quarzeux qui forme le pont
naturel d'Icononzo. Nulles part ces roches arénacées ne font èfifer-'
vescence avec les acides. Outre la mine de fer bran eti (e« qui
est assez curieux) outre qudique&nids de graphite très-pvr, cette
formation renferme aussi ^ et à toutes les hauteurs ^ des couches
d'argile brune ^ grasse au loucher et non micacée. Cette aigile
(Gachansipa^ Chaleche^ Montagae de Snba) devient quelque-
fois fortement cari»urée et passe au brandschiefbr. Le sel purga-
tif d'Honda (^sulfate de. magnésie)^ si célèbre dem oes conlxees.^
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( 2.4 )
0e montre en efflorescence sur ces eoucbes ai^lenses (Mèsa de
Palacios près Honda). Nulle part le grés ne présente différentes
couleurs mélangées par zones^ ni ces masses d'aigilenon continues et
& forme-lenticulaire qui caractérisent le grès bigarré Çtivaiie sand-
iieia)y c'est-à*dire, le grés qui couvre le calcaire alpin ou zeeh-
•tein. J'ai tu reposer immédiatement la formation de ginès que
nous Tenons de décrire^ sur un granité rempli de tourmalines
{ Penon de Rosa au i\ord de Banco , vallée de la Magdalena ;
cascade de la Peiia prés Mariquita)^ sur le gneis (Rio Lumbi^
prés des mines abandonnées de Sainte -Anne ) , sur le tbonschiefer
de tsanaition (entre Alto de Oascas et Alto del Roble au nor^
ouest de Santa ^Fé de Bogota). On ne connoit aucune autre
n>çhe secondaire sous le grès de la Naavelle^renadev II renferme
deseai'ernes (Facatativa, Pandi) et offre des coucbes puissantes,
non de lignite ^ mais de houille feuilletée et compacte^ mélâs
de jajet (pedikohle)^ entre la Palma etGiKiduas (600 toises),
prés de Vêlez et la Villa de LetTa, comme aussi dans le plateau
de Bogota (Ghipo près Ganoas; Suba; Gerro de los Tunjos)^
à la grande hauteur de iSyo toises. Les restes de corps organi*
ses du régne animal sont extrêmement rares dans ce grès. Je n'jr
ai trouvé qu'une seule fois des trochilites ( ? ) presque microsco*
piques dans une couche d'argile intercalée (Gerro del Portadiuelo ,
au sudd'Icononzo). Il se pourroit que ces bouilles de Gnaduas
et de Ganoas fussent un terrain plus récent ^ superposé au grès
rouge; mais rien ne m'a paru annoncer cette superposition. La
houille picifonne (jajet, pechkohle) aj^rtient sans doute de
prtSèrctace aux lignites du grès. tertiaire et des basaltes; mais
elle forme aussi incontestablement dé petites coucbes dans la ^
hdoiUe acbisleuse ( acbieferkobie ) du terrain de pouph^e et grés
rouge.
Les formations iifui recouvrent le grés île la Nouvelle^Grenade,
et <fiâ le caractéiisent ; fe crais^ plus particulièrement comme
grès rouge dans la série des roches secondaires ^ sont le calcaire
iettde {coz^aent du Gano Moroco^ et du Rio Magdalma)^ et
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("5 )
le gypse feuilleté (ba&sins du Rio Gauca près de Gati^ et du
Rio Rogota prèe de Santa -Fé). Dans ces deux bassins du Cauca
et du Rogota ; dont la hauteur dififère de près de 900 toises ,
on Toit se succéder de bas en liaut^ très -régulièrement, les trois
formations de grès houiller, de gypse et de calcaire compacte*
Les deux dernières ne semblent constituer qu'un même terrain ^
qui représente le calcaire alpin ou zechstein , et qui , générale-
ment dépoizrru de pétrifications , renferme queues ammonites
à Tocayma (yallée du Rio Magdalena). Le gypse manque sou-
yent; mais à la grande élévation de i4>oo toises (Zipaquira^
Enemocon et Sesquiler) il est rauriatifère, offrant dans l'argile
(salzthon) des déports de sel gemme qui 9 depuis des fiiàeies^ sont
l'objet de grandes exploitations.
D'après l'ensemble des observations que je vient de présenter
sur le gisement du grès de la Nouvelle -Grenade, je n'hésite pas
de regarder cette roche , qui a pris un développement de cinq
ou six mille pieds d'épaisseur, et qui va bientôt être examinée
de nouveau pai* deux voyageurs très -instruits, BiM. Ronssiu-
gault et Rivero, 'COmme un grès rouge (todtes llegende) et non
comme un grès bigarré (grès de Nebra). Je n'ignore pas que
des couches fréquentes d'ai]ple et de mine de fer bmn appar-
tiennent plus particulièrement au grès bigarré, et que les ooli*
lithes manquent aouvent aussi dans ce grès. Je n'ignore pas
qu'en Europe le grès bigarré (placé au-dessus du zechstein)
^ésente queues traces de bouille, de petites couches de grès
extfémement quaizeux (quarz gren«) «t du sei gemme, et que
eette dernière substanee loi appartient même c3Eclusif»meat en
Angleterre* Toutes ces anulogies me pareitroient très-Importantes^
si des couches de conglomérat grossier alternant (dans les basses
régions) avec des couches de grès à petits grains, si des firtig-
mens angulmix de pierre Ijdienne, «t même de gneis et de
•roicascbiste, enchâssés dans des conglomérats grosâers, ne ca*
ractérisoient pas le grès de la Nouvelle -i^renade comme paral-
lèle an grès rouge on gi^ houiller , c'est- à «dise comme parai-
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( 2>6 )
léle à celui qui supporte immëdiatement le calcaire alpin ( zech-
stein)^ renfermant le gypse et le sel gemme. Lorsque le grès
bigarriB (nord de l'Angleterre et Wimmelbourg en Saxe) présente
quelquefois des fragroens de. granité et de sjénite^ ces fragmens
sont arrondis et simplement enveloppés d'argile; ils ne forment
pas un conglomérat compacte et tenace à fragmens* angulaires
comme le grès rouge. Cette dernière roche abonde ^ dans le
Man^feld comme dans la Nourelle- Grenade ^ en masses in teroa-
lées d'aigile (Gresfeld^ Eisleben ^ Rothenbei]g); et. en petites
couches de mine de fer brun et rouge (Burgô^ner^.Hettstedt).
Xa structure globuleuse qu'offre le grès de la rallée du Rio
Magdalena se retoure dans le grès houiller de la Hongrie (Klau-
senbouig ) 9 dans le conglomérat blanchâtre de Saxe ( weiss-lie-
gendes de Helbra) qui lie le grès houiller au zechstein^ et,
•selon des observations que nous avons faites , M. Freiesleben
et moi f en 1796 , même près de Lausanne , dans la molasse d'Ar*
govie (grès tertiaire à lignite). C'est l'ensemble des rapports de
gisement qui détermine l'âge d'une formation , ce n'est pas sa
composition et sa structure seules. Les géognostes qui Connoissent
l^es différens terrains . de grès , non d'après des échantillons de
cabinet, mais par de fréquentes excursions dans les montagnes,
«avent très -bien que^ si (par la suppression du calcaire alpin,
du muschelkalk, du calcaire du Jura et de la craie) le grès
rouge ^ le grès bigarré mêlé d'aigile, le quadersandstein qui n'est
pas toujours blanc et très-quarxeuxy et la molasse altemani
avec des poudingues grossiers (nagelfluhe) étoient immédiate-
ment superposés les uns aux autres, on auroit de la peine à
prononcer sur les limites de ces quatre terrains aréni^pés, d'un
âge si différent.
Le grès, rouge de la Nouvelle -Grenade semble plonger, dans
la partie septentrionale du bassin du Rio Magdalena ( entre Ma-
bates, Turbaco et la càte de la mer des Antilles), sous un
calcaire tertiaire rempli de madrépores et de coquilles marines ,
et constituant, ptts du port de Carthagène des Indes ^ le Gerro
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( ai7 )
de la Popa« Mais, lorsqu'on s'élève à ia hauteur de i4oa
toises y la formation de calcaire et de gypse que supporte le grès
rouge, est couverte (Campo de Gigantes, à l'ouest de Suacha
dans le bassin de Bogota) de dépôts d'alluvion dans lesquels
j'ai trouvé d'énormes ossemens de mastodontes. D'après la ten-
dance, peut-être trop générale, de la géognosie moderne à éten-
dre le domaine des terrains intermédiaire et tertiaire aux dépens
du terrain secondaire, on pourroit être tenté de regarder le
grès de Honda , le gypse avec sel gemme de Zipaquira , et le
calcaire de Tocajma et de Bogota , comme des formations pos^
térieures à la craie. Dans cette hjpothèse , les houilles de Gua-
duas et de Ganoas deviendroient des lîgnites , et le sel gemme
de Zipaquira, d'Ënemocon, de Sesquiler et de Ghamesa, entiè-
rement dépéurvu de débris v^étaux, seroit une formation pa-
rallèle aux dépôts saljfères (avec lignites) de là. Galicie et de
•la Hongrie, que M. Beudant croit appartenir au teiTain tertiaire.
Mais l'aspect du pajs ; le manque presque total de corps oi^-
nisés fossiles, observé jusqu'à 10,000 pieds de hauteur perpen-
diculaire 'y la puissance de ces couches arénacées et calcaires ,
uniformément répandues, dépourvues des rognons de silex et
d'infiltrations siliceuses, très-compactes, et nullement mélangées
de sables et d'autres matières incohérentes, s'opposent à ces
idées, j'aurois presque dit, à ces empiétemens du terrain ter-
tiaire sur le terrain secondaire. L'ensemble des phénomènes que
j'ai exposés me fait croire que le grès de la Nouvelle-Grenade,
enchâssant des fragmens de Ijrdienne et des roches primitives,
est le véritable grès rouge de l'ancien continent. On ignore si
ce grès, que j'ai vu monter jusqu'à 1700 toises de hauteur à
la pente occidentale de la Gordillère de Ghingasa (Cordillère
qui sépare la ville de Santa-Fé de Bogota des plaines du Meta ),
dépare le sommet de cette grande chaîne de montagnes, en
se proloi^eant vers les plaines de Gasanare. On pourroit le
soupçonner ; car les dépôts de sel gemme et les sources de
muriate de soude «e suivent, en traversant la Cordillère orien-*
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( 2i8 )
taie de la 'Nouyelle-Grenade , depuis Pinceima jusqu'aux Llanos
du Meta (par Zipaquira^ Enemocon, Tausa^ Seirquiler, 6a-
chita 7 Medîna ^ Chita ^ Ghamesa et £1 Receptor )> du sud-ouest
au nord-est ^ dans une même direction ^ sur une distance de
plus de cinquante lieues. Dans toutes les régions du globe on
observe cette disposition des sources salées par bandes (ou cre-
vasses?) plus ou moins prolongées. Lorsque des plaines sali-
féres de Gasanare on arance vers l'Orénoque , les formations
secondaires disparoissent peu à peu, et dans la Sierra Parime
le granit&'gneis se montre partout à découvert. Seulement sur
les bords de rOrénoque, près des grandes cataractes d'Atures
et de Maypures, on retrouve de petits lambeaux de conglomérat
ancien superposés à la rocbe primitive. Ge conglomérat encbâsse
des grains de quarz, et même (Isla del Guachaco) des fragmens
de feldspath réunis par un ciment brun - olivâtre argileux et
trés-compacte. Le ciment, là où il abonde, offre une cassure
^ conchoïde et passe au jaspe. Gette rocbe arénacée , que \t crois
appartenir au grès rouge des stqipes de Venezuela, renferme
des masses très - aplaties de mine de fer bran. Elle rappelle ces
grès qui, dans la Haute -Egypte et en Nubie, reposent aussi
immédiatement sur le granite-gneis des cataractes du Nil.
4.*" Plateau de Quito. Dans Thémisphère austral , liss Gordil-
lères de Quito m'ont offert la formation de grès rouge la plus
étendue de c^les que j'ai observées jusqu'ici. Gette roche couvre ,
à i5oo et i5oo toises de hauteur au-dessus du ai veau de la
mer, sur une longueur de vingt-cinq lieues, tout le plateau
<le Tarqui et de Guença , devenu célèbre par les opérations des
astronomes françois. Elle s'élève dans le Paramo de Sarar jus-
qu'à ] 900 toises , et l'épaisseur de sa masse entière excède plus
de 800 toises. Elle repose au nord (Ganar, pente méridionale
de l'Assuaj) et au sud (Alto de Pùlla près Loxa) sur du schiste
micacé primitif. La formation de grès rouge de la province de
Quito est colorée par de la mine de fer brune et jaune, dont
elle renferme de nombreux filons. Le grès est généralement
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( 219 )
tré»-argileux ^ à petits grains de quarz peu arrondis ; maïs quel-
quefois aussi il est schisteux^ et alterne ^ comme dans la Thu-
ringe y avec un conglomérat qui enchâsse des fragmens de por*
phjre de trois y de cinq et même de neuf pouces de diamètre.
On trouve dans cette formation : des couches d'argile, tantôt
brune ( Tambo de Buigaj et rires de Yinajacu ) j tantôt blanche
etslëatiteuse^ passant à l'argSlolithe (tbonstein) des porphyres
du grès rouge (Rio Uduchapa et Gerro de Coxitambo), et se
couvrant , au contact avec l'air atmosphérique, de nitrate de
potasse (Gumbe); des troncs de bois pétrifié de monocotjlé-
dones (ravin de Siicajacu, où j'en ai vu des morceaux de 4
pieds de long et d^ i4 pouces d'épaisseur) ; du goudron miné-
ral fluide et endurci en asphalte 4 cassure oonchoïde ( Parche
et Goxitambo)^ des silex (splitlriger homstein) passant au silex
pyromaque ou à l'agathe ( DeJaj ) ; des filons de mercure sul-
furé (Gerros de Gnazun , et Upar au nord-est du village d'Azo-
gnes ) ; des couches de manganèse oxidé noirâtre et pulvérulent
( à l'ouest de la ville de Guença ) ; du calcaire grenu et lamel-
leux (Portete, au bord occidental du Llano de Tarqui ). Gette
formation calcaire, que dans ce pays on appelle ti^ès-impropre-
ment jaspe tubané , présente des couches alternantes de calcaire
opaque et saccharoïde, semblable au marbre de Garare, et de
calcaire fibreux et ondulé, en stries laiteuses. La masse entière
est diaphane comme le plus bel albâtre oriental (le marbre
mempbitiq«e ou phengîtes des anciens). J'aurois été tenté de
prendre cette ffoche de Tarqui , qui est recherchée par les mar-
briers comme l'albâtre de Florence et le marbre, de Tolonta
( entre Ghillo et Quito ), pour une variété de travertin ou for-
mation d'eau douce, si' au sud de Guença, au bord du Rio
Machangara , elle ne m'avoit paru ( d'après l'inclinaison de ses
couches) intercalée au grés rouge que je viens de décrire. U
faut toutefois distinguer de ce marbre translucide et mbané de
Tarqui , le calcaire grenu et opaque du GeboUar, qui vient au
jour un peu -aii nord de Guença, et qui, recouvert du .grés
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( "o )
rouge ^ est Traisemblablement (S* lo) supeqposé. au micasclûste
du Ganar. Dans les parties volcaniques des Andes, des plateaux
ou bassins ëleyës sont remplis, les uns, de formations secon-
daires , couvrant des porpbjres de transition ^ les autres , de
formations tertiaires et d'eau douce, superposées à des tufis
trachjtiques. Ce n'est que lorsque des géognostes instruits se
seront établis dans les grandes villes placées sur le dos des Cor-
dillères^ villes qui deviendront les centres de la civilisatioa
américaine, que Ton pourra prononcer avec certitude sur ces
lambeaux de terrains calcaires , gjpseux et arénacés , que lion
trouve entre 1200 et 1600 toises de hauteur.
5.** Pérou. La formation de grès rouge de Cuença , qui est
recouverte sur plusieurs points de couches de gypse feuilleté
(Muney, Juncaj et Ghalcaj, à l'ouest de Nabon), se trouve
répétée dans le Haut-Pérou, à i46o toises de hauteur, dans le
grand plateau^ de Caxamarca. Ce grès de Caxamarca est égale-
ment argileux, dépourvu de coquilles et rempli de minerai
de fer brun. Il m'a paru appuyé sur des porphyres d'un aspect
trachytique (Cerros de Aroma et de Cundurcaga). Il supporte
le calcaire alpin de M ontan et de Micuipampa , qui est célèbre
par ses richesses métalliques. Les eaux thermales l^drosulfureuses
qui sortent des grès de Cuença (lat. austr. 2^ 53') et de Tol-
lacpoma près Caxamarca ( la t. austr. 7^ 8' ) , ont presque la
même température, 72** et 69** cent.
L'analogie qu'offrent les grès rouges de la Nouvelle-Grenade ,
du Pérou et de Quito, avec les grès rouges du pays où Fûchsel
(Histofia Urrœ et maris y ex hisioria Thuringiœ emta) a donné
la première description de la grande formation houillère , doit
frapper tous* les géognostes expérimentés. Jp n'insisterai pas sur
les phénomènes si connus de l'alternance des conglomérats gros-
siers et des grès à grains très-fins $ ni sur l'absence de tout frag-
ment calcaire, fragmens dont on ne trouve qu'un exemple très-rare
dans des poudingues du grès rouge des Pyrénées (vallée de Ba-
rillos) ; ni sur les couches intercalées de houille, d'aigile^ de~
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( 32X )
fer brun et de calcaire : je me bornerai à rappeler, dans les gré»
rouges de l'Allemagne ^ les mines de mercure ( Môrsfeld et Mo-
schellandsbeig dans le dacbé de Deux-ponts comme Dombrava
en Hongrie ) ; les bois pétrifiés de plantés moaoootylédonée»^
(Siebigkerode^ Kelbra et Rothenburg, en Thuringe); les aga*
thés 9 les silex communs et les silex pjrromaques (hom-et feuer-^
stein) passant à la calcédoine (.KifFhauser, Wiederstadt, Gold*
lauter et Grosâreina , en Saxe , dans le conglomérat grossier dit
grés rouge; Oberkircben et Tboley dans le duché de Deux-ponts,
Netzbei^ prés liefed, au Harz <, dai^s le mandelstein du ^és
rouge ) ; dû bitume minéral ( Naundorf et Gnôlzig dans le comté
de Mansfeid). Tous ces phénomènes se retrouvent dans la par^
tic de rAmérique éqainoxiale que j'ai parcourue.
Q."* Miçes de VAmazoït^. Le grand bassin de la nyiére des
Amazones offre , du moins dans sa partie occidentale, les mêmes
phénomènes que nous avons indiqués en traçant le tableau
géc^^stique des Uanos de Venezuela ou du bassin de TOréno^i^ ,
que. . Lorsqu'on descend du sommet des Andes granitiques d&
Loxa par Guancabàmba aux rives du Ghamaya^ on trouve super-
posé aux poi^phjres de transition de Soaanga un grés à ciment
argileux, couvert (entre Sonanga et Guancà) d'un calcaire qui
renfcrnie du gypse et duselgemmc^. Ce grés de Chamaja remplit,
à 190 et 260 toises de hauteur au«-dessu$ du niveau de l'océan,
les plaines de Jaen de Bracamorosr II forme des. collines à.
pentes abruptes, ressemblant à des fortifications en ruines. On
y distingue des couches à petits grains arrondis de quarz, et
des conglomérats grossiers, composés de galets de porphyre,
de pierre lydienne et de quarz, de deiix à trois pouces de dia-
mètre. \j&si conglomérats grossiers sont assez rares : ils forment
cependant le pongo de Rentema, et d'autres digues rocheuses
qui traversent le Haut-Maragnon et entravent la navigation du
fleuve. Parmi les fragméns enchâssés dans le grés de Chamaya,
)e n'en ai jamais pu découvrir un seul qui fût de roche calcaire.
Cette circonstance^ la présence des lydiennes empâtées da&s la
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X ( 222 )
Iviasse^ ralteraance du grés à petits grains avec les conglomérats
grossiers partout si nires (Schochwitz en Saxe) dans le grès bi-
garré , enfin la superposition du zechstein et du gjpse avec sel
gemme au grés de l'Amazone^ me font admettre l'identité de
cette formation et de celles de Cuença et de Caxamarca^ malgré
la différence de hauteur absolue de plus de looo toises. Nous
avons déjà vu, dans la Nouvelle-Grenade, le grés houiller des-
cendre du gran;l plateau de Bogota aux plaines du Rk) Magda-
lena. Une parlicularité bien remarquable, et qui paroit, au
preixiier abord ^ éloigner les grés de l'Amazone et du Ghamaja
du grés rouge de l'Europe , est l'inteircalation de quelques cou-
ches de sable' à parties entièrement désagrégées. J'ai vu, entre
Ghamaja et Tomependa , des bancs de gi*és quarzeux , de trois i
quatre pieds d'épaisseur , alterner avec des bancs de sables sili-
ceux de sept à huit pieds. Le parallélisme de ces couches peu
inclinées se soutient à de gr^indes distances. Je n'ignore pas que
le mélange de sable et de grés solide caractérise plus particu-
lièrement le grès bigarré , celui qui recouvre le zechstein ( Wim-
melbui^et Gresfeld en Saxe), et h grès tertiaire au-dessus du
^gjpse à ossemens ( Fontainebleau près de Paris) ) mais MM. Yoigt
et Jordan ont aussi trouvé des bancs }de sable (triebsand) dans
le grès rouge ou houiller ( Rôhrig près de Bieber , et le Kupfei^
berg près Walkenried )« On pourroit croire que l'analogie que
nous venons d'indiquer avec les grès et sables marins du terrain
tertiaire , se trouve fortifiée jusqu'à un certain point par la fré«
quence des oursins pétrifiés que nous avons vus épars à la sur-
fyce du sol , à la fois sur les plages de l'Amazone , à 196 toises^
et près de Micuipampa, à plus de 1800 toises de hauteur^ mais
il se peut que, dans ces régions si peu examinées jusqu'ici, des
formations calcaires très -neuves reposent' sur le zechstein , et
rien ne semble annoncer que le grès de Ghamaja, alternant
à la fois avec des bancs de sable et des conglontérats à frag-
mens 4^ porphjre et de pierre Ijdienne ^ soit UD grès tertiaire
semblable à celui du terrain parisien^
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( 223 )
Je devrois peut-être placer immédiatement après le grés
houiller le^echstein ou calcaire alpin ^ parce que ces deux roches
ne constituent quelquefois qu'une seule formation ; mais j'aime
mieux décrire d'abord le terrain de quarz de Guangamarca
( flôzquarz ); parce qu'il est parallèle au grès houiller. C'est un
équiçahnt géognostùjue propre à l'hémisphère austral.
Roche de quàrz secondaire. ,
$. 27. Cette formation remarquable et entièrement inconnue
aux .géognostes de l'Europe 9 domine dans les Andes du Pérou ,
entre les 7"" et 8^ de latitude australe. Je l'ai vu reposer indif-
féremment sur des porphjres de transition ( à la pente orien-
tale àts Cordillères y Cecro deN. S. del Carmen, près S, Felipe,
982 tcttses ; Paramo de Yanaguanga entre Micuipampa et Caxa-
marca , . 1900 toîses-: à la pente occidentale des Cordillères , Namas
et Magdalena 690 toises) , et sur du granité primitif (Chala, près
des càtes de l'océan Pacifique ^ 2 1 2 toises ). Cette superposition sur
des Eoches d'un âge très-différent proure Vindépendance de la for-
mation, que nous âdsons connoître. Elle est beaucoup moins déve-
loppée à la pente orientale qu'à la pente occidentale des Andes.
A la seccmde , die atteint ime épaisseur de plumeurs milliers de
pieds 9 comptée peipendîciilaînement aux fentes de stratifica-
tion : elle y remphuce le grès ronge y su^^ortant. immédiatement
( viiiages indiesis deia Magdalena et de Contumaza) le zechstein
ou calcaioe aèpiii. C'est ou la plus récente des formations de
transition^ ou la plus ancienne des £brmations secondaires :
c''e8t un Térîtable ^marz compacte ou grenu ^ non carié ou cellu-
lenx, le plus 80Uy.ent bbmc-grisâtre ou jaunâtre et. opaque^ il
n'^st mélangé ni de talc ni de mica.- Cette formation est tantôt
compacte et à cassure ëcaillense, comme le quarz en bancs
(lagerquarz du granité- gneis primitif) ; tantôt à grains très-fins ^
semblable au quarz du- terrain calcaire de transition de la Ta-
raùtaise. Ce n'est par conséquent ni une roche arénacée^ ni
une yariété de ces grés quarzeux à ciment silicifêre^ dans lesquels
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( 224 )/
\t ciment disparoit peu a peu , et qui appartiennent à la fois
au grés bigarré (De(mold), au quadersandstein ^ au grés vert
(green sand)^ à llirgile plastique (trappsandstein) et au terrain
tertiaire (forêt de Fontainebleau). Les rarins profonds dont
la pente des Cordillères est sillonnée , et le nombre immense
de blocs arrachés de leur giie naturel y facilitent l'obserration de
cette formation de quarzy qui est très-homogéne et dépourvue
de coquilles ; comme aussi de couches subordonnées. Je Faî
examinée pendant plusieurs jours ^ croyant trouver dans une
roche recouverte de zechstein et remplaçant le grès rouge ^ des
traces de ciment^ de grains ou de fragmens agglutinés : toutes
mes recherches ont été inutiles ; nulle part je n'ai pu me con-
vaincre que ce quarz compacte ou grenu fût une roche aréna-
cée ou fragmentaire^ £Ue est quelquefois trèft-r^uliérement se"
parée en bancs de huit pouces à deux pieds d'épaisseur ^ dirigés
( Aroma, Magdalena et Gascas) N. 53*^ — 68* O^ et inclinés d«
70*^ à 80® au S. £. A la pente orientale des Andes ^ aux rives
du Ghamaja^ une couche de quarz semblable à celle que je
viens de décrire y paroit intercalée à une formation de calcaire
compacte^ bleu-grisâtre. Ge calcaire n'est pas une roche detran"
sition ( comme on pourroit le croire à cause de la position du
quarz compacte de Pesaj et de Tines en- Tarantaise,. S- 20 ) ; le
nombre et la nature de ses coquilles ^ comme la sinuosité de
ses couches, semblent le rapproi^er au contraire du zechstein
ou calcaire alpin. Il n'est pas extraordidaire de voir une roche
siliceuse qui supporte un calcaire pénétrer dans > cielui*ci et j
former une couche intercalée. Gette pénétration s'observe aussi»
quelquefois ; mais en filons (Gerrode N. S. del Garmenprès
San-Felipe ) y dans la formation sur laquelle repose la roche de
quarz. Le calcaire alpin de San-Felipe recouvre cette roche ^ et
celle-ci est placée sur un porphjre vert de transition, qui ^t tra-
versé de filons de quarz de trois pieds d'épaisseur.
U sera utile de rappeler, à )a fin de cet article, qu^l ne
îàut pas confondre neuf formations de quarz et de grés quaizeux
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( 225 )
des terrains primitif ^ intermédiaire ^ secondaire et tertiaire ^
dont seulement la seconde et la quatrième sont indépendantes ^
tandis que les autres ne forment que des bancs subordonnés :
1.^ quarz (lagerquarz) des granite-gneis^ des micascbistes et
des thonschiefer primitifs; 2.^ quarz chloriteux ou talqueux
de Minas-Geraes du Brésil et de Tiocaxas dans les Andes de
Quito : formation indépendante ^ primitive^ succédant au thon-
schiefer (S. 16), ou le remplaçant ; comme en Norwége; 5.* quarz
compacte de transition ^ décrit par MM. Brochant ^ Hausmann
et Léopold de Buch^ et subordonné (S* 20) aux roches calcaires
et schisteuses de la^ Tarantaise^ de Kjemi-£lf en Suède et de
Skeen en Norwége (S- 23); 4»* quarz secondaire (S- 27), pa-
rallèle au grès rouge ^ et pénétrant dans le calcaire alpin des
Andes de Contumaza et de HuancayelLca. A ces formations de
quarz pur on peut joindre les mal^ses entièrement quarzeuseis;
5.*^ du grès bigarré; 6.° du quadersandstein ; 7."* du grès vert ou
grès secondaire à lignites j placé entre le calcaire jurassique et la
craie; 8.^ du grès appartenant au grès tertiaire à lignites (argile
plastique ) au-dessus de la craie ; 9.*^ du grès de Fontmnebleau.
On détermine une roche avec d'autant plus de sûreté , que Ton
a sous \ts jeux le tableau àts forpnations qui sont analogues par
leur composition^ mais très-différentes par leur gisement.
n. Zechstein ou calcaire alpin (magnesian jlimestons); Gypse
HYDRATÉ; Sel gemme.
S. 28. Le mot de zechstein n'est ordinairement appliqué par
les mineurs et les géognostes d'Allemagne qu'à une seule assis*
de la formation que nous allons décrire : on distingue alors
le calcaire compacte ( zechstein ) du schiste cuivreux qu'il recou*
vre immédiatement , et des gypses et des calcaires fétides qui
lui sont superposés. J'appelle zechstein tout le groupe dont celta
roche est le représentant géognostique. C'est une grande forma»
tion caicai^e qui succède immédiatement au grés rouge ou grts
houiller^ et qui est quelquefois si intimement liée avec ce grè«
i5
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( 226 )
qu'elle s*y trouve intercalée. La limite supérieure du zechstein
est plus difTicile à fixer : en Allemagne et dans plusieurs parties
de la France orientale , cette roche se termine là où com-
mence le grès bigarré ou grès à oolithes ( bunte sandstein ). £n
Angleterre ; le magnesian limestone^ représentant par sa position
le zechstein , est recouvert d'une formation marneuse et muria-
tifère (red mari) , qui offre beaucoup d'analogie avec le grès
bigarré d'Allemagne; car dans ce dernier on rencontre aussi
plus de couches d'argile et de marne que de véritable grès.
Comme f d'un autre côté^ le sel gemme d'Angleterre appartient
âtt fed mari ^ tandis que le sel gemme de la majeure partie du
continent appartient au zechstein , on peut admettre ,que^ des
deux formations ^ a peu près pai*allèles , de red mari et de grès
bigarré , renfermant des marnes y des aig^Iles et des oolithes^ la
première est plus intimement liée au zechstein^ tandis que la
seconde l'est plus au muschelkalk^ et^ quand celui-ci et le
quadersandstein ne se sont* pas développés ^ au calcaire égale-
ment marneux et oolithique du Jura. C'est peut-être d'après
des inductions analogues que ^ dans son excellent Tableau des
formations d'Angleterre ^ publié en 1816 , M. Buckland avoit
réuni; dans un même terrain ^ le magnesian limestone et le
red mari on nevr red sandstone. Quelque grande que soit l'im-
portance que nous attachons à ces afiinités géc^nostiques ,
comme aux phénomènes d'alternance et de pénétration obser-
vés dans. des roches qui se succèdent immédiatement ^ nous ne
nous en croyons pas moins en droit de séparer les diverses for-
matftonis de grès rouge y de zechstein et de grès bigarré , là où ^
dans les deux hémisphères ^ nous les avons vues prendre un
déreloppemenl extraordinaire.
Dans le cours de ce travail je me suis souvent servi, à l'exem-
ple de beaucoup des géognostes célèbres, pour désigner le zech-
stân, du mot plus sonore de calcaire alpin, quoique je sache
Irè^bien cfue, d'après les belles recherches de MM. de Buch et
Esqher, la majeure partie des calcaires qui constituent les hantes
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( 227 )
Alpes de la Suisse, sont des calcaires de transition (S* 32 ). A
une époque où Ton a tant embrouillé la géognosie par la créa-
tion de dénominations vagues et qui ne sont adoptées que par
un tpès-petit nombre de savans, je n'ai rien youlu cbanger à la
nomenclature reçue, quelque vicieuse ou barbare qu'elle me
parût. Les imperfections du langage des géognostes ne «ont dan-
gereuses pour la science, que lorsqu'on ne définit pas avec clarté
la position de chaque formation et les limites entre lesquelles
ces formations ce trouvent circonscrites. Dans la Bavière mé-
ridibnale , dans le Tyrol , dans la Stjrie et le pajs de Sab-
bourg, les hautes Alpes de Benedictbaiern , de Ghiemsée, de
Hall, dlschel, de Gmûnden et de l'Untersberg, sont .très-pro-
bablement du zechstein. Au Montperdu, dans la chaîne des
Pjrénées , cette roche , méiée de calcaire fétide , s'élève à plus
de 1760 toises de hauteur. Dans les Andes du Pérou, 1« zech-
stein , très - distinct du calcaire .de transition, renferme des
coquilles pétrifiées sur la crête des montagnes entre Guambos
et M ontan , et près Micuipampa (i4oo»-2ooo toises); entre
Yauricocha et Pasco (2100 toises); près de Huaacavelica , Aco-
ria et Acobamba {2100 — 2207 toises). On voit par ces exem-
ples que le zechstein atteint au nord et au sud de l'équateur
de très-grandes élévations. On le trouve bien certainement dans
la région alpine des Pyrénées , du Tjrol et des Andes 5 mais le
mot calcaire alpin n'indique pas plus que toutes les Alpes cal-
caires dans les deux mondes sont composées de zechstein, que
ie mot grès kouiller n'annonce cpie les houilles appartiennent
uniquement au grès rouge. La question de savoir quelles cimes
alpines de la Suisse et du Tjrol sont de zechstein, quelles cimes
sont de Calcaire de transition , est plutôt une question de géo-
graphie niinéralogique, qu'un problème de géognosie générale.
La science des formations se borne à décrire une roche placée
dans la série àts terrains secondaires, entre le grès houiller et
le grès bigarré alternant arvec des argiles : elle ne prononce pas
sur ce grand nombre dé rot^ei dont le ^gisement n'offre auci^i^
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( "8 ) , ,
.cai'actère diagnostique certain , par exemple ^ sur des roches cari*
caire3 non recouvertes et placées immédiatement sur du mica-
schiste ou des grauwackes. Partout où Je grés houiller manque^
on ne peut juger de l'âge des roches calcaires que d'après des
analogies de composition et de couches intercalées : on les
rapproche de tel ou tel groupe^ comme le botaniste rapproche
préalablement de telle famille ou de tel genre connus^ une
plante dont il n'a pu examiner le fruit. Ces hésitations et ces
doutes^ loin de prouver l'incertitude des classifications^ parlent
plutôt en faveur de la. marche méthodique que doit suivre la
' géognosie positive.
Le- zechstein , en le considérant dans sa plus grande géné-
ralité; est tantôt (dans les montagnes les plus élevées] un ter-
rain «d'une grande simplicité ^ tantôt (dans les plaines) il est
composé de plusieurs petites formations partielles ^ qui alternent
les unes avec les autres (Thutinge; Figeaè, Autun^ Yillefran-
che). Sa couleur est le plus souvent grisâtre et bleuâtre , quel-
quefois rougeâtre : il passe ^ et surtout dans les hautes régions ^
du compacte au grenu à très-petits grains^ et dans ce cas il
est traversé par de petits iiloQs de spath calcaire. Ces caractères
de couleur et de cassure ne sont cependant pas d'une grande im-
portance; car^ selon que la matière colorante (carbure d'hjdro-
gène et fer) se trouve diversement" répartie , le zechsteîn et le
calcaire de transition prennent quelquefois des teintes sembla-
bles : le premier devient noirâtre^ et le second blanc -grisâtre.
C'est ainsi que la couleur noire se trouve ( duché d'Anhalt-
Dessau ; Heltstàdt ; Osnabrûck ) jusque dans le muschelkalk.
M. Freiesleben observe très-bien que le zechstein n'est généra-
lement pas mat^ mais un peu brillant (schimmemd)^ à cause
d'un mélange intime de petites lamçsde spath calcaire. Cet éclat ^
bien moindre sans doute que dans les calcaires de transition y
se remarque non-seulement da];is les montagnes trés-élevées ,
mais jusque dans le zechstein des plaines. C'est la aussi que cette
roche devient parfois grenue à petits gmm (au jD^ster et près
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( 229 .)
deffàmeln; entre Bolkenhajn et Waldenbourg , et prés de Tar-^
nowiz en Siléstie ). J'ai trouvé cette même tendance à la struc-
ture cristalline dans le zechstein du Mexique et dans celui des
Llanos de Venezuela : elle n^est pas causée^ comme dans le
calcaire du Jura y par un entassement de débris organiques j et
ce seroit à tort qu'on attribueroit cette tendance exclusivement
au calcaire de transition. De petits filets de spath calcaire blanc
traversant un calcaire bleuâtre ^ passant du compacte au grenu ^
caractérisent sans doute plutôt le terrain de transition que la
zechstein des plaines; mais dans les deux continens ces petits
filons se retrouvent aussi dans les ealcaires des hautes montagnes
calcaires, que, par leur gisement et par leurs bancs intercalés
de sel gemme et d'aigle bitumineuse, je crois appartenir au
zechstein. D'ailleurs , dans toutes les formations supérieures au
grè$ rouge, on observe que ( par une action probablement galva-
nique) les calcaires gris-noiràtre perdent leur principe colorant
dans le voisinage des fentes de stratification. Cette décoloration
a lieu dans les roches restées en place. L'accumulation du carbone
né se conserve que dans le centre des couches, et l'on diroit
que la pierre a été exposée au contact de la lumière et de l'oxi->
gène de l'atmosphère.
De toutes les formations secondaires le zechstein est celle dont
les* diverses assises ont été le plus minutieusement étudiées :
c'est aussi celle qui a le: |^s contribué à fiûre naître dans le
Nord de l'Allemagne, dans cette terre classique de la géognosiéy
les premières idées précises sur l'âge relatif des terrains et sur
la régularité avec laquelle ils se succèdent. Gomme les «chiàtes
bitumineux et cuivreux du zechsteiii jsont un objet très -impor-
tant d'exploitation, il a fallu percer cinq formations^ le muschel-»
kalk, le gypse fibreux et argileux, le grès bigarré ou oolîtiiî-
que, legjpse feuilleté et salifère^ et lé zechstein, pour parvenir
à la couche argentifère placée entre le zechstein et le grès rouge.
On peut dire que les travaux des mineurs sur les schistes bitu-»
roineux du Mansield^ en Allemagne^ et su^ les rodhos de itouilb
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( '^'^o )
en Angleterre ^ ont singulièrement favorisé les progrès de la géa-
gnasiè de gisement, dont Stenon a eu la gloire d'aroir indiqué ^
le premier y les véritables principes.
Le zechstein ou calcaire alpin, la plus ancienne des forma-
tions secondaires, renferme, comme coubbes subordonnées:
des argiles schisteuses, carburées et bitumineuses; de la houille;
du sel gemme; du gjpse; du calcaire fétide, compacte ou en
parties désagrégées ( asche); du calcaire magnésifère; du calcaire
à gjyphites ; du calcaire ferrifère ( eisenkalk ) ; du calcaire cellu^
leux 4 grains cristallins (raucheivacke ) ; du grès de la calamine,
du plomb , du fer hydraté et du mercure. Nous joindrons à
ces indications les substances qui se trouvent quelquefois dis*
séminées dans le zechstein, sans j former des couches conti-
nues, telles que le soufre , le silex (hornstein) et le cristal de
roche. On distingue facilement dans l'ensemble de ces masses
trois séries bitumineuses ou carburées, muriatifères et métal-
liques. Le schiste cuivreux , rempli de poissons pétrifiés ; le
calcaire fétide, le sel gemme et le gypse , la calamine et le plomb
sulfuré sont les types les plus importans de ces trois séries : ils
servent jusqu'à un certain point , par leur eomomitance giognos-
tique , à reconnoître la formation que nous décrivons, lorsque
les rapports de gisement sont douteux.
Argues ou marnes schisteuses , carhuréei ou bitumineuses. L'ac-
cumulation de carbone qui caractérise les terrains de transition,
surtout ceux qui sont les plus modernes, atteint son maximum
dans le grès rouge : le carbone ne s'y montre plus comme gra-
phité ou comme anthracite, mais eômme bouille bitumineuse.
La formation de calcaire alpin, si intimement liée à celle du
grfès rouge ou grès houîller, participe jusqu'à un certain point
à cette abondance de carbone hydrogène : tantôt c'est toute la
miasse de la roche (Bavière méridionale, et Meiiingen sur le la»
de Thun ; dans l'Amérique méridionale , montagnes de la Nou-
velle«Andak>msîe ) qui est pénétrée de parties bitumineuses; tan-
tôt ce ne sonf'qve des couches d'argile et de marnés intercalée
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( 23. )
qax ccmtiennent le bitume. La plus célèbre de ces couches est
le schiste cuivreux ( kupferschiefer ) du Mansfeld , que Ton re-
trouye dans le nouyeau monde ^ renfermant des poissons fossiles ,
présdeCeara (plaines du Brésil)^ prés de Pasco (à 2000 toises
de hauteur ; Andes du Pérou ) , prés de Mondragon ( plateau
du Potosi) et prés du Pohgo de Lomasiacu (rives de rAmazoue,
province de Jaen). Le plus souvent il n'jr a qu*une seule couche
de schiste cuivreur, et cette couche se trouve comme repoussée
vers la limite inférieure du zechstein. C'est cette position qui
Ta fait prendre long-temps pour une formation indépendante 9
placée entre le zechstein et le grés rouge. D'autres fois (Gonrads-
ivalde^ Prausnitz et Hasel^ en Silésie), il 7 a plusieurs bancs
qui alternent avec les couches de zechstein et qui méritent éga-
lement d'être exjdoitées. Le cuivre et le plomb argentifères ne
se trouvent qu'accidentellement accumulés dans cette formation
partielle^ et j'ai vu dans les deux continens (Ghiemsée et Wal«
lersée dans la Bavière méridionale; mines de Tehuilotepec au
Mj^xique^ montagne du Guchivano prés Cumanacoa) ces marnes
cuivreuses du M&nsfeld représentées par de petites couches
d'argile schisteuse carburéo, brun- noirâtre ^ foiblement chargée
de biMime et remplie de pyrites. Ce phénomène phroit lier le
zechstein des plaines à celui des hautes montages, dont la super-
position au grés houiller est moins évidente. Dans les Andes
de Montan (à 1600 toises de hauteur; Pérou septentriooi»! ) des
argiles noires de cinq à dixrhuit pouces d'épaisseur alternent
avec le zechstein. Les argiles schisteuses et mamètues eseiUent^
du zechstein ou calcaire alpin , d'un côté vers le grés jropge et
le calcaire de transition, de Pautre vers le caleûre 4a Jura.
Dans le grés rouge se trouve répété le schiste cuivreux et argen-
tifère , mai9 avec une grande accumulation de carbone (Subi
et Goldlauteren Saxe). Dans le calcaire de transition (Schwatz
en Tyrol) les argiles deviennent plus micacées et passent au.
thonschiefer de transition , renfermant (Glaris) , comme les
schistes du zechstein (Eisleben) et comme ceux du grés rouge
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( 232 ) .
(mine de Saint-Jacques près Goldlauter); des poissons pétri-
fiés. Dans le calcaire du Jura les marnes sont plus calcariféres^
d'une teinte plus claire^ blanchâtres ou gris -bleuâtre. Malgré
les analogies que présentent quelquefois les ai^iles schisteuses
fortement carburées de zechstein avec celles du grès houiller , ce
nW pourtant que dans ces dernières^ qui recourrent immédiate^
ment les houilles , qu'on trouve des empreintes de véritables
fougères du groupe des poljpodiacées. Les schistes cuivreux ne
présentent que des Ijcopodiacées^ famille que Swartz, depuis
long-temps y a séparée des fougères.
