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Full text of "Archives ou correspondance inédite de la maison d'Orange-Nassau, publ. par G. Groen van Prinsterer"

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1^  .  9  -  Ig 


ARCHIVES 


oir 


CORRESPONDANCE  INEDITE 


DK   LK  MAiftOir 


D'ORANGE-IVASSAU. 


aàf 


IMPIIIliBIIIK  ME  J.  ftirs,  J.Hx. 


^KCHITIS 


ou 


3RRESPONDANCE  INÉDITE 


D£    LA    MAISON 


D'ORAi\GE-NASSAU. 


Htcntïi 

PUBLIÉ,  AVEC  AUTORISATION  DE  S.  M.  LE  ROI, 


PAB 


M^  G.  GROEN  VAN  PRINSTERBR  , 


CN*T«Liit«     PB    I..I&IIIIC     or     Lfo«     iiii.afQi  r., 

CA^SBIt.LBt    D*ftTAT. 


TOME   IV. 

1572  —  1574. 


-Wec  ^tt  •^actiiiitftv. 


LE  IDE, 
S.  ET  J.  LUCHTMANS, 

1837. 


'  ^.  /jzy. 


J 
Ti 


/'( 


r/ 


At.\  >^   .^.n" 


1572-^1574 


»«««< 


Depuis  la  publicalioD  du  Tome  précédent,  j'ai 
passé  près  de  six  mois  en  France  et  en  Allemagne , 
d'après  les  intentions  du  Roi  et  dans  Tintérét  de  ce 
Recueil. 

Il  me  seroit  agréable  d'entrer  sur  ce  voyage  en 
quelques  détails.  Je  crois  cependant  devoir  m'en 
abstenir.  Il  ne  s'agit  ni  de  moi,  ni  de  mes  senti- 
ments d'affection  et  de  gratitude,  ni  d'aucun  sou* 
venir  personnel  U  s'agit  des  Archives  de  la  Maison 
d'Or^nge-Nassau. 

Je  n'ai  pas  prétendu  recueiUir  soigneusement  en 
tout  pays  ce  qui  s'y  rapporte.  Projet  absurde,  ten« 
4  I 


\T 


tative  chimérique  9  sur  moyen  de  consumer  vaine* 
ment  ses  forces!  Vouloir  tout  faire,  c'est  en  défini- 
live  arrivei*'^  ne  feifô-Yien.  A  mesure  que  j'avance 
dans  la  vie,  si  incertaine  et,  même  quand  elle  se 
prolonge,  si  courte,  j'aspire  plutôt  à  restreindre 
qu'à  étendre  la  sphère  de  mon  activité. 

Aussi  le  Roi  n'a-t'-il  point  désiré  qu'interrompant 
longtemps  mes  travaux  par  de  vagues  recherches , 
j'allasse  courir  l'Europe  pour  rassembler  de  toutes 
parts  des  Manuscrits.  Mais  S.  M.  a  jugé  qu  un  exa- 
men même  rapide  et  superficiel  de  quelques  dépôts 
historiques ,  me  feroit  découvrir  plusieurs  docu- 
ments dont  je  regretterois  plus  tard  de  n'avoir  pas 
eu  connoissance;  des  Lettres,  des  actes  qui,  mis 
en  rapport  avec  les  papiers  nombreux  et  impor- 
tants dont  sa  confiance  me  permet  de  faire  usage, 
leur  donneroient  et  acquérroient  eux-mêmes  une 
double  valeur.  J'ai  été  heureux  de  m*associer  par 
mes  efforts  à  cette  idée,  nouvelle  preuve  del'in* 
térét  du  Chef  de  la  Famille  d'Orange-Nassau  aux 
nobles  souvenirs  de  son  auguste  Maison. 

Mon  choix  fut  bientôt  fixé.  J'ai  cru  devoir 
visiter  Paris,  à  cause  des  nombreuses  relations  des 
Princes  d'Orange  avec  la  France;  Besançon,  pour 
les  Manuscrits  de    Granvelle  ;    Cassel  ,    résidence 


VII 

habituelle  des  Landgraves  de  Hesse  qui,  surtout  au 
seizième  siède,  étoient  unis,  par  des  liens  divers, 
à  la  Famille  des  Nassau. 

A  Paris  la  Bibliothèque  Royale ,  où  M.  Champol* 
Lion -FiGEAc a  daigné  me  servir  de  guide,  m'a  fourni 
d'utiles  matériaux.  J'ai  puisé  dans  diverses  Collec- 
tions. Cependant  je  dois  observer  que  j'ai  peu  con- 
sulté le  riche  fonds  de  Béthune,  qui  contient  beau- 
coup sur  les  négociations  avec  François  d'Anjou. 
Un  de  mes  compatriotes ,  '  après  un  examen  spécial , 
a  fait  transcrire ,  il  y  a  plusieurs  années ,  ce  qu'il 
y  a  de  plus  intéressant  sous  ce  rapport:  espérant 
qu'on  nous  fera  jouir  du  fruit  de  ses  peines,  je  me 
suis  dispensé  de  faire  le  même  travail. 

J'ai  été  introduit  aux  Ai*chives  des  Affaires  Etran* 
gères  par  M.  le  Conseiller  d'Etat  Micj^et.  La  Corres^ 
pondance  de  Hollande  est  du  plus  haut  intérêt,  mais 
ne  remonte  pas  jusqu'à  Guillaume  Premier,  et, 
si  j'en  fais  mention ,  c'est  pour  remercier  le  Gou- 
vernement François  de  m'avoir  ouvert  un  si  magniy 
fique  dépôt.  Apparemment  on  a  voulu  reconnoftre 

>  M.  le  Conseiller  d*£ut  Steatenus.  Encore  dans  les  deroières 
aoDées  de  sa  rie  il  se  flattoit  de  pouvoir  publier  ces  documents  ;  de 
oooibreoses  occupations  dans  les  différents  postes  où  la  confiance 
da  Roi  TaToit  placé,  ont  longtemps  mis  obstacle  à  ce  désir. 


\IJI 

la  magnanimité  d'un  Souverain  qui  le  premier, 
faisant  publier  la  correspondance  intime  de  ses 
ayeux,  a  montré ,  par  cet  exemple,  qu'il  ne  doit 
plus  y  avoir  de  secrets  là  où  il  peut  y  avoir  d'utiles 
enseignements  pour  la  postérité. 

D'après  les  informations  que  je  dois  à  la  com- 
plaisance de  M.  le  Professeur  Michelet  ,  les  jér- 
chiites  du  Royaume  ne  renferment  pas  de  docu- 
ments relatifs  à  mes  recherches.  Dans  les  Archives 
de  Simancas  qui  se  trouvent  au  même  local,  il  y  a 
beaucoup  de  pièces  concernant  les  Pays-Bas;  mais 
U.  MiGKET  en  ayant  fait  prendre  des  copies  pour 
son  travail  sur  la  Réforme,  j'aurois,  en  luttaat  avec 
lui  de  vitesse ,  perdu  de  vue  tes  intérêts  de  la  science 
et  mal  reconnu  les  bontés  de  M.  Migitet  à  mon 
égard. 

  Besançon  j'ai  vu  la  Révolution  des  Pays-Bas 
jugée  par  ses  plus  ardents  antagonistes.  Le  Gouver- 
nement François  a  décrété  la  publication  prochaine 
d'une  partie  des  papiers  de  Granvelle;  c'est  un  nou- 
veau bienfait  que  les  études  historiques  devront  à 
M.  GuizoT*.  La  direction  des  travaux  est  confiée  à 

U  parott  qa*on  se  propose  de  publier  séparément  ce  qui  con- 
cerne  chaque  Etat  en  particulier.  «  Dans  sa  haute  raison ,  le  Minis- 
»  tre  (M.  Guizot)  a  jugé  qu'il  fallait  dbtribuer  ces  matériaux  par 


IX 


M.  le  Bibliothécaire  Wëiss  et  à  M.  Duvernot.  Ayant 
leurs  analyses  et  extraits  à  ma  disposition,  j^ai  pu 
en  quelques  jours  parcourir  utilement  beaucoup  dé 
Tolumes.  Cest  à  eux  que  je  le  dois,  et  je  me  sotl* 
viendrai  toujours  de  leur  bienveillance  et  dé  leur 
cordialité/ 


»  spéctalilés,  et  composer  avec  eux  autani  d*litfttoires  parlîcoUèret 

•  qQ*il  se  présenterait  de  sujets,  Aiosi  la  règle  de  l'unîté  ne  sera 

•  point  TÎolée,  les  développements  du  fait  principal,  de  ses  accès- 
>  ioires  et  incidents  variés  se  succéderont  sans  interruptions  connwBi 

•  sans  alliage  ;  l'attention  ne  sera  jamais  distraite  ni  l'intérêt  divisé; 
t  enfin  les  érudits  ,  chacun  d'après  son  goût  et  ses  études  de  prédi- 
ilsetioo,  a'aarom  qu'à  cbokir  entre  ces  diverses  compositions 

•  kistoriqaes ,  pour  se  satisfaire  tout  d*abord  et  fournir  un  nouvel 
i  aliment  à  leurs  doctes  et  laborieuses  élucubrations.  »  (Reme  de  la 
Cke  d'Or  etdèrandennè  Boûrsfùgiêey  Jvn'i  i836,p.  Àt^).  CèlKo 
■cthode  de  publication  aura ,  et  nous  semble ,  de  graves  inconvé* 
aients.  La  plupart  des  Etats  de  l'Europe  ,  surtout  ceux  qui  aioieni 
ibrmé  la  Monarcble  de  Charles-Quint,  se  tronyoieiit ,  à  ufile  épôqttfe 
li  agitée  ,  sous  rinioeoce  à  peu  près  des  mêmes  événements.  Granr 
Telle  ne  fixe  guères  un  regard  exclusif  sur  tel  ou  tel  pays  ;  ou  du 
moios,  lorsqu'il  s'en  occupe  spécialement ,  il  le  considère  presque 
tOQJoors  dans  ses  rapports  avec  la  situation  générale  de  la  Chré- 
lienié.  On  coarra  rbqiie  de  beaucoup  trop  isoler ,  de  mécoonottre 
raBcmble  de  la  politique.  Il  faudra  donner  un  très  grand  nombre 
de  Lettres  par  fragments,  dont  on  sera  réduit  à  cbercher  la  liaison 
dus  des  Tomes  difTérenIs.  D^ailleurs^ce  système  sera  presqu'impra- 
teble,  diaquefois  que  divers  sujets  seront  unis  et  entremêlés. 
D  y  a  dans  la  CollecCion  de  Cranvetle  quelques  Manuscrits  dont  on 
pOBTOîC  convenablement  former  un  ouvrage  à  part;  mais  en  général 
iism  semble  bien  préférable  de  publier  les  pièces  simplement  par 
ordre  cbroùoiogique. 


Enfin  j'ai  trouvé  à  Cassel  une  correspondance 
volumineuse  et  peu  connue,  appartenant  au  sei- 
zième  siècle  et  relative  aux  afTaires  militaires  et 
religieuses  des  Pays-Bas.  Cest  un  champ  encore  en 
friche  et  qui  promet  à  ceux  qui  voudront  le  cul- 
tiver,  de  très  larges  moissons.  Je  remercie  M.  le 
Conseiller  Schrôder  de  me  l'avoir  indiqué.  Quant 
à  M.  VON  RoMMEL  f  que  j'appréciois  déjà  par  ses 
écrits,  je  me  rappelle  bien  volontiers  ses  entretiens 
instructifs  et  son  aménité. 

Sur  le  nombre  et  l'importance  des  documents 
recueillis  il  seroit  superflu  d'entrer  dans  des  par- 
ticularités. Le  lecteur  peut  en  juger.  Auprès  de  cha- 
que pièce  on  a  marqué  son  origine'.  Il  semble  que 
cela  suffit;  et  c'est  donc  indistinctement  le  con-- 
tenu  du  Tome  entier  que  nous  allons  récapituler. 


Il   y    a  ici  deux    cents   Lettres  ou  Fragments. 

'  Le  Tome  étoît  impriméjusqu'à  la  p.  257  avant  mon  départ;  de 
là  on  Appendice.  ..Les  documents  lecueillis  à  l'étranger  sont ,  pour 
autant  que  je  sache»  inédits;  à  deux  exceptions  près.  M.  Capefigub 
a  publié  quelques  lignes  du  Mémoire  de  Morvilliers  à  Catherine  de 
Médicis  (App.  n*.  5i)  dans  le  3*  Tome  de  son  Histoire  de  la  Ré- 
forme^ et  M.  Toir  Raumbr  dans  ses  Itistorische  Briefe  (I.  p.  196)  a 
donné  une  traduction  allemande  d'une  partie  de  la  Lettre  IfiiL^ 


XI 

Vingt  mois  (octobre  1572 — mai  1674)  s'écouleot; 
remarquables  par  de  frappantes,  alternatives  de 
revers  et  de  succès;  remarquables  surtout  par 
la  concentration  de  la  lutte  dans  les  deux  pro- 
vinces  destinées  à  être  le  no>au  autour  duquel  la 
République  des  Provinces-Unies  devoit  se  former. 

Le  crime  de  la  St.  Barthélémy  enlève  au  Prince 
un  succès  presque  certain  :  il  se  jette  en  Hollande 
et  Z^lande^  comme  en  un  dernier  retranchement. 
Les  ennemis  qui  s'imaginent  pouvoir  aisément  Fy 
forcer,  apprennent  bientôt  le  contraire  à  leurs  dé- 
pens. Ota  se  dispute  cliaque  pied  de  terrain.  Haer* 
lem  ne  succombe  qu'après  avoir,  pendant  sept 
mois,  affronté  les  assauts,  la  peste,  et  la  famine; 
grâces  à  «tant  de  gens  de  bien,  qui»,  comme 
écrit  le  Prince,  «  ont,  par  leur  prouesse,  sur* 
»  monté  la  vertu  ordinah*e  des  hommes»  (p.  73). 
A  Akkmaer,  l'ennemi  est,  a  reçu  de  si  bonne  sorte 
>  qu'il  a  esté  constrainct  de  s'en  retirer ,  laissant 
»  pour gaige  bien  mil!  hommes  »(p.  2 1 4)*  —  Les  Hol- 
landois  ne  se  bornent  pas  à  repousser  des  attaques; 
Ds  s'emparent  du  château  de  Rammekens,  «  dont 
»  avons  matière  de  louer  Dieu,  car  vous  en  sçavez 
»  l'importance,  et  espère  que  cela  fera  rabaisser 


XII 


3»  l'orgueil  de  noz  ennemis  qui ,  aprez  la  rendition 
»  de  Ilarlem ,  nous  ont  pensé  avalier  tout  [vif] , 
»  mais  je  m'asseure  qu'iiz  trouveront  autre  besoin- 
»  gneu  (p.  i8i).  Le  Prince  se  rend  mattrede  Geer- 
tniidenberg  :  «  l'ennemy  s*en  est  trouvé  fort  eston- 
»né»  (p.  196).  Les  Espagnols  capitulent  à  Middel- 
boui^,  après  une  défense  longue  et  vigoureuse. 
«  Un  grand  et  Xurieux  combat  »  naval  sur  le  Zuider- 
lee  se  termine  par  c  la  disroute  de  la-  meilleure 
»  partie  de  Tarmée  ennemye»  et  la  prise  du  Stadhou- 
der  de  Philippe  II ,  U  Comte  de  Bossu  (p.  i  a  i  *). — 
Mais  ces  vives  lueurs  ont  peu  de  durée.  L'horizon 
s'obscurcit.  Les  ennemis  se  renforcent ,  et  quand 
la  Hollande ,  aux  abois ,  attend  avec  anxiété  le  se* 
cours  que  hii  amènent  les  Comtes  Louis  et  Henri 
de  Nassau  y  on  apprend  quils  sont  défaits,  et  que 
ces  Princes,  nobles  soutiens  d'une  cause  en  appa- 
rence désespérée ,  tous  deux  ont  péri. 

CeTomecommenceetfinitpar  un  désastre. Qiaque 
fois  que  les  espérances  renaissent ,  un  coup  de  massue^ 
c'est  ainsi  que  le  Prince  appelle  la  St.  Barthélémy, 
vient  les  anéantir  ;  comme  si ,  à  travers  les  souffrances 
et  les  périls ,  la  Hollande  devoit  apprendre,  non  seu- 
lement à  doubler  ses  forces  par  la  persévérance  et 
l'énergie,  mais  surtout  à  ne  pas  se  fier  au  bras  de 


xrii 


la  chair  y  à  regarder  coastamment  en  haut,  à  tout 
attendre  du  secours  de  TEtemel. 

Ce  spectacle,  admirable  et  digne  de  notre  atten- 
tion,  ne  doit  pas  exclusivement  la  fixer.  Ici  plus 
encore  qu'auparavant,  la  Correspondance  trans- 
porte à  chaque  instant  en  d'autres  contrées.  Le  .- 
danger  des  Pày»-Bas  donne  lieu  à  des  complicatiotis 
diverses  et  devient  l'objet  de  nombreuses  nëgoda- 
tîons.  Plus  la  résistance  est  longue  et  opinifttre,  et 
plus  on  commuée  à  se  ranger,  à  se  presser  autour 
des  combaltaiits.  La  Chrétienté  est  agitée  par  une 
double  question  ;  un  douUe  problème  est  posé, 
à  b  fois  rdigiéuk  et  politique;  la  auj^ématiè  oH 
Don  du  Papisme ,  la  suprématie  ou  non  de  la  Mai* 
son  de  Bri>sboufl^:  et  c'est  dans  les  Pays-*Ba^  que 
œ  problème  va  se  résoudre,  que  cette  question 
paroit  devoir  se  décider. 

Là  rësidoit  le  dernier  espoir  de  la  cause  Evangé- 
lique.  Eo  effet  que  voyoit-on  ailleurs?  En  France 
les  Huguenots  abattus;  en  Allemagne  la  charité  re- 
froidie, la  désunion  entre  les  Calvinistes  et  les 
Luthériens,  et  Rome  intriguant  avec  succès;  en  An- 
gleterre la  politique  peut-être  trop  ^oiste  d'Elizd- 
belh.  Le  Prince  écrit  «  jeprévoys  clerementque, 


XIV 


»  si  ce  pays  est  une  foys  abandouiié  et  remis  au 
»joug  et  soubz  la  tyraunye  des  Espagnols,  qu'en 
»  tous  autres  pays  la  religion  s'en  ressentira  merveil- 
»  leusement,  voire,  en  parlant  humainement,  sera 
»  en  termes  d'estre  à  jamais  desraciné  y  sans  qu'il 
»  en  aparoistra  quasi  une  estincelle  o  (p.  388). 

D'autres  espérances  se  fondoient  égalementsur  les 
troubles  des  Pays-Bas.  Tous  ceux  qui  désiroient  l'a- 
baissement delà  Monarchie,  partagée ,  il  est  \rai,  mais 
toujours  prépondérante  de  Charles-Quint,  voyoient 
avec  une  satisfaction  secrète  se  prolonger  une 
guerre  qui  .occupoit  les  forces  de  l'Espagne  et  con- 
sumoit  ses  ressources.  Protestants,  leur  sympathie 
pour  des  coreligionnaires  se  joignoit  au  calcul  de 
leurs  intérêts  politiques;  Catholiques,  l'animosité 
contre  la  Réforme  cédoit  à  des  considérations  di- 
\erses;  tantôt,  comme  chez  quelques  Princes  d'Al- 
lemagne ,  au  désir  de  recouvrir  ou  de  conserver  une 
indépendance  perdue  ou  menacée,  tantôt,  comme 
chez  Charles  IX ,  à  la  jalousie  ,  compagne  ordinaire 
de  la  rivalité. 

C'est  donc ,  dans  ses  rapports  avec  les  Pays-Bas  , 
l'Europe  presqu'entière  que  nous  devons  considé- 
rer. Nous  allons  parcourir  d'abord  les  divers  pays 


XV 


étrangers  y  pour  revenir  ensuite  à  la  Hollande,  et 
aux  efTorts  de  la  Maison  de  Nassau .  —  Est-il  besoin 
de  répéter  que  nous  sommes  loin  de  prétendre  à 
rien  de  complet  ?  Dans  une  galerie  historique  aussi 
vaste  nous  donnons  une  espèce  de  Catalogue  rai- 
sonné: c'est  assez  pour  ceux  qui  désirent  y  jeter  un 
coup  d'oeil;  c'est  peu  pour  quiconque  poursuivant 
nos  recherches,  voudra  approfondir  ce  que  nous 
ne  pouvions  encore  qu*efHeurer. 

Conunençons  par  la  FRijfCE.  On  a  voit  voulu  y 
anéantir  la  profession  Evangélique,  y  terminer  les 
discordes  civiles  par  la  perfidie  et  l'assassinat.  Exé» 
érable  tentative  et  en  même  temps  inutile  et  fu- 
neste. «— Les  Huguenots  se  débattent  contre  leurs 
atroces  persécuteurs.  Les  Politiques,  mécontents»  en 
tout  point,  de  la  marche  des  adTaires ,  repoussant  la 
violence  des  Papistes,  cherchent  une  issue  dans  un 
système  mitoyen,  et  fraternisent  presque  avec  les 
Réformés.  Le  Roi,  trompé  dans  sou  attente,  est 
embarrassé  de  son  déplorable  succès. 

Les  relations  du  Prince  d'Orange  avec  les  Calvi* 
nistes  de  France  ne  cessèrent  point  par  le  massacre 
de  leurs  chefs.  Quand  on  est  lié  par  la  même  foi^ 


XVI 


les  mêmes  intérêts,  la  même  cause,  la  sympathie 
redouble  par  un  redoublement  d'infortunes  et  de 
périls.  Le  Prince  déplore  le  sort  de  cette  «infinité 
j*  de  povl*es  Chrestiens  si  cruellement  k  grand  tort 
]9  oppressez  »  (p.  4i)  ;  de  ces  «  Seigneurs  et  gentilz<^ 
Il  hotvi^  Franchois  <^u'il  a  pieu  à  Dieu  garantir  des 
ji  mains  de  ces  horribles  massacreurs  »  (p.  40)-  H 
recommande  vivement  ufi  Député  qu'ils  envoyent 
vers  les  Protestants  d'Allemagiie  (p.  4i)-  H  a  avec  les 
assiégés  de  la  Rochelle  de  fréquentescommunicatious 
(p.  43»  56).  Les  Réformés  François  viennent  com- 
bat treàsés  côtés  (p.  1 60).  Il  désire  que  ta  Noue  vienne 
servir  les  Etats.  Après  ki  mort  du  Comte  Louis ,  il  fait 
»  aonder  ïe  Pl-inoé  de  Condé ,  arrivé  a  Heydelbéi^h , 
»  s'il  ne  touidroit  accepter  la  éharge  de  men^r  leM 
j4  gens  de  guerre  vers  ce  paya ,  »  ce  dont ,  écrit  le 
Prinoe  d'Ofange,  «  vtendroiéï^t  k  luy  et  à  ceiilx  de 
»  la  Religion  en  Vràncie  plusieurs  con^mbdités  1» 
(p.  393). 

Le  Prince  incli doit  également  vers  les  Politiqttés. 
Il  étoit  intéressé  à  la  réussite  de  leurs  desseins. 

Ils  avotent  de  l'éioignenient  pour  le  Dtic  d'Anjou , 
idole  des  Papistes.  Cdui-cf ,  éutràtné  pHf  divers 
molife  vers  l'Espagne,  dissimtiloil  assez  mal  ses 


xvir 

ê 

iacUnalâOQS.  Il  se  défend  de  toute  intelligence  avec 
Philippe  II  (p.  ^&  et  sq.);  cependant  Schonberg, 
D^ociant  pour  lui  en  Allemagne ,  écrit:  «Je  vous 

•  supplye  encores  un  coup,   mon   bon    maistre^ 

•  prennez  bien  garde  de  ne  donner  occasion  aux 
»  Electeurs  protestants  de  supçonner  à  s'imprimer 
9  davantaige  en  la  teste  que  vous  favorisiez  les 
»  aflâires  du  roi  d'Espaigne  en  rien  que  ce  soit.  Me 
»luy  faictes  pas  acte  d'ennemy ,  si  vous  ne  vouliez; 
»  mais  puys  hola!  si  vous  ne  voulez  vous  faire  dés- 
larçonner  du  tout»  (p.  i5^  et  sq.)^  -^  Plus  tard 
traversant  rAllemagne  il  ne  déplut  pas  au  Land-* 
grave  de  Uesse ,  (p.  3ao) ,  ni  niénie  à  TElecteur  Pala-> 
tia  (p.  3i6).  Quoiqu'il  en  soit,  les  Protestants  et 
les  PolitiqMes  désiroient  l'écarter.  Cest  pourquoi 
eux  aussi  favorisoient  son  élection  en  Pologne; 
on  ne  s'étonnera  donc  point  que  le  Prince  d'Orange 
et  le  Comte  Louis  de  Nassau  y  aient  contribué  : 
(p.  loâ).  Le  Landgrave  j  apprenant  la  détermination 
de  la  Diète  y  «ce  sera»,  dit-il,  «une  bonne  nouvelle 
»(kein  baser anplick)  pour  le  Prince,  et  le  Traité  de 
vBayonne  sera  dissout»  (p.  io8).  Il  y  avoit  pour  les 
Protestants  deux  motifs  de  se  réjouir;  d'abord  ce 
nouveau  triomphe  d'une  Maison  rivale  devoit  exas- 
pérer Philippe  II;  puis  on  se  promettoit  d'enlever 


IVMf 


au  Duc  d*Anjou  le  Trône  de  France  en  lui  assurant 
la  G>uronne  de  Polc^ne. 

Il  s'agissoit  de  faire  succéder  le  Duc  d'Alen- 
çon.  Ce  personnage ,  d'une  humeur  ambitieuse  ' 
et  inquiète  ;  se  ménageoit  des  appuis  dans  le 
parti  Evangëlique,  et  donnoit  de  belles  espérances 
aux  Réformés  des  Pays-Bas.  Le  Comte  Louis  écrit  au 
Prince  d'Orange:  «J'ai  veu  M'  le  Duc  d'Alençon , 
9  lequel  y  me  pressant  la  main,  m'a  dict  en  l'oreille 
»que  y  ayant  à  ceste  heure-cy  le  gouvernement  corn- 
»meavoit  son  frère,  il  s'employera  en  tout  pourrons 
»  seconder»  (p.  a8i).  On  se  confioit  au  Comte  Louis. 
Il  savoit  qu'on  étoit  «prest  de  remuer  mesnage»  en 
France  (p.  a8o).  On  se  concertoit  avec  lui  (p.  a 77). 
Après  les  événements  de  St.  Germain ,  en  mars  1 574  y 
lorsque  l'activité  de  Catherine  eut  déjoué  les  projets 
de  ses  antagonistes,  Schonbei^  écrivant  au  Comte 
Jean  de  Nassau,  ajoute:  a  pour  l'amour  de  moi, 
»  brûlez  cette  Lettre;  si  elle  venoit  à  être  connue, 
»  ma  tête  seroiten  danger»  (p.  385). 

lAi  Prince  négocie  aussi  avec  Charles  IX.  Voilà 
ce  qui  doit  surprendre  au  premier  abord.  Il  discu- 
te, au  printemps  de  1673,  les  préliminail*es  d'une 
étroite  alliance  avec  un  Roi  qui,  peu  de  mois  aupa- 


XIX 


rairaul ,  a  livre  les  Proteslauts  au  Ter  des  assassins  et. 
au  délire  de  la  populace.  Comment  concilier  cette 
conduite  avec  ses  devoirs  envers  le  Roi  d'Espagne , 
avec  sa  prudence  accoutumée ,  et  avec  sou  zèle 
pour  les  intérêts  des  Huguenots? 

Nous  croyons  devoir  nous  en  rapporter  aux  expli- 
cations et  aux  renseignements  donnés  p.  io8 — i  i3et 
p.  a63 — 277.  Il  suffira  d'ajouter  ici  quelques  mots. 

Sur  Fobéissance  due  au  Roi  le  Prince  étoit  plus 
scrupuleux  que  même  le  Comte  Louis  de  Nassau 
(p.  ^70,  mf).  D'ailleurs  ce  n'eût  pas  été  un  crime 
ffaccepter^  près  de  périr,  un  Protecteur  contre 
one  guerre  d'extermination,  faite  au  nom  et  par 
ordre  du  Souverain  ;  surtout  lorsqu'on  désiroit  se 
soumettre,  à  condition  toutefois  de  n'être  plus  des* 
tiné  à  périr  par  le  fer  et  par  le  feu. 

La  prévoyance  et  la  circonspection  du  Prince  ne 
lavoient  point  abandonné.  Il  se  défioit  de  Charles 
LV.  c  Estant  si  fort  blâmée  la  perfidie  en  celuy  qui 

•  pour  son  tiltre  ordinaire  vouloit  usurper  le  nom 
«Charle  véritable,  estant  la  tvrannie  et  cruaultés 
»d'aultant  plus  reprochable  que  le  tiltre  estoit  plus 

•  digne  delouange,  certes  donc  toujours  v  iendront  les 
9  Estats  là  dessus  que,  puisqu'il  est  question  de  estre 

•  soubs  tvrans,  encor  vault-il  mieux  estre  tyranisé 


\x 


»de  son  Prince  naturel  que  d*uu  eslranger ,  comme 

•  desjà  bien   souvent    ilz  disent  ;  laquelle  opinion 
»  est  desjà  enracynée  au  ceur  d'un  diacun ,  ainsi 

•  que  elle  est  conforme  à  la  raison*  (p.  1 15).  Où 
est  donc,  avec  des  sentimoits  pareils,  rejq>Uca- 
tiou  de  cette  énigme?  La  voicL  Le  Prince  aus- 
si semble  avoir  acquis  peu  à  peu  la  convicti(m 
d'un  (ait  qui^  longtemps  contesté,  ne  semble 
plus,  surtout  après  les  documents  publiés  ici,  être 
douteux;  c'est  que  l'acte  horrible  qui  pèse  juste- 
ment sur  la  mémoire  de  Charles  IX ,  ne  fiit  toute- 
fois de  sa  part  nullement  prémédité.  Dès  qu'on  ad- 
met la  probabilité  de  cette  supposition,  le  Prince 
pou  voit  se  flatter  que  le  malheureux  Roi ,  après  des 
terreurs  passagères  suivies  d'un  emportement  sou-» 
dâin,  étoit  revenu  à  sa  pensée  dominante,  la 
jalousie  contre  l'Espagne  dont  il  ne  pouvoit  souf- 
frir la  supériorité. 

Quant  aux  Huguenots ,  loin  de  les  abandonner ,  le 
Prince  croyoit  bâter  pour  eux  une  paix  avantageuse: 
même  dans  cette  affaire  le  désir  de  leur  être  utile 
étoit  un  de  ses  principaux  motifs.  Ecrivant  à  ses 
frères  ;  j»  j'espère ,  v  dit-il ,  «  que  ce  ne  sera  sans  fruict , 
D  voire  quant  il  ne  feroit  aultre  effect,  au  moins  il 
»  pourra  servir  pour  adoucir  le  coeur  du  Roy,  et 


XXI 


»  reucliner  à  la  paix ,  et  désassiègemeot  de  là  Rch 
B  scbelle»  (p.  i33).  £t  en  tête  des  articles  qu'il  en« 
Toye,  on  lit  :  «  Premièrement  que  le  Roy  de  France 
»  fiK^e  paix  avec  ses  subjects ,  dédarant  expresse^ 
»  ment  que  il  a  esté  abusé  9  (p.  i  i6)i 

On  trouvera  quelques  détails  sur  la  Cour  de  Char? 
les  H.  LePrinoey  avôit  Un  agents  le  Seigneur  de  Lum^ 
bm;  dévoué,  actif,  fort  habile  à  s'insinuer  dans  les. 
bonnes  grâces  du  Roi  et  de  la  Reine,  qui  même 
hi  offrirent  de  le  prendre  à  leur  service  (p.  i65); 
Son  séjour  n*éloit  pas  superflu,  ce  J'ai  veu,  d  écrit*il, 
€pv  expérielice  que  tous  tant  qu'ils  sont  auprès 
idn  Roy  et  de  la  Roine,  aiant  plustôt  esgart  à 
»  leur  complaire  et  par  ce  moyen  se  maintenir,  qu'à 
»  radvanoement  d'un  bon  af&ire,  n'en  osent  parier 
1  qu'en  tastant  et  par  acquit;  n'est  qu'ilz  soient: 
1  poussés  de  quelqu'un  ]»  (p.  aoo).  Dans  le  Mémoire 
D*.  4a9*y  on  donne  un  conseil  assez  curieux  sur.  la 
ottnièfe  de  se  concilier  là  bienveillance  de  Cathé-* 
rine  de  Médicis*  c  Un  des  miUeurs  moieos  par 
»  lequel  l'on  puisse  pratiquer  pour  retenir  en  vos- 
B  tre*  dévotion  la  Roynensière ,  c'est  d'escrire  lettres 
»  an  Roy,  par  lesquelles  tout  ce  que  l'on  porra 
»  discourir  d'honesteté,  utilité,  et  nécessité  en  re- 
B  oommandation  de  suffisance  et  pour  luy  faire 
4 


XXII 


D  esckeoir  la  souveraine  administration  de  sa  Ck>u- 
]»  ronnet  que  cela  soit  fect  subtillement  et  à  pro- 
]»  pos.  -—  Pareilles  lettres  à  la  Royne,  Texortant.... 
7>  de  vouloir  veiller  de  près  &ur  le  conseil  du  Roy...; 
j>  l'admonestant  aussy  que  ce  tiltre  et  authorité  de 
3^  droid  de  nature  luy  appartient ,  que,  comme  mère 
3»  du  Roy  y  ces  passions,  qui  es  aultres  sont  vicieu- 
.»  ses,  sont  en  elles  louables  et  nécessaires» (p.  i66). 
Il  n'ëtoit  pas  besoin  de  l'admonester  vivement  à 
oe  sujet. 

.  La  Famille  Royale  étoit,  en  général,  bien  dispo* 
sée.  La  Reine-mère ,  aussi  bien  que  le  Roi,  inclinoit 
à  sDuteoir  en  Hollande  les  Réformés  ;  sous  main ,  et 
même,  en  cas  de  nécessité,  ouvertement. On  verra, 
par  de  nouveaux  indices,  que  la  Cour  de  France 
fournit  des  sommes  considérables  au  Comte  Louis; 
Quelquefois  on  sembloit  pouvoir  compter  même 
sur  le  Roi  de  Pologne.  aSi  Dieu  veult  que  la  France  et 
»laPoulongne  ensemble  facent  ce  qu'ilsspromectent 
»il  y  aura  moyen,  à  mon  advis,  de  merveilleuse- 
>ment  bien  accommoder  noz  affaires»  (p.  a8i). 

On  peut  admettre  la  sincérité  de  ces  promesses,puis** 
qu'une  politique  favorable  au  Prince  étoit ,  sous  plus 
d'un  rapport,  conforme  aux  intérêts  de  la  France. 
Alors,  comme  plus  tard,  les  partis  contraires s'accor' 


XXItt 

doient  à  oon yoî ter  les  Pays-Bas.  On  espéroit  déjà  y  sup^ 
phnter  bientôt  le  Roi  d'Espagne.  En  outre  les  démon- 
strations enirersla  Maison  de  Nassau  se  rattachoientà 
de  plus  castes  projets.  La  France,  qui  se  paroit  d'un 
beau  zèle  pour  le  maintien  des  libertés  Germaniques, 
tâclioit  d'acquérir  une  influence  décisive  en  Aile* 
magne*  Même  on  avoit  conçu  un  plan,  dont  Texé* 
cation  eut  changé,  au  profit  de  la  France,  la  force 
respective  des  Etats  et  leurs  rapports  politiques;  il 
ëtoit  sérieusement  question  de  transporter  à  la  Dy^ 
oastie  des  Capet  FEmpire,  devenu  presque  héré^ 
taire  dans  la  Maison  de  Habsbourg  (p.  a68,  a^S)^-^ 
Ce  Tome  est  riche  en  détails  sur  cette  importante 
n^ocialîoo;  surtout  dans  les  nombreuses  Lettres 
de  Schonberg,  où  se  cache,  sous  un  style  plein  de 
vivacité,  d^enjouement ,  et  même  d'une  espèce  d'a« 
bandon ,  une  profonde  habileté. — Ayant  en  vue  un 
pareil  but  et  sûre  de  rencontrer  le  plus  souvent  dans 
les  Electeurs  Catholiques  des  antagonistes  décidés,  là 
Cour  de  France,  s'efforçant  de  faire  oublier  saperfi-* 
die,  mettoit  tout  en  oeuvre  pour  rallier  autour  de  s^t 
les  intérêts  Protestants.  Sous  ses  auspices  se formoit 
en  AUemagne  une  ligue  désignée  ici  par  le  nom  de 
bgue  des  Comtes,  Graveneinigung;  à  laquelle  des 
Electeurs ,  des  villes ,  des  nobles ,  et  le  Roi  de  Pologne 


XXIV 


aussi  dévoient  participer  (p.  2^4  y  236).  Que  vou« 
loit-on?  S'(^poser  à  TEspagne  et  à  FAutriche.  Par 
quels  moyens?  Avant  tout,  en  portant  secours  au 
Prince  d'Orange.  Celui-ci  le  savoit:  «  La  ligue  est 
»  bien  le  principal  poinct ,  et  lequel  y  si  avant  que 
»  bientost  il  se  pourroit  mectre  en  train ,  nous  ap- 
»  porteroit  fort  grand  soulagement  »  (p.  Sgi). 

Donc  en  France  les  projets  d'agrandissement, 
d'alliance,  et  de  suprématie  étoient  presque  tous 
plus  ou  moins  étroitement  liés  à  la  situation  criti- 
que  des  Pays-Bas. 


Passons  en  Allemagne.  Il  y  auroit  surtout  ici  trop 
à  dire  si,  prenant  la  Correspondance  en  main ,  nous 
voulions  avec  quelque  exactitude ,  passer  en  revue 
les  personnages  marquants.  Bornons  nous  à  les 
considérer  dans  leurs  négociations ,  en  premier  lieu 
avec  la  France,  en  second  lieu  avec  le  Prince  d'O- 
range; en  rapportant  tout  à  ces  deux  principaux 
objets,  il  sera  plus  facile  de  resserrer  nos  observa- 
tions en  de  justes  limites. 

Le  zèle  persécuteur  des  Rois  de  France  ne  leur 
avoit  point  (ait  oublier  leurs  intérêts  politiques. 


xxr 


Depuis  longtemps  ils  profitoient  de  toute  occasion 
pour  offrir  aux  Princes  Protestants  d'Allemagne  leur 
appui.  On  comprend  que  ceux-ci ,  après  la  paix  de 
St.  Germain ,  lorsque  les  Huguenots  vantoient  les 
qualités  excellentes  de  leur  jeune  Monarque,  aient 
accueilli  les  propositions  des  agents  de  Charles  IX 
avec  une  faveur  très  marquée.  «L'Electeur  de  Brande- 
»  bourgs  écrit  Scbonberg,  «est  plein  debonne  volon- 
»  té  a  (p.  a*).  «Le  Duc  Jules  de  Brunswick  est  à  vous  à 
»  vendre  et  à  dépendre.  Je  luy  ay  tellement  lavé  et 
»  nettoyé  le  cueur  de  tout  le  sang  Espagnol  et  mau- 

>  vais  François  dont  feu  son  père  en  avoit  le  corps 
»  remply  jusques  à  la  gorge,  qu'il  n'en  reste  plus  une 
9  goutte»  (p.  Il*  eisq.).  L^Electeur  de  Saxe  et  le  Land- 
grave de  Hesse  montrent  un  vif  attachement  pour 
la  France.  Toutefois  ils  songent  aux  devoirs  que 
leur  impose  le  lien  et  l'intérêt  national.  Ils  frémis- 
sent à  l'idée.  «  d'encourir  une  telle  reproche,  blas- 
»  me,  et  vitupère  de  vouloir  appeler  et  mener  en 

>  Allemagne  des  forces  estrangiers....  Pour  plusieurs 
«grandes  raisons  les  Princes  ne  debvoient  entrer 

>  eo  aulcune  promesse  de  vouloir  envoyer  ou  de- 

>  mander  des  hommes  de  guerre....  Le  secours  deb- 

>  vra  [se]  faire  en  argent....  Le  root  de  ligue 
»  leur  est  aussy  extrêmement  odieux,  et  ne  veulent 


XX,VI 

»  ouyr  parler  que  de  correspofidencert  (p.  6*,  7*  etsq.). 
Bientôt  on  apprend  que  Coligny  et  des  milliers 
de  Protestants  sont  égorgés  :  partout  en  Allemagne 
s'élève  un  même  cri  d'indignation  et  d*borreur. 
Il  n'y  a  que  l'Electeur  de  Saxe  qui,  d'après  Scbon« 
bei^,  semble  devoir  bientôt  se  calmer.  Je  crois  fer«> 
»  mement,  »  écrit*il  déjà  en  octobre,  a  que  l'Electeur 
)i  ne  se  fust  pas  monstre  si  rétif,  mais  les  dange- 
»  reuses  attaques  que  les  aultres  Princes  luy  don- 
»  nent,  le  mectent  en  ceste  perplexité»  (p.  i5*), 
Cllra-Luthérien  il  étoit  disposé  à  admettre  les 
calomnies  contre  les  Chefs  Calvinistes:  aussi 
Schonberg  écrit<il  :  «  I^  dépescbe  de  V.  H.  du 
»  i3  sept,  nous  a  infinement  servi  pour  adoucir  la 
9  volunté  de  l'Electeur  de  Saxe  et  les  cueurs  de  ses 
»  conseillers»  (p.  19^).  Néanmoins  partout  les  négo- 
ciations sont  interrompues:  le  Landgrave  «  ne  peult 
9  comprendre  comment  en  ceste  récente  mémoire 
»  des  choses  advenues,  on  pourroit  les  remectre 
9  sus»  (p.  26^).  L'Electeur  Palatin  surtout  repousse 
avec  force  toutes  les  offres  de  Charles  IX.  Il  ne  veut 
entendre  parler  de  rien  sinon  d'entretenir  toujours 
bon  voisinage  avec  lui.  o  Schonberg  a  voulu  persu** 
»  ader  à  son  Excellence  d'entendre  à  la  dicte  traie- 
«  lée  en  tant  qu'elle  concerne  Tasseurance  de  lestât 


XXVII 


9  de  chascuD  ;  surquoy  il  a  esté  payé  que  ^  si  Oieu  ne 
»  conserve  Testât  de  son  Ëxcell.  y  uog  Roi  de  France 
»  sera  trop  foibie  pour  le  conserver  ^  et  que  EMeu 
»  déteste  telles  confédérations  qui  ostent  la  con«i 
9  fiance  an  Dieu  et  les  fonde  sur  les  bras  des  hom* 
9  mes ,  et  que  le  peuple  d'Israël  aye  esté  tousjoura 
»  châtié  rigoureusement  quant  il  s'a  appuyé  sur 
»  rappoinctem^it  d'Egipte»  (p.  3a). 

La  rupture  ne  fut  pas  de  très  longue  durée.  Quand 
dans  la  conduite  horrible  de  Charles  IX  on  crut  voir 
le  mouvement  irréfléchi  d'un  Roi  à  peine  sorti  de 
Fadoléscence ,  nourri  dans  les  alarmes  ^  et  auquel 
on  avoit  fait  accroire  qu'il  étoit  entouré  de  foc* 
tieux  et  de  conspirateurs;  quand  la  paix  avec  les 
Huguenots  lut  devenue  un  indice  et  un  gage  de 
meilleures  dispositions,  les  Princes  Evangéliques 
prêtèrent  de  nouveau  l'oreille  à  ce  que  la  G>ur  de 
France  leur  faisoit  insinuer.  Cependant  ils  étoient 
combattus  par  des  sentiments  divers.  De  là  une  di^ 
vergence  très  prononcée,  qui  se  manifeste  surtout 
par  rapport  à  la  succession  éventuelle  au  Trône  Im- 
périal. Le  pieux  Electeur  Palatin ,  décidément  Cal* 
viniste,  et  qui  cherchoit  à  «calvinizer  le  monde» 
(p.  7i),embrassoit  avec  ardeur  un  projet  qui,  favora- 
ble aux  Huguenots,  devoit  augmenter  leur  influence 


XXVIII 


en  Allemagne,  a  Vous  ne  sçauriez  croire,  »  écrk 
Schonberg,  «  la  dévotion  que  monstre  le  Conte  Pa^ 
»  latm ,  depuis  la  paix  faicte ,  à  vouloir  complaire  à 
»  leur  Majestez  ji  (p.  1 14^).  L'Electeur  de  Saxe  et  le 
Landgrave  éloient  moins  complaisants.  Le  premier, 
ami  de  TEmpereur  Maximilien,  sHndigne  des 
prétentions  de  Charles  IX,  et  Guillaume  de  Hesse, 
malgré  son  attachement  héréditaire  pour  la  Cou- 
ronne de  France ,  répond  :  «  Je  me  garderai  bien 
JB  aussi  de  vous  conseiller  de  nous  élire  un  chef 
»  étranger,  dont  nous  n'aurions  rien  de  mieux  à 
»  attendre  que  les  grenouiUes  en  recevant  la  grue 
9  pour  Souverain»  (p.  MkV). 

Voilà  envers  la  France  les  dispositions  des  Prin-i 
ces  Allemands.  Mais  que  fai^oient-ils  pour  le  Prince 
d'Orange  et  les  Pays-Bas?  Que  faisoient  surtout 
l'Electeur  de  Saxe,  le  Landgrave  et  l'Electeur  Pa-. 
latin  ;  c'est-à-dire  ceux  dont  l'exemple  avoit  le  plus 
de  crédit? 

Selon  sa  coutume,  l'Electeur  de  Saxe  est  plein 
de  réserve  et  de  froideur.  Aux  sollicitations  du 
Comte  Louis  il  fait  répondre  qu'il  ne  sauroit  con- 
seiller aucune  démarche  violente,  aucune  voie  de 


XXIX 


bit  (p.  ia5*).  Od  dirait  presque  qu'il  regrette  la  ré- 
sistance héroïque  de  Haerlem  ;  «le  rétablissement  de  * 
>ki  paix  y»  éerit-ily  «en  deviendra  plus  difficiles 
(p.  3^^).  Sans  doute;  mais,  si  les  opprimés  ne  font 
que  courber  la  tète,  quel  genre  de  paix  est-ce  qu'on 
leuracomtle? 

Le  caractère  et  la  conduite  du  Landgrave  étoit 

hioÈ  dififârents.  Sa  piété,  sans  être  moins  vive,  étoit 

plus  édairée.  Libre  de  toute  animosité  de  secte,  il 

Aatéressoit  partout  aux  progrès  du  Protestantisme 

QirétieD.  Ayant  appris  la  mort  de  Coligny,  «  le 

>  bras  de  FEtemel,  Jt  écrit-il,  «  n'est  pas  raccourci , 

•  et  la  conservation  de  Sa  sainte  Parole  ne  repose 

»  pas  sur  tel  ou  tel  personnage ,  mais  sur  le  rocher 

»  de  la    foi»  (p.    i4*).   Informé  par  l'Evéque  de 

Mimsler  que  les  Espagnols  font  des  préparatifs, 

anxqo^  la  Hollande  ne  sauroit  résister,  «  vous 

»  pouvez  voir,  »  répond-il,  «  dans  les  livres  de  Moi* 

»  se,  des  Rois,  et  des.  Machabées  que  le  Seigneur 

»  Dieu  a  £ût  souvent  détruire  par  un  petit  nombre 

»  de  gens  de  grandes  armées;  principalement  celles 

»  qui  vouloient  extirper  Sa  Divine  Parole  »  (p.  agS). 

Il  considère  les  Réformés  des  Pays-Bas  avec  faveur 

et  pitié.  «  Ils  tenteront  tout ,  avant  de  se  laisser 


xx% 


»  dévorer  vifftj»  (e/te  sie  sichgar  lassenfressen^  p.  294)^ 

Il  tâche  de  leur  procurer  la  paix  (p.  97),  d'autaol 

plus  que  la  guerre,  par  la  diminutioD   des  péa* 

* 

ges  et  du  commerce,  avoit  fait  perdre  à  la  Hesse 
dans  une  année  plus  de  cent«-mille  florins.  Ceci  ^ 
pour  le  Landgrave ,  pesoit  beaucoup  dans  la  balanoei. 
Désirant  assurer  à  ses  Etats  un  repos  durable 
au  milieu  du  trouble  général,  circonspect  et  pas 
toujours  peut-être  exempt  de  quelque  manque  de 
sincérité  (p.  56*) ,  il  devenoit  à  force  d'être  pru« 
dent,  presque  craintif,  et  poussoit  le  soin  de  ses 
propres  intérêts  jusqu'à  Tégoisme.  Jamais  il  ne  veut 
se  mêler  de  ce  qui  ne  le  concerne  pas  d'une  façoa 
directe  (p.  55*^).  Quand  des  Princes  Allemands  expo* 
sent  leur  vie  pour  la  Réforme,  il  condamne  ce  mou^ 
vement  généreux.  11  est  disposé  à  servir  la  bonne 
cause,  mais  sans  faire  trop  de  sacrifices,  et  surtout 
sans  courir  des  risques.  Cest  GmWzxxme  le  Sage^^vèt, 
à  aider  les  malheureux  de  son  influence  et  de  ses 
conseils;  ce  n'est  plus  Philippe  le  Magnanime^  prêt 
à  se  dévouer  pour  eux. 

Celui-ci  sembloit  plutôt  revivre  dans  l'Electeur 
I^latin.  A  Ueidelberg  la  cause  des  Pays-Bas  avoit 
des  partisans  zélés. 


XXXP 

Les  conseiller»  Ebem  et  Zuléger  étoient  pleins 
d'ardeur  pour  les  intérêts  Evangéliques.  Le  pre- 
mier avoit  un  grand  crédit  en  Allemagne.  Voici  un 
jqgement  comparatif  de  Schonbei^  :  «  Nous  trou*- 
Bvons  le  Docteur  Ëhem  plus  traictable  et  plus 
>rond    et    entier  que   Zuléger    qui   a  tousjours 
»  le  fiûct  de  ceulx  de  la  i*eligion  de  France  en  la 
1  teste  et  en  la  bouche;»  p.  297.  Eflectivement 
Zuléger   (on  s'en  apperçoit   dans   la  Lettre  467) 
vojoit  de  mauvais  oeil  les  émissaires  rusés  d'un 
Monarque  assassin. 'Se  défiant  des  hommes,  il  se 
omfioit  en  Dieu  «  Quant  aux  af&ires  du  Pais-Bas,  » 
écrit-il  au  moment  où  tout  sembloit  désespéré, 
€  il  faut  les  laisser  entre  les  mains  de  ce  bon  Père 
»Gâeste,  auquel  l'yssue  est  cogneue,  et  combien 
•  que,  selon  le  monde,  il  y  aye  peu  d'apparence, 
9  toutesfi3is  j'espère  encores  bien;  car,  quant  il  n'y 
m  a  plus  de  conseil  auprès  des  hommes,  lors  la  dé-> 
»  Uvrance  Céleste  se  montre,  affin  que  tout  bon- 
B  neur  luy  demeure  seul»  (p.  3i.) 

Les  fils  de  TElecteur  partageoient  les  sentiments 
de  leur  père  et  imitoient  son  exemple.  Le  Duc  Jean* 
Casimir  9  fit  un  grand  bien  »  au  Prince  d'Orange  en 
brûlant  deux  cents  milliers  de  poudre  envoyés  au 
Duc  d'àlbe  (p.  aaget  a33).  Il  et  oit  trop  confiant  en- 


%xxn 


vers  laFrance(p.  3i8,  m/).  Le  Comte  Louis  le  coiisî- 
dëroit  beaucoup  :  «L'on  nous  baille  bonne  espérance 
»  du  Duc  Casimir  de  vouloir  faire  quelque  chose  de 
i>  bon,  et  de  faict  il  a  désire  de  pouvoir  communicquer 
»  avecques  mon  frère  et  moy  pour  prendre  une  réso- 
»  lution,  à  quoy  tiendrons  la  main ,  comme  pourrés 
j»  penser»  (p.  3i  5).  Le  Duc  fit  des  démarches  auprès 
de  l'Ëlecteur  de  Saxe  (p.  1217^);  là  se  bornèrent, 
pour  le  moment,  non  ses  voeux,  mais  ses  efforts*. 
Quant  à  son  jeune  frère,  il  prit  deux  fois  part  à  la 
guerre  des  Pays-Bas  ;  d'abord  en  iSya  («Le  Duc 
v  ChristofHe  a  défaict  deux  compagnies  de  reitres 
»  d'un  nommé  Brempti>;p.  S*);  ensuite  en  i574> 
lorsqu'il  mourut  en  combattant. 

Son  père  supporta  Chrétiennement  la  perte  d'un 
fils  qui  méritoit  tant  de  regrets  (p.  367).  IjSl  pensée 
dominante  de  l'Electeur  c'étoit  d'obéir  à  Dieu,  par 
sa  résignation,  aussi  bien  que  par  son  activité;  ja- 
mais il  ne  perdoit  de  vue  les  intérêts  de  la  foi.  Si  lui 
aussi  se  rapprochoit  un  peu  trop  de  la  France ,  remar- 
quons toujours  quels  points  le  père  et  les  fils  met- 
tent en  avant ,  »  le  maintinement  de  leur  religion , 
»  et  l'asseurance  et  seureté  qu'ils  doivent  avoir  de 
»  leur  vouloirinfalJiblement  garder  ce  dernier  poinct, 
»  qu'est  celuy  dont  ils  sont  seulement  en  peine:  a 


XXXIII 


((K  II  i"^)»  D'un  caractère  franc  et  décidé ,  ne  reculant 
devanl  aucun  sacrifice ,  parcequ'il  sui voit  y  à  traversi 
les  obstacles,  le  chemin  du  devoir,  FEIecteur  étoit 
las  des  demi-mesures,  las  d'une  politique  timide  et 
sans  vigueur;  et  nous  publions  un  Mémoire  où  les 
notifsqui  devroient  porter  à  des  résolutions  décisi- 
ves, sont  développés  de  sa  part  avec  force  et  clarté 
(A,  o*.  8a). 

.  On  étoit  sourd  à  sa  voix.  Il  y  avoit  beaucoup 
d'apathie, pour  le  moins  beaucoup  de  tiédeur.  —  Le 
Doc  de  Clèves  ne  montre  pas  plus  de  courage  qu'au** 
panvant;  méprisé  des  Espagnols,  il  en  éprouve 
du  dépit  (p.  a6).  — >  Le  G)mte  de  Nuenar  laisse  per- 
eer,  à  travers  des  paroles  de  sympathie  et  de  commi- 
sération ,  le  désir  de  ne  pas  se  compromettre,  ir  11 
»  me  (ault  partir  ce  matin  avecq  ma  petite  ménage, 

•  pour  aller  à  Mors  et  y  tenir  casa  ^  par  commande- 
«  ment  de  Monsieur  mon  maistre  (le  Duc  de  Qè- 
»  ves),  et  ce  contre  ma  voulunté  et  contre  l'opinion 

•  de  plusieurs»  (p.  29).  Dans  une  seule  occasion  il 
semUe  devenir  plus  actif;  c'est  lorsqu'il  appréhende 
cpdque  dommage  personnel.  Les  soldats  du  Prince 
dt)range  veulent  se  rassembler  en  sa  terre  de  Cré- 
felt;  ils  ont  «  mis  pied    à  l'endroit  de  sa  Comté 


IXXIV 

j»  de  Meurs  »  (p.  187) ,  c'est  là  ce  qui  crie  vengeance 
et  exdte  son  indignation,  plus  que  toutes  les 
calamités  dont  il  est  le  témoin*  —  Beaucoup  d'autres 
étoient  comme  lui  plongés  dans  une  coupable  in- 
dîfTérence  et  dans  un  lâche  repos.  Le  Prince  d'Oran- 
ge exhortoit  sans  se  rebuter.  «  Vous  voyez,  »  com«» 
))ien  il  est  nécessaire  que ,  ce  si  les  Princes  d'Aile* 
9  magne  estiment  que  ceste  affaire  les  touche,  corn-* 
»  me  certes  elle  faict  bien  grandement,  que  promp* 
n  tementet  sans  diky  ilz  mettent  la  main  à  l'oeuvre, 
»  en  m'envoyant  secours  d'argent  et  de  gens,  ou 
»  bien  acheminant  les  affaires  à  quelque  bonne 
»  paix»  (p.  4)-  Il  disoit  avec  raison:  «  à  la  vérité, 
M  les  longueurs  d'Allemagne  nous  tuent  »  (p.  371),  et 
Mamix  pouvoit  s'écrier  :  a  Je  désirerois  apprendre 
»  si  en  Allemagne  les  Princes  et  les  Seigneurs  ne  se 
9  réveilleront  jamais  de  leur  sommeiU  (p.  a 3). 

Disons  un  mot  d'un  personnage  dont  il  est  sou- 
vent question,  l'Archevêque  de  Cologne.  U  étoit 
tombé,  comme  tant  d'autres,  de  la  superstition  dans 
l'incrédulité;  ennemi  du  Papisme  et  protestant  con- 
tre le  joug  de  Rome ,  sans  vouloir  se  soumettre  a 
celui  de  Jésus-Christ  (p.  337).  On  l'exoitoità  se  dé* 
tacher  de  l'Espagne  et  à  braver  le  Pape  en  manifes-* 


XXXV 

lanl  ses  opinions  ouvertement.  11  y  a  ici  plusieurs 
pièces  relatives  à  cette  n^ociation  (Lettre  47 ^  ^^ 
n^.  47^*  ^^  47^)9  entr^autres  un  Mémoire,  où  le 
Landgrave  a  écrit  en  marge  quelques  observations 
booniques  par  leur  énergie  et  leur  brièveté.  En 
voîcî  un  exemjrfe»  «  Je  ne  veux  pas  rester  Ecdésias- 
»  tique  9»  avoit  dit  F  Archevêque;  «je  veux  rési» 
»  gner  mon  bénéfice  ;  ensuite  je  ne  m'oppose  pas  à  ce 
»  que  le  feu  du  Gel  vienne  embraser  toute  la  bou- 
•  tique  B  {Sein  Churf.  Gn.  môchun  kiden  dasz  der 
fliiz  undhagelin  disz  leben schlueg;  (p.  343)«  k  côté 
de  ce  voeu  on  lit,  de  la  main  de  Guillaume  de 
Hesse,  Ameni 

a 

Voyant  avec  inquiétude  la  puissance  de  l'Espa- 
gne, ses  intrigues  et  ses  ambitieux  projets,  plu** 
«eurs grands  personnages  Catholiques,  par  exemple 
FEvècpie  de  Mimster,  (p.  85)  et  l'Archevêque 
de  Mayence  (i6m^,  et  p.  i3i^),étoîent  accessibles 
anx  démarches  des  Princes  Protestants  en  faveur 
des  sujets  de  Philippe  II. 

Il  seroit  injuste  de  passer  sous  silence  MaximiUen 
II  :  plusieurs  passages  de  la  correspondance  lui  font 
honneur.    Il  défend  G)ligny  quand  l'Ambassadeur 


xixn 


de  Charles  IX  ^  pour  e&cuser  le  meurtre ,  veut  chaiH 
ger  la  victinie  en  crimioeL  «Je  ne  doy  vous  celer ^ 
»  Sire  y  que  l'Empereur  m'a  monstre  d^avoir  queU 
9  que  opinioD  du  (ait  diverse  de  ce  que  je  lui  ay 
m  tàii  entendre»  (p.  i3^).  «  Gomme  je  luy  répétoîs 
»  les  occasions  certaines  qu'en  avoient  donné  ceux 
»  qui  en  avoient  porté  la  peine ^  il  me  dîct  que , 
9  quand  on  veut  (aire  une  i^ose ,  on  ne  demeure 
»  jamais  à  £iute  de  trouver  couleur  et  préteiLte  » 
(p.  a i^.  Son  confident  Sdiwendy^cle  plus  idoine  de 
9  tous  ceux  que  le  Prince  voudroit  pouvoir  prendre 
9  à  son  service»  (p.  391),  d'après  Schonberg,  «  un 
9  aussy  fin  galland  qu'il  y  en  a  au  monde  »  (p.  1 1 5*j  » 
et  certes  opposé  à  tout  système  persécuteur ,  em- 
ployoit  sans  doute  son  influence  en  faveur  des 
Rays-Bas.  L'Empereur,  bieu  qu'il  crut  devoir  as* 
sisler  plus  ou  moins  le  Duc  d'Àlbe  (p.  79*  et  p.  a33)f 
mulliplioit  ses  efforts  pour  déterminer  le  Roi  d'Es- 
pagne à  user  de  clémence  et  à  pacifier  ses  Etats 
(p.  a85  f  in  j).  Il  avoit  aussi  en  vue  les  intérêts  de 
rAutriche;  mais,  d'après  son  caractère  et  ses  actes, 
on  doit  admettre  que  ce  ne  fîit  point  là  son  unique 
motif. 


Voyons  maintenant  L'Espagvc.  Nous  sommes  à 


JUIXVII 


de  donner  plusieurs  détails  intéressants. 
0*abord  il  y  i^  (p-  i4^9  <^99-)  <i^  observations  fort 
JBslessar  la  position  de  ce  Royaume  en  g^éral; 
sor  les  difficoltés  et  les  périls  qui  surgissent  de  tous 
e6lés,et  send^lent ,  malgré  une  force  apparente ,  pré- 
sager on  aflToibKssement  prodiain.  —  Puis  des  partie* 
Gohrîtés  rdatives  auK  intrigues  de  Cour:  aupaKi 
delà  guerre  età  celui  de  la  paix  (p.  3 1^),  le  premier 
guidé  par  le  Duc  d'Albe,  le  second  ayant  le  Prince 
llny  Gomez  et  sous  lui  le  Duc  de  Médtna-Celt  pour 
dief.  «  Le  Duc  de  Médina  travaille  aussy  tant  qu'il 
»  peuk  po«r  mectre  de  l'eau  sur  ce  feu ,  avant  qu'il 
•  soit  plus  embrasé»  (p.  33*).  —  En  parlant  de  ces 
divers  personnages  nous  avons  tàdié  (p.  1157^^—^60), 
de  recueillir  et  de  communiquer  avec  exac^tade  et 
simplicité  ce  que  la  correspondance  dépose  à  leur 
%anL  De  même  pour  le:  Cardinal  de  ,  Grânvdle 
(p.  ^57).  Ennemi  de  la  Réforme  et  Ministre  de  Phi- 
lippe II 9  il  n'étoit  nullement  poité  pour  1^  Espa-^ 
gnok;  il  «ouloit  «du  mol  avec  le  dur  «(p.  35*).  On 
■e  lui  conteste  pas,  il  est  vrai ^  des  qualités  éroi- 
nenles,  mais  peut«étre,  sous  le  rapport  du, carac- 
tère, r^-t-oo  trop  sévèrement  jugé.  Il  est  pixdMile 
que,  lorsque  ses  papiers  seront  livrés  au  pu* 
biic,  il  y  aura,  tout  en  iabant  la  part  des  torts 
4  3 


xxx-vui 


et   des  ificés,  matière   à   la   re vision   du  procès. 

Ces  réhabilitations  historiques  ont  un  côté  dan* 
gereux;car^  si  Ton  aime ,  évitant  un  examea  sérieux 
et  difficile,  à  s'abandonner  au  courant  de  préven- 
tions presqu'universelleSy  on  peut  aussi  trouver  une 
satisfaction  secrète  à  renverser  une  opini(»i  long- 
temps admise,  et  même  le  désir  d'être  impartial 
peut  conduire  à  la  partialité.  Nous  le  sentons  dou« 
blement  lorsqu'il  faut  parler  du  Roi  d'E^Mignè:  ici 
1^  terrain  devieot  très  glbsanL  II  faudra  donc  s^en 
tenir  le  plus  soigneusement  possible  aux  docn- 
pi^iits:  c'est  là,  ce  nous  semble ,  lè  meilleur  préser^ 
vatif  contre  des  chûtes  et  des  écarts. 

On  a  trop  vanté  Miilippe  II  ;  ou  s'est  (ait  une 
trop  hante  idée  de  ses  talents. 
.  U  avoit  quelques  unes  des  qualités  dont  un  Roi  ne 
sâiiroit  se  passer.  -«^Sa  physionomie  ne  trahissoit  pas 
s^s  desseins.  L'Ambassadeur  de  Fïance  écrit  à  Char- 
ly IX  :  A  Je  ne  puis  juger  de  Tintentiod  du  Roy  CathcM 
yhcqoe,  lequel  est  extrêmement  saige  dissimulateur 
»,et  ne  se  laisse  entendre  ociilasespenséesii(p.93*)« 
«U  est  peu  oommunicatif  de  ses  pensements  et  déli-< 
»bérttiops,  aimant  mieux  travaillera  escrtre  de  sa 
»  mai  la  les  choses  qu'il  veult  taire ,-  qu'en  faire  son 
M  commandement  h  personne  du  monde  »  (p.  95*).  Il 


XXXIX 


aimait  le  travail;  même  il  poussoil  cet  amour  à 
Texoès.  «  Il  se  réserve  toutes  choses ,  qui  le  rend 
m  eUrêmement  diargë  et  travaillé  ^  et  tienl  ung  pro* 
•  céder  qu'il  respoad  et  veoit  toutes  les  affaires  et 
m  les  départ  toutes  où  elles  se  doibvent  re^pondre , 
voù  elles  demeurent  le  plus  souvent  immortelles, 
9  ou  qn^elles  soient  ou  de  grande  ou  de  peu  de  con«- 
m  séquance,  de  manière  qu'il  n'en  vientrienmieulx» 
(p.  33o^  ôt/.).  Mais  cette  babitjude  dont  la  déiiance 
eioil  prdnblement  la  source,  avoît  des  inconvé- 
oients  d'autant,  plus  graves  que  la  liberté  d'esprit , 
todispensahle  peur  avoir  ides  vues  larges  en  politi*- 
fiue^  suecomboît ;  chex  lai  sous  cette  JK^ivité  dé 
dclaiL 

Si  on  s*eit  exagéré  les  talents ,  d'autre  part  ou  a 
trop  décrié  le  eartetére  fie  Philippe. 

11  n'émît  pas  le  sanguittaite  enpemi  de  ses  propres 
«jets.  Il  désiroitsiocèrement  terminer  les  troubles, 
eteftt  volontiers  £rit  d'importantes  i^ncessions  pour 
jparvenir.xL'oncpgnpist  bien  qûe^non  obstatit  tous 
»  lespréparalifs  de  guerre ,  le  Roy  Catholicque  a  tou- 
»  tes  ses  cordes  tendues  pour  composer  les  troubles 
»  des  Pays-Bas  i^  (p.  3a^).  Et  l'Ambassadeur  de  France 
écrit  à  Charles  IX;  mie  diray  à  V.  M.  en  ferme  con- 
»  science  que  ma  moindre  meffidance  seroit  sur  le 


XL 


»  Roy  Catholicque  pour  le  coguoisire  Prince  qui  se 
»  contaoteroU  de  la  paix»  (p.  33o).  Sous  ce  rapport 
0  il  est  plus  sage  que  tous  ses  niiuistres  ensembfo;  je 
»  cuiile  que  tous  ses  dessaings  seroit  de  bien  garder 
i>le  sien,  teoant  ses  estats  bien  pacifïicqtiés ;  (p. 
3Si).  Malheureusement  le  seul  point  sur  lequel 
les  Protestants  ne  pouvaient  se  relâcher ,  la  libre 
[>rofession  de  leur  foi ^é toit  précisément  leseulquele 
Roi  ue  pou  voit  jamais  accorder.  Zélateur  du  Papisme 
il.se  croyoit  tenu  e;nvers  Dieu  à  cette  inflexibilité. 
11  est  curieux  de  le  voir  se  défendre.  (p«  354) 
contre  Tinjuste  soupçon  qu'il  assistoit  sous  main 
les  Huguenots:  rAtnbassàdeor  ajoute:  «Il  mediçt 
0  tout  cela  avec  tant  de  véhémence  et  affection  qu'il 
»  passa  assez  sou  ordinaire  de  procedder ,  qui  me 
»  feit  voir  asseuréroent  quec'estoil  chose  dé  quoy 
I»  il  se  sentoit  picqué  et  dont  il  ne  vouldroit  estre 
»  imputé»  (/.  /.)..  De  même  dans  son  conseil, 
ji concluant  tous  à  la  paix,  venant  à  résouldre, 
«  il  a  respondu  à  toutes  les  propositions ,  ces.pro-* 
»  près  mots:  Plustost  me  voir  mort  que  deconaen- 
•  tir  en  ce  concert  chose  qui  soit  contre  mon 
»  honneur  et  réputation  »  (p.  336,myi).  Le  sens  de 
ces  mots,  dans  sa  bouche,  ne  sauroit  être  douteux. 
Plaignons,  condamnons  Philippe,  et  réservons  le 


X1.I 


mépris  pour  la  Maison  de  Valois.  La  conduite  du  Roi 
d'Espagne  envers  la  France,  au  temps  de  la  Ligue,  a 
élé  Tobjet  de  reproches  en  partie  mérités.  Mais  on  a 
trop  peu  tenu  compte  des  menées  et  des  perfidies  par 
lesqu^les  il  ét<Ht  poussé  à  bout.  La  Cour  de  France 
dissimule ,  après  la  St.  Barthélémy  ,  les  encourage- 
ments donnés  au  Comte  Louis  ;  cacliant  ce  ({u'il  y 
a  eu  dans  ce  massacre  d'involontaire  et  de  subit , 
lâcbe  de  s'en  faire  un  mérite  envers  l'Espagne  ;  et 
prodiguant  les  assurances  de  bonne  volonté,  que 
£ût-elie  aux  Pays-Bas?  Elle  y  attise  le  feu.  A  Madrid 
ses  agents  adjurent  le  Roi,  «pour  l'honneur  de 
»  DieuetSon  Eglize,. .  de  n'entendre  jamais  à  la  paix 
•  aveques  le  Prince  d'Orenge»   (p.    18*):  en  Alle- 
D^ne     ils    combattent    l'inclination   du    Prince 
dX)ninge  et  des  siens  prêts  à  se  réconcilier  avec  le 
Souverain.  On  flatte  et  cajole  Philippe,  tandis  qu'on 
devient  l'allié  secret  de  ses  ennemis.  «  De  oosté  de 
1  France  il  n'y  a  que  mensonges  et  tromperies  » 
(p.  3i);  voilà  le  résumé  de  cette  détestable  politique. 
On  doit  dé[dorer  l'opini&treté  de  Philippe  ;  toutefois 
il  sacrifioil  des  intérêts  à   ce  qu'il  croyoit  être  la 
▼érilé.  Quand  il  aimoit  mieux  perdre  ses  Etats  que 
de  régner  sur  des  hérétiques ,  il  y  avoit  de  la  no- 
blesse et  du  dévouement  dans  ce  choix,  et  l'on  ne 


\ut 


saoroit  douter  qu'il  ne  s'imaginât  servir  la  Religiao, 
ménie  lorsqu'il  s'opposoit  avecle  plus  d'adiarnemenl 
à  l'oeuvre  de  Dieu.  A  la  Cour  des  Valois ,  au  con* 
traire,  nul  principe ,  nulle  croyance;  pas  d'autre 
mobile  que  les  intérêts  et  les  nécessités  du  moment; 
le  plus  parlait  égoîsme  joint  à  la  plus  profonde 
immoralité. 


L'AvGLfrrEaRE  nous  reste.  Ce  que  nous  pouvons  eo 
dire  est  peu  de  chose.  Les  encouragements  que  don* 
noit  la  Reine,  étoient  rares  et  tardifs,  a  Touchant  la 
9  Royne  d'Angleterre ,  »  écrit  le  Prince  d'Orange  en 
oct.  1572,  «j'y  ay  envoyé  Boisot,  maïs  n'ay  encor 
»nulle  responce»(p.  5).  Et  plus  tard,  en  février  i  SyS  : 
«  Les  Ambassadeurs  des  Estats  m'ont  escrit  que  elle 
»  ne  s'en  vouloit  mesler,  et  qu'il  n'y  avoit  nulle  es- 
»pérance  de  ce  costé  là»  (p.  5 1).  Cependant  par  fois 
elle  donnoit  des  espérances  (p.  3 1 3  et  370)  :  car  il 
falloit  préserver  du  désespoir.  11  est  assez  difficile  de 
pénétrer  les  motifs  de  sa  politique  (p.  7 — 9).  Peut- 
élre  faut-il  se  rappeler  que  son  allachement  à  la 
cause  Evangélique  étoit  balancé  par  la  répugnance 
h  encourager  une  résistance  armée,  dont  elle  n'ap* 
précioit  pas  toujours  assez  le  caractère  et  les  molifs. 


XLIII 


EUe  s*en  repeotit  plus  tard.  4u  moins  Mornay 
écrit  en  i583  au  Secrétaire  d'Ëtat  Walsiogham: 
«BMir  le  Fads-Bas,  si  dès  le  commeoGenient  la 
»  Reine  enst  tenu  la  ligue  qui  s'esloit  traittée ,  les 
vdioses  ne  fussent  au  poinct  où  elles  sont ,  et 
9  n'eussent  esté  en  celui  où  elle  a  esté  très  marrie 
1  de  les  voir.  »'  Ainsi  se  vérifia  ce  que  le  Prince  an- 
oonçoit  en  1574.  «Les  Anglois  se  pourroyent  avecq 

*  le  temps  bien  appercevoir  du  dommaige,  qui, 
»  s*attendant  aux  é vénemens  et  yssues  de  nos  afiai- 
>res,  ont ,  comme  ils  estimoient ,  par  grande  pru- 

*  dence  tousjours  vonlu  temporiser  m  (p.  388). 

Beaucoup  promettre  et  peu  tenir ,  sembloitla 
devise  non  seulement  des  alliés  douteux ,  mais  aussi 
de  presque  tous  les  soutiens  naturels  de  la  cause 
EvangéKque.  «Je  vous  prie,»  écrit  le  Prince  au 
Conte  Jean,  «  de  vouloir  tenir  la  bonne  main  soit 

>  vers  le  Roy  de  France  j  le  Roy  de  Pologne  y  Duc 
«  d'Alençon,  Palatin,  Ducq  de  Saxe,  Brandenbourg , 
»  et  aultres  diverses ,  afin  qu'ilz  voullussent  une  fois 

*  prendre  une  résolution ,  sans  nous  tenir  tousjours 

>  en  suspens  ;  car  par  si  long  délays  les  af&ires  se 
«  pourroyent  avec  le  temps  changer  de  la  sorte  que 

de  Mûrnay^  I.  p.  179. 


XLIV 

»  eulx  el  nous  pourrions  tomber  en  îocouvénîem 
»  inespérez  »  (p.  379). 

Voyons  maintenant  quels  sont,  pencUint  que 
l'Europe  délibère ,  les  actes  et  les  sacrifices  de  la 
Maisos  de  Massau. 


ici  nous  avons  à  parler  des  quatre  frères  pour  la 
dernière  fois. 

Le  Comte  Henri  sninoit  l'exemple  de  ses  aines 
et  partageoit  leurs  travaux.  Vaillant  et  dévoué  il 
vécut  peu  ;  assez  cependant  pour  prouver  qu'il 
méritoil  d'appartenir  à  sa  glorieuse  Famille  (p.  398). 

Le  Comte  Jeah  montre  toujours  une  infatî" 
gable  activité.  11  négocie  avec  l'Electeur  Palatin 
(p.  43^,  96^)  ;  avec  le  Landgrave,  Schonberg,  le 
Comte  de  Retz  (p.  35!i),  et  d'autres  personnages 
de  la  France  et  de  l'Allemagne.  C'est  surtout  lui 
qu'on  cbai^  de  conduire  l'affaire  délicate  de  Co- 
logne (p.  a  10).  «Singulier  spectacle ,  «écrit  Ehem  , 
»  de  voir  le  Comte  Jean  et  moi  avec  un  Nonce  du 
»  Pape  et  ses  compagnons  Jésuites  à  la  table  de 
«FElecleur,  mangeant  et  buvant  ensemble  ;  tandis 


XLV 


•  que  i'uD  désiîroit  le  mener  à  Dieu  et  l'autre  à 
0  Satan  »  (p.  34o).  Il  y  fi  de  quoi  s'étonner  en  venant 
dans  une  foule  d'endroits  de  la  Correspondance  la 
multitude  d'expédients  et  de  combinaisons  que 
mettent  en  avant  les  Comtes  de  Nassau ,  tantôt  pour 
secourir  Haeriem  (voyez  dans  la  Lettre  4^4  une 
longue  Consultation  à  cet  effet);  tantôt  pour  sur- 
prendre Anvers ,  ou  Bergen  op  Zoom ,  ou  Maest  richt  ; 
tantôt  pour  rassembler  des  troupes  et  se  frayer  un 
passage  à  travers  les  Espagnols.  Que  si  tant  de  pei^ 
nés,  tant  de  travaux  étoient  rarement  couronnés  de 
succès,  le  Prince  y  comme  l'écrit  Mamix,  «savoit 

>  très  bien  toutefois   qu'il  ne  tient  à  la  bone  dili» 

•  gance  et  affection  de  vos  Seigneuries ,  et  pour  auf- 

>  tant  faut  prendre  la  volonté. de  Dieu  en  gré,  espé- 

>  rant  que  par  Sa  miséricorde  II  aura  pitié  de  son 
«pauvre peuple  affligé,  puisqu'il  cognoit  lestampset 

•  saisons  oportunes  »  (p.  1 53).  —  Mais  le  Comte  Jean 
ne  foisoit-il  que  négocier?  Sans  doute  il  s'exposoit 
moins  souvent  que  ses  frères  aux  périls.  En  voici  le 
motif.  «Quant  à  vous,»lui  écrit  le  Prince,  «oires  qu'en 
«  vérité  iln*y  auroit  personne  plus  propre  et  idoine^ 

>  si  est-ce  que  jammais  je  ne  vous  oserois  importu- 

•  ner,  sachant  fort  bien  qu'il  n'y  auroit  aucune  rai- 
»son  de  metti-e  foute  nostre  Maison  en  hazard  de 


XLVI 


nie  perdre;  aussi  est-U  necessaîre  qu'il  y  ait  tous- 
»  jours  quelque  oug  par  delà  qui  tienne  correspond 
»dencey  tant  a^ecq  les  Princes  d'Allemaigne , 
»  qu'aultres  Potentatz  et  villes ,  ce  que  personne  ne 
9  peult  mieulx  faire  que  vous ,  tant  pour  Tentlère 
a  affection  que  je  sçay  que  vous  avezà  ceste  nostre 
«juste  cause  y  qu'aussy  pour  ce  qu'estes  fort  bien 
9  imbu  de  la  pluspart  de  nos  affaires,  ayant  mesme 
9  cognoissance  de  ce  qui  s'est  traicté  avecques  les 
»  Roys  de  France  et  de  Pôulongne ,  la  Reyne 
»  d'Angleterre ,  les  aultres  Princes  et  villes  » 
(p.  391  j.  Malgré  ces  exhortations,  quand  il 
s'agissoit  de  combattre,  il  refusoit  quelquefois  de 
se  tenir  à  l'écart.  Nous  en  donnons  une  nouvelle 
preuve,  jusqu'à  présent,  assez  généralement  du 
moins,  ignorée  (p.  369).  Accompagnant  ses  frères 
jusque  près  du  Mookerhei,  une  circonstance  im« 
prévue  le  préserva  d*étre  enveloppé  dans  un  même 
désastre ,  et  le  Prince  d'Orange ,  au  milieu  de  l'é* 
preuve ,  put  encore  admirer  les  voies  et  reconnottre 
les  miséricordes  de  l'Eternel. 


Le  Comte  Louis  ,  après  tant  d'agitations,  de  fati- 
gues ,  et  de  revers ,  étoit ,  surtout  depuis  le  siège  de 
Mons,  fort  maladif.   Se  trouvant  en  octobre  tSj^j 


:iLVii 


près  de  Colc^De ,  eo  roule  vers  Dillenbourg  ,  il  «  o'a 
»  pu  encore  se  mectre  en  cliemyn  sans  danger  de  sa 

>  personne  »  (p.  i8);  il  devra  «  donner  ordre  tani  au 
9  vienlxmal  que  à  celuy  de  la  fiebvre  qui  luy  est  sur- 
9  venu  de  nouveau  »  (ibid).  En  mai  1673  dans  un  très 
petit  billet ,  qui  même  n'est  pas  autographe ,  il  écrit 
au  Onnte  Jean  n'avoir  «peu  fiaiire  plus  ample  res* 

>  ponce  au  Prince  à  cause  de  la  maladie  en  laquelle 
•  vous  m'avez  laissé»  (p.  96). 

Malgré  l'afTolblissement  du  corps  la  vigueur  de 
Fâme  étoit  la  même.  Le  Prince  savoit  apprécier  ce 
caractère  ardent  et  généreux  :  a  Je  cc^oy ,  »  lui 
écrit-il,  «  vostre  diligence  telle  et  si  bonne  affection 

>  qu'il  n'est  besoing  de  vous  aiguillonner  par  paroi- 
>les»(p.  88).  Le  Comte  aimoit  à  aller  droit  et  vite 
eo  affaire:  «  il  m'a  dict,»  écrit  Schonbei^  à  la 
Reine-Mère ,  «  plus  de  vingt  fois ,  s'il  n'avoit  bien» 

>  tost  une  résolution  de  Voz  Majestez ,  qu'il  pren- 

>  droit  party  et  qu'il  ne  pensoit  estre  obligé  à  rien , 
»  si  on  trainoit  ces  choses  à  la  longue  »  (p.  4^^)- 
Quand  il  s'agit  de  secourir,  de  sauver  ceux  qui  résis- 
tent courageusement  à  l'oppression ,  il  ne  souffre 
oi  détours ,  ni  délais.  «  Le  Conte  a  dict  et  redict 
»  rondement ,  si  dans  peu  de  jours  il  n'a  une  responce 
# résolue,  qu'il  ne  peuft,    ny  veult  faire  peixfre 


xLviri 


»  rhoDueur  à  tout  jamais  à  son  frère ,  et  à  ces  pacr^ 
»  vres  gens  qui  favorisent  leur  cause ,  les  biens ,  le 
9  sang ,  et  la  vie»  (p.  38^). 

Il  préfère  la  mort  à  ce  qui  ressemble  au  déshon- 
neur. Le  bruit  s'étant  répandu  qu'à  la  capitulation 
de  Mons  I  il  avoit  promis  de  ne  phis  combattre  con- 
tre le  Roi  d'Espagne,  <c  Jamais,  »  dit-il  «  on  ne  m'a 
>  proposé  chose  pareille ,  et  jamais  je  n'y  eus^ 
»  consenti  »  (p.  1 7*).  Ajoutons  que  son  courage 
n'étoit  nullement  irréflédii.  Si  par  fois  il  se  kûs- 
soit  emporter  par  sa  valeur ,  nous  croyons 
avoir  montré,  et  spécialement  par  rapport  à  s» 
dernière  expédition,  qu'en  lui  adressant  des  repro- 
ches, on  a  confondu  le  dévouement  avec  la  témé- 
rité (p.  358,  364,398). 

Brave  soldat,  capitaine  habile,  il  semble  avoir 
eu  des  talents  supérieurs  en  politique.  Mêlé  aux 
négociations  diverses  que  nous  avons  rapportées , 
il  étoit  par  ses  relations ,  peut-être  aussi  par  son 
caractère ,  en  même  temps  sérieux  et  jovial ,  Tinter- 
médiaire  pour  les  rapports  qui  se  formoient  entre 
la  France  et  l'Allemagne.  Il  croyoit,  en  trans- 
férant la  Couronne  Impériale  à  une  autre  Famille, 
obtenir  pour  les  Protestants,  une  liberté  plus  grande 
et  mieux  assurée.  En  1572,  avant  la  St.  Barthélémy, 


Xf.lX 


àl  dit  à  Charles  IX  «  le  premier  jour  qu'il  arriva  au 

•  soir^  et  plusieurs  fois  encoires  pendant  le  traicté 
»  du  Boariagedu  Roy  de  Navarre,  que...  les  Seigneurs 
»  Princes  Protestants...  luy  portoient  si  bonne  af«* 

•  feotion  que,  dévisans  quelquefois  entre  eulx ,  ilz 
to  soubhaitoient  l'avoir  pour  Seigneur»  le  cas  adve* 
9  nant  qu'on  en  deust  faire  élection»  (p«  83*^  eisq.). 
Dans  la  suite  ce  fut  encore  lui  qui  en  Allemagne  re- 
CMamanda  ce  plan  (p.  97^ — 107'^).  Si,  comme  il  est 
anez  probable ,  il  en  eut  le  premier  l'idée ,  on  voit 
qu'il  mettoît  dans  ses  combinaisons  politiques  la 
BMme  audace  qui  l'animoit  sur  le  dbamp  de  ba* 
taille. 

Raremeai  quelqu'un  inspira  une  confiance  si  gé- 
nérale et  si  illimitée*  Quel  est  le  secret  de  cet  ascen- 
dant ?  Moins  lencore  son  incontestable  habileté  que 
sa  franchise,  sa  droiture,  sa  loyauté,  ce  qu'il  avoit 
d'ouverte!  de  généreux.  Ses  ennemis  mêmes  ne  pou- 
voietit  lui  refuser  leur  estime.  Ainsi  après  la  capitu- 
lation de  nions,  à  laquelle  il  fut  contraint  par  la 
moHnene  des  soldats  (p.  16*)  ^  «  Don  Frédéric  et  le 
•»  Duc  de  Médioa-Celi   sont  venus  l'aborder  avec 

>  les  plui  grandes  marques  de  respect  ;   et  Don 
«Frédéric  lui  a  fait  beaucoup  de  compliments, 

>  protestant  que  là  où  il  pourroit  lui  rendre  quelque 


V  service ,  il  le  feroit  aussi  volontiet*s  qu'à  son  plus 
n  proche  parent.  Voilà  ce  qu'en  présence  du  Prince 
w  d*Orange  et  du  Duc  Christophe  le  G>tnte  Louis  a 
»i  lui-même  raj^rtéj>  (p.  17^).  Mais,  plus  on  feisoit 
cas  du  Comte  Louis,  plus  on  redoutoit  son  esprit 
entreprenant,  sa  vigueur,  son  audace.  Morvilliers, 
donnant  à  entendre  que  le  Prince  d'Orange  et  les 
siens  pourroient ,  réconcilies  avec  TEspagne ,  trou- 
bler la  France ,  observe  que  pe  «  danger  est  yérita- 
b  Uementàcraindre^pourleregard  mesine  dt|  Conte 

•  Ludovic,  homme  prompt  à  tentet*  toute  fortune» 
»  et  qui  a  grande  réputation  entre  ceolx  de  ce 
«  Royaume  de  la  nouvelle  opinion  »  (p.  61*).  Schon- 
berg  écrit:  «s'il  y  avoit  quelque  anguille  sous  ro- 

•  che ,  je  m'asseure  i]ue  le  Goûte  Ludovioq  en  aeroit 
»  de  la  partie»  (p.  74*).  1)  désire  l'écarter  de  laFVm- 
loe,  «le  mettre  en  besoigne,  l'enbarquer  ailleurs,» 
(p.  81^),  et  garantir  ainsi  Charles  IX  «des  menées 
«  et  entiieprinses  de  ce  personnaigeJà ,  qui  est  ung 
«  des  plus  dangeffftijL  et  que  vous  avez  occasion  de 
»  craindre  le  plus,  pour  beaucoup  grandes  oonai- 
»  dératious,  et  principalement  à  cause  du  singulier 

•  crédit  et  autorité  qu'il  a  auprès  de  tous  les  Princes 

•  Protestants  »  (p.  75*). 

Craint  par  ses  antagonistes,  il  étoit  adoré  de  ses 


tl 

amis.  «  Le  Goole  Ludovicq ,  »  écrit  Schoiibet-g,  a  est 
»  pour  le  Landgrave  un  demy-Diîeu»  (p.96*).  En  effet, 
froid  et  réservé  envers  le  Grince  d'Orange,  il  traite  le 
Comte  du  Ion  le  {rfusanûcal(p.  85  tnj.).  Sdionberg 
soUicile  ses  bons  oflSees  en  Pologne  ;  et  ce  «  en  con- 

•  sidéralîon  que  son  tesmoignage  est  très  autbenti- 
Mqœ  auprès  des  Protestants,  de  quelque  nation 
»  qu'ils  soient  »  (p.  54*^).  On  peut  en  conclure  corn- 
bieD  ceux  de  Hollande  dans  leurs  angoisses  dévoient 
languir  de  le  voir  arriver.  «  Vostre  présence  m'est 

•  nécessaire;  »  lui  écrit  le  Prince,  «  aussy  tout  le 
«  monde  la  désire  »,(p.  iSa).  «Tout  le  pays  vous  at- 
»  tend  comme  un  ange  Gabriel»  (p.  74).  «  Les  Etats 
>  et  tous  leb  Bollandois  ne  font  que  crier  i^près  le 
»  Comte  Louis  »  (p.  1 38). 

Deux  documents  sont  particulièrement  caracté- 
ristiques* 

0'i^rd  un  billet  autographe  relatif  à  la  défaite 
des  Espagnols  dans  un  cotpbat  naval*  <  Louange  et 
»  reconnottsance  à  l'Eternel  pour  cette  grâce  sig- 
9  oalée;  car,  aussi  longtemps  que  Dieu  permet  que 
9  la  mer  soit  libre ,  les  affaires  du  Prince  ne  sau« 
9  roient  guère  aller  mal.  Blaintenant  un  grand  coup 
9  fraf^    dans  ces  récentes  blessures  {ein  gutter 


LU 


»  streich  irm  disse  jrische  wunden)  auroit  un  bon 
»  résaltat.  Dieu  aidant ,  on  y  songera  SMis  délai  » 
(p.  T^9*).  Le  premier  mouvement  est  une  pensée 
de  gratitude  'envers  Dieu  ;  le  second  un  désir  de 
profiter  du  succès  pour  en  ren^rter  un  nouveau, 
t^'autre  pièce ,  sans  contredit  une  des  plus  curi«- 
«uses  de  notre  Recueil ,  est  une  Remontrance  à 
Charles  >iX.  Toujours  négociant,  prodigue  de  pro^ 
messes  vagues ,  et  de  paroles  inutiles ,  le  Roi  de 
•France  continuoit  la  guerre  contre  les  Huguenots  et 
prenoit  les  avertissements  du  Comte  en  mauvaise 
part.  «  S.  M.  veult  le  tout  inteipréter  comme  si  on 
m  iuy  vouUoit  donner  loy  en  son  royaulme  »  (p.  8a*). 
CxHiis  de  Nassau  soupçonnant  de  la  mauvaise  foi  ^ 
nullement  d'humeur  à  laisser  un  temps  précieux 
s'écouler  en  délibérations  inutiles ,  veut  en  finir. 
Dans  ce  Mémoire ,  sous  des  formes  polies  >  il  y  a  de 
la  franchise,  de  la  force,  et  beaucoup  diiabi'* 
ieté.  U  s'adresse  à  la  conscience  du  Monarque,  sans 
rien  adoucir,  sans  rien  pallier.  Le  Roi  «a  voulu  forcer 
Il  les  consciences  de  ses  subjectz»  (p.  85* j.  Il  s'est 
baigné  en  leur  sang  (p.  89*)*  Et  quel  a  été  le  fruit  de 
-ces  atrocités  ?  ce  Par  te  dernier  massacre  et  troubles 
p  présens  l'Espagnol  a  plus  àflbibli  S.  M.  que  s'il 
*  eusl  faict  la  guerre  trente  ans»  (p.  85*).  Il  est  des* 


LUI 


»  lîtué  de  la  plus  fort  ^olomoe  de  sa  couronne ,  qui 
»  est  Tanioar  et  bienvueillance  de  ses  subjectz ,  et 
»  SCO  Etat  resemble  à  ung  viel  bastiment  qu'on  ap* 
»pu}e  tous  les  jours  de  quelques  pillotis,   mais 
>en6n  on  ne  le  peult  empescher  de  tombera  (/.  /.) 
Ibintenant  que  le  Roi  ne  s'y  trompe  point  :  s'il  veut 
des  Alliés  en  Allemagne,  il  doit  «cesser  de  tourmen* 
lier  ses  pouTres  subjectz  de  la  reUigion»(p.  89^): 
il  dcMt  «cesser  de  leur  faire  la  guerre,  qui  est  le 
vrar  et  seul  fondement   sur  lequel  S;  M.  peult 
rribéstir  dé  nouveau  sa    réputation    et  tout  ce 
qu'die  voudra  aviec  les  Princes  Protestans;  car 
lultrement  il  n'est  possible  de  rien  a  voir»  (p.  83*}. 
Sans  perdre  de  vue  ce  qu'il  doit  à  la  Majesté  Royale , 
il  ne  peult  oublier  d'advertir  S.  M.  qu'on  comence 
par  deçà  à  se  fiaiscber  et  ennuyer  de  façons  dont 
on  use  en  France  pour  négocier,   descouvrant 
qu'on  ne  procède  point  rondement  et  ne  se  sert-on 
que   de  dissimulation,  comme  ung  hameçon  » 
p.  87*).  Un  souvenir  vient  donner  encore  du  nerf 
sa  pensée;  c'est  celui  de  Coligny.  «  On  apperçoit  » 
<lit-il,«  es  lettres  et  paroles  de  S.  M.  tant  de  faintes 
qu'on  ne  se  peult  fier  que  de  bonne  sorte;  com- 
ine  après  les  lettres  que  S.  M.  escrivit  au  dit  Sei- 
gneur Prince  despuis  la  blessure  de  Monsieur  i'Ad- 

4  4 


uv 


9  mirai ,  luy  Êûsant  eniendiv  Texiréaie  despkîsir 
»  qu'elle  avoit  receu  d'aog  tel  accîdeoi  et  qu'dle  en 
m  feroU  une  si  exemplaire  justice  qu'il  eu  seroit  mé^ 
»  moire  à  jamais;  à  deux  jours  delà,  elle  la  [fist] 
•  assez  mal»  (p.  87*,  i^f-)-  Ce  n'est  pas  tout  Sou- 
haitant que  le  Roi  obéisse  à  la  voix  de  la  justice  et 
de  réquitéy  le  Comte  ne  fait  pas  dépendre  des 
Grands  de  la  terre  ravancement  du  règne  de  Dieu. 
Celui  qui  tombera  sur  la  pierre  que  le  Seigneur  a 
posée  maîtresse  du  coin ,  en  sera  froissé ,  et  celui 
sur  qui  elle  tombera  en  sera  brisé:  Charles  IX  fera 
bien  de  se  rappeler  qu'on  n'extermine  pas  la  reli- 
gion: «c'est  une  affection  enracinée  es  coeurs  des 
»  hommes,  qu'on  ne  peult  arracher  avec  les  armes  » 
(p.  89).  Pftr  la  persécution  il  ne  peut  s'attirer  que  des 
malheurs:*  Continuans  en  ses  déportemens,  tout  ne 
9  luy  peult  réusir  qu'à  mal  et  à  bander  encores  da- 
9  vantaige  Dieu  et  les  hommes  contre  luy  b  (p.  90). 

Il  falloit  citer  ce  document.  On  y  retrouve  et 
la  noblesse  et  la  piété  de  celui  qu'on  pourroit 
appeler  le  Bayard  des  I^ys*Bas,  chevalier  sans 
peur  et  sans  reproche,  mais  que  Théodore  de 
Bèxe  honoroit  d'un  plus  beau  titre  :  «  ce  grand  Dieu 
i>  vous  a  faict  de  longue  main  son  champion»  (p.  373). 


LV 


Le  mobile  de  sa  vie  fut  un  dévouement  complet , 
ajnot  pour  source  une  foi  pure  et  simple  à  TEvan- 
gile  de  Christ.  Il  nous  sera  permis,  après  tant  de 
renseignements  nouveaux,  d'exprimer  le  voeu  qu'il 
troave,  pour  Tinstruction  de  la  postérité,  un  bio- 
graphe qui ,  comprenant  son  caractère ,  soit  digne 
de  retracer  ses  actions  ! 


à  côte  de  trois  frères  si  distingués  par  lout  genre 
de  mérite,  le  PaiircE  d'Orahge  néanmoins  se  main- 
iknt  au  premier  rang. 

Sans  aident,  sans  secours,  sans  ressources,  avec 
des  soldats  indisciplinés,  des  amis  souvent  foibles 
et  incommodes,  des  partisans  douteux,  seul  tenant 
le  gouvernail,  il  semble,  comme  le  pilote  au  fort 
<ie  la  tempête,  grandir  encore  par  les  difficultés  et 
les  périls. 

Eo  vain  épuise-t-on  en  Allemagne  toutes  les  res-» 
soaroes  de  la  famille,  en  vendant  perles,  joyaux, 
argenterie,  et  chaque  objet  précieux  (p»2io),  le 
Prince  est  hors  d'état  de  pourvoir  aux  nécessi- 
tés les  plus  urgentes.  «  Nous  venons  trop  court 
9  de  beaucoup»  (p.  396).  «  La  faulte  d'argent  et  de 
9  crédit  entre  gens  de  guerre  nous  oste  les  moyens 
3  de  secourir  Haerlem  »  (p.  i3o).  a  Par  les  grandes 


LVI 


>  et  Irop  eilraordinaires  charges  qui  nous  sunriéb^ 
1»  nent  de  jour  à  aultre,  les  dépenses  croissent  aussi 

>  continueUement ,  qui  nous  a  déporté  une  extrême 
9  courtresse  d'argent,  voire  telle  que  je  crains 
9  cela  nous  causera  indubitablement  une  révolte  du 
9  peuple  9  (p.  a84  9  i^/^)' 

Le  genre  des  troupes  qui  viennent  à  son  secours  ^ 
est  une  nouvelle  cause  de  soucis.  Les  Chefs  donnent 
souvent  Texemple  de  la  rudesse,  de  Fa  varice,  et 
de  la  cruauté.  Les  soldats ,  attirés  fréquemment  par 
le  désir  du  gain ,  sont  intraitables  dès  que  les  résul- 
tats ne  satisfont  pas  leur  cupidité.  «Les  Anglois  de* 
9  viennent  plus  difficiles  et  mal  volontaires  de  jour 
»  en  jour  et  s'en  veullent  retirer...  Aucuns  des  Fran- 
9  chois  suy vent  le  mesme  pied ,  et  tout  ce  mal  ne 
9  nous  vient  que  à  faute  d'argent  »  (p.  1 96,  in/.).  Même 
les  habitants  des  villes ,  exaspérés  par  les  persécu- 
tions et  les  massacres ,.  commettoient  souvent  les 
plus  graves  excès.  «Ceux  de  Bomele  ont  mené  la 

•  Dame  de  [Vendeburch]  prisonnière  avec  ses  fiUes, 
9  la  menassant  de  pendre ,  lui  ravi  tous  ses  meublez.., 
9  Mais  le  Prince  d'Orenges  l'at  faict  délivrer ,  disant 

•  qu'il  ne  faict  guerre  aux  dames,  mais  aux  Espai- 
gnolz  9  (p.  38a).  Le  Prince ,  quels  que  fussent  les  cou- 
pables ,  n'  usoîl  pas  de  ménagements  :  «  Il  a  faict  pen- 


LVII 


9  dre  ung  sien  raaislre  d'hosiel  qu'a  voit  faicl  foulle... 
»  Il  faid  grande  justice ,  aiant  deffendu  que  Ton  ne 
9  touche  auj^  gens  d'Eglise ,  ny  siu  paîsant  de  Bra- 
yittnt.  9  Confident  de  Granvelle ,  le  Prévôt  Moril- 
looy  écrivant  ces  lignes  au  Cardinal ,  ajoute  :  «  St 
9 Ton  faisoit  justice  de  nostre  costel  ^  les  affaires 

•  jroieut  mieulx  »  (/.  /.)« 

Pourles  Magistrats ,  le  Prince  ne  pouvoit  trop  s'y 
fier,  liusieurs ,  entraînés  à  regret  par  le  mouvement 
générai  y  désirant  se  ménager  une  perspective  de 
pardon ,  incliuoient  à  livrer  les  villes  aux  Espa- 
gDok.  «L^ennemyi»  écrit  le  Secrétaire  du  Prince, 
«neoesse,  tant  par  lettres  qu'aultrement,  Satire  révol- 
ji  ter  le  peuple  de  par  deçà  ;  en  quoy  il  se  trouve 
•assez  secondé  d'une  partie  des  Magistrats,  et  mesr 
•mes  ceux  de  Hs^rlem,  qui  ont  envoyé  leurs 
•dqHitez  à  Amsterdam  veis   le  Conte  de  Bossu 

*  «requérir  leur  pardon ,  luy  doqnans  à  entendre  tout 
>  Testât  de  la  ville  »  (p.  34). 

La  bonqe  volonté  des  Etats  étoit  d'un  très  grand 
prii;  car  ils  tenoient  la  bourse  et  cette  bourse 
o'étoit  pas  bcile. à  délier.  Quelquefois  cependant 
cette  difficulté  cessoit  ;  car,  quand  le  péril  est  grande 
f^isme  même  devient  libéral.  «  Quant  à  l'aident  ,9 
écrit  le  Prince,  t  lesEstats  m'ont  accordé,  à  la  vérité, 


tVIH 

o  une  belle  et  grande  somme,  et  m'esbabis  qu'aprè& 
»  tantdefoulles  et  desgâts  du  pais ,  ils  le  peuvent  en- 
»  coires  trouverw(p.  396,  m/I).  Des  éloges;  pas  encore 
deplainte,Cependanton\oit  percer  déjà  un  manque 
d^ënei^ie,  un  esprit  de  défianèe  et  de  domination, 
îiLes  Etatz,»  écrit  le  Secrétaire,  <f  tirent  toutes 
D choses  en  longueur»  (p.  39).  Un  Capitaine,  Emst 
\on  Manslo ,  s'est  retiré  en  Allemagne  ;  parcequ'i) 
voioit  «les  Estats  si  mal  résolus  et  alTedionnés  à 
9  condescendre  à  leurs  demandes  que  d\me  mau-t 
9  vaîse  volonté  en  service  du  Prince»  (p.  3i4)- 

Une  grande  partie  de  la  population  étoit  Catho^i 
Itque ,  et  foiblissoit  a  chaque  offre  de  pardon.  Beau- 
coup de  gens,  aussi  beaucoup  de  Protestants,  émi- 
groient ,  et  d'ordinaire  peu  sensibles  à  des  maux  vus 
de  loin ,  enlevoient  au  pays  une  grande  partie  du 
peu  de  ressources  qui  lui  restoit  (p.  63,  sqg.).  Mar- 
nix  trouve  expédient  que  les  reitres  pour  avoir  leur 
payement,  arrêtent  en  Allemagne  et  ailleurs  9 tous 
9  les  fugittifTs  de  Hollande,  pour  les  mestre  à  priz... 
»  Certes  par  là  nous  recouvrions  un  double  bien, 
»  car  eux  seroyent  payés ,  et  nos  fugytifTs  contraints 
•  de  retourner  à  la  maison»  (p.  i56;.  Mais  on  ne 
pouvoit  atteindre  tous  par  ce  moyen;  car  sans 
partir  eux-mêmes,   «plusieurs  habitans  des  villes 


IA\ 


9 ont 9  par  divers  moyens,  sauvé  leurs  biens  hors 
•du  Plus»  (p.  i8i). 

Souvent  on  répondoit  fort  mal  à  la  confiance  du 
Prince.  Le  Secrétaire  écrit  au  Ck>mte  Jean:  «Les 
i  désordres  qui  sont  esté  en  Hollande  devant  la 
■  tenue  de  Son  Ejlc.  sont  esté  si  grans  que  je  crains 
•  de  là  vient  tout  le  mal ,  tant  icy  que  celluy  advenu 
>  an  quartier  d'Overyssel,  et  Eaiisoit  fort  à  espérer 
»qiieceuliL  ausquelz  son  Exe.  et  Vos  Seigu.  se  sont 
•reposées,  se  fussent  quelque  peu  plus  esvertuez» 
(p.  38).  Souvent  même ,  pour  éviter  quelque  dom* 
mage  pers<mnel ,  on  risquoit  le  salut  de  tous ,  en 
B*eiécutant  pas  les  ordees  donnés.  «  Oires  que  par 
'réitérées  fois  son  Exe.  avoit  commandé  de  pefoer 
'ladycque  entre  Sparendam  et  Amsterdam  ^  pour 
•empesefaer  tout  passaige  à  l'ennemy ,  par  la  prac* 
•tycpie  loutesfois  d'aukuns  cela  n'avcnt  esté  faict, 
'Comme  il  estoitbienrequiz,  tellement  quel'ennemy 
>eii8t  moien  s'approcher  de  Sparendam  (p.  36).» 

Le  Prince  avoit  à  lutter  aussi  contre  les  eiigen* 
ces  de  ses  amis.  Cest  ainsi  que  résistant  aux 
Bâbrmésy  qui,  malgré  les  promesses  faites  aux 
Catlidiiques ,  vouloient  proscrire  partout  le  Papi»- 
■e,  il  trahissoit,  disoit^on,  la  Religion  etseprépa* 
rmt  à  rétablir  la  Messe  (p.  6 1  ). 


LX 


Le  peuple,  en  général,  avoit  de  fort  bonnes 
dispositions.  Mais  pouvoit-on  y  compter?  Le 
Prince  répond:  a  Ce  pays  est  de  sa  nature 
»  inconstant  et  légèrement  esmeu  »  (p.  i3a).  «Je 
»  treuve  le  peuple  partout  fort  volontaire,  mais 
3»  la  première  fortune  qui  nous  survient^  loui 
9  zèle  se  pert  »  (p.  i8a).  «Je  vous  prie  que  has-. 
9  tiez  voz  affaires,  pour  animer  quelque  peirle  peur 
A  pie  de  deçà ,  qui  s  en  va  du  tout  découragé  »  (p. 
243).  «  Les  courages  ne  se  refroidissent...  que  trpp  ^ 
(p.  a44)-  ^  U  n-y  a  peuple  au  monde  qui  plust03t 
»  se  resjouit  de  quelque  lionne  nouvelle,  aussi  n'y 
i»  a-il  son  pareille  qui  pour  quelque  sinistre  acddeol 
»  plustost  est  abatu  »  (p.  388).  Il  est  à  craindre 
«  que  par  la  longue  continuation  de  oeste  guerre  le 
»  peuple  nç  se  révolte  par  deçà ,  comme  il  en  dpnne 
9  de  grande  indices  1»  (p.  247)*  —  Les  bourgeoisies 
montrèrent  souvent  un  dévouement  sublime.  L'é- 
nergie est  communicative;  et  le  Prince  savoit  allu- 
mer et  nourrir  ce  feu  dans  les  esprits.  Partant  dii 
coeur ,  son  éloquence  étoit  efficace,  m  Après  son  Ex- 
9  cellence  fist  assembler  tous  les  capteins  et  chiefs 
9  de  son  Armada,  et  de  bouche  leur  ramentevoioit 
9  de  leur  charge,  les  advisant  de  quelle  grande  im- 
^  portance  et  conséquence  les  affaires  de  2^1an€le 


LXI 


9  estoient,  avecq  démonstration  de  la  souver  de 
»  ceste  guerre,  et  que  à  ce  respect  deb voient  em- 
9  ployer  tout  leur  pouvoir  pour  la  deflence  de  la 
»  religion ,  frsmchises  et  privilèges  de  la  patrie;  [ce] 
»que  tellement  encouraga  les  soldais,  que  tous 
»  d'une  mesme  voix  respondirent  qu'ils  est  oient 
»  prests  d^ssister  à  son  Excellence  jusques  à  la  der* 
vnière  goutte  de  leur  sang,  et  que,  plustost  que 
»  d'abandonner  la  cause,  aymeront  myeulx  de  ser- 
•  virung  an  sans  recevoir  maille,  voire  à  encbarger 
9  tout  ce  qu^ils  ont  eh  ce  mondes»  (p.  307). 

Le  Prince  ëtoit  seul.  Ce  n'est  pas  qu'il  n'eût  au- 
près de  lui  des  serviteurs  et  des  conseillers ,  dont  il 
aj^nrédoit  le  zèle,  les  talents,  et  la  fidélité.  Marnix, 
dont  nous  publions  quelques  Lettres  dignes  de  lui  ; 
Brunyndiy  dont  le  style  a  quelque  chose  d  enjoué 
et  de  caustique  (voyez  surtout  les  Lettres  397  et 
4i5);  Dothénus,  dont  les  écarts  ont  trop  obscurci 
le  mérite  (p.  ^17)*  Tseraeirts,  «  fort  misérablement 
»  taé ,  »  écrit  le  Prince ,  «  à  mon  très  grand  regret , 
«pour  y  avoir  perdu  ung  gentilhomme  d'honneur 
>  et  fidèl  serviteur,  quoy  que  plusieurs,  ou  par  en- 
9  vie,  ou  par  pure  ignorance,  taschent  à  le  blasmer 
â  et  luy  oster  toute  bonne  renommée  »  (p.  2 1 3). 
Mais  de  tels  hommes,  aptes  à  s'acquitter  avec  talent 


L<lf 


des  charges  et  emplois  que  le  Prince  leur  confioît 
n*ëtoient  pas  à  la  hauteur  de  conférer  avec  lui  sur 
la  position  des  affaires  en  rapport  avec  Fensemble 
de  la  politique.  Celui  qui  peut-être  en  étoit  capable 
et  auquel  le  Prince  s'en  fut  ouvert,  Marnix,  fut 
longtemps  prisonnier  :  a  A  mon  très  grand  regret  le 
»  Seigneur  de  St  Aldegonde,  qui  aultrement  se 
»  monstroit  vaillant,  ayant  esté  délaissé  de  ses  sol* 
>»  datz  y  a  esté  prins  v  (p.  23g).  Soupirant  après  la 
venue  de  quelque  personnage  qui  put  assumer  une 
partie  de  sa  reponsabilité ;  n'ayant,  séparé  de  ses 
frères,  personne  avec  qui  il  put  s'épancher,  il  ne  cesse 
d'écrire  combien  cet  isolement  lui  devient  difficile 
à  supporter,  a  Je  n'ay  personne  pour  en  affidres  ai 
p  ui^ns  me  prester  ayde  ou  conseil  »  (p.  1 77).  «  Noi 
1»  affaires  sont  en  assez  bons  termes,  moyenant  que 
9  j'eusse  quelque  ayde,  m'estant  impossible  de  sup« 
9  porter  seul  tant  de  travaulx  et  le  comble  de  si 
»  grans  affaires  qui  nous  surviennent  d'heure  à  aul« 
»  tre,  tant  en  faict  des  finances,  de  guerre,  que  des 
9  aultres  affaires  politycques ,  et  n'ay  personne  pour 
»  m'y  sublever,  point  ung  seul  homme,  <|ont  je 
»  vous  laisse  penser  en  quelle  peine  je  suis  »  (p*  igi)* 
9  Je  n'ay  ung  seul  homme  pour  m'assister,  moins 
I»  encore  seconder  aux  affaires  de  si  grand  poix  » 


LXIII 


(p,  197).  «  Les  affaires  s'en  iroyent  sans  double  tou* 
f  jours  mélioniiit,  si  je  fusse  quelque  peu  secouru 
»  el  soubziaigé  de  tant  de  peines  et  travauix  qu'il  me 
9  convient  porter  tout  seul  r  (p.  212,  inf.etsq^.  «Je 
■  TOUS  laisse  penser  que  ayant  à  pourvoir  à  tant  de 
»  lieux  et  me  trouvant  icy  seul,  de  quelles  peines  et 
>  travauix  je  me  trouve  environné»  (p,  laa^). 


Par  sa  position,  (p.  1),  ses  talents,  surtout  aussi 
par  son  caractère,  le  Prince  étoit  celui  autour  du- 
quel tous  venoient  se  rallier.  Cest  là  un  fait  mani* 

feste.  Un  fait  d^ailleurs  qui  se  reproduit  aussi  sou- 
vent qu'un  grand  homme  se  trouve  en  face  de 

grands  périls.  La  jalousie,  les  défiances,  Tenvie 
se  retirent,  sauf  à  reparottre  avec  une  double 
énergie,  lorsque  le  danger  sera  passé.  Tous,  par 
intérêt  et  presque  par  instinct,  suivent  celui  qu'ils 
sentent  seul  capable  de  les  guider. 

Nous  ne  voulons  rien  exagérer,  mais  nous  ne  pou- 
vons taire  ce  que  les  documents  attestent.  Et  néan- 
moins dès  que  nous  louons  le  Prince,  ou  plutôt  dès 
que  nous  faisons  remarquer  des  actes  qui  mériteni 
d'être  loués,  on  soupçonne  que  nous  composons 
on  panégyrique.  Cette  idée  disparoi tra  à  mesure 
qu'on  examinera  la  source  où  nous  avons  puisée 


Toutefois  dés  a  présent  uous  tachons  d'éviter  ju»-. 
qu'aui  apparences  qui  pourroient  justifier  de  seni^ 
blables  suppositions.  Voici  comment.  D'abord  nous 
publions,  sans  réserve,  tout  ce  qui  nous  semble 
important  ou  utile  à  publier':  Puis,  dans  nos  re« 

'  Je  ne  recherche  pas  ce  qui  est  piquant  el  scandaleux;  au 
pontraire,  dès  qu'il  a*ea  résulte  aucaoe  utilité  pour  Tbistoirey  je 
me  fais  une  loi  de  romettre.  C'est  pourquoi  j*ai  publié  fort 
peu  de  la  Gnrespondance  d*Anne  de  Saxe,  dont  on  pourroit ,  soit 
à  la  Haye ,  toit  à  Cassel ,  conpOser  des  Volumea.  Je  croyois  avoir 
indiqué  assez  clairement  ce  motif  (Tome  I.  p.  a^a),  lorsqu  après 
avoir  dit  tll  seroit  facile  de  produire  des  preuves  nombreuses  de 
fsoo  ioconduite,!  j*ajoutob:  cNous  ne  comptons  guères  en  faire 
•  usa^e  que  lorsqu'elles  prouvent  en  même  temps  le  bon  droit,  la 
>  modération ,  et  la  patience  de  son  époux.  •  Cependant  M.  Scklosser^ 
dans  les  Heidelberger  Jahrbûcher  der  LiieraiuTy  1837,  p  14,  a  cm 
devoir  donner  à  cette  phrase  une  interprétation  bien  différente. 
fWenn  Uerr  Gi.  v.  Pr.  dièses  binzusetzl,  macht  es  seiner  Treue 
•gegen  das  Haus  Oranien  und  seiner  Ergebenheit  allerdiogs  Ehre , 
f  nkht  aber  seinem  Eifer  fur  reine  bistorische  Wabrheit.  >  Ailleurs 
j*ai  parlé  d*états  mensuels  des  dépenses  du  Prince  cassez  difficiles  à 
•déchiffrer!  (T.  I.  p.  94)*  M.  Schlosser  suppose  que  ce  n*est  là 
qu*un  prétexte  :  nous  avons  voulu  cacher  ses  dettes.  cHerr  Gr.  sagt 
•zwar  das  Register  sey  unleseriich...  ;  wir  glauben  fast  dasz  es  wobi 
ilesbar  war,  aber  nichi  zum  Zweckediente»  /./.  p.  10.  J'affirme  de 
nouveau  que,  découragé  par  les  difficultés  du  Manuscrit ,  je  n*en  ai 
pas  entrepris  la  lecture;  et  je  crois  en  outre  que,  lors  même  qu*il 
résulteroit  de  ces  Registres  que  le  Prince  étoit  fort  endetté  ,  on  ne 
pourroit  en  conclure  que  pour  lui,  qui  avoit  de  nombreuses  posses* 
siona  en  Bourgogne  et  ailleurs  sous  la  domination  du  Roi  d'Espa- 
gue,  des  troubles  fussent  précisément  le  meilleur  moyen  de  salut.— - 
Lorsque  M. Schlosser,  /./.  p.  36,  au  sujet  d*une  Lettre  du  Prince  dont 
la  Priocesae  fait  mention  ,  demande  :  «  warum  sind  nicht  auch  ékt 


LXV 


marques>  nous  ne  faisons  que  répeter  et  transcrire 
ce  que  chacun  est  libre  de  coUationner.  Qu'on  s'en 
prenne  don<i  aux  documents  si,  dans  l'âme  du  lec- 
teor,  l'éioge  vient  se  placer  à  côté  du  récit. 

Cest  ainsi  qu'on  ne  sauroit  feuilleter  ce  Tome 
sans  rencontrer  à  chaque  instant  des  preuves  de  la 
persévérance  àa  Prince,  de  son  désintéressement ^^\ 
de  sa  piété.  Dans  cette  foule  de  passages  nous  ne 
pouvons  citer  que  quelques  uns  des  plus  frappants; 
rembarras  du  choix  est  ici  la  grande  difficulté. 

Sa  persévérance^ — Nous  n'avons  qu'à  ouvrir  le 
▼olume.  "^ 

iBnefe  Lier  abgedruckt?  «  voici  ma  simple  réponse:  weil  wir  die 
ifiricfe  bts  jeUt  nicht  gefanden  haben.i — Mais  en  général  que  dire 
à  àt  pareilles  remarques  ?  On  n*e»t  pas  tenu  sans  doute  de  savoir  si 
cdoi  dont  on  examine  les  écrits  ,  a  quelqu 'indépendance  dans 
la  opînîoi»  et  quelque  loyauté  dans  le  caractère;  cependant  il 
M  dut  pas  supposer  le  contraire  gratuitement.  Je  croyois  aussi 
*^  pour  défense  la  nature  même  de  mes  travaux  :  on  n*entre- 
pcsd  pas  an  ouvrage  qui  exige  des  recherches  aussi  laborieuses, 
iMi  aimer  rbntoirepour  elle-même;  et  cet  amour,  s'il  n'est  pas 
(Mjours  UD  préservatif  contre  une  partialité  involontaire,  me 
*^ble  peu  compatible  avec  les  intentions  que  M.  Schlosser  paroi t 
■c  supposer.  Je  sub  sensible  au  jugement  favorable  qu'un  savant 
^i  t  si  bien  mérité  des  études  historiques ,  a  publié  sur  mes  Ar- 
Cwvei;  mais  le  respect  que  je  lui  porte  et  l'intérêt  même  de  ce 
Accaeil  m'obligent  à  relever  et  à  combattre  de  très  injustes  soupçons. 


n 


Jtmt  flédiil.  il  mute.  L^anÉipr  opoir,  ifiyuil 
mat  ■»¥•■»  iMHBnns*  istok  tin  oôfté  et-  la  Frmct  « 

Ifcuift  capitule;  ea  pende  joues  pk»  de  «  ipanotc 
j0  enMgncsdegeiisdepilNiseâoiitiiiiscniiiieYihiiie 
#  6tignmnMwriwefiiû#(pÉ>4>\  Le  bonhgfgiagmeiil  «h 
bit  dM  aflEÛRs  c  e  >pBrmtfr«r  estome  ks  ¥iBes  de 
9  ttfHUcnetexqsll-j-ftgfMidckMignMnftciecoiKiges 
j»  portoat,  ffHfpm  ipie  les  mm  m  affectiooneaE  se 
0  troo^eiit  fort  csbraniez  »  (pi.  3).  Ei  le  Priaoe?  «  Je 
j»  ^inisrësota  de  partir  ^crsHoOnBde  et  Zâmdepoor 
I»  maintenir  les  afEûres  par  deb,  tonl  que  possible 
j»  sera,  ajrani  délibén  defÊÎn  ilieeq  m^a  sépmlimFe  n 

p  4; 

A  quelques  mois  de  là ,  noa^elle  crise.  Hoeriem 
se  rend. 

\jft  Prince  aTOÎt  toot  îail  poar  la  secoarir.  11  nV 
^fHt  cessé  de  prier  ses  frères ,  qui  certes  ne  se  relâ- 
cl^rtent  point  y  «  à  vouloir  employer  tous  leurs  sens 
n  et  mr>yens  pour  désassièger  la  ville  de  Haerlem  v 
f  p.  88y«  tf  Ce  seroit  grand  dommage  et  faict  de  con- 
I»  science  de  laisser  ainsy  périr  tant  de  gens  de  bien  » 
(p'  7^)'  ^  ^^  yo\ï%  laisse  penser  la  honte  et  confu* 
n  %um  que  ce  seroit  de  laisser  perdre  une  ville  qui 
^  %e%\  mainleniiz  si  vertueusement  et  le  desplaisir 


•  que  nous  en  recevrions  oultre  la  disréputatiao  » 
(p.  gS).  «  Son  Exe.  est  party  vers  Ijeyden ,  pour  il- 
1  lecadviser  des  moyens  que  Ton  polroyt  tenyr  pour 
»  aider  œste  pauvre  ville  de  Haerlem ,  estant  résolu 
■  de  mètre  le  tout  pour  le  tout,  prenant  Dieu  pour 

•  son  aide  »  (p.  t53  et  i6i). 

0  avoit  voulu  payer  de  sa  personne.  Le  désir 
eiprès  des  Etats  Fempécha  de  prendre  pari  à 
un  dernier  effort  (p.  169).  Toutefois  cette  •  en- 
«  treprinse  »  qui  n'aboutit  qu'à  un  terrible  échec , 
étoit  «très  hasardeuse  et  entièrement  contre  son 

•  opinion»  (p.  175). 

«  Toute  nostre  conservation  et  salut ,  »  disoit-il , 
«  gist  en  célérité  9  affin  que  la  ville  de  Haerlem  puisse 

>  estre  secourue.  Que  si  cela  ne  se  faict  bientost , 
•je  voy  cest  affaire  venir  en  ung  piteux  estât  a 
(p-  87).  c  Nous  tomberions  en  ung  estât  misérable 
>à  eause  du  desconfort  du  peuple,  voyant  que 

•  n'avons  en  si  longtemps  peu  secourrir  une  ville 

>  qai  a  si  bien  faict  son  debvoir  ;  vous  entendez  as- 
>sez  quelle  en  seroit  la  conséquence;  certes  non 

>  aultre  que  celle  que  j'ay  dict  »  (p.  88,  sq.).  «  Il  est 

>  fort  à  craindre  que,  si  ne  la  secourrons  de  bref, 

•  Doustomberonsentre'  grans  inconvéniens  Jequel 

■   es  lrê«(?) 


LXVIII 


»  polroyt  attirer    nostre    totale    ruyne»  (p.  i^g)s 

Eh  bien!  Haerlem  succombe.  Le  découragement 

est  général  :  à  voUs  povez  penser  la  perplexité  où 

»  ils  [sont]  voyant  aller  leurs  affaires  de  ceste  sor- 

ji  te....;  les  coeurs  des  liabitans  de  par  deçà  s'affbi- 

a  blissent  de  plus  en  plus,  les  couraigesse  perdent^ 

»  plusieurs  se  retirent ,  et  les  finances  sont  espuisées , 

»  tellement  que  ne  nous  reste  quasi  moien  quelcon- 

D  que  pour  .soustetiir  longuement  ]»  (p.  176,  eisg.): 

Mais  regardant  au  Prince  qui  écrit  ces  lignes ,  que 

voyons  nous?  Résignation  ^  et  déplus  confiance  en 

Dieu  et  redoublement  d'activité.  «  J'avois  espéré 

ju  vous  envoyer  melieures  nouvelles  de  la  ville  de  Haer- 

»  lem;  et  toutesfois,  puisqu'il  a  pieu  autrement  à  ce 

»  bon  Dieu  ,  nous  fault  conformer  à  Sa  Divine  volon- 

»  té  :  je  prens  ce  mesme  Dieu  en  tesmoing  d'avoir  faict 

»  selon  mes  moyens  que  me  sont  esté  donnez  toiit  ce 

j»  que  m'a  esté  possible  pour  [la]  secourir.  Et  n*ay  ob- 

^  mis  chose  quelconque  que  j'ay  estimé  pouvoir 

»  servir  à  ung  si  bon  effet»  (p.  lyS).  Le  Dieu  fort 

est  son  allié  (p.  178),  et  il  ne  songe  qu'à  employer 

les  ressources  qui  lui  restetit;  a  rendant  toute  la 

»  peine  du  monde  pour  trouver  aident,  à  fin  de 

»  pouvoir  remectre  noz  gens  en  ordre  et  dresse? 

w  nouveau  camp  »  (p.  i8j  ,  in  f). 


I.XIX 


Voyonsencore.  —  Après  les  revers  (juelqucs  succès; 
on  respire:  mais  ce  nest  qu'un  instant.  L'Espagnol 
e»vabit  presque  toute  la  Sud-Hoilande;  le  Piînce  va 
se  trouver  cerné.  Que  fait-il?  «H  semble  que  les 
«ennemys  sont  délibéré  d'assiéger  ceste  ville  de 

■  Delfl,  et  que  par  là  me  seroit  osté  le  moyen  de 

■  tenir  plus  aulcune  correspondance  avec  vous ,  ny 

•  aussy  avec  les  atiltres  villes....  le  sçay  bien  que 

•  plusieurs  trouveront  assez  estrange  si  je  me  laisse 

•  euserrer  icy  dedans  ;  mays  ,  tant  pour  garder  mon 

■  honneur  que  pour  ne  décourager  le  peuple  icy 

•  que  ailleurs,  a  esté  trouvé  bon  q^ieje  ne  bouge 

•  d'icy  dedans»  (p.  a4i  etsq.). 

Venons  en  aux  nouvelles  preuves  de  débinlércs- 
semenf. 

SoBvent  on  a  cru  que  le  Prince  noumssoit  la  dis- 
corde pour  en  profiler.  On  pourra  se  convaincre 
qa'en  faisant  la  guerre,  il  désiroit  la  paix. 

Qu*exigeoit-ii?  «  Une  paix  bonne  et  asseurée,  telle 

•  qu'elle  soit  à  l'advanchement  de  la  gloire  de  Dieu , 
•contentement  de  S.  M.,  bien  et  repoz  de  ses  siib- 
•jectz»  (p.  1299).  «  Ne  voy  autres  articles  à  propo- 
*ser,  sinon,  que  la  religion  Réformée,  selon  la  pa- 

•  rollc  de  Dieu  ,  et  l'exercice  d'icelle  soit  permis,  et 

J  > 


L\X 


r>  puis  la  Uepublique  d  tout  le  pa\s  remis  en  sesi 
«  «anciens  privilèges  et  liberté ,  et  que  pour  cest 
»  elTecl  les  eslrangers  et  nomuiément  les  Espagnols 
»  qui    sont   en    quelque    Gouvernement    ou    sol- 

"o  dats ,  ayent  à  se  retirer Que   si   Ton  nous 

»  veut  octroyer  ces  points  et  bailler  bonne  asseu- 
»  rance  d'iceux.  Ton  verra  par  effect  que  je  ne  dér 
»  sire  rien  tant  que  la  paix  et  le  repos  publicq  et 
»  que  ne  suis  opiniastre  pour  suyvre  aucune  mien- 
»  ne  opinion  contre  ce  qui  seroit  raisonnable  » 
(p.  5o). 

Ce  n'étoit  pas  trop  exiger.  Les  Députés  de  l'Em- 
pereur à  Francfort  eux-mêmes  ont  déclaré  au  Comte 
Louisqu'avant  tout  il  faut  s'accorder  sur  deux  points; 
que  rinquisitioii  soit  abolie  et  le  Gouvernement  des 
Espagnols  fnii  (p.  106*^).  Plus  de  régime  étranger; 
telle  étoit  l'opinion  aussi  du  Landgrave  Guillaume 
et  de  l'Empereur  Maximilien  (p.  2286). 

Mais  ces  points  comment  les  obtenir?  Comment 
surtout  avoir  des  garanties  suffisantes  de  leur  exé- 
cution  !  L'Electeur  de  Saxe  nullement  porté  à  consi- 
dérer la  cause  des  Pays-Bas  sous  un  jour  favorable, 
avoue  écrivant  à  Guillaume  de  Hesse  que  ce  doit 
être  là  un  bien  grand  obstacle,  surtout  après  que 
le  Duc  d'Albe  a  violé  envers  plusieurs  villes  la  foi 


lAM 


jurée  (|).  32*);  le  Laiidgrnve  lui  répond:  «Je  ne 
saurois  trouver  de  moyens  ni  d'assurance  pour  un 
pareil  traité,  surtout  dans  ces  temps  pleins  de 
tit)mperie,  et  à  cause  du  souvenir  récent  de  Ja 
perfidie  envers  TAmiral  >(p.  37*). 
Le  Prince  avoit  raison  de  dire:  «Toute  la  difH- 
culte  gist  au  poinct  de  1  asseurance  pour  les  exem- 
ples passés  et  plusieurs  fois  réitérez ,  aussi  pour 
tant  de  serments  qu'ils  ont  fait  de  ne  tenir  nuls 
semblables  contracts  y  et  mesmes  pour  ce  qu'ils  se 
persuadent  d'en  pouvoir  estre  absouts  par  le  pa- 
pe, et  pour  cette  cause  n'estiment  aucunement  y 
estre  tenus;  je  voudroye  bien  que  les  Princes  mes- 
mes advissassent  entre  eux  de  mettre  quelques 
moyens  en  avant ,  sur  lesquels  nous  peussions  es- 
tre bien  asseurez;  veu  que  de  ma  part  je  confesse 
de  n'en  pouvoir  trouver  nuls,  au  moins  qui  pou- 
roient  aucunement  estre  acceptés  du  Roy:  pour- 
quoy  je  vous  prie  d'y  adviser,  et  si  Ton  trouve  que 
la  cliose  soit  faisable,  je  ne  faudray  à  y  condes- 
cendre pour  ma  part,  et  y  induire  les  Estats  du 
pays  tant  qu'il  me  sera  possible  »  (p.  5©,  5i). 
G>nnoissant  le  Roi,  le  sachant  inébranlable  en  ce 
qui  touche  les  intérêts  du  Papisme,  il  craint,  non 
sans  motif,  que  les  ouvertures  (racconnnodemenl: 


I  Wll 


ne  soieiil  «  sinon  ruses....  Aussy  ne  piiis-jc  nicper- 
w  suadcr  qu'il  voudra  jamais  contracter  aucune  pai« 
n  avec   ses    soubjects,  si  ce  n'est  soubs  forme  de 
M  |)ardons  »  (p.   ii4)*  ^  Lies  eimemîs  samblent  de 
y  rcdief  mectre  la  paix  en  avant....;  le  tout  ne  le 
M  (ont  que  pour  nous  tromper  et  endormir.... ,  et 
M  nous  prendre peult-estre  au  dépourveu  »  (p.  aSi). 
Celui  qui  veut  éluder  une  conciliation ,  que  Tait-il  ? 
.\  mesure  que  Tennemi  devient  traitable,  il  devient 
exii^ranl;  augmente,  modifie  ou  dénature  les  arti- 
cles <|u'ila  proposés.  Le  Prince  ^  après  avoir  fixé  con- 
sciencieusement la  limite,  ne  prétend  pas  la  dépas- 
ser. En  juin,  se  rapportant  à  une  Lettre  écrite  en 
février ,  ¥  Quant  aux  conditions...  ne  sçay  aulire  pied 
»  que  l'on-poroil  prendre»  (p.  iSy).  Et  en  novem- 
bre: (t  Quant  aux  conditions  de  paix  que  nous  vouU 
»  drions  mettre  en  avant,  je  vous  en  ay  aultre.foys 
»  escript  et  n'en  sçauroys  encore  présentement  pro- 
»  poser  autres,  sinon  que,  retirant  les  Espaignoiz  et 
»  aullres  estrangers  hors  du  pays,  Ton  nous  accorde 
Il  libre  exercice  de  la  parole  de  Dieu  selon  Son  com- 
»  niendement,  avec  restitution  des  droict/.,  privi- 
1^  lè{(es  et  anciennes  libertez  du  pais,  pour  ainsj 
p  faire  vivre  les  subjects  de  sa  Maj.  sonbz  l'entière 
I-  obéissance  d'ieelle  »  (p.  ^^^7). 


LXMiF 


Il  y  a  encore  le  témoignage  non  suspect  de  Scbon- 
berg.  «  Le  Landgrave  a  faîct  tout  ce  (|u'il  a  peu  poin* 
dégouster  le  Conte  Ludovicq  de  la  pacification  des 
Pays-Bas;  niais  le  Conte  luy  a  dict  rondement  que 
ce  n'est  en  sa  puissance  d'empêcher  le  Prince  son 
frère,  ni  les  Estas,  qu'ils  n'y  entendent;  si  ce  n'est 
que  bien tost...  on  entrast  au  partyque  sçavezavec- 
ques  le  Roy  »(p.  5a*).  Et  ailleurs  :  «  Je  cognois  à  tou- 
tes les  actions,  négociations,  et  déportement  s  du 
Conte  Ludowig  qulls  sont  résolus  (pour  le  moins^ 
bien  fort  enclins)  à  emhracer  uiie  pacification  au 
Pays-Bas,  moyennant  qu'elle  soil<|uelqiie  peu  ho- 
oorable  et  qu'ils  y  voyent  de  la  seureté  j»  (p.  46^). 
Que  s'il  pouvoit  encore  y  avoir  quelque  doute, 
rappelons  nous  ce  que  la  position  du  Prince  avoit  de 
décourageant  et  de  critique.  Pourvu  que  le  Koi  of- 
frit des  conditions  lolérables,  que  pouvoit-il  dési- 
rer de  plus?  «  Quant  à  la  poursuite...  pour  avoir  la 
»  paix ,  je  le  trouverois  fort  bon ,  mais  je  y  vois  pe- 
•  tite  apparence  »  (p.  aag).  «  Je  vous  prie  de  mettre 
9  par  delà  au  plustôl  ordre,  afin  qu'il  y  soit  remédié 
»  par  une  paix  ou  par  une  bonne  levée  pour  nostre 
»  secours,  n'estant  aultrement  possible  de  mainte- 
m  nir  plus  longtemps  »  (p.  a85).  «  Je  vous  piie  de 
»  tenir  la  main  à  ce  (|ue...,  si  c'est  à  bonne  escient 


LXXIV 


»  que  Ton  propose,  que  nous  en  puissions  bientosi 
»  avoir  quelque  résolution,  considéré  que  de  jour  à 
»  aultre  nous  nous  trouvons  plus  bas  des  moyens  et 
»  de  crédit,  et  semble  impossible  de  le  soutenir  à 
»  la  longue  »  (p.  1 14)-  L  acheminement  vers  la  paix 
étoit  pour  lui  une  ùonne  nouvet/e  (p.  7a).  —  A  cha- 
que instant  il  étoit  près  de  périr:  un  traité  honorable 
pouvoit  le  sauver.  Ck)mment  n'eût  il  pas  désiré  voir 
couronner  ainsi  ses  pénibles  travaux? 

«  Vous  savez  assez ,  »  écrit  le  Prince  à  ses  frères , 
«  que  mon  intention  n*a  jamais  esté,  et  n'est  enco- 
»  res  de  chercher  tant  peu  que  ce  soit  mon  particu- 
»  lier;  ains  j'ay  seulement  aspiré  et  prétendu  à  la 
9  liberté  du  pays ,  tant  au  faict  de  la  conscience 
»  comme  de  la  pc^ice^  que  les  estrang^s  ont  tâché 
i>  d'oprimer  i>  (p.  5o). 

c(  Le  Prince,  »  écrit  l'Electeur  Palatin  , «est  intime* 
»  ment  convaincu  qu'abandonner  une  cause  commu- 
»  ne  à  tous,  et  qui  concerne  la  gloire  et  la  Parole  de 
»  Dieu  aussi  bien  que  Ja  liberté  du  pays,  seroit  per- 
»  dre  son  honneur^  sa  réputation,  et  une  bonne 
»  conscience,  le  plus  grand  trésor  sur  la  terre,  et 
»  jeter  honteusement  les  pauvres  sujels  des  Pays- 
»  Bas  dans  ia  gueule  du  tyran  »  (p.  1^9^). 


LXW 


Le  Comle  Louis,  dans  un  Mémoire  à  l'Electeur 
de  Saxe ,  où  îi  justifie  la  conduite  du  Prince  ,  s'ap* 
puye  sur  des  Faits:  «  Il  Ti*est  pas  né  sujet,  mais  ap- 
■  partientaux  Etats  de  TEmpire;...  il  s'est  retiré 

•  devant  son  Maître,  quand  celui-ci  a  usé  de 
»  violence,  sans  admettre  personne  à  se  justifier.  Il 

•  n'a  pas  voulu  retenir  Anvers,  Malines,  Amster- 

•  dam,  Valenciennes,  toute  la  Hollande^  la  Zélan- 

•  de,  et  FArclievécIié  d'Utrecht ,  qu'il  avoit  entre  les 

•  mains.   Dans  le  sentiment   de  n'avoir  rien  fait 

•  de  condamnable,  il  n'a  pas  songé  à  mettre  son  fils 

•  et  ses  biens  en  s&reté.  Il  a  toujours  agi  au  su  et  avec 

>  Tavis  des  Princes  et  Electeurs.  11  n'auroit  jamaifr 

•  songea  retourner  dans  les  Pays-Bas  ^  si  on  ne  l'y  eût 

•  appelle»  (p.  1^4*). 

Et  j  si  l'on  se  défie  de  cette  espèce  de  note  dîplo* 
oiatique ,  lisons  ce  que  les  frères  du  Prince ,  lors 
même  que  rien  ne  les  porte  à  dissimider,  lui 
écrivent:  «Nous  qui  entrevoyons  les  obstacles  que 
'  vous  avez  à  combattre  {mr  sa  wm  den  saclien  etwas 

>  ii'<irzca),pouvonsjusqu'àun  certain  point, apprécier 

>  vos  soucis ,  vos  peines ,  \ros  labeurs  ^  vos  périls  ; 

>  d'autres  ne  sauroient  s'en  faire  une  idée.  Toute- 
»  (ois,  puisque  cette  cause  et  cet  oeuvre  ne  sont  pas 
9  des  lio»nies,  mais  de  Dieu;  que  vous  ne  vous  y 


LXXVi 


»  êles  pas  ingéré  de  vous-même,  niais  que  leToiil- 
n  Puissant  vous  a  appelles  vous  traînant^  pour  ains» 
»  dire,  par  las  cheveux  ;  que  vous  avez  visiblement 
»  i^prouvé ,  dans  vos  travaux  et  par  des  effets  mani- 
>>festesy  le  secours,  la  grâce,  et  le  pouvoir  nierveil- 
»leux  de  rEtern^I,  nous  devons  tous  L'en  reiner- 
ï^cier  vivement  y  nous  réjouir  de  Sa  protectioi> 
»iL paternelle  et  nous  y  confier,,  malgré  tout  ce  que 
»  nous  croyons  appercevorr  de  difficultés  et  de 
»  dangers»  (p.  asso). 

On  est  forcé  d'en  convenir;  les  motifs  du  Prince 
ei  la  cause  de  la  guerre  se  résument  en  une  seule 
cause  et  en  un  seul  motif,  la  défense  de  la  religion. 
Cétoit.Ie  but.  Quelquefois  sans  doute  il  semble  pla* 
cer  le  maintien  des  Privilèges  sur  la  même  ligne  ;  il 
ne  met  pas  toujours  le  Prcrteslantisme  en  avant;.c'est 
qu'il  vouloit  tenir  des  voies  de  conciliation  ouvertes, 
ctméuagerlasusceptibilitédu  Roi  et  des  Catholiques; 
c'est  qu'il  vouloit  rallier  ceux-ci  autour  des  libertés 
communes,  llétoit  du  même  avis  que  Maruix  :  «  Qui 
»  ^considérera  toutes  choses  de  près,  trouvera  à  la 
»  vérité  quelagrandeet  continuelle  rigeur  que  l'on 
»  a  usée  à  l'extirpaiioade  ceste  religion  {>our laquelle 
y»  si  longtemps  nous  avons  esté  persécute/.,  a  esté, 
»  aussi  bien  pardrc^à  comme  par  toute  iaChrestien- 


LXWII 


>  lé,  la  seule  el  uuique  source  et  ]e  motif  |)t'inci|>al 
»  de  Taltération  du  peuple,  au  moieii  de  laquelle 
»  oonsécutivenjenl  ont  esté  causez  tous  les  désor- 
»  dresy  dont  la  lettre  de  vostre  Excellence  faict  nieu- 
»  tioD.  Ce  que  mesmes  Ton  a  par  cy-devant  veu  et 
»  trouvé  par  expérience  du  temps  de  noz  ancestres, 
•  toutes  et  quantes  fois  que  Ton  a  voulu  par  moyens 

>  si  violents  remédier  à  une  chose  qui  de  sa  nature 
«  ne  se  peult  extirper  par  violence,  ains  seulement 
»  par  persuasions  el  enseignement  h  »  (p.  2288). 

Après  avoir  vu  le  désintéi*essement ,  remontons 
à  la  source.  Le  Prince  avoit  une  véritable  piété. 
Nous  avons  remarqué  dans  les  Tomes  précédents 
que  sa  foi  s'affermissoit  à  Técole  d^i  malheur.  Ici 
eocore  des  épreuves  non  moins  rudes  produisent 
les  mêmes  salutaires  effets. 

Il  se  range  parmi  les  Calvinistes  (p.  226).  Etoit- 
ce  parceque  leur  opinion  sur  quelques  articles  de 
foi  lui  sembloit  plus  Biblique  que  celle  des  Luthé- 
riens? C'est  diflicile  à  dire,  et  peu  important 
à  savoir.  Sans  doute  les  préventions  du  Prince 
contre  les  Calvinistes  avoient  graduellement  dis- 
paru. Du  reste,  quoiquHl  n'aura  pas  ignoré  les 
différences  entre    les  Protestants,  (|tii  malheureu- 


LXXTIIJ 

seroeiit  îiiMuoient  beaucoup  sur  lu  politique, 
il  nous  semble  peu  probable  qu'il  les  ait  pro- 
fondément étudiées.  Il  attacboit  un  grand  prix ,  non 
à  ce  qui  sépare ,  mais  à  ce  qui  unit  les  véritables 
Chrétiens.  Il  savoit  que  tous  ont  péché  et  qu'ils 
sont  entièrement  privés  de  la  gloire  de  Dieu;  étant 
justifiés  gratuitement  par  sa  grâce,  par  la  rédemp- 
tion qui  est  en  Jésus*Christ.  Il  se  confioit  unique- 
ment en  Jésus-Clirist  crucifié,  de  tout  temps  un 
scandale  pour  les  Juifs  et  une  folie  pour  les  Grecs , 
mais  de  tout  temps  aussi  Christ,  la  puissance  de 
Dieu  et  la  sagesse  de  Dieu  '  • 

En  juillet  1573  l'Espagnol  est  presque  maître  du 
pays.  Les  capitaines  du  Prince  ne  voyent  nul  moyen 
de  salut.  Us  exigent  qu'il  déclare  quels  sont  les  Pc- 

'  M,  Sc/tlosser,  IJ,  p.  u ,  observe  f|tie  presque  jamais  le  génie  et 
la  gi-anilcur  n*on'  été  unis  ù  la  moralité  Chrétienne,  n  Wir  ûbrigen 
»  Mensclien...  haben  deti  Trust  dass  GenialilMt  iintl  («roszemit  der... 
^chrîsUich  apos^oUschen,..  MornUîàt  fasl  nie  vereinigt  gefunden 
s  weixlen.  «  Espérons  qu'un  jour  il  fera  une  exception  en  faveur 
de  Guillaume  Premier.  —  Il  est  vrai  que,  quand  il  s'agit  d'uoe 
iiianirestation  un  peu  franche  d'opinions  religieuses,  il  n'admet 
pas  aisément  de  la  sincérité.  <•  Wir  hoffen  dasz  es  nicht  in  Uolland 
w  wie  in  Dcutschiand  ist,  wo  man  mit  der  Frômmigkeit  nach 
l'Gunst,  Besoldung,  Stellen  nnd  Orden  jagt  »  (p.  i3).  Il  sei*a 
permis  de  révoquer  ces  accusations  contre  l'Allemagne  en  doute , 
du  moins  dans  leur  généralité  ;  et  quant  à  la  Hollande,  si  kt^ 
Si'/iivAser  veut  prendre  des  iuropualions,  il  sera  plciiiomenl  rasr- 
sure  a  cet  égardé 


LX\IX 


teutats  dont  ralliaiice  te  fait  persévé)*cr,  Jorsqu'îl 
q\  a  plus  aucune  chauce  de  succès.  «  Quand  j'ai 
»  entrepris  de  protéger  le^  Clirétiens  opprimes,  j'ai , 
dit*il  f  «préalablement  traité  alliance  avec  l'Ëternel, 

•  le  Dieu  des  armées,  dont  la  main  forte  et  puissante 

•  saura,  quand  il  Lui  plaît,  les  délivrer»  (p.  178): 
réponse  connue,  mais  qui  devoit,  ce  nous  semble, 
trouver  place  dans  notre  Recueil. 

Après  des  nouvelles  favorables  sur  les  disposi- 
tions des  Princes  d'Allemagne;  «  Je  remercye  Dieu 

■  de  ce  qu'il  Luy  plaist  illuminer  les  coeurs  de  ceux 
a  que  vous  me  dictes  p^ir  delà...  Le  Seigneur  Dieu 

•  bee  le  tout  réussir  à  Sa  gloire  et  au  soulagement 

■  de  Son  pauvre  peuple  »  (p.  a45).  «  L'issue  est  en- 
»  treles  mains  de  Dieu;  ne  savons  s'il  Luy  plaira  y 
9  donner  Sa  grftce  »  (p.  ^^6). 

A  rapproche  d'un  nouveau  danger:  «Comme  il 

•  semble  que  les  ennemis  sont  résolus  de  tenter 
»  encoires  une  foys  la  voye  de  force  pour  ravictuail* 
»  1er  Middelburcb,  je  vous  prie  de  faire  faire  par- 
«  tout  des  prières  à  Dieu ,  afin  qu'il  Luy  plaise  nous 
>  regarder  en  miséricorde ,  sans  nous  laisser  tom* 
B  ber  en  telle  extrémité,  qui  causeroit  indubitabie- 
B  ment  par  trop  grande  effusion  de  sang  »;  (p.  SaS). 

Après  une  victoire:  «  Je  ne  peulz  obmettre  devons 


L\XX 


0  advertirei)  diligence  le  grand  heur  qu'il  a  pieu  à  ce 
»  hou  Dieu  nous  envoyer»  (p.  120^).  Ensuile  quand 
il  a  terminé  le  récit:  a  Et  puisque  c'est  le  Seigneur 
»  Dieu,  le  Dieu  dy-je  des  armées  seul  qui  nous  a 
)i»  donné  ceste  victoire,  la  raison  veult  aussi  qu'à  Luy 
i>  seul  nous  en  rendons  grâces,  avecq  ferme  espoir 
»  que  ce  ne  sera  la  dernière  victoire  qu'il  nous  don- 
»  nera,  et  qu'il  deiïendra  et  maintiendra  ceste  tant 
»  juste  et  équitable  querelle,  maugré  qu'en  ayent 
»  tous  ses  ennemis  »  (p.  122^). 


En  terminant  le  Tome  précédent ,  nous  avons 
quitté  le  Prince  h  la  St.  Barthélémy  ;  nous  le  quittons 
ici  dans  un  moment  pareil;  après  la  bataille  du  Moo- 
kerheide. 

Cette  défaite  eut  heu  en  avril  i574* 

Nous  publions  six  letti*es  écrites  durant  ce  mois 
par  le  Prince  au  Comte  Louis.  Nulle  réponse  ;  nul 
renseignement;  ensuite  des  bruits  vagues ,  confus; 
rien  de  certain ,  rien  de  précis.  Sept  jours  après  la 
bataille^  il  écrit  :  «  Je  me  trouve  en  la  plus  grand 
»  peyne  du  monde,  pour  n'avoir  ep  aucunes  nou- 
»  velles  ou  responce  de  vous  sur  sept  lettres  que  je 
»  vous  ay  escript  depuis  le  x*  jour  de  ce  moys ,  el 
»  dont  la  dernière  a  esié  du  xviii*  »  (p.  372).  Le  22 


LXWI 


il  écrîl  au  (loinle  Jean  :  a  Je  leur  ay  dépesché  plus  de 
■  dix  messaîgiers ,  mais  loutesfois  je  n'ay  jamais  peu 
•  entendre  aulcune  nouvelle  ny  cerlilude  »  (p.  879). 
On  voit  croilre  à  chaque  fois  ses  inquiétudes  el  ses 

anxiétés. 

Enfln  le  Prince  ne  peut  douter  4e  son  malheur. 
L'armée  qu'on  attendoit  impatiemment,  est  en  dé- 
route; Icîs  Chefs,  deux  de  ses  frères,  ont  péri.  Cest 
alorsqu'il  écrit  auComie  Jean  la  l-ettre49a.  Pour  in- 
diquer ce  qu'elle  a  de  touchant  et  de  caractéristique, 
il  faudroit  la  transcriie  presqu'en  entier.  On  y  re-' 
marque  une  profonde  tristesse,  une  résignation 
parfaite ,  une  persévérance  et  une  activité  que  rien 
ne  sauroît  rebuter. 

«  Nous  sommes  privez  de  ceulx  sur  lesquelz  j'avois 
■  basty  tout  mon  espoir»  (p.  391).  Ce  ne  sont  pas 
uniquement  des  regrets  sur  des  instruments  brisés; 
c'est  une  vive  affection ,  un  tendre  attachement  fra- 
ternel. «Je  vous  veulx  bien  confesser  ouvertement 
>  que  j'ai  la  teste  tellement  estourdie  d'une  si  grande 

•  multitude  d'affaires,  et  mesmes  de  regret  et  de 
»  mélancoiie,  pour  la  perte  de  Monseigneur  le  Duc 
9  Cbristophore  et  de  mes  freines,  lesquels  je  tiens 
9  asseurément  mortz,  que  je  ne  sçay  :i  grand  peine 

*  ce  que  je  faiz  »  (p.  3c)o). 


LXXXII 


11  ajoute  imniédiatenient  r  «  et  touiesfois,  si  la 
»  volunté  du  Seigneur  a  esté  telle,  nous  le  devons 
»  porter  patiemment  «  et  ailleurs:  «  Je  vous  confes- 
»  se  qu'il  ne  m'eust  sçeu  venir  chose  à  plus  grand 
»  regret;  si  est-ce  que  tousjours  il  nous  fault  confor- 
»  mer  à  la  volonté  de  Dieu  et  avoir  esgard  à  Sa  di- 
p  vine  providence,  que  Celuy  qui  a  respandu  le 
»  sang  de  sou  Filz  unicque,  pour  maintenir  son 
»  Eglise,  ne  fera  rien  que  ce  qui  redondera  à  Favan- 
»  cernent  de  Sa  gloire  et  mainténement  de  Son  Egli- 
»  se,  oires  qu'il  semble  au  monde  chose  impossible. 
»  Et  combien  que  nous  tous  viendrions  à  mourir , 
»  et  que  tous  pauvre  peuple  fust  massacré  et  chassé, 
»  il  nous  faut  toutesfois  avoir  ceste  assurance  que 
V  Dieu  n'abandonnera  jamais  les  siens  »  (p-  386 , 

387). 

Cherchaut  à  réparer  le  désastre:  «  De  mon  costé 
»  vous  pouvez  estre  asseuré  que  je  feray  à  cet  eflect 
»  le  debvoir  aultant  qu'en  moy  sera  et  comme  j'ay 
y»  fait  jusques  icy»  (p.  388).  «Je  vous  prie,  de  la 
»  meilleure  affection  qu'il  m'est  possible ,  d'employer 
«  tout  vostre  entendement  et  vos  cinq  sens  à  trou- 
»  ver  quelque  remède  convenable  »  (p.  389),  Ensuite 
il  développe  son  opinion,  et  entre  dans  beaucoup 
de  détails. 


LXXXIII 


Eiiliii     il    ajoMic:   «Il   me  souvient  à  ce  propos 
de   ce  que  aultrefois  je  vous  ay   dict ,  que  ron 
pourroit  maintenir  ce  pays  contre  toutes  les  for- 
ces du  Roy  d'Espaigne  lespace  de  deux  ans,  mais 
qu'alors  aurions  nécessairement  besoing  d'estre 
secourus,  oires  que  Dieu  le  peult  maintenir  sans 
aullre  secours,  ainsy  qu'il  a  faict  jusques  icy,  mais 
j'en  parle  humainement;  et  comme  les  deux  ans 
s'en  vont  de  briefî  expirer,  il  seroit  plus  que 
temps  que  quelcques  Princes  et  Potentats  nous 
eussent  tendu  la  main;  que  s'il  ne  se  treuveaulcun 
de  cesie  volunté  et  que  par  fauUe  de  secours  nous 
nous  allions  perdre,  au  nom  de  Dieu ,  soit!  Tous- 
jours  aurons  cest  honneur  d'avoir  faict  ce  que 
nulle  aullre  nation  n'a  faict  devant  nous,  assa- 
voir de  nous  estre  defTendus  et  maintenus,  en  ung 
si  petit  pays ,  contre  si  grands  et  horribles  eiTorts 
de  si  puissans  ennemis,  sans  assistance  quelcon- 
que. Et  quant  les  pouvres  habitans  d'icy,  délais- 
sés de  tout  le  monde,  vouldroyent  toutesfois  opi- 
niastrer,  ainsy  qu'ils  ont  faict  jusques  à  mainte- 
nant, et  comme  j'espère  qu'ils  feront  encoires,  et 
que  Dieu  ne  nous  veuille  chastier  et  du  tout  per- 
dre, il  cousteroit  aux  Espagnols  encoires  la  moi- 
tié d'Espaignr,  tant  en  biens  qu'en  hommes,  de- 


LIXXIV 


»  vaut  qu'ils  auroient  faict  la  (in  de  nous  t»  (p.  396, 

597)- 

Ce  sont  là  des  accents  prophétiques.  Et  cepen- 
dant le  Prince,  i>énétrant  dans  Favenir,  restoii  en 
deçà  de  la  réalité.  Il  ne  prévoyoit  pas  que  bientôt 
sept  Provinces  seroient  indépendantes;  que  leur 
République,  renversant  la  puissance  de  ses  enne- 
mis jusqu'au  bout  du  monde,  couvriroit  les  mers  de 
vaisseaux;  que  l'Espagne,  a(Toiblie,  humiliée,  se 
verroit  réduite  à  sanctionner  cette  union;  et  qu'un 
jour,  menacée  par  la  France,  elle  n'auroit  que  la  Hol- 
lande pour  la  sauver.  Les  bénédictions  de  Dieu  en- 
vers ceux  qui  Le  craignent,  surpassent  les  espéran- 
ces de  l'homme.  Il  réalise  dans  tous  les  siècles  les 
promesses  qu'il  mettoit  dans  la  bouche  des  Prophè- 
tes d'Israël.  «  Ceux  qui  te  font  la  guerre,  seront 
»  comme  ce  qui  n'est  plus.  Car  Je  suis  l'Eternel  ton 
»  Dieu,  celui  qui  te  dis:  Ne  crains  point,  c^est  Moi 
»  qui  t'ai  aidé...  Ne  crains  point.  Je  t'aiderai,  dit 
»  l'Eternel  »  '. 

'  Esaie,  ch.  /|i  ,  v.  la— 14. 


CONTENU 


tOME  IV. 


umi.  Pa^. 

1572. 

CNrrOBEE. 

3(*.  16(1),  Le  LaBdfrâTe  Guillaume  de  Hesseà  l'Electeur 
PaUtio.  La  St.  Barthélémy  ne  sauroit  ren- 
Terser  l'oeuTre  de  Dieu.  i4*. 

•  17.  G.  de  Schooberg  à  la  Reine- Mère.  Nécessité  de 

dissiper  les  craintes  des  Princes  Protestants.       1 4*. 

•  18.  G.  de  Schonbergau  Duc  d'Anjou.  Le  Duc  ne 

doit  pas  donner  occasion  de  croire  qu'il  fan)- 

rise  le  Boi  d'£spa§;ne.  1 5*. 

•  19.  Le  même  au  Comte  de  Retz.  16*. 
>         20.  J.  Schwarz  au  Landgrave  Guillaume  de  Hesse. 

Bcddition  de  Mons.  16*. 

(i)  N*.  I— 15  (Lettres  de  Schonberg,  du  Duc  Jean-Casimir, 
de  Henri  Doc  de  Guise,  du  Comte  Jean  de  Nassau,  des  Ambas- 
sadeurs de  Yulcob  et  St.  Goard,  de  la  Beine-mère  de  France ,  et 
du  Duc  d'Anjou)  se  rapportent  presqu'excinsivement  aux  négo- 
ciations de  la  Cour  de  France  avec  les  Princes  Protestants  d'Aile-* 
depub  octobre  iS;!  jusqu'en  octobre  iS'j%» 

4  6 


Î.XXXVI 

LBTTAE.  Page. 

cccLxxxix.   Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Jean  de  Nassau. 

Sur  TétaC  déplorable  des  affaires.  i . 

CCC1.XXX1X*.  Mémoire  de  Bernart ,  Seigneur  de  Mérode,  pour 

justifier  sa  retraite  de  Malines.  o. 

n^.  21.  St.  Goard  au  Roi  Charles  IX.  11  a  fortement 
déconseillé  à  Philippe  II  toute  mesure  de  con- 
ciliation envers  le  Prince  d*Orange.  i8*< 
cccxc.  Le  Comte  Louis  au  Comte  Jean  de  Nassau.  Sur 
le  mauvais  état  de  ta  santé  et  sa  prochaine 
arrivée  à  DiUenbourg.  18. 
c:ccxci.  Le  Comte  Louis  au  Comte  Jean  de  Nassau.  Sur 
la  désignatioD  du  Siegen  comme  lieu  de  re- 
traite pour  les  réfugiés  des  Pays-Bas.                   1 9. 

NOTEIIBBE. 

n^.  12.  G.  de  Schouberg  au  Roi.  Le  Duc  d'Albe  pro- 
teate  ne  vouloir  aucunement  molester  l'Em- 
pire; Maximilien  II  désire  récon^Her  le  Prince 
d'Orange  avec  Philippe  II.  1 9*. 

cccxcii.  Le  Comte  Louis  au  Comte  Jean  de  Nassau.  Il 

lui  mande  son  arrivée  à  Siboarg.  ao. 

n°.  23.  Réponse  de  TEIecteur  Palatin  a  Frégose.  20^ 

■   24.  St.  Goard  a  la  Reine- Mère.  2 1*. 

»   25.  De  Vulcob  au  Roi  Charles  IX.  Conversation 

avec  TEmpereur  sur  la  St.  Barthélémy.  2 1  *. 

cccxciii.  P.  de  Marnix,  Seigneur  de  St.  Aldegonde,  au 

Comte  Jean  de  Nassau.  Nouvelles  diverses  22. 

n^.  26.  St.  Goard  à  la  Reine-Mère.  22*. 

»     27.  De  Vulcob  à  la  Reine-Mère.  Opinion  de  TEm- 

pereur  relativement  aux  Pays-Bas.  22*. 

•    28.  St.  Goard  au  Roi  Charles  IX.  Entrevue  avec 

Philippe  IL  ttV. 

»    29.  Réponse  du  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  au 

Roi  Charles  IX.  25*. 

»     3o,  Le  Duc  d* Anjou  à  M'  de  Schonberg.  26*. 


Lxwvir 

Ptge. 

rccxcir.  J.  Taffio  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Relative  à 
un  lieu  de  retraite  pour  les  réfugiés  des  Pays- 
Bas.  i\ 

cccxcv.  Le  Comte  de  Nuenar  au  (x»mte  Louis  de  Nas- 
sau. Relative  au  Duc  de  Ctèves  et  aux  affai- 
res de  la  Gueldre  et  de  la  Hollande.  2  j. 

DifCEVBftfi. 

rxcicvi.  >V .  Zu léger  au  Comte  Loub  de  Nassau.  Négo- 
ciât ici»  trompeuses  de  la  part  de  la  France.       3o. 
n*".  3i.  St.  Goard  au  Roi  Charles  IX.  Le  Docd'Albe 

eo  défaTeur.  27*. 

cccxcYii.  N.  BruD^ock  au  Comte  Jean  de  Nassau.  Nou- 
velles diverses,  siège  de  Haerlem;  affaires  de 
France.  33. 

4I.CXCVIII.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Louis  de  Nas- 
sau. Il  lui  recommande  I.  de  Baudringîen , 
député  par  les  Chrétiens  de  France  ver»  les 
Electeurs  et  Princes  Protestants.  /|0. 

1573. 
JAAVICR. 

n*.  32.  St.  Goard  à  la  Reine-Mère.  La  St.  Barthélémy 

acte  prémédité.  28^. 

ciccicix.  David  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Sur  la  diffi- 
culté du  pasMige  d*Emden  en  Hollande;  état 
des  affaires  dans  les  Pays  -Bas  et  en  France.  4^« 

C.V,  \jt  Prince  d*Orange  à  W.  Ripperda ,  Gouver- 
neur de  Haerlem.  Promesse  de  secoui's  par 
tous  les  moyens  possibles.  47* 

n"*.  33.  T^  Roi  Charles  IX  à  St.  Go^rd.  T^  St.  Barthé- 
lémy acte  non  prémédité.  28*. 

FÉVRIER. 

rni.  Le  Prince  d^Orange  à  ses  frères.  Sur  lt»$  rondi- 


LXXXVllf 

LBTTAB.  Page. 

lions   auxquelles  on    pourroit  conclure   b 
paix.  49- 

n^.  34*  ^*  ^^  Schonberg  au  Duc  d'Anjou.  Tentatives 

du  Roi  d'Espagne  pour  parvenir  à  TEropire.      3o*. 

CDU Arrêt  du  Roi  d'Espagne  touchant  certains 

articles  de  l'inquisition.  Nouvelles  de  France.      5a. 
CDiii.  Charles  de  Meyere  au  G>inte  Louis  de  Nassau. 
Il  n'a  pi\  s'embarquer  d'Emden  vers  la  Ro- 
chelle. 53. 
n^.  35.  St  Goard  au  Roi  Charles  IX.  Dispositions  de 

l'Empereur  ;  gouvernement  des  Pays-Bas.  3 1  *. 

cDiv au  Comte  Jean  de  Nassau.  Sur  les  affaires 

de  Haerlem  et  de  la  Zélande,  et  les  actes  du 
Prince  relativement  à  la  religion.  58. 

MAIS. 

CDV.  L.  von  Embbe  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Plan 
pour  surprendre  les  vaisseaux  venant  du  Pé- 
rou ;  moyens  de  se  procurer  des  tnunitions 
et  de  l'argent.  67. 

CDvi.  Le  Prince  d'Orangé  au  Comte  Louis  de  Nassau. 
Conditions  de  paix  ;  nouvelles  de  Haerlem  , 
et  d'Anvers.  7  a. 

CDvii.  La  Butte  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Nouvel- 
les de  France.  75. 

n^.  36.  L'Electeur  Auguste  de  Saxe  au  Landgrave  Guil- 
laume de  Hesse.  32*. 

».  37.  Le  Roi  Charles  IX  à  St.  Goard.  Il  se  défie  du 

Roi  d'Espagne.  3a*. 

»    38.  Le  Cardinal  de  Granvelle  au  Prévôt  Morillon. 

Affaires  des  Pays-Bas.  34*. 

»     39.  Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  à  l'Electeur 

de  Saxe.  Réponse  au  num.  36.  36*. 

»     40.  G.  de  Schonberg  à  la  Reine-Mère.  Négociations 

avec  le  Comte  Louis  de  Nassau.  37*. 


LXXXIX 

Page. 

po.  4i.  Le  Roi  Charles  IX  à  [G.  de  Scbonberg].  Inten- 
tions du  Roi  d*£spagne  à  Tégard  des  Pays- 
Bas.  39*. 

•  4  a.  G.  de  Scbonberg  au  Roi.  Relations  des  Princes 

Protestants  d'Allemagne  avec  les  Huguenots.  4û*. 
»    43.  G.  de  Scbonberg  à  la  Reine- Mère.  Négociations 

avec  le  Comte  Loua  de  Nassau.  43*. 

CDTiii.  D.  dcr  Kercken  et  A.  de  Bleicker,  Minbtres  du 

St.  Evangile,  au  Prince  d'Orange.  Desseins 

sur  Anvers.  yj, 

D^.  44.  G.  de  Scbonberg  au  Roi  Cbarles  IX«  Voyage 

de  l'Electeur  de  Saxe  vers  l'Empereur.  49*. 

•  4 S.  Note  du  Roi  de  France  et  de  sa  Mère  relative  à 

leurs  intentions  envers  le  Prince  d'Orange.       5o\ 

ATML. 

•  46.  Le  Président  Viart  au  Roi  Cbarles  IX.  Si"". 
cDix.  Le  Prince  d'Orange  à  ses  frères  Jean,  Louis,  et 

Henri,  Comtes  de  Nassau*  Dispositions  peu 
favorables  de  rEmperetu*.  79. 

CDX au  Comte        de  Nassau.  Ecbec  près  du  Die- 

merdyk  :  sortie  de  c«ux  de  Haerlem;  nouvelles 

de  Zélande.  80. 

■*•  47.  G.  de  Scbonberg  à  la  Reine-Mère.  Intentions 

du  Landgrave  Guillaume  de  Hesse.  Sa*. 

»     48.  G.  de  Scbonberg  au  Rot  Bonnes  dépositions 

du  Landgrave  et  du  Comte  Louis  de  Nassau.     53*. 

m     49»  G.  de  Scbonberg.  au  Duc  d'Anjou.  Dévouement 

du  Landgrave.  54*» 

»  So.  Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  à  l'Evéque 
de  Munster.  H  lui  mande  que  le  Comte  Loub 
de  Nassau  a  des  conférences  avec  Frégose  et 
G.  de  Scbonberg.  55*. 

9  5 1 .  Avis  de  Morvilliers  à  Catbérine  de  Médicis.  Il 
conteille  d'éviter   soigneusement  la  guerre 


xc 


LETTEB.  Page. 

contre  l'Espagne ,  tout  en  ménageant  le  Comte 
Louis  de  Nassau.  57*. 

CD XI.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau. 

Il  désire  sa  venue  au  secours  de  Haerlem.  83i. 

n^  52.  De  Vuloob  au  Roi  Charles  IX.  L'Empereur 

s*efrorce  de  pacifier  les  Pays-Bas,  70^. 

»  53.  La  Reine-Mère  à  G.  de  Scbonberg.  Le  Roi  dé- 
libère sur  les  propositions  du  Comte  Louis 
de  Nassau.  7o\ 

cDXii.  Guillaume,  Landgrave  de  Hesse,  au  Comte 
Louis  de  Nassau.  Négociations  avec  les  i^- 
chevéqnes  de  Cologne  et  de  Mayence.  8  S. 

MAI. 

u".  54>  Le  Rai  Charles  IX  à  G.  de  Scbonberg.  Inter> 
rogaloire  du  Baron  de  Rbingrave  sur  une 
prétendue  tentative  d*empoi$onnrment  du 
Comte  Loub  de  Nassau.  71*. 

cDxiii.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau. 
Nécessité  de  secourir  Haerlem  ;  succès  en  Zé- 
lande.  87. 

coznr.  Pb,  de  Mamic,  Seigneur  de  St.  AMegonde ,  au 

Comte  Jean  de  Nassau.  Succès  en  Zélande.         89. 
CDxv.  N.  Brunynck  an  Comte  Louis  de  Nassau.  Nou- 
velles diverses.  <^2, 

coxvi.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Loub  de  Nassau. 

Il  insiste  sur  sa  venue.  93. 

n®.  55.  Le  Roi  Charles  IX  au  S^  de  St  Goard.  Sur  une 
dépêche  de  l'Ambassadeur  d'Espagne  à  Phi- 
lippe II,  relative  aux  négociations  du  Roi  de 
France  avec  le  Comte  Louis  de  Nassau.  72^. 

i>    56.  G.  de  Scbonberg  au  Roi  Charles  IX.  Intentions 

du  Comte  Louis  de  Nassau.  74** 

V  57.  G.  de  Scbonberg  au  Chancelier  BruUrt.  L'Elec- 
teur d^  Sai^e  a  r^u  à  Vienne  des  impres- 


\cr 

Page. 

sîons  fâcheuses  relatÎTement  à  la  St,  Barthé- 
lémy. 76*. 
cDivii.  I^  Prince  d'Orange  à  ses  frères.  Il  insiste  sur 

lear  venue.  9/1. 

CDiviii.  Le  Comte  Louis  an  Comte  Jean  de  Nassau.  Il 
lui  communique  les  nouvelles  reçues  du 
Prince.  96, 

GDMX.  Le  Landgrave  Guillaume  de  Uesee  au  Comte 
Louis  de  Nassau,  Sur  les  moyens  d'obtenir 
la  pais  pour  les  Paya-Bas  par  la  médiation  de 
TEmpereor  97. 

cDiix".  Guillaume,  landgrave  de  Hesse»  à  Auguste , 
Electeur  de  Saie.  Il  l'exhorte  à  s'employer 
auprès  de  l'Empereur  pour  la  pacification 
des  Pays-Bas.  99. 

coxx.  Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  au  Comte 
Jean  de  Nassau.  Disposition  de  l'Empereur  à 
négocier  la  paix;  élection  du   Boi  de  Po- 
logne. io5« 
n*.  58,  G.  de  Schonberg  à  la  Reloe*Mere.  Différend 

entre  l'Empereur  et  l'Electeur  de  Saxe.  77*. 

•    59i  Sl  Goard  au  Roi  Charles  IX.  Desseins  du  Duc 

Jean-Casimir  sur  Besançon.  7  S*. 

coxxi.  Le  Prince  dX>range  «a  Comte  de  Nassau.  Dis- 
positions de  l'Empereur;  dangers  d'un  re- 
cours au  Roi  de  France.  1 1 3. 
coxxi*.  Instruction  pour  les  députés  du  Prince  d'Orange 

vers  la  Cour  de  France.  119. 

coxxii.  Théodore  de  Bèze  an  Comte  Louis  de  Nassau. 
H  désire  l'intercession  de  l'Electeur  de  Saxe 
en  faveur  de  la  veuve  de  l'Amiral  de  Coligny, 
prisonnière  du  Duc  de  Savoie.  ia4< 

n^«  6o*  G.  de  Schonberg  à  la  Reine-Mère.  Le  Comte 
Louis  de  Nassau  se  défie  de  la  Reine  d'An- 
gleterre, et  désire  que  le  Roi  de  France  prenne 


xcn 


LBTTB^  Vase. 

tnfin  uoe  résolntion.  L'Empereur  travaille  à 
la  pacification  des  Pays-Bas,  79*. 

9^.  6i.  G.  de  Schonberg  à  Mr.  de  Limoges.  Il  regrette 
qu'on  oe  prenne  pas  de  résolution  dans  l'ai- 
faire  du  Comte  Louis  de  Nassau.  80*. 

CDXuii.  Le  Prince  d'Orange  à  ses  frères  les  Comtes  Jean 
et  Louis  de  Nassau.  Affaires  de  Haerlem; 
nécessité  d'un  prompt  secours;  négociationa 
avec  le  Boi  de  France.  1 29, 

CDUKIT.  D.  Weyer  aux  Comtes  Jean  et  Louis  de  Nassau. 

Moyens  de  secourir  Haerlem.  1 33. 

n^  6ra.  Le  Comte  Louis  au  Boi  Charles  IX.  8i\ 

CDXXT.  D.  Weyer  aux  Comtes  Jean  et  Louis  de  Nassau. 
Conjonctures  favorables  pour  résister  aux 
Espagnols.  i43. 

n».  63.  Su  Goard  au  Boi  Charles  IX.  Tentatives  de 

l'Empereur  pour  pacifier  les  Pays-Bas.  90*. 

CDXXTI.  Ph.  de  Mamix  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Le 
lac  de  Haerlem  occupa  par  les  Espagnols; 
reprise  du  Diemerdyk  ;  aiTaires  de  Zélande.       1 52. 

n**.  64.  J^  Boi  Chyles  IX  à  G.  de  Schonberg.  Il  faut 
dédommager  celui  que  le  Comte  Louis  de 
Nassau  avoit  voulu  envoyer  en  Pologne.  91*. 

»    65.  La  Beine-Mère  à  G.  de  Schonberg.  Béponse  au 

n^«  60.  91*. 

coxxvu.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau. 
Pacification  des  Pays-Bas;  afiaires  de  Fran- 
ce; néoetsilé  d'un  prompt  secours.  1 56. 

JUILLET. 

çoxxYlu*  Ph.  de  Mamix ,  Seigneur  de  St.  Aldegonde,  au 
Comte  Jean  de  Nassau.  Eut  désespéré  de 
Qierlem*  160^ 


xciu 

UITTBB.  Page. 

cDixix.  Le  Lan<lgrave  Guillaume  de  Uesse  à  l'Electeur 
de  Saxe.  Il  demande  son  intercession  auprès 
du  Duc  de  Savoie  en  faTeur  de  la  Teuve  de 
Coligny.  ,  16 1^ 

n<^.  66.  St.  Goard  au  Roi  Charles  UL  II  se  défie  plus 

ou  moins  du  Roi  d'Espagne.  921*. 

CDXxn*.  Mémoire  relatif  aux  négociations  avec  la  Cour 

de  France.  i63. 

CDXxz.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Jean  de  Nassau. 

lyéTaite  et  mort  du  Seigneur  de  Batenbourg.     169. 

n^.  67.  St.  Goard  au  Roi  Charles  IX.  Les  Espagnob 
désirent  pacifier  les  Pays-Bas;  la  paix  en 
France  les  Inquiète.  gZ*. 

CDxxxi.  La  Comtesse  Juliane  de  Nassau  an  Comte  Louis 
de  Nassau.  Elle  désire  garder  sa  fille  Juliane 
auprès  d'elle»  172^ 

coxxxii.  La  Comtesse  Juliane  de  Nassau  au  Comte  Louis 
de  Nassau.  Reddition  de  Haerlem;  aflaires 
domestiques.  173. 

CDxxxiu.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau. 
Détails  sur  l'expédition  de  Batenbourg  et  la 
reddition  de  Haerlem.  1 7  5. 

Aomr, 

coxxxiT.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau. 
Entreprise  de  l'ennemi  contre  Alkmaer;  mu- 
tinerie des  Espagnols  devant  Haerlem  ;  prise 
du  château  de  Rammekens  par  ceux  de  Zé- 
lande.  179. 

CDXXXT.  Le  capitaine  P.  Turqueau  au  Comte  Louis  de 
Nassau.  Dispositions  des  réfugiés  à  Cologne; 
entreprises  projetées  sur  Maestricht  et  An- 
vers, i83, 
p^.  68.  St.  Goard  au  Roi.  RempUcement  probable  du 

Duc  d'Albe  par  Réquesens*  9S*. 


XCIV 


LETTRE.  Pk^e. 

no*  69.  O.  de  SchoDberg  à  la  Reine-Mère.  Nécessité  de 

donner  promptement  les  secours  promis.  96*. 

coxxxYi.  Le  Comte  Herman  de  Nuenar  an  Comte  Louis  de 
Nassau.  Il  se  plaint  que  les  soldats  du  Prince 
d'Orange  se  rassemblent  sur  ses  terres.  1 87, 

cDxxxvii.  Le  Prince  d*Orange  aux  Comtes  Jean,  Louis, 
et  Henri  de  Nassau.  Voyage  do  Roi  de  Po- 
logne; aflairea  de  Zélande.  189^ 
p**.  70.  Le  Comte  Lonis  de  Nassau  à  S.  Bing.  11  rap« 
porte  ce  que  G.  de  Scbooberg  lui  a  récem- 
ment communiqué;  les  bonnes  intentions  du 
Roi  de  France  envers  le  Prince  d'Orange;  sa 
sollicitude  pour  le  maintien  des  libertés  de 
l'Empire  contre  les  empiétements  de  la  Mai- 
son d'Autncbe;  son  désir  qu'on  des  Princes 
Protestants,  ou  bien  lui-même^  put  être  élu 
Roi  des  Romains.                                               97*. 

SEPTEMBRE. 

h    71,  G.  de  Scbonberg  [au  Comte  de  Reti].  Disposi- 
tions des  Princes  Protestants  d'Allemagne.       107*^ 

to     72.  Le  Landgrave  Guillaume  à  S.  Bing.  Sur  les 

propositions  du  Roi  de  France.  ii5\ 

cDxxxviii.  Le  Prince  d'Orange  au  Seigneur  de  Lumbres. 

Négociations  de  France.  iga. 

coxxxix.  Le  Prince  d^Orange  aux  Comtes  Jean  et  Louis 
de  Nassau.  Entreprises  diverses;  prise  de 
Geertroydenberg;  affaires  de  Zélande,  et 
siège  d'Alkmaer,  193. 

LOXL.  Le  Seigoenr  de  Lumbres  fu  Comte  Louis  de 
Nassau.  Négociations  en  France:  aflaires  de 
Hollande  et  de  Zélande.  1 98, 

r.DXLi.  G.  de  Scbonberg  au  Comte  Louis  de  Nassau. 
Relative  à  des  entreprises  dans  les  Pays-Bas; 
nouvelles  diverses.  207, 


xcv 


UETTAE.  P^^e. 

D^.  73.  G.  de  Scfaooberg  au  Landgrive  Guiliaauiede 
Hcsse.  La  Cour  de  France  désire  son  inler- 
œssioD  auprès  d'Elisabeth,  en  faveur  du  Duc 
d'Alençon;  bonnes  intenlio|is  relativement 
aux  Réformés.  1 16*, 

OCTOBRE, 

coxLiL  Le  Prince  d'Orange  aux  Comtes  Jean,  Louis, 
et  Henri  de  Nassau.  Mort  de  Taemerls; 
siège  d'Alkmaer  ;  requête  an  Roi.  212, 

0^.  74*  Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  à  l'Electeur 

de  Saie.  Sur  les  brigues  de  Charles  IX.  1 1 8*. 

>    75.  De  Vulcob  au  Roi  Charles  IX.  Remplacement 

du  Duc  d'Albe.  119*- 

coxuii.  La  Huguerye  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Il 

Fexhorte  à  avoir  soin  de  sa  personne.  216. 

coxLiv.  Les  Comtes  Jean,  Louis,  et  Henri  de  Nassau 
au  Prince  d*Orange.  AfTaires  d'Allemagne  en 
rapport  avec  celles  des  Pays-Bas.  217. 

0^.  76.  Le  Comte  Louis  de  Nassau  à  Guillaume  de 
Hesse  II  lui  envoyé  une  lettre  du  Prince 
d'Orange  relative  au   combat  naval  du   11 

od.  119*' 

76^  Le  Prince  d'Orange  aux   Comtes  de  Nassau. 

Victoire  sur  le  Zuiderzee.  120*. 

cnxLv.  Le  Prince  d'Orange  aux  Comtes  Jean,  Louis, 
et  Qenri  de  Nassau.  Levée  du  siège  d'Alk- 
maer;  victoire  navale  sur  le  Zuiderzee;  en- 
treprise projetée  sur  Groningue.  226, 

KOTKJIBBB. 

CDXLvi.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau. 

Prise  de  St  Aldegonde  par  les  Espagnols.  3  3 1  ^ 
n*.  77.  St    Goard  au  Roi    Charles   IX.    Parification 

pi  obable  des  Pays-Bas.  1 2a V 


O^Vl 


LBTTBB.  Page. 

n*".  78.  Rapport  du  G>mte  Louis  de  Nassau  à  l'Electeur 

de  Saie  touchant  lès  affaîras  des  Pays-Bas.       1  a4\ 
»    79.  Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  à  l'Electeur 

de  Saie.  ia3\ 

CDXLYii.  ....à  Louis  de  Nassau.  Relative  à  diverses  entre- 
prises, a  3  a. 
cDXLViii.  Winandt  van  Breyll  aux  Comtes  Jean  et  Louis 

de  Nassau.  Nouvelles  diverses.  234. 

co^^Lix.  Le  Prince  d'Orange  à  ses  frères.  Conditions  de 

paix  ;  nouvelles  diverses.  a36. 

CDU  Le  Prince  d'Orange  au  Seigneur  de  Lumbres. 

Prise  du  Seigneur  de  St.  Aldegonde.  239, 

n^.  80.  Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  au  Duc 
Jean-Casimir.  Dispositions  de  l'Electeur  de 
Cologne.  1 36\ 

»    81.  Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  au  Duc  Jean- 
Casimir.  Affaires  de  France.  127^ 
9    8a.  Rapport  du  Duc  Jean- Casimir  à  l'Electeur  de 
Saxe  touchant  les   moyens  de  terminer  la 
guerre  des  Pays-Bas,  en  secourant  le  Prince 
d'Orange  d'une  manière  efficace.                      127^ 
CDU.  Le  Prince  d'Orange  à  ses  frères.  Relative  à  di- 
verses   entreprises,    particulièrement    celles 
contre  Groningue  et  Maestricht.  a4o* 
CDLii.  Le  Prince  d'Orange  au  Seigneur  de  Lnmhres.  Il 
le  prie  de  se  régler  d'après  les  instructions 
qu'il  recevra  des  Comtes  de  Nassau  ses  frères.     a48. 
CDLiu.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau. 
Levée  de  Gleissenberger;  l'ennemi  affecte  de 
vouloir  la  paix.  25o« 
coLiv.  Louis  de  Boysot  au  Prince  d'Orange.  Sur  la 

prise  de  Reimerswael.  aSa, 

CDLv.  Philippe  de  Lannoy,  Seigneur  de  Beau  vois,  à 
Monsieur  de  Manny,  commandant  de  Rei- 
merswale.  iS^ 


ex  VII 

Page. 
DÉCEMBEE* 
CDLTi.  Le  Comte  Louis  de  Nassau  au  Prince  d'Orange. 
Entrevue  de   Blamont:  bonnes  dispositions 
des  Rois  de  France  et  de  Pologne ,  du  Duc 
d'Alençon  et  des  Princes  d'Allemagne.  278. 

cDLTii«  Le  Prince  d'Orange  aux  G>mtes  de  Nassau. 
Affaires  de  Zélande:  siège  de  Leide.  Néces> 
site  d'un  prompt  secours.  281. 

cDLTiii.  Ph  de  Mamix,  Seigneur  de  St.  Aldegonde,  au 
Prince  d'Orange.  U  insiste  sur  la  nécessité 
d'entamer  des  négociations  avec  le  Roi.  a85. 

CDUX.  Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  à  l'Evéque 
de  Munster.  Nécessité  de  mesures  concilia- 
toires  envers  les  Pays-Bas.  294. 

CDLX.  G.  de  Schonberg  à  la  Reine-Mère.  Relative  au 

voyage  du  Roi  de  Pologne.  296. 

coLxi.  Le  Prince  d'Orange  à  Plu  de  Marnix,  Seigneur 

de  St.  Aldegonde.  Réponse  à  la  lettre  458.       298. 
cDMi».  Le  Prince  d'Orange  au  Seis^neur  de  Noircar- 
mes.  Il  l'exhorte  à  employer  son  influence 
pour  la  pacification  des  Pays-Bas.  3oo. 

CDLxii.  Le  Prince  d'Orange  à  ses  frères.  Aflaires  de 

Zélande.  3o2. 

CDLxiii.  Le  Seigneur  de  Lumbres  au  G)mte  Jean  ou 

Lonb  de  Nassau.  Départ  du  Duc  d'Albe.         3o5. 

CDLXiv à....  Nouvelles  de  Zélande.  3o6. 

cnLxv.  [Ardein]  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Affaires 

de  France  et  d'Orange.  309. 

CDLXvi.  Le  Comte  Louis  de  Nassau  au  Prince  d'Orange. 
Affaires  d'Allemagne;  préparatifs  de  son  ex- 
pédition. 3 1 3. 

1574. 

JARTIER. 
rnix%i].  W.  Zuléger  an  Duc  Jean-Cabiniir.  Détails  sur 


XCVIlî 

LRTTEK.  t>)igf. 

les  négocialîoos  avec  le  Roi  de  Pologne    et 
ses  inroistres.  3i6. 

CDLXT1II.  Le  Prince  d'Orange  aux  Comtes  Jean,  Louis, 
et  Henri  de  Nassau.  Il  insiste  sur  un  prompt 
secours.  Bac, 

r.DLxix.  Le  Seigneur  de  Lumbres  au  Comte  Louis  de 

Nassau.  Nouvelles  diverses.  3a5 

cDLxx.  Le  Comte  Louis  au  Comte  Jean  de  Nassau. 

Préparatifs  de  son  expédition*  3a5. 

f.oLxx*.  Mémoire  du  Duc  Christophe  relatif  à  la  levée 

et  au  payement  des  troupes.  326. 

CDLXX1.  W.  Zuléger  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Nou- 
velles diverses  328. 
cDLXxii.  Le  S**  de  St.  Goard  au  Roi  Charles  IX.  Dispo- 
sitions de  Philippe  II.  33o. 

PÉVBIKR. 

coT.xxiir.  W.  Tan  Breyll  aux  Comtes  Jean  et  Louis  de 
Nassau.  Relative  an  projet  de  surprendre 
Maestricht.  33a. 

rnLXxiv.  Le  Seigneur  de  Lumbres  au  Comte  Louis  de 

Nassau.  Même  sujet.  333. 

cDLXxv.  Le  Conseiller  £hem  au  LandgraveGuillaumede 

Hesse.  Entrevue  avec  l'Electeur  de  Cologne.    337. 

cDLXxv*.  Instruction  de  l'Electeur  Palatin  |iour  son  dé- 
puté vers  l'Electeur  de  Cologne.  341. 

r.DLXxv^.  Réponse  de  l'Electeur  de  Cologne  au   Comte 

Jean  de  Nassau  et  au  Conseiller  Ehem.  34 1. 

cnrxxvi.  St.  Goard  au  Roi  Cliarles  IX.  Sur  les  intentions 

du  Roi  d'Espagne.  3/|S. 

cnLwvii.  Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  au  Conseil- 
ler Ehem.  Réponse  à  la  lettre  47^>.  3^8 

MARS. 

CDi.xwiii.  [G.  de  Jormiftcourt]  au   Capitaine  de   Val.   Il 


XCIX 


LBTTEB.  Page. 

I*avertît  de  se  tenir  eD  garde ,  à  Rôermonde, 
csoDtre  les  troopes  du  Comte  Louis  de  Nas- 
sau» 35o. 

CDLkiix.  Le  Comte  de  [Retz]  au  Comte  Jean  de  Nassau. 
Il  lui  demande  une  entrevue  et  un  sauf- 
conduit.  352, 

coLwx.  St.  Goard  au  Roi  Charles  IX,  Entrevue  avec 
Philippe  II,  relative  aux  aiTaires  de  France 
et  des  Pays-Bas.  353. 

AVBIL. 

cDLxxxi.  Le  Comte  Louis  de  Nassau  à  von  Linden.  Sur 

l'expédition  d'un  messager.  356. 

GDMxiii.  Le  S^  de  St.  Goard  au  Roi  Charles  IX.  AfTai- 
res  des  Pays-Bas  ;  retour  du  Duc  d*Albe  en 
Espagne;  Philippe  II  désire  Tamitié  de  la 
France.  358. 

cDLYXxiii.  Le  Prince  d'Orange  aux  Comtes  Jean,  Louis  et 
Henri  de  Nassau.  Préparatifs  pour  les  rece- 
voir. 363. 

CDi.xxiiv.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau. 
Il  s'apprête  à  le  recevoir;  avis  touchant  le 
passage  des  rivières.  368. 

CDLxxsY.  Le  Prince  d'Orange  aux  Comtes  Jean,  Louis, 
et  Henri  de  Nassau.  A  cause  des  di(6cultés 
du  passage  en  Hollande,  il  leur  conseille  de 
se  diriger  vers  Emden.  36^. 

CDLXXXYI.  Le  Prince  d'Orange  aux  Comtes  Jean,  Louis, 
et  Henri  de  Nassau.  Il  désjre  ardemment  re- 
cevoir de  leurs  nouvelles.  37  u. 
cni.xxxYii.  Théodore  de  Bèze  au  Comte  Louis  de  Nassau. 
Sur  les  affaires  d'Orange  et  la  veuve  de  Co- 
ligny.  373. 
coLXXXviii.  Théophile  de  Banos  au  Comte  Louis  de  Nas- 
sau. Affaires  de  France.                                       375. 


c 


LBTTEB.  PJge. 

cDLXxxix.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Jean  de  Nassau. 
Sur  la  défaite  au  Mookerbeider  inquiétudes 
relativement  au  sort  de  leurs  frères.  378. 

cDxc.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Jean  de  Nassau. 
Incertitude  sur  le  sort  de  leurs  frères;  levées 
des  ennemis  en  Allemagne.  38a, 

MAI. 

CDxci.  G.  de  Schonberg  au  Comte  Jean  de  Nassau. 

Moyens  de  réparer  la  défaite.  384* 

GDXcii.  Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Jean  de  Nassau, 
n  lui  expose  U  nécessité  de  secours  et  d'une 
ligue  contre  l'Espagne,  les  dangers  de  la  Hol- 
lande et  ses  ressources.  385. 


ADDITIONS 


TOME  III. 


pi  137.  L  14.  Matamma  le  Roy,  Condé  avoil  épousé  £léooore  de 
Roîe,  soeur  ulérioe  de  T Amiral  de  Coligny.  Mezeraiy  Y. 

p.  4- 
f.  a8o  L  8  et  38 1 . 1. 1 4.  /.  Mor.  En  1  $69  on  informe  l'Electeur  de 

Saxe  que  la  Princesse  d'Orange  vit  depuis  trois  mois  «  in 

»  &ôln  in  dem  Hanse  Jobanns  Mohren,  des  Prinsen  Pfen- 

»  ningmeister:  •  v.  Raumer,  HisU   Taschenb.  i836,   p. 

i35.  Il  faut  donc  effacer  la.note.de  la  p*  280. 

p.  319.  U  5 — 8.  Le  Prince  croit  que  le  Roi  de  Danemarck  y  pensera 

à  deux  fois  avant  de  le  recevoir  :  cependant  le  Roi  lui  avoit 

offert  un  asjle  (Lettre  179).  Mais  cette  oflre  avoit  été  faite 

en  juin  1567;  le  Prince  écrit  en  novembre  1569.  Dans 

l'intervalle  avoit  eu  lieu  l'expédition  de  1 568, dont Maxi- 

milieu  II  avoit  été  très  irrité  (Lettre  3o6*  et  38o)  ;  et 

c'est  pour  cela  qu'il  étoit  à  craindre  qne  Fi-éderic  II  ne 

fut  plus   tout-a-fait   dans   les    mêmes    dispositions;    ce 

motif  est  indiqué  :  a  à  cause  que  je  suis  en  la  mauvaise 


cil 

«  grâce  de  TEmpereur.  »  Cette  appréhension  n*a  rien  ctue 
de  fort  naturel  ;  et  c^est  assurément ,  faute  d'avoir  fait  U 
distinction  chronologique,  que  M,  Schlosser  affirme  qu'il 
y  a  ici  une  fausseté  manifeste  [eine  offenbare  Unwahrheit), 
Heiii.  Jahrb.  i837  ,  p.  35. 
p.  So'i-^S  lo.  Voici  le  contenu  des  passages  chiffrés. 

Or  quel  coup  de  massue  cela  nous  ait  esté,  n'est  besoing 
de  vous  discourir, 

mon  unique  espo'r  estoit  du  cosié  de  la  France,  —  Vous 
pouvez  assez  comprendre,  combien  cela  ait  reculés  noz 
aJl/aires,»,.,  encoresl  il  ineroyMe  le  dommage  et  reculemeni 
que  fen  ay  receu  :  car  pour  m'estre^ie  sur  T infanterie  que 
Cjédmiral  m^aivit  promis  et  estoit  désjà  preste ,  assavoir  de 
dix  à  douze  mil  bons  arquebusiers^je  n'ajf  voulu  me  charfgtr 
de  beaucoup  dir^ënterie  mUmamie  ^  qui  mesmes  n'est 
guères  utile  pour  le  présent.  —  Les  nostres ,  se  voyant  si 
mal  secondés  et  soutenus  par  les  arquebuziers ,  en  ont  esté 
saisis  de  telle  frayeur  ({n^  fay  esté  contraint  tle  les  ram- 
mener  y  combien  que  d'autre  costé  la  faute  de  vii'res  me 
forpoit  aussy  de  me  retirer ,  ne  sachant  mesmement  pour 
lors  que  Dendremonde  s*estolt  encore  rengée  de  nostre 
costé.  De  sorte  que  à  mon  grand  regret  i'ay  esté  contraint 
de  laisser  mon  frère  Louis  encor  assiégé^  à  cause  que,  estant 
toutes  les  avenues  fort  estroittement  gardées ,  je  n'at'oy 
nul  moyen  de  luy  envoyer  secours  y  ny  mesme  de  luy 
donner  escorte  pour  le  tirer  hors  delà^  veu  singulièrement 
que  mes  reytref  me  tant  refusé  tout-à^plal  :  donc  ayant 
entendu  que  mon  dit  frère  peut  encor  soutenir  le  siège 
quelques  dix  ou  douze  jours,  j*ay  trouvé  pour  le  meilleur 
de  me  retirer  de  par  deçà ,  soit  pour  donher  le  branle  à  la 
ville  de  Bruxelles  ou  d Anvers ,  et  par  ce  moyen  léser  le 
siège  de  Monts,  ou  eoupper  les  vivres  au  Duc,  ou  bien 
pour  charger  le  Duc  d*ffolstein,  —  Quant  an  reste ,  je 
vous  prie  de  Touloir  incontinent  et  au  plustost  que  vous 
sera  possible,  dépêcher  le  commissaire  Scbaarts  en  France  ^ 
•lin  de  faire  eu   toute  diligence  marcher  les  cinrq  mille 


cm 


mr^haiiers  vers  Bemoiuir,  .d'autaat  que  je  ne  sache  /teu 
plus  commode  Qu.  no/is  nov»  polHots  reaconinn,.  De  ma 
part  je  ne  trouvereye  bon  de  propoa  que  de  Sarbmc  ilz 
scemiisteni  U  Rin ,  partie  à  bateau ,  partie  à  pied  :  vous  y 
pourrét  advber  et  user  de  toutte  dilli^ence.  —  Quant  à 
Dieu  von Sckonenbergy  je  voudroye Tolonliera  mVn  senir^ 
mais  à  faute  de  moyen  je  ne  sauroy.  que  iuy  maoder  pour 
te  présent. 

On  est  redevable  de  ee  déchiffrement  à  la  sagacité  de 
■Mm  •mi  M'  C  M.  vav  jdka  Kbmp(i),  avantageusement 
connu  par  plusieurs  écrits  aur  l'histoire  Ecclésiastique  et 
k  langue  de  notre  pays. 

TOME  IV. 


^  38u    I.  20w  Ae  /rèn  bdiard  du  Itor,  Henri  d' Angoutéme ,  fits^ 

naturel  de  Henri  IL 
^  45.    X.^.Unicoiianynga»  Les  Etats  d'HoUaode reconnurent  ses 

services:  «  de  gœde  wille  en  dienste  die  by  dcsEe  landen 

•  bewesen  heefc  •  Besol.  v,  HoU,  i57£i;  p.  1 15  et  146» 

■c  S\,  L 1 7 .  C?.  Âoch,  1 1  en  est  fait  mention  Tom.  III.  p.  38 1 .  Anne 
de  Saxe  fait  savoir,  en  1569,  à  l'Electeur  de  Saxe:  «  Sie 
m  babe  nicbt  eînen  Stûber,  und  Gerhard  Kocb,  Bûrger  von 
»  Antwerpen,  der  au  K.ÔI0  lebe,  habe  ibr  schon  mehr- 

•  roab  vorgescbossen ,  wolle  aber ,  da  ibm  der  Prinz  schon 

•  ^,000  fl<  schulde  y  ibr  nichts  mehr  geben.  »  P'.  Baumer, 
JBUst,  Taschenbuch,  i8')6,  p.  i3i.  Vers  la  même  époque 
«  bat  G.  Kocb  erkiârt  es  stânden  ihm  schon  60,000  0. 

