.i:ity.

-in

ÏCT)

■CD = 00

!0

vOUOUTO

Digitized by the Internet Archive

in 2010 with funding from

University of Ottawa

http://www.archive.org/details/mmoires0105soci

7

a

i

\

ET

TQ 1 o

RELATIFS A

L'HISTOIRE DU CANADA,

PUBLIES PAR

LA SOCIETE HISTOEiaUE I)E MONTREAL.

'A

V

IMPRIMÉ PAR DUVERNAY, FRÈRES,

10 & 12. RUE ST. VINCENT.

1850.

SOCIETE HISTORIQUE

CE

MO]SrTREAJL.

PATRONS. L'HoN. Sir L. H. Lafontaine Bt.-L'Hon, D. B. Vigek.

OFFICIERS.

Messire h. a. Verreau, Président. Mr. R. Bellemare, Vice-Prés., Mr. J. U. Baudry, Très. _Mr. L. a. h. Latour, Biblioth., Mr. George Baby, Sec.

t

^i^tOMU

i@@ii?i ffiiiwôSig'Pi

DE

^SIOIsrTIlE^L.

La Société Historique de Montréal, foiulée en 1857, n'a été définitivement organisée qu'en 1858, sous la Présidence de feu M. le Commandeur Viger, dont elle ressent aujour- d'hui vivement la perte. Cette société se propose de re- cueillir et de publier tout ce qui pourra jeter un nouveau jour sur notre Histoire et rendre plus facile et plus sûre la tâche de ceux qui l'écrivent. Il n'y a personne, en eflet, qui ignore combien d'erreurs sont imprimées tous les jours, et combien de difficultés on rencontre, pour ainsi dire, à cha* que page, quand on étudie sérieusement l'Histoire du Ca- nada. Et cela ne doit pas nous surprendre ; car pendant longtemps on s'est mis peu en peine de conserver les do- cuments et les pièces originales. Nos pères, contents d'a- voir fait leur devoir, ne songeaient guères à transmettre leurs belles actions à la postérité ; voilà ce qui explique la perte de documents vraiment précieux. Tous les jours encore la vétusté, les incendies, la négligence et une foule d'accidents qu'on ne saurait prévoir, diminuent le nombre de ceux qui nous restent. Ces derniers même se trouvent dispersés dans les papiers de famille, dans les différentes archives de la province et jusques à l'étranger. Il est donc très difficile de se procurer aujourd'hui tous les renseignements dont on peut avoir besoin pour étudier avec avantage l'Histoire du Cana- da, si féconde en actions héroïques et en nobles dévoue- ments dont les détails sont encore ignorés. C'est ce qui a engagé la Société Historique de Montréal à commencer la

n

mission qu'elle s'est imposée. Elle sent bien que cette tâche- est aussi difficile qu'ingrate, car les documents qu'elle pur bliera ne sont que des matériaux pour l'histoire, et par con- séquent, ne peuvent avoir rien d'émouvant ni de bien attra- yant pour la plupart des lecteurs. Cependant si ses recher- ches peuvent être utiles, si elles peuvent rectifier quelques inexactitudes touchant des faits saillants de notre histoire, la Société Historique croira avoir atteint son but. Elle est d'ail- leurs encouragée par le noble exemple des Sociétés Histo- riques de France, d'Allemagne et d'Italie, plus que jamais on s'eflbrce d'arriver à la vérité, jusque dans les moindres détails de l'histoire. Du reste, elle n'aura pas besoin d'aller à l'étranger pour trouver un modèle à suivre, il lui suffira de marcher sur les traces de la Société Historique fondée à Québec il y a nombre d'années. Ello n'a d'autre ambition que de devenir son auxiliaire à Montréal. Nous n'avons pas besoin de dire qu'elle accueillera toujours avec plaisir et avec empressement toute rectification qu'on pourra lui sug- gérer.

La première livraison qu'elle présente au public contient un travail sur la question de l'existence de l'esclavage dans le Canada, commencé par feu M. J. Viger, et complété par Sir L. H. LaFontaine, savant jurisconsulte dont le pays s'honore à plus d'un titre.

Nous nous empressons de le publier, parce que cette question de l'esclavage en Canada, très importante en elle-même, se trouve actuellement controversée dans l'Etat du Missouri et que d'elle dépend l'issue de procès intéres- .sants chez nos voisins. M. Viger avait communiquer son travail, tout imparfait qu'il était, et une grande partie des documents qui l'accompagnent, à des avocats distingués de cet Etat, et à quelques-uns de nos jurisconsultes, entre [au- tres à l'Honorable Juge Badgley, dont le témoignage a été invoqué sur ce point.

DE L'ESCLAVAGE EN CANADA.

L'Esclavage a-t-il existé en Canada ? Oui l'esclavage a existé en Canada. Il y a existé par abus, dira-t-on peut être; mais toujours il a existé de fait et sous le gouvernement fran- çais et sous le gouvernement anglais.

Voici quelques documents publics et authentiques et quel- ques faits qui prouvent que l'esclavage a vraiment et vir- tuellement existé en Canada, longtemps même après la conquête. A d'autres qu'à moi d'examiner sérieusement ces pièces et de donner à ma question une réponse catégori- que : sous le rapport historique, c'est un point important à éclaircir que l'existence de l'Esclavage pendant un temps quelconque dans notre beau pays du Canada. Fev. 1858. J. V-

I

Extrait de lettres des 10 Août, 31 Octobre et 6 Novembre 1688, de MM. de Denonville, Gouverneur, et De Champigny, Intendant du Canada, au Ministre Secrétaire d'Etat.

" Les gens dfe travail et les domestiques sont d'une rareté *' et d'une cherté si extraordinaire, écrit M. de Lagny, (1) en

(1) Le M. de Lagny dont il est question dans ce document important, que nous devons aux recherches de M. Jacques Viger, est en toute probabilité M. Jean Baptiste de Lagny, Sieur des Brigandières, mentionné dans un arrêt du Conseil Supérieur de ■Québec, du 14 Octobre 1677, arrêt que nous transcrivons ici :

<' Vu la requête présentée par les sieurs Germain Panin, essav-

'' succession les distribuent entr'eux et les prisent par con- " îribution au sol la livre de leur dû, et comme dans l'isle " de St. Domingue l'on suit la Coutume de Paris, les nègres " de cette islc ne font point partie du fond ; mais se ven- " dent ou se partagent comme meubles, ce que nous attes- " tons véritable, laquelle disposition n'est pas conforme à ce " qui se pratique dans les pays de Droit-Ecrit, mais est une " loi municipale qui est toujours observée dans les lieux qui " se régissent par la Coutume de Paris^

Reprenons la suite de nos documents,

II

Ordonnance au sujet des Nègres et des Sauvages appelés Panis, du 13 Avril 1709.

Jacques Raudot, etc.,

" Ayant une connoissance parfaite de l'avantage que cette " Colonie retireroit si on pouvoil sûrement y mettre par des " achats que les habitants en feroient, des Sauvages qu'on " nomme Partis, dont la nation est très éloignée de ce pays " et qu'on ne peut avoir que par les Sauvages qui les vont " prendre chez eux et les trafiquent le plus souvent avec les " Anglais de la Caroline, et qui en ont quelquefois vendu " aux gens de ce pays, lesquels se trouvent souvent frustrés " des sommes considérables qu'ils en donnent par une idée " de liberté que leur inspirent ceux qui ne les ont pas ache- " tés, ce qui fait qu'ils quittent quasi toujours leurs maîtres, " et ce, sous prétexte qu'en France il n'y a pas d'esclaves, " ce qui ne se trouve pas toujours vrai, par rapport aux Co- *' lonies qui en dépendent, puisque dans les Iles de ce con- *' tinent, tous les Nègres que les habitants acliètcnt sont tou- " jours regardés comme tels ; et comme toutes les Colonies •' doivent être regardées sur le môme pied, et que les peu- ** pies de la nation Panis sont aussi nécessaires aux habi-

5

*' tants de ce pays pour la culture des terres et autres ouvra- " ges qu'on pourroit entreprendre, comme les Nègres le sont " aux Iles, et que même ces sorte d'engagements sont très uti- " les à cette Colonie, étant nécessaire d''en assurer la pro- " priété à ceux qui en ont acheté et qui en achèteront à Vave- " nir :

*' Nous, sous le bon plaisir de Sa Majesté, ordonnons que " tous les Panis et Nègres qui ont été achetés et qui le seront " dans la suite, appartiendront en pleine propriété à ceux qui " les ont achetés comme étant leurs esclaves ;

" Faisons défense aux dits Panis et Nègres de quitter *' leurs maîtres, et à qui que ce soit de les débaucher, sous " peine de 50 livres d'amende.

" Ordonnons qiie la présente Ordonnance sera lue et pu- ** bliée aux endroits accoutumés, es Villes de Québec, Trois- " Rivières et Montréal, et qu'elle sera enregistrée au Greffe " des Prévotés d'icelles, à la diligence de nos subdélégués.

" Fait et donné en notre hôtel à Québec le 13 Avril mil sept cent neuf.

Signé, Raudot.

" Lue et publiée à l'Eglise de la Basse-Ville, à l'issue de ^' la messe de sept heures et à la porte de l'Eglise Paroissiale " de cette ville de Québec, issue de grande messe, 21 Avril *' 1709, par moi huissier audiencieren la Prévoté de Québec ** y demeurant rue St. Pierre.

Signé, " CoxGNET."

m

Ordonnan'ce concernant les formalités requises pour l'af- franchissement des Esclaves du 1er Sept. 1736.

Gilles Hocquart.

" Sur ce que nous avons été informé que plusieurs particu- ** liers de cette Colonie avoient affranchi leurs esclaves sans

" antre formalité que celle de leur donner la lilx'rlé verbale- '■'■ ment, et étant nécessaire de iixer d'une manière invariable *' l'état des esclaves qui pourront être affranchis dans la suite; " Nous, après en avoir conféré avec M. le Marquis de Beau- " hamois, Gouverneur et Lieutenant Général pour le Roy de " cette Colonie, Ordonnons qu'à l'avenir tous les particuliers " de ce pays de quelque qualité et condition qu'ils soient, qui " voudront affranchir leurs esclaves, seront tenus de le faire " par un acte passé devant notaire, dont il sera gardé minute " et qui sera en outre enregistré au greffe de la jurisdiction " royale la plus prochaine; déclarons ions autres affranchisse- " ments qui ne seront pas dans la forme ci-dessus, nuls et de " nul effet.

" Et sera la présente Ordonnance lue et publiée en la ma- " nière accoutumée et registrée au greffe des jurisdictions " royales de Québec, de Montréal et des Trois-Rivières. " Mandons, etc.

" Fait à Québec, le premier Septembre mil sept cent tren- " te-six."

Signé, " HocQUART."

IV

Arrêt du Coxseil d'Etat du Roi, portant que les Nègres qui se sauvent des Colonies des ennemis aux Co- lonies Françaises, appartiendront à Sa Majesté, du 23 Juillet 1745, registre au Conseil Supérieur de Québec le 19 Juin 1748.

" Le Roi étant informé que trois Nègres et une Négresse^ " esclaves de l'Ile Anglaise d'Anligiies (1), s'étant sauvés à la " Guadeloupe, il y aurait des difficultés sur la question de " savoir à qui le produit de la vente des dits Nègres devoit " appartenir ; que le Juge de l'Amirauté se serait contenté

{^l) Antigues on Antigoa, Tpetitc \\e Anglaise entre St. Chris- tf»phf et la Guadeloupe.

^L-.V-^:-.:

'-'■ de donner un avis, portant que le dit produit serait déposé " à la caisse du domaine d'Occident et que" sur l'appel in- " terjeté au Conseil Supérieur de la dite Ile Guadeloupe " par le Directeur du dit Domaine, de l'avis du dit Juge, " le dit Conseil Supérieur auroit rendu, le 7 Janvier dernier, *' un arrêt par lequel il auroit déclaré que \e produit des dits " esclaves appartenait à Sa Majesté, et les Nègres esclaves " des ennemis de VEtat qui passent dans les Colonies Fran- " çaises devant en effet appartenir à Sa Majesté seule, ainsi ^' que cela s'est pratiqué dans les différentes guerres, et " qu'il en est usé par rapport aux vaisseaux et effets des " ennemis qui échouent aux côtes de la domination de Sa " Majesté, qui peut seule, dans les dits cas, exercer le droit " de guerre, lequel ne se peut communiquer à personne ; Sa " Majesté auroit jugé à propos d'expliquer ses intentions, " tant pour l'exécution particulière du dit arrêt du Conseil " Supérieur de la Guadeloupe que sur la matière en géné- " rai, afin de prévenir les difficultés qui pourroient se pré- •' senter aux dites Colonies, et après s'être fait représenter " l'arrêt du Conseil d'Etat du 6 Mars 1692, rendu à l'occa- " sion de l'échouement d'un vaisseau ennemi sur les côtes " de Calais, et par lequel il auroit été déclaré que les vais- " seaux et effets des ennemis de l'Etat qui échouent aux " côtes du royaume, appartiennent au Roi seul, et en con- " séquence a ordonné que les effets qui composoient le char- " gement du dit vaisseau, demeureroient confisqués au profit " de Sa Majesté, et les deniers qui en proviendroient, remis " es mains de qui il seroit ordonné par Sa Majesté, vu aussi ' les ordres particuliers adressés en différens temps aux " Gouverneurs et Intendants des Colonies :

" Ouï le rapport, et tout considéré, le Roi étant en son " Conseil, a déclaré et déclare que les Nègres esclaves qui " se sauvent des Colonies ennemies de l'Etat aux Colonies " Françaises, et les effets qu'ils y apportent appartiennent à ■" Sa Majesté seule, ainsi que les vaisseaux et effets des dits

8

" ennemis qui échouent aux cotes de sa domination, sans " que personne y puisse rien prétendre, et en conséquence " confirmant en tant que besoin l'arrêt du Conseil Supé- *' rieur de la Guadeloupe du 7 Janvier dernier, a ordonné " et ordonne que les deniers provenant de la vente des dits " quatre Nègres esclaves qui se sont sauvés d'Antigues à la *' dite Ile de la Guadeloupe, seront remis, si fait n'a été, " dans la caisse du commis aux Iles-du-Vent des Trésoriers *' Généraux de la Marine, pour l'emploi en être fait aux " dépenses des fortifications des dites Iles-du-Vent, suivant " les ordres qui en seront donnés par Sa Majesté.

" Mande et ordonne Sa Majesté, aux Sieurs Marquis de *' Beauharnois^ Gouverneur et Son Lieutenant Général, et *' Ilocquart^ Intendant de la Nouvelle-France, de tenir la " main, chacun en droit soi à l'exécution du présent arrêt, " qui sera registre au Conseil Supérieur de Québec.

" Fait au Conseil d'Etat du Roi, Sa Majesté y étant, tenu *' au camp de Bort le vingt-trois Juillet mil sept cent qua- rante-cinq.

Signé, " Phelypeaux."

" Registre, ouï et ce requérant le Procureur du Roi, sui-

*' vant l'arrêt de ce jour, par nous Greffier en Chef du dit

<' Conseil à Québec, le 19 Juin 1748.

Signé, " Boisseau.''

Extraits de la Capitulation de Montréal du 8 Septembre 1760.

" Article 37. Les Seigneurs de terre, les Ofiiciers Militai- " rcs et de Justice, les Canadiens, tant des villes que des •" campagnes, les Français établis ou commerçant en toute "*' l'étendue de la Colonie du Canada, et tout autre personne •" que ce puisse être &c., conserveront l'entière, paisible pro- " priété et possession de leurs biens seigneuriaux et rotu- *' riers, mettbles et immeubles, marchandises etc. Accordé.

" Article 42. Les Français et Canadiens continueront " d'être gouvernés suivant la Coutume de Paris et les lois et " usages établis pour ce pays. Ils deviennent sujets du Roi.

" Article 47. Les Nègres et Panis des deux sexes reste- " ront en leur qualité cfesclaves en la possession des Fran- " çais et Canadiens à qui ils appartiennent ; il leur sera *' libre de les garder à leur service dans la Colonie ou de " les vendre ; ils pourront aussi continuer à les faire élever " dans la Religion Catholique.

" Accordé : ^excepté ceux qui auront été faits prisonniers."

VI

Lettrk (inédite) de M. le Marquis de Yaudreuil à M. do Belestre, commandant au Détroit, à la suite de la capitulation de Montréal.

(Extrait de Ma Saberdache, lettre M, tome I, p. 158 et sui- vantes.)

A Montréal, le 9 Sept. 1760.

" Je vous apprends, Monsieur, que j'ai été dans la néces-

" site de capituler hier à l'armée du Général Amherst

" à des conditions très avantageuses pour les colons et par- " ticulièrement pour les habitants du Détroit,. .En effet ils " conservent le libre exercice de leur religion, et sont main- " tenus en la possession de leurs biens meubles, immeubles

" et leurs pelleteries ; ils conservent leurs Nègres ei

" Panis, mais ils sont obligés de rendre ceux pris aux an- " glais "

Voilà une suite de documents publics qui tendent, ce sem- ble, à bien établir que l'esclavage des Nègres et des Panis a été introduit en Canada dès à peu près 1689, et que la plu» haute autorité du pays était sous l'impression qu'il y exis- tait encore lors de la capitulation de Montréal de 1 760, Ce- ]pendant M, Garneau ne parait pas être de cette opinion.

ÎO

voici ce qu'il dit à ce sujet au t. 2mc de son Histoire du Canada^ p. 447 et suiv. Ire édition.

"Nous ne croyons pas devoir omettre de mentionner ici une " décision du gouvernement français qui lui fait le plus grand " honneur; c'est celle relative à l'exclusion des esclaves du *' Canada, cette colonie que Louis XIV aimait par dessus " toutes les autres, à cause du caractère belliqueux de ses " habitants, qu'il voulait former à l'image de la France, cou- " vrir d'une brave noblesse et d'une population vraiment na- " tionale, catholique, française sans mélange de race.

" Dès 1688, il fut proposé d'y introduire des nègres ; cette " proposition ne rencontra aucun appui dans le ministère qui " se contenta de répondre qu'il craignait que le changement " de climat ne les fit périr (1); c'était assez pour faire échouer " une entreprise qui aurait greffé sur notre société la grande " et terrible plaie qui paralyse la force d'une portion si consi- " dérable de l'Union Américaine, Vesclavage, cette plaie in- " connue sous notre ciel du Nord qui, s'il est souvent voilé " par les nuages de la tempête, ne voit du moins lever vers " lui que des fronts libres au jour de sa sérénité."

M. Bibaud, jeune, page 121 de ses Institutions de P His- toire du Canada parle un peu différemment de M. Garneau, sur la question de l'existence de l'esclavage en Canada sous la domination française. Il n'hésite pas à dire ; " VEs- clavage a été connu en Canada,^^ et voici comme il croit en fournir la preuve.

" XLVIII. L'Esclavage fut une autre- tache à la constitu- " tion de la Nouvellf-France, et c'est à tort qu'on a cru jus- " qu'à présent qu'il n'y a jamais existé. Si, à la proposition

(1) M. G. cite à son appui le " docuTTient^^ C02)i6 ci-devant (page 1, ) qui, certainement, dit phis que M. G. ne lui fait dire, (voir apostille p. 2,) M. G. en a éliminé la partie princii>alc; l'au- torisation du roi d'acheter des esclaves !

11

" de l'établir, faite en 1688, le Roi ou ses ministres répondi- " rent qu'il était à craindre que la rigueur du climat ne fît " périr les nègres et que l'acquisition en fût par même " inutile, (1) trois documents prouvent, sans réplique, que l'es- " clavage fut introduit vers la môme époque ou peu après. " Ces documents sont : V Ordonnance de Raudot du 15 (13) " Avril 1709 qui, sous le bon plaisir du roi, ordonne que tous " les Panis et Nègres qui ont été achetés ou qui le seront " par la suite, appartiendront en pleine propriété à ceux qui " en ont fait ou en feront l'acquisition, en qualité à'^esclaves. '■^ Celle de Hocquart, du premier Septembre 1736, qui - " clare nul et de nul effet tout affranchissement d^esclaves " non fait par ac^e devant notaires, dont est gardé minute " et en outre enregistré au greffe de la jurisdiction royale.

" Et l'Arrêt du Conseil Supérieur du 5 juillet 1745, (2) qui " déclare que les nègres qui se sauvent des colonies enne- " mies aux colonies françaises, et leurs effets appartiendront à " S. M. T. a

"Ces trois documens constatent même trois phases de l'es- " clavage en Canada. Le premier légalise ce qui n'était " encore qu'un abus, le deuxième constate un ordre de choses " établi contre lequel on ne peut aller qu'en se sers^ant des " formes les plus solennelles ; et le troisième est le complé- " ment qui conduit le système aux extrêmes."

Pour compléter la preuve que l'esclavage des nègres et sauvages Panis a existé en Canada, sous la domination fran- çaise, j'aurais aimé à citer ici quelques uns des jugements portés par les cours de Prévôté ou de Jurisdiction royale (entre 1689 et 1760) contre quelque embaucheur d'esclave,

(1) I\I. Bibaud n'a pas vu la dépêche de 1688, ni l'apostille de 1689, il croit que M. G. cite VapostUle sans la mutiler.

(2) Non, il faut dire l'Arrêt du Conseil dCEtat du Koi du 23 juillet 1715, (vcui document 1\' p. 6.)

12

ou à l'occasion de {|iielque ve7ite ou désertion d'^esclave ; on encore en plainte de non-conformité à l'ordonnance de M. Hùcquart pour leur affranchissement. Je n'ai pas encore pu faire des recherches à ce sujet dans les régitres du temps. On doit y trouver plusieurs de ces jugements. Les études des Notaires et les greffes des cours doivent aussi fournir plus d'une preuve de maîtres honnêtes et conscientieux qui se sont conformés à l'ordonnance de 1736, en affranchis- sant leurs esclaves. J'indique ce travail à qui voudra le faire et j'en ferai Appendice à ce cahier.

Aux autorités citées par M. Viger, on peut ajouter les sui- vantes :

lo. " Traité de neutralité conclu à Londres entre les Rois de France et d'Angleterre, touchant les limites des pays dos deux Rois en Amérique," le IG Novembre 1686, enregistré à Québec le 21 Juillet 1687.

Le 10e article est en ces termes :

*' Qu'aucuns sujets de l'une ou de l'autre nation ne reti- reront les sauvages habitants du lieu, ou leurs esclaves^ ou les biens que les dits habitants emporteront appartenant aux sujets de l'autre nation, et qu'ils ne leur donneront aucune aide ni protection dans les dits enlèvements ou pillages."

2o. " Edit du Roi portant l'établissement de la Louisiane par le Sieur Crozat, du 14 Septembre 1712," enregistré au Conseil Supérieur, le 30 Juillet 1714. Art. 14, " Si pour les cultures et plantations que le dit Sieur Crozat voudra faire faire, il juge à propos d'avoir des Nègres au dit pays de la Louisiane, il pourra envoyer un vaisseau tous les ans les traiter directement à la côte de la Guinée en prenant par lui permission de la C«iiiipagnie de Guinée do le faire ; il pourra vendre ces nègres aux liabitants de la Colonie de la Loui-

13

siane, et faisons défenses à tontes compagnies et autres per- sonnes que ce soit, sous quelque prétexte que ce puisse être, d'en introduire ni d'en faire commerce dans le dit pays, et au dit Sieur Crozat d'en porter ailleurs."

Le Roi en donne le monopole exclusif au Sieur Crozat, qui ne le conserva pas longtemps, car il remit son privilège au Roi dès le mois d'Avril 1717, ainsi que le constatent :

3o. " Les Lettres Patentes pour l'établissement d'une compagnie de commerce sous le nom de " Compagnie d'Oc- cident," du même mois d'Août 1717, enregistrées au Con- seil Supérieur de Québec le 2 Octobre 1719.

Par le oe article, la Province de la Louisiane est cédée à cette nouvelle compagnie, " ainsi et dans la même étendue que nous l'avions donnée au Sieur Crozat par nos Lettres Patentes du 14 Septembre 1712." Puis on lit dans le 53e article : " Comme dans l'établissement des pays concédés à la dite compagnie par ces présentes, nous regardons par- ticulièrement la gloire de Dieu, en procurant le salut des habitants Indiens, Sauvages et Nègres, que nous désirons être instruits dans la vraie religion, la dite compagnie sera obligée de bâtir des Eglises, etc., etc"

4o. " Lettres Patentes du Roi, en forme d'Ediî, concer- nant le commerce étranger aux Isles et Colonies d'Améri^ que," du mois d'Octobre 1727, enregistrées au Conseil Su- périeur de Québec, le 17 Septembre 1728.

Ces lettres concernent toutes les Colonies Françaises en Amérique, et par conséquent le Canada.

On lit, dans le préambule : " Nos Isles et Colonies con- sidérablement augmentées, sont en état de soutenir une na- vigation et un commerce considérable, par la consommation et le débit des Nègres, denrées et marchandises qui leur sont

portés par les vaisseaux de nos sujets Les justes

mesures que nous prenons, pour qu'il leur soit fourni de France et de nos autres colonies, les Nègres, les denrées et les marchandises dont elles peuvent avoir besoin, etc., etc.

2

14

Il est statué et ordonné " qu'il ne soit reçu dans les Colo- nies soumises à notre obéissance, que les Nègres, effets, den- rées et marchandises qui y seront portés par des vaisseaux ou autres bâtiments de mer François, qui auront pris leur chargement dans les ports de notre royaume, ou dans nos dites Colonies, et qui appartiendront à nos sujets, nés dans notre Royaume, ou dans les dites Colonies "

" TITRE PREMIER.

" Art. 1. Défendons à tous nos sujets nés dans notre Royaume, et dans les Colonies soumises à notre obéissance, de faire venir des pays étrangers et colonies étrangères, au- cuns Nègres, effets, denrées et marchandises, pour être in- troduits dans nos dites Colonies, à l'exception néanmoins des chairs salées d'Irlande, etc., etc."

" Art. 2. Défendons, sous les mêmes peines, à nos dits sujets, de faire sortir de nos dites Isles et Colonies, aucuns Nègres, effets, denrées et marchandises, pour être envoyés dans les pays étrangers et Colonies étrangères."

" Art. 11, Quant aux vaisseaux, ou autres bâtiments étrangers... qui seront obligés de relâcher dans les Colonies, *' ordonnons au Gouverneur, etc., etc., d'envoyer sur le champ un détachement de quatre soldats et un sergent à bord des dits vaisseaux et autres bâtiments, avec ordre d'em- pêcher l'embarquement d'aucuns Nègres, effets, denrées et marchandises, pour quelque cause et sous quelque prétexte que ce soit, lequel détachement demeurera à bord des dits vaisseaux et autres bâtiments, aux dépens des propriétaires d'iceux, tant qu'ils resteront dans les ports et rades de nos Colonies."

" Art. 13 Voulons aussi qu'en cas qu'il soit débar- qué des Nègres, il en soit dressé un rôle ils soient exac- tement signalés, qu'ils soient remis en séquestre entre les mains de quelque personne solvable, pour les représenter îors du rechargement du navire ou bâtiment dont ils auroni

10

été débarqués, et qu'au défaut d'un séquestre, le capitaine donne au bas du dit rôle sa soumission de les représenter lors du rechargement du navire, sans qu'il puisse en être distrait aucun par vente ou autrement, le tout à peine de confiscation de la valeur des dits Nègres, du bâtiment et de la cargaison."

Art. 14. Dans certains cas, pour satisfaire aux dépen- ses des vaisseaux étrangers ainsi relâchés, le Gouverneur pourra permettre " de vendre une certaine quantité de Nè- gres, etc. etc."

" Art. 15. Voulons qu'aussitôt que les dits navires étran- gers qui auront relâché, seront en état de reprendre leur chargement, les dits Nègres, etc., qui en auront été débar- qués, y soient rembarques et qu'il soit fait un recollement sur le procès-verbal de débarquement des Nègres, etc., etc., pour connaître s'il n'en a rien été tiré, etc., etc."

" Art. 16. Faisons défenses aux capitaines des dits na- vires étrangers, facteurs et autres, tels qu'ils puissent être, de débarquer, vendre ni débiter aucuns Nègres etc., ni d'em- barquer aucuns Nègres etc., à peine, etc."

TITRE SECOND.

Des nègres, effets, denrées et marchandises qui seront trouvés sur les Grèves, Ports ou Havres, provenant tant des Vais- seaux François faisant le Commerce étranger que des Vaisseaux étrangers.

Article I. Les nègres, effets, denrées et marchandises qui seront trouvés sur les grèves, ports et havres et qui pro- viendront des navires, appartenants à nos sujets, faisant le commerce étranger, seront confisqués, ensemble le bâtiment d'où ils auront été débarqués et son chargement, le capitai- ne condamné à mille livres d'amende, et en outre à trois ans de galères, la moitié de laquelle amende appartiendra au dénonciateur.

II. Les nègres, effets, denrées et marchandises qui seron

16

pareillement trouvés sur les grèves, ports et havres et qui proviendront des navires étrangers, seront aussi confisqués, ensemble le bâtiment d'où ils auront été débarqués et son chargement, et le capitaine condamné à mille livres d'amen- de, qui sera payée solidairement avec les gens de l'équipa- ge, et dont moitié appartiendra au dénonciateur.

TITRE TROISIÈME.

Des nègres, effets, denrées et marchandises qui seront trouvés à terre provenant tant des Vaisseaux Fi^ançois, faisant le Commerce étranger, que des Vaisseaux étrangsrs.

Article I. Les nègres, effets, denrées et marchandises qui seront trouvés à terre et qui proviendront des navires appartenants à nos sujets faisant le commerce étranger, se- ront confisqués, ensemble le bâtiment d'où ils auront été débarqués, le capitaine condamné à mille livres d'amende, et en outre à trois ans de galères.

II. Les nègres, effets, denrées et marchandises qui seront pareillement trouvés à terre et qui proviendront des navires étrangers seront aussi confisqués, ensemble le bâtiment d'où ils auront été débarqués el son chargement ; et le capitaine condamné à mille livres d'amende, qui sera payée solidai- rement avec les gens de l'équipage.

III. Ceux chez qui il se trouvera des nègres, effets, den- rées et marchandises provenant des navires français, faisant le commerce étranger, et des navires étrangers, seront con- damnés à quinze cents livres d'amende, et en outre à trois ans de galères.

IV. Les dites amendes et confiscations appartiendront, savoir : moitié au dénonciateur et l'autre moitié au fermier Je notre domaine.

1?

TITRE CINQUIÈME.

Des marchandises provenant des Vaisseaux étrangers, intro- duites par le moyen des vaisseaux Français.

V. Voulons que toutes personnes, de quelque qualité qu'elles soient, qui seront convaincues d'avoir fait le com- merce étranger par le moyen des bâtimens de mer à elles appartenans ou qu'elles auront pris à fret, qui auront favori- sé l'introduction des marchandises venues par les vaisseaux étrangers, ou qui auront envoyé dans les pays ou colonies étrangères des nègres, effets, denrées ou marchandises de nos colonies, soient condamnées, outre les amendes portées en ces présentes, à trois ans de galères.

VI. Voulons que les contraventions pour raison du com- merce étranger et de l'introduction des nègres, effets, den- rées et marchandises étrangères dans nos colonies, de même que pour l'envoi des nègres, effets, denrées et marchandises de nos isles et colonies dans les pays étrangers, puissent être poursuivies pendant cinq ans après qu'elles auront été commises, et que la preuve par témoin ou autrement puisse en être faite pendant le dit temps.

5o. Voici une ordonnance de l'Intendant Hocquart, du 8 Février 1734, qui, je crois, n'a jamais été publiée :

Gilles Hocquart, etc.

" Sur les plaintes qui nous ont été faites par le Sieur Joanne, Capitaine de Navire, qu'en 1732 il aurait amené en ce pays un esclave Caraybe à luy apartenant et emplo^'é pour matelot sur son Rolle d'Equipage, lequel aurait déserté dans le temps que le supliant estoit prest à s'embarquer pour retourner aux Isles ; que le supiiant auroit reconnu et trouvé depuis peu le dit Caraybe dans la paroisse de Saint Augustin ou l'ayant reclamé, quelques personnes mal inten- tionnées auroient facilité l'évasion du dit esclave ; pourquoy le supliant nous aurait requis de luy accorder noire ordre

18

pour le faire arrester partout ou il le poura trouver. A quoy ayant égard.

Nous ordonnons à tous capitaines et autres officiers de milice requis de donner toute protection et assistance au dit Sieur Joanne et de luy prester main-forte pour recouvrer et faire conduire en lieu de seureté le dit Esclave Caraybe au désir du dit supliant qui fournira aux frais de conduite et récompensera ceux qui le découvriront.

DefTendons à toutes personnes de receler le dit esclave ny faciliter son évasion à peine d'amende arbitraire, et de plus grande peine si le cas y escheoit. Mandons, etc.

Fait à Québec le huit Février 1734.

HOCQUART."

60. Dans toutes les pièces d'un procès criminel dont le dossier est au greffe de Montréal, la négresse de Madame de Francheville, qui subissait ce procès, est appelée Vesclave de celle Dame. Elle avait été achetée dans les Colonies Anglaises. Dans la nuit du 10 au 11 Avril 1734, elle mit le feu à la maison de sa maîtresse, ce qui causa un incendie qui détruisit une partie de la ville de Montréal. Le procès s'instruisit aussitôt, et trouvée coupable, la malheureuse fut pendue dans le mois de Juin 1734.

7o. " Traité sur le Gouvernement des Esclaves," par M. Petit. Ce traité renferme plusieurs lois concernant l'escla- vage. Les premières sont des lois locales. Il y a d'abord Tarticle 3 et l'article 6 d'un Règlement général de police du 19 Juin 1G64, fait par M. de Tracy, Lieutenant-Général pour le Roi es Islcs Françaises d'Amérique ;" puis trois arrêts de Règlement du Conseil Supérieur de la Martinique (1670, 1G71 et 1677), une ordonnance du Gouverneur Lieutenant- Général des fsles, sur la chasse des esclaves déserteurs, du 5 Septembre 1678 ; enfin un arrêt du Conseil d'Etat qui dé- fend la saisie des Nègres attachés à la terre, du 5 Mai 1681, et un autre arrêt de règlement du Conseil Supérieur de la

19

Martinique, sur les saisies réelles : " Après l'adjudication, sera faite une ventilation de la valeur des dits nègres et bes- tiaux, sur le pied d'icelle adjudication, pour être le prix pro- venant de la terre distribué aux créanciers hypothécaires, et celui provenant des nègres et bestiaux distribué, comme meubles. Toutes ces lois sont antérieures à la célèbre or- donnance du Roi de France du mois de Mars 1685, appelée le Code Noir.

60. Nous lisons dans Petit, déjà cité, t. 2, p. 4 : " La " première loi relative aux Isles, qui parle du commerce des *' Nègres, est Pédit du 28 Mai 1664, portant création de la " Compagnie des Indes Occidentales, entre les concessions " de laquelle on compte la permission de faire exclusive- " ment le commerce sur toute la côte de l'Afrique, depuis " le Cap- Vert, jusqu'au Cap de Bonne-Espérance. Un édit " du mois de Décembre 1674, en révocation de cette com- " pagnie, en réunit an domaine les concessions, et nommé- " ment la côte d'Afrique, depuis le Cap-Vert, jusqu'au Cap " de Bonne-Espérance, et la propriété des fort et habitation " du Sénégal, commerce du Cap- Vert, et Rivière de Gam- " bie. La compagnie en avait engagé les établissements, " et le commerce, par contrat du 8 Novembre 1673 ; et ce " contrat avait été confirmé par arrêt du Conseil d'Etat, du " 11 du même mois. On lit dans ces deux pièces, que ces " établissements avaient été commencés par des négocians " de Rouen, qui en avaient traité avec la compagnie, par " acte du 28 Novembre 1664 ; et, dans un arrêt du 13 Jan- '^ vier 1672, que le commerce de cette côte avait été encou- " ragé par une gratification de treize livres en faveur des " armateurs, par tête de Nègres importés dans les Isles. " Une compagnie dite du Sénégal, traita, le 21 Mars 1679, " du commerce de la côte d'Afrique, avec les directeurs du " domaine d'Occident ; traité confirmé par arrêt du Conseil " d'Etat, du 25 du même mois de Mars, et par des Lettres " Patentes du mois de Juin suivant, avec privilège exclusif."

20

Les deux Edits de création et de révocation de la Com- pagnie des Indes Occidentales ont été enregistrés au Con- seil Supérieur de Québec.

On trouve dans les Registres de la Paroisse de La Longue Pointe à la date du 13 Mars 1755, le certificat d'inhumation du " Corps de Louise, Négresse apj^artenant à M. Descham- bault âgée de 27 jours."

Et le 4 Novembre 1756, certificat de Baptême de " Marie " Judith, PaniSf âgée d'environ 12 ans, appartenant au Sieur '' Preville de cette Paroisse."

Le 22 Janvier 1757, le nommé Constant est condamné par Jacques Joseph Guiton de Monrepos, Lieutenant-Général civil et criminel en la Jurisdiction de Montréal, à la peine du carcan en la place publique un jour de marché, et à être banni ensuite à perpétuité de la dite Jurisdiction. Dans le procès, il est constamment désigné sous le nom de " Cons- tant, esclave Partis du Sieur de Saint Blain, Officier d'In- ftmlerie, etc."

Passons maintenant à la domination anglaise.

Nous avons vu l'article de" la capitulation relatif aux es- claves, cité par M. Viger. On trouve en outre : lo. Un Acte du Parlement Impérial, de 1732, chap. 7, contenant la dis- position suivante : " And be it furiher enacted by ihe autho- " rity aforesaid, ihat from and after the said twenly ninth " day of Septembcr 1732, the houses, lands, negroes^ and *' other hereditaments, and real estâtes, situate or being .*' within any of the said plantation:^ belonging toany pcrson " indebtcd, shall be liable to, and chargeablc with ail just *' debts, duties, anddcmands of what nature and kind soever, *' owing by sucli perron to His Majosty, ov any of his sub- " jects, and shall and may bc Assets for the satisfaction " thereof in like manner as real estâtes are by the law of '■'■ England liable to the satisfaction of dobf? due by Bond^

21

*' or other specialty, and shall be subject fo thc likc renie- " dies, proceedings, and process in any Court of Law or " Equity, in any of the said plantations respectively, for " seizing, extending, selling, or disposing of any such hoii- " ses, lands, îiegroes, and other hereditaments and real esta- " tes, towards the satisfaction of such debts, duties, and de- " mands, and in like manner as personal estâtes in any of " the said plantations respectively are seized,extended, sold, " or disposed of for the satisfaction of debts."

2o. Nous lisons dans l'Acte de Québec (1774) : 14e. Geo. III, chap. 83, Sec. XVIII.

" Pourvu toutefois, et il est par ces présentes établi, que ' rien de ce qui est contenu dans cet acte ne s'étendra, ou ' ne s'entendra s'étendre à infirmer ou annuller dans la dite ' Province de Québec tous Actes du Parlement de la Grande ' Bretagne, ci-devant faits, qui prohibent, restreignent ou rè- ' glent le commerce des colonies et plantations de Sa Ma» ' jesté en Amérique, et que tous et chacun des dits Acles, ' ainsi que tous Actes de Parlement ci-devant faits, qui ont ' rapport, ou qui concernent les dites colonies et plantations ' seront, et sont par ces présentes, déclarés être en force ' dans la dite Province de Québec, cl dans chaque partie ' d'icelie."

3o. Dans la Gazette de Québec du 18 Mars 1784, No. 969, on lit l'avertissement qui suit :

" A VENDRE,

" Une Négresse qui est présentement en ville. L'on pouna s"'adresser à Madame Perrault pour le prix." Et dans celle du 25 Mars, même année :

" A VENDRE.

" Un Nègre âgé d'environ 25 ans, qui a eu la petite vé- role. Pour plus amples informations, il faut s'adresser à l'imprimeur."

4o. J'ai vu deux actes de vente de la même négresse, l'un du 9 Juin 1783, par Elias Smith à James Finlay, et

22

l'autre par Finlay à Patrick Langan du 14 mai 1788, à cha- que fois pour la somme de £50. On la désignait sous le nom de Peg.

5o. Voici copie d'une déposition faite le 16 Juillet 1788 : ^' This day personnally appeared before me James Finlay '* one of Ilis Majesty's Justices of tlie Peace for the Province " of Québec, John Munro Esq. of Matilda in said Province, " who maketh oath on the Holy Evangelists Ihat in the year " one thousand seven hundred and eighly he was ordered " by Ilis Excellency, General Sir Frederick llaldimand, to " take the command of a detachment of His Majesty's " troops and Indians and proceed lo the ennemy's frontiers " at Balls-town and its vicinify. That the troops and In- " dians then under his command captured a number of " Negroes, some of which were in the house of a Colonel " Gordon (them in the service of the American States) " which Negroes were claimed and detained by the respec- " live white men and Indians who captured them, and were " brought to Montréal and sold, asivas customary insuch cases ^ " ail cxccpting one Negroc namcd Dublin, who being known " to be a free-man was liberatcd and inlisted in His Majes- " ty's service. This déponent farther adds that he never " considered those captived Negroes as Prisoners of War, " and consequently did not report them to the Commander " in Cliief, or to any other ofïicer commanding a District or " Garrison in the Province : and further this déponent saith " not.

" Swom before me at Montréal this 16th day of July in " the year of Our Lord one thousand seven hundred and " eighty eight, and in the twenty eight year of Mis Majesty's " Reign."

(Signed,) ' Jchn Munro.

(Signed,) James Finlay, J. P.

Go. Déclaration de Isaac Ilill, chef Mohawk :

" I, Isaac Ilill, a Mohawk Chief, living at the Grand, or

23

" Oswego River, do hereby testify that I accompanied Capt. " Munroe of the late Royal Regt. of New-York, with.a party " of my Warriors on an expédition against Balls-town in the " late Province, now state of New- York, in the year 1780, " on which expédition we captured some Negroes among " which was one sold by Lient. Patrick Langan (who then " acted as oiir officer) that was captured by one of my war- " riors. And I dofurthertestify that the said Lient. Langan " acted as agent in that sale for my Tribe or Party and that " the said Negroe was sold by him for our sole use and " benefit, and that we received from him the money the said " Negroe was sold for, and further the déponent sait not." (Signed) Isaac Hill., Anough Sokter.

" I Simon Clarke, do hereby testify that I well and truly " interpreted the contents of the above affidavit to Isaac " Hill , alias Anoughsokter , before he subscribed his " name to it, and that the said Isaac Hill declined qualify- " ing to it before a magistrate from an ancient custom " preserved among his nation which forbids their making " oath, which is customary among white people, but that he " solemnly alîirms the above affidavit is the whole truth and " and nothing but the truth.

(Signed) Simon Clarke.

" This day personally appeared before me, Thomas " McCord, Esquire, one of His JMajesty's Justices of the " Peace for the said District, Simon Clarke of this City, an " occasional interpréter employed in the Indian Depart- "• ment ; who being duly sworn on the Holy Evangelists " deposeth and saith, that the déclaration signed Isaac Hill " on the other side, was made by the said Isaac Hill and " subscribed by him, in the présence of this déponent, and " that the certiiicate at the bottom of the same was signed " at same time by this déponent, the whole of which this " déponent déclares to bc true.

(Signed) Simon Clarke.

24

Swom before me at Montréal ihis îwcnly-six day of '' January 1789."

(Signed) Thomas McCord, J. P.

7o. Acte du Parlement Impérial de 1790, ch. 27, intitulé : " An Act for encouraging new Seltlers in His Majesty's

Colonies and Plantations in America.

" Whereas it is expédient ihat encouragement should " be given to persons tliat are disposed to come and settle " in certain of His Majesty's Colonies and Plantations in " America and tlic West Indies ;" be it therefore enacted by ihc King's rnost excellent Majesty by and witli the advice and consent of the Lords Spiritual and Temporal and Gom- mons, in tins présent Parliament assembled, and by the Authority of the same, that from and alter the first day of August one ihousand seven hundred and ninely, if any per- son or persons, being a subject or subjects of the Territories or Countries belonging to the United States of America, shall come from thence, togelher with his or their family or families, to any of the Bakamaj Bermuda or Somcrs Islands, or to any part of the Province of Québec, or of Nova Scotia, or any of the territories belonging lo His Majesty in North Amej'ica, îoï the purpose of residing and scttling there, it shall be lawful for any such person or persons, having first obtained a licence for that purpose from the Governor, or, in his absence, the Lieutenant Governor of the said Islands, Colonies, or Provinces respectively, to import into the same, in Briiish ships owncd by His Majesty's subjects, and na- vigatcd according to law, any Negreos, household furniture, utensils of husbandry, or cloalhing free of Duly ; provided always, that snob household furniture, utensils of hus- bandry, and cloathing, shall not in the whole excoed the value of fifty pounds for every while person that shall belong to such family , and the value of forly shillings for every Negro brought by such while person ; and if any dispute shall arise as to the value of '^uch hou.-^r'hold furniture, uicn-

25

sils of husbandry, or cloathing, Ihc samc shall be hcard and determined by llie arb'ilration of three British merchants at the port where the same shall be imported, one of such British merchants to be appointed by the Govemor, or in his absence, the Lieutenant Governor of such Island or Provin- ce, one by the Collectors of the Customs at such port, and one by the person so coming with his family.

"IL Andbe itfurtherenacted, that ail sales and bargains for the sale of any Negroe, household furniture, utensils of husbandry, or cloathing so imported w-hich shall be made within twelve calendar months after the importation of the same, (except in cases of the bankrupcty or death of the owner thereof), shall be nuU and void to ail intents and pur- poses whatsoever."

80. Le 9 Juillet 1793, le Parlement du Haut-Canada, dans sa 2de session, passa l'acte suivant, intitulé, " An Act to prevent the iurther introduction of Slaves, and to limit the term of contracts for servitude within this Province."

" Whereas it is unjust that a people who enjoy freedom by law should encourage the introduction of slaves ; And lohereas it is highly expédient to abolish Slavery in this Pro- vince so far as the same may gradually be donc without violating private property : Be it enacted by the King's Most Excellent Majesty, by and with the advice and consent of the Législative Council and Assembly of the Province of Upper Canada, constituled and assembled by virtue and under the authority of an Act passed in the Parliament of Great Britain, intituled : " An act to repeal certain parts of an act passed in the fourteenth year of His Majesty's Reign, intitaled, " An Act for mak.'r>< more effectuai provisions for the Government of the said frovi.'ice, and to make further provision for the Government of the said Province," and by the authority of the same, That from and after the passing of this Act, so much of a certain act of the Parliament of Gieat Britain, passed in the thirtieth year of His présent Ma-

â6

jesty, inlituled, " An act for eneouraging new Setllers in His Majesty's Colonies and Plantations in America," as may enable ihe Governor or Lieutenant Governorof this Province, heretofore parcel of His Majesty's Province of Québec, to grant a license for importing into the same any Negro or Negroes, shall be, and the same is hereby repealed ; and that from and after the passing of this Act, it shall not be lawful for the Governor, Lieutenant Governor, or person ad- ministering the Government of this Province to grant a li- cense for the importation of any Negro or other person to be subjected to the condition of a slave, or to a bounden invo- luntary service for life, into any part of this province ; nor shall any Negro, or other person who shall corne or be brought into this Province after the passing of this act, be subjected to the condition of a Slave, or to such service as aforesaid, within this Province, nor shall any voluntary contract of service or indentures that may be entered into by any parties Avithin this Province, after the passing of this act, be binding on them, or either of them, for a longer time than a term of nine years, from the day of the date of such contract.

IL Provided always^ That nothing herein contained shall extend, or be construed to extcnd to liberate any Negro, or other person subjected to such service as aforesaid, or to dis- charge them, or any of them from the possession of the owner thereof, his or her executors, administrators or assigns, who shall hâve come or been brought into this province, in con- formity to the conditions prescribed by any authority for that purpose exercised, or by any Ordinance or Law of the Pro- vince of Québec, or by proclamation of any of His Majesty's Governors of the said Province, for the time being, orofany Act ofthe Parliament of Great Britain, or shall hâve other- wise come into the possession of any person, by gift, bcquest, or bonâfide purchase before the passing of this act, w hose properly thcrein is hereby confirmed, or to vacate or annul unv contract for service that may heretofore hâve been law-

27'

fulîy made and entered inlo, or lo prevent parents or guard- ians from binding out children until ihey shall hâve obtained the âge of twenty-one years.

III. And in order to prevent ihe continuation of slavery within this Province, be it enacted hy the authority aforesaid^ That immediately from and after the passing of this Act. every child that shall be born of a Negro mother, or other woman subjected to such service as aforesaid, shall abide and remain with the master or mistress in whose service the mother shall be living at the time of such child's birth, (unless such mother and child shall leave such service by and with the consent of such master or mistress) and such master or mistress shall, and is hereby required to give pro- per nourishment and clothing to such child or children, and shall and may put such child or children to work when he, she or they shall be able to do so, and shall and may retain him or her in their service until every such child shall hâve attained the âge of twenty-five years, at which time they and each of them shall be entitled to demand his or her dis- charge from, and shall be discharged by such master or mistress from any further service."

9o. Quant au Bas-Canada, voici ce qui eut lieu dans la Ire session du Parlement :

Séance du 28 Janvier (Journal page 189.) " M. P. L. Panet, propose qu'il lui soit permis d'intro-

" duii-e un Bill intitulé Acte qui tand à l'abolition de Ves-

" clavage en la Province du Bas-Canada." " Secondé par M. Dunière. " Accordé unanimement et permis en conséquence."

Séance du Mardi 26 Fév. 93 (J. p. 255.)

" M. P. L. Panet^ en conséquence de la permission de cette Chambre a apporté et lu en françois et en anglois le projet d'un " Acte tendant à l'abolition de l'esclavage en la Province du Bas-Canada."

28

" Séance du Vendredi, 8 Mars 1793. (J. p. 315.) *' M. Bonav : Panet^ propose à cette Honorable Chambre

(ju'un projet de Bill tendant à l'abolition de l'esclavage soit

mainlunant lu pour la première fois. " Secondé par M. Berlhdot.

" Et le dit projet de loi ou bill intitulé "Acte tendant à l'abolition de l'esclavage," a été lu en anglois et en fran- çois pour la première fois."

Séance du Vendredi 19 Avril 1793. (J. p. 541.)

" M. P. L. Panet a proposé que cette Chambre se résolve en un Comité de toute la Chambre sur le Bill tendant à l'a- bolition de l'esclavage, jeudi prochain.

" Secondé par M. Berthelot.

" Débats sont survenus.

" Et M. Debonne a proposé pour amendement à la mo- tion de INir. P. L. Panet, qu'après le mot " que" à la pre- mière ligne, le reste de la dite motion soit effacé et les sui- vants substitués : " le bill tendant à l'abolition de l'escla- vage reste sur la table."

" Secondé par M. McBeth.

" Débats se sont ensuivis et l'amendement de M. Debon- ne a passé, pour 31 ; contre 3. Majorité 28.

" Alors la quef^tion étant mise la proposition telle qu'a- mendée sera-t-elle accordée ? Accordée unaniment dans l'alfirmative, et :

" Ordonné que le Bill intitulé " Acte tendant à l'aboli- tion de l'esclavage" reste sur la table."

Ici, M. Viger fait remarquer "qu'à partir du 19 Avril 1793, jusqu'au 19 Avril 1799, on ne trouve aucun procédé ulté- rieur sur la question de l'esclavage, mais, en 1799, elle fut reprise par la Chambre sur requête de certains citoyens de Montréal, présentée par M. Joseph Papineau. Voici copie de cette requête et des procédés parlementaires auxquels sa présentation en Chambre donna lieu."

29

Séance du Vendredi, 19 Avril 1799. (Jour. p. 123.)

" Une Requête de plusieurs habitants de la Cité de Mont- réal a été présentée à la Chambre par M. Papineau, laquelle a été reçue et lue.

" Exposant Que par une Ordonnance de Jacques Rati- dot^ Intendant du Canada, portant date le 13e jour d'Avril qui était dans l'année de Notre Seigneur 1709, registrée et publiée suivant la loi. Il est ordonné, sous le bon plaisir de Sa Majesté très-Chrétienne, que tous Panis et Nègres qui alors avoient été ou qui à l'avenir seroient achetés en Ca- nada, appartiendroient en pleine propriété aux acquéreurs d'iceux, comme leurs propres esclaves ; et les dits Panis et esclaves sont par icelle enjoints de ne point laisser le ser- vice de leurs maîtres, et toutes personnes de ne point les en- courager à déserter, ni de leur donner azile, sous peine de 60 livres d'amende.

" Que Sa Majesté très-Chrétienne n'a jamais signifié son déplaisir ou désapprobation de la dite Ordonnance, c'est pourquoi elle étoit en force au traité définitif de paix et à la cession de cette Province à Sa Majesté, et conséquemment, suivant le Statut de la 14e George III, chap. 83, vulgaire- ment nommé l'Acte de Québec, elle fait maintenant partie des Lois, Usages et Coutumes du Canada.

" Que l'importation des Nègres de V Afrique aux Indes Occidentales et dans les Plantations Britanniques, a été re- gardée comme légale depuis le premier établissement d'une Compagnie Africaine, et depuis que le commerce est devenu libre pour tous les sujets de Sa Majesté, sous des Règle- ments parlementaires, et que les propriétaires de tels Nègres ont été revêtus du droit et du pouvoir de les vendre, ainsi que leurs enfants ; et c'est ce qui a effectivement établi l'es- clavage dans les Isles et les Plantations.

" Que par le Statut de la 5e Geo. II, ch. 7, sect. 4e inti- tulé,— " Acte pour faciliter le recouvrement des dettes dans " les Plantations et Colonies de Sa Majesté en Amérique,"

3

30

il est statué : '' Que depuis et après le ijoti jour de Sep- " tembre 1732, les maisons, terres. Nègres et autres hérita- " ges et biens réels, situés ou étant dans quelqu'une des " dites Plantations, appartenant à aucune [personne quel- " conque endettée, seront sujets et pourront être chargés de *' toutes les justes dettes, droits et demandes de quelque na- " ture ou espèce que ce soit dus par telle personne à Sa " Majesté, ou à aucun de ses sujets, et pourront être vendus " pour les satisfaire, en la même manière que les biens'réels " sont par les loix d'Angleterre sujets à satisfaire les dettes " dues par obligation ou autre acte spécial, et seront] sujets " aux mêmes moyens, procédures et procès dans aucune " Cour de Loi ou d'Equité dans aucune des dites Planta- " tions quelconques, respectivement, quant à ce qui regarde " la saisie, exécution, vente ou disposition d'aucunes telles " maisons, terres. Nègres et autres héritages et biens réels " quelconques, pour satisfaire telles dettes, droits et deman- '' des, et en la même manière que les biens personnels, dans *' aucune des dites Plantations quelconques respectivement, " sont saisis, exécutés, vendus, ou qu'il en est disposé pour " satisfaire les dettes." Lequel Statut forme une partie des loix de cette Province en vertu de l'Acte de Québec, par lequel tous les Actes du Parlement alors passés concernant les dites Colonies et Plantations sont déclarés être en force dans la dite Province de Québec, et chaque partie d'icelle.

" Que par le Statut de la 30e Geo. III, chap. 27, intitulé, " Acte pour encourager ceux qui viennent s'établir dans " les Colonies et Plantations de Sa Majesté en Amérique,''^ il est statué, " Que depuis et après le 1er jour d'Août, " 1790, si quelque personne ou personnes, étant sujet ou su- " jets des territoires ou pays appartenants aux Etats-Unis " de V Amérique, viennent de là, avec sa famille ou leurs " familles, dans quelqu'une des Isles de Bahama ou Ber- " mudes ou Somers^ ou dans quelque partie de la Province " de Québec, ou de la Nouvelle- Ecosse, ou de quelqu'un des

31

" territoires appartenants à Sa Majesté dans V Amérique Sep- " tentrionale, à l'effet d'y résider et de s'y établir, il sera " loisible à toute telle personne ou personnes, ayant pre- " mièrement obtenu une licence à cet effet du Gouverneur, " ou en son absence, du Lieutenant-Gouverneur des dites " Isles, Colonies ou Provinces respectivement, d'y importer, " dans des vaisseaux Britanniques, appartenants à des su- " jets de Sa Majesté, et manœuvres suivant la loi, aucuns " nègreSj meubles de ménage, ustensils d'agriculture ou " hardes quelconques, exempts de droits." Et il est aussi statué par le dit Acte, " Que toutes ventes ou marchés " pour la vente d'aucuns Nègres, meubles de ménage, us- " tensils d'agriculture, ou hardes, ainsi importés, qui seront " faits dans 12 mois de calendrier après l'importat'on " d'iceux, (excepté dans les cas de banqueroute ou de mort " des propriétaires d'iceux) seront nuls et d'aucun effet à " toutes fins et intentions quelconques."

" Que sur la foi du Gouvernement de Sa Majesté, solen- nellement garantie par les Loix ci-dessus mentionnées, les habitants de cette Province en général, et les habitants de la Cité et District de Montréal en particulier, ont acheté à grands prix, un nombre considérable d'esclaves Panis et Nègres ; et diverses personnes, ci-devant sujets des Etats- Unis de V Amérique, ont sur la foi du Statut ci-dessus en partie récité, de la 30e Geo. III, chap. 27, importé dans cette Province, suivant Ja loi, un nombre d'esclaves Nègres, leur appartenants ; et lesquels esclaves Panis et Nègres se sont toujours comportés d'une manière convenable, jusqu'à der- nièrement, qu'ils sont devenus réfractaires par un esprit de désobéissance dont ils se sont imbus, sous prétexte qu'il n'existe point d'esclavage dans ce pays,

" En Février 1798, une nommée C^arZo//e, femme né- gresse, appartenant à Mademoiselle Jane Cook, s'absenta du service de sa maîtresse, et ayant refusé d'y retourner fut, sur plainte sous serment, arrêtée en vertu d'un ordre d'un

32

Magistrat, et ayant encore persisté à refuser de rentrer dans son devoir, elle fut d'après conviction légale, commise à la prison du District, (faute d'une Maison de Correction) ; mais ayant demandé et obtenu un Writ d^Habeas Corpus, elle fut, durant les vacations, déchargée par Son Honneur le Juge en Chef de ce District, sans être tenue de donner des sûretés pour sa comparution dans la Cour du Banc du Roi.

" Sur cet élargissement, les Nègres dans la Cité et Dis- trict de Montréal, menacèrent d'une révolte générale ; et une nommée Jude, femme négresse, appartenant à Elias Smith, négociant de Montréal, pour l'avoir achetée à Albany, le 27 de Janvier 1795, pour la somme de 80 livres courant de New- York, s'absenta et refusant de retourner fut, sur con- viction, commise à la Prison ; mais sur une requête qu'elle présenta à la Cour du Banc du Roi de Jurisdiction Crimi- nelle pour ce District, elle fut d>'*ciiargée le 8e jour de Mars 1798, sans qu'il fut décidé sur la question d'esclavage ; le Juge en Chef déclarant en même temps, audience tenante, que sur VHabeas Corpus il déchargerait tout Nègre, appren- tif sous brevet et domestique qui dans de semblables cas, serait commis à la Prison par ordre des Magistrats.

" Que les Juges à Paix de Sa Majesté n'ayant ainsi au- cun pouvoir d'obliger les esclaves qui s'absentent à rentrer dans le scr\'ice de ceux à qui ils appartiennent, ni les pro- priétaires aucun pouvoir de forcer leurs esclaves à obéir ou de les tenir à leur service, les suppliants prévoyent qu'il en résultera pour cette Province des conséquences alarmantes, sans compter la grande perte que les sujets de Sa Majesté de celte Province, étant propriétaires d'esclaves nègres, et les créanciers de tels propriétaires, pourront souffrir par le manque de moyens sont maintenant tels propriétaires de conserver leur propriété dans leurs esclaves.

" Qu'ils prient donc cette Chambre de former un Acte, qui sera passé en Loi, par lequel il soit Ordonné et Statué,

33

que (jusqu'à ce que provision soit faite par la Loi pour éta- blir une Maison de Correction), toutefois que quelque escla- ve, Panis ou Nègre désertera du service de son Maître dans cette Province, il sera loisible de procéder contre lui ou elle en la manière dirigée et pourvue contre les apprentifs sous brevet et domestiques en Angleterre dans la Grande-Breta- gne, et de le commettre à la Prison Commune du District il pourra être arrêté, pour y être détenu aussi efficace- ment que si c'étoit dans une maison de correction, ainsi qu'il est entendu par les Loix concernant les apprentifs sous brevet et domestiques en Angleterre ; et que le Gardien de la Prison pourra être tenu de recevoir et détenir tel esclave ou esclaves sous les mêmes pénalités auxquelles est assu- jetti le gardien d'une maison de correction lorsque des ap- prentifs sous brevet et domestiques en Angleterre lui sont envoyés, jusqu'à ce que tel esclave soit délivré suivant le cours ordinaire de la Loi. Et de plus, qu'aucune personne quelconque n'aide sciemment, ou ne favorise, reçoive chez elle ou ne cache aucun tel esclave qui désertera ainsi ; ou qu'une loi puisse être passée déclarant qu'il n'y a point d'esclavage dans la Province ; ou telle autre provision con- cernant les esclaves que cette Chambre, dans sa sagesse, jugera convenable.

" Datée,— Montréal, 1er Avril, 1799."

" Ordonné, que la dite Requête reste sur la table pour la «onsidération des membres."

Ici, M. Viger dit que " le Gouverneur Général Robert Prescott donna la sanction royale à plusieurs Bills publics Lundi le 3 Juin 1799, jour de clôture de la 3e Session du 2d Parlement Provincial, B.-C, et entre autres à l'un d'eux, intitulé : " Acte qui pourvoit des Maisons de Correction dans •les différents Districts de cette Province, (J. p. 259.J"

34

1800. 4e Session du 2d Parlement Provincial du Bas- Canada. Séance du Vendredi, 18 Avril 1800, (J. p. 151.)

" Une requête de divers habitants du District de Mont- réal, a été présentée à la Chambre par M. Papineau, la- quelle a été reçue et lue,

" Exposant, Qu'on a entretenu dernièrement des doutes en combien, suivant les Loix et Statuts en force dans cette Province, la propriété des Nègres et Panis peutêtre mainte- nue. Ces doutes ayant affecté les intérêts de plusieurs des suppliants, ils se trouvent réduits à la nécessité d'obtenir une décision par la législature, " que l'esclavage, sous certaines " restrictions, existe dans cette Province : qui investisse les *' maîtres d'une manière plus efficace de la propriété de *' leurs esclaves ; et qui pourvoie des Loix et Règlements " pour le gouvernement de celte classe de gens qui tombe " sous la dénomination d'esclaves." Les suppliants conçoi- vent humblement, qu'un tel acte tendra à l'avantage géné- ral de la Province.

" Les suppliants prennent la liberté de représenter, qu'une Ordonnance do M. Raudot^ Intendant du Canada, en date du 13me Avril 1709, ordonne, sous le bon plaisir de Sa Ma- jesté très-Chrétienne, " Que tous les Panis et Nègres, qui *' ont été achetés, ou qui le seront par la suite, appartien- " dront en pleine propriété à ceux qui en ont fait ou qui en " feront l'acquisition, en qualité d'esclaves." Cette loi qui a été duemcnt enregistrée et publiée, et qui n'a jamais été changée ni révoquée, était, suivant les suppliants, en pleine force, lors du traité définitif de paix, et sous la 14e de Sa présente Majesté fait partie des loix de cette Province.

" Qu'il parait aux suppliants que, depuis l'établissement de la Compagnie Africaine, en 1661, l'existence de l'escla- vage, en tant qu'il regarde les Niigres, a été établie et con- firmée dans toutes les Dominations de Sa Majesté en Amé-

85

Tique. Par une variété de Statuts, depuis ce temps jusqu'à ee jour, il est permis d'acheter des esclaves sur la Côte d^ Afrique qui, avec leurs enfants et postérité, ont été décla- rés la propriété des acheteurs et de ceux à qui ils seraient vendus dans la suite. Par le Statut de Geo. 3, ch. 27, fait après la dernière guerre Américaine, il est statué : " Que " depuis et après le 1er jour d'Août, 1790 ; lorsqu'aucune " personne ou personnes, étant sujets des Territoires ou Paï's " appartenants aux Etats-Unis de V Amérique, et venant de " avec sa ou leur famille ou familles, à aucune des Isles " de Bahama, des Bermudes ou à aucune partie de la Pro- " vince de Québec, ou de la Nouvelle-Ecosse, ou à aucuns " des Territoires appartenants à Sa Majesté dans VAméri- " que Septentrionale, pour y résider et s'y établir, il soit loi- " sible à aucune telle personne ou personnes, ayant au préa- " lable obtenu une licence pour cet effet, du Gouverneur, ou " en son absence du Lieutenant-Gouverneur des dites Isles, " Colonies ou Provinces respectivement, d'y importer dans " des vaisseaux Britanniques appartenant à des sujets de *' Sa Majesté, et navigues suivant la loi, aucuns Nègres, " meubles de ménage, ustensiles d'agriculture, ou habille- " ments, sans payer aucuns droits." Et il est aussi statué par le dit statut, " Que toutes ventes et marchés pour des " Nègres, meubles de ménage, ustensiles d'agriculture, ou " habillements ainsi importés, qui seront faits sous douze " mois après l'importation d'iceux, (excepté en cas de fail- " lite ou de mort du propriétaire de tels effets) seront nuls " et de nulle valeur, à tous égards et intentions quelcon- *' que s."

" Qu'en admettant qu'il restait quelque doute avant la passation de cet acte," si l'esclavage sous certaines res- trictions existait réellement dans ce'tte Province," les sup- pliants se flattent que ce statut le reconnaît expressément de la même manière qu'il avait lieu dans toutes les Planta- tions »de Sa Majesté avant la dernière guerre.

36

" Que les suppliants osent assurer cette Chambre avec confiance, qu'un nombre de loyaux et fidèles Siujets de Sa Majesté, après avoir exposé leurs vies à son service, et y avoir sacrifié presque tous leurs biens durant la dernière guerre calamiteuse, sont venus avec leurs esclaves dans cette Province, sous la promesse sacrée qui leur est faite par le statut sus-mentionné, lesquels aujourd'hui sont aban- donnés et mis au défit par leurs esclaves, qui formaient leur unique ressource, et cela à l'abri de l'idée qui s'est répan- due dernièrement que l'esclavage n'existe plus dans ce pays. Les suppliants désirant ardemment de mettre cette Cham- bre en possession de tous les faits qui ont rapport à cette cause, demandent la permission d'informer la Chambre qu'un M. Fraser de leur District a dernièrement obtenu un ordre de trois Juges à Paix, pour mettre son esclave à la maison de correction, pour avoir déserté de son service. (Cet esclave était un des trois qui formaient toute la propriété sauvée par M. Fraser des ravages de la dernière guerre, et son unique ressource pour se soutenir dans sa vieillesse.) Qu'un ordre de Habeas Corpus ayant été obtenu, la Cour du Banc du Roi déchargea l'esclave, sous l'idée que la pro- priété n'en était pas suffisamment prouvée par M. Fraser. Les suppliants, quoiqu'ils aient un profond respect pour l'au- torité de cette honorable cour, ne peuvent se dispenser de remarquer, que le témoignage rendu à cette occasion était, suivant eux, le meilleur qu'il soit possible de produire, et que la cour en exigeant plus a demandé ce qu'il ne serait presque jamais possible d'obtenir ; et par a privé les maî- tres de toute propriété de leurs esclaves.

" Qu'il était mentionné dans le jugement de la cour que l'acte de la 37e de Sa présente Majesté, ch. 119, avait révo- qué toutes les loix concernant l'esclavage, mais ce statut, dans l'humble opinion des suppliants, ne va qu'à déclarer que les esclaves, à l'avenir, no pourront être saisis pour le î)aiement des dettes de leiu-s maîtres. Il ne s'étend pas à

37

priver les maîtres de la propriété de leurs esclaves, ni peut- on le considérer comme émancipant les esclaves dans les Plantations de Sa Majesté, bien loin de là, des actes posté- rieurs admettent l'existence de l'esclavage plus directement, «n autorisant l'importation des Nègres de la Côte d'Afri- que.

" Que les suppliants sont très mortifiés d'occuper la Chambre si longtemps sur un sujet si intéressant pour eux, comme ayant payé des sommes considérables pour des es- claves qui les ont quittés. Et ils sont tous très convaincus que cette classe d'hommes, actuellement lâchée, et qui mène une vie oisive et abandonnée pourrait tenter de commettre des crimes, qu'il est du devoir de tout bon citoyen de s'ef- forcer de prévenir.

" Que les suppliants, sous les circonstances qu'ils ont pris la liberté d'exposer, osent se flatter de l'espérance que cette Chambre voudra bien prendre ce sujet sous sa sérieuse considération ; et qu'elle passera un acte déclaratoire, qui donne de la force et de l'effet aux loix et statuts qui y ont rapport ; et qu'en même temps, la Chambre assurera aux maîtres leurs esclaves par tels moyens qu'elle jugera con- venables, et qu'elle fera tels autres règlements pour le gou- vernement des esclaves que sa sagesse lui suggérera.

" Qu'il plaise donc à cette Chambre de former un acte <}ui déclare, que l'esclavage existe sous certaines restrictions dans cette Province, et qui investisse parfaitement les maî- tres de la propriété de leurs Nègres et Panis ; et de plus, que cette Chambre pourvoie tels loix et règlements pour le gouvernement des esclaves que sa sagesse lui suggérera être convenables.

" Sur motion de M. Papineau^ secondé par M. Black.,

" Ordonné, Que la dite Requête, avec les papiers y an- nexés, et celle aux mêmes fins présentée à cette Chambre, le 19e Avril de l'année dernière, soient référées à un Co- mité de cinq membres dont trois formeront un quorum, pour

faire rapport à cette Chambre, avec toute la diligence pos- sible, des matières et choses y contenues ; et que le dit Co- mité s'assemble demain à lOh. du matin dans une des cham- bres de comité.

" Ordonné, Que MM. Papineau, Grant, Craigie, Cuth- bert et Dumas composent le dit Comité."

Séance de Lundi 21 Avril 1800. (J. p, 159.)

" M. Cuthbert^ président du comité auquel avoit été réfé- rée la Pétition de divers citoyens du District de Montréal, relative aux esclaves, avec les papiers y annexés et celle au même effet présentée à cette chambre le 19 Avril de l'année dernière, a fait rapport que le comité en avoit examiné le contenu et la matière ; et qu'il lui étoit enjoint d'en faire rapport à la chambre ; et il a lu le rapport à sa place, et en- suite l'a délivré à la table, il a été relu par le Greffier, lequel est comme suit, savoir :

" Résolu, que c'est l'opinion de ce comité qu'il existe des fondements raisonnables pour passer une loi qui règleroit la condition des esclaves, qui limiteroit le terme de l'esclavage, et qui préviendroit l'introduction ultérieure des esclaves en cette Province.

" Résolu,— Que c'est l'opinion de ce comité que le Prési- dent demande à la chambre, qu'il soit permis au dit comité d'y introduire un Bill en conséquence.

" Sur motion de Mr. Cuthhert, secondé par M. Berthelot.

" Ordonné, que la question de concurrence soit maintenant mise sur les résolutions, séparément rapportées par le comi- té.

" Et les dites résolutions ont été lues de nouveau, et la question de concurrence ayant été mise séparément sur cha- cune, elles ont été accordées par la chambre.

" Résolu, Qu'il soit permis au dit Comité d'introduire im Bill pour l'objet ci-dessus."

Séance dn Mercredi 30 Avril 1800. (Jour. p. 219.)

" Conformément à l'ordre, M. Cuthbert, a pré-scnté un Bill

39

qui règle la condition des Esclave?, et qui limite le terme de l'esclavage ; et qui prévient l'introduction ultérieure des es- claves en cette Province ; lequel a été lu pour la première fois.

" Sur motion de M. Cuthbert^ secondé par M. Papineau.

" Ordonné que le dit Bill soit lu une seconde fois vendre- di prochain."

Séance du Vendredi 2 Mai 1800. (J. p. 223.)

" L'ordre du jour pour la 2e lecture du Bill qui règle la condition des esclaves et qui limite le terme de l'esclavage, et qui prévient l'introduction ultérieure des esclaves en cette Province, ayant été lu.

" Sur motion de M. Cuthbert, secondé par M. Berthelot,

" Ordonné, que l'ordre du jour qui vient d'être lu, soit re- mis à demain."

Séance du Lundi 5 Mai 1800. (J. p. 227.)

" Le Bill qui règle la condition des esclaves, qui limite le terme de l'esclavage et qui prévient l'introduction ulté- rieure des esclaves en cette Province, a été lu pour la 2e fois.

" Sur motion de M. Cuthbert, secondé par M. Papineau.

" Ordonné, Que le dit Bill soit référé à un Comité de toute la Chambre.

" Résolu, Que cette Chambre se forme maintenant en Comité de toute la Chambre sur le dit Bill.

" En conséquence la Chambre s'est formée en Comité sur le dit Bill.

" M. l'Orateur a laissé la chaire.

" M. Berthelot a pris la chaire du Comité.

" M. l'Orateur a repris la chaire.

" Et M. Berthelot a fait rapport, que le Comité avoit fait quelques progrès et lui avait enjoint de demander permission de siéger de nouveau.

" Ordonné, Que le dit Comité ait la permission de sié- ger de nouveau demain."

40

Séance du Vendredi 7 Mai 1800. (J. p. 243.)

" L'ordre du Jour, pour que la Chambre se forme en Co- mité de toute la Chambre sur le Bill qui règle la condition des esclaves et qui limite le terme de l'esclavage, et qui pré- vient l'introduction ultérieure des esclaves en cette Province, ayant été lu,

" La Chambre s'est formée en Comité.

" M. l'Orateur a laissé la chaire.

" M. Bedard a pris la chaire du Comité.

" Et plusieurs Membres s'étant retirés,

M. l'Orateur a repris la chaire ;

" Et les noms des membres présents ont été pris comme suit, savoir :

« M. l'Orateur,

" Messieurs Paquet, De Rocheblave, Dumas, Lees, Fisher, Craigie, Martineau, Durocher, Berthelot, Bedard, Têtu, Périnault et Planté.

*' A sept heures et demie du soir, M. l'Orateur a ajourné la Chambre, faute de Qworwm."

Séance du Samedi 17 Mai 1800. (J. p. 269.)

" Sur motion de ]\L Lees^ secondé par INÎ. Craigie^

" Résolu, Que le Comité de toute la Chambre auquel a été référé le " Bill qui règle la condition des esclaves, qui " limite le terme de l'esclavage et qui prévient l'introduction " ultérieure des esclaves en celte Province," soit rétabli, et que cette Chambre se forme maintenant dans le dit Comité.