• Houille. Quoique, comme nous venons de l'indiquer, raccù-
mulation du carbone caractérise particulièrement la formation
du grès rouge , de même le bitume caractérise la formation du
calcaire alpin : cette dernière offre cependant aussi des traces
de véritable houille, soit en couches (entre Nalzon et^Pereilles
dans les Pyrénées 5 à Huanuco dans les Andes du Pérou, à 2000
et 2200 toises de hauteur), soit comme parties disséminées
dans le schiste cuivreux (Eisleben, Thalitter, en Saxe). C'est
un fait bien remarquable et anciennement observé , -que la houille
piciforme (jajet) se montre de préférence sur les empreintes
du corps des poissons pétrifiés : elle remplace dans ces em«'
preintes oi^niques le sulfure de fer, et (entre Môrsfeld et
Mûnsterappel dans le duché de Deux-ponts ) le mercure natif
et le cinabre. Les couches de houille mêlées de coquilles ma-
rines et d'ambre ( Hering et M iesbach en Tjrol ; Entrevemes
sur le lac d'Aifnecj en Savoie) ne se trouvent pas dans le zech^
stein : oe sont des lignites qui appartiennent à des formations
beaucoup pliis récentes. Ds sont superposés au zechstein dans
des bassins isolés, et ont , comme toutes les formations locales,
leurs grès et leurs ai^iles.
Sel gemme et argile muriaiifère. Les masses de sel gemme
dans le calcaire alpin ou zechstein sont moins subordonnées à
des couches de gypse lamelleu^, qu'à une formation particu-i
Jiere 4*aigile, qui a été Iong-tçmj>s négligée par les géognostes
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( 233 )
et que j'ai fait connoilre sou« le nom de salzihoh ( aigile mûri»-
tifêre). Elle caractérise^ dans les deux continens, les dép6u
de sel gemme y de même que l'argile schisteuse ( schieferthon )
ou argile à fougères caractérise les dépôts de houilles. Cette^
formation muriatifère^ dans laquelle le gjpse ne se trouve pour
ainsi dire qu'accidentellement , a été l'objet principal de mes
recherches dans les voyages que j'ai entrepris par ordre du Gou-
vernement prussien ^ pendant les années 1792 et 1793, dans les
mines de sel gemme de la Suisse ^ de l'Allemagne méridionale
et de la Pologne. Je l'ai retrouvée^ avec toutes ses nuances d'a-
nalc^ie les plus petites ^ dans les Cordillères de l'Amérique équa«
toriale, et l'on ne sauroit douter que sa connoissance phjsio-
nomique ne soit du plus grand intérêt pour ceux qui travaillent
à découvrir des dépôts de sel dans les pays que l'on en a cru
dépourvus jusqu'à ce jour.
Les couleurs de l'argile muriatifére sont généralement (Hall,
Ischel^ Aussee) le gris de fumée, le gris blanchâtre et le gris
bleuâtre ( Berohtolsgaden et Wieliczka); quelquefois cette aigile
est brun-noirâtre ,* brun-rougeâtre ( leberstein des mineurs du
Tjrol et de la Stjrie) et 'même rouge de brique. On la trouve
ou en masses très -puissantes^ ou disséminée en petites parties
rhomboïdes , soit dans le sel gemme ( Zipaquira , dans la Nouvelle-
Grenade), soit dans un gypse (Ncustadtan der Aisch, en Fran-
conie ; Reichenhay en Bavière ) qui est subordonné au calcaire
alpin. Les couleurs de l'argile muriatifére sont Beaucoup pi as
variées et plus mélangées que celles de l'argile schisteuse qui
couvre les nouilles. La première fait un peu d'efîfèrvescence avec
les acides ; ses couleurs sont daes à la fois au carbone et a
l'oxide de fer. Sur le plateau de Bogotft je l'ai vue mêlée d'as-
phalte et tachant les doigts en noir. Elle absorbe rapidement
l'oxigène de l'atmosphère, tant sous des cloches que dans ces
grandes excavations circulaires (Sinkwerke, WÔhre) qui sont
destinées à être remplies d'eau douce pour lessiver la roche sa-
iifère. Sa consistance çst extrêmement variable; elle s'élève du
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( 234 )
tendre à la dureté du schiste cuivreux. Souvent des masses tenaces
(schlief ) paroissent mêlées de silice et donnent feu avec l'acier;
leurs pièces séparées sont alors testacées et courbe^ ( krummschalig
abgesoiiderte Stùcke). Empâtées dans une argile friable, elles
forment une espèce de brèche porphjrroïde. L'aigile muriatifère
n'offre ni les paillettes de mica ni les empreintes de fougères
de l'aigile schisteuse des. houilles : on j trouve cep^idant quel-
quefois ( Hallstadt; Wieliczka ) des coquilles pélagiques.
Le sel gemme se présente de deux manières, ou disséminé en
parcelles plus ou moins visibles dans le saltzthon , ou formant
des couches épaisses alternant avec des couches aigileuses. Cette
di^osition différente détermine le maximum ( Wieliczka ) ou le
le minimum (Ischel ) de richesse dans les mines; elle décide si
le sel doit être exploité en grandes masses {lapiddcinoh^mmfido,
dit Pline cœdiiur sal naiiçum ) , ou en lessivant la roche par
l'introduction des eaux douces dans des chambres souterraines.
Lorsque le muriale de soude gris de fumée est disséminé en
grains arrondis ou en petites lames/ ou d'une manière insensible
à l'œil, il n'en forme pas moins des croûtes continues autour
des pièces séparées du salzthon ; il remplit toutes les fentes qui
divisent les masses en fragmens polyédriques. Il en résulte des
brèches argileuse; (Haselgebiige) cimentées par du sel gemme.
Quelquefois de grandes masses d'argile (Hall en Tyrol) sont ab-
fiolum^t dépourvues de muriate de soude ; on les croit lessivées
par l'action des eaux qui circulent dans la terre, et ce phéno-
mène curieux semble favoriser l'hjpothèse la plus anciennement
adoptée sur l'origine des source^ salées.
Le gypse grenu, blanc -grisâtre, rarement anhydre (murîAcite),
se trouve par couches plus ou moins épaisses dans le salzthon; il
j abonde plus que dans le sel gemme ; toujours soin volume
est de beaucoup inférieur à celui de l'argile. Quelquefois le
gypse est mêlé de calcaire fétide et de cristaux de chaux car-
bonatée maghésifère (rauten- ou bitterspath). Lorsque le sel ne
forme pas de véritables bancs oh des masses cristallines conti-
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( a35 )
nues, il se troure dans Taiçile comme amas entrelacé {Stock'»
yrerk) , c'esUà-dlre ^ en petits filons qui se croisent , se renflent et
se traînent dans tous les sens. Ses fibres sont perpendiculaires
au mur et au toit des filons (Berchtolsgaden). D'autres fois le
sel est réparti par couches très-minces ^ parallèles entré elles ^
variées de couleur, sinueuses , généralement yerticales (Hallstadt
et Halleii^}, rarement inclinées de moins de So"* (Aussee). Par-
tout où le gypse grenu manque entièrement dans le saUthon,
on le trouve remplacé par des cristaux épars de gypse spécu-
laire. Toute cette formation salîfère renferme quelquefois , dis-
séminées, des pyrites, de la blende brune et de la galène. A
Zipaquira , dans l'Amérique méridionale ( mine de Rute ) , les
pyrites et la chaux carbonatée ferrifère forment des. concrétions
particulières en sphéroïdes aplatis , de 18 à 20 pouces de dia-
mètre : ces sphéroïdes sont empâtés dans le saUthon^ et ont au
centre des creux de 5 à 4 pouces, remplis de fer spathîque
cristallisé. Je n'ai point observé ce phénomène singulier dans
les mines de sel gemme d'Allemagne, .de Pologne et d'Espagne,
que j'ai visitées^ mais la fréquence des.pryiites dans l'argile mu-
riatifére jette quelque jour sur l'odeur d'hjdrogène sulfuré qu'exha-
lent si souvent les sources salées. La galène ne se montre qu'eu
parcelles dans le dép6t salîfère de Hall en Tyrol ^ mais elle s'est
développée en grandes. masses dans les montagnes de sel gemme
(rouge-blanc et gris -noirâtre) à travers lesquelles se sont frajé
un chemin, sur une di^ance de de«x lieues, le Rio Guallaga
et le Rio Pilluana (province péruvienne de Ghachapoyas, sur
la pente orientale des Andes).
Les dépôts de sel dans les deux continens se trouvent géné-
ralement à découvert, comme les formations 4'euphotide et de
serpentine. Quelquefois ils supportent de petites couches de gypse
et de calcaire fétide qui leur appartiennent exclusivement. U
n'est par conséquent pas facile de prononcer sur l'âge relatif des
dépôts muriatifères. La formation principale (Hauptsalznieder-
lage ) me parolt évidemment appartenir au zechsiein ou calcaire
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.( a56 )
alpin ; mais eeïie assertion n'exclut pas la probabilité que d'autres
formations partielles se trouvent intercalées aux terrains de tran-
sitioti, peut^tre même aux terrains tertiaires. Les bouilles, les
oolithes et les lignites se sont aussi développés à des époques
très-différentes les uns des autres; et cependant les gîtes prin-
cipaux de ces trois substances sont le grès rouge y le calcaire du
Jura et Fargile plastique. Pour traiter cet objet dans sa plus
grande généralité ^ je vais indiquer successivement ^ d'après Fétat
actuel denosconnoissaiîces^ les diverses formations de sel gemme
dans le calcaire de transition, dans Te zechsteîn et le grès bigarre
avec argile.
Le gypse anbjdre de Bex , qui renferme du sel gemme dissé-
miné et de petites couches subordonnées de gfrauwacke , appar-
tient, selon les observations de MM. de Buch et Charpentier,
au calcaire de transition, mais probablement aux dernières cou-
ches des terrains intermédiaires. De ce même âge paroissent être
aussi le gypse salifère de Colancolan ( à Test d'Ajavaca , Andes
du Pérou), mêlé, comme le .calcaire de transition de Dram-
mcn (Norwëge), de trémolithe asbestoïdef les petits dép6ts
de S. Maurice ('Arbonne en Savoie ) , et , d'après M. Cordier, la
montagne de sel de Cardona en Espagne. Le gypse anhydre ca-
ractérise particulièrement ces dépôts salifères du terrain de tran-
sition. Dans FAUemagne méridionale, sur les bords du Necker
( Sulz au-dessus de Heilbronn ; Friedrichshali , eùtre Kochen-
dorf et Jaxtfeld; Wimpfen, au-dessous de Heilbronn), on a
découvert, par des , sondes de 245 et de 760 pieds de profon-
deur, du sel gemme dans le zechstein. Les beaux travaux de
MM. Glenk et Langsdorf ne laissent pas de doute à ce sujet. A
Sulz on a percé successivement le muschelkalk, la formation
d'ai^ile et de grès bigarré, un zechstein poreux, mais de très-
peu d'épaisseur, et le grès rouge, reposant sur le granité de la
Bergstrasse et du Schwarzwald. A Friedriehshall et à Wimpfen ,
d'après les observations judicieuses àe M. de Schmitz , les couches
supérieures au zechstein manquent entièrement, et l'on a trouyé
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( ^57 )
dans celui-ci^ qui est gris-bleuâtre et que ^ par cette raison ^ <Sn
a souvent confondu arec le calcaire de transition/ des couches
alternantes de sel gemme y d'argile salifére , et de gypse blanc
et grisâtre. Dans le grand-duché de Bade , le dépôt salifére paroit
recouvert (Heinsheim près Wimpfen , sur le Necker; Stein^ MûhU
bach et Beyerthal ^ dans la vallée du Rhin 3 Kandem , dans le
Schwarzv^ald ) des mêmes roches dont on a reconnu la série &
la saline de Sulz.
Je crois pouvoir citer encore comme upe preuve bien évidente
du gisement de la grande formation de sel gemme dans le zech-
stein ou calcaire alpin ^ la partie septentrionale du plateau de
Santa-Fé de Bogota, où la mine de Zipaquim (Rute, Ghilco
et Guasal) se trouve à i58o toises d'élévation au-dessus du ni-
veau dé la mer. Ce dépôt salifêre, de plus de i3o toises d'épais-
seur, est recouvert de grandes masses de gjpse grenu, gypse
que Ton voit intercalé, sur plusieurs points très-voisins de la
mine, au zechslein supporté par le grés rouge ou houîller. Il
n*y a que sept lieues de distance depuis la mine de charbon de
terre de Ganoas et la mine de sel gemme de Zipaquira. D'autres
dépôts de houilles (Suba, Cerro de Tunjos) sont plus rappro-
chés encore , et l'on voit le grés rouge , qui est ti^ès-quarzeux J
sortir immédiatement sous l'aigle salifére de 2^paquira^
Dans le Sàlzbourg , en Tjrrol et en Stjrie , il pe m'est resté
jamais aucun doute , depuis les premiers temps où j'ai visité
ces contrées, sur la liaison intime dé sel gemme avec le zech-
slein. Beaucoup de géognostes célèbres ( MM. de Buch et Buck-
land) partagçnt cette opinion; mais il faut convenir que^ par-
tout où l'âge du calcaire n'est pas suffisamment caractérisé par
la présence du grès houiiler, et partout où le recouçremêoi du
dépôt salifére par des couches d'un âge connu n'est pas évident ,
le résultat des observations ne peut offrir une entière conviction.
Dans la mine de Hall près d'Inspruck, oi| voit (galerie deMit-
terberg) le dépôt de sel gemme immédiatement recouvert par la
formation calcaire qui constitue la chaîne sept^trionale des Alpes
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( 238 ) . ,
du Tjrol. Ce calcaire passe du blanc grisâtre au gris bleuâtre;
les nuances plus obscures sont souvent fétides. Il est gëncrale-
menl compacte ^ quelquefois un peu grenu à petits grains^ et
trarersé par des veines de spatb cafcaire blanc. Ces veines sont
considérées par quelques géognostes, et peut-être d'une manière
trop absolue, comme caractérisant le calcaire de transition. La
roche n'alterne nulle part ni avec le thonscbiefer intermédiaire,
ni avec le grauwacke : elle forme (Wallersée) des coucbcs si-
nueuses et arquées, comme le calcaire du lac de Luceme. M. de
Buch j a trouvé fréquemment des pétrifications de turbinites
très-petites. C'est le seul endroit en Europe où j'aie vu une grande
formation calcaire recouvrir immédiatement le sel gemme. Je la
crois, du zeclistein, d'après les analogies de position et de struc-
ture; je l'ai vue passer quelquefois ( Schlossbei]g près Séefeld ;
Schamitz) à un calcaire compacte, ayant la cassure matte, égale
ou conchoïdc , à cavités très - aplaties , semblable au calcaire
lithographique de la formation du Jura (lias). Les poissons pé-
trifiés qu'on rencontre entre Séefcld et Schônitz dans une marne
bitumineuse, éloignent encore plus le calcaire de Hall des cal-
caii^s de transition; cependant, pour le caractériser indubita-
blement comme zechstein, il faudroit le voir reposer sur le grès
rouge (todtlicgende , qui , d'après les observations de MM. Uttin-
ger et Referstein , paroît superposé aux roches intermédiaires
entre le Ratenberg et Hering, comme près des anciennes mines
de Schwatz. A Hallstadt (TôrringerBerg) et à Ischel, nous avons
vu , M. de Buch et moi , le calcaire alpin analogue à celui de
Hall , mais avec des teintes plus claires , souvent rougeâtres , et
plus abondant en pétrifications , , superposé au gjpse qui couvre
les dépôts de sel gemme. Cette superposition est moins évidente
à Hallein ( mine du Durrenberg )* et à Berchtesgaden : le gypse
qui couvre l'aigile salifère , se cache sous une poudingue calcaire
(nagelfluhe) du terrain tertiaire. Les dépôts de Hallein et de
Berchtesgaden m'ont paru, comme celui de Wieliczka en Po-
logne^ non intercalés au zechsteiu, mais supeiposés à cette for-
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( ^h )
mation. Je les crois postérieurs à Ja grande formation de houille ;
mais le grès rouge manque dans leur voisinage, et le calcaire
du pays de Salzbouiç est immédiatement superposé (tallée de
Ramsau ) au grauwacke. M. Buckland r^arde les calcaires qui
couvrent l'aigle salifére à Hallsladt, et même à Bex, comme
appartenant au lias , qui est l'assise inférieure du Jura.
Après le sel gemme des gypses anhydres de transition et après
eelui du zechstein vient , selon l'âge des formations , le sel du
grès bigarré , ou , comme on dit plus exactement j du terrain
d'argiU et de grès bigarré. Ce terrain arénacé , appelé par les
géogaostes anglois nouveau grés rouge et marne rouge {nenp
rtd sandstone and red mari), renferme les dépôts de sel ( North-
wich) de l'Angleterre. Il en renferme aussi en Allemagne, soit
près de Tiède (entre Wolfenbiittel et Brunswick) , où MM/Haoss-
mann et Scfaulze ont trouvé de petites masses de sel dissémi-
nées dans l'argile rouge du grès bigarré oolithique; soit a Suit
( royaume de Wurtembeig ) , où , avant d'avoir atteint les sources
salées dans le zechstein , on a rencontré immédiatement sous le
muschelkalk, à 46o pieds de profondeur, des relions ou nids
de sel dans ime ai^e marneuse (red mari). Cette argile recou*
yre, dans une épaisseur de 210. pieds, le grès bigarré auquel
elle appartient. Comme tout près de Sulz ( à Friediichshall et
Wimpfen ) le sel gemme alterne avec des marnes et du gypse
intercalés au zechstein, on ne peut douter de l'affinité géognos-
tique qui existe entre les deux formations du zechstein et du
grès bigarré. Les marnes et argiles salifères avec gypse grenu
se trouvent placées tantôt entre le zechstein et le grès, tantôt
dans l'une et l'autre de ces formations. Cest aussi au terrain
d'argile et de grés bigarrés qu'appartiennent et le sel gemme de
Pampelune en Ëq>agne, examiné par M. Dufour, et le riche dé-
pôt découvert, en 1819, en Lorraine près de Vie. Ce terrain
d'argile bigarrée de Vie renferme de petites couches de rauschel-
kalk, et est recouvert à son tour de calcaire jurassique^ L'iafluence
qu'une conooissance plus approfondie du gisement des roches
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( 24o )
a eue dans ces derniers temps sar les dëconvertes du sel en
Souabe^ en France et en Suisse (Églisau, canton de Zuric)est
un phénomène bien digne de remarque.
Je doute qu'on ait jusqu'ici âes preuves bien certaines de la
présence du sel gemme dans le muschelkalk; car il ne faut pas ,
comme nous le Terrons bientôt ^ déduire ce gisement de la seule
présence des sources salées. Le muschelkalk ^ dans ses couches
Inférieures ^ alterne avec la formation d'argik et de grès bigarré:
comme il renferme aussi quelquefois (Sulzbouig prés Naumbourg)
des marnes avec g^pse fibreux^ il ne seroit pas bien surprenant
que l'on j découvrît quelques dépôts saliféres. Des traces de ces
dépôts ont été observées ^ prés de Kandem, dans le calcaire ju-
rassique.
Existe-t-il des couches de sel dans les terrains tertiaires au-des-
sus de la cmie ? Plusieurs phénomènes géognostiques peuvent le
feiire supposer; et l'on devroit presque être surpris que les der-
nières irruptions de l'océan dans les continens n'aient pas produit^
sinon des couches de sel gemme , du moins de l'argile salifère.
Cependant; dans l'état actuel de nos connoissances^ le problème
que nous agitons n'est pas suffisamment éclairci. M. Steffens
regarde les gypses à boracites de Luneboui^ et de Se^ebei^
(Holstein) comme supérieurs à la craie. Le second de ces gypses
contient de petites masses de sel gemme disséminées; le pre-
mier donne naissance à des sources salées très -riches et très-
abondantes. D'autres géognostes croient la formation gjpseuse
à boracite^ beaucoup plus ancienne que le gypse à ossemens
du terrain tertiaire , et presque identique avec les gypses du
zechstein et du grès bigarré. Les immenses dépôts saliféres de
Wieliczka et de Bochnia y ceux qui s'étendent depuis la Galicie
jusqu'à la Bukowine et en Moldavie, paçoissent reposer immé-
diatement sur le grès houiller, renfermant à la fois ( et ce fait
est assez extraoïdinaire ) du gypse anhjdre, des tellines, des
coquilUs univalves cloisonnées , des fruits à l'état charbonneux ,
des feuilles et des lignites; ces dépôts ne sont recourertï que
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( »4> ) ,
de sables et de grés micacés. M.^Beudant^ dans son important
ouvi^age sur la Hongrie , semble pencber yers Topinion que ces
sables et ces grés sont analogues à la molasse d'Argovie^ et que
toutes les formations saliféres avec lignites de la Galicie pour-
roient bien . être contemporaines avec l'ai^ile plastique (grès à
lignites) du terrain tertiaire^ plac«e entre la .craie et le calcaire
grossier de Paris (calcaire à cérites). Ces bois bitumineux de
Wieliczka, exhalant l'odeur de truflès^ méritent sans doute
beaucoup d'attention; et si l'on veut admettre qu'ils ne se sont
mêlés q,u'accidentellement au sel gemme et qu'ils sont venus
des couches sablonneuses superposées y il faut encore en conclure
que le sel gemipe et les sables sont d'une origine très -rappro-
chée. Mais, la présence des lignites est -elle une preuve bien
convaincante de la grande nouveauté d'une couche? J'en doute.
Nous savons que des lignites et des empreintes de feuilles, dicoty-
lédones se trouvent bien au-dessous de la craie y et dans les
couches inférieures du calcaire du 'Jura (calcaire à giyphées
arquées; Le Vay, Issignj, près de Gaen], et dans le quader-
sandstein^ et dans les petites ' couches charbonneuses et mar-
neuses (lettenkohle) du muschelkalk^ et dans ie grès bigarré
de rAllemagne, auquel appartiennent aussi les schistes argenti-
fères du Frankenbèrg (Hesse). Il faut distinguer avec soin les
bois siliceux et pétrifiés des vrais lignites ou bois bitumineux
(braunkohle); et si l'on ne reconnoit que bien rarement ceux-
ci dans les argiles du grès bigarré^ on les trouve bien moins
encore dans le zechstein y dont les marnes cuivreuses renferment
seulement des fruits pétrifiés. Dans la Toscane on voit les sources
salées du Volterrannois sourdre ^ d'après M. Brongniart, de cou-
ches marneuses qui alternent avec du gypse grenu (albâtre) et
qui sont immédiatement recouvertes d'un terrain tertiaire. Quoi-
qu'il paroisse presque impossible de prononcer sur l'âge des
formations non recouçertes , plusieurs rapports de gisemens que
î'ai eu occasion d'observer dans le nouveau continent , me rendent
probable l'existence des dépôts de sel dans le terrain tertiaire.
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( 242 )
Je nje citerai pas les montagnes de sel gemme dans les vastes
plaines au nord -est du Nouyéan- Mexique^ que M. Jefferson
a fait connoitre le premier , et qui paroissent liées au grès liouil-
1er; mais d'autres dépôts très-problématiques^ savoir^ les argiles
salifères superposées à des conglomérats trachjtiques de la Villa
dlbàrra (plateau de Quito ^ à 1 190 toises de hauteur), les énormes
masses de sel exploitées à la surface de la terre (déserts du Bas-
Pérou et du Chili ) dans les steppes de Buenos -Ajres «t dans les
plaines arides de l'Afrique , de la Perse et de la Transoxane. Près
de Huaura ( entre Lima et Santa , sur les côtes de la mer du
Sud ) j'ai vu le porphjre trachjtique percer les couches du sel
gemme le plus pur. L'argile muriatifère d'Araja (golfe de Ca-
riaco), mêlée de gypse lenticulaire, paroit placée entre le cal-
caire alpin de Gumanacoa \ et le calcaire tertiaire du Barigon et
de Cumana. Sur tous ces points le sel est accompagné de pétrole
et d'asphalte endurci.
En comparant les dépôts de sel gemme d'Angleterre (à 5o
toises), de Wicliczka (160 t.), de Bex (220 t.), de Berch-
tolsgaddn (33o t), d'Aussce ( 45o t.), dischel (496 t.), de
Hallein ( 620 t. ) , de Hallstadt ( 660 t. ) , d'Arbonne en Sa-
voie (760 t.?), et de Halle en Tyrol (800 t.), M. de Buch
a judicieusement obsert'é que la richesse des • dépôts diminue
en £urope avec la hauteur au-dessus du niveau de l'océan.
Dans les Cordillères de la Nouvelle -Grenade, à Zipaquira, d'im-
menses couches de sel gomme, non interrompues par de l'ar-
gile , se trouvent jusquà i4oo toises d'élévation. Il n^^ a qne
la mine de Huaura, sur les côtes du Pérou, qui m'ait paru encore
plus riche : j'j ai vu exploiter le sel en dales, comme dans une
carrière de marbre.
En Thuringe, un des pajs dans lesquels on a reconnu, le
premier , la succession et l'âgé relatif des roches , on a cru long-
temps que les sources salées sont plus fréquentes dans le gjpM
grenu du zechstein que dans le gjpse fibreux et argileux du grès
bigarré , et on a regardé le premier comme ezdusivemeDi sa-
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( 243 )
lifêre. Les cavernes naturelles du gypse inférieur (salzgjrps el
schlottengjps) ont même été considérées comme des cayités
jadis remplies de sel gemme. En hasardant ces hypothèses ^ fon*
dées sur un trop petit nombre d'observations, l'on a oublié que
les dépôts de sel sont beaucoup moins caractérisés par le gypse
grenu que par une argile (salzthon) très-' analogue à l'argile
du gypse supérieur ou fibreux. Les sources salées, ou jaillissent
réunies par groupes , ou se succèdent par bandes ( traînées ) si-
nueuses et diversement alignées. La direction de ces fleuves sou«*
terrains paroi t indépendante des inégalités de la surface du sol.
Telle est la circulation des eaux dans l'intérieur du globe, que
les plus salées peuvent souvent être les plus éloignées du lieu
Où elles dissolvent le sel gemme. Un haut degré de salure ne
prouve pas plus la proximité de cette cause, que la violence
des tremblemens de terre ne prouve la proximité du feu vol-
canique. Les sources s'engouffrent tantôt dans des couches in^
férieures; tantôt, par des pressions hydrostatiques , elles remon-
tent vers les couches supérieures. Ce n'est pas leur position
seule qui peut nous éclairer sur le gisement des dépôts salifères*
Nous connoissons des sources salées, en Allemagne, dans lè
grauwacke schisteux du terrain de transition ( Werdohl en West^
phalie), dans le porphyre du grès ropge (Creuznach), dans le
grès rouge même (Neusalzbrunnen près Waldenboi^ig), dans le
gypse du zechstein ( Friedrichshall près Heilbronn; Wimpfctt
sur le Necker; Durrenbei^? en Thurînge), dans la formation
d'argile et de grès bigarré (Dax, en France^ Schônebeck, Stas-
furth, Salz der Helden, en Allemagne), et dans le musehel-
kalk (Halle? en Saxe; Sûldorf, Harzburg). On peut ajouter i
cette énuméiration le calcaire du Jura (Butz, dans le Frickthal),
et peut-être la molasse (grès tertiaire à lignites) de Suisse
(Eglîsau; essais de sonde de M. Glenck). Dans la recherche
du sel gemme il ne faut pas confondre de véritables dépôts
avec ces petites masses que des sources très -salées peuvent avoir
déposées accidentelkitient ; par cvaporation , sur les fentes des
rochers.
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( 344 )
Gypse et calcaire fétide. Des formations de gjpse postérieur
au gypse de transition (S* 20) se montrent dans, ton tes les for*
mations calcaires au-dessus du grès rouge ^ dans le zechstein^
dans le grés rouge même, dans le muschelkalk (très- rarement )9
dans le calcaire du Jura et dans le terrain tertiaire. Le gjpse
(unterer gyps, scfalottengjps de Werner) qui appartient au zech-
stein, se trouve moins en couches très-ëtendijes qu'en amas irré-
gidiers ^ souvent (Thuringe) il est superposé au zechstein et
recouvert par le grès bigarré. Il est compacte ou grenu > et alterne
avec le calcaire féjtide ( stinkstein ) ^ tandis que le gypse du grès
bigarré (obérer gyps^ thongyps de Werner) est plutôt fibreux et
mêlé d'argile. Ces caractères de structure et de mélange ne sont
cependant pas généraux. Nous avons rappelé plus haut que^ dans
les gypses salifères du zechstein^ l'argile (salzthon) prend un
développement extraordinaire. D'un autre côté, le gypse fibreux
et aigileux du grès bigarré offre aussi quelquefois des masses
grenues (albâtre de Rheinbeck, en Saxe), des brèches de cal-
caire fétide, et des cavités spacieuses ( gypsschlotten ) : trpis
phénomènes qui caractérisent plus généralement le gypse du
zechstein.
•Tous ces phénomènes prouvent Fintimité des rapports qui
lient les deux grandes formations salifères, le calcaire alpin et
le grès bigarré avec aigile. Sous la zone équinoxiale du nouveau
continent -j'ai vu de fréquens exemples de couches de gypse
intercalées ou superposées an zechstein : dans les Llanos de
Venezuela (Ortiz, Mesa de Paja^ Gachipo); dans la province
de Quito ( plateau de Cuença près Money et entre Chulcajr ,et Na-
Lon ) 'y dans le plateau de Bogota (Tunjuellos^ Ghecua , et à plus
V de 1600 toises de hauteur au-dessus du niveau de la mer, à
Gucunuva); dans les plaines de l'Amazone (Quebrada turbia
près Tomependa ) ; au Mexique , entre Ghilpansingo et Guer-
navaca (près de Sochipala) , et dans les montagnes métallifères de
Tasco et de Tehuilotepec.
Les couches de calcaire fétide sont ou subordonnées au gypse
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( 245 )
et i l'argile muriatifère que renferme le zechstoÎD^ ou elles se
présentent comme le cesultat d'une accumulation accidentelle
de bitume dans la roche du zechstein même. Cette accumula*
tion donne lieu à des sources de goudron minéral^ et peut-être
aussi à ces feux d'hydrogène qui sortent du calcaire alpin ^ ea
Europe ; dans les Apennins (Pietra mala > Barigazzô ) ; en Amé^
rique^ dans les montagnes de Cumanacoa (Cuchiv^no, lat. lo®.
6' ). Le calcaire fétide se trouye aussi , mais beaucoup plus rare-
ment^ dans le grès bigarré et dans le muschelkalk (couches à
bélemnites dé Gcettingue? ). La ceiidre [Asche) et le rauhkalk
des mineurs de Thuringe ne sont que dès rariétés pulvérulentes
ou cristallines et poreuses du calcaire fétide appartenant au zech-
stein. Gomme le calcaire fétide est^ en Europe , constamment
dépourvu de pétrifications , je rappellerai ici que dans les plaines
de la Nouvelle- Grenade (vallée du Rio Magdalena^ entre Mo-
rales et l'embouchure du Cano Morocojo)^ M. Bonpiand a
trouvé; dans une variété de ce^te même roche ^ qui étoit noir-
grisâtre ^ un peu brillante à l'extérieur ^ fortement bitumineuse
et traversée de veines de spath calcaire blanc, des térébraluUtes
et des pectinites.
Calcaire magnésifère. U faut distinguer, en géognosie, entre
les couches- intercalées au zechstein (gypse, sel gemme, sulfure
de plomb ) , dont la composition chimique diffère entièrement
de celle de la roche principale, et les modifications partielles
de cette même roche, h^ modifications qui affectent la structure
(le grain plus ou moins cristallin , la forme oolithique, la po-
rosité) et le mélange (calcaire magnésifère, calcaire ferrifère),
sont moins importantes qu'on ne pourroit le supposer au pre-
mier abord. On en trouve des analogies dans des formations
d'un âge très- différent : elles, caractérisent certains terrains dans
des cantons de peu d'étehdue ^ mais, lorsqu'on compare des
riions très - éloignées , on voit qu'elles ne les caractérisent
pas même autant que les couches intercalées qui sont chimi*
^uement hétérogènes.' Eu Angleterre, la grande masse de cal-
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( 2i6 )
Caire mâgnësifére (magnésian limestone^ red-land-limestone de
M. Smith )^ sonvent pétrie de madrépores ( M endiphiils prés
Bristol ) et liée à une brèche calcaire ou à des couches cella-
leuses (Yorlcshire) semblables au rauchwacke^ est sans doute
doute parallèle au zechstein ; elle est placée entre les formations
de houille et de sel gemme : cependant^ en Angleterre ^ comme
dans quelques parties du continent ^ d'après les recherches de
MM. Buckland; Brongniart^ Beudant^ Conjbeare^ Greenough
et PhilippS; le mélange de magnésie et de chaux carbonatée^
dont Arduin a reconnu Texistence dans le Yicentin dés Tannée
1^60^ se rencontre également dans le grès bigarré avec aigile
(red-marl); dans le calcaire oolithique du Jura^ dans la craie
et dans le Calcaire grossier (parisien) du terrain tertiaire. Peùl-
étre même qu'en Hongrie et dans une partie de FAlleroagne
les calcaires magnésifères appartiennent p1ut6t au grès bigarré
et aux formations oolithiques du Jura qu'aux zechstein. Ces roches
, sont en général jaune de paille ( de Sunderland à Nottingham )
ou blanc -rougeâtre, tantôt compactes ^ tantôt un peu grenues^
nacrées et brillantes dans la cassure i quelquefois on les trouve
celluleuses et traversées par des veines de spath calcaire. Elles
font une effervescence lente avec les acides^ cl, comme la vé-
ritable dolomie des terrains primitifs , elles ne forment souvent
que de minces couches dans un calcaire non magnésifère. Si ,
dans le magnesian limestone et dans le red-marl avec sel gemme,
deux formations placées entre Je dépôt houiller et le dépôt ooli-
thique , on reconnoît en Angleterre le zechstein et le grès bigarré
du continent^ il ne faut pas oublier qu'en Allemagne et en Hon-
grie le zechstein est lié au grès rouge ou grès houiller, tandis
qu'en Angleterre le dépôt de houille se trouve généralement en
gisement discordant avec le magnesian limestone, et qu'il j
appartient presque encore au terrain de transition. Les trois
grands dépôts de houille, de sel et ^aoUthes, qui servent, pour
ainsi dire, de repaires au géognosle, lorsqu'il essaie de s'orien-
ter dans un pajs inconnu, sont partout placés de même ; mais
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( 247 ) <
Fenchaînemeat mutuel âe& formations et le d^é'de leurdëyelop-
pemeat yarient selon les localités. Lorsqu'en Angleterre ^ par la
suppression du nouçeau conglomérat rouge (todtes liegende)^'le
calcaire magnésifére (zechstein ) repose immédiatement sur le dé-
pôt de houilles ( Durham ^ Northuml^erland ) , la houille est re-
gardée comme d'une qualité inférieure. '
Calcénre firrifire , rauchtvacke .et calcaire à gtyphites. Le cal-
caire ferrîfére (eisenkalk, zuchtwand) est une roche brunâtre <m
jaune - Isabelle ; tantôt compacte^ tantôt grenue et caverneuse,
pénétrée de fer spathique, formant des couches dans l'assise su**
périeure du zechstein (Gammsdorf, Schmalkalden, Henneberg).
Elle est quelquefois traversée par les schistes cuivreux, et prend
un tel développement qu'elle remplace toutes les assises inférieures
du zechstein. Lorsqu'elle devient gris- noirâtre , chaigée de bi-
tume et caverneuse ; on lui donne en Allemagne le nom de rauch-
iwtcke. Les cavités du rauchwacke sont anguleuses , longues et
étroites y tapissées de cristaux de carbonate de chaux. Cette
petite formation partielle, que M. Karsten, dans sa Classifica-
tion des roches y avoit confondue avec la partie caverneuse et
spongieuse du calcaire du Jura, est quelquefois magnésifére,
impar&itement oolithique (Gresfeld) , et mêlée de quarz grenu.
La pierre fétide , le calcaire ferrifère et le' rauchvracke sont
intimement liés entre eux. 'C'est au rauchwacke aussi qu'appar-
tient en grande, partie cet amas de gijphites [G. aculeatus)
que l'on appelle calcaire à gryphées épineuses (gryphitenkalk),
qui caractérise le zechstein et qui (comme nous le verrons
plus bas ) forme une couche plus ancienne que le calcaire à
gryphées arquées, qui est une des assises inférieures du calcaire
du Jura.
Grès. Partout ou le zechstein on calcaire alpin s'est dévelop-
pé seul en grandes masses, et n'est par conséquent pas inter-
calé au grés rouge, les couches de grés sont très -rares. J'en
ai reconnu cependant quelques-unes dans les montagnes de
Cumana (Impossible, Tumiriquiri). Ce grés intercalé au zech-
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( 348 )
stem est extrêmement quarzeux^ dépourvu de pétrifications, et
alterne avec des ailles brun - noirâtre. M. àe Bach a obsenré
un phénomène entièrement^ analogue en Suisse, dans le calcaire
alpin du Molesson et dans celui du Jaunthal près de Friboui]|^.
Dans les Cordillères du Pérou , près de Huancarelica , à plus
. de 2000 toises d'élévation au-dessus du niveau de Tocéan (mine
de Santa -Barbara), une immense couche de grès aussi qoar-
zeux que le grès de JPontainebleau , et renfermant un dépôt de
mercure, forme une couche dans le calcaire alpin. Même le zech-
stein de Thuringe ofiTre quelquefois de petites couches de grès ,
extrêmement quarzeuses, qui traversent le schiste cuivreux. tToe
marne arénacée (weissliegende)^ se trouve sur les limites du
zechsteih et du grès rouge. Elle varie beaucbup dans sa compo-
sition, et rappelle les bancs de grès du Tufniriquiri dans FAmé-
rique méridionale. Le w^eissliegende de Thuringe est géoérale-
ment calcarifère, et renferme des grès et des conglomérats siliceux,
M. Freiesleben j a trouvé (Helbra) des concrétions globuleuses
semblables à celles que j'ai recueillies dans l'aigile salifère du
zechstein de Zipaquira. Nous rappellerons , à cette occasion ,
que le calcaire alpin des Pyrénées n'est pas seulement mêlé
de sable et de mica, mais qu'il renferme aussi des bancs de
grès argileux.
Plomb sulfuré, fer hydraté ^ calamine , mercure. Ces quatre pe-
tites fornrations métalliques caHactérisent le zechstein dsms les
deux hémisphères. La galène ai^entifère commence déjà à se
montrer en petites masses dans le schiste cuivreux de la Thu-
ringe : mais, en Silésie et en Pologne, elle forme (Tamowitz,
Bobrownick, Sacrau, Olkusz, Slawkow) des couches très- éten-
dues dans je zechstein, par conséquent au-dessus du riche dé-
pôt de houille de Ratibor et de Beuthen. Dans ces mêmes con-
trées les couches de fer hydraté (AadzionkaU) et de calamine
f Piekarj), parallèles entre elles, sont d'une origine plus récente
que la couche de fer sulfuré ai^entifère de Tamowitz. Déjà
dans le calcaire grenu et dépourvu de coquilles, qui couvre
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( a49 )
cette dernière conche^ on trouve disséminé dans des carités slon^
gées de petites masses de fer brun et de zinc oxidé concrétionné*
Prés dlhlefeJd au Harz tout le zechstein est imprégné de cette
dernière substance. Quant aux coucbes de galène et de calamine
du Sauerland, de Brillon, d'Aix- la -chapelle et de Limboui^g^
elles semblent 9 d'après les discussions judicieuses de MM. de
Raumer et Nœggerath , malgré leur analogie apparente avec les
formationis de la Haute-Silésie y appartenir aux terrains de tran-
sition les plus récens. On diroit que dans les deux continens il
existe une affinité géognostîque (ou de gisement) bien remarquable
enire les roches calcaires et le plomb sulfuré plus ou moins
ai^gentifère : nous voyons ce dernier en Europe dans le calcaire
intermédiaire (filons de Schwatz en'Tjrol^ et du mountain-lî-
mestone deNorthumberland , de Yorck et du Derbjshire ) et dans
le calcaire alpin (couches^ de la Haute- Silésie et de la Pologne;
magnesian limestone de Durham ). Sur le plateau 'de la Nouvelle-
Espagne* les minerais de plomb du district de Zimapail ( Real
,del Gardonal/ Lomo dêl Toro), de même que celles de Linarès
et du Nouveau-Saint- Ander^ appartiennent aussi à des calcaires
qui sont mêlés dç pierre fétide et qui succèdent immédiatement
à la formation houillère.
La calamine se rencontre dans le calcaire magnésifère de FAn-
gleterre (Mendiphills) comme dans le zechstein de la Haute-»
Silésie. Quant aux couches ai^ileuses de fer hjdraté ^ elles of-
frent y dans le calcaire alpin des Andes du Pérou ^ un carac-
tère particulier; elles sont intimement mêlées d'ai]gent natif
filiforme et de muriate d'argents Ce mélange de fer oxidé « et
d'argent^ que nous avons fait connoître, M. Klaproth et moi^
est connu sous le nom de peicos : il se trouve dans là partie équi-
noxiale des deux Amériques^ remplissant la partie supérieure
des filons^ et présente dans cette position une analogie bien
remarquable avec les masses terreuses et ochracées (non-argen-
tifères) que les mineurs de r£urope désignent vulgairement
par le nom de chapeau de fer des filons (eiserne Hut). Le plus
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{ aSo )
riche exemple que je connoisse d'une couche de pacos dans le
calcaire alpin , est le dépÀt de la montagne de Yauiicocha (Gerro
de Bombon ^ Cordillère péruvienne de Pasco ) ,, situé à plus de
a 800 toisej^ de hauteur absolue. Quoique les exploitations de
ce gîte de fer oxidé, qui abonde en argent , n'aient générale-
ment atteint jusqu'ici que la profondeur de i5 à 20 toises^
elles ont fourni ^ dans les dernières vingt années du dix-huitième
siècle plus de cinq millions de marcs d'argent. Aux jeux du
géognoste expérimenté ce gîte remarquable n'est qu'un dévelop-
pement particulier des couches de fer hjdraté que présente le
Techstein de la Haute -Silésie^ et qui passent quelquefois (Pila-
tus et Wallensée en Suisse ) au fer lenticulaire. '
. La présence simultanée du mercure dans le grès houiller et
dans le calcaire alpin ajoute aux . rapports que nous avons in-
diqués entre ces deux formations. En Gamiole ( Idria)^ le minerai
de mercure se trouve , d'après MM. Héron de Yillefosse et Bon-
nard ^ dans un schiste marneux semblable aux marnes cuivreuses
du Man«feld. Au Pérou ^ près de Hnancavelica 5' le cinabre est
en partie disséminé dans le grès extrêmement quarzeux qui
forme une couche ( Pertinendas del Procal^ deXomedio et de
Gochapata, mine de Santa -Barbara) dan$ le calcaire alpin ; en
partie il remplit des filons (montagne de Sillacasa) qui se
réunissent en amas et traversent immédiatement le calcaire
alpin.
Aprè$ avoir nommé cette grande variété de véritables cou-
ches que renferme la formation dont nous tâchons de faire con-
noitre le^ rapports de gisement , de structure et de composition 5
ij me reste à indiquer les substances qui s'j trouvent simplement
disséminées. Je me bornerai à nommer le silex, le cristal de jroche
et le soufre.