•  aus:  »  LL  p.  i35. 

p.  68.  I.  8.  Sorts,  Dans  un  des  nombreux  libelles  que  M.  Cirober 
et  Danjou  ont  jugé  à  propos  de  réimprimer,  on  lit:  «  Jac- 
»  ques  Sore,  corsaire  notable  et  remarqué  pour  ses  cruautea 
»  entre  tous  les  pirates,  étoit,  comme  il  disoit ,  admirai 

.1^    Voyez  kanst'  en  Letterbode^  i836.  Tom.  I,  p.  3i  i  —  3j3, 


CIV  ' 

9  de  Navarre,   souba  raothorité  de  Jeanne  d^Albrftl.  » 
jireh.  car.  de  France^  VL  p.  3oô. 

p.  91.  inf.  Nous  n'aTons  pas  même  trouvé  le  chiffre,  sans  quoi 
nous  eussions  eu  recours  à  robltgeaooe  de  M,  ▼.  d.  Kkxp. 

p.  119.  1.  7.  Le  Docteur  Tajaert^  En  i58o  premier  Conseiller  et 
Pensionnaire  de  Gand ,  et  député  vers  le  Duc  d*Aojou  \ 
A?r,  IL  ai4\ 

p.  i33.  1.  i9./>*  Weyer.  Au  servicedeTEIecteur Palatin:  «  Ambt- 
man  von  Leuttem  ^  »  (MS.). 

p  aSo.  U  24.  Calabari,  Personnage  inconnu.  Dans  les  Mémoires  de. 
Manay^  L  p.  169,  il  est  question  d'un  Sieur  Caluarts*eq 
retournant  trouver  M.  le  Prince  d'Oraiigç  après  le  fait 
d* Anvers  en  i5S3:  apparemment  le  même  qui ,  en  mars 
16769  communiqiie,  ep  qmi)ité  de  Commissaire  el  par 
ordre  du  Prince,  avec  les  Etats  d*Hollande,  sur  les  affai- 
res d'Angleterre:  HesoL  r.  UolL  1 1  mais  1 576.  p.  1 1 .  Il  se 
pourroit  que^  comme  YillierSy  Tafin  ,  et  autres,  le  minis^ 
tre  Calabart  eût  été  emplové  dans  des  affaires  politiques. 

p.  234*  L7.  En  1546  un  Winandt  van  Breyl  étoit  Gouverneur  df 
la  Frise. 

p.  a4i.  1.  ai.  Du  Camdin.  Cet  endroit,dont  le  nom  se  trouve  deux 
fois  très  distinctement  écrit,  est  inconnu.  Mon  ami  M^ 
BoDBL  Ntevhuis,  qui  m'assiste  dans  la  correction  des 
épreuves  avec  le  zèle ,  l'exactitude ,  et  la  persévérance  qui 
le  distinguent ,  s'est  adressé  à  ce  sujet  à  M*^  H.  O.  Fritr  , 
Archiviste  à  Groningue;  ce  n'est  pas  en  vain  qu'on 
a  eu  recours  aux  lumières  et  à  l'obligeance  de  cet  homme 
savant.  D'après  lui,  puisque  l'endroit,  d'abord  étoit 
assez  considérable  pour  qu'il  y  eut  plus  de  deulx  mit 
last  de  blefi^  ensuite  se  troovoit  dtns  le  voisinage 
de  Fernesum ,  de  sorte  qu'on  pouvoit  s'en  emparer  en  mè-; 
me  temps,  d'un  chemyn,  il  semble  devoir  être  question  ou 
d^Oterdum^  ou  deden  Dam^  nom  qu'on  donnoit  alors  et 
que  donnent  encore  les  gens  du  peuple  à  Appîngadam. 
M*^  Feith  penche  pour  le  dernier  avis.  Celle  viHe  est  i^ 
'   Latttern,  KaiscrslaOtcra. 


cv 


vne  heure  de  Fannsmn  ,  sur  le  cbemio  de  Groniogue  , 
e«  faisoit  à  cette  époque  uo  commerce  assez  considérable. 
Il  ajoute  que,  s'il  y  afoit  quelque  ressemblance  entre  tes 
noms ,  on  pourroit  aussi  songer  à  Drifzyl ,  situé  si  près  de 
Farmsum  que  le  Duc  d*Albe  avoit  projeté  de  réunir  les 
deux  endroits  en  une  seule  et  même  ville. 
».  2S2.  L  2a.  L,  de  BoUoi.  Il  fut  arrêté  environ  quatre  jours  après  la 
mort  de  Tadmiral  (Culigny)  à  Mézières,  par  ordre  du  Sei- 
gneur de  la  YteuTille.  *I1  avoil  apporté  plusieurs  lettres  en 
»  France  de  la  part  du  Prince  dérange....  Il  confessa  que 
»  scavoit  esté  luy  qui  avoit  faiet  entrer  le  Prince  à  Bulle- 
»  OMMide  ' ,  et  qu'il  avoit  incité  ceulx  de  Malînes  à  prendre 
»  les  armes.  »  jérch*  cun  YlII.  p.  4* 

■L  194.  !•  I.  V£\*équede  itunster.  «  Joliannes  ei  illustri  Comituoi 
»  Hoieosîum  familîa ,  Joannis  et  Margarilae  Gu&tavi  Régis 
»  Soectae  sororis  ûliui...  yir  excellenti  ingenio  et  multa- 
9  rum  linguarum  cognitione  ornatus.  »  Thuan^  HisL  III. 
65.  F. 

fk,  SiS.  1. 7.  M.  dt  PJàmc.  Les  Papistes  se  défioîent  de  lui.  Quand , 
lors  du  retour  de  Heori  III  en  France^  on  délibéra  sur  la 
conduite  à  tenir  envers  les  Protestants,  il  ne  fut  pas  admis 
au  ConseiL  *  Res  in  consistorio  secrettore  agitata..,.,  cx- 
clnso  indePibrado  ut  suspecto.  •  lAunn.^Bisi.  III.  35.  A. 

^  SaS.  Lettre  470.  Avant  ces  lignes  autographes  on  lit ,  de  la 
main  d'un  Secrétaire,  ce  qui  suit: 

Mein  ganta  guttwillig  dienst,  sampt  allem  gutenjeder- 
zeit  zuvor ,  wolgeporner  freundiicher  lieber  Bruder.  E.  L. 
schreiben  hab  ich  entpfangen,  und  inhalts  verstanden; 
will  E.  L.  drqfl*  freundtlich  nicht  bergen  das  aile  sachen 
so**  viet  mûglich  und  iiienschlich  underliawet  und  gehand- 
let  werden ,  und  nur  in  deme  beruhen  was  £.  L.  bey  dem 
bewusten  manu  ausgerichtet  und  erhalten  haben  ;  dan  oh  ne 
das  mag  nichts  gewisses  vorgenommen  und  in  das  werck 
bracht  werden,  sondern^  roan  mues  alsdaun  den  gantzen 

<    HvrciBondc,  Uocrmoiide.     '    so — nur.   Autographe.     ^  souiicra — cndcrcii. 

Autographe' 


CM 

ahosobUg  eoderen.  £•  L.  wiU  ich  aucb  oiobt  verlialteo  das 
JobaoQ  voo  Berniogkhausseo  diesaen  lage  bey  mir  ist ,  uni 
angeveigt  das  voo  dem  Heraogen  von  Gûlicb  ibme  da& 
Ki*eyAZ-oberateD-Ainpt  angebotteo  sey  worden.  Dweil  dan 
E.  L.  wisKen  das  ich  deoselbigeo  aucb  in  meioer  verzeicb- 
nûs  biebeTor  vorgescblageo  babe,  wlll  voooôUien  seio  das 
derjbenige  so  von  noaert  wegen  uff  dem  kreysztagk  erecbet- 
oen  80II,  oit  allein  seine  stim  gemeUen  von  Bemingkhaus* 
zen  gebe,  aondern  das  derselbîge  aacb  bey  andern  dîo 
uoderbawung  Ibbe,  damit  ibme  die  meîsten  stiromen  zu~ 
fallen  môgen  ;  dann  >  ehr  das  aropt  vor  gewtsz  belt ,  so  vere 
wir  im  belCTeD  wollen.  Dan  E.  L.  wiszeo  was  un^  an  die- 
sem  man  gelegen.  Hab  E.  L. ,  necbst  empCelung  des  Hôcli- 
sten,  nit  verbalten  vrollen.  I><il^/n  Siegen ,  den  ai'**>  Ja- 
nuar  A^  74. 

p.  334.  I.  2.  Jean  Qnoiteur.  Sans  doute  le  même  dont  il  est  fail 
mention  p.  i84;«/<^âii  Guotenne^  marchao  delaigne  à  Ai&.» 

p.  363  et  364.  La  prudence^  qui  combine ,  n'exclut  pas  la  trop 
grande  împétuosilé  au  fort  de  Faction ,  (^  scbier  al  le  veel 
•  stoulbeid  in  het  vecbten  «  »  voyez  ci-dessus,  I.  p.  4^^  « 
dont  nous*mémes  avons  cité  un  exemple  (III.  p.  3a4). 
Mais  il  y  a  loin  de  là  au  jugement  téméraire  et  faux  de 
Sckilhri  <c  Ludwig  war  nie  mebr  a!s  ein  Abenteurer.  *  On 
peut  appliquer  à  Louis  de  Nassau  le  témoignage  que  le 
grand  Condé  donna ^  api'èa  la  bataille  de  Sefief»  à  Guillau- 
me III;  vieux  général  d'armée  en  tout,  excepté  qu'en  s'cx- 
possnt  au  péril,  il  est  jeune  soldat. 

p.  392.  I.  avant-dern.  Peui-tkre.  Ceci  devient  certain  :  D.  de 
Scbonberg  étoit  le  chef  de  la  troupe;  T.  III.  p.  4^^* 


p.  10*.  n°.  9.  «  Ceux  de  Guise,  après  avoir  induit  le  Roi  Cliarlos 
w  à  se  défaire  de  ceux  de  la  religion,...  Grent  les  douset  les 
•  piioiables  en  tous  les  lieux  de  leur  authorité.  ■  3fêm.  rie 
MornajTy  I.  435. 


TA  II 

p.  5o*.  U  a6.  «sans  le  sçcu  dcl  Roi.»  Néanmoins  dans  le  Mémoire 
mentionné  p.  899  on  lit:  «  Mein  broder  GrafT  Lodwich 
»  bat,  mil  wiszen  und  willen  des  Rônip  auszFranckreicb, 
»  Bergen  und  Vakencin  eiafpenommen.  » 

p.  5i*.  1. 10.  Fiart.  Président  à  MeU.  Journal  de  H,  III,  T.  I. 
p.  545. 

p.  ii6*.  n^.  73.  Voyez  sur  cette  intercession  la  lettie  de  Cbarles 
IX  à  Scbonberg  :  /oiim.  de  H,  IIL  T.  I.  p.  544  >  ^9*  Le 
Roi  faiaoit  alors  la  même  réflexion  «lue  l'Ëlecleur  Palatin  : 
«  D'amener  avec  vous  les  Ambassadeurs  par  deçà...  n*est 
»  nullement  à  propos ,  et  sera  bien  mieux  (afin  que  l'on 
»  connoisse....  qu'ib  n'auront  la  boucbe  faite  d'autres  que 
•  d'eux)  qu'ils  s'y  acheminent  de  leurs  Cours.  » 


ERRATA. 

Tome  III. 

p.     79.  1.  a^.  [tliioys].  1.  thîojs.  <  Et  iabis  de  U  ptgc: 

1  tiiioiâ*  FlanMod  {SâtUauién  V.  Aha ,  f.  75.  «/  patshn). 
p.    ia6.  1.  19.  le  14  sept»  —  Maurice  rst  né  le  i3  novembre, 
p.  aia.  1.  dern.  127.  1.  17a. 
p.  a3i.  t.. 8.  lioQtaio.  1.  Hootaio. 
p.  355.  1.  9.  moch.  1.  nod). 
p.  270.  I.  tg.  Lembottrg.  I.  Lenboarj^  d 
p.    M     i.  99.  titefrau  a.  1.  ataegraa  3. 
p.     »     U  oote.  oeodre.  1.  cendre, 
p.  43a.  L  a8.  certain.  1.  Certain  (t). 
i>.  5i3.  1.  6.  i%\.  L  3){5. 

Tome  IV; 

p.      6.  1.  5.  Vostre.  L   Yostre  1     Ajoatez  au  bas   de  la  page:  •  Voslre  — 

service.  Autographe. 
p.    37.  1.  3o.  Nardemi.  1.  Nardeni. 
p.    85.  1.   3.   lea  ArcbcTéqaes  de  Cobgoe  et.  I.  TKvèque  de  Munster 

et  rElecteur. 
p.  106.  I.  i5.  et  107.  1.  16.  pasz  1.  paai.  c.  i  d.  passage  (i). 
p.  xi5.  1.  av.  dern.  après  74.  ajoutes  84. 
p.  139.  L  ao.  gebareu;  I.  gebiren. 
p.  x6i.  1.  a3.  44a.  1.  4aa. 
p.  176.  1.  a5.  estant.  I.  estant  [destitnet]. 
p.  187.  I.  i5.  Mutricbt.  1.  belangeodt  Mastricbt. 
p.  190.  1.  37.  167,  sq.  1.  168»  pq. 
p.  aa8.  I.  6.  Diep.  1.  Diep  i. 
p.  33a.  1.  7.  Ajoutes  Madrid,  3  lëTrier. 
p.  337.  1.  la.  Le  cbanoelier.  I.  Le  conseiller. 
p.  341*  1*  7.  Ajoutes  Hcidelberg»  x8  Febr. 
p.  341.  1.  37.  ereytt  I.  ererbt. 
p.  375.  1.  3c.  Montmorency.  I.  Montgonracry . 
p.  38a.  1.  av.  dcm.  cur.  1.  car. 
p.  lia*.  76e  1.  76a 
p.  lai*.  Le  n.®  77 ,  du  6  nov.  doit  être  placé  après  n.**  79,  du  3  nov. 

'1)  Conjectore  bien   fondée,   ce    me  semble,    rt    que  je   doi*  à    M.'  BoftRf. 

i\TarrHi7iR. 


♦  LETTRE  CCCLXXXIX. 

I.e  Prince  fT  Orange  au  Comte  Jean  de  Nassau.  Sur 
rétat  déplorable  des  affaires. 


*/  Le  Prince  alloit  se  rendre  en  Hollande  (Tom.  III.  p.  5i8.).  iS^^. 
Il  se  coQsidéroit  encore  comme  Stadhouder  du  Roi,  appelé  à  défeo-  Octobre, 
dre  s<s  Gouvernements  contre  la  tyrannie  du  Duc  d'Albe ,  le(|uel 
a^oit  roomentJinément  réussi  à  tromper  le  Souverain.  C'est  en  cette 
qualité  de  ministre  et  réprésentant  rlu  Roi  que  rassemblée  des  Etats 
de  Hollande  à  Dordrecht  Tavoit  reconnu  (Tom  III.  p.  471)9 
qu'elle  lui  obéissoit ,  au  lieu  de  recevoir  les  ordres  du  Comte 
Maiimilien  de  Bossu  ,  auquel  la  Duchesse  de  Parme  et  le  Duc 
dWlbe  avoient  con6é  le  pouvoir.  Mais  l'autorité  ordinaire  du 
Slodhouder,  soumis  sous  plusieurs  rapports  au  Gouverneur- 
Général ,  ne  suffisoit  plus  au  milieu  d*une  crise  où  c'étoit  ce  Gou- 
lemeiir- Général  lui-même  qu'on  a  voit  à  combattre.  Des  pouvoirs 
ettnordinaires  étoient  indispensables.  Le  Prince  éloit  en  droit  de 
les  eiiger  ;  car  ro^iposition  au  Duc  d'Albe  et  à  ses  officiers  oblî- 
gcoit ,  à  moins  de  se  révolter  contre  le  Roi  lui-mcmc ,  à  obéir 
au  Stadbouder  Provincial  ,  comme  remplissant  dès  lors,  ad  intérim 
et  par  la  force  des  choses  ,  les  fonctions  de  la  Lieulenance  générale, 
et  conséquemment  ,  sans  intermédiaire ,  la  place  du  Souverain. 
Toutefois  le  Prince  préféroit  que  ce  qui  lui  étoit  du,  lui  fut 
ofTprt,  et  la  même  assemblée ,  mettant  en  lui  tout  son  espoir, 
o'avoit  pas  hésité  à  Taccepter  pour  Chef  de  la  résistance  armée 
cooire  les  Eôpagnob  :  Bor,  388*.  11  désiroit,  dans  des  circonstances 
4  I 


—  2  — 

iSnn,  si  difficiles  et  où  les  habitants  deToient  être  prêts  à  tous  les  sacri- 
Octobre,  fices ,  se  concilier  la  bonne  volonté  des  Etats.  C'est  pourquoi  il 
leur  avoit  accordé,  par  Ordonnance  du  a5  août,  une  très  grande 
influence;  se  montrant  disposé  non  seulement  à  maintenir  les  Cou* 
tûmes  et  les  Privilèges ,  mais  encore  à  ne  rien  ordonner  concernant 
le  Gouvernement  du  pays  qu'après  avoir  pris  leur  avis.  «  Den  Staten 
»  des  Lands  een  goed  genoegen  te  geven ,  dattel  Land  ordentelyk 
»  geregeerd  mach  worden.  Hebbende  tôt  dien  einde  voorgenomen 
»  daer  in  niet  1%  4obb 4>(l* ordaooereu  djia  by  adv^se  van  deselve 
M  Staten.  »  Bor,  4oo*.  Cette  influence  devoit  grandir  et  devenir  un 
pouvoir,  à  mesure  que  le  principe  de  l'autorité  du  Prince ,  c'est  à 
dire  k  pouvoir  Royal ,  alloit  gradueUeracnt  décroître  et  disparoitre 
enfin ,  pour  faire  place  à  laSouveraiaeté  des  Etats. 

La  Hollande  et  la  Zélande  étoient  le  principal  foyer  de  la  résî* 
sttnce.  On  y  jKvok  les  commuiilcaiioiis  libres  avec  l' Angleterre  et  la 
Rochelle.  Le  terrain  coupé  et  marécageux  y  offroît  des  facilités 
nombreuses  pour  arrêter  «t  hatfcëler  l'enneTni.  Les  habitants 
avoient  beaucoup  de  ressources  pour  subvenir  aux  frais  de  la 
guerre^  ces  provinces  ayant  depuis  longtemps  atteint,  par  le  com- 
nterce,  un  très  haut  degré  de  prospérité. 


Monsieur  mon  frère.  J'ay  hier  reeeu  vosdre  lettre  datée 
du  5  du  présent  mois ,  par  laquelle  aj  esté  bien  joyeux 
d'entendre  le  bon  devoir  que  faites  à  solliciter  ceux  que 
savez  (i)  ;  à  quoy  je  vous  prie  de  vouloir  continuer.  Et 
pourcest  effet  n'ay  voulu  obmettre  de  vous  mander  par  la 
présente  plus  particulièrement  Testât  des  affaires  surve- 
nues depuis  le  partement  du  Duc  Christoffle  et  de  mon 
frère  Henry  ;    assavoir   que ,  en  partie  la  rendition   de 

(i)  savez.  Apparemment  les  Princes  d'Allemagne;  le  Landgrave 
de  Uesse,  l'Electeur  Palatin,  l'Electeur  de  Saxe,  le  Duc  de 
Branswiok. 


_  3  -- 

Monts,  en  partie  la  cassation  (i)  de  mesreitres  a  telle-  iS^a» 
neot  étonné  les  villes  de  tous  costez,  que  je  voy  grand  Octoftire. 
changement  de  courages  par  tout,   tellement    que  les 
■deux  affectionnez  se  trouvent  fort  esbranlez ,  non  pas 
tuit  pour  estre  d'autre  affection  que  du  passé,  comme 
pour  estre  saisis  d'une  frayeur  telle,  que  je  crains   que  à 
U  fin  je  me  trouveray  seul  et  abandonné  de  tous  costez, 
m  Dieu  miraculeusement  n  j  pourvoit.  Car   depuis  que 
Halîoes  a  esté  remise  entre  les  mains  des  Espagnols  ,  qui 
ODt  saccagé  toutes  la  ville  lespacç  de  trois  ou  quatre  jours, 
ks  guarpisoDS  des  autres  villes  ont  esté  tellement  ef- 
frayées ,  que  les  unes  après  les  autres  ont  quitté  les  places 
qui  leur  avoyent  esté  conunises.  Car,  incontinent  que 
jfestoje  sorti  de  Ruremonde,  les  soldats  lont  abandonné  ; 
fcienple  desquelz  a  si  tost  esté   ensuiyy  de   ceux   de 
Waditendonc,  lesquelz  du  commencement  ne  m  avoyent 
TOttlu  recevoir  dedans  la  ville,    sinon    avecq  quelques 
sept  ou  huict  chevaulx,  et  puis  après  [ne]  me  voulurent 
laisser  partir  sans  estre  payez;  sinon  après  que  ils  ouirent 
QB  bruit  que  ]  ennemy  avoit  esté  voisin,  lequel  bruit,  corn* 
bien  qu  il  fust  faux,  eut  néamoins  telle  efficace  que,  quittans 
leurs  premières  [erres],  ilz  furent  contents,  mesmes  m*en 
prièrent quen  leur  donnant  seulement  quatre  ou  cincq 
cent  florins  je  sortisse,  me  quittans  au  reste  touts  leurs 


(i)  cassation.  «  Het  heeft  veel  luiden  seer  vreemt  gedocht . . . 
»  dit  de  Pricce  met  so  groten  en  schonen  hoop  voix  in  *t  Laod 
»  gekomeo  synde  sonder  daer  iet  anders  mcde  ult  te  rechten,  die 
•  wedcr  te  Lande  uyt  dcde  vertrecken ,  rnaér  degene  die  hem  de 
»  Mke  beter  verstonden  en  wel  wbten  dat  de  kosten  van  sodani- 
>  geo  léger  te  houden ,  so  licht  niet  en  konden  opgcbracbt  wei*den, 
»  co  §â£  solx  geen  wonder.  »  Bor ,  4^8*. 


i572.  gages.  Depuis  ceux  deGueldres,  Stralen  et  autres  ville» 
Octobre  de  ce  costé  de  Gueldres  ont  faict  de  mesme ,  et  n'eut  la 
ville  de  Zutphen  tardé  d'ensuyvre  leur  exemple,  si  je  n'y 
fusse  arrive  le  mesme  jour  qu'ilz  avoient  délibéré  de  la 
quitter;  et,  non  obstant  ceux  de  Dotecuni,n*ont  pourtant 
laissé  de  faire  le  mesme ^  comme  aussy  ceux  de  Lochum  et 
de  Oldenzeel  [andres] ,  \h  ou  ceux  d'Oudenarde  et  de  Ter- 
mundeont  aussi  quitté  leur  garnison.  Bref,  il  y  a  plus  déjà 
quarante  enseignes  de  gens  de  pied,  de  comte'  faitavecceux 
de  mon  frère  Henry ,  qui  se  sont  mis  en  une  vilaine  et 
ignominieuse  fuit,  se  sans  savoir  pourquoy,  et  mesmes 
sans  avoir  eu  nouvelles  de  la  venue  de  Tennemy  ,  déserte 
que,  si  cecy  continue,  je  ne  voy  nul  moyen  de  maintenir 
plus  longtans  les  affaires.  Bien  est-il  vray  que  j*ay  mis 
•  quelque  ordre  à  la  ville  de  Zutphen ,  y  ayant  laissé  environ 
douze  cens  harquebusieurs  Vallons,  et  Yselstain  (i)pour 
gouverneur,  mais  certes  je  me  treuve  tellement  dépourveu 
de-  bonne  harquebuzerie  que  en  suis  en  grande  peine  et  per- 
plexité. Estant  résolu  de  partir  vers  Hollande  et  Zélande 
pour  maintenir  les  affaires  par  delà  tant  que  possible  sera, 
ayant  délibéré  de  faire  illecq  ma  sépulture.  Parquoy  vous 
voyez  combien  il  est  nécessaire  que ,  si  les  Princes  d'Ale- 
magne  estiment  que  ceste  affaire  les  touche,  comme  certes 
elle  fait  bien  grandement,  que  promptement  et  sans  dilay 
ilz  mettent  la  main  à  i'oeuvre  en  m*envoyant  secours  d'ar- 
gent et  de  gens ,  ou  bien  acheminant  les  affaires  à  quel, 
que  bonne  paix,  et  mesmes  il  seroyt  bou  qu'ilz  escrivis- 

(i)   Yselstain,  Christophe  d*Ysselsteio ,  un  des  Gentilshommes 
confédérés  :  Te  Water ,  III.  p.  400. 

'  compte. 


.  5  — 


aent  aux  Ditcqs  de  HnUteia  et  Laueoliurg  (i)  et  autres  1^73. 
Colonelzet  Ritmeistresà  qiioy  [tend] ce ilesseing  desenne-  "•^'""''c. 
■tU;  as&avuir:  à  la  ruine  totale  de  ceux  de  la  religion,  tant 
en  Aletnagne  que  purdeçâ ,  comme  îl  e&t  assez  notoire.  Et 
pour  tant  ilz  les  rappelk-nt  à  bon  escient  (3),  nvee  protes- 


tadon   bien 


expre 


i  mal 


advient.    Touchant   la 


Rojne  d'Angleterre  j'y  ay  envoyé  Boisot,  maïs  n'ay  encor 
nulle  responce.  Quant  au  passage  dont  ni'escrivez  pour 
les  ar([uebiiziets  ,  il  n'est  à  présent  possible  leur  assigner 
antre,  ûnon  qu'ilz  s'embarquent  à  Enibdeou  Brunie  ou 
Hanbuf^ ,  et  ainsi  s'acheminent  vers  Hollande ,  veu  que 
UMU   pauages    sont    serrez   et     inaccessibles.    Qui    sera 

(1) f M^<»feti/y.  OucdeS>ie~LciiiEnboiirg; voyez Tom.ni.p  313. 

[t]fwpp.à  h.eir.  Dijt  eu  iSGq  le  Landgrave  Guillauuie,  iodigné 
4i  «e^aetk*  Priaets  prolcst«nl«  pri>&enl  service  contrôles  intéréls 
&bnl^sîoa  évanfiélique,  iioit  fuit  uiif  proposition  à  ce  lujeu 

•  D»  (••■BMBcheinlii'b  scy  ,  dasz   weilcr  der  Pabtt  nocl>  die  iliai 

•  wfcàpgeixlni  Kôni^  mil  ihrem  KriegtvolL  UeuUchland  gcvrach- 
t  MH  aryen ,  d>  ihre  Zuversicbt  und  Slarke  nur  auf  der  VorauMel- 

•  Mii|  bcTube ,   dentscher  Krieipgesellen  jeder  auch  der  rvangeli-' 

•  tA«r  BeligkiD  fur  Geid  bd  sicb  lu  bringen ,  sa  le _v  ein  rcîerlichcs... 
«TitImM  »âlk>|;:  ilasz  sich   kciner  ibrer  Unierihanen  gt^en  eigeoe 

•  E«ti(MHi*-Verwandle grbmurben  liesze.uod  datz  die  L'eherlreter 

•  éia»   Verbols  ,   weil  sie  ihren   Taul-tid  gelirochen ,  an   Ehre , 

•  Ldli ,  Ldien  ,  und  Gut  gnlraft ,  und  von  jeder  cbriicben 
■  GMelbcbaft  gcinieden   wùrden.  —  Dièse    RalhichUge  fanden  , 

•  ■il  Anmaliine  dcr  Kur-PfaU  ,  wenîg  Eingang.  •  /',  Knmmil , 
K.C.Bai.X   à'Siy  Le  Duc  d'Alben'avoit  pas,  à  ce  qu'il  piirotl, 

louer  de  ses   auxiliaire!   AUemands.   »   Magnam 
I  perdidimiu  in   equituni  Cermanicorum  conduclioue, 

•  ^  per  Duc«in  UoUatiae  alioiiiue   Gcmiamae  principes  in  auii- 

•  lion  adtciti  fucruni ,  ■  qiiîbus  lamen  parum  fruclui  arcepimua. 
>  B«c  ninu*    quam   ab    boslibus    niberi   agricolae  nostri  dirq>li 

•  fttavai.  •  Fig.i.  ad  Hopp.  p.  ;i6. 


—  6  — 

ï5yi.  l'endroict  où,  me  recommatidant  de  bien  bon  coeur  à  vos- 
Octobre.  tre  bonne  grâce,  prieray  Dieu  vous  donner,  Mons'  mon 
frère,  en   santé  rie  bonne  et  longue.  E^crit  à  Swol,  ce 
xviîj*  d*octobre  iSya. 

Vostre  bien  bon  frère  à  vous  faire  service, 

Guillaume  db  Nassau. 
A  Monsieur  ,  Monsieur 
le  Conte  Jehan  de  Nassau  , 
mon  bien  bon  frère. 


Deux  jours  après  le  Prince  s'embarqua  pour  la  Hollande. 
«  Den  20  is  hy  met  syn  Hofgesin  en  omirent  60  peerden  tôt  Cam- 
»  pen  gekomcn  :  die  van  Enkhuysen  daer  van  veradverleert  zynde , 
»  so  hebben  sy  eenige  galeyen  gesonden  .  . ,  om  hem  te  balen  en  is 
»  zonder  eenige  tegenspoet  tôt  Enkhuysen  gekomcn  ,  en  met  groter 
«  vreuchd  ontvangen.  »  Bor ,  4i4*-  ^^  y  demeura  quelques  jours,  fit 
équiper  des  vaisseaux  et  ériger  un  rempart ,  que  la  bourgeoi- 
sie termina  en  si  peu  de  temps  qu*on  le  nomma  rempart  de  bonne 
i*olontc  (Willigenberg).  —  Sa  venue  en  Hollande  étoit  absolument 
nécessaire.  D^abord  pour  remédier  au  découragement  général: 
«  Yoorwaer  de  komste  van  den  Prince  was  in  dcse  tyd  seer  nood- 
»  sakelyken  voor  de  Gereformeerde  ;  want  de  herten  en  gemoeden 
»  waren  so  versiagen  en  verQaut ,  dat  meest  al  de  principaefste  die 
»  haer  metter  sake  meest  gemoeid  badden  ,  in  berade  waren  om 
•  met  hacr  te  nemen  datse  souden  mOgen  ,  en  ten  Lande  weder 
»  uit  te  vluchten  :  maer  met  de  komste  van  den  Prince  waren  de 
»  flauhertige  nu  so  gemoet  datse  niet  meer  op  de  perykelen  eQ 
»  dachten.  »  Bor,  L  l.  Ensuite  pour  faire  cesser  les  mécontente- 
ments et  les  désordres  causés  en  grande  partie  par  la  conduite  irré- 
gulière et  sauvage  du  Comte  de  la  Marck.  «  Tôt  dese  fyd  toe  lagen 
»  byiia  aile  goede  oïdcningen  onder  de  voet,  want  het  wilt  en 
»  ongetoomi  krygsvolk  dat  eerst  in  't  Land  gekomen  was  metteD 
»  Grave  van  der  Marck  ,  so  ruwelijk  leefden  in  aile  saken  en  byiia 
»  tegen  ccn  iegelyk  sonder  onderscheid,  dat  byna  oiemand  yet  ^oets 
>  en  dorst  proponeren.  >'  /.  /. 


TtaciaMb  Kvyme <t JftiHrIfire .  U  PniKt y  avoit  tm-oyè  Boitât    i5-a, 
(p.S.1.  Si,EliMb«lti  éloit  l'alliée  naturelle desProEEïUiiu,  Le  Uu.l-  Q^iulirc 
rai'l^uitUiiRieérrilen  l'iSrf.  <  Ëa  9«}  Pflîchl  MIer cvuifithïcliru 

•  F&nlMt  »cli    anrer  einander   zii    vcrblnden,  die   PreiisUachafi 

■  ëar  KôMifin  su   Iwlidren  ,  ibr  in    Rdigions-^Sachen    lelbst  mil 

•  Knapi<4k  bei  tu  Meb«n  ,  ihr  Anerbiclea  JcdeoralU  <I«ii  dei 
>  ftw«M   ton  TJaisiTa  vorziizieben.   Ueno  er   wUse  von  seisca 

•  VaMr  tl«u«r  imnwr  gei-aibe»,  die  cvanjielisdiea  Fûnien  lolUea 

■  •Mf  *lieM  vermi^cndeuiid  gcIdreicbcFùrïtin  ,   da  «je  »elbst  um 

•  iar  ftcligioa  wilkn  jo  viele»  aiuge^iaadeu ,  ibr  Augeauiei-L  riih- 

•  IM.»  f.  Rimmel,  N,  G.U.  I.  ûSg.  Il  y  *voil  iiilérêt  récipro- 
f«ft  Wal*ÏD|hain  insisle  souvent  lu  desiu» ,  pal-  rapport  ajx 
MtMin  «knwodw  par  le   Comle  Louis   pojr   le  Prince  d'Orange. 

•  Si  UcB  n'avoit  pasïiitcité  le  Prince  pour  donner  de  l'ocuipa- 

•  IkM  4  rE*{Mi(;iie ,   il  y  a   loiiglemps  qu'il  se  seroit  allume  i-hec 

■  outts  lin  dangereux   feu.    Par   coiisê<)uent  e'esl  nout    serourir 

•  ntme  forlune   que  lui.  Tnule   la   dilTéreuce  est   que ,  m  nout 

•  ratuodotiDons ,  les  pi-emlen  loaux  loniberont  sur  lui ,  et  vioiw 
>4n»l  ensuite  à  lous  mui  de  nous  qui  Toul  profession  de  la 

■  ■Jiar  ReligioD  . . .  i<>  luillet  1^71.  >  Mèin.   p.  964.   °  Ceux  qui 

•  M«fa*U«at  du  bien  à  .S.  M  ...  -,  se  Ibudanl  sur  Ici  preuves  que 
*S.H.a  eues  depuis  peu  delà  ntautaise  volonté  du  llui  d'Espagne, 

•  «iidncal  que  b  tienne  Politique  fait  plutôt  pencher  à  secourir 

•  q«'â  dMonrager  le  Prince  .  . .  lo  août.  >p.  37'!.  ■  Si  l'airairede» 
>h;«-BaséGboue,  nous  sommes  évidemment  eo  péril.  >•  p.  i74- 
&«  «tee  Colignj  disoil:  -  Depuiaque  S.U.  est  sur  IcTrùne,  Uoe 

•  l'atricn  pr^senlé,  si  je  ne  me  trompe ,  où  S.  M.  ait  Ad  preocbw 

■  {dm  de  part  qu'à  la  destinée  du  Prince  d'Orange.  •  p.  37^.  En 
WTm,  ai  le  Prince  succomboit,  Eliuliclh  devoil  craindre  que  l« 
Dwd'Albe,qui  avoil  déjà  intrlguéatec le Uucdc Norfolk  fUailaiH, 
Coiutita*io»iil  UûtBiy  0/ Engl,  ,1.  tSi  l,ne  vint  soutenir  les  menées 
da  GUMs  tii  Ecosie ,  ou  les  tenlalives  des  Papistes  en  Angleterre. 

■  L'Anùrsl  Ml  mort ,   cl   le   Duc  de  Guise  est  i^cme  en   vie.  I« 

•  PriMcc  d'Ora«4(c  s'est  retiré  de  Flandres ,   mais  le  I^uc  d'Albe  y 

•  «Slmcorv.  Il  u'cst  pas  b«sma  que  )c  conclue  ,,  .  8  ocL  iSjU.  >> 


i57a. 

Octobre. 


—  8  — 

fFnls'.^  Mém.  p.  3 16.  «  A.  présent  que  le  Prince  s'est  retiré  eo 
»  Allemagne  ,  ils  solliciteront  le  Duc  d*Albe  à  exécuter  en  Angle* 
»  terre  le  dessein  qu'il  a  formé  depuis  longtemps  contre  S.  M.  ; 
»  à  quoi  vous  sçavez  qu*il  a  de  lui-même  assez  de  penchant  »  p. 
317.  «  Comme  le  Prince  s'est  retiré,  S.  M.  ne  doit  pas  s'attendre 
»  de  demeurer  longtemps  en  repos.  »  p.  319.  Malgré  ces  avertisse' 
ments,  la  Reine  agissoit  foiblement  en  faveur  des  Pays-Bas, 
«  Nous  n'agissons  que  sous  main ,  et  nous  montrons  en  cela  que 
»  nous  n'avons  ni  zèle ,  ni  courage.  »  p.  264<  Plus  d'une  cause 
produisit  ces  timides  hésitations.  D'abord ,  avant  la  St  Barthé- 
lémy, lorsqu'il  éloit  question  de  se  liguer  avec  la  France  contre 
l'Espagne,  il  y  avoil  deux  obstacles:  l'ancienne  alliance  avec 
la  Maison  de  Bourgogne;  car  l'obsei^vation  que  cette  Maison  «  est 
»  devenue  une  puissance  dangereuse  et  ambitieuse ,  et  en  outi*ela 
»  Protectrice  du  Pape  et  l'ennemie  déclarée  de  l'Evangile  »  fp.  i35, 
sq.)  y  n'aura  pas  entièrement  levé  ces  scrupules  :  en  second  lieu 
la  crainte  de  contribuer  à  l'agrandissement  de  la  France.  Wal- 
singham  propose  des  moyens  pour  diminuer  cet  inconvénient  ;  et 
d'ailleurs  «  la  grandeur  extérieure  de  la  France,  »  dit-il  ,  «  est 
k  beaucoup  moins  à  craindre  pour  nous  qu'une  dissention  dômes- 
»  tique  ,  à  laquelle  il  ne  faut  qu'un  secours  étranger  pour  nous 
»  faire  de  dangereuses  aflaires.  v  p.  1 43  ,  sq.  Cependant  plus  tard 
Burleigh  lui  écrit:  «  Si  les  places  maritimes  tombent  à  ceux  où 
V  vous  êtes  ,  ils  régleront  non  seulement  le  commerce  de  nos  mar- 
»  chands  en  ces  pays-là  ,   mais  la  souveraineté  de  la  Manche  ,  qui 

>  nous  appartient ,  se  trouvera  bornée  et  bien  exposée,  w  p.  147. 
Après  le  massacre  à  Paris  ,  on  avoit ,  il  est  vrai  ,  moins  à  craindre 
de  fortiBcr  la  France  en  secourant  les  Pays-Bas  ,  mais  par  contre  H 
devenoit  doublement  nécessaire  de  ne  pas  rompre  légèrement  avec 
l'Elspagne.  Lei  avances,  les  belles  paroles,  les  protestations  de  la  Cour 
de  France  contribuèrent  alors  au  maintien  de  la  politique  in- 
décise d'Elizabetli.  Il  ne  faut  surtout  pas  oublier  Topposition  nais- 
sante des  Puritains,  triomphants  en  Ecosse,  et  qui  en  Angleterre 
formoient  un  parti  déjà  puissant  «  Die  Kônigin  suchte  diirch  die 
»  Unilormitats-acte,  1 562  und  i563,das  Miszvergnûgen  mit  Gewalt 

>  lu  unterdrûcken ,  roachte  aber  das  Uebel  nur  àrger  ,  und  bàld  , 


—  9  — 

»seit  1^70  besonders,  standen  io  der  reformirteD  engliscben  157a. 
»  Rirche  zwey  Parlheien  schroff  einander  entgegen.  »  Guericke ,  Octobre 
Bamdbmek  d,  Kircheng,  p.  918.  La  Reine ,  eo  l'avorisaot  leb  inté- 
wH%  protestants  ,  craignoit  toutefois  la  prépondérance  des  opi- 
nions décidément  cal  vîobtes;  sa  politique  intérieure  aura  influé 
sur  sa  politique  au  dehors  :  c'est  à  quoi  se  rapporte  peut-être  la 
rcnarqae  du  Prince  ,  Tom.  III.  p    SaS.  in  f. 


t  N"  CCCLXXXIXs 

Mémoire  de  Bernart^  Seigneur  de  Mérode  ^  pour  justifier  sa 
retraite  de  Matines.  (Sommaire  du  discours  et  defîences 
qu  ay  esté  contraint  mettre  en  lumière  pour  confondre 
mes  calomniateurs  maldisants ,  et  faux  interprétateurs 
de  mes  actions.) 


\*  a  Le  5^medi  pénultième  d'août,   du  bon  matin,   les  por* 

>  les  de  Malines  furent  ouvertes  aux  gens  du  Prince  d'Oranges  , 

>  avec  le:>qiielz  entra  Bernart  de  Mérode  ,  Seigneur  de  Varoux  . . . 

•  Il  tint  l'exercice  de  la  nouvelle  religion  en  sa  maison ,  où  l'on 

>  pr^ha  ,  baptiza  enfans  des  soldats  allemandz  à  la  manière  de  la 

•  religion   nouvelle  .  . .  Les  curez  ont  faict  fort  bon  office  pour 

>  contenir  leurs  parochiens  en  la  religion  catholique,  dont  le  dict 

■  Waroax  l«ir  vouloit  grand  ma  .  »  fFillems^  Mengelingen  ,  n."  6 , 
p.  39^ ,  sqq.  Le  i  octonre  Mérode  évacua  la  ville.  «  Het  garnisoen 

■  (Ut  van  den  Prince  biunen  Mechelen  ghekten  was,  onder  Ber- 
»  oiert  van  Merode,  Heere  van  Rumen,  gevoelende  den  onwille 

■  code  verslagentheyt  van  der  Ghemcynten  door  het  gheluck  des 
»  Hertoghs,  hebben  de  Stadt  eerlyck  (niet  tegenstaende  de  teghen- 
•  spreecfcers)  verlaten.  »  F,  Meteren^  76'*.  Le  jour  suivant  Mali- 
BCf  fat  livrée  au  pillage.  «  £a  urbis  direplio  Albano  denuo  apud 
»  Bd^as  maximum  conflavit  odium  dubioque  procul  rébus  Regiis 
»  iiUBaopcre  Docoit  •  • .  Absît  a  vire  forti  ae  CbriitiaDO  crudeliter 


—  10  — 

iSya.  9  atqtiè  iniq&e  agère,  ac  lAmoderalô  rigore  aoiniiim  èxftaliarê.  » 
Octobre.  /.  Ê.  de  Tassis  ,  I.  i63. 

Ceci  o'est  qu'un  Somtnaite ,  un  extrait  du  discours  plein  (p.  lo. 
1.  a4)  et  entier  (p,  i5.  I.  aS).  Vasseuranee  du  aa  février  est  une 
nouyelle  preuve  des  relations  multipliées  de  Charles  IX  avec  les 
Protestants  des  Pays-Bas. 


Combien  toutesfois  que  Ton  verra  ci-après  tout  au 
long  plus  amplement,  clérement  et  yéritablement  mes 
légitimes  et  justes  raisons,  pourquoy  je  ne  pouvoy  selon 
ma  commission ,  ne  devoir ,  selon  Fart  militaire ,  attendre 
plus  outre  à  Malines  la  furie  de  l'ennemy. 

Premièrement,  je  viendray  à  ce  qui  m'a  meu  à  rempoig- 
ner  les  armes,  qui  a  esté  Tallection  et  grand  désir  que 
j  avoy  pour  faire  service  à  Monseigneur  le  Prince  d'Orange 
et  à  la  juste  cause ,  ensamble  Tasseurance  que  j  avoy  du 
Roy  de  France,  datée  du  22*  de  février  Tan  1571.  Puis 
donques  que  la  France  à  sa  promesse  faillit  et  le  bon  Ad- 
mirai Goligny  avec  les  siens,  outre  tout  espoir,  à  Paris  fu* 
rent  meurdriz,  Mons ,  en  Hairiaut,  après  grands  faits  d'ar^ 
mes,  se  rendit.  Mon s*^  le  Prince  pour  rompre  son  camp,  la 
rivière  de  Meuse  desjà  passé.  Que  jugerez  vous  donques, 
gens  d  entendement.practic  à  )a. guerre  ,  de  la  grande  -ville 
de  Malines,  en  soy  rien  moins  que  forte,  ne  tenable  (com- 
me au  plein  discours  assez  particulièrement  dépeint),  assi- 
se au  milieu  du  Pays  et  puissante  villes  des  ennemiz,  et  de 
moy  (de  qui  Ion  parle  confusément,  sans  pouvoir  savoir 
particulièrement  qui ,  ne  pourquoy)  ,  qui  ne  suis  subject 
nivassall  du  Roy  d'Espaigne,  combien  qu  en  estoy  commis 
Gouverneur  (sans  toutesfois  lavoir  sollicité  et  moins 
trafEqué  ou  praétiqué),  y  estant  planté  et  abandonné  d'un 
chascun,  aiant  pour  le  service  de  la  cause  libéralement  et 


—  Il  — 


TolontaireRient  despendu  le  mien ,  sans  nuHement  avoir  137a. 
Weettlié  mon  proufGct  particulier:  [puisse  ' ]  donques  recé-  Oclobrt 
1er  |Hiur  mon  honneur ,  sans  loutcsfuis  vouloir  blesser 
nluy  il'autruy  ,  d'aulant  qu'ils  en  peiivmt  respoadre  et 
s'«l  justiSer,  des  gentilshommes  de  la  ville  et  du  Pays  ;  à 
^  lAutesfois  le  fnict  général  touchoit  beaucoup  de  plus 
prei  que  non  point  à  moy,  qui  estoiem  retirai  et  tà- 
cboirnt  n  tout  heure  de  s'en  aller.  De  quelle  sorte  déohif- 
&way*-je  la  caTallerie  qui  esloienl  demeuré  sous  ma 
«jarge  de  commandement ,  qui  avoient ,  desjfi  quelques 
{■Mrs  avant  l'ennemy  arrivé,  conclu  et  en  tua  présimce 
tfresté  s*en  vouloir  aller  et  suivre  la  route  du  camp , 
^i  cMoit  desjà  passé  la  Meu.te,  et  me  laisser  là  seul ,  sans 
»l*M  vouloir  attendre  responce  de  Mons>-  le  Prince,  vers 
tnpiel  avoy  vistement  despeché  ?  Ce  peut-il  aussi  dire  chose 
plus  véritable  ,  que  des  quatre  compaignies  d'infanterie 
(tWIrt  qu'elles  estoient,  et  qu'y  avoy  amené)  ils  cHmi- 
tiuoicnt  à  toute  heure  de  nombre,  obéyssance  et  bonne 
volonté, etce  ii  cause  du  mauvais  traitement  et  injures 
ipnh  receroient  journellement  des  bourgeois,  et  (te 
pWiB«nt  que  ne  leur  pouvoy  donner,  d'autant  que  je 
n'en  rerevoy  point.  N'est-il  point  notoire  que  j'avoy 
■uunt  H'cnnemiz  par  dedans  la  ville  que  dehors,  et 
fnil  n'y  avoit  ni  tost  ni  tard  apparence,  ni  espoir  de  se- 
CMr> quelconque  ?  Que  conteray-je  des  vivres,  muniti- 
*l»  de  guerre ,  lourrages  et  argent ,  puis  qu'il  n'y  en  avoît 
point ,  lesquels  n'estoient  point  recouvrables  pendant 
iJBe  Monsieur  le  Prince  estoit  avec  ses  foi-ces  en  estre, 
■oins  donques  après  son  partement.  Que  diray-je  que 
jr  n'ay  jamais  esté  assisté  ni  d'argent,  ni  d'advis,  ni  de 


—  12  — 

I  Sj2.  conseil,  ni  d^ayde,  de  Mess"  les  Magistrats,  sinon  de  paroles 
Octobre,  vaines;  nie  tairay-je  donqiies  de  ce  malheureux   peuple 
ennemy  de  vérité  et  équité ,  qui  à  toutes  heures  nous 
nienassoient  de  coupper  la   gorge ,  me  brusier  en  ma 
maison ,    me  r  oster  les  clefs  des  portes ,  relascher  mes 
prisonniers ,  défendre  de  point  haulser  les  eaues ,  raesme 
contraint  le  bourgmaistre  les  escouler  estant  haulsée ,  ni 
couper  leurs  arbres  aux  fruits  qui  estoient  serrant  les 
portes,  et  telle  chose   semblable  plus  que  trop.  Peuvent 
ils  nier  aussi  qu*il  y  en  a  eu  dix  commis  capitaines  ou 
chefs  pour  maschiner  la  révolte  entre  le  peuple ,  pour 
empoigner  avec  les  ecclésiastiques    et  gents  de  longue 
robbe    les  armes,   pour  ceste  nuict  ou  le  matin  que  je 
sorty,  me  livrer  à  Tennemy,  et  coupper  la  gorge  au  reste: 
et  sy  fussions  demeuré  deux  heures  sans  estre  sur  pied 
et  en  armes,  ils  n'eussent  pensé  faillir  à  leur  dessein  ,  i 
quoy   l'ennemy    de  dehors    escoutoit  diligemment ,    et 
n'eussent  failly  les  assister  et  y  tenir  la    main.  Quelle 
opinion  doit  avoir  aussi  tout  homme  de  jugement  de  ce 
qu'ils  coupèrent  sur  le  soir  les  cordages   par  lesquelles 
on  haulsoit  et  avalloit  les  traillis ,  et  que  le  pont  que  teni- 
ons seul  franc  pour  aller  et  venir,  et  n'estoit  encore  saisy 
de  Tennemy ,  estoit  par  eux  rompu  et  desfaict ,  sinon  que 
pour  tant  mieux  pouvoir  exécuter  leur  trahyson ,  et  nous 
prendre  au  piège  et  mettre  en   effect  semblable  massacre 
ou  matines  Parisiennes ,  que  celuy  de  France.  Quelle  aide, 
fidélité  et  charité  devions  nous,  estrangers,  donques  espé» 
rerni  attendre  de  ce  peuple  barbare  et  insensé,  puis  qu'en- 
tre eux  mesmes  (qui sont  parents,  alliez,  voisins,  compère, 
commère ,  concitoyens ,  et  en  général  amateurs  et  défen* 
seturs  des  prestres  et  leur  cërimonies) ,  quand  Tennemy , 


l;j  — 

par  eux  invité,  est  entré  à  la  ville,  ils  se  trahboient  et  ti'^%, 
■ccusoieDt  l'un  l'autre,  l'aisiintilontier  estrapades  décor-  Octobre, 
ée&  sax  fenimes  et  hommes  cjiie  l'on  rognoit ,  et  ce  pour 
ikicoiiTrir  leurs  mouclies  '  et  avoir  part  au  butin,  mesmes 
juqoes  avoir  aci-usé  ce  qui  estoît  cach^  aux  cloistres  et 
l«fnp)es.  Combien  du  cantraire  ont  ils  montré  à  vouloir 
fournir  la  petite  somme  que  Mons'  le  Prince  leur  deman- 
ila  lu^  prt^er;  y-a-il  aussi  âme  de  tout  te  peuple  qui  puis- 
le  dire  avec  vérité  qu'iin'a  fmirny  im  seul  patart,  combien 
ïttHoj  en  nécessité  pour  faire  la  paye  aux  soldats?  Quoy 
ilotiques  tout  ce  que  dessus,  que  pouvoy-je  plus 
■blement  faire,  que  de  me  retirer  avec  mon  petit 
■u  {tel  qu'il  estuil)  vers  Mons' le  Prince?  estant 
ty  la  ville  à  enseignes  despinyées  âlaveue  de  l'ennemy, 
diu|uclle  avec  p^Uisieurs  esquerniusse  avoy  attendu  ses 
iprasches  et  fort  liien  entendu  ce  dessain ,  factions,  et  in- 
lelligence  qu'il  avuît  avec  les  bourgeois;  et  passé  tout  ce 
grand  et  long  clicmin,  depuis  Malines  jusques  à  Ruremuo' 
de,  à  la  poursuite  et  environné  d'un  coslé  et  d'autre 
de»  ennetuiz,  sans  toutesfois  avoir  souflert  dommage 
notable  ,  ïinun  d'aucun  fuuillards  qui  se  pouvcùent  escar- 
Ut  et  s'amuMr  au  pillage,  ou  possible  aucuns  qui  se 
odloient  pour  abandonner  leur  enseigne  ets'enfuyr;  peut- 
frtre  au&si  que  aucuns  recreuz  et  las  de  si  longue  trace 
aa««ic  rattains  et  surprins.  Duquel  sortir  ou  partenieiit 
Noiueigneur  Dieu  me  sera  tesmoin  ,  et  ceux  qui  m'ont 
loujours  assisté  et  accompaigné  durant  envirrm  le  mois 
^nej'y  a:y  esté,  soit  capitaine  de  la  cavallene  ou  des  gens 
de  pictl,  soit  retter  ou  soldat,  soit  gentilhomme,  magîs- 
(nts  ou  bourgeois  ,  soit  doniestic ,  familier  ou  estranger. 


-  X4  — 

iBy^  qw  j*ây  toujours  opiné ,  dotiné  advis ,  ouy  opiiniatré  pour 
Octobre,  y  demourer^et  tenir  bon,  jusques  à  nous  laisser  couper 
la  gorge  plustost  que  3'en  aller  ou quicter  la  place;  jusque^ 
à  ce  toutesfojs ,  que  à  la  fin  chasoùn  de  qualité  me  per- 
suadèrent du  contraire,  me  remontrant  les  dangers  appa- 
rents pour  les  factions  qui  se  démesloient ,  comme 
particulièrement  ci-dessus  déduit  ;  estant  aussi  requis  du 
Magistrat  et  partie  des  bourgeois  qui  se  tenoient  neutres  9 
et  n'estoient  encore  démasquez,  de  vouloir  faire  du 
mesmé  ;  et  pour  tant  mieux  me  pouvoir  mener  et  fiéchir 
à  leur  requeste,  ils  me  prièrent  vouloir  souffrir  que 
TEvesque  d'Arras  puisse  venir  sur  la  maison  de  la  ville  et 
Tescouter  parler,  ce  que  leur  accorday ,  ou  ledict  Evesque 
feit  un  discours  ptd)liquement  touchant  quelque  appoioc* 
tement  et  miséricorde  que  la  ville  pourroit  avoir,  si  la 
gendarmerie  en  estoit  sortie ,  et  au  contraire  de  la  perdi- 
tion et  massacre  qui  en  adviendroit,  la  prenant  par  force; 
de  sorte  que  tous  estoient  persuadez  que,  par  nostre  parle- 
ment et  intercession  dès  Evesques  et  autres  prisomiierSi 
ils  viendroient  à  quelque  appointement  ou  miséricorde, 
sauf  de  cors  et  de  biens.  Voylà  donques  les  raisons  cr- 
dessus  en  brief  alléguez,  qui  m'ont  meu,  pressé  et 
contraint  à  me  résoudre  d'en  sortir ,  et  point  autre  chose 
quelconque ,  et  m'encherainer  la  part ,  de  la  sorte  que  dit 
est;  d'autant  aussi  que  moy  seul,  ainsi  abandonné,  ne 
pouvoie garder  la  ville,  ne  faire  chose  qui  potrvoit  profiter 
à  la  cause,  ni  davantage  au  service  de  Mons'  le  Prince. 

Or ,  pour  rien  oublier,  que  pourray  je  respondre  sur  qe 
que  l'on  bruict  faussement  et  à  grand  tort  de  moy  ,  et  k 
l'endroit  de  Mons^Ie  Prince,  sinon  que  je  luy  ay  esté 
toute  ma  vie  si  entier  et  ^dèle  serviteur ,  que  Son  Exc*^  ne 


m'êD  saoroit  autre  chnse  demnnder  ni  coulper  que  tout  tS^a. 
boaneur  et  liJétite  ,  et  (|ueje  n'ay  espnr^'né  cors  ni  ))i^ns  Uciobrc 
pour  le  fidéleiuent  et  réaleinent  servir  en  tout  et  [lar 
loul  où  il  lity  a  pitiu  nie comniandtir,  et  i^iianil  jeu  voulu 
estTB  meschant  et  malheureux  (que  à  Dieu  ne  plaise  que 
ft  Mïje  le  premier  de  ma  race),  y-a-il  humme  qui  pourroît 
oier  que  Muns'  le  Prince  ne  sail  entré  à  Malines  sur  ma 
simple  lettre  et  parolle,  accompitigué  de  tels  Princes, 
Contes,  Seigneurs  et  petit  tmin  que  l'on  scaît,  où  toutes 
foi»  le  peuple  et  soldats  commençaient  d(»jà  ouvertement 
â  seallérrr,  d'autant  que  l'on  n'avoit  rîeas'sceu  effectuer 
Ji  HoDS,  et  que  le  bruit  couioil  ({u'etle  s'en  alloit  perdre 
et  que  le  camp  s'en  uUoit  romprej  que  avoit-il  a  faire  à 
R«i«inundect  WaclitendnDck,oi(  je  tenoy  liuit  compaig- 
niec  de  mes  soldats  qui  se  mutiuoient  de  bonne  sorte 
ptiur  leur  payement ,  voyant  que  le  camp  se  rompoit ,  la 
mutinerie,  piilerie  et  désordre  qui  y  estoit,  et  que  Mons' 
le  Prince  s'en  alloit  In  route  de  Hollande.  Mais  ja  â  Dieu 
ne  plÛAC  qu'en  ce&tc  maison  de  Mérode  se  trouve  tels 
■étlianis  et  mallieui'eux  ,  qui  voudroient  entreprendre  ni 
pcHter  cliose  si  Usche  et  méclianle,  ne  s'oubliera  se 
HNiillcr  à  faire  un  tel  acte  si  énorme  et  vilain  quecestuy, 
tw  de  tout  moins  semblable.  Voylà  le  sommaire  de  ma 
Mrence,  et  celuy  qui  désire  de  savoir  le  tout,  pourra 
lire  le  discours  entier,  mais  celuy  qui  voudra  le  conUe- 
roUer  ou  dire  du  contraire,  qu'il  entend  premièrement  la 
«noduHiin,  sur  laquelle  je  m'urreste. 

Puis  donques  que  les  faits  t'î-dessus  posez ,  et  au  plein 
ducours  plus  amplement  déduits  ,  du  moins  la  plus  part 
«t  les  principaux  sont  notoires,  et  à  cesu-  cause  selon  droit 
■'m  hcvoiog  dauire  ultérieure   preuve,  dont  par  consé- 


—  le  — 

1&73.  qman  let  nûsoos  qui  en  dépendent 
meot  léçîtîmef  à  mi  descliai;çe;  m 
quelqu'uns  m  effrooté  et  si  fanres  à  Irmr  faeam  et  de 
trjteif  et  nulingft  esprits ,  quils  n*ont 
Tonloir  imputer  ou  interpréter  mes  nrtions 
ment  de  ceste  Tille  de  Malines ,  cxMnme  si  j 
mrat ,  <ïriminell«nient  et  de  propos  délibéré ,  £ûilj 
devoir  de  mst  chaîne,  jusques  à  <lire  (ainsi  que  mm 
rapporté,  mais  cxHifosément^  qoefaj  en  particnliève 
intelligenee,  jours  et  nuits ,  beu ,  mangé  et  conTené  aveo- 
ques  les  Evesques  et  autres  prisonniers  qui  y  estoicnt 
detenuz  et  resté  de%  ecclésiastiques  ;  aussy  que  /ay 
receu  et  retenu  la  paye  des  soldatz  et  autre  grande  somnw 
de  deniers  Tenant  de  ceux  de  la  ville;  que  /ay  tooIb 
aussi  tacitement  scjrtir  quelques  Jours  devant  ranivée  de 
l'ennemy  pour  quitter  et  abandonner  la  place;  que  je 
dois  avoir  esté  cause  du  désordre ,  partement  et  séparation 
de  T'arop  de  Mons'  le  Prince  ;  que  doy  avoir  receu  lettres 
de  mon  dit  Seigneur  Prince  pour  la  communiquer  aux 
bourgeois ,  afin  qu*un  chascun  misse  ordre  à  son  fait  pour 
sauver  leurs  biens,  d autant  que  luy  ne  les  pooroit 
sec^iurir  ni  assister ,  et  qu'il  estoit  contraint  rompre  son 
camp  et  séparer  ses  forces  :  et  t.-lles  autres  calomnies, 
quelconques  elles  puissent  estre ,  [butes],  ou  par  eux  con- 
trouvées,  ou  au  rapport  d*iceux  sousteiiu  ou  par  autres 
soustenues,  mesmes  par  aucuns  par  aventure,  qui  cer^ 
choient  le  pillage,  leur  profit  particulier,  ou  vengeance 
que  ne  leur  abantlonnoye.  Je  dys  avecques  bonne  con- 
science ,  et  respon ,  [pour]  le  faire  court ,  soient  iceux  ou 
capitaines,  ou  soldats,  ou  bourgeois  Malinois,  ou  autres 
de  quelconque  degré  ou  qualité  ils  soient ,  que  toutes  et 


—  17  — 

quantes  fois  eux  et  aussi  tous  autres  ont  tenu,  dit,  tien-  iS^s. 
sent ,  disent ,  tiendront,  et  diront  tels  propos  de  moy ,  ou  Octobre, 
totres  telles  semblables  parolles ,  par  lesquelles  ils 
siTaoceroient  ,  s*advancent,  ou  se  sont  advancez  attenter 
contre  mon  honneur,  en  ont  nientj,  mentent  et  mentiront, 
et  cruellement,  calumnieusement,  faussement,  lasche- 
ment  et  mescbamraent ,  prest  pour  deffendre  en  ceci  la 
Tcrité  et  mon  honneur,  à  leur  maintenir  ceste  mienne 
responce  soit  par  devant  juges  (pourveu  que  qualifiez 
îdoioes  et  non  suspects)  ou  soit  par  autre  voye  légitime, 
là  où,  conforme  aux  circonstances  du  faict  et  à  ma  qualité , 
il  sera  respectivement  par  les  loix  et  usances  de  la  guerre 
requis  et  nécessaire.  Soit  aussi  pour  remplir  (jusques  à 
vendre)  la  gorge  d'un  chascun  qui  voudra  dire  qu'aye  eu 
jsunais  mauvaise  délibération  à  Tend  roi  t  de  Mon  s**  le  Prince, 
devant  Son  Ext»  propre  ou  son  armée,  la  part  où  ils  seront. 
Ce  que ,  me  confiant  en  ce  bon  Dieu  sur  mon  innocence, 
àiicérité  et  juste  cause,  je  publie  tout  en  général  que 
spécial,  et  à  cestefTect  aussi  à  chacun  d*eux  notifie  par 
ee$t  escrit  afin  de  leur  clorre ,  ainsi  que  la  doivent  clorre 
en  ceci ,  ou  faire  ouvrir  la  bouche  pour  doresnavant  en 
parler  à  la  yérité,  ou  bientost  se  monstrer,  si  du  con- 
tiaireenoDt  envie  aucune. 

Pseaume  38  [i). 
ToQts  contre  moy  se  bendent  et  me  rendent 
Pour  le  bien  l'iniquité ,  et  est  de  leur  haine  la  source 
Ponr  ce  que  suivoy  équité.  S**  Dieu  ne  m'abandonne! 

La  confiance  du  Prince  et  les  scrTÎces  subs(!'queDts  de  B.  de  Mé-> 
n^  confirmèrent  cette  réponse  faite  avec  chaleur  à  d*odieuses 
"ytatîona. 

{i)  Ps.  S8.  ▼.  ao~aft. 

4  a 


l 


—    8  — 


•  LriTRE  CCCXC. 

Le  Comte  Louis  au  Comte  Jean  de  Nassau,  Sur  le  maut^oiâ 
état  de  sa  santé  et  sa  proekame  arri^  a  Dillenbourg. 


1 573.        **  Accablé  de  fati^es  et  de  soacb  le  Comte  étoît  tombé  malade 

QtuJbn,  ^^  dorant   le  siège  de  Moos.  «  Grave  Lodewyk  lach  deser   tyd 

»  scer  krank  te  bedde  van  hete  koortse.  »  Bor^  408*.  «  LudoTi- 

»  corn  potissimom  percolit  Colinii  caedcs,   coi  videlicet  anthof 

»  ifMe  foerat,  at  m  crederet  Régis  fideû  »  Sirada,  L  443. 


Monsr  mon  frère,  Tay  rcceu  Tostre  lettre,  ensemble 
celle  de  Madame  ma  mère,  et  veu  le  grand  soing  que 
TOUS  avez  de  moy,  dont  je  vous  seray  obligé  toute  ma 
▼ie,  et  si  tous  désirez  beaucoup  que  je  soys  avecqueTOUfli 
je  TOUS  asseure  que  je  ne  le  soubbaite  moings  pour 
plusieurs  occasions,  et  que  je  n*eusse  tant  actendu  si  lâ 
maladie  me  Teust  permys  ;  mais  puisqu'il  a  pieu  à  Dieu 
me  Tisiter  de  telle  façon  ,  il  fault  qu  après  Son  ayde  ,  je 
suyTe  le  conseil  de  ceulx  qui  me  peuvent  secourir,  qui 
ne  sont  d*adTis  que  je  me  puisse  encore  mectre  en  ce 
chemyn  sans  danger  de  ma  personne  ;  toutesfois  j'espère 
quej'auray  le  moyen  dedans  huictou  quinze  jours  d'estre 
aTec  TOUS,  pour  donner  ordre  tant  au  Tieulx  mal,  que  i' 
celuy  de  la  fiebvre  qui  m'est  survenu  de  nouveau,  conune 
j'ay  donné  charge  à  ce  porteur  de  vous  dire  amplemeoCJ 
En  actendant  je  vous  prie  bien  fort  de  faire  mes  excuses  à 
Madame  ma  mère ,  et  Tasseurer  que  le  plus  tost  que  je 
pourray ,  je  feray  son  commandement ,  et  mectray  toute 
peine  de   me  rendre  auprès  d'elle  pour  luy  faire  le  très 


--   19  — 

humble  service  que  je  luy  doibs,  et  cependant,  après  i^m^^ 
m'estre  recommandé  bien  humblement    à  vos   bonneï  Octobre, 
grâces ,  je  supplieray  Dieu  qu'il  vous  donne,   Monsieur 
mon  frère ,  en  santé  bonne  vie  et  longue.  A  Duts ,  près 
Colongne,  ce  27"*  jour  d  octobre  1572. 

Vostre  '  plus  affectionné  frère  à  vous  faire  service , 

Louis  de  Nassau. 

A  Monsieur ,  Monsieur 
le  Gmle  Jebân  de  Nassau. 


5  CCCXCI. 


Ijt  Comte  Loii/s  au  Comte  Jean  (le  Nassau.  Sur  la  dési- 
gnation  de  Siegen  comme  lieu  de  retraite  pour  les  réfu^ 
giés  des  Pays-Bas, 


Monsieur  mon  frère.  J  ay  retenu  vos  gens  deulx  ou 
trop  jours  pour  scavoir  si  on  pourroit  recouvrer  la  somme 
dont  est  question.  Je  verray  encores  quel  moyen  il  y  aura. 
Cependant  j*ay  chargé  vostre  despensier'  de  vous  dire  ce 
qui  me  semble  du  voyage  qu'on  pourroit  faire  en  Holande 
pour  cela.  Quant  à  l'office  qui  est  vacante  à  Herbrock , 
Yoos  en  ferez  ainsy  que  vous  adviserez  estre  pour  le 
nieulx  ;  mais  je  vous  prie  bien  fort  de  sentir  au  vray  avec 
qodle  seureté  les  pauvres  gens  du  Pais.Bas  se  pouroient 
retirera  2^igen'  ,  et  m'en  advertir.  Au  demeurant,  veu 

'  Vttibre  —  ferrioe.  Autographe.     *  •erriteiir  chargé  des  dépenses  de  la 

IfaisoD,  ditpemmtor,     '  Siegeo. 


^' 


—  »  — 


a  11/ft   i^^EL-»»  crin:».  s«ppâîanc  je  C^vat^v  ^H 


VcMtre  trê»  affecticMiM  £r«re  à  toss  fiwe 

Loris  »K  3(as&ac 


le  Gmt^  /cJMs  ce  Naiftaa. 


*  LETTRE  CCC3LCII. 

Le  Comte  L/mis  au  Comte  Jean  de  Sassam.  H  h 
mande  son  arrivée  à  Si  bourg  (i^. 


Blonsûrur  et  frère.  Depuis  que  Tostre  secrétaire  cslpiriy 
d*auprè^  de  nioy ,  je  me  suys  porté  de  bien  en  nûeulXy 
qui  a  eué  cau!»e  que  le  jour  d'hier  je  désiogeay  de  Dajsl 
et  suis  venu  en  ce  lieu  de  Siburg,  en  intencion ,  après 
quelque  séjour  et  repos  que  j'y  pourray  prendre,  de 
Yous  aller  trouver  selo6  que  ma  disposition  le  perroeitn* 
Je  nrattendii  que  Mr.  le  Conte  Loysde  [Viclihtstin  '  ]  m  y 


(  I  ;  Sibourg.  Château  s  jr  la  Rhur  daos  le  Comté  de  Berg. 

■  \ViU(reaftei«. 


—  21  — 

• 

bce€ompaignie,  ainsi  qu'il  m'a  promis.  Cependant  je  vous  157a. 

aj  bien  touIIu   advenir  par  ce  porteur  exprès ,  de  mon  Novembre. 

arrivée  en  ce  dit  lieu  et  du   bon   estât  auquel  je   suis , 

grice  à  Dieu,  afin  que  vous  n*en  soyez  point  en  peine, 

et  pour  ce  que  je   n'ay  point   de  chariot  et   que  pour 

h  commodité  de  mon  train  j*auroys  besoing  d'en  recouvrir 

ang ,  je  vous  prieray  bien  fort  que  ,  si  vous  en  avez  quel- 

q'un ,  ou  moyen  de  m'en  pourvoyr  ,  de  me  faire  ce  bien 

de  me  l'envoyer  à  Zigen,  où  je  désireroys  le  trouver  prest 

à  mon  arrivée;  et  n'estant  la   présente  pour  autre  occa- 

syon ,  je  la  finiray  par  mes  bien  humbles  recommandations 

à  vostre  bonne  grâce ,  priant  Dieu  vous  donner ,  Monsieur 

et  frère,  en  parfaicte  santé,  longue  vie.  De  Siburg,  ce  am*  de 

Dovembre  iSya. 

Vostre  très  obéissant  frère  à  vous 

faire  bien  humble  service , 

Louis  DE  Nassau. 

E.'  L.  wollen  meiner  fraw  mutter,  derselben 
{cmahl ,  und  dem  gantzen  hauffen  meinen  dienst 
Tcrmelden.  Will  K  L.  dem  amptmann  zue  Siegen 
oder  jmandt  andre  bevelhen  mit  dem  wage  zu 
iommen  ^  wan  ich  inen  forderen  werde ,  lasz  ich 
gesdieën. 

  Monsieur  et  frère ,  Monsieur 
le  Coote  Jebao  de  Nassau. 
A  Dillemburg. 

'£.!«.  —  gcaebeCa.  Âmtûgmpkt, 


22 


LETTRE  CCCXCIII. 

P.  de  Marnix  ySeigneurdeSl.  Aldegonde^au  Comte 
Jean  de  Kassau.  Nouvelles  diverses. 


1572.  Wolgeborner  gnediger  Herr  ....  Das  ich  E.  G.  nich- 
KoTembre.  mehr  geschrieben  habe  von  der  gelegenheit  und  standt 
der  gemeinen  sachen  alhie,  ist  ausz  der  ursachen  geschet 
hen  das  die  wege  von  hinnen  aufT  Colin  zu  gantz  geferlidi 
und  unsîcher  sind ....  Mein  gnediger  Herr  der  Prinlz 
gehet  nur  von  einer-stadt  (^i)  in  die  ander  die  sachen  zu- 
recht  zu  brengen  y  und  ailes  was  zu  versicherung  dîeser 
landtschaft  vonnoten  zu  verordnen.  Der  Herzog  von  Alba 
liegt  zu  Niemegen ,  und  leszt  sich  mercken  als  wolte  er 
den  gantzen  winter  daselbst  zubringen.  Er  ist  ein  wenig 
schwaçh,  und  man  sagt  er  seye  vonn  der  sucht  gerûret 
worden,  eben  wie  er  den  Hertzog  von  Hollzstein  zu 
entgegen  ausz  der  stadt  war  gezogen.  Er  hatt  ettlicJie 
knechtaufïdasschlosz  UlfTt  (2)  zugeschickt  dasselbig,  wie 
es  sich  anieszt,  zu  belageren.  Die  Spanier  haben  die  statt 
Middelburg  proviandiret,  jedoch  drey  schiffe  daselbat 
verloren,  deren  eines  gebrennet,  die  andere  în  deb 
grundt  sind  geschossen  worden.  Das  ist  ailes  was  ich 
fiilir  diszmal  E.  G.  kondte  schreiben.  Ich  wolte  gern 
—  — -^ 

(i)  stadt,  D'EDkhuizen  le  Prince  s'étoit  rendu  à  Haerlem,  où 
il  avoit  tenu  rassemblée  des  Etats  et  rassuré  les  esprits.  «  Hij  beefll 
»  haer  op  ailes  sodanige  goede  hope  gegeven  en  so  gecontenCeeity 
»  datse  verklaerden  te  vreden  te  zyn  by  en  metbem  ailes  teavoo* 
>  turen  datse  ter  werelt  hadden.  »  Bor,  /(i4b. 

(a)  Ulf/t,  Dans  le  Comté  de  Zulphcn. 


—  23  — 

cttwasIwiieiiYQiideiiôrtem'Obauchclief.  '  undh.*  Bitein-  157a. 
mai  werden  au^z  îhren  schlaiî  erwachen.  Wen  E.  G.  ihre  Novcailm. 
sdireibern  eînem  wolte  gnadiglich  befehien  mir  ettwas 
wie  es  ob  dem  seye  zu  schreiben ,  das  wolte  ich  in  aller 
Qndeithanigkeit  mit  fleiszigem  dinst  an  £.  G.  allweg  ver- 
idiulden. . .  .  Datum ,  eylends,  zu  Dordrecht,  den  10' 
NoTembris  iSya*   ' 

E.  G.  underthantger  und  dienstwilliger , 

Ph.  von    Marnix. 

Dem  wolgeborn  Graffen  und  Hem  , 
Hern  lohan  Graffen  zu  Nassau  .  .  . 
genedigeo  H«ni. 
Dilleoberg. 


ktea 


LETTRE  CCCXCIV. 


/•  Tqffin  au  Comte  Lotus  Je  Nassau.  Relatii^e  à  un  lieu 
iU  retraite  pour  les  réfugiés  des  Pays-Bas, 


Honseigneur.  Pay  esté  fort  joyeux  d'entendre  par  M^ 
Charles,  Ministre  de  Wezel,  comment  le  Seigneur  vous 
ijant  préservé  de  tant  de  dangers  si  ^ands  et  manifestes  y. 
et  après  vous  avoir  visité  d'une  longue  et  griève  maladie , 
D  vous  rend  petit  à  petit  la  santé ,  de  quoy  Luy  rendant 
griices  de  tout  mon  coeur  ^  je  Le  prie  aussi  affectueuse- 
ment vous  fortîBeir  de  plus  en  plus  et  vous  conserver  à 
Sa  gloire. 

Ce  ma  aussi  esté  grande  consolation  d'entendre  vostre 
^mxé  et  prompte  affection  d'accommoder  si  favorable- 

*  Fâreten.     *  Herren. 


—  24  — 

iSjo.  ment  les  paorres  membres  de  Jesos-Christ,  dccfaissés  de 
tous  costez,  en  b  TÎlle  de  Sîglien  (i^.  Testirnebien  que  plu* 
sieurs,  estans  pressés  de  sortir,  s'y  relireroyent  volon- 
tiers et  se  réputeroyent  heureux  de  vivre  soubs  la  proteo- 
tkm  d*un  Prince  rt  Seigneur  si  Chresden  et  fiivorable  aux 
estrangers ,  mais  aussi  s'ils  pouvoyent  trouver  lieu  plus 
capable'  (d'autant  que  leur  stiles  portent  d'estre  en  bon 
nombre) ,  j'enten  qu'ils  aymeroyent  mieux  s'y  retirer. 
A  ces  fins  estant  venu  M'  Charles,  avons  présenté 
requeste  à  Monseigneur  l'Electeur  (2),  et  obtenu  de  son 
Excellence  lettres  favorables  au  Gouverneur  d'Openheym  j 
qui  est  entre  Vormes  et  Mayence,  pour  obtenir  ce  lieu,  s*il 
est  possible,  et  que  le  magistrat  de  la  ville  y  puisse  estre 
induit  parlautorité  et  faveur  de  Monseigneur  l'Electeur. 
Dieu  en  vueille  donner  heureuse  issue,  et  cependant  vous 
continuer ,  Monseigneur,  ce  sainct  zèle  et  charitable  affec- 
tion vers  les  pauvres  affligés,  desquels  et  le  nombre  et  la 
condition  est  telle  aujourdhuy ,  qu'ils  ont  bien  matière 
de  louer  Dieu  et  se  réputer  heureux  de  pouvoir  jouir  de 
la  grâce  et  faveur  qu'il  vous  plait  leur  présenter. 

Quant  à  mon  frère  le  conseiller  (lequel  j'ay  entendu 
eslre  mort,  ayant  esté  tué  en  combatant,  lorsque  M'  de 
Jéffilis  fut  défiait),  ifest  d'autant  plus  heureux,  qu'estant 
nuirt  pour  une  si  bonne  cause,  il  n'a  point  veu  les  horri- 
bles calamités  qui  sont  ensuivies  par  la  trahison  de  Fran- 
ce...  .  De  Heydelberg,  ce  22™*  de  novembre  1572. 

De  Vostre  Excellence  très  humble  serviteur, 

Jam  Taffin. 
A  Monsieur,  Monsieur 

le  Conte  Ludovic,  Conte  de  Nassau  etc. 

(i;  Sighen,  Voyez  la  lettre  391.  (2)  Electeur.  Palatin. 

'  grand  ,  eapax. 


—  25  — 


t  LETTRE     CCCXCV. 

Le  Comte  de  Nuenar  an  Comte  Louis  de  Nassau,  Rela- 
tive au  Duc  de  Clèves  et  aux  affaires  de  la  {jueldre  et 
de  la  Hollande. 


*  *  Les  affaires  prenoient  une  tournure  désespérée.  La  Gueldre,   iS^S. 
rChcryssel  et  la  Frise  furent  bientôt  abandonnées  par  les  Comtes  de  Norembre. 
Bergbes  et  de  Schanenbourg  :  «  De  Grave  van  den  Berge  (die  noch- 

•  tans  weioig  dagen  te  voren  gesebreven  badde  uit  Campen  dat  hy 
»  wel  gcmoed  was  om  den  vyand  te  resisteren}  was  met  de  Gra^ 
»  vinnc  en    hacrluyden   kitideren   met  aile  haer  goed  en  bagagie 

•  gcvlucbt.  »  Bor^  41 5*.  «  Grave  Joost  van  Scbouwenberg  is  den 
»  iS**  Nov.  .  .  gctogen    naar  Mackum  .  . .  om  des  noot  zynde 

•  altyd  van  daer  op  Holland  ovcr  te  mogcn  schepen  ;  maer  .  .  de 

•  Heere  van  Billy  heefl  hem  aldaer  vervolgt ,  waerdoor  by  de 
>  «luchl  genomen  en  met  syn  volk  na  de^Dreote  en  se  voorts  weg 
»  gelogen  en  gcvloden  is.  »  /.  /.  p.  4 1 6** 

D*après  le  zèle  peu  fervent  du  Comte  de  Nuenar  lui-même ,  il 
ot  permis  de  croire  que  ce  n*étoit  pas  trop  contre  sa  volonté  qu'il 
ilkiit  à  Meurs  pour  y  tenir  casa  :  p.  29. 


Monseigneur  ! 

Ceste  servira  seulement  pour  advertir  (à  la  haste)  à 

Tostre  G. ,  comment  que  j  ay  receu  ce  matin  (en  grand 

dérotion)  une  lettre  de  vostre  G.  ,  ensemble  ung  pac- 

quet s  adressant  à  Mons*"  mon  maistre^i),  lequel  m*a  déli- 


'i]  mvm  maislre.  Le  [Duc  de  Clèves.  C'est  ainsi  que  le  Comte 
rappelle  «  meinen  gnedigen  Uern  *,  Tom.  III.  p.  11  ;  «  meinen 
'  F&nteo  uod  Hern  ».  p.  i5.  Le  Comte  Jean  de  Nassau  écrit  pa- 


—  26  — 

i57a*  vré  Coninxlo  après-midy,  et  moy  quand  à  quand  à  Mons' 

Novembre,  mon  maistre  susdict,  mais  ppurçequ'il  estoit  desjà  tard 

quand  sa  G.  alloit  coucher,  je  nfen  doubte  sy  vostre  G* 

aura  responce  par  ce  messagier  présent,  veu  qu'il  estoit 

desjà  9  heures  quand  je  commençois  à  escripre  ceste. 

Or,  Monseigneur,  pour  respondre  aux  lettres  les- 
quelles  il  a  pieu  à  vostre  G.  ni*escripre,  et  premièrement 
surcepoinct  des  Ânzestede,  il  plaira  scavoir  à  rostre 
G.  que  le  Comte  de  Winnenburg  a  attendu  icy  (suivant 
sa  commission)  jusques  ores  arrière  les  députés  des 
Electeur  Séculiers  (et  mesnie  du  Comte  Palatin ,  lequel, 
comme  on  dict ,  fust  cause  de  ceste  journée),  mais  il  n*y 
est  venu  nul ,  de  sorte  qu'ils  sont  d'opinion  de  finir  leur 
assemblée  (laquelle  n'est  que  de  3  ou  4  longue  robes  de 
la  part  des  Evesques)  et  s'en  retirer.  Le  Duc  de  Clèvesya 
escript  à  ce  consystoyre,  qu'il  trouvoit  fort  estrainge 
pourquoy  on  faisait  astheures  tels  inutils  despens ,  veu 
que  tout  le  pais  estoit  desjà  tout  à  Tentour  gasté,  pillé 
et  saccagé,  et  que  la  gendarmerie  d'Allemaigne  estoit 
passé  le  Ryn  pour  retourner  vers  leur  pais.  Aussy  a  son 
Exe.  tenu  propos  avecq  l'Ambassadeur  du  Duc  d'Alva, 
jusques  à  dire:  «  Schelm ,  dein  herr  Kaiserlich  Ma^j  Cleve , 
»  Cleve,  mal  pestilentz,  looo  teufel.  »  C'estoit  à  dire  en 
plat  Flament ,  que  le  Duc  Galba  le  laissolt  piller  son  païs 
etc.  atque  haec  merces  simulationis  (i).  Mais  quand  à  la 


reillemeDt  «  mein  gnediger  Fùrsl  und  Herr.  »  p.  ai.  Le  Duc ,  de 
concert  avec  TEvéque  de  Munster ,  coovoquoit  les  assemblées  do 
Cercle  de  Westphalîe. 

(i)  simulationis.  YoyezTom.  III.  p.  ii  >  aa4  ;  mais  aussi  p.  ao, 
in  f.  Les  Espagnols  se  permettoient  beaucoup  sur  le  territoire  du 


-27- 

rafle,  je  n  ay  rien  entendu  daulcune  capitalfttion  enUe  iS^a» 
le  Duc  Galba  susdict  et  les  -villes  dictes  Anzestedt ,  sauf  Nofg^iire, 
que  je  ne  youldrois  pas  excuser  mes  Couloignois,  les- 
quels seront  assés  méchants  pour  estre  les  premiers. 

Touchant  la  reste,  Mouseig',  je  ne  doubte  pas  que 
vostre  G.  aura  bien  entendu  comment  la  bonne  ville  de 
Zotphen  (i)  est  passée^  helas!  Dieu  pardonne,  à  ceux 
quils  sont  esté  cause,  sans  plus  dire,  etc.  (2)  Je  crains  que 
la  reste  de  cecostélà,  comme  Swol,  Hattem,  Canipen, 


Duc  Déjà  clans  la  requête  des  exilés  à  TEmperuer  en  1570  on  lit 
t  1^  égard  :  •  All>anas  Clivensb  dîtionis  adrainistrationem  ad  se 
•  npere  conaîur.  £îs  minaciter  imperat  ut  omnes  Belgas  suis 
»  fioibus  ejirîanC.  »  Serin.  Jntiq,  TIII.  a.  p.  6/|0.  En  appelant  le 
Doc d'Albe /r /)irc  Galba,  le  Comte,  apparemment  peu  fort  sur 
rhistoire  Romaine,  semble  faii*e  allusion  à  TEropereur  Galba, 
qui,  quoiqu'ayant  donné  des  preuves  de  cruauté,  n'est  pas  dépeint 
par  Tacite  avec  des  couleurs  très  sombres  :  «  magis  extra  vitia  quam 
>  cnm  TÎrtutibus.  •  Histor.  I.  49* 

(1)  Zutphen.  Cette   ville  fut  saccagée;  peu  de  jours  après  la 

population  de  Naerden    massacrée ,  pour  ainsi  dire ,    en    masse. 

M,BUderdyk  (VI.  1 53)  observe  que  c'étoient  là  des  représailles, 

et  qoe  Lumey ,  Sonoy ,  et  d'autres  avoient  exaspéré  Tennemy  par 

kvrs  cruautés.  On  ne  sauroit  nier  qu'alors,  comme  dans  toutes 

ks  guerres  de  ce  genre ,  des  atrocités  aient  été  commises  de  part  et 

diantre;  mais ,  en  parlant  de  représailles,  on  doit  aussi  se  rappeler 

les  exécutions ,   qui  avoient    eu  Heu  depuis  bien  des  années,  et 

ptrtîcttlièrement  la  conduite  du  Duc  d'Albe  et  de  son  Conseil  des 

Troubles  ;  certes  ce  n'étoient  pas  les  Protestants  qui  avoient  corn- 

mencé.  Strada  juge  les  Espagnob  plus  sévèrement  :  «  Super  haec 

>  nkio  Tisa  est  .  .  .;  exddium  Nardemi  non  poena,  sed  flagi- 

»  Hom  fuit.  »  I.  445. 

(a)  etc^  On  parolt  avoir  omis  dajaf  oette  copie  les  passages  peu 
inporUols. 


-  28  -    . 

i5y2.  Elburg,  Harderwick,    Amersfort,  suiveront|  combieo 
Novembre,  quon  dict  que  Swol  et  Amersfoit  tiendront  bon;  Diea 
veuille  que  ainzi  soit,  car  je  vois  en  ce  temps  que  Dîeo 
est  plus  de  Taultrecosté,  etc. 

On  in'escript,  aussi  dict-on,  d*une  terrible  menée  que  le 
tyran  doict  avoir  en  train  avecq  les  Hollandois  touduiat 
leur  pardon ,  non  pas  pour  dire  qui'd  vultis  nUhi  dore  etCi 
sedilludpotius^  etfacti  sunt  amici  in  die  illa  (i).  Etcoo* 
bien  que  j'estime  cîcy  pour  fantasies',  sy  est  ce  qu'on 
devoit  prendre  garde,  voiant  que  les  nouvelles  de  laoosté 
des  papistes  sont  plus  certaines  que  les  nostres. 

Le  mesme  est  de  Vlissingen.  Et  a  tant,  Monseigneur  |  J 
feray  fin  pour  ceste  fois ,  me  recommandant  très  humU^ 
ment  à  vostre  noble  G.    De  Cologne,  en  haste ,  ce  27  d^ 
novembre  1572. 

De  vostre  G.  très  humble  serviteur , 

DE  Ndenàr. 

A,  Monseigneur  ,  Monseig**  le 
Comte  Loys  de  Nassau  ,  CaUenelnbogen. 


Monseigneur.  On  tient  que  la  ville  d'Amsterdam  soil 
fort  pressé  de  lassiège,  et  qu'il  est  espoir  de  la  prendre. 
Mais  quoy?  cependant  adieu  ma  Velue'  et  Overyssd! 
Ceux  de  Zutphen   se  complaiudent  fort   qu'on  ne  les  a 

(i)  in  die  il/a,  CeUe  allusion  à  la  réconciliation  de  Hérode  et 
de  Pîlate ,  en  opposition  à  la  trahison  de  Judas,  semble  indiquer 
une  proposition  du  Duc  d*AIbe  aux  Hollandois  de  lui  livrer  le  Prinee 
d'Orange ,  afin  d*étre  par  là  réconciliés  avec  lui. 

'  contes»  inuigtnaUoot.       *  Vehiwe. 


—  29. 

tetonrr^.  Cng  bourgeois  qui  est  échappé  me  dict  qu'ils  iSya. 
Bivinnt  que   700   liommes  le  matin  tfuiimi   la  ville  fust  NoTcmbr^ 
Oioilié  prînse,  moitié  rendue,  non  sans  soupçon  de  trahi- 
ion  ;  cnr  ung  enseigne ,  le  mes  me  du  Cupiiain  Boeckoni, 
qui  teooit  le  guet  oultre  le  poni 

qu'ils  Davoieni  que  4  piécettes  d  artdlerîe  de  fer,  dont  i 
s«  rompirent.  Certes  il  me  semble  qu'on  ne  debvoit  pas 
avoir  osté  l'arLillerie  de  lu  ville.  Il  se  continue  aussi  que 
Ystdsie^n, Félix, et  Boeckom,  entre  des aullres  capitains, 
Mml  pendus,  et  mesmes  ces  3  d'ung  pied.  Aussi  dict-on 
quedimenche  passé  on  a  ouy  nng  grand  jamergeschrer 
et  tuerie  dedans  Zutphen,  mais  on  ne  scalt  ce  que  c'est. 
Monseigneur  le  Prince  veuli-on  dire  qui  soit  à  Leiden, 
«t  que  les  Hollandots  sont  derechief  alliés  avecq  son 
El",  pour  vivre  et  mourir  avecq  luy,  mais  que  son  Exc 
preode  garde  sur  la  practîque  Marunesca',  dont  fais  men- 
tion en  ma  lettre  cy  joincie. 

Mons' le  Comte  van  den  Berge  s'est  relire  vers  Enclt- 
husen{i),  nescay  comment. — ^  Voilà,  Monseigneur,  tout 
ce  que  jay  sceu  escripre  à  vostre  G.  à  la  haste ,  car  il  me 
loiiU  partir  ce  matin  avecq  ma  petite  ménage ,  pour  aller 
âH(>rs  ety  tenir  caxa  ,  j  ar  comandement  de  Moi 
non  maistre,  et  ce  contre  ma  voulunté  et  contre  l'o 
<tc plusieurs  etc.  De  là  ne  fauldray  escripre  à  vostre  G.  ce 
^  j'eDIeodray  digne  d'estre  escript.  Post  Uieras  ,  sS 
9^  Vt  tuprn. 


~  30  — 


LETTRE  CCCXCVI* 


tf^,  Zulegerau  Comte  Louis  de  Nassau,  Négociations 
trompeuses  de  la  part  de  la  France, 


'^7^-  \*  Wenceslas  Zuleger,  né  en  i53o,  d*abord  conseiller  Palatin 
ksembre.  (Chur-p/altzischer  geheimer  Rath) ,  ensuite  chargé  des  affaires 
Ecclésiastiques  (  Consistorial- Président).  Il  contribua  beaucoup  à 
Tabolition  du  Papisme  dans  le  Palatinat  :  en  1571  ce  fot  lui  qui 
dirigea  le  colloque  de  Franckenthal  y  dont  le  résultat  fut  la  con- 
damnation des  Anabaptistes.  Il  mourut  en  1696.  —  M,  Ehem,  né 
en  i5a8  ,  mort  en  iSga  ,  d*abord  Professeur  en  Droit  à  Tubingue 
et  Heîdelberg,  devint  Chancelier  de  l'Electeur  Palatin,  Ce 
Prince,  surnommé  â  juste  titre  le  Pieux  et  dont  la  confiance  religieu- 
se se  montre  dans  la  réponse  que  le  Conseiller  rapporte,  p.  3a, 
avoit  soin  de  s'entourer  d'hommes  remarquables  par  leur  foi  et  leur 
pieté,  se  disaut  avec  David:  «  Je  prendrai  garde  aux  gens  de  bien 
»  du  pays,  afin  qu'ils  demeurent  avec  moi:  celui  qui  marche  dans 
»  la  voie  entière  me  servira.  >  Ps,  loi ,  v.  6.  Le  Prince  paroit 
avoir  reçu  assez  fréquemment  des  Lettres  de  ces  Conseillers  :  voyez 
Tom.  IIL  p.  363. 

Ceux  de  la  Nord-Hollande  eurent  vers  cette  époque  un  exemple' 
notable  de  celte  délivrance  Céleste j  en  laquelle  Zuleger  aussi  mettoît 
son  espoir.  Un  vent  du  N.  O.  sauva  leur  flotte  prise  dans  les  glaces 
et  qui  alloit  devenir  la  proie  des  ennemis.  «  Godt  uyt  den  Hemel 
»  sont  terstont,  recht  te  passe,  eenen  Noordt-Westen  Windt^ 
»  alsoo  dat  het  Water  seer  hoogh  gheresen  ende  het  Ys  subytelyc- 
»  ken  gheborsten  is ,  alsoo  dat  die  schepen ,  als  door  een  bjte , 
»  wech  ghevaren  zyn  ende  tôt  Enckhuysen  ghecomen  ; . .  •  •  ende 
»  het  Ys  heeft  het  watcr  terstondl  weder  tocghesloten.  »  F.Meteren^ 
p.  69«. 

Monseigneur.  Vos  lettres  escrips  le  dernier  du  passé, 
m'ont  merveilleusement  resjouis^   en  tant  quelles  tes* 


:î1  — 


im^ent  vostre  bon  portemeni,  lequel  Dteit  *e«îlle  tfiy^. 
piracherer  i  Sa  gloire  et  salut  de  !a  patrie.  Quant  aulx  Décerabm 
iBàires  ilu  Pais-Bas  ,  il  les  fault  laisser  entre  les  mains  de 
cebon  Père  Céieste ,  auquel  l'yssue  est  cogneu ,  et  com- 
tùenque,  selon  le  inonde,  il  y  aye  peu  d'apparence,  tou tes- 
toi» j'espère  encore»  bien;  car  quant  il  n'y  a  plus  de  con- 
seil auprès  des  hommes,  lors  la  délivrance  Céleste  se 
monstre,  affïn  que  tout  honneur  Liiy  demeure  seul.  Or, 
ipant  aulx  moyens  desquels  on  a  parle,  estant  ycy  Monsieur 
le  Conte  Joan  vostre  frère,  toutes  occasions  sont  passées 
tl  perdues,  mesmes  ceste  qui  pour  lors  sembloît  pouvoir 
MUvhazardée,  à  sçavoir  passer  le  fil  du  Rhin. — Decostéde 
France  itn'ya  que  mensonges  el  tromperies.  Monseigneur 
rElmeuraeu  àl'tnstancede  frugosc  (i)  (homme  faici  à 
mentir  et  tromper)  ung  de  ses  gents  à  Mets ,  pour  enten- 
^  du  Conte  de  Retz  (a)  tes  articles  de  la  confédératioD 
JtHeaàue  et  sollicitée  du  Roy  envers  les  Princes  protes- 
Kns,  qui  a  nié  tout  plat  que  la  traictée  encommencée 
fn  flea  MoDsr.  l'Admirai  aye  esté  fondée  sur  la  liberté 
ir\t  rdîgiuQ  (3),  ce  que  Monsieur  de  Schonberg  a  esté 


(l)  F^wgoir,  ou  Frëgoso  ,  TioUc  C<>nois  au  service  du  Roi  de 
Frsftc*.  Le  3g  juin  i5ia  ud  Janus  Frégoso,  après  avoir  reorermé 
In  FnnçoUdaos  la  Ciladelte  Je  Céncs,  Tul  nommé  Doge  par  acci»- 
mttioot.  S.  de  Sismondi.Nist.d.Eépu/'l.  Ital.X.  p.  3^9  (eil  Brux. 
l9>6.). 

la)  ikAcri.  Albert  de  Cond}' ,  Comte  de  Relt ,  Maréchal  de 
France.  Iiso  d'une  l'itmiilc  Florenrlne  peu  considérable  ,  il  dut  «on 
drralion  rapide  el  prodigieuse  à  son  courage  el  à  la  proleclion  de 
C«lh«rioe<le  IHidicis. 

i'3)  religion.   •    Du   Bûndni»   xwischen   Frtuikreich  und   den 
Fûrsten  ,  m>  emtUicb  ec  auch   Cari  IX  selbst  im 


—  32  - 

157a.  constrainct  de  confesser ,  et  qu'aultrement  jamais  on  n'a 
Décembre,  voulu  prester  l'aureille  en  Allemaigne.  Voilà  leur  incon- 
stance dont  apert  qu'on  ne  tâche  que  de  tromper.  Tou- 
tefois le  dict  Schonberg  a  voulu  persuader  à  son  ExcelL 
d'entendre  à  la  dicte  traictée ,  en  tant  qu'elle  concerne 
Fasseurance  de  Testât  de  chascun:  surquoy  il  a  esté  payé 
que ,  si  Dieu  ne  conserve  Testât  de  son  Excel I. ,  ung  Roy 
de  France  sera  trop  foible  pour  le  conserver,  et  que  Dieu 
déteste  telles  confédérations  qui  ostent  la  confiance  an 
Dieu  et  les  fonde  sur  les  bras  des  hommes,  et -que  le 
peuple  d'Israël  aye  esté  tousjours  chastié  rigoureusement 
quant  il  s'a  appuyé  sur  Tappoinctement  d'Egipte;  maison 
entretiendra  tousjours  bon  voisinage  avec  luy.  Les  fidèles 
tiennent  bon  dans  la  Rochelle.  Monsr.  de  Beza  escript 
qu'il  y  a  plusieurs  mille  de  fidèles  en  la  France  par  ça  et 
là.  On  tient  que  le  Roy  aye  quelques  compagnies  à  l'en* 
tour  de  la  Rochelle  pour  commencer  le  siège  (i):  Dieu 
veuille  assister  aulx  siens.  Monsieur  Ehem  envoyera  vos 
lettres  par  la  première  occasion  vers  Metz.  Tout  ce  que 
j'entendray  dorénavant,  vous  communiquerez;  où    serm 


»  Jahre  iSyBnochbetreib,  kam  nichtzuStande;der  Kônig  laugoete 
»  jetzt  (was  Schomberg  frûher  versichert)  dasz  es  die  Handbabuog 
»  seines  PacificatioDS-Edikts  begreifen  sollte.  »  V .  Rornmel ^  A.  G, 
H,  I.  553.  Gaspard  de  Schonberg  ,  Comte  de  Nanteuil ,  étoit  de- 
puis plusieurs  mois  en  Allemagne  ,  envoyé  par  Charles  IX  vers 
les  Princes  Protestants. 

(i)  siège.  Ce  siégea  dura  huit  mois;  la  ville  souffrit  35ooo 
»  coups  de  canon  ,  9  grands  assauts ,  plus  de  30  autres  moindres  , 
»  près  de  70  mines,  de  très  fié(|ucntes  conspirations.  —  Le  Roi  y 
»  perdit  12000  hommes  et  grand  nombre  de  personnes  de  mar- 
»  que.  »  Mettrai,  V,  i63  ,   169. 


—  33  — 

Tendroit  c[u  après  m^avoir  très  humblement  recommendé  157a. 
àTOStre  bonne  grâce  ^  je  prie  Dieu ,  Monsigneur ,  de  tous  Décembre» 
augmenter  Ses  grâces  et  vous  fortifier  à  Sa  gloire.   De 
Hekielberg,  ce  3  de  10^  l'an  iSya. 

Vostre  très  humble  serviteur  à  jamais , 
Wenceslads  Zoleger. 

Fr^[oso  est  retourné  en  France. 

▲  Monseigneur,  Monseigneur 
le  Gmte  Louis  de  Nassau. 
Dîllenbnrgb. 


LETTRE    CGCXCVIf. 

ff.  Brunynck  au   Comte  Jean   de  Nassau.    Nouvelles 
diverses:  siège  de  Haerlem  ;  affaires  de  France. 


**  N.  Brunynck ,  Secrétaire  du  Prince  d*Orange  ,  homme  de 
hiaucoop  de  talent  et  qui  avoit  toute  sa  confiance ,  ainsi  que  plus 
fmà  celle  du  Prince  Maurice. 

Le  1 1  décembre  le  siège  de  Haerlem  aToît  commencé.  La  rési- 
stance contre  le  Dur.  d^Albe  étant  désormais  concentrée  dans  deux 
Pinmneet ,  il  devenoit  extrêmement  important  pour  les  Espagnob 
de  couper ,  par  la  prise  de  cette  ville,  les  communications  entre  la 
Sad- Hollande  ,  où  se  trou  voit  le  Prince  ,  et  la  Nord-Hollande,  oti 
ût  son  lieutenant  Sonoy  :  Bosscha  ,  /.  ^  L  aoo. 


Monaeignear.  Si  j  ay  cy-derant  moins  souvent  escript 
4  3 


—  34  — 

i5y^.  à  Tostre  Seigneurie  quemoû  debvqir  né  porte^.  ot:  nTa 
DécMifarA  .esté  par  aucune  mmchalance,  mai»  pour  Tespoir  ^oe 

j  ay  toujours  eu  que ,  tant  par  les  lettres  de  son  £r«»  que 
par  celles  de  Monsieur  de  S**  Aldegonde ,  vostre  Seig^^  em^ 
tendroit  assez  particulièrement  tout  Testât  et  disposition 
des  affaires  de  pardecà  ;  mesnies  comme  depuis  le  par- 
lement de  Monseigneur  le  Conte  Louys  de  chez  son 
Excellence  ;  toutes  choses  sont  passées,  tant  au  pays 
d*Oyeryssel  qu'en  ce  quartier  d'Hollande.  Mais  oonnne 
sur  tant  de  lettres  son  Ex**  n'at  eu  aultre  responoe  de 
vostre  Seig"'  que  celle  qu'at  apporté  Hans  Rircb,  qui  a 
esté  redépêché  vers  vous  le  lo*  jour  du  moia  présent ,  et 
par  lequel  aurez  entendu  tout  ce  qui  estoit  succédé  jus- 
ques  alors,  j*ay  advisé  pour  mon  acquict  ne  vouloir 
désoiTnais  perdre  aucune  occasion ,  sans  rendre  compte 
à  vostre  Seig^  de  tout  ce  qui  nous  pourra  icy  advenir , 
afin  que  tant  mieulx  vostre  Seig^  puisse  selon  cela  se 
rigler.  Je  tiens  vostre  Seig^  assez  informée  comme  y 
depuis  la  prinse  de  Sutphen,  l'ennemy  s'est  tousjoiirs 
approché  de  ces  quartiers  au  plus  prez  qu'il  luy  at  esté 
possible,  ayant  aussy  depuis  emporté  la  ville  de  NaerdeOi 
laquelle,  après  avoir  esté  saccagée  et  brusiée,  il  faict 
présentement  raser ,  et  n'a  cessé  et  ne  cesse  encoirea  | 
tant  par  lettres  qu  aultrement ,  faire  révolter  le  peuple 
de  pardeçà  ;  en  quoy  il  se  trouve  assez  secondé  d^une 
partie  des  Magistratz ,  et  mesmes  ceux  de  Haerlem ,  qui 
ont  envoyé  leurs  députez  à  Amsterdam  vers  le  Conte  et 
Bossu  requérir  leur  pardon,  luy  donnans  à  entendre 
tout  lestât  de  la  ditte  ville ,  mesmes  le  peu  de  vivres , 
munitions  et  aultres  nécessitez  qu'il  y  avoit  pour  souste- 
nir  siège ,  et  que  à  ce  regard  il  estoit  plus  que  tema  que 


—  35  — 

it  Doc  J'AIre  y  vinst  pour  avoir  la  raison  d'icelle  TÏHe,  iS^s: 
JMquelz  députez  à   leur  retour  sont  esté  IroussOT  par   le  Dénmili 
Capile^lte   Ripperda  et  le  peuple,    qui   en    ont    envoyé 
lucuns  à  son  Ex^,  noraménient  le   Pensionnaire  et  un 
Escbevyn,  qui   »ont  icy   encoires  en  Tie^i)  au  grand 


(t  )  «i  vôe.  Savoir  l'Echevia  Chr.  t.  .Srliac gtm  el  le  Pensionnaire 
1. na  AsModelft  Ils  furent  jiig&  à  Delfl;  ledernjer  fui  dëcapilé 
V  x^  dér. ,  l'autre  mourut  en  priion.  On  a  accusa  le  Prince  d'avoir 
ip  envcn  eox  avec  trop  de  ^vérité.  «  Volgcns  de  omitandigbe- 

>  dm  ,   die  ans  bekeol  zjrn  ,  kan  mea  die  daed  vbd  den  Prins  vbd 

>  pra  turdtgheit  verachoonen.  •  Let-en  van  fFillrm  1.,  Xi.  II.  bl, 
l?VOaMinblea>oirmiblii,  d'abord,  (|uelapeîneful  le  résultat  d'un 
|«pBait('  naerernstigeproceduren  daer  jegen*  gehoudeo.  ■  Bor, 
Ui\!i  eoMcoiMl  lieu,  qu'Asseadelft  fut  condamné  en  c«ro  pour  d'aa- 
Mndkils  (•SoodaerDinaUomDieeraDderpfeylen.  -  l'nn  Uiterrn, 
]S.):e«dia  quel*  conduite  de  cei  députés  éloit  une  ta  cbc  trahison. 
Vifm  Viat MtUrrit  oa  dirait  qu'ils  avoient  agi  âsos  aotarîialiun 
h  11  Régnvce  :  •  Daer  vicicn  verscheyden  opinlen  onder  den 
•taedt.  Emle  midli    een  Brîef.  .  .    daller  gbecade  toorhanden 

•  ««,   «oo  't  lento ndl   versocbt  worde ,    hebben   etnighe  voor- 

•  aai  wifc  tri-riltljcirn  uyt  de  sladt  ghcaonden.  >  Bor  au  con- 
tnira  icnl  i|u'ils  eiéculérent  les  ordre*  de  la  majorité.  En  tout  ca» 
•waa  onlr«  ne  pouToil  le<  autoriser  à  violer  le  serment  qu'euK  et 
brëpacceniiùre  avoient  prclé  au  Prinrv  d'Urange,  comme  I.iru- 
iMaat  en  Roi  d'Eapagne.  Les  pari icolar liés  qiic  Brunynck  ajoute, 

ip  leur  faute.  D'ailleurs,  se  croyant  ul>li|(è4 

me  défense,  ilj  auroient  au  moins  du 

I  Chefs  de  la   lluui^eoisie.   •  De  Prince  heeft  daeioke 

genomcn,  vermlls  s^  desen  liandel  "oorgenomen  bad- 

r  wet«n   «an    Ripperda  en  de  Iloufl-Capileyneu  ilcr 

!.  ■  Bor,    l^tl^.   La   manière  dont  Bitilcrtfyi  i  l/àt.  li. 

^aJ.  VI.  iSS,  st|r|.)  les  excuse,   est  (oui  à   fait   csti-aordinaii'e. 

D'abord  il  afOrme  que  les  E^pa^uoU  défcndoleol  les  droits  du  Sou- 


i572.  regret  de  tous  amateurs  du  bien  delà  patrie  et  du  se» 
mbre.  vice  de  son  Excellence.  Au  inesiiie  temps  arriva  en  Antï 
sterdam  Don  Frederico  avccq  Mons'  de  Noircannctf 
accniiipaigncz  d'environ  ùx  mille  hommes  de  piedt  et  dtf 
sept  à  liuyct  cents  clievaulx  avecq  dîx-huyct  pièces  d^ 
b!ltte^!e ,  lesijuelz  ne  tnectnns  à  noiichaloîr  l'udvis  qiu 
leuravoit  esté  donne  pnr  ceidxde  llnerlem,  sont  inconi 
tinent  venox  nssaiHîr  le  fort  de  Spurendam,  qui  est  sur  Ift 
dycijue  entre  ie  dit  Amsterdam  et  Harlem,  et  oires  qu* 
par  réitérées  fois  son  Ex"  uvoit  commandé  de  perce 
la  dille  dycque  entre  Sparendam  et  Amsterdam  pour  en»? 
pesclier  tout  pussaige  à  l'eunemy  ,  par  tu  practyque  tou» 
testais  d'aulcuns  cela  n'avoît  esté  faict,  comme  il  estoïi; 
bien  requîz,  tellement  que,  par  lu  et  l'ailvantaige  du 
gelées,  l'ennemyeustnioien  s'approcher  du  dit  Sparendaial 


reraiu  légitime  et  qo'lla  étoient  les  maaiialaires  du  Roi,   Ce*t 
cher  l>  qiie»llon  en  Taieur  du  Duc  d'Albc  ;  car  il  x'agîsMiit  ftrà 
ment  (le  savoir  qui  Jevoil  Ure  cnnsidéré  comme  répréacntant 
Roi  ;  l'ancien   Stadhouder,  ou  bien  le  Comte  de  Bossu  et  le 
d'Albe,   lm|u«l,   disoïl-on  ,   «yant  riSujsi  à  lroro]>er  mi 
roenlIcRoi,   vienl  ici  riiinei- te  pays  .  citertniner   les  h«bilant>| 
nno  pas  défendre  les  droits   du    Souverain,   tnaiï  tioltrr  ceux  < 
Mijels.   Li  Régence  s'élnîl    solennellemeni   ddrlarée  en  Tavear  i 
Prince,  et,  ai  celui-ci,  malgré  lt>  serment,  et) l  dû  considérer  la  d^edl 
comme  non  punisuible  ,   certes    il   eût  mieux  valu  abandonner 
cause  et  le   pajs.  Puis,    ajoute  M.  Btlàerdyk ,  on   ticboit  de 
réconcilier  avec  le  Itoi ,  personne  n'étant  tenu  à  l'impossible  :   ■ 
■  ecn  grlrouwe,  maarnu  vcrdcr  onmogelik  gcviorden  tegeosiand. 
On  iDmjirend  que  les  c(ui|)abli^  aient  dit  cela  pour  leur  défeni« 
mais  qu'on  In  «tutimne  après  <{ue   la   résistance  de  Uaerlcm  , 
mois  durant,  a  Tourni  de  si  belles  page*  ii  notre  histoire,  voiU 
cal  asiuréneni  Tort  singulier. 


TaiiBt  ftnporté  cejoiird'Iiuy  huyct  jnurs  ,  vt  loiitesi'oiri  1572 
non  sans  grande  perte  civ  ^ens.  LeOijiitcyneMîcliiel,<]ui  Décembre. 
1  Mt« dedens  Monsen  Hiiyniiult,  s'y  iiionsira  Tort  vnillant 
rt  rcceiil  deux  Iiarquebouv.ndes  ,  dont  toutinsfois  il  est 
rfervdtief  guérie,  et  incontinent  après  l'ennemy  est  passe 
oaltre  vers  la  ville  de  Haerlein  ,  laquelle  il  tient  assiégée 
de  tontes  parix;  ettoutfsfois  les  six  enseignes  des  soldats 
AlcBuQs,  areci]  les  liour^enis  qui  y  sont  dedans,  se  trou- 
wni  encuires  hîeo  animez,  Rioieniiant  qu'on  leur  puisse 
iloaner  quelque  secours  ;  ainsi  que  Mons''  le  Conte  de  la 
Sarrhe  J  pensoit  faire  entrer  saniedy  dernier,  mais 
ntaat  rencontré  des  ennemis  environ  une  lieue  deçà  Har- 
len,  fcrce  luy  estoit  de  s'attachera  eux,  où  ledit  S' 
W  yona  si  vaillamment  qu'il  y  eusi  son  cheval  tiré, 
titant  entnr  assez  avant  aux  trouppes  des  ennemiz,  mais 
«niry  seulement  des  Franchois  de  sa  garde,  qui  aussy 
bnùt  quasi  tous  miz  en  piêclies  ,  d'aultant  que  les  reis* 
m»  qu'on  aïoit  îey  levé,  et  les  piétons  Allemans  se 
aatat  tuus  en  fuyte,  quictans  leurs  armes  devant  quasi 
noir  l'cDoemy,  quelque  debvoir  que  le  dit  S' Conte  faisoit 
povr  les  rallier,  mais  estoit  en  vain;  tellement  que 
ItditS'  Conte  esté  iry  retourné  sans  rien  faire,  et  de- 
aenrv  la  ville  assiégée,  sans  toutesfoîs  jusques  oires 
noir  esté  battue,  d'aultant  que  selon  l'advis  que  son 
Eicdl**  a  receu  ce  jour  (i'Iiuy,  il  n'y  a  encoires  que  six 
pHcbesd'anilleri»  devant,  estant  bien  mal  possible  d'y 
waater  d'avantaige  par  ceste  dégelée.  Son  Excell"  donne 
bmt  la  preue  du  monde  à  renvoyer  le  dit  secours,  consi- 
dératit  de  quelle  importance  il  est  que  laditte  ville  demeu- 
re à  Dostre  dévotion,  aussy  que  le  retour  du  dit  S'Cont« 
et  lit  fuyte  des  siddalz  a  quelque  peu  altère  et  intimidé  le 


1S73.  peuple  icyet  .illieurs  :  ce  ntantmomgs  nous  espérons q 
Ut-ccmbre.  le  S'  Dieu  y  donnera  sa  gr^ce.  Mons'  de  S'  Aldegonde  e 
(leduns  la  diite ville  île  iïaerleni,  et  n'en  peult  encoîi-es 
sortir,  bien  que  son  Exe"  l'uyt  mandé  deux  ou  trois  fois. 
Et  voilà,  Mouseig',  sommairement  lestât  des  aETaîres  de 
pardelà,  l,es  désordres  qui  sont  esté  icy  devant  la  venue 
de  son  Encell"*  sont  esté  si  grans  que  jecrains  de  là  vieol 
tout  le  mal,  tant  icy  que  celluy  advenu  au  quartier 
tlï>Terryssel,  et  fuisoit  fort  à  espérer  que  ceulx  ausquelz 
son  Ex""  et  vos  S''"  se  sont  reposées  ,  se  fussent  quelque 
peu  plus  esverluez;  le  temps  descouvrira  le  tout  (l)  . 
Pour  nouvelles  n'en  seauroys  présentement  manderfl 
aucunes  à  vostrcSeign''"  ,  seulement  que  l'on  tient  ielfl 
trouilles  en  Franceapparans  plus  grans  que  jamais.  Ceulçl 
de  la  Rochelle  se  maintiennent  fort  bien.  Le  Roy  lésa 
premièrement  pensé  ubuser  par^hcaucoup  de  prom 
et  belles  persuasions^  mais  n'y  a  riens  gaigné,  depui 
voulu  user  de  aurprinses,  en  quoy  il  a  proufyté  eucoî 
moins.  L'on  dict  quedepuis  îlz  auroîent  eu  ung  rencontf 
ni'i  lesdits  de  la  Rochelle  auroient  tenu  le  camp ,  le  £ 
bnstard  du  Royet  Slrassy(a]prisoimiers  et  depuis  pendub 
Il  f'aict  à  craindre  que  les  cruaultez  seront  grandes  ,  let 
Viscontes  (3)  s'en  mesleiit.  Mous' deMontgommery  eil« 
Visdame   de  Chartres  sont  eucoires  eu  Angleterre ,  sol- 


(1)  .  ,  .  Ici  suivdnl  quelques  dùitiilii  insigiiili^ntiiur  un  mai- 
ché  avec  Marguerite  de  Beaalira. 

(a)  Strotsy.  Philippe  Siroiw,  M«i-«lial  de  Waaet.  Le  bruit 
cloil  faux  ;  il  v^c^ul  Jusiju'en  tà83. 

(H)   yiscoitles.  Nous  ne  i«rons  qai  !lriin«nck  a   en  vue  ;  le  Vi- 

vorote (te Turcaae  ■  jnini' el  plein  ilc roumpe  •   {Vinit Marmay, 

l)  «e  trouvoil  BU  camp  du  Duc  d'Anjou  deiani  la  RocMIa. 


9  fort  pour  avoir  assistence ,  mais  semble  que  la  iS^a, 
RojiK  l«ur  donne  aassy  peu  d'espoir  qu'aux  aultres  que  DÉoembre, 
ratuscavei.  La  court  est  plaine  d'E^pagnolz  et  Italiens  qui 
>oui  en  la  ditte  court  d'Angleterre  en  pris  et  honneur.  I^ 
RojdeFnDceyat  nouvellement  envoyé  son  Ambassadeur 
muvaïs-SLre  (i),  pour  prier  la  Royne  d'estrc  commère 
pCMU-  lever'  sa  fille,  et  pour  confernier  l'alliance  qu'il  a 
biete  arecq  elle  l'esté  passé  pour  tant  plus  esbloyr  les 
jai\x  de  Sa  Maj"'.  Les  Esutz  de  ce  pays  debvoyent  aussy 
jassi  long-temps  envoyer  au  dit  Angleterre,  mais  tirent 
IiMles  dioses  en  longueur.  Ce  qui  succédera  davantaîge 


(■)  taoïirmit-Sirr.  Cest  «insi  que  Bruoynck  voDbnl,  à  ce  qu'il 
pnll,  làirealliisian  au  canclére  du  personnage  ,  écrit  le  nom  de 
MiiM  de  CMldniu ,  Seigneur  de  Mauvjssîére  "  qui  avoit  ordre  d« 
>  OAdcf  raprit  de  S. M-,  «  détacher  de  découvrir  si  elle  >  deTio- 
■  dkatioa  pour  le  Udc  d'Alençon.  •  Jf'aLtingh,,  Mint.  p.  338.  — 
l'CiMnIedc  Montgomnierj'  et  Jean  de  la  Ferrière,  Vîdame  deChai^ 
trs ,  aïoient  échappé  à  ({nod  peiae  à  la  St.  Barlbëlemj.  Déjà  le  aS 
wpteiufare  Eliubdb  avoU  écrit  à  Charles  IX  en  faveur  de  ce 
AsBÏer.  Quant  à  des  secours  directs.,  on  ne  pouvait  guère  en 
tiltodre,  U  Beine  ajaat,  après  la  première  barreur  du  massa- 
m,  acscjt  facilemcol  prêté  l'oreille  aux  excuses  et  aux  pi-éleites  , 
N  «•  tONlaDt  du  moins  en  aucune  façon  se  corapromeltre.  WaUing- 
kaai  tcnbl*  déplorer  qu'on  abandonne  ainsi  les  Protestants  Fran- 
fobi  hnr  triste  sort.  •  Il  est  certain  ,  •  dit-il  en  parlant  de  la 
Cour  de  Ftincc,  •  que  toutes  leurs  belles  et  tendres  paroles  ne 
t  icndeal  qu'à  nous  duper.  I^  Rochelle  ne  sera  pas  plutôt  prïK 
>  qae  Dooi  en  terrons  des  preuves,  i.  Wn/j. ,  ,Wrni.  p.  îi^,  —  Le 
PrâievM  Im  Eiats  et  Hollande  et  Zélande  députèrent  encore  en 
t  ta  Heine ,  demandant  contre  le  Duc  d'Albe  awi- 
B  d'argent  et  de  soldats.  Bor ,  ^aï** ,  in  f. 


—  40  — 

iSyu.  ne  fauldray  de  temps  à  aultre  vous  advenir.  Parquoy  ne 
Décembre,  tervant  ceste  à  aulire  effect ,  la  finiray  par  mes  plus  hum- 
bles recommandations  en  la  bonne  grâce  de  Tostre 
Seîg^,  suppliant  le  Créateur  éternel  octroyer  à  icelle  en 
très  parfaicte  santé  très  heureuse  et  très  longue  vie.  Es- 
cript  à  Delft,  ce  xviîj*  jour  de  décembre  157a. 

De  Vostre  Seign'"'  bien  humble,  bien  obéyssant 

et  bien  obligé  serviteur , 
Nicolas   Brunynck. 

A  Monsieur  Monsieur  le  Conte 
Jean  de  Nassau ,  et  en  son  absence 
h  Mons'  le  Conte  Loys  de  Nassau , 
ciio      à  Dillenborcb. 

Par  le  moien  de  Adrien  van  Conînxloo  Marchant 
de  Bruxelles, demeurant  à  Couloingne,  les  Lettres 
de  vostre  Sg"*  nous  seront  icy  toujours  bien  ad- 
dressées» 


*  LETTRE  CCCXCVIII. 

Le  Prince  cT Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Il  Im 
recommande  L  de  Baudringien ,  député  par  les  Chré^ 
tiens  de  France  vers  les  Electeurs  et  Princes  Prêtes- 
tants. 


Monsieur  mon  frère ,  les  Seigneurs  et  gentilzhomes 
Franchois  qu'il  a  pieu  à  Dieu  garantir  des  mains  de  ces 
horribles  massacreurs  averq  ceulx  de  la  Rochelle, 
voyants  la  raige  furieuse  des  ennemis  de  Dieu  s*augmen- 


ttr  île  plD!i  en  plus ,  et  sentiins  pur  là  une  prochaine  iS^a. 
raine  de  ce  qui  reste  de  l'Eglise  de  Uieu  nu  rotserable 
Rovaulme  de  Frant-e  (si  le  Seigneur  n'y  mect  bientost  la 
auio],ont  trouvé  bon  depescher  le  porteur  deceste,  Isaac 
^e  Baudringien^  uatilTdc  la  ville  d'Audenarde  en  Flandres, 
tcn  Messieurs  les  Elecieurs  et  Princes  Protestnns,  pour 
leur  Taire  entendre  le  misérable  estât  du  dictRojaulme  de 
France,  et  la  calamité  où  se  trouvent  présentement  tous 
\a  cn&nsde  Dieu  illecques,  et  dung  chemin  pour  la 
satncie  et  droicte  intention  et  dévotion  enthière  que  de 
tout  temps  les  dictes  Seig"  Protestons  ont  démonsiré  au 
wrvice  du  S' nostre  Dieu,  les  supplier  qu'il  leur  plaise 
titcndre  une  charité  jusques  à  culx,  et  en  ung  mal  si  ex- 
trême leur  donner  faveur,  ayde,  et  support.  Parquoy, 
Mons'  mon  frère ,  voyant  l'équité  et  justice  grande  de 
imr  cause,  et  que,  si  ce  joug  insupportable  d'une  sï 
■ulheureuse  tyrannie  n'est  levé  des  François,  pourra 
Eicillement  en  peu  de  temps  venir  Jusques  aux  nations 
prochaines,  je  n'ay  peu  ny  voulu  délaisser,  à  l'instante 
prière  des  S"  et  ceuUdela  Rochelle  susdittes,  vous  prier, 
<lela  rovllieure  afTeciion  qu'il  m'est  possible,  que  voua 
tacîltes  avoir  le  dit  Baudrîngien  pour  recommandé  vers 
J(S  oonseilliers  de  ces  S"  et  aultres  qu'il  appartiendra,  à 
oc  qu'il  puisse  obtenir  béningne  audience ,  et  avoir  bonne 
et  brîcfve  dépesche  sur  ce  qu'il  vouidra  leur  remonstrer 
pour  tme  si  juste  cause.  Et  ainsi  que  scavez  bien  leur 
le  nécessité  le  requiert,  et  oui  tre  la  grande  obligation 
en  laquelle  vous  meclrés  une  infinité  des  povres  Chres- 
Itens  M  cruellement  à  grand  tort  oppressez ,  je  seray 
loiujours  bien  prest  à  le  recognuistre  en  vostre  endroïct, 
(t'auiai   prompte  volunté  que   je  voua  présente  >cy 


—  42  — 

iS^a.  très    affectueuses    recommandations  en   yostre  bonne 

Décembre,  grâce,  priant  Dieu  tous  donner,  Monsr  mon  frère,  en 

parfaicte  santé,  accroissement,  puissance  et  force  pour 

Fadvanchement  de  Sa  gloire.  Escript  à  Deift,  ce  xxiij*  jour 

de  décembre  i5ya. 

Vostre  bien  bon  frère  à  vous  faire  service , 

GCILLJLUHB   DE    NâSSJLU. 

A  Monsieur  Monsieur, 
le  Conte  Loys  de  Nassau, 
mon  bien  bon  frère. 


^•^ 


LETTRE    GCGXCIX. 


David  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Sur  la  difficulté  du 
passage  d*Emden  en  Hollande;  état  des  affaires  daiu 
les  Pays-Bas  et  en  France. 


\*  C'est  avec  raison   que  M,  Basscha  (il  /.  L  p.    19$  -^  a4<0 
a  consacré  au  courage  des  Bourgeoisies  fHeldenmoed  der  Burg^» 


nrenj^  en  157 3  et  i574  ,  un  chapitre  particulier.  La  guerre 
sîslojt  presqu*uniquenient  en  sièges,  durant  lesquels  ceux  qui 
vouloient  se  défendre  à  la  dernière  extrémité,  avaient  à  lutter 
contre  Tennemi,  la  famine,  les  maladies  épidémiques;  souvent 
aussi  contre  les  découragements  soit  des  Magistrats,  soit  du  peuple^ 
soit  aussi  des  étrangers  qui  composoient  en  partie  les  gamttOBi) 
Anglois ,  François ,  Wallons ,  et  autres ,  et  qui  espéroient,  en  ao 
prolongeant  pas  trop  la  résistance,  obtenir  la  vie  qu*on  leur  aooor- 
doit  plus  facilement  qu'aux  habitants  de  la  cité.  Haerlem  ,  Alk- 
maer  ,;^et  Leide  acquirent  une  haute  célébrité.  —  Haerlem  ne  se 
rendit  que  le  i/|  juillet  après  une  défense  héroïque.  En  parlant  de 
celte  ville  y  Yiglins  écrifoit  déjà  en  férrier.  «  Haoleoas  tu 


•  magno  damno  aliquotia  res   tS^S. 


j  frotra  GXpectavinius ,    nra|ue  i  „ 

•  IniUla  fiiil ,   sed  ab  hostilius  noslri  repuUi  animadvtrterunt  ia  Jmvur. 

•  ■(gmalicii  Hollanilis  plus  e&se  ininii   viriumque   quam   Uispaai 

•  «bitrabanlur.  •   f'igl.  ad  Bopp.  p.  671. 

Barid,  boniDiF  decoQfiance  ,  ne  nous  tat  pai  connu.  Il  devoir  se 
nndTT  à  la  Hocbelle  Le  ComtE  Jean  ,  frère  du  Comte  règnaat 
Lliaid  m  cl  qui  parait  avoir  eu  assez  d'influence  sur  le  GonvcT' 
BHBenl,  favuritoit,  ainsi  que  sa  mère  la  Comttaae  Anne,  les  Aé- 
(wnés.  Le  Protestanlisme  s'établit  de  bonne  beure  eu  Ost-Fris« 
iTorn.  IlL  p.  |38I,  et  l'Eglise  il'Emdeu  eut  une  grande  influence 
wrie*  Eglises  Réfonaées  des  Pays-Bas.  Elles  j  tinrent  en  1571 
nSjinade ,  où  beaucoup  de  points  important*  furent  régKs. 

Monseîgnetir ,  par  nos  deux  lettres  précédentes  V.  S. 
itm  esté  deuenient  adTertye  de  notre  long  séjour  en  ce 
p^s,  et  comme  en  icelluy  nous  n'y  avons  pas  trouvé 
n^  commodité  pour  le  passage  ,  à  cause  des  gelées  et 
piades  glaces  ordinaires  qu'il  y  a  faict  depuis  deux  moys 
■çl,  «t  aussi  qu'il  ne  s'est  trouvé  amunz  maîtres  d« 
■rira*  qui  ayent  voullu  entreprandre  le  voyage  pour  les 
Algers  des  pyrates,  et  plusieurs  autres  inconvénieiis 
fn'ils  craignent  d'encourir  en  ce  temps  de  troubles  ;  qui 
m  canse,  Monseigneur,  que  nous' voyans  ft-ustrés  de 
nostre  espérance  en  cest  endroit,  et  l'argent  nous  deffôil- 
bnt,  aurions  esté  contraints  de  recourir  à  Monsieur  le 
Biirgeinaistr<;  Hetmanna,  lequel  nous  a  assisté  de  dn- 
qnaote  daidrcs,  avons  aussy  pour  ces  respects  esté  con- 
Ininta  de  prandre  autre  délibération  de  nous  en  aller  en 
Hollande  trouver  Monseigneur  le  Prince,  pour  avoir 
aMtsIenoe  du  dit  passage  et  aiiires  clioses  nécessaires  pour 
rfrecton-  notre  voyage  et  ce  qui  dépend  de  notre  négocia- 
Juquelle  notre  délibération  ,  les  dit  gelées 


—  44  — 

i573.  continuant  de  mal  en  pir,  nous  avons  esté  forcés  de 
•  séjourner  en  ces  pays  jusques  à  présent,  qui  est  ung  moys 
entier,  plus  sans  aucun  espoir  d'en  pouvoir  encores  par- 
tir; pendant  lequel  séjour  tous  moyens  nous  defTaillans  , 
derechef  le  facteur  du  Sieur  Guerard  Eck  et  moy 
aurions  ces  jours  passés  esté  trouver  Monseigneur  le 
Conte  Jehan  en  sa  maison  à  Fridebourg,  acoro pagnes  des 
lettres  de  vostre  S'**  ,  auquel  lieu  il  les  auroit  secrète- 
ment receues  et  voullu  nous  ouyr  hors  son  chasteau  en 
la  maison  du  drossart  du  dit  lieu  ,  et  après  luy  avoir  faict 
entendre  toutes  nouvelles  de  vostre  bonne  disposition  , 
luy  auriont  parlé  de  notre  voyage^  et  de  Fespérance  que 
nous  avyons  de  trouver  commodités  pour  leffect  d*icel- 
luy  de  son  Excellence;  à  quoy  en  premier  lieu^  Mon- 
seigneur,  le  dit  S*"  Conte  se  seroit  excusé  en  nos 
endroicts  de  ce  qu'il  n*osoit  manifestement  monstrer 
lamytié  qu il  porte  à  vous  et  aux  vostres,  pour  les  raisons 
que  votre  dite  S^*  scait,  et  pour  le  surplus  le  dit  S'  Conte 
nous  auroit  faict  responce  que  secrètement  il  nous  feroit 
toute  Tassistence  qull  pourroit ,  mais  voyant  le  temps 
mal  disposé  pour  le  voyage ,  nous  debvions  temporiser 
jusques  au  changement  d*icelluy;  et  sur  ce  luy  ayant 
remonstré  nostre  pouvreté  et  requis  de  nous  donner  le 
moyen  de  ce  faire  et  de  pouvoir  partir  pour  Hollande  au 
premier  désgel ,  afin  d'avoir  toute  commodité  du  passage 
et  assistance  des  vaisseaulx  nécessaires  ,  le  dit  S'  Conte 
nous  auroit  renvoyé  au  dit  S^  burgemaistre  Metmanna , 
lequel  à  nostre  requeste  nous  auroit  derechief  délivré 
cent  daldres,  qui  est  en  tout  cent  cinquante  daldres  que 
nous  avons  prins  par  deçà ,  soubs  promesse  de  les  faire 
rembourser  par  Y.  S.  ou  en  Hollande  le  plus  tost  que 


&irp  se  pourra ... .  Messieurs  de  Lumbres,  de  Cario,  de  i5^3. 
Hsrtetulirouc ,  de  Fama  ,  Brecht  et  queti^ues  autres  gen-  J«o»ier. 
tilsbomnies  avec  plusieurs  soldats  ,  sont  nussi  eo  ce  pays , 
alendant  comme  nous  la  couimodlte  du  passage  pour 
Hnibnde,  et  les  susdit  Sieurs  de  Carlo,  Brecht  et  de 
Meaasse  sont  depuis  queltjues  jours  revenus  à  Luxe- 
boorg'  près  du  dit  Norden  ,  en  une  maison  du  Sîeur 
Cdioo  de  Manynga  (i)  ,  lequel  Sieur  de  Manynga  pour 
VandFnne  amytié  qu'il  a  avec  le  dit  S'  de  Carlo ,  lut  y  a 
omtoycL  et  le  faict    la  lueilleure  chère  dont  il  se  peult 

•dviser....  Au  surplus^  Monseigneur,  quant  aux  nouvelles 

qai  courent  de  deçà,  tant  du  coste  de  Hollande  que  de 

France,  il*  sont  très  bonnes,  Dîeu  merry.  Quant  aux  par- 

licalariiés  du  dît  Hollande,  l'o 

tOQsjouis  campé  devant  Harlem 

uUe  perplexité  qu'il  ne  sçait  bonn< 

pnodre  ,   de  quîcler  le  siège  o 

forcer  Urille;  car  il  veoît  divei 

Vpe  il  peni  journellement  ses  hommes  o 


I  tient  que  l'ennemy  est 
1 ,  mais  c'est  bien  avec 
:nt  quelle  résolution 
I  de  continuer  à  vouloir 
s  périls  devant  luy;  c'est 
i  par  r 


lallades 


ou  par  rrtraicte  seiTete,  qu'ils  ayment  tnieulx  faire  que 
Buntir  Diisérablement  de  froid ,  comme  la  plus  part  font 
tons  les  jours,  de  sorte  qu'ils  ne  scauroîent  estre 
iiay  cinq  ou  six  mil  hommes  de  lo  ou  la"  que 


{))   0.  et  Manrnga.  Vojru  Tom.   III.  p.  a'ij.  Son   liospiialité 

e  èfoît  telle  ((uc  par  fou   il    l'exerrait  en   même   tempi 

anm  70  famillct,  el  que,  depuis  l'avènemenl  de  la  Reine   Marie 

I   logea,    durant  37  années,  sans   iolemiplioa  , 

I  réfufi^.    Le  célèbre  BUrnix  passa  ta  t58a  quelque  lempi 

sMattainga  à  Lvileiburg.  Lti'tn  van  Uarnix  ttoorPriiu  ,^.vj. 


46  . 


Ton  di9<Ht  qu'ils  estoîent ,  et  estant  aîasi  réduîcts  & 
!r.  nombre,  ils  le  voulJroient  bien  bazarder  adonner  batail- 
le à  son  Excellence,  espérant  par  levènement  d'icelle 
avoir  plus  d'hanneur  en  quelque  sorte  que  ce  feust,  que 
de  faire  la  bonteuse  retraicle,  ou,  actendant  le  désgel ,  se 
perdre  tous  au  dit  siège,  comme  c'est  ung  péril  que  leup 
est  tout  certain,  comme  l'on  dict  ;  mais  son  Excellence  lel 
laisse  journellement  mortifiera  la  gelée,  en  les  faisant 
endommager  par  saillyes  ordinaires  que  ceulï  de  la  ville 
fontsur  eulx,  où  ils  perdent  beaucoup  de  leur  gens;  entre 
autre  le  Sieur  Julien  Romeroyesl  demeuré  [pour  espée], 
•t  M' île  Noircarmes  y  a  esté  attainct  d'une  arquebuzade 
au  menton ,  et  beaucoup  d'autres  cappitaines  Espagnole; 
aussi  le  S'  de  la  Cresonniére,  Gouverneur  de  Gravelins , 
Grand'M'„  d'artîllerye  du  dit  camp ,  y  a  esté  tué.  Telle 
résistance  a  tellement  augmenté  le  courage  des  Hollanp 
doy»,  que  tous  les  villageoys  se  sont  eslevés  en  nombre 
de  bien  cinquante  mil,  pourchasser  une  bonne  fois  l'en* 
nemybors  du  pays;  Dieu  les  en  face  la  grâce.  LeCouron- 
oei  de  Gronnengue  est  party  ces  jours  passés  avecq  tous 
es  soldats  de  la  garnison  du  pays  ,  en  nombre  d'environ 
mil  hommes,  pour  aller  renforcer  le  camp  de  l'ennemy,  et 
n'a  laissé  au  dît  Groningue  que  cinquante  ou  soixante 
soldats,  et  en  quelques  autres  places  environ  auluint;  par 
ce  moyen  pourroit-on  bien  facîllement  avec  peu  d'hom- 
mes surprendre  le  pays;  beaucoup  de  gens  de  bien  de 
deçà  y  souhaitent  votre  Seigneurie  pour  tel  effects.  Pour 
le  regard  des  nouvelles  de  France,  Dieu  veuille  qu'il  en  y 
ayt  la  motcté  de  ce  que  on  en  publie  de  deçà  ,  tant  elles 
sont  advantagcuses  pour  nous;  et  pour  ce  que  j'estime 
que  vous  en  aurez  les  particularités   plus  au  vray  que 


—  47  — 

Boos  ne  les  ayons  de^ ,  je  n*en  ennuyeray  V«  S.  daynnr  i&jié 
tage:  bien  la  tiendray  je  advertye  que  Monsieur  le  Conte  JaoTÎflr* 
de  M ontgommerey  et  plusieurs  autres  Si'  Gentilshommes 
Francois^aTec  trouppe,  se  sont  embarquës(i)en  Angleterre 
et  pour  la  Rochelle  dès  le   i5  ou  i8  du  passé  pour  tout 
certain.  La  Royne  d'Angleterre  deb^oit  tenir  son  Parle- 
ment le  lo**  de  ce  moys  à  Londres ,  auquel  les  Ambassa^ 
«leurs  de  France  et  dlEspa^e  s*y  debyoient  trouver  pour 
parier  et  traicter  de  plusieurs  af&îres  concernant  la  paix 
H  miyon  des  dit  royaumes  ;  mais  Ton  doubte  que  telle 
diose  ne  tire  à  mauvaise  conséquence.  Dieu  y  mecte  la 
main ,  et  sur  ce  faisant  fin  je  prieray  le  Créateur  tous 
donner,  Monseigneur,  en  trèsparfaictesanté,  très  heu- 
reuse et  prospère  Tie.D*Embden  ,  ce  i5"*  de  janvier  iSyî. 

Yostre  très  humble ,  très  obéissant  et 
affectionné  [petit]  serviteur , 
David. 

Mbmcigneor,  Monseigneor 
le  Cools  Ludovic  de  Nmmo. 


*  LETTRE    CD. 

Le  Pnnce  {TOranjgie  à  ff^,  deRipperda^  Gouiferneur  de 
Haerlem.  Promesse  de  secours  par  tous  les  moyens 
possibles, 

%*  Ce  billet,   écrit  sur  ud  très  petit  morceau  de  papier,  fut  îo- 
(i)  embarqués.  Bruit  prématuré  :  voyez  p.  ôa. 


—  48  — 

iS^S.  trftdnttà  Haerlem  par  la  poste  aux  pigeons.  «  Der  Duyven  eenen 
Janvier.  *  iieteo  de  Prince  cnde  Staien  weder  vliegen  alst  baer   te  passe 
»  quam,   met  een   klein  briefken  aen  't  beenken  gebonden,  met 
»  Wasse  ofte  andersins  wel  bewaert.  »    V^  Meteren,   79**. 


Die  Prince  van  Oraengien  Grave  van  Nassau  enz.Heere 
ende  Baron  van  Breda,  van  Dietz  enz. 

EcIeleEersame  lieve  besundere ,  ons  is  lieff  geweest  om 
hoore  doer  :diversche  uwe  briéve  dat  ghy  soe  wel  gehert 
ende.volstand^Ji  bijft  om,di.e  goede  stadt  Haerlem  te 
helpen  ende  te  verlossen,  daer  van  wynyet  laeten  enwit-: 
len  u  te  bedancken  ende  te  versekeren  dat  wy  niet  laeten 
en  sullea  u  hulpe  ende  ontset  te  doene  by  aile  middelen  en 
weegen  ons  moegelyck  synde,  soe  ghy  tôt  noch  toe  hebt 
connen  merken  dat  wy  tôt  noch  toe  gedaen  hebben  ;  ende 
is  ons  leet  gevreest  dat  het  leste  ontset  met  den  Heere  van 
Boisot  nyet  inné  comen  en  is. 

Ghy  suit  adviseren  met  die  andere  by  u  synde  wat  mid- 
del  men  mochte  houden  om  u  voirtaen  secours  te  dosn, 
ende  wy  sullen  u  der  aen  behulpich  syn ,  hier  mcde  u 
den  Almogenden  Heere  bevelende.  Geschreven  tôt  Delft, 
op  ten  18*^  dach  Januarij  iSjS. 

Ugode  vrint, 
Guillaume  de  Nassau. 

« 

Den  Edelen  Eersaroen  onsen  Lieven 
besunderen  Joncker  Wybolt  van  Kipperda  y 
Gouverneur  toi  Uaerlem. 


—  49  — 


*  LETTRE  CDI. 

Le  Prince  éC  Orange  a  ses  frères.  Sur  les  conditions 
auxquelles  on  pourroit  conclure  la  paix. 


\*  Avant  tontes  choses  le  Prince  désiroit  liberté  du  pays  au   iB^S. 
fàct  de  la  conscience  (p  5o,  L  4  •  9  c*e&t  à  dire  ,  le  libre  exercice  de  Février. 
la  rdlgico  Evangélique.  La  remarque  de  Languet ,  en  1 670,  relative 
aax  Prolestanti  de  France,  est  ici  parfaitement  applicable.  aNostros 
•  Boo  coosensuros  in  pacem  quae  religionis  exercitium  ipsis  adi- 

>  Bat.  certo  scîo ;  nec  est  mirum  cura   ea  res  sit  ipsis 

»  ciosa  bellî ,  quam  si  non  urgerent ,  omnes  judicarent  privatas 
»  eopiditatesy  et  non  studium  religionis  iropulisse  ipsos  ad  sumeo- 
»  da  arma.  •  Epist,  secr,  I.  i55. 

Li'Enpereor  s^efTorçoit  de  nouveau  de  rétablir  la  paix  ;  mais  Phi- 
n  s'en  tint  à  ses  réponses  précédentes  ,  et  le  Prince ,  auquel 
«voit  écrit  touchant  ses  intérêts  particuliers  ,  se  montra  inscn- 
aîMc  à  de  tels  motifs.  «  De  Keyser  heeft  gesocht  den  Prince  te  per- 
•oadcren  hem  gerust  te  hooden  ,  ende  dat  hy  soude  zyn  goeden 
code  Landen  wel  weder  bebben  ,  ofte  eenige  goede  bewy singe 
dieiel%igbe  weerdigb  zynde  in  Duyislandt  ofte  in  bet  Graerschap 
▼as  Charoloys  ....  Des  Prince  antwoorde  «vas  ,  by  en  betracbte 
zjo  eigben  particulier  niel,  roaer  den  dienst  van  den  Koniogh  , 
code  welvaert  van  de  Landen  ,  alwaer  hem  der  Spaengiaerden 
tjraonye ,  zyo  beroepinghe  ofte  Ampt  toe  dronghen.  »  Fan  Mete^ 
,  p.  83> 


Messieurs  mes  frères ,  j*ay  receu  vostre  lettre  et  par 

\y  ensemble  et  le  rapport  de  celuy  que  m  avez  envoyé, 

entendu  i*estat  des  afTaires  de  par  de!à ,  surquoy  ne  sauroye 

assez  vous  remercier  de  tant  de  bons  ofBces  que  faites  en 

mon  endroict^et  des  paines  et  travaux  que  prenez.  Quant 

à  TOUS  donner  responce  sur  les  points  proposez ,  vous 
4  4 


-  5Ô- 

i5j3.  savez  assez  que  mon  intention  n  a  jamais  esté ,  et  n'est 
Février,  encores  de  chercher  tant  peu  que  ce  soit  mon  particu- 
lier ;  ains  j'ay  seulement  aspiré  et  prétendu  à  la  liberté 
du  pays,  tant  au  faict  de   la  conscience    comme  delà 
police,  que  les  estrangers  ont  tâché  d*oprimer,  et  pourtant 
ne  voy  autres  articles  à  proposer,  sinon,  que  la  religion 
Réformée  selon  la  parolle  de  Dieu,  et  Texerciced^icellesoit 
permis,  et  puis  la  République  et  tout  le  pays  remis  en  ses 
anciens  privilèges  et  liberté,  et  que  pour  cest  eilect  les 
estrangers  et  nommément  les  Espagnols  qui  sont  en  quel* 
que  Gouvernement  ou  soldats ,  ayent  à  se  retirer.  Or  ponr 
ce  qu*en  ce  mesme  regard  la  guerre  a  esté  desjà  par  deux 
fois  menée  ,  sera  sur  toutes  choses  nécessaire  que  le  Roy 
ou  le  pays  ait  à  donner  contentement  et  satisfaction  aux 
reitres  et  soldats  qui  m'ont  servy  en  ceste  causé  ;  qae  si 
l'on  nous  veut  octroyer  ces  points  et  bailler  bonne  assetf^ 
rance  d'iceux ,  Ton  verra  par  effect  que  je  ne  désire  rien 
tant  que  la  paix  et  le  repos  publicq  et  que  ne  suis  opini- 
astre  pour  suyvre  aucune  mienne  opinion  contre  ce  qui 
seroit  raisonnable;  mais  pour  ce  que  toute  la  difficulté 
gist  au  poinct  de  Tasse urance  pour  les    exemples  passés 
et  plusieurs  fois  réitérez,  aussi  pour  tant  de  serments 
qu'ils  ont  fait  de  ne  tenir  nuls  semblables  contracts,  et 
niesmes  pour  ce  qu'ils  se  persuadent  d'en  pouvoir  estre 
absouts  par  le  pape,   et  pour  cette  cause  n'estiment  au- 
cunement y  estre  tenus  (i);  je  voudroye  bien  que  les 


(i)  fenux.  Il  devenoit  dangereux  d'ajouter  foi  aux  déclarations 
des  Princes  Papistes.  La  parole  d*un  Roi ,  disoit  Catherine  de  Mé- 
dicis  aux  députés  Reformés ,  qui  demandoient  des  garanties 
réelles,  ne  vous  suffit-  elle  donc  point?  —  Non,  répondit  l'un  d'eux, 
par  le  Saint  Barthélémy  ,  non  !  F.  Raumer ,  Gesch.  Eur.  EL  s6S. 


—  51  — 

Princes  mesmes  advissassent  entre  eux  de  mettre  quelques  1 573. 
moyens  en  avant  y  sur  lesquels  nous  peussions  estre  bien  Février, 
asseurez;  veu  que  de  ma  part  je  confesse  de  n'en  pou- 
Toir  trouver  nuls,  au  moins  qui  pouroient  aucunement 
estre  acceptés  du  Roy:  pourquoy  je  vous  prie  d*y  advi- 
ser^etsiron  trouve  que  la  chose  soit  faisable,  je   ne 
fiiidraj   à  y  condescendre  pour  ma  part,  et  y  induire  les 
Estais  du  pays  tant  qu'il  me  sera  possible.  Touchant  le 
passage  pour  venir  par  deç^  je  ne  trouve  ny  expédient  ny 
ODDveDable  à  vostre  personne,  ny  aussy  au  profIBt  de  la 
cause,  de  vous  mettre  en  hazard,  mais  plustost  me  semble 
âlleur  que  passiez  par  Embden,  et  vous  mettre  illec  sur 
avecq  deux  ou  trois  bons  batteaulx  et  bien  équip- 
—  Quant  à  la  Reine  d'Angleterre ,  les  Ambassadeurs 
ée%  Estats  montescrit  que  elle  ne  s*en  vouloit  mesler,  et 
^*il  n*7  avoit  nulle  espérance  de  ce  costé  là  ;  et  pourtant 
cstoyent  résolus  de  retourner  incontinent ,  toutesfois  ils 
7  sont  demeurés  longtemps  depuis ,  ce  que  ne  puis  savoir 
eeqm  en  est  et  si  paravanture  Ion  aura  changé  d'opinion, 
ce  que  toutesfois  n'estime  ;  ce  qu'en  entendray  nefaudray 
deTOUsenadvertir.  Qui  sera  Tendroict  où,  me  recomman- 
dant très  affectueusement  en  vos  bonnes  grâces ,   prieray 
Dieu  TOUS  maintenir,  Messieurs  mes  frères,  en  Sa  sainte  sau- 
vegarde et  protection.  Escrità  Délit  (i), ce  5  février  1573. 

Vostre  bien  bon  frère  à  vous  faire  service , 

GuiLLAUMB    DB   NaSSAU. 

A  Mcatieors  Messieurs  les  Comtes  Jean 
et  Lodovîc  de  Nassau  etc.  mes  bien  bons  frères, 

(i)  Dei/L  Dans  cette  ville  le  Prince  faisoit  sa  résidence  babi- 
voycs  p.  40,  4a ,  4S. 


—  52  — 


LETTRE  CDU. 

Arrêt  du  Roi  cT Espagne  louchant  certains  articles 
de  r Inquisition,  Nouvelles  de  France. 


1 5^3.  *^  Relativement  à  cet  arrêt  et  à  ces  articles  voyez  Tom.  III  p.  1 7  x. 
Février.  Les  mots  Afo/i.f/>ifr,  c'est-à-dire  le  Duc  d'Anjon,  est  demeuré  en 
chemin  semblent  indiquer  d'une  manière  ironique  que  le  Duc 
n'étoit  pas  entré  dans  la  Rochelle  aussi  promplemenl  qu*il  8*é- 
toit  vanté  de  le  faire.  «  Le  Roy  de  Navarre  et  le  Prince  de  Condé, 
•  sauvez  de  la  St.  Barthélémy  ,  avoient  suivy  It  Duc  au  camp  ,  et 
»  avec  eux  plusieurs  jeunes  Seigneurs  de  la  Cour.  »  Fie  de  ta 
Nouej  p.  97.  On  soupçonnoit  fortement  la  Reine  ElizabelE 
d'assister  sous  main  les  Huguenots.  Le  16  février  le  Comte  de 
Montgomfnery  écrivit  d'Angleterre  à  ceux  de  la  Rochelle  qa'il 
avoit  équippé  4^  vaisseaux  de  guerre  pour  les  secourir.  /.  /.  p.  95* 


Monsieur.  Estant  tombé  entre  mes  mains  coppie  de 
certains  articles  de  Tinquisition,  avec  un  arrest  donne  en 
Hespaîgne  au  conseil  privé  du  Roy,  je  n*ayyoullu  faillit 
vous  l'envoyer  pour  vous  en  refraichir  la  mémoire  et  la 
faire  translater  en  langage  commun  et  notoire  à  tous,  si 
vous  voyez  qu*il  soit  expédient  de  ce  faire  ,  comme  il  y  en 
a  grande  apparence.  On  se  hastoit  Lien  iort,  il  y  a  quelques 
jours,  pour  aller  à  la  Rochelle,  mais  le  nombre  s*est 
trouvé  si  fort  que  Monsieur  est  demeuré  en  chemin, 
acconipaigné  du  Roy  de  Navarre,  Prince  de  Condé ,  S,«  de 
Guyse,  d' Aumale  et  de  Nevers.  A  u  contraire  le  S*^  de  la  Noue 
est  maintenant  à  la  Rochelle.  LaRoyne-mère  est  en  mau- 
«  Ceii  à  dire  les  vais  estat:  tous  aux  beaux  nombres  sont  bien  esbahis 

Mmdacteurf  deTar- 

B^*  '  Ecrit  d'une  uuire  mmù^. 


—  53  — 

de  ce  que  les  gens  de  la  Royne  d'Angleterre  s'en  meslent  iSjS. 
Le  Maréchal  de  Tavannes  est  en  grand  danger.  Le  Conte  FéYrIer, 
de  Mongomnierey  ne  s'épargne  point.  Montauban  faict 
merreilles,  mais  on  niect  grand  peine  de  corrompre  ou 
estonner  Nismes. 

Cesic  lettre  receue  (i)  le  i3"«  de  febvrier  1673. 


LETTRE  CDIII. 

Charles  de  Meyere  au  Comte  Louis  de  Nassau,    Il  na 
pu  s^embarquer  dEmden  vers  la  Rochelle. 


%*Noiis  communiquons  quelques  passages  de  cette  Lettre,  assez 
par  rapport  à  la  difficulré  des  voyages  à  cette  époque , 
et  m  U  pénurie  d'argent  dans  laquelle  les  partisans  du  Prince  se 
trcNiToient  —  On  voit  aussi  que  les  Réformés  des  Pays-Bas 
■'épargooieot  aucune  peine  pour  se  concerter  avec  les  Calvinistes 
FiMçois. 


Wolgeborner  Graeff ,  gnediger  Her...,  nachdem  es  alsoe 
das  î<^  Vom  hem  Gerardten  Koch  (2)  mitdennFransoi- 
sdieD'^3}gen  Embden  gesandtworden^umb  mit  samptihnen 
Toodannen  stracxgen  Rochelle  ûberzuschiffen,  von  wegen 

(i)  reeeme.  Elle  aura  donc  été  écrite  dans  les  premier^  jours  d« 

rricr. 

(a)  G.  Koch,  Celui-ci  paroi t  avoir  été  un  homme  de  confiaoce 

Cofutcs  de  Nassau  :  voyez  p.  69. 
(3j  Fnmêoischen,  Voyez  la  Lettre  899. 


—  34  — 

^^^  Baiifiliiii4^  àasc  E.  G*  insoadtsrbeit  ami  suiuten  goiMtne 
Giradi€hi>r  jachen.  bock  inui  Tiid  alla  gelées,  warionei 
(vntt^ier  Almeehtigewicleraile  anserehofiFouiig  andersYCi 
ifl^PTU4iia  Offmiîch  daadîe  Fraflâoiflchen  nack  Hollandt  g4 
tiihrpn  und  irh  âampcmeinen  iiiitg?e!ieLleii  wider  ziirûck  gei 
Giîlim  itamuieaâeyn,  wiedenEl  G.  sehoa  Torfajn  werde 
^emnmen  hiiben  ;  sœ  dienc^t  mein  unCertiieiiige  schreibe 
timh  E.  G.  eia  weinig  riie  ambsttende  aller  sachen  dienst 
lir.b  zusQischreiben .  cb?iiiit  »e  nicht  memen  oder  dencke 
mèitr^  cias  der  masgei  an  uns  oder  uziseren  seytten  g< 
^p#»«ni  y  da»  die  ankostea  «nscrcr  verse  umbsûnst  ang( 
w<nui«»t  sein  worden;  wektes  uns  warlich  wehe  gnu 
^^rUcAn  und  tkuec^und  hettrn  wir  wol  Ton  hertzen  ger 
die  ^orjenome  reyse  nach  E.  G.  wùn:5chen  and  begerei 
^oilena/^gen  ^  wo  es  heUe  geschehen  konnen ,  und  de 
korte  furwinter^  sansten  bei  menscfaen  leben  niclit  gi 
:)ei»exi^  un^nieiK  Terhindeit  bette,  wekher  auchdamebeK 
dîe  u[f rvMe  anflgegangene  zebning  and  nnkhosten  Yenu 
*»i».het,  den  wie  wir  hier  aas  G>l!en  yerreiset  ani  27  IT^ 
v**mbrw  -  lern  wir  erst  am  x6  Decembris  zu  Enibden  in  di^ 
Mxtx  ankhommen,  soe  von  ivegen  manglung  der  fuh 
diewml  wir  von  EKisseidorpH*  bisz  genllhenen  zu  kheîi 
nenwe  fuhr  babenn  bekhommen  kônnen,  al  s  auch  d< 
\y(vkex%  wetrers  halben ,  da  wir  3  oder  4  tag  nach  einande 
\%\^.f  hefden  und  suiistendurch  die  dicke  schneuw  habei 
faibr#^  muessen ,  ohne  einige  ban  '  zu  6nden ,  ja  aocfc 
eltliche  mal  durcb  un^eslûmmekeit  des  wetiers  tou 
.^hneuw  und  windt  unter  einander  nur  halbe  tagreyseo 
haben  thuen  khonnen ,  ohne  dem  das  wir  unsem  weg 
auch  gar  bocb  genohmen  umb  das  hausz  Lingen  zu 

'  kaao,  voit. 


driigalda  wirklieînegueUegelegenlicytclerriihrgefyndrD,  iSyS. 
dinu  deQD  gesclilagen  tlas  obbemelt  busz  weiier,  Imben  Février. 
uDlcrweylea  scbwi^i'lig  Tubr  beklionimen  kbunnen,  es 
Mae  deu  sachons  mansîedopptl  belonung  geben  bette, 
uod  wie  «ir  &cbon  zu  Asïchendorff  bc-y  Enibderlandt 
anUioainieTi ,  die  gelegenlitrit  voiii  iibgaugh  dea  wetters 
))da,  beuebea  dem  iiberllues  der  Embsen,  dermassen 
^haiîen  gefiimlen,  das  wir  aucli  driiber  erschreckten 
m  (lec  staU  Eoibdcn  zu  kbominen  ;  ja  da  wir  endtlich  mit 
poeuer  miiiu-  und  arbeit  zu  Leer  2  iiieilen  von  Embden 
aoLbontraen  und  wider  angefangea  zu  f  îeren,  huben 
•ir  «Irey  tag  aida  strucx  still  muesst;D  blfiben  lîggen 
liureb  di«  grosse  ungestiinieklieit  des  schneuwe^  und 
wiodts  unter  einandcr,  dadurch  die  wege  verstopffel 
mai  wurdeD,  bis  das  die  ban  durch  die  scbneuw  ge- 
atcht,  und  alsoe  weiters  zu  Oldersom  koiDcn,  ein  meyie 
*egi  Ton  Embden ,  von  dannen  ich  stracx  zu  fues  gen 
Embden  voran  gegang^n,  vonn  vregen  der  publicirten 
Bundaun  aida  gegen  die  frcmde ,  unib  obne  einige  ver- 
lùnderung  die  Frunsoischen  zu  der  stadt  in  tbun  kbooi- 
Oea.diewelc'he  drey  tage  aida  gewarlet  elie  luan  ihrent 
lalben  urlaubnfisz  des  rahis  bekommen.  Nacbdem  der 
Uor  Burgemei&ter  Meimannus ,  wie  ich  tbm  E.  G.  brieff 
Uiiliiu  ûberantworti-t,  micbstracx  nachden  wolgeborneii 
Hcmn  H.  Gracffen  Joban  mil  sanipt  E.  G.  sthreiben 
>bfertigen  wollte;  elie  inan  abcrgewisse  zeiUiingbekom- 
mm  kiinnen  wo  H.  GraeffJobann  an-aiiieflen  were, 
lolclirn  abgangb  des  wetters  gefolget,  das  es  uninûgUcb 
fnrescn  bei  I.  G,,  der  sioh  zu  Friedenburg  erIiieUe,zu 
njKa,  wied«n  schon  etlJcbeaus  deu  raibder  stad  aida, 
At  xuch  nach  S.    G.  gereyset    weren,  demiiacb  sie  nickt 


—  56    — 

i573.  passieren   kondten ,   nicht  ohne  gefahr  wider   zurûgk 

Février,  khommen   weren  :    nach  welcben  ailes  der  Her  Burger^ 

meister  erst  angefangen  bei  den  Ralit  unsernt  halben  zu 

handien,  und  erst  auff  16  ditto  anlwortt  und  resolution, 

das  sie  in  der  stadt  komen  mochten ,  bekhonimen ,  da  sie 

scbon  aurdem  wege  und  nicht  weit  von  der  stadt  weren; 

und  wie  sie  nun  in  der  slad  kommen ,  haben  wir  darauff 

bey  den  Heren  Burgemeister  angehalten  ,  vermoge  E.  G. 

schreiben  an  ihm ,  un)b  einig  geldt  zu  unserer  reyse    zu 

ûberkhomnien  ,  und  gemerct  seine  entschuldigung  von 

ihm  angehorty  das  er  mit  kheine  kaufleute  bekandt  were; 

auch  das    er   aile    nnsere  vertrostung  auff  H.  Graeffen 

Johann    schiebe,   darhyn   wir  nicht  kommen  kondten, 

haben  wir  nur  umbhunderl  thaler  bey  ihm  angehalten, 

und  hefftig  gebetten  er  wolle  uns  umb  soviel  nicht  lassen, 

aufr  das  je  unsere  wichlige  reyse  nicht  verhiudert  wiirde; 

warauff  wir  endtlichen  vertrostung  van  ihm  empfangen, 

jedoch  nach  allen  seynen  moglichen   angewendten  fleya 

bat  er  uns  nicht  weytters  zu  wege  pringen  khonnen  aïs 

nur  rùnfftzig  thaler,  aber  mitlerzeit  und  ehe  wir  dassel- 

big  geldl  von  ihm  noch  empfiengen,  ist  esschonzu  Emb- 

den  in  der  herbierge    schier  in  zehrung  auffgangen,  und 

wie  wir  uns  nun  demselben  gelde  zu  Enibden  ausz  der 

herbirge  gefreyet,  und  von  dnnnen  gen  Norden  gezogen 

seyn,  umb  aida  in  geseischafft  von  Mons'don  Carlo  et  de 

Lumhres  stracxzu  iml>arquieren  nach  Hollandt  (nachdem 

sonsten  aida  kheyn  gelegenheit  fiir  uns  wieder  nach  £n- 

geland,    noch    Rochella  zu   ùberschilfen   gewesen),   ist 

nicht  miiglich   gewesen   wegzufahren     durch  verhinde- 

rung  neuwes  frostes ,  welcher  schon  fûrunseren  verrey- 

sen  von  Embden  angefangen  und  geweret  bis  au(T  aa 


—  57  — 

odfr  a3  Januarij ,  da  es  wider  angefangen  zu  doden  '  ;  jae  1 578. 
ist  Ton  der  zeit  an  das  wîr  von  Eniden  gen  Norden  gezo-  Février, 
gfn,  aisuirheeinen  grossen  eysgangkam  mundtdes  meers 
gcwesen  ,  das  kein  schiff  schier  in  oder  aus  der  Embse 
haben  khommen  konnen ,  alsoe  das  auch  etiiche  die  da- 
mais Ton  Larlet*  nach  Hollandt  abgefahrenunddurchdas 
ey$  durchgetrungen    weren,  bis   auf  eine    meyle  nach 
bejdem  meere,  wider  zuriigk  khommen  muesten ,  nicht 
ohne  gefahr  ihres  ieibs   und  lebens  ;  worausz  den  K  G. 
ieichtiich  und  gnediglich  sehen  und  mercken  khonnen, 
das    unser  nachlessigkheit  oder  yersaumnùsz  nicht   ur- 
sache  gewesen  der  aufthahung  und  verweyterung  alsulcher 
reyse  ,  sondern  vielmehr  uuser  Her  Gott  selber,  der  alsul- 
cfae  Terhinderung  durch  unbestendigkeit  des  wetters  nach 
Seinen  gnedigen  raht  und  wille  geschicket,  das  uns  auch 
wider  auff  der  ander  seitten   auf  deni  wege  zwisschen 
Embden  beschûtzet  und  beschirmet  hat,  ucd  furnemblich 
fur   die  Albanische  rentier,    welche  gar  weynige  tage 
zuTom    im    Westphalen    allenthalben  durchzogen  und 
ailes  passierende  yolckgepiùndert  und  ausgezogen  hetten. 
Datum  Colien ,  17  Februarij  A"  i573. 

£.  G.  underthenigedienstwilliger, 
Carlb  de  Meterb. 

De»  wolgebornen  Uem  ,  Hern  Ludwig 
Gffacfleo  za  Nassauw  . . .  meynen  gnedigen  Hem. 


*  dooyc* ,  dêgeUr.    '  LarrdI .  wUm^  frès  JtEmUm, 


58 


LETTRE  CDIV. 

. ..  au  Comte  Jean  de  Nassau.  Sur  les  affaires  de 
Haerlem  et  de  la  Zéla/ide,  et  les  actes  du  Prince  re- 
latiifement  à  la  Religion, 


ibyô»       *j*  Le  rempart   bâti  par  ceux  de  Haerlem  derrière  la  porta 
Fé?rier.  contre  laquelle   les  principaux   efforts  de  Tennemi   étoient  diri- 
gés   (p.  59  ,  1.  a3} ,   avoit  rendu  inutile  le  furieux  assaut   du 
3i  janvier.     «   Achter    de    kruispoort   wierpen    zij  ,    stadwaarts 
•  in ,   eene  sterke  aarden   borstwering  op  .  .  .  .    De   boofdwal 

>  werd  eensklaps  ten  beste   gegeven.    De   aanvallers ,    bierdoor 

>  ruîmte  krijgende  ,  drongen  met  drift  in  het  bolwerk.  Hoe  groot 
u  was  hunne  ontzetling  !  Daar  ontwaren  zij  eensklaps  de  nieuwe 
»  Terscbansing.  »  Bosscha  ,  /.  /•  207  ,  209. 

Schwarz  (car  l'écriture  de  cette  Lettre  paroit  être  la  sienne) 
D*avoit  pas  encore  connoissance  de  la  victoire  que  ceux  de  Zélande 
yenoient  de  remporter.  «  Als  nu  Sanchio  d'Avila  ,  Gouverneur 
»  van  den  kastele  van  Antwerpen  gereed  was ,  so  is  by  met  56 
»  scbepen  omtrent  den  19  of  ao  Febr.  na  Zeeland  (tôt  assistentie 
»  van  die  van  Middelburg)  toe  gevaren  ,  mai^r  sy  weren  van  de 
»  Zeclanders  so  ontbaeit  dat  meestcndeel  de  kleine  scbepen  daer 
»  bleven  . .  ;  de  grote  scbepen  quamen  met  groot  perykel  wedcr- 
»  om  lot  Antwerpen.  »  £or  ^  43>. 

Le  Prince  maintenoit ,  autant  qu*il  étoit  en  lui ,  les  droits  des 
Catboliques ,  et  contribuoit  avec  zèle  à  Tavancement  de  la  pré- 
dication Evangélique.  Remplissant  ce  double  devoir,  il  ne  pouvoit 
éviter  deux  calomnies  contradictoires;  les  uns  Taccusant,  comme  on 
le  voit  ici  ,  de  rétablir  le  Papisme;  les  autres  attribuant  à  lui  les  ex- 
cès commis  par  Sonoy,  le  Comte  de  la  Marck,  et  leurs  satellites. 
VanderMyle,  plus  tard  Conseiller  du  Prince  et  Président  de  la 
Cour  de  Hollande,  exprimoit  à  cette  époque,  dans  une  conversation 
avec  TElecteur  Palatin ,  des  senlimenU  bien  en  barmonie ,  sans 
doute  y  avec  ceux  du  Prince  lui-même.  «  Elector  dicebat  rem  pi 


^53  — 

•  dtnm  esse  solum  verbum    Dei    în    urbe  alîqua  praedicari ,   i5y'i. 

>  solumque  verum   cultam  exerceri.  Respondi ,   praeclarissimum  FéTricfW 

•  id  esse  ;  sed   hoc  efficere  Principis  esse  ,  qui  in  ditione  sua  im- 

>  peraret ,  vel  ejas  qui  arcu  atque  gladio  suo  provinciain  subcgis- 
I  set  :  aliud  esse  ,  ubi  foedcre  inito  diversae  religionis  homines 

>  ooDvenirent  ut  communem  hostem  atque  lyrannuin  oppug- 
a  oeni ,  et  suae  quisque  religion i  cavel.  Ad  haec  ille  :  «  «  Ja,  Ihr 
»  »  sagt  wahr  :  Ich  bin  ein  armer  Churfûrsl;  kônnie  ich  aber  mit 
»  »  Landt  und  Leut  ûberein  koromen ,  und  composition  machen  y 
»  »  8o  wolle  ichs  warlich  halten.  »  »  EpisL  selectae ,  scriptae  a 
Belgis  vel  ad  Betgas ,  p.  573. 

Le  Comte  de  la  Marck  et  son  Lieutenant  Barthold  Entes,  Seîg- 
■cor  de  Menteda ,  venoient  d'être  incarcérés,  à  cause  de  leur  inso- 
et  de  leur  insubordination. 


Wolgeborner  Grave ,  genediger  Herr.  E.  G.  schreîben 
«nderai  data  den  3^'"  jetzigen  monats,  daraus  ich  under- 
tbenighch  yerstanden  und  mit  grossen  freuden  yernom- 
nen  das  E.  G.  mein  geringer  dienst ,  so  mit  embsigen 
sdireiben  als  mit  ùberschicken  der  newen  Harlemischen 
mùnttj  angenehm  und  wolgefellig  sey  gewesen  y  ist  rair 
gestern  wol  ùberantwort  worden  ;  thu  mich  derhalben 
lier  gnedigen  gunst  gegen  mir  hochlich  und  uncïerthe- 
niglich  bedancken ,  wolte  nhur  Gott  dasz  ich  mit  etwa 
groszem  dienst,  welcher  maszen  ich  michgegenE.  G.  und 
<lerselben  briidern,  meine  gnedige  hern,  mit  allem  un- 
dertheDÎgen  und  schuldigen  gehorsarob  verpflicht  zu  sein 
Mébiej  thetlich  kônte  erzeigen ,  wolte  mich  zwar  kein 
ding  in  der  weltt  yerdrieszen  laszen  y  wie  icii  dan  zu  E.  G. 
mkrh  Tersehe  Sie  werden  meines  gemûts  gegeh  ihro  keinen 
xvrÔTel  mac  hen. 

So  Tiel  es  nhun  unserer  sachen ,  standt  und  gelegenheit 
htOtfSeifk  thut,  kan  ich  E.  G.  underthenigar  meiniuig 


—  60  — 

1 573.  nicht  verhalten  das  es  itzunder  noch  zimlich  zugehet ,  Gott 
Février,  sei  lob  und  danck. 

Die  von  Harlem  halten  sîch  stets  wie  redliche  und 
tapffere  held,  seint  auch  nicht  anders  als  lewen  gemuthet. 
Der  feindt  geliet  zwar  noch  fort  mit  seinem  graben,  fùr- 
dertabergar  wenig,  dan  die  unsere  haben  innerhalb  der 
statteinen  newen  wal  undbolwerck,  derimmerviel  ge- 
waltiger  und  fester  ist  als  je  die  vorigen  geweszen ,  aufgC' 
worffen  ,  und  seindt,  vermlttelst  des  offenen  waszers 
und  unserer  schiefïen,mitproviandtund  munition  ,  auch 
mit  etlichen  stûcken  geschùtzs  dermaszen  versehen  und 
gestafGert,  das  sie  verhoffentlich  ,  mit  Gottes  gnade  und 
hûlff,  keine  noth  werden  haben.  Noch  gestern  haben  sie 
der  feinde  in  die  achtzehen  oder  zwantzig,  deren  der 
mehrertheil  Spaniër  waren,  geschiagen,  die  ùbrige  bisz 
in  die  fùnff  hundert ,  so  daselbst  das  loch,  da  unsere 
schielTe  iren  pasz  hetten ,  zu  verstopffen  sich  bevleiszig- 
ten ,  haben  ir  vortheil  schendUch  verlaszen  und  die  flucht 
geben ,  unangesehen  das  der  unsern  ùber  drei  hundert 
nicht  da  wahr,  darausz  das  schrecken  glaubwûrdig  abzu- 
nehmèn. 

Unsere  Armada  so  in  Sehelandt  verfertiget ,  ist  schon 
jetzt  auf dem  mehr,  nicht  weith  von  Antorff ,  starck  in  die 
hundert  und  zwantzigh  siegel ,  zu  denen  sich  noch  iiber 
die  dreisig  aus  dem  Briel  und  Dortrecht  werden  thun. 
Des  feindts  schieffe  seindt  noch  nicht  fertig  ausz 
mangel  der  schieffern  und  bootzgesellen  (wie  wir  sie  hie 
nennen) ,  sintemal  ihrer  keine  oder  je  gar  wenig  dem 
Hertzogen  dhienen  wollen,  und  wan  man  sie  mit  gewalt 
dahin  zwingen  wolle ,  so  geben  sie  die  flucht  und  machen 
sich  von  dannen  zue  uns  ;  jedoch  rustet  sich  der  feindt 


gv  gewaltig  zue  und  lest  es  une  erost  aein,  aber  ïch  iS^S. 
hofTe  es  werde  ime  nichl  geralhen,  sondern  dcr  Heir  téviicj 
Golt  Zebaoth  wirdt  ire  geWHltt  da  sie  auf  truizen',  zu 
iik4it,  und  ire  anschlege  zu  schand  machen.  Des  Hertzo- 
gen  van  Alba  todts,  obsiliun  viel  und  starcker  geschrey 
davon  al!entliall>en  gehen,  haben  wir  nocb  keine  ver- 
sîchening,  wiewol  es  keines  geringen  bedi-nckens  gibt 
dau  dièse  nechslvcrschiene  tijjen  die  Slende  des  gantzen 
Lindts  zu  Herlzu^nbusch  (lia  sich  der  Hertzog  vun  Mc- 
(lina-Celi  erlielt)  gegen  morgen  oder  iibermorgen  ver- 
scbrieben  seieti,  und  ist  die  sage;  nian  wirtU  einen  alge- 
mrinen  pardon  von  Kon.  Ma'  wegen  allen  denen,nhne 
ooderscbeîdt ,  abkimdigeD,  so  sich  wiederumb  zn  dem 
gdiorsain  des  Kitnig»  (wie  sie  es  nennen)  und  der  Buini- 
scbeo  kircben  werden  begeben;  aber  des  fuchszen  tiick 
»«înt  Torlengst  wol  bekaiit,  derogestalt  das  man  ihme, 
tarinrs  ernchiens  ,  gargeiingen  glauben  wjrdi  ziislellen. 
Das  man  meinen  gnedigeii  Hern  den  Printzen  bat  ver- 
leumbtlct  und  aiisgesrhrien,  als  beiten  ire  G.  die  Bapst- 
Kcli«  misïe  wiederumb  aufgeiirhtel ,  bat  mith  iwar 
nicht  wenîg  verdroszen ,  wiewol  ich  holTe  vfrslendîge 
Icatbe  werden's  ohne  weJtern  iind  grùnilichen  Itericht 
taii  nichten  glauben,  wie  es  auclifreiliidi  der  warhcît  gar 
URg^'tiiesz  isU  Wol  ist  ime  das  ire  F.  G  ans  enibsigen 
aohalu-n  der  Burgermeister  unJ  obrigkeit  alhie  zue  Delfft 
Int  muesien  Ias7«n  anszkbûndigen:  man  solle  die  pfaffen 
SASiirbesiimpteortli  und  zeitt  ire  niisze  liielien  ,  nicht 
■rerleiien  norh  beschedigen  ,  sintemal  ire  F.  G.  den  Sien- 
den  des  bndts  Hollandt  îm  anfang  und  iminerdar  ber- 
nacber  zugcsagt,  er  wolte  nieniundt  weder  zur  einen  nocb 
m  der  «ndern  Religion  nicht  zwingen ,  sondera  beide  Re- 


—  62  — 

iSj^.  ligion  und  ihre  pflegung  frey  und  unverhindert  halten  , 
FéTTÎcr.  bisz  das  mit  gemeiner  und  einhelliger  bestimmung  der 
Stende  anders  darin  verordnet;  jeduch  da  die  Bâpstliche 
misxe  einmahl  abgeschaft  ist  gewesen  ,  gleirher  weise  za 
Dortrechi,  Gorhem,  Bommel ,  Rotterdam  ,  Leyden ,  Har- 
lem, Tergow,und  in  dem  gantzen  Waszerlandt,  gescbehen, 
da  bat  man  sie  furwabr  nie  mebr  auiïgerechtet ,  und 
mag  E.  G.  freilicb  und  in  der  warbeit  sagen ,  das  aucb  in 
dieser  statt  ,  seitbero  obbenirte  publication  gescbeben, 
die  pfafFen  ire  afTenspiel  zu  plegen  sich  nicbt  yiel,ja 
weniger  den  zuvor ,  haben  understanden. 

Aucb  haben  i.  F.  G.  mit  alieni  fug  und  mittel  die  wahre 
und  dem  lautern  Gottes  wort  [geme  '  ]  religion ,  flei*- 
ziglicb  und  trostiglieb  getban  befûrdern ,  und  neben  den 
gewonlicben  ûbungen  der  reformirten  Religion,  auch 
fast-und  belteldag*  (i)  mit  ofTentiicben  mandaten  publi- 
cîren ,  und  das  yolck  gar  ernstlich  zu  busz  und  beszerung 
des  lebens  vermabnen  iaszen,  welcbes  seither  der  uralten 
propbeten  zeit  nicbt  yiel  gescbeben  ist  von  der  obrikeit, 
dermassen  das  die  Cbristliche  religion  und  ware  gottselig* 

(i)  betteUlag,  Les  prières  exaucées,  le  Prince  n'oublioit  pas 
les  actions  de  grâce.  «  Van  dese  victorie  (voyez  p.  58;  was  deo 
»  Prince  van  Orangien  seer  verblyd  ,  en  schreef  den  23  Febr. 
»  deselve  over  den  Raed  van  Holland  ,  met  last  om  deselve  tydinge 
»  voort  aen  allen  steden  en  plaetâen  in  Hollaud  over  le  schrijven  , 
>  ten  einde  het  volk  vermaent  soude  werden  God  almacbtig  grote- 
»  lijk  te  loven  en  te  danken  ,  en  voorts  herlelijk  te  bidden  dat  God 
»  bare  saken  tôt  een  goeden  einde  wilde  brengen  ,  opdat  sy 
»  na  so  vêle  afflictlen  tôt  een  goede  en  vaste  vrede  mochlen 
»  kéo.  »  Bor  ^LL 

'  Trois  o»  fumirt  lettres  ilUsMes  s  ^«nenene  ,  eomforms  (?).  a  Badedag 


—  63  — 

keh  ,  je  lenger  je  mehr  teglich  wechszet  und  zunimpt.  iS^S. 
Gott  dem  Almechtigen  sei  preisz  und  lob  in  ewigkeit,  Ferritri. 
Amen. 

Hiemit  thue  E.  G.  sampt  Irem  Haus  und  hofTgesînde 
in  des  Almechtigen  schutz  und  schirm  von  hertzen  beye- 
len.  Daium  Delfit,  den  22*^  Febniarij  A<»  1573. 


N.N. 


Le  a6  féfricr  le  Prince  enToya  Lîeven  C  Alwaert ,  ministre  du 
Se  Evangile,  vers  TEglise  réfugiée  à  Londres  pour  demander 
àe%  sccoars.  La  LeUre  qu'il  leur  écrivit  à  cette  occasion  ,  se  trouve 
dans  le  ScHnium  Antiquar.  I.  1.  p  gS  —  100.  On  y  remarque  en- 
ti^aatres  les  passages  suivants.  •  Myn  Heeren  ,  ik  dencke  dat  lot 
nocfa  loe  gby  hebt  mogen  genoegsaemiyk  bekennen  den  goeden 
wille ,  die  roy  Godt  gegeven  beeft  om  U  lieder  arme  Vaderlant 
ia  vrybeit  te  stellen  ,  so  wel  in  't  geene  dat  aengaet  de  politie 
dcMcIfs  y  als  de  religie  ,  ende  hoe  dat  ick  verdragen  hebbe  untel- 
lyke  moeyelykbeeden  ,  dat  ick  selfs  myn  eigen  leven  gewaecbt 
lirbbr  cm  tôt  deesen  einde  te  komen.  Ware  *t  dat  ick  zo  wel  de 
Wfh!  en  mogentbeid  badde  ,  als  den  goeden  wille  ,  ik  ware  te 
vreeden  aile  bet  last  op  myne  scbouderen  te  neeroen  ,  sonder 
icmant  eenicbsins  daermede  te  beswaar<*ny  't  welk  ghy  hebt  mogen 
verstaen  nit  dîen  ,  dat  ik  U  lieden  te  vooren  niet  seer  beswaert 
hebbe  •  In  sulker  wyse  dat  ik  zoude  begeeren  ten  coste  van  myn 
eigeo  leven  (waer  't  mogelyk)  *t  lant  uit  te  koopen  of  te  verlossen 
van  de  slavern}e  der  goederen  ,  licbamen  en  sielen  daerin  bet 
b  y  sonder  dat  betyemantyet  kosten  soude.  Maer  nu  gemerckt  dat 
■y lien  wensch  niet  en  baet  ende  dat  myn  eigen  macht  niet 
em  is  voor  zulken  last,  ik  ben  ged\«ongen  bulpe  te 
y  b  't  niet  van  aile  ware  Cbristenen  ,  dien  ongetwyfeit 
deeae  sake  belangbt ,  ten  minsten  van  diegeene  dewelke  (gbe- 
t  fj  van  één  lant  synj  de  saeke  schynt  naeder  aen  te  pen  y 


—  64  — 

tS^S.  »  ende  vooroaamlyk  tôt  U  lieden  die  uyt  sonderlyke  weldaet  Gods 
Février.  "  ^y^  vertrokken  in  een  plaetse  der  ruste  ende  slilheit.  Dat  de  noot 
•  zeer  groot  zy  ,  siet  ghy  ,  ende  daar  is  nieroant  onder  uw  dies 
i»  onwetende.  Gby  hebt  gesien  hoe  dat  ik  een  goet  deel  van  Hol- 
»  iant ,  Zeelant  en  Celderlant ,  met  veele  plaeUcn  van  Brabant 
»  tôt  liberteyt  gebracht  badde  ,  ende  daernae  bedwongen  hebbe 
»  geweest  een  groot  deel  daervan  te  verlaateo  om  de  verraderye  eo 
»  moort  in  Vranckryk  geschiet ,  ende  door  't  gebrek  des  voetvolcks, 
»  't  welk  roy  ter  oorsaeke  derselver  verraderye  ontvloden  is.  In 
»  summa  gby  siet  dat  ik  gebracht  ben  in  zulken  uyterslen  noot 
»  dat ,  so  men  my  ontsegt  de  nootsakelyke  assistenlie  ,  ik  zal 
»  bedwongen  zyn  ,  tôt  niynen  grooten  verdriet ,   te  verlaten  al  't 

>  |;eene  dat  my  noch  seeker  ende  vast  in  handen  gebleven  b.  Ter 
»  contrarie ,  so  gby  naer  uwe  middelen  en  beloften  ,  die  gby  hier 
»  voor  tyden  ten  veelcn  stonden  geJaen  bebt ,  my  bystaet  in  tyts 
»  ende  met  ernst ,  ik  bope  door  de  biilpe  Gods  ,  dai  ik  lîcbtelyk 
»  sal  konnen  Hollant  en  Zeelant  desen  winter  houden  ,  ende  den 
»  naeslen  somer  den  vyant  meer  dan  oyt  benauwen.  De  Staateo 
»  van  HollanI  hebben  geloont  baaren  goeden  wille  die  zy  bebbea 
»  tôt  deese  sakc ,  so  wel  in  de  groole  laslen  die  zy  bier  vooren 
»  bebben  gedragen  ,  als  in  de  gecnc  die  zy  nieuwelyk  van  zelfs 
»  zoiider  vermaent  te  syn  ,  geaccordeert  bebben ,  belovende  een 

>  seker  gelai  van  krygsluyden  te  bctalen  aiso  lange  als  bet  deo 
))  noot  vereisscben  zal ,  ja  precsenteeren  vryelyk  baare  personen  , 

>  gelyk  als  nu  in  der  daat  bet  derde  deel  des  volks  hem  wapent  om 
»  de  bescberminge  der   verworven  vrybeid  ,   maer  gelyk  bet  geen 

>  reden  is  dat  dit  klein  tant  al  den  last  drage  ,  gemerkt  zelfs  dea 
»  last ,  kommer  êndc  vcrlies  dat  bet  lydt  van   andere  kanten  ,  zo 

>  en  twyfelc  ik  ook  niet  of  gby  en  soudet  U  lieden  scbamen  te 
»  sien  dat  de  Hollandcrs  meer   gcmoet  zyn   tôt  deese  sake  dan  gby 

»  lieden Ik  biddc  baer  dat  se  by  henselven  oordeelen  ofde  oor- 

»  logh  alleen  geschiet  tegen  'le  Proleslanten  des  Nederlants ,  of 
»  wel  tegen  aUe  in  hct  gemeen  ,  en  so  sy  tegen  aile  geschiet ,  gelyk 
»  zy  bedwongen  zyn  te  bekenncn  ,  ende  als  de  versche  verraderye 

>  in  Vianckryk  uylgericht  tegen  die  van  der  religic,  zulcks  bewyst, 
»  denken  zy  altyts  in  ruste  te  bly ven  om  dal  se  nu  verre  van  slae* 


—  65  — 

»^   Mjn  ? En  soudet   ghyliedeo  dan  geen   con-   iS^S. 

■  idcotie  maaken  weder  te  keien  in  'r  laut  dat  Yan  slavernye  uyt-  Février, 

•  fekogt  is  met  *t  pericle  uwer  broederen  ?  dat  îs  te  zeggen  haer 

•  àioet  te  drinken ,  als  David  zeit ,  ende  haere  smerten  te  gficnieten 
die  in   eenige  deelen  onderstant   noch    hulpe  te  willen 

!  Daerom  en  denkt  niet  als  gby  suit  gegeven  hebben  dat  't 
owschaldigeplicbt  eyscht  ende  de  macht  toelaal,  te  zeggen 
»  dai  %y  liberael  zyt  tôt  my  en  andere ,  gy  opent  uwe  bursen  voor 

•  U  seUs ,  en  't  en  is  geen  liberaeliteyt  dus  te  doen  ,  want  roen 
»  xal  niet  liberael  noemen  dien  die  een  slave  zynde  bem  uylkoopt 
»  md  een  groote   somme   van  penningen.    Indien  gby  dan    lief 

•  bcbe  uwe  broederen ,  indien  gby  ,  segge  ik  ,  U  zelven  lief  bebt , 
»  it  na  bet  saisoen  ende  den  tyt  dat  te  togben  ;  den  bequae- 
C3Ft  cens  ^erlooren  zynde  en  wort  niet  licbtelyk  wederom 

Gby  zult  my  zeggen  dat  U  lieder  wille  goet  is  my  onder- 
staot  te  doen  ,    maer  dalter  de  macbt  en  middeleo  gebreken.  Ik 
CB  wil  niemant  scbatten  in   dees  sake  ,  bet  staet  by  U  lieden  te 
io  U  zelven  en  te  bedenken  wat  gby  kont  doen  ,  niet  gelyk 
dîe  willen  aile  betjaer  door  ryk  geacbt  zyn,  ende  als  't  komt 
le  eontriboeren ,  dan  willen  zy  voor   arme  aengezien  zyn 
als  geen  middel    bebbende  :  maer  als  billyke  scbatters  der 
en  rykdommen  die  U  Godt  gegeven  beeft.  Gy  moogt 
meofcben  bedriegen  ,  maer  niet  Godt ,  dîe  aile  dingen  siet  , 
wel  wat  by  U  beeft  gegeven  ,  ende  die  U  recbtveerdelyk 
zal  in  uwe  goederen  zelfs  ,  is  't  dat  gby  bem  weigert  te 
in  't  geen  dat  gby  te  ^oren  van  bem  bebt  ontvangen.  Gby 
wat  af  te  snyden  van  uwên  overdaat ,  welluslen  en  kos- 
triijkbeden   so  in   der  spyse  als  in  de  klederen  ,  in  summa  gby 
hef  den  wellusten  benemen  om  tôt  uwen  profyte  te  bcsteU 
Ik  weet  ook  wel  dat  uwen  koophandel  dese  jaren  zulken 
a  tretn  niet  gebadt  beeft  als  by   plagt ,   ja  dat  in  de  stede  van  te 
gby    roogt  somtyts  verlies  vonden  hebben ,  omme  d*ar- 
tcr  See  ,  die  dikwyls  zonder  onderscheit  aengetast  beeft  zo 
»  wd  àt  een   als  de  ander  partyc.  Maer  ik  bidde  L  ,  wat  wiuneu 
dwdi  degbeene  die  in  deese  sake  aile   hare  guederen  bysetlen  , 
wjf  co  kinderen  te  panden  sitten  en   ^\aegen  haer  eigen   l^f, 

4  5 


—  66  — 

iS^S.  »  j&  ▼erliesen  't  dagelyks  ?  wat  wionen  die  van  Hollant ,  wiens  hmo- 
FéYTÎer.  «delinge  niet  met  allen  beter  is  dan  de  owe  ,  die  de  oorlogen 
»  onderhouden  ende  dikwyU  veel  lyden  (teo  mynen  gpootea  ^rer- 
»  driete)  so  ^vel  van  vrienden  als  van  vyanden  ?  wat  wint  deo  ar- 
»  rnen  soldaet ,  qaalyk  betaelt ,  qualyk  gevoet ,  qualyk  geklcet , 
»  zynde  daar  eo  tusscben  aile  dagen  io  de  slageo  en  in  de  koa- 
>  de  ?  ....  Wy  hebben  gesien  dat  men  om  een  pauw8cbe4arti|rs- 
»  vaert  verkoght  heeft  potysers  en  kannen.  Kortelyk  y  gfay  aiet  hoe 
»  liberael  de  superstitieuse  nienscben  zyn  tôt  haere  goden.  £n  ml- 
»  len  wy  toelaten  dat  de  superstitie  zou  te  boven  gaan  de  ware 
»  religie  ,  dat  Cbristus  min  zoude  vermogen  in  U  dan  den  Aiitî* 
»  christ  in  de  zyne  ?  zult  ghy  niet  zo  gereed  zyn  als  zy  om  Gode 
»  te  geven,  die  't  U  al  gegeven  heeft ,  om  zyn  kerke  wederona^ip- 
»  terechten  ,  al  1s  't  niet  voor  elle  en  alomme ,  ten  minalea  «oor 

»  U  lieden  en  U  Heder  vaderlant Het  is  in  suroma  y  myoe 

»  Heeren  ,  dat  ghy  wilt  toesien  op  te  maken  tôt  U  lieder  koaten 
»  een  zeker  getal  van  knechten  om  de  kerke  te  dienen  oader  ipyo 
»  gouvernement ,  devkrelke  om  aile  opspraake  te  schuwen  ,  MiUea 
»  door  uwe  handen  betaelt  zyn.  Dit  is  't  geene  daerom  ik  U  bîdde 
»  voor  U  zelven  ende  voor  uvre  broederen.  Maer  is  't  dat  gby.  ab 
»  hier  te  vooren  veracht  myn  vermaninge  ,  ende  niet  voorgeDomea 
»  bebt  te  doen  aïs  ghy  scbuldig  zyt ,  ik  betuige  van  nu  voorts  ^oor 
»  God  ende  zynen  engelen  dat  ik  voor  myn  deel  gedaen  hebbe  in 
»  ailes  ende  ovcral  (ik  spreeke  voor  den  mensehen)  't  geene  dat  ik 
»  hebbe  konnen  doen.  Ja  een  yder  als  ik  achte  zal  bekenneo  dat  ik 
»  onachtsaemlyk  verlaten  ben  geweest  van  die ,  derwelker  geiroo- 
»  wigheit  my  hehoorde  gedient  te  hebben  tôt  bystant  coda 
»  hulpe  ....  Hiermede  zal  ik  den  Almogenden  Heere  biddeo  dat 
»hy  wil  voorspoedig  maken  myn  voorneemen  tôt  wederoprecbtinge 
9  van  zyn  gemeente ,  en  geven  een  yegelyk  yan  U  den  yver  eo  lîefila 
•  die  hy  gebiet ,  ende  die  zulke  een  goede  zake  vereyscht.  » 


—  67  — 

LETTRE  CDV. 

Z»  iwn  Embbe  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Plan  pour 
surprendre  les  vaisseaux  venant  du  Pérou;  moyens  de 
se  procurer  des  munitions  et  de  U argent. 

\*  X.  v.£m6be  nous  est  un  personnage  inconnu.  Quelques  exprès-   1 5^3% 
sions  feroient  presque  supposer  quMI   étoit  un  de  «  ceux  qui  font  Mars. 
«  profession  ,  par  souffleries  continuelles ,  de  vouloir  faire  enfanter 
»  à  lears  foarneaux  de  grands  thrésors  »  (Discours  de  de  la  Noue , 
pu  6S5);  bien  qu'il  ne  négligeât  point  d'autres  moyens  de  pouvoir 
irir  argent  à  foison,  — Il  est  à  regretter  que  cette  Lettre  qui 
des  particularités  intéressantes ,  soit,  en  plusieurs  endroits , 
frasquloinielligible. 

Hons',  après  touts  honneurs  et  recommandations  à  la 
tostre  Excellence  prémises,  ayant  entendu  la  santé  et 
bofme  prospérité  de  la  vostre,  ei  le  voloir  ep  riens  n'estre 
diminué   et  afTobly  à  ayder  la   républicque  Chrestienne 
vpMÀ  oppressée,  n  ay  volu  obmettre  de  mettre  en  ordre 
(pidi{ae  instruction  donnée  du  Seigneur  de  Séchelles  gen- 
tillioimne  Françoys ,  lequel  ne  pense  estre  incognu  à  la 
▼ottre  Excellence,  pour  avoir  esté  ung  des  quatre  chiefs 
centaines  au  voyage  de  France  juxte  le  S'  de  Moi.  Or  le 
Scieur  de  Séchelles  voyageant  ung  moys  en  çà  en  am- 
\msaAt  en  Polonie,   dict  ne   pouvoir  estre   trouvé   es 
DOitres  que  pour  petite    considération    de    ne  diesser 
fMlqnes  vasseaulx,  8  ou  au  moins  4>  sur  les  insuies 
<ief  Açores  ;  pour  y  estre  commodité  telle  de  pouvoir 
surprendre  tous  vasseaus  et  battelage  venants  de  Pérou 
et  Calicut  pour  estre  jà  lassés  et  affoblys  du  voyage  de 
neuf  moys ,  en  presse'  de  falloir*  nécessairement  prendre 
<rauwe  frechees  les  insuies  des  Açores,  en  Tune  des  insuies 

'  nécessité.  ^  dcToir. 


—  68  — 

x573.  de  la  Saint'Flour,  et  au  pys  aller,  si  toz  vasseaulx  sont 
Mars,  découvers  ,  avés  pour  donner  la  chasse  aulx  afTamés  trcûs 
cent  lieuwes  de  chemin  jusques  à  la  Hispanie  et  les  pren- 
dre tous  ou  la  plus  grande  part  par  le  menu ,  ayant  prys 
l'advantage  du  hault  vent^  joinct  voz  frays  vasseaulx  et 
reposés  sur  les  [mousquees  et]  tardives.  Le  Seigneur  Sé- 
chelles  raconte  tout  ce  par  le  menu,  ayant  faict  sembla- 
ble entreprise  avecques  le  Capitaine  Sores ,  lequel  il  tient 
principal  homme  en  semblables  affaires ,  jà  sollicitant ,  si 
comme  il  présume  ,  ceste  entreprise  en  Engleterre.  De 
ma  part  je  treuve  reste  entreprise  de  grande  consé- 
quence, pour  le  moyen  de  pouvoir  acquérir  argent  à 
foison  et  sans  grand  dangier.  Et  trouveray  quelque  mille 
dalers  pour  employer  avecques  part  à  ceste  entreprise. 
Quant  au  temps  ,  ce  seroyt  pour  Januarius  advenir,  pour 
estre  es  insuies  de  Açores  au  demy  AprUis, 

Et  pour  ne  celer  riens,  j  ay  commencé  à  practiquer 
avecques  l'illustrissime  Duc  Julius  de  Brunswick  (i)  pour 
avoir  trois  cent  ou  quatre  arquebuses  de  cincq  pieds, 
legières  à  Tadvenant  pour  la  commodité  du  bon  fer  qu*ii 
tient  en  ses  minerés':  lesquelles  aquebouses  veulx  i 
double  charge,  si  comme  Tillustrissime  çn  a  faict  faire 
jusques  à  troys  mille,  et  au  debout  à  longues  lancettes 

(i)  Jul.  xle  Brunswick.  Il  favorisoit  le  Prince  d'Orange  ,  et  lai 
avoit  pri^té  de  l'argent  déjà  avant  1670,  comme  il  paioit  par  une 
Instruction  donnée  par  celui-ci  le  5  avril  de  cette  année  à  Stentzd 
von  ?fanslohe  ,  député  vers  le  Duc  pour  lui  demander  des  secourt 
(•{•  M.S.;.  Il  étoil  fort  lié  avec  Guillaume  de  Hesse  :  «  Der  trefïïiche 
»  Julius  von  Wolfenbûttel  ,  der  seine  Regierung  mît  Vertreibung 
»  der  Jesuiten  bf  gann  ,  leble  in  dem  traulicbsten  Verkehr  mit  L. 
»  Wilhelm.  »  V,  Rommfl ,  JV.  G.  H.  I.  6o3. 

niiocs. 


—  69  — 

poinctées,   pour  s*en  pouvoir  servir  en  une  presse  au';i573. 
Keo  (l*ung  espieu.  Et  pour  scavoîr  ce  que  emporte  ung  Oiars. 
■ouveau  stratugema^  en  une  furie  ou  bataille,  ne  pense 
estre  hors  de  propos  de  avancer  ung   advantage   tel, 

duizant  pour  les  courses  de  Hollande En  oultre,  comme 

Gérart  Cock  me  somme  de  tout  capituler,  comme  ay  esté 
requis  de  parler  à  Tillustrissime  Duc  Julius  pour  sa  poul- 
dre  de  canon ,  m*a  faîct  responce  telle,  que  de  sa  provisi- 
on ne  se  pouvoit  defTaire  ;  ains  qu'il  avoit  soulfre  et  sal- 
peier,si  comme  le  scay,  en  toute  abondance,  et  bien  volait 
celles  nous  duissassent  ;  ains  pour  la  compromesse  en 
FEmpire  et  Tindignation  de  la  Court   de  BourgoingnCi 
que  ne  voloit  sur  soy  attacher,  ne  traicteroit  aultrement 
^e  par  voye  de  marchandize,  par  ung  tiers  et  plaiges  '  en 
Hildelsheim  ou  Brunswick.  Et  si  pour  avancer  ung  quantité 
de  pouldre,  on  trouvoit  bon  luy  envoyer  artizans  pour 
Cure  la  pouldre,  qu1l  les  entertiendroit  et  feroit  faire 
Bolins  et  aultre  appareil.  Ne  sçay  de  ma  part  s'il  seroit 
bon  de  tenir  ceste  fenestre  ouverte,  pour  n'estre  pressé  en 
qndque  besoing  que  poldroit  advenir.  M'enchargea  tou- 
tesfob  que  le  manderoys  à  icelle  vostre  Excellence  pour 
b  bonne  affection  que  sçavoit  à   icelle  porter ,  par  en- 
sognes  telles  que  luy  aviés  promys  de  luy  mander  con- 
trefacture  de  toutes  forteresses   qui  sont  en  Europe.  En- 
fin pense  en  quelque  endroict  povoir  servir  à  la  republic- 
que  Chrestienne  ,  ce  que  feray  voluntiers.  Et  n'eusse  fally 
dey  mettre  ma  personne,  comme  l'ay  faict  devant  Gronin- 
ge  eten  France,  si  n'eusse  esté  bien  au  devant  asseuré 
de  par  le  Duc  Guillame  de  Bavières  (i)  de  un  an  entier 

(i)  Guillame  de  Bavières.  Ce  Duc  ,  fils  d*AJbertV  (voyez  Tonu 

'  caittioM. 