" En conséquence la Chambre s'est formée en Comité sur le dit Bill.

" M. rOrateur a laissé la chaire.

" M. Berthelot a pris la chaire du Comité.

*' M. l'Orateur a repris la chaire.

*' Et M. Planté a proposé, secondé par M. Berthelot,

" Que cette chambre s'ajourne à lundi prochain.

" La Chambre s'est divisée sur la question, ^pour j6u

41

Contre 10.

" Majorité de 4 pour la négative.

*' Plusieurs Membres s'étant retirés, les noms de ceux présents ont été pris comme suit, savoir : " M. l'Orateur,

" Messieurs Planté, Huot, Bedard, Perinault, Raby, Martitieau, Papineau, Fisher, Black et Dumas.

" A 7 heures et demie du soir, M. l'Orateur a ajourné la Chambre faute de Quorum^

Ire Session du 3e Parlement Bas-Canada.

Journal p. 55 : 17 Janv. 1801.

" Sur motion de M. James Cuthbert, secondé par M. le Juge Panet ;

" Ordonné, que M. James Cuthbert ait la permission d'in- troduire un Bill pour régler la condition des esclaves, pour limiter le terme de l'esclavage, et pour prévenir l'introduc- tion ultérieure des esclaves en cette Province."

" En conséquence, M. Cuthbert a présenté le dit Bill à la Chambre, lequel a été reçu et lu pour la première fois.

Séance du 23 Janvier 1801. (p. 73.)

" Le Bill pour régler la condition des esclaves, pour limi- ter le terme de l'esclavage et pour prévenir l'introduction ultérieure des esclaves en cette Province, a été lu, confor- mément à l'ordre, pour la seconde fois."

" Sur motion de M. J. Cuthbert, secondé par M. Lees ;

" Ordonné que le dit Bill soit référé à un Comité de toute la Chambre.

" Résolu, que cette Chambre se formera en Comité de toute la Chambre Vendredi prochain sur le dit Bill."

Séance du 6 Mars 1801. (p. 235.) " Lu l'Ordre du jour pour que cette Chambre se forme en Comité de toute la Chambre sur le Bill pour régler la con- dition des esclaves, pour limiter le terme de l'esclavage, et pour prévenir l'introduction ultérieure des esclaves en cette Province."

42

" Sur motion de M. le Juge Panel, secondé par M. Peii- nault,

" Ordonné que le dit ordre du jour soit remis à demain.

" Résolu que cette Chambre se formera en Comité de toute la Chambre demain sur le dit Bill."

Séance du 9 Mars 1801, p. 291.

Lu l'ordre du jour pour que cette Chambre se forme en Comité de toute la Chambre sur le Bill pour régler la con- dition des esclaves, pour limiter le terme de l'esclavage, et pour prévenir l'introduction ultérieure des esclaves en cette Province."

" En conséquence, la Chambre s'est formée en Comité.

" M. l'Orateur a laissé la chaire.

" M. Badgley a pris la chaire du Comité.

" M. l'Orateur a repris la chaire.

. Séance du 1er Mars 1803, p. 161.

" Sur motion de M. J. Cuthbert, secondé par M. le Juge

Panet.

" Ordonné que M. Cuthbert ait la permission d'introduire

un Bill pour lever tous doutes au sujet de l'esclavage dans

cette Province, et pour d'autres effets."

" En conséquence, il a présenté le dit Bill à la table, lequel a été reçu et lu pour la première fois.

" Ordonné, que le dit Bill soit lu une seconde fois lundi prochain."

Séance du 7 Mars 1803, p. 189.

" Conformément à l'ordre, le Bill pour lever tous doutes concernant l'esclavage dans cette Province, et pour d'autres objets, a été lu pour la seconde fois.

" Sur motion de M. James Cuthbert, secondé par M, Vigé ;

" Résolu, que le dit Bill soit référé à un Comité de cinq membres, dont trois formeront_^un Quorum, lequel s'assem- blera demain dans la Chambie de Comité, à dix heures du matin et fera rapport avec toute la dépêche convenable."

Ordonné que M. James Cuthbert, M. le Juge de Bonne,

43

M. Caron, M. Craigie et M. Lees composent le dit Comité.

Séance du 15 Mars 1803 p. 209.

" Sur motion de M. James Cuthbert, secondé par M.

^aron :

" Résolu, que deux membres soient ajoutés au Comité

auquel a été référé le Bill pour lever tous doutes concernant l'esclavage dans cette Province, et pour d'autres objets."

" Ordonné, que M. Huot et M. Raymond soient ajoutés au dit Comité.

12. Il faut maintenant se reporter en arrière, et voir quel- les ont été les décisions des cours de justices.

COURT OF COMMON PLEAS, MONTREAL,

Tuesday the 18th March 1788.

Présent : The Hon. Hertel de Rouville, )

Edward Southouse, ) ^

Rossiter Hoyle Atty., ] The Plaintif!' having in

to the Trustées of Mary Jacobs, j and by his déclaration de- vs. )■ manded of the Défendant

Donald Fisher, and Elizabeth j the sum of £100, currency, his wife. j damages, or that the De-

fendants do deliver up to îhe PlaintifF two negro wenches the oue named Silvia Jane, the other Ruth Jane, whicli said negro wenches the Défendant, for and in considération of the sum of £50 to them paid by Mary Jacobs, did on the 4th of December 1785, by a deed passed before Gerbrans Beek, notary, sell and transfer to the said Mary Jacobs, to hold and possess during their natural lives.

The Court having seen the original summons with the Sheriff's return duly certified, and having taken into consi- dération the default made by the Défendants, ou the lOth day of March instant, and the Défendants having been again duly called this day and not appearing in person nor by Attorney ; it is ordered that the Défendants do forthwith deliver the said negro wenches^ and on default thereof that the said Défendant be condemned to pay to the Plaintiff, in his quality aforesaid the sum of £50 with cost of suit.

44

Ï3. L'on trouve au greffe de Montréal, parmi les Records de la Cour des plaidoyers communs, celui d'une action in- tentée par John Mittberger contre Patrick Langan, en Juillet 1788, pour le remboursement du prix d'un nègre que le De- mandeur avait acheté avec garantie du Défendeur, par acte sous seing privé fait à Montréal le 5 Décembre 1780 pour la somme de £60.

Ce nègre était connu sous le nom de "Nero," Mr. Langan en avait garanti la possession à l'acheteur et s'était engagé à le défendre contre toutes réclamations quelconques.

Après avoir relaté l'acte de vente, le Demandeur alléguait dans sa déclaration "that afler the said 5th day of December and before the 12th day of July 1781, the said negro man was taken and withheld from the Plaintiff by Allan Mc- Clean Esq., Brigadier General of His Majcsty's Forces, commanding at Montréal aforesaid as a prisoner of war and by the said Allan McClean confined and provisioned as such in the public Provot, until he made his escape entirely from the claim of the Plaintiff; and on the said 12th July, the Défendant having notice of the interruption of the Plain- tiffs' enjoyment of the said negro man by ihe said Allan McClean, did make and subscribe in his proper handwriting a certaid certificate purporting that the said negro man called Nero, was the property of one Gordon a Colonel then a pri- soner of war within the said province, captured by the Mo- hawk Indians, and by the Défendant sold on account of the said Indians. That notwithstanding such certificate the said negro man was detained from the Plaintiff until occasion offered for him to escape to the said Colonel Gordon whose property he was acknowledged to be, and with whom he now lives and remains without any possibility to the Plain- tiff of recovering him.

Le Demandeur, concluant en conséquence au rembourse- ment de la dite somme de £60 et à £25 4 0 de dommages et les dépens.

La défence du Défendeur fut , " tliat true it is that as agent for and on behalf of the Mohawk Indians he did bar- gain and sell to the Plaintiif a certain negro man that had been captured by the said Indians on an expédition to the Enemy's frontiers, and did deliver possession of the said negro to the PlaintifF, who thereby became legally possessed of him, that the Défendant is by no means liable for the op- pressive act of Brigadier General McCIean or of any other person ; tke law was open to the Plaintiff, and he ought and should hâve taken his recourse for the recovery of his proper- ty which he has lost by his avowed lashes ; that the Plain- tiff never considered the Défendant liable to him for the pur- chase money of the said negro, othervvise he would not hâve suffered seven years to pass without compelling the Défen- dant to the payment of the same." Par le Jugement rendu le 90 Janvier 1789, " It is ordered and adjudged that the Plaintiff do recover of the Défendant the sum of £60 cur- rent money,being the principal sum paid by him to the De- fendant for the negro mentioned in his déclaration, with interest on the said sum from the 4th day of July last (1788) until actual payment and costs of suit."

N. B. Il faut voir la^déposition du capt. Munro, et celle de Isaac Hill, chef Mohawh, elles sont rapportées ci-dessus les originaux sont entre les mains de l'hon. James Leslie gendre de M. Langan, ainsi que l'acte de vente du 5 Dec. 1780. Le certificat du 12 Juillet 1781, était encore dans le record, lorsque j'en ai fait l'examen le 9 avril 1853.

IN THE COURT OF COMMON PLEAS.

Saturday lOth January 1789,

"Présent the Hon. John Fraser^ H. de Rouville, Esqrs.

John Mittleberger, ^ Simon Clarke- of Montréal, tavern

vs. V keeper, examined on trial of this cau«;e

Patrick Langan. ) by M. Powell of Counsel for the Plain-

tif, after being sworn deposcth and saith ; that he has been

an Indian Interpréter sincc the year one thousand sevcn

4

46

hundred and sevenly five, but iliat lie ne ver was sworn : that he saw the negro in question, who was sold to the Défendant for a few days at Colonel Claus's in Montréal. That he docs not know whether the Plaintiff bought the said negro of Isaac Ilill-the Indian chief or any othcr savage and paid any money for him : an exhibit marked (A) filed by M. Walker of Counscl for the Défendant being shewn to Depont.; he says that the signature thercto " James Clarke," is in his hand writting ; that he does not know from bis own Personal knowledge, that the reason assigned în the said exhibit of not taking an oath is a custom among the Indians but that the said chief told him so at the time. Does not know that an Indian ever took an oath. That the said exhibit was signed some time in October last. Has heard that the said negro was in the Provot for running away from the Plaintiff, but never saw him there. That he never heard that said negro was detained there by order of the Com- manding Officer. (Signed on the minutes,) Simon Clarke.

William Wallace of Montréal, shoemaker sworn to give évidence in this cause deposeth and saith : that he knows Colonel Gordon of Bolston of County, in the state of New- York, or in the United States that he knows the negro in question, whose name is Nero that he saw both said persons on the ninth day of October last at said Gordon's house at Bolston where said negro was Gordon's servant. That said Gordon told this depont., that said negro was his property and that he came back to his service upon being discharged from the Provot of Montréal by Brigadier PrIcLean his com- manding Officer, and that the said negro himself told this depont., that he had drawn provision at Montréal as a pri- soner. His déposition being read to him, says it is the iruth and déclares that he cannot sign his name.

"George Young, keeper of the common gaol of Montréal being sworn to give évidence in this cause deposeth and ïaith : that he was gaoler of Montréal in the month of June

47

one thousand seven hundred and eighly one, and that he had ordinary access to ail ihe prisoners in the common gaol and in the military Provot. Knows that M. Levi Willard was the acting Commissavy who issued provisions to the military prisoners, that he had seen the said Willard at Montréal about eighteen months ago, but that he has not been résident in the Province thèse three years. That this depont., was the person at that time who received ail servants or slaves committed to the prison upon complaint of their masters to the civil authority. That he never did receive the said negro upon such complaint, so far as he can recollect, or even had him in his custody, (Signed on the minutes,) Geo. Young. The évidence being closed it is crdered that the cause be put in délibération.

Tuesday 20th January 1789. Présent the sanie. The Court having considered the pleadings, évidence and exhibits filed in this cause, and having fully heard the parties by their counsel it is ordered and adjudged that the Flaintiff do recover of the Défendant the sum of sixty pounds current money, being the principal sum paid by him to ihe Défen- dant for the negro mentioned in his déclaration, with interest on the said sum from the fourth day of Jnly last until actual payment and costs of suit.

District de ) COUR DES PLAIDOYERS COMMUNS.. Montréal. ) Terme Supérieur.

Jeudy le 3e Juillet 1788.

Les Honorables Jean Fraser, ^ . ^

Hertel de Rouville, et > t ^^^^^^/^ Edward Southouse, ^ Juges presens.

J. Poirée, ^ Entre Joseph Poirée comparant par M. & > Walker, son avocat Demandeur, d'une part, et

J. Lagord. ) Jean Lagord, comparant, par Me. Ross, avocat DefFendeur d'autre part. Après que M. Walker pour le Demandeur a conclu par sa déclaration tendante pour les faisons y contenues aux fins de condamnation contre le

48

De/Tendeur au payement de la somme de quarante septiivrea dix chclins pour le prix d'un nègre libre que le deftendeur lui a vendu et pour dômagcs et Irais qui ont résulté de celte vente, avec intérêt et dépens. Me. Ross pour le dcflendeur a présenté un écrit de deffenses, par lequel il conclut pour les raisons y contenues à ce que le demandeur soit renvoyé de l'action avec dépens, d'autant que dans la vente du nègre en question il ne lui a données d'autre assurance que ce qui est exprimé en l'acte du 7 septembre dernier, que d'ailleurs les Commissaires n'avaient aucun droit, pouvoir n'y autho- rité de prendre connaissance, n'y déterminer aucuns droits de propriété, et que d'autant que le dit Lagord n'était point partie en la dite sentence qu'ils ont rendue, il ne peut en souffrir ni être affecté ; a quoy Me Walker a répliqué par son écrit que nonobstant toutes les raisons données par le Deffendeur, il doit être tenu à lui rembourser l'argent qui lui a payé pour le dit nègre, ensemble les frais et dommages qu'il a souffert par cette vente frauduleuse laquelle il n'avait aucun droit de faire pourquoy persiste en ses conclusions. Parties ouies vu les pièces produites par les parties et leurs debas respectifs et tout considéré la Cour condamne le Def- fendeur a payer au Demandeur la somme de trente sept livres dix chelins du cours actuel pour le prix du dit nègre et renvoyé le Demandeur au chef des domagcs, aux intérêts de la dite somme à compter du vingt novembre dernier jour da la demande jusques à l'actuel payment et aux dépens taxé a

ATnnfl'in>i Scf .

49

PROVINCIAL COURT OF APPEAL.

FriJay 19th July 1793. Présent ; Ilis Ex. Alured Clarke, Esq : Lieut. Governor Président,

The honble Mr. Cliief Justice Smith, Mr. FiNLAY, Mr. Baby and Mr. DeLongueuil,

Peter McFarlane, Appellant ^ Judgment in appeal.

and >

Jacob Smith, Respondent. ) The debates on this appeal, went to points not raised by the case as it stands upon the aposlils.

The Respondent was Plaintiff" in the Common Pleas, in an action of trespass for taking away his wife, and her cloaths of the value of £50, and detaining both from hira to his damage £2000.

The defence admits the fact in charge, but justifies it as iawfull, avering the PlaintifF's wife to be the Defendant's slave, and the cloaths to be his property.

Such being the pleadings, it lay upon the Défendant to prove his property in the Plaintiff's wife ; and that failing, nothing'remained but to liquidate the dam.ages due to the Plaintiff. The sentence below gives damages to £100.

The merits of the appeal therefore, must turn upon the questions,

1. Whether the Défendant supportcd his plea, and if not,

2. Whether the damages were adjusted and ascertained in due form of law.

Both parties failed, and the conséquence is, that llie pro- ceedings must go back on a reversai of the sentence for more ample and regular discussion.

The record does not fumish proof of the property alledgcd to be in the Défendant as the justification of the trespass charged. The papcrs filed by the Défendant as exhibits avail nothing because they want auxiliary évidence to con- stitute .the proof of the points for which they are offorf^d

50

If ihe damages therefore are rightly adjudged, lliere \va» no ground for the appeal.

There is no weiglit in the objection madc to the déclara- tion as a double demand for taking and detaining the goods or cloaths as well as the wife. The law of the conntry, as it stands upon the ordinance of 1785, dispenses with forma- lity in the déclarations, and allows at the outset of a cause of the joinder of différent demands. In the progress of it, the parties are to pursue, and the Court to instruct, what the law requires, for the légal décision of any point essential to the controversy.

Nor is there any foundation for the objection to the action, for not making the wife one of the parties Plaintiff, the Cou- tume de Paris excluding the husband's right to sue alone without the wife's consent, only in causes tending to an aliénation of the rights of the wife ; and making it his duly to bring actions moveable and possessory, wilhout her, for the préservation of her inheritance and propres ; the husband being the wife's seigneur for her protection and benefit, and exposée! by the neglect of it, to be adjudged unwortliy of his trust, and of the right to cohabit with her, or in other words, giving to her, the right to sue for a séparation.

But there was nevertheless great error in the sequcl, and too gross a departure from the law in practice and principle, to justify a confirmation of the sentence pronounced.

The Common Pleas bench appear to hâve supposed what was impossible, that there was, and was not, before them an issue to be tried.

If there was none, the settlement of the damages was the province of the Judges, wilhout a Jury a jury trial obtain- ing only upon issue raised by the Provincial Ordinance of 1785, the adjustement of the damages therefore by an inquest was not maintainable ; even if the jurors should be taken for the Experts allowable by the Frcnch law ; for in such case, îhe proceedings of the Experts are opcn to the discussion,

61

attendant upon the homologation of the report ; but as ihis cause was managed, the Court of Appeals has no knowledge of what was in évidence to the Jury ; nor therefore can say whethe^the sentence of confirmation stood upon good and pertinent proofs or not.

If it were possible to confirm the sentence, an issue must be found in the pleadings, but of that opinion, the Court below was not, by their over-ruling the first plea of the De- fendant, and ordering him to plead de novo to the ments ;- taking his first defence for the exception declinatoire or dila- toire of the French law-most certainly it was neither, but a perfect bar of the action, if supported by proof relevant of the point that the Plaintiff had a wife, whose services and cloaths were the right and property of the Défendant. The Court should hâve decreed so, by an interlocutory for a iair enquête, but did not. Il decreed the reverse.

The bar and bench appear to hâve seen ail in a cloud ot error, thro' the whole progress of the cause ; which is conso- nant, neither to the French nor English Law, nor to that patch work of jurisprudence, which it was the object of the ordinance of 1785 to introduce and establish. _

No costs therefore can be given to either party in appeal and the decree of the Court must give the parties a better full and fair investigation, and be this,

The parties by their Counsel being fully heard ; it is by the considération ofthis Court adjudged, that the sentence of the Common Pleas be reversed, without costs to either party and that the proceedings be remitted for such further course below as law and justice may require."

En 1797, fut passé l'Acte Impérial, ch. 119, auquel il est fait allusion dans la requête de certains citoyens de Montréal, présentée en l'année 1800, et ci-dessus rapportée. Il est intitulé. " An act to repeal so much of an act, made m the fifth year of the Reign of His late Majesty King George the Second, intituled, an act for the more easy recovery of debt

Jii Ilis Majesty's Plantations and Colonies in America, as makes Negroes chatels for the payaient of debts." Le nouvel acte lut sanctionné le 19 Juillet 1797.

Après avoir rapporté la disposition ci-dessus eitée de l'acte abrogé, il statue " that so much of the said in jiart recited act, as relates to Negroes in His Majesty's Planta- tions, is hereby repealed, and made void, and shall be of no elfect in future ; any thing in the above act or any other act to the contrary thereof in any wise notwithstanding."

Voici des notes sur une cause commencée en 1798. Jervis George Turner and Mary Blaney, his wife, duly

separated from her said husband, Plaintiffs,

V8

Thomas John Sullivan, Défendant.

Action intentée en 1708, sous No. *52, dans la Cour du Banc du Roi du District de Montréal, et jugée le 18 Dé- cembre 1799.

FAITS

Par acte passé à Montréal le 25 Août 1797, devant Mtre Gray et son confrère Notaires, les Demandeurs reconnaissent " to hâve bargained, sold, assigned, transfcred and made " over, &c., to the Défendant " accepting thereof for himself, " his heirs and assigns, a certain Negro-man named Manuel *' of or about the âge of 33 years, for and during his natural " life."

Prix £36 0.

Le même jour, et devant les mômes Notaires, est passé im autre acte intitulé " Articles of servitude betwecn a negro- " man named Manuel and Thomas J. Sullivan." Il y est dit que Manuel " of his own free and voluntary will " s'en- gage comme " servant " au dit Sullivan pour l'espace de cinq ans à compter de la date de l'acte ; et Sullivan s'oblige de le loger, vêtir et nourrir jx-ndant ce temps.

L'acte contient de plus la clause suivante : " Whcrcas the *' .said Thomas J. Sullivan has purehased the said Negro-

53

*' man, named Manuel, of and from J. G. Turner and hîs " wifc, by deed of sale bearing even date witli thèse pre- " sents ; in considération whereof and of tlic premises it is " furtlier agreed by and between the said parties to thèse " présents, that provided the said Negro-man named Ma- " nuel shall truly and faithfully do and perform the coven- " ants and clauses hereinbefore reserved and contained, ihe " said Ths. J. Sullivan doth hereby and for himself, his heirs " and assigns, covenant, promise and agrée, at the expira- " tion of the aforesaid term of five years to emancipate and " set at liberty by due form of law his said servant Manuel, " otherwise he is to be considered and to remain the property " of him the said Ths. J. Sullivan, his heirs and assigns, the " same to ail intents and purposes as if this agreement had " ne ver been made."

L'action était portée pour le paiement de £30 15 2 ba- lance du prix de vente de ce Nègre, et les deux actes ci_ dessus sont relatés dans la " Déclaration."

Le Défendeur plaida " that the sale was null and void in law, in as much as the said Negro-man was not at the period of said sale and transfer a slave of the Plaintiffs to authorize or empower them to dispose of the term of his natural life to the Défendant, whereby the PlaintifFs did impose upon and deceive the Défendant, and under such deceit and im- position and by error did obtain from the Défendant at diffé- rent times on account of the purchase of the said Negro-man £18, and the said Manuel, not being a slave of the PlaintifFs as aforesaid, did, on or about the Ist day of March last at Montréal, abscond from the Defendant's service, and has re- fused to returned, whereof the PlaintifFs had then notice ; and which said Manuel has since been and now is in the city of Montréal."

Puis Sullivan fait une demande incidente pour le rem- boursement des £18 qu'il avait payés.

Dans leur réplique, les Demandeurs soutiennent la vali-

54

dite des deux actes ci-dessus, " havin^ had ihe right lo disr " pose of tlieir title to the service of the said Manuel daring " the lerm in the said acts mentioned, having acquired the " said title from the late John Turncr in his life time by act

5 the said John Turner having *' acquired the same title from Allen

" who "

Le 6 Oct. 1798, une Intervention faite au nom de " Ma- " nuel Allen a black man, of the city of Montréal, labourer" who " repre!«ents tliat the point in issue between the said parties Plaintiffs and Défendant in this suit raised on a con- Iract between them, whereby the said Pltffs did covenant with the said Défendant to seîl him the said Manuel Allen as a slave to the said Défendant, whereas he doth aver that hy the laws ofihis land he is not a slave but afreeman, and that they the said Pltffs had no right or power to enter into a covenant for selling him ; and altho' true it is that he the said Manuel, did on his part covenant to serve the said De- fendant five years in considération that he should be free at the expiration of the said term, yet he saith he ought not to be bound to perform the said covenant, the same being wholly nuU and void having been entered into by him under an erreur de fait in the supposition of his being a slave and being as to him tlic said Manuel a nudum factum obligatory on his part without any rcturn or considération to be made him by the other contracting parties, for which reason and because the final détermination of this suit may be injurions to him as a free subject of Ilis Majesty, he hurably prays that he may be permitted to intervene in the cause to défend his righls and that so far as regards him the said Manuel, that the said decds, acts of covenant mentioned in the décla- ration of the said Plaintiffs may be declared by tiiis Hono- raôle Court null and void in the same way as if the same had never been passed or entered into." Les Demandeurs contestent l'Intervention.

55

Le lémoin Francis Millan dépose que " llie said Manuel left Sullivan's service and told déponent lie had abseonded because he was a freeman."

Le témoin Margery Campbell dépose " that the said Ma- nuel run away from the Defendant's service on a sunday evening in month of March last, alledging as a reason of so doing that other Biacks were free and that he wantcd to be free also."

Voici le Jugement qui fut rendu dans cette cause le 18 Février 1794.

" The Court having lieard the parties by their respective Counsel, as well upon the principal as incidental demand, and duly considered the évidence of record ; and in as much as the Plaintiffs hâve shewn no title or right to transfer and sell the property claimed in Manuel, a Negro-man, to the Défendant, and that the Défendant is not in possession of the said Manuel so covenanted to be sold, nor can the Défendant upon the évidence adduced sustain a right to the same ; It is considered that the Plaintiffs be dismissed of their action and demand with costs to the Défendant, and in as much as it appears that Mary Blaney, one of the Plaintiffs, was duly separated from her husband, and then after had taken and received from the Défendant Thomas John Sulli- van the sum of eighteen pounds in part payment for the sale of the said Manuel, and whom she had nought to sell, and that the Défendant had not been legally maintained in a property so undertaken to be tranfered and conveyed, it is . further considered that the said Mary Blaney do pay to the said T. J. Sullivan, the incidental Plaintiff in this cause the sum of £18 with costs upon the incidental demand ; and the intervention of the said Manuel Allen is dismissed, each party to pay their own costs.

N. B. J'ai examiné ce recorder en Février 1853, j'y ai trouvé dûement certifiées copies de la Commission de l'In- tendant Raudot, et de son ordonnance du 13 Avril 1709 con-

56

cernant les esclaves ; ce qui prouve que les Juges en prirent connaissance avant de rendre leur Jugement. Ces docu- ments ont depuis été imprimés. Voir le 2d vol. des Edits et Ord : Royaux, in 4o.

DoMiNus Rex, )

vs >

Robin alias Robert, )

MONTREAL, KING'S BENCH,

February Term 1800.

M. Perry on the part of Robin alias Robert a black on the thirty first day of Januaiy in the présent year of Our Lord one thousand eight hundred unlawfully arrested and taken and forthwith unlawfully committed to the common goal and house of correction of the City of Montréal on a charge that he being a slave had absented himself from the house of James Fraser of the current of Saint Mary near the said City of Montréal in a w^arrant granted on the same day and year by Charles Blake, James Dunlop and Robert Jones Esquircs three of the justices of Our Lord the King assigned to keep the Peace within the said district the said Robin alias Robert was so arrested and taken and committed and is now unlawfully detained in the said common gaol and house of correction stiled the owner master and proprietor of him the said Robin alias Robert, wilhout having obtained the leave or permission and against the consent of the said James Fraser doth move this Honorable Court tl)at this Honorable Court bc plcased to award him the said Robin alias Robert His Majesty's remédiai writ of Habeas Corpus directed to the said keeper of the said common gaol and house of correction at Montréal aforesaid commanding him to hâve the body of the said Robin alias Robert by whatcver name he may bc called togcthcr wilh the day and cause of his caption and détention before this Honorable Court imme- diately on the rccript of the said writ to do and reccivc what

b1

this Honorable Court shall tlien and there consider concem- ing him in this belialf.

4th May 1799 (signed) A. Perry, Advocate. (Endorsed) Filed 4 Feb 1800 (signed) J. Reid.

Granted. Montréal,

To the Honorable James Monk Chief Justice of the Court of King's Bench for the district of Montréal and the Hono- rable Pierre Louis Panet and Isaac Ogden, Justices of the same Court.

The Mémorial and request of Robin alias Robert a black most humbly sheweth.

That your Memorialist on the thirty first day of January in the présent year of Our Lord one thousand eight hundred was arrested and taken under a warrant granted on the same day and year by Charles Blake James Dunlop and Robert Jones Esquires three of the Justices of Our Lord the King assigned to keep the peace within the said district and was forthwith under the said warrant and under another warrant granted on the same day and year by James Dunlop Esquire, one of the said Justices committed to the common gaol of the city of Montréal on a charge that he being a slave had absented himself from the house of James Fraser of the cur- rent of Saint Mary near the said city of Montréal iu the said warrant stiled the owner master and proprietor of him the said Robin alias Robert without having obtained the leave or permission and against the consent of the said James Fraser Ail which will more fully appear by view of copies of the said warrants duly certified and annexed to the présent mémorial.

That Your Mémorial doth most humbly pray that Your Plonors will be pleased to award him his Majesty's remédiai writ of Habeas Corpus directed to the said keeper of the said common gaol at Montréal commanding him to hâve the body of the said Robin alias Robert by whalevcr name lie

may be called togelhor witli tlic day and cause of liis caplion and détention bcfove Vonr lîonors at sucli place as Your Ilonors shall appoint immediateJy on the rcceipt of ihe said writ to do and receive what Your Honors shall then and there consider concerning liim in ihis behalf and to havc there the said wiit.

And Your Memorialist as in duty bound wjll evcr pray, •&c.

3rd February 1800.

Let a writ of Ilabeas Corpus cum causa detentionis issue as praycd. Montréal 3d February 1800.

Annexed to the foregoing.

District of Montréal,

Charles Elake, James Dunlop and Robert Jones, Esquires, three of the Justices of Our Lord the King assigned to keep the peace within the said district.

To George Sairy constable in the said district and to the keeper of the common Goal and house of correction at Mon- tréal in the said district.

Thèse are to command you the said constable in bis Ma- jesty's name forthwith to convey and deliver into the custody of the said keeper of the said common Goal and house of correction the body of Robin a Nogro-man and slave charged before us with having absented himself from the house of James Fraser of the current of Saint Mary near the said city of Montréal fhe ouTier master and proprietor of iiim the said Robin without having obtained the Icave or permission and against the consent of the said James Fraser his master. And you the said keeper arc hereby required to reçoive the said Robin into your custody in the said common goal and house of correction at Montréal and him there safely keep 4ill he be thence delivered by the due order of the Law.

Given under our hands and seals this thirty first day of

59

January in ihe fortieth year of the reign cl" liis Majesty King George the ihird.

(Signcd) Charles Blake, J. P. [L. S.] Robert Jones, J. P. [L. S.] James Dunlop, J. P. [L. S.]

James Dunlop Esquire, one of lus Majesty's justices of the peace to Jacob Kuhn keeper of his Majesty's Jaii and house of correction.

You are hereby authorized and required to receive into the prison or honse of correction a negro-man named Robert, who refuses to go home to his owner and him safely to keep till he may be discharged or otherwise dealt with according to law.

Given under my hand and seal the thirty first day of Ja- nuary 1800.

(Signed) James Dunlop, J. P. [L. S.]

Montréal,

I Edward William Gray, Esquire, SherifF of the district of Montréal in his INIajesty's province of Lower Canada do cer- tify that the foregoing are true and literal copies of the war- rants of commitment and détention by virtue of which the said Robin alias Robert hath been taken and committed and is now detained in the eommon gaol of the said district, and that the said Robin alias Robert hath not been taken and committed and is not now detained for any other cause or by virtue of any other warrant or warrants whatever.

Given under my hand and seal of office at Montréal in the said district the third of February in the year of Our Lord one thousand eight hundred and in the reign of his Majesty King George the third the fortieth.

(Signed) Edwd. Wm. Gray, Shexiff. (Endorsed)

Banco Régis. Montréal February 1800.

Pétition of Robin alias Robert, a Black man.

Filed 4 Feb. 1800, (signed) J. Reid.

60

District of Montréal,

TO WIT.

James Fraser of tho cnrrcnt of Saint Mary ncar tlic city of Montréal farmer maketli oath and sayeth that from and since thc tenlh day of July one thoiisand seven hundred and se- venty tlirce this déponent hath been the triie master, owner and proprietor of a negro-man called Robin, and that on or about 'he nineteenth day of March last the said Robin the slave of this déponent absenled himsclf from Ihc house and service of this déponent without having obtained permission or leave of this déponent, and the déponent verily and in his conscience believes that the said Robin now résides in the house of one Richard Uillon of this cily tavern kecper against îhe consent of this déponent, and ail this is truth as the dé- ponent shall answer to God.

(Signed) James Fraser.

Sworn before me this twenty eighth day of January in the yearof Our Lord 1800.

(Signed) Chas. Blake J. P.

(Endorsed)

Affidavit of James Fraser 1800.

Filed,3Feb 1800. J. Retd.

District of Montréal,

KLN'G'S BENCII,

February Term 1800. The King )

vs [ TO WIT.

Robin. )

The Honorable Tsaac Ogden Esquiro one of the justices of this Honorable Court maketh oath and sayeth that on or about the mont h of Scptember in the year of Our Lord one thousand scvon hnndred and eighty throe one William Wal- ton was Magistrale of Police in and for îhe cify of New-York then under the Oovernment of His Majesty, in the United States of America, and that hc this dr-ponenf hath sccn tho suid ^Villiam Wulton writc and verily and in his conscience

61

believes that the name of " Wm. Wallon " in the pass ad- joined to this atfidavit is in the proper handwriting of liini ihe said William Walton, and ail this is truth as this dépo- nent shall answer to God.

(Signed) J, Ogde:^.

Sworn before me this twelfth day of Feb. 1800.

(Signed) J. Monk, Ch. Just. (Endorsed)

KING'S BEXCH, The King ^ February Term 1800.

vs > Robin ) Affidavit of Mr. Justice Ogden. Filed 13 Feb. 1800.

J. Reid. (Annexed to the above affidavit is a document purporting as fellows :)

Permission is hereby given to Robin and Lydia two blacks to pass with their Master James Fraser to Nova Scotia he iiaving made it appear before me that they are his property. Given under my hand in the cily of New- York, the 19th day of September in the twenty third year of His Majesty Reigrij

1783.

(Signed) Wm. Waltox,

Mage, of Police. TO ALL WHOM IT MAY CONCERN.

Note. The words then under the Government of His Majesty in ihe atïidavit of Mr. Justice Ogden, appear in thu margin of the original and are not paraphai, nor is ihe marginal note mentioned any wherc.

The words " James Fraser " are interlined in the Pass. District of Montréal,

KING'S BENCH, FEBRUARY TERM 1800. The King ^

vs [ TO WIT.

Robin )

William Hewitt journeyman to William Logan of Mon-

G2

ireal Master Baker makclh oalli and sayelh ihal on or about tlie ninili of" Seplombcr in llic yoar of Oiir Lord one tliousand .scvei) liundrcd and cighty four lie ihis déponent came in llie Name vessol from Sliellbournc in Nova Scotia to the Island of St. .lolins with James Fraser now residin,*^ near tlio said •Mty of Montréal :ind that ihc said James Fraser was accom- panied by a Negro Boy called Robin who was alwise eonsi- dered as ibe property of biiii the said James Fraser and did acknowledge bimself to be sneh lo the déponent. And ihat he this déponent bas seen the said Rol^in at dillorent tinirs since the arrivai of ihc said James Fraser iiT this provincr and that the Défendant in this eausc^ is the same identical Negro-man that went from Slielbourne to St. Johns with this déponent and wlio alwise acknowledged liimsclftobe thr property of him tlie said James Fraser, and ail this is truth as lie sliall answer lo God.

(Signed) WiLi,iAM IIkwitt.

Sworn bcfore me ihis elev(;nl]i day of Fcbniary in the year of Onr Lord ISOO.

(Signod) J. OoDEN, J. K. B.

(Endorsed)

KING'S BEXni, FEB. TERM 1800.

113 The Kinc "i Afiidavil of M. W'm. Ifcwitt. vs [ Filed 13 Feb IbOO.

Robin ) (Signed) J. REin.

PROCKEDIXCÎS BEFORE TIIE COURT.

fn Jîcgistcrs.

Tuesday 4tli Fcbruary 1800.

C TiiK Cmikk JisrrcE,

Présent : Mu. .Iistue Panet,

r Mr. J.stice Ogde.v.

On the Mémorial and J Mr. Perry moves f<»r a writ of P(!tili((n of Rol)in,a/ja.9 , Habca.s Corpus, direcled lo thr Robert a Blacknian. ) ke(|)cr of iIk; Cornirion (îaol of the di.strict to bring iip bofore thi^ Court the bodv of one F{obin.

63

alias Robin (sic) a Blackman logetlier witii tlie oanse of liis caption and détention. Ordered that a writ of Habeas ï'or]3us do issue as prayed returnable in Court. Monday lOth February 1800. Présent The same Judges.

DoMiNcs Rex ) On Habeas Corpus to bring tlie body of

vs > one Robin alias Robert a Blackman.

James Fraser ) The Gaoler made his return to the writ and brought up the body.

M. Perry on the part of the prisoniier shewed cause wliy he ought not to be detained in Gaol.

Mr. Kerr on the part of the Défendant replied ordered that the furlher hearing stand over to

Thursday 13 February 1800- Présent The same Judges.

DoMiNus Rex ^ The Court having heard M. Perry of

vs > Counsel for the Défendant and Mr.

RoBix A Blackman ) Reid on behalf of James Fraser, it is ordered that the cause be put under consuhation. Tuesday 18th February 1800.

Présent The same Judges.

On Habeas Cor]:)US. The Court havinw heard Mr. Kerr of Counsel for James Frazer, clajmmg property tt- Robin, alias Robert a Blackman, now oonlined under a warrant annexed to the writ of Habeas Corpus, and Mr. Perry on the part of the said Robin, «//o* Robert and having seen the affidavits produced by the said James Frasen

It is considered tliat the said Robin, alias Robert be di>:- charged from his confinement under the said warrant.

Si l'Acte Impérial de 1797 a eu l'eflet d'abolir l'esclavage, il a du avoir cet eftct dans toutes les plantations de Sa Ma- jesté.. Cependant tel n'a pas été le cas. L'esclavage nii été abolie que par l'Acte de 1833, ch. 73.

DoMiNus Rex

vs Robin alias Robert A Blackman.

A.DDEISroA

A L'ARTICLE SUR L'ESCLAVAGE.

Aux documents tirés des archives françaises on peut ajou- ter encore les suivants :

lo. Déclaration du Roi au sujet des tuteurs et de l'admi- nistration des biens des mineurs en Amérique, du 15 Dec. 1721, enregistrée au Greffe du Conseil Supérieur de Qué- bec, le 5 Octobte 1722, art. IV :

" Les Mineurs quoiqu'émancipés ne pourront disposer " des nègres qui servent à exploiter leurs habitations, jusqu'à " ce qu'ils aient atteint l'âge de vingt-cinq ans accomplis, " sans néanmoins que les dits nègres cessent d'être réputé» " meubles par rapport à tous autres effets."

2o. La même disposition est reproduite dans la Déclara- tion du Roi, du 1er Oct. 1741, enregistrée au greffe du Con- seil Supérieur de Québec, le 30 juillet 1742, art. VII. Il est par cette Déclaration enjoint aux " gens tenant notre '•' Conseil Supérieur de Québec que ces présentes ils aient " à faire lire, publier et enregistrer et le contenu en icelles " garder, observer et exécuter selon leur forme et teneur."

3o. Elle est encore répétée dans - la Déclaration du Roi du 1er Fév. 1743, enregistrée au Greffe du Conseil Supé- rieur de Québec le 23 Sept. 1743, art. XI.

^^

Jl£ES]MCOXX^£3SI

ET

DOCXJ]\d:El]SrT8

HELATIFS A

L.'HI8TOIR£ DU CAIVADA,

PUBLIES PAR

LA SOCIETE HISTORIQUE DE MONTREAL.

®i 1L& w&mm&E SIS a^^s^sî.

1. Les articles additionnels, (datés du 7 mai 1627) de la charte donnée à la Compagnie de la Nouvelle-France ou des Cent Associés, contiennent ce qui suit :

Art. 21. Le Receveur rendra compte général par chacune année et enfin d'icelle " en présence du sieur Intendant des affaires du dit pays de la Nouvelle-France, &c."

Art. 26. Le Cardinal de Richelieu sera supplié de don- ner V Intendance des affaires du dit pays de la Nouvelle- France et de la dite Compagnie au sieur de Lauson, " Con-

66

seiller du Roi en ses Conseils d'Etat et privé, Maître dec Requêtcs ordinaires de son Hôtel, et Trésidcnt au Grand Conseil."

Art. 29. Les Associés seront tenus de s'assembler en la ville de Paris, le 15 Janvier de chaque année, en la maison du sieur Intendant.

Art. 31. Les Directeurs et Administrateurs prêteront ser- ment es mains du dit sieur Intendant.

Cette Intendance fut domiée à ce Monsieur de Lauson, qui s'appelait Jean de Lauson.

2. Charlevoix : t. 1, p. 308," M. de Lauson, un des prin- cipaux membres de la Compagnie du Canada, fut nommé pour succéder à M. D'Aillebout (1650) dont les trois ans étaient expirés ; mais il n'arriva à Québec que l'année sui- vante.... Le nouveau Gouverneur avait toujours eu plus de part que personne aux affaires de la Compagnie. C'était lui principalement, qui avait ménagé en Angleterre la res- titution de Québec... Il avait toujours paru s'intéresser beaucoup à ce qui regardait le Canada."

Ce n'est pas en 1650, comme le dit Charlevoix, mais bien en 1651, que M. de Lauson fut nommé Gouverneur. Ses Provisions sont datées du 17 Janvier 1651. Elle cons- tatent qu'il fut ainsi nommé sur la présentation qui fut faite au Roi de sa personne par la Compagnie de la Nouvelle- France. (Edits et Ordonnances, Ed. in-8o. t. 3, p. 16.) M. l'Abbé Ferland dit que M. de Lauson " s'était offert pour être Gouverneur de la Nouvelle-France, et que cette offre avait été acceptée par le Roi."

3. Le nouveau Gouverneur arriva à Québec le 13 Octobre 1651. (Journal des Jésuites, et /le/fl/ion* des mêmes pour cette même année, p. 1.)

On lit, dans Vllistoire de VIIôtel-Dieu de Québec, p. 92 : " M. de Lauson vint en 1651 prendre possession du Gou- vernement. C'était un homme de qualité, très vertueux, 'lui était Conseiller d'Etat, et qui avait été Intendant d^

67

Guienne ; il emmena trois de ses fils qui, dans la suite, s'établirent dans ce pays. L'aine portait le nom de Mon- sieur son père. Il avait servi en France dans le régiment de Navarre, et dans celui de Picardie, et il était fort consi- déré de M. le Duc d'Espernon. On le fit Sénéchal ici. Mais il fut tué par les Iroquois en l'année Î660 et laissa deux filles qui ont été Religieuses aux Ursulines. Le se- cond s'appelait Lauson de Cliarni ; il épousa une fille de M. GifFard ; et le troisième que l'on nommait Lauson de la Citière se maria avec une demoiselle de Pau qui nous fut en- voyée de France par Madame la duchesse d'Aiguillon, en 1655j pour être religieuse chez nous; elle avait beaucoup d'esprit et de piété, mais point du tout de vocation. Elle sévit bientôt veuve par un triste accident, car Monsieur son époux se noya le 4 (mai) de l'année 1659." Il y a dans ce passa- ,ge quelques erreurs qui seront relevées dans le cours de cet -écrit.

On lit dans le Journal des Jésuites, à la date du 13 Oct. 1651 : " Le 11, arriva la flotte de 3 navires, le St. Joseph,

"la Vierge, et un 3e, navire hollandais M. de Lauson

mit pied à terre. Il alla droit au Fort, où, ayant présenté sa commission, on lui présenta les clefs, et entra dans le Fort. ... Le 18. . .M. le Gouverneur vint diner en notre ré- fectoire, M. Du Plessis, M. le Sénéchal et M. de la Sitière (Citière,) M. de Hautville, M. de Tilly, M. de Repentigny, M. Robineau, M. Dauteuil."

Il n'y eut donc que deux fils de M. le Gouverneur, qui vinrent avec lui, M. le Sénéchal, et M. de la Citière. Quant à M. de Charny, il n'arriva à Québec que l'année suivante, ainsi que nous l'apprend- le Journal des Jésuites : " Le 23 (Juin 1652) arrive la chaloupe du premier navire venu de France, commandé par Mtre Jean Pointel, lequel oiavire échoua à l'Isle aux Coudres. ... Le 1er (Juillet 1652^

68

arrivée de M. de Charny, et lo?5 hommes venus par ce pre- mier navire."(l)

Nous voici donc en Canada avec le père et trois de ses fils. Il faut maintenant reprendre les choses d'un peu plus haut.

4. M. de Lauson, père, longtemps avant de venir dans la Nouvelle-France, avait acquis l'Isle de Montréal. M. l'Abbé Faillon, dans son introduction à la vie de la Sœur Bourgcoys, dit, p. 35, en parlant dos Associés de la Compagnie de Notre-Dame de Montréal : " La première démarche qu'il? firent fut d'acquérir la propriété de l'Isle de Montréal. M. de Lauson, qui l'avait reçue de la Grande Compagnie du Canada, la leur céda, quoique contre ses intérêts et ses pre- mières intentions ; et cette cession fut confirmée bientôt par l'autorité du Monarque."

" Il désirait, remarque M. l'Abbé Ferland, établir sa fa- mille en Canada, et il obtint à cet effet de vastes concessions, entre autres, la seigneurie de Lauson, l'Isle de Montréal qu'il céda, comme nous l'avons vu, et une étendue considé- rable de terrain sur la rive sud du lieuve en face de l'Isle de Montréal."

Cette étendue considérable de terrain ne lui fut pas con- cédée à lui-même, mais il en fit faire la concession par la Compagnie de la Nouvelle-France, à un autre de ses fils, le 15 Janvier 1635. L'acte de concession n'a encore pu être trouvé ; mais celui de mise en possession de cette seigneu- rie est transcrit dans les " Questions Seigneuriales," t. 1^ p. 81. Ce dernier acte constate la date de la concession, et que cette concession a été faite " au profit de François

(!) On trouve, au Greffe de Montréal, uu acte de vente fait par Lambert Closse àCliarles d'Ailleboust, Sieur des Musceaux, Gouverneur de l'Islt de Montréal, " acceptant powr et au nom de Charles de Lauson, Escuycr, Sieur de Charny." Cet acte porte la date du 1er Juin 1G52, c'est-à-dire un mois avant l'arrivée M. de Charny à Québec.

G9

•de Lauson, Ecuyer, fils de Messire Jean de Lauson (on y écrit Lauzon) Chevalier, Conseiller du Roi en son Conseil d'Etat." Voici donc un autre fils du Gouverneur de Lauson, qui ne parait pas être venu en Canada. On donna à sa con- cession le nom de la Seigneurie de la Citière. Elle com- mençait à la Rivière St. François, sur le Lac St. Pierre, et s'étendait au-dessus du Sault St. Louis, en montant le dit Fleuve St. Laurent, La Seigneurie de Laprairie de la Mag- deleine, presque vis-à-vis Montréal, en faisait partie, de mê- me que l'Ile Ste. Hélène et l'Ile St. Paul. La Seigneurie de la Prairie de la Magdeleine fut concédée aux RR. PP. Jésuites, par " nous, François de Lauzon, Conseiller du Roi en sa Cour de Parlement de Bourdeaux. . . . Fait et concédé en notre Hostel, à Pam, le 1er jour d'Avril 1647." Dans un titre confirmatif de cette concession, dont il est fait men- tion dans les " Questions Seigneuriales," t. 1, p.p. 86 et 87, et qui doit avoir été donné postérieurement au 9 Févrit r 1676, par l'Intendant Duchesneau, il est dit que la Seigneu- rie de la Citière était " d'une étendue de plus de soixante lieues de pays," et qae " la dite Seigneurie était de présent réunie au doin.ùae de Sa Majesté." (1)

5. Le titre de concession de la Seigneurie de la Prairie de la Magdeleine, nous fait voir que le 1er Avril 1647, la Seigneurie de la Citière appartenait encore à M. François de Lauson, fils du Gouverneur. Il parait néanmoins que dans l'intervalle entre cette date et le 15 Octobre 1648, elle avait cessé de lui appartenir, et était devenue la propriété de son père. C'est ce qu'établit un acte de concession fait, à Paris, le 15 Octobre 1648, de deux cents ar^ients de terre

(1) On voit, par un titre de concession dn 8 Juin 1672, qui se trouve au Greffe de Montréal, donné par le R. P. Frémin, que les Jésuites avaient été mis en possession de la Seigneurie de la Magdeleine, le 13 Juin 1649, par Monsieur d'Ailleboust, Gou- verneur et Lieutenant-Général pour le Roi en toute la Nouvclle- Trance.

70

dans la Seigneurie de Lauson. La miiinte de cet acte de concession se trouve dans Tétucle de feu Maître Becquet, Notaire, déposée à Québec. La concession est faite à Fran- çois Bissot, Sieur de la Rivière, par" Jean de Lauson, Con- seiller ordinaire du Roi en ses Conseils d'Etat et Privé, et Direction de ses finances. Seigneur de Lauson et de la Ci- Hère en la youvclle-Francey

Une autre concession de même date, est faite, " dans no- tre terre de Lauson," par le même, prenant les mêmes qua lités que dans la première, à Guillaume Couture. Il y signe : " De Lauson.-'

6. Venons maintenant à l'arrivée de M. le Gouverneur de Lauson à Québec, le 13 Octobre 1G51, avec deux de ses fils, c'est-à-dire Jean et Louis. Dès le 18 du même mois, M. de la Cititre dine au Réfectoire des RR. PP. Jésuites. C'é- tait Louis. Si c'était à raison de la seigneurie de la Citièrcs située en Canada, qu'il portait ce nom de la Citière, et non à raison d'une terre du môme nom, située en France, (et il y a tout lieu de le croire), il fallait que son père lui eût cédé la Citière du Canada, lui qui voulait établir ses enfants dans la Nouvelle-France. La même remarque s'applique» en ce qui concerne la seigneurie de Lauson, à M. le Séné- chal, qui portait le nom de son père, c'est-à-dire qui s'appe- lait Jean. Les actes dont suit la mention, et qui se trouvent tous à Québec, le prouvent.

D'abord, quant à M. de la Citière, Louis de Lauson : lo. " Titres des Seigneuries" imprimés, p. 383, une con- cession est faite par " Jean de Lau.son, Conseiller ordinaire du Roi en ses Conseils d'Etat et Privé, Gouverneur et Lieu- tenant Général pour sa Majesté en la Nouvelle-France, éten- due du Fleuve St. Laurent," à " Louis de Lauson, Ecuier, Seigneur de la Citière et de Gaudarville". ..." Sur la cer- titude que nous avons," que le dit Louis de Lauson " aurait la volonté avec le temps de s'habituer en la Nouvelle-Fran- re, et de faire défricher et déserter, et ensuite habiter le plus

71

Ûe familles qui lui serait possible afin de loililier le pays contre ceux qui y voudraient entreprendre." Cette conces- sion, " donnée au Fort St. Louis de Québec," est du 8 Fé- vrier 1652, c'est-à-dire environ quatre mois après leur arri- vée en Canada.

2o. " Titres des Seigneuries," imprimés, p. 384, autre concession faite par le même Gouverneur, d'un terrain ad- joignant la première concession du 8 Février, à " Louis de Lauson, Ecuier, Seigneur de la Ciiière et de Gaudarville," jugeant que le dit Louis de Lauson " se pourrait résoudre à la défense de ce poste, si on lui voulait accorder ce petit espace de terre et le joindre ensemble." Cette seconde con- cession, également donnée au Fort St. Louis de Québec, est du 15 Novembre 1653.

3o. Le même jour, 15 Novembre 1653, " Jean, Seigneur de Lauson^ Chevalier, Grand Sénéchal de la Nouvelle-Fran- ce, et à tous ceux qui ces présentes verront,". . concède à " Louis de Lauson, Ecuier, Seigneur de la Ciiière et de Gaudarville". ... "en notre dite Seigneurie de Lauson." L'acte de cette concession se trouve au Greffe de Québec, il signe : " Delauson, Seneschal."

4o. Le 26 Avril 1653, " Jean de Lauson, Conseiller Or- dinaire du Roi en son Conseil d'Etat, Gouverneur et Lieu- tenant Général pour Sa Majesté en la Nouvelle-France, en vertu du pouvoir à nous donné par la Compagnie de la Nou- velle-France," concède à Etienne DeMetz " d'un

côté et d'autre, aux terres par nous concédées au Sieur de :la Ciiière^

5o. " Titres des Seigneuries," imprimés, p. 99. Dans le 'titre nouvel, du 10 Juillet 1676, donné par l'Intendant Du- chesneau, concernant la Seigneurie de Longueuil, qui avait été obtenue en trois concessions distinctes, la première en date du 24 Septembre 1657, lequel -titre les réunit toutes en une seule, il est dit que cette première concession, qui était de 50 arpents de front sur cent de profondeur, avait été faite

72

par Je "Sieur Je Lauson de la Citière. Elle avait donc été faite après le départ dn Gouverneur de Lauson, puisqu'il avait déjà quitté la Nouvelle-France. L^ Histoire de PHôtet Dieu de Québec le fait partir en 1656, (p. ilO.)

" Cette année (c'est-à-dire 1657), dit M. de Belmont) Histoire du Canada^ " M. de Charny commanda à la place de M. de Lauson, son père, et lui s'en étant allé, M. Dail- lebout reprit le gouvernement." (Voir, aussi. Journal des Jésuites, pour 1657.) D'après ce journal, M. de Charny se- rait parti pour la France, le 18 Sept. 1657, à bord du vais- seau du Capitaine Poulet, et le gouvernement intérimaire aurait été dévolu à M. D'Ailleboust, jusqu'à l'arrivée de M. D'Argeoson, successeur de M. de Lauson, c'est-à-dire jus- qu'au 11 Juillet 1658. (Voir le Journal des Jésuites, et la Relation des mêmes, pour cette même année 1658, p. 17.)

7. Ainsi, jusqu'à cette année 1658, aucun des Lauson ne fut appelé de la Citière, si ce n'est Louis de Lauson, et je n'ai encore trouvé aucun acte dans lequel son père, Gou- verneur de la Nouvelle-France, ait pris le nom de la Citière, après son arrivée en Canada en 1651 ; d'où je conclus que la seigneurie de la Citière qui, en 1643, appartenait au père, était passée aux m.ains de son fils Louis, dès avant leur ar- rivée en Canada, ou du moins dans les cinq jours qui se sont écoulés du 13 Oet. 1651, date de cette arrivée, au 18 du même mois que M. le Gouverneur alla diner avec son iils, M. de la Citière, chez les R. R. P. P. Jésuites.

8- -Dans les Registres de Ja cure de Québec, à la date du 5 Oct. 1655, se trouve l'acte de mariage de " Louis de Lauson de ia Citière, fils de Messire Jean de Lauson, Gou- verneur et Lieutenant-Général pour Sa Majesté en ce pays, et de défunte Dame Marie Gaudart, (c'est ainsi que j'ai pu lire le nom), avec Demoiselle Catherine Nau, fille de défunt Jacques Nau de Fossambault et Demoiselle Catherine Gran- ger." On a donné ce nom de " Fossambault" à une seigtieii- rie qui se trouve en arrière de celle de Gaudarvillr.

"De ce mariage, étaient nés deux enfants qui furent ^^eule- iinent ondoyés, et qui, étant m^rts presqu'aussitôt, furent en- terrés, l'un le 31 Août 1G56, et l'autre le 8 Novembre 1658. Leur père, Mr Louis de Lauson de la Citière, perdit la vie en 1659. Voici ce qu'on lit, à ce sujet, dans le Journal des Jésuites : " 1659, Mai 5, versèrent dans un canot, retournant de l'Isle d'Orléans, par un gros vent du Nord-Est, M. de la Citière, Larchevesque et Hierosme."

M. Louis de Lauson de la Citière est donc mort sans en- fants. Après sa mort, on voit que la seigneurie de la Citière^ située en Canada, devint la propriété de son frère aine Jean, le grand Sénéchal, qui était resté en ce pays.

Maintenant, quant à ce M Jeq,n de Lauson, grand Séné- chal.

lo. Dès le 6 Avril 1652, c'est-a-dire, six mois après son arrivée, on le voit, sous le nom de " Jean, Seigneur de Lau- son, chevalier, grand sénéchal de la Nouvelle-France," faire une concession dans la seigneurie de Lauson. L'acte de cette concession se trouve au Greffe de Québec. Il y signe : " Jean de Lauson." Actes semblables de concession du 20 A\Til et du 20 Juillet, du 20 Oct. du 11 Nov. 1652. A Pun des actes du 20 Juillet, il signe : " J. de lauson." Le 15 Décembre de la même année 1652, il fait une conces- sion semblable à " Messire Charles de Lauson, chevalier, Seigneur de Charny, Grand Maître des Eaux et Forêts en la Nouvelle-France, de 8 arpents sur quarante, " situés en notre seigneurie de Lauson." Le 15 Nov. 1653, il fait à son frère "Louis de Lauson, Ecuyer, seigneur de la Citière et de Gaudarville," la concession dont il a déjà été parlé. Le 4 Mai 1654, semblable concession ; aussi le 29 Sept.

1654 ; cette dernière concession est faite à " Paul de Cho- medey, Ecuyer, Sieur de Maisonneuve, Gouverneur de Montréal." Mêmes concessions sont faites, le 1er Février

1655 à Antoine Martin, le 30 Mars à Jean Bourdon, Ecuyer, .Sieur de St. François, et le 20 Nov, à Jean Pré. Enfin, .le

74

29 Mui IG5S, concession par le même •' Jean de Lausoii., chevalier, grand sénéchal de la Nouvelle-France," érigeant en fief une concession, " en notre seigneurie de Lauson," en faveur de Jean Bourdon, Sieur de St. François, suivant le vexin le Français, et à la charge que les appels des Juges qui seront établis sur les lieux, ressortiront pardevant le Juge Provost de notre dite Seigneurie.-' Tous ces titres sont au greffe de Québec, et tous établissent que la seigneurie de Lauson était passée aux mains de M. le Sénéchal, Jean de Lauson. Cette seigneurie avait été originairement con- cédée à " Noble Homme, M. Simon LeMailre, conseiller du Roi, Receveur-Général des Décimes en Normandie," par la Compagnie de la Nouvelle-France. L'acte en fut passé a Paris " en l'IIôîcl de M. de Lauson, conseiller du Roi en ses conseils. Intendant de la dite compagnie, le 15 Juin 1636," et au-dessous est écrit : " collationné à l'original étant en papier à moi présenté par Me. Jean, Seignevr de Lauson, chevalier, grand Sénéchal de ce pays de la Nou- velle-France, ce fait, à lui rendu par le Notaire Soussigné, le 28e jour d'Août 1658," signé Peuvret, nore. (Titres des seigneuries, p. 24.)

9. Nous lisons, dans les Registres de la Cure de Québec, à la date du 24 Juin 1661 : " ont été enterrés ensemble dans l'Eglise, Messieurs Jean de Lauson, Sénéchal du Pays, Nicolas Couiliart dit Bellerive, âgé de vingt ans, fils de M. Guillaume Couiliart, ancien habitant de ce pays, et Ignace Sévestre dit DesRochers, âgé de 24 ans, lesqusls avaient été tués, le 22 du même mois, par les 'roquois."

" Le môme jour et la même année, et en même temps, ont été enterrés dans le cimetière aussi ensemble, quatre hommes qui étaient avec les susdits, savoir. Elle Jacquet (lit Champagne, serviteur de Mlle de Repentigny, Jac(|nes

Perroche, Toussaint , François , sénateurs de

M. Couiliart."

On voudra bien me permettre de citer ce que Charlevoix dit à ce sujet, t. 1, p. 348 : " M. de Lauson, Sénéchal de la

75

Ï^ouvelle-France, et fils du précédent Gouvernenr-Généraî, étant allé à l'Isle d'Orléans pour dégager son beau-frère, qui était investi dans sa maison, tomba dans une embusca- de. Les Iroquois, qui le connaissaient, et qui souhaitaient avec passion d'avoir un prisonnier de cette importance, le ménagèrent quelque temps, ne cherchant qu'à le lasser ; mais voyant qu'il leur tuait beaucoup de mcnle, ils tirèrent sur lui, et il tomba mort, avant qu'aucun eût osé l'appro cher."

Le Journal des Jésuites rend compte de l'affaire comme suit : " Le 22 (Juin 1661), M. le Sénéchal étant parti un ou deux jours auparavant, avec 7 ou 8 autres, pour aller donner avis à M. de Lespiné, son beau-frère, qui était allé à la chasse quelques jours auparavant, du danger des Iro quois, le Nord-Est l'ayant empêché de passer outre, s'en alla s'engager dans la petite Rivière de René Maheu, il fut tué avec tout son équipage par les Iroquois. Les corps en furent ramenés le 24." La Relation des Jésuites pour l'année 1661, pp. 4 et 5, contient un récit plus étendu de ce oombat.

ît). Les * Titres des Seigneuries," nous font voir qu'après la mort de M. le Sénéchal, M. Jean de Lauson, son père^ " ci-devant Gouverneur et Lieutenant Général pour le Roi en ce pays," fit trois concessions dans l'étendue de la Sei- gneurie de la Citière. Il les fit comme étant le " tuteur, curateur et ayant la garde noble des enfants mineurs de dé- funt M. Jean de Lauson, Grand Sénéchal au dit pays, pro- priétaire delà dite Seigneurie de la Citière.''^ La première faite à Pierre Boucher, Ecuier, Sieur de GrosBois, est en date du 20 Avril 1662. (p. 81). Elle comprend la Seigneu- rie de St. François des Près, sur le Lac St. Pierre. La se- conde qui est celle de l'Isle St. Paul, presque vis-à-vis de Montréal, fut faite, à Paris, le 28 Janvier 1664, à Jacques LeBer, Claude Robutel, Sieur de St. André, et Jean de la- Vigne, (p. 124). La troisième est la concession de l'Ile

Sic. Hélène et de l'Ilet Rond, vis-à-vis Montréal. Elle fut faite à Charles LeMoyne, Sieur de Longueuil, par le Sieur de Lauson Charny, " par billet de lui signé, en date du 30c Mai 16G4, aux charges qu'il plairait au Sieur de Lauson y apposer, ensuite de quoi le dit Sieur de Lauson j comme tuteur et ayant la garde noble des enfants mineurs de feu Sieur de Lauson, Grand Sotiéchal de ce pays, auquel appartenait la Seis;neurie de la Citière^ aurait donné et con- cédé au dit Sieur LeMoyne les dites Isles de Ste. Hélène et Islet Rond... par titre daté à Paris le 20e Mars 1665, signe de Lauson, et contresigné Jeanville, au bas duquel titre le dit Sieur Charny reconnait que la rente portée par icelui est exorbitante et beaucoup au-dessus de ce que l'on pourrait exiger pour la dite Concession, et en vertu du pouvoir à lui donné par le dit Sieur de Lauson, il réduit la dite rente à dix livres en argent, par écrit de lui signé, daté à Québec, le 12e Décembre au dit an 1665," (" Titres des Seigneuries," p. 99). Les dates de ces trois concessions sont énoncées dans des Titres-nouvels^ changeant la tenure du T'exin le Français, et donnés par l'Intendant Duchesneau, au Sieur de Longueuil, le 10 Juillet 1676, au Sieur LeBer pour les deux tiers de l'Ile St. Paul, le 18 Juillet de la même année, et au Sieur Crevier, pour St. François des Près, le 10 Octobre 1678. On peut encore ajouter à ces titres nou- vel?, celui donné, pour un tiers de l'Ile St. Paul, à Claude Robutel, Sieur de St. André par le même Intendant, le 18 Juillet 1676. {Ibib. p. 137.) Dansées quatre titres nouvels, il est dit que la seigneurie de la Citière avait été réunie au domaine de Sa Majesté. En l'année 1672, au nombre des seigneuries concédées par l'Intendant Talon, il s'en trouve plusieurs qui comprennent des terrains situés dans les limi- tes de cette grande seigneurie de la Citière, sans qu'il en soit néanmoins fait mention. La réunion au domaine avait donc eu lieu de 1665 à 1672.

H. Venons maintenant aux trois fila de M. le Gouvcr^

T7.'

aeur de Laiison, qui s'étaient établis en Canada, ils se ; sont tous trois mariés.

lo. Louis de Lauson de la Citière.

Nous avons déjà vu que, le 5 Octobre 1655, il avait épousé DUe. Catherine Nau ; qu'il en avait eudeux enfants, morts presqu'aussitôt après leur naissance, en 1656 et 1658; que lui-même périt le 5 Mai 1659 ; que, par conséquent, il est décédé sans postérité; qu'après sa mort, son: frère, le Sé- néchal, eut la propriété de la seigneurie de la Citière, si ce ne fut pas immédiatement, du moins quelque temps après.

Catherine Nau ne resta pas longtemps veuve. Elle épousa en secondes noces Jean-Baptiste Peuvret, Sieur de Mesnu. Je n'ai pu trouver l'acte du mariage. Mais j'ai une copie authentique de leurs conventions matrimoniales. L'acte en fut reçu, le 15 Juillet 1659, c'est-à-dire 2 mois et 10 jours après la mort du premier mari de la dite Catherine Nau par " Guillaume Audouart, Secrétaire du Conseil établi par le Roi à Québec, Notaire en la Nouvelle-France." Dans cet acte, les parties sont ainsi décrites : " Jean-Baptiste Peuvret, Sieur de Mesnu, fils de Mtre. Jacques Peuvret, Conseiller du Roy, Lieutenant Criminel en l'eslection du' Perche, et de Damoiselle Marie de la Garenne, ses père et mère, de la ville de Bellesme, Province du Perche, Diocèse de Seez, d'une part, et Damoiselle Marye Catherine Nau, fille de deffunct Jacques Nau, Escuyer* Sieur de Fossam' bault, vivant Conseiller du Roi, et Receveur-Général des Finances en Beriy, et de Damoiselle Catherine Granges vi- vant ses père et mère, veufve en première noce de deffunct Messire Louis de Lauson, Chevallier, Seigneur de la Ci- tyère, d'autre part."

Dans ce contrat de mariage, Catherine Nau déclare que ses biens consistent " en la somme de trois mille livres tournois d'argent comptant, et en la somme de quatre cents livres de rente viagère à elle due par la succession ou héri^ tiers du dit defiunct Sieur de la Cytière, et en ce qui lui e»t

aldvenu et oschu par le déceds des dits deiTuncts père «i. mère." Elle n'émet aucune prétention relativement à la seigneurie de la Citière.

Du dit mariage sont nés Denis Pcuvret, baptisé le 8 Octo. bre 1C61 ; Alexandre Peuvret, baptisé le C Octobre 1664. (Registres de la Cure de Québec.)

Le 16 Octobre 1681, second mariage du dit J.-Bte. Peu- -vTet, Sieur de Mesnu, Conseiller-Secrétaire du Roi, Greffier en Chef du Conseil Souverain, veufde/ette Marie Catherine Nau, avec Dlle. Marie Roger Lepage. Les actes de sépul- ture de la Paroisse de Québec manquant pour les années qui se sont écoulées entre 1671 et 1680, je suis porté à croire que c'est dans cet inter^-alle que la dite Catherine Nau a mourir. Car je n'ai pu trouver Pacte de sa sépulture.

Catherine Nau avait une sœur qui, sous le nom de Mi- chèle Thérèse Nau, fille de Jacques Nau et de Catherine Granger, ou Granges, épousa, à Québec, le 22 Octobre 1663, Joseph Gifiard, fils de Robert GifFard et Marie Renouard. A ce mariage, qui fut célébré par Messire Charles de Lauson, Sieur de Charny, alors Prêtre et Grand Vicaire, assista M. Louis Gaudais Sieur Dupont, oncle de la dite Thérèse Nau.

12. 2o. Jean de Lauson, Sénéchal de la Nouvelle-France.

On a déjà vu qu'il était arrivé à Québec avec son père, le 13 Oct. 1651. Dès le 23 du même mois, il y épouse " Da- moiselle Anne Desprès, fille de feu noble homme Nicolas Dcsprès et de Damoisellc Magdelaine Leblanc."

De ce mariage, sont nés :

lo. Le dernier jour d'Août 1652, Louis, baptisé le 1er Septembre. Il ne vécut que quelques jours, ayant été enterré le 13 du même mois.

2o. Marie, baptisée le 8 Juin 1654.

3o. Jean, le 6 Dec. 1655, ondoyé le 21 du même mois, et baptisé le Ir Mars 1656.

4o. Charles, le 2 Août 1657, baptisé le lendemain.

19

6o. Anne Catherine, née le 21 Avril 1659, baptisée ie lendemain.

6o. Angélique, née le 22 Janvier 1661, baptisée le lende^ main.

(Registres de la Cure de Québec.)

Anne Desprès, étant devenue veuve en 1661, convola en secondes noces, le 7 Juillet 1664, avec Claude de Bermen, sieur de la Martinière. Elle mourut en 1689, " âgée de 60 ans ou environ," et fut inhumée, le 14 Mars, au cimetière de l'Hôtel-Dieu de Québec.

Il existe à Québec, parmi les minutes de Mtre Gilles Rageot, notaire, un acte du 20 Janvier 1676, par lequel, le dit Claude de Eermen, sieur de la Martinière, " Juge Pro- vost des Seigneuries de Beauport et de Notre-Dame des Anges," concède, au nom et comme tuteur des enfants mi- neurs de défunt Messire Jean de Lauzon, Chevalier, grand Sénéchal de ce pays," aux RR. PP. Jésuites, une terre dans la seigneurie de Lauson.

On a vu qu'il est dit, dans l'histoire de l'Hôtel-Dieu de Québec, que M. le Sénéchal avait laissé deux filles qui fu- rent Religieuses aux Ursulines.

Je. trouve, dans les Registres de Québec, qu'à la date du 26 Mai 1669, Marie-Anne LeMire eut pour marraine Marie- Anne de Lauson au nom de Madame de la Peltrie. Il n'y est pas dit de qui la dite Marie-Anne de Lauson était fille. Du fait que la particule de est préfixée à son nom, et de la qualité de la personne qu'elle représentait, on pourrait être porté à inférer qu'elle était la fille du grand Sénéchal, . baptisée, le 8 Juin 1654, sous le nom de Marie.

Le 11 Juillet 1672, Joseph Gratton, baptisé dans la cha- pelle de Beauport, eut pour parrain Joseph Gifîard, sieur de Beauport, et, pour marraine, " Angélique de Lauson, fille de feu M. de Lauson, grand Sénéchal."

Voilà tous les renseignements que j'ai pu me procurer sur les enfants du grand Sénéchal, M. l'Abbé Ferland dit qu'il

7

Su

•^ut de Mlle DesPrès, sn lemrno, nn tWa qui retourna en France.

Anne DesPrès avait deux sœurs qui se marièrent en Canada. L'une, Geneviève, épousa, le 29 Avril 1653, à Québec, Louis Couillard de Lespinay ; et l'autre. Etiennette DesPrès, le sieur Duplessis.

13. 3o. Charles de Lauson de Chamy.

Nous avons vu qu'il était arrivé en Canada le 23 Juin 1652. Dès le 12 Août suivant, il épousa Marie-Louise Giffard, fille de Robert Giffard, seigneur de Beauport, et de Marie Renouard, sa femme. Louise Giffard était née en 1639. Du moins elle fut baptisée le 30e jour do Mars de cette année.

De ce mariage est née, le 14 Octobre 1656, Marie, qui fut baptisée le 16. Sa mère ne lui survécut que quelques jours. Elle mourut le 30 Oct. 1656, et fut enterrée le lendemain. " Le 30, à 6 h. du matin, dit le Journal des Jésuites, Dieu appela à soi Madame Chamy, après une maladie de seize jours, et une vie très pure et très innocente. Elle fut enter- rée, le 31, dans le nouveau chœur des Religieuses Hospita- lières."— (Registres de Québec.)

Nous avons déjà vu qu'après le départ de son père, M. de Lauson de Charny eut, pendant quelque temps, l'admi- nistration du gouvernement de la colonie. Le Journal des Jésuites nous apprend qu'il paitit pour France, à bord du vaisseau du capitaine Poulet, le 18 Sept. 1657, et qu'il en revint en 1659, à bord du premier vaisseau, qui arriva le 16 Juin. Il avait été fait prêtre en France, et accompagnait Monseigneur l'Evèque de Pétrée au Canada, il exerça son ministère pendant plusieurs années. Le Journal des Jésuites dit qu'il partit de nouveau pour la Fran- ce le 17 Oct. 1666, à bord du St. Jean, " avec toutes nos lettres." Le mêm.e Journal finit au mois de Juin 1668, ou du moins le reste manque. Il n'y est pas fait mention Hu retour de M. Charny. Cependant ij a revenir en cett«

SI

même année 1668; car le 21 Octobre 1668, il célèbre, à Québec, le mariage de Jean de Chambre et de Catherine Paul. Le 16 Février 1671, il fait le baptême da Fabien Badeau. (Registres de Québec.) Enfin il repasse en France en cette même année 1671, ou peut-être en 1672, pour ne plus revenir, selon V Histoire de V Hôtel-Dieu de Québec, qui nous apprend que M. de Lauson Charny passa alors en France avec sa fille et la cousine germaine de celle-ci, Charlotte Magdelaine de la Ferlé, et qu'il les conduisit toutes deux aux Hospitalières de la Rochelle elles ont été Reli- gieuses.

On a vu que dans la concession du 15 Dec. 1652, que lui fit son frère, on donne à M. de Lauson Charny la qualité de " Grand-Maitre des Eaux et Forêts en la Nouvelle-Fran- ce." Devenu Prêtre, il parait qu'il conserva cette qualité, ou plutôt ce même titre. En effet, le 7 Sept. 1661, nous voyons que " Charles de Lauson, chevalier, seigneur de Charny, Grand-Maitre des Eaux et Forêts en ta Nouvelle- France, à tous ceux qui ces présentes Lettres verront, salut," concède à Jean Juchereau, Sieur de la Ferté, et à Nicolas Juchereau, Sieur de St. Denis, " la consistance des lieux qui ensuivent, en notre seigneurie de Charny (Isle d'Orléans), c'est à savoir, huit arpents de terre de front sur le fleuve de St. Laurent, du côté du Nord, pour le Sieur Jean Juchereau et autres huit arpents pour le dit Sieur Nicolas Juchereau, faisant le tout la quantité de seize arj^ents de terre de haut sur le dit fleuve St. Laurent, etc. etc." Cette concession aux deux MM. Juchereau, se termine ainsi : " Car a été ainsi accordé, en foi de quoi nous avons signé la présente concession, et à ieelle fait apposer le cachet de nos armes, et contresigner par notre secrétaire à Québec, le 7 Sept. 1661 ; signé : de Lauson Charny, plus bas, par Monsieur.