Le silex commun (hornstein) ^ très- rare dans le zechstein des
plaines (Thuringe); caractérise ce même terrain dans la région
alpine des Pyrénées ^ de la Suisse (Mont Bovon^ la Rossinière);
du Salzbouiç et de la Styrie (au-dessus de Hallstadt; Poschcn-
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( 25l )
berg; Goisem); il passe souvent au jaspe et au silex pjro*
maque ( feuerstein ). En Europe ^ le silex du calcaire alpin ne se
trouye que par rognons ou par nodules souvent disposés sur
une même ligne; mais dans les Cordillères du Pérou, ^u milieu
des riches mines d'argent de Ghota (prés de Micuipampa^
lat. austr. 6"" {^' 58'') le silex forme une couch^ d'une épais-
seur prodigieuse. L^ montagne de Gnalgajoc, qui s'élève comme
un château fort sur un plateau de 1800 toises de hauteur , en
est entièrement composée. Le sommet de cette montagne est
terminé par une innombrable quantité de petits rochers poin-
tus, ajant chacun de lai^nes ouvertures que le peuple appelle
.fenêtres (ventaniUas). Le silex {panizo) de Gualgajoc est un
homstein écailleux, blanc - grisâtre , à cassure matte, souvent
Unie f intiftiement mêlé de fer sulfuré. U passe tantôt au quarz ,
tantôt à la pierre à fusil. Dans le premier cas il est celluleux,
à cavités irrégulières, tapissées de cristaux de quarz. De grandes
masses de cepanizo , dans lequel des filons d'argent gris et rouge ^
et des filons de fer magnétique forment des amas entrelacés d'une
richesse extraordinaire, ressemblent au calcaire siliceux du terrain
tertiaire de Paris; mais on voit clairement, dans plusieurs de ces
mines ^Ghoropampa, à Fcst du Purgatorio près du ravin de Chi-
quera), que œ homstein métallifère est une couche de forme irrégu-
lière, intercalée au zechstdn ou calcaire alpin. U enchâsse de
grandes masses calcaires^ et alterne quelquefois (Socabon de
Espinachi) avec cette même ai-gile brun -noirâtre et schisteuse
que l'on trouve dans fe calcaire alpin de !$f ontan , et qui rend
^ les filons entièrement stériles. Le homstein est dépourvu des
coquilles qui abondent dans la roche principale et qui remplis-
sent même quelquefois les filons. Une énonce masse de matière
siliceusç, qu'on trouve comme foi^due au milieu d'un calcaire
secondaire, à couches arquées et renfermant des c^mmonites de
8 — 10 pouces de diamètre, est sans doutb un phénomène géo-
gnostique bien remarquable. Existe -t- il (environs de Florence)
des rqgnon& de silex corné dans les calcaires de transition 7
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( 252 )
De quel Âge sont les calcédoines et les jaspes disséminés dans les
Monti Madoni de Sicile ?
Le calcaire alpin de Gumanacoa (Amérique méridionale)
renferme^ comme celui de Grosôrner (Thuringe)^ des cristaux de
roche disséminés. Ces cristaux ne se trouvent pas dans des cavi-
tés •, mais enchâssés dans la roche ^ comme le feldspath Test dans
Je porphjre , et comme le cristal de roche ou le boracite le sont
dans des gypses modernes.
Le soufre natif^ que nous avons déjà vu dans le quarz grenu
du terrain primitif et dans le gypse de transition (Sublin prà
de Bex), reparoît dans le calcaire alpin ( Pyrénées ^ prés d'Orthès
et prés de la forge de Bielsa; Sicile^ Val de Noto et Mazzara),
et dans le gypse feuilleté ( Nouvelle - Espagne , Pateje prés Teav
sautia) qui appartient à cette dernière formation. Cependant la
majeure partie du soufre dont abondent les riions équinoxiales
de l'Amérique ^ se rencontre dans les traehytes porphyriques et
dans les argiles du terrain pyrogène.
Les opérations de Bouguer et de La Gondamine ayant été
faîtes dans une portion des Andes où dominent les formations
de traehytes ; il s'est répandu en Europe > parmi beaucoup de
fausses idées sur la structure des Cordillères , celle de l'absence
des coquilles et des formations calcaires dans la r^on équi-
noxiale. Encore vers la fin du dix ^ huitième siècle^ l'Académie
des sciences invita M. de La Peyrouse {Vtyyage , T. I,p, 169)
de rechercher « s'il est vrai que près de la ligne^ ou plus que
« l'on s'en approche ^ les montagnes calcaires s'abaissent jusqu'à
« n'être plus qu'au niveau de la mer. » Dans des ouvrages plus
récens (Greenough^ Crit, examinaiien of Geology, p* 288) on
révoque en douté l'existence des ammonites et des bélemnites
dans l'Amérique du Sud. En faisant connoitrc la superposition
Aes roches en différentes- parties du nouveau continent^ j'ai in-
diqué à quelle hauteur prodigieuse s'élèvent les couches coquillères
de zechstein dans les Cordillères du Pérou et de la Nouvclle45re-
nade. fl ne faut pas croire que les grandes révolutions qui ont
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C ^53 )
enseveli les animaux pélagiques > se soient bornées à tel ou tel
climat. - *
Dans les régions les plus éloignées les unes des autres nous
trouvons ; dans la formation dû zechstein ou calcaire, alpki,
des gijphites {O. acukata), des entroques (formant diaprés Tob*
«ervatîon curieuse de M. de Bucb ^ dan«( beaucoup de parties
de l'Allemagne, une coucbe distincte sur k limite du calcaire
alpin et du grés bouiller) ; des térébratulites ( T. alatus, 7\ ilev-
cunosus, T. tngonelius)^des pentacrîni tes d'une grande longueur;
un trilobite du schiste cuivreux^ qui ^ génériquement, n'est peut-
^tre point encore sufilsamm^ent examiné. (T. biiumùtosus) i des
ammonites (plus rares que dans lé muscbelkalk et dans les
marnes du calcaire du Jura), quelques orthocératites ; des pois*
iBons qui avoient déjà 'fixé l'attention des anciens ( Aristot., Mi*
rah auscultât.^ éd. Bechnanmana, e» yS; Livius, lih, i2,c. i),
des ossemens de monitor, peut -être même (Tocajma et Gu-
manacoa dans l'Amérique méridionale) de o'ocodiles; deis em-
preintes àt l^ycopodiacéés et de baipbusacées; point de vraies
fougères; mais^ te qui e$t très - remarquable (marnes bitumi-
neuses de Mansfeld ) , des feuilles de plantes dicotylédones ana-
logues aux ièuilleis du saule» * On observe que les coquilles du
calcaire alpin {Amxhonites mnmonius , A* amahheusy A* Mrcinus,
NautiUtes omius', Peciinites iexioriusy Pectinkts salinarîus, Gry^
phUes gigas ; 'G. acuieaius. G* arcuaius^ Myiulites rosiralus)
sont moins ^sséminées dans la masse entière delà roche, comme
c'est le cas dtms les deux formation^ di^ muscbelkalk et du cal-
caire du Jura, qu'accumulées sur certains points, et souvent à
de grandes ba^iteurs. Sur des étendues 4è pays très-considérables^
le calcaire alpin paroit quelquefois dépourvu de débris oiga-
niques.
Nous avons indiqué dansjés pages précédentes les formations
de l'An^érique équinoxiale qui appartiennent au zechstein. Ce
sont, dans la chaîne du litt0ral de Caracas', les calcaires de
Pan ta Delgrada^ de Cumanacoa et du GocoUar, renfermante
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( a54 )
non du grauwacke^ mais da grès quaraeux et des marnes car-
bures; dans la Nouvelle -Grenade, le calcaire de Tocayma et
du plateau de Bogota , supportant le sel gemme de Zîpaquîra ;
dans les Andes de Quito et du Pérou, les calcaires de la province
de Jaen de Bracomorob^ de Montan et de Micuipampa, placés
sur le grés houiller et enchâssant d'énormes masses de silex ; dans
la Nouvelle- Espagne, les calcaires du Per^;rino, de Sopîlote et
de Tasco , entre Mexico et Acapulco. Plusieurs de ces masses cal-
caires d'une énorme épaisseur, et supportant des formations de
gypse et de grès^ sont superposées, non ati grès ; houiller, mais
i des porphyres de transition très- métallifères et liés, du moins
en apparence, sur quelques points, à un tetrain décidément
trachytique. On observe, dans le nouveau contin^it comme
dans l'ancien, que, là où le calcaire alpin a pris un grand
développement, le grès houiller manque presque entièrement^
et vice versa* Cet antagonisme dans le développement de deux
formations voisines m'a frappé surtout i Guanaxuato (plateau
central du Mexique) et à Cuença (plateau central dé Quito),
où abondent les grès houillèrs r il m'a frappé dans les Gordil*
léres de Montan (Pérou) et à Tasco ( Nouvelle- Espagne ) , où
abonde le calcaire alpin. Quand le grès houiller, nous le répé^
tons ici, n'est point visible ou qu'il ne s'est pas développé,
les limites entre le . calcaire alptn et le calcaire de transition
aont très- difficiles à tracer. En excluant du terrain secondaire
tous les calcaires bleti -grisâtre traversés par des veines de spath
calcaire blanc et par dés couches d'argile et de marnes, les
formations de Gumanacoa , de Tasco et de Montan (Venezuela ,
Pérou et Mexique), comme celles des Alpes lés plus septentrio-
nales du Tyrol et du Salzboui^g, deviendroient des formations dé
transition. J'incline a croire que les formations que nous venons
de nommer, de même que celles du Mole, du Haacken et du
Pilatus, sont lés plus anciennes couchés du zèchstein, qui se
lient au èalcaire de transition de là Dent du Midi , de l'Olden-
kom et de l'Qrt^r. Beaucoup de roches se succèdent pur un
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( a55 )
idéveloppement prc^ressif^ et il paroit tout nafarel que les der*
. niéreS' assises d'une formation {dos ancienne offrent une grande
analogie de structure avec les premières assises de la formation
superposée.
On a récemment youlu placer parmi les couches intercalées
au zechstein ou calcaire alpin des grnnstein et des dolentes ,
que nous ôonnoissons déjà comme subordonnées au grés houilier
dans plusieurs parties de l'Europe ; on a même indiqué ^ comme
superposé aux calcaires alpin et îui-assique, des sjénites^ des
porphyres et des granités secondaires. Ce sont là les roches
de la partie sud -est du Tjrol (rallées de Laris et de Fassa;
Recoaro) sur lesquelles le comte Marzari-Pencati a publié dé
si curieuses observations. Le gisement de ces substances étant
encore un point de géologie très -contesté^ je dois me borner
ici à présenter les données du problàne et l'état d'une question
si digne de l'attention des géognostes.
Déjà M. de Buch ayoit remarqué^ eh 1798^ qu'entre Peigine
et Trento (Lago di Colombo^ Monte -Gomo) le porphyre de
transition (ou plutôt celui du grès rouge?) alterne avec le calcaire
alpin ou terrain secondaire; Ce calcaire est rempli d'ammonite»
et de tétébratulites. L'alternance est évidente, et les porphyres,
si communs partout ailleurs dans le grès houilier , débordent
ici dans le calcaire alpin , de même que sur le revers oriental
des Andes du Pérou (Chamaya) j'ai vu déborder dans cette
même formation la roche de quarz compacte qui représente le
grès houilier. C'est Une pénétration du terrain inférieur dans un
terrain superposé : phénomène qui peut d'autant moins nou$
surprendre^ qu'en Silésie^ en Hongrie et dans plusieurs parties
de l'Amérique équinoxiale le grès rouge ou grès houilier est
intimement lié au zechstein. Les porphyres du T^rol méridional
s'élèvent (montagne de Foma) Jusqu'à i5oo toises de hauteur.
(Buch, Geogn. Beoh., T. I, pag. 3o3, Sog, 3i5, 3i6.) M. dé
Marzari, dont les recherches ont commencé en 1806, croit
avoir vu se succéder de bas en haut ^x dans lés environs deRe-
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( 266 )
GOATOj dtt micaschiste^ de la dolérite (remplissant en même
temps les filons qui trayersent le micaschiste > et renfermant du
pjroxéne et du, fer titanéj; du grès rouge arec houille et marnes
bitumineuses ; du zeclistein , dont les couches inférieures sont
un calcaire 4 grjrphites ; une formation de porphjres ^jénitiques
avec des amjgdaloïdes intercalées. Dans la vallée de Lavis (Avisio),
M. deMarzari indique ^ toujours du bas en haut , du grauwacke^
du porphjre^ du grés rougis , du calcaire alpin ^ du calcaire du
Jura^ du granité et des mas^s noires pjroxéniques dépourvues
d'olivines. D'après l'intéressant mémoire publié par M. Breislack,
le granité secopdaire placé sur le calcaire alpin est entièrement
semblable au plus beau granité d'£gjpte : il renferme (Ganzacoli
dellQ coste^ Pedrazzo) de grandes masses de quarz açec tourma-
line; il rend grenu à son contact (à plusieurs toises de profon-
deur) le calcaire qui le supporte ^ et passe tantôt à \mt roche
fyroxénique, tafntôt à un porphjrre à base feldspathique noire ,
tantôt à la. serpentine. (Marzari^ Cenni geologici, ^819, p, 4^9
Id., Nueço osservatore Venezianoy 1820, n.** ii3 et 127; Breis-
lak y Sulla giacitura dette rocce porfiritiehe e granitose del Tiroh ,
J821 , p. 22, 25, 625 Marzali^ luttera al Signor Cordier, 1822,
p. 3 9 Maraschini^ Obs^rç, géogn. sur le Vicentin, 1822^ p^. ly. )
Entre la Piave et FAdige un mandelstein agathifére, qui rap-'
pelle ceux du grés rouge, surmonte le calcaire alpin: c'est ,
dit-on^ une formation parallèle aux couches du granité secondaire.
Un excellent géognbste, M. Brocchi, qui a publié dès Tannée
a8ii un mémoire sur la vallée de Fassa^ n'a pas seulement vu
des griinstein en partie pjroxéniques couvrir des calcaires qu'il
croît de transition , mais qui passent dans leurs couches supé-
rieures au calcaire alpin avec silex; il ateconnu aussi ces gruu-
stein pjroxéniques comme alternant avec les calcaires (Melignon,
Feda|a). Récemment M. de Marzari a annoncé avoir vu ( Grigno
de la Piave ; Gimadasta) le granité et le mandelstein agathifêre
surmonter le terrain de craie ^ et se ranger parmi les roches
iertiaires.
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( ^h )
ie con^gne ici des faits de gisement bieii extraordinaires^
et snr lesquels sans doute M. de Buch y qui a visité récemment
la vallée de Fassa^ va répandre un nouveau jour. Les rapports
de gisement de ces ecmtrées parotssent très-compliqués. La rochd
dans laquelle lesgrûnstein et les dolentes se trouvent intercalés,
est-elle bien certainement du zechstein , ou appartient-^lle au ter-
rain de transition? Ces grunstein et ces dolérites se trouvent -ils
en couches ou en ^filons ? hes rocties feldspathiques grenues (ap-
pelés syénites et granités à trois élémens) sont • elles oi^ctognosti-
quement analogues aux roches faomonjmes de Christiania, ou
sont-eHes des trachjies? £n admettant que la superposition
des roches ait été observée avec précision, et que les divers ter-
rains aient été bien nommés, on verroit se répéter ici ^ dans des
formations secondaires, les phénomènes que MM. de Buch et
Haussmanu ont fait connoître les premiers dans la série des for-
mations intermédiaires. L'alternance de roches sédimentaires ,
arénacées et cristallines y continueroit , comme par séries pério-
diques , jusque vers les terrains les plus modernes. Nous savions
déjà, par les belles observations de MM.' Mac-Gulloch et Boue,
qu'en Ecosse et dans plusieurs parties du continent des roches
grenues, porphjriques, sjénitiques et pjroxéniques , pénétrent
du terrain de transition dans le grés houiller. Le calcaire alpin
est immédiatement superposera la formation de porphjre et de
grès ronge 5 il est géognostiquement lié avec cette formation.
D'après ces données il ne seroit pas très -surprenant, ce nie
semble 9 de voir intercalé au ealcaire alpin ces mêmes couches
cristallines (amphiboliques et feldspathiques) que Ton a déjà
reconnues dans le grès houiller. La géognosie positive doit
offrir un enchaînement de faits bien observés et judicieusement
comparés entre eux. Elle n'enseigne pas que la répétition de
certains types cristallins s'arrête nécessairement au grès houiller.
Lbs observations de M. de Marzari ne i*enverseront par consé-
quent aucune loi géognostique. Si elles sont confirmées par des
recherches ultérieures , elles agrandiront plutôt nos vues sur ce
'7
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( »58 )
phénomène curieux d'alternance dans des formations les plus
éloignées les unes des autres. Gomme des filons remplis de
griinstein^ de sjénites et de masses pjroicéniques > traTersent^
dans pli^sieurs parties des deu;ii: continens^ les granités. pri mi tifs^
les thonschiefer^ les porphjrres de transition ^ les calcaires se«
condaîres et même les formations supérieures à la craie ^ plu-
sieurs géc^ostes célèbres ont soupçonné que les roches problé-
matiques des rives de PArisio (Laris) pourroîent bien être des
masses volcaniques> des coulées de layes Tenues d'en bas (de
l'intérieur de la terre ) par des crevasses. Ce soupçon paroit for-
tifié par Fanalogie des roches cristallines ^ que l*on assure être
indifféremment superposées à des formations d'un âge très-diffé-
rent ( au calcaire alpin ^ au calcaire du Jura et à la craie) ; mais
les grandes masses de quarz qui entrent dans la composition
des roches appelées par MM. de Marzari et Breislak granités
secondaires , semblent éloigner ces roches problématiques des
productions modernes des volcans. Il faut espérer que des ob-
servations souvent répété,e8 sur les heux vont bientôt lever tous
ces doutes. L'incrédulité dédaigneuse. est aussi funeste aux sciences
qu'une trop grande facilité à adopter des âdts incomplètement
observés. Il faudra surtout distinguer entre des masses (trachjti-
ques?) qui se sont répandues sur des formations secondaires et
qui seulement leur sont superposées y et des masses (amphiboli-
ques^ pyroxéniquesy sjédi tiques) qui pourroient leur être inter-
calées. Cette différence dé gisement seule peut être l'objet d'une
observation directe; le problème de l'origine des couches cris-
tallines superposées ou intercalées appartient à la géogonie.
Beaucoup de roches très -anciennes ne. sont peut-être aussi que
des nappes de matières fondues; et les questions géogoniques
auxquelles donnent lieu les roches de Fassa^ peuvent en partie
s'appliquer aux porph^es et aux griinstein pjroxéniques interca-'
lés au grès houiller. Il faut décrire dans chaque forma^on ce
qu'elle renferme y et ce qui la caractérise. La géognosie positive
s'arrête à la connoissance des gisemens.
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( >59 )
in. Dépôts àrékaces et calcaires ( marneux et oolithiques ) ,
PLACES ENTRE LE ZECHSTEIN ET LA CRAIE , ET UES A CES DEUX
TERRAI^fS. '
En remontant depuis le terrain de transition par les roches
secondaires au terrain tertiaire ^ le {^énomène de Vahemance
entre des couches calcaires et arénacées devient de plus «n plus
frappant. On voit alterner d'ahord des calcaires intermédiaires
hlaucs et cristallins ( Taran taise ) , ou compactes et carbures^
arec des grauwackes; puis se succèdent le grés rouge , le calcaire
alpin ou zechstein , le grés bigarré ( red mari ) , le muscheikalk
(calcaire de Gœttingue) ^ le quadersandstein (grés de Kœnigstein) ,
le calcaire du Jura (formation oolithique)^ le grés vert ou grés
secondaire à lignites (green sand); la craie ^ le grés tertiaire à
lîgnites (ai]gile plastique)^ le calcaire parisien ^ etc. Je rappelle
ici six alternances de douze formations intermédiaires, secon-
daires et tertiaires (arénacées et calcaires), d'après leur ancienneté
relative, comme 8i> dans un seul point de la terre, ces roches
s'étoient toutes ' simultanément développées. Par la suppression
fréquente de quelques-unes d'entre elles, surtout du gtés bi*
^arré , du muscheikalk et du quadersandstein , le calcaire
(oolithique) du Jura repose parfois immédiatement sur le cal-
caire alpin (Andes du Mexique et du Pérou, Pyrénées, Apen-
nins).
Les dépôts que nous réunissons dans cette troisième grande
division (SS> 29—53) , forment 4 peu prés tout le terrain de sédiment
moyen de M. Brongniart. J'ai craint d'emplojer les dénomina-
tions qui ont rapport à des limites si différemment tracées
•par les géognostes modernes. M. Gonjbeare , dans l'excellent ou-
vi^age qu'il a récemment. publié avec M. Philipps sur la Géologie
iie l'Angleterre, distingue les terrains en surmojens, moyens et
Bdosmojens {supermediai , medialet submedial). Tant de divisions
systématiques ajoutent peut-être à la difficulté qu'offre déj^ la
fju&ajtùie des ïoisheê.
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( i»6ô )
Argile ft Gués bigahré (Grés à oolithcs^ Gras de Nebra; New fitf»
SAM0STONE ET ReD HARl) AVEC GTPSE ET SEL GEMHE^
S. 29. Le ^/ri de Nehra ou ^« bigarré (Thuringe) et le
red mari de rAngletcrre (depuis les rÎTCS dû Tees en Durhàm
jusqu'aux côtes méridionales du Deronshire) ne sont pas seule-
ment des formations parallèles^ c'est -^ à -> dire ^ du même âge et
occupant la même place dans la série des roches': ce sont des
formations identiques. Le premier^ assez paurre en pétrifications
{Sirambites spedosus, Pectiniies fragilis , MytuUtes recens, Gry^
phitès spiratus, Schl. )^ est un terrain composé de trois séries
de couches akemantes ; savoir : 1.® d'argiles; 2.^ de grès micacés
et schisteux ; avec masses de glaise à formes aplaties et lenti-
culaires ^(thongallen); 3.*" d'oolithes généralement brun '^rou^-
geâtres. On trouve dans le grès bigarré du continent^ en bancs
subordonnés^ du gypse (thongyps), quelquefois lamelleux^ le
plus souvent fibreux^ et dépourvu de calcaire fétide. Nous avons
vu plus baut qu'en Allemagne et en France un jgrand nombre
de sources salées coulent sur ces bancs d'argile et de g^psé^
et qu'à Thiede, entre Wolfenbûttel et Brunswic^ comme à $ul2
près Heilbronn^ de petites masses de sel gemme sont dissémi-
nées dans cette formation^ qui^ à Sulz^ a été atteinte par la
sonde après le muscbelkalk et avant le zechsteîn. Le red mari
(red ground y red rock , red fort) ^ si bien examiné par MM. Winch
et Greenough , dépourvu de pétrifications et de bancs d'oolithes y
et coupé par des fissures en masse» rbomboïdaleS^ est en An«-
gleterre le véritable gite du sel gemme : il se compose dans ses
assises supérieures d'argiles marneuses^ de gjpse (albâtre) et de
sel (Witton près Nortwich; Droitwich); dans ses assises infé-
rieures , soit de conglomérats avec galets de roches primitives
et de transition, soit de grès à petits grains (entre £xeter %t
Ëxminster ). Le sel gemme d'Angleterre ^ de Lorraine et àa
Wurtembeig^ lie la formation de grès et d'aigiles bigarre» >
vers le bas^ au zechstein et au calcaire alpin $ vers le haat>
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( a6» )
dans le Nord de rAllemagne, cette formation passe au mu-*
schelkalk, dont les couches les plus anciennes sont un peu
arënacées. On pourroit dire aussi que les oolithes du grès bi-
garre (Eislebeny Endebom, Bnindel) et ses marnes préludent
à la formation du Jura : mais ces oolithes brun - rougeâtres
se perdent insensiblement en une roche arénacée^ elles difT»-
rent essentiellement des oolithes blanches et blanc -jaunâtres
du calcaire du Jura. Sur le continent ^ le grès bigarré est très-
distinct du zechstein, malgré les traces de sel qui le lient à
cette dernière formation : en Angleterre , le red mari ^ le cal-
caire magnésien et les conglomérats d'Exeter et de Teign-
moufh (Devonshire) , qui , sous le nom de nouçeau conglomérat
rouge , représentent le grès houiller du Mansfeld ^ sont aussi
intimement liés entre eux que le sont les dépôts de houille
avec les roches de transition (mountain limestone et old red
sandstone.
En décrivant plus haut le grès rouge de la Nouvelle - Gre-
nade^ )'ai discuté les nuances de composition et de structure
qui distinguent cette formation houillère du grés bigarré (bunte
sandstein ) ^ par rapport aux couches intercalées de sables ^ d'ar-
giles schisteuses et de conglomérats à gros grains. Ces conglo-
mérats , qui caractérisent les assisess inférieures du red marl^ se
retrouvent dans la chaîne des Vosges. Les strates supérieurs du
grès bigarré sont verts; on les croit colorés par le nickel et le
chrome. Us sont quelquefois mêlés de petites lames de baryte
sulfatée (Mariaspring près Gœttingue).
Couches subordonnées : i .^ Gjpse aigileux un peu chloriteux y
avec des aragonites ( Bastènes près de Dax ) ^ avec des cristaux
de roche incolores (Langensalze^ Wimmelburg), ou rouges
(Dax) 9 et avec du soufre^ disséminés ( entre Gnolhzig et Naun-
dorf); ce gjpse a été regardé jadis comme une formation par-
ticulière placée entre le grès bigarré et le muschelkalk ( Cres-
feld et Helbra en Saxe, Dôlau en Franconie, Neuland près
JLi6ivenbei]g en Silésie; Amajaque au Mexique) : 2.** calcaires en
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( î62 )
lits minces^ tantôt marûeTix^ tantôt magnésiféres : 3.® argile îm*
prégnée de goudron minerai (Rleînscheppenstedt près BrunswicJ:,
4.** sables (triebsand) avec de grands cbamîtes et da bois pétrifié
(Buiçômer) : 5.** grés extrêmement quarzeux, presque sans ciment
visible, très-caractéristique tant pour le grés bigarré que pour
Targile plastique qui environnent les coulées des basaltes : 6.*
mine de fer brune , souvent en géodes : 7.® traces de bouilles,
peut-être même de lignites , qu'il ne faut point confondre avec
les dépôts analogues dû quadersandstein et des grés secondaires
et tertiaires à lignites (au-dessous et au-dessus de la craie). On
assure avoir trouvé des brancbes d'arbre charbonisées dans les
aigiles avec gypse d'Oberwiederstedt en Tbuilnge 5 aussi les scbistes
argentifères de Frankenbei^ (Hesse), qui ne sont que des pbj-
tolithes cbarbonîsés, enduits et pénétrés de métaux, paroissent
à plusieurs géognosles appartenir au grès bigarré. M. Boue, dont
les obligeantes communications ont si souvent enricbi mes tra-
vaux , observe que le grès bigarré existe par lambeaux dans le
sud- ouest de la France : il y est représenté par des marnes >t
des gypses fibi^eux ou compactes (Cognac, S. Froult près Rocbe-
fort ) , et quelquefois immédiatement recouvert de calcaire juras-
sique et de craie grossière. Au pied des Pyrénées , entre S. Giron
etRimont, le grès bigarré a pris un développement considéra-
ble. Comme, dans la partie des Andes que j'ai parcourue, les
formations du terrain secondaire, c'est-à-dire, celles qui sont
supérieures au calcaire alpin, ne se sont presque pas dévelop-
pées, je ne crois avoir bien reconnu le grès bigarré que dans les
points suivans.
Au Mexique, en descendant des montagnes composées de por-
pbyres intermédiaires et éminemnient métallifères (Real del
Monte et de Moran ) vers les bains cbauds de Totonilco el
Grande, on trouve ^ue formation puissante de calcaire gris-
bleuûtre, presque dépourvue de coquilles, généralement com-
pacte, mais enchâssant des couches très-blanches et grenues a
gros grains. Ce calcaire ^ célèbre par ses cavernes ( Dantô ou la
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Google
( 263 )
montagne percée) et rempli de filons de plomb sulûiré^ nie pa«
roit un terrain de transition. U est couvert d'une autre for-
mation^ gris-blanchàtre et entièrement compacte ^ qui ressemble
au zechstdin. Sur cette dernière repose le grès ai^tleux (bunte
sandstein) , dont les assises supérieures sont (près d'Amajaque)
des argiles avec gjpse feuilleté. Je pense que le grès enchâs-
sant des masses aplaties d'aigiie ( thongallen ) ^ près de La Yera-
cruz, et renfermant (Acazonica) un béftu gypse feuilleté ^ ap-
partient aussi ^ comme le gypse d'Amajaque ^ au grès bigarré.
Peut-être cette formation de Veracruz fait-elle le tour des c6tes'
orientales^ et se lie-t^elle aux dépôts calcaires de Nuevo^liéon^
riche en galènes foiblement argentifères.
Dans lés Llanos ou steppes de Vtnejsmlay les gypses argileux
(Cachipo ^Ortiz) soût certainement postérieurs au grés houiller^
mais, si le calcaire qui les sépare (entre Tisnao etCalabozo),
Idîn d'être du zechstein, est, comme sa cassure unie et son as-
pect de calcaire lithographique sembleroient l'indiquer , de for-
mation jurassique j ces gypses des Llanos seroient plus modernes
encore que ceux du grés bigarré. A Gnire ( côtes orientales de
Cuïnana ) , un gypse blanc et grenu ( jurassique ? ) contient de
grandes masses dé soufre. Les ailles salifères mêlées de gypses
et de pétrole de la pénirisule d'Araya , vis-à-vis File de la Mar-
guerite, sont placées entre le zechstein et un terrain tertiaire.
Comme des gypses sont reitfermés dans ce dernier terrain (colline
4a château S. Antoine, à Cumana; plaines entre Turbaco et
Oarthagène des Indes), on pourroit croire que les ai^iles salifères
d'Araya «ont aussi beaucoup plus récentes que le red mari ou grès
bigarré. Mais je n'ose -prononcer avec certitude sur l'âge, de ces
formations, dans l'absence de tant de roches- que l'on trouve
placées ailleurs entre, le zechstein et les terrains tertiaires. Les
gypses que j'ai examinés da^s l'intérieur de la Nowelle-GrenatU
(plateau de Bogota | Chaparal, â l'ouest de Contreras) m'ont
tous pa^ de la- formation du calcaire alpin.
Lorsqu'on examine le terrain S* 29 dam des contrées si éloi-
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( ^64 )
gaies les unes des autres y on trouve la dénomination de griâ
bigarré tout aussi bizarre que la dénomination de grés rouge.
On peut substituer a la dernière celle de grès houiller , en rap
pelant un des résultats les plus généraux et les plus positifs de
la géognosie moderne. Il seroit a désirer qu'un géognoste d'une
grande autorité substituât un nom géographique à celui de grés
bigarré ou grés à oolithes brunes ;.' je continuerai juque-là à me
servir de la dénomination de grès ie JSehra,
' MUSCHELKÀLIL (CàLCAIRE COQUILLIER ; CalGAIRE DE GcEimiGUE}.
S. 3o* Formation peu variable y et que la dénomination beau-:
coup trop vague de calcaire coquiliier a fait confondre , faoré
de l'Allemagne^ avec les assises inférieures on supérieures du
Oatcaire jurassique (avec le lias ou le fisrestmarbre et portland>
atone). Elle est bien caractérisée par sa structure plus simple^
par la prod^euse quantité de cot|uSUes en partie brisées qu'elle
renferme 9 et par sa position au-dessus du grés de ISebra (buote
ffandstein ) et au-dessous du quadersandstein qui la sépare du
calcaire jurassique. Elle remplit une vaste partie de l'Allemagne
septentrionale (Hanovre, Heinberg près de Gœttingue; Eichs-»
feld, Cobourg5 Westphalie^ Pjrraont et Bielfeld), où elle est
plus puissante que le zechstein ou calcaire alpin. Dans l'Alle-
magne méridionale elle s'étend sur tout le plateau entre Hanau
etStutgard.'En France, où, malgré les grands et Utiles travaux
de M. Omalius d'Halloj, les formations secondaires qui sont
inférieures à la craie ont été si long^temp» négligées, MM. do
Beaumont et Çoué l'ont reconnue tout autour de la chaîne des
Vosges. Le muschelkalk a généralement des teintes pâles , blan*
châtres, grisâtres ou jaunâtres: ^a cassure est compacte et matte ^
mais le mélange de petites lames de spath calcaire, provenant
peut-être de débris de pétrifications, le rend quelquefois un;
peu grenu et brillant. Plusieurs couche» sont marneuses, aré-
nacées, ou passant à la structure oolithiquc ( Séeberg près de
Gotha; Weper près Gœtlingue; Preussisch-Minden; Hildesheim).
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( 265 ) <
Des homstdiD , passant au silex pyromaque et an jaspe ( Drans»
îeld, Kandem^ Saarbru^k), sont ou dissemmés par nodules dan«
le muschelkalk , ou j foraient de petites coucher peu continues.
Les aséses inférieures de cette formation alternent avec le grès
liigafré ( entre Bennstedt et Kelme ) , <ou se lient insensiblement
au grès f en se chargeant de sable , d'argile et même ( à l'est de
Gobpui^) de magnésie (bancs magnésifères du muscbelkalk ).
Couches subordonnées. La marnes et argiles ^ si fréquentes
dans le calcaire jurassique, le grès bigarré et le zecbstein, sont
assez rares dans le muscbelkalk. En Allemagne, cette roche ren«
ferme du fer hjdraté, un pçn de gypse fibreux (Sulzbourg près
NaumboUi^g), et de la houille (lettenkohle de Yoigt; à Matt-
stedt et ikskardsbeig près . Weimar ) mêlé de schiste alumineux
et de fruits (de conifères?) charbonnés. Plus les houilles avan-
cent vers le terrain tertiaire, plus elles se rapprochent, du moins
dans quelques-uns de lems strates, de l'état de lignite et de terre
alumineuse. ,
Pétrifications. D'après les recherches de M. de Schlottheim ,
et en rejetant les couches qui n'appartiennent pas au muschel^
kalk: Ch/mUtes shiatus , Behmnites paxilîosus , Ammonites amal-'
teusy A, nodosus, A. angulatus , A. papyraceusj JSautUUes biruH
ÂaiuSf Buccinites gi^egariits, iràchilites keçis, Turbiniies cerithius ,
Myackes venirUosms , Puiiniies retUulatus, OstraciUs spondy*
ioides y.TerebraiuUies fragilis, T. vulgaris , Gryphiies cymbiumj
G, suillus , MytuUtes sociaUs, Ptraacrimtes vulgans, Encrinites
Uliiformis, etc. Quelques couches isolées du calcaire jurassique
renferment «peut-être plus de pétrifications encore que le mu*
schelkalk ; mais dans aucune formation secondaire les débris de
corps organisés n'abondent si uiuformément que dans celle que
nous venons de décrire. Une immense quantité de coquilles , ea
partie brisées, en partie bien conservées, mais adhérant forte-,
ment à la matière pierreuse (entroques^ turbinites, strombites.^
mjtulites), est accumulée en plusieurs strates de ao à 25 mil-
limètres (l'épaisseur^ qui traversent le muscbelkalk. Beaucoup
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cTespèces se trouvent rëonies par fainilles ( béleninites ^ téré-"
bratulîtes, chamites).' Entre ces strates éminemment coqnUliers
sont 4xssémmés des ammonites^ des turbinites^ quelques tërc-
bratulites avec leur test nacré , le Gryphœa çymbium, et de
superbes pentacrinites. Les coraux , les étfhmites et les pectinites
sont rares. L'abondance des entroques dans le muschelhalk a
fait donner à cette formation^ dans quelques parties de PAlle»
magne, le nom de calcaire à ^nfro^u/rj^ ( trochitenkalk ). Gomme
une coucbe d'entroques caractérise souvent aussi le zecbstein et
lé sépare du grès houiller^ cette dénomination peut faire con-
fondre deux formations très-dbtincte&. La dénomination de eaU
caire à gryphécs (graphjtenkalk du zechëtein et du calcaire du
Jura ) , et toutes celles qui font aîlnsioQ à des corps Ç»ssiles ^
jsaiis indication d'espèces, exposent à ce même danger. On as-
cure que le muscbelkalk i^nfermedes ossemens de grands ani-
maux (quadrupèdes ovipares? Freiesleben> T* I, pag. 7^5 T.
IV , pag. 24 , 3o5 ) et d'oiseaux ( omitholithes du Hcimberg :
Blumenbach , Nafurgesch. , 3/f Ju/l. ', pag* 665) ^ mai^' ces os-
semens pourroicnt bien appartenir ^ de même que les dents
de poisson ; à des brèches ou à des marnes superposées au mu-
scbelkalk.
De célèbres géognostes anglois ^ MM. Bnckland et Conj-
beare, ont cru reconnoître, dans leur voyage en Allemagne,
le muscbelkalk de Werner comme identique avec le lias, qui
est l'assise inférieure du' calcaire Jurassique. J'incline à croire-,
malgré les o olîtbes gris-bleuâtres obsciTét*s dans le muscbelkalk
sur les bords du. Weser, qu'il j a plutôt parallélisme qu'iden-
tité de formation. Le muscbelkalk occupe la même place que le
lias ; il abonde égalcfment en ammonites, térébratnlîtes et encri-
nîtes; mais les espèces fossiles difierent, et sa structure est beau-
coup plus simple et plus uniforme. Le^ strates du muscbelkalk
ne sont pas séparés par ces ailles bleues qui abondent dans les
assises supérieures et inférieures de la formation du lias. Les as-
sises mitojènnes de celte dernière formation ont une cassnre
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-, ( 267 )
inatte cl unie ^ et tcsscmblcnt bien plus aux yariétés lithogra-
phiques du calcaire du Jura qu'au muschelkalk de Gœttinguc,
de Jena et de rEichsfeld. M. d'Aubuisson croît que celte dernière
formation est représentée en Angleterre parle portlandstone , le
çombrash et le forestmarble : mais , quelque analogie que puisé-
sent oflîir tous ces lits de calcaire marneux pétris de coquilles
en partie brisées (forestmarble), il faut se rappeler qu'ils al-
ternent avec des formations entièrement oolithiques, et qu'ils
sont séparés du red mari par le lias, tout comme le calcaire
oolithique du Jura est séparé par le muschelkalk du grés bigarré.
En France , M. Boue a reconnu le muschelkalk dans le plateau
de Boui^ogne, prés de Viteaux et de Coussj-lcs-Foii^es, près de
Dâx dans la commune de S. Pan de Lon, etc. Je ne l'ai point'
reconnu dans la partie équinoxiale de l'Amérique. Les couches
très-arénacées , remplies de madrépw-es et de coquilles bivalves -
des côtes de Gumana et de Garthagène des ti\des , que j'ai voulu
jadis y rapporter, sont probablement des terrains tertiaires.
QUADERSANDSTEIM (GjEUÈS DE KÔMIGSTEIn).
S. 3i. Formati(fti très-distincte (rives de'l'Elbe, au-dessus de
Dresde, entre Pima, Schandau et Kônigstein ; entçe Nuremberg
et Weissenburg; Staffelsteîn en Franconiej Heuscheune, Aders-
bach ; Teufelsmaner %u pied du Harz ; vallée de la Moselle et
près de Luxembourg; Vie en Lorraine; Nalzen , dans le pays
de Foy, et Navarreins, au pied des Pjréùées), caractérisée par
M, Hausmann , et confondue long-temps , soit avec les variétés
quarzeuses du grès bigarré et du grès de l'aigile plastique (trapp-
sandstein ) , soit avec le grès de Fontainebleau , supérieur au
calcaire grossier de Paris : c'est le grès blanc de M. de Bonnard ,
le grès de troisième formation de M. d^Aubuisson. Préférant les
dénominations géographiques, je nomme souvent cette forma-
tion grès de Kônigsteirr, le grès bigarré grès de Nebra, le mu-
schelkalk, calcaire de Gœttingue.
Le quadersandstein a une couleur blanchâtre, jaunâtre ou
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t a68 ) .
plâtre , à grains très-fins j agglutinés par un ciment argileux
ou quarzeux presque invisible. Le mica j est peu abondant ,
toujours argentin et- disséminé en paillettes isolées. Il est dé-
pourvu ^ et de bancs- intercalés d'oolithes^ et de ces masses apla-
\jes ou lenticulaires d'argile (thongallen ) qui caractérisent le grés
bigarré. Il n'est jamais schisteux ; mais divisé en bancs peu in-
clinés.^ très-épais y qui sont coupés à angle droit par des fissures ,
cl dont quelques-unes se décomposent très -facilement en un
sable très-fin. Il renferme du fer hydraté (Metz) disposé par
nodules. lies débris oi^aniques disséminés dans cette formation
offrent^ d'après MM. de Schlottheim, Hausmann et Raumer, un
mélange extraordinaire de coquilles pélagiques très-analogues à
celles du muschelkalk , et de phjtolithes dicotylédones. On j a
trouvé, des mytulites^ des tellinites, des. peçtinites^ des turrî-
telles; des huîtres (pas d'ammonites, n^ais ài^s cérites; Habel-
schwerd^ Alt-Lomnitz en Silésie), et en même temps des bois
de palmier ; des empreintes de feuilles appartenant à la classe
des dicotylédones et de petits dépôts de houilles ( Deister , Wefers-
leben près Quedlinboui^)^ très-bien décrits par. MM. Rettbcrg
et Sçhulze,, et passant au lignite. Ces débrU de ^is, d*an as-
pect bitumineux _^ . ont sans doute de quoi' nous surprendre dans
une. formation si éloignée de la grande formation.de lignites qui
est placée entre la craie et le calcaire grossier parisien ; mais des
observations récentes nous montrent des Jrac.es de véritables lignites
jnsques dans les calcaires à giypKées arquées au-dessous du lias
(Le Vay , côtes de Caen) et jusque dans le grès bigarré. Les mau-
vaises houilles du muschelkalk, par conséquent d'une forma-
tion plus ancienne que le quadersandstein , passent aussi au
l^nite.
Déjà M. de Raumer avoit reconnu que le quadersandstein est
. séparé du grès bigarré par le muschelkalk (calcaire de Gœttin-
gue) ; il est placé entre ce calcaire et le calcaire du Jura,, et par
conséquent inférieur aux grandes formations oolithiqucs de
l'Angleterre et du continent. Dans cette position nous ne pou-
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{ 269 )
TOns guéres le considérer, avec M. Kefersteîn (voyez son inté-
ressant Essai sur la géographie minéral<^qtie de rAllemagne^
T. I. pag. 12 et 4^); cohime parallèle à la molasse d'Ai^ovie
(mergelsandstein)> qui représente Fargile plastique (grès tertiaire
à lîgnites) au-dessus de la craie. La nature des débris végétaux
que renferme le quadersaûdstein , et ses rapports avec le planer*
kalk qui appartient aux assbes chloritées et arénacées de la craie,
le font regarder pftr plusieurs géognostes célèbres comme d'une
formation postérieure au calcaire jurassique : c'est ainsi que MM.