—  70  — 

i573.  du  desein  du  massacre  de  France,  avecques  asseurances  et 
Mars,  enseignes  dulzantes  à  faire  crëdence,  n*ay  de  ma  part 
faliy  au  devoir.  Ains  estant  transporté  d*Ausbourg  à  la 
foire,  expressément  viens  à  Dillebourg,  illecques  ne 
trouvant  personelle  respondence,  ou  pour  troubles,  ou 
pour  esté  tout  occupé  entièrement  de  la  part  contraire, 

III.  p.  129)  et  né  en  i54S,  étoir  un  Papiste  zélé.  «  Die  Jesuiteo 
»  hatten  an  ihm  einen  so  gelchrigen  Zôgling,  dasz  er  benachbarle 
»  Fûrsten ,  ja  jene  £iferer  selbst ,  zur  vôlligcn  vertilgung  der  Proie- 
1»  stauten  antrieb  !  »  V,  Raumer ,  Gesch,  £ur,  III.  332.  Il  trans- 
forma peut-être  ses  désirs  en  espérances  et  ses  espérances  en  prédi- 
ctions. De  vagues  menaces  de  la  part  des  Catholiques ,  des  intentions 
évidemment  hostiles  et  des  projets  sanguinaires  de  la  Maison  de  Gai- 
se,  communiqués  peut-être  à  des  Princes  étrangers,  furent  plus  tard 
convertis  en  annonces  positives  de  la  St.  Barthélémy.  C'est  ainsi,  par 
ex.,  que  les  éditeurs  des  Archives  curieuses  de  France  ,  V.  224,  ea 
publiant  un  J%'is  de  juillet  i563,  où  il  est  dit  que  les  Guise 
a  avoient  donné  ordre ,  quant  la  Royne  fut  malade  ,  de  faire 
»  reprendre  les  armes  et  tuer  tout  ce  qu'il  feust  trouvé  de  suspect 
»  en  ceste  ville  (de  Paris)  o  ,  ajoutent  :  «  Cette  pièce  constate  uo 
»  fait  de  la  plus  haute  importance  ,  fait  inconnu  à  nos  historiens, 
»  et  qui  ,  neuf  ans  avant  U  St.  Barthélémy  ,  en  annonçait  déjà  le 
»  projet.  »  On  doit  aussi  se  garder  de  confondre  les  intentions  des 
Guise  avec  celles  de  Catherine,  ou  de  Catherine  avec  celles 
de  Charles  IX  ,  et  des  assurances  comme  celles  du  Duc  de  Ba- 
vière ,  ne  décident  nullement  la  question  de  la  bonne  ou  mauvaise 
foi  du  Roi  de  France:  voyez  Tom.  III  p.  497*  Mornay  écrit  en 
i5S2:  n  Ceux  qui  pensoient  par  une  grande  familiarité  estreen- 
I*  très  dans  le  coeur  du  feu  Roi  Charles  ,  n*y  avoient  rien  leu  de 
»  semblable.  Mesmes  les  desseins  du  Paîs-Bas  qu'il  afTectionnoit  , 
«  y  estoient  du  tout  contraires.  Et  nonobstant ,  Toportunité  qui 
»  luy  fut  répiésentée  par  quelques  pernicieux  esprits,  le  tenta 
»  tellement ,  qu'il  fil  chose  ,  à  laquelle  peu  de  jours  auparavant  on 
«  eust  fait  conscience  de  penser ,  et  lui  mesmes  en  eust  eu  hor- 
•  reur.  j»  Mcin,  de  Phil.  de  Mornay  ,1.  122. 


—  71  — 

n*^  Tola  secrets  de  Princes  faire  danzer  en  populace^  seule-  1 5^3. 
ment  en  advertyr  à  Francfort  seurement  les  Barons  uté-  Mars, 
rins  de  Bourgoigne.  Ainsi ,  par  nonchalence,  est  venu  la 
dÀaidence.  Le  semblabk  inconvénient  nous  est  advenu  au 
Palatinat.  Comme  après  le  voyage  de  France  à  Strasbourg 
et  [Manen],  comme  sçait  la  vostre  Excellence, m ay  offert 
àfomir  argent,  n*ay  trouvé  au  Prince  Palatin  que  affe- 
cticms  cherres  de  ealvinizer  le  monde  dont  après ,  avec- 
i{iies  suspence licence  pour  Francfort,  n ay  volu  défaillir 
de  fidre  apparoistre  par  ung  tiers   ce  qu*on  ne  croyoit 
estre  en  la  nature  à  grand  foison.  Ay  transplanté  ung  pour 
dievalier  créé  freschement  de  FEmpereur  nommé  Leon- 
bardTomezer  sur  TEvesque  de  Munster,  vrayment  amys 
de  mes  parens.  Illecque  a  faict  l'expérience  en  présence 
da  dict  Evesque  et  Conte  Otto  de  Scauwenbourg  joinct 
liîfes  de  archidoxes  et  de  quinte  essence  imprimés  en 
MuDstre  ;  dont  aussi  par  respondence  en   est  venu  la 
plaine  cognoissance  à  Tillustrissime  Lantgrave.  Pour  fin 
&ché  a  esté  et  aultre  grand  seigneur  nosire  amy  des  par- 
tkalx^  et  avons  fally  au  buttin.  Or  laissons  le  tout  ;  je 
pense, quant  à  ma  part,  que  une  belle  bourse  pour  entre- 
tenir guerre  jusques  à  la  mort  du  Roy  d'Espaigne ,  ne  se- 
roit  que  le  vray  remède  à  noz  calamités.  A  tant  me  re- 
commande à  icelle    vostre  Excellence  ,  en  espérance  de 
Teoir  la  vostre.  De  Lipsich, ce  a"'  de  mars  1 5yi. 

^entièrement  vostre  et  à  commande , 
Leonhart  von  Embbe. 

A  MooseigDear  et  Seigneur  Conte 
liodowick  de  Nassau,  Catzenbelleboghe  etc. 

Dillenburch. 
Es  HMins  propres. 


—  72  — 


'^  LETTRE     CDVI. 


Le   Prince  d'Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Con- 
ditions de  paix;  nouvelles  de  Haerlem^  et  d^Am^rs. 


1573.  Monsieur  mon  frère.  Tay  receu  vostre  lettre ,  et  par 
Mars,  icelle  entre  autres  choses  entendu  le  bon  espoir  que  avez 
qu'en  bref  je  recevray  bonnes  nouvelles.  Or  ne  sachant 
particulièrement  comprendre  surquoy  cela  est,  soup- 
çonnant toutesfois  que  ce  seroit  touchant  le  traitté  de 
la  paix,  je  vous  prie  par  la  première  commodité  me  le 
déclarer  bien  particulièrement,  affin  que  je  sache  com- 
ment j'auray  à  m  y  conduire  et  que  mes  actions  depardecà 
soyent  conformes  et  correspondantes  aux  poincts  que 
par  delà  vous  met  très  en  avant.  De  ma  part ,  pour  vous 
en  escrire  mon  opinion ,  me  semble  que  vient  grande- 
ment à  considérer  ,  si  en  proposant  conditiones  et  articles 
sur  lesquelz  on  polroit  prendre  fondement  de  quelque 
accord,  nous  ne  donnerons  occasion  aux  ennemis  et 
mesdisans  de  nous  accuser  là  dessus,  comme  si  nous 
voulions  donner  loy  à  nostre  Supérieur,  ce  que  ,  et  Topi- 
nion  commune ,  et  mesme  la  façon  de  traitter  qu'a  usé 
Mons**  l'Admirai  en  France ,  semble  ne  permettre  en 
aucune  sorte  au  subjet  ou  vassal  envers  son  Seigneur 
lige.  Et  partant  vient  icy  à  mettre  en  balance,  s'il  ne 
vaudroit  pas  mieux  «  das  sie  selbs  von  ihrentwegen  uns 
»  die  conditiones  proponireten  ,  und  das  wir  unter  dem 
»  schein  als  wolten  wir  ihrer  zusag  gute  versicherung 
»  liaben  ,  ihre  fiirgehaltene  conditiones  mûchten  entwe- 
»  der  annemen  oder  verwerffen.  »  En  quoy ,   outre  ce 


—  73  — 

que  nous  demeurerions  en  nostre  entier,  aussy  bien  iS^S. 
quautreinent ,  encor  donnerions  nous  occasion  à  plu-  Man. 
sieurs  de  louer  nostre  modestie.  Je  tous  prie  d  y  pen- 
scrde  plus  près. — Touchant  Testât  des  affaires  de  pardecà, 
ceux  de  Harlem  se  maintiennent  encor  bien  vaillament , 
tant  y  a  que  nous  manquant  dejour  à  autre  le  moyen  d'ar- 
gent etd*amunitions,  et  devenant  le  payspovre  et  le  peu- 
ple laset  saoul  delà  guerre  et  par  conséquent  [tardient]  lent 
k  Cure  tout  devoir ,  vous  pouvés  assez  juger  de  vous  mes- 
ines  que  à  la  longue  sera  bien  diflGcile  de  soutenir  Teffort 
de  Fennemy.  Et  quant  est  de  moy ,  je  ne  voy  nul  moyen 
an  inonde  pour  faire  lever  le  siège  de  Harlem ,  à  raison 
de  quoy  je  vous  prie  bien  fort   d  aviser  à  bon  escient 
ill  jauroit  nul  moyen  par  delà  qui  y  peut  servir  ,  fust 
oede  faire  semblant  de  quelque  grande  levée,  ou  d'inter» 
poser  lautorité  des  Princes  à  bon  escient ,  ou  bien  d  en- 
trer en   accord.  Vous   asseurant  que  ce   seroit  grand 
dommage  et  faict  de  conscience  de  laisser  ainsy  périr 
tant  de  gens  de  bien ,  qui  par  leur  prouesse  ont  surmonté 
la  Tertu  ordinaire   des  hommes.  Joint   aussy   que,    si 
après  si  long  siège  tant  constamment  enduré,  ils  viennent 
en  la  puissance  de  Tennemy  sans  [que]  nous  les   puissions 
secourrir,  est  bien  aisé  à  veoirquel  en  sera  le  jugement 
A  le  courage  de  toutes  les  autres  villes,  lesquelles  certes 
d'oi  poiront  attendre  sinon  une  fin  toute  pareille.  Je 
croj  que  serés  adverty  que  les  nostres  ont  enfoncé  quel- 
que nombre  de  bateaux  au  passage  de  Lillo  près  d'An- 
vers pour  empescher  que  les   bateaux  des  ennemis  n'y 
peussent  passer.  Combien  que  y  ayant  esté  laissé  quel- 
que trou  à  faute  de  bateaux  dont  ilz  n'avoyent  nombre 
cxmipétant ,  l'armée  de  Tennemy  y  a  encor  passé  ei  est 


—  74  - 

iS73.  guères  loingdeSaftingken,  là  où  les  nostresles  attendent 
Mars,  en  bonne  dévotion  de  bien  choquer.  Dieu  nous  doint 
ce  qui  nous  est  salutaire.  Or  est-il  que  le  dit  estouppe^ 
ment  polroit  tourner  en  grand  préjudice  à  toute  la  tra£« 
ficque  et  signamment  à  la  ville  d'Anvers  ;  au  moyen 
de  quoj  vous  auriez  belle  occasion  dlmprimer  tant  plus 
vifvement  aux  Princes  le  dommage  que  FEmpire  et 
toute  la  Chrestienté  recevront  de  ceste  tant  pernicieuse 
guerre,  si  bien  tost  et  en  extrême  diligence  Ton  n'y 
remédie.  Vous  userez  selon  la  discrétion  qu  ay  toujours 
cogneueen  vous,  et  le  plustost  que  nous  viendrez  veoir^ 
moyennant  que  ce  soit  sans  bazarder  vostre  personne, 
le  mieux  venu  nous  serez  vous,  et  singulièrement  si  vous 
nous  apportez  quelques  bonnes  nouvelles,  ou  bien  secours 
de  ce  que  nous  avons  plus  de  besoing.  Bref  tout  le  pays 
vous  attend  comme  un  ange  Gabriel.  Et  à  tant  me 
recommandant  bien  affectueusement  en  vos  bonnes  grâ<* 
ces ,  prieray  Dieu  vous  maintenir ,  Mons**  mon  frère ,  en  Sa 
saincte  protection  et  sauvegarde.  Escrit  à  Delff  en  Hol- 
lande, ce  viii^  mars  i573. 

Vostre'  bien  bon  frère  à  vous  faire  service , 
Guillaume  de  Nassau. 

II  vous  plaira  de  présenter  mes  bien  affectueu- 
ses recommandations  à  Mess"  mes  frères,  le  Comte 
Jean  et  Henry,  et  leurs  communiquer  aussy  la 
présente. 

A  Monsieur ,  Monsieur  le  Comte 
Lodoîc  de  Nassau  ,  mon  bien  bon  frère* 

Dillenberg. 

'  Votlrc  —  «ervice.  Autographe. 


—  75  — 
liETTRE  GDYII. 

IjU  Butte  au  Comte  Louis  de  Nassau, 
Nouvelles  de  France. 


•  « 


,    •  Les  années  destinées  contre  les  Huguenots  firent  peu  d'ef-    i573« 
»  feC . . . .  D*Ao\ille  s*attacha  à  la  petite  ville  de  Soumières  ....  ;  Mars. 

>  n  rtiiiui son  armée  là  devant,  et  leva  le  siège  ,  après  y  avoir  perdu 

>  deax  mille  hpmmes  ....  Les  plus  grands  efforts  se  faisoient  au 

>  sKge delà  Rochelle.  »  Meterai y  Y.  i6a,  sq.  —  La  Butte  nous  est 
iaoofloa. 


Monseigneur ,  ayant  faîct  entendre  rostre  bonne  afTe- 
ctioii  à  ceulx  que  savez ,  ils  m'ont  aussi  faict  savoir  par 
kMnme  exprès  par  lettres  du  3  du  présent,  après  avoir 
tofimment  remercié  vostre  Excellence  que  ce  que  je 
îous  ay  mandé  cy-devant,  à  savoir  les  soi  liante  mille, 
pèces  rondes  seront  toutes  prestes,  sans  nulle  faulte,  à 
h  fia  de  ce  mois ,  et  sont  après  à  trouver  moyen  de  les 
Cure  passer  seurement,  en  quoy  il  y  aura  du  hazard  et 
^ h  difficulté  qu'on  ne  peult  éviter.  Mais  Dieu  y  pour- 
voira, s'il  lui  plaist.  Quant  à  Testât  de  Languedoc,  les 
«ineinis  ayans  assiégé  une  petite  ville  nommé  Sommiè- 
^9  ny  ont  rien  gagné  encores  que  des  coups.  Le  nou- 
vd  Admirai  ayant  assiégé  Caussade ,  petite  ville  près  de 
MoDtauban ,  a  esté  contrainct  de  lever  le  siège.  A  la 
Rochelle  on  nous  asseure  que  Dieu  a  conduict  tellement 
«  bcsongne  qu'avec  la  hardiesse  de  ceulx  de  dedans  la 
«Mn  et  le  désordre  a  contrainct  les  assiégeans  de  se  red- 
^^  *  Poictîers ,  là  ou  ils  font  tout  ce  qu'ils  peuvent  pour 
'^'^aibler  gens  tant  par  menaces  que  par  promesses. 


—  76  — 

i573.  mais  il  y  en  a  peu  qui  se  hastent,  et  moins  encores  qui 
Mars,  y  aillent  de  bon  cueur ,  Dieu  ayant  mis  au  coeur  d'un 
chascun  un  effroy  et  estonnement  tout  apparent.  Ceulx 
de  Vlvarets  ont  pris  de  nouveau  le  Pousin  et  VilleneufVe 
qui  a  causé  un  grand  espouvantement  en  tout  le  Daufiné. 
La  petite  Sancerre  s*est  si  bien  maintenue  jusques  à  pré- 
sent ,  qu  après  avoir  soustenu  un  assaut  général ,  sor- 
tant jusqu'au  dehors,  ils  ont  emmené  au  dedans  trois 
pièces  et  encloué  le  reste,  ayant  mis  tout  le  camp  des 
assiégeants  en  route ,  lesquels  toutefois  on  dit  estre  enco- 
res devant ,  en  espérance  de  l'avoir  par  famine ,  combien 
que  ce  mesme  mal  les  presse  bien  fort  par  tout  le  pays. 
Il  n'est  question  que  d'emprunts  et  subsides  si  estranges 
'  qu'à  grand  peine  se  pourra  éviter  quelque  grand  remue- 
ment par  tout  le  Royaume.  Voilà  le  fruict  de  tels  et  si 
abominables  desseings  (i).  Si  tost  que  j'auray  nouvelles 
du  principal,  je  ne  fauldray  à  les  vous  faire  savoir,  vous 
suppliant  très  humblement  qu'en  continuant  ce  tant  bon, 
et  vertueux  ,  et  sainct  désir  que  Dieu  vous  a  donné ,  il 
vous  plaise  préparer  ce  que  jugerez  se  pouvoir  faire  par 
le  présent,  attendant  qu'on  ait  entre  mains  ce  qui  est 
nécessaire,  et  qu'il  aille  homme  par  delà  tel  que  le  cas  le 
requiert.  De  vostre  maison  ,cei2  mars  i573. 

Vostre  très  humble  serviteur, 
LA  Butte. 
On  nous  escrit  de  Normandie  qu'il  y  a  plusieurs 

(i)  desseings.  Les  Catholiques  pouvoient  se  dire:  *  Nous  les 
»  avons  enyvrés  de  vin  aux  Nopces  ,  nous  leur  avons  couppé  les 
»  testes  en  dormant  ;  et  à  peu  de  jours  de  là  les  avons  veu  de  nos 
»  yeux  resusciter  aussi  forts  que  paravant ,  et  avec  testes  plus  dores 
»  et  plus  fortes  que  jamais,  b  Mfm.  de  Pà.  rie  Momay ,  L  a3. 


—  77  — 

vaisseaux  Huguenots  sur  la  mer  qui  gastent  tout(  i  ).  1 5jS, 

Nous  sommes  après  pour  tous  trouver  un  cayal-  Mars. 

cador  tel  que  le  demandez.  Vos  serviteurs  de  par* 
deçà  vous  présentent  leurs  très  humbles  recom- 
mendations. 

A  Mooseî^eur  et  très  illustre  Prince 
Hooûear  le  Conte  Ludovic  de  Nassaw. 

A  Zygen. 


Le  i6  mars  le  Prince  d'Orange  écrit  de  Delft  à  ses  frères  :  J'ay 
otcoda  bien  particulièrement  deHailing(2)  ce  que  luj  en  aviés  en- 
chargé  me  dire  ;  je  n*ay  voulu  délesser  le  vous  renvoyer  inconti- 
neat  :  vous  entendrés  de  luy  en  quel  estât  les  alTaires  de  deçà  sont 
et ,  aie  remectant  à  sa  suffisance  »  ne  vous  feray  ceste  plus  longe  ; 
Malcment  vom  prieray  luy  vouloir  adjouster  fois  et  crédence , 
à  ma  personne  propre  •  .  .'.  (*M.S.) 


LETTRE  CD VIII. 

D.  der  Kercken  et  A.  de  Bleicker ,  Ministres  du  St.  Evan- 
ffUy  au  Pn'nce  (T Orafige.  Desseins  sur  An\fers. 


♦  ♦ 


«  A  peu  près  un  an  plus  tard ,  le  capitaine  Turqueau  et  Jean  de 

{^)  gasfemt  tout.  Le   19  mars  Tb.  Smitb  écrit  à  Walsingham: 

*  1^  Pirates  de  toutes  nations  infestent  nos  Mers  et ,  sous  couleur 

*  ^0  Prince  d'Orange  et  du  Comte  de  Montgommeri ,  pillent  éga- 

*  «ent  les  Anglois  et  les  étrangers.  »  fFals,  l.  l,  p.  Sga. 

i^}  Bailing^  ou  Helling  ;  capitaine  distingué  par  sa  bravoure , 
'"'l^  le  Prince  paroi t  avoir  souvent  confié  des  commissions  péril- 
^'"^  n  fat  tué  en  1678  dans  une  entreprise  sur  Amsterdam. 


—  78  — 

l6y3.  Vos  étant  secrètemeot  rentrés  dans  la  ville  ,  l'entreprise  fut  lentée , 
Mars,  maïs  échousL  :Sor,  4^3. 


Ghenade  ende  Trede  sy  U.  G.  ghewenscîhet  van  Gode 
den  Vader  ende  van  onsen  Heere  Jesu  Christo. 

Durluchtighe  hoochgheborene  G.  Heere,  het   is  vry* 
daghe  lestleden  bij  ons  ghecommen  Pierre  Turquaeu  ghe- 
boren  van  Condé  by  Valencienne,  toonende  seker  brief 
met  uwer  eijghener  hant  gheschreven  ,  ten  fyne  dat  men 
hem  ghehoor  ende  gheloove  gheven  soude.  Denselven 
heeft  ons  van  uwent  weghe  aighevraecht  sekere  midde- 
len  om  eenen  aenslach  opdese  stadt.  Wy  ,denvorsz.  Tur- 
quaeu gheboort ,  ende  op  die  sake  grondelicghelettetende 
aile  gbeleghentheyt  inghesien   bebbende  ,  hebben  noot- 
wendich  gheachtet  dese  twee  gheloofwerdîgheende  trauwe 
mannen  onse  broeders  Jan  de  Vos  ende  Jacob  van  Schy- 
nen  tôt  U.   G.  te  schicken  op  dat  sy  uwe  meyninghe 
gronde! icverstaen y  met  U.  G.  daervan  handelen,alle  ghe» 
leghenheyt  die  haer  hier  aenbiedt  verclaren,  ende  'l  ghe» 
ne  dat  noodich  is  met  U.  G.  besluten.  Bidden  derhalven 
U.  G.  dat  U  belle ve  hen  ghehoor  ende  gheloove  te  ghe- 
ven, op  die  sake  rypeHc  te  letten ,  ende  met  den  vrymoe- 
dighen  gheeste  daertoe  te  varen.    Den  Godt    der  heir- 
crachten  vervulle  U  met  den  gheeste  dien  David ,  Josua , 
Gedeon ,  ende  Sampson  ghehadt  hebben ,  tôt  Syns  naems 
groôtmakinghe  ende  vrede  Syner  kercken ,  ende  ruste  des 
vaderlants,  Amen.  Wt  Antwerpen  ,  dezen  dystdach  den 
04"  Martij. 

U.  G.  onderdanighe  Dienaers , 
D.  o£R  KEacKEif ,  Adriaen  de  Bleigkbr  j 

D.  des  Worts. 


79  — 


*  JLETTRE  CDIX. 


Le  Prince  d  Orange  a  ses  frères  Jean ,  Louis  ,  et  Henri , 
Comtes  de  Nassau.  Dispositions  peu  favorables  de 
FEmpereur, 


Messieurs  mes  frères ,  tous  entendrés  par  la  lettre  de  i573. 
SaÛDCte  Aldegonde  ce  qui  se  passe  pardeçà  et  pourtant  A.vril. 
]i*en  useray  icy  de  redite  ;  seulement  cette  servira  pour 
TOUS  prier  que  je  puisse  entendre  de  tous  ce  que  je  doibs 
espérer  de  ce  que  a  este  icy  traitté  par  Hellinge,  et  pareil- 
lement s'il  y    a  apparence  que  aulcun  appointement  se 
poln    faire    ou  non;  d*autant  que   j'entens  que  TEm- 
pereitr   aoroit   escrit   au    Conte    Palatin  qu'il    youloit 
Mfistcr  le  Doc ,  le  priant  et  commandant  de  faire  le 
■esme  ce  que  n'est  pas  signe  de  paix  ny  d'appointement. 
Péurtant  je  tous  prie  m'en  mander  Tostreadvis.  Et  à  tant, 
après  m*estre  bien  affectueusement  recommandé  à  tos 
kmaet  grâces ,  prieray  Dieu  tous  maintenir  ,  Messieurs 
ses  frères  ,  ^i  Sa  sainte  protection  et  sauvegarde.  Es- 
crit à  Delff  en  Hollande ,  ce  3  d'apvril  iSyS.  • 

Vostre  '  bien  bon  frère  à  vous  faire  service , 

Guillaume  de  Nassau. 

A  Mesftieur  mes  frères  les  Comtes  Jehan  , 
^wîg,  et  Henry  ,  Comtes  de  Nassau , 
Catzenelbogen  etc. 


'  Vostre  —  tcnrîcc.  Aulographr, 


—  80  — 
t  LETTRE  CDX. 

•..  (i)  au  Comte         de  Nassau.  Echec  près  du  Diemerdfk} 
sortie  de  ceux  de  Haerlem  ;  nouvelles  de  Zclande. 

ID^S.       *^*  La  position  du  Diemerdyk  étoit  de  la  plus  haute  importance; 

Avril,  par  elle  on  coupoit  les  vivres  à  l'ennemi  ;  tandis  que  par  le  lac  de 
Haerlem  on  entretenoit les  communications  avec  les  assiégés.  —  \m 
sortie  dont  il  est  fait  ici  mention  ,  eut  lieu  le  a5  mars. 

Ce  fut  à  l'occasion  de  l'échec  du  Diemerdyk  ,  que  Jean  Haring , 
arrêtant  seul  les  ennemis  ,  renouvela  et  surpassa  même  l'action  hé- 
roïque et  le  dévouement  de  Horatius  G>clès.  Bosscka  ,  /.  /.  2ii5. 

Monseigneur.  Depuis  ma  dernière  ,  par  laquelle  je 
mandoys  à  Tostre  S**'*  le  succès  de  nostre  armée  navalle 
en  Zélande ,  est  advenu  que  les  nostres,  lesquels  comme 
je  vous  avoys  escrit  sVstoyent  emparés  du  Dimerdyck 
près  d'Amsterdam ,  ont  esté  contraincts  d'abandonner  la 
place ,  à  cause  que  les  batteaux  qui  estoyent  venu  à  leurs 
secours,  en  nombre  de  cinquante  ou  environ,  n*ossèrent 
attacher'  lennemy,  mais  abandonnants  leur  Gouverneur 
Mons*^  de  Sonnoy  au  millieu  des  ennemis,  tournèrent 
veille,  si  que  ceux  de  la  dicte  dicque,  qui  s*estoyent 
maintenus  jusques  ores  fort  vaillamment  et  mieux  que 
Ton  n*eut  deu  attendre  d*eux,  ayants  faicts  grand  domma« 
ge  k  Tennemy  et  soustenu  la  faute  de  vivres  jusques  au 
troysième  jour ,  on  esté  contrains  ,  par  la  famine  et  faute 


(i) . . .  Cette  Lettre  est  apparemment  de  St.  Aldegonde  (voyes 
p.  79;,  au  Comte  Jean  de  Nassau. 

<  attaquer. 


-•  81  — 

de  secours  ,  de  quitter  la  place,  en  la  quelle  retraicte  ils  iSji. 
ont  perdu  environ  deux  cents  hommes.  Depuis  il  at  pieu  ATril. 
à  ce  bon  Dieu  nous  récompenser  derecheff  ceste  perte 
par  une  Tictoyre  nottablequl  nous  a  donné  devant  Har- 
lem, là  où  les  nostres  en  nombre  d'environ  mille  soldats 
onSsûcte  une  sallie  le  lundy  après  pasques  envers  le  camp 
des  Alemans  et  Walons ,  quy  estoyent assis  de lautre  cos 
te  de  la  ville  vers  le  suyd  (d'autant  que  les  Espagnols  sont 
campes  au  noordt) ,  et  ont  défaict  le  diet  camp,  lequel  es- 
toytd*envyron  1 6  enseignes  Atlemans  et  17  Wallons  aplat- 
ie couture ,  les  ayans  tous  mys  en  route ,  et  tué  plus  de  mil* 
le  hommes,  porté  en  la  ville  huict  enseignes  et  huict  ou 
neuf  pièces  dartîllerye.  L'onbruict  que  le  Conte  de.Ohei^ 
stem  y  seroit  demouré  et  le  Collonel  Fronsberge,  et  pa- 
raUement   le  Colonel  de^  Walons    Mons^  de   Lioques; 
mm  nous  ne  pouvons  encor  scavoyr  ce  particularités  ; 
tuit  y  a  que  les  nostres  furent  las  et  recrus  *  de  massa- 
crer, nayants  perdu  des  leurs  que  de  neufl*  à  dix  hom- 
OKSy  et  finallement  après  avoir  mis  le  feu  au  camp  ,  où 
3f  trouvèrefiC  grande  abondance  de  vivres  ,  et  emporté 
tout  ce  qu ilz  peurent ,  sont  retournés  à  la  ville.  Depuis 
toutefois    nous  entendons   que  Tennemy  commence   à 
wtiirc  ses  efforces*  ,  et  occuper  la  mesme  place  pour  y 
omper  une  autre  fois.  D*autre  costé  il  faict  tous  ses  et- 
ioits  pour  s'emparer  de  la  Harlemermer  ,    et  de  faict  ils 
ont  hier  percé  une  dicque  par   laquelle  ils  ont  amené 
^s^Wntrent  vasseaux  sur  la  dite  mer  (i) ,  dont  les  nos- 


/.\ 


(ij  mer,  •  Don  Frederik  liet,  op  den  29*»  3Iaart ,  dcn  Iloogen- 
^'j^  doorsteken  ,  en  door  dcze  opening   slevende  <îc  Admiraa 

'   fatigocs.    2  Torccs. 

(i 


—  82  — 

iSyi.  Ires ,  quy  estoyent  illecq^  pourfgarder  la  mer  ^  estant  sai- 
Avril,  sis  de  peur  à  cause  qu'il  y  a  voit  bon  nombre  de  soldats 
sur  les  bateaux  de  Tennemy ,  se  sont  retirés  au  Caghe  , 
où  ils  se  fortifient  ;  mais  son  Exe.  faict  tout  devoyr  pour 
chasser  Tennemy  de  là  où  il  est ,  et  de  faict  il  y  a  bon 
espoir ,  si  Dieu  nous  faict  la  grâce ,  qu'ils  n'y  feront  long 
séjour ,  moyenant  seulement  que  les  nostres  ne  perdent 
courage.  D'autre  costé  ayants  les  battaux  du  Duc  estes 
Taillament  respousés  de  Zélande  avec  grande  perte  de 
leur  gens  et  grand  honte ,  s'estans  retirés  les  grands  vay- 
seaux  à  Anvers  et  les  petis  à  Bergen  y  auquel  lieu  ils  ont 
esté  quelque  temps  assiégés ,  une  grande  partie  de  leurs 
soldats  et  mntîellots  se  sont  escartés  et  perdus.  Toutes- 
fois  le  Duc  a  commandé  que  derecheiT  ils  facent  l'entre- 
prinse  de  ravitailler  Middelburg  à  quelque  pris  que  ce 
soyt ,  et  que  les  paysans  et  soldats  tuent  ceux ,  soyent 
soldats  ou  mattelots ,  lesquels  ne  voudront  s'y  acheminer: 
pour  ceste  effect  l'on  prépare  derechiefF  en  grandissime 
dilligence  à  Anvers  quelques  grands  batteaux  pour 
recommencer  la  dite  entreprise.  J'espère  que  le  grand 
Dieu  des  armées  ne  permettera  à  ces  incirconcis  qu*ils 
fouilent  Son  peuple  soubs  les  pieds  ,  et  Tayent  en  oppro- 
bre pour  blasphémer  Son  sainct  nom ,  mais  abattera  l'or- 
gueil de  ces  tyrans. 

Mons'',  après  ni'estre  très  humblement  recommandé  en 
la  grâce  de  vostre  S"' ,  pryeray  Dieu  la  maintenir  en  Sa 


»  Bossu  met  33  Amsterdarosche  schepen  en  7  galeyen  het  Meer  îd, 
>  om  zich  bij  de  overige  Spaansche  sclieepsmagt  te  Toegen.  »  B€>s^ 
se  fia  y  1,1.  a  1 6 . 


—  83  — 

saincte  sauvegarde.  Escript  à  Delff ,  ce  penultiesme   de  i5yi. 
mars  A*  73.  Avril. 

Monseigneur,  depuis  ceste   escript  Son  £xc^  a  faict 
équippereni^iron  5o  ou  60  batteaux  pour  aller  au  devant 
de  l'ennemy  et  le  déchasser  de  Harlemermer ,  sjl  plaict 
à  ce  bon  Dieu  nous  en  faire  la  grâce.  Une  bonne  partie 
des  dit  batteaux  est  desjà  prest,   les  autres  s'équippent 
en  toute  dilligenoe  pour  le  jour  d^aujourdhuy  ou  demain 
pour  le  plus  tard.  Le   Seigneur  Dieu  nous  vueille  don- 
ner la  grâce  de  le  pouvoir  faire  desloger  de  là ,  car  sy 
cela  se  peut  faire ,  il  y  at  grande  aparence  qu  il  faudroit 
neGessayrement  qu'il  quitte  le  pays  d*Hollande. 

Monseigneur,  après  avoir  présenté  à  vostre  S"*  mes 
très  humbles  recommandations  à  ses  bonnes  grâces,  je 
prieray  le  Seigneur  Dieu  vous  youloir  maintenir,  Mon* 
idgneur,  en  Sa  saincte  protection  et  sauvegarde.  Escript  à 
Ddff,  ce  3-  d'AprU  1573. 


*    LETTRE  CDXI. 

Le  Prmce  d*  Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau.  U 
désire  sa  venue  au  secours  de  Haerlem. 


Monsieur  mon  frère,  ores  que  par  mes  dernières  je 
"▼ous  aj  bien  particulièrement  mandé  ce  qui  se  passe  par- 
^*Çà ,  si  n  ay  je  voulu  obmettre  de  vous  envoyer  encor  la 
F^scnie,  ahn  de  vous  déclarer  que  depuis  mes  dernières 
>ï04  bateaux  n'ont  rien  efi'ectué  et  y  a  bien'  de  pouvoir 

là  farcit  être  omis  peu  d'espoir  ou  quelque  chose  de  semblable. 


—  84  — 

i575«  p«ir  leur  moyen  secourir  Harlem ,  laquelle  e^  en  extrême) 
Afril.  nécessité  de  poudre  et  n'a  pas  grande  abondance  de  vî- 
▼res.  Et  ce  à  cause  que  les  ennemis  tiennent  leurs  liateaux 
dessous  une  dicque,  où  ils  les  ont  si  bien  [espacés  '  ]  de  tran  '• 
chéea  et  de  fianqs  fumis  de  bon  ordre  de  batatie  et  artil* 
lerîe ,  qu*il  est  impossible  de  les  attacquer  sans  mettre  le 
tout  en  très  grand  et  évident,  danger.  Par  quoy  il  est  plué 
que  tans  que  Teniez  par  deçà  à  nostre  secours,  si  avez  le 
moyen;  si  non ,  je  vous  prie  le  me  mander  au  plus  tost 
que  possible  sera,  m*advertissant  dé  surplus  de  vostre 
estât  et  nonvelles ,  [et  que]  tous  événements  d'aviser  pat 
quel  meilleur  moyen  nous  polrions  ou  divertir  lennemy, 
ou  rompre  ses  forces.  Je  vous  ay  mandé  mon  advis  tou- 
chant le  reste  par  Helling,  qui  m'excusera  icy  d'user  dé 
redite.  Qui  sera  la  fin  où  me  recommandant  bien  affe- 
ctueusement à  vostre  bonne  grâce, comme  jefay  pareîHe^ 
ment  à  Messieurs  mes  frères  et  toute  la  bonne  Compagnie^ 
prieray  Dieu  vous  donner ,  Mons^  mon  frère ,  en  santé 
vie  bonne  et  longue.  Escrit  à  DelfF,  ce  xv  de  apvril  iSji, 

Vostre'  bien  bon  frère  à  vous  faire  service, 

Guillaume  db  Nassau. 

A  Monsieur  ^  Monsieur 
le  Conte  Louys  de  Nassau , 
mon  bien  bon  frère. 


'    épanlét ,  soutenus,  fortifiés  (?).     *  Vostre  —  terricc,  AtUùfpmphe. 


—  85  -r- 


*  LETTRE  CDXII. 

Guillaume^  Landgraife  de  Hesse^  au  Comte  Louis  de  Nas- 
sau, Négociations  ai^ec  les  /Irchevêques  de  Cologne  et 
de  Majrence. 


»  « 


L'Archevêque  de  Mayence  étoit  Daniel  de  Hombourg,  né   ./^--î 

en  iSi3  ,  revèta  de  cette  haote  dîimité  depmis  \555.  «  Il  avoît    ^ 

A.  V  1*1 1 

•^iDdMrttrès  régulières  et  an  grand  zèle  pour  la  foi  catholique  ^ 
*  qooique  sa  ville  et  son  palais  ménie  fussent  remplis  de  Protes» 
»  Uots.  »  jirt  de  vérifier  les  dales. 


Unsernii  gûnstigen  grues  zuvor,  woigeborner  lieber 
VeUer  und  hesonder.  Wir  habenn  Ewer  sclireibenn  de 
Jùto  denn  2 1  hujus  woll  empfaiigen  und  bedanckenn  uns 
gûnstiglichen  der  miigetheilten  zeitung. 

Soyiell  nun  unser  jiingstes  Eucli  bewustes  schreibenn 
sum  dem  Bisschoff  zu  Munster  aniangt ,  wiewol  wir  dar- 
auff  bisz  noch  keinn  antwortt  empfangen,  und  derwegen 
<Ecsï  die  ursaoh  des  verzugs  seynii  erachtenn ,  dasz  man 
sichdes  orts  zuvor  bey  dem  von  ATlia  bescheidts  erliolenn 
^damach  die  antwortformiren  werde  ;  jedoch  dieweill 
ibr  vor  guet  aasehet  das  auch  derselbenn  sachen  hali)er 
^f  dem  Ertzbisschoffenii  zn  Meintz,  und  sonderiich 
^ÔH  dieser  zeît  etzliche  kayserliche  Commissarien  bey 
S.  L  seynn  sollenn ,  erinnerung  beschenn  mog ,  so  ha~ 
*^ii  wir  nicht  underlnssenn  wollen  dero  sacbenn  zu 
gutem,  auch  ann  S.  L.  ,fast  ebennieszigwieann  Munster, 
^sdireibeoo;  was  nuenn  darau£f  ervolgeitn  wirt,  pleibt 
Euch  hiemechst  unverhaUeiin. 
"^  spielgeldes  halber ,  wehr  der  Tonn  euch  angezogenn 


—  86  — 

xS^S.  erwehnung  von  unnôten  gewesenn,  dan  was  desfals 
Avril,  unser  chamerdiener  gethan ,  desz  hat  er  Tonn  unns  bevelch 
gehabt ,  unnd  wir  haben  noch  nicht  verlobt  mit  euch 
nichtmehrzu  spielenn.  Darumb  vrollenn  wirdîsz  spiel- 
gelt  zu  schierster  unnserer  wiederzusammenkunflt  woU 
bey  euch  findenn ,  und  daszelbig  entweder  wieder  gewîn- 
nen  oder,in  inangell des  glùcks,eynes  andernn gewertig 
sejD.  Welchs  wir  euch  hin  wieder  nicht  verhaltenn  wollen 
und  seindt  euch  mit  giinstigem  guten  willen  woU  gewo- 
genn.  Datum  Gassell,  denn  ^^  Aprilis  A    i573. 

WiLHELM    L.    Z.    HeSSBN. 

I 

Der  ■  Venitianische  vertrag(  i)  und  das  schraiben 
fto  die  Koiiigin  von  Franckraich  an  Duc  de  Alba 
gethan  und  erderK.  M' zu  Engeland  zugeschickt, 


(i)  Fenetianische  vertrag.  On  n'avoit  pas  su  profiter  de  la  ric- 
toire  de  Lépante,  voyez  Tom.  III.  p.  4oi.  Les  Vénitiens,  pres- 
qu*abandonnés  à  leurspropres  forces  ,  se  trouvèrent  bientôt  dans 
une  position  extrêmement  difficile:  •  Res  eorum  sunt  ita  accisae 
»  ut  sit  eis  futurum  difficile  tam  grave  bellum  diutius  sustinere  , 
u  et  propterea  cupiunt  quibuscunque  conditionibus  transigere  cum 

»  Turcis  ....  Hispani  dicunt  se cum  eis  foedus  inivisse  ,  îo 

u  quo  cautum  sit  ne  cui  ex  confccderatis  sine  consensu  sociorum 
»  liceat  cum  coromuni  hoste  transigere  ,quare  bellum  eis  in  Italia 
»  minitaiitur,  si  contra  pacta  fœderis  faciant. .  .  Pontifex  luinatar 
»  excommunicationem.  »  Languet,  Epût,  secr,  I.  i8i.  Le  i5  mars 
ils  conclurent  un  Traité  avec  les  Turcs ,  par  lequel  ils  abandonnè- 
rent rile  de  Chypre,  et  s'obligèrent  à  payer  tribut. 

*  Dcr  —  brengen.  Ce  Pottscriptum  ttt  autographe. 


—  87  — 

mochten  vielaicht  euers  her  (i)  und  der  Niderlan-  iSyi. 

deo  sachen   in  ainen  genedigen  stand   bai  euren  AvrîU 

Kônig  brengen. 

Dem  Wolgebornenn  unserm  liebea 
Tettcm    und  besondernn  Ludwig, 
Grifeno  za  Nantuw ,  etc. 
Zq  scioeon  selbst  eig«n  Lândea. 


t  LETTRE     CDXin. 

U  Prince  if  Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Néces- 
sité de  secourir  Haerlem  ;  succès  en  Zélande. 


Monsieur  mon  frère.  J*ay  receu  Tostre  lettre  et  puis 
après  le  dupiicat  d'icelle  ^  et  quant  ce  que  m*escripvés  de 
Ernst  von  Mandesloo  (2) ,  ce  pais  est  en  tel  estât  que  nous 
ne  pouvons  à  présent  entretenir  beaucoup  de  pensionnai- 
res. Puis  doncquesque  le  d^  Mandesiooa  sollicité  luymes- 
nés  son  congé ,  je  serois  certes  d'advis  de  le  laisser  enco- 
Ks  pour  le  présent ,  car  de  faict  je  ne  Toy  plis  qu  il  nous 
pourroit  îcy  grandement  servir,  à  cause  que  toute  nos- 
tre  conservation  et    salut  gist  en  célérité ,  aiBn  que  la 
▼ille  de  Haerlem  puisse  estre  secourue.  Que  si  cela  ne 
se  Cûct  bien  tost,  je  voy  cest  affaire  venir  en  ung  piteux 
estât.  £t  touchant  le  payement  du  premier  terme   et 
quand  et  quand  d  advancer  quelque  argent  par  les  Estais 

(i)  Euers  her.  Par  ce  Seigneur  il  faut  entendre  le  Prince. 
(3)  E,  V.  Mandesloo,  Ce  capitaine  avoit  senri  le  Prince  en  i57a  : 
wejeM  Tom.  IIL  p.  467. 


\ 


—  88  ~ 

iS^S.  pour  ayder  les  affaires ,  tous  vous  pouvez  asseurer  quil 

Mai.  ne  tient  à  la  bonne  volonté ,   mays   comme  ainsy   soit 

que  nous  avons   pour  maintenant  à  entretenir  plus  de 

deux  cens   bateaux  de  guerre  et  à  maintenir  plus  de  ^5 

mil  hommes ,  vous  pouvez  assez  juger  de  vous  roesmes 

combien  avant  nostre  pouvoir  se  peult  ea||pdre;  que  s*i\ 

plaisoit  à  Dieu  nous  faire  ceste  grâce  que  le  siège  de 

Haerlem  peust  estre  levé ,  j'espéreroy  que  nous  aurions  le 

moyen  non  seulement  de  le  payer  j  mais  aussy  de  prendre 

aultres  Coronels  et  Capp""*  en  service.  Quant  au  reste  de 

ce  qui  touche  vostre  venue ,  je  cognoy  vostre  diligence 

telle  et  si  bonne  affection,    qu'il   n est  besoing  de  vous 

aiguillonner  par  paroUes;  seulement  vous  prieray  que  , 

pour  le  regard  de  ce  qui   est  touché  icy   dessuz ,  vous 

vueillez,  sans  vous  amuser    à  aultres  entreprinses   qui 

vous  pouvroient  retarder^    employer  tous  vos  sens  et 

moyens  pour  venir  au  secours  de  la  d^*  ville  de  Haerlem  , 

afQn  que  trouvions  moyens  de  la  desassiéger  ;  espérant 

que  si  cela  se  peult  faire,  le  Duc  d'Albe  n  aura  moyens  de 

nous  faire  grand   mal ,   si  ce  n  est  qu'il  soit  renforcé  de 

soldats  Italiens ,  lesquels  on  dict  descendre  avec  grand 

puissance ,   à   quoy  certes  les  Princes  d*  Alemaigne  deb- 

vroient  s'employer   pour    les   empêcher  le  passage.  Ce 

que  vous  ay  icy  dessus   escript,   que  par  la  prinse   de 

Haerlem  nous  tomberions  en  ung  estât  misérable ,  je  ne 

len tends  pas  ainsy  comme  si  ce  païs  n'estoit  plus  tenna- 

ble,  car  Dieu  mercy ,  pour  ce  respect  en  soy  mesmes  n'y 

auroit  pas  grand  mal,  mays  à  cause  du  desconfort'  du 

peuple ,  voyant  que  n'avons  en  si  longtemps  peu  secourrir 

une  ville   qui  a  si  bien  faict  son  debvoir,  vous  entendez 

'    abatlcmeot. 


—  89  — 

qadle  en  serait  la  conséquence  ;  certes  non  aiijtre  xS^. 
que  cdle  que  jay  dict.  Nos  affaires  se  portent  par.  rai-  MêL 
aoo  bien,  Dieu  mercy  ,  et  presque  en  ung  mesme  estât. 
£b  Zâande  depuis  ce  dernier  succès  des  bateaux  dont 
amdesgà  esté  adverty ,  les  nostres  ont  prins  Marte*DidL 
«t  quelque  temple  là  auprès  y  auquel  ils  ont  briislé  envi- 
ron 3o  ou  4o  des  ennemjs.  Us  sont  à  présent  pour  prendre 
Tholen.  La  yille  de  Haerlem  est  fort  pressé  et   n  est  pos- 
âble  la  rerictailler  de  vivres  ,  ny  de  pouidres,  dont  elle 
est  CD  extresnie  nécessité.  J'entends  que  le  Duc  d'Albe 
Uct  ses  âipprèts  pour  aller  à  Boisleduc  et  de  là  à  Bru- 
idles,  et  n'ayant  pour  le  présent  aultre  chose  à  vous  man- 
der, fierai  fin  ,  me  recommendant  bien  affectueusement  à 
foi  bonnes  grâces ,  pareillement  à  celles  de  Messieurs 
■esfireres,  les  Contes  Jehan  et  Henry ,  avec  toute  la  com- 
piigoye.  De  DelflTi  ce  5  de  may. 

Copie  de  la  Leltre  de  Monsieur  le 
^iM«,  reçue  depuis  le  partement 
^Monsieur  le  Comte  Jehan  (i). 


t  LETTRE  CDXIV. 

W.  de  Mamix^  Seigneur  (TAldegonde^  au  Comte 
Jean  de  Nassau.  Succès  en  Zélande. 

Monseigneur.  Ores  que  par  la  lettre  que  son  Exe.  es- 

(>)  /fAtfit,  Le  Comte  Jean  de  Hassan  éloit  en  Toysfe ,  entr'au- 
^ïw  ^m  l'Arcbevéque  de  Cologne  :  TOyei  p.  107. 


—  90  — 

iSji.  criptà  MonseigDr  le  Conte  Lodovic,  vostre  S^  entendra 
BiKi.  bien  particulièrement  Testât  des  affaires  de  pardeçà,  si 
n'ay  je  touIu  faillir  d*y  adjouster  encores  ce  mot,  affin 
que  Yostre  S"*  soit  tant  plus  informée  de  toutes  les  par- 
ticularités. Icelle  aura  naguères  entendu  le  succès  des 
navires  de  Zélande ,  pariye  par  les  lettres  de  son  Exe.  et 
partyeparcellesdu  secrétaire  Brunicx.  Aujourdhuy  est  icy 
arrivé  le  S'  de  Terlon  (i)  ,  admirai  de  Holande,  lequel  a 
esté  présent  à  la  [teste]  ,  et  nous  a  rapporté  les  noms  des 
principaulx  qui  y  sont  demeurés  du  costé  des  ennemys  ^  à 
sçavoir  des  gentilshommes,  le  S' de  Blicquy ,  le  S^  de  Heit- 
nyn ,  le  Capp°'  Carvelz  (auquel  on  avoit  donné  la  com- 
pagnye  du  Capp"*  Tor,  Espaignol),  le  S'  de  Glymme  le 
jeune,  le  frère  du  Capp"*  [Lirvacq],  ung  Capp"*  enseigne  et 
Lieuten^  de  filicquy,  et  ungaultre  Lieuten^  Sur  le  bateaa 
appelle  V  Land  van  belojïe ,  le  Capp""  don  Francesco  Car- 
don ,  sur  le  bateau  appelle  iS* -^/i^fre  le  Capp"*  Adrien 
Cracht  de  Bruxelles,  sur  le  bateau  Anglois  le  Capp"*  Bar- 
telt  van  Bremen ,  sur  le  bateau  nommé  F  Olifant  le  Capp"* 
Jehan  Boorle ,  sur  le  bateau  appelle  Catharina  le  Capp"* 
Roland  Bernard.  Touchant  rartillerie  il  y  en  a  eu  ,  de 
bronze,  nonante  neuf  pièces,  et  de  fer ,  environ  septante 
sept ,  ou  septante  huict.  Depuis  les  nostres  ont  prins  Mar- 
tendick  [appelle]  Portviiet ,  et  ont  en  une  église  guères  es- 
loignée  de  là,  mys  le  feu,  et  brusié  environ  3o  ou  4o  des 


(i)  de  Terlon,  Guillaume  de  Blois,  dit  Treslong  ,  un  des  Gen- 
tilshommes Confédérés;  il  suivit  le  Comte  Louis  en  i568  ,  M 
distingua  à  la  prise  de  la  Brille  ,  et  rendit  pendant  plusieurs  années 
des  services  importants  qui ,  après  la  mort  du  Prince,  furent  crud- 
lement  méconnus.  Te  fé^ater ,  Ferbond  der  Ed,  IL  aao  —  a3^ 


—  »1  — 

emieinys.  Us  assiègent  Tholen.  L'on  dict  que  l'ennemy  i573. 
prépare  derechef  aulcuns  bateaux,  sur  lesquels  Mon  s  de  Mai. 
BcauToys    mesmes  ireult  monter.   Si  c  est  pour  donner 
œuraige  aux  soldats  et  mettre  ordre  à  tout  par  sa  pré- 
sence, ou  bien  pour  se  retirer  de  Tisle,  Dieu  le  scait  ;  tant 
j  a  qu'ils  ne  peuTent  recouvrer  nulz  matelots ,  car  les 
leurs  se  retirent  à  troupes  vers  les  nostres  ,  et  mesmes 
oeolx  qui  estoient  venus  de  Brème  et  de  ces  cartiers  là, 
affirment  avoir  esté  levés  soubz  la   persuasion  qu'ils  ser- 
tÎTOÎent  k  Monseigneur  le  Prince.  Quoiqu'il  en  soit,  là  où 
ils  peuvent  seulement  s'escarter  pour  aller  quérir  de  Teau 
besdie,  ils  prennent  la  fuite. 

(Depuis  ce  poinct  il  y  a  du  chiffre  dont  le  sens  est  icy 
jobct  (i)  ,  tiré  de  la  main  de  Sinisgar.) 

(Gecy  suit  le  chiffre.) 

Ce  non  obstant  j'ay  faict  enqueste  plus  particulièrement 
do  iaict  et  de  sa  résolution  du  dict  Italien  ,  affin  que  Ton 
adie  sll  y  a  ferme  fondement  sur  sa  promesse.  Il  plaira 
tîostre  Seigneurie  me  mander  pareillement  son  ad  vis, 
afin  que  selon  icelluy  je  me  puisse  reigler.  Aam  hic  inu- 
^  ett  verecundia...,  A  Deift ,  ce  S"*  may. 


})  ^jaineL  Nous  regrettons  de  o'aToir  pas  trouTé  ce  déchif- 


( 

ft«MM. 


—  92  — 


t  LETTRE  CDXV. 

N.  Brunynck  au  Comte  Louis  de  Nassau, 
Nouvelles  diverses. 


l573.         *    ^®  **^8®  ^®  Middelbourg ,  où  le  Duc  d'Albe  avoit  une  forte 
Mai    S^^ii^^o°>  ^^^^^  ^"  Zélande  le  centre  des  opérations,  soit  du  Prince 
pour  s'emparer  de  la  ville,  soit  des  Espagnols  pour  la  ravitailler. 
Elleae  rendit  le  19  féfner  \^')î\»  Voyez  ausat  Tom.  III.  p.  4^^* 


Monseig^  Tay  le  dernier  jour  flu  mojs  passé  bien 
pleroent  escript  de  tout  ce  que  jusques  alors  s*estoit  passé 
icy ,  à  Monseign^  le  Conte  ,  frère  de  vosire  S^,  et  depuis 
n'est  survenu  aultre  chose  digne  d'interpeller  vostre  S***  de 
ses  plus  sérieuses  oocupations.  Les  alTaires  de  la  ville  de 
Haerlem  demeurent  tousjours  en  mesme  estât  et  espérons 
que  le  bon  Dieu  les  gardera  de  tout  mal,  comme  il  a 
faîct  jusques  ores;  daultant  plus  que  les  courages  des 
ennemys  s'afFoiblissent  de  plus  en  plus,  et  tellement  qu'ils 
se  mettent  eux  mesmes  hors  de  tout  espoir ,  comme  cefai 
nous  appert  assés  par  plusieurs  lettres  que  les  nostres  sur- 
prennent journellement.  La  trousse  qu'ils  ont  eu  en  Zélan- 
de, pensant  revictailler  Middelbourg,  ne  leur  apporte 
aussy  petit  désadvnnta^e  ,  et  ont  en  ces  cartiers  là  depuis 
perdu  deux  ou  troys  places  ^  la  Thole,  la  ville  de  S^Mar- 
tendick,  la((uelle  s'est  rendu  après  avoir  couppé  la  gorge 
à  sa  garnison  ;  et  tiennent  les  nostres  la  ville  de  Bergues 
op  Zoom  assiégés,  tant  par  mer  que  par  terre,  où  sont 
encoires  tous  les  vivres  qui  s'achem  in  oient  à  Aliddelbourg. 
Depuis  que  la  belle  messe  a  esté  chassé  de  ceste  ville. 


—  93  — 

nous  j  soitnMs  ang  peu  plus  à  repos  et  en  meilleur  seu-  i573. 

reté.  Tous  les  presires  et  nooynes,  qui  estojent  en  notu-  Mal. 

bi«de  sept  à  huict  eens,   ont  demandé  passeports,  qui 

leur  ont  este  accordés  fort  libéralement.  La  fiebvre  quar* 

te  a  du  tout  délaissé  son  Ex**,  dont  à  la  mérité  avons 

bien  grand  matière  de  louer  Dieu.  Monseig^,    comme 

Hons'  deNiyelt(i)  est  depuis  quatre  jours  ençà  retourné 

d'Angleterre 9  il  ma  délivré  le  pacquet  que  j'envoye    à 

lostre  Seig^  cy-joinct,  et  daultant  que  je  masseure  que 

rostre  S^  entendra  par  icelle  toutes  les  occurrences  de 

iàk  et  de  la  Rochelle ,  je  me  déporteray  de  faire  icy  récits 

ia  ad? is  que  nous  en  a  donnés  à  son   Ex**.  Du  6*"*  de 


♦  LETTRE     CDXVI. 

Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau. 
Il  insiste  sur  sa  venue. 


Monsieur  mon  firère,  je  vous  envoyé  icy  la  duplicate 
de  ma  dernière  lettre,    à  laquelle  j'ajousteray  seulement 
et  mot ,  que  je  vous  prie  que  vueillez  me  mander    si 
polrez  venir  pardeçà ,  ainsy  que  vous  ay  escrit,  et  com- 
tes aCEures  vont  résqlutement,  afin  que  je  sache 


fi)  de  hhféh.  Guillaume  de  Zuylen  de  Nyevelt ,  Seif;oeur  de 
€t  lie  Aertiberge,DéàUu%cht  en  i538.  DUtiagué 
aèie  entre  les  Geolilshomines  Coofédérés,  il  a  voit  du  quiU 
aar  les'  Pays-Bas  ;  maïs  n'étoit  pas  resté  inactif.  Il  étoit  un  -des 
I>ép«tés  des  Euts  auprès  d'Elizabelll  :  iFayte  p.  'ig ,  io  f. 


—  94  — 

iSji.  comment  j'auray  à  me  reigler.  Ce  qui  se  passe  de  nou- 
^^'  veau  TOUS  entendrez  par  les  lettres  icy  jointes;  que 
sera  l'endroit  où  me  recommandant  très  affectueuse* 
ment  à  vostre  bonne  grâce ,  prieray  Dieu  tous  donner, 
Monsieur  mon  frère,  en  santé,  vie  bonne  et  longue.  Es- 
cript  à  Deiff,  ce  viii  may  iSyi. 

GUILLAUMB    DB    NaSSAU. 

Me  mander  si  polriés  venir  pardeça,  ainsy  que 
TOusay  escrit,  comment  les  affaires  vont,  et  si 
résolutement  afin  que  je  sache  comment  je  auray 
à  me  reigler. 


Le  i5  mai  le  Prince  conclut  un  Traité  avec  des  Négociants 
Anglois ,  leur  permettant  de  remonter  l*£scaut ,  après  avoir  déposé 
leur  artillerie  en  Zélande  ;  eux  s'obligeant  réciproquement  de  four- 
nir  au  Prince  l'occasion  d'acheter  en  Angleterre  des  armes  et  de  la 
poudre  à  canon,  F'an  Meteren  y  p.  89/ 


LETTRE     GDXYII. 


Le  Prince  (T  Orange  à  ses  jrères.  Même  sujet. 


ft  k  DocdeSiic(i).    Messieurs   mes  frères.  J  ay  cest  instant  receu  lettr 

de  la  ville  de  Harlem  ,  lesquelz  me  mandent  que  sur  1' 
poir  quilz  ont  que  vous  viendrez  à  leur  secours 
.  .    quelque  chevaux   légiers ,    ilz  sont  contenz  d*atten 


(i)  (Saxe.  Nous  reproduisons  fidèlement  ces  mots ,  et  la  marf 
nale  à  la  page  suivante ,  sans  pouvoir  les  expliquer. 


—  95  — 

fûcore  en  toute  extrémité  l'espace  de  trois  sepmaines ,  iS^S. 
comptant  depuis  le  jour  d'hier  ,  que  fust  le  quinzième  du  ^*>* 
présent,  ou  avant ,  et  supporter  tous  mal  mises  que  le 
flège  ameneia  avec  soy,  non  obstant  que  lennemy  soit 
desjâ  main  à  main  prez  d  eux,  et  quilz  soyent  en  extrême  bniget. 
&atede  poudres  et  vivres.  Parquoyje  vous  prie  de  faire  tout 
eitrème  devoir  que  puissiez  estre  y  à  leur  secours  pour 
ledit  temps,  car  il  est  plus  que  nécessaire  ;  vous  laissant 
penser  la  honte  et  confusion  que  ce  seroit  de  laisser  per- 
dre une  ville  qui  s'est  maiiitenuz  si  vertueusement  et  le 
desplaisir  que  nous  en  recevrions  oullre  la  disréputation. 
Que  sera  l'endroict  où  me  recommandant  très  afTectueu- 
ment  à  vostre  bonne  grâce ,  ensamble  de  toute  la  com- 
ptignie,  prieray  Dieu  vous  maintenir,  Messieurs  mes 
frères,  et  éternellement  en  Sa  sainte  garde  et  protection. 
Escript  à  Delft,  ce  xvj*  jour  de  may  iSyS. 

le'  vous  prie  voloir  faire  mes  humbles  recommenda- 
tioQs  à  Madame  ma  mère ,  Madame  ma  soeur ,  ense.nble 
à  tous  nos  soeurs,  beau-frères,  et  à  tous  noz  amys.  Je  ne 
escris  aussi  à  ma  fille ,  n  aiant  le  loisir ,  par  quoy  vous 
pie  luy  faire  aussi  mes  recommendations. 

Vostre  bien  bon  frère  à  vous  faire  service , 
Guillaume  de  Nassau. 

A. Monsieur,  Monsieur 
le  CoDte  Louys  de  Nassau , 
■00  bien  bon  frère. 
IDilienbercb. 


Les  ligmes  smùmmieg  sont  auiogmpkeê 


—  %  — 


"LETTRE  GDXVIII. 

Le  Comte  Louis  au  Comte  Jean  de  Nassau,  Il  lui  corn- 
muiiique  les  nouvelles  reçues  du  Prince. 


1573.  Monsieur  mon  frèrè.  Le  lendemain  que  partistes  d*icy , 
Mai.  il  arriva  ung  homme  de  Holande  avec  une  dépêche  de 
Monsieur  le  Prince  (i),  dont  je  vous  envoyé  la  coppie, 
ensemble  de  la  responce  que  je  luy  fai ,  que  je  n*ay  peu 
faire  plus  ample  à  cause  de  la  maladie  en  laquelle  tous 
m*ayez  laissé;  pourquoy  je  vous  prie  bien  afTectueuse- 
ment  si  vous  voyez  qu'il  y  ait  quelque  chose  à  y  adjous- 
ter,  de  le  faire  par  vostre  lettre,  avec  la  déclaration  de 
l'occasion  de  vostre  voy&ge ,  laquelle  espérant  d*entendre 
à  vostre  retour ,  je  me  recommenderay  bien  humblement 
à  vostre  bonne  grâce ,  suppliant  Dieu  qu'il  vous  doint , 
Monsieur  mon  frère ,  en  santé ,  longue  et  heureuse  vie« 
A  Dytembourg,  ce  16  "^  jour  de  may  iSyS. 

Vostre*  plus  obéissant  frère  à  vous  faire  service, 

Louis   db  Nassau. 

Monsieur ,  Monsieur  le  Conte 
Jehan    de    Nassau,  mon  frère. 


(i)  d,  d.  M,  le  Prince,  Voyez  la  Leltrc  4 13. 

Votire  —  aenrtcc.  jâuiogrmp/te. 


—  97  — 


♦LETTRE  CDXIX. 

Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  au  Comte  Louis  de 
Nassau.  Sur  les  moyens  d^ obtenir  la  paix  pour  tes 
Pays-Bas  par  la  médiation  de  C  Empereur, 


Unsem  gûnstigenn  grusz  zuvor ,  wolgebornner  lieber  i5^3. 
Vetter  uncl  besonder.  f hr  wîszett  was  Ihi-  jûngst  mitt  uns  Alai. 
alhieTertreuwlichgeredt,  sohabenwirauch  Euch  sieder' 
oomiDunîcirt  was  wir  solcher  sachen  halben  ann  Ertz- 
bischofFen  und  Churfûrsten  zu  Meinz,  auch  BischofT  zu 
Hûnster  gelangen  laszen,  und  was  uns  da  danpen  Yor 
atwortt  eiokommen. 

Nun  werdet  Ihr  ausz  unserm  hirneben  ann  Ewern  Bru- 
der,  GrafF  Johann ,  gethanem  schreiben  und  desselbenn 
bejlagen  auch  vertreuwlich  vernehmen  wasz  sich  die 
Key.  Mat  vonn  wegen  fridlioher  hinlegung  des  Niderlen- 
dischen  krigszwescns  jegenn  die  beyde  Churfûrsten ,  Sach- 
Kn  und  Drandenburgk(  i  ),  des  gleichen  auch  die  beyde  aus- 
ichreibende  Fûrsten  des  Niderlendischen  Westphalischen 
Krdsziïs,  denn  BischufTen  zu  Munster  und  Hertzogenn 

(i)  Bramlenburgk  Jean- Georges ,  né  en  iSsS,  fils  et  successeur 
^eJo^cbim  II  qui  ,  en  i539  ,  avoit  introduit  la  religion  £«angéli- 
S^daos  ses  étals  ,  et  mourut  le  3  janv.  1571.  «  Il  fut  ami  et  pro- 

*  ttcleor  des  scieoces  , .  .  il  baissait  le  luxe  .  .  Quoit|ue  pacifique 
'  fir  inclioation  ,  il  eut  toujours  une  armée  prête  à  faire  face  aux 

*  ^v^neoicnts.  »  Art  de  vérifier  les  dates, 

'  leilher. 


—  98  — 

i573.  zii  GûHcIi,  erclertt.  Weill  dan  ihre  Ma,  sich  inn  dem 
^^»"-  Extract  ann  Munster  und  Giilich   gnedigst  resolvirt,  da 
ihre  Ma*  vonn   denn  Churffirsten  îns  gemein  angelangtt , 
und  ihrer  Ma*  solche  wege  fûrgezeîgtt  wurden  die  zum 
fridenn  undt  hinlegung  solchs  hoch   schettlichen  kriegs- 
wesens  clienlirh  ,  das  sich  alsdan  ihre  Ma*  darunder  aller 
unverweiszlichen     gepuer   zii  verhalten    gedechten  ;   so 
wehren  wir  bedacht  dahf»ro  occasion  zu  nehmen  und  ann 
denn  Churfi'irsten  zu  Sachszenn  (wie  auch  den  Churfûr- 
sten  zu  Mentz  omissis  omittendis)  zu  schreiben  und  i.  L. 
disze  mittel  under  die  handt  zu  geben  ,  wie  beyliegend^ 
concept    ungeverlich    auszweisett;     haben    aber   zuvoc^ 
darunder  Ewer  bedencken  und  meinung  vernehraen  wol — 
len ,  ob  auch  Euch  solche  fûrgeschiagene    conditioner^ 
leydtlich  unndt  annemblich  seyenn   oder   nichtt,  und  ^ 
ob's  euch  auch  anmutHch  sai  das  ich  niich  gegen  i.  î    — 
lasse  vernemen   das   solche  verschreibuns:  von  Euch  h^-stf 
an  mich  gelangt.  Wollett  derwegenn  uns  beneben  wide 
ûberschickung  solchs  concepts  daruff  Ewer  gelegenheL 
und  bedencken  zuschreiben,  uns  ferner  darnach  habei 
zu  richten. 

Wolten    wir  Euch  gûnstiglich  nicht  pergen  ,  dem 
zu  giinstigen  gefelligen  willen  gewogen.   Datum  Casse 
am  17*^  Maij  A.  73. 

WlLHELM    L.    Z.    HeSSZBN. 

Hettet  Ihr  aber  bedenckens  ann  einen  oder  den 
andern  obbeinelter  Churfiirsten  disz  ailes  gelangen 
zu  laszen ,  oder  einem  niehr  oder  dem  andern  we- 
niger  anzuzeigen  ,  solchs  haptt  Ihr  eigentlich  una 

■  und  —  »n  micfa  gelangt.  Autogrmpke. 


—  99  — 

udendiîedlich  zu  verzeichnen  und  uns  zuzufer-  iS^S. 

tigen.  Mai. 

Dem  Wolgebomen  nnserm  lieben 
Tcttern  nnd  besondem  ,  Ludwigen 
GnfCD  sa  Nassau  etc. 


f  LETTRE  CDXIXv 

Gmllattme ,  Landgrave  de  Hesse  y  à  Auguste ,  Electeur 
de  Saxe,  Il  fexhmte  à  s  employer  auprès  de  V Empereur 
pour  la  pacification  des  Pays-Bas, 


**  Ijt  Landgrave  observe  avec  raison  que  les  conditions  qu'il 
■dCD  a%'ant ,  liberté  de  conscience  et  faculté  de  quitter  le  pays  , 
àoicot  conformes  à  ce  que  la  paix  d*Augsbourg  ,  en  i555  ,  avoit 
«donné  pour  rAllemagiie  :    «   Diejenigen    Augsbûrgischen   Con- 

>  fmioosverwandten ,    welrbe    Unterlhanen    vrelllicher   katholi- 
«  tchcr  Stinde  seien  y  sollten  ,  um  deren  Landesbobeit  nicbt  zu 

>  felibrden  ,  nor  die  fierecbtigung  zu  einem  freien  Abzuge  ba- 
»  kcQ.  ■  Gmericke^  Handbuch  der  tUlg.  Kirchengeschichte ,  p.  743. 
Mais  de  telles  olTres  n'étoient  plus  acceptables  :  le  Prince  vouloit 
W  départ  des  étrangers  et  le  libre  exercice  de  la  Religion  ;  du 
vote  le  Comte  Louis  aura  pu  répondre  que  son  frère  étoit  en  effet 
tRs  disposé  à  faire  le  sacrifice  de  ses  intérêts  personneb  :  voyez  la 
lettre  4oi. 


HochjeLornrr  Fùrst,  freundlicher  lieber  Vettcr , 
^wager ,  Bnidjr  und  Gevatter.  E.  L.  wiszen  sich  freundt- 
^ch  xu  erinneren   das  Ha  uns  vor  weni^  tagen  copey 


—  100  — 

i573.  einer  antwort,  so  die  Rey.  Mat  £•  L.  und  demChur» 
Mai.  fûrsten  zii  Brandenburg  ufT  Ihre  intercession  Tor  den 
Graven  von  Oistfriszlandt  gegeben  ,  zugeschicktt ,  darin 
sich  ihre  Ma*  ufï  ein  schreiben  so  sie  ufT  gleichmeszige 
erinnerung  an n  die  aussclireibende  Fûrsten  des  Niderlen- 
dischen  Westphalischen  kreiszes  gethan  ,  referirt. 

Nun  ist  uns  vor  wenig  tagen  ein  auszzug  solehs  schrei- 
bens  zukommen,  ^ie  E.  L.  hirneben  zu  sehen  ,  darin 
sich  ihre  Ma«.  fast  uff  die  weise  wie  auch  jegen  E.  L 
ercleren  y  doch  niitt  anhengcken  das  sie  noch  yen  Ewe- 
rer,  der  Churfursten  ,  L.  inn  gemein  deswegen  nichtt  er- 
suchtt ,  da  es  aber  beschehen  und  ihrer  Ma'  solche  wi^e 
furgezeigt  wiirden ,  die  zumfrieden  und  hinlegung  solclis 
hochschediichen  krigszwesens  dinlich,  das  sich  alsdan 
ihre  Ma'  darunder  aller  unverweiszlichen  gepuer  ertzei- 
genn  woltenn. 

Nun  mogen  wirE.  L.  zu  weitterer  vertrewlicher  nach- 
richtung  unangezeiglt  nichtt   laszen    das  unlangst  GrafT 
Ludwig  zu  Nassauw  bey  uns  alhie  gewesen ,  und  voa 
wegen  seines  If  ern  brudern ,  des  Printzen ,  und  auch  der 
Niederlanden   gantz  vieiszig  bey  uns  ge^uchtt,  das 
bey  E.  L.  und  den  andern  Chur-  und  Fûrsten,  auch 
dern  unsern  llern  und  freunden ,  befûrdern  wolten  dami^ 
sich  i.  L.  allerseits  inn  die  sache  schiagen,  und  etwa  eî— 
nen  leytiichen  friden  erhandien  wollen;  darulT  wir  ihm^ 
das  herkonimen  und  wichtigkeitt  solehs  handels  gnûg'^ 
samb  auszgefiirtt,  und  entlich  dahin  gelendett  dasz  wis* 
nicht   allein   nicht   wusten   wie    solche   underhandlun^ 
fruchttharlich  anzustellen,  sondern  auch  bei  uns  die  mil' 
tell   zu   einigeni   bestendigen  vertrag   nichtt   erdencke0 
konten;  daruff  hatt  er  sich  jegen  uns  so  weitt  ercleitt,  er 


triaewoll  ilasï  sein  her  brader,  der  PriDtz,fast  verhast  i5j3. 
KP,  und  derwegen  S.  L.  nichtt  leU'htt  iieî  îtztjrer  gelegeii-  Mai. 
liait  in  einige  vertragâhandlung  bci  dem  and<>rnn  iheill 
B)  pringen  sein  werde,  wann  aber  nurlt  sovill  zu  erbal- 
irn,  das  die  Vndertbanenn  so  sich  bîsznnbero  dem 
Priniz  aohengiggeniachtt,  widerauszgesoneU,  und  sic 
liialuro  umb  der  Religion  wîllen  sogieulicb  nichtt  ver- 
folgrtt,  gemartertiund  geprentt,  sonderniUregewiszena 
fr*T  geUszirn,  und  ihnen  ausx  dem  landt  anders  woliÎD 
turhihrer  gelegenbeilt  zuïîplien,  gleicbwoll  aber  ibre 
lulcrdiircb  aoderezu  verwalten  und  dero  zu  genisz«n, 
oder  sie  auch  gahr  zu  verkeulTen  verstaiiei  werdenn 
môcbu,  wie  dnn  ein  solcbs  dem  tii]  htybgen  Reicb  ufF- 
[■ichlgn  religion frieden  geniesz  ist,  so  hildt  er  ,  Gra£f 
Ialw%,  es  darfiïr  das  ufsolcbe  initiel  nlclit  allein  dîe 
andertliaiM!!)  sîcb  zu  alleiii  scbuldigen  geiiorsamli  zu  er- 
iAea  grnetgU,  sondern  autli  der  Priiitz  selbst,  ob  seiner 
giocli  in  solcher  vertrugsbandiung  niclit  gedacbtt,  nocb 
itli.  tleru  Uicilliaffùg  werdeii  liiitite,  dainit  zurriedei) 
tétf  uod  seine  eigne  saclien  Gott  dem  AbiiecbtigeD 
kmBMcllen  wûrde. 

Weill  dann  tlie  Key  Ma"  inn  ob^nneltem  ihrem 
Khreiben  ann  Mûniter  und  Giilich  sïcb  zu  aller  unvei^ 
*»ifdicben  ge[iuer,  so  fernn  allein  sidcbe  mittell  die  zuni 
[fiden  diolich  erfundenn  trerdeti  mochten  ,  erpieten 
'liua,so  haben  wirniditt  underlaszen  wnllen  E.  L.  bie- 
•Mi  terirewlîc:be  anzeige  zu  diun  ,  und  stellen  zu  E.  L. 
tuhsanibs  ermehzenn  und  gut;ich[en,  obnlcbttdie  sachen 
^wïtendig  das  von  E.  L.  und  dom  Cburfûrslen  zu 
I«inieiiburgli,  samptt  oder  &on<]«r1icb  iluer  Ma'  eyn 
""Rderlicbe  «ideutung  top  eipem  «olc-faena  mittell  t»- 


1673.  sclielien  iind  ilardurch  die  sachen  zum  tractât  undhanJ- 
Mai.  lungbetiirderttwerdenn  niochten;  dannda  dasz  gescliehfl 
und  der  traciat  Torgenohmen  wiirde  ,  wollen  wîr  uns  dis 
hafTnurig  machtri  es  aolt  solthe  handlung  der  armen 
■inderthanen  olin  fnirlit  nîchttabgelien:  kontt  dan  auch, 
mit  gnediger  verleyliung  des  Almechligen  ,  durch  E.  L, 
und  anderer  befûrdening  ,  dem  guten  Prinlz  sovlell  ge- 
holfTen  und  s.  L.  an  dero  iiikommens  zu  îliren  selbst  und 
ihrerkinder  undcrhalt  etzwas  zu  gutt  erhalten  werden,  sa 
gereichtt  es  s.  E.  und  denn  ihren  umb  so  vieil  mHir  zu 
erleicbterung  ihrer  itzigen  obliegenden  inerglichen  b«*- 
sch  werden. 

Welrhs   wir  E.  L,  ausz  trcwer   guter   ineinung  und' 
gahr  nichit  E.  L,  inn  dem  inn  elzwas  fùraugreiffen,  verv 
trewlichen  anlzeigen  wollen  ;  dann  warlirh  dem  gantzeà 
hejlichen  Reich  Teutstber  Nation  an»  hinlegungi 
hochsched lichen  krieges ,  sonderlicK  atich  unsem   uo4i 
iinaerer  freundlicben  liehenn  Brueder  Fiirstenttiumben  , 
vieil  gelegen  ,  dann   dieweill  die  commertien  dermaszett' 
gespertt,  gebereis  inn  dissenn  liinden  grosze  unsfglichv 
teurungen  ,  auch  groszenn  abgang  ann  renten  und  zint 
zenn ,  das  es  in  die  lengdc  nichtt  wîrdt  zu  erschwîndeai 
seynn.  E.  L  zu  freundlicben  dienst-eixeigung  seindt  wî 
gneigt. 

Ad  Churfùrslen  z,u  Sachafeo. 


Dans  la  Lettre  ^an  il  ni  pour  la  prcmipre  toia  Tait  mention  d' 
événement  ifui   Bxoii  Im  rrgHrcis    île  l'Europe:  de  réleclinn 


—  103  — 

claiiC  Boit  le  7  juillet  1572  ,  «  plusieurs  Princes  se  mirent  sur  les   i573« 

•  no^  Ma»  de  tous  ces  candidats,  il  n*y  eut  qu*£rnest,  fils  de  j^^^j^ 

>  r£mperettr  Maximilieo,  et  Henri ^  Duc  d*Anjuu ,  frère  de  Char- 

•  Ici  IX ,  qui  partagèrent  les  suffrages  de  la  nation  dans  la  diète 

•  oaverte  le  5  avril  167  3.  Enfin  le  Duc  d*Anjou  fut  élu  le  9  mai.  » 
Éitde  vérifier  les  daies  (éd.  Paris,  1818).  IL  a.  201.  Il  avoit  du 
ce  succès  à  des  recommandations  très  diverses.  Le  Pape,  le  Grand- 
Tare,  e!  les  Protestants  s'étoient  intéressés  en  sa  faveur.  «  Pontifex 

•  perfecitsuis  artibus  ut  Andegavensis  praeferretur  Austriaco ,  quo- 
»  oîaaexbtimavit  eom  forerigidiorero  inasserendâreligione  Roma- 
■  n.  •  Lang,  ad  Sydn,  p.  85.  •  Gratiam  referre  voluit  pro  praeclaro 
a  illo  Parisiensi  facinore.  Iroperatorin  etiamTurcici  minaeadmixtae 

>  prccibosDoo  parum  profuerunt  Gallo.»  Ep,  secr,  1. 189.  Elisabeth 
ivoit  montré  de  bonnes  dispositions  pour  le  Duc.  «  Si  vous  pensez ,  » 
éerit  Ctiarles  IX  le  ^3  févr.  à  M.  de  la  Motbe  Féoélon  ,  Ambassa- 
deur en  Angleterre,  «que  la  Reine  ait  (quant  à  l'élection)  si  bon- 

•  ae  affection  que  dit  Walsingham  pour  mon  frère  ,  et  qu'elle  y  ait 
»  quelque  moyen  ,  vous  Tentretiendrez  et  fortifierez  en  cette  bon- 

•  ae  volonté.  »  Mèm*  de  Casielnau^  III.  p.  298.  Le  Landgrave  de 
UcMe  avoit,  bien  que  d'une  manière  indirecte  ,  coopéré  très  effi- 
arcment  à  la  résolution   de  la  diète.  «  Ca»par   von   Schomberg 

•  begab  sich   mit  einer  geheimen    Instnikiion   L.  Wilhélms  zur 

•  Herzogin   von  Braunscbweig  ,   Schwestei'  des  letzten  Kônigs  voo 

•  Polen ,  welche  den  Polniscben  Stânden  ,  oacb  einer  Vorscbrift 
»  des  Landgrafeo  ,  unter  Bedingung  der  freien  Religions-ùbung..., 

•  doso  kraftiges  Fûrschreiben  sandte,  dasz  Ueinricb  von  Anjou 
»  i;ewablt  wurde.  »  V.  Rommel ,  N,  Gesch,  v.  Hessen  ,  I.  556. 
Hasicars  d*entre  les  Princes  Protestants  ,  craignant  les  envahisse- 
■cots  et  les  prétentions  de  TEspagne  ,  étoient  assez  disposés  à  se 
f^coocilier  avec  la  Cour  de  France.  8*il  falloit  choisir  entre  le  Duc 
<l*ànjoa  et  le  fils  de  l'Empereur  ;  t  ne  pouvoit  leur  être  que  bien 

•  Mttpcct  l'accroîssement  de  la  grandeur  de  la  Maison  d'Autriche  , 

•  comme  il  seroit  bien  fort  grand  si  l'Archiduc  Eruest  parvenoit  à 
»  «tte  Dignité  Roy  aile.  »  Journal  de  Henri  III ,  p  53a.  On  pou- 
^t  croire  que  le  Duc  ,  par  sa  promesse  et  par  la  force  des  choses  , 
'^t  contraint  de  respecter  les  droits  des  Diâisidenls  ,  c*est  à  dire, 


—  104  — 

iS^S.  àe$  Réformés,  des  Lutbériens  et  des  frères  Moraves,  qui  s'é- 
]||i^^  toient  unis,  en  opposition  aux  Sociniens  etaux  Anabaptistes  ,  par 
le  Traité  de  Sandomir  en  i57o;  Ouerlcke  y  Handbuchj  ^,  814?  et 
telle  étoit  Topinion  d*une  parlie  de  la  Noblesse  Evangélique,  qui 
avoit  désiré  pour  le  Duc  d'Anjou  le  patronage  d*un  Prince  Al- 
lemand de  leur  religion  :  V,  Rommely  /•  /.  p.  555.  Ainsi ,  sans 
nuire  aux  Protestants  en  Pologne ,  cette  élection  sembloit  de- 
voir être  très  utile  à  ceux  de  la  France  et  des  Pays-Bas.  £a 
effet  le  désir  de  se  concilier  les  Dissidents  et  de  pacifier  la 
France  avant  son  départ,  alloit  éire  pour  le  Duc  d*Anjou  iid 
puissant  motif  d'en  revenir  ,  à  Tégard  des  Calvinistes  François ,  k 
des  mesures  plus  douces.  Les  événements  prouvèrent  la  jus- 
tesse de  ce  calcul.  <i  £n6n  Dieu  eust  pitié  de  Son  Eglise ,  secoa- 
»  rant  la  Rochelle ,  de  laquelle  on  atlendoit  tous  les  jours  la 
»  ruine ,  par  un  moyen  que  les  bommes  attendoyeot  he  moios. 
»  Car  en  ce  temps  vinrent  les  Ambassadeurs  de  Pologne  ,  qui 
»  déclaroyent  M.  le  Duc  d*Anjou  esleu  par  leur  Sénat  pour  Roy... 
»  Le  Roy  Charles  ...  se  hasle  de  le  rappeler  du  siège  . .  •  ,  et  à  la 
»  requesle  de  la  ville  donna  la  paix  à  Testât ,  et  la  liberté  à  ceax 
»  de  la  religion.  Esloit  lors  en  Angleterre  M.  du  Plessis  désespé- 
»  lant  humainement  de  ce  siège.  Et  comme  il  pensoit  profonde- 
»  ment  à  cette  affaire ,  luy  vint  en  Tesprit  par  un  instinct  divin 
»  que  la  Rochelle  seroil  délivrée  dans  vingt  jours  ,  bien  qu*il  n*en 
»  peust  comprendre  la  raison.  Il  le  dit  un  jour  à  M.  le  Vidame  de 
»  Chartres  en  peine  comme  luy  de  ce  siège  ;  et  comme  dans  ce 
»  terme  il  entendit  la  venue  des  Polonois  :  Foiià  ,  dit-il,  le  sa  lui 
»  des  Rochellois.  Et  cela  luy  ai-je  oui  dire  plusieurs  fois.  »  Fie  de 
Du  Plessis  Mornay  ^  p.  24>  Il  est  vrai  que  le  Duc  d* Anjou  se 
montra  peu  disposé  à  tenir  les  promesses  faites  en  son  nom  aui^Dis- 
sidents  Polonois.  Sa  répugnance  se  manifesta  dans  les  conférences 
avec  leurs  députés.  •  Episcopus  Valentinus  promisit  iis  qui  pu- 
»  riori  religioni  sunt  addicti ,  Regem  permissurum  ut  eam  profi- 
»  teantur.  Poloni  Ponlificii  dicebant  se  insciis  Valentinum  id  aliis 
»  promisisse  .  .  .  Ipse  eliam  Rex  dicebat  Valentinum  non  babuis- 
>  se  de  ea  re  mandatum.  Legati  vero  qui  sunt  purioris  Religion 
»  nia  dixerunt    se    nunquam    fuisse    consensuros   in  electionem 


--  105  — 

» Aedcgafeosis ,  nisi  Valenlinns   promisissît ,  et,oisi  Rex  Tclit   i573. 
■  idproniillere,  se  i-e  infecla  reilituros  in  palriam.  Tandem  Rex  ]||||| 

>  prombit  se  l'i  observaturum.  >»  Episi.  secr,  I.  ao5.  Venu  en 
Pologne  il  fat  sourd  aux  réprésentations  des  Protestants.  Mais 
M  nes'éioit  pas  attendu  à  ce  manque  de  foi.  —  En  outre  plusieurs 
posoBoages  îoBueots  en  France  et  ailleurs  désiraient  éloigner  le 
Dic  d*Aojoa  pour  qu'il  laissât  le  champ  libre  au  Duc  d*AlençoD. 

Le  Landgrave  avoit  raison  d'écrire  ;  a  Es  wirdt  dem  Printxenn 

•  keio  bôser  anpiick  seyn.  »  De  la  Pise  ,  d'ordinaire  biep  informé, 
M:  «  La  Cooronnc  de  Pologne  étant  vacante  .  .  . ,  le  Prince,  ^ 

•  duquel  la  renommée  s'estendoit  partout  ,  n'y  fut  pas  oublié  , 
»  ijaot  esté  rob  en  parallèle  et  ballotté  avec  des  grands  Roys  et 
»  des  fils  des  Roys.  Il  étoit  recherché  et  pour  sa  qualité  et  pour 

•  iiferta  ;  rien  ne  l'en  recula  que  sa  Religion.  *  p.  4i3.  Si  ceci 
i*ot  pas  très  probable ,   ce  qu'il  ajoute  n*est   pas  douteux.  «Le 

•  Prince  D*avoit  pas  son  coeur  à  ceste  passagère  Royauté.  Il  ne 

•  p€Oioit  qu^à  rafTermissrment  des  Pays-Bas  et  aux  moyens  de  les 

•  dâifrer  de  l'invasion  Tvrannesque.  »  /.  /.  Il  avoit  employé  son 
îiiaeoce  en  faveur  du  Duc.  Charles  IX  écrit  en  avril  i573à  M.  de 
Sckoaberg:  «  Quant  à  ce  que  le  Comte  Ludovic  vous  a  offert 

•  pour  la  bonne  aHectinn  qu'il  veut  montrer  de  porter  à  moi  et  à 
■Boofrère,   de  dépêcher  homme  exprès  en  Pologne,   même  son 

>  Ministre  ,  .  .  .  .  j'estime  cette  sienne  bonne  volonté.  »  /oiir- 
^éeHemri  111  y  p.  547.  Voyez  aussi  ci-après,  p.  11  a. 


♦  LETTRE  CDXX. 

^  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  au  Comte  Jean  de 
Nùssaum  D'sposiiion  de  r Empereur  à  négocier  la  paix  ; 
decU'on  du  Roi  de  Pologne, 


l^nsem  gûnstigen  grusz  zuYor,  wollgebomer  lieber 
^cttcrund  besonder.  Wir  haben  £wer  schreiben  toih» 


—  106  — 

x573.  i4^  Maij  woll  entpfangen  gelesen,  und  darausz  Ewei 
Mai.  entschuldigung  warumb  Ilir  diszmals  nichtt  denn  nech- 
stenn  zuuns  anherohapttkommen  konnen,  vernoromen, 
damit  wir  dann  nach  gestalten  sachen  wol  zufrieden, 
weill  uns  ohne  das  Ehrich  Yolckniar  vonn  Berlipsch  aus2 
Yorgefallenen  ehafften  Yerliinderungen  ,  auch  abgeschrie- 
ben,  und  einen  andern  termin  zu  seiner  ankunfft,  nemb- 
lich  den  17^'**  schirstkûnfftigs  monats  Junij,  benenttj 
wollet  derwegen  Ewernn  rath,  Doctor  Jacob  Schwartzen  , 
ufT  dieselbige  zeitt  auch  alhie  anlangen  und  von  Ewert 
wegen  derbewustenn  berathslagung  beywohnenn,  aiu:b 
Yolgents  als  ein  keyserlîcher  Comniissarius  das  Examen 
Tcstium  etc.  Hertzogen  Ehrichen  continuiren  laszen,  dan 
uns  vlel  daran  gelegen.  —  Was  dan  denn  ùberschickten 
paszausz  des  Printzen  schreiben  belangtt,  ist  uns  vonn 
andernn  orttenn  auch  angelangt  das  Engelandt  undt 
Hispanien  der  ctoromertien  halben  raitt  einander  ein  ac- 
cordi(i)  ufTgerichtett  habenn  sollen ,  darzu  vieleich  tunn- 
sers  besorgens  nicht  geringe  ursach  und  fùrderung  gege- 
ben  habenn  mag  das  iro,  der  Koningîn ,  BottschafTi  so  inn 
Franckreich  gewesen ,  nidergeworffen  und  spolijrt  wor- 
denn.  Das  aber  die  Teutschen  Chur-  und  Fûrsien ,  des 
Printzen  vorschlagh  nach,  ein  stattliche  schickung  ann 
die  Koningîn  thun,  undsie  deswegenn  allerley  ermahnen 
lassen' solten,  tragen  wir  die  vorsorge  das  solchs ,  inn 
erwegung  allerhandt  umbstende  und  itziger  gelegen heitt, 
bey  denn  Chur-  und  Fûrsten  schwerUch  zu  erheben  sein 

(i)  accordi.  Languet  écrit  le  27  mai  :  Prima  die  hujus  mensis 
<«  publicata  est  Antverpiae  pax  inter  Anglos  etBelgas,  et  stgnifi- 
»  catum  est  inter  ipsos  fore   posthac  libéra  comroercia  .  •  .  Ve- 


■uch  ihrer  correspond  en  tz  entschlngenn(i) ,  so  hetle  auch  I 
solchs  ohne  das   eîn  ffdtpflichligkeit  ulTsich,  dartzu  skh 
niemam»  genin  wirtlel  bewegenn  laszenii. 

W«  die  Key,  Ma"  bey  den  Cliurfûrsten  Sachsenn  und 
Bnndrnburgh ,  auch  des  Niedertendischen  WestphSli- 
schen  Kreisxes  oussclireibender  Fiirsten ,  dera  BisscliofT 
a  Munster  und  Herizogenn  zu  Giilich,  uff  î,  L,  inter- 
cnûunsclireibenn  vor  die  Graven  von  Oislfrîszlandt , 
tuch  angehengte  wolmeinliche  erinnerung  von  wegen 
fridtlicber  hinl^ung  des  Niderlendischen  krlgszwesens 
|aniworii,  darvonn  ibun  wir  Euch  himebenn  inn  ver- 
Diinrm  Copien  ziift^nigenn  ,  darausz  Ibr  zu  vernebinen 
WÈ  der  guttlichen  underhandiung  und  friedlJcber  ver- 
.  ^admog  tulben  vor  hoffnung  vorhaiiden  ,  und  sonder- 
Ech  wnllet  denn  psjz  indetn  exiract  ann  Mûnsiter  und 
Câlich  wolt  besehen,  dn  îhre  Ma'  vernieldcr.n  das  ilire 
Ma'  vonn  denn  Clmrriirsten  In's  gemeîn  dernegenn  nJcbt 
(nBcbt[  wordenn  seyenn,  welcbs  dann  mîlt  des  Ertzbis- 
idioffen  und  Churfiirsten  zu  Mentz  euch  jùngst  von  -ins 
Wgeferltigter  antwort,  nicht  ùber^tinstimmell. 

WeJI  wir  aueik  die  verinulung  schepfTen  der  Chur* 
fiintxu  Colin  werde  vieleicht  disser  sachen  halbtnn  auch 
niu  Euch  redenn  ;  wo  nun  soIclis  beschehe  oder  s.  L. 
awo  sunst  niitt  Euch  solche  underredung  hette ,  so  wir 


•■W  Bt  ca  {>ai   obsit  raliunibus  l'rincipis  Ursngij.  «  Ep.  trcr. 

(l)  rofr.  tnltctilagfnn.  OpcmJanl  en  février  il  y  avoir  à  U  cour 
'Bluklfa*  dn gratilibominn  île  U  (lartdii  Duc  île  Saie,  Coiole 
•  NuiD ,  «I  PrÎDce  d'Onnge.  •  Mém.  ée  Cnstelnau  ,  lU.  p.  3o3. 


—  108  — 

iSjS.  vertreuwlich  wiszen  mochten ,   so  werdett  Ihr  uns  dar- 
Mal  Yonn  inn  vertrauwenn  auch  zu  yerstendigenn  wiszen. 

Es  ist  uns  diszenn  morgen  eines  vornehnien  keyserli* 
chen  raths  schreiben  zukominen,  darin  gemeldeU  das 
zeitiung  vonn  Warsa  angelangt  c!as  der  Ilerzog  von  Anjou 
zum  Konnig  în  Polen  erwehlet  sein  sol  le:  wo  nun  solchs 
alsoervolgtt,  so  wirdts  deni  Prîntzenn  keîn  boser  anplick 
und  sonder  zweifTel  ein  cUssolutio  der  fiirgebapten  Bajo- 
nischen  Biindtnûs  seyn.  Wolten  wir  Euch  hinwider  gûn- 
stiglicb  nicht  pergen ,  dein  wir  giuistîgen  gefelbgen  wil- 
len  gneigu.  Daltun  Cassell,am  17'*''  Maij  A""  73. 

WiLHELM    L.    Z.    HeSSEN. 

Dein  Wolgebomen  unserm 
lieben  Vettem  und  besondern  , 
JohaDo  ,  Graveo  zu  Nassau  ,  etc. 


La  Lettre  suivante  est  relative  à  un  rapprochement  avec  la  Cour 
de  France.  Par  Tenlreniise  deSchôiiberg  et  de  Frégose  Charles  IX 
faisoit  proposer  des  conditions  d*alliance  au  Comte  Louis.  «  ScboiB- 
»  bergtus  Francofurtum  ad  Moenum  concessit  y  ibique  ceptum  in« 
*  terventu  Galeacii  Fulgosii  a  Regina  missi  cum  Ludovico  Nassovio 
»  Arausionensis  fratris  nominepaciscente  negotium  perseculus,  bb 
»  condicionibus  cum  Nassovio  transegit  :  Si  Rex  Philippe  in  Bel- 
»  gicarum  provinciarum  gratiaro  bellum  denunciet ,  Hollandia  €t 
»  Zelandia  jam  nunc  in  polestatem  Régis  tradantur ,  salvis  juri- 
»  bus  ,  privilcgiis,  immunitatibus ,  et  libera^ubique  conscientîa- 
»  rum  ac  religion is ,  quam  in  oppidis  et  agro  colunt  ,  profesaione. 
u  Si  armis  aperte  cum  Hispano  agere  noiuerit ,  muluo  datis  ccc 
»  florenorum  ci3 ,  quae  lune  maxime  urgebantur ,  quaecooque 
»  loca  a  tempore  pactorum  bello  quaesita  fuerint ,  Régi  cédant  ea» 
»  qoe  Iradere  Arautioneosis  teneatur  :  si  nulla  loca  capi  ooolîn- 


loy  - 


e  Cmhei' 


indilTér 
ly  »M> 
iM  Aile 

quelque  vérité  dans 
mdndi  ,  peu  de  mois 

rien  fai 

en  cela  par  baine  de 

ipl,  ftihllominns   Hollandii  et  Zelanilra leftibm gopra «tnvcntb    iStS. 
.  Rr;i  cedinl  ,  in  ramqiie  lem  Princcps  aliqiiis  t  Cermania  fidem  j]gj_ 
fObstringal   AraïKioDeoïem  paetiï  slalurum.     Ilaec  ila  in  aiTaiio 

•  wn  Ludovico  Nai^ntio  i-onvtola,  >>  Thiian.  ,  Hi't.  p.  goS  ,  c. 
Cejcomlilioos,  comme  on  va  le  voir  .  ne  Ttirenl  pas  appi-ouyées 

p«  le  Prince  ,  qui  modifia  considéra lilemenl  le  projet.  Ce  ne  Tut 
time  pas  sans  répugnance  qu'il  se  dteida  à  renouer  des  négocia' 
tiOBi  li  déplorablemenl  inlerrompues  par  la  Irahisnn  et  le  massa- 
nt. Toolefnb  il  crui ,  comme  te  Comie  Louis,  devoir  proSter 
dodiipnitions  faiorables  de  Cbarlea  IX  et  de  sa  mère  ,  et  l'état 
dcb  France  éloîc    réellement  de  nature  à  légitimer  leur  opinion  à 

•  On  peut  supposer  que,  pour  ce 
HMicis  et  le  Roi  lui-m^me  ,  assez 
ttli(ienx  au  maintien  du  Papisnti: ,  i 
liiliclanliua  de  Schonberg  >ua  Priu 
■pm  U  SL   Barthélémy  :  -  Il  n'a  été 

<  nji{ion.  >  ''.  Raumer ,  hi'i.  Br.  1.  3oii.  La  Reiae-mère  n'avoit 
)«  apporté  d'Italie  une  g ra mie  fijiilê  d'opinions  iclifienses.  En 
i>6o  •  pourchassée  et  continuellement  sollicitée  par  le  Pi^ncede 

■  Cnodé  et  l'Amiral ,  elle  dit  qu'elle  n'enlemloil  rien  en  cesie  dn- 
•ctnne,et  que  cequï  l'avoil  paravant  e^smeue  ii  leur  désirer  bien, 
•  ntoil  plusloi  une  pitié  et  compai^ion    naturelle  qut  arrompagne 

■  laloDiien  les  femmes,  que  pour  estre  autrement  insfruîle  et  in- 
'  (oriDée  ki  leur  doctrine  esloil  vraye  ou  fausse.  Car  quand  elle 
'  nnsîd^mî'    ces  povres  gens  eslre  ainsi   cniFllement  meurtris  , 

•  ktiiUs  et  inurmenlés  .  non  pour  larrecin ,  volerjc  ou  brïgandagi', 

•  Bail  *in|>lemcnt  pour  maintenir  leur*  opinions,  et  pour  tcclles 

•  tllerà  la   mort,  comme  aut  nopces  ,   elle  estoit  esmeue  à  croire 

•  tça'iX  «  «voit  quelque  rhose  qui  oulrepassoit  la  raison  naturelle.  > 
ÙtBète,  Hitl.itr,  Egliits  Kè/onnèes ,  L  337  ,  sq.  Plus  lanl , 
amant  l'armée  catboliquceii déroule,  lEh-bien  ,»ilil-rlle,>nous 
>  priettM»  Uiea  en  François.-  Mais  (^therine  voulnit  dominer, 
Cbarlc*  jouir  en  repos.  Désappointés  tous  deux  ,  craignant  plus 
que  jamais  La  puissance  des  Guise,  l'exaspération  des  Hojue- 
M>b ,    llndignatioQ     d'£lizabelh    et  des  Princes    Proteslanla ,    la 


—  110  — 

l5y3,  prépondérance  de  l'Espagne ,  ils  avoient  désiré  quant  à  la  po- 
Mai  l^tique    intérieure  rentrer,   et    quant  aux   relations    extérieures 
rester  dans   les   voies  suivies  depuis  la  paix  de  St.  Germain  et 
qu'on  croyoit ,    non  sans  raison  ,   qu'ils  avoient    pour  toujours 
ak>andonnées.  Leur  premier    soin    avoit  été    d*appaiser  la    Rei- 
ne d'Angleterre  ;  voyez  p.  8, 39.  On  désiroit  vivre  avec  elle  en 
bon  voisinage  et  la  négociation  pour  le  mariage  d'Elizabeth  avec 
le  Duc  d'Alençoo  paroit  avoir  été  sérieuse  du  côté  de  la  France. 
«  Nous  désirons  ,  »  écrit  la  Reine-mère  le  2i5  janvier  x573  à  M, 
de  la  Motbe,  «  une  bonne  et  beureuse  résolution   ^sur  ce   ma- 
»  riage)  ,  sans  n'y  avoir  aucune  dissimulation  ny  déguisement , 
u  mais  y  aller  fort  droitement,   comme  nous  vous  avons  toù- 
»  jours    escriL  »    Mémoires    de    Castelnau   par    le    Labouretir, 
To/n.    III.    p.    284.    I.e    mêcse    jour    Charles    IX    lui    mande 
qu'un    Irlandois  lui    a    faict    proposer    beaucoup     de    moyens 
«  qu'il  a  de  faire   une  grande  subversion  et   conqueste  eo    Ir> 
»  lande  et  autres  Pays  de  la  Reine  d'Angleterre  ;  mais ,  »    ajoo» 
te-t-il ,   «  pour   le  désir  que  j'ay  de   conserver  l'amitié  d'entre 
B  la  dite  Reine  et  moi ,  je  rejetteray   bien  loin  ces  chosea  là.  » 
/.  /.  p.  218a.    De  part  et   d'autre  on   vouloit  la  paix  ;  mais  on 
s'observoit  mutuellement  avec  défiance  :  «  S.M.  »  écrit  Burleigfa  le 
ao  mars  à  Walsingham,  «  a  résolu  de  persister  dans  l'allianoey  e»- 
»  tant  bien  aise  que  le  Roi  de  France  soit  le  premier  à  la  violer.  » 
fTais,,  Mém,  p.  394*  D'après  la  même  ligne  <i(   politique  le  Roi , 
n.  résolu,  »  dit-il ,  «  de  ne  jamais  rien  entreprendre  que  je  ne  visse 
•  mes  sujets  bien  unis  en  mon  Royaume  en  toute  tranquillité  ,  et 
»  outre  cela  la  parfaite  amitié  et  union  bien  assurée  avec  mes  amis 
I»  et  voisins  »  (/.  /.  p.  2168) ,  avoit  résisté  aux   instances  du  Légat 
Ursin,  qui  vouloit  l'en  traîner  dans  une  Ligue  contre  le  Turc, 
«  ne  voulant  donner  nullement  d'occasion  de  doute  de  moy  ,  com- 
»  me  je  sçay  que  je  ferois  à  la  Reine  d'Angleterre  et  à  mes  autres 
»  voisins,   qui  sont  d'autre  Religion  que  la  mienne  »  (/.  /.  p.  269). 
Il  avoit,   mais  en  vain,    voulu  conclure  Talliance  dès  longtemps 
projetée  avec  les  Princes  £vangéliques.  Maintenant  il  faisoit  égale- 
ment des  avances  au  Comte  Louis.  Celui-ci  pouvoit,  jusqu'à  an 
certain  point,  compter  sur  la  sincérité  de  ces  avances  ,  vu  qu'elles 


inMiieiit  conformes «ttx in l^rén  decciiKaunom  HrcpiirilMéloFent  i5y3. 
fiiio;  CI  («  lorl  cas  il  éloit  iiiipnulenl  île  le»  repousser  .  J'aiitatii  jn^j^ 
plu  qD«  1rs  dissensions  duns  la  Famille  RotaleolTroi?nt  aux  Réfor- 
•n ,  n^e  au  sein  de  la  Cour,  des  appuii.  Charles  IX,  jaloux 
^Gaiar  et  de  la  répiililion  mîlîlaire  que  le  Duc  d'Anjou  avoit 
■r^uite,  se  soumelUnl  avec  répugnance  à  la  ruielle  des  influences 
p^HsIes,  désirant ,  en  un  mot ,  recaniiuérir  une  indépendance  qu'on 
W  diipuloil  de  toutes  paris,  avoil  trouvé  sans  don  le  dans  ce  désir 
upaiuanl  mollf  de  Tavoriter  le^  Huguenots  et  la  cause  des  Pkys- 
Bm.  Babaitser  rtvspaf(oe  étoit  en  in£ine  temps  rabaisser  loule» 
iBlnlIaencrs  qn'il  haîssnil ,  et  c'est  pourquoi,  bien  que  Charles 
IX  «Il  élé  enlrainé  momentanément  dans  la  réarilon  Catholique 
)lqn*oa  rât  en  ton  nom  rappelé  les  Franruis  ,  auiiliaires  du  Prince 
tOrtmft  (voyez  Tom.  111,  p.  5t3) ,  Gaspard  de  Schonberg,  qui 
ttnnniaioii  le  Roi,   pouvait  le  9  ocl.  i  S71  lui  écrire:  «  lU disent 

•  %m  V.  M     est  en   propos  d'envoyer  un  secours  au  Duc  d'Albe, 

■  |iaar  le    contraire  de   laquelle  calomnie  j'ay   voulu  ^ajter   ma 

■  Ute.  >  Journal  lie  Hrnri  lll,  I.  p.  5^3.  Quant  à  ses  deux 
ftwcs,  si  le  Dur  d'Anjou,  plus  lin)  Henri  III,  né  en  i55i  , 
iHil  l'Hpoir  des  Catholiques  ,  le  Dut;  d'Alencon,  né  en  i555  , 
tloiirapair  des  Itèformés.   En  juillet  (573  Walslngham  écrivoit 

■  Barlrigh:   'J'ai   pri'    loua  les  soins   possibles   de  m'inrormer  à 

•  l'égard  du   Duc  d'Alencon,   et  j'appren-^  iju'on    le   regarde  en 

•  gtniïnil  «Hnl'c  aussi  irailabte  et  d'aussi  bonne  alTaire  qu'aucun 

■  anttr  Prin4'«  de  Fiance.  Il  passe  au  resle  pour  avoir  de  la  m- 

•  p»e  cl  de  la  hravouE-e,   mais   aussi   un   peu  de  légèreté ,  péché 

•  originel  de  la  Nilion.   On  lui  applicpie  le  proverbe  François,  1/  a 

•  de  U plume  en  tua  cer\fuu   .  .  .   Pour  se  qui   cooceroe  sa  Belî- 

•  poo,  l'Amiral,    le    Comte  de  la  Rochefocault ,  Telign;  ,   Bae- 

>  quenaut  el  plusieurs  autres  des  mieux  sensés  de  la  Religion ,  ont 

•  de  grandes  espérances  ,   et  même  fondées  sur  de  bonnes  conjeclu- 

>  rca ,  •|D'il  ne  serait  pas  difficile  de  le  ramener  à  la  coonoissaace 
I  dr  la  Térilé.  ■  JUêmoir,  p.  1S8.  Il  penchait  vers  les  Calvinistes  , 
MoitM  .  à  re  qu'il  parolt  ,  par  des  molir^ religieux  que  par  ambition 
d'aetiaérir  du  pouvoir.  -Il  avoil  esté  Tort  desplalsani  d'un  si  exé- 
■  cT^le  meurtre  de  tant  de  personnes   ionoi;entes  ,  mais  surtout 


—  112  — 

iS^S.  »  de  M«  r Admirai  qa'il  affectioanoit  extrêmement ,  parceqnl 
Mai.  *  Fa  voit  proposé  au  Roy  pour  Chef  de  la  guerre  contre  le  lio; 
»  d'Espagne  .  •  •  Soit  qu*il  porlast  envie  à  la  réputation  du  Do' 
»  d'Anjou  ,  grande  par  tout  le  Royaume ,  soit  qu'il  vouiust  remucf 
»  il  commença  dès  ce  moment  à  minuter  de  sortir  de  la  Court 
»  et  prendre  pour  prétexte  le  bien  publiq.  •  Fie  de  Momay^  p 
221.  Entouré  par  beaucoup  de  mécontents  ,  surtout  aussi  par  beau 
coup  de  faux  Catholiques  qui,  après  la  St.  Barthélémy,  avoieoi 
abjuré  la  foi  des  Réformés  ,  il  se  trouvoit  naturellement  placé  à  h 
tête  d'un  parti  qui  fut  nommé  celui  des  Politiques ,  et  lequel ,  ciier 
chant  des  voies  de  conciliation  et  des  termes  moyens  ,  éloit  forl 
disposé  à  s'allier  aux  Protestants.  **  Le  Duc  d'Alençon  devoil 
o  faire  un  Manifeste  ,  par  lequel  il  appelleroit  tous  ceux  de  la  Reli< 
»  gion  à  luy ,  avec  promesse  de  leur  procurer  le  rétablissement  d 
»  l'exécution  des  E'iits  de  pacification.  »  Fis  tie  de  la  Noiie ,  p, 
97.  Dès  les  premiers  mois  de  i573  il  y  avoit  de  grandes  probabi- 
lités  pour  une  rupture  ouverte,  t  La  jalousie  des  deux  frères  fai- 
»  soit  voir  entre  eux  un  discord  manifeste.  Le  Duc  d'Alencoa 
»  qui  improuvoit  le  massacre ,  estoic  suivi  de  tous  ceux  qui ,  pai 
»  crainte  de  la  mort,  s'estoient  révoltés  deTEvangile;  et  estojeni 
»  venus  en  l'armée  du  Duc  d'Anjou  (devant  la  Rochelle).  Partant 
D  avoit  M.  d'Alençon  une  estroile  correspondance  avec  le  Roy  de 
u  Navarre  et  le  Prince  de  Condé.  Leur  résolution  esloit  d'attaqnei- 
»  avec  leurs  amis  et  serviteurs  à  jour  nommé  le  quartier  du  Duc 
»  d'Anjou;  tellement  qu'une  partie  de  l'armée  devoit  mettre  l'ao- 
»  tre  en  pièces  ;  et  avoyent  donné  un  signal  aux  assiégés  afio 
o  qu'en  mesme  temps  ils  fissent  une  sortie  générale  sur  les  tran- 
»  chées.  Mais  l'éicction  du  Duc  d'Anjou  par  les  Polonois  dissipa 
»  cette  hardie  entreprise.  »'  /.  /.  2/|. 

Des  négociations  avec  les  Protestants  étrangers  dévoient  tou- 
jours, bien  qu'indirectement,  profiter  aux  Cahinistes  de  France. 
Le  Prince  l'espéroit;  il  désiroit  éloigner  le  Duc  d'Anjou  et  augmen- 
ter le  pouvoir  d'Alençon  (voyez  p.  io5);  ilsedéfioil  ûe  Charles  IX, 
mais  ne  voùloit  pas  entièrement  briser  avec  lui.  Il  paroit  même  qu'il 
agit,  aussi  à  cet  égard,  sur  les  Princes  Evangéliques  d'Alleroagoa. 
«  Die  Besorgnisz  j  dass  entweder  Cari  IX  sich  dem  Kônig  von 


—  113  — 

•  Spnlai  Ui  die  Anne  werfen,  oder  dasx  dieser ,   wenn  er  freic  iS^S, 
tHand  in  Belgien  erhielt,  seine  gaDze  Macht  fegeo  dasz  zerris-  Mai. 

«  MM  Fnokreich  wendeo  wûrde ,  hielt  die  eyaDgeliscben  Fûrsteo 
■  ak,  giozlich  zu  brechen.  Hierzu  kam  der  neue,  voo  Nassau>Ora- 
«  nea  empfohleoe  ,  Plan  der  Kaiharina  von  Medicis  ,  den  jûng- 
«stn  îfarer  Sôhne  (Franz  von   Aîençon)  mit  der  Rônigin  ron 

•  Eajland,  den  aoderen  (Anjou)  mit  der  Krone  Polens  zu  ver- 

•  ■tUen.»  F^  Rrnnmtl  y  N.  G.  Hessens^  J.  555.  Ce  double  pro- 
jet étoit  d'autant  plus  important  vu  que ,  dans  Tesprit  du  Prince , 
iierattachoit  probablement  à  une  arrière-pensée;  celle  de  faire 
aeoédcr  à  Charles  IX ,  maladif  et  qui  ne  pouvoit  guère  avoir 
k^iteaps  à  TÎrre,  le  Duc  d'Alençon,  au  préjudice  du  Duc  d'An- 
JM.  fl  y  eut  plus  taid  des  tentatives  sérieuses  pour  mettre  ce  plan 
1  oécutioii.   F.  RaaaÊ€r^  hisU  Br.  I.  3oi. 


t  LETTRE    CDXXI. 

Le  Prince  if  Orange  au  Comte  de  Nassau  (i).  Dispositions 
it  t  Empereur  ;  dangers  d'un  recours  au  Roi  de  France, 


Monsieur  mon  frère.  Tayreceu  vostre  lettre  datée  le  ay 
<hi passé  et  bien  entendu  le  contenu  d*icelle  à  la  venue  de 
Hdliiigen.n  a  suivi  bientostladatede  mes  lettres  (2)  dont 
&îles  mention  ,  et  j*ay  '  avant  son  partement ,  qui  fut  le 

17  da  dit  mois  passé ,   informé  bien  amplement  Je    >us 

-  ê  

(i)  ComU.  Cette  Lettre  ,  sans  doute  destinée  au  Comte  Louis , 
kplu  an  fiait  des  alDiircs  de  France ,  est  sans  date  ;  mais,  en  la 
OKpumt  avc€  la  Lettre  409  et  la  Lettre  4^4  >  p.  iSa  ,  et  surtout 
<■  litint  ce  que  le  Prince  écrit  le  1 6  mars  touchant  le  départ  de 
^^^  (voyez  p.  77) ,  il  n'est  guère  douteux  qu'elle  ait  été  écrite 

!>)  m.  lentes.  Voyez  la  Lettre  406  ;  du  8  mars. 

•  je  Tay  (?). 

4  8 


—  114  — 

i5yZ.  poincts,  ainsy  qu'il  tous  fera  le  rapport,  qui  sera  cause qt 
Mai.  ne  vous  feray  icy  long  discours  pour  vous  déclarer  me 
opinion  et  advis  sur  les  poincts  par  luy  proposez,  i 
faisant  nul  doubte  qu  il  ne  soit  desjà  arrivé  et  vous 
faict  ample  rapport  de  tout.  Quant  à  ce  que  escrivés  <] 
courrir  lequel  seroit  venue  d'Espagnie,  vers  lequel  auro 
déclaré  sa  charge,  ainsy  comme  vous  me  particularisa 
en  vostre  lettre, je  crains  que  ce  ne  soit  sinon  ruses ^  ad 
d'entretenir  les  Princes  d'Almagnie,  veu  mémema] 
comme  je  vous  ay  desjà  mandé  par  mes  dernières  qi 
vous  ay  envoyés  après  le  parlement  de  Hellingen,  qi 
l'Empereur  doit  avoir  escrit  au  Conte  Palantin  (i)  que  i 
tout  son  pouvoir  il  vouloit  assister  au  Duc  d'Alve ,  h 
commandant  de  faire  le  mesme;  aussy  ne  puis-je  me  pe 
suader  que  le  Roy  d'Espagnie  voudra  jamais  contract 
aucune  paix  avec  ses  soubjects ,  si  ce  n'est  soubs  fum 
de  pardons,  lequels  sont  ordinairement  non  seuleroei 
pleins  de  captions  et  exceptions  fort  préjudiciables  à  Fui 
des  parties ,  mais  aussy  de  leur  nature  mal  asseurés  à  eau 
que  une  grâce  [est  pardon, donné  plaisir]  ' ,  se  peult  aussy  i 
voquer  à  plaisir,  ou  pour  le  moins  à  la  moindre  occasion 
prétexte  que  Ion  puisse  ou  vueille  mettre  en  avant;  ta 
tesfois  je  vous  prie  de  tenir  la  main  à  ce  que  [jai]*  puia 
savoir  l'un  ou  l'autre ,  et  si  c'est  à  bonne  escient  que  Y 
propose ,  que  nous  en  puissions  bientost  avoir  quel^ 
résolution ,  considéré  que  de  jour  à  aultre  nous  ne 
trouvons  plus  bas  des  moyens  et  de  crédit ,  et  seml 
impossible  de  le  soutenir  à  la  longue,  et  pour  tant 

(i)  Conte  Pal,  Voyez  p.  79. 

■  Apparemment  et}>.  d.  à  pi.  *  je  oh  j'en. 


VDw  prie  d'user  en  cecy ,  toute  dltigeace  sans  que  toutet- 
foùvo&tre  volage   par  tlelà'    en    soit   retarJé,    accaiise  a 
fw  je  suis  d'iceluy  autant  désireux  comme  de  cliuse  que 
jriache  en  ce  monde,  n'estimant  estre  icy  de  besoîng  Je 
n>ui  ramentevoir  que  vueillés  dissimuler  et  tenir  secrète 
ledict  voyage  le  plus  qu'il  sera  possible  pour  plusieurs re- 
(pectsetDotammatit  pour n'eni])esclier  vos  bons desseings, 
ausquets  je  prie  le  Seigneur  vnuloir  donner  lieureus  suc- 
cès.— Or  pour  vousrespondresurl'aultre  point  principal  de 
Tostre  lettre,  touchant  la  légalion  et  rapport  de  Frégose, 
il  but  que  je  vous  déclare  franchement  que  je  m'asseure, 
pour  la  grande  déSance  que  les  Eslats  ,  ensemble  et  toute 
1a  quaiitêdeceux  qui  ont  aucun  jugement,  ontdu  lloy  de 
Fnnce  pour  l'acte  [énorme]  par  luy  commis,  il  aeroît  du 
tout  possible  de  persuader  aux  dits  Estats  de  condescendre 
*tts[a   •]  jà  dictes  que  m'avés  envoyé  ,  et  pourtant  n'ay 
Uouréestimé  utile  ny  conseillé'  delcsmesire  en  avant,  car 
■•tïus  mesmes  pouvés  juger,  estant  ainsy  descryé  non  seule* 
meut  par  deçÂ,mais  par  tous  les  endroici5dunionde,etme»- 
(oemeot  estant  si  fort  blâmée  la  perfidie  en  celuy  qui  pour 
*Qo  ijlti-e  ordinaire  vouloit  usurper  le  nom  Charle  vérita- 
ble ,  estant  la  tyrannie  et  cruaultésd'aultant  plus  repro- 
chableque  le  tiltrecstoit  plus  digne  de  louange,  certes 
donc  toujours  viendront  ilz  là  dessus  que,  puisqu'il  est 
qustion  de  «tre  soubs  tyrans ,  encor  vault-il  mieux  estre 
tynoisé  de  son  Prince  naturel  que  d'un  eslranger,  com- 
me desj  à  bien  souvent  ilz  disent;  laquelle  opinion  estant 
Anii  enracynée  au  ceur  d'un  cliacun,  ainsi  que  elle  est 
rouFtirme  à  la  raison  ,  oste  certes  tout  fondement  et  d'ap- 

/••«</■  cofillr^  au  l^n-lc  df  i.  iïCoM,*  rtoiltUtHd*  r 
tr,P.  Bai!  t^jt:p.5l,   'i  tl  lei  Ul!.r,  ii6  «  117. 


■ 


—  116  — 

iSyi.  parence  de  fermeté  et  d'assurancje  en  touts  contracta 
MaL  blables  faicts  avec  si  grand  avantage  du  Roy  de  France  eC  * 
désavantage  du  Pays.  Parquoy  cognoissant  aucunement 
les  humeurs  du  Pays^  aussy  considérant  les  justes  et 
pgnantes'  raisons  qu'il  a  de  totalement  se  défier  de  la  foj 
et  promesse  du  dict  Roy  de  France,  j*ay  tasché  à  part  mo]^ 
mestre  quelques  aultres  poincts  et*  article  en  avant  le$- 
quels,  à  mon  advis,  condenent  tout  ceque  encor  pour- 
rez *  es  dits  estats  voudront  et  pourront  accorder, 
me  tenant  bien  assuré  que  jamais  il  ne  condescendront  à 
livrer  ce  pays  pour  trois  cent  mille  florins  d'Âlmagnye, 
bien  vray  que  j*estime  que  ces  articles  que  je  vous  envoyé, 
seront  par  avanture  trouvé  iniques  de  l'autre  partye. 

Mais  quand  l'on  considérera  de  près  les  justes  moiens 
pour  lesquels  on  est  coiitrainct  de  traicter  en  ceste  sor- 
te, il  y  aura  occasion  de  les  estimer  tant  plus  raisonablea. 
Quoyqu'il  en  soit  je  les  vous  envoyé  pour  les  examiner 
et  changer  selon  que  trouvères  convenir ,  toutesfoys  suj- 
vaut  ceste  maxime  que  vous  avés  icy  tout  ce  que  j'estime 
que  ce  pourra  accorder  par  deçà,  et  afin  que  selon  vostre 
prudance  vous  sachiés  cornent  vous  régler  en  cecy. 


A  cette  Lettre  sont  joints  les  Articles  suiyaots  :  appar^mipeQt 
ceux  que  le  Prince  envoya  à  son  frère  ;  car  Texpression  livrer  le 
«  pays  pour  trois  cent  mille  florins  d'Allemagne  o  ^voyez  ci-dessus,} 
ne  leur  est  pas  applicable. 


Premièrement  que  le  Roy  de  France  face'  paix  ayec 
ses  subjects  déclarant  expressément  que  il  a  esté  abuse 

prc{cnaDtei  on  poignaRtes.       ^  Lacune,      ^  fiufe. 


pur  ceuk  qui  soubs  prétexte  de  son  service  ont  cherché 
leur  pruSt  particulier  au  prix  de  la  ruine  du  pais  et  cou- 
lonnede  France.  Item  que  il  leur  mette  la  religion  libre 
lelon  le  contenu  de  l'Ediet  de  janvier  l'un  soixante  sans 
&3Ui]eou  mal  engin'  ,et  que  cela  soit  confirmé,  publié  et 
[momogue']  partou&  les  Parlements  et  £stats  du  Royau- 
me, et  envoyé  la  dicte  confirmation  et  approbation  entre 
Ittautins  des  Princes  protestans  en  Alemagne  avec  pro- 
ffleue  de  le  faire  maintenir  par  tout  le  Royaume  de  Fran- 
ce uns  aucune  <lissimulation. 

/tom,  si  sa  Majesté  n'est  délibéré  de  faire  luy  mesme  la 
guerre  ouverte  au  Roy  d'Espa igné  etinvahir  hostillement 
mpiyset  terres  soit  du  costéde  Beins'  en  Hénault  ou  eu 
quelque  autre  endroit  du  Pays-Bas,  quil envoie  piomp- 
Kmcat  la  somme  de  cent  roill  est-us  entre  les  mains  du 
Prince  d'Orange  ,  afGn  de  pouvoir  suuslenir  les  frais  de  la 
guerre,  et  par  après  de  trois  mois  en  trois  mois  à  chasque 
loif  fumira  sa  IMajesté  une  pareitle  somme  de  cent  mill 
escus«udit  Prince  d'Orange  pour  l'effet  susdict,  et  d'avan- 
tage donne  congé  et  licence  nu  dit  Prince  d'Orange  de 
IffTiT  tels  soldatz  ut  capitaines  que  bon  luy  semblera, 
juMjpesau  nombre  de  mill  de  cavallerie,  et  vij  cents  M'In- 
Ëuiterîe. 

A  condition  que  toutes  villes  et  terres  que  le  dit 
Prince  d'Orange  ou  ses  adhérents  poira  conquester  du- 
rant ecst  guerre ,  nioiennant  que  ce  soit  hors  de  Hollande 
tt  Zélande,  seront  mises  entre  les  mains  et  sous  l'obéi- 
%tace  du  Roy  de  France.  Et  davantage  recevront  le  dict 
paj»  de  Hollande  et  Zeelande  le  Roi  de  France  pour  leur 
proiedeur  et  défenseur,  à  condition  toutesfois  que  les- 


1573. 


—  118  — 

i573.  dieu   Hollande  et  Zeliande  seront  gouvernex  par  Seig- 
'  Mai.   neurs  et  Gentiixhommes  du  Pays-Bas,  maintenus  en  touft» 
et  un  chascun  leurs  droits,  privilèges    et   usances,   eC 
auront  la  religion  libre,  avec  rexercice  d'icelle ,  sans  con- 
tredit ou  cavillation  quelconque.  Et  tant  et  si  longtansi 
que  les  dits  pays,  Zlellaiideet  Hollande,  demoureront  eiB 
la  protection  du  Roi  de  France,  seront  iceux  tenus  de  lu 
donner  pour  recognoissance  la  somme  de  quatre  ceni 
mille  florins  de  Brabant  par  an,  de  quoy  ledict  Roj  de 
France  se  contentera,  sans  pouvoir  mettre  autre  impoâr 
tiou. 

Et  sera  le  dit  Prince  d*Orange  ou  les  dits  pays ,  Hollan  - 
de  et  2^llande .  tenus  de  restituer  et   rembourser  au  Ro 
de  France  les  sommes  qu'il  aura  receus  de  luy ,  assavo 
une  chascune  au  bout  de  Tan  après  la  réception  d'icelle, 
ou  ainsy  que  Ton  advisera  pour  le  meilleur.  Surquoy  le 
dict  Roy  de  France  s*obligera  de  les  maintenir  et  secou- 
rir contre  tous  et  un  chascun  de  tout  son  pouvoir,  avec 
obligation  et  promesse  de  ne  faire  nul  appointement  ny 
paix  avec  le  Roy  d*Espagne  au  préjudice  ou  dommage 
du  pays ,  de  la  religion,  ou  de  leurs  privilèges  et  libertés , 
mais   faudra  que  les    dicts  pais  soyent   comprins  audit 
traitté,  comme  aussy  récyproquement  les  dits  pays  ne 
polront  faire  nul  apointement  sans  le  sceu  et  congé  de  sa 
Majesté.  Mais ,  en  cas  que  le  Roy  de  France  vueille  luy 
mesme  faire  la  guerre  au  Roy  d*Espagne,  sera  le  Prince 
d'Orange  ou  les  dits  Pays  de  Hollande  et  Zélande  tenus  de 
luy  furnir  la  somme  decinc  cent  mill  florins  par  an ,  tant 
que    la  guerre  durera ,  sans  que   soit  tenu  leur  furnir 
aultre  somme  que  de  cent  mill  escus  susdits  prompte- 
ment,  tandis  que  le  Roy  de  France  fera  ses  apprestes  pour 


—  119  — 

U  guerre  susdltte ,  lesquelz  encor  les  pays  susdits  seront^iS73. 
tenus  de  restituer  au  bout  de  Tan  après  la  guerre  susditte  Mai. 
déclarée. 


N^ 


Ifutruction  pour  les  Députés  du  Prince  (V  Orange  vers  la 
Cour  de  France.  (Instiuction  pour  Monsieur  de  [Lum- 
bres']  et  le  Docteur  Taijaert  qu*ilz  auront  à  traitter 
avec  le  Roy  de  France  et  la  Royne-Mère  de  la  part  de 
Monsieur  le  Prince  d'Orange.) 


*^^  Cetle  pièce  ,  en  rapport  avec  la  Lettre  4^4  »  prouve  qae  non 
seulement  le  Roi  de  France  fit  sonder  le  Comte  Louis  mais  que 
uivine  les  négociations  directes  du  Prince  avec  Charles  IX  recom- 
n^Qcèrent  plus  tôt  qu*on  ne  le  suppose  communément. 

£d  général  cette  Instruction  est  assez  conforme  au  projet  de 
Traité  (voyez  la  Lettre  421  p.  116,  sqq.jque  le  Prince avoit  envoyé 
tsoQ  frère.  Seulement  il  stipule  ici  la  conservation  des  droits  et 
prifilèges ,  aussi  pour /f  r  p^)'-^  ,  villes,  etc.  guise  conquesteront 
Qu profit  de  S.  M.  Puis  en  cas  de  guerre  ouverte  de  la  part  du  Roi 
de  France,  au  lieu  de  400,000  florins  par  an,  le  Prince  offre  un 
secours  en  hommes  et  en  vaisseaux ,  durant  la  guerre  ,  et  la  som- 
me susdite  chaque  année,  à  commencer  deux  ans  après  la  conclu- 
sion de  la  paix. 


Premièrement  que  le  Roy  face  paix  avecq  ses  subjets  , 
affîn  que  par  ce  moyen  Ton  ait  occasion  de  quitter  toutes 
defGances,  et  se  ranger  librement  et  volontairement  au 
service  de  sa  Majesté.  Item  9qu  il  permette  la  Religion  libre 

'  Fojrezp.  x3a. 


—  120  — 

i5yi.  eu  son  Royaume ayec  Tezercice  d'icelle  sans  firaude,  cavil- 
BfaL  lation ,  ou  malengin ,  et  que  cela  soit  confirmé,  publié  et 
homologué  par  tous  les  Parlements  et  Estais  du  Royaume  ^ 
et  envoyé  la  ditte  confirmation  et  publication  entre  les 
mains  des  Princes  Protestans  en  Allemagne ,  avec  pro- 
messe et  obligation  de  le  faire  maintenir  par  tout  le 
Royaume  sans  dissimulation  quelconque. 

Et  en  cas  que  sa  Majesté  ne  vueille  elle  mesme  fafire 
guerre  ouverte  au  Roy  d'Espagne  ,  que  sa  Majesté  Yueille 
faire  délivrer  promptement  à  Monseigneur  le  Prince 
d'Oranges  la  somme  de  cent  mille  escus  pour  le  sonsce- 
nement  et  continuation  de  la  guerre  contre  le  dit  Roy 
d*Espagne. 

Et  puis  aprez  encor,  de  trois  mois  en  trois  moisyluy 
fumisse  une  pareille  somme  de  trois  cent  mille  escus 
pour  ia  fin  susditte ,  tant  et  si  longtans  qu'il  plaise  à  st 
Majesté  se  déclarer  ouvertement  et  entreprendre  elle 
mesme  la  ditte  guerre. 

Et  davantage  luy  plaira  aussi  donner  congé  et  permis- 
sion libre  au  dit  Seigneur  Prince  de  lever  au  Royaume  de 
France  \e\z  capitaines  et  soldatz  que  bon  luy  semblera , 
pour  s'en  pouvoir  servir  en  la  ditte  guerre  jusqu'au  nom- 
bre de  mille  chevaux  et  sept  mille  hommes  de  pied. 

A  condition  que  toutes  les  villes  et  terres  que  le  dit 
Seigneur  Prince  ou  ses  adhérents  polront  conquester  au 
Pais-Bas  sur  le  dit  Roy  d'Espagne  durant  ceste  ditte  guer- 
re^  seront  au  bout  de  l'an^  ou  quand  il  plaira  à  sa  Ma« 
jesté  se  déclarer  ouvertement,  mises  entre  les  mains  et 
soubs  l'obéissance  de  sa  Maj^*. 

Et  en  oultre  seront  aussy  les  pays  de  Hollande  et  de 
Zélande  tenuz  et  obligez  toutes  et  quantes  fois  qu'il  luy 


^nn  qn'îlz  en  facent  déclaration  ,  d'accepter  sa  Majesté  iSyS. 
poorlear  le^time  protecteur  et  défenseur.  BUi. 

A  coodHion  qu'ils  seront  gouvernez  par  Seigneurs  et 
GAillboniaies  natureU  du  pays ,  et  nmintenuz,  en  tous 
Ca  diascun  leurs  droicts,  privilèges,  coutumes  et 
■nées  ,  et  toutes  autres  façons  de  gouTernenieoi  poli- 
tiefM.  Et  auront  la  Religion  Réformée  libre ,  avecq  i'ex- 
mce  d'iccLIe,  sans  contredit,  exception  ou  cavillatîon 


■OiBBe  pareillement  auront  tous  les  dits  pays,  terres, 
4Hf  et  villages  qui  se  conquesteront  par  le  dit  Seig' 
Knce  m  proffit  de  sa  Maj",  ta  ditte  pareille  liberté  et 
MUeneroeiit  de  tous  leurs pHviléges,  droits,  coutumes, 
diniBces,  comme  ilz  ont  eu  de&soubs  l'obéissance  du 
feu  de  très  haute  mémoire  Empereur  Charles  et  de  ses 
ptnlcceMeurs,  les  Ducqs  de  Bourgongne,  continuelle- 
■mui,  jusque^àceque,  au  moyen  de  l'infraction  d'iceux, 
\ti  trouilles  se  sont  cunuuencés  à  eslever  nu  pays.  Et 
ptrallement  auront  la  ditte  Religion  Réformée  libre  et 
frudie,  tout  ainsi  comme  les  susdittes  provinces  de  Hol- 
Utuk  et  de  Zélande. 

S»att  que  sa  Majesté  polra  mettre  es  dittes  villes  et 
P*Ji  conquestés  telx  Gouverneurs  de  sa  part  que  bon 
'vy  teinblera ,  et  y  aura  toute  telle  supériorité,  jurisdic- 
uoo  et  prééminence  qu'a  eu  ledit  feu  Empereur  Charles 
*t  K»  anoestres. 

El  en  cas  que  en  dedans  le  dit  terme  d'un  an  le  dit  S' 
"*ce  ne  peut  remettre  nulles  villes,  pays  ou  terres  es 
"•"iM  de  sa  ditte  Maj'%  ou  par  faute  de  n'en  .ivoir  con- 
<l''e«é  nuli ,  ou  par  faute  de  les  avoir  de  reclief  perdus , 
°"  bien  que  les  dittes  villes ,  terres    et  pays  qu'il  luy 


—  122  — 

i573.  Youdroît  mettre  entre  les  mains,  ne  fussent  au  grë  et 
MtL  consentement  de  sa  Maj^ ,  et  que  sa  Maj*'  ne  youlsist 
accepter  d*estre  protecteur  et  défenseur  des  dits  pays  de 
Hollande  et  Zélande  ,  alors  et  en  tel  cas  seront  les  Es- 
tats,  villes,  et  pays  d*HoIlandeet  Zélande  tenuz  et  obli- 
gez de  rendre  et  restituer  toutes  les  dittes  sommes  receues 
de  Sa  Maj*^  entre  les  mains  dlcelle ,  ou  de  celuy  qu*il 
plaira  à  sa  Maj*^  d'y  remettre  à  ceste  fin. 

Et  ce  de  terme  en  terme,  assavoir  de  trois  mois  en 
trois  mois ,  commençant  au  bout  de  Tan  après  le  dernier 
furnissement  de  la  ditte  somme  de  cent  mille  escus ,  tel- 
lement qu'entre  le  dit  dernier  furnissement  et  le  com- 
mencement de  la  paye  ,  ilz  auront  un  an  entier  à  leur 
advantage  pour  pourveoir  à  la  restitution  des  dittes  som- 
mes. 

Que  si  sa  Maj*^  veult  elle  mesme  entreprendre  la 
guerre  contre  le  dit  Roy  d'Espagne ,  soit  du  commence- 
ment ou  bien  après  le  terme  de  Tan  expiré  ,  seront  tenuz 
les  dits  pays  et  estats  d'Hollande  et  Zélande  et  le  dit  S' 
Prince  luy  aider  selon  tout  leur  pouvoir  et  en  toute 
fidélité. 

Et  pour  cest  effet ,  seront  tenuz  et  obligez,  tant  que 
la  ditte  guerre  durera ,  de  maintenir  à  leurs  frais  et  des- 
pens,  le  nombre  de  cincq  mill  hommes  et  trente  navires 
équippez  à  la  guerre ,  quand  la  saison  permet  de  mener 
guerre  par  mer,  affin  que  sa  Majesté  s'en  puisse  servir 
par  tout  ou  bon  luy  semblera. 

Sauf  toutesfois  que ,  tant  que  la  guerre  durera  pardeçà 
au  pays  d'Hollande  et  Zélande ,  sa  Maj'*  ne  se  polra  ser- 
vir des  dits  hommes ,  sinon  à  la  defence  et  garde  de  ce 
pays  de  Hollande  et  Zélande. 


DctqueU  dit  pays  d'Hollande  et  Zélande,  sa  Majesté   iSjS. 
sera  Kcognue  pour  protecteur  ec  défenseur  à  conditions  Mai, 
^  ilfssus  mentionnées, 

foar  recognoissance  de  laquelle  protection  seront 
îmi  pays  oliligez  de  payer  à  sa  Maj'*  ,  après  la  guerre 
fait, la  somme  de  quatre  cent  mi!le  florins  à  4»  gr-  mon- 
WOje  de  Flandres  te  florin ,  par  an,  sans  que  sa  Maj" 
piîlM  trhar^er  le  pays  de  nulle  autre  imposition. 

Km  entendu  toutesfoîs  que,  pour  les  grandes  et  exces- 
«ftes  charges  que  ce  dît  pays  souffre  pour  les  frais  de  la 
pmente  guerre ,  la  délite  de  payement  de  h  dîlte  somme 
lie  jooooo  florins   n'aura    point  tle  cours  sinun  après  le 
ternie  de  deux  ans,  qui  commenceront  à  estre  contez  dès 
lepremter  jour  de  la  guerre  finie,  durant  l'espace  des- 
quels deux  ans  les  Estais  du  dit  pays  d'HollandeJet  Zélan- 
de s'acquitteront  des  dehtes  qu'ils  ont  faits  pour  le  suus- 
I       tencmcnt  de  la  ditte   guerre ,  et  (ceux   deux  ans  expirtn 
I       cunimencera  à  courrir  la  ditte  debte  et  oliligation. 
j  Udessus   s'obligera  sa  Maj"  réciproquement  de  nous 

ddrtriKire  et    maintenir  avec   toute  sa  puissance  contre 
lotis  et  un  chascun ,  et  nous  laisser  la  trafHcque  libre  en 
»on  royaume,   tant  par    mer   que  par  terre,  avec  pro- 
'      nwjseet  obligation   de  ne  faire  ny  traittcr  nul  apoinie- 
I      nieot  ny  paix  avec  le  Roy  d'Espagne  ou  autre  que  se  soit, 
su  préjudice  et  dommage  du  Pays-Bas  ,  de   la  Religion 
ou  des  privilèges  et  libertés  diceluy  ,   mais  faudra   que 
1rs  dits  pays   soyent  rx)mprins  aux  dits  traitez  de  paix  et 
(Tappomlement. 
'       Comme  au>si  réciproquement  les  dit  pays  ,  estats,et 
le  ciiï   S'  Prince  seront  tenus  de    maintenir  et  garder  à 
[''toute  loyauté,  et  estre  amis  de  ses  amis  et  enne- 


—  124  — 

i573.  mis  de  ses  ennemis,   sans  exception  ou  restriction,  et 
Mai.  sans  pouvoir  de  leur  costé  faire  ny  traitter  aucun  appoin* 
tement ,  accoixi ,  ny  paix ,  sans  le  sceu ,  adveu  et  congé  de 
sa  Maj^. 

Bien  entendu  que  cecy  les  obligera  après  que  sa  Maj*^ 
se  sera  ouyertement  déclaré^  mais  là  où  sa  Maj*^  ne 
Youdroit  se  déclarer,  mais  seulement  fumir  dessoubs 
main  la  ditte  somme  de  looooo  [escus]  de  trois  mois  en 
trois  mois ,  alors  et  en  tel  cas  sera-il  loisible  au  dit  S^ 
Prince  et  ses  adhérens  de  faire  paix  à  leur  commodité 
avec  le  Roy  d'Espagne ,  moyenant  seulement  que  sa  ditte 
Maj*^  en  soit  advertie  en  temps  ,  et  que  ce  soit  sans  pré- 
judice des  articles  cy  dessus  mentionnés  et  devisez.  Fait 
à  Delff  en  Hollande  ^  ce  xxj«  may  i^yi, 

Guillaume  ns  Nassau. 


liETTRE  CDXXII. 

Théodore  de  Bèze  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Il  désire 
rintercession  de  V Electeur  de  Saxe  en  faveur  de  la 
veuue  de  F  Amiral  de  Colignjr^  prisonnière  du  Duc  de 
Savoie, 


'^^^  Colîgny  ,  peu  de  temps  avant  sa  mort ,  avoit  épousé  en 
secondes  noces  Jacqueline  de  Monbel ,  fille  du  Comte  d'Autre- 
mont  j  veuve  du  Baron  d*Antbon.  Le  Duc  de  Savoie  avoit  confis- 
qué les  terres  qu'elle  avoit  dans  la  Bresse ,  à  cause  qu'elle  s*étoit 


—  125  -  

■mé«  MiM  Mm  coosenlemenl.  l'îe  de    Colignr ,   p.  386,  ÎSflk    iS^S. 

>  Elle  M!  relira  en  Savoye   vers  la  fiD  de  1571.   Le  ai  tl6c.  elle  j,i^j^ 

■  «noncha  d'une  fille  Béalrix  de  Cotigny  .   .  .   Une  prison  devint 

■  un  uile.  On    l'accusoît   de  lo/rellene  .  .   .    Son   plus   grand 

•  crime  étnit  delre  riche.  Henri  IV  s'inléressa   vainement  à  «on 

•  non.  ,  .  Toujours  eiptive  elle  succomba  en  t5(>9.  >  (ollfcl. 
éMém.  [Parti  ,  1785  —  1791).  Tom.  37.  (i.  Sg^.  Le  LandgraTe 
OlBiiliiie  euplojra  en  sa  Tavcur  le  cr^il  que,  par  l'élecliandu 
laide  Pologne  (voye»  p.  io3),il  B»oil  auprès  de  la  Cour  de  Fran- 
ce: •  Er  erlint  ïich   fur  diesen  wicbtîgen  Dienst  von  Cari  IX  die 

■  WicdiHierEitelIun^  dcr  Kïnder  und  Vcrwandten  Coligny'i  in  ihre 

>  Cnler  und  fterhie  ,  eine  gleiche  Envfirkung  fur  dessen  in  Sa- 
•oj»  Briangenc  «iltwe.  ..  f.  Rommel ,  N.  G.  H.  i,  557-  L* 
rqnou  fui  èvanive.  •  Der  Wiilwe  Coligny's,  so  schrieb  Catha- 
•  riDi ,   »ey  ein   sicfaeres  Celeite  gegcben,  «  Ibiiiem. 


Monseigneur.  Je  m'asseure  que  vous  aurés  cy  derant 
entendu  comme  Madame  l'Amirale,  a'eslant  retirée  chez 
Uadaiiie  sa  mère  pour  y  faire  ses  couches ,  avec  espérance 
d'j  pDToir  vivre  en  quelque  repos,  ou  pour  le  moins 
avoir  quelque  relasche  el  soulagement  après  tant  de 
misères  et  calamités,  désirant  aussi  d'avoir  moyen  de 
snbvenir  aux  orfelins  de  feu  Monseigneur  son  mari,  non 
scnlement  n'a  obtenu  ce  qu'elle  espérott,  mais  qui  pis 
est,  a  esté  reduîcle  en  misérable  captivité  au  chasteau  de 
Kice ,  là  où  elle  e^t  traictèe  des  inquisiteurs  à  la  façon  de 
ceuix  qu'ils  appellent  héréticques,  et  d'aultre  costé  non 
aulirement  mal  voulue  du  Prince  que  si  elle  avoit  corn- 
mis  quelque  grande  et  énorme  faulte,  desorte  que  son 
innocence  a  grand  besoin  d'ayde  et  prompt  secours.  Sur 
cela  il  a  pieu  à  Monseigneur  l'Electeur  Palatin  et  pareil- 
lement à  Messieurs  de  Berne ,  d'en  escrire  très  affectueu- 


—  126  ~ 

1573.  sèment  et  par  ambassadeurs  exprès,  lesquels  toutefois 
Mai.  pour  ce  coup  n'y  ont  grandement  proBtté,  ayans  ceulx  qui 
la  tourmentent  conceu  quelque  espoir ,  comme  il  est  à 
présumer,  de  la  faire  fleschir  avecla  longueur  du  temps 
et  du  maulvais  traictementy  tant  pour  consentir  à  leur 
religion,  que  pour  s  accorder  au  mariage  qu  ils  lui  pré- 
senteront; en  quoy  j*espère  qu'ils  se  trouveront  trompés. 
Cependant  la  poyre  Dame  contre  [Dieu]  et  raison  est  ré- 
duicte  en  une  extrémité  telle  que  pouvez  penser,  et  pour 
ce  que  nous  savons  pour  certain  que  s'il  y  a  Prince  en 
Allemagne  à  qui  son  Altesse  désire  gratifier,  c'est  Mon- 
seigneur l'Electeur  de  Saxe;  voilà  pourquoy  nous  ton» 
qui  sommes  restés  des  serviteurs  de  toute  ceste  tant  déso- 
lée Maison,  nous  adressons  à  vostre  Excellence  pour  la 
suplier,  suyvant  le  zèle  que  vous  portez  à  la  gloire  du 
Seigneur  et  l'affection  qu'avez  tousjours  moustrée  aux 
affligés,  qu'il  vous  plaise,  s'il  est  possible,  obtenir  lettres  de 
faveur  de  mon  dict  Seigneur  Electeur  à  son  Altesse  par 
le  meilleur  moyen  que  saurez  bien  choisir,  desquelles 
lettres  nous  vous  envoyons  une  minute ,  non  pour  rien 
prescrire  à  mon  dit  Seigneur ,  mais  seulement  afSn  que 
l'équité  de  la  demande  ec  nostre  intention  soient  tant 
mieus  entendues.  En  quoy  faisant,  oultre  ce  qu'aurés 
faict  chose  digne  de  vous  et  agréable  à  Dieu ,  vous  vous 
aurez  obligé  de  plus  en  plus  une  Dame  telle  que  la  cog- 
noissez,  l'ayant  retirée  comme  de  la  mort,  ensemble 
toute  ceste  I\Iaison  tant  indignement  traictée,  voire  toute 
l'Eglise  de  Dieu ,  qui  à  bon  droict  s'estimera  soulagée  en 
icelle, comme  maintenant  elle  participes  ses afQictions* 
Sur  quoy.  Monseigneur,  je  prie  nostre  bon  Dieu  et  Père 
vouloir  maintenir  vostre  Excellence  en  sa  saincte  prote* 


—  127  — 

ttion  et  TOUS  ottroyer  ie  plein  accomplissement  de  vos  iSy'i. 
bons  et  saincts  désirs.  De  Genève,  ce  a5  de  may  i5yi.        Maû 

Yostre  très  humble  serviteur , 
Thêodobe  de  Beszb. 

A  Monseigneur  et  très 
îliasfre  Prince  y  Monsieur  le 
Goote  Ludovic  de  Nassau. 


Voici  la  Minute  écrite  entièrement  de  la  roaîn  de  Th.  de  Btze, 


Minute  des  lettres  que  désirerions  d'obtenir  de  Monsei- 
gneur l'Electeur  de  Saxe,  adressantes  à  l'Altesse  du  Duc 
de  Savoye,  pour  la  délivrance  de  Madame  la  Contesse 
d'Autremont ,  vefve  de  feu  Monsieur  l'Amiral,  à  présent 
prisonnière  au  chasteau  de  Nice. 

M.  Je  ne  veulx  point  entrer  avant  es  causes  de  ce  qui 

ttt  advenu  à  feu  Monsieur   l'Amiral  de  France  et  à  sa 

Maison ,  espérant  que  le  temps  descouvrira  ce  qui  en  est , 

>ttis  ayant  entendu  à  la  vérité  comme  Madame  la  Contes- 

Md'Autremont,  sa  vefve  et  vostre  subjecte   naturelle, 

^fes  tant  de  si  dures  et  griefves  calamités  s'estant  retirée 

en  sa  maison    où   elle  seroit  accouchée,  au   lieu   d'y 

avoir  quelque  repos  et  consolation ,  at  esté  reduicte  en 

captivité  en  vostre  chasteau  de  Nice,  où  elle  est  durement 

traictée  sur  le  faict  de  sa  conscience    par  les  ecclésiasti- 

foes,  et  d'aultre  part  très    mal  voulue  de  vous;  ne  lui 

pouTant  cependant  estre  inputé  aultre  cas  sinon  que  par 


~  128  — 

iS^S.  dessus  Tos  édicts  elle  nuroit  contracté  mariage  avec  le 
Mai.  dit  feu  Seigneur  Amiral  ;  la  compassion  de  la  veoir   eu 
telle  misère  et  Tasseurence  que  j*ay  que  ne  me  refuserez 
une  si  équitable  demande  y  me  fait  vous  escrire  et  envo- 
yer par  ce  messager  exprès  la  présente ,  pour  vous  prier 
très  affectueusement  que ,  pour  Tamour  de  moy  et  par 
faveur  spéciale ,  vous  ne  permettrez  quant  à  sa  conscien- 
ce ,  laquelle  vous  savez   ne  debvoir  ny  povoir  estre  for- 
cée, qu*elle  ne  soit  plus  avant  enquise,  ni  molestée;  et 
quant  à  Fautre  poinct,  qu  ayant  esgard  à  ce  que  telle  faul- 
te  peult  avoir  estre  commise  par  elle,  ou  par  ignorance, 
ou  pour  n'avoir  assez  considéré  la  conséquence  de  ce 
quelle  faisoit,  ce  qui  est  excusable  en  une  femme,  joinct 
que  ce  mariage  estant  dissoult/  elle  s*est  voluntairement 
réduicte  en  vostre  puissance,  et  que  desjà  vostremale' 
grâce  et  la  prison  qu'elle  en  a  soufferte ,  semble  povoir 
tenir  lieu  de  coudigne'  chastiement;  bref  que  pour  lamour 
de  moy,  qui  de  rechef  vous  en  prie  très  affectueusement, 
vous  vouliez  oublier  ceste  faulte  toute  telle  qu  elle  peult 
estre,  la  recevant  en  vostre  bonne  grâce  et  la  remettant  en 
la  jouissance  de  ses  biens,  dequoy  je  m'asseure  qu'elle  ne 
se  rendra  indigne,  comme  de  ma  part  je  tiendray  tousjours 
pour  très  grand  ce  plaisir  que  m'avez  faict  en  cest  en- 
droict,   ce  qu'aussy  je  tàcheray  de  recognoistre  de  tout 
mon  povoir  à  l'advenir ,  Dieu  aydant.  Lequel  je  prie ,  M*  9 
vous  tenir  en  Sa  saincte  garde  etc. 


*  mauTaisf .  '  digne ,  snffisanC. 


—  129  — 
♦  fiETTRE     GDXXIII. 

Le  Prince  d'Orange  h  ses  frères  les  Comtes  Jean  et  Loiui 
de  Nassau,  Affaires  de  Haerlem  ;  nécessité  d^  un  prompt 
secours;  négociations  avec  le  Roi  de  France. 

Messieurs  mes  frères.  Tay  receu  vos  lettres  datées,  Tune  i573. 
de  Dillenberg  le  16,  et  Vautre  de  Bedbur  le  ao  du  pré*-  Mai. 
sent;  pour  vous  respondre  sur  les  quel  Is  par  ensemble. 
De  sauroye  assez  vous  remercier  du  bon  debvoir  que  fai- 
tes pour  nous  assister  et  secourir  la  povre  ville  de  Har- 
lem, car  oncques  [je  n*atendu  les]  plus  vostre  bonne 
affection  envers  moy  que  vostre  entier  zèle  qu'avez  à 
oeste  cause  commune  qui  touche  la  Chrestienneté* 

Vous  avez  sans  doubte  particulièrement  entendu  par 
mes  trois  précédentes  ,  Tunedu  5(i),  Fautre  du  12(2),  et 
Faotredu  17  (3)  ducourrant,  lacaussequi  me  meut  et  con- 
traint de  vous  soliciter  si  instamment  que  veuilles  adviser 
et  employer  tous  moyens  possibles  pour  la  délivrance  de 
Harlem,  assavoir  qu'elle  est  tellement  et  de  si  prez serrée 
de  Tennemi  ,  qu*il  est  fort  à  craindre  que,  si  ne  la  secour* 
roos  de  bref ,  nous  tomberons  entre  grans  incouvéniens^ 
lequel  poiroyt  attirer  nostre  totale  ruyne  ,  non  pas  tant 
pour  rimportance  de  la  ville  en  soy-mesme ,  comme  en 
jMUtie  pour  la  perte  de  tant  de  gens  de  bien ,  que  soldats 
que  Bourgeois,  et  singulièrement  pour  la  deffiance  de  ser- 
vice que  cela  amènera  aux  autres  villes  ,  d*autant  que  as- 
jeurément  ilz  en  jugeront  ainsy ,  puisque  ,  ayant  eu  tans 

(i)  du  5.  La  LeUre  4i^* 

(a)  Ju  12.  Il  se  peut  que  ce  soit  la  LeUre  1^x6  ,  et  qu'il  y  ait  U 
4iii  bieo  ici  erreur  de  date. 

(3)  timVI,  Apparemment  U  Lettre  4 1 7- 

4  9 


—  130  — 

loyo.  et  loysirà  souhait,  n'ayons  peu  secourir  Harlem  ,  qui  se 
^*'»  porte  si  vaillamment,  et  [a]  si  longtemps  soutenu  la  guerre 
au  grand  soulagement  de  tout  le  rest  du  pais  ;  certes  ce 
sera  doncques  en  vain  que  les  autres  villes  attendront 
nostre  secours  après  que  aurons  receu  si  grande  perte ,  et 
que  Vennemy  sera  ainsy  renforcé  ;  en  quoy  ,  ores  qu^lz 
ayent  raison  ,  si  est  ce  que  ne  considèrent  point  que  la 
faulte  d  argent  et  de  crédit  entre  gens  de  guerre ,  puisque 
ne  leur  avons  tenu  le  premier  paiement ,  nous  oste  les 
moyens  de  le  faire.  Cependant  nous  trouvons  îcy  par 
conseil  qu  il  les  faut  entretenir  en  espérance  de  bref  se* 
cours,  qui  doibt  venir  de  Allemagne;  ne  faisant  nul 
doubte  que  ,  si  Dieu  nous  faict  la  grâce  de  délivrer  ceste 
ville ,  nous  trouverons  mo^fen  de  recouvrer  par  an  la 
somme  de  neuf  cent  mille  florins  ,  et  par  ainsy  polrons 
satisfaire  à  ceux  qui  nous  secourreront  et  ont  secourra, 
là  ou  si  au  contraire  si  nous  la  perdons  ^  n*y  aura  oertes 
plus  d  espoir  de  turnir  grand  argent ,  et  si  nous  servira  de 
bien  peu  [si]  la  cavalerie  par  après  nous  poulroit  venir. 
Or  quant  aux  conditions  soubs  lequelles  on  poiroit  trai- 
ter avec  les  gens  de  guerre,  je  seroye  dadvis  d  ensuivre  le 
mesme  pied  et  conditions  que  avons  suivie  en  la  Bestallung 
de  la  première  guerre,  sur  quoi  les  Etats  du  Pays  de  Hol- 
lande prometteront  et  s*obIigeront  que  les  dictes  gens  de 
guerre  ne  sortiront  du  pays  sans  estre  ou  payez,  ouassurei 
à  leur  contentement  ;  que  s'il  ne  vueiUent  [se]  contenter 
des  conditions  delà  première  Bestallung^  faudra ensuyvre 
le  pied  de  celle  de  la  dernière  guerre,  et  pour  tout  faut 
contracter  avecques  eus  qu'ilz  n'amènent  nulx  chariots , 
pour  estre  impossible  de  les  faire  passer  par  les  rivières 
et  autres  passages.  Néantmoins  seront  les  Etats  oontens 


k  dlutjae  douzaine  de  chevaux  donner  autant  comme  i5yi. 
s'ïlx  «TOjent  leur  chariots ,  et  à  cliasque  sixaine  come  Mai. 
s'ils  avouent  leur  charcttes ,  et  le  reste  en  suivant  la  dite 
liemière  Bestalhing.  Quant  au  passage,  je  ne  voy  nul  au- 
tre plus  commode  qufr  celuy  que  tous,  Monsieur  le  Conte 
Louis  de  Nassau ,  désignez  en  vostre  lettre ,  â  savoir  au- 
près Tiel ,  et  j'ay  desjà  pour  cest  effet  dëpesché  Sielntzel 
vm  là  afiîn  que ,  le  plus  secrètement  que  fiiire  se  poulra , 
■I  recognoistre  la  place  et  face  apprester  les  pontons.  Au 
reste  il  sera  du  tout  nécessaire  de  mener  l'infanterie  avec 
UciTalierîe,  afiin  que  l'une  soustieuoe  l'auJtre,  et  pour 
cm  dîect  faudra  mener  l'infanterie  le  long  du  Bin  pour 
passer  la  nuict  devant  Nimégen  et  puis  se  venir  rencon- 
trer au  [ans  et  place  désignée ,  conabien  que  vaudra  tou- 
jours mieux  que  l'infantene  vienne  devant  que  non  pas 
derrière. 

Et  à  cause  quesur  toutes  choses  l'affaire  est  bastée'  ,nâ 
tmureroye maintenant  que  bien,  en  cas  le  Conte  Ixiuis  de 
Hisiau  se  trouve  disposé,  mais  [s'il'  que  sera],  qu'il  soit 
Htotnpagnié  de  bons  homes  etCiipitaines  expérimenté,  et 
jtMny  bi«n joyeux  que  ces  Seigneurs  dont  faites  mentyon 
m  TOfUre  lettre  s'y  vueillent  trouver,  et  m'en  sentiray 
lenr  obligé.  Si  l'on  poulroit  aussy  donner  quelque  trousse 
*■»  Italiens  et  Espuignolz  qui  marschent  (i),  seroit  une 
chose  fort  nécessaire ,    à  cause  que   je  crains ,  oustre  le 

('I  »archeal,  .  De  Uerlog  van  Alba  sond  aeu  Don  Frederiro 
■  dm  fiiron  fau  Chevreaux  met  looo  llnog  BourgoiQJaQDeQ,  item 
'  "  Vwp(h.|f  uii  |,ei  Hcgiment  van  Lombard  y  eu  ,  eu  (3  van  Don 
*  ^"^  d«  Figucroa ,  eu  oocb  vier  Compagniea  pacrdeo.  k  £or , 
*V.  Vajaei-deyus.p.  88. 


J 


—  132  — 

l6y'^.  renforcement  qu'ilz  donneront  à  Tennemy  et  afFoibli6$^ 
Mai.  ment  à  nos  forces,  encor  servira  leur  venue  de  grand 
estonnement  à  ce  pays  qui  de  sa  nature  est  inconstant  et 
légèrement  esmeu ,  principalement  maintenant,  se  voyant 
abandonné  de  tous  et  mesme  de  la  Royne  d*Ângleter> 
re  (i).  Pourtant  je  vous  supplie  aviser  s  il  y  aura  quelque 
moyen  de  la  mestre  en  exécution. 

Touschant  ce  que  vous,  Monsieur  le  Conte  Louys  de 
Nassau,  avés  traité  avec  Colognie,  je  suis  en  grand  attente 
et  désir  de  savoir  plus  particulièrement  quelle  en  aura  esté 
la  résolution,  désirant  extrêmement  que,  si  laffaire  ne  pou- 
roit  du  tout  revenir  à  la  fin  désirée,  au  moins  elle  sert  pour 
faire  lever  le  siège  de  Harlem  pour  quelque  temps.  J'iiy 
envoyé  Mons^de  Lumbres  en  France  pour  traicter  avec  le 
Roy  de  France  sur  aulcuns  points  contenant  la  paix  avec 
ses  soubjets  et  dey  [viendra']  assister  en  ceste  guerre,  pre- 
nant foundement  sur  la  lettre  détroussée  de  Tambassadeur 
d'Espagne  résidant  en  France,  escrit  au  Duc  d'A  ba(2),  dont 
je  vous  ay  envoyé  dernièrement  la  copie  par  le  S'  d'Aï- 
gonde,  et  vous  veux  par  la  première  oportunité  envoyer 
les  articles  (3)  mesmes,  espérant  q.ie  ce  ne  sera  sans  fruict^ 
voire  quant  il  ne  feroit  aultre  effect ,   au  moins  il  pouln^ 

(1)7?,  fVjéngtet.  Après  de  longs  difTérends  enire  Elizabeth  e€ 
le  Duc  d*AIbe,   les  relations  de  comroerre  vcnoicnt  d'être  proû- 
soirement  rétablies.   «  Naviir  jaren  is,  in   april  1673  ,  soc  terre 
»  ghehandelt  dat  den  £ntrecoui*s  ofte  Koophandel  tusschen  Neder- 
»  landt  endc  Ëngelandt  weder  wcrdt  toeghelatcn  voor  twee  jtreo.  • 
Fan  Ateteren  y  67^  Voyez  ci-dessus ,  p.  106. 

(a)  au   Duc  d'Alba.    Apparemment   TAmbassadeur  expriflo*' 
des   craintes   relativement  aux  dispositions  de  Charles  IX. 

(3)  articles.  Voyez  n°  421*. 

'  iriendre  (?). 


—  133  — 

senir  pour  adoucir  le  coeur  du  Roy  de  France  et  Fencli-  iSjS. 
ner  à  la  paix  et  desassiègement  de  la  Boschelle.  Mai« 

Je  suis  advertie  que  le  Duc  de  Médina  Celi  est  à  Spa  aux 
baings.  Je  vous  prie  donner  bon  ordre  qu'il  soit  troussé  et 
qu'il  n*i  ait  point  de  faute;  ce  seroit  un  bon  oiseau  en 
cage,  sans  toutesfois  que  cela  retairde  le  secours  de  Har- 
lem. A  tant  me  recommanderay  bien  affectueusement  à 
▼os  bonnes  grâces,  prieray  Dieu  qu'il  vous  maintienne, 
Messieurs  mes  frères ,  en  Sa  sainte  sauvegarde.  Escrit  à 
Deiff,  ce  a8  mai  iS^S. 

Vostre  '  bien  bon  frère  à  vous  faire  service , 

Guillaume  db  Nassau. 

A  Messieurs  mes  frères ,  Messieurs 
«o  Comtes  Johan  et  Louys  de  Nas- 
**!'*  Catzenelnbogen  etc.  Dilieo- 
"^  oa  la  part  où  ilz  seront. 

(re^u  ie4dejuiiet). 


LETTRE   CDXXIV. 

O.   Weyer  aux  Comtes  Jean  et  Louis  de  Nassau. 
Moyens  de  secourir  Haerlem, 


«  D,  fTeyer  y  qui  avoit  fait  la  campagne  de  France  en  1669 
i^^yez  p.  i4o),  paroit  avoir  été  souvent  chargé  de  missions  de 
^^fiance  par  le  Prince  ou  par  les  Comtes  de  Nassau* 


Wolgeporne  Graven  ,  E.  G.  seyen  mein  underthenigh 

'  Vostre  —  service.  Autogrmpke, 


—  134  — 

i573.  wîlligh  dienst  jederzeyt  beréyt,  gnedige  Herren.  Deniiia<^^ 
Mai.  ich  noch  nicht  seibst  hinuff  magh  khommen ,  alsz  hâl 
ich  nicht  underlaszen  mitlerweil  denen  sachen    danr< 
E.  G.  den  19""  dièses  zu  Bedburgh  mit  meinem  Vattcr.^^ 
geredet,  meiner  einfalt  nach,  zuni  getrewlichsten  nacl 
dencken ,  und  dwell  Ë.  6.  ihme  wie  auch  mir  biebefhi 
geklagt  das  es  dero  an  bequemen  leutten  umb  hin 
wider  vertreuiptrlich  zu  gebrauchen,  mangelct,  so  istiMp-   g 
Doctor  Réinhart  Humme  oder  Koningshoven,  Doctor      ^  j 
bans  Steffen  zu  Coin  velter ,  der  in  yergafigneiti  som^r^  jn 
bey  mejnem  gnedighen  Fûrsten  und  Hem  dem  PrinfMnt^e 
gewesen,  fhûrgefallen,   als  dermaszen  woU  bekant,        J^ 
E.  G.  ich  ihn  seyns  alters,  treuwe^  vleisz  und  stantafflF^ 
kheit  wegen,  woll  commendiren  dûrffe,  welchs  ho-^ftfl^,. 
Printz  woll  gnedich  gespûret  haben  sol ,  dho  man  SGiùer 
so  viel  als  nicht  beschehen  gebraucht  bette  ;  wahr  ist  as 
das  ehr,  wie  auch  andere  so  vernunfft  und  Tentant  ^aac^ 
etwas  zu  verlieren  haben ,  gem  wîszen  wo  der  strick  db^ 
man   in  oder  durch  musz,  uff-  und  zugehe,  aber  desC^^ 
bestendiger  dienen  dieselbighe.  So  ist  noch  ein  andervo: 
gahr  stattlichen  leutten  ausz  Harderwick  jetzo  zu  Heidel 
bergh,  Doctor Gerartt  Boeth,  bey  mejnem  Bruedem 
seibst  zu  erfragen,    der  dem  ^olgepornen  meynemgne^-^ — ' 
digen  Hern    Graff  zu    Bergh  etc.  im    vergangnem  jal 
trewlich  bisz  zum  endezu  gedienet  bat  ;  wen  der  von  E,  G  - 
etwas  angefliûret  wùrde,  soUen  dieselbighe,  nieines  ver^ 
hoffens,  stedich  woll  und  langhdarvon  gedienet  werden^ 
insonderheit  dweil    ehr  noch  unbeweibt  ist  und  sonaleiB 
so  geschafTen  das  ehr  in  dieser  sachen  gern  dienen  soU: 
zùdem  ist  Doctor  Rosenbergher  der  Niederlanden  khùn* 
dich  ;  man  findet  kheinen  baldt  der  in   politischen  uod 


—  135  — 

kiiegswesen,  entweder  der  Frantzosischen  oder  aber  iS^S* 
Niederlendischen  sachen  dieser  zeit  nach  erfharen ,  viel-  Mai. 
weniger  der  beides  zugleich  und  zum  wenigsten  der  dar- 
ZdTeutscher  Nation  jetziges  standts^auch  dieser landen 
gele^nheitherumb  khùndich,  und  darin  dermaszen  yer- 
wiot,  beckant,  angesehen  und  befreundet  seye,  das 
durch  ihnie  und  den  seinighen ,  freundt  und  gûnner  ge- 
macht, hergegen  aber  den  misgûnneren^und  gegenprac 
ticanten  mit  geschickicheyt  begegnet ,  und  die  sach  also 
hb  und  wider  unvermerckt  befùidert  werden  nioghe. 
Hein  Vatter  und  ich  wollen  aber  gern  weitters  umbhoren , 
entweder  umb  solchen  dienlichen  ankhommenden  leut- 
then  nvie  der  von  Genth,  oder  sonsten  anderen  die  ausz 
den  lehrjaren  zu  der  eriharung  khommen  seyn ,  das  sie 
nff  der  Herren  kosten  und  gefahr  erst  nicht  dùrffen  ange- 
fliùrt  werden. 

Was  dan  zum  anderen  nicbt  allein  Hollandtz,  sondern 
tnch  der  algemeinen  sachen  fhûr  augenstehende  nottùrfft 
beiangt,  stehet  solchs,  meines  einfaltighen  bedùnckens,  uff 
dreyen  wegen ,  das  entweder  das  frerabd  kriegsvoickh  so 
durch  Hoch-Burgundt  herab  khommet,  niedergelegt  oder 
terhindert,  oder  Harlem  entsetzt,  oder  aber,  who  mùgh« 
lidi,  beides  fhiiglich  fhùrgenommen  und  gethan  werde. 

Nachdem  die  Frantzosen  gehoiffen  werden  mûszen, 
solszein  herriich  werckh  seyn,  dha  man  diesem  kriegs- 
Yolck  mitsolcher  hùlff  zugleich  bette  begegnen  khonnen, 
alleweil  E.  G.  Harlem  entsetzen  theten  ;  aber  hergegen 
besorge  ich  einstheils  unsere  Teutschen,  so  etwa  zum 
Frantzosischen  zugh  besleltt,  wûrden  sich  nîcht  mehr 
wider  diesen  Spanischen  feyndt  gebrauchen  laszen ,  dan 
sie  im  ersten  Niderlendischen  zugh  A*"  68  gegen  den  jPrant-- 


—  136  — 

i573.  zosenhaben  thunwollen(i),  ungeachtet  die  dhamals  fhûr 
Mai.  augen  stehende  stattliche  gelegenheitt.  Andertheîls  ist, 
meines  bediin<  kens ,  der  feyendt  darfhùr  zum  theil  gewar- 
net,  sinthernal  der  Giilichser  Secretarius ,  Paulu*»,  fliùr- 
langs  mit  diesen  worten  juhilirt:  man  wisze  nhun  mehr 
woll  wie  der  Pfalugraff  und  die  Naszowische  Graven  sich 
verglichen  under  einem  gahr  groben  schein  von  Bitz  4 
oder  5ooo  reîsighen  in  Franckreich  zu  schicken. 

Wan  dan  solches  auch  umb  anderen  ursachen  und  ohn 
gefâhrlicher  groszer  consequentz,  «  d'attirer  la  guerre  là 
»  où  il  ne  fauldroit  poinct ,  »  fhûglich  nicht  beschehen 
khan,  so  haben  E.  G.  hoch  vernùnfFtigh  zu  bedencken 
nicht  allein  ob  die  zu  obgeineitten  beiden  wegen  gefast 
seyn ,  soiidern  auch,  wen  schon  solchs  were ,  ob*s  rathsam 
sey  die  habende  mittel  zu  verdeilen ,  und  in  der  principal 
gewiszer  notth  das  ungewisz  zu  spielen. 

Dha  aber  Harlem  entweder  mitlerweil  ohn  ferner  hûlff 
entsetzt  werden ,  oder  sonsten  noch  so  iangh  haitten 
khiiiite  das  E.  G.  mit  den  habenden  mittehi  diesem  an- 
khommenden  Krigsvolk  den  kopff  piethen  mùgte  ,  wùr- 
de  su'chs  ohn  zweivel  am  allerdienlichsten  seyn  ;  dan 
dha  Godt  darzu  Scinen  segen  gebe ,  wiïrde  nicht  allein 
Harlem  so  viel  als  entselzt ,  sonder  des  feyendts  macht 
sonsten  ,  die  fast  uff  sein  frembd  kriegsvoick  stehet , 
wen*s  zum  handel  und  ernst  khommet ,  nicht  allein  fhûr 
disz  jahr ,  sondern  auch  zukunriligh  zum  hôchsten  ge- 
schwecht  seyn. 

Es  laszet  sich  auch  ansehen  das  solclis  jetz  leichtlich 
zu  thun  were,  sinthemall  si  nur  4  oder  5oo  pferdt  bej 


(i)  kabtn  thun  u'ollen.  Voyez  Tom.  III.  p.  295. 


—  137  — 

sich  haben^  und  derwegen  K  G.  ihnen  so  viel  mît  reî-  iSyi, 
sighen  ûberlegen  seyn  khûiiten  ,  alsz  sie  sich  uff  ihr  Mai. 
fhuikzvoick  verlaszen  ;  wie  dan  hergegen  zu  liesorgen,  dha 
sie  hillunder  samptlich  khominen  ,  das  sie  sich  mit  Teut- 
schen  reisighen  und  sonsten  who  es  ilmen  vonnothen, 
stercken  wiirden ,  kûnten  die  auch  etwa  strack  an  der 
handt  haben  ;  dan,  ob  woll  derChurfûrstvon  Coln(i)jetz 
etwas  Sr^nfTter  drabt,  und  man  sich  ihrer  Ch.  G.  nicht  so 
sehr  besorgen  woltte,  so  pleiben  dennoch  viel  verstendi- 
ghe  leuthdesfals  ausz  beweglichen  ursachen  in  ihrer  vori- 
ghermeinungh;  zu  dem  sein  sie  jetz  mùde  und  matt,  alsz 
dan  aber  wûrden  sie  sich  verfrischen  ;  jetz  seyn  sie  noch  un- 
scr  ungewohn  und  derhalben  ohn  zweivel  zaghalTtigher, 
alszdan  wurden  sie  sich  wehren  ,  erniannen  und  mudich 
machen  ;  jetz  hette  man  noch  nicht  mit  solchen  unser 
sachen  und  leuthen  erfharnen  Obersten  und  kriegsleut- 
then  als  den  von  Alba  und  denen  so  nuhn  langh  in  den 
Niderlanden  gewesen,  zu  schaffen.  Sie  seyn  uff  dem  von 
Médina  Celi  bescheiden,  der  auch  derhalben  ufi  Mastricht 
vcrriicktist,  alsodas  daher  und  von  wegen  der  pesz'  dha 
man  sie  antrefïen  oder  verfolgen  khûnte,  jetz  mit  vortheil 
etwas  gegen  ihnen  fùrzunehmen  were ,  das  hernach  be- 
schwerlich ,  jha  etwa  gahr  nicht ,  beschehen  khfmte. 

Hergegen  aber  wisze  ich  nicht  wie  E.  G.  gefast  sein , 
zumandern,  wen  schon  einighe  mittell  darzu  fhùrhanden, 
80  roùste  man  sie  in  ihrn  vortheil  suchen,  dhaher  ich  dan 
besorghe  sie  wiirden  dennoch  nicht  zuni  schlag  getrungen 
mùgen  werden  ;  zumdritten,  ist  ohn  solchs  auch  die  zeitt 

(i)  Coin,  Voyez  p.  i3a. 


138  • 


iS^S.  zu  baiden  seittenzu  kurtzj  einsllieils  sein  aie  xu  w«ît  im 
Mai.  anzugh  khommen,  andertheils  wiirdees  Harlem '^u  UngU 
fallen.  Dieunitosten  seyn  l'hiir  uns  iuwaszer  und  zu  landt 
grosz.  Die  unsere  hnben  Hiùr  Harlem  zu  wasztr  noch  nicht 
auszrichtén  khimnen  ,  zii  landt  soi!  pillîcU  dus  Kriegs- 
volck  Bo  E.  G.  jiingst  rotlenweisz  in  Hollandt  abge- 
scliickt ,  in  den  ersien  mutli  gebrauclit  werden.  Es  mao- 
gelt  ihnen  an  reisighen.  Die  Stende  und  aile  Holtender 
ruffen  nicht  anderst  dan  nach  Gniven  Ludwighen;  der- 
gestalt  weo  einer  die  reittung  brechte  von  einen  bestîmp- 
ten  lagb  darauff  E.  G. ,  wle  sie  verhofTen,gefast  ankhom- 
Dien  wiirde  ,  der  soll  ein  grosses  gewtnnen  und  erobero. 
So  haben  die  unsere  den  36"°  dièses  etwa  80  mit 
géladeneti  pulversecklen  hinein  scliicken  wollen  ;  der 
feyendt  hatt  sie,  auszerbalben  ettichen  so  îii  der  statt 
kbommen  ,  erlegt ,  und  ist  in  der  sibantz  gefallen ,  dainit 
die  weîde  darauft' das  vihe gebet , beschiitit  wiirdet.  Mons' 
deBilly  (t)  ist  gewîslich  dhaseibsi  undenn  nabel  durch- 
schoszen  ,  aber,  wie  die  AlbanUcbe  f liùrgeben ,  die  danne 
nicht  getroffen  worden.  In  jenighen  imd  diesem  handell 
sollen  Ton  denen  so  auszgefallen  seyn  300  erscblagen , 
under  welcben  Seras  untl  3o  gefangen  sein  worden  ;  so 
schreibt  man's  hin  und  wider,  ist  aber  nicht  so  grosa. 
Eitien  tagh  zubefhorn  i«t  Adrian  Bigbe  unserm  haupt- 
man  auob  ein  l'endlen  am  tvaszer  bey  L'trecbt  abgeschia* 
gen  ,  dneil  seine  andere  fendien  zu  langh  warteten  ; 
sein  anschlagh  wahr  ulV  die  tùcber  und  dergleichen 
die  den   16'"    dièses   mît  70   wagen    durch  Grave  uff 

(i)  m. deBilly.  Gnspard  à  Robles ,  Seigneur  deBilly ,  Gouver- 
neur de  la  Frite.  Il  ne  pérît  tju'en  t5âà ,  pré«  d'Anveri. 


I 


—  139  — 

NymegeD  gefhûrt  worden  umh  ^  wie  beschehen ,  fhûr  Hat**»  iS^S. 
lem  darmit  zu  bezalen.  So  ist  der  von  Bossu  den  27**"  die^  Mai» 
ses,  morgens  zu  sechs  uhren ,  mit  24  gerusten  schiffen 
▼on  Amsterdam  im  Harlemmer  mehr  zu  den  andern  ge^ 
fharen*  Dieunserehetten  Cuinerdickh'  ingenommen nach 
Frieslandt ,  welchs  dermaszen  respondirt  uff  Enckhuiseti 
âas  der  Isseltrom  damit  gezwungen  ,  und  ausz  Frieslandt 
oder  Ostlandt  nichts  uff  Campen  ,  Swoll  oder  Deventer 
^Bugefûrt  werden  khan;  hatt  eine  gutte  hâve  und  ist  iiber 
Kweyen  dammen  allein  daran  zu  khommen;  aber  der  von 
Hiergy ,  Geldrischer  Statthalter  ^  ist  dhahin  und  hatt  die 
insère,  wie  man  sagt,  dhaseibst  getrent,  aiso  das  der 
feyendt  jhe  lenger  man  ihn  fhûr  Harlem  liggen  laszet , 
jhe  mehr  ehr  sich  stercket  und  die  unsere  weniger  ausl'^ 
vichten  khûnnen. 

Ausz  diesen  obgemeltten  ursachen  ^  auch  andereil 
reden  und  umbstenden  so  E.  G.  beszerals  mir  beckant| 
folget  hinwiderumb  das  fhûr  allen  dinghen  Harlem  ent- 
aetzt  werden  mùsze,  nicht  das  man  obgemelt  kriegsvolck 
frey  gebaren  und  herab  khommen  laszen  soll ,  sondem 
mittierweill  einstheils  dieselbighe  mit  dem  schein  dès 
kriegsToIcks  so  nach  Franckreich  etwan  soll,  oder  mit 
einighen  anderen  funden,  uff  der  Masen  uffhalten;ander- 
theils  dem  feyendt  mit  anschlegen  uff  anderen  verschei- 
den  ortten  zu  schaffen  gehen,  damitt  nicht  allein  jenighe 
▼erhindertt ,  ^ondern  auch  die  so  hin  und  nvider  in  der 
besatzung  liggen ,  nicht  gesa.nblet ,  oder  seines  gefallenâ 
gebraucht  mùgten  werden ,  dan  er  sonsten  mit  uberflûs- 
zighen  kriegsvolck  nicht  versehen  ist.  Wen  die  unser  den 
Cuiner  bevesûget  und  zugefaalten  hetteo,  weren  der 

<  dt  Koindtr. 


—  140  — 

1673.  Oberisselen  stett  besatzuiig  woll  dartnitt  gezeumet  gewe- 
Maî.  sen  ;  man  (indet  aber  ail  leuthen  die  dhaselbst  in  Flandem 
und  anderswho  weder  etwns  wageten ,  das,  who  nicbt 
bestendighiich,  jedorh  dieser  gestaitt,  der  sachen  und  E. 
G.  fhiunemen  ^u  gutten  kheme.  Ich  zweivele  aucb  nickt 
E.  G.  werden  uff  solche  wege  gnugsam  gedacht  haben  , 
darufT  dan  diesel be  mit  denen  an  der  handt  habenden 
und  entschlossenen  mittelen ,  entweder  durch  abwen- 
dung  oder  uiTschIagung  des  feyendt lichen  légers,  oder 
aber  beides,  desto  sicherer  und  erschieszlicher  Harlem  , 
jha  gantz  Hollandt,  entsetzen  mûgten. 

Das  man  den  feyendt  von  Harlem  abziehen  und  anders- 
Yfho  divertiren  khùnte,  wie  unsz  des  Kùnings  Bruder  in 
Franckreich  von  Potirs  abwendich  gemacht,  als  er  in 
aller  eil  Chastelleraut  belagerten  (i)  und  beschosz ,  wisze 
ich  nicht  ob  E.  G.  habende  mittel  solchs  yermoghen ,  zu 
dem  bat  man  an  Amsterdam  und  andern  ortten  woll 
gesehen  das  der  yon  Alba  einigher  anderer  anschlagh 
halber  die  belagerung  nicht  verlaszen  50II ,  wie  nahe  die 
auch  weren ,  man  besuchte  und  ùbereilte  ihn  dan  selbst 
dha  er  ist(2),  inmaszen  ich  im  winterzu  Heidelbergh,  als 
E.  G.  dhaselbst  waren ,  doctor  Ehemen  und  Zulegeren 
gesagt,  auch  mit  erpietungh  darzu  zu  helfTen  solchs  gern 
gesehen  bette. 

(1)  belafferten.  Weyer  ne  paroU  pas  avoir  pénétré  tous  les 
secrets  militaires:  du  moins  La  Noue  écrit:  «  L*armée de  Mod* 
»  seigneur  fit  beaucoup  d'honneur  aux  Htigiienots,  quand  elle 
»  vint  assaillir  Cha.sttlleraud  :  car  ce  leur  fut  une  légitime  occa— 
»  sion  de  lever  le  siège,  qu'aussi  bien  eussent-iU  levé,  pourcequ'ils 
»  ne  scavoyent  plus  de  quel  bois  faire  flesches.  »^Discours  ,'p,  979- 

(3)  dha  er  isi.  Le  Duc  étoît  à  Nimégue. 


—  141  — 

Erhatt  biszhero  wenîgh  kriegsvolck  bey  sich  gehabt,  1873. 

das  ùbric'.!    isl  ausz  den   stetlen  allenthalben  f hiir  Har-  Mai. 

lem;  die   graben  sein  trucken,   die   mauren   nider  und 

schwach,  sonderlich  hinder  dem  Valchhoff  ;  an  der  Wah- 

len'  haben  aile   heuser  eine  ein fâche  schlechte  mauer  , 

item  fenster,   von  innen   kheine  platz  zu  bowen,  von 

auszen  kheine  besundere  streithwehre ,   also  das   auch 

woll  unverletzt  des  orts  daran  zu  khommen  ;   dan  obwoll 

^hr  zweie  {^rosze  schiff  zur  wacht  im  strom  dhaher  ge- 

*^g'  »  so  f haren  die  unsere  dennoch  bey  nacht  zuweilen 

noch  darneben,  wie  noch  jûngst  den  21""  dièses  unser 

fendien  knecht  ein  gethan  ,    welche  doch    allein    durch 

ihren  eignen    niutlwillen  jamerlich   oben  Tiel  in  gefahr 

khornmen  seyn.  So  haben  die  unsere  von  Bommel  nooh 

^^n  i5*"*  dièses  das  gleidt'  zwischen  Anltorff  und  Nynie- 

gen      auffgefangen,     habtn    Megen     und     Batteniborgh 

^'^nen ,  streuffen  den  strom  hinuff  hisz  under  Nymegen. 

Demnach  aber  E.  G.  beszer  als  ich  wiszen  was  dhazu 

Sdioere  umb  einen  solchen  vogel  im  korb  zu  liberfallen , 

»ch    Yi'iW  geschweigen  zu  belageren  ,  und  nicht  allein  wie 

*^"^ghweilich  denen  zu  Harlem,  sondern  auch  wie  unge- 

^*sz.  solchs  an  sich  sein   mûgte,   so  woll  des  anckhom- 

''^^nden   frembdes,  als  des  Teutschen  Kriegsvolck  s  we- 

S^n  ^  dhamit  ehr  sich  stercken  khan  ;  alsz  bevinde  ich  ent- 

*^*H  keinen  anderen  wegh ,  dan  den  E.  G.  hochversten- 

*^K  fhurgenommen  ,   nemblich  zura  eheslen  das  feiendt- 

*^n  léger  fhûr  Harlem  uffzuschiagen. 

Solrhs  ist,  meinesbedùnc'kens,  nicht  allein  das  nottigst, 
^ïidern  auch  mûglichst  und  thunlichst,  welchs  insonder- 
^tin  genottrengten  berathschiagungen  zubedencken  ist. 

'  la  n¥ièn  le  Waal.  *  Gelett. 


iS^S'  Dan  nuhnmehr  in  Holtaniit  soviel  fhuszyolcks  ist,  ttsi 
Mai.  man  cleszen  nicht  viel  inehr  bedarff,  oder  jlie  nicht  mehr, 
dan  zu  den  reisiglien  darin  zu  verglellheii  vonnothen, 
zu  dem  dai-ffs  aucli  kheines  mniglien  gezeugs  tnehr  daa 
E.  G.  besteltftneines  eraclitens.  So  istesauch  so  nacbbey 
der  handt ,  das  es  in  der  newer  gestalt,  wie  E.  G.  fhiirhai 
benn,  den  Teutschen  woll  zu  tliuii  stehet;  allein  daa 
man  etwas  habern  nacblhùi«  zu  rosz  oder  sonsten,  dan 
uffm  wege  ist  nicbts  ;  item  ist  noch  kbeîn  Kriegsvolck 
fbûrbanden  das  den  pasz  benemen  kunUie,  hergegen 
aber  ist  der  feyendt  vwhungert ,  verkaliet ,  kranck ,  tnau  , 
gedemiitiget  uad  nunmebr  dermaszen  [aligezwagen],  wia 
mao  wiszet;  eiitUrli ,  diia  Gotl  hîezu  gnad  gebe,  wùrda 
man  nicltt  allein  mit  dem  jetz  annkommenden ,  sondera 
auch  anderm  kriegavoltk  so  darufï"  volghen  mùgie,  naher 
umhkliommeii. 

Insonderheit  wen  E.  G.  mitlerweil,  wie  obgemeldeC^ 
dem  feyendt  uiT  anderen  ortten  auch  recbtscbatfen  werck 
gebenlaszen,  inmaszen  E.  G.  wiszen  dasdertbeur  Herr 
Admira)]  mit  Nantes  in  Bretannîën  fhûrsicbtiglich  be< 
Staitt  bette  ,  dha  des  Kiinings  Bruder  fhùrgenommen  uni 
TOn  Potirs  uH'zusclilagen  oder  ebr  abzuwenden,  daruif 
wir  aucb  warteten  als  wir  ihra  bisz  an  und  iiber  Port  de 
Pile  volgeten ,  und  uns  hernach  nach  Faîe  la  Vineusa 
umbscbwencketen ,  elie  man  zu  Moncontuurzur  schiacht 
geriethe.  Esmuszdarmit  geeilel  seyn,  was  man  thun  kltan 
oder  will,  alleweil  soviel  von  den  Cantzleiu  Oliscbleger 
und  den  Newemariscben  botten  vernomen  wurdet,  das  es 
nicbt  sehr  verbolen  was  disfals  fluirhanden  ist. 

Estlicb  und  zum  dritten ,  was  die  rallecten  beUngt ,  iit 
es  Lie  xu  lande  so  gescbaffen  wie  Ë.  G.  mcio  Vatterange- 


—  143  — 

lo^  hatt.  lA  atiutébe  Ton  dièses  ailes  kheiner  andeier  i$73« 
pstak  dan  meiner  einfialt  nach ,  wie  inir  die  gelegenheit  ^^'^ 
and  umbstende  beckant  sejn,  und  als  ich  s  gem  guth 
lehenwohte,  dero  underthenigher  zuyersichtE.  G.  wer- 
den  daraiisz  allein  mein  trewes  gemùth  spûren ,  die  der 
Aimeditigh  zu  Saines  nahmens  lob  -und  der  betrangten 
InMtstercken  und  lang  gefristen  woU.  Mein  Vatter  und 
Ohem,  der  Her  Yon  Merckhem ,  tbun  ihre  undertbenighe 
opetongh  zu  E.  G.  Hie  khoniroet  zeittungh  das  der  tou 
Beanrais  mit  den  seinighen  Middelboi^h  und  Armuyen 
îcriisien  und  geplûndert  haben  sollen,  welchs  Gott  gebe; 
DtUumixL  Wesel,  den  letzten  tagh  Maij  A""  iSjS. 

E.  G.  underthenig  williger 
DiBTaiCH  Wbtbk. 

Deiio  wolgq>orDeon  Herren , 
BcncQ  Johan  uod  Ladwigeo, 
Gftf eon  za  Nassaw ,  etc. ,  mey- 
goedîgbeon  Herren. 


LETTRE    CDXXV. 

A  Weftr  aux  Comtes  Jean  et  Louis  de  Nassau.  Conjonc- 
tures favorables  pour  résister  aux  Espagnols. 


Wolgepome  Graven,  K  G.  seyen  mein  underthenich 
willich  dienst  jederzeyt  bereyt,  Gnedige  Herren.  Nach 
mcincm  jûngsten  schreiben  habe  ich  nicbts  sonders  Ter- 
nommen ,  dan  das  am  Gûlichsen  boff  f ast  allerley  be- 


~  144  — 

1573.  schweningen  von  Deiphinat ,  Sanserre  und  Rochelle 
Mai.  verbreîthet  werden  ;  se  sein  auch  dahin  zweién  yoiTi  adell 
und  ein  schreiben  von  Sedan  zu  der  Hertzoginnen  Maria 
Leonora  (i)  khommen,  welche  aile  melden  das  Mons* 
de  la  Noue  fhiïrlangs  sich  ausz  Rochella  zu  dem  Kùning 
gegeben,  das  ich  nihe'  habe  glauben  khûnnen  (u);  ich 
habe  durch  den  fhûrnemsten  von  adel ,  nieinen  Vattem 
und  anderen  die  gutte  zeittungen  von  Rochell  dargegenn 
gestellet. 

Der  kayserlicher  gesanter  Freiher  zu  Winnenbergh,  ist 
zu  Gleve  umb  fast  ungefharlich  gleicher  werbungh  als  ehr 
am  Churfûrsten  von  Coin  gehabt,  sonsten  aber  umb  von 
wegen  Kay.  Ma*  dem  Herlzogen  zu  Gùlich  zu  ermahnen 
das  s.  F.  G.  sampt  den  Bisschoffen  zu  Munster  als  Craisz- 
obersten  bey  diesem  geferlichen  leufften  in  diesez  Crais* 
zen  fleiszigs  ufTsehens  tragen,  damit  aiso  s.  F.  6.  von 
der  fhûrhabenden  reisen  nach  Preuszen  abgehalten 
werde ,  die  sich  gleichwoll  daran  wenigh  wendet ,  son* 


(i)  Mar,  L.  Marie-Eléonore  ,  fille  ainée  du  Duc  de  ClèYes, 
née  en  i55o.  Elle  épousa,  dans  le  courant  de  ceUe  année,  Albert- 
Frédéric  ,  Margrave  de  Brandebourg,  né  en  i553.  Son  père, 
quoi'iue  TEmpereur  ,  comme  on  va  le  voir,  le  lui  eut  fait  décon- 
seiller ,  Taccompagna  jusqu'à  Konigsberg.  Teschfnmacher  y  Art- 
iuiL  Clivi  le ,  p.  35o  —  352. 

(1)  filauùen  konnen,  Néanmoins  cette  nouvelle  étoit  véritable. 
S'élant  rendu  à  Ik  Rochelle  pour  engager  lei  habitants  à  arcep* 
ter  la  paix  ,  et  •  voyant  désormais  ses  soins  absolument  rendus 
»  inutiles,  la  Noue  se  retira  ...  11  fusl  reccu  dans  Tarmée  par  ses 
»  amis  avec  grande  joye  et  par  Monsieur  avec  beaucoup  de  civilité, 
»  et  y  vescut  quelque  temps  en  homme  privé,  sans  se  mesler  ny 
»  de  la  paix  ,  ny  de  la  guerre.  »  f^ie  de  de  la  JVoae ,  p.  94  »  96. 


'  nie. 


—  145  — 

fiemwill  halb  wegh  mit.  Der  von   Alba  hat  den  14**"  i5y'i, 

dièses  sich  becklagt  und  protestirt ,  das  man  ufF  den  Gû-  Juin. 

liolisen  und  Clevischen  zollen  des  Kûnings  feyendt  pas- 

siren  lasze ,  und  dweil  man  sich  entschuldigten  als  wuste 

nasin  nicht  ob  die  ,  so  neben  fharen ,  ihme  oder  anderen 

^cistunden ,  erckleret  er  sich  das  er  daher  kheine  bestal- 

Icing  auszgegeben;  daruff  ist  oblique  den  24*"  dièses  ge- 

aiimtwort  worden  das  ehr  die  knechte  ,  so  rottenweisz  ab- 

g^^rzogeoi  selbst  habe  zu  landt   und  zu  waszer  pasziren 

'^>szen.  Seine   rhode  bende  ist  von  Grave  zu   dem   von 

Î^^«dina-Celi  nach  Mastricht   uffgezogen.    Er  hatt  noch 

ein  kriegsvolck  mehr  bey  sich ,  auch  sonsten  wenigh 

olcks  in  seinem  losement ,  und  laszet  man  zimblich  frej 

K^Den  jeden  darinn  gehen ,  wie  ich  berichlet  werde.  Wehr 

^Dch  dha  ein  Poltrot  (i)  fùrhanden. 

Gleichwoll  stellet  er  sich^  seiner  Spanischer  art  nach , 

%)en  kecklich  an,  will  seines  henckens  nicht  nachlaszen. 

n    i5**"  sein  zu  Grave  sieben,  darvor  die   weiber  von 

^^csel  700  daller  zu  ransion  gebracht,  bey  nacht  gehenckt  ; 

"^v  Nymegen  den  ao*"*  dièses  neun  ,  und  den   ay*'"  vier , 

^iner  von  Âugspurgh,  ein  Clevischer ,  ein  Hesz.  Âlsz  ihm 

^eine  Hauptieuth  und  Bevelchaber  erinnert  was  sie  hin- 

"Vrider  zu  erwartten   hetten,  dha  man  also  ohn  under- 

^cheidt  die  bevelchaber  und  nicht  des  Kûnings ,  sondem 

^nderer  Herren  underthanen    hencketen,  hat  ehr  laszen 

dntworten  :  der  Kùningh  begere  kheine  kriegsleuthe  die 

cich  fanghen  laszen  als  lang  sie  schlagen  khûnnen. 

(i)  Poltrot',  l'assassin  du  Duc  de  Guise.  Plusieurs,  soit  par 
««prit  de  parti,  soit  par  une  fausse  application  des  S.  Ecritures , 
«voient  excusé  et  même  loué  son  forfait. 

10 


—  146  — 

i573.  Daher  ich'5  dan  fhûr  wahr  halte  was  die  von  Afénbei^ 
J^iîtt.  meihem  vàttem  mît  diesen  worten  gesagt:  Wen  gleich  de» 
Kûnitigs  landt  und  leuth  zu  bodem  sollen  gehen^  sb  lour- 
de èht*  doch  nicht  nachlàszen ,  und  diirffe  hian  sSch  khei- 
ner  mittelungh  versehen  als  lang  das  trotzigh  hanpt  dfaar 
sey ,  obàchon  die  Kay.  Ma*  seibst  mit  Chfir-  tmd  Fûrsten 
utiderhetadler  weren. 

Was  Scharenbergber  von  der  Kay.  Ma»  ^hfi  (i) 
schreibt,  gesdiicht  umb  hin  und  wider  die  leuth  uffknbàl- 
tèn.  So  gebens  dîe  pfafTen  auch  allemhalben  fhûr  dus 
îhm  die  Spanische  Infantin  versprôche^  und,  wen  diè 
erWéhlung  in  Polen  nicht  fhûrgehe ,  das  éhr  aisdan  kki- 
nnder  kommen  mûgte. 

In  summaj  die  langhgewùnàtezeitdieSpartiërentweder 
ufF  ihr  hinderst ,  oder  dahin  zu  bringhen  dàs  tnà'n  Ûék 
ihrer  zum  wenigsten  eine  gutte  zeit  lang  tiicht  ïù  besoi«> 
geti ,  ist  fhnrhanden  (who  man  jetz  dais  ànkhmndieiid 
kriègsvolck ,  oderuff  der  Harlemischer  én't^tttingh ,  ààèt 
aber  lifF  beldes  riaclirûckèfi  thul),  dati  jetz  der  gewaht, 
steur  und  verstentnùsz  so  sie  allenthalben  biszhero  gehafb- 
oder  noch  haben,  erstlich  die  TùrkiSche  macht  ztigeg«i 
ist,  darmît  sie  gnugh  zu  tliun  gehabt,  als  es  ihnefii  in 
Italia  und  dies«s  orts  beszer  nach  ihrefh  tvîllen  gienge  dàii 
jetz. 

Zu  deni  sein  ihnen  nicht  allein  die  Venedigher  (an  de- 
ren  Armada  nicht  wenigher,  ja  eins  theils  niehr  àls  ahn 
der  ihrîghen  gelegen)  abgangen  (2),  sondern  auch   also 

(i)  sohn,  L'Archiduc  Ernest.  Né  en  i553  ,  il  mourut  en  iSgS, 
sans  avoir  été  marié.  A  Vienne  on  se  flattoit  encore  que  la  Diète 
reviendroil  sur  sa  résolution. 

(a)  abgangen.  Voyez  p.  86. 


147 


abguigen  Ans  sie  nicht  allein  iit;aio  mehr  des  TUTckea ,  i  ïyj. 
wndem  auclider  Venediger  seibst  nnd  ihrer  praclicken  Juin. 
m  [ulien ,  hochlirh  zu  besorgei>. 

Am  dritlen  ,  hnben  sie  nun  eLlichen  jahren  hero  nber- 
nrnlil  5o  geliandelt  dus  sie  sich  nicht  nltein  in  dîesen 
UtideR  ,  sondern  auch  in  Spmiiën  dtircti  den  Moren,  und 
in  lulia  durcli  ihreii  stolt?.  tind  untretiw  gfgen  ihren 
Bândtf^enoszen ,  nebcn  den  vorighen  Iiasz,  noch  mehr 
nriit&zet  genmcht. 

Bhm vierten ,  machet  dieser  nuhn,  Gott  lob,noch  we- 
rni^  Nidcrlendischer  handell  das  nicht  alleîn  seine 
nu^~inn(*r  in  Hîspanién ,  sondern  atich  die  Venedi^her 
tuul  Italiensche  Fiirsten,  so  dièse  und  andere  der  Spanièr 
JAighe  gelegentbeit  uhn  zweivel  woll  wiszen,  eben  S4  ' 
mU  als  der  gemein  man  bieher  ,  allentbalbeu  das  And- 
ocbittlnldt  und  Idoliim,  den  von  Alba,  nuhnniehr  nicht, 
ne  binfaero  beschehen  ,  fnrcbien ,  sondem  anfangen  zn 
ivncfaten. 

W«s  dan  ,  lum  fiinH'ten  ,  gelt  beianget,  dweîl  sie  in  so 
konzen  jabren  mit  den  Moren,  Engellendern,  Niderlen- 
.diachen  Hern  und  Tiircken  zugleîch  zti  schafTen  gebabt 
Dwl  norh,  ist  leîcbtlidi  ubzunehnten 'wie  das  Peru  und 
thre  andrre  landen  mit  goitt  versehen  sein  miighen ,  in- 
looderheit  darausz  das  sic  den  Venedigern  ^no,ooo  Du- 
catn)  schuldieh  nicht  l>ez3leTi  khiiiincn  oder,  nie  sie 
raghon,  nichtt  woll«n.  So  hntt  i)men  im  jûtigst  nbgelauf- 
fmetn  jahr  ihr  Teiilsdi  Kriegsvolck  in  den  Niderliinden 
nicluwenigberdan  dreiszigh  thonnen  goldes  gekoslet(i}, 

(l)  g.getottet.   De  i!iGr)à  iS^js  le  Roi  avoit  envoyé  auxTa^s- 
•  «S  tHHHMi  de  MrHit.  K'/trir,  OolL  Mnit».  XV.  Sn. 