P. Vachon, Secrétaire."

14. L'Isle d'Orléans avait été concédée le 15 Janvier Î636, par la^compagnie de la Nouvelle-France, à " M. Jae<

8-2

rjues Casiillon, bourgeois de Paris." (" Titres des Seigneu- ries," p. 350). Un acte du dernier Février 1636, portail que la concession avait été laite tant pour le dit Sieur Cas- iillon que pour Messieurs de Lauson et Fouquet, conseillers d'Eiat, et six autres, chacun pour un huitième, du nombre desquels était le Sieur Cheffault ; et l'on ajoute : " au moyen de ce que le dit Cheffault avait reconnu, par le dit acte susdaté, que les terres mentionnées par autre conces- sion à lui faite (celle de la côte Beaupré, à lui concédée, le 15 Janvier 1636," à "Paris, en PHôtel de Monsieur de Lauson, conseiller du Roi en ses Conseils, Intendant de la dite compagnie," {Titres des Seigneuries, p. 342), étaient tant pour lui que pour les dits Sieurs Fouquet, de Lauson, etc. etc., chacun pour un huitième." Tout cela appert par Vacie de mise en possession, donné par le Gouverneur, M. de Montmagny, " fait au Fort St. Louis, au dit Québec, le 1er jour de Juillet 1638." Cet acte se trouve au greffe de i^néboc.

Il résulte de tout ce qui vient d'être relaté, que M. le Gouverneur de Lauson, qui voulait établir ses enfants dans la Nouvelle-France, n'avait pas négligé les moyens de par- venir à ce but. En effet, dans plusieurs litres de concession de seigneuries, il est porté que les appellations des Juges des seigneurs, ressortiront " pardevant le Grand Sénéchal de la Nouvelle-France, ou son lieutenant en la Jurisdiction de Québec." (Titres des seigneuries, p. 352, du 15 Nov, 1653 ; p. 383, du 8 Février 1652 ; p. 341, du 1er Avril 1656 ; p. 390 , du 15 Dec. 1653. Et le fils était le Grand Sénéchal.

Dans quehiues autres titres de concession, le " Mande- îuent " de mettre les concessionnaires en possession, est idressé au '^ Grand Sénéchal de la Nouvelle-France, ou ses Lieutenants." (Titres des seigneuries, p. 50, du 13 Mars 1 051, /ai/ à Paris ; p. 115, du 30 Dec. 1653 ; p. 341, du le Avril 1656 ; p. 75, du 1er Juillet 1656 ; p. 88, du 5 Août 16.56.

83

Dans d'autres titres, il est dit que la Fol et Hommage sera portée " en la Sénéchaussée de Québec." (Titres des seigneuries, p. 352, du 15 Nov. 1653 ; p. 383, du 8 Février 1652 ; p. 341, du 1er Avril 1656.)

Toutes ces concessions me paraissent avoir été faites du- rant le gouvernement de M. de Lauson, à l'exception de celle du 13 Mars 1651, faite à Paris, par la Compagnie de la Nouvelle-France, avant l'arrivée de M. Lauson en Canada, mais après sa nomination comme gouverneur, puis- que sa commission de gouverneur est en date du 17 Janvier Î651. (Ed. & Ord. t. 3, p. 16.)

15. C'est principalement dans les concessions faites par M. le Gouverneur de Lauson, que l'on voit la Coutume du Vexîn-le-Français introduite ,

Coutume de Paris, art. Ili.

Quand aucun fief éohet par succession de père et mèie, ayeul ou ayeule, il n'est au seigneur féodal du dit fief, par les descen- dants en ligne directe, que la bouche et les mains, avec le ser- ment, de fidélité ; qnnnd les dits père et mèrcj ayeul ou ayeule, ont fait et payé les cirjits et devoirs en leurs teras ; en ce non compris les fiels qui relèvent et se gouvernent selon la coutume du Vexin-le-Français; esquels fiefs qui se gouvernent selon la coutume du dit Vexin, est relief à toutes mutations ; et aussi ne sont dûs quints.

16. M. l'Abbé Ferland, qui nous promet une histoire re- marquable du Canada, et surtout honnêtement écrite, a eu l'obligeance de me communiquer l'extrait suivant d'un mé- moire qui est entre ses mains : " Monsieur de Lauson, (le gouverneur,) ayant été prévenu qu'il ne pouvait plus être soutenu, il anticipa son rappel en repassant en France, depuis, il a servi en qualité de Sous-Doyen du Conseil, logé au Cloistre de Notre-Dame Paris,) chez son fils, chanoine de la dite Eglise."

Voici donc un autre fils de M. de Lauson. Ne serait-il ;pas, par hasard, cet Abbé de Lauson, dont il est fait mcntioE.

84

dans une concession donnée par le gouverneur de Lauson au î^ieur Jean Bourdon le 15 Décembre 1G53 ? Celle concession comprend " toule l'étendue de terre qui se rencontre sur le Fleuve St. Laurent du coté du nord depuis les bornes de la concession du sieur Abbé de Lauson jusques à celle du (tciimt sieur Dos Chatelets." (Titres des Seigneuries, p. ;)00.) La " Liste des Prêtres du Canada," publiée à Québec vn 1834, ne fait pas mention de cet Abbé de Lauson.

17. Il iaut convenir que M. de Lauson avait su faire à sa famille une part assez belle des terres du Canada : " Les membres de la Société de Notre-Dame de Montréal,^^ dit M. TAbbé Faillon, Vie de Mademoiselle Mance^ Introduction^ \>p. XXXIII et XXXIV," songèrent à acquérir la propriété de rilc de Montréal. Elle avait alors pour maître, M. Jean do Lauson, Intendant du Dauphiné, qui ne l'avait reçue que sous la condition expresse d'y établir une colonie. M. de liauson ayant négligé jusque alors d'y faire passer des colons, cl d'y entreprendre aucun défrichement, la prudence ne permettait pas aux Associés d'envoyer à grands frais, dans la même Ile, une recrue d'ouvriers avant d'en avoir assuré la possession à leur Compagnie. Il eut été à crain- dre en effet que les dépenses qu'ils se proposaient de faire pour cet objet, ne tournassent à l'avantage personnel du pro- priétaire, et ne missent par un obstacle insurmontable à leur dessein. C'est pourquoi, conformément à la résolution qu'ils avaient prise de se cacher aux yeux du monde, et de faire leur œuvre en secret, ils obligèrent M. de la Dauver- sière et M. de Fancamp à aller trouver M. de Lauson en Uauphiné pour lui demander la concession de celte Ile.

" M. de Lauson, dont les vues n'hélaient pas aussi pures ni aussi désinterressées que celles de la Compagnie^ cl qui môme n'avait demandé la propriété de l'Ile de Montréal que dans l'espérance d'en iclircr un jour de grands avantagcs^ pour sa famille, ne put écouter paisiblement une proposition qu'il jugeait si contraire à ses intérêt»; et à toutes les ins-

85

tances de M. de la Dauversière il ne répondit que par des rebuts. Le mauvais succès de cette première négociation au lieu de ralentir le zèle des Associés, sembla n'avoir servi qu'à le rendre plus ardent. Ils arrêtèrent entre eux que M. de la Dauversière ferait un second voyage en Dauphiné ; que M. de Fancamp qui ne pouvait se joindre à lui cette lois, lui donnerait une procuration pour accepter la donation de l'Ile au uom des deux, ce qu'il fit le 12 Juillet de l'an 1640, et qu'enfin le P. Charles Lallemant, Jésuite, accompagne- rait M. de la Dauversière, pour presser lui-même M. de Lauson. Ce voyage eut tout le succès qu'on s'en était pro- mis : car M. de Lauson, par acte du 7 Août, passé à Vienne en Dauphiné, céda purement et simplement à M. de Fan- camp et à M. de la Dauversière l'Ile de Montréal aux mêmes conditions qu'il l'avait reçue."

18. Si mes données sont exactes, et j'ai toute raison de croire qu'elles le sont, (du moins j'en indique les sources,) il s'ensuit que le No. 1 sans nom de baptême, dans le " Dic- tionnaire des Hommes Illustres" de M. le Professeur Bi- baud, et de son " Panthéon Canadien," et le No. 2 du Dictionnaire, à l'article des Lauson, ne comprennent qu'un seul et même individu, et non pas deux, c'est-à-dire, comme l'exprime le susdit No. 2, " Jean de Lauson, Gouverneur et Lieutenant-Général de la Nouvelle-France pour le Roi et la Compagnie ;" que le No. 5 et le No. G du Dictionnaire sont erronés, en ce qu'ils nous présentent deux individus, tandis qu'il n'y a eu qu'un M. de Lauson de Charny, qui est le No. 4 du Panthéon Canadien. Mais ce No. 4 est aussi erroné, en ce qu'il fait revenir M. de Charny de France en 1657, tandis qu'au contraire c'est cette même année qu'il passa en France, on il fut ordonné Prêtre, et d'où il ne revint qu'en 1659. Il s'ensuit encore que le No. 3 du Dictionnaire et le No. 2 du Panthéon, " François Louis de Lauson," ne sont pas exacts, en ce qu'ils nous présentent un seul et même in- dividu, tandis qu'ils devraient nou;? en présenter deux, Fran^

86

çois et Louis; François^ qui est celui du No, 5 du Panihéop. Conseiller au Parlement de Bordeaux, qui n'est pas venu au Canada, et auquel fut originairement concédée la sei- gneurie de la Cilière, mais qui ne fut jamais Seigneur de Gaudarville, quoiqu'en disent le susdit No. 3 et le susdit No. 5 ; et Louis, qui n'est appelé que Louis dans tous les actes que j'ai vus, qui fut seigneur de Gaudarville, et qui fut aussi appelé de la Citière^ lorsqu'il vint en Canada. M. Bibaud a-t-il puisé pour faire l'article 2 du Panthéon ? " François Louis de Lauson, Gouverneur et Lieutenant-Gé- néral de la Nouvelle-France pour le Roi et la Compagnie 11 se fixa en Canada, et eut la garde noble des enfants du suivant (le Sénéchal) après sa mort !" Ce Gouverneur est encore à venir. Ce fut M. Jean de Lauson, ci-devant Gou- verneur, qui eut, après la mort de son fils, le Sénéchal, la garde noble des enfants de ce dernier.

Le No. 3 du Panthéon, " Messire Jean de Lauson," le Grand Sénéchal, est aussi erroné, en ce qu'il le dit fils de François Louis de Lauson, Gouverneur, et encore en ce qu'il le décrit Chevalier de CJiarny. Le Chevalier de Char- ny était M. Charles de Lauson qui, après la mort de sa fem- me, Louise Giffard, embrassa l'Etat Ecclésiastique. C'est le No. 6 du Dictionnaire. Le No. 4 de ce même Diction- naire est exact : " Messire Jean de Lauson, Chevalier, fils du Gouverneur, Grand Sénéchal de la Nouvelle-France, tué dans un combat contre les Iroquois."

19. M. Bibaud dit que le Prêtre, M. Charles Lauson Char- ny est mort le 22 Avril 1673. Si c'est le cas, alors le " Mon- sieur de Lauzon" dont il est fait mention dans la concession ci-devant citée du 20 Janvier 1676 par M. de la Martinière aux RR. PP. Jésuites, comme logeant alors " au Collège de la Rochelle," pourrait fort bien avoir été un des fils du Grand Sénéchal. L'on a vu que M. l'Abbé Ferland dit qu'un fils du Sénéchal passa en p-rance.

50 Depuis que ce qui précède a été écrit, j'ai eu occa'

87

sioR de voir deux actes qui concernent cette famille des Lau- son. Le premier, qui porte la date du 21 Octobre 1651, fait partie des minutes de M. Audouart, Notaire à Québec. Ce sont les " articles de mariage entre Messire Jçan de Lauson, Chevalier, Seigneur de la Coste, terre et Seigneurie de Lau- son, Grand Seneschal de la Nouvelle-France, Lieutenant au Gouvernement de la Nouvelle-France, estendue du Fleuve St. Laurent, iils de Messire Jean de Lauson, Chevalier, Con- seiller du Roy en son Conseil d'Estat, Gouverneur et Lieu- tenant-Général pour le Roi en la Nouvelle-France, et de dé- funte Dame Marie Godart, ses père et mère, d'une part, et de Demoiselle Anne Desprès, fille de feu noble homme Ni- colas Desprès, et de Damoiselle Magdeleine Leblanc, ses père et mère :"

" Jouira la dite future épouse de la somme de quatre cents livres de pension viagère pour son douaire préfix, suivant la Coutume de Paris, à les avoir et prendre sur les biens du dit futur époux."

A cet acte ont signé :

Jean de Lauson. Paul Ragueneau,

Anne Desprès. Supérieur.

De Lauson. Barthélémy Vimont,

Thiennète Desprès. Curé.

Geneviève Desprès. " Louis de Lauson.

DUPLESSY QUERBODO, , GUILLAUME DeSPRÈS.

Le second acte est une transaction entre les " héritiers et créanciers^dë défunt Monsieur de la Citière, et Jean Bap- tiste Peu vret, Sieur de Mesnu et Catherine Nau, sa femme," du 6 Février 1662. (Audouart, Notaire.) Parmi les person- nes, parties à cet acte, est M. " Charles de Lauson, Prêtre, Chevalier, Seigneur de Charny, Officiai de Monseigneur l'Evêque de Pétrée, Vicaire Apostolique en ce dit pays de la Nouvelle-France, au nom et comme fondé de procuration de Mtre. Jean de Lauzon, Conseiller du Roi en ses Conseils d'Etat et Privé," passée à Paris le 24 Mars 1660. ... " le

88

'lit Seigneur de ivau.son, père cl héritier bénélieiaire du dit défunt Sieur de la Citière. ..."

Cet acte constate, qu'en paiement du " restant du prcci- put et de la pension viagère" stipules au profit de la dite Catherine Nau, alors femme du dit Sieur de Mesnu, le Sieur de Lauson Charny en sa dite qualité et les créanciers de la succession de M. de la Cilière^ leur cédèrent : lo. le fief de Champigny, situé dans l'Isle d'Orléans, 2o. tout le bétail, meubles, ustensiles et vivres fournis à Jean Foucher, fermier du dit lieu, 3o. dix arpents de terre situés sur le Cap aux Diamants, 4o. enfin, la terre et Seigneurie de GauJarville, '' moyennant quoi le dit Sieur et Damoiselle de Mesnu se sont contentés, et ont icelles dites choses prises pour l'entier paiement du dit restant de préciput et extinction de la dit€ pension viagère."

21. Voici, sur le compte des trais filles de M. le Grand Sénéchal, des renseignements que je dois à l'obligeance de M. l'Abbé Ferland, et qu'il a eu la bonté d'obtenir pour moi des Dames Ursulines de Québec.

'' Anno 1668 : Entrée de Dlle. Marie Magdeleine de Lau- son." Elle n'avait fait que passer par le grand monde pour s'ensevelir dans la solitude; elle prit le nom de Sœur St. Char- les. Elle fut élevée par la fondatrice, toute jeune comme pensionnaire, v.\ ensuite comme novice. En la présentant à la communauté, sa famille obtint qu'elle eût une sœur pour son service ; mais peu après l'on s'aper(^ut que Mlle, de Lauson ne se contentait pas de se servir elle-même, mais qu'elle allait en cachette faire l'ouvrage de la sœur. Pour i'inbtruction des élèves sauvages, elle était infatigable, et elle s'y est livrée avec le plus grand succès tous les jours do sa longue vie. Elle mourut en 1731, à 77 ans (1), ayant 59 ans de profession religieuse.

(1) Cet âge répond à celui de Marie de Lauson, qui fut bap- tisée sous ce nom le 8 .hiin 16.'i4'. Ayant, a sa mort, 59 ans de profession, elle a du être reçue en 1672, à l'âge de 18 ans, (elle fut reçue le \\ Seplrmbre 1672. Voir la ^uite.}

89

" L'entrée de Dile. Angélique de Lauson, Sœur de la R, jMère St. Charles eut lieu en 1675. Cette bonne mère fut un prodige de vertu. Elle vivait si détachée du monde qu'elle avait peine à entretenir la moindre correspondance avec Mesdames de Lauson, ses tantes ; et quand M. de Champigny, Intendant ou autres parents venaient lui faire visite, elle était toujours ingénieuse pour trouver le moyen de s'éloigner. Comme Madame de la Peltrie, elle lavait les filles sauvages, les peignait de ses propres mains, les instruisait avec une patience d'Ange, et les servait nuit et jour durant leurs maladies. Elle mourut en 1732, à 72 ans (1), 55 ans de profession. Après chaque élection, elle allait trouver la Mère Supérieure lui demander la grâce de lui donner l'office le plus bas qu'il y eut dans la maison.

" Dlle. Marie Magdeleine de Lauson fut obligée, pour l'arrangement de ses afi'aires temporelles, de retarder sa pro- fession religieuse. Cette cérémonie n'eut lieu qu'au 14 Septembre 1672. Uainée (2) de ses sœurs, Marie Anne de Lauson, qui était alors pensionnaire, attendait Page requis pour l'entrée du noviciat. Dieu la retira si subitement de ce monde, qu'on n'eut pas le temps de lui administrer les sacrements. Le 13 Novembre 1672, elle mourut à l'infir- merie des Religieuses."

(1) Cet âge répond à peu près à celui d'Angélique de Lauson, qui fut baptisée sous ce nom le 23 Janvier 1661. A.yant, à sa mort, 55 ans de profession, elle a être reçue en Tannée 1677 à l'âge de 16 ans.

(2) Il y a ici une erreur évidente. Cette Marie Anne de Lau- son ne pouvait être autre que la dite Anne Catherine de Lauson, qui fut baptisée sous ce nom le 22 Avril 1669. Si, en 1672, elle attendait l'âge requis pour l'entrée du noviciat, elle ne pouvait être Vainée ; elle était bien l'ainée d'Angélique, mais non de la Sœur St. Charles, qui fut reçue le 14 Septembre de cette même année 1672, et qui avait alors 18 ans. Celle-ci était rainée dg ses soeurs

Les trois filles dn Grand Sénéchal n'ont donc point quitte leur pay-T» natal. Il avait eu trois iils, Louis de Lauson, le dernier jour d'Août 1653, mort deux semaines après ; puis Jf an et Charles de Lauson. C'est, en toute probabilité, à ces deux «lernicrs que peut s'appliquer ce passage de " l'His' loire de THôtel-Dieu de Québec," p. 208 :

" Nous élevions depuis l'âge de 6 ans Mademoiselle de Lauson de Charny ; elle suivait les traces de sa famille qui s'était distins^uée partout par sa vcrtii; cett'é jeune vierge ne soupirait qu'après la vie religieuse. Monsieur de Lau- son, son père, notre Supé^rienr, ravi de voir que les in- clinations de sa ciière fille, favorisaient celle qu'il avait de nous faire du bien, passa un contrat avec nous, par lequel il nous donnait 12000 livres, monnaie de France, pour la dot de sa fille, à condition seulement, qu'attendu qu'elle était d'une complexion délicate, on lui servirait une entrée de table. Il avait dessein aussi de nous faire ses héritières, après avoir donné à ses neveux ce qui devait leur revenir ; mais quelques-unes de nos Religieuses craignirent que cette petite distinction que M. de Lauson demandait pour sa fille, ne causât de la jalousie et du trouble dans la maison, elles en parlèrent à Monseigneur l'Evêque qui entra dans leurs raisons, et voulut retrancher cet article du contrat. M. de Lauson s'opposa ; il eut là-dessus quelque différend avec M. de Laval. Enfin, pour terminer la dispute, il se résolut d'emmener en France sa iille. Elle partit cette année (1G71) avec Mlle. Charlotte Magdcleine de la Ferté, sa cousine germaine ; il les conduisit toutes deux aux Hospitalières de la Rochelle, elles ont été Religieuses, et ont beaucoup édifié et servi le couvent. M. de Lauson les gratifia de tout ce que nous aurions pu espérer."

P. S. Une partie du plus ancien registre de l'Etat civil, conservé à la cure de Québec, est rédigée en latin, d'une écriture et avec des abréviations qui en rendent la lecture très difficile. Dans un vf)yaye que je viens de faire à Québec, j'ai eu occasion d'examiner do nouveau ce registre, v\ d'y

91 ooavnr une cntipp '^^"' '*''

,io,-iba. contins, U M

^^vjuveue

^^xiai ues Jésuites n'en fait pas mention'.

Uétranger devait être jeune, et il ne parait pas avoir, à ce premier voyage, fait un long séjour à Québec.

L'on voit, dans l'étude de Mtre. Audouart, Notaire à Québec, un acte du 16 Sept 1660, par lequel le Grand Sé- néchal Jean de Lauson " à présent majeur de 25 ans," con- firme la renonciation par lui ci-devant faite à la succession de sa mère Marie Gaudart, par acte au Châtelet de Paris, du 24 Avril 1651, et renonce d'abondant etc., etc.

P. S. (No. 2.) Dans le même voyage récemment fait à Québec, j'ai trouvé, dans un ancien registre des insinua- tions, conservé au greffe de cette ville, copie d'un acte passé à la Rochelle, le 1er Juillet 1689, qui me porte à croire que M. Bibaud a commis une erreur en donnant le 22e jour d'Avril 1673, comme étant le jour du décès de M. de Lauson de Charny, Prêtre ; erreur qui se rencontre par conséquent dans mon article sur la famille des Lauson, tel qu'il a été rédigé et tel qu'il est déjà imprimé, ayant cité cette date d'après M. Bibaud. Il paraît que M. de Lauson, Prêtre, vivait en- core en 1689. La copie de l'acte du 1er Juillet 1689, a été enregistrée au Greffe de la Prévoté de Québec, le 11 Novem-

90

de sa fille, àconïïîTîÔî d'une complexion délicate, on lui servirait une entrée de table. Il avait dessein aussi de nous faire ses héritières, après avoir donné à ses neveux ce qui devait leur revenir ; mais quelques-unes de nos Religieuses craignirent que cette petite distinction que M. de Lauson demandait pour sa fille, ne causât de la jalousie et du trouble dans la maison, elles en parlèrent à Monseigneur l'Evêque qui entra dans leurs raisons, et voulut retrancher cet article du contrat. M. de Lauson s'opposa ; il eut là-dessus quelque diiTérend avec M. de Laval. Enfin, pour terminer la dispute, il se résolut d'emmener en France sa fille. Elle partit cette année (1671) avec Mlle. Charlotte Magdcicine de la Fcrté, sa cousine •germaine ; il les conduisit toutes deux aux Hospitalières de la Rochelle, elles ont été Religieuses, et ont beaucoup édifié et servi le couvent. M. de Lauson les gratifia de tout ce que nous aurions pu espérer."

P. S. Une partie du plus ancien registre de l'Etat civil,

conservé à la cure de Québec, est rédigée en latin, d'une

•écriture et avec des abréviations qui en rendent la lecture

très difficile. Dans un voyaye que je viens de faire à Québec,

j'ai eu occasion d'examiner do nouveau ce registre, et d'y

91

couvrir une entrée qui était passée inaperçue lors de mort premier examen. Je dois à une main habile à déchiffrer les vieilles écritures, la copie de cette entrée, que je trans- cris ici :

" Anne Dni 1644, die 29 Augusti, Ego Josephus Poucet, vices-agens parochi hujus ecclesiœ conceptionis immaculatœ V. Mariœ, loci Québec, baptisavi infantem pridiè natam ex Joanne Bourdon & Jacquelina Pautel conjugibus cui impo- situm est nomen annœ ; Patrini fuerunt Joannes de Lozon advena filius Dni de Lozon, Régi christianissimo à secre-^ tiùbusconslloris, et Maria LeBarbier conjux Nicolai Mar- solet hujus parochiœ."

Tout porte à croire que cet étranger qui n'était à Québec qu'en passant, a£?i;e?icf, devait être le fils de M, Jean de Lauson, le même qui fut plus tard Grand Sénéchal de la Nouvelle France. Le Journal des Jésuites n'en fait pas mention; luéiranger devait être jeune, et il ne parait pas avoir, à ce premier voyage, fait un long séjour à Québec.

L'on voit, dans l'étude de Mtre. Audouart, Notaire à Québec, un acte du 16 Sept 1660, par lequel le Grand Sé- néchal Jean de Lauson " à présent majeur de 25 ans," con- firme la renonciation par lui ci-devant faite à la succession de sa mère Marie Gaudart, par acte au Châtelet de Paris, du 24 Avril 1651, et renonce d'abondant etc., etc.

P. S. (No. 2.) Dans le même voyage récemment fait à Québec, j'ai trouvé, dans un ancien registre des insinua- tions, conservé au greffe de cette ville, copie d'un acte passé à la Rochelle, le 1er Juillet 1689, qui me porte à croire que M. Bibaud a commis une erreur en donnant le 22e jour d'Avril 1673, comme étant le jour du décès de M. de Lauson de Charny, Prêtre ; erreur qui se rencontre par conséquent dans mon article sur la famille des Lauson, tel qu'il a été rédigé et tel qu'il est déjà imprimé, ayant cité cette date d'après M. Bibaud. Il paraît que M. de Lauson, Prêtre, vivait en- core en 1689. La copie de l'acte du 1er Juillet 1689, a été enregistrée au Greffe de la Prévôté de Québec, le II Novem.-

9-2

bre de la môme année. (1) C'est un acte par l.Hjiicl, M. Char- les de Lauson, Prêtre, " demeurant en cette ville, (c'est-à- dire à la Rochelle), chez les Révérends Pères Jésuites, a déclaré que la terre de Beaumarchais^ (c'est ainsi que je lis le nom), située dans la seigneurie de Beauport en la Nou- velle-France lui étant dévolue par substitution à cause du décès du Sieur Charles de Lauson, son neveu, il cédait, cède, donne et délaisse, par ces présentes, tous ses droits sur la dite terre, au Sieur Charles de Saint-Denis, son ne- veu, par alliance, etc."

M. Nicolas Juchereau, Sieur de Saint-Denis, fils de Jean Juchereau, Sieur de Maure, et de Dame Marie Langlois, avait épousé, à X^uébec, le 22 Septembre 1G49, Mademoi- selle Marie Thérèse Giffard, fille du Sieur Robert Giflard, Seigneur de Beauport, et de Marie Renouard, sa femme, et sœur de Louise GifTard que M. de Lauson de Charny avait épousée le 12 Août 1652.

Du mariage du dit Sieur Juchereau de St. Denis avec la dite Marie Thérèse Giffard, naquit un enfant qui fut baptisé, sous le nom de Charles, le 2G Décembre 1655, et qui, par conséquent, était le neveu, par alliance, de M. Charles de Lauson, Prêtre, partie à l'acte du 1er Juillet 1689, c'est-à- dire M. de Lauson de Charny qui avait aussi été son par-

(1) Entrée dans le Registre de la Prévôté de Québec, à la da e dii 11 Novembre iG89, découverte depuis ]'ini})ression de ninii article :

•' Lecture faite, randicnce tenant, d'un contrat de donalioii "faite par Messire Charles de Lauson, Prêtre, demeurant à la " Rochelle en faveur de Charles de St. Denis, son neveu, l'acte " de donation passé devant Robusson, notaire eu la dite ville de la " Rochelle, le 13 Juillet dernier, présenté par Nicolas Juchereau, " Sieur de St. Denis qui en a requis riusinuation et déclaré qu î " le dit Charles de St. Denis est Charles Juchereau de St. Denis, " son fils ; nous avons ordonné que le dit contrat sera insinué es '* Registres des Insinuations, de céans, pour valoir et servir ce ^* qu'il appartiendra. "

93

rain. Le Sieur Charles Je Lauson, son neveu, au décès duquel la terre siiuée à Beauport lui avait été dévolue par substitution, ne pouvait être autre que le fils du ^Grand Sé- néchal, baptisé, sous le nom de Charles, le 3 Août 1657 ; et avec lui, s'est éteinte, en toute probabilité, la descendance du S 'léchai, à moins qu'on ne puisse faire voir que le se cond fils, Jean, ait survécu à son trère. Ce serait une preuve assez ditïicile à produire. D'abord, l'acte de dona- nation du 1er Juillet 1689 donne naturellement lieu de pen- ser que le Sieur Charles de Lauson, du décès duquel il fait mention, n'avait plus de frère ; ensuite, son frère, Jean, de- vait être un enfant bien faible qui ne promettait pas d'avoir une longue vie, étant le 6 Décembre 1655, ondoyé- le 21 du même mois, et baptisé seulement le 1er Mars 1656 ; puis, le registre des sépultures, à Québec, manque de 1669 à 1679. A moins de preuve au contraire, il est permis de supposer qu'il a pu mourir dans cet intervalle.

Puisque M. de Lauson c vharny vivait encore en 1689, et qu'il demeurait chez les R. P. Jésuites à la Rochelle, alors ce devait être lui, et non un fils du grand Sénéchal, auquel M. de la Martinière faisait allusion dans l'acte du 20 janvier 1676. (Voici ci-dessus No. 19.)

Anne DesPrès, femme du grand Sénéchal vécut jusqu^'en Mars 1689, ayant été inhumée à Québec le 14 de ce mois. Elle avait eu l'usufruit de la seigneurie de Lauson, ainsi qu'on peut le voir par les Registres de la Prévoté de Québec, aux dates, entre autres, des 4 Sept. 1683, et 26 Juin 1684.

Le Sr. Charles de Lauson, le neveu de M. de Charny, avait épousé, en France, Dame Marguerite Gobelin. Dans les Registres du Conseil Supérieur, il est fait une mention sommaire de leur contrat de mariage passé par devant Julien et Robillard, notaires au Chatelet de Paris, en date du 12 Janvier 1688. Dans ce contrat, le niari est appelé " Char- les Joseph de Lozon, écuyer. Seigneur de la Côte de Lozon, grand Sénéchal de la Nouvelle-France." Il ne vécut donc pas longtemps après son mariage, puisqu'il était décédé dès

04

a\-anl le 1er Juillet 1089. Il ne parait pas qu'il ait laissé aucun enfant. Le contrat de mariage comportait une do- nation universelle au profit de sa femme, ainsi que le cons- tate ia vente que la dite Dame Marguerite Gobelin fit de la seignem-ie de Lauson, le 19 Mai 1690, au sieur Thomas Bertrand, bourgeois de Paris. Puis vient la mention des titres suivants :

lo. Vente par Thomas Bertrand à François Magdeleine Ruette Dauteuil de la dite seigneurie de Lauson, en date du 14 Oct. 1699 ;

2o. Déclaration par le dit Sr. Dauteuil en faveur de George Régnard Duplessis. du 15 oct. 1699 ;

3o. Vente par George Régnard Duplessis et Marie LeRoy sa femme au Sr. Etienne Charest, le 28 Mars 1714.

4o. Vente par Etienne Charest, fils, et Catherine Trotticr de la dite seigneurie de Lauson à Son Excellence sir James Murray, le 12 Février 1765. (Voir encore là-dessus l'arrêt du Conseil Supérieur du 20 Décembre 1706, Ed. et Ord. t. 2, p. 145.)

Enfin il y eut procès, au Conseil Supérieur, entre la dite Marguerite Gobelin et le Sr. Thomas Bertrand, en l'année 1698.

Par l'acte du 19 Mai 1690, la veuve du dit Charles Jo- seph de Lauson, et sa donataire universelle aux termes de leur contrat de mariage, a vendu au Sieur Thomas Bertrand : lo. La susdite Seigneurie de la Citière, concédée, le 15 Janvier 1635, à François de Lauson, qui, dans l'acte de vente, est appelé, '^ Sieur de l'Isle ;"

2o. La Seigneurie de Lauson, " octroyée par la dite com- pagnie, par la délibération du 15 Janvier 1636, à Messirc Jean de Lauson, Conseiller d'Etat, sous le nom de Mtre. Simon Lemaitie qui lui en a passé sa déclaration par de- vant Uuguenicr et Huart à Paris le 30 du dit mois de Jan- vier ;"

3o. La rivière du Petit-Pré, consistant en 28 arpents de front sur ic Fleuve St. Laurent, sur \h lieue de profondeur,

9.5

iivcc 1^' rivage de la nier, Isles, IsloLs el baltarcs étant au- devant des dits 28 arpents et rivière du Petit-Pré, dont la concession avait été faite au Grand Sénéchal, Jean de Lau- son, par son père. Gouverneur de la N.-F. le 1er. Sept. 1652 ;

4o. Une autre Seigneurie entre celle de Lauson et celle de Bellechasse, avec pareille profondeur dans les terres, con- cédée par le mémo au même, le 3 Oct. 1653 ;

5o. Dix arpents de terre, faisant partie de la ferme de la Grange, avec la cour el les bâtiments, concédés par le mê- me au même, le 14 Août 1655 :

6o. La Seigneurie qui avait été concédée par le susdit Gouverneur de Lauson à son fils Louis de Lauson de la Citière et de Gaudarville, le 8 Février 1652 ;

7o. Les terres concédées au même Louis de Lauson par son père le 3 Janvier 1653, près du Cap Rouge ;

8o. Une étendue de terre de 3 lieues de front sur 3 lieues de profondeur, sur le Fleuve St. Laurent, comprenant la ri- vière au Saumon vis-à-vis l'Isle-Verte, concédée au dit Sieur de la Citière par son père, le 15 Avril 1653 ;

9o. Plus 20 arpents de front sur le Fleuve St. Laurent SU'!' une profondeur de 1| lieue, concédés au dit Sieur de la Citière par son père, le 31 Décembre 1653 ;

Et tout cela vendu " moyennant et pour demeurer par la diite Dame de Lauson quitte vers le dit Sieur Bertrand de la somme de quatre mille livres dont elle est, entre autres choses, débitrice envers lui" ! ! !

Il est vrai que plus tard elle adopta des procédés contre le dit Thomas Bertrand pour obtenir la rescision de la ven te ; et un arrêt du Conseil Supérieur du 6 Oct. 1698, les renvoie au Parlement de Paris, on en toute autre cour et Jurisdiction que les parties aviseraient bon être.

Le seul fait que, dans l'acte de vente du 19 Mai 1690, il est dit que la Seigneurie de la Citière était " vis-à-vis ville de Québec," démontre que la Dame venderesse ne connaissait pas ce qu'elle vendait.

Enfin, l'acte contient la déclaration suivante : " Appar-

8

96

tenant à la dite Dame Venderesse en la dite qualité de do- nataire universelle entrevifs du dit défunt Charles Joseph de Lauson, son époux, suivant leur dit contrat de mariage ; auquel Sieur son époux tous ces bii-ns appartenaient tant en qualité de seul et unique héritier de Messire Jean de Lau- son, son père, de Messire Jean de Lauson, Gouverneur do la dite Nou-?elle-France, son ayeul, et des dits François et Louis de Lauson, ses oncles, qu'autrement à quelques titres que ce soit ou puisse être."

Tel est le résuit it de notes que j'avais recueillies sur les membres de la famille des Lauson, qui étaient venus en Canada, et qu'un voyage fait récemment à Québec m'a fourni l'occasion de rendre aussi complètes que possible. L'article est un peu long, il est vrai ; mais il est bon de faire remarquer qu'il faut, pour convaincre certaines person- nes, une surabondance de témoignagnes.

L. H. L.

VICE-ROIS ET LIEUTENANTS GENERAUX

DES

Une liste chronologique des grands personnages qui ont eu la haute main sur les Colonies Françaises en Amérique, et en particulier sur le Canada, ne devra pas être sans inté- rêt pour les amis de l'histoire. Nous avons une liste com- plète des Gouverneurs et Administrateurs de cette Colonie, préparée par feu M. le Commandeur Viger ; mais personne n'a publié encore, que nous sachions, la liste complète des Yice-Rois et Lieutenants-Générau?c, et autres hauts person- nages commissionnés par les Rois de France pour exercer dans leurs possessions d'Amérique une autorité supérieure à celle des gouverneurs locaux, et qui, par conséquent, ont dii s'intéresser à la colonisation et au gouvernement du Canada.

D'abord, notre but était de ne parler que de ceux qui ont exercé cette autorité avec le titre de Vice-Roi, comme Ro- berval, Soissons, Condé, Montmorency, Ventadour, Dam- ville, Feuquières, d'Estrades, et les deux d'Estrées, père et fils. Mais, pour ne pas interrompre la chaîne chronologi- que, nous avons inclus dans cette liste tous ceux qui, depuis Jacques Cartier, ont eu des pouvoirs et des attributions à peu près analogues à celles de ces grands dignitaires.

Les Amiraux de France avaient aussi de l'autorité sur Tes Colonies, ainsi que ceux qui les remplacèrent, de 1626 à 1669, sous le titre de Grands Maîtres, Chefs et Surinten- dants de la Navigation et Commerce de France. Le Duc de Montmorency était Amiral depuis 1612, lorsque, en 1626 il se démit de cette charge qui fut supprimée le 16 Janvier de cette année, par un Edit qui substituait à la place la charge de Grand Maître, Chef et Surintendant Générai de la Navi- gation et Commerce de France que le Cardinal Duc de Ri-

98

ciielicu oxercj-a jiis(iu'a «a mort, anivôo en Hii>. Il (.■ni j)our successeurs dans celte charge, le Duc do- Maillé-Hrézé, en IG42, 5 Dec, la Krin*^ Régente, en IGIG, 4 Juillet, le Duc de Vendôme en 1G50, 13 Mai, et le Duc de Heanlbrt, fils de ce dernier, en 1CG5, mois d'Octobre, en survivance de son père, (a)

En Novembre 1G69, cette charge fut supprimée et celle d'Amiral rétablie. Avec le titre de Grand Maître, Chef et Surintendant Général de la Navigation et Commerce d<; France, Riehelieu exerrait tous les pouvoirs à la fois et mê- me ceux des Vice-Rois, comme on le verra plus loin.

JACQUES CARTIER.

Le 30 Avril 1534, ai)rès serment pieté devant Messirc Charles de Moiiy, Sieur de la Meillerayc, Vice-Amiral de France, Jacques Cartier part de St. Malo, et vient à l'Isle de Terre-Neuve et dans le Golfe St. Laurent pour prendre possession du sol au nom de son Roi. Muni d'une Com- mission de Capitaine Général des Vaisseaux, il revient l'an- née suivante pour continuer ses découvertes. Parti de St. Malo le 19 Mai, il arrive à l'embouchure du Saguenay le 1er Septembre ; le 13 il entre dans la rivière Sic. Croix (au-

(a) Puisque les charges d'Amiral et de Vice-Amiral furent sup- primées pendant cette période de temps, de 1626 à 1669, Mr. Cousin, dans des articles sur le Cardinal Mazarin, publiés dans le Journal des Sava)its, 1835-56, ikW. donc une erreur en disant :

" Le Duc de Vendôme réconcilié avec la lleinc, reçut un jour <' de sa main ce titre de Grand Amiral de France, qu'il avait si " longtemp^j ixjur.suivi en vaiu pur les roules les plus hazardeuscs. " Il obtint mcmc la survivance de cette charge jxjur son lils ca- '< Jet, le Duc de Beaufurt qui avait voulu assassiner Mazarin."

A pins d'un eiulroit il donne encore le tîlre de Grand Amiral au Duc de Vendôme. Or le Duc de Vendôme ne fut jamais Grand Amiral, mais " CJrand Maître, Chef et Surintentlant Général de la Navigation et Commerce de France," cluirge qu'il reçut en cflct des mains de la Reine, i(Annc d'Autriche.) en 1G50 et qu'il rcuTplil iu"!qu'à S!i m"»rl.eii 1()'>.">.

99

jourd'hui St. Charles) avec ses trois vaiss<iaux, et le 2 (octo- bre il visite la Bourgade d'Hochelaga, près da Mont-Royal. Le 3 Mai 1536, Cartier fait planter à Québec, avec grande pompe, une croix haute de 35 pieds, sur laquelle était un écusson aux armes de France portant ces mots en lettres Romaines : Franciscus Primus Dei Gratid Francorum Rex

Régnât.

ROBERVAL.

En 1540, Jean-François de la Rocque, Seigneur de Rober val, obtient de François 1er le litre de " Lieutenant et Gou- verneur pour le Roi dans le pays de Canada et d'Hochelaga," et Jacques Cartier est pourvu d'une commission de '* Capi- taine Général et Maître Pilote de tous les navires et autres vaisseaux de mer." Muni de pleins pouvoirs, de la part de Roberval, Gouverneur en titre, il part de St. Malo, le 23 mai, pour faire son troisième voyage dans la Nouvelle-France. Roberval y vient lui-même en 1542, pour aider Cartier à fonder un établissement; mais il rencontre celui-ci au havre <le St. Jean et ne peut réussir à le faire revenir sur ses pas.

Charlevoix dit " qu'une simple commission étant trop peu de chose pour une personne de la considération de M. de Roberval, le Roi, par des lettres patentes qui sont insérées dans l'état ordinaire des guerres en chambre des comptes de Paris, datées du 15 janvier 1540, déclara celui-ci Seigneur de Norimbègue, son Vice-Roi et Lieutenant Général au Canada, Hochelaga, Saguenay, Terre-Xeuve, Belle-Ile, Car- pon, Labrador, la Grande Baie et Baccalaos, et lui donna dans tous ces lieux les mêmes pouvoirs et la même autorité qu'il y avait lui-même."

LE MARQUIS DE LA ROCHE.

Après les tentatives infructueuses du Sieur de Roberval pour coloniser le Canada, il semble y avoir eu suspension dans les projets d'établissements ; les uns disent jusque sous Henri IV, mais M. Pol de Courcy, dans sa Biographie du

100

Muiiinisj <.l<-" 1-H Roche, ci le une commission tle Henri III', en date de 1577, donnant à ce dernier " le pouvoir de venir aux Terret?-NeuYes prendre possession, sous la protection de la France, de tout pays qui ne serait pas déjà possédé par un prince allié," M. de Courcy soutient par im raisonnement qui a beaucoup de plausibilité, que ce fut en vertu de cette commission de Henri III, que le Marquis de La Roche lit son expédition de l'Ile de Sable, bien que Champlain, Char- levoix et tous ceux qui ont écrit depuis, aient dit que ce fut en vertu d'une commission de Henri IV, de 1598. Cette dernière commission, datée du 15 janvier, lui conférait le litre de " Lieutenant-Général pour le Roi es dits pays de Canada, rioclielaga, Terres-Neuves, Labrador, Rivière de la Grande Baie de Norimbègue, &c., &c."

Lescarbot, au chapitre 3 de son Histoire de la Nouvelle- France, page 18, dit :

" En l'an mil-cinq-cens quatre-vingts-seze, le Sieur Mar- " quis de la Roche, Gentilhomme Breton, ])rétendant habiter " la Nouvelle-France, et y asseoir des Colonies Françoises, " ^uicant la permission quHl en avait du Roy, il y mena '^ quehpu; nombre de gens, lesquels ( i)our ce qu'il ne " cognoissoit point encore le païs) il déchargea en l'Ile de " Sable qui est à vingt lieues de terre ferme, un peu plus au " Sud que le Cap Breton." Il ajoute que le Manjuis de la Roche retourna en France, laissant à l'Ile de Sable les gens qu'il y avait débarqués et qui y " demeurèrent l'espace de sept ans, vivans du laictage de quelcpies vaciies qui y sont, de la chair d'icelles, et de pourceau, et de poissons." Il dit aussi que La Roche, à son retour en France, fut fait prison- nier par le Duc de Mercœur, Chef de la Ligue.

Tout cela tend à prouver l'incertitude de la date du voya- ge du Marquis de la Roche. Aj)rès avoir donné la date de 1596, comme ci-dessus, ajoutant que le Marquis avait la permission du Roy, Lescarbot reproduit plus loin la com- mission accordée à la Roche en 1598, ])ar Henri IV. Comme le fait remarquer M. de Courcy, si La Roche fut fait prison.

101

nior par le Duc de Mercœnr, commj Chef dv ki Ligue, au îelour de son expédition de Plie de Sable, cette expédition ne peut pas avoir eu lieu en 1598, puisque cette même année le Duc de Mercœur avait fait sa paix, renoncé à toute espérance de régner sur la Bretagne, et ne pouvait plus emprisonner personne.

Quoiqu'il en soit, dans l'intervalle des deux commissions de la Roche, en 1588, Jacques Noël et un Sieur Chaton, neveux de Jacques Cartier, obtinrent de Henri III le com- merce exclusif du golfe et du fleuve St. Laurent. Un Sieur Ravaillon leur succéda en 1591.

CHâU¥§3^.

En 1599, le Sieur Chauvin, de Normandie, Capitaine pour le Roi en la Marine, obtint une Commission de Sa Majesté, vint à Tadoussac faire la traite des Pelleteries avec les Sau- vages, mais il ne réussit pas à fonder un établissement. Il avait le titre et les pouvoirs du Marquis de La Roche, mais l'entreprise était à ses frais et dépens, tandis que l'expédi- tion de La Roche avait été faite aux frais de l'Etat. Chau- vin ne songeait qu'aux profits de la traite et mourut sans avoir rien fait pour la colonisation et sans avoir rempli ses .engagements.

LE COiVSSVlANDEII^ DE CHATTES.

Après la mort de Chauvin, le Commandeur de Chattes, *' dans des vues très-chrétiennes," dit M. de Champlain, obtint une Commission de Sa Majesté et tenta la quatrième entreprise d'un établissement dans la Nouvelle-France. Pont-Gravé fut chargé de cette expédition, comme naviga- teur, et M. de Champlain fit son premier voyage avec lui, .en 1603. La Commission spéciale du Commandeur de Chattes lui conférait cette charge avec le titre de Lieute- nant-Général du Roi et Gouverneur en Amérique, depuis ^e 40e jusqu'au 52e degré de latitude.

CQmme nos historiens ont dit peu de choses de ce person-

iuige, nous croyons ilevoir ajouter les détails suivants |K>ur le faire connaître davantage. Dans la " Collection des Do- cuments inédits sur Tllistoire de France" par Berger de Xivc- rey, on trouve, au bas d'une lettre de Henri IV à M. de Buzenval annonçant l'arrivée du Roi à Dieppe, le 27 Aoi1t 1589, la note suivante sur le Commandeur de Chattes, ou Chaste, qui était alors Gouverneur de Dieppe :

" Aymar de Chaste, Chevalier de Malte, Commandeur de Lornieteau, Lieutenant du Roi au Bailliage de Caux, Gouverneur de Dieppe, Ambassadeur en Angleterre, Grand Maître de St. Lazare et Abbé de Fecamp, était le troisième fils de François, baron de Chaste, et de Paule de Joyeuse. Il rendit à la France un immense service en excitant les Dicppois, dès le 6 Août, à reconnaître Henri IV, en lui adressant immédiatement leur serment de fidélité, en lui ou- vrant sans conditions, au commencement de son règne, uae ville qui lui assura la libre communication avec l'Angle- terre et lui permit ainsi de résister victorieusement aux for- ces supérieures du Duc de Mayenne. M. de Chaste devint Vice-Amiral de France et mourut en 1602."

Nous extrayons d'un ouvrage peu connu et très-digne d'être cité, les détails suivants sur l'arrivée du Roi à Dieppe :

" Henri IV se mit à la tête de deux cents chevaux, tra- versa la Haute Normandie, malgré le danger d'y être pris par les partis de la Ligue qui couvrait tout le pays, et se rendit aux portes de Dieppe, le 26 de ce mois d'Août. Les bourgeois n'apprirent sa venue que quelques instants plus tôt, par deux de ses cavaliers qui s'étaient détachés une demie-lieue en avant et avaient accéléré leur marche. Cette honorable surprise mit toute la ville en mouvement. Le gouverneur monta à cheval pour aller au-devant de lui avec sa cornette blanche ; mais à peine fut-il sorti de la porte de la Barre qu'il rencontra dans ce faubourg Sa Majesté. M. de Chaste sauta de cheval, lui rendit hommage, et ajouta qu'il venait remettre dans ses mains son gouvernement, afin qu'elle en disposât comme elle le jugerait convenable. Henri

10:;

IV lui dit : " Ventre S;iint-Gris, je ne eoiinnis pcrf^oniic (jui en soit plus digne que vous."

" Le Roi n'attendit pas le compliment qu'allait lui faire le plus ancien des officiers municipaux, en lui présentant les clefs de la ville ; ce bon prince, en les abordant leur dit ces mots, qui, des cœurs de nos pères ont passé dans les nôtres :

" Mes amis, point de cérémonies, je ne demande que vos cœurs, bon pain, bon vin, et bon visage d'Hôtes." (Mé- moires chronologiques pour servir à V Histoire de Dieppe. Paris 1785.)

Une mention très-honorable du Commandeur de Chattes se trouve dans la lettre suivante de Henri IV à la reine d'Angleterre, en date du 20 Avril 1605, extraite de la collec- tion de documents inédits sur l'histoire de France, citée plus haut :

Très-haute, très-excellente et très-puissante princesse, nostre très-chère et très-amée bonne sœur et cousine. C'est avec grand regret que nous n'avons peu despescher plustost par delà quelque personne de qualité pour assister à la cé- rémonie de l'Ordre de la Jaretière, et y prendre possession de nostre place de chevalier, suivant ce qui est porté par les Statuts du dict ordre. Mais la diversité des affaires qui nous sont survenues ne nous a permis de ce faire jusques à ceste heure, que nous envoyons pour cet effect le Comman- deur de Chattes, conseiller en nostre Conseil d'Estat, Capi- taine de cinquantes hommes d'armes de nos ordonnances, gouverneur de nostre ville de Dieppe, et l'un de nos Lieute- nants Généraux au gouvernement de Normandie, vous priant excuser ce retardement et trouver bon que le dict Commandeur assiste de nostre part à la dicte cérémonie, y représente nostre personne et satisface à ce qui est porté par les dicts statuts, et au reste le croire comme nous mesmes ; qui prions Dieu, très-haute, très-excellente et très-puissante princesse, nostre très-chère et. très-amée bonne sœur et coii-

1U4

sim-, i[u'il \uiis uyt vn sa suiiilc et diurne garde. Esoript à Paris, lo 20 jour d'Avril IGOO.

Voslro bon IVère et eonsin.

IIkvri De Nenfville.

IVIM. Berger de Xiveuky cité plus haut, et Fréville, dans son Mémoire sur le Commerce Maritime de Rouen, sont évidemment dans l'erreur en disant que le Comman- deur de Cliatles mourut en 1602. Il mourut jicndant le premier voyage de M. Samuel de Champlain au Canada entrepris sous ses [)ropres auspices en 1603.

DE MONTS.

Le Cominandeurde Chattes étant mort durant l'expédition de Pont-Gravé, le Sieur de Monts obtint une Commission tle Lieutenant-Général du Roi, en Novembre 1603, pour conti nuer cette entreprise et sollicita les servicesde Samuel de Cham- plain qui fut l'âme de celte nouvelle expédition et de toutes celles qui se firent ensuite. Le Sieur de Monts éprouva bien des vicissitudes et des contretemps à cause de l'avidité des négociants. Sa première Commission fut révoquée, mais il en obtint une autre et persévéra courageusement dans ses projets. Ce fut en qualité de son Lieutenant que M. de Champlain vint fonder Québec en 1608. Son privilège expira le 7 Janvier 1609, et pour continuer son entreprise, il dut le faire avec la compétition des Marchands qui gâtèrent le com- merce des pelleteries par la trop grande avidité du gain. Ces embarras ne découragèrent pas Chamj^lain qui trouva le moyen de les surmonter. " Il me sembla à propos, dit-il, " de me jeter entre les bras de quelque grand, duquel l'au- ^' torité peust repousser l'envie."

Il s'adressa en conséquence à M. le Comte de Soissons, prince pieux, qui obtint Commission de Sa Majesté pour favoriser l'établissement de la Nouvelle-France.

10.5

LE COMTE DE SOÏSSOI^S.

Charles de Bourbon, Comte de Soissons, Pair et Grand Maître de France, donna une Commission de Lieutenant à M. de Champlain en date du 15 Octobre 1612. Dans cette Commission, il prend lui-même le tîlre de Lieutenant Gér néral pour le Roi au pays de la Xouvelle-France. Moreau de Saint Mery, dans son ouvrage sur les " Lois et Consti- tutions des Colonies Françaises" de l'Amérique sous le Vent, le met au nombre de ceux qui ont eu Commission de Vice-Roi ; et comme il donne la date précise de cette Com- mission, 8 octobre 1612, il doit avoir puisé à bonne source. De nos historiens lui donnent aussi ce titre et le représentent comme le premier de nos Vice-Rois ; mais Charlevoix, comme on Ta vu déjà, cite une commission donnant ce titre à M. de Roberval dès l'an 1540. Selon lui, par consé- quent, Soissons serait le 2d Vice-Roi.

Quoiqu'il en soit, le Comte de Soissons ne fut pas long- temps Vice-Roi, la mort l'ayant frappé dès le lerNov. 1612, âgé de 46 ans seulement.

LE PRINCE DE CONDE.

Henri de Bourbon II, prince de Condé, premier prince dn sang, pair et grand maître de France, à la sollicitation de M. de Champlain, voulut -bien donner sa protection à l'en- treprise de la Nouvelle-France après la mort du Comte de Soissons. Il fut nommé Vice-Roi le 20 Xov. 1612 et, comme son prédécesseur, il choisit M. de Champlain pour son Lieutenant, lui conférant par là, dit Poirson, le gouverne- ment militaire et politique, et de plus, l'intendance ou l'ad- ministration civile de ces pays, et lui donnant charge de former une association entre les personnes qu'ils jugerait le plus capables de servir à la fois la colonisation et le commerce. Champlain établit en peu de iemps une nouvelle compagnie pour régulariser le commerce et les travaux d'établissement La faculté d'y entrer, au moment de sa formation, sous la

seule condition de ( (.nitrilnuT iiu cnpilid s<.tci:il, lut DlltMii; non scultuncnt à tons les njarcliands du royaume, mais encore à tous les bourgeois cl à tous les nobles, puisque Cliamplain et deMonts, qui luisaient jiartie du corps de lu noblesse, en devinrent membres et (jue de Monts donna i)ro- curation à Cliamplain " de le faire entrer dans ces sociétés de telle somme qu'il adviseroit estre bon pour luy," L'«i compagnie, ime l'ois constituée, devait avoir le i)rivilég(î exclusil" du commerce de l'Amérique en ce (jui concernai^ les castors et autres jx-llelcries.

Après la mort de Henri IV, assassiné en 16 LO par Ravail- lae, il s'était formé des factions à la cour de France, à cause de la faiblesse du nouveau gouvernement. La Reine Marie de Médicis avait été nommée Régente et Concini, nonm>é Maréchal d'Ancre, cxcrcjait sur elle un grand empire. L'al- liance de Louis XIII avec une infante d'Espagne augmenta le mécontentenKml. Le Prince île Condé avait rendu publics ses griefs contre l'état de clioses d'alors, dans un manifeste violent qui attaquait surtout le Maréchal d'Ancre. Il fut arrêté le 1er Septembre 1616, au milieu du Louvre par Thé- mines qui fut alors nommé ISIaréchal de France.

Cependant, Charlevoix semble penser que Thémines et Condé agissaient de concert. Il se trompe vraisemblable- ment, au moins il est en désaccord avec les autres liisto" riens, lorsqu'il dit : " Le prince croyait faire beaucoup en " prêtant son nom ; d'ailleurs, les troubles de la Régence " qui lui coûtèrent alors la liberté, et les intrigues qu'on ijt " jouer pour lui ôter le tîtrc de Vice-Roy et pour faire révo- " quer la Commission du Maréchal de Thémines, à qui il " avait confié le Canada pendant sa prison.'"

THEMINES.

Pendant la détention du Prince de Condé qui, comme on peut le penser, ne pouvait pas remplir les devoirs attachés à ses charges, le maréchal Pons de Lausièic-Tliémines-Car- .daillac oi^tint de la Reine Régente la charge de Lieutenaiit

107

de Roy en la Nouvelle France. M. de Cliainplain nou5 dit qu'il obtint de lui une Commission de Lieutenant pen- dant la détention du Prince. Moreri dit que ce Maréchal, descendant de la maison considérable des Seigneurs de Lausières, avait épousé Marie de la Noue Bras-de-fer, fille d'Ode^, dit François^ Seigneur de la Noue. Il mourut Gou- verneur de Bretagne, !e 1 Novembre 1627, âgé de 74 ans.

LE DUC DE MONTIVIOREMCY.

Le Prince de Condé ne conserva pas longtemps la char- ge de Vice-roi après sa détention. Il la céda, le 10 Février 1620, à son beau frère le Maréchal Duc de Montmorency, pour la somme de onze mille écus. M. de Champlain fut continué Lieutenant de ce nouveau Vice-roi et honoré d'u- ne lettre de son Souverain en témoignage d'estime et de confiance. Occupé dans les guerres du royaume il se distinguait par sa valeur, le Duc de Montmorency se démit de sa charge de Vice-roi de la Nouvelle-France, en 1624.

LE DUC DE VENTADOUR.

Henri de Lévis, Duc de Ventadour, Pair de France et Lieutenant-Général pour le Roi au Gouvernement du Lan- guedoc, acheta du Duc de Montmorency les intérêts qu'il avait dans la Société de la Nouvelle-France et sa charge de Vice-roi " dans le désir et le dessein de faire fleurir la gloi- re de Dieu dans ces pays barbarres," selon l'expression de M. de Champlain. Il obtint commission du roi à cet eflet au commencement de 1625. Il choisit M. de Champlain pour son Lieutenant et cette même année, il envoya à ses frais et dépens, pour la conversion des Sauvages, six Pères Jésuites dont le zèle lui était bien connu. La Commission qu'il donna à M. de Champlain porte la date du 15 février 1625, et elle représente comme ses " prédécesseurs en la dite Lieutenance-Généralle," le Com- te de Soissons, le Prince de Condé et le Duc de Montmo- rency, sans faire mention du Maréchal de Thcmines, qui

108

n'avciit pas eu, comnc eux, le titre de Vice-roi. Le Duc de Ventadoui" se démit de sa charge de Vice-Roi en juin 1G27, car en date du 30 de ce mois, AI. de Lauzon, écrivant do Paris au Cardinal do llielielieu, dit : " J'cxécutay hier vo- " tre commandement ayant par devers moi, la démis- " sion do Vice-roi do la Nouvelle France, laquelle je me " propose do vous mettre en main propre."

M. de Lauson était l'un des membres de la compagnie de la Nouvelle-France et le Duc de Richelieu était alors Grand Maître, Chef et Surintendant Général de la Naviga- tion et Commerce de France, depuis le mois d'Octobre 1626. Les lettres patentes qui créaient cette charge en faveur de 'Richelieu, supprimaient les charges d'Amiral et de Vice- Amiral mais laissaient subsister celle do Vice-Roi.

Cependant, le Duc do Vcntadour, s'étant démis volontaire- ment de cette charge, comme il se démit plus tard de sa dignité de Duc pour se faire chanoine de l'Eglise de Paris, ne fut pas nnnphicé pendant l'administration de Riche- lieu.

RICHELIEU.

Sans avoir le titre de Vice-Roi, ni do Lieulenaut-Généra. pour le Roi, le Cardinal Duc de Richelieu, comme grand maître, chef et surintendant général de la navigation et com- merce de France, exerçait évidemment dans les colonies la même autorité. Le 27 Avril 1628, le Roi envoya une com- mission à Champlain, dans laquelle il lui donnait le litre de " commandant, en la NouvelU;-France, en l'absence de notre " très-cher et bien aimé cousin le Cardinal do Richelieu, " Grand-Maître, Chef, Surintendant Général do la Naviga- " tion et Commerce do France." Cotte; Conmiission parlait en même temps à Mr. de Champlain des intérêts de la Compagnie do la Nouvelle-France dite des Cent Asso- ciés pour le Commerce du Pays.

A son retour à Dieppe, après l'occupation de Québec ))ar les Anglais en 1629, Mr. de Champlain dit qu'il reçut du

109

Capitaine Daniel revenant du Cap ijicton il ^'élait cnis paré de l'habitation d'un Milord Ecossais, "quelques lettres " tant de Monsieur de Lozon surintendant des all'aires de la " Nouvelle-France , que de ]M(^ssieurs les Directeurs " avec une Commission," de leur part. Cette Commission des Intendant et Directeurs de la Compagnie de la Nou- velle-France, au Sieur de Champlain, l'un des associés, n'était que provisoire, étant donnée à la hâte, au départ des vaisseaux, lorsqu'il était trop tard pour avoir celle de Sa Majesté et de Monseigneur le Cardinal, alors absents de Paris. Cette Commission provisoire, datée de Paris, le 21 de Mars 1629, et signée de Lozon, Robineau, Alix, Barthé- lémy, Quantin, Bonneau, Quantin, Houel, Haquenier et Castillon, donnait à Mr. de Champlain le pouvoir " de gou- verner et commander pour le service de Sa Majesté, en l'ab- sence de Monseigneur le Cardinal au pays de la Nouvelle- France." Tout se faisait alors par les associés sous le bon plaisir de Sa Majesté et de Monseigneur le Cardinal.

Cette Commission ne lui fut d'aucune utilité, puisque sans secours, il avait été obligé de laisser Québec aux mains des Anglais; mais en 1632, cette place fut remise à la France ; et INI. de Champlain en fut de nouveau nommé gou- verneur ou commandant, l'année suivante, la Compagnie de la Nouvelle-France ayant repris tous ses droits et privilèges.

A la mort de M. de Champlain, le 25 Décembre 1635, M^ Bra&-de-Fer de Chateaufort, Commandant au Trois-Rivières, fut chargé de gouverner pour Mgr. le Duc de Richelieu, par lettres patentes des Messieurs de la Compagnie, en atten dant le successeur nommé par le Roi, qui fut M. de Mont- magny. Chevalier de St. Jean de Jérusalem.

MAILLE BREZE.

Richelieu étant mort à la fin de' l'année 1642, fut rem- placé comme Grand-Maître, Chef et Surintendant Général de la Navigation et Commerce de France, par le Duc de Maillé Brézé, qui est mentionne dans la 3dc Commission

()f>niu(' par le Roi a M. de ÎNIontiiingny, en dalc du G .In in 16 15, comme ayant voix délibérativc dans les aflaires de la Colonie.

LE DUC DE DAMViLLE.

Bien que dans la Commission do M. de Montmagny, citée })lns liauf, il ne soit pas question du Vice-Roi d'Amérique, il est cependant de fait qu'à celte date, François Christophe de Levis, Duc de Darrtville, frère du Duc de Vcntadotir, était en possession de ce tîlre, en vertu de Lettres^ Patentes du mois de Novembre 1614. Le Duc de Damvillc obtint en 1655 des provisions confirmatives de celles de 1644. On les trouve dans Moreau de Saint Méry, et comme ce sont les plus an- ciennes provisions de Vice-Roi que cet auteur ait pu se pro- curer, il ne sera pas sans intérêt de les reproduire ici. Elles font connaître les droits et les attributions de cette charge, ainsi que les faits nombreux qui y sont relatés. On y voit que c'est Comme .^lucccsseur du Duc de Ventadour que le Duc de Damvillc est nommé à cette charge de Vice-Roi, le premier s'en étant " démis volontairement en suppliant le Roi d'y pourvoir de qrKîlque personnage qui s'en put digne- ment acquitter."

Lettres de Provisions delà charge de Vice-Roi et Lieute- nant-Général pour le Roi, Représentant sa personne, dans tous les Ports, Havres, Isles, Côtes, Rivières et Terre ferme de l'Amérique, données à M. le Dur.

d'Ampvillc.

Du mois tle Juillet 1655.

Louis, etc. A notre trés-clier et bien amé Cousin le Duc cl' Vinp- ville, pair de France, Comte de Biron : Salut. Comme ainsi soit que par nos Lettres-Patentes du mois de Novembre 1644, nous vous avons fait, constitué, ordonné et établi Vicc-Koi et notre Lieutenant (Jénér.al,, repié- eentant notre personne dans toutes les Isles, Cotes et Terre fi^mic de l'Amérique, tant celles qui sont habitéps que celles qui le seront ci-aprés ainsi qu'il est porté par nos dites Leltrofe-Patentes, lesquelles vou« n'avez fait vérifier en nOtie cours de rarleincnt de Tarie daiih l'année de

111

i 'expédition d'icelles, ayant pour ce besoin de nos Letties sur ce îiéces- saires. Voulant de toute notre affection continuer le même dessein que les défunts Rois Henri le Grand notre aïeul, et Louis XIII notre très- honoré Seigneur et Père, avaient de favoriser la bonne intention de ceux qui avaient entrepris de rechercher et découvrir es pays de l'.lmérique, des terres, contrées, et lieux propres et conjmodes pour faire des habi- tations capables d'établir des Colonies, afin d'essayer avec l'assistance de Dieu, d'amener les peuples qui en habitent les terres à sa connais- sance, et les faire policer et instruire à la Foi et Religion Catholique, Apostolique et Romame, et par ce moyen y établir notre autorité, et in- troduire quelque commerce qui puisse apporter de l'utilité à nos sujets : ayant été informé que par les voyages faits le long des Côtes et Isles, desquelles nos prédécesseurs en auraient fait habiter quelques unes, il a été leconnu plusieurs Ports, Havres, et lieux propres et bien commodes pour y aborder, Habiter et donner un bon et grand commencement pour l'entier accomplissement de ce dessein, et aussi pour y découvrir et chercher chemin facile pour aller au pays de la Chine, de Monoa et royaume des Incas, par dedans les Rivières et Terres feraies du dit pays, avec assistance des habitants d'icelles : pour faciliter laquelle en- treprise ils auraient par Lettres-Patentes du 8 Octobre 1612 donné la charge d'icelle à feu notre très-cher et bien amé Cousin le Comte de Soissous, et icelui fait Gouverneur et notre Lieutenant-Général du dit pays pour y représenter notre personne et amener les peuples d icelui pays a la connaissance de Dieu, et les faire instruire à la Foi et Religion Ca- tholique, Apostolique et Romaine, ainsi qu'il est plus au long porté par les dites Lettres, et depuis son décès à feu notre très-cher et bien amé consin le prince de Condé, et ensuite aussi à feu notre très- cher cousin le Duc de JVJoutmorency qui s'en serait volontairement démis en faveur de notre aussi très-cher cousin le Duc de Ventadour ; lequel y désirant voir un progrès selon le dit dessein, et ne pouvant y vaquer selon sou zèle, pour les autres grandes ^^occupations qu'il avait pour le service de cet Etat, afin de ne laisser une si sainte entreprise qui ne tendait qu'à la gloire de Dieu et bien de nos sujets sans effet, notre dit Cousin le Duc de Yentadour s'en serait volontairement en personne démis entre les mains du feu roi de glorieuse mémoire, et l'aurait supplié d'y pourvoir de quelque personnage qui s'en peut dignement acquitter.

Au moyen de quoi ayant été nécessaire de faire choix de quelque sujet de grande naissance et condition, dont la vie à l'honneur vie Dieu, le courage et dévotion à notre service nous fussent connus, et qui eut les qualités propres pour, en notre ab&ence et par nos ordres, régir et gouver- ner les peuples qui sont à-présent et qui seront ci-après en ces quartiers ; sachant en cela ne pouvoir faire une plus digne Election que de vous, pour la connaissance que nous avons de votre valeur, courage, grande probité, prudence et expérience, qui nous fait croire que vous vous acquitterez très-dignement de cet emploi, ayant en vous toutes les qua- lités requises ; nous vous avons confirmé et en tant que besoin seroit, vous avons fait, constitué, ordonné et établi, confirmons, ordonnons et établis- sons par ces présent s eignées de notre main, en la dignité et titre de Vice-Roi, représentant notre personne dans toutes les Rivières, Ports, Ha- vres, Isles, Côtes et Terre ferme de l'Amérique, tant celles qui sont habi- tées par nos sujets, eue de celles qui le seront ci-après, comme Guyana, que de celles qui débordent de part et d'autre les Rivières des Amazones, Orénoc, Amacousa; Eschiel et Berbichc; que de tons les autres lieux, cou,-

112

trées, endroits sans nul excepter, qui ne eoul occupés par aucun princ* chrétien, allié de la France ; pour en la dite qualité de Vice-Koi et notre Lieitenant-Ciéiiéral y commander en tout le dit pays de 1 Amérique et par de-là, tant et si avant que vou^ pourrez éleiidrc et faire étendre no- ire nom, avec plein pouvoir d"y étabUr votre autorité, et y a.'^sujettir, sou- mettre et f lire obéir tous les peuples de.'^ dites terres circonvoi.snies, les apptlaat par toutes les voies les plus douces qui se pourront à la con- naissance de Dieu, à la lumière de la Foi et de la Religion Chiétienno Catholique, Apostolique et Romaine, y en établir 1 exercice à 1 exclu- sion lie toute autre ; défendre les dits lieux de tout votre pouvoir, main- tenir et conserver les dits peuples, et tous autres habitués es dits lieux, en paix, repos et tranquillité ; y commander tant par mer que par terre, ordonner décider et faire exécuter tout ce que vous ou ceux que vous y commettrez, jugerez se devoir ou pouvoir faire pour la manutention et conservation des dits lieux sous notre autorité et obéissance, par les fer- mes voies et moyens prescrits, ou les plus approchans qu'il se pourra de nos ordonnances

Avoir soin de faire vivre les gens de guerre qui seront établis en gar- nison, en bonne union, concorde et intelligence, en sorte qu il ne s'y commette aucnn desordre ; ei pour y vaquer avec vous, commettre, éta- blir, constituer, tous officiers, tant en affaire de la guerre que de la jus- tice et police ; pour la première fois et de en avant nous le.s nommer et présenter, pour à votre nomination être par nous pourvu comme nos autres olficiers, à la nomination d aucuns Princes et Seigneurs de notre Roj'aume, prescrivant sous notre bon plaisir, avec avis de gens prudens et capables, des I.oix, ."statuts et Orilonnances, autant qu'il se pourra confoimes aux nôtres, notamment eu choses et matières auxquelles n'est pourvu par icelles.

ïraittr, et contracter en notre nom telles paix, alliances et confédéra- tions, bonne amitié, correspondance et communications avec les dits peuples, leurs Princes ou autres, ayant pouvoir ou commandement sur eux ; entretenir, garder et soigneusement observer les Tiaités et alliances dont vous conviendrez avec eux, pourvu qu'ils y satisfassent de leur part.

ft à défaut, leur faire guerre ouverte pour les contraindre et amener à teîle raison que vous le jugerez nécessaire pour l'honneur, obéissance et service de Dieu, établissement et conservation de notre autorité parmi eux.

Et afin de mieux hanter et conserver paix avec ceux qui seront par vous commiK ou envoyés à l'effet ci dessus, et tous nos sujets avec eux en toute assurance et liberté, leur donner et octroyer giâces, privilèges, charges et honneurs tels que vous aviserez.

Lequel entier pouvoir susdit voulons et ordonnons, que vous ayez sur tou- nosdits sujets ou autres qui se tran'<poi1eroiit et voudront habiter, tra- fiquer, négocier et résider es dits pays et lieux, tenir prendre et reserver à vous et vous approprier de ce que vous voudrez et verrez être plu?i commode et propre à votre clnuge, qualité et usage des dites terres ; en départir telles parties et portions à tola droits et censives que vous avi- serez ; leur donner et attribuer tels titres et honneurs, droits, pouvoirs et facultés que vous verrez et jugerez être bon, besoin ou nécessaire, selon les qualités, con<litions et mérite des personnes ; cultiver et faire habiter les dites Terres le plus prumptement, doxtrément ei ^^oigneus•c- nient, que lo temps, les lieux et endroits d'iceux le pourront permettre : *b fiiire ou faire faire à celte fiu leb déeourcrtws et rccou;iai3?ancc en

l'àendue des dites côtes maiiiimes, et autres contrées de la dite Ten.. ieme, pour essayer de trouver le cheniin et routes faciles pour aller es di.b pays de la Chine, de Ivkuioa et des lucas par dedar^, les Rivières ou leires teimes de« dits Pays; auxquels lieux nous voulons et enten- dons qu'ducinis de nos sujets ne puissent à l'avenir aller découvrir, trai- ter et négocier, laire trafic et commerce avec les habitans des dits iieux, en aucune sorte et manière que ce soit, ni même s*as>ocier pour ce ùiiie avec aucuns étrangers, leur donner avis, adresse ni as.sittauce cans vouo .permi.'ision ou de ceux qu'à ce laire vous commettrez, à peine de cou- tiscaliou des vaisseaux et marchandises, et dix mille livres d amende Cj voue pioiit ; et pour le regard de ceux qui mal aiiectiounés à notre ser- vice se pourraient associer et donner adresse et assistance aux étrangers, seront déclarés lébelles, punis et châtiés exemplairement.

Et pour tirer intérêt des susdites défenses et avancer autant qu'il vgub est possible, ce dessein à la gloire de Dieu, et accroissement de notre cûuionne ; estimant que sous l'autorité de votre charge le commerce y sera plus certain, et plus de personnes s y habitueront, pour le trafic et manufacture de tout ce qui se peut faire es dits lieux ; nous vous avons permis et permettons d établir toutes sortes de compagnies pour telle sorte de traiic que vous aviserez se pouvoir faire es dits paj's, sous votre nom ou tel autre que bon vous sem.blera, y entrer de part, recevoir et associer toutes personnes Nobles, Officiers et autres pour trois mille li- vres et au-dessus à chacun embarquement, sans pour ce déroger à au- cun privilège qui soit acquis, après toutefois que 1-es articles auront été vus et communiqués à notre très-cher et tvés-aœé Oncle le Duc do \endôrae à cause de sa charge de Grand- Maître, Chef et Surintendant du Commerce et Navigation de France, aux droits et pouvoirs de la- quelle nous n'entendons pas que les piésenles puissent en aucune ma- nière que ce soit nuire m préjudicier, et à la charge de prendre ses con- gés et passeports nécessaires à la Navigation et Commerce. Lt pour la direction des dites Compagnies, établir besoin sera, un Bureau et Conseil, y nommer et commettre lelles pei sonnes fidelles et gens de bien, de prudhomie, nécessaire pour la sûreté hors les hazaids de la mer, de 1 argent de ceux qui entreront es dites compagnies, et auxquels, ab- sents comnie présents, par les dits nommés et commis sera fait compte de ce qui pouna revenir ou aux leurs par le meillenr ordre qui sera avi.-é, pour être promptement payé quand il sera demandé après le dit compte lait.