Buckland , Conjbeare et Philipps le placent entre la craie et le»
dernières couches t)olithique8. Mais, d'après les observations de
M. Boue et de plusieurs autres géognostes célèbres d'Allema*
gne> le quadersandstein (grès de Kônigstein), alternant quel-
quefois avec des couches marneuses et des conglomérats , repose
immédiatement sur le ffneis près de Freibei^, sur le grès houiller
en Silésie et en Bohème; sur le grès bigarré (grès de Nebra),
près de Nuremberg , en Franconie ; sur le m uschelkalk ( calcaire
de Gœttingue ) , entre Hildesheim et Dickholzen près de Helm*
stâidt, et près de Schweinfurt sur le Mein. Il est recouvert de
calcaire du Jura, et alterne avec lés couches marneuses de ce
calcaire en Westphalie, entre Osnabrûck, Bielfeld et Buckebourg. *
.Calcaire du Juha (Lias, Marnes et grands dépôts oolithiq(jes)«
S. 32. Formation très-complexe, composée de couches alter*
nantes de calcaires, marneuses et oolithiques, renfermant du
gypse et un peu de grès. Le mode d'alternances partielles , très*
constant dans chaque localité , varie dans des pajs d'une éten-
due considérable ^ cependant sur les points le& plus éloignés de
l'Europe on reoonnoit une analogie frappante entre les^ grandes
divisions ou- assises* principales. Dans la série des' formations Ues
plus neuves du terrain secondaire le 'caleairê du Jura (Jurasxus)
est placé entre le quadersandstein et la craie.' Cette dernière y
fiasse même insensiblement, et peut souvent étm regardée, par ^
l'analogie de ses fossiles , comme une continoatién du calcaire
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{ 2yo )
jurassique. La supeiposition de ce calcaire au quadersandsteîn ^
si long-leinps contestéç^ se montre^en Allemagne^ d'après M. de
Scbmitz^ près de Wilsbouig; d'après M. Boué^ près Blumen-
roth y Staffelstein y et entre Osnabiiick. et Bûckebourg. Lorsque
les trois formations de quadersandstéin , de muschelkalk et de
grès bigarré ne se sont pas déyeloppées simultanément, le calcaire
jurassique, par la suppression des membres intermédiaires de
la série géc^nostique , recouvre immédiatement le zechstein oa
calcaire alpin. Dans ce cas (pente septentrionale des Pjrénées;
Apennins,; entre Fossombrono, Furli et Nocera^ Cordillères du
Mexique , entre Zumpango et Tepecuacuilço ) , on voit ce dernier
passer insensiblement à un calcaire blanchâtre , à cassure matte
égale (ou conchoïde à cavités tr^ - aplaties ), qu'on ne saurait
distinguer des couches compactes du calcaire du Jura dépour-
vues d'oolithes. Ce passage , dont M. de Charpentier a aussi
été frappé dans le Midi de la France , ^nécite un examen très-
attentif. , Malgré la grande différence qui existe entre les débris
fossiles du muschelkalk et d^ calcaire jurassique, les dernières
formations du terrain secondaires sont étroitement liées entre
elles, et il ne faut pas être suipris que dans une série a, fi, y,
/,«...• le terrain et (zechstein) fasse passage à t (calcaire du
Jura), à cause de la suppression fréquente des termes fi, y
et S" (c'est-à-dire, du grès bigarré, du muschelkalk et du qua-
dersandstéin). Les formations arénacées fi et f alternent avec
des argiles et des marnes plus ou moins abondantes , de sorte
que, par un grand développement de leurs couches désagré-
gées , celles-ci^ réduisent à l'état de simples bancs intercalés les
assises pierreuses, et finissent, comme ciest le cas dans l'Ouest
de la France, par remplir tout l'intenralle entre et et e.
Le calcaire jurassique couvre, sans interruption, une grande
étendue de pajs, depuis la chaîne des Alpes jusque dans le
centre de l'Allemagne, depuis Genève jusqu'à Streitbei^ et
Muggendorf, en Franconie. Comme, vers le nord, il. renferme
des cavernes a osiemens Tossiles, cette fonnation a singuiicre-
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( »7> ')
iiienl fixé .Fattention des géognostes allemands. M. Werner la
crojoit idésntique arec le muschelkalk : j'ai reconnu , dès Tan-
née 1795, qu'elle en différoit essentiellement^ et j'ai proposé de
la désigner par le nom de calcaire du Jura y k cause de l'analogie
parfaite que présentent les montagnes occidentales de la Suisse avec
celles de la Franconie. Cette dénomination est aujourd'hui géné-
ralement reçue } mais il a été constaté que le calcaire du Jura , au
lieu d'être placé sous le grès bigarré (comme je l'avois cru, par
erreur, avec le plus grand nombre des géognostes, en confon-
dant ce grès avec la molasse d'Argovie et le grès de Dondorf et
de Misselgau près Bareutb), est plus récent que le grès bigarré,
que le muscbelkalk (Bindloch) et le quadersandstein (Schwan-
dorf ^ Pbantaisie (?); Nuremberg). Cette intercala tion entre le
quadersandstein et la craie, qui se fonde sur des obsen^ations
directes, explique très -bien le passage graduel (Montagne de
S. Pierre près de Maëstricht), de la craie tufeau à la formation
jurassique. Le nom de calcaire caverneux (bôhienkalk), donné
souvent à cette dernière, peut donner lieu à des rapprochemens
erronés. Il faudroit distinguer entre des formations dont la
mas$e entière est spongieuse, cavernea^se ou criblée de trous, et
des roches à cavernes. Plusieurs, sans être poreuses ou cellu-
leuses, en renferment de très -vastes. Le calcaire de transition
(mountaîn limestone de Derbjshire) mériteroit, en Angleterre
et au Harz, presque autant que celui du Jura, le nom de cal-
caire à caaernes. Au cop traire, le rauchkalk et le rauchv^racke,
qui forment les assises moyennes du zechstein en Thuringe, et
que l'on a crus à tort parallèles au calcaire du Jura, sont,
comme ce dernier, et dans des étendues ^de couches très -consi-
dérables, remplis de petites cavités de 2 — 10 lignes de diamètre,
sans offirir pour cela de véritables grottes. Le phénomène dès
grottes et celui de la porosité (cdvernosité générale) de la masse .
ne se trouvent pas nécessairement réunis ; 'ce sont des modifîca-
tîoas qui, loin de caractériser telle Ou telle formation, se ren-
contrent dans des formations, très-difirérentes.
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( tty2 )
Quoique sur le continent les couches partielles qm cofnpc*
«enl le calcaire du Jura se soient très* inégalement déyeloppëes^
et que Tordre de leui: succession yarîe Souvent^ on remarque
toujours un certain nombre d'assises distinctes et répandues sur
des étendues de terrain très -considérables. Nous les nommerons
en commençant par les plus anciennes : calcaire marneux (et
marnes calcaires très -dures) bleu - grisâtre , analogue (d'après
MM. Boue et Buckland^ Essai géogn» sur r Ecosse ^ pag, 201 ^ et
Struct. ofthe Alps, pag, 17) au lias de l'Angleterre, quelquefois
traversé par des veines de spath calcaire ^ rempli de grjphées
arquées ; oolithes gris-jaunâtres , alternant avec des marnes en
partie bitumineuses et avec du gypse ; calcaire compacte à cas-
sure unie et matte, et oolithes blanches; couciieS remplies de
madrépores analogues au calcaire à poljpier de Normandie et
au coral - rag de l'Angleterre ; calcaire schisteux avec poissons
et crustacés (Pappenheim et Solenhofïèn). L'assise inférieure de
cette formation si complexe est particulièrement désigné, en
France (Bourgogne) et dans FAllemagne méridionale (Wurtem-
berg), sous le nom de calcaire à grypfnies; mais quelques géo-
gnostes penchent même pour l'idée de séparer cette assise du
calcaire du Jura, en la regardant, avec MM. de Buch et Bron-
gniart, comme appartenant au zechstein, ou avec M. Keferstein,
comme parallèle au muschelkalk. Ici se présente la question
importante de savoir dans quel rapport de gisement et de com-
position se trouve le calcaire à grjphites du Jura avec celui qui
-porte le même nom dans le Nord de rAllemagnç et que M. Yoigt
-ql fait connoHre dès l'année 1792 ? Une grande analogie .entre
les couches les plus voisines de deux formations qui quelquefois
se trouvent immédiatement superposées Tune à l'autre, n'a sans
"doute rien de bien surprenant : les mêmes espèces de grjphées
pourroient se rencontrer dans des formations très -distinctes et
plus éloignées encore entre elles ; mais la liaison géognostiqiie
observée entre le calcaire à giyphées arquées , alternant avec les
marnes^ et les autres couches inférieures du Jura^ me fait peu*
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C »75 )
cher pour l'opinîbn que ce calcaire, et le calcaire à giyphées
épineuses (gryphitenkalk de Voigl), placé sous le grés bigarré,
ne sont pas d'iwe même formation. M. Mérian, dans son excel-
lente Monographie des environs de Bâle, énonce aussi cette
opinion, et regarde, avec M. Haussmann, le grès aigileux de
Hheinfel^en, sur lequel repose le calcaire jurassique, comme
grès bigarré, tandis que M. de Buch (Mérian, Vmgeb. von Basel,
p. iio) le prend pour le grès houiller, et suppose que, par lé
non-développement du grès bigarré, les couches oolithiques et
lithographiques du Jura reposent, dans cette localité, immédia-
tement sur les couches à giyphites qui appartiennent au zech-
stein. J'ai cru de mon devoir d'exposer dans ce travail les opi-
nions des plus célèbres géi^ostes , lors même qu'elles sont
opposées à celles auxquelles je n)e suis arrêté.
Ce qui est indubitable et ce que nous crojons utile de rap-
peler de nouveau , c'est que le calcaire jurassique qui repose
près de Laufenbourg sur du granité, au Schwarzwald sur le
grès rouge ou houiller, et près de Genève sur le calcaire alpin,
est placé, dans le centre et le nord de l'Allemagne, sur le qua-
dersandstein. La superposition d'une roche sur la formation la
plus jeune détermine sa place comme terme de la série géognos-
tique. En Franconie et dans le Haut-Palatinat on ne wit géné-
raleujent au jour que les assises supérieures du calcaire jurassique,
qui sont en même temps les plus compactes. Les marnes et le»
oolithes j sont beaucoup plus rares que dans la Suisse occiden-
tale et en France (Caen, Lons-lé-Saulnier). Entre Eichsladt et
Ratisbonne on b^ouve, de bas en haut, d'après M. de Schmitz
du calcaire entièrement ipongieux et buUeux; de» couches gre-
nues renfermant des druses remplies de sable; du calcaire com-
pacte et conchoïde avec des nodules de silex; du calcaire schis-
teux et fissile, analogue à celui de Sohlenhofen et aux dales
lithographiques du Heubeiç près de Kolbingen. Ces assises spon-
gieuses , remplies de vacuoles (vallée du Laber près Berodhauseu -■■
Pegnitz, Creussen, Tumbach), que j'ai retrouvées en Italie
i8
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t =«74 )
(vallée de la Brenla entre Garpane et Primolano), à Pile de
Cuba. (entre le Potrero de Jaruco et le port du Batabano), au
Mexique (plateau de Ghilpansingo ) ^ donnent à la surface du
sol; qui est hérissé de petits rochers pointus ^ un aspect très-
particulier.
Dans la France occidentale , une bande non interrompue de
calcaire jurassique s'étend ^ d'après M. Boué^ du S. E. au N. O.,
depuis Narbonne et Montpellier jusqu'à La Rochelle ^ séparant
vers le nord les terrains de transition de la Vendée et le terrain
primitif du Limousin. Sur les côtes de Normandie , les assises
marneuses et oolithiques ont pris un développement beaucoup
plus grand qu^en Allemagne. Nous citerons ^ d'après les recher-
ches intéressantes de M. Prévost ^ les couches superposées entre
Dieppe et le Gotentin^ en commençant ^ comme toujours ^ par
les couches ses plus anciennes : i .** calcaire à giyphées arquées
et calcaire lithographique (Le Vajr, Issignj), renfermant quel-
ques lignites et superposé au terrain de transition : 2.^ argiles
inférieures et oolithes (argiles des Vaches-noires ^ alternant avec
du lias à débris d'ichthjosaures ; oolithes grises de Dive^ ferru->
gineuses ^ mêlées d'argile avec lignites et avec pétrifications nom-
breuses de madrépores ; de modioles^ de Gryphœa cimhium et
d'ammonites ; oolithes blanches) : 5.*^ calcaire de Gaen ; les
couches inférieures avec des nodules de silex ^ avec peu de co-
quilles ( ammonites ; bélemnites); et avec quelques ossemens de
c;rocodiles5 les couches supérieures à poljpiers (coral-rag) et
à trigonies renfermant des cérites entièrement analogues à celles
• trouvées au-dessus de la craie ^4*^ ai^iles supérieures du cap la
Hève, de couleur bleuâtre ^ avec lignites ^ débris de crocodiles
(HonfLeur) et bancs calcaires moins développés qu'à Gaen. On
voit que dans cette partie de l'Europe les lignites j^ercent à
travers toutes les couches du calcaire jurassique ^ et que cette
formation ; en disant abstraction des argiles intercalées ^ se com-
pose de~ trois grandes assises ^ savoir ^ de calcaire à gryphées
arquées ; d'oolithes^ et de calcaire à polypiers et à trigonies.
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( 275 )
£n Angleterre^ la formation du Jura^ se prolongeant sans
interruption du Yorkshire au Dorsetshire, remplit tout l'espace
entre le red mari (grès bigarré) et la craie; car on n'j connoit
entre le calcaire du Jura et le red mari aucune formation qui
soit analogue de composition au muschelkalk et au quadersand^*
steln^ deux roches qui souvent manquent également sur le con*
tinent. Les géognostes anglois et écossois ^ qui y dans ces derniers
temps ^ ont étudié la charpente de leur pajs avec un zèle infati-
gable^ distinguent les assises du calcaire jurassique par des dé«
nominations en partie très-caractéristiques^ et dont plusieurs
rappellent les subdivisions reconnues sur le continent : i ^ Lias,
avec peu de silex ^ couvrant le red mari salifère^ analogue au
calcaire à gr^phées arquées du continent; les deux tiers d'en-
haut sont une masse argileuse bleue alternant avec des lits cal-
caires; vers le bas ces lits augmentent d'épaisseur ^ deviennent
blarics et passent à des couches lithographiques (ossemens d'ich-
thjosaures , près de vingt espèces d^ammonites^ bélemnites).
2.** Système inférieur tToôHihes, savoir : oolithes mêlées de sable ^
terre à foulon, grand banc oolithique (great oolithe) avec débris
de coquilles 9 schiste oolithique de Stonesfield^ forestmarble ^
combrash et kellowaj-rock, calcaires coquiiliers et arénacés»
3.* Système moyen d* oolithes y savoir: argile d'Oxford (clunchclaj
de M. Smith) ^ sables et conglomérats calcaires (calcareous grit)^
coral rag ou Calcaire à poljpiers y avec madrépores et échinites.
4>'* Système supérieur des oolithes , savoir : argile bleue de
Kimmeiidge^ un peu bitumineuse^ analogue aux argiles bleues
du cap la Hève en Normandie, qui sont aussi supérieures au
calcaire à poljpier et aux oolithes ; ptfrtlandstone, avec ammo-
nites ; purbeckstone , calcaire argileux pétri de coquilles , alter-
nant avec des marnes et des gypses. J'ai suivi les divisions de
MM. Smith , Philipps et Gon^beare , qui difï^ent un peu de
celles qu'a adoptées M. Buckland^ Les trois système» d'oolithea
d'Angleterre sont séparés par des formations argileuses. Quaint ^
la structure oolithique même, nous avons déjà fait observeif
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( 276 )
plus haut qu*on en trouve des traces clans les formations les
plus différentes : il J a quelques bancs d'oolithes, d'après MM. de
Gruner et Escher [Alpiruiy T. IV ^ p] 569), dans le calcaire de
transition de la Suisse, dans le grés houiller ( Freiesleben , Kujh
fersch,, B, IV, p. i23), dans le calcaire alpin ou zechstein
{ Hartlepool dans le Northumberland ) , dans le gi'ès bigarre
(Thuringe; Vie en Lorraine), et dans l.e muscbelkalk*
Couches subordonnées : hornstein (silex) en petits bancs con-
tinus 5 calcaire magnésifère (Nice ) ; calcaire fétide et gvpse avec des
traces de sel gemme ( Kandern ; vojez Mérian , Umgeb. von Ba~
çel, p. 36) 5 grès argileux et micacé, quelquefois siliceux^ inter-
calé dans les assises à grjphites (Hemmiken, Waldburgstuhl ;
Lons-le-Saulnier); fer oxidé globuliforme (bohnenerz), à la
fois dans le calcaire du Jura (Neufchâtel; Frickthal; Warten-
berg en Souahe), et entre ce calcaire et la molasse ou grès ter-
tiaire à lignite (Arau, Baden); bouille avec impressions de fou-»
gères (?) et mêlée de pjrites (Neue Welt, Bretzweil).
Pétrifications i après les formations supérieures à la craie , le
calcaire du Jura est celle dont les débris fossiles ont été le mieux
déterminés en Angleterre, en France et dans la Suisse occiden-
tale. Elle renferme , de même que des terrains plus anciens
encore (le quadersandstein et le zechstein avec schiste cuivreux),
des coquilles pélagiques mêlées à du bois, à des ossemens de
grands sauriens d'eau douce, et, si Ton ne s'est pas trompé dan&
la détermination zôologique, à des ossemens de didelphes (marner
de Stonesfield). J'ignore si le mélange de coquilles marines et
fluviatiles, si évident dans la plupart des formations tertiaires ,^
a été observé avec certitude dans les terrains au-dessous de la
craie. Là où la formation jui^assique est presque dépourvue de
marnes et d'oolithes (Franconie, Haut-Palatinat ; Carniole, entre
S. Sesanne etTriest), des couches très -puissantes sont entière-
ment dépourvues de pétrifications. JjGi débris de quadrupèdes
ovipares, de poissons et de tortues, se trouvent presque dans
toutes les assises^ dans les plus récentes (purbeckstone),. comme
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( ^77 )
dans les plus anciennes (lias) : cependant les dernières en oî"
frent le plus ; et il paroit qu'elles ne renferment que Pichthjo*
saurus (proteosaurus de sir Everard Home) et le plesiosaurus,
qui est un animal analogue, et non les véritables crocodiles^ Cette
différence dans la distribution des reptiles a été également ob-
servée par M. Prévost sur les côtes occidentales de la France. Les
ossemens de l'ichlhjosaurus s'jr trouvent (principalement?) dans
les couches calcaires (lias) des argiles inférieures ^ux oolithes,
tandis que les crocodiles ne se rencontrent qu'au-dessus des
oolilhes. En Angleterre on distingue , d'après MM. Smith. ,
Philipps et Conjbeare , parmi le nombre prodigieux de coquilles
pétrifiées dont on n'a encore pu reconnoître que le genre, les
espèces suivantes : ammonites giganteus , A. excaçaius, A. Duri-
cani, A. Banksii, A* anguïaius , A. Grenoughi, NauHlus strîatùs,
N. truncatus, Trochus dimîdiatus, T. bicarinaius , Trigonia cos-
taitty T, claçellata, Terehratida iniermedia , T, spinosa, T. digona ^
Ostrea gregaria, O. palmaia, Modiola lœns , M, depressa. M, mi"
nlmà, Pentacriniies caput Medusœ; P. hasaltiformis , etc. Quoique
les espèces d'ammonites (au nombre de vingt), de bélëmnites et
de pentracinites, décrites dans le lias, ne soient pas identiques^
avec celles du muschelkâlk , il me paroit toujours bien remar-
quable de voir accumuler ces trois familles dans des roches d'un
âge si rapproché, entre les dernières assises du zechstein (cal-
caire alpin) et les premières ou plus anciennes du calcaire juras-
siquci MM. Prévost, Lamouroux et Brongniart vont enrichir la
géognosie zoologique des recherches profondes qu^ils ont faites
sur les coquilles et les zoophjtcs trouvées sur les côtes de France ,
entre Dieppe et le Cotentin, en Franche-Comte et en Suisse.
Nous nous contenterons, en attendant, de consigner ici les corps
fossiles qu'offre le calcaire jurassique du continent, depuis Genève
jusqu'en Franconie , d'après un travail que j'ai fait sur les cata-
logues de M. de Schlottheim : Chamites jurensisy Beîemnites gi"
ganteus. Ammonites planulàtus, A. natrix , A, compAmatus, A*
discus, A.-Bucklandi, Mjacites radiatus, Telliniies soUmidcs,
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( ^78 )
Donacitts hemicardlus , Peciiniies articuîatus, P. œqui^aïçis, P.
lensy Ostracites gryphœatus, O. crisiagalli, TerehratulUes lacuntH
JUS, T, radiatus, Gt^-phites arcnaius , MytuliUs modiolatus , Echi^
mies orificiàtus, E. miiiaris, Asteriacites panulatus , des Turi telles ^
des Hippurites (le Comucopiœ au cap Passaro en Sicile), Gry-
phiits arcuatus, etc. Il est bien digne d'attention que cette gij-
phëe arquée que M. Sowerbj nomme Gryphiies incurçus, et qui
caractérise les assises inférieures de la formation jurassique en
Suisse et sur les côtes occidentales de la France, est aussi, après
Y Ammonites Buckîandi et le Plagiostoma gigantea ^ la coquille qui
caractérise le plus le lias en Angleterre. Les couches de calcaire
blanc et grenu que Ton trouve fréquemment dans cette formation
(Neufchâtel, Monte Baido), sont dues à des pétrifications de
madrépores.
Nous avons déjà vu des poissons plus ou moins accumulés,
mais appartenant à des genres très-distincts, dans le thonschiefer
de transition (Claris), dans les schistes carbures du grès rouge
(GoldJauter et Allthal près de Kleinschmalkalden ) , dans le cal-
caire alpin et ses marnes cuivreuses, et même dans le muschel"
lalk (très -rarement, Esperstedt, Obhaussen) : ces ichthjolithes
deviennent plus fréquens dans le calcaire jurassique, surtout dans
ses couches supérieures. De là elles pénètrent, au-dessus de la
craie, dans le grès tertiaire à lîgnites (ai^gile plastique), dans
le calcaire grossier (Monte Bolca), le gypse à ossemens (Mont-
martre) et le calcaire d'eau douce (Œningen). J'indique dans
Tordre de leur âge relatif les formations qui offrent des phéno-
mènes analogues , pour prévenir les erreurs qui naissent de l'igno-
rance de ces analogies.
Un géognosite justement estimé , M. Buckland , incline à re-
garder les calcaires fissiles de Pappenheim et de Sohlenhofen ,
célèbres par leurs empreintes de poissons et de crustacés, comme
superposés au calcaire du Jura, et comme appartenant au calcaire
grossier du terrain tertiaire : ces calcaires fissiles me paroissent
|tu contraire entièrement analogues au purbeckstone d'Angleterre,
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( ^79 )
qui abonde aussi en pétrifications de poissons, et qui forme,
comme le calcaire de Pappenlieim , la couche la plus récente du
terrain jurassique. J'ai eu occasion d'examiner, en 1796, les
belles carrières de Sohlenhofen , conjointement avec M. Scbôpf,
et nous avons reconnu , en allant de Moggendorf par Ansbach à
Pappenlieim , une liaison intime entre les diverses assises d'une
même formation. MM. de Buch, Boue et Beudant partagent cette
opinion sur les ichthjrolithes de Franconie.
Dans le Yicentin le calcaire jurassique et le calcaire grossier
parisien existent à la fois. L'un et l'autre y renferment des
poljpiers ; cependant , dans im premier voyage fait en Italie
(1795), j'ai cru que les longues bandes de coraux rameux qui
traversent, en formant des filons (entre l'hôtellerie du Monte di
Diavolo et le lac Fimon à l'ouest de Lungara), le sommet du
Monte di Pietra nera, appartiennent plutôt au calcaire du Jura,
peut-être à l'assise appelée en Angleterre coral-rag. Ces bandes de
polypiers qui sont restés en place, ont deux pieds de largeur:
elles offrent un aspect très -extraordinaire, et parcourent des
masses calcaires presque dépourvues de pétrifications, en se diri»
géant très-régulièrement N. 80** £. , et en s'élevant comme un mur
au-dessus dé la surface du sol. M. Boue a aussi observé ces pofy*
pîtrs tn place dans le calcaire jurassique (coral-rag) qui entoure
la bassin de Yienne, et dont les assises inférieures renferment
des nagelflufae analogues au calcareous grit de la grande forma-
tion oolithique d'Angleterre (Filej dans le Yorkshire).
Sous la zone équinoxiale de l'Amérique j'ai eru reconnoitre
Ja formation du Jura dans beaucoup de calcaires blanchâtres,
en partie lithographiques, qui ont la cassure unie et matte, ou
conchoïde à concavités très -aplaties. Ces calcaires sont ceux de
la caverne de Garipe (au sud-est de Gumana), du littoral de
Nueva Barceiona (Venezuela), de File de Cuba (entre la Havane
et le Batabano ; entre la Trinidad et la boca del Rio Guanrabo )
et des montagnes centrales du Mexique (plaines de Salamanca
et défilé de Bâtas). Le calcaire blanc de Garipe, qui ressemble
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C 280 )
entiéi-ement à celui des cavernes de Gailenreuth en Franconîe,
est superposé au calcaire alpin gi^is-bleuâtre de Cumanacoa. Le
terrain jurassique du littoral de Nueva Barcelona renferme de
petites couches de homstein passant à un kieselschiefer noir
(phénomène qui se répète près de Zacatecas au Mexique); il est
recouvert (Aguas calientes del Bei^antin), comme le calcaire
■alpin au sommet de l'Impossible , d'un grès trcs-quarzeux. On
pourroit croire que ce grès du Bergantin appartient aux assises
quarzeuses du grès vert ou grès secondaire à lignites; mais^
comme il forme également des couches dans le calcaire alpin
(Tumiriquiri), il reste bien douteux si les grès du Bergantin et
du Tumiriquiri sont des formations différentes, ou si des couches
toutes semblables pénètrent du calcaire alpin dans le terrain ju-
rassique. Ce ten^ain abonde moins que toute autre formation
secondaire en roches arénacées. Nous avons cependant cité plus
haut des couches de grès dans les montagnes occidentales de la
Suisse, à Waldburgsluhl,. Eptiken et Hemmiken près de Bâle.
Dans les vastes steppes de Venezuela , près de Tisnao , le grès
rouge supporte ; à ce qu'il m*à paru, immédiatement (comme
au Schwarzwald en Souabe) un calcaire lithographique très- ana-
logue au calcaire du Jura. Ce gisement se trouve répété au
Mexique, dans les plaines de Temascatio, au sud-ouesl de Gua-
naxuato. A l'extrémité septentrionale de la vallée de Mexico
Centre l'Hacienda del Salto, Balas et Puerto deReyes), une for-
mation calcaire bleu-grisâtre, à cassure unie, renfermant du gypse
et supportant une brèche calcaire, m'a paru appartenir au ter-
rain jurassique , malgré la proximité des manies tertiaires
( Desague de Huehuetoque ) dans lesquelles sont enfouis des os-
semçns d'éléphans fossiles. Je pourrois citer aussi le passage que
l'on observe du calcaire alpin à un calcaire entièrement sem-
blable à celui d'Arau et de Pappenheim , à la pente occidentale
des Cordillères du Mexique, entre Sopilote, Mescala et les riches
mines de Tehuilolepec 5 mais dans cette région le terrain du Jura
est moins prononcé qu'à l'ile de Cuba, qu'aux îlots du Cayman
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( 28. )
et dans les montagnes de Claripe près de Cumana. Nulle part,
dans la partie du nouveau monde que j*ai parcourue, je n'ai vu
le grès bigarré, le muschelkalk ni le quadersandstein séparer le
calcaire alpin des formations que je viens de décrire. Dépourvues
d'oolithes , elles abondent aussi très -peu en pétrifications de
coquilles et en coucbes marneuses. Leur cassure matte et unie
leur donne tout ]'aspect du calcaire jurassique de FAlleniagne
et de la Suisse. Ces formations calcaires de l'Amérique , des
Pjrénées et des Apennins , qui paroissent si étroitement liées au
calcaire alpin (zechstein), ne sont-elles que les assises les plus
récentes de ce dernier, et doit -on les séparer du véritable cal-
caire jurassique, riche en coquilles, en oolithes et en marnes? .
Cette question importante ne peut être résolue qu'en multipliant
les observations de gisement, qui sont bien plus décisives que
celles.de composition et d'aspect extérieur.
Grès et Sables ferrugineux, et Grès et Sables verts, Grès
SECONDAIRE A LIGNITES (IrON S AND ET GrEEN SAND ).
S. 33. Ce sont des grès et des sables avec lignites ,. placés au-
dessous de la craie: ce sont deux formations arénacées, colorées
par le fer, séparées par une couche d'argile (wealdclaj) et super-
posées au calcaire du Jura (terrain d'oolithes). Elles atteignent
en Angleterre jusqu'à mille pieds d'épaisseur, et se retrouvent^
dans toute la France occidentale, où MM. Prévost et Boue en
ont fait l'objet d'une étude approfondie.
Les sables ferrugineux brun -jaunâtre alternent avec des grès
siliceux et de petits amas de mines de fer souvent exploitées
avec avantage : ils renferment des bois fossiles et des lignites
( Bedfordshire , Dorselshire ).
Les sables verts , colorés par un protoxide de fer, alternent
avec des grès calcaires et siliceux , avec des agglomérats , des
iTiârnes jaunâtres à cristaux de gypse, et même avec de petits
bancs de calcaire compacte, qui ont été quelquefois confondus
ayec le portlandstone. On j trouve des nodules de hornstein et
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( 28a )
de calcédoine (Sarlat dans le Périgord), de petits dép6U de fer
hjdraté, une résine qui passe au succin (î]e d'Aix prés dé La
RocheHe; Obora et Altstadt en Moravie)^ et un grand nombre
de débris fossiles^ dont plusieurs (cidaris, spatangus) ressem-
blent à ceux de la craie. Les grés siliceux de cette formation
renferment des empreintes de feuilles dicotylédones. Vers le
haut le sable vert passe à une marrie crajeuse ( chalk marie de
Surrej). La terre yerte ou chlçritée^ qui caractérise la couche
de sable la plus rapprochée de la craie ^ se retrouTe dans des
formations d'un âge très -différent^ dans le grés houiller de la
Hongrie (sur les frontières delà Galicie)^ dans le grés bigarré et
dans les gjpses qui lui appartiennent , dans le quadersandstein et
dans les couches inférieures du calcaire grossier de Paris. D'après
les belles recherches de M. Berthier sur les grains verts de la craie'
et du calcaire gVossier, ces grains sont un silicate de fer; mais il
est probable que les quantités de magnésie et de potasse varient
dans les différens terrains^ comme elles varient^ d'après les ana-
lyses de Klaproth et de Vauquelin , dans la terre verte de Vérone
(talc chlorité zoographique de Haûj) et dans la chlorite ter-
reuse. L'analogie qu'offrent quelquefois avec le quadersandstein
de l'Allemagne les bancs siliceux du grès vert (iron sand)^ soit
à l'état solide , soit dans un état de désagrégation y a porté plu-
sieurs géognostes à confondre ces deux terrains. M. Boue j qui
a exploré avec tant de fruit les gisemens de l'Ecosse y de l'Angle-
terre et de rAllemangne, a reconnu le grés vert (tout semblable à
celui des environs d'Oxford) en France ^ le long de la Mayenne et
du Loir, depuis la Ferté- Bernard jusqu'au-delà de la Flèche^
dans le département de la Charente, dans le Mans, làSaintonge
et le Périgord.
C'est à cette même formation du S* 33 qu'appartiennent aussi
les lignites de l'ile d'Aix , sur lesquels M. Fleuriau dé Bellevue a
fait de si intéressantes recherches. D'après ce savant géologue, la
forêt sous -marine des c6tes de La Rochelle consiste en bois de
dicotylédones aplatis, en partie pétrifiés, en partie bitumineux
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( 285 )
OU fragiles^ quelquefois à l'ëtat de jaïet. Ces bois sont pénétrés
depjiites^ et percés par une multitude de tarets et de vers marins*
Les trous résultant de cette perforation sont remplis de quarz*
agathe et de sulfure de fer. On trouve les troncs ^ tantôt en
couches horizontales^ dirigées parallèlement^ tantôt accumulés
en désordre. Les bois qui sont pétrifies en entier ou seulement
en partie, reposent sur un sable yerdâtre^ ceux qui sont à l'état
fibreux et bitumineux ^ reposent sur des bancs d'argile plastique
d'un bleu foncé. Us sont entourés d'algues marines et de petites
branches de lignites. Parmi ces masses d'algues on trouve une
résine qui passe au succin ; elle est friable et offre diverses cou-
leurs. Les troncs d!arbres entassés forment une bande d'une
lieue et demie de laideur , depuis l'extrémité nord -ouest de
l'ile d'Oléron jusqu'à quatorze lieues dans l'intérieur du conti-
nent^ sur la riv^ droite de la Charente. Cette bande a plus de
sept pieds d'épaisseur; elle est dirigée, de O. N. O. à E. S. E., et
se trouve à un métré au-dessus du niveau des basses mers. La
où les lignites sont couverts par l'océan , ils sont incorporés
(ainsi que des masses de succin- asphalte et de grands ossemens
d'animaux marins) à un grés grossier qui repose sur l'argile
plastique. Le gisement de ces dépôts est, de bas en haut (d'après
un mémoire inédit de M. Fleuriau de Bellevue) : i."" calcaire
compacte (lithographique) à cassure unie (La Rochelle^ S. Jean
d'Angelj); 2.° couches d'oolithes (pointe de Chatelaillon et Matha) ;
3.** lumachelle et bancs de polypiers avec empreintes de Gry-*
phœa angusiata (ces trois couches constituent la formation ju-
rassique^ dont le banc à poJjpiers représente le coral-rag):
4.** grande couche de lignite avec tourbes marines ^ succin-asphalte
et argile plastique; 5.** sables ferrugineux et chlorîteux; ai^le
schisteuse; couches arénacées et calcaires avec trigonies et cérites;
des fragmens de lignites. Au sud-ouest de la Charente , où man-
quent les couches n.**' 4 et 5, des bancs horizontaux d'un cal-
caire très -blanc avec débris de coquilles (Saintonge). reposent
immédiatement sur les oolithes de la formation jurassique^ et
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( :^84 )
représenicnt les assises inférieures de la craie. M. Boné a tu se
prolonger les traces des lignites depuis Rochefort par Pcrigucux
jusqu'à Sarlat.
Ces sables et argiles avec lignites du grès vert sont liées vers
, le bas, aux argiles bleues avec lignites du cap la Hève (près du
Havre); vers le haut ils préludent pour ainsi dire au grand dé-.
p6t de lignites du terrain tertiaire 5 c'est-à-dire^ aux lignites de
Targile plastique et de la molasse ^ qui sont supérieures à la
craie. Comme la craie dans ces assises inférieure^ (craie chloritée
entre Fécamp et Dives) renferme elle-même des lignites^ et que,,
sous de certains rapports, elle peut cire regardée comme une con-
tinuation de la formation jurassique, les phénomènes que nous
venons d'exposer sont bien dignes de l'attention des géognostes.
Le Plànerkalk de l'Allemagne, souvent mêlé de mica et de grains
de quarz, forme une des assises supérieures du grès vert,- lepré-
sentant à la fois la craie chloritée et une partie de la craie gros-
sière ou craie tufeau.
IV. Craie.
S. 34. A mesure que nous nous sommes éloignés du calcaire
alpin, nous avons vu les formations devenir plus complexes. Il
est vrai que le muschelkalk et le quadersandstein ont une struc-
ture assez simple; mais le calcaire du Jura et le grès vert, là
où ils se sont bien développés, offrent une grande complication
de couches et de fréquentes alternances.. Cette tendance à une
composition variée, à un agroupement de masses hétérogène^
(tendance qui atteint son maximum dans le- terrain tertiaire)^
se ralentit pour ainsi dire au terrain de craie. Placée entre le grès
vert etl'ai^ile plastique ou grès à lignites tertiaire, la craie, par.
une plus grande simplicité déstructure, contraste avec les for-
mations complexes que nous venons de nommer. Des couches
argileuses {dief)^ calcaires et arénacées {iouriia)^ qui séparent
la formation jurassique (oolithique) de celle de la craie, ne doi-
vent pas être confondues. avec cette dernière formation, quoique
souvent aussi il ne soit pas facile de fixer les limites entre les
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( a85 )
marnes avec lits d'oolithes du terrain jurassique^ les strates du
grès yert, et ces marnes crajeuses ou calcaires jaunâtres, presque
compactes^ qui semblent appartenir aux assises inférieures de
la craie.
Ce dernier^ terrain se compose, d'après les recherches de
MM. Omalius et Brongniart^ de trois assises assez distinctes.
L*inférieuie est la craie chloritée ou glaiiconie crayeuse, friable et
parsemée de grains verts ; la moyenne et la craie tufeau ou craie
grossière, grisâtre, sableuse, renfermant des marnes et, au lieu
de silex pjromaques, des silex cornés, d*une couleur peu foncée.
L'assise supérieure est la craie blanche. Quelquefois les assises
les plus anciennes prennent des couleurs gris -noirâtres, et de-
viennent ou très-compactes (environs de Rochefort), ou grenues
et friables (nriontagne de Saint-Pierre près de Maëstricht). La
craie chloritée passe souvent insensiblement au sable vert (green
sand ). La craie- blanche est la plus pure des couches calcaires
de différens k^es : elle ne contient que quelques centièmes de
magnésie y mais elle est mêlée d'une ' quantité de sable plus ou
moins grande. La liaison du terrain de craie de Paris avec les
autres terrains secondaires (entre Gueret et Hirson) a été indi-
quée dans une coupe par M. Omalius (Bull, phil., 181 4)* Dans
un nivellement barométrique ^ fait en i8o5, de Paris à Naples^
nous avons vu, M. Gaj-Lussac et moi, sortir au jour , succes-
sivement sous la craie, le calcaire du Jura, le calcaire alpin ^
le grès rouge 5 le gneis et le granité (entre Lucj-le-Bois, Aval-,
Ion, Autun et montagne d'Aussy). La formation de craie, trop
long- temps négligée, est beaucoup plus répandue qu'on ne le
pense généralement. On l'a reconnue dans plusieurs parties de
l'Allemagne , par exemple , dans le Holstein , en Westphalie
(d'Ûnna, à Paderborn), dans le pajs d'Hanovre, au pied du '
Harz près Goslar, dans le Brandebourg près Prentzlow, et à l'ile
de Rugen. Souvent elle n'est reconnoissable que par les corps
fossiles que présentent les lambeaux de terrains marneux et aré-
aacés. Elle ne rçnfern^e que peu de couches hétérogènes^ par
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( 286 )
exemple 9 «les lits d'angle (île de Wîglit 5 Anzin); des silex,
soit en plaques ou en rognops bien alignés , soit en petits filons
(île de Thanet ; Brightou)^ et caractérisant les assises supé-
rieures de la craie. On j rencontre aussi des pjrites globuleuses
et de la strontiane sulfatée (Meudon).
Pétrifications. Dans le bassin de la Seine on trouye^ d'après les
observations de MM. Defrance et Brongniart* , dans les couches
supérieures de la craie : beaucoup de bélemuites {Beïemnites mu^
cronaius) et d'oursins [Ananchites oçaia. A, pusiulosa, Galerites
vulgaris, Spatangus cor anguinum, 5. hufb)\ des huîtres {Ostrea
vesicidarisy O. serrata ) ; des térébratules ( Terehratula Defiàncii,
T. plicaiilis, T. alata) ; des peignes {Pecten creiosus, P. quinque-
eosiaius); le Catillus Cuçierî, des Alcyordunif des astéries^ àe&
millepores, etc. La craie tufeau et glauconeuse renferme (envi-
rons du Havre ^ de Rouen et de Honfleur; Perte du Rhône prés
Bellegarde) : Gryphea columha, G. auricularis, G. aquila, Po^
dopsis iruncata, P. siriaia, Tcrebratula semiglohosa , T. gaîlina,
Pecten iniextus, P. eisper, Osirea carinaia, O. peciînata, Ceri"
thium excamtumy des trigonies^ descrassatelles^ des encrinites et
des pentacrinites (Angleteixe), et, ce qui est très -remarquable,
des nautililes et plusieurs ammonites (Nautiius simplex , Ammo*
niies varions, A, Beudanii, A. Coupei, A, in/latus, A. Gentoni,
A» rhotomagensis) , tandis que les couches supérieures de la craie,
près de Paris, ne renferment (à l'exception du Trochus Basie-
rôti) pas une seule coquille univalve à spire simple et régulière.
D'après les recherches de MM. Buckland, Webster, Greenough,
Philipps et Mantell , comparées à celles de M. Brongniart, il
existe la plus grande analogie entre les débris organiques trouvés,
en France et en Angleterre, dans les assises de la craie du même
âge. Ce sont partout les assises les plus anciennes qui renferment
des ossemens de grands sauriens (monitor) et de tortues de mer,
des dents et des vertèbres de poissons (squales). Malgré les ana-
logies que présentent les grès a lignites (sables verts et ailles
plastiques) au-dessous et au-dessus de la craie, cette formation
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( 287 ) '
pourtant appartient plutôt au terrain secondaire qu'au terrain
tertiaire^ auquel plusieurs géognostes célèbres le rapportent.
Aussi ^ selon M. Brongniart^ les coquilles de ïa formation crajeuse
se rapprochent beaucoup plus de celles de la formation juras-
sique que des coquilles du calcaire grossier ^ dont la craie est
séparée géc^nostiquement de la manière la plus tranchée.
Terrains tertiaires.
Les considérations que j'ai exposées plus haut sur la liaison
intime entre les dernières assises du terrain de transition et l«s
premières du terrain secondaire ^ peuvent s'appliquer en grande
partie à la liaison que l'on observe entre les terrains secondaires
et tertiaires. Les roches de transition sont cependant plus étroite-
ment liées aii terrain houiUer que ne Test la craie aux formations
qui lui succèdent. Ge qu'il j a déplus important en géognosie^ c'est
de bien distinguer les formations partielles 5 c'est de ne pas con-
fondre ce que le nature a nettement limité; c'est d'assigner à
chaque terme de la série géognostique sa véritable position rela-
tive. Quant aux tentatives qui ont été faites récemment pour
réunir plusieurs de ces formations par groupes et par sections^
elles ont eu le sort de toutes les généralisations diversement gra-
duées. Les opinions des géognostes sont restées plus partagées
à l'égard des grandes que des petites divisions. Presque par-
tout les mêmes formations ont été admises ; mais on varie
dans la nomenclature des groupes qui doivent les réunir. C'est
ainsi que les botanistes s'accordent plus facilement sur la fixation
des genres que sur la répartition de ces mêmes genres entre
des familles voisines. J'ai préféré de conserver dans le tableau
des formations les anciennes classifications les plus générale-
ment reçues. Dans cette longue série de roches, dans cet assem*
blage de monumens de diverses époques, on distingue surtout
trois phénomènes bien marquans : la première lueur de la vie
organique sur le globe, l'apparition de roches fragmentaires, et
la débâcle qui a enseveli l'ancienne végétation monocotylédone.
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( 288 )
Ces phénomènes marquent l'époque des roches intermédiaires et
celle du grès houiller^ premier chaînon des roches secondaires.
Malgré l'importance des phénomènes que nous venons de signaler^
les roches d'une époque ont toujours quelque prototype dans les
roches de l'époque précédente^ et tout annonce l'effet d'un*déve-
loppement continu.