—   148  — 

ihy'i.  clas  ich  wnll  wisze,  uncl  ist  sons ten  die  Ninlerlendlsclie 
Jiiia.  Gellkliammer  ,  wie  oflentliuh  khundicli  ,  dermaszea 
trurken  das  sie  in  Teutszbndt ,  direr  sthuliien  und  nirht- 
buzaluTigli  )ialber,  vroli  mit  der  zeit  ihren  glauben,  auch 
bey  ihren  interossirten ,  verlieien  niùgten. 

Didier  dan  ,  und  zum  secbsten ,  itire  niaclu  an  Krieg»- 
volclizum  eussersten  ge-schwecht  werden  soll  ,  dlia  man 
dits  i^'U-ig  fceiiibd  KriegSToIck  erlegen  kiintlie,  sinthemat 
Hispunien  unil  Italien  in  sich  niilil  sn  gabr  voll  volcks 
ist,  zudem  mit  obgenieHen  tnrlz  uff  einimder  lauffenden 
krîcghen  ximblicbgebliiszet,  auch  das  kriegsvoltk  nicbi  M» 
groszen  hist  darzubabeii  wiirde.und  sie  entiicb  nicht  alleÎD 
in  jeliighen  iiffenllifhen  ,  sondern  auch  heimlichcn  anstfr 
heiiden  gefohr  und  sorgh  ,  uff  anderen  ortten  elwa  ehe; 
melir  kricgsvoicks  bedïtrffen  wùrden  (wie  ab  den  Teut> 
schen  Regimenien  ,  so  dort  oben  angenommen,  woll  et* 
scheint),  dan  des  îhrigen  ferners  lûeher  entra tb en  mùgtea; 
Sovie!  Teuis  krii'gsvolck  angehet ,  daruff  verlaszen  3» 
sicb  bielier  nicbt  wie  in  Itaben  und  zii  waszer  gegen  dm 
Tiircken  ;  zudem  mnsz  geit  dbo  sein  ,  wie  gemeldt  ;  obÉ 
das  ist  das  flmsvolok  zutii  stiirmen  ungesibickt  ,  die  reà 
sigbenkbiinnen  auchsonsteDiiichts  dan  îni  felde  auszridif 
ten  .  derwegen  dan  dem  von  Alba  leidulicb  gewesea  bîi 
hern  die  liinden  uud  statt  gegeu  dcn  Teutsi-hen  înzubalte 
Wbo  man  nulm  bey  diesen  und  anderen  vortheili 
unil  gelegentheiiien ,  ibe  zu  weitleufftîgh  weren  hîr  i 
erhulcn,  ufl'obgemeltten  wcgen  nicht  nacbrucket,  un^* 
die  Protosiirende  unvermerckl  nicbt  hell'fen ,  so  wfint-=~ 
man,  besorgbeîcb,  nicht  ausz mangcl Gultlicber  Alinect:=~ 
ligkbnt ,  suudern  zu  uaser  straff  erfliaren  das  ,  wer  ein^e 
sac^ben  nur  halb  hilfft ,  der  «nthelfï'e  entlich  sidi  leib^v 


149  - 


T)an  ersttich,  was  rlurch  m nBusprerliîicîien  gefahr,  i5 
mùhe,  arbeit,  unkosten,  bluthvergieszen  und  dergleiclien  Jui 
ïOD  so  viel  jahren  liero  langweîlich  practîcirt ,  gelianddt, 
und  erworben  isl ,  bisz  es  zu  dîeser  leWler  gelegenlheh 
mit  Gotllicher  gnaden  khomnien  ,  solchs  ailes  wùrde  ois 
din,dharGott  fhiir  sey,  vergebs  ,  umbsonst ,  und  u(T 
rinmabl  verloren  seyn. 

Hergegeti  und  zum  andern,  wen  mnn  den  feyendt  ver- 
blasen  und  respîriren  iiiszet ,  so  wiirde  solchs  ailes  îhuie 
luin  gevrin  ,  uiisz  aber  zum  unwiderbringliclieti  under- 
ginck  geralhea. 

Zum  dritten  ,  wûrden  auch  die  so  bUzIiero  noch  durch 
Jm  ïingeren  geseliuii ,  auch  sich  oflentUth  dièses  handels 
Tiiclit  aDgenommeit ,  niszdan  dem  wind  ohn  umbsehen 
narlisptzen ,  welchs  l«;y  diesen  beyden  CraUzen  jelz  zum 
Iheil  bt^scheliet ,  wie  viel  mehr  ajsijan  die  [scliiiï]  oder 
andpre  Terselmngen  zu  der  executian-ordnuogh ,  darumb 
nian  jetz  in  den  Nied«>rlendtsclien  ,  Westphaliscben  und 
Pîiedfrscchsichseti  Craiszen  beralhschlagei ,  wiirden  als- 
tlan  baidt  gegen  uns  feriigH  wepden  ,  unrl  obwoll  sidi 
die  pabatliche  in  Teutsrhlandt  eines  andem  bedtiiicken 
Uszcn  ,  auch  die  Fratitzosen  sonsten  den  Spanîem  nicht 
sehr  liolt  seyn  ,  so  wûrden  dennoch  als  dan  Pilatus  und 
Caïphat  viider  Chn'sliim  die  grosze  freundt  sein,  inson- 
•lrrli«it  T>)io  man  den  Frantzosen  seines  gefallcns  mit  den 
betrangien  Cliristen  jeu  liisz<?i  gfbaren  und  tynmnlsyren, 
Engeland  mûgte  auch  in  eînigher  verfinderungh  fallen- 
Sie  fejren  uff  kheîiieii  oru ,  und  dencken  weîlh  fhûr  sich. 
Den  junghen  Hertzogen  zu  Hiilich  (i]  am  Kayserlîchen 


—  1^0  — 

|573.  hoff,  \Toll  man  géra  in  Italien  und  Franc^reicbgQfhâret 
JaîD.  seben ,  darzu  seia  alb^reU  12000   goltgl.    uBjfi   we<^l^sel 
bestehc. 

Entlich  ^  und  zuoi  vierdleo ,  ^tùrden  die  Protestireilr 
den  ,  mit  ihrer  bochster  ungelegenheit ,  ebenwol  zum  of- 
fentficben  und  etwa  -uatregblichen  kriegh  alszdaxi^  geixot- 
trengt  werden ,  dem  sie  jetz  mit  groszen  batien^en  fkûr- 
theil  allein  durck  beimlicber  3teuer  fburkbommen 
khûnnen. 

Dan  der  feyendt  gleubt  das  dieser  Niedeiriendiischer 
bandel  den  Protestirenden  nicbt  niisfalle,  jba  das  sie  niiçhr 
darzu  thun  daa  etwan  daran  ist;  audertbeils^  obschon 
wkler  jenigs  noch  dièses  dargetban  werden  kban^  so  belt 
ers  dennoch  darfbiir  das  solchs  nicbt  ausz  ihren  gutten 
willen ,  sondem  ausz  furcht  und  unvermâgentbeit  also 
bescbebe. 

Jbo  mehr  nuim  der  feyndt  solcbs  dieser  zeit  sich  zu 
nûtzen  dissimulirt  uixd  ùbersebet,  jbe  strenger  ers  als- 
dan,  es  bescbebe  gleicb  yermerckt  oder  unyermerckt, 
recben ,  oder  jbe  zur  ursacben  wider  den  Protestirenden 
uffsucben  und  berfbùrrupfen  wurde,  wen  ebr,  dba  G  oit 

■ 

fhur  sej,   bieunden  getban    bette  und    seinen   scblach 
treffete. 

Und  dîeweil  sicb  der  Cburfïirst  zu  Sacbsen  zuui  theil  uff 
semé  erbverbuntnûsz(i),  zum  tbeil  uffdie  weitbeseioer 


de  Clèves;  jeune  homme  qui  donnoit  de  grandes  espérances.  Après 
avoir  séjourné  longtemps  à  Vienne  ,  il  passa  «n  Italie  ,  où  il  mou- 
rut à  Rome  en  i575.   Ttsc/ienmacher ,  l.  l.  p.  346  ,  sqq. 

(1)  erbverbùntniixz.  Il   paroit  être    ici  question  d*un    Pacte  de 
famille  arec  les  Maisons  de  Brandenbourg  et  de  Uesse. 


~  m  - 

U«d^,  ^c^  u£f  de^  g^^ea  wo^Uen  so  mao    Maun'tio  i^^^. 
geg^n  u^  seipts  Chf.  Gn.  jetz  gibt ,    v^laszen ,  uDcl  Juîa, 
daber  nach  We^en  upbçfs^hrt  gnugh  zu  sein  vertro^en 
iQÛgte,    $o   wÛTile  er  wol)  aUdan  ein$|hçits  in  s^inen 
çigneQ  UÛGidw ,  ui^^nbeiU  voq  Osten  her  une]  scmsten 
laldis  erfalureit;    und  all^a  das  yonbeil  hab^o  das  er 
niçht  ersi,    sondera    nach   den  andern  Prote&ûrendeA 
knckea  miUlQ,  damil  die  evs(  ab(rennighe  zum  leuten 
«w  ^tmS  C9Xhç\\ss^  W>urde«t ,  wi«  sich  die  Romanisilen 
Ttvneiiieak^ïEen,  odber  siiçh  die  Prote&iirenden  scblieâUcU 
za  erinneren  wie  hoch  nottigh  sey  das  angefangen  und 
jetz  beszer  in  den  Niclerlanden  als  Franckreich  stehend 
wercki  iwcQniinuiirçn,  und,  wie  biszhero  beschehen,  uff 
beiden  ortteix  unYevineirckt  zu  helffen   und  zu  steuren , 
damit  beyden  Kûnigen  ,  welche  jetz  sunderlich  in  diesem 
handel  eins  sein  y  kheine  ruhe  gelaszen ,  sondern  in  die- 
^m  stand t  fhûrter  vonjahrzu  jahr,  alleweils  lichtlicber 
bescheben  khan  dan  hernach,  so  viel  zu  schaffen  gegeben 
werde  das  sie  sich  nicht  erholen  khùnnen,  sondern  ab- 
gemattet  und  des  stedighen   kriegens  so  verdroszen  wer- 
den  das  sie  entlich ,  who   nicht  mit  ihren  underthanen 
[welchs  sie   bey  îhrer  Cran  v.er6ckworen  haben  sollen), 
jedoch  mit  Chur-  und  Fùrsten  als  intervenienten  pro  suo 
ifUeresse  oder  uff  dergleichen  schein  und  fhùge  eynigher 
QBderbandiu^g  zu  phlegea  frohe  wehren. 

Welcbs  dan  nicht  allein  von  der  Kay.  Ma'  ohn  zwei* 
^cl  mehr  getrieben  werden  soll  dan  jetz,  sondern  auch 
desto  ansehenlicher ,  vertreuwlicher ,  nfitzhcher  und 
«estendigber ,  50  woll  fhûr  dep  Proteslirenden,  jha  allen 
^t^iùl^çp  i^pd  un^belrci^pgtçn  Christçn  in  Teutschlandt 
^^  aJk»rtwiJfc^,  aU  ^,  d^  N  j<^Iip4w  und  inL  Frauçk- 


—  162  — 

1573.  reich  getroffen,  und  also  zu   nottwendigher  algemeiner 
Juin,  extension  oder  ehe  ercklerung  des  jetz  verkehrten  Landt- 
und  Religionfriedens,  [erscbieszen]  mûgte. 

Darzu  oder  zu  ànderen  friedlichen  ende  gebe  der  Al- 
mechtigh  schleunîgbemittel  undSeinen  Gottlichen  segen, 
der  E.  G.  lang  gefristen ,  auch  Chur-  und  Fûrsten  darzu 
erwecken  wolle  das  hiezu  preparatoria  in's  werck  ge- 
richtei  werden ,  und  man  mitlerweil  der  Spaniér  feyendt 
nicht  am  halsz  reitze,  sondern  nach  dem  ewighen  rbatt 
Gottes  gegen  innen  jetz  schaffen  lasze.  Datum  Wesel, 
den  i»***  Junij  A»  i^'j'i. 

E.  G.   Underthenig,  williger 
D.  Wbibr. 

Dem  Wolgepoiiienn  Herren  ,  Her* 
ren  Johaa  uod  Ludwighen,  Graven 
zu  Nassow  ,  e/c.  meyoenn  gnedigheno 
Herreo. 


LETTRE  CDXXYI. 

Ph.   de    Marnix  au  Comte  Louis  de  Nassau.  />  lac  de^ 
Haerlem  occupé  par  les  Espagnols  ;   reprise  du 
merdyk  ;  affaires  de  Zélande. 


*^*  Par  l'occupation  du  lac,  à  la  suite  d'une  victoire  navale 
remportée  le  aS  mai  par  les  Espagnob,  et  où  le  Prince  perdit  ai 
vaisseaux ,  la  position  de  Haerlem  étoit  presque  désespérée.  «  He 
»  begost  heel  beuaut  in  der  stadt  te  werden;  nietteminsy  haddi 
»  noch  evenwel  goede  couragie  ,  maer  eindelycken  de  schepea 


•  Dmi  FrUerico ,  ïjnde63  siprk  îd  geUle,  hebben  tepo  dcsPrin-  i573. 

•  aa  «bcpen  geslag«n  op   't  Meer ,  alwaer  des   Princen  schepen   Juin. 

•  de  ilticbl  moesten  neiiieii  ;  ■  . .  van  welke  \icIorie  die  van  builen 
■  idriumpheerl  ,  maer  die  yan  biniieo  seer  bedroefi  geweest  sjn.  . 
Iv,  43SK  Od  ne  pouvoîl  plus  laire  entrer  de  vjtrei  daos  la  ville , 
lUji  CD  proie  à  la  ramiDe. 

Ia  repriie  du  Diemerdyk  eul  lieu  le  a  juin  ;  maïs  sans  produire 
It  ritoltal  qu'où  «'en  étoil  promis  [voyez  p.  80)  :   •  DIft  van  Am- 

•  lUrdam  londen  tenlond  sebere  vyf  galejen   op  de   Diemermeer 

•  met  aodefc  icbepen  i    so    belïllen   deselte   dat  de  ichepen  vin 

•  SoMj,  vermils  onnilligheid   van   't  scbcep^volk  ,  geen   meesler 

•  dp  dœtve  meer  en  konden  worden  ;  over  suK  babbeo  sy  de 
<  tlclatlie  eieuwel    konnen  bekomen  ,  so    dat  bet   lut 

•  Diemcrd]'!  henluiden  weinig  beleli  dede,  >  Sor,  4^9*- 


Hoaseigneur.  Vos  lettres  datées  du  37  du  passé  ont 
UléGdellement  livrées  à  son  Excell.,  et  a  estémarrydece 
que  les  afTaires  se  trainent  ain&y  à  la  longue,  sachant  tr<^9 
bien  toutesfoîs  qu'il  ne  tient  à  la  bone  diligance  et  affec- 
tion de  vos  Seigneuries,  et  pour  autant  faut  prendre  la 
Tolonté  de  Dieu  en  gré ,  espérant  que  par  Sa  miséricorde  II 
»ura  pitié  de  Son  pauvre  peuple  a  ffligé ,  puisqu'il  cognoit 
les  lamps  et  saisons  oportunes.  Son  Excellence  eut  exlrê- 
UMiciit  désiré  que  le  seccours  de  cavalerie  et  l'inianterie 
ftit  esté  ici  envers  ce  Inmps  présent,  veu  que  nos  atïaires 
Wtnten  extrémité.  Ceux  de  Harlem  ont  mandé  qu'ils  ne 
peuvent  passer  le  terme  préfix ,  lequel  a  esté  desjà  escheu 
*endredy  dernièrement  passé,  à  loccasion  de  quoy  son 
Exccll.  est  pariy  hier  vers  Leyden ,  pour  illec  adviser  des 
Burr^'"  1"*  1  on  poirait  tenyr  pour  aider  teste  pauvre 
»ille ,  esUnt  résolu  de  mètre  le  tout  pour  le  tout.  Toutes- 
tou  à  cause  qu'il  a  pleust  a   Dieu  nous  envoyer  depuis 


i^^,  quekgae  temps  en  çà  quelques  deffaites,  et  qu#.  W^  entoe^ 
luiii.  prises  que  penssions  faire  sont  par  plusieurs  fois  réussies 
en  vain ,  et  mesmes  que  les  ennemis  ont  saisiz  la  Harlem- 
mer-mer  ,  en  ayant  deschassé  les  nostres ,  il  est  grande- 
ment à  craindre  que  tout  Telfort  que  l'on  y  polra  faire,  i^e 
servira  pas  gvère,  si  ce  n  est   qi^' i^  ^a^s  viene  s/ççcçurs 
d  ailleurs  et  mesme  4^  la  cavallejçie,  de  laquelle  T^n^/çii^ 
est  fort  avantagé  sur  nous.  Toutesfois  depuis  trois  ou  qua- 
tre jours  ençà  s'est  Sonoy  saisy  du  Dlemerdyck ,  et  fe  tient 
encores,  Dieu  mercy,  non  obstant  les  efforts  que  Fenne- 
mjafaict  çt  fs^içt  eucores  pQur  le  présent,  afSo,  de  le 
recouvrer  ^  quelque  prix  qu,e  ce  soit.  Le  dict;  Sonoy  ^'es^ 
trenché  entre  la    ville  d'Amsterdam  et   la  trenchée  que 
rennenii  avoit  faicte  sur  la  dicte  dicque  envers  Dimer- 
dam,  et  tasche  de  prendre  la  dicte  dicque  au  iiiesine 
endroict  pour  passer   nos  galères  et  batteaui(  de  la  Su^ 
derzee  en  la  Dimermeer;  voire  je  tiens  que  desjà   [il%'} 
passée ,  et  que  le  dits  bateaux  sont  passés ,  au  liûoy^n  4^ 
quoy,  si  Dieu  nous  faict  la  grâce  de  le  tenir,  Von  auroîj^ 
moyen  par  là  de  couper  les  vivres  à  Tennemy,  v^u  quA 
de  là  Ton  polroit  se  mettre  à  Tencognure  où  la   UieiQçp- 
meer  regorge  dans  le  Auistel  ;  mais  rconemy  tache  p^r 
tous  moyens  de  Tempescher ,  mesmes  de  se  venir  jji^tter. 
avecques  toutes  ses  forces  vers  le  mesme  lieu.  L^Seigne*^ 
Dieu  nous  vueille  donner  ce  que  nous  est  salutaire. — l^s  s^ 
iaires  de  Zélande  estoyent  et  tels  termes  que  il  estoit  uni- 
possible  que  les  ennemis  eussent  tenu  ptushau.(  de  Sj^ur^, 
quant  quelques  uns  de  nos  bateaux,  ayant  apperceu  quel- 
que batteaux  venants  d'Angleterre  tirans  ki  routtede.FUiQ- 
dern ,  ont  quité  leur  garde  pour  les  poursuyvre,  de  sorta 


(fiieiabatttauieenneiuis  ont  passé  vers  Tcrg«a'  malgréles  1575, 
□aitres(|ui  e&toyent  demourés  liu  reste,  et  de  lu  en  unt  Jaia, 
maeaê  suirea  furnJes  de  vivres  et  munitions,  desorte 
^c»te  coni|ueste  nous  a  esté  jcAade  pour  ce  coup; 
tootesfoiï  l'on  pense  (]ue  les  oostres  auroient  depuis  a&- 
itll;  lu  Uote,  mais  n'y  a  rien  d'assuré.  Au  reste  le  Prince 
dOrange,  ayant  esté  adverti  que  le  liante  de  Mongoineri 
n'inra  rien  peu  effectuer  pour  le  ravitall entent  de  la  Ro- 
cbdle,  et  mesme  se  seroit  retourné  en  Angleterre ,  y  a 
«royé  pour  l'induire  à  ce  que  avec  toute  sa  troupe  il 
w  tienne  jetter  pardeçà  à  nostre  seccours,  af&n,  si  Dieu 
nous  donne  succès,  nous  puissions  par  après  avec 
HwiM  nos  forces  les  aller  seconrrir  à  la  Rochelle. 
^«li,  Monseigneur,  ce  qui  se  passe  pardeçà;  tout  le 
monde  est  en  grande  attente  de  seccours  que  doibt  venir 
d'AlraagRie;  pour  tant  s'il  pouvoit  estre  Mentost  prest, 
w  leroil  un  singulier  aide  pour  tout  ce  paîs,  Vrayeat 
^devant  la  ville  de  Harlem  la  cavallerie  ne  poiroit 
^u«re  servir  pardeçà,  mais  premièrement  nous  espérons 
'•innfue,  si  on  les  pouvoit  asseurer  breJÎ  secours,  iU 
■icndroient  encor  bien  trois  ou  quatre  semaines ,  maïs  le 
iMil^st  à  l'anseurancu  et  non  pas  les  tenir  en  suspens; 
pffl»  «près  la  cavalerie,  en  nombre  de  mille  ou  douze  cents, 
•oviroit  encor[cî  enl  pour  affranchir  les  passages ,  mesiiie- 
■Wirten  Mté,  quant  les  dicques  sont  sèches.  Touchant  d'à  1- 
•♦Wer  les  reyiresdu  payement  de  la  vieille  dette  et  d'av  an- 
'^  ipielque  chose  de  ce  qui!  esrhéra  k  U  Sainct-JVlichiel , 
'■  S.  peut  tenir  pour  asseuré  que  c'est  une  chose  inpossi- 
"w  pour  le  présent ,  et  pour  tant  sera  nécessaire  d'advî- 
*"  i  austre  remède.  Au  reste  je  me  stiis  advisé  avec  le* 


—  156  — 

i5yi.  Estais  sur  le  payement  des  reyters  et  leur  selle,  cpie  œ 
Juin,  moyen  seroit  bien  le  plus  expédient  que  ils  arrestassent , 
tant  en  Allemagne  que  allieurs,  tous  les  fugittiffs  de  Hol- 
lande, pour  les  mestre  à  priz,  et  en  advissasent  les  Estais 
pour  estte  instruits  d  eux  à  combien  ils  les  devroyent 
rançonner.  Certes  par  là  nous  recouvrions  un  double 
bien,  car  eux  seroyenl  payés,  et  nos  fugytifTs  con- 
traints de  retourner  à  la  maison.  Y.  S.  polra  penser  si 
elle  trouvera  ce  moyen  bon.  Il  luy  plaira  le  communiquer 
avecq  ceux  qu'il  appartient.  Qui  sera  lendroil ,  etc,  Es- 
crit  à  Delff,  ce  8  juny  1578. 

De  y.  S.  très  humble  et  affectionné  serviteur , 

Ph.  de  Marnix. 

Son  Excellence  parlant  hier  d*icy  m*a  enchargé 
de  vous  présenter  ses  bien  affectueuses  recom- 
mandations à  vostre  bonne  grâce. 

A  Monseigneur  le  Comte  Lodvîc 
de  Nassau  Catzenelnbogen  ,  etc.  Dillenberg. 


*  LETTRE  CDXXVII. 

Le  Prince  d'Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau. 

cation  des    Pays-Bas;   affaires  de  France;  nécess^^^ 
d*un  prompt  secours. 


Monsieur  mon  frère.   Vostre  lettre  du   V  jour  de 
mois  m'a  esté  d'aultant  plus  agréable  pour  avoir  veu 
icelle  que  la  fiebvre  vous  a  de  rechief  quicté ,  espé 


quelle  foos  aura  abandonné  pour  tout,  et  que  d'icy  en  iSjS, 
tnnt  TOUS  Irnuverei  en  mellieur  disposition  (i)  ,  à  quoy  Juin, 
je  prie  Dieu  vous  donner  Sa  grâce,  et  maintenir  aussi  en 
bonne  disposition  Messieurs  mes  aulrres  frères.  J'ay  veu 
c«  que  m'escrivez  de  )a  responveque  l'Empereur  a  faicte 
i  plusieurs  Princes  qui  l'avoient  sollicite  à  s'employer 
pour  rapaiser  les  choses  du  Paîs-Bas,  et  qu'a  cest  effecl 
il  «t  besoing  que  je  propose  les  '  et  tous  envoyé  sur  tout 
mon  advis.  Vous  scavez  ce  que  desjâ  par  diverses  fois  Je 
rous  en  ay  escript  ci-devant  et  mandé  par  l'instruction 
donné  au  Conie  de  Barby  et  celle  de  Ueylingen  au  Land- 
ptrti  et  quant  aux  conditions  je  vous  dict  [avoir]  qu'on 
iHnu  aocorderoit  les  libertés  des  consciences ,  le  main- 
tnemeni  des  privilèges,  la  sortie  des  Espagnols,  et  que  à 
mt  cfPect  les  Princes  d'Allemagne  vouldruient  trouver 
les  asseuninces  que  nous  pourions  avoir  pour  te  mainte- 
nement  des  dictes  conditions  (3) ,  et  ne  scay  aultre  pied 
que  l'on  poroit  prendre.  Quant  à  l'Estat  de  France  et  la 
bonne  mine  que  le  Boy  de  France  nous  démonstre,  pttr- 

l'il  m,  disposition.  La  sanlé  du  Comle  Louis,  depuis  le  fiêge 
■t«  Hou  ,  ne  s'éinil  pas  encore  enlièrement  rétablie  :  grand  contre- 
■««9^  pour  les  PavS'Bas-  En  février  l'Eleclear  Palalin  ,  regrettant 
Itie  le  Prince  eùl  si  peu  d'assistance,  diioil  :  •>  Si  Dcus  Ludovico 

■  lluMiio  Taletudînem  firmam  largîrelur  ,  omnia  haec  mala  caneri 

•  pwwnt.  •  Epitf.  Se/ecl,  p.  577.  On  désiroit  eilrémemenl  la  prÈ- 
•«DC*  du  Comle    Snnoy  écrit  au  Prince  :   •  So  Une  F.  Genade  lot 

•  em  lerfaond  en  ontsel  raet  wect,   a  geheel  noodig  dat  U.  F.  Gn. 

*  Hevr  Broeder  Craef  l.odenyk   met  tien  eertti-ii  hem  hier  vinde , 

*  *lw«er  '1  maer  voor  lyn   Genade  persoon  alken  ;  so  aile  hertca 

■  «ver  hem  hangeo.  •   Bir,446".   Vovez  p.  iiS  in_/I 
(1)  cottditioai.  Voyei  la  Lettre  401  et  p,  73. 

■  artirla  on  cBndilinB  <»  poioU  tmii 


-.  168  — 

iS^S.  ce  qu'a  Aécl«ré  Frëgouse,  ses  dëpoitemens  à  Fcndroict  de 
Juin,  la  Rochelle  et  la  bonne  corres|X)ndence  qu'il  tint  avec  le 
Duc  d'Albe ,  comme  j*ay  veu  encoires  naguères ,  nous  foat 
assez  entendre  quel  fondement  Ion  y  peult  asseoir,   et 
toutesfois,  à  fin  que  l'on  ne  me  pourroit  inculper  d  avoir 
obitfis  aucune  chose  pour  advancer  nostre  fait,  j'ay  [de] 
puis  certarins  jonrs  despesché  Lumbres  (i)  vers  \e  Roy  de 
France  avec  lès  lettfes  de  l'Ambassadeur  que  scavez  es- 
ctipte  afu  Duc  D'Albe ,  pour  veoir  si  le  dict  Roy  de  Frànoe 
vouldroit  maihterianft  ent^dre  à  quelque  chose,  et  quant 
et  quant  regarder  si  le  Roy  de  Fravîce  vouldroit  prendra 
tià^  affaire^  en  main  -eft  lever  le  siège  devant  la  Rochelle. 
L'ofi  tnsi  apporté  (Quelques  lettres  interceptés  de  France, 
Ies(](uenes  tne  coniBrfnent  l'élection  du  Roy  de  Poloigae 
en  la  personne  en  Duc  d'Anjou  :  le  bien  ou  le  mal  que 
cela  nous  amènera ,  ^e  'desconvrira  avecq  le  temps.  Selott 
l'advis  que  j*afy  éù  d'Angleterre,   la  Rochelle  demeure 
ëhcûire&  assiégée  et  fort  estrôictetviem ,  tant  par  mer  que 
par'terre,  avecl!)ien  petite  apparence  de  la  pouvoir  secou- 
rir. Au  regard  des  trois  compagnies  cavallerie  que  m'escri- 
vez  se  présentent  de  tenter  le  passaige,  je  vondrois  que 
les  eussions  ici,  vous  envoyerois  volontiers  les  Bestellingén^ 
mais  pour  estre  les  chemins  si  mal  asseurez ,  je  n'oserois  les 
hasarder  au  regard  de  leur  passaige ,  oires  que  je  crains 
pour  estre  le  nombre  si  petit ,  ils  passeront  bien  mal  sans 
hazard  ;  par  quoy ,  si  vous  avez  moyen  de  les  faire  embar» 
quer  avecq  l'infanterie  et  aussy  avecq  les  Franqhois  dont 
m'escrivez,  il   me  semble   que  tout  au  long  du  Rhyn  ilz» 
pourroienl  venir  avecq  [tolourdainez]  jusques  en  Hollan— 

(i)  d.  Lumbres,  Voye«  p.  i3a. 


—  169  — 

^,  et  si  restimez  àinèy  prftcticable ,  je  vous  prie  les  ùàre  iSyi, 
dHigeUtel'  le  plas  qu*il  sera  possible  ;  au  moins  que  pais-  Jaiii. 
simift  estre  secouruz  de  Finfaûterie,  si  la  càvallerie  nevoii- 
droient  [ou]  ne  scauroient  prendre  ce  cliemyn:  et  ibe  man- 
dent environ  quel  temps  ilz  pourroient  venir ,  je  leur  en- 
Toyeray  quelques  bateaux  armez  pour  les  soustenir  en 
cas  de  besoing,  et  toutesfois ,  où  la  dkle  infanterie  ne 
polroit  aucunement  passer  de  ce.  costé  là,  aGn  que  toutes- 
fois  nous  en  soyons  serviz,  faictes  plustost  passer  parla 
Toye  de  Embden ,  Bremen  ,  Hamburg ,  dix  autre ,  pour  la 
nécessité  qu'en  avons.  Je  vous  asseure  que  me  trouve 
tant  despourveu  de  bons  Capitaines  et  ingëniaires  que 
c'est  miracle  de  Dieu  que  nous  maintenons  si  longuement, 
fc  tous  prie  de  regarder  si  le  Conte  de  Sch^artzenburg 
ne  Tdulârdit  m  envoyer  tnàistre  Georgi  Tingéniaire  qui 
Ht  à  Atnnadt,  afin  que  je  puisse  avoir  quelque  support  ^ 
më  trduvant  icy  tout  ^eul  au  millieu  de  tant  d'affaires  de 
poox' .  Lès  nduvelles  de  ce  quartier  entendrez  par  les  lettres 
de  Brunynck.  Que  fera  que  finissant  ceste ,  je  vous  pré- 
ienterà'y  iby  mes  très  affectueuses  rect>mmandations  en 
tàstre  bonne  gfrâce,  et  suppliera^  Dieu  tous  maintenir 
éteroellement  en  Sa  sainte  garde.  Escript  àLeyden,  ce 
rtj'jour  de  juing  iSyS. 

le*  vous  prie ,  Mons'  mon  frère ,  voloir  faire  mes  hum- 
bles recommendations  à  Madame  nostre  mère,  Madame 
^  soéir,  ensamble  à  tootte  la  compaignie. 

Vofitre  bien  bon  frère  à  vous  faire  service , 

GuiLLArMB  DE  Nassau. 

•l^seraers  est  venu  à  cest  instant  de  Harlem ,  me  dici 

'  poids.    'Je  —  âeffiœ.  Autographe. 


—  160  — 

i573.  rextrêmité  où  Harlem  est  et  il  n  est  possible  de  tenir  plus 
Jain,  de  six  ou  sept  jours.  Le  Conte  Montgoméri  m  envoyé  par 
deçà  quelques  harchebuses  François ,  ont  i  atens'  aussy 
aucuns  Angloîs. 

A  Monsieur ,  Monsieur  le  Conte 
Louys  de  I^lassau,  etc.  mon  bien  bon  frère  , 

à  Dillenberch. 


LETTRE     CDXXYIII. 

'  Ph.  de  Marnix  y  Seigneur  de  St.  Aldegonde^  au  Comt^ 
Jean  de  Kassau.  Etat  désespéré  de  Haerlem. 

Monseigneur,  Testât  des  affaires  de  pardeçà  est  encor 
aux  mesmes  termes  que  j  escrivis  par  ma  dernière ,  c'est  à 
savoir  en    toute  extrémité.  Il  n'i  a  moyen  de  secourir 
Harlem.  Les  Italiens  (i)  sont  arrivez;  nous  avons  bieo 
aussy  quelque  renfort  de  François  et  Anglois  que  Mon- 
sieur de  Lorges  (2)  a  amené.  Mais,  perdu  Harlem,  ceh 
ne  nous  aidera  guère;  si  nous  avions  seulement  quelque 
nombre  compétent  de  cavallerie  (3)  jusques  à  septoa 

(i)  Itafiens:  voy^z  p.  i3i.  «  Albanus  accersît  in  castra  ad  Hir- 
»  lemum  Hispanos  qui  recens  ex  Italia  venerunt  :  Langmet,  Ep» 
secr.  I.  199. 

(a)  de  Lorges  ;  fils  de  Montgommcry.  Voyez  cî-dessui. 

(3)  cavalUrie,  Languetcroyoit  à  tort  qu'on  nepouvoit  en  fairett- 
cun  usage.  «  Albanus  edixit  ut  turmae  equîtum  convenianL  Quao ob 
»  causam  hic  ignoratur ,  nisi  quod  aliqui  suspicantar  Albao» 
»  Telle  istos  opponere  copiis  quas  Cornes  Ludovicut  Nant^"* 
»  conscribaredicitur  :  nam  equitum  nullus  est  usus  in  HollaiMlia< 
L  L  Voyes  cependant  ci-dessus  p.  i55. 

'  oay  atteod. 


-  161  — 

fattict  cent /nous  poirons  aucunement  foire  teste  à  Tenne*  iSjZ. 
mi;  et  toute  fois  le  Prince  d*Orange  est  délibéré  de  met-  JuIlleL 
tre  le  tout  pour  le  tout,  prenant  Dieu  pour  son  aide. 
Voilà ,  Monseigneur  y  tout  ce  que  pour  le  présent  je  vous 
laaroye  mander,  suppliant  vostre  Scig^'*  le  prendre  de 
bonne  part ,  où  feray  la  fin  :  me  recommendant  très  hum- 
blement en  la  bonne  grâce  de  vostre  Seig"%  prieray  Dieu 
TOUS  donner ,  Monseigneur ,  en  santé^  vie  bonne  et  longue. 
Escrit  à  Delft,  ce  a  juillet  i573. 

De  Vostre  Seigneurie  très  humble 
et  afTectionné  serviteur, 
Ph.  de  Marnix. 

IMooseîgDcur,  Moos'le  Comte 
Joban  de  Nassau  Gitzeneinbogen, 
<fc*  ott,  en  soo  absence  ,  à  Mon- 
■tigneor  le  Comte  Louis  son  frère. 
DiUenberg. 


t  LETTRE  CDXXIX. 

^  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  à  V Electeur  de  Saxe. 
Il  demande  son  intercession  auprès  du  Duc  de  Savoie 
tu  faiseur  de  la  peuve  de  Coligny. 


V  I^  Comte  Loub  aura  sans  doute  satisfait  avec  empresse- 
ment à  rinstante  prière  de  Tb.  de  Bèze  (voyez  la  Lettre  /|4a}  con- 
fiMve  à  ses  propres  désirs. 

Fr,  Holtoman  est  le  célèbre  jurisconsulte  et  littérateur  ,  né  en 
l5i4  s  Paris  ,  et  qui ,  Protestant ,  se  réfugia  en  Suisse  après  la 
Sl  Barthélémy.  Le  Landgrave ,  dont  le  crédit  auprès  de  la  Cour 

4  " 


—  iflS  — 

JoUleC  'nelj  N,  G,  H.  I.  p.  557) ,  con espomioit  avec  IuL 

La  Duchesse  de  Savoie  étoit  Marguerite  ,  soeur  de  Henri  II  ^ 
qu'Emanuel-Philibeit  avoil  épousée  en  i557:  «  Princesse  ayant 
»  receu  de  grandes  grâces  de  Dieu  et  favorisant  les  gens  de  bien  et 
»  de  saroir.  »  Th,  deBèzej  Hift,  d.  EgL  Réf,  l.  Sb. 


Fretmdtlicher  Iteber  Vetter^  Schwager,  Broder^  «nd 
Gevatter.  Wir  haben  E.  L.  de  dato  Casse)  den  d  AprîUs 
schreib^n  zugeschickt,  was  Doctor  Franci^cos  Hcftôna»* 
nus  von  wegen  des  Admirais  seligen  nachgeiaszener  und 
durch  den  Hertzogen  von  Saphojen  bestrickter  vritwen 
ahn  uns  gelangen  laszen ,  und  darneben  freundtlich  ge- 
betten  das  Ë.  L.  sicb  berurter  armen  trostlosen  und  zum 
hochsten  beschwerten  witwen  mit  gnaden  annehmen 
und  dieselbig  gegen  den  Hertzogen  zue  Saphojen  vor- 
biltlirb  verschreiben  virolten,  daraufTuns  aber  bisz  nocl 
von  E.  L.  keine  wiederantwort  z  kommen. 

Weil  nhun  Grave  Ludwig  zu   Nassau w  uns  ermeltt 
armen  witwen  halben  jetzo  auch  underihenich  ersucht 
wie  E.  L.  ab  beyiiegenden  original  schreiben  zu  befinden 
und  gleichwol  der  Ammiral  seliger  ein  ehriicher 
cher  man  gewesen  und  so  jemerlich  und  erbarmiich  hi 
gerichttet,  dadurch  gleichwol  gedaibte  witwe  dermasze'K 
in  diesz  hoch  beschwerlich  elendt  und  jamer  unschuldigT* 
lich  gesetzt  worden,  derwegen  je  billich  mit  iro  ein  trewef 
Christlichs  betauren  und  mitleiden  zu  haben  ,   und  dan 
oberwentter  Grave  Ludwig  zu  ende  seines  schreibens  mit 
eigener  handt  angehenckt  das  die  Hertzogin  von  Saphoje 
beiùrter  witwen  wol  gewojjen,  auch  seibst  disz  mittell  . 
von  auszbringung  der  vorschriiïten  bey  £.  L.  und  derael* 
ben  Geraahlin  fùrgeschlagen ,  so  ersucben  wir  £•  L.  hianùi' 


—  163  — 

• 

nochltnaù  fi^ùtitlidh  E.  L.  wollen' sichTorbemelterelen-  i573i 
den  und  trostlosen  witwen  in  gnaden  erbarmen ,  und  ausz  Joillet. 
Christlichen  milleiden,  iro  zu  trost  und  erledigung  aus 
jeuiger  îhrer  zustehenden  hochsten  gefhar  und  beschwe- 
rung,  in  E.  L.  se^bst  unddero  Gemabbn  oahmen,  ahn  den 
Heraogen  von  Saphojen  und  deszelbigen  Gemahlin  fur- 
hittliche  schreiben  gnedigst  mittheilen,  und  dieselben 
bejeinem  eigeuen  reytenden  botten  in  Saphojen  abferti- 
gentind  ifberantwortten  laszenn. 

Daran  erzeigen  E.  L.  ein  gutt,  rhûmUch  und  Chrîstlich 
werck,  welchesdie  arme  witwe  gegen  Gott  den  Alnàech- 
Ugen  fur  E.  L.  und  der  Iren  wolfberigen  zustandt  zu  er- 
hitteo  mcht  underlaszen  wirdet,  und  wir  seints  umb  E. 
L,  dero  beschriebetie  wiederantwortt  vrir  hiraufï  scbrei- 
bear^gewertig.  Datam  Gaszel,  am  O'f'*  Julij  A''  73. 

WlLHELM    L.    Z.  .HeSSBN. 


Copie.  No.  CDXXIX". 


^imoire  relatif  aux  négociations  avec  la  Cour  de  France, 


/  Cette  pièce,  sans  date  et  dont  nous  regrettons  de  n'avoir  pas 
^OTé  rongînal ,  paroi t  adresisée  au  Comte  Louis  de  Nassau  et 
^pediée  peu  après  la  réception  de  la  nouvelle  que  le  Traité  de  la 
échelle  i6loit  conclu  ou  alloit  se  conclure.  «  Les  articles  furent  tous 

*  résolus  le  25  de  juin  et  la  ratifiealion  en   fut  apportée  quelques 

*  jours  après  avec  un  Edit  de  pacification.  Mais  il  étoit  beaucoup 

*  plus  restreint  que  les  piécéHents  ;  car  il  leur  accordoit  seulement  la 

*  Hberté  de  conscience  ,  et  non  pas  l'exercice  public ,  horsmis  aux 
^  ailles  de  U  Rochelle ,  de  Nisme» ,  et  de  Monlauban.  »  Mezerai^ 


—  164  — 

iS^S*  V.  i6B.  Cette  paix  étoit  une  mauvaise  nouvelle  pour  let 

Juillet.  *  Maie  babet  Hispanos  pax  Gallica.  Albanus  niisit  equitatum  Bel* 
»  gicum  ad  fines  Gallici  Regni;  metuit  enim  ne  Huguenoti 
9  auxilio  Principi  Orangio.  »  Languet^  Ep.secr,  I.  aoi. 


Il  plaira  à  Monsigneur  le  Conte  escrire  de  la  part  de 
S.  E]Lcell«*(i)  au  Roy  en  connoisance  '  de  la  paix ,  et  aprêm 
lavoir  exorté'  de  Tentretenir,  le  remercier  de  la  boone 
affection  qu*il  faict  paroistre  pour  le  bien  des  afTairem 
des  Pays-Bas  ,  comme  par  le  S^  de  Lumbres  il  a  entendu. 

Le  mesme  se  porra  faire  à  la  Royne  sa  mère,  d^aultant 
qu  elle  s  est  montrée  non  moins  afTectionnée  que  le  Roy. 

Escrivera  aussy  lettres  au  Roy  de  Pollonge  pour  con- 
gratuler son  élection  ,  luy  offrira  toutes  assistences  sdoi 
les  moiens  quil  peult  avoir  présentement,  luy  recom- 
mandera la  manutention  de 'la  paix  de  France,  comme 
un  exemple  singulier  de  pieté,  par  lequel  non  seulement 
il  laissera  une  louable  mémoire  de  son  humanité,  méi 
aussy  se  conciliera  la  bienveuillaiice  de  ses  futurs  sub- 
jects ,  instruis  et  nourris  en  diversité  de  Religion ,  pir 

ce  bénéfice. 

Il  porra  aussy  congratuler  lé  Duc  d'Allanson  eob 
réputation  qu'il  s'est  ucquise  au  premier  port  de  sef 
armes  à  la  Rocelle  ,  d*autant  qu'il  les  a  prises,  non 
moins  pour  le  rétablissement  du  repos  publicq,  que 
pour  la  réputation  du  Roy  ,  comme  est  aparent  pir  b 
paix,  laquelle  il  recommandera. 

Il  sera  bon  d'adviser  sil  c'est  chose  conTeniente  ^ 
eslongnée  de  suspition  ou  flaterie  d'escrire  au  Ginte  d^ 

(i)  5.  Exe.  Apparemment  le  Prince  d'Orange. 

*  rtcoDBtiMâDOt.       *  nlMirté. 


—  165  -^ 

HdXy  comme  au  prindpai  Gonselilier  (i)  de  leur  Majes>  i5y\ 
tés,  et ,  s*il  est  trouvé  bon  ,  en  quel  termes  il  le  fauldra  JoUleL 
£ûre  pour  iuy  estre  agréable. 

n  ne  peult  estre  que  bon  d  escrire  au  S'  Galliase  Fré- 

gose  et  à  Mons*^  de  Schomberg ,  les  remerciant  de  leurs 

boD%  offices  et  les  exortant  de  continuer  en  leurs  bonne 

^wolonté ,  comme  aussy  de  tenir ,  selon  leurs  promesses , 

IcS^  deLumbres  à  toutes  heures  adverty  des  affaires  de 

pardellà  fidellement,  comme  de  son  costé  touttes  choses 

seront  mandés  à  la  pure  vérité  et  sans  rien  déguiser. 

D'autant  qu  il  a  pieu  au  Roy  et  à  la  Roy  ne  de  pré-' 

iter  la   retenue  de  leur  service  au  S'  de  Lumbres , 

poarveu  que  son  Excell^*    ne  reçoive  quelque  malcon- 

'^«itement  ou  nialvaise  opinion  ,  aussy  que  le  dit  de  Lum- 

lires  D*y  s  y  voudroit  obliger  sans  son  sceu  et  consente- 

VBent;il  supplie  très  humblement  que  son   bon  plaisir 

soit  d*en  escrire  son   intention  au  Roy  et  à  la  Royne , 

an  Conte  de  Relz^  s'il  Iuy  escrit ,  à  Schomberg,  et  à  Fré- 

gose,  qui  ont  charge  d'y  entendre   en  absence  du  dit  de 

liOmbres ,  et  sy  son  ExcelH  et  mon  dit  Signeur  le  Conte 

Teo  trouvent  digne,  y  adjouter  quelque  mot  en  faveur  et 

vcoommandation  du  service  qu'il  peult  faire  au  Roy. 

11  plaira  à  Monsigneur  le  Conte  ad  viser  s*il  sera  bon  qu'il 
écrive  aus  susmentionnées  en  mesme  ou  pareille  teneur , 


(i)  primcipal  Conseilliez  Encore  en  1677  il  est  nommé  par  Lan- 

|>et  •  pniecipuus  Reginae  Matris   consiliarios.  »  Ep,  secr,  I.  a. 

aS3.  Le  même  écrit  de  lui  en   1570:   «  lia  se  potuit  insinuare  in 

»  Urgls  Galliae  benevolentiam  ,  et  uti  occasionibus  quae  se  obtule« 

•  root  y  ot  ex  oon  iCa  ampla  fortuna  ad  summas  opes  penreoeril^  » 

IIL  M,  i65. 


~  166  — 

iS^Sw  paisaiaiit  faict  c^pescher  lesdiltes  lettres  ^<let  «afiToyct* 
Joillet.  ao  dit  de  Lumbres  à  l'escu  de  Jullecs  àColiongne^  poitr 
les  faire  passer  en  diligence  en  France. 

«Puis  denshuict  jours  aprez  il  est  très.néces$aire>  4'iiill- 
tant  que  c  est  Tun  des  mil  leurs  moiens  par  lequel  Xitm 
puisse  pratiquer  pourrtetenir  enyostre  dévotion  latfiikjiie 
mère,  d  escrîre  lettres  au  Roy,  par  lesquelles to\iJt  V^  que 
Ton  porra  discourir  d'honestetë,  utilité  et.  nécessite  en 
recommandation  de  suffisance  et  pour  luy  faire. eacfa 
la  souveraine  administration  de  sa  Coronne,  que.cel 
soit  féct  subtillement  et  à  propos ,  fondant  ce  diseouf 
sur  Ta  Itération  que  pourront  prendre  ses  aCEaîres  par 
département  de  ses  frères. 

Pareilles  lettres  à  la  Royne,  l'exortant^  maintena 
qu'elle  se  trduvera  par  le  déparlement  de  ses.-,  deuxifii 
corne  asseulée,  de  vouloir  veiller  de, près  sur  le 
du'Roy^,  ponr  aller  au  devant  de  J'avarice^  arobîtîon 
partialité  de  plusieurs  qui,  sous  couleur  du  bienpubl 
par  paix  ou  guerre  ,  ne  tâcheront  qu'à  la  subversion 
niyne  de  toutes  choses;  Tadmonestant  aussy  que. ce 
tre  et  authorité  de  droict  de  nature  luy  appartient,  q 
comme  mère  du  Roy,  ces  passions,  qui  es  aultre^  sovit 
vicieuses ,  sont  en  elles  louables  et  nécessaires ,  puis  [q%Jt^] 
à  la  vérité  les  effects  de  son  intention  ,  quelque  elle 
puisse  estre ,  ne  peuvent  que  retourner  au  proufGt  e.t  ré- 
putation du  Roy  son  filz. 

Accompaignera  ces  deulx  lettres  d'une  tierce  addrcs- 

santé  k  Galliace  Frégose, d'autant  qu'il  entend  ceste  timsiCj 

I  par  laquelle  il  luy   mandera  que,  scacbant  laflecliofi 

qu'il  a  toujours  porté  à  ceste  Coronne,  il  luy  a  bien  vot^ 


—  lti7  — 

rilatcDcuides  lettres  qu'il  escnt  présetilsmenti  i{W3. 
hj'",  [Miiir  le  rf(|utrir  île  les  leur  présenter  et  V.icl-  JuilIeL 
o  tenilre  toujours  uu  but  dti  ceste  union,  com- 
me au  premier  et  prim-ipiil  point  de  la  grandeur  et  féli- 
(ité  du  Roy  et  des  pnuvres  subjects  tourmentes  Ju»ques 
ipresent  de  tant  de  misères,  non  toustefois  pour  aullre 
diote  comme  il  semble ,  que  pour  en  avoir  laissé  [conve- 
nir] ceuU  qui,  menez  de  leurs  pussions  estranges  plustdt 
ifue  d'un  vertueux  desîr  du  lùen  public ,  les  ont  faict  ser- 
lir  à  leur  proiiiBt  ou  veagances  privées.  Aussi  que  le  S'. 
de  Lumbres  ,  auquel  il  a  parcydevant  donné  cliarge  de 
luy,  en  a  plus  particulièrement  discouru  son  intention, 

MonstgiKur  le  Conte-escrivei-a  pré  sent  eoient  le  rapport 
i  luy  faict  par  le  S'  de  Lundires  ,  dont  il  frra  tf  I  remer- 
dmwil  qu'il  trouvera  bon.  Assurera  anssy  d'avoir  jà  don- 
na c*l  ordre  pour  IVmpIoy  des  deniers  que  son  intention 
M  service  s'en  ensuiveront  Plus  qu'd  en  a  adverlj  en  dîti- 
fmre  les  Princes  d'Aileuiaigne  qu;  litnneiit  son  parly, 
lesquels  il  ne  doute  devoir  en  rrcevoîr  grand  plaisir; 
l'offrira  aussy  pour  faciliter  le  passage  du  Roy  de  Po- 
iongne. 


Au5  Princes  Protesians  il  pourra  esrrire  en  telle  for- 
■*ie  qu'il  trouvera  convenir  pour  les  persuader  et  induire  eo 
«Juelque  oeiirrc.  Mais  il  faudra  user  sur  tomes  choses 
^e  cftsie  finesse,  nssavoir  qu'ils  n'accordent  aulcune  chosa 
i  t«iilx  de  pardellà  qu  a  l'instance  et  en  la  présence  du 
<»mniia  de  S.  Eue',  afiin  qu'ils  co^nolssent  que  les  ad- 
*li«Me»qu'ilz  auront  pardeçà,  dépendent  du  crédit  de  mon 
^t  Seigneur,  pour  les  obtiga  pw  eela.à  M.voloDW.iiiÇLd4 


—  168  — 

i573.  de  Lumbres,  selon  que  le  Roy  a  assez  faict  entendre  quH 

Jailler.  le  désire  et  s'y  attend  ,  aussy  que  le  dit  Frégose  est  amy 

juré  du  dit  S'  ,  et  a  promis  de  traicter  de  toutes  choses 

en    confidence  ayec  [luy] ,  s'offre  selon  ses  petis  moyens 

d  y  faire  senrice. 

Restera  qu'à  mon  ditSign'  le  Conte  il  plaise  veiller  suv" 
l'alliance  de  Vénétiens  ,  à  facilliter  le  passage  du  Roy  d^ 
Polongne(i),  et  pratiquer  parle  moien  de  l'Electeur  Palatiim 
le  mariage  d'Angleterre(2)  ;  faire  advertence  au  dit  de  Lun»» 


(i)  Z^  Roi  fie  Polo/igne.  11  craîgDoit  que  les  souvenirs  de  la  St. 
Barlhélemy  ne  lui  aUirasseut  des  périls  ;  et  en  outre  le  bruit  a?oit 
coura  que  FÊmpereur  irouloit ,  par  le  moyen  de  l'Elecleur  de 
Saxe  ,  lui  susciter  des  obstacles.  «  Crebrescebat  fania  Maximilia- 
»  num  per  Imperium  violcolas  prensaliones  facere ,  et  dum  6lio 
»  regnum  Polonicuro   parât ,  validam  inter  Principes  obnoxios  fi- 
»  etionem  alere ,  eo  consilio,  ut...  Andinum  per  Germaniam  îo  Polo- 
»  nicum  regnum   venientem   transilu  proliiberet.  In  id  Angustoa 

>  Seplemviruro  fidem  obligâsse  et  decem  millia  equitnm  pollîcilOB 

>  esse.  »  Thuanus,  BisL  908  ,  d.  Le  Roi  paroi l  avoir  été  à  ce  sujet 
dans  de  grandes  perplexités.  Il  étoit  question  de  se  rendre  à  Veoise 
pour  traverser  la  Mer  Adiiatique  et  passer  par  la  Servie.  «  Suol- 
»  qui  scrîbant  Venetos  instruere  classerai  propter  Andegaveoses» 
»  qui  venturus  est  Venetias  ,  et  inde  navigaturus  Ragusium.  Rago- 
»  sio  autem  iturus  est  in  Poloniaro  ,  per  Serviam ,  Bulgariaiu  et 
•  Moldaviam.  »  Lanf^ety  Ep.  stcr,  I,  197.  Cest  à  quoi  se  rap- 
porte peut-être  ici  CaU'utnce  des  Fvmiiené\  Quelquefois  aussi  U 
Roi  songeoit  à  venir  par  la  Baltique  :  Charles  IX  faisoil  prier  Eli- 
xabeth  de  «favoriser  autant  qu'il  luy  sera  possible  le  passage  de 
»  mon  frère,  s*il  prend  son  cbemin  par  Mer.  »  Castelmau,LL 
IIL  345. 

(2)  d'JngUterre,  Charles  IX  avoit  déjà  aupar«T«at  sollicité  par 
Scbônberg  les  bout  officet  d«  rElecteur.  •  No«  deafMrar«  qHÎa 


n  (le  Baietiliourg ,  s' élanl  avancé  ivee 
s  ,  rn  grande  partie  baurgeoît ,  jus- 
*SUr  prï'i  de  lloirlfin  |iour  la  riTiUiiller  ,  lumba  (lan-i  une  em- 
uuiddcptfiit  rnmplrtpmcnl  défait. (i  1  La  rcdclUinnde  la  vill« suivit 
^e  fori  près  ce  désastre.  A.llnquer  avec  dfs  IwiLirgeois  dei  forcei 
*Ckfiiiiai«nt  stiperieiirts ,  an  ennemi  aguerri  c[  retniirhë  ,  éloit  une 
*'JM>lulioii  non  Kulcmenl  hardie,  mais  lémcraire  cl  déacspériic  ;  à 
'«4|utHe  un  ic  dclcriniiin ,  conlrt  l'avis  du  Priiici- ,  et  cédant  à 
''«nlntnement  populaire  qui  pïigcoil  une  Itrnlaliie  à  tout  prix.  Le 
"^are  ne  >r  linriia  px«  à  drcon^riller  l>nlrepri«e.  Lne  foii  réio- 
'*>e,  il  d^ira  ;  participer;  mais  1«<>  Elalsde  Uollandr  ne  «oiilu- 
■>«rt   jamaïi    le   permettre.   ■■   De  pcm'Ceoe  raan    on    innoonderen 

*  «■■  UnlUnd  .  .  .   rlepen   dal  men  ntcl   ernoeg  eu   dcde  voorde 

^  ra  tiiniinc  libi  et  univertae  (iertnsiiiae  eipetend»  'nuptiae  Alen- 
^  fonii)  fclicem  sorlialur  cxitam  ,   ad    îdqiie  iiin(>nnpeie  nplare  til 

*  ipii  Principe*  partes  su»  înterponant ,  aiqiic  inpiimii  Palalinus 
■  SepIMDvir  .   quem  gralia  pluriinum  apud  A.ngliBe  Reginain  valere 

*  »ciaL  •   Thtmnut ,  Hisl.  JS.  p.  907  e. 

(1)  dèjnit,  Pro  du  rhrmin  dit  Ar-f  Manarnpnd,  an  ta  liai, 
nne  «Jctoire  signalée  rrruiila  U  Comte  île  Ftandve  dam  ««Etats. 
M'  le  Professeur  iv/n  i.rnnfy,  jaloux  île  contribuer  en  toute  orcft- 
lion  i  l'honneur  de  son  paj  > ,  ;  a  consacré  un  obélbque  «u  double 


—  170  — 

1^3^  f  IjQtro^we  borgerf  Q  «n  aoldaten  biopen  Haeriem ,  ja  Tele  bornerai 
JbîUeC.  *  ^'^  verscheiden  steden  van  Holland  presenteerden  selfs  in  per- 
»  soon  mede  te  trecken  , . .  .  sulx  dal  de  Prince  van  Orangien  eo 
»  de  Staten  van  Holland  .  .  .  bevel  gaven  \)m  de  sake  te  wagen  en 
»  Haertem  teontsetten;  de  Prince  presenteerde  selfs  mede  te  treo- 
»  ken  ,  maer  de  Staten  en  wilden  'tselve  om  veracheiden  respecten 
»  niet  gedogen.  »  Bor ,  4^9**—  M.  Kluit  (Holl,  Staatsreg,  III.  4a5) 
a  publié  la  Commission  par  laquelle  la  Prince  conBoit  la  Présidence 
de  son  Conseil  à  P.  Buys  ,  le  6  juin  ;  >  Alsoe  wy  tôt  bulpe  ,  asai- 
%■  «leptia  eode  outset  der  Stede  van  Haerlem ,  voirgenomeo  hebbeo, 
u  metter  hulp^Cotdts ,  ons  le  begevea  by  onsea  crychsvoicke.  • 


Unser  freundiich  dienst  und  wasz  wir  sonst  mehr  liebs 
und  guets  veroiogen  zuvor,  wolgeborner  freuridtiicher 
)îebâF;6pii«ler.  Wir  khùnnen  E.  L.  den  leidtlîchen  fahl  der 
sîch  mitt  dem  [hoch}  -wnrlgebonien  unaerD  l»6sondera  und 
giitten  freundt,  Hcrr  Wilhelm  vonBrunckhorst,  freyharr 
zu  Batenburgk  und  Steyn  etc. ,  aïs  s.  L.  den  9  disz  tanfira- 
den  monatz  July  die  stadt  von  Harlem  entsetzen  wollen^ 
zngedmgw,  nith  verhAJten;  und  werden  wir  glaubhaffçig 
berichtet  als  s.  L.  im  follen  rhennen  und  treffen  gewe- 
sen,  mith  dem  pferdt  gestùrtz  und  gefallen,  alsobaldc 
vonn  den  feindt  iimbrîngett ,  und  gefencklich  hinwegh 
gefurtt  wordten  sein  sollenn. 

Wan  wir  nhun  in  ahnsehung  s,  L.  unsz ,  der  sachen 
und  dem  Vat^eriandt  txeurlich  gedienett  und  ye  dieselbe 
mit  hertzen  gemeinett,  unsz  dcirunib  nicht  wenig  betrûbt 
befînden,  und  neben  s.  L.  geinahell  und  fraw  raucter 
der  wir  bieniitt  aucb  geschrieben  ,  ein  solches  von  hertzen 
leidt;  dieweill  wir  aber  aile  inn  den  handten  desz  AI* 
mechtigen ,  mùszen  wir  Gott  darfùr  dancken.  Und  ge- 
langtt  ahn  £.  L.  unser  freundtlicb  hilten ,  Sie  ^pkoUadii 


^  171  -^ 

obtnduigcfedites^.Herr  yon  BaJbonbttrgkB  geia&bell  auax  iS^S. 
erzelten  und  ahndem  E.  L.  bewusten  ulïrsachen^,  umb  Juillet. 
uDserett  willen  aile  freundtschafft  und  gutten  wilien  er- 
weisen,  aiich  bei  anderen  herren  und  gutten  freundenn 
rath  suechen  und  geprauchen  ,  und  die  sach  sonst  allent- 
halben  besten  vermogen  nach  underbawenn ,  daroit  s.  L. 
der  gefencknùsz  môgten  erledigt  werden.  Darahn  werden 
E.  L  sonder  zweiffell  ein  gottliches  ahngenemes  werck 
der  btmibertzigkeiu  thun ,  und  wir  wollens  umbdiesel- 
be  mitt  alien  trewen  fleisz  verdhîenen  ,  und  bcfehien  die- 
selbe  biemitt  in  den   schutz  desz  lieben  Almechtigen. 
Oatilm  Lejdeu ,  den  i2*~  Julij  Anno  ^3. 

£.  L.  dienstwîlli^er  Bruder, 

WfLHELM    PaIHTZ   ZU    UBAmBH. 

DerHerrvon  Batenburcb  ist  zwen  tag  darnacb 
giestorben  nacbdem  diesser  briefT  gescbrieben. 

Dem  wolgebornen  Graffen  Johan 
«Ml  Nassau  ,  Catzeneknbogen  eic, 
freondliobeii  liobeo  BriiUer. 


Le  i3  juillet  le  Prince  écril  de  Leîde  à  un  de  ses  frères.  «  £n- 
^  kodant   Tenvie  qu'est  prince  à  ce   gentilhomme   le  Capitaine 

>  Bernau  d*encheminer  pour  certains  affaires  vers  rA.llemaingne, 

>  j*ay    bien  voulu    Paccompaigner  de  cete  ,  sullcment  pour   me 

»  raroentevoir  en    voslre  bonne  souvenance    et  de  Messieurs  mes 

»  antres  frères  ;  et  pour  autant  que  ce  dict  gentilbomme  m'a  pro- 

*  Mk  voua  laire  bien  amplement  entendre  l 'estât  des  affaires  tant 

«.fie  «e  pays. que  d'Angleterre  et  de  la  France  ,  j'cstimerois  super- 

»  flux  de  m*extender  sur  ce  davantaige  ;  par  ceste  sulement  vous 

»  diraj  que ,  pensant  ses  jours  ravictuailter  la  ville  de  Harlem  et 

»  n'estant  la  chose  succédée  ,  j'ay  eu  quelque  perte  d'hommes , 

9  ma»  non  pas  si  grande ,  Dîeo  mercy  y  qoB  ^bien  la  pe)[Pt*ilia 


—  172  — 

l573.'  »  armes.  J'en  ay  bien  touI  a  toucher  oe  mot  en  passant^  n'aMeo- 
Juillet  *  '**°^  4^^  ^*o°  ^°  P^'i'lc  diversement.  »  (*{*M.S.} 


LETTRE   CDXXXI. 

La  Comtesse  Juliane  de  Nassau  au  Comte  Louis  de  Nassau. 
Elle  désire  garder  sa  fille  Juliane  auprès  délie. 

\^  En  i559  Albert,  Comte  de  Nassau-Saarbrûcken  et  Conrad, 
Comte  de  Solms-BraunfeU ,  avoient  épousé  Anne  et  Elisabeth  de 
Nassau  ,  soeurs  de  Guillaume  I.  Depuis  le  mariage  de  Madelaine 
aiec  Wolfgang  Comte  de  Hohenlohe  ,  en  1667  ,  Juliane  seule  étoit 
encore  auprès  de  sa  mère  ;  elle  fut  mariée  en  i575  au  Comte  Al- 
bert de  Schwartzbourg-Rudolstadt ,  frère  du  Comte  Gûnther,  de- 
puis i56i,  époux  de  sa  soeur  Catherine. 


Wasich  aus  meûtterlîcher  treuweallezeicliebsund  guts 
vermagh  zuvor ,  wolgeborner   freundlicher   hertzliebcr" 
sohn.  Ichhoffen  es  sei  nun  gar  gutmit  Dir,  das  das  fieber 
nun  ausbieiby  und  Du  wolfaren  seist ,  welges  ich  Dir  Toa 
herl''.en  dun  wûnschen....  Hertzlieber  sohn ,  ich  kan  Dir* 
auch  nicht  verhalten  dns  Graf  Albrerht  von  Nassau  und 
Graf  Kunrat  von   Solmes  sanipt  iren  Gemahlinnen  in* 
willens  seindtden  27  dièses  monds[nach]ArnstatzumeiDen 
sohn  und  dochler  von  Schwarlzenbergkzu  ziehen;bege- 
ren  das  mein  dochter  Juliane  von  Nassau  mit  i.  L.  sollen 
ziehen  ;  nun  bin  ich  ineinen  deyis  gut  wilig ,  dan  es  wil 
sich  doch  gebeuren  ,  das  niir  sie  wieder  [ejumm]  lassen 
ziehen,  das  gros  geniutter  und  niein  dochter  nit  dorften  dcn- 
cken  wir  weollen  si  [baus]  i.  L.  w^îessenund  i/vilienbei  uns 
behalten  ;  es  bedeucht  niich  aber  doch  ,  uf  Deine  verbes- 
serung ,  wir  betten  jetzt  beyden  ineinen  sobnen ,  Gnf 


—  173  — 

Albrechten  und  Graf  Kunratten  ,zu  bitten  das  dieselben  1578. 
bei  Graf  Geuntter  und  meiner  dochter  ir  umb  erlaubnûs  JoiUel, 
-weolien  bitten  ;  dan  wo  es  seindt  keunt  y  weolt  îch  sie 
Ç€rn  in  meinein  alter  bei  mir  haben.  Dies  hab  ich  Dir 
nicht  kennen  verhalten ,  bitten  Dîch  mir  anzuzeigen 
wie Dus'  vor  ratsam  ansiehst.  Dun  Dich  hiermit  dem  AI- 
mechtigen  in  Seine  gottliche  bewahrung  befehlen.  Dc^ 
^t^m  Dilibergk,  den  ao  Julij  Anno  iSjS. 

Deine  getreuwe  Mutter  allezeit, 
JnLiAN£  Greffin  zu  Nassauw 

Witwe. 

Dem  Wolgeboren  Ludwîgea 
Ornffeo  zu  Nassau  ,  Catzenelleobogen  , 
■i^iiieQ  frundUcben  hertzlieben  Sobu. 
In  bandeo. 


LETTRE  CDXXXII. 

t^€i  Comtesse  JuUane  de  Nassau  au  Comte  Louis  de  Nassau^ 
Reddition  de  Haerlem  ;  affaires  domestiques. 

^9*  La  capitulation  de  Haerlem  fut  signée  le  11  juillet ,  après 

9^«  la  défection  des   Allemands  eut  empêché  Texécution  du  des- 

^^ddéjà  arrêté  de  se  frayer  un   chemin  à  travers  l'ennemi.  Le  14 

^^9  Espagnols  entrèrent  dans  la  ville,  et  commencèrent  un  massacre 

"^^Igulier ,  dans  lequel  furent  pendus  ,  décapités ,  noyés  ,  d'après  la 

^^cUration  approximative  des  bourreaux,  173$  personnes.  «Du 

^  aiège  de  Harlem   il  ne  reschappa  pas  quatre  soldats  Fran^'ois , 

^  esquelle  ville  il  y  en  a  voit  assez   bon  nombre ,  à  ce  que  j'ay 

^  entendu.  »  De  la  Noue  y  Discours  ,  p.  270. 


Was  ich  aus  meutterlichen  trewen  liebs  und  guets  yer- 

■  Dues. 


—  174  -^ 

JnîHlet  Keber  sohn.  Wàn  sich  dieïcittung'nih  Harlem  ver folgl^  wel- 
chesmirTon  hertxenleytwer.besorgt  iches  we«rtmeine« 
Rer  Printzen  nit  wolgehen  ;:daiierti  ftiich  die  giYéltén  )tuà 
diein  dér  statt  seindt,  das  sié  so  ellendig  ermordei  wor<- 
den;  der  barnihertzrg  Got  weol  Seinen  lom  von  uns 
'wendeh ,  Seine  gnadt  uns  in  ewigkeyt  mitdeylleli  ;  ich  hin 
aber  in  guetter  hofFntuig  dieweil  die  'zeittukig  aus  eyner 
paffen  stâtt  kum ,  es  sol  nit  so  beos  sein  ;  bitten  Dich  gantz 
freundlich,  wan  Du  gewisse  zeittung  da von  hast ,  mich  ver- 
stendigen.  —  Ich  hab  gebort  das  Du  balt  hie  wilt  sein  ;  so 
kennen  wir  uns  mit  eynander  underreden  wie  bel  gros 
gemuttern  meiner  dochter  Juiiane  halben  [an]  zu  seiH 
chen  [sie]  das  wir  keinen  undanck  verdienen  ;  daa  sie  ir 
viel  guts  gedan  haben.  Ich  hab  Dir  gestern  geschrieben , 
yersehe  mich  der  brief  sei  Dir  zukomroen;  bitten  Dich 
gantz  freundlich  wo  gewisse  zeittung,  diezu  schreiben 
seindt,  vorhanden  weren,meinen  G. H.  Herzog  Reychart- 
ten  (i)  mitzudeyilen ,  balt  herzu  schic^ken ,  das  ireGnaden 
lackey  abgeferttigt  meog  werden.  Worin  ich  Dir  wieder 
gefallen  und  ailes  guets  kan  erzeygen ,  hast  Du  mich  die 
tag  meines  lebens  als  deine  mutter  geneigt  ,  dun  Dich 
dem  Alniechtigen  in  Seine  geottliche  bewarung  befeiien. 
Datum  Dilienburg,  den  21  JulijA°73. 

Deine  getreuwe  Mutter  allezeit  , 

JuLIANfi  GrEFFIN  %C  NaSSAUW 

Dem  wolgeboren  Ludwigen  Witwe, 

Graffen  zu  Nassaw,  etc. 


(i)  ReichtÊ/tun.  PeaUétre  Richard ^  Duc  de  SimiDeray  frère  de 
TElecteur  Palatio. 


—  175  — 
f   LETTRE  CDXXXni. 

Lefiinte  d* Orange  ^u  Comte  Louis  de  Nassaui  DèUiïh 
4ur  VexpédiÈîond»  Baêenbcwg  et  la  red€liiiôn  de^  Haepi 


\*  Le  Prineft  avoit  faU  ^  oa,  ce  qoî  est  plus  prol>able ,  allii^if  i573. 
&irc  Qoe  toomée  dans  la  Sud-HolUode  pour  rasimer  les  esprits  Juillet. 


ittus.  «  Hy  is  deo   i8*  July  vao  Leydcn  vertrocken,  daer  lateode 
^    den  jongben  Grave  van   Montgoinery  fLorgesJ  .  .  ;  dese  blecf 

*  «iaar  met  deo  Heere  van  Poyet . .  •  Den  Prince  vertrock  over 
^    Deift  op  deo  Briele ,  aile  de  Steden  besoeckende  code  sterc- 

*  iLeode.  »  Fan- SÊfteren  i  ^  St. 


MoB0Îeur  moi»  frère  ,jay  receu  vostre  lettre  du  second 

four  de  ce  mois,  et  je  tous  y  eusse  plustost  respondu 

sa^BS  rempécheraent  que  m*ont  donné  les  affaires  de  la 

"v^lle  de  Uaerlem ,  de  laquelle  j  a  vois  espéré  vous  envoyer 

v^^elieures  nouvelles  que  ne  feray  [par  ceste]  ;  et  toutesfois 

puisqu'il  a  pieu   autrement  à  ce  bon   Dieu,  nous  fault 

<H>iiibmier  à  Sa  divine  volonté  :  je  prens  ce  mesme  Dieu 

en  teimoing  d^avoir  faict  selon  mes  moyens  que  me  sont 

^Mé  donnez  tout  que  ma  esté  possible  pour  [la]  secourir., 

£t  n  ay  obmis  chose  quelconque  que  j*ay  estimé  pouvoir 

'^ir  à  ung  si  bon  effet   et  mesmes  encoires  dernière- 

iitCBt  ayant  espéré,  à  la  poursuitte  très   instante    des 

Estas  de  ce  pays  et  du  peuple,  de  la  ravictuailer ,  la  chose 

fw  dressée  si  dextreraent ,  encoires  que  Tentreprinse  fust 

très  hasardeuse  et  entièrement  contre  mon  opinion  (i)  , 

(i)  comité  mon  opinion^  «  Ik  hebbe  eco  missive  gesieo  vao  x6 

■  Cest  ici  U  Duplicata  de  la  dépêche. 


—  176  — 

i5ji»  que  noz  gens  ayantz  le  neufiesme  de  ce  présent  mois 
Juillet  gainé  le  bois  [j'adant]  estoient  en  assez  bon  train  d'efTeetu- 
erleurentreprinse,  avant  que  tout  à  Theure  ilz  eussent  es* 
té  secondez  d^eulx^desuyvantladvisque  leur  ayons  donné, 
mais  mancquant  en  cela  ceuk  de  [Harlem],  et  se  renforçant 
rennemy,amisen  route  les  nostres,  tellement  que  bonne 
partie  en  est  demeuré  sur  la  place,  et  entre  autres  Baten- 
burg,  [hetourloo]  quelques  pièchesde  campaigne  ,  avecq 
tout  le  reste  du  bagaige  ,  prins,  et  se  sont  mis  en  route 
non  seulement  ceulx  qui  se  trouvoyent  en  ceste  entre- 
prinse,  mais  aussy  tout  ce  qui  restoit  au  camp  que  te* 
nions  entre  les  villes,  et  tellement  que  n*avons  plus  aucune 
armée  en  campaigne,  bien  que  de  recheff  commençons  à  ras- 
sambler  le  soldatz;  et  depuis  se  trouvans  ceulx  de  [Harlem] 
extrêmement  oppressez  de  famines,  ont  este  constrainctzse 
rendre  par  une  telle  mauvaise  composition  à  la  miséri- 
corde de  Tennemi,  lequel  est  entré  dans  la  ville  diman- 
che douiième  jour  de  ce  mois,  et  depuis  n*a  cessé  de  faire 
horribles  exécutions,  tant  des  bourgeois  que  soldatz,  chose 
contre  tout  ordre  et  droict  de  guerre,  et  Tennemi  mar- 
che vers  Aikmar,  laquelle  ne  pourra  soustenir  ses  effort! 
non  obstant  quelle  nous  soit  de  grande  importance ,  du 
moins  pour  tout  le  reste  du  Waterlant ,  et  voilà  lestât  [où] 
je  me  treuve  à  présant  et  povez  penser  la  perplexité  où  ils 
[sont]  voyant  aller  leurs  affaires  de  ceste  sorte ,  et  estant 

»  Julij  i573,  inhoudende  onder  andere  dat  dese  aeoslag  tffca 
»  d'eipresse  wil  en  méninge  van  den  Prince  was  begonnen ,  M 
•^onder  expresse  proteslatie  dat  hy  sulx  toeiiel  oro  te  voldoen  alkii 
»  quaden  roepers  en  kryters  ;  maer  dat  hy  vreesde  dalter  oiH 
»*gelucken  en  soude  ...  ;  en  dat  het  geeo  borgeren  werk*  en  wai^  • 
Mor,  AAo*. 


dïtiiit  de  gens  de  bien  que  j'ay  perdu  en  ceste  dernière  i5^3. 
deflàicte,  et  aiis^y  dnns  Harlem,  et  voyant  d'autre  costé  Juillet. 
[nulle]  apparence  de  secours  ,  et  n'ayant  personne  pour 
«I  affaires  si  ur^ens  me  prester  ayde  ou  conseil.  Il 
OtTrayque  Monsieur  de  Lorges,  Poyet  et  quelques  au- 
KtiFfanchois,  n'ayans  peu  entrer  en  Rochelle,  me  sont 
icj  «nu  trouver  ,  mais  vous  siavez  le  peu  d'appuy  qu'il 
J  i,  pour  ne  scavoir  la  contrée  tlu  iîi  i,  ni  la  langue,  me 
doablant  que,  pour  estre  la  paix  (i)  de  rechiei"  en  Fran- 
ce, ils  se  vuuldront  tout  aussytost  retirer.  Quant  aux  An- 
gloli,  bien  que  aucuns  sont  de  bonne  volonté,  toutesfois 
<)]r  en  a  d'aultres  enver  eulx  qui  les  desbauchent;  les 
cofurs  des  habitans  de  pardeçà  s'nffoiblissent  de  plus  en 
plus ,  les  couraiges  se  perdent,  plusieurs  se  retirent,  et 
'w  finances  sont  espuiséea ,  tellement  que  ne  nous  reste 
quasi  moien  quelconque  pour  soustenir  longuement. 
Qui  sefii  l'endroict  où,  après  mes  très  aiTectueuses  re- 
commandations en  voatre  lionne  ^Ace,je  supplieray  Dieu 
*ous  maintenir,  Monsieur  mon  frère,  éternel lenient  en 
>a  ^nne  saincle.  Escript  à  Deift ,  ce  xxij'  jour  de  juillet 
.5,3. 

A  Honsieur ,  Monsieur 

«Cbflle  Loiiji  de  Nasstu  , 

nmn  b'itn  bon  frère. 

A  Dillenbrrch. 


Lt  Priece   ne  le   faisoit  pas  illii< 
mojva  qufleonque  polir  j 
pu  H  confiance  dam  les  m 


'  ne  nom  reste  qaati 
nt.  Mail  il  ne  plaçolt 
ieconfioit  en  Celui  qui. 


4 


—  178  — 

1 573.  lorsque  les  moyens  manqaeDty  en  peot  créer.  Ses  ConoiMsairet 
Jaillet.  ^*  Hollande  lui  ayant  écrit,  le  a4  juillet^  qu*à  moins  d^avoir 

ment  contracté  une  Alliance  ferme  avec  quelque  Prince  puissant , 
la  résistance  étoit  désormais  inutile  ,  il  leur  adressa  le  9  août  uoe 
réponse  justement  célèbre  ,  dans  laquelle  on  remarque  les  pas- 
sages suivants:  «  Wy  nemen  God  Almacbtig  totgetuyge  wat  bedrocf- 
»  fenisse  en  bertsweer  dat  wy  (overmits  bel  bekla|^lyk  oogcM 
»  Haerlem  overgekomen}  gehad  bebben ,  en   ware  aulx  m  periWI 

•  van  ons  lyf  en  leven  te  yerboeden  geweest,  wy  bebben  menif* 
»  mael  genoeg  geprcsenteert  't  selve  daerloe  te  wagen  ,  se  wy  00k 
r  gène  middclen  of  wegen  achtergelaten  en  bebben  ,  die  ons  eeoi^- 
»  sins  tôt  bulpe  en  bystand  dersetver  Stede  docbten  te  dienen  • . . 
»  En  of  al  desen  niet  jegenstaende  God  Almacbtig  baliefk  hecft  ni 
»  der  stede  van  Haerlem  na  syn  Goddelykc  wille  te  dispooeroi , .  r 

•  sullen  wy  Hem  en  Syn  Goddelyk  Woord  daerom  ▼arlochsiai 
»  en  verlaten?  is  daerom  de  sterke  hand  God»  eenigsins  verkort? 
»  en  Syn   Kerke  en  gcmeente  te  niet  gebrocbt  ?  .  . .  .  Gy  schrjft 
»  ons  dat  men  U  soude  taten  welen  of  wy  ook  met  eenigen  grolco 
V  machtîgen   PoCenlaet  in  vastcn  verbonden  staen,   om  alvo  dioof 
lé  eenîg  treffelyk  ontset  die  grote  geweldige  nradit  van  de»  tjuH 
«  te  mogen  wederstaen  ,  waerop  wy  nie!  lalcn  e»  vrilkio  oMc» 
»  yoor  antwoorde  te  geven  dat ,  al  eer  wy  oit  dese  sake  en  debi- 
»  schermenisse  der  Christenen  en  andcre  veinlrukten  in  desen  laade 
w  aengcvangen  bebben  ,  wy  metten  alderoppersten  Potentaet  der 
»  Potenta'en  aisulken    vasten   verbond  bebben  gemaekt ,  dat  wy 
»  gebeel  versekert  syn  dat  wy  en  aile  de  gène  die  vastelyk  dacmp 
»  betrouwen  ,  door  8y ne  geweldige  en  macbtige  band  teo  Icitca 
>*  nocb  ontset  sullen  worden  ,  spyt  aile  Syne  en    onse  vyaodcB  » 
»  sonder  nocbtans  dat  wy  middelertyd   eenige  andere  nùddelcSi 
»  die  ons  de  Heere  der  Heerscbarcn  torgescbikt  beeft ,  hebbeo  <A 
9  ats  nocb  willen  laten  voorbygae».  »  Bor  ,  447^ —  ff''agtnaar  f  ta 
qualifiant  cette  réponse  (n  redenen  die  de  Godsdienst  roeer  dUa  de 
»  Staatkundc  uitlevert  :  »   f'ad,  Ilisf,  YI.   44^} >  oublioit  que  II 
confiance  en  Dieu  est  le  premier  précepte  d*une  saine  politique» 
yigilaie  et  orale  Deo  confidentes  !  Ce  n'est  qu'alors  qu'on  est  av- 
dessus  des  événements  par  ta  conscience  du  devoir. 


179  — 


*  LETTRE  CDXXXIV. 

Le  Prince  d^ Orange  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Entre^ 
j^iee  de  F  ennemi  contre  Alkmaer;  mutinerie  des  Es^ 
pagnols  deifant  Haerlem  ;  prise  du  château  de  Ramme^ 
kens  par  ceux  de  Zé lande. 


*^  Le  16  juillet  le»  Espagnols  anîyèrent  devant  Alkmaer;  15.73, 
■aïs  ,  la  ville  ayant  reçu  encore  à  temps  garnisou  du  Prince  ,  ils  a  ^a^ 
se  retirèrent  pour  le  moment*  —  Revenues  à  Haerlem  ,  les  trou- 
pes »  à  qui  on  devoit  a8  mois  de  solde  ,  se  mutinèrent  ;  mauvais 
exemple  certes  pour  les  soldats  du  Prince  ;  mais  sous  d'aulres  rap- 
ports cette  sédition,  neutralisant  les  forces  ennemies  ,  vint  très 
«propos.  «  Daerdoor  hadden  die  van  Alkmaer  en  't  Noorderquar- 
»  lier  tjd  baer  te  versien  en  schantsen  te  makeo.  »  Bar  ^  449** 


Mot^ietir  mon  frère,  je  vous  ay  le  xxîj  jour  du  mois 
plBiàse  bien  particulièrement  escript  tout  lestât  des  affai- 
rés dé  pardéçà  et  comme  la  ▼îllé  de  Haerlem  estoit  tombe 
^  nbàlns  de  Tennemy.  Et  depuis  Brunynck  vous  at  envoyé 
le  zxviijT  du  dit  mois  le  duplicat(i)  de  mes  lettres  susdittes, 
^  yadjouste  une  lettre  sienne  contenant  tout  ce  que 
pdOToit  estre  succède  depuis  la  prinse  du  dit  Haerlem, et 
bvniirié  que  tenoit  Tennemy,  espérant  qu'aurez  receu  l'une 
ex  Fautre  dépesche.  Nous  avons  depuis  toujours  estimé 
^e  Tennemy  debvoit  assaillir  quelque  aultre  place,  mais 
jusques  oiies  ,  et  ayant  failli  son  entreprinse  de  la  ville  de 
Alduuar ,  il  n  a  rien  attenté,  seulement  [que]  par  lettres  et 


(1)  dmpUeà»,  V^ez  la  Lettre  4^^^ 


—  180  — 

iSjS.  quelque  pardon  (i)  forgé  au  nom  du  Roy  d'Espagne, 
Août  qu  il  a  faict  publier  et  semer  çà  et  là  ,  a  pensé  dësbaucher 
et  allécher  les  villes  à  soy  ,  mais  jusques  oires  ne  luy  ont 
preste  l'oreille ,  bien  que  autrement  les  affaires  y  sont 
assez  en  branle  pour  la  perte  de  Harlem ,  la  continuelle 
charge  de  la  Gendarmerie,  et  le  peu  secours  qu'ilz  disent 
leur  venir  ;  aussy  Tennemy ,  fouraigeant  çà  et  là  le  plat 
pays,  tient  tellement  quelques  villes  en  subjection  que 
mal  elles  pourront  cueillir  les  fruicts  de  ceste  année,  le- 
quel leur  viendroit  mal  à  propos.  L'ennemi  a  la  plus 
grande  partie  de  sa  Gendarmerie  encoires  en  son  vieox 
camp  devant  Haerlem,  attendans  illecq,  selon  que  le 
bruict  est,  leur  payement.  Mais  les  Espaignolz  s'estans 
veuz  frustrez  du  butin  et  proye  de  la  susditte  ville  de 
Haerlem,  daultant  que  Don  Fréderico  a^oit  quasi  le  tout 
retenu  à  soy,  aussy  que  nul  payement  ne  leur  remit,  se 
sont  en  partie  mutinez  ,  s'estans  jusques  à  quarante  en- 
seignes saisiz  de  la  dit  te  ville,  et  chassé  Coronnelz,  Capi- 
teynes  et  tous  aultres  leurs  OfGciers,  mesmes  le  Capitey- 
ne  Julian  Romén» ,  qui  a  esté  constrainct  se  sauver  par  la 
bresche  de  la  ville.  Ayantz  les  dits  Espaignolz  selon  leur 
coustume  faict  ung  £lecte(2),  et  selon  Tadvis  que  j'ayea 
il^  sont  encoires  devant-hier  esté  mutinez  sans  se  vouloir 
ranger;  quelques  conditions  que  le  Duc  d'Alve  leur  ail 


[i] portion.  Daté  de  Nimégue  ,  le  i6  juillet  :  il  contenoit  de  bel- 
les promesses  et  de  terribles  menaces.  «  Geen  rigeur  pmrh  wreet- 
»  heit  die  gy  niet  en  syt  verv^'achtende  .  . . ,  in  sutker  voege  ditttf 
»  over  al  geen  reliquien  blyven  en  sullen  van  *t  gène  jegenwoorde- 
»  lyck  noch  gehecl  is ,  maar  sal  S.  Maj.  *t  Land  doen  Tcnrabco 
»  en  bewonen  met  «indere  vreemde  luiden.  »  Bor  ^  p.  44^** 

(a)  Electe.  Nom  que  les  mutins  donnoient  à  leur 


—  181  — 

iaict  proposer;  ilz  demandent  yingt  huyct  mois  de  gaiges.  1573. 
Dieu  donne  que  noz  souldatz  qui  sont  çà  et  là  es  villes ,  ne  Août. 
suivent  leur  exemple  ,  d'aultant  que  les  moiens  pour  les 
contenter  s*amoindrissent  icy  de  jour  à  autre,  ayans  plu« 
sieurs  habitans  des  villes ,  par  divers  moyens ,  sauvé  leurs 
biens  hors  du  Pais,  et  les  autres  tellement  reffroidiz  que 
les  zèle  et  affection  qu^ilz  ont  en  ceste  cause;  et  le  povre 
pays  ont  tellement  pillé  et  mangé,  qu'il  ne  luy  rest  plus 
aucun  moyen  defurnir  aux  fraiz  et  despens  de  ceste  guerre. 
Vous  aurez  assez  entendu  les  grands  prépara tyffs  qu*a 
faict  Tennemy  en  Anvers  pour  encoires  une  fois  assallir 
la  Zeelande,  enquoy  il  a  tant  besoingné  qu'il  a  faict  voile 
au  dit  Anvers  mardy  dernier  passé  avec  environ  soixante 
bateaulz  tant  grandz  que  petitz  et  quelques  deux  ou  trois 
mille  soldatz.  Et  les  nostres  de  Zeelande  bien  délibérez 
de  le  rccepvoir,  ont  cependant  trouvé  bon  d'assaillir  le 
chasteau  de  Rammekens,  en  quoy  le  S' Dieu  leur  a  donné 
si  bon  succès  que  le  cincquiesme  jour  de  ce  mois  se 
Yoyantz  ceulx  de  dedans  tellement  pressez  qu'ilz  ne  pou- 
Yoyent  plus  longtemps  soustenir ,  pour  avoir  les  nostres 
miné  bien  avant  dessoubzle  dit  chasteau,  se  sont  renduz,et 
le  chasteau  est  demeuré  en  la  puissance  des  nostres,  dont 
ayons  matière  de  louer  Dieu,  car  vous  scavez  importance 
du  dict  chasteau  de  Rammekens,  et  espère  que  cela  fera  ra- 
baisser l'orgueil  de  noz  ennemis  qui,  aprez  la  rendition  de 
Harlem ,  nous  ont  pensé  avaller  tout  [vif] ,  mais  je  m  as- 
seure  qu'ilz  trouveront  autre  besoingné.  J'ay  ce  jour- 
d*huy  eu  nouvelles  que  les  bateaulx  des  ennemis  se  sont 
hier  pour  la  première  fois  attacqué  et  escarmouche  avecq 
les  nostres.  Je  vous  feray  part  de  ce  que  me  viendra  du 
succès.  Je  suis  icy  rendant  toute  la  peine  du  monde  pour 


~  182  — 

iS^S*  trouver  argent  à  fin  de  pouvoir  remectrenoï  gens  en  oïd 
Aoùu  el  dresser  nouveau  camp.  Je  treuve  le  peuple  par  tout  fo 
volontaire,   niais  la  première  fortune  qui  nous  survien 
tout  zèle  se  pert.  Le  Duc  d*Albe  se  treuve  bien   estonn 
de  ce  que  nulles  ville  se  rengent  à  luy:  je  vous  lai 
penser  en  quel  estât  je  suis  icy ,  et  si  vostre  présence  m'e^^^ 
nécessaire  ;  aussy  tout  le  monde  la  désire.  Qui  sera  Fe^^. 
droictoù,  après  mes  très  affectueuses  recommandation^ 
en  vostre  bonne  grâce ,  je  supplieray  Dieu  vous  oclroyec^ 
Monsieur  mon  frère,  en    parfaicte  santé |   heureuse    ef 
longue  vie.  Escript  à  Dordrecht ,  ce  dixiesme  jour  d'aoïm 

Vostre  '  bien  bon  frère  à  vous  faire  service, 

GciLLAUMB    0£   NaSSAU. 

A  Monsieur  ,  Monsieur 
le  Conte  Louys  de  Nassau  , 
mon  bien  bon  frère. 


Le  i5  aoijt  le  Seigneur  de  Lumbres   écrit  de  Cologne  à  M 

• 

[de  Sinisque^].  «Vous  tenant  bien  mémoratif  du  propos  que  je 
»  vous  communiquay  à  mon  partement  de  Zîghem'  ,  je  n'enfeny 
»  icy  aultre  reditte  :sans  plus  je  vous  prieray,  suivant  la  teneur  dV 
»  celiuy,  en  voloir  faire  ouverture  à  Monseigneur  le  Conte  ,  toatc»- 
«  fois  en  telle  sorte  que  sa  Signeurie  ne  s*en  trouve  cbtrgé,  cir 
»  quoique  la  nécessité  me  presse  d'avoir  recours  aux  emprunts  el 
>»  cependant  me  tienne  en  paine  ,  sy  ne  vodrois-je  pas,  scacbiot 
»  les  affaires  de  mon  dit  Signeur  ,  luy  estvn  importun  ou  moleste 
»  pour  préparer  les  miens  à  plus  d'eséance**  ou  commodité  ;  scalle- 
»  ment  donc  dirai-je  que  le  retour  que  doibt  faire  de  bref  pardeçi 

*  »»»;rf  —  «orvirc.  Autcgraph:'.  Sinisgar  (?).   ^'ojez  p.  91  ,  l,  l4* 


—  18J  — 

k  GtpîÉim  Torqaeaii  (i)  y  in*a  faict  prendre  oocasioa  d'ad|oulcr   1 5^3; 
ocste  an  susdit  propos   que  je  vous  tins  à  mou  parlement ,  et  j^^| 
remettant  le  surplus  à  voslre  bone  discrétion  ,  je  finiray  la  pré- 
vôté par  mes  plus  aimablcii  recommandations  à  vostre  bonne 
{lice  et  à  celle  de  Mods^  de  [Cooune].  » 


>©. 


LETTRE    CDXXXV. 

capitaine  P,    Turqueau   au  Comte  Louis  de  Nassau^ 
Dispositions  des  réfugiés  à  Cologne  :  entreprises  proje^ 
sur  Maestricht  et  Anvers. 


Salut  par  Jésu-Christ. 

Alonseigneur ,  en  attendant  le  temps  de  nostre  rende- 
^ous,  me  suis  acheminé  jusque  à  Siguen,  espérant  vous 
7  trouver,  et  aussy  pour  m*accomoder   de  mes  petite  be- 
^ongne  et  aussy  pour  éviter  toute  ocasion  de  bruict  ci*estre 
^  longtemps  en  la  ville  de  Colongne;  car  les  Seigneurs  de 
^  ville  sont  fort  curieux  à  rechercer  ceulx  qui  sont  servi- 
^urs  de  voz  Excellence,  et  principalement  ceulx  quy  s*y 
«mployent  fidèlement  ;  mais  cetilx  quy  sont  là  pour  se  don- 
ner du  bon  temps ,  prenans  plaisir  à  Tivrongnery  et  pail- 
lardise, se  mocquant  de  toute  sorte  de  religion  et  delà 
pure  parolle  de  Dieu,  et  contrôlant  à  toute  chose  en  quoy 
vos  Excellence  s'enploient,  disant  s'il  y  estoint  enchergé 
qa*il  feroint  bien  toute  aultre  chose  ;  et  quant  on  leur  re- 

'^i}    Jtirqueuu,  \oyez  p.  77. 


-.S4-  ^ 

1 573.  monstre  que  leur  debvoir  est  de  s*y  enploier,  comme  estant 
Aoàt.  gentilzhommes  dupais,  il  disent  que  c*est  parfaultede 
moien;  en  faisant  toutes  ches  chose  ,  il  sont  paisible  en 
ladict  ville,  pour  ce  qu'il  sont  du  monde.  Monseigneur, 
je  protest  devant  Dieu  que  ce  n'est  pour  nulle  envie  que 
je  leur  porte  ,  mais  je  désiroy  que  Dieu  leur  eult  faictlt 
grâce  et  à  nous  tous  de  nous  mieulx  enploier  au  service 
de  Dieu  et  de  nostre  patry.  II  court  bruyct  en  la  ville  de 
Coulongne  en  bieaucop  de  bouche ,  qu'il  y  a  des  entre- 
prinse  tant  et  plus ,  principalement  sur  la  ville  de  Gravelin- 
ne ,  parquoy ,  Monseigneur ,  je  vous  supply  ne  prendre  en 
mauvaise  part  ce  mien  advertissement ,  suppliant  humble- 
ment le  vouloir  tenir  seorest  et  vous  en  informer  par  bon 
moyen.  Monseigneur,je  suis  venu  depuis  la  villedAix'  jus- 
que à  Coulongne  avec  ung  marchan  de  Mastrecq,  iequellese 
tient  au  dit  Aix,  fort  homme  de  bien;  il  m'a  dict  qu'il  y  adeux 
hommes  de  la  dict  ville  de  Mastrecq,  lequelle  sont  fuigitif, 
lequelle  y  ont  encore  leur  femmes  et  famille  et  souvent 
vont  de  nuict  au  dit  Mastrecq  par  quelque  certain  trou, et 
se  tient  en  la  ville  quelque  jours  jusque  à  ce  qu'il  se  vueul- 
te'  retirer  et  sortent  de  nuict  par  le  mesmestrou,  et  disent 
qu'il  y  auroit  moien  de  mestre  autant  d'hommes  que  on 
voudroit  en  la  dicte  ville  sans  que  personne  en  seut  à 
parler.  Ledit  marchan  s'appelle  Jan  Guotenne  ,  marchan 
de  laigne  demeurant  au  dict  Aix.  Et  si  d  avanture  voz  Ex- 
cellence se  trouvoint  conselié  avecq  le  temps  d'y  drecher' 
quelque  chose,  vous  luy  pores  recripre  ung  motz  de 
lestre  en  Flauien  pour  l'adrécer  en  sa  main  propre,  et  il 
ne  faudra  à  vous  amener  Tung  des  homes  pour  vous  in- 
fourmerdela  vérité;  il  dict  qu'il  y  fera  fort  bon  quant 

*  Ai\-U-(«liap4>llr.  *  Tnilllml.  *  dresser ,  rntrepreudre. 


leî  mrirt  seront  ung  pely  plus    lonfjue.  Et  quant  au  faict  iSyS. 
d'Aoïers,  j'ay  entendu  pour  chose  verital^le  tpie,   aprei  f 
queMon^'  rfe  lïeauvoix  fut  party  avecfj  sesliateaux,  qu'il 
o'nt  demoré  en  la   ville  nulle   gens  de  guerre,  fors  que 
Kroii  compaigny  d'Allemans,  Dieu  sesi"  quelle,  et  enyj- 
ron  soisant  Espaignol  au  cha&tieau  ,  encorre  auk-un  disent 
qu'il  ne  sont  point  tant.  Je  ne  say  depuis  que  Bieauvoix 
e»l  retourné  avecq  ses  bnteaux  auprès  de  Lilo ,  volant  le 
«miîeaii  de   Rampequin'  prins,    quel    changement  il  j 
poroil  avoir  eull,   d'autant   que    ledit  Bieauvoix    s'étoit 
PATty  pour  aller  vers    leDucD'Alb  pour  savoir  ce  qu'il 
AUroit  à  faire.  On  dirt  que  à  son    retour  il    auroit    faiet 
*Otl|e  pour  hasarderde  passer,  selon  qu'il  avoit  commen- 
c'etnent  du    Duc,  et  depuis  avoir  faict  voille  on  ast  ouy 
S''osse  balry  par  deux  jours  continuelle.  Je  ne  say  ce  que 
*^  »era ,  et  »i  Dieu  avoit  mis  les  cltose  en  bonne  disposi- 
tions. Je  vous  supply   bien  considérer   de  quelle   Iiupor- 
**oce  seroil   ungne  telle  entreprinse,  et   quant  il  vous 
l^lairoit  cbotsir    quarante   ou  cinqunnt    hommes    [idelle 
f*^Ur  cappilaiue  ,  leur  donnant  commission  de  recognois- 
**■*  diacuo  a4  ou  aj  hommes    en  divers  cartier,  ne  leur 
"donnant  point  à  cognoistre  ce  que  on  en  vodroit  faire,  il 
"^^ruit  bien  facile  de  taire  uns  rendevous  sans  confusions. 


•iennant  qu'il  y  eult  ung  chef,  hommes  de  bien  et  Je 


«*aoi 

*-"*lHei',  puurdonnercouraigeauxgensde  bien  de  lever  la 

*^tcet  abatre  lu  testes  desineschans^el  quant  à  faire  com- 

F**rai*on  du  faict  de  Valenchenne  (i)  àcecby,  il  y  a  grand 

**»ITérent,car  l'enprinsede  Valenchenne  fut  faict  avecq  34 


—  186  — 

tSjS.  )iarquebou3ey  et  savës,  Monseigneur^   ceuk  quy  nom 
▲dûi.  ont  discomode,  tant  d  armes  que  de  bons  hommes,  loi 
belles  entreprinse  qu'il  en  ont  faict ,  et  de  tous  ceulx  quy 
nous  vindrent  pour  renfort,  nen  vint  jamais  6  a▼ecq•^ 
mes,  et  toutefois  cefurte'  ceulx  que  estant  arivé  se  mirent 
à  piller  et  sedonnerdu  bon  temps,  et  ce  par  faulte  de  boo 
commandeur,  et  vous  puis  asseurer,  si  Dieu  eubt  periny 
que  nous  eussions  eult  2  cent  harquebouse,  comme  il 
nous  avoit  esté  promis ,  la  citadelle  fut  estes  en  TOitit 
main  24  heure  après  avoir  faicrt  Teuprinse.   Mais  en  oi 
faict  ychy ,  considérés  les  comodités  que  vous  auriés  pour 
armer  voz  gens,  voir'  fysse^  jusque  à  3o  mille  hommes, 
comme  vous  le  povés  mieulx  cognoistre  que  moy,  et  li 
Dieu  avoit  donné  la  ville  en  vostre  main,  il  seroit  aitei 
tous  ceulx  à  quy  vous  auriés  donné  commission  de  Cap* 
pitaine,  dedrecher  leur  compaignie  en  la  mesmes  heu* 
res;  et  quant  au  faict  de  la  citadelle  il  n  y  a  point  faulte  ds 
matièr  en  la  ville  pour  enplir  les  fossé,  ne  aussy  daick 
pour  ce  faire,  considéré  se   dix  hommes  garderont  un( 
boulvercq^  et  ungne  gourdinne^ ,  les  atachant  vivement 
de  toute  part.  Et,  encorre  que  on  ne  poeult  parvenir  à  la 
prendre,  la  chose  est  aisible^'  à  se  trenché'  et  barquié^  ooa- 
treeulx,  pouveu  qu'il  n  aroint^  point  la  merre  à  comniai' 
dément,  et  tenir  la  ville  contre  toute  leur  force;  car  Hs* 
lem  '  **  en  a  faict  Tespreuve:  et  seroit  ung  grand  moien  pouf 
dompter  toute  aultre  ville  et  faire  cesser  tout  les  tra&cqiMt 
quy  poroit  estre  la  cause  d'ungne  révolte  générale.  Voua 
en  ferés  comme  vos  Excellence  le  trouveront  bon.  Voui 
serés  aussy  adverty  que  certaine  nouvelle  sont  v^uà 

•  rurciit.         2  vo'irc ,  méaic.  ^  ri|^i.ce.  •  bolwtrk.  *  ooartiw. 

*  i'tsvQ.       '  retrancher.        *  barricader  (?).        ^  u'aaroieul.       *"  Haerici». 


-  187  — 

Gaulongne  de  plusieurs  main»,  qm  le  Duc  d'Aljb  s'el  i6j^ 
acordé  %recq  $a  Gend^rniery  tant  Espaiool  qiie  WaW^,  Ao&u 
laquelle  estoint  mutiné ,  et  sont  acordé  de  le  servir  inoîeo- 
aaDt  paioient ,  et  dici-on  qu  il  veut  ataquer  quelque  lieu , 
ne  say  quel.  Voilà  |  Monseigneur,  en  somme  pour  cause 
de  la  hativetés,  ce  que  je  vous  puisse  escripre,  priant 
humblement  voz  Excellence  moy  pardonner  et  prendre 
de  bonne  part ,  comme  Yung  de  vo?^  très  humble  serviteur. 
En  hàt  de  Siguen ,  ce  17  d  auoust  iSjS. 

De  voz  Excellence  très  humble 
et  obéissant  serviteur , 
Pierre  Torqueau. 

A  Monseigneur ,  Mon- 
seigneur le  Conte  Lodvicq. 

Mastricbt ,  mto  manu  den  manD  finden  raoege. 


*  LETTRE   CDXXXYI. 

Le  Comte  //.  de  Nuenar  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Il 
se  plaint  que  les  soldats  du  Prince  d* Orange  serassem» 
'   tient  sur  ses  terres. 


Monsieur  mon  frère.  Ceste  servira  pour  vous  advertir 
que  les  lansknechts  qui  commenchent  à  s'assambler  ,  se 
sont  avanchez  de  vouloir  faire  leur  loopplaetse  en  ma 
terre  de  Créfelt,  et  s*i  ont  mis  pied  à  Tendroict  de  ma 
Comté  de  Meurs  en  la  Hercke*  ,  auquel  lieu  ils  sont  arri- 

•    Ecrit  sur  le  dos  de  In   Lettre ,  de  la  main  du  Comte  Lnui.*. 
*  Endroit  sur  les  bnids  du  Rhin* 


—  188  — 

tés  aTecq  de  lourdaines  et  aultres  batteanz ,  mais  iUeeq 
sont  estez  très  bien  frottez,  et  les  batteaux  prins  de  ptr 
Monseigneur  rArehevesque.  Je  treure  fort  estrange  que 
l'on  ordonne  les  lieux  de  telles  assamblées  et  monstres 
en  mes  terres ,  estant  notoire  le  dommage  irréparable 
que  mes  povres  subjects  ont  souffert  par  la  guerre  pas- 
sée,  tellement  que  si  pour  la  seconde  fois  il  leur  fallusse 
endurer  tel  oultrage,  .en  seroient  entièrement  appovriz 
et  ruynez  à  jamais.  Si  ceste  est  la  faveur  que  je  doibs 
attendre  de  Monsieur  le  Prince ,  est  fort  maigre  et  regret- 
table, toutesfols  ne  pense  aucunement  avoir  desmérité 
telle  disgrâce  devers  son  Excell. ,  ny  sa  Maison  ,  qui  me 
fiiict  vous  prier  ,  Monsieur  mon  frère,  très  instamment , 
qu'en  ce  regard  vuei liiez  promptement  faire  pourveoir 
que  tous  les  dit  gens  de  guerre  se  retirent  incontinent  de 
mes  terres ,  et  aillent  ailleurs  choisir  leur  lieux  d'assam- 
blées  et  monstres,  me  conBant  que  sur  ceste  mienne 
requeste  y  donnerez  cest  ordre  que  m'apperceveray  effeo 
tuellement  de  vostre  fraternelle  affection  en  mon  en* 
droict ,  et  conséquamment  de  mes  povres  subjects ,  dont 
la  misérable  voix  de  leur  destruction  perce  les  nues  ,  et 
seroy  constrainct  sans  vostre  sublèvement  et  remède,  que 
vous  requiers  cy-dessus ,  les  deffendre  et  contrevenir  aux 
foullemens  des  susdit  soldats  par  tous  les  moyens  que  je 
pourray  adviser;  aussi  m'en  plaindre  à  la  Ma'^  Impériale 
et  en  tous  aultres  lieux  requis.  A  quoy  par  vostre  pruden- 
ce et  authorité  pourrez  facilement  prévenir  et  remédier, 
comme  entièrement  me  confie  que  ferez,  et  vous  prie 
autrefois'  très  affectueusement  le  vouloir  faire,  ce  que 
recognoistray  et  desserviray  à  jamais  par  tous  les  moyens 

'  ilcralÎTruient. 


—  189  — 

^g^  s'offiiroiit  i  TOUS  faire  amytië  et  serrice,  d'aussi  bon  iSy% 
que  me  recommande  très  affectueusement  à  vostre  Ao&t, 
De  grâce,  priant  nostre  Seigneur  Dieu  yous  donner , 
onsieur  mon  frère ,  en  parfaicte  santé ,  longue  et  heu* 
rje.  De  fiedbur,  le  ai  d'aougst  1673. 

Entièrement'  yostre  bon  frère  et  amy  à 
yostre  service  et  commandement , 

H.   6.    Z.   NUBNAB. 

-A,  Monsieur  mon  frère ,  Monsieur 
Oamte  Loys  de  Nassau  et  Catzenellenboghen. 


X^e  ai  août  l'ennemy  se  présenta  de  nouveau  (voyez  p.  179) 
Ht  AJkmaer  et  cerna  la  ville.  La  résistance  fut  aussi  courageuse 
^  Haerlem ,  et  elle  eut  plus  de  succès.  Le  siège  fut  levé  le  9 
La  garnison  ne  consistoit  qu'en  800  soldats  ;  il  n*y  «voit 
d'étrangers;  et  les  assauts  réitérés  et  terribles  furent  reponiiés 
grande  partie  par  l'intrépidité  et  le  dévouement  des  bourgeois. 
fut  le  18  septembre  que  le  feu  s'ouvrit*  Le  ai  le  Prince  écrivit 
Delft  aux  Gouverneur  et  Magistrats  ;  promettant  qu'en  cas  àt 
itê  on  percerait  les  digues.  £or ,  454\ 


»5 


♦LETTRE  CDXXXYII. 

Prince  et  Orange  auv  Comtes  Jean,  Louis  j  et  Henri 
Nassau.   Foyage  du  Rai  de  Pologne;  affaires  de 
Retonde. 


^Messieurs  mes  frères.  Tay  hier  soir  sur  le  tsfrd  reœu 

■  Bat.  —  rs— MidMUDl.  Auiogfmpkê, 


—  190  — 

i^^.  V6^  lettres  dit  i4  jour  dé  ce  mois.  Ayant  esté  bien  àoe 
Aéûû  d'entendre  si  amplement  vostre  bonne  santé ,  et  tontes 
les  particotarités  <|ue  vous  me  mandez  par  icelles ,  espë> 
riirit  qu'aurez  entendu  par  la  mienne  du  x'deoemeaiie 
mois(i)9  et  aussi  veu  tout  ce  que  jusques  alors  s'est  passé 
icy.  Et  cependant  pour  vous  respondre  au  poinct  duquel 
me  faictes  mention  ,  sur  la  facilitation  du  yoyage  du  Roj 
de  Poloingne  (a)  ,  je  me  conforme  entièrement  à  vostre 
ad  vis,  ne  trouvant  conseillé  de  nous  entremectre  en  ce 
faict  j  estant    chose    qui    en   tout  événement   ne  nous 
peult  apporter  aucun  fruict  y  mais  plustost  que  nous  eau- 
seroit  plus  grande  envie  et  malveillance  :  je  laisse  à  pr- 
ier des  grandes  sommes  et  ne  seroit  que  despendre  Far- 
gant  inutilement.  Parquoy  je  suis  bien  d'oppinion  avecq 
TOUS  que  l'argent  soit  employé  en  noz  affaires  partica- 
Hères.  Car  roùs  ne  scaUriez  jamais  croire  la  couitrease 
dT â^gètkt  ou  je  suis.  Je  treuVe  l'entreprinse  des  villes  que 
[me  nommez]^  et  voua  prie  me  mander  plus  particulière- 
ment ce  qui  en  est  pour   vous  seconder.  Je  remectsie 
tout  à  vostre  bonne   discrétion ,    estant   bien    asseufé 
que  vous  en  userez  comme  au  plus  grand  bien  de  nos 
affaires  vous   trouverez  convenir.  Vous  aurez  par  mes 
dittes   dernières    entendu  la   venue  de  Fennemy  aveoq 
grand  nombre  dés  bitc^dlx  aux'  quiltiers  de  2Leelaode, 
tant  pour  ravictuailler  la  ville  de  Middelburch,  que^ussi 


(i)  af  de  ce  m.  mois.  Voyez  la  Lettre  4^4. 
(a)  Poloingne.  Voyez  p.  167,  sq.  Le  Prince  avoît  garde  d*inrit€r 
rEmiMevettr  par  uoe  détaonatralioa  de  ce  genre. 

'  fort  bonne  «m  ftfêifêm*  chAM  éê  SÊmàiniU  gstptm^hUmeni 


—  I«  — 

se  jeecer  sur  les  aultrea  villes  de  delà,  s'il  emt  peu ,  i^^^; 
lais  jusques  oires  n*a  rien  effectué,  seullement  qvti]  tt  Aotft 
lis  quelque  nombre  de  ses  gens  en  terre ,  lesquelz  par 
nostres  y  sont  teliement  tenuz  en  bride,  qu'espérons 
1  D*y  feront  aultre  efTect,  de  tant  plus  que  le  vent  ne 
yeuh  aulcunement  servir.  Hz  ont ,  desjà  auparavant 
(te  tempeste  et  oraige  de  mer,  perdu  trois  de  leurs  ba« 
lulx  plus  grans  et  principaulx,    et  encoires  deux  que 
nostres  ont  prins  et  ung  brusié.  Si  avant  que'  les  nos- 
avoyent  encoiies  quelque  peu  plus  de  gens  de  guerre, 
B^  feste  seroit  desjà  finie.  Je  les  ay  secouru  de  quelques 
oldatz  de  ce  quartier,  selon  que  la  commodité  me  Tat 
^rmis.  Les  ennemis   se   sont  attenduz  à  quelques  ba- 
^^^ul&,    équippez  en   Angleterre  par  certains  Italiens, 
11!^,  ayant  esté  Tentreprinse  descouverte,  les  dits  bateaulx 
arrestez  au  dit  Angleterre.  Nous  voyons  desjà  si  la 
priliae  de  Rammekeus  nous  vient  à  propos;  nmaiïAes 
laot  en  Zeelande  que  Hollande  en  assez  bons  tèn*' 
moyenant   que  j'eusse   quelque   ayde  ,  ro'estâati 
^tUpoicible  de  supporter  seul  tant  de  travaulx  et  le  com^ 
l^le  fie  si  graos  affaires  qui  nous  isurvienoent  d'heure  ft> 
^ultre^  tant  en  faict  des  finances'  de  guerre  qoè  des-fl^ 
affaires  poUtycques ,  et  n'ay  personne  pour  mj  suUii^ 
,  poîM.  ung  seul  homme,  dont  je  vous  laisse  penser 
quelle  peine  je  suis*  ht  vous  prie  que  je  puisse' a^l^ 
plaistosi  avoir  de  voz  nouvelles  sur  tout,  et  nesroesde  lat 
<^^otiacion  de   i84  ^^  >4s*  Et  D>e  recoimnandaiitTear 
endroid  en  vostrè  bonne  grâces,  je  supplieray^DÉ•v 
maintenir ,  Messieurs  mes  frères  ,  éternellement  en 


m  omtiÊ,' 


—  192  — 

x573.  Sa  sainte  garde.  Escript  à  Dordrecht,  ce  zscj^îoiir 
Ao&L  1573. 


Yostre'  bien  bon  frère  à  tous  faire  seryice , 
Guillaume  de  Nassau. 

A  Messieurs  ,  Messieurs  les  Contes 
Jehtn ,  Louys ,  et  Henry  de  Nassau , 
nés  bien  bons  frères. 
Diilenberch, 


*  LETTRE  CDXXXYIII. 

Le  Prmce  iV  Orange  au  Seigneur  de  Lumbres.  Négocia 

tions  de  France. 


Monsieur  de  Lumbres.  Depuis  Tostre  retour  en  Al! 
mainfipe  j'ay  receu  diverses  de  vos  lettres ,  et ,  tant 
ioelles  que  par  le  rapport  du  Docteur  Tayart(i),  entem 
▼ostre  besoingne,  vous  remerchyant  de  bonne  aflecti< 
de  la  paine  qu'avez  si  voluntairement  prins  à  faire 
vojaige.  Je  suis  bien  désireux  de  veoir  quel  succès  '^ 
fifidct  prendra ,  m  asseurant  qu'à  radvanchement  dlcelL'W-^y 
vous  n'espargnerez  soing  ou  dilligence  quelconqv^^ 
Quant  aux  blans  signetz  que  vous  demandez  de  moy,  m< 
frère  en  at  encores  quelques  ungs  pour  s'en  ayder  au 
soing ,  et  pour  estre  présentement  les  chemins  si  mal 
seurez,  et  que  c'est  chose  de  grande  conséquence,  ai 

(i)  Tayari,  \oyez  p.  119. 

'  Yostre  —  tenrice.  jiutogmpke. 


—  193  — 

que  TOUS  pouvez  bien  considérer,  de  mettre  en  hazard  les  1573. 
<iit  blans  signets ,  cela  me  garde  de  ne  vous  en  envoyer  de  Septembre, 
loing.  Je  seray  bien  ayse  d'avoir  quelques  fois  de  vos 
)u?elles ,  ensemble  si  ceulx  que  vous  scavez  continuent 
usjours  en  la  volunté  que  vos  lettres  clianlent;  et  n'es- 
t  ceste  à  aultre  ^effect ,  je  la  finiray ,  priant  Dieu  vous 
ocrtroyer.  Monsieur  de  Lumbres,  en  bonne  sanctë,  heu- 
^ise  et  longue  vie.  Escript  à  Dordrecht ,  ce  isà"' jour  de 
'ptembre  Van  1578. 

Vostre'  bien  bon  amy  à  vostre  commandement, 

Guillaume  de  Nassau. 

Monsieur  ,  Monsieur  de  Lumbres , 
mon  bien  bon  amy  , 
à  Coulogne. 


*  LETTRE  CDXXXIX. 

M^nnce  d'Orange  aux  Comtes  Jean  et  Louis  de  Nassau, 
'entreprises  diverses  ;  prise  de  Geertruydenberg  ;  affai» 
de  Zélande ,  et  siège  dAlkmaer. 


Blessieurs  mes  frères.  Tay  depuis  aucuns  jours  receu 
^^elques  lettres  vostres ,  et  dernièrement  celles  du  xxix* 
du  mois  passé,  escriptes  à  Couloingne.  Et  ne  puis 
vous  remerchier^  voyant  le  continuel  soing  et  vigi« 
tce  que  vous  portez  au  bien  de  noz  affaires,  lesquelz 

t  Vostre  —  conuBandemeiit.  AiUographe. 

4  i3 


—  194  — 

1 573.  sont  maintenant  en  assez  gratieulx  estât.  Dieu  mercj,  hon» 
^lembre.  mis  rextrênie  courtresse  tPargent  où  je  me  retreuve,  el 
me  viendroit  tant  mieulx  à  propos  de  recepvoircelluydont 
m*avez  escript  (1);  or  ayant  veu  les  moyens  advises  pour 
faire  tenir  d'argent ,  je  treuve  assez  bien,   quant  aux 
quarante  mil  escus ,  de  les  faire  tenir  en  partie  à  Fran^ 
fort  et  en  partie  par  lettres  de  change.  Mais  ne  trouverois 
pas  bon  de  faire  tenir  les  soixante  mil  escuz  par  la  Toye 
d*Anvers,  et  ce  pour  plusieurs   et  divers   respects ,  tins 
serois  plustost  d'advis  qu'on  les  fist  tenir  à  Rowan  '  ,  dont 
j  auray    moyen  les  avoir  icy ,  désirant  à  ce  regard  que 
vous  tenez  la  main  à  ce  que  [me]  soit  au  plustost  addressé, 
veu  qu'à  faute  dVrgent  nous  perdor.s   souvent  de  belles 
occasions.  Et  quant  à  la  venue  delà  Noue  (2^.  par  deçà, 
je  vous  prie  traicter  tellement  sur  ce  fairt  avec  le  Roy  de 
France,  afin  que  sa  Majesté  le  vueille  payer  et  asseurer  les 
capitaines  de  leur  payement;  aftin  que,  quand  il  seroit 
avec  ses  capitaines  icy ,  nous  ne  soyons  pour  leur  paye- 
ment en  paine.   Au  regard  des  entreprises,  je  trouverois 
celle  de  Bergen opZom  la  mellieure,puisqu'i  ne  fauldroit 
beaucoup  de  chevaulx,  estant  Tadvenue  toujours  ouverte 
du  costé  de  la  mer;  celle  de   Maestricht  ne  seroit  aussy 
mal  à  propos,  bien  que  la  ville  soil  grande  et  peu  forte, 
parquoy   il   fiiuldroit    premièrement    adviser    par  quel 
moien  on  pourroit  en  toute  diligence  fortiBer  icelle  ville 


(i)  escript.  ApparemincnC  de  l'argent  que  fouroîstoit  août 
la  Roi  de  France, 

(2)  la  Noue.  Ce  desscîa  n*eut  paa  alors  de  suite. 


et  aroirbon  nombre  de  gens  pour  la  garJer.  Termunde' .  tBjS, 
l'aviiis  aussy  aJvisé  pour  la  ïille  He  Liège,  s  il  ne  me  fiist  -S*pleml 
souvenu  i[iie  Liège  est  de  l'Empire  ,  iiires  qu'elle  nous 
scroil  fort  duisable  pour  nous  poiirvenir  de  Umtes  noz 
comraoditex  nécessaires,  et  cependant  je  tous  prie  de 
buter  aucune  des  uictes  entreprinses  pour  ung  peu  sou- 
Idiger  les  pnuvrcs  gens  île  ce  pais.  Q(i;int  il  Collngne ,  sy 
»ous  y  pnuvez  l'aire  (|uel(|iie  chuse  de  bnn,  je  Sfray  bien 


Kj  du  Hiict  de  la  pui 


r  l'ai  her 


meni  de  btguelle  je  laiz  présentement,  tant  en  mon  nom 
^uecelluy  des  Estiiiz  de  ce  pays,  publier  ung  escrîpt  au 
Rt»y  ^i),  lequel  j'espère  lera  nuelipie  fruiclz  envers  les 
Princes  d'AHemaigne,  pour  leur  faire  cognoistre  In  justice 
de  nnstre  couse, et  estant  li'dilescrîpt  achevéd'iniprimer 
"^  fiiuldray  yi»us  en  envoyer  de  copies.  Au  reste,  comma 
P'»»jr  mellieure  seurelé  de  ce  pays  j'aviiys  trouvé  bon  de 
ûire  entreprendre  sur  ma  ville  de  S"  Gheertruyden- 
I'«*t:h  (a)  ,  il  a  pieu  à  Dieu  y  donner  si    bim  siircès    que 

C  1  )  rtenl  tni  Boy.  Celle  rniii^Ie  se  Irouvc  clirx  Bor,  464  —  47S> 
^l«  eonlient  une  expusiiiori  du  cruauléi  du  Une  il'Alhc  ,  H 
**  prol»i*rioni  Ira  plus  énpigiqucs  île  GJeliléau  Roi,  M.  Kluit 
(•«^rv  V  Bfi-At  i,m  Fi/.px  «fit  zwrri,  ,  «j/.  p.  5i)  suppoie  qu'Ella 
*^c<  déterminé  ou  ilu  moins  hûlë  le  roppet  du  Duc. 

Ca!   Cierrtrvfr/eabrirA.    La   position  de  relie  ville  m  ralsoil  ef- 

'^Cii««nmt   une  place   împorlanlf  pair  iii  fiir^té  tia  p«ys-   •  Est 

'    ^dcui  lalJc  opiKirtumis  ,  posjiintqiie  mililes  inde  usque  >d  |Kir- 

*    V^u  AnlverpieiiiU  urbis  cxcurrere  ,  cuin   miUui  Ouviui  lil  inlcr- 

^■ttdlus.  •  Lua/cun,  Ep.  îfer.  I.  1.  aog.   Vigliui  érril  à  ce  sujet: 

^V'chmFiitrr  ilolrmus  Gcutloi  hiice  ttlcbus  oppiduU  AIonib-Ger- 

^«udif  le  Slecubergensis  occupàue,   melusque  ne  Bredim  pro- 


—  196  — 

iSjS*  mes  gens  y  sont  entrez  le  dernier  jour  du  mois 
Septembre,  sans  perte  d^ung  homme,  mais  seullement  quelques  ciik  ^r<f 
ou  six  blëchés;  et  ayantz  couppé  la  gorge  à  la  garni&^3ii 
qui  estoit  d*environ  cent  et  soixante  hommes,  n'ont  a  «jl- 
trement  touché  ny  corps  ny  biens  de  mes  subjects , 
me  aussi  mon   commandement  estoit  de  ne  les  grever 
sorte  quelconque.  L  enneniy  s'en  est  trouvé  fort  estons  ^ 
et  cerche  grandes  practiques  pour  reprendre  laditte  vill^  ? 
mais  j'espère  que  par  la  prouesse  de  ceulx  que  j'ay  misB-  ^ 
dedans ,  il  ne  les  pourra  prévaloir.  Je  fais  toute  diligenc?''^ 
à  bien   fortiSer  la   place,  et   icelle  pourveoir  de  vi?i 
aultant  qu'il  sera  possible.  Quant  aux  afTaires  de  Zeeiai 
de,  je  ne  doubte  que  vous  aurez  assez  entendu  que  l'ei 
nemy    ayant   seulement  deschargé    une   partie  de 
vivres  (i)  pour  Middelburch  est  avecq  le  reste  retoum^i^ 
en  Anvers,  après  avoir  perdu  quelques  xvii  ou  xviii  di^"^ 
ses  bateaulx.  L'on  dict  qu'il  faict  estât  de  bientost  retouc  ■*" 
ner  audicte  Zeelande;  aultresme  rapportent    qu'il  faii 
marcher  ses  gens  vers  Breda ,  en  intention  de  donner  su 
S**  Gheertruydenbergh.  Tant  y  a  que  ceulx  de  Zeeland 
sont  bien  délibérez  à  les   recepvoir  tellement  qu*ilz  d 
retourneront  une  aultre  fois  si  bon  marché  ;  je  leur  a' 
envoyé  les  gens  que  Hellingh  m'at  amené  ,  ilz  ont  auss' 
reçeu  encore  quelques  Eschossois.  Ce  que  je  vous  ay  aull 
fois  escript  des  Anglois,  m'advient  présentement ,  car  ilz  d^ 


b  grediantur ,    Campiniaroque  quotidianis  excursiooibut  prai 
»  tionibusque  iofestent.  »  Ep.  ad  Hopperum ,  p.  768. 

(i)  vivres,  A  la  même  occasion  ,  vers  la  mi-aoùC,  Middelboi»  ^^'^ 
avoit  reçu  pour  Gouverneur  Mondragon  célèbre  par  sa  vaillance  ^* 
sa  loyauté. 


—  197  — 

nennent  plus  difficiles  et  mal  volontaires  de  jour  en  jour  i5^3. 
et    s'en  yeullent  retirer ,  en  quoy  je  ne  les  yeulx  empe*  Septembre. 
scher  puisqu'ilz  sont  de  si  grande  coustange  '  et  peu  de 
serrice.  Aucuns  des  Franchois  suyvent  le   mesme  pied, 
et  tout  ce  mal  ne  nous  vient  que  à  faute  d'argent ,  dont  je 
TOUS  laisse  penser  [et']  travaux  je  me  treuve ,  n  ayant  ung 
seul  homme  pour  m'assister,  moins  encores   seconder 
aux  affaires  de  si  grand  poix  (i).  La  ville  d'Alckmar  de- 
meure assiégée  et  est  fort  pressée  de  Tennemi.  La  ville 
d*  Alcmaer  est  encoires  assiégée ,  mais  ceulx  dedans  ont 
fort  bon   couraige.  Tay  envoyé   quelques  compaignies 
le  Waterlandt  à  leur  secours.  Et  n'ayant  présente- 
nt aultre  chose  je  finiray    ceste  par  mes  très  affec- 
t^A^uses  recommandations  en   voz  bonnes  grâces,  sup- 
pliant Dieu  vous  donner,  Messieurs  mes  frères ,  en  santé , 
^^^^reuse  et  longue  vie.  Escriptà  Dordrecht,  cexiii*jour 
"^  septembre  iSyS. 

'  Vostre  bien  bon  frère  à  vous  faire  service , 

Guillaume  db  Nassau. 

^Je  vous  prie  voloir  faire  mes  bien  humbles  re- 
^^mmendations  à  Madame  ma  mère ,  Madame  ma 

(i)  poix.  Le  Prince  se  pUigooit  souvent  d'avoir  peu  d*bomDies 
ca|Mble»  autour  de  lui.  «  (Elector  Palalinus  narrabat)  adfuisse  illi 
•  Joao.  Nassaviensero  ;  ex  eo  se  intellexisse ,  Auriacum  omnino 
»  quasi  destitutuni  esse  6dis  viris  atqiie  bonis  consiliariis  :  Dasz  er 
9  gamtz  blasz  sey  vom  guten  und  Jiommen  Rhaat.  a  EpisL  seL 
57ÎU  Voyez  ci-dessus  p.  177,  191. 

■  ciMrtaooe ,   dépense.  *  éi ,  en  qoeU.  ^  Vostre  —  service.  Autographe. 

^  Alinéa  autographa. 


—  198  — 

i573«  ftoearyetitouAiiiesauItres  soeurs  et  beau-firères,et 
iptembre.  à  touUe  la  bonne  oompaignie,  sans  oblier  wml  filldi 

A  Messieurs  mes  frères  les 
Cootes  Jehao  e(  Loujs  de  Nissm  , 
à  DîUenbourch. 


^»#< 


LETTRE  CDXL. 

s 

Le  Seigneur  de  Lumbres  au  Comte  Louis  de  Nassau,  Ht 
gociations  en  France  i  ajf aires  de  Hollande  eideZ^ 
lande. 


%*  Les  négociations  de  la  Conr  de  France  avec  les  Princes  ft^ 
testants  d'Allemagne  et  avec  le  Prince  d*Oraoge  ,  étoientd^ln* 
avancées:  voyez  les  Lettres  44  >  et  444*  «  Kaivl  IX  beeft  wedfroOt 
»  soo  het  schynt ,  met  don  Prince  van  Orangien  ende  GraefLode- 
»  wyck  van  Nassouvven  begost  te  handeien,  leverende  dien,  door<i* 
»  handen  van  dcn  Marischal  de  Relz  omtrcnt  /*  100,000  o« 
»  kryghsvoick  le  lichten.  Dcdc  00k  van  synent  weglien  door  Ci- 
3»  leazo  Frcgoso  de  Diiyische  Rilmeeslers  sprekcn  ,  lot  syneo  be 
»  hoeve  haer  gclt  gcven.  H  y  dedc  ook  2000  Fransoysen  uit  de  Cll^ 
»  nisopnen  van  Metz  ,  Toul  ende  Verdun  ende  dacromtrent  tredies 
«  tôt  synen  dlenste ,  hebbendc  verschcyden  aenslaghen  op  Mic^ 
»  tricht ,  Antwerpcn  ende  andere  plaetsen  van  importantie.  l^ 
»  en  dicrgplyckc  heimelycke  aenslagen  [â^er  men  geenen  recfatca 
D  grondt  af  versiaen  en  konde)  zynder  gepi  actiseert  gewecsL» 
f,  Meteren  ,  p.  90  a. 


Monsigneur.  J*ay  receu  une  lettre  que  m'escrit  le  ff 
Galiiaci  Frégose ,  par  laquelle  il  me  mande  qu'il  ne  faict 
double  que  la  promesse  ne  se  garde  et  que  si  elle  est  re- 


—  199  — 

tardée,  se  sera  pour  le  pea  de  conte  que  les  Princes  Pro-  liyi. 
testans  et  tous  en  faîcte ,  couime  sy  elle  ne  fut  a^^^réable,  Septembre. 
qu«>y  |ue  pour  leur  complaire  le  Roi  se  soit  eslar<ji  en 
cesie  encIroityCt  que  de  sa  part  il  Ta  ranientué'  par  deulx 
fois:  mais  que  depuis  il  ne  sonne  inott,  craindant  qu*on 
ne  Taccuse  d*estre  eu  ceste  endroit  plus  actif  que  ceulx  à 
qui  le  faict  principallement  attouche.  Il  dit  aussi  que  la 
fiiutedecest  irésolution  procède  de  la  négligence  des- 
crîre  et  faire  a^lvertences  des  choses  de  dechà  ,  surquoy 
il  faict  un  protest  que,  si  à  ladvenir  on  ne  s'en  acquitte 
mieulx ,  que  le  mal  qui  en  viendra  sera  nostre.  Quant  à 
■aoy  I  je  cToy  que  ce  que  je  vous  ay  mandé  par  mes  précé- 
dentes, soit  cause  du  retardeuient  de  la  promesse;  joinct 
i  Cfla  la  guerre  qui  n  est  encore  terminée  du  costé  de  Lan- 
guedockf  i),  et  les  dcspensses  journalières  que  tirent  après 
*oj  le  traictenient  des  Ambassadeurs  de  Folongne,    Té- 


(i)  Lan^ertock.  «  L'Edil  de  la  Paix  donnoit  si  peu  de  satisfac- 
^  lioa  à  la  plus  pari  des  Réformez  ,  que  ceux  de  Languedoc,  Quer- 
*  cy ,  Provence  ,  Dauphiné  ,  et  autres  endroits  ne  le  vouleurent 
^  point  recevoir.  El  bien  que  dans  les  autre»  Provinces  on  n*0'»ast 
^  pas  ouvertement  déclarer  qu'on  n*en  vouloit  point ,  si  est-ce  que 
^  les  Eglises  n'en  estoient  pas  contentes.   En  elTect ,   outre  que  les 

•  massacres  avoient  mis  beaucoup  de  chagrin  dans  les  esprits  ,  .  • . 
»  depuis  TEdit  de  janvier  i56i  tous  ceux  qui  avoient  esté  faits 
»  poar  la  pacification    des   troubles ,    avoient  retranché  quelque 

•  dkise  des  libertés  de  ceux  de  ta  religion  ^  et  par  ce  dernier .... 

•  oo  leur  ostoit  l'exercice  de  la  Religion  presque  par  tout  le  Royau- 

•  me.  Ce  qui  estoit  insupportable  à  des  gens  qui ,  pour  avoir  cette 
m  consolation  d'ouïr  prescher  la  parole  de  Dieu  ,  s*estoient,  il  n'y 
m  avoit  que  peu  d'années  ,  volontairement  exposez  aux  tortures  et 
»  aux  feux.  »  Fie  de  de  la  JVoue  ,  p.  99. 

'     recummaiulc. 


—  200  — 

i5ji.  quipage  du  Roy  élu ,  et  celluy  du  Duc  d'Allantzon  pour  le 
Membre,  voiage  d'Angleterre.  Plus'  j'ai  veu  par  expérience  «pic  tous 
tant  qu'ik  sont  auprès  du  Roy  et  de  la  Roine,  aiant  plus- 
tôt  esgart  à  leur  complaire,  et  par  ce  moien  se  mainte- 
nir, qu'à  radyancement  d'un  bon  affaire,  n'en  osent  par- 
ler qu'en  tastant  et  par  acquit;  n'est  qu'ilz  soient  poussem 
de  quelqu'un ,  pour  le  respect  duquel  ilz  prennent  har- 
diesse sous  umbre'  d'adTertissement  ,de  parler  librement 
des  choses  que  aultrement  ilz  ne  toucheront  qu'en  pas- 
sant. Et  de  faict  il  me  souvient  qu'estant  là  toutes  les 
fois  qu'il  y  avoit  quelque  chose  à  faire  dire  de  ma  part  a 
leur  Magestez,  il  y  avoit  jalouzie  à  qui  déporteroit  la 
paroUe,  mesme  bien  souvent  je  recevois  de  leurs  bons 
advis  que  par  après  ilz  leur  faisoient  entendre  comme 
venant  de  moy,  et  estoient  bien  receus,  mais  de  mettre 
quelque  chose  avant  d'eulx  mesme  pour  l'avancement  de 
uostre  affaire ,  il  ne  le  firent  oncque ,  quy  me  faict  dire 
qu  a  la  vérité  il  seroit  bon  de  solliciter  très  expressément 
cest  affaire  pour  ne  la  laisser  dépérir.  Et  aiant  receu  de- 
puis quatrejoursdeS.  Excelle^  un  lettre(i),  laquelle  je  vous 
envoyé  icy  joincte,  par  laquelle  il  recommande  que  ce 
que  je  porray  faire  pour  en  tirer  une  bonne  instruction  que 
je  le  face,  je  ne  feray  difficulté,  [et]  aiant  manié  ce  faict  en 
chief  de  me  présenter  de  rechief  à  faire  un  second  voiage 
vers  leur  Majestés,  si  tost  que  je  seray  relevé  des  gouttes 
qui  me  détiennent  encore  au  lict.  Mais  je  désirerois  bien 
fort,  affin  de  monstrer  par  de  là  qu'on  ha  leurs  affaires  en 
recommandations    plus   qu'ilz   ne   pensent,   que     vous 


V         ' 


fO  Lettre,  ^.a  LrUie438. 

'   bn  outre.       ^    ombre,  couleur. 


parlé  aveu  l'Evesque  <le  Colongne  et  cellui  de  tSyî. 
MaicDce,  afGn  que  par  un  niesme  volage  il  satnbla  qu'on  Septembre, 
vosist"  négot-ier  diverses  choses.  Plusjevodrois  aussi  que 
Monsigneur  l'Electeur  (i),  le  Duc  son  filz,  les  Lantgrafes  de 
Hessen  et  auhres  Princes  proies  tans,  dont  ledit  Galiance 
laici  mention,  escrivissent  par  un  mesme  train  à  leur 
Majestés  pour  leur  faire  entendre  combien  ceste  né- 
gotiation  leur  est  aggrëable ,  tellement  que  ces  lettres  es- 
Unt  accompagnez  des  vostres ,  peussent  produire  uneffect 
ceriainet  assuré,  ou  du  moins  qui  les  rendit  par  delà 
«08  excuses.  Et  me  semble  à  la  vérité  que  c'est  le  vray 
nioien  d'i  pai-venir  et  qui  tiéamoins  est  très  facille.  Car 
je  ne  pensse  point  que  telz  Princes  refusassent  d'en  par- 
ler ouvertement  pour  la  [con]séquence,  et  encore qu'ilz  en 
&t^nt  difficulté,  ilz  le  peuvent  accomplir  par  lettres  de 
c«yence.  Il  vous  plaira  y  adviser  et  m'en  mander  vostre 
*d vis  par  le  premier,  affin  que  je  prende  parly  estant 
guéry  pour  ne  faire  icy  aulcune  perte  de  tans.  Davanta- 
ge^ Mons',  il  faudra  ,  selon  l'advis  deS.  Escell- ,  escrire 
*u  Roy  de  sa  part  avecq  les  blancq  signetz  que  vous  avez 
*'C  luy  et  en  cela  ne  s'endormir  aulcunement,  affin  que 
pu  cela  nous  remétions  le  faict  en  praticque.  Et  lors,  s'il 
»ous  plaicttoucer*  en  celles  de  S.  Excell  et  les  vostres  de 
n»  pension  ,  il  me  semble  que  ce  ne  sera  que  bien  à  pro- 
pos, et  serés  cause  que  j'auray  à  l'advenir  moien  de  plus 
âcillement  faire  service  à  vostre  Maison  à  beaucoup 
moins  de  charge.  Vous  me  parlâtes  dernièrement  qu'il 
«eroît  bon  qu'il  y  eust    quelque  un  de    la  part  de    son 

,'il  rEUeuur:  PRlatin. 


Kl'un  plusMifFissnitt.  S'il  vous  pbi 
jilne  fauliqueiue  le  comiiianilcr,  piiurveu  que  l'o 
me  donne  <ju«k|ue  peu  tie  moyen  ti'jr  vivre,  comme  plu» 
ampltmteiit  j'en  ay  parlé  n  Mona'  de  Bernicutir  ,  présent 
porteur,  pi>ui-  le  vous  faire  entendre.  Et  de  vriiy  je  por- 
rois,  par  ceste  asaeurunce  dVstre  en  Cour,  fuire  plu- 
sieurs nienées  avec  les  villes  de  la  fruiitière  d'Artois,  dunl 
nous  nous  purrîuns  prévaloir  pour  le  pniituns  advenir. 
Car  Jt^scjy  que  nous  pournins  tuire  quelque  clioiie,  ledit 
Diniiciiur  et  moy ,  mais  je  ilêjiirerois  bien  que  S.  E»- 
cell"  m'en  escrivit  un  inot,aftin  que  îcy  après  on  n'esif-  j 
mnt  pns  que  je  nie  soie  ingéré  en  cesle  négotiatiou  potirl 
guerre  de  Hulliimle  ;  car  vous.  Mm 


me  soustraire  t 


l'il  I 


calomni 
lur  i:he ,  si  tant  est  que  vous  trouvî 
dessus,  je  vous   supplif  très  Immblenta 


la  réputaliun 

médisans,  et  ] 

lescli'>ses  qui 

en  escrire  un  mol  a  S.  Exiell"  affin  d'eo  entendre  son  ImMI i 

plaisir.  Aussy  s'il  vous  est  advis  que,  pour  porter  les  let-     - 

1res  des  Princes  que  dessus ,  il  fui  besiiing  que  je  parlasse  s 

moy  tnesnie  à  euk,  je  me  liendr.iy  preAt  a  touttes  Ii«a 

rea.  Orpnur  siitisniireau  contenu  de  celles  qu'il  tousome 
pieu  m' escrire  par  [Lovergay] ,  l'un  nrescriptil'Anrersqii^^ 
le  camp  est  levé  de  devant  Alcquemar  pour  mison  iImhm 
eaus;ceulxdela  ville  ontl'aict  une  sortie  en  laqaelleittoir«a 
tué  sept  à  liuict  cens  liommes,  combien  qu'il  ne  MÏdl 
guerre  pourveue  de  soldats.  Les  ennemis  sont  encore  ^H 


—  203  — 

baltre  TVieudam  ,  à  laquelle  ilz  ont  donné  divers  assaos  à  1 5yi. 
grand  domage  df  leur  coste;  il  i  a  présentement  i8  corn-  Septembra^  J 
pairies  de  gens  de  pied  dedeiis,  ausquels  le  Gnpii"  la 
Ganle  fi),  que  vous  avez  nultrefois  veu  à  la  Eloi-elle, 
coranumle.  Amsterdam  et  Utrert  sont  en  grand  Taulle  de 
*iT(es,  et  sy  tardent  encore  à  prendre  Nieudam,  ilz  y 
crieront  famine,  comme  desjà  îlz  ont  faiet  au  camp 
d'AIckemar.  L'on  dit  que  l'enneniy  vient  as*iéger  S'  Guer- 
truibei^,  et  que  jà  les  compaîgnies  sont  aus  environs  de 
NVraeghe  et  Bosleiluc.  Sy  ainssy  est,  Hollande  sera  «n 
rvpiup'turcest  hiver,  et  croi,  d'autant  que  son  Eic-ell°*est 
nui'trede  la  rivière  de  Dordrect,  à  cause  de  quny  il  la 
porra  nifrest-lilr  à  toute  heure,  qu'il*  n'y  galgnenint  pas 
Irur  ilespens.  Plus  Je  m'assure  que  sy  les  compaignie&des 
Willonsont  une  fois  les  clefs  des t.hiins',  qu'il  n'en  retîen- 
«npss  un.  Le  bruictest  icy  tout  commun  que  povre 
Twnteriï  a  e'iè  tué  en  une  mutinerie  qui  s'est  faicle  à  S' 
GttTtruiltepg  ;  si  ainsii  est,  je  tiens,  qiioy  que  l'on  dit  du 
'^ntraire  {a),qHe  st>n  Excell^a  pi;rdu  en  luy  un  bon  et 
fiddic  serviteur.  Mims'  de  Bernicour  viius  contera  la 
•«■bon  de  la  mort  et  l'ignomiuie  qu'on  dit  qui  luy  a  esté 
•aifie,  Tontesrois  je  ne  vous  le  ntunde  point  pour  vérité, 
'^hien  que  ceuU  qui  viennent  de  Hollande  et  de  Bra- 
dai» le  disent,  et  que  j'en  ay  veu  niui  mesnie  des  lettres 

(lïdiCnrt/'- llHiniiser^i  soUïdfU  Noiic:  f'ir  dr litla  youe ,^. 
^'  .  4i  .  5l  .  58.  .  De  Priiicp  herfl  in  t  Itegin  van  Seplember  de 
'  (frerde  la  Oarde  Co\iiar\  mel  acht  VarnclHcn  .Soldalm  ,  so 
*  ^fincnvien  ili   Ouil^eii ,    in   liri  Nanriler- quartier  gcsondeo.  ■ 

\-i)  itm  eoHlrairt.  Voyez  Tom,  III.  p.  ^53. 


L 


—  204  — 

1S73.  où  le  faict  est  particulièrement  discouru.  L'on  dict  kj 
Septembre,  que  nos  gens  ont  pris  Vienne".  L*on  m'escript  d'Anve» 
que  le  Duc  d*Alye  y  doit  estre  au  commencement  de  ceste 
sepmaine,  et  là  il  y  trouvera  les  Duczde  Médina  etd*Ai- 
scot  y  M  de  [Harst]  et  grand  cantité  de  noblesse^  Les  in 
disent  que  c  est  pour  trouver  moien  d'avoir  de  Targenc,  ail- 
tre  que  c'est  pour  parler  d  appointement.  Il  est  certain  que 
le  Duc  d'Alve  a  voit  receu  promesse  des  Genevois  d'afoir 
huict  cent  mille  escus ,  pourveu  que  la  lettre  de  diange 
fut  acceptée  en  Hespaigne.  Sur  quoy  il  a  receu  quatre 
vingtz  et  cincq  mille  escus ,  mais  aiant  les  dittes  lettres 
esté  refusez  et  depuis  renvoiées  par  protest  ^  il  est  de* 
meure  en  blancque,  tellement  qu'il  n'a  pas  un  soubx.  D 
est  îcy  tout  commun  qu'il  i  a  querelles  entre  le  dict  Duc  €C 
l'Evesque  de  Collongne;  si  ainssi  est,  il  seroit  tans  decni- 
ter  avec  luy.  Le  bateaus  de  Mons'  de  Beauvois  ont  ftict 
un  voiage  à  Tergouse ,  où  ilz  ont  déchergé  leurs  vinei 
Aucuns  disent  que  c'est  pour  pourvoir  à  la  nécessité  de 
l'isle^aultres  disent  que  c'est  pour  avoir  plus  de  comm^ 
dite  d'avitailler  Midelbourg  par  le  menu,  en  laquelle  i 
n'i  a  plus  que  pour  un  mois  de  vivres.  Monsigneur  le 
Prince  a  envoie  Hellingk  avec  tous  les  gens  qu'il  inèoe 
dernièrement  en  l'isle  de  Walkren  ;  depuis  ilz  sont  ani* 
vezjtant  Anglois ,  Ecossois  que  François,  quinze  ceai 
homes  de  guerre,  tellement  qu'il  i  a  pour  le  présent  sb 
mille  homes  de  guerre  en  l'isle  de  Walkren.  Il  a  esté  es 
ce  logis  un  gentilhome  Anglois ,  parti  de  Londres  depuis 
dix  jours,  qui  dict  qu'il  avoit  laissé  en  Angleterre  k 
Conte  de  Retz,  et  qu'il  le  pensse  estre  là  envoie  pour 
demander  passage  pour  le  Roi  de  Polloogne.  Mons',  tous 

'   Viaiieo. 


spourquoy  ce  peult  estre  (>),  cequî  me f aict  oon-  iS^S. 

jecturer  que  son  voiage  ne  sera  pas   sans  fruici;  d'autant  Srpiembr 

(]ne,  comme  TOUS  scavés,  il  est   homme  qui  ne  tente  pas 

Tolontiersun  faictà  l'aventure.  Qui  est  tout  ce  que  jevou/ 

paisnander,   sinon,  Monsîg',  que  la  maladie  qui  me 

délient  enirore  au  lict,  l'importunilé  de  mon  médechin  ,  et 

te  deOault  de  tous  vivres ,  mais  sur  tout  le  danger  auquel 

jeaievoy  réduit  d'encouirir  une  vilaine  lionte ,  pour  m'es- 

Irc  libéralement  emploie   au  service    de  Monsigneur    le 

Piioc^,  me  contraindent  de  vous  supplier  très  humble- 

roml  et  au  nom  de  Dieu  de  me  secourir  en  ceste  extrême 

»«casité,  laquelle  je  puis  dire  estre  telle  que  de   mon 

vivini  je  ne  me  suis  trouvé  en  telle  paine,  et  de  laquelle 

jv;  ne  me  puis  nullement  exempter   si  vous    ne    m'atdet 

prumptement;  ainssi  que  Mons'  de  Bernicour,  qui  est 

t-oujours  oculaire  et  auquel  j'ay  prié  de  le  vous   faire   en- 

^«nilre,  le  vous  contera  particulièrement.  Je  vous  supplie 

*lonc,  MoDsig',  qu'il  vous  souvienne  de  quel  ceur  j'ajr 

^ute  ma  vie  fait  service  à  voatre  Maison  ,    et  quelle  est 

•  occasion  que  me  conduit  en  ces  termes,  et  vous  assurer 

bcanmoins    qu'il   n'i  a  au  monde    chose  tant  périlleuse 

oudtflBcille  que  je  n  cntreprende  très  volontiers  pour  le 

*«rnce  de  vostre    Extell"  et  le  vostre,  toutes  fois  que  re- 

qii»  en  serny.   A  unt ,  Monseig' ,  après  m'estre  très  hum- 


(0  pomrquoy  ce  peut  ettrr.   Pour  le  mariage  du  Duc  d'Alea<;oa. 
^  l5  wpL  CbirlM   IX  Ccril  bu  Maréchal  de  Relz  :   •  Vous  poo- 

*  *CS  ■Mcum'   la  Aeiae  d'A.nglele[Te  que  le  plus  grand  àtaXi  que 

*  Aotu  avons  maintenaDi ,   «i  de  voir  rùiiuir  k  beureuse  fin  vostre 

*  léfocîalioD  ,    afin  qu'elle  puîsic  avec   plu«  d'occasion  et  cotnme 
'«Mur  participer  davaulage  au  contenlement ....  des  protpéritez 

*  In'U  pUiM  à  Dieu  dou»  donocr.  •  Cawliuui  ,  L  L  111.  3S3. 


—  206  — 

iSj3f.  bleraent  Tecoimnandé  àvostre  bonne  grâce,  je  prierty 
Sqitembre.  Dieu  que  vous ,  M<>nsign%  Il  donne  heureuse  et  longue  vie. 

De  Goilongne,  ce  24  de  septembre  1573. 

■ 

Yostre  très  humble  et  très  obéissant  senrîteur, 

GoiSLAIÎI    DB    FlERlIBS. 

L'armée  du  Turc  est  apparue  avec  trois  cens  voille  sur 
les  costes  de  Fouille,  où  te  Roy  d'Espaigne  ha  vingt  mille 
hommes  de  pied  ,  tant  Espignolz,  Italiens ,  que  lansque- 
nets. 

Le  Marollois,  qui  est  celluy  qui  vous  fut  envoie  d*Aii- 
vers  lors  que  jVtois  àZighem ,  ma  esrrit  plusieurs  lettres, 
par  lesquelles  il  faict  instance  d'avoir  traictement  pour 
vivre  en  Anvers,  et  de  là  [envoiera]  toutes  nouvelles ;J6 
Tay  remis  à  vostre  retour;  il  vous  plaira  doncques  ne 
mander  ce  qu'il  vous  en  semble.  Je  croy  qu'avec  peu  de 
chose  il  se  contentera ,  parquoy  il  me  semble  qu*il  serok 
bon  de  le  faire  venir,  tant  pour  en  traicter  avecluy  coiM 
aussy  pour  scavoir  la  vérité  de  sa  menée,  laquelle  il  dit 
estre  preste,  atiendu  que,  si  amsy  est,  elle  seroit  aiséeà 
exécuter  par  le  nioien  du  grand  nombre  de  gens  (fi 
sont  à  présent  en  Tisle  de  Walckren. 

AMonsigneur,  Monsig*^ 
le  Conte  Luiiovick  de  Nassau* 


—  107  — 


LETTRE    CDXLI. 

G.  de  Schonberg  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Relative  à 
des  entreprises  dans  les  Pa/s-Bas;  ojouveUes  (tverses. 


V  Schonberg,  dont  Charles  IX  paroil  s'élrc  senrî  d*  préférenca   i  SjS. 
dans  les  négociations  avec  les  Princes  Protestants,  étoit,  d*après  le  Septembre, 
têmolgnige  de  de  Thou  ,  «  Homme  de  grand  esprit ,  d*une  pro- 
•  bité singulière,  éloqueril,  civil,  magnifique,  et  officieux  à  Tégard 
»  de  tout  le  monde,  »  MorérL 


Monêieur.  Il  ne  tiendra  doresnavant  qu'à  tous  aultres, 
mabn  dem  Bocke  nicht  ahndie  [borne]  grelFt ,  denn  îhr 
Ifeabeu  nîlie  mehr  gewisz  dasjenige  wasz  zum  duntze  ge- 
korett.  Ihr  kriget  es  ihn  einer  summa  ,  und  kriget  es  bar, 
load  akn  demortl  da  ihr  es  euch  wûnschen  sollel,  wie 
<l«r  Auibimann  von  fjeuttern  dann   solchs  seinen   Hem 
VMcbder    lenge  berk*hteL    Solte   aber   nuhn    d«isjt:nige 
^^nsL  jùngsien  zu    Heydeiberg  ihn  beysein   EL  6.  Hern 
Bruder  gehandeir  und  resolviret  worden ,  nicht  yerseum- 
lithen  ihn  das  wergk  gesatz  werden ,  so  diirlTet  ihr  ein 
^ademial  nicht  widerkominen  ,  und  wirdt  ein  ^olch  rais- 
tauwen  ehrwerken   das   viel  un^lûcks  darausz  entstehen 
^itlt;    derh^dlien  sein   darob  dasz   demselbigen    folge 
S^>diehe:  darumb  will  ich,  niein   person  halben,   auch 
^m  lioclisien,  fleisigst  und  dinstlichsten  gebetten  halten. 
^11  unserem  sione ,  soviel  ich  abneinen  kônnen  ,  hettet 
^t  die  halbe  webh  ehrobert ,  so   ferne  ihr  die  hewuste 
'^  und  citadel  (i)  einbekonimen  kônttet.  Wo  das  nicht 
'^^elich  y  das  denn  heil  versucht  werde  ahn  dei*  so  mit 

C>)  Àpparcnmcnt  AnYart  ;  ^pojts  pu  idS* 


—  208  — 

I 

1573.  bunden  vermacht  wirdt ,  welche  leichtlich  konnen  durdi 
eptembre.  '  geschwelget  und  gestillet  werden  ,  ich  Tersebe 

mich  ihn  kurtzen  noch  andere  reyt  [re]  zu  lemen.  Wenn 
es  da  auch  nicht  mûgelich ,  so  woltte  gleidiwoll  die  noth 
erfordern  das  mahn  ahn  der  dritten  das  hail  versuche,  da 
der  bûrger  bey  nacbt  aiisz-  und  eingehet  (i).  Car  il  faultr 
faire  apparoistre  quelques  effects  die  uns  die  oluren  un  A. 
augen  fiillen;  Gott  gebe  gutt  bier  auff  die  hochzeitU^ 
Soviel  E.  Gn.  altten  botszgesellen  antriit ,  ist  ehr  bereit^ 
und  willig  seine  durch  mich  auch  ahngezeigete  yertro&^ 
tung  ihn  das  wergk  zu  setzen  ,  doch  dergestalt  und  also   : 

I.  Es  sollen  E.  Gn.  eine  capitulation  under  derseB* 
bigen  handt  und  siegel  aufrichten  ,  quel  traictemeot  ob 
fera  aux  capitaines  et  soldats  qui  iront  par  delà. 

a.  Oultre  cela   il   leur  fauldra  envoyer  présenteineiil 
i4  ou   1,5   lettres   d adveu ,  pour  ne  tomber  en  quelque 
inconvénient ,  si  les  vaisseaux  qui  iront  par  delà  sept- 
rément,   venoient  à  rancontrer   quelques  vaisseaux  de 
Monseigneur  le  Prince. 

3.  Ils  désirent  estre  advertis  où  ils  seront  receux  et 
qui  les  recevra,  pareillement  où  se  debvront  rendre 
ceux  qui  s  y  en  veulent  aller  par  terre. 

4*  Or  le  moyen  de  conduire  ceulx  qui  veulent  aUer 
par  mer ,  est  de  s'ayder  des  vaisseaux  que  quelques  pur* 
ticuliers  de  deçà  pourront  équipper ,  ce  que  ne  seroit 
assez  pour  rembarquement  d*ung  tel  nombre ,  et  pour 
ce  fauldroit-il  les  ayder  de  quelques  vaisseaux  de  ptf 
delà.  Pourtant  ils  désirent   scavoir  vostre  intention  et 

résolution  sur  ce  poinct,  et  seroit  de  besoing  que  les 

^^.__^_^_^.^-_ -  -  -^ 

(i)  ausz-und  eingehet,  Maestricht  ;  voyez  p.  i84. 

I  Deux  mots  omit. 


-  209  — 

Tiissntii  queYOus  vouidriez  envoyer  par  d«çà,  prinsent  i573. 
port  en  Brouage  (i).  S«ptembrB. 

5.  Hais  il  e§t  à  coter  que  les  particuliers  de  par  deçà, 
qui  feront  ceste  susdite  depunce  pour  cotiduîre  les  lioin- 
tnes  de  par  delà  (d'aultant  qu'ils  se  désistent  d'aiiltres 
vuiages  où  il  j  auroit  du  prnuGct  du  tout  évident)  veu- 
'eiii  estre  asseurés  (par  une  lettre  cnchetc  de  vosire  seau 
Msignéde  vostre  main)  du  retnbourclienient  de  leurfraiz, 
selon  la  eapitulation  dernièrement  faicte  avecques  tous, 
lorsqu'on  estoît  au  ternies  de  mesnies  clioses ,  à  scavoir 
•Je  leur  payer  le  doultle  de  ce  qu'ils  y  auroient  mis. 

6.  Ce  faisant ,  les  dît  particuliers  seront  oMijrés  el  tenus 
(•U  cas  qu'ils  soient  remboursez  cotiiiiie  dît  est)  de  faire 
'•^'Tir  leur  vaisseaux  cinq  ou  six  mois  apri-s  leur  arrivée 
pour  rien  et  à  leur  propres  frais  et  dépens. 

"j.  La  responce  de  ces  articles  venue  avecques  l'assu- 
niic«,  ils  promettent  de  fuire  paroistre  par  effect  ce 
lu'its   ont   pnmiis,    et   ^'obligent  de   s'embarquer  ung 


fioi»  a 


.  la 


:eptH 


I  de  la  ditteasseur;. 


ourveu 

que  ceulx  qui  s'y  emlmrquent  et  ceux  qui  les  favorisent 
le  soyent  retartiez  par  eeulx  qui  ont  puissance.  ^ —  Daivor 
Ihaho  sieb  gar  niclil  besnrgen  durlf,  es  wollte  sicli  den 
Hîmmel  und  Erden  verkeren. 

Derhalben  zum  hoclisien  von  nothen  mibr  milt  eJnem 
eigeoen  fleisjfjen  currier  aile  obstebendc  expéditions  bey 
Ughund  nacbt  athter  uhn  den  boff,  wo  der  Konig  sein 
wirJt,  zuzuscbieken;  den  die  leutle  sein  flugs  ihn  der  abr- 
l>e>U,  und  wen  sie  lange  mitt  ihrem  abzielien  zaudern 
und  verweilen  woltten,  so  nùîcbte  es  alk-rley  gedanckcn 


(•> 


Port  de  mer  de  la  SaintoDge. 


k. 


—  210  — 

nb-^i.  gebareti,  auch  woH  dîeleutte  selbervor den  kopfFstossèn. 
Septembre.  Icli  knn  mich  auch  niclit  gnugsani  verwundcrn  das  Ton 
E.  G.  rch  kcin  schreiben ,  vermoge  unser  zu  Frangkfbrt 
gehabter  abrede,  bekommen;  bitt  derhalben  nocfamils 
die  bewuste  sachen  mit  trewenfleisz  und  ernst  zu  fôitlern 
und  zu  treiben,  und  mich  derselben  zustandt  zu  yersten- 
digen. 

Zu  Ewem  kleynodiën  habe  ich  einen  gutten  kaufhiin 
gefunden ,  aber  soviel  ist  nicht  mogelich  gewesen  beydes 
Koniges  von  Navarre  Cantzler  zu  erhahten,  das  ehr  sie 
£.  G.  diener  batte  wollen  folgen  lasscn ,  ohne  ahnges6 
hen  das  wir  ihm  ligende  grundt  und  boden,  auch  rentes 
sur  la  ville  darvor  einzusetzen  ahngebolten. 

So  E.  G.  wajz  sie  noch  von  Perlen  und  Edelgesteînen, 
so  was  stailich,  ahn  den  hoff  mihr  zuschicken  wiH,so 
will  der  Konigh  zu  Polen  einen  kaufman  geben.  Ihre 
Maj*  haben  sich  auch  kegen  mihr  vernemen  lassen  wenn 
etwas  auszbûndiges  ahn  dem  silbergeschir  und  tapisse- 
rien,  sie  woltten  auch  mitt  E.  G.  darnmb  handien. 

Es  verlanget  meineh  Hern  gahr  sehr  das  vrir  [kennen*] 
bescheidt  von  Graff  Johan,  E.  G.  Bruder,  bekommen, 
waschrguttestnitt  dem  Bisschoff  von  Coin  (i)  ihn  der 
bewuslen  sachen  verrichl  :  konnet  ibr  ihn  Eweren  Ertt* 
feinde  mit  unserm  gelde  abstricken,  so  soll  euch  uDser 
beuttel  aufstehen.  Ich  soitte  E.  G.  shir*  allen  bejden 
einen  kleinen  (iltz  geben,  das  ibr  nicht  fleisiger  ihni  her* 
ein  schreiben  seidt.  On  se  contente  fort  de  la  ditigeiK* 
de  Monsr  de  Lumbrez,  sinon  que  ses  lettres  demeurent 
tousjours  trois  sepmaines  avant  qu*ils  arrivent  à  Mets, 

(i)  GW/i.  Voyez  p.  193,  195. 

'  konocn.   *  tdiier. 


mis  ceftameinent  ils  servent  înTiniment  à  maintenir  4è»  rS^^ 
volontés;  pourtant  je  le  prie  «le  vouloir  continuer  de  Scpleoi^ 
mieulxen  niieiilx.  le  ne  liiy  escris  point  presmlcment , 
m'asseurant  que  vous  tuy  ferez  part  du  contenu  de  la 
■voslre,  latjuelle  je  vous  sujiplie  pour  l'honneur  de  Dieu 
de  vouloir  jetier  au  teu.  Or  veu  que  je  suis  présentement 
A  la  court ,  Hons'  de  Luiiibres  peult  liien  adresser  ses  lel- 
tJ*«S  tout  droiel  à  moy.  Le  Seigneur  Fregouse  est  en  Ita- 
1b^.  Die  vun  Geiiua  slelien  sîch  aU  woltten  fronime  leutte 
n«asz  ihnen  werdtrn  ^i).  Es  steliet ,  Gott  lub,  ihn  dissen 
l^mlen  ahn  allen  orilen  fridtsara  zuw.  Ihn  Langedoc- 
<2uenhahen  sie  das  padCealion*^dict  noch  nidit  alinge- 
"•omnien,  nenien  abt*r  doch  nichts  letlithes  kegeu  einan- 
*ï«Tf«r.  Ihre  gesandien  und  deputirten  wtrden  zu  Fon- 
*-^inebleau  gehoreit  werden,  da  ilzder  Konig  ist,  Veihoffe 
^^«tl  wirdt  aile  <Knge  zu  einem  glûckseligen  ende  schic- 
*^ïn,  Amen.  Où  est  Vendroici ,  qu'après  vous  avoir 
^v^pplié  de  itic  faire  promptement  et  particulièrement  res- 
t^onceà  touts  les  points  contenus  en  ma  lettre, je  vous  bai- 
*^rjy  très  humblement  les  muins  et  à  Messieurs  vos  frères 
{Pareillement,    priant    le  Créateur,  Monsieur,    qu'il  luy 


{i}  fr.i  nus  i.  ,1-enlen.   Il  y 
*^i*ies ,  ilurinl  IcaqurU  on  a-oi 


repriu! 


rik'cmmcnt  des  iroables  à 
k  toute  inlen'^ntion  Ë*pa- 
vocant ,  nobilium  familiàs 

norlo  ijuid  esl  ortuiD  di^sîdîi  ;  quoi)  rum  ronarrclar  rompnneee 

Dut  ile.Sna*  f]is|iiinus  ,  i|iii  forte  tune  Turl  in 

IMiïmuqi    <ritic  diKrinuui  ,  lueriinlquc   aliquol 

•OleHecri.  Cenuenici   bac  re  lolucrunl  tiulari 

are   vdie   iil   Hispani   conilitiiant   se  arbilroa 

<|UM   ia   ipsorum   Republica   oriuntur.  >  Longuet,  Ep.  secr.  I, 


mioislris 


—  212  — 

i573.  plaise  tous  donner  en  parfaicte  santé ,  ce  queTOStre  cuenr 
sptembre.  désire.  De  Paris,  ce  29  de  septembre  iSyZ. 

Yostre  plus  humble  amy  et  très  afTectionnë 
serviteur  à  tout  jamais , 

CaSPAR    de    ScHOiNBER[cfl.]. 

A  Monsieur  ,  Monsieur  le  Conte 
Ludowicq  de  Nassau  et  Catzenelenbogen. 
En  son  abaence  à  Mons*^  le  Conte  Jehan. 
Citû>       Za  selbst  eignen  hândenn. 


*  LETTRE    CDXLII. 

Le  Prince  cT Oronge  aux  Comtes  Jean  y  Louis  y  et  Henri di 
Nassau.  Mort  de  Tseraerts  ;  éïège  (TAlkmaer;  rcqtùti 
au  Roi, 


Messieurs  mes  frères.  Je  vous  ay  dernièrement  escript 
le  XIII  jour  du  mois  passé  (  i) ,  espérant  quaurez  receu  mes 
lettres  et  par  icelles  veu  tout  Testât  des  affaires  de  pard^ 
çà  jusques  alors.  Et  depuis  il  ne  m'est  venu  aucune  lettre 
vostre,  ce  qui  me  tient  en  peyne  pour  le  continuel  désir 
où  je  suis  d^entendre  nouvelles  tant  de  vostre  bonne  dis- 
position et  celle  de  Madame  ma  mère,  Madame  ma  soeur, 
et  de  tout  la  bonne  compaignie,  que  des  affaires  de  pa^ 
delà^  pour,  selon  voz  bonsadvis,  tant  mieux  pouvoir  (1res* 
ser  mes  actions  ic^  où  les  affaires ,  selon  le  temps  présent, 
sont,  grâces  à  Dieu,  en  assez  bon  estât,  et  s'en  iroyent  saos 

(1)  xiiiy.  du  mois  p.  Voyez  la  LetU«  4^9* 


—  213  — 

«Milite  tOBJon PS  méliorant,  si  je  fusse  quelque  pen  se- 
couru et  soiilizliiigé  de  lani  de  peines  et  travaulx  qu'il  ' 
IIM*  convient  porter  loul  seul  (i) ,  perdant  icy  niesmes  de 
fois  à  aultre  ceulx  dont  je  pense  tirer  service  et  auxquels 
je  me  poiirrnys  aucunement  reposer;  ninsi  que  depuis 
peu  de  temps  est  tidvenu  en  U  personne  du  S'  Hierosme 
«ïe  Tseraeris,  lequel  ,  pour  tant  inieulx  asseurer  ma  ville 
«le  S"GeertniydenlM'rgti,j'avoîs  commis  au  Gouvernement 
d'icelle,  maif  ce  a  este  a  son  ^rand  malheur,  d'aultant 
que  le  X'  jour  après  son  entrée  en  la  ditte  ville,  qui  estoît 
ïe  ïv  jour  du  mois  passé,  s'estant  illerq  entre  quelques 
solda ti  eslevé  certaine  commotion,  poussez  d'une  furie 
plus  que  brutale,  l'ont  fort  miséntblenient  tué,  â  mon- 
*»•«  grand  regret,  pour  y  avoir  perdu  ung  gentilhomme 
«J'lionneuretËdêlserTiteur(a),  quny  que  plusieurs,  ou  par 
ciiTieou  par  pure  ignorance,  taschent  à  le  hiasmeret  luy 
Ostertoute  bonne  renommée;  mais  je  vous  puis  asseurer 
lue  ses  déporlemens  m'ont  de  tout  temps  assez  monstre 
•e  contraire.  Depuis  je  vojs'  pourvoyant  aux  affaires  de 
U  ditte  ville  le  plus  qu'il  m'est  possible,  estant  la  foitifii- 
Caiion  quasi  du  tout  achevé,  et  ceuls  île  dedans  bien  déli- 
bères d'y  attendre  l'ennemy,  si  avant  qu'il  venottà  les  ten- 
ler,  dont  je  ne  puis  encoires  scavoir  aucune  certitude, 
ï»ïen  que  à  Breda  et  es  environs  il  a  force  gens.  Le  princi- 
pal camp  est  encoires  devant  la  ville  dWIckmaer,  à  la- 
9*<elle  l'ennemy  ,  après  l'avoir  battu  bien  furieusement,  a 
dnnné  en  trois  endroits  l'assauh  le  xviii*  jour  du   mois 


573-. 


Jl)  mil.  VoyM  p.  197. 
(t)JUèl  tervileur.  Voyez  p,ao3. 


—  214  — 

i5y3.  passé ,  et  y  fust  reçu  de  si  bonne  sorte  qu*après  avoir  duré 
Octobre.  Tassault  Tespace  de  trois   à  quatre  heures,  il  a  esté  con- 
strainct  de   s'en   retirer ,  laissant    pour  gafge  bien    mill 
hommes  (i),  la  plus  part  Espaignolz  riaturelz ,  sur  la  place 
morts  y  sans  tous  les  bleschez  qui  montent ,  à  ce  que  Ton 
me  mande  ,  en  plus  grand  nombre.  Il   a  depuis  encoires 
battu  et  se  prépare  à  nouvel  assauit^  mais  le  soldat  ny  a 
voulu  mordre ,   et  selon  les   ad  vis   qui  me   viennent  de 
tous  costez ,  il  est  présentement  pour  se  retirer  et  quicter  la 
ville,   s*il  avoit   moyen  de  désengaiger  son  artillerie,  la- 
quelle estant  assise  en  lieu  bas  et  aquatycque,  est  telle- 
ment par  ces  continuels  pluyes  enfoncée  qu'il  semble  n'y 
avoir  moyen  de  la  pouvoir    retirer;  le  temps  nous  fera 
veoir  le  succès.  Toutes  les  aultres  villes  de  Waterlandt 
sont  aussi  fort  bien  animées ,  et  je  faiz  icy  équipper  quel- 
ques bateaulx  pour  leur  secours,  d'aultant  que  Tennemyi 
ayant  faict  passer  aucunes  navires  siennes ,  a  bien  pense 
s'emparer  de  la  Zuyderzee,n]aisa  tellement  par  lesnostres 
esté  rembarré,  que  j'espère  il  n'y  fera  aultre  effort.  Or  de 
vous  faire îcy  grande  déduction  du  besoing  qu'avons  d'cs- 
tre  secourruz  par  quelque  voye  que  ce  soit ,  je  le  tiens 
superflux,  d'aultant  que  par  vous-mesmes  le  pouvez asseï 
considérer;  seulement  vous  prieray  que,  s'il  y  at  moyen 
de  mectre  en  exécution  aucune  des  entreprises  que  scatei 
et  dont  vous  [ay]  escript  par  mes  dernières,  qu'il  se  face  le 
plus  brief  qu'il   sera  possible,  et  mesmes  pendant  que 
l'ennemy  est   encores  empesché  aleurs'  :  aussy  seray  ire* 


(i)  mill  hommes.  Les  assiégés  ne  perdirent  que  i3  bourgeois  ^ 
a/)  soldats. 

'  ailieuis* 


—  215  - 

abe d*aToir  plus  souirent  de  voz  nouvellez,  et  mesmes  des  iSfjZ. 
affaires  de  pardeià,  et  si  l'argent   qui  devoit    venir    de  Octobre. 
France  est  à  la  main,  ensamble  les  termes  de  la  négotia- 
tiondu  Seigneur  de  Lunibres.  Suyvant  que  je  vousescrip- 
îis  par  mes  dittes  dernières  que  je  feroys  en  brieff  pu- 
blier certain  escript  (i)  addressant  au  Roy,  je  vous  en  ay 
bien  voulu  envoyer  quelques  exemplaires  cy-joincls,  par 
lecontenu  desquelles  vous  pourrez  veoirnost^'e  intention. 
Je  Yous  prie   le  communiquer  aux  Seigneurs  dapardelà, 
afin  que  tant  mieulx  ilz  puissent  cognoistre   Téquité  et 
justice  de  nostre  cause,  pendant  que  je  le  faiz  icy  trans- 
later en   latyn;  lequel   achevé,  je  vous    en  envoyeray 
aussy    quelques    doubles ,    comme    aussy   d*ung   aultre 
^^cript  ^2)  addressé  aux  Estats  du  Pays-Bas,  lequel  s'im- 
prime présentement.  J'eusse  bien  voulu  le  faire  translater 
^n  AUeman ,  si  avant  que  nous  eussions  eu  quelq*ung  à 
<^ela  propice*.  Je  vous  prie  me  mander  de  quel  goust  il  se 
^^ouvera  par  delà  ;  aussy  vous  prie  me  mander  le  plus- 
^^ist  que  vous  pourrez,  s'il  y  aurra  moyen  de  mectre  en 
I>Tief  aucune  de  voz  entreprinses  en  effect ,  afin  que  selon 
Oiela  je  me  puisse  régler,  et  retenir  ou  casser  partie  de  mes 
Cens  de  guerre.  Et  me  recommandant  sur  ce  très  affec- 
^ueuseraent  en  voz  bonnes  grâces,  je  supplîeray  Dieu  vous 
donner,  Messieurs  mes  frères,  en  parfaicte  sancté  ,  heu- 


(1)  certain  escript.  Voyez  p.  19$. 

(2}  auftre  escript.  Cet  écrit  en  forme  de  Lettre ,  datée  de  Delft  le 

^  a  sept.  [Bor^  469  —  464)  ,  et  envoyée  par  les  Etals  de  Hollande 

*^x  Etats-Généraux  ,  étoit  une  exhortation  à  ceux-ci  de  ne  plot 

^'^coter  les  efforts  da  Duc  d'Albe  en  lui  accordant  des  subaîdts. 

'  propre* 


—  21G  — 

iSy'i.  reuse  et  longue  vie.  Escript  àDelft ,  se  second  jour  cTocto* 
Octobre,  bre  iSyi. 

Vostre'  bien  bon  frère  à  vous  faire  service, 

Guillaume  db  Nassau. 

A  Messieurs ,  Messieurs  les  Contes 
Jebao,  Louys  et  Henry  de  Nassau  ^ 
mes  bien  bons  frères , 
à  Dillenbercfa. 


LETTRE    CDXLIII. 

La  Huguerye  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Il  Vexhorte 

à  avoir  soin  de  sa  personne. 


*^*  En  1 588  la  Huguerye  étoit  Conseiller  principal  da  Da< 
Jean-Casimir.  Mémoires  de  DupL  Mornay ,  I.  8a8. 


Monseigneur.  Ayant  receu  présentement  une  lettre 
du  S*"  de  Cormont  le  jeune,  de  telle  importance  pour 
vostre  regard  que  vous  congnoistrés ,  je  n'ay  osé  tarder 
à  la  vous  envoyer,  afBn  que  ,  selon  Tadvertissement  des 
gens  de  bien  et  qui  vous  sont  très  dévotz  et  affectionnez, 
il  vous  plaise  avoir  ung  soing  extraordinaire  de  vostre 
personne  y  laquelle  je  supplie  ce  bon  Dieu  qull  veuille 
conserver  pour  Son  service ,  et  vous  donner ,  Monsô- 

*  Vostre  —  service.    Autographe. 


—  217  — 

f 

gneur ,  en  perfaicte  santé ,  très  heureuse  et  très  longue  vie.  1 573. 
A  Siegen ,  ce  xx'jour  d'octobre  iSjS.  Oclobre^ 

Yostre  très  humble  et  très  obéissant  serviteur, 

La  Hdgu£ry£. 

A  Monseigneur ,  Monseigneur 
le  G>nte  Loys  de  Nassau. 


^•^ 


t  LETTRE     CDXLIV. 

Les  Comtes  Jean ,  Louis ,  et  Henri  de  Nassau  au  Prince 
(T  Orange,  Affaires  (V Allemagne  en  rapport  avec  ceU 
les  des  Pays-Bas. 


*^  Cette  Lettre,  dont  malheureusement  plusieurs  passages 
>>*ont  pu  être  déchiffrés  ,  est  relative  à  des  affaires  très  importan- 
ces ;  d*abord  à  des  entreprises  sur  Bergen  op  Zoom  et  Groningue  ; 
puis  à  une  Ligue  (  Graveneintffunff}  qui ,  surtout  aussi  par  les  soins 
<i«s  Comtes  de  Nassau  ,  s*étoit  formée  ;  à  ce  qu'il  paroit ,  moins 
exclusivement  en  faveur  des  Pays-Bas,  que  contre  la  Maison 
d'Autriche  en  général.  Non  seulement  des  Electeurs  ,  Princes ,  et 
Villes  d'Allemagne  ,  mais  aussi  les  Rois  de  France  et  de  Pologne , 
et  surtout  les  Dissidents  Polonois  sembloient  y  vouloir  prendre  part. 

Dathenux  venoit  d'arriver  auprès  du  Prince.  Ce  prédicateur 
réformé  ,  en  s'élevant  plus  tard  avec  impétuosité  contre  toute  tolé- 
rance envers  le  Papisme ,  et  en  s'opposant  à  toute  négociation 
avec  le  Duc  d'Anjou,  traversa  les  desseins  du  Prinre  d'Orange, 
eicita  le  roéconteniement  des  Catholiques,  dont  il  semble  avoir 
méconnu  les  droits  ,  hâta  la  défection  des  Provinces  Wallonnes  , 
eC  nérila  ,  sous  quelques  rapports  ,  plusieurs  des  reproches  qu'on 
lai  a  prodigués.  Néanmoins   on  n'aurait  pas  dû  parler  de  Ini , 


^  220  — 

1573.  Wie  es  dîeser  ortt  mîtt  unsz  une!  allen  sachen  geschaf- 
Oclobre.  fen  ,  das  werden  E.  G.  ,  unsers  verhoffens,  seithero  ausz 
unsern  schrelben  \on  dem  Bottelierer  iind  DatenOy 
haben  verstanden. 

Das  E.  G.  wir  so  langsnm  schreiben ,  geschîclit  iîur- 
wahr  nicbt  ausz  vergesz  oder  unachtsamkeit,  sondera 
vonwegen  vieles  verreysens  und  manchfâltigergeschefft, 
der  zuversicht  und  hofnung  E.  G.  und  die  betrangtcn 
armen  Niederliinde  sollen  desz  mit  der  zeit  nicht  allein 
gemasz  beGnden  ,  sondern  solche  mùhe  solle,  geliebt's 
Gott,  dem  algenieinen  Vatterlandt  zu  nùtzs  und  from- 
men  gereicben,  darzu  der  Almechlige  Seine  gnadeund 
segen  wolle  verleyben. 

Die  schwere  last,  sorg,  mùhe,  arbeit ,  und  gefalir,  so 
E.  G.  biszhero  auf  sich  liegen  gehatt  und  noch  habeo, 
konnen  wir  und  diejenige  so  von  den  sachen  etwas  wi»- 
zen  ,  etiirher  maszeu  erachten  ,  ist  aber  sonsten  geirisir 
lich  unglaublich  ;  dieweil  aber  dieser  handel  nicht  mcfi- 
schen  ,  sondern  Gottes  werck  und  sach  ist ,  darzu  E.  G. 
sich  nicht  gedrungen,  sondern  Golt  der  Almechtige 
darzu  beruffen  und  als  mit  den  haren  herbey  gezogen 
hat,  E.  G.  auch  im  werck  und  mit  der  that  Gottes  hilff 
gnade  ,  und  wunder  scheinbarlich  be6nden  ,  so  haben  E. 
G.  und  wir  aile  Ime  erstlich  hochlich  zu  dancken,  und 
volgents  Seiner  vetterlichen  hûiffe  ,  beystandts  ,  schiitt, 
und  schirms  zu  erfrewen  und  getrbsten  ,  unangeseben 
wie  beschwerlich  und  geferlich  sich  auch  die  sacheoft 
ahnlaszenn. 

Den  verlust  mit  Seras  haben  wir  gantz  ungem  vcmoia- 
mcn  ^  dieweil  aber  ohne  den  willen  Gottes  nichts,  J» 
ailes  den  Seinen  zum  besten  geschicht ,  muesxen  od^ 


wïp  in  «lenie  uiid  ainlf  rm  aiich  dsmit  zufrirfen  srin.   iSyîî. 
Cott  ()er  Herr  Lan  bnlt  aiult^ci^  t'rwecken  ,  oiler  sonst  mit-  Ociobre. 
tfl  schiekrn  clarauf  wir  niclit  gt^Jcncken  ,   uît'  wir  diin 
liinbero ,  GoU  lob  ,  vieirRltig  erfareii. 

Was^seil lient  E.  G.  sclireiliens  sicli  auijctriigi'ii  ,  wiu  t's 

io  Sanrt-GiTtnnlenbt-rgk    gcschîitfi-n,  ob    des  Herzogen 

"won   Alba   votrk  vae  AIckiiiar  ab^r'zn^en ,    item,  ult    er 

alin    s«n«i    Bchiefleii   nherniuls   s/;haden  gelifttcn  ,  uiid 

«Jnien    Ton  Anib»terdatn  soviel  Crucbtt  genommen  wie 

Siiierauszen  g<^-sagt  wirdt ,  liiinVu  wir  in  kurtzi'n  vin  £.  G. 

Xrricbtet  lu  wcrden  ;   dan  obwol   wir  leglichs  bien  und 

-winler  umb  zcittung  und  particidariieten  von  buhen-  und 

xiiedrrn  •ilandls  persnnen ,   so  E.  G.  und  der  gantzen  sa- 

«lien  vfol  (îcwogcn  ,  und  suh'iiI  von  dtn  l)a[)stiM'hen  aïs 

ETan^lischen  .leint  ,  alingelnngt  wurdcn  ,   so  schreiben 

■neine  bruedtrr  und  irb  dodi  kein«  zcittun^e  viiii  uns,  «s 

sejrdan  daa  die  viin   E.  G.  oder  dersutben  dhlener  kom* 

"Wi;  dww«^cn  dan,  vieler  uhrsachen  halben,  niilz  und 

gult  were ,  wic  da  E.    L.  die  vcrordnung  ibun  konten  , 

<Im  uns  allerbandt  particuiarîteten  zugesdiriel>eu  wûr- 

E.  G.  Diogen's  gevrisztich  glaiilien  und  linlien  wir  al(« 
<Ian  Aliii(x:btigen  darund)  zii  dancken,  das  E.  G.  und  die 
ganizc  tach  je  letigerje  mehr  gi>rider  und  beyfals  bckoni- 
itH^  uni]  mehr  dan  sie  glaub^n  konnen  ;  boffe  sie  sol- 
Wï  ia  kurtzpn,  gebebt's  Guti,  mil  der  tbatl  befinden; 
dan  lien  ieulben  begînnen  nbuninelir  die  augen  und  herl- 
iMi  etiidier  maszen  aulzugeheii ,  und  des  gcgendieiU  an- 
H-lilegr  und  unlrew  bekant  zu  werden,  daviiu  ich  aber 
dtsmals,  kiirtze  der.zeitt  halben,  nicht  schreiben  kan. 
Soviel  dea  secours  und  bewuste  entrepriuse  betrîfi. 


~  222  — 

^673.  werden  E.  G.  nhumehr  von  der  beksnnten  persohn  alleu 
Octobre,  bericht  liaben  entfangen  ,  nemlich  Dateno, 

Wir  seint  resolvirt  abbalt  das  geld  ,  danif  man  aile 
slundt  alhie  hoffen  und  demselbigen  alberek  arach  leut 
und  wagen  entgegen  geschickt  ,  nhur  ahnkunipt,da8  so 
balt  zur  sachen  mit  GroTiningen  soi!  getlian,  gewisstt 
tag  uud  walstadt  bestinimt,  und  das  geld  gespiell  wer 
den  y  und  wirdt  mit  bruder  der  nach  sokhen 
ahn  die  ortte  eîn  zeitlangk  sich  begeben,  und  luror 
nothwendige  yersehung  und  bestellung  thun,  wie£.G. 
hienron,  ob  Gott  will,  die  obgemelte  persohn  nfiunfhr 
genurksam  wirdt  berichtet  haben.  begertdis 

uff  dert  niogen.  [Phil]  so  E.  G.  hierzwisches 

und  nach  der  ahnge^eigten  ahnkunfc  sobak  vol 
ssen  gpmacht  werden,  verschafït^  und  darzu  11  haufiter, 
damit  eins  das  ander  im  fall  der  noth  verseben  konotc, 
geordnet ,  und  denen  die  ziffer  so  wir  brauchen  todi 
mit  milgeteilt  wiirden  ,  damit  raan,  wan's  vonnolhen, 
zuschreiben  kônne  meinungist,    dif»  schlach- 

ordnung  sol!  man  uff  Bergen  op  Zoom  leichtlich  konnen 
von  Scholbicli*  ,  welchesein  insel  ist,  bringen. 

Wir  haben  ans  Franzôsischen  sch^eiben(I),dasdasb^ 
wust  geld  auf  diszmal  ailes  mit  einander  ahn  eiieindic- 
ken  pfenningen  mier  [testgu']  erlegt  werden,  seint  dfriiil- 
ben  aile  stnnde  ferner  zeilung  gewertig.  Wir  wolb» 
nachdenckens  haben,  ob  irgents  auff  fr.*  mûntiDOf'' 
daran  etwas  weiters  zu  erhalten  und  zu  gewinnen.  EG* 
wollen  hierinnen  auch  beraihen  sein. 

(i)  Fr,  schrèiben.  Voyez  la  LeitV'e  44i* 

•  5Mioawen  (?).         *  «irut  (?).         '  fnwii*««ffcf. 


—  223  - 

Von  zeittungen  weisz  E.  G.  ich  nichts  sonderllchs  zu  i5y3, 
schreiben  ,  dan  das  dem  Herzogen  von  Alba,  den  6  und  y  Octobre. 
ku/usy  fùnftzehen  wagen,  so  mit  pulver  geladen ,  nicht 
weîtli  Ton  Speyr  im  rauch  ghen  himniel  geschicket  wor- 
den  (i).  Es  seint  vorgestern  noch  etiiche  und  dreisig 
thonnen  zu  Franckfurt  nnkommen ,  seint  zwischen  vresen 
etiich  mahl  ahngesprengt  worden  ,  ist  aber  nicht  gelun- 
gen;  hoffe  es  solle  denselben  nicht  beszer  als  den  andern 
ergehen.  Wer  es  gethau  und  warumb  es  geschehen , 
haben  E.  G.  hierneben  zu  seben. 

ist  gestern  zue  ghen  gezogen 

lest  ihme  die  sach  ,  Gott  lob ,  nhuniehr  ernstlich  ahngele- 
gen  sein ,  wiewol  es  fûrwabr  ,  bis  nian*s  so  fern  bracht , 
Yiele  mûhe  genomnien.  Der  Almechtige  wolle  ferner 
gnade  verleihen. 

Bej  deni  Herzog  von  Sachsen  und  ist 

[wjillens  ^  nicht  allein  E*  G.  und  sachen  zu  solli- 

citiren,  sondern  auch  die  élection  eines  Bomiscben  Ko- 
oigs ,  welche  der  Keyser  gern  auf  seiner  sohne  einen 
biingen  wollte ,  zu  hindern.  Es  ist  derenthalben  ein  zeit- 


(ly  geschicket  worden,  «  De  Hertog  van  Alba  lieeft  eenige  wa-    ' 

>  gens  met  Soooo  pond   buspoeder  geladen  uil  Duyl&land  onlbo- 
»  deo  ,  dewelke  gekomen  synde  door  des  Paisgraven  land  ,  so  heeft 

•  Hertog  Hans  Casimîrus     die   metten   Piince  van  Orangien  en 

•  Grave  Lodewyk  in  verbond  was)  't  selve  buskriiil  op  een  beide 

>  doeo  ontladen ,  en  met  een  lopende  vyer  met  eîgender  hand  ver- 

•  br%od  •  .  .  Hy  hcefl  bekent  *t  sebe  s}  n  werk  te  we&en  door  een 
*geschrift   gegeven   binnen  Heidelberg ,  den    la  oct. . . .  om  te 

•  beletlen  meerder  bloedstor linge  van  vêle  onnoesie  menschen.  » 
^,472^>  Cétoit  apparemment  l'Empereur  qui  avoit  fait  au  Duc 
cet  envoi  :  «  Imperator  mittit  Albano  magnam  vim  pulverîs  tor- 

•  ■tntarii.  »  Longuet ,  EpisU  secr.  L  196» 


•  224  — 

i573.  langk  hefftig  practiciret  une]  derhalben  auch  hartauff 
Octobre,  ein  Reiclistag  gedrungen  wordcn.  Wir  haben  aber,  Gott 
lob,  dermaszen,  niithûlf  fies  Almecbtigen,  darinnen  geu^ 
beiiet  und  bien  und  wieder  underbauung  gethan ,  dts 
verhoffenilich  deren  keines  so  balt  ein  vortgangk  gewin- 
nen  soll. 

zeuget  diesen  morgen  Kcilln  dcr  hofr 

nung  die  sachen  ,  vermitlelst  Gcitlicber  gnaden  ,  dahien 
zu  handien  das  er  sich  nicht  allcin  voni  Heraog  von  Albt 
absondern,  sondern  aucli  in  ehestaiid  begeben,  Chur- 
fùrst  bleiben,  und  zu  unserer  religion  thun  wolle(i);  wie 
dan  davon  E.  G.  von  der  oft  ahngeregien  persohn  Te^ 
hofTeutlich  werden  haben  vernommen.  Es  laszen  sich 
die  sachen  gleichwol  seitzam  alinsehen ,  wan  man  aber 
die  unibstende  und  gelegenheit  ahnsihet,  seint  sie  sofjU 
unmoglic'h  nicht  zu  arhten.  Der  Almecbtige  ist  zu  biuea 
das  Ejt  gnadeund  segen  wolle  verleihen. 

Es  lest  sich,  Gott  lob,  unsere  Graveneinigung  pr 
wohi  ahn  ;  dan  nachdem  wir  in  den  vorigen  durchzûgtn 
unsz  alhie  nicht  haben  laszen  abschrecken ,  hat  es  bies 
und  wieder  nicht  gering  nachdencken  verursacht,  uw 
der  sachen  ein  soich  ahnsehen  bracht  das  seithero  nidit 
allein  etliche  GrafTen ,  sondern  auch  Chur-  und  FûrsteOi 
beneben  etiichen  Stàdten  und  Edeleuthen ,  ja  auch  iff 
Kôuig  in  Franckreich  und  der  Bruder,  konig  von  PoknOi 
und  sonderlich  die  religionsverwante  in  Pollen  derwege» 
mit  unsz  in  handiung  seint.  //*  sunnna^  wo  wir  das  glûck 
nicht  selber  inuthwillig  ausschiagen  und  gar  blindt  son 

(i)  thun  tumlle.  L'Electeur  de  Cologne  ,  qui  en  i577  épottU 
une  Comtesse  d'Aremberg  (Tom.  111.  p.  44^) ,  n'accomplit  p»  !« 
autres  parties^de  ce  triple  projet. 


225  . 


sagen  pflegt,  ûber  iS^S. 
gebe  das  wir   unsz  Oclobre. 


woUen,  so  konnen  wir,  wîe  mar 
Gott  nithl  klagen.  Der  Almechli 
dnzelben  nhur  recbt  gebrauchen. 

heit  sicb  wol  mid  thut  in  warheit  TÎel  ;  wir 
hiben  aber  biszweilen  den  schaumhedt  abtbun  ,  und  gar 
Teutïcli  reden,  und  bien  und  wieder  groh  seyn  mueazen, 
nie  es  dan  noch  nlcht  lan^  das  mit  Kayserttclien  ge- 
landten  von  E.  G.  und  der  algemeinen  sachea  rundt  ist 
|er«dt  worden. 

Nacb  und  [anjkutift,  werden 

E.G. ,  gelltbt's  Golt,  ollerley  vernebmen.  Eilc  halben  , 
lan  E.  G.  ich  diszmals  ferner  nicht  schrcîben. 

Wir  5«îndt  nhun  ettichmal  gewamet  worden  sus 
dat  mao  sîcb  fur  Otto  Plato  soll   hueten  ;  wiewo)  îcb's 
nhun  nicht  wol  glauben  kan ,  so  ists  doch  auch  nicht  m 
ferechteo. 

ist  willig  und  urbietig,  ja  bat  ein  verlan- 
{nu  und  laslen  dazu  dasz  er  mît  bruder  moge  mit 

"Oftufben,  und  sonderlich  den  bandelin  Fiiszland  (rei- 
beobelffen,  wan  nhur  da*  uriaub  von  seînem  meister  zu 
ohaltea  ;  und  ist  man  deszbalben  in  bandlung. 

Wan  E.  G.  reysiger  knechte  bedCirffen,  begert  Erich 
"iedeninib  za  K  G.  Es  kommen  teglicbs  viel  guter  leu- 
u>e  Ton  bauptieuthen  und  allerley  bevelchsieuthen  ,  auvb 
•ttnsten  Deutschen  und  Welschen  Kriegsleulben,  beg^ren 
•ottcbrifflen  ahn  E.  G.  Bill  derhaiben  E.  G.  woUen  uns 
*es  wir  hieiînnen  zu  erbalien,  laszen  wiszen. 

begert  meiner,  kan  aber  nicht  wiszen  war- 
*Uiib,  halte  es  aber  mehr  vor  ein  gutt  dan  ein  bosz  zei- 

Nacbdem   wir  auch  oftmals   ahngelangt  werden  was 


—  226  — 

1 573.  fiir  condiiiones  pacis  fùrzuscblagen ,  so  kônien  E.  G^  <^ 
Octobre,  derselben  hierinnen  irgend  etwas  bedenklîchs  TorEdlei 
^ùrde ,  unsz  desselben  verstendigen  y  uns  darnach  habea 
zu  richten. 

£.  G.  haben  als  derselbigen  gehorsame  thiener  uns  nie 
allen  trewen  altzeit  bereitt  und  wilUg ,  uqd  tbu  hkflri^ 
demselbenin  Seinen  gnedigen  schùtzund  schiraiiiniiww 
schung  aller  glûckseligen  wolfarth  ,  beyden.  DaUun  Dit 
lenbergk,  am  a2»«»  Octobris  A"  i573. 


*  liETTRE  CDXLV. 

Le  Prince  ft  Orange  aux  Comtes  Jean ,  Louis  ^  et  Henri  de 
Nassau.  Lei^ée  du  siège  cTAlkmaer;  victoire  nawds  aar 
le  Zuiderzee  ;  entreprise  projetée  sur  Grùningue* 


*'^*  Peu  de  temps  avant  la  date  de  cette  Lettre  le  Prince  Ml 
devenu  membre  de  l'Eglise  Réformée  des  Pays-Bas.  Le  aB  wUivt 
Bartholdus  Wilhelmi ,  Ministre  du  St.  Evangile  résidant  à  Dar- 
drecht ,  écrit  à  TEglbè  de  Londres  :  «  Broeders ,  ick  en  bebfaaU. 
»  L.  niet  konnen  verbergen  die  genade  die  ons  Godt  bemcsen  btcft 
»  dat  die  Prince  van  Oranjen  onse  Godtsalige  Stadtbondcr  htm 
»  tôt  der  geroeinte  begeeven ,  faet  brood  des  Heeren  flMtter  fe- 
»  meinte  gebrooken ,  en  bem  de  discipline  onderworpen  Mk, 
»  betwelke  niet  klein  te  agten  en  is.  »  Génies,  Scrm.  jttttif.h% 
a88.  Apparemment  il  avoit  difîéré  cette  profession  p«blM|iit,  afi 
de  ménager  les  Princes  Luthériens  et  surtout  aussi  l'Emperear. 

Le  siège  d'Alkmaer  fut  levé  le  8  octobre.  Le  11  un  coabil 
naval  eut  lieu  sur  le  Zuiderzee:  la  flotte  du  Duc  d*Albe  fut  eoflh 
plètement  défaite  et  le  Comte  de  Bossu  fait  prisonnier ,  après  avoir 
vailkoMncnt  oombatta. 


Messieurs  mes  frères.  L'arrivée  de  Monsieur  Datheniis  iS^S. 
*n  ce  Jieu,  qui  estoit  le  28*  jour  de  ce  mois  ,  m'a  esie  Ociobre 
d'aultant  plus  agréable  pour  avoir  eu  ce  bien  d'entendre 
de  luy  au  vray  vostre  bonne  disposition,  ensamble  de 
Madame  ma  mère  et  de  toute  la  famille,  aussi  pour  avoir 
ouy  le  discours  si  particulier  que  Je  vive  voix  il  m'a  faici 
des  affaires  de  pardelà  et  de  tout  ce  que  s'y  passe,  par 
dessus  ce  que  par  vos  ilerniiTes  des  4'  et  5' jours  de  ce 
nesmes  mois  j'en  nvois  apprins.  Une  cbose  m'a  quelque 
peu  estonné,  c'est  qu'au  temps  du  parlement  du  dit  D'A- 
ibeaus  avecq  vous,  n'aviez  enroires  receo  mes  lettres  du 
tecond  jour  (i)  du  présent ,  et  depuis  je  vous  ay  encoires 
escript  le  1 1*  ensuyvant ,  et  veuU  espérer  qu'aurés  pré- 
lentement  reueu  l'une  et  l'autre  despesche,  «  veu  par  icel- 
les  en  quels  termes  nous  estions  jusques  alors,  et  la 
grlce  quîl  a  pieu  au  S'  nostre  Dieu  nous  faire,  tant  au 
r^ard  df  la  retraicte  des  ennemis  de  la  ville  d'Ak'kmaer, 
qu'en  la  prinse  du  Conte  de  Bossu.  Or  laissant  d'en  réité- 
rer icy  aucune  cbose,  je  vous  diray  que,  comme  je  loue 
et  prise  grandement  vostre  sollicitude  et  bonne  vigilance 
par  laquelle  ne  cessez  de  travailler  pour  advancber  la 
caus?  commune,  ainsi  ne  vous  puis  celer  l'entrepHnse  sur 
Graningen,  comme  l 'avez  projectée,  me  samblediflicile  et 
dangereuse,  voire  quasi  impossible,  car  vous  n'y  pourez 
Tenir  «i  avant  avec  telles  forces,  sans  que  ceulx  de  fîru- 
lûngeD  en  soyent  advertiz  ;  et  de  donner  l'escalade  et  faire 
pontons  devant  la  ville  bien  flancquée,  ayant  bons  fossex, 
euantz  pourveue  de  bons  hurqueljuziers  ,  p<«ivez  facille- 
tuent  entendre  quelle  chose  vous  effectuerez ,  si  ce  n'est 

(i)  teeomJ jour,  Voy tt  ÏM  hBtm  ii^. 