Et parce qus les mines peuvent apporter une grande commodité en cettui notre lioyaume, vous ferez soigneusement rechercher et reconnaî- tre toutes coites de mines d'or et d'argent, cuivre et autres métaux et rninéraox ; iceux fouiller tirer, purger et atfiner pour être convertis e.n usage, et en disposer selon et ainsi qu'il est prescrit par nos Ordonnances et Règlements sur ce fait en ce Royaume, nous réservant sealement le . vingtième denier de ce qui proviendra de celles d or et d'argent ; le sur- plus avec ce qui se tiiera des autres métaux et minéraux ou en cas de 50ciété pour les dites mines, tel droit que vous vous y réserverez, et sur- tout autre trafic des dits pays vous demeurera pour subvenir aux frais et grandes dépenses que la charge susdite vo.us apportera : voulant que pour votre sûreté et commodité et de tous ceux de vos susdits sujets qui s'en iront, habiteront et tratiqueroat es dites Teries, comme généralement de tous autres qui s y accommoderont de notre autorité par votre permission vous puissiez faire birtir et construire un ou plusieurs Fort, Places, ViU&.s «t toutes autres maisons, demeures et habitation!», Ports. Havres. Ra-

traites et logements que vous connaîtrez propres, utiles et nécessaires à l*exécution de la dite entreprise; établir garnison de gens de guerre, à la garde d'ioeux, vous aider et prévaloixaux eliels susdits des Viigabons,

Eersonnes oiseux et sans aveu, tant es Villes qu aux champs ; ensera- le des condamnés à bannissement perpétuel, ou à cinq ans du moins hors de notre Itoyaume, pourvu que ce soit par lavis, consentement et autorité de nos Olliciers, et faisant garder et observer nos f. ois et Or- donnances de la Marine, et autres choses concernant les pouvoirs par nous attribués à la susdite charge de Vice-Koi, et notre Lieutenant Gé- néral représentant notre personne, et laire généralement pour le main- tien et la conservation des Isles, Côtes et Terre ferme qui sont habitées et occupées, et pour la conquête, peuplement et conservation des dits Pays, Côtes et Territoires circonvoisins, et de leurs appartenances et dé- pendances sous notie autorité, ce que noua mêmes lerions ou pourrions faire, si en personne y étions ; jaçoit que le cas requit mandement plus spécial que nous ne vous prescrivons par ces dites présentes, vous don- nant aussi plein et entier pouvoir pour la conduite et direction du peu- plement, culture et distribution des Terres du dit Pays, ( ontinens et Isles circonvoisines, à la réservation de la Souveraineté à nous et à nos ■uccesseurs Rois de France, pour reconnaissance de Foi et hommage de tels droits que vous aviserez, promettant confirmer tout ce que par vous y sera ainsi concédé ; et à cet etl'et, mandons, ordonnons, et très expres- sément enjoignons à tous nos Justiciers, OiHciers et autres nos sujets do ■'y conformer, et à vous reconnaître, obéir et entendre en toutes et cha- cunes les choses susdites circonstances et dépendances, et vous donnent aussi à l'exécution d icelies, toute aide, confort, mainforte et assistance dont vous aurez besoin, et seront par vous requis.

Et pour ce que pour habiter les Terres, les cultiver et ensemencer, il est nécessaire de les défricher et déraciner les bois dont elles sont cou- vertes, et pour ce faire de grands frais, afin d'y subvenir et apporter quel- qu'utilité â nos dits sujets ; nous avons permis et pennettons A ceux qui seront par vous commis à l'effet susdit de faire débiter les dits bnie, en fiaire des cendres es dit^^ '' iv. nour cire amenées et vendues dans notre Eoyaume franches et q < impôts et subsides durant dix aa-

néês. Et pour donner : i:ité à cette notre intention ; nous dé-

clarons pareillement toutes sortes de munhions de guerre, vivres et au- tres choses nécessaires pour l'avituailleraent et embarquement susdits, exemptes, quittes et franches de toutes impositions et subsides quelcon- ques pendant le dit temps.

Et afin que personne n en prétende cause d-ignorance de cette notre intention, et se veuille immiscer en toute ou partie de la charge, dignité ou autre autorité que vous donnons par ces présente», nous avons de no- tre certaine science, pleine puissance et autorité Royale révoqué, suppri- mé et déclaré nul et de nul effet toutes autres provisions, commissions, pouvoirs. Lettres, Expéditions et Concessions sans votre attache, données et délivré' ' .|ue ce soit, pour découvrir, conquérir, peupler» tels qu'ils soient ; voulant ahn d'y renaro uu'- n i ■■i tous ' " et qu'aucun ne n-y en-

tremette avec éviter le |Ue pourrait eau -ser la

diversité de coi.. Mi. i..- " 'i'"': i que de vous, il se

trouverait aucun pouvoir . qu'ils vous soient représentés

dans l'an du premiw T(. .ra sous votre chartro p<}ur y être

par vous donné attache ition si vous jugez quo bon soit.

>1 '.rrivf.rnit des iiroroi f ' pour rai ^y>n (le ro QV\Q dessus, confis-

lia

cations pour contraventions à nos susdites défenses ou déprédations sur les étrangers qui s"y voudraient habituer, et expulser nous ou nos dits sujets, ou autrement en quelque façon que ce soit contredire le contenu de ces présentes, troubler, altérer le dit commerce ou peuplement des dites Terres sous noire autorité, comme chose qui regarde un ordre, rè- glement et accroissement de notre Etat, nous nous en sommes retenus et réservés à nous et à notre Conseil la connaissance, et icelle interdite et défendue à tous autres nos Juges et Officiers quelconques.

Et parce que les Sociétés, accords et traités que nos sujets pourraient avoir et faire avec vous sur le commerce, peuplement et distributions des Terres des dites Isles, Côtes et terres fermes des dits Pays leur seront au commencement à grands frais, et que plusieurs de notre Royaume et des plus riches de pourraient avoir été divertis d'y entrer, par crainte qu'un changement à l'avenir de gouvernement des dits Pays sous notre obéissance, ne leur fît perdre le gain espéré qui leur aurait fait faire les avances nécessaires, et aussi notre intention serait retardée ; nous pour enlever tout prétexte de doute et suspicion, avons vali et validons dès à présent comme pour lors, toutes les sociétés, accords, distributions des dites Terres, et autres traités en conséquence des présentes ; promettant iceux et toutes provisions, commissions et expéditions qui seront par vous faites, concernant l'Amérique, confirmer, agréer, approuver et rati- fier et à cette fin de l'entretien du contenu ci-dessus, et que l'on y ait égard sans jamràs rien faire au contraire par nous ni nos successeuri Rois.

Mandons et ordonnons à notre très cher et bien amé oncle le. Duc de Vendôme, Pair de France, Grand Maître, Chef et Surintendant Général de la Navigation et Commerce de ce Royaume, son Lieutenant et tous autres qu'il appartiendra, que sur ces dites présentes ils aient à donner à notre aussi très cher cousin le Duc d'Ampville, Pair de France, oij à ceux qui seront par lui co i.rcàs ou envoyés en l'Amérique, tous congés et passeports que les Navires et Vaisseaux sont obligés de prendre, al- lant en mer, pour aller et venir, es dites Terres, Côtes et Isles de TAmé- rique, avec les marchandises dont ils seront chargés, et les hommes et femmes qu'on y voudra transporter sans qu'il leur soit fait ni donné aucun trouble ni empêchement, et qu'il soit reconnu es susdits lieux en la dite qualité de Vice- Roi, et notre Lieutenaut-Général, représentant notre personne par tout et ainsi qu'il appartiendra.

Si donnons en mandement à nos amés et féaux Conseillers les gens tenant Cour de Parlement de Paris, et à tous nos autres justiciers, oifi- ciers et sujets de quelque qualité et condition qu'ils soient, chacun en ce qui les concerne et regarde, que sans vous arrêter à la surannation de nos dites Lettres Patentes du mois de Novembre 1644, ci-attachées BOUS le contre scel de notre Chancellerie ni au défaut d'adresse d'icelles vous ayez ensemble es présentes à sa requête, poursuite et diligence •à les faire registrer, lire et publier purement et simplement selon leur forme et teneur es Registres de leurs jurisdictions, pouvoirs et devoirs, et partout besoin sera, sans y faire aucun refus ni défenses au con- traire, nonobstant icelle surannation et défaut d'adresse dont nous avons relevé et relevons notre dit cousin le Duc d'Ampville par ces dites pré- sentes, sans permettre qu'il y soit jamais contrevenu en aucune manière que ce soit ; aius fassent soufinr et obéirtous ceux qu'il appartiendra, et qui pour ce seront à contraindre, nonobstant oppositions et appellations quelconques, pour lesquelles et sans préjudice d'icelles ne voulons être

11(5

Allfûié, f.iiGant cesper en lant qu'ù eux appartiendra, ton-; troubles e*. em- pêi-lieinents «lU contrai e-

Prions et roquénuis tous Rois, Potentats, Princes et autres nos bons nmis Alliés et Confédérés, leurs Ministres, Olticit'rs et tous autres à nous non sujets, vous donner et à ceux qui scro'.it par vous commis et tlélégués toute aide, laveur et assi>tance dont ils seront recjuis pour l'exé- ruti'ti de ce que dessus, otfrant dVn faire le semblable quand requis en serons. Et d'autant que de ces dites présentes Ion pourra avoir affaire en plusieurs et divers lieux, nous voulons qu'au vidimus d'icelles dut- trtpnt collationnées par l'un de nos amés et féaux Conseillers, Notaire? et secrétaires, foi être ajoutée comme au préseut original ; car tel est notre plaisir.

Donné à Laferre, au mois de Juillet, l'an de grâce 1655, et de notre

Signé : LOUIS.

Et p.r.s las. fKir i'- iv 1, i;u LoMEXIE.

Et pcel!é du grand .sceau en cire jaune.

P.. Ouï le Procureur Général du Roi, à la charge de garder les Ordon- nances, Arrêts et Règlements pour le fait de la Marine. A Paris, en Parlement ce 21 Janvier 165.S.

Collationné à 1 original par moi Conseiller Secrétaire du Roi, do la Vice Royauté et du Conseil de l'Amérique.

Signé : Le Covnte.

ISAAC DE PAS MARQUIS DE FEUQUIERES.

Le 30 août 1660 le Marquis de Fenqnières fut nommé Vice-Roi d'Amériqne, à la place de INI. le Duc de Damville. M. le Duc de Vendôme était alors Grand Maître, Chef et Surintendant de la navigation et commerce de France, ayant succédé dans cette charge à Sa Majesté la Reine mère Régenlp, en 1650,

En 16G1, un arrêt âa Conseil d'Etat, " portant ré- vocation des concessions faites antérieurement dos Terres et Pays de TAmérique, de l'Afrique et des Indes Orientales et qui n*' ?e trouvaî?n1 7"^!== établi-," commence par ses pa- roles :

" Sur ce q-.îi .T CI j icpr. >( iK.- ;m Jloi, étant en son Con- seil, par le Sieur Marquis de Feuquière.*!, Vice-Roi de l'A- mérique, que plusieurs particuliers ayant dessein d'établir des Colonies Françaises en quelque partie du Conlinr-nt de l'Amérique et des Indes Orientales, ou des Isles adjacentes, &c., se seraient potirvus par devers le dit Sieur de Feuquiè-

117

l'es, pour avoir ce droit et permission de prendie au noui de Sa Majesté possessioii des dits postes, &c."

Sa Majesté ajoute à cet arrêt l'ordre qui suit :

" Louis, &c., &c. A notre très-clier et bien aimé Oncîe le Duc de Vendôme, Pair, Grand Maître, Chef et Surinten- dant Général de la navigation et commerce de France, et notre amé et féal Conseiller en nos Conseils d'Etat et privé, le Sienr Marquis de Feuquières, Vice-Roi, et notre Lieute- nant-Général représentant notre personne dans toute l'éten- due de l'Amérique, tant Méridionale que Septentrionale, et à tous Gouverneurs de nos places maritimes. Officiers et Juges de l'Amirauté qu'il appartiendra : Salut : Nous vous mancfons et ordonnons par ces présentes, que l'Arrêt ce jourd'hui rendu en notre Conseil d'Etat, vous ayez à faire publier et afficher dans tous les Havres et Ports des provin- ces maritimes de notre Royaume, Places, Habitations, Ha- vres et Ports tenus par nos sujets aux dits pays de l'Améri- que, à ce que personne n'en prétende cause d^ignorance, et tenir la main ferme à l'exécution d'icelui selon sa forme et teneur. Donné à Fontainebleau, le 16 Août, l'an de grâce 1661, et de notre règne le 19e. Signé, LOUIS."

Dans le récit de son voyage en France, sous le gouverne- ment de M. D'Avaugour, M. P. Boucher parle de ce Vice- Roi et dit :

" J'ai oublié de dire que M. deLauson étant repassé en France, en 1657, et fesant ses visites à Paris, alla voir M. le Marquis de Feuquières qui était pour lors Vice-Roi de toute l'Amérique ; et en parlant de l'état du pays et de la guerre que les Iroquois nous y fesaient, il lui raconta le siège des Trois-Rivières ; lui fit voir la lettre que je lui avais écrite après le départ des ennemis et le compte que je lui rendais de tout ce qui s'était passé. M. de Feuquiè- res, surpris de cet événement, demanda à M. de Lauson quelle récompense on m'avait donnée. Il lui répondit : au- cune, si ce n'est le commandement de la place, qui me fesait honneur, mais ne portail auciui profit. M- de Fou-

118

quières résolut de m'eiivoyer des lettres de noblesse, pour m'encourager à bien faire mon devoir contre ces infidèles, et il me les envoya en 16G1, avec une lettre très-gracieuse par laquelle il m'exhortait à continuer de bien servir le Roi et le pays. Il me promit de parler de moi au Roi, et de me faire connaître de manière qu'il ferait ratifier tout ce qu'il venait de faire en ma faveur. JMais il fut disgracié trois ou quatre mois après ; c'est pourquoi, lorsque je fus arrivé en France, l'ayant été voir, il me témoigna qu'il était bien fâché de n'être plus en état de me servir auprès du Roi."

Nous lisons dans un article publié dans le Journal Géné^- rai de l'Instruction publique, 18 avril 1846, sur la ptiblica- tion des " Lettres inédites des Feuquières, " tirées des pa- piers de famille, par Etienne Gallois, Leleux, libraire- éditeur :

" Isaac de Pas, fils de Manassès, devint Lieutenant des " armés du Roi, Conseiller d'Etat ordinaire et Lieutenant- " Général de i'Evêchô et Province de Toul. En 1660, il fut ^' envoyé en Amérique en qualité de Vice-Roi, et en 1672 chargé de diverses négociations en Allemagne,"

LE COMTE D'ESTRADES.

Godefroy, Comte d'Estrades, Maréchal de France, occu- pait la place du Marquis de Feuquières, comme Vice-Roi d'Amérique, en 1662, puisque, dans une ordonnance royale portant cette date et concédant à perpétuité les Iles Lucayes et Caïques en faveur de M. d'Ogeron, ses héritiers et ayant causes, le Roi ordonne à son Vice-Roi le Comte d'Estrades de délivrer au concessionnaire des lettres d'attache.

Le récit de M. P. Boucher tend à établir qu'il avait été nommé dès 1661.

Comme on l'a vu à l'article précédent, ce monsieur rap- porte qu'à son arrivée en France, en 1661, M. le Marquis de Feuquières avait cessé d'être Vice-Roi. Il dit en outre, dans sa narration, qu'il suivit exactement les instructions

119

de M. D'Avaiigour, " comme on le peut voir, ajoute-t-il, dans les lettres du Roi et de la Reine mère, de M. le Comte d'Estrades, notre Vice Roi, de M. Colbert, de M. Denteron, Intendant de Brouage, et de quantité d'autres que je garde avec mes commissions."

M. Boucher nous donne ailleurs une preuve de plus, que les Vice-Rois de ce temps s'occupaient au moins quelque peu des affaires du Canada. A son retour, il informa M. D'Avaugour " qu'il avait emprunté de l'argent pour lever 100 hommes de travail, par le conseil de M. D^ Estrades^ afin de soulager les habitants du pays, d'autant que le Roi ne fesait rien payer pour leur passage, au lieu que les mar- chands exigeaient 75 frs. par homme,"

M. DE TS^ACY.

En l'année 1662, le Comte d'Estrades passa en Hollande, en qualité d'Ambassadeur, et pendant son absence, le 10 Nov. 1663, le Marquis de Tracy fut nommé Lieutenant- Général du Roi dans toute l'Amérique, avec des pouvoirs extraordinaires, et vint en Canada en juin 1665, pour mettre de l'ordre dans les affaires de la colonie et soumettre les Iroquois par les armes. Il repassa en France le 28 août 166 T.

C'est à tort qu'on a donné le titre de Vice-Roi à M. de Tracy ; il n'était, comme le Maréchal de Thémines, que Lieutenant-Général, mais avec des pouvoirs plus étendus sur toutes les terres dépendantes du Roi de France dans l'Amérique Méridionale et Septentrionale, " ce qu'en Cana- da, on appelait Vice-Roi^'''' dit l'Abbé de Latour, dans son mémoire sur M. de Laval. En effet, dans une lettre de ca- chet, aux Conseils Souverains des Iles, touchant la nomina- tion de M. de Tracy, Sa Majesté commence par faire la distinction des deux dignités, dans ces termes : " Chers ei " bien aimés, nous avons pourvu le Sieur de Prouville Tra- " cy de la charge de notre Lieutenant- Général de rAméri- " que pour commander en ce pays en l'absence du Sieur " Comte d'Estrades, qui en est Vice-Roi, &c., &c."

120

LE COMTE D'ESTREES.

Après la mort du Comte d'Estrades, arrivée en 168&, Jean, Comte d'Estrées, et de Tourpes, Maréchal et Vice- Amiral de France, fut nommé Vice-Roi d'Amérique. Il ne parait pas avoir exercé une grande influence dans les afFai- vrs coloniales, après avoir eu ce titre qui était une récom- p(ns(* pour des services antérieurs. Cependant, on voit son nom ij:;un>r, avec son titre de Vice-Roi, dans quelques commis- sions, comme dans celle de commissaire ordinaire de la marine aux Iles de l'Amérique donnée par le Roi en Avril 1698, à M. Mithon de Sennevillc. Il avait servi en Améri- que on 1676, 1677 et 1678 ; il avait enlevé l'Ile de Cayennc -Mux Hollandais, défait leur Général Bink à l'Ile de Tobago, rt jM'is ce fort sur lui six mois après.

LE COMTE D'ESTREES, FILS.

Marie-Viclorj Comte d'Estrées, Maréchal de Cœuvres et \'ice-Amiral de France, succéda par survivance à tous les titres de son père, mort en 1707. Il n'a pas eu de postérité •M le titre de Vice-Roi d'Amérique a cessé d'exister avec ln=, en 1737.

Son titre de vice-roi lui est donné dans des documents royaux.

En 1718, mois d'Août, Louis XV sous la Régence du Due d'Orléans, fait don au maréchal d'Estrées pour lui e -es successeurs, héritiers et ayans causes, de l'Isle de Ste. Lucie, et dans l'Acte, il h' qualifie de tous les titres sui- vants :

" Victor-Marie Comte d'ï^strées, Comte de Nanteuil-le- haudoin, pre:nicr Baron du Boulonnois, Vice-Amiral et Maréchal de France, Gouv(.'rneur des Ville et clifiteau d<' Nantes, et Lieutenant Général du Comté Nantois, Grand d'Espagne, NotreVice-roi en Amérifi^ue, Commandeur de- nos ordres &c. "

121

Rectification.

On lit dans le Grand-Dictionnaire Historique de Moreri :

" Raimond Balthazar Phelypeaux, Seigneur du Verger,

'' Lieutenant Général des armées du Roi, Conseiller d'état

" d'épée, après avoir été envoyé extraordinaire à Cologne,

" fut ambassadeur extraordinaire à Turin, pui i Vice Roi de

" Canada^ il mourut sans alliance en décembre 1713."

Voici la même erreur répétée sous une autre forme :

" Biographie universelle." t. 34. p. 23 à 25.

" Phelypeaux (Raimond Balthasai Marquis de), petit fils

de Phelipeaux d'Herbault, Secrétaire d'Etat, entra dans la

carrière des armes, vers 1671 ,

Il parait qu'à l'occasion d'une lettre qu'il fit imprimer à Bâle en 1705, après avoir été ambassadeur en Savoie dont le Duc avait donné ordre de l'arrêter, il tomba dans une es- pèce de disgrâce, puis l'article ajoute :

" En effet, il parait qu'en Juillet 1709, Phelypeaux fut envoyé au Canada comme Gouverneur^ à la place de M. de Machault. Il y mourut, sans enfants, au mois de Décem- bre 1713."

Le nom de ]VIr. Machault nous donne ici la clef de l'énig- me et le moyeu de rectifier des erreurs qui ont embarrassé d'autres écrivains. Voici :

" Lois et constitutions des colonies françaises de l'Ame- rique sous le vent.,, t, L p. XXXII, et t. 2. p. V.

" Gouverneurs généraux des Iles."

" 1 juillet, 1702. M. Charles François de Machault, ca- pitaine des vaisseaux du Roi, chevalier de l'ordre militaire de St. Louis, Gouverneur et Lieutenant Général &c.

Reçu à la Martinique, le 4 mars 1703, il signait un règlement eu qualité de gouverneur général des Iles tou- chant les prises faites par plusieurs corsaires, en date du é juin 1703.

^ MjDït à la Majtinique,. le 7 janvier 1709:^

122

*' Janvier 1709. ) M. Nicolas de Gabarel, chevalier &o.. Intérim \ remplit l'intérim.

"■ 1 janvier 1T09. M. Raymond Balthazar Phelipeaux, Grand-Croix de l'Ordre Militaire de Saint-Louis, Lieutenant Général de.s armées du Roi, conseiller d'état d'épée. Gou- verneur et Lieutenant Général des Isles Françaises et Ter- re-Ferme de l'Amérique.

" Reçu à la Martinique le 3 janvier 1711.

" Il y meurt le 21 octobre 1713.

Cela doit prouver suffisamment que M. Balthazar Fholy- peaux a été gouverneur des Isles, et non Vice-Roi ou Goii. verneur du Canada.

R. B.

^CA^^::^^^

ORDONNANCES

DE

MR. DE MAISONNEUFVE,

1er. GoiiverneisT de 9fonfreal.

Nous pensons qu'on nous saura gré de la publication des monuments qui nous restent de la première législation locale de Montréal. Les documents qui suivent sont tirés des ar- chives du Greffe de cette ville, et nous montrent l'esprit qui animait ses premiers colont', les dangers auxquels ils étaient exposés et les mœurs du temps. Nous aurions voulu y join- dre une notice biographique de Mr. Paul Chomedey de Maisonneufve qui en fut le premier Gouverneur, mais l'ab- sence de quelques renseignements nous force d'ajourner ce travail à une autre époque.

Nous devons cepen.lant donner ici quelques explications sur cette fonction de Gouverneur de Montréal.

Loyseau, en son Traité des offices, nous dit que ces Gou- verneurs particuliers n'avaient d'autres pouvoirs que ceux conférés aux Capitaines des places et châteaux, et seule- ment en ce qui concernait les armes. Ils consistaient à " recevoir et loger garnisons, fournir de vivres, munitions, " pionniers et autres choses nécessaires pour la guerre. . . . " avoir et tenir l'œil ouvert à la garde, sûreté et conserva- " tion des dites places, châteaux et forteresses, et, pourvoir '* aux choses pour ce requises et nécessaires."

Ces Gouverneurs n'étaient tenu!* d'observer aucune

124

formalité de justice, comme de verbaliser et rédiger par écrit leurs procédures et ordonnances.

Ils n'avaient cependant pas la puissance de vie et de mort, et une ordonnance du 7 Mai 1679, leur défendit môme . " de faire arrêter et mettre en prison aucun des Français " habitués au pays, sans l'ordre exprès du Gouverneur et Lieutenant Général, ou arrêt du Conseil Souverain." Cette ordonnance leur ôta de plus le pouvoir de condamner aucun des habitants à l'amende.

Ils étaient subordonnés aux Gouverneurs et Lieutenant- Généraux, et tenus de faire exécuter leurs ordonnances.

Nous n'avons pu trouver aucune trace de la commission de Gouverneur qui avait été donnée à Mr. de Maisonneufve par les Associés de la Compagnie de Montréal ; mais il y a tout lieu de présumer qu'elle était conforme à ce que iious venons d'exposer ;

Mr. de Maisonneufve rendait aussi la justice, mais ce n'é- tait qu'en vertu d'une commission spéciale, ainsi qu'on le voit porté dans un jugement par lui rendu.

Les pouvoirs de Mr. de Maisonneufve ne s'étendaient pas au delà de l'Isle de Montréal, mais ses successeurs, qui tin- rent leurs commissions du Roi, virent leurs pouvoirs étendus depuis Saurcl jusqu'au dessus de l'Isle de Montréal.

«#»

OIÎD ON3?^^]SrCES

DE

ME. PAUL DE CIOMEDEY,

SIEUR DE MASSONNEUVE,

P[ÎE3nE8 GOUYESNEIR DE MONTREAL, (a)

Règlement concernant V armement des habitants de Vlsle dt

Montréal.

Paul de Chomedey, Gouverneur de l'Isle de Moif-

TREAL, EN LA NOUVELLE FrANCE ET TERRES QUI EN DESPENDENT.

Quoi qu'il y aye toutes sortes de subjects de se tenir sur SCS gardes en ce lieu-cy, pour éviter les surprises des enne- mys, et particulièrement depuis le massacre que les hyro- auois ont fait des hurons entre les bras des francois contre la foy publicque; et du meurtre dernier qu'ils ont faict en ce lieu-cy, de quelqu'uns des principaux habitans le vingt cinq octobre dernier, néantmoins le désordre est arrivé jusqu'à ce point, par une négligence universelle, que les ennemys

(a) Extraites des Archives du Greffe de Montréal.

V2C^

pourroient avecq beaucoup de facilité s'emparer de Phabila- lion s'il n'y estoit pourveu ; au subject de quoy nous avons faict le règlement qui s'ensuit, sçavoir :

Que chascuu tiendra ses armes en estât, et marchera ordi- nairement armé ; tant pour sa deffence particulière, que pour donner secours à ceux qui en pourraient avoir besoing, sui- ■yant les occasions qui s'en pourraient présenter.

Ordonnons expressément à tous ceux qui pourroient n'a- voir point d'armes, d'en achepter et s'en fournir suffisamment^ avecq les munitions nécessaires, avecq deffences d'en ven- dre ou traiter aux sauvages, qu'au préalable, chascun n'en retienne ce qui sera nécessaire pour sa defTence.

Que chascun fera son travail en sûreté autant qu'il est possible, soit en s'unissant plusieurs de compagnie pour ce subject ; soit en ne travaillant qu'en lieu d'où facillement l'on se puisse retirer, en cas de nécessité.

Déplus que chascun se retirera au lieu de sa demeure tous les soirs, lorsque la cloche du fort sonnera la retraite après que la porte sera fermée ; faisant deflence d'aller et venir de ûuict après la ditte retraite, si ce n'estoit pour quelque né- cessité absolue laquelle ne se peust remettre au lendemain.

Que personne n'yra plus loing à la chasse et pesche sans nostre permission, que dans l'estendue des dezerts, et sur la grande rivière, que jusqu'au grand courant d'icelle, durant l'espace de l'estendue des dits dezerts, deftendans a toutes sortes de personnes, de se servir ou prendre des canots, cha- louppes et autres vaisseaux, servans à la navigation, qui ne leur appartiennent, sans l'exprès consentement des proprié- taires d'yceux, si ce n'est en cas de nécessité, pour sauver la vie à quelqu'un, ou empescher quelque vaisseau d'aller à la dérive, ou de p'érir.

Le présent règlement commencera d'estre exécuté selon sa forme et teneur, cinq jours après la publication d'iceluy, dont coppie sera dellivrée au cindicq des habitans ce jour, à peine contre les contrcvenans de telle peine ou punition que

127

nous jugerons à propos. Fait au fort de Ville Marie, \e dix huitiesme jour de Mars mil six cent cinquante huict.

PAUL DE CHOMEDET,

Le vingt uniesme jour du d. mois au d. an, par comman^ dément du dit sieur Gouverneur, le présent règlement a esté leu, publié et affiché a l'issue de la grande messe parroichi- ale de Ville Marie en la manière accoustumée et d'iceluy dellivré coppie au Sr. Marin Janot cindicq des habitans du d. lieu, à ce qu'il n'en ignore, par moi commis au greffe soubsigné. basset, commis greffier.

Ordonnance concernant les boissons fortes.

Paul de Chomedey, Gouverneur, &c.

Désirant empeseher la continuation des desordres qui se commettent en ce lieu-cy au sujet des boissons, et y apor- ter l'ordre nécessaire, nous avons faict et faisons deffence de descharger aucune boisson des barques et chaloupes et autres vaisseaux aportant des boissons à Montréal, à qui qu'elles appartiennent et ce sous quelque congé ou prétexte que ce soit, sans nostre permission, à peine envers les con- trevenans de confiscation des dittes boissons et d'amandes arbitraires applicables au profict de l'Eglise. Faict au Fort de Ville-Marie le 9 juillet 1658.

PAUL DE CHOMEDEY-

Autre Ordonnance relative aux boissons fortes et autres

désordres.

Le Sieur Pacl de Chomedey, &c.

Estant une chose constante que depuis l'establissement de <!P.t1c rolonyo suivant le pieux desseing de messieur'» let

128

associés pour la conversion des sauvages, seigneurs de ce lieu, nous aurions tousiours travaillé de nostre pouvoir à X établir les bonnes mœurs en mettant empeschement à tontes sortes de desbauclies et scandales tant par nos seings que par nos ordonnances avecq les voyes les plus douces et les plus accommodantes aux afftiires des particuliers que l'inclina- tion que nous avons pour leur avancement nous auroit peu suggérer ; personne ne peult doubter qu'après les excès con- tinuels des boissons, les jeux et autres desbauches, les éva- sions de ceux qui s'estant obérés pour ce subject, dans le désespoir de satisfaire à leurs créantiers, ne trouvent point d'aultres voyes que de se desrober et se commettre à une fuitte, dangereuse pour leurs personnes, préjudiciable à la foy publicque, et à l'establissement de la colonye de cette habitation, nous ne soyons obligé suivant le deub de nostre charge et pour l'acquit de notre conscience d'y aporter le dernier remède, lequel ne pouvant subsister que dedans le retranchement entier des occasions. Veu les informations des désordres commis au subject des boissons et du jeu et ensuitte de l'évasion de Sebastien Dupuy, Nicolas Duval et Pierre Papin repris environ à quatre lieues de cette habita- tion et ramenés en nos prisons le huict du présent moys et an, la ditte évasion causée par les dcbtes excessives par eux contractées pour favoriser leurs ivrongneryes et de&bauches continuelles, nous défendons à toutes sortes de personnes de quelque estât et condition qu'elles soient, habitantes de ce lieu ou autres, d'y vendre ou débiter en gros ou en détail et soubs quelque prétexte que ce soit, aucunes boi.s8ons eny- vrantes, sans avoir auparavant receu nos ordres exprès et par escript, à peyne d'amande arbitraire payable par corps et sans déj)ort, et de plus nous interdij-sous tous jeux de ha- zard ; cassons et annulons toutes promesses par escript ou aultrement, directes ou indirectes faittcs ou à faire tant pour ce subject que pour toutes aultres sortes de jeux ou desbau- ches ; faisons défence aux cabareiiers d'en faire aucune

129

poursuite en justice à peyne de vingt livres d'amande et confiscation de la ditte somme deub.

Et pour ceux qui se trouveront convaincus d'avoir fait ex- cès de vin, eau de-vie et aultres boissons ennyvrantes, ou pour avoir juré ou blasphémé le Saint Nom de Dieu, ils seront chastiés, soit par amande arbitraire ou par punition corporelle selon l'exigence du cas. Et pour obvier â sem- blables évasions mentionnées cydessus, nous avons déclaré et déclarons par la présente ordonnance, tous fuyards at- teints et convaincus du crime de désertion, comme aussy tous ceulx qui les favoriseront en leur fuitte, soit en les ce- lant ou les aydant en quelque manière que ce soit, coupables du même crime. Si mandons à nos officiers tenir la main à l'exécution du présent règlement, et spéciallement au scindicq des habitans auquel pour ce subject il en sera don- né copye.

Sera le présent règlement leu, publié et affiché pour estre executté selon sa forme et teneur à commencer du jour de la publication d'iceluy. Faict à Ville-Marie ce 18 janvier

1659. PAUL DE CHOMEDEY.

Le dix-neufe. jour dud moys et an, le présent Règlement a esté leu, publié et affiché à l'issue des Vespres de l'Egli- se paroise. du dit Ville Marie à ce que personne n'en ignore, et d'iceluy dellivré coppie à Marin Janot, Syndic des habi- tans d'iceluy en parlant à sa personne par moi commis en greffe et tabellionage du d. lieu soubsigné.

BASSET, commis greffier.

Autre Ordonnance contre la chasse et la pêche.

Sieur Paul de Chomede-y, &c.

Sur les advis qui nous ont esté donnés que plusieurs per. sonnes au préjudice de nos deflences preceddentes se met- tent jt^uruellemonl en danger d'estre pris des ennemys soit en

130

hllftiu à la chasse dans un abandon total, et que mesmemenl la permission que nous avons donnée à quelques uns d'y aller, à leur instante prière el contre nostre propre inclina" tion en estoit en partyc cause, duciuel desordre pourroit s'en ensuivre, non seulement la perle particulière de ceulx qui pourroient tomber entre les mains des enuemys et le nialheur commun de cette habitation, mais aussy empescher l'c?la- blissement de la paix générale que l'on prétend faire avccq les Hiroquois par le moyeu de leurs gens qui sont prison- niers en les contraignant pour les retirer de donner des os- tages sufizans pour pouvoir faire avecq eux une paix solide, au subject de quoy nous défendons à toutes sortes de per- sonnes de s'exposer à aller à la chasse ou pesche en lieu l'on puisse estre en danger d'estre pris desennemys, à peine de punition. Faict à Ville Marie le 5 Avril 1659.

Paul de Chomedey.

Extrait de Varrest de Sa Majesté donné en son Conseil d''Elai à Paris le le Jour de Mars 1G57, ou entre autre chose est l'Oiilcnu ^article suivant, lequel est te second du dict crrest, signé de Loménie^ et par cotation suit la teneur du dict article.

" Aussylost que les navires seront arrivés au dict pais t' &c., faisant Sa Majesté très expresses inhibitions et def- •* fences aux dicts habiîants, marchands, facteurs, capitay- " nés, matelots, passagers et a tous aultres de traitter en quel- " que sorte et manière que ce soit, vin ny eau-de-vye avec " les Sauvages à peync de punition corporelle."

Le présent extrait faict par colation à son original pat moy commis au greffe et labcllionnage de Ville Marie soub- signé et iceluy leu publié et afliché par commandement de M. le Gouverneur de ce lieu, le jour de la Pentecoste à l'issue de la grande messe 1659, à ce que personne n'on ignore.

Paul de Chomedey, Basset, commis au greff<?.

131

Commission de Claude Robutel, sieur de St. André, à la psr^ ception des censives, 4'C., pour être employés à la construc- tion d^une chapelle sur la montagne.

Paul de Chomedey, &c.

Ayant une entière cognoissance du zèle et affection que Claude Robutel, sieur de St. André, habitant de ce lieu, a pour l'establissement de la foy en ce pais, en vertu des pouvoirs et commissions qui nous ont esté donnés par Mes- sieurs les Associés pour la conversion des Sauvages de la Nouvelle France en la ditte isle et seigneurie d'icelle, nous avons donné pouvoir et commission au dict sieur de St. An- dré de recevoir pour les dits sieurs Associés toutes les censi- ves qui leur sont deubes par les habitans de la ditte isle, de- puis le commencement de son establissement jusqu'à ce jourd'huy, datte des présentes, desquelles receptes il don- dera quittances conformément aux contrats de concession des dicts habitans, dont il tiendra registre ou mémoire, luy donnant pouvoir de faire proiicter l'argent qui proviendra de la ditte receple pour le tout revenant bon avecq les au!" très deniers et efieets qui luy seront mis entre les mains es' tré employés suyvant nos ordres ou aultres qu'il appartiendra au bastiment et construction d'une chapelle sur la montagne de la ditte isle en l'honneur de la très sainte Vierge le tout soubs le bon plaisir de Monsieur l'Evesque. Faict au fort de Ville Marie en la ditte isle le 19 Novembre 1661.

Paul de Chomedey.

Autre Ordonnance contre la vente desboissoiis aux Sauvages,

Paul de Chomedey, Sic'

Vue l'assassinat commis la nuit dernière, de la person- ne du nommé Desjardins, meusnier, par les sauvages repu?

132

es d e la nation des Lonps, causé par la vente des boissons ennyvrantos aux sauvages, nonobstant les ordres exprès cy- devant consenlys tant de la part de monsieur le Baron Du- bois d'Avaujour, gouverneur général pour Sa Majesté que de Monseigneur PEvesque de Pétrée, Vicaire apostolique, après avoir considérer les dangers qu'il y a, qu'il n'arrive' un massacre général des habitants par les dits sauvages, en conséquence de la vente des dittes boissons, dont les pré. somptions sont violentes, eu esgard aux insolences ordinai- res commises par les sauvages à ce sujet, et le mauvais usa. ge qui s'en commet à ce sujet, par les françois nonobstant les ordres cydessus dont nous donnerons au plustost advis à mon dit sieur le Baron d'Avaugour et à Mons. de Pétrée afin d'establir un bon ordre au sujet de la vente des boissons tant pour la satisfaction des habitants que des sauvnges, en attendant lequel ordre, en vertu du pouvoir que nous avons de Sa Majesté, n.,us avons fait et faisons deHense à toutes sortes de personnes de quelque qualité et conditions qu'ils soient de vendre, donner ny traiter aucunes boissons enny- vrantes aux sauvages sous telles j)eines et punition que nous verrons bon à faire pour le service de Dieu et le bien de l'habitation. Fait à Ville Marie le 21 juin 1GG2.

Paul de Chomedkv.

Ordonnance pour la culluFe et le défrichement des Terres.

Paul ue Cuomedey, &c.

Comme nous sommes bien et duement adverlys qu'il y a beaucoup de personnes en ce lieu, tnnt soldats que servi- teurs domestiques, qui ont désir de se f:.ire habitans, à quoy faire leur engagement les a empesché de parvenir jusqu'à présent., Désirant cfmtribucr de tout nostre possible pour les favoriser dans leur dessein que nous trouvons utile pour la gloire de Dieu et l'establissemcnl de la colonie aussilost

133

que finira leur engagement, nous avons ordonné et ordon- nons ce qui suit, scavoir :

Que nous déclarons pour habitans tous les soldats et serviteurs domestiques, lesquels nous promettront de desfri- cher ou faire desfricher au plutost qu'ils pourront chacun quatre arpens de terre sur le domaine des seigneurs de Montréal, à charge qu'ils en jouiront jusqu'à ce qu'il leur en ait esté autant desfriché sur les concessions que nous leur promettons donner en temps et lieu., Et au regard des sol- dats et serviteurs domestiques, lesquels n'auront fait la susd. promesse, attendu que la Iraile des peaux et pelleteries avec les sauvages appartient aux habitans à l'exclusion de tous autres, nous leur faisons expresses inhibitions et defFenses de traiter aucunes peaux et pelleteries, directement ou in- directement avec les sauvages sous peine de confiscation totalle des dites peaux et pelleteries au prolîct du premier dénonciateur de quelque qualité et condition qu'il soit de l'un ou de l'autre sexe, ce qui luy sera dellivré très fidèle- ment des le soir.. Et de plus les dits contrevenants seront condamnés en une amende arbitraire.

Sera le présent règlement leu, publié et affiché et en- registré au greffe de ce lieu pour y avoir recours, comme aussy sera fait un rooUe qui demeurera au greffe, des nom des soldats et serviteurs domestiques qui seront censés ha- bitans et de ceux qui ne le seront pas. Fait au fort de Ville Marie en la ditte isle le 4 novembre 1662.

Paul de Chomedey.

Ordre de Mr. le Gouverneur pour la Milice de la Sfe. Famille, Jésus, Marie, Joseph, avec un Roolle des soldats dHcelle, du 27 Janvier 1663. -

Paul de Chomedey, &c.

Sur les advis qui nous ont esté donnés de divers en- droicts que les hyroquois avaient formé dessein d'enlever de

13]

«urprise ou de force celle habjialion, ei Jt. secours de Sa» Majesté n'estant point encore arrivé, attendu que cotte isle appartient à la sainte Vierge, nous avons creu devoir inviter etexorter ceux qui sont zelez pour son service, de s'unir en- semble par escouades de sept personnes chacune et après avoir eslu un caporal à Ja pluralité des voix, nous venir trouver, pour estre enroollezet mis au nombre de nostre gar- nison, et en celte qualité suivre nos ordres pour la conserva- tion et bon règlement de cette habitation, promettant de nos- tre part de faire en sorte qu'outre les dangers qui se pour- roient rencontrer dans les occasions militaires, les interesls particuliers n'en seront point endommagés. Et de plus nous promettons à tous ceux qui se feront enrooller pour les fins susdites, de les oster du roolle, toutes fois et quantes qu'ils nous en requereront. Ordonnons- au sieur Dupuis, Major, de faire insinuer le présent ordre au groiïe de ce lieu, ensemble les noms de ceux lesquels se feront enrooller en conséquence d'iccluy, pour leur servir de marque d'hon- neur comme ayans expozô leurs vies pour les interests de Nostre Dame et le salut public. Fait à VilleMarie le 27 Janvier 1663.

Paul de Chomkdet. Le vingt-huictiesme jour des d. mois et an que dessus, par commandement de Monsr le Gouverneur, le présent ordre a eslé leu, publié et alTiohé en la manière acoustumée à l'issue de la grande messe dite en l'Eglise de l'Hospital St. Joseph du dit lieu, par nous commis au greffe soubsigné et ensuitte insinué au dit greffe par le sieur Zacharie Dupuis Escuyer, Major de la dite isle, pour y avoir recours quand besoin •cra, et à ce que personne n'en ignore a signé.

135

Rooie des Escouades de soldats fait en conséquence de l'ordre de l'autre part, a la dilligenee du Sieur Zacario Dupuis, Escuyer, Major de la Garnison de l'Isle de Mont- réal, du premier jour de Peuvrier mil six cent soixante et trois.

Première Escouade.

Jean de Lavigne, Caporal

Malhurin RouUié,

Robert Pibrov.

Jullien Averîy dit Lcingevin,

Thomas Monnier,

Isaac Nafrechou,

Mk hel Guibert,

Deuxiesme Escouade.

Urbain Bodereau dit Graveline, Caporal

Jean Aubin,

Pierre de Vauchy,

Jean Guerrier,

Jacques Hordequin

Claude Marcaut

Louis de Laporte.

Troisiesme Escouade.

Pierre Bonnefons, Caporal

Pierre Gadoys

André Fils

Jean Baptiste Gadoys

René Langevin

François Cari

Antoine Lafontaine.

Quatriesme Escouade.

Gabriel Lesel dit Leclos, Caporal

136

Maurice Adveily dit Léger François Leber Michel Morreau Jean Cadieu Pierre Richomme Pierre Malet.

Cinquiesme Escouade.

Jean Gasteau, Caporal Estienne de Saintes André Trajot Barthélémy Vibreau Pierre Coisnay Guillaume Halier René Piron dit Lecarmc.

Sixiesme Escouade.

Gilbert Barbier, Caporal Estienne Trudeau Jean Desroches: Nicolas Godé Paul Benoist Pierre Paipin François Bailly.

Septiesme Escouade.

Pierre Raguideau dit St. Germain

Tecle Cornélius

Anthoinc Beaudet

Pierre Desautels dit Lapoinie

Jean Baudouin

Honnoré Langloys dit Lachapelle

Jean de Niau.

137

Huictiesme Escouade.

Claude Robutel, Caporal

Robert LeCavelier dit Deslaurier»

Bénigne Basset

Jean Gervaise

Urbain Tessier dit LaVigne

Jacques LeBer

Charles LeMoyne.

Neufiesme Escouade.

Jacques Mousnier, Capornl

Jacques Rouîleau

Estiennne Charapo

François Tardinet

Anthoine Brunet

François Leboulanger

Robert de Nuermann, hollandais.

Dixiesme Escouade.

Jacques Testard dit Laforest, caporal.

Charles Testard

Jacques Millots

Laurent Archambault

Jacques Dufresne

André Charly dit St. Ange

Pierre Dagenets dit Lespine

Onziesme Escouade.

Jacques LeMoyne, caporal

Jean Quentin

Jullien Blois ou Benoist

Grégoire Simon

Laurent Glory

Michel André dit St. Michel

Guillaume Grenet

Douziesiiw Escouade

Lotiis Preudhomnir. fiipoml

Henry Perrin

Hugues Picard dit Lafortune

Louis Chevallier

Jacques Beauvais dit Ste. Jamm<»

Jean Descary

Jacques Mousseaux dit Laviolelle

Treiziesme Escouade.

Mathurin Goyet dit Laviollrttc, Capornl

Jean Leduc

François Roisnay

Pierre Gagnier

Guillaume Estienne

Pierre Pigeon Laurent Bory

Quaiorziesme Escouade.

Le Sieur De Sailly, Caporal Gilles Lauzon Guillaume Gendron Jean Chevallier Anthoine Courtemanche Pierre Tessier Pierre Saulnier

Quinziesme Escouade.

Pierre de Lugerat dit Desmoulin«, Caporal

Jean Lemcrcher dit Laroche

Mathurin Langevin dit Tiacroix

Simon G al brun

Michel Parroissien

Pierre Chicouane

Anthoine Rf^nauit

139

Seiziesme Escouade.

Honnoré Dansn}' dit le Toiiranjo, Caporai

Mathurin Thibaudeau

Jean Renouil ,

Charles Ptolomel

Mathurin Jonanneau

Michel Théodore dit Gilles

Jean Seelier

Dixseptiesme Escouade.

Nicolas Hubert dit Lacroix, Caporai

Pierre Lorrain

Louis Loisel

Marin Jannot dit Lachapelle

Mathurin Lorion

Jean Chapperon

Nicolas Milet dit Le Beauceron

Dixhuitiesme Escouade.

Jean Cicot, Caporal Mathurin Jousset Jacques Beauchamp - Elie Beaujean Fiacre Ducharno Siraon Cardinal

Dixneuviesme Escouade.

Jean Valliquet Urbain Geté Jacques De la porte Pierre Gaudin Simon Desprez René Fillastreau Louis Guerostin

n

Mu

Vingt iesme Escouade

Descoulombiers, Caporal

Brossard

Bouvier

Léger Hébert

Lavallée

Pierre Cliaron

René Fezeret.

Paul de Chomedey, Gouverneur, &c.

Estant entièrement informé que les habitants de ce lieu prétendans que les marchandises qui s'y vendent et débitent sont à des prix excessifs ce qui empesche la subsistance de leurs familles, au sujet de quoy et pour autres mattières concernant le fait de la police, les d. habitans font des plaintes continuelles, ce qui pour'-oit enfin causer quelque cedition s'il n'y estoit par nous pourveu. A quoy désirant remédier, nous ordonnons que les habitans de la d. isle s'as- sembleront Dimanche procliaLii vingt quatriesme de ce pré- sent moys au lieu dit le hangard^ pour a la pluralité des voys, eslire cinq'pcrsonnes rutables d'entre eux. Lesquelles auront pouvoir de juger et rcigler toutes matières concer- nantes la police nécessaire pour le bien de cett^ habitation. Desquels cinq esleuz les quatre en l'absense des cinq, jugeront avec le même pouvoir que s'ils estoient tous en- semble les d. mattières concernant la d. police, le tout con- formément aux ordonnances Royaux faits pour ce sujet, et les ordonnances qui seront faites sur le fait de la d. police seront exécutées par le juge ordinaire de ce lieu et par ces "^ sergens et de son ordonnance., et touttes les expéditions concernant le fait et exercise de la d. police seront receues et expédiées par le Greffier de la jurisdiction ordinaire du d. lieu.," laquelle police se tiendra au me&rae lieu ou se rend la

141

justice ordinaire tous les lundys de chaque sepmaine ; le tout sans préjudice aux droits des seigneurs de la d. isle de Montréal., sera le présent règlement leu, publié et affiché Dimanche prochain issue de la Grande Messe parroichiale en la manière accouslumée et ensuitte enregistré au Grefle des d. seigneurs. Fait à Ville Marie en la d. isle le quin- zièsme febvrier mil six cent soixante et quatre.

Paul de Chomedey.

liC dimanche dix septièsme du d. mois de février au d, an que dessus, par commandement de Monsieur le Gouver- neur, le présent règlement a esté leu, publié et affiché a l'issue de la Grande Messe dite en Péglize St. Joseph de Ville Marie et ensuitte enregistré au greffe des seigneurs du d, lieu par moy commis a iceluy soubsigné à ce que person- ne n'en ignore.

Basset, Greffier. A Monsieur le Gouverr,

Supplie humblement Urbain Baudreau au nom et comme procureur sindicq des habitans de ce lieu, et vous remons- tre qu attendu le peu d'habitans qui se sont trouvés au han- gard de ce lieu pour l'exécution de vostre Règlement du quinzièsme février présent mois et an publié et affiché ou be- soing a esté à cause de l'incommodité du mauvais temps, Il vous plaise ordonner que le d. règlement sera releu, pu- blié et affiché en la mesme manière demain à l'issue de la grande Messe diti^^e en ce lieu, pour l'exécution du d. Rè- glement et que pour cet effect lesd. habitans s'assembleront dimanche prochain deuxie. jour de Mars à l'issue de ves- pres, au d. hangard, pour par leur voix eslire les personnes nécessaires et capables pour régir et gouverner la police des d. habitants suivant et conformémeiit à vostre dit Règlement et ferez justice.

Présentée le dimanche 24 février 1664.

Baudereau.

14-2

Soit faict ainsy qu'il est requis ce vingt quatre febvrier 1664. Paul de Chomedey.

Le lundi vingt-cinq février 1CG4, le requcste et ordonnan- ce de l'autre part escritte avec le règlement de Monsieur le Gouverneur de la d. isle de Montrai en dalle du quinzie. des d. mois et an a esté leu, publié et affiché en la manière accoustumée a l'issue de la grande Messe ditte en l'église St. Joseph du d. Villemarie par nous commis au greffe des seigneurs de la d. isle soubsigné afin que personne n'en ignore. Basset, G.

L'an mil six cent soixante et quatre et le Dimanche deuxie jour de Mars a l'issue de Vespres au hangard de VilleMarie l'assemblée des habitans du d. lieu, c'est te- nue suivant et conformément au règlement de Monsieur le Gouverneur, du quinzie de février dernier pour la nomina- tion de cinq Juges de police, lesquels ont proceddé comme sensu it :

Louis Prcudhomme 23

Gabriel Lesel 19

François Bailly Lafleur 5

André Charly St. Ange 12

Jacq. LeMoyne 23

Monsr. Gaillard 5

Mathurin Langevin H

Robert LeCavelier 1 1

Monsr. de Belestre 3

Jacq. Picot LaBrie 24

Marin Jannot 6

Jean Leduc 19

M. Mcssier 4

M. Desroches 3

Louis Chevallier 13

Pierre Gadoyf*, pèrf; 13

Î43

Ni kolas Godé t

Lavigne 2

M. Claude, serrurier 3

Mons. Lacroix, tailleur 4

Pierre Lorrin Jean de Niau

St. Jame 6

M. Gervaisc M. Laverdure M. Lauzon LeRoy, sergent ^ M. Bouchard

Honnoré Langlois Bourguignon

Lesquels habitans après la pluralité de leurs voix ont ess- ieu, les personnes des sieurs Louis Prcudhomme, Jacques LeMoyne, Gabriel Sel, sieur du Clos, Jacques Picot Sr. de la Brie et Jean Leduc, pour juges de la police, du d. Ville Marie, qui en ont accepté la charge et promis iceux faire leur debvoir suivant les ordonnances Royaux, et ont signé le présent acte avec les d* habitans ce jour deuxie Mars mil six cent soixante et quatre, a la reserve des d. sieur Du- clos et J. Leduc qui ont déclaré ne savoir signer de ce en- quis. Chs. D'Ailleboust, P. Gadoys, J. LeMoyne, Jacques Picot, F. Bailly, Louys Prudhomme, J. Vallicquet, F. Piron, Claude Fezeret, E. Brossard, J. Roy, M. Langevin, Marin Jaimot, P. Gadois, H. Perrin, Honoré Langlois, Michel Pa- . roissien, René Fezeret, Basset, notaire.

Nous Paul de Chomedey, &c.

Ayant eu communiquation de l'e'slection des députés pour le fait et exercise de la police nécessaire de ce lieu, par les habitants le deuxie de ce mois, en vertu de nostre ordonnan- ce du quinziesme février dernier, par lesquels habitans ont

Tl l

esté esleUz, dans leur assemblée du d. deuxie mars, les nommés Louis Preudhomme, Jacques Picot dit Labrie, Jac- ques Lemoyne, Gabriel Lesel dit leClos et Jean LeUuc, sur qnoy aurions mandez venir pardevant nous les d. des- putez pour prcsler le serment en tel cas requis, lesquels oomparans avons d'iceux prix et reçu le serment après le- quel leur aurions enjoinct de bien et fidellement régir et gouverner la d. police, suivant et conformément aux ordon- nances royaux faits à ce sujet et de la nostre du d. quinzie février dernier. Ce qu'ils ont promis et juré faire, ainsi que tels desputés sont tenus et obligés, en foy de quoy, les d. Preudhomme, Picot et LeMoyne ont sigaé le présent après que les d. Lesel et LeDuc ont dit et déclaré ne savoir es- crire ni signer de ce enquis. Fait en la présence de mon- sieur Dcsmusseaux juge civil et criminel de la terre et sei- gneurie de la d. isle et du sieur Migon, Procureur fiscal d'icelle, le sixiejourde mars mil six cent soixante et quatre. (Signé,) Louys Prudhomme, Jacques Picot, J. LeMoyne, Paul de Chomedey, Cs. D'Ailleboust des Muceaux, H. Mi- gnon, Procureur fiscal. Basset, greffier.

GUERRE DE 1812 A 1815.

BATAILLE NAVALE

DU

LA.O OHA-MPL^IN

PAR UN tEMOm OCULAIRE.

A Monsieur le Secrétaire de la Société Historique de Montréal.

Monsieur,

En 1844 ou 1845, vers l'époque des difficultés s'étaient élevées entre l'Angleterre et les Etats-Unis, au sujet de cer- taines limites territoriales qui n'avaient pas été jusque formellement définies, un No. d'un journal anglais publié à Montréal m'étant tombé par hasard sous la main, j'y remar- quai une correspondance anonyme appréciant, au point de vue anglais, les engagements, tant de terre que de mer, en- tre les Anglais et les Américains depuis 1812 à 1815. Les remarques que je vais citer plus loin, sur la perte de la ba-

146

taille navale du lacChamplain, m'éloimèrent singulièrement moi qui avais été pour ainsi dire témoin oculaire du combat, qui en connaissais tous les détails, soit par moi même, soit par le canal de plusieurs de mes amis, officiers canadiens engagés dans cette affaire ; je ne pus m'empêcher d'éprou- ver un sentiment de. dégoût en voyant jusqu'à quel point un écrivain, se donnant pour chroniqueur fidèle des événements accomplis durant cette intéressante période de notre histoire, pouvait fausser les faits et se rendre coupable d'un acte d'injustice révoltante. Le correspondant anonyme, désirant expliquer les causes de la défaite de notre escadre sur le lac Champlain, ne connaissant vraisemblablement pas mieux, cite, entre autres choses, le passage suivant de "James, Naval " occurrences of the laie wor beiween Great Britain andlht " United States :" ^^ AU the Gun-boats^ except the'-^ Mur- " ray''\ '•'-Beres/ord''^ and another, abandonned the object as- " signed them : [app. no. 90) that is^ ran away almost as soon *' as the a'tion commenced ! AU surprise at this wiU cease *' when it is known, that not one of the Gun beats had more " thaii three seamen on board ; their creics, wilh the excep- *' tioîi of afew marines in sonie of them, bting composed of " a smaU detachment ofthe 39th. Régiment and of canadian " militia ivho spoke the French language only. "

La calomnie était trop atroce pour que je la laissasse pas- ser sans mot dire, et quoique peu versé dans la connaissan- ce de la langue anglaise, j'entrepris, sur le champ, de réfu- ter cette histoire honteuse, faite sans doute à plaisir par M.James, pour ménager la sensibiliié de ses nationaux, aux dépens de braves volontaires dont le seul crime était de ne parler que la langue de leurs aïeux. Je fis donc voir que le Capitaine Daly, du 3me. bataillon de la milic6 incorporée, employé dans les chaloupes canonnières, avec les officiers et les miliciens de sa compagnie, était le même qui, avec cet- te même compagnie, s'était distingué l'année précédente, à

147

Chateauguay, d'une manière si remarquable ; qu'il s'était volontairement offert, avec ses hommes, au commandant en chef pour armer quelques-unes des chaloupes canonnières sur le lac Champlain ; que des soldats éprouvés, comme l'étaient le Capitaine Daly, les officiers et les miliciens sous ses or- dres, courant spontanément à un danger imminent, ne pou- vaient être du nombre de ceux qui lâchèrent pied dès le commencement du combat ; j'eus beau citer de mémoire le nombre des morts et des blessés et invoquer un certain Or- dre Général, concernant la belle conduite de cette compa- gnie en cette occasion, je ne pus convaincre qu'à demi les lecteurs anglais, qui, d'ailleurs, trouvaient leur compte dans les faits tels qu'expliqués par James ; il me manquait un docu- ment pour ne laisser aucun doute sur l'entière véracité de mon récit , l'Ordre Général auquel je viens de faire allusion. Je fis mille instances auprès de l'adjudant-général de la milice pour me le procurer, mais sans aucun résultat. J'eus pour réponse que cet ordre général ne pouvait se trouver, au bureau de l'adjudant-général de la milice, et que, s'il existait, je ne pourrais me le procurer qu'en ayant recours aux archives du dé|3ûrtementde l'adjudant-général de l'armée. Force me fut donc de m'en tenir là, n'ayant pu obtenir de mon travail qu'un demi-succès. Deux ans après j'ac- ceptais la place de député adjudant-général de la milice, et, dans les premières vingt-quatre heures de mon installation dans le département, j'eus le plaisir de mettre la main sur l'ordre général dont on me disputait l'existence deux ans auparavant ! Mais alors il n'était plus temps ; ayant perdu l'à-propos de cette preuve, quand j'en avais eu besoin, je dus remettre à une autre occasion le soin de faire connaître la vérité et de venger la mémoire de mes courageux compa- gnons d'armes indignement traités.

L'an dernier, je crois, ou peut-être l'année précédente, M. Rogers qui a écrit un livre intitulé : " The riseof Canada

14S

*^ fromBarbarisjn io loealth and civilisation^ page 287, " ré- pète cette calomnie en ces termes : " The troops cooked *' away wliile Downie faught desparetely wilh a flect ivhichj " as a whole^ was superior in strenglit to his^ andwhichwas " rendered eminently superior bij ihe shameful défection of " the gun-boats manned by canadian militia and soldicî^s of " the 39th Régiment:'

Après avoir lu ce passage dans le livre de M. Rogers, je pris la peine de lui faire quelques remarques dans une lettre que je lui écrivis à ce sujet, lui adressant en même temps copie de l'ordre général qui établit si bien le rôle honorable que jouèrent nos compatriotes à bord des chaloupes canon- nières sur le lac Champlain, en septembre 1814 ; mais jus- qu'ici ma lettre est demeurée sans réponse.

Enfin, dans le cours de la session dernière, une adresse à la Reine, priant Sa INIajesté d^accorder la demi-solde aux quelques officiers survivants de la milice incorporée qui ne l'ont pas reçue, ayant été soumise au concours du Conseil Législatif, je crus l'occasion favorable ])Our rétablir la vérité des faits accomplis sur le lac Champlain en 1814, faits que des historiens ignorants ou malhonnétes'se sont plu à dénatu- rer. M'étant chargé de faire valoir cette adresse dans le Con- seil Législatif, je pus, dans le cours des débats, citer les preu- ves nécessaires pour mettre dans son vrai jour la belle con- duite du capitaine Daly et de sa compagnie durant le combat naval du 11 septembre 1814. Malheureusement, comme cela arrive souvent, je ne pus voir, le lendemain dans les jour- naux, qu'un sommaire incomplet de ce que j'avais dit la veille, dépourvu des preuves que j'avais données pour établir la vérité des faits.

Maintenant, Monsieur le vSeerétaire, comme je vois qu'un des objets de la Société Historique de Montréal, est de tra- vailler " à dissiper les erreurs qui se glissent dans la relation " de!5 faits de notre histoire, " je crois ne pouvoir

149

mieux faire que de vous adresser la présente correspondance, afin de placer dans un lieu sûr les pièces justificatives que j'ai découvertes et que j'appuie de la connaissance que je possède moi-même des faits qui se rattachent à la conduite, pleine de valeur et d'esprit chevaleresque, et pourtant si honteusement calomniée, de la compagnie des grenadiers de l'ancien 3e bataillon de la milice d'élite et incorporée. Si comme je le pense, la So.ciété Historique de Montréal con- sidère la valeur comme une des plus belles qualités d'un peuple, et, s'il est admis qu'on ne peut citer de circonstance cette qualité ait fait défaut chez nos compatriotes, elle n'hésitera pas, sans doute, quand le temps lui paraîtra op- portun, de publier les renseignements que je lui envoie, et sur l'authenticité desquels elle peut compter. Je ne tiens nullement à ma correspondance ; la société pourra en extraire ce qui lui semblera propre à décider la question et cela pourrait paraître d'autant plus nécessaire que, si j'en juge par le Ir. exemplaire que l'on a eu la bonté de m'adresser la forme sous laquelle la société présente ses travaux aux lecteurs diffère entièrement de celle que j'emploie dans ma correspondance.

Les écrivains anglais ont employé bien des détours pour expliquer la défaite de notre escadre sur le lac Champlain en 1814 ; aucun cependant n'a osé avouer la ^Taie cause : la trop haute opinion que nous entretenions de nous-mêmes et notre peu d'estime de la valeur de nos ennemis. Cette fausse confiance est une erreur bien grande qui a coûté cher •à plus d'un peuple, et aux anglais plus souvent peut-être qu'à aucun autre. Tous ceux qui ont connu la bouillante valeur de l'infortuné Downie savent très-bien que ce brave, mais téméraire oiîicier, quinze jours' avant la bataille du lac Champlain, déclarait dans un Mess-room à Odell Town, qu'avec la " Confiance''' seule un de ses navires il pour- rait rosser {lick) l'escadre américaine toute entière ! Et en

loO

effet, que fit-il le jour du combat ? L'armée ne le vit-elle pas^ à huit heures du matin, une lieue en avant de sa flotte, attaquer seul l'escadre américaine, et n'est-ce pas un lait incontestable qne le pauvre Downie était déjà mort cl son navire complètement désemparé avant que Pring, comman- dant le " Linnet,'''' })ut tirer son premier coup de canon, pour secourir la '•'• Confiance''' ? Le " LinneC ensuite, et le reste de la flotte, se présentèrent en ordre serré, combattirent pen- dant deux heures et firent infiniment plus de mal à l'ennemi que n'avait pu faire l'attaque isolée de la " Confiance^'''* et cela longtemps après que ce dernier navire eut amené son pavillon. Pour ce qui est des chaloupes canonnières, voici ce qui arriva : nos compatriotes, dans trois de ces chalou- pes, se placèrent dans l'ordre qui leur avait été assigné, et tinrent ferme à leur poste aussi longtemps qu'ils virent le drapeau anglais flotter à bord du dernier navire de notre escadre ; mais notre pavillon étant enfin amené de toutes parts, et tout paraissant alors perdu sans ressource, ils pu- rent, à force de rames, échapper à un ennemi tout puissant et regagner l'Ile-aux-Noix. Je tiens ces faits de mes amis, le capitaine Daly lui-même et son brave lieutenant. Hercules Olivier. D'ailleurs nous verrons bientôt, par la liste des morts, comparée au nombre respectif des combattants, que nos compatriotes, placés au poste le plus exposé, durent sou- tenir vaillamment le rude choc des ennemis. Quant aux chaloupes canonnières anglaises, quelques-unes d'entre elles combattirent courageusement, côte à côte de nos compatrio- tes, mais le plus grand nombre, sous les ordres du lieute- nant de marine Rayot, prit la fuite dès le commencement du combat, ce qui, il n'est guère permis d'en douter, eut l'effet d'agir comme agent démoralisateur sur l'esprit des équipages denolnî escadre.

A la page 2 17, t. II, de l'ouvrage intitulé : "yl Historyofthc " laU Province of Lower-Canada hy Robert Christie,^' l'au-

loi

teur, après avoir raconté, d'une manière sommaire, les prin- cipaux faits de la malheureuse expédition de Plattsburgh, ajoute ces quelques remarques : " Thus terminated the luck- " less and humiliating expédition to Plattsburgh^ with the " loss of the squadron ( the giin-boats, oiving to the miscon- " duct ofthe officer in command {Lieutenant Rayotj^^excep- " ted) and five hundred men of the land forces in killed " wounded and missing. This gentleman, Lient : Rayoty " soon after his disgraceful Jîightfrom the naval action at " Plattsburgh, disapeared, while under arrest, preparatory " to his trial by a naval court martial, andwas struck from " the navy list.^''

Pour ce qui est des observations de M. Rogers que : " The " troops cooked away while Downie faught desparately,^* il n'y a rien de plus faux ; tout cela n'est que fiction, et il est probable que M. Rogers aura coupé, avec des ciseaux, aussi bien que le reste de son ouvrage, ces remarques de quelque gazette publiée trente ans après la guerre de 1812 : c'est tout simplement une invention faite à plaisir pour noir- cir la mémoire de Sir George Prévost. Le fait est que l'ordre d'avancer donné au son de la trompette, du clairon et du tambour, se fit entendre dans toutes les brigades compo- sant l'armée aussitôt que parut le premier navire de la flotte au détour de Cumberland-head ; chaque régiment prenant la position qui lui était assignée, à quart de portée du canon des retranchements ennemis, en attendant le mot de comman- dement qui devait précipiter ses pas à l'assaut ; les batteries anglaises érigées en face des travaux américains se démas- quant et ouvrant en même temps leurs feux sur l'ennemi ; et tout cela se passant avant que la " Confiance " eut tiré sa première bordée. Les chasseurs' canadiens marchant la gauche en tête, avec la compagnie légère ou Berczy, qui avait perdu, enlongeant la rivière Saranaque, onze hommes tués et blessés, et qui avait repoussé l'ennemi chemin faisant,

\:r2

étaient déjà dans les batteries avnnt que le Linnel eu paru au détour de Cumberhiud-head. Le signal j)our mon- ter à l'assaut devait être donné par les brigades Robinson et Power, mais ces brigades s'étant égarées dans le bois, après avoir traversé la rivière Saranaque, ne purent, à l'iieu- re convenue, donner le signal de l'assaut ; et notre Hotte, pendant ce délai, ayant été battue, ordre fat envoyé à ces deux brigades de revenir sur leurs pas. Quant aux deux corps d'infanterie canadienne, qui formaient partie de l'ex- pédition, il sulKt de dire qu'ils étaient à V avant- garde en marchant sur l'ennemi, longeant le lac Champlain, sous les ordres du major-général Brisbane ; et à Varrière-garde^ en reprenant la route du Canada, et que l'ennemi ne pat une seule fois, pénétrer leurs rangs soit en avançant, soit en re- traitant.

Mais revenons aux chaloupes canonnières et au petit dé-^ tachement canadien qui les montaient : les remarques de M. Rogers nous les ont fait perdre un instant de vue. Sir George Prévost dans une dépêche qu'il écrivait le jour delà bataille, à un moment il lui était impossible de connaître tout ce qui s'était passé dans le cours du combat naval, a blâmé, il est vrai, la conduite des chaloupes canonnières, mais ces paro- les de blâme sont bien compensées par son ordre général en date du 1er Décembre de la même année, lorsque, mieux renseigné, il crut de son devoir d'accorder un juste tribut de louange à quelques braves qui, autrement, se seraient trouvés flétris en partageant une censure commane qu'ils n'avaient assurément pas méritée. Voici d'abord les paro- les de la dépêche à laquelle nous venons de faire allusion : " Scarcely had his Majesty''s troops forced a passage accros *' the SaranaCj and asccnded the hcighls on which stand the " encmy''s works^ that I had the extrême mortification to " hear the shout of victory from the enemy''s works, in con- '• séquence pf the hrilish Jlag being loivercd on board of the

153

"■ Confiance'' and " Linnet » andto see oicr Gun-hoals seek- " mg their safety inflight.''

Comme nous venons de le faire remarquer, le général en chef, écrivait de son quartier-général le jour même de la ba- taille ; il ne pouvait donc connaître les détails du combat mais plus tard, ayant été mis au fait des circonstances les plus minutieuse, le général Prévost n'hésita plus à rendre justice à qui justice était -si légitimement due, et il lança l'ordre général que voici :

Adjutant-general's Office, Montréal 1 Dec. 1814. General Order, " The season of tl.e year no longer requiring the rétention " of the detachment of the 3d Battalion embodied Militia, " serving in the gun-boats, it is ordered to rejoin the Head " Quarters of the Corps. His Excellency the Governor in " Chief and Commander of the Forces, considers it an ac^of " justice to Capt. Daly and the officiers and men under his " command, to express the high sensé he entertains of the " laudable zeal which induced them, voluntarily to embrace " so ardous abranch of the service and to persévère with for- " titude and steadiness in the discharge of its varions duties, " in the performance of which the detachment had one ser' " géant and eight soldiers killed and one lieutenant and two " soldiers wounded in action with the enemy.

(Signed,) Ed. Baynes, Ad.-Gen. N. A.

Il est, ce nous semble, bien évident que cet ordre général ne pouvait être destiné à complimenter un détachement de milice, " ne parlant que français,"" si ce détachement avait, comme nous l'assure l'historien Jame's, pris la fuite dès le commencement du combat ; d'ailleurs il est clair que lors- que l'on fuit sans combattre, l'on ne se fait pas tuer : cela n'a pas besoin de [commentaire pour se comprendre. La

OFFICIERS

DE LA

SOCIETE HISTORIQUE

DE MONTREAL.

Patrons :i,ir G. E. Caktier, etrHon. P. J. 0. Chauvkau.

PRESIDENT : M. l'Abbé H. A. B. Vf.rreau. yPrési,.,, g„„ Honneur le Juge Beato.v

Serré taire t> -n

^^- -LJellemare, Ecuier.

Trésorier -iir -.t

^^- Marchand, Ecuior.

Bihiinfhéraire .... T a n t

j ■'" ^- -'^- I-ATOUR, Ecnier

A>^<islnnf-Srrrrh,ire j o ,)...^, ., .

MÉMOIRES

DE LA

SOCIETE HISTORIQUE

DE MONTREAL.

HISTOIRE DU MONTREAL

PAR

M. DOLLIEE de OASSON.

MONTRÉAL :

DES PRESSES A VAPEUR DE "LA MINERVE,

RUE ST. VINCENT, 16.

18 68

HISTOIRE DU MONTREAL.

1640-1673.

Manuscrit sans nom d'auteur, apporté à Montréal, en

Novembre, 1845, par l'Hon. L. Jos. Papineau, copié

à Paris, pour la Province du Canada.

Ouvrage attribué à M. François Dollier de Casson,

Prêtre de St. Sulpice de Paris et 3e Supérieur

du Séminaire de Montréal.

AVEC APOSTILLES PAR M. PIERRE MARGRY ET NOTES ET APPENDICES PAR M. J. VIGER.

UN MOT D'EXPLICATION.

Dans la dernière session du Parlement Provincial,

TAssemblée Législative du Canada autorisa le Gouver- neur, Lord Chs.- Theophilus Metcalle, sur Adresse, à em- ployer telle somme d'arçent qu'il jugerait convenable à faire copier, pour j'usage de la Province, quelques uns des nombreux manuscrits qui sont de dépôt dans les bureaux publics de Paris et qui concernent le Canada. A la suite de cette Adresse, Thon. L. Jos. Papineau, alors à Paris, lut prié par le G-ouvernement coJonial de rem- plir le désir de l'Assemblée Législative ; il le voulut bien, et, sous la surveillance de M. Margry, il fit copier la présente

"Histoire du Montréal." et plusieurs autres manuscrits ayant rapport à l'histoire du Canada et qu'il y apporta, cette année, avec lui. Le présent mémoire, ouvrage de M. François Dollier de Casson, prêtre de St. Sulpice et 3e Supérieur du Sémi- naire de Montréal, est un volume de 382 pages, grand in 4to, auquel M. Pierre Margry a fait nombre d'apostilles qu'on trouvera portées en encre rouge à cette copie du MS. (1) pour les mieux distinguer des notes en encre noire que j'ai cru devoir faire moi-même, indépendam- ment de l'appendice à la suite du texte.

Montréal, 26 Novembre 1845. Js. Viger.

Ce mémoire est aasi/rément de M. Dollier quoiqu'il ri en porte le nom. La note sur le voyai2;e de IGÔdJusti/ie ce fait. Je n'ai pas revu ce Mémoire tout de mes propres i/eux, mais il m'a été relu, par le copiste, pendant que Je teyiais l'original en main. Comme cela s est fait la nuit, quelques erreurs se- ront peut-être restées. Toufejois Je //uis dire que la copie sera plus lisible, quoiqu'il // ait, plus claire, mieux orthoirra- phiée que C œuvre même de M. Dollier souvent iiidéchijfrable.

Août 20, 4 h. du matin.

(1) Los apostilles «le M. Marpry sont insi-réfs en italirjucs au bus des pages de ce volume : les iiote> de M Viger sont indiquées comme vi'nant de lui.

HISTOIRE DU MONTREAL.

Lettres adressées depuis 1640 jusqu'à 1672. A Messiefirs les Infirmes du Séminaire de St. Sulpice,

Je vous envoie, Messieurs, cette Relation afin qu'elle vous serve d'un vaisseau fort commode pour venir au Montréal sans que vous ayez besoin de remède pour dis- poser vos corps aux rigueurs du voyage ; Si vous êtes incommodés d'un mal de mer importun ne craignez pas les roullins en ce trajet car le branlement de ce navire n'augmentera aucunement vos douleurs : si vous avez l'estomac foible et que vous appréhendiez par trop les maux de cœur que cause ordinairement une mer agitée, fiez-vous sur ma parole, tournez hardiment ce feuillet et vous embarquez sans crainte, car je vous promets que cette grande traversée vous sera si douce qu'à peine vous vous en appercevrez. Si vous avez peur de ces mouches que nous appelons maring'ouins qui donnent tant d'exercice aux habitants de ce pais, assurez-vous que je les bannirai si bien de ce livre que vous n'y en trou- verez pas une : si la foiblesse de vos yeux vous fait

craindre nos neiges je m'offre pour le garant de vos vues, pourvu que vous ne vous serviez d'autre navire que de celui-ci afin d'y venir : Si vous appréhendez la dépense que vous pourroit causer cette entreprise, afin de la modérer et épargner votre bourse, je vous offre le passage gratis, pourvu que vous me voulliez seulement accorder quelques heures de ce temps que Messieurs vos médecins ou apothicaires ne vous permettront pas de donner à des emplois plus utiles ; que si vous me dites " tout cela est bon, mais nous voudrions approcher au- " trement de votre beau fleuve pour admirer plus agré- " ablement la beauté de son cours," je vous répondrai que si quelques uns d'entre vous sont de ce sentiment, j'en ai trop de joie pour m'y opposer, qu'ils viennent à la bonne heure comme il leur plaira goûter la belle eau de nos rapides et apprendre par leurs propres expérien- ces que la Seine lui doit céder son nom puisque celle-ci est mille fois plus avantageuse à la santé du corps.