Comme les noms, terrains de sédiment mc^'en, calcaire alpin
nouveau, etc., sont employés dans beaucoup d'ouvrages géog^os-
tiques modernes, sans que Ton désigne chaque fois- individuelle-
ment les roches que renferment ces terrains, il sera utile de rap-
peler ici la synonymie de cette nomenclature des gisemens.
M. Brongniart, distinguant entre primitif ci primordial, comprend
avec M. Omalius d'Haï loy, sous la dénomination de terrains pr£~
mordiaux, toutes les roches primitives et intermédiaires cristallines
de l'école de Freibei^ : il divise les terrains secondaires (Flôtzge-
biiige) en trois classes. Dans la première , celle de sédiment infé-
rieur {Descr. géol, des emirons de Paris, p, 8; Sur le gisenunt des
ophiolithes , p, 36), sont compris le mountain-limestone ou cal-
caire de transition, le grès rouge ou houiller, le calcaire alpin
ou zechstein et le lias; dans la seconde, celle de sédiment moyen,
le calcaire du Jura et la craie ; dans la troisième, celle de sédiment
supérieur, toutes ïe& couches qui sont plus neuves que la craie.
Le terrain de sédiment supérieur remplace par conséquent le terrain
tertiaire, «dénomination tout aussi impropre pour désigner un
quatrième terrain^ succédant aux terrains primitif ^ intermédiaire
et secondaire, que l'étoient les anciens noms de terrains à couches
(roches secondaires) et de terrains à filons (roches primitives et
de transition). M. de Bonnard, dans son intéressant Aperçu géo-
gnostique des formations , exclut des terrains primordiaux les por-
phyres, les syénites de transition et toutes les roches cristallines
postérieures à celles qui renferment quelques débris de corps
organisés; il regarde, et nous préférons sa manière de Toir, le
mot primordial comme synonyme de primitif. Les terrains secon-
daires supérieurs de M. de Bounard diffèrent beaucoup du terrain
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( *89 )
de sédiment supérieur de M. Brongniart ; ce «ont plutôt .ceux que
ce savant estimable appelle terrain de sédiment moyen. Toutes les
formations y depuis la craie jusqu'au grès rouge^ à l'exception des
houilles, sont comprises dans Y ordre surmoyen de M. Goi^beard^
tandis que la liaison intime que l'on observe en Angleterre entre
les dépôts de houilles et les roches qui les supportent, ont en-
gagé M. Buckland {Structure of the Alps, i8ai, p, 8 et 17} a
étendre les formations secondaires depuis la craie jusqu'au motUi-
tain limestone et à la grauwacke (old red sandstone). U nomme
notre zechstein avec dépôts saliféres, calcaire alpin andtn (elder
alpine limestone); le lias, les oolithes, le sable vert et la craie y
calcaire alpin nouçeau (jounger alpine limestone). Ces indica-
tions suffiront, je pense, pour l'intelligence de la sjrnonjrmie des
grandes divisions géognos tiques.
Le mélange fréquent de couches pierreuses et de terrains
meubles ou masses désagrégées a fait confondre long-temps les
formations tertiaires^ c'est-à-dire, celles qui sont postérieures
à la Craie, avec les terrains d*aUuçion et de transport, que Guet-
tard (1746) avoit appelés la zone dessables. On a faussement
considéré les formations tertiaires comme peu importantes >
comme irrégulières dans leur stratification et restreintes à de
petites étendues de pajs. L'école de Freiberg ne plaçoit d'abord
( i8o5) au-dessus du muschelkalk et de la craie que quatre for*
mations, savoir : les sables et argiles avec lignites, déjà recon*
nues par Hollmann en 1760 {Phil. Trans., vol, Llyp. 5o5); le
nagelfluhe calcaire, le travertin, et le tuf d'eau douce (Reuss,
Geçgn., T. n, p. /^yiy 63o, 644)- Bruguières avoit déjà observé
que les meulières de Montmorency ne renfermoient que des co-
quilles d'eau douce. Le gypse à ossemens de Montmartre, que
Karsten crojoit encore analogue au gjpse salifère du zechstein^
avoit été considéré par Lamanon et par M. Yoigt ( 1 799 ) comme
un dépôt d'eau douce. Werner le regarda (1806) comme en-
tièrement différent des formations de gypse d'Allemagne, et
comme d'une époque beaucoup plus rçcente ( Freiesleben ^
>9
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( v )
Kupfersch., T. I, p. 174)» JLes obserralions recueillies par la
Société géologique de Londres et la Société Wernérienne à Edim-
boui^, les utiles voyages de M. Omalius d'Halloy (i8o8) et de
quelqiies gcognostes italiens , avoient fourni une masse assez con-
sidérable de matériaux pour letude des terrains tertiaires \ mais
la connoissance plus approfondie des différentes formations qui
constituent ce terrain, et qui offrent les mêmes caractères dans
les pays les plus éloignés , ne date que de l'époque où a paru la
Dtscription géologique des ençirons de Paris, par MM* Brongniart
et Cumr (i/*édit., 1810; 2.* édition, 1822). C'est dans le
bassin qui entoure cette capitale, que toutes les formations ter-
tiaires (à Texceplion peut-être du grés à lignites, qui ne s'j
montre que comme argile plastique) se trouvent le plus déve-
loppées. Toutes celles qui manquent dans d'autres parties de
l'Europe, ou qui ne s'y rencontrent que par lambeaux, sont
réunies sur les bords de la Seine.
En caractérisant succinétement les termes de la série tertiaire,
je profiterai à la fois du grand ouvrage de M. Brongniart, de celui
que MM. Conybcare et Philipps viennent de faire paroîtrc sur le
sol de r^Lngletcrre, du Voyage géologique de M. Beudant en
'Hongrie, et des observations récentes de MM. Boue et Prévost,
qui, en remplissant la lacune entre les formations tertiaires et
t>olitbiques, ont rendu de grands services à la géognosie positive.
Oest par là comparaison de terrains très -éloignés les uns des
autres, qu'on peut éviter, jusqu'à un certain point, de confondre
le tableau général des giseitiens avec la description géograpbique
d'un bassin isolé. Il est assez remarquable de voir que la dernière
aisise du grand édifice géognostique, celle dont l'époque de for-
mation est le plus rapprochée de nos temps, ait été examinée si
tard. Comme les couches meubles du terrain tertiaire renferment
des coquilles fossiles dans un haut degré de conservation , c'est
ce terrain aussi qui a donné lieu au perfectionnement de la con-
chyliologie souterraine. La prédilection que dans divers pays on
a donnée à cette science, deviendra également utile à l'étude des
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( 291 )
formations secondaires et intermédiaires ^ si on ne néglige pas
de combiner les .caractères zoologiqaes ayec ceux qu'offrent le
gisement et l'âge relatif des roches.
J'ai exposé plus haut les motifs pour lesquels j'ai cru devoir
éviter les dénominations de premier, de deuxième et de troisième
iemUn marin, ou d'eau douée. J'ai substitué le plus souvent des
noms géographiques à ces dénominations numériques^ très -sus-
ceptibles de faire naître des idées erronées. Les formations les
plus récentes sont celles dont les gisemens paroissent avoir été le
plus modifiés par des circonstances locales. Une alternance pé-
riodique des matières calcaires et siliceuses (l'argile même ren-
ferme près de 70 pour cent de silice ) se manifeste jusque dans
les strates qui appartiennent à une même formation. Les couches
hétérogènes et les subdivisions des. terrains calcaires ou gjpseuz
prennent^ dans quelques pajs^ un accroissement si considéra-
ble qu'on les prend pour des terrains particuliers ou indépen-
dans. Il en résulte que la succession et le parallélisme des roches
tertiaires , si récentes et d'une structure si complexe , peut dif-
férer quelquefois du tjpe que nous leur assignons dans le tableau
des formations. ^
AftCUE ET Gais tertia^e a LiGNms (ÀAoaE plastique^ Molassc
ET NaGELJPIUHE D'AftGOVIE).
s. 35. A l^ntrée du terrain tertiaire , comme aussi au-des-
sous de la oraie , entre cette roche et le calcaire jurassique ^ nous
trouvons des dépàts de lignites : c'est ainsi que sur la limite
des terrains intermédiaires et secondaires nous avons vu placé
un grand dépÀt de houilles ( coal«mesures ). Les deux terrains
secondaire et tertiaire com.mencent par des amas de v^étaux
enfouisl A mesure que l'on avance du grès honiller vers les
formations plus récentes^ on voit les planter monocotylédones
peu à peu remplacées par des plantes dicotylédones ; il j en a
encore des premières (endogénites de M. Adolphe Brongniart^
mais non des fougères) au-dessus de la craie jusque dans le
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( 292 )
gypse à ossemens : cependant , en ' général y les dicotylédones
(exogénites ) dominent dans les dépôts de lignites. Je suis moins
surpris de ce mélange que de Tunâformité de la végétation mo-
nocotjlédone de l'ancien monde , dont nous vojrons les débris
dans les terrains intermédiaires et dans le grés houiller. An
milieu des forêts de POrénoque, qui sont extrêmement riches
en monocotjlédones , la proportion de celles-ci aux dicotylé-
dones est, quant à la masse, c'est-ci-dire au nombre des indi-
vidus , comme i à 4o. La proportion que présentent les terrains
houillers n'est donc pas tropicale. Auroit-elle été modifiée par
la résistance inhale qu'opposent à la destruction les monoco-
tylédones et les dicotylédones?
Nous réunirons dans le grès à lignites supérieur à la craie, les
formations parallèles d'argiles plastiques, de marnes et sables,
ayéc lignites , de molasse et de nagelfluhe.
Dans les environs de Londres et de Paris il n'j a qu'un lam-
beau de ce terrain, que l'on trouvée beaucoup plus développé
dans la France méridionale , en Suisse et en Hongrie. La craie, en
France et en Angleterre , est i^ecouverte d'une couche à* argile
plastique, sans coquilles et sans débris organiques, entièrement
dépourvue de chaux, renfermant quelques silex et de la sélénite.
Une couche de sable sépare l'argile plastique des fausses glaises y
qui sont plus siliceuses et noirâtres. Ces dernières renferment
du lignite ou bois fossile bitumineux , provenant de plantes mo-
nocotjlédones et dicotylédones ^ du vrai succin ( d'après la dé-
couverte de M. Bequerel); du bitume, et ( Soissonnoi^ , Mont-
rouge, Bagneux) un mélange de coquilles pélagiques et flu-
viatiles (cjrènes, cérites d'eau douce ou potamides, mélanies,
limnées, paludines). Ce mélange ne s'observe ordinairement
qu'à la limite supérieure de l'argile plastique et des lignites. Les
coquilles marines ressemblent, d'après M. Prévost, à celles dn
calcaire grossier. Couches intercalées : sables et grès avec co-
quilles , masses de calcaire concrétionné avec cristaux de stron-
tiane sulfaté. Fossiles, d'après MM. d'Audebard de Férossac et
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■ ( 295 )
Brongniart : Pîanorhis rotundatus , Pabidind virgula, P. »m-
coloTy Meîanopsis huccinoidea, Nenta globutosuy Melania iriticea,
, ^-^Cerithiumfimatum, Ampuîlaria dq)ressa, Ostrea helloçaca, êtc*
£a Angleterre ; Targile plastique^ qu'il ne faut pas confondre
avec le Londonclay (représentant le calcaire grossier de Paris)
ni avec VOxjord ou Çlunch clay (de la formation jurassique)^
abonde plus en sables qu'en argile : elle renferme des lignite»
(Isle de/Wight; Newhaven)^ et^ ce qui est remarquable à cause
de l'analogie de cette formation avec les molasses d'AigOTie et de
Hongrie y un grès friable ( S^tutland en Dorsetshire ). On j a
trouvé^ d'après MM. Webster et Buckland^ des impressions de
feuilles^ de fruits de palmier ^ des cjcAiiàe» {Çyclas cuneiformis y
C. deperdiia)^ des turri telles ^ des cérites {CerUhiwn melanoitks,
C. intermtdium) et des buitres {Ostrea pukhra, O. tenais).
Le terrain à succm de la Pomèranie et de la Prusse ^ vraisem-
blablement superposé à la craie ^ est composé d'aigile , de 11-
giiites et de noàoles de succin. Les corps organisés qu'il ren*
ferme; ont été récemment examinés par M. Scbvreîgger. Par so9
gisement; comme l'observe judicieusement M. Brongniart ^ il ap-
partient à la formaiion $.35.
Les ^is à lignites (molasse et macigna) sont répandu» dans
les plaines de la Hongrie ^ oomme dans le grand ba«sin de. la.
Suisse; entre les Alpes et le Jura^ ou plutôt entre le lac d'An-
necy et celui de Constance. La formation de Hongrie ; que M.
Beudant a fait oonnoître ; est géognostiquement la plus impor-
tante ; parce qu'on la voit siï]perposée au calcaire jurassique-
(Sari Sap aux environs de GraU; et bords du lac Balaton). £Ue
est immédiatement recouverte (près de Bude). de calcaires oo-
quillieris analogues au calcaire grossier de Paris* £Ue est composée
de . poudingues (nagelfluhe)et de brèches calcaires qui alteineni:.
avec àe& grès micacés, friables ; schisteux; à petits grains angu--
leux de quarz ; avec des sables et avec des lits d'aigile* Elle ren-
ferme de gri^nds 4ép6t$ de lignites ( Gsotnok , au sud de Qtan.^.
Wandorf près de QËdeabourg ) ^ deâ,6oçii^Q$ de;bitame, des fni-^
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( ^94 )
nérais granuleux de fer bjdratë , des coquilles d*eau douce et j
au contact avec le calcaire grossier superposé ^ des coquilles ma-
rines. Le terrain arénacé àe 1^ Suisse ^ qui comprend la molasse
et lenageifluhe^ se compose, d'après les nouyelles rechercLes de
MM. de Charpentier et Lardj ( en commençant par les couches
inférieures) 9 i.^ de calcaires sableux , un peu ferrugineux ^ pas-
sant souvent à un Téritable grés à ciment calcaire; ql,"" de poudin-
gue {nagelfiuhe) enchâssant des fragmens calcaires et siliceux^ ton-
jours arrondis et agglutinés par un ciment calcaire; 'S,'' àt molasse
ou grés à petits grains de quarz et à ciment argileux ou marneux.
Des filons de spath calcaire traversent souvent le nageliluhe^ et la
molasse (grés fin et friable) alterne avec des lits de marnes. Le
nagelflube qui empAte à la fois des galets de porphjre et de cal-
caire compacte ( Rigi ^ Friboui^g y Entlibucb) , n'est pas toujours
recouvert par la molasse; et M. de Buch a remarqué depuis
long-temps qu'entre Habkem et le petit Emmethal la molasse
alterne plusieurs fois avec le nagelflube. Tout ce terrain , dont la
surface et généralement à nu^ git immédiatement vers le nord
(Arauy Porentruj^ Boudi7),sur le calcaire jnrassiqtie ; vers le.
sud, sur le calcaire alpin (environs de Genève et Teufonbachto-
bel, au sudrouest du Rigi)- D'après l'inclinaison dès couches
quelques géognos tes célèbres ont regardé long-temps le nagelflube
comme antérieur au calcaire alpin. M. Keferstein croit encore la
molasse ( mergelsandstein ) inférieure à la eraie et même au cal-
caire jurassique. Un calcaire fétide et bitumineux ^ un gypse
Abreux et ai^ileux^ alternant avec des marnes qui renferment
èie$ amMonitesy w caleairt compacte brun -jaunâtre^ et des li-
gftites y forment des couehes subordonnées à la molasse de Ut
Suisse. Le dépôt de lignites qu'on exploite près de S. Sapborin ,
entre Vevay et Lausanne , est recouvert de nagelflube ; celui de
Paudex est iûterealé i la molasse. Tout ce terrain renferme ^ en
Suisse ; à la fois des coquilles marines (amoKmiteS) e^hérées,
donax ) / des coquilles d'eau douce ( Ijmnées ^ planorbes ) ^ des
palmacides à feuilles flabelliformes (Montrepos)^ et des osse-
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ixiens de quadrupèdes (Aarberg, Est^trajer^ Kâspfhach sur les bords
du lac de Zuric)^ ossemeus qui^ selon les recherches de M. Meîs-
ner^ appartiennent à VAnaplotherium, au Mastodon angmtidens et
au Castor. Dans la molasse de Cremin et Combremont une brèche
coquillière marine repose sur un calcaire brun^ rempli de pla«,
norbes. M. Brongniart^ dès Tannée 1817^ a insisté sur l'analogie
qu'offre l'argile plastique de Paris avec une partie de la forma-
tion dé nagelfluhe et de molasse de Suisse^ si long -temps con-
fondue avec le grès bigarré d'Allemagne. Ce savant pense aussi
que les molasses qui renfernlent des ossemens de mastodontes
€%^nnthracoterium ( Cadibona près de Savoue) sont plus récentes
encore que l'>argile plastique^ qu'elles sont peut-être ou liées au.
calcaire grossier qui est souvent arénacé , ou parallèles, au gjpse
de Montmartre. Les ossemens d'animaux vertébrés y trouvés ra-
rement dans l'aigile plastique de Paris et de Londres (près d'Au-
teuil et de Margate) j n'ont point encore été déterminés zoo-
logiquement; et jusqu'ici M. Cuvier^ dans la suite de ses irifi-
portantes recherches sur le gisement des fossiles , n'a reconnu
des débris de mammifères terrestres que dans les terriims po^é-
rieurs au calcaire grossier. Il se pourroit^ d'après ces considé-
rations 9 que les molasses ou grès à lignites de Hongrie fussent
antérieui^ à ceux de la Suisse^ mais^ comme dans ce dernier,
pajs les formations de calcaire grossier (parisien) et de g[fpse à
ossemens ne se sont presque pas développées ^ et qu*ei> général
l'alternance fréquente des roches tertiaires rend leur parmlléii^me
un peu incertain ^ il se pourroit aussi que la longue époque de la
fbrmatipn de molasse et de nagelfluhe en Suisse (celle dea couches
inférieures et supérieures, arénacées, mameuBes, çakaires et gyp-
seuses ) eût été contemporaine aux trois formations d^ar^le plas-
tique , de calcaire grossier et de gypse y des environs de Paris.
Le terrain qui nous occupe est, selon les observations récente^
de M. Boue, extrêmement développé dans le sud r ouest de la
France, de Liboume à Agen, surtout au nord de la Dordogne et
de la Gironde, où il repose sur la craie* U jr est composé (ea
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ootnmençant par les couches supérieures ) de grès calcaires rem-'
plis de débris de coquilles et d'ossemens d'animaux vertébrés,
de petites couchés de fer globulaire, de marnes grises et ver-
dàtres, de calcaire jaunâtre arec cérites. Des dépèts de lignites
y ont été reconnus par M. Brongniart (Descr. géoL, art. Il , $. i) ;
mais ils n'y sont pas nombreux , et la position de cette forma-
tion arénacée entre la craie et le calcaire grossier de Bordeaux
la caracétrise suffisamment comme molasse. Le grès à lignites
peut localement être dépourvu de lignites , de même que le grès
rouge ou houiller est souvent dépourvu de houilles. Gomme pres-
que toutes les formations secondaires ont leurs grès ef leurs cour-
fumerais, il ne faut pas regarder comme appartenant à la même
formation $. 35 tous les nagelfluhe de r£urope (poudingues
poljgéniques de la classification de M. Brongniart): il jr en a
qui ne paroisseut que des formations locales et peu étendues ;
d'autres (Salzbourg et S. Gall), selon l'observation judicieuse
de M. Boue; sont peut-être plus anciens que la craie et le cal-
caire du Jura. D'ailleurs l'analogie qu'offî-ent certaines couches
placées entre le quadersaudstein et la craie avec celles qui sont
placées entre la craie et le gypse àossemens, est un phénoipène
bien digne de l'attentipn des géognostes.
D'immenses dépèts de sables y d'argile et de lignites avec mel-
lite ( Artem) et avec succin (bernstein de Muskau et bemerde de
Zittau), couvrent une partie de l'Allemagne. On j trouve des lits
de grès extrêmement quarzeux (Garlsbad^ Habichtswald, Meiss-
ntfj Wilhelmshôhe près Gassel, Wolfseck), surtout là où des
coulées de baisaltes sont superposées à l'argile avec lignites. A
cause de cette proximité on a donné anciennement à ces grès,
qu'on jpourroit minéralogiquement confondre avec les grès éga-
lement quarzeux du grès bigarré et avec ceux de Fontainebleau ^
la dénomination impropre de grès trappéens ( trapfhsanJsUin ).
lies sables à grenats (granatensand) , c'est-à-dire les argiles et
marnes de Meronitz et de Podsedlitz en Bohème, qui renferment
des pyropes dissémmés, appartiennent-ils à cette même formation
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( ^97 )
$. 35 ; bu 5 comme plusieurs phénomènes obsenrés dans là G)rclil«
1ère du Mexique et à File de la Gracîosa (archipel des Cayries)
me le feroient supposer^ appartiennent-ils à des aigîles basaltiques
du terrain igné?
GALCAiAE DE PaRIS (GàLCAIRS G108SIER OU CÀLCinS ▲ CSiITl|l),
FORMATION PARAU.iLE A L*ArGII.E DE LoNDlES £T AU GaLCAUB
ARÉNAcé DE BoGNOR.
S* 36. Cette formation très-compliquée , retrouTee en Hongrie ,
en Italie et dans le nouveau continent; a pie entièrement mé«
connue avant la publication de la Géographie minéraîogufue des
environs de Paris* Le calcaire grosner^ séparé par une couche
de sable de Targile plastique^ consiste , d'après M. Brongniart,
dans le bassin de la Seine y de bancs minces et très-régulière-
ment altemans, de calcaires plus ou moins durs, et de marnes
argileuses ou calcaires. Sur des étendues de terrain très-consi-
dérableS; les coquilles fossiles sont généralement les mêmes dans
les couches correspondantes ^ et présentent d'un système de cou-
ches à un autre système , àe& différences d'espèces assez notables.
Ce phénomène d'uniformité dans la distribution des animaux
caractérise surtout le terrain tertiaire; on commence déjà à le
reconnoitre dans les differens bancs qui composent^ en Suisse et
en Angleterre^ la formation jurassique. Les couches inférieures
du calcaire grossier de Paris sont chloriteuses (glauconeuses),
arénacées; remplies de madrépores et de nummulites. Dans les
couches moyennes on trouve beaucoup d'empreintes de feuilles et
de tiges de végétaux {Endogenites echinaius , FlaheîHfés parisiensis,
Pinus Defrancii, d'après le travail de M. Adolphe Brongniart
sur la Végétation fossile ) , des milliolites ^ des ovulites ^ des cy-
thërées ^ mais presque point de cérites. Les coudies supérieures
offrent des lucines^ des ampullaires , des cori>ules striées ^ et
une grande variété (près de soixante espèces) de cérites; mais^
en général ^ cette dernière assise est moins abondante en corps
fossiles que les assises moyenne et inférieure^ dans lesquelles
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( ^9» ) '
MM. Defrance et Brongniart ont recueilli près de 600 espèces de
coquilles. Le fameux banc coquillier de Grignon et les fossiles
du Faîun de Touraine appartiennent principalement aux assises
moyennes. Dans celles-ci et dans le système des couches supé-
rieures les bancs calcaires sont quelquefois entièrement rempla-
cés par des grès ou des masses de silex corné (homstein). Ce
sont ces grès qui ont offert ( entre Pierrelaie et Franconville près
Beauchamp)^ à MM. Gillet de Laumont et Beudant, un mélange
de coquilles marines avec des coquilles d'eau douce (limnées et
paludines). Les fossiles du calcaire parisien ^ parmi lesquels on
ne trouve jamais de bélemnites, d'orthocératites ^ de baculites ou
d'ammonites^ diffèrent entièrement de ceux de la craie.
h^ dépôts coquilliers qui représentent dans les différentes
parties de l'Europe la formation que nous décrirons^ sont \ts
uns identiques de composition et d'aspect ({daines de Vienne dé-
crites par M. Prévost; collines de Pcst et de Teteny en Hongrie ,
décrites par M« Beudant); tantôt seulement analogues par leur
position géognostique et par les débris fossiles qu'ils renferment
(Angleterre). Les calcaires grossiers de la Hongrie^ pétris de
cériles, de turritellcs, d'ampi.iUaires > de venus et de crassatelles^
peu reconnoissables ^ parce qu'il n'en est resté que le moule ^ of-
frent jusqu'aux caractères empiriques les plus minutieux auxquels
on reconhoit le calcaire parisien^ Us sont liés à des sables co-*
quil liera (Gzerhat^ Baab); qui sont en partie mêlés de grains
verts et qui ont beaucoup d'analogie avec les dépôts coquilliers
des plaines de la Lombardie.
Les calcaires grossiers de la Dordogue et de la Gironde, géo-
graphiquement plus rapprochés du bassin de la Seine , ne mon-
trent pas toujours cette ressemblance de 4X)mposition que nous
venons de signaler dans ceux de la Hongrie. Us. sont, d'après
les observations récentes de M. Boue , composés de deux assises
bien distinctes. L'inférieure est peu coquillière ou à corps fossiles
brisés ; elle renferme du calcaire compacte > blanc-jaunâtre y quel-*
quefois tachant comme la craie, des manies et des baocs de
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( ^99 )
galets quarzenx. L'assise supérieure est un calcaire sableux ^ ex*
trémeinent coquillier , et ressemblant presque quelquefois à une
molasse brunâtre.
En Angleterre 9 d'après les recbercbes de MM. Buckland^
Webster etSowerbj^ VarpU de Xom/r^ (Londonclaj) est non*
seulement; par sa superposition à l'aigle plastique ^ une farmO'
tion parallèle au calcaire de Paris 5 elle renferme aussi presque
toutes les espèces de coquilles qui semblent appartenir plus par-
ticulièrement aux coucbes inférieures de ce calcaire. Dans le
bassin de la Tamise , la formation que les géc^nostes anglois
désignent communément sous le nom de London clay , n*est
qu'un dép^t d'argile et de marnes brunâtres, renfermant du fer
sulfuré et quelques lames de sélénite; mais, sur d'autres points
de l'Angleterre , cette .couche se rapproche beaucoup plus , par
sa composition minéralogique , du calcaire grossier. Elle pré^
sente , d'après MM. Gon^beare et Philipps , sur les c6tes de Sus-
sex, à Bognor et près de Harwich (flssex) des lits de calcaire
compacte et sableux. On y a trouvé, outre les corps fossiles pro-
pres à ja formation qui lui est analogue dans le bassin de Paris,
des empreintes de poissons, des ossemeus de tortues et de cro-
codiles (Islington), une espèce d'ammonites {Ammonites acuius,
à MinsterclifT) et des lignites. Le Cerithium giganteum, assez
commun dans l'aigile de Londres, ^'appartient en France qu'à
l'assise inférieure du calcaire grossier, qui est d'ailleurs dépour-
vue de toute autre espèce de oéritbes. Le London clayy dans le-
quel on assure ayoir trouvé du succin (Holderness dans le
Yorcks^ire), paroit avoir des rapports plus intimes avec l'aigile
plastique (grès tertiaire à lignites) que le calcaire grossier de
Paris. '
M. Brongniart rapporte à cette formation ( S> 36 ) la majeure
partie des terrains cakaréo-trappéens du Yicentin (Val Ronea,
Montecchio maggiore , Monte Bolca ) , la colline de la Supergue
de Turin, le cap S. Hospice près de Nice, la 6rand&-Terre de
la Guadeloupe^ etc. Les célèbres impresâons de poissons de
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( 5bo )
Monte Bolca^ sur lesquelles M. de Blainville à entrepris un' tra-
rail intéressant^ ne se trouvent ^ d'après les recherches de M. Ma-
raschini , pas proprement dans le calcaire grossier, mais (connne
on le reconnoit surtout à Noya le et à Lugo près de Salceo)
dans un calcaire fétide et schisteux , séparé du calcaire grossier
par une couche d'argile avec lignites. Cette position me semble
lier les marnes bitumineuses (de Monte Bolca) ayec empreintes
de poissons et de feuilles aux marnes du gypse à ossemens de
Montmartre.
Dans l'Amérique équinoxiale, où je n'ai point reconnu les
formations de craie et de grès à lignites , les collines qui bordent
sur quelques points la Cordillère de Venezuela , du côté de la
mer (Castillo de San Antonio de Cumana, Cerro del Barigon
dans la péninsule d'Araya , Vigia de la Popa près du port de
Carthagène des Indes), ine paroissent appartenir au calcaire
grossier. Ces collines sont composées , i .^ d'un calcaire compacte
I et arênacé gris-blanchâtre , dont les couches , tantôt horizontales ,
tantôt irrégulièrement inclinées, ont cinq à six pouces d'épaisseur
(quelques bancs sont presque dépourvus de pétrifications; dViu-
tres sont pétris de madrépores, de cardites, d'ostràcites et de tur-
binites, et mêlés de gros grains de quarz ) ; 2.° d'un grh calcaire ,
dans lequel les grains de sable sont plus fréquens que les co-
quilles (plusieurs bancs de ce grès enchâssent, non des paillettes
de mica, mais des rognons de mine de fer brun, et deviennent
si siliceux qu'ils ne font presque plus d'effervescence avec les
acides, et que les corps fossiles j disparoissent entièrement);
3.^ de bancs et argile endurcie avec sélénite. L'assise calcaire, dont
l'ai déposé de grands échantillons dans le cabinet d'histoire natu-
relle de Madrid , offre ( entre Punta Gorda et les ruines du châ-
teau de Santiago d'Ai*ajra) une innombrable quantité de solens,
d'ampullaires , d'huitres et de polypiers lithophytes , en psdrtie
disposés par familles. Cette formation tertiaire > composée de cal-
caires coquilliers, avec grains de quarz, de marnes argileuses et
de grès calcaire, se trouve géographiquement liée aux terrain»
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'( 3oi )
tertiaires des îles opposées aux côtes de Gumana ^ par exemple^
de celles de la Guadeloupe et de la Martinique. Elle repose
tantôt immédiatement sur le calcaire alpin ( Punta Delgada);
tantôt sur les ai^iles saliféres d'Araja^ dont j'ai parlé plus haut
(S. 28, pag. 242).
Càlcaiee siliceux et Gtpse a ossemens f aetehnant avec des marnes
(Gypse de Montmartre).
S. 3j. D'après les principes de classification que j'ai suivis
dans ce travail^ j'aurois pu séparer le calcaire siliceux (Gham*
pignj ) du gjpse alternant avec des marnes appelées marines et
d'eau douce; mais^ n'ajant pu, dans le cours de mes voyages,
faire des terrains supérieurs à la craie un objet particulier de
mes études, je n'ai rien voulu changer aux coupes générales in-
diquées dans l'ouvrage de MM. Brongniart et Cuvier.
Le calcaire siliceux du bassin de Paris, qui est tantôt tendre
et blanc , tantôt grisâtre , à grains très - fins et caverneux , est
comme pénétré dans toute sa masse de silex ou matière quan-
zeuse. D est intimemeixt lié, vers le haut, au gypse, par les
marnes argileuses et gypseuses qui alternent également avec le
calcaire siliceux et le gypse à ossemens (butte de la Briffe de S.
Denys; Grecy; Goulommiers); vers le bas, au calcaire grossier,
dont les dernières couches offrent aussi quelquefois des infiltra-
tions siliceuses : mais les ^ilex cornés du calcaire grossier ren-
ferment des coquilles marines, tandis que les calcaires siliceux
du terrain gypseux, qui servent de meulières, présentent dans
leurs bancs supérieurs des coquilles fluviàtiles. J'ai déjà fait ob-
server plus haut (S. 28, p. 25 1) que sur le dos des Gordillères
du Pérou, i 1800 toises de hauteur, une formation calcaire
très -ancienne (le calcaire alpin) offre ce même phénomène cu-
rieux d'infiltrations siliceuses. Des modifications analogues dans,
la composition des roches et dans le mélange chimique des
matières ont eu lieu à des époques très - différentes. Lts marnes
calcaires qui alternent arec le calcaire siliceux de Paris, rea-*
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( 302 )
feniîcnl une magnesite remarquable^ que MM. Brongniart cl
Berthier ont fait connoitre^ et qui est un silicate de magnésie
hjdraté presque pur. Les infiltrations siliceuses de cette forma-
tion passent quelquefois à une Calcédoine diyisée par plaques^
et à un homstein mamelonné coloré' en rouge ^ en violet et en
brun.
Le terrain gypseux est composé ^ dans le bassin de Paris, de
couches alternantes de marnes schisteuses et de gypse saccha-
roïde compacte ou feuilleté. Il renferme au centre et dans sa plus
grande masse des productions terrestres et d'eau douce 5 mais
yers stf» limites supérieures et inférieures, tant dans le gypse
- que dans les marnes , il offre des productions marines. L'assise
inférieure de la formation gypseuse est caractérisée par. des silex
ménilites et de gros cristaux de sélénite lenticulaires et jaunâtres.
Les bancs de marnes deviennent plus rares vers le milieu, où
l'on trouve plus particulièrement la strontiane sulfatée et des
squelettes de poissons. L'assise supérieure est caractérisée par la
multitude d'ossemens de mammifères terrestres qui sont aujour-
d'hui inconnus sur le globe [Palœotherium crassum, P. médium,
P. magnum, P. latum, P. curium, Anaplotherium commune,
A. secundarium, A. marinum, le Chturopotame et VAdapis de
M. Cuvier); par des os d'oiseaux, de crocodiles, de tryonix,
de poissons d'eau douce : elle est recouverte de bancs de mar-
nes calcaires et argileuses, renfermant, les uns du bois de pal-
mier, des planorbes, des limnées et des cythérées [Cytherea
^/^^a72j); les autres, des cérites {Ceriihium plicatum ^ 6*. cîncturn),
dés venus et de grandes huîtres très -épaisses {Ostrea hippopus ,
O. pseudochama, O. longirostris j 0. cyaiuîa). Une couche de
marne verte sépare , vers la limite supérieure de la formation
gypseuse, les coquilles d'eau douce des coquilles pélagiques.
Vers le bas le gypse même (n.° 26 de la troisième masse de
Montmartre) offre des fossiles marins. Quelquefois cette forma-
tion ne s'est pas développée en entier; les gypses manquent^
et Votk ne reconnaît sa place que par des marnes vertes accom-
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( 3o3 )
pagnées de strontiane. Conime le^gypse à ossemens n*a encore
été éludié qu'en très -peu d'endroits (bassin de Paris, Puy en
Yélaj, Aix en Provence) , les caractères que nous attribuons à
cette formation si importante pour Ja géogonie ou pour l'his-
toire des anciennes révolutions de notre planète, ne sont vrai-
semblablement pas assez généraux.
Grès et Sables supérieurs au gypse a ossemens (Gaes de
Fontainebleau.)
S* 38. Ce terrain est formé de deux assises : Tune, inférieure,
sans coqtiilles; l'autre supérieure, renfermant des coquilles ma-
rines. Des sables siliceux et des grès forment des bancs très-
épais, très- étendus, mais dont les surfaces ne sont pas paral-
lèles. Dans l'assise dépourvue de coquilles en place (celles de
VillersrCotterets et de Thuiy paroissent à M. Brongniart usées,
comme si elles avoient été roulées), on trouve sur quelques
points beaucoup de paillettes de mica, des rognons de fer brun
disposés par lits, un peu de gypse, beaucoup de marnes aigi-
leuses et des infiltrations de chaux carbpnatée (forêt de Fontaine-
bleau). Les assises supérieures, qui renferment des coquilles
marines [Oliva mîtreoîa, Cerithîum cristatum, C* lamellosum,
Corhula rugosa , Ostrea jktheUula ) , passent quelquefois à um
calcaire arénacé ( Romainville ^ Montmartre). L'immense ter-
rain tertiaire de l'Italie, celui des collines suhapenmnes , avec os»
semeiis de cétacés et Ostrea hippopus , qui s'étend depuis Asti
en Piémont jusqu'à Monteleone en Calabre , et que M. Brocchi
a si bien décrit, appartient en grande partie, d'après les dis-
cussions de MM. Prévost et Brongniart , aux grès et sables qui
reposent sur le gypse de Montmartre.
Terrain lacustre avec Meulières poreuses , supérieur au Grès de
Fontainebleau ( Calcaire a lynnées ).
S» 39. C'est le grand terrain d'eau douce supérieur, composé
stir quelques points de salues argile- ferrugineux, de marnes et
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( 3o4 )
de meulières siliceuses ^ criblées de caTÎUs (avec coquilles, pla-
teau de Montmorencj ; sans coquilles, La Ferté-sous-Jouarre ) ;
sur d'autres, de silex, de marnes et de calcaii^es compactes
( Château *Landon). Ces calcaires renferment des potamides,
des Ijmuées, des planorbes, des bulimes, des hélix, et beau-
coup d'empreintes de végétaux {Culmites anomalus, fycopodiies
squammatus, Chara medicaginuta , Nymphcea Arethusœ de M.
Brongniart fils). Nous renvoyons pour l'histoire du grand ter-
rain lacustre , qui a déjà été retrouvé dans presque toutes les
parties de l'Europe^ a la deuxième édition de la Descripiion
géolog^ue des erwirons de Paris {art. VIII),
Une contrée du globe où la plupart des formations tertiaires
ont acquis un grand développement, et où, pour cette même
cause , ces formations sont restées assez distinctes , nous a servi
de t}rpe dans le tableau géognostique des formations tertiaires;
mais il ne faut point oublier que dans d'autres contrées ce dé-
veloppement s'arrête à l'argile plastique ou au calcaire grossier :
alors le gjpse de Montmartre et le grès de Fontainebleau ne
{laroissent indiqués que par les places qu'occupent les marnes
et les sables. Le terrain tertiaire réunit des formations qui se
confondent partout où elles n'ont pas pris un égal accroisse-
ment, et où la fréquente alternance des marnes tend à masquer
les limites des différentes assises. U me resteroit à parler des
dépôts d'alluçiony qui présentent d'importans problèmes sur
l'origine des sables dans les déserts et les steppes (provenant du
grès rouge, du grès bigarré, du quadersandstein , du ten^ain
tertiaire.? ) ; mais ces dépôts, si variés dans leur alternance,
ne peuvent être l'objet d'un travail sur la superposition des
roches.
TCRRAINS VOLCANIQUES.
J'ai fait succéder, par des motifs que j'ai exposés plus haut^
au terrain intermédiaire (Uebeigangsgebirge) , comme par mode
de bisection, les formations secondaires et volcaniques. Cet ar-
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( 3o5 )
rangement offre l'avantage de rapprocher les porplijres et les,
syënîtes de transition ^ avec leurs couches huileuses et pjroxé-^.
niques intercalées ( SS- 23 et 24, Holmstrand en Norwége; Andes
de Popajan ; Cordillères du. Mexique ) , des porphjres ^ des amyg-
daloïdes et des dolërites du grés rouge ($. 26^ Nojant et Figeac,
en France ; Ecosse ) , des trachjtes , des phonolites et des ba-
saltes du terrain exclusivement pjrogéne. Dans un tahleau de
gisement 9 c'est déjà gagner beaucoup que de ne pas séparer
ce qui se trouve lié dans la nature par des affinités vraiment
géognostiques.
On peut considérer le groupe de roches que l'on réunit gêné-,
ralement dans le terrain volcanique, sous ua double point de»,
Tue y ou d'après une certaine conformité observée dans leur gî».
sèment et leur superposition^ ou d'après les rapports de leur-
composition et de leur origine communes. Dans le premier cas^ /
sans opposer le mode de formation des trachjtes et des ha*,
saltes à celui des terrains primitifs et intermédiaires , on eju-^
mine la place que doivent occuper, comme termes de la sérîe
géognostique, lès grands systèmes de roches composées de feld-
spath y de pjroxène , d'amphibole , d'olivine et de fer titane^
que l'on trouve, au nord et au sud de l'éqnateur, non recouvertes
et comme surajoutées à d'autres terrains plus anciens, dans des
circonstances entièrement analogues. Cette manière d'envisager
et de classer les roches volcaniques est la plus conforme aux be»
soins de la géognosie positive. On réunit les roches trachjti-
gués et basaltiques, non d'après leur composition minéralogique
et la conformité apparente de leur origine , mais d'après leur
agroupement et leur position ; on les distribue parmi les autres
roches d'après leur âge relatif, comme on a fait , dans les
terrains primitifs et intermédiaires, avec les dîiTérentes forma-
tions de calcaires grenus (SS* 10 et 20), d'euphotides (S$. 19
et 25) et de porphjres (SS* iB, 22 , 23 et 26).. Dans le second
cas, on isole, sous la dénomination, de terrain, volcanique^
tout ce que l'on croit être incontestablement d'une origine
20
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( 3oG ) . ^
ignée ; on oppose les termes de la série pjrogene a d'aufxes sé^
ries de roches qae Ton dit être d'une origine aqueuse. Par là
on sépare d'ane manière absolue ce qui oflre dans la nature
des passages graduels; au lieu d'explorer le gisement ^ ou de
placer leis roches dans Tordre de leur succession^ on s^attache
de préférence aux questions historiques sur le mode de leur
formation.
J'avoue y et l'on ne sauroit se prononcer avec assez de fran-
chise sur les premiers fondemens d'une science; j'avoue que
ces classifications , d'après les diverses hypothèses que l'on
se forme sur Vorigine des choses, ne me paroissent pas seide-
ihent vagues et arbitraires^ mais aussi très -nuisibles aux progrès
de la géognosie de gisement; elles préjugent d'une manière ar-
bitraire et surtout trop absolue^ ce qui est pour le moins en-
core extrêmement douteux. En divisant ^ d'après un usage suranné ^
les formations en ^^nnMfiV^j, intermédiaires, secondaires, tertiaires
et yolcemiques , on admet ^ pour ainsi dire^ un double principe
de division , celui de l'âge relatif ou de la succession des for*-
mations^ et celui de leur origine. Si l'on distingue entre des
nappes de laces et à%È roches, ou bien entre des roches volcani"
fues , des ' roches d'une origine neptunienne , et des matières for-
mées par une prétendue liquéfaction aquoso^ignée , on attribue
tacitement aux granités ^ aux porphyres et aux- syénites inter-
médiaires'^ aux dolérites et aux amygdaloïdes du grés ronge,
un mode de formation diamétralement oppoeé à celui d'une fa*
sion ignée. D'après cette manière de procéder, qui appartient
plutôt à là géogonie qu'à la géognosie positiçe , on considère
tout ce qui n'est pas compris dans le terrain volcanique , dans
les roches de trachjte et de basalte qui surmontent les autres
terrains^ comme formé par la voie humide, ou comme préci-
pité d'une Wu/ion aqueuse, D eist presque inutile , dans l'état
acti^el des sciences physiques , de rappeler combien l'hypothèse
d'une solution aqueuse e^ peu applicable aux granités et aux
gneis^ aux porphyres et aux syénites, aux eupholides et aux
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( 3o7 )
)a$pes. Je ne hasarderai pas de prononcer ici sur les circons-
tances qui peuvent avoir accompagné la première formation de
la croûte oxidée de notre planète; mais- je n'hésite pas à me
ranger du côté des géognostes qui conçoivent- plutôt la forma-
tion des roches cristallines siliceuses par le feu que ^ par une
solution aqueuse^ à la manière des travertins et d'autres calcaires
lacustres. Les mots laides et roches volcaniques sont d'ailleurs aussi
vagues que l'est le mot volcan, qui désigne tantôt une mon-
tagne terminée par une bouche ignivome^ tantôt la cause sou- *
terraine de «tout phénomène volcanique. Les trachjtes qui sur-
montent le dos des Cordillères^ appartiennent indubitablement
aux roches pjrogènes^ et cependant le mode de leur formation
n'est pas celui des courans de laves postérieures au creusement
des vallées. L'action du feu volcanique par un cône isolé ^ par
le cratère d'un volcan moderne , diffère nécessairement de
l'action de ce feu à travers l'ancienne croûte crevassée de notre
planète.