—  228  — 

i5yZ,  qu  ayez  bonne  correspondence  par  dedans ,  dont  toutes- 
Ociobre.  fois  D*Athenusn'a  rien  entendu.  Quant  aux  batteaux  pour 
ayder  à  la  dilte  entreprise,  ne  vous  scauroy  assécurer 
chose  quelconque,  non  seulement  à  cause  delà  gelléquon 
attend  journellement  et  Tincertitude  du  vent,  mais  aiisii 
que  les  limites  de  la  Frize  à  Tentour  de  er  Diep 

Groninge  [dividu]  et  qu  il  leurs  sont  muniz  et  gardez  par 
plusieurs  ,  lesquelles  pouroyent  empescher,  voire  bat- 
tre et  défaire  ceulx  qui  passeroyentde  soldalzpar  leGroe- 
ninger-Diep  par  petits  bateaux ,  dont  pourroit  sortir  une 
grande  diminution  de  nostre  réputation.  Semblablemeot 
la  surprince  de  Delfsiel  sambleroit  difGcile,  d*autaiit 
que  le  lieu  est  naturellement  et  par  artifice  bien  fort ,  et 
davantaige  médiocrement  muni  de  bons  soldats,  si  tous 
navez  artillerie  de  baterie.  Mais  on  pourroit  facilleineDt, 
saulff  mellieur  advis ,  sans  perte  du  temps  et  des  gens, 
surprendre  une  ville  joindant*  de  Delfsiel,  nommée  Ferw- 
sum%  où  on  logeroit  les  soldatz  commodément,  et  auroit- 
on  illec  le  mesme  moyen  de  oster  les  vivres  à  renncmi 
quon  peut  avoir  à  Delfsiel,  d'autant  qu'il  y  at  fort  boa 
port.  Si  vous  estimez  cecy  estre  expédient^  je  prie  qu  il 
soit  faict  le  plustost  qu'il  sera  possible,  vous  asseuraot 
que  ne  faudray,  si  la  sayson  le  permect,  de  vous  envoyer 
illec  quelques  bateaux  bien  muniz,  tant  pour  le  secoursde 
ceulx  qui  seront  à  la  dicte  ville,  que  pour  garder  lespas- 
saiges.   Touchant  l'afTaire   de  il    me  con* 

tente  assez  bien  ;  je  prie  Dieu  vous  donner  grâce  de  la 
pouvoir  heureusement  exécuter.  Quant  à  [l'argent]  venant 
de  France  ,  encoires  que  je  m'asseure  bien  qu'il  pourroit 
pardelà  utilement  estre  employé,  ci  est-ce  que  pour  aflai- 

'   Groninfrrr-,  ou  Hunse-,  ou  SoUkaniper-Diep.       '  près.       ^  Fai 


res  ut^entes  je  désire  bien  fort  que  par  la  voye  de  dremen  ijyi. 
Rie  puisse  estre  envoyé  la  somme  de  vingt  et  cincq   mil  Octolire. 
«cuz  le  plus  tost  et  seurement  que  faire  ce  pourra ,  dési- 
rant aussi  entendre  le  siiccirs  des  affaires  qui  sont  en  train, 
dont  D'Athenus  m'a  faict  quelque  ouverture.    Quant  aux 
nouTCltH  de  pardeçà,  l'ennemy,  comme  par  mes  précé- 
dentes jevuus  ay  escript,  s'estant  retiré  avecq  grand  honle 
tTAlimaer,  et  ayant  depuis  encoires  eu  telle  escorne'  sur 
'     la  Zuyder7*e,  aGn  qu'il  ne  samble  point  qu'il  ne  face  rien, 
a  mis  toutes  ces  forces  à  la  Haye,  tant  pour  retirer  noz 
1     forces  qu'avons  envoyé  en  Zeelande  et  Waterlandt ,  que 
pour  gaster  le  plat  pays  pardeçà^  cependant  ne  cessons 
T    de  donner  ordres  tout,    tant  que  fnire  se   peult.   Je  ne 
veulx  aussi   obmecire  à  respondre  sommièrement  à  quel- 
^     ques  poinciz  de  voz  lettres  et  tous  prier  de  ma  part  vou- 
loir saluer  '  qu'aussi   vouloir  remercier  très  affec- 
I      tionnementdu  grand  bien  qu'il  luya  pieu  nous  ri>ire,incc- 
i      lant  le  feu  aux  poudres  (i)  qu'on    menoit  à  noz  ennemis; 
il     c«  que   non  scullement  moy ,  mais  aussi  tout  le  pays  ,  lujr 
tvnons  à  obligation  pour  le  déservir  par  tous  moîens  pos- 
I      sibles.  Quant  a  la  poursuite  que  faict  et  les  [voledleurs] 
pour  avoir   la  paît ,  je  le  trouverois  fort  bon  ,   mais  je  y 
voys  petite   apparence.  Si  à  l'endroit  il    servira 
grandement  à  noz  affaires  au  regard  de  la  ratif6caiion  de» 
estatz  de  Hollande  pour  les  vingt  trois  niîll  llorins  presiez 
par                                 ;  nous  sommes  après  pouj-   l'ob- 
C«nir.  Si  les  dessins  des  niaréclianli  de  France  peuvent 
râiiûr  à  bonne  fin ,  je  seray  bien  aise.  Je  ne  puis  si  non 

(»)  powAvf.  Vojeip,  aa3. 


—  230  — 

iSy'i.  louer  et  priser  gratidement  toz  bonnes  diligences  ei^auMÎ 
Octobre,  remercier  Dieu  de  ce  que  la  Ligue  (i)  des  Contes  et  Villes 
est  en  si  bon  train.  Et  touchant  que  vous  me  demander 
si  pourrez  descou^rir  ces  entreprinses  à  ,  je 

le  remeià  vostre  discrétion.  Il  me  plaist  fort  que.  tous 
avez  si  librement  et  particulièrement  traictë  ayecq  les 
Députez  de  TEmpereur  et  du  •  £t£Bdiaiit 

ainsi  fin  à  ceste ,  je  tous  présenteray  mes  très  affedueiUes 
recommandations  en  vostres  bonnes  grâces,  et  supplieray 
Dieu  TOUS  donner,  Messieurs  mes  frères,    en  par£gicte- 
santé ,  heureuse  et  longue  vie.  Escriptà  Delft ,  oe  demie^^ 
jour  d'octobre  1673. 

Vostre  bien  bon  frère  à  vous  faire  service, 
Guillaume  de  Nassau. 

'  Je  TOUS  prie  voloir  présenter  mes  humblesre- 
commendations  à  Madame  ma  mère.  Madame 
ma  soeur  ,  ensemble  à  tous  mes  aultres  soeurs  et 
beau-frères ,  avecque  toute  la  compaignie. 

A  Messieurs  ,  Messieurs  les  Contes 
Jeban ,  Louys  et  Henry  de  Nassau , 
mes  bien  bons  frères. 
Dillenberch. 

•    Le  3  noY.  le  Prince  ,  dans  un  billet  autograpbe  daté  de  Deft  A  ' 
écrit  au  Comte  Louis  :  a  Le  ministre  Calabart  m'ast  fort  reif  0^ 
M  vous  voioir  escripre  ung  mot  affin  qu'il  vous  plaise  luy  maiK'^ 
u  quelque  responce  absolute  louchant  Taffaire  dont  par  trois  ou 


(i)  Ligue,  Voyez  p.  224. 

'   Aiinéa  mutof^ntphe. 


L 


»  jammaii  povoir  SToir  «os  mot   iSy?* 
■  dereapoBce.  Je  vous  aâseur  qu'il  est  ea  gran  paine  e 
.   c^omme  se  gouveroer  ;  parquoy  vojs  prie  luy  voloir  mandar  vos- 
•    Ire  inteatioo,  • 


*  LETTRE     CDXLVI. 

'rince  d'Orange  au  Comte  Louis  de  Natsau,   Prise  de 
St.  Aldegonde  par  les  Espagnols. 

'  A.  la  levée  du  siège  d'Alkmaer  succËda  ,  le  3o  ocl. ,  l'inves- 
Mfit  de  Lride;  et  la  prise  de  Mnriii\  n  celle  tlu  Comte  de 
i  De  Prince  was  seer  droevig  oui  syn  gevankeniiie  eu 
*  schrecf  aan  Sorto;^  dal  hy  <Ien  Graie  van  Bossu  en  den  geiange- 
~  aen  toi  Hoorn  sulk  Iraclemenl  soude  doen  ab  liy  soude  vcrboren 
"  «bl  de  Heere  vaD  Aldegonde  gednen  werde  ,  sulks  dat  hier  door 
V  detc  bcter  nerd  g(!lrBCleert  .ils  by  inogelyk  anders  soude  geweeil 
"■  bebben  ,  door  den  gralen  haet  die  de  SpaDgiacrdcn  hem  toedroe- 
^— ■  (tii.  •  Bor ,  47a''.  Vigllus  écril  ;  «  Aldcgunda  est  apud  Princî- 
^  pem  ejus  auctorllalis  ut  omnia  pêne  ex  ejus  consilio  facial  :  cre- 
^^  dilanfue  author  esie  multoruni  famosorum  llbellorum  qui 
^^  proiïmïs  annis  contra  Ducem  promulgati  sunt ,  lionio  seclis 
^•^  haeresibnsque  lotus  immersus.  u  £p.  ad  Ha/iperum ,  p.  778,  — 
-^C_^  position  du  Prince  redevenoil  ci'illque.  •  De  Spanglaerdcn  , 
^^  den  liage  en  de  Schanse  op  Maesland&e-tluise  inbebbende  ,  heb* 
^^  beo  hen  aUo  voort  verspreid  lot  voor  de  poorlcn  van  Delft , 
^^  Rollcrdam  ,  en  Schiedam  ,  sulks  dat  die  Sleden  genoegsaem  van 
^  den  andercn  gcsiolen  naren  ,  en  men  van  de  ecne  Slad  toile 
>  tsdcre  niet  en  konde  komeu  dan  met  seer  groot  perykcl.  >   Bor , 

Monsieur  mon  frère.  Depuis  <[ue  je  vous  uy  escript  ile- 
ikDt-hier,  il  est  advenu  que  les  <;iineuiis  s  eMaus  mis  plus 
anyt. MU  pays  se  sont  Lier  après  uiitiy  saibixdu  lieu  ap- 


—  232  — 

iSyi.  pelle  Maeslandt-sluys  où  j^avois  envoyé  Mons'de  S^Al* 
ovembre.  degonde  avecq  quelques  compaignies ,  lesquelles    sont 
esté  deffaictes,  et  ledit  S*^  de  S"Aldegonde  avecq  deux 
capitaynes  sont  demeurez  prisonniers ,  ainsy  que  Ton  m'a 
rapporté  ce  jourdhuy.  Il  me  desplaist  extrêmement  du 
désastre  advenu ,  mesmes  pour  la  personne  du  dit  S'  de 
S'^  Aldegonde.  J'ay  prié  à  Mons*"  D*Athenus,  qui  se  parla 
cest  instant  vers  le  lieu  que  vous  scavez,  vous  en  escripre 
plus  amplement ,  vous  priant  d'en  user  selon  Tadvis  qu'il 
vous  en  donnera.  Surquoy  n'estant  ceste  à  aultre  effect, 
je  vous  présenteray  mes  très  affectueuses  recommanda- 
tions en  vostre  bonne  grâce,  suppliant  Dieu  vous  donner 
en  santé  bonne  et  longue  vie.  Escript  à  Delft ,  ce  ciucquies* 
me  jour  de  novembre  iSyS. 

Vostre'  bien  bon  frère  à  vous  faire  service, 

Guillaume   de  Nassau. 

A  Monsieur  ,  Monsieur  le  Conte 
Louys  de  Nassau  ,  mon  bien  bon  frère. 
Dillenbercb. 


f  LETTRE  CDXLYII. 

...  à  Louis  (le  Nassau,   Relative  à  dherses  entreprias, 

**  Peut-être  ce  correspond.int  anonyme  est  un  Capitaine  Fn»- 
cois,  qui  avoit  participé  à  l'expédition  de  Mons.  Il  s*agit  ici  sor- 
:out  de  levées  pour  Tentreprise  du  Comte  Louis  et  des  compagMimi^ 
c'esl-à-dire  des  fils  de  TElecteur  Palatin. 


Monsieur.  Nous  avons  eu  nouvelles  de  nostre  homme, 

•  Voftre  —  ■«rTire.    Auivgjaphf.       '    Apparemment  mng  e«*ph. 


—  233  — 

qui  me  mande  qu  ayant  desfaict  rarmëe  du  Duc  qu*ilz  i?73* 
sauront  plus  grande  affaire  de'gens  de  guerre  de  ce  costé  Novembre 
là,  s^asseurant  que  Medebourg'  ne  le  durera  guèrès.  Mais 
il  vous  supplie  très  afTectueusement  que  vous  faclez 
descendre  le  mellieure  nombre  darquebuziers  que  vous 
pourrez  tirer  de  Liège  et  Couloigiie ,  où  ilz  peuvent  aller 
seurement,  et  promect  oultre  cela  de  payer  ung  demy 
moys  aux  capitaines  et  soldatz  pour  aller  jusques  au 
rendez-vous,  où  estant  arrivé,  le  mois  de  paye  commence- 
ra à  courir  et  tireront  les  soldatz  la  mesme  soulde  qu'ilz 
avoient  dans  Mons.  Vous  envoyerez  prendre  le  rendez- 
vous  à  Heydelberg.  Pourtant  je  vous  supplye  de  m  adver- 
tyr  en  toute  diligence  ce  que  vous  vous  y  délibérez  de 
faire ,  et  quel  nombre  vous  pensez  pouvoir  faire  descen- 
dre, et  en  quel  temps,  affin  que  j'y  donne  Tordre  requis 
et  nécessaire.  Vostre  compaignon  de  lict  et  moy  en  avons 
parlé  au  sainct  que  scavez,  qui  la  pour  agréable.  Et  au 
cas  que  vous  ne  pensiez  les  pouvoir  secourir  du  costé  de 
la  terre,  encore  que  se  soit  Tendroict  le  plus  commode  et 
seur  pour  vous ,  et  où  ilz  ont  le  plus  à  faire  de  telles 
mouches  à  miel ,  ilz  sont  résoluz  d'accepter  les  conditions 
proposez  pour  le  secours  de  la  mer ,  à  raison  de  quoy  je 
vous  prie  encores  ung  coup  de  me  résouldre*  de  tout  ce 
que  dessus,  car  les  compaignons  ne  dorment  pas,  ayans 
brusié  auprès  de  Spire  deux  cens  milliers  de  pouldre  que 
l'Empereur  envoyoit  au  Duc.  Je  crois  et  m'asseure  d'en- 
tendre par  le  premier  courier  ung  heureux  succez  de  la 
plus  belle  entreprinse  (i)  qui  ce  fectde  dix  ans  en  çà, dont 

(i)  la  plus  belle  entreprinse.    Probablement  sur   Anvers    o« 
Maettricht. 

'    Middelbourg.     ^  n^ioforawr  (?). 


—  234  — 

1S73.  je  n  ose  charger  la  présente.  Et  en  cest  eodroiotie  me 
^obI^^  recommanderay  très  affectueusement  k  yoz  bonnes^griises, 

priant  Dieu ,  Mons' ,  tous  donner  ce  que  Tostre  coeur 

désire.  Ce  ix"*  de  noTembre  iSji. 

Celuy  qui  parla  à  tous  dans  le  lîct. 


LETTRE  CDXLYIII. 

H^inandl  pan  Breyll  aux  Omîtes  Jean  et  Louis  de  Nassau 

Kouvelles   diiferses. 


*^*  f^.  van  Breyil  fut  employé  par  le  Priace  et  ses  frères 
beaucoup  d*affaires  qui  ezigeoieot  de  la  prudence ,  du  courage  1 41 
de  la  fidélité. 


Mes  Seigneurs  ;  à  mon  dernier  retour  j'ay  mené  Mon- 
sieur Piere  Dathene  chez  le  docteur  Souderman ,  auqud 
ayons  parlé  ensemble ,  lequel  nous  donnoit  si  bonne  ad* 
dresse  touchant  quelques  affaires ,  que  Petrus  Dathenus 
en  disoit  que  ce  dont  luy  en  parloit  estoit  à  son  ExcelL 
de  valeur  de  quelque  milliers  de  dalres  \  en  oultre  tjje 
faict  aussi  le  devoir  aux  aultres  affaires,  mais jay  '  naybien 
peu  encor  exécuté ,  à  cause  de  mon  mal  de  flebvre  laquel- 
le m'a  tenu  desjà  ung  bon  temps. 

Le  bauwmeister  est  entièrement  vostre  et  prest  à  f oiu 
faire  service.  Les  rystres  de  TEvesque  (i)  ont  leur  oosjé 
et  s*en  sont  sans  faulte  partys.  J  attans  avec  grand  désir 

(1  )  CEi*esifue.  Apparemment  TArchevéque  de  Cologne. 


B'«Qt£ndre  ce  que  V.  S*  auroieDt  exécuté  à  l'endroit  des  af-  1 5^3. 
biresquescavez.  Le  Duc  d'AWe  s'en  vient  en  Anvers.  L'on  No»einbre, 
parle  de  la  venue  de  l'autre  Gouverneur  (i)  à  Brusselles. 
O  faict  de  rechief  ung  grand  appareil  des  batteaux  en  An- 
w«rs,  pour  secourir  ceulx  de  ville  de  Middelbourg,  Je  ne 
Boubte  pas  que  V,  S' ne  soyent  advertis  de  la  défaicte  de  noz 
■nnemys.  Tespère  que  ce  niesuie  Sdgneur  Dieu  des  ba- 
Kailles  nous  en  donnera  encores  Sa  grâce.  L'on  parle 
Aussi  icy  de  ai  à  ^4  enseignes  des  Albanistes,  qui  au- 
■■oicDi  prins  la  Haye  en  Hollande.  Aussi ,  mes  Seigneurs, 
pay  escrïpt  à  inoii  parent ,  lequel  aulrelois  estoit  avec 
Waoj  à  Siegen  ,  duquel  jay'  n'ay  que  bonnes  nouvelles, 
iMnsy  qu'entendrez.  J'ay,  selon  vostre  commandement 
i|Cncoresque  l'argent  est  bien  mal  à  recouvrir],  fait  tenir  à 
■SoQueur  de  Lumbres  (a)  la  somme  de  cent  ryckstalera. 
RKonsieur  de  Rliuoien  m'a  respondu  qui  n«  vouldràt 
Wfuser  chose  quelconque  à  V.  S.  ;  je  ne  doute  que  ne 
iroos  ayt  escryt.  C'est  l'endroit  où  me  recommanderay 
Èm-cs  humblement  â  la  bonne  grâce  de  V.  S',  priant  noslre 
Saoreur  vous  donner,  mes  Seign"  ,  en  santé,  très  beu- 
e  et  longue  vie.  En  hastede  Visclienich ,  ce  i  a  de  no- 
s  l'an  iSyS. 

Vostre  très  obéissant  à  vous  l'aire  service, 
WiN*soT    VAH    Bhevll. 


—  236  — 

t  LETTRE    CDXLIX. 

Le  Prince  d*  Orange  à  ses  frères.  Conditions  de  peux  ; 

noui^elles  diverses. 


iD^o.  Messieurs  mes  frères,  le  dessus  est  le  duplicata  de  mes 
oYcmbre.  lettres  du  dernier  jour  du  moys  passé,  et  depuis  je  Tousay 
encores  escript  le  clnq""(i)  du  présent,  sans  aulcun  diif- 
fre,  le  désastre  advenu  à  Mons'  de  S^  Aldegonde,  qui  » 
esté  prins  le  jour  précédent  des  ennemys  à  Maesltod- 
Sluys,  espérant  que  vous  recepvrez  seurement  mes  deak 
lettres  susdittes.  Deulx  jours  après,  qui  estoit  le  sixième 
decedit  moys,  m  est  venue  la  lettre  de  mon  frère  le  Conte 
Jehan  du  xxij"**^  du  passé  ,  et  ne  puis  sinon  remercier  Dieu 
et  vous  louer  grandement  des  peines  et  bonnes  diligences 
quejevoys  incessamment  vous  prenez  au  bien  et  adfan* 
cément  de  ceste  cause ,  et  tiens  pour  certain  que  le  Sei- 
gneur Dieu ,  continuant  Sa  grâce  envers  nous ,  bénira  toi 
vertueuses  actions.  Je  ne  vous  tiendray  icy  long  propos 
en  responce  de  vostre  susditte  lettre,  me  remeclant  entiè' 
rement  à  tout  ce  que  vous  trouverez  estre  bien  fu€t; 
seulement  vous  diray  que  je  suis  avec  bon  désir  d*en- 
tendre  ce  que  sera  passé  aux  lieux  où  vous  estes  présen- 
tement acheminez,  ensemble  de  la  volonté  de  TEvesque 
de  Colongne,  et  Tacheminement  de  la  Ligue  des  G)nte$, 
et  quelz  Princes  et  villes  se  joindront  à  eùlx.  Si  GembteC 
Roschuysen  '  et  ses  semblables  se  vouloient  entremettre 
de  noz  affaires ,  je  le  trouveray  bon  et  me  sera  accroisse 
ment  de  plaisir ,  vous  priant  diligenter  Tentreprinse  attl- 

(i)  cinq^.  Voyex  la  Lettre  446. 


M  qu'il  TOUS  sera  possible,  pour  les  raisons  que  je  tous  iSjS. 
escripl,  comme  aussy  a  i'aict  D'atlieiiusj  mandez  inoy  Noverabre, 
jour  que  le  vouldrez  effectuer,  alfin  (jue  je  vous  puisse 
mûrir  de  quelques  Lateaulx.  —  Quant  aux  conditions  de 
ix  que  nous  vouldrions  meUre  en  uvant ,  je  vous  en  ay 
lirefojs  escript  et  n'en  stauroys  encore  présentement 
Dposer  autres,  sinon  que,  retirant  les  Espaignoiz  et 
Itres  estrangers  hors  du  pays,  l'on  nous  accorde  libre 
crcioe  de  la  parole  de  Dieu  selon  Son  co m men dément , 
te  restitution  des  droictz ,  privilèges  et  anciennes  liber- 
s  du  pnïs,  pour  ainsy  faire  vivre  les  subjects  de  sa 
dj**  soubz  l'entière  obéissance  d'icelle.  Je  ne  vojs  aul- 
ne apparence  que  les  ennemys  y  veuillent  encores  en- 
n<lre,estans  toutes  leurs  actions  et  desseings  bien  esloi- 
(ezde  là,  suyvant  ce  que  je  vous  ay  escript  par  mes  dittes 
imières  lettres  que  l'ennemy  s'estoit  venu  planter  à  la 
bye.  Il  s'est  de  mesmes  emparé  de  la  plus  part  du  plat 
ils  de  ce  eartier,  sans  que  j'aye  moyen  de  le  rembarrer 
Dur  le  peu  de  forces  qui  me  restent,  ayant  en  Zélande 
etroys  à  quatre  mil  hommes,  et  quelques  vingt-buict 
Bseignes  au  Waterland.  Et  tuutesfois  ,  quelques  prati- 
Be»  que  les  ditsennemys  desseignent,  nous  espérons 
ïoyr  partout  mys  tel  ordre  qu'ilz  ne  se  pourront  préva- 
Hril'aufcune  ville,  eslans,  grâces  à  Dieu,  celles  de  ces 
■rtiers  toutes  délibérées  et  animées  aullant  que  jamais, 
I  fort  bien  pourveues  de  vivres  et  munitions,  bien  que 
I  longue  guerre,  les  continuelles  garnisons,  et  le  peu 
'siéent  que  nous  avons,  les  mectent  quelque  fois  en 
rande  peine.  Mons'  de  S"  Aldpgonde  a  esté  mené  à  la 
sye,  et  est  prisonnier  du  &  Julian  Roméro,  Maître  de 
unp,  duquel  il  se  loue  assez  pour  le  gratieux  traicte- 


—  238  — 

iSjrS*  ni^nt  qu*il  en  reçoit*  LeditRomero  m'a  escript  troysou 
NoTémbrê.  quatre  foii  des  lettres  plaines  de  courtoisies  et  honestei 
offres,  ausquelles  luy  ay  respondu  en  pareilz  termes.  Je 
m'eiforceray  pour  la  délivrance  du  dit  S'  de  S^  Aldegonde 
en  tout  ce  que  sera  possible.  Vous  pourrez  user  des  mô- 
mes chiffres ,  comme  avez  faict  du  passé ,  ainsy  que  je 
troy  que  D'Athenus  vous  en  a  escrit^  carceulx  quepe» 
sions  estre  perdu  sont  recouvertz,  et  na  Aldegonde  en 
aulcuns  chiffres  près  de  luy  au  temps  de  son  emprissch 
nement.  Il  faut  que  je  retourne  encores  une  fois  à  fom 
parler  du  poinct  delà  paix.  [Jaçoit ']  que  les  ennemyS|T<Nis 
voyans  sur  pied,  la  mectront  plus  chaudement  en  aTanl, 
encores  qullz  n*en  ayent  aucune  volonté ,  comme  je  m*eB 
apperçoy  icy  de  plus  en  plus;  c*est  toutesfois  seulement 
pour  vous  endormir  et  cependant  à  meilleur  loisir  se fo* 
tiSer  et  prévaloir  de  vous  et  de  nous.  A  quoy  ayez  tous- 
jours  Toeil  au  guet ,  de  tant  plus  que  cognoissez  l'incoO' 
stance  de  ceulx  ausquelz  vous  avez  affaire,  et  ne  laisses i 
poursuivre  voz  entreprinses  le  plus  vifvement  que  pour 
rez.  Je  vous  envoyé  joinctement  ceste-cy  le  double  d'mie 
lettre  escripte  par  les  ennemys  aux  habitans  de  la  ville  de 
Schiedam,  par  laquelle  vous  pourrez  voir  par  queUtf 
pratiques  ils  taschent  de  divertir  les  habitans  de  ce  pais 
de  ceste  tant  juste  cause.  Vous  priant,  à  ce  regard,  ne 
mander  par  le  premier  au  vray  s*il  y  a  apparence  qae 
vous  puissiez  faire  quelque  chose  de  bien  brief  ,me  tron- 
vant  assailly  de  tant  de  labeurs  qu  il  m'est  impossible  M 
porter  ceste  charge  et  faix  plus  longtemps  ;  aussy  ser^ 
froidist  un  chacun  de  plus  en  plus.  Qui  sera  Fendroicieic. 
De  Delft,  ce  xiii  de  Novembre  liy'i. 

*  encore  iw,  £é  f^i  mous  aemhU  pims  pfhitUe^  le  cn\§. 


—  239  — 


*  LETTRE  CDL. 

Le  Prince  <V  Orange  au  Seigneur  de  Lumbres.  Prise  du 

Seigneur  de  Si,  Aldegonde. 


Monsieur  de  Lumbres.  Depuis  mes  dernières  ny  est  i573. 
survenu  chose  qu'importe  d'en  faire  mention  aultre  que  Novembre, 
depuis  quelque  jours  en  çà  les  ennemis  ne  sachant  que 
en  oultre  entreprendre,  se  sont  avec  quelques  enseigneii 
de  gens  de  pied  et  quelques  cornettes  de  cheval  entrex 
plus  avant  icy  dans  pays  y  tenant  leur  principal  siège  à  là 
Haye ,  en  intention ,  comme  présumons ,  de  fourager  et 
gaster  le  plat  pays.  Et  espérant  faire  garder  le  Maeslant- 
Sluis  ,  j'avois  envoie* Monsieur  de  Sainct- Aldegonde  pour 
la  fortifier  ,  mais  avant  que  les  ouvraiges  ont  esté  en  def- 
fence,  lennemy,  conduit  par  les  paysans  d'un  autre 
chemin  qu'on  les  attendoit ,  l'ont  enfoncé ,  où ,  à  mon 
très  grand  regret ,  le  dit  S' de  S' Aldegonde ,  qui  aultre- 
ment  se  monstroit  vaillant,  mais  ayant  esté  délaissé  de  ses 
soldatz,  a  esté  prins  avec  autres,  et  mené  à  la  Haye. 
Néantmoins  j'espère,  si  plait  à  Dieu  ,  le  retirer,  soit  par 
eschange  d'aucuns  de  ceulx  qu'avons  prisonnier ,  ou  bien 
par  ranchon  que  autrement,  selon  que  je  trouveray  con- 
venir. 

D'autre  part,  en  tant  que  les  chemins  sont  mal  asseurez 
^  que  par  fois  les  lettres  sont  interceptés ,  dont  nous 
pourroit  venir  et  à  la  cause  grandz  inconvéniens ,  je  suis 
marry  que  par  là  m'est  osté  le  moyen  de  tenir  avec  vous 
oorrespondence  des  affaires  si  souvent  que  je  vouldrois 
bien.   Et  affin  toutesfois  oue  pour  cela  les   choses  ne 


—  240  — 

iSyi.  soient  arriérées,  et  vous  estant  si  près  de  Messieurs  met 
ovembre.  frères,  ausquelz  je  me  suis  du  tout  remis,  vous  prie  de 
traicter  toutes  choses  avec  eulx  si  librement  et  franche- 
ment que  vous  feriez  avecq  moy.  Et  cependant ,  quant 
vous  trouverez  quelque  opportunité  seure ,  j*entendray 
toujours  voluntiersde  voz  nouvelles,  joinctement  delà 
disposition  des  aftaires.  Je  vous  ay  ces  jours  passez  fait 
escripre  par  Bruyninck  que  la  levée  qu*on  dit  se  faire 
par  delà  parGlissenberger,  ce  fait  à  mondesnheu'  et  sans 
aucune  charge  mienne,  ce  que  je  vous  ay  bien  voulu  ra- 
freschir  affin  qu'en  puissiez  désabuser  ung  chacun.  Et 
n^aîant  [à]  vous  escripre  autre  chose ,  prieray  Dieu  vous, 
Monsieur  de  Lumbres ,  maintenir  à  toujours  en  Sa  saincte 
protection  et  sauvegarde.  Delfr,  ce  xiii  de  novembre 
1573. 

Vostre  bien  bon  amy  à  vous  faire  plaisir, 
Guillaume  de  Nassau. 

A  Monsieur  ,  Monsieur  de  Lumbres , 
mon  bien  bon  amy, 
à  Couloingne. 


f  LETTRE  CDLI. 

Le  Prince  eT  Orange  à  ses  frères.  Relative  à  diverses^' 
ireprises  ^  particulièrement  celles  contre  Groningusti 
Mfiestrickt. 


Messieurs  mes  frères.  Le  xiij"^  jour  de  ce  moys,  j^ 

^   insM. 


—  241  — 

'^ons  aj  envoyé  le  double  de  mes  lettres  du  dernier  du  iSyZ», 
é  (i),  et  à  icelluy  adjousté  toutes  les  occurences  de  Novembre 
çà  jusques  alors,  desquelles  je  vous  envoyé  le  duplicata 
jcsincteoient  ceste-cy ,  si  peult  estre  (que  je  ne  veux  tou- 
Fois  espérer)  mes  précédentes  eussent  eu  rencontre  en 
rSiemyn.  Depuis  il  ne  nous  est  survenu  aultre  chose  qui 
érite  d^estre  escript.  Les  ennemys  se  tiennent  fort  coys, 
lot   à  la  Haye  que  es  aultres  lieux  de  ce  cartier,  de 
»rte   que  ne   pouvons   encores  comprendre  leurs  des- 
£t  cependant  ilz  ne  délaissent  à  ruiner  et  des- 
tout le  plat-pays,  sans  toutesfoys  qu*ilz  ayent  par 
jusques  icy  peu  altérer  les  bons  courages  des  villes  et 
ûtans  d*icelles.  Sur  ce  que  par  mes   précédentes  je 
"v-ous  ay  escript  de  la  ville  de  Fernesum  en  Frize ,  j'ay  esté 
depuis  adverty  que  c'est  le  lieu  le  plus  coinmode  et  pro- 
pice k  voz desseings  qui  se  pourroit  trouver:  comme  cest 
une  place  ouverte,  facilement  et  sans  perte  de  gens  la  pour- 
n^toocupper,  et  avec  peu  de  moyens  fortifier.  Aussi  que 
tout  passage  y  sera  couppé  à  Tennemy  pour  ce  cartier  là , 
^  Tousserviroit  de  tant  plus  si  d'un  chemyn  vous  pouviez 
emparer    du  Camdin  ,  où  pour  le  présent  il  y  a  plus  de 
^eulx  mil  last  de  bled  venuz  d'Embden  et  aultres  lieux  , 
^u  moyen  desquels  noz  ennemys  sont  nourriz  et  fortifiez, 
'e  TOUS  prie  d*y   penser  de  près  et   regarder  combien  ce 
fiuct  nous  importe  ,  pource  qu  il  semble  que  les  ennemys 
lODt  délibéré  d'assiéger  ceste  ville  de  Delft ,  et  que  par  là 
■le  seroit  osté  le  moyen  de  tenir  plus  aulcune  corespon- 
liaoGe  avec  vous ,  ny  aussy  avec  les  aultres  villes.  Par- 
quoj  je   vous    prie ,   si  tost  que  vous  entendrez  qu* elle 

(i)  d,  dm  passé.  La  Lettre  446. 

4  16 


—  242  — 

1573.  soit  assiégée,  d*escripre  en  diligence  à  toutes  les  aultrei 
Novembre,  villes  de  par  deçà  qu'elles  ayent  bon  courage  et  que 
vous  ne  fauldrez  au  plustost  venir  à  leur  secours.  le 
scay  bien  que  plusieurs  trouveront  assez  estrange  si  je 
me  laisse  enserrer  icj  dedans;  ma js,  tant  pour  garder 
mon  honneur  que  pour  ne  décourager  le  peuple  icj 
que  ailleurs,  a  esté  trouvé  bon  que  je  ne  bouge  dlcy 
dedans.  Je  vous  recommande  aussj  le  faict  de  la  paii, 
mays  que  pour  cela  vous  ne  laissiez  voz  entrepriines , 
car  vous  cognoissez  les  ruses  des  ennemys.  Prenez  auisjr 
toujours  bien  garde  de  quel  pied  TEvesque  de  Coloogne 
marche;  surquoy  n estant  ceste  à  aultre  efTect,  je  tous 
présenteray  etc.  De  Delft ,  ce  xvij"^  de  novembre  i573. 


Depuis  ce  que  dessus ,  m*est  venue  vostre  lettre  ih 
vj***  jour  de  ce  moys ,  et  ayant  veu  toutes  les  particulan- 
tez  d*icelle ,  je  ne  puis  sinon  me  resjouyr  et  vous  reIDC^ 
cier  grandement  de  si  bonne  vigilance,  ensemble  da 
grandz  debvoirs  et  offices  que  continuellement  vous  &ic- 
tes  au  bien  de  ceste  cause ,  qui  me  faict  fermement  croiit 
que  le  S**  Dieu  bénira  voz  actions  et  labeurs.  Or  pour 
cependant  respondre  à  vostre  susditte  lettre:  en  premier 
lieu ,  quant  à  voz  entreprinses ,  je  me  remects  à  ce  que  je 
vous  en  ay  dict  cy^dessus ,  ensemble  à  ce  que  vous  aura 
veu  par  quelques  aultres  miennes  précédentes;  bien  qnt 
quand  à  l'assistance  des  bateaulx  par  vous  demanda 
pour  l'entreprinse  de  Grunynguen ,  estant  adverty  di 
jour  que  vous  vouidriez  exécuter  le  faict,  vous  sera 
seurement  servy  des  dits  bateaulx  ,  si  les  gelées  el  Teati 
contraires  n'y  donnent  empeschement,  car  vous  scafa 
qu'en  ces  qiiartiers  là    il  convient  du  tout  ••   té^ 


le  temps  «t  les  veniz,  et  sans  cela  je  me  doubu 
P^ndeiuent  que  vous  pourrez  bien  mal    venir  jusques  à 
Grunjmguen&ansestre  àpperceu.  Qui  seroït  cause  que,  si 
Si'aTiez  bonne   et  forte  correspondance  par  dedans,  vous 
»e  pourriez  rien  effectuer,  comme  aussyvous    ne  pour- 
■riez  faire  si  par  la  susditte  contrariété  des  ventz  et  gelées 
^s     bateaulx   et    banjuebuziers    que  je    vouidrois   vous 
envoyer,  fussent  empeschez  de  passer,  et  en  ce  cas  vous 
■urifz    faict    telle    levée   et   despence   en  rain.  Je  seroîs 
ciK^res  d'opitiion  qu'eussiez  lenié  premièrement  de  tous 
«mparer  de  Fernesum  et  du  Camdiii ,  à  l'entreprinse  des- 
quelles  vous  auriez   encores    assez   de  peine,   et  quand 
bien  elles  seroient  par  vous  occuppées,   il  ne  me  semble 
toulesfois    que  l'ennemy  vouidni  pour    cela  retirer  ses 
forces   de  i-es  cartiers  icy,  sî  vous  ne  menez  avec    vous 
boone  et  puissante  armée,    laquelle  luy  pourroit  faire 
cninie  qu'elle  passeroit  plus  avant  en  pais.   Et  cependant 
jevoas  prie  que  hastîez  voz  afTaires,   pour  animer  quel- 
ifie  peu  le  peuple  de  deçà,  qui  s'en  va  du  tout  découra- 
ge. El  estant  adverty  du  temps  que  vouldrés  commencer, 
]t  ne  fauldray  vous  envoyer  tout  secours  possible   et  de 
E«iis  et  de  bateaux ,  selon  que  la  saison  le  permectra.    Si 
*o«re  entreprinsedeMaestrîcht  se  pouvuîl  mectre  à  chef, 
die  nous  apporteroit  plus  de  fruîct,  niesmement  quand 
1001  senez   accompalgné  de  quelques    deuli    ou   troys 
■nilharquebuziers  Françoys.   Et  en  ce  cas  ayant  quelque 
Mwurance  ou  apparence  qu'elle  pouvroit  réussir,  je  serois 
d'opinion    que,    délaissant   toutes    aultres    entreprinses, 
TOUS  feussiez  attaché  à  celle  de  Maestricht:  car,  encores 
qu'elle  soit  peu  forte  et  sans  bon  nombre  de  gens  mal 
Semble,  il  y  a  toutesfoys  ung  bien  ,  c'est  que  le  Duc  d'Al- 


1573. 
Noiembre. 


—  244  — 

1573.  be  ne  la  poiirroit  assiéger  d*icy  à  troys  ou  quatre  nio^s> 
Novembre,  n  ayant  au  plus  hault  de  dix  ou  douze  mil  hommes  de* 
dans  le  païs ,  que  à  ce  regard  pour  assiéger  Maestricht». 
n'osera  jamais   laisser  les  aultres  villes  despourreues  eft 
le  Cartier  de  deçà ,  pourquoy  il  luy  fauldra  faire  nouvelle 
armée,  estant  besoing  d  avoir  deulx  camps  pour  assi^er 
Maestricht,  et  vous  laisse  à  penser  combien  de  temps 
s*écouleroit  en  cela.  Laprinse  de  Maestricht  nous  appor* 
teroit  encores  ce  bien,  cest  que  je  tiens  fermement  que 
Maestricht  feroit  révolter  toutes  les  aultres  villes  du  pais, 
de  tant  plus  que  empescheriez  aux  ennemys  la  Meuse, 
dont  à  présent  ilz  tirent  tant  de  commoditez,  comme 
scavez.  En  oultre,  ayant  Maestricht,  avez  la  conté  de  M«- 
riembourch  '  et  la  duché  de  Limborch ,  avec  tant  de  beto 
païs  et  villages,  à  vostre  commendement  ;  et  pourra  vostre 
cavallerie  journellement   saulter   et  courir  jusques  tux 
portes  d'Anvers,  Breda,  Bruxelles,  et  aultres.  En  quoj  ib 
auront  tant  moings  d'empeschement,  que  je  suis  bien 
asseuré  que  le  Duc  d*Albe  n  a  au  plus  hault  de  mil  oa 
douze  cens    chevaulx.  Vous    pourrez  aussy  de  là  avoir 
meilleure  correspondance  avec  la  France  que  par  Friie. 
Qui  faict  que,  pour  les  raisons  susdittes  et  plusieurs  aultres 
qui  viennent  icy  en  considération ,  je  suis  d  advis  comme 
dessus  que,  remectant  les   entreprinses  de  Frize  et  de 
Grunynguen  jusques  au  moys  de  mars,    vous  employci 
tous  moyens  à  exécuter  celle  de  Maestricht ,  et  ce  ea 
toute  diligence,  devant  que  je  soys  icy  du  tout  enserré  et 
environné,  et  que  par  là  les  courages  ne  se  refroidissent 
d'avantage  de  tous  costez ,   comme  encores  sans  cela  ilx 
ne  font  que  trop.  Sur  les  aultres  poincts  de  vostre  ditte 

'  Probablement  une  erreur  de  nom ,  au  lieu  de  FaaqoemoQt. 


Ihik,  )e  n«  vous  dira;  aultre  chose  sinon  que  je  trouve  1^73. 
le  tout  fort  bien ,  et  remercye  Dieu  de  le  qu'il  Luy  plaisl  No«inlw 
illuminer  les  coeurs  de  ceux  que  vous  me  dictes  par  delà, 
espérant  que  par  voz  bonnes  rcinonstrances  i)z  continue- 
lOBt  lousjours  en  mesme  volonté.  Je  seray  bien  aise 
Anre  advertv  de  temps  à  aultre  de  tout  le  succès,  niays 
iqjBdez  de  ne  vous  y  6er  que  bien  à  poinct,  mesmes  1 
IBlCSque  de  Colongne,  et  s'il  en  a  quelque  volonté,  que 
M  >oit  de  bref,  d'auttant  que  toutes  lon^eurs  en  sembla- 
bles allaires  sont  pt-riileuses  et  ptaines  de  soupçons.  Vous 
priant  de  raesmes  de  remonstrer  vifveroent  aux  Seigneurs 
de  pardelJ,  qu'ilz  ne  se  laissent  destourner  pour  quelque 
piixou  accord  simulé  que  noz  ennemiz  pourroieiit  met- 
tre en  avant,  n'estans  leurs  volontez  encores  telles,  ainsy 
qiiFlout<!>s  leurs  actions  en  font  assez  de  foy.  Tay  esté  bien 
aise  de  veoir  que  l'argent  de  France  est  venu  si  avant; 
««a  regard  des  vingt  cinq  mil  escuz  qui  me  doibvent 
estre  consignez  à  Bremen ,  vous  regarderez  que  ce  suit  le 
pitu  teerètement  que  faire  se  pourra ,  pour  le  danger  que 
Katez qu'il  ya  que  noz  reistres  l'appercoyveni.  —  De» 
Uiaux  d'Anvers  sont  sortizet  ont  faict  voilelundy  dernier 
*V>ZéJaode,  on  nous  attendons  une  cruelle  bataille.  De 
ceqn'on  me  mandera  du  succirz,  serez  adverty  par  le 
(Rnûer.  Le  S*  Dieu  face  le  tout  réussir  a  Sa  gloire  et  au 
■ooltgesneDt  de  Son  pauvre  peuple.  Vous  ayant  escript 
Jh  poiDcts  jusques  icy  conienuz,  et  pensant  tousjours  à 
fnetque  bon  expédient  et  remède  pour,  Dieu  aydatit, 
nectre  fin  une  fois  à  ceste  guerre  et  aux  misères  et  cala- 
■■H  I  que  déplus  en  plus  elle  tire  après  soy,  je  trouve! 
Mon  jugetneiit que,  délaissant  toutes  entreprisses  aultres, 
voo»  dcbvez  employer  tous  sens  «t  moyens  a  mectrc  au 


—  246  — 

i5y^.  plustost  à  exécution  celle  de  Maestricht^  laquelle  eni 
Novembre,  toutes  celles   qui  se  peuvent  présenter  aujourdhuy,  ^4 
trouve  pour  tant  de  raisons  mesmes  dessus  alléguées 
plus  convenable  et  duisante  au  bien  de  noz  affaires; 
comme  toutesfoys  Tissue  en  est  entre  les  mains  de 
ne  saichantz  sll  luy  plaira  y  donner  Sa  grâce ,  il  me 
ble  qu*il  s  en  presenteroit  par  deçà  qui  ne  seroit  de  mo£j|. 
dre  importance  que  celle  de  Maestricht.  Vous  scavez  cnè 
les  ennemys  depuis  là  levée  de  leur  siège  de  devant  la  Tifl^ 
d*Alkmar,  se  sont  jectés  icy  bien  avant  en  pais  et,  à  ce 
que  je  me  puis  appercevoir,  ne  font  encores  estât  de  8*eD 
retirer  en  bref,  si   par   famine  et  nécessité  de  tootei 
choses,  ou  par  force  n  y  sont  contrainctz,  ains  espieot, 
selon  que  je  puis  conjecturer,  quelques  occasions  oa 
pour  surprendre  villes  ou  aultrement  nous  matter'  pif 
longueur.  Pour  à  cela  obvier  et  rompre  ses  desseins,  je 
suis  bien  d'advis,  venant  vostre  entreprinse  de  Mae&tridil 
à  faillir  (que  Dieu  ne  veuille) ,  vous  regardiez  de  passer  h 
Meuse  à  Stocben ,  ou  là  entour  où  vous  verrez  le  plof 
propice ,  descendant  droict  vers  ma  ville  de  S.  Gertru(l^ 
berch,  et  illec  embarquer  tous  voz  geiis,   tirant  ainsj 
droict  vers    icy   où  nous  résouldrions  ce   que  seroit  à 
faire ,  pour  nous  en  aller  avec  tous  noz  gens  camper  entit 
Haerlem  et  Leyden ,  aflin  d  enserrer  Tennemy  au  milica 
des  lieux  circonvoisins  où  il  est  à  présent.  Ce  queue 
pourra  faillir,  en   cas  qu*il  ne  se  retire.  Et  si  oyant  le 
bruict  de  vous  il  se  vouloit  partir ,  il  n'a  aultre  lieu  que 
Haerlem  ,  où  il  n'aura  vivres  que  pour  cinq  ou  six  jours, 
de  sorte  qu'avec  Tayde  de  Dieu ,  si  nous  sommes  les  plus 
forts  en  campaigne,  Vennemy  sera  contrainct  de  combat- 

'  fatipiirr,  suiini«llrc. 


~  247  — 

\gt  à  son  grand  désavantage  et  avec  peu  de  forces ,  telle-  1573. 
ftaent  que  y  ou  il  seroit  battu,  ou  forcé  de  quicter  et  aban-  Not«iiibre. 
doviner  ce  païs.  Or  pour  dire  les  forces  que  j  à  mon  ad  vis , 
tous  débitiez  avoir  pour  bien  dresser  ceste  entreprinse 
et  pdur  estre  des  plus  fortz  en  campaîgne,  je  trouve  que 
debvries  estre  accompaigné  de  deulx  mil ,  ou  deuls  mil 
miq  cens  reistres  sans  chariotz,  et  seroit  bon,  si  Ton  pou- 
ydit ,  de  réduire  les  cornettes  de  la  ditte  cavalerie  jusques  ^ 

à  cetit  ou  cent  cinquante  chevaulx  pour  chacune  cornet-  ^  \ 
te^  tfltit  pour  monstrer  bon  nombre  de  cornettes,  que  1^ 
pbttT  selon  les  occurences  s*en  servir  plus  commodément. 
n  seroit  bon  aussy  que  Tinfanterie  feust  composée  de  six 
«eu  sept  mil  piétons,  et  du  plus  de  François  et  Walons 
Itfirquébuziers  que  pdunez  avoir  entre  les  dits  piétons, 
Verdît  le  meilleur,  et  la  reste  picquiers  Alemans,  qui  ne 
'feMsent  accompaignez  d  aucunes  femmes,  ou  du  moingssi 
JjfÊKL  quil  seroit  possible,  pour  les  grandz  désordres  que 
par  icelles  adviennent  ordinairement.  Et  estant  ceste  en- 
treprinse dillgentée  et  dressée  avec  bonne  providence  et 
discrétion ,  je  tiens  pour  tout  certain  que  ce  seroit  Tunique 
moyen  pour  en  bref  faire  fin  à  ceste  guerre ,  et  chasser 
ces  diables  d'Espaignolz  devant  que  le  Duc  d*Albe  soit 
prest  de  dresser  nouvelle  armée  pour  les  secourir,  et 
aussy  devant  que  par  la  longue  continuation  de  ceste 
guerre  le  peuple  ne  se  révolte  par  deçà ,  comme  il  en  don- 
ne de  grandz  indices,  tant  par  la  sollicitation  des  enne- 
mys  qui  leur  proposent  des  pardons  et  aultrez  partiz 
(comme  journellement  par  lettres  qu'on  m'apporte ,  j'en 
ay  la  teste  rompue),  que  aussy  pour  despens  et  foules  que 
de  plus  en  plus  il  seufTre  ' .  Et  quand  vous  nous  auriez  icy 

•oiiffre. 


—  248  — 

1573.  assisté  9  pourriez  reprendre  la  route  de  Brabant|  pour 
Nofembre.  illec  endommager  Tennemy,  brusler,  et  faire  du  pisquon 
pourroit.  Car ,  pour  venir  depuis  la  Meuse  jusqùes  k 
St«  Gertruidenberch ,  tous  ayez  grand  chemin  et  largei 
sans  rivières  ny  eaues  d*iniportance  qui  vous  puissent  in- 
commoder,  ainsy  que  pourrez  voir  en  la  carie.  Pàrquoy, 
en  cas  que  feussiez  délibéré  de  faire  ce  voyage ,  me  pout* 
rez  advertir  de  bonne  heure,  af6n  que  au  dit  S^  Gertnii- 
^  denberch  je  vous  face  en  temps  tenir  prestz  bateaux  et 
^  vivres  pour  vous  et  les  vostres.  Le  plus  secrètement^ 
le  plus  à  Timproviste  que  vous  scauriez  faire  ceste  entre» 
prinse,  seroit  le  meilleur.  Ce  que  me  semble  vous  poiu^ 
riez  bien  faire  par  le  moyen  de  TEvesque  de  Liège  (i),  sH 
vouloit  entendre  à  ce  que  m'avez  mandé  par  Dathenm 
Je  vous  prie  ne  retarder  les  messagers,  ains  me  donner  ta 
plustost  responce,  comme  voyez  que  les  affaires  le.requia- 
rent.  Et  sur  ce  faisant  fin  etc.  De  Delft  |  ce  xx*  novembre 
1573. 


^•^ 


*  LETTRE    CDLII. 

Le  Prince  eT  Orange  au  Seigneur  de  Lumbres.  Il  le  prit 
de  se  régler  iPaprès  les  instructions  qu'il  receçra  Jet 
Comtes  de  ISassau  ses  frères. 


Monsieur  de  Lumbres.  Depuis  mes  dernières  du  xiff* 


(1)  Ev.  de  Liège.  G.  de  Groesbeck  ,  Evéquc  et  Prince  de  Lwg^ 
affectoic  une  espèce  de  neutralité.  Il  <t  repoussoit  les  Espagnob  et 
»  les  confédérés  ,  qui ,  selon  qu'ils  étoient  pressés  les  uns  par  kt 
»  autres ,  refoulaient  sur  le  pays  Liégeois.  »  Art  de  vérifier  Itt 
dates.  IV.  246. 


—  249  — 

jour(i)  de  ce  mois,  me  sont  venues  deux' lettres  Yostres,  iSyX 
Tune  du  nff  du  passé  et  la  seconde  du  lo*  du  présent.  Je  Norembri; 
▼ois  le  soing  que  tous  avez  au  bien  de  ceste  cause ,  joinc- 
tement  yoz  bonnes  diligences  à  me  donner  si  particulier 
advis  des  occurences  qui  tous  viennent  ;  vous  en  remer- 
chiant  d*une  bonne  vol  un  té ,  avecq  assurance  que  je  tien* 
draj  toujours  à  plaisir  et  service  bien  aggréable  si  vous 
continuez  la  mesme  trace ,  comme  je  me  confie  que  le 
ferez,  oires  que  n*en  soiez  icy  admonestez.  Je  vous  ay 
escript  par  ma  précédente  que,  d*aul tant  que  je  suis  si 
esloigné  de  vous ,  vous  pourrez  pour  mellieure  accéléra- 
tion de  tous  affaires  et  aussy  pour  plus  grande  seureté  , 
traicter  de  toutes  choses  avecq  Messieurs  mes  frères  ;  et 
je  vous  en  prie  aultre  fois  par  ceste  et  aussi ,  si  l'occasion 
s  offre  I  que ,  à  la  requeste  de  mon  frère  le  Conte  Louys , 
vous  veuillez  aller  en  France.  Vous  m  y  ferez  aultant  de 
Mrvice  que  si  c'estoit  par  ma  charge  propre;  me  remec- 
tant  du  tout  à  ce  que  à  la  réquisition  de  mon  dit  frère 
vous  besoignerez  par  delà  j  bien  asseuré  que  n  espargne- 
rez  aulcun  bon  office  qui  puisse  servir  à  ladvanchement 
des  affaires  communes.  Je  suis  esté  bien  aise  quavez 
désabuzé  ceulxdes  églises  de  par  delà  des  bourdes  que  leur 
a  faict  entendre  Zacharias  van  Glissenberger ,  et  ife  scay 

• 

d'où  luy  est  prins  telle  hardiesse ,  si  ce  n  est  qu'il  se  sert 
d'une  vielle  commission  mienne ,  par  laquelle  je  l'aurois 
pendant  le  siège  de  Haerlem  estably  couronel  de  cincq 
enseignes  ,  à  l'instance  de  feu  Mons''  de  Batenburch ,  la- 
quelle commission  a  depuis  esté  cassée.  Des  nouvelles 
n'avons  icy  aultres,  seullement  que  l'ennemy  demeure  en- 

(i)  A7//«  jour,  La  Lettre  45o. 


—  250  — 

i573.  coires  es  enTirons  d'icy,  ruinant  le  platpaïs,  maisj^ci- 
[oTwninrc.  père  qull  ne  nous  pourra  prévaloir  d  aulcune  place  d*im* 
portance.  Et  sur  ce  n*estant  ceste  à  auUre  effect  ^  je  fiip- 
plieray  Dieu  vous  donner,  Mons'  de  Lumbres,  en  bonae 
santé  j  heureuse  et  longue  vie.  Escript  à  Delft ,  œ  nj. 
Jour  denoTembre  iSyi. 

Vostre  bien  bon  amy  à  yous  faire  plaisir  et  senrieei 

Guillaume  db  Nassau. 

A  Monsieur  Mons''  de 
Lumbres  ,  mon  bien  bon  amy  , 
k  Couloingue, 


^»#< 


*  t  LETTRE  CDLIII. 

Le  Prince  d*  Orange  au  Comte  Louis  de  Naseau.  Le^ii 
Gleissenherger  ;  V ennemi  affecte  de  %fouloir  la  pais* 


Monsieur  mon  frère.  Je  tous  ay  hier  redépesché  œUaj 
qui  m*a  icy  délivré  yoz  dernières  lettres  du  vj*  jour  de  « 
moys  et  porte  une  lettre  mienne  datée  en  partie  le  ify  et 
en  partie  le  xx*  jour  de  ce  roesme  mois ,  de  laquelle  k 
double  vat  joincteroent  ceste ,  et  n'estant  survenu  mattè* 
re  plus  digne,  je  n'y  adjousteray  icy  aultre  chose ,  bitt 
que  je  vous  diray  comme  passé  quelques  jours  Ion  afok 
iaict  par  delà  bruyct  de  certaine  levée  que  Zacharias  fit 
Gieissenberch  faisoit  par  delà  par  ma  commission ,  ija^ 
qu  il  se  vantoit,  et  que  depuis  le  Conte  de  Culenburch  ai 
la  confermé  par  une  lettre  sienne,  m'anvoyent  joindt- 

'  Dn/*iùmtm, 


ment  celle  que  ledit  Gleissenbercliluy  avoîE  escrïpt  sur£e  j^y% 
poinct.  ie  suis  i^sté  bien  furt  esbalij  dont  luy  est  procédé  Ttmcrabre. 
trlle  hardiesse,  n'ayant  lu  die  Gteîsenberch  à  soa  pane- 
ment  de  ce  pays  eu  aulcune  charge  de  moy  pour  lever 
gens  ,  ny  faire  aultre  chose  du  monde  pour  le  service  de 
ce  pays  ou  du  mien.  Bien  est  vray  que  durant  le  siège  de- 
vant la  ville  de  Ilaerlem ,  j'avois ,  à  l'instance  de  feu  Mon- 
sieur de  Batenburch ,  donné  au  die  Gleîssenberch  une  com- 
miuîon  de  coronellede  cîncq  ensienes'  de  piétons,  qui 
lors  estoient  deajà  levez  et  avecq  noz  aultres  gens  de  guer- 
re en  nostre  camp  à  Sassen  '  ,  muis  a  la  ditte  commission 
depuismesnies[d'îcelle]  mois  de  juillet  dernier  esté  cassée, 
de  sorte  qu'il  ne  peult  aucunement  se  prévailloir  d'ycelle 
en  ceste  saison  et  aux  lieux  où  il  est.  Parquoy  comme 
par  deux  ou  troys  foys,  j'en  ay  desjà  escript  à  Mons'  de 
tAtwbreSjil  sera  bon  de  désabuzer  ungchascunde  ceque 
au  contraire  le  dicl  Cleissenberg  porruit  avoir  faict  enten- 
dre '  d'amant  que  je  crains  que  cela  donnera 
quelque  enipescliement  à  voz  affaires  et  entreprinses.  — 
Les  ennemis  samblent  de  rechef  mectre  la  paix  en  avant,  el 
m'en  escripvent  et  font  escripvre  par  autres,  ne  procédans 
plus  si  rudement  qu'ils  n'ont  faict  du  passé,  et  tnulesfois 
point  encnres  de  tel  pied  qu'il  seroit  à  désirer  [Le  Conte 
Palatin  doit  bien]  regarder,  le  tout  ne  le  font  que  pour  nous 
tromper  et  endormir,  et  cependant  d'y  forlîGer  d'autre 
cosié  la  meilhur  [à  loisir]  et  nous  prendre  peuUeslre  au 
dépourveu.  Ce  que  j'ay  bien  voulu  vous  toucher  par  ce 
seul  mol,  aflin  que,  sil  vous  en  vient  par  delà  quelque 
brukt ,  scjischez  comment  vous  rigler,  et  pour  cela  ne 
délaissez  à   poursuivre  voz  enlreprinses  le  plus  tost  et 


-  252  — 

iS^S.  TÎyement  que  pourrez  ,  sans  aucunement  reculer  oudef- 
>tembre.  tourner,  ny  ces  autres  Seigneurs  par  delà,  jusques  à  oe  que 
TOUS  en  ayez  autre  advis  de  moy.  le  tous  renvoyé  le 
porteur  de  ceste  ,  Hans  ,  yostre  sommellier,  et  ne  luy  im- 
puterez à  nonchalance  s'il  a  tardé  plus  long  temps  que 
son  congé  ne  portoit ,  d*aultant  que  je  Tay  retenu  tout  à 
propos ,  estimant  avoir  plustost  à  voir  quelque  succès  de 
affaires  de  la  Zeelande  et  aultres ,  pour  vous  mander 
toute  certitude  par  luy  ;  mais  jusques  oires  ne  m'est  venu 
aultre  chose  que  ce  que  mes  précédentes  contiennent 
Je  vous  prie  l'avoir  tousjours  pour  recommandé,  ctf 
vous  scavez  comme  cy-devant  il  m'a  aussy  bonne  espace 
servi  avecq  toute  fidélité  ;  surquoy  n'estant  ceste  à  aultre 
effect,  je  présenteray  icy  mes  très  affectionnées  recom- 
mandacions  en  vostre  bonne  grâce ,  et  suppliray  Dieu 
vous  donner,  Monsieur  mon  frère,  en  parfaicte  saolé 
heureuse  et  longue  vie.  Ëscript  à  Delft ,  ce  xziij*  jour  de 
novembre  1573. 

Vostre  bien  bon  frère  à  vous  faire  service, 
Guillaume   de   Nassau. 


»^ 


t  LETTRE  CDUV. 

Louis  de  Boysot  au  Prince  (V  Orange.  Sur  la  priât 

de  ReimerswaeL 


*/  £.  dt  Boysot  Gentilborome  Bruxellois  (voyez  Tom.  IL  p.  60)1 
avoit  échappé  non  sans  peine  au  massacre  de  la  St.  Barlhélenj. 
«  Hy  was  in  de  Massacre  van  Parys  gevanghen  geleyt,  daer  laoghe 
»  gelegen  hebbende ,  geracckte  door  «enige  Monnikken  lot  verk»- 


»*iafB.  ■  V,  MHtrrn,  8a,.  Aprèi  la  mort  de  Bouwra  Ewontis,  (573. 
il  «toil  devrnu   A.iiiiral  de  Zi-LnJe  \   on  lui  Jetoil  ta  prise  dp  Ram"  j^, 
nekeos.  Son  frèr*  Churles  éloil  GouverDcur  de  Flessingue. 


Monaeigneur. 

Ayant  hier,  selon  que  ce  mesme  jour avaû  escript  i 

"wosire  Exct;ll„,  faîci  aullrefois  semondys'    par  Mons' de 

?ieafvillea  les  ennemis  qu'estoyent  dedens  Romerswaele , 

sommes  à  la  p^rfin,  après  plusieurs  altercations,  venuz 

à     composer  suivant   les   article    icy  joinctz:    l'ocrasion 

qu'on  leur  a  faict  ung  party  tapt  honorable,    furent  les 

ad  vertissement  que  je  euU  des  desseings  des  enneinys , 

lesquels  avoyent  troys  enseignes  de  pionniers  à  Ter  ïoleo , 

tanipuur  fortirier  ledit  lieu,  que  pour  faire  ung  boulwert 

â  Veausdani ,  quel  est  à  l'opposite  de  Ronierswale  et  ung 

fort  à  l'opposite  van  het  Lodycksegat ' ,   que  est  ung  p>^ 

&ag«  bien  esiroit  pour  les  navires.   Aussy  estois  certaine- 

ttient  adverty  que  l'enneniy  t.V-heroit  par  tous  moyeus 

possibles  de  les  secourrir,et  par  les  bourgeois  niesines 

»<:aTois  qu'iU  n'auroyenl  si  tosl  faulle   de  vivres,    et  n'y 

svoit  ordre  de  les  avoyr  parassault  sans  grande  perte  ds 

■>a^  gens,    ce  que  eust  mis  la    peur  au  ventre  de  noz  sol- 

■latz  et  matelot! ,  principallement  s'ilz  eussent  estez  res- 

POitssez  nomme  je  crois  qu'ils  eussent  estez,   considéré 

***  gens  qu'il  y  avoit ,  et  les  retranchemens  qu'ils  avoient 

'^■cts.  Après  que  les  ennemis  furent  mis  par  barquettes 

"^  l'aultre  costé  de  l'eaue  à  Venusdam  et  les  ostages  ren- 

"Ui,  le  tout  sans  désordre,  dont  rens  grdces  à  ce  boa 

Diru,  Gz   ung  tour  en  la  ville,  et  y  trouvay    ung  demy 

<3non,  avecq  deua  demyes  couleuvrines,  aultant  belles 

■  npair.         '  A  ttmeti  it  Riâttrrmut. 


—  254  — 

xS^S.  que  on  pourroit  veoir,  et  Mons.  de  Neufville  y  demeo- 
OYembr*.  rera  avecq  quelques  soldatz  pour  mettre  ^et  et  garde  i 
l'endroict  que  les  schutes  '  ou  barquettes  pouYoiént  abor- 
der,  tenant  pour  tout  asseuré  quil  y  en  viendroit  Je 
n*ey  esté  deceu  de  mon  opinion ,  car  à  hauUe  marée  y  a^ 
ma  une  barquette  aTecq  pouldres  et  mesches  et  ung  sol- 
datz qui  aYoit  une  lettre  addressantes  au  Capitaine,  dont 
enyoye  à  vostre  Excell^  la  copie.  J*enyoye  Toriginele  à 
mon  frère  pour  le  faire  tenîr  à  ceulx  de  Middelbui^,  à 
fin  qu'ilz  cognoissent  ayecques  Mondragon  le  peu  d*espoir 
quilz^ doibyent  ayoir  de   secours ,  puisque  Beauyoîs n at 
soeu  secourrir  la  yille  de  Romerswaele,  qui  estoit  deTant 
son  nez,  et  ayant  près  de  soy  toutes  ses  principalles  fo^ 
ces.  Geste  rendition  ferat  aux  ennemys  changer  de  conseO 
et    desseing  quilz  ayoyent  devant  leur  partement  a^ 
resté  et  conclu  en  Anvers.  Car  j*ayoys  esté  adyerty  que 
lartillerie  et  munitions  de  guerre  ayoyent  estez  emba^ 
quez  en  unepleyte*,  mais  je  ne  pou  vois  imaginer  oùilx  la 
youioient  employer^  et  en  avoit-on  diverses  opinions,  le 
temps  Fat  monstre  et  découvert.  A  basse  marrée  feray  ung 
tour  en  la  ville,  pour  consulter  avecq  les  Capitaines  ce  que 
en  aura  à  faire  la  ditte  ville  ;  car  lors  sont  les  navires  enne> 
mi^esau  secq.  S'il  se  présente  aultre  chose,  ne  fauldniyd*eo 
avertir  vostre  Excell**,  priant  tousjours  à  icelle  que  elle  nt 
veuille  tenir  pour  excusé  en  cas  que  n*escripve  tant  et  t] 
particulièrement  que  désirerois,  car  les  rompemens  de  teste 
que  j  ay,  tant  des  soldatz  que  matelotz,  sont  syabondaM 
et  continuelz  que  ne  scay  de  quel  costel  de  me  trouver^ 
et  cela   procède   principalement   par  faulte  de  vivrei; 
à  quoy  sy  les  Estatz   d*Hollande   vouloient  pourveoir  ) 

'  barqnet,  tehniten.         *  barbue  large  et  plmie. 


—  ^55  — 

feroient  beaucoup  pour  le  service  de  yottre  Excell"  et  iSyS. 
adTanchement  de  la  cause  commune.  Atant ,  Monseig-  Novembre 
neur ,  le  Dieu  des  armées  maintienne  à  toujours  la  per* 
sonne  de  vostre  Excell.  et  les  siens  en  Sa  saincte  sauve- 
garde et  protection,  confonde  ses  ennemys,  et  à  rooy 
doinct  la  grâce  de  faire  à  icelle  très  humble  service.  De  la 
liavire  admirale  devant  Berghes,  ce  a8*  de  novembre 
1573, 

De  vostre  Excellence  très  humble  et 
très  obéissant  serviteur , 

LOUTS    0£    BOISOT. 

A  Monseigneur,  Monseigneur 
le  Prince  d*Orange. 


t  LETTRE  CDLV. 

Philippe  de  Lannoy  ^  Seigneur  de  Beauvois ^  à  Monsieur 
de  Manny ,  commandant  de  Reimerswale. 


Monsieur  de  Manny ,  avant  ce  soir  il  nastesté  possible 
TOUS  envoyer  ny  pouidre  ny  mesche ,  je  ne  vous  en  lais- 
seray  en  dangier  d*icy  en  avant  ;  je  suis  adverty  que  il  y  a 
plus  de  i5o  et  davantaige  de  sacgs  de  greyn  sur  les 
Bourgeois  ,  parquoy  faictes  faire  recherse  par  tout.  Je 
suis  aussy  d  advis  que  fassiés  sortir  tous  bourgeois  inuti- 
les, femmes,  et  enfans,  lesquelz  se  pourront  retirer  de  la 
part  quilzvDuIdront.  Je  vous  feray  aussy  assister  du  costé 
de  la  Goes.  Mandés  mpy  particulièrement  quelle  quan- 
tité vous  avez  de  munitions,  vivres,  et  personnes,  et  quel 
vous  semble  estre  le  lieu  pour  le  pouvoir  ayder  à  fortifier. 
Je  vous  envoyé  ung  ciffre  pour  cest  effect;  au  pirs  aller 


—  256  — 

1  byZ.  TOUS  TOUS  pourez  retirer  [ayecques]  tout  le  monde,  moyeo* 
Nofembre.  nant quelques  longues  eschelles  et  planches,  pour  passa 
•  d'une  part  vers  îe  pays  de  la  Goes  en  Brabant,  le  pliu 
profond  du  canal  qui  ne  sera  au  basse  eauede  la  ceinture, 
LeBailly  et  auUres  de  Reymerswale  tous  sauront  bien  ren- 
seigner, mais  n'en  faictes  semblant  jusques  au  besoing,  i 
cause  que  je  ne  tous  puis  secourrir  pour  le  tems  contraire, 
ayant  que  tos  vivres  s^achèvent.  Il  ferat   lors  tams  de 
désloger  sans  trompette.  Mais  si  une  gellée  survient,  Ten- 
nemy  ne  pourat  là  demourer.  Cependant  ne  pouvant  plus 
faire,  ce  n'est  peu  toutesfois  d'amuser  icy  leur  forces  sur 
une  Remerswal ,  à  cause  que  une  telle  armée  ne  peult  là 
estre  sans  grand  despence,  et  je  scay  que  argent  et  vivres 
ne  est  trop  abondament  entre  eulx,  et  que  leur  estrangers 
vueillent  estre  payés  et  partir ,  parquoy  faictes  tout  extrê- 
me ,  et  vous  y  aure^  honneurs.  Toutesfois  s'il  venoit  jus- 
ques là  que  je  ne  vous  pusse  ayder  avant  pa^^tir ,  je  serois 
d'advis  que  vous  fisiez  briser  rartillerie  et  jecter  les  piè- 
ches^en  mer,  aussy  toutes  les  musquets,  et   sy  trouvez 
bon  par  advis  de  voz  officiers  percer  les  dycques  et  mettre 
le  feu  par  toutte  la  ville  ,  à  fin  que  le  meschant  trou  ne  soit 
cause  de  plus  grande  ruyne  à  tout  le  pays,  vous  le  pour- 
rez faire;  cependant  de  jour  à  aultre  mandez  moy  nouvel- 
les, soit  par  la  Goes  ou  Woensdrecht,  et  je  feray  le  mes- 
me,  vous  donnant  [fince]  la  bon  Seigneur  ,  avecque  met 
affectueuses  recommandations  à  tous  les  bons  compag- 
nons. De  la  teste  de  Berges,  le  a6  jour  de  novembre  i573. 

Vostre  meilleur  amis  à  vous  servir, 
Philippe  de  Lâmnot. 

Monsieur  de  Manny ,  Chef  de  gens 
de  fçucrrc  à  Reymerswaele. 


-    257  — 

Vers  celte  époque  eurent  lieu  deux  événements  d'un  intérêt  ma-  i5^3. 
jeur  pour  les  Pays-Bas;  V  arrivée  de  Réqiiesenx,  et  F  entrevue  de  ])fovembre. 
Mlamont.  Le  premier  étoit  l'indice  d*uo  changement  de  système. 
le  second  donna  aux  négociations  avec  la  France  un  plus  haut 
^int  de  maturité.  Avant  d*en  venir  aux  particularités  communi- 
quées dans  la  Lettre  suivante  par  le  Comte  Louis  de  Nassau ,  il  est 
indispensable  de  reprendre ,  plus  ou  moins,  en  sous-ocuvre  ce  qui 
précéda  et  prépara  ces  choses,  afin  de  fixer  Tattention  sur  quelques 
uns  des  nombreux  renseignements  contenus  dans  les  pièces  que 
nous  publions  à  la  fin  du  Volume. 


La  rigueur  extrême  du  Duc  d*Albe  poussée  jusqu'à  l'atrocité, 
avoit  complètement  manqué  le  but.  Il  paroit  que  Philippe  II  étoit 
mal  satisfait  de  lui;  c'est  du  moins  ce  qu'affirme  l'Ambassadeur  de 
France:  c  le  Roy  a  très  bien  compris  que  ses  tyranniques  déporte- 
«menis  ont  esté  cause  de  mettre  les  Pays-Bas  en  compromis;  mes- 
•  mes  l'on  se  plaint  qu'il  a  voullu  mener  toutes  les  affaires  contre 
»le  règlement  que  Ton  luy  en  donnoit;  comme  il  apert  bien  n'avoir 
»  voullu  publier  le  pardon  envoie  de  longtemps.»  A.  n.^  3i.  £n 
effet,  le»  conséquences  de  la  marche  suivie  étoient  tellement  fâ- 
cheuses que  le  Roi  devoit  s'en  apperçevoir  par  lui-même;  d'ailleurs 
beaucoup  de  personnes  s'empressoieni  de  les  lui  faire  remarquer. 

Le  parti  qui,  dès  le  commencement  des  troubles,  avoit  désiré 
qu'on  procédât  avec  douceur  et  clémence ^  parti  puissant,  dont 
Ruy-Gomez,  Prince  d'Ëboli,  étoit  le  chef,  devoit  acquérir  de 
nouvelles  forces  et  élever  la  voix  avec  plus  de  liberté:  nie  Duc,» 
écrit  Charles  IX,  «est  combattu  de  la  part  contraire  auprès  de 
«son  maisire,  qui  n'est  foible»:  p.  3*)^. 

Le  Cardinal  de  Granvelle,  dont  l'influence,  après  avoir  baissé 
quelque  temps,  paroissoit  se  rétablir,  très  attaché  au  Papis- 
me, n'étoit  du  reste,  ni  ennemi  des  Privilèges,  ni  ami  de  la  violen- 
ce des  Espagnols.  Il  désapprouvoit  fortement  le  système  adopté 
depuis  six  années.  Ses  Tiettres   confidentielles   an  Prévôt   Moril- 

4  17 


—  258  — 

loni.  ^°  °®  laissent  aucun  doute  à  cet  égard.    «Vous  slaves,»  kil 

ovembrr    ^rit-il,  par  ex.,  le  i3  août  i57a  ,  «si  mes  opinions  ont  esté  saogiî 

«naires  ou  doulces,  et  combien  j*aj  procuré  le  repos  et  seurtédi 

M  pays,  el  en  si  long  temps  avez  peu  cognnisire  mes  entrailles,  et  ri 

»je  suys  ny  ambilit'ux  ny  vindicatif,  ou  tel  que  ces  malhenrenx  ■• 

»  veuillent  peindre. Par  ce  que  j*ay  escrit  à  Péro  Ldpa  fo» 

»  aurez  peu  voir  comme  je  chemine  franc  et  rond  ,  et  quelle  a,  loi»* 
«jours  esté  mon  opinion,  tendant  à  douceur  et  à  ce  que  les  afiaifti 
»se  traictent  par  ceux  du  pays,  et  si  je  y  prétends  rien  pour  wMjf 
»quoy  que  die  Tescrit;  vuus  jurant  que  qui  medonneFoit  le  giM- 
uvernement,  je  ne  Tacepteroyt  pour  rien,  et  il  y  a  longtemps  que 
»vous  Tavez  ainsi  entendu  de  moy....»  ^-{*M.S.  B.  Mor.  8'.  Etes 
mars  j573:  ««Vous  voyés  que  Ton  renforce  par  delà,  je  diraj 
»plus  que,  à  mon  ad  vis,  il  ne  conviendrait;  car  ce  n'est  ptf  le 
9vray  chemin:»  A.  n.^  38. 

L'Empereur,  et  les  Princes  Allemands  souhaitoient  de  voir  eaii 
un  terme  à  tant  de  cruautés.  Quant  au  Roi  de  France,  il  crojoil 
avoir  à  se  plaindre  du  Duc  sous  plusieurs  rapports:   p.  a4*9  *f* 

Le  Duc  d'Albe  lui-mcme,  abreuvé  de  dégoûts ,  avoit  deaiaii^ 
sa  démission  :  Bor,  p.  473^  En  Espagne  on  sembloit  suspecter  la 
sincérité  de  ce  désir;  qui  se  rattachoit  peut-être  à  Tespoir  de  refliil^ 
tre  le  Gouvernement  à  son  fils  .A  n."  68j  ;  au  moins  St.  Goard  écrit: 
u  L'on  veult  tirer  te  Duc  de  là.  Mais  l'on  ne  sçait  commen,  juaqiieiàcf 
»que  Ton  ne  voie  à  quoy  [procédera]  le  Prince  d*Orange,  d'autant 
«que  Ton  craint,  introduisant  nouveau  Gouverneur,  que  l'anbi- 
»tion  de  cestuy-cy,  et  peur  que  autre  fist  mieux  et  que  cela  vtai  è 
tosa  honte  et  confusion,  il  y  inventast  nouveau  embarrass»:  p  l7^ 

L'envoi  du  Duc  de  Médina-Celi  avoit  été  signilicalif.  Celoît  oa 
triomphe  du  parti  conciliateur:  «  Rigomés  fera  tout  ce  qu'il  paoni} 
nprepiier  que  Ton  retire  le  Duc  de  Médine,  et  que  Ton  J  <■ 
I»  laisse  ung  du  party  contraire,  pour  avoir  esté  luy  seul  cause  qu'il 
»y  ait  esté  envoyé:  «  p.  3i*.  Malheureusement  le  Duc  de  Médiat 
étoit  arrivé  au  moment  même  où  tout  dans  les  Pays-Bas  étoit  es 
feu;  il  ne  s'agissoit  pas  de  clémence;  il  falloit  se  défeiKlre  oootit 
un  soulèvement  à  peu  près  général.  Dana  cette  oonjonctuf*  It  Da^ 


—  259  — 

il*Albe  ne  pouvoit,  ou  ne  vouloit  pas  remettre  le  Gouvernement  à      iSli. 
■on  successeur;  celui-ci,  témoin  de  la  position  des  affaires,  critique  l>(ovembr«. 
et  presque  désespérée ,  recula  peut-être  devant  une  tâche  qu'il  ne 
cro}oU  plus  pouvoir  accomplir.  Peut-être  ausai  qu'en  £spa(;ne,  de- 
vais que  la  Hollande  et  la  Zéiande  étoient  en  armes,  on  senloit 
le  besoin  d'un  Chef  plus  en  état,  tout  en  proposant  la  paix,    dr 
pousser  la  guerre  avec  vigueur.  Du  moins  d'après  une  lettre  du 
Docteur  £beai,  écrite  le  i5  nov. ,  et  où  il  rend  compte  d'une  con- 
vivsalioo  qu'il  a  eue  en  Lorraine  avec  le  Ouc  de  Médine,  il  senx'^ 
bloroit  que  celui-ci,  retournant  en  Espagne,  auroit  bien  voqIo 
rester,  ou  du  moins  rentrer  dans  les  Pays-B&s.    «...  Der  Hertxog 
»voo  Mcdina  Ceii  ist  vor  i4  tagen  von  Paris  iiach  Hispaoien  ver- 
•râekt;  den  ich  sampt  den  von  Scboabergk  ange&prochen ,  und  wie 
»er  mich  noch  gekhant,  Uberrime  mit  im  geredt,   und  bat  sich  of- 
»fte»llich,  er  und  ailes  seinvolrk,  vernemen  lassen  das  sie  demDuca 
•de  Alba  zuwider  seindt,  und  ailes  bôses  von  ihm  auAZgeben,  wie 
»sie  sich  dann  vermercken  lassen  das  er  (i)  verboff  wider  aus  His- 
•paoîen  in  die  Niderlânde  zu  khommcn.  Er  bringt  ein  artrculirte 
sdag  &ber  den  Duca  de  Alba ,  so  von  den  vornembsten  Hispanîscben 
Bkriegsvolck  undel-zelchnet  soll  seio,  alleûi  Juliao  Romeix)  nicht...» 
<f  BfS.  C). 

Le  parti  du  Duc  d'Albe ,  ne  pouvant  le  soutenir,  mit  Don  Juan 
d'Autriche  et  le  Duc  de  Savoy e  en  avant  «  pour  y  estre  ung  temps 
«  et  y  réduire  toutes  choses  :  »  A ,  n."  35  :  mais  le  Roi  crut  ti  ouver  dans 
Don  Louis  de  Zuniga  y  Réquesens,  Grand  CoamaoJeur  de  Cas- 
tâUe  et  Gouverneur  de  Milan,  un  personnage  dont  les  talents  mili- 
taires et  l'humeur  pacifique  le  rendoient  éminemment  propre  à  réta- 
blir ce  que  les  exécutions  et  ks  massacres  avoient  bouleversé.  Il 
«voit  beaucoup  contribué  an  succès  de  la  bataille  de  I/épante:  en 
LoBibardie  il  s'étoit  distingué  par  une  conduite  prudente  et  ferme. 
Ses  différends  avec  le  Cardinal  Borromée  ne  dévoient  pas  lui  nuire 


(i)  er.  Il  se  peut  néanmoins  que  par  cet  erW  faille  entendre  te 
D«e  d'Albe. 


—  260  — 

l5^3.  dans  les  Pays-Bas;  bien  qu'il  soit  difficile  d'admettre  ce  que  Lêû* 
ovembre.  6"^^  semble  insinuer:  •  Muiti  pulant  baec  omnia  aslute  ftînolirt 
*et  Commendalorem  ea  ralione  velle  persuadere  hominibusae  caat 
«minus  addictum  supersiitioni  Pontificiae,  ut,  si  postea  veoîal  îb 
ninferiorem  Germaniam,  plus  ci  fidei  habeant  Gueusii,  et  ita  poisit 
neos  facilius  decipere.  «  Epist,  secr,  I.  i.  ao5.  Il  avoit  été  questioa 
de  renvoyer  pour  être  en  aide  à  l'Archiduc  Ernest,  second  fil«  de 
Maximilien  H,  p  35*;  (|u*on  pen^oit  marier  a\ec  «rainée  des  Ib- 
u fautes  et  luy  bailler  les  Pays-Bas,»  p.  ^9*:  mai5  il  est  probable 
que  ce  plan  convenoit  beaucoup  plus  à  TEmpereur  qu*au  Roi  d'Es- 
pagne; peut-être  même  amusoit-on  Maximilien  par  de  belles  pa. 
rôles  :  A,  p.  60,  inf.  Quoiqu'il  en  soit,  Réquesens  arriva  seul. 

Le  nouveau  Gouverneur  trouvoit,  il  est  vrai ,  beaucoup  de  cho- 
ses ,  et  surtout  les  finances  ,  daus  un  déplorable  état;  £ar^  47^* 
mais  par  contre  la  position  du  Prince  ,  malgré  la  victoire  du  xi 
octobre,  étoit  très  inquiétante  :  la  Hollande,  coupée  eu  deoi  par 
l'occupation  de  Uaerlem;  Leide  assiégé  ;  les  communications  daosii 
Sud- Hollande  interceptées,  et  les  Espagnols  songeant  à  enferaNr 
le  Prince  dans  la  ville  de  Uelft  (/.  /.  et  ci-dessus,  p.  aSi  ei  s4i, 
in  JX  11  étoit  fort  à  cramdre  que  le  bruit  de  la  clémeoct 
dont  devoit  user  Réquesens,  n'ébranlât  bien  des  résolutions stf 
lesquelles  on  pouvoit  compter  auparavant ,  et  qu'en  se  fiant  trop 
à  de  belles  promesses  ,  on  n'oubliât  le  vrai  moyen  de  les  Toir  se 
réaliser. 

Quelques  semaines  plus  tard  le  Duc  d'Albe  partit. 

«Non  valde  triumphans  tandem  deserit  Belgium. »  Lang^  âd 
Syiin.  p.  18.  Les  Pays-Bas  étoient  pacifiés  à  sa  venue;  une  guerre, 
qui  déjà  coutoit  cher  à  l'Espagne,  les  lavageoit  à  son  départ.  «Rfr* 
»  périt  omnia  pacata....;  deducit  res  in  eum  statum  ut  Pontifex  M 
nliispani  non  sint  extra  periculum  ne  totâ  regione  excédant* 
/.  /  p  8/|.  Sa  mémoire  est  en  exécration;  à  juste  titre,  bieo  qM 
peut-être  on  n'ait  pas  assez  fait  la  part  des  circonstances  où  il  s'est 
trouvé.  Viglius,  nullement  accoutumé  à  encenser  le  pouvoir,  écri- 
Toit  quelques  mois  après  son  arrivée.  «Ejus  inansuetudiDen  ee 
*prudentiam  omnes  venerantur;  sed  imperiumac  rigortm  mctawit 


■  FUJuKUm  Vergasi.»   F.p.  ail  Hnpp.  <^.  /,Si.   Le  ppmionniir^  >'.  </.      id^J. 
•^cr^/, donc  riinTgrandriniparlialiléilr' jugement, mnarqur: -Onze  rvovcmbra. 
t.Scbrtvm  trrlie(Tfn    Reqiieïciis  nprr?  txiven  Alta....;  oirn  moet 

•  nn|:thans  in    'I  nng  lioiiHirn   i(e  vpi-ai-liillenilv  ornslHndi);li«lpn.... 

•  Aha  Lwai»  in  rrn  t\il  («rn  men  ann  hel  ilol'  van  SpanJF  nmande 

•  dat  d«  NedeHandm  d<ior  jrai'hllitïid    bedorvrn  narrri,   dal    e«n 

•  voarbccldliw  *lrar<icfi-niiig  de  bproertcn  l>glel)k  «lillen  zoiide.... 
*It«t|ueKa!idaercnle{-en,  \arn  lirl  Spannidie  llof  *Lin  (tic-  niaalre- 
■B*leii  rvrd»  vrv  wal  l>-ritg  jti'konieii  was.-  Ilitt  v.  d.  Sathfarlie 
•™i  Coei,  ji,  ïo6.  El  M.  Bif/IrTf/ri- ne  cnint  pas  d'ariirnier:<  Mern 
'iloel  Alta  Ickort,  wannrer  men  tiem  ecn  wrecdaarl  van  inbnrst 
saœnit.  H;  wjs  kryifiinaii  rn  had  pciis  Li'vgimani  hardvbchiiflieid 
kin  alln  ,  en  ltsiidt-ld«  nït  brginsrl  >aii  pliirfat ,  en  dexe  plichl  Iri 
*loi  jcronil  bel  mililair  gebied  dal  geen  tcgempraak  geiloogt.  ■  BUf. 
*lri  l'art.  W.   |6C,  Il  ir  penl  i|u'd  y  ai4(lHnsceiieolKervaiian  de 

■quant  in  acie,*  maîsnii  niérilc  de  lerribte^  repruchi-t,  en  transpor- 
Kanl  au  mitiru  <)e«  ifTaircs  rivdi^s  le  ré;;ime  d«  champs  de  Ita- 
la<llr,  pt  en  voulant  si)iim(!'nre  An  peii^ilei,  i)iii  ont  dea  dioils 
*1  (les  liberlé*,  a  la  di9('i)i1ine  et  â  l'olfciiDanie  pauive  <lfs  cimps. 
■  i^ioa,  ayan!  appris  ii  le  niieu^  connollrr,  avoîl  beaucoup  chnngû 
i'  **0|iiaian  â  son  éganf.  •  llluïlri^iiiiiiiim  Alliae  Dui-em  jam  vobiscnm 
I  ***M:«rbiimniir,  qui  reritm  InriM-lii-eni  MiocesMim  Torip  in  alïo» 
*d*ri*sfaU;ted,  %i  nioileraiiaracnniilia>eciiius  ruUsel,  proeiquam 
*<4iitnaeral  aurlorilale,  i-rgimen  -unnii]i>am  mavinip  mmineadiblle 
■cfficnv  poluissci.a  Ef.  «H  Httpp.  p.  ftn».  Tunlcfois  nona  n'ad- 
■wilrofM  pai  tolonlii'n  qu«,  relmirnanl  en  Espagne,  il  se  >ail 
tianfié  d'avoir  fait  niHIreà  mort  iStioo  p('i'M>nnps:  Bni-,  p.  ^74''> 
Penl-^lre  a-l-il  vnnhi  faire rnlendie  (pie,  si  Ifs  arTsiret,  .ivnieat 
pm  une  aniti  mauvaise  tournure,  ce  n'éloil  pas  raille  d'avoirsuf- 
itanmeol  oblemiM^ré  ans  instniclions  reexes:  mais  il  d'nI  pas 
ttofalde  qu'il  ail  voulu  we  vitittrr  île  ces  almeiiés,  d'autani  moin* 
tpK  r«Ha  Buroil  eu  lieu  elle»  le  tÀimte  I^nîs  de  Kiini^lein ,  onde 
riu  Prince  d'Orange,  et  qui  parotl  avoir  pinson  moins  favorisa  la 
caosedea  Pays-Sns.  Il  est  vrai  qu'il  n'a  point  éprouvé  de  remords, 
éa  moins  le  Père  Louit  de  Grenade,  ton  Hirccieur,  écrivant  de  Lis- 


—  262  — 

15^3.     bonne,  le  i4  c^éc.  i58i,  à  la  Duchesse  les  circonstances  de  la 
I^uveinlne.  de  son  époux,  ajoute:  il  craignoit  beaucoup  de  commettre  un  pé- 
mortel,  «y  es(o  no  por  temor  de  las  penas  del  inferno,  que  nad 
V roovian, sino  por  losbeneficios  que  havia  recevklode  nostro  S 
»y  por  su  bondad;  loqoal  nunca  se  le  caya  de  la  boca;  y  pcKT"— qo, 
«algunos  le  (enian  por  demasiamente  entero  en  las  executîonc^_  g  ^ 
via  justicia,  me  certifico  muy  de  veras ,  que  no  le  remordîa  la     -^qq. 
»sciencia  de  baver  en  toJa  su  vida  derramado  una  scia  gota  de  s^  ^H.^ 
vcontra  su  consriencia,  y  que  quantos  degollo  en  Flandes,  er^ipo^ 
jtser  herejes  y  rebelles...»  (•{•MS.  B.  Mém.  de  Granv.  3a,  p.   me;/ ». 
Il  se  peut  que,  malgré  son  excessive  sévérité  et  souvent  aussi  sa  dôiA 
mulation  et  son  manque  de  foi  (voyez,  par  ex.  Tom.  III,  p.  43«  ^. 
et  Temprisonnement  des  Comtes  d*Egmond  et  de  Uornes),  il  y  aiteo 
de  la  sincérité  dans  son  indignation  en  apprenant  la  St.  Barthéffinj: 
ail  ne  vouidroit  point  avoir  faict  ung  si  mescbant  acte;  il  n*estoil 
«point  marry  de  ce  qui  estoit  advenu  à  feu  M*  l'admirai,  pareeqo*il 
westoitennemy  capital  de  son  Roy,  mais  aymeroit  mieulx  avoir  pcrdo 
ules  deulx  mains  que  Tavoir  faict:  «  p.  86*.  Il  semble  avoir  traité  le 
Comte  Louis  à  Mons  avec  de  la  générosité  (voyez  cependant  p.  85 
i/i/./,  ilsepliint  infiniment,  en  i57a,qu*on  lui  impute  d'être  «came 
»que  le  Prince  d^Orangc  n'est  lentré  en  ses  terres,  suivant  rioterco- 
»aion  que  rEmpereur  en  afaicte  par  cy-devant,»  A.  n.**aa;etil«»t 
assez  difficile, en  tel  ou  tel  cas  particulier,  desavoir  s*il  a  outrcp«s*« 
ses  instructions,  ou  s'il  est  resté  même  en  deçà  des  ordres  donnés: 
«(£enige  meenen  dat  hy   hier  noch   beleefder  en   goedertierlykw 
bhandelde  dan   syne   instructie  hem  în  Spangien  gegeven,  wai nie- 
wdebrengende:»  J5or,  477b.  Par  ex.,  on  lui  a  beaucoup  reproché 
sa  manière  d'agir  relativement  au  10®  denier;  mais  voici  ce  q'iele 
Roi  lui  écrit  en  février  1572.   «Je  veux  bien  vous  dire,  quant  à  ce 
>»que  m'escripvez  du  lo*'  denier,  que  je  suis  fort  esbahy  du  peu  de 
«diligence  que  vous  avez  faict  allendroict  de  l'exécution  d'icelay 
M  pour  en  tirer  ce  qui  est  nécessaire  pour  l'entretenement  des  estati 
ud'illfcq  ,ct  pourtant  sera  bien  qu'on  se  haste  asteure  pour  recen- 
i' vrer  le  temps  que  jusques  à  cires  s'est  perdu,  ce  que  j'espère  ci 
»  tiens  pour  certain  que  ferez  ,  et  mesmes  qu'avant  l'arrivée  de  cseslt 


—  263  — 

•toat  Mrm  jà  effectué  et  achevé....»  (-{*'  MS.  B.  Lettres  de  Uoppe-      iSyS. 
ros,  L  p.  108'.  Ses  talents  mililaires  étoieot  du  premier  ordre  («  tir  l^overobre. 
•  priscis  baud  dubie  Imperatoribus  militari  scientia  conferendus,» 
Siratia ,  I.  4^7)9  ^^  *^  ^^  glorieui  pour  le  Prince  d'Orange  de  s'être 
■esuré,  non  sans  succès ,  contre  un  tel  antagoniste.  «  Le  Ducd'Alve,»  ' 
écrit  .St.  Goard  à  Charles  IX,  «avoit  perdu  les  Pays-Bas,  sans  le 
•secours  et  bon  ayde  en  l'exécution  de  l'admirai  et  ses  adhérons:  » 
A.  D.*  28.  Sans  la  St.  Barthélémy  le  Prince  «  e^toit  maistre  du  Duc 
•cTAlbe  et  enit  capitulé  à  son  plaisir:  »  Tom.  liL  p.  5o5. 


VcaoDsen  aux  négociations  avec  Charles  IX.  Elles  s'étoient  ratta> 
dès  le  pnncipe  à  la  position  des  Pays-Bas  et  avoîent  eu  des 
■oaveoMrDts  alternatifs  ,  dont  il  est  aisé  de  préciser  les  phases  :  1^. 
Progrès  et  bonne  harmonie  jusqu'à  la  Si.  Barthélémy;  a^.  refroi- 
dissefDent  et  presque  rupture  jusqu'au  printemps  de  1 57  3;  3.^  rap- 
prochement jusqu'à  la  paix  de  la  Rochelle;  k^,  depuis  lors  ré- 
conciliation complète  couronnée  par  l'entrevue  de  Blamont. 

1.  £0  1571  on  étoit  sur  des  bonnes  dispositions  de  plusieurs 
Prioces  Protestants:  A.  n°.  1  —  4*  MêmeLanguet  écrit  déjà  en  octobre 
1570  à  TËlecteur  de  Saxe  «  Caspar  Schonbergius  ad  quem  V.  Cels. 
«nisit  mihi  literas,  dicitur  rcMliissc  in  Gcrmaniam:*»  £p,  secn 
L  I.  i65.  Il  est  à  présumer  que  la  chose  fut  commencée  peu  après 
k  paix  de  St.  Germain,  et  que  nous  devons  reconnoitre  ici  l'io- 
loefice  plus  ou  moins  directe  du  Comte  Louis  de  Nassau  (Tom. 
III,   p.  382,  sq,). 

£0  1672  les  démarches  de  Schonberg 'a voient  eu  déjà  beaucoup 
de  soccès.  Les  Princes  Protestants  etoient  assez  disposés  à  s*ap- 
pajer  sur  la  France  contre  la  Maison  d'Autriche;  seulement  ils 
éviloient  de  se  compromettre  dans  leurs  relations  avec  l'Empire;  ils 
ne  vouloient  pas  entendre  parler  de  Hffue^  mais  de  correspondance, 
et  les  secours  dévoient  être,  non  en  hommes  de  guerre,  mais  en 
argent:  p.  7*  inf,  eisq.  —  Il  étoit  question  de  secoorir  le  Prince 

'  Dressée  pmrH»pperus. 


—  264  — 

l573.      (l'Orange  et  «  crentreprendre  quelque  chose  à  Teocontre  des  Pays- 
novembre.  *S^^*''  ^'  ^'^  ^*  Peut-être  même  la  Note,  A.  n.^  45,  doit-elle 
être  reportée  à  cette  époque. 

a.  Ou  eu  étoit  là  quand  la  St.  Barthélémy  survint.  Les  Prin<:eaPro* 
testants  reculent  d* horreur:  p.  ig*inf»,  Â.n.°  23,  29.  Ilsnedoutenl 
pas  que  les  négociations  de  Schonberg  niaient  été  un  moyen  de  plus 
pour  attirer  les  Huguenots  dans  le  piège  et  donner  le  change  aux 
Protestants  sur  la  politique  de  la  Cour  de  France  et  sur  ses  sinis- 
très  desseins.  «  Ils  se  persuadent  asseurément  qu*on  a  voulu  en  teste 
«façon  «lonuer  moyen  au  Duc  d*Albe d'avoir  plus  aisément  la  raison 
»du  Prince  d'Orange.»  A.  n.**  17. 

Ainsi  que  Charles  IX  (/^.  Rauiner^  /u'st,  Br,  I,  3oo),  Catherine 
de  Médicis  exhorte  Schonbcrg  à  faire  entendre  aux  Princes  que 
rien  n'a  été  fait  «en  hayne  de  la  nouvelle  religion,  ni  pour  son 
V extirpation,  mais  seullement  pour  la  pugnition  de  la  conspiration 
M  que  l'Amiral  et  ses  complices  a%  oient  faicte:»  A.  ïu^  i3.  C'est  ainsi 
que,  Néron  ayant  fait  mourir  sa  mère,  on  parloit  delà  conspiration 
d'Agrippine  ^1].  Coligny  n'a  pas  démenti  par  ses  actes  ce  que,  le  5 
juin  1569,  il  écrivoit  dans  son  Testament.  «Pour  ce  que  je  sçay  que 
vl'on  m'a  voulu  taxer  d'avoir  voulu  attenteraux  personnes  du  Roy, 
M  de  la  Reyne,  et  Messeignours  frères  du  Roy,  je  proteste  devant 
j»Dieu  que  je  n'en  eu  jamais  envyc  ni  voulunté;....  et  pour  aussi 
i»que  l'on  m'a  voulu  taxer  d*ambitioii  en  la  prise  des  armes...  je 
»faicls  la  même  protestation  que  le  seul  zèle  delà  Religion  me  lésa 
vfaict  prendre,  avecqups  ce  que  je  rraigiiois  [poui]  ma  \\e.  Et  fault 
>)que  véritablement  je  confesse  mon  infirmité  que  la  plus  grande  faute 
»que  j'ay  toujours  falto  en  cela,  c'est  que  je  n'ay  pas  asséi(  ressenti 
>les  injustices  et  meurtres  que  l'on  faisoit  de  mes  frères,  et  qu'il  a 
«^ fallu  que  les  dangiers  et  aguets'  que  l'on  faiioil  sur  moy,  m'ayent 


(1)  c.  (P^i^r,  t  Pcrfeclo  demum   scelere  magnitudo  ejus  intel — 
lecta  est....   Caesarem  adulatio  ad  spem  (irmavil  prehensantiuok 
»  mauiim  gralaiitiumque  quod    discrimen   improvisuro  et   matris 
»  facinus  evasisset.  x    Tae,  Ann,  l,  i/| ,  c.  10. 

'    juel-aprn5. 


—  265  — 

»aTaiicé  de  faire  ce  que  j'ay  faicU  Mais  je  dicta  aussy  devant  Dieo      iS^S. 
»  que  j'ay  essayé  par  tous  les  moyens  que  j'ay  peu,  de  pacifier  toutes  p^ovemftircs. 
«choses  le  plus  longuement  que  j*ay  peu,  ne  craignant  rien  tant 
»que  les  troubles  et  guerres  civilles»  (*{*MS.  P.  D.  81.  Voyez  aussi 
Tom.  UI,  p.  a84.). 

I>u  reste  ces  pièces  viennent  à  Tappui  de  nos  idées  sur  les  causes 

et  la   nature  de  cet  exécrable  massacre;  Tom  III.  49^9  I^>   70» 

109.   Il  est  probable  i|ue  les  Guise  nourrissoient  depuis  longtemps 

de  semblables  projets  :  beaucoup  de  personnes ,  voyant  «  tous  les 

»  oy seaux  en  la  cage,  désiroient  les  prendre  tous  ensemble,  «*  A.  n.^ 

X  5.  Plusieurs  même  s*étonnoient  qu'on  diflerdt  si  longtemps.  Dans 

tan  Mémoire  de  D.  Grappin  publié  à  Besançon  en  1789  on  lit  (p. 

73):   «Le  Cardinal  de  Lorraine  écrivit  à  Granveile  le  massacre  de 

»  la  Sl  Barthélémy,  qui  devoit,  disoit-il,  U  tenir  en  ar/miration, 

»  Granveile  répond  de  Naples,  le  20  sept.  1572,  qu*il   éloit  déjà 

»  instruit  de  cette  expédition ,  mais  qu'il  avoit  été  surpris  qu'on 

»IVat  différé  si  longtemps.  Ce  retard,  disoit-il  au  Cardinal   de 

»  X^rraine,  sera  une  note  pour  vous  et  pour  les  vôtres.  Lettres  con^ 

^  serrées  à  Btuxelles,*  Que  Granveile  ait  donné  à  entendre  qu*il 

DDoissoit  \e projet,  ou  qu*il  ait  simplement  voulu  dire  qu'avant  la 

tion  de  la  lettre  du  Cardinal,  il  éloit  instruit  de  Tévénement, 

t^^iijours  est-il  que  les  intentions  et  les  espérances  des  zélés  parti-  ' 

^^ns  de  Rome  ne  sauroient  être  douteuses.  Mais,  et  ceci  est  une 

^Mcslion   dilTérente  ,  quelles  étoient   les  intentions  de    la  Conr? 

-^<His  ne  croyons  pas  que  Catherine  de  Medicis  et  le  Duc  d'Anjou, 

dirigé  par  elle,  aient  attiré  les  Uugueuots  à  Paris  pour  les  y  exter« 

iner  Leur  irrésolution  et  le  développement  rapide  de  leurs  pro- 

,  peu  de  jours  avant  la  catastrophe,  nous  semblent  décrits  avec 

'«srité  dans  les  Mémoires  du  Maréchal  de  Tavannes:   «Catherine 

*  comme  femme ,  veut  et  ne  veut  pas,  change  d'avis  et  rechange  en 

^  lio  instant.  •  Além,  27  ,  p.  aai.  •  L'influence  deColigny  augmente; 

^  brûle  la  Reine  dehors  et  dedans,  et  tient  conseil  de  se  défaire  de 

^TAminil:»  /.  /.  260.   «L'accident  de  la  blessure  au  lieu  de  mort, 

^lei  menaces,   forcent  le  conseil  à  la   résolution  de  tuer  tous  les 

•ched:»  /.  /.  p.  267.  Quanta  Charles  IX,  on  nesauroit  presque 


_  26C  — 

• 

en  douter,  Tordre  fatal  loi  fut  arraché  par  de  fausset  •Uu'bkj>,  qui  le 
»,  jetèrent  dans  une  épouvante  et  une  colère  subites:  «d*aniis,  les  Toilà 

•  ennemis  du  Roi;»  /.  /.  a6o;  et  n  purt-nt  tle  Roi, ni  les  conseillers ^ 
«retenir  les  armes  qu'ils  avoiont  débridéfs:»  /  /.  273  En  un  mot, 
le  Papisme,  qui  n'éloit  guères  difficile  sur  le  choix  des  moyens,  a 
désiré,  préparé,  exécuté,  comme  il  a  hautement  approuvé  le  mas- 
sacre; mais  delà  part  de  la  famille  Royale,  tout  au  moins  de  la 
part  du  Roi ,  la  St.  Barthélémy  ne  semble  pas  avoir  été  on  acte 
prémédité. 

Au  premier  moment  on  dut  le  considérer  comme  tel.  Les  ons  ^ 
indignés,  comme  les  Princes  Protestants  et  TEmpereur,  A.  n.®  iS, 

25,  les  autres,  comme  St.  Goard   (voyez  aussi  V.  Raitmer^  HisU  ^^ 

Br,  7.    191  xqq,)^  admirant  «la  si  grande  paliance  pour  exécuter  -^^ 

•  entreprise  de  telle  conséqnens  :  »  A.  n.^28.  Jaloux  de  ccqu*!!  ap-  ..^^ 
pelle  Thonneur  de  son  maitre  et  désirant  le  soutei;ir  même  par  -^^ 
des  rapports  mensongers,  il  fait  insinuer  au  Roi  d'Espagne  que  ^s. 
leurs  Majestés  étoicnt  déjà  depuis  deux  ans  «  disposées  en  l'exéco-  — ^^ 
9  tion  du  faict  advenu  :  »  A.  n."  3i. 

A  ces  suppositions  y  bien  souvent  reproduites,  nous  avons  beai 
boup  de  témoignages  à  opposer.  13'alK>rd  dans  une  correspondam 
très  confidentielle  ,  et  où  il  n'y  a  pas  lieu  de  croire  qu'on  ait  ▼oalir^^  .^^ 
tromper  ceux   à  qui  Ton  écrit,  le  Roi  et  sa  mère,  et  spécialemen'  ^r-a^t 
aussi   le  Duc  d'Anjou  ,  A.  n.*'  3o  ,   non  seulement  font  assurer 
Allemagne,  que  <«  les  choses  sont  advenues  inopinément  sans  av< 

•  esté  cnfaron  cjuc  ce  soit  prémé(lilers;w  A.  n."  3o;  mais  s'exprii 
de  maniî're  à  donner  à   leurs  agents  la  même  idée.  Aussi  Vuh 
espèi-e-t-il ,    t  (|ue  l'Kmpcreur  connoisira  qu'il  y  a  en  ce  faict  pli 
»  de  vérité   que  de  ^raisembhnce:  »  p.  iV  in  f,\  Schonberg,  q 
ne  péchoit   point  par  une  excessive  crédulité,    et  d  ailleurs 
bien   informé  pour  qu'on    put    lui   cacher   de   tels  secrets ,  co 
sidère  les   accusations  de  ruse  et  de  tromperie  comme  de  «  m 
toschantes  calomnies  »  et  «les  plus  e\écrablcs  mensonges  du  mondr 
A.  n.°  18;  plus  tard  il  s'étonne  de  la  durée  des  préventions  à 
sujet:  A.  n.°  57.  Observons  ensuiteU  manière  dont  l'événement  I 


--  2G7  — 

Jtigé  par  ceux   qui   étoient  en  état  de   le   considérer    avec    cal-    1573. 

vase.    En  Espagne  plusieurs  affirment  que  «  ce   avoit  esté    contre  |^o%efnbre. 

»  ta  volume  cl  sans  le  sceu  du  Roy  ;  »  A.,  n.**  12  •  le  Duc  d*Albe  dit 

«  que  c'est  chose  furieuse  ,  légière  et  non  pansée  que  reate  exécu- 

»  tion  ;  •  p.  ^/|*:   et  Don  Diôgo,  Ambassadeur  en  France  ,    «  a  es- 

3»  cript   que  rexéculion  estoit  advenue   inopinément  et    par  con- 

«»  trainrte,  ne  pouvant  moins:»  A.  n  **ià6.  Enfirt,etceci  paroi t décisif, 

Charles  IX.  écrit ,  en  i573,  à  St.  (loard,  à  celui-là  même  qui  avoit 

admiré  sa  prétendue  dissimulation,  qu*il  avoit  eu  bien  de  la 

îifM  «  à  remédier  aux  artiffîces  des  Ambassadeurs  d*£spagne  et 

a»  du  Pape  en  ces  événements  ,  ayant  publié  et  voullu  fère  croire 

a»  par  le  monde....  que  ce  que  j*avoys  faict,  estoit  avecques  eulx 

»  prémédité  de  longtemps.   De  faict  leur   persuasions  ont  esté  re- 

«»  cxues  pour  sy  fort  vraysemblables ,  estant  confortées  d'allées  et 

"m  venues  de  ceulx  [qu*ilz]  ont  envoyés  vers  moy  ,   que  sy  la  pure 

«•  vérité  n'eust  de  soy  eu  assez  de  force  pour  surmonter  son  t-on- 

a»  traire ,  j*estime  qu'ilz  fussent  parvenus  au  dessein  de  leurs  inten- 

»  lions  :  »  p.  2  9". 

£a  outre 9  comment  admettre  que  Charles  IX  ait  longtemps  mé* 
dilé  on  acte  qui  seoibloit  devoir  renverser  toutes  se^  espérances; 
l'élection  en  Pologne,  le  maria /e  d'Angleterre,  rabaissement  de 
l*Eapagne,  et  ce  protectorat  envers  les  Princes  Protestants,  sur  le- 
quel il  avoit  fondé  de  vastes  desseins? 

La  famille  Royale  avoit  fort  à  cœur  Taffaire  de  Pologne.  Henri 

lui-même  n'étoit  pas  indifférent  à    une  Couronne  qu'il   espéroit 

joindre  un  jour  à  celle  de  France;  Catherine  vouloit  voir  ses  fils  Rois; 

Caries  IX,  d'accord  en  ceci  avec  le  Duc  d' Alençon , désiroit  éloig- 

ver  nn  frère  très  importun.  «Mon  fiU*  écrit  la  Reine  en  annonçant 

«D  Duc  d'Anjou  son  élection, ...  «je  vous  prie  le  bien  reconoystre  et 

.9 toute  la  grandeur  que  Dieu  vous  [donne]  que  ayés  dan  le  cuenr 

i»de  l'aroployer  pour  son  service  et  de  vostre  frcre  qui  ayst'  si  ase* 

3»de  vostre  bien  que  je  ne  Tay  jamés  veu  plus  ;  yl  ne  [estre'']  plus 

^ii  non  que  Dieu  vous  fase  la  grase  de  bien  tost  prendre  la  Ro- 

^cbelle   et    vous  conserver  comme  le  désire  vostre  bonne  mère 

•  Mt.     i  Bûe.     '   rwle  (?}. 


_  268  — 

1573.  »CATEBiifE.»  La  joie  de  Charles  IX  se  peint  1res  naîvcnnefit.  «Moa 
ovembre.  »  frère,  Dieu  nous  a  fait  la  grasse  que  vous  c»sles  ellu  Roy  dePoa- 
xlogno  ;  j'en  suis  si  ayse  que  je  ne  sray  que  vous  mendir;  je 
uloue  Dieu  de  bon  coeur;  pardonés  inoy,  l'ayse  me  garde d'esm- 
»re,  je  ne  sçay  que  dire,  mon  frère,  je  avons  receii  voslre  leslre,  je 
'>suis  voslre  bien  bon  frère  et  aniy  (Iharlfs.  »  (MS.  P.  B.  86*6i. 
Mais  pour  succéder  à  Sigismond-Augusle  (voyez,  p.  loa,  im  f.) 
il  falloit  en  1072  ménager  les  Dissidents  de  Pologne  et  les  Princes 
Prolestants:  A.  n.°  7. 

Les  mêmes  causes  faisnient  désirer  ardemment  le  mariage  da 
Duc  d*Alençon.  Singulier  moyen  de  réussir  que  de  massacrer  les 
coreligionna'fres  de  celle  dont  on  brigue  la  main,  et  de  ceux  qu*oo 
juge  avoir  auprès  d'elle  le  plus  de  crédit!  Le  Comte  Louis  tàcbant 
eu  1573  de  rendre  Charles  IX  favorable  aux  Huguenots,  écri%oil: 
«  S.  M.  demeurant  en  sa  résolution,  le  Comte  ne  voit  pas  qu'il  y 
»  aye  à  propos  que  l'Electeur  Palatin  envoyé  vers  la  Royne  d*Ao- 
»  gleterre  pour  le  parachèvement  du  mariage  du  Duc  et  d'elle:  • 
p.  8G*. 

Résister  à  la  Maison  de  Habsbourg  axoil  été  la  pensée  dominante 
des  prédécesseurs  de  Charles  IX  ;  c'étoit  surtout  aussi  la  sienne; 
politique  évidemment  dictée  par  les  intérêts  de  la  France,  et  q«e 
le  principe  des  guerres  de  religion  pût  seul  de  temps  à  autre  contre- 
balancer Constamment  ce  Roi  est  tourmenté  de  l'idée  que  bienlàl 
«nul  aura  la  hardiesse  et  la  puissance  de  s'opposer  aux  dessaiogs 
»de  la  Maison  Impériale;  la(|iielle  donnera  en6n  la  loy  à  toute  la 
»Chrei>lienté;  m  p.  33*.  Comment  donc  se  persuader  qu'il  y  ait  eu  00 
profond  calcul  dani»  un  acte  qui  rcndoit  ennemis  de  la  France  tons 
ses  alliés  naturels  dans  cette  grande  lutte,  et  rélablissoit  dacs  les 
Pays-Bas  le  pouvoir  de  Philippe  II  si  fortement  ébranlé. 

Il  y  a  plus  encore.  Depuis  longtemps  la  Maison  de  Valois  aspi- 
roit  au  Trône  Impérial.  On  sait  les  tentatives,  déjà  au  14*  siècle, 
de  Philippe  le  Bel  «  Er  beschlosz  seinen  Bruder  Karl  von  Valois 
»xum  rômischen  Kônige  v^'âhlen  zu  lassen;  ....  das  Gluck  srhiei 
sdem  fran/osischen  Rônigshause  schnell  den  Weg  zur  Universal- 
•  monarchie  zu  zeigen:»  Pfister^  G,  (L  Teulschen,  III,  127).  On  se 
rappelle  les  efforts  de  François  I  après  la  mort  de  Maximillen  L  On 


it  également  1c*  relalions  ir 


C|lll 


I  Cha  I. 


-i|iii 


reisées  de  Henri  IlavecIrsPrin- 

avoienr   promis  ,   en  ôâu  ,  d«  ^ 

nijilotFf  à  Taire  éliie  ce    Muturipic '/./  M  .  |>.  iiij.   Lt%  Itoii 

France    cn*ojaienl    an  iccnun   dux   PioIesUnls;    pour  ar- 

l>lirrA.utrk'lie,  pour  se  procurer  des  allÎË»,  mais  liiii  doule  ausit 

«;  l'espoir  de  parvenir  ati  plus  liaul  rang  de  la  (Ihréllenlij,   Char- 

IX  cullivoil  cet  relatiui»  rvfc  «lin.   Il  avnil  de  nombreux  pcn- 

In  peinions  ijiie  le  Ruy  donne  en  Al  mu  ï^iie  excédent 

.  «an«  comparaison  celle)  dn  lenips  du  Hoy  Franriiir»  ;  c-ir ,  pour  dis 

'  BiiH«  livre,  il  y  en  n  mainleiiant  tvM  mil  :  -  p.  G9'.  Il  resserrait 

Mir  lom  moyens  les  noeuds  de  b4.nne  ■nlelliiipni-':  et  ù'amitié  ,  et  il 

•si    prnuié  luainleiuot  que  lui  aUïst  ,   en   s'îns  in  lia  ni  auprès  de  la 

[>»ilé<lér>lion    r.erniaiiiipie ,    avoir  la   mcme  aitifre-pi-niéei  savoir 

l'ea    ilctrnir  itii   Joui    Iv  Chef.  -^-  (^rsl-lj   la   >  crrlaiiie  alTaire  i 

i|iie  Sibnnberg  I  n'oie  communiiiuer  ■  la  plumme:*  A  II  "l.  C'est 

Im   ■  rcapf^'ance  il'ung   plus  graml    bïeii  >    d»nt   le   Land;ra>e  de 

llcAMt   lait   mention     tel  qui:    Ira    aucolns   de   S.    M,   ont  tant 

■  Irataille  cE  suiihuiriÉ  auiie.i   fini   île   vauluir   et   pouvoir    gai- 

•  gnrr:t    p.    (•',    (/i-sl    \à   ce   dont,  selon  .Schoiit>crg,  ila   wule 

•  noblr  ciiui'onne  de  France  est  Uifcui;  en  ce  nmndc:  •■  p.  iti*.  — 
l'eu  ■«■ni  la  ^1.  Bdrlltclcmy  les  ei|>ëraui-es  ilil  Rai  avoient  été 
Wlifièes  par  le  Comte  Louis  :  •  Il  dît  au  Roy  ifu'il  rspétoil  ung 
ijoar  luy  tuir  U  couronne  imperîalle  sur  la  teste.   Cela  ne  venoit 

p.&4*.  Mais  queliluit  le  motif  pour  l(t|url  iU  ■  fayioicnl  leur  compte 
•de  l'ealiie  Kay  dn  Romains?!  lU  le  vnyoieni  •icllemenl  ré- 
■  wla  à  la  cansxrvaiinn  de  son  Eilicl  de  p^icifît-aii'in  >  ^  Il  Taut 
diMwa'éa-ier  ici  encore:  eh.  ipioi  !  ayant  do  smb'ablrs  e-péwn- 
oM,  Cliarles  IX  aurait  pu,  avec  pri-iuédilatioii ,  les  rouler  aux 
pMa? 

Tout  Kmble  donc  prouver  que,  dans   la  pDlili(|iie  de  Charles 
IX,   la    >Sl   Barihélnny    fut   une   bnra -d'oeuvre,    une    anomalie, 

fiBte  lorsqu'un  Taîl  alleniiuti  à  ses  efforts  pour  en  oeulraliser 
les  rèsnllAla,  at  au  ebangcment  de  cooviuion  chcx  «cut.là   Mé- 


iSjS. 


•«•« 


-  270  — 

.  .  a  d%uîeDt  pas  ajouté  la  moindre  fol  aux  protcs* 

.  .1  celles  de  ses  négociateurs. 

>^^«.  la  Hetne-roère  et  le  Duc  d'Anjou  écrivent  à  Sdio»- 

^WM*  voulons  estraindre  la  négoci-ition  plus  que  jamtîs;» 

.^  -.  |.  — De  telles  assurances  trouvent  pi^oinptement  quelque 

■  L«à  dépêche  de  Y.  M.  du  i3  sept,  nous  a   inliniinent  »frfi 

^^.  ououvir  la  volonté  i^e  TËlecteur  de  Saxe  et  tc-s  cueurs  de  ta 

H  .«oMnlIers:  t  n.°  23.  «  Le  cueur  des  PrincfS  sont  bien  cliangiéi, 

:uau  j*ei»pèrc  que  le  temps  et  le  sage  ad  vis  de  leurs  AL  raccon- 

.  luodtfrunt  touct  :  »  d."  1 9. 

Ci*|MNidaot ,  durant  plusieurs  mois,   tout  demeurrt  Snterrompa. 

\  En  mars  les  pourparlers  avec  le  Comte  Louis  recommcoccBL 
Ni  lui,  ni  le  Landgrave  Guillaume,  ue  considèrent  plus  la  Sl  Bar* 
lliélemy  comme  un  guet  apens.  c  Le  Landgrave  juge  bien  pli» 
«aainement  qu*il  n'avoit  faict  par  cy-devani  ;  à  quoi  a  beaucoup  servi 
»le  tesmoignage  du  Conte  Ludo\ic(|,  lequel  ;d('puisque  le  Seigoenr 
»de  Frégouse  et  moy  l'avons  bien  combattu  à  Francforl)  dîct  calrc 
i»a.sscuré  par  lettres  et  de  bouche  que  ce  n'a  pas  esté  chose  préniédt- 
•  tee  de  V.  M.  ny  pariy  projeclée  avecques  quelque  autre  Prince 
«estrangiers.  »  — •  Il  s'agit  de  secourir  le  Prince  d'Orange  et  de 
mettre  la  Hollande  et  la  Zélande  sous  la  subjeclion  du  Roi. 
Schonberg  attache  avec  raison  la  plus  haute  importance  à  cette 
affaire:  <•  le  repos  du  royaulme,  la  seureté  de  T  Estât ,  la  ruiné  da 
«capital  ennemi  du  Roy,  la  vengeance  du  tort  qu'il  faict  à  Moo- 
«seigneur  ;le  Duc  d'Anjou},  Testroicte  et  feinie  alliance  des  Princes 
»d* Allemagne»  la  subveision  de  touts  les  desseins  de  la  Maiioa 
vd'Austriche,  et  le  comble  de  vos  désirs  est  entre  les  mains  de 
>»V.  M.:»  A.  n.°0. 

Schonberg  et  le  Comte  dressent  les  articlin*  (\u  Traité.  Nom 
en  avons  trouvée  Paris  la  rédaction  telle  que  le  Comte  IVovoyst 
son  frère  par  sa  lettre  du  37  mars  (p.  i  iH).  Quand  on  la  coak> 
pare,  p.  44*,  aux  articles  que  le  Prince  mit  en  avant  p.  1 1<»  sq^^'i 
on  voit  une  grande  différence.  Dans  ceux-ci  il  n'est  plus  parlé dt 
subfeclifm ,  mais  de  recevoir  «  le  Roy  |>our  proteeleur  et  dél 


—  271  — 

•etanl  gouveniez  par  Seigneurs  et  GentiUhomroes  da  Pays-Bas»»   i573* 
Il  n*est  plus  question  de  conlraindre  le  Prince  à  accomplir  les  con-  l^ovembre* 
v«otions,   et   a^ant  tout  on  exige  que   «le   Rot  face  paix  avec  ses 
Bsubjecls  et  leur  nieite  la  religion  libre.» 

Les  choses  trainoient  en  longueur,  surtout  au  gré  du  Comte, 
îoqMitient  de  satisfaire  aux  appels  réitérés  du  Prince  d'Orange  et 
lie  venir  au  secours  de  la  malheureuse  et  héroique  ville  de  Haerlem: 
■  Ha  commandé  de  me  dire  librement  que  les  affaires  du  Pays-Bas 
«sont  en  tel  estât  que,  pour  la  longueur  du  Rov  en  sa  négociation  y 

•  OD  sera  contrainct  de  prendre  parti:  •  n.^  60.  Le  3  mat  le  R<n 
écrit  qu*il  a  redépcché  Frégose:  A,  n.^  54;  maïs  U  réponse  ne 
fat  pas  satisfaisante.  C'est  après  son  retour  qu*est  écrite  la  remon- 
trance du  Comte  Louis,  envoyée  an  Roi  de  France  par  le  Sieur 
dcCbasteliier:  n.^62.  Cette  pièce,  extrêmement  remarquable,  mon- 
tre que  le  Comte ,  bien  qu'il  n*en  eut  pas  fait  mention  expresse 
dans  les  articles  susdits,  avoit  fait  entendre  que  y  si  la  paix  n'étoiC 
rétablie  en  France  et  TEdit  de  Pacification  remis  en  vigueur,  il 
étok  inutile  de  négocier  avec  les  Protestants  étrangers.  Le  Roi  se 
Irouvoit  oiTen«sé'par  cette  conditiasine  quâ  non.  <«  P^r  Frégose  le  Comte 
•airoit  entendu  que  S.  M.  voutloit  te  tout  interpréter  comme  si  on 
»luy  voulloil  donner  loy  en  son  royaulme:  »  p.  8a*.  Et  en  général 
il  paroil  que  le  Roi  s'éloit  abstenu  de  toute  détermination  positive, 
ttquele  Comte  étoit  fort  mécontent  d«  tant  d'irrésolutions  et  de 
retards. 

Toutefois  ces  hésitations  s'expliquent  assez  aisément. 

Certes  l'offre  du  Comte  n'éloii  pas  à  dédaigner.  Jaloux  de  l'Es- 
pagne, le  Roi  n'avoit  rien  épargné  pour  susciter  et  entretenir  des 
troubles  dans  les  Pays-Bas.  Il  ne  redoutoit  rien  autant  que  la  paix 
entre  Philippe  II  et  ses  sujets.  St.  Goard  conseille  au  Roi  d'Espagne 
«de  n'entendre  jamais  à  la  paix  aveques  le  Prince  d'Oi-enge:  » 
▲•  n."*  ai  «Le  Roi  d'Espagne  ,  »  écrit  Charles  IX  à  Schonberg  , 
»cogDoit  clairement  que  ,  s'il  peut  une  fois  terminer  les  troubles  , 
i^et  me  laisser  seul  en  ceste  dance ,  il  aura  loysir  et   moyen  de  si 

•  bien  establir  son  auctorité ,  non  seulement  es   Pays-Bas  ,   mais 


—  272  — 

1573.  »  ailleurs  qu'il  se  rendra  plus  grand  el  formidable  qo*il  d's 
ovembre.  »po»"cl  esté:»  p.  33*.  -  Il  éloit  d'autant  plus  préoccupé 
de  cette  idée  quM  lui  venoit  de  plusieurs  côtés  des  ooavflks 
sur  la  probabilité  d'un  accord.  Le  Roi  d'Espagne  y  paroiasoit 
disposé;  p.  4^*  ^n  J,\  et  on  l'y  engageoit  de  toutes  parts:  A. 
u^  6o.  Le  Comte  Louis  disoit  •  rondement  que  •  sans  uoe 
prompte  résolution ,  «  il  n'est  eu  sa  puissance  d'empêcher  le 
»  Prince  son  frèro ,  ni  les  Ë^las  de  Hollande  et  Zélaode  qa*ib 
»  n'y  entendent:  •  p.  52*^.  D'ailleurs  il  éloit  possible  que  Philippe  H 
fit  des  concessions  importantes  à  ses  sujets,  a6n  de  persuader  tki 
»  Princes  à  l'eslire  Empereur  »  ;  on  disoit  qu'il  avoit  déjà  fait  cod- 
noitre  ses  intentions  à  cet  égard:  A.  n.^  34*  ■ —  Partout  Charles  IX 
rencontroit  le  même  rival  :  en  Pologne  Philippe  II  favoriaoit  l'Ai- 
triche  ;  il  vouloit  «  moyenner  avec  l'Empereur  le  mariage  de  b 
»  Re}ne  d'Angleterre  et  (|u  Roy  de  Hongrie  son  fils;  »  p.  Bg*,  et 
accusoit  le  Roi  de  France  auprès  d'Elizabeth  :  A.  n.^  6o.  Celui-ci 
s'appercevoit  que  les  Espagnols  «  ne  l'eussent  seullement  esloigaé 
»  et  distraict  Tamytié  de  la  Roy  ne  d'Angleterre  ,  et  des  Princes  d 
»  Cantons  Protestans,  mais  ils  se  la  fussent  acquise  et  asaeurécà 
1»  son  dommaige.  ..  »  p.  29*.  On  rapporloit  des  propos  meoaçaoti 
du  Duc  d'Albe  ;  l'Espagne  pouvoit  attaquer  la  Fiance  du  côté 
des  Pays-Bas:  p.  60*.  — -  Puis  on  redoutoit  le  Comte  Louis» 
Qui  sait  si ,  aussitôt  que  les  Pays-Bas  seroient  pacifiés  ,  il  n*iroit 
pas  se  joindre  aux  Huguenots?  Ceci  sembloit  fort  à  craindre: 
p.  61*:  c'est  bien  là  «t  le  dangereux  orage  qui  pouvoit  tomber  «tf 
les  bras;  »  p.  42** 

Mais  par  contre  ce  n'étoit  pas  chose  de  peu  de  conséquence  ^ 
briser  ouvei  tement  avec  l'Espagne.  Ses  (orces  étoient  redoutables; 
son  alliance  point  à  dédaigner.  Cette  rupture  sem  loît  sortoat 
dangereuse,  aussi  longtemps  que  le  parti  Réformé  seroit  en  anMi; 
par  elle  on  relevoit  les  espérances ,  on  doubluit  les  forces  des  Ha- 
guenots.  Schonberg  écrit  le  2G  mai:  c  Je  maudis  du  meilleur  (hi 
»  cueur  la  tiès  méchante  et  très  malheureuse  rel>elle  opiniastrHédci 
vRochcllois,  tant  elle  me  faict  de  mauU  ;  et  je  pense  bien  ipM 
»  celle  là  est  aussy  cause  qu'on  ne  se  résould  point  de  l'aflaire  da 
j»  Conte  Ludovicq:  »  A   n.**  6  t. 


—  273  — 

4.  La|MÛx  se  oonclul;  tout  change  do  face,  et,  comne  en  1570 ,   iSji. 
neoées  contre  TEspagoe  repreooenl  leur  cours.    Immédiate-  NoTeadbre, 
t  Charles  IX  se  monire  mieux  disposé  pour  le  Prince  d'Orange, 
«r<     dans  un  Mémoire  au   Comle  Ixiuii  écrit  a  celle  occasion,  on 
e«*9ge  oeluiHii  à  remeirier  le  Roi  de  la  lionne  <<  an'eciion  qu'il  fait 
»  paroîstre  pour  le  bien  des  arPaires  des  Pays-Bas  :  •  p.  i64- 

Depuis  ce  traité ,  bien  que  peu  satisfaisant  sous  plusieurs  rap* 
p«»rls,  les  Princes  Protestants  d'Allemagne  prêtent  de  nouveau 
I  '«oreille  aux  propositions  de  Charles  IX.  Il  y  a  des  détails  curieux  à 
égard  dans  une  lettre  fort  intéressante  de  Schonberg  au  Comte 
r  Rets:  n.^  71.  «La  paix  nous  sert  inGniment  •  p.  111*.  «Je 
Taj  jamais  esté  veu  de  meilleur  oeil  >  ù  Heidelberg:  p.  ii4\ 
ilool  00  se  montre  prêt  à  resseiver  les  liens  que  les  derniers 
vocoMots  «voient  presque  bribes.  l/£lecteur  Palalin  et  même 
Xaodgrave  ,  malgi'é  sa  répugnance  ,  se  di>po:^ent  à  recommander 
Dac  d'Aiinicon  au  3^   bonnes  givces  d^Ëlixabelh  :  p.  iiù*/.'iyi, 

Xe  Comte  Louis  h'eniploye  a\ec  zèle  aux  inlêfVis  de  h  France. 

^st  surtout  aussi  par  son  entremise  qu'on  remet  réieclioo  d^un 

i  des  Romains  sur  le  lapis.  Dans  sa  lettre  à  S.  Biug  ,  confi* 

t  du  Landgrave,   il  est  question,  d*al>ord   d'un  Prince  Pro- 

;  ensuite  de  la  Maison  de  Valois:  mais  la  Ck>ur  de  ["rance 

ialloit  qoe  la  première  alternative  ne  se  réaliseroit  point:  on  esc 

»  tl«Nitasseiure7,  »  écrit  Schonberg,  «  que  les  Princes  s'accurJeiont 

*  ^«MÎ  peu  de  prendre  ung  d*enlre  eulx ,  comme  les  Pouluooois  se 

**oat  pea  accoi'dé  à  prendre  ung  Piaste:  •   p.  iio^.  —  Il  n'est 

difficile  de  démêler   les  motifs  du  Comte:  on  devoit  se  défier 

Charles  iX,  et  certes   il   ne  lui   accordoit  pas  une  confiance 

^^lée;aiais  Mazimilien  11  avoit  peu  favorisé  le  Prince  d*Orange; 

^*'*  cnigooit,  relativement  au    Papisme,    les   dispositions  de  la 

'^^îsofi  de  Habsbourg;   il  sembloit  facile  d'imposer  à    une  Fa- 

^^^ ,  étriDgère  en  Allemagne  ,  des   conditions  favorables  à  ceux 

f^*"  <|ai  elle  aoroit  obtenu   le  comble  de  ses  désirs:  on  poovoit 

espérer  Taboliiion   du  resenuiUun  Ecclestasticum ;  et  c*cst 

• 

t  ce  qu'on  doit  entendre  par  le  paroles  du  Comte 
^*^^mit  que  <l«iis  cette  affaire  il  faut  tâcher  avant  tout,  non 

4  18 


—  274  — 

l57J.  seulement  de  conserver ,  mais  encore  àe  propager  \m  pure  dbo* 
ovembre.  ^^^^^  ^^  '^  Parole  Evangélique:  p.  io6\  Ces  raisons,  jointes  ai 
changement  d'opinion  sur  U  8l.  Barthélémy  ,  etpliqueDt  comnciit 
un  projet ,  qui  avoil  sans»  doute  aussi  des  côtés  dangereui  poor 
rAllemagne ,  a  pu  être  si  vivement  goûté,  précisément  par  da 
Princes  qui  mettoient  en  première  ligne  les  intérêts  de  la  rdigion: 
«  Le  Conte  Palatin  et  son  fils  désirent  estre  résolus,  et  ce  le  plus 
w  tost  qi.e  faire  ce  pourra,  des  conditions  que  le  sang  de  France 
»  veult  que  ses  amys  proposent:  p.  i  lo^  in  f. 

De  son  côté  la  Cour  de  France  semble  ne  plus  hésiter.  Scbooberg 
remet  cent  mille  écus  au  Comte ,  un  pur  don  du  Roi.  Le  Seigneur 
de  Lumbres  lui  écrit:  «Le  Sieur  Frégose  me  mande  qa*îl  ne 
»  faict  double  que  la  promesse  ne  se  garde  et  que ,  si  elle  est  re- 
»  tardée  ,  ce  sera  pour  le  peu  de  conte  que  les  Princes  ProCcstaBS 
»  et  vous  en  faicte  ,  comme  «y  elle  ne  fut  aggréable  :  »  p.  198.  Et 
Scbonberg  :  si  la  chose  ne  réussit ,  «  il  ne  tiendra  dorf  snavant  qa*À 
>«  vous  autres:  >  p.  207.  — St«  Goard  écrit  au  Roi  :  t  Puisque  le 
>  temps  est  que  par  négoliations  ou  praiicques  plus  que  paranacs 
«Ton  achève  de  grandes  enlreprises  ,  il  fault  que  V.  M.,  qoi  a 
n  Tune  et  Tautre  en  la  main  ,  par  force  et  raisons  se  face  Moiiar((oe 
»  du  monde.  »  p.  qS*.  Et  en  effet ,  Charles  IX  ,  réconcilié  atec 
ses  sujets  ,  ne  craint  plus  l'Espagne  et  croit  pouvoir  donner  va 
libre  cours  à  ses  desseins. 

Il  semble  vouloir  rallier  autour  de  soi  tous  les  ennemis  de 
l'Autriche  et  de  TEspagne.  Ses  négociateurs  déployeot  la  pla» 
grande  activité.  Ils  ne  s'épargnent  pas  auprès  des  Princes  Pith 
tfstants.  Réveiller ,  exciter  les  uns;  encourager,  soutenir  l«i 
autres;  former  des  relations  nouvelles,  se  procurer  partoat  do 
intelligences  ,  méditer  des  surprises ,  faire  des  levées  ,  toot  b 
préparatifs  d'une  grande  lutte  sont  à  Tordre  du  jonr. 

On  négocie  secrètement  avec  l'Electeur  de  Cologne.  La  pemioa 
est  déjà  fixée  qui  devra  payer  le  changement  de  sa  politique:  ^ 
i3o*,  in  f.  et  279,  inf. 

Pour  le  moment  l'affaire  principale  ,  l'affaire  urgente  est  le**- 
cours  que  réclame  le  danger  toujours  croissant  de«  Pays-Bas%  (* 
est  disposé  à  aider  le  Prince  d'Orange,  de  concert  avec  les  Priacft 


—  275  — 

dTAIleoMigne  y  et  à  leur  choix,  soit  oaverlement ,  soit  en  secret  iS^S. 
(p.  «79';  et  c'est  la  Cour  de  France  qui  promet  les  sommes  neces-  Novembre. 
Mires  pour  Texpédilion  que  préparent  le  Comte  Louis  et  le  Dur 
Christophe,  fils  de  l'Electenr  Palatin  :  p.  g6*. 


choses  en  étoient  là  lors  de  Tenlrevue  de  Blamont.  Char- 
les IX  ne  put  y  assister.  Il  étoit  tombé  malade  «  sur  son  chemin  à 

•  Nancy  »  Cnptfig.  III,  3o8.  Celle  maladie  devoit  éveiller  des 
soupçons:  Mém.  de  l'Bisi.  iie  Fr.  ^S  ^  p.  2/|i ,  sqq.  et  ci  après , 

Non  seulement  le  Roi,  mais  les  divers  partis  qui  divisoient 
sa  Cour,  si  l'on  excepte  les  Guise,  favorisoient  ou  da  moins 
scmbloient  tous  favoriser  le  Comte  Louis. 

Il  paroit  que  la  Reine-mère  eut  des  conférences  avec  lui:  elle 
désîroil  le  détourner  de  la  France  en  lui  donnant  de  l'occupation 
•illears.  D'après  une  déposition  du  Comte  de  Coconnas,  «  h  Royne 

•  el  le  conseil  secret  craignans  que  le  Comte  Ludoviq  et  le  Duc 
»  ChrîstoQe  n'eussent  quelque  intelligence  en  France  pour  y  amener 
»  lears  troupes,  et  par  le  moyen  des  Huguenots  et  politiques,  faire 

•  quelque  changement ,  ne  trouvèrent  meilleur  expédient  que  de 
»  destourner  ceste  nuée  loin  de  leurs  têtes.  »  jirch,  Cur,  8,  p.  i35. 

De  TAoi/^  prêt  end  en  outre  que  Catherine  ne  pouvoit  se  séparer 
4m  ion  fils,  qui  lui-même  (surtout  vu  l'état  maladif  du  Roi  de 
France)  n'étoit  nullement  pressé  de  se  rendre  en  Pologne,  et 
qoe  D  osant  pas  irriter  Charles  IX  qui  avoit  juré  que ,  ou  lui,  ou 
aoo  frère  devoit  partir ,  on  songeoit  sérieusement  à  mettre  Henri 
k  la  tête  de  l'expédition  des  Pays-Bas.  La  Reine  auroit  fait  traiter 
à  ce  sujet  avec  le  Prince  d'Orange  et  avec  le  Comte:  Bisi.  p.  968 , 
973.  cNegotium  eo  produxit  ut  condiliones  utrimque  perscriptae 
«sint:  1  p.  968.  D'.-tubignc  dit  également  que  le  Duc  d'Alençon 
prit  ta  place  de  son  frère  au  traité  des  Pays-Bas  ;  II ,  1.  2 ,  p.  i  la. 

Ceci  est  peu  vraisemblable.  Le  Duc  d'Anjou  n'eut  pas  désiré 
laisser  la  Pologne  à  l'abandon  ni  surtout  se  brouiller  entière- 
■aent  avec  l'Espagne;  mais  en  outre  ni  en  Allemagne,  ni  dans  les 


—  27fi  — 

iSjS.  Pavs-Bas,  on  le  désiroit  pour  Chef;  lui  préféraot  de  bamooop 

ivenibre.  le  Oiic  d*Alençon:  p.  112.    il  avoil,  du  moins  il  avoit  eu  beaucoup 

de   bonnes  qualités»    t  Je  lo.   veux  dépeindre,»   écril   le  Duc  de 

Bouillon  à  son  (ils,  »  ce  que  le  Duc  d*Alcnçon  esloil  de  shmi  oaUirrl 

>  lors ,   et  par  la  suite  de   ce  discour;»   lu  verras  comme  il  estoit 

»>  changé...;  d'une  stalure  moyenne,  noir,  le   leint  vif,  les  trait» 

»  du  visage  beaux  et  fort  aggréables  ,  un  esprit  doux,  el  fort  bats- 

V  sant  le  mal  el  les  mauvais,  aimant  la  cause  de  la  religion,  b 

»  compréhension  de  ce  qui  lomboit  sous  ses  sens  fort  lionne ,  d'une 

»  conversation  familière  ,  ne  luy  paroissant  aucune  cholère.»  Ce- 

toit  sur  lui  que  les  Protestants  fondoient  leur  espoir    II  paroU 

que  le  Comte    ne   put  renlrelenir  en   particulier  :  voyez  p.  %Su 

De    Thon   raconte  qu'il  vouloit  lui    donner    le   commaiideaMiit 

de  la  guerre  de^  Pays-Bas:  «Cum  eo  Klamontii  ia  arcaoo  cgerat 

»  et   eum   Bello  Belgico  ducera  magis  idoneum  ratus,  clam  Rt- 

»ginây  consilia  in  occulto  agi(avera(:  •    /./.  p.  977.    Ou   lit  daoi 

rinlerrogatoire  d'un  serviteur  et   confident  du  Duc  d*Aleoçoo: 

«  Le  Comte   Ludovic  avoit  promis  de  se  venir  joindre  avec  Ici 

»  troupes  de  France  et  semblablement  le  Duc  Chrislofle Le 

»  Comte  oITrit  son  service  à  Monsieur  le  Duc,  et  lea  choses  se 
»  passèrent  ei»  telle  sorte  que  ledit  sieur  pensoit  se  retirer  avec  ce 
»  Comte  el  faire  quelque  chose  de  bon  plus  commodément  piiii 
»  après  pour  la  pacification  de  France:  ••  JrcA,  Cur.  8,  p.  i33y 
i35.  Apparemment  ceci  se  passuit  par  personne  tierce,  pour  ne 
pas  éveiller  les  soupçons  de  Catherine.  Le  Duc  de  Bouillon  écrit: 
t  A  Blamonl. .. .  le  Comte  Ludovic  fit  parlera  Monsieur (1)  Ta 
V  rant  de  son  affec'ion  ,  el  qu*il  espéroil  bientost  avoir  une 
»  sur  pied  pour  le  servir  ;  cela  fut  accepté  el  prit-on  intelligence 
>»  avec  luy  qui  se  debxoit  entretenir  par  Tenlremise  de  Monsieur 
u  de  Thoré,   avec  lequel    il  avoit  eu  communication  avant  la  SL 

»  Barthélémy,  lorsqu'il  alla  à  Ten  rcpri:>ede  Mons»  [Mém,  lelaùji 

^ 

{^)  fif  p.  à  M,  C'est  ainsi  que  nous  avons  corrigé  d'après  le  MS» 
(P.  D.  8a}.  Dans  l'imprimé  on  lit  :  «  le  Duc  Christophle  accooH 
>  pagné  du  Comte  Louis,  vinrent  trouver  le  Roi  de  Pologne, 
»  l'asseurer ,  etc.  » 


—  277  — 

^  FHisU  de  Fr,  48 ,  p.  32  ,  inf,  et  sq^  On  pré vo} oit  la  mort  de  i573. 
4!^luirles  IX,  el  il  s*agissoit,  d'après  les  Intentions  de  plusieurs,  d*as-  I^ovenibriL 
jeurci'  la  Couronne  au  Duc  d'Alençon.  Coconnas  dépose  qu*ayant 
dliC  au  Comte f  qui  lui  louoil  c  grandement  la  vertu  de  l^lonsieur 
»  le  Duc,  Que  pensez  %ous  faire?  Guidez  vous  venir  à  bout  de  la 
»  France  et  de  TEspagne  en  un  coup?«...  Que  voudriez  vous  faire 
M  à  ceste  heure  que  n*avez  ni  villes  y  ni  chefs  ?»  le  Coinle  lui 
répondît  qu*on  n*avoit  c  point  faute  de  chefs  des  plus  grands  et 
ailes  principales  villes:  »  Arch,  Ciir,  8 ,  p.  i33.  Et  c'est  à  cela 
^ue  se  rapporte  également  la  question  :  «  Si  Monsieur  de  Mande  a 
»  pas  dit  à  Monsieur  le  Duc  que,  puisque  le  Roy  de  Pologne  estoit 
»  couionoé  Roy,  il  ne  reviendrait  plus, et  que  luy  ne  pouvoit  faillir 
»  de  Testre  ?  •  Ibid,  p.  i32. 

Malheureusement  pour  le  Comte  Louis  qui ,  avant  louCes  chô- 
mes ,  Touloit  délivrer  les  Pays-Bas ,  on  s'apprétoit  déjà  à  remuer 
wnéaa^etn  France:  p.  a8o.  Les  Huguenols  et  les  politiques,  parmi 
lesquels  se  trouvoit  la  puissante  Maison  des  Montmorency,  faisant 
^lose  commune ,  vouloienl  proBter  ,  el  sans  délai ,  du  départ  de 
Heori ,  pour  écarter  la  Iteine-mère  des  affaires ,  et  soumettra  le 
^oi  à  l'ioluence  de  celui  qn^ils  preooient  pour  chef. 

J«e  Duc  d'Alençon  croyoit  déjà  tenir  le  gomtrnemeitî  comme 
^voit  son  frère  fp.  281)  ;  «  vull  habere  easdem  dignitates  et  praero- 
»gativas  quas  fraler  aole  discessum  habuit,  quae  sane  fueruot 
«  maaimae:  nam  fuit  locum  tenens  geueralis  Régis  et  Regià  aucto- 
»  ritate  ubique  in  Gallià  imperabal  :  ila  ut  re  ipsâ  videretur  esse 
»Rex;  altrr  nomine  lanlum:»  Lans^,  Ep,  secr,  I,  p.  22a.  Caihé- 
fine  traversa  ce  dessein  :  >  Met  us  incessera  t  Régi  nam  ne  Alenço- 

•  DÎus  se  injurio&e  spretum  hactenus,  dum  Henricus  fraler  in  Gallia 
«esset,  in  occulto  conquesius,....  ope  Navarri ,  Condaei,  Mo- 

•  Bioraofiorum,  el  Arluri  Cossaei....    novos  moins  in  Gallia  sere- 

•  rei,  et  ipsam   penilus  a  publicà  rerum  adminislralioiie  remove- 

•  ret;....  quod  evenlurum  meluebat,  id  quabi  jam   faclum   Regî 

•  insosorrat,  ni  euni  a  fralre  alienarrt ,  el  efriceret  ul  amplissimum 
»  îd  munus  Carolo  Lolbaringiae  Duci  geneio,  sub  quo  rerum 
»  se    potituram  sperabat,  a  Rege  deferretur.  «    Thuanus,   Hist, 

p.  97"»  *«/ 


—  278  ^ 


t  LETTRE  CDLVI. 


iSyS.  Le  Comte  Louis  de  Nassau  au  Prince  d'Orange.  Entrevut 

(cembre.       de  Blâmant:  bonnes  dispositions  des  Bois  de  France  et 

de  Pologne ,  du  Duc  d"  Al  encan  et  deà  Princes  JT  Alle- 


magne, 


Monsieur ,  je  ne  double  pas  que  ne  soyez  bien  esbahj 
de  ce  qu'il  y  a  longtemps  que  n'avez  eu  de  noz  nou^dles^ 
mays  j*espère  que  vous  serez  satisfaict  en  cela  par  les  rai- 
sons qu'entendrez  cy-après.  C'est  qu'ayant  eu  advisde 
France  du  passage  du  nouveau  Gouverneur  pour  aller 
au  Pays-Bas  ,  et  du  pacquet  qu'il  porte  avec  soy  plain  de 
tromperies  soubz  une  proposition  de  paix,  fut  advisé 
par  Monsieur  l'Electeur  Palatin  et  aultres  de  prendre  re- 
solution de  tascher  à  l'attrapper  en  chemyn  ;  et  pour  ce 
ayant  donne  ordre  à  ce  qui  sembloit  estre  propre  à  cesl 
effect,  je  m'acheminay  incontinent  à  Heydelberg  où  j'en- 
tendis que  le  dict  Gouverneur  estoit  passé  en  grande  di- 
ligence et  arrivé  à  Thion ville  avec  cent  chevaulx  seule- 
ment, à  cause  de  quelque  soupçon  qu'il  avoit  de  ce  cosié 
icy.  Parainsy  ceste  entreprinse-là  estant  rompue,  Moo- 
sieur  l'Electeur  Palatin  me  pria  instamment  d'aller  jusques 
sur  la  frontière  de  France  vers  la  Royne,  mère  du  Roy,  et 
le  Roy  de  Poulongne  qui  y  venoit  pour  passer  en  son 
royaulme  (comme  de  faict  nous  l'avons  desjà  conduict 
jusques  à  Hannau  (i),  d'où  il  est  party  aujourdhuy),  affin 


(i)  Hannau,  Non  pas  jusqu'à  Heidelberg,  comme  le  dit  itJit- 
hignéy  Hist.  Univ.  II,  109. 


—  279  — 

de  voir  s'il  se  pourroit  conduire  quelque  chose  de  bon ,  iSyS. 
tant  pour  lappuy  du  dict  Seigneur  Electeur  (duquel  TEin-  Décembre, 
pereur  tasche  de  se  vanger  par  tous  moyens  à  cause  du 
bruftlement des pouidreset aultres choses),  que  aussy  pour 
le  secours  du  Pays-Bas.  Ce  que  je  ne  luy  ay  peu  refuser, 
veu  le  pied  dont-il  marche  en  tout  ce  qui  tous  touche. 
Et  pour  vous  en  dire  en  peu  de  parolles ,  après  avoir  eu 
[fourné]  cela  à  bon  escient ,  enfin  le  Roy  de  France  a  pro- 
mys  d^embrasser  les  affaires  du  dit  Pais- Bas,  aultant  et 
aussy  avant  que  les  Princes  protestans  les  vouldront  em- 
brasser, en  quelque  sorte  que  ce  soit,  ouvertement  et 
aultrement,  et  sans  mectre  en  compte  Targent  qu'il  vous 
a  desjà  fourniz.  Le  Docteur  [Emius']  et  Zuléger  sont  icy 
avec  moy  exprès  pour  aller  ensemble  jusques  chez  le 
Landgrave ,  voir  si  on  le  pourra  faire  entrer  en  mesme 
'résolution,  à  laquelle  le  Roy  de  Polongne,  tant  en  son 
nom  et  pour  son  royaulme ,  que  comme  député  du  Roy 
de  France  son  frère ,  veult  bien  entendre.    Nous  espérons 
y  trouver  le  Duc  Jéhan-Casimir  de  retour,  qui  nous  ap- 
prendra en  quelle  disposition  il  a  laissé  Monsieur  TElecteur 
de  Saxe,  duquel  nous  avons  de  jour  en  jour  meilleure 
espérance.    Vous  pouvez  estre  asseuré.  Monsieur,  que 
▼oz  affaires  se  portent  mieux  en  Alemaigne  qu'elles  ne 
feirent  jamais ,  et  que  mes  frères  et  moy  ne  passons  une 
seule  minute  de  temps  que  ne  l'employons  à  les  advancer 
tant  qu'il  nous  est  possible.    Quant  à  TEvesque  de  Colon- 
gne ,  il  est  en  bon  chemyn ,  Dieu  mercy  :  mon  frère  le 
Copte  Jehan  le  va  trouver  d'icy,  suivant  les  lettres  qu'il 
a  receues  de  luy.  Nous  ayons  faict  en  sorte  que  le  Roy 
de  France  luy  donne  seize  mil  livres  de  pension  et  qu'il 

'  Ehem  {EkenUus), 


iSyi.  luy  en  advance  une  année  de  sis  mil  e'c»i*,  o^r^n  que  dr* 
Décembre,  cesie   heure    il  cfuitle  du   tout  le  paily  dT.:»pione.  !.••« 
Princes  sont  bien  détîbéi*ez  de  le  maintenir,  Evescfiie  et 
marié,  encores  que  son  Chappistre  le  voulsist  empescber; 
à  quoy  le  R<jy  de  France  luy  promecf  d'employer  tous  ses 
moyens,  comme  aussy  V£lecteur  de  Saxe  en  a  faict  pa- 
reille déclaration.  Touchant  l'argent  que  demandez,  nous 
mectrons  peine  de  le  vous  envoyer  le  plus  secrètement 
que  nous  pourrons,  pour  éviter  à  tous  inconvénîens,  et 
trouverons,  si  Dieu  plaist ,  le  moyen  de  le  faire  par  une 
yoye  plus  courte  et  plus  seure  (jue  celle  de  Brémen  ou 
d*£mbden.   J'ay  receu  en  ce  chemyn  voz  lettres  (i)  oà^^iO 
vous  faictes  mention  des  entreprinses  et  nommément  d 
celle  de  Maestricht,  à  laquelle  nous  avions  desjà  donn 
ordre   louchant  les  soldats  François;    mais  une   rbo 
vient  en  cela  assez  mal  à  propos ,  qu'on  est  prest  de  i-e 
muer  mesnage  en  France,  qui  est  cause  que  les  soldat=^ 
que  je  pensoîs  avoir,  tirent  en  divertz  endroîclz  dec"^ 
cartier-là.  Nous  sommes  après  pour ,  en  cas  que  fussî<*-  3 
engagé ,  comme  nous  mandez  (a)',  trouver  au I très  moyens  t 
et  espérons  bien  vous  dégager,  encores  qu'il  n*y  eust  p^*^ 
ung  seul  soldat  Francoys.  Pour  cela  vous  prions  de  noi.«  * 
faire  advenir  à  toutes  heures.  Nous  avons  advisé  quel^s 
villes  et   pais  qui  sont  prins  par   U'  moyen  du  Roy  cl*^ 
France  et  des  Piinces  d  Aleaungne,  soient  mys  soubz  1^ 
subjeclJon  de  T empire ,  iilïin  d'attirer  loii s  les  Princes»   ^ 
embrasser  vostre  caus(î  et  d'empêcher  que  lennemy  puis^^" 
plus  tirer  de  [forces]  de  ce  costé  icy.  Je  vous  puisasseurs  v  •» 

(i)  l'oz  lettres.  Voyez  la  lettre  45 1. 
(a)  mandez.  Voyez  p.  241  ,  în/.  et  sq^ 


—  281  — 

Mooflieiir ,  que,  ce  voyage  icy  achevé,  je  rae  hasieray  tant  1570. 
<lu'il  me  sera  possible  de  vous  aller  voir ,  soït  en  petite  Décembre. 
ou  grande  compaigny.  J  ay  veu  Monsieur  le  Duc  d'Alen- 
eon,  lequel,  ine  pressant  la  main,  m*a  dict  en  Tomlle 
qtie, ayant  à  ceste  heure-cy  le  gouvernement  comme  avoîl 
son  frère  le  Roy  de  PoUmgne,  il  s'employera  en  tout  pour 
▼ous  seconder.  Je  sçay  par  aultre  voye  qu*on  peult  bien 
re  estât  de  sa  fidélité  et  bienveillance ,  r|ui  ne  nous  est 
s  ung  petit  advantage.  Si  Dieu  veull  que  la  France  et 
iat  Poulongne  ensemble  facent  ce  qu  iiz  promectent ,  il  y 
aura  moyen,  à  mon  advis,  de  merveilleusement  bien 
aocommoder  noz  affaires. 


+  LETTRE  CDI.VII. 

Prince  d Orange  aux  Comtes  de  Nassau.  Af jauges 
de  Zilande:  siège  de  Leide.  Nécessité  dun  prompt 
secotiTS, 


*^*  Le  premier  siège  de  Leide  dura  depuis  le  3o  octobre  1673 
'■■•qu'au  ao  mars  167  4.  Après  le  dépari  de  Don  Frédéric ,  Fr.  de 
^ aidés  (p.  284]  coromandoil  les  Espagnols. 


Messieurs  mes  frères.  Le  ap]"*  jour  du  mois  passé  se 

P**t>îstdece  lieu  devers  vous  Hans  vostre  somelier(i),  par 

^H**cl  €t  t^»'  quelques  lettres  que  je  vous  ay  coup  à  coup 

^''^•'it  auparavant ,  vous  enLeodrcz  tout  lestât  des  affaires 

P^^  dechàjnsques  ;ilors,  et  mesme*;  comme  les  ennemis 

^«ivcrs  «»stoient  sur  le  piiinrlde  dcscendn*  en  Zeelarde , 

\^)  somefier.  Voyez  p.  aSa. 


i5ji*  avecq  tous  les  bateaux  qu'ils  avoyent  peu  équipper.  Et 
Décembre,  depuis  me  sont  venues  nouvelles  par  lettres  des  Gouver* 
neurs  de  la  Yere  et  de  ZiriciLzee ,  que  dimanche ,  a&*  jour  du 
dit  mois,  estant  Tenneniy  descendu  jusques  à  [Scbaftlinge  '  ] 
avecq  toute  sa  flotte ,  pensant  avecq  la  nouvelle  lune  se 
servir  de  la  commodité  de  la  haulte  mer ,  laquelle  il  sça- 
voit  que  s'en fleroyt  plus  que  d'ordinaire,  vint  passer 
Boomkreke ,  qui  est  entre  Rommerswale  et  Bergues  o| 
't  Zoom ,  avecq  54  navieres ,  tant  de  guerre  que  chargé 
d'amonitions  et  vivres,  qu'il  vouloit  mener  à  ceulx 
Middelbourch  ;  mais  en  estant  les  nostres  advertis ,  son^^^t 
le  lendemain  venus  rencontrer  l'ennemy  avec  environ  5i^     o 
bateaulx  au  lieu  où  le  dit  ennemy  s'estoit  ancré ,  qui  es^^s- 
toit  à  demye-lieue  près  du  dit  Ziericxzee,  duquel  lie       v 
l'ennemy  apperçevant  les  nostres  ,  s'est  incontinent  et        i 
toute  presse  mis  en  fuyte ,  estant  constrainct  se  sauvi 
au  havre  de  Bergues  op  Zoom ,  jusques  à  où  les 
l'ont  tousjours  poursuivy  fort  vifvement  et  tellement  qim^ 
l'ennemy  n'at  point  sceu  faire  passer  ung  seul  bâtes >i 
pour  ceulx  de  Middelbourch,  bien  que  .en  passant  iljecca 
six  cens  hommes  dans  le  dit  Rommerswael,    qui   800^ 
illecq  aussi  assiégés;  et  ont  depuis  envoyé  ung  tambourin 
vers  les  nostres  demander  grâce  de  povoir  sortir  leur* 
vies  et  armes  sauves ,  d'aultant  qu'ils  sont  hors  de  tou^ 
espoir  de  secours  :  mais  de  ce  que  sur  les  conditions  qu^ 
les  nostres  leur  ont  proposé  sera  succédé ,  je  ne  suis  co^ 
coires  adverty;  tant  y  a  que  l'espérance  est  ostée  à  ceul^- 
de  Middelbourch  et  d'Armuyden  d'estre  encores  de  long^ 
temps  ravictuiallés,  en  quoy  le  Seigneur  Dieu  nous  a  faî*^* 
ung  grand  bien  ,  dont  avons  matière  de  le  louer  ;  car 

'  SafUngeu. 


—  28:f  — 

CalH  cmtx  d«iVIiddeIbourch  tant  press«zde  vivres, cammC  iS^S. 
Je  mus  tmislels  Ion  me  mande ,  et  (|ue  par  nuciities lellres  Déoembrai  J 
des  ennemis  interreptés  par  les  nnstres,  je  cognoisso  asseï, 
j'espère  qu'ils  ne  pournmt  tenir  longuemenl ,  ains  ([bc  de 
lirieFT  b  ditte  \ille  avecqArmuyen  seront  à  nostrepoToÎp, 
c:hose  qui  pouira  apporter  qiiet(|iie  relasche  â  nos  labeurs; 
du  succès  sei'ez  adverty  par  le  premier. 

Depuis  ce  que  dessus,  me  sont  ce  joiird'IuiT  venues 
wnres  nouvelles  par  lettres  (i;  de  l'Admira)  de  Zeelande, 
que  par  composition  nos  gens  sont  rentres  au  dit  Ro- 
m«n«tael,estans  les  ennemis  sortis  leurs  vies  et  [ba^tie-i'] 
sauvés,  y  ayant  laissé  trois  bonnes  grosses  piécbes  d'ar- 
tilletye  et  toutes  les  pouidres  et  boulets  qu'ils  y  avoient 
■mené,  ainsi  que  verrez  pins  particulièrement  par  le 
douMe  de  la  lettre  du  dit  Admirai ,  qui  vatjninctement 
o«tc,  avecq  le  double  dune  lettre  (a)  que  Monsieur 
*le  Urauvois  escripvoit  au  Capiteyne  qui  estoit  au  dit 
Romerswaelc.  Je  loue  le  Seigneur  Oieu  de  tout.  Vous 
^Wei,  Messieurs  mes  frères,  comme  il  pinist  à  ce  bon 
*'*eu  bénir  nos  nrfuires  et  les  termes  ausquelz  elles  sont. 
*ous  pouvez  par  là  considérer  le  grand  soulagement 
10e  nous  pourrons  avoir  maintenant  par  un  bon  et  fort 
"^c^urs  ,*  qui  me  faict  prier  que  ,  s'il  est  aucunement  pos- 
••ble,  de  mettre  bientust  en  effect  l'enlreprinse  de  Mas- 
''*cht,  de  laquelle  le  Conte  Ludowick  m'a  cscript,quece 
^"  le  plus  bnefvcment  que  Taire  se  pourra,  afin  de  faire 
***i   passer  quelque  bonne  trouppe  par  dedi,    suivant 

(*)  LtttKi.   Voyei  la  lettre  45*. 
C«)  VMn.  VojezU  lettre  ^55. 


—  284  — 

iSjS.  que  par  deux  ou  trois  de  mes  précédentes  je  tous  ïïj  ^ 
écembrc.  escript,  ayant  espoir  asseuré  que  facilemenf  pai*  id  rooveir  -«^ 
nous  viendrons  au  boulr  des  ennemis,  <|iii  nous  pressent  :^ 
ic^  tousjours  de  plus  en  plus  et  taschent  par  touis  nKjven* 
de  séparer  les  villes  les  unes  des  autres;  parquoy,  derani 
que  nous  advienne  aulctin  inconvénient,  la  diligence  es^,^ 
plus  que  reijuise ,-  niesmes  pour  le  respect  de  la  vîlie  d^^»- 
Lajden,  laquelle  il  convient  entièrement  ravictailleE- -^ 
devant  que  nous  en  soions  de  tout  séparez  ,  estant  desjss:  ^ 
la  dicte  ville  de  Lavden  de  touts  coustelz  serrée:  voi 
priant  qu*à  ce  regard  me  mandez  librement  et  ouvei 
ment  s'il  y  a  apparence  de  pouvoir  effectuer  quelque  choi 
en  brief  ou  point ,  aKn  que ,  selon  cela ,  nous  nous  puù 
sions  régler,  et  sur  toui  qu'on  ne  se  laii^se  par  delà  abus 
pour  chose  [ni]  que  noz  ennemis  nous  pourront  faire 
tendie,fussedelapaix:ou  aultrement;  vous  asseurant q^jie 
ce  ne  sont  que  toutes  tromperies,  abusions  ei  fausetr^i 
pour  nous  prendre  à  la  pipée,  et  cependant  qu'ils  se  forto'- 
fient  d'autre  costé  nous  endormir  après  de  oostre  lujne, 
comme  par  une  lettre  que  m'a  osc-ript  encores  liîer  au  soir 
Francisco  «le  Valdès,  je  me  suis  fo!  i.  bien  apperseu.  Prcoa 
tousjours  l>ien  garde  de  quel  pietl  niaiTbe  TKvesquede 
Colloingnr,  v<»us  veuillanl  bien  diie  ouvertement  que» 
négociation  m'est  fort  suspect  pour  plusieurs  raisons; 
parquoy  je  vous  prie  cpie ,  sans  ai  rester  à  cela ,  vous  voas 
basiez  par  quehjue  nullre  bout  à  nous  secourir  devanl 
que  je  sois  icy  du  loiii  enserré....  L'.î>cript  à  Oelft,oe 
seiîond  décembre  i5*3. 

Par  les  grandes  et  excessives  el  trop  extraordinaire* 
cbargesquinoussurviennentde  jour  a  8(illre,les  dépense 
croissent  aussi  continuellement,  qui  nous  a  déporté  ui 


—  285  — 

extrême  courtresse  dargent,  voire  telle  que  je  crains  cela  i573* 
nous  causera  indubitablement  une  révolte  du  peuple  Déccmbr», 
croissant  le  dessus  et  altération  de  [)Urs en  plus,  pnr^noy 
je  vous  prie  de  inettie  pur  de  là  au  plustôt  ordre,  alin 
qu'il  y  soit  remédié  par  une  paix  ou  par  une  bonne  levée 
pour  nostre  secours,  n estant  aultiement  possible  de 
maintenir  plus  longtemps. 


t  LETTRE  CDLVIII. 

Pfu  de  Marntx^  Seigneur  de  St.  Aldegonde^  au  Prince 
d'Orange.  Il  insiste  sur  la  nécessité  d'entamer  des  né- 
gaciations  at^ec  le  Roi. 


*^*  Noîrcarmes  commaiidoif  en  DoUande  depuis  la  rapliiilé 
du   Crtmie  de  Bos^iii.   c  l)ux  NoiiTarniium  ,   non  salis  firma  %a- 

•  letudine  pmediiiim ,  copiis  mililaribiis,  quae  in  Hoilandia 
»  vicinîsque  locis  reliclae  sunl ,  praefeciL  »  f^igl.  ad  Hopp.  p.  777. 
Il  se  donnoil  beaucoup  de  peine  pour  disposer  les  espril.i  à  se 
réconcilier  avec  le  Roi  :  Bo^,  p.  A?^**  Réquesens  approuva  fort 
celle  oégociation.  «  Hy  lieeft  gocd  gcvonden  dat  de  Hcerc  van 
»  Su  Aldegonde  ,  met  veilof  en  ook  dnor  bovel  van  den  Heere  van 
»  ?foircarmes,  op  vei*scbeiden  lyden,  aan  den  Prince  van  Oraingien 

•  soude  mogen  schryven  oin  middel  te  vinden  ,  daerdoor  men  lot 
»  een  't  samensprekinge  mochie  komen  om  een  einde  van  de  oor-' 
«loge  te  inaken  :  »  Bor^  p.  532**.  •  Caplus  Aldegondius,  juvenis 
sdocluset  ingeoiosus  ,  qui  apud  Orangium  phirinium  valuit  auc- 
»  loi'itale^  Ejus  operà  (enlârunl  aliquolics  Hispani  persuadere 
»  Orangio  ui  arma  deponerel  :  »  Ltingart ,  Ep.  secr.  1,2,  37. 

Depuis  longtemps  on  s'empluyoit  de  divers  côtés  à  la  paciGcalion 
des  Pays- fias:  p.  267  er^^.l/Enipereursurloutpersisloil  à  y  consacrer 
ics  efTorts  :  p.  11*,  19%  3i*.  «  Jamais ,  »  écrit  Scbonberg  en  mai , 


—  286  — 

1 5^3  •     »  il  ne  travaillât  tant  à  chose  qn*î  fait  à  la  pacification  des  Paya-Bas;*    ^ 
Décembre.  A.  n.^  60 ,  63.  Il  y  alloit  de  ses  intérêts ,  vu  sa  parenté  avec 
Roi  d*Espagne.  £n  outre  r£mpire  sourTroit  beaucoup  par  TinU 
ruption  du  commerce:  A.  n.**  3j^    Puis  on  devoit  éviter  que  « 
tt  feu  ne  passe  en  Allemagne:  »  p.  35*.  Enfin  la  guerre  facilitci^fY 
les  intrigues  du  Roi  de  France.  Maïs  il  y  avoit  de  nombrea^^^y 
difficultés,  parmi  lesquelles  il  falloit  compter  surtout  le  manque  ^ 
garanties,  A.  n.^  36  et  Tarticle  de  la  religion.  On  désiroit  se  §€>«. 
mettre  au  Roi  d*Espagne,  mais  on  ne  vouloit ,  ni  la  persécntîca 
papiste,  ni  le  régime  Ëspagrvol:  «  l'Empereur  continue  de  dire  (|ue, 
»  tant  que  le  gouvernement  des  Espaignolz  sera  aux  Pays-Bas,  Uj 
»  aura  tous  les  ans  quelque  semblable  trouble;  •  A.  n.**  ^7.  DeméaK 
le  Landgrave  Guillanme  de  Hesse  écrivoit  au  Comte  de  Nneoir      J 
(Cassel,  ^9  janv.   i574):  «  Wie  ein  bestendiger  fridt  zwisdbcB 
»  Spanien  und  dem  Printzen  zue  treflen  sein  môcble ,  danitt  die 
»  gutben  leuthe  im  Niderlande  nicbt  aucb  wie  in  Franckreich  be- 
»  scheben  ,  durch  schetliche  practicken   und   listige  anschlege  oimI 
»  gutbem   glaul)en   betrogenn  und  uff  die   fleischbanck  gelieiï(nrtt 
9  werdenn  môcbten  ,  die  mittell  kônnen  wir  ,  aldievreill  dasSpa*- 
•  niscbe  Régiment  in  Niederlânden  pleibt,  bey  uns  oicht 
»den..«.»  ("j-MS.  C). 


Monseigneur,  mardy  dernier,  qui  estoit  le  premier  cb 
mois. présent,  je   fus  par  ordonnance  de  Monsieur  d^ 
Noircarmes  transporté  du  lieu  de  la  Haye  à  Harlem,  e^ 
puis  d'illecq  à  Amsterdam,  dont  hier  au  matin  j'arrÎTaj 
en  ceste  ville  d*Utrecht.    Là  où  aiant  esté  mandé  devers 
Monsieur  de  Noircarmes,  il  m'a  mis  en  mains  la  lettre 
qu'il  avoit  pieu  à  vostre  Excellence  m'escripre  en  date  du 
xxviij  novembre,  responsives  sur  les  deux  miennes,  pour 
le  resgard  de  laquelle  je  ne  sçauroye  assez  humblement 
remerchier  vostre  Excellence ,  ensemble  et  Messieurs  des 
Estais ,  de  la  faveur  qu'il  vous  plait  me  faire  à  continuer 


—  287  — 

lOQSjours  en  la  bonne  opinion  qu*aTez  jusques  ores  eu  i573. 
de  nioy,  sans  ni'imputer  à  lâcheté  la  faulte  qui ,  à  mon  très  Décembre, 
grand  regret ,  et  sans  que  j'y  pousse  remédier,  est  advenue; 
joinct  aussi  qu'il  vous  plait  avoir  le  faict  de  ma  délivrance 
en  recommandation.  En  quoy  je  supplie  vostre  Excellence 
de  vouloir  continuer,  lasseurant  que  toute  ma  vie  je 
tascheray  de  desservir  une  telle  grâce  et  faveur  par  tous 
très  humbles  services. 

Et ,  au  regard  de  l'autre  point  principal ,  ores  que  vos- 
tre Excellence  rejecte  la  conclusion  de  mes  dittes  lettres , 
comme  préjudiciable  et  attirante  plustost  une  ruine  en* 
tière  qu'une  conservation  du  pays,  si  ne  puis  je  sinon 
remerchier  vostre  Excellence  et  mesdits  Sieurs  des  Estatz 
de  ce  qu'il  leur  a  pieu  prendre  égard  aux  raisons  que  j*y 
8Toye  alléguées  pour  les  balancer  ainsi  avec  meure  consi-  • 
deration.  Ce  que  me  donne  mesme  quelque  bon  espoir 
que  vostre  Excellence ,  aiant  encor  de  plus  près  examiné 
le  tout ,  ne  me  trouvera  si  eslongné  de  la  raison  ,  comme 
du  commenchement  il  luy  a  semblé.  Et  en  cela  je  me 
fonde  d'aultant  plus  que  je  voy  que  toutes  ces  difficultez 
que  vostre  Excellence  allègue  en  sa  ditte  lettre  ,  pour  les- 
quelles l'on  ne  doive  accepter  mon  advis ,  tombent  prin- 
cqmiement  sur  ce  seul  poinct  que ,  n'y  aiant  nulle  ferme 
ou  bonne  asseurance ,  nous  serions  pour  tomber  par  là 
en  beaucoup  plus  grands  inconvéniens  que  oncques 
auparavant ,  à  quoy  aussy  se  rapportent  les  exemples  al* 
léguez  en  la  ditte  lettre.  Or,  parlant  avec  toute  révérence , 
je  ne  puis  entendre  que  cela  puisse  présentement  estre 
aucunement  [démise  '  ] ,  puisqu'il  est  seulement  question  de 
trouver  moyen  d'entrer  en  communication ,  et  que  j'avoy 

I  déviié  (?)  :  ^uV/  puisse  êtrt  questUm  de  eelm  màimenmnt. 


-  288  — 

'3.  mis  cela  en-avant  comme  une  chose  que  nous  eussions  ^ 
>re.  peu  supplier ,  tombant  sur  le  poinct  que  j  esrlme  devoir — 
estre  le  plus  diflicile,  assavoir  louclianl  ceux  qui  fon 
profession  d'une  autre  religion  que  n  est  celU.*  que  tien 
le  Roy,  avec  la  plus  grand  part  du  pays;  ei  quant  au: 
assem*ances ,  Ion  viendroir  par  après  à  en  trajiàer,  com 
du  sceau  ou  conlirnialion  des  poiuctz  de  coMtéet  d  aulu-e 
et  en  cas  qu'alors  l'on  ne  irouvasl  les  asseur;<nce.s  sull^  - 
santés  ou  au  contentement  des  partie^;,  un  chacun  sero  S.1 
aussi  en  son  entier ,  comme  dès  le  commencbemeo^^ , 
hormis  que  la  justice  et  équité  d'un  cliacuu  eu  sentit 
d*aultant  plus  manifestée.  De  ma  part ,  je  ne  puis  di 
mu  1er  que,  selon  mon  petit  jugement ,  s  il  plaisoit  à 
Mcijesté  user  de  teste  grâce  en  nosire  endroict ,  comi 
j'a V  proposé  en  mes  di ttes  lettres  à  vostre  Excellence,  et  (|  ne 
nous  en  eussions  bonne  asseurance ,  j^estime  que  de  toul 
le  reste  n  y  auroit  nulle  ou  bien  petite  difficulté;  vcu 
que,  qui  considérera  toutes  choses  de  près,  trouvera  ài  la 
vérité  que  la  grande  et  continuelle  rigeur  qiu?  Ton  a 
usée  à  Textirpation  de  ceste  religion  pour  laquelle  si  long^ 
temps  nous  avons  esté  persécutez,  a  esté,  aus^i  bien 
pardeça  comme  par  toute  la  Chreslienté,  la  seule  et  iini* 
que  source  et  le  motif  principal  de  l'altération  du  peuple, 
au  moien  de  laquelle  consécutivement  ont  esté  causes 
tous  les  désordres,  dont  la  lettre  de  vostre  Excellence 
faict  mention.  O  que  mesmes  Ton  a  par  cy-dévant  vet 
et  tr<iuvé  par  expérience  du  tt-mps  de  noz  ance&lres 
toutes  et  quantes  fois  que  Ton  a  voulu  p;ir  ni<»ven<;  si  vi 
lents  remédier  à  une  clic^e  qui  de  sa  nature  ne  se  pe 
extirper  par  violence  ,  ains  seulcrment  par  persuasion 
enseignements.   Et  au  contraire  a  \\m  veu   par  plusi< 


—  289  — 

exemples,  que  là  où  le  poinct  que  j*ay  tousché  en  mes  iS^S. 
dittes  lettres  a  esté  accordé ,  tout  aussitost  ont  esté  les  DécembrK 
guerres  et  dissensions  assoupies  et  tous  désordres  remédiez. 
Car  quant  à  ce  qu'il  semble  que  vostre  Excellence  accuse  la 
conclusion  de  mes  dittes  lettres  comme  notoirement  préju-^  • 
diciable  à  la  gloire  de  Dieu  premièrement ,  et  puis  aussi  au 
salut  et  bien  de  la  patrie ,  je  la  supplie  de  bien  considérer 
le  cours  de  tous  les  siècles  passez ,  et  le  confronter  soi- 
gneusement avec  l'ordinaire  des  jugemens  de  Dieu  et  le 
naturel  corrompu  des  hommes.  Elle  trouvera  indubita- 
blement qull  n  y  a  croix  ny  persécution  ,  quelque  grefve 
et  horrible  qu  elle  soit ,  qui  tant  obscurcisse ,  voire  et 
foulle  aux  pieds  la  gloire  de  Dieu  et  efface  toute  cognois* 
sance  et  vraye  craincte  d'icelluy  ,  comme  faict  une  sem- 
blable guerre ,  pleine  de  tous  desbordementz ,  dissolu- 
tions, en ormitez  et  licences ,  et  par  conséquent  mère, 
procréatrice ,  et  nourrice  de  toutes  impiétez  et  horribles 
blasphèmes.  Et  de  faict  quant  est-ce  que  nous  nous  plai- 
gnons que  toute  religion  a  esté  prophanée ,  toute  piété 
mise  soubz  les  piedz,  et  toute  vraye  cognoissance  de  Dieu 
esteincte ,  sinon  lors  que  la  barbarie  des  Gothes,  Vandales, 
et  autres  nations  a  ravagé  par  toute  la  Chrestienté 
comme  un  torrent  impétueux ,  et ,  par  le  moyen  de  longues 
guerres ,  a  comme  ensevely  toutes  sciences  et  toute  hu- 
manité; nous  ramenant  un  chaos  et  confusion  au  monde, 
dont  encores  aujourd'huy  nous  ne  pouvons  nous  en  des- 
pétrer  * .  Ce  que  je  prévoy  de  rechef,  par  un  juste  jugement 
de  Dieu ,  pancher  sur  la  teste  de  noz  enfans  ,  si  de  bonne 
heure  nous  ne  taschons  d'arracher  les  semences  de  ces 
guerres  intestines ,  qui  desjà  sont  esparses  par  toute  la 

'  débarrasser. 

4  19 


—  2Ô0  — 

15^3.  Chresiienté,  avec  un  dommage  irréparable  de  la  piété  et 
^éâcmbre.  cognoissance  de  Dieu  que  nous  prétendons'  de  planter. 
Et  touchant  Tautre  poinct  du  salut  et  conserration  de 
la  patrie  ,  '  si  par  supplication  et  intercession  nous  po«- 
.  vions  obtenir  de  la  clémence  du  Roy  quelque  paity 
aucunement  toUérablc  ,  ores  qu  il  ne  fut  pas  grandement 
à  nostre  advantage ,  certes ,  en  parlant  soubz  correctioa 
de  Tostre  Excellence ,  je  suis  d'advis  que  le  pays  en  poiroit 
estre  conservé  et  apparentement  relevé  de  ceste  désola- 
tion,  en  laquelle  il  est  prest  pour  tomber.  Et ^  quanta 
nous ,  nous  monstrerions  par  effect  que  nous  désiroiis 
obéir  au  Roy  et  servir  à  nostre  prochain ,  voîre  quand  ce 
seroit  avecq  nostre  incommodité.  Et  par  aventure  qu  i- 
vecq  le  temps  Dieu  fleschiroit  le  coeur  de  nostre  Roy  à 
quelque  plus  grande  grâce ,  ou  bien  qu'il  nous  présente» 
roit  quelque  occasion  de  luy  faire  quelque  très4iuiiible 
service,  qui  luy  poiroit  oster  partie  de  la  sinistre  impres- 
sion qu*il  a  conceue  contre  nous.  Et ,  ores  que  rien  de 
tout  cecy  n'adveint ,  si  voy-je  presques  par  toutes  les  his- 
toires tant  anciennes  que  modernes,  qu'à  l'issue  de 
semblables  guerres  civiles  se  monstre  évidemment  qtt*il 
eut  mieux  valu  du  commenchement  embrasser  quelque 
party  aucunement  tollérable ,  qu'après  s'estre  précipité 
aux  extrêmes  désolations  de  la  guerre ,  tant  dommageable 
à  deux  costez,  estre  finallement,  ou  du  tout  ruiné,  o« 
bien  contraint  de  recevoir  party  sans  comparaison  plus 
désavantageux  que  n  estoit  celuy  que  du  commenchemeiil 
l'on  pouvoit  obtenir.  Je  ne  raffreschiray  icy  les  phy* 
de  noz  voisinz,  voire  de  nostre  nation  mesme;  aussi  nal- 
légueray-je  l'ancienne  guerre  de  Péloponnèse  descrite  de 

'  UcboDf,  fioat  cfTorçont. 


—  291  — 

Thucydides  et  cogneue  à  vostre  Excellence,  qui  nous  i573. 
peut  servir  d*un  très  clair  miroir  de  ce  cjiie  je  vien  de  DéccœliiT. 
dire.  Seulement  touscheray-je  les  Romains ,  lesquelz ,  quel» 
^es  amateurs  qu'ilz  fussent  de  leur  liberté  et  républicqtie, 
eussent  beaucoup  plus  faict  pour  eux-mesmes  d^avoir 
quitté  à  César  auscuns  pointz  qu*il  demandoit ,  ores  qu'ilz 
me  fussent  conformes  au  pied  de  la  lettre  de  leurs  loix  , 
que  non  pas,  après  avoir  mené  une  grande  et  pernicieuse 
guerre  civille,  venir  à  la  parAn  entièrement  dessoubz  son 
ymg  I  sans  nulle  réserve.  Et  mesmes  encor  alors  valoit-il 
weux  supporter  sa  domination,  qui  retenoit  encores 
quelque  image  et  forme  de  républi.cque ,  que  non  pas , 
après  l'avoir  massacré  au  Sénat,  s'envelopper  de  nouveau 
en  cruelles  guerres  civilles  et  proscriptions  horribles ,  et 
▼enir  finalement  à  perdre ,  et  le  nom ,  et  toute  la  trace 
ou  apparence  qui  leur  restoit  de  liberté  et  de  républicque. 
Ge  que  je  n  allègue  pas  pour  faire  aucune  comparaison  de 
tarops  à  tamps,  ou  personnes  à  personnes,  mais  seulement 
pour  confirmer  Foppinion  et  advis  ,  auquel  j'ay  tousjours 
esté,  cju'il  vault  mieux  en  tamps  et  heure  venir  à  quel- 
que accord  tollérable ,  que  non  pas  attirer  par  la  conti- 
nuation de  ceste  guerre  une  ruine  totalle  sur  ce  pays. 

Hais  par  avanture  que  vostre  Excellence  dira  cy*dessus 
quVIle  est  du  mesme  advis,  mais  que  Ton  ne  nous  pré- 
sente rien  qui  soit  tollérable  ;  là  dessus  je  supplie  vostre 
Eacellence  me  vouloir  ouir  et  croire,  que  jay  veu  en 
Monsieur  de  Noircarmes  une  telle  et  si  bonne  affection 
au  bien  et  conservation  de  ce  pays,  que  j'espère,  voire  et 
B*en  fay  nul  doubte,  que,  si  vostre  Excflîencc  et  Messieurs 
des  Estatz  l'en  requièrent,  il  s'employera  très  volontiers 
et  fidellement  pour  intercéder  vers  Sa  Majesté,  et  trou- 


i5y3.  »er  voie  à  quelque  bon  appoinctement ,  qui  soit  au  ( 
Décembre,  lentement  de  Sa  Majesté  et  de  ses  pouvres  >ul>jectz.  Et  % 

quant  aux  asseurances,  on    en   parlera  par  après    iors-— ^ 
quon  aura  projecté  quelque  pietl ;  mnis  il  faull  première—— 
menl  que  nous  supplions  celluy  lequel ,  comme  Ir^s  biei^^H 
dift  lu  lettre  de  Tostre  Excellence,  inspiré  du  Seigneuc^^t- 
nous  le  peut  proniptement  donner.  Et  pour  cest  efTec^^K 
|e  supplie  trés-hunil)leni<ent  vostre  Excellence  que,   pou-?^^ 
le  bien  général  de  la  patrir ,  elle  dilligente  t-este  afTaire        , 
et  vueille  au  plustost  euToyor  vers  mon  dit  Seigneur  d_      «; 
Noircarmespouravoiras.teurance'  ,arin  de  venir  propot^^^s 
noz  doléances  et  entrer  par  eeste  voye  en  com munira tio^Kr> . 
En  quoy  vostre  Excellence  se  peut  aïseurer  qu'il  ba^  |- 
lera  la  ditte  asseurance  si  ample   que  ceuls   que  vosL;ar^ 
Excellence  ycommectra,  auront  matière  de  contenK^^ 
ment  pour  aller  et  venir  seuremenl,  de  quelque  qualircr 
ou    condition    qu'îlz  puissent    estre.     Et    au    reste    j'tty 
grande    espérance    au  Seigneur  Dieu  que  la    chose  es- 
tant une  fois  encbeniinée  par  Sa  divine  clémence,   fl 
ouvriradesmoyens, meilleurs  que  nous  sçaurionsadvîser, 
pour  soulager  ce  pnvre  peuple.  El  pour  tant  je  supplia 
de  rechef  vostre  Excellence  et  la  supplie  autant  humble- 
ment et  affectueusenienC  que  faire  je  puis,  que,  enseniljl«s 
avecq  les  dits  Seigneurs  des  Eslats.elle  vueilli- prentif* 
ceste  affaire  ù  cœur  et  la  diligenter ,  afEin  que  bienioil  oi 
en  puisse  veoir  quelque  bon  et  heureux  comnienchenieat  i 
lequel,  à  tout  événement,  servira  tousjours  pour  tant  pi*" 
manifester  la  justice  de  la  cause  d'un  chacun  et  aequMT 
réputation  envers  tous  hommes  du  monde  à  vnstfC  E^ 
cellence,  qu'îcelie  désire  à  lion  escient  le  bien  et  u** 


^^uîllitéde  ce  pouvre  pays,  lequel  semble  pîécà  tendre  les   iS^S. 

niaiûs  vers  vosire Excellence  pour  la  prier  que,  taiitqu'en  Décemb*»; 
ï«re1le  est,  elle  taschede  remédiera  tant  de  misères  et  cala- 
nnitez.  Je  prieraj  te  Seigneur  Dieu  qu'il  veuille  donner  à 
'vostre  Excellence  l'esprit  de  conseil  et  sapîence  pour  se 
gouverner  en  ce  faict  icy  et  en  tous  autres  selon  Sa  saincte 
«*  flÏTiae  volonté,  au  plus  grand  advanchement  de  Sa 
gloire  et  soulagement  de  Son  pouvre  peuple.  Suppliant 
vo&lre  EKcellence  prendre  ce  mien  escrit  de  bonne  part, 
cTomme  prof^ant  non  pas  d'aucune  passion  inconstante, 
<^3iusee  de  pusillanimité  ou  crainte  de  plus  grande  adver- 
sité ,  mais  d'un  vray  et  entier  selle'  et  afTection  constante, 
premièrement  à  la  gloire  de  Dieu,  au  service  de  vnstre 
excellence,  et  puis  nu  bien  et  soulagement  de  nostre  povre 
patrie.  Comme  je  me  confie  que  vosire  Excellence  croira 
et  continuera  à  me  tenirau  rang  de  ses  très-humbles  servi- 


tPurs,  dont  Je  la  prie  d'aussi  bon  coeur,  comme  je  prie 
■non  Dieuqu'Il  vous  maintienne.  Monseigneur,  en  sa  très 
*fcnicte  protection  et  sauvegarde.  Escript  à  Utreclu,  eu  la 
pnson,  ceiiij*  de  décembre  i^y'i. 

De  vostre  Excellence  très-humble  et 
affectionné  serviteur. 


Ph.  nE  Mabhix. 


A  MoDteigni 

le  Prince  d'Orances, 


*^«»«edeP(aM«n,«c 


—  294  -^ 


t  LETTRE  CDLIX. 

3.  Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  à  V Evoque  de  Munsten^ 
>re.       Nécessité  de  mesures  conciliatoires  envers  les  Pays-B 

(iMS.  cassel). 

Es    ist .  zu  erbarinen  das   es   clarzu  kommen  d^=.  a 

&olche  uiiruhe  inn  denn  herriichen  Niederlànden 
riditett,  der  man  woll  hett  konnen  ùbrig  sein,  uvan  mj 
die  gewissenn  hett  wollen  frey  lassen,  iind  nicht  ai 
Antichrist  zuw   Rom  zu  gefallenn ,  ein   solch  plutl&^iaa 
angerichtett.  Es  ist  auch  zu  besorgen  es  v^erdenn  sk.^ 
dergleichen  hendell    noch  vieil    zutragen,  dan    sonc-^ler 
zweiffell  die  betriingten   Niederliinder  extrema  tentiK^^o 
werden,  ehirsie  sich  gar  lassen  fressen,  sonderlich  w^all 
sie  ann  denen  von  Mechein,  Nerden,und  Harlem  geselc^^ 
das  so  gar  kein  locus  gratine  niehr  vorhandenn;  danirai 
hoch  zu  wûnschenn  das  dieser  newer  guvernator ,  oder 
aber  der  Konig  seibst ,  andern  milteru  weege  an  die  haix/t 
nehnien,  daniitt  einszmnis  das  Spanische  reginieni  ioQ 
Niederliindenn  abgcschaft ,  und  uian  des  beschwerlichen 
kriegs  (welcher  so  grosze  ùberschwengkiiche  theurung 
und  sonst  vieil  unheils  inn  allenn  lanclenn  gel)erett)  nioge 
abkoninien....  Datum  Cassel ,  ani  lo  Decembris  anno  j3. 

WlLHELM  L.  Z.  HsSSEIf. 

An  Bisschoff  zu  Munster. 

Apparemment  TEvêque  dans  sa  réponse  donna  t-il  à  enteDf 
que  les  Espagnols  seroient  bientôt  maîtres  des  Gueux;  du  m« 
le  Landgrave   lui   écrit  de  Cassel  le    28  janv.  «Ob  wir 's  i 
V  woll  selbst  dafûr  haltenn  das  die  Spanische  armada  mit  e 


m,  provîandi,  gescliûli,  udiI  lottcivr  i'S?tt. 
■  DOllûrfl,  (liircliaiis  iind  lolkomblich  vprschpn,  aiich  Icichlicb  DécetDbrÀ 
s  erackleo  konneo,  (la  ïich  vnn  liFiileo  (heilrn  ein  cniiflicllis 
^luclriigl,  das  die  Gosen  niclit  alwrge  Tohr ■blauffea;  so  haben 
- docb  S.  t  inn  dir  biblicn  in  lArh  tforsir,  Begum,  und  Machalieo- 
mfum  dcrnlrichen  vieil  exemprll  dm  Goll  der  Her  oITt  durcli  weni- 
Bge  Uulb  groasE  kriegdscliBrcn ,  saDderlicbeon  die  da  habeo  seiii 
-  Gôulicb»  worlt  ■uizrotten  wolleoD  ,  i;eDlzlich  balt  ei-|«genn  tuid 
•  •chUgeiii)  laaseau.  >  ("f-MS.  Cl 


Le  Roi  (le  ]'(jlo§;ne,  Iraversatil  rAlleiiiagii« ,  rendit  Tîtiie  » 
VEtcdotr  Pslalio.  Celui-ci ûcril  le  1 3  dév. dcHeiddberg à GuilUnine 
•im  tlcMe:  )....L)«r  Koiiig  von  Polen....  isl  bef  uim  vorgMirîger 
>abMidU,  gleichwoll   ungHiiHei),  inkhoramen  und  ge*1eri)(cii  U^ 

•  mlbieTerhirret.,..  Aïs  srine  k.  W.  mill  UDjder  vorigen  letlaufrencn 

>  haudliiagru   uiid    il/igcn    gvfàhrlicber  sUopilli   io    Franckreich 

•  t^mh  gehallen   und  dabeneben   unter  gutsclilcn  vcrnehnien  wol- 

•  len.    wiedic  K.ron  Fraockrcicb  eu  bctlrndiger  luge  lu  pringen 

•  tein  nochtc,  liibeo  wîr  iiiîU  t.  k.  W.,  in  {egeowerlU  dera  fiii-nbe- 
r  mm  Ràlhe  unndi  des  Koiiis^  von  FrancLrcichs  abg»andl«n,  rutult 

•  Uiwt  gu(  Tcutscb  ctilicbe  »lliodl  geredi,  uunill    di«  terlnufTene 

•  aiortlbslcn  ,  die   oitli    mill  dein  bescbonen    woltcn    als  ub  der 

>  Admirai   und   srin   aohang   wider  den  Konig  und   sein    Ilnuss 

•  coiupiiirt  (wiedai)  eln  tolchcs  irerkoii.  W.  uud  Jetiigfm  K(>nig 

>  ia  Poten  von  etzliche  eiiigebililel  und  dieser  iirsachen  [nrgk]  iti 

■  Mileben  btudibadi  gebelMl  wordcn)  nilt  nllrin  oicbl  billigen  kôo- 

■  nen  ,  Modcrn   aucb  sovil  ta  venlcben  gcbcn  d»  sic  ,  rail  tolcher 

•  gonchlen  und  gererbelcn  enlscliuldigungen ,  die  k.  ^^'ûidfîn  und 
t  die  Prinxe  ,  50  m   loirlies  geboIfTen  ,  in  grossen    mistrawen  und 

■  vcrdacbt  bev  menniglic-bcn  seizen....  >  1  Ventatlung  dcr  freieo 
'  dertitii  reiigionit  t  Ici  est,  avoil  dit  l'Electeur,  le  seul  moyen 
de  partcoir  ea  France  à  une  paix   durable   Et  bien  (]ue  le  Roi  et 

■  d«ro  eiasIdetU  ïugeordncLen   relhcn   und  gesanddleu    nocb   «ur 

■  scîR  lolcbes  mittel  ins  vrerck  zu  stcllcn....  unmoglicb  gcachtel. 
«  M)   wollea    nir  docb   verholTen ,   lU    dieae    dingen    von    aDderu 


—  296  — 

l5^3.  *>  Chur-  und  fûrsten  die  sein  k.  W.  ansprecheo  werden,  mitt  gki 
Décembre.  "  cbem  ernst  gelrieben  und  man  ausz  einem  borne  blaseo  wurdet 
»  Gott   der    Herr  werde  dièse  erinoeruogen  ohoe  fru^t  oich 
»  abgeben  lassen...  >  (^MS.  C). 


Le  20  décembre  le  Sieur  de  Lutnbres  envoyé  de  Cologne  a 
Comte  Jean  de  Nassau  «deux  lettres  que  j'ay  reçeu  de  Monseifiieii^^ 
»  le  Prince  pour  vous  faire  voir  quel  est  son  intention  au  regard 
»ses  affaires,  tant  de  celles  de  pardeçà  que  de  France  ;  desqueil 

•  néanmoins  vous  et  Monseigneur  le  Conte  Ludovick  vostre  frc 
«disposerez  selon  que  vous  jugei*ez  de  ma  capacité,  et  non  ao^  1 
»  trement.   Au  demourant  je  seray  fort  aise  que  ce  qui  louche      1< 

•  payement  de  trois  cens  cinquante  escus  deubs  à  M.  de  Frégoi 
9  me  soit  aussi  promplement  envoie  qu'il  vous  sera  possible, 

>  par  Rollart ,  si  faire  se  pcult,  affîu  que  je  l'envoie  incontineot»  ..— 

>  Je  vous  supplie  aussi,  puisqu'il  fault  que  je  demeure  icy  a 
11  vacations  du  service  de  son  Excellence,  qu'il  vous  plaise 

•  de  bonne  heure  la  partie  qu'il  vous  plait  me  faire  tenir,  affio    des 

•  me  dégager  de  mes  créditeurs  de  ceste  ville,  sans  me  laisser  pl^^^ 
9  longuement  croupir  et  accabler  de  debtes  en  ceste  ostellerie     c^ 

•  envers  mon  médcchin,  comme  il  vous  a  plus  ro'assurer  lairs   ^ 

>  mon   portement  d'auprès  de  vous.  Demain  je  de$pescbe  boiD^ 

•  exprès  vei-s  son  Excellence  »  (MS.). 


*  LETTRE  CDLX, 

G.  de  Schonberg  à  la  Reine-Mère  (ms,  p.  c.  4oo). 
Relative  au  voyage  du  Roi  de  Pologne. 


....Le  Madstrat  tle  cette  ville  a  usé  de  fort  honnestes  6 
çons  à  l'endroict  de  S.  M.;  mais  il  n  y  a  pas  eu  faulte(^  ^^ 
gens  qui  se  soient  mis  en  tout  debvoir  d'essayer  à  doDD( 


—  2i)l  — 

des  alarmes  bien  lourdes  à  S.  M.,  lesquelles  toutesfois  S.  i5y^> 

M.  a  trouTe  entièrement  faulses  et  mensongières S.  M.  Décembre. 

se  monstre  si  magnanime  et  résolue  que  j*espère  que  la 
honte  qu  ils  ont  de  voir  ainsi  dédaigner  leur  artifices ,  les 
fera  s*en  déporter  à  Tad venir.  Nous  ne  négligeons  toutes- 
fois  rien Le  Comte  Palatin  a  envoyé  courrier  sur  cour- 
rier en  Saxe  commandant  expressément  au  Duc  Jan-Casi- 
mir  de  se  trouver  k  Vach ,  et  ce  pour  presser  le  Landgrave 
el  le  pousser  à  une  bonne  et  définitive  résolution  tou- 
chant lefaict  de  rintelligence(i).  Le  Comte  Palatin  envoyé 
avecques  nous  (oultre  le  Duc  Christofle  et  le  Comte  Lu- 
dovicq)  le  licenciât  Zuiéger,  ung  de  ses  plus  conlidens 
conseillers ,  pour  faire  le  mesme  effect.  Il  avoit  pareiUe- 
ment  donné  charge  à  Docteur  Ohem  de  s*en  aller  en 
compagnie  du  Comte  Jehan  de  Nassau ,  frère  du  Comte 
Ludovic ,  trouver  FElecteur  de  Coulogne  pour  le  faire 
accepter  ce  que  V.M.  sçayt,  et  l'induire  à  abjurer  éternel- 
lement la  Maison  d'Austriche.  Or  pour  ce  que  nous  trou- 
vions le  Docteur  Ohem  plus  traictable  et  plus  rond  et 
entier  que  Zuiéger ,  qui  a  tousjours  le  faict  de  ceulx  de 
la  rehgion  de  France  en  la  teste  et  en  la  bouche ,  j*ai  tant 
fidct  que  le  dict  Docteur  (qui  est  le  premier  conseiller 
de  son  maistre  et  très  confidant  à  TElecteur  de  Saxe,  et 
Landgrave)  a  promis  au  Roy  de  se  trouver  chez  le  Land- 
grave pour  pousser  à  la  roue  ;  desorte  que  j  espère  que 
les  lettres  que  le  Roy  escrira  à  Vos  M.  au  partir  de  Vach , 
vous  apporteront  encores  plus  de  satisfaction  que  n'ont 

faict  les  précédentes Le  Landgrave  m'a  faict  entendre 

qu'il  a  envoyé  par  devers  l'Electeur  de  Saxe  homme  ex- 
^i^"— ^■"■^^■"""^^■^^^■^^-■^^^^^■""""""^"^■^""""^"■""""^"""""""""•""^■"'"■"•^■"""^■"•'"^"^■^"""■'"•"""^"^"^■^^■^ 
(])  inleUigence y  ou  correspondance:  voyez  p.  8"^  iniu 


—  298  — 

iS^B.  près,  aussLtost  qu il  a  receu  la  lettre  que  VostreftL  lu? 
décembre,  escrivoyt  de  filamond ,  pour  Tinciter  à  Fentreveue  du 
Roy  et  de  luy  ;  de  quoi  sa  femme  (i),  à  Finstance  de  FIiii- 
pératrice,  le  retint  par  cris,  pleurs,  et  continueUe  lamen- 
tation   Francfort ,  20  décembre.  » 


t  LETTRE  CDLXI. 