AU LECTEUR.

Comme je ne souhaite point tromper ceux qui se vou- dront donner la peine de lire cette Relation, je veux bien les avertir qu'ils ne peuvent pas espérer de moi que ce soit sans quelques légères erreurs pour les dates, les temps (2) et que je serai si fidèle à leur rapporter toutes les belles actions qui se sont faites en ce lieu que je n'en obmette un très grand nombre ; premièrement parceque la religion de ces personnes pieuses et qualifiées les- quelles ont peuplé cette isle au dépens de leur bourse, n'a jamais pu souffrir que rien de remarquable parût chez les libraires touchant ce qui a été fait ici, si bien que je suis contraint aujourd'hui de laisser dans un profond silence et au milieu des ténèbres ce qui mérite- roit d'être exposé au plus beau jour, lorsque je n'en ai pas des témoignages authentiques ; en second lieu il y a eu tant d'attaques en ce poste avancé, tant de coups donnés et reçus, les témoins y ont été tant de fois re- poussés depuis trente-un ans qu'on y est établi, (3) d'ail- leurs il y a eu tant de faits considérables pour la piété surtout à l'égard des personnes qui soutenoient cet ou- vrage, que j'aurois beau examiner et feuilleter les temps et les saisons, je serois toujours contraint d'oublier bien des choses dignes de mémoire. En troisième lieu je vous dirai que j'ai si peu de temps à moi, que je ne puis faire autre chose sinon parcourir ce petit jardin de Mars prenant sans avoir le loisir de m' arrêter tantôt une fleur en un endroit, tantôt en un autre, pour vous former ce bouquet ; que si les fleurons qui le composent se trou- vent moins artistement accommodés, je ne laisserai pas de vous le présenter volontiers, parce qu'il vous sera diflB.cile de l'approcher sans que vous ressentiez la suave

(2) L'ordre des temps.

(3) Noire auteur écrit donc de IG72 à 1673. (Note de J. Viger.)

8

odeur de cet Epoux des Cantiques qui s'est fait suivre dans des pays aussy éloignés par tant de personnes con- sidérables, soit par leurs démarches du corps, soit par les démarches de l'esprit et de l'affection, soit par les dé- marches de la bourse dont les largesses ne s'y sont pas fait voir avec peu de profusion et ne contribuent pas peu encore aujourdhuy aux reconnaissances et hommages qui y sont rendus au Créateur de l'univers aux pieds de ces nouveaux autels surtout par plusieurs personnes qui n'y pourroient pas encore maintenant subsister, ou du moins elles y seroient dans la dernière misère sans les douceurs charitables de la France qui les aide de temps en temps à faire leurs pénitences avec moins d'inquié- tude en ce grand éloignement dans lequel elles se trouvent de tous leurs amis, après avoir essuyé et couru de périls qu'il se verra dans la suite de cette histoire, à laquelle les choses qui se sont passées depuis l'an 1640 jus- qu'à l'an 1641 au départ des vaisseaux de Canadas en France serviront d'un forte belle et riche entrée, ensuite nous marquerons toutes les autres années à la tête des chapitres, comptant notre année historique depuis le départ des vaisseaux du Canada pour la France dans une année jusqu'au départ d'un vaisseau du même lieu pour la France dans l'an suivant : ce que nous faisons de la. sorte parceque toutes les nouvelles de ce pays sont con- tenues chaque année en ce qui se fait ici depuis le dé- part des navires d'une année à l'autre et en ce qu'on reçoit de France par les vaisseaux qui en viennent ; et comme nous puisons dans ces deux sources ce que nous mandons tous les ans à nos amis j'ai cru que l'ordre na- turel voulait que je cottasse aiusy mes chapitres pour une plus sure division de cette histoire.

HISTOIRE DU MONTRÉAL.

Depuis Tan de Notre Seigneur 16iO jus ju' à l'an 1641 au départ des vaisseaux de Canadas en France.

La main du Tout-puissant qui se découvre ici tous les jours en ses ouvrages voulut, l'an quarantième de ce siècle, se donner singulièrement à connoître par celui du Montréal dont elle forma les desseins dans l'esprit de plusieurs d'une manière qui faisoit dans le même temps voir en Dieu une bonté très grande pour ce pays, auquel elle voulut lors donner ce poste comme le bouclier et le boulevart de sa défense, une sagesse non pareille pour la réussite de ce qu'elle y voulut entreprendre, n'ob- mettant rien de ce que la prudence la plus politique eût pu acquérir (1) ; une puissance prodigieuse et surpre- nante pour l'exécution de cette affaire faisant de mer- veilleuses choses en sa considération : tous les anciens habitans de la Nouvelle-France savent assez combien il leur a vallu d'avoir ce lieu avancé vers la rive ennemie

(2) pour les amuser et retenir dans leurs terribles des- centes ; Ils n'ignorent pas que très souvent cette côte

(3) a servi de digue aux Iroquois pour arrêter leur furie et impétuosité se dégoûtant de passer plus outre, lors- qu'ils se voyoient si vigoureusement reçus dans les atta- ques qu'ils y faisoient, et la suite de cette histoire fera tellement toucher au doigt combien le Canada lui est

(1) Requérir. *

(2) Leurs ennemis.

(3) Isle.

10

obligé de sa conservation, qne ceux qui sauront par leurs propres expériences la sincérité et vérité de ce discours, béniront en le lisant mille fois le ciel, d'avoir été assez bon pour prendre et concevoir le dessein d'un ouvrage qui lui est si avantageux : que si la bonté de Dieu a paru visiblement en cette entreprise, sa sagesse et toute puis- sance n'y ont pas brillé avec moins d'éclat, étant vrai qu'il est impossible de repasser en son esprit toutes les choses qui se firent dans l'année dont nous parlons, sur le sujet de Montréal, sans admirer partout ces deux per- fections divines qui concouroient tellement l'une avec l'autre au dessein duquel nous traitons, qu'il paraissoit clairement que cet ouvrage n'appartenoit point aux hom- mes mais seulement à la sagesse et au pouvoir infini d'un Dieu meu par sa seule bonté à en agir de la sorte ; mais voyons un peu. comme ces deux attributs divins de la sagesse et de la puissance s'assistèrent l'un l'autre afin d'enfanter et de mettre au jour cet ouvrage : La providence de Dieu voulant rendre cette isle assez forte pour être la frontière du pays, et voulant du reste la rendre assez peuplée pour y faire retentir les louanges de son créateur lequel y avait été jusqu'alors inconnu, il falloit qu'elle jettîit les yeux sur plusieurs personnes puissantes et pieuses afin d'en faire une compagnie qui entreprit la chose, par ce que la dépense devant être grande, elle eût été excessive si plusieurs personnes puis- santes et de qualité ne se fussent réunies pour cet effet, et l'union n'auroit pas longtemps duré si elle n'avoit été entre des personnes pieuses détachées du siècle et entiè- rement dans les intérêts de Notre Seigneur, d'autant que cette association se devant faire sans espoir de profit et en ayant encore même aujourd'huy fort peu à espérer d'ici à plusieurs années en ce lieu, elle se seroit bientôt détruite si elle avoit été intéressée, quand elle n'auroit

11

eu que ce seul chagrin d'être obligée à toujours mettre sans espérance de rien recevoir d'un très longtemps : de plus il falloit que la Providence divine disposât quel- que illustre commandant pour ce lieu, lequel fût homm e de cœur, vigoureux, d'expérience et sans autres intérêts que ceux de l'éternité : outre cela il falloit que la même providence choisît une personne pareillement dé- gagée pour y avoir soin des pauvres malades et blessés en attendant que le monde se multipliant elle procurât à cette isle l'assistance d'un hôpital pour seconder ou tenir la place de cette personne, sur quoy il est à remar- quer qu'il étoit de besoin que ce fût quelque fille ou femme à cause que les personnes de ce sexe sont propres à plusieurs choses qiii ne se font pas communément si bien par ceux d'un sexe différent dans un lieu il n'y en a point. Mais à vous dire le vrai il falloit que ce fût une personne toute de grâce pour venir alors dans ce pays si éloigné, si sauvage et si incommode, et il étoit nécessaire qu'elle fût extrêmement protégée de la main du Tout-puissant afin de conserver toujours le trésor de sa pureté sans aucun larcin ou véritable ou faussement présumé, venant parmi les gens de guerre : La provi- dence a miraculeusement opéré toutes ces choses comme nous verrons dans la suite de cette histoire qui nous fera également admirer la sagesse de Dieu et son pouvoir : mais avant que de parler de cet illustre commandant et de cette personne choisie iDour les malades et bles- sés, revenons à l'érection de notre sainte compagnie, aussi bien n'oserions-nous rien dire présentement de ces deux personnes que le Ciel à élues parceque la main de Dieu qui travaille fortement chez elles, veut le faire comme en cachette ; ces deux ouvrages si nécessaires sans que nos associés en aient aucune connaissance jus- qu'à l'an prochain, afin qu'ils les reçoivent alors comme

12

nue gratification purement céleste : Sur donc voyons naître cette belle association et prendre son origine dans la ville de la Flèche par le moyen d'une relation de la Nouvelle-France, qui, parloit fortement de l'isle du Montréal, comme étant le lieu le plus propre du pays afin d'y établir une mission et recevoir les sauvages, la- quelle Relation vint heureusement entre les mains de M. de la Doversière, (1) personne de piété éminente, qui fut d'abord beaucoup touché en la lisant, et qui le fut encore bien d'avantage quelque temps après, Dieu luy ayant donné une réprésentation si naïve de ce lieu qu'il le décrivoit à tous d'une façon, laquelle ne laissoit point de doute qu'il n'y eut bien de l'extraordinaire dedans, car les guerres avoient laissé si peu de moyens poiu le bien re- connoître qu'à peine en pouvoit-on donner une grossière idée, mais lui le dépeignoit de toute part non seulement quant aux costes et partie extérieure de l'isle, mais encore il en dépeignoit le dedans avec la même facilité, il en disoit la bonté et beauté et largeur dans ces diflTérens en- droits : enfin il discouroit si bien du tout qu'allant parler un jour au Révd. Père Channeau,(2)Kecteur du collège de la Flèche qui le confessoit et lui disant que Dieu lui avoit fait connoître cette isle la lui représentant comme l'ouvra- ge auquel il devoit donner ses travaux afin de contribuer à la conversion des Sauvages i^ar le moyen d'une belle co- lonie française qui leur pouvoit faire sucer un lait moins barbare ; que cependant il vît ce qu'il devoit faire et s'il croyait que cela fut de Dieu oui ou non, alors ce père éclai- ré du ciel, convaincu par ce qu'il cntendoit desabouche,

(Il Jérôme Lf F{oyer do la Dauversière, (note de J. V.)

(2) ('limtveaii ou Chain rrau.

Si M. M. au lieu de corriger et moderniser l'orthograplie de lautc^ur, l'eut au contraire suivie et un peu t'tudiée il aurait vu Cliauticaii dans ce nom, c'est-à-dire Chauveau et non Chmmrau ou r/iainnran. On mettait plus d'un U û celte époque h la place de notre V.

L'abbé de la Tour dit Ghauvet. (Note de J. V.)

13

lui dit-"N'en doutez pas, Mr. employez-vous y tout de bon;" étant revenu des jésuites, incontinent il dit tout ce qui s'é- toit passé à M. le Baron de Fauquant (1), gentilhonime fort riche qui étoit depuis peu venu demeurer chez luy, comme dans une école de piété afin d'y apprendre à bien servir notre Seigneur, Dieu l'ayant voulu conduire tout exprès sous ce pieux prétexte en la maison de son servi- teur, afin qu'il se trouvât à propos pour partager l'hon- neur de commencer le travail de cette nouvelle vigne, sur quoy il est à remarquer que ce vertueux baron avant vu la même Relation que M. de la Doversière en avoit été tellement touché qu'il ne lui eût pas plutôt fait con- noitre à quoy l'avoit destiné le bon père Channeau, qu'- aussitôt il s'ofirit à lui afin de s'associer pour le même dessein ; ces deux serviteurs du Tout-puissant étant ainsi unis ils prirent résolution d'aller de compagnie à Paris, afin de former cjuelque saint parti qui voulût contribuer à cette entreprise ; y étant arrivé M. de la Doversière s'en alla dans un hôtel Notre Seigneur conduisit feu M. Hollié (2), ces deux ser-^-iteurs de Jésus-Christ se ren- contrant en ce palais furent soudain éclairés d'un rayon céleste et tout-à-fait extraordinaire, d'abord ils se saluè- rent, ils s'embrassèrent, ils se connurent jusqu'au fond du cœur, comme St François et St Dominique, sans se parler, sans que personne leur eût dit mot et sans que jamais ils se fussent vus. Après ces tendres embrassemens de ces deux serviteurs de Notre Maitre céleste, M. Olier dit à feu M. de la Doversière. " Je sais votre dessein, "je vais le recommander à Dieu, au saint autel ;" cela dit il le quitta et alla dire la sainte messe que M. de la Do- versière alla entendre, le tout avec une dévotion difficile

(1; Sic. Fan ou Fau Fauquant.

Pierre Chevrier, Baron de Fancamp, prêtre. (Note de J.V.j

( 2) M. J. J. Olier, Fondateur du S'-rainaire de St Sulpice. ( Not^ ils J.V.)

14

à exprimer quand les esprits ne sont jjas embrasés du même feu qui consumoit ces grands hommes ; l'action de grâce faite, M. Holié donna cent pistoles à M. de la Dover- sière, lui disant " Tenez voilà pour commencer l'ouvrage de Dieu;" Ces cent louis ont été le premier argent qui ait été donné pour cet œuvre, prémices qui ont eu la béné- diction que nous voyons. Sur quoy il est bien à remar- quer que Dieu ayant le dessein de donner dans un cer- tain temps pour lors connu à lui seul toute cette isle au Séminaire de Saint Sulpice, il en souhaita toucher le pre- mier argent par les mains de son très digne fondateur et premier supérieur, afin de la lui engager en quelque fa- çon et lui donner des assurances qu'il s'y voulait faire servir un jour par ses enfants. Après cela ils ne doivent pas craindre au milieu des tempêtes, ils n'en seront pas abattus puisque Dieu est leur soutien ; et que pour le paiement de toutes les grâces qu'il a versées sur cet ou- vrage par leur moyen il en a voulu recevoir les arrhes par des mains qui lui étaient aussy agréables que celles de feu Mr. Holié. Mais reprenons le fil de notre histoire et faisons revenir M. de la Doversière trouver son cher Baron de Fauquand et exprimons si nous pouvons la joie avec laquelle il lui dit ce que nous venons de vous rap- porter au sujet de M. llolié ; exprimons si nous pouvons l'allégresse de cet illustre ])aron en voyant une telle mer- veille, ensuite voyons ces trois premiers associés dans leur première entrevue, et exprimons si nous pouvons leurs tendres embrassades mélangées de larmes et soupirs. Après disons que. Dieu donne })ien parfois de la joie à ses servitevirs, disons que chez les grands de ce monde rien ne se trouve de pareil, disons enfin que le lien amoureux formé par le St. Esprit entre ces trois associés ne se rom- pra pas aisément, qu'il sera fort i)our amener de puis- sants secours et faire entreprendre des merveilles dans

15

l'islé du Montréal : Mais voyons un peu comme Dieu les conduit pour la réussite de ce dessein ; il lalloit avant tou- tes choses c[u'ils se rendissent les maîtres du lieu que la Providence les fesoit envisao^er mais pour y parvenir il étoit nécessaire de traiter auparavant avec M. de Loson ( 1 ) auquel cette terre avoit été donnée, c'est ce dont s'acqiiitta quelques mois après avec beaucoup de ^'igilance et de soin le Sieur de la Doversiôre qui ne négligeoit au- cune chose à l'égard de cette affaire que le ciel lui avoit commise, pour cela il s'adressa au II. P. Charles Lalle- mant (2) qui fut si convaincu après l'avoir oui que ce dessein étoit de Dieu qu'il se résolut de demander per- mission d'aller avec lui trouver M. de Loson dans le Lionnais, il étoit alors, afin de mieux négocier la chose ; zèle à qui Dieu donna une telle conviction (3) que le traité de cette isle se fit et passa en la ville de Vienne (4) peu de temps après, ce qui fut au mois d'août du même an 1640. (5) Cela donna un grand con- tentement aux nouveaux associés, lesquels pour une marque de leur extraordinaire confiance en Dieu avoient

( 1 •) sic de Lauzon ?

11 signait Jean de Lauson, jai son autographe. Il était alors Intendant du Dauphiné, et fut gouverneur général du Canada de 1651 à 1656. Il partit tard dans l'automne sans attendre son successeur. Sa commission n'ex- pirait que le 17 janv. 1657. Il laissa pour commander à sa place M. Charles de Lauson De Charny Tun de ses fils, frère du Sénéchal. ( note de J.V. ) Voir 2e livraison des mémoires de la Société Historique.

(2) Il signait Lalemant. (Note de J.V.) (3) Brnédictiou.

(4)?

(5) M. Paillon dit à ce sujet ; "M. de Lauson cédant aux instances de M. de la Dauversière qui fit deux fois à cette fin le voyage de Dauphiné, substitua M. Olier et ses associés à sa place, par contrat passé à Grenoble, le 17 Août 1640, et approuvé par la Grande Compagnie (dont il tenait sa concession de l'Ile) au mois de décembre suivant."' (Vie de M. Olier. Paris 1841.) (Note de J.V.) Y oir a ppnulûr }io. XYl.

16

dès le printemps avant l'accomplissement de cette affaire, envoyé au 11. P. Lejeune, lors recteur de Kebecq, vingt tonneaux de denrées, outils et autres choses, afin qu'il prit la peine de les leur faire conserver pour l'an sui- vant : M. de la Doversière étant retourné de Viennois {Sic) après cette heureuse négociation, on commença lors de travailler tout de bon à chercher les moyens de faire un grand embarquement pour l'an 1641 ; mais si pour résister en ce lieu aux incursions des sauvages on avoit besoin de gens soldats et résolus, on avoit encore plus besoin d'un digne chef pour les commander, ce que re- présentant quelque temps après le Sr de la Doversière au P. Charles Lallemant, ce bon père lui dit : " Je sais un brave gentilhomme champenois nommé M. de Mai- son-neufve (1) qui a telle et telle qualité, lequel seroit possible bien votre fait et commission ;" il vit que M. de la Doversière désiroit de le connoitre, il lui dit son au- berge afin qu'il pût le voir sans faire semblant de rien ce qu'il fit fort adroitement et sans que l'on s'apperçut du dessein qu'il avoit ; parcequ'il alla tout simplement loger dans ci'tte auberge comme s'il n'eut eu autre envie que d'y prendre ses repas, et parla ensuite publiquement de l'affaire du Montréal qui étoit sur le tapis, afin de voir si cela ne lui doiineroit point lieu d'entrer en quelque con- versation sur ce fait avec M. de Maison-neufve, ce qui lui réussit fort bien, car M. de Maison-neufve ne se con- tenta pas dans la conversation de l'avoir interrogé plus que tous les autres ensemble sur le dessein proposé, mais outre cela, il le vint par après trouver dans le particulier, afin de lui dire qu'il seroit bien aise pour éviter les dé- bauches de s'éloigner et que s'il pouvoit servir à son dessein il s'y oflroit fort volontiers, qu'il avoit telle et

(l) Paul de Chomedey Sitiur <lo Maisonncurve. Il signait lantùl l'un, tanWt l'autre de ces deux noms. Jai de ses autographes. (Note de J. V.)

11

telle qualité, qu'au reste ilétoit sans intérêt et avoit assez de bien pour son peu d'ambition qu'il emploieroit sa vie et sa bourse dans cette entreprise sans vouloir autre chose que l'honneur d'y servir Dieu et le Roy son maitre dans l'état et profession des armes qu'il avoit toujours portées. M. de la Doversière l'entendant parler d'un lano-ao-e si chrétien et résolu en fut tout charmé. Il le reçut comme un présent de la Providence divine laquelle vouloit accomplir son œuvre et l'ofFroit pour cet effet à la compagnie naissante du Montréal ; aussi étoit-ce un homme digne de sa main, il étoit aisé à voir qu'il en ve- noit et étoit propre à réussir dans les desseins qu'elle avoit sur cette Compagnie à l'égard de cette isle ; elle lui avoit fait commencer le métier de la guerre dans la Hollande dès l'âge de 13 ans, afin de lui donner plus d'expérience, elle avoit eu le soin de conserver son cœur dans la pureté au milieu de ces pays hérétiques et des libertins qui s'y rencontrent, afin de le trouver par après digne d'être le soutien de sa foi et de sa religion en ce nouvel établissement, elle le r.etint toujours dans une telle crainte des redoutables jugemens derniers que pour n'être pas obligé d'aller dans la compagnie des mé- chants se divertir, il apprit à pincer le luth, afin de pou- voir passer son temps tout seul lorsqu'il ne trouveroit pas d'autres camarades ; quand le temps fut venu auquel elle vouloit l'occuper à son ouvrage elle augmenta telle- ment en lui cette appréhension de la divine justice que pour éviter ce monde perverti qu'il connoissoit, il désira d'aller servir son Dieu dans sa profession en quelques pays fort étrangers. Un jour roulant ces pensées dans son esprit elle lui mit en mains, chez un avocat de ses amis une Relation de ce pays dans laquelle il étoit parlé du P. Charles Lalemant, depuis quelque temps revenu du Canada. Là-dessus il pensa à part soi que peut-être

18

dans la Nouvelle-France il y avoit quelques employs il pourroit s'occuper selon Dieu et son état parfaite- ment retiré du monde ; pour cela il s'avisa d'aller voir le Père Charles Lallemant auquel il ouvrit l'intention de son âme ; le Père jugeant que ce gentilhomme étoit le véritable fait de Messieurs du Montréal, il le proposa à M. de la Doversière lorsqu'il lui en parla comme nous l'avons dit ci-devant, ce qui réussit à son extrême joie ainsi que nous l'avons déjà remarqué et ce qui causa des contentements indicibles à tous Messieurs les associés, particulièrement lorsqu'ils apprirent les avantageuses qualités qui brilloient dans ce commandant que la Pro- vidence leur donnoit en ce pressant besoin ; il est vrai que la joie qu'ils en conçurent s'augmenta encore beau- coup lorsqu'ils le connurent plus à fond ; quoique tout ce qu'ils remarquèrent en sa personne ne fut rien qu'un fort léger rayon de ce qu'il a fait paroitre ici en lui ; on a vu en sa personne un détachement universel et non pareil, un cœur exempt d'autres appréhensions que de celles de son Dieu, et une prudence admirable, mais entre autre chose on a vu en lui une générosité sans exemple à récompenser les bonnes actions de ses soldats, plusieurs fois pour leur donner des vivres il en a manqué lui-même, leur distribuant jusqu'aux mets de sa propre ta- ble ; il n'épargnoit rien afin de leur faire gagner quelque chose quand les Sauvages venoient en ce lieu ; même je sais qu'une fois remarquant une extraordinaire tristesse dans un brave garçon qui avoit fait voir plusieurs fois son cœur contre les ennemis, il l'interrogea et sachant que c'étoit à cause qu'il n'avoit rien de quoi traiter aux Outaouas, lesquels étoient lors ici, il le fit venir en sa chambre, et comme il étoit tailleur de profession il lui fit couper jusqu'aux rideaux de son lit pour les mettre en

19

capots, afin de les leur vendre et ainsi il le rendit con- tent ; snr quoi il est bon de savoir qu'il ne faisoit pas les choses pour en tirer aucun lucre, mais par une pure et cordiale générosité, laquelle le rendoit digne de louange et d'amour, ce que n'ont pas moins mérité plusieurs autres qui ne se sont pas moins dépouillés que lui de ce qu'ils avoient, d'autant que tout ce qu'ils ont fait n'a été que par la cupidité d'un profitable négoce qui cherche partout l'utile et le souverain de tous les biens.

Ce brave et incomparable gentilhomme rencontré, les associés ne songèrent plus qu'à de l'argent et à s'assurer de bons hommes afin de faire une belle et considérable dépense pour Dieu et l'honneur de la France en leur pre- mière levée de boucliers, qu'ils résolurent de commen- cer au premier départ des navires pour le Cana- da, qui étoitau printemps suivant qui étoit celui de 1641. Que s'ils réussirent Dieu les assista bien et il leur en coû- ta bon, surtout à cause des faux frais que le peu d'expé- rience et la tromperie des hommes fait faire en pareille occurrence il est à remarquer que cet embarquement se monta à vingt cinq mille écus en France et qu'ils n'é- toient encore que six personnes qui contribuassent à ce dessein et que partant il falloit que la grâce fut bien forte puisqu'elle les obligeoit à tant employer de biens en fa- veur d'un ouvrage qu'ils savoient ne leur devoir rien rapporter. Enfin le printemps venu ils donnèrent les or- dres pour l'embarquement qu'ils résolurent de faire prin- cipalement à la Eochelle Messieurs de Fauquant et de la Doversière se rendirent exprès à la prière de leurs confrères, afin d'assister M. de Maison-neufve qui y alloit après avoir reçu de Messieurs les associés la commission de venir conmander en ce lieu Sa Majesté leur a donné le pouvoir de commettre des G-ouverneurs, d'avoir

20

du canon et autres munitions de fT^uerre;ces trois Messi- eurs ne lurent pas plustôt arrivés à la Uochelle qu'ils re- cherchèrent encore de toutes parts du monde propre à bien soutenir ce poste, ils ne choisirent pour cet effet que de bons hommes en quoi ils avoient d'autant plus de raison qu'ils savoient que ce lieu devoit être fort chaud et difficile à deffendre par un petit nombre de soldats tel que celui qu'ils pouvoient iburnir, vu la multitude et la cruauté des ennemis qu'ils y dévoient combattre; outre cette levée de soldats ils firent de grandes dépenses pour avoir les denrées, outils et marchandises nécessai- res à un établissement de la conséquence de celui-ci. Enfin ils n'épargnèrent rien pour réussir en leur dessein^ mais au reste ils avoient besoin d'une chose qu'ils ne pouvoient trouver et que leur ])ourse ne leur pouvoit fournir, c'étoit d'une fille ou bien d'une femme de vertu assez héroïque et de résolution assez mâle pour venir en ce pays prendre le soin de toutes ces denrées et mar- chandises nécessaires à la subsistance de ce monde, et pour servir en même temps d'hospitalière aux malades et blessés ; que si leur argent ne la leur put octroyer la providence qui les avoit assistés jusques-là et qui depuis l'an 1640 les employoit fortement à cet ouvrage avoit pris le soin de disposer à leur insçu la personne dont ils avoient besoin, l'amenant à point nommé du fond de la Champagne en ce lieu de leur embarquement dans le temps qu'ils s'apperçurent de la grande nécessité qu'ils en avoient et de l'impossiliilité ils étoient de la trou- ver; chose qui est considérable et qui mérite trop d'avoir son récit en cette histoire pour ne la pas rapporter tout au long commençant par les premiers mouvemens de la vocation que ressent cette bonne fille dont est question dans la ville de Langre en l'an 1640 «Miviron la mi-avril par le moyen d'un chanoine de ce lieu-là, lequel parlant

21

de la Nouvelle France avec beaucoup de zèle loua extrê- memeut Notre Seigneur de ce qu'il s'y vouloit mainte- nant faire servir par l'un et l'autre sexe ; ajoutant que depuis peu une personne de qualité nommée Made. de la Pelleterie (1) y avoit mené des Urselines. Que Mada- me Deguillon (2) y avoit fondé des Hospitalières, et qu'enfin il y avoit bien des apparences que Dieu y vou- loit être particulièrement honoré. Ce furent ces paroles qui donnèrent la première impression que ressentit ja- mais Mademoiselle Mance (3) en faveur de ce pays, (c'est le nom de cette fille que le Maître de l'univers avoit choisie pour venir travailler dans cette nouvelle vigne) ; à mesure qu'elle entendoit ce discours son cœur se laissoit tellement surprendre par les mouvemens les plus secrets et les plus forts de la grâce qu'ils le ravirent entièrement à lui-même et le firent venir malgré lui en Canadas par ses désirs et par ses vues ; Lors toute éton- née de se voir en cet état, elle voulut réfléchir sur la foiblesse de sa complexion, sur ses maladies passées, enfin elle se voulut munir de plusieurs raisons pour s'exemp- ter d'obéir à ces divins attraits, mais tant plus elle re. tardoit plus elle étoit inquiétée par la crainte de l'infi- délité à ces mouvemens célestes, son pays natal lui étoit une prison, son cœur y étoit sur les épines, que si elle les vouloit découvrir à son directeur pour les lui arracher elles étoient si abondantes et fichées si avant qu'après avoir bien travaillé il perdoit l'espérance d'en venir à

(1) Madeleine de Chauvigny, Veuve De la Peltric : j"ai ses autographes (Note de J. V.)

(2) Marie Magdeleine de Wignerod ou Vignerod, duchesse d'Aiguillon Elle avoit été mariée à Antoine de Beauvoir du Roure de Combalet, dont elle n'eut point d'enfant. Elle étoit nièce du Cardinal de Richelieu (Note de J.V.)

(3) Jeanne Mance. j'ai son autographe, (Note de J. V.)

00

bout ; c'est pourquoy ayant invoqué le Saint-Esprit il lui dit de partir pour Paris, le mercredi d'après la Pente- côte ; que elle s'adressât au Père C. Lalemant qui avoit soin des affaires du Canadas, qvie pour la direction de sa conscience elle prit le Recteur de la Maison des Jésuites qui seroit la plus voisine du lieu elle log-eroit. Ayant reçu ces conseils elle vint à Paris pour faire ce que Dieu demandoit d'elle, feignant en sa maison de n'y vouloir aller qu'afin d'y voir ses parens. En etfet elle vint de- meurer chez eux près du noviciat des Jésuites ; de sans perdre beaucoup de temps elle alla voir le Père Ch. Lalemant, qui à la deuxième visite l'encouragea grande- ment, lui dit des merveilles touchant les desseins que Dieu avoit sur la Nouvelle-France et qu'il s'en alloit à Lyon pour une affaire de la dernière conséquence qui retrardoit le Canadas; c'étoit pour la négociation du Montréal dont nous avons parlé, mais il ne la lui décou- vrit pas, aussi n'en étoit-il pas besoin pour lors : Dans ce même temps elle vit le Père St. Jure, recteur du novi- ciat des Jésuites, qui lui dit peu de chose n'approuvant ny ne désapprouvant rien aussi sur le sujet de sa voca- tion en ces contrées : Or comme le Père St. Jure étoit fort occupé, elle fut trois mois ensuite sans lui pouvoir parler, mais enfin avant fait connoissance avec Madame De Villersavin (1) cette dame la mena par après un jour voir le Père St. Jure qui la retint quand elle s'en voulut aller, afin de lui parler en particulier, lorsque Mme de Villersavin seroit partie, ce qu'il fit avec beaucoup de force et ouverture de cœur, l'assurant que jamais il n'a- voit tant vu de marque de la volonté du bon Dieu qu'en sa vocation, qu'elle ne la devoit plus dissimuler comme elle l'avoit fait jusqu'alors, que c'étoit une œuvre de

(22; Mllerchavin. M Faillon dit VilUcerain.

23

D ieu, qu'elle s'en devoit déclarer à ses parens et à tout le monde. Ces paroles dilatèrent tellement son cœur, qu'elle ne poiivoit l'exprimer ; d'abord qu'elle fut à sa maison elle découvrit tout ce mistère à ses parens, ils A'oulurent s'y opposer mais en vain. Incontinent après, c ela se divulgua de toutes parts et comme la chose en ces temps étoit comme inouïe cela fit un grand bruit sur- tout chez les dames qui prenoient plaisir de faire venir cette demoiselle et de l'interroger sur une vocation si ex- traordinaire ; La Eeine même la voulut voir, comme aussi Madme la Princesse, Made la Chevalière (1) et autres ; quant à son particulier elle ne répondoit qu'une seule chose à tous, c^u'elle savoit bien que Dieu la vouloit dans le Canadas mais qu'elle ne savoit pas pourquoi, qu'elle s'abandonnoit pour tout ce qu'il voudroit faire d'elle aveuglément. L'hiver suivant un Provincial des col- lets, homme de grand mérite nommé le Père Rapin (2), vint à Paris, or comme elle le connoissoit dabord elle le visita et lui dit les choses comme elles étoient ; à quoi il répondit qu'approuvant son dessein et son abandon entre les mains de Dieu, que cela étoit bien, qu'il falloit ainsi qu'elle s'oubliât elle-même, mais qu'il étoit bon que d'au- tres en eussent le soin nécessaire ; c'est ce c|ui arriva par le ministère de ce saint homme,lec[uel Cjuelques jours après lui manda Cju'elle eût à se tenir prête pour aller chez Ma- dame de Bullion c[uand on la viendrait cjuérir ce qui fut l'après-diné ; étant arrivée elle trouva son bon Père Ra- pin avec cette pieuse Dame, laquelle prit grand plaisir à l'entretenir, se conjouissant merveilleusement avec elle de l'abandon elle se trouvait au bon plaisir de Dieu, ensuite après avoir beaucoup causé avec elle, elle la con- gédia la priant de la revenir voir ; a sa quatrième visite

(1) La Cfiancelière.

(2) Le R.P. Rapin, Provincial des Recollets (M. de Belmont) J.V.

24

elle lui demanda si elle ne voudroit pas Ijien prendre le soin d'un hôpital dans le pays elle alloit, parcequ'elle avoit le dessein d'y en fonder un avec ce qui seroit né- cessaire pour sa propre subsistance, que pour cela elle eut été bien aise de savoir quelle étoit la fondation de l'hôpital de Kebecq faite par Mad. Deguillon (1). Made- moiselle Mance lui avoua que la foiblesse de sa com- plexion jointe à sa mauvaise santé depuis 17 on 18 ans, ne dévoient pas lui permettre de faire grand fond sur sa personne, que néanmoins elle s'abandonnoit entre les mains de Dieu pour l'exécution de ses bons plaisirs tant à l'égard des pauvres que de tout ce qu'il lui plairoit ; que quant à la fondation de l'hôpital de Kebecq elle ne savoit pas quelle elle étoit, mais qu'elle s'en iuformeroit. Ensuite elle continua toujours ses visites à cette bonne Dame, à laquelle elle dit après s'en être soig-neusement enquise à quoi se montoit la fondation de l'hôpital de Kebecq. Cette Dame l'ayant appris elle donna des té- moignages qu'on n'en devoit pas moins attendre de sa libéralité. Enlin après toutes ces visites le printemps arriva auquel il falloit exécuter les desseins de Dieu ; il n'étoit plus temps de parler il falloit agir ; c'est ce à quoi notre demoiselle se prépara avec une gaieté et une promptitude non pareilles ; elle alla pour cet efi'et prendre congé de sa Dame qui lui présenta une bourse de 1200 livres en lui disant : "Recevez les arrhes de " notre bonne volonté en attendant qvie nous fassions le " reste, ce que nous accomplirons lorsque vous m'aurez " écrit du lieu ou vous serez et que vous m'aurez mandé '• l'état de toutes choses." Après ces paroles elles se sé- parèrent mais cela ne se fit pas sans peine, surtout à

(2'è) La Duchesse fl'.Mguillon fonda rHotcl-Dieu do Qut'hec lo 16 Avril 1637, mais ce ne fut que le lor Août !G3'J que los premières hospitalières arrivèrent en Canada pour y commencer leur œuvre. (Note de J. V.)

25

l'égard de cette bonne Dame, laquelle avoit bien du dé- plaisir de ne pouvoir pas donner au Canadas son corps aussi bien cj[ue sa bourse, afin d'y venir prendre x^art aux premiers hommages qui ont été rendus au souverain de l'univers. (1) Notre Demoiselle ayant quitté Ma- dame de Bullion elle voulut partir le jour suivant de Paris pour s'embarquer, ses parens voyant sa résolution souhaitèrent que ce fut en Normandie afin de la pouvoir accompagner jusqu'au bord de l'océan, mais elle tout au contraire pour sacrifier et rompre au plustôt les liens de la chair et du sang voulut que ce fut à la Rochelle, d'ailleurs elle savoit qu'il y avoit des prêtres lesquels passoient en Canadas et qu'ainsi elle auroit la messe pendant le voyage ; ce furent les deux motifs dont Dieu se servit pour faire venir Mademoiselle Mance à ce port afin de l'y faire associer à la Compagnie du Montréal par Messieurs de Fauquant et de la Doversière qui y étoient, ce qui n'eut arrivé si elle eut été par Dieppe comme ses parens le désiroient : Cette résolution étant donc prise elle partit et surmontant par son cou- rage les fatigues d'un voyage qui d'ailleurs eut été im- possible à un corps tel que le sien étoit pour lors, elle arriva au lieu tant désiré de son embarquement, la Providence lui assigna un logis tout proche les Jésuites sans qu'elle sut elle alloit ; ce qui lui donna un moyen d'aller aussitôt saluer le feu Père Laplace qu'elle avoit vu à Paris et qu'elle savoit devoir passer la même année . dans la Nouvelle France ; ce Père qui la connoissoit fut tout joyeux de la voir et même il le lui témoigna en lui disant qu'il avoit eu bien peur qu'elle n'arrivât pas avant le départ des navires. Après ce commencement d'entre- tien il lui dit que Dieu faisoit de merveilleux préparatifs

(Ij Voir appendice No. I. (J. V.)

26

pour le Canadas, lui ajoutant voyoz-vous ce g'entil- homme qui m'a quitté alin que j'eusse la liberté de vous parler ? Il a donné ving-t raille livres cette année pour une entreprise qui re<^arde ce pays là, il s'appelle le Baron de Fauquand et est associé à plusieurs personnes de qualité lesquelles font de i^randes dépenses pour un établissement qu'ils A'eulent former dans l'isle du Mont- réal qui est en Canadas. Lui ayant fait part de toutes ces bonnes nouvelles, après (pielques discours, il lui de- manda où elle locreoit et saehant que c'étoit chez une Hug-uenotte, il la fit mettre ailleurs, non pas qu'elle le demandât, car en ce lieu sur la route et partout g-éné- ralement, Dieu disposoit tellement le monde à son égard qu elle étoit bien reçue en tous lieux, même à peine vouloit-on de son arg-ent après l'avoir l>ien traitée quand elle sortoit des hôtelleries, il est vrai qu'il étoit bien juste que Dieu, qui est le maitre de tout le monde lui donnât la grâce de gagner les cœurs d'un chacun pour la récompenser de ce que foible et seule comme elle étoit, elle osoit néanmoins tout entreprendre pour sa g-loire. sous l'espérance de son unique soutien. Le len- demain de son arrivée allant encore aux Jésuites elle trouva M. de la Doversière qui en sortoit, lequel sans l'avoir jamais vue, étant peut-être instruit par 1<^ P. La- place, ray)orda, la salua par son nom et ensuite lui parla du dessein du Montréal, de leur société et union et de toutes leurs vues dans cet ouvrage, avec une ouverture de cœur admirable : Par après il lui avoua le besoin qu'ils avoient d'une personne désintéressée comme elle, qu'ils avoient bien une personne d'engagée pour le dehors à la L'ucrr»'. mais qu'il leur étoit né<!essaire d'avoir une personne romme elle qui eût le soin du de- dans, qu'elle y serviroit assurément beaucoup Dieu ; ensuite de ce pourparler il l'alla voir chez elle, la pressa

27

sur ce sujet, mais elle de son côté lui témoig-na appré- hender cette union disant " si je fais cela j'aurai plus '' d'appui SUT la créature et j'aurai moins à attendre du côté de la Providence." A cela il lui répondit. " Vous " ne serez pas moins fille de la Providence, car cette an- " née nous avons fait une dépense de 75,000 livres, je " ne sais pas nous prendrons le premier sol pour l'an " prochain : il est vrai que je suis certain que ceci est " l'œuvre de Dieu et qu'il le fera, mais comment je n'en " sais rien ;" ces dernières paroles gagnant absolument notre demoiselle qui dit que pourvu que le Père St. Jure son directeur l'eut agréable elle s'uniroit à eux, encore qu'elle ne fut qu'une pauvre fille foible et mal saine qui de chez soi n'avoit que sa petite pension viagère; le Sieur de la Doversière lui dit " Ne perdez pas de temps " écrivez par cet ordinaire au P. St. Jure," elle le fit et outre cela elle manda la même chose à ses amis qui tous aussi bien que lui jugèrent que la main de Dieu étoit visible dedans. C'est pourquoi ils lui écrivirent qu'elle ne manquât pas d'accepter l'union qu'on lui pro- posoit, que c'étoit infailliblement Notre Seigneur qui vouloit cette liaison ; aussitôt la nouvelle reçue elle l'ap. prit à M. de la Doversière qui en eut une joie nonpareille ainsi que Messieurs de Fauquant et de Maison-neufve enfin elle fut reçue par ces trois Messieurs au nom de la Compagnie de Montréal comme un présent que le Ciel lui faisoit, mais afin d'adorer avec plus d'attention la conduite de Dieu (maintenant que la voilà dans cette association aussi bien que M. de Maison-neufve qui y avoit entré quelque temps auparavant) faisons une petite réflexion sur les ressorts que la sagesse et toute puis- sance de Dieu a fait jouer ici dedans, admirons un peu comme la Providence divine fit venir M. le Baron de Fauquant chez M. de la Doversière lorsqu'elle lui voulut

28

iaire commencer cet ouvrage, afin de lui donner l'hon- neur d'en être participant au moyen des richesses dont elle l'avoit pourvu ; admirons comme cette providence fit rencontrer les Messieurs Holier et d«' la Doversière dans Paris et comme elle l^'s éclaira tous deux au même moment .sur le même sujet, leur découvrant mutuelle- ment par ses etiets les plus intimes de leur cœur sans qu'ils se parlassent aucunement ; admirons tout ce qu'- elle iïiisoit faire d'un côté par ses dignes ouvriers évan- géliques en 1640 et 1641 et comme d'une autre part elle connoissoit l'esprit de M. de Maison-neufve et l'obligea enfin de s'adresser à ce P. Laleman auquel ces Messieurs communiquèrent leur dessein aliu qu'il le liât à eux lorsqu'il en seroit temps ; admirons ce qu'elle opéra à l'égard de Mademoiselle Mance dans Langre, dans son voyage de Langre à Paris voyons ce qui se passa à son égard dans Paris et même jusqu'à la Rochelle l'union se fit, eniin voyons comme cette providence traça toute chose sans qu'aucuns reçussent des nouvelles les uns des autres et participassent à ses divins secrets ; admirons, mais plus que toutes autres choses, comme elle voulut que la pluspart de ces premiers entrepreneurs de l'ou- vrage fussent sous la conduite des liévérends Pères Jé- suites, afin que y recoimoissant la main de Dieu ils fussent les premiers arcboutants du commencement de cette entreprise, ce qui étoit très considérable pour ne pas dire absolument nécessaire, puisque ce dessein n'eut pas plutôt vu le jour qu'il eut été mis au néant, s'il n'eût pas eu le bonheur d'être favorisé de leur approba- tion ; louons en tout cela la Providence divine qui s'est montrée trop favorabh' à l'éirard de cet ouvrage pour nous permettre d'appréhender que le Ciel l'abandonne jamais ; mais revenons à la liochelle tout se préparoit à faire voile, lorsque Mademoiselle Mance s'avisa fort

29

prudemment de prier M. de la Doversière qu'il lui plût de mettre par écrit le dessein du Montréal et de lui en délivrer des copies afin qu'elle pût les envoyer à toutes les dames qui l'avoient voulu voir à Paris entre autres à Madame la Princesse, à Madame la Chancellière, à Mada- me de Yillersavin, mais surtout à Madame de Bullion de qui elle espéroit d'avantage ; M. de la Doversière estima que rien ne pouvoit être mieux pensé, il dressa le dessein et fit faire des copies qu'il lui mit en mains ensuite de quoy elle accompagna chaque copie d'une lettre et en fit un paquet séparé, après elle lui remit le tout afin de s'en pouvoir servir selon sa prudence lorsqu'il seroit à Paris ; nous verrons cy-après l'utilité qu'on recevra de tous ces écrits, mais en attendant il faut parler de l'em- barquement qui se fit de la sorte : M. de Maison-neufve se mit avec environ 25 hommes dans un vaisseau et Mademoiselle Mance monta dans un autre avec 12 hommes seulement, pour le reste de l'équipage et des hommes du Montréal ils s'étoient embarqués à Dieppe» dans le premier navire étoit un prêtre destiné pour les Urselines (1), dans l'autre étoit le P. Laplace, (2j jé- suite ; huit jours après le départ le vaisseau de Made- moiselle Mance fut séparé de celui de M. de Mai- son-neufve ; le vaisseau étoit Mademoiselle Mance n'expérimenta quasi que de la bonnasse, celui de M. de Maison-neufve éprouva de si furieuses tempêtes qu'il fut obligé de relâcher par trois fois, il est vrai que son vais- seau faisoit beaucoup d'eau et l'obligeoit autant à cela que le mauvais temps, dans ses relâches il perdit trois ou quatre de ses hommes entre autres son chirurgien qui lui étoit le plus nécessaire ; pour Mlle Mance elle

't) Oui, Mr. Antne. Fauls. (Note do J. V.)

(2) Le P. Jacques De la Place. (Note de J. V.)

30

arriva fort heureusement à Kebecq (1) d'abord elle eut la consolation de savoir que 10 hommes qui avoient été envoyés par Messieurs de la Compagnie du Mont- réal, cette même année par Dieppe étoient arrivés et étoient déjà occupés à bâtir un magasin sur le bord de l'eau, dans un lieu qui avoit été donné par M. de Mont- magny (2) pour la Compagnie du Montréal. D'ailleurs elle fut dans une grande sollicitude à cause de M. de Mai- son-neutve dont elle ne recevoit aucune nouvelle et qu'à Kebecq on croyoit communément ne devoir pas attendre cette année-là, de quoy quelques-uns surpris pour n'avoir pas eu la conduite de cet ouvrage comme ils croyoient, ne paroissoient pas beaucoup fâchés, ils se plaignoient fort du grand pouvoir qui avoit été donné à M. de Maison-neufve, ce qui donna lieu aux premières attaques dont cette entreprise a été éprouvée ; ces personnes sachant que Mlle Mance étoit très nécessaire au dessein on la voulut détourner par toutes les voies possibles, mais elle avoit trop de courage pour y consentir et au reste Dieu s'étoit déjà trop déclaré pour ce lieu, il n'avoit garde de souffrir qu'on l'abandonnât. Enfin, M. de Maison-neufve arriva à Tadoussacq et y trouva par hasard un de ses intimes nommé Mons. de Courpon, qui étoit amiral de la flotte du Canadas (3) ; il lui dit son désastre pour la perte de

(1) L'Abbé (le la Tour, dans ses «Mémoires sur Mgr. de Laval, aces m/'iTies détails sur le passage de France en Canada en 1641, de M. de Mai- sonneuve et de Mlle. Mance : Il ajoute que le vaisseau r|ui i)orloit cette demoiselle, arriva à Québec le 8 août, et que celui (jue montoil M. de Mai- sonneuve n'arriva que le 50 du même mois. (Note de J. V.)

(2) Charles Huault de Monlmagny, 2nd Gouv. Gén. du Canada et succes- seur de Cl>ami»lain, de !63Gau20 août 1648 {Journal M. S. des Jé.suites) 11 fut remjjlaié par M. Louis dWilleboùt de Coulonges, e.v-Gouv. de Montn'al. (Note de J. V.,

(3) De Courpron, Cai)itain'' du vaisseau /,'A,'.î;if'/vi/nv : amiral, en elFet, de la flotte en 1640. (Note de J. V..

31

son chirurgien, Courpon lui offrit le sien en la place, ce chirurgien sachant la chose se présenta gaiement et fit dessendre son coffre dans la chaloupe préparée pour M. de Maison-neufve, avec lequel tout soudain il alla à Kebecq, ils arrivèrent le vingtième d'août. (1) Aus- sitôt que M. de Maison-neufve y fut il sut par Melle Man- ce qu'il se devoit disposer à être moins bien reçu de cer- taines personnes qu'il ne se promettoit ce qu'il vit bientôt après. La juste affliction qu'ils en ressentoient tous les deux modéra la joye qu'ils avoient l'un et l'autre de se voir malgré toutes les oppositions et bourrasque de la mer dans ce lieu tant désiré. Mais enfin, comme les meil- leurs chrétiens sont ordinairement ceux auxquels Jésus- Christ fait la meilleure part des amertumes de son calice, surtout quand il est question de quelqu'illustre entre- prise pour le ciel, il ne se faut pas étonner s'il commença de faire avaller quelques portions d'absinthe à ses héroï- ques entrepreneurs ; pour.lors ils ne furent pas longtemps ensemble, d'autant qu'il fallut que M. de Maison-neufve allât saluer M. le Chevalier de Montmagny, gouverneur de ce pays ; ensuite de quoy il alla voir les Révérends Pères Jésuites et autres personnes de mérite, lesquels ne pouvoient pas être lors en grand nombre vu que le pays ne contenoit pas plus de deux cents Européens y renfer- mant les deux sexes comme aussi les religieux et reli- gieuses. Or, sur sujet de ces visites je crois qu'il est à propos de remarquer c[ue ces personnes moins bien intentionnées pour le sujet dont nous venons de parler, persuadèrent à M. de Montmagny qu'il s'opposât à l'éta- blissement du Montréal à cause de la guerre des Iro- quois, lui disant que jamais cet ouvrage ne se pouvoit soutenir contre leurs incursions, ajoutant que le dessein

(l) Le 12 août. (Note de J. V.)

32

de cette nouvelle Compagnie étoit si absurde qu'il ne se pouvoit niioux nommer (|uo la Folle entreprise, nom qui leur l'ut donné avec plusieurs autres semblables, alin que la postérité reconnut que cette pieuse folie étoit devant Dieu et entre les mains du Tout-Puissant accompagnée d'une sagesse plus sublime que tout ce qui peut prove- nir de l'esprit humain ; M. de Montmagny ayant donc l'esprit imbut de la sorte, dit à M. de Maison-neufve dans sa première visite : " Vous savez que la guerre a recom- " mencé avec les Iroquois, qu'ils nous l'ont déclarée au " Lac de St. Pierre le mois dernier, qu'ils y ont rompu " la paix d'une façon qui les fait voir plus animés " que jamais, il n'y a pas d'apparence que vous songiez •' à vous mettre dans un lieu si éloigné, il faut changer " de délibération, si vous voulez on vous donnera l'Isle " d'Orléans, au reste la saison seroit trop avancée pour " monter jusqu'à l'Isle du Montréal quaiul vous en auriez "la pensée." A ces paroles M de Maison-neufve lui répondit en homme de cœur et du métier : " Monsieur, " ce que vous me dites seroit bon si on m'avoit envoyé " pour délibérer et choisir un poste ; mais ayant été " déterminé par la Compagnie qui m'envoie que j'irois " au Montréal, il est de mon honneur et vous trouverez " bon (pu' j'y monte pour y commencer une colonie, " quand tous les arbres de cette Isle se devroient chan- " ger en autant d'Iroquois, quant à la saison puisqu'elle " est trop tardive, vous agréez que je me contente avant '* l'hiver d'aller reconnoitre le poste avec les plus lestes " de mes gens, afin de voir le lieu je me pourrai cam- " per avec tout mon monde le printemps prochain." M. de Montmagny fut tellement gagné par ce discours autant généreux que prudent, qu'au lieu de s'oppo.ser comme on Bouhaitoit à l'exécution de son dessein, il voulut lui- même conduire M. de Maison-neufve au Montréal, afin

33

de le mettre en possession et de reconnoître le poste avec lui. En effet ils partirent tous les deux au commence- ment d'octobre et arrivèrent au Montréal, le 14e du même mois, dans le lieu est maintenant cette maison qu'on appelle le Château (1). Le lendemain qui est le jour de Ste. Thérèse, ils firent les cérémonies de la prise de possession au nom de la Compagnie du Montréal : ayant parachevé cet acte ils s'embarquèrent pour leur retour qui ne fut pas sans des marques d'une bienveil- lance toute particulière de Notre-Seig'neur, car ayant descendu jusqu'à Ste. Foy à une journée de Kebecq (2) demeuroit un honnête homme appelé M. de Pizeaux, lequel étoit âg-é de 75 ans, ce bon vieillard tout zélé pour ce pays dans lequel il aA'oit fait de très grandes dépenses, interrogea M. de Maison-neufve fort au long touchant les desseins qu'on avoit pour le Montréal, de quoi étant pleinement instruit, il demeura si satisfait qu'il le i)ressa fortement de le A'ouloir associer à sa Compagnie pour cette entreprise en faveur de laquelle il protesta se vou. loir consacrer lui-même et donner sur l'heure sa maison de Ste. Foy avec celle de Puizeaux qui étoit près de Kebecq et généralement tout ce qu'il avoit de meubles et de bestiaux ; qu'à Ste. Foy, durant l'hiver, comme ce lieu est abondant eu chênes, on y feroit des barques, pendant qu'à Puizeaux on feroit la menuiserie et tout ce qui seroit nécessaire, et que le printemps étant venu on mettroit toutes choses dans les bâtimens qu'on avoit faits pour monter au Montréal afin de s'y aller établir. M. de

(1) Voir Appendice No. II. (Note de J. V.)

(2) M. Dollier appelant lui-môme Ste. Foy (et cola dès 1672-3) la Mission Huronne établie au lieu susdit par les Jésuites en 1667 sous le nom de Notre-Dame de Foy ou Foye nous apprend par que les colons français ont dès l'origine de cette mission, été dans l'habitude de l'appeler Ste. Foy e^ non Notre-Dame de Foy. (Note de J. V.)

E

84

Maison-neufve qui no s.iyoit on mottro tout son monde hy veiner ny ce à qnoy il le pouvoit employer jusqu'à la navigation suivante, écoutait ce discours comme si c'eut été une voix céleste, il ne se pouvoit passer d'en louer mille fois son Dieu au j^lus intime de son cœur, il ne se lassoit point d'admirer la facilité de cet homme, lequel en un moment se trouvoit disposé à quitter ce qui lui avoit tant coûté non seulement de travail mais en son propre hien, étant vrai que ce qu'il ofTroit lui avoit causé plus de ] 00,000 livres de dépenses. Néanmoins, comme M. de Maison-neufve vouloit entièrement déférer à la Compagnie du Montréal, il lui dit qu'il avoit un sensible regret de ne pouvoir accepter absolument une offre aussi généreuse que la sienne, sans avoir l'agrément de ceux dont il avoit l'honneur d'être associé ; que cependant com- me il ne s'en pouvoit promettre que toutes sortes de satis- factions, il le recevroit volontiers s'il l'avoit pour agréable sous le bon plaisir de ces messieurs et à coiidition qu'ils le voulussent bien : Cela dit, M. de Puizeaux, qui étoit trop pressé au dedans de soi-même i)our reculer, accepta le tout d'un grand cœur ; d'abord il livra sa maison de îSte. Foy à M. de Maison-neufve qui laissa dedans son chirurgien avec des charpentiers, aliu d'y iaire construire des barques ; cela fait ils descendirent à Puizeaux ou ce bon monsieur lui remit cette maison, qui lors étoit le bijou du pays, il se démit de tous ses meubles et bes- tiaux entre ses mains, ne se réservant pas même une chambre pour un ami, il se dénua si absolument de tout, qu'il dit à feue Made de la Pelletrie à laquelle il fournissoit le logement auparavant : " Madame, ce n'est plus moi " qui vous loge, car je n'ai i)lus rien ici, c'est à M. de " Maison-neufve à qui vous en avez présentement l'obli- " gation, car il est le maitre de tout. " Chose admiralde, M. de Maison-neufve ne savoit que devenir et le voilà

35

bien placé, il faut aroncr que le proviseur universel de ce monde a bientôt trouvé des lieux propres pour mettre ses serviteurs, quand sa sagesse le trouve à propos. Je ne vous dis point si M. de Maison-neufve donna fidèle- ment les avis de tout ceci à ses associés, s'il les avertit soigneusement de ce coup de la providence et de l'obli- gation c[u'on aA'oit de recevoir M. de Puizeaux avec tous les témoignages de bienveillance 2)ossible ; d'autant que vous pouvez bien juger qu'il n'y manqua pas et qu'aus- sitôt ces messieurs admirent ce donné du Ciel en leur compagnie avec toutes les reconnaissances et gratitudes imaginables.

HISTOIRE DU MONTRÉAL.

I)i'{inis !<■ (li'parl dos vaisseaux du Canadas pour la Franco dans l'aulomno do l'an- m'e IGll Jusqu'à leur di'fiarl du même liou pour ia France dans l'automne de l'année 164'2.

Mademoiselle Mance eut le bonheur de locfor pendant cet hiver à Pizeaux avec Made de la Peletrie, M. Mai.son- neufve et M. de Pizeaux hivernèrent aussi dans la même maison, ils employèrent tout le monde pendant ce temps- à la menuiserie et aux autres préparatifs nécessaires et utiles à une nouvelle habitation et colonie ; aussitôt que le printemps fut venu et que tout fut préparé on fit descendre les bâtimens qu'on avoit faits pendant l'hiver à S te. Foy et on travailla à l'embarquement avec une telle diligence que M. de Maison-neufve partit de Pi- zeaux le 8 mai avec deux barques, une belle Pinasse et une gabarre partie desquels T)âtimens aA'oit été faite à Ste. Foy ; M. le Chevalier de Montmagny étant un vé- ritable homme de cœur et qui n'avoit d'autres intérêts que ceux de son Roy et du pays ou il avoit l'honneur de commander, sachant que tout étoit disposé voulut parti- ciper à ce premier établissement en l'honorant de sa présence, c'est pourquoi il monta dans une barque et conduisit lui-même toute cette flotte au Montréal on mouilla l'ancre le 18 mai (1) de la présente année ; ce

(I) Plusieurs écrits de l'opoquo, tels que les annales de riIolol-Diou de Montréal (M. S.) et autres iirétendonl <|ue cette seconde visite de M. do Mai- son-neufve à Montréal eut lieu le 17 mai IG42 et que la 1ère messe qu'on y célébra ne fut dite par le H. P. Vimont que le 18, ou le lendemain de l'arri- vée. (Note de J. V.)

37

même jour, comme on arriva de grand matin on célébra la première messe qui ait jamais été dite en cette isle, ce qui se fit dans le lien ou depuis on a fait le château. (1) Afin de faire la chose plus célèbre on donna le loisir à Made de la Pelletrie et à Madelle Mance d'y préparer un autel, ce qu'elles firent avec une joie difficile à expri- mer et avec la plus grande propreté qu'il leur fut possi- ble, elles ne se pouvoient lasser de bénir le ciel qui en ce jour leur étoit si faA'orable que de les choisir et de consacrer leurs mains à l'élévation du premier autel de cette colonie ; tout le premier jour on tint le St. Sacrement exposé, et ça ne fut pas sans raison, car puisque Dieu n'a- vait mu ses serviteurs à une telle entreprise qu'afin de le faire reconnoitre dans un lieu jusqu'alors il n'avoit reçu aucun hommage, il étoit bien raisonnable qu'il se fit tenir la première journée exposé sur son autel comme sur son trône, afin de remplir ses saintes vues et désirs de ses serviteurs ; en efiet, cela étoit bon afin de faire connoitre à la postérité qu'il n'avoit établi cette colonie que pour recevoir des sacrifices et des hommages en ce lieu; que c'étoit son unique dessein et celui de ses serviteurs, cj^u'ils aA'oient emj)loyé tout exprès leurs bourses, leur temps, leurs soins et tout leur crédit. Il étoit juste qu'il se fît ainsi tenir ce premier jour exposé pour prendre possession de cette terre par les honneurs souverains qui lui furent rendus, et afin de faire voir que ce lieu étoit un lieu de réserve pour lui, qu'il ne vouloit pas qu'il fût profané i)ar des âmes ravalées et indignes de la grandeur de ses desseins, lescjuels n'étoient pas communs comme le fit extrêmement bien voir le R. P. Yimont (2) dans la prédication qu'il fit, ce matin-là.

cl; Voir appendice No. III. (Note de J. V.)

(2) Alors Supérieur Général des Missions du Canada, (Note de J. V.

38

pendant la grande messe qu'il y célébra : Yoyez-vous, " messieurs, " dit-il, " ce que vous voyez n'est qu'un " grain de moutarde, mais il est jette par des mains si " pieuses et animées de l'esprit de la foi et de la religion " que sans doute il faut que le Ciel ait de grands des- " seins, puisqu'il se sert de tels ouvriers, et je ne fais " aucun doute que ce petit grain ne produise un grand " arbre, ne fasse un jour des merveilles, ne soit multi* " plié et ne s'étende de toutes parts." Comme s'il eut voulu dire, le Ciel ne commence son ouvrage présente- ment que par une quarantaine d'hommes, mais sachez qu'il a bien d'autres desseins vers les personnes qu'il emploie pour le faire réussir, sachez c|ue vos cœurs ne sont pas suilisans pour annoncer ici les louanges qu'il y prétend recevoir, mais qu'il les multipliera, remplissant de peuple toute l'étendue de ces lieux dont maintenant nous prenons la possession de sa part en lui offrant ce sacrifice. Toute cette journée s'écoula en dévotions, actions de grâces et himnes de louanges au Créateur ; on n'avoit point de lampes ardentes devant le St. Sacre- ment, mais on y avoit certaines mouches luisantes qui y briiloient fort agréablement jour et nuit étant suspendues par des filets d'une façon admirable et belle, et toute propre à honorer, selon la rusticité de ce pays barbare, le plus adorable de nos mistores. Le lendemain après toute cette cérémonie finie, on commença d'ordonner de toutes choses à l'égard du poste on étoit, chacun dabord se campa sous des tentes ainsi que dans l'Europe lorsqu'on est à l'armée, ensuite on coupa des pieux avec diligence et on fit d'autres travaux alin de s'envi- ronner et de s'assurer contre les surprises et insultes qu'on avoit à craindre de la part des Iroq\iois. Il est vrai que cette espèce de fortification précipitée étoit d'autant plus facile que M. de Champlain étant autrefois venu

39

ici en traite avoit fait abattre beaucoup d'arbres pour se chauffer et ^e garantir des embuscades qu'on lui eut pu faire dans le peu de temps qu'il y demeuroit (1) ; de plus, ce poste étoit naturellement fort avantageux parce qu'il étoit enfermé entre le fleuve de St. Laurent et une petite rivière qui s'y décharge (2) ; laquelle étoit bordée d'une X3rairie fort agréable c[u'on appelle aujourd'hui la Commnne et que de l'autre côté la rivière ny le fleuve ne passent pas il y avoit une terre marécageuse et inac- cessible c[ue depuis on a desséchée et dont on a fait le Domaine des Seigneurs ; (3) ce qui fait assez voir l'avan- tage du poste ; au reste il y avoit pour lors dans la prai- rie dont nous venons de parler, tant d'oiseaux de diffé- rens ramages et couleurs qu'ils étoient fort propres à aprivoiser nos françois en ce pays sa,uv:"ge. Si nous regar- dons la commodité du commerce, comme ce lieu est le plus avancé les barques puissent monter il n'y a pas de doute c[ue ce lieu ne soit un des meilleurs du pays pour accommoder les habitans -p-cw le moyen des négoces qu ils y x^euvent faire avec les sauvages qui j descen- dent en canots de toutes les nations supérieures, M. le Chevalier de Montmagny ayant doniouré en ce lieu jusqu'à ce qu'il fût tout environné de i)ieux, il c|uitta par après M. de Maison-neufve et s'en retourna à Kebecq ; quant à Mme de la Pelletrie et M. de Pizeauxils demeu- rèrent au Montréal à la consolation d'un chacun : pen- dant tout l'été on s'employa à faire venir ce que l'on

(1) Voir appendice No. IV. (Note de J. V.)

(2) On choisit un angle de terre que fait une rivière qui entre dans le fleuve vis-à-vis un petit islct, pour bâtir un fort, à quoy on s'emiiloya toute l'année sans être apperçus des Iroquois. (M; de Belmont.) Voilà bien la Pointe à Callière ! (Note de J. V.)

(3) C'est ce que nous appelons, nous, " La Ferme St. Gabriel. " (Note de J. V.)

40

avoit laissé à Pizoaii (1) et aillouis ; ce qui obligea M. de Maisoii-neulVe à avoir contiiiiicllement une partie de son monde occupé à lu navigation, et le réduisit à n'avoir que 20 soldats avec lui d'autant que, outre ceux qu'il avoit sur sfs barques il en avoit encore d'autres à Keliecq qui travailloient au ;^arach«''vement du magasin que nous avons dit. Il est vrai (jur Dieu favorisa beau- coup ces nouveaux colons de ne les point faire sitôt découvrir par les Iroquois et de leur donner le loisir de respirer un peu à l'omln-e de ces arbres dont la prairie voisine étoit bordée, ou les champs et la vue des petits oiseaux et des fleurs champêtres les aidoient à attendre avec patience l'arrivée des navires dont enfin ils eurent les heureuses nouvelles par feu Mons. Darpentigni (2) qui voulut lui-même en être le porteur, tant ils les trouva avantageuses, aussi ne pouvoient-elles pas être meilleures _ Il leur apprit que Messieurs les associés Seigneurs de cette isle s'étoient tous olferts à Dieu par les mains de la Ste. Vierge le .jour de Présentation dans l'Eglise de Notre-Dame de Paris, y présentant leurs vœux et des- seins pour le Montréal et qu'ensuite pour marquer leur bonne volonté par les effets ils avoient donné 40,000 livres pour l'embarquement dernier, lesquelles 40,000 livres avoient été mises en diverses denrées dont il en amenoit une partie dans sa barque, en laquelle il avoit une dovizaine de })ons hommes que ces messieurs avoient engaaés, entr'autres un fort habile charpentier dont il leur fit irrand reçit. Cet homme est eneore ici Dieu lui a donné une lamille assez nombreuse ; au reste quoi- qu'on lui ait donné le nom de Minime qui est le plus

{\\ Sic. Tantiil Puiroau.x, /a;i/o7 Pizeaux, viais Pi2eaux a clé mn de la main même de. Vauteur.

\1\ Lisox d" fiepmlignif. Il convoyait la flotl*.- marcliande du Canada sous le litre d'Amiral. (Note de J. V.)

41

ravallé chez tons les latins, il n'étoit pas toutefois le moin- dre dans les combats non plus que dans sa profession, nous devons l'aveu de ces deux vérités à son courage et aux services qu'il a rendus en cette isle, laquelle est presque toute bâtie de sa main ou par ceux qu'il a en- seignés (1) ; M. de la Doversiôre lequel a toujours été le procureur de la Compagnie et qui le connoissoit bien, afin de le gagner et de le gratifier, lui donna la conduite de plusieurs pièces de canons qu'il amena en ce lieu ; Si toutes ces bonnes nouvelles réjouirent grandement un chacun de ceux qui étoient au Montréal, M. de Maison- neufve et Melle Mance reçurent encore une joie bien plus grande que tous les autres lorsqu'en lisant les lettres de France, ils apprirent que leur Compagnie s'étoit telle- ment accrue depuis la connoissance qu'on avoit eue du dessein du Montréal, par le moyen des copies qu'on en avoit distribué selon la convention qui en avoit été faite entre M. de la Doversière et Melle Mance à la Rochelle l'an précédent, comme nous avons dit, que le nombre des associés se montoit à 45 personnes toutes fort quali- fiées, entre lesquelles étoient entr' autres parmi les hom- mes. Messieurs le Duc de Liancourt, l'Abbé Bareau, de Monmor, De la Marguerye, Gofire, De Renty, Bardin^ Morangy, de Chaudebonne, Duplessis Mombar, de St. Fremin, De Faucan (2), de la Doversière, Dirval, les deux frères Messrs. Le Prêtre, comme aussi du Sémi- naire de St. Sulpice feu M. Ollier, M. de Breton villiers, M. l'Abbé de Kelus et autres ; parmi les femmes, Made la Chancelière, Mesdames de Yillesavin (3), Seguin et

(l)Soii nom était Gilbert Barbier, ancêtre maternel des familles Truteau et Beaudry, de Montréal.

(2) Il parailrail donc décidémenl que c'est le Baron de Faucan. Non. C'est Fancamp, Voir note 1 page 13.

(3) Ainsi écrit après correction de la main mê)ue de Vautcur.

42

plusieurs autres entre lesquelles je comprends Mde de Bullion qui au ciel tiendra un des premiers rangs dans cet ouvrage, et avec d'autant plus de raison que n'ayant voulu être connue dans les biens qu'elle y a faits, elle en a laissé toute la gloire à son Dieu, elle a voulu être la première de la Compagnie quant aux distributions, mais quant au nom il n'en falloit pas parler, elle lui adressoit son bien, la supplioit d'en avoir l'économie et le soin, mais pour savoir comment s'appeloit cette main libérale, il n'y avoit pas d'apparence ; pour s'unir à la Compagnie afin de faire ici une dépense de cinquante ou soixante mille écus tant dans un hôpital qu'autre chose, on la pouvoit rencontrer ; mais quant à la con- noitre c'étoit impossible, on ne pouvoit savoir la main d'où sortoient ces larges aumônes et charitables profu- sions et ce (1) par qui elle les donnoit avoient autant appréhendé son tombeau qu'ils ont craint de la désobliger pendant son vivant, nous serions encore aujourd'hui en la même difficulté de la connoitre ; que si sa mort leur a donné la liberté de nous apprendre ses merveilles, nous prendrons celle de la prôner en plusieurs endroits de notre histoire ; ce que nous ferons néanmoins avec une telle vénération à ses ordres que nous ne la nomme- rons que notre illustre associée, ou notre charitable inconnue, ou bien la pieuse fondatrice du Montréal ; ainsi nous tairons son nom puisqu'elle l'a voulu, mais en le taisant nous satisfaisons au public en le faisant con- noitre par ces trois belles qualités qu'elle mérite très justement ainsi que les années suivantes nous le prou- veron fort bien.

(Il J.' crois qu'au lit'U do ces deux mol< et rr \\ faut mettre ti si ceux. (Note do J. V.)

HISTOIRE DU MONTREAL-

Depuis le départ des vaisseaux du Canadas pour la France dans l'automne de Fan- née 1642 jusqu'à leur dépari du même lieu pour la France daus Tautomne de l'année 1643.

La providence ayant pourvu M. de Maison-neufve de fort bons ouvriers et l'ayant tenu caché aux ennemis pendant les premiers temps, il faisoit travailler avec une telle diligence qu'on s'étonnoit tous les jours de ce que l'on voyait fait de nouveau. Enfin le 19 mars (1) jour de St. Joseph patron général du pays, la charpente du principal bâtiment étant levée, on mit le canon dessus, afin d'honorer la fête au bruit de l'artillerie, ce qui se fit avec bien de la joie, chacun espérant de voir par après bientôt tous les logements préparés, et en eftet de jour en jour on quittait les méchantes cabanes que l'on avoit faites à la hâte pour entrer dans des maisons forts com- modes que l'on achevoit incessamment : quant aux Iro- quois on n'en voyoit aucun pendant tout ce temps-là, il est vrai qu'un petit parti des leurs nous découvrit à la fin, mais ce fut par un hazard et encore nous n'en sûmes rien, ce qui arriva de la sorte : Dix Algonquins ayant tué un Iroquois en son pays, ils furent poursuivis de ses camarades jusqu'à la vue de ce Fort ils les apper- çurent se sauver sans pour cela se faire connoître aux François non plus qu'aux Algonquins, ils se contentèrent de remarquer le lieu sans faire aucun bruit, afin d'aller

[1) 1643. (Note de J. V.

44

porter ces nouvelles chez eux, c'est ce que leurs gens mêmes nous ont appris depuis car personne ne savoit rien de cette poursuite : que si les Algonqliins iuyoient fort vite ils ne savoient pas pour cela qui étoit à leur poursuite, c'étoit la frayeur qui leur donnoit cette allure qui est fort ordinaire aux Sauvages quand ils ont fait quelques coups, alors leur ombre suffit souvent pour les efi'rayer et faire fuir : que si les Iroquois ne venoient pas ici, plusieurs autres sauvages y arrivoient de toutes parts, ce lieu étant regardé par eux pour l'asyle commun contre les Iroquois, même il y en eut plusieurs qui y reçurent le saint baptême, entr' autres le célèbre et le plus fameux de tous les Algonquins nommé Le Borgne de flsle, mais passons outre et venons au mois de Juin afin d'avoir les prémices du sang que le Montréal a versé pour la querelle commune du pays : au commencement du mois dont nous parlons les Hurons en descendant de chez eux trouvèrent les Iroquois à 3 lieues d'ici dans un endroit nommé vulgairement La Chine ou ils sui- virent ensemble comme s'ils eussent été les meilleurs amis du monde, ce qui donna un moyen facile aux Hu- rons de satisfaire leur inclination fort portée à la trahison; cela se fit de la sorte : en causant familièrement ils leur dirent, " Nous avons sçut jusque dans notre pays que '' des François se sont venus placer à cette isle immédia- " tement audessous de ce Sault (1), allez les voir, vous «' y pourrez faire quelques considérables coups et en " défaire une bonne partie, vu le nombre que vous êtes." Après le conseil de ces perfides, 40 Iroquois des plus lestes vinrent surprendre 6 de nos hommes tant char- pentiers que scieurs de bois sans qu'il y en eut aucun qui échappât de leurs mains ; tous furent tués ou bien

(1). Saull St. Louis. (Note de J. V.)