En considérant les phénomènes volcaniques dans leur plus
grande généralité , en réunbsant ce qui a été observé dans les
différentes parties du globe, on voit différer ces phénomènes
entre eux, même de nos jours ^ de la manière la plus frap-
pante. Ce ne sont pas les volcans de la Méditerranée , les
seuls que l'on a étudiés avec soin , qui peuvent servir de tjpe
au géognoste et lui présenter la solution des grands problèmes
géogoniques. L'élévation absolue des bouches ignivomes, va-
riant depuis cent à deux mille neuf cent cinquante toises
(Stromboli et Cotopaxi), influe non- seulement sur la fré-
quence dés éiiiptioos, elle modifie aussi la nature des masses
lejêtées. Quelques volcans n'agissent plus que par leurs flancs ^
quoiqu'ils offrent encore un cratère à leur sommet ( Pic de Té-
nériffe ) ; d*autres ont des éruptions latérales ( j'en ai trouvé à
Antisana, dans les Andes de Quito, à 2i4o toises de hauteur),
sans que leur cime ait jamais été percée } d'autres encore , éga-
lement creux dans leur inlérieur , comme l'indiquent beaucoup
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( 3o8 )
de phénomènes (dôme trachj tique du Ghimborazo 9 335o toises) ^
n'offrent aucune ouverture permanente au sommet ni sur leur
flanc (le Yana-Urcu, petit cône d'éruption 9 est placé dans le
plateau de Galpi méme)^ et n'agissent pour ainsi dire que dj-
namiquement 9 en ébranlant les terrains d'alentour ^ en fractu-
rant, les couches: et en- changeant la surface du sol. Ruca-Pi-
chincha (2490 tgises ) ^ qui- a été l'objet particulier de mes re-
cherches 9 n'a jamais jeté un courant de laves postérieur au*
creusement des vallées actuelles , pas plus que Capac-Urcn
(prés Riobamba nuevo), qui ^ avant l'écroulement de sa çime^
a été plus élevé que le Ghimborazo. Le grand volcan mexicain
de Popocatepetl (2771 toises }; au ôon traire ^ a- eu des épan-
chemens de laves sous la forme de bandes étroites ^ tout comme*
les petits volcans de l'Auvei^e et de l'Italie méridionale. Les'
îles qui sortent (dans quelques parages presque périodiquement)*
du fond des mers y ne sont pas , comme on le dit souvent par er-
reur ^ des amas de scories semblables au Monte novo de Pouzzole,
ce sont des masses rocheuses' soulevées ^ et dans lesquelles le cra-
tère ne s'ouvre que postérieurement à- leur soulèvement. ( Relat.
iistar,^ de mon voyage aux régions équin.y T, I, p, 171, et
Essai politique, T. I, p, 254.) Au Mexique ^ dans l'intérieur
des terres ; sur un plateau trachjLique à plus de trente -six lieues'
de. distance de la mer et loin de tout volcan, brûlant , des mon--
tagnes de 1600 pieds de hauteur sont sortis (29 Septembre- 1759)
sur une crevasse ^ et ont jeté des laves qui enchâssent des frag-
me^s granitiques. Tout à l'entour^ un- terrain de quatre milles
carrés s'est soulevé en forme de vessie ^ et des milliers de petits
cônes (homitos de Jorullo)^ composés d'aigle et de boules de*
basaltes L couches concentriques ^ ont hérissé cette surface
bombée. Tous les volcans brûlans et toutes les cimes de la Nou-^
yelle -Espagne qui s'élèvent, au -dessus de la limite des neiges^
perpétuelles 9. se. trouvent sur une zone^ étroite {Parallèle des
grandes hauUurs ,. entre les 18** 69' et 19"* 12' de latitude) qui
^st perpeadiculaûce. à. la grande chaîne des montagnes. C'est
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{ '5o9 )
comme une crevasse de iZj lieues de long^ qui s'étend depuis
-les côtes de l'océan Atlantique jusqu'à celles de la mer du Sud,
«et qui semble se prolonger encore 120 lieues plus loin, vers l'ar-
chipel de Revillagigedo , couvert de tufs ponceux.
Ces alignemens des volcans , ces . soulèvemens à travers des
fentes continues, ces bruits souterrains {hrarmdosy iruetws sue'
J0raneas de Guanaxuaio ^ en 1784) qui se sont fajt entendre au
milieu d'un terrain de schistes et de porphyres de transition,
.rappellent, dans les forces encore actives du nouveau monde,
-les, forces qui, dans les temps les plus reculés, ont soulevé les
chaînes <ie montagnes , crevassé le sol , et fait jaillir des sources
de terres liquéfiées (laves, roches volcaniques fluides) au milieu
•de strates plus anciennement consolidés. Même de nos jours
■ces terres liquéfiées ne sortent pas constamment des mêmes
^ouvertures de l'orifice d'une montagne (cratère au sommet d'un
^volcan) ou de son flanc dééhiré; quelquelquefois (Islande^
plateau de Quito) la terre s'ouvre dans les plaines, et l'on en
.voit sortir ou des nappes de laves qui s'entrecroisent, se refojiw
. lent, et. se surmontent, ou de petits cônes d'une manière boueuse
Xrn43ya de Peliho et de Riobambd viefo, 4 Février 1797) qui
semble avoir été un traclijte ponceux, et qui, combustible et
tadiant les doigts en noir , est mêlée de carbure d'hjdrogène.
(Hi^mb., Essai pùlitique sur la Noufi^ Espagne, T, I, p% .47.9
254* Id..> RelaU historique., T* I, p» 129, i4B>, i54^ 3i5; T.
,11 , p. 16, ao, 23. Klaproth., 64^111. Unterr. der Min., T. IF,
,pag. 289.)
Les roches que l'on a l'habitude de réunir- 80u$ le nom dû
substances du terrain (exclusivement) volcanique, ont été en-
visagées Jusqu'ici beaucoup plus d'après les rapports oiycto-
gnostiques et chimiques de leur composition, ou d'après ceux
de leur origine, que d'après les rapports géognostiques de leur
gisement et de leur âge relatif. Le feu des volcans a.agi à, toutes
les é|xoques., lors de la première oxidation de la croûte du globe^^
à travers les roches. de transition, les. terrains secondaices.çt tei^
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( î.o )
tiaires. A Pexception de quelques roches lacustres ou d'eau
douce 9 les roches volcaniques sont les seules dont la^ formation
continue, pour ainsi dire, sous nos yeux. Si les laves deàs mêmes
volcans (sources intennitt^tes de terres liquéfiées) varient à di-
verses époques de leurs éruptions , on conçoit combien des ma-
tières volcaniques qui , pendant des milliers d'années , se sont
prc^essivement élevées vers la surface de notre planète, dans
4es circonstances de mélange, de pression, de refroidissement,
si différentes, doivent offrir à la fois de contrastes et d'ana-
logies. Il j a des trachjtes , des phonolithes , des basaltes , des
obsidiennes et des perlites de différens âges', comme il j a dif-
férentes formations de granités, de gneîs, de micaschistes, de
calcaires, de grauwacke, de sr^énites et de porphjres. Plus on
approche des temps modernes , plus les formations volcaniques
paroissent isolées, surajoutées, étrangères au sol sur lequel elles
se sont répandues. Une longue intermittence de la source semble
produire , même dans les volcans actuels , une grande variété
dans les produits , et s'opposer à Fagroupement de matières ana-
logues. Dans les formations de transition (Andes de la Nouvelle-
Grenade et du Pérou ; Cordillères du Mexique) les difTérens
termes de la série géognostique se lient les uns aux autres; ils'
se montrent dans cette dépendance mutuelle que l'on obser?e
entre les porphyres et les sjénites, entre les thonschiefer , les
grunstein et les «alcaires de transition^ entre les serpentines,
les jaspes et les euphotides. Dans ce dédale de formations vol-
caniques de différens kges on n'a reconnu jusqu'à présent que
qiielq«ies lois de gisement qui paroissent, sinon générales, da
moins en haitnot»ie avec des phénom^es observés dan^ les deux
no^ntinens istir une grsoide étendue de terrain. Ce sont cesrap-
poits de gisement seuls qui peuvent être discutés ici ; tout ce
:^ui regarée ta composition des roches volcaniques , Fanatise
mécanique de leur tissu et letirs classifications Oijcfognostiques,
"ùbjeits importans traités dans deux mémoires célèbres de M.
Fleuriau de Belleme et de M. Gordier {Joum* de physique, 71
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( 3i. ) ^
Ll, LX et LXXXIII)^ n'çst pas du domaine de la géognosie
des formations. On peut sans doute indiquer certains caractères
par lesquels des rc^càes ressemblent d'une manière plus ëiridente
aux productions des volcans modernes : mais la couleur noire $
la porosité à cellules alongées, couyertes d'un enduit lustré; la
propriété de foire des gelées avec les acides; Fabsenoe du quarz^
du feldspath commun et des filons métalliques ( aurifères et ar-
gentifères); là présence du pjroxène^ du fer titane , du feld-
spath vitreux et fendillé, et des .alcalis, ne peuvent plus, dans
)*état actuel, de nos ccmnoissances , être considésées comme des
caractères généraux des roches volçan^ues. (Voyez plus haut,
SS. 21,23, a6.)
h&s. mass^ volcaniques, ou regardées comme telles (roch«ft
empyrodoxes de M. Màhs, Chanutèr der Classen, 1821 , ;?. 177)>
se trouvent on par filons ( djkes , dans toutes les ibrmatioaa ,
depuis le granité primitif jusqu'à la craie et les formations ter-
tiaires ; Ecosse , Allemagne , Italie } , ou en. couches intercalées
( calcaires et ppipkyi^ de transition; grés congé), oasttp@^p0^
sées , sufwifouiéés a des terrains d'âges très-diSerens. Le contrasW
entre les roches volcaniques on empjrodoxîes intercalées, et les
roches qui les rcnfenhent , ' «st d'autant plus frappant que les
dernières sont tndid»tahleBieHt Jûxm volcaniques, calcaires (Dep>
bjrshire) ou ' fragmentaires (giaMwaclEe^ l^rès houilkr). Lorsque
des masses empn^odoxes se trouvent, ou comme couches snhor^
données, entre les strates de roches iâteanédiaiies cristallines
(porphyres et fffénites),!<iu comme filons traversant les strates
de roches primitives (granifle-gaiois), ces. rôehes primitives et
intermédiaires feldspathiques peuvenll avoir , sel(»a ropinion ds
quelques géognostes, la même origine ignée que la masse des
couches intercalées ou des filons {mandelstein^ dolérites,. ba-
saltes), sans que les époques de farmatiott et les. circmistanotfs
dans lesquelles les forces volcaniques ont agi, aiiettt été idea*
tiques* Les limites entre les filons et les bancs ântercalés trap-^
péens, pjrozéoiques ou porpbjriqtt€s> ne sont pas toujonns tk
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{ 5.2 )
tranchées qu'on pourroit le croire d'après les définitions que
l'on a coutume de donner des gites particuliers- dçs minerais.
Plusieurs de ces bancs ne sont que des amas entrelacés et for-
més par la réunion d'un grand nombre de filons* Lorsque ceux-
ci suiyent dans une grande épaisseur (voyez mes coupes du cé-
lèbre filon de Guanaxuato) la direction et l'inclinaison des stra-
tes de la roche , ils prennent tout l'aspect d'une couche. Nous
insistons sur ces remarques ^ parce que la fiôuTelle géogonie a
une tendance à faire monter , de bas en haut, des masses li-
quéfiées à travers des crevasses, tandis que l'ancienne géogonie
expliquoiC tout par des préciptations, par des mouvemens dans
un sens opposé. On peut croire que ces directions doivent' avoir
été différentes selon la nature des matières qui se sont consoli-
dées, selon qu'elles étaient cristallines et siliceuses, calcaires ou
fragnientaires. La géognosie positive a profité de ces discussions
sur l'origine ignée ou neptnnieione des roches : mais elle rend
les classifications indépendantes des résultats géc^niques; elle
ne ttépare pas les masses intercalées des terrains dans lesquels
on les trouve, et elle ne laisse i^éunies, dans la division des
l'oches dont nous nous occupons ici sous le nom de ierrum
volcanique, que des formations Superposées, surajoutées a des
formations primitives, intermédiaires, secondaires et tertiaires.
La place que doit occuper une roche i" dans la série géo-
gnostique, est déterminée par la roche lapins récente, y, qu'elle
tecowre , et par la roche la plus ancienne, t y. dent elle est r0-
couçertâ. Si S est superposé a e, il est tout naturel .qu'on le
trouve aussi placé sur les roches plus anciennes a, jd, y, qui
sont les termes préeédens de la série. L'application de ce prin-
cipe très -simple de la géognosie de gisement exige beaucoi^p
de cii^eonspection , lorsqu'il s'agit de roches trachjtiques , basalU
tiqttes et phoûbiithî^fiies. Un m^me courant de laves, une
même napp>6 des masses pjro(xéniques répandues à la fois sur du
gràiiite, sur du micaschiste et sur un terrain d'eau douce , offrent
sansdoute dés piteuvesinocntestal^les d'une origine postérieure aQ«
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( 3.5 )
formations tertiaires les plus modernes; mais l'âge d'une forma-
tion volcanique est plus difficile à déterminer quand il n'j a
pas continuité de masse ^ et quand on confond^ sous une dé-
nomination générale 9 des matières qui se sont épanchées laté-
ralement^ avec d'autres qui ont percé de bas en haut; par
soulèvement ,' à travers des roches préexistantes. Là où des tra«-
chjles et des basaltes se trouvent réunis ^ la formation la plus
récente sur laquelle sont appujés les basaltes^ ne fixe pas né-
cessairement rage des trachjtes : l'une et l'autre de ces roches
ont; sans doute , été produites d'une manière différente et non
simultanée. Il se pourroit même qne^ dans une région de peu
d'étendue; diverses masses trachjtiques isolées ; mais d'june com-
position analogue; ne fussent pas d'une même fonnatiou; les
unes sortant d'une sjénite de transition ; les autres de roches
primitives. Le plus souvent l'accumulation des conglomérats
trachjtiques masque à tel point le gisement des trachjtes, que
l'on ne peut deviner leur superposition. C'est ainsi que Ton croit
.les trachjtes du Siebengebirge ; près de Bonn ; sortis du grau-
wacke ; et ceux d'Auvergne sortis d'un plateau de granité qui
pourroit bien déjà appartenir au terrain intermé(liaire. De même
qu'il faut distinguer entre les véritables coulées basaltiques avec
olivine et les masses pjroxéniques noires ; huileuses ; intercalées
aux trachjtes et à quelques porphjres de transition ; de même
aussi il ne faut pas confondre les véritables trachjtes ( Drachen-
feb ; Chimborazo ; Antisana ) avec des laves feldspathiques
(leuGOStiniques) qui ont coulé par bandes étroites (ancien
cratère de la Solfatare près NapleS; et qui peuvent se répandre
sur des conglomérats tufacés. (Dolomieu; dans le Journal des
TnxMs, n.®* 4*? 4^ et 69; Nose, Niederrh, Reise, T. II , pi
428; Spallanzani; Voy* dans les deux Siciles, T. III, p, 196;
Hamond ; ISiçelL géogn. de f Auvergne , p. m, 91 ; Buch ; Geogn.
JBeob., T. II, p, 178^-205; Id,, dans les Mém.de FAcad, de Ber^
lin, iSi2,p, 129— ^i54; Beudant; Voy. en Hongrie , T. III, p.
5o8— 5i3, 521 — 527 et 53o— 544.)
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( 3.4 )
En Hongrie^ le terrain trachjrtiqne "paroît s'être formé entre
l'époque des terrains secondaires et celle des terrains tertiaires.
M. Beudant^ qui a donné sur les roches de trachjte le traité
le plus complet que nous possédions ^ les a vues reposer sur des
grunstein ( Kremnitz , ïkegéïj , Matra ) et sur des calcaires de
transition ( Glashûtte , Neusohl ). Les conglomérats trachjtiques
reoouyrent aussi en Hongrie des grauwaekes schisteux ^ et même
un calcaire magnésifére, qui paroit appartenir à la formation
du Jura. Dans cette partie orientale de l'Europe ^ le grés à lignites^
le calcaire grossier et d'autres roches tertiaires sont superposés à
leur tour à ces conglomérats. Des superpositions semblables de
grès^ de gypse , et de calcaires d'une origine très -récente, ont
été observées par M. de Buch et par moi aux îles Canaries et
dans les Cordillères des Andes. D'après un excellent observateur ,
M. Breislak ( Atlas géol. , pL Sg ) ^ les trachjtes des Monts £u-
ganéens reposent (Scbivanoja, près de CastelnuoTo) sur le cal-
caire du Jura ; mais dans la région du monde la plus abondante
en roches trach;^tiqnes^ dans la partie occidentale du nouveau
continent 9 tant au nord qu'au sud de l'équateur, je n'ai tu
nulle part les trachjtes se faire jour à travers des formations
si modernes.
Les résultats de gisement les plus importans qu'ont oâèrts
mes Tojages dans la zone volcanique des Andes (1801-7- i8o4)>
se réduisent aux faits suivans. Toutes les cimes les plus élevées
des Cordillères sont des traehjtes. hcA volcans actuels agissent
tous par des ouvertures formées dans le teiratn tracfajtique. Ce
terrain embrasse par zone une grande partie des Cordillères; mais
il s'étend rarement vers les plaines 9 et les volcans encore en-
flammés f loin d'être solitaires ou associés par groupes de forme
irrégulière plus on moins circulaire , comme en Europe (Ramoad^
iViV., p. 45; Humb. , ReL hisi, , T. II , p> 16), se suive&t^
à la manière des volcans éteints de l'Auvergne et des cratères
brûlans de l'ile de Java, par iiles, tantôt dans une série, tantôt sur
deux lignes parallèles. Ces lignes sont dirigées généralement
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( 3.5 )
(montagnes de Guatimala^ de Popajan, de los Pastos^ de Qaito^
du Pérou et du Chili) dans le sens de Paxe des Cordillères, quel-
quefois (Mexique) elles font avec cet axe un angle de 70*". Là
-même où les tracbjtes, par leur accumulation, ne cotivrent pas
le sol entier , ils se trouvent comme éparpillés en petites masses
sur le dos et la crête des Andes , s'éleyant en forme de rochers
pointus au sein des roches primitives et de transition. Les tra-
chjtes et les basaltes se montrent rarement réunis, et ces
deux systèmes de roches semblent se repousser mutuellement.
De véritables basaltes avec olivine ne forment pas des couches
intercalées dans le trachjte; mais lorsqu'ils se trouvent rapr
proches des trachjtes (entre Quito et la Villa de Iharra; Ju»
lumito à l'ouest de Popajan^ vallée de Santiago dans la Nou^
velle - Espagne 5 Ccrros de las Cuevas et de Canoas près du volcan
de Jqrullo), ce sont les basaltes et les manddstein qui recouvrent
ces derniers. Les roches trachjtiques ont leur si^e principal
dans le terrain de transition, dans les grandes formations de
fjénites et de porphjres (SS* 21 et 23, antérieures et posté-
rieures aux grauwackes et aux thonschiefer 9 surtout dans la
première de ces formations, qui recouvre immédiatement les
roches primitives. Lorsque, dans les Andes, les trachjtes pa«
toissent couvrir des granités avec amphibole ou des gneis et
des micaschistes verts et stéatiteux, il reste douteux si ces
dernières roches, loin d'être primitives, n'appartiennent pas
plutôt au terrain de transition. On peut regarder comme égale*
ment problématique, si ces apparences de recouvremens , ces su-
perpositions des roches trachjtiques sur des formations préexis-
tantes ne sont pas plutôt de simples appositions, et si le trachjte
[Extentam tumefecit kumum, ceu spiritus oris Temkre vesicam
solet, aut direpta bicorms Terga capri; iumor iïïe loci permansit ,
et alti ColUs habit speciem, longoçue. indaruit cevo, dit Ovide,
Metamorph, , îih, IX , du cône soulevé de Trécène dans l'Aigo-
lide), si le trachyte, dis-je, en soulevant et en brisant l'ancienne
croate du globe, n'est pas sorti perpendiculairement sous la
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( Si6,)
forme de cloches (Chimborazo), ou bien sous celle de châteaux
.forts en mines (sommet des G>rdilléres du Pérou , entre Loxa et
Caxamarca ). Les trachjtes des Andes et du Mexique ^ qui ren-
ferment du perlite et de Toksidienne^ ne sont généralement re-
couverts que par d'autres roches volcaniques ( phonolithes y ba-
saltes^ mandelstein^ conglomérats et tufs poneeux). Quelquefois
de petites formations locales^ calcaires et gypseuses, que Ton
peut appeler tertiaires ^ parce qu'elles sont certainement posté-
rieures à la craie ; surmontent les trachjtes 5 mais vers le bas
ces mêmes trachjtes des Cordillères ^ surtout lorsqu'ils ne sont
pas recouçerts, sont géognostiquement liés de la manière la plus
intime avec les porphyres poreux et fendillés du terrain de tran-
sition : porphyres dépourvus de quai^ et renfermant du pj-
roxéne et du feldspath vitreux^ quelquefois riches en filons
argentifères et supportant sur d'autres points des formations
secondaires^ même du calcaire de transition, noir et carburé
(voyez plus haut, p. 110, 118 — 144^ 171 — 180, 181). Celte
liaison pOuiTa motiver un jour, dans nos méthodes, la sup-
pression du terrain volcanique, en tant qu'on le considère comme
opposé , par le mode de sa formation et de son origine , aux
roches de tous les autres terrains. Il y a des roches volcaniques
dans le terrain de transition et dans le grès rouge, comme il
y a des roches fragmentaires, agglomérées, remaniées par les
eaux, dans le terrain volcanique. Ce dernier mot^ pour lui
jdonner un sens précis , seroit le mieux appliqué aux seules pro-
ductions des volcans qui ont agi postérieurement à l'existence
.de nos vallées. ,-
Quoique, d'après les observations faites dans les deux conti-
ncns^ les trachytes et d'autres roches analogues, qui paroisseot dus
à la même action des forces volcaniques ,. et dans lesquels le feld-
spath compacte ou vitreux domine sur l'amphibole et le pyroxène^
ht IroMvtni principalement àsLïxs le terrain de transition et a]urjes
limites de ce terrain et des roches secondaires les plus anciennes ^
on ne peut étendre cette conclusion aux basaltes ; qui sont sou-
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( 3.7 ) .
^TBnt enclavés dans le granité primitif (Schneekoppe en Silésie;
Roche rouge, près de Serassac dans le Vélaj) et qui sont peut--
être antérieurs à certaines, forriiations de IrachjteS? Dans une
contrée très -circonscrite, dans un même agroupement de rpches.
volcaniques , les trachjtes grenus ou porphjres trachjtiques ^>
qu'il, ne faut pas confondre avec des roches fragmentaires ou
des conglomérats de Irachy tes beaucoup plus niodemes, sont
généralement d'une formation plus ancienne que les basaltes qui.
les recourvent en coulées ou en larges nappes. Au contraire, les,
basaltes, postérieurs aux conglomérats trachjtiques et ponceux,^
sont le plus souvent antérieurs aux conglomérats et tufs basal-
tiques; mais, nous le répétons, dés que nous devons comparer,
des lambeaux épars d'un terrain de trachjtes, de phonolithes,
ou de basaltes , lambeaux non recouverts et gisant dans des for-<
mations granitiques, intermédiaires ou secondaires , ces roches
de trachjtes, de basaltes et de phonolithes ne peuvent plus être
rangées comme termes d'une même série géognostique.. Ce qui
sort du granité le plus ancien , peut être postérieur à une roche
analogue qui s'est iàil jour à la fois à travers des roches de tran-
sition. L'oi^ctognosie ou minéralogie descriptive, qui analyse le
tissu des substances volcaniques, parviendra à les classer d'après
les principes que M. Cordier a si bien établis dans son mémoire.
sur la composition des roches pyrogènes de tous les âges; mais la
géognosie ^ qui ne considère que l'âge relatif et les gisemens ,,
sera forcée de compter un grand nombre de roches inceriœ se^
dis , même lorsqu'une plus vaste partie de la terre aura été exa»
minée avec soin. Cette incertitude ne tient pas à l'imperfection
des méthodes, mais à l'impossibilité de comparer, sous le rap-
port dé leur succession ou deTépoque de leur origine , des masses
roclieuses éparses et non recoûçertes. L'historien de la nature,
comme celui des révolutions du genre humain , recueille , com-
pare et discute tous les faits ; mais il ne peut coordonner pac
séries ceux qui ne présentent aucun, caractère chronologique.
Dans: cet. état des choses , loin de mêler, des considérations
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, C 3.8 )
oj;3rctognostiqucs aux classifications de la gëoguosic positive ^ il
me paroU convenable de ranger les roches volcaniques d'après
le type de gisement que l'on observe Je plus généralement dans
les deux hémisphères , là où le plus grand nombre de ces roches
se trouve agroupé. La grande masse des substances dans lesquelles
le feldspath prédomine (trachjrtes, leucostines ) ^ sera suivie^
comme dans lès tableaux oryctognostiques y de la grande masse
des substances dans lesquelles prédomine. le pyroxéne (basaltes,
dolérites); mais cette harmonie apparente entre des méthodes
fondées sur deux principes difTérens^ celui de la composition et
celui de l'ordre des gisemens^ disparoît dès que l'on examine les
formations partielles ou intercalées. Le géognoste distingue alors
entre les phonolithes des trachyits et les phonoUthes des hasedtes;
H place des leucostines compactes dans le terrain pjroxénique^
comme il indique une formation de dolérites ( mélange de feld-
spath et de pjroxène^ dans lequel la dernière substance est la
plus fréquente) au milieu des leucostines ou trachjteS' C'est d'après
ces principes que j'ai esquissé la distribution des roches volet-
niques, dont le tableau a été placé à la fin des terrains de tran-
sition (p. 2oa). Cette distribution se fonde sur les observations
vraiment géognostiques publiées par MM. Léopold de Buch^
Breislak, Boue et Beudant^ et sur celles que j'ai eu occasion de
faire moi-même en Italie , au Pic de TénérifYe, dans les Cor-
dillères de la Nouvelle-Grenade y de Quito et du Mexique. J'a-
jouterai à la nomenclature des terrains l'indication succincte de^
gisemens les plus intéressans de l'Amérique équinoxiale.
I. FoKMÀTiONS TBACHiTiQUïS , Comprenant les trachyits grenus
(granitoïdes et sjénitiques); les trachytes porphyriques .o\x por-
phjres trachjtiques^ en partie pjroxéniques , en partie celluleux,
avec nids siliceux ( meulières trachjtiques ou porphyres molaires
de M. Beudant) les trachytes semi-vitreux ; les perlites acte ohsi"
diennef et les phonolithes des trachytes. On peut aputer à cette
série les conglomérats trachytiques et ponceux , avec alumte •
soufre, opale et bois opalisé; car <^aque terrain volcanique ^
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( 5.9 )
comme chaque roche intermédiaire et secondaire^ a ses con^
glcmérats^ c'est-à-dire, ses roches fragmentaires ^ dont elle a
fourni les premiers ëlémens. Les trachjtes (granités chauffés en
place des anciens minéralc^istes , porphyres trappéens^ beau-
coup de laves pétrosiliceuses de Dolomieu^ domites de MM. de
Bach et Ramond , nécrolithes de M. Broochi ^ leucostine granu*
laire de M. Gordier) n'offîrent généralement^ dans l'ancien con-
tinent^ que peu de traces de stratification; mais dans les Cor-
dillères des Andes ils sont souvenc très-régulièrement stratifiés
(Chimborazo^ N. 60"* E. 5 Assuaj, N. lô'* E.) , mais variant par
groupe et de direction et d'inclinaison , comme font les phono-^
lithes du terrain basaltique ( MitteJgebirge en Bohème). La struc-
ture en colonnes (prismes de 4 à 7 pans) est très- commune
dans les trachjtes porphjriques des Cordillères^ non -seulement
dans les roches noires à base de rétinite (pechstein) arec feld-
spath vitreux et pyroxène (Passuchoa^ près de la ville de Quito ^
au sud des collines de Poingasi ; Faldas de Pichincha ; Paramos
de Chulucanas , Aroma et Cuntureaga ^ dans les Andes du Pérou ,
entre Loxa et Caxamarca); mais aussi dans les tracbjtes grjS'>
verdâtre du Chimborazo ( prismes minces de 5o pieds de long ;
hauteur du- plateau , 2180 toises ), comme dans les trachjtes
granitoïdes de Pisojè, au pied du volcan de Puracè. Ces derniers
sont gris-verdâtre^ renferment du mica noir , du feldspath com-
mun et un peu d'amphibole ^ et leur ressemblance avec le gra^
niti cohmnari des Monts EuganéensJes éloigne beaucoup (p. i3o^
i3i ^) des porpbji*es du terrain de transition. La structure glo-
bulaire ( en sphéroïdes à couches concentriques^) paroit plutôt
appartenir aux formations basaltiques qu'aux véritables trachjtes.
Les teintes pâles dominent dans les trachjtes des Cordillères ,
et les masses noires de cette roche m'ont paru en général pos-
térieures aux masses blanches , grises et rouges. La même dififé-
rence de gisement paroit avoir lieu en Hongrie. L^s trachjtes
noirs prennent quelquefois (Rucu- Pichincha près de Quito ^
surtout à l'arête deTablahuma^ 2356 toises) tout l'aspect dn
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( 320 )
basalte ; mais l'oliyine j manque toujours y et Ton i/y^reconnoit
que de petits cristaux de pyroxène qui pénètrent jusque daiis Fin-
tërieur des cristaux du feldspath vitreux. Dans les Andes ^ comme
dans l'ancien continent ^ chs^que c6ne ou dôme trachjtique (les
premiers ne paroissent que des dômes ou cloches percées à leur
sommet et couvertes sur leurs flancs d'éjections ponceuses et
scorifiées) présente des roches entièrement différentes dans leur
composition^ selon que l'un des élémens prédomine dans le tissu
cristallin. Le mica noir est le plus commun dans les trachjtes
du Cotopaxi ( entre le Nevado de Quelendana et le raviA de
Suniguaicu, 2265 t. ) ^ volcan qui abonde en même temps en
masses vitreuses et en obsidiennes^ l'amphibole domine dans les
trachjtes souvent noirs de Pichincha et d'Antisana ; le pjroxéne
dans la région inférieure et moyenne du Ghîmborazo^ dont les-
trachjtes renferment quelquefois des pyrites, du quarz, et deux
variétés de feldspath, le vitreux et le commun. L'ancien volcan
de Yana-Urcu , adossé au Ghimborazo ( du côté du village de^
Calpi, est dépourvu de pjroxéne et contient de grands cristaux
d'amphibole. Dans les trachjtes du Nevado deToluca (Mexique)
et d'Antisana on observe souvent^ comme dans les trachjtes du
Puj-de-Dôme, des parties huileuses et scorifiées à cellules lus-
trées ,, enchâssées dans des masses compactes et terreuses. Les
phonolithes des trachjtes sont plus caractérisés dans le yolcan-
de Pichincha ( Pic des Ladrillos et Guagua-Pichincha ) , de même
qu'à la pente orientale du Ghimborazo, près de Yanacoche (hau-.
teur, 23oo toises). A Antisana (Machaj de San -Simon) et au
nord de la Villa de Ibarra (Azufral de Guesaca, plateau de
Quito ) les trachjtes à base de feldspath compacte , mêlé d'am-
phibole, renferment du soufre natif, cçmme le trachjte du
Puj-de-Dôme et des bords de la Dordogne (Bamond, Nîç,
géog. , p' 75, 86).. 11 ne faut pas confondre cette formation de
soufre natif avec celles des solfatares ou cratères éteints , des man-.
delstein celluleux (entre Pâte et Tecosautla au Mexique) et des
a]]giles du terrain basaltique (proyince de los Pastos). L'épais-
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( 32.)
seur des 'couches des trachjtes est telle que sur le plateau d« -
Quito elle atteint indubitablement et en masses continues ( Chim-
borazo^ Pichinçha) 14^000 à 18^000 pieds. Comme très -peu
de Tolcans des Andes ont donné de véritables coulées de laves
lithoïdes , les trachjtes j sont presque partout à découvert. Il
n'j a que les conglomérats trachjtiques ^ et des formations pro-
blématiques argileuses (tepetate) , dont nous parlerons bientôt,
qui les cachent quelquefois- à l'examen des géognostes.
J'ai trouvé du feldspath commun et laiteux dans les trachjtec
poreux ; .légers et blancs^ du Cerro de Santa Polonia (iSSa
toises^ près de Caxamarca , Andes du Pérou ) ; à la cime du
Cofre de Perote au Mexique (le Pana del Nauhcampatepetl ^
2098 toises) , dans un trachjte gris-rougeâtre , abondant en cris-
taux aciculaires d'amphibole et très-r^uliérement stratifié (N.
38** E. avec Zo^ au N. O. ) 5 au volcan encore actif de Tungu-
rangua^ au sud de Quito (Cuchilla de Guandisava i658 toises)^
dans des trachjtes rouge -de -brique et celluleux^ enfin, à la
base du Ghimborazo y près du petit. volcan éteint de Yana-Urcu
( 1 700 toises ) dans des trachjtes noirs et vitreux. M. de Buch ,
qiii a examiné avec soin ces dernières roches , j a même reconnu
à la fois^des cristaux de feldspath vitreux et de feldspath com-
mun , phénomène que j'ai trouvé répété dans plusieurs por-
phjres de transition du Mexique.
Les petits cristaux aciculaires d'amphibole sont quelquefois
placés comme par files sur plusieurs lignes parallèles , et afTec-
tenttous la même direction (vallée du Cer au Gantai, trachjtes
gris-blanchâtre de Riobamba viejo, avec rhombes de feldspath
décomposé en une terre jaunâtre).
Le mica est beaucoup plus rare dans les trachjtes du Mexique
et des Andes que dans ceux du Siebengebiige , des Gleichen
en Stjrie , près de Radkersbuig^ et de Hongrie : j'en ai trouvé
cependant de belles tables noires hexagones, tant à la base du
yolcan de Pichincha ( près de Javirac ou du Pauecillo de Quito,
x^6oo toises), que dans les trachjtes senii-vitreux gris-bleuâtre
2X
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( Î22 )
de Cotopaû^ et dans les trachjtes ronges et poreux da Nerado
deToluca (sommet dnFraile, 2Zy2 toises).
Le titane ferrifère ne manque pas dans les trachjtes de Quito
et du Mexique; mais les lames de fer olîgiste spéculaire, ^^e»
ment commun dans les trachjtes et les laves de l'Italie et de la
France 9 sont assez rares dans les roches volcaniques fendillées
de rAmérique ëquinoxiale.
En considérant les trachjtes des Cordillères sons un point de
vue général > il n^ a pas de doute qu'on ne les trouve carac-
térisés par upe absence de quarz en cristaux et en gmins. Ce
caractère , comme nous l'avons vu plus haut , s'étend même sur
la plupart des porphjres métallifères de l'Améiique ëquinoxiale
(SS* 2^ et 24)> qui semblent liés aux trachjtes; mais l'une et
l'autre de ces roches offrent des exceptions frappantes à une loi
que l'on auroit pu croire générale. Ces exceptions prouvent de
«nouveau que le géognoste ne doit pas attacher une grande im-
portance à la présence ou à l'absence de certaines substances
disséminées dans les roches. La plus grande masse du Chimbo-
razo est formée par un trachjte semi-vitreux, vert -brunâtre (à
base cireuse , comme de résinite ); dépourvu d'amphibole , abon-
dant en pjroxène^ très-compacte^ tabulaire, ou divisé en co-
lonnes minces y irr^^ières et tétraèdres. Ce trachjte renferme,
eomme couche intercalée, un banc rouge pourpré, celloleux,
à cristaux de feldspath a peine visibles , et parsemé de nodules
Congés de quarz blanc. Plus haut (à 3oi6 toises de hauteur,
'OÙ nous vimes descendre le mercure dans le baromètre k li
ponces 117,^ lignes), le quant disparoît, et l'arête de rocher sur
laquelle nous marchâmes étoit couverte d'une traînée de masses
rouges, huileuses, désagrégées et assez semblables aux amjgda-
ioïdes de la vallée de Mexico. Ces masses, les plus élevées de
celles qu'on a recueillies jusqu'ici à la surface de la terre, étoienC
rangées en file, et pourroient faire croire à l'existence d'une
petite bouche près du sommet du Chimborazo , bouche qui s'est
vraisemblablement refermée^ comme celles de l'Epomeo, à l'ile
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( 323 )
«llschia y et de Ouambalo et d'Iguaiata ^ entre Mocha et Penipe
(province tie Quito}. Sur le plateau central du Mexique les tra-
chjtes de Lira enchâssent à la fois du quarz laiteux ^ de Tobsi-
dienne et de Fhjalithe. M. Beudant a aussi reconnu récemment
des cristaux de quarz dans les trachjtes porphjriques (à globules
Titre - lithoïdes ) , dans les trach jtes meulières et les perlites de
Hongrie {Voy, en Hongrie, Tom. III ^ pag. 3^6, 365, 619,
-575). Le même phénomène se trouve répété dans quelques tra-
chjrtes de TAuvergne ( Puj Baladou ; Cantal , Col de Caboe ) ,
des Dardanelles et du Kamtschatka. Lorsqu'on se rappelle qu'il
y a , d'après Fanaljse de M. Vauquelih , 92 pour cent de silice
-dans les trachjr^es du Sarcouj , que tous les basaltes et les laves
en abondent, il faut plutôt être surpris que cette substance dis-
séminée dans des silicates de fer et d'alumine n'ait pu se réunir
plus souvent sans mélange en cristaux ou grains de quarz pur.
Ce n'est que la difficulté opposée à la concentration de la silice
autour d'un noyau qui caractérise une grande partie^ des roches
volcaniques. (Voyez plus haut, p. 120 et 121.)
• . Le pyroxène a été regardé jusqu'ici comme extrêmement rare
dans les trachytes d'Europe. La couche de pyroxène que M. Weiss
a découverte entre Muret et Thiezac (au - dessus d'Aurillac en
Auvergne; Buch^ Uher Tré^prPorphyr , p> i35), semble plutôt
appartenir à une formation basaltique superposée au trachyte.
Mais en Hongrie (Beudant, T. UI, p. 317 , 619) , comme dans la
Cordillère des Andes, le pyroxène se trouve àsset souvent dans
les trachytes porphyroïdes : il y remplace l'amphibole (Chîmbo-
razo, Tunguragua, base du volcan de Pasto, région moyenne
♦du volcan de Puracè, près de Popayan). L'espèce de répulsion
qu'on croit observer entre le pyroxène et l'amphibole, est d'autant
plus frappante que dans le terrain basaltique ces deux substances s«
trouvent assez souvent réunies (Rhônegebiige en Allemagne). Les
trachytes du Mexique m'ont paru assez généralement dépourvus de
pyroxène»
Le grenat , que nous avons déjà vu dans les porphyres de trai^si-
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( 324 )
lion du Potosi et dlzmiquilpan^ reparoit^ quoique très»raremeàt^
dans les traclijtesdesAndes : j'en ai trouvé dans le volcan de Yana-
Urcu (trachjte noir); M. Beudant en a recueilJi dans les perlites
lithoïdes d'Hongrie.
Je doute aujourd'hui de l'existence de l'olivine dans le terrain
trachjtique des Cordillères : ce que j'a vois pris pour cette subs-
tance ^ é^oient des grains de pjroxcne d'une teinte très -peu
foncée. L'olivine appartient peut-être exclusivement aux ter-
rains basaltiques et à quelques laves lithoïdes. M. de Bucb Ta
reconnue parmi les éjections du volcan de JoruUo^ qui forme
un tissu à petit grain d'olivine ^ de feldspath vitreux et de mica
jaune. Il n'^ a aucune trace d'amphibole ni de pjroxène, quoi-
que ce volcan se soit fait jour à travers un terrain de trachjte.
M. Beudant doute aussi de la présence de l'olivine dans les tra-
chjtes de Hongi'ie , même dans ceux du groupe de Vihorlet. Lorsi-
que des chimistes se seront occupés plus spécialement des trachjtes
des Cordillères, qui offrent une si grande variété de roches, on j
découvrira probablement aussi de l'acide muriatique (comme au
Sarcouj en Auvei^ne) et du mica commun mélangé de titane oxidé,
comme au Vésuve. (Soret ^ Sur les axes de double réfraction, 1 82 1 ,•
p. 59.)
Les observations que l'on peut faire sur le gisement des roches
volcaniques, offrent plus d'intérêt encore que l'étude de leur
composition. Ijë& trachjtes du volcan 'éteint de Tolima (S* 7)
semblent sortir d'un granité postérieur au gneis primitif. J'ai vu
paroiti^e (Alto del Roble) le micaschiste (page 85) sous les
trachjtes des volcans encore brûlans de Popajan. Les granités à
travers lesquels les dômes trachytiques du Baraguan et de Her-
Teo (£rvè) se sont fait jour, sont peut-être d'un âge plus ré-
cent qne le micaschiste. L'observation de gisement la plus im-
portante que fai faite dans l'immense plateau entièrement tra-
chjtique de Quito (espèce de volcan poljstome), a rapport aux
trachjtes de Tunguragua. Après avoir cherché en vain, pendant
^plus'de six mois^ quelque tracç de roches Tulgairement appelées
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d'origine neptunienne^ j'ai trouve > prés du pont de cordagç de
Penipe (Rio Puela, i24o toises}, sous les trachjrtes noirs semi-
vitreux y souvent TOlonnaires , du cône encore enflamme de
Tunguragua, un micaschiste verdâtre^ à surface striée et soyeuse ^
renfermant des grenats et ressemblant aux micaschistes du ter-
rain primitif (vojez plus haut , p. jZ ). Celte roche repose sur
un granité S)'éni tique ^ composé de beaucoup de feldspath ver-
dâtre lamelleux et à gros grains ^ de peu de quarz blanc, de
tables hexagones de mica noir, et de quelques cristaux efRlés
d'amphibole. La cassure du granité offre un aspect stéatiteux^
et prend, au souffle, une teinte vert d'asperge. Ces sjénites et
eps micaschistes avec grenats rappellent ceux que MM. de Buch
et £scolar ont découverts dans l'archipel des Canaries, en blocs ^
au milieu des terrains trachjtiques de Fortaventura et de Palma. .
(Humboldt, Rel. hisi., T. l , p. 64o). Il est très -certain que
les. roches de Penipe, qui n'appartiennent peut-être qu'au ter-
rain de transition , sont en place ; qu'elles viennent au jour sou»
un véritable trachjte grenu , et non sous une roche fifegmen-
taire> sous un conglomérat trachjtique, comme c'est le cas à
Vie, à Aurillac et à S. Sigismond (Buch, Trapp ^ Porphjr , p.