Le  Prince  (V  Orange  à  Ph,  de  Mcrmx  j  Seigneur  iTJltk- 
gonde.  Réponse  à  la  lettre  4") 8. 


*^*  Le  Prince  désiroil  la  paix,  mais  une  paix  bonne  et  assewrre» 
On  ne  pouvoit  se  flatter  de  l'obtenir.  Il  en  étoit  comme  LanfuH 
écrivoit  quelques  mois  plus  tard:  «Haec  dissidia  componcrc  IM» 
utanlum  videtur  mihi  difficile,  sed  penc  impossibile.  In  eo  auloi 
M  errant  plurimum  Uispani  qui  hic  (Viennae)  sunt ,  quod  existimaot 
»totam  banc  rem  sitam  esse  in  arbitrio  et  potestate  Priocipis 
»Orangii.  u  Ep,  secr,  /.a,  p.  33. 

Monsieur  de  St.  Aldegonde  ,  voz  deux  lettres  efcripta 
en  la  prison  du  Chasteau  d*Utreclit,  lune  du  iiij™'^(a)etk 
seconde  du  ix"**  jour  de  ce  mois,  me  sont  esté  présentées 
en  ceste  ville  le  xix"*  d'icelluy.  Et  ayant  bien  pesé  et  soi- 
gneufement  considéré  tout  vostre  discours  et  les  raisons 
y  contenues,  je  treuve  la  conclusion  d^icelles  tendre  aux 
mesmes  fins  que  font  voz  précédentes,  ausquelles  les 

'  - ~~^ 

(i)  sa  femme.  Il  ne  s'agit  probablement  pas  du  Landgrate  et 
de  Sabine  de  Wurtemberg,  mais  de  TËlecteur  et  de  son  épootet 
amis  de  la  Maison  d'Autriche:  voyez  auMÎ  p.  76*. 

(a)  du  ui/\  Voyes  la  lettre  4^8. 


I  respnnsives  ont  «nùslaict.  Et  à  ce  regard  je  ne  iS^S. 
¥oys  occaàon  ou  fondement  quelconcque  qui  me  debvroU  Décwnbre. 
&îr«  clianger  la  bonne  et  saintte  delibêfalion  illecq  com- 
prin»e ,  veii  mesines  que  tout  mon  de^r  n'est  qu6  de  Teair 
au  pluslost  â  une  btrnne  et  asseiiiée  paix  et  telle  qu'elle 
toit  â  radvanclienient  de  la  gloire  deDieu  ,  contentement 
de  Sa  M.,  bien  et  repoz  de  ses  subjectz^  comme  pluspsur- 
liculit^renicnt  appert  par  ung  escript  (i)  faict  puis  na- 
guerres ,  tant  en  mon  nom  que  de  celluy  des  H^tau 
d'HoUande,  en  forme  de  .'•uppUcalion  au  Roj  ,  dont  l'ex- 
emplaire %'at  joiticteinent  ceste,  qvù  pour  briefveté  me 
gardera  de  réitérer  icy  noz  Justes  doWnces  ,  raisons,  et 
conclusion  deduictes  au  dit  escript.  Et  cependant  toutes- 
iou,  pour  encoires  plus  amplement  faire  puroistre  de  quel 
pied  je  niarcbe  ,  puisque  vous  me  dictes  d'avoir  t eu  en 
Monsieur  de  Noircarmes  une  telle  et  si  bonne  affection 
au  bien  et  repos  de  ce  pays ,  que  vous  esperei ,  Toire  n'en 
faicles  nul  doubte,  il  s'employer»  très  voluntiers  et  fi- 
deilement  pour  intercéder  ver»  Sa  AI.  et  trouver  voyc  à 
quelque  bon  appuinctement  qui  soit  au  contentement 
ie  sa  ditte  M,  et  de  ses  pouvres  subjectz,  je  n'ay  voullu 
faillir  de  luy  escripre,  et  d'une  bonne  affection  prier 
qu'il  se  vueille  en  cela  esverluer ,  et  monstrer  le  bon  zèle 
dont  vous  me  parlez ,  et  vouidrois  que  tous  aultres  qui  en 
put  le  moyen  se  fussent,  passé  long-temps,  miz  en  ce 
debvoir,ou  du  moins  qn'ilz  s'y  employassent  encoires. 
Quant  au  billet  des  entreclianges  lequel  j'avois  envoyé  au 
Seigneur  Francisco  Valdês   et  lequel   me  dictes   nestre 


(l)  ttrrîpl.  Voyez  p.   iifS,   oii  le  Prince  dit  k  »&  Trères  qu'il 
MtlMt  publiât  pour  tacknminement  de  ta  paix,  * 


1 


—  300  — 

i573.  venu  entre  les  mains  deMonsîeur  deNoircamies,  jeticns 
>éceinbre.  que  le  dit  de  Valdès  Taura  envoyé  au  Duc  d'Alve,  daul- 
'  tant  que  depuis  il  m'a  escript  d*avoir  eu  responce  du  dit 
Ducq  qu'il  n'estoit  délibéré  qu'on  feroit  aulcune  eschin- 
ges.  Par  quoyay  bien  voullu  présentement  vous  envoyer 
le  double  du  mesme  billet.  Je  me  suis  depuis  aulcuDS 
jours  encà  transporté  en  ce  pays  de  Zeelande,  où  grlœs 
à  Dieu  j  ay  trouvé  nos  affaires  en  assez  bon  estât  ;  et  quant 
à  la  ville  de  Middelbourg,  nous  espérons,  selon  les  appa* 
renées  humaines ,  que  bientost  Dieu  la  niectra  en  nostie 
pouvoir.  Et  en  ceste  endroit  faisant  icy  fin ,  je  supplieray 
le  Seigneur  Dieu  vous  avoir,  Monsieur  de  St.  Aldegonde, 
en  Sa  saincte  garde  et  protection.  Escript  à  Ziericxxee, 
le  xxiij*^  jour  de  décembre  i^yi, 

Vostre  bien  bon  amy, 
Guillaume  de  Nassau. 


t  LETTRE  CDLXr. 

Le  Prince  (T  Orange  au  Seigneur  de  Noircarmes.  Il  t  ex- 
horte à  employer  son  influence  pour  la  pacification  des 
Pays-Bas, 

Monsieur,  par  une  lettre  que,  de  la  prison  duchasteau 
d'Utrecht,  m'a  escript  Monsieur  de  St.  Aldegonde,  leîiq* 
jour  de  ce  mois,  il  me  dict  entre  aultres  particulantei 
d'avoir  veu  en  vous  une  bonne  aiTection  au  bien  et  repos 
de  ce  pays^  et  qu'il  espère,  voire  n'en  faict  nul  double, 
vous  vous  employerez  très  voluntiers  et  fidellement  pour 
intercéder  vers  Sa  Majesté,  et  trouvères  voye  à  quelque 


—  301     « 

bon  appoinctementi  cpii  soit  au  contentement  de  sa  dite  i573. 
Majesté  et  de  ses  pouvres  subjectz.  Sur  quoy  j*ay  bien  Décembre^ 
voulu  vous  faire  ceste,  pour  vous  dire  qu'il  seroit  esté 
bon  que  vous  et  tous  aultres  qui  en  ont  les  moyens, 
eussiez ,  passé  long  temps,  faict  si  bons  et  vertueulx  offices, 
affin  que  tant  de  gens  de  bien,  bons  et  loyaulx  subjects 
de  Sa  Majesté  de  toutes  qualitez  eussent  peu  estre  préser- 
vez des  calamitez  et  misères  où  Ton  les  a  veu  tomber. 
Et  toutesfois  estant  meilleur  de  le  faire  tard  que  jamais, 
je  vous  prieray  bien  affectueusement  que,  suyvant  le  bon 
espoir  que  me  donne  le  dit  Sieur  de  St.  Aldegonde,  veuil- 
lez intercéder  vers  Sa  Majesté  selon  le  bon  crédit  que 
j'espère  vous  avez,  et  trouver  voye  à  quelque  bonne  et 
asseurée  paix,  laquelle  soit  à  ladvanchement  de  la  gloire 
de  Dieu,  service  et  contentement  de  Sa  Majesté,  et  au  bien 
et  repos  de  ses  subjectz,  afin  que  par  ce  moien  ilz  puis- 
sent cy-a  près  vivre  [es]  leur  ancienne  liberté,  franchises  et 
privilèges.  Et  affin  que  vous  puissiez  tant  mieulx  veoir 
noz justes  doléances,  raisons,  et  conclusions,  je  vous  en- 
voyé icy  joinct  certain  escript  (  i)  que ,  par  forme  de  suppli- 
cation au  Roy,  moy  et  les  Estatz  de  ce  pays  avons  puis 
naguerres  faict  imprimer  afin  que  tout  le  monde  en  pour- 
roit  eslre  informé,  et  surtout  qu'il  vinst  aux  oreilles  de 
Sa  Majesté,  puisque  tout  accès  devers  icelle  nous  est  dé- 
fendu. En  quel  endroict,  après,  d'une  bonne  affection, 
vous  avoir  remerchié  de  la  courtoisie  dont  vous  uzez  à 
l'endroit  le  dit  Sieur  de  St.  Aldçgonde,  comme  une  aultre 
lettre  sienne  me  tesmoigne,  je  suppliray  Dieu  vous  oc- 
troyer, Monsieur,  tout  ce  que  pour  vostre  salut  vous 

(i)  efcripi.  Voyez *p.  298, 


—  302  — 

i573.  comrient.  E^cript  en  la  ville  de  Ziericxzée,  le  xxiij^  jour  d« 
éoembre.  décembre  157^. 

Vostre  bien  l)on  amy  à  vous  faire 
service, 

Guillaume  de  Nassau. 


*  LETTRE  CDLXII. 

Le  Prince  (V  Orange  à  ses  frères.  Affaires  de  Zélande. 


*^*  Malgré  les  daugersdelafiollandc,  on  poussoît,averun^adiB>« 
rable  constaDce ,  le  siège  de  Middel bourg  :  voyez  p.  807.  <  lu  HoUand, 

•  bysonderin  *tZuiderquartier,  bleven  delanden  tôt  vêle  plaeisco  le- 
a>dlg  en  onbebout  leggen,  sodat  niet  alleen  de  Huisman  en  Laodl- 
«lieden^  maer  ooL  de  Rentiers  en  Koopluiden  in  groler  benaatbctd 
»  waren  levende,  nochtans  warcn  die  van  Holland  en  Zeland  gere- 
Msolveert  bet  uittcrste,  goed,  lyf,  en  leven  voor  liare  vryheit  rfl 
nReligie  te  wagen  en  opte  setten  by  den  Prince  van  Orangira 
u(die  by  ben  luyden  in  't  generael  en  particulier  seer  grool  gMcbl 
»en  wel  bemind  was)  tegen  de  Spangiaerden  en  hare  aenbangercB. 
)ȣn  boewel  die  van  Holland  en  Zeeland  in  dese  benaulbeid  wi- 
»ren,  so  badde  nocbtans  den  Prince  van  Orangien  met  baerluider 
uhulpe,  met  een  ongelooffelyke  kioekmoedigheid  en  met  uilnemeode 
ugrotekostcn  zeer  slerkelyk  belegert  Middelburg  en  Armoidcn.* 
Bor,  p.  478^  Même,  durant  le  siège  de  Haerlem,  le  Prince n'avoil 
pas  voulu  qu'on  interrompit  celui  de  Middell)ourg.  On  lui  avoît 
envoyé  de  Zélande  Pierre  de  Rycke  pour  annoncer  qu'on  M 
pouvoit  persévérer  à  moins  de  secours;  qu'on  attcndroit  toutefois 
le  retour  du  député.  «De  Prince  vont  gecii  middelen  om  gett 
Bof  victalie  voor  bet  scbipvolck  te  vercrygen;  maer  ..  by  %%-ilde  htm 

•  niet  laten  so  baest  wederkeeren,  seggende  dat  hy  bctroude  dat 
»Godt  de  Heere  by  den  fydt  wat  wercken  sonde  (dese  geschiedesb- 


—  303  — 

»se  hebben  wy  Qitden  eigen  monde  van  den  Baljaw  gefaoort).  Ende  i5j'i. 
»kortsdaerDaequain  de  tydinghe  datter  uyt  de  zee  eenighe  sche-  Décembre. 
»pen  met  Paatel  ofte  Weet  ende  anders  gheladeo  iogebrocht  waren.s 
r.  Meteren^  S^\ 


Messieurs  mes  frères,  la  cause  de  Tenvoy  de  cepor« 
leur  avecq  ceste  mienne  lettre  est  pour  la  peine  où  je 
suis,  n'ayant  eu  de  vous  aulcunes  nouvelles  ou  lettres 
depuis  celles  que  m'avez  escript  le  vj*  jour  du  mois  de 
novembre  passé:  je  vous  avois  auparavant  escript  le  der- 
nier d'octobre  et  le  cincquiesme  du  dit  novembre  et  depuis 
encoires  le  xiij*,  xx*,  et  xxiij^du  dit  novembre,  et  dernière- 
ment le  second  jour  du  courrant,  et  ne  me  puis  imaiginer 
dont  il  procède  que  sur  aulcunes  de  mes  lettres  je  n'ay 
josques  oires  eu  vostre  responce,  et  toutesfois  je  ne  veulx 
espérer  que  les  messaigiers  auroyent  courru  quelque 
fortune.  Je  vous  ay  à  chacuns  fois  envoyé  le  double  de 
ma  précédente,  comme  aussy  le  duplicat  de  ma  dernière 
TBt  joinctement  ceste.  Hans ,  le  sommelier  de  mon  frère 
Loys,  partit  d  avecq  moy  le  xxiiij*  du  dit  mois  passé.  Par 
Itiy  et  toutes  mes  dittes  lettres  vous  aurez  si  amplement 
veu  tout  Festatde  noz  affaires  de  pardeçà,  ensemble  mon 
intention,  que  je  ny  sçaurois  adjouster  aultre  chose  sans 
premièrement  avoir  sur  tout  vostre  responce;  qui  me 
faict  vous  prier  de  la  meilleure  affection  qu'il  m'est  pos- 
sible, que  me  vueillez  au  plustost  relever  de  ceste  peyne 
et  me  faire  entendre  combien  vous  aurez  receu  de  mes 
lettres  susdittes,  joinctement  vostre  responce  sur  les 
poinctz  y  contenuz,  selon  que  verrez  l'importance  d'iceulx 
le  requérir.  Et  cependant  je  ne  m'extendray  davantaige 
par  ceste,  pour  ne  nous  eàtre  en  ces  quartiers  survenu 


—  304  — 

1573*  aultre  choâe;  s^uUement  vous  diray  comme  à  la  reqa 
Décembre,  des  habitans  de  ce  pays  de  Zéelande,  et  à  Fadvis  des 
tatz  d'Hollande ,  je  me  suis  depuis  cincq  ou  six  jours  en 
transporté  icy,  où,  grâces  à  Dieu,  j*ay  trouvé  toutes  ch 
ses  en  assez  graiieulx  estât.   Devant-hier  suis  esté  vec^ir 
Dostre  flotte  navalle,  qui  tient  la  flotte  ennemye  assm.^. 
gée  au  port  de  Berges  opt  Zoom ,  et  n*ay  peu  assez  rem^r* 
chier  le  Seigneur  Dieu  de  la  bonne  délibération  en  laqud/e 
j'ay  vçu  tous  noz  capitaines,  soldatz,  et  niatelotz.  Hz  ont 
bon  espoir  de  faire  si  bonne  garde  que  Tennemy  n*y  sor- 
tira jamais  à  bon  marché ,  et  moins  encoires  pourra  ravjc* 
tuailler  la  ville  de  Middelbourch ,  laquelle  passé  quelques 
jours  estoit  nostre,  si,  par  la  mauvaise  garde  que  fai* 
soient  aulcuns  capitaines  de  Camphere,  la  ditte  ville  D*eusse 
receu  quelques  quatre  ou  cincq  cens  sacqs  dé  bledz,  qui 
toutesfois ,  selon  que  leurs  lettres  et  aulcuns  prisonniers 
tesmoignent,  ne  pourront  guerres  durer,  si  desjà  ne  sont 
mangez.  J*espère  m  acheminer  demain  vers  Cattipbereet 
delà  à  Flissingen ,  attendant  Tissue  qu'il  plaisra  au  Seigneur 
Dieu  nous  donner  à  Tendroict  la  susditte  ville  de  Middel- 
bourch.  Monsieur  de  St.  Aldegonde  mavoit  passé  quel« 
ques  sepmaines  escript  une  lettre  pour  me  persuader  à 
quelque  paix  et  accord ,  à  laquelle,   à  ladvis  des  Estatz 
d'Hollande,  je  luy  ay  respondu  le  xxix*  jour  de  novembre 
dernier.  Et  aflGn  que  vous  puissiez  veoir  ce  qui  se  passe 
en  cest  endroict,  et  en  quelz  termes  nous  sommes  sur 
le  dit  accord,   ne  faisant  doubte   que   s'en   sèment  de 
bruyctz  assez  divers  par  delà ,  j'ay  bien  voulu  vous  en- 
voyer joinctement  ceste,  le  double  de  ma  ditte  lettre  du 
xxix^  du  dit  passé  ^  avecq  celle  que  pour  responce  m*a  de- 
puis encoires  escript  le  dit  de  St.  Aldegonde  le  îiij^  du 


—  305  — 

^  aussi  ce  que  depuis  a  esté  trouvé  bon  que  je  luy  i^yZ. 
ipveroys  et  à  Monsieur  de  Noircannes....  Décembre^ 

Escript  à  Zierixzee,  ce  xxiij*  jour  de  décembre  i5yi. 

Guillaume  de  Nassau. 


r»  »  ^ 


LETTRE  CDLiXIII. 

Ije  Seigneur  de  Lumbres  au  Comte  Jean  ou  Louis  de  Na^* 
sau.  Départ  du  Duc  d*Albe, 


Monseigneur,  ceste  servira  pour  vous  advertir  que  j'ay 
i  oest  instant  receu  lettres  d'Anvers  en  date  du  aa  du 
présent  9  par  lesquelles  on  me  mande  que  le  Duc  d*Alve 
est  party  le  18"^  de  Bruselles  avec  Don  Frederick  pour 
prendre  son  chemin  vers  Italie,  et  qu*il  doit  séjourner, 
ayant  venir  à  Luxembourg,  quelque  quinzejours  à  Namun 
Le  Gouverneur  nouveau  est  arrivé  en  Anvers  au  tans  que 
desMis,  où  il  kict  toutte  sorte  de  diligence  de  ravitaillera 
pim  grand  force  que  James  Middelbourg,  qui  est  en  né- 
oessité,  d*aultant  qu*ilz  n*ont  dernièrement  receu  que  5oo 
mesures  de  bled.  Monseigneur  le  Prince  est  à  Flissinghe, 
qui  aussi  faict  à  grand  diligence  donner  ordre  pour  em* 
pécher  ledict  ravitaillement.  Chappui'  Yi  tel  H  est  général 
âo  lieu  de  Don  FrédéricL  Au  demeurant,  Monseigneur, 
je  vous  prie  très-humblement  m  envoyer  quelque  argent,... 
Mir  tout  le  paiement  du  Sieur  Gallasse  Frégouse,  d*autant 
^pie  je  n  atens  que  cela  pour  euvoier  home  exprès  vers 

'  CbUppûi. 

4  > 


-1  306  — 

iSji.    ïnf  aTec  on  n&in,  un  scalpteur  pour  le  Roy,  «t  uft  dw 
'ècemkiti,  val  qui  est  icy.... 

De  GoUoD^e,  ce  xxyiij*  àe  décembre  iSyZ. 

Vostre  bien-bumble  et  affectionné 
serviteur, 

GuiSLAItV  DB  FtbNRSA. 

A  Monseigneur  y 
Monseigneur  le  Conte  Jan  ou  Mon- 
seigneur le  Conte  Ludovick  de 

Nassau  y  etc. 

■  la  i  ^1'         


t  LETTRE  CDLXIV. 

...  à  ^..  Ifoupellêt  de  Zéhmtb. 


%*  Le  Princed'Orange  resta  quelque  teniMen  Zébodc^  «DePriacC 
swas  dier  tyd  (encore  au  commencement  de  1674)  bîooeo  Vli 
MgeUy  en....  badde  met  bulpe  van  die  van  Holland  en  Zeelaod 
»grote  menîchte  vanschepen  toegerust,  en  deselve  van  alsvoonîaii 
•  met  't  gunt  dat  lot  suicken  sake  Tan  node  was.  Op  hare 
>  wareo  seer  kloeke  en  ervaren  bootsgeselleo ,  dewelke  sîet 
»en  begeerden  dan  bunne  krachten  tegeo  de  Spangiaerdea  t 
•▼en.»  Bor^  479** 


Le  %o^^  du  moys  présent  son  Excellence  s'est  embÉsapé 
à  Ziresee  et  est  aller  yoir  nostre  flote ,  ceux-là  qui  sool 
devant  Berges  op  Som  :  et  en  rarrivement  de  son  Eiod> 
lence  toute  Tannée,  navire  après  navire,  ont  fiuct  vok 
plus  proche  de  la  tranché  que  Tennemy  a  fortifié  pour  b 
teste  du  havre  du  dit  Bergen ,  pour  la  defifence  des  naii- 
res  de  guerre  qui  s*estoient  là  sauvex  à  leur  dernier  def- 


—  307  — 

• 

fàide^  estans  constrains  à  force  coup  de  canons  se  retirer     iS^S. 
là  pour  se  sauver.  Lorsque  nostre  Armada  se  préseiitoit,  Décembre, 
barçque  à  baroque ,  à  lendroict  de  la  fortification ,  conimen- 
coient  à  jecter  force  coup  de  canons  là-dessus ,  et  avecq  les 
demy-cartaulx  et coleuvrines  jouoyent  bravement  à  tours' 
et  travers  les  toix  et  maisons  de  la  ville.  Cependant  son 
Excellence  se  promenoit  çà  et  là  parmy  l'armée.  La  na- 
Tire  de  son  Excellence  estoit  accoustré  de  damas  crémoi* 
sîn,  et  Tennemy  ne  cessoit  pareillement  déjouer  avecqs 
bons  coups  d'artillerie  hors  de  son  fort  après  la  navire  en 
laquelle  son  Excellence  estoit.  Après  son  Excellence  fist 
assembler  tous  les  capteins  et  chiefs  de  son  Armada ,  et  de 
bouche  leur  ramentevoioit  de  leur  charge,  les  advisant 
de  quelle  grande  importance  et  conséquence  les  affaires 
deZélande  estoient ,  avecq  démonstration  de  la  sou  ver*  de 
oeste  guerre,  et  que  à  ce  respect  debvoient  employer 
tout  leur  pouvoir  pour  la  deffence  de  la  religion  ,  fran- 
diiseset  privilèges  de  la  patrie;  [ce]  que  tellement  encou- 
praga  les*soldats,  que  tous  d'une  mesme  voix  respondirent 
qu'ils  estoient  prests  d'assister  à  son  Excellence  jusques 
k  la  dernière  goutte  de  leur  sang,  et  que  plustost  que 
f abandonner  la  cause,  aymeront  myeulx de  servir  ungan 
lans  recevoir  maille  %  voire  à  encharger  tout  ce  qu'ils  ont 
en  ce  monde. 

Ceulx  de  Vlissingen  attendoient  la  venue  de  son  Excel- 
lence le  a8  de  ce  moys,  et  de  là  s*en  ira  vers  der  Vere. 
La  présumption  est  que  ceulx  de  Middelborg  et  Armuyden 
le  [demurent]  à  tracter  et  parlementer  ;  car  la  pauvreté , 
Eunine ,  et  misère  qu'ils  ont  enduré  et  endurent  est  insup- 
portable, car  leur  nourriture  a  esté  par  long  espace  de 

'  tort.     '  MiiTM*.    '  denier. 


—  308  — 

i573.     tampsratz,  soriz,  chiens,  etchatz;  les  bourgeois  ayeûi] 

écerabre.  leur  famille  meurent  à  force  de  faim ,  les  soldats  ont  en* 

coires  quelques  petite  moyens  par  les  yictuailles  qu'ils 

.  tecevoient  passé  3  sepmaines,  combien  en  petit  nombre. 

Il  y  a  este  grand  esmotiôn  des  habitans  et  bui|[eois  de 
Middelburg  à  Tencontre  de  garnison ,  jusques  à  ce  que 
ceux  de  la  ville  s'estoient  mys  en  armes ,  à  cause  que  Fofi 
bailloit  seulement  la  portion  des  vivrez  aux  soldats  et  que 
les  bourgeois  furent  repoussez,  et  pour  cela  ils  se  révol- 
tèrent, mais  Mondragon  appaisa  la  querelle  par  tous 
moyens  et  finesse  qu'il  pouvoit  inventer.  H  y  est  passé  i4 
jours  que  nos  maroniers  ' ,  qui  tiennent  le  [gurt]  en  un  petit 
canal ,  par  où  on  passe  de  Middelbourch  à  der  Goes,  où 
à  grand  paine  un  botkin*  peult  passer,  ouyrent  venir 
secrètement  un  botkin  venant  de  Middelborch ,  lequel 
ont  prins  par  finesse ,  et  ont  trouvé  dedans  que  maroniers 
et  un  nomé  Steinmulen,  maistre  d*hostel  de  Beauvoix, 
lequel  cy-devant  avoit  ravictuaillé  Middelbourg^  se  pen- 
sant retirer  avecque  plusieurs  lettres  qu'il  portoit ,  dont 
ne  sçavons  ancoir  le  secret.  Entre  aultres  Dragon'  pro- 
teste devant  Dieu  et  le  monde  du  tort  qu'on  luy  hkt  de 
ne  l'avoir  secouru  en  temps  et  heure,  et  que  la  viUe  ne 
fust  aultrement  pourveu,  comme  on  luy  avoit  promis  de- 
vant qu'il  y  allasse.  La  reste  des  lettres  susdits  en  tient 
encoires  secret ,  mais  je  ne  doubte  pas  que  son  Exodlenœ 
sçaura  tous  desseings,  practiques,  menez,  et  par  fiel 
moyen  l'ennemy  vouloit  victualier  la  ville. 

Son  Excellence  m'escript  une  lettre ,  par  laquelle  il  me 
faict  entendre  conunent  qu'il  annéante^  toutes  cominii> 
sions  par  cy-devant  donnés,  et  que  je  debve  trousser  par 

I  mwrimwn,    *  pHtU  barqM  (hoakêit),    9  MoBdn|oa.  ^  OMt  ft  «éMl, 


—  310  — 

lS(^3.  «et  particalièretnent  avec  les  subjects  de  France)  n'estoit  pai 
écembre.  «comptable  de  ses  volontés  au  pari  y  Protestant,  ny  obligé  de  toÎTit 
«ses  mouvements:  il  avoit  nagiières  basty  des  correspondances  de 
«plus  grande  haleine  avec  le  Roy  de  France,  touchant  la  cooqoeste 
«des  Pays-Bas  «  /./.  p.  4ia,  4^4  Cette  usurpation  dura  qoatre 
mois,  et  «  Glandaige  fut  justement  expulsé  d'une  place  qu'il  tvoU 
ju saisie  injustement.»  p.  4t6. 

Monseigneur ,  estant  arrivé  en  ceste  court ,  n*ay  falli 
à  faire  ce  que  in  aviez  comniendë  tant  au  Roy  quà  U 
Reyne,  à  quoy  leurs  Majestés  me  répondirent  que  ce 
n  étoit  de  ceste  heure  qu  ils  estoint  assurés  de  vostre 
bonne  voulonté  en  leur  endroit.  Je  eusse  jàestédespesché, 
ne  fust  que  la  Reyne  c'est  trouvée  mal.  Je  pence  que 
n'ayes  encores  entendu  la  siirprinse  que  Ton  a  voulu  faire 
à  la  Rochelle,  laquelle  n*estant  sortie  en  efait',  U  y  en  eu 
six  de  roués  ou  pendus,  et  vint-et-deux  de  prisonierSi 
tant  de  la  ville  que  estrangers.  Uon  dit  que  c'est  le 
lieutenant  de  céneschal  de  Poitou,  nomé  la  Haye,  qui  t 
mené  la  dite  entreprinse,  sans  la  volonté  du  Roy,  ce  que 
la  Royne  ni*a  coiuendé  de  dire  et  assurer  à  ceulx  de  k 
religion  (jui  sont  en  ces  pais  de  Daufiné  et  de  Prouvencc, 
et  que  bientôt  le  Roy  en  fairoit  faire  une  telle  punition, 
que  on  connoîtroit  que  c'a  esté  contre  sa  volonté.  — ^  Je  n  ay 
entendu  aultre  chose  d'Orenge  que  ce  de  coy  Ton  vous  a 
informé  premièrement,  et  davantage  que  ce  n'a  point  esté 
entreprise  particulière  de  Glandage,  mais  d'eux  tous, 
corne  m'en  a  informé  un  jentillome  que  y  fut  envoyé  du 
Roy,  il  n'y  a  qu'un  mois  s'estre  arivé  là.  Je  ne  faudray 
vous  advertir  de  la  disposition  des  afaires  par  home  ex- 
près, ou  par  moy-mesmes,  ai  je  voy  qu'il  n'y  aysi  poiat 

*  elTel, 


—  âu  — 


,  qtii  me  fait  douter  que  mon  voyage  ntt«(ùt     iSyS. 

'inutile,  parquoy  je  vous  siiplie  m'advcrtir  de  vosire  vo-  Décembre, 
lonté  parle  premier,  en  cas  que  je  ne  puisse  là  rien  faire; 
je  ne  lairaj  pourtant  d'i  faire  mon  devoir  et  m'y  employer 
de  la  mesme  afectîon  que  j'ay  tousjours  désiré  de  vous 
tûre  trèsbuinble3ervice,priaDt  Dieu,  Monseigneur,  vous 
donner  sa  grâce.  A  St.  Germain  en  Laye,  ce  dernier  dé- 
cembre. 

Vostre  très  humble  et  «fTectioané 
serviteur, 

[Abdeik]. 
A.  Monieigneur, 
IfoDMigneur  le  Conte  LudoTÏc  6e 
Nv»u. 

A.  Dillenborg. 


L*«ntr0pri se  contre  la  Rochelle  dut  causer  de  l«  défiRnoe  eatra  Im 
BOBvetuxalliéi  ligué* contre  la  Cour;  car  de  la  Hayeavoll  p«m  *m> 

■  desplusesebaulTeienlrclespolilkques,  >  /'iedtt/elaJVoar,p.t  19, 
M  onaToit  compteur  Binon.  GuillaumedcUesse,  écrivant  à  l'Electenr 
Pabdio,  lelgfévr.  74,  et  parlant d'undînour»  latin  ,  dansiciqudou 
nmit  que  pluileun  grands  Seigneurs  raécooleats  en  France  eui«ent 
rïDlentioa   liocére  de  ae  joindre   ■»(   HujueooU,  ajoute:  «Wir 

'  tbaben  nie  in  uoseron  LopIT  pringenn  kôanea  d»%  der  Hetzog  von 

•  AliDcon ,  der  von  Mommoraticy,  lier  von  Bvron ,  undl  aadere 
>4er(;(eichc  benanlte  Hern  gui  Hugcnolliich  teio  soltpn,9ondern 

■  hibeiM  allicil  Tûr  ein  beirug  (wie  es  dinn  die  jungiliue  Rosclielle 

•  (Ûrg«bable  terretlere^,  derendervon  Bjiron  aulhor  gewescn  sein 
>Mllf   anigevieseo) ,  undt  fur  ein  eiploralion  gehalten,  undt  uiu 

•  hochlich  terwufKlerl  dis  mann  dem  Tùrgelien  bal  wollen  gUubea 

•  zuslHIen,  Das  ipricliwoiri  heUt  Piicaior  ictus  tapit,  soi  nos 
ttati**  ieti nonitum  ifiUire ,  leé  decipieittibui  adhue fidem  adhiben 

■  »tt ewn  iUit  traetare  folumus....*  (-f-MS,  C). 

Pimi  les   Réformé*  pitnienn  k  hisokat  scrupule  de  nieltn 


1 


-    312  — 

• 

l573.  leurs  griefs  et  ceux  des  Politiques  en  commun.  «M.  do  Tle«ii 
Dtombre.  «contestoit  contre  M.  de  la  Noue  et  ce  avec  forles  raisons  qa*il  m 
tofaloit  point  mrsier  raffaire  de  la  Religion  avec  les  roesconleole- 
»men.<>dii  Duc  d'Alenron.  Qu*!!  esloit  plus  expédient  que  chacu 
MJfit  son  fait  à  part,  demeurant  au  reste  bien  ensemble^.  ;  surlMt 
«qu'il  faioit  bien  peser  que  la  cause  de  ceux  de  la  religion  dalMt 
i> divine  perdroit  beaucoup  de  son  poids  si  on  la  mesloU  tvce  Ici 
«intérests  des  hommes.  L'antre  opinion  toutefois  l'emporta.  €(»- 
«viennent  donc  les  associés  de  prendre  les  armes  le  lo  mars  tS*}^» 
Fie  de  Momay ,  p.  23.  Le  Duc  de  Bouillon,  qui  eut  une  gnoda 
part  a  ces  projets,  les  désapprouva  dans  la  suite;  écrivant  à  ioofils: 
«  Tien  toy  tousjoui*s  avec  ton  Roy ,  et  rien  ne  t*en  poisse  jamaii 
«séparer  que  le  maintien  de  la  liberté  de  la  conscience,  poorb- 
»  quelle  je  te  convie  et  conjure  de  présenter  à  Dieu  tes  biens,  ta 
«vie,  et  ta  personne,  et  qu'il  te  souvienne  que  les  Roys  noas  toit 
«donnés  de  Dieu,  et  quoy  que  mauvais  quelques  fois,  néanloMÎM 
«nous  ne  les  deb\ons  desservir.  Encores  que  Monsieur  le  Dueeost 
«parmy  ces  autres  raisons  de  prendre  les  armes  pour  la  vengnnet 
«de  la  St.  Barthélémy,  sy  n'estoit-il  pas  permis  par  la  loj  deDict 
»ny  politicque,  qu'il  le  fit ,  n'ayant  en  cela  nulle  vocation,  et qoaad 
«Dieu  eust  béni  ses  desseins,  c'eust  esté  pour  punir  ce  quiavoiC 
«esté  entrepris  à  la  St.  Barthélémy,  mais  gardant  à  Monsienrce 
«qu'il  méritoit  en  se  rendant  autbeur  de  tant  de  maux  quoae 
i*  guerre  illégitime  apporte;  c'estoit  sans  justice  que  nous  enlrepre- 
«nions  toutes  ces  nou^etletcz;  je  te  conjura  de  ne  tomber  eopt- 
ureille  faute. •  Mcm^  de  l'HtsL  tle  France^  T.lfi^p^:ib  ei  sq.  (reio 
d'après  le  MS.  P.  D.  82). 

Le  Prince  d'Orange,  ayant  appris  par  de  la  Noue  les  motifs  de 
sa  conduite,  lui  répondit:  «Ayant  par  M.  Texlor,  présent  porteur, 
«receu  vostre  lettre  du  6  du  mois  de  mars  dernier,  j'ay  estébid 
«fort  ayse  d'entendre  de  luy  de  vos  nouvelles,  ensemble  les  parti- 
«cularilez  que  de  votre  part  il  avoit  charge  me  déclarer.  U  o'cs- 
«  toit  besoin  d'user  vei*s  moy  d'aucunes  excuses  pour  vous  estre  oûs 
»en  défense  contre  le  rude  et  mauvais  trai^^tement  qne  Ton  fait  se»- 
»tir  par  delà  à  ceux  qui  suivent  la  pure  parole  de  Dieu,  sçacbaat 
9  assez  que  la  rigueur  et  violence  de  ceux  qui  ne  peaveoi  eodonr 


—  313  — 

B  le  repos  et  tranqaillîté  publicque,  vous  y  ont  contraints,  et  jettes      l5j3. 
t«D  cette  nécessité.  «>    f^ie  de  fie  la  Notre,  p.  1216.  Décembre* 

Le  G>mte  Louis,  depuis  longtemps  au  fait  des  plans  auxquels  le 
d^Mirtdu  Duc  d'Anjou  a%oil  donné  de  la  malurilé,  p.  127%  étoit 
lié  avec  les  Politiques.  Ils  s'étoieol  promis  un  mutuel  appui;  mais 
ne  parent  s*entr'aider:  Le  Duc  de  Bouillon  écrit:  «DeRheims  nous 

•  allasmes  à  Soissons,  où  nous  vint  trouver  M'  de  Thoré.  Là  arriva 

•  mn  ministre  nommé  St.  Martin,  envoyé  de  la  part  de  M' le  Conte 
»  liouis  vers  Monsieur;  mon  oncle  et  rooy  parlasmes  k  luy ,  sa  créance 

•  cstoitque  le  dict  Conte  estoit  à  cheval,..,  qu'il  venoit  pour  exécuter 

•  one  entrepiise  sur  Mastric  et  qu'il  atlendoit  des  advis  de  Monsieur 

•  pour  tourner  la  teste  vers  luy  où  il  luy  seroit  mandé.  Nous  ne 

•  peasroes  luy  donner  jour  ny  lieu,  mais  que  dans  un  mois  nous  luy 
»  ferions  savoir  de  nos  nouvelles»  (Mém.del'flist.  de  France,  48.  p. 
k4).  £1  peu  de  temps  après:  «  Là  vient  à  M.  duPlessis  commandement 
»da  M,  d'Alençon  d'aller  de  sa  part  vei-sle  Comte  Louis  de  Nassau 
»(il  estoit  autour  de  Masirich  qu'il  avoit  pensé  surprendre)  pour 
»luy  persuader  qu'il  amenast  ceste  armée  autrement  inutile,  vers 
»la  France;  qu'aussiiost  qu'il  le  scauroit  sur  la  frontière,  il  Tiroit 
•rencontrer  avec  tout  ce  qu'il  pourroit  mener  avec  luy...  Il  nepeust 
•rien  obtenir,  partie  parceque  ceste  armée  levée  tumulluairement 
»par  ses  parens  et  amis  ne  luy  avoit  été  donnée  que  pour  certain 

•  temps;  partie  aussi,  paicequ'il  avoit  dessein  de  passer  en  Angle- 
•terre,  où  ses  ser\iteurs  luy  proposoient  de  belles  espérances,  et 

•  pourtant  sehastoitde  licencier  ses  gens.»  FiedeMornay,  p.  38. 


LETTRE  CDLXVI. 

Le  Comte  Louis  de  Nassau  au  Prince  d*  Orange.  Affaires 
d'Allemagne  ;  préparatifs  de  son  expédition. 


*^  Cette  Lettre,  sans  date,  par  oit  écrite  à  la  fin  de  i573. 
Monseigneur,  mes  frères  et  moy  avons  este  desjà  re^ 


—  314  — 

tSyi,    cerohés  par  plusieurs  de  vous  vouloir  solliciter  et 
Déoombre.  plier  de  tant  faire  avecques  les  Estais  de  Hollande 

que  ce  premier  terniin  puisse  estre  satisfaict,  et  qu*ils^ 
auront  patience  aussi  longtemps  que  Ton  youldra  ayec- 
ques  les  aultres,  se  présentans  de  vous  faire  ung  reutter- 
diensi  avecques  mille  ou  douze  cents  chevaulx  à  leur 
despens,  et  ce  en  tout  tel  endroict  que  l'on  vouklnt  at^ 
tenter  quelque  chose;  car  ils  congnoissent  bien  que  ils  tt 
scauroient  estre  paies  si  les  Estats  ne  sont  aulcunement 
soublagés,  entreprenant  d'ung  aultre  costé.  Nous  avons 
esté  requis  particulièrement  de  Ernst  von  Manslo  '  de  vous 
vouloir  supplier  de  sa  part  que  veullés  oublier  tout  ce  qui 
s  est  passé  à  Delft  entre  vousetluy  ;  qu'il  confesse  d'avoir  k 
tort,  mais  que  cesparoUes  estoient  plustost  procéda  d'une 
fâcherie  de  ceurde  ce  qu'il  se  sentoit  pressé  d'ung  chascung 
et  qu'il  voioît  les  Estats  si  mal  résolus  et  affectionnés  à 
condescendre  à  leurs  demandes,  que  d'une  mauvaise  vo- 
lonté en  vostre  service,  et  qu'il  estoit  tout  prest  de  cn- 
ployer  sa  vie  en  tout  et  par  tout,  moiennant  qu*il  fust  ts* 
seuré  que  vous  Fauriés  pour  agréable.  Nous  luy  avons 
promis  de  vous  en  faire   le  rapport  par  escript  ou  de 
bouche;  il  semble  qu'il  désire  de  demeurer  vostre  pensîo* 
naire  tout  ainsi  qu'il  a  esté  auparavant.  Nous  avons  re— 
monstre  bien  au  long  à  Wallefels,  qui  est  celui  lequd  i& 
ast  envoie  vers  nous ,  le  peu  d'occasion  qu'il  avoit  eu 
départir  arrière  de  vous  de  telle  façon  comme  nous  avion 
entendu ,  et  que  luy  avoit  pressé  le  Conte  de  Barbi  et  Din 
von  Hoert  de  vous  annoncer  de  sa  part  qu'il  n'entendoit  pa.^ 
déplus  estre  vostre  pensionaire,  s'estant  fondé  sur  le  pctic 
traictement  que  luy  avés  présenté  de  la  part  des  Estats  > 

'  Mandes)». 


—  315  — 

Airecques  tout  plain  d*aultres  circonstances:  tous  adyise-     i573. 

,  s*ilTous  plaît,  ce  que  youiés  que  soit  faict  en  cecy,  et  Décembre, 
obéy.  L*ou  nous  baille  bone  espérance  du  Duc  Casi- 
mir f  oe  vouloir  faire  quelque  chose  de  bon ,  et  de  faict  il  a 
désiré  de  pouvoir  communiquer  avecques  mon  frère  et 
moj  pour  prendre  une  résolution ,  à  quoy  tiendrons  la 
main ,  comme  pourrés  penser.  Mous  partons  à  cest  instant 
pour  l'aller  trouver  à  Symmeren,  et  le  presserons  jusques 
tu  bout:  Dieu  nous  veuille  assister  qae  nous  puissions 
i^Sflouldre  quelque  chose  à  Sa  gloire  et  à  vostre  soulage- 
ment; vous  en  serés  promptement  adverti.  Quant  à  ce 
[U^  mandés,  qu'il  vous  semble  que  l'Empereur  ne  se 
•ODstre  guères  affectionné  en  vostre  endroit,  ayant  mes- 
^^nent  escript  au  Conte  Palatin  de  empêcher  vous  et 
*•  vostres,  voire  de  leur  courir  sus,  ce  sont  termes  gé- 
^s^ulx  (i)  et  pareils  aulx  édicts  qui  furent  faicts  il  y  a 

is  ans  en  faveur  du  Roy  de  France.  La  principale  cause 

nous  meust  à  solliciter  le  faict  de  Bitz,  est  pour  obvier 
t  empêchement  de  la  levée ,  car  j'espère  que  nous  au- 
^^s  moien  de  niectre  sus  deulx  mille  chevaulx  et  trois  ou 
mille  harquebuzier  pour  faire  une  honeste  entre- 
,  sans  que  Ton  nous  peult  empêcher.  Il  est  vray 

,  si  les  Estats  pouvoint  aulcunement  fournir  au  pre- 
termin,  que  cela  avanceroit  merveilleusement  la  be- 
^^^gne.  Lng  gentilhome  qui  s  appelle  Eyl  fust,  il  y  eust 


(l)  termes géncraulx.  Cependant    clmperalor  misit  ad  Rbenuin 

^^^tos  per  quos  conatur  impedire  ne  progrediantiir  milites  quos 

"-^QX  Cbristophoros  Palalinus  et  Cornes  Liidovicus  dicuulur  con- 

^"^ribere  ad  ferendum  aaxîlîam  Principî  OraDgio.  •  La/tg,  Ep,  secr, 

^.  a3oy  imf. 


—  316  — 

i573.  hier  huict  jours,  dedans  la  ville  de  Nimmegen,  où  il  riu 

Décetnlire.  le  Duc  d'Albe  assé  mal  accompaingnë ,  comme  il  dict,  il  a 

deulx  compaignies  des  Alemans  et  peu  des  El^aingnoh 

avecques  luy  :  ce  seroit  prendre  le  nid  avecques  les  oi- 

seaulx,  si  ainsi  fust  ordonné  de  Dieu.  Hellingest  encores 

après  pour  sçavoir  toutes  particularités ,  lequel  j*atteiis  de 

heure  à  aultre.  L'on  me  veult  asseurer  de  lentreprime de 

Venlo;  je  scauray,  dedans  peu  des  jours,  ce  queFooeD 

debyra  espérer;  il  fault  prier  Dieu  de  bon  coeur,  et  D  M 

nous  délaissera  poinct  au  besoing,  et  ordonnera  que  le 

tout  réussira  à  nostre  salut. 


*  LEITRE  CDLXVII. 

IVenceslas  Zuléger  au  Diic  Jean- Casimir.   Détails  «r 
les  négociations  avec  le  Roi  de  Pologne  et  ses  mimsùes 

(ms.  cassel). 

*^*  On  reconnoit  ici  celui  dont  la  franchise  étoît  peu  agréiblc 
aux  agents  de  Charles  IX;  cqui  a  toujours  le  faict  de  ceui  deh 
»  religion  de  France  en  la  teste  et  en  la  bouche:»  p.  197.  Quant  a 
TEIecteur  Palatin,  il  semble  que,  sans  cacher  au  RoidePologac 
ses  sentiments  ^p.  siqS),  il  ne  Ta  pas  accueilli  aussi  défavorableaMOt 
que  quelques  historiens  (par  ex.  de  T/ioUj  Ilisf.  11.  973 ,  D.)  le  rap- 
portent. 

....Mein  gn.  Herr  empfing  den  Konig  von  Polen  in 
gespiegelten  saal,  und'  volgendes  tags  von  7  bis  umb  10 
uhre  allein ,  ohne  jemandes  beysein ,  von  der  handiung 
zu  Paris.... 

Nachmittag  ist  in  beysein  beiderseits  retben  so  dann 

*  bat  ihn  unterbaltcn  ou  quelque  chose  de  semHuhle , 


verordnei  waren,  von  der  verstandmûs,  so  beide  von   iSj^. 
Franckreidi  und  Poln  gesucht,  geredt  wnrden.,..  Janyîer. 

Oni  rotiemualimisltsurun  Irailé  parlIculifr.ieinspccÎBlLûndl- 
»nii*.>ll  *  été  ri-pnodo  (|u'oii  aeconcerleroîlaïccil'autre^Princes. 
£liFnielZulrgcronl'éliJenvD]ré&àC>3sel.  el  onldeclaré  auComlede 
Sletz,  à  H.  de  Belliévre,  et  à  Scbonberg  vouloir  reslerdins  les  1er- 
mes  de  l'incicnne  *milié.  Ceux-cj  onl  absolument  toulu  idaa  Phlt 
>>ich  1  erbùudr pour  1rs  eonsm-alion  dt  l'étui  contre  tous;  •  maU  oua 
fkilealriidre  •dai  Pralz,  waj  die  sacbea  so  Fraakreich  œil  seinen  un- 

■  dcTlhaarn  tu  ihuti  halte,  aniangt ,  (rpy  onverbunden  sein  uolle,» 
et  ne  louloil  pai  prend  te  dca  engagements  qui  facilitproienl  la  per- 
sécution dn  HuguenAls;  •  wodurrh  sie  hernach  urmrh  sucbtcD  die 
(arnien  Ciirislcn  in  rrinrkreich  zu  lienrken  und  Tollendli  a{  die 

■  fleischbanck  xu   lifern,  wie  dan   Li^her  allnegen  geschecn  das, 

■  under  den  scbrin  und  lîlul  der  Rébellion  und  das  es  cattififes- 
•  tal  und  nit  tir  (a  rt/igion  seîe,  allwrgen  die  Cbrislen  gehenckt 
>nad  Ruigeieuliel  wordeo.  ■ 

DerhallM^n  besser  das  es  bey  aller  hergebracbter  freundt- 
schafTt  blribe,  ohne  fernere  verbimliing,  wie  auch  der 
eniliche  beschiusz  dahin  gelliuttft  l'as  Pfalz  sich  seibst 
ge^ea  der  kon.  W.  in  rranckrcich  resolviren  sol!,  wie 
dan  ir  rhf.  Gn,  wol  /«  génère  ohn  einicb  verknûpfung 
ifaiin  vrerden. 

Dièses  ei-zehie  E.  f.  Gn.  ich  darurnb  desto  welilaufEger, 
damit  E.  f.  Gn.  abnenien  niogen  wo  îr  gantz  discours  und 
teopu»  bingelit,  nemblirb  dieweîl  diejhenige  so  zu  der 
Parisischen  niordiliat  gerathen  und  gcbolffen,  aile  sus 
forcht  ausz  Franckreîch  zielien,  und  wol  wissen  (.wie  si* 
auch  feibst  bekennen)  das  in  Franckreirh  toaU  fet  estait^ 
ein  Bundt  geniacht  diejtienige,  so  eu  der  mordtliat  und 
br«chiing  d«s  so  berriidien  fridens  gerathen,  und  das 
Itabenûche  régiment  cur  rechnung  anzuhalten ,  so  under- 


—  318  — 

i574«  steht  der  Ton  Retz,  als  fûmembste  rathgeber  des  mat' 
JaDvier.  sacre j  mit  solcher  masque  und  schein  einer  bûndtnfismic 
den  Teutschen  Chur-  undFûrsten  obgemelt  der  Stende  in 
Franckreich  fûrnemen  zu  brechen  undzu  hindern,undzam 
wenîgstens  Ventreveué  de  Princes  et  le  bon  receul*  qu*(m 
faict  au  Boy  de  Boulogne  dahin  zu  raiszbrauchen.^..  Ich 
habe  des  Konigs  Canzier  M^  de  Pietprat  *,  so  ein  ehiiich, 
gelehrter,  verstendiger ,  und  guter  man,  angesprochen, 
welcber  mir  rundt  angezaigt  das  sie  keiner  andem  ursach 
halben  die  bûndlnùs  suchen  dan  das  sie  under  sokhem 
schein  die  bûndtnûs  so  der  Hertzog  von  Alençon  mitaUen 
Fiirsten  [vom]  adel  und  slenden  in  Frankreicb  gem&cbt 
umb  das  Italienische  régiment  abschaffen  ,  auch  rechnung 
Ton  allen  bisher    geubten  handiungen  haben    wollen, 
brechen  und  zu  nichtmachen  und  sie  im  Régiment  bleiben 
mogen  ;  von  der  ursach  weg  haben  siesich  auch  alsoheSkig 
understanden  [den]  Hertzog  von  Alençon  durchdenEngfr 
schen  heyrath  zu  entschûtten....  Darunib  er  Gott  im  liioid 
gedanckt  das  die  resolution  wie  oben  gemeit ,  gefaUen  ist; 
daswûrdeden  guten  leuthen  in  Franckreich  ein  hertz  und 
die  morder  verzagt  machen...»  Welches  ailes  E.  f.  Gn.  ich 
darumb  zuschreibe  damit  sie  aller  handiung  mÔgen  einco 
grundt  haben,  und  ire  actiones  damach  richten.  Dann 
uns  gar  nit  zweivell  der  von  Retz  und  Schomberg  werden 
£.  f.  Gn.  mit  wunderbarlichen  brillen  begegnen,  dieselb 
zu  betrugen  undins  garn  zu  bringen....  £.  f.  Gn.  vroUen  of 
£reien  fûssen  stehn,  wie  bisher,  den  armen  Christen  odsr 
andern  so  des  Kônigreichs  wolfarth  suchen,  zu  helffea 
oder  nit.  Da  v^ollen  sie  E.  f.  Gn., wie  auch  andere  Herm, 
verknipfen  und  inen  die  hende  binden ,  welches  keines» 

*  acmcil.      '   Pibrar. 


—  319  — 

wegs  sidi  tbun  lasst,  no€h  gegen  Gotzu  verantwoiten ,  tSji' 
auch  vor  der  weldt  die  groszte  macula  iind  flec  were,  Jtnfier. 
welche  unseren  Hernn  kiindte  angehenckt  wcrden.  Hierin 
werden  E.  f.  Gn.  Brandenburg  wol  wissen  zu  verwarnen, 
wie  auoh  andere  Herm,  bey  denen  Poln  solches  suchen 
mochte....  Gewiszlich  uff  langem  mitziehen  und  beywoh- 
nen  bat  Graf  Ludwig  geseben  und  gespùrt  das  der  \on 
Retz  und  Hertzog  von  Nevers  nur  aus  fcircbt  ausz  Franck- 
reich  gezogen....  Wir  acbten  das  Scbonberg,  Staupitz, 
und  der  von  Platen  keiner  andern  ursacb  balben  mit 
hineinzieben ,  dan  eben  der  ursacb  balben  das  sie ,  wo 
ftie  seben  dasz  das  wasser  in  Franckreicb  will  ueber  die 
korbe  gebn ,  ein  kriegsvolck  werben ,  jetzt  im  durcbzug 
ire  leutbe  besprecben.  So  gebe  inen  der  Konig  zu  Polen 
gelt:  bette  man  aucb  Si>  viel  yerscbmitzter  kopf  und  die 
recbten  blutbunde,  als  baupter,  bey  sicb....  Wolte  der 
Hertzog  von  Alençon  und  anderen  E.  f.  Gn.  auch  gebrau- 
cben ,  stebt  es  bçrnacb  bey  demselben  was  sie  tbun  wol- 
len....  E.  f.  Gn.  woUen  sicb  wol  fiirseben  ;  dan  sie  aucb 
dahin  konimen  das  sie  sicb  gegen  Graf  Ludwig  vernemen 
lassen  das  die  Religions-verwandten  in  Franckreicb  sollen 
gesicbert  sein ,  wo  aber  Papisten  weren  die  sicb  solten 
tminassen  dem  Konig  ordnung  geben ,  das  man  denen  nit 
hdffen  wolle,  oder  zum  wenigsten  stille  stebn.  Nun  baben 
aber  les  Officiers  de  la  Couronne  zusamen  getban  und 
wollen  ein  Reformation  in  Franckreicb  baben  ,  wie  audi 
Schonberg  seibst  bekant  das  der  von  Montpensier  aucb 
im  bundt ,  da  wolten  sie  gegen  versicbert  sein  das  man 
denen  nit  bilf  tbete.  Nun  ist  aber  besser  das  remedium 
des  Officiers  de  la  Couronne  gebe  fur  sicb  und  das  die  . 
peraonen  solten  bleiben  und  das  Konigreioh  zu  schei- 


—  320  — 

i574*  t^ni  gehen.  Welches   auch  fur  uns  Deutschen  beasev 

JaoYîei*.  und   zu    versicherung  des  Haus  der   Pfaltz   mehr  fur- 

traglich  y  [und]  £.  f.  Gn.  réputation  und  standthaftiglu 

erhelt. 

Euer  f.  Gn.  rathen  wir  underthenig  das  die  mit  d( 
Von  Retz  und  Schonberg  sich  nit  zuvil  einlasse....  Cassel  9 
a  janv.  1574. 

Le  Roi  de  Pologne  eut  aussi  une  entrevue  tvec  le  Landgrave  J^ 
Hesse,  Celui-ci,  écrivant  le  a  janv.  de  Cassel  au  Comte  H.  <1^ 
Nuenar,  lui  en  donne  quelques  détails,  les  mêmes  qu*il  avoitcons* 
muniqués,  le  3i  déc,  à  TEIeteur  deMayence:  RommeiyJV,  G  B,M  t 
p.  56o.  Il  ajoute:  twîr  haben  sein  kôn.  W.  einen  xîaiblithe»** 
»verstendigen  beredten  Fûrsten  befunden,  der  sich  jegen  dielewt*^ 
vnach  gepurnûs  woll  zu  balten  weiss..,.  £r  bat  sich  auch  gar  hods 
»erbottfnn  das  sein  K.  W.  geneigt  seie  roitt  deû  Teutschen  Cbur— 
«undFûraten  gutevertreuliche  correspondenz  zu  halten»  ^*f'lIS.C^« 


MU    ^ 


♦  LETTRE  CDLXVIII. . 

Le  Prince  d'Orange  aux  Comtes  Jean^  Louis  y  et  Henf^ 

de  Nassau  :  Il  insiste  sur  un  prompt  secours. 


JA 


Messieurs  mes  frères ,  par  la  lettre  que  je  vous  ay  es* 
cript  de  Zierixzée  le  xxiij^  jour  de  mois  passé ,  dont  k 
double  vat  icy  joinct ,  vous  aurez  amplement  peu  Teoirco 
quelle  peine  je  suis  pour  n'avoir  depuis  vos  dernières  da 
vj^  jour  de  novembre  eu  aulcuns  aultres  lettres  ou  non- 
Telles  de  vous.  Et  comme  je  demeure  encoires  en  h 
mesme  peine  et  que  cependant  ces  longeurs  n  apportent 
guerres  d*avanchement  à  nostre  cause  ,j*ay  du  tout  trouvé 
convenir  de  faire  suivre  ceste  à  ma  ditte  précédente,  pour 


—  321  — 

yous  prier  que ,  me  releyant  de  telle  paine ,  yoiis  me  faictes  1 574» 
an  plustosl  entendre  Testât  et  disposition  tant  de  vostre  Janvier. 
bonne  santé  et  disposition  que  de  noz  affaires  de  par  de- 
là: d*aultre  part,  comme  le  temps  et  la  saison  de  Tiver  s*ad- 
Tance  bien  fort  et  petit  à  petit  s'approchera  la  primevère , 
et  que  des  practiques  et  secrètes  menées  de  l'ennemi  ne 
debvons  aulcunement  doubter,  ains  nous  asseurer  qu'il 
n*obmectra  rien  pour,  ayant  le  loysir,  se  mectre  en  nouvel 
équippaige  pour  nous  donner  plus  d'affaires  qu  aupara- 
vant, mesmes  s  il  nous  voyt  encoires  destituez  de  tout 
tecours  et  noz  villes  par  tant  de  frais  et  despences  si  fort 
chargées  que,  selon  apparence  humaine,  elles  ne  pour- 
rojent  longuement  subsister  sans  quelque  bon  secours  et 
soulaigement;je  vous  prie,  le  plus  affectueusement  qu'il 
m'est  possible,  qu'en  toute  diligence  me  veuillez  au  vray  et 
tout  ouvertement  mander  en  quelle  estât  sont  voz  affaires 
par  delà,  et  si  en  brieff  vous  ferez  quelque  assamblée, 
joincteihent  quel  secours  nous  avons  seurement  à  attendre 
de  vous  et  Farrest  qui  en  est  prins,  sans  dissimuler  aucu- 
ne chose,  affin  que  nous  puissions  icy  régler  et  faire  estât 
selon  cela ,  pour,  après  une  longue  et  vaine  attente  de  se- 
cours, ne  tomber  au  mesme  inconvénient  qui  nous  advint 
à  Tendroictde  la  bonne  ville  de  Harlem ,  laquelle,  après  s  es- 
tre  si  vaillamment  maintenue  et  avoir  tant  souffert  sur 
fespoir  que  de  jour  en  jour  je  luy  donnois  du  secours 
4{ue  nous  recepvrions,  fust  à  la  fin  constrainle  se  rendre 
à  lamercy  des  ennemys,  qui  Font  traictée  si  inhumaine- 
ment que  la  souvenance  des  cruaultez  y  exercées  ne  se 
polra  jamais  estaindre.  Qu'à  ce  regard  debvons  bien  pen- 
ser quel  traicteraent  Tennemy  feroit  aux  aulires  qui,  par 
ËAulte  de  secours,  pourroyent  tomber  entre  ses  mains; 

4  21 


—  322  — 

1 574*  puisque  luy ,  depuis  la  rendition  dudict  Harlem,  a  receu , 
J  anvîer.  tant  en  Waterlandt  que  icy  en  Zeelande ,  si  grandescome  ' , 
perte,  honte,  et  vergoigne':  vouscongnoissez  son  naturel, 
non  seulement  ambitieux  et  vindicatyf ,  mais  quasi  de- 
spouillé  de  toute  humanité.  Je  ne  vous  diz  poinct  tout 
cecy  pouraulcunement  me  deflier  de  voz  bonnes  diligen- 
ces, ayant  cy-devant  par  plusieurs  lettres  très  assez  Teu 
les  bons  debvoirs  que  vous  faictes  sans  cesse,  mais  pour 
aultant  que  plusieurs  moyens  desquelz  m'avez  faict  ouver- 
ture etlesquelz  j*ay  trouvé  bien  bon,  sont  toutesfois tirez 
en  grande  longueur,  et  que  la  tardivité  d*exécution  nous 
apporte  desdommaiges  et  inconvénien s  irréparables,  dont 
pouvez  facillement  considérer  combien  la  diligence  en  noz^ 

I 

actions  est  requise  et  que  ung  bon  secours  nous  tirreroi&=: 
maintenant  avecq  peu  de  paine  hors  de  tous  maulx,  es— ^ 
tans  les  forces  ennemies  tant  descouragées ,  désunies  e'V 
esparses  de  tous  costez  ;  que  me  faict  aultre  fois  vous  prie^rr 
que  incontinent  cesle  veue  je  puisse  avoir  absolute  re^— 
sponse  de  vous ,  et  plustost  par  deux  ou  trois  diverses 
voies. 

Depuis  ce  que  dessus ,  est  icy  arrivé  le  présent  porteur 
avec  une  lettre  de  mon  frère  le  Conte  Jehan  ,  escript  à 
Dillenbour(*h  le  ii  jour  du  mois  de  novembre  dernier. 
Et  oires  qu'elle  a  faict  si  long  séjour ,  si  est-ce  toutesfois 
qu'elle  m'a  esté  très  agréable,  pour  avoir  veu  par  icelle 
vostre  bonne  disposuion,  joinctement  les  bons  debvoirs 
et  dilligences  ausquelles  vous  continuez  par  delà.  Je  ne 
vous  feray  icy  long  discours  en  responce  de  vostre  lettre, 
puisque  je  n'y  ay  trouvé  aucune  résolution  de  voz  affai- 
res, bien  que  suis  esté  aise  de  veoir  que  la  confédératior 

*   honte.     *  déshonneur,  hamilutioa. 


—  323  - 

par  delà  que  scavez  est  en  bons  termes  et  que  semble  (i)  i^y4' 
procéder  avecque  toute  sincérité.  Et  toutesfois  il  sera  bon  Janvier. 
de  prendre  toujours  regard  à  ses  actions,  et  que  bientost 
il  face  apparoistre  quelque  bon  eiïeot,  et  tel  qu  il  nous 
serve  d'asseurance.  J'ay  aussy  bon  désir  d'entendre  au 
Tray  le  passaige  du  Roy  de  Poloingne  et  jusques  à  où 
mon  frère  le  Conte  Louys  Faura  condnict,  dont  il  y  a 
grand  bruyct  par  deçà.  Quant  à  la  difficulté  ([ue  vous 
avez  trouvé  en  la  lecture  de  mes  lettres ,  je  veulx  espérer 
que  celles  qu'aurez  receu  depuis  avecq  les  doubles,  pour 
cstre  assez  de  mesme  substance,  vous  auront  mîeulx  es- 
clarcy  mon  intention.  Des  nouvelles  de  par  deçà,  je  ne 
vous  scauroys  icy  mander  aultres  que  mes  susdittes  pré- 
cédentes contiennent.  Les  affaires  de  la  ville  de  Middel- 
bourg  sont  réduictes  en  telle  extrémité,  cpie  nous*espérons 
la  ville  ne  pourra  longuement  se  maintenir  sans  tomber 
entre    noz  mains ,  bien  que  Tennemy ,  tant  par    force 
que  par  practicques  et  subtilitez,   tasche,  par  diverses 
voyes  et  de  tous  costelz,  de  secourrir  et  ravictuailler  la 
ditte  ville  ;  mais  aussi  les  nostres  ne  font  moindre  debvoir 
pour,  par  bonne  garde  tant  par  terre  que  par  eaue,  Tem- 
pescher.  La   famine  et  disette  de  toutes  choses  y  croist 
d'heure  en  heure,  et  tellement  que  grande  partie,  tant 
hommes,  femmes,  que  enffans,  y  meurent  de  faim.  Et 
comme  il  semble  que  les  ennemis  sont  résoluz  de  tenter 
encoires  une   foys  la  voye  de  force  pour  ravictuailler  la 
ditte  ville  de  Middelburch ,  je  vous  prie  de  faire  faire  par- 
tout des  prières  à  Dieu ,  afm  qu'il  Lpy  plaise  nous  regarder 
en  miséricorde ,  sans  nous  laisser  tomber  en  telle  extré- 

(i  )^«iiiib/«.  Apparemment  le  Roi  de  Fraiice,ou  TElectteur  deColognc, 


—  324  — 

i574*  ^^^^9  qui  causeroit  indubitablement  par  trop  grande  ef* 
Janvier,  fusion  de  sang....  Vlessingue,  ce  6*"  janvier. 

Vostre*  bien  bon  frère  à  vous  faire 
service, 

GuiLL\uMfi  DE  Nassau. 
A.  Messieurs, 

IMessieurb  les  Contes  Jehan ,  Loiiys  et 

Henry  île  Nassau,  mes  bien  bon  frères. 

Dillenbourch. 


ErTeclivcmentrennemi  tenta  peu  après  de  ravitailler  Mîddelboar^ 
Deux  flottes  sortirent  d*Anvers,  sous  d*Avila  et  J.  de  Romero.  Ln 
terrible  combat  naval  eut  lieu  le  29  janvier  piès  de  Roemersivale 
contre  ce  dernier;  les  Zélandois,soiis  L.  de  BoysoC,  remportèrent  uoe 
victoire  complète  I^  flotte  de  d'Avila ,  qui  auroit  rencontré  peu  de 
résistance,  avoit  laissé  passer  le  moment  opportun.  ■  Als  de  %lote  vaa 
vDavila  af  quam,  was  de  Prince  seer  becommert  ende  beaii^dil 
osy  mochlen  dooivaren;  want  syn  oorlo^hschepcn  daer  leglien  ghe- 
i»ordonneert  en  waren  van  goet  voick  niet  wel  versien ,  nieest  al  op 
»de  viotc  na  Ber^lie  zynde,  waeromme,  na  aile  nioghelycke  ordre 
vdaerop  gesteit ,  soo  hadde  hy  hem  alleen  in  syn  kamer  seer  bekcm- 
»merl  tôt  gebedfn  begeven,  maer  als  hem  kort»  daerna  lydinglie 
ttghebrochl  'was  dat  inen  Davilas  viole  hadde  gesien  len  andur 
•  komcn,  so  was  hy  seer  verblydt,  want  dcn  vioet  des  watershacr 
«tcghcn  wert,  «lies  liy  Godt  dancKte,  ende  slondt  <»|i ,  endeging^ 
wna  hethonft  van  Vlissiiigen  y  ende  sagh  se  daer  selvc  li$gen  omtrrol 
)«Bresken4,  bykans  niet  eens  tvvyfeleride  van  de  Victorie  syos  voldJ 
»  voor  Bergen  »  F',  Meteren ,  ftf)". 

La   reddition    suivit    de  près.   Mondragon,   après  an»  détewe 

opiniâtre,  accepla  des  conditions  honorables,  le  19  fé%rier.  •ÏJoàt 

ivalsoo  is  de  Prince  meesler  geworden  van    H  geheele  EylandC^u 

«Walcheren  ende  vander  Zee.  ..  llel  onderstandt  ofte  ontset  becA 

vbinnen  twee  jaren  den  Koning  aen  gclde   gekost  seveo 

«guldeos.i»  /./.  p.  890. 

'  Vottrt  —  Mr?i«t.  Amtogmi^. 


—  325  « 


C1ILXIX. 

Le  Seigneur  de  Lumhres  au  Comte  Louis  de  Nassau,       i574« 

Nouvelles  diverses.  Janvier* 


Monseigneur  ! 
.•..Des  novelles  elles  ne  sont  aultres  sinon  que  ceulx  de 
Middeibourgsont  en  grande  extrémité.  Monsieur  le  Prince 
est  encore  en  Zellande,  en  délibération  de  n'en  partir 
point  qu'il  n'aye  une  fin  de  ceste  guerre  là.  Ceulx  de  Hol- 
lande ont  inondé  tout  le  plat  pays  de  Deiflant,  tellement 
que  la  guerre  s  y  faist  maintenant  en  petites  barques, 
comme  sur  une  nier.  Collongne,  du  12  janvier  i574- 

Vostre  bien  humble  et  très-affectionné 
serviteur , 

GuiSLAIIf  DB  FyENNBS. 

On  m'escrit  d'Anvers  que  le  nouveau  Gouverneur  faict 
lever  des  gens  A^  pied  et  de  cheval  en  AUemaigne.  Le  Duc 
d'Alve  est  aux  environs  de  Lorraine ,  accompagné  de 
quatre  cent  chevaux  et  d'aultant  de  harqiiebouziers:  mais 
te  bruict  est  en  cette  ville  qu'il  est  de  retour  àNamur, 
après  avoir  heu  son  bagage  voilé.  Je  vous  supplie  très 
hamblement  me  mander  si  les  affaires  }>our  lesquelles 
vous  avés  faict  tant  de  voyages,  se  portent  bien,  affin  de 
m'en  pouvoir  réjouir  avec  vostre  bien  revenue. 

LETTRE  CDLXX. 

Le  Comte  Louis  au  Comte  Jean  de  Nassau,  Préparatifs 
de  son  expédition. 


•-E.  L.  nioegen  es  gev^iszlich  darvor  halten  das  die  en- 
treprince elier  nicht  dann  aiiff  den  hestiniten  tag  inn 


—  326  — 

i574-  ^2is  werck  gestellet  werdcn  mag,  es  wil  dannoch  dcr- 
Janvier,  massen   gehancllet  sein  daniitt  es  seinen  effectum  errei- 
chen  moege;  clan,  sollte  disser  ahnschlag  zuerûck  gehen 
oder  nicht  geratlien,  so  were  es  dansent  malbesserdas 
man  nie  daran  gedacht  hette,  dan  die  Hollender  und  Seh- 
lender  gar  verzweiveln  wiirdcn.  Wir  hal>en  hier  inn  allein 
einen  absclieidt  genomnien ,  docli  uff  E.  L.verbesserung; 
icli  versehe  niich  es  werde  derselben  gefaDen.  Mein  bnie- 
der  Graff  lleinricli  wirt,  ol)  Gott  will,  heut  auch  hier 
sein.  Mit  der  Schaiind^urgischen   sache  hore  ich  gantz 
ungern  clas  die  zu  (jleve  so  kaltsinnig  sein,  muesz  ako  (1er 
zeitt  erwartten.   Graff  Otto   von  Schauniburg  hat  ein 
gantz  frenndiichs  schreiben  mit  vielen  erbieten  ahn  E.L 
gethan,  daransz  man  gnugsani  abnemen  kan  dasz  ehrdie 
lausz  in  dem  ohr  hatt.  Ich  hab  den  botten  bisz  zu  E.  L 
ankunfft  auffgehahen,  damit  man  sein    erbiethen  nidit 
aus  der  hand  schlage  da  das  aiider  fehlen  sohe.  Es  hat 
mir  der  von  Briel  '  gar  viel  von  Frantz  von  Bolschwem 
gesacht,  das  er  nieinen  Herren  den  Princen  6oo.pfcrû 
zufueren  kônnc  ;  nun  koni  ich  m   erfahrung  das  es  gar 
ein  [bottiigk  ']sein  soll,  welches  unsz  keiniges  wege-S(fic- 
nen  wûrde.  Der  bewuste  Marschalck  soll  hart  auff  inen 
dringen ,  darnm  wollen  E.  L.  doch  mitt  in  darvon  redea. 
Datiun  Siegen ,  den  21  jan.  A°  74» 

LETTRE  CDLXXV 

Memr're  du  Duc   Christophe  relatif  à   la  lei^ee  et  au 
payement  des  troupes. 


*  * 


^    Le  aa  février  on  dcvoit  passer  le  Rhin.  Il  y  aura  doDC  prcH 
'  W.  van  Breyll.     ^   Un  homme  de  peu  de  mo7eiu(eeit  houefià^. 


—  327  — 

bAblemeot  une  erreur  de  date  dans  ce  qu'écrit  Bor:  c  De  Groot-    lâ74« 
»  Commandeur  verstond  dat  Graef  Lodewijk  den  a  i  febr.  met  zijn  Janvier. 
»  bioeder   Grave  Henrik,  bij   hem  hebbende  Cliristoffel  de  sone 
»  van  den  Pal>grave  Freilrik  van  den  Rhijn  ,  die  Generael  was  van 
1»  de  ruiterije,  gelijk  Grave  Lodewijk  was  van  bet  voetvolk,  gekomen 
•  waren  op  omirent  twee  mijien  nabij  Maestricht.  •  p.  A^9*- 


Zugedencken  : 

Ersllich^  das  keiner  niehr  clan  loo  pferdt  werben  soU, 
das  soli  man  auf  ein  jeglich  pferdt  la  gulden,  den  gl.  zue 
i5b*'  gerechnet,  vor  diesen  reutterdienst  geben.  Da  auch 
der  handel  lenger  als  ein  monath  wehren  solte,  alsdan 
wirdt  mit  einem  jeglicben  seiner  gelegenbeit  nacb  ge- 
handlet  werden ,  und  da  man  mit  einem  oder  mehr  der 
sacben  nicbt  eins  werden  konte ,  oder  sonsten  eines  gele- 
genbeit nicbt  sein  wùrde  lenger  als  ein  monat  zu  bleiben , 
deme  soll  freij  stehen  abzuzielien.  Dem  rittmeister  wirdt 
man  loo  IL  zu  werbgelt  geben:  die  werbung  gescbicbt 
darch  den  Durcbleuchtigen  HocbgelK>rnen  Fûrsten  ,  lier- 
log  ChristofTeln ,  Pfaltzgrayen  beij  Rbein  und  Herzog  in 
Beîem  ,  etc.  j  in  nabmen  und  von  wegen  den  Niederiendi- 
schen  Stende,  und  werden  beide  Grâfen  von  Nassaw,  Lud- 
wig  und  Henricb,  i.  f.  G.  und  dieser  sacben  beiwobnen. 

Den  ai  Februarij  soll  man  zue  Linsz  oder  daselbst 
herumb  ahnkommen,  damit  man  den  abent  oder  den 
aa  des  morgens  zeitlich  ûber  Rbein  komme.  Es  musz 
ein  jeglicber  seinen  geworbenen  leuthen  almzeigen  das 
ùe  sicb  bien  und  wieder  nut  bezalung  und  anderm  ge* 
mea  halten,  damit  man  dem  Reicb  und  gemeinen  man 
keÎD  ursach  zue  ahnlauff  oder  Terbindening  des  passes 
gebe,   desgleichen   auch    das  man    niemandts  vermelde 


—  328    — 

i574*  wein  man  zu.steh<i  und  wo  roauhinaus  wolle ,  es  were  dan 

JanTÎer.  ilas  man  von  eincni  Hern  oder  beampten  des  orths  ahnge- 

redt  und  verliindert  werden  sol  te. 

Das  die  plerde  niolit  aile  diirtïen  gerùst  sein,  soiidern 

nuhr  die  lielflte,  es  were  dan  sach  das  einer  gutc  gele- 

genlieit  helte  seine  riistiing  unvernierckt  niitzuhringen. 

Der  nionatt  soll  den  22  Februarij  ahngehen,  und  man 

soil  keine  herwagen  mitnelunen.  Datum  Siegen ,  den  a3  Ja* 

nuarij  A.°  74* 

Christoffel  Pfaltzgbaff. 


LETTRE  CDLXXI. 

Pf^,  Znleger  nu   Comte  Louis  de  Nassau, 
Nouvelles  diverses. 


WolgeboinerGraff.....Nechten  bin  ich  von  Sarbnicken 
wider   alliie   ankhonnnen,   do    ich  dan  l>eini  Amptroan 
Kralzen  schreiben  funden  l>ei  Verdun   uff  der  h,  dm 
Konigtag  gegeben,   wie  aiich  sonsten  ich  in  bestendiger 
kbundtscliatï  erl'aren  das  der  von  Alba  wenigtage  vor  (1er 
hei.  drei  Konigtag  zu  Verdun  durchgezogen,  mit  3oopfer- 
den  und  120  mauleseln  beladen  ;  fûrther  naher  ïbul  und 
also  durch  Lolhringen  slracks  nach  Burgund  uff  Grij  *  , 
do  er  etllidi  tag  soll  stil  ligen. 

...Dievveil  D.  VVeijer  allerlei/;rtr//W//r7/7W  in  Franckreidi 
vernommen  ,  so  K.  G.  zu  wiszen  gepûrtt,  bab  ich  mit  [Eh.*] 
dahin  gehandelt  das  sein  (Jiurf.  G.  den  zu  E.  G,  al>gefer> 
tigt  ;  dem  werden  Sic  audientz  geben  und  Ir  bedencken  uff 
aile  pùncten  niittgeben. 

CrcT  dans  la  Franehe-Comté.       '*  Ebem  (?). 


I  /'. 


^  329  — 

Was  in  Ëngellandt  gehaiulelt  und  woroff  esz  stehet,  i5j^ 
weiset  heiligend  sclireiben  an  niich  ausz...  Belangend  den  J*nYΫv 
wexel  der  lo.ooo  fl.  so  darin  gemeldet,  hab  ich  darunib 
geschrieben;  [dieweil]  damais  E.  G.  Bruder  Graff  Jf)ban 
gern  deni  llern  Printzen  ein  suninia  zugeniacbt  bette, 
hab  icb  geschrieben  zu  versuchen  ob  durch  wexel  niôcht 
aus  Engelland  niein  gn.  Hr.  dein  Printz  etwas  khonnen 
zugeniacbt  werden;  das  stehet  nunniebr  zu  E.  G.  zu 
ge1)rauchen  oder  nit,  allein  dasSie  micb  solcbes  bericbten. 

Belangend  niein  gn.  Hr.  von  Witgenstem  y  hett  ic:h , 
lautb  D.  Ehenis  jûngst  an  mich  gethanen  schreibens, 
copei  der  bestallung  ùberschickt  wie  icb  hie  gewesen , 
habe  aberdie  bis  nocb  in  der  cantzlei  nit  [sind]  khomnien; 
mein  gn.  Hr.  hatt  sicb  aber  erkleret  das  ire  churf.  Gn. 
den  Graven  also  underhalten  wollen  das  ire  Gn.  damit 
zufrieden  sein  sollen  :  derbalben  bit  ich  underthenig  E.  G. 
wolien  dieselb  sach  aucb  fùrdern,  dan  der  andere  ist 
schon  abgezogen 


Datiun  Heidelbergk,  den  2*2  Januarij  A*.  74. 

E.  G. 
undertheniger  gantzwilliger , 
Wenzel  Zuleger. 
Es  ftoll   der  neu  Guvemator  bevolhen   haben  uff  die 
firontieren  dieselben  wol  zu  bewaren,  wie  dan  zu  Lûtzen- 
burgk  und  Ditenboven  geschelien  sein  soU.  Ich  besorg 
derfeind  sei  durch  den  lauffder  knecht  jûngst  gewarnet, 
und  besorge  di  zeit  so  E.  G.  fiuhat ,  werde  lang  fallen ,  und 
iomittelst  uff  Mittelburgk  aile  macht  gewendet  werden. 

A  Monseigneur, 
Monseigneur  le  Conte  Louys  de 
Nassau. 


—  330  — 

l574*  ^^  S^de  Lumbres  écrit  de  Cologne,  le  2  4jauv. ,  au  Comte Louii: 
Janvier.  "  Monseigneur,  J'ay  veu  les  articles  qu'il  vous  a  plû  m'envoicr 
>  par  Monseigneur  deBernicour  ;  sur  lesquels  Monseigneur  de  Bril  et 
»  mo^  avons  '  laissé  de  prendre  résolution  telle  que  pourrés  enteo- 
»  dre  de  bouche,  jusque  au  retour  de  Monseigneur  le  Conte  Jeao, 
9  suivant  le  coromendement  qu'en  aviés  donné  au  dict  de  Bemicoor. 
u  Jefai  estât  de  partir  demain  pour  aller  à  Aix  ^  et  dellà  vous  envoyer 
»  le  plus  souvent  de  mes  nouvelles  qu'il  sera  possible,  et  selon  Ici 
»  occasions  qui  se  présenteront  ;  mais  il  me  semble  bien  qu'il  ne 
»  seroit  que  bien  à  propos  qu'il  vous  plut  demander  à  vostre  Secrê- 
»  taire  de  m'envoyer  un  ciffre,  duquel  on  puisse  user  eo  choses  les 
»  plus  secrètes  qui  se  présenteront.  »  (M,$.). 


^LETTRE  CDI.XXII. 

Le  S''  de  St.  Goard  au  Roi  Charles  IX.   DisposiUoHi 
de  Philippe  II  (ms.  p.  st.g.h.  228,  vol.  793). 


...Je  diray  à  V.  M.  en  ferme  conscience  que  ma  moindre 
raefBdance  seroit  sur  le  Roy  Catholicque  pour  le  cognois- 
tre  Prince  qui  se  contanteroit  de  la  paix,  comme  le  solli- 
taire  procedder  quil  tient  le  monstre,  encores  que  en 
beaucoup  de  ses  actions  il  est  veu  un  peu  très  austaire 
négotiateur,  se  réservant  toutes  choses,  qui  le  rend  cx- 
tresmement  charge  et  travaille  (i) ,  et  tient  ung  procéder 


(i)  travaillé.  «l)er  Gang  seines  Staaies  war  dahin  eingerichlet 
vdasz  sich  die  Geschafle  des  weitlàuftigsten  Reichs  s'âmrotlichaB 
»  seinem  Tischeversammellen...  Er  war  derallerlhâligsteGescbift»- 
»  mann  von  der  Well.  •   Ranke ,  Fiirst,  u,  FM.  1.  118,  sq. 

*  ProbabUment  il  a  ^voulu  éerire  n'avons. 
*  Aix-U-Cbapdle. 


—  331  — 

qu'il  respond  et  veoit  toutes  les  affaires  et  les  départ  tou-  i5y4' 
tes  où  elles  se  doibvent  respondre,  où  elles  demeurent  le  Janvier- 
plus  souvent  immortelles,  ou  qu'elles  soient  ou  de  grande 
ou  de  peu  de  conséquance,  de  manière  qu'il  n'en  vient  rien 
mieulx  ;  et  sur  ce  les  malintention  nez  luy  forgent  infinies 
doubles  et  soul)çons.  Et  pour  desquels  n'estre  aperceu 
j'ay  amssi  faict  les  miens  ,  tenant  pour  tout  vray  que  la 
grandeur  de  Vostre  Majesté  n'a  autre  plus  grands  ennemis 
et  envieux  qu'eulx;  et  s'ils  avoient  trouvé  leur  maistre 
aussi  disposé  comme  ils  ont  mauvaise  volunté,  je  croy 
qu'elle  auroit  plus  à  se  garder;  mais  luy  qui  est  plus  sage 
que  tous  ses  ministres  ensemble ,  je  cuide  que  tous  ses 
dessaings  seroit  de  bien  garderie  sien,  tenant  sesestats 
bien  pacifficqués  ;  à  quoy  il  semble  qu'il  mect  et  mectra 
toute  astuce.  Mais  je  ne  trouve  qu'il  y  soit  bien  secondé  , 
estant  seulement  l'obstination  qu'il  a  monstre  de  ne  voul- 
loir  paciffier  en  Flandres,  sinon  de  la  [subverse]  de  ses 
ministres,  qui  sont  tels  qu'ils  pensent  avecque  leur  argent 
et  ung  peu  d'hommes  qu'ils  ont,  abatre  tout  le  monde. 
Voilà,  Sire!  quelque  peu  de  leur  naturel  et  qui  me  tient 
alerte  à  ces  te  heure. 

Dom  Diéguo  dépescha  de  Soissons  le  vintiesme  de 

décembre,  là  où  il  ne  fault  pas  de  bien  discourir  l'arrivée 
du  Conte  Chrestoplie  et  Conte  Ludovicq  de  Nassau  vers 
la  Roy  ne- mère  de  Vostre  Ma^*^  et  le  Roy  de  PoUoigne ,  et 
Dieu  sçait  les  jugements  qu'il  en  faict;  et  par  mesmes  il 
leur  est  donné  ung  advis  ;  mais  je  n'ai  sçeu  sçavoir  si  c'est 
luy ,  que  le  Comte  Pallatin  et  le  Roy  de  PoUoigne  avoient 
ung  rendez-vous  pour  se  veoir  à  Spire,  et  que,  y  estant 
le  S*^  Roy,  le  Conte  Pallatin  n'y  avoit  sçeu  venir  pour 
6  astre  trouvé  malladde ,  et  le  Roy  estoit  allé  passer  en  sa 


—  332  — 

t574*  niaison  à  Aldelierg  %  ne  se  taisant  de  discourir,  comme 
Janvier,  il  se  peult  croire,  diverses  fantaisies  plaines  desoubcon» 
comme  ils  Tont  bien  grand  etenvie  surrhonorableraceuii  * 
qu  ils  entendent  hiy  estre  faict  par  tout  en  Germanie. 
Ils  n*()nt  failly  de  faire  icy  bien  fort  grand  le  soubçon  de 
quelques  nouveaux  troubles  et  de  très  grande  importance 
en  France.... 


LETTRE  C 

If^.  pan  Breyil  aux  Comtes  Jean  el  Louis  de  Nassau. 
Relative  an  projet  de  surprendre  Maestricht. 


Messeigneurs.  Je  n*ay  pas  voulu  faillir  de  m'en  aller , 
quant    et  quant  avec  jMons""  de  Lumbres,  à  Aix  ,  pour 
faire  tout  ce   qu'il  seroit  possible  à  Tavancement  du  dict. 
affaire.  La  personne  (pii  par  V.  S.  a  esté  nommé  à  Mon- 
sieur  de  Lumbres,    n'a  esté  recouvrable.  J*ay  parlé  atL 


bouwmeister,  qui!  nous  à  dict  comment  il  y  a  brêclu 
faicte  à  la  ville  de  par  deçà  ,  laquelle  Ton  peult  aprocher» 
Au  reste,  s'il  plaist  à  V.  S.  de  mettre  quelque  nombre  de& 
soldats  dedans  la  ville,  l'on  y  trouvera  moyen.  La  guarde 
de  ceulx  du  pont  n'est  plus  fort  que  de  dix  personnes  de 
deux  coustez:  en  oultre  Mons**  de  Lumbres  et  mov  ne 
faillerons  d'en  faire  toute  diligence;  et  ainsi  que  V.  S.  m'a 
dict  que  la  cbose  est  hastée,  me  semble  estre  nécessaire 
que  V.  S.  vienne  jusques  à  Coloingne  secrètement,  où  le 
bouwmeister  viendra  et  vous  en  comptera  ^  du  tout,  car 
le  chemin  est  ung  peu   long  jusques  à  Sieglien,  et  Toti 

•   Hcidelber{;.       -  accueil.        ^  contera. 


—  333  — 

perde  trop  de  temps.  A  Herle  ny  à  Valkenbourch  il  n  a  i574- 
point  de  guarde.  Février. 

Taj  parlé  avec  Rutgher  van  Ketwich,  lequel  a  mille 
harckquebuse  prestes;  V.  S.  lespeult  avoir.  Vincent  Ghyr 
en  a  aussy  quelques  unes.  A  Aix  il  y  a  cinq  cent. 

Messeigneurs ,  il  est  nécessaire  que  V.  S.  se  hastent,  à 
beaucoup  d\jccasions  que  je  ne  puis  escrire,  vous  priant 
très  humblement  de  ne  trouver  movailx  de  ce  que  j'en 
escrys  si  librement. 

Le  (Commandeur  de  de  Bernssem  viendra  à  Aix  d*icy 
à  4  jours  comme  il  m*a  mandé.  Tay  dépéché  celuy  du  Duc 
de  Bouillon ,  selon  que  m'avez  enchargé.  Sera  Fendroict 
où  baiseray  les  mains  humblement  à  V.  S. ,  comme  celuy 
qui  est  prest  à  vous  faire  service  ;  prieray  Dieu  vous  don- 
ner y  Messeigneurs ,  accomplissement  de  vos  désirs  en  très 
heureuse. longue  vie,  soyez  recommandez.  Datum  [Trypss] 
ce  4  j«ur  de  fébvrier  Tan  74* 

Vostre  très  humble  et  très  obéissant  à 
vous  faire  service , 

WiNÀNDT  VAN  BrBTLL. 

A  Messeigneurs, 
Messeigneurs  Jehan  et  Louys,  Contes 
de  Nassauw,  Catzeoelbo^ben ,  Yi- 
aoden ,  Dielz  etc. 


LETTRE  CDLXXIV. 

Le  Seigneur  de  Lumbres  au  Comte  Louis  de  Nassau. 
Mente  sujet. 


Monseigneur.  Il  y  a  aujourd'hui  8  jours  que  Monsieur 


—  334  — 

i574«  ^^  Breil  et  moy  ariTàmes  à  Aix.  Le  personage  auque 
Férricr.  vous  avés  adressé  vostre  lettre ,  appelle  Jean  Gnotteur, 
nest  aulcunement  recouvrable,  pour  n'estre  cognu  d au- 
cun de  son  pais,  qui  me  faict  croire  que  le  nom  que  loy 
a  donné  Coonne,  n'est  pas  le  sien  propre ,  parquoi  il  ne 
sera  que  bon  que  vous,  Monseigneur,  vous  informiéss*il 
a  aultre  nom  ,  et  au  cas  que  ouy ,  luy  escrire  une  aultre 
lettre  et  me  l'envoyer  par  ce  porteur.  A  faulte  de  ce  et 
pour  ne  perdre  tans,  nous  nous  sommes  addressezau 
bauemaister,  et  après  toutte  résolution  (aiant  toujours 
-  veu  que  les  entreprises ,  qui  se  peuvent  faire  par  dehors  et 
de  loing ,  sont  plus  assurées  que  celles  qui  sont  pratiquées 
avec  Faide  de  plusieurs  de  dedens ,  qui  facillement  s'es- 
tonnent,  ou  souvent  transportés  d'affection  ou  de  crainte 
sont  peu  secrets)  nous  avons  advisé  que  le  meilleur  sera 
(d'autant  qu'il  n'i  a  pas  de  porte  sur  le  pont ,  et  qu'il  y  a 
une  grand  brèche  du  costé  de  la  ville  de  dechà ,  à  laquelle 
le  fossé  n'a  plus  de  deux  pieds  de  profondeur,  et  que  fou- 
verture  est  néamoins  large  de  cinquante  home  de  front 
d'entrer)  que  nous  tentions  nostre  aventure  par  ceste  ou- 
verture ,  plustôt  que  de  nous  amuser  à  jetter  pont  ou  par- 
quer des  soldas  en  des  barques ,  n'est  que  peult-estre  tous 
trouviés  bon  de  l'assaillir  de  plusieurs  endroictz  ;  mais,  en 
ce  faisant ,  l'entreprinse ,  pour  devoir  estre  communiquée 
à  plusieurs,  sera  plus  facile  à  estre  descouverte;  mais  il 
faut  noter  qu'il  faut  se  servir  si  à  propos  du  tans ,  que 
l'on  regarde  bien  que  la  rivière  ne  soit  trop  haulte,  aul- 
trement  quant  les  [lavasses]  courent,  le  fossé  ne  se  peuk 
nullement  guéer,  quoique  le  font  soit  dur.  Il  reste  que 
nous  facions  sonder  le  fossé  et  recognoistre  la  brescbe, 
pour  voir  si  elle  est  raisonnable  et  feisable  ou  non,  ce  qœ, 


—  335  — 

s'il  est  possible ,  le  dit  Sieur  de  Briel  et  moj  ferons  en  pro-  iSj^» 
pire  personne,  car  il  fault  bien  que  un  homme  de  guerre  Férrier. 
le  face  ;  si  le  capitaine  Tur(|»ieau ,  qui  à  présent  est  chez 
vous,  fust  icy,  il  le  porroil  bien  faire.  Leditbauemaistre 
s'offre  d'entrer  dedens  la  ville  pour  servir  au  jour  de  Ten- 
treprise,  etylogier  5o  ou  bien  loo homes,  et,  si  besoing 
est ,  faire  advertir  ceulx  qui  tiennent  nostre  party  dedens , 
qui  pourroient  bien  servir,  s'i4  estoient  tc»us  autant  discretz 
que  féalles   et   annîniés;  de  quoy,  ensemble  des  poincts 
précédents,  ne  voulant  nullement  résouldre  ({ue  par  vostre 
advis,  je  vous  remettray  le  tout ,  et  vous  supplieray  très 
humblement  me  mander  vostre  bon  plaisir ,  auquel  me 
remettant  je  ne  feray  ceste   plus  longue ,  que  pour  me 
recommander  bien  humblement  à  vostre  bonne  grâce  ,  et 
prie  Dieu  qu'à  vous ,  Monseigneur,  Il  donne  bonne  et  lon- 
gue vie,  A  Aix,  du  5  de  février  i574- 

Vostre  bien  humble  et  très-affectionné 
serviteur , 

GuiSULlIf  DE  FtKNHES. 

A  Monsiear, 
Moofieor  le  Conte  Ladovick 
de  Nassau. 


Sor  cet  entrefaites,  et  pour  faciliter  aussi  le  passage  da 
Gooite  Loais ,  on  ^  donnoit  beaucoup  de  peine  pour  porter 
rArchevéque  de  Cologne  à  quelque  pas  décisif.  Le  Landgrave  Guil- 
booM  se  dé6f>it  des  intentions  de  ce  personnage:  le  la  févr.  il  écrit 
de  Casael  à  l'£|p<:teur  Palatin  avoir  appris  d*nn  boaime  de  coo- 
iaocr  que  l'Archeiréque  Ini  avoit  dit:.  «...Er  mocbte  wol  leijdeo 
•das  sicb  dieCbnrfnrsten  im  Reicb  beyderseils  Religionen  alsojegeo 

•  eioander  verfailfen  das  sicb  kejrner  ûber  den  andereti  zu  bedageo, 
BAttch  besteodiger   fridt  uod  rbue  im'  Reicb   ertulteo   werden 

•  AMchte.  —  Er  befnnde  aber  das  der  Cbnrf.  PfabgralT  sicb  nicbc 


—  336  — 

fSy4.  »  allein  in  relîgionssachen  von  den  andern  Augsp.  ConCessionafcr» 
Février.  *  wandten  abgesondert,sondei*n  auch,durch  allerhandl  voroebmeo, 
»  vieler  grosser  Herri  und  Potent»len  FranLreichs  und  Spanioi 
»  ungunst  und  widerwHlcn  uff  sich  ludc ,  ivelcbes  so  wol  Pfilz 
»selbst  als  dem  heyl  Reich  zu  grossein  nacliteil  und  schadeo  ge- 
4  reichen  môchte,  sonderlich  wo  in  kùoiftig  dergleichen  mebrnNi 
»  Pfaitz  vorgenohinmen  werdenn  solte.  —  Tnd  ob  wol  er  fur  seine 
»  person  der  A.ugâp.  Confession  niezugelhangewesen,  sondem  in  die 
»  Catholtsche  Religion  anfenglich  und  allerwegp  erizogen  und  dar- 
»  innen  auch  enliich  zu  verharren  und  au  slerben  enUcblossen,«o 
»  wehrerdoch  nichldestoweniger  geneigU^soviel  an  ibroe,  in  Reich 
9  fridt  und  einigkeitt  nacb  euszerstem  seinem  vermôgen  miU  dar- 
9  aetzung  guis  und  pluts  erhahenn  zu  helffen...»  Cela  quadre  mal, 
ajoute  le  Landgrave,  avec  ce  qu*il  doit  avoir  dit  au  Comte  Jean  de 
Pi^assau.  Le  Landgrave  n'y  a  jamais  ajoute  foi.  «Dano  er,als  derkana 
»  Tor  einem  jar  geradeeiner  c-ontrari  meinung  gewesenySicb  ao  baklt, 
u  obn  ein  miracul  vrie  /V/{//o\.iderrabren,  Golte  bekehren,  hatt  uns 
»  nie  ingehen  vrollen...  Dariimb  baben  uir  E.  L.  als  die  wir  nicht 
»  gern  ufTein  eysz  gefûhrt  seben  wollen,  solcbes  ailes  iin  freond- 
»  lichem  vertrawen...  nicht  wollen  verhiilten  ,  dainit  sie  ticrb  fur- 
tt  zuseben  und  des  spricbwortts  zu  erinnern  ex  ungue  ieomem,^» 
(f  MS.  C). 

Le  i3  févr.  Guill.  de  Hesse  écrit  que  la  personne  qui  lai  a  fiit 
ces  confidences,  est  dans  von  Lindenaw  ,  Conseiller  de  TElecKir 
de  Saxe. 


Le  i4  février  St.  Goard écrit,  Je  Madrid  ,  à  Charles  IX:  c  Aiaat 
»  cheminé  par  ces  mesnies  termes  tous  les  conseils  de  deçà  depuis 
»  quelque  temps  et  jusques  à  cesie  heure  qu*il  sembloit  que  ceulx 
«  qui  avoient  esté  plus  esloignez  de  conseiller  la  paix,  estoient  à  ocsia 
a  heure  ceulx  qui  laconcluoient  le  plus  voluntiers  et  qui  laconaril- 
n  loient,  de  manière  que  la  paix  est  aux  termes  d*eatre  rêanloeda 
9  quelque  façon  que  ce  soit  ;  il  s*eit  faict  une  proposition ,  lequel 
»  convenoit  le  plus,  ou  le  proffict  publicq  de  tout  le  paîs,  ou  rho»- 
9  neur  et  réputation  du  Roy,  et  concluant  tous  à  la  paix,  j*ay  e«- 
9  tendu  que  yeoant  le  Roy  à  résouidre  ,  il  a  respoodu  à  toatas  k* 


—  337  — 

»  propositions,  ainsi  que  j'entends  ses  propres  mots:  Plustost  me  voir  1 574* 
»  mort  que  de  consentir  en  ce  concert  chose  qui  soit  contre  mon  Fé^TÎer. 
»  honneur  et  réputation,  [ne  cej'ay']  monstre  avecques  tous  les Prin- 
»  ces  de  la  Chrestientéestre  de  mon  intention  et  résolution.  Je  ne 
»  sray  quels  estoient  les  points  allégués  pour  se  déterminer  à  la  dite 
«paix  ,  mais  la  gravité  de  la  rcsponce  par  le  Roy,  si  elle  est  telle 
»  comme  Ton  m*aasseuré,et  départ  dont  j*ay  trouvé  tousjours  vérité, 
•  nepouvoit  sinon  advantager  les  rebelles»  (*  MS.  P.  St«  G.-H*  aa8, 
vol.  793). 


•t  LETTRE  CDLXXV, 

Le  Chancelier  Ehem  au  Landgrave  G.  fie  Hesse,  Entre* 
vue  avec  FElecteur  de  Cologne  (ms.  c). 


**  Frédéric,  Electeur  Palatin,  écrit  à  Guillaume  de  Hesse 
(Heidelberg  igCévr.)  qu*  £hem  est  revenu  «  und  hat  relation  gethan 
»  was  er ,  neben  unserm  Vetler  Graf  Johan  zu  Nassaw  ,  inn  bev^us- 
B  ten  sachen  bei  dem  ErtzbisschofTen  zu  Coin  verricbtet,  davon  wir 
»  Eurer  L.  abschrifTt...  zukhommen  lassen ,  darausz  sie  auch  aller- 
»  band  grillen  vernemmen  werden.  •>  Il  désire  savoir,  a  insonderheît 
»  yetzunder  inn  unserrs  Vetters  Graf  L.  zu  Nassaw  vorhabenden 
•  txpediion  ,  davon  E.  L.  gui  wissens  tragen,  wasder  ErzbisschofT 
»  îm  schildt  fûhre  und  was  man  im  hertzen  meine....»  —  Le  n.'* 
475**  est  apparemment  le  rapport  d'Ebem. 


....Disse  personn  ist  also  gescliaffen  das  bisz  noch 
weniges  fundaments  in  religione  fûrhanden.  Sie  [hildet] 
woll  iiichts  vom  Bapst,  von  seinen  conci/iiSj  von  ablasz, 
verbietung  der  Ehe,  seiner  Confirmation,  primat,  er- 
gerlich  leben,  und  andernn  misprauchen,  wie  auch 
exécution  des  Tridentische  concilii  unnd  verfolgung  der 

'  flt  et  qa'aj  (?).     *  Variginml  «#  trmiV€  igaUmêmt  k  CaueL 

4  a» 


—  338  — 

i574*  reli^on  mitt  clem  sehwertt;  ist  hosz  Spanisch  und 
Février,  hasset  die  pfaffen,  sontlcrlich  aber  die  Jesuiten:  her- 
jegen  haben  sie  elnen  hohenn  geist,  ehr-  und  geldt- 
geizig  vonn  wegen  armuth,  und  wil  kurtzumb  ein  weib 
liaben.  Jjest  sicli  ansehen  als  ob  er  ein  Teutsch  herti 
bette,  wie  aiich  seine  innerste  bekannte  Rethen  sagen^ 
und  steckkt  ein  krigsman  ini  ihme,  wie  E.  f.  Gn.  aussei- 
ner  Cb.  Gn.  gegebenen  seltsanien  antwortt,  die  ich  selbst 
oline  laclien  kauni  anborenn  konnen ,  und  vieil  grober  ab 
icb  sie  verzeiclinett  abgangen,  gnedigUcb  vemheinen 
werden. 

Weill-man  nun  die  kranckheit  erkennet,  muessen  auch 
die  contraria  remédia ,  daniitt  man  seine  Churf.  Gn.  ge- 
winne  und  uff  dièse  seitte  pringe,  adbibiret  werden. 

Was  nun  die  religion  betrifl't,  bat  man  ad  partent  mît 
ibr  dabin  gebandiett  das  sie  docb  boren  und  lesen,  undt 
dismals  nilt  weitter  inn  sie  dringen  wollen,  damitt  man 
ibr. Cb.  Gn. ,  aucb  uns ,  so  leicbtferttig  nicbt  achtete  das  sie 
obne  vorgebende  satte  erkundigung  sicb  vonn  einer  lur 
andern  reUgion  liessenn  bewegen,  und  wir  derseiben 
folchs  dùrfften  zumuten.  Darumb  musz  man  teglich  an- 
balten,  underbawen,  und  ibre  Cbf.  Gn.  inn  die  Schriffi 
weisen,  ob  der  alniecbtige  Gott  gnade  verleyhe;  wdchs 
desto  mebr  zu  lioffen  weile  ibr  Cburf.  Gn.  sicb  fast  ann 
allenn  ortten  [verdirfTt]  ;  sie  baben  sicb  jegenn  die  Kay. 
M.  bartt  abgeworffen  jùngsten  zu  Speyr,  den  Bapstenûr 
nett,  das  Capittel  zum  feindt,  und  werdenn  von  Spanien 
nicbt  bocb  gebalten,  weren  aucli  gem  dem  Churf.  lu 
Trier  ans  leder,  also  das  disse  stnmili  etwas  zur  saches 
tbun  niocbten. 

Sovil  den  heyratli  betriflt,  da  man  ihre  Chf.  Gn.  ihr 


—  339  — 

gewissen  frey  wollt  lassen ,  weill  sic  noch  CathoUsch  sein,  1 574. 
und  sie  bey  diessen  heyrath  gedachte  handtzuhaben ,  we-  Février. 
ren  sie  entschlossenn  sicli  zu  verhevrathen.  Wiewi>ll  irli 
nun  ufTdiessen  fall  ann  das  hewust  ortt  nichtt  wiiste  zu 
rathen ,  so  heit  ich  doch  darfûr  die  Cliur-  und  Fûrsten 
soliten  kein  bedenckens  haben  uff  denselbigen  fall  ihre 
Churf.  Gn.  bei  den  standt  bandtzuhabenn,  bisz  der  AI- 
mechtig  Gott  weilter  gnad  und  erkantnùs  gcbe,  welches 
ohne  zweiffell  nitt  aussen  pleiben ,  sondern  fi'u*  sich  selbst 
erfolgen  wiirde,  bevorab  wann  disz  auch  denn  capitulari- 
bus  zu  samptt  der  religion  frey  gestelU  werde,  wie  sich  - 
sein  Churf. Gn.  dessen verlauten  lassen.  undderenn  schon 
etzliclie  fùrhanden  die  nachfolgenn  wiirden.  Durch  disz 
jnittell  wûrde  uffs  wenigst  disz  erhalten  das  ihre  Chf.  Gn. 
ufT  unser  seitten  prachtt  und  das  unzûqhtig  lebenn  abge- 
ftchafft  inii  demselbigem  Stifft.  Darumb  lietten  E.  f.  Gn. 
diessen  dingen  weitter  gnediglich  nachzudencken ,  und 
theten  K  f.  Gn.  ein  gut  werck  da  Sie  ihre  Chf.  Gn.  auch 
weitter  erinnerten  und  ermahneten. 

Belangendt  die  Frantzosische  Pension  die  i.  Chf.  Gn. 
angebotten  worden  y  beruhett  es  uff  dem  das  sie  dieselb 
anzunehmen  sich  nichtt  verweigern ,  allein  uff  dem  fahll 
da  sie  resigniren  wiirden ,  das  derselben  auch  solche  oder 
ein  geringere  pension  volgen  und  gedeyeu  mochte,  welchs 
wir  gleichwoU  an  fan  gs  weitter  mitt  Franckreich  zu  handlen 
uff  uns  genohmmen ,  aber  hernacher  ihr  Chf.  Gn.  zuge- 
-schrieben  das  solchs  bey  Franckreich  ni tzu erhalten,  und 
auch  ein  seltsani  ansehen  ausz  allerhandt  ursachen  habenn 
mochte.  Darumb  ihrer  Chf.  Gn.  einehôhere  sum  vorge- 
schlagen,  woferne  sie  bei  dem  Stifft  pleiben  und  uff 
diesse  seitt  tretten  wolten,  doruff  uns  kein  antwortt  bis 


—  340  — 

i574-  ii^cli  eiiikomnien ,  es  hab  sie  dan  mein  gnediger  HerGiif 
Février.  Johann  entpfangen. 

Irh  hoff  diesif  handlung  soll  ohne  fruchtt  nit  aligehen, 
werdett  ihre  Clhf.  Gn.  uff  diesse  seitte  geprachlt,  weiches 
bey  Graff  Ludwigs  expédition  itzt  si(;li  baldt  ertzeigeon 
werdett:  da  man  diirch  die  finger  siehett,  so  ist  esgutt, 
und  diesser  Her  also  geschaffen  wo  man  ihne  mitt  dem 
kopfhinweisett,  seine  Chnrf.  gn.  dahiii  zu  prîngen  sein 
werden;  wo  nitt,  so  ist  allein  diesze  miihe  vergebenlich 
gethan,  und  bat  man  diesses  Herrn  humot'es  erlernett, 
kan  sich  auch  desto  basz  fiïrsebenn  und  hueten.  Weiches 
ich  dooh  nicbt  hoff,  und  aus  seiner  Chf.  Gn.  reden,  son- 
derlich  da  ich  mit  derselben  defuturo  capite  (  i  )  geredt ,  riefl 
ein  anderes  vernhommen.  So  hatt  sich  ebenn  zagetragen, 
weile  wir  bey  ir.  Chf.  Gn.  gewesen,  das  daseibst  des 
Bapst  Nuntius  Gropperus  ankommen ,  welcher  îhpcii 
Chf.  Gn.  die  confirmation ,  deren  sie  nitt  begertt  noch 
daruml)  einichen  pfenning  geben,  obtnidirt:  demselbeno 
haben  sie  gahr  keine  ehr  bewiesen ,  wie  der  Hertzog  too 
Gùlich  gethan,  sondern  schlecht  gehortt  und  abbaUt 
ohne  einigeceremonien  mitt  etwas  schimpff  abgewiesen. 
S.  f.  Gn.  konnen  gedencken  was  es  fur  ein  seitzamer  ef- 
fekt  gewesen  sei ,  da  Graff  Johan  und  ich  bei  des  Bapct 
Nuntio  und  seinen  mittgeordneten  Jesuitern  an  desscn 
Churf.  Gn.  taffell  mitt  einander  gegessen  und  getrunckcB 
habenn ,  da  einer  den  Churf.  unserm  Hern  Gott ,  der  ao- 
der  aber  dem  Teuffel  hat  wollen  zufiiren.  Derselbig  Nui- 
cius  practicirt  executionem  Tndentini  Concilii  und  fùrctt 
vill  Teutscher  jungen  in  lia /t'a  m  uff  des  Bapsts  new  ta- 

(i)  de  fut.  capite.  Il  s'agit  de  la  succession  au  Trôoe  Impérial* 
voyez  p.  a68. 


—  341  — 

gerichte schull  (i),  das  er  Teutschlandt  damitt  wieder  ver-   ià'j4' 
gifiten  und  sein  Reich  erhaltèn  moge:  darjegen  aber  sein  Février, 
wîr  fahrlessi«f  und  thun  nichts  zu  iinsern  saclien.  Micli 
Terlanc^ett  undertluMiic^k  zu  wissen  wie  es  £.  f.  Gn.  mitt 
cien  Jesuitem  zu  Fulda  ('^)  gehett. 

....  Mein  gn.  F.  u.  H.  Herzogk  ChristoEF  ist  albereilt  niitt 
GrmfFLudwigen  fortgetzogen.... 

E.  f.  Gn. 

undertheniger  dinstwilliger, 
Cdristoff  Ehem  D. 


t  N.*>CDLXXV'. 

Instruction  de  V Electeur  Palatin  pour  son  depule  vers 
r Electeur  de  Cologne  (m s.  cassel). 


....Da  nuhn  s.  L.  inn  irem  gewissen  und  rath*  iinden 


(i)  New  ang,  schulL  Le  Pape  Grégoire  XII ï  se  donna  beau- 
coup de  peine  pour  l'éJuration  clérlcnle.  îci  il  paroit  être  spé- 
cialement question  du  C  Uefiium  G^rmanicum,  «Man  darf  ihn 
»ais  deo  eigenilichen  fiegrûnder  dièses  Inslilutes  ansehen ,  aus 
•  welchem  seitdem  Jahr  fur  Jahr  eine  ganze  Anzahl  Verfechicr  des 
>  Katholicismus  nach  Deutschiand  enllassen  worden  sind.  tRanÂ-e^ 
F.u.y.lV  p.  4^3. 

(a)  Fulda  Durant  3o  années  on  y  avoit  toléré  la  religion  £van- 
gélique:  un  jeune  Abbé  von  Dernbach  devint  Tinstrument  d*une 
réaction  Papiste,  qui  commenta  par  Tintroduction  des  Jésuites, 
Les  Protestants  eurent  recours  à  Guillaume  de  Messe:  «die  Land- 
«^rafen  hatten  dieSchirm-Voigtei  der  Stadt  Filda  von  den  Grafen 
»  ron  Ziegenhain  ereytt.  »  V.  Rommel^  N,  G,  H.  I.  p.  5o3. 

*   Pièce /nrt  éUmdue  ;  iQ  pages.      '  htMhwtràt  ou  quelque  mot /Ht reil  ttmhU 


m  voit  rte  ntms. 


—  342  — 

i5j^4«  wùrde  angeregteii  massen  sich  zu  unserer  wahren  Christ* 
Février,  lichen  religion  riffendtlich  zu  bekhennen  und  dero  Stifft 
darnach  zu  reforniiren ,  so  weren  wir  nit  allein ,  neben 
anderen  der  Augsj).  Conf.  verwandlen  Ch.u.  fùrsten  idiers. 
L. und  dei'i»  Slilft  die gepûrliche  handt  zu  haltenn ,  und  sie 
lïir  unbil lichen  gewaldt,  da  sie  soUicher  reformatlon  und 
heiraths  halhen  angefoi^htenn  werden  wolten,  zu  scbût- 
zen ,  zu  schirmcn ,  und  handzuhaben  ,  deswegen  htncinde 
sich  der  gepùr  zu  verelnigen  und  zuverpflichten,  sondera 
aiiclî  sein  L.  zu  einem  anselinlichen  heyrath  und  freund- 
schafft,  dardurch  sie  die  fiirnemliste  Chur-  und  fûrstli- 
che  hauser  ini  H.  Reich  an  sich  brachte,  i^oferne  derscl- 
bige  s.  L.  anmutig  ,  zu  befiirdern  erpuetlig.  Wie  wir  dan 
deszwegen  unsereni  Ralh,  auf  s.  L,  erclerung,  weiliera 
bevelch  gegeben ,  und  derselben  hieniit  nit  pergen  wolten 
daszdes  Gluirf.  zu  Saxen  und  Landlgraf  Wilhelms  gemùth 
auch  dahin  gerichtet  dasz  sie  nit  allein  fur  irer  L.  person 
zu  sollicher  handthab  geneigt,  sondern  auch  die  dingbey 
anderen  Chur-  und  fùrsten  angeregter  Augsp.  Conf.  «i 
befiirdern  willig  und  sich  albereit  erpolten.... 


^•^ 


•f  N.o  CDLXXV". 

Réponse  de  r Electeur  de  Cologne  au  Comte  Jean  de  Nas- 
sau et  au  Chancelier  Ehem  (Churf.  Colnische  antworth 
Graf  Johannenzu  Nassawund  D.  Ehem  inn  gegenwaits 
îhrer  Churf.  Genaden  Marschaicks  Rùtger  Horsteo 
mûndtlich  gegeben  :  ms.  gassel). 


....Were  an  dem  dasz  seine  Chf.  Gn.  nye  gernezudi- 

'   Piic€  </#  14  /M>||V/. 


—  343  ~ 

sem  Chu rfùrsten stand  khommen ,  sonderii  wider  dero  1574. 
wissen  und  willen  eligiert  worden....  Weill  dann  sein  Chf.  Février. 
Gn.  gleich  anfanngs  nye  gerne  zuni  PfaflVnstandt  khom- 
men, sondern  sich  dessen  geweigert  und  dem  pfaffen- 
rock  als  dem  teuffel  feind  gewesen ,  wie  auch  noch ,  un  J 
der  Marschalck  wol  wiist,  und  alleweg  den  leuthen  dero 
chammerwende  "  gezaigt,  wellichemitharnîschundpùxen 
behangkt;  wann  man  derselben  vom  langenn  rock  sagenn 
wollen,  hatt  sein  Churf.  Gn.  allweg  sich  dahin  lauten 
lassen  sie  gedachten  bei  diseni  stand  nit  zu  pleiben ,  son- 
dern sich  mit  der  zeit,  zu  erhallung  namens  und  stam- 
inés, zu  verheyrathen  ;  darumb  gedacht  sie  zu  resigniren  , 
mochten  leiden  dasz  der  plitz  und  ha  gel  in  disz  leben 
schlueg,  dann  da  khein  danck  zu  verdienen.  Amen  ' 

Spanische  bestallung  betreffendt.  Were  es  an  dem  dasz 
sein  Chf.  Gn.  ein  kriegsmann  geporen  oder  darzu  von  na- 
tur  geneigt,  und  dem  Pfaft'enstand  nit,  sondern  voîi 
herizen  feind.  Seine  vorehern  hetten  sich  zu  Spanieii 
gehalten  und  etzUche  giïter  da  gt^habt,  und  dabei  wohl- 
gefaren,  aber  hernach  inn  armuth  gerathen;  darumb 
sein  Chf.  Gn.  widder  durch  soHiche  wegr  sicherholen  und 
ihrbei  Spanien  widder  PfafT[Tecklin  (i)]  einrficken  machen 
muessen  ;  hab  sich  allein  'zu  einem  kriegsmann  brauchen 
lassen ,  und  sonnsten  mit  iren  practicken  nichtszu  thun; 
wer  ein  l'eutscher,  hette  das  Vatterlandt  inn  acht,  und 
bete  man  wolte  ire  Chf.  Gn.  in  khein  verdacht  ziehen: 
hett  gleichwol  hernach  so  viel  gesehen  dasz  iren  Chf.  Gn. 

(1)  /y*.  Tecklin,  Peul-èlre  l'Evêque  deTrèves;  voyez  p.  '338,  mf* 

•   Kammcr-wande  {Us  murs  de  sa  chambré''^      2  Les  mots  en   marpe  sont  des 

annotations  autnginphes  du  f^andgrare. 


—  344  — 

ioy4'  derSpanier  sachen  nit  gefîelen ,  bab  auch  den  KoDÎg lo 
Février.  Hispanien  nit  zur  etie  genomnien  j  und  nit  mber  lust  zu 
ihneri,  weill  er  inn  misslrawen  bei  den  Teutscben  Chur- 
und  fursten  gerieth,  doch  mit  unscbuld,  ttem  derSpa- 
nier hochniut  lialben,  und  dieweile  nian  inen  nit  horeo 
«   wollen  inn  kriegssachen ,   die  sie  doch  nit  verstûnden, 
seins  ernicssens;  so  wer  auch  die  betzelang*  nit  richtig. 
contnrii.  Frankxeicb  geiiel  inie  bas  und  weren   iren  Chf.  Gn.  die 
frantzosisclie  kronen  Ueber  als  die  Konigstbaler.    Yitar 
alleweg  der  Teutscben  fVeyheit  belïirderer  gewesen.... 

Das  Trientische  Conciiiuin  anlangendt.  Wer  s.  Chf.  Gd. 
dasselbige  ganz  und  gahr  zuwider,  war  nit  legitimum 
oecumeniaiin ,  dieweiln  zwey  uder  drey  zusamnien  kri>- 
chen ,  und  anderen  gesatz  vorgeschrieben ,  wasz  sie  glau- 
ben  solten....  Hat  die  Jesuiten  gahr  nit  heb;  Avd  insUtutio 
war  guth,  sofern  kbein  ifenenum ,  supersliiio  y  und  practic- 
ken  dahinder  stecke.... 

Betref fende  den  heyraths  und  rebgion.  Sei  es  an  dem 
dasz  sein  Clif.  Gn.  inn  der  Catholischen  religion  gethaufft, 
darinnen  auferzogen  ;  wer  wider  sein  gewissen  davon  ab- 
zudretten....  Wenn  sie  nun  vernominen  dasz,  soviel  den 
heyrath  und  anders  betreff ,  ailes  auf  disenn  fundaroent 
Uclikgeo.  der  religion  berugen,  und  dasselbig  fallen  tbett,  werTon 
dem  andern  auch  nichts  zu  reden,  und  fiele  der  bawso 
darauff  gegriindet.... 

Man  bette  understanden  seitzame  dinge  mit  îhr  Chf. 
Gn,  des  Stiffs  halben  zu  practiciren....  £r  were  aber  der 
mann  gahr  nit  dasz  er  das  Stifft  wolte  verkauffen ,  pecar 
nia   tua  sit  tecum   ad  penUtionem   hett  er  geantwortt; 

'  Ici  le  Landgrmvt  m  dessiné  en  marge  quelque  chose  de  ressemUmm  m  mme 

tête  d'âne.     '   bi'/aliluiig. 


~  345  — 

ilefn  Jeretniae  prophetae  locum  fïirgewori'fen  vom  schwe-  i574* 
bel  und  bech  *  ...•  Wann  s.  Chf.  Gn.  wolten  resigniren  und  Février, 
abstehen ,  gedachten  sie  dem  Capittell  den  segen  zu  geben, 
schwebel,  bech' ,  und  hollisch  fewer,  dann  da  khein  bes- 
5erung  noch  danck;  gedachte  doch  bei  s.  Chf.  Gn.  reUgion 
zu  bleiben ,  die  ander  aber  nitt  hassen  ,  noch  meiden  oder 
verfolgen....  j4 cl  partent  bat  sich  letstlich  dahin  ercleret, 
wo  sein  Chf.  gn.  sich  verheyrathen ,  bey  dem  Stifft  ver- 
pleiben ,  und  dabey  gehandhabt  werden  mocht ,  unge-  *>'«  «i**  «•«'  *»••»• 
acht  dasz  sie  zu  unserer  religion  noch  nit  gedretten,  oder 
begerte  reforniatio  fiirgenonimen ,  dasz  sie  alsdann  nit 
resigniren  wolten..,. 


*  LETTRE  CDLXXVI. 

SL  Goard  au  Roi  Charles  IX.  Sur  les  intentions  du  Roi 
d Espagne  (ms.  p.  st.g.-h.  128,  vol.  793). 


....Je  ne  puis  penser  ne  croire  qu'il  ayt  youllu  que  gens 
en  son  nom  aient  traictë  avecque  ceulx  de  ceste  opinion  (i), 
non  que  je  ne  croie  qu'ils  seroient  trais  aises*  que  Yostre 
Majesté  feust  tousjours  troublé  en  Sa  Maison,  pour  le 
pensement  qu'ils  ont  que  cela  leur  sert  à  remédier  et  à 
ordonner  la  leur,  et  qu'ils  ont  tousjours  craint  qu'elle 
eust  quelque  intelligence  et  favorist  ^  leurs  rebelles  ;  et  croy 
asseurément  ,Sire ,  que  s  ilsavoientà  traicter  qu tique  chose 
contre  le  service  de  Vostre  Majesté  en  son  royaume  et 

(1)  ceste  opinion.  Il  entend  les  Huguenots  ;  voyez  ci-après,  p.  35 ii. 

'  pccfa.     '  trèf.     3  favor'Mât. 


—  346  — 

i574«  avecques  ses  suhjects,  ils  ne  le  teroient  avecques  vi 
Février,  de  ceste  nouvelle  opinion.  Car  les  raisons  sont  toute::-* 
évidentes,  encores  que  l'on  dict  que  choses  d*Estat  per-— * 
metent  ou  pour  le  moins  souffrent  quelques  fois  le  dé^^ 
honneste:  mais  qui  verra  à  quoy  est  attache  ce  Roy,  i^^ 
pourra  jamais  penser  que  avecques  les   Huguenots  cff^ 
France  il  ay t  ne  cherche  d'avoir  praticque.  Car  il  laisse  c}^ 
apaiser  et  paciffier  ses  pais  pour  respect  de  ce  dire,  s^ 
bon  qu'il  les  ayme  mieux  perdre  que  de  consentir  chose 
quelle  qu*elle  soit  contre  la  relligion  et  foy  catholique;  et  la 
il  se  demeure;  et  s'il  avoit ,  comme  je  dictz,  à  tramer  quel- 
que cas  contre  le  service  deVostre  Majesté  au  dedans  son 
royaume,  je  croy  que  ce  seroit  plustost  avecques  quelques 
ungs  qui  ont  pris  ung  tiers  estât ,  et  lesquels  ne  se  sont 
fondez ,  ne  pour  le  service  de  Dieu ,  ne  pour  celuy  de  Vos- 
tre  Majesté ,  en  ce  qu'ils  se  sont  trouvez  aux  années  ou 
par  les  provinces ,  soubz  couUeur  de  se  dire  CatholicqueS} 

I 

les  armes  à  la  main  avecques  toute  insollance  se  rassasier 
de  leur  enragée  avarice.  Je  croy  asseurément  que  avecques 
ceulx-là  il  ne  trouveroit  faute  de  matière  pour  les  susciter 
à  tjuelques  insoilances.  Car  je  panse  bien  que  les  conscien- 
ces jugent  bien  les  aucuns,  qui  ne  se  peuvent  tousjours 
asseurer  à  eslre  quites,  et  aiant  fait  le  fondement  de  leur 
bonne  relligion  en  leur  avarice  l'or  et  l'argent,  dont  ils 
pensent  que  ceulx  de  deçà  ont  quantité  pour  les  récom- 
penser, après  leur  avoir  ou  leur  faisant  service ,  seroit  bien 
à  craindre  qu'ils  ne  aidassent*  à  tenir  tousjours  le  feu  dans 
les  estouppes;   et  me  semble  qu'il  y  a  plus  à  craindre  de 
ce  coslé-là  (jue  non  de  l'autre,  mais  il  est  bien  besoin  de 
se  prendre  garde  de  l'un  et  de  l'autre.... 

'  à-est.  c'est-à-dire  à  échauiïer  les  espriu. 


—  347  — 

....Les  Espagnols  vont  tousjours  avecques  jallousie  et  iSj^ 
crainte  que  enfin  il  ne  se  face  quelque  alliance  avecques  Février. 
Vostre Majesté  des  Anglois  et  de  leurs  rebelles  (i),  qui  leur 
vienne  à  leur  très  grand  préjudice  et  intérest  en  leurs  Es- 
tatsde  Pays-Bas;  niesme  (|ue  leurs  beaux  diseurs  de  nou- 
velles leur  ont  dict  que  le  Prince  d'Orange  alloit,  traictant 
avec  Vostre  Majesté,  luy  remettre  tous  les  Pais-Bas  aux 
meins ,  pourveu  quelle  luy  promist  luy  laisser  Hollande  et 
Zellande ,  et  que  le  Roy  de  Polloigne  avoit  promis  au  Con- 
te Ludovicq ,  quand  il  le  vint  trouver  à  l'entrée  d*Alle- 
maigne,  toute  assistance,  et  que,  lors  que  toute  la  noblesse 
qui  l'arcompagnoit  en  son  voiage  sVn  retournast,  ils  re- 
viendroient  tous  trouver  ledit  Conte  [)our  l'accompaigner 
partout  et  en  tout  cequiltouldroit,  et  qu'il  luy  donne- 
roit  encores,  de  son  crédit  qu'il  avoit  en  France,  dix  ou 
douze  mil  harquebusiers  et  deux  ou  trois  mil  chevaux. 
Ceuix  qui  font  icy  ceste  marchandise  gaignent de  l'argent; 
et  quant  la  furie  de  ces  nouvelles  leur  vient,  ils  pensent 
qu'ils  sont  bien  servis,  mais  à  peu  de  temps  après  je  croy 

qu'ils  plennent'  l'argent  qu'ils  yniectent Je  sçay  qii'ilz 

ont  rintention  si  leur  affaire  [freb  seist]  bien  en  Flandres, 
de  donner  une  main  à  la  Royne  d'Angleterre,  et  gageray 
qu'ilz  ne  perderont  la  conjoncture,  si  elle  leur  vient;  et 
qu'elle  ne  se  lie ,  si  elle  ne  veult  se  tromper  la  première. 

(i)  y.  Majesté^  des  jlngloi^  et  de  leurs  *eheUes^  Le  3  févr.  SU 
Goard  avoit  éciil:  «...Il  a  esté  ung  temps  que  Ton  donna  ung 
»adviâ  à  ceux  d'Espagne  qui  les  mecloit  le  plus  fort  en  alarme, 
«qui  est  que  la  Pioyne  d*Aii{;lclerre  inarioit  le  Prince  d*Elscosse 

•  avecqz   une  fille  du  Prince  d*(>range  et  qu'elle  prenoit  la  protec- 

•  tion  des  deux. .»  (^MS.  P.  St.  G.  U.  328,  vol.  763;. 

'   pUi^neot. 


—  348  — 


i574*  Us  dissimuleront  tout  ce  qu*ilz  pourront  jusques  à  ce  qui 
Février,  le  temps  leur  donne  lieu....  21  février  i574* 


t  LETTRE  CDLXXVII. 

Le  Landgraue  Guillaume  de  H  esse  au  Chancelier  Eher^M, 
Réponse  à  la  Lettre  4y^  (ms.  càssel). 


Hochgelartter  lieber  besonder,  wir  haben  Ewer  schrei- 
ben  de  dato  Heidelbergh  den  iSFebruarij  entpfangen, 
undt  doraus  die  werbung  so  Ir  vom  wegen  Ëwers  gnedig- 
sten  Hem  des  Churf.  Pfalzgraff ,  benel>en  Graff  Johan  vax 
Nassaw,  ann  die  bewustePersôn  gepracht ,  auch  was  Eoch 
dieselbe  vor  eine  ungehubelte  antwort  gegeben ,  gnug* 
samb  verstanden;  vermercken  aber  doraus,  nicht  ohmi 
verwunderung ,  das  die  bewuste  vorschlage  vonn  Ewem 
theill  ann  die  Personn  pracht ,  da  wir  docli  vonn  Euch,  ais 
Ihr  bey  uns  alliier  gewesen,  anders  nicht  ingenohmen 
dann  das  die  Person  albereitts  proprio  motu  zu  denem 
vorschlagen  gewogen,  undt  dieselbigenn  vonn  Ihro  hcr- 
gellossen. 

Nun  zweiffelt  uns  nirht  ihr  werdett  aus  unserm  sc'hrei- 
benn  so  wir  underm  dato  Cassell  den  ià  Februarij  (1)  am 
Ewern  gnedigsten  Hern  gellian ,  wie  aurh  hernacher  aus 
des  Churfûrsten  zu  Sachssen  dieners ,  des  von  Lindenawes 
(welcher  uns  solche  dinge  angezeigt,  aucli  uff  sich  genoh- 
men  und  vonn  uns  ein  credentz  entpfangen  sie  Ewem 
Hern  seibst  zu  vermelden)  relation  vernohmenn  haben 

(i)   1%/ebr.  Voyez  p.  335. 


waa  fïir  rede  gemelte  Pcrâonn  mitt  ime  ,  Lindenaw  (mag  i574. 

woll  wissen  obs  dt-r  von  Lindfnaw  Ewern  Hern  aucli  an-  PÉ»rî«r. 
ÇepracliU!,  kiirxnndi  Trinm  flpi,'«(/j gctrifben ,  diediesen 
iind  Torigen  vorgehen  gaiiz  ungt-mesz  undt  damitt  ûbell 
<]U3driren ,  wie  dann  aucb  ini  warbeitl  die  Euch  ervolgte 
antwort  weder  gesoltcn  oder  gepraten,  sonderit  vor 
niclits  anders  lu  halten  ,  si  a  snpitnle ,  t/e  qiw  unifie  liubitti , 
proce'Ieret ,  dann  fitrein  aiotf  jF.acî/la  [i ),  Wîr  la.sAenuns 
aller  Iwîdt  aus  «fer  antwortt  und  auch  aiiss  vorigs  bandeln 
bedûnckendua,  enlweder  eîn  spam  verlohren ,  oder  on^u/i 
in  herbn  /alrlttrel,  darumb  wissen  wir  uns  niitl  solchcn 
unbestendigen  Icuthen  inn  keine  tractation  oder  wechs- 
sHscIiriften  ingflussenn,  aber  uns  milt  îhren  l>ridt  ina 
Beligîon-  undjnopbanïiacben  undt  ungegriindten  bendein 
zu  verwim^nn  ;  dann  da  wirs  thi^ten,  kiinten  wir  uns  se- 
cun'him  communein  onimi  nosfn  conce/ttiùnem  anders 
nicht  als  vur  hetmgs  finden  ;  dann  ,  wo  kein  fundament  l'n 
BrI'gione,  darnet'hst  auch  \m  Terslandt  fiirhandenn,  da 
îiU»cbwerundt  unbeil<ian)bMchzuTerbindeim  oder  étiras 
aonst  zu  Itandrln. 

Wir  haben  dero  dinge  woll  sorge  gebabt  das  es  aiso 
gelwn  wûrdc,  darumb  wir  aucli  beidt  alliier  zwey  mail, 
undt  dann  aucb  zue  Eschwege  gnug&amb  deraelbenii  ver, 
wamett,  hettenn  auch  woll  leidenn  mogen,  dieweill  Ir 
kein  besicrn  [odw]  gewis^ern  grundt  geliuptl,  Ilir  bellclt 
das  maul  jegen  ihm  so  Wfitt  niclit  ufgrihan,  aucb  son- 
derlîch  des  Churfûrsten  zu  Sachssen  undt  un!«rer  damitt 
▼enrhonett  ;  dann  wirs  darfiir  halten  ,  was  Du-  ihme  an- 


—  350  — 

l574*  pracht  werde  nicht  lange  heimblich  pleiben,  sondemn 

Février,  baldt  an  gehorende  ortt  gelangenn,  wo  es  nicht  schon  dt 

ist  j  und  werde  es  Ime  selir  nùtze  machen ,  dann  wir  ha- 

bens  je  und  allerwege  fur  ein  lauter  expiscation  undt 

brillenn  gehaltenn. 

Le  218  févr.  TEvéquede  Munster  (voyez  p.  ^g\)  écrit  au  Laodgnve 
Guillaume  de  Hesse  :  a  Es  solte  woll  gut  seindas  wir  Deutschen  unsnril 
»  diesen ,  als  fremtxlen  handlen ,  oit  bemuegeten ,  so  wûrdeder friedeo 
»  von  ihnseibsuntzweivelicb  w^oUfolgen ,  wie  wirsehen  daiFlandeni, 
«Brabandt,  Uinegau,  und  andem  des  Kônigs  provincien  so  siçbge- 
»horsamblirh  gegen  ire  oberigkeit  verhallen ,  mit  derselbigeoD  io 

•  guttemfriedesitzenn,  und  kôndtendie  Hollender  und  Sebelâodcr 

•  zugleichmessigenn  frieden  kommen,  vean  siesicb  dero  Kônîge,  ak 
«irern  Erbbern,  w^iederumb  zu  solchem  scbuldigenn  gehorsambdi 
«daroitsie  weilandt  Kayser  Carln,  bochstlôblicbster  gedecblDÛtf, 
«verwandt  gewesen ,  begeben;  und  so  lange  solcbs  nit  bescbiebt,  iit 
»  zu  besorgenn  das  ailes  vergeblicb  sein,  und  ein  nocb  langbwiertger 
»kriegb  daraus  erfolgen  werde,  darzu  wir  Teutscben  mit  der  zcit, 
»wan  andere  beledigte  Potentaten  sich  zu  dem  Kônige  zu  fiispaoïeo 

•  tbuen  môchten,  woll  leichtlich  iniikommen  und  in  groste  gefbar 
»(das  nocb  kindtskindt  mit  webekiage  bedauren  mûszle)  g'sdxt 
vwerden  kondten.  Geben  zu  [Abausz],  am  218  Februarij  a.^  74* 
(*MS.  C. 


LETTRE  CDLXXVIII. 

[G.  de  Jormiscouri]  au  Capitaine  de  Val,  Il  r avertit  de  se 
tenir  en  garde ,  h  Roermonde ,  contre  les  troupes  du 
Comte  Louis  de  Nassau, 


*  «' 


,  L'entreprise  contre  Maestricbt  (voyez  p.  33a)n'avoil  pasréus&LLe 
37  février  les  Espagnols  augmentèrent  considérablement  la  gamiaon. 


—  351  — 

«  *8  Graven  aeohang  ende  volck  werden  daeruy t  gesmeten.  •  V.  Mete^  I  S^if* 
/««, p.  90^.  De  tous  côtés  l'enDemi  réunis9oit  des  troopes  contre  le  Pérrier 
Comte  Louis,  qui  n*avoit  pu  rassembler  que  6000  piétons  et  Booo  ca-    , 
vaJiers,  soldats  en  grande  partie  peu  expérimenlés.  Le  4  niars  il 
T  eut  une  escarmouche  assez  insiguifiante;  maïs  quelques  jours  plus 
lard  le  Comte  reçut  un  échec  notable;  plus  de  700  hommes  furent 
taés. 

L'avertissement  au  Capitaine  de  Val  u'étoit  pas  superflu:  «Graef 
«Lode^ryck  hadde  eenen  secreten  aenstagh  op  destadtvan  Ruer- 
•  monde,  met  verstandt  van  eenige. »  F.  Meleten^  p.  90*.  Mais  le 
Comte  ayant  attendu  assez  longtemps  les  troupes  qui  dévoient  lui 
arriver  de  France ,  l'ennemi  en  profita  pour  fortifier  la  garnison. 
Mor^  490*. 


Monsieur  de  Val,  nous  avons  grandes  nouvelles  et 
soupçons  que  Tennemy  tire  vers  Rurenionde,  s'estans 
assemblez  ce  matin  è&  environs  de  <^este  ville  et  recueil* 
lées  leurs  forces  ^  qui  jusques  à  ceste  heure  ont  estées 
esparses  par  ce  pays.  Parquoj  il  conviendra  estre  sur 
vosire  garde ,  et  suis  très  ayse  qu'il  s'offre  si  bonne  occa- 
sion de  faire  quelque  service  remarquable  à  Sa  Majesté , 
pur  lequel  icelle  et  le  Commandeur-Mayor  seront  obli- 
gez à  vous  récompenser  et  occasionné  de  vous  advancer 
de  plus  en  plus.  Quant  aux  ennemis,  vous  pouvez  estre 
asseuré  qu'ilz  ne  sont  que  xxij  enseignes ,  fort  mal  four- 
nies, et  ne  scauroyent  monter  à  six  mil  hommes  de  gens 
de  pied,  la  pluspart  sans  armes,  n'ont  artillerie  de  bat* 
terie,  et  ne  font  que  s'entretenir  mangeant  le  pays.  Et  de 
œ  costé ,  sllz  passent  vers  là ,  nous  vous  envoyerons  se- 
cours nécessaires,  tant  de  Walons  que  d^Espaignolz.  D 
sera  très  bon  de  faire  retirer  aux  paysans  les  vivres  et 
asltres  choses  estants  au  plat  pays,  desquelles  Feniicmy 
pourroît  Caire  proafit  ou  s'accommoder;  ensemble  retirer 


—  352  ~ 

lSy4'  toutes  les  barques  qui  seroient  en  hault  et  bas  de  la 
FéTrier.  Meuse  ^  affin  de  oster  aus  dits  ennemis  la  commodité  do 
passaige  et  leur  mettre  quelque  garde.  Je  pense  que  a?ex 
tel  et  si  bon  zèle  au  service  de  Sa  Majesté  qu*il  ne  vous  est 
besoing  déplus  de  parolles...  De  Maestricht,  cexiij^de 
mars  i574. 

L*entièrement  à  vostre  commenderaent 
et  service, 

[6.  DE  Jormiscourt]* 

Il  sera  bon  faire  dehors  la  ville  esplanades,  tant  des 
bois,  tant  des  petites  tranchées  qui  leur  pourroyent se^ 
vir,  affin  de  leur  donner  toutes  les  moindres  occasioiis 
de  riens  emprendre  de  ce  costé-là,  car  je  crains  plus  la 
surprise  que  siège ,  leur  faillant  touttes  choses  nécessaires 
pour  assiéger  villes. 


LETTRE  CDLXXIX. 

Le  Comte  de  [Reiz\  au  Comte  Jean  de  Nassau.  Il  Im 
demande  une  entrevue  et  un  sauf -conduit. 


**  Peu  de  temps  après  le  Comte  Jean  de  Nassau  Tavertît  d'em- 
bûches qu'oo  lui  avoil  dressées.  «Marschalco  de  Retz  redeuoli  in 
D  Galliam  structae  suni  insidiae  inter  Lulream  et  Sarbruck:  s«d 
»  praemonitus  a  Comité  Joanne  Nassavio  evitavit  eas ,  et  iocolunif 
b  io  Metensem  urbem  pervenit.  »  Ep,  secr,  I.  P.  2.  p.  iS. 


Monsieur.  Je  ne  doubte  point  que  vous  ne  soyez  asseï 
adverty  de  Taffection  que  j'ay  au  bien  de  toute  vosne 


—  353  — 

Maison,  ce  que  Monsieur  de  Schonberg,  présent  porteur,  ï574' 
▼ous  pourra  tesmoigner  encores  davanlaige,  et  vous  fera  *  * 
entandre  la  charge  que  j*ay  de  ce  Roy  de  PoUoigne  de 
▼ous  veoir  en  passant ,  et  résoiddre  avec  vous  touchant 
certains  meubles  que  vous  entendrez  par  le  dict  Sieur  de 
Schonberg,  de  quoy,  en  attendant  le  bien  de  vous  veoir, 
je  vous  ay  bien  voulu  faire  ce  petit  mot,  et  vous  prier  par 
mesme  moyen  me  vouloir  accorder  et  ordonner  le  pas- 
seport et  sauf-conduict  nécessaires  sur  les  terres  de  mes- 
sieurs voz  nepveuz  et  cousins ,  pour  pouvoir  passer  devers 
vous ,  moy  et  ma  compagnye ,  d'environ  deux  cens  che- 
vaulx ,  sur  ceste  assurance.  En  attendant ,  après  mes  bien 
humbles  recommandations  à  vostre  bonne  grâce,  je  sup- 
plie le  Créateur  vous  donner  en  très  bonne  santé.  Mon- 
seigneur, très  longue  et  très  heureuse  vye.  De  Cracovye, 
ce  19  jour  de  mars  i574« 

Vostre  plus  humble  et  plus  affectionné  à 
vous  faire  service  , 

|dk  Gondt]  Contk  df  Ratz  '. 
Monsieur, 

Moosienr  le  Conte  Jehan   de 

Nassau. 

•LETTRE  CDLXXX. 

St,  Goard  an  Roi  Charles  IX,  Entret^ue  at^ec  Phi- 
lippe II  ^  relative  aux  affaires  de  France  et  des  Pays-Bas. 
(ms.  p.  st. g.-h.  228,  vol.  793). 


\*  On  prétendoic  que  Philippe  II  encourageoit  sous  main  les 
Huguenots  dans  le  Midi  de  la  France  (voyez  la  Lettre  476)  :Sc. 
Ooard ayant  glissé  quelques  mots  à  ce  sujet, 

•   Rrtf   (Ratlesiamm  eom^s ) . 

4  .t3 


—  354  — 

1 574*       Là ,  Sire,  il  ne  me  laissa  passer  oiiltre ,  et  me  dict  que  je  -* 
Mars,  luy  disois  choses  les  plus  nouvelles  pour  luy  dont  il  avcHts 
jamais  ouy  parler,  et  que ,  si  ainsi  feut  qu  il  se  feut  trcovâ 
quelques  huguenotz  aus  dites  assemblées  faisant  semblable!^ 
pratiques ,  ce  ne  pouvoyent  estre  que  de  très  meschante^ 
gens  et  hérétiques,  et  que  si  Fon  luy  pouvoit  nommer 
aucun  dlceulx  et  la  retrecte  qu'ils  font  en  ces  pays,  il 
feroit  tel  si  brief  et  exemplaire  chastiement  cViceulx ,  (ju*ii 
en  seroit  à  jamais  mémoire  ^  et  ([ue  avecqiies  tout  cela  il 
feroit  toute  dilligence  de  veoir  s'il  pourroit  descouvrir  ou 
prendre  si  aucun  il  y  a  qui  aille  faire  tels  et  si  meschans 
effects,  et  que ,  avecques  tout  le  desplaisir  que  luy  doo- 
noit  chose  tant  nouvelle  et  jamais  pencée  à  luy ,  il  estoit 
.très  aise  de  quoy  Vostre  Majesté  n'avoit  creu  qu'il  eoM 
part  en  acte  si  malheureulx,  et  qui  doibt  estre  sy  esloin- 
gné  d'un  Prince  faisant  la  profession  qu'il  faict  et  fert, 
romme  il  espère  faire  paroistre  à  ceste  heure  plus  que 
jamais,  et  que  je  pouvois  asseurer  Vt>stre  Alajesté  de  sa 
part  qu'il  n'aura  jamais  part  à  telles  et  si  ordes  '  pratic- 
ques,  s'asseurant  que  les  huguenotz  ne  prendront  nync 
chercheront  le  secours  de  sa  main ,  n'ayant  rien  qui  ne 
soit  [vole  ']  à  leur  désolation  et  ruyne,  comme  il  csloit 
appareillé  de  le  monstrer  par  effect  plus  que  jamais.  D  me 
dict  tout  cela,  Sire!  avec  tant  de  véhémence  et  affection 
qu'il  passa  assez  son  ordinaire  de  procedder ,  qui  me  feit 
voir  asseurément  que  c'estoit  chose  de  quoy  il  se  sentoit 
piqué  et  dont  il  ne  vouldroit  estre  imputé  (i  ),.... 


(i)  imputé.  St.    Goard   écrit   au   Roi  relativement  à  U 
affaire:...  a  Je  fis   entendre  au   Roy  pour  le  respect  des  Esptif' 
•  nois  qui    se  sont   trouvez  aux  assemblées  qui  5e  sont  f«îrt«  «» 

'   vilaiiicd.  *  viMié  (Y). 


—  355  — 

^•..  Je  dicts  qiie  à  la  vérité  tous  bons  Chrestiens  deb-  iSj/f. 
soient  désirer  et  ayder  de  tout  leur  pouvoir  le  service  de  Mfir». 
Dieu ,  et  à  procurer  de  veoir  Vos  Majestéz  pacifïïques  en 
leurs  Estats ,  et  (jue,  si  de  toute  part  il  y  eut  esté  aydé, 
comme  il  a  esté  par  Vostre  Majesté,  il  n'y  auroit  aujourd- 
huy  nul  qui  levast  la  teste,  et  que  tant  de  batailles  qu  elle 
avoit  données  sans  regarder  au  péril  de  perdre  tout,  puis- 
que c*estoit  pour  le  service  de  Dieu  ,  avoit  bien  monstre 
qu'elle  n'uzoit  de  dissimulation  ,  et  que  ,  si  en  Flandres , 
quant  Foccasion  c  est  présentée ,  Ton  eust  faict  le  sembla- 
ble ,  conune  nous  avons  faict  en  France  quand  il  a  esté 
besoing  de  jouer  des  mains ,  les  affaires  y  seroient  en 
meilleurs  termes,  et  que  au  reste  j'estoys  bien  à  ung  avec 
luy  et  avec  tous  ceulx  qui  diront  que  la  bone  correspon- 
dance de  Voz  Majestéz  seroit  plus  que  nécessaire  au  re- 
medde  des  affaires  présentes,  et  que  tous  gens  de  bien  à 

la  ▼ërité  y  debvoient  ayder 

.^Xe  Duc  de  Médyna-Celly  a  faict  icy  tout  ce  qu'il  a 
peu  pour  faire  une  part  contre  le  Ducd'Albe,  le  voullant 
[imputer  '  ]  sur  les  affaires  de  Flandres,  le  chargeant  que  les 
troubles  sont  fondées  sur  la  tyrannye  de   laquelle   il  a 

9  Langaedoc  par  les  Huguenolz,  lesquels  Espaignols  avoyenlfaictde 
»  U«i  peroicieuls  offices  prenant  rauctborité  de  S.  M.  Catb. ,  pré- 
•  teotant  en  son  nom  aux  huguenots  et  rel>elles  toutes  assistances 
»  d*argeut  et  aultres  moyens....  J'ay  sceuque  depuis  le  Roy  a  dict  le 
»  deaplabir  qu'il  avoit  que  je  D*avoys  nommé  quelqu'un...^,  à 
»  ccste  fin  qu'il  le  fist  pcnrlre  devant  ma  fenestre...  Je  dis  au  Roy 
»  Catb....  que  Y.  M.  avoit  faict  .une  ordonnance  à  toutes  ses 
»  firootîères  de  ne  laisser  passer  en  quelque  sorte  que  ce  fust , 
»  ou  à  la'fille,  ou  trouppe,  nul  de  ces  Royaumes  au  Ba»-Pays»  (*M8. 
9.  «T.  o.-a.  aa8,  vol.  793).  » 

'  •mpiifn«T ,  aUaqner  (?). 


—  356  — 

i574*  u^^®  durant  son  gouvémement ,  et  quil  a  désespéré  ceulx 
Mars,  du  païs  à  la  rébellion ,  et  que  ce  n*est  pour  Fhérésie,  com- 
me veult  dire  le  Duc  d'Alve  ;  et ,  si  le  Duc  de  Médyna- 
Celly  pou  voit  faire  croire  ce  poinct-là ,  et  qu'il  ne  ce  par- 
last  entre  le  Prince  d'Orange  et  autres  ces  associez  de 
Religion,  je  pence  asseurément  quils  trouveroient  avec 
le  Roy  Catholique  quelque  voye  de  paciiBcalion  ;  mais  ^ 
où  il  y  va  de  la  Religion ,  Ton  diroit  qu  il  n*y  a  plus  de 
moyen,  pour  sestre  mys  sy  avant  en  scrupulle  de  con- 
science que  rien  ne  passe  plus  oultre.  Je  pence  aussy  que 
le  Duc  d*Alve,  quelque  chose  que  Ton  die,  quand  il  sen 
icy,  il  aura  toute  aucthorité  et  que  nul  ne  luy  fera  teste  et 
que  le  Duc  de  Médyna-Celly  se  aflochera*  .Je  m*atendsbien 
que  le  dit   Duc  d'Alve,  estant  icy,  sera  très  contraire  à 
tout  ce   qui  se  présentera  de  la  part  de  V.  M. ,  comme 
ennemy  et  envieulx  de  ]a  prospérité  de  ses  affaires.  L*od 
avoit  pencé  ung  temps  que  Médyna-Celly  se  seroit  estaUj 
pour  pouvoir  avoir  voix  aus  dites  affaires  de  Flandres,  et  le 
Roy  Catholique  le  gratifBeroit  d  estât  de  grand-maistre  de 
la  Roy  ne  Cathollique  et  GouverneuT*  des  Princes,  comme 
j*avois  jà  mandé  à  Vostre  Majesté,  mais ,  à  ce  que j en- 
tends, il  est  traversé  (i)  du  prieur  Don  Antonio  de  Tho- 
lède ,  qui  est  grandescuier Madrid,  3o  mars. 

LETTRE  CDLXXXI. 

Le  Comte  Louis  de  Nassau  à  v,  Linden.  Sur  Pex 

pedition  d'un  messager. 

*  *   Ce  V.  Linden ,  homme  sûr  ,  ne  parott  pas  avoir  résidé  habi- 
tuellemen  à  Aix  :  voyez  p.  38 1 . 

(i)  traversé.  Voyez  cependant  p.  36o. 

ff    adoucira  (?). 


—  357  — 

Lieber  der  von  Linden.  Ich  bittEucli  ir  wollet  gegeu-  i574< 
wertigen  meines  g.  H.  diener  behûlfllich  sein ,  das  er  als-  Avril, 
baldt  ein  par  jener  pferdt ,  so  da  guet  seindt ,  zuewegen 
bringtt ,  eines  vor  inen  und  das  anderevor  denjenigen  so 
des  weges  kundig  sein  mag ,  dan  er  noch  bey  tag  ausz  der 
stadt  muesz ,  damitt  ehr  die  nacht  ziehen  moege.  Wollet 
das  beste  thuen  damitt  ehr  einen  giieten  wegweiser  bekoni- 
men  moege.  Ich  weisz  nicht  ob  der  Herr  Meier  von  Lini- 
burg  einen  diener  habe  dem  die  wege  bekant,  sonsten 
wolte  ich  im  darumb  geschrieben  haben.  Ich  bitt  helffet 
dissem  man,  damit  er  fort  kommen  moege ,  dan  daraii 
gelegen.  Datum  Wittem  ' ,  im  eill ,  den  3  Aprilis  Anno  1 5 74. 

Kwer  guetter  goenner , 
LuowiG  Grap  zub  Nassaw. 

Dem  edleu  und  ehrenlvesten 
N.  von  Linden  ,  meinen  guetlen  goenner. 

Ach  \ 


Ayant  en  vain  attendu  les  secours  promis,  le  Comte  résolut 
de  marcher  en  avant  a  Op  den  3^  April  quam  een  secours  van 
»  16  Coropaignien  Walen,en  het  Cornet  harquebusiers  vanSchenk 
»  binnenMaestricht,  met  hetwelkd'AviU  Graef  Lodewycx  volk wac- 
•  kerderaentaste,  en  werk  gaf  lotonder  de  mnren  van  Valkenburg, 
w  belettende  henluyden  hare  voeragien  en  victualiei  waerdoor  Grave 
»  Lodewyk  resolveerde  van  plaelsc  te  veranderen,  en  bera  by  syn 
»  broederden  Prince  van  Oraingien  te  vocgcn.  «^or,  490**- 

Jusque  là    on  .ne  sauroit ,  ce  nous  semble ,  lui  reprocher  de 
la  témérité.  M,  Bo.wcA/i  écrit  :  «Destoutmoedige  held,  bel  is  niet  te 
te  ontkennen  ,  is   in  het  volvoeren  van  dezen  geheelen  veldlogl  niet 
»  van  overijling  vrij  te  pleiten.  Zîjnekrijgsraagt  was  te  gering;zijne- 
m  «oldaten   geheel  onbedreven  ,  en  het  jaargelijde  nog  niet  verge- 

'   village  près  de  Galoppe  ,  entre  Maestrieht  et  Aixla  ChopetU. 

'  A  Ail. 


—  358  — 

1 5j4*  *  "oeg  gevorderd ,  om  bem  deo  noodigen  leeftogt  te  doen  Tindeo.  i« 
AytîI.  Neéri,  Heldendaden  te  Land ,  p.  i85.  Mais  les  espéranoet  di^ 
Comte  oe  reposoient  pas  uniquement  sur  le  corps  de  troupes  qoT  T 
avoit  su  réunir.  Il  avoit  des  intell igeoces  dans  Maestricbt,  et  S 
Anverf ,  où  tout  étoit  préparé  pour  le  5  mars;  et  si  Ton  se  fut  reod^: 
maître  de  l'une  de  ces  villes,  les  conséquences  eussent  probableinei^i 
été  décisives.  Un  succès  important  eût  déterminé  bien  des  gens  à 
faire  avec  lui  cause  commune,  f  Men  bieltet  daervocr,  »  écrit  Bmr 
de  la  bataille  du  Mookerheide ,  f  dat  bjaldien  Graef  Lodewyk  de 

>  slag  gewonnen  hadde,  dat  genoeg  gebeel  Braband  soude  hebbeo 
»  gerevolteert.  »  pag.  492^  —  En  outre  il  coroptoit  sur  h 
France  (voyez  p.  3i3).  fHij  bad  te  vergeefs  gewacfat  na  mccrdff 
ff  volk  uit  Yrankrijk,  tôt  syn  hulpe  en  versterkinge.  »  Bor^  490^* 
«  Graef  Lodevryck  hem  nistende ,  is  verlaten  gbeweest ,  cent  f« 

>  den  Koningh,  ende  daerna  oock  van  de  andere,  die  hem  fid 

>  scboone  toeseggingben  dagelycx  deden.  »  F.  JHeteren^  90k.  Pm- 
étre  quelques  troupes  Françoises,  arrivèrent  encore  à  leflipa(ny 
eut  du  moins  des  Françob  au  Mookerbei),  le  plus  grand  dobIvs 
fut  en  retard.  Les  événements  du  mois  de  mars  ,  la  prise  d'araci 
parles  huguenots,  la  position  embarrassante  du  Duc  d*Alcoçoi 
et  du  Roi  de  Navarre ,  le  trouble  et  la  défiance  de  Charles  IX  cl 
de  sa  mère ,  toutes  ces  circonstances  réunies  furent  la  cause  d'nn 
contretemps  imprévu  et  fatal.  -—Et,  pour  tout  dire  enfin ,  quand 
le  Comte  se  décida  à  hâter  son  entreprise ,  les  affaires  de  U  Hollande 
étoient  dans  la  position  la  plus  inquiétante;  le  secours  devoit  être 
prompt  pour  ne  pas  devenir  inutile ,  et  il  ne  dépendoit  pas  délai 
d'attendre  une  plus  favorable  saison  (voyez  p.  364). 


*  LETTRE  CDLXXXII. 

Le  5'*  de  St.  Goard  au  Roi  Charles  IX.  Affaires  des 
Pays-Bas;  retour  du  Duc  d^ALhe  en  Espagne;  Philiffe 
Il  désire  l amitié  de  la  France  (ms.  p.  &t.  g.-b.  aâ8) 
VOL,  793). 


....L  on  donne  advis  aussy  que  la  piuspart  de  ceux  qui 


—  359  — 

sisâisient  le  Conte  Ludovicq  sont  Françojs,  et  que  le  Phnoe  1 574< 
Casemir  cest  faict pensionnaire  de  Vostre  Majesté,  et  qu'il  AttiL 
a  Testât  quavoit  Jehan-Guillaume  de  Saxe,  et  qu  avecques 
cda  Ton  est  à  ce  faire  croire  que  c  est  avecques  quelque 
intelligence  de  Yostre  Majesté  que  ces  levées  vont  avant  ; 
néantmoins  il  n'y  a  nul  qui  me  tienne  telz  propoz.... 

— Jl  ce  que  j*ay  peu  entendre  et  sentir ,  Ton  demande 
tonte  ayde  et  faveur  à  l'Empereur  (i)  aulx  affaires  présen- 
tes, et  ce  chemyn  là  me  feroit  plutost  soubconner  qu  il  sa 
[nt>posast  quelque  conserte  et  paciffication  que  non  la 
guerre ,  car  il  est  tout  manifeste  que  TEmpereur  à  tous- 
jours  tendu  là  et  faict  encores  de  présent  par  voye  de  son 
Ambassadeur,  encores  qu'il  ne  ce  veoye  rien  de  deçà  qui 
approche  à  telles  choses ,  parceque  de  jour  à  aultre  l'on 
▼eoit  donner  toute  presse  à  ung  grand  appareil  de  guerre; 
néantmoins  tumbay-je  en  soubçon  de  ce  que  Ton  recourt 
à  FEmpereur ,  actendu  comme  il  a  esté  jusques  icy  très 
aparent  qu'il  n  a  pas  grand  crédict  d'arrester  ceulx  qui 
vouldront  sortir ,  de  manyere  que  tout  ce  qu'il  pourroit 
bâte  ce  seroit  de  pacifiier  le  tout,  qui  ne  seroit,  à  mon  op- 
pignyon,  sy  venoyent  là,  sans  conditions.  Car  de  leur 
bore  poser  absolument  les  armes,  je  croy  qu'ils  en  sont 
hors  de  termes.  Vostre  Majesté  pourra,  pour  le  bien  de 
son  service,  faire  ung  peu  observer  par  ceulx  qui  sont 
pour  ses  affaires  près  de  TEmpereur,  s'il  se  traicte  aul- 
cune  chose  qui  preigne  ce  chemain,  etaussy  faire  prendre 

(i)  à  FEmpereur,  11  parolt  que  Réquesens  aussi  désiroit  la  mé- 
diation de  Maxirailieo  II .  c  Miuitur  a  novo  Praefecio  Germaniae 
•  Inferioris  ad  Imperatorem  ,  a  quo  putant  eum  petîturum  ut  ineat 
»  ralioDem  quà  tumullus  excitati  ab  Albano  coroponi  possint  :  i 
lugmgnet ,  Ep.  secr,  I.  i.  aa4. 


—  360  — 

i574*  gsircle  sur  le  Graiicl-Coiiimandeur  s'il  n  entrera  poinct 
Avril,  praticques  dont  se  vante  estre  sy  bon  maistre.  En  sonin» 
je  diray  à  Vostre  Majesté  qu  ils  sont  icy  presque 
nïz  des  affaires  des  Pays-Bas,  et,  sellon  que  monstre  le  Ro 
Cathollique,  il  les  veuU  remédier  avecques  la  force,  et  n 
a  homme  qui  y  aye  aultre  cas ,  si  n*est  aultant  que  For» 
vouldra  subçonner  avecques  les  choses  cy-dessus  dictes, e% 
que  Ton  vouUust  dire  que  le  bruict  de  ce  grand  apparetf 
servist  d*occasion  de  faire  venir  tout  le  monde  avecques 
envye  de  moyenner  une  pacifGcation  ;  les  Ministres  d'îcy 
ny  seroyent  si  difficilles  comme  par  le  passé,  et  comine 
j*ay  desjà  dict  par  plusieurs  foys  à  Y.  M.  ils  [y]  estoîent 
allés  bien  avant,  et  n  y  a  que  le  Roy  qui  leur  ayt  tàki 
teste,  et  s*il  vient  là,  ce  sera  qu'il  n  y  pourra  aultre  chose, 
ou  je  me  trompe  bien.  Il  donne  très  grande  presse  au  Duc 
d'Alve;  Ton  pence  qu'il  sera  icy  dans  un  jour  ou  deulz,et 
aussy  Ton  dict  que  Don  Joan  d'Austria  y  sera  bientost 
Le  Duc  de  Médyna-Celly  feut  hier  pourveu  de  Testât  de 
grand-maistre  de  la  Royne  ;  s'il  sçait  faire  part  contre  le 
Duc  d'Alve ,  comme  il  a  faict  semblant  quand  il  est  arrivé 
icy ,  il  se  verra  tost  à  qui  Ton  donnera  le  principal  crédict, 
ou  à  celluy  qui  a  toujours  faict  la  guerre,  ou  à  celluy  qui 
conseille  la  paix.... 

....Depuis  ma  dernière  le  Duc  d'Alve  entra  dans  cestc 
cour  le  dernier  du  passé  et  n'y  voulut  venir  de  jour,  estant 
près  de  dix  heures  de  la  nuyct  quand  il  arriva ,  de  manyère 
qu'il  feut  peu  acconipaigné,  non  qu'il  ne  feust  sorty  infinis 
gens  au  devant  de  luy ,  mais  il  manda  qu'il  ne  viendroit 
pour  ce  jour ,  qui  fait  que  tout  le  monde  se  retira.  Il  alla 
dessendre  chez  le  prieur  Don  Anthonyo  et  aussytost  se 
meit  dans  ung  coche  et  fut  baiser  les  mains  au  Rov  (^thcii- 


li^iM,  et  l'on  m'a  dict  qu'il  se  meit  par  deux  fois  degenoîl, 
el  qu'aiik  deux  fuys  le  Roy  lui  porta  les  bras  au  coL  Je 
feis  observer  sa  contenance  allant  et  sortant,  mais  l'on 
■n'a  divt  qu'il  ne  monstroit  La  cliére  trop  contente,  et  qu'il 
a  bien  rabattu  de  sa  supperbie  avetques  laquelle  l'on  dict 
qu'il  estoit  entré  en  Espaigne,  là  où  il  avoit  commencé  a 
traicter  tout  le  monde  de  menaces  et  de  tuer  les  plus 
grands  de  [merced] ,  mais  cela  luy  commença  de  passer  à 
[naud]  ;  il  voist  que  le  Roy  son  maistre  ne  luy  voulloit 
octruier  que  son  fils  Don  Frédéricq  vint  avec  luy  à  la 
court ,  de  laquelle  il  est  banny  pour  quelque  temps  pour 
avoir  esté  trouvé  iruictant  d'amour  dans  le  pallais  avec 
une  des  filles  de  ta  feu  Roy  ne;  et  de  plus  il  feut  commandé 
k  ung  de  ces  principaulx  conseillers  qui  venoyt  avecques 
luy  ,  et  lequel  l'on  dict  avoir  présidé  au  conseil  des  trou- 
bles qu'ils  avoyent  ainsi  voullu  appeller  en  Flandres,  se 
nommant  le  pcrsonnaige  Jélian  de  Vargas,  qu'il  n'eust 
à  approcher  de  la  court  de  cinq  lieubc  Ce  premier  seoir  il 
feut  assés  bon  temps  avecques  le  Roy ,  et  le  lendemain  au 
matin  il  y  retourna,  où  il  feut  aussy  ung  bon  temps,  et  y 
feut  aussy  bien  acciimpaignê.  L'on  dict  qu'il  s'en  partira 
bientost  poui  s'en  aller  à  Albe ,  et  que  le  Roy  fera  démon- 
stration d'estre  très  mal  content  de  luy,  et  d'avoir  désa- 
gréable tout  ce  qu'il  a  fiiicl  en  Flandres;  et  tîens-Je  de 
btiu  lieu  que  cela  ce  faict  pour  contenter  les  Mamans,  ttt 
leur  donner  par  tels  depportements  à  entendre  que  ce  D  a 
esté  de  la  voUunté  du  Roy  que  ledit  Duc  les  ayt  mal  traic- 
lez,  luy  ayant  persuadé  que,  tenant  ceste  modde,  ce  seroit 
cbemain  pour  entrer  à  paciffier  et  aduulcir  les  volluntez 
altérées,  qui  ne  snnt  tournées  si  ce  n'est  à  ceidx  qui  les 
fUSeurent  les  faire  jouir  du  repos.    Puys  qu'ils  citercbent 


1574. 
Avril. 


—  362  — 

i574«  toutes  ces  vojes  de  connivances ,  je  ne  iiaicts  double  que^s 
en  fin,  si  Ton  leur  en  donne  lieu,  ils  n'apoinctent  du  tout  ecai 
à  quelque  pris  '  que  ce  soit,  encoresque  [dans]  Fapparencc^ 
qu'ils  font  d*arnier  il  n  y  a  rien  qui  signifRe  telles  choses^  «. 

....L'on  m'a  dict  que  ces  jours  aussy  que  le  Roy  Catholi- 
ques eût  les  advis  de  toutes  ces  levées  qui  se  font  contre 
luy  en  Allemaigne ,  l'advertissant  aussy  que  plusieurs  des 
subjects  de  Y.  M.  passoyent  au  secours  de  ses  rebelles ,  il 
dict  quecest  article  seroit  bien  le  pire,  mais,  quand  V.  M. 
ne  luy  seroit  poinct  ennemy  et  qu'il  ne  l'auroit  contre,  il 
s'asseuroit  de  recouvrir  et  remectre  ces  Bas-Pays  à  deb- 
voir,  mais  que  il  ne  pouvoyt  croire  que  ung  si  bon  Roy, 
estant  travaillé  de  si  maulvaiz  subjectz  ,  voullut  fomenter 
contre  ungRoy  son  frère  et  amy ,  la  mesme  chause  *  aveo 
ques  laquelle  il  avoit  eu  tant  à  souffrir.  Et  ce  mesme  jour 
à  son  soupper ,  il  loua  grandement  Y.  JVL  d'une  infinitéde 
bonnes  partz  qui  sont  en  elle ,  mesmement  de  sa  grande 
^  sobrietté ,  et  feit  ung  conte  que  mangeant  au  seoir  retiré 
plus  que  n'estoit  de  sa  cousthume ,  il  y  eust  quelque  sàf' 
neur  qui  luy  dict  que  ce  n'estoit  celle  des  Roys  ses  prédé- 
cesseurs de  manger  ainsy  retiré  ;  et  que  Y.  M.  luy  avoit  resr 
pondu  que  aussy  n'avoyent-ils  leurs  subjects  rebelles  et 
désobeissans ,  et  qu'ils  avoyen^  de  ce  temps-là  pour  pris  de 
leur  fidellité  la  présence  de  leur  Roy. 

...Il  me  dict,  Sire,  qu'il  considéroit  très  bien  tout  ce  que 
jeluy  disoys,  et  qu'il  n'y  avoit  rien  plusvray  [que]  que  tousses 
dangiersdebvoyent  estre  remédiez  par  extresme  dilligence 
et  bonne  correspondance  entre  vous  deulx ,  ce  qui  ne 
manqueroit  jamais  de  sa  part ,  et  que  quant  aulx  subcons, 
il  estoit  homme  ami,  ne  lesprenoit  de  peu,  et  que,  encores 

'  prix.        '   rliose. 


—  363  — 

^e  par  le  passé  il  en  eust  eu  de  très  grandes  occasions  i574« 
pour  respect  de  ce  qui  avoit  passé  avec  les  Allemans ,  que  Awîl. 
néantmoings  il  n'y  avoit  entré  sy  avant  qu'il  n'eust  bien 
considéré  la  nécessité  des  temps,  luy  ayant  de  plus  les 
oocurences  esclaircy  toutes  choses ,  demourant  satbfaict 
en  toutes  choses...  Madrid ,  4  A^ril. 


•  t  LETTRE  CDLXXXIII. 

Le  Prince  d Orange  aux  Comtes  Jean ,  Louis ,  et  Uenn 
de  Nassau.  Préparatifs  pour  les  receifoîr. 


\*  «  Grave  Lodewyk  hadde  aan  syn  broeder  den  PrÎDce  van 
•Oraio^eo  geschreren  dat  by  wilde  opbrekeD  en  bem  laten  ▼ioden 

•  tuschen  Macs  eo  Rbyo  tôt  HerwerdeD ,  om  aldaer  of  daeromtrent 
»de  riTÎere  te  passereo,  begereode  daerom  dat  by  sicb  metvolk, 
»  fldicpeo ,  scbaiteD  en  ponten  soude  te  gemoet  komen.  De  Prince 
»  dit  Ternemende  en  was  van  deze  resolutie  niet  wel  te  vreden ,  io- 
»  sSende  bel  groot  perykel  daerin  gelegen ,  en  dat  by  ook  in  sulker 
»  haest  bet  Oorlogs-gereedscbap  daer  van  node  wesende  niet  en 
»  koode  op  de  reviere  scbicken;  en  seide  ter  seWer  tyd  tegen  eenige 

•  tyne   famiiiare  vrienden  dat,  boewel  syn  broeders  komste  bem 
en  aengenaem  was,  dat  by  nocbtans  wel  lyden  mocbte  dat  by 

ayn  Léger  op  die  tyd   loo  mylen  van  daer  ware.»    Bor^ 

n  se  pent  que  le  Prince  se  soit  exprimé  de  la  sorte.  Le  Comte 
ayant  écboné  devant  fifaestricht,  l'entreprise  contre  Anvers  n*ayant 
également  pas  réussi,  les  affaires  en  France  ayant  pris  une  assez  mau- 
iraise  tournure,  et  «  les  Françoys  n'estant  encoires  Tenuz  (p.  365  ),» 
eotet»  avec  des  troupes  peu  aguerries  et  plus  ou  moins  découra- 
,  on  ne  pouvoit  tenter  de  se  frayer  un  passage  en  Hollande 

'  Signée  pmr  Bnutymek. 


x574-  '^^^^  alTronter  un  extrême  péril.  Les  inquiétudes  du  Prince  durail 
Avril.  ^^^  '^'®°  l'ives ,  d'autant  plus  que  les  Espagnols,  de  bonne licim 
avertis ,  et  abandonnant  le  siège  de  Leide,  pr.enoient  leurs  mesoro 
avec  promptitude  et  habileté.  Il  n'ensuit  pas  qu'il  ait  jugé  la  délcr- 
mination  de  son  frère  trop  hardie.  Les  Lettres  suivantes  ne  coo* 
tiennent  aucun  indice  d'une  telle  désapprobation;  au  contraire,  et  il 
ne  lui  donne  le  conseil  de  se  rendre  à  Emde(p.  '^70)  que  dans  la  sup- 
position qu'une  partie  considérable  deses  troupes  l'avoit  abaodoooé. 
Après  ce  que  lui-même  avoit  souvent  éci^it ,  et  notamment  le  6  juh- 
vierfp.321),  sur  les  résultats  décisifs  que pourroit avoir  sooarrifér, 
sur  la  grande  longueur  et  la  tardivité  €t exécution  ^  sur  la  longue 
et  vaine  attente  de  secours  qui  avoit  entraîné  la  ruine  de  la  InmM 
ville  de  Harlem  ,  sur  la  position  critique  à  moins  de  qme/que  Am 
soulaigement ,  falloit-il  après  cela  lecoler!  Si  le  Comte  ,  atteodo 
avec  impatience  par  tout  le  pays  de  Hollande  déjà  en  mars  x573 
(p.  74)  poursuivit  audacieusement  son  dessein  9  ce  ne  fut  pas  par  an 
excès  d'humeur  entreprenante,  mais  par  un  vif  sentiment  de  soo 
devoir.  Le  ai  janvier ,  probablement  après  la  réception  de  la  Lettre 
468,  il  écrivoit:  «soUte  dieser  anschlag  zuerûckgeben  oderokhc 
»  geratben ,  so  were  es  dausent  mal  besser  das  man  nie  daran  ge- 
«dacht  bette,  dan  die  Hollender  und  Sehlender  gar  venwetfflh 
»  wûrden.  »  p.  BaG. 


Messieurs  mes  frères.  Depuis  ma  dernière  du  x*  jour 
de  ce  mois,  dont  le  double  vat  joinctement  ceste,  j'ay  hier 
sur  le  soir  receu  une  vostre  du  iiij  de  ce  mesme  mois, et 
ce  jourd'huy  matin  m*est  venue  une  aultre  vostre  du  vij*, 
par  laquelle  j'ay  veu  vostre  délibération  de  venir  avec  voi 
trouppes  pardeçà  et  à  cest  effect  prendre  vostre  cherayn 
entre  Grave  et  Thiel.  Je  vous  puis  asseurer  que  voz  lettres 
me  sont  esté  plus  que  bien  venues  pour  la  peine  où  jetois 
de  sçavoir  Testât  tant  de  vostre  santé  que  de  voz  afïaires, 
et  ayant  reçeu  vostre  lettre ,  j*ay  incontinent  escript  et 
mandé  à  une  bonne  partie  de  mes  Capitaines  qu*ilz  ayenl 


luptus  tostà  se  trouver  es  environs  de  Tiel  poureatreen  i5j4- 
ces  quartiers-là  vous  recepvoir  ,  oires  que  je  crains  que  le  Airril, 
pays  y  est  assez  estroict  ]>our  la  cavallerie  ,  et  toutesfois 
nous  donnerons  ordre  de  vous  accommoder  de  bateaux 
et  autres  nécessites,  le  plus  que  sera  possible,  espérant 
aussy  d'y  aller  moy-mesme.  Je  suis  ruarrl  que  les  Prancboys 
ne  sont  encnîres  venuz  jusque»  à  vous  ;  me  doublant  (pie 
devant  leur  arrivée  vous  estes  pnrty  :  qu'ilz  soyent  délibé- 
rez de  vous  suivre,  ilz  ne  pourront  passer  sans  courrir 
quelque  grand  dangier,  qui  seroit  dumniaige  pour  eulx  , 
et  nous  viendroit  mal  à  propos.  Or  il  le  fault  remectre  à 
Dieu  et  soy  aiJerdu  mieuU  qu'on  peult.  Quant  au  Ritt- 
maifttre  Sclieuk,  il  a  par  diverses  fois  esté  sommé  de  passer 
outtre  avecq  ses  gens,  mais  s'en  e^t  toujours  excusé  à 
bulte  d'argent,  et  que  â  teste  occasion  ses  gens  ne  vou- 
I  loient  monter  à  cheval ,  ainsi  que  par  ses  lettres  propres 
qui  sont  esté  inierrcplés  j'ay  vcu.  Mais  si  depuis  quelques 
quatre  ou  ciiicq  jours  ençà  il  soit  party  ,  je  ne  le  puis  en- 
.  coires  sçavoir.  Et  surce,  me  recommandant  trêsaflectueu- 
'  fletoenl  en  vuz  bonnes  grâces,  je  supplieroy  Dieu  vous 
> donner,  Messieurs  mes  frères,  en  parfaîcle  santé,  heu- 
reuse et  longue  vie.  Escript  à  Dordrecht ,  ce  xiij  jour 
d'apvril  1 574- 

Quant  à  Eyndboven,  jene  fauldroye  de  y  aller,  comme 
aussy  je  ferois  chasse  plus  grande ,  mais  noz  forces  ne  sont 
assex  hastanies. 


Messeigneurs.  Estant  son  Excellence  cesle  nuyct  pour 
qudque  bonne  occasion  allé  à  Deift  sans  avoir  signé 
ceste  ,  j'ay  bien  voulu  toutesfois  la  dépescber  par  ce  por- 
gleor,  en  attendant  tgue  son  Excellence  vous  envoyé  le 


—  366  — 

i574  •  duplicat  par  ceQuy  qui  a  apporté  toz  lettres  du  4*  àe  ce 
Avril,    mois. 

De  yos  Seigneurs , 

très-humble  et  très-obéyssant  serriteor, 

Nicolas  Bruntnck. 

A  Messieurs , 
Messieurs  les  Contes ,  Jean,  Louys 
et  Henry  de  Nassau ,  mes  bien 
bons  frères. 


Le  Comte  Louis  menaça  Nymégue.  cHy  trock  op  des 
Nil  April ,  op  Paescbdagfa ,  sterck  gberekent  omirent  aooo  Pmp- 
9  den  ,  ende  ses  ofte  8ooo  voetvolck,  ende  bem  gelalende  elden  H 
9  trecken,  nam  synen  weg  subitelycken  op  Nimmegen ,  daer  ben  de 
»  Spaengiaerden  (nu  sterck  zynde)  terstond  volgbden.  »  F",  Jlrt^ 
ren,  90k  II  fut  arrêté  le  i3  avril  par  l'ennemi  près  du  Yillagedc 
Mook ,  et  le  même  jour  il  remporta  un  succès,  f  Met  eenige  Ril- 
»  meesters  ende  met  een  weynigh  deel  peerden  uytgereden  lynde^., 
»  ontraoete  by  licbte  peerden  der  Spangiaerden ,  ende  die  terstoot 
tt  bespringhende,  sloegbsein  de  vhicbt,  veel  doodt  blyvende.  >  LL 
Le  lendemain  les  Espagnols,  nombreux  et  expérimentés,  firent  one 
furieuse  attaque.  Une  grande  partie  des  soldats  du  Comte,  dans  ce 
moment  critique,  ex  igeoit,  avant  de  combattre,  leur  payement.  cGracf 
»  Lodew}ck  met  d'ander  Overste  zyn  na  hun  voet-volcktoegeredeot 
9  ende  bebben  met  groote  smeeckende  woorden  de  soldaten  gebedco 
»  ende  vermaent  dat  sy  wilden  terstont  den  Ruyterscben  Edeldoi 
»  ende  d'andere  te  hulpe  komen.  Maer....  sulcken  baestigeo  pcryc- 
»  kel  niet  bcdenckendc,  bebben  baer  onwilligh  ende  langsacfl 
«be^csen,  ja  vêle  geldi,  geldt!  roepende,  baer  peryckel  oicC 
u  insiende.  1  /.  /.  90^.  L*ennemi  reçut  des  renforts  considérables 
durant  le  combat.  Le  triompbe  des  Espagnob  fut  complet  TVob 
mille  boromes  de  l'armée  du  Comte  restèrent  sur  le  cbamp  de  ba- 
taille.   Toutefois,   comme  le  remarque  Jf.  Basscka,  il  fut  vais- 


—  367  — 

queur  là  où  lui-même  combattit.  Il  avoit  chargé  et  chassédevant  lui   iSlA. 
un. escadron  commandé  par  M.  Sclienk;  ces  fuyards  répandirent  j^y^n 
le  faux  bruit  de   la  défaite  des  troupes  du  Roi.  L'ennemi  rendit 
témoignage  à  sa  prudence  et  à  sa  valeur.  tDe  Spaengiaerden  hebben 
»  selve  geschreven  dat  de  Overste  ende  het  Peerdevolck  aile  verstant, 
m  vroomigbeyt  ende  manheyt  ghebruyckten  »  /./. 

Le  Comte,  son  frère  Henri,  le  Duc  Christophe,  tous  périrent;  sans 
qu'on  ait  jamais  su  avec  certitude  les  circonstances  de  leur  mort. — 
Languet  écrivoit,  le  i  mai,  à  Tégard  du  jeune  Duc:  c  Si  verum  est 
voccubuisse,  quantum  dolorem  ex  eâ  re  sentiet  sanctissimus  ille 
«  senex  ejus  parens:  qui  nullam  aliam  ob  causam  passus  erat  eum 
»  se  objicere  illis  periculis  quam  ob  studium  propagandae  verae  reli- 
»  gionis,  et  subveniendi  iis  qui  ah  Uispanis  injuste  opprimuntur.  » 
Jld Sydn,  p.  iio.  £t  Guillaume  de  Uesse  au  Comte  Palatin  Louis: 
«••SinthemalE.  L.  Bruder  ein  vortrcfQicherHer,  dessen  nichtallein  die 
«PfaltZySondern  auch  ganz  Teutschlaudtsichliettezu  erfreuen  baben 
aiuôgen,  verhoffentlich  wordenn  wehr,  und  wirauchgern  sehen 
«undwùnschen  mÔgen  das  s.  L.  ihre  angeborne  freudigkeilt  zu 
•aodern  nottwendigern  sachen  gespartt,  und  sich  anfangs  inn  dièse 
•  gefehrlîche  bendell ,  wie  wir  s.  L.  solchs  offtmals  und  ganz  trew- 
•1icbgerathen,nicbt  begeben  und  ingelassen  bette....»  (*{«MS.  C.).De 
même...  aWir  haben  s.  L.  allerwege  optitnae  indolis  et  magnae  spei 
»  adolescentem  gehalten...»  («{-MS.  C).  Quant  au  pieux  Electeur,  il 
puisa  dans  TEvangile  une  force  que  TEvangile  seul  peut  donner  : 
»  Cr  Irostete  sichdarmit  dasz  sein  Printz  umb  der  Ehre  Goltes  und 
»  Religion  willen  auf  dem  Bette  der  Ehren  gestorben.  Und  als 
»  seine  R'âtbe  darûber  consterniret  waren,  redete  er  ihnen  derge- 
»  sCalt  zu  :  Seyd  gules  Muths ,  ich  weisz  dasz  mein  Sohn  ein  Mensch 
9  gewesen,  und  weilen  es  Gottes  Wille  also  gewesen,  so  ist  mir  es 
»  lieber  dasz  Er  umb  der  gerechten  Sache  willen  auszer  Landes 
»  streitend  umbkhommen,als  dasz  Er  im  Lande  seine  Zeit  mit  Mus- 
»  ziggang ,  welches  des  Teuffels  Haupt-kûssen  ist ,  zugebrachl 
»  hiitte.  »  Struve,  PfàUz,  K,  Gesrh,  p.  0167. 


—  368  — 

*  LETTRE  GDLXXXIV. 

x574-      Le  Prince  cTOrange  au  Comte  Louis  de  Nassau.  Il 
Aytiu  s^ apprête  à  le  recevoir;  avis   touchant  le  passage  des 
rivières. 


Monsieur  mon  frère.  Retournant  ce  jour  Jhuy  de 
Delft,  j'ay  en  ville  de  Dordrecht  receu  vostre  lettre  do 
xij^  du  présent ,  et  veu  par  icelle  jusques  à  où  vous  estes 
arrivé.  Il  me  desplaist  d*avoir  receu  voz  pr^édentes, 
assavoir  celles  du  vij^,  si  tard,  pour  estre  bien  mal  possi- 
ble d*assambler  en  telle  haste  les  gens  que  je  désire  de 
envoyer  pour  vostre  escorte.  Et  toutesfois  j'espère  que 
pour  demain  aurons  quelques  trente-cinc  ou  trente-sis 
Compaignies  ensemble ,  et  aussy  quelque  bon  nombre  de 
bateaulx. 

••••Et  pour  tant  mieulx  y  donner  ordre ,  je  suis  encoires 
ce  jourd'huy  venu  en  ceste  viUe.  Par  quoy  je  vous  prie 
me  mander  au  plustost  où  vous  avez  délibéré  de  passer  h 
rivière ,  pour  vous  y  aller  recepvoir...  Escript  à  Gori- 
chum  (i),  ce  xv*  jour  d'Apvril  i574« 

Quant  à  vostre  passaige ,  ne  scay  lieu  plus  sûr  que  ks 
environs  de  Tiel  à  Wammelvert ,  Varyck ,  et  Tentour, 
oires  que  vous  puis  asseurer   que  pour  la  cavaUerieil 

(i)  Gorichum.  Le  Prince  se  rendit  de  là  à  Bommel  (Toyeiltf 
deux  Lettres  suivantes);  dans  le  voisinage  des  endroits  où  soa 
frère  s*étoit  proposé  de  tenter  le  passage.  «  De  Prince  had  allesya 
»  kryghsvolck  ende  schepen  vergaderl,  en  was  de  Wale  opgetroc- 
»  ken ,  tôt  boven  de  Bommelsche  Weerl  tôt  Varick^  alwaer  hy  bel 
»  Kasteel  van  Wardenborgh  innam  ende  verbrande.  »  v,  MtÊt^ 
ren ,  90b. 


l 


—  369  — 

certes  bien  estroict,  ce  néanmoings,  il  [est]  de  né-   1374. 
^^^^fcsitc  faire  vertu.  Si  cependant  vous  avez  quelque  aultre  Avril. 
■^^^ ,  me  le  pourrez  mander ,  ensemble  ce  que  faict  Ten- 


Vostre  '  bien  bon  frère  à  vous  faire 
service , 

GUILLAUMB  DE  NàSSAU. 

A  Monsieur , 
Moosiear  le  Coote  Looys  de  ?^assau  , 
mon  bien  bon  frère. 


*  LETTRE  CDLXXXV. 

Le  Prince  tT  Orange  aux  Comtes  Jean  ,  Louis ,  et  Henri  de 
Nassau,  A  cause  des  difficultés  du  passage  en  Hollandey 
il  leur  conseille  de  se  diriger  vers  Emden, 


\^  Cette  Lettre,  ainsi  que  les  Lettres  4 83  et  486 ,  est  adressée 
•usAÎ  ao  Comte  Jean  de  Nassau.  On  ignore  as^ez  généralement  que 
loi  aussi  y  quoiqu'il  ne  s*y  fut  point  engagé  (voyez  p.  327), 
prit  part  à  Texpédition.  •  Graf  Jobann  ist  mil  seinon  Gebrûdem  in 
»eioe«B  nberaiis  groszen  Schoee  von  Sigen  nach  denen  Niedeilân- 

•  deo,    Leiden  zu    entsetzen,   gezogen.  ..    •£>   isl  nicbt  bey  dem 

•  TrciTen  gewesen,  sondem  zviey  Tag  zu%or ,  auf  Gutachlen  der 
»  simptlichen  tierren,  in  der  £^1  mebr  Gelds  zu  Collen,  weil  das 
»  Volk    zu  meuten  angefangen,  zu  wegen  zu  bringen,  geschicket 

•  worden  ■»  Trxtor ,  Mafx.  Chromck,  p.  106.  Ce  fui  apparem- 
sent  à  ceUe  époquf*  (|u*il  ^^adressa  au  Landgrave  Guillaume  pour 
loi  €:on6er  ce  qu'il  ah>andonnoil:  •  Als  Graf  Johann  '  i574)  seinem 
»  Broder,  dem  Prinzen,  in  den  Krieg  foigte,  vertraule  er  den  Land- 

•  grofeo  Land  ,  Leute^  Geoiablin  und  Kinder  ao,  om  sicb  deato 

•  VfKirc-xrtiffr.  Autographe, 

4  34 


—  370  — 

4  5^4*   "  uogestôrter  dem  Kampf  fur  die  bedr'âDgteD  Religion-vcrwandtai 

AyriL  *  anzunehmen.  »   F,  Romniel,  N.  G,  v.  Ilesstn ,  I.  535.  Le  Coaite 

écrit  le  26  mai  1577:   t  Ohiie  zweifel,  da  wir  eioen  tagzoTorxa 

»  Côllen  ankommen  und  die  sache  so  laog  verweiiety  weren  f^îr  fibr 

0  Mockh  gleichfals  mit  im  laufT  hlieben.  »  (MS.). 

Messieurs  mes  frères.  Depuis  que  je  vous  ay  escript  ce 
jourdhuy,  me  sont  venues  nouvelles  que  voz  gens  de  pied 
et  aussy  quelques  chevaulx  vous  auroient  abandonné  et 
seroyent  passez  le  Rhyn  ;  si  ainsi  est,  il  faict  bien  à  crain- 
dre  que  la  reste  ne  le  fera  guerres  longuement ,  et  que  si 
temporisez  encores  quelques  jours ,  vous  vous  trouvera 
tout  seul  ;  par  quoy  seroit  mon  advis ,  à  correction ,  n  teDe 
partie  de  voz  gens  vous  ont  abandonné  et  qu*il  n*y  a  nul 
moyen  de  venir  vers  nous ,  le  plus  expédient  seroit  que 
eussiez  choisiz  trois  ou  quatre  mille  hommes  de  pied  d 
mille  chevaulx  de  plus  volontaires  et  mieulx  équippez  et 
que  les  fissiez  embarquer  vers  Embden  pour  venir  pardeçi, 
aultrement  il  est  à  craindre ,  comme  j*ay  à  faire  aveoq 
ung  peuple  qui  de  peu  de  chose  s*estonne  et  se  réjouit  et 
se  estonne  à  l'advenant,  que  par  ceste  retraicte ,  il  poum 
perdre  couraige  5  mais  si  on  luy  puisse  tousjours  donner 
quelque  espoir  de  vostre  venue ,  il  seroit  à  espérer  que  le 
peuple  continueroit  en  la  bonne  volunté  qu'il  a  certes 
démonstré  jusques  à  maintenant;  et  en  tout  événement  il 
seroit  bon  pour  faire  une  fin  du  faict  d'Angleterre  (i), dont 
d'Atenus  vous  a  parlé ,  ayant  depuis  deus  jours  encoiei 
receu  une  lettre  à  ceste  fin.  Us  pressent  aussy  fort  surb 
ligue  d'Alemagne  et  la  désirent  merveheusement ,  soi- 
frantz ,  si  cela  se  puisse  faire ,  qu'ilz  déclareront  ouverte- 

I  II  ■  ■  ■!  1      ■  _■_  _     _ ■■—■^^Ml ~ 

(  i  )  faici  iTAnglct,  Voyez  p.  3 1 3. 


—  371  — 

ment  la  ^eireauRoy  d*Espagne.  Vous  leur  pourrez  de  i574- 
ce   costé-là  donner  un  peu  de  presse,  car  à  la  vëritéles  Avril 
longueurs  d* Allemagne  nous  tuent...  Escript  à  Bommel ,  ce 
rrij  jour  d'apvril  1574» 

Messieurs  mes  frères ,  vous  serez  mémoratyff  de  ce  que 
je  TOUS  ay  escript  le  xiij  (i)  jour  de  ce  mois  ,  de  la  pour- 
auitte  que  les  ennemis  font  pour  venir  en  quelque  traicté 
de  paix  ;  et  comme  sur  ce  je  suis  journellement  attendant' 
nouTelles  de  leur  intention  ,  je  dësirerois  fort,  s*il  estoit 
possible ,  que  vous  eussiez ,  tant  pour  cela ,  que  pour  ne 
mectre  ce  pays  en  frayeur ,  encores  quelque  peu  tempo- 
risé et  demeuré  quelque  part  sur  les  frontières  du  Pays- 
Bas,  où  trouverez  mieulx  convenir,  faisant  tousjours 
semblant  de  venir  vers  nous,  non  obstant  que  je  vous 
escrips  ci-dessus  de  prendre  le  chemyn  d'Elmbden ,  qui 
est  seulement  pour  la  nécessité ,  et  vous  pourriez  escripre 
aux  Estatz  dHollande  et  de  Zeelande,  que  pour  ce  qui  est 
advenu  ilz  ne  perdent  couraige  et  que  vostre  retraicte 
n*e5t  pas  pour  les  abandonner ,  mais  que  c*est  seulement 
pour  peu  de  temps,  pendant  lequel  espérez  tellement 
vous  fortifier  qu'ils  en  recepvront  ung  bon  secours ,  si 
fennemy  attente  quelque  chose  contre  eulx.  Je  vous  prie 
me  mander  quelz  des  vostres  sont  demeurez  ou  blessés 
et  s*ilz  sont  de  qualité ,  joinctement  quelz  peuvent  estre 
demeurez  du  costé  de  Tennemy ,  et  si  vous  avez  quel- 
ijues  prisonniers  de  nom ,  pour  en  estre  icy  le  bruyct 
divers.  Je  vous  prie  de  faire  mes  humbles  recommanda- 
tions à  Monseigneur  le  Duc  Cluistophore ,  Messieurs  mes 


(1)  xiêf.  Dans  U  lettre  4^3  îl  n'eit  pas  fait  mentioa  de  cette 
pooraiiita. 


—  372  — 

[574-  ^^^^9  ^^  aultresqtki  sont  en  vostre  compaignie.  Escripl 
Avril,  au  Heu  que  dessus ,  le  xviij™*  jour  d'apyril  i574. 

Vo.Htre  bien  bon  frère  à  tous  faire 
service , 

Guillaume  ns  Nassau. 
V  Messieurs, 
^Tessieurs  les  Contes  Jehan,  Louys, 
et  Henry  de  Nassau,  mes   bien 
Imns  frères. 


*  LETTRE  GDfJ^XXVL 

Le  Prince  d  Orange  aux  Comtes  Jean  y  Louis  ^  et  Henri 
de  Nassau.  Il  désire  ardemment  receptdr  de  Usn 
nouifelles. 


Messieurs  mes  frères,  me  trouvant  en  la  plus  gnnd 
peyne  du  monde,  pour  n*avoir  eu  aucunes  nouvelles  on 
responce  de  vous,  sur  sept  lettres  que  je  vous  ay  escript 
depuis  le  x^  jour  de  ce  moys,  et  dont  la  dernière  a  esté 
du  xviij*,  j*ay  bien  voulu  encoires  vous  envoyer  ccpr^ 
sent  porteur,  ayant d'aultant  plus  estéesmeu  à  cela  quece 
jourd*huy  me  sont  venues  seures  nouvelles  que  lesFran- 
choys  (i)  sont  arrivez  prez  de  Couloingne,  et  toutesfois 
je  n*en  ay  rien  entendu  de  vous.  Je  ne  scay  si  aurez  recea 


(l't  Franchovs,  «In  't  Bisdom  van  Trier  waren  nocb  ontrant 
»i6  vendelen  Fransoyseu  vergadert  die  baer  meynden,  door  dt 
»beroerie  in  Yranckryck,  te  voeghen  by  Graef  Lodewycz  nucbt; 
sroaersyn  nederlagbe  verstaende,  bebben  sy  daerna  Graef  Haoibal 
«  van  £ns  by  Straesborgh  ontmoet... ,  ende  verslaghen*  •  F^  Mete- 
ren^  90*^, 


—  373  — 

la  mienne  du  dit  xviij*^;  ce  dit  porteur  vous  en  dira  le  1674. 
principal  du  contenu  en  icelle.  Parquoy  je  vous  prie  me  Avril 
mander  au  plustost  de  vostre  estât  et  intention ,  pour 
selon  cela  me  régler  et  me  relever  de  la  peyne  où  je 
suis....  Ëscript  à  Bommel,  ce  xij^  jour  d*apvril  1674. 

Vostre  bien  bon  frère  à  vous  faire 
service , 

Gi]iLLÀUM£  DE  Nassau. 
\  Mcsiieui-s , 
Messieurs  les  Contes  Jehan,  Lonys 
et  Henry  de  Nassau. 


LETTRE  GDLXXXVIl. 

Théodore  de  Bèze  au    Comte   Louis  de  Nassau,  Sur  les 
affaires  d^  Orange  et  la  veuve  de  Coligny. 

Monseigneur  et  très  illustre  Prince,  je  supplie  ce  grand 
Dieu  qui  vous  a  faic  de  si  longue  main  son  champion | 
qu*il  Luy  plaise  vous  concluireet  préserver  de  plus  en  plus 
i  Son  honneur  et  gloire.  J  ay  faict  conscience  de  laisser 
passer  les  porteurs  des  présentes  sans  ce  petit  mot ,  tant 
pour  suplier  vostre  Excellence  d  entendre  diceux  ce  que 
j*ay  adjoustë  par  deçà  à  l^ur  commission ,  que  pour  la 
requérir  très  humblement  de  donner  lieu ,  s*il  est  possi- 
ble,  à   riiumble   requeste  de  ses  subjects  (1)  pour  le 

(x)  subjects.  Il  s^agit  sans  doute  de  la  Principauté  d'Orange» 
d'où  le  Gouverneur  Barchon  venoit  de  chasser  Glandaige,  Gtn- 
lilbomme  de  parti  Protestant,  qui  s*en  étoit  rendu  maître  par  per- 


—  374  — 

i574*  service  du  Seigneur,  considérant  en  quelle  seureté  et 
Avril,  concorde  ils  pourront  estre  durant  ces  tumultes ,  de  quel* 
que  diligence  qu*on  use ,  si  Satan  et  la  messe  y  sont  rame- 
nées en  ce  temps ,  et  si  près  d'un  si  roaulvais  voism.  Au 
reste  MadamerAmirale(i),  la  perle  des  Dames  de  ce  moode, 
à  présent  puisqu'il  plaist  à  Dieu  emmurée  *  en  une  tour 
à  Nice,  avec  une  seule  petite damoiselle  de  chambre, et 
très  cruellement  traictée,  mais  plus  constante  et  fermeque 
jamais,  ayant  finalement  trouvé  moyen  de  me  faire  tenir 
mes  lettres  de  sa  main,  m*a  chargé  expressément  de  sa 
recommandations  à  vos  bonnes  prières ,  qui  sera  Ten- 
droict  de  rechef,  Monseigneur  et  très  illustre  Prince, 
auquel  je  supplieray  TEternel  de  desployer  de  plus  en  plut 
sa  vertu  en  vous  au  milieu  de  telles  nécessités ,  à  Soo 
honeur,  à  vostre  louange  immortelle ,  et  au  soulagement 
des  siens.  De  Genève,  ce  21  avril  i574« 

De  vostre  Excellence  très-humble 
serviteur , 

Théodore  de  Beszs. 

A  Monseigneur  et  très  illustre 
Prince,  Monseigneur  le  Comte 
Ludovic  de  Nassau. 


fidie:  voyez  p.  309.  «Avignon  et  tout  le  Comiat  en  firent  frai  de 

•joye.  Le  Cardinal  s'en  voulut  conjouir  avec  Barcboo,  et  l'eofovt 

•féliciter  de  son  gouvernemenl  reconquis.  Ils  estoient  trè»-aiMi  ^ 

•se  voir  délivrés  d'un  ennemy  faucheux  et  importun  et  qui  nekar 

•laissoit  repos  ne  nuict  ne  jour:»  delà  Plve^p,  l^iS,  •  Handob- 

•scuro  Protestantium  initio  metu  ,  quod  Barchonus  mulata  rdi- 

igione  cum  Aveoionensibus  conjurasse...  dicebatur:  quo  metu  moi 

vliberati  sunt,  Barcbono...  tanlum  ab  incursionibusabstiiMOlci 

Thuan.  Hist.  H.  882.  F. 