45

faits prisonniers, ces pauvres gens roulurent bien se défendre en cette occasion mais leur valeur ne put pré- valoir à un coup si imprévu ; on ne put les secourir parceque la chose fut exécutée trop promptement et qu'étant un peu en avant dans le bois, le vent peu favo- rable empêcha qu'on entendit ce qui se passoit, mais enfin ce monde ne revenant pas on les alla chercher sur les lieux on trouva les corps de ceux qui avoient été tués, lesquels firent juger de tout ce qui étoit survenu (1) ; le lendemain on apprit plus sûrement les choses par les Hurons, que les Iroquois traitèrent selon leur mérite, car ayant passé toute la nuit à insulter les Fran- çois que les Iroquois avoient emmenés prisonniers, le matin accablés de sommeil ils s'endormirent profondé- ment proche de ces ennemis du genre humain dont ils furent presque tous taillés en pièces, hormis environ une trentaine qui reçurent ici un asyle au lieu de la mort qui leur étoit bien due ; Cette juste punition exécutée, ceux qui en avoient été les bourreaux embarquèrent les castors de ces perfides, ils mirent ensuite nos François dans les canots et traversèrent le fleuve, et après vou- lant aller par terre et couper à travers des bois jusqu'à Chambly, ils furent contraints d'abandonner une partie de leurs castors à cause de la pesanteur, ayant donc abandonné ce qu'ils ne pouvoient porter et ayant coupé leurs canots à coup de haches, afin de les rendre inutiles, comme ils font toujours en de semblables occasions, ils allèrent droit au lieu que nous avons marqué, y étant arrivés ils crurent que quatre ou cinq lieues de bois

(1). 11 y eut trois hommes de tués dans cette rencontre qui eut lieu le 9 Juin 1643, savoir : Guill. Boissier dit Guilling, Bernard Boête et Pre. Lafo. ret dit l'Auvergnat, qui furent enterrés par le R. P. Davost Jésuite (voir registres de la Paroisse de Montréal) les 3 autres durent être emmenés prison, niers. (Note de J. V.)

46

auroient assez dépisté nos pauvres François et qu'il n'é- toit pas besoin de les garder désormais si étroitement, mais ils se trompèrent, car un d'eux s'échappa et se sauva si heureusement qu'il revint droit aux canots qu'ils avoient laissés, choisissant le meilleur, il remplit d'herbes les trous que l'on avoit faits avec la hache, ensuite il y mit plusieurs robes de castor et s'en vint ainsi équipé au Montréal tout au travers du fleuve, ce qui surprit agréablement M. de Maison-neufve qui fut bien joyeux que celui-là fut du moins échappé des tour- ments Iroquois. Cet homme raconta toute son infortune, après quoi il dit qu'il y avait bien du castor dans le lieu il avoit pris celui qu'il avoit amené dans son canot, qu'on le pouvoit aller chercher sans crainte et qu'il seroit perdu si on n'y alloit pas ; M. de Maison-neufve l'entendant parler de la sorte, encore qu'il ne voulut rien pour lui fut bien aise de donner ce butin à ses sol- dats, si bien qu'il l'envoya quérir et le leur distribua sans en rien retenir ; c'est une chose admirable combien cet homme a toujours aimé ceux qu'il a commandés et combien il s'est peu considéré lui-même : voilà à peu prés comme les choses se sont passées cette année jusqu'à l'arrivée des vaisseaux de France, dont on eut ici les première nouvelles par M. de Montmagny qui y arriva au commencement du mois de Juillet, comblant tout le monde d'une joie bien singulière, tant pour les secours qui nous venoient de France que pour les témoignages qu'il assura que le lloy donnoit de sa bienveillance à la Compagnie du Montréal pour laquelle il avoit pris la peine de lui écrire, afin qu'il la favorisât en ses desseins, louant et approuvant les dépenses pour y construire un Fort, lui donnant le pouvoir de le munir de canons et autres choses nécessaires pour la guerre, disant de plus que Sa Majesté pour une marque plus authentique

47

de la sincérité de ses affections l'avoit gratifiée d'un beau navire de 350, qui s'appeloit " La Notre-Dame." On ap- prit encore par M. de Montmagny qu'on espéroit de grands eflfets cette année-là de la part de la compagnie du Mont- réal, laquelle avoit fait de la dépense considérable, ce qu'il ne put dire qu'en général ; outre cela il dit qu'un gentilhomme de Champagne nommé M. D'Ailleboust (I) venoit ici avec sa femme (2) et la soeur de sa fem- me (3) ; déplus il apprit qu'on avoit fait une fondation pour un hôpital au Montréal, mais que pour avoir le détail du tout il falloit patienter jusqu'au mois de Sep- tembre que M. D'Ailleboust arriva, ce qu'il ne fit pas sans difficultés parceque encore qu'il partit on n'osoit l'aller quérir dans sa barque à cause des embûches, et lui n'osoit non plus approcher pour le même sujet : il fallut que M. de Maison-neufve y allât lui-même, encore eurent-ils bien peur des ennemis en revenant, tant il est vrai qu'en dehors du seuil de sa porte on n'étoit pas en assurance ; pour lors M. D'Ailleboust étant à terre et un peu rafraîchi, il commença à débiter ses nouvelles, en- tr' autres il apprit que notre illustre associée faisoit des merveilles ; que pour être inconnue elle ne laissoit pas de bien faire parler d'elle, que cette année même elle avoit fait une fondation de 2,000 livres de rente pour l'en- tretien d'un hôpital en ce lieu, que outre cela elle avoit donnée 12,000 livres tant pour le bâtir que pour le four- nir de meubles, que déplus elle envoyoit 2,000 livres à Madelle Mance pour les employer à sa dévotion, qu'elle faisoit secrètement ses libéralités entre les mains de la. Compagnie du Montréal sans dire son nom et sans qu'on^

(l) Louis D'Ailleboût de Goulonge.s et d'Argentenay. (J. V.) (ï) Barbe de Boullongne. (J. V.)

(3) Demoiselle de Boullongne. D'après des autographes que j'ai. On pro- nonçoit Boulogne. (J. V.)

48

pût savoir qui elle étoit. Il dit ensuite et fit voir par efiet que chacun des associés avoit lâché de se saigner charitablement et g-énéreusement pour la réussite de ce nouvel ouvrage qui étoit déjà le théâtre des guerres de ce pays : que si ce lieu étoit affligé des incursions iroquoises, à mesure aussi il étoit consolé de la conver- sion de plusieurs autres sauvages, qui se jettant ici com- me dans un asile avoient recours au bâtëme afin de se préparer à la mort qui les attendoit comme infaillible dans la multitude des sorties qu'ils étoient obligés de faire pour aller chercher des vivres ; il est bien vrai qu'ils y alloient le plus rarement qu'ils pouvoient, mais enfin ils étoient trop pour qu'on put subvenir entière- ment à leur nourriture ; c'est pourcjuoi il falloit souvent sortir. Dès le commencement de cette habitation on avoit bien semé un peu de pois et du bled-d'inde et on conti- nuoit fort cette aîrriculture tous les ans, mais cela n'étoit rien à tant de monde, ils consommoient outre cela beau- coup de vivres qui venoient de la France, encore cela n'étoit-il pas suffisant : il est difficile d'exprimer la ten- dresse que M. de Maison-neufve avoit pour ces pauvres malheureux, les libéralités c^u'il leur fit, et combien le tout coûta à la Compagnie dans cette première année que les choses étoient si chères, mais enfin sa piété ne se rebutoit de rien ; au reste cette année nous avons un exemple très rare de sa générosité non point en la per- sonne des sauvages mais en celle de M. de Pizeaux, le- quel se trouvant attaqué de paralysie et ayant le cerveau débilité par sa vieillesse, commen(,'a de témoigner qu'il étoit bit^n aise de ravoir les choses dont il s'étoit démis, afin d'aller en France chercher la guérison, vous voyez, la demande étoit considérable, d'autant qu'il avoit donné beaucoup, sans doute qu'une telle demande eut surpris tout autre que M. de Maison-neufve, voyons un peu

49

comme il lui répondit : "Mr. lui dit-il, nous n'avons rien " fait par l'intérêt, tout est encore à vous, vous en " pouvez être assuré, je vous baillerai ce qu'il vous " faudra ici, et je vous adresserai à M. M. de la Compa- " gnie en France, lesquels reconnoitront largement les " biens que vous nous avez faits :" Ce qui fut promis fut fidèlement exécuté ; ici l'on lui tint compte géné- ralement de tout, et en France Messieurs de la Compa- gnie le firent très bien soigner ils en eurent la même sollicitude que s'il dût être leur propre frère, et ils ne l'abandonnèrent point jusqu'au tombeau, de quoi il avoit bien besoin car il avoit alors septante sept ou septante huit ans et avoit passé cette longue vie dans des fatigues incroyables tant à la Nouvelle Espagne il avoit amassé son bien, qu'en la Nouvelle France il l'avoit dépensé : Que si il a tant consommé de biens ici il ne faut pas s'en étonner, d'autant que faisant d'aussi grandes entreprises qu'il a faites, il n'y pouvoit pas manquer, à cause que tout coûtoit pour lors exhorbitament, et qu'on n'avoit aucun secours du pays tant pour les ^-ivres que pour se vêtir : La perte de M. de Pizeaux ne fut pas l'unique perte du Montréal pour cette année là, car Madame La Pelleterie voyant que Mademoiselle Mance avoit alors un secours assez considérable de son sexe, elle descendit à Kebecq et l'enrichit de la perte que faisoit ce lieu-ci, étant privé d'une personne d'aussi grand mérite et d'aussi rare exemple qu'elle a toujours été partout.

G

HISTOIRE DU MONTREAL.

Do l'automno de 1G43 à l'aulomno IG44.

Les dépêches de France étant parties on commença d'arracher les petits pieux qui environnoient le Fort et à mesure on le revêtit de beaux bastions que traça M. D'ailleboust (1) auquel M. de Maison-neuve laissa la conduite de cette entreprise : Messieurs de la Compa- gnie lui ayant mandé qu'il était fort intelligent en ce fait, aussi y réussit-il très bien ainsi qu'on a vu depuis. Enfin nos François se lassèrent de se voir tous les jours insultés par les Iroquois, ne pouvant souffrir si souvent de leurs allarmes sans les aller chercher, ils importu- noient sans cesse M. de Maison-neuve afin qu'il leur per- mit d'aller en parti, disant qu'il n'y avoit aucune appa- rence de s'entendre fusiller chaque jour et de demeurer néanmoins dans la modération de ne les oser poursuivre jusqu'à la portée du fusil des bois ; M. de Maison-neufve de son côté leur disoit : ''Les poursuivant comme vous le souhaitez, nous ne sommes qu'une poignée de monde peu expérimentée au bois, tout d'un coup nous serons surpris dans une embuscade, il y aura 20 Iroquois contre 1 François ; au reste prenez patience, quand Dieu nous aura donné du monde nous risquerons ces coups, mais maintenant ce seroit imprud«'mment hasarder la perte du tout à une seule l'ois, ce qui seroit mal ménager l'ouvrage dont j'ai la conduite." Tout cela ne servoit de rien à nos bouillans françois sinon à faire croire que M.

(I) Voir Appendice No. III. (J. V.)

51

de Maison-nenfve, appréhendoit de s'exposer ; de quoi on commença à murmurer si fort que cela étant venu à sa connoissance, il crut qu'il valloit-mieux hasarder im- prudemment une bonne fois que de les laisser dans cet- te croyance qui nuiroit à jamais et seroit capable de tout perdre. Résolu donc à la chose, voici ce qui arriva ; le 30e jour de mars, les chiens qui tous les matins faisoient une grande ronde pour découvrir les ennemis sous la conduite d'une chienne nommée Pilotte lacjuelle pilloit lortement à son retour ceux qui avoient manqué à la compagnie, se mirent à crier et hurler de toutes leurs forces, faisant face du côté ils ressentoient les enne- mis ; or, comme l'expérience journalière avoit fait con- noitre à tout le monde cet instinct naturel que Dieu donnoit lors à ces animaux pour nous garantir de mille embuscades que les barbares faisoient partout, sans qu'il fut possible de s'en parer si Dieu n'y avoit pourvu, par les hurlemens favorables : d'abord que nos gens les entendirent, soudain pleins de feu ils accoururent suivant leur coutume vers M. de Maison-neufve,lui disant, " M. les ennemis sont dans le bois d'un tel côté, ne les irons- nous jamais voir ?" A quoi il repartit brusquement con- tre son ordinaire :" Oui, vous les verrez qu'on se prépare tout à l'heure à marcher, mais qu'on soit aussi brave qu'on le promet, je vais à votre tête." D'aboid un cha- cun se dispose, mais comme on n'avoit que très peu de raquettes et que les neiges étoient encore hautes on ne pouvoit pas bien s'équiper, mais enfin ayant mis son monde dans le meilleur ordre qu'il put, il marcha avec 30 hommes vers les ennemis, laissant le château et tou- tes les choses entre les mains de M. D'Ailleboust auquel il donna ses ordres en tous événements ; étant entrés dans le bois quasi aussitôt après ils furent chargés par 200 Iroquois qui les ayant vu venir s'étoient mis en plu-

52

sieurs embuscades propres à les bien recevoir Le com- bat fut fort chaud. Incontinent que M. de Maison- neufve se vit attaqué il plaça ses gens derrière les arbres ainsi que faisoient les ennemis et lors on commença à tirer à qui mieux mieux, ce qui dura si lonsrtemps que l'amonition des nôtres manqua ; ce qui oblig-ea M. de Maison-neufve lequel d'ailleurs étoit accablé par le grand nombre d'ennemis et qui avoit plusieurs de ses gens morts et blessés de penser à la retraite, comme à l'unique moyen de se sauver lui et son monde, ce qui était bien difficile à faire à cause que nous étions beaucoup enga- gés et que les autres étoient si bien montés en raquettes qu'à peine étions-nous de l'infanterie au respect de la cavalerie ; (1) quoiqu'il en fut, n'y ayant pas d'autre parti à choisir il commanda qu'on se retirât, mais tout bellement et faisant face de tems en tems vers les enne- mis, allant toujours vers un certain chemin de traîne par lequel on emmenoit le bois pour bâtir l'hôpital, à cause qu'il étoit dur et que leurs raquettes ne leur seroient pas nécessaires en ce lieu-là pour bien aller : chacun exécuta cet ordre mais à la vérité plus précipitamment qu'il n'é- tait porté. M. de Maison-neufve voulant être le dernier en ce rencontre, il attendoit que tous les blessés fussent passés avant de marcher, quand on fut arrivé à ce che- min de traîne qui fuf notre sentier de salut, nos François etirayés s'enfuirent de toutes leurs forces et laissèrent M. de Maison-neufve fort loin derrière eux ; lui de tems en tems faisant face avec ses deux pistolets, crainte d'ê- tre saisi de ces barbares qui étoient toujours sur le point de le faire prisonnier, ils ne le voulurent pas tuer parce- que le reconnaissant pour M. le Gouverneur ils vouloient en faire la victime de leur cruauté, mais Dieu l'en garantit

(t) Crtle jihrasr est un pu obscure mais ellr senl iaff'ectalion habilueilede l'aultur i( un la comprrrulra.

53

et cela de la façon que je vais dire ; les Iroquois ayant defféré à leur commandant cette capture, ils le laissèrent aller un peu devant eux afin qu'il eut l'honneur de le prendre, mais celui qui voulut prendre fut pris, car M. le Grouverneur s'en trouvant si importuné qu'il l'avoit quasi toujours sur les épaules, il se mit en devoir de le tirer ce que ce sauvage voyant il se baissa pour éviter le coup, M. le G-ouverneur ayant ratté cet homme se re- leva pour sauter sur lui, mais en cet instant il prit son autre pistolet et le tira si promptement et si heureuse- ment qu'il le jeta tout roide mort : Or comme cet hom- me étoit le plus proche de lui, il eut le loisir de prendre un peu d'avance juscju'à ce que les autres barbares étant venus à leur commandant déjà expiré, soudain au lieu de le poursuivre, ils chargèrent cet homme sur leurs épaul- les et l'emjDortèrent promptement parce qu'ils avoient peur que quelques secours inopinés ne le leur vint ravir et que le corps d'un tel personnage ne tombât entre les mains de leurs ennemis ; Ce ridicule procédé donna loisir à M. de Maison-neufve de se rendre au fort, quoi- qu'après tous les autres lesquels avoient pensé être em- portés d'un coup de canon par un mal habile homme, qui les vo5"ant venir courant avec confusion, sans faire distinction d'amis ou ennemis mit le feu au canon, mais par bonheur l'amorce se trouva si mauvaise c[ue le coup ne s'en alla pas, c[ue s'il eut parti la pièce étoit si bien braquée sur le petit chemin par lequel ils venoient qu'il eut tué tout le monde (1) ; M. de Maison-neufve arrivant au fort chacun en eut une joie qu'on ne peut exprimer, et alors tous, trop convaincus de son courage protes-

(1 ) Les François perdirent à ce combat J. Matenac et P. Bizot. tué? sur la place, en outre de Guil. Lobeau mortellement blessé. Reg. de la Paroisse 30 mars 1644. (Note de J. V.)

54

toient qu'à l'avenir ils se donnoroieiit bien de £^ardo de le faire ainsi exposer mal à propos : au reste il semble que Dieu dans cette occasion ne leur avoit imprimé de la frayeur que pour faire éclater davantage son courage et le mieux établir dans leur esprit ; ce rude combat et plusieurs autres qui se firent pendant cette année, n'em- pêcha pas ce printemps même qu'on ne commençât à faire du bled Irançois à la sollicitation de M. D'Aille- boust auquel le Canada a l'oblii^ation de cette première éprt'uve qui convainquit un chacun que la froideur de ce climat ne l'empêchoit pas de produire une grande abondance de bled, l^ifin l'été étant venu, le Sieur De la Barre arriva de France ici avec beaucoup de gens, partie desquels étoient d'une compagnie que la Eeine envoya cette année en Canadas sous sa conduite, la- quelle compagnie fut distribuée dans les différens quar- tiers d' ce pays ; et l'autre partie de ce monde venoit aux frais de Messieurs du Montréal, lesquels Tirent encore cette année de très grandes dépenses pour ce lieu : Ce qui est remarquable ici dedans c'est l'ipocrisie du sieur De la Barre qui trompa tant de gens en France et en Canadas ; à la Kochelle il portoit à sa ceinture un grand chapelet avec un crucifix qu'il avoit quasi inces- samment devant les yeux, tellement qu'il venoit en ce pays commt' un homme apostolique auquel on avoit con- fié ce commandement. Ainsi sous une vertu apparente, il cachoit une très méchante vie qui l'a fait depuis finir ses jours sous une barre qui étoit plus pesante que celle de son nom ; au reste quoiqu'il fit l'ipocrite aussi bien que homme de son siècle, toujours est-il vrai qu'il a ren- du un grand service au pays y amenant ce secours (1)

(l)"'M la Harre, prnnd hypocrilo, amena 60 iKimmos." (M. de Bcl- mont.) L'éditour de M. de Belmoiit (//».\/f;i;Y c/» fa/iûrfa, Québec 1840) lui

55

et c'est peut-être pour l'en récompenser que Dieu lui a fait faire cette rude pénitence pour la conclusion de sa vie, afin de lui donner moyen de satisfaire à ses crimes, comme apparemment il a fait, mourant d'une façon qu'il a laissé sujet de croire à tous que ça été pour le plus grand bien de son âme. Ce personnage qui portoit en lui l'image de la même vertu, demeura au Montréal toute l'année suivante, mais enfin on le reconnut par quelques promenades qu'il faisoit fréquemment dans le bois avec une sauvagesse qu'il engrossa, ce qui décou- vrit l'erreur de ses beaux prétextes. Mais pour ne pas prévenir le tems il le faut laisser à l'année qui vient, et dire un mot de notre charitable inconnue qui envoya pour sa part, cette année à Melle. Mance 2,000 livres, 3 cha- pelles et plusieurs meubles, lui adressant le tout comme si elle eut été déjà logée, ce que M. de Maison-neufve voyant il se résolut d'employer tout son monde avec la plus grande diligence qu'il se pourroit, afin de la loger, ce qu'il fit avec tant de promptitude que le 8 octobre du même an, elle fut logée et en état d'écrire et de datter sa lettre de l'hôpital du Montréal écrivant à sa chère fondatrice, ce qu'envisageoit beaucoup M. de Maison- neufve afin de la contenter ; l'hôpital ne fut pas plustôt fait qu'il se trouva assez de malades et de blessés pour le fournir, tous les jours les Iroquois par leurs bouche- ries y fournissoient de nouveaux hôtes, ce qui obligeoit un chacun à bénir Dieu de tout son cœur pour les sain- tes inspirations qu'il avoit données à cette inconnue en faveur des pauvres malades et blessés de ce lieu ; cela fit voir à Melle. Mance que sa bonne dame avoit

fait dire ceci sous la date 1646. La mauvaise écriture de l'auteur ou du copiste aura induit cet éditeur en erreur et lui aura fait lire 46 au lieu de 44, ou bien c'est encore une faute d'imprimeur. (Note de J. V.)

bien eu raison de ne lui point acquiescer en chanj^eant ses charités en faveur d'une mission pour laquelle elle la sollicitoit ; cet ouvrage rtant si nécessaire même dans les commencements ; de quoi Melle. Mance étant pour lors bien convaincue, lui écrivit en cette sorte : " D'abord que la maison je suis a été faite, incontinent elle a été garnie et le besoin qu'on en a fait voir la conduite de Dieu en cet ouvrage : C'est pourquoi si vous pouviez encore faire une charité qui seroit que j'eusse ma sub- sistance pour moi et pour une servante et que les!2,000 li- vres de rente cjue vous avez données fussent entièrement aux pauvres, on auroit meilleur moyen de les assister ; voyez ce que vous pourrez faire là-dessus, j"ai de la peine à vous le proposer parce que j'ai peine à demander, mais vos bontés sont si grandes ! c[ue j'aurois peur d'un reproche éternel si je manquois à vous mander les be- soins que je sais." Ce peu de paroles furent un grain de semence jette dans une terre très excellente ; nous ver- rons ce qu'elles produiront l'année prochaine.

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'aulomne 1644 jusqu'à l'automne de 1645 au départ des navires du Canadas.

Au commencemeut de cette année il y eut diverses attaques Dieu fut toujours favorable aux Mon- trealistes : de vous dire combien ils ont tué d'ennemis on ne le peut faire tant ces barbares sont soigneux de cacher leurs morts et de les enlever; mais je vous dirai bien une assez plaisante rencontre il n'y eut point de sang répandu, ce qui arriva de la sorte. Une partie de ces barbares étant venue pour faire quelques coups et un de leurs découvreurs ayant apperçu que tous les travailleurs s'étoient retirés dans un instant au son de la cloche qui les appeloit pour diner, il s'avança et monta dans un arbre fort épais et fourni de branches, tout propre à se bien cacher et bien découvrir quand quel- qu'un reviendroit. Après le diner la cloche ayant sonné il vit que tous revenoient au travail en même temps, ce que remarquant de tous côtés, il attendit pour voir le quartier qui seroit plus aisé à surprendre, mais par mal- heur pour lui on vint placer un corps de garde sous l'arbre il étoit, sans que l'on sçut l'oiseau qui y étoit niché ; Jamais il n'osa faire connoitre sa voix ; il est vrai que cela lui étoit pardonnable parcequ'il eut une grosse fièvre qui lui dura tout autant que cet arbre fut investi ; Si on eut apperçu ce corbeau au milieu de ces branches, il eut fait le saut périlleux, mais on ne le vit, ny on ne l'entendit aucunement, ce que l'on en sçait

H

58

c'est seulement par son rapport et celui de ses camarades ; Venons aux navires et disons qu'ils nous apportèrent cet été de très fâcheuses nouvelles, et à M. de Maison- neufve surtout qui sçut la mort de son père, ce qui l'obligea de repasser en France pour les affaires de sa maison à laquelle il falloit qu'il allât donner ordre, il ne voulut point partir sans renvoyer auparavant en France le Sr. de la Barre, qu'il avoit reconnu pour n'avoir rien de saint que son chapelet et sa mine trompeuse : qu'ici le départ de M. de Maison-neufve affligea beaucoup tous ceux d'ici qui le regardoient comme leur père. Melle. Mance reçut une lettre de son côté bien consolante d'autant que sa Dame lui mandoit en propre terme pour réponse à sa lettre : " J'ai plus d'envie de vous donner les choses nécessaires que vous n'avez de me les deman- der, pour cela j'ai mis 20,000 francs entre les mains de la Compagnie du Montréal, pour a'ous les mettre à rente, afin que vous serviez les pauvres sans leur être à charge, et outre cela je vous envoie 2,000 livres cette année." La bonne dame qu'elle étoit admirable en ses charités, elle sçavoit bien que l'aumône a de grandes lettres de change pour l'autre vie, puisqu'elle l'a faite si largement ; jugez combien cette charitable fondatrice inconnue à tous hormis au Père Kapin et à Melle. Mance, étoit agréable à Dieu et consollcit fortement cette Demelle. qu'elle avoit faite ici administratrice de son Hôpital ; mais laissons cette bonne dame et finissons cette année par M. de Maison-neufve, lequel en partant pour la France laissa le gouvernement de son cher Montréal à M. D'Ailleboust auquel il le recommanda plus que s'il eut été un autre soi-même. (1)

(1) " 1G46, Sopl. Il no ri'sta à Villo-Marie (juf M. D'Ailleboust, sa femme sa sœur, etc. de considérables. M. de Maisonneuve qui commandoit à

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'automne 1645 jusqu'à l'automne 1646, au départ des navires du Canadas.

Nous n'avons pas grandes nouvelles à donner au public jusqu'au printemps, les Iroquois vinrent ici faire une paix fourée, afin de nous surprendre lorsque nous y penserions le moins et que nous serions le moins sur nos gardes, ce que nous verrons ci-après malheu- reusement arriver aux sauvages nos alliés, non pas aux François qui ne marchoient jamais qu'armés et sur la dé- fiance ; Ils alloient toujours au travail et en revenoient tous ensemble au temps marqué par le son de la cloche ; on profita beaucoup de cette paix fourée, parceque les Iroquois ne voyant pas un coup assuré ils n'osoient pas se déclarer, ce qui donna loisir à M. D'Ailleboust de pa- rachever les fortifications du fort (1) de ce lieu qu'il réduisit à 4 bastions réguliers, si bons que l'on n'en a point vu encore de pareils en Canada ; Il est vrai que l'injure des temps n'a pas permis à ces fortifications de durer jusqu'à aujourd'huy, mais la mémoire ne laisse pas d'en être récente encore dans l'esprit de plusieurs habitants, c'est dommage que ce fort soit si près du fleuve St. Laurent d'autant qu'il lui est un ennemi fâcheux, lequel ne laisse pas sa demeure assurée, surtout

Montréal repassa cette année en France pour la mort de son père." (Journal des Jésuites de 1645 à 1668.) J. V. On peut placer à cette époque le document contenu en l'appendice XVII

(1) M. de Belmont dit que les pieux de son enceinte avaient deux brassas de hauteur. (J. V.)

60

en certain temps que des montagnes de glaces le vien- nent menacer d'un soudain bonleyersoment ; ce qui fait que l'on soigne moins cet ancien berceau du Montréal qui d'ailleurs seroit fort agréable. L'été suivant cette paix simulée nous eûmes de bonne heure les navires à Quebecq, qui donnèrent incontinent la joie au Montréal de son chef M. de Maison-neufve ; mais en attendant que nous voyons le peu de temps qu'il nous doit rester en Canadas parlons un peu d'un appelé M. Lemoine (1) qui fut envoyé ici pour servir d'interprète à l'égard des Iroquois qu'on y voyoit toujours sans les bien entendre, à cause que l'on avoit pas d'assez bons interprètes ; Comme c'est le principal sujet qui émut M. de Montma- gny à nous l'envoyer nous verrons dans la suite de cette histoire combien sa venue nous fut avantageuse, non seu- lement pour le secours que l'on a tiré de sa langue mais encore pour les bonnes actions qu'il a faites contre les ennemis, auxquels il a plusieurs fois fait si bien voir son courage qu'il a mérité ses lettres de noblesse (2) par les services qu'il a rendus contre eux, mais avant que de les marquer il faut attendre les temps et cependant comme celui-ci exige que nous touchions un second départ de M. de Maison-neufve pour la France, parlons en et di- sons qu'il fut causé par une lettre de M. de la Dover- sière, qui lui manda dans un navire lequel partit après lui qu'il revint incontinent, parceque son beau-frère avoit été assassiné depuis son départ et que sa mère avoit conçu un dessein ruineux pour des secondes noces, et

(1) Charles Lomoine. Il signait C. LcMoyn<>. (J. V.)

(2) // a été anobli vers 1670, si je ne me trompe et son fils aine fait Baron de Lonffueuil en 1098 ou 1699. iF. M.)

Erection <le la Seigneurie <]i.' Longueuii nn Baronie If 19 mai 1699, selon M. Falcon<."r, mais le 26 janvier 1700, selon Ldlres Patenles à Québec; anobli IG6S, mois de mars. (Note de J. V.)

61

que ces deux choses enveloppoient tant d'affaires qu'il falloit absolument qu'il remontât en mer ; Voyant cette lettre qui l'obligeoit une seconde fois à s'en aller, il n'osa aller au Montréal, il fallut qu'il épargnât le cœur de ses enfans pour conserver le sien, il savoit que les lettres qui y porteroient ce fâcheux rabat-joie y donneroient assez de tristesse sans l'aller augmenter par sa présence. C'est pourquoi quittant cette pensée il alla cacher son chagrin au plus vite dans le fond d'un vaisseau et en- voya les lugubres messagers de son retour à son cher Montréal qu'il consola le mieux qu'il put par l'espérance de revenir l'an suivant, sans y manquer. (1)

[[) M. de Maisonneuve arriva en effet de France à Québec, le 20, 7e 1646 et en repartit pour France sans remonter à Montréal, le 30, 8bre suivant Journal MS. des Jésuites. (Note de J. V.)

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'automne 1646 jusqu'à l'automno 1647 au (loparl des navires dn Canadas.

Au commencement de cet hiver les Iroquois brûlèrent le fort de Richelieu (1) qu'on avait laissé sans monde, disant par raillerie que ce n'était pas par mal, mais qu'il n'était fait que de gros bois, ce qu'ils firent à dessein de le piller sans en pouvoir être accusés. Le mois de Mars venu ils levèrent le masque tout de bon et commencèrent l'exécution du pernicieux dessein qui les avoit portés à faire la paix. Voilà qu'ils se divisèrent en plusieurs bandes et allèrent en guerre de toutes parts en même temps. Quant à nos pauvres sauvages, comme ils se regar- doient dans une profonde paix, ils étoient en différentes riAaères à chasser sans se donner aucunement de garde, ce qui fut cause que ces traîtres venant tout d'un coup dans ces rivières ils étoient, ils en firent tout à la fois un si épouvantable massacre qu'ils en laissèrent bien peu échapper, surtout il y eut très peu de Népissiriniens qui se sauvèrent. Quant aux Hurons qui étoient aux envi- rons d'ici, ils syjettèrent comme dans un asile assuré d'où ils i:)rirent la coutume de parlementer avec leurs ennemis, ce qu'ils faisoient sans crainte à cause du lieu ils étoient, mais comme ils avoient de la peine à s'y tenir pour avoir leur liberté et vie assuré en même temps ils méditoient une lâche manière de trahir les François pour captiver la bienveillance de l'ennemi, sans penser

(1) Bîlli en 1642, i>ar M. de Monlmagny, à l'entrée de la rivière de Sorel. (Note deJ. V.) Il faut dire Saurel.

63

aux grandes dépenses que l'on faisoit ici pour les entre- tenir dans ce temps-là l'on faisoit tout venir de France, ce qui fait voir leu.r extrême ingratitude qui les portoit à vouloir livrer leurs hôtes entre les mains de leurs en- nemis, afin d'être par eux brûlés tout vifs, ce qu'ils tâchoient de faire réussir en cette manière : tantôt l'un, tantôt l'autre alloit à la chasse et revenoit accompagné d'Iroquois vers la maison de son hôte,iirappeloit comme s'il eut eu besoin de quelque chose voulant l'attirer dans une embuscade d'ennemis ; un pauvre homme sor- toit bonnement à une telle voix et soudain il se trouvoit dans la gueule du loup : cela auroit réussi à ces mal- heureux et ils auroient fait périr une quantité de leurs charitables bienfaiteurs, si Dieu qui ne vouloit pas payer leurs bonnes œuvres de cette méchante monnoie ne les en eut préservés ; Enfin phisieurs ayant été repoussés jus- que dans leurs propres foyers, on commença à se donner de garde et on laissa désormais crier ces basiliques avec moins de compassion sans aller s'enquérir de ce qu'ils souhaitoient ; on demandera d'où A'ient qu'on recevoit ces gens, qu'on ne les faisoit pas mourir ; mais il faut considérer que l'envie qu'on avoit de les gagner à Dieu faisoit qu'on se laissoit aisément tromper par eux dans toutes leurs protestations, et que d'ailleurs il étoit de la politique de ne les pas punir, crainte d'animer toute leur nation dans un temps ou nous n'étions pas en état de nous soutenir contre tant de monde ; ainsi le temps se passa en trahisons et allarmes jusqu'à ce que l'été étant venu, après que nos pauvres Montrealistes se lurent longtemps entretenus de leur cher Gouverneur ils sçurent enfin qu'il étoit arrivé, ce qui combla ce lieii de joie : aussitôt qu'il fut venu il avertit M. Dailleboust qu'en France l'on vouloit rappeler M. le Chevalier de Montmagny dont la mémoire est encore en grande véné-

C4

ration ; de plus il lui dit qu'il soroit nommé au gouver- nement du Canadas, et qu'il ialloit qu'il s'en allât en France, et que l'année suivante il reviendroit pourvu de sa commission (1) ; Ce bon gentilhomme avertit M. Daillel)OUst de ces choses, mais il était trop humble pour lui dire qu'on lui avoit offert à lui-même d'être Gouver- neur du pays et qu'il l' avoit refusé par une sagesse qui sera mieux reconnue en l'autre monde qu'en celui-ci. (2)

(l)Le journal MS. d.'jà cité ne donne pas la drfle de l'arrivée de M. de Mai- sonneiive à Qui="bec . mais il. lit que ce Mr. quitta cette ville pour Montréal, le 18 (Jet.. 1647 ; il ajoute «lue M. D'.Villeboust partit pour France sur la flotte le 21 du même mois. (Note de J. V.)

(2) ' M. de Maisonneuve pouvoit être gouverneur du Canada" dit M. de Belmont, *' mais il fit donner le gouvernement à. M. Dailleboust." ( Note de

J. y.)

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'automne 1647 jusqu'à l'automne IG48. au départ des navires de Canadas.

Comme dans cette année et la suivante les guerres des Iroquois lurent plus furieuses que jamais, ces barbares devenant de jour en jour plus audacieux et superbes pour les continuelles victoires qu'ils emportoient dans le pays des Hurons qu'ils ont depuis entièrement détruits, ce fut un coup du Ciel que le retour de M. de Maison- neuve, car l'effroi était si grand dans toute Tétendue du Canadas qu'il eut gelé les cœurs par l'excès de la crainte, surtout dans un poste aussi avancé qu'étoit celui de Montréal, s'il n'eut été réchaufie par la confiance que chacun avoit en lui ; il assuroit toujours les siens dans les accidents de la guerre et il imprimoit de la crainte à nos ennemis au milieu de leurs victoires ; ce qui étoit bien merveilleux dans un petit poste comme celui-ci. Les Hurons quoiqu'en grand nombre étant quant à eux, épouvantés par les tourmens se rendoient tous aux Iroquois, ceux qui en étoient pris tenoient à grande faveur qu'il leur fut permis d'entrer dans leur parti afin d'éviter une mort cruelle quand même ils auroient sortir à mi-rôtis du milieu des supplices, chacun qui leur avoit promis fidélité quoique par force n'eut osé violer cette parole infidèle à cette nation, appréhendant d'être attrapé une seconde fois ; Enfin nos ennemis se grossis- soient tellement de jour à autre qu'il falloit être aussi intrépide que nos Montrealistes pour vouloir encore conserver ce lieu ; tantôt les ennemis venoient par ruse

I

66

afin de nous surprendre dans un pourparler spécieux, tantôt ils venoient se cacher dans dos embuscades ils passoient sans branler les journées entières chacun der- rière sa souche, afin de faire quelque coup. Enfin un pauvre homme à 10 pas de sa porte n'étoit point en as- surance, il n'y avoit morceau de bois qui ne peut être pris pour l'ombre ou la cache d'un ennemi ; c'est une chose admirable comment Dieu conservoit ces pauvres gens, il ne faut pas s'étonner si M. de Montmagny em- pêchoit tout le monde de monter ici pour s'y établir, disant qu'il n'y avoit point d'apparence que ce lieu pût subsister, car humainement parlant cela ne se pouvoit pas si Dieu n'eut été de la partie. Qu'il en soit loué à jamais et qu'il veuille bien bénir son ouvrage, il n'appartient qu'à lui, on le voit assez par la grâce qu'il lui a faite de soutenir jusqu'à présent au milieu de tant d'ennemis, de bourasque un poste et malgré les inventions différentes dont on s'est servir pour le détruire. Le printemps venu entre plusieurs tentatives que firent les Iroquois il faut que je raconte deux trahisons qu'ils tramèrent sans aucune réussite, afin de faire connoître les gens à qui nous avons affaire. Plusieurs Iroquois s'étant présentés sous les apparences d'un pourparler, feu M. de Norment- \'ille (1) et M. Lemoine s'avancèrent un peu vers eux et incontinent trois des leurs se détachèrent afin de leur venir parler. Normentville voyant ces hommes s'appro- cher sans armes, pour marque de confiance et pour don- ner le même témoignage il s'en alla aussi de son côté vers le gros des Iroquois avec une seule demi pique en la main par contenance, ce que Lemoine voyant il lui cria : " Ne vous avancez pas ainsi vers ces traîtres." Lui trop crédule à ces barbares qu'il aimoit tendrement

(1) Normanville. (Noie de J. V.)

67

quoique depuis ils l'aient fait cruellement mourir, ne laissa pas d'aller vers eux, mais lorsqu'il y fut, ils l'enve- loppèrent si insensiblement et si bien que quand il s'en apperçut il ne lui fut plus possible de se retirer. Lemoine appercevant la perfidie coucha en joue les trois Iroquois qui étaient auprès de lui et leur dit qu'il tueroit le pre- mier qui branleroit à moins que Normeutyllle ne revint, un des trois demanda à l'aller chercher, ce qu'il lui per- mit, mais cette homme ne revenant pas, il contraignit les deux autres à marcher devant lui au Château d'où ils ne sortirent point jusqu'au lendemain que Normentville fut rendu ; L'autre trahison se pensa faire sur le Sault Nor- mant qui est une bature, laquelle est peu avant sur le fleuve A'is-à-vis du Château ; deux Iroquois s'étaut mis sur cette bature, M. de Maison neufve commanda à M. Lemoine et à un nommé Nicolas Grodé (1) de s'y en aller en canot afin de savoir ce qu'ils vouloient dire d'autant qu'ils feignoient de vouloir parler, nos deux François approchant, un de ces deux misérables intimidé par sa mauvaise conscience se jeta dans son canot, s'enfuit et laissa son camarade dégradé sur la roche ou nos cano- teurs le prirent. Le captif étant interrogé pourquoi son compagnon avoit fui il dit que c'étoit une terreur panique qui l'avoit saisi sans qu'il eut aucun mauvais dessein et qu'il eut aucun sujet de s'en aller de la sorte, ainsi ce traître voila adroitement sa mauvaise intention ; cela n'empêcha pas qu'on ne l'amenât au Château, peu après qu'il y fut le fuyard reparut de fort loin voguant et ha- ranguant sur le fleuve, d'abord on commanda aux deux mêmes canoteurs de se tenir prêts afin de le rejoindre à

(l) 11 y avoit d cette époque à Montréal, un Nicolas Godé, notable du lieu, qui fut assassiné par les sauvages le 25 Oct. 1G57, aves deux autres François. (Note de J. V. )

68

la ramo, s'il approchoit do trop près, ce qui réussit fort bien, car étant insensi])l('m('nt mis dans le courant, au milieu de ses belles harangues nos François se jettèrent soudain dans leur canot, le poursuivirent si vivement qu'il lui fut impossible d'en sortir et d'aller à terre avant que d'être attrape, si bi(>n qu'il vint faire compagnie à son camarade qu'il avoit fort incivilmient abandonné ; Voyez la ruse de ces gens, et comme néanmoins on les attrapoit. Ce fut cette année, que pour narguer davan- tage les Iroquois on commença le premier moulin de Montréal, afin de leur apprendre que nous n'étions pas dans la disposition de leur abandonner ce champ glori- eux, et que ce boulevard public ne se regardoit pas prêt à s'écrouler : au reste cette année Dieu nous assista grandement, car si les Iroquois nous blessoient bien du monde en diverses reprises, ils ne nous tuèrent jamais qu'un seul homme (1), encore est-ce plutôt une victime que Dieu vouloit tirer à soi que non pas un succès de leurs armes auquel le ciel ne l'eut peut-être pas accordé si Dieu ne l'eut trouvé aussi digne de sa possession. Enfin les vaisseaux de France arrivèrent et nous rappor- tèrent M. Dailleboust pour Gouverneur en la place de M. de Montmagny (2) ; la joie de ceux du Montréal fut

(1) Malliiirin Boncnfanl. tué le 29 Juill.-t 1048. (Hi-g. (!•■ la paroissi-). J V.

(2) " Le ÎO août 1648." dit lo journal Jésuite déjà cité, 'jour de St. Ber- " nard.M. D'ailli;bousl mouilla devant Québec et fut rcccu Gouverneur ; le "faclum d<; la cérémonie s<' trouvera dans les archives." M. de Montma- " gny P-'irlit pour France le 23 sept, suivant. On a vu que M. Daillel out, *' depuis son arrivée en Canada, n'a pas quitté Montréal et qu'il n'en est «' parti en 1047, que pour aller en France ; comment Charlevoix a-l-ii donc " pu dire que ce Monsr. passa flu Gouvernement dos Trois-Rivières à celui " de la colonie ?" Le journal déjà cité, dit A la date d'Octobre 1645 : " Mr. "de Cliamiiflour qui commandoit aux Trois-Rivières, s'en retourna en " France ; à .sa place fut nommé |(our un temjs M. Bourdon, et enfin M. de " la Poterie y alla puur commander." Or, on a vu M. D'uillebout gouver-

69

grande lorsqu'ils sçurent qu'un des associés de la Compa- gnie venoit en Canadas pour être Gouverneur, mais elle fut modérée dans l'esprit de M. de Maison-neufve et de Mlle. Mance par les nouvelles qu'ils eurent, que plusieurs des notables de la Compagnie du Montréal avoient été di- vertis de ce dessein ici par quelques personnes c^ui exprès leur faisoient prendre le change en faveur du Levant et que M. GofFre ;1), un des plus illustres et anciens asso- ciés ayant laissé par testament 80,000 livres pour fonder ici un Evêché, on avoit perdu cette somme par arrêt, faute d'avoir diligemment vaqué à cette affaire ; voilà donc les fâcheuses nouvelles qu'ils apprirent et dont M. D'Ailleboust les assura, mais ensuite, afin de les consoler un peu, il apprit à M. de Maison-neufve qu'il apportoit une ordonnance de la G-rande Compagnie (2) laquelle croissoit la garnison de six soldats et que au lieu de 3,000 livres que l'on avoit donné jusqu'alors de gages pour lui et ses soldats, il auroit à l'avenir 4,000 livres. Messieurs de la Grande Compagnie voulant en cela re- connoitre les bons et agréables services quelepaysrece- voit du Montréal, sous son digne Gouverneur.

neurde Montréal de 7 bre 1645 à 8 bre 1647, puis s'embarquant pour France le 21, 8 bre !647, pour en revenir Gouverneur-Général du Canada le 20 août 1648 ; il y a donc erreur chez l'estimable historien de la Nouvelle-France.

(1) M. le Gauffre. (Note de J. V.)

(2) La Compagnie des cent associés.

i

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'automno IG48 jusqu'à l'automne 1649, au départ des navirus di; Canadas.

La plupart des Iroquois furent toute cette année occu- pés à harceler les Hurons et les réduire aux abois dans leur propre pays, nous ne tûmes ici travaillés que par de petits partis dont on vint facilement à sou honneur, par la prudence de M. de Maison-neufve et la générosité de ces braves Montrealistes qu'il commandoit : Le printemps arrivé M. Dailleboust envoya ici M. Desmousseaux (1) son neveu, avec 40 hommes qu'il commandoit sous le nom de camp-volant, afin d'y aider à y repousser les ennemis, ce qui lui fut plus aisé que de les battre, car aussitôt qu'ils entendoient le bruit des rames de ses chaloupes ils s'enijiryoient avec une telle vitesse qu'il n'étoit pas facile de les attraper et de les joindre ; ce renfort encourag-ea beaucoup les nôtres, aussitôt qu'il parut, à quoi contribua beaucoup le nom et la qualité de celui qui commandoit, si l'on avoit eu l'expérience que l'on a aujourd'hui avec la connoissance que nous avons présentement de leur pays, 40 bons hommes ])ien commandés se seroient acquis beaucoup de <rloire, au- roient rendu des services très signalés au pays et auroient retenu nos ennemis dans une grande crainte par les coups qu'ils aiiroient faits sur eux, mais nous n'avions pas les lumières que nous avons aujourd'hui et nous étions moins habiles à la na\ngation du canot qui %st

(1) M. Dosinoussfau. Charles J. D'aillehousl Dos Mu<seaux, neveu du Gouverneur (Note de J. V.) Voir Note 1 page 81.

l'unique dont on doit user contre ces gens-là que nous, ne sommes maintenant. L'été étant venu Melle Mance descendît à Québec pour y recevoii^ les nouvelles de France lesquelles lui furent fort tristes, c«« première- ment elle y apprit la mort du R. P. Ivax:>in, son bon ami et charitable protecteur vers sa pieuse fondatrice. Deuxièmement que la compagnie du Montréal étoit quasi toute dissipée, en troisième lieu que ce bon M. de la Doversière étoit si mal dans ses affaires qu'il avoit quasi fait banqueroute, même qu'on l'aroit laissé si mal qu'il é|;oit en danger de mort et qu'on étoit sur le point de lui saisir tîTftt son bien, Melle. Mance frappée de ces trois coups de massue en la personne du P. Eapin qui lui faisoit avoir tous les besoins (^ sa Dame, en la per- sonne de M. de la Doversière qui depuis 1641 qu'elle fut unie à la Compagnie recevoit tous ses effet et géroit toutes ses affaires de France, enfin en la personne de tous les assoc/és dont la désunion faisoit l'entière des- truction de leur commerce, elle fut bien abattue, mais enfin s'étant remise et abandonnée entre les mains de Notre Seigneur, éclairée de son divin esprit elle crut qu'elle devoit passer en France, comme sa chère fonda- trice vivoit encore, afin de lui rendre compte de toute chose et faire ensuite tout ce qu'il lui plairoit ; afin qu'elle n'eut le mécontentement de voir tout renverser dans cet ouvrage, et que l'œuvre de Dieu ne se trouvât détruit ; elle médita les moyens de joindre tous les mem- bres de la Compagnie du Montréal et pensa à leur faire faire quelqu'acte public qui cimentât mieux leur union si elle y pouvoit parvenir, parceque de elle prévoyoit bien clairement que dépendoit non seulement l'hôpital mais encore la subsistance de tout le monde et même de tout le Canadas, qui ayant perdu ce boulevard avoit bien la mine de périr, car enfin tout ce pays pour lors

72

étoit fort épouvanto, surtout pour les cruautés et entière destruction des llurons, lesquelles menaçoient ensuite généralement tous les François d'encourir la même dis- grâce et de suivre les mêmes traitemens : Melle Mance considérant ces choses résolut de s'embarquer au plus- tôt pour la France ou M. de Maison-neufve et tous ceux de Montréal l'accompagnèrent de leurs vœux

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'automne 1649 jnsqu'tà l'automne 1650, an départ des navires de Canadas.

Après le départ de Melle Mance, on eut le martyre des Revds. Pères de Brebœuf et Lallemant (1). Pendant toute cette année on ne Yoyoit que des dessentes de Hurons qui fuyoient la cruauté des Iroquois et venoient chercher parmi nous quelque refuge, toujours on appre- noit par eux quelques nouvelles esclandes, quelques nouveaux forts perdus, quelques villages pillés de nou- veau, quelques nouvelles boucheries arrivées. Enfin le reste des Hurons defiiloit peu à peu, et chacun s'échap- poit le mieux qu'il pouvoit des mains de son ennemi : Ce furent les terribles spectacles dont le Montréal fut récréé pendant cet an, afin de le préparer tout à loisir pour être le soutien de tous les Iroquois ci-après, car enfin n'y ayant plus rien à les arrêter au-dessus pour combattre, il falloit nécessairement que tout tombât sur lui, telleçaent que voyant ces gens passer et leur racon- ter les boucheries ils pouvoient bien dire : " si cette poi- gnée de monde que nous sommes ici d'Européens ne sommes plus fermes que 30,000 Hurons que voilà défaits par les Iroquois, il hous faut résoudre à être brûlés ici à pe- tit feu avec la plus grande cruauté du monde comme tous ces gens l'ont quasi été." Voyez un peu de quel œil ces

- (l)Jean de Brebeuf et Gabl. Lalement, Jésuites.tuéspar les Iroquois, à St- Louis, chez les Hurons, les 16 et 17 mars 1649.' Leurs noms sont écrits d'à. près des autographes que j'ai. Le P. Gabriel a eu 3 oncles Jésuites, Pierre. Charles et Jérôme, qui tous signaient Lalemant, tandis que lui a écrit quel- quefois Lalemant, mais le plus souvent Lalemenl. (Note de J. V.)

J

74

pauvres Montroalistos pouvoiont reo-arder ces miséra- bles fuyards qui étoient les restes et derniers débris de leur nation. Voilà à peu près les pitoyables divertisse- ments que l'on eut ici jusqu'au retour de Melle Mance qui fut trois jours devant la Toussaint (1). Elle vint con- soler le Montréal dans ses alilictions et lui apporta de bonnes nouvelles, savoir : premièrement que sa chère fondatrice étoit toujours dans la meilleure volonté du monde ; secondement que la Compagnie du Montréal à sa sollicitation s'étoit unie cette fois-là en bonne forme par un contrat authentique ; que M. Ollié avoit été fait directeur de la Compagnie au lieu de M. de la Mar- guerye à cause qu'il étoit du Conseil Privé, qu'en cet- te réunion tous avoient fait voir une telle preuve de bonne volonté pour l'ouvrage, qu'on avoit tout sujet d'en bien espérer ; qu'on avoit jugé à propos qu'elle portât les associés à quitter le dessein du Montréal et donner une assistance aux Hurons laquelle fut proportionnée à l'état pitoyable ils étoient dans le temps de son dé- part, mais qu'elle avoit répondu à la personne qui lui en avoit parlé, que messieurs du Montréal étoient plus zé- lés pour l'ouvrage commencé que jamais, que pour marque de cela ils venoient de s'unir authentiquement par un acte public, afin d'y travailler, qu'ayailt appris toutes ces choses à cette personne cela n'empêcha pas qu'il n'allât voir Monsieur et Madame la Duchesse de Liancourt pour leur faire la même proposition, ce qui fut en vain car elle n'eut d'autre réponse sinon qu'ils travailloient pour le Montréal. " Tout cela m'a bien fait, " ajouta-t-elle, adorer la providence divine, quand j'ai su " à mon retour que M. Lemoine qui avoit été pour me- " ner du secours dans le pays des Hurons a été obligé

(l) Elle était débanquéeù Québec le 8 Septembre 1650. (Note de J. V.)

I

75

" de relâcher les trouvant qu'ils venoient tous, du moins " autant qu'il en restoit ; car enfin si tout ce monde " avoit tourné ses vues et avoit fait ces dépenses pour " ce dessein, à quoi est-ce que tout cela auroit abouti ? " L'état pitoyable j'avois laissé les Hurons me faisoit " compassion, mais le Ciel qui vouloit les humilier n'a " pas permis que ses serviteurs ayent ouvert leurs " bourses pour un ouvrage qu'ils ne vouloient pas main- " tenir : il a choisi dans le Montréal une œuvre qu'ap- " paremment il voulut rendre plus solide. Son saint *' nom soit béni à jamais."

HISTOIRE DU MONTREAL.

1)0 l'automno IO.")fl jusqu'il l'aiitijmno IG.")| au (iéi)art des navires du Canadas.

Les Iroquois n'ayant plus de cruautés à exercer au- dessus de nous, parcequ'il n'y avoit plus de Hurons à détruire, et que les autres Sauvages s'en étoient enfuis si avant dans les terres qu'ils ne pouvoient les aller cher- cher à cause du défaut de chasse et qu'il faut être plus adroit à la pèche qu'il ne sont pas (sic), pour aller dans les pays ils s'étoient retirés (1), tournèrent la face vers l'Isle de Montréal qu'ils regardoient comme le pre- mier objet de leur furie dans leur dessente, et pour ce sujet l'hiver étant passé, ils commencèrent tout de bon à nous attaquer, mais avec une telle opiniâtreté qu'à pei- ne nous laissoient-ils quelques jours sans allarmes ; in- cessamment nous les avions sur les bras, il n'y a pas de mois en cet été notre livre des morts ne soit marqué en lettre roug-e par la main des Iroquois; il est vrai que de leur côté ils y perdirent bien plus de gens que nous, mais comme leur nombre étoit incomparablement plus grand que le nôtre, les pertes aussi nous étoient bien plus considérables qu'à eux qui avoient toujours du monde pour remplacer les personnes qu'ils avoient per- dues dans les combats : que si les temps étoient présens, je donnerois aux braves soldats qui étoient pour lors les éloges qu'ils ont mérités, mais la pluspart des choses que je devrois remarquer ayant été oubliées de ceux qui m'instruisent, il faut que je me contente de vous rap-

(1; Chez les Kikapous d'après M. de Belmonl (Note de J. V.)

77

porter seulement les plus notables actions qui se firent pour lors, les autres étant hors le souvenir des hommes qui est le seul mémorial dont je puisse user dans cette histoire, laquelle jusqu'ici n'a eu aucun écrivain : Entre les actions qui ont laissé après elle une plus grande im- pression dans les esprits cette année, celle de Jean Bou- dart est fort remarquable. Ce pauvre homme étant sorti de chez lui avec un nommé Chiquot (1), fut surpris par 8 ou 10 Iroquois qui les voulurent saisir ; mais eux s'enfuyant Chiquot se cacha sous un arbre et tous ces barbares se mirent à la suite de Jean Boudart, lequel s'en allant à toute jambe vers sa maison vers laquelle il trouva sa femme, à laquelle il demanda si le logis étoit ouvert ; non lui répondit-elle, je l'ai fermé ; ha ! lui dit-il, voilà notre mort à tous deux, fuyons nous-en, lors s'encourant de compagnie vers la maison, la femme demeurée derrière fut prise, mais elle crioit à son mari qui étoit prêt d'être sauvé ; le mari touché par la voix de sa femme la vint disputer si rudement à coup de poings contre les barbares, qu'ils n'en purent venir à bout sans le tuer (2) ; pour la femme ils la réservèrent pour en faire une cruelle curée, ce qui fait toute leur joie, aussi n'en tuent-ils point sur le champ à moins qu'ils ne soient contraints. M. Lemoine, Harchambault (3) et un autre ayant accouru au bruit furent eux-mêmes chargés par 40 autres Iroquois qui étoient en embuscade derrière l'hôpital, lesquels les voulurent couper, ce qu'eux trois ayant apperçu ils voulurent retourner sur leurs pas, mais cela étoit assez difficile à cause qu'il fal-

(l) Au registre de la paroisse de Ville-Marie il est désigné Jean Cicni de risle-d"Orleron, paroisse de Dolu, diocèse île la Rochelle. Ses descendants^ écrivent leur nom Skotle.

(i) Le 6 mai 1651. Reg. de la Paroisse. (Note de J. V.)

(3) Jacques Archambault.

78

loit passer assez près de ces 40 hommes qui ne manquè- rent pas à les saluer avec un grand l'eu, sans toute fois qu'il n'y eut autre elfet que le bonnet de M. Lemoine per- cé ; bref ils s'enfuirent tous trois dans l'hôpital qu'ils trouvèrent tout ouvert, et Melle. Mance étoit seule ; en quoi il y a bien à remercier Dieu, car s'ils ne l'eussent trouvé ouvert ils étoient pris, et si les Iroquois eussent arrivé à passer devant l'hôpital sans que ces trois Fran- çois y eussent entré, comme la maison étoit toute ou- verte, ils eussent pris Melle. Mance, pillé et brûlé l'hô- pital, mais ces trois hommes y étant entrés et ayant fer- mé les portes, ils ne songèrent qu'à s'en retourner avec cette pauvre femme, et à chercher Chiquot qu'ils avoient vu cacher ; enfin l'ayant trouvé il les frappoit si fort à coups de pieds et de poings qu'ils n'en purent pas venir à bout, ce qui fit que craignant d'être joints sur ces en- trefaites par les François qui venoiont au secours, ils lui enlevèrent la chevelure avec un morceau du crâne de la tête, ce qui ne l'a pas empêché de vivre près de 14 ans depuis, ce qui est bien admirable.

Le 18 de juin du même an, il y eut un autre combat qui fut le plus heureux que nous ayons eu, car un très <rrand nombre d' Iroquois ayant attaqué 4 de nos Fran- çois, ces 4 hommes se jettèrent dans un méchant petit trou nommé Kedoute qui étoit entre le château et un lieu appelé la Pointe St. Charles au milieu des abatis et {illisible). La résolus de vendre chèrement leur vie ils commencèrent à la disputer à grands coups de fusil ; à ce bruit un de nos anciens habitants nommé Lavigne (1) accoururt tout le premier étant le plus proche du lieu attaqué, ce qu'il fit avec une audace surprenante et nu bonheur admirable, car passant seul avec une légèreté

(1) Urbain Tessior dit Lavigne.

79

et une vitesse extraordinaire par dessus tous les bois abattus, pour venir à ses camarades, il donna en 4 em- buscades iroquoises les unes après les autres et essuya 60 ou 80 coups de fusil sans être blessé et sans s'arrêter aucunement jusqu'à ce qu'il eut joint ces pauvres assail- lis, qui ne furent pas peu animés par son courage : Ce tintamare ne fut pas longtems à émouvoir nos François qui étant toujours prêts de donner s'en vinrent secourir nos gens (1) par l'ordre de M. le G-ouverneur. Ensuite les Iroquois ayant imprudemment laissé aller leurs coups de fusil à la fois nos François qui eurent plus de patien- ce les tirent alors à plaisir. Les Iroquois se voyant tomber de tous côtés par leurs décharges ne songèrent plus qu'à s'enfuir, mais comme les arbres étoient abattus et fort gros, à mesure qu'ils se levoient pour s'en aller on les faisoit dessendre à coups de fusil, enfin ils y lais- sèrent parmi les morts 25 ou 30 des leurs, sans les bles- sés qui s'en allèrent (2). Mais passons outre et disons que les Iroquois ensuite à force de nous inquiéter, obli- gèrent cette année Melle. Mance de quitter l'hôpital pour venir au château, et que tous les habitans furent obligés d'abondonner leurs maisons, que dans tous les lieux que l'on voulut conserver il fallut y mettre des garnisons, tous les jours l'on ne voyoit qu'ennemis, la nuit on n'eut pas osé ouvrir sa porte et le jour on n'eut pas osé aller à quatre pas de sa maison sans avoir son

(1) Ce secours étoit conduit par M. LeMoyne, selon M. de Belmont. (Note de J. V.)

(2) Les Reg. de la Paroisse nous apprennent que les François perdirent un homme dans le combat du 18 juin 1651, du nom de Léonard Barbeau, qui mortellement blessé à l'action, décéda deux jours après, ou le 20 juin ; aussi, que le 13 Août suivant, Jean Hébert fut tué par les Iroquùis (Note de J. V.)

80

fusil, son épée et son pistolet : Enfin comme nous dimi- nuions tous les jours et que nos ennemis s'encounit^eoient pour leur grand nombre, chacun vit bien clairement que s'il ne venoit bientôt un puissant secours de France tout étoit perdu ; Melle. Mance considérant et pesant cela dit à M. de Maison-neufve qu'elle lui conseilloit d'aller en France, que la fondatrice lui avoit donné 22,000 livres pour l'hôpital, lesquels étoient dans un cer- tain lieu qu'elle lui indiqua, qu'elle les lui donneroit pour avoir du secours pourvu qu'en la place on lui don- nât 100 arpens du domaine de la seigneurie avec la moitié des batimens, et qu'encore que cela ne valut pas les 22,000 livres elle ne croyoit pas y devoir regar- der de si près, parceque si cela ne se faisoit pas tout étoit perdu et le pays bien hazardé. Ils convinrent tous deux de la chose qui enfin s'exécuta par après ; Melle. Mance écrivit le tout à son illustre fondatrice qui scella son approbation de 20 autres mille livres qu'elle fit re- mettre à cette compuGfnie, comme nous le verrons ci- après, afin de lui aider à envoyer un plus grand renfort : voyez un peu combien cette Dame étoit généreuse, les bonnes œuvres qu'elle a faites pour ce lieu énonceront sans doute éternellement ses louanges dans les portes de la Jérusalem céleste ; Mais revenons à M. de Maison- neufve qui ayant résolu son départ sur cette persuasion de Melle Mance, quitta enfin son cher Montréal dans le pitoyable état que nous avons dit (1) ; Il est vrai que son départ l'eut rendu tout inconsolable sans l'espérance d'un aussi heureux et avantageux retour que celui qu'il promettoit ; en s'en allant, il laissa la conduite de toute

(1) Le journal s suites dit qu'il parlil de Québec pour France le 5 Nov. 1651. (Note de J. V.)

81

chose à M. Des Museaux (1) confiant le tout à sa pru- dence et le lui recommandant du plus intime de son cœur.

(t) MussmiiT. (Note de J.V.)

Charles D'Ailleboust, Escuyer, sieur des Mucoaux.

HISTOIRE DU MONTREAL.

Di' lautomno 1651 jimifirà l'autoinno 1652, au ilipart des iiaviivs du (;ana(las.

Cette année, le pays ayant changé de commandant, d'abord le çouverneur nouveau (1) voulut faire connoi- tre à Messieurs du Montréal les bons sentimens qu'il avoit pour eux et les bons traitemens qu'ils en dévoient espérer, on retianchant 1,000 livres d'appointemens que Messieurs de la Compagnie générale donnoientà M. de Maison-neufve tant pour lui en qualité de gouverneur de Montréal que pour sa garnison. Je ne veux rien dire touchant la conduite que ce bon M. a observée à l'égard de cette isle, d'autant que je veux croire qu'il a toujours eu de très bonnes intentions quoiqu'elles lui aient été moins avantageuses ; que s'il avoit plus sou- tenu cette digue,les inondations iroquoises n'auroient pas pris si facilement leurs routes vers Québec et n'y au- roient pas fait les dégâts qu'elles y ont faits, elles n'y ont pas même toujours respecté sa famille ; Ce nou- veau gouverneur ayant promis à M. de Maison-neufve, avant son départ pour la France, 10 soldats dont il lui avoit fait passer les armes par avance, il envoya ces dix hommes au Montréal comme il lui avoit promis, mais il les fit partir si tard et les mit si nuds dans une chaloupe qu'ils y pensèrent geler de froid, on les prenoit pour des

(J) Le 13 Oct. 10.')I,M. h.iill'-boiit iLoius) fut romiilacé par M..I<an de Lau- zon comme gouvornour général, d; dernier éloil consoilli'r du Hoi et avoit été Intendant du lJaii|ihiné et de la Nouvelle France. (Journal des J.-S. Bourgeois. L'abbe Faillon.) (Note de J. V.)

83

spectres vivans qui venoient, tout squelettes qu'ils étoient, affronter les rigueurs de l'hiver. C'étoit une chose assez surprenante de les voir venir en cet équipa- ge en ce temps-là, d'autant qu'il étoit le 10 décembre, cela fit douter longtemps que ce fut des hommes et on ne s'en put convaincre que lorsqu'on les vit de fort près ; au reste ces homme étoient les plus malingres si nous regardons leur constitution, même deux de ces dix étoient encore enfans, lesquels à la vérité sont depuis devenus de fort bons habitans dont l'un s'appelle St. Ange (1) et l'autre se nommait Lachapelle (2). Ces pau- vres soldats ne furent pas plustôt ici qu'on tâcha de les réchauffer le mieux qu'on put en leur faisant bonne chère et en leur donnant de bons habits, et ensuite on s'en servit comme des gens à repousser les Iroquois que nous avions tous les jours sur les bras ; aussitôt que l'été fut venu, Molle. Mance désireuse de savoir des nouvelles du retour de M. de Maison-neufve qui étoit toute l'espé- rance de ce lieu pria M. C/os (sic) (3), major de cette place, de la vouloir escorter jusqu'aux Trois-Rivières,. afin de lui faciliter le voyage de Kebecq. M. Clos en ayant obtenu la permission et ayant descendu avec elle aux Trois-Rivières, ils demeurèrent quelques jours en l'attente d'une commodité pour Kebecq, voici que des sauvages arrivèrent du Montréal qui dirent que les Iro- quois y étoient plus méchants et plus terribles que ja- mais,— que depuis leur départ on étoit si épouvanté que

(1) André Charly dit St. .\nge.

(2) Honore' Langlois dit Lachapelle.

(3) M. Lambert Closse, d'après autographe que j"ai. Il étoit venu en 1641 avec M. do Maison-neufve et commandoit eh second la garnison. II étoit d'une famille noble. Les écrits contemporains l'appellent indifférem- ment Sergmt Major de la garnison, Major de la garnison,Major de ce lieu.ou. du fort ou de la villt\ ou enfin de Montréal, (Note de J. V.)

84

les François ne savoient que devenir, M. le Major enten- dant ce discours, laissa Melle. Manco attendre le départ de feu M. Duplessis (1) qui de voit se rendre à Kebecq, et remonta au plus vite nu Montréal, ou tout le inonde l'ut encouragé par son r<>tour : A son arrivée il y lut récréé et alHigfé en même temps par une histoire bien surprenante ; voici le fait. Une femme de vertu qu'on nomme présentement La bonne femme Primat (2) fut atta- quée à deux portées de fusil du château, d'abord que cette pauvre femme fut assaillie, elle fit un cri de force, à ce cri trois embuscades d'iroquois se levèrent et se firent paroitre et 3 de ces barbares se jettèrent sur elle afin de la tuer à coups de haches, ce que cette femme voyant elle se mit à se défendre ccmme une lionne, encore qu'elle n'eut que ses pieds et ses mains ; au trois ou quatrième coup de hache, ils la jettèrent bas comme morte et alors un de ces Iroquois se jeta sur elle afin de lui lever la chevelure et de s'enfuir avec cette marque de son ignominieux troplié, mais notre amasone se sen- tant ainsi saisir, tout d'un coup reprit ses sens, se leva et plus furieuse que jamais elle saisit ce cruel avec tant de violence par un endroit que la pudeur nous défend de nommer, qu'à peine se put-il jamais échapper, il lui donnoit des coups de hache par la tête, toujours elle te- noit bon jusqu'à ce que de rechef elle tomba évanouie par terre et par sa chute elle donna lieu à cet Iroquois de s'enfuir au plus vite, ce qui étoit l'unique chose à quoi il pensoit pour lors, car il étoit prêt d'être joint par nos François qui venoient au secours, ayant aidé à rele- ver cette femme un d'entr'cux l'embrassa par un témoi- gnage d'amitié et de compassion, elle revenant à soi et

(1) M. I)ii|il<*ssis-Borhiirt, goiivi'rnriir des Troi«-Hivicres. (Noie de J. V.)

(2) Martine Mcssior, fcmmo d'AnUiuine Piimol.

«5

se sentant embrassée déchargea un grand souilet à ce client affectueux, ce qui obligea les autres à lui dire. " Que faites-vous ? Cet homme vous témoigne amitié sans penser à mal, pourquoi le frappez- vous ? " " Parmanda, dit-elle, en son patois, je croyois qu il me vouloit bai- ser."— C'est une chose étonnante que les profondes raci- nes que jette la vertu lorsqu'elle se plait dans un cœur, son âme étoit prête à sortir, son sang avoit quitté ses veines, et la vertu de la pureté étoit encore inébranla- ble en son cœur. Dieu bénisse le saint exemple que cette bonne personne à donné en cette occasion à tout le monde pour la conservation de cette vertu. Cette bonne femme Made. Primot dont nous parlons est encore en vie s'appelle communément Parmanda, à cause de ce sou- flet qui surj)rit tellement un chacun que le nom lui a demeuré (1) Les Iroquois sur la fin de l'été las de ne se pouvoir venger des coups reçus et des pertes nouvel- les qu'ils faisoient encore tous les jours résolurent de se rendre plus bas afin de voir si ils réussiroient mieux, ce qu'ils firent malheureusement pour nous, ainsi que la mort de M. Duplessis gouverneur des Trois-Riviôres et d'une grande partie des plus braves habitans de ce lieu le fait voir à ceux qui lisent les relations des Révérends Pères Jésuites (2) mais comme ceci n'est pas de notre fait passons outre et disons que Melle. Mance ne revit pas de Maison-neufve comme elle pensoit, cette année là,

(1) Le cjiubal de cetle femme, Marline, femme (rAnte. Primot, avec les Iroquois eut lieu le 29 juillet 1652 (Journal des J. du 10 août) M. de Belmont parle aussi de cette lutte de la femme Primot avec 3 Iroquois. Voir Hist du Canada, p. 7, imprimée en 1840, par la Société Littéraire et Historique de Québec. (Note de J. V.)

(2) Le journal des J. déjà plusieurs fois cité,' fixe au 19 août IG52, le com- bat où périt M. Duplessis et fonrnit les noms des François qui furent tués en ce lieu ou faits prisonniers. (Note de J. V.)

86

mais qu't'llo eut seiilomont do sos nouvelles, par Icsc^ucl- les il lui maiidoit qu'il ospéroit do n^'cnir l'an suivant avec plus de 100 hommes, qu'il avoit vu adroitement la bonne londatriee sans l'aire semblant de rien, qu'il lui avoit l'ait connoitre lY'tat des choses, qu'il y avoit sujet d'en espérer encore beaucoup, qu'elle ne manquât pas de lui écrire sans lui donner à connoitre quelle elle était (1). Cette lettre consola beaucoup Melle. Mance daJis ce pénible retardement de notre très cher gouverneur, car par elle on voyoit tout se disposer pour sou retour l'an sui- vant, ce qui lui étoit fort incertain auparavant, d'autant que M. de Maison-neufve lui avoit dit et à M. Desmusseaux auquel il avoit laissé ses ordres en tous événements : " Je tâcherai d'amener 200 hommes, ils nous seroient bien né- cessaires pour défendre ce lieu ; que si je n'en ai pas du moins cent, je ne reviendrai point et il faudra tout aban- donner, car aussi bien la place ne seroit pas tenable." Melle. Mance ayant eu ces nouvelles et ayant donné or- dre aux affaires de France vint promptement au Montréal, afin de lui faire part de ce qu'elle avoit appris et le sou- lager dans cette fâcheuse année qu'il fallait encore passer en l'absence de son cher gouverneur.

(I) Jlliuil..

Note. Los n^gistr.îs do la Paroisse constatent que les Sauvages ^u^^enl Antoine Hoos le 26 mai 1652, A. David, le 16 septembre et EiiennoTliibaull, le 14 octobre même année. (Note de J. V.)

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'automne IG'jî jtisqirà l'.iulomne de IG53, au (It'put (li'S vaisseaux du C inadas.

Le 14 octobre de cette année il se fit ici une très belle action de la manière que je vais dire. On sut par l'aboie- ment des chiens qu'il y avoit des ennemis en embuscades du côté qu'ils regardoient. M. le Major qui é toit toujours sur pied en toutes les occasions, eut l'honneur d'avoir cette découverte à faire. Il y alla avec 24 hommes et marcha droit vers le lieu il étoit question, mais pour y aller avec prudence il détacha le sieur de la Laloche- tière, Bastom (1) et un autre dont je ne sais pas le nom, trois braves soldats qui marchoient devant à la portée du fusil, il donna ordre à ces trois détachés de n'aller que jusqu'à un certain lieu qu'il désigna. Lalochetière em- porté par son courage passa un peu plus outre pour dé- couvrir par dessus un arbre qui étoit devant lui si les ennemis n'étoient point dans un ^fond qui y étoit, en regardant par dessus cet arbre, les Iroquois qui étoient cachés au pied firent d'abord leurs huées, le tirèrent et le mirent à mort, mais non pas si soudain qu'il ne fit payer sa vie à celui qui le tua, d'autant qu'il lui rendit la pareille de son coup de fusil, les deux autres cou-

Ci) Loditeur de M. Belmont écrit liostom et Lagachelière (seroit-ce pour Laf^ochetière ou Lagaucheiihre ce nom descendu jusqu'à nous';. Il dit aussi que ce dernier fut tué, cependant son nom n'est i»as porté aux registres de la Paroisse. On n'y trouve que celui de Etienne Thibault. 'Note de J. V.)

M. Paillon, dans son histoire de la Colonie Frau'jaise en Canada, met BasUm ou Basloin, et Etienne Thibault dit la Laloclietière.

88

vreurs voulant se retirer eurent une salve qui fut fu- rieuse dont Dieu les garantit. Le Major mit d'abord ses gens en état, on tint ferme quelque temps, mais il auroit expérimenté un moins heureux c'om]>at ayant alIUire à tant d'ennemis sans que M. Prud'homme ancien habi- tant d'ici l'appela d'une chétivc maisonnette il étoit, lui criant de se retirer bien vite d'autant qu'on l'environ* noit, il n'eut pas i)lust6t ouï la parole et tourné la tête qu'il vit les Iroquois quasi tout autour delà maisonnette et de lui, ce qui lui lit commander à ses gens de forcer ces barbares et d'entrer dedans à c^uelque prix que ce fut, ce qui fut dit fut vigoureusement exécuté : inconlin(Mit qu'on l'ut dedans on fit des meurtrières et chacun com- mença à faire grand feu, hormis un lâche qui saisi de frayeur, se coucha tout plat sans que les menaces ni les coups le pussent faire lever ; il fallut donc laisser ce mort tout en vie qu'il étoit et songer à se bien battre, car les Iroquois joignoient la maison de toutes parts et tiroient si rudement que les balles passoient en travers de cette chétive maisonnette qui étoit si peu solide qu'après lavoir percée elle perça un de nos plus beaux soldats qui est nommé Laviolelle et le mit hors de com- bat, ce qui nous fit une grande perte pour cette occa- sion, d'autant que cet homme a toujours paru ici pour un des plus intrépides et vigoureux, ce qui a fait qu'on lui a donné plusieurs fois des commandements dont il s'est fort bien acquitté : Enfin, nonobstant ce malheur, il ne fallut pas laisser d«' se l)attre et de faire de son mieux, ce qui nous réussit trè^ bien et se passa de la sorte. Nos meurtrières étant faites et ayant moyen de répondr»? aux ennemis nous commençâmes à avoir notre tour et dans les premières décharges nous enjettàmes une belle quantité par terre, ce qui les embarrassa fort surtout à cause que ne voulant pas abandonner leurs

89

morts ils ne sayoient aussi comment les enlever, d'au- tant que chacun qui en approchoit ne manquoit pas à le payer de quelques coups de fusil : ce tintamarre dura tant que nous eûmes de la poudre, mais les munitions manquant cela inquiéta fort notre major qui en témoi- gna quelque chose au sieur Baston qu'il savoit bon cou- reur ; comme il avoit beaucoup de courage c'en fut assez pour le faire s'offrir d'en aller chercher, alors M. Classe tout joyeux, le mit en état de partir avec tous les témoi- gnages d'amitié possible ; après on lui ouvrit la porte et on favorisa sa sortie par les redoublemens des décharges ordinaires en ces occasions, enfin malgré eux il arriva au château d'où il revint bien amonitionné avec 8 ou 10 hommes, qui étoit tout ce qu'on pouvoit lui fournir, con- duisant à couvert deux petites pièces de campagne char- gées à cartouches, à la faveur d'un rideau (1) qui passe de- puis le château jusque vis-à-vis la maison attaquée ; quand il fut plus proche qu'il pouvoit aller à couvert, tout d'un coup il parut sur le rideau avec ses deux ca- nons qu'il tira sur les Iroquois ; M. Closse qui l'atten- doit sortit tout aussitôt avec son monde pour favoriser son entrée, dont le régal fut un redoublement de coups de fusil afin de faire connoitre aux Iroquois si cette pou- dre nouvelle valoit bien la précédente, mais comme ils virent que l'on en étoit moins chiche qu'avant l'arrivée de Baston, ils jugèrent qu'ils falloit mieux se retirer que .d'user plus amplement de nos libéralités ; il est vrai que comme ils étoient au pied de la maison, cette retraite étoit un ]}Qi\ dillicile, aussi en s" enfuyant reçurent-ils bien des coups. On ne sait pas au vrai le nombre de leurs morts, quoiqu'ils en aient beaucoup perdu en cette

(l). Ti'iiiie di> guerre ; inHiie élévation de terre qui a quelque étt niue en longueur et derrière laquelle ont peut se cacher.