1^1 ).: mais^ sans percer une galerie dans le flanc de Tnngura»
gua, il est impossible de décide!" s'il j a superposition, si le
trachjrte recouvre le micaschiste sur une grande étendue, comme.
la craie recouvre le calcaire du Jura, ou si le trachjte, ea
brisant les roches plus anciennes et en s'élevant perpendiculai-
rement , s'est simplement incliné vers les bords sur le mica-
schiste adjacent. Autour du cône trachytique de Cajambe on
trouve aussi du micaschiste avec épidote , et un granité qui abonde
en mica brun et jaune. Plus au nord, dans les Cordillères du
Popajan, en montant au village de Puracè, j'ai vu, sous le
grand volcan de ce nom , prés de Santa- Barbara , le trachjrte
fieœi -vitreux appujé sur une sjéoite pprphjrique (avec feld*
spath commun ) ; cette sjrénîte est bien visiblement superposée
sur. un granité de transition abondant ea mica (p* ^9}* Au
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( 326 )
pied des volcans mexicains encore actifs (le Popocaiepetl et le
Jorullo), nous n'avons pas été assez heureux ^ M. Bonj^and et
moi f pour découvrir des roches de granité y de micaschiste ou*
de sjénite en place; mais nous avons vu enchâssés^ au mi-
lieu des laves lithoïdes noires et basaltiques 'ôe Jorullo, des
fragmens anguleux blancs, ou blanc- verdâtFe, de sj^énite^
composes de peu d'amphibole et de beaucoup de feldspath la-
melJeux. Là où ces masses ont été crevassées par la chaleur , le
feldspath est devenu filandreux^ de sorte que Jes bords let la
fente sont réunis dans quelques endroits par les fibres alon-
gées de la masse. Dans FAmérique du Sud , entre Almaguer
et Popajran , au pied du Cerro Broncaso , j'ai trouvé de véri-
tables fragmens de gneis compactes dans un trachjte abon-
dant en pjroxène (p. i53). Ces phénomènes , auxquels je pour^^
rois en ajouter beaucoup d'autres, prouvent que les formation*
trachjtiques sont sorties au-dessous de la croûte granitique du
globe.
Les obsidiennes dont nous avons rapporté, M. Sonneschikiîdt
et moi , de si curieuses variétés en Europe , m'ont paru apparte-
nir, dans les Cordillères, à deux sections bien distinctes du
terrain trachjtique , aux véritables trachjtes noirs (Cerro de!
Quinche, au nord de Quito) et blancs (Cerro de las NoVajas
ou'Oyamel, au nord -est de Mexico), et à la perlite (Cinape-*
cuaro, entre Mexico et Valladolid). Il faut distinguer de ces
deux formations les obsidiennes des courans de laves modernes
(Pic -de Ténériffe), formant la partie supérieure de ces eourans;
Les fragmens de roches vomisrpar le cratère de Cotopaxi, et
remplis de rognons d'obsidienne , paroissent arrachés aux parois
du cratère, mais les morceaux d'obsidienne lancés par le vokan
de Sotara, près de Popajan , i des distances de plusieurs lieues^
méritent plus d'attention. Les champs de los Serillos, des
Uvales et de Palace, en sont couverts. On les trouve dissémi-
mînés comme des fragmens de silex; ils reposent' sur des ro-
^es basaltiques^ auitquell$s pependaiit ils sont entièrement étran*
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( 527 )
gers. Ces obsidiennes de Popayan ont souvent la forme de larnMft
ou même de boules à surface tuberculeuse : elles offrent ^ ce
que je n'ai vu nulle part ailleurs , toutes les nuances de cou-,
leurs, depuis le noir foncé jusqu'à celle d'un verre artificiel en-
tièrement incolore. Elles sont quelquefois mêlées de fragmens
d'émaux lancés par le même volcan de Sotara , et que l'on se-
Toit tenté de prendre pour de la porcelaine de lUaumur, La
pâte des tracbjtes semi -vitreux gris -bleuâtre et à cassure con-
cboïde (volcan de Puracé, prés Popajan^ dans la plaine du
Cascajal^ à 227^ toises de hauteur), passe sans doute quelque-
fois à l'obsidienne 5 mais les grandes masses de véritables ob-
sidiennes, disposées par couches ou par rognons à contours
bien prononcés , se trouvent dans d'autres variétés de trachytes.
Nous avons déjà décrit plus haut les roches du Cerro de las
Nayajas (S. a3) , où se trouvent lés obsidiennes châtojantes , striées
et ai^entées (^plaieadas) , généralement disséminées par fragmens ,
mais formant quelquefois aussi des couches dans un trachjte
blanc. Des couches analogues, mais d'une épaisseur de i4 à 16
pouoes, sont intercalées aux trachjtes noirs pjroxéniques dv
Gerro del Quinchè (plateau de Quito). Elles offrent des obsi-
diennes noir-verdàtre et veinées de bandes rouge-de-brique. Près de
l'Hacienda de Lira, au nord de Queretaro (plateau du Mexique,
995 toises), j'ai trouvé c&ns des trachjtes vert- d'olive et à base
de rétinite ( trachjtes qui renferment à la fois du feldspath vi-
treux et des grains de quarz disséminés), des couches d'obsi-
dienne noire de trois pouces d'épaisseur. Sur d'autres points
du plateau de la Nouvelle -'Espagne^ à Cinapecuaro, au pied
du CeiTo Ucareo ( dans le chemin de Yalladolid de Meehoaçaa
à Tolnca, hauteur 968 toises), et çntre Ojo del agua et £1
Pinal (dans le chemin de la Pnebla de los Angeles à Perote^
hanter iiâo toises), les obsidiennes se trouvent par rognons
dans un perlite (perlstôn) à éclat émaillé, composé de petits
globule^ semî- vitreux blanc* grisâtre. Je n'j ai pas vu de mica,
mais des infiltrations d'hy alithe dt quelques petits eristaux d«
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( 3îS )
feldspath filandreux, presque ponceux. A Ginapecuaro, le pcr-
lîle forme de petites collines coniques, entourées de pics de l>a-
saltes et de dômes trachjtiques. La roche est très-régulièrement
stratifiée (N. 22° E. , incl. de 80** au Nord-ouest) : on la pren-
droit de loin pour un grès schisteux. L'ohsidienne noire , Tcrt-
noiràtre et vert -grisâtre, s'j trouve par nids ou rognons de deux
à cinq pouces d'épaisseur , de sorte que , par la juxtaposition de
ces rognons , le perlite paroit quelquefois -enchâssé dans une véri-
table roche d'obsidienne. Dans les plaines orientales du Mexique,
entre Acaxete, Ojo del agua et £1 Final, l'obsidienne est moins
abondante , mais souvent rubanée comme du jaspe. Le perlite j
renferme beaucoup de tables hexagones de mica noir ; il est souvent
fibreux et passe à ce que M. Beudant appelle (T. III, p. 364 f 389)
perliie ponceux,
£n général , les obsidiennes du Mexique et des Andes de Quito
offrent, et souvent sur ime plus grande échelle, les mêmes phé-
nomènes de composition que Ton observe dans ceux de Lipari
et de Volcano , et que quelques géognostes ont attribués jadis à
une déçitrification {giastinisation). On j trouve enchâssés de pe-
tits cristaux de feldspath vitreux ^ des masses poljèdres de perl-
stein remplissant entièrement les vacuoles dans lesquelles on
les suppose formés; des agrégations de grains cendrés, d'un
aspect terreux et distribués par zones parallèles souvent in-
terrompues; enfin, des fragmens de trachjte brun - rougeàtre ,
à demi fondus , placés tous d'un même côté , à l'extrémité
de vacuoles très-aloâgées , et parallèles entre elles. M. de
Buch , qui a fait un examen particulier des substances volca-
niques recueillies dans la région équinoxiale du nouveau monde,
observe que les masses de perlites, tantôt sphéroïdales , tantôt
octogones dans leur coupe, ont constamment au centre un
cristal très -petit de feldspath vitreux ou d'amphibole, et que
la position de ce cristal a déterminé la forme de tout le sys-
tème. (Buch , dans les Sehrifien Katurf. Freunde , 1809, p. 3oi.
Humboldt//i^/. hùu, T. I, p. 161.) M. 3eudant a trouyé àoÈ
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( 329 )
Ifrenats rouges dans les perlites rétinitiqaes dt Hongrie (Visse*
grad ) f qui ressemblent au pechstein'porphyr du terrain de tran"
sition : j'en ai vu d^égalemeiLl^-rouges au sommet du volcan de
Puracé^ dans un ti*aohjte bleuâtre ^ semi -vitreux , à cassure
conchoïde^ dépourvu de mica et d'amphibole^ mais enchâssant^
outre le pjroxéne et le felspath vitreux , des points cendrés sem-
blables à ceux que l'on remarque dans les obsidiennes de Li-
pari et du Cerro de las Navajas. La présence des grenats dans
des roches généralement mêlées d'amphibole reçoit quelque im-
portance par les observations ingénieuses de M. Berzelius j(iVo»p«afii
Système de minéralogie, pag, 3oi) sur les affinités chimiques dii
grenat et de l'amphibole renfermant des silicates d'alumine et
d'oxidule de fer. C'est dans les obsidiennes que j'ai rapportées
de la Nouvelle -Espagne^ que M. Collet Descotils a trouvé le
premier exemple de la présence simultanée de deux alcalis dans
une même substance minérale. Ce phénomène a été observé
depuis dans quelques variétés de feldspath , de wemerite , de
«odalite^ de chabasie et d'éléolithe (pierre grasse de Hauj).
J'ai observé que beaucoup d'obsidiennes noires et rouges du
Quinché et du Cerro de las Navajas ont des pMes magnétiques ^
tout comme les porphjres (de transition?, p. 137), de Yoi-
saco, et comme un beau groupe de trachjte du Chimborazo
(hauteur 2100 toises). Ces trachjtcs étaient gris - verdâtre et
enchâssoient quelques cristaux de feldspath lamelleux et lai*
teux.
La dernière assise du terrain trachjtique est formée par des con-
glomérats ou débris agglutinés et remaniés par les eaux. Ces con-
glomérats couvrent d'immenses surfaces , non au pied des Cordil-
lères, mais sur leurs flancs et sur des piateauxde 1200 à 1600 toises
de hauteur. Dans une région où presque tous les volcans actifs
s'élèvent au - dessus de la limite des neiges perpétuelles , et où
les eaux, lentement infiltrées dan^ des cavernes, et les neiges
qui se fondent au moment de l'éruption , causent d'affreux ra-
vages, rétendue et l'épaisseur' dc^s te^ains de transport et des
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( 55o )
roches fragmentaires r<^enërëes doit nécessairement être en rap^
port arec les forces qui amènent encore de nos jours ces masses
désagr^ées. Les conglomérats, sont tantôt friables et tufacés (base
dfi Gotopau et de l'Altar) , tantôt compactes et endurcies coi^mc
le grès (base de Picbincba). Les ponces en masses pulrérulentes
•t en biocs do a5 à 5o pieds de longueur forment la partie la
plus intéressante de ces conglomérats du terrain tracbjtique.
Nous ferons observer^ à cette occasion , que le mot pierre -poncê
«st très-vague en minéralc^ie : il ne désigne pas un fossile simple^
comme le font les dénominations de calcédoine ou de pjroxène;
il indique plutôt un certain état, une forme capillaire ou filan-
dreuse sous laquelle se présentent des substances diverses , rej»-
tées par les volcans. La nature de ces substances est aussi diffé-
rente que répaisseur , la ténacité^ la flexibilité et le parallé-
lisme ou la direction de leurs fibres (Humboldt^ Relat. hùi,,
T. I, p. i6a). U existe des ponces noires d'une contexture hui-
leuse^ à fibres croisées; on y reconnoît beaucoup de pjroxène^
et elles paroissent dues à des laves basaltiques scorifiées ( plaine
qui entoure le cratère de Rucu-Pichincha ; tuf du Pausilippe près de
Naples). Quelques volcans rejettent des tracbjtes blancs^ compo-
sés de feldspath compacte ^ de beaucoup d'amphibole ^ de très-peu
de mica, et dont ime partie est devenue fibreuse (Rucu Pichincha
et Gotopaxi, sur le plateau de Quito; volcan de Gumbal près Ghi-
lanqner, dans le plateau de lus Pastos; Sotara prés de Popajan;
Popocatepetl à l'est de Mexico). Souvent, dans des trachjtes assez
compactes et d'un tissu non fibreux , les fragmens rhomboïdaux du
feldspath deviennent creux et comme filandreux (plateau de Quito
et du Mexique}. Quelques variétés de perlstein offrent une texture
fibreuse (plaine de la Nouvelle -Espagne, entre la Venta del'Ojo
del agna et la Venta de Soto ; vallée de Gran et de Glashûtte, en
Hongrie). Ejifin, des obsidiennes noir-verdàtre ou gris de fumée al*
liment avec des couches de pierre-ponce à fibres ashestoïdes blanc-
verdâtre , rarement parallèles entre elles , quelquefois c^endant
{Perpendiculaires aux eouohes ie l'obsidienine et sembla}^lesà une
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■( 33. )
écume filamenteuse de Terre (Plaine des Genéls 9 au Pîc de
Tënérîffe). Ces dernières variétés ont fait naître chez quelques
g^éologties ridée que tontes les ponces, étaient dues à la fu*
sion et au gonflement des laves vitreuses ; on confbndoit les
obsidiennes ponceuses (asclérines de M. Cordier) avec les véri*
tables ponces à fibres parallèles (pumites légères de M. Cordier) ^
caractérisées par de grandes tables hexagones de mica, et pro*
bablement dues à un mode d'action particulier que le feu des.
volcans exerce sur les trach;ytes blancs (granités des Isles Ponces
de Dolomieu). Un savant qui a profondément étudié les roches
trachjtiques de l'Europe, a confirmé ces aperçus. ^ La ponce, dit
« M. Bendant , dans l'état actuel de la science, ne peut pas mémo
« être regardée comme une espèce distincte de roche : c'esl un
« état celluleux et filamenteux, sous lequel plusieurs roches det
« terrains frachj tiques et volcaniques sont susceptibles de so *
« présenter.» ( Voyage minéraL , T. III, p. 389.)
Les immenses carrières souterraines de pierre -ponce exploi'*
tées au pied du Cotopaxi , entre la ville de Tacunga ( Llacta-»
cunga) et le village indien de San -Felipe (plateau de Quito,
hauteur 1482 toises), m'ont paru les plus instructives pour dé-
cider la question du gisement de cette substance dans un terrain
de rapport. Elles avaient déjà fait liaitre chez Bouguer {Éigure
de la terre , pag, LXVIÎÎ) , dans un temps où la géognosie
n'existoit presque pas, plusieurs questions intéressantes sur Tori*»
gine des ponces. Les petites collines de Guapulo et de Zuml^a*
lica, qui s'élèvent jusqu'à 80 toises de hauteur, paroissent au
premier abord entièrement formées d'une roche blanche fibreuse ^
à couches horizontales et à fibres perpendiculaires : on pourroif '
en tirer des blocs dépourvus de fentes de plus de 60 pieds de
longueur. £n examinant ces prétendues couches de plus près y
on voit que ce sont des masses de quatre pouces à trois pieds
d'épaisseur, enchâssées dans une terre blanche argileuse. Elles
ne forment pas , à proprement parler, un conglomérat ; les
blocs ne sont que déposés dans rai]gile> et recouverts de frag^
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(33a )
toiens menus de ponces ( de 8 à 9 toises d'épaisseur ) qui sont
divisés en bancs horizontaux. Ces blocs de ponces blanches^
quelquefois bleuâtres^ sont arrondis rers les bords; ils renCbr-
tnent du mica jaune et noir^ des cristaux ef&lés d'amphibole
(non de pyroxéne) et un peu de feldspath vitreux. J'incline à
croire que les collines de Zumbalica ^ qui ressemblent beaucoup
à celles de Sirok en Hongrie ( Beudant^ ^oy. miner. , Tom. H,
p. 22), ne sont pas les parois intérieures d'un ancien volcan
écroulé : les grands blocs , qui ressemblent à des couches frac-
turées ^ sont géognostiquement liés aux petits fragmens des as-
sises supérieures; les uns et les autres ont sans doute été déposés
par les eaux^ quoique dans des circonstances bien différentes
de celles qui accompagnent les éruptions actuelles de Cotopaxi.
L'aspect de tous les pajs d'alentour nous prouve l'ancienne sphère
d'activité de ce volcan , qui a une hauteur de 2962 toises et un
Wume énorme. A l'ouest du volcan^ depuis l'Alto deChisinche
jusqu'à Tacunga^ sur plus de quarante lieues carrées, tout le
soi est couvert de pierre -ponce et de trachjtes scorifiés.
Il est bien remarquable que le mode d'action volcanique pro-
pre à produire des ponces soit restreint , pour ainsi dire , à un
certain nombre de montagnes ignivomes. L'Altar ou Gapac-Urca^
anciennement plus élevé que le Ghimborazo , est placé dans la
plaine de Tapia , vis-à vis du volcan encore actif de Tunguragua.
Le premier a vomi ime immense quantité de ponces; le second
n'en produit pas du tout. Cette même différence existe entre
les deux volcans voisins de la ville de Popayan , le Puracé et U
Sotarà : celui-ci a rejeté à la fois des obsidiennes ^t des ponces,
tout comme le volcan de Cotopaxi. A Rucu-Pichincha , où je
suis parvenu jusqu'à une des tours trachj^tiques ( hauteur ^491
toises) qui dominent l'immense cratère du folcan, j'ai trouve
Jbeaucoup de ponces , et pas d'obsidiennes : aussi les ponces de
Sotarà et de Cotopaxi, qui renferment, outre le feldspath vi-
treux et un peu d'amphibole, de grandes tables, hexagones de
mic^,^.ne sont certainement pas ducs à l'obsidienne; ell^ dif*
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{ 353 )
férent entièrement dé ces ponces TÎtreuses et capillaires que fat
vues couvrir la pente du Pic de Ténériffe.
Les superbes opales de Zlmapan^ au Mexique^ ne paroissent
pas appartenir, comme celles de Hongrie, aux conglomérats tra*-
chjtiques, mais à des trachjtes porphjriques qui renferment def
globules rajonnés de perlite gris-bleuâtre. (S* ^3. )
n. FoBMATioNS BASALTIQUES, Comprenant les basaltes avec oli-
vine , pjroxéne et un peu d'ampbibole ; les phonoUthes du ha^
salie, les dolériies, Yamygdaloïde cellukuse, les argiles açec grenats^
pyrapes , et les roches fragmentaires basaltiques ( conglomérats et
scories). Le terrain basaltique se lie d'un coté aux tracbjtes, dans
lesquels le pjroxène devient progressivement plus abondant que
le feldspath (Gordier, lur les masses [des Roches volcaniques ^ p.
25), en partie^ et, je crois, d'une manière plus intime, aux
laves des volcans qui ont coulé sous forme de courant. Les
pbonolitbcs appartiennent à la fois au terrain trachjtique et au
terrain basaltique. Je doute qu'un véritable basalte avec olivinç
se trouve intercalé comme couche subordonnée au trachyte. La
phonolithe, qui forme de ces couches dans les trachjtes des
Cordillères et de TAuvergne, n'est que superposée aux basaltes.
Lorsqu'elle ne s'élève pas en pics isolés dans les plaines , elle
couronne généralement les collines basaltiques. L'amphibole et
le pjroxène se trouvent disséminés dans les trachjtes et les ba-
saltes; la première de ces substances appartient peut-être même
plus particulièrement aux formations traçhjtiques. L'olivine ca-
ractérise les formations basaltiques, les laves très-anciennes de
l'Europe et les laves très-modernes ( courant de 1759 ) du voir
oan de Jorullo au Mexique.
Lorsqu'on ne , considère que sous le rapport du volume les
groupes de roche trachjtique et basaltiques répandues dans ,le^
deux Gontinens , on observe que les grandes masses de ces grou-
pes se trouvent très-éloignées les unes des autres. Les pajs qui
jabondentle. plus en. basaltes (la Bohème j la Hesse) n'ont pas
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( 334 )
de trachjtet^ et les Cordillères des Andes, trachjtt<](lies sur d'tm*
menses étendues, sont souvent enivrement dépourvues de ba-
saltes. Mi le Ghimborazo , ni le Gotopaxi , ni rAntisana , ni le
•Pichincha , n'offirent de véritables roches basaltiques ; tandis que
«es roches, caractérisées par Folivine, séparées en belles colon-
nes de trois pieds d'épaisseur , se rencontrent sur le même pla-
teau de Quito, mais loin de ces volcans, à Ifest de Gualla-
bamba , dans la vallée du Rio Pisque. Près de Popajan les ba-
«altes ne recouvrent pas- les dômes trachjtiques de Sotarà et de
Puracè ; ils se trouvent isolés sur la rive occidentale du Gauca ,
dans les plaines de Julumito. Au Mexique , le grand terrain ba-
saltique duValle de Santiago (entre Valladolid et Guanaxuato),
est très-éloigné des volcans trachjtiques du Popocatepetl et de
rOrizava. Tous ces basaltes que .nous venons de nommer (Gual-
labamba, Julumito et Santiago) reposent probablement aussi, à
de grandes profondeurs. Sur un sol trachj tique; mais nous ne
considérons ici que l'isolement , la séparation des montagnes de
basaltes et de trachjtes.
En général , dans les Cordillères du Mexique, de la Nouvelle-
Grenade, de Quito et du Pérou, les formations trachjtiques rem-
portent , pour la masse, de beaucoup sur les formations basal-
tiques ; ces dernières peuvent même être considérées comme très-
rares , en les comparant à celles qui traversent l'Allemagne de
l'est à l'ouest, entre les parallèles de So"* et de Si"*. Cette même
prépondérance du terrain trachjtique sur le terrain basaltique
t'observe en Hongrie. « Partout , dit M. Beudant avec beaucoup
« de justesse, partout où les masses de trachjte se sont dévelop-
« pées sur une grande échelle , on ne trouve que des lambeaux
« peu considérables de basalte, et réciproquement, dans les lieux
« où le terrain basaltique est extrêmement développé , il n'existe
« que peu ou même point du tout de trachjte. ^ ( Voy. miner,
en Hongrie, t. III., pag. 5oo, 587—589.) On diroit que ces
deux terrains se repoussent; et comme les cratères des volcans
«ncore actifs se sont constamment ouverts dans les trachjtes, il
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ne faut pas être surpris que ces volcans et leurs lares restent
aussi cloignës des basaltes anciens. (Humboldt^ ReL fdstqr, U I,
pag. i540
Malgré cet antagonisme, ou 'plut6t cette in^alité de déve-
loppement, que nous avons déjà remarqué dans les granités et
les gneis-micaschistes , dans les calcaires et les schistes de transi*
tion , dans le grés rouge et le zechstein ou calcaire alpin , les
trachjtes et les basaltes offrent sur d'autres points du globe les
affinités géognostiques les plus intimes. Si les grandes masses
basaltiques (Hesse; Forez, Velâj et Vivarais, Ecosse; Vcszprim
et lac Balaton ) restent géographiquement éloignées des grandes
masses de trachjtes ( Siebengebirge ; Auvergne; montagnes de
^atra, Vihoflet et Tokaj; Cordillère occidentale des Andes 4e
Quito), des lambeaux du terrain basaltique ne s'en trouvent
pas moins pour cela superposés à ces mêmes trachjtes. (Buch^
Briefe aus Auvergne, ;?. ^89; Id., TrapfhPorphyr, p* 137 — i4i*
Ramond, iViV. géologique, p» 18, 60 — 73.) Les monts Euga-
néens ( basaltes du Monte Venda prés des cônes traohjtiques de
Monte Pradio, Monte Ortone et Monte Rosso), les penchans
des montagnes qui constituent le groupe du Mont Dore , les
environs de Guchîlaque au Mexique (Cerro del Marqués, i537
toises) et de Xalapa (Cerro de Macultepec> 788 toises), présent
tent àes exemples frappans de cette réunion des deux terrains feld-
spathiques et pjroxéniques. Tantôt ce sont des buttes de basalte
prismatique qui sortent du terrain de trachjte ; tantôt ce sont de
larges coulées de basaltes , souvent interrompues et formant des
gradins et des plateaux, qui sillonnent et recouvrent ce terrain.
Il résulte de ces observations, que les plus grandes masses de
basaltes gisent immédiatement dans les formations primitives
intermédiaires et secondaires, tandis que d'autres masses beau-
coup moins considérables, d'un tissu entièrement identique, et
présentant le plus souvent l'apparence d'anciennes coulée^ de
laves lithoïdes , sont superposées au terrain trachjtiqne. Les uns
et les autriB» enveloppent quelquefois des fragmens de granité.
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de gneis ou d'une sjénite très-abondante en feldspath. Ce même
phénomène^ comme nous l'ayons tu tantôt , ^'observe (volcan
de JoruUo ) dans des laves récentes et d'une époque connue ;
mais ces indices incontestables d'une fluidité ignée ne nous
autorisent pas à admettre que les montagnes coniques de ba-
saltes^ dispersées dans des plaines ou couronnant là crête des
montagnes primitives^ se soient toutes formées comme les
nappes de basalte qui couvrent les trachjtes, ou comme les
laves lithoïdes basaltiques (avec olivine) de quelques volcans
très- modernes. Le mélange des matières qui constituent les
roches volcaniques se fait dans l'intérieur du globe , et proba-
blement à d'immenses profondeurs. Des matières analogues et
composées des mêmes élémens peuvent venir au jour (paroitre
à la surface du globe) par des voies très-différentes , tantôt par
soulèvement (en cloches^ en dômes ou en buttes coniques);
tantôt par des crevasses longitudinales^ formées dans la croûte
du globe ; tantôt par des ouvertures circulaires au sommet d'une
montagne. La géognosie des volcans distingue ces modes de
formations^ et si elle s'oppose à confondre sous le nom de laves
toutes les roches des terrains trachjtiques et basaltiques^ c'est
parce qu'elle se refuse à admettre que les dômes du Puy de
Qiersou , du grand Sarcouj et du Ghimborazo , de même que
toutes les montagnes coniques de basaltes^ soient des portions
de courans de laves. Des volcans ^ en partie très-modernes , ont
jeté des laves feldspathiques (Ischia^ Solfatare et Pouzzole) et
pjroxéniques avec olivine (Jorullo)^ qui ressemblent aux tra-
chjrtes et aux basaltes les plus anciens. Souvent des masses vol-
caniques (laves feldspathiques et pjrroxéniques; trach^tes; basaltes
en cônes isolés ) , considérées minéralogiquement , sont les
mêmes ; on peut supposer que les circonstances dans lesquelles
elles ont été produites dans l'intérieur du globe ^ différoient
très -peu; maiç, ce qui les éloigne géognostiquement les unes
des autres^ c'est la différence marquante dans le mode de leur
apparition à la surface du sol.
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( SS; )
t^rmî le grand nombte d'observatioascarieùseâ qtié p^&en-
lent les enyirons du nouveau volcan de JoruUo au Mexique^
aucune ne. me parOît plus importante et plus inattendue quo
celles qui concernent la double origine des masses basaltiques.
On j voit à la fois de petits cônes de basaltes , composés, de
boules à conch«s concentriqties , et un promontoire de laves
basaltiques 9 litboïdes et compactes dans Pintërieur> spongiienses
à la suiface. Ce courant dé laves est une masse noire a tirtès-
petits grains y' renfermant^ non de l'amphibole ou dtt pjroxéne,
mais indubitablement de l'olivine ( péridote granirliforme • de
Haûj ) et de petits cristaux de feldspath vitreux. M. de Buch a
reconnu ^ dans des fragmens que j'ai rapportés y outre Folivine
disséminée (vert d'olive clair, oonchrfi'de et à pièces séparées
grenues ) , quelques tables hexagones de mica jaunei de laiton «
C'est dans ces lares que sont empâtés les fragmens anguleux et
crevassés de sjénite granitique dont j^ai déjà parlé plusieurs fois }
elles tirent probablement leur origine d'un terrain de transition
placé sous le trachjte. Des morceaux extrêmement petits de
trachjte grisa ire , avec feldspath vitreux et cristaux effilés d'am-
phibole, que nous avons été assez heureux de trouver sur le
bord du cratère au milieu des scories, proiiveht même que
l'éruption a agi à la fois a travers la syénite et le tracbjte su-
perposé. Les laves s'élèvent jusqu'A'678 pieds d'épaisseur; et
comme elles se sont épanchées non latéralement, maïs dn cra-
tère du Tolcan actuel , c'est en suivant letir courant vers le S.
S. E. , que nous avons pu, *M. Bonpland et moi) pénétrer, non
sans quelque danger, dans l'intérieur du cratère encorfe brûlant
pour j recueillir de l'air. Il ne faut pas confondre avec ce cou-
rant de laves lithoïdes'basaltiques,''qui ne sont pas des scories
entassées comme au Monte Novo de Pouzzole, les 'basaltes en
boules (Kugelbasait) qui composent les petits cônes appelés
par les indigènes yî^urj (homitos), à cause de leur forme, et
parce qu'ils d^^agent, par des crevasses, dés filets dé vapeurs
aqueuses ^ ipéléçs d'acide sulfureux* Il ne peut rester aucun
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( 358 )
douter même a l'observateur le moins accoutumé à Paspect de
terrains bouleversés par le feu des volcans , que tout le sol du
Mal" pais f qui a pour le moins i^oo^ooo toises cafrées ^ n'ait
été soulevé. La où ce terrain soulevé est contigu à Ja plaine des
Ployas de Jorullo y qui n'a éprouvé aucun changement tX dont
il a fait partie Jadis, il j a (à l'est de San-Isidoro) un saut
brusque de vingt -cinq à trente pieds de hauteur perpendicu-
laire. \jt& couches noirâtres et argileuses de Mal-pais j paroissent
comme fracturées, et offrent, dans une coupe dirigée du N.
£. au S. O. , des fentes de stratification horizontales et ondu-
lées. Apres avoir passé ce saut ou gradin, on s'élève, sur un
terrain bonibé en forme de vessie, vers la crevasse sur laquelle
sont sortis les grands volcans , dont un seul , celui du milieu
{ef volcan grande tU Jorullo), est encore enflammé. La con-
vexité de ce terrain est , dans quelques endroits , de 78 , en
d'autres de 90 toises, c'est-à-dire que le pied du grand yolcan,
' ou plutôt la portion «centrale de la plaine du Mid-pais j où s^élève
brusquement (prés de l'ancieone Hacienda de San -Pedro de
Jorullo) le Grand Volcan, est à peu prés de 5ko pieds plus
élevé que le bord du Mal^pais prés du premier saut ou gradin.
Toute cette pente du sol bombé est si douce , qaelie peut
échapper à l'attention de ceux qui ne «ont pas pourvu» d'ins-
trumens propres à la mesurer» C'est, comme dirent très -bien
les indigènes, un terrain creux, une tierra hueca. Cette opinion
«st confirmée par le bruit que &il un cheval en marchant, par
la. fréquence des crevasses, par d«i affaissemens partiels, et
par l'engouffrement des rivières de Cuitimba et de San -Pedro ,
qui se perdent à l'est du volcan et repairoissent au jour^ comme
des eaux thermales de ôa"* cent., au bord occidental du Mat-
pais. Ce sont les bancs d'aigle noire ou brun -jaunâtre qui ont
été soulevés eux-mêmes : la surface du, sol n'est couverte que
de quelques cendres volcaniques, et aucun entassement de sco-
ries ou de déjections sorties d'un cratère n'a causé la conveadté
du Mahpais. Sur ce terrain soulevé (Sept. ijSq) sonV sortit
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plnsieiirs millien de petits cônes ou buttes basaltiques à sâîti*'
mets très «convexes (les fours ou homitos). Ils sont tous Csolés
et disséminés , de manière que , pour s*ap|Hrocher du pied du
grand volcan ^ on passe par des ruelles tortueuses ( los ealhjones
del Mal'pais). Leur élévation est de 6 à 9 pieds. La fumée
sort généralement un peu au-dessous de la pointe du cône, et
reste visible jusqu'à 5o pieds de hauteur. D'autres filets de
fumée sortent des laiges crevasses qui traversent le&^ ruelles; ils
sont dus au sol même de la plaine soulevée. En 1 780 y la cha--
leur des homitos étoit encore si grande qu'on pouvoit allumer
un cigarre en rattachant a une perche et en le plongeant à
deux. ou trois pouces de profondeur dans une des ouvertures
latérales. Les cônes (homitcfs) sont uniformément composés de
sphéroïdes de basaltes y souvent aplatis de huit pouces à trôîa
pieds de diamètre y et enchâssés dans une masse d'aiple à cou-
ch^ diversement contournées. L'aspect de ces cônes est abso-
lument le même que cehii des buttes coniques de basaltes glo-
buleux (Kugelbasah'Kuppen) que l'on voit si fréquemment en
Saxe y soir les frontières du Haut-Palatinat et de. la Franconie^
et surtout dans le Mittelgebirg de la Bohème : la différence ne
consiste que dans les dimensions des buttes. Cependant en
Bohème nous en avons aussi ti'ouvé^ M; Fr^esieben et moi^
qui étoient parfaUement isolés et n'avoient que i5 à 20 pieds
de hauteur. Le nojrau des boules est dans les homitos , comme
dans les basaltes globulaires anciens. ^ un peu plus frais et plus
compacte que les couches concentriques qui enveloppent le
nojau^ et dont j'ai pu compter souvent 26 à 28. La masse
entière de ces basaltes, constamment traversée par des vapeurs
acidulés et chaudes , est extrêmement décomposée. Elles n'offrent.
souvent qu'ime argile noire et ferrugfneuse , à taches jaunes et
peut-être trop grandes pour être attribuées à la décomposition
de l'olivine. ;En .approchant l'oreille d'un de ces cônes , on
entend un bruit sourd qui paroit celui d'une cascade souter-
raine; il est peut-être causé par les eaux du Rio Cuitamba qui
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li*cngouilfrcni dans le 'Mal-pais^ Voilà donc bien CertaineiDeUl
des sphéroïde* aplatis de basalte, agglomérés en buttés coni-
ques , qui ont été soulevés de terre de mémoire d'bommes , et
qui ne sont par conséquent ni des lambeaux d'anciens courans
de laves , ni le résultat d'une décomposition de prismes bàsaltî^
ques articulés, ni celui d'un entassement fortuit de déjections
d'un cratère éloigné. Il est probable que c*est la force élastique
des vapeup qui a couvert de ces hormtos ^ en forme d'am-
poules, la plaine bombée du Mai -pais, tout comme la surface
d'un fluide visqueux se couvre de bulbes pat Faction des gaz qui
tendent à se dégager. La croûte qui forme les petits dômes
des homitas est si peu solide, qu'elle s'enfonce sous les pieds
de devant d'un mulet que l'on force d'j monter.
\jb& faits que je viens d'exposer me paroissent d'autant pliu
importans pour là géognosie , qu'il existe dans les terrains Imi»
saltiques les plus anciens une grande analogie entre les buttes
isolées de basaltes globuletix et les butttes de basaltes colon^
naires. Depuis long- temps des géologues célèbres ont combattu
rh^pothèse qui considère tant de montagnes basaltiques > d'une
forme si r^lière et d'un î^oupement . sjmétrique , comme
des restes d'un courant, d'une coulée de laves ^ qui a avancé
progressivement sur un terrain incliné. U faut distinguer^ dans
les plaines de Jorullo , trois grands pbénoménes : le sd^lèT&-
ment général du Mal - pais , hérissé de plusieurs milliers de
petits cônes basaltiques ; , i'ejitassement d^s scories et d'autres
matières incohéraites dans les collines les plus éloignées du
grand volcan , et les laves lithoïdes que ce volcan a Tomies
SQUS la forme ordinaire d'un courant. L'intérieur du cratère du
Vésuve offroit, au mois d'Août i8o5,^ époque où je l'ai viâlé
plusieurs fois, conjointement avec MM. de Bucb et Gajr^Lussac^
cette même différence entre le fpnd du cratère soulevé , c'est-à-
dire plus ou moins bombé , selon, que l'on s'approcboit de
l'époque de la grande éruption j, et les cônes de scorieiff désa-
grégées qui se forment autour de plusieurs sQupiraux ei^flammétf.
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( 34. )
Ce soût CCS accumulations de matières incohérentes seules qui
ressemblent au Monte Noto de Pouzzole. La croûte de lares
qui constitue le fond des cratères, s'élève ou s'abaisse comme
un plancher mobile (Biich, Geogn, Beoh. y 71 /i, p. 124). Au
Vésuve, ce fond ctoit. tellement bombé (en i8o5), que sa
partie centrale dépassoit le niveau du bord méridional du vol-
can. Vintumescênce que l'on observe périodic^uement dans les .
cratères accessibles des volcans enflammés^ au fond de la vallée
.circulaire ou alongée qui termine Icû^s sômn^ets, présente une
analogie frappante avec le terrain souhçé du Mal 'pais de Jo-
TUllo : il en présente vraisemblablement aussi avec ces îlots
volcaniques qui paroissent comme des roches nozrfj au-dessus
de la surface de l'Océan , avant de se crevasser et de lancer des
flammes. H paroît que M. d'Aubuisson n'a pas eu occasion de
consulter les coupes qtie j'ai publiées du volcan de JoruUo
(Humboldt, Essai poUtique , T, J, p; 253: Id. , Niçellement ba-
ram, des Andes , ti,^ 370 -^ 374.'I<Î. , Vue des Cordillères, p,
242, ph 43. Id., Atlas géographique et physique du Voyage aux
rig. équin, , pL 28 et 29), lorsque, dans son intéressant Traité
de géognosie, T. I , p, 264 9 il suppose que j'ai confondu un
terrain soulevé avec un entassement de déjections dont l'épais-
seur augmente à mesure qu'on approche de Ta' bouche volcanique.
Jja composition du basalte, ou plutôt la fréquence plus ou
moins grande de certaines substances cristallisées, disséminées
dans les basaltes , varie dans les 'difïcrentes parties de l'Amé-^
rique équinoxiale , comme dans celles de l'Europe. L'olivine*,
si commune dans les basaltes d'Allemagne, de France et d'Italie,
est très -rare, d'après MM. Macculloch et Boue, dans l'ouest de
l'Ecosse et le nOrd de l'Irlande. L'amphibcHe abonde en grands
cristaux, en Saxe (Oberwiesenthal et Garlsfeld)^ en Bohème,
dans le pajs de Fulde et en Hongrie (Med^e), tandis qu'elle
manque le plus souvent dans les basaltes d'Auvei^e -'et des
Canaries. Le feldspath vîtDiax et l'olivine se trouvent presquis
ecMi^amment associés* dans le terrain basaltique du Mexique et
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( 34a )
dela^otitelle-Grenade; souvent (Valle de Santiago, Alberca de
Palangeo ) l'amphibole et le pjroxène manquent : d'antres fois
(CeiTo del Marqués ; aU'^lessus de San-Angustin de las Guevas)
GhiehimequiUo prés Silao ) le basalte renferme à la fois de
l'olivine , du feldspath yitreux j de l'amphibole et du pjroséne.
Dans la belle vallée de Santiago (Nom elle -Espagne) Fhjalite
est si commune que , par une prédilection biea difficile à ex-
pliquer > les fourmis en recueillent partout où le basalte se
décompose y et la transportent dans leurs nids. Je n'ai jiamais
vu de très -grandes masses d'olivine dans la G)rdillêre des
Andes. : celles de l'Europe appartîenn^t plus particidièrement
aux bi*éches basaltiques (Weissenstein prés de Gassei^ Kapfenstein
en Stjrie).
Les formations d'aigiles et de marnes que nous avons indi-
quées dans le tableau précédent comme appartenant au terrain
volcanique ; méritent beaucoup d'attention dans la Gordillére
des Andes , dans l'Archipel des iles Ganaries çt dans le Mitteke-
biige de la Bohème (Trzeblitz, Hruvka). Dans ces trois régions ,
que j'ai visitées successivement, l'aigile ne m'a point paru acci-
denteHement englobée dans la masse liquide , comme c'est le
cas quelquefois dans l'aigile plastique (grés à lignites. S* 35)
au-dessus de la craie, ou dans les calcaires secondaire et ter-
tiaire (calcaire du Jura et calcaire grossier) du Yicentin^.qiie
j'ai trouvés enchâssés par fragmens anguleux d^ns le basalte,
et qiû pénétrent tellement dans les basaltes que ces derniers
mêmes font effervescence avec les acides. Les marnes argileuses
des Go^cli{lèrçs (Gascade de Begla et chemin de Begla à Toto-
piilcQ.el grande; Guchilaque^ au nord de Guernavaca; Gubilete
prés Guanaxuato) et celles de l'ile <le ta Graciosa (prés Lan-
cexQte) alternent avec les couches de basaltes, et sont p^t-étre
dfune./ormation contemporaine > comme les argiles schisteuses
qui alternent avec le calcaire alpin (Humboldt, Relat. hist, ,
T.l, p. 88 ). Leur position tnéme s^mible prouver qu'ils ne Sont
pas dos à la décomfqsUà0n des basaltes. Oa-j trouve «ouvent des
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( 343 )
eristaux de pjroxène et des grenats-pjropes. Je ne déciderai pas
sMes masses d*argile qui entourent^ dans les Andes de la Non-
Telle - Gsenade (entre Popajan, Quilichao et Almaguer}, ces
immenses amas de boules de dolérites et de gninstein à feld-
spath yitreux et fendillé y appartiennent aux formations de ba>-
saltes 9 ou aux sjénites et porphyres du terrain de transition ;
mais y ce qui est indubitable y c'est que les bancs d'aigile (iepe^
taie) qui rendent stérile une partie de la belle prorince de
Quito ; sont sortis du flanc deS volcans^ non mêlés à des ma-
tières en fusion , mais suspendus dans l'eau. Les inondations
qui accompagnent toujours les éruptions du Cotopaxi , de Tun-
guragua et d'autres Tolcans encore enflammés des Andes , ne
sont pas dues^ comme au Vésuve [Mémoires de FAceidémie, 17649
p* iS)f aux torrens d'eaux pluviales que répandent les nuages -
qui se forment pendant l'éruption (par le dégagement de la
Tapeur d'eau dans le cratère) ; elles sont principalement le ré-
sidtat de la fonte des neiges et des lentes infiltrations qui ont
lieu sur la pente des volcans ^ dont la hatiteur dépasse 246a
f Dises (celle de la limite des neiges perpétuelles). Les secousses
de violens tremblemens de terre ^ qui ne sont pas toujours sui-
vi|es d'éruptions de flammes ^ ouvrent des cavernes remplies
d'eau y et ces eaux entraînent des trachjtes brojés ^ des ailles ,
des ponces et d'autres matières incohérentes. C'est là peut-être
ce que l'on pourroit appeler des éruptions boueuses , si cette
dénomination ne rapprochoit pas trop un phénomène d'inon-
dation des phénomènes essentiellement volcaniques. Lonque
(le 19 Juin 1698) le pic du Cargnairazo s'affaissa ^ plus de
quatre lieues carrées d'alentour furent couvertes fde houes argi-
leuses , que dans le pays l'on appelle lodazahs. De petits pois-
sons y connus sous le nom de prenadillas ( Pimehdes cy^clopum )^
et dont l'espèce habite les ruisseaux de la province de Quito ^
se trouvoient enveloppés dans les éjections liquides du Car-
gnairazo. Ce sont là les poissons que l'on dit lancés par les
volcans^ parce qu'ils vivent par milliers dans des lat» soufer-
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( 344 )
raîns> et parce que ^ au moment des grandes éruptions ^ ils sor^
tent par dès crerasses, entraînés par l-impuJsion de Feau boueuso
qui descend sur la pente des montagnes. Le volcan presque
éteint dlmbaburn a vomi, en 1691 ^ une si grande quantité
de prenaUUas y que les fièvres putrides qui régnoient à cette
époque, furent attribuées aux miasmes qu'exhaloient les pois-
sons. ( Humboldt^ Recueil d'observ. de zoologie et d'ànatomie corn»
parée, T. /, p. 22, et T. JI , p. i5o.)