(i)  VAmiralei  voyez  p.  124* 

'  enfenn^,  mirée. 


—  375  — 

liETTRE  CDLXXXYIII. 

Théophile  fie  Uniios  (i)  au  Comte  Ijouis  de  Nassau.  AJ-  *'*74" 
f aires  de  France.  ^'"'* 


•    • 


^  La  guerre  civile  en  France  semblnit  éclater  de  toutes  parts. 
Cependant  les  projets  des  Huguenots  et  surtout  des  Politiques 
(p.)277)  avoient  élé,  en  partie  du  moins  ,  déjoués.  Le  jour  fixé 
par  de  la  Nooe  (p.  3 12)  pour  la  prise  des  armes,  on  devoit 
•mmener  de  St.  Germain  en  Laye  le  ])iic  d'Alençon.  On  Feut 
apparemment  proclamé  héritier  présomptif  de  la  Couronne  au 
préjudice  du  Roi  de  Pologne.  La  chose  fut  découverte.  La 
Reine- Mère  ne  négligea  pas  cette  occasion  de  perdre  ses  anta- 
pinistes.  Elle  fit  publier  qu'il  y  avoit  eu  une  conjuration  contre 
la  personne  du  Roi.  Le  Duc  et  le  Roi  de  Navarre,  à  l'égard 
desquels  les  informations  de  de  Hanos  ne  semblent  pat  très 
exactes,  furent  surveillés  avec  soin;  les  Alaréchaux  de  Montmo- 
rency et  de  Cossé  mis  à  la  Bastille;  la  Mole  et  Coconnas ,  confidents 
du  Duc,  décapités.  Le  Prince  de  Condé  s*enfuit  en  Allemagne. 
Le  R(»i  de  Pologne  fut  ravi  de  ces  nouvelles;  le  16  mai  il  écrit  à 
M.de[!Vaiiçay  (2)]:  «Si  jamais  j'eus  jnye,  c'a  esté  quand  j'ay  sceu  que 
»La  3folc  et  C(»conas  sont  en  caige»  mais  jusques  à  ce  que  le 
»  Seigneur  qui  les  traictoit  si  doucement  à  la  Rochelle,  ou  un  sien 
»  oompaignon  les  hait  fait  danccr  avec(|ue  la  corde  la  [votte],  je  ne 
»  seray  p^  bien  satisfait,  non  tant  pour  iiioy ,  comme  pour  le  repos 
»  de  la  France;  car  si  l'on  ne  les  chastic,  je  ne  scay  ce  que  feront 
»  leurs  Majestés  de  touts  ceulx  (|ui  sont  si  uiéchans  qu'entreprendre 

•  contre  eux.  Je  ne  parle  que  de  ce  que  je  puis  parler,  sans  tou- 
»  cher  je  n'ose  rien  dire,  niais  ju  vous  dirai  bien  que  leurs  Majestés 

•  me  sont  {iliM  chères  cl  le  bien  du  Royaume  que  les  autres.  Vous 
»  pancercz  qui  j'entends  là  dessonbs...  •  (  MS.  P.  B.  8794).  Sans  doute 
le  Roi  de  Navarre,  le  Prince  de  Coudé,  et  surt(»utleDuc  d'Alencon. 

L'ex|>édition  de    3Iontniorcncy  étoit  liée  aux   mêmes  desseins, 
a  En  Normandie  quelques  (  •entilshommcs  du  pays,  sur  res|>érance 


(1)  Th,  lU  Banas,  Personnage  inconnu, 

{%)  Namçay.  Favori  de  Charles  IX:  de  7kôu ,  ffùt.  111.  p.  34,  A. 


—  376  — 

1 574*  *  '^'^^  P'"^  graod  trouble  à  la  Coar  et  d'avoir  bientôt  leDocd'Aleo- 
Avrii.  »  çon  avec  eux,   s'emparèrent  de  St.  Lo  ;  Montgommery ,  qui le 

»  tenoit  clos  et  couvert  aux  Isles  de  Gersay  et  Geroesay ,  se  rangea 

»  avec  eux.  u  Mezeray^Y,  174. 


Monseigneur,  je  vous  advise  que  Frégose  partit  de 
ceste  ville  devant -hier,  s  acheminant  vers  le  LantsgTa?e, 
vers  lequel  Scliombei^  estoit  allé  un  jour  auparavant  Tay 
reçu  nouvelles  de  Paris  que  le  Roy  prétend  dresser  son  ar- 
mée en  la  ville  de  Rouen  pour  rompre  le  Conte  de  Mon- 
goniery,  lequel  a  prins  Saint-Lo,  Cherbourg,  et  va  jus- 
ques  aux  portes  de  Dieppe  avec  son  armée ,  qui  est  de  plus 
de  quinze  mille  hommes,  tant  à  pied  qu*à  cheval.  Le  Boy 
a  envoyé  S.  Supplice  (i  )  vers  le  dit  Sieur  Conte  et  ses  trou- 
pes pour  parlementer  de  paix,  mais  ils  ne  s'y  fient  et  n'en 
veulent  ouyr  parler ,  ny  près  ny  loin.  Le  Roy  de  Navarre 
et  le  Duc  dWlencon  se  sont  retirez  en  un  fort  chasteau 
près  de  Paris,  ayant  envoyé  au  Roy  une  déclaration  de 
leur  part ,  par  laquelle  (2)  ils  rendent  raison  des  armes  qui 
ont  esté  levées  aux  environs  de  St.  Germain  en  Lave  par 
leur  authorité  et  commandement.  Je  n'ay  peu  voir  le 
contenu  de  la  dite  déclaration,  d'autant  qu'elle  a  esté 

(1)  S,  Supplice,  A|)p«ircmmpiit  Jean  d'Uéhrard,  Baron  de  St 
Sulpice,  Conseiller  d'Etat  et  Gouverneur  du  Duc  d*Alençoti;  qoi 
peu  après  fut  envoyé  dans  les  provinces  méridionales  pour  paciBcr 
les  troubles.  Mém.  p.  fJ/ive,  de  France  y  T.  48,  p.  !Î68. 

(2)  par  laqueUe,  Ils  y  nioient  avoir  favorisé  «  Fenlreprise  der- 
»  nièremcnt  faicte  contre  S.  iM.  à  St.  Germain,  et  promelloient  de 
»  s'opposer  et  courrir  sus  à  ceux  qui  lui  sont  rebelles  et  trouble* 
»  ront  le  repos  et  tranquillité  de  ce  royaume.»  (Déclaration  du 
a 4  roai's  citée  par  Capefigue,  Uist,  de  la  Réf.  III.  3 20), 


—  377  — 

surprise  par  ie  Gouverneur  de  Mets ,  qui  a  fait  ouverture  i5y4^ 
flû  pacquet  où  elle  estoit  enclose,  mais  j'espère  que  bien-  Avril. 
tost  nous  la  recouvrerons  par  autre  moyen.  Au  reste, 
Monseigneur,  vostre  frère  estant  dernièrement  de  par- 
decà ,  me  fit  entendre  que  vous  désiriez  recouvrer  quelque 
honneste  et  fîdelle  homme  pour  vous  servir  de  secrétaire  ; 
nestant  donques  so^eusement  enquis,  il  s*est  offert  un 
personnage  de  Savoye,  nommé  Monsieur  du  Verger,  gen- 
tilhomme de  bonne  part,  ayant  estudié  et  versé  aux  ioix, 
pariant  et  escrivant  en  langue  Allemande,  Italienne  et 
Françoise ,  lequel  s'est  réfugié  de  pardecà  pour  vivre  en 
la  liberté  de  sa  conscience.  Le  voyant  donques  de  bonne 
volonté ,  j'ay  tiré  ceste  promesse  de  luy ,  que ,  si  son  ser- 
vice vous  est  aggréable ,  il  s'y  employera  fidellement.  Il 
est  âgé  de  24  à  26  ans ,  fort  de  corps ,  et  honneste.  U  reste , 
Monseigneur ,  que  s  il  vous  plaist  d'y  entendre ,  vous  luy 
en  escriviez  un  mot ,  affin  qu'il  se  puisse  acheminer  vers 
vous  avec  plus  grande  asseurance.  Tay  prié  Monseigneur 
vostre  frère  de  vous  donner  quelque  advertissement  pour 
envoyer  en  diligence  du  costé  de  Sedan  (1) ,  et  plus  outre  si 
besoin  est  ;  ce  que  je  juge  estre  si  nécessaire  que ,  quand 
vous  n'auriez  homme  pour  entreprendre  et  négocier  tels 
affaires ,  pour  le  moins  il  est  bon  de  faire  entendre  vostre 

(i)  Sedan,  Le  Duc  cl*Alençon  y  avoit  des  intelligences.  «Les 
»  Princes  s'assemblèrent  (avant  ré%énenient  de  St  Germain)  et  avi- 
»  aèrent  le  moyen  de  se  retirer  et  où  ;  il  fut  avisé  de  scavoir  de  Si. 

•  de  Bouillon  s'il  vouloit  les  recevoir  à  Sedan:...  le  Sieur  de  la 
»  Boissière  dépêché   vers  luy, ..  asseura  la  volonté  de  M.  de  Bouil- 

•  Ion  non  seulement  d*ouvrir  les  portes  ,  mais  qu*il  viendroit  rece- 
»  voir  ces  Messieurs....  avec  un  bon  nombre  de  Noblesse.  >  Mém,  p, 
fBisL  de  France^  T.  48 ,  p.  5^. 


—  378  — 

1 574*  volonté  à  ceux  qiie  savez  (  i  )  >  à  cette  fin  qulls  ne  pensent  que 
Avril.  TOUS  soyez  refroidy  à  les  secourir,  et  quant  et  quant  les 
exhorter  à  contribuer  à  bonnes  enseignes  pour  lever  le  se- 
cours qui  leur  est  nécessaire.  Je  ne  cloubte  point  que  le  Roy 
ne  gagne  le  debvant ,  veu  les  diligences  et  devoirs  que  le 
maréchal  de  Retz ,  Schomberg  et  Frégose  font  en  Aile- 
magne ,  ce  qui  viendra  au  grand  préjudice  de  la  cause,  à 
ce  n'est  cpie  on  advise  d*un  commun  accord  aux  moyens 
de  s'entretenir  et  conserver»  Je  vous  escrj  franchement, 
veu  la  commodité  que  j*ay  du  porteur  des  présentes,  qui 
vous  fera  entendre  les  nouvelles  du  cpiartier  d*où  il  ?ient 
Monseigneur,  je  prie  Dieu  de  vous  tenir  en  Sa  sauve- 
garde, me  recommandant  humblement  à  vos  bonnes  gri- 
ce&  De  Franckfort  sur  le  Meine,  ce  2a  d'avril  i574« 

Vostre  très-humble  et  très-affectionné 
serviteur, 

Théophile  de  Banos. 
A  Monseigneur  y 
Monseigneur  le  Comte  Loys  de  Nassau. 
La  part  où  il  sera. 


*  LETTRE  CIILXXXIX. 

Le  Prince  d* Orangé  au  Comte  Jean  de  Nassau.  Sur  la 
défaite  au  Mooker/ieide  :  inquiétudes  relativement  au 
sort  de  leurs  frères. 


Monsieur  mon  frère,  j'ay  hier  sur  les  unze  heures  da 


(i)  ceux  que  savez.  Les  Politiques. 


Boir  receu  Tostre  lettre  du  17  du  présent,  par  laquelle  i^4- 
jVnlens  te  qui  est  passé  au  retit-ontre  que  Monsieur  le  A»ril. 
Ducq  Giristuphtjre  et  mon  frère  ont  eu  avecq  les  enne- 
mis ,  et  le  peu  de  certitude  que  vous  avez  de  ce  qui  est  de 
leurs  personnes ,  et  en  i^uel  estât  ils  sont;  dontjesuîsâ 
la  vérité  en  bien  grand  peyne,  estant  desjà  neuf  jours 
qu«  lu  chose  est  passée.  Je  leur  ay  dépesché  plus  de  dix 
inessaigiers,  mais  toutesfois  je  n'aj  jamais  peu  entendre 
aulcune  nouvelle  nj  certitude,  vous  priant  à  ce  regard 
bien  affectueusement  me  mander  par  le  premier  en  quel 
estât  ilz  sont.  Ur,  quant  à  ce  que  me  tlioteit  (|ue  noz  af- 
faires s<inl  en  Imnne  disposition  par  delà ,  j'en  loue  Dieu  , 
et  vous  en  renierrhie  bien  a lïecmcu sèment  de  la  dîlli^en- 
C«f  peyne,  et  sollicitude  dont  vous  estez  de  tout  temps 
■tatplujé  à  radvanclienient  de  cesie  nnstre  cliose  ' ,  tous 
priant  de  vnulnir  tenir  la  bonne  main  soit  vers  le  Roy  de 
France,  le  Roy  de  Potiigne,  Dued'Alençun,  Palatin  ,  Ducq 
deSaxe,  Brandenlmurg,  etaultresdiverses,  afin  qu'ib  voul- 
iusseitt  une  fuis  [iren(treunerésiilution,sansnous  tenir  tous- 
jours  en  suspens;  car  par  si  longdélays  les  affaires  se p<iur- 
Toyent  avec  le  temps  changer  de  la  sorte  que  eulx  et  noua 
pourrionstomberenûiconvéniensinespérez.  Touscixantce 
que  désirés  sca voir  mon  intention  sur  uug  des  deux  événe- 
tnens,  l'ung  ce  que  auriez  à  falre.en  cas  que  le  Duc  Chris- 
tophle  et  mes  frères  Ciinlas  Ludovick  et  Henry  sont 
ciicoresen  vie  et  qu'ilz  jieuvent  assamiiler  leurs  forces  en- 
semble, niesnies  puisque  les  iruuppes  Franclmyses  sont 
approchées.  Eu  respimce  de  quuy  je  vous  diray  qu'il  ne 
nous  puurroit  au  monde  venir  chose  jilusâ  propos  et  mieux 
'déûrée,  sinon  igue  les  forces  se  poiirroyent  de  rechiclT 


-^    380  — 

ii.j4'  joindre  et  monstrer  teste  à  Fennemy ,  et  en  ce  cas^et  que 
Avril  Fennemy  ne  s*estoit  renforcé  de  plusieure  cavallerie  de 
Allemagne ,  me  sambleroit  beaucoup  meilleur  de  passer 
la  Meuse  là  où  je  la  passois  la  première  fois,  que  non 
pas  icy  à  Fentour,  à  cause  qu*il  faict  fortestroict  pour 
la  cavallerie.  Mais  pour  cela  il  fault  faire  estât  d*aToir  trois 
mille  bons  piqueniers  avec  corseletz,  pour  soutenir  h 
cavallerie  des  ennemis.  Et  en  cas  que  le  Duc  CristopUe 
ou  mon  frère ,  que  Dieu  ne  veuiUe ,  soient  morts  ou  qu'ih 
ne  peuvent  assambler  leurs  gens,  il  n  y  a  aultre  remède 
sinon  que  un  g  de  mes  frères  prenne  tous  les  FranchcnSi 
Wallons,  et  quelque  nombre  de  piqueniers  et  cavalle- 
rie ,  et  tire  droict  vers  Embden ,  et  regarder  si  Fon  pour- 
roit  faire  quelque  entreprinse  sur  Delfsil,  sinon  s'embar- 
quer et  nous  trouver  en  Hollande.  Je  ne  vous  sçaurojs 
assez  mander  le  marissement  que'j  ay  d*estre  si  incertain 
de  la  disposition  de  mes  frères.  Parquoy  vous  prie  de 
rechief  me  mander  ce  qui  en  est,  et  tenir  la  main  qu'euk 
mesmes  m*escripvent,  aultrement  ne  pourroys  estre  àmon 
repos  et  aurois  tousjours  mauvais  soubçon.  Mon  firère  le 
Conte  van  den  Berch  m'a  ci-devant  escript  de  Gorchim  de 
quelques  rittmeisters  lesquelz  présentent  nous  amener  trois 
mille  chevaulx.  Vous  pourrez  enquesterdeluy  ce  qui  en  est, 
et  s'ilz  sont  encoires  de  mesme  volunté,  me  mandant  par 
après,  tant  de  cecy  que  de  toute  aultre  chose,  de  voz  nou- 
velles et  ce  le  plustost  que  pourrés  pour  me  relever  de 
peyne....  Escript  à  Bomniel,  ce  xxij*^  jour  d'apvril  1574. 

Ayant  depuis  ceste  escripte  encoires  de  plus  prez  con- 
sidéré toutes  choses,  je  treuve  que,  pour  maintenir  nos- 
tre  faict,  il  est  entièrement  requis  de  faire  en  bonne  dili- 
gence nouvelle  levée  de  cavallerie  pour  retirer  les  forces 


—  381  — 

enoemies  autre  part,  qui  autrement  nous  viendront  icy  1574* 
toutes  sur  le  bras;  car  ayant  Tennenii  maintenant  redou-  AvriU 
blé  ses  forces,  il  se  fault  asseurer  qu'il  nous  viendra  couHr 
sus.  Et,  si  pour  faire  la  dicte  levée  les  moyens  vous  fail- 
lent ,  me  semble  requiz  d'en  escrire  promptement  à  tous 
les  Princes  d'Alemagne ,  leur  remonstrant  les  termes  où 
nous  sommes  et  dangiers  qui  leur  menassent,  ensambleet 
aux  aultres  potentatz  avec  lesquelznous  avions  commencé 
à  traicter,  en  cas  que  les  Espaignolz  viennent  à  estre 
maistres  absolutz  de  ce  pays,  et  au  contraire  avec  bien 
peu  de  chose  ilz  nous  pourroyent  présentement  aider  à 
nous  maintenir,  qui  seroit  tant  plus  pour  leur  seu- 
reté.  Mandez-moy  quelz  moyens  vous  avez  pour  re- 
couvrer argent,  aGn  que  regardions  icy  s'il  y  auroit  à  cela 
quelque  espoir. 

Vostre  '  bien  bon  frère  à  vous  faire 
service , 

GniLLAUMB  UB  NaSSAU. 

A.  Monsieur, 
Mbotiear  le  Conte  Jehan  de  Nassau, 
bien  bon  frère. 


Thierry  ,  fils  de  Gérard  (Dierick  Geritssoen) ,  écrit  d'A^nvers,  le 
26  avril,  «à  Jehan  van  Linden,  demeurant  ponr  le  présenta  Ai  x  (vo- 
yez p.  356 j:  Les  afTaires  vont  mal,  lesEspagnoih  ont  mutinésfi  )etont 
»  cboisjr  tous  nouveaux  officiers  et  demandent  estre  paies  et  veulent 

(i)  mulinés.  Après  la  victoire ,  n'ayant  pas  reçu  l'argent  que 
Davila  leur  avoit  promis.  Le  016  avril ,  à  1 1  heure,  ib  arrivèrent  dé- 
faut Anvers.  •  De  stadt  is  in  grooten  vreesen  geweest  van  al  ver- 
•  moort  ende  gesaccageert  te  worden.»  F.  Meteien^  91*.  Il  fallut  de 
fortes  sommes  pour  appaiser  les  mutins.  «  Tam  proiperae  victoriae 
fradam  atroxHispanorumseditio  plane  perdidit.»  StntdOf  L  465* 

•   VfMtrc  -  *<?rvire.  Amioffmpiie. 


—  382  — 


Avril. 


■voir  nostrepouvre  ville  d'Anvers  poar  pillage  etdiieots'ili  ypen- 
vent  jamais  entrer  qa*ilz  la  pilleront;  auisy  il  y  court  ung  braiti|M 
certains  marchans  d'Anvers  auvoient  preste  de  Targent  an  Prince; 
c'est  f  comme  je  croy,pour  colorer  le  faict,  en  cas  que  le  pillage  de 
la  ville  sortoit  son  elTect.  L'infanterie  Wallonne  de  Monsienrde 
Havre  s*en  retourne  vers  A.msterdamme ,  laquelle  on  dict  eitre 
assiégée;  toutefois  les  Espagnoils  viennent  tousjours  vers  Anvcn. 
Les  affaires  sont  en  ung  pouvre  estât  pardeçà.  i 
Le  16  avril  Morillon  écrit  de  Bruielles  à  Granvelle  ..  «La  Dane 
de  [Vendeburch  *],  fille  bastarde  du  dernier  Duc  de  Gueldres,  at 
soub&tenii  trois  sièges  de  ceuU  de  Bomele  ,  que  à  la  fin  oot 
amené  grosse  artillerie,  de  sorte  qu'elle  at  esté  contraincte  de  M 
rendre.  Hz  Toiit  mené  prisonière  avec  ses  filles  en  leur  ville,  la 
menassant  de  pendre,  lui  ravi  tous  ses  meublez ,  rasé  son  chis- 
teau ,  que  Ton  ne  scanroit  redresser  pour  8o,oou  florins  tel  qm'Û 
estoit.  Mais  le  Prince  d*(>renges  Tat  faict  délivrer ,  et  reovoiéavec 
ses  filles  à  [Zieit*] disant  qu'il  ne  faict  guerre  aux  dames,  mais  aai 
Espaignolz  et  ceuU  qui  leur  sont  adhérentz.  Il  a  faict  pendre  ung 
sien  maistre  trhostel  qu  avoit  faict  foulle,  et  un  Bertcl  Entens  (1), 
Capitaine  Frison  fort  renomé,  pour  actes  semblables,  et  faict 
grande  justice,  aiant  deffendu  que  l'on  ne  toucbe  aux  gem 
d'Eglise,  ny  au  paîsant  de  Brabant,  et  at  faict  mectre  prisonoicr 
u  [Vendenetl]  qui  at  trahi  Malines  ,...  et  dit-on  qu'il  est  en  danger 
>  d'estre  pendu.  Si  Ton  faisoit  justice  de  noslrc  costel ,  les  affaires 
»  yroient  mieulx....  »  (M8.  B.  Mor.  IL  p.  i57,  1O. 


*  LETTRE  CDXC. 

Le  Prince  d* Orange  au  Comte  Jean  fie  Nassau.  Incerti- 
tude sur  le  sort  de  leurs  jrères  ;  levées  des  ennemis  en 
Allemagne. 

Monsieur  mon  frère,  espérant  qu  aurez  présentement 

(i)  B.  Enttns,  Ce  bruit  étoit  faux  ;  il  mourut  en  i58o. 

*  Wairdcnbarrb  (?)  :  voyez  p.  368  ;  cur  «  qood  qois  per  alium  fectt ,  ipae 

•  r«>ciM«dieitar.*         *  Titl  (7), 


—  383  — 

rsoeu  entre  diverses  lettres  miennes  celle  du  xxij  jour  de  iSj^ 
ce  mois,  et  aussi  que  depuis  sera  arrivé  devers  vous  Sten-  Avril» 
lel  van  Nansloi),  qui  partist  de  Bommel  dimanche  der- 
nier, je  ne  feray  icj  redite  des  choses  que  je  désirc#ys  lors 
rous  estre  coinninnifpiées,  puisque  par  mes  dittes  let- 
tres, aussy  par  Stenzel,  et  auparavant  par  Meckbach 
TOUS  serez  plainement  informé  de  mon  intention  et  de  ce 
^e  en  tout  événement  me  semhloit  estre  à  faire.  Depuis 
îe  demeure  tousjours  en  la  mesme  peine,  d'autant  que, 
ni  de  vous,  ny  d'autres,  ne  m'est  encores  venu  aucune 
certitude  de  mes  frères ,  qui  me  falct  vous  prier  de  n'es- 
psrgner  aucune  diligence  à  me  faire  advertir  ce  ([ue  aurez 
aprins  depuis  la  dernière  que  m'avez  envoyé ,  qui  estoit 
do  vingt-unîesme  du  présent.  D'autre  part,  comme  j'en- 
feens  que  les  ennemis  font  grande  levée  de  cavallerie  en 
Allemagne,  je  vous  en  ay  hien  voulu  adviser,  afin  qu'ayés 
tousjours  l'oeil  au  guet  pour  au  vray  en  sçavoir  nouvel- 
let,  et  qui  scmt  ceulx  faisantz  la  dicte  levée,  dont  entre 
ndtres  on  m'a  dénommé  [Lamburg],  Graf  Otto  van 
Sdiaumburgk  et  l'évesque  de  Minden ,  pourquoy ,  enten- 
dant qu'ilz  s'a|)prochent  avec  leurs  gens,  ferez  bien  de 
hasler  l'entreprinse  de  Fernesum,  de  laquelle  plus  par- 
ticulièrement je  vous  ay  mandé  par  le  susdict  Stenzel... 
Eacript  à  Dordrecht,  ce  xiviij^jour  d'apvril  i574« 

Yostre  '  hien  bon  frère  à  vous  faire 
service , 

Guillaume  de  Nassau. 
A  Monsieur  y 

ieur  le  Coote  Jehan  de  Nassau  , 
bien  bon  frère. 

*   Vnttr*  •  Mrrioe.  jiuiogrmpkët 


—  384  — 
LETTRE  CDXCI.      . 

é 

1574.       G.  de  Schonberg  au  Comte  Jean  de  Nassau,   Moyens 
Mai.  de  réparer  la  défaite. 


*^  Les  partis  en  France  se  disputoient  l'amitié  des 
d'Allemagne.  3Iéme  le  Roi  de  Pologne ,  poussé  par  Schonberg  'p. 
i5*  in  /,)  sacrifioit  Philippe  II  aux  espérances  (p.  268}  dont  fl 
comroen^'oit  à  se  bercer.  D*après  Textor^  Aass,  Chr,  p.  106,  fl 
avoit  fait  remettre  par  Schonberg  1 00,000  francs  aux  Comtes  JcM 
et  Louis  de  j^aasau  •  au  Heidelberg  auf  dem  Glâsem  Saal  vm 
m  Schlo«z ,  >  pour  en  disposer  à  leur  gré  :  toutefois  il  aimeroit  le 
mieux  qu'ils  s*en  servissent  i pour  faire  une  bonne  guerre  aux  £»- 
•pagnols.»  Schonberg  lui-même  étoit  ennemi  capital  de  TEspagne. 
Son  empressement  à  relever  le  cour^ige  du  Comte  n*a  donc  rien  qii 
puisse  étonner.  Mais  il  est  également  naturel  qu'il  le  prie  de  brâkr 
la  Lettre,  au  moment  où  les  dépositions  de  la  Mole  et  de  Cocoomi 
(p.  277)  avoient  mis  les  relations  du  Comte  Louis  avec  le  Doc 
d*Alencon  à  découverL 


Monsieur,  j*ay  sceu  dès  le  dimanche  dernier  la  def- 
faicte  de  Monseigneur  le  Duc  CrislofTel ,  mais ,  si  Dieu  t 
seulement  préservé  ,  ou  le  dit  Duc ,  ou  Monsieur  vostre 
frère,  nous  aurons  bientost  nostre  revenge.  J*ay  faict 
esc'rire  en  toute  diligence  par  docteur  Éheiu,  que  jij 
trouvé  en  ce  lieu,  [à]  TElecteur  Palatin,  afRn  qu*il  mandast 
à  Cratz  de  mettre  bon  ordre  que  les  trouppes  ne  se  rom* 
pissent  point ,  car  Frégouse  nous  a  osté  de  la  peine  de 
largent,  et  si  le  malheur  n'eustesté  que  la  maladie  du 
maréchal  de  Retz  Teust  empêché  de  venir  encores  icj 
(estant  demeuré  malade  d'une  Gebvre  par  les  chemins), 
nous  y  eussions  encores  donné  ordre  plus  tost.  Ich  verse- 
he  mich  aber  doctor  Ehem  und  ich  wollen  solches  bey 


—  385  — 

Scrasbargk  oder  Frangcfurt  aufbringen,  so  soll  Frëgouse  iij4^ 
strags  nach  Frangkreich  und  solches  rauszbringen  '  und  AytiL 
wîder  ehriegen ,  doch  eben  so  woUen  E.  6.  je  dran  sein 
das  Cratz  die  knechte  bey  einander  behalte,  denn  das 
geidt  ist  [gemist] ,  als  nemlich  6000  kronen  yor  den  ahen 
Teatschen,  welcher  briefFbisz  auff  8000  ehrstreckt  ist, 
und  16000  vor  [Euch]  auff  diesen  nionat.  So  ferne  auch 
die  Franzosischen  sachen  gestillet  ihn  der  zeitt,  wie  man 
sîch  ▼erhoffety  so  wirdt  monatlicb  was  folgen.  K  6.  wol- 
len  wir  den  a5  zu  Frangkfort  gewertigk  sein.  Wenn  Graif 
Ludwig  ihn  der  nehe  anzutrefTen  were,  wolte  es  wol 
hoch  Yonnotthen  sein  das  ich  bey  E.  G.  sein  mochte.  Ich 
bin  £.  Gn.  nût  haut  und  bar. 

Verbrennet  den  BriefT  so  lieb  Ihr  mich  hatt ,  den  soltte 
er  auszkommen  so  stûnde  mein  kopfF  darauff. 

A  Monsieur, 
■bmieur  le  Conte  Jan  de  Nassaa 
tt  Catzenelnbo^en  y  etc. 

Zn  ihrer  Gn.  seibst  eî^enen  hinileo , 
•onst  nîemandes  su  brecheD. 
Gto. 

*  LETTRE  CDXCII. 

Le  Prince  tT  Orange  au  Comte  Jean  de  Nassau.  Il  lui 
expose  la  nécessité  de  secours  et  dune  ligue  contre 
t Espagne  y  les  dangers  de  la  Hollande  et  ses  res- 
Mources, 


»  • 


Celte   Lettre  fat  interceptée.     Longtesips  après   elle  vînt 
mire  les  mains  da  Comte  Guillaame-Loais,  fila  do  Comt«  Jean 

'  Wmrabriofra. 

4  »$ 


-  ^6  T-- 

iSy4'  ^^  Stadhonder  de  la  Frise,  qui,  renvoyant  à  Maurice  de  Na»- 
Mai.  S3U,  lui  écrit  le  17  janv.  i593  :  (J*ai  recouvert  une  lettre 
«écrite  de  la  main  de  feu  Monseigneur  vostre  père  à  Monsieur  non 
»père  estant  interceptée  des  ennemis,  et  la  trouvant  digne  tant 
>pour  la  matière  que  le  stil ,  de  la  renommée  du  dit  Monsieur  de 
>très  haute  mémoire,  je  n*ay  pas  vouliu  faillir  de  faire  part  à  vos* 
>tre  Excellence*..  Quel  solide  jugement  et  prudence  c*a  esté,  vostre 
»£xce1lence  et  les  plus  sages,  pondérans  la  puissance  de  l'enneoj 
>et  examinant  à  plus  près  la  disposition  des  affaires  d'alors,  tant 
•du  Paîs-Bas  que  de  la  France  en  particulier  et  de  toute  TEurope, 
»en  comparant  les  conjoinctores  et  affaires  présentes  aveoq  les  évé- 
»neroens  du  ten>pB,  en  pourront  donner  vray  et  aouffisaol  Icsmoi- 
•gnage  >  (fMS.). 


Monsieur  mon  frère,  le  dernier  jour  du  mois  passé /aj 
reçu  Yos  lettres  du  a5  d'iceluy,  et  suis  été  bien  marry  d'entCD- 
drepariceiles  que,  nonobstant  toutes  vos  bonnes  diligen- 
ces, n*avez  toutesfois  sceu  entendre  aulcune  certitude  de  l'es, 
tat  et  disposition  de  Monseigneur  etDucChristophor€,Dj 
de  Messieurs  mes  frères  ;  et  à  la  vérité  on  faict  grand  tort^et 
à  vous,  et  à  moy,  de  nous  celer  leur  mort,  si  avant  qu'il  a  plea 

au  Seigneur  Dieu  d'en  disposer  ainsy ,  yous  Youlant  bien  as- 
seurer  que  ceste  dissimulation  apporte  plus  d'intérest  ' ,  que 
de  soulagement  à  toute  la  cause ,  et ,  en  mon  particulier, 
j'en  reçois  bien  grand  blasme,  estimanstous  ceulx  quis'ea 
^enquèrent  de  moy,  que,  pour  quelque  defBance,  je  leur 
cèle  la  vérité  et,  s'imaginantz  cest  deffiance,  chacun  en 
parle  à  son  plaisir,  tenans  la  pluspart  parcelle  dissimu- 
lation les  affaires  du  tout  perdues  et  hors  d'espoir.  Je 
vous  confesse  qu'il  ne  m'eust  sçeu  venir  chose  à  plus  grand 
regret;  si  est-ce. que  tousjours  il  nous  fault  confonner 

*  de  mal.  jùnsi  dans  le  Muni/este  de  ia  JUgue:  UtaMttt  let  genp  de  b«ca 
lisrs  en  leur  âoit  et  intéresses  en  leart  biens  {Mém.  de  U  Ligme,  /.  56^ 


—  387  — 

à  la  volonté  de  Dieu  et  avoir  esgard  à  Sa  divine  providen-  1 5y4* 
ce,  que  Celuy  qui  a  respandu  le  sang  de  son  Filz  unicque,  MaL 
pour  maintenir  son  Eglise,  ne  fera  rien  que  ce  quiredon- 
dera  à  i  avancement  de  Sa  gloire  et  mainténement  de  Son 
Eglise,  oires  qu  il  semble  au  monde  chose  impossible.  £t 
combien  que  nous  tous  viendrions  à  mourir,  et  que  tous' 
pauvre  peuple  fust  massacré  et  chassé,  il  nousfauttoutes- 
fois  avoir  ceste  assurance  que  Dieu  n'abandonnera  jamais 
les  siens;  dont  voyons  maintenant  si  mémorable  exemple  en 
la  France ,  où ,  après  si  cruel  massacre  de  tant  de  Seigneurs , 
Gentilshommes  et  autres  personnes  de  toutes  qualitez,  se- 
xe, et  aage,  et  que  chacun  se  proposoitIafin[et]  une  entière 
extirpation  de  tous  ceux  de  la  religion ,  et  de  la  religion 
mesme ,  nous  voyons  ce  néantmoings  qu'ils  ont  de  rechef 
la  teste  eslevéplus  que  jamais  (i),  se  trouvant  le  Roy  en 
plus  de  peines  et  fascheries  que  oncques  auparavant  ;  es- 
pérant que  le  Seigneur  Dieu,  le  bras  duquel  neseracourcit 
point,  usera  de  Sa  puissance  et  miséricorde  envers  nous. — 
Or,  pourchangerde  propos  et  vous  faire  en  tendre  l'estat  et 
disposition  des  affaires  de  pardeçà  depuis  la  dicte  deffaicte , 
pouvez  estré  asseuré  que  tout  le  peuple  de  ces  quartiers 
en  a  esté  grandement  effrayé ,  et  de  tant  plus  pour  veoir  les 
coeurset  couraiges  de  nos  ennemis  tellement  enflés,  qu'ils  se 
délibèrent  avecq  toute  leur  puissance,  laquelle  facille- 
ment  et  parlant  humainement,  sans  courir  dangier    y 

* 

(i)  plus  que  jamais,  doterfectus  est  Amiralius,  roultiqueboni 
»Tiri  unâ  cum  ipso  interierunt.  Existimavit  Pontifex  se  res  suas 
»iD  Galliâ  pulchre  stabilivisse.  Quid  accidit?  Bellum  statim  exarsit 
BÎD  variis  locis  GalUae  ac  in  ipsîus  etiam  Pontificis  ditionein  pt- 
BDctraTÎt»  Lang,  ad  Sydn.  p,  SS, 

'   lotit  et. 


—  388  — 

i574*  p^^vc^t  joindre,  envahier  tout  ce  pays;  en  quoy  ils  ■» 
Mai.  s  abusent  du  tout  j  car  s*il  y  a  peuple  au  inonde  qui  plus* 
tost  se  resjouit  de  quelque  bonne  nouvelle,  aussi  n'y 
a^il  son  pareille  qui  pour  quelque  sinistre  accident  pius- 
tost  est  abatu ,  de  sorte  que  je  les  voys  en  telles  perple* 
xîté ,  qu'il  ne  scavent  que  faire ,  ny  à  quel  bout  com* 
mencer ,  estimans  estre  du  tout  perduz ,  sans  qu'ils  n'y  aye 
plus  aucun  moyen  de  secours.  Il  survient  encoires  ce 
malheur,  que  le  nouveau  Gouverneur,  corne  j'entends, 
faiot  publier  ung  pardon  bien  ample ,  pardonnant  tontes 
choses  passées  et  à  tous,  exceptant  seulement  i4  ou  i5 
personnes;  je  vous  laisse  penser  si,  parmi  ceste  diversité 
d'occurences  et  contrariété  des  affaires ,  il  n'y  aura  par  deçà 
plusieurs  qui  se  laisseront  aller  à  accepter  ce  pardon^ 
ou  pour  le  moins  seront  plus  froids  et  rétiff  à  metti^ 
Tordre  requis  aux  affaires  ;  parquoy  il  seroit  bon ,  pour 
obvier  à  tous  inconvéniens,  de  penser  à  quelques  moyens 
propres  à  les  reconforter.  De  mon  costé  vous  pouvei 
.  estre  asseuré  que  je  feray  à  cet  effect  le  debvoir  aultaot 
qu'en  moy  sera,  et  comme  j'ay  fait  jusques  icy,  prévoyant 
clerement  que ,  si  ce  pays  est  une  foys  abandonné  et  re* 
mis  au  joug  et  soubz  la  tyrannye  des  Espagnols,  qu'en  tous 
autres  pays  la  religion  s'en  ressentira  merveilleusement, 
voire,  en  parlant  humainement,  sera  en  termes  d'estreà 
jamais  désraciné ,  sans  qu'il  en  aparoistra  quasi  une  estin- 
celle.  Les  Allemans  se  pourroyent  avecq  le  temps  bien 
appercevoir  du  dommaige,  comme  aussi  feront  les  An- 
glois,  qui,  s'attendant  aux  événemens  et  yssuesde  nos  af- 
faires, ont,  comme  ils  estimoient , par  grande  prudence 
tousjours  voulu  temporiser,  et  les  pouvres  Franchois , 
qui  de  si  franche   volunté  ont  de  rechief  prins  les  ar- 


s  (i)  pour  Te  faict  de  la  relig 


delà  religion ,  seront  en  plus  grande  i574- 
perplexité;  car  advciinni  frjueDieu  ne  veuille)  la  perle  de  ^^'• 
ce  pays,  faut  bien  craindre  que  te  RoydeFrance  fera  nou- 
velle ligue  avecq  le  Roy  d'Espagne,  pour  tout  en  un 
coup,  s'ils  peuvent,  extirper  cette  religion;  et  de  nia  part 
je  liens  que  le  semblant  qu'ont  fait  les  Roys  de  France 
et  de  Pologne  de  nous  favoriser  et  aider,  soit  esté  pour 
crainte  (3  ;  qu'ils  nvoient  que  le  Duo  Christophore  et  mes 
frères  se  fussent  joincts  avecq  ceulit  de  la  Religion  en 
France,  que  pour  aulcutts  biens  qu'ils  nous  veuillent.  Et 
comme  que  ce  suit,  il  nous  fautt  trouver  quelques 
tnoicBS  d'estre  assisté,  d'aultani  qu'à  la  longue  ne  pou- 
rioDS  subsister,  ny  porter  si  grands  fraiz  et  dépens,  qui 
me  faict  vous  prier  de  la  meilleure  affection  qu'il  m'est 
fiossible  ,  d'employer  tout  voslrn  entendement  et  vos  cinq 
sens  à  y  trouver  quelque  remède  convenable ,  et ,  à  mon 
advis,  scroitle  plus  prompt  quelesPrîncesd'AIlcmaigne 
eussent  voulu  advancber  une  bonne  somme  de  deniers^ 
pour  faire  une  juste  levée,  tant  d'infanterie  que  deca- 
Tallerie,  et  que  cependant  l'on  practyquo  vers  le  Roy  de 
France,  afin  que  Sa  Majesté  soit  contente  d'entrer  en  fer- 
me accord  avecq  ses  subjerts,  leur  permettant  exercice 
libredela  religion,  avecq  bonne  seureté,  convertissant  ses 
forces, avecq  celles  du  RoydePolongncet  de  ceulide  la  Re- 
ligion ,  contre  le  Roy  d'Espnigne,  et  la  levée  qui  se  feroit 
en  Allemagne  viendroit  aussy  à  son  ayde  et  secours;  ce 
qui  se  ferait  tant  plus  seurement,  d'aultant  que  le  Roj 


(i)  prùulftarmn.  Voyei.  p.  375. 
(a)  Je  ermiUe.  Ce  motif  ■voit  Hn  mr 
iIom;  TO]v*p.  17^. 


-  390  — 

i574*  d'Espagne  oe  se  doubteroit  que  telle  levée  se  feroit 
Mai.  contre  luy  pour  le  service  du  Roy  d^  France,  et  pour  tant 
plus  à  cela  encouraiger  le  Roy  de  France,  que  les  Princes 
d'AUemaigne  luy  promettent,  qu accordant  la  religion 
avecq  le  libre  exercice  dlcelle  à  ses  subjects,  qu'ils  feront 
une  ligue  avecq  luy  pour  Tayder  et  défendre  contre  et  en- 
vers tous  ceulx  qui,  pour  ceste cause,  le  vouldroyent  oui- 
traiger  et  courir  sus.  D'aultre  part  il  me  semble  qu*on  pou- 
roi  t  bien  mener  ce  pays  si  avant  qu'il  se  mectront  entière* 
ment  soubs  la  protection ,  institutions ,  et  ordonnances 
du  St.  Empire,  contribuant  aultant  que  trois  Electeurs  et 
faisant  quelcque  ligue  avecq  les  villes  Hanssen  ' ,  ainsi 
qu'ils  trouveront  convenir  en  mettant  en  avant  quelque 
autre  moyen,  dont  vous  pourrez  adviser.  Car  je  voos 
veulx  bien  confesser  ouvertement  que  j'ai  la  teste  telioncnt 
estourdie  d'une  si  grande  multitude  d'afEaires,  et  mesoMS 
de  regret  et  mélancolie,  pour  la  perte  de  Monseigneur  le 
Duc  Christophle  et  de  mes  frères ,  lesquels  je  tiens  asseii- 
rémentmortz,  que  je  ne  sçay  à  grand  peine  ce  que  je  £m: 
et  toutesfois ,  si  la  volunté  du  Seigneur  à  esté  telle,  nous  le 
devons  porter  patiemment.  —  Et  à  ce  regard ,  pour  ne  re- 
tourner à  ce  triste  subject,  je  viendray  à  respondre  à  vos 
dictes  lettres ,  qui  consistent  en  trois  poincts  ou  deman- 
des;, en  premier  lieu,  quel  cheff  ou  commissaire  général 
se  pourra  eslire  et  mectre  pour  la  gensdarmerie  par  delà; 
pour  le  second,  quelle  bestallingen  et  asseurance  on 
leur  vouldroit  donner;  et  pour  le  troisième  ,  par  où  on 
pourra  passer  avecques  les  gens  tant  de  pied  qu'à  cheval  : 
en  satisfaction  desquels  poincts ,  je  vous  diray  première- 
ment, quant  à  ce  que  touche  le  chieff,  il  est  plus  que 

'   Aniéatiquet. 


nécessaire  qu'il  y  ait  ung  pour  conJiiîrè  et'  mener  tes 
trouppes,  lanl  Altemandes ,  qae  Francoises  et  Vallonnés, 
mais  je  ne  cognoîs  aulcuns ,  puisrjiie  nous  sommes  privex 
de  ceulx  sur  lesquels  j'avots  liasly  tout  mon  fondement 
et  tout  mon  espoir.  Cir  quant  à  tous,  oires  qu'en  vérité 
il  n'y  auroit  personne  plus  propre  et  idoine',  si  est  ce  que 
jammnis  je  ne  vous  oserois  importuner,  sachant  fort 
bien  qu'il  n'y  auroit  aucune  raison  de  mettre  toute  nosire 
Ataison  en  hazatd  de  se  perdre,  aussi  est-il  n^ssaire 
qu'il  y  ait  tousjnurs  quelque  ung  par-delà  qui  tienne 
coirespondenre ,  tant  avecq  les  Princes  d'AlIemaigne, 
qu'aultres  Polentatz  et  villes,  ce  que  personne  ne  peult 
m i eut I  faire  que  tous,  tant  pour  l'entière  affection  que 
je  eçay  que  tous  aver,  à  ceste  nostre  juste  cause,  qu'aussy 
pour  ce  qu'estes  fort  bien  imbu  de  la  pluspart  de  nos 
■ffaires,  ayant  mesme  cofpioissonce  de  ce  qui  s'est  traicté 
avecques  les  Roys  de  France  et  de  Poulongne,  la  Reyne 
d'Angleterre ,  les  aulircsPrinces  et  Tilles,  et  aussy  sur  le 
feict  de  la  ligue  (i)  qui  est  bien  le  principal  poinct,  et  le- 
quel (si  avant  que  bien  tost  il  se  pourroit  mectre  en  train) 
nous  apporteroh  fort  gmnd  soulagement.  Je  sç^y  qu'il  y 
s  plusieurs  bons  et  vaillans  cheffs  d'armée  en  Alle- 
insigne,  mais  celuy  qui  nous  seroit  dutsable',  fauldroit 
qu'il  eus!  nosire  faîot  à  coeur  et  qu'il  en  fisse  esut ,  comme 
si  c'estoit  son  propre  fâictjSans  estrc  aulcunement  ad- 
donné  à  son  particulier;  d'aultre  part  seroit  requiz  qu'il 
east  cognoissance  de  la  langue  Françoise ,  et  à  cela  je  ne 
trouTerois  personne  plus  idoine  que  le  couronnel  de 
S^wendy,   mais  je  cognois  assez  que  ne  le   pourons 


M-' 


fi)  ta  ligue.  Voyei.  p.  ; 


•fU,  hibïk  ''•daaeiu). 


—  392  — 

i574-  ayoir;  seulemenlje  le  diz  par  exemple,  afin  que  puissions 
Mai.  choisir  ung  approchant  des  qualitez  du  dict  Schwendy, 
\ff  plus  près  que  faire  ce  pourra.  J  en  a  vois  dénonmies 
ai^lcuns  à  Stens^el  pour  vous  en  faire  rapport,  et  entre 
autres  leConte  Wolrhattde  Mansfelt(i) ,  le  Conte  de  Bar- 
by  (2) ,  le  Maréchal  de  Hessen ,  George  von  Holl ,  Dietz  van 
Schonberg,  ne  cognoissant  pour  le  présent  aultre.  Quant 
aulx  Princes^  je  ne  sçay  nuls  qui  en  vouldront  prendre 
la  peine,  et  de  tous  ceulx  quejay  dénominë,n*y  atauU 
cun  qui  sache  la  langue  Franchoyse  que  Dietz  van  Schon- 
berg,  et  comme  je  ne  sçay  aulcun  qui  nous  seroit  plus 
duisable,  aussy  si  avant  qu*il  s*y  vouloit  employer ,  je  ne 
vois  occasion  quelconque  qui  qous  debyroit  empêcher 
de  Faccepter,  si  ce  n  estoit  pour  ce  qu'il  pouroit  estre  en 
mauvais  mesnage  avecq  Monseigueur  le  Conte  Palatin  ,  ou 
bien  avecq  les  Contes,  pour  le  faict(3)  de  Bitsch,  ou  pour 
ce  qu*il  est  au  service  du  Roy  d'Espaigne,  ou  aultre  sem- 
blable raison  ;  et  toutesfois  je  remectz  le  tout  à  vous  et 
aux  aultres  nos  Seigneurs  et  amis ,  et  me  semble  qu'il  ne 
sera  que  bon  d'en  avoir  aussy  Tadvis  de  Monsieur  Dathé- 
nus(4).  llm*est  venu  depuis  en  pensée  encoires  ung  aultre 

(i)  MansfeU,  Le  même  qui,  en  1669  ,  fut  Lieutenant  du  Duc  de 
Deux- Ponts  et  le  remplaça  dans  le  commandement  de  Tarmée  (T.U. 
p.  3i7  et  320};  pensionnaire  de  Charles  IX  (T.  IV ,  p.  69*).  Il 
mourut  en  iSyS. 

(2)  le  C,  (le  Barby,  Il  avoit  commandé  sous  le  Prince  en  1 568  et 
1572  (T.  III.  p.  291  ,  44^).  D'après  i\  Meteren  il  servit  aussi 
après  la  disgrâce  du  Comte  de  la  Marck.  «  In  dese  Grave  stede 
wcrden  in  Hollant  gebruict  de  Grave  v.  Barby,  de  Hre°v.  ]Noyellci 
>  en  V.  Batenborgli  :  »  90**. 

{'^)faict,  Peut-être  celui  dont  il  s'agit  T.  III.  485. 

(4)  Dathénus,  Voy*'z  p.  218. 


tmojtn,  a  c'est,  puisque  Monsieur  le  Prince  tie  CoDdê, 
comme  j'ai  «ntendii,  est  arrivé  à  Heyclelbcrgh,  de  luy 
faire  entamer  quelcque  chose  sur  ce  propos,  et  par  ung 
tiers,  non  pas  comme  venant  de  tous,  sonder  s'il  ne 
vouldroit  accepter  la  cliarge  de  mener  les  gens  de  guerre 
Ter»  ce  pays,  luy  donnant  Uietz  van  Sclionbergh  ou  aul- 
tre  pour  lieutenant,  et  pour  à  ce  tant  plus  inciter  le 
dit  Sr  Prince,  servirait  de  luy  alléguer  combien  eu 
cela  il  pourroit  advanclnr  les  affaires  de  la  France:  car 
premièrement  Umectra  leRuy  eu  grande  jalousie^  d'aultre 
part  estant  icy,  il  peult  à  toutes  heures  avoir  nouvelles  et 
adris  de  France;  il  se  peult  beaucoup  plus  aisément  reti- 
rer en  ta  France,  soit  à  la  Rochelle  ou  aultre  part,  quand 
U  Terra  le  temps  et  le  trouvera  rcquiz  ;  d'icy  il  peult  traiter 
«Tecjles  Allemands,  en  cns  qu'il  veuiUe  faire  quelque  levée; 
s'il  treuve  convenir,  il  peult  équipper  navires  pour  le  se- 
cours de  ceulx  de  la  Rochelle  ou  aultres  de  la  France ,  en 
quoy,  grâces  à  Dieu,  avons  de  bons  et  gruns  moyens  de 
l'ayder  et  assister;  il  obligera  tout  ce  pays  à  luy  faire 
Brrrice  et  secours  et  à  ceulx  de  son  parly ,  si  le  Roy  ds 
France  veult  faire  quelcque  truicté  avecq ceulx  dece  pays, 
et  veullanl  à  noslre  secours  envoyer  soldats  et  navires  ,  il 
»era  contraint  d'y  envoyer  le  dit  S'  Prince  ,  à  cause  que 
Je»  Estats  ne  se  vouldront  lier  à  aultre  qu'à  luy  pour  le 
bon  service  qu'il  leur  auroit  fait  de  leur  avoir  amené  ce 
secours  et  forces,  et  ainsy  aura  les  forces  des  ennemis  en 
#es  mains  et  sera  respecté  et  craint  du  Roy ,  sans  plusieurs 
aultres  commodités  qui  luy  en  viendront  et  à  ceulx  de  la 
Religion  en  France ,  comme  par  semblables  inductions  luy 
pourra  faire  entendre  celuy  qui  luy  en  tiendra  le  propos. 
>  tout,  Monsieur  mon  frère,  ce  que  sur  ce  premier 


—  394  — 

1 574*  poinct  je  vous  sçaurois  dire.  Au  regard  du  deuxième poinct, 
Mai.  qui  touche  la  bestallung  et  asseurance ,  je  ne  tous  en  scaa< 
rois  dire  aultre ,  sinon  que  premièrement  il  faut  que  noos 
entendons  des  gens  de  guerre  quel  asseurance  ils  de- 
mandent ,  n*estant  en  nostre  pouvoir  leur  donner  aultre 
qu*obligations  des  Estats ,  d*aultant  que  je  me  doute  qu'il 
n*y  a  ville  en  Allemagne  laquelle  sevouldroit  obliger  pour 
nous ,  craingnant  de  tomber  en  Tindignation,  ou  de  FEm- 
pereur  ou  du  Roy  d'Espaigne;  mais  si  avant  que  les  Prin- 
ces ,  avecq  le  Roy  de  France  ou  celuy  de  Poulogne,  nous 
vouloyent  prester  leur  crëdyt  pour  trois  ou  quatre  moâ 
et  au  reste  se  contenter  des  obligations  des  Estats ,  j*estiiB6 
qu'il  n'y  auroit  diflSculté  quelconcque  de  ce  costé  icy. 
Quant  à  la  bestallunge^  il  faudra  regarder  de  la  faire  à 
notre  plus  grand  advantaige,  mais  je  vois  peu  d'apparence 
de  la  pouvoir  obtenir  moindre  qu'estoit  celle  de  Erasl 
von  Mandesloo.  Or  puisque  l'ennemy  a  eu  tant  de  loyrir 
pour  s'armer  ,  il  me  semble  que  ,  faisant  levée  seullemeot 
de  trois  ou  quatre  milles  chevaulx ,  n'y  prouflyteroiis 
guerres,  puisque  j'entens  l'ennemy  peult  mettre  six  miDe 
chevaulx  en  campaigne,en  quoy  me  sembleroit  plus  expé- 
dient d'assembler  les  Franchoys  et  Walons  avecq  quel- 
ques pycqueniers  Allemans,  mille  chevaulx  ou  bien  sans 
chevaulx,  et  incontinent  les  faire  encheminer  vers  Em- 
den ,  pour  faire  l'entreprinse  de  Fernesum ,  dont  par  Pom- 
pejus  Uffken's  vous  ay  mandé,  estant  aultrement  à  crab- 
dre  que,  laissant  ceulx  de  Carpen  (i)  longuement  où  ils 

^i)  Carpen»  «  De  Fransoysen  die  in  den  eersten  aeoTil  (bj 
»  Monck)  waren  ende  >vcl  hair  devoir  deden  ,  syn  meest  ontko- 
k  men;  ...sy  trockeo  ovcr  ende  hebben  aiso  haer  weder  vergadert 
«  by  den  Kliyn  ,  daer  sy  met  noch  eenighe  ander  van  Adel  bij  bea 


—  395  — 

ioot,  ils  ne  soient  enfin  battus  des  ennemis,  ou  que  i^jA* 
les  dicts  ennemis  avecq  leur  cavallerie  leur  couppent  le  ^^^ 
passaige,  de  sorte  que  par  après  ils  ne  pouront  gagner 
kl  mer.  A  oeste  cause  je  vous  ay  envoyé  le  dit  Ufïkens , 
qui  cognoit  tout  ce  passaige ,  aûn  qu'il  vous  informe  de 
lout,  et  seroit  bon  ,  tout  aussytôt  qu  aurez  communicqué 
avecq  luy ,  de  regarder  si  peuit-estre  Ton  scauroit  se  saisir 
ihi dît Femesum ,  ou,  en  cas  qu'il  ny  auroit  pas  moyen 
de  s*emparer  du  dit  Fernesum ,  qu*alors  il  fauldrait  re- 
garder où  Foii  se  pouroit  embarquer  en  toute  seureté, 
fiiftt  ce  vers  Embden,  vers  Brémen,  ou  quelque  autre 
part  en  ces  quartiers-là  ;  car  de  passer  par  terre  icy  vers 
BOUS,  je  n*y  vois  grand  apparence,  si  Ton  nest  si  fort 
^*on  puisse  tousjours  livrer  la  bataille  aux  ennemis ,  et 
n'y  a  que  ces  deux  voies ,  et  n  estant  le  passaige  par  terre 
de  ce  costel  de  la  Meuse  présentement  faisable  pour  les  rai- 
PODS  susdits,  reste  seulement  de  choisir  la  voie  de  la  mer, 
pur  quoi  il  se  fault  nécessairement  résouldre ,  et  pour 
prendre  ce  chemin  ne  sera  besoing  de  beaucoup  de  caval- 
krie,  que  cependant  toutesfois  ne  pourra  que  bien  servir 
de  faire  samblant  qu'on  en  faict  grande  levée ,  pour  amu- 
FennemL  Aussi  en  tout  événement  ne  seroit  que  bon 
tousjours  quatre  ou  cincq  mille  chevaulx  à  la 
pour  s*en  servir  aux  occasions  et  moyens  extraor- 
que le  Seigneur  Dieu  nousvouldroit  envoyer,  ou, 
quand  il  plaisroit  aux  Princes  se  résouldre  de  nous  ay- 
der,  que  alors  les  dits  chevaulx  nous  viendroientfort  à 
propos.  —  Quant  à  Targen  t ,  les  Estats ,  estans  présentement 
^s,  m*ont  accordé  la  somme  de  cent  et  cinquante 


m  gevoeght  zynde,  'l  Slot  te  Kerpen  ingenomen  hebben  van  wegeri 
t  dm  PrinteD  vao  Oraogieo,  »  c.  Meteren ,  ç^. 


—  396  — 

iiy4*  mille  florins  par  mois,  six  mois  durant,  ou  si  tonguemeac 
Maû    qu'il  sera  besoing ,  qui  est ,  à  la  vérité ,  une  belle  et  grande 
somme,  et  m'esbahis  qu'après  tant  de  foulles  etdesglts 
du  pais,  ils  le  peuvent  encoires  trouver.  Et  ce  néan^ 
moings,  mectant  les  mises  en  contrepoix,  je  treuve  que 
venons  encoires  trop  court  de  beaucoup  :  et  estant  noi 
mises  ordinaires  si  grans,  et  que  ne  les  pouvons  éviter, 
ains  nécessairement  il  nous  les  faut  porter   si  voulou 
maintenir  le  pays,  je  voys  fort  peu  d'apparence  de  pou- 
voir fumir  à  chose  extraordinaire,  si  ne  trouvons  qoelr 
que  ung  qui  nous  secoure,  et  me  souvient  à  ce  propos  de 
ce  que  aultrefois  je  vous  ay  dict,  que  Von  pourroit  mun* 
tenir  ce  pays  contre  toutes  les  forces  du  Roy  d'Espaigae 
l'espace  de  deux  ans,  mais  qu'alors  aurions  nécessuit- 
ment  besoing  d'estre  secouru^,  oires  que  Dieu  le  peolt 
maintenir  sans  aultre  secours,  ainsy  qu'U  a  faict  jusque» 
icy,  mais  j'en  parle  humainement;  et  comme  les  deux 
ans  s'en  vont  de  brieff  expirer ,  il  seroit  plus  que  tempi 
que  quelcques  Princes  et  Potentats  nous  eussent  tenda  k 
main  ;  que  s'il  ne  se  treuve  aulcun  de  ceste  vohinté  et  que 
parfaulte  de  secours  nous  nous  allions  perdre ,  au  nom 
de  Dieu ,  soit  !  Tousjours  aurons  cest  honneur  d'tToir 
faict  ce  que  nuHe  aultre  nation  n  a  faict  devant  nous, 
assavoir  de  nous  estre  deffendus  et  maintenus,  en  ung  si 
petit  pays ,  contre  si  grands  et  horribles  efforts  de  si 
puissans  ennemis,  sans  assistance  quelconque.  Et  quant 
les  pouvres  habitans  d'icy,  délaissés  de  tout  le  monde, 
vouldroyent  toutesfois  opiniastrer ,  ainsy  qu'ils  ont  faict 
jusques  à  maintenant ,  et  comme  j'espère  qu'ils  feront  en- 
coires, et  que  Dieu  ne  nous  veuille  chastier  et  du  tout 
perdre,  il  cousteroit  aux  Espagnols  encoires  la  moilié 


—  397-^ 

iTEspaigne,  tant  en  biens  qu'en  honunes^  devant  qu*ili  i574* 
aoroient  &ict  la  fin  de  nous.  Et  afin,  Monsieur  mon  frère ,  Maù 
que  puissiez  veoir  nostre  despense  ordinaire  seuUement 
en  gens  de  guerre  et  navires,  sans  y  comprendre  les  cho- 
ses extraordinaires,  conmie  artillerie,  munitions,  pion- 
niers, fortifications,  traictemens  des  Gouverneurs,  mes- 
sagiers,  espies,  commissaires,  que  Ton  envoyé  deçà  et  delà, 
défroyemens  au  gens  es  cours  des  Princes  et  aultres 
semblables  choses,  je  vous  feray  icy  ung  sommier  recueil 
des  gens  de  guerre  et  batteaulx  que  nous  avons  ;  et  pre- 
mièrement avons  icy  en  Zuythollande  soixante  et  onze 
compaignies,  tant  Francoyses,  Angloises,  Escossoises, 
Walonnes  que  Flamendes;  en  Zeelande  quatorze,  en  Wa- 
terlande  vingt;  quant  aux  batteaulx ,  nous  avons  en 
Hollande  six  fliesboots  '  et  vingt  autres  navires ,  tant 
drummelaers',  cromstevens  que  hueus',  en  Zeelande  onze 
grandes  navires,  six  fliesboots,  et  trente  cromstevens  et 
heudes';  enWaterlandt  huict  grandes  navires,  six  galères, 
cinq  fliesboots,  dix  boeyers  ,  et  autres  appelés  waterscke- 
pen^  qui  font  en  tout,  y  compris  les  galères,  cent  et  deux 
batteaulx  de  guerre.  Qui  est  tout  ce  que  présentement  je 
TOUS  sçaurois  escripre  sur  Testât  de  nos  affaires  et  la  né- 
cessité qu'avons  destre  aydez,  espérant  en  brieff  vous 
envoyer  quelqu  ung  qui  vous  pourra  encoires  plus  par- 
ticulièrement éclaircir  le  contenu  en  ceste,  et  cependant 
je  vous  prie  encoires  ung  bon  coup  de  haster ,  tant  que 
pourrez ,  lentreprinse  de  Femesum,  laquelle  je  voys  bien 
advantaigeuse  à  nos  affaires  et  la  treuve  aisée  à  exécuter , 
moyennant  qu'il  y  eut  quelques  ungs  connoissans  un  peu 

>  vUebooten  (JlUftsJ,  *  drommeler  {genus  nmvis,  diapré*  KiUen),  3  headta, 
^•t— M  d«  transport  (T)€  Jonge,  Getth.  «ait  ket  Nêdêrl,  Zeêweum^  I.  aoiA 


—  398  — 

1^74*  le  pays,  ainsi  que  vous  ay  mande  par  UffkenSy  comme 
S^>*  aussi  luy-méme  en  a  bonne  cognoissance,  et  je  ne  sça? 
homme  plus  propre  à  cest  effect.  Qui  sera  rendroict  où 
me  recommandant  très  affectueusement  en  Tostre  bonne 
grâce,  je  supplieray  Dieu  tous  donner,  Monsieur  moa 
frère,enpar£aicte  santé,  heureuse  et  longue  vie.  Escriptâ- 
Dordrecht,  ce  7"*  jour  de  may  1574. 

Vostre  '  bien  bon  frère  à  vous  faire 
service, 

Guillaume  db  Nassau. 

A  Monsieur > 
KoDsieur  le  Conte  Jehan  de  Nas- 
sau, mon  bien  bon  frère. 


Aux  yeux  du  Prince  le  sort  de  ses  frères  n'étoit  pat  donteoi. 
cil  les  tenoit  asseurément  morts»  (p.  390].  Déplorable  ccrtitadt 
après  une  longue  et  cruelle  anxiété  ! 

Le  Comte  Henri  n'avoit  que  a 4  ans.  Il  accompagna  le  Prioeeea 
1569,  lorsque  celui-ci  i^int  au  secours  des  Huguenots;  il  ae  ditpo- 
soît  yers  la  fin  de  1^70  à  aller  avec  lui  en  Hollande  (-{-  IVIS.);  il» 
distingua  dans  l'expédition  de  157a.  Comme  son  frère  Adolphe,  il 
saisissoit  toute  occasion  de  porter  les  armes  dans  une  cause  joste; 
et  il  périt  à  la  fleur  de  son  âge,  comme  lui  (T.  III.  p.  220).  . 

Quant  au  Comte  Louis ,  de  Thou  dît  avec  raison  :  «  Fuit  magni 
»  et  pugnacîs  animi,  cui  plura  audacter  tentant!  pauca  féliciter  soc- 
»  cesserunt;  de  caetero  liberalis,  oomis,  militari  more  facundos:» 
Hist,  IL  Mais  il  y  a  pour  le  moins  de  rexagération  dans  ce  qii*il 
ajoute:  «  £t  qui ,  licet  non  mediocribus  ingenii  dotibus  omatus, 
»  plus  fortunae  quam  prudentiae  tribueret,  in  câ  re  WilbeliDO 
»  Arausionensi  fratri,  qui  raro  unquam  quicquam  eveoluum  aleu 
»  «oromisity  quam  studiis  concors  ,  tam  judicio  dispar.  t  II  sepeot 
que  le  Comte  inscrivant  recuperare  aut  mon  ,  inscrivant  nunc  avi 

,  Vof  ire  -  MrTÎce.  jéutogmphe. 


—  399  — 

numquam  sur  ses  drapeaux  ,  ait  eu  quelquefois  trop  de  répugnance  i  Sj^. 
à  reculer:  le  plus  souvent  ses  résolutions  étoîent  motivées  sur  la  MaL 
conviction  de  son  devoir,  le  sentiment  de  la  bonté  de  sa  cause , 
ridée  toujours  présente  que  TEternel  peut  délivrer  avec  beaucoup 
oa  avec  peu  de  gens,  et  que,  s*il  n'est  pas  permis  de  tenter  le  Sei- 
gneor  son  Dieu  ,  il  est  bon,  lorsqu'on  est  dans  la  voie  qu'il  nous  a 
tracée,  de  s'abandonner  à  Lui,  soit  pour  la  vie,  soit  pour  la  mort. 
On  n'a  pas  assez  tenu  compte  de  ce  qu'il  avoit  de  plus  caractéris- 
tique: t  hy  was  bovenal  God  vrezende»  (I.  p.  4^)*  Le  zèle  pour 
l'Evangile  étoit  le  principe  de  ses  actions.  Il  contribua ,  par  la 
grâce  de  Dieu  ,  à  l'avancement  du  règne  de  Christ.  Dans  un  Mé- 
moire, composé  longtemps  après,  par  le  Conte  Jean  de  Nassau,  nous 
trouvons  à  ce  sujet  les  détails  suivants:  «Grave  Lodewicfa  selîgerhat 
9  dîeUnîversitetan  Uranienredressirt  ond  reformirt...  Er  istanfangs 
»  der  troublen  der  fûrnembst  gewesen  welcber  das  religion-verck , 
»  so  wol  in  den  Niederianden  als  auch  hierausser  in  Deotschlandt, 
»  beî  etzlichen  Evaugelischen  stenden  getrieben.  Item  ist  er  ,  negst 
»  Gott  y  der  fûrnembst  gewesen  welcher  den  Hern  Printzen  seliger 
»  in  religioosaaclien  erbauweC  nnd  so  fem  bracbt  das  s.  Gn.  vont 
»  pabstumb  abgestanden  und  zu  unserer  cbristlichen  reformirter 
»  religion  sich  bekant  und  ergebeo  i»  (*f*  MS).  Sa  irie  fut  courte , 
aais  bien  remplie  ;  il  fut  un  de  ceux  qui  •  par  la  foi  se  sont  moD- 
»  très  forts  dans  la  bataille  »  (Ep.  aux  Hébr, ,  i  x  ,  ▼•  34)  ,  et  il 
lajssa  un  bel  exemple  d'amour  pour  le  salut  des  âmes,  de  dévoue- 
acot  à  la  cause  de  ceux  qu'on  opprime,  et  de  ce  courage  qui^regar* 
dant  avec  calme  ,  avec  sérénité,  la  mort ,  dans  les  combats  comme 
•or  no  lit  de  douleurs,  ne  sauroit  appartenir  qu'au  véritable 
disciple  de  Celui  qui  ,  pour  tous  ceux  qui  croyent ,  a  mis  en 
émdemce ,  par  F  Evangile^  la  vie  et  t  immortalités 


■^ 


ABREYIATIOIVS. 


US.  P.  MS.de  U  Bibliothèque  Royale  a 

MS.  P.  B.  MS.  de  Bélhuoe. 

MS.  P.  Br*  MS.  de  Bréquigoy. 

MS.  P.  a  MS.  des  5oo  de  ColberU 

MS.  P.  Ce.  MS.  de  la  CoUectioD  géoérale  de  Colbtrt. 

MS.  P.  D.  MS.  de  Dupuy. 

MS.  P.  F«  MS.  de  Fontanien. 
MS.  P.  St.G.-H.        MS.  de  St.  Germain-Harlay. 

MS.  B,  MS.de  la  Bibliothèque  de  Besançoa* 
MS.  B.  B.  Lettres  à  M.  de  BelleToDtaiDew 

MS.  B.  Gr«  Mémoires  de  Granvelle. 

MS.  B.  H.  Lettres  de  Hopperus, 

MS.  B.  M.  Lettres  de  Morillon. 

MS.  C.  MS.  des  Archives  de  la  Régence  (A^^mi^ 

Archii')  à  Cassel ,  Collection  rangée 
en  ordre  chronologique;  et  ayant  poor 
titre  Niederlàndisehe  Kriegs^und  Mi^ 
gionssachen» 


I. 


G.  de  Schonberg  au  Roi  Charles  IX:  Wolkenstein  ',19  oct.  i  $7 1    1 5^  I  • 
(MS.  de  Paris,  Colbert  400)% —  Né|{Ociation  avec  l'Electeur  Octobre, 
dé  Saxe. 

Schonberg  étoit  envoyé  par  le  Roi  de  France  particulière* 
ment  vers  TËlecteur  de  Saxe,  pour  lui  «dire  et  asseurer  sur  les 
»  offres  qu'il  luy  faisoit  le  premier,  qu'il  entreroit  voluntiers  aveo- 
»  que  luy  en  amytié  et  intelligence  deflensive,  comme  aussi  avec 
»  les  aultres  [grands]  Princes  de  la  Germanie  ses  anciens  amys, 
»  comme  sont  ceulx  des  maisons  du  Palatinat,  de  Brandebourg, 
»  de  Brunswick,  de  Wirteroberg,  le  Landgrave,  et  aultres  assez 
»  cognus,  amys  mutuels  et  de  tout  temps  afTectionnés  à  ceste  cou* 
»  roone,  pour  leurs  estats  et  obéissances  ^  envers  touts  et  contre 
»  touts,  sans  roffence  de  personne, quy  n'en  donnent  premièrement 
»  occasion  :  laissant  S.  M.  au  Seigneur  Electeur  de  Saxe  la  conduicte 
»  de  cette  saiocte  intention.  »  (MS.  P.  C.  4oo). 

....Les  affaires  se  portent,  quant  à  M*'  TElecteur,  selon  le 
contenu  de  la  chairge  qu'il  vous  a  pieu  me  bailler,  et  s*ap- 
proche  fort  au  grand  souhaict  et  extrême  désir  qu*aultrefois 
V.  M.  m'a  monstre  porter  à  une  certaine  affaire.  V.  M. 
entend  bien  ce  que  je  veux  dire:  je  ne  Tose  communiquer 
à  la  plumme ....  Veu  que  V.  M.  luy  asseure  que  vous  vous 

'  Wolckensteiu,  petite  ville  de  Saxe  à  onze  lieues  S.  O,  de  Dresden. 

■  dt^pDendanres ,  onderhnorighedtn. 

4  i" 


—  2*  — 

iSyi.  fiez  et  reposez  sur  luy  comme  sur  vostre  propre  père,  il  a 
Octobre,  bien  délibéré  de  vous  faire  cognoistre,  non  par  parolles, 
ains  par  effect,  que  jamais  V.  M.  s  est  moins  trompé  en 
opinion ....  Quant  au  Conte  Palatin ,  mon  dict  Sr.  Elec- 
teur  de  Saxe ....  a  baillé  la  négociation  en  main  à  Mr.  le 
Duc  Jan-Casimir.... 

a. 

Le  même  au'méme:  Dresde,  19  nov.  (MS.  P.  C  400). 
Dispositions  de  l'Electeur  de  Brandebourg. 

...ray  trouvé  l'Electeur  de  Brandebourg (  i  )  plein  debonne 
volonté  et  bien  affectionné  de  vous  faire  touts  les  bous 
offices  d*ung  fidel  parent  et  bon  amy  en  un  g  besoing; 
mais  froid  et  rétif  du  reste  pour  venir  aux  particularitei: 
combien  qu'il  ne  soit  pas  peu  ce  qu'il  offre,  ains  beau- 
coup, ayant  esgard  à  Testât  de  ses  affaires  et  de  ses 
pays.... 

3. 

Le  même  au  même:  Dresde,  27  nov.  (MS.P.  C.  400).  — 
Dispositions  du  Duc  Jules  de  Brunswick. 

. . .  Quant  au  Duc  Jules  de  Brunswick  (2) ,  il  est  à  vous  à 
vendre  et  à  dépendre,  comme  Ton  dict,  et  de  pareille 
volonté  que  TEIecteur  de  Saxe ...  Je  lui  ay  tellement  lavé  et 
nettoyé  le  cueur  de  tout  le  sang  Espagnol  et  mauvais 
François  dont  feu  son    père  en  avoit  le  corps  remph 


(i)  L*EL  de  Brand.  Jean-George,  né  en  i525,  Electeur  par  la 
mort  de  son  oncle,  i3  janv»  i57i. 

(aj  /.  de  Brunsw,  Voyez  p.  68.  Son  père  éloit  le  Duc  Henri 
Tom.  IL  p.  261). 


—  3*  — 

jusques  à  la  gorge,  qu'il  n'en  reste  plus  une  goutte.  Je  ne  iS^i. 
doubte  pas  que  V.  IVL  qui  est  sage  et  prudente  j  le  scaura  Novembre, 
doresnayant  bien  maintenir  en  ceste  opinion.  V.  M.  a 
plusieurs  très  humbles  et  très  affectionnez  serviteurs  en 
ceste  court;  mais  entres  aultres  et  '  le  premier  Henrich 
von  der  Lewe .... 

4- 

Le  même  au  même:  Dresde,  a4  déc,  (MS.  P.  C.  4oo). 

...  L'Electeur  de  Saxe  m'a  dict...  qu'il  ne  fault  pas  que 
V.  M.  mette  aulcune  doubte  en  luj  ;  veu  que  jamais  on 
ne  l'a  cogneu  ny  cognoistra  encores  aultre  qu'homme  à 
ung  mot.... 

5. 

Le  Duc  Jean-Casimir  au  Colonel  Schonbei^  (Copie  d'une  Lettre 
^rite  de  sa  main,  à  Lauter,  en  hâte,  le  aa  juill.  1571.  — 
MS.  P.  C.  /|Oo\  —  Affaires  des  Pays-Bas. 

....Au  cas  que  le  Roy  (de  France)  veuille  entreprendre 
quelque  chose  à  Tencontre  des  Pays-Bas  et  qu'il  face  en- 
cendre  à  TElecteur  de  Saxe  que  le  Roi  d'Espaigne  est  en 
terme  de  Fassaillir  du  costé  d'Espaigne  ou  d'aultreendroict, 
et  que  pour  cest  effect  le  Roy  demande  secours  aux 
lecteurs  et  Princes  défensif;  ce  faisant,  le  Duc  auroit 
ferme  opinion  que  la  farce  en  seroit  bientost  jouée;  car 
il  a  cogneu  le  dict  Electeur  très  affectionne  aux  affaires 
du  Roy ....  —  Dieu  et  quelques  gens  de  bien  ont  mis 
le  Prince  d'Orange  sur  pied  et  a  pour  aujourd'huy  en- 
semble en  son  camp  7000  chevaux  et  1 5 000  hommes  de 
pied,  et  se  renforcera  son  armée  de  jour  en  jour  davan- 


'4*  

iS^s.  taige.  11  a  argent  pour  ung  moys  et  demy .  • .  Ce  jourdliay 
Juillet,  sont  assemblés  les  conseillers  des  Electeurs  dans  la  viDe  de 
Mulhausen  (i)  pour  traicter  comme  on  pourroit  une  fois 
de  tout  exterminer  et  déraciner  le  malheur   qui  nous 
menasse  tant . . . 

6. 

G.  de  Scbonberg  au  Roi  Charles  IX:  Cassel  ag  août  (Let- 
tre de  seize  pages.  MS.  P.  C.  Aoo).  —  Entrevue  avec  le 
Landgrave  Guillaume  de  Hesse. 

....Le  Duc  Jean-Casimir  et  le  Landgrave  m'ont  donné 
audience  ensemblement,  où  j'ai  bien  cognu  qu'ils  esti- 
moient  mes  propositions  viande  mal-aisée  à  digérer  aux 
Princes  d'Allemagne....  Le  Duc  Jules  de  Brunswick  al- 
lègue, par  manière  de  dire,  mille  raisons  pourquoyies 
Princes  d'Allemaigne  ne  devroient  entrer  en  ligue  avec 
ung  Prince  estrangier,..;  le  Landgrave  m'a  promis  en  la 
main  qu'il  fera  lui-mesme  ung  voiage  [vers  luy  estre']  ces 
opinions  qu'il  a  apprins  à  l'escole  de  son  beau-frere  (a) 
l'Electeur  de  Brandenbourg,  et  pour  le  réduire  au  beau 
chemin  où  je  l'avois  mis  au  commencement;  moyennant 
(|ue  l'Electeur  de  Saxe  se  veuille  ranger  quelque  peu  à 
ce  que  je  leur  apporte.... 

(Le  Landgrave  donnoit  à  entendre)  ne  vouloir  parfer 
avant  l'Electeur  de  Saxe,  me  remettant  toujours  qu'il 
conformeroit  sa  volonté  à  celle  de  l'Electeur.  Mais  je  ne 

(i)  Mulhausen,  Cette  réunion,  relative  à  la  cause  des  Pays-Bas, 
se  termina  bientôt  sans  de  notables  résultats. 

(2)  Beau-frère,  Le  Duc  de  Brunswick  avoit  épousé  Hedwige  de 
Brandebourg,  fille  de  TElecteur  Joachiro  IL 

*   pour  Ini  oster  ^T). 


inaj  pasvoleu  laisser  payer  de  cesteinuniioye,  sachant  i 
bien  que  l'Electeur  de  Saxe  trouveroit  inRntment  mauvais  À 
de  luy  charger  tout  sur  les  liras...  A  la  fin  il  m'a  déclaré 
rondement  qu'il  ne  faull  pas  que  je  pense  pouvoir  faire 
condescendre  les  Princes  aux  conditions  que  V.  M.  leur 
faict  proposer  maintenant ....  et  en  premier  lieu  il  me  re- 
monstre la  malveillance  et  haine  de  l'Empereur ,  Roy  d'Es- 
paigne  et  touts  leurs  adhérans,  en  laquelle  les  Princes  si- 
mettent  pour  emhrasser  si  estroictement  Vamitie  de  V.  M., 
et  ce  par  ung  moyen  en  partie  contraire  aux  statuz  et 
ordonnances  de  l'Enijiire;  sans  pouvoir  maictreune  seullv 
apparence  de  dangicr  en  avant  qui  les  contraigne  à  ce 
faire...  Or  craint-il  que  ces  raisons  et  plusieurs  aultres... 
ne  les  refroidissent  et  facent  reculer  ,  quand  ils  verront  les 
grands  frais  (pi'il  leur  conviendroit  porter..;  considémnl 
qu'ils  ne  sont  que  trois  ou  quatre  descjuels  on  puisse 
kire  estât  qu'ils  veuillent  entrer  en  ceste  hgue.  Oultrc 
cela  il  se  dict  esire  bien  certain  et  asseuré  que  les  aultref< 
Princes  de  son  opinion  qu'il  leur  conviendra  envoyer  six 


fois  leur  ? 


i  V.  M.  avant 


que 


s  soyei  jamais 


en  la  painede  leur  envoyer  une  fois...  Tous  tes  Estais 
ensemble  sont  remis  par  serment  de  secourrir  eux  tous 
ensemble  celiiy  entre  eux  qui  sera  le  premier  assuillyj 
dont  ils  se  sentent  aullant  asseures  que  de  ligue  qu'ils 
pourroient  faire.  Que  est  la  cause  qu'il  faict  instance  que 
V.  M.  se  veuille  contenter  des  offres  dont  le  Rue  Jun- 
Casimir  a  faict  mention  par  ci-devaiit;  assavoir  que  les 
Princes  vous envoyroynt  an  cas  denêcessité  3ooo  chevaux 
jasques  sur  la  frontière  à  leurs  despens.  Là-dessus  je  luy 
ai  faict  entendre  que  j'estois  bien  asseure  que  V.  M. 
n'arcepteroit  jamais  ceslc  offi-«,  si  non  de  pareille  oJTie 


—  6*  — 

15^2.  fusse  accepté  de  vostre  part;  que  V.  M.  nentroist  eo 
Août,  ceste  ligue  pour  auitre  raison  que  pour  leur  donner  à 
cognoistre  que  V.  M.  ne  dédaigne  pas  les  honnestes 
offres  que  les  Princes  vous  ont  faict  par  leur  ambassadeur 
à  Villiercostres  '  ;  ains  que  vous  estes  bien  délibéré  de  lier 
plus  étroictement  l'ancienne  amitié  de  vos  prédécesseurs 
et  des  Princes  d* Allemagne ,  pour  la  conservation  de  leur 
£stat  et  pa  js . . .  Voilà  les  raisons ...  et  non  pas  aukim 
doubte,...  vous  sentant  assés  fort  pour  vous  defFendre 
par  la  vertu  de  vos  subjects,  et  les  moyens  des  Princes 
vos  alliez,  et  les  vostres,  contre  le  reste  des  forces  de 
toute  la  Chrestienté....  Sur  quoy  il  ma  responda  pour 
resplique  qu'il  seroit  infiniment  ayse  que  les  Princes 
vous  eussent  accordé  le  secours  que  vous  demandez, 
qu'il  ne  les  en  [détoumoit]  pas  pour  sa  part;  mais  ai  V. 
M.  se  pensoit  opiniastrement  arester  sur  ceste  demande, 
qu'on  pourroit  bien  dire  adieu  à  ceste  négociation  et  à 
toute  auitre  espérance  d'ung  plus  grand  bien  *.  Car  si 
le  nombre  des  Princes  estoit  plus  grand,  ils  ne  doob- 
teroient  pas  que  leurs  offres  seroint  plus  réaies  et 
magnifiques:  qu'il  supplioit  très  buniblement  V.  M.  de 
ne  laisser  pas  ainsy  escliapper  de  vos  mains  ce  que  vos 
ancestres  ont  tant  travaillé  et  souhaicté  autres  foix  de 
vouloir  et  pouvoir  gaigner.  Après  ceci  il  est  venu  tomber 
sur  les  forces  Françoises  que  V.  M.  offre;  où  il  m'a  dict, 
pour  toute  résolution,  qu'il  fault  nécessairement  que 
vostre  secours  soit  argent  content  ou  gens  de  guerre  de 
la  nation  Germanique  ;  car  les  Princes  d'Allemagne 

^  jamais  tant  que  d'encourir  une  telle  reproche,  blas- 

'    Mllers-Colcrels.      '  Ict  est  écrit  en  marf^e:  li  cnicnW  Testai  du  Roj   et 
Romains.      ^   /Mcunc;  «ppairmment  ne  feront  j.  t. 


—  7*  — 

DM}  et  vitupère  de  vouloir  appeler  et  mener  en  Allemagne  1572. 

des  forces  estrangiers Je  luy  aj  remonstré  les  raisons  Août. 

pour  lesquelles  V.  M.  avoit  délibéré  à  envoyer  gens  de 
guerre  de  vostre  Royaume;  attendu  mesme  qu'il  y  auroit 
beaucoup  plus  de  seureté,  autorité  et  confiance  entre 
les  deux  parties  de  se  voir  réciproquement  secouru  Tune 
nation  de  Tautre.  Pour  tout  cela  ne  Tay-je  sçeu  esbransler, 
ains  m'a  dict  pour  conclusion  q'il  s  asseuroit  que  V.  M. 
recherchoit  Taniitié  des  Princes  pour  leur  ayder  à  main- 
tenir leurs  Estats,pays,  honneur  et  réputation,  non  pas 
pour  leur  machiner  une  reproche,  blasme  et  escorne  '  à 
Fendroict  de  Dieu  et  du  monde  :  assavoir  de  les  vouloir 
fidre  promettre  à  ung  Prince  estrangier,  sans  aulcune 
nécessité  et  s'obliger  de  vouloir  faucer  '  ce  qu'ils  ont 
tant  religieusement  juré  entre  les  mains  de  tous  les  £s- 
tats  de  TEmpire.  Or  il  est  demeuré  ferme  en  ceste  ré- 
solution  Le  27  il  m'envoya  sa  responce  par  le  Maré- 
chal de  Hessen ,  par  son  chamberlan  et  par  Simon  Binge.... 

[dus  une  défaicte  qu'une  déclaration  de  sa  volonté 

Le  Landgrave  m'a  dict  au  surplus  qu'il  ne  pense  pas  que 
je  puisse  faire  condescendre  l'Electeur  de  Saxe  à  contribuer 
des  gens  de  guerre ....  ;  car  il  m'a  offert  vouloir  mon- 
8lrer  une  lettre  que  l'Electeur  de  Saxe  lui  a  escrit  de  sa 
propre  main  depuis  son  partement  de  Cassel,  par  la* 
quelle  il  luy  mande  qu'il  a  pensé  et  repensé  aux  offres 
des  3ooochevaulx  dont  ils  avoient  parlé  à  Cassel,  mais 
qu'il  treuve  que  pour  plusieurs  grandes  raisons  les  Princes 
ne  debvoient  entrer  en  aulcune  promesse  de  vouloir  en- 
voyer ou  demander  des  hommes  de  guerre,  et,  quant  à 
luy ,  q'i'il  est  d'opinion  et  qu'il  y  persévérera  que  le  se* 

'  bonté.     '  fausser. 


—  8*  — 

1 5ytÀ.  cours,  tel  quel  il  sera  accordé,  debvra  [se]  faire  en  argent..^ 
Août.  Le  mot  de  h'gue  leur  est  aussy  extrêmement  odieux  et  ne 
veulent  ouyr  parler  que  de  correspondence,.»..  Le  Duc 
de  Bavière  a  escrit  une  grande  lettre  à  TElecteur  de  Sexe.. . 
par  laquelle  il  luy  donne  des  attacques  à  cause  de  ceste 
présente  ligue,  mais  FElecteur  luy  escrit  une  aultre  pour 
responce  où  je  vous  asseure  il  nespargne  pas  sa  révérence, 
ni  la  ligue  de  Landsberg  (i),  sans  oublier  la  faveur  qu'il 

faict  au  Duc  d'Albe Le  Duc  Ghristoffle,  fils  du  C 

Palatin ,  a  défaict  deux  compagnies  de  reitres  d'un  nommé 
Brempt. . . . 


G.  de  Schonberg  au  Duc  d'Anjou  :  Cassel ,  ag  août  (MS.  P.  C  4oo). 
—  Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  favorable  aux  vuei  da 
Duc  sur  la  couronne  de  Pologne. 

....  Je  vous  asseure  quand  le  Landgrave  m'a  ouy  pronon- 
cer ces  mots  que  je  sçavois  pour  certain ,  si  vous  eusâei 
peu  parvenir  à  la  couronne  de  Pologne',  que  vous  n  y 
auriez  rien  espargné,  il  s'est  mordu  les  doitz  et  arraché 
la  barbe,  maudissant  (vous  me  pardonnerez,  s  il  vous 
plaict)  la  nonchalance  de  n'avoir  plus  tost  songé  et  pensé 
seulement  à  vous  préparer  le  chemin  à  ceste  couronne. 
Il  se  donne  à  tous  les  diables  si  vous  ne  l'eussiez  emporté 
et  si  les  Estats  ne  vous  eussent  eux-mêmes  offert  la  cou- 
ronne, quand  ils  auroient  seulement  senti  le  vent  que 


(l)  Ligue  de  Landsberg,  Alliance  entre  les  Etats  Catholiques  de 
TAllemagne  McTidionalc  (i556)  sous  la  direction  de  l'Autriche  et 
de  la  Bavière. 


—  9*  — 

TOUS  auriez  eu  Tolonté  dy  entendre. •••;  ils  sont  quatre  157a, 
à  poursuivre  ceste  couronne;  le  fils  de  l'Empereur,  le  Août. 
Muscovite ,  le  Roi  de  Sweden  et  le  Duc  de  Prussie. . . . 


8. 


G.  de  Schonberg  à  la  Reine-Mère:  Cassel  219  août  (MS.  P.  C. 
400).  —  On  doit  se  hâter  de  mettre  les  bonnes  dispositions 
des  Princes  Allemands  à  profit. 

•...Je  serois  d'opinion  que  le  Roi  print  présentement  des 
Princes  ce  qu'il  pourroict^  affin  qu'il  les  séparast  et  mist 
seullement  en  jalousie  avecques  la  maison  d'Austriche; 
car  ce  faisant,  tous  couppez  la  broche  à  l'ung  et  préparez 
le  chemin  à  Taultre  de  parvenir  à  ce  que  vous  scavez.  Or 
est-il  à  craindre  que  le  Roy  pensant  gaigner  quelque  chose 
en  prolongeant  ceste  affayre  et  tenant  bon  en  ses  offres, 
ne  perde  beaucoup,  voire  le  tout....  Or  touchant  Taf- 
fayre  que  V.  AL  scait,  le  Landgrave  vous  supplie,  pour 
l'honneur  de  Dieu,  queV.M.  advise  à  attirer,  conjoindre  et 
obliger  à  vous  par  quelque  estroict  et  ferme  lien  l'amitié, 
a  quelque  pris  et  condition  que  ce  soit,  des  Electeurs  et 
Princes....  Tout  commence  peu  à  peu  à  s'acheminer;.... 
car  les  affaires  du  corrival  (1)  se  portent  aussy  mal  en  cet 
endroict  quils  font  en  Pologne....  Y.  M.  ne  doibt  en 
rien  craincre  la  diette  accordée  à  l'Emp'  à  Mulhausen ,  ni 
aultre  diette  impériale  que  ce  soyt;  car  nostre  homme 
Teult  perdre  les  biens  et  Thonneur ,  si  les  Electeurs  permet- 
tent qu'on  en  mette  seulement  ung  pauvre  mot  en  avant. .  • 


(1)  Corrival,  L'Empereur. 


—  10* 


,5«a.       Henri  de  Lorraine  (i)  à  M'  de  Rancé:  Paris  3i  août  (*MS-  P. 

Août       P"P"y]  ^®*-  ^*^-)- 

Quant  je  vous  ay  dernièrement  escript  et  mandé  d'as- 
sembler tout  ce  que  vous  pourrez  pour  tascher  à  rompre 
ceulx  qui  tenoient  la  campaigne  et  oppressoient  le  pauTie 
peuple  en  mon  gouvernement ,  ce  a  esté  freschement  après 
la  mort  de  TAmyral  et  ses  complices,  et  de  la  coUère 
soubdaine  que  le  Roy  avoit  de  la  conspiration  descouverte 
contre  S.  M.  et  ce  qui  la  touche.  Mais  depuis,  j*ay  pensé 
que  faisant  la  déclaration  dont  je  vous  envoyé  la  coppie, 
chacun  se  doibt  retirer  et  rompre  de  soy  mesmes,  n'estant 
|)as  besoin  d'user  de  la  rigueur  de  mes  lettres.... 


lO. 


Le  Comte  Jean  de  Nassau  au  Landgrave  Guillaume  de  Hease: 
Dillenbourg,  5  sept,  (*  MS.  de  Cassel).  —  Relative  a  la  St 
Barthélémy. 

....Der  Ahiiechtîge  wolle  dafûr  sein  das  maii  der  Bapstter 
und  Spanier  practicken  nit  irgent  eininal  auch ,  wie  nun 
zu  ettlich  inalen  in  Franckreich ,  Engelland ,  auch  hiebevor 
zum  theil  in  Deutschiand  gescliehen  und  lieimiicher  weisz 
noch  tegliclis  darinnen  sich  gnugsam  erzeigt ,  desgleichen 
auch  einerlei  solchen  odder  dergleichen  schimpff  und 
nachtheil  in  Deutschiand  erfahre... 


(i)  Henri  de  lorraine.  Le  Duc  de  Guise, 


—  IJ*  — 


II. 


De  Volcob  au    Roi    Charles  IX:  Viemie,  6  sept  (*MS.  P.   iSya. 
C  397).  —  Disposiiioos  de  TEmperear.  Septembrci. 

De  Vulcob  étoit  Ambassadeur  de  Charles  IX  auprès  de  Maximn 
lîeo  II. 

...Les  députés  qui  estoient  àMuIkausen  se  sont  départis 
pas  fort  d*accord  ensemble.  Je  ne  scay  si  c  est  sur  le  faict 
d'une  diète  Impériale  ou  de  Fappointement  du  Prince 
d*Orange...  Pour  dire  en  quelle  affection  l'Empereur  peult 
aToir  Fappointement  du  dit  Prince ,  et  l'apaisement  des 
troubles  des  Pays-Bas,  je  n'en  ay  pas  telle  lumière  que 
je  désirerois  bien.  Mais  je  penserois  que  l'Empereur 
s'employe  à  divertir  le  Prince  d'Orange  de  ses  entreprises 
par  la  sollicitation  de  Tlmpératrice  et  du  Conte  de  Mon- 
tagut,  aussi  pour  ce  qu'il  prévoit  possible  que  si  cette 
guerre  va  en  longueur ,  elle  pourra  apporter  une  éversion 
de  cet  estât  là  auquel  plusieurs  après  pourront  demander 
part,  et  lequel  à  la  vérité  on  peut  croire  qu'il  aimeroit 
mieux  demeurer  entre  les  mains  du  Roy  d'Espaigne  que 
d'autre,  ou  le  veoir  dissipé  en  plusieurs  parts;  ne  s'y 
monstrant  au  demeurant  pas  fort  passionné .... 


la. 

Su  Goani  au  Roi:    1%  sept.   (SUS.  P.    Sc  Germain-Uarlay , 

228,  vol.  79a). 

Jeao  de  \  ivonoe,  Seigneur  de  St.  Goard ,  Ambassadeur  du  Roi 
de  France  eo  Espagne,  Son  Instruclion  (*MS.  P.  St.  G.  H.  aaS, 
vol.  793)  est  datée  le  16  janvier  1572. 


—  12*  — 

157a.       .M.Le  Roi  d'Espagne  m'a  fait  dire,  que,  si  je  disois 
Septembre,  ceulx  qui  avoient  voullu  dire  que  ce  avoit  esté  contre  la 
volunté  et  sans  le  sceu  (du  Roi  de  France)  que  telles  cho- 
ses sefeussent  faictes,  il  les  chastieroit  à  ma  discrétion.... 

i3. 

La  Reine-Mère  à  M*^  de  Schonberg:  Paris ,  i3  sept,  (signée 
aussi  par  le  Chancelier  Brulart.  —  *MS.  P.  C.  400).  —  Elle 
désire  poursuivre  la  négociation  avec  les  Princes  Protestants. 

....Nous  avons  plus  de  volunté  que  jamais  d*estraindre 
ceste  correspondence ,  quelque  mauvaise  interprétation 
qu'on  essaye  de  donner  par  delà  des  choses  qui  sont 
advenues  de  deçà ....  vous  regarderez  à  ne  laisser  entrer 
en  Tentendement  des  Princes  que  ce  qui  a  été  faict  à  TAd- 
miral  et  à  ses  complices  soyt  faict  en  hayne  de  la  nouvelle 
religion,  ni  pour  son  extirpation,  mais  seullement  pour 
la  pugnition  de  la  [scelere  '  ]  conspiration  qu  ils  avoient 
faicte .... 

14. 

Le  Duc  d'Anjou  à  M*"  de  Schonberg:  Paris,  1 3  sept.  (-f-MS. 

P.  C.  5 00).  —  Même  sujet. 

....Quelque  chose  que  Ton  puisse  dire  par  delà  contre  la 
vérité  de  ce  qui  est  advenu  en  ce  Royaulme,  nous  voulons 
estreindre  la  négociation  plus  que  jamais  et  faire  cognoistre 
aux  Princes  que  nous  sommes  leurs  plus  seurs  et  parfaicts 
nniys.... 

'  .icclestc»  exécrable;  scelettus. 


De  Vnlcob    lU   Roi  :  Vienne ,  a6  sepl.   ('MS.  P.  C  397).  —   iS?». 
SeDlimcnti  de  l'Empereur  reUti vente Dt  ■  la  5l.  Barthélémy,      Seplembrfc' 

....Je  fis  enlendré  à  l'Empereur  nommément  qu'il 
n'estoit  point  question  en  cety  du  l'ait  de  la  religion, 
ny  de  la  roulure  '  de  i'Edit  de  pacification,  ains  que 
la  chose  estoit  procedëe  de  la  niallieureuse  conspira' 
lion....  Je  ne  vous  doy  celer,  Sire,  que  l'Empereur  m'a 
monstre  d'avoir  quelque  opinion  du  fait  diverse  de  ce  que 
je  luy  ay  fait  entendre ....  Entre  autres  choses  il  me  dict 
qu'on  luyavoit  escrit  de  lliiine,  n'avoit  que  Irols  semaines 
ou  environ ,  sur  le  propos  des  noces  du  Koy  de  Navarre 
en  ces  propres  termes,  que  à  ceste  Ueure  que  tous  les 
oyseaux  estoient  en  la  cage,  on  les  pouvott  prendre  tous 
ensemble,  et  qu'il  y  en  avoît  qui  le  désiroîent  Et.  tou- 
chant ce  que  je  luy  avois  dit  que  cecy  ne  touchoit  aucu- 
nement le  fait  de  la  religion....,  qu'ily  en  avoit  qui  le 
croiront  nialaysement ,  mais  que  le  temps  et  leseffects 
donneront  tout  àcognoistre.  Surquoy....  je  ne  fus  muet 
»  luy  respondre....  que  ce  n'estoit  de  merveilles  si  tels 
propos  se  tenoient  à  Home,  veu  qu'il  n'y  a  pas  faute  de' 
personnesdececosié-là  qui  eussent  désiré,  il  y  a  longtemps, 
que  sans  aucune  occasion  l'on  eust  fait  mourir  tous  ceux 
de  la  nouvelle  religion,  à  quelque  prix  que  ceust  esté...; 
que  l'intention  de  V.  M.  estoit  de  garder  l'Edict....  J'es- 
père,SireSde  faire  par  le  tems  et  par  plusieurs  audiances 
quel'Empereiirconnoistraqu'ily  a  en  ce  fait  plus  de  vérité 
que  de  vraysemblance ,  et  que,  comme  je  luy  dis  aussy  , 


—  14*  ~ 

iS^a.  ayant  esté  la  maladie  soudaine  et  extrême,  il  aToit  esté 
Septembre,  nécessaire  d'user  de  prompts  et  extrêmes  remèdes... . 

i6. 

Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  à  l'Electeur  Palatin:  Casse!, 
7  oct.  ('f-MS.  C).  —  La  St.  Barthélémy  ne  sauroit  ren- 
▼erser  l'oeuvre  de  Dieu. 

...Das  der  Bapst  und  sein  anhang  ûber  den  jemmeriichen 
und  erbermlichen  mordthat  in  Franckreich  am  Annniral  und 
seinen  mitverwandten  begangen ,  so  hocb  triumphiren ,  das 
musz  man  an  seinen  ortb  stellen.  Es  konne  aber  die  zeitt 
wol  kommen  das  sie  solches  sovill  beweinen  mûsten  als 
sie  es  itzo  lachen,  dann  Gottes  des  Hemn  hand  ist  noch 
unverkûrtzt,  und  stebet  die  erhaltung  Seines  beiligen 
wortts  nicht  uff  den  menscben  oder  personen,  sondem 
uff  den  felssen,  wdches  isst  der  glanbe 

G.  de  Schonberg  à  la  Reine-Mère  :  9  oct.  (MS.  P.  C  4oo)>  — 
Nécessité  de  dissiper  les  craintes  des  Princes  Protestants. 

Madame,  on  précipite  la  diette  promise  tant  qu'on 
veult....  il  fault  nécessairement,  si  vous  ne  vouliez  quit- 
ter de  gay té  de  cueur  une  si  belle  partye  quasi  gaignée ,  que 
par  tous  les  moyens  du  monde  que  le  Roy  pourra  adviser, 
S.  M.  face  cognoistre  par  effect  aux  Princes  d'Allemagne 
que  ce  qu'est  advenu  en  France  n'est  pas  en  hayne  et 
ruyne  de  la  religion  des  Huguenotz  et  de  ceux  qui  sont 
de  contraire  religion  de  celle  de  S.  M.  Oultre  cela  ne  nous 
accule  tant  présentement  nostre  négociation ,  si  non  qu'iU 


—  15*  — 

se  persuadent  asseurément  qu*on  a  voulu  en  ceste  feçon  i57S. 
donner  moyen  au  Duc  cl*Aibe  d'avoir  plus  aisément  la  Occdirf. 
raison  du  Prince  d'Orange ,  et  venger  après  sur  quelque 
Prince  d'Allemagne  la  faveur  qu'il  pourroit  avoir  preste  par 
diverses  foys  au  dict  Prince  d'Orange  et  aux  Huguenotz  de 
la  France.  Mesme  qu'ils  tiennent  pour  chose  tout  certayne 
4giie  le  Roy  envoyé  M*^  de  Guyse....  au  secours  du  Duc 
d'Albe,  à  raison  de  quoy  ils  taschent  à  se  raccommoder 
jnrec  les  Estats  de  la  ligue  de  Landsberg  et  à  se  rappatrier 
«vecques  l'Empereur. ...  Or  je  crois  fermement  que  pour 
tout  cela  l'Electeur  de  Saxe  ne  se  fust  pas  monstre  si  rétif, 
mais  les  dangereuses  attacques  que  les  aultres  Princes  luy 
donnent  pour  avoir  esté  l'autheur  de  la  correspondence 
dont  il  est  question ....  le  mettent  en  ceste  perplexité. . . . 


18. 


Gwde  Schonberg  aa  Duc  d* Anjou:  Ratenow,  9  ocL  (MS.  P.  C 
400).  —  Le  Duc  ne  doit  pas  donner  occasion  de  croire  qu'il 
favorise  le  Roi  d*£spagne. 

•••Je  meurs  de  despit  de  veoir  que  voz  compétiteurs  qui 
méritent  si  peu  à  vostre  resgard ,  sont  en  terme  de  vous 
supplanter,  et  ce  par  les  plus  exécrables  mensonges  du 
monde....  Si  nous  [passons]  cet  orage  à  la  prochaine 
dictte ,  nous  raccommoderons  bien  tout  peu  à  peu  ;  vostre 
compétiteur  ne  s'endort  pas.  Je  vous  supplye  encores  très 
bomblement  ung  coup,  mon  bon  maistre,  prennez  bien 
garde  de  ne  donner  occasion  aux  Electeurs  protestants  de 
iupçonner  à  s'imprimer  davantaige  en  la  teste  que  vous 
jhvorisiez  les  affaires  du  roi  d'Espaigne  en  rien  que  ce 
soit. Ne  luy  faictes  pas  acte  d'ennemy,  si  vous  ne  vouliez; 


—  16*  — 

1 5^21^  niais  puys  hola  !  si  vous  ne  voulez  vous  feire  désarçonner  du 
Octobre,  tout.  Car  vous  scavez  bien  que  iceux  de  la  ligue  de  Lands- 
berg  tiennent  pour  la  vie  pour  le  fils  de  l'Empereur,  et  que 
vous  ne  pouvez  rien  espérer  que  du  reste  des  Princes 
protestants;  et  par  leur  moyen  l'Electeur  de  Mayence,  qui 
s'entend  avecques  eux,  vous  sera  rendu  favorable.. ••  Je 
créveroy  de  despit  si  je  vous  voyois,  sans  vostre  démérite  et 
par  les  meschantes  calomnies  de  vos  adversaires,  faillir  i 
ce  dont  la  seule  noble  couronne  de  France  est  digne  en 
ce  monde.... 

* 

Le  même  au  Comte  de  Retz:  lo  oct.  (MS.  P.  C  4o«)* 

Monsieur,  je  croy  que  nous  ne  serons  plus  en  paine  des 
affayres  du  Pays-Bas,  car  j'ai  senti  ung  vent  qui  souffle 
ung  rappel  des  reistres  du  Prince  d'Orange.  Le  cueur  des 
Princes  sont  bien  changiés  depuis  le  faict  de  Paris,  mais 
j'espère  que  le  temps  et  le  sage  advis  de  leurs  Majestés 
raccommoderont  touct  ;  vous  scavez  quelle  accustume  * 
d'estre  la  première  challeur  en  telles  affayres. . . . 

J.  Schwarz  au  Landgrave  Guillaume  de  Hesse:  Dillenbourg, 
i4  oct.  (MS.  C  ).  —  Reddition  de  Mons. 

Le  Duc  Christophe,  fils  de  TEIecteur  Palatin,  venu  à  Dillen- 
bourg,  a  raconté  les  détails  suivants: 

Graf  Ludwig  ist  nottrenglich  bewegt  worden  die  er- 
gebung  der  statt  wieder  S.  Gn.  willen  den  aufrùrischen 
kriegsvolck  zu  gestatten. 

X  t  eontuaK. 


I  conJitioiu  ont  été  hoi 
dnire  le  Comie  duns  un 


ibles.  Le  Duc  d'Albe  ■  hit  cou.  l&^ï. 

'  à  Roermonde.  (Jclolire. 


5o  habeu  aiicb  Diin  Fretlerico,  le  grand  Priorgenannt, 
und  der  Heraogh  de  Médina  Celi  mit  siiiiderer  ehrerliietung 
Graf  Liidwig  in  dem  AlbaniM^hen  lager  seibst  {lers^Hilicli 
angesprochen{i)iindhabderDoii  Fed.viel  l)as«)lii»iianos  ' 


gemi 


icht,  I 


iderandern  ^icli  erbutten  wu  er  Graf  Lud- 


wigen  freundsihaffi  und  angenehnien  willen  werde  zu 
erzeigen  wissen ,  soll  sein  Gnad  sicli  des  zii  iliin  gewiszUcli 
versehei)  da»  er  »ilclis  so  gern  und  willîg  tlmn  wulle,  alg 
ob  er  S.  Gn.  nechster  verwandter  were.  Dis  sagt  hoch- 
ermelter  Hei-zi»gli  sey  s,  f,  G. ,  in  gegenwerligkeit  dea 
Hem  PrinUen.von  Grave  Ludwig  seibst  i-eferîrl  wurden. 

On  avait  érrll  au  Comte  Jean  que  le  Comte  I^ouis  avoil  dû  pro- 
neltre  de  ne  pis  realrer  dans  les  Etals  du  Roi  d'Espagne,  ni  da 
•ervir  contre  lui  ou  contre  le  Roi  d«  France: 

Der  Ilerzogb  berîcht  das  solclis  geschrey  ungegnindt 
»ej  und  Graf  Ludwig  selbsi  s.  f  G.  vermeldet  babe  das  s.  G. 
fiolcbe  «xler  dergleiclien  bescliwerliclie  condilinnes  nie  ai^ 
gemutbet,  nocb  dicselbigevon  s,  f.  G.  bewilligt  seien  wor- 
tlen:  das  man  stcb  in  warheit  wol  hnt  zii  verwundern ,  und 
erscbeinct  ans  diesem  allem  dos  der  Alniechtige  Gott  den 
frommen  Hern  aus  deni  rachen  der  wiitenden  feinde 
wunderbailirber  vi'vise  und  ûber  aile  nienM:liticbe  zuver- 
«cbtt  hab  wollen  erlosenn....  Graf  Ileinricb  ist,  leibes 
schwscbheit  balber,  auch  snnst  vîeleirht  aus  bevelcb , 
naber  liatis  verrûckt.... 


fi)  Jnfftsprvcktn.  Vojeaai 


~  18* 


ai. 


157a.       St.  Goard  au  Roi  Charles  IX:  Madrid,  i8oct.(*M5.  P.  ^ 
Octobre.  Germ.  H.  aa8,  vol.  791).  —  Il  a  fortement  décooseillé  k  Phi- 

lippe II  toute  mesure  de  conciliation  envers  le  Prince  d'Orange. 

...Je  fis  entendre  au  S'  Roy....  qu*il  se  dict  que  le  Due 
d'Albé  mèsnage  ung  appoinctement  avecqueft  le  Ptiiieé 
d'Orenge-,  et  ung  change  '  de  Genlis  et  autres  prisoniéri 
arecques  les  Evesqués  d'Arras  et  Namnr  et  prësidèilt  de 
Malignes,  et  que  je  le  priois,  ayant  receu  tant  de  bieii 
en  ses  affaires  de  Texëcution  qUe  V.  M.  àVôîc  touk 
faire  dé  ses  snbjects^  lesc^élz  sans  doubte  alloieni  A 
gaillards  et  forts  en  faveur  de  ses  rebelles,  qu'il  n*y  a 
celluy ,  pour  peu  de  jugement  qu'il  ayt ,  qui  ne  confesse 
qu'il  perdroit  ceste  Estât  comme  il  est  tout  clair,  ainsi 
que  par  ce  seul  faict  il  lay t  recouvert ,  ne  entendre  nul- 
lement à  ceste  pratique.  Premièrement  pour  l'honneur 
de  Dieu  et  Son  Eglize,  de  laquelle  il  s'est  toujours  monstre 
fauteur ,  et  l'autre  pour  ne  monstrer  qu'il  ayt  jamais  pensé 
donner  à  V.  M.  autre  que  conseil  de  bon  frère  et 
duquel  luy-mesme  se  vouloit  servir  en  telles  occurences; 
et  pour  Itiy  tourner  à  redire  en  termes  plus  intelligibles, 
c'estoit  que  je  Fadmonestois  de  n  entendre  jamais  à  la 
paix  aveques  le  Prince  d'Orenge,  lequel  j'advertissoisestre 
aux  pires  termes  qui  se  pouvoit  demander ,  ny  ne  souffrir 
que  Ton  laissast  jamais  retourner  les  prisoniers  qui  es- 
toient  es  mains  du  Duc  en  vostre  Royaulme. .  • . 


'   rrli«n<r«b 


G.  de  Scbonlicrg  au  Roi:  Dresde,  [a]  dov,  (M.S.  P.  C.  Wi).  —  iSja. 
Le  Ducd'Allie  prolesle  ne  vouloir  aucunement  molesler  l'Em-  T4oiemIire 
pire:    Maxiitiilien  II  désire   réconcilier  le   Friace   d'Orange 
avec  Philippe  IL 

La  dépesche  de  V.  M.  du  i3  sept,  (i)  nous  a  inBniraent 
servi  pour  adoucir  U  volunté  de  TElicteiir  deSane  (a)  et  les 
cueurs  de  ses  conseillers....  Le  Diio  d'Albe  a  envoyé  ses 
Amliassâdeurs  par  devers  les  dépntés  des  Prince»  c}ui 
estoient  assemblez  à  Coulogne,  leur  faire  des  amples  pro- 
testations.... de  ne  vmilloir  en  faron  du  monde  molester 
le  moindre  membre  de  l'Empire  par  son  armée  ni  aultre- 
ment,  se  plaignant  infinimenl  qu'on  !uy  mestoit  [sur]  à 
tort  que  c'estoit  luy  qui  fust  cause  que  le  Prince  d'Orange 
n'est  rentré  en  sesierres,  suivant  l'intercession  que  l'Empe- 
reur en  a  faicte  par  cy-devant  envers  le  Roi  d  Espaigne  à  la 
sollicitation  des  Princes  protestants.  Que  r»pénence  en 
feroist  cognoistre  le  contraire,  si  le  dict  Prince  y  vouluit 
entendre.  Orà  cetefrert  [rompent]  asteur  les  chemins  am- 
baftStttJeurs  et  courriers  de  l'Ënqvn^ur  au  Duc  d'Albe,  et 
des  Prinres  de  la  ligue  de  Landsberg,  qu'ils  envoient  jour- 

(i)  Da  i3  l'pt.  Celle  dépéehe,  où  te  Roi  l'elTorcc  é'esautr  le 
■a«*Mcre  des  Proleslaoti,  ■  été  publiée;  \oyez  Journal  de  Ile/tri 
m,  Tom.  I,  p.  5l4. 

(s)  EL  dt  Saxe.  Il  avolt  refusé,  par  m  réponse  du  6  ocl. 
(•{•HS.  P.C.  4ooVdelraileravec  lesagenli de Cbarlet IX. -d'autant 
■  qu'il  eal  mémoralil  que  le  ronilemenl  el  bste  de  la  oéçortalion  fut 
■des  le  cotumeoc^meol  l'obtervalinn  de  l'éilii  de  paciâcalion  de 
>SaM^,  Il  eitimc  n'être  besoin  de  ramenirrotr  ici  de  quelle  façon 

ny  m  Mtiifuu 


L 


—  20*  — 

'ï  57^*  nellement  ver»  les  Princes  protestants.  Le  Collonel Swencty 
Novembre,  monstre  Inen  aussi  asteure  qu'il  ne  veult  laisser  perdie 
cette  occasion  sans  vouloir  faire  quelqtie  bon  service,  sll 
le  peult ,  à  son  maistre,  [or]  qu'il  seu  bien  louer  et  vanter 
bien  hault  la  foy  guarclée  au  Conte  Ludwicq  et  aux  aultres. 
Je  vous  asseure,  Sire,  que  ceulx  de  la  dicte  ligue  tascfaent 
bien  à  faire  leur  prodct  de  ce  que  Y.  M.  est  aussi  bien 
comprise  (comme  ils  disent)  aux  articles  de  la  capitulatioo 
de  Alons  en  Henaw  '  que  le  Roy  d'Espaigne,  s'efforcants 
de  persuader  aux  aultres  par  là  une  mutuelle  et  bonne 
intdligence  entre  Y*  M.  et  le  dict  Roy.... 

a3. 

Réponse  de  l'Electeur  Palatio  à  Frégose:  Heidelbei^,  7  aor. 
(traduction  marginale.  *f*MS.  P.  C  4oo). 

...L'Electeur  dict  qu'il  a  bonne  souvenance  de  tout  oequj 
par  cy-devant  s'est  traicté...  et  que  dès  le  commencement 
toute  la  négociation  de  la  ligue  et  correspondence  fîist 
bastye  et  fondée  sur  la  mutuelle  et  réciproque  deffence 
que  les  Princes  entreprendroient  pour  Sa  M. ,  lorsqu'il 
seroit  troublé  et  molesté  de  quelqu  ung  pour  raison  de 
son  Edit  de  pacification ,  ou  eidx  à  cause  de  la  religion, 
soubs  quelque  couleur  ou  prétexte  que  ce  fîist.  Qu'il  ne 
scait,  puisque  les  conditions  mises  en  avant  jusques  icy 
n'ont  esté  aux  parties  recebvables,  et  que  despuis  est 
survenu  en  France  ung  grand  changement  en  Tédict  de 
pacification,  sur  lequel  estoit  fondé  tout  le  traicté,  com- 
ment la  ligue  à  cause  de  ces  occurrences  se  pourroit 
remettre  [sur]  et  achever  avec  les  Princes, . . . 

*  Haln^inr. 


—  21*   - 


24. 


St.  Goard  à  la  Reioe-Mère:  Madrid ,  7  nov.  (^MS.  P»  St.  G,  U,     1 57  a. 

aa8,?oI.  79i>  Novembre. 

..Je  dis  au  [Pr.  Rigoraes  (i)]—,  comme  de  moy  mesmes^ 
qu'il  me  sembloit  que  Ton  usast  trop  mal  à  Fendroit  de 
Vos  Maj.,  endurer  que  le  Duc  d^Alve  voullust  par  ses  dé- 
portements insr>1lans  anéantir  Thonneur  qu  elle  méritoit 
d'avoir  réduict  avecques  tant  de  travaux  et  dangiers  ks 
a£fiaires  du  monde  en  tel  estât  où  elles  estoient*. . . 

Da  Vnleob  an  Roi  Charies  IX:  Vianne,  6  nov.  (f  MS.  P.  C. 
397J.—  G>BTersatioii  avec  l'Espereur  siu*  la  St.  Barthétcmy. 

.•.J*ai  fait  entendre  à  l'Empereur ,  comme  le  Roj  de  Na- 
varre avoit  commencé  d'aller  à  la  Messe....  ainsi  quavoit 
eût  aussi  M.  le  Prince  de  Condé. . . .  Sur  quoi  il  me  ré- 
]N>ndit  qu'il  le  croyoit  aisément  et  qu'il  ne  jKiuvoit  faire 
autrement,  ce  qu*il  me  ré{)éta  plus  d*une  fois,  nonobstant 
^e  je  lui  disse  (pi'il  lavoit  fait  sans  contrainte...;  puis 
€itmt  tombé  sur  le  propos  général  de  ce  qui  est  passé 
par  delà,  conune  je  lui  répétois  les  occasions  certaines 
qu'en  avoient  donné  ceux  qui  en  avoient  pcirté  la  peine., 
me  dict  que  quand  on  veut  faire  une  chose,  on  nede- 
moure'  jamais  a  faute  de  trouver  couleur  et  prétexte. 
Davantage  qu'il  y  en  avoit  qui  disoient  qu^on  avoit  trouvé 


(s)  Bigornes»  Rn j  Gomez  de  Silva ,  Prince  d'Ebolî ,  un  de»  prto- 
dpanx  copteiPen  de  Philippe  II,  oppoié  au  Doc  d'AJbe:  BatUf , 
P.  a.  #M.  p.  i56. 


—  22*  ~ 

157a.  un  autre  moyen  d*extenuiner  tous  les  Huguenots  de 
Novembre.  France  que  par  la  religion ,  qui  estoit  semblable  à  cetui 
dont  on  avoit  use  es  Pays-bas.  Que  TElecteur  Palatin  lui 
en  avoit  escrit,  monstrant  den  avoir  très  mauvaise  opi- 
nion et  mal  contentement ,  et  le  prioil;  d*y  remédier  s*il  le 
pouvoit,  mais  que  ce  n  estoit  chose  qui  fust  dans  sa  main..; 
qa  il  y  en  avoit  qui  vouloient  dire  qu'il  estoit  parUcipAOt 
au  conseil  qui  en  avoient  esté  pris^  mais  que ,  pour  en 

parler  librement,  il  n*en  estoit  rien Il  me  dit  qne 

(depuis  les  choses  avenues)  on  lui  avoit  mandé  de  Rome 
que  M'  le  Cardinal  de  Lorraine  avoit  dit  que  tout  le  fait 
avoit  esté  délibéré  avant  qu'il  partist  de  France.  A  quoy 
je  respondis....  qup  celuy  qui  Tavoit  escrit  pouToit  bien, 
soubz  correction,  estremal^  informé,  on  quecpelquun 
Tavoit  possible  faulsement  raporbé  pour  le  qdonmier.... 

Su  Goard  à  la  Reine-Mère  :  Madrid ,  1 5  nov.  (*  MS.  P.  St,  G.  E 

aa8,  vol.  791)» 

...Je  sçay  asseurément  que  Don  Diego  (i)  a  escript 
de  deçà  que  Texécution  faicte  sur  Tadmiral  et  ses  adhé- 
rens  estoit  advenue  innopinément  et  par  cootraincte,ne 
pouvant  moins.  Je  ne  me  suis  pas  teu  de  parler  contre 
tous  qui  [eurent]  telles  opinions.... 

27. 

DeVuIcob  à  la  Reine-Mère:  Vienne,  16  nov.  (*M5.  P.  C  S^?). 
—  Opinion  de  TËmpereur  relativement  aux  Pays-Bas. 

...Ace  que  je  puis  comprendre  des  propos  derEmpereur, 


^i)  D,  D.  Don  Diéfîo  de  Cuniga,  Ambassadeur  de  Philippe  H 


auprcs  du  Roi  de  France. 


il  a  opinion  que  le  Prince  d'Orange  voudra  encore  faire  '3?*^ 
fjuelque  cliosc  au  renouveau ,  et  continue  de  dire  que,  tant 
que  le  gouvernement  des  Espaignolz  sera  aux  Pays-bas, 
il  y  aura  tous  les  ans  quelque  »eniblable  trouble.  Je  vois 
qu'il  voiddroit  que  le  I\oy  d'Espagne  eust  bitillé  dès  le 
commencement  à  l'ung  de  ses  enfans  ou  pour  le  moins  de 
se»  frères. . . . 

a». 

5r.  Goard  au  itoi  Charles  IX:  Madrid,  lâ  nov.  [f  M5.  P.  Si.  (1. 
H.  aa8,  vol.  791).  —  Eolre^ue  avec  Pbilïppell. 


St.  Goard  *  fait  rnnarqat 
fairca  du  RA  d'Eipagne 


e  soa  tnailreaToil  favorisé  les  (f- 


en  choses  importantes,  ce  qui  toutesfois  estuil  1res 
mal  recognu  par  les  deportemeiits  du  Ouc  d'Alve, 
lequel  en  mon  parlicullier  j«  pouvois  accuser  de  ce 
HUf.  plus  librement  je  puis  dire  estant  Ambassadeur  de 
V.  M.,  qui  est  qu'il  avoit  perdu  les  Pais-Bas,  sans  le 
secours  et  lion  ayde  qu'elle  luy  avoit  donné  et  porte  en 
t'esécution  de  l'admirai  et  ses  adiierans,  lestjuels  n'avoieut 
moindre  pouvuir  que  de  mener  quinze  mille  barquebu- 
uen  et  deux  mil  clievaulx  tous  d'une  nation;  desquels 
V.  M.  n'avoit  pas  peu  travaillé  d'arester  le,  cours 
depuis  la  deffaicte  de  Genlis  et  reprise  de  Valentiennvo  ; 
et  <]ue  les  praticques  dudit  Duc  avnient  assez  de  t'ois 
empesché  l'exécution  au  pansement  là  où  elle  a  tant 
travaillé,  iaisant  tout  ce  qu  il  pouvait  pour  mectre  tout 
eo  mcEGdance  et,  |>ar  tel  artifice  leur  [se  îry  ntaiiarl  U 
guerre  en  vostre  Koyaulme,  sans  considérer  qu'a vecquc» 
relia  il  maintenoit  et  augmentoit  l'auctorité  à  l'admirai, 


—  24*  — 

'^7^*  qui  àradvenir  n'eust  failly  aixëcuter  ce  que  Fambissioii 
ovembre.  j^utruy  luy  avoit  mis  en  main,  et  que,  encores  ceToyanf, 
avoit  failly  à  ce  descharger  de  la  bourasque  par  ce 
moien;  il  avoit  faict  toute  œuvre,  pensant  couvrir  sa  faulte, 
à  tirer  voz  deux  Majestez  à  la  guerre  par  infiniz  soubçons 
et  déportements.  Mais  que  Dieu  n*avoit  voullu  que  tefles 
choses  advinsent,  ayant  esté  le  tout  remédié  parvostre 
prudence  et  si  grande  patiance  pour  exécuter  entreprise 
de  telle  conséquens;  ne  pouvant  nullement  Y.  M. 
comporter  d*estre  offencé  de  ceulx  qui  ont  receu  tant 
de  faveur  par  ces  œuvres  et  lesquels  font  profession 
d'estre  de  ses  amis.  Faisant  en  cela  ledit  Duc  des  fautes 
si 'grandes  pour  lingratitude  de  laquelle  il  use,  ayant  esté 
secouru  à  tel  besoing  et  si  à  propos,  et  où  il  n  y  avoit 
autre  remedde,  et  puis  parler  si  mal  d*un  sr  grand  Roy: 
disant  que  cestoit  chose  furieuse,  légière,  et  non  pansée 
cpie  ceste  exécution;  cuidant  par  là  s'agrandir  où  il  se 
trompe ,  par  ce  que  cella  d<mne  occasion  de  publier  les 
fkutes,  pour  bon  et  sage  qu'il  soit,  qu'il  avoit  faictes  en 
ce  gouvernement,  et  lesquelles  je  pourrois  dire  poinct 
pour  poinct ,  quand  il  en  feriiit  besoing,  comme  les  aiant 
estudiées.  Et  de  dire  encore  que  la  crainte  prinse  au  re* 
couvrement  de  Vallantiennes  et  deffaicte  de  Genlis  avoient 
contraint  prandre  nouveau  dessaing,  il  ne  peult  estre 
plus  véritable  des  pensées  d'aulruy  que  ceulx  mesmes  qui 
\es  ont  et  les  disent;  Fapelant  luy-mesme  à  tesmoing  de 
ce  que  je  luy  avois  dict  une  fois,  traictant  avecquesloy 
à  TEscurialsurlessoubconsenla  fuicte(i)du  Conte  Ludo- 
vicq  et  la  surprince  de  Monts  et  Valen tiennes,  où  je  luy 

.«!■  ■  ■  ■  ■■■■■  ■  I  1  ■■■»■■■.  ^ 

(i)  /uicte.  Son  départ  de  Fiunce. 


dictï-quej'cstiinoies  toutes  ses  [furies  et  commeowmens]  1373. 
de  pcti  de  rarnivement'  ;  mais  qu'il  vouliist  arnir  une  peu  Wo»einbrï 
de  patience ,  et  que  le  Duc  d'AKe  ne  voiihial  riens  gasier, 
et  que  les  affaires  tie  V.  M.  esl. lient  de  telle  qualité 
qu'elles  n'estoient  entendues  que  d'elle- me.tnie,  et  que 
tes  leur  ne  pouToienl  estre  remédiées  que  par  elle,  et 
t]a'ilz  voient  et  est  [senei]  cognii  de  loute  la  Clireslienté; 
me  eshahissnnt  comme  toutes  clioses  avoient  si  bien 
reiitts^  veu  les  grandes  traverses  que  l'on  luy  avoient  don- 
nées ,  aiant  esté  contrainct  à  meune  temiis  avoir  joué  deux 
jeu\,  l'un  pour  monstrer  air  Duc  d'Alve,  toutefois  le 
litston  en  la  main ,  pour  la  lionne  intention  que  l'on  avoit 
à  l'union  et  à  ayder  leurs  affaires,  l'autre  la  dissimula  lion 
nTeci|ues  ses  factieuv,  pnurà  U-nips  pouvoir  exécuter  ce 
cpiel'on  voit — 

29- 


n^nse  du  Undgraie  r.uilUumi!  de  Hesse  au  Roï  Ch«rUs  IX  : 
Cwsel,  ifi  noT,  (Imd.  m*rç. —  'MS.  P.  C  400). 

11  a  volontiers  entendu  les  déclarations  de  bonne  volonlé 
etc.  de  leurs  Maj.  aussi  par  G.  deSchonberg,  espère  qu'ilz 
les  mettrrunt  en  effect  et  ne  s'en  laîrront  destuumerà 
ruhrenir.  Quant  au  chef  de  la  négociation  de  S,,  qui! a 
bonne  souvenance  des  choses  traîctées  d'une  part  et 
d'aultre,  et  de  ce  que  de  Sun  costé  îl  y  avoît  a|>|)urtB  en 
très  Ix-nne  intenti.)nî  qu'U  estime,  si  les  affaires  fussent 
demearées  en  ces  premiers  termes,  que  les  moyens  que  S. 
M.  a  faict  ilcspuis  [>ri>j>t>scr  par  S.  pouvoient  réussir...; 
mais  la  dite  mutati"n  estant  survenue,  [pour]  laipielle  on 
auroît  faict  à  Borne  et  autires  lieux  des  feux  de  jojre,  elle 


—  26*  ^ 

1579.    avoit  plusieurs  persioiuie^  troublées  en  leur  jugement  pt 
J^Qfmnhre.  baUlé  des  impressions  sinistres;  voire  auroit  ainsi  esté 
recueillie  et  interprétée  comme  si  par  de  telles  violences 
les  causes  et  le  fondemept  de  I9  négociation.,.,  estoient 
du  tout  toUus  '  et  abolis;  dont  il  ne  peult  comprendre 
cpnunent  en  cesjte  récente  mémoire  des  chqs^s  advenues, 
pp  pourroit  la  remectre  sus.  Que  pour  raffectioii  <|u*il  a 
de  tout  temps  portée  à  la  couronne  de  France ,  il  a  esté 
t^^piarfy  d*entendre  la  dite  mutation,  et n  a  non  seulement 
cpn^passion  avec  les  subjects  de  S.  M.  quy  y  ont  perdu  la 
yie,  ains  regrette  encpres  quà  cause  d*ung  tel  faict  se 
^m^  par  tous  pays  et  nations  des  bruictz  et  ^eprpcbes 
peu  honorables.  Que  de  sa  pjart  il  eust  désiré  que  les 
^^JEaires  se  fussent  passées  avec  plus  de  doulceur  et  sans 
les  précipiter.  Toutefois ,  puis  aux  choses  faictes  il  n  j  a 
de  remède  et  cjue  S.  M.  en  ses  lettres  asseure  qu  die  est 
maintenant  Boy  plus  absolu  let  plus  libre  en  son  estât, 
quil  espère  et  se  promect  d'elle,  qu'elle  aura  aussy  tant 
plus  de  pouvoir  et  de  volonté....  à  maintenir....  son  édict, 
sans  permettre  que  ses  subjects  soyent  de  tdle  façon  mo- 
lestés et  inquiétés  en  leurs  consciences,  comme  Ton  diet 
qulls  le  sont.  De  quoy  il  supplie  S.  AL. . ..  particulièrement 
de  sa  part.... 

3o. 

Le  Duc  d'Anjou  à  M'  de  Schonberg  :  Paris,  1 7  nov.  (*MS.  P.  C  400). 

...Vous  asseurerez  toujours  lesPrinces  que...  les  cbosesque 
Ton  vous  a  escrites  de  ce  qui  est  advenu  en  ce  Royaulme 
sont  véritables,  et  advenues  inopinément  sans  avoir  esté 
en  façon  que  ce  soit  préméditées;  que  le  Roy....  et  moi 

I  6iéf  »  tcitere^ 


—  27-  — 

n'BTow  jamais  eu  ni  n'aTons  aulcune  inldligence  avee  le  1679. 
Boy  d'Espagne  contre  ceuk  de  la  religion ,  et  que  se  u>nt  SombIn»  j 
toutes  inipostiiies  que  ce  que  l'on  en  dîci  journellement 
aux  Princes,  comme  vous  entendrez  encores  plus  ample- 
ment de  H'  le  Conte  de  Betz.... 


St.  GtMTd  lu  Roi  Charles  IX:  Madrid ,  17  déc  [*HS.  P.  $L  G. 
U.  aa8,  vol.  ;gt].  —  Le  Duc  d'Albe  en  défaveur. 

—Quant  au  Ducd'Aive,  je  puis  Bsseurer (à  V.  M.)  que  s'il 
avoit  îcy  quelque  rnide  cnneniy  qui  me  voullust  ayder,  je 
l'aurois  mis  en  nng  Las  chemin;  je  puis  asseurerà  V.  M., 
encores  que  le  Roy  Caih.,  pour  e^tre  prudent,  dissimule 
dextrement  les  fautes  de  ses  Ministres,  mesniemeni  quant 
il  n'y  peult  remédier,  je  s^'ay  que  en  luy-niesme  îl  est  très 
mal  satisfait  du  Duc ,  tant  pour  les  plaintes  que  je  luy  ay 
faictes  des  mauvais  pro«-édés  qu'il  tenoit  en  ses  déportemcns 
i  l'endroit  de  V.  M. ,  que  pour  ce  qu'il  a  très  bien  compris 
'  et  tyranniques  déportemenls  ont 
esté  cause  démettre  sesPays-Bascn  compromis,  mesmesque 
l'on  se  plaint  qu'il  a  voullu  mener  toutes  les  aÛ'airesconIre 
le  règlement  que  l'on  luy  eu  donnoit  ;  comme  il  apert  bien 
n'avoir  voullu  publier  le  pardon  envoie  de  longtemps, 
comme  je  Gcti  entendre  à  V.  M.  de  l'iieure  mesine  qu'il 
fust  depesche.  L'on  le  veult  tirer  de  lu.  Mais  l'on  ne  sçalt 
oommen ,  jusques  à  ce  que  l'on  ne  voie  à  quoy  [proc^era] 
le  Prince  d'Orange,  d'autant  que  l'on  craint,  introduisant 
nouveau  Gouverneur,  que  l'ambition  decesluy-ey,  etpeur 
tpiB  autre  Est  mieux  et  que  cela  vint  à  sa  lioote  et  cunfu- 


—  28*  — 


1S73*    sioil,  il  y  ioTentast  nouveau  anbarrasz,  et  aussi  que  les 
'ùéoÊmhn.  principaux  de  ce  conseil  sont  bandez  à  sa  défence.  •  • . 


3a. 


St.  Goard  à  la  Keînc-Mère:  Madrid,  6  janv.  iSj^  (*5IS.  P.  Sl  G, 
IL  aa8,  vol.  79a).  —  La  Su  Barthélémy  acte  prémédité. 

A  son  instigation  le  Général  des  Cordelier«|  qui  est  FraiiçoiS|  a 
raconté  à  Philippe  II 

qu'il  y  avoit  deux  ans  qu  il  n  avoit  veti  Voz  Maj.,  mais 
que  de  ce  temps-là  il  les  ayoyt  tnmvées  tant  dispcisées  en 
FexÀ^ution  du  faict  advenu  qu'il  s  esbahissuy  t  comme  Tire 
de  Dieu  n'estoyt  tuml)ée  ou  ne  tunilniyt  sur  ceulx  lesqaeb 
vouloyent  objtcurcir  l'honneur  que  Voz  Mbj.  méri- 
toyent  (i)...,  et  qu'il  avoyt  entendu  que  quelques  ui^ 
de  ses  Ministres  et  piincipalement  ceulx  qui  en  cueillent 
le  premier  fruict,  s  y  compor  toyent  très  mal,  et  de  telle 
sorte  qu'il  seroyt  danger,  si  Ion  n'y  remédioyt...,  que 
ayant  affaire  à  ung  jeune  Roy  brave  et  [entrei>renant] 
et  qui  cognoît  ses  forces,  que  le  zèle  que  V.  M.  a  eu  à 
l'union  des  deux  ne  demeurast  foible  de  raison  pour  h 

roainctenir 

33. 

Le  Roi  Charles  IX  à  Sl.  Coard ,  ao  janv.  (*{•  MS.  P.  St.  G.  H. 
aa8,  vol.  79a).  — -  La  Sl.  Barlliéleiny  acle  non  prémédité. 

•..La  négociation  du  Conte  d'Âyamunt(a)  et  d'Arenhergue 
n  a  passé  plus  avant  que  pour  se  conjouir  des  choses  ad- 

(i)  mériloyent.  Voyez  n^.  la,  a/| ,  a6. 

(a)  JyamonU  Antoine  de  Guzman,  marquis  d*Ayamonte,  ea< 
voyé  au  commencement  d'octobre  par  Philippe  IL 


venues....  Mais...  je  me  suis  liien  appercu  [qu'ilx]  tendoient  ' 
à  deux  finsi  l'une  à  me  peisuarler  entrer  en  la  ligne,  de  ^ 
faici  uu  lie  nom;  l'autre  à  enireienir  la  (Clirélientëj  et 
nnUmnient  les  Princes  et  Cnninns  Proiesians  et  l'Angle- 
terre en  nielTiance  plus  gi-ande^  a'accoidunt  avec  le 
▼niage  et  lu  lêgHiiun  du  Cardinal  Ursin  (i),  et  comme  je 
auguroys  liien  qu'iJz  n'eussent  peu  proOicte  au  premier, 
je  me  suis  conduit  aussi  le  plus  dextrement  qu'il  m'a  esté 
possible,  leur  ayant  pour  re%ponce  niys  devant  les  yeuU 
ce  que  j'ay  depuis  mon  i-ègne  et  t'reschemeni  faict  pour  le 
service  de  Dieu  et  la  Cliresiieniè... ,  au  regard  de  l'autre 
je  '  [n'y]  ay  eu  peu)  de  peyne  pour  remédier  à  leurs  ariil- 
Sce-sen  ces  événements,  ayant  publie  etvoullu  fère croire 
par  le  monde  que  nous  avyoint  jure  ensemble  la  ruyne  de 
tous  ceulx  qui  fout  profession  dautre  religion  que  de  la 
nostre,  et  que  ce  que  j  avoys  t'aict,  esloit  avecques  eulx 
prémédité  de  longtemps.  De  faict  leur  persuaMunji  ont 
esté  receucs  pour  &y  fort  vray  sembla  blés,  estant  confor- 
tées d  allées  et  venues  de  ceuU  [qu'ib]  ont  envoyés  ver* 
moy ,  que  sy  la  pure  vérité  n'eust  de  soy  eu  assez  de  force 
pour  surmonter  son  roniraîre,  jcsiime  qu  ÎU  fussent  par- 
venus au  dessein  de  leurs  intentions,  et  ils  nem'eussent 
■eullement  esloigné  et  distraic-t  f  aiiiy  tié  de  la  Royne  d'An- 
gleterre, et  des  Princes  et  Cantons  Proteslans,  maïs  ils 
se  la  fussent  acquise  et  asseurée  à  mon  donmiaige.... 


(t)  VrsÏM  Eavo}épii  le  Pape  à  l'occatioD  de  li  St.  Birlhèlenij: 
d'iprèi  tes  insli'uctloai  •  il  dctoil  chen-hen  ■  inunduire  parfaite 
«entre  S.  M.  et  le  Roi  inleltijence  d'Eipagne;  el  il  tichera  avec  fine 
■  penouion  d'esloign«r  le  Hoi  de*  Àllemandi  et  de*  Angloi*.  ■  Càpt- 
figue,  m.  %i,i. 


—  30*  — 

34. 

xS^S*      Ow  de  Scbonberg  aa  Dac  d'Anjou,  Paris  lo  févr.  (MS.  P«  C  4oo)« 
Février.  ^~  Tentatives  du  Roi  d*£spagoe  pour  parvenir  à  l'Empire. 

...L'Empereur  elles  ecclésiastiques  recherchent  continuel* 
lement  les  Princes  d*une  diète  pensant  sur  ces  entreCaîctes 
en  le  Roy  d'E^agne  à  Testât  de  TEniperettr 

▼eu  les  honestes  offres  qu'il  leur  propose ,  à  scavoir  si  les 
Princes  veulent  consentir  à  leslire  Empereur,  il  promet 
qu'avant  que  d'entrer  en  teste  d  ignitë,  il  ostera  les  Espagnols 
du  Pays-Bas;  qu'il  réunira  le  dict  Pays-Bas  au  corps  de 
TEmpire,  qu'il  remettera  le  Prince  d'Orange  et  tous  ses 
complices  en  leur  bien  et  premier  estât,  et  qu'il  fera  observer 
et  maintenir  dedans  tous  les  pays  de  son  obéissance,  qai 
auroient  esté  ou  seront  encores  incorporez  à  l*Empire,  les 
mêmes  Edicts  et  ordonnances,  qui  ont  esté  establis  eCitf 
gardent  par  le  reste  de  l'Allemagne  surlefaict  delà  religkm. 
Oultre  cela  il  consentquelesPrincesd' Allemagne  retiennent 
le  maniement  et  administration  des  affaires  entre  leort 
mains  et  qu'il  ne  veult  rien  pour  luy  que  le  simple  nom  el 
titre  d'Empereur.  Toutes  ces  offres  et  menées  sont  conduio- 
tes  par  les  Ecclésiastiques  et  maison  de  Bavierres,  et  M 
tendent  pas  tant  en  apparence  extérieure  au  bien  et  udliti 
du  Roy  d'Espagne,  comme  ils  font  àTempeschenient  que  k 
Roy  ou  TOUS  ne  perveniez  à  cest  estât;  mais  si  vous  éplu- 
chés le  fond  du  sac,  vous  trouverez  que,  si  viennent  an 
dessus  de  leurs  menées,  nous  aurons  trop  forte  partie  à 
combattre,  car  ils  nous  esteront  tout  l'appuy  et  force  de 
la  Germanie.. ..  Montmorin  (i)  arriva  hier  de  la  Gourde 

(i)  Montmorin,  «Gallus,  Pnefedus  stabnli  Reginae  matris  Re- 


—  3r  — 

rEmpereur...;  il  dict  qu^il  êe  faict  um  grosse  léVéè  en  i^ji. 
Allemagne;  si  ainsi  est,  ce  sont  les  forces  qne  le  Prince  Fétrler. 
d*Orange  faict  estât  de  lever ,  mais  je  ne  puis  croire  qu'il 
commence  de  si  bonne  heure...» 

35. 

St.  Goard  au  Boi  Charles  IX:  Madrid ,  ai  féTr.  (*  MS.  P.  $L  G. 
H.  laSy  \ol.  792).  —  Dispositions  de  FEmperear;  goaverae- 
meqt  des  Pays-Bas. 

•«TayTeu  quelque  temps  que  Ton  n  estoit  trop  Satisfiltct 
de  l'Empereur,  mais  à  ceste  heure  toutes  choses  sont 
mieulx ,  et  entendj  que  le  dit  Empereur  a  encores  proposé 
au  Roy  Catholicque  de  faire  désarmer  le  Prince  d*Orange, 
si  à  quelques  conditions  qui  ne  seroient  trop  préjudicia- 
bles au  dit  sieur  Roj ,  lequel  n*j  veult  nullement  entendre. 
Je  ne  scaj  si  le  coup  ne  sera  point  faict  premier  '  que 
Ton  le  saiche,  ayant  icy  ceste  bonne  coustume  que  l'on 
ne  sçayt  rien  de  ce  qui  est  arresté  jusques  à  ce  que  Ton  le 
▼oye  exécuté  où  il  doibt  estre.  Cella  est  pour  la  part  du 
Pttjrs-Bas.  Rigomes  fera  tout  ce  qu'il  pourra ,  premier  '  que 
IVm  retire  le  Duc  de  Médine,  et  que  Tony  en  hiisse  ung 
de  party  contraire ,  pour  avoir  esté  lui  seul  cause  qu'il  y 
mjt  esté  envoyé;  et,  s  il  en  sort  ce  sera,  ainsi  que  Ton  asseure, 
pour  estre  envoyé  à  Naples.  Et  les  autres  (i),  cognoissanslé 
mauvais  contantement  que  le  Roy  Catholique  a  du  Due 
dAbre  pour  ses  déportemens  en  ce  gouvernement,  et  le 


>gis  ,  qui  hoc  aono  aliqooties  hoc  est  missos  a  Rege;..  Yicnnae , 
»i5  Jolii  1573.»  Languety  Ep,  secr,  i.  1.  199. 

(1)  hs  autres:  c'csi-à-dire ,  le  parti  qui  veut  la  fuerre. 

*  maH, 


—  32*  — 

l573.  désir  qu'il  a  de  Yen  retirer,  proposent  de  leur  costé  qu'il  y 
FëTrîer.  fauldroit  envdyer  le  Seigneur  Don  Jehan  d'Austriche, 
ou  Monsieur  de  Savoye ,  pour  y  estre  ung  temps  et  y  ré- 
duire toutes  choses. ... 

36. 

L'Electeur  Auguste  de  Saxe  au  Landgrave  Guillaume  de  Hene; 

Torgau,  14  mars.  (*M$,  C). 

...Dosich  anderestedte  undt  festungen  nicht  also  hiehen 
wie  die  zu  Harlem,  so  mochte  zu  emer  friedtUchen  ver- 
gleichung  mehr  hofFnung  seyn.  Indesz  stunde  zu  besorgen 
das  sichs  an  der  assecuration  sehr  stoszen  wûrde,  wefl 
Duca  de  Alba  mit  etzlichen  stadten  so  erbermlich  gehaa- 
delt  haben  soll.,.. 

37. 

Le  Roi  Charles  IX  à  S*  Goard:  Fontainebleau,  17  mars  ("f-MS. 
P.  Su  G.  H.  218  y  Tol.  79a).  —  Il  se  défie  du  Roi  d'E8|iagBe. 

....Le  Duc  d*Albe  faict  battre  le  tambourin  par  tout  kl 
Pays-Bas,  et  s'esquippe  de  tout  ce  qu'il  veoît  estre  néces- 
saire pour  se  garder  et  deffendre ,  sans  y  rien  oublier,  jos* 
ques  à  s'estudier  à  se  reconciliier  les  voluntez  des  subgects 
du  pays.  Ce  qui  luy  sera  très  malaisé  en  si  peu  de  temps, 
par  ce  qu  il  s  est  rendu  trop  odieux  à  un  chacun  pour  les 
mauvais  et  rudes  traictemens  qu'ilz  ont  reçu  de  luy. 
Toutesfois  si  cognoist  Ton  bien  que ,  nonobstant  tout  ces 
préparatifs  de  guerre,  ledit  Roy  Catholique  a  toutes  ses 
cordes  tendues  pour  composer  les  troubles  desdits  pays, 
renouer  avecques  la  Royne  d'Angleterre ,  et  s'asseurer  des 
Princes  Protestans,  en  quoy  Ton  veoit  quil  est  aydéde 
l'Empereur ,  vers  lequel  le  Duc  Auguste  de  Saxe  est  ces 


jours  îcy  allé  bien  innopinément,  en  partye,  cnmnK  l'on 
présume,  pour  cesle  occasion.  Le  Duc  de  Médina  travaille 
aussy  tant  qu'il  peult  pour  mectre  de  l'eau  sur  ce  feu 
avant  qu'il  soit  plus  embrasé,  et  ne  si  '  obmeol  aucun  ex- 
pédient qui  y  peult  servir.  11  y  a  giande  apparence  à  ce 
que  TOUS  me  mandez  de  l'Arclieduc  Ernest  pour  la  résidence 
.  es  dits  Pays-Bas,  s'il  est  desclieu  de  sa  préienlion  au 
Royaume  de  PoulJugne,  en  le  faisant  assister  du  Grand 
Commandeur  qui  est  à  Alillan ,  ou  du  Duc  de  Sesse.  Et  ne 
fault  penser  que  le  dit  Roy  Catholique  [jiense  le  fair]  pour 
malcontantenient  qu'il  ayt  du  Ducd'.\lve,ja('nit'  qu'il  soit 
notoire  à  un  chacun  que  sa  façon  de  proceddcr  a  réduict 
le»  dits  Pays-Bas  es  termes  où  ils  sont,  et  que  le  dit  Duc 
soit  combattu  de  la  part  contraire  auprès  de  son  mai.ttre, 
qui  n'est  foible  ;  mais  pour  contanter  les  Princes  Protes- 
tons, et  composer  ses  aiTaires  par  l'araiahle,  puis  qu'il  n'y 
peult  remédier  par  la  force;  cognuissant  clairement  que, 
s'il  peut  une  fois  terminer  lesdits  troubles,  et  me  laisser 
seul  en  ceste  daiice ,  qu'il  aura  loysir  et  moyen  de  si  bien 
establir  son  auctorité,  non  seuUement  es  dits  Pays-Bas , 
mais  ailleurs,  qu'il  se  rendra  plus  grand  et  formidable 
qu'il  n'a  poinct  esté,  Avecques  ces  occasions  l'Enqiereur 
s'efforcera  de  faire  son  fils  Roy  des  Romains,  sans  que 
nul  ayt  la  hardiesse  et  puissance  de  s'opposcj-  aux  des- 
saùngs  de  ceste  Maison;  laquelle  donnera  enfin  la  loy  à 
toutte  la  Chrestienté.  C'est,  M'  de  St.  Gouard,  le  bien 
qu'ilz  s'efforcent  me  randre  pour  celhiy  qu'ils  ont  re^eu 
de  moy,  qui  est  tel  que  chacun  sçait;  où,  si  l'inteUigence 
estoit  telle  entre  nous  qu'il  conviaîndroit,n»us  pourrions 
farillement  chastier  reulx  qui   nous  font  la    guerre;   et 


1573. 
Mars. 


—  :i4*  — 

i^y'i.  nestoier  nos  pays  de  la  contagion  qui  y  a  esié  introdnicte 
Mars,  par  la  malice  du  temps  et  témérité  de  plusieurs.  Mais 
puisque  ainsi  est  que  le  premier  Boy  Catholique  est  si 
peu  soigneux  du  publicq  et  du  service  de  Dieu,  et  qu'il 
est  tant  seulement  question  de  se  tirer  de  la  presse,  et 
faire  ses  affaires,  jespère  que  Dieu  guydera,  s'il  Luy  plaist, 
mes  intentions  pour  me  desliVrer  de  ceste  guerre,  par 
une  fin  honnorable  et  équitable.- 


38. 


Le  Cardinal  de  Granvelle^au  Prévint  Morillon:  Naples  (i),  i8 
mars  (•{•  MS.  de  Besancon,  Mor.  8,  p.  186}.  —  Affaires  de» 
Pays-Bas. 

..•.Les  François  ont  delà  besoigne  chez  eulx,  plus  qu'ik 
n  en  démesleront  cet  esté,  quelqu* accord  qu'ilz  prétendent 
faire.  Les  parties  sont  indignées  Tune  contre  Fautre  et 
offensées,  et  les  opinions  différentes,  et  n'y  sont  les  cer- 
veaux quisouloient  '  desméler  le  tout; cent  mille escusde 
Lodovicq  sont  peu  de  choses  pour  soustenir  une  guorre 
contre  nostre  Roy,  quoyque  sache  faire  le  Conte  Lodovioq, 
et  sans  argent  TAllemand  ne  bougera,  qui  ne  [vasse]  sinon  à 
'  ce  son,  et  à  la  fin  se  déspérera  le  Prince  d'Orange  de 
pouvoir  soustenir  contre  nostre  maistre,  quelque  appuj 
qu'il  ayt;  car  S.  M.  est  résolue  dy  mettre  le  tout  pour  le 
tout,  et  vous  voyés  que  Ion  renforce  par  delà,  je  diray 
plus  que,  à  mon  advis,  il  ne  conviendroit,  car  ce  n  est 
pas  le  vray  chemin  :  toutefois  je  loue  que  vous  jouiés  au 

(i)  Naples,  liC  Cardinal  y  éloit  Vice-Roi. 

'    nvoient  coutume  de. 


—  35* 

plus  seur,  et  que  vous  estes  sur  le  lieu  et  voyez  de  plus  1578. 
près:  que,  si  vous  appercevez  le  danger,  que  vous  vous  Mars, 
mettez  par  temps  asseuré',  mais  que  ce  soit  avec  fonde- 
ment tel  que  là  Ton  ne  vous  puisse  calomnier  ;  vous  mer- 
ciant  le  soing  que  je  vois  que  vous  avez  du  mien  comme 
du  vostre.  Ce  qu'est  plus  à  craindre  est  le  mal  domestique 
qui  croittra  si  Ton  n'y  pourvoye.  L'on  a  beaucoup  tardé 
d'user  là  des  remèdes  que  l'on  a  icy  usé  contre  le  Turcque 
et  aultres,  et  je  n'entends  pas  que  ce  point  soit  encore 
bien  entendu  là;  il  y  fault  du  mol  avec  le  dur,  et  retirer 
aucuns  des  moings  conipables,  et  des  coulpaLles  ceux  qui 
se  voudroient  réduire,  et  demeurant  peuvent  ruiner,  les 
retirants  peuvent  esbranler  les  aultres.. ..        ^r  ' 

....J  aypiéca*  adverti  que  nous  nous  forcoiiiipttons^  bien 
lourdement  en  noz  peuMonnaires  d'Allemagne,  [dès  lors] 
que  devant  le  partement  du  Roy  despar  delà,  et  depuis  à 
Tinstance  du  secrétaire  du  Pi^inde  d'Orange ,  l'on  donnoit 
les  dites  pensions,  et,  si  S.  M.  est  advertie  de  par  delà 
que  Ludovicus  les  festoyé,  il  devia  considérer  que  je 
disoys  vray.  Encores  ne  se  faict  levée  d'importance  en 
Allemagne.  S'il  est  vray  ce  que  l'on  nous  escrit  de  la  cour 
de  l'Empereur  et  d'Auguste,  l'Electeur  de  Saxe  alla  vers 
FEmpereur  pour  visiter  à  cause  de  la  maladie  de  Sa  RIajesté 
Impériale,  et  avec  ce  se  conférer  de  plusieurs  affaires,  et 
roesmes  de  la  ligue  contre  Turq,  de  l'élection  de  Pologne, 
de  celle  du  Roy  des  Romains  pour  le  Roy  d'Ongrie,  fils  aîné 
de  Sa  Majesté  Impériale ,  et  je  pense  bien  que  Ton  y  par- 
leroit  du  gouvernement  des  Pays  d'embas  et  de  Tappaise- 
ment  des  troubles,  et  d'éviter  que  ce  feu  ne  passe  en 
Allemagne ,  et  encores  de  concilier  le  Prince  d'Orange  ; 

'  en  ^nrrté.      ^   antrcfni^,  oiim,      "*  trompions. 


I  S^S.  mais  se  pauvre  Prince  a  esté  mal  conseillé  d*aToir  fpersîé  '}si 
^rs.  longuement  et  enyahy  les  pays,  d'ainsi  tenir  de  dommages 
et  fraiz,  et  penser  forcer  S.  M.,  et  je  pense  bien  que  l'on 
luj  aura  conseillé  qu'il  feroit  maintenant  bien  d'appœnter, 
quant  il  semble  que,  tenant  Yalcber*  et  Hollande  etpros> 
pérant  à  Herlem ,  il  avoit  Tavantage  pour  pouvoir  traicter 
son  affaire  avantageusement ,  mais  je  nie  doubte  qu'il  a 
trop  attendu  et  qu'il  n'y  parviendra  jamais,  et  que  plus- 
tost  Ion  tâchera  de  s'en  faire  quitte  et  de  son  frère 
conune  de  Turques,  que  devroit  jà  estre  faict  piéça,  et  que 
Sa  Majesté  devroit  prendre  pour  soy  les  biens  que  le  fib, 
Conte  de  Buren,  a  par  delà ,  et  le  récompenser'  largement 
et  libéralement  en  Espagne,  et  que,  s'il  veult  user  de  gra* 
tifications,  comme  je.  tiens  il  conviendroit ,  envers  les 
enfants  d'Aigmont ,  que  ce  fîist  aussi  en  Espagne. ••• 

Le  Prince  devroit  cognoistre  que  je  le  conseiDoye 
bien  de  prendre  la  fille  de  Madame  de  Lorraine  (i)  et  noo 
celle  de  Mauritio^  undemala ,  et  quia  tpse  talis;  ce  mariage 
et  le  frère  luy  ont  faict  grand  dommage,  et  Svendy,  et 
l'hantise  des  Allemans ,  t!e  Cafarelli  et  aucuns  aultres  dis- 
coureurs Italiens.  Je  le  voyoie  fort  bien ,  mais  l'on  ne  ne 

vouloit  croire 

39. 

Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  à  l'Electeur  de  Saxe:  Caiiel, 
19  mars  (-{-MS.  C).  —  Réponse  au  num.  36. 

Il  est  opportun ,  «  itzo  die  rechte  zeit,»  de  s'adresser  à  l'EmpereBr 
pour  faire  cesser  une  guerre  aussi  nuisible, 

der  trostliche  hoffnung  es  mochten  vielleicbt  numnehr 

*  •  ■  Il      II»  — 

(  I  )  Lafiiie  de  M.  de  X.;  Dorothée,  sa  fille  cadette.  D*après  ce  pasisfe 

I  pareisté  o«  quelque  m»t  semblable 
,  Walcfaeren.     '  dédomma}**' 


àxSpaxûeT IractabiUores  sein  fihdaheYot....  Dieserkrieg  tSyS. 
liât  disz  jahr  uns  undt  unsern  Brûdern,  auch  uiisern  un-  Uan. 
derllianen,  ann  zollen,  strasien,  proviandt,  und  veuUen 
handeln'  ,  uber  die  Imndert  tausent  gulditii  aligelragen.... 
W  ie  aber  die  mittell  unnd  assecuration  lu  eînem  solcben 
v«r1rag  zu  finden,  sunderlich  bey  diessen  uiitrewen  zeit- 
len ,  und  inn  frischer  gedeclitnis  vorgelauffenea  rxempels 
trvr'ieutneT  peiftdiae  mitt  den  Adjniral,  solches  konneii 
wir  b«y  uns  nicht  ausdenckenn  — 


4u. 


G.  de  Schonberg  a  la  Beine-Mér«:  Frarirrorl,   ao  m»rs  (P.  C 
^97  )• —  Négocialiom  avec  le  Gimte  Louis  de  Nissan. 

Madame.  Je  ne  vous  fais  longs  discours  jiar  la  présente 
des  occurrences  de  par  deçà ,  ny  de  ce  qui  s'est  passé  entre 
le  Conte  Ludovicq,  le  Sieur  Frégouse  et  moy.  Car 
estant  porteur  d'icelle  sufGsaniment  instruit  de  tout,  je 
m'asseure  qui)  vous  en  fera  ung  très  lidel  rapport:  seule* 
ment  vous  diiay-je  ce  petit  mi>l  que  je  vous  jure  Dieu 
que  le  Roy  et  V.  M.  ont  un  digne  serviteur  au  dit  S' 
Frégouse.  Jesupplietrés-humblement  V.  M.  de  luy  donner 
le  moien  et  la  commodité  propre  pour  faire  entendre  à 
V.  M.  tout  au  long  ce  qu'il  vous  porte:  car  en  ces  choses 
là  consiste  l'empescb émeut  de  (outs  les  desseigns  que  le 
Roy  d'Espaigne  peult  avoir  à  l'encontre  de  vostre  Estât  ; 
par  ce  me^me  moîcn  vous  obviez  et  rompez  toutes  l« 

il  it'csl  DulleoiCTil  probable  que  le  Prince  ail  demandé  an  Bol  de 
c  mariage  et  que  celui-ri  a  il  roru&é  d'après  les  n 


ttduCardiiul  (\'oïeï  Uveitfaa  WiUtm},  Tom.  I,  107  «7). 


J 


—  38*  — 

I  S^S.  entreprinses  que  les  Hugenots  brassent  de  par  deçà  ;  et,  si 
Mars,  vous  ouvrez  le  chemin  à  une  inielligence  fidelle,  des  cor- 
respondances et  aniitiées  asseurées  et  fermes  entre  le  Roy 
et  les  Princes  Prolesiants,  V.  M.  cognoist  assez  le  bien, 
proufict  et  utilité  qui  réuscira  de  cela  au  restablisseroent 
des  affaires  du  Roy  et  à  l'avancement  de  sa  grandeur  et  de 
celle  de  Monseigneur:  qu'est  cause  que  je  ne  vous  en  fais 
plus  longs  propos,  mais  bien  supplieray-je  très-hiinililement 
V.  M.  de  prendre  une  bonne,  stable,  et  prompte  résolution 
en  cecy :  car,  si  V.  M.  pense ,  pour  tenir  les  choses  en  sus- 
pend et  en  longueur  du  coslé  de  V.  M.,  faire  différer 
pareillement  au  Conte  Ludovicq,  à  son  frère  le  Prince 
d'Orange,  et  à  ceux  de  leur  faction  à  prendre  party,  V. 
M.  s  y  pourra  trouver  abusées;  car  le  Conte  Ludovicq  a 
dict  et  redict  rondement  au  S^  Frégouse  et  à  moy  aussy, 
si  dans  peu  de  jours  il  n  a  une  responce  résolue  (qui  ne 
consiste  pas  en  parolles  seulement,  ains  en  apparents  ef- 
fects)  qu'il  ne  peult ,  ny  veult  faire  perdre  Thonneur  à  tout 
jamais  à  son  frère ,  et  à  ces  pauvres  gens  qui  favorisent 
leur  cause,  les  biens,  le  sang,  et  la  vie.  Pourtant  V.  M. 
advisera ,  s'il  lui  plaist ,  de  lui  renvoyer  en  toute  diligence  et 
avecques  une  btmne  résolution  le  dict  S*^  Frégouse,  chose 
dont  le  dit  S^  Conte  m'a  prié  de  vous  supplier  très 
humblement ,  affin  que  plusieurs  personnes  n'ayent  cog- 
noissance  de  ce  faict,  duquel  l'exécution  ne  sortira  aulcun 
effect,  si  cela  n'est  tenu  extrêmement  secret,  ou'  que 
ceulxlà  en  sentent  le  vent  les(|uels  ils  se  '  désirer 

plustost  nourrir  le  feu   en   vostre  Royaulme  et  par  ces 
factions  se  maintenir  en   autorité  et  crédit  panny  tos 

'   ou -couronne.  Ceci  est  onUs  dans  la  Lettre  t  mais  se  trouve  dams  la  mtoats 
■Aïs.  P.  C.  4oo).     '■*  Déchirure.  Apparemment sctahltni. 


—  39*  — 

sabjects,  que  de  conseiller  à  V.  AL  de  dresser  ses  desseins  iSn'i. 
à  la  ruyne  des  anciens  et  criminels  ennemis  de  vostre  M»», 
couronne. 

Madame,  j  ay  au  surplus  prié  le  dict  S^  Frégouse  de 
vous  porter  une  parolle  de  ma  part.  Je  m*asseure  que  V. 
M.  me  fera  cognoistre,  comme  vous  avez  toujours  faict, 
que  vous  désirez  faire  du  bien  à  ceux  qui  sei-vent  fidelle- 
ment  le  Roy  et  Messeigneurs  ses  frères.  J  espère  que  j  ay 
faict  par  cy-devant  déuionslraiion  de  ma  bonne  volonté  : 
Dieu  me  fera  la  grâce  que  les  effects  rendront  tesnioignuge 
de  mes  moieus,  lesquels,  encores  qu'ils  soient  bien  petits, 
seront  à  tout  jamais,  ensemblement  mon  sang  et  ma  vie, 

vouez  et  consacrez  au  service  de  V.  M De  Francfort , 

ce  ao  de  mars  i573. 

De  V.  M.  très'hiunble  tres-obéissant  et  trt*s- 
affectionné  serviteur, 

4i. 

Le  Roi  Charles  IX  à  [G.  de  Schonberg],  ati  mars  (•{-  MS.  P.  Cl. 
4oo).  —  lolentioDS  du  Roi  d'Espagne  à  Tégard  des  Pays-Bas. 

••-H  m'est  venu  un  nouvel  advisd'Fspaigne,  que  le  Roy 
tfEspaigne  est  après  à  moyenner  avec  TEmpereiir,  M' 
mon  l»eau-père,  le  mariage  de  la  Reyne  d'Angleterre  et 
du  Roy  de  Hongrie  son  fils;  par  nie^me  moyeu  veuli  faire 
aoftsy  le  mariage  de  T Archiduc  Ernest  avec  Taînée  des 
InÊuites  et  luv  bailler  les  Pavs-Bas,  et  en  ce  faisant  a^^^ou- 
pir  et  esteindre  la  pension  cjue  prend  en  Espaigne  limpé* 
ratrice  pour  sa  portio»  des  Pays-Bas;  qui  se  faict  par  mon 


—  40*  — 

1673.  beau-père  pour  [inspirer]  Tamitié  des  Pïîn-' 

Mars,  ces  Protestants,  affin  de  parvenir  à  son  intention  de  faire 
eslire  le  Roy  de  Hongi^ie  Roy  des  Romains.  Et  le  Roy 
d'Espaigne  veult  aussy  par  ce  moyen  s*accpiérir  Famitié 
des  dicts  Princes  Protestants  pour  l'accroissement  de  la 
grandeur  de  sa  Maison ,  et  aussi  pour  les  destoumer  de 
porter  faveur  au  Prince  d*Orange  et  de  conforter  ses 
entreprinses  sur  les  Pays-Bas,  et  s'asseurer  de  Famitié  de 
la  Reyne  d'Angleterre.... 

4x 

G.  de  SchoQberg  au  Roi:  [Fibbel],  !i3  mars  (MS.  P.  C  400).— 
Relations  des  Princes  Protestants  d'AIlema^e  avec  les  Hn- 
guenols. 

Le  Landgrave,  ou  an  de  ses  Conseillers,  a  en  ane  entrevue  avec 
de  Schonberg,  dans  laquelle  celui-ci  lui  a  dit 

que  Topiniastreté  des  Rochelois  ne  partoit  d'auhre 
source  que  de  la  suscitation  que  les  Princes  Protestants  et 
aultres  de  leur  religion  leur  en  faisoient,  et  de  Tespérance 
en  laquelle  ils  les  nourrissoient  d*ung  prompt  secours; ce 
que  V.  M.  ne  pou  voit  bonnement  croire  ni  se  le  persuader 
des  dicts  Princes.  Sur  quoy  il  m*a  répliqué  qu'il  me  vouloit 
parler  librement  et  ouvertement  ;  que  telles  et  semblables 
nouvelles  estoient  semées  par  ceulx  quy  désiroient  nourrir 
une  éternelle  défiance  entre  V.  M.  et  les  Princes,  et  parce 
même  moyen  nous  animer  et  endammer  d'avantage  à  la 
guerre  et  extirpation  des  Huguenots,  pour  en  attendant 
faire  leurs  affaires  en  Allemagne  et  pour  avoir  meilleiuv 
commodité  de  dresser  les  préparatifs  de  leurs  menées,  et 
pour  desjoindre  et  désunir  peu  à  peu  avecques  V.  M.  les 


—  il*  — 

Princes  d'Allemagne  et  la  Reyne  d'Angleterre;  entre  la-  i5j3. 
quelle,  et  V.  M. ,  ils  sevantent  indiscrètement  qu'ils  ont  les  Mam. 
moyens  touts  prelz  d'nlliimcr  la  guerre  entre  cy  et 
Penthecostes;  qu'il  estoit  bien  vray  que  les  Huguenots  de 
la  France  n'avnient  pas  faulle  d'amis  en  Allemagne  et 
ailleurs,  «{ui  avoient,  et  la  volunté  bonne,  et  les  moyens 
touts  dressés  pour  les  secourir;  mesme  qu'ils  ne  fussent 
pas  tant  demeurez  àl'estre,  n'eussent  esté  la  peur  qu'on 
feroit  une  tnip  grande  playe  aux  forces  et  finances  de  V. 
M-,  dont  accroislernit  trop  d'avantage  sur  tous  an  Roy 
(l'Espaigne,  lequel  ils  s'imagineni  tout  cerlainement  deb- 
»oir  attenter  quelque  diose  à  l'endroict  de  V.  M.  J  chose 
qui  purteroit  ung  îneTitablc  préjudice  à  ceulx  desquels  les 
Rochellois  pourraient  recevoir  à  ceste  heure  tpielque  fa* 
Tcur.  Qu'il  y  en  avoii  qui  s'esluient  efTorcés  par  touts  les 
artifices  du  monde  de  persuader  aux  députez  des  Princes, 
qui  estoient  assemblez  à  Wurms  [pour]  ung  certain  aullre 
efîect,  {{ue  les  mines  du  Roy  d'Espaigne,  ici  dessus  mention- 
nez, n'esti>ient  que  fainctises'  Espagnolles  bien  [attentes] 
et  mesme  mises  en  a^ont  par  les  François,  faisant  les  deux 
Boys*  que  le  masque  et  faulx  semblant  leur  donneruit  le 
loisir  de  mettre  la  corde  au  en]  du  Prince  d'Orange  et  aux 
Huguenots  de  France  pour  exécuter  tant  plus  à  leur  aise 
cy-après  sur  la  Reyne  d'Angleterre  ce  qui  a'étoit  traicté 
depuis  peu  de  temps  en  çâ  journellement  entre  fAmbas- 
sadeur  du  Ruy  d'Espaignc  et  celuy  d'Ecosse  et  un  quidam 
de  vostre  Ruyaulnie ,  et ,  ce  faicl ,  dégorger  toute  la  félonie 
sur  les  Princes  protestants;  à  raison  de  quoi  on  ne  deb- 
TTOît  plus  s'endormir  à  ce  que  dessus.  Mais  pour  tout  c«la 


ptriM.     «  Afr^n, 


■IM<  tmUiiUwÊBitittl. 


_     42* 

iSyi.  il  ne  pensoit  pas  que  rien  se  l'emuast  en  Allemagne  à 
Mars,  rencontre  de  Y.  M.  poui^  le  respect  et  feveur  des  Hugue- 
notz ,  qu'il  ne  scavoit  aulcunes  forces  en  toute  TAIIemagne 
prêtes  pour  eux ,  si  ce  n  estoit  4  ^>n  5ooo  hommes  tant 
Valons  queFIammans,  Frisiens,  Geldroys^  François,  et 
quelques  Westphaliens,  qu'on  disoit  estre  à  la  dévotion 
du  Conte  Ludovicq,  mais  espars  deçà  et  delà;  bien  craig- 
noit-il  infiniment  qu'une  dangereuse  orage  ne  yous 
tombast  sur  les  bi*as,  si  le  Prince  d'Orange  se  hastnit 
d'accepter  le  traicté  dont  le  Landgrave  avoit  escrit  au 
Duc  Jan  Casimir;  me  disant  pour  conclusion ,  s'il  pensoit 
que  je  le  deusse  descouvrir  à  l'endroict  de  V.  M.  ou  aultres 
d'avoir  parlé  sy  avant  des  choses  cy-dessus  mentionnées  y 
qu'il  se  repentiroit  à  tout  jamais  d'avoir  tant  ouvert  la 

bouche 

Le  Roy  d'Espagne  paye  wachtgetd  à  7000  reistres  et 
deux  régiments  de  landsquenetz,  desquels  on  tient  pour 
tout  certain  qu'il  n'en  a  point  à  £aire  pour  les  Pays-Bas, 
veu  que  rien  ne  se  remue  pour  le  Prince  d'Orange,  ains 
qu'on  espère  voir  bientost  une  paix;  et  m'a  dict  Otto  van 
der  Malslmrg  (qui  est  ung  de  vos  pensionnaires  et  con- 
seiller liien  confident  du  Landgrave)  que  l'Electeur  de 
Saxe  avoit  depuis  naguères  escript  au  Landgrave  que  le 
Roi  d'Espaigne  avoit  envoyé  gentilhomme  de  nom  et  de 
qualité  par  devers  l'Empereur,  pt>ur  luy  faire  entendre  la 
résolution  qu'il  avoit  prinse  de  vouloir  embrasser  une 
amiable  composition  à  l'endroict  du  Prince  d'Orange  et 
touts  ses  adhérans,  qu'il  s'en  remettoit  du  tout  à  l'Empe- 
reur et  aux  Electeurs  et  Princes  d'Allemagne,  qu'il  accep- 
toit  et  promettoit  dès  à  présent  de  ratifier ,  observer  et 
maintenir  inviolablement  tout  ce  que  par  ensemble  ils  en 


—  43»  — 

t 

auroient  advisé;  car  son  intention  et  dernière  réiK>lutiou  iS^S* 
estoit  de  sortir  de  cette  guerre-là Mars. 

43. 

G.  de  Scbonberg  à  la  Reine-Mère:  a3  mars  (MS.  P.  €•  4oo),  — 
Négociations  avec  le  Comte  Louis  de  Nassau. 

Madame,  le  Sieur  Frégouse  yous  aura  amplement 
faict  entendre  ce  que  je  luy  ay  communiqué  touchant  les 
occurrences  de  par  deçà,  et  principalement  touchant  les 
affaires  du  Pays*Bas.  J*.espère  qu'il  tous  aura  apporté 
une  bonne  résolution  du  Conte  Palaiin ,  Tcrs  lequel  le 
Conte  Ludovick  avoit  faict  aller  son  frère  le  Conte  Jan 
pour  œst  efTect.  Il  ne  fault  pas  doubler  que  V.  M.  seau* 
ront  bien  embrasser  ceste  tant  belle  occasion.  Madame, 
le  repos  du  royaulme,  la  seureté  de  TËstat,  la  ruine  du 
capital  ennemi  du  Roy,  la  vengeance  du  tort  qu*il  faict 
à  Monseigneur,  l'estroicte  et  ferme  alliance  des  Princes 
d'Allemagne,  la  subversion  de  touts  les  desseins  de  la 
Maison  d'Austriche,  et  le  comble  de  voz  désirs  est  entre 
les  mains  de  Y.  M.  et  dépend  de  voz  volontei^  Si  vous 
laissez  eschapper  ceste  belle  prise ,  je  me  désespère  que 
TOUS  la  puissiez  jamais  rattraper.  Mais,  Madame,  le  tout 
est  de  se  haster  et  de  tenir  ceste  menée  aussi  secrette, 
que  V.  M.  désirent  les  susdictes  choses  sortir  à  bons 
effects.  Depuis  le  parlement  de  Frégouse  je  me  suis  as* 
semblé  encores  ung  coup  secrettement  avecques  le  Conte 
Ladovfig,  où  nous  avons,  durant  lespace  de  7  a  8  heur 
res,  déliattu  etdiscourru  sur  les  entreprinses  quil  a  en 
mains  (qui  sont  asseurément  grandes  et  belles)  et  sur 
les  conditions  qu'on  pourroit  mestre  en  avant  entre  le 
&oy  et  le  Prince  d*Orange  sur  ce  faict.    Nous  les  avons 


—  44*  — 

i5j^.  mis  par  escrit,  parde  de  sa  main,  parde  de  la  mienne: 
Mars,  le  Conte  les  a  signe,  affin  seulement  que  j'en  pourrois 

asseurer  le  Roy,  pour  tant  plus  faciliter  les  choses  ici 

dessus  mentionnées. 

Les  conditions  sont: 

En  premier  lieu:  le  Prince  d'Orange,  ou  quelqu'un^ 
de  ses  frères,  ayant  pouvoir  de  luy,  promettera  qu'en 
cas  que  le  Roy  Touldra  dès  à  présent  se  déclarer,  et 
prendre  ouvertement  les  armes  contre  le  Roy  d'Espaigne 
en  faveur  de  ceulz  du  Pays-Bas  et  du  Prince  d'Orange, 
le  pays  de  Hollande  et  Sélande  seront  mises  en  la  sub- 
jection  du  Roy  aux  conditions  qu'ils  seront  maintenus 
en  tout  et  par-tout  avecques  leurs  anciens  libertés  et 
privilèges ,  et  que  l'exercice  de  la  religion  Catholique  et 
Réformée  (ainsi  l'appelle-il)  sera  permis  et  libre  à  ung 
chacun,  tant  aux  villes  qu'es  lieux  du  plat  pays.  Et  au 
cas  que  S.  M.  ne  se  vouldroit  déclarer  ouvertement  ^  ains 
seulement  trois  cents  mille  florins  d'Allemaigne  fournir 
(qu'est  la  somme  sur  laquelle  il  faict  instance),  le  Seigneur 
Prince  ou  celuy  de  ses  frères  qui  aura  pouvoir  de  luy, 
promettera  que  toutes  les  villes  et  places  qui  seront 
prinses  au  Pays-Bas,  despuis  l'accord  conclu  et  asseuré 
entre  le  Roy  et  le  Prince ,  demeurreront  en  l'obéissance 
de  S.  M.  avecques  les  conditions  mentionnées  ci-dessus 
touchant  le  pays  de  Hollande  el  Zélande. 

Et  là  où  il  avint  que  le  Prince  ou  ses  adhérant  ne 
prinsent  aulcune  ville  ou  place  d'importance  dedans  cer- 
tain temps  après  le  susdict  accord ,  le  Prince  et  ses  ad- 
hérans  ne  seront  néantmoins  '  tenuz  et  obligez  de  mettre 

'  n.  9.  n.  Le  sens  dcii  être  affirmaUf;  pojrez  Palinéa  suivamt,  et  d 

p,  109,  i.  I, 


(le  susdict  terme  expire)  en  roHéissance  da  Roy  le  pays  t  S^S. 
de  Hollande  et  Zelande.  Man. 

Comme  le  Prince  et  ses  adhéra ns  seront  tenus  de  faire 
pareilteraent,  le  cas  advenant  que  les  villes  et  pinces  d'im- 
portance [prinses]  depuis  le  susdict  accord  vinsent  à  estre 
reprinses  par  forre  uu  nultrement,  ou  qu'ils  fussent 
abandonnées  par  le  Seigneur  Prince  ou  ses  adhérons  ; 
le  tout  aux  conditions  que  dessus,  et  ce  afGn  que  S.  M. 
soit  asseurée  d'ung  certain  fruict  pour  l'advancement 
qu'elle  aura  faicte  île  ses  deniers. 

Le  Seigneur  Prince  et  ses  aclhérans  seront  obligés 
paredlement  de  n'entrer  (après  le  susdict  accord  arrestéj 
enaulcun  traicté  de  pacification,  moin'  en  aulcun  accord 
arecques  le  Roy  d'Espaigne  ou  tel  aultre  que  ce  soit ,  sans 
lesceu,  gré,  et  congé  liu  Seigneur  Roy  de  France. 

Et,  pour  prévenir  le  double  que  S.  M.  pourra  concevoir 
que  le  Prince  d'Orange,  ayant  occupé  les  places ,  les  voul- 
(Iroit  guarder  pour  luy  et  point  satisfaire  à  l'accord,  on 
fera  Unt  que  quelque  Prince  d'Allemaigiie  stipulera  el 
respondra  au  Roy  pour  le  Seigneur  Prince  et  ses  adhé- 
rans,  et  s'obligera  le  dict  Prince  d'AIIeniaigne  au  surplus 
d'assister  S.  M,  de  faict  et  de  force  à  contraindre  le  Prince 
d'Orange  et  ses  adhérans  de  satisfaire  et  accomplir  de 
tout  en  tout  les  susdictes  conventions. 


Madame,  ces  conditions  ne  vous  obligent  à  rien  et 
a  ont  esté  traictez  par  moi  avecques  le  Conte  Ludowig  à 
aultre  intention  que  pour  faciliter  la  résolution  du  Roy 
sur  ce  bict.  Mais  le  Conte  m'a  dict  plus  de  vingt  fiûs, 
«Il  n'avoit  bien  tost  une  résolution  de  V,  H.,  qu'il  pren- 


—  40*  — 

i5yi.  droit  party  et  jquilne  pensoitestre  obligé  à  rien,  si  on 
Mars,  traînoit  ces  clioses  à  la  longue.  A  raison  de  quoy  je  tous 
supplie  très  humblement  de  m'advertir  promptement  de 
ce  que  j  y  auray  à  faire  et  de  la  résolution  du  Roy  sur 
les  dictes  conditions.  Y.  M.  communiquera,  s'il  vous 
plaist,  la  présente  au  Roy,  veu  que  je  ne  luy  parle  de  ce 
faict  en  nulle  façon  par  la  lettre  que  je  luy  escrit.  J'es- 
père, si  V.  M.  faict  confidemnient  communiquer  ce  que 
dessus  à  Monseigneur,  qu'il  vous  supplira  du  [fond]  du 
cueur  et  de  toute  son  arieciion  de  ne  perdre  ceste  occa- 
sion, par  le  moyen  de  laquelle  il  se  pourra  venger  des 
malheureux  offices  que  lui  faict  le  trompeur  Espagnol. 
Or  je  cognois  à  toutes  les  actions,  négociations  et  dé- 
portements  du  Conte  Ludowig  qu'ils  sont  résolus  (pour 
le  moins  bien  fort  enclins)  à  embracer  une  pacification 
au  Pays-Bas,  moyennant  qu'elle  soit  quelque  peu  hono- 
rable et  qu'ils  y  voyent  de  la  scureté.  Lesquelles  deux 
choses  ils  se  promettent  consister  en  l'authorité,  parolle, 
et  foy  des  Electeurs  et  Princes  d'Allemaigne,  que  l'Eni* 
pereur  faict  estât  de  faire  interposer  pour  l'observation 
de  ce  qu'il  leur  sera  promis  par  le  Roy  d'Espaigne;  à 
quoy  les  induiroit  encores  beaucoup  davantage  la  mort 
du  Duc  d'Albe  qu'on  publie  ici  pour  tout  certaine.  Bien 
est  vray  que  la  retenue  des  gens  de  guerre  que  le  Roy 
d'Espaigne  faict,  les  [tient]  en  une  extrême  deffiance,  con- 
sidérant mesme  la  grande  longueur  de  temps  qui  se  pas- 
sera avant  que  les  Princes  d'Allemaigne  se  résolvent  par 
ensemble  sur  ce  faict;  sur  quoy  je  n'ay  failly  de  bien 
remonstrer  et  par  vives  raisons  au  Conte  Ludoviq  que 
toutes  ces  honnestes  offres  n'estoient  que  pour  abuser 
les  Princes  d'Allemaigne,  tromper  et  amuser  le  Prince 


«l'Orange  et  luy,  et  par  ces  ruses  iJétoiirner  el  aiiéantir  iS^S. 
tous  les  desseins  qu'ils  piiurroiRnt  avoir  en  main.  Voyez  M«r», 
là,  Mailame,  pnurfjuoy  H  ne  fault  pt-rdre  lemps,  ains 
battre  le  fer  uinilis  tjuil  est  eniores  cliautl.  Si  je  sçavois 
par  mon  sang  et  le  liuzai-fl  de  ma  vie  advancer  le  bien  et 
le  servire  du  Roy  cl  de  Alesseigneurs  ses  frères,  je  my 
empluieroisencores  plus  librement  ijue  jen'esi-nscecy. 


V.  M.  aura  peu  eurendre  par  Trégouse  comnte  il  est 
arrivé  auprès  du  Conie  Luduwig  un  qui(i.im,luy  portant 
lettre  de  créance  d'ung  ijuil  disuit  se  nommer  le  Ditron 
Ringrafe(t);  par  sa  créance  il  disoit  que  le  Baron  l'avoit 
envoyé  par  devers  le  Cunie  pour  luy  fuîre  entendre 
comme  il  nuroist  esté  depesclié  de  V.  M.  pour  empoi- 
sonner le  Prince  d'Orange  ou  le  Conte  Ludoviq,  luy 
discourant  toutes  les  circonstances  du  jour,  du  lieu,  du 
language  que  vous  luy  auriez  tenu,  et  qui  estoit  en  la 
chambre  de  V,  M.  quand  il  receut  ce  commandement; 
qu'il  avoit  premièrement  lefusé  à  V.  M.  d'exécuter  pa- 
reille charge  d'empoisonnement  à  l'endruict  de  Messei- 
gneurs  de  Longueville  et  Piennes ,  et  que  V.  M.  luy  avoit 
dîct  que  vous  dépeschiez  encores  ung  aultru  à  niesme 
efTect  que  luy  vers  le  Prince  d'Orange  et  Conte  Ludoviq. 
Or,  veu  que  je  ne  peuï  penser  que  telle  mesch.inceté  et 
trahison  sceut  entrer  au  cueur  du  Barnn  Ringrafe  (lequel 
toutesfoisje  ne  cognois  que  de  veue;  qu'il  vousîst  par 
une  tant  vilaine  calomnie  dénigrer  vosire  innt  vertueuse 
réputation  et  royalle  intégrité  de  cueur,  ains  que  cela 
est  plustost  une  ruse  Espagnotle  (àmonadvis),  lesquels 


(i)  B.  R.  Bilard  dn  Bbin«raTe. 


—  48*  — 

iS^S.  se  font  servir  par  adyanture  du  nom  du  Baron  par  celuy 
Mars,  qui  est  venu  par  devers  le  Conte,  a(Bn  qu*il  y  adjouste 
tant  plus  de  foy ,  sachant  bien  que  mesme  durant  le  siège 
de  Mons  le  Conte  n'auroit  pas  eu  trop  bonne  opinion  da 
Baron,  ains  qu'il  auroit  esté  en  quelque  défiance  de  luy, 
laquelle  le  Baron  auroit  bien  confirmé  après,  pour  avoir 
mis  lescharpe  rouge  au  col ,  à  la  mesme  heure  qu'il  sor- 
tistdela  porte  de  Mons.  A  raison  de  quoy  j'ay  esté 
d'advis  que  le  Conte  Ludoviq  fist  guarder  soigneusement 
et  seurement  le  dict  ambassadeur,  et  qu'il  envoyast  in- 
continent au  lieu  où  il  disoit  le  Baron  attendre  son  retour, 
pour  luy  faire  mettre  pareillement  la  main  sur  le  collet, 
et  le  faire  mener  à  Dilenburgk,  sans  toutesfois  rien  at- 
tenter à  leurs  personnes  avant  que  d'avoir  entendu  de 
V.  M.  de  quelle  façon  vous  auriez  délibéré  qu'on  procé- 
dast  en  leur  endroict,  ce  qu'il  m'a  promis  de  faire  el 
mesme  de  ne  divulger  en  façon  du  monde  ce  que  le  galant 
luy  a  rapporté,  pour  ne  subministrer  à  vos  calumniateuis 
subgets  (combien  qu'il  soit  faux  toutesfois)  propre  à 
faire  une  bien  dangereuse  brèche  aux  haults  et  généreux 
desseins  de  Y.  M.  que  vous  avez  en  main  pour  l'advan- 
cement  de  la  grandeur  de  vos  enfans.  En  cest  endroict 
je  mettray  fin  à  la  présente,  après  avoir  supplié  très-hum- 
blement V.  M.  qu'il  vous  plaise  user  d'une  prompte  réso- 
lution en  l'affaire  du  Prince  d'Orange,  et  de  renvoyer,  le 
plustost  quil  sera  au  monde  possible,  le  Seigneur  Fré- 
gouse  par  devers  le  Conte  Ludoviq  pour  luy  donner  une 
asseurée  responce  de  l'intention  et  volonté  du  Roy.  Sur 
ce,  etc. 


....J'ay  receti  des  lettres  de  bien  lion  lieu  [de  noz] 
quartiers;  par  îcelles  on  me  ninnde  du  Toiage  de  l'Elec- 
teur de  Saie  ce  qui  s'en  suit  en  res  propres  termes,  mais 
en  Allemand.  -Nous  avons  enireprins  notre  Yoiage  de 
•>  l'Austriche  en  si  grande  haste  que  nous  n'avons  pas  eu 
-loysird'en  advenir  nos  amys,   qui  en  sont  tout  plaïn 

■  scandalisés;  s'il  n'a  ser^ïàaultre  chose,  pour  le  moin  a 

•  il  nppresté  à  parler  aux  gens,  qui  en  font  des  estranges 

■  discours ,  à  ce  que  nous  entendons.  El  à  la  vérité  ils  en 

■  ont  raison;  mais  Je  vous  asseiire  que  le  fruit  du  voyage 

■  o'est  pas  tel  ei  si  grand  comme  on  le  crye  partout,  si 
>ce  n'est  qu'en  iceluy   iiuus  avons  conceu   une  asseuréâ 

■  opinion  de  voir  bieniost  une  lionne  paix  au  Pays-Bas,  et 

•  quy  sera  plus  ferme  et  plus  stable  qu'on  n'a  ac(.-(iustumâ 

■  d'en  voir  ailleurs.  Quiconque  adonné  ce  conseil  au  Roy 

■  d'Espaîgne,  celuy  est  ung  sincère amy  du  dict  Roy  et  de 

■  toute  sa  Maison,  car  par  ce  moyen  il  a  [ranconlé]  et 

■  rapproché  de  troix  degrés  au  siège  dont  les  cruaultés  du 

■  Ducd'Albe  l'atoient  quasi  du  tout  déjetlé  et  débouté: 

•  vous  estes  trop  degousté,  vous  n'en  avez  pas  voulu, 

■  prenez  garde  que  vous  ne  vous  en  repentiez,  mais  ce 

■  pourra  bien  estretrop  lard:  il  ne  tint  qu'à  nous  n'aggran- 

■  dionabien  nostre  pays  de  Meissen;  mais,  si  on  me  croit, 

■  uniisquiti]ut  erîtsiià  iorle  rontentat;  la  i-ero  nosU komtniê 
wùtgenium.- —  Parce  que  dessus  V.  M.  jugera  bien  aisément 
ce  que  pourra  avoir  esté  traicté  û  Vienne....    On  me 

d'Ansjincli  a  faict  porter  parolle 


J 


—  50*  ^ 

t^yi.  à  l'Electeur  de  Saxe  pour  faire  ung  marché  paf  ensemble 
Mars,  des  terres  que  le  Marquis  a  en  Silésie....  qu*est  cause 
que  je  ne  puis  comprendre  si  Thomme  qui  e  scrit  la 
première  lettre ^  veult  parler  de  ce  marché  icy,  ou  de  l'en^ 
gagement  que  TEmpereur  veult  faire  à  TElecteur  [de]  la 
Silésie. ... 

45. 

Noie  du  Roi  de  France  et  de  sa  Mère  (sans  date)  relative  à  Icnf 
intentionâ  envers  le  Prince  d'Orange  (-f*lVl$.  P.  C.  400). 

Le  Roy  et  la  Rejne  ont  donné  charge  au  Sei- 
gneur  de  Schonberg  de  faire  entendre  aux  Priooes 
cl'Allemaigne  qu'il  y  a  deux  occasions  qui  ont  principale* 
ment  enguardé  le  Roy  de  ne  se  déclarer  ouvertement 
pour  le  Prince  d'Orange.  La  première  est  la  dirinon  de 
ses  subjects  non  pas  encores  si  bien  réunis  qu'ils  désirent^ 
mettant  les  Catholiques  en  avant  et  remonstrant  à  S.  M.' 
que  le  moyeti  que  le  Roy  donnoit  à  ceulx  de  la  religion 
de  travailler  et  ruiner ,  s'ils  pouvoient,  le  Roy  d^Espaigne, 
c*estoit  le  remettre  à  la  guerre  cy-après,  quand  ils  se 
verroient  la  main  forte.  —  La  seconde  est  que  le  Prince 
d'Orange  n'a,  ni  devant,  ni  durant  son  entreprinse  adverty 
le  Roy  mesnie  de  son  intention  et  de  ce  qu'il  avoit  vo- 
lonté ou  moyen  de  faire.  Et,  combien  que  le  Conte  Lo* 
dovicq  auroît  asseuré  le  Roy  qu'il  n'entreprendroit  rien 
de  ceste  année  aux  Pays-Bas,  néanmoins,  ayant  prins 
Vlissingen  sans  le  sceu  du  Roy,  le  Roy  luy  a  mandé  qu*'d 
luy  permetteroit  de  tirer  secrettement ,  par  ce  costé  de  la 

'  On  lit  en  marge,  fort  insUmneot  le  peu  de  dévotion  que  oot  ceoli  de  Inr 
parti  de  scnrfr  co  reste  querelle  et  eommenscr  udc  guerre  sur  cette  oocaiion ,  q«i 
lea  tient  en  eztresme  crainte  que  cela  n'apportast  o<Tasion  de  rentrer  eo  lro«bk 
dans  ce  RoTaulme.... 


T,  quelque  nombre  d'arquebnusîers  de  son  roTauIme,  iSjS. 
joinct  qu'on  !uy  assisteroit  de  quelques  deniers^  mais  le  Mars. 
Roy  n'a  eu  aulcune  nouvelle  nîresponce  de  luy  s'adres- 
sant  â  S,  M.  —  De  sorte  qu'il  n'y  a  qu'une  seule  raison 
qui  maintienne  le  Roy  en  bimne  volonté  de  faToriser  les 
allairt-s  du  Prime  d'Orange  (ce  qu'il  a  temporise  de  vou- 
loir fuîre  ouvertement  pour  les  raisons  susdictes),  assa- 
voir le  bruict  qui  court  que  les  Princes  d'Allemaigne 
embrassent  à  bon  escient  le  faict  du  Prince  d'Orange, 
el  qu'ils  l'ajdent  et  secourent  en  tout  ce  qui  leur  est 
possible.  —  Pour  faire  cognoistre  donques  aux  Princes 
d'Alleniaigne  que  leur  volonté  est  la  sienne]  et  leur  ré- 
»alution  est  la  sienne,  el  qu'il  est  prest  en  tout  et  partout 
4:ourir  une  meïine  fortune  avecques  eus,  S.  M.  a  donné 
charge  au  dict  Scbonberg  d'asseurer  les  Princes  de  la 
part  de  S.  M.  qu'il  est  résolu  de  se  gouverner  à  l'endroict 
du  Prince  d'Orange  et  les  Pays-Bas  ainsi  que  euU  se 
gouverneront.... 


Vian  BU  Roi  Cliarlc»  IX:  Mctn,  i  «vril  (MS.  P.  C.  397). 

.».Les  gentilhommes  de  In  re!igion  qui  sont  de  ce 
«ercle  sous  Monsieur  l'Electeur  Palatin,...  se  sont  liez 
jiruicteinent  ensemble  et  |jroi)it5  (ie  se  secourir  où  il  se 
présentera  auliun  faict  qui  luucbe  leurs  libertés,  et  pour 
cest  eiTect  ont  fait  levée  dedeniers  sur  cuIk,  qu'ils  tiennent 
[M-ês.  Lesquels  l'on  dict  estre  jà  ....  es  aiaîus  du  Conte 
Lutliivtc:  je  ne  srav  au  vrav  si  c'est  |iour  renouveler  ung 
secours  au  Priuce  d'Orange  pour  le  faict  des  Pays-Cas,  OU 
bien  pour  employer  ailleurs  en  aultrcs  desseins.... 


—  52*  — 


47- 


1S73.       <*•  àe  Schonbergàla  Reine-Mèi-e:  4  avril  (MS.  P.  C  400).  *• 
jl^Yfjl^  InlenlioDs  du  Laodgrave  Guillaume  de  Hesse. 

....AsseureZ'tous  que  le  Landgrave  pense  bien  tous 
rendre  ung  suffisant  et  seur  tesmoignage  de  ia  très  fldelle 
affection  qu*il  porte  au  service  de  Y.  M.  et  à  Fadvance- 
ment  de  la  grandeur  de  Messeigneurs  vos  fils,  les  Ducs 
d* Anjou  et  d'Alençon  ;  se  persuadant  qu*il  ne  peult  pro- 
mouvoir les  affaires  de  celuy-là  sans  se  mettre  en  ung  fort 
dangereux  hasard  (à  cause  de  ia  Maison  d'Austrîche) ,  m 
embrasser  le  négoce  de  cestuy-cy  sans  encourrir  ung  très 
grand  blasme  à  l'endroict  de  tous  les  Protestants;  car  vea 
que  les  Princes  de  par  deçà  tiennent  la  menée  entre  les 
Ambassadeurs  d'Espaigne,  d*Escos5e  et  un  quidam  de 
vostre  Royaulme....  aussi  certaines  comme  ils  s'asseurent 
de  mourir  ung  jour ,  ils  présupposent  que  tout  le  monde 
luy  objectera  qu  il  ayde  à  endormir  par  ce  beau  traicté  de 
mariage  la  Roy  ne  d'Angleterre  pour  luy  faire  mettre  li 
corde  au  coL  Mais  nonobstant  tout  cela  il  dict  qu'il  vous 
veult  faire  cognoistre  à  foeil  ce  que  le  Roy  et  Messei- 
gneurs  ses  frères  doibvent  et  peuvent  attendre  de  luy,  alors 
que  quasi  tout  le  monde  faict  mine  de  leur  en  vouloir.  D 
craint  infinement  que  le  Roy  d^Espaigne  ne  vous  ckmae 
sur  les  doits;  cest  la  raison  pour  laquelle  il  empêche  à 
son  possible  la  pacification  du  Pays-Bas.  11  a  bict  tout  ce 
qu  il  a  peu  pour  en  dégouster  le  Conte  Ludovicq  ;  mais  le 
Conte  luy  a  dict  rondement  que  ce  n*est  en  sa  puissance 
d  empêcher  le  Prince  son  frère,  ni  les  Estas  de  Hollande 
et  Zélande,  quils  ny  entendent;  si  ce  n'est  que  bientost, 


el  avant  que  les  EIcLteiirs  et  Princes  envojent  au  l'a\s-    i573. 
Bas,  OD  entrast  au  part]'  que  scavez  avecques  le  Roy....       A<ril. 


I  C.  de  Schonbei^  au  Roi:  i  an-,  (H5.  P.  C  400).  —  BoDUt» 

]    ,  dispojitioos  du  Landgrave  el  du  Comte  Louis  de  Nassau. 

....Je  stiys  arrivé  le  29  mars  àCassel;  le  lendemain....  j'ay 
faïct  entendre  bien  au  long  au  Landgrave  le  contenu  de 
mon  mémoire.  Et  quand  au  premier  pojnct  touchant  les 
éréneiaens  de  la  France,  j'ai  cogneu,  et  par  son  language, 
«t  par  ses  déporieinentz,  qu'il  en  juge  bien  plus  saine- 
ment qu'il  n'avoit  faict  par  cy-devaiit  ;  à  quoy  a  beaucoup 
servi  le  tesmoignagc  du  Conte  Ludovtcq ,  lequel  (depuis 
que  le  Seigneur  de  Frégouse  et  moy  l'avons  bien  coni- 


par  lettres  et  de 


battu  à  Francfort)  dict  esirc 
bouche  que  ce  n'a  pas  esté  <:ho3e  préméditée  de  V,  M. 
ny  partye  projectée  avecques  quelijue  autre  Prince  estran- 
'f{îer,  cromme  V.  M.  cognoistra  mesnie  par  la  respiince 
que  le  Landgrave  m'a  bailli  par  escrit  j  mais  pour  cela  le 
LandgraTc  ne  cache  poînct ,  ny  en  ses  discours,  ny  en  sa 
'  responce  le  desplaisir  qu'il  sent  au  cueur  des  dicts 
évéoemens;  comme  aussy  de  la  deffence  et  proliiLiiion 
de  i'ezercice  de  la  religion  ;  alléguaui  que  ce  qui  lu  mauve 
le  plus  est  que  les  ennemis  du  sang  des  Heurs  de  lys  et  de 
la  maison  de  Hesseii  se  servent  de  ce  subjecl  pour  eiii- 
pescher  le  beau  cours  do  la  grandeur  de  V.  AL,  el  parce 
moyen  de  conduire  à  une  lin  désirée  leur  anibiticun  des- 
seigns  au  préjudice  de  vostre  couronne  et  par  conséquence 
de  sa  Maison.... 