L

00

occasion, piircoqu'ils los omportiTt'iit quasi tous et qu'ils n'ont pas accoutumé de se vanter des pfens qu'ils ont ainsi perdus. Il est vrai qu'ils n'ont pas pu s'en taire absolument et que exacférant les pertes des leurs ils les ont exprimées en ces termes ; " nous sommes tous morts." Quant aux estropiés ils en ont compté le nom- bre aux Fran(,*ois, leur avouant c^u'ils en avoient 37 des leurs parfaitement estropiés (1) ; au reste c'est une cho- se admirai)!»' que ces «jfens-là aient tant de force à porter, car encore qu'ils ne soient pas bien forts en autre chose ils ne laissent pas pourtant <|ne de porter aussi pesant qu'un mulet, ils s'enfuient avec un mort ou un blessé comme s'ils n'avoient quasi rien, c'est pourquoi il ne faut i)as s'étonner après les combats s'il se trouvent peu de personnes, puisqu'ils ont une si grande envie de les emporter. Pour ce qui regarde ce qui nous arriva dans cette occasion, je n'y remarcjuc rien de funeste sinon la mort du brave Lalochetière et la grande blessure du pauvre Laviolette, mais il est bien à propos sur ce sujet que je dise un mot de M. Closse qui a été reconnu de tous pour un homme tout de cœur et généreux comme un lion, il étoit soigneux à faire faire l'exercice de la guerre, étoit l'ami des braves soldats et l'ennemi juré des poltrons. Tous ceux qui l'ont bien connu le regret- tent et avouent qu'on a perdu en lui une des plus belles fleurs de ce jardin : que si on avoit eu le soin d'écrire tontes les belles actions qui se sont faites autrefois en ce lieu tous b's ans, nous lui ferions ]»lusieurs élon-es, d'au- tant qu'il étoit partout, et partout il faisoit des mer- veilles, mais la négligence alors d'écrire m'oblige à les

(1) .M. f!o Bolmont dit au sujol de ce combat du 14 octobre 1052 : " M.

" Closse fut investi jmr 200 Iroriuois Les lro<juois perdirent 20 hooimes

" et plus de 50 estropiés de bras et de jambes." (Note de J. V )

91

laisser dans le tombeau (1), aUiSsi bien que celles de plu- sieurs autres dont les faits héroïques entrepris i)our Dieu et sa gloire seront tirés un jour du sépulchre par lin bras moins foible que le mien et une main plus puis- sante que celle avec laquelle je travaille à cette histoi- re : on ne sauroit exprimer les secours de cet excellent major, c'est pourquoi il nous faut passer outre, pour dire que dans la suite de cette année on eut plusieurs autres attaques mais que les ennemis n'y eurent pas de grands succès, on se secouroit avec une telle rigueur qu'aussi- tôt qu'un coup de fusil s'entendoit en quelque lieu, aus- sitôt l'on y venoit à toute jambe, on couroit ici aux coups comme à un bon repas ; encore qu'ailleurs on fut moins friand de ces morceaux de quoi on eut une plai- sante marque au printemps, d'autant que M. le Gourer, neur ayant enroyé une barque au Montréal, il arertit le commandant de n'approcher pas du château s'il n'y royoit des marques qu'il y aroit encore des François ; que s'il n'en royoit pas qu'il s'en rerint, crainte que les Iroquois ayant pris le lieu ils fussent en embuscades pour les y attendre : ce qui fut dit fut fidèlement exé- cuté, la barque rint proche du Montréal : il estrrai qu'on ne pouroit pas bien distinguer du château à cause des brumes ; ayant mouillé l'ancre, nos Montrealistes qui la regardoient disputoient fortement, les uns disant que c'étoit une barque, les autres le contraire, la barque ayant resté pendant toute cette dispute enfin elle se lassa d'attendre et croyant fermement qu'il n'y aroit plus personne à cause qu'elle ne royoit ni n'entendoit rien, elle résolut de lerer l'ancre et de partir pour retourner vers Kebec assurant qu'il n'y aroit plus de François au

(2) M. Closse n'est pas encore morl, mais il sera tué le 6 février 1662. <Note de J. V.)

02

Mont-royal : or la l>arque t'-taiit partie et lo temps étant devenu iserein nos Irançois (|iii jiis(|u'alors avuient dit qu'il n'y avoient point eu de l):ir({Ui' dirent aux autres, bien, y avoit-il une barque i Ceux qui avoient tenu lallirniation dirent que cela avoit bien la mine d'une bar(|ue, qu'il lalloit que ce l'ut un fantôme ou])ien quelque diablerie, ainsi se résolut la (juestion jus(ju'aux ]>reniières nouvelles de Que])ecq, qui aj^prirent au Montréal que ce n'étoit point un prestige mais bien une véritable barque, ce qui fit un peu rire et ce qui doit aussi apprendre à un chacun qu'on estimoit ici le monde dans un tel daniivr d'être taillé en pièces, en ces temps- là, que toutes les lois qu'on y venoit on y étoit dans de grandes appréhensions que cela ne l'ut déjà fait, c'est pourquoi on n'en osoit approcher sans beaucoup de cir- conspection, crainte d'y rencontrer des Iroquois au lieu des compatriotes que l'on y venoit chercher ; même communément il falloit aller aux barques pour les aver- tir de ce qui se passoit et leur donner avis de l'état des choses, autrement on eut été en danger que sans oser approcher elles ne s'en fussent allées aussi Inen que cel- le-là. Mais parlons d'autre chose et disons que Melle. Mance toute désireuse du retour de M. de Maison - neufve descendit à Que})ecq de bonne heure cette année là, ce qui fut un coup de providence, d'autant que n'ayant pas de chaloupe pour descendre elle eut été enlevée par les Iroquois infailliblement si elle y eut été plus tard, d'autant que ces anthropophages ennemis du genre humain se resouvinrent de la réussite qu'ils avoient eue l'an dernier aux Trois-Itivières y vinrent ]»ient6t après (ju'elb' fut passée rechercher ce qui avoit échappé à leur cruauté, blocquant ce lieu des Trois- Ilivières avec 600 hommes ; elle auroit donné dans ce blocus et auroit été prise au passage si elle avoit tardé,.

93

mais heureusoment elle étoit à Ke])ec, ou elle apprit par feu M. Duherison (1), qui étoit dans le premier navire, que M, de Maison-neufve venoit avec plus de cent hom- mes, ce qui lui donna une joie non pareille et même à tout le public qui étoit fort abattu de crainte ; tout le monde dans Québec et par les côtes commença à offrir ses vœux à Dieu pour son heureuse arrivée, on le nom- moit déjà le libérateur du pays, cette heureuse nouvelle venue, Melle. Mance supplia M. le gouverneur de vou- loir bien donner au plustôt cet agréable avis au Mont- réal, il ne lui put refuser une si juste demande et pour cela il dépêcha une chaloupe, mais Dieu qui ne la vou- loit pas perdre lui envoya un vent contraire qui l'empê- cha d'aller jusqu'au blocus des Trois-Rivières dont on n'avoit aucune nouvelle à Kebec et dont on n'avoit rien sçu, sans qu'il fut découvert par les plus lestes du pays qu'en ce même temps coururent après le Père Poncest (2) {sic) pour le délivrer d'eïitre les mains des Iroquois, Or ces messieurs revenant de cette course dont il est parlé dans les relations du temps ils trouvèrent la cha- loupe laquelle montoit au Montréal qu'ils avertirent de descendre au plustôt à cause de l'armée iroquoise qu'ils avoient vue devant les Trois-Rivières, ensuite de cjuoi ils vinrent à Québec ou ils mirent tout le monde dans une grande consternation lorsqu'ils apprirent le péril ou étoit les Trois-Rivières, ce qui faisoit redoubler les vœux pour l'arrivée de M. de Maison-neufve, afin d'aller dégager ces pauvres assiégés, mais si Dieu ne voulut pas lui ac-

(1) Du Hérisson : plus tanl (en 1605) Juge Royal aux Trois-Rivières (Note deJ. V.i

Michel Le Neuf, escuyer, Sr. du Htrisson.

(2) Le Père Jésuite Jos. Ant. Poncet, j'ai son autograiJie. Los Iroquois se saisirent de lui vers Sillory, le 21 août 1653 ; il ne revint à Québec que le 4 novembre amené par M. Boucher. (Note de J. V.)

94

corder cet honneur, il voulut se servir en ceci du Mont- réal par uiK' voit' dillérente : ce qui arriva de la sorte ; Il y avoit lors plusieurs 1 lurons jiu Montréal qui y fai- soient la guerre aux Iroquois, à l'abri de ce Tort, entr'- autres il y avoit le plus brave de tous, nommé Anontaha, qui avoit fait voir un courai,'"e extraordinaire dans une action dont nous parlerons ci-après : Or ces I lurons dans leur découverte apperçurent un jour la piste des ennemis lesquels venoient tâcher de faire quelque mé- chant coup l'ii ce lieu ; d'abord qu'ils eurent eu cette connoissance ils en vinrent donner avis et incontinent les François et les llurons formèrent deux partis du côté d'où venoit l'ennemi, qui se trouva enfermé entre les deux, ou il leur fallut combattre en champ clos, il est vrai que les Iroquois vendirent bien leur vie et leur liberté parceque encore qu'ils fussent peu c'étoit les plus braves de leur nation et que de plus ils étoient favorisés d'un grand embarras de bois, mais enfin en ayant été tué la meilleure partie le reste fut contraint de se rendre à la force hormis quelques uns qui se sauvèrent '• or tous les captifs ayant été amenés au Château, ils dirent qu'ils avoient une grosse armée qui ravageoit tout le pavs d'en bas et y mettoit tout en combustion ; M. Des 31i/sseaux (1) qui commandoit, sachant ces choses et que ses prisonniers étoient des considérables, il se conseilla (2) avec les mieux sensés de ce qu'il y avoit à faire : Le sentiment commun fut que M. Lemoine per- suaderoit à Anontaha de s'en aller parlementer avec les Iroquois et de sauver le pays s'il pouvoit nommément les Trois-Kivières qu'on apprenoit être en grand danger ;

(I) Neveu do M. Maison-nrufve.

Non. Il étoil neveu de M. Louis D'Ailleboût, voir p. 47 (Note de J. V.) 2) Concerta.

95

à cette proposition ce brave sauvage se résolut d'exposer sa vie pour le bien du pays, il descendit dans un canot lestement équippé et entra dans les Trois-Ilivières ; après qu'il y fut il cria aux Iroquois de s'approcher et de l'en- tendre ; ensuite leur ayant donné le loisir de venir assez près pour l'ouïr il leur dit fortement : " Ne vous avisez pas de faire de mal aux François, je viens du Montréal, nous y avons pris tels et tels vos capitaines qui y étoient allés comme vous savez, ils sont maintenant à notre discrétion, si vous A'oulez leur sauver la vie il faut faire la paix." Ces barbares ayant nommé leurs capi- taines et sachant qu'ils étoient pris, d'abord ils s'appro- chèrent et dirent que " volontiers ils feroient la paix pourvu qu'on leur rendit leurs gens," ce qui rejouit beaucoup les pauvres assiégés, mais à la vérité leur joie pensa tout d'un coup être changée en tristesse, car les Hurons qui étoient restés au Montréal avec les prison- niers Iroquois, pensèrent être pris eux et leurs captifs tout à la fois, d'autant que sottement ils les voulurent amener aux Trois-Rivières sans attendre aucune escorte de chaloupe ; de bonne fortune les Iroquois ne songèrent alors qu'à la paix et furent surpris ; que s'ils ne l'eussent été et qu'ils eussent attrapé ces étourdis, les affaires eussent été en pire état que jamais, mais enfin les Iro- quois traitoient à main et à demain ils ne songoient qu'à

se remplir des françoises sans plus songer à la

guerre pour le présent ; au plus vite on envoya des Trois-E-ivières à Kebec, afin d'avertir de ce grand change- ment, et les Hurons qui étoient remplis d'orgueil pour ces réussites y portèrent promj)tement les bonnes nou- velles, enfin il se fit une paix fourée à quoi nos ennemis acquiescèrent seulement pour avoir leurs gens et avoir lieu ensuite de nous surprendre, nous connaissions bien leur fourberie, mais comme ils étoient les plus forts nous

I

OG

recevions leurs lois et on passions ])ar l;ï ils vonloient : La foiblosse de ce temps faisoit jettor de ^ands sou- pirs après l'arrivée de M. de Maison-neufve avec son secours, mais enlin il ne venoit point, ce qui alHigeoit tout le monde à un tel point que la saison s'avançant sans qu'ils parut, afin d'obtenir cette grande assistance que tous attendoiont par sa venue, on exposa le Très-Saint Sacrement pendant plusieurs jours, jusqu'à ce que enlin le ciel importuné par ces prières publiques voulut exau- cer les vœux de ces peuples, ce qui fut le 27, 7bre, auquel jour on chanta à l'Église le Te Deum pour action de grâce: de son arrivée (1). Monsieur de Maison-noufve ayant rendu ses devoirs au Souverain de Lumières, il alla rendre ses respects à M. de Loson auquel il raconta les disgrâces de son voyage, entre autres que son retarde- ment avoit été causé par une voie d'eau qui les avoit obligés de relâcher trois semaines après leur départ ; Ensuite de cette première ^^site il alla voir les ItR. PP. Jésuites et autres maisons religieuses, ensuite de quoi il se vint renfermer avec Melle. Mance pour lui dire en particulier ce qui s'étoit passé de plus secret dans tout son voyage, entre autre ce qui concernoit cette sainte dame inconnue, ce qu'il commença de la sorte : " Comme vous m'aviez confié le nom de cette sainte dame, me voyant en France fort embarrassé par le pressant désir ou j'étois de secourir ce pays dans l'extrémité les Iro- quois l'ont réduit, j'avois bien envie de lui parler et lui faire connoître les choses sans faire semblant de rien, car comme vous m'aviez dit que de la manifester c'étoit tout perdre, je ne l'eusse pas voulu faire, mais aussi

(1) Son rotour d<> l'ranre ù Qut'bfc en IC').T, ({uoiqiin certain, n'esl pas mentionné au Journal MS. des Jésuites. La S<i.>ur Bourgoois lo fixe au 22 Sept. (Note de J. V.)

97

comme je me sonvenois que vous m'aviez dit beaucoup de fois que si vous l'eussiez pu entretenir là-dessus, à cœur ouvert, que cette âme généreuse y auroit apporté du remède, cela me donnoit envie de la voir : Or étant dans ces souhaits Dieu m'en fit naître une belle occasion par le moyen d'une de mes sœurs qui avoit procès contre elle, ce que sachant je m'oifris de lui donner la main pour aller chez elle et comme je savois qu'elle n'ignoroit pas mon nom à cause du gouvernement de Montréal, je me fis nommer à la porte, afin que cela lui renouvelât la mémoire, elle eut lieu de m'interroger et moi de l'entre- tenir : Dieu donna bénédiction à ma ruse, car l'ayant sa- luée et ma sœur lui ayant parlé de ses afîaires, elle s'en- quit de moi si j'étois le Gouverneur du Montréal qu'on disoit être dans la Nouvelle France, je lui répondis que oui, et que j'en étois venu depuis peu ; qui est, me dit- elle en ce pays, dites-le nous s'il vous plait et nous appre- nez des nouvelles de ce pays-là, comme on y fait, comme on y vit, quelles sont les personnes qui y sont, car je suis curieuse de savoir tout ce qui se passe dans les pays étrangers ; Madame, lui dis-je, je suis venu chercher du secours pour tâcher de délivrer ce pays des dernières calamités ou les guerres des Iroquois l'ont réduit, je suis venu tenter si je pourrois trouver le moyen de le tirer de misère ; l'aveuglement est grand parmi ces sauvages qui y sont, mais néanmoins on ne laisse pas d'en gagner quelques uns : au reste ce pays est grand et le Montréal est une isle fort avancée dans les terrestres propre pour en être la frontière, ça nous sera une chose bien fâcheuse s'il nous faut abandonner des contrées aussi étendues sans qu'il y reste personne pour annoncer les louanges de celui qui en est le Créateur, au reste cette terre'est un lieu de bénédiction pour ceux qui y viennent, car cette solitude jointe aux périls de la mort ou la guerre nous met à tout

L

98

moment fait que les plus grands pécheurs et pécheresses y vivent avec édification et exemple, cependant s'il faut que tout cela s'abandonne, je ne sais pas ce qu'il devien- dra : ce qui me fait plus de peine est une bonne fiUc qu'on appelle Melle. Mance, car si je n'amène un puis- sant secours je ne puis me résoudre à retourner, d'autant que cela seroit inutile, et si je ne m'en retourne pas je ne sais ce qu'elle deviendra ; De plus je ne sais ce que deviendra une certaine fondation qu'une bonne Dame qu'on ne connoit pas, a faite en ce pays-là pour un hôpi- tal dont elle a fait cette bonne demoiselle administra- trice, car enfin si je ne les vas pas secourir, il faut que tout quitte et échoue." A ces mots elle me dit : " Com- ment s'appelle cette Dame ?" " Hélas, lui répondis-je, elle a défendu à Melle. Mance de la nommer, elle n'ose- roit l'avoir fait; au reste cette demoiselle dit que sa dame est si généreuse dans ses charités qu'on auroit lieu d'en tout espérer, si elle pouvoit avoir l'honneur de lui parler, mais qu'étant si éloignée il n'y avoit pas moyen de lui par- ler, qu'autrefois elle avoit auprès d'elle un bon religieux qui eut bien négocié cette affaire, et lui eut bien fait connoître le tout, mais que maintenant lui étant mort elle ne peut lui parler ni lui faire parler, pas même lui écrire, parceque cette dame lui a défendu de mettre son nom pour l'adresse de ses lettres, que quand ce Religieux vivoit il connoissoit ce mistère, elle lui envoyoit ses lettres parceque lui qui avoit tout moyenne et savoit le tout les portoit ; maintenant qu'il n'y avoit plus rien à faire, que si elle avoit seulement mis son nom pour ser- vir d'adresse sur une lettre, elle assure qu elle tomberoit dans sa disgr;\ce,qu'elle aime mieux laisser le tout à la seule providence, que de fficher une personne à qui elle est tant obligée elle et toute la Compagnie du Montréal : Voilà, madame, lui dis-je, l'état sont les choses, même

99

on est si pressé de secours que la demoiselle voyant que tous les desseins de la fondatrice sont prêts à être mis au néant, elle m'a donné un pouvoir de prendre 22,000 livres de fondation qui sont dans Paris pour 100 arpents de terre que la Compagnie lui donne, me disant, prenez cet argent il vaut mieux qu'une partie de la fondation périsse que le total, servez-vous de cet argent pour lever du monde afin de garantir tout le pays en sauvant le Montréal : Je ne crains point dit-elle, d'engager ma con- science, je sais dit-elle, l'esprit de ma bonne dame, si elle savoit les angoisses nous- sommes elle ne se contente- roit pas de cela. Voilà l'offre qu'a fait cette demoiselle, J'avois de la peine à accepter, mais enfin en ayant été pressé vivement par elle qui m'assuroit toujours qu'elle pouvoit hardiment interprêter la volonté de sa bonne dame en cette rencontre, j'ai fait un concordat avec elle pour ces 100 arpents de terre en faveur des 22000 livres, qu'elle a espéré pouvoir beaucoup aider à garantir le pays qui est l'unique vue de ce concordat ; car la terre à ce prix-là seroit un peu bien cher : Voilà, Madame, la situation nous sommes." " Je voudrois bien, me ré- pondit cette bonne dame, que vous me revinssiez voir pour nous entretenir de ces choses." " Volontiers, Ma- dame, lui dis-je. Depuis, je l'ai vue plusieurs fois, même elle prenoit plaisir de me faire entrer dans 'son cabinet pour m'entretenir à loisir de toutes les particularités,, mais jamais elle n'a voulu se découvrir à moi, il est vrai que notre négociation n'a pas laissé de réussir, d'autant qu'elle a donné 20,000 livres à M. De la Mognon, (1) lui disant qu'une personne de qualité faisoit présent à la Compagnie du Montréal de cette somme, pour lui aider

(1) C'est vr.'ii?eiiib!iil)l( inr-iil le Président Guillaume de Lamoignon, qin. était alors Maitr»; des Hequèlcs au Parlement de Paris.

100

à lever du monde pour secourir leur isle sous la conduite de M. de Miiison-neufve : elle fit ce qu'elle put pour que M. de la Mognon crut que cela venoit d'ailleurs, mais enfin nous savons assez la main d'où procédoit ce bien- fait : Voyez, dit après cela M. de Maison-neufve à Melle. Mance, une belle ratilication de vos 22,000 livres ; O illustre et charitable fondatrice, Dieu la bénisse à jamais, voilà ce que j'avois à dire à son sujet : Mais parlons maintenant d'une bonne fille que j'amène, nommée Mar- guerite Bourgeois (1) dont la vertu est un trésor qui se- ra un puissant secours au Montréal, au reste cette fille est encore un fruit de notre Champagne qui semble vou- loir donner à ce lieu plus que toutes les autres réunies en- semble : Cette fille est une personne de bon sens, de bon esprit, qui ayant passé jusqu'à 18 ou 20 ans sans vouloir approcher de la Congrégation de Troye, crainte de pas- ser pour bigotte, quelque sollicitation que l'on lui en fit, Dieu lui ayant donné ensuite une forte pensée de voir comme on y faisoit, elle y remarqua si bien la solide vertu que l'on y pratiquoit qu'elle s'y enrolla d'une telle bonne manière qu'y marchant à grands pas elle fut bien- tôt élevée à la préfecture, on l'a continuée 12 ou 16 ans, à cause du grand avancement que l'on avoit vu sous sa conduite, encore qu'une telle continuation ne se soit jamais faite aux autres ; Enfin, cette bonne fille ne ne se contentant pas de demeurer comme elle étoit, et voulant être religieuse, elle souhaita d'être carmélite et son père se résolut de faire tous ses efforts pour la doter afin de lui donner ce contentement, parcequ'il ne lui pouvoit rien refuser. Mais en ce temps une des congré- ganistes qui alors avoit. une forte pensée pour le Canada vint la trouver et lui dit fortement qu'il ne falloit psj

|1) Elle Fignait " Marguerite Bourgeoys."

101

qu'elle fut religieuse mais qu'il falloit aller toutes deux servir Dieu en la Nouvelle-France, La-dessus elle la tourna tant de tous cotés qu'à la fin elle l'obligea d'en parler à la supérieure de leur congrégation, qui étant une bonne religieuse laquelle avoit soin de toutes ses congréganistes externes dont Marguerite Bourgeois vul- gairement nommée la sœur Marguerite étoit Prefette, Or Dieu permit que cette supérieure fut la propre sœur de M. de Maison-neufve auquel elle dit tout ce qui se passoit dans l'esprit de sa Prefette : M. de Maison-neufve ne l'eut pas plustôt sçu qu'il désira de la connoître, et il ne l'eut pas plustôt connue qu'il souhaita de ne pas perdre un si illustre trésor, or il fit tout ce qu'il put pour la conserver. Enfin elle résolut de passer et de venir cette présente année avec tout ce monde que M. de Mai- son-neufve amenoit (1) elle n'a pas reçu de médiocres peines, car y ayant eu quantité de malades elle les a tous servis en qualité d'infirmière avec un soin indicible, non seulement sur la mer mais encore à Québec : Melle. Mance ayant appris qu'elle étoit cette fille commença à la caresser et je dis beaucoup, en quoi elle avoit bien raison ce qui se manifesta assez par les grands services qu'elle a rendus depuis à Dieu au Montréal, surtout dans les instructions qu'elle a faites aux personnes de son sexe à quoi elle a travaillé depuis et incessamment et avec tant de profit que plusieurs autres bonnes fiJles se sont rangées auprès d'elle afin de la seconder, avec lesquel|,es depuis plusieurs années elle a fait ici un corps de communauté, laquelle a été depuis peu autorisée par Lettres Patentes du Roi ; Ce que j'admire ici dedans est que ces filles étant sans biens soient si désintéressées

(1) La vie de la Sr. Bourgeoys (Montréal 18T)8) dit qu'elle arriva à Québec avec M. de Maison-neufve, le 22 sept., et à Montréal le 16 nov. 1CJ3. (Note J. V.)

102

qu'elles veuillent instruire gratis, et font beaucoup d'an- tres choses de cette manière et que néanmoins par la bénédiction que Dieu verse sur le travail de leurs mains elles aient, sans avoir été à charge à personne, plusieurs maisons et terres en Atileur dans l'Lsle du Montréal, et que cette bonne sœur en divers lieux vienne de faire, comme elle a fait, un voyage de France de deux ans dans lequel, sans ami, ni argent, elle a subsisté, obtenu ses expéditions de la Cour et être revenue avec 12 ou 13 filles dont il y en avoit bien peu qui eussent de quoi payer leur passage. Tout cela est admirable et fait voir la main de Dieu, mais laissons-là cette bonne fille, puis- qu'aussi bien ce que nous disons de ce dernier voyage ou elle a apporté ses patentes ne fait que de s'accomplir et n'appartient point à l'année dont nous traitons (1), Disons plustôt que tout le monde que M. de Maison-neufve amena, cette année, étoient de bons et de braves gens, dont la pluspart a péri pour le soutien et défense du pays ; M. de St. André eut l'honneur de lever ce monde sous M. de Maison-neufve, dans les provinces d'Anjou, du Menne, de Poitou, de Bretagne qu'il avoit été dési- gné pour cet efiet. Ce qui nous reste aujourd'hui de ces gens-là sont de fort bons habitants dont le nom sera, j'espère, mentionné dans le Livre de Vie pour la récom- pense de leurs bonnes actions : Si la manière d'écrire l'histoire me permettoit de les nommer tous, je les nom- merois joieusement, parce qu'il y en a bien peu qui n'aient mérité leur place dans cette Relation, mais puis-

(1) Le voyage do la Sr. Bourgeoys en Franco, dont parle ici M. Dollior, est de 1670. P'ilo partit du Canada dans Tautomno afin dailor solliciter du Roi des Lettres Patentes pour son élablisseraenl de la Congrégation N. D., à Montréal. Elle les obtint au mois de raat 1G7I, revint à Québec, le 13 août 1672, fit enregistrer ses I^^ltres Patentes le 17 oct., au Conseil Sui)érieur et jmrtit sur le champ pour Montréal. (Note de J. V.)

103

que le discours historique n'accorde pas cette liberté, ils m'excuseront si je ne le fais pas, aussi bien cela ne leur produiroit qu'un peu de fumée qui pourroit obscurcir la juste récompense qu'ils en attendent de celui pour qui ils ont travaillé. Enfin M. de Maison-neufve ayant ra- conté toutes choses à Melle. Mance et ayant laissé quel- ques jours ses soldats raffraichir, demanda deux barques pour les monter au Montréal dont celle de Melle. Mance monta le première. Mais il y eut bien d'autres dilficul- tés à faire marcher les soldats, d'autant qu'on ne vouloit pas les laisser sans que M. de Maison-neufve dit absolu- ment qu'il les vouloit avoir et qu'ils avoient trop coûté à la Compagnie du Montréal pour en laisser aucun après lui ; ayant un poste aussi dangereux que celui qu'il avoit à défendre, ce qu'il y avoit de fâcheux en ceci étoit qu'on lui devoit fournir des barques et on ne lui en vouloit point donner : A la fin il en trouva et après avoir envoyé tout son monde, il les suivit ne voulant aller que le dernier de tous pour ne laisser personne après soi.

1ère Note. M. Dollier, comme on voit, ne donne pas le nombre de soldats qu'amena M. de Maisonneuve, en 1653 ; mais M. de Belmont dit qu'il était de 105, et la Sœur Bourgeoys le fait monter jusqu'à 108. (J. V,)

2ème Note. Le 20 juin 1653, Michel Noila fut tué par les Iroquois, Reg. de la Par. (J. V.)

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'automne 1653 jusqu'à l'automne 1654, quo le»

vaisseaux partirent du Canadas.

Aussitôt que les troupes de l'an précédent furent arri- vées, on commença de travailler à faire l'Eglise de l'IIo- pital et accroitre ses bâtiments, on réussit si bien à l'un et à l'autre que tout se fit avec diligence, parce que M. de Maison-neufve n'avoit amené que de bons hommes pleins de cœur et d'adresse à faire ce que son cœur comman- doit : La nécessité de ces travaux n'empêcha pas M. de Maison-neufve de donner permission à ces gens-là de se marier, à quoi donna un bon et heureux exemple le sieur Gervaise, (1) lequel aujourd'hui a une famille fort nombreuse qui a le privilège de marier avec le bas âge la vieillesse des mœurs ; c'est une famille de condition et de bonne odeur à tout le pays la richesse de la vertu prévaut celle des Inens de ce monde : Les bâtiments, la culture des terres et les mariages n'empêchoient pas qu'on ne se tint en ce lieu si bien, sur ses gardes, que les ennemis avoient bien de la peine à nous y insulter (2). Nous commençâmes dès lors à leur imprimer une certaine frayeur qui leur empêchoit de s'avancer si

(1) Il w faut pas iulrriT d{! cp fait, que le uiariago dn Gervais lut le 1er qui se lit à Montrai enln; filUropcens ; il y en avait déjà lo do faits avant l'arrivée d<'s troupes de 1653. Il n'y en eut point on 1653, mais il s'en lit 14 PO 1654. Le jiranier des ces mariages eut lieu lo 3 nor. 1647 ontreMathurin Le Mounicr et Franeoiso l-a/J'arl. Le ter. enfant rié d'Euroijéens fut Barbe Le- Uounier, qui naquit le 24 Aor. 1648, (J. V.)

(-2) Pourtant Yves Balar mourut le 11 octobre 1654, de blessures reçue»' la veille des Iroquois. (J. V )

»

105

avant dans nos desseins qu'ils faisoient autrefois, ce qui donna la liberté à Melle. Mance de se retirer au petit printemps à l'hôpital qu'elle avoit été obligée de quitter depuis quelques années et dont depuis elle n'a pas été contrainte de sortir pour la crainte des ennemis, qui l'y ont laissée jusqu'à présent en paix ; afin de bénir Dieu qui lui a donné l'inspiration de contribuer comme elle a fait au secours de l'an dernier ou en sacrifiant une partie elle avoit aidé à sauver le total non-seulement du Mont- réal, mais aussi de l'hôpital et de tout le pays ensemble, qui sait la désolation il étoit lorsque ce secours arriva par M. de Maison-neufve, ce qui est à remarquer ici de- dans est que si elle acheta trop cher la terre en faveur de laquelle elles donna les 22,000 livres afin de faire venir ce secours, il est vrai que ni M. de Maison-neufve, ni Mes- sieurs du Montréal n'en ont point profité, qu'il n'y a eu que le public, et que Melle. Mance qui a agi avec autant de prudence que le marchand dans le danger (qui) jette prudemment une partie de ses denrées pour sauver le reste : ce que on peut dire avec vérité c'est qu'il a plus coûté à Messieurs du Montréal qu'à personne en cette afiaire, et que, partant, au lieu d'avoir nui ils ont profité aux pauvres et à tous généralement.

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'automne 1654 jusqu'à l'automne 1655 que les vaisseaux partirent du Canadas.

Cet automne, entre plusieurs combats qui se rendirent ici il y en a un qui fait connoître que les Iroquois sont bien adroits à surprendre et qu'il faut bien être sur ses gardes pour n'en être point attrappé, ayant la guerre contre eux : voici le fait, un parti de ces barbares se cacha dans les déserts à l'ombre des souches qui y étoient, lorsque nos gens alloient au travail ; or comme il falloit toujours être sur ses gardes, nos françois mirent une sentinelle du côté d'où l'ennemi étoit à craindre, cette sentinelle étant postée monta sur une souche afin de mieux découvrir et comme la souche étoit un peu grosse cela lui donna moyen de se tourner tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, afin de voir ce qui se passoit en la cam- pagne et s'il n'y avoit pas d'ennemis ; or à mesure qu'elle tournoit la tête d'un différent côté, un certain Iroquois s'avançoit toujours de souche en souche, quand la senti- nelle regardoit vers le lieu oii il étoit, il ne branloit pas, si ellle regardoit ailleurs il s'approchoit incontinent au- tant qu'il le pouvoit sans se faire découvrir, enfin le renard vint si près du mal-perché que, tout d'un coup Sautant sur lui, il le prit par les jambes sur ce bois il étoit monté, soudain il le chargea sur ses épaules et s'en- fuit avec ce fardeau tout de même qu'un voleur empor- teroit un mouton ; il est vrai que ce prisonnier crioit plus haut et se débattoit d'une autre manière, enfin cet

107

innocent voyant après s'être bien débattu que ce sauvage étoit fort, il se laissa porter sans regimber d'avantage à la boucherie il fut bientôt payé de son peu de précau- tion à découvrir ; rien ne fut plus étonné que nos gens lorsqu'ils entendirent leur brebis bêler et le loup l'em- porter, on vouloit courir sur cet épervier et lui faire lâ- cher prise, mais il fut bientôt secouru par un nommé La Banque qui commandoit le parti iroquois lequel fit faire tout d'un coup bride en main à nos gens et demeu- rer sur une défensive ils eussent été battus sans que M. le Major vint au secours, lequel voyant que La Bari- que étoit le principal soutien de nos ennemis il com- manda à un fort bon tireur qu'il avoit auprès de lui de percer au plustôt ce tonneau d'un coup de fusil, afin qu'en ayant tiré le jus les ennemis ne s'en pussent d'a- vantage prévaloir et fortifier. Cet homme commandé ne manqua pas son coup, il fit son approche sur ce person- nage, lequel étoit monté sur une souche il exortoit ses gens et leur disoit ce qu'ils dévoient faire dans le com- bat, comme si c'eut été un européen. Notre françois étant parvenu à la portée raisonnable de son fusil, il en frappa si droit et si rudement La Barique qu'elle en tomba par terre et commença à ruisseler de toutes parts, à cause que le fusil étoit chargé de gros plomb et qu'il le reçut quasi tout dans son corps ; les ennemis furent si décou- ragés par la chute de cet homme qu'ils croyoient mort, qu'ils s'enfuirent aussitôt et nous laissèrent les maîtres du champ : cela fait, on l'amena ici. Lorsqu'il fut reve- nu à soi sa cruauté se changea totalement par la douceur qu'on lui fit paroître en le guérissant autant qu'il se pou- voit ; il est vrai qu'il en est demeuré extrêmement estro- pié et inhabile atout, mais il a bien' vu qu'il n'a pas tenu aux françois s'il n'a pas été entièrement remis ; c'est aussi pourquoi il a été réellement gagné par cette hu-

108

manité que depuis il a pris toujours nos intérêts fort à cœnr, ce qui n'a pas empêché que ses amis qui le croy- oient mort ne nous fissent cruellement la guerre pour s'en venger ; entre autre son frère qui étoit tellement acharné sur nous, à cause de lui, que tous les jours nous l'avions sur les bras, même une fois il fit quatre attaques diflférentes dans une journée afin de se venger ; mais à la dernière ayant oui La Barique qui l'appeloit et qu'on avoit porté exprès sur le lieu du combat, il lui cria, '* Est-ce toi, mon frère ? es-tu encore en vie ?" " Oui, lui dit-il, et tu veux tuer mes meilleurs amis." A ces mots il vint à lui doux comme un agneau et promit de ne nous jamais faire la guerre : il dit qu'il alloit prompte- ment chercher tous les prisonniers françois qu'il y avoit dans leur pays, qu'il alloit travailler à la paix pour reve- nir dans un certain temps qu'il marqua afin de la conclure : Tout ce qu'il promit il le garda, hormis que n'ayant pas pu résoudre les esprits de ses camarades aussi vite qu'il l'avoit promis, il fut obligé de retarder plus qu'il n'avoit dit, mais dans ce retardement il arriva une aflfaire qui rendit souples tous ces gens-là à tout ce qu'il vouloit d'eux, voici comme la chose se passa. Les Iroquois ayant ce printemps détruit L' Isle-aux-Oits et mis à mort tout ce qui s'y rencontra, hormis les petits enfants de Messrs. Moyen et Macar, une partie d'entr'eux amena dans leur pays ces petits prisonniers et le reste nous vint faire la guerre en cette isle, ils firent plusieurs attaques et entrèrent en plusieurs pourparlers avec le Sieur de La Barique que l'on portoit toujours sur les lieux afin de leur parler, cet homme ne put jamais réduire à la raison ces animaux féroces, toujours ils ten- dirent à faire quelque méchant coup ; il est vrai que Dieu nous assista bien puisque pendant qu'ils furent ici à nous faire des ambuscades, jamais ils nous tuèrent

109

qn^un homme nommé Daubigeoû (1). Peu après ce meurtre ils en furent bien châtiés, car ils tombèrent à notre discrétion, ce qui se fit ainsi : Ce meurtre étant commis, ils passèrent de l'autre côté du fleuve et envoy- èrent ensuite quelques uns d'entr'eux feignant vouloir parlementer et être de ces nations qui n'avoient jamais eu de démêlés avec nous, feinte dont ils ont usé en plusieurs de leurs trahisons passées et qui leur étoit or- dinaire, mais au même temps M. Lemoine revenant de Québec dit à M. de Maison-neufve. " Voilà des gens qui ont fait un tel coup à l'Isle-aux-Oies qui ont tué Daubigeon et qui veulent encore nous trahir, il faut les prendre, car ce sont des fourbes et des menteurs :" afin de les attaquer, M. de Maison-neufve leur fit crier que le lendemain ils vinssent parlementer, cela dit, il se reti- rent de l'autre côté de l'eau, sans s'approcher plus près ; le lendemain venu, voici deux Iroquois qui paroissent dans un canot avec un petit anglois au milieu, ils viennent un peu hors la portée du mousquet du châ- teau, alors Mons. le Gouverneur voulut envoyer à eux plusieurs personnes, mais M. Lemoine l'en empêcha lui disant qu'ils s'enfuyeroient et que s'il vouloit il yroit tout seul à eux dans un petit canot de bois, avec deux pisto- lets cachés au fond de son canot, que dans cet état il iroit aborder sur la même bature ils étoient, qu'étant seul de la sorte ils le laisseroient venir sans se deffier qu'étant sur eux il se léveroit tout d'un coup avec ses pistolets et qu'ayant pris le dessus il leur feroit prendre malgré eux le courant qui vient vers le château, que depuis qu'ils seroient dans le courant l'on en seroit les maîtres :

(1) C'est le même, sans cloute, que les Registres de la paroisse nommaient Julien D'Alignon et qu'ils disent " mort de blessures, le 31 mai 1655." M. de Belmont le nomme aussi Daubigeon (J. V.)

110

Quoique la proposition fut hardie elle fut néanmoins acceptée, mais pour en favoriser l'exécution M. le Gou- verneur lit glisser des mousquetaires le long de l'eau jusques vis-à-vis des Iroquois, lesquels étoient assez proche de terre, ces movisquetaires ne se montrèrent que quand il fut temps, ce qui aida à bien réussir ainsi qu'on l'avoit projette : Ces Iroquois étant logés,comme ils étoient considérables, un de leur capitaines nommé La Plume parut aussitôt avec menace qu'il se vengeroit si on ne lui rendoit ses gens, on lui dit que ses gens étoient bien et qu'il les pouvoit venir voir, mais à ces paroles en menaçant il répondit qu'il y viendroit d'une autre manière, sur quoi il se retira sur l'autre côté du fleuve ou nos françois se résolurent de l'attaquer la nuit suivante, avec la permission de M. de Maison-neufve, mais un capitaine iroquois qui ne participoit en rien à leur trahison et qui étoit ici, voyant les préparatifs s'en faire pria qu'on n'en fit rien, ce qu'on lui accorda parce qu'on l'aimoit. Le lendemain cet homme alla voir Laplume et les autres afin de tout pacifier et avoir tous les esclaves françois comme nous souhaitions, ce qui lui fut refusé absolument, et peu après que les nouvelles en eurent été rapportées au Château voilà que tous les Iroquois en plein midi traversent à notre barbe de notre côté afin de nous venir escarmoucher, mais M. de Mai- son-neufve ne leur en donna pas le temps, car il com- manda au Major de les aller charger sur le bord du rivage il les voyoit aborder, ce qui se lit si heureuse- ment que M. Lemoine, lui 4ème prit le commandant,lui 5ème sans qu'il osât tirer aucun coup, parce qu'ils leur mirent le fusil dans le ventre auparavant qu'ils les eussent apperçus : quant au reste des Iroquois il fut mis en fuite et en déroute par M. le Major. Ces bar- bares voyant qu'on leur avoit oté la meilleure plume

111

de leur aile commencèrent à ramper et demander la paix avec toutes sortes de soumissions, ce qui fut moy- enne par l'ambassadeur que nous avions ici : lequel dit que le célèbre La grand armée, grand capitaine Aniez venoit en guerre, qu'il s'en alloit au devant de lui et qu'aussitôt qu'il lui auroit appris les capitaines que nous avions pris il lui feroit faire ce que nous souhaite- rions. Il s'en alla et rencontra La grand' armée avec un' parti d' Aniez les plus lestes et mieux faits qu'on eut en- core vus : quand il l'eut trouvé il lui dit, "Vous allez en guerre et a^ous ne savez pas que tels et tels nos capitaines sont captifs au Montréal et que faisant quelque coup vous allez les faire tuer par les François." Ces paroles firent tout d'un coup échouer ses grands desseins et pen- ser uniquement à la paix, que cet ambassadeur dit qu'il l'obtiendroit s'il la demandoit aux françois qui étoient bons ; cet avis lui fit faire un beau et grand pavillon blanc qu'il fit mettre au derrière de son canot ; en cet équi- page il passa en plein jour devant le Montréal, mit pied à terre un peu au dessus ; vint parlementer et demanda qu'on lui fit venir les prisonniers, ensuite les ayant vus il proposa la paix pour les ravoir, on lui dit qu'on l'ac- ceptoit pourvu que l'on ramenât tous les prisonniers françois, ce que faisant on leur rendroit les leurs. Il donna parole de le faire dans un certain temps à quoi il fut fort ponctuel, il ramena les 4 enfants de Messieurs Moyen et Macar, Messieurs de St. Michel et Trôttier avec le nommé Laperle qu'on avoit perdu aux Trois-Kivières, sans espérance de le revoir, et autres, enfin on leur fit rendre tous les captifs de ce pays : au reste comme ces deux familles de Moyen et Macar étoient considérables le pays reçut en ceci un grand bienfait du Montréal, ces enfants étant des plus considérables du Canadas, ce qui se voit par les alliances, car Madelle. Moyen a épousé

112

nn capitaine de condition et de mérite appelé M. Dugué lequel a été épris d'elle par les charmes de sa vertu, Melle. Macar l'aînée a épousé M. Bazire l'un des plus riches du Canada, la cadette sa sœur, qui est morte, avoit épousé un brave gentilhomme nommé M. de Villiers : En même temps que les Iroquois nous eurent rendu nos prisonniers nous leur remîmes les leurs (1) et nous conclûmes une paix laquelle a duré un an tout entier : que si le Montréal a ser\T en ces paix, pourparlers et trêves qu'il faisoit, c'é- toit toujours à ses dépens non seulement à cause de la vie qu'on y exposoit afin d'y obliger les ennemis, mais encore à cause des dépenses qu'il falloit faire pour cela tant en voyages de Québec que présents et autres choses, car dans les premiers temps on étoit là-bas (2) habiles à recevoir et non pas à donner : s'il falloit un présent c'é- toit aux Messieurs du Montréal à le faire, si on en rece- voit quelqu'un il ne falloit pas le retenir mais le faire descendre, ainsi on a toujours ici eu la gloire de servir au pays en toute manière avec un détachement entier et parfait.

(1) Au nombre lesquels éloient selon M. Belmont, six capitaines Iro- quois. J. V,

(2) A Québec. ( ) idem.

HISTOIRE DU MONTREAL.

De raiilomnc Ki.').') iiiM[ir;'i rjiutomno IGôOan (k'']i;ui ili's navires (Ju (j.in.iila.-.

Il s'est passé si peu de chose durant cet an entre les Iroquois et nous qn'il y a peu de chose à donner au pu- blic à ce sujet, ce qu'on peut dire, c'est que pendant cet- te année on avança merveilleusement les habitations, car encore que Ton craignit la trahison de ces barbares né- anmoins on savoit bien cju'on n'en seroit pas attaqué si peu que l'on fût sur ses gardes et qu'ils ne commenceroient jamais à rompre la paix, s'ils ne voyoient à faire quelcjue coup sans se mettre au hasard, c'est pourquoi on alloit hardiment cjuand on étoit un peu en état l'on n'eut pas osé paroitre qu'avec un grand nombre, c'est ce c|ui don- noit lieu pendant ces paix forcées à faire des découver- tes qui servoient pendant le temps des guerres ; ce qui est remarquable en ce chapitre c'est que les Iroquois ayant toujours la guerre avec les Hotaouads (1) et Hurons quoiqu'ils fussent en paix avec nous, ils firent un furieux massacre de ces pauvres gens au mois d'août de cette année, ou entre autres le VèreGareau (2) fut tué ici près d'un coup de fusil, après cjuoi aussitôt que ce meurtre fut fait audessus, ce bon père fut rap- porté au Montréal et y mourut peu après. Comme je n'écris l'histoire du Montréal qu'à cause que l'on n'en a

1 1 1 O'.ilaounip (J. V.)

(-2* Le P. Léonai'dGan-eau, Jésuili'. hle.^sé. à mort le 30 Août IGôfi, dê- C:Mlé le 2 Septembri' fut eiileiTé h Montréal le 3. iHg. do la P.) Voir a]i]>i'ndice. No. V. (J. V.i

M

111

pas (juasi iKult'. on irn' disi^i'iisfra (!»• rapporter an lon«r (•«• (jiii rt'oardc <•»» saint lioiiiiM"', d'autant (|Ut' les Ivlv. l*fr»'s Jésuites n'auront pas inaïuiué de s'acquitter de leur devoir à l'éirard d'un si dlirne conirère au sujet du(|ue] je dirai seulenieni <|ii'henreux le serviteur de Jésus-Christ (jui meurt connue lui exposé actuellement })our le service» de son maître. Sur la lin de cette année on eut au Montréal ratHiotiou du départ de Mr. De Mai- Kon-neulVe pour la France, il est vrai que comme il n'y alloit que pour le ]>ien du pays, que comme cette isle re- cevoit toujours de i>rands l)iens dans tous ses voyages, l'espérance du bonheur que l'on croyoit devoir accom- pag-ner son retour n'étoit pas une médiocre consolation pour radoucir les amertumes de son départ : Toujours il avoit de grands desseins et jamais cette planète ne s'é- clipsoit à son Montréal quelle n'y eut paru par après avec l'éclat de quelque nouvelle conquête, que si cela s'est vérifié dans tous ses autres voyages cela se vérilit» d'autant plus avantaireusement en celui-ci, que rame surpasse le corps et le s])irituel le temporel en dignité : Jusqu'ici son piincipal hut étoil dégrossir cette Colonie par le nom)>re des hommes, dont il moyennoit la venue, maintenant il y veut établir un clergé pour la sanctification des peuples; C'est pour cela qu'il passe la mer et expose sa vie en ce nouveau trajet, encore qu'il feignit un autre sujet pour son voyage: Il jugea ne de- voir pas retarder ce dessein pour deux raisons, la pre- mière parceque les Iiévds. Pères Jésuites se trouvoient pressés de toutes parts pour les missions étrangères et éloignées des sauvages qui sont écartés dans les bois, ce qui lui faisoit craindre assez souvent de n'avoir pas tou- jours l'assistance spirituelle qu'il auroit souhaitée et qu'ils auroient bien désiré lui donnt-r sans ces conjonctures : secondement le souvenir des desseins de M. Ollier,

115

et de tous les Messieurs associés qui avoient toujours eu la vue sur Messieurs du Séminaire de St. Sulpice ainsi qu'ils lui avoient déclaré, lui lit croire qu'il ne pouvoit procurer trop tôt à cette isle la venue des Ecclésiasti- ques de cette Maison, à cause des biens s^nrituels et temporels qu'ils y pouvoient faire. Ayant l)ien pesé tou- tes ces choses il les proposa à Melle. Mance, laquelle étant de son même sentiment il se détermina d'aller trouver, cette année, feu M. Ollier, l'illustre ibndateur du Sémi- naire de St. Sulpice, afin de lui demander des Messieurs de son Séminaire pour aA'oir le soin de cette isle, comme aussi de faire intervenir Messieurs les Associés de la Compagnie afin de réussir dans sa demande : Que la Pro- vidence divine est admirable, elle avoit choisi ce lieu pour être le sépulcre et pour y inhumer à ce monde plusieurs des enfants de ce digne fondateur et les faire mourir aux douceurs de l'Europe: Pour cela, dès l'an 1640 nous a- vons vu qu'il s'adressa à feu M. Ollier et feu M. de la DovPTsière et le fit acheter ici un droit de sépulture par ses cent louis d'or dont nous avons parlé, qui fu- rent les premiers de l'argent donné pour le Montréal : la providence a fait faire à feu M. Ollier en cette rencontre comme autrefois elle fit faire à Abraham, lorsqu'elle le

fit acheter 40 cicles ce tombeau qu'il acheta des (1)

pour toute sa lignée : Ce bonheur de mourir aux vains appas de la terre est très-grand, il ne faut pas s'étonner si Dieu n'a pas voulu donner gratis le lieu cette mort se devoit opérer et s'il en a voulu être payé par des mains qui lui étoient aussi aimables que celles de ce bon fondateur et que même depuis il en avoit voulu tirer jus- qu'à ce jour tant d'autres sommes d'argent, tant par lui que par ses enfants, sans parler des dépenses prodigieu-

' (I) Illisible. D-s fils d.' H.'th. (?)

11»;

ses qiie Mi'sîsicur.s les Associéfs ont lait autrefois; mais laissons tout ce (juc nous pouvrioiis dire à ce sujet, et di- sons que M. de Maison-nculVe Taisant ce trajet pour cette sainte entreprise, laissa le conimand«'ïnent au brave M. Closse.qui s'acquitta de cet emploi, pendant toute l'an- née, au contentement diiii chacun, l'aisant voir à tous qu'il savoit et qu'il mt-vitoit tle commander.

'■îrs-:jfer5ï>~ï--

HISTOIRE DU MONTREAL.

Di' ra\iloiiiii.- IG.'jO jusiiu'à raulomni' IGÔT, au (Ji'pai'l (li's vaisseaux du Canailas.

Le 27 du mois de Janvier il arriva ici un grand mal- heur à Melle. Mance, laquelle se rompit et se disloqua le bras tout en même temps d'une étrange façon, sans que les chirurgiens pussent trouver le moyen de le rétablir, mais ce qui n'étoit pas possible aux hommes, s'est trou- vé depuis facile à la main du tout-puissant, laquelle avoit permis ce malheur afin de mettre la mémoire de feu M. Ollier en vénération par l'eftet miraculeux de cet- te guérisonjugée de tous incurable soit en Canadas, soit en France, ce que nous verrons dans son lieu : En atten- dant, accompagnons un peu M. de Maison-neufve en son voyage et le voyons convier Messrs. les Associés à deman- der à feu M. Ollier c[u'il envoyât des Ecclésiastiques à Montréal, proposition qui fut si bien reçue cjue tous ju- gèrent cprilTen falloit presser fortement, mais on n'y eut pas grand peine car M. de Maison-neufve allant trouver M. Ollier après s'être entretenu avec lui de toutes ces choses il le pria de se ressouvenir d'une lettre que Melle Mance lui avoit écrite fan dernier, laquelle l'avertissoit qu'il étoit temps d'exécuter tous les beaux projets qu'il avoit toujours fait pour le Montréal, c|u"iL ne devoit pas retarder davantage à lui envoyer des ecclésiastiques de son Séminaire ; Ce zélé serviteur de J.-C, qui ne pouvoit refuser telles propositions les accepta d'abord, il eut bien voulu y venir se sacrifier lui-même tout accablé qu'il étoit et près de son tombeau par ses mortifications et aus-

lis

térités t'Xtraordiiiairi'.'s, mais n'y avant de possil)ilité à la chose, il ji'tta les y«'nx sur M. \j-d\)h(' f/e Qt(t^h(s{^), s\ir Messieurs S<>i/ar( et Gd/h'/u'ervi M. Dnllrl (2) qui tous qua- tre acceptèrent le parti avec autant d'obéissance et de zèle qu'on en sauroit souhaiter: Le temps étant venu de partir chacun plia la toilette avec autant de diliii'ence et promptitude <.\\\ h<uic lia son l'auot, s'en allant vers ce lieu qu'on reg-ardoit pour celui de son sacrifice : Quant à M. de Quelus auipicl l'assemblée g-énéralc du (,'lergé avoit voulu auparavant [)rocurer une mitre pour venir ici an- noncer l'évangile, il n'y vint pas avec moins de Joie sous une moindre qualité, voyant que la plus grande gloire de Dieu ne s'étoit pas trouvée conlorme à celle qu'on avoit eu de l'honorer du bâton pastoral : La conduite de Dieu est admirable en toutes choses, M. de Maison- neufve et Melle. Mance se disoient d'année en année, il faut de- mander des ecclésiastiques à M. Ollier avant qu'il meure, même il ne faut pas beaiicoup tarder car tous les ans on nous mande qu'il se porte mal, ils se disoient assez cela tous dtnix ensemble mais pour cela ils n'en i)oursuivoient point l'exécution, il n'y eut que cette année qu'ils entre- prirent cela chaudement, Voyons un peu combien il étoit temps de le faire, incontinent que ces quatre MM. furent partis M. Ollier mourut (;>). ils partirent en carê- me et lui il mourut à raques, s'il fut mort plutôt peut-être que l'ouvrage seroit encore aujourd'hui à entreprendre, même si ces quatre messieurs eussent difîéré le carême à partir, n'ayant i)oint été eng-agés dans ce voyag'e qu'ils ne pouvoient pas honnêtement abandonner après s'y être mis, apparemment ils ne seroient pas partis voyant cette mort arriver, mais la providence qui veilloit sur son.

(li II sifîiiiiil ijii'i/his. .1. V (•2) U signait fi'MH. (J, \.\ I?,) rVri'd.' .1 Paris. !<• 2 avril l(;:.7. d'ai-r-'s IWhl..- F.iiiloii (.1. V.»

119

serviteur exécuta tous ses desseins avant que d'en sor- tir, voulût qu'il commençât l'exécution de celui-ci et le mit en état d'être poursuivi avant que de l'attirer à soi ; jusques alors il avoit été servi de lui par tous les coins de la France, mais pour dilater son cœur davantage et donner des espaces à l'excès de son amour, il voulut le porter par ses enfants, avant sa mort, jusques dans les pays étrangers, il ne voulut lui faire cette grâce qu'à la mort, parce qu'il vouloit que l'arrivée de ces quatre ec- clésiastiques du Séminaire de St. Sulpice fut un témoi- gnage authentique au Montréal de l'intime amour que lui portoit son serviteur, par le legs pieux qu'il lui faisoit de ses enfants pour le servir après lui, Dieu seul sait combien ces quatre Missionnaires évangéliques furent af- fligés lorsqu'étant encore à Nantes, avant que de faire voi- le ils apprirent la fâcheuse nouvelle de ce décès, mais en- fin, comme ils étoient dans le dessein de mourir à tout pour Dieu ils ployèrent le col comme des victimes qui n'alloient pas pour éviter le sacrifice, pour cela ils ne tour- nèrent pas la tète en arrière, ils suivoient toujours M. de Maison-neufve comme celui qui les devoit mener dans cette terre destinée pour être le champ de leurs combats aussi bien que le théâtre de leurs triomphes. Quand ce fut le temps de partir ils montèrent tous gaiement dans le vaisseau et se disposèrent à affronter généreusement pour Dieu les plus élevés flots de la mer, il est vrai que au commencement elle sembla être la maitrese et fit mal au cœur à plusieurs, mais la partie supérieure qui dans les âmes généreuses et chrétiennes ne cède pas volon- tiers aux soufi^rances corporelles devint la maitres- se par la vertu de la patience qui les fit triompher de toutes les peines et hasards de la mer : Il est vrai que Dieu les assista bien en ce voyage et que par une protection de sa main il les délivra de plusieurs grands etéminents

120

prrils dans losqucls ils clovoiont fairo iiaulraot'. mais en- liii If Ciel (jui 1rs (Icsiiiioil à autre chose les délivra du tous ces aociclents ot les ayant mis dans le ileuve St. Lau- rent ils navig'uO'rent heureusement vers Québec, ce qui ne se fit pas sans a*oiitt^r "auparavant des ral'raichissements de ce pays; parce que le Père Dequaii (1) Supérieur des Kevds. pères Jésuites et feu M. Daillebout ayant sçu leur venue ils s'en allèrent au-devant d'eux jusqu'à l'Isle d'Orléans ou ils les régalèrent avec des témoignages d'u- ne si grande bienveillance que cela les obligea de venir passer quelques jours à Québec {'2) avant que de monter au Montréal, contre la résolution qu'ils en avoient faite, quoi plus on complimenta M. L'abbé de Quélus sur h^s lettres de Ci-rand-Yicaire qu'on savoit qu'il avoit ou qu'on présumoit avoir de ^L L'Archevêque de Kouen. Ayant reçu leurs compliments et civilités sur ce sujet, il fut convié, surtout par un des Jlll. W. Jésuites, de s'en vouloir servir pour Québec, ce qu'il ne vouloit pas faire dabord, mais enfin il acquiesça aux instances, il n'v avoit rien de plus doux dans un pays })arbare com- me celui-ci que d'y voir ces belles choses, mais un temps si serein ne fut pas lonu'temps sans se brouiller, les ton- nerres commencèrent à gronder et nos quatre nouveaux missionnaires ne s'enfuirent pas pour en être mena- cés. Ils se regardèrent comme des novices sous le père maître et se résolurent de soufi'rir tout au long la rigou- reuse de leur noviciat. Laissons-les tous quatre sur la croix avec !«' \l. \\ l'oiier (-5), très-dii>ne religieux de la Compagnie de Jésus, ne disons rien d<» leurs j^einesafin

il. !,.• li. l'..I.'.iii I) '.111. -H. .1. V.

r2, Ils il'li.ir (iii-P-nt à yiH'lMT If i'.) Juilli'l ir»,')?. siiivjinl Ir jniiriuil MS. fies JfMiilt's, i-l non pas !•• In-nlf mai, «•(nni»»' ilil la l.isir dis pirlirs, ini- |iniui-r' à Qiu'Im'c en ISiJ'i, flnv T. (Imy. (.1. V.) .1) Li-M-z lunjinn» l'"i i il -i.'ii.iit .lin^i i.l \',)

121

que le ciel découvrant un jour toute chose à la fois, fasse voir en même temps la sincérité d'un chacun dans son procédé, et la raison pourquoi il a permis tout ce qui é'est passé : J'espère que nous verrons que comme tous ont eu bonne intention, que tous aussi en auront des ré- compenses, tant ceux qui auront jette les balles que ceux qui les auront reçues : Quant à ce qui est du reste des choses qui regardent le Montréal nous n'avons rien à vous en dire pour cette année, si ce n'est la joie singulière qu'on y reçut d'y voir tous ces quatre Messieurs, mais cette satisfaction ne dura pas longtemps et fut bientôt mélangée de tristesse par la venue du R. P. Ponset qui fit descendre M. l'Abbé de Quélus à Québec afin d'y exer- cer pendant ce temps les fonctions curiales.

N

HISTOIRE DU MONTREAL.

Di; l'iiiUoiuiie 1607 jus(ju à rautoiuiK- \bltH an df'parl dos vaissftau.x du Canadas.

Nous avons uuo histoiro biou funeste pour commen- cer cette année, si toutefois nous pouvons trouver quelque chose qui puisse être nommé de la sorte entre les gens de bien, la chose arriva ainsi : Le Octobre 1657, un excel- lent menuisier appelé Nicolas Godet que la compagnie du Montréal a voit tait venir avec toute sa famille par Nor- mandie dès l'année U>41,son gendre Jean ISainct-Père, homme d'une piété aussi solide, d'un esprit aussi vif et tout ensemble, dit-on, d'un jugement aussi excellent qu'on ait vu ici, furent cruellement assassinés à coups de fu- sils avec leur valet (1) en couvrant leur maison, par des traitres hiroquois qui vinrent en paix parmi nous, com- me n'ayant plus de guerre les uns avec les autres depuis cette paix dernière et solennelle dans laquelle il nous avoient rendu nos gens et nous leur avions remis ceux des leurs qui étoient dans nos prisons. Certes cette perfide rupture nous fut bien fâcheuse, car il est bien diihcile de recouvrer des gens tels que nous les perdîmes, il est bien sensible de voir périr les meilleurs habitants qu'on ait par des lâches infâmes qui après avoir mangé leur pain les surprennent désarmés, les font tomber comme des moineaux de dessus le couvert d'une maison : au res- te le ciel trouva cette action si noire, que ces barbares s'enfuyant trop vite pour recevoir ici la punition de leur

(I) 1607, Ocl. "20, Nicolas Go<lé, Jean St. l'en.' ^t .lac(ia'^« Novl, assaj'siné.» par le? Iroquois. [Heg. de la l'aut'txf.) (J. V.j

128

crime, il les punit par des reproches qu'il tira de la langue d'un de ceux qu'ils avoient tués, ce que j'avance est un dire commun qui prend son origine de ces mêmes assassi- nateurs, lesquels ont assuré que la tête de l'eu St. Père qu'ils avoient coupée leur fit quantités de reproches en remportant,et qu'elle leur disoit en fort bon Iroquois,quoi- que ce défunt ne l'entendît point en son vivant :"Tu nous tues, tu nous fais mille cruautés, tu veux anéantir les fran- çois, tu n'en viendras pas à bout, ils seront un jour vos maîtres et vous leur obéirez, vous avez beau faire les mé- chants." Les Iroquois disent que cette voix se faisoit en- tendre de temps en temps le jour et la nuit à eux, que cela leur faisoit peur et les importunant, tantôt ils la mettoient dans un endroit, tantôt dans un autre ; que même parfois ils mettoient quelque chose dessus afin de l'empêcher de se faire ouir, mais qu'ils ne gagnoient rien, qu'enfin ils l'écorchèrent et en jettèrentle crâne de dépit, que toute fois ils ne cessoient pas d'entendre la voix du côté ils mettoient la chevelure, que si cela est comme il y a peu d'apparence que ceci soit une fiction sauvage, il faut dire que Dieu sous les ombres de ce mort vouloit leur fai- re connoître en leur faisant ces reproches ce qui a arrivé depuis, que si on en veut douter je donne la chose pour le même prix que je l'ai reçue de personnes dignes de foi, entre lesquels je puis dire que la dernière qui m'en a parlé et qui dit l'avoir ouï de la propre bouche de ces Iroquois est un homme d'une probité très-avérée et qui entend aussi bien la langue sauvage que je puis faire du françois, cela étant j'ai cru devoir vous rapporter la cho- .se dans l'ingénuité qu'on y peut remarquer, etjecroirois manquer si je lalaissois dans robscurité du silence. Depuis ce désastre arrivé on commença mais un peu trop tard à 86 tenir sur ses gardes et à ne plus souffrir les Iroquois plus proche que la portée du fusil, ce qui fit qu'ils ga-

^'24

jriK'roiit l'ort pou sur nous. If reste de cotte année, et que tout ce qu'ils firent tourna à leur désavantage. Le petit printemps nous fournit une histoire qui mérite d'avoir ici son lieu et place, ce lut l'arrivée de 50 François les- quels abordèrent ici le 3 Avril sous le commandement de M. Dupuy à la conduite des KK. PP. Jésuites qui avoient été ohlii^és de quitter la mission des Onontahé, crainte d'y être cruellement brûlés par ces barbares, plu- sieurs de leurs gens moins disposés qu'eux à ce genre de mort et à tous autres qu'il plairoit à la providence envoy- er en eurent une telle frayeur qu'ils n'en furent guéris qu'à la vue du Montréal, lequel a fait plusieurs fois de sem- blables miracles ; au reste tout ce monde arrivé on tâcha de leur faire les meilleures réceptions qu'il fut possible et pour tacher d'y mieux réussir on les sépara et on en mit une partie au Château et l'autre partie en cette communau- té à laquelle on accorda la grâce d'y précéder (l)lesRR. PP. Jésuites. Depuis cette Hotte arrivée ici il ne se passa rien qui mérite d'être écrit jusqu'aux nouvelles de France, lesquelles nous apprirent que le tonnerre qui avoit menacé l'an dernier nos quatre missionnaires, com- me nous avons vu, avoit fait liraiid ])ruit en plusieurs endroits du Ivoyaume, ce qui lit que M. l'Abbé de Qué- lus quitta Qué])ec pour venir consoler le Montréal de sa présence, il y vint demeurer au grand contentement de tout le monde mais surtout de Messrs. Souart et Gal- linier qui ne craiirnirent pas de s'avancer bien loin dans les bois sans crainte des ennemis, alin d'aller au devant de sa barque, pour lui témoigner la joie qu'ils avoient de son retour. Or M.l'j^bbé de Quélus étant au Montréal, aussitôt Molle. Manco qui étoit depuis 18 mois estropiée d'un bras par l'accident que nous avons marqué, lui dit :

(I) PossiMior (?)

125

" Mons., voila que mon bras s'empire an lien de se guérir, il est déjà quasi tout desséché et me laisse le reste du corps en danger de quelque paralysie, je ne le puis au- cunement remuer, même on ne me peut toucher sans me causer les plus vives douleurs, cet état m'embarrasse fort; surtout me voyant chargée d'un hoj^ital auquel je ne puis subvenir dans l'incommodité ou je suis et l'état ou je me A'ois obligée de rester pour le reste de mes jours, cela étant voyez ce qu'il est à propos que je fasse ; ne seroit-il pas bon que j'allasse en France trouver la fondatrice pendant qu'elle est encore vivante, et que je parlasse à Messrs. de la Compagnie du Montréal afin d'obtenir de la fondatrice, s'il se peut, un fonds pour des religieuses, puisque aussi bien la compagnie du Montréal n'est pas présentement en état de faire cette dépense avec les autres que ce lieu requiert, et que je ne peux plus vaquer aux malades; que si je puisréussir je tâche- rai d'amener ces bonnes Religieuses de la Flèche avec les- quelles feu M. Ollier et les autres associés ont, il y a déjà longtemps, passé contract pour le même dessein (1) ; qu'en dites-vous, Monsieur ? " " Yous ne pouvez mieux faire," lui dit-il témoignant beaucoup de joie et de cordialité la- dessus. Delà à quelques jours M. Souart part pour Québec, M. L'Abbé lui ayant dit qu'une des Mères Hospitalières de ce lieu avoit grand besoin de changer d'air, que comme c'étoit une personne de mérite, il falloit tâcher de lui sauver la vie, qu'il feroit fort bien de descendre pour cela, parce que ayant la connoissance de la méde- cine outre son caractère sacerdotal, aussitôt qu'il donne- roit son suffrage à ce qu'elle montât ici pour changer d'air, on ne manqueroit pas de la faire venir ; ce bon M. ayant ouï ce discours se disposa de partir au plus vite

11) Le 31 déct'mbiv, l(j5G. (J. V.)

126

pressé par cette même charité qui sans lui donner loisir de réfléchir le porte tous les jours chez les malades, afin de les assister, quand il en est requis selon que Sa Sainteté a trouvé l)on de lui permettre; si ce M. dessendit promp- tement à Québec il remonta encore aussi vite à Montréal avec cette bonne Religieuse malade et une de ses com- patifnes. .Ces deux Ueligieuses étant à terre, M. L'Abbé de Quélus qui n'avoit pas pensé à dire la raison pour la- quelle il aA'oit trouvé à propos d'envoyer M. Souart à Qué- bec, soudainement vint avertir de tout ceci Melle. Mance qui ne savoit rien de tout ce qui se passoit lui disant : *• Voilà deux bonnes filles hospitalières (1) qui arrivent à cause que l'une d'entre elles a eu besoin de changer d'air, elles vous vont venir saluer et demander le couvert;"après cela ces deux bonnes filles entrèrent, auxquelles cette bonne demoiselle un peu interdite fit la meilleure récep- tion qu'elle pût, ensuite de quoi elle leur dit agréablement: '• Vous venez, mes Mères, et moi je m'en A'ais. " Que si cette répartie d'esprit fit voir son soupçon cela lui étoit pardonnable, d'autant que l'innocence de cette conduite eut paru un peu jouée à beaucoup d'autres ; Après avoir causé quelque temps avec elles elle prit son temps pour al- ler voir M. de Maison-neufve, lequel croyant quelle avoit fait venir ces deux Religieuses étoit étonné de ce qu'elle ne lui en avoit rien dit, c'est pourquoi il la regarda un peu froid, surtout parce qu'il soup(,'onnoit quelque dessein d'é. tablissement contre le contrat que feu M.Ollier avoii fait conjointement avec les associés en fav«'ur d(>s Reli. gieuses de la Flèche ; mais yui peu d'éclaircissement sur le tout leur ayant fait connoitre qu'ils n'étoient pas plus savants l'un que l'autre en cette matière, et que ces bon-

;l) 1,0- HU M.\ . Mari" \Wtv Hi'iilic il.- la .N'.iiivii.- .-i .liaiiii'- Ttis. Apin'H <!«• Si. l'.iul. Klli- arri\i*nrit à MmuIpmI vrs la tin d.- St*|iti'niliio lOfiS. (.1. V.)

127

nés filles ne venoient que pour prendre l'air afin de se guérir, ils se mirent à rire de la fausse allarme, se sépa- rèrent bons amis et Melle. Mance s'en retourna trouver ces chères hôtesses avec lesquelles elles fut deux jours et deux nuits, après lesquelles elle les laissa dans sa maison de l'hôpital, et s'embarqua pour la France, toute remplie d'un religieux amour vers ces deux bon- nes et pieuses filles, aussi bien que pour toute leur mai- son où Dieu est admirablement bien servi, d'où elle au- roit bien voulu dérober pour toujours un aussi riche tré- sor que ces deux hôtesses, sans les filles de la Flèche auxquelles elle pensoit uniquement à cause de l'élection qui en avoit été faite (1). Étant à Québec elle y séjour- na 8 jours à l'hôpital ou elle fut fort régalée en témoi- gnage des reconnaissances du bon accueil qu'elle avoit fait à leurs sœurs au Montréal, ensuite de quoi elle s'em- barqua pour ne mettre désormais pied à terre que dans l'Europe. (2)

(1) Voir App. VI. (J. V.)

(2) Elle partit de Québec le 1 4 Oct. 1 668. (Journal des Jésuitos.) J. ▼.

HISTOIRE DU MONTREAL.

!)•' raulfimin' l().')H jusqu'à raulomrii- IfiôO, au ili-|»,ii-t dos iiavin-s ilu < l.iiiad.is.