La dolente du terrain basaltique (D'Aubuisson y Joum. des
mines, T. XVIII, p. 197; Leonbard et Gmelin, vam Dolent,
p, ly — 55^ est très p rare dans les Cordillères , qui abondent
plutôt en rocbes trachjtiques dans lesquelles le feldspath pré-
domine sur le pjroxène. Je pense cependant qu'une dolérite
que j'ai trouvée dans le chemin d'Orexeras aux sources chaudes
de jComangillo près de Çùanaxuato, appartient aux basaltes de
la Caldera et d'Aguas buenas y et non à de véritables trachjtes,
Il j a de même quelque incertitude sur le gisement des pho-
nolites y lorsqu'elles se trouvent isolées ou éloignées de montagnes
basaltiques et trachjtiques. Cet isolement caractérise les pho^
nolithes du Penon, qui forment un écueil dans le Rio Magda-
lena, et qui paroissent immédiatement superposées au granité
de Banco ; Ips pbonolithes que j'ai vues percer la couche de
sel gemme de Huaura (Bas -Pérou, près des ciàfes de la mer du
Sud) ; epfin celles qui s'élèyent au bord septentrional de^
steppes de Galabozo .(Cerrq de Flprps). tes dernières sont géor
gnostiquement liée^ à de l'amjgdaloïde pjroxéuiqup, allernaut
avec un grilnstein de tr^sition (Hum))o]dt, ReL hist,, T* I,
p, i54). Les fimjgdaloïdes celluleuses (tezontli), renfermant
du feldspath vitreux , des pjroxènes et de la lithomar^e , son(
l.e plus répandues sur le plateau centra] de la Nouvelle-Espagne.
Elles $ont tantôt recouyert|3S par des basaltes , tantôt elles
formei^t ( Cuesta de Capulalpan ) d,es boules de deux à troi^
pieds d'épaisseur, réunies en cônes ou buttes hémisphérique^
(et superposées .fi des porphjre^ de.transil^op.
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{ 34è )
m. Laves sortiiss d'un cftATiiiE sous forme de courÂns. Laces
IHhoides feldspathi^ius f semblables aux trachyies. Laves hasaU
tiques. Obsidiennes des laces. Ponces vitreuses des obsidiennes. Nous
avons déjà rappelé plus haut combien les véritables courans de
laves sont rares dans les Cordillères. Celles que j'ai vues sont dues
à des éruptions latérales d'Antisana^ du Popocatepetl et du Jp-
rulio. Beaucoup de courans {Mal' pais) sont sortis de bouclies
volcaniques qui se sont refermées et qu'il est impossible de recon-
UQÎtre. aujourd'hui. D'autres courans dirigés sur un même point,
se confondent les uns avec les autres : ils se présentent en laides
nappes, semblables à des roches pjroxéniques beaucoup plus
anciennes* Dans' les lares de la vallée de Tenochtitlan (entr«
Saii-Augustin de las Cuevas et Cojoacan) l'amphibole est beau-
coup moins rare que dans les laves d'Europe. 'Un minéralogiste
mexicain très -instruit, M. Bustamante, les a soumises récem-
ment avec succès à l'analjse mécanique, d'après la méthode
ingénieuse exposée par M. Cordier. ( Semanario de Mexico ,
>82o, ».** JX, p. 80 — 90.)
IV. Tufs des volcans', souvent pétris de coquilles.
V. Formations locales calcaires et gypseuses superposées aux
TUFS volcaniques, AU TERRAIN BASALTIQUE ( MANDELSTEIN ) OU AUX
trachytes. Je compte parmi ces formations très-modernes, dans
le plateau de Quito , les gypses feuilletés de PuJuIagua , le gypse
argileux et fibreux de Yaruquies, les argiles schisteuses carbu-
rées et vitroliques de San-Antonio, les argiles salifères (?) de la
Villa de Ibarra , les sables avec lignites du Llano de Tapia
(au pied du Cerro del Altar ) , et les tufs calcaires {caleras)
de Agua santa. Dans les Iles Canaries, des formations calcaires
polithiques et gypseuses sont aussi subordonnées aux tufs vol-
caniques (Lancerote et Fortaventura). On ne peut indiquer l'âge
relatif de ces petits dépôts en les comparant à la craie ou aux
formations tertiaires les plus modernes ( SS- ^7 — 39 ) : nous
les avons placés ici selon l'ordre de leur gisement au-dessus des
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( 346 )
roches Tolcaniques. En Hongrie , d'âpre l'intéressante obser-
ration de M. Beudant^ un grès à lignite (S* 35 ), superposé au
conglomérat trachjtique (Dregelé); au conglémerat ponceux
(Palojta) et même au trachjte (Tokai); est recouvert, à son
tour, ou de calcaire grossier ($. 36) du terrain tertiaire, ou
de calcaire d'eau douce, on enfin de coulées basaltiques*
Telles sont les formations principales du terrain pjrrc^ne,
dues i des soulévemens , ou à un épancbement latéral , ou à
de simples éjections. Nous nous bornons à l'indication des faits ,
sans aborder des problèmes dont les données sont encore trop
iropar&îtement connus. Nous craindrions qu'on appliquât arec
raitoii à la géognosie ce que Montagne dit d'un certain genre
de philosophie : « Elle vient de ce que nous, avons l'esprit
^ coriemL et de mauvais jeux. ^
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( 347 )
TABLEAU
DES FORMATIONS OBSERTEES DAN6 LES DEUX
HÉMISPHÈRES (182a).
{Des chiffres romains précèdent les noms des formationf qui, renme&t supprimées et
jpar conséquent le plus généralement répandues > peuvent servir d'horizon gé<%noitique*
On a. indiqué en même temps les SS* et les pages où se trouvent les descriptions.]
Imt&odyjction renfermant quelques principes de philosophie géo-
gnostique^ p. 1.— 64»
Terbains peimitifs.
Vues générales, p. 64*
L Graiote piiMmr ^ S< ^ » pag* 65 — 67.
Gaanite et Gneis raiMiTirs, $• 2 y P* 67»
GRANrrE 9tiJmràsi£f S* 3, p. 67,68.
Weisstkoi avec Serpenume , S* 4 > P* 68.
n. Gneis p&iifmF, $. S, p. 68 «—72.
Gneis et Micaschiste, $. 6, p. 7a — 74*
Granités fostsrieijbs au Gweis, antïrieurs au Micaschiste fri»-
MiTiF, S. 7 y?' 74— 77-
Stémite PRiioTiVE? S» 8, p- 77> 78.
[I«s cinq dernières formations , placées entre le gneis et le micasdiiste primitifs,
•ont des foimations parallèles.]
SERPEMflME PRinriVE? J. 9 , p. 78.
Calcaire pRnunr? S. 10, p. 79.
m. Micaschiste pribouf, S- »** p» 79 — 84-
Granité postérieur au Micaschiste, AirrÉtiElni au Thonschiefer ,
S. 12, p. 84,85.
GlTEIS POSTÉRIEUR AU MlCASCHIflTTE, $. l3^ p* 85.
GaÛMSTEiN-ScHixrui? S* i4 ^ p* 85«
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ly. TBomcBiErsiL p&imjtif; S- i5^ p. 85 — 88.
RocHi DE QuÀRz PRIMITIVE (avec masses de fer oligiste métal-
loïde), S. i6, p. 88—95.
Granité et Gitcis postérieur au Thonschiefer, S* 17^ p* 9^*
Porphyre PRininr? $. 18, p. 93, 94.
V. EuPHOTIDE PRIMITIVE, POSTERIEURE AU ThONSCHIEFER , S* ^9? ?•
94 — 97-
[Les quatre dernières formations sont des formations parallèles entre elles , cpiel*
fMfois m^me an Tonsehiefitf pninitiC]
TCRRAINS BS TRANSITION.
Vues générales, p. 97 — 101 el io4 — 108. Types de super-
positions locales, p. 101 — io3.**
I. Gaicaire gremu talqueux, Micaschiste de transition, et Grau-
wAC&E AVEC Anthracite, S- 26^ p. 109 — 11 3.
n. Porphyres et Sténites de transition, recouvrant immédiatement
LES roches primitives, CalCAIRE NOIR ET GrÛNSTEIN, $. 21, p*
ii4 — 139.
QL ThOHSGHIEFER DE TRANSITION, RENFERMANT DES GrAUWAC|LES, DES
Grukstein, des Calcaires noirs, des Syenites et des por-
phyres, S- 22, p. 140-7160..
lY ET y. Porphyres , Syenites et Grûnstein postérieurs au Thon^
SCHIEFER DE TRANSITION, QUEIQUEFOIS MÉUE AU CalCAIRE A OR'-
tbocératites, SS- 23, ^4 j P» 460—192.
VI. ECP^OTIDE DE TRANSITION, S* ^5, p. «9a.
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(
TsillrÀtKS SECONDAIRES.
Vues générales, p. 197.
I. Grand dépôt bE HbtittE, Griès
RôuGE ET Porphyre secoi^daire
(avec Amjrgdaloïde > Grunstein
et Calcaires intercalés)) S- 26,
p. 198 — 2823.
Roche de Quàrz secondaire, $• ^^9
p. 223 225.
[Cette dernière fotmatioik est parallèle eu
grès houiller.]
IL Zsc&sïÉm où Calcaire • àl^in
(Magn«sian lîmestone); Gypse
HYDRATÉ^ Sel gemme, s* 2B, p.
225 2S8.
Les cinq formations saivanles , très<iné-
f,aleiDent déTeloppée» «fcnyent ^tre «onprites
soas le nom général de
ill. DÉPÔTS ÀRENACÉS ET CALCAIRES
(marneux et oolithiquesj, pte-
cés entre le aechstein et la crai0,
et liés ^ ces deux terrains, p.
259*
Argile et GfÉs bigarré (Grés 'à
oolithes^ Grés de Nebra; New
red sandstone et rea mari ) avec
Gypse et Isel gemme, $. 29, p.
260 — 264.
Muschelkalk (Calcaire co()uilliet;
Calcaire de Gœltingue), $• 3ô,
p. 264 — ^^J»
QuADERSANDSTEiM (Grés de Koenig-
«tein ) , S* 3i > p. 267 — ^ 269.
Calcaire dv Jura (lias. Marnes et
grands dépôts oolithiques^ S*^3â,
p. 269 — ;4^A*
549 )
Terrains (exclusivement)
Volcaniques.
Vues générales, p, 5o4 — 3 18,
I. Formations TRAOïYnginES , p.
3i8 — 333.
TrAcbIttes gramitoïdes et syemi-
TIQUESi
i
TRACEtTES PORPHYRlQtES (feïd-
spathiques et pjroxéniques),
PHONOLrrBES DES Trachytes»
TrACBYTES SSin^VITREUXk
PfeïlUTES AVEC obsidienne.
t*RAGHYTES MEULIERES , CelluIcUSeS
avec nid$ siliceux^
(Conglomérats tracKjtiques
et ponceux, avec alunites,»
saufre, opale et bois opalisé).
n. Formations basaltiques, p.
333 — 344.
Basaltes avec olphne, ptRoxJNS
ET ÙN PEU D'AMPHIBOLeI
Phonolithes des basaltes,
dolérites. .
MaNDELSTEIN iÛELLULEUX.
Argile AVEC grenats -nrBottS.
(Cette petite formation sem-
ble liée à Fargile arec 11-
gnites du terrain tertiaire
sur leqt^el se sont sonrent
répandues des coulées de
basalte.)
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Qtig ET Sablis nsRHUGf mcvx ) et
Gtiis ET Sablis veats, Gexs se-
coKDAiBES A LTCKiTEs ( Irousand et
Greensand)^S*33, p. :^i -*284-
IV. CiAiE, s. 34, p. 284 — 287.
Terrains tertiaires*
Vues générales^ p. 287 — 291.
I. Argiles bt Giuès tertiaire a li-
GNirrs (Argile plastique , Molasse^
et Nageifluhc d'Argovîe), S» 35,
p. 291— 297.
II. Caix;aibb db Paris ( Calcaire
grossier ou Calcaire à ciérites,
formation parallèle à Taiple de
Londres et a^u Calcaire arénacé
de Bognor) , S. 36 , p. 297 —
3oi.
HI. Calcaire silicevx ^ Gtpse a os-
SEMENS^ alternant avec des MARItES
(Gjrpse de Montmartre) , S* 37,
p. 3oi— 3o3.
IV. Grès et sables supérieurs au
gtpse a ossemeks (Grés de Fon^
tainebleau), $. 58 , p. 5o3.
V. Terrain lacustre avec meuliercs
POREUSES, SUPERIEUR AU GHiS DE
Fontainebleau (Calcaire à Ijm-
»^0 > S- 39, p. 3o3 , 3o4. j
( 55o )
\
CoNCLOIIBBATS ST SCOBlt^ BASAi-
TIQÏJES.
III. Laves sorties d'un cbatèib
VOLCANIQUE (Lavcs «Dciennes,
larges nappes, généralement
abondantes en feldspath. La-
ves modernes à conrans dis-
tincts et de peu de lai]geur.
Obsidiennes des laves et Pon*
ces des obsidiennes), p. 345.
rV. Tufs des volcans avkg co*
quilles, p. 545.
(Dépôts de calcaire com-
pacte, de marnes, d'ai^g^iles
avec lîgnites, de gypse et
d'oolithes, superposés aux
tufs volcaniques leis plus
' modernes. Ces petites for-
mations locales appartien-
nent peut-être aux terrains
tertiaires. Platean de Kio-
bamba; îles de Fortaveit-
ttira et Lanoerote).
Pour s'élever à. des idées plus générales, et pour mieux
prendre les rapport^ dt superposition indiqués idans le tableau des
loches, on peut se servir d'une méthode pasîgraphi4fMU , dont il
sera utile de rappeler id les principes fondamentaux. Celte mé-
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( 55i )
Ihode est double : elle est ou figuratîçe ( graphique, imîtatÎTe)^
représentant les couches superposées par des parallélogrammes
placés les uns sur les autres; ou algorithmigite , indiquant la
superposition des roches et l'âge de leur formation ^ comme des^
termes d'une série.
La première méthode.est celle que j'ai smyie dans les Tables
de pasigrafia geognostica, que je traçai > en i8o4; pour l'usage
de l'école des mines de Mexico; c'est celle que l'on désigne asse£
généralement sous le nom de coupes des terrains. Elle offre l'aTan*
tage de parler plus Tir^nent aux jeux , et d'exprimer simuita^
nément dans f espace deux séries ou sr^stèmes de roches qui cou-
Trent une même formation.. Elle offre des moyens faciles pour
indiquer les équwalens géognosîîqtus ou roches paraUeUs j de
même que le cas où , par la suppression locale de la formation
)S, la formation « supporte immédiatement y^ Deux roches pa-
rallèles, par exemple, le thonschiefer et la roche de quars
( P%® 9^ ) ^ superposées toutes les deux à du micaschiste pri»
mitif , sont représentées dans la méthode figurative par deux
parallélogrammes de même hauteur placés sur un troisième.
Les noms des roches sont inscrits dans les parallélogrammes, ou^
comme on leyerra plus bas, on caractérise ceux-ci, en les cou-
vrant de hachures ou d'une espèce de réseau différemment mo«
difié, selon que les roches représentées graphiquement passent ou
ne passent pas les unes aux autres. Par la suppression locale du
^rès de Nebra ^ès bigarré) et du dalcaire de Gcettingue (muschel-
kalk ) , le calcaire du Jura peut reposa d'une part immédiate-
ment (pages 269 et 281) sur le calcaire alpin (zechstein), tahdls
que d'un antre côté on voit suivre, de bas en haut, le calcaire
alpin, le muschelkalk, le grès bigarré et le calcaire du Jura. Ces
rapports de gisement seront exprimés dans une coupe idéale^
en retranchant de la partie inférieure du parallélogramme qui-
représente le calcaire jurassique, d'an seul côté, un quadril*-
tère représentant les ^tsox formations du muschelkalk et du gvèis
bigarré.
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( 35i )
La seeonde mëthode^ qui procède par séries èt.qu'dn pouf*'
roit appeler algorithmique , indique les roches > noiï d'une ma*'
nière imitative^ non ^ar V étendue figurés , mais par une notation
spéciale. Toute la géçgnosie d€ gisemions étant un problème de
séries ou de succession ^ simple ou périodique, de certains termes ^
les diyerses formations superposées peuvent être exprimées par
des caractères générai ux^ par exemple ^ par les lettres de l'alpha-
bet. Ces notations 9 appliquées' A difTénsntes parties de la pbj-
sique générale ' dans lesquelles on examine la juxtaposition dçs
choses , ne sont pas des jeux de l'esprit. Dans la géognosie po-
sitive, elles ont le grand avantage de fixdr l!attention sur les
rapports les plus généraux de position relative, ^alternance et
^Q , suppression de certains termes de la séria. Plus on fera abs*
tpaction de là valeur des signes ( 4c^ la . composition et de la struc-
ture des roche»), mieux on saisira^ par la concision d'un Jan-
gage.pour ainsi dir^ algébrique, les rappoipts les plus compliqués
du gisement et du retour périodique des formations.. Les signes
«,, ^, ^, ne seront plus pour nous du granité, dugneis et du
micaschiste; du grès rouge ^ du zechstein et du grès bigarré: de
la ciraie^ du grès tertiaire fi lignite», et du calcaire parisien : ce
ne .serpnt que: des termes d'une série, de simples abstractions
de 1,'pnlendement. Nous sommes. loin de prétendre que le géo-
g|iQste nç doir^ pas éj;a4ier , jusque -dans ses rapports les plus
intimes nJa composition minéralogique et chimique des roches,
lajuatujçe de leur iissu cÂs^lixi ou de leurs masses; nous vou-
_. ; , ;' ,• ? " ; { ' u i pi ■ ■» ; m h . . ■ ■ m ' i ■ . ■'
1 Ayant U grande découverte^ de la pile de Volta, j'avoit, dans mon
ouvrage %mt V Irritation de tafihre nerveuse ^ indiqué par une.notatioa
particulière quels étoient Le» cas oii,(Jans une chaîne de métaux hété*
rogènes et de parties humides interposées, Texcitation musculaire avoit
li^u, quels étoient les cas où le courant galvanique étoit arrêté. La
siinplé'iiispection des séries et de la position respective des termes
(étémetn 4e U pile) pdtivdit faire juger du résultat de rexpêrience.
(QamboUt, Férsuchc itker dit gtreiête Muskêl-mnd Nerf tnf oser sT. I ,
p. ik36.)
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( 353 )
Ions seulement qu'on fasse abstraction de ces phénomènes lors-
qu'il ne s'agit que de la succession et de Vâge relatif.
Si les lettres de l'alphabet représentent ces roches superposées,
des deux séries^
a? ^? T'î «^ • • i • •
la première indique la succession des formations simples et
indépendantes : granité, gneis, micaschiste, thonschiefer ou
muschelkalk , grès de Konigsstein ( quadersandstein) , calcaire
jurassique et grès vert à lignites (sous la craie). La seconde in-
dique l'alternance de formations simples avec des formations
complexes : graniie f granite-gneis , gneis, gneis-micaschiste , mi-
caschiste, thonschiefer (pages 65, 67)5 ou, pour donner un
exemple tiré de terrains de transition (page 9^9 ) , calcaire à
orthocératites , .calcaire alternant avec du schiste, schiste de tran-
sition seul , schiste et grauwacke , grauwacke seul , porphjre de
transition. ..... Dans les formations complexes , c'est-a-dire ,
dans celles qui offrent l'alternance périodique de plusieurs couches,
on distingue quelquefois trois roches différentes, qui ne. passent
pas les unes aux autres dans le même groupe ,
* ? i© > ^py 9 y • • • •
selon que dans le terrain de transition des couches alternantes
de granité , de gneis et de micaschiste ; dans le terrain de -tran-
sition, des couches alternantes de grauwacke, de schiste et de
calcaire , ou de grauwacke , de schiste et de porphjre , ou de
schiste, de grauwacke et de gninstein, constituent une même
formation. Dans le terrain de transition , comme nous l'avons
exposé plus haut, le thonschiefer ou le grauwacke seuls ne sont
pas les termes de la série. Ces termes sont tous complexes; ce
sent des groupes, et le grauwacke appartient à la fois à plu-
sieurs de ces groupes. U en résulte ^ que le terme firmaiion di
a3
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( 354 )
gmufvacke n'a rapport qu'à la prédominance de cette roche dans
son association avec d'autres roches.
Tous les terrains offrent l'exemple de formations indépendantes
qui préludent comme couches subordonnées. Si eifiy , ou «jÔ , ]8^
indiquent des formations complexes de granité^ gneis et mica-
schiste , ou de granité et gneis , de thonschiefer et porphjre ,
de porphjre et syénite, de marne et de gypse, c'est-à-dire,
des formations dans lesquelles dès couches de deux et même
de trois roches alternent indéfiniment; at-t-jQ, fi-^-yt indique-
ront que le gneis fait simplement une couche dans le granité , le
porphjre dans le schiste, etc. Alors
fit, a-f-|8 5 jS, )0-+->'5 y . • .
. exprime le phénomène curieux de formations qui préludent , qui
s'annoncent d'avance comme des bancs subordonnés. Ces hancs
rappellent tantôt des termes qui précèdent ( roches de dessous ) ^
tantôt les termes qui suivent [roches de dessus^» Ainsi nous
aurons :
'fit, jô, ^-+-<t<i ^, ^-f-T-, 5^ • . . .
Les porphyres et sjrénites grenues du terrain de transition pénè-
trent dans le grès rouge et y forment des couches subordonnées.
Si le gisement des formations de la vallée de Fassa est tel qu'on
l'a récemment annoncé (pag. 256), un terme précédent (la
sjénite) déborde jusque dans le calcaire alpin ou zechstein; c'est
le cas dans la série:
et ) p—\—et 5 y—\r-tit, , • • • «
Lorsqu'on veut appliquer la notation pasigraphique jus-
qu'aux élémens des roches composées;, cette notation peut
indiquer aussi comment, par l'augmentation progressive d'un
des élémena de la masse , surtout par l'isolement des cristaux y
il se- forme àes couches par une espèce de déçeloppenuni in*
tirieur :
tbc ; abc' 9 abc^ • * • • abc>Hb.
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( 355 )
Nous avons préféré, dans ce cas particulier (baûcs de feld-
spath dans le granité, bancs de quarz dans le micaschiste ou dans
le gneis, bancs d'amphibole dans la syénite, bancs de pjroxène
dans une dolérite de transition) , les lettres de l'alphabet romain à
celles de l'alphabet grec, pour ne pas confondre les élémens
d'une roche (feldspath, quarz, mica, amphibole, pjroxéne)
avec les. roches qui entrjsnt dans la composition des formations
complexes.
Jusqu'ici nous avons montré comment , en faisant entièrement
abstraction de la ' composition et des propriétés ph;ysiques des
roches , la notation pasîgraphique peut réduire à une grande
si'mplicité les problèmes de gisement les plus compliqués.
Cette notation indique comment les mêmes couches subordonnées
(le «el gemme dans le zechstein et dans le red mari , SS» ^8 et 29 ;
les houilles dans le grès rouge, le zechstein et le muschelkalk)
passent à travers plusieurs formations superposées les unes aujt
autres :
fit-H/x, i8-f-^t, yt S'-i-'/uL • . . .
Elle rappelle aussi lé retour des formations feldspatliiques >et
cristallines *dan^ les terrains de transition et de grès rouge (Nor-
wége, Ecosse); retour qui est analogue à celui du granité après
le gneis et après le micaschiste primitif :
fit; p y et y y ^ o • ••• • X5 A, et y p • ••
Les premiers termes de la série reparoissent , même après
un long intervalle, après le grauwacke et le calcaire à or*
thocératites, c'est-à-dire, après les roches fragmentaires et ^o-
gialiières.
En terminant cet ouvrage, je vais' montrer que , si l'on donne
moins de généralité à la notation et si on la modifie d'après
quelques considérations phjsiques ( de structure et de composi*
tion), on peut, par le mojen de douze signes géognostiques ^
présenter les phénomènes de gisement les plus importans des
terrains primitifs^ intermédiaires ^ secondaires et tertiaires* Ces
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. ( 556 )
douze signes embrassent sept séries cle roches , savoir : les inî-
cascliistes (et leurs modifications d'un côté en granité et gneis^
de Tautre en thonschiefer ) , les eupholides, les amphiboliques
(grûnstein^ syénites), les porphyres, les calcaires et les roches
fragmentaires. On y a ajouté des caractères pour les grands dépôts
de houilles et de sel gemme , qui servent à orienter les géo-
gnostes, leuf position indiquant celle du grès rouge et du calcaire
alpin.
Tableau et valeur des signes.
tf, Granîte.
jS, Gneis.
p/, Micaschiste.
cT, Thonschiefer.
On a emplojé les quatre premières lettres d)e Palphabet pour
désigner les quatre formations primitives les plus anciennes.
Gomme ces formations passent graduellement les unes aux au-
tres , on a choisi des lettres qui se succèdent immédiatement dans
l'ordre alphabétique. Le granité passe au gneis y le gneis au mica-
schiste, celui-ci au thonschiefer. D'autres formations (porphjre,
griinstein, euphotide) paroissent pour ainsi dire isolées, souvent
comme surajoutées aux terrains plus anciens^ aussi les a-t-on re-
présentées par des lettres qui ne se succèdent pas immédiatement
entre elles, et qui ne font pas suite aux lettres et, fi, y , S\ C'est
par cemojen que les formations qui se lient moins aux autres que
quelquefois (euphotide et grûnstein) elles se lient entre elles, se
distinguent dans l'écriture pasigraphiqàe d'une manière aussi
tranchée que dans la nature.
0, Ophiolithes, euphotide, gabbro et serpentine; en général
toutes les formations abondantes en diallage.
ff , Sjrénite , griinstein 3 en général toutes les formations abon-
dantes en amphibole.
TT, Porphjre. On voit quelquefois tt passera o-, et a- passer
a 0.
T, Formations calcaires et gypseuses {rtravoç)» Si l'on veut
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( ^57 )
lâcliyidualiser darantage les formations calcaires ^ oh péùi £^
tinguer les primitives (t)^ et celles qui renferment des dé^
bris organiques (t'); on peut même ^ par des exposaus, in-
diquer séparément le calcaire de transition (t*) > le calcaire
alpin ou zechsteiA (t'), le calcaire de Gœttingue où muschel-
kalk (t™)^ le calcaire du Jura ou la grande formation ooli-
thique (t**), la craie (t*), le calcaire grossier parissieri (t^), etc.
Kj Roches fragmentaires > arénacées^ agrégées , conglomérats^
grauwaeHe^ grès^ brèches , roches élastiques de M< Brongniarl
L'accentuation ( K ) indiqué, comme dans r 9 que le grés esl
4coquillier. On peut distinguer les grauwaekes ou roches fragmen-
taires de transition (jt*) ; le grès rouge ( »* ) , renfermant le grand
dépôt de houille (anthrax ) ; le grès bigarré où grès de Nebra (k^) ;
le grès de Kœnigstein ou quadersandstein (k^) } le grès vert ou grèt
tertiaire à lignites , sous la craie {x}) ; le grès plus abondant en li-
gnites; au-dessus de la craie (»*') ; le grès /le Fontainebleau (k^),
etc. Une bonne notation doit aroir Tayantage de pouvoir modi-
fier la valeur des signes selon que l'on s'arrête à des divisions di-
versement gmduées. Les exposans font allusion aux noms des
roches. ^
^, Ilouilley dont îe plus grand dépôt se trouve à l'entrée
du terrain secondaire : le même signe accentué (^') indiqua
les lignites, dont le grand dépôt est placé à l'entrée du ter-
rain tertiaire et qui sont quelquefois des houilles coquillière»
^ , Sel gemmé ^ dont la formation principale se trouve
tantôt dans le calcaire alpin, tantôt dans le red màrl 6u grès
bigarré. Ne pouvant employer la première lettre dïù mot gréa
tiXç (elle indique déjà le granité) , j'ai fait allusion à '^aiXct&ffoii
II, La division des formations , anciennement reçue > en
terrain primitif, intermédiaire, secondaire^ etc.> est indiquée
par deux barres perpendiculaires. Lorsque les séries géognostique*
ont des termes très -nombreux^ ce signe offre comme des points
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( 358 )
de repos. Le gëognoslc expérimente sait d'arânce où est placée
la première roche de transition ^ le grès hôuiller^ ou la craie.
L'accentuation d'un caractère («T', t% x') rappelle en général
qu'une roche renferme des débris de coquilles, qu'elle n'est
pas primitiTC.
Voici quelques exemples de l'emploi de ces douze signes pasi-
graphiques des foches :
Le terrain de transition commence après fy-\-'7r (le mica-
schiste avec des bancs deporph^e primitif). C'est presque la suite
des formations de Norwége (page io3). On voit suivre une
formation complexe de thonsckiefei* et de calcaire (noir) avec
débris de coquilles, du gram^acke, un poi-phjre, de la srénitc
et du granité. Les termes Sr^ et it , qui précèdent tt jC», ae , ca-
ractérisent ces trois roches cOmme des roches de transition. En
Angleterre, où le terrain i.ilermédiaire offre deux formations cal»
caires bien distinctes (celle de Dudlej et du Derbjshire) , on voit
se succéder:
jg, (HT, ^j K^j T, iùS T, |, »% T% lfc'-H3*,T% Jfc* , T% Jt'^ . . .
Le terrain de transition commence avec la formation de sjénite
çt porphjre (Snowdon),! placé sur un gneis qu'on croit primitif ;
puis se suivent : un thonschjefer avec trilobites, le grauwacke de
Maj - Hili, le calcaire de transition de Longhope, le old red sand-
stone de Mitchel Dean, le.mountâin limestone de Derbjrshire; la
grande formation de houille, le newvred conglomerate qui re-
présente 1^ grés rouge, le calcaire magnésifère, le red mari
av€c sel gemme, le calcaire oolithique, le grès secondaire à
lignites (grèensand), la craie, le grès tertiaire à lignites ou
argile plastique, etc. Sur le continent, les formations secondaires,
si elles s'étoient toutes développées , se succéderoient de la manière
. suivante :
t', «6 II ^it'^^, 7"+^, X% t", K% T% k\ 1-* II »»*. • . .
En comparant ce type avec celui de l'Angleterre ,
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( 359 )
on voit qu^entre les oolithes (t**) et le red mari ou grès d« Nebra
{«") il j a, en Angleterre i deux formations supprimées, savoir ,
Je muschelkalk et le quadersandstein ^ les houilles (!)> le sel
gemme (-d) et les oolithes (jt*) servent de termes de comparaison ,
d'horizon géognostique. Mais ,. sur le continent, ^ et -d* sont liés
au grès rouge et au calcaire alpin, tandis qu'en Angleterre ces
dépôts sont plutôt liés aux roches de. transition et au red mari.
•Quelquefois t* est subordonné (pag. 224), intercalé à »* : ces
deux termes delà série (le calcaire alpin et le grès rouge) n'en for-
ment alors qu'un seul. L'incertitude de savoir si un dalcaire est
alpin ( zechstein ) ou de transition , naît généralement de la sup-
pression du grès ronge et du dépôt de houille que renferme ce grès.
Des deux séries,
T, K>y T • • •»
la première seule, offre la certitude que le dernier t est du
calcaire alpin. Dans la seconde série, les deux calcaires, et la
roche fragmentaire qui les sépare, pourroient être de transi-
tion. La liaison intime de la craie avec le calcaire du Jura est
évidente, d'après l'alternance des couches (t**, )c y t', »*'),
et d'après l'analogie des grès à lignites au-dessous et au-dessus ide
la craie.
Pour réunir les principaux phénomènes de gisement des roches
dans ]es terrains primitifs, intermédiaires, secondaires et tertiaires ,
. j'offi'e la série suivante :
Il seroir inutile de donner l'explication de ces caractères ; elU
résulte de leur comparaison avec le tableau de- formation. Je me
Jborne à fixer l'attention du lecteur sur l'accumulation des por-
phjrès (tt), sur les limites des terrains de transition et secon-
daires , sur la position des formations d'euphotide ( ), sur les
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( 36o )
^andi dépdts de houille «et de lignites (^) ^ et stir le itïtoui' (ptes*
^ue périodique ) des formations feldspathiques ^ des granités , gnek
et micaschistes ( «e , ^ , y)^^ transition^ Comme la notation que
je présente ici peut être dirersement graduée^ en accentuant les
caractères , en les réunissant comme des coefHciens dans les
formations complexes 9 ou en ajoutant des exposans^ je doute
que les noms des roches rangées par séries les unes a côté des
autres puissent parler aussi vivement aux jeux que la notatio»
algorithmique^
Dans la méthode figui'ative ou graphique 5 celle qui repré^
sente les formations par des parallélogrammes superposés le«
uns aux autres , on peut aussi indiquer les rapports de compo-
sition et de structure par des caractères qui coavr«[it, eùmta^
un réseau 9 toute la surface des parallélogrammes. £n alongeant
les parties grenues du granité et en divisant le parallélc^arome en
couches assez épaisses^ on oh tient le caractère du gneis. £a rendant
le tissu feuilleté onduleul et en interrompant J)ar des nœuds ( de
quarz) , le caractère du gneis se change en celui de micaschiste. De
la même manière , la sjénite sera représentée par le signe de granits
auquel on ajoute des points noirs (l'amphihole). Ces caractères
passent les uns aUx autres^ comme les roches qu'ils indiquent.
En les réunissant dans des coupes ^ j'ai formé sur les lieux des
dessins très - détaillés des vallées de Mexico et de Totonilcô f
des environs de 6uanaxuato, et du chemin de Guemavaca à
la mer du Sud; dessins qui ont l^avantage de ne pas exiger
l'emploi des couleurs. Je n'entrerai pas dans un plus grand
détail sur les caractères que l'on peut emplojrcr. Ces carac-
tères peuvent être diversement modifiés : il n'j a d'essenli^
que la concision de la notation et l'esprit des mét&odes pas^'
graphiques.
NOTES.
$w 1. Lëopold de Buch , Geogn* Beohacht., Tome I, page 16, 23',Id.j
Reise nach Ncrwegen, II, p« 188; /J.# clans GUherVs AnnaUn, i82*#
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byCoogle
( 36i )
Avril, p. i3o. Leônliar^f Taschenbuch , 1814, p. 17. Freiesleben 9 fiem^r-
kungen iiber den Harz , I, p. 142. Leonliard, Kopp et Gaertner, Pro'
padeutikj p. iSg. Bonnard, Essai géogn, sur VErzgehirge , p. id, 48;
Id.y Aperçu géogn. des terrains, f» 32. D'Aubuisson , Traité de géogn»,
II, 12. Jameson , Sjrst. of Miner. , III, 107: Goldfuss et Bischof^
Beschreibung des Fichtèlgebirges , I, 145 ; II, 38. Boue, Gjéologié
d'Ecosse, p. 16, 348; Géoh Trans., 11^ i58. Edinb. PhiL Trans, ,
TU, 35o. fieudant, Fojrage miner» et géol* en Hongrie ^ III, 19, 27,
Hnmboldt, £'jjat sur la géogr, des plantes,^. 122; Id», Relat. histor,de
vojr, aux rég, équin, , II, 100, 299, 607.
$* 2, Raumer<, Geb. von Nieder-Schlesien, p. 10.
S. 3. Bonnard, Erzgeb.^ |>. 62, 118. Caldfuss, Fichtelg. I, 146, 148,
172 ; II, 32.
S. 4* Puscb , dans Lëonh. Taschenb., 1812, p. 42. Raumer, Fragm,^
p. 33, 36, 70. Bonnard, Ersgeb.y p, 104, 121. Maineke et Keferstein,
dans Lëonh. ^ Taschenb. , 1820, p. io3.
§. 5. Bach, Beob.^l, 33, /<f. , J!Voi*iv. , I, 197, 358, II, 240; Id* , dans
Mag. naturf, Freunde j 1809, p. 46. D'Aubuisson, Géogn., II, 60 — 66 j
II, i83, 187. Blôde dans Léonb. Taschenb. , 1812., p. 17. Humboldty
JViçell. géogn. des Andes, dans son Recueil d'ohserç. astron., I, 3 10.
S. 6. Bonnard, EfZgeb. , p. 72. Humboldt, Rel. hisl., I, 556, II, 139.
$. 7. Goldfuss , /^i<?A/«/^ci. , 1 , 172 — 174. Bonnard, Terrains,^. 34,
40> 82, 66 ; Id., Roches, p* 34. Humboldt, Rel. hist.jl, 610; II, 1429
a33, 49» 9 569, 71 5.
$. 8. Burckbardt, Traçels inSfria,'p. 142. D'Aubuisson, Geo^n.^ II, 19^
S. 9. Stefiens Orjrktognosie , I, 270. Boue 9 Ecosse , p. 55. Humboldt 9
Rel. hist.<i II, 40.
S. 10. Beudant, Hongrie ,11^ 2i3. Bonnard, Terrains, p. 79.
S. 11. Bucb, Geogn. Beob., 1, 45, 5i , 124, 257; Id,, Norv^egen^ Î9
191 , 209,219; Jd. dans Nat. Mag. , 1809, p. 11 5. Gordier, dans Jouru»
des mines, XVI, 254. Bonnard, Terrains, p. 46, D'Aubuisson, Géogn.^
Il, 78 — 93; Id. dans Journal de physique , 1807, p. 402. £schwege9
Journal von Brasilien , II, 14. Freiesleben, Geogn. Beitrag zur Kennt"
niss des Kupfersch. , V, 257. Goldfuss , Fichtelg. p. 9.
$. 12. Bucb, Norvvegen, I, 272, 41 3.
S- i3. Bucb, Geogn. Beohacht., 1, 3o; Id. , Norwegen, 11, 27, 3i.
JVattmer, Googn. Versuche, p. 5o.
$. 14. Freiesleben, Harz, II, 66. Bonnard 9 Erzgeb. , p. 109 — i33r
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( 56» )
$. i5. Bendanty ttongrie , II» 84, III, 3o, 40. Buek, Norwegên, IX,
83,87; Id. dant Mag. naturf, Fr., 1810, p. 147. Boue, Ecosse y p. 386.
$. 16. EscWege, Journ. von Brasilien , I, 25 , 34, 36, 38>
$. 17. Eschwcgç, Bras., II, 241.
$. 18. Bonnard, Terrains , p. 56.
S- i9« Buch, dùM Mag, nat, Fr. , 1810, p. 137; /<£. Ceogn. Beob. ,
J, 66, 71 ; /</*j Norwegeriy I, 479, II, 29 , 84, 87, i35. Esmark , dang
Pfi/r, Norâ. jérch», III, 199. Saussure, Voyages dans les Alpes j $. i362.
Joum. de Phys.,XXXy, 29d.Targieiii Tozzetti , Fiaggi, II, 433. Brocclii ,
BihL ital.f IX, 76^ 356. Beudant, Hongrie j III, 49.
S. 20. Brochant , Obserç, géol. sur tes terrains de transition de la
Tarantaise y p. 16, 19^ 3i ^ 33 ^ 37 ^ 39, 44^ 5o, 53 ; 7<f . ^ Mémoire
sur les gypses anciens ^ p. 12 — 46. Buch, dans Mag. nat, Fr.^ 1809,
]^. 161; Id, dans Lconhard's Tasehenb, j 1811, p. 335. Raumer, Frag^
mente, p* 10, 24. D'Aubuisson , Journ. des mines , ru^ 128, p> 161.
S. 21. Beudant, Hongrie ^ III, 96, i33, 199. Kaumer , ^Nieder-Sekle-
tien, p. 72.
S. 22. Charpentier, Description géogn, des Pyrénées (manuscrit),
$$. 35, 66, 89, loo, io5, 141 — 167 J Id,y Mém. sur le gisement des
gypses de Bex, dans ^aturw, Jinzeiger der Schweis. Gesellsch,, 1819,
n.^ 9, p. 65. Raumer, Fragmente , p. 10, 32 , 74; Id», F'ersuche , p. 41.
Buch, Norwegen, II, 281; Id. dsius Mag. nat. Fr. y 1809, p. 175. Mei-
necke et Referstein, Taschenb. ^ p. 63. Haussmann, Nord. Beytr,, II,
77, IV, 653; Id.y Reise dureh Scandinaçien y II, 239. Engelhardt, Fels-
gebaude Busslands ^ I, 37. K.eferstein, Teutschland geognosiisch darge^
stellty I, i36. Eschwege, Brasil. y II, 258. Maclure , Géol des Étals-
Unis y p. 24. Brongniart, Notice sur Ihistoire géogn. du Cotentin,^. tj;
Id. Crustacés fossiles y p. 46 — 63. Beudant, Hongrie y III, 76, 578.
Saussure, Alpes y S- 5oi. Wahlenberg, dans Acta Soc, Upsal. y VIII,
p^ 19. Link, Urwelt y p. 2. Gastelaso, de la riqueza de la yeta Biscaina
(Mexico, 1820), p. 9. Humboldt, Essai polit, sur la Nouçelle-Espagne y
11,534,537,519—526.
%$. 23 et 34. Del Rio dans la Gazeta de Mexico y XI, 416. Humboldt,
Essai polit.. Il, 494, 621 9 5di , 583. Beudant, Hongrie y II, i57, III,
67 — 124, 148. Boue, Ecosse y p. 147. Burck]iardt, Trayels in Syria ,
1822, p. 493, 567. Raumer, Fragm. y p. 24 — 36, 37, 48» Haussmann ,
dans Moirs Neuem Jahrb.y I, 34. Buch , Norw- , ï » 96 — 144.
$. 25. Boue, Ecosse > p. 94, 358. Palassou , Supplément aux Mémoires
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( 563 )
pour servir à Vhist. naU des Pyrénées, p. iSg — i53. BrongnUrt, sur
Us Ophiolithes y p. a6, 46, 56, 69, 61.
S. 26. Beudant, Hongrie, II, ^^S — 58o, 584 — 894, III, 171 , 184»
194 , 204. GéoL Trans. , ÏV, p. 9» Annales des miner, III, p. 46 et 568»
Steflens, geogn, Aufsâtze , p. 11. Buch, Beoh. , I, p. 104, iSj. Heim,
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fossiles, p. 54. 1^
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p. 49 ---,38, ia3 — 2o3.
>■ ^'§^,3f» Raumer, Vers.i p. ia3 • — laS. Brongniart , Descr. géoL, p.
4^p— 5o , 2o3 — • 263.
f cf" 38, Rauraer, Vers. , p. 12^5. D'Aubuisson , Gëogno^ie, II, 4141
417; Brot^gl^art) Baser. géçl,y p. 5o — 56, 264 — 274. Bonnard , TVir-
rtfm«> p. 21 %f
$. 39, Brongniart, Deser» géol, , p. 57-— 60, 275 — 320. Beudanty
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ment barométrique et géognostique de V Auvergne, p. 32—45. BreisUk,
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d'ohs, astron.^ l, 309 — 3ii , 327, 332; Id,, Receuil d'obs, de zooh et
d*anat» comparée , I, 21 ; Jd* , Belat. hist. , I, 91, 1*16, 129, i33, i36,
148, i5i , i53 — i55, 171 , 176, 180 , 3o8, 3i2-, 394 , 640; II, 4 1
«4» »6s ao, a5$ 27 , 39, 452, 5i5 , 565, 719,
FIN.
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