—  54*  — 

i5y^.  ...Je  ne  veulx  au  surplus  celer  à  Y.  M.  que  j*ay  mené 
Avril,  le  Conte  Ludoviq  à  ung  si  beau  but,  qu^il  m'a  asseuré  en 
la  main  qu*il  ne  désire  rien  pi  us  que  de  vous  faire  cognoistre 
partout  et  en  tout  (sa  conscience  sauve)  la  singulière  af- 
fection qu'il  porte  au  bien  ,  service  et  grandeur  de  V.  M. 
et  de  Messeigneurs  vos  frères.  Je  Tay  faict  promettre  (rt 
ce  en  considération  que  son  tesmoîgnage  est  très  aulenti- 
que  auprès  des  Protestants ,  de  quelque  nation  qulls 
soient)  qu'il  dépêchera  homme  exprès  (et  par  adventure 
son  ministre)  en  Poulogne  pour  faire  à  Monseigneur  lous 
les  services  et  bons  offices  que  je  luy  commanderai:  il  mt 
le  doibt  envoier  à  Leipzick ,  mais  je  ne  lairay  pas  passer 
outre  jusquesàceque  jenayele  commandement  de  V.M.«. 

49- 

G.  de  Schonherg  au  Duc  d'Anjou:  Nider^^angcn  ,  4  a%ril  (MS.P. 
C  4oo).  —  Dévouement  du  Landgrave. 

Monseigneur ,  vous  cognoistrez  par  la  lettre  que  j'escris 
au  Roy  l'entière  et  sincère  affection  que  le  LandgnfC 
porte  à  l'advancement  de  vostre  grandeur....  Je  vous  as- 
seuré que  vous  avez  ung  très  (idel  et  parfaîct  aroy  en  Inj , 
et  vous  pouvez  hardiment  faire  estât  de  luy.  Vous  fen» 
beaucoup  pour  voz  affaires  de  par  deçà  de  tenir  la  main 
que  leurs  M.  le  gratifient  en  tout  c^  qu'il  leur  sera  pos- 
sible au  monde ,  car  il  a  le  moyen  de  s'en  revencher  par 
plusieurs  bons  offices;  oultre  cela  il  a  la  fleur  de  lys  eo- 
gravé  dans  le  cueur,  et  est  ennemy  criminel  de  tf»ut$  les 
ennemis  du  sang  de  France.  Il  se  délibère  bien  de  to«s 
honorablement  recevoir  et  traicter,  si  vous  passez  par 
l'Allemagne  pour  aller  en  Poulogne,  et  est  homme  qai 
vous  pourra  bien  mener  jusques  sur  les  firontièreSM^  0 


—  55*  — 

efwinct  înSneinentquelt;  Hoy  d'Espaigne  ne  donne  [sur]  1573. 
les  doits  au  Boy  ;  c'est  la  raison  pour  laquelle  il  empêche  Avril. 
k  son  possil>Ie  la  pacification  du  Pays-Bas.  Il  prie  aussy  le 
Roy  de  prendre  liteti  guarde  el  avoir  l'oeil  soigneusement 
sur  l'armée  de  mer  (jue  les  Espagnols  et  Purtugalois 
dressent  enseniblement  sous  prétexte  de  vouloir  attaquer 
le  Turc  du  costé  de  l'Affrique ,  afim  qu»ce  ne  5oit  âl'op- 
posîte  de  l'Afffique  à  quy  ils  en  veulent.... 


5o. 

Le  Landgrave  Guillauma  de  Heu 
Cassel,  5  iMil  (fMS,  C). — 
LouEs  de  Nds»u  a  des  coofén 
Schonhcrg. 


i  rE<è<|ue  de  Mi-'ule-: 
lui  luaiide  i)ue  le  Comte 
es  avec  Fiégose  el  G,  de 


.«.AIs  unns  aach  E.  L.  jùn^tiglich  zugesclirîeben  das 
Graff  Luilwig  ra  Nassaw  in  Ewrer  bewerltung  seyeo 
solte,  sobaben  wir  nîclu  underlassen  koimen  ibnen,iiin 
seinernuTwenigen  lagen  bieslgenanwesciiheitt  bey  unns, 
deshalben  mit  fleisi  zu  befragen,  batt  er  aber  aulcbs 
Lestendtgligticb  verleugnett,  und  uns  verineldctt  dasz  er 
nocb  zur  zeitt  inn  ganz  keiiier  Lewerliun^'  sey.  >Yir 
Lonnen  gleicbwol  £.  L.  înn  suudern  bnlicn  veitravren 
oîcb  verlialteii  das  nicbt  ubn  dasx  der  Kiiuig  -tu  Fianll- 
reîch  jezti  kurzverriicVter  weill  einen  Icgalen  mit  uanicn 
Fregnsa  I>ey  ibuie,  Grave  Ludwîg,  zu  Frankrun  geliaptt; 
•ohattaucli  der  Oberster  Caspar  vonScIiiînliei^L,  welcb' 
aucli  eben  der  &eitt  ulhie  gewesen,  vieil  mitt  ibnie  ge- 
redt.  Was  nun  ibr  tracta(  allentbiiUien  gewcsen,  dasz 
wïszen  tvir  nicbl,  liegeren's  aucb  [siulbeiTtalI  unns  solche 
ausxlendiscbe  hendell  nicbis  iiberall  angelien,  daria  wir 
uoiaucb  nicbt  zu  nûschen  gedenken)  nicbt  zu  wiszenj 


loyd.  wir  konnen  aber  wol  gedenken  dasz  es  DÎcht  uwb  geringe 
Avril,  sachen  zu  thun  ist.  So  wiszen  wir  auch  woll  wie  die 
groszen  Potentaten  jegeti  éinander  afTectionîeit  sein,  das 
[als]  einer  sorg  tr^tt  det  ander  werde  ibnen  zu  grosz,  vmi 
darumb  auch ,  unerachtet  blutsfreundschaft  oder  bint* 
nus,  jegen  einander  zu  practiciren  nicht  underlaszeo. 
Darumb  mochten  wir,  aïs  der  bestandige  erhaltung  und 
vorttpflanzung  des  [fiir]  gelîebten  friedens,  ruhe,  undeinig- 
keitt  inn  unnserm  Yatterlande  der  teutschen  Nation 
jederzeit  gernn  gesehen ,  von  herzen  gern  wûnschen  das 
zu  dieser  fridenshandlung  [vuerregt],  und  ehe  andein 
scbadliche  weittlâuftigkeiten  hiezwischen  kohmen,  wirk- 
lich  geschritten,  und  aile  bevorstehende  emporungen  zu 
einem  unzerrûtiichen  frieden  abgehandelt  werden  modi* 
ten^dem  K  L.  also  weitters,  alsein  Ternûnftiger  Fûrst, 
nach  zu  denken. 

Ich  bitt  auch  freundlich  E.  L.  wollen  dièse  Teririiulidie 
anzeige  so  ich  E.  L.,  dero  zwischen  uns  wesenden  Tertra- 
wen  nach ,  thue ,  in  gutem  geheim  bey  Ihr  lassen  pictbeo. 
Schonbergk  suchle  bey  uns  seltzame  [grîl/onata]^  hattc 
getreue  vorschrifften  inn  Polen  an  die  Stende  gehapu 
das  sie  seines  Hernn  Bruder  zum  Kùnnig  annehmen  und 
excusûtionem  facinori^  Parisîensis  %\x  ihun;  dieweill  wir 
aber  nichtt  bedacht  den  frommen  Kayser  et  suos  im  ge- 
ringsten  zu  hindern  (i),  und  dan  auch  nur  ff  '  gutt  deutsck 
und  nitl  franzosisch  konnen  reden,  haben  wir's  ihrae 
runde  abgeschiagen.    Suinma^  es  sind  sehzame  leutbe, 


(\)  zu  hindern.  Voyez  cependant  ci-dessus ,  p.  iq3. 

'  nur  auf. 


J«aD  de  Morvilliers,   Evû<|uc 
garde  dea  sceaux  de   France  ei 

■  obtint  d'en  être  déchargé  en  15711.  Il  ne  laissa  pas  de  conserver 

■  M  place  au  Conseil  ,  comme  plus  ancien  Conleiller  d'Etal,  avec 
>  le  rang  et  la  préséance  sur  le  Pr&ident  de  Biragite,  auquel  In 

t   été  donnés.    Il  ne  quitta  point  la  Coar^  cl  CDt 
i>  presque  la  principale  direction  des   aflaires,  auistant  à  ti 

■  ConteiU  de  paii  et  de  guerre,  où  il  fut  toujours  contraire  sut  fac- 
làToursen  i^T^.'  JUoirry.  —  Avant  kSt.  Barthé- 
lémy ildéconwilla  vivement  la  );uerrecontrerEspagne.  Le  Roi,  ayant 
re^n  de  Cullgn;  un  écrit  (Tom.  111,  l,ti  in/,)  dam  lequel  on  rx- 
posoit  les  atanlages  d'une  expédition  en  faveur  dei  Pa\s-Ba«  oppri- 

■villiers,  vieil  Conseiller 
•  d'Estat,  docte  et  expérimenté,  ennemi  de  toute  nouveauté,  et  qui 
I  prudence  de  crainte."  D'jtabignè,  Bîil,  Univtri..,  IL  9, 
Madame,  le  Seigneur  Frégoze  passa  icy  le  7°*,  qui 
me  L-ommunica  amplement  de  parolles  et  par  escrit  ce 
qu'il  a  négocié  en  son  voyage, don  à  la  vérité  me  semble 
bien  qui)  rapporte  des  choses  de  grand  poix  et  lesquelles 
méritent  la  considération  de  personnes  de  sain  jugement, 
pour  donner  sur  icelles  à  V.  M.  le  conseil  qu'il  appartient 
pour  le  bien  de  leurs  affaires.  Poiiriiint  teroitceprésump* 
tionà  moyd'y  interposer  mon  ad  vis,  si  n'estoit  pour  obéir 
à  vosirecomandement,  lequel  excusera,  s'il  luy  plaist,  le 
defïault  démon  foihie  jugement,  et  recevra,  selon  sa 
j    bonté  acousminée,  ce  qtie  j'en  dire,  qui  sera  arec  toute 


—  58*  — 

lSy3.  fidélité»  11  nie  semble  en  premier  liea,  que  de  tous  les 
Avril,  discours  durlit  Frégoze  et  de  ceuU  qui  sont  contenus 
en  la  despesche  du  Seigneur  de  Chomhert,  Ton  peuU 
congnoistre  ung  passioné  désir  qu'ont  ces  Princes  là  d al- 
lumer une  forte  guerre  entre  le  Roy  et  le  Roy  d*Espai^e, 
et  que  leurs  propoz,  leurs  offres  et  les  partiz  mis  en  avant 
ne  tendent  à  aultre  fin:  dont  je  ne  m'esiiierveille  pas,  car 
les  afections  des  hommes  sont  si  despravées  que  leaplus 
foibles  ne  pensent  estre  asseurés  que  par  la  guerre  entre 
les  plus  grands ,  et  ceulx  qui  sont  en  Testât  du  Prince 
d*Orange  et  de  ses  frères  ne  sçauroint  souhaicter  mieu)x 
pour  advancer  leurs  affaires  qu'une  déclaration  donnante 
hostilité  entre  le  Roy  et  celuy  d'Espaigne,  soit  qu'ils 
poursuyvent  leurs  dessings  par  les  armes,  ou  qu'ils  Teuil- 
lent  entendre  à  partiz  d'accord,  s'ils  leur  sont  offerts  ad- 
yantageux  et  honorables  ;  car  toutesfois  et  quintes  quHs 
pourront  monstrer^  voyre  seulement  donner  indice  que 
le  Roy  prent  leur  querelle  en  main,  ou  les  ayde  secret* 
tement  de  deniers,  il  ne  fault  doubler  que  le  Roy  d'Es* 
paigne  ne  se  rende  plus  placable  et  libéral  en  leur  endroit, 
comme  aussi  fera-il  pour  paciGer  les  pays  qui  sont  au- 
jourd'huy  troublez  par  les  dits  Princes  et  leurs  adhérents. 
Il  y  a  une  aultre  raison  qui  est  commune  à  eulx  et  aux 
Princes  d'Almaigne;  c'est  que,  gaingnanl  ce  jxiint  de 
vous  faire  déclarer  ou  bien  de  vous  obliger  ;i  quelque 
contribution,  ils  penseroint  avoir  reslabli  les  aHuire:»  de 
leur  religion  en  ce  Royaume  au  niesme  estât  qu'ils  es- 
toient  par  letlict  de  Tan  iS^o,  et  que  la  police  des 
Eglises  (qu'ils  appe'loieni),  par  laquelle  leurs  intelligen- 
ces et  practiques  s'entretiennent  avec  les  subjects  du  Roy, 
se  remettroit  en  son  entier.  Car  ilz  estimeront  que,  si  le 


B.OJ  entre  en  ^elque  parti  cnntre  le  Roy  (TEspaigne,  mS-jX 
il  ne  rerTusera  pas  à  ses  snbjecls  ies  coii<)itrons  qu'il  leur  A.*"l, 
BToit  cy-devant  accDixiées  pDurextindre  le  feu  qui  esl  ^d 
sa  maison.  Les  Princes  irAliiiaigno  ont  tousjours  tendu 
à  ce  but  de  fomenter  leur  religion  en  ce  Royaume,  et 
luy  faire  prendre  tant  de  racines  qu'il  ne  feust  au  povotr 
des  hommes  de  l'en  eilirper  j  et  croy ,  pour  mon  regard , 
que  toutes  les  (U'uionsira  lions  d'amitié  et  de  se  vouloir 
unir  avec  V.  M.  qu'ils  ont  ftitcies,  n'ont  este  fondées 
principalement  que  sur  ceste  intention.  Aussi  voii-on 
comme  ils  se  rendent  farouches  et  bbsment  toutes  vos 
actions  à  cause  de  ce  point  là.  Ne  se  fault  doncques  es- 
baliirsi,  pource  respect,  ils  désirent  veoyr  le  Roy  en  guerre 
contre  le  Roy  d'Espaîgne,  car  ils  seraint  délivrés  d'une 
continuelle  défiance,  en  laquelle  ils  soni,  que  leurs  M., 
se  voyants  per!.écuttées  de  leurs  siibjetcs  et  nienassées 
d'aullres  qui  les  favorisent,  ne  facent  enfin  quelque 
estroite  lîoue  pour  la  conservation  de  leurs  Estais,  con- 
gnoissants  Iiien  iceiilx  Princes  que,  si  ces  deux  grands 
Roys  vîvoint  sans  jalouzie  l'ung  de  l'aultre  et  se  povoint 
ensemble  maintenir  avec  sincère  intelligence,  ils  mettront 
le  frein  aux  aultres  Poltnlals,  qui  les  garderoit  bieu  de 
tnonire,  ny  entreprendre  cliose  contre  le  repos  de  leurs 
Estais.  Qui  les  meut  encores  à  désirer  ceste  guerre  esl 
que,  se  délivrant  des  soupçons  et  défiances  ou  ils  sont, 
ils  croyirnnt  de  réputation  et  crédit  envers  l'ung  et 
l'autre;  ils  seront  recherchés,  leurs  gens  de  guerre  se- 
roint  entrelenuz,  et  leurs  pays  par  ce  moyen  de^chargés 
de  vermine.  En  sunime,  ils  estiment  la  guerre  entre  ces 
deux  puissants  Roys  estre  le  repos,  la  grandeur  et  seu- 
reté  d'eulx,  ei  le  moyen  d'eatablir  partout  leur  religion. 


—  60*  — 

i573.  Mais  ainsi  comme  lesdits  Princes,  pour  les  suadica  respects^ 
Avril.  TOttldroient  Teoyr  ces  deux  Roys  embarqués,  eulx,  bien 
conseillés,  s'en  dqjrent  garder,  comme  de  la  chose  da 
munde  qui  pourroit  engendrer  plus  dangereux  change* 
ment  à  leurs  Estais.  Je  croy  aussi  que  le  Roy  n  a  posot 
de  vonlunté  d*y  entrer,  s*il  n'y  estoit  contraint.  Quant  aa 
Aoy  d'Espaigne,  considérant  son  naturel  et  comme  il 
s'est  gouremé  jusques  k  présent ,  je  ne  me  sçaurois  pe^ 
auader  qu*il  commence;  non  que  je  l'attribue  k  bonne 
¥oulunté  en  nostre  endroit,  mais  k  sa  provideoce  da 
profBt  ou  dommage  [qu'il  n'y']  «a  adyiendroit.  L'eslatda 
ses  aiïÎEiires  est  tel ,  q'ores  qu^ii  eust  pacifié  les  trooUes 
des  Pays-Bas,  et  contenté  le  Prince  d'Orange  et  acs 
frères,  il  n'a  moings  besoing  de  paix  que  le  Roy  pour 
asseurer  et  affermir  ce  qu'il  auroit  tait,  ny  ne  doibt^OA,  sy 
ce  semble,  [fundant]  sur  ung propos  qu'on  rapfxvtecreir 
esté  tenu  par  le  Duc  d'Albe  que  le  Roy  avoit  swBcité  à 
son  matstre  les  troubles  des  Pays-Bas  j  dont  il  se  ressen- 
tiroit  Inen  t09t,  avec  aukres  menasses;  car  quant  ainsi 
seroit  que  le  Duc  d'Albe  Tauroit  dit,  voyre  son  maistre 
mesme,  ce  sont  parolles,  on  de  collère,  ou  de  braTerie, 
qu'on  ne  ramène  pas  si  facilement  à  effect  comme  on  ks 
pronunce;  et  si  croy  que,  quand  bien  le  Roy  d'Espaigne 
auroit  ceste  opinion  que  le  Roy  eust  favorisé  oeulx  qui 
ont  esmeu  les  troubles  des  Pays-Bas,  il  ayraeroit  mieulx 
pour  l'intérest  de  ses  affaires  dissimuler  ce  qu*il  en  pen- 
seroit ,  que  d'entrer  en  guerre  pour  s'en  ressentir.  Pour 
ces  causes  je  ne  voy  pas  qu'on  doyre  craindre  que  le  Roy 
d'Espaigne  commence  la  guerre,  ny  que  pour  ce  regard 
il  se   faille  esmouvoir   des  discours  qu'on  fait  en  Al- 

»  qui  Iny  (?). 


tnaigiM,  qui  soat  le  plus  souvent  artifices  de  oeulx  qui  iS^S. 
veulent  tousjours  nourrir  les  défiances  et  inimitiées  entre  Ainl. 
Ie&  plus  grands  Princes. 

Il  jr  a  ung  point  dt;  plus  grand  dangier,  c'est  que,  si  les 
Princes  d'Orange  se  Tojent  destitues  de  moyens  de  pour- 
niiTTre  leur  l'ortiine  par  les  armes,  ilz  arcepterantlescon- 
fHttonsqu'on  leur  ajàûfferlespour  composer  leurs  affaires, 
et  ayant  leurs  forses  prestes,  ils  les  pourront  jeiter  eu  ce 
Royaume.  Pour  obvier  à  cest  inconvénient,  l'on  mect 
en  avant  que  le  Itoy  ïecuurust  soubz  main  les  dtU  Prince* 
de  queligue  summe  de  deniers  par  moys,  pour  entretenir 
la  giierri'  es  Pays-lias,  ijue  de  leur  part  ils  s'obligeassent 
de  nelraiuerde  paix  ny  accord,  sinon  du  vouloir  et  con- 
senliment  de  S.  M. ,  et  auttres  pactiuns  que  l'on  adviseroit 
pour  les  lenir  en  bridde. 

Quant  au  danger  susdit ,  ils  est  véritablement  à  craindre, 
pour  le  regard  mesme  du  Conte  Ludovic,  bomme prompt 
À  tenter  toute  fortune,  et  qui  a  grande  réputation  entre 
ceulx  de  ce  Royaume  de  la  nouvelle  opinion  ,  estant  pour 
ceste  cause  bien  requis  de  pourvoir  aux  remeddes,  ou 
pour  obvier  que  cela  n'advjene,  ou  pour  y  résister,  s'il 
.    «dvenoii. 

Qiiant  à  contracter  avec  les  dits  Princes  ou  leur  bailler 
argent  fioubz  main,  je  double  de  beaucoup  d'inconvé- 
nients, et  qu'enfin  l'on  soit  frustré  du  fruit  que  l'on  en 
attendm,  mm  suns  perte  de  réputation.  Ih-emièrement 
je  ne  voy  pas  qu'on  puisse  rien  faire  si  secreitement  avec 
«ulx,  quant  ores  on  ne  mettroit  pur  escrii  les  conditions, 
qu'il  ne  soit  incontinent  divulgué;  le  Koy  d'Espaigne 
mflSRie  lesçaura,  et  les  dits  Princes  k  l'adventure  ne  le 
voudroient  pas  aultri>meDt,  encore*  qu'ils  vous  dissent  le 


—  62»  — 

i573«  cot) traire;  car  il  fait  poureulx'  que  le  Roy  d*Espaigiie 
Avrill.  cpng^noisse  quHs  sont  appuyez  et  soustenuz  du  Roj; 
il  lait  pour  leur  crédit  envers  les  subjects  des  villes  et 
places  qu  ils  tîenent  en  Hollande  et  aultres  de  leur  intelli- 
gence, et  leur  donneront  encore,^  soubz  la  fiance  d'ungtd 
appuy,  le  semblable  envers  les  reitres,  qu'ils  payent  plus 
souvent  de  parolles  que  d'argent  content.  Sidonccela 
vient  en  évidence,  le  Rt)y  d'Espaigne  le  prendra  corome 
décoration  d'hostilité  d*ayder  ses  subjects  rebelles  àloj 
faire  la  guerre,  car  il  repputeles  dits  Princes  comme  sub- 
jects, et  se  pleindra  que  ce  soit  en  une  cause  qui  ne  doibt 
estre  moings  odieuse  au  Roy  qu'à  luy. 

Daventage  quel  fundement  peult-on  faire  sur  les  pro- 
messes de  gens  qui  n'ont  jamais  aymé  le  Roy  ny  son  Estât? 
qui  se  sont  joints  à  ses  subjects,  quant  ilz  luy  ont  fiutli 
guerre,  et  encores  aujourdhuy  tiennent  secrettes  practi- 
ques  aveceulx,  de  les  venir  secourir  ou  leur  envoyer 
forse^?  Par  le  moyen  desquelles  intelligences  la  rebeUion 
des  dits  subjects  se  nourrist  et  maintient  comme  l'on  voit 
Ainsi  ne  semble  il  qu'on  se  puisse  fier  desdits  Princes,  que 
les  dits  subjects  n'eussent  posé  les  armes  et  ne  rendissent, 
avec  les  places  qu  ilz  ont  occupées,  l'obéissance  qu'ilzdoy- 
vent  au  Roy.  L'on  niest  en  avant  que  ung  grand  Prince 
d'Almaigne  respondra  pour  les  dits  Princes,  et  Ton  res- 
pond  que  la  gaventie  n'ebt  pas  sufHsante  pour  faire  entrer 
ung  si  sage  Roy  en  si  dangereux  partis. 

Mais,  présupposant  que  les  diis  Princes  contractassent 
avec  droitte  intention  d'observer  ce  qu'ils  prometlroint, 
on  scet  bien  quelle  fermeté  Ton  doibt  estimer  en  sembla- 
bles traie teZ)  nous  en  avons  assez  d'exemples;  les  occa- 

'  Il  lear  e«t  atil«. 


des  dirrt-reniscnlre  reiil\  qui  son i  ainsi  réfiproti|UKnient  Avril, 
oliligez  li-s  ungs  envers  k's  aultrc*.  et  se  persuQili^  chacun 
se  |imiv()ir  avfo  jiisle  cause  tlespartlr  d'ung  iraîlié  quant 
il  t^n  a  envye.  Si  l'on  entent  secourir  les  dits  Princes  de 
^liue  somme,  ils  se  sentiront  peu  obligez,  et  ne  pour- 
ront  avec  peu  faire  grand  exploit.    De  dire  qu'ÎU  ont 
.aukres  moyens,  cela   est  doubteux;  car  du  costé  d'Aï- 
tiinignc  iU  ont  jù  tant  employé  leur  crédit  envers  leurs 
parcns,  amys,  el  tous  aultres,  qu'ils  n'en  trouvent  plus. 
Chacun  est  las  el   se  sent  si  cliargé  d'euli ,  qo'il  ne  de- 
mande qu'à  rejecter  le  faiz  sur  aultres.     Les  villes  de  Hol- 
lande ont,  comme  l'on  peuU  Juger,  tant  despendu  pour 
se  défendre,  se  lenir  (prouveurs'J  de  gens  et  toutes  muni- 
tions, et  oiiitic  pour  soudoyer  les  gens  de  guerre  que  le»- 
«lits  Princes  ont  ciiz  en  campaigne,  que  vrayseniblal>)ement 
elles  en  sont  espiiysées;  ainsi  n'est-d  à  croyre  qu'il  leur 
reste  grand  moyen    ny  crédit  pour   soudoyer  grandes 
fortes,  si  les  moyenii  leur  déraillent ,  et  que  le  Roy  ne  leur 
I  veuille  ou  ne  puisse  fournir  â  ce  qu'il  leur  dél'auldra.  Je 
1  ne  double  point  qu'tU  n'accommodent  leurs  affaires,  si 
]l«D  leur  offre  parti ,  et  si  fauli  croyre  qu'on  le  leur  oITrira; 
'(  car  enGn  il  n'y  en  a  point  de  si  obstinez  qui  ne  se  liusent 
'.de  la  guerre.     Les  cb oses  succèdtrnt  ainsi;  combien  que 
\  tout  le  lort  feust  de  leur  coslé,  si  se  plnindront-ilz  du 
I  lîoy,  el    susciiei'ont  nouvelles  querelles  pour  troubler 
diivaiilage  ce  Royaume,  lia  tuusjuurs  esté  estimé  dange- 
reux a  ung  Boy  de  se   lier  ny  rien  entreprendre  sur  les 
I  promesses  d  hommes  redduits  a  la  condition  des  dits  Priii- 
,  ces,  cur  ilz  veulent  plu&tost  veoyr  renverser  le  munde 


*JL* 


—  64 

lâ^S.  san  dessus  dessoubz,  que  demeurer  paisible^  en  basse 
AvriL  fortune.    Par  les  raisons  susdites  je  craindrois  qu^entrant 
avec  lesdits  Princes  d'Orange  au  parti  mis  en  avant,  le 
Boy,  au  lieu  dé  destourner  de  soy  forage  dont  il  doubte, 
ne  mist  ses  affaires  en  plus  grand  dangier,  qu*il  ne  s'en* 
Tellopast  en  une  guerre  contre  le  Roy  d*Espaigne,  et  que 
les  aultres  ne  Thabandonnassent  après  Favoir  embarqué. 
Reste  doncques  à  regarder  par  quelle  aultre  voye  Ton 
pourra  diverlir  Forage,  si  lesdits  Princes  composent  leurs 
affaires,  et  quelle  response  on  fera  au  Conte  Ludovic  par 
celluy  qui  doibt  retourner  vers  luy.   Je  suys  bien  d*adfis 
de  continuer  en  toutes  démonstrations  de  bonne  voulunté, 
par  espëcial  envers  ledit  Conte,  qui  a  jà  reçeu  du  Boy 
plus  de  faveur  et  de  privaulté  que  les  aultres,  duqud  autfî 
Ton  a  plus  à  doubter  pour  sa  nature  ambitieuse  et  in* 
quiète,  pareillement  à  cause  qu*il  a  plus  d'inteDigenoe 
avec  ceulx  de  ce  Royaume  qui  le  troublent  aujourdliuy. 
Mais  il  ne  me  semble  pas  que  Ton  doy ve  plus  offrir  dliF 
tervenir  envers  le  Roy  d*Espaigne,  car  ilz  congnoissent 
assez  que  pourroit  Tintervention  du  Roy ,  comme  a  dit 
le  Conte,  et  si  croy  que  luy  et  ses  frères  useroient  de  tout 
aultre  moyen  plus  tost  que  d'employer  cestuy-là,  nyne 
voudroint  qu'il  eust  si  syncère  confience  entre  leurs  M. 
que  le  Roy  d'Espaigne  déferast  à  la  prière  que  luy  feroit 
le  Roy  pour  eulx,  ny  estiment  à  Fadventure,  coy  quon 
leur  dye,  que  S.  M.  voulust  les  veoyr  en  la  bonne  grâce 
de  leur  maistre,  comme  ilz  ont  esté  aultres  foys.  Quant 
à  leur  offrir  de  s'employer  envers  l'Empereur ,  il  y  auroit 
plus  de  couleur;  toutesfois  je  doubte  s'ilz  se  sentiront  plus 
tenuz  à  vous  de  cest  offre  que  du  précédent ,  et  croiront 
à  Fadventure  qu'il  ne  proceddera  pas  tant  de  voulunté 


Loder  kurs  arfair«s  que  d'art  pour  senir  stuc 
WOStreSy  ei  de  crainte  qu'ils  ne  vienent  a^ec  for&es  en  ce 
^oraume  secourir  les  Rebelles,  dont  ilz  se  pourront  tenir 
johis  tiatdtains  en  nostre  endroit,  afin  de  rendre  V.  M. 
joins  faciles  d'accorder  aus  dits  rebelles  les  conditions  qu'ils 
Beinandent;  car,  par  les  propos  que  le  Conte  Ludovic  a 
tenuz  a  Frégoze,  l'on  peiiU  juger  qu'il  veult  qu'on  croye 
bu'ilz  nliabbandonneront  vos  ditsrelielles.  Ni^antmoings , 
liB  plaist  à  V.  M.  qu'on  face  ladite  offre,  sera  bon  qiii> 
wiuy  qu'elles  renToyront,  touclie  ce  point  dexirenient 
mnc  les  atiUres  gracieuses  démonstrations  de  bienTeîItaa 
ise,  et  selon  qu'il  s'appercevera  du  conte  qu'ik  en  feront, 
SI  j  pourra  plus  ou  moings  insister,  tendent  tousjoiirs  à 
persuader  au  Conte  Ludovic  que  leRoy  désire  de  Tcoyr  les 
trfïuiresdeluT  et  sesTrèresacconimotlées  selon  leurÎDlention; 
^Ipi'à  ceate  fin  le  trouveront  toujours  disposé  d'employer 
|pu  moyens;  mais  principalement  asseurer  le  dil  Conte  que, 
i^etque  parti  qu'il  prene  en  ses  dites  affaires,  le  Roj 
ifaymera  tousjouis,  et  le  luj  fera  cnngnoistre  en  ce qu il 
nponldra  requérir  de  la  bonne  grâce  de  S.  M.  Je  ne  s^«y. 
■  au  CBS  que  leurs  affaires  s'accommodent  avec  le  Roy 
iFEspaîgne,  le  dît  Conte,  qui  agrandcueur,  peu  de  biens, 
•t  se  tiendra  en  Almaigne,  comme  il  est  vraysembbble , 
prendroit  vouluntiers  quelque  boneste  pension  du  Boy; 
^hose  que  Ion  »e  doibt  peult-estre  espargner,si  parce 
■noyen  on  le  gardoît  d'attenter  à  iiostre  préjadiie,  ny 
pareillement  autres  moyens  de  libéralité  et  d'auiys ,  si  par 
iwulx  le  dit  Conte  se  peult  divertir'  de  mal  faire. —  Quanta 
]■  responce  particulière  que  Ton  duibt  faire  sur  les  article» 
«^portés  par  Fr^ozc,  si  le  Boy  est  résolu  de  s'embarquer , 


1573. 

Avril. 


i 


—  66*  — 

1 5yi.  semble  que  Ton  doibt  faire  dire  au  Conte  ce  qui  a  este  cj- 
Avril,  dessus  touché,  quelque  parti  qu'il  prene,  ou  deconlimier 
la  guerre,  ou  d'accorder,  S.  M.  le  favorisera  et  aydem 
tousjours  de  ses  bons  moyens^  se  confiant  aussi  que  le  dit 
Conte  luy  correspondra  de  mesme  voulunté;  mais  que  le 
Roy  ne  le  yeult  amuser  de  paroUes  ny  rien  promettre  qu'3 
ne  soit  de  ceste  heure  bien  asseuré  de  povoir  accomplir  à 
jour  nommé;  que  chacun  scet  les  extresmes  despenses  que 
S.  M.  a  continuellement  supportées  depuis  sept  ans ,  et 
qu'il  a  encores  à  présent  sur  les  bras  les  grandes  sommes 
qu'il  doibt  en  Almaigne.aux  colonels  et  reitres,  desqudies 
S.  M.  désire  s'acquitter;  que  par  ces  causes  elle  ne 
pourroit  pas  secourir  le  dit  Conte  de  ce  qui  luy  serait 
nécessaire  et  à  terme  préfix,  comme  requiert  la  guene; 
car  elle  n'a  les  deniers  contents,  ny  les  marchans  quiks 
poussent  fournir.  Que  de  petitte  somme  le  dit  Conte  ne  se 
pourroit  guères  prévaloir  en  affaires  de  teUe  importance 
que  ceulx  de  la  guerre ,  laquelle  on  ne  finist  pas  quant  od 
veult.  Que  de  toutes  ces  choses  S.  M.  [n'a]  voulu  firanche- 
ment  et  syncèrement  rendre  le  dit  Conte  capable  plus  tost 
que  luy  donner  espérance  dont  il  ne  se  trouvast  après 
entièrement  satisfait.  L'on  pourra  dire  qu'il  n'est  expédient 
de  monstrer  que  le  Roy  soit  pauvre,  comme  Frégoze  par 
son  discours  m'en  a  touché  quelque  mot  avec  bien  appa- 
rente raison.  Je  confesse  qu'on  Je  doibt  le  plus  que  Ton 
peult  évitter,  mais  il  y  a  moings  de  mal  faire  cognoistre 
aux  amys  que  le  reffuz  qu'on  leur  fait  vient  de  faulte  de 
moyens  et  commodité,  que  de  bonne  voulunté;  oultre 
qu'il  ne  semble  à  propoz  de  dire  au  Conte  chose  qui  luy 
face  penser  que  le  Roy  soit  meu  de  crainte  ou  de  respect 
d'amitié  du  dit  Roy  d'Espaigne. —  La  résolution  que  prendra 


cest£  negociatinn  i 
deux  points,  l'iing  du  succex  de  leurs  afTaires  avec  le  Roy  A,»riL 
JEspaigne,  l'aulire  de  l'yssue  des  vostres  avec  toi  sub- 
jecis  de  leur  religion.  Quant  au  premier,  il  veult  que  Tout 
croyez  qu'A  ne  tient  qu'à  eulx  que  leurs  diles  «ffaires  ne 
sont  accommodées  à  leur  advantage:  si  est-ce  une  lie- 
songne  qui  ne  se  peult  dcsmeller  sans  beaucoup  de  dis- 
putes et  d'asscmlileés  d'hommes  depputes  à  reste  fin  ;  citr 
n  n'est  pas  question  des  affaires  des  dits  Princes  seulement, 
tnais  des  pays  et  villes  qui  leur  ont  adhéré,  qne  les  dits 
Princes  ne  peuvent  avec  leur  honeur  hahbandonner,  et 
n'est  aussi  à  présumer  qu'ilz  le  facent;  or  devant  que  1m 
articles  des  demandes  de  toutes  les  pars  soint  accordés, 
qu'on  ayt  regartié  aux  seuretés,  et  que  les  difficultés 
soint  résolues,  il  y  a  du  temps  pour  ce.  Je  n'estime  pas 
que  cest  accord,  ores  que  toutes  les  parties  le  voulussent, 
puisse  estre  asseure  ny  passé  de  deux  moys.  Il  seroit 
difficile  que  ce  pendant  le  dit  Conte  Ludovic  interniist' 
le  dit  affaire,  ny  (pi'il  s'esloîgna  de  ces  lieux-là  pour  Vac- 
quer  à  aullrc  chose;  car  de  là  despend,  se  peult  dire,  la 
fortune  de  luy  et  de  ses  frères,  et  n'ignore  pas  a  qui  ilz 
ont  à  faire.  Si  Frégoze,  quant  il  retournera,  povoil  pé- 
nétrer es  particulières  conditions  qui  sont  proposées 
pour  venir  à  cest  accord,  ce  seroît  pour  mieux  esclaîrcir 
V.  M.  à  se  conduire,  car  selon  le  vent  on  change  les  velei  ' — 
Quant  au  second  point,  de  l'yssue  que  prendront  les  af- 
faires dedans  ce  Royaume,  je  ne  veulx  doubler  que  le  dit 
Conte,  ses  frères,  et  les  Princes  d'Almnigne  ne  favorisent, 
de  ce  qu'ils  pourront,  voz  rebelles,  ou  pimr  obtenir  ce 
qu'ilz    demanderont    par  compoùtinn    gratieiise,    on    se 


1573.  maintenir  avec  les  armes.  Si  les  villes  assiégées,  qpécta^ 
A  vril.  lement  la  Rochelle,  peult  [se]  recouvrer  de  dans  ce  moys,  1*011 
trouvera  le  dit  Conte  plus  gracieulx  et  traittable;  ny  hiy 
ou  aultre  ne  s'ingéreront  pas  facilement  à  condujre  des 
reitres  pour  venir  en  ce  Royaume.  Aussi  vos  dits  subjects 
en  ce  cas  n'assembl^ont  deniers,  ny  ne  trouveront  crédit 
pour  payer  ou  respondre  de  la  solde;  et,  comme  vos  voy- 
sins  verront  vos  affaires  prospérer,  ilz  se  contiendront 
Mais  si  au  contraire,  le  dit  Conte  se  rendra  plus  dur,  et, 
s*il  ne  peult  mal  faire ,  si  vouidra-il  tenir  V.  M.  en  crainte 
pour  les  contraindre  d'accorder  ce  que  requièront  les  dits  . 
rebelles;  les  aultres  Princes  feront  de mesme  pour  donner 
cueur  ausdits  rebelles  et  remuer  toutes  les  mauvaises 
humeurs  qui  pevent  troubler  cest  Estât.  Oultre  il  y  a 
dangier  qu'il  soit  lors  facile  à  vos  dits  subjects  d'assemUer 
quelque  somme  et  trouver  crédit  pour  lever  ung  numbre 
de  reitres  soubî  la  conduitte  d'ung  chef,  qui  n'aura  qae 
'  perdre  et  ne  craindra  d'offenser,  lesquelz  on  jettera  dans 
ce  Royaume,  si  Y.  M.  ne  leur  ferment  le  passage,  selon 
que  naguères  leur  proposoit  Monseigneur  le  Maréchal  de 
Ta  van  es. 

Madame ,  lisant  ce  qu'a  mis  par  escrit  Frégoze  de  tous 
les  propoz  qu'on  luy  a  tenuz  en  son  voyage ,  spécialement 
le  Seigneur  de  Chombert ,  j'ay  congneu  que  sur  ceste  mort 
du  Duc  Jehan-Guillaume  V.  M.  seront  importunées  de 
plusieurs  endroits  de  prendre  nouveaulx  serviteurs  en 
Almaigne,  et  chacun,  pour  vous  persuader  selon  ses  afec- 
tions,  scet  bien  prendre  et  colorer  la  qualité  des  personnes 
qu'il  veult  introduyre ,  mais  je  vous  suplie  très- humble- 
ment croyre  que  le  plus  grand  mal  qu'on  pourroit  faire 
pour  le  service  de  V.  M.  est  de  multiplier  le  numbre  ;  et 


—  6»*  — 

pleust  à  Dieu  qu*il  feust  beaucoup  moindre  qu'il  nest;  i573. 
cïar  y  os  malcontentements,  les  jalouzies  et  en^yes  de  ces  Anil. 
gens-là  nuysent  à  la  réputation  du  Roy  et  de  ses  affaires 
plus  qu'on  ne  scauroit  dire.  Os  ne  se  meuvent  la  pluspart 
dlionneur,  de  raison,  ny  de  Teritë  qu'on  leur  puisse  mon- 
trer; ilz  n'ont  devant  les  yeulx  que  leur  avarice.  Y.  AI. 
scet  à  quelle  somme  revienent  les  pensions  que  le  Roy 
donne  aujourd'huy  en  AlmaignCy  sans  comparaison  ex- 
oédentes  celles  du  temps  du  Roy  Françoys  vostre  beau- 
père;  car,  pour  dix  mille  livres ,  il  y  en  a  maintenant  cent 
aail;  et  si  ne  les  fault  plus  appeler  pensions,  mais  tribut. 
Car  depuys  qu'elles  sont  une  fois  accordées,  quelque  faulte 
de  finances  qu'aye  le  Roy ,  il  les  fault  payer  et  coy  '  qu'on 
leur  face ,  ne  les  peult-on  jamais  contenter.  Y.  M.  consi- 
dérera, s'il  luy  plaist,  que  depuis  deux  ans  le  Roy  a  retenu 
le  Conte  Wolrats  de  Mantsfeld  à  grosse  pension ,  et  est  sur 
le  poinct  d'avoir  le  Duc  Jehan-Cazimir,  qui  est  de  mesme 
qualité  qu'estoit  le  Duc  Jehan-Guillaume  et  ne  se  conten- 
tera de  guères  moindre  entretenement  ;  pourtant  seroit-il 
beaucoup  meilleur  contenter  ceulx  qu'on  a  jà  retenuz,  que 
de  croistre  le  numbre  d'aultres  nouveaulx ,  et  chaiger  vos 
ftiances  plus  qu'elles  ne  pourront  porter;  mais  je  m'ingère 
Irop  avant,  je  le  congnoys  bien,  et  suplie  Y.  li.  me  le 
pardonner. 

Madame ,  je  prie  Dieu  donner  à  Y.  AL  très  heureuse  et 
très  longue  vie. 

De  Bloys,  le  1 1  d'avril  iSjS. 

Yostre  très-humble  et  très-obéissant  subject 

et  serviteur. 

De  Morvilubrs. 


—  70*  — 


5a. 


1573.         De  Vulcob  au  Roi  Charles  IX  :  Vienne,  17  avril  (*MS.  P.  C 
Avril  ^97)*  —  L'Empereur  s'eflbrce  de  pacifier  les  Paya-Bas. 

...n  est  venu  ici  adris  dltalie  que  le  mariage  se  doit  fiaire 
de  la  fille  du  Duc  de  Medine,  ou,  comme  les  autres  ont 
escrit ,  du  Duc  d*Albe  avec  le  fils  du  Prince  d'Orange  ;  mais 
on  ne  le  croyt  pas ,  bien  que  ce  soit  chose  qui  avec  le  temps 
sei  peut  faire,  encore  sans  le  consentement  du  Prince, 
puisque  le  fils  est  en  Espaigne....  Je  tiens  pour  cer- 
tain que  TEmpereur  s'est  fort  empesché  de  la  pacifica- 
tion des  troubles  des  Pays-Bas,  et  nonobstant  qu'elle  ne 
soit,  comme  il  n'y  a  encor  aparence,  pour  réussir  selon 
son  desseign ,  et  pour  autant  qu'il  pourroit  bien  la  pour- 
chasser encores  par  quelques  autres  moyens ,  je  me  délibère 
de  faire  venir  à  propos  le  mieux  que  je  pourray  pour  luy 
dire  là-dessus  ce  qu'il  plaist  à  V.  M.  me  commander.  Qui 
pourra  servir  non  seullement  pour  obvier  à  ce  qui  se 
peult  craindre  de  la  part  du  Prince  d'Orange  et  Conte  Lu- 
dovic ,  s'ils  avoient  accommodés  leurs  affaires  avecques  le 
Roy  Catholique,  mais  aussy  pour  descouvrir  s'il  y  a  en- 
core quelqu'espérance  cachée  de  la  dite  pacification  et  du 
dit  accommodement.. .  • 


53. 


La  Reioe-Mère  à  G.  de  Scbonberg;  Footaioebleau ,  ai  avril 
(contresignée  par  Brulart.  *MS.  P.  C  400).  —  Le  Roi  délibère 
sur  les  propositions  du  Comte  Louis  de  Plassaiu 

i  ay  faict  veoir  au  Roy  ce  que  vous  me  mandez  par 


—  71*  — 

vostre  lettre  du  a3  mars  (i)  des  choses  qui  se  sont  passées  i573. 
entre  tous  et  le  Conte  Ludovicq ,  lesquelles  sont  de  telle  A^ril. 
importance  qu*elles  méritent  bien  j  penser  meurement  ; 
et  quand  le  Roy  en  aura  eu  le  loisir ,  il  ne  faudra  de  redé- 
pescher  incontinent  vers  le  dict  Conte  Ludovicq  le  Sei- 
gneur deFrégouse.  Cependant ,  s*il  communicque  avec  vous 
par  lettres,  ou  tous  le  rencontrez  en  continuant  votre 
voyage,  vous  le  pourrez  asseurer  que  Monseigneur  et  filz 
le  mercye  de  la  bonne  et  singulière  affection  qu  il  monstre 
luy  porter,  laquelle  il  recognoistra  tousjours  envers  luy 
et  le  Prince  d*Orange  son  frère ,  en  toutes  les  occasions 
qui  s'en  pourront  présenter:  remectant  à  le  luy  faire  plus 
amplement  entendre  et  son  intention  sur  plusieurs  autres 
choses  par  le  dict  Seigneur  de  Frégouse  qu  il  a  délibéré 
de  luy  redépescher  dedans  peu  de  temps. . . . 

54* 

Le  Roi  Charles  IX  à  G.  de  Scbooberi^:  FonUinebleau ,  3  mai 
*  (coDU^sigoée  par  Brulart.  *MS,  P.  C.  4oo).  —  Interrogatoire 
du  Baron  de  Rbingrave  sur  une  prétendue  tentative  d'empoi- 
sonnement du  Comte  Louis  de  Nassau. 

.•  J'ay  redépesché  le  Seigneur  de  Frégouse  vers  le  Conte 
Ludovicq.  •••  L'on  a  faict  icy  venir  le  Baron  de  Ringrave 
pour  l'interroger  sur  ce  que  le  Conte  Ludovicq  vous  a 
dict  luy  avoir  esté  rapporté  de  sa  part.. ..  lequel  a  déclaré 
que  la  vérité  est  telle ,  qu'il  n'estoy t  venu  à  la  court ,  ni  avoyt 
Teu  la  Royne  Madame  ma  mère  assez  longtemps  aupara- 
vant qu'il  entrast  dedans  Montz,  et  que  tout  ce  qui  avoit 


(i)  a3  Fnars,  Voyez  n**.  /|3. 


—  72*  — 

* 

iS^d*  esté  rappotte  de  hiy  au  C!onte  estoyt  chose  coni3roiit«e 
Mai.  par  celuy  qui  en  aToit  esté  le  porteur;  et  mesme  qu'il 
n  aToit  point  escript  au  Conte,  de  sorte  que  les  lettres  qiul 
luy  pourroit  avoir  este  baillées  soubzsîgnées  de  son  nom 
doivent  avoir  esté  fialsifiées;  de  quoy  j*ay  faict  advertir  le 
Conte,  et  ce  pendant  le  Baron  est  tousjours  retenu  par 
deçà  pour  plus  ample  vérification  de  ce  faict ,  pour  laquelle 
j'eusse  désiré  que  le  Baron  eust  peu  estre  près  de  cduy 
que  a  retenu  prisonnier  le  Conte  Ludovicq ,  affin  qu*il  txk 
eust  mieulx  le  cueur  esclercj,  et  cogneust  à  Fodl  conune 
il  y  eust  procédé  sincèranent. ... 


55. 


Le  Roi  Charles  IX  au  Sr.  de  St.  Goard:  Fontaioebktii ,  lo 
(f  MS.  P.  St.  G.  U.  2a8,  vol.  79a).  —  Sur  une  dépèdie  de 
l'Ambassadeur  d*£spagne  à  Philippe  II,  relative  aux  négoda- 
tioDs  du  Roi  de  France  avec  le  Comte  Louis  de  Nassau. 

Monsieur  de  St.  Goard,  je  suis  adverti  que  Don  Diego  de 
Çuniga  faict  présentement  une  despéche  au  Roy  Catho- 
licque,  par  laquelle  il  luy  mande  qu'il  doibt  plus  que  ja- 
mais faire  tout  ce  quil  luy  sera  possible  pour  composer 
ses  affaires  des  Pays-Bas  avecques  le  Prince  d*Orange, 
dautant  qu'il  est  tout  certain  que  je  faicts  conduire  une 
praticque  avecques  luy  et  le  Conte  Ludovicq  son  frère, 
laquelle  luy  est  très  dommageable;  et  qu'ainsi  ne  soit,  j'ay 
faict  constituer  ung  AUemant  prisonnier,  lequel  on  dict 
estre  bastard  du  Ringrave,  pour  justifier  envers  le 
Prince  d'Orange  et  le  Conte  Ludovicq  une  chose  que 
on  leur  a  faict  entendre;  assavoir  que  la  Royne,  ma  dame 
ft  mère,  a  voit  dépesché  quelques  hommes  pour  lesemp>i' 


—  73*  — 

ftonner:  suptiant  ledit  Roy  son  maistre  croire  cecy  estre  «SyS^ 
Teritable,  d'autant  qu'il  y  Teoit  fort  clair;  et  daTantage  Mai. 
scait  asseurément  que  Ton  est  après  à  traicter  et  condurre 
une  composition  ayecques  ceulx  de  la  Rochelle  et  autrea 
réroltez  de  ce  roiaume ,  et  quant  je  deb^rois  là  faire  la 
plus  vilaine  et  deshonneste  que  f  aie  poinct  encores  fiedcte, 
que  néanmoins  elle  se  fera,  affin  de  parfaire,  arecques 
le  Prince  d'Orange  et  son  frère ,  au  préjudice  du  service 
du  Roy  la  praticque  encommancée,  par  quoy  ladmo- 
neste  d'y  pourveoir  au  plustost:  chose,  Monsieur  de  St. 
Goart,  que  je  vous  ay  bien  voullu  faire  incontinant 
scavoir,  non  pour  en  parler  au  Roy  CathoUcque  ny 
autre,  mais  afGn  d'estre  instruict  pour  en  refondre  si 
d'avanture  vous  en  oyez  dire  quelque  chose.  Il  est  vray 
que  j'ay  faict  constituer  prisonnier  ledit  bastard  de  Rio- 
grave,  aiant  sceu  qu*entre  autres  malédissenses'  qui  se 
publient  de  moy  et  de  la  Royne,  ma  dame  et  mère,  en  Al- 
iemaigne,  affin  d'irriter  les  Princes  de  l'Allemaigne  à 
rencontre  de  nous,  on  a  voulu  dire  que  nous  avions  envoie 
gens  pour  user  d'empoisonnemens,  et  d'autant  que  cestuy- 
cy  a  esté  soubconné  et  blasmé  d'avoir  faict  semer  pareils 
iHtiicts,  j'en  ay  voullu  scavoir  la  vérité;  non  pour  nous 
jostiffier  envers  le  Prince  et  son  frère,  mais  pour  le 
faire  très  rigoureusement  pugnir,  comme  mon  subject 
quil  est  habitué  et  marié  en  mon  roiaume,  s'il  est  advérë 
quil  ayt  faict  un  acte  si  meschant;  ainsi  que  doibvent 
faire  tous  Princes  qui  sont  jaloux  de  leur  honneur  et 
réputation,  lesquels  ont  auctorité  et  pouvoir  sur  leurs 
subjec^ts. —  Pour  le  regard  de  la  composition  qu'il  dict  que 
je  veiilx  faire  avecques  ceuk  de  la  Rochelle  et  autres 


—  74*  — 

jStS.  rebeDes  de  mon  roiaume,  quant  mes  subjects  serent  si 
Maû  gages  que  de  se  contanter  des  conditions  licites,  je  seraj 
tousjours  plus  aise  de  les  conserver  qu  autrement;  tou* 
tesfois  comme  ils  sont  obstinez  en  leur  opinion ,  j'espère, 
moiennant  la  grâce  de  Dieu ,  me  faire  randre  Tobéissanoe 
qu'il  apartient  par  les  voies  convenables,  et  ne  rien  faire 
qui  soit  contrevenant  à  l'honneur  et  dignité  d'un  Prince 
très  Gbrestien,  duquel  j'ay  jusquea  icy  faict  les  œuvresM,^ 

56, 

G.  de  Schonberg  au  Roi  Charles  IX:  Dresde ,  12  mai  (MS.  P. 
C  400}.  —  lotentioDs  du  Comte  Louis  de  Nassau. 

••..Adam  Weise  me  mande  que  les  Estats  delà  le  Rhin 
assavoir  de  l'Alsatie  et  de  ces  environs  (c'est  la  ligue  que 
je  vous  ay  donné  advis  dès  l'année  passée  se  brasser,  me- 
ner, et  conduire  par  le  CoUonel  Swendy)  font  retenue  de 
beaucoup  de  coUonels  et  capitaines,  et  qu'ils  font  faire 
monstres  de  leurs  subjects  et  vassaulx.  Quand  à  luy ,  qull 
ne  sçait  ce  qu'ilz  ont  en  opinion  de  faire ,  mais  qu'il  pense 
bien  que  ce  n'est  pas  pour  les  Huguenoz  de  la  France, 
veu  que  Swendy  est  de  la  partye.  Geste  opinion  (que  tel 
préparatif  ne  se  face  en  faveur  des  Rochelois)  me  confirme 
la  lettre  que  le  Conte  Ludovicq  m'a  escrit  de  sa  propre 
main  et  laquelle  je  vous  envoie....  car  jem'asseure,  s'il 
y  avoit  quelque  anguille  sous  roche,  que  le  Conte  Ludo- 
vicq en  seroit  de  la  partie.  Or  ne  puis-je  croyre  qu'il 
voulust  user  du  langaige  qu'il  faict  et  principalement  par 
lettres,  moins  encores  me  peux-je  persuader  qu'il  voulust 
(s'il  n'avoit  faict  une  résolution  en  son  esprit  de  s'acqué- 
rir et  conserver  vostre  faveur  et  bienveillance)  s'ingérer 


kux  affayres  de  Poulogne,  lesquelles  il  sçait  toucher  tant  i573. 
au  cueur  Je  l'Empereur  et  Roy  d'Espoigne  et  touls  ceulx  Mai, 
iqui  aynient  l'Eiiipeieur;  veu  le  beau  party  ijui  se  présente 
au  Prince  d'Orange  pour  le  recouvrement  de  ses  biens  et 
la  paci6cation  du  Pays-Bas,  dont  il  frustreroît  le  Prince 
•rOrange  et  le  Pays-Bas  totalement ,  si  on  le  visl  embarqué 
et  empesché  ailleurs  (ne  craignant  l'Espagnol  entreprinse 
Bulcune  de  ce  costé  de  deçà ,  si  elle  ne  [fust]  pour  les 
jnenées  et  pratiques  du  Conte).  le  ne  veulx  toutesfois 
respondre  de  l'intention  de  personne  que  de  la  mienne, 
ni  asseurer  que  le  Conte  n'aye  ainsi  diffère  à  envoyer  son 
-bomme  qui  doibt  faire  le  voiage  de  Poulogne ,  par  devers 
Imoy,  pourvoir  premièrement  quelle  [deilaraiion]  V.  M. 
'Ceroist  sur  ce  qu'a  esté  traielé  avecques  luy  à  Franckfon. 
Mais  vous  avez  le  moyen  prest  entre  les  mains  de  voua 
-Harantir  de  toutes  soupçons  des  menées  et  entreprinses 
■de  ce  personnaige-là,  qui  est  ung  des  plus  dangereux  et 
■que  vous  avez  occasion  de  craindre  le  plus,  pour  beaucoup 
agrandes  considérations,  et  principalement  à  cause  du  sin- 
fiulier  crédit  et  autorité  qu'il  a  auprès  de  tous  les  Princes 
(Protestants.  Or  j'ay  escrit  au  Conte....  que  pour  plu- 
laieurs  importantes  misons  (que  V.  M.  jugera  bien  aisé- 
ineni)  je  presse  le  Conte  en  ma  lettre  de  faire  achemiDOT 
laon  homme  vers  Leipsick;  mais  mon  intention  n'est  pas 
pourtant  de  le  faire  passer  oultre  sans  que  j'en  aye  votre 
;exprès  commandement,  ou  bien  queMonsieurde  Valence  (i) 
jBwle  mande  suivant  l'advis  que  je  luy  en  ay  donné  àe 
iBniDSwîck..... 


(il  M.  de  yalence.  Moalluc,  Efjqne  de  Valence, 
irleDacd'A.nJoii  en  Pologne. 


J 


—  76*  — 

57. 

l5^3.       G.  de  Scbonberg  au  Chancelier  Brulart:  Dresde,  12  mai  (MS. 
yiAU  P*  ^  400).  —  L'Electeur  de  Saxe  a  reçu  à  Yieune  des  impres- 

sions fâcheuses  relativement  a  la  St.  Barthélémy. 

••••Les  malheureuses  et  détestables  impressions  qu'on  a 
données  à  Vienne  à  l'Electeur  de  Saxe  des  actions  passées 
et  déportements  présens  de  leurs  M.,  nous  rendent  de 
jour  en  jour  plus  odieux....  L'Electeur  de  Saxe  fidct  a 
diette ,  qui  est  la  cause  que  je  ne  nég;ocie  point  avec  loj 
en  personne,  ains  avec  le  Docteur  Gracau;  pour  la  mesme 
raison ,  et  veu  qu'un  Ambassadeur  de  l'Empereur  y  Tenojt 
(auquel  je  m'assuroys  bien  qu'on  feroyt,  pour  le  mcnngi 
la  Princesse  (i)  et  les  Conseillers  de  sa  faction ,  plus  de oh 
raisse  qu'à  moj),  je  me  suys  retiré  àLeypzic,  qui  n*est  qa'i 
six  lieues  de  là  où  est  pour  le  présent  l'Electeur,  et  traîi^ 
tons  à  ceste  heure  par  lettres ,  et  est  toute  la  dispute  es» 
cores  sur  les  derniers  événemens  de  la  France ,  contre 
lesquels  l'Electeur  est  beaucoup  plus  aigre  qu'il  n*estojt 
à  mon  aultre  voyaige ,  depuys  qu'il  a  esté  en  l'escole  à 
Vienne.    Car  vous  ne  luy  osteriez  hors  de  la  teste  que  le 
Roy  n'aye  permys  à  Monsieur  de  Guyse  (et  ce  avant  que 
l'Admirai  fust  blessé  au  bras)  de  tuer,  mais  non  pas  de 
blesser  T Admirai;  item^  que  c'est  le  mot  du  guet  qu'ont 
tous  les  gouverneurs  et  officiers  des  pays  et  villes  de 
S.  ftL,  si  on  peult  attraper  ung  Huguenoz,  qui  soit  homme 
de  faction  et  de  menée,  et  qui  aye  crédit  parniisces  gens 
là,  qu'on  luy  face  acroire  qu'il  ayt  mangé  le  lard  et  que 
là  dessus  on  l'envoyé  ad  mortuos  :  je  vous  laisse  à  penser, 

(1)  La  Pr,  Anne  de  Danemarck. 


l'ayant  ceste  fantaisie  înprimée  en  la  teste, quelle  opinion  iSyS. 
lil  peult  avoir  des  actions  de  leurs  Majestez....  M»"- 


G.   de  SchoDhcrg  ù  la  Rcioe-MÈre:  Leipsick  ,  19  mai  (MS.  P. 
C  ^oo],  —  DiiTércnd  entre  l'Empereur  et  l'Ëiecteur  de  Saxe. 

Madame,  le  bon  Dieu  faict  tousjours  pour  nous; 
ïliomme  (1)  duquel  je  parle  en  la  lettre  duRoj,  m'a  dict 
CD  extr^ement  grande  confiance  cpie  de  jour  en  jour  il 
•'allume  davantage  une  certaine  altération  au  cueur  de 
fElecteur  de  Saxe  contre  l'Empereur;  pour  ce  que  l'Ets- 
Mreur  se  formalise  que  l'Electeur  de  Saxe  s'est  impiété' 
de  la  Souveraine  tutelle  des  enfans  du  Due  ian-Guillaume 
(et  sans  l'en  advertîr  pas  seuUement),  Teu  qu'elle  luy  ap- 
partînt, comme  estant  cliel"  et  supt^rieur  des  Princes  mi* 
Deurs  de  la  Germanye.  J'espère  qu'avecque  laide  de  Dieu 
cela  rompera  lassignalion  de  la  journée  impériale;  pour 
te  moings  donnera  ccste  picque  de  TEIecletir  ung  croc  en 
janiUe  à  touts  les  desseins  de  l'Empereur.  Or  veu  que  la 
Teufe  (a),  laquelle  est  plus  animée  contre  l'Electeur  de  Saxe 
que  contre  le  Turc,  s'accoste  et  appuyé  de  l'Ëiiipereur,  je 
différera^  de  m'aller  condouluir  de  la  part  de  V.  M.  avec- 
ques  elle  de  la  mort  de  feu  son  Seigneur  et  mary,  consi- 
dérant que  cela  offenceruît  sur  ces  entrefatctes  icyle  dict 
l'Electeur • 

(i]  fhomme.  Cet  homme  est  désigna  ditu  d'aulret  endroits  de 
cette  lettre  par  •  celui  qui  lieat  coDïlaDtetacnt  le  part}  de  \ .  H.  • 
(9)  la  vtu/e.  Dorothée  Suzanne ,  fille  de  l'Eledeur  PaUtin. 


J 


59- 

1^73.       S^  Ck>ard  au  Roi  Charles  IX:  Madrid  ,  20  mai.  —  Desseins  dtt 
Duc  JeaD-Casimir  sur  Besançon. 

..«.(Les  Espagnols)  ont  ung  advertissemeut  de  Besançon 
du  troisièsme  d'apvril  que  ceulx  de  Genesve  ont  tant  brassé 
que  le  Conte  Pallatin  a  esté  reçeu  bourgeois  de  Berne, 
lequel  prétend  confédérer  avecques  tous  les  cantons  Lu- 
thériens, affin  que  leCazemir ,  soubz  leurs  ailles ,  arecques 
le  crédit  de  ceulx  de  Genesve ,  ayt  meilleur  moyen  de  faire 
gens  comme  il  faict ,  et  les  tirer  d*Allemaigne  pour  trou- 
bler de  nouveau  la  France.  Mais,  pour  ce  que  les  trois 
principaulx  Luthériens  qui  sont  dans  Bezançon,  qui  œ 
nomment  Chafrey,  Recy,  et  Malarme,  ont  quelque  intel- 
ligence avecques  le  Conte  Pallatin,  et  sont  assbtezdei 
Princes  d'Allemaigne  Luthériens,  ils  doublent   bien  icy 
que ,  soubz  cette  faincte ,  ledit  Cazemir  ne  veueille  avoir 
passaige  par  le  Conté  de  Bourgongne  pour  s*inipatroniier 
parcestevoyée'  la  cité  de  Bezançon,  disant  que  les banoi* 
d'icelle  en  font  quelque  motif,  qui  seroit  la  totalle  nipe 
du  dit  Conté.  Il  ma  semblé  très  à  propos  qne  je  feisse cest 
advertissemeut  à  Y.  M. ,  comme  sçaichant  que  icy  ib  ae 
Font  mis  à  mespris ,  et  que  pour  ceste  occazion  ils  ont 
aussytost  dépesché  ung  courrier  vers  TEnripereur,  duquel 
Ton  espère  tous  les  jours  F  Ambassadeur ,  estant  partj 
depuis  quelques  jours  celluy  qui  y  estoit  de  longtempi 
Pour  les  affaires  de  Levant  ils  ne  sçavent  encores  à  quo? 
se  résouldre ,  se  plaignant  extrêmement  que  les  Véniciens 
les  ayent  ainsy  trompez.... 

^  voie.      *  btnnit. 


--  79*  — 
6o. 

G.  de  Schonbergà  la  Reioe-Mère:  Eckenberge',  a6  mai  (BIS.  P.   >  ^7^' 
C.  4oo).—  Le  Comte  Louis  de  Nassau  se  défie  de  la  Reine 
d'Angleterre  et  désire  que  le  Roi  de  France  prenne  enfin  une 
résolution.  L'Empereur  travaille  à  la  pacification  des  Pay»- 
Bas. 

Madame ,  le  Conte  Ludovicq  ma  donné  advis  par  le 
D*  Arnold  Rosenberg  (i),  €ît  ce  pour  le  mander  à  V.  M.  (à 
la  chairge  toutesfois  qu'il  ne  iîist  nommé  à  aultre  personne 
qu'à  V.  M. ,  les  suppliant  très  humblement  de  ne  dire  point 
le  tenir  de  luy)  que  le  Roy  d*£spaigne  à  faict  entendre  et 
asseurer ,  pour  aussy  vray  que  TETangille ,  à  la  Reyne  d'An* 
gleterre,  que  le  Roy  briguoit  des  estranges  menées  en 
Escosse  à  Tencontre  d'elle  et  de  son  Estât  :  adjoustant  le 
Roy  d'Espaigne  qu'il  avoit  esté  sollicité  de  se  mettre 
de  la  partie.  Le  Conte  doubte  fort  que,  sous  l'ombre 
de  la  négociation  du  commerce  (dont-il  n'est  guairea 
content,  encores  quelle  Taye  tant  asseurée  que  ce  n'est 
pour  en  rien  préjudicier  aux  adhérans  du  Prince  d'Orange) 
on  n'aye  traicté  et  traicte  encores  quelque  chose  de  plus 
d'importance.  Il  se  plaint  au  surplus  grandement  de  quoy 
il  n'a  aulcune  nouTelle  de  ce  que  V.  M.  sçayt ,  et  a  com- 
mandé au  Docteur  de  me  dire  librement,  en  ces  propres 
termes,  que  les  affaires  du  Pays-Bas  sont  en  tel  estât  que 
pour  la  longueur  du  Roy  en  sa  négociation  on  sera  con- 

^i)  jé.  Rosenberg:  «Docteur  es  droits;  c*est  celuy  qui  harangua 
»si  bravement  en  la  dernière  dîette  de  Spire  pour  les  Seigneurs  et 
•Estas  du  Pays-Bas  contre  le  Gouvememeot  Espagnol  »  (Sdionbcrg 
a«  Roi;  a6  mai:  BAS.  P.  G,  4o*). 

'  PetUê  vdif  iê  Thmrimg»,  mmif.dg  Wmmmr. 


—  80*  — 

t^yi.  traint  de  prendre  parti.  Là-»dessus  je  luy  ay  faict  entendre 
Mai.  ce  que  V.  M.  m'ont  mandé  touchant  le  retour  de  Frégouse, 
lequel  seroit  en  brief  asseurément  auprès  de  lu  j.  Le  Docteur 
m*a  dict  aussy  que  le  Conte  Ludovicq  faisoit  des  secrètes 
et  grandes  retenues  de  reistres  et  gens  de  guerre  en 
Westphalie  et  es  environs ,  sous  espérance  qu  il  tombera 
d'accord  avecques  le  Roy  de  ce  que  vous  scavez....  D'une 
chose  peulx-je  au  surplus  asseurer  certainement  V.  M., 
t|ue  l'Empereur  ne  travaillast  jamais  tant  à  chose  qui  faict 
i  la  pacification  des  Pays-Bas,  car  on  luy  £aict  acroire 
que  son  second  fils  sera  mis  Gouverneur  du  Pais-Bas, 
auqud  on  ordonnera  le  grand  Gommendador  et  Gou* 
vemeur  de  Milan  pour  Chef  du  Conseil  et  Superintendant 
de  toutes  les  affaires,  adjoustant  que  ci-après  on  laj 
baillera  le  dict  Pays-Bas  en  dot  avecques  la  fille  du  Roj 
Catholique.  Ung  Electeur  qui  le  peult  scavoir,  l'a  diet  à 
ung  de  vos  Collonels  en  très  grande  confiance,  qui  aae 
faict  y  adjouster  davantaige  de  fby.... 

6i. 

G.  de  Scbonberg  à  Mr.  de  Limoges:  Eckersbergc ,  26  mai  (MS. 
P.  C.  4oo).  —  11  regrette  qu'on  ne  prenne  pas  de  résolution 
dans  Taffaire  du  Comte  Louis  de  Nassau. 

Monsieur,  nos  anciens  ennemis  sont  en  beau  chemin 
de  bien  faire  leurs  affaires  en  Angleterre  et  au  Pays-Bas; 
ce  sera  après  à  nous  à  nous  guarder  du  chocq:  je  maudis  du 
meilleur  du  cueur  la  très  méchante  et  très  malheureuse 
rebelle  opiniastreté  des  Rochellois,  tant  elle  me  faict  de 
maulx  ;  et  je  pense  bien  que  ceUe-là  est  aussy  cause  qu  on 
ne  se  résould  point  de  l'affaire  du  Conte  Ludovirq.    Or 


ins-je  infininiciit  que  nous  ii  ayons  à  souffrir,  si  nous  iS^Î. 
hissons  eschapper  ce  moyen  propre  pour  travailler  noz  Mai. 
anciens  ennemis;  pour  nous  guaranlïr  de  leurs  cnire- 
prinses;  pour  mettre  en  besoigne  le  Conte  Ludovicq  et 
ïeobarquer  ailleurs;  et  pour  nous  rendre  de  rechef  favo- 
xahlesceulx  que  la  malice  du  temps  et  leurs  fauTsos  impres- 
aons  ontestrangé  de  nous.  Toutesfois leurs  Majestés  sont 
assez  sages,ilssçauronlbien  àquoyse  tenir.  —  Monsieur, 
assistant  à  la  lecture  de  la  lettre  de  créance  et  l'instruction 
cjue  le  Conte  Ludovicq  avoit  baillé  au  Docteur  Rosenberg 
pour  les  Protestants  de  Poulogne,  vous  sçaurei  bien  ra- 
tnentevoir  à  leurs  Majestés  que  c'est  le  Conte  Ludovicq  qui 
escrit ,  et  escrit  aux  Protestants  de  Poulogne;  par  ainsi  il 
Be  se  fault  formalizer  qu'il  n'avoue  la  faulte  de  l'Admirai... 


fia. 


Le  Comte  Louis  hu  Roi  CharU'»  IX:  Siegeu,  i  juin  (KeniDD- 
slraace  faîclc  au  Roy  par  Ir  Conte  Ludovic  île  Nassau  lou- 
chant les'mojens  de   rcmtdîer  3ux   troubin   Ju    rojaulme: 

f  MS.  P.  Archives  Je  Simancai,  B.  3S^J. 

Monseigneur,  le  Conte  Ludovic  de  Nassau,  selon  le  zél« 
qu'il  a  au  bon  succez  des  affaires  du  Roy,  ayant  naguiè- 
res  à  Francfort  discouru,  ik  coeur  ouvert  et  librement, 
avec  les  Sieurs  de  Scbombert  et  Fregouze,  et  depuis  arec 
le  dict  de  Scbombert  à  Casscl,  estime  que  S.  M.  aura  le 
tout   entendu   tant  par  lettres   du    Sieur  de  Schomben 


que  V 


rk'diilFréj 


espei 


t  qu'elle 


auroit  reçu  le  tout  d'aussi  botuie  part  comme  il  estait 
d'ung  coeur  affectionné  à  son  fiervice.  Toutesfois  le 
sur  Conte  a  veii  par  l'inMtruction  du  dict  Frégnuie 


—  82*  — 

i5y3.  naguièies  retourné  versluy,  et  entendu  bien  amplement 
Juin,  par  ses  propos,  que  S.  M.  voulloit  le  tout  interpréter 
comme  si  on  luy  Toulloit  donner  loj  en  son  royaulme; 
cependant  Tintencion  du  dit  Seigneur  Conte  n  estoit  telle, 
ains  de  franchement  et  rondement  monstrer  à  S.  M.  les 
seuls  moyens  qu'il  cognoissoit  y  avoir  pour  parvenir  à  ce 
quil  prétendoit,  sçavoir  à  contracter  une  ferme  amitié 
et  bonne  intelligence  avec  les  Princes  Protestans,  pour 
faire  perdre  et  évanouir  le  maulvais  bruit  qui  court  par 
tout  de  sa  dite  M. ,  tant  en  devis  ordinaires,  peintures,  que 
livres  diffamatoires,  et  à  ce  qu'elle  se  peult  asseurer  d'une 
bonne  assistance  contre  le  Roy  d'Espaigne,  duquel  die 
descouvre  tous  les  jours  beaucoup  de  maulvaises  voulun- 
tez  en  son.  endroict  ;  et  d'autant  que  ceste  interprétation 
faict  que  le  Seigneur  Conte  craint  que  on  n'ayt  fiiict 
entendre  à  S.  M.  ce  qu'il  désire  qu'elle  sache  et  qu'il  juge 
en  saine  conscience  ce  qui  est  convenable  pour  parvenir 
au  bien  où  S.  M.  tend,  il  luy  a  despesché  le  Seigneur 
Chastelier  (i),  pour  l'informer  bien  particulièrement  de  sa 
conception  et  de  ce  qu'il  voit  expédient  pour  obtenir  ce 
qu'elle  veult;  supliant  S.  M.  de  croire  que  ce  n'est  d'aulcune 


(i)  Chastelier,  Honorât  Prévost  Sieur  de  Chastelier.  Il  fut  cd- 
l'oyé  en  1567  par  les  Huguenots  en  Allemagne,  spécialement  aussi 
vers  TËlecteur  Palatin  ;  la  découverte  du  rapport  qu'il  lui  fit  sur 
les  afi aires  de  France  (pièce  intéressante  et  que  nous  espérons  voir 
publier)  est  un  des  heureux  résultats  qu*ont  eu  les  laborieuses 
recherches  de  M.  le  Docteur  Janssen ,  second  Conservateur  da 
Musée  d'Antiquités  à  Leide  ,  dans  les  Archive-  du  Prince  deHoheO' 
zollern-Sigmaringen  à  *s  Heerenherg,  11  est  probable  qu'alors  Chas- 
telier devoit  aussi  engager  le  Prince  d'Orange  à  faire  cause  com- 
mune avec  Condé  et  Coligny  (Tom.  UI,  pag.  1^ 


—  83*  — 

passion  particulic-re  ou  affection  qu'il  ayt  à  aultre  chose  i573. 
que  la  voir  en  meilleure  réputation  qu'elle  n'est  entre  les   Juin- 
Princes  et  potentats  estrangiers ,  et  Teslongner  de  la  ruyne 
qui  la  menace  de  si  près. 

Ces  moyens  estoient  que  S.  M. ,  pour  venir  au  dessus  de 
ses  fins  avec  les  dicts  Seigneurs  Princes  Protestans  de  re- 
couvrir la  réputation  dont  les  excez  passez  Vont  despouillé, 
cessast  en  premier  lieu  de  faire  la  guerre  à  ses  subjectz 
de  la  religion ,  qui  est  le  vraj  et  seul  fondement  sur  lequel 
elle  peult  rebastir  de  nouveau  sa  réputation  et  tout  ce 
qu'elle  voudra  avec  les  dicts  Princes;  car  aultrement  il 
n'est  possible  de  rien  avoir.  Ils  fondent  tous  leurs  compor- 
temens  sur  cela,  car  ilz  ne  pourront  jamais  espérer  ferme 
amitié  et  alliance  avec  S.  M.,  pendant  qu'elle  [se]  monstrera 
tant  contre  eulx  en  ce  poinct  principal  de  la  religion, 
qui  a  tant  de  commandementz  sur  les  actions  des  hom- 
mes ,  partant  qu'il  est  nécessaire ,  pour  donner  le  blanc  '  où 
S.  M.  a  les  yeulx  fichez,  qu'elle  laisse  premièrement  ses 
subjectz  de  la  religion  en  paix.  Et,  affin  que  S.  M.  pense 
que  ce  ne  sont  point  discours  en  l'air ,  le  Seigneur  Conte 
le  supplie  de  se  souvenir  que  çà  esté  la  source  de  la  répu- 
tation qu'elle  avoit,  et  d'avoir  mémoire  de  ce  qu'il  luy 
dict  le  premier  jour  qu'il  arriva  après'  Loys  (i)  au  soir,  et 
plusieurs  fois  encoires  pendant  le  traieté  du  mariage  du 
Roy  de  Navarre ,  que ,  pour  ce  que  S.  M.  avoit  tant  tra- 


(i)  Loys,  Apparemment  Bloyx,  «  Le  Roi  fit  venir  à  lui  (en  i57'i) 
sdesguisez  en  secret  au  jardins  de  Blois  le  Comte  Ludovic  et  la 
•  Noue  pour  trailter  de  la  guerre  de  Flandre»,  o  D'Juhif^néy  11^  i  ^ 
p.  5. 

'    but  (het  wit).     *   prh  d«. 


—  8r  — 

1373.  vaille  à  mettre  paix  entre  ses  subjetz  et  libéralement 
Juin,  permis  à  iceulx  Texercisse  de  la  religion ,  les  dicts  Seigneurs 
Princes  désirant  estre  tousjours  conservez  en  semblable 
liberté,  luy  portoient  si  bonne  affection  que,  dévisans 
quelque  fois  entre  eulx,  ilz  soubhaitoient  Tavoir  pour 
Seigneur,  le  cas  advenant  qu'on  en  deust  faire  élec- 
tion. 

Désiroient  [unanimement]  S.  M.  soubhaitans  son  advé- 
nement  en  grandeur,  n'ayans  rien  plus  ordingiire  en  leurs 
bouches  que  ses  louanges,  parquoy  le  dict  Seigneur  Conte 
dict  lors  à  S.  M.  qu'il  espéroit  ung  jour  luy  voir  la  cou- 
ronne impérialle  sur  la  teste.  Que  S.  M.  croye  que  cela 
ne  venoit  point  de  luy ,  mais  de  ceulx  qui  en  ont  Fautho- 
rité  et  la  puissance;  qui,  le  voyans  tellement  résolu  à  la 
conservation  de  son  Edict  de  pacification ,  faysoient  leur 
compte  de  l'eslire  Roy  des  Romains,  en  quoy  S.  M.  eust 
eu  cest  adventaige  d' estre  appellée  en  si  grande  dignité 
que  les  aullres  Princes  ont  accoustemé  de  briguer  et  pour- 
chasser par  tous  moyens,  et  proposer  à  ceste  fin  toutes 
les  plus  avantaigeuses  conditions  qu'ilz  peuvent:  comme 
niesme  l'Empereur,  qui  est  à  présent  beau-père  de  S.  M., 
n  eust  jamais  esté  esleu  sans  une  curieuse  solicitude  et 
promesses  solemnelles  quil  fist;  entre  plusieurs  aultres 
il  jura  de  maintenir  chascun  en  la  liberté  de  sa  conscience 
et  exercisse  de  la  relligion.  G'estoit  la  mesme  raison  pour 
quoy  ceulx  du  Pais-Bas,  voyant  leur  Prince  se  départir  des 
promesses  qu'il  leur  avoit  faictes  et  des  conditions  aux- 
quelles il  estoit  obligé,  et  que  S.  M.  traictoit  si  humaine- 
ment ses  subjectz,  le  souhaitoient  de  tout  leur  coeur 
souverain  Seigneur  et  se  jectoient  entre  ses  bras,  afHn 
d'avoir  la  liberté  de  leur  conscience  et  l'exercisse  de  la 


—  S5*  — 

religion ,  et  en  général  jouir  de  mesme  bénéfice  que  fai-    iS^o. 
soient  alors  les  subjectz  de  S.  M.  par  sa  permission.  J"'"» 

Cestoit  la  mesme  et  principalleraison  [qui]  nieu  '  la  Royne 
d'Angleterre  de  faire  alliance  avec  S.  M.  peu  avant  le 
massacre.  Qu'aujourd'huy  au  contraire  sa  dicte  !VL  est  pro- 
dbe  de  sa  ruyne,  son  Estât  [abbaye']  de  toutes  pars,  et  qiie 
abandonné  en  proye  à  qui  s*en  vouldra  investir;  d*aultant 
qiie ,  pour  avoir ,  par  lexcez  dernier  et  les  guerres  faictes 
auparavant ,  voullu  forcer  les  consciences  de  ses  subjectz , 
il  est  tellement  destitué  de  noblesse  et  de  gens  de  guerre , 
▼oire  de  la  plus  fort  colomne  de  sa  couronne ,  qui  est  Ta- 
mour  et  bienvueillance  de  ses  subjectz,  qu  elle  resemble 
à  ung  viel  bastiment  qu  on  appuyé  tous  les  jours  de  quel- 
ques pillotis,  mais  enfin  on  ne  le  peult  empescher  de 
tomber. 

Que  S.  M.  voit  l'Espagnol,  son  ennemy  mortel ,  faire 
ses  choux  gras'  de  la  désolation  de  ses  affaires,  se  rire  à 
gorge  ouverte  de  ses  mallieurs,  et  employer  toute  son 
industrie  et  estude  à  entretenir  les  troubles  en  son  royaul- 
me;  s'asseurant  avec  bonne  raison  que  c  est  le  seul  moyen 
de  parvenir  à  ses  fins  sans  coup  frapper,  veu  que  desjà, 
tant  les  guerres  passées  que  par  le  dernier  massacre  et 
troubles  présens,  FEspagnol  a  plus  affoibli  S.  M.  que  s  il 
eust  faict  la  guerre  trente  ans. 

Que  rEspagnol  en  oultre  se  sert  de  lexcez  dernier ,  par- 
tout où  il  peult,  contre  S.  M.,  comme  il  a  naguières  faict 
en  Pologne,  ainsi  que  S.  M.  Ta  assés  entendu,  et  que  cà 
esté  la  seulle  cause  de  la  courtoisie  et  fidélité  dont  le  Duc 
d*Albe  a  ussé  envers  le  Conte  à  la  prinse  de  la  ville  de 
Monts;  comme  il   a  depuis  dict  à  plusieurs  que  cestoit 

*  eofagea,  a  arà.  >  abaiiiié.   ^  §tê  délices. 


—  86*  — 

iSyi.  pour  raonstrer  qu*il  ne  vouldroit  point  avoir  faict  ung  si 
^în-    meschant  acte  qu'avoit  faict  le  Roy  de  France,  et  qu'il 
n'estoit  point  marry  de  ce  qui  estoit  advenu  à  feu  Mon- 
sieur FAdmiral ,  parcequ  il  estoit  ennemy  capital  de  son 
Roy,  mais  aymeroit  mieulx  avoir  perdu  les  deulx  mains 
que  l'avoir  faict.    Que  S.  M.  continuât  à  faire  la  guerre  à 
ceulx  de  la  religion  et  ne  les  point  endurer  en  son  royaulroe, 
le  Conte  le  peult  asseurer  que  Monsieur  son  frère,  le  lais- 
sant en  cest  estât  pour  aller  en  Pollogne,  n'y  sera  jamais 
le  bienvenu ,  ains  ceulx  du  pais  estimans  qu'il  arrive  là 
pour  brouiller  les  afaires,  et  que  les  dicts  Sieurs  Princes 
pour  semblable  occasion ,  au  lieu  d'aller  au  devant  par 
tous  les  endroictz  de  son  chemin  pour  luy  faire  honneur, 
s'en  reculeront  de  dix  lieues  loing  de  peur  de  le  voir; 
et,  [si] au  contraire,  devant  que  partir,  il  se  rend  moycn- 
neur  d'une  bonne  paix  en  France ,  il  sera  receu ,  aymë  et 
honnoré  autant  qu'on  pourroit  estimer,  et  les  dicts  Sieurs 
Princes  l'atendront  au  passage,  pour  luy  faire  tout  rhoD" 
neur  et  honneste  réception  dont  ils  se  pourront  adviser. 

Que  S.  M.  demourant  en  sa  résolution  où  elle  est  au- 
jourd'huy,  le  Sieur  Conte  ne  voit  pas  qu'il  y  aye  à  propos 
que  l'Electeur  Palatin  envoyé  vers  la  Roy  ne  d'Angleterre 
pour  le  parachèvement  du  mariage  de  Monseigneur  le 
Duc  et  d'elle,  et  encores  moings  que  ce  soit  jamais  du 
consentement  du  dict  Sieur  Electeur  que  le  Prince  Casi- 
mir son  fils  entre  au  service  de  S.  M. ,  comme  le  dict  Sieur 
Conte  de  sa  part  s'asseure  qu'il  ne  proffiteroit  pas  beau- 
coup de  l'en  solliciter,  et  ne  le  pourroit  faire  aussi  en  saine 
conscience,  pendant  que  S.  M.  sera  bandée  contre  ceulx 
de  la  religion. 

Que   S.  M.  a  toutes  les  honnestes   occasions   qu'elle 


—  87*  — 

pourroit  soubhaiter  pour  retirer  le  bras  armé  de  ses  suh-  liyi. 
jectz  et  cesser  de  leur  faire  la  guerre,  sur  ce  qu'estant  Ji^in* 
Monseigneur  soiï  frère  esleu  Roy  de  Pollogne,  et  désirant 
y  estre  bien  receu  et  avec  une  asseurance  de  tous  ceulx 
du  pais  qu'il  sera  non  pas  pour  les  molester  au  faict  de 
leur  conscience ,  mais  pour  les  entretenir  en  la  liberté  où 
il  les  aur^  trouvé,  il  peult  aussi  luy-mesme,  comme  aussi 
Monseigneur  le  Duc  son  frère  pour  semblable  occasion , 
moyenner  envers  S.  M.  qu'elle  cesse  de  tourmenter  ses 
subjetz  de  la  religion;  que  si  aultrement  Messieurs  ses 
frères  partent,  Tung  pour  aller  en  Pollogne  et  laultre  en 
Angleterre,  oultre  que  cela  leur  viendroit  mal  à  propos 
pour  les  occasions  susdicts,  ils  laisseront  S.  M.  avec  une 
guerre  sur  ses  bras,  de  tant  plus  difGcille  et  dangereuse, 
qu'elle  auroit  encores  moings  de  soûl lagement  beaucoup, 
et  I  qui  pis  est ,  n'auroit  personne  à  qui  elle  se  peust  fier  de 
la  conduicte  de  son  armée ,  estans  aulcuns  très  serviteurs 
affectionez  et  pensionaires  du  Roy  d'Espaigne,  et  S.  M. 
se  deffiant  des  aultres  à  cause  des  choses  passées. 

Davantaige  le  Ck)nte  ne  peult  oublier  d  advertir  S.  M. 
qu*on  comence  par  deçà  à  se  fascher  et  ennuyer  de  façons 
dont  on  use  en  France  pour  négocier ,  descouvrant  qu'on 
ne  procède  point  rondement  et  ne  se  sert-on  que  de  dis- 
simulation, comme  ung  hameçon;  ainsi  que  naguières 
avec  la  Royne  d'Angleterre,  au  traictement  du  mariage  de 
Monsieur  le  Duc,  on  a  envoyé  soubz  main  des  vaysseaulx 
de  guerre  en  Escoce  pour  s'y  jecter  et  entretenir  des 
troubles ,  et  les  faire  eslargir  peu  à  peu  jusques  en  An- 
gleterre. 

Que  l'on  apperçoit  es  lettres  et  paroUes  de  S.  M.  tant 
de  faintes  qu'on  ne  se  peult  fier  que  de  bonne  sorte; 


—  88*  — 

iSy'i.  comme  après  les  lettres  que  S.  M.  escrivit  au  dit  Seigneur 
Juin.  Prince  despuis  la  blessure  de  Monsieur  l'Admirai,  luy 
faisant  entendre  lextrême  desplaisir  qu'elle  avoit  receu 
d'ung  tel  accident  et  qu'elle  en  feroit  une  si  exemplaire 
justice  qu'il  en  seroit  mémoire  à  jamais;  à  deux  jour? 
delà,  elle  la  [Gst]  assez  mal. 

Au  surplus  tant  d'asseurance  que  S.  M.  a  donné  despuis 
la  mort  du  dict  S'  Admirai ,  en  tous  les  lieux  et  endroictz 
de  son  obéisance ,  qu'elle  ne  vouloit ,  ni  entendoit  qu'on 
altérast  aulcunement  son  Edict  de  Pacification ,  ne  se  peult 
accorder  avec  la  guerre  qu'elle  faict  à  ses  subjectz  de  la 
relligion,  et  mesmes  encoires  à  ce  qu'elle  dict  ne  pouvoir 
endurer  aultre  religion  en  son  royaulme  que  la  sienne. 

Que  pour  ceste  résolution  Monseigneur  le  Prince 
d'Orange  ne  peult  penser  que  ce  soit  d'ung  coeur  ouvert 
que  S.  M.  dit  qu'elle  le  veult  secourir,  à  ce  qu'elle  a  faict 
proposer  au  S*^  Conte  sans  aulcune  condition ,  et  craint- 
on  que  cela  soit  sorti  d'une  mesme  [bourque]  que  les 
choses  précédentes;  d'aultant  que  les  lettres  de  l'Ajnbassa- 
deur  d'Espaigne,  lesquelles  puis  naguièreson  esté  surprin- 
ses  venant  de  France  au  Duc  d'Alve,  on  voit  que  la 
Royne-Mèrea  tenu  ce  langage;  disant  le  dict  Ambassadeur: 
je  ne  puis  penser  que  ces  tant  Chrestiens  veullent  faire 
accord  avec  ces  héréticques;  parlant  ainsi  du  dict  Seigneur 
Prince  à  son  desavantaige,  tant  s'en  fault  qu'on  ayt  si 
bonne  affection  a  l'avancement  de  ses  afaires  comme  Ton 
dict. 

Le  Conte  suplie  encores  S.  M.  de  se  remettre  de- 
vant les  yeulx  ce  qu'il  luy  a  par*  plusieurs  fois  dict  du 
Cardinal  de  Lorrayne ,  que  ses  actions  estoient  tellement 
suspectes  de  tous  costés  pour  la  grande  intelligence  qu'il 


a  STCc  l'Espagnol  que,  tant  que  l'on  verfoit  qu'il  auroil  iSjî. 
crédit  envers  S.  M.  et  manieroit  ses  afaires,  on  n'estimeroîi  ^'''''■ 
qu'elle  fetsl  et  négociast  quelque  t'hose  ronilcnietit  et 
sincèrement;  niesme  encuires  que  le  hruift  est  qu'il  a 
faici  offre  à  S.  M.  il'une  grande  somme  de  deniers  pour 
les  employer  contre  ceulx  de  la  relligîon.  Supplie  davan ta ge 
le  Comte  S.  AL  qu'elle  ayt  souvenance  de  ce  qu'elle  luy 
a  plusieurs  fois  dit,  que,  recognoissant  bien  les  maulx  qui 
l'avoient  assailli  de  toutes  parix  el  y  ayant,  par  la  grâce 
de  Dieu ,  remédié  par  la  paix  qu'elle  avoit  eu  tant  de  paine 
à  faire,  elle  se  donneroit  bien  garde  d'y  retomber;  que 
loutestuis  y  estan  à  ceste  beure  plus  que  jamais,  par  le 
conseil  deceulx  qui,  soubs  ombre  de  luy  rendre  suspects 
ceulx  qu'Ilz  disent  cbefs  de  part,  [la  solicitent]  de  s'en 
défuire  par  quelque  moyen  que  ce  fusi ,  connue  elle  a  faict 
par  le  massacre  dernier,  S.  M.  le  peult  bien  voir  que  ce 
n'estoit  pas  pour  se  contenter  de  cela,  mais  pour  le  faire, 
plus  que  devant,  baigner  au  sang  de  ses  subjestz,  afSn 
d'avancer  de  tani  plus  sa  ruyne  qu'îlz  ont  pourjettée  de 
longue  main  ;  laquelle  ruyne  S.  M.  peult  toutesfois  guérir 
en  faisant  une  bonne  paix  en  son  royaulnie,  cl  cessant 
de  tourmenter  ses  pouvres  suUjectz  de  la  relligion. 

Finallement  que  le  Conte  désire  que  S.  M.  recog- 
nust  ce  point  que,  encores  qu'elle  eust  reprins  toutes 
les  TÎHes  que  tienent  tous  ceulx  de  la  religion  en  son 
royaulme,  il  n'auroit  pas  pourtant  exterminé  la  religion, 
et  considérer  que  le  feu  Empereur  Charles  le  quint  print 
non  seullement  toutes  les  villes,  mais  eust  entre  ses  mains 
ceulx  qui  s'opposoient  à  ses  desseins,  se  [saisit]  de  leur 
pais  d'Allemaigne,  d'aultunt  que  c'est  une  affeciion  enra- 
cinée es  coeurs  des  hommes,  qu'on  ne  peitlt  arracher 


—  90*  — 

l573«  Avec  les  annes.  Parquoi  le  Conte  supplie  très  humble- 
JuiD.   ment  S.  M.  que,  prenant  ses  raisons  d  aussi  bonne  part 
que,  sans  passion  ni  afection  particulière,  mais  en  rondeur 
de  yérité  et  saine  conscience ,  il  commande  au  dit  Sieur 
du  Chastellier  les  luy  faire  entendre,  elle  les  poise  et 
considère  de  bien  près,  ne  se  laissant  ainsi  fiater  par 
ceulx  qui  font  comme  les  maulyais  médecins,  ne  disaas 
pas  aux  malades  la  plus  petite  partie  de  leur  mal ,  dont  en 
ensuit  la  ruyne,  mais  plustost  ceulx  qui  ne  chercheot 
que  son  advancement  et  grandeur.  S*il  fait  cela ,  les  afaires 
luy  succéderont  à  souliaict,  sinon,  continuans  en  ses  dé- 
portemens,  tout  ne  luy  peult  réusir  qu  a  mal  et  à  bander 
encores  dayantaige  Dieu  et  les  bommes  contre  luy. 

Faict  à  Sicben  ',  ce  premier  jour  de  juing  i573. 

I 

Louis  db  Nassau. 


63. 


St.  Goard  au  Roi  Charles  IX:  Madrid,  8  juin  (^MS.  P.  SU  G. 
H.  228,  vol.  79a).  *«  Tentatives  de  TEnipereur  pour  pa- 
cifier  les  Pays-Bas. 

....L'Empereur  fait  asseurément  tout  ce  qu'il  peult  de 
réconcillier  le  Prince  d'Oranges  et  les  siens  avecques  le 
Roy  Catholique,  aux  conditions  de  les  laisser  jouir  de 
leurs  biens  et  estats  hors  des  pays  du  dit  S"^  Roy,  et 
que ,  ce  faisant ,  ils  désarmeroient  et  remectroient  tout  ce 
qu'ils  tiennent  sur  pie;  faisant  toutes  sortes  de  reroon- 
strances  aux  dangiers  qui  sont  qu'il  perde  ses  Estats,  s'il 
veult  continuer  à  les  remédier  par  la  force;  ce  qu'il  feroit 

I  Siegcn. 


—  9r  — 

en  oiig  jour  tout  seid,  fusant  une  rêcoiHÙlKalioniTecqiKS  tyjX 
ses  snbjects.  Mais  Ton  m'asseure  qu*il  n  a  donné  nulle   Jaia» 
espérance  TouUoir  entendre  à  nul  party.  Toutesfois  je  ne 
scay  enfin  ce  qu'3  feroit  pour  remédier  ses  afiEaires^^ 

Le  Boi  Charies  IX  à  G.  de  Schooberg:  i5  juin  (contresifoée 
par  Brùlart:  *M$.  P.  C  400). —  H  faot  dédoàuMser  celai 
qae  le  Comte  Loab  de  Nassao  avoil  voala  envoyer  eo  Polo^e. 

.^e  trouye  bon  que  vous  ayez  £eiict  bailler  100  Thaler 
à  llionune  du  Conte  Louis  pour  s*en  retourner  à  Cou- 
Ic^e,  qui  me  semble  somme  suffisante  pour  ses  fraix; 
toutesfoys  là  où  vous  jugerez  qu  il  luj  faulsist'  quelque 
peu  de  cbose  dayantage ,  je  désire  que  yous  le  lu j  faictes 
baiOer,  plustost  qu*il  n  eut  occasion  de  se  plaindre  d*ayoir 
esté  mal  traicté  en  s*emplojant  à  nous  faire  senrice.^. 

65. 

La  Reine-Mère  à  G.  de  Schonberg:  i5  juin  (contresignée  par 
Brùlart  :  *MS.  P.  C  400).  —  Réponse  au  n**.  60. 

.^Je  yous  diraj  qu*il  n  est  rien  de  ce  que  le  Roy 
Catholique  a  faict  dire  à  la  Reyne  d'Angleterre  que  le  Roy 
mon  fils  faict  poursuivre  des  estranges  menées  contre  la 
dicte  Reyne....,  mais  ce  sont  les  artifices  accoustuniés...* 
Pour  le  regard  des  affaires  des  Pays-Bas,  je  croy  à  la 
vérité  qu*ilz  sont  en  assez  mauvais  termes  pour  le  Prince 
d'Orange ,  veu  Fheureux  succès  (  1  )  que  a  eu  puis  naguères  le 

(i)  Succès,  Voyez  p.  i5a,  in/. 

'  ftUat. 


—  92*  — 

iSjS.  Duc  d'Albe  sur  Tannée  de  mer  du  Prince  d'Qrange  et  que 
Juin.  5on  désadvantage  croistra  de  beaucoup  par  ses  nouvelles 
troupes  (i)  d'Espagnols  qui  sont  puis  naguères  arrivez  au 
Pays-Bas.  Je  ne  scay  quelle  résolution  pourra  rapporter 
le  Seigneur  Frégouse  qui  a  esté  dépesché  vers  le  Conte 
Ludovicq.  Mais  quand  les  choses  ne  se  pourront  accorder, 
si  est  ce  qu'il  a  peu  cognoistre  par  ce  qu'il  a  eu  charge  deluy 
dire  de  la  part  du  Roy,  mon  Seigneur  et  fils,  qu'il  luy  porte 
une  entière  bonne  volunté,  qui  le  doibt  retenir  de  faire 
chose  qui  soit  au  préjudice  de  ses  affaires.  Touttesfois 
vous  faictes  bien  de  nous  advertir  de  ses  préparatifs.^.  On 
ne  laissera  de  tousjours  essayer  à  réduire  amiablement  la 
Rochelle... ,  afin  que  tous  les  Princes  Protestants  cognois- 
sent  la  sincérité  de  l'intention  du  Roy ,  et  combien  il  est 
esloigné  du  désir  que  l'on  veult  faire  acroire  qu'il  a  i 
l'extermination  de  ceulx  de  la  nouvelle  reUgion.... 


66. 


St.  Goard  au  Roi  Charles  IX:  Madrid,  9  juillet  fMS.  P.  St.  G. 
H.  228,  vol.  792).  —  Il  se  défie  plus  ou  moins  du  Roi  d*£»- 
pagne. 

....Les  principaux  et  les  premiers  (d'Espagne)  remar- 
quent (l'élection  du  Roy  de  Pologne)  comme  chose  qui 
arreste  du  tout  le  cours  à  la  perfection  de  leurs  grandeurs 
et  prospéritez,  ne  se  pouvant  taire  en  leurs  discours 
d'affecter  qu'ils  ne  disent  comme  s'ils  voulloient  pronon- 
slicquer  que  ceste  eslection  est  signifficative  d'oster  à  la 
maison  d'Auslriche  l'Empire ,  et  au  contraire  fondement 

(i)  /*.  troupes.  Voyez  p.  iZi^inf, 


ef  chemin  asseurê  de  le  transft-rer  en  celle  Ae  France,  t^y'i. 
nieslanl  Rvecques  cela  inGniz  discours  très  envieux  des  iuilIcL 
prosperitez  et  grandeurs  de  V.  M.,  aiant  les  aucuns  une 
ezirème  peur  que  la  Rochelle  son  rendue  et  mise  à  ex- 
trrmité,  croiant  que  c'est  loule  la  derfinition  de  ses  af- 
faires. Etcroy,selonce  que  j'entents  qu'ilzdisent,  que  s'ils 
ponviiient  ou  auzoient,  ils  [les]  ayd.  roient  à  se  maintenir, 
pour  donner  à  V,  M.  de  quoy  estre  troublée  tousjours 
avecques  les  siens.  Je  ne  puis  juger,  nj  ne  dojbs,  de 
l'intention  du  Roy  CathoHcque  leurmaistre,  lequel  est 
extrêmement  saige  dissimulateur,  et  ne  se  laisse  entendre 
où  il  a  ses  pensées;  mais  puisque  ceuU  qui  luy  sont  les 
plus  favoris  et  plus  prés  de  sa  personne  et  plus  advanceE 
en  son  conseil ,  ont  telles  pensées ,  je  ne  sçay  que  m'as- 
seurer  du  reste;  et  encore»  que  je  ne  donne  trop  de  foy 
à  une  infînitë  de  choses  que  j'entends  ^  si  [ne]  me  semble-il 
point  mal  a  propos  d'advertir  V.  M.  qu'il  fault  niesme- 
ment  qu'elle  se  donnegarde  de  leurs  pnilicques,  lesquelles 
j'entends  ne  tendre  à  aulcre  fin  que  de  luy  mectre,  s'il» 
peuTent,  tout  le  fais  de  leurs  affaires  sur  les  bras.... 


67. 


Si.  OoBrd  au  Roi  CliarU-s  IX:  Madrid,  17  jiiillcr  ("MS.  P.Sl. 
I  G.  H.  118,  vol.  79-jJ,  —  La  Espagnols  d^ircnt  pacifier  le» 

Pa;r»-Bai;  In  pait  en  Fninre  les  ia(|ui«le. 

...Je  pense,  quelque  bonne  mine  que  les  Espagnols 
facent,  qu'ils  font  tout  ce  qu'ils  peu>cnt  pour  pacifGer; 
nais  le  Boy  Catholique  vouidroit  le  pouvoir  fuire  sans 
que  le  Prince  d'Orange  y  feust  compris  ;  non  que  je  ne 
croie  que  en  son  cœur  il  nevoultust  que  en  une  «orte 


U 


—  94*  — 

iSj3.  ou  autre  lapointement  ne  feust  faict:  mais  l'aiaat trompé 
Juillet  ses  Ministres  sur  la  facilité  d'appaiser  le  tout  par  la  force, 
et  le  grand  profit  que  feroit  puis  après  des  imposts  pour 
acquiter  ses  grandes  debtes,  lavoient  faict  résouidre  de  se 
tenir  difficile  sur  Tapointement,  colorant  le  tout  de  la 
réputation  de  ne  voulloir  entrer  en  composition  avecques 
ses  subjects,  ne  moins  avecques  les  héréiicques,  au  pré- 
judice de  la  Relligion  Catholique.  Tout  cela  ensemble 
les  a  tenus  jusques  à  ceste  heure  où  il  sembloit  qu  ils 
prendroient  nouveaux  partis,  qui  se  sont  encores  ren- 
versés  par  la  paciffication  qu  ils  entendent  que  Y.  M.  a 
faicte,  laquelle  ils  pansent  asseurément  leur  portera 
nouvelles  diificultez,  parcequ'ils  pansent  que  tout  le 
faix  leur  sera  sur  les  bras ,  et  que  leurs  rebelles  prandront 
nouvelle  vigueur,  entrant  aussi  en  nouvelles  jalousies 
qu'ils  ne  soient  favorisez  de  ceulx  qui  eu  France  leur  ont 
esté  en  soubçon  ne  voulloir  [estre]  otieux  '  en  telles  conjec- 
tures ;  dont  il  est  tout  certain  qu* ils  en  eussent  il  j  a 
longtemps  senty  bien  près  le  coup ,  si  V.  M.  avecques  sa 
bonne  prudence  n  y  eust  mis  le  remedde ,  et  lequel  il  me 
semble  n  avoir  esté  recogneu  d'eulx  comme  ils  debvoient, 
sans  que  je  vueille  toucher  dont  en  est  la  faute;  et  en- 
cores que  je  ne  soye  Profeite  ne  fils  de  Profeite,  si 
leur  aye  prédict,  dès  le  commencement  qu*il  pleust 
à  V.  M.  m'envoier  de  pardeçà,  le  cours  de  leurs  aflai- 
res  et  comme  ils  se  trompoient  en  la  forme  de  négo- 
tier  avecques  elle,  que  ne  voulloit  tromper  et  moins 
souffrir  estre  trompé.  Et  encores  qulls  ne  le  confessent, 
ils  cognoissent  très  bien  que  on  les  entend  et  que  par  là 
toutes  leurs  finesses  sont  perdues.  Le  tout  est  que  V.  M. 

'  oisif  (otioéus). 


—  95*  — 

asseoie  ses  afi&ires,  et  que,  pour  acherer  à  leur  £Bàre [foire]  i573. 
]e  sault,  elle  ajt  aussi  bonne  main  à  rompre  le  coup  i  Juillet 
rélection  du  Roy  des  Romains ,  où  je  scay  qu'ils  s'atachent 
fort  et  ferme,  comme  elle  a  eu  en  celle  du  Roy  de  Pol- 
loigne.  Et  puisque  le  temps  est  que  par  négotiations 
ou  praticques,  plus  que  par  armes,  l'on  acbèye  de  grandes 
entreprinses,  il  fault  que  Y.  M.,  qui  a  Tune  et  Vautre  en 
la  main ,  par  force  et  raisons  se  face  monarque  du  monde... 

68. 

St.  Goard  aa  Roi:  Madrid,  i8  août  (*MS,  P.  Su  G.  H.  aaS, 
▼ol.  79a).  —  Remplacement  prolwble  du  Duc  d*Albe  par  Ré» 
qnesens, 

...Quelques  uns  yeullent  dire  que ,  nonobstant  les  bonnes 
parolles  que  le  Roy  Cathollcque  donne  au  Duc  d'Alve, 
et  Fespérance  qu'il  a  icy  donné  aux  siens  de  luy  subroger 
Don  Frédéricq  au  gouvernement  des  Pays-Bas ,  qu'il  est 
déterminé  d'y  enyoier  le  Ck)mmandor-Major.  Par  autres 
disent  qu'il  l'apèlera  icy  auprès  de  luy ,  pour  se  descharger 
en  luy  d'une  partie  de  ses  affaires:  mais  de  l'un  et  de 
Fautre  l'on  n'en  parle  que  par  discours ,  tant  il  est  peu 
communicatif  de  ses  pensements  et  délibérations,  aimant 
mieux  travailler  à  escrire  de  sa  main  les  choses  qu'il  veult 
taire,  qu'en  faire  son  commandement  à  personne  du 
monde ,  mesmement  quant  il  est  question  de  ses  eslections 
qui  sont  si  briguées,  comme  d'oster  ou  mectre  ministres 
en  lieu  d'importance.  Tay  entendu  qu'il  commande  à  l'un 
et  Fautre  Duc  d'estre  ensemble  d'accord ,  ne  faisant  riens 
sans  la  communication  d'un  à  Fautre,  de  quelque  chose 
que  ce  soit,  ou  qui  s'offre  de  delà  pour  "^^  ««"nrioe.». . 


—  96*  ~ 
69. 

1573.        G.  de  Schonberg  à  la  Reioe-Mère:  Francfort,  19  août  (MS.  P. 
Ao&t.  C.   400).  —  Nécessité  de  donner  promptemenl  les  seooars 

promis. 

...Le  Roy  ne  fist  jamais  rien  plus  à  propos  pour  radTan- 
cément  de  ses  affaires  en  AUeroaigne  que  d* accorder  aa 
Prince  d*Orange  ce  que  vous  sçavez  ;  mais  il  fault  néces- 
sairement l'effectuer  promptement,  ainsi  que  je  promis 
au  Docteur  Ohem  *  (Chef  du  conseil  du  Conte  Palatin)  et 
au  Conte  Ludovicq;  qui  vous  faict  ung  monde  de  bons 
offices....;  le  Conte  Palatin  envoyé  ung  gentiUiomine 
avecques  moy  pour  toucher  une  partie  de  la  somme  que 
sçavez  et  prendre  des  lettres  de  change  pour  le  reste.... 
Aussytost  qiue  Monsieur  de  Lumbres  luy  a  apporté  Fas- 
seurance  que  le  Roy  luy  en  avoit  donné,  le  Conte  Ludo- 
vicq  a  mis  le  reste  des  François  et  Valons  ensemble  et 
quelques  harquebusiers  Allemands,  le  tout  jusques  au 
nombre  de  trois  mille  hommes,  lesquelz  arriveront  ceste 
sepmaine  en  Hollande.  Au  mesme  instant  que  vous  aurei 
satisfaict  à  vostre  promesse ,  le  Duc  Christofle  marchera 
avecques  le  reste.  Le  Conte  Jan  de  Nassau,  frère  da 
Conte  Ludovicq,  vint  avecques  moi  à  Heydelbergh  pour 
ayder  à  persuader  le  Conte  Palatin  à  la  susdicte  entreveue, 
et  pour  résouldre  avecques  luy  en  ma  présence  comment 
on  pourra  bien  et  deuement  employer  la  somme  de  de- 
niers que  vous  sçavez  et  celle  qu*on  a  aussy  d*ailleur&... 
Je  mets  bien  devant  les  yeux  au  Landgrave  la  confiance 
entière  que  V.  M.  ont  en  luy  et  son  amytié.  Le  Conte 
Ludovicq  (qui  est  son  demy-Dieu)  luy  en  a  aussi,  à  rot 
sollicitation ,  escritte  une  bonne  lettre.  Je  peulx  asseurer 

*  Eb«D. 


T.  M.  que  nous  n'avons  rien  ouhlie ,  ains  luy  tTons  baillé  i573. 

fil  et  «sguiUes  pour  bien  coudre  les  besognes  qu'au Itre fois  *""'- 
V.  M.  luy  a  taillé.  C'est  asteure  qu'il  faiilt  faire  nos  affaires, 
Madame ,  ou  jamais.  11  nous  [branlent]  au  reste  ic-y  en- 
cores  (le  ceste  pais  de  la  France,  et  font  courrir  le  bruict 
pnrtout  qu'il  n'en  est  rien,  affin  d'enipesclier  les  Protes- 
tants de  ne  faire  pas  si  bon  accueil  au  Roy  de  Poulogiie.... 


70. 


Le  Comie  Louis  de  Nassau  à  S.  Bing:  18  *oàt  (*HS.  C).  —  Il 
rmpparle  ce  que  G.  de  Sthonberg  lui  a  rtcnamcDl  comrouni- 
quel  Ih  bonDes  inteulioDs  ilu  [loi  de  France  cnveit  le  Prince 
d'Oriage;  sa  tolliciiude  pour  le  mainlieD  des  liliertéi  de 
TEmpire  contre  les  empiélemeiils  de  U  Maiion  d'Autriche; 
lODdetir  qu'un  des  Piinces  Protestants,  ou  bien  lui-ménie  , 
put  èlrv-  élu  Roi  des  Romaios, 


Unsern  gûnstigen  grusz  zuvor,  erntvesier  giinsiiger 
lieber  besunnder.  Wirseizen  in  keinen  xwetTel  Ihr  werdet 
noch  in  friscber  gedechinùs  haben  wasz  vur  ettlîch 
jnonaten  wirzuCassell  underandern  mit  Eucb  von  ailer- 
liandt  verti'osiungen,  so  in  namen  des  Konigs  in  l-'rank- 
reicb  von  Caspar  von  Schoenbergk  und  Joiian  Galeace 
Frégoso  zu  Franckfurll  in  neclisiverscbiener  Ostt;rniesz 
uns  gesclieben,  verlrewlich  geredl  haben. 

Darauff  wir  Eucli  dîszmlial  wolmeinendt  nicht  verhalien 
wollen  das  vun  Sibueiibergk  gar  netvlitU  bey  uns  per- 
•ûnlîcli  gewesen  uud  anfenckbcb  uns  venneidel  bat  das 
l)ochsierinelierKoiiig,zuercierung  scinerkonlgl.  Wiuxlen 
|[nedigsten  willens  und  guter  zuneigung,  audi  danitt 
muer  Heir  und  Bruder,  der  Prtntz«,  înn  werck  spuerea 
<  7- 


—  98»  — 

lôyi.  mopge  tiasï  dieselbigeseinerGn.  wohiforth  gem  sebenviid 
Août,  hefôrtlcrn  wolitlielffpn,ihnie,denivoiiSclioenbergk,  bcvo- 
len  habe  uns,  ahnslatt  hochgedachler Herrn  Prinuen ,  huo- 
derfetausent  cronen,  ohnefortlerungeinigerobligaiionoder 
versichening,  als  ein  freye  kotiigliche  gabe^  unveraûglich 
und  zum  fûrderlichsteii  erlegen  zu  lassen ,  mit  angehefîten 
gnedigsten  erbiethen  dasz  dagegen  sein  konig.  W.  nicht 
allein  gar  kheine  erstattung  begeren,  sondern  darneben 
auch  sich  erbotten  haben  den  Herrn  Printze  sonst,  wie 
und  womit  sie  kônnen ,  ihren  gnedigsten  willen  zu  Tor- 
stehender  gelegenheit  noch  ferner  zu  heweisen. 
*  Darauff  dan  wir  albereits  verordnung  gethan  das  vor- 

berûrte  summa  geldts  von  den  unsern  in  kurtzen  emp- 
fangen ,  und  dem  Herrn  Printzen  yerhoffentlich  zue  gutem 
nûzen  ahngewendet  soll  werden. 

Darneben  uns  insonderheit  bat  ermeltter  Ton  Schoen- 
bergk  auslrûcklich  angezeigt  der  Konig  sey,  auff  den 
fall  wo  die  Teutsche  Fùrsten  sich  des  Hernn  Printzen  an- 
zunehmen  gemeint  sein  werden,  ehrbietig  und  wiliig 
seiner  Gn.  gleichfalls  weittere  hiillf  zu  erzeigen.  Und  solchs 
dergestaitt  wie  dasselbig  den  Fùrsten  ahn  angenembsten 
und  vortraglichsten  sein  werde.  Nemlich,  entweder  of- 
fentlich  und  unTerholen,  oder  aber  heihilich  zu  thun, 
und,  nach  gelegenheit  der  fùrstlicher  hûHfleistung,sich 
mit  koniglichem  zuschusz  pro  rata  dennassen  spueren 
zu  lassen  dasz  yerhoffentlich  man  daran  ein  guten  geniV 
gen  solle  haben. 

Ferner  bat  Torgenannter  Caspar  yon  Schonbergk  uns 
auch  berichtet  der  Konig  sey  in  erfharung  khonimen  dis 
bey  Chur-  und  Fiursten  vast  heftig  umb  bestimmung  eines 
Reichstags  angehalten  werde,  und  ettlîrhê  leuthe  prni 


daihm ilrachten  '  woUten  dasz  ati5  Jem  Hansz  OefOemicli  tSjS. 
ein  RomîscherKuiiîg  znm  fiLrderlichslfii  erwelet  w(tr<l«n  Aort'. 
moclilte.  Wie  <lan  liicvon  der  Kbnîg  allerbandt  gc- 
schwinde  sucliuiige  uiid  angestelhe  priirticken  zu  ubron 
brachtt  wontcn  nt^eii ,  davun  duch  noclilzur  xeitl  imntiuig 
sey  femi^re  tneldung  zu  tliuii. 

Nbun  sulle  tnaii  fiir  gevvîsz  liai  tt^n  dasL  scîn  kon.  M.  geiteigt  , 
sey  die  zwischen  dem  Roinischen  Beîcli  und  der  Cronen 
Fnmkràcb  aus  vertrewliolier  ziineigung  wulii«rbraciitie  i 
gute  nachbarsctiafrt  und  freundtâctiafft,  rmcb  lius-sursten 
T«nnogen,  zu  conttnuiren ;  auch  (1er  TeiitM.'Ueti  Nation 
und  des  beyi.  Beîcbs  narhtlieill  init  allen  ueweii  vor- 
khommen  za  bclffic.n ,  und  de&selhen  grmeine  wulfsbrt 
aller  freiindcscbalTt  und  prÎTatniitzcn  Torfiiisetïen. 

Wiewol  demnacb seititi  ktin.  AL  dem  HaiisOesterreicb, 
wie  menniglich  bewusl,  nhumiibr  <lei-niassen  verwuudt 
und  zugotban  sey  das2  desselhigen  bestendige  (M'hottiirie 
îhr  zu  allerbandt  vortheîl  wnl  verdregUcb  eracbtt  werden  < 
mocbtt,  so  wolhdnrhstink.on.  AI.,geineinerivoiriirlh  bul- 
ben,  gem  seben  daszdahin  gcdrachiel  wurdc  wie  etbwan  der 
protestirendeu  Fiirsten  eîner  zuni  Uiiiiiîsclieii  Kiiiiig  er- 
weblel,  und  dodurch  nicht  allein  die  £ri-ylieit  der  wabi 
erhallten,  sondern  auch  sonsten  allerbandt  besorgtte  bc- 
harliche  bew-bwerunge  abgeweiidet  kiinten  werden. 

Dan  ir  anfenklicb  wol  zu  bedencketi  sIebeduszOe&ten-eich 
sich  der  keyserbchen  dignilet  nbun  viel  lenger  da»  aîcb 
mensehen  gedenckeii  erstrecke,  continua  ter/e  gebraucht 
und,  wie  sîch's anseben  la»se,Ta9t  dîesvn  walin  geM-bepfit 
babe,  als  ob  das  Keyitertbanib  dieszem  llnus  nibery'u/v 
fiicceêiionia  dan  aus  freyer  wnlil  bînfiiilters  gebtiii'. 


—  100*  — 

I  SyS.       Neben  dem  sey  auch  offenbar  dasz  Oesterreich  in  jetzîger 

Août,  zeitt  dermaszen   erschepfft  und  in   unvermogen    stecke 

dasz  der  jetzigen  kej.   M.  nicht  altein  schwer ,   sondem 

beynahe  unmoglich  sein  wùrde  ohne  die  Reichs  contri- 

butioncs  den  keyserlichen  Stanndt  zu  fhueren. 

Welches  auch  ursach  gebe  das,  zu  erhalttung  derselben 

.standdts  und  réputation^  das  Reich  eine  Contribution  auf 

die  andere  biszanliero  einwilligen  habe  muessen,  auch 

kûnfTtiglich   deren  sich   noch  ferner    habe   zu   vermu- 

then. 

So  dann  dièse  beschwerunge  jetzt  albereits  vor  augen 
und  das  werck  bezeuge  das,  ohne  aussersten  nachtbeill 
gemeiner  Teutschen  Nation ,  die  Reichsstende  solche  in 
die  lenge  nicht  wûrden  erschwingen  konnen  :  die  aber,  wo 
der  jetzigen  Hertzogen  ausz  Oesterreich  einer  erwehlet 
werden  soltte,  nicht  allein  nicht  abnehmen ,  sondem  je 
lenger  je  weither  einreissen  und  nottrengUch  wûrden 
gemehret ,  auch  bestendiglich  eingefûhret  werden. 

Dem  allem  nach  acht  die  kon.  M.  ausz  Frankreich  dasi 
dieser  nachtheill  billig  bey  zeitten  bedachtt,  und  durch 
erwehlung  einesRomischen  Konigs ,  so  nicht  aus  dem  Haus 
Oesterreich  geborn  sey,  abgewendet  werden  solle. 

Wiewoll  auch  hiergegen  vorgewendt  werden  mocht 
dasz  zu  besorgen  es  werden  sehr  wenig  Fûrsten  im  Reich 
sein ,  die  den  aufFgehenden  keyserlichen  unkosten ,  son- 
derlich  da  sie  von  inlendischen  oder  audendischen  ange- 
fochten  sollten  werden,  erdragen  werden  konnen;  so  sey 
doch  dagegen  wahr  dasz  solches  eben  so  wohl  und  auch 
mehr  bey  der  wahl  eines  Oesterreichischen  aïs  andem 
Fûrsten  wûrde  zu  l^edencken  stehen ,  in  erwegung  dasx 
Oesterreich    je  so   hart    geschwecht   und   mit    achuldt- 


—  lur 


Usten  beschwerdt  scy ,  als  andere  Fiirsten  des  Keiclis  : 
môgen. 

Ueber  dasz  sey  den  Teutsclicti  und  SDiiderlicli  den  pro- 
lestirendcn  Fûrslen  wol  viiniiotlen  mil  lioohsttm  vleîsï 
unilerost  zu  gemuetlizufliiiert;!!  dasz  der  Kuiiig  aiua  Hîs- 
panien  die  Oesrreîchisclie  Furstcn  gar  an  sicli  liuugen  uiul 
(lentiassen  ihm  v«rpflicht  gemaclit  babe  das  ^e,  aucli  wie- 
der  ihren  willen ,  ilim  in  allen  seinen  siichungen  (wie  lus- 
anhero  leider  clas  irei'ck  gnuchsam  Iiczcugt)  imiessen 
wilfliarcii.  Wie  aucli  jeliermclter  Kiinig  niJt  liiilff  der 
Hertzugeu  zu  Oesierreîch  vast  aile  geistliclie  und  der 
BapsilicWn  lelire  zugethane  Fiirsten  an  sich  g«hitngen , 
und  seine  pi.icticken  allwrelis  so  weîth  in  Teutscldandt 
Lraclitet  halnf  dasz  zu  bezorgen,  wo  die  protestirende 
Ftu-sten  niclit  aucli  etbwan  ein  Iiaupt  und  starckeii  rûo 
ken  ilinen  tiiacLei),  sondern  abermals  «tas  spiel  ûber- 
sehen,  und  die  wald  eintrs  Romlsclien  Konigs  aufTeinea 
Papistischen  Fiirsten  kommeii  'wûrden  lassen,  dasz  in 
warheit  sîe  in  die  lenge  vast  geferlich  utzen,  und  ethwan 
lUTerseliens  von  ihren  wiederwertigcn  idjerfallen  mucht- 
teD  werden. 

Ausz  diesen  jetz  erUellten  und  andem  nilier  bedenckU- 
chen  ursavUen  ,  so  aucli  ohne  aile  erinnerung  verstendige 
teuihe  leichtlich  bey  sicli  Ënden  kunnen,  wolil  lio<:li5t«r> 
mehter  Konig  die  walil  eines  Bonitschen  Konigs  aulT  ein 
protest iren den  Fûrsien  gern  gerîehiei  wisscn,  auci»  deni- 
■elben,  wu  solcbs  die  nuttùift  erfurdern  wùrdc,  uitt  rath 
and  that  allen  aussérsten  U-ystanndt  und  iiilfte  gutwillig- 
licli  leîiten,  Und  suvern  jeliterlztlller  uiassen  die  wnhl 
angestellt  wenien  kunih ,  were  sein  kiîii.  AL  elirlititjg 
auf  den  nolhfall  eich  nicbt  allein  xu  stattlicbrr  hilfsleistung 


in  iSyS. 
AoùL 


1573.  1^  verpflichten ,  sondern  auch  derwegen  tôt  der  wahi  eine 
Aûot.  ansehnliche  summa  geldts  zu  versichem;  auch  dameben 
mitlel  zu  (inden  das  auf  ein  gute  antzal  jahr  ein  annemli- 
cher  und  bestendiger  friede  zwisohen  detn  Reich  und  dem 
Turcken  geschlossen  werden ,  und  man  sioh  inmittelst 
gegen  Oesterreich  oder  Ungern ,  desz  Tùrcken  halber, 
keiner  femem  beschwening  solle  zu  liesorgen  haben. 

Gleichfalis  were  irer  kôn.  W.  Bruder,  der  neu  erwelte 
Konig  in  Polen ,  guttwillig  sich  ebenmessiger  gestalt  za 
leistung  ailes  miigHchen  beystanndts  zu  Terpflicbten ,  dasi 
also  auff  jetzbenirtten  fall  man  sich  vor  niemandts  dan 
allein  vor  dem  Kônig  ausz  Hispanien  und  seinen  anhang 
zu  besorgen  wiirde  haben ,  dem  gleicbwol  ein  erweitter 
Romischer  Konig  hernachmals,  mit  zutbun  ihrer|  der 
briden  Konige  von  Franckreich  und  Polen ,  auch  anderer 
protestirender  Stennde,  jeder  zeitt  auch  wol  genuchsam 
wûrde  konnen  gewachssen  sein. 

Wo  aber  die  Stende  des  Reichs  bedencken  haben  wùr^ 
den,  besorgtenunvermogenshalben,  ein  fûrsten  des  Reidis 
zu  erwehlen,  und  die  sachen  dahin  gerichtet  konten  wer- 
den  dasz  sein ,  des  Konigs ,  persohn  zu  solcher  dignitet , 
durch  gebûhrliche  wahl  brachtt  werden  mochtt  (wclchc 
doch  sein  kon.  W.  den  Stennden  des  Reichs,  bcy  denen  die 
wahl  stehe,  nach  jetziger  gelegenheit  und  nocht  zurtzeit 
nicht  wol  ahnmuthen  dorffe^,  alsdan  und  auf  solchen  £dl 
woUt  sein  kôn.  Mat.  die  Stende  des  Reichs,  nicht  alleio 
aller  con  tri  but  ionen  entheben  und  versichem ,  auch  die 
auff  Regierung  des  Kayserthumbs  auflauffende  nnkosten 
seibst  dragen,  und  das  Reich  gleicbwol  nach  aussersten 
vermogen  bey  herbrachtten  freyheiten  schùtzen  und 
handthaben  ;  sondem  auch  die  gewisse  wege  (hiden  dasi 


iMisteiitligcr  15^3. 
huigk  «der  AoùL 


Higezcigi 


:lilte  Kuiiii; 


zwUcheii  dem  KeicU  und  deni  Tiircken  et 

friede  odersolangwirigerahnstanTidt,  atifï 

mehr  jahr,  fiirderlK'h  bewilliget  und  auffgericliUM  S(i|t< 

v,eiiiea. 

Letziich  Itat  Caspar  toq  Schoenbergk 
s«in  Konig,  wie  aucli  gleiclifalls  der 
ûi  Polert ,  wollten  nichts  liebers  wûnsclien  nucli  befûrdrrt 
seheii,  dan  das  znîsclieD  CUur-  und  fiirsten  des  Reicba, 
sond^rlicli  alierden  protestirenden  St«nn<!en  iind  beiden 
ttbgediit  htei)  KuiiigreicUen,  gutc  iiachbarM-hafTt  und  l-ut- 
respoiidoijtz  gepHanzt  und  crliaU«n  mocbt  werden  :  aclit- 
t«n  aïK'l)  solctis  zu  lieiden  theilen  ,  tiach  gdegenlieit  der 
jeUiguD  gcsi'hwinden  leufTt,  niizlich  und  noitîgj  in  be- 
iracblung  dasuian  albereits  gespûret  und  in  kurtzem  das 
werclt  sellwt  (wq  soIcIis  dun.-li  u-utiche  ver&ehuiig  nicht 
Toikominen  wiirde  werden)  nocli  neitter,  mit  gemciueiu 
des  beybgen  Itoiii.  R.  nacblbed,  betzeugen  wiirtte,  wie 
gantz  geM'liwinde  pi-acticken  der  konig  aus  liispanîttn  und 
sein  anhangk  in  TeuUchIandt  Torhuben ,  und  so  whol 
dem  Iteicli ,  aU  aucli  den  an&ti>&&eiiden  t>enacltliarten  Kii- 
nigreichen  zu  brscbwerung  gern  anriclitten  woltten. 

Welcbein  beschwerUchen  bcginnt^n  dei-  gebûhr  naeti 
zu  webren ,  )>eide  Kîinige  geneîgt  seien  hÎcU  einer  vertrew- 
Itcben  correspondenlz  mit  dcn  protestirendcn  Fiir&teit  utid 
Slenndet)  zu  Terglficben,  und  auf  gewi».sc  inasz,  wiecsz 
in  notbfàllen  mit  bulHIeiatung  uncl  unilcrm  gviuiltcH  vier- 
den  M>llt,  mit  tbnen  zu  vcrcjnigen,  auclt  wo  esz  zur 
liandlung  kommtrn  wùrdr-,  sicb  tlerma&scn  findeu  zit  laftsen, 
uad  im  werck  zu  ertzeigeu ,  daa  ibrer  kon.  W.  goieigter 
guter  will  gniicliwm  trkbant  wertUtii,  und  nian  ursacli 


-  104»  — 

i5y'i.  haben  sollte  daran  eln  yolnkhoinmenen  guten  genûgen 
Aoùi.  2u  haben. 

Ob  auch  wohl  hiergçgen  erregt  werden  mochte  dasz 
ethwas  bedencklich  zu  achten  dasz  dièse  Correspondentz 
eben  den  protestirenden  Fùrsten  und  Stande  von  hochstge- 
dachten  beiden  Kônigen  angemuthet  werden,  so  doch 
offenbar  dasz  sie  der  bepstlichen  und  nicht  deren  Ton 
den  prot.  Fiusten  bekannten  lehre  bisanbero  anhengig 
gewesen ,  und  derhalben  zu  vermuthén  dasz  ihre  Wirden 
wol  geneigter  zu  achten  sein  konnten  dièse  ding  bey  den 
Bepsllichen  als  bey  ihnen  zu  suchen  ;  so  sey  doch  dagegen 
wahr  dasz  der  Konig  ausz  Hispanien  den  vortheil  in  dem 
albereith  inbekommen,  und  mit  hûiff  seines  anhangs  die 
gênante  Gatholische  mehrertheills  aufF  seine  seitt  brachtt, 
und  dermassen  ihm  verpflichtt  gemacht  habe  dasz  auff 
derselben  hiilff  in  nothfellen  ihre  kon.  W.  sich  je  so 
wenig  als  auch  die  protestirende  Stennde  zu  verlassen 
wùrden  haben. 

Welchs  auch  ihre  kon.  W.  bewege  dasz  sie  den  misz- 
yerstandt  in  der  Religion  auff  ein  seit  zu  setzen ,  auch 
derwegen  einem  jeden  sein  gewissen  frey  zu  stellen  sich 
entschlossen,  und  dièse  vereinigung  ausz  obertzeltten 
erheblichen  ursachen  mit  den  protest.  Stenden  (so  fem 
denselben  solche ,  als  denen  hieran ,  ihrer  kon.  W.  erach- 
tung  nahe,  wo  nicht  mehr,  jedoch  wol  so  viel  als  ihren 
Wirden  gelegen  sey)  eintzuwilligen  und,  vermittelst  gôtt- 
licher  gnaden,  bestendiglich  zu  erhaltten* 

Wo  aber  ûber  aile  zuversichtt  dièse  den  Teutschen 
protestirenden  Stennden  alingemuthe  und  beiden  theilen 
hochnottige  und  nûzliche  vereinigung  je  auch  auszge- 
schiagen  wùrde  werden,  alsdan  und  auff  solcben  ausier- 


fiten  fail  werden  ihre  Wirden  ihrns  bestens  aucli  in  ande 
wege  mùsseii  gedencken. 


A-oùt. 


Diez  sindt  ungeverlich  die  redden  die  yud  Schonbfrgk, 
in  nuhmeii  der  btide  Konige,  mit  uns  gehabt,  die  wir 
Eiich,  Busz  sonderm  verlrauen ,  aUo  der  lenge  nahe  halten 
wollen  vermelden. 

Und  nachdem  er  sich  in  seinem ,  alin  den  hochgeb.  F. 
Hem  Wilh.  Lgr.  lu  Hessenn  unsern  gnedîgen  Hem  aus- 
gangenem,  «lireiben,  aiiff  uns  ret'erirl  iind  ilarin  erclerl 
hat  dasz  ev  da-ijenige  so  er  s.  f.  Gn.  gem  selbst  perstinlioli 
vermelden  hetl  wollen ,  uns  gemeint  sey  antzutieîgen 
(wie  dan  geschehen  isl),  er  aucii  begeri  hat  dasz  dîeser 
antz«igtt  sein  f.  Gn.  wir  fûrderlîcL  wollten  verstendigen 
(darin  wir  uns  gleichnol)  etliwas  heschwerdt  funden, 
dieweil  dîese  sachen  vast  wichlig  und  ungleich  verstanden 
und  aiirrgcnomnien  niochten  werdcn),  baben  wir  rathsa- 
mer  eracbiet  gegenwertig  schreiben  ahn  Euch,  als  den 
bekanten  und  des  gemeinen  Vatterlanndts  wolfartb 
liebenden,  ausgelienziilassenjdanethwanzuruntzeittobao- 
gereghl  desz  von  SeUiiiibergk  ahnbringen  boibermelten 
uns  gn.  Hernzuzuschreilten;woUenuuchderhalbeiihierait, 
unserm  sondern  vertrawen  nah«,  beimstellen  welchtT 
geslalt  ihr  die^eianizeige  i\irt:  f.  Gn,  zum  besten  Termetnt 
zu  verstendigen,  dnn  wir  diestibig  dannoch  also  ge- 
scbaffen  finden  da«  daraufT  ein«s  guten  nachdenekena 
wol  Tonnotlien,  und  ein  solrbf  stattltche  anmuthuiig, 
nacb  gelegenheit  der  jetzigen  leuffte  und  gcscbwindeti 
practicken ,  nitht  leicbtlirli  m  veraehten  sey. 

Und  darneben  gepcten  baben  Ihr  wuUet  di es  schreiben 
dcn  HetTO  Canzler  sehen  laaaen ,  uud  uns  Ëures  guethdûn- 


h 


—   106*  - 

iS^^*  cketis  hierinnen  zu  yerstendigen  unbeschwerdt  sein. 
AoAt.  Es  ist  der  von  Sclionbergk  im  widder  hineinreisen  bey 
unserm  gn.  Herrn  den  Churf.  Pfaltz  gewezen ,  und  ihren 
Ch.  Gn.  disser  ding  bericht  gethan ,  darauff  man  ihm 
dan  mit  ganz  guter  antwort, 'doch  conditionaUter^  im 
fall  diesem  stattliohen  erpiethen  nach  gehandiet  und  als- 
baldt  im  werck  bewiesen  werde,  begegnet  und  gant 
gnedigst  getraotiert  und  gebalten  worden ,  da  man  ihne 
sonsten  bis  daher  keine  audienz  bat  gebén  wollen.  Gott 
gebe  dasz  ailes  zum  besten  gerathen  moege. 

Uns  will  gepueren  in  der  wabl  eines  Rom.  Konigs 
oder  Keysers  yomemblich  dahin  zu  sehen  wie  die  reine 
Lehr  Gottliches  Wortts  nicht  allein  erhaltten,  sondera 
auch  vortgepflantzet  werden  moge.  Darnach,  wie  man 
dem  Yatterlande  und  gantzem  Reicb  vorstehen  moge, 
und  hierinnen  wedder  ganst,  feindtschafft ,  ^ewinn, 
▼iiriiist,  ruhe,  oder  gefahr  angesehen  sein. 

Wir  haben  mit  dem  kay.  Gesandten  zu  Franckfurth 
gewésen,  weittleuftige  underredung  gepflogen,  und  kein 
bladt  vor  das  maul  genommen.  Sie  vertrosten  hochnian 
werde  in  kurtzenn  der  friedtshandiung  einen  anfiang 
sehen;  schlieszen  dahin,  wiewoU  der  D.  Hegerweiier  ein 
Papistist,  man  konne  oder  selle  hierinnen  nichts  handlen, 
der  punkt  seye  dan  erst  liquidiert  dasz  die  Inquisition  auf- 
gehoben  und  die  Spanische  Regierung  abgeschafft  werden 
muesse.  Haben  uns  auch  ziigesagt  in  kurtzenn  was  hier- 
innen zu  verhoffen  ,  verti^ewlichen  zuzuschreiben. 

Wir  haben  die  ursach  der  underredung  auff  das  wort 
Rebellen ,  so  in  den  keyserlichen  Mandaten  und  Schrifften 
gebraucht  wirdt,  gefundiert,  und  ihnen  nach  der  lenge 
vermeldet  warumb  unser  Hen'  und  Bruder,  der  Prinz,  ûnd« 


—  107*  -- 

diszen  tittel  nicht  konne  noch  soDe  gesétzt^erden,  aucfa  <573« 
damebeu  gebetten  dasz  ihre  Matu  (da  der  Heir  Prinz  seine  Aoèi» 
sachen  gegen  die  Spanische  Regierung  in  guetem  weaen 
zu  erhaitten ,  dasjenige  thun  wfirde  wasz  der  krieg  mit 
lich  bringet)  es  nicht  dahin  wolle  deuten  lassen,  noch 
daftir  halten  dasz  man  ediwa  gefehrlioher  weiss  nnd  dem 
Reich  zum  nachteil  ethwas  handlen  woUe,  sondern  ge« 
wisslich  glaubendasz  aller  Stende,  soTieUinnnermaBglich^ 
solle  verschonet  werdenn,  und  seindt  £uch  mit  gûnstigen 
guten  willen  ganz  wol  geneigL 

Datum  den  a8  Aug.  a^.  yS. 

Euer  gueter  g4>enner, 
LtTowiG  GajkF  ztiB  Nassjlw. 

Dem  eravesten  unserm 
gÛDStigeo  lieben  besondern  Simon  Bînge, 
Hessischen  Cammermeister  zu  Cassell. 
Cito,  citissîme. 


7«- 

G«  de  Schonberg  [au  G>mte  de  Retz  (i)]:  Paris ,  i  septembre 
(MS.  P.  C  4oo).  —  Dispositions  des  Princes  Protestants 
d'Allemagne. 

....Oultre  ce  que  dessus  le  Duc  Jan-Gasimir  m'a  accordé 


(i)  C  He  Retz.  Il  n'est  guères  douteux  que  cette  Lettre  ne  lui 
soit  adressée.  Lui  aussi  avoit  été  en  Allemagne,  et  ce  fnt  vers  cette 
époque  qu'il  fut  chargé  d'une  mission  vers  la  Reine  Elisabeth: 
«Tous  auriez,  quand  j'arrÎTerois  à  Boulogne ,  desja  passé  la 
>mer:»p.  iia. 


—  108"  — 

x5y3*  de  venir  trouver  leurs  M.  à  Nancy,  à  la  chaîne  que  leurs 
Septembre.  M,  facent  en  sorte  avec  Monsieur  de  Lorraine,  qu'il  l'en 
prie ,  ou  par  homme  exprès,  ou  par  lettres:  et  ce  affin  qu  on 
ne  reproche  au  Duc  que  luy  s*est  ingéré  par  importih 
nité  à  vouloir  voir  et  communiquer  à  leur  M.  Or  estant 
auprès  de  leur  M.  à  Nancy,  et  que  S.  M.  de  Poulogne  le 
requière  de  Taller  accompaigner  chez  son  beaupère,  il  le 
fera.  Si  le  Roy  nostre  maistre  a  aussi  envie  de  le  retirer 
à  son  service:  qu'il  luy  fera  cognoistre,  qu'il  n'a  jamais 
rien  dit ,  ny  à  vous,  ny  à  moy,  qu'il  ne  veille  exécuter,  et 
veult  monstrer  au  Roy ,  que  rien  ne  luy  y  convie  ny  per- 
.  suade,  que  l'affection  sincère  et  entière  qu'il  porte  au 
bien  et  service  de  S.  M.  Si  leur  M.  désirent  aussi  d'entrer 
en  quelque  aultre  négotiation  avecques  son  père,  qu*il  y 
rendra  pourveu  d'ung  plain  pouvoir.  Et  en  cas  que  leur 
M.  ayent  bien  fort  grande  envie  de  communiquer  en 
personne  avecques  son  père ,  qu'il  advisera  avecques  leur 
M.  de  la  façon  que  cela  se  pourroit  faire  le  plus  commo- 
dément. De  ma  part  vous  peux-je  jurer  ma  part  de  para- 
dis, que  le  père  et  le  fils,  et  docteur  Ohem  et  Zuleger 
(Chefs  du  Conseil)  en  meurent  d'envie,  et  avons  desjà 
discourru  deux  jours  entiers  de  ce  que  se^pourroit  et 
debvroit  traîcler  à  l'entreveue  de  leur  M.  et  dudit  Conte 
Palatin ,  assavoir  la  ligue  (dont  a  esté  question)  et  du 
moyen  de  mettre  la  couronne  de  l'Empire  en  la  maison  de 
France.  Et  a  ledit  Conte  Palatin  dépesché  le  mesme  jour 
que  je  partis  par  devers  le  Landtgrave  pour  scavoir  s'il 
le  pourroit  faire  condescendre  à  vouloir  entrer  avecques 
luy  en  ligue  avecques  leur  M. ,  s'asseurant  bien ,  quand  le 
conunencement  en  seroit  seulement  faict  par  eulx,  que 
les  aultres  y  suiveroient  bien  aysément  et  se  multiplieront 


le  nombre  de  jour  en  jour.    Le  sommaire  des  articles  que 
le  Conte  Palatin    a  envoyé  au    Landtgrave  est,  que  les 


1573. 

Septembre. 


Princes 


ont  I.-S  il. 


oys, 


f  que  sera  purte  par 


la  confédération,  contre  ceulx  qui  assailleront  l'Estat  de 
leur  M.,  et  que  les  Rois  feront  de  ineames  à  l'entlroict  des 
Princes,  suit  qu'ils  viennent  à  cstre  assaillis  pour  leurs 
Estais,  ou  leur  Religion.  Ils  se  réservent  qu'ils  ne  veulent 
prester  secours  contre  les  Huguenots:  aussi  veulent-ils 
promettre  de  ne  les  animer  contre  leur  M.  Je  rrois  fer- 
mcjneiit  que  la  présence  de  leur  M.  les  fera  encores  passer 
oultre  à  ce  poinct.  Je  me  suis  ehargé  d'advertir  en  toute 
diligenceleConte  Palatin,  ou  pour  le  moins  D<«  leur  Ohem 
de  l'intention  dt;  leur  M.  sur  ce  que  dessus,  affin  que  les 
choses  se  préparent  en  attendant,  et  que  le  dit  Ciinte 
Palatin  vienne  tout  résolu  de  ce  qu'on  y  aura  à  faire. 
J'ai  tant  faict  qu'ils  ne  parient  plus  de  leur  fondement  de 
la  conservation  d'Ëdict:  mais  ils  ne  prontetteronl  point 
de  porter  tes  armes  contre  les  Huguenots;  de  sorte  que  je 
cognois,  quiU  seroient  bien  ajses  et  contents,  que  la 
ligue  fust  défensive  ei  spéciale  contre  le  Roy  d'Espaigne. 
Qu'est  à  mon  advîs  le  seul  moyen  de  mettre  les  dits  Prin- 
ces à  une  telle  sutijection  qu'ils  n'oseront  de  leur  vie 
songer  seulement  à  aggrandir  dadvantaige  la  maisoo 
d'Austricbe,  k  laquelle  ils  sont  desjà  après  à  faire  perdre 
la  plus  belle  Heur  de  leur  cbappeau:  ayant  siiivy  le  Conte 
Palatin  et  son  fils,  et  principa  lie  ment  Docteur  Oliem  (qui 
nous  faict  im  million  de  bons  offices)  la  voye  que  vous 
aviez  monstre  au  Duc  Jan-Casimtr;  assavoir  que  le  sang 
de  France  ne  désiroit  pas  ceste  gmndeur  de  l'Empire  tant 
pour  sa  maison,  que  pour  le  faire  sortir  de  la  main  de 
ceubt  qui    ne  s'en   sont  servis,  qu'à  la  diminulioD  de 


—  110*  — 

iSjS.  l'autorité  et  ruine  mesme  du  corps  du  St.  Empire.  Et 
Septembre,  affin  que  les  Princes  Protestants  cognoissent  tant  plus 
clairement  et  à  veu  d*œil  la  droicte  intention  de  leur  ]^L, 
leur  M.  leur  offroient ,  au  cas  qu'ils  vinssent  avoir  volonté 
d'eslire  ung  d'entre  eulx,  qu'ils  ne  différassent  poinct, 
pour  les  raisons  qu'on  pourroit  mettre  en  avant  qnung 
si  pauvre  Empereur  n'auroit  le  moyen  de  maintenir  les 
Estats  en  obéissance ,  moins  de  défendre  l'Empire  contre 
les  entreprinses  que  pourroient  faire  les  Roys  et  Poten- 
tats voysins  sur  les  frontières  d'iceluy;  et,  qu'au  casque 
dessus,  leur  M.  assisteroient  le  dit  Empereur  de  tout  les 
moyens  et  faveurs  qu'ils  en  pourroient  désirer,  dont  leur 
M.  en  renderoient  suffisante  asseurance,  quand  cest  af- 
faire auroit  à  sortir  son  effect,  et  que  l'Empereur  qui 
seroit  esleu  et  les  dits  Princes  prometteroient  la  pareille 
assistance  à  leur  M.  —  Vous  scavez ,  Monsieur ,  que  cela  leur 
a  esté  proposé,  pour  leur  monstrer  au  doigt  qu'ils  ne 
sont  pas  réduicts  a  ceste  extrémité  qu'ils  n'ont  moyen 
de  faire  maintenir  le  corps  de  l'Empire  que  par  la  puis- 
sance delà  Maison  d'Austriche;  et  après  aussy  pour  leur 
faire  couler  dans  le  cueur  par  ces  offres  icy  quelque  bonne 
opinion  de  nostre  sincère  volonté  en  leur  endroict.  Car 
cela  donnera  un  honneste  prétexte  à  nos  amys  de  nous 
pouvoir  mettre  sur  les  rangs,  comme  ils  sont  délibérez  de 
faire,  estants  tout  asseurez  que  les  Princes  s'accorderont 
aussi  peu  de  prendre  ung  d'entre  eulx,  comme  les  Pou- 
lonnois  se  sont  peu  accorder  à  prendre  ung  Piaste.  £t, 
affin  qu'on  puisse  commencer  à  briguer  pour  nous  et 
pour  le  moins  avoir  les  instruments  touts  prêts  pour 
édifier  ung  si  beau  et  grand  bastiment  quand  le  temps 
▼indra   à  propos ,  le  Seigneur  Conte  Palatin  et  son  6ls 


finirent  estre  résolus  par  nioy ,  et  ce  le  plus  tost  que  fiiire  iS^Î, 
ce  pourra,  Jea  contlilioos  que  le  sang  do  France  veull  Septembt«t 
que  ses  arays  proposent  pour  le  fuîre  parvenir  et  atteindre 
à  ce  que  dessus.  Car  suivant  ce  que  je  leur  en  escriray ,  le 
Conte  Paliicin  en  conimunîqueru  aveeijues  le  Landtgrave; 
Docteur Ohem  avecques  Docteur  Oaco,  et  sentiront  par 
ainsi  quelle  résolution  ils  en  pourront  prendre  uvecques 
leur  M.,  à  l'inlerveue  du  Duc  Jan-Cnsimir  ou  du  Conte 
Pnlatin  avecques  leur  M.  Je  les  aj  prié  plus  que  Dieu  de 
me  spéeilier  ce  qu'ils  pourroient  désirer  de  nous,  maïs  il 
a  esté  impossible  de  rien  tirer  d'eulz ,  sinon  que  les  quatre 
principaux  poinct  sont;  la  défense  contre  le  Turcq;  la 
conservation  de  leur  autorité  et  liberté;  le  maintenement 
de  leur  Heligînn  ,  et  l'asseurnnce  et  seureté  qu'ils  diiilivent 
avoir  de  leur  vouloir  inralliblement  garder  le  dernier 
poinet,  qu'est  ceUiydont-ils  sont  seulement  en  peine.  Car 
je  nie  faicts  fort  dans  ung  jour  vous  faire  convenir  de 
toutes  les  uultres ,  qui  sont  environ  aS  ou  3o ,  mais  de  si 
petite  conséquence,  que  je  suis  tout  asseuré  que  nulle 
difCiculté  s'en  présentera  de  ceuK-lii,  quand  oeluy  de  la 
seureté  de  leur  Religion  sera  vuidé  et  bien  arresié.  La 
paix  faicte  en  Fiance  (de  laquelle  loutesfois  on  leur 
rapporte  tous  les  jours  de  terribles  nouvelles)  nous  sert 
infiniment.  Il  faut  battre  le  fer  durant  qu'il  est  chaud. 
Car,  si  nous  ne  l'emportons  (comme  j'espère  que  nous 
ferons)  je  m'asseure  ,  pour  le  moins,  que  nous  fairons 
sortir  ceste  couronne  d'entre  les  mains  de  ceulx  qui  en 
abusent  au  préjudice  des  affaires  du  sang  de  France. 
Dieu  nous  en  donne  la  grScc,iif6n  'jue  nous  sachions  bien 
embrasser  et  dignement  conserver  l'heur  qu'il  nous  pré- 


sente devant  le^  yeulx,  comme  je  m'asseure  que  l«ur  M. 


k 


1573.  suivant   leur  accoustumée  sagesse,  n'y  oublieront  rien, 
îqiterabre.  Or ,  ayant  discouru  bien  au  loing  à  la  Royne  et  au  Roy  de 
Poiilogne  de  tout  ce  que  dessus,  leur  M.    m'ont  com- 
mandé,   de  vous  aller  trouver  en   toute  diligence  pour 
sçavoir,  et  leur  rapporter  vostre  prudent  advis  sur  tout 
ce  que  dessus;  mais  ayant  voulu  retirer  la  lettre  que  leur 
M.  vous  en  vouloient  escrire,  la  Royne  s*est  ad  visé  que 
vous  auriez ,  quand  j*arriverois  au  dit  Boulogne,  desjà  passé 
la  mer,  et  n'estant  pas  à  propos  que  je  vous  suivisse  en 
Angleterre,  S.  M.  m*a  commandé  de  vous  en  escrire  une 
bien   ample  lettre,  laquelle  elle  accompagneroit  d'une 
aultre  sienne,  à  quoyje  n*ay  voulu  faillir. —  Ne  me  reste 
doncques  rien  à  vous  dire  sinon  que  les  M.  de  la  Royne 
et  du  Roy  de  Poulogne  m'ont  faict  ouverture  de  quelques 
inpressions  qu*on  leur  donne,  pourquoy  ledit  Seigneur 
Roy  ne  se  doibve  bazarder  à  passer  par  TAIemaigne.  Et 
sont  leurs  craintes  fondées  premièrement  sur  Tassasine- 
ment  que  les  Huguenots  pourroient  faire  contre  la  per- 
sonne de  S.  M.  ;  et  secondement  sur  Tarrest  qu*on  pourra 
faire  du  dit  Seigneur  Roy,  pour  arracber  parce  moyen 
Metz,  Toul,  ei  Verdun  des  mains  du  Rciy.  Or  combien  que 
je  ne  suis  pas  si  mal  advisé  que  je  me  veille  mesler  de  res- 
pondre  à  tels  monarques  de  cbose  de  telle  importance, 
si  n  ay-je  voulu  faillir  (m'ayant  leur  M.  demandé   mon 
opinion  là-dessus)  de  leur  dire  librement  ce  que  j'en  pen- 
sois,  et  aurois  apprins  du  Duc  Jan- Casimir  et  aultres  de 
par  delà.  Et  quant  aux  doux  poinct  ensemble,  je  leur  ay 
allégué  qu'il  leur  plust  considérer  à  quelle  nation  et  à 
quels  gens  leur  M.  avoient  affaire,  et  en  cas  que  leur  M. 
trouvoient  qu'oncques  les  Princes  de  la  Germanie  avoient 
faucé  laparoUe  et  foy  donnée  (donnée  prinapalement  par 


—  113*  — 

une  voye  tant  authentique  comme  est  une  diette  Impériale),     i  S^S, 
que  je  consentirois  que  leur  Maj,   auroient  à  craindre  Sepierabrc. 
semblables  surpriseries.  Ce  que  S.  M.  avoit  tant  moins  à 
douter,  veu  qu'    ne  passe  sinon  chez  ceulx  qui  ne  peuvent 
espérer  aulcun  bien ,  proufict ,  ou  avancement  de  grandeur 
d'une  telle  roupture  de  foy  ;  ains  qui  ont  cogneu  par  ex- 
périence et  qui  voient  à  vue  d'œil,  quand  ils  auroient 
désespéré  le  sang  de  France,  et  aliéné  par  une  telle  mé- 
chanceté, que  leurs  adversaires  les  engloutiroient  à  ung 
grain  de  sel.  Car  qui  ignore  que  rien  ne  maintienne  les 
Protestants  (qui    sont  ceulx  où  le  Roy  aura  à    passer) 
contre  les  Catholiques  de  rAllemaigne  desquels  ils  usurpent 
les  biens,  et  qui  sont  portés  par  le  Roy  d'Espaigne,  Maison 
d'Austriche,  le  Pape,  et  tous  les  Potentats  de  lltalie,  si- 
non le  contrepoix  de  Fassistance  de  la  couronne  de  la 
France.  Et  ne  fault  pas  alléguer  que  les  actions  et  punitions 
exécutés  contre  les  susjects  du  Roy  les  ayent  aliéné  de 
nous.  Je  le  vous  confesse:  mais  je  vous  nie  tout  à  plat 
qu'il  s'en  ensuive  que  les  Princes  Protestants  se  veilent 
ruiner  à  platte  cousture  pour  cela.  Car  l'expérience  nous 
monstre  et  les  histoires  nous  en  rendent  tant  amples  tes- 
moignages,  que  nulle  hayne,  tant  grande  soit-elle,  tienne 
contre  celuy ,  par  le  seul  moyen  duquel  (et  poinct  aultre- 
ment)  les  hommes  peuvent  conserver  leur  vies,  leur  per* 
sonnes,  leur  biens,  estats,  femmes  et  en  fans...... 

Et  monstre  le  Conte  Palatin  par  l'entreprinse  qu'il 

faict  faire  par  son  fils  le  Duc  Cristoffel  assez  qu'il  ne  veult 
pas  advancer  les  affaires  de  la  Maison  d'Austriche,  ains 
courrir  une  mesme  fortune  avecques  nous  en  tout  ce 
qu*attouche  la  dite  Maison 

A  8' 


—  114*  — 

15^3.  ....Ils  (i)  se  sentiront  tellement  scandalisez  et  outragfz 
Septembre,  (considéré  qu'ils  nous  objecteront  de  les  avoir  soupçonné 
(le  traison  et  niesclianceté)  qu'ils  se  lairront  aller  aux  in- 
stances, requestes,  et  importunités  que  leur  font  continuel- 
lement ceulx  de  Languedoc  et  aultres,  et  pour  obvier  que 
vous  ne  sçauriez  exécuter  contre  eux  la  délibération  que 
sans  cela  on  leur  a  voulu  persuader  à  toute  force  le  Roj 
de  Poulogne  avoir  brassé  avec  le  Turcq  à  leur  ruine,  ils 
se  jetteront  à  corps  perdu  avec  l'Empereur  et  le  Moscovite 
au  Royaulme  de  Poulogne ,  ayroants  mieulx  prévenir  que 
d'estre  prévenus. 

....Pour  conclusion  vous  diray-je  que  le  Ck>nte  Palatin 
est  prest  d'envoyer  son  Ambassadeur  en  Angleterre,  aus- 
sitost  que  leur  M.  luy  en  auront  mandé  le  moindre  mol. 
Vous  ne  scaunez  croire  au  reste  la  dévotion  que  monstre 
avoir  le  dit  Conte  Palatin  asteur  (depuis  la  paix  faicte)  à 
vo'  loir  complaire  à  leur  M.  Et,  quand  à  mon  particulier, 
j'ay  bien  trouvé  tout  le  contraire  de  ce  qu'on  avoit  voulu 
faire acroirc  au  Sieur  de  la  Personne (a^:  car,  au  lieu  dénie 
faire  mauvaise  chère,  je  n'ay  jamais  esté  veu  de  meilleur 
oeil  ;  et  combien  que  je  n'y  ay  rien  négotié  comme  envoyé 
de  la  part  du  Roy ,  ains  comme  personne  privée ,  si  m'a*il 
faict  loger  au  chasteau,  et  traicté  plus  honorablement, 
que  je  ne  fus  jamais,  au  dit  Heidelberg. 

....Veult  bien  advertir  le  Conte  Palatin  le  Roy  de  Po«- 


(i)  Ils,  Les  Princes  Protestants. 

(aj  de  la  Personne,  Le  ai  avril  i573  Charles  IX  écrit  à  Schwi- 
berg:  <«  Je  détire  que  vous  faites  envoyer  en  Pologne  la  Letlie  que 
•  tlevoit  écrire  le  Sieur  de  la  Personne  au  Sieur  de  Sécbelle^,  ci 
>* autres  Protestan»  du  dit  Pays.»  Journal  de  H.  III ^  I   546. 


—  115*  — 

logne  en  amy  que  l'Empereur  na  faict  mettre  en  avant  iSjS. 
les  commissaires,  sinon  pour  donner  ceste  chairçe  au  Sepicmhrr, 
Conte  de  Coningstein  et  au  Coilonel  S^endy  ^deux  aussi 
fins  gallands  qu-ii  y  en  a  au  monde)  pour  espionner  et 
noter  toutes  les  actions,  gestes  et  parolles  du  Roy  et  de 
la  nation  Françoise,  pour  en  faire  leurproufHct  à  nostre 
désadvantage,  s'ils  peuvent,  et,  que  pis  est,  pour  esclairer 
les  Princes,  chez  lesquels  S.  M.  passera,  de  si  près  qu'ils 
n'oseront,  par  manière  de  dire,  rien  traicter  d'important 
avecques  S.  M.  que  ceulx-cy  n'évantent  et  traversent  par 
touts  les  moyens  dont*on  se  pourra  adviser.... 

LeLaodgniTe  Guilliame  t  S.  Bîng  :  [Hdlpen] ,  8  sept,  (f  MS.  C).  — 
Sur  les  propositions  du  Roi  de  Fraoce. 

Bing ,  par  une  Lettre  datée  de  Gissel,  le  3  sept ,  avoit  commu- 
DÎqaé  à  son  mailre  ce  que  le  Comte  Louis  lui  avoit  écrit  (n.^ 
70).  Le  Landgrave  se  défie  de  telles  propositions  :  deux  lois ,  dil-il , 
on  en  a  lait  de  semblables,  suivies;  en  i5G7,  de  la  gueire  civile; 
en  1571 ,  de  la  St.  Barthélémy: 

darumb  konnen  wir  nicht  anderst  denken  dan  man 
hab  itzo  wiedenimb  ein  Welsches  boszgen'  fur,  darumb 
sich  hierinnen  wol  fûrzusehen,  dan  die  leuth  achien  ikrer 
zusage  unnd  gutem  wortt  weiter  nicht  als  sie  inen  nuz 
pringen. 

So  wisset  Ihr  auch  wie  voreinem  jahr  der  von  Janli* 
Graff  Ludwig  zu  hilfT  geschicktt ,  und  welcher  gestall  der 
gute  Herr  mit  seiiiem  krigsvoick  jemmerlich  venathen 
und  darùber  zu  grundt  gangen:  darumb  wollet  Ihr  Graff 
lAidwig  trewlich  wamen  dasz  er  sich  wol  fûrsehe  das/  er 

'  mMmmeetifnn^mm  {WmOcne).     «  Genlki  (Tcmm.  ///.  480). 


—  116*  ^ 

i5j'i.  nichtt  sein  eigen  und  viel  der  seinen  leben  umb  die  100,000 
Septembre,  cronen  verkauffe;  sonst  aber,  wo  der  Graffdas  geltt  kontt 
bekommen  und  den  Prinz  damit  erretten ,  das  goeniiten 
wir  ihme  und  den  gueten  leuten  im  Nidderlande  gar  wol. 
Das  aber  wir  und  andere  Herrn  uns  solten  bev  ilzi^er 
gelegenheit  den  handeli  annehmen,  und  uns  derhalben 
mitt  Frankreic'h  inlassen ,  in  der  wissett  Ihr  unser  gemùth 
zuvor,  darbey  Lissen  wir's  bewenden. 

Was  aber  die  Election  eines  andern  hauptt  im  Reich 
und  das  derhalben  ein  tag  darvon  zu  tracVren  vor  sey, 
betrifft,  darvon  wissen  wir,  wie  auch  die  Churfûrsten 
selbst,  nichts;  halten  es  auch  darfiir  es  werde  damit  noch 
langsamb  und  schwer  gnug  zugehen  :  und  ist  Golt  wol  zu 
bitten  dasz  Er  uns  dièses  itziges  heuptt  lange  zeitt  fristen 
und  erhalten ,  und ,  so  dasselbige  solte  abgehen  (welches 
Gott  der  Her  noch  lange  zeit  gnediglich  verhùten  wolle), 
uns  am  desselben  statt  ein  from  Chrisllich  heuptt,  so  dem 
lleich  trewlich  und  woli  konne  yorstehen,  gnediglich 
bescheren  wolle.... 

73. 

G.  de  Schonberg  au  Landgrave  Guillaume  de  Hesse:  Paris,  3o 
sept.  (MS.  C).  —  La  Cour  de  France  désire  son  intercession 
auprès  d*£iizabetb,  en  faveur  du  Duc  d'Alençon;  bonnes 
intentions  relativement  aux  Réformés. 

....E.  f  Gn.  halten  noch  stets  die  erste  und  hochste  stelle 
inné  under  allen  unsern  besten,  eltesten,  und  trewesten 
freiinden.  Die  Mutter  bat  aile  ibre  trost  und  hofnung  auf 
E.  f.  Gn.  gesetzt,  auff  den  wegk  leitet  sie  ibre  sobne  auch; 
das  trewen  E.  f.  Gn.  niir  zu,  so  war  ich  eines  elirlichen 
nahms  werdt  bin.  Ihre  Mtt.  kommen  aber  einraal  zu  E. 


—  117-  — 

f.  Gn.  mitt  der  Englischen  intercession.  Der  Marscliaick     i^ji» 
von  Retz  ist  wiederkommen  aus  Englandt  p/enus  bond  Sepicmbue; 
spe,.,. 

L'Electeur  Palatin  est  disposé  à  envoyer  vers  la  Reine  d'AiigU»- 
lerre,  pourvu  que  le  Landgrave  y  consente  également.  Le  mieux 
sera  que  les  députés  aiPent  directement  de  Metz  à  Calais:  loin 
intercession  jaura  plus  de  poids  que  s*ils  alloient  d'abord  à  Pari5. 

Les  Députés  des  religionnaires  du  Languedoc  seront  entcudus  à 
Fontainebleau  (voyez  p.  an); 

ich  versehe  mich  genzlich  (und  weisz  scliir  fiir  ge- 
wiss)  wann  sie  alleine  auff  ihrer  religionssaclien  blieberi , 
und  viel  andere  Reformationes  ihn  Reichssachen....  aiiFf 
diszmal  ihn  iliren  wùrden  berugen*  liessen,  sie  wiirdrn 
durch  niittel  des  Koniges  von  Polen  (welclie  die  ebre 
haben  will,  kegen  E.  f.  Gn.  ihn  underthenigstes  vertra- 
wen  gemeldt,  dasz  er  seinem  Bruder  das  Konigkreirh 
rugigk  und  einigk  gelassen)  aile  gnedigste  conditiones 
ieichtlich  ehrhalten  und  ebrlangen.... 


Quant  au  mariage  d'Angleterre,  rKlectenr  Palatin  éiiii  à  Guil- 
laume de  Messe  (Heidelberg,  3  oct.  *MS.  C.) qu'il  n'est  plu5  tout  à 
fait  contraire  à  une  démarche  auprès  d'Elizabct h,  parcequ*il  trouve 
qu'un  refus  pourroit  «verhinderen  andere  gute  sachen,»  et  que 
d'ailleurs  leur  avis  ne  déterminera  pas  la  Heine,  si  elle  n'a  pas 
envre  d'épouser  Alençon. 

Le  Landgrave  répond  (Cassel,  i8  oct.  -j-MS.  C.)  qu'il  y  \oil 
plus  de  difficulté.  Au  moins,  dit-il,  exprimons  quod rognli  rot^musi 
«  uie  wir  dan  aurh  auff  keine  sonderbare  nutzbarkaidt  so  unserer 
»  Religion  ausz  diesem  heyrath  zuwachsen  mochte ,  einicbe  recbnung 
•  bey  uns  zu  roachen  wissen.  » 

•    benihen. 


—  118*  — 

loyi,  L'Electeur  écrit  de  Heidelberjj,  le  16  ocl.  (*MS.  C),  qu'il  lui 

Jctohre.    eovo)'e  son  dis  Jean-Casimir  «  ino  der  slille»  pour  Irailer  de  cho- 
ses (le  la  plus  haule  impovianre. 

Dans  un  projet  de  Lellre  écrite  par  FEIecteur  el  le  Landgrave  a 
G.  de  Schonbcrg  (27  oct.  •j-MS.  C.)  on  lit  que,  pour  mieux 
composer  Tlnstruclion  pour  les  députés,  ils  désirent  saToir  quels 
sont  encore  tes  impedimenta^  et  comment  on  pourra  s'arranger 
relativement  à  la  religion.  Mais  l'Electeur  ayant  écrit  le  29  ocL 
(*MS.  C.)  qu'il  préfère  b'abstenir  de  l'intercession,  le  Landgrave 
répond  (5  nov.  -{-MS.  C.)  qu'il  ne  sera  pas  nécessaire  d'envoyer  la 
lettre  du  27  oct. 

74- 

Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  à  l'Electeur  de  Save:  Casse! . 
17  oct.  (-pMS.  C).  —  Sur  les  brigues  de  Charles  IX. 

A  Dresde  il  a  dit  à  l'Electeur  que  G.  de  Schonberg  lui  envoyant 
des  crédenliales  des  Rois  de  France  et  de  Pologne,  s'étoit  référé 
au  Comte  Louis  de  Nassau:  maintenant  il  lui  communique  uo€ 
copie  de  la  lettre  du  Comte  à  Bing  (n.**  70); 

woraiis  zu  sehen  wormit  die  ieuthe  umbgehen,  uiid 
wie  gerne  sie  Irennung  anrichten  wolten  under  den  Slen- 
den  des  heiligen  Raichs. 

Dieweyll  aber  die  sache  nicht  uns,  sondem  Torneinblich 
EnchjdieCiiurlïirsten,  angehet,  haben  wirE.  L. ,  in  deni 
vertrawen  darln  wir  mit  derselben  stehen ,  zue  fernerm 
nachdencken ,  et  ne  praevisa  jacula  ipsi noceant ,  sedut  ad 
omneni  assultum  si't  paratus ,  nicht  verhaitten  wollen.«; 
wir  seyndt  nicht  bedacht  etwas  daruff  xu  antwortten, 
wirdt  man  aber  aiif  ein  antwortt  bey  uns  anhaltten,  wer- 
den  wir*s  pure  et  absolute  von  uns  uff  die  Churfursten 
weysenn.... 


—  11»^  — 


:^' 


l)e  A  iilcf»h  au  Boi  Cliarics  IX:  A  îcimc,  17  ocL  (*.'MS.  P.  C         \b^i. 
397). —  Remplacement  du  J  hic  «rAlbe.  Oclolïre. 

....Il  y  a  quelques  uns  de  par  deçà  qui  sont  entrtfs  de 
nouTeau  en  opinion  que  TArchiduc  Ernest  soit  pour  aller 
de  bref  estre  Gouverneur  aux  Pays-Bas.  Mais  je  n'y  veoy 
encore  beaucoup  d'apparence.  Je  croy  bien  que  l'Empe- 
reur le  pourchasse  encor  et  qu'on  ne  luy  refuse  pas,  mais 
il  semble  qu'on  luy  accorde  avec  .des  conditions  qui  ne 
luy  sont  agréables....  J'ai  vu  une  lettre  que  le  Sieur 
Schvendy  escrit  à  quelqu'un  d'assez  fresche  date,  par  la- 
quelle il  mande  qu'il  entend  bien  que  le  Commandeur* 
majour  va  au  Pays-Bas,  mais  de  TArchiduc  Ernest  qu'il 
n'eu  oyt  un  seul  mot.  Toutesfois,  outre  que  le  dict  Schven- 
dy a  souventefois  communication  des  conseils  et  des 
afFaires  de  l'Empereur,  j'entends  qu'il  n'y  a  personnage 
en  Allemagne  qui  aye  plus  d'avertissements  de  tous 
costés  que  luy.,.. 

76. 

Le  Comte  Louis  de  Nassau  à  Guillaume  de  Hesse  (MS.  C).  — 
Il  lui  envoyé  une  I  ettre  du  Prince  d'Orange  relative  au  com- 
bat naval  du  1 1  oct.  (voyez  p.  226). 

Durchleuchtiger  hochgeporner  Fûrst ,  gn.  Ilerr ,  gestem 
abent  ist  mir  disz  inligend  schreiben  von  meinem  gn.  Hern 
dem  Prinizen  zuekommen.  Deni  Ewigen  Gott  scy  lob  und 
danck  vor  solicite  gnadt;  demi  so  lang  uns  Gott  die  sehe 
frey  lasset,kann  es  mitt  nieiiies  I  Icrren  des  Printzen  sachen 
niclit  wolil  ùliell  gelien.  Ein  gutter  streich  inn  disse 
frische  wunden  mochtc  nuhn  wohl  etwas  auszrichten:  es 


—  120*  — 

iSj'i.  soll,  ob  Gott  wiil,  hierinnen  nicht  gefeiert  weideii.  Nach 

Octobre,  dem,  nieines  erachtens,  nicht  wenig  daran   gelegen  das 

Hertzog  Casimirus  disser  ding  nioge  berichtet  werden,  so 

ist  ineine  gantz  iindertheiiige  pitt  E.  f.  G.  woUen  i.  G.  disz 

schreiben  alsobaldt  auff  der  post  nachschicken ,  oder  uff 

das  wenigst  eine  copey  darvon Datum  [Forsler]  den 

3o  Oct.  a**.  iSyS. 

E.  f.  G. 
Undertheniger  und  gantz  dienstwilliger, 
LuDwiG  Graf  zub  Nassaw. 

Le  Prince  d*Orange  aux  Comtes  de  Nassau:  Delft,  16 
oct.  (•{•MS.  C).  —  Victoire  sur  le  Zuiderzee. 

Messieurs  mes  frères,  par  deux  divers  messaigiers  j*ay 
hier  receu  voz  lettres  du  4*  et  5' jours  de  ce  mois,  estans 
anibedeux  *  de  niesnie  substance.  Et  pouvez  estre  asseuré 
que  j'ay  receu  grand  contentement  d'avoir  veu  vostre  bonne 
disposition  et  toutes  les  particularités  contenues  en  icelles, 
et  5  oiresquc  sur  plusieurs  poinctzje  suis  avecq  grand  désir 
de  vous  respondre,  ne  l'ayant  toutefois  peu  faire  en  cesle 
haste  pour  les  affaires  qui,  de  moment  à  aultre,  me  sur- 
viennent, je  suis  forcé  d'y  superséder  encoires  un  jour  ou 
deux.  Et  cependant,  pour  estre  si  bien  asseuré  de  l'extrême 
désir  et  affection  que  vous  avez  au  bien  et  advencemeut 
de  noz  affaires,  je  ne  peulz  obmettre  de  vous  advenir  en 
diligence  le  grand  heur  qu'il  a  pieu  à  ce  bon  Dieu  nous 
envoyer  par  la  victoire,  que  par  mer  il  nous  a  donné  au 

'   toutes  deux  (ambttj. 


(|uartier  do  Waterlande,  le  lutidy  dernier,  I3  j<mr  de  ce  iSjS. 
mois.  Et  c'est  iju'e&tant  le  Conte  de  llou!i.su ,  avecq  quelque  Oriobrc 
bon  nombre  de  batteaulx  d'Amsterdam  ,  depuis  atiouns 
jours  derù,  entre  la  Zuyderzee,  en  intention  de  cbasser  les  . 
nôtres,  ou  du  mniits  s*emp.-irer  rl^  quelques  villes  assises 
sur  la  dite  mer,  mim  Gouverneur  de  Waterlande,  le  Sieur 
Scbneu  ' ,  avecq  l'Admirai  et  les  capitaines  de  notre  armée 
navale  de  ce  quartier  là ,  ont  faici  si  bon  devoir,  qu'ilz  se 
sont  veniiz  planter  et  mouiller  l'ancre  près  d'eux  à  la  por- 
tée du  canon,  et  s'estaiis  les  deux  armées  navales  ainsi 
tenues  quelques  jours,  se  donnans  plusieurs  escharmou- 
chea,  s'est  â  la  fin  dimanche  dernier,  unziesnte  jour  de  et- 
mois,  sur  les  sept  heures  du  malin ,  commencé  un  grand 
et  furieuU  combat  entre  les  diets  deux  armées ,  et  dura 
jusques  au  lendemain  environ  le  midy.  Que  Inrs  après  la 
(ieffaitle  et  disroute  de  h  meilleure  partie  «le  l'armée 
eniiemye,  le  susdiet  Conlc  de  Boussu  a  esté  prins  avecq 
toute  sa  famille  et  avecq  le  Sieur  de  Crimnigen"  et  pin- 
ceurs aultres  Sieurs  et  gentilzhommes  de  ce  pays  d'Ho- 
lande,  en  nombre  d'environ  quarante,  avant  tousjours  tenu 
party  de  noz  enneniys.  V.t  u  le  dict  Onie  de  Roussu  par 
le  susdict  Gouverneur  Schnen  esté  mené  en  la  ville  de 
Home,  et  les  aultres  en  aulire^  places.  U  y  a  aussi  un 
capitaine  Kspaignol,  nommé  Corguera,  prisonnier,  avecq 
quelques  aultres  capitaines  et  siddaix  Es|)nigiii)lz,  et  [>iir 
dessuz  les  mnrtz  ont  aussi  prisonniers  bien  d'eux  gens 
soldatz  de  diverses  nations. 

Le  Conte  de  Boussu  estoît  sur  In  navire  Admiralle  des 
ennemis,  laiiuelle  navire  avoit  trente  deux  grosses  pièces 
de   bronze,  dont  la  pluspart  tirent  vingte  cinq  livres  d« 


l5j'6,  fer,  et  par  dessus  icelle  Admiralle  ont  les  nôtres  encoires 
Ociobre.  conquesté  trois grandsz  et  trois  ou  quatre  batteauxnioiens, 
sur  les(|(ielz  sont  aussi  recouvertz  quelques  cinquante 
pièces  d  artillerie  de  toutes  sortes.  Les  navires  ennemies 
i*estautes  se  sont  sauvés  par  la  fuyte,  et  toutesfois  les 
notices  les  poursuivent  vifvement,  en  espoir  d*en  attrapper 
encoires  aucungs.  Et  puisque  c*est  le  Sieur  Dieu,  le  Dieu 
dj-je  des  armées  seul,  qui  nous  a  donné ceste  victoire,  la 
raison  veult  aussi  qu  à  Luy  seul  nous  en  rendons  grâces, 
avecq  ferme  espoir  que  ce  ne  sera  la  dernière  victoire 
qu'il  nous  donnera,  et  qu'il  deffendra  et  maintiendra  ceste 
tant  juste  et  équitable  querelle,  maugré'  qu'en  ayent  tou« 
ses  ennemis. 

Vous  aurez  aussi  entendu  comme  après  le  siège  de  sept 
sezmaines  que  lennemy  a  faict  devant  la  ville  d'Alckmar 
au  dict  Waterlande ,  et  ung  assault  le  plus  furieux  qui  se 
soit  faict  de  longtemps,  et  auquel  il  a  perdu  grand 
nombre  de  ses  mellieurs  soldatz,  mesmes  vieulx  Elspaig- 
nolz,  il  a  esté  enfin  constrainct  de  quicter  la  siège,  et 
abandonner  la  dicte  ville,  y  ayant  laissé  prez  de  deux 
mille  Iioninies  pour  gaiges;  dont  faict  à  espérer  qu'il  ne 
nous  gênera  guerres  plus  cest  hyver  au  quartier  de  Wa- 
terlande. Mais,  selon  les advis  qui  me  viennent,  il  faict  fort 
grandez  effortz  pour  invahir  la  Zeelande:  je  y  ay  envoyé 
Monsieur  de  Poyet  avecq  quelque  bon  nombre  d'infanterie 
et  aussy  quelques  ciievaulx.  Et  vous  laisse  penser,  que 
ayant  à  pourvoir  à  tant  de  lieux  et  me  trouvant  icy  seul, 
de  quelles  peines  et  travaulx  je  me  trouve  environné. 
J'ay  advisé  d'envoyer  de  [nom]  quelques  commissaires  vers 
le  dict  Conte  de  Boussu  pour  le  faire  examiner  et  vous 

'  quelque  maufaif  grr. 


--   123*  — 

aclvertiray  pur  après  de  tout  le  succès.  Et  fkisant  sur  ce  t5ji. 
Un  à  reste,  je  vou<i  présenteray  mes  très  affectueuses  recom-  Ociobre. 
mendations  dans  voz  bonnes  grâces,  et  supplieray  Dieu 
vous  donner,  Messieurs  mes  frères,  en  bien  parfaicte  santé 
lieureuse  et  longue  vie.   Escripte  Deift,  ce  i6  jour  d'oc- 
tobre 1573. 

Je  vous  prie.  Messieurs  mes  frères,  vouloir  faire  part 
de  ces  bonnes  nouvelles  à  Madame  ma  mère,  ensemble  à 
touii  noz  bons  amys  avecq  mes  humbles  recommenda- 
tions. 

Vostre  bien  bon  frère  à  vous  faire  service , 

Guillaume  de  Nassau. 
77- 

Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  à  TEIecteur  de  Saxe:  Cassel, 

6  nov.  (f  MS.  C). 

L'Electeur  de  Saie  avoit  appris  la  démarche  de  Scbonberg  (voyez 
u.^  74)  avec  surprise  et  indignation.  Il  ne  sauroit  croire  que  cela 
Tienne  du  Roi  de  France  (Lettre  au  Landgrave,  du  29  oct.  'MS. 
C).  Maintenant  le  Landgrave  rectifie  cette  erreur  et  lui  fait  observer 
que  la  proposition  a  été  faite  expressément  au  nom  des  deux  Rois. 

....Wir  werdenuns,  sofernnunsGottvernunftverleyhet, 
zuehfiten  wis!>en  dasz  wir  E.L.  und  andern  Ibren  Mitt- 
Cliurfiirsten  nicht  rathen,  uff  den  fall  den  Golt  der  Her 
lang  verluieten  wolle,  uns  ein  ausiendisches  haupt  zu  er- 
welilenn,  darvon  wir  nichts  bessers  als  die  frosch  vonn 
irern  Kônige  deni  storgk  zii  gewarten:  hoffen  aucb  Gott 
der  lier  werde  uff  deii  fnîill  K.  L.  und  der  andern  Chur- 
ftirslenn  herz  erleuchtenn ,  dasz  sie  uns  ein  solchs  heuft 
oder  Re^erung  fùrstellenn  dardurcb  die  Christliche  Relî- 


—  124*  — 

ï5yi.  gion  geftirdertt,  die  lang  gesuchte freystellung  (i) erlangt , 
Novembre,  friedt  undt  eynigkeitt  im  heyligem  Reich  Teutscher  Nation 
erhaluen .  auch  das  Reich  in  sein  voric^e  authoritet  nnd 
ansehens  wiederumb  geprachtt  werden  niochtt....  Achten's 
darfùr,  dieweil  es  den  Franzosen  gelungen  das  sie  das 
Konigreich  Polen  ann  sich  praclicirt ,  das  sie  darvon  so 
hochmiichig  wordenn  das  sie  nicht  anders  wissenn  dan  sie 
mûssen  nun  Hern  der  ganze  weltt  werdenn.... 


78. 


Rapport  du  Comte  Louis  de  Nassau  à  TEIecteur  de  Saxe  tou- 
chant les  afTaires  des  Pays-Bas.  (Kurtzer  bericht  der  ursachenn 
warumb  die  Nidderlânde  und  ihie  mittverwandlen  angeforhten, 
wie  es  damitt  ergangen,  und  worautf  es  nacbmab  berube:  -f*MS.  C). 

On  a  dû  défendre  les  Privilèges  contre  Granvelle  : 

in  disen  dingen  hat  der  Prinz,  als  der  erst  und  fiir- 
nembste  under  allen  Standen ,  mit  alleni  trewen  geratlien 
und  geholtïen. 

Was  des  Prinzen  Justification  belangt.  —  Ist  aïs  fin 
Standt  niitt  den  gewaltigen  privilcgien  gefreiet,  slehel 
auf  seinen  freien  fuessen,  soviel  den  Roni<;  belansftt;  den 
Stenden  ist  er  verpflichtt,  und  von  inen ,  beneben  deni  von 


(1)  freystellung,  «Die  Anfhebiing  der  beschworlichen  (orfxfitu- 
ntinnen,  dar  durch  denjenigen  so  dem  Papsllhum  norh  anh'ânî^ig, 
»  gleich  die  Hand  veibiinden  und  der  Eyngang  zum  Reich  Golle> 
»  verschlossen ,  darwieder  auch  auf  allen  Reichs-Tagen....  proUs- 
i^ tiret  und  vielfàlliglich  gebettcn  worden  isl.  «  (Lettre  de  l'Elerleur 
Palatin  à  Maximilien  IT  en  i564;  Stnnc,  Pfaltz,  A'.  Hist,  p.  1  |8- 


—  125*  — 

Egniont,  zu  einen  haupt  gewhelet,  iind  von  deiii  Konig  iSj'i, 
(larzu ,  als  er  naher  Spanien  gezogeu,  confirmirt.  wirdt  Novembre, 
aucli  von  ilinen  nachnials  duriVir  erklianndt  und  gelialteii, 
dieweill  er  mit  irem  ralh  und  verwilligung  niclit  abgeset- 
z(;t;  ist  kein  underlhan  geboren,  soudern  ein  stanndt  des 
Keichs;.ist  nicht  vor  sich  selbst,  ausz  fùrwitz  oder  geit- 
glrigkeit,  gerathen,  sondernn  auf  ersuclien  undennhanen 
der  Slende,  daniit  er  seiner  piliclit  genug  tliele. 

Ist  sein<^ni  Herrn  gewiciien ,  da  er  den  gewaidt  liât 
prauchen  woilen,  und  nieniandt  zur  verlior  koininen 
lassen. 

Hat  nicht  gefàhrlich  liandlen  wollen ,  iind  die  gewaitige 
Stadt,  aïs  Antorff,  Mecliel,  Amsterdam,  Valencienne ,  ja 
ganz  Hollandt,  Seelandt,  und  Stifft  Dtrecht  inn  seineu 
liiinden  belialten,  wie  ir.  Gn.  sie  dann  hatten;  hatt  sein 
sohn  und  guet  hinder  sich  gelassen ,  hatt  jeder  zeitt,  mitt 
rhat  und  vorwissen  ''er  Chur-  und  fûrsten  gehandiet. 

Hatt  auch  nye  gedacht  widder  inn  die  Niderlande  zu 
khommen,  were  s.  Gn.  nicht  beruffen  worden. 

L*Elecleiir  fil  répondre  le  1 1  nov.  (•{•MS.  C).  «....  S.  fûrstl.  Gn. 
•khoiinen  zu  kheinem  gevialclt  oder  thâtlichemfûrnemeD  rathen...  v 
Du  reste  il  est  prêt  à  reudre  de  boos  offices 

79- 

Su  Goard  au  Roi  Charles  IX:  Madrid,  3  nov.  (""MS.  P.  Su  G. 
U  228,  vol.  792). —  Pacification  probable  des  Pays-Bas. 

...Si  ceste  dernière  expédition  (  i  )  tant  à  FEmpereur  que  aux 


(1)  drrn.expéfi.  La  mission  d'un  Ambassadeur  qu'on  disoit  devoir 
être  envoyé  en  Allemagne  après  l'arrivée  de  Rèquescos. 


—  126*  — 

I  Sy'i.  Seigneurs  de  l'Empire,  est  telle ,  je  ne  doubterois  qu  il  ne  s'en 
Novembre,  suivistiing  accort  avecques  le  Prince  d'Orange,  lequel,  ainsi 
que  j'entends ,  est  autant  sollicité  de  l'Empereur  avecques 
le  Roy  Catholicque  qu'il  feust  jamaiz,  lequel  se  faict  fort, 
comme  l'on  m'a  dict,  que  le  Prince  d'Oranges  fera  lout 
ce  qu'il  Touldra  et  qu'il  eu  est  sollicité  du  dit  Prince.  Mais 
j'entends  que  par  mesmes  il  Touldroit  bien  moienner  que 
l'un  de  ses  enfans  feust  faict  Gouverneur  des  bas  pais.  Je 
ne  faicts  doubte  que  de  deçà  l'on  ne  trouvait  quelque 
party  d'accord  acceptable  de  ceulx  que  pour  le  passé  Ion 
a  du  tout  rejecté  pour  impossible;  et  cecy  davantage, 
que  si  l'on  trouve  le  Prince  en  telle  disposition,  le  Grand 
Commandeur  arrivé,  que  sans  perdre  beaucoup  de  temps 
l'on  ne  conclue  en  ce  faict 


80. 


Le  Landgrave  Guillaume  de  Hesse  au  Duc  Jean-Casimir:  Miif- 
hausen,  20  nov.  (-fMS.  C),  —  Dispositions  de  TEIcrieurHe 
Cologne. 

....Wir  zweifeln  nicht  E.  L.  werden  nunmehr  zuklioni- 
men  sein  was  sich  der  Erzbisschof  zu  Coin  jegen  Graff 
Johan  von  Nassawerclertt...  Wo  es  nun  ermeltten  BisschoiY 
ernst  und  kein  fallacin  darhinder  ist,  dann  wir  nichl 
gern  in  seiche  sachen  zu  bald  glauben ,  quoniam  piscaUn- 
ictus  sapitj,.,,  so  hilten  [wirs]  fur  die  erste  [stoffell]  sein, 
dardurch  di  iang l^egerte freystellung  (i),  auch  grûndiich 
vertrawen  zwischen  beyderseits  Stendennmochte  erlangon 
werden.... 

(  1  )  freyslellnng.  Voyez  p    1 2  V  • 


Le  Landgrave  Cluilli 

~  ■       daiecJ-MS.  C.). 

tEs  liait  uns  gldch,  als  wîr  au»  E.  L.  Hemn  Vaiters 
•eftreiben  vemohniiiien  das  der  Konig  zu  Franckreich 
vorgezogen  und  der  Koing  z»  Poln  und  desselben  Fraii 
Mutter,  die  ahe  Konigin ,  dahinder  [ilieben ,  allerltjf  ge- 
daticken  geinarlit  ;  itzo  alier,  wie  wîr  verneliiiien  das  dar 
Kuiiigzii  Franckreich  kranck  worden,  gebet's  uns  noch 
seluam^r  gedancken,  und  halt«Ti  genzliclt  darfiir  man 
werde  lialdt  grosze  zeitungen  lioren.  Gntt  geb  das  sie  gutt 
seyen! 

W'ir  gedenckej)  itzn  offtmals  an  die  reden  di«  Gi-afF 
Liidwîg  zu  Kassaw  zu  Ca»sell  zu  £.  L.  und  uns  gehabti, 
und  fûrchtten  [mil]  das  elwa  die  gutten  leulli  in  Franck- 
r«ich  das  spiell  zu  True  angefang^n  haben. 

Darneben  kiinnen  wir  nicht  underlassen  E.  L.  [f.]  uund 
vertrewliib  zu  erinnern  das  E.  L.  }c  jHfeiiiU  nrrlore  ver- 
Mneten  feynden  und  pfafTen  niclil  zu  viel  glauben  geben , 
sondern  sicb  in  ail  den  bewuslen  saclieu  gnugzsnib  ver- 
sicbern  lassen,  damitt  E.  L.  oder  derselbe  schwester  nicht 
uf  ein  eys  gefùrtl  werden.— 

Si. 

Rapport  du  Duc  Jean -Casimir  à  l'Electeur  de  S«ie  tonchant  le^ 
moyens  de  lermiacr  la  guerre  dr<  Pajs-Bai ,  en  Mrouranl  le  Prince 
d'Orange  d'une  manière  pniracc.  .aWatyon  nrgrndesprgr.  Chmf. 
deniCli.  auSicbien  in  hnchslem  Terli  at>en  ancelinrhl  werden  miII,» 
In  dorio  on  lil  •  Herzog  Cjtimin  anfrin^eii  an  Cfa.  i.  S  •), 

^.1.  Cil. Gn.hat  nicht  underlassen  Dent  geliebteraS*ibne 
HNtzof;    J-    Casimir   Pfaitzgr.    vt^lterlirbtrn    mi   lii;Telli«!n 


—  128*  — 

1J70.  Graff  Ludwig  zu  Nassaw,  als  deme  ohne  zweiffel,  sarobt 
ïovemhie.  andern  seinen  Brûdern,  des  Hem  Prinzen  gelegenlieit  am 
hesten  bewiist,zu  sich  zu  erfordern  und  mit  nuher  CasseP 
zu  neluueii,  aldaneben  Landgrafe  Willielni,  seinemeinung, 
Yfïe  etwa  dieser  beschweriiche  handel  in  den  Kidderlande 
durch  einen  guten  undt  bestendigen  friden  hm-  und  bei- 
zulegen  seinmochte,  anzuhoren.... ,  wie  dan  beschehen, 
und  er,  der  Graff,  deswegen  nach  notlùrftt  gehort  wor- 
den.  —  Neben  diesem  helten  gleichwol  Ire  Chf.  On.  nit 
underlassen  an  Herrn  Prinzen  eine  vertrewliche  person 
auch  abzufertigen  und  irer  f.  Gn.  gemuet  hierundter 
ferner  zu  vernehmen. 

Le  Comte  Louis  ne  sait  pas  d'autre  moyen  que  d'éloigner  des 
Pays-Bas  les  Espagnols,  leur  régime  et  leurs  soldats,  et  d'abolir 
l'Inquisition: 

wo  dasselbige  geschehe,  wiirde  alsdan  der  friede  fiir 
sich  seibst  ervolgen,  auff  welche  algemeine  sach  und 
beschwerden,  so  wol  in  den  Nidderlanden  als  waskûnfTtig 
in  dem  heiligen  Reich  daraus  ervolgen  mocbte,  bishero 
der  Herr  Prinz,  und  nit  auff  sein  privât  und  eigen  werck, 
gesehen. 

Was  aber  der  [Chf.]  wolmeinenden  vorschlag  mit  der 
[Kay.]  M.  Sohne,  welchem  die  Regierung  in  den  Nidder- 
iande  zu  bevelhen,  antreffen  thet,  ni (ich te  dasselbige  wol 
ein  niitlel  sein  wodurch  dieseii  sachen  zu  helffen  ,  woftTne 
deniselbigen  kein  Spanisch  Régiment  zugeordnet....  Wie 
solchs  ailes  von  Graff  Ludwij;...  nach  der  lenjjde  ausgefurt 

o  no 

und  umb  bessers  behalts  willen,  von  ime  schrifftlich  (i) 
erfordert..,. 

(i)  schrifftlich.  Voyez  n.°  77. 


Une  dcpatatîoa  des  Princo  vers  le  Rm  d'Espagne  i»*aiiroit  guères 
d'efleC 


Dca  Primea  màà  mnat  anhug  lUm  «à  pmiiMMli* 
ren  die  waCGm  niedenalegen ,  odof  deii  NiiidiÉHfaMlr 
gam  und  fHr  abtaiiIreitair'Mi.  jcrikk  geltt  mMl  ^n 
wnkhnraiweÉ  inwwrhilh  LiÉidtÉ  digtgn  m  Mhiiiett^ 
oder  MomutÈ  ém  fidtdea  ink  Spattm  su  ttoffaû;  du 
htÊàt  es  ^Mchnngl  àet  BftJtMgmff  dmrfikrt  ahmroiki  d>r- 
fvr  dis  dian  imd  deif^dcha  Tonchliige  bei  dbtt  Heni 
Prinzen  wenig  Terfangen  mochten ,  und  dabiDeben  ^ar 
gefiihriich  sein  w<dte  etwas  in  dieser  sacfaen,  so  lang  die 
Spanierim  lande  izuradien;  aintemal  der  Herr  Prints  sicb 
^adi  dèm  Jfanftoànchcn  ûEiàaÊpAf  daa  man  enwedai  taaiiap 
und  ghubeii  gar  iiil^  odor  je  nor  a»  lang  bis  man  dan 
iroHbflîIflfiiébi^zÉliatoi  fê^^  y^oogÊâm  m ^gm^^  ^ 
ond  dabiai  nkbt  hichdich  in  'hurat^ii  aién  wndel  daa  av, 
hef  JolcbeM  albèwkl erhngtem  und  babandcm  Toribaîl, 
éàs  »cb#c>dt  ifgide  tatt'der  Aual  gcban,  danutop  Mt 
dfiinarihigen  aaBia  iJennachcr  ycMagèn*  ■. 

Ueber  das  sein  f.  Gn.  dessen  gentiliclwipersaadîrtdas 
es  nit  seiner  t  Gn.  allein ,  sondem  eine  gemeine  sacb  seye , 
die  8o  wol  Gottés  ehr  Utid  Kirort  sis  die  freiheit  des  yatter- 
lands  betrefft ,  welche  mit  gùtem  j^èwissen  keines:  wegs 
zu  verlassen  ;  sie  wolten  dan  ûl>er  dasjeiiige  was  sie  bishér 
an  Landt,  leulben ,  und  a^Misien  Teriobren ,  auob  mf  f.  Gn. 
dir^reputaiioiiy.ttnd^ea  gewiasenywalphff  aniSTdiestr 
wtift  das  bâcbste.kleînqtitli  in  die  sahan^Açbbfii», 

4  9' 


^^7^*   zu  dem  allem  die  armen  ônderthlmea  în  dén  Nidderlande 
.  pvem  rç.  j^:.iy|.^gî^ii  ^ij^iJiniOioli  jn   rachèn  werflen  uiid  aoff 

den  fleischbanck  opfem,  letzlich  auch  dem  heitigen 
Reich  einen  ewigen  und  immerwerenden  anhang  ma- 
chen.... 

So  stehet  zu  bedencken  ob  man  den  fiîeden  mit 
gewah  undt  contihuatioh  des  kriegdi^eriaiigen  und  eriia]- 
ten  kondé  tind  toile*' 

Bei  diesetti  pûnkten  miiessen  Ii«  Ch;Gii.  gleicfawol  nuuk 
bekhénnen  das  Sie  dis  fôr  das  eintnge  mittd  erachlen.^ 
und  gentdich  Terboffen  wohe ,  da  dieTeàtsdié  Char-  und 
fiirsien  «in  wenig  die  handt  ndt  anlegen  wollen,  das 
mah  leichtËch  densdben  bei  albereh  habendem  Tortbeil 
erlangem  kondte..^ 

.D*abord  le  Roi  de  France  a  donné  100,000  écns  (Crooeo): 

I 

so  isc  àttdi  hbfiViung  das  cKe  Koniginn  vôn  Engdlandt  das 
irig  aueh  dabei  ihan  -werde,  wie- sie danr bisher  in  dieser 
saichen  sich  in  viel  wege  mitleidenKch  und  befurderfidi 
mit  airresùning  der  Hispanischen  schiff ,  Terfolgiuig,  mu- 
nition, und  kriegsToIck,  auch  darschiessung  elliches 
geidesj  ob  es  schon  unvermerckter  ding  und  durch  die 
dritte  handt ,  als  den  Bisschof  ¥on  Londen  undt  andere 
besc^eën  j  erzetgt. 

On  a  déjà  dépécbé  quelqu*un  vers  la  Retoe  à  cet  effet ,  la  priant 
de  déposer  a  ou  3oo,ooo  a  Cronen  in's  Reich  an  sicber  ort  ;  »  afin  de 
pouvoir  en  disposer  avec  son  consentement. 

Ueber  das  so  stûnde  man  im  hondel  den  BisschofT  zu 
(]oln  dem  Heitzogen  von  Alba  abzupracticiren ,  und  ime 
ein  weib  und  pension  Ton  der  Cron  Franckreichsan  bals 


—  tBV  — 

zu  werfTen.  WiêtdâniflilbéMt  Ydn^WcgéàFl-ifoekreich  ein  li'jZ. 
iitatlich  erpieten  gescheén  und  Gra£f  Johan  zu  Nauaw  zo  Novembre, 
^inen  Chf.  Gn.  deswegen  erfordert,  dessen  bericht  man^ 
wasdaselbst'ausgerieht,  teglich  gewertig.... 

So  were  es  auch  an  deme  das  der  Ghur£  zu  Maintz,  . 
durch  d6iiTon'Groid>erg^  âchzum  bochsten  gegen  d^" 
Graven  m  Nasaâw  erbotten  ;  mit  verroeldaiig,  dieweilen 
ire  Ch.  Gn,  aehen  dai^  «e  rundt  und  apert  mit  ihren  sachen 
uinbgiengen ,  so  wolien  sie  auch,  hindangesetzt  der  kay. 
Mat.,  ire.sacheBy.dtfiiiisie  zu  gutem  ende  gebracht,  be- 
fîierdem  héUfen.  Da  dan  die  bûndtnûs  mit  Sdiotten  (i)^ 
vermog  des  Hem  Printzen  sebreiben ,  audi  ins  werck 
gericbtet,  bette  man  desto  mehr  fundaments  und  ursacb 
die  hende  an  den  pflug  zu  legen.... 

(  i)  SchoiUn.  Il  ne  parolt  ptt  qa'oo  ait  cooda  an  Traité  avec  le 
GouvenieneDt ,  déoaé  de  ressources  et  ayant  assez  à  démêler  à  ses 
propres  affaires;  mab  (surtont  dapob  la  paix  de  Perth ,  qnî ,  ed 
i573,  avoit  terminé  la  gaerre  civile) ,  beaucoup  d'Ecossois ,  dési- 
rant verser  leur  sang  pour  la  même  cause  dans  un  autre  pays^ 
venoieot  senrir  en  Hollande.  Ce  fut  là  Torigine  de  la  Brigade  £roi- 


—  132  ~ 

EXPLICATION  DBS  PLAKCHES. 


Planche    L  i .  Fragment  d'une  lettre  de  Nicolas  Bronvnck ,  Sct-re- 

tàke  d«  Pnnce  éiOnn- 
se  (p.  3«). 

a.  "  >        >      •  Gaspard  de  S^KMibcrg, Ma- 

réchal de  France  ^p.  aïo). 

3.  •  >         ■       ■  Goiilaln  de  Fjcimes ,  Sei- 

«aurdtLaahwa  (p.aoi). 
..     —      n»  I.  •  ■         •       •   W.  Zaleoer •  CooseiUer dr 

rSlectenr  Palatin  (p.  3i\ 

a.  •  •        •      »  Dfiatrich  Wever  (p.  i3l). 

3.  •  *     .    *       *  WinandtvanBreyll.(p.«3S,. 

4-  *  •     '   »      »  LattttgaefteyConaeillerdn 

Dnc  Jcan-Casîaair  (p  ai^). 


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