Le Montréal ne nous fournit pas des matières fort con- sidérables pour l'histoire jusqu'à l'arrivée des vaisseaux de cette année, d'autant que chacun se tint si bien sur ses gardes à cause de la guerre, que fon se para de l'em- bûche de l'ennemi, ce que nous pouvons dire seulement c'est que messieurs du Séminaire de St. Sulpice ayant pris deux terres aux deux extrémités de cette habitation cela servit grandement à son soutien à cause du grand nombre de gens qu'ils avoient en l'un et l'autre de ces deux lieux qui étoiont les deux frontières du Montréal. Il est vrai qu'il leur en a bien coûté surtout les deux j^re- mières années à cause d'une pieuse tromperie que leur fit M. de la Doversière, qui sachant la nudité ou-tous les habitants étoient alors leur dit qu'ils n'avoient pas be- soin de mener beaucoup de gens, qu'ils en trouveroient assez au Montréal pour faire leurs travaux, qu'ils n'a- voient qu'à bien porter des étoffes et denrées, que moy- ennant cela ils feroient subsister les habitants du lieu et feroicnt faire en même temps ce qu'ils voudroient : Il est vrai que l'invention fut bonne car ils trouvèrent un chacun ici dans un tel besoin de ces choses que, sans ce secours, il n'y eut pas eu moyen d'y résister: La providen- ce est admirable qui prévoit à tout : Pour les autres an- nées ces Messieurs firent venir quantité de domestiques à cause de la grande chèreté des ouvriers qui dans la suite n'ayant pas de si mauvaises années ont été bien ai-

129

se de travailler plus pour soi que pour autrui ; puisque le Montréal se trouve ici pauvre en ce qui regarde l'his- toire, passons un peu en France et voyons s'il ne s'y fait rien à son sujet qui nous donne lieu de nous entretenir, surtout voyons ce qui arrive à Melle. Mance et disons ce qui lui arriva dans le séjour qu'elle y fit, ce qui se passa de la sorte. Elle ne fut pasplustôtà la Rochelle que pre- nant un branquart à cause que l'état ou étoitson bras ne; lui permettoit pas une autre voiture, elle alla droit à la Flèche trouver M. de la Doversière, qui lui lit un visa- ge fort froid à cause de quelques mauvais avis qu'on lui avoit donné du Canadas, appuyé sur ces mauvaises nouvelles il croyoit que cette demoiselle venoit pour lui faire rendre compte, afin de se détacher de la compao-uie et qu'elle vouloit d'autres filles pour l'assistance de l'hôpi- tal du Montréal que celles qui avoient été choisies par les associés : —Voilà le rafraichissement que cetie infirme eut à son abord pour les travaux de son voyage ; mais enfin le tout étant éclairci on se ra- paisa et l'union fut plus ]>elle que jamais, si bien qu'elle se vit en état de partir en peu de jours pour Paris, plus joyeuse qu'elle ne se vit à son arrivée à la Flèche. Etant à Paris elle vit aussitôt M. de Breton-Yil- liers le Supérieur du Séminaire St. Sulpice, et Madame sa chère fondatrice, qu'elle rendit les témoins occulaires de son pitoyable état auquel ils prirent une part bien singulière ; quelques jours après elle vit tous les Mes- sieurs delà Compagnie du Montréal asseml)lés, auxquels elle fit un fidèle rapport des choses comme elles étoient ici, après cela elle leur témoigna bien au long l'impossi- bilité où elle étoit de subvenir à l'hôpital, si^dle n'étoit secourue; que son âge et son infirmité l'en empéchoient absolument, qu'elle croyoit que le temps étoit venu d'en voyer ces bonnes filles sur lesquelles feu M. Ollier et tous

o

130

eux avoit .j«'tté la vui', quelle, l'croit sou possible auprès de sa chère Dame pour en obtenir hi iondation, qu'elle osoit tout espérer de sa bonté : eux lui ayant témoigné la reconnoissance qu'ils avoient à sa sollicitude parlèrent tous unanimement de son infirmité et dirent qu'il ialloit la l'aire voir sans tarder au j)lus expert, alin de tenter par toutes les voies possibles sa auérison. dessus l'eu M. Duplessis-Monbar d'heureuse mémoire, ajouta que Melle. Ohahue sa sœur la meneroit en son carosse chez les per- sonnes qu'on nomma et qu'on crut les plus habiles : La chose s'exécuta comme on l'avoit résolue mais sans aucun i'ruit, car dans toutes les consultes on répondoit qu'il n'y avoit rien à l'aire, que le mal étoit trop urand et invété- ré, que de plus elle étoit trop âgée, qu'il l'alloit même prendre «arde que ce mal de bras ne se communiquât au corps, que sa main et son bras ayant la peau aussi sè- che qu'un cuir à (b^ni préparé, qu'étant sans la moindre liberté d'en user, que les parties étant toutes atrophiées et glacées de froid sans conserver d'autre sensibilité ql^e pour lui causer de grands tourm«'nts lorsqu'on la louchoit, il y avoit bien à craindre que le côté droit de son corps ne vint participant des infirmités de son bras : que si quelques charlatans osoient entreprendre sa guérison au lieu de la soulager ils attireroient et irriteroient les hu- meurs qui la rendroient paralitiquc de la moitié du corps, Mde. Chahu entendant ce langage des plus ha- biles de Paris emmena son infirme, laqiielle commença de solliciter sa Dame pour les filles de la Flèche, Or cet- te pieuse fondatrice ayant compassion d'elle et étant bien afïlisrée de l'état irrémédiable ou elle la voyoit se résolut de l'assister et donna 20, OOO.d pour l'établissement des filles qu'elle lui proposoit, ce qui réjouit extrêmement les associés, lesquels en rendirent grâce à Dieu et a Melle. Mance qui ménageoit ainsi des secours par sa prudence :

131

travaux qui furent si agréables à notre-Seigneur qui les voulut reconnoître par un miracle authentique qui se lit dans la chapelle du Séminaire St. Sulpice, le jour de la Purilication, ou Dieu A^oulut honorer la mémoire de feu M. Ollier son serviteur, donnant à son cœur le moyen de témoigner sa gratitude à celle qui pour lors s'employoit si fortement en laveur de cette Isle à laquelle il prenoit tant de part lorsqu'il étoit vivant, et dont Dieu veut bien qu'il prenne la protection après sa mort ; Comme nous allons voir par le détail de ce miracle que nous pouvons dire bien grand; puisqu'il se réitère tous les jours à la vue d'un chacun et selon l'aveu de tous ceux qui veulent prendre la peine de voir le bras sur lequel il est opéré et s'opère incessamment, décrivons-en l'histoire ; Quel- ques jours avant la Purification, Melle. Mance étant allée voir M. De Breton-Villiers au Séminaire de St. Sulpice toute remplie du respect qu'elle conservoit pour M. Ol- lier, elle lui demanda ou étoit son corps et son cœur qu'on lui avoit dit être enchâssé séparément, qu'elle eut bien souhaité rendre ses respects à l'un et à l'autre. M. De Breton- Yilliers lui dit que son corps étoit dans la cha- pelle, qu'il avoit son cœur en sa chambre et qu'elle vînt le jour delà Purification dans le temps que Messieurs les Ecclésiastiques seroient à l'église, qu'alors il laferoit en- trer dans la chaf)elle parce qu'il ne la vouloit pas faire ve- nir devant tout le monde, d'autantque les femmes n'ayant pas coutume d'y aller si elle y entroit publiquement les autres à qui on en rei'useroit l'entrée en recevroient de la peine, quant à lui il lui diroit la messe, et lui appor- teroit le cœur de feu M. Ollier: Le jour arrivé elle vint à l'heure donnée, aussitôt qu'elle fut entrée dans le sé- minaire il lui vint dans l'esprit que feu M. Ollier luipour- roit bien rendre la santé, incontinent qu'elle reconnut . ce qu'elle pensoit elle voulut l'éloigner comme une ten-

i;^2

tation, mais voulant chassiM* cotte pensée il lui en vint (le plus fortes; ce <jui lui lit (lire ([u'cncore qu'elle ne les niéritoit pas, Ce serviteur de .I-C. pouvoit })ien obtenir cette laveur et même de plus jrrandes, marchant vers la chapelle en s'entretenant de la sorte, elle vit M. Ollier aussi présent en son espiit <|u"()n le pouvoit av(ùr sans vision: Ce (pii lui lit ressentir une joie si irrande pour les avantages que ses vertus lui avoient acquises, que voulant ensuite se confesser elle avoue qu'il lui fut impos- sible de le l'aire e1 «qu'elle ]ie put din» autre chose à son confesseur sinon, '"^lons., je suis saisie d'une telle joie que je ne puis vous rii'ii exprimer. " Cette satisfaction lui dura pendant toute la messe et fut accompagnée d'une certitude intérieur»* que Dieu la guériroit par l'entremi- se do. son serviteur. A])rès que la messe fut dite, voy- ant que M. De Breton-Villiers étoit pressé pour l'église à cause des cérémonies du jour, elle lui dit, " Mons., don- nez-moi un peu ce cœur que vous m'avez promis, il n'en faudra pas davantage pour ma guérison, " d'abord il le lui atteignit et la quitta en lui marquant le lieu ou elle le mettroit par après. Dabord elle prit tout pesant qu'il étoit à cause du métal ou il étoit enchâssé et du coii'ret de bois ou le tout étoit enfermé, et elle l'appuia sur son écharpe à l'endroit de son plus grand mal, qui ne pou- voit être approché auparavant de la moindre chose ; Or ayant appuyé ce petit colfre sur son bras tout empêché qu'il étoit de plusieurs et différents linges attachés d'une multitude d'épeinti'les, elle se mit à admirer et se conjouir des trésors qui avoient été enfermés dans c(^ cœur, et soudiiin voilà qu'une grosse chaleur lui dessant de l'épaule t;t lui vint occuper tout le bras qui passa dans un instant d'une extrême froideur à cet état qui lui est si opposé. En même temps toutes les ligatures et enve- loppes se dellirent d'elles mêmes, son bras se trouva libre

133

et se voyant guérie elle commença àifaire un beau signe de croix, remerciant le Tout-Puissant qui lui faisoit une telle grâce par son serviteur y ayant deux ans qu'elle n'en avoit pu l'aire autant de sa main droite qui étoit l'estropiée-Cela la mit dans un si grand transport de joie l'espace de huit jours, qu'à peine put-elle manger quelque chose tant elle en étoit pâmée, Son action de grâce faite elle remit son bras dans Técharpe, afin que le portier ne s'apperçut de rien et que M. De Breton- Villiers fût le premier à apprendre la chose, ainsi elle s'en alla chez elle ou sa sœur arriva peu après, elle voulant exprimer à sa sœur le bien qu'elle avoit reçu et ne le pouvant pas par ses paroles à cause qu'elle étoit transie d'allégresse, elle se mit à agir de sa main droite et lui montra par ses actions qu'elle n'y avoit plus de mal. Sa sœur toute transportée de joie elle même ne lui put repartir que des yeux dans l'abord mais ayant repris ses esprits ; " Ma sœur, lui dit-elle, qu'est-ce que je A^ois, est-ce la sainte épine qui a fait cette merveille " ? " Non, lui répondit- elle, Dieu s'est servi du cœur de feu M. Ollier ; " " Ah ! lui répondit-elle, il le faut publier partout ;je vais le dire aux Carmes-déchaussés et en tels et tels endroits:" " Non, ma sœur, répondit Melle. Mance, ne le faites pas^ Messieurs du Séminaire n'en savent rien encore, il faut du moins qu'ils le sachent les premiers, après leur récréation nous irons le leur apprendre. Cela dit, elles se mirent à table à cause que l'heure en étoit venue et non pas pour manger, car il ne leur fut pas possible : sur les deux heures elles allèrent au Séminaire ou une partie des Messieu.rs étoient déjà retournés à l'église, mais comme M. De Breton-Villiers étoit à la maison elle le demanda et lui dit aussitôt qu'elle l'apperçut en état de l'entendre facilement, "Mons.,-en lui montrant sa main, voilà des effets de M. Ollier"; M. De Breton-Villiers lui

1'^4

répartit, " Voyant votre conliance de ce matin, je croyais bien que vous seriez exaucce" : Après il fit appeler ce qui étoit resté d'éclésiastiques au Séminaire, alin d'aller les uns avec les autres remercier J)ieu à la même cha- pelle où s' étoit l'ait le miracle; L'action de g;rftce faite, M. De Breton-Villiers demanda à Melle. Mance si sa main droite de laquelle elle avoit été guérie étoit assez forte pour écrire la vérité du fait qui s'étoit passé, elle lui ayant répondu que oui. on lui donna incontinent du pa- pier et de l'encre et elle satisiit à ce qu'on souhaitoit, que si l'écriture a quelque défaut il faut accuser l'extrême joie dont elle étoit émue et non pas les inlirmités du bras et *le la main (1): le jour suivant Messieurs les associés du Montréal s'assemblèrent et firent raconter toute cette histoire à cette bonne demoiselle pendant quoi ils remercièrent Dieu de tout leur cœur, qui laisoit encore par leur ancien confrère de telles grâces à cette Isle en remettant Melle. Mance en état d'y rendre encore plu- sieurs services : Après cette assemblée Melle. Mance alla voir sa bonne fondatrice, laquelle reçut une joie indicible lorscju'elle apprit ce miracle et qu'elle lapperçut de ses yeux y ayant en cela de j)articulier en ceci (|ue le miracle est continuel et manifeste, parce que les princii)es des mouvements sont demeurés disloqués comme aupa- ravant, et cependant nv(M- tout cela clic manie son bras et sa main sans aucun» douleur comme si tout étoit en bon état : ce qui est un miracle si visible qu'on ne peut le vf)ir sans en être convaincu, c'est aussi ce (juetous les experts ont avoué et attesté. Mais passoiiN ce bienfait qui nous assure ici de la bienveillance de M Ollier dans le lieu même ou il est aujourd'hui, et parlons de ce qui se fit au printemps, à Taris.Joù les Messieurs de cette compa-

li Voir .\|i|.. No. VII.— (I. \.)

135

gnie firent plusieurs assemblées dans deux desquelles Mgr. l'Evêque De Pétrée assista comme venant en Canada y faire voir la première mitre qui y ait jamais paru : Dans ces deux assemblées M. de Pétrée lut, on parla d'en- voyer ces filles de la Flèche au Montréal, mais ce Prélat demanda toujours qu'on dift'érât d'une année ce trajet, crainte, disoit-il, que cela ne fit peine à une certaine per- sonne qu'il croyoit avoir d'autres desseins,.. Ces Messieurs de la compagnie lui répondirent qu'ils pouvoient bien l'as- surer que celui dont il parloit n'auroit pas d'autre senti- ment que le leur, que le fondement qu'on prenoit de soup- çonner le contraire n'étoit que présumé et qu'on avoit avoit tout lieu de ne pas le croire, qu'au reste on avoit si grand besoin de C'S filles pour le soulagement de l'hôpi- tal du Montréal, que n'ayant aucune vue ni dessein pour d'autres, on le supplioit de trouver bon qu'elles pas- sassent cette année-là : Après ces assemblées et cette prière faite à M. de Pétrée, le temps de partir étant venu, Melle. Mance s'en alla à la Rochelle, à 8 lieues de laquelle il y lui arriva un accident qui la de voit du moins disloquer tout de nouveau si la main qui lui avoit donné la santé n'eut eu le soin de la lui conserver, ce qui arriva de la sorte. Les chiens ayant fait peur à un cheval ombrageux sur lequel elle étoit, cet animal se lança si haut pardes- sus un fossé et en même temps la jetta si loin et si rudement sur sa main autrefois estropiée qu'on a attri- buée à une charitable protection du ciel qu'elle en eut été quitte comme elle l'a été par une légère écorchure, sans rien rompre, ni démettre, ce qui n'empêcha pas .qu'une certaine plume trop libre prit là, la peine, assez mal à props, d'écrire contre ce qui s'étoit passé au sujet de ce bras à Paris, usant de ces termes nouveaux pour rendre ridicule ce fait dans une lettre qu'il écrivoit à un bon Père Jésuite à la Rochelle au sujet de Melle. Man-

136

ce: Enfin lo miraclo est d(''iniracl»'' et la <hullt' arrivée à la (lomoisello l'a mise on pareil état qu'autrelois. " Le Père à qui on éorivoit se connoissant l)ien aux ruptures et dislocations vint voir si cela étoit vrai il parla à cette demoiselle comme si on eut voulu al)user le monde, mais alors elle lui dit: " Mon Père, vous avez été mal informé car tant s'en faut que ma ehuto doive diminuer l'estime du miracle opéré sur moi, elle la doit augmenter, car j(^ devrois m'ètre cassé et disloqué le bras, au reste, mon Père, voyez si le miracle de Paris n'est pas véritable. Il subsiste encore, regardiez ce bras et en portez votre jugement;" Ce Ixm père s'approdia cl ayant témoigné la vérité il dit tout haut, "Ah ! j'écrirai à celui qui m'a fait la lettre, qu'il faut respecter ceux que Dieu veut honorer, il a voulu faire connoitre son serviteur, il no faut pas aller contre sa volonté, il faut lui rendre ce que Dieu (veut) que nous lui rendions." Voilà ce qui se passa dans la ville de la Ivoc-helle, ou Melle. Mance trou- va la bonne Sœur Marguerite Bourgeois de lacjuelle nous avons parlé ci-devant, elle j'avoit accompagnée dans son voyage en France alin de l'assister dans son infirmité Quant à son retour Mlle. Manceavoit trouvé bon qu'elle se rendit la premièl-e à la Rochelle avec une compagnie do 32 filles (ju'elle amenoitavec elle pour le Montréal, nux- (j[Uelles cette bonnes(Diira .servi de Mère dansée voyage, pendant toute la routi' et même jusqu'à ce qu'elles aienr été pourvues, ce qui nous fait dir«' qu'elles ont été bien heureus"s d'èlre tombées dans de si bonnes mains que les siennes : .Vu reste, il faut <pu' je dise encore un mot de cette bonne lille, })ien qu'il ne soit pas trop approuvé, c'est qu'un homme riche et vertueux de la compagnie lui voulant donner en ce voyage du bien pour l'établir ici, elle ne voulut l'aecepter, appréhendant que cela ne fit tort à cet esprit de pauvreté qu'elle conserve si religieu-

137

sèment ; Dieu sans doute lequel fait plus par ces per- sonnes détachées que par les efforts des plus riches favorisera de ses bénédictions cette amatrice de la pau- vreté. Mais venons aux Religieuses de la Flèche aux- quelles Melle. Mance et la Compagnie avoient écrit tout ce qui s'étoit passé et qui étoient demeurées d'accord que trois filles de cette maison ou de celles de ses dépendances iroient, cette année-là, au Montréal, pour l'exécution de ce dessein, le printempsétant venu Melle. Manee écrivit à ces Religieuses,leur donna le rendez-vous à la Rochelle et envoya pareillement une lettre à M. de la Doversière qui les devoit mener à leur embarquement, donnant avis aux uns et aux autres qu'elle ne manque- Toit pas de s'y rendre par une autre voie qu'elle leur marqua : Les Religieuses de la Flèche sur cet avis afin de se rendre prêtes au temps qu'on leur marquoit firent venir au plus tôt de leur maison de Baugé et du Ludde les sœurs Maer, (1) De Bresolle (2) et Maillot (3) qui étoient les trois victimes destinées pour le Canadas qui se rendirent pour cet eflet promptement et avec joie à leur maison de la Flèche, afin qu'on n'attendit pas après elles quand on seroit près de partir. Or ce coup c'étoit un coup du Ciel et comme les affaires de Dieu ne se font jamais sans de grandes difficultés pour l'ordinaire, celle- ci n'en manqua pas. Quand il fut question de l'exécuter, Monseigr. Dangers (4) se trouva si difficile pour son obédi- ence qu'on désespéra quasi de l'avoir, M. de la Dover- sière qui étoit le principal ar-boutant de l'affaire et sans lequel il n'y avoit rien à espérer pour elles se trou- . va si mal que trois jours avant de partir il fut en danger de mort et les médecins jugèrent qu'il ne releveroit pas

(t) Macé. (2) De Bresole, (3) Maillet. (J. V.) (i) d'.Vngi?rs. (J. V.)

138

de cette maladie. Mais Dieu qui vouloit seulement sceller cette entreprise du sceau de sa Croix et non pas la détrui- re, voulut que dans deux jours il i'ut assez rétabli pour oser entreprendre le voyage de la Rochelle ; le lendemain il ne manquoit pour cela que Tobédiance de Mgr. Dangers qui arriva le même jour que la restitution de sa santé, ce qui lit qu'on résolut de partir la journée suivante. Cela étant sçu dans la ville il se lit une émeute populaire, chacun murmura et dit " M. de la Doversière t'ait amener des hlles par force en ce couvent, il les veut enlever cette nuit, il faut l'en empêcher." Voilà tout le monde par les rues, chacun lit le guet de son côté, plu- sieurs disoient en se l'imaginant, " Voilà que nous les entendons crier miséricorde. " Enfin plusieurs ne se cou- chèrent pas cette nuit-là pour ce sujet, dans la ville de la Flèche, néanmoins à dix heures du matin on se résolut de les faire partir mais pour en venir about on y eut bien de la peine, il fallut que M. Saint- André et les autres qui dévoient les assister dans leur voyage missent l'épée à la main et lissent écarter le peuple par les impressions de la crainte, ce qui n'est pas difficile dans les villes champêtres qui ne sont pas frontières : étant sorties elles lirent le chemin jusqu'à la Rochelle avec une grande joie et désir de se sacrifier entièrement pour Dieu ; il est vrai qu'elles avoient besoin d'être dans cette disposition parce qu'elles eurent bien des épreuves mémo dès la Rochelle, on leur voulut persuader qu'on les renver- roit du Canadas la même année, sans vouloir d'elles, de plus comme tous les deniers se trouvèrent employés elles se trouvèrent fort embarrassées de quoi payer le fret qu'el- les n'avoient pas réservé à cause de la multitude des den- rées qu'on avoit })esoin. embarras se trouvèrent aussi deux prêtres du Séminaire de St. Sulpice <jui pjissoieiit cette année pour le Montréal, depuis ils ont été tués

139

par lesiroquois (1). La peine qu'ils eurent tous deux arec Melle. Mance fut telle qu'on ne les vouloitpas embarquer à moins qu'ils n'eussent de l'argent de quoi payer. Cepen- dant ils étoient 110 personnes auxquelles il falloit pour- voir, vous voyez assez quelle pouvoit (être) cette mortification ; c'est pourquoi nous passons outre et jugez, comprenant tout ce qu'il falloit acheter pour le Canadas, de la dépense qu'on fit surtout à cause du retardement à la Rochelle qui fut de 3 mois cette année : Jugez combien il en coûta à Messieurs de la Compagnie du Montréal, au Séminaire de St. Sulpice et à l'hôpital qui tous trois portoient les frais de ce voyage. Jugez de la peine étoient ces deux bons prêtres et ces trois religieuses avec Melle. Mance, car enfin tout se vit à la veille de demeurer sans qu'à la fin le maître du navire qui étoit préparé et qui ne tenoit qu'à de l'argent se résolut de tout embarquer sur leur parole. Les voilà donc en mer mais n'allèrent pas bien loin que leur navire qui avoit servi deux ans d'hô- pital sans avoir fait depuis la quarantaine infecta les passagers de la peste, 8 ou 10 de ces gens moururent de prime abord sans qu'on permit aux religieuses de s'ex- poser, mais enfin on accorda à leurs instances qu'elles commenceroient leurs fonctions d'hospitalières dans les- quelles elles eurent ce bonheur ayant commencé ces premiers travaux de leur mission qu'il ne mourut plus personne, encore qu'il y eut bien des malades, au reste nous pouvons dire que la sœur Marguerite Bourgeois fut bien celle qui travailla autant pendant toute la route et que Dieu pourvut aussi de plus de santé pour cela, que si il y eut bien des fatigues dans ce voyage il y eut aussi bien des consolations pour la bonne lin que faisoient ces pauvres pestiférés, que ces deux prêtres du Séminaire de

(Il Messrs. Jacques Le Mailre et Guillaume Vignal.— fj. V.)

140

iSt. tSulpici' dont nous avons parlr assistoiont autant qu'ils pou voient, que It'urs corps, au.ssi a('cabl»''S d»* maladie leur permettoient, ils assistèrent deux huf]^uenots entre ces malades qui firent leur abjuration avant que de paroître devant ce Jucre qui juiriM-a riuoureusement ceux qui nous veulent défendre aujourd'hui dcjui^er les «'rreurs de leur religion prétendue réformée, afin d'avoir la liberté d'y de- meurer pour leur confusion éternelle; mais passons cette mer et disons qu'après les efforts de la maladie, les va^^ues de la mer essuyées, voilà enfin le navire arrivé à Québec après avoir bien vogué, que si ces religieuses se croyoient être en ce lieu au bout de toutes les tempêtes elles se trompoient fort, car elles y en essuyèrent une si grande qu'elles eurent de la peine à y mettre pied à terre, et ne l'eussent peut être jamais fait si l'astre nouveau qui depuis ce temps éclaire notre Eglise (1) ne leur eut été assez fa- vorable pour dissiper l'orage qui la causoit, de quoi le Montréal lui fut bien obligé parce qu'il contribua ainsi à lui donner ces bonnes filles (2). P]nsuite de ceci nous avons le retour de M. l'abbé de Quelus en France (3) ce qui affligea beaucoup ce lieu, ainsi en cette vie les dou- ceurs sont mélangées d'amertumes : Quant à toute la flotte arrivée pour ce lieu elle y monta à la joie extrême d'un chacun, et ces deux bonnes religieuses qui y étoient comme nous l'avons dit l'an dernier, en descen- dirent après que celle qui étoit malade eut recouvré sa santé ; La providence ayant permis que son mal eut

1) I/Kv.'.|ii.' <l.' l'.'tr..', arn\<- à giifhec l.' Ki .liiiii Ki')'.) (.1. V.)

2) Kllt's arn\«-i'nl à gii'-ln'.- In s St'|il. Kl.')'.» el à MoiilP-al vi-rs la lin de ce mois. iJ. V.)

(3) Il qiiitLi Muiitn-al i-naoùl |ioiir C»>U'liec il arriva Ir 7 et d'où il par- tit pour lu Kraiici- lu '20 Ocl'ibn- l(i.')'J (Journal «les Jésuites MS.) "Mr. labljé 'II- Ki'his, dit M. d'' Btdinont, roijut l'ordr»- de retouriK-r on Fi-ance iju'on lui lit .-.lyniller à Montif-al pac un comniandanl et une escouade de s.ildats." (J. V.)

141

duré pour le bien de cet hôpital jusqu'à l'arrivée de ces trois bonnes filles, aux travaux desquelles Dieu a donné depuis une grande bénédiction. Plusieurs Iroquois et quantité d'autres Sauvages y ont été convertis tant par leur ministère que par l'assistance des Ecclésiastiques du lieu et y sont morts ensuite avec des apparences quasi visibles de leur prédestination ; G-rand nombre de huguenots y ont eu ce même bonheur ; même dans un seul hiver il y en a eu jusqu'à 5 qui y sont morts catholi- ques à la grande satisfaction de leurs âmes. Ces bonnes filles ont rendu et rendent encore de si bons services au public qu'il se loue tous les jours de la grâce que le Ciel lui a fait de les lui avoir amenées pour sa consolation dans un pays si éloigné que celui-ci, leur zèle les a portées ; Outre les personnes que j'ai remarqué être venues de France cet Eté, je dois nommer Mr. Debele- tre (1) lequel orne bien ce lieu tant dans les temps de la guerre que lorsque nous jouissons de la paix, à cause des avantageuses qualités qu'il possède pour l'une et l'autre de ces saisons. Je donne ce mot à sa naissance et à son mérite sans préjudice à tous ceux qui ont été du même voyage et faire tort à leur mérite particulier : au reste l'on peut dire du secours de cette année en général qu'il étoit très-considérable au pays lequel étoit encore dans une grande désolation, et qu'il étoit néces- saire pour confirmer tout ce que celui de l'année 1653 conduit par M. de Maison-neufve y avoit apporté d'avan- tage,parceque sans cette dernière assistance, tout le pays étoit encore bien en danger de succomber, mais il est vrai que depuis celle-ci on a moins chancelé et craint une générale déconfiture qu'on faisoit auparavant, quel- ques combats de perte de monde que nous ayons eus.

(1) Fiool'- de Bel.'slre. J. V.)

HISTOIRE DU MONTREAL.

Di' raiitoinnt' 10."»!) jiis<|irà raiili»iiiin> 1060, au (Ifiiarl dus vaisseaux du Canadas.

Nous «Mitrons dans uno année que le Montréal doit marquer en lettres rouîmes, dans son Calendrier, pour les différentes pertes d'hommes qu'il a fait en plusieurs et différentes occasions; il est vrai que si les belles actions doivent consoler en la mort des siens, le Montréal a tout sujet de l'être dans la perte qu'il a fait de tous les grands soldats qui ont péri cette année, parce qu'ils se sont tellement signalés et ont tellement épouvanté les ennemis en mourant, à cause de la vigoureuse et extraordinaire défense qu'ils ont marqué en eux, que nous devons le salut du pays à la frayeur qu'ils ont imprimé en eux répandant aussi généreusement leur sanir qu'ils ont fait pour sa querelle ; ce qui se peut pour eux glorieusement remarquer surtout dans une ac- tion laquelle se passa le 26 ou 27 de mai (1), au pied du Long-Sault (2), un peu au-dessus de cette isle, 17 de nos Montréalistes étant en parti furent attaqués par 800 Iroquois sans que aucun d'eux voulut Jamais demander Cartier chacun ne pensant qu'à vendre sa vie le plus cher qu'il pourroit. Voyons le fait; Sur la fin d'avril, M. Daulac (3) garçon de cœur et de famille, lequel avoit eu quelque

lli M. di' M«'linnnl lixL' <••• <;oml»al au '21 mai lOfiO : cm peut »^ln> erreur lypogra|ihi(iue. (J. V.)

(2) Rivière des Oulaouais. (J. V.)

(3) J'ai eu en mains, en 1S47, l'Inventaire, lait par le Notaire Basset, des biens délaiss'-s à Montréal par nnlre héros, en date du 6 nov. tfiCO " Il est nommé .\dam Dollard. Sr. Désormeaux, et il est qualilié de Commandant (Ir la garnison du Fort de Ville-Marir." (J. V.)

143

commandement dans les armées de France, voulant faire ici quelque coup de sa main, et digne de son courage, tacha de débaucher 15 ou 16 François pour les mener en parti au-dessus de cette isle, ce qu'on n'avoit point encore osé tenter, Il trouva de braves garçons qui lui promirent de le suivre si M. de Maison-neufve le trou- voit bon ; Daulac proposa la chose et il eut son agré- ment, ensuite chacun se disposa à partir, mais aupara- vant ils firent un pacte de ne pas demander quartier et se jurèrent fidélité sur ce point, outre cela, pour être plus fermes à l'égard de cette parole et être mieux en état d'affronter la mort, ils résolurent de mettre tous leur conscience en bon état, de se confesser et communier tous, et ensuite de faire aussi tous leur testament, afin qu'il n'y eut rien qui les inquiétât pour le spirituel ou temporel et qui les empêchât de bien faire ; tout cela exécuté de point en point ils partirent. M. le Major avoitbien eu envie de grossir le parti, MM. Lemoine et de Beletre avoientbien demandé la même chose, mais ils vouloient faire différer cette entreprise jusqu'après les semences qui se font ici en ce temps-là, ils disoient que pour lors ils iroient une quarantaine d'hommes ; Mais Daulac et son monde avoit trop d'envie de voir l'ennemi pour attendre, au reste Daulac voyant que s'il différoit il n'auroit pas l'honneur du commandement, il pressa le plus qu'il put l'affaire et redoutant plus qu'il eut été bien aise de se pouvoir distinguer, pour que cela lui put servir à cause de quelque affaire que l'on disoit lui avoir arrivé en france : Tellement que le voilà parti résolu à tous évènemens, il ne fut pas bien loin qu'entendant une alarme dans un ilet tout vis-à-vis d'ici nous per- dims 3 hommes (1), il revint avec son monde et poussa

(h Les Reg. lie la Paroisse ont à ce sujet lenti-ée que voici : •• l(;60, avril

144

8i vig-oureuseiueiil les Iroquois qu'ils les eut pris eu canot, sans qu'ils abandonnèrent tout pour se jetter dans le bois et se sauver, s'il n'eut pas la consolation de les joindre, il eut celle d'avoir leur dépouille, entr'autre un bon canot dont il se servit dans son voyage, qu'ils conti- nuèrent aussitôt avec l'accroissement d'un des leurs lequel eut honte d'avoir manqué à la parole (ju'il avoit donnée, alors étant tous de compagnie, ce nouveau venu à eux, ils dirent un adieu général qui lut le der- nier à leurs amis,ensuite dequoi les voilà rembarques tous de nouveau, étant remplis de cœur, mais étant par mal- heur peu habiles au canotage, ce qui leur 'donna beau- coup de peines, même on a su par les hurons auxquels ils l'ont dit, qu'ils furent 8 jours arrêtés au bout de cette isle par un petit rapide qui y est ; Enfin le cœur les fit surmonter ce que leur peu d'expérience ne leur avoit pas acquis, si bien qu'ils arrivèrent au pied du Long- Sault, trouvant un petit fort sauvage nullement flan- qué, entouré de méchants pieux qui ne valoient rien, commandé par un coteau voisin, ils se mirent dedans, n'ayant pas mieux ; moins bien placés que dans une des moindres maisons villageoises de France, Daulac attendoit les Iroquois, comme dans un passage infailli- ble au retour de leurs chasses, il ne fut pas longtemps seul en ce lieu, d'autant que Ilonontaha et Mrfiomeg-ue, l'un Huron, l'autre Algontien eurent un defli aux Trois- Rivières sur le courage et se donnèrent pour cela le rendez-vous au Montréal, comme au lieu d'honneur, afin de voir en ce lieu ou les combats sont fréquents, lequel des deux auroit le plus de })ravoure, ce défis fait,

19, Nie. Duval, servitoiir au Fort, tué fl Biaise Juillet dit Avipnon, habi- tant, et Mathurin Soulard, charjH'nlicr du ForI, .noyé?, «n se voulant sau- ver des Iroquois." (J. V.i

145

Métiomègue vint lui 4'"^' de sa nation, et Honontaha lui 40 '"' de la sienne au Montréal. D'abord qu'ils lurent ici les François dont le principal défaut est de trop parler leur dirent que nous avions des Irançois en guerre d'un tel côté, eux jaloux de se voir prévenus et étonnés de la hardiesse de ce petit nombre, demandèrent un billet à M. de Maison-neufve pour porter à Daulac, afin qu'il leur fit la grâce de les recevoir en son parti pour faire ensuite tous ensemble quelques grandes entreprises : M. de Maison-neufve fit tout ce qu'il put pour les en em- pêcher, il aimoit mieux moins de gens, mais tous braves, qu'une telle marchandise mêlée en plus grande abon- dance, il se rendit néanmoins en quelque façon à leur importunité, mettant le sieur Daulac, par les lettres qu'il lui écrivoit, à son obtion de les recevoir sans l'y engager toutefois, l'avertissant au surplus qu'il ne s'assurât pas trop sur ces gens-là, mais qu'il agit comme s'il n'avoit que les seuls françois ; les Sauvages l'ayant joint, ils demeurèrent tous ensemble dans le lieu que nous avons dit pour attendre les Iroquois, enfin, après quelque temps nos François qui alloient à la découverte virent descendre deux canots ennemis, l'avis en ayant été donné, nos gens les attendirent au débarquement près duquel ils étoient postés ils ne manquèrent pas de venir, mettant à terre l'on fit sur eux une décharge mais la précipitation fut cause que l'on ne tua pas tous, quelques-uns se sauvèrent malheureusement au travers du bois et avertirent 300 de leurs guerriers qui étoient derrière et les avoient envoyés à la découverte ; d'abord ils leur dirent, " Nous avons été défaits au petit Fort au- dessous, il y a des françois et des Sauvages ensembler; " Cela leur fit conclure que c'étoit des gens qui montoient au pays des hurons, qii'ils en viendroient bientôt about ; pour cela ils commencèrent à faire leurs approches vers ce

Q

146

petit réduit qu'ils tentèrent d'omportor par plusieurs fois, muis on vain parce qu'ils lurent toujours repoussés avec perte des leurs et à leur confusion ; ce qui leur faisoit beaucoup de dépit c'est qu'ils voyoient les Fran- çois prendre devant eux les têtes de leurs camarades et en border le haut de leurs pieux, mais ils avoient beau enrager, ils ne pou voient se venger, étant seuls ; c'est pourquoi ils députèrent un canot pour aller quérir 500 GuerriiM-s qui étoient aux Isles de Richelieu et qui les attendoieut, alin d'emporter tout d'un coup ce qu'il y avoit de François dans le Canadas et de les abolir ainsi qu'ils en avoient conjuré la ruine, ne faisant aucun doute qu'ils auroient Québec et les Trois Rivières sans aiihculté ; que pour le Montréal, encore qu'ils y fussent ordinairement mal reçus ils tacheroient cette fois de l'avoir aussi bien

que du (1) à force de le harceler et s'y opiniatrer: ce

qu'ils disoient auroit été vrai auparavant (2) si nos 17 fran- çois n'eussent détourné ce coup fatal par leur valeureuse mort, Voyons comme le tout arriva dans la suite. Le canot qui étoit allé quérir du secours étant parti, le reste des ennemis se contenta de tenir le lieu bloqué hors de la porté du fusil et à l'abri des arbres, de ils crioient aux Hurons qui mouroient de soif dans ce chétif trou aussi bien que nos gens, n'y ayant point d'eau, qu'ils eussent à se rendre, qu'il y avoit bon quartier, qu'aussi bien ils étoient morts s'ils ne le faisoient, qu'il leur alloit venir 500 hommes de renfort, et que alors ils les auroient bientôt pris, la langue de ces traitres qui leur représentoient l'appan'nce de l'arbre de vie, les déçut aussi frauduleusement que le serpent trompa nos premiers parents lorsqu'il leur fit manger ce fruit de mort

(1) Illisihii-.

(2) Api)arcmni'>nt

147

qui leur coûta si cher, enfin ces âmes lâches au lieu de se sacrifier en braves soldats de J. C, abandonnèrent nos 17 françois, les 4 alg-onquins et Anontaha qui paya pour sa nation de sa personne, ils se rendirent tous aux en- nemis, sautant qui d'un côté qui de l'autre par-dessus les méchantes palissades, de ce trou ou étoient nos pau- vres relégués, ou bien, sortant à la dérobée par la porte afin de s'y en aller. Jugez un peu du crève-cœur que cela fit à nos gens, surtout au brave Hanontaha (1) qui, dit-on, manqua son neveu d'un coup de pistolet, le voulant tuer lorsqu'il le vit s'enfuir avec les 40 pai- gnots (2) qu'il avoit amenés : Voyez après tout cela quel cœur avoient ces 22 personnes restées, demeurant fermes et constants dans la résolution de se défendre jusqu'à la mort, sans être effrayés par cet abandon, ni par l'arrivée des 500 hommes dont le hurlement eut été seul capable de faire abandonner le parti à un plus grand nombre. Ces nouveaux ennemis étant arrivés le 5"^^ jour, et faisant lors un gros de 800 hommes ; ils com- mencèrent à donner de furie sur nos gens, mais ils n'ap- prochoient jamais de leur fort dans les différents assaults qu'ils lui livrèrent qu'ils ne s'en retirassent avec de grandes pertes, ils passèrent encore 3 journées après ce renfort à les attaquer d'heure en heure, tantôt tous, tantôt une partie à la fois, outre cela ils abatirent sur eux plusieurs arbres qui leur firent un grand désordre, mais pour cela ils ne se rendirent point, parce qu'ils étoient résolus de combattre jusqu'au dernier vivant, cela faisoit croire aux ennemis que nous étions bien davantage que les lâches Hurons ne leur avoient dit, C'est pourquoi

Voilà " Honontalia, Apontaha, Hanontaha " ! puis,' M. de Belmont écrit " Onontaga " ! Choisissez. Charlevoix ne parle pas de ce combat. (J. V.)

(2) Pagnotos, c-à-d, poltrons. (J. V.)

148

ils t'toiont souvent en délibération do quitter cette attaque qui leur coûtoit si bon, mais eniin le 8" ' jour de ee siéi^e arrivé, une partie des ennemis étant prête à abandonner l'autre, lui dit que si les François étoient si peu ce seroit une honte éternelle de s'être faits ainsi mas- sacrés par si peu de i»vnssans s'en ven;çer. Cette rellection lut cause (|u"iLs interroi^vrent tout de nouveau les traîtres hurons, qui les ayant assuré du peu que nous étions, ils se déterminèrent à ce coup de tous périr au pied du fort ou bien de l'emporter, pour cela ils jette rent les bûchettes, afin que ceux qui voudroient bien être les enfans perdus les ramassassent, ce qui est une cérémonie laquelle s'observe ordinairement parmi eux lorsqu'ils ont besoin de quelques braves pour aller les premiers dans un lieu fort périlleux, incontinant que les bûchettes fu- rent jettées ceux qui voulurent se faire voir l(\s plus braves les levèrent, et voilà qu'aussitôt ces gens avan- cèrent tête baissée vers le fort, et tout ce qu'il y avoit de monde les suivit, alors ce qui nous restoit de gens com- mença à tirer pelle-niéle de grands coups de fusils et gros coups de mousquetons, enfin l'ennemi u'agna la palissade et occupa lui-même les meurtrières ; lors le perfide Lamouche qui sétoit rendu aux Iroquois avec les autres Ilurons, cria dans son faux Bourdon, avec lequel il auroit bien mérité voler jusqu'au gibet, à son illustre parent Anontaha, " qu'il se rendit aux ennemis, qu'il en auroit bon quartier," à ces lâches paroles, Anontaha répondit " .T"ai donné ma parole aux François, je mourrai avec eux ; '" Dans ce même temps les Iroquois faisoient tous leurs efforts pour passer par-dessus nos palissades bien pour les arra<Jier. mais nous défen- dions notre terrain si viuoureusement que le fer et le sabre n'y étoient pas épargnés, Daulac dans cette extré- mité chargea un gros mousqueton jusqu'à son embou-

149

chure, il lui fit une espèce de petite fusée afin de lui faire faire long feu et d'avoir ce loisir de le jetter sur les Iroquois, il espéroit que s'éclatant comme une grenade il feroit un grand effet, mais y ayant mis le feu et l'ayant jette, une branche d'arbre le rabatit qui fit recevoir à nos gens ce que Daulac avoit préparé à nos ennemis, lesquels en auroient été fort endommagés, mais enfin ce coup malheureux ayant tué et estropié plusieurs des nôtres, il nous affoiblit beaucoup et donna grand empire à nos ennemis, lesquels ensuite firent brèche de toutes parts. Il est vrai que malgré cette désolation chacun défendoit son côté à coups d'épées et de pistolets comme s'il eut eu le cœur d'un lion, mais il falloit périr, le brave Daulac fut enfin tué, et le courage de nos gens demeura tou- jours dans la même résolution, tous envioient plustôt une aussi belle mort qu'ils ne l'appréhendoient, que si on arrachoit un pieu en un endroit, quelqu'un y sautoit tout d'un coup le sabre ou la hache à la main, tuant et massacrant ce qui s'y rencontroit, jusqu'à ce qu'il y fût tué lui-même. Ensuite nos gens étant quasi tous morts, on renversa la porte et on y entra à la foulle ; alors le reste des nôtres i'épée dans la main droite et le couteau dans la gauche se mit à frapper de toutes parts avec une telle furie que l'ennemi perdit la pensée de faire des prisonniers, pour la nécessité il se vit de tuer au plus vite ce petit nombre d'hommes, c[ui en mourant les menaçoient d'une générale destruction, s'ils ne se hatoient de les assommer, ce qu'ils firent par une grêle de coups de fusils laquelle fit tomber nos gens sur une multitude d'ennemis qu'ils avoient terrassés avant que de mourir : après ces furieuses décharges sur si peu de personnes qui restoient, ces bourreaux voyant tout le monde à bas, en coururent incontinant sur les nïorts afin de voir s'il n'y avoit point quelques-uns qui ne fussent pas encore passés

150

et qu'on pût guérir aiiii de les rendre par après capables de leurs tortures ; mais ils eurent beau regarder et tour- ner ces corps ils n'y en purent jamais trouver qu'un seul qui fût en état d'être traité et deux autres qui étoient sur le point de mourir, qu'ils jettèrent d'abord dans le feu, mais ils étoient si bas qu'ils n'eurent pas la satisfaction de les faire souffrir davantage pour cela ; quant à celui qui se pouvoit rendre capable de souffrances, lorsqu'il fût assez bien pour assouvir leurs cruautés on ne sauroit dire les tourments qu'ils lui firent endurer, et on ne sau- roit exprimer non plus la patience admirable qu'il lit voir dans les tourments, ce qui forceroit de rage ces cruels, qui ne pouvoient rien inventer d'assez barbare et inhumain dont ce glorieux mourant n'emportât le triom- phe : Quant à Onontaha et nos quatre algonkins ils méritent le même honneur que nos 17 François, d'autant qu'ils combattirent comme eux, ils moururent comme eux et apparemment comme ils étoient Chré- tiens ils se disposèrent comme eux saintement à cette ac- tion, et allèrent dans le ciel de compagnie avec eux : Ce qu'on peut dire des Iroquois est que dans leur barbarie et cruauté, ils ont eu cela de loual)le qu'ils firent une partie de la Justice qui étoit due aux traitres hurons, parcequ'ils ne leur tinrent aucunement parole et qu'ils en firent de furieuses grillades. On a appris toutes ces choses de quelques hurons qui se sauvèrent des mains de l'ennemi : la première nouvelle qu'on en eut fut par un de ces 40 hurons nommé Louis, bon chrétien et peu soldat, qui arriva ici le 3*^ Juin (1) tout effaré et dit que nos 17 françois étoient morts, mais qu'ils avoient tant tué de gens que les ennemis se servoient de leurs corps pour monter et passer par dessus les palissades du Fort

(I) Voir Appcnlic; No. VIII.— (,I. V.)

151

ils étoient : qu'au reste les Iroquois étoieiit tant de monde qu'ils alloient prendre tout le pays. Ensuite il dit tout leur dessein à M. de Maison-neufve, comme il l'avoit entendu de leur propre bouche; M. de Maison- neufve profitant de cet avis mit son lieu en état de bien recevoir les ennemis aussitôt qu'ils viendroient, il fit garder tous les meilleurs postes qu'il avoit et donna à Messieurs du Séminaire M . De Bellestre pour aller com- mander dans leur Maison de Ste. Marie (1) à tout le monde qui y étoit, ce bâtiment étant le plus fort et mieux en état de se défendre qu'il y eut ; Après que M. notre G-ouverneur eut ainsi sagement réglé et ordon- né toutes choses, il envoya sans tarder les nouvelles qu'il avoit aux Trois-Rivières et à Québec, partout on eut une telle frayeur lorsqu'on entendit ces choses, que même dans Québec, on renferma tout le monde jusqu'aux Religieuses dans le Château et chez les Revds. Pères Jésuites. Mais enfin grâce à Dieu et au sang de nos chers Montrealistes qui méritent bien nos vœux et nos prières pour reconnoissance, les Iroquois ne parurent point et on n'en eut que la peur, d'autant que après ce conflit oii ils eurent un si grand nombre de morts et de blessés, ils firent reflection sur eux-mêmes se disant les uns aux autres, "Si 17 François nous ont traité de la sorte étant dans un si chétif endroit comment serons-nous traités lors- qu'il faudra attaquer une bonne maison plusieurs de tels gens se seront ramassés, il ne faut pas èt-re assez fou pour y aller, ce seroit pour nous faire tous périr, retirons- nous ; " Voilà comme on a su qu'ils se dirent après ce grand combat, qu'on peut dire avoir sauvé le pays qui sans cela étoit raflé et perdu, suivant la créance commune, ce qui me fait dire que quand l'établissement du Montréal

(1) Voir Appenilice No. VIII. bis.

152

n'auroit eu que cet avantage d'avoir sauvt- lo pays dana cette rencontre et de lui avoir servi de victime publique en la personne de ses 17 enfants qui y ont perdu la vie, il doit à toute la postérité être tenu pour considérable si jamais le Canadas est quelque chose, puis qu'il l'a ainsi sauvé dans cette occasion, sans parler des autres ; Mais passons outre et venons au 1 ■'" de Juin qui fut celui auquel on fit ici les obs?.ques de feu M. Daillebout qui étoit venu ici en l'an 1G43, coramo un des associés de la Compa- g-nie de Montréal pour y assister M. de Maison-neufve, par toutes les belles lumières dont il étoit avantagé et dont il usa très-favorablement pour tout le pays, il a eu l'honneur de plusieurs commandemens comme celui du Montréal en '45 et '46 en l'absence de M. de Maison- neufve, et même celui de tout le pays pendant quatre années, 3 desquelles étoient par commission du Roy et la 4,> après quelqu'intervalle pour suppléer et remplir la place de M. le Vicomte Dargenson (1), lequel ne vint pas en ce pays la première année de sa Commission ; Sa mort (2) fut fort chrétienne comme avoit été sa vie, nous n'avons rien qu'elle nous oblige de dire en particulier si ce n'est ce que nous avons oublié d'exprimer touchant sa personne lorsqu'il vint dans ce pays, qui est sa vocation pour le Montréal, laquelle fut de la sorte : Deux ans du- rant il fut pressé par des mouvemens intérieurs à passer dans la Nouvelle-France, mais Madame sa femme qui toujours trouvoit la proposition de ce trajet si éloignée de son esprit qu'elle ne pouvoit en entendr«> la moindre parole sans la tenir pour extrêmement ridicule surtout à cause qu'elle étoit toujours malade, Cependant le di-

(1) Pie re D; Voyor. flhnvali'T. Vicomti; dAivensrm. (J. V.)

(2) Arrivée In 31 Mai IGG;), suivant un ri fi a' qii<! ja !e >r l'o Mais»nn"uvi\ L !S Rcglstn/s d- la Parois^'' ri'- disent | a^ le j lur do son d'cès. (J. V.)

153

recteur de M. Daillebout ne rebutoit point la pensée qu'il en avoit, conduisoit aussi Madame sa femme et il lui enparloit parfois, ce qui luifaisoit beaucoup de peine disant que c'étoit une chose même à ne pas penser dans l'état elle étoit, son directeur lui dit que si Dieu le vouloit il la msttroit en état de le faire, ce qu'il fit quel- que temps après, la guérissant lorsqu'elle croyoit aller bientôt mourir, ce qui se fit si promptement et d'une façon si extraordinaire qu'elle et tous ses amis ne dou- tèrent point que ce ne fût une faveur singulière du Ciel, mais après tout elle n'avoit point envie de passer la mer sans que à la fin Dieu la changea par une réfiec- tion qu'elle fit à ce propos, disant si mon mari y est appelé j'y suis appelée aussi parce qu'étant sa femme je le dois ' suivre. Cette pensée la fit aller trouver son mari et le Père Marnart le directeur de l'un et l'autre ; ce Père joyeux de voir le tout résolu au désir de M. Daillebout, les fit voir au Pèr^ Charles Lallement qui ne trouvant pas à propos de les envoyer comme particuliers leur procura l'union avec Messieurs du Montréal en la Compagnie desquels ils furent reçus avec beaucoup de joie, et peu de temps aj^rès ils partirent pour venir ici ; à leur départ ils entendirent la messe de M. G-aufFre (1) qui y devoit venir Evèque, fondant l'Evèché de sou propre bien, mais la mort l'a donné au ciel en privant ce lieu du bonheur de posséder un aussi grand homme. Je n'ai plus rien à remarquer sur cette année si ce n'est la mort de M. de la Doversicre, qui décéda peu après avoir mis nos bonnes hospitallières sur la mer (2) : appa-

( 1) Lo même qu'on a df-jà cilo, jiages il et OS, sous lo nom de Goff)'i\ M. de Bclmont écrit Gofré et M. Faillon, Le Gait/fre, dans sa vie de M. Olier, Paris. I8il. (J. V.)

("2) Jérùmo Le Royor, Sieur de la Dau\ersit2re, ConseilkT du Roi et Rece- veur Général des domaines du Roi à la Flèche, en Anjou, mourut en cette ville lo G Novembre, 1659. (J. V.)

R

154

remment Dieu l'avoit conservé jusqu'à ce temps-là pour lui donner le moyen de coopérer à cet ouvrage qui, autant qu'on peut juger naturellement, ne se fût jamais fait s'il eut été mort auparavant, étant vrai qu'on a jamais pensé à elles que par son mouvement, il est bien admirable de voir le principal moteur d'une telle entre- prise être prêt à mourir, être accablé de maladie, con- damné par les médecins à n'en point relever, et néan- moins être trois jours après en campagne lorsqu'il est question d'exécuter ces desseins et d'emmener ces reli- gieuses de la Flèche à la Ilochelle, comme nous vîmes l'an dernier et après cette œuvre faite de voir mourir cet homme incontinant, tout cela me paroit bien digne de remarque.

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'automne IGGO Jusqu'à l'automn'' IG6I, au départ des "Vaisseaux du Canadas.

Les IroqiTois restèrent dans leur frayeur à cause du combat de Daulac jusque bien avant dans l'hiver, mais enfin ayant repris leurs esprits avec le commencement de l'année 1661, ils nous vinrent donner de très- mauvaises étrennes, car dans Janvier, Février et Mars, ils nous tuèrent ou prirent quantité de personnes, sur- tout en février ou ils nous prirent 13 hommes tout d'un coup, et en Mars et tout d'un coup encore ils nous tuèrent 4 hommes et prirent 6 prisonniers : en février il n'y eut quasi de combat d'autant que nos gens étoient sans armes, mais en mars le combat fut assez chaud, il est vrai que les Iroquois qui étoient bien 260 avoient un tel avantage au commencement à cause qu'ils étoient plus de 20 contre 1, que nous pensâmes perdre tous ceux qui étoient au travail du côté attaqué, mais enfin la généreuse défense de nos gens ayant donné le loisir aux autres de les aller secourir et de sauver ceux dont ils n'étoient pas encore les maîtres ; ce qu'il y avoit de plus fâcheux pour ceux qu'ils emmenoient, c'étoit que le nommé Baudouin, l'un d'entr'eux, se voyant envi- ronné par une multitude de ces barbares sans se pou- voir sauver, il choisit un des principaux Capitaines de tous les Iroquois et le tua de son coup de fusil, ce qui menaçoit tous les Captifs de tourmens très-horribles, sur- tout à cause que ce Capitaine âvoit le renom de ne devoir point mourir. Mais Dieu enfin exauça les vœux

156

de nos Captifs et les délivra la plupart de leurs mains comme nous verrons dans la suite ; au reste dans le secours que les François donnèrent à leurs confrères en cette occasion un vieillard nommé M. Pierre Gadois, premier habitant de ce lieii, se lit fort remarquer et donna bon exemple à tout \o monde, on dit que cet homme tout cassé qu'il étoit faisoit le coup de fusil con- tre les Iroquois avec la même vigueur et activité que s'il n'eut t'u que 25 ans sans que qui que ce soit l'en put empêcher ; ce que j'ai omis de remarquer en l'affaire du mois de février c'est le courage de la femme de feu M*. Duclos laquelle voyant que nos g-ens se sauvoient tant qu'ils pouvoient, à cause qu'ils navoient plus rien pour se défendre, hormis M. Lemoine qui avoit un pistolet, chacun se liant sur ce que les ennemis ne venoient jamais en ce temps-là, et voyant d'ailleurs qu'il n'y avoit aucun homme chez elle pour les aller secourir, prit elle-même une charû'e de fusils sur ses épaules, et sans craindre une nuée d" Iroquois qu elle voyoit inonder de toutes parts jusqu'à sa maison, elle courut au-devant de nos françois qui étoient poursuivis et surtout au devant de M. Lemoine qui avoit quasi les ennemis sur les épau- les et prêts de le saisir, étant arrivée à lui elle lui remit ses armes, ce qui fortifia merveilleusement tous nos françois et retint les ennemis, il est vrai que si ces armes eussent été plus en état, on en eut pu faire quelque chose davantaire, mais toujours cette amiizone mérita-t-elle bien des louanges d'avoir été si généreuse a secourir les siens et à leur donner un moyen si nécessaire pour attendre une plus grande assistance. On ne sauroit exprimer ici (1) les pertes que nous fîmes en ces deux occasions TU ces bons et braves habitans qui y étoient enveloppés,

fl) ? les afflictions ipi^^ CTiisrTonl (J. V.)

157.

mais Dieu qui n'afflige les corps que pour le plus grand besoin des âmes se servoit merveilleusement bien de toutes ces disgrâces et frayeurs pour tenir ici un chacun dans son devoir à l'égard de l'éternité, le Vice étoit quasi alors inconnu ici et la religion y fleurissoit de toutes parts bien d'une autre manière qu'elle ne fait pas au- jourd'hui dans le temps de la paix : Mais passons outre et venons au mois d'août il y eut plusieurs attaques, l'une desquelles entr'autres fut très-désavantageuse à ce lieu pour la perte qu'il y fit d'un bon prêtre qui y ren- doit très-utilement ses services depuis 2 ans que le Séminaire de St. Sulpice l'y avoit envoyé, cet Ecclésias- tique nommé M. Lemaitre-(l), avoit de fort beaux tallens que pour l'amour de Dieu il étoit venu ensevelir en ce lieu ici, bénéficiant de ce droit de sépulture que feu M. Ollier avoit acquis à son Séminaire dès l'année 1640, comme nous l'avons remarqué. Notre Seigneur le fit jouir ici deux ans du doux entretien de la Ste. Solitude après lesquels il l'appela à lui du milieu de son désert, permettant que les Iroquois lui coupassent la tête le même jour que Hérode la fit trancher à ce célèbre habi- tant des déserts de la Judée, Saint Jean Baptiste : ce qui arriva de la sorte, M. Lemaitre ayant dit la messe, et entrant, comme il est à présumer de sa piété et ainsi que la fête l'exigeoit, dans les désirs de sacrifier sa tête pour J. C. comme son St. Précurseur, il s'achemina vers le lieu de St. G-abriel, étant entré dans un champ avec 14 ou 15 ouvriers lesquels y alloient tourner du bled mouillé, ces bonnes gens se mirent à travailler chacun de son côté et laissèrent leurs armes dispersées impru- demment en plusieurs endroits, pendant que M. Le- maitre auquel ils avoient dit qu'assurément il y avoit

(1) Le R. P. Gliarlevoix écrit Le Maitrj.— (J. V.)

158

des ennemis proche à cause de qiielc^uc chose ' qu'ils avoient remarque, regardoit de part et d'autre dans les buissons alin de voir s'il n'y en avoit pas quelqu'un ; or recherchant de la sorte il avança sans y penser jusque dans une embuscade d'Iroquois, alors ces mistrables se voyant découverts, ils se levèrent tout d'un coup, lirent leur huée et voulurent courir sur nos gens : ce que ce bon prêtre voyant au lieu de prendre la fuite il résolut à l'instant de les empêcher de joindre, s'il pouvoit, nos françois avant qu'ils eussent le loisir de prendre leurs armes qui étoient de côté et d'autre, pour cela il prit un coutelas avec lequel il se jetta entre nos gens et ces barbares et s'en couvrant comme d'un espadron il cria à nos Irançois qu'ils prissent bon courage et se missent en état de garantir leur vie ; les Iroquois voyant ce prêtre leur boucher le passage et leur faire obstacle au cruel dessain qu ils avoient, de dépit ils le tuèrent à coups de fusil, non pas qu'ils eussent aucune crainte d'en être blessé parcequ'il ne se mettoit pas en devoir d'en blesser aucun, mais parcequ'ils ne pouvoient pas l'approcher pour le prendre vivant et qu'il donnoit du couiage à nos françois pour se mettre en état de se défendre et de se retirer en bon ordre vers la maison de St. Gabriel : Il est vrai qu'après l'avoir mis à mort, ils en eurent un sensible regret et que leur Capitaine (1) qui fut celui lequel lit ce coup en fut fort blâmé des siens, lesquels lui disoient qu'il avoit fait un beau coup,' qu'il avoit tué celui qui les nourrissoit lorsqu'ils venoient au Mont- réal: ce qu'ils disoient avec raison parceque M. Lemaitre étoit Econome de cette Communauté et avoit une sin- gulière inclination de travailler au salut de ces aveugles dont il tâchoit d'apprendre la langue, c'est pourquoi

(1) "Outrjouliali,"chef onnonlagU'', d'après Charluvoix el Delinont. (J.V.)

159

il avoit des entrailles de père pour eux et ne leur épar- gnoit rien, mais enfin voilà comment ils le payèrent, salaire qui lut bien avantageux à son âme puisque il lui donna l'entière liberté. Ce bon prêtre étant mort, nos françois ayant eu le loisir de se mettre en état, se retirèrent en bon ordre hormis un qui y perdit aussi la vie de ce monde pour en avoir une meilleure dans l'au- tre comme sa grande vertu l'a donné à présumer : On dit une chose bien extraordinaire de M. Lemaitre qui est que le sauvage qui emportoit sa tète l'ayant envelop- pée dans son mouchoir, ce linge reçut tellement l'im- pression de son visage que l'image en étoit parfaitement gravée dessus et que voyant le mouchoir l'on reconnois- soit M. Lemaitre ; Lavigne, ancien habitant de ce lieu, homme des plus résolus comme cette Relation l'a remar- qué, et qui ne paroit pas chimérique, m'a dit avoir vu le mouchoir imprimé comme je viens de le dire étant prisonnier chez les Iroquois, lorsque ces malheureux y vinrent après avoir fait ce méchant coup, et il assure que le Capitaine de ce parti ayant tiré le mouchoir de M. Lemaitre à son arrivée, il se mit à crier sur lui de la sorte ayant reconnu ce visage, " Ah ! malheureux, tu as tué Aaouandio, (c'est le nom qu'ils lui donnoient), car je vois sa face sur son mouchoir." Alors ces Sauvages resserèrent ce linge sans que jamais depuis ils l'aient voulu donner ni même montrer à personne, pas même au R. P. Lemoine (1) qui sachant la chose fit tout son possible pour l'avoir, il est vrai que quand ces gens-là estiment quelque chose il n'est pas aisé de l'obtenir, je ne sais pas si c'est pour cela que cet homme étoit si réservé, ou bien si c'étoit par la honte qu'il avoit d'avoir fait ce méchant coup en tuant ce prêtre, car ce

(1) Le R. P. Simon LoMoiiie, Jésuite. (J. V.)

160

Missionnaire étoit si aimé de toute cette nation, qu'il en recevoit dos avanios publiques ot qu'on no le vouloit pas regarder, ce qui lit nu-nie que de la honte qu'il en avoit il quitta, à ce qu'on dit, les cabanes pour n'y reve- nir de quelques temps : quoiqu'il en soit de cette mer- veille, je vous en ai rapporté le fondement alin que vous en croyez ce qu'il vous plaira ; je vous dirai qu'on m'a rapporté bien d'autre chose assez extraordinaire à l'éi^ard de la même personne, dont une partie étoit comme les pronostiques de ce qui lui devoit arriver un jour ; et l'autre rei^ardoit l'état des choses présentes et celui dans lequel apparamment toutes les choses seront bientôt. Ce Monsieur a parlé durant sa vie avec assez d'ouverture de tout ceci à une lieliu^ieuse et à quelques autres personnes, pour m'autoriser, si j'en vou- lois dire quelque chose, mais je laisse le tout entre les mains de celui qui est le Maître des temps et des saisons ot qui en réserve la connoissancc ou bien la donne à qui bon lui semble (1). Finissons ce Chapitre et ce qui regarde la g-uerre pour cette année, parlons des nouvelles que la France nous y donna, surtout disons un petit mot du Montréal au sujet de M. l'Abbé de Quelu.s qui y arriva environ le temps de la mort de M. Lemaitre ; aussi bien encore qu'il n'y ait paru cette fois que comme un éclair, il y a trop de chose à en dire pour s'en taire tout à fuit je ne veux pas néanmoins pour cela en grossir par trop notre volume parcoque cela me donneroit trop de peine et ne laissoroit p:is au lecteur la matière d'exercer ses pensées ; ce qui «Hant je me contenterai de dire que M. l'Abbé de Quelus venant de Rome avoit passé ici à l'Italienne /wroij-wj/o, mais qu'on jugea qu'il ne devoit pas ainsi se servir dos maximes étrangères, qu'il étoit

(!) V. App'iidicc No. XIII. (.T. V.)

161

plus convenable à une personne de sa qualité et vertu de faire le trajet à la Françoise. C'est pourquoi on l'obligea de repasser la mer cette même année afin de revenir par après au su de tout le monde et avec plus de splendeur, à la mode de l'ancienne France, comme il a fait depuis (1).

(1) Voir App. No. IX. (J. V.)

HISTOIRE DU MONTREAL.

IJ.' raiitoinne IGOl jusqu'à laulomne ICG2, au (l-'part dos Vuisse.iiix du Canadas.

Il s'est fait pendant le cours de cette année plusieurs coml)atsou nous avons perdu beaucoup de monde et qui nou.s ont été très funestes : le premier, qui fut le 25 oc- tobre; se passa comme je vais dire. M. Vignal, i)rêtre de cette Communauté, ayant demandé congé à M. de Maison-neufve de mener des hommes à l'Isle-à-la-pierre (1), afin de faire tirer des matériaux pour parachever cette Maison ou sont présentement logés les Ecclésiastiques qui servent cette Isle, il en ol)tint la permission avec peine, parceque M. de Maison-neufve craignoit qu'il ne trouvasse quelqu'embuscade en ce lieu, à cause (juil y avoit travaillé le jour précédent, ce qui ne manqua pas d'arriver, sur quoi il est à remarquer que pour éviter d'être ainsi attrapé rarement l'on alloit deux fois de suite en un endroit lorsque les «Minemis étoient à craindre : ( )r pour revenir à feu M. Vignal aussitôt qu'il eut le congé il ne Bonirea qu'à s'embarquer promptement sans se mettre en pt ine des Iroquois, même en allant, quelqu'un lui ayant dit (ju'il croyoit voir des canots le long de la grande ter- re et de l'islot, il ne se le put persuader et s'imagina que c'étoit desoriirnaux ; d'a])ord qu'ils furent à l'Ilot les voilà à terre ou ils s'en allèrent de chacun son bord com- me pour se dégourdir sans prendre des armes ni penser

(I) ('.'l'A la d-'rniriv llf nudossus docelle Slo. Ilolon*?, justement vis-à-vig le PfTi Je M';>iUrottl, vi^rs r<'XlixTnit«? puix-rienic d»î lai]uelle on n-niarque «ncoro 2 arbr-'s, I8i5. (.F. V.)

163

à aucune découverte : M. Brigeart (1) même qui avoit le- commandement en cas d'attaque y arriva le dernier, par- ce que il avoit reçu son ordre un peu tard et qu'il n' avoit pu joindre ce monde parcequ'il alloit trop vite ; pendant que quelques-uns se promenoient pour se dégourdir du bateau comme nous avons déjà dit, les autres plus dilii>-ens se mirent à ramasser de la pierre et un autre qui ne fut pas le moins surpris alla vaquer à ses nécessités, se met- tant sur le bord de l'embuscade des ennemis auxquels il tourna le derrière, un Iroquois indig-né de cette insulte sans dire mot le piqua d'un coup de son épée emman- chée, cet homme qui n'avoit jamais éprotivé de serina-ue si vive ni si pointue fit un bond à ce coup en courant à la voile vers nos françois qui incontinant virent l'ennemi et l'entendirent faire une grosse huée, ce qui effraya telle- ment nos gens dont une partie n'étoit pas encore débar- quée, que tous généralement ne songèrent qu'à s'enfuir, hormis le Sieur Brigeart, lequel se jetta à terre et se mit à crier et à appeler les François, lesquels véritable- ment s'oublièrent de leur ordinaire bravoure et ne le se- condèrent pas, que si ils l'eussent fait les Iroquois étoient défaits ; Le Sieur Brigeart quoique seul les em- pêcha tous pendant quelque temj^s d'avancer, ce qui fa- vorisa la fuite des nôtres qui sans cela eussent tous été pris, les ennemis prirent la résolution d'aller sur lui et alors il choisit le Capitaine qu'il jeta roide mort d'uii coup de fusil, ce qui efiraya tellement tous les autres que cela les mit en balance s'ils dévoient essuyer encore un coup de pistolet qu"il avoit à tirer, mais enfin A'oyant que •Brigeart étoit seul et qu'il n'étoit point soutenu ils firent une décharge sur lui dans laquelle lui ayant rompu le

(1) Le môme quo M. de Belmont nommé Brysat, et que le Reg. de la Pa- roisse, appelle et qualifie ainsi: " Le Grenadier Claude de Brigard, soldat et Secrétaire de M. le Gouverneur, âgé de 30 ans, de Ligni-en-Barois." (J. V.)

it;4

bras droit et fait tomber son pistolet, ils se jettèrent sur lui et se mirent ensuite à taire de lurieusesdrchuroes sur un grand bateau plat lequel tachoit de se mettre au largf, par leurs coups de fusils ils tuèrent et estropièrent plusieurs personnes, entr'autresdeux braves enfans de famille nom- més Messieurs MoyiMi (1) et DuChesnc, le dernier de ces deux exhortant son camarade à la mort sans songer être blessé lui-même tomba tout roide mort dans le bateau (2) : C'est une chose étonnante que la peur, car il y avoit de braves gens mais quand l'appréhension s'est une fois saisie du cœur humain il s'c)ul)lie de soi-même, au reste si le brave M. Brigeart eut pu arriver assez tôt pour faire faire la découverte et mettre ce monde à terre dans l'ordre qu'il falloit observer, ce malheur n'eut pas arrivé, mais c'étoit une permission de Dieu et non pas de sa faute : Revenons à M. Vignal afin de voir ce qui en arriva ; ce bon prêtre voyant tout le monde en ce désor- dre voulut se mettre dans le canot d'un de nos meilleurs habitans nommé M. René Cuillorier (3) dont malheu- reusement il trempa le fusil dans l'eau y voulant monter ce qui ayant réduit cette personne sans défense, les Iroquois tirèrent sans crainte sur eux avant qu'ils eussent le loisir de prendre le large, ce qui leur réussit €i malheureusement pour nous que M. Vignal fut percé d'outre en outre et ensuite pris avec Cuillorier ; ce pauvre homme ainsi percé fut jette comme un sac de blé dans un canot et son compagnon d'infortune fut mis dedans un autre ; M. Vignal se levant de temps en temps du milieu de son canot avec beaucoup de peine et de douleurs disoit aux autres prisonniers qui étoient proche

il) J. Ble. Moyen de Paris, enlerré le 29 Octobre, mort de blessures reçues le 25, à environ 19 ans. (J. V.)

(2) Bu Cbf^sne, Joseph, t'-lail de Dio|ij»<! et i\f,'é d'environ 20 ans. (J. V.)

(3) Le nom de Cuillérifr, non r^iiillori'T, «-xijile encore au pays. (J. Wa

165

dans les autres canots, " tout mon regret dans l'état ou je suis est d'être la cause que vous soyez en Tétat que vous êtes ! prenez courage et endurez pour Dieu." Ces paroles prononcées dans un état aussi digne de compas- sion que celui ou il étoit crévoient le cœur de tous nos pauvres captifs, enfin on les emmena les uns et les autres au pays de l'ennemi hormis M. Vignal qu'ils ne traînèrent pas bien loin car le voyant trop blessé pou^ faire un long voyage ils le brûlèrent pour l'achever et lui donnèrent lieu d'offrir à son Créateur le sacrifice de son corps en odeur de suavité, étant brûlé sur un bû- cher comme le grain d'encens sur le charbon sans qu'il restât rien de son corps, si nous joignons à ces fiâmes la dent des Iroquois qui en fit un holocauste parfait (1) ; Pour ce qui regarde M. Brigeartils le firent pareillement brûler, mais Dieu le voulut favoriser d'une croix beau- coup plus cruelle dans la mort, ou il souffrit prodigieu- sement et ou il endura d'une façon admirable comme vous l'allez voir : Ces cruels l'ayant fort bien guéri à force de le bien traiter, pour le mettre en état de leur donner plus de plaisir en le rendant capable de plus horribles souffrances, aussitôt qu'ils le virent en bon point et entièrement remis des grandes plaies qu'il avoit reçues au combat, ils commencèrent son supplice (2), afin de lui faire payer la mort de leur Capitaine aussi chèrement qu'ils pouroient, ils lui arrachoient les ongles, lui arrachoient les bouts des doigts et les fumoient ensuite, ils le coupoient tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre, ils l'écorchoient, le chargeoient de coups de bâton, lui appuyoient des tisons ardens et des fers chauds sur sa chair toute nue, enfin ils n'épargnèrent

(1) Voir App. No. XIV. (J. V.)

(2) A Onneyoulh, dit M. de Belmont. (J. V.)

166

rien poiKlant 24 heures que le supplice dura, durant lesquelles voyant son admirable patience ils en enra- gt'oient, Ibrneoient de nouv«'aux m<»yens pour le l'aire soutirir davantacre ; lui au milieu dr ces tourmens atroces ne laisoit que i)rier Dieu pour Itîur conv^ersion et salut ainsi qu'il avoit promis à Dii'U de 1»» faire se voyant sur le point d't*ntrer dans ces tortures, comme il l'écrivit lui m«'*me en ces temps-là au lî. Pire Lemoine qui étoit dans une autre Nation iroquoise. M. Cuillorier qui avoit lors sa vie assurée fut merveilleusement surpris d'un tel prodige de patience et vertu qu'il voyoit dans la mort de cet homme de bii-n. Les Iroquois' qui en étoient les bourreaux en étoient si hors d'eux-mêmes qu'ils ne savoient qu'en dire : au reste quant à nous, nous nous en étonnerons moins si nous faisons réflection sur sa vie et sur le dessain qui l'a fait venir en ce pays, puisque sa vie étoit fort sainte et qu'il n'étoit venu ici pour autre intention qu'afin d'y ofiVir à Dieu un pareil sacrifice, y risquant sa vie pour son amour en assistant les habitans de ce lieu ou ils étoient si exposés (1) : Mais passons outre pour venir au combat funeste du 7 février qui nous ravit notre illustre ^lajor, par la lâcheté d'un Flamand qui étoit son domestique lequel l'aban- donna, ce qui donna beaucoup de cœur aux ennemis qui le tuèrent lui quatrième (2). Sans que ses deux pistolets lui manquèrent, il eut changé la fortune du combat ou quelques-uns eussent porté de ses marques, d'autant qu'il étoit extrêmement bon pistolier et que sa générosité luidonnoit une grande présence d'esprit parmi

(I) Voir Api»en(lice No. XVI. (J. V.)

(2| Les Hegi?lrfs 'le la Paroisse donnonl ù cp combat la ilàic du G al non du 7 fév. Voici lentp-o qu'on y lit : "IGG2. fev. G. Le sieur I>ambort Clo~-c, s'^r^'^'Ht-major de la garnison, Simon L<' Hoy.-Jean Lecompte et Loui* Brisson, tut-s par les Iroquois." (J. V.)

167

les coups dont il n'étoit nullement troublé : Ce malheur lui arriva premièrement à cause qu'il alloit secourir des gens attaqués, selon son bon zèle ordinaire, laquelle action étant délaissée par ce pagnotte (1) que nous avons marqué au milieu des coups l'ennemi prit cœur et fit l'esclande dont nous parlons, que si cet étranger avoit eu le courage d'un Pig'eon françois qui étoitson campagnon de service lequel avoit la moitié moins de corps et d'appa- rence que lui ; M. le Major seroit peut-être aujourd'hui encore en vie, car ce pigeon fit merveille et s'exposa si avant que s'il n'eut eu de bonnes ailes pour s'en revenir il étoit perdu lui-même et ne fut jamais revenu à la charge : au reste si ce brave Mons. Closse, major de ce lieu, mourut en cette rencontre il mourut en brave soldat de J. C. et de notre Monarque, après avoir mille fois exposé sa vie fort généreusement, sans craindre de la perdre en de semblables occasions, ce qu'il fit bien voir à quelques-uns qui lui disoient peu avant sa mort, " qu'il se feroit tuer vu la facilité avec laquelle il s'exposoit par- tout pour le service du pays, " à quoi il repondit " Mes- sieurs, je ne suis venu ici qu'afin d'y mourir pour Dieu en le servant dans la profession des armes, si je n'y croyois pas mourir je quitterois le pays pour aller servir contre le Turc et n'être pas privé de cette gloire : " Quelques temps après ce désastre, il arriva un trouble assez grand pour un certain personnage dont le pays a été délivré depuis. Cet homme par ses menées secrètes et discours pestilan- tiels quin'épargnoient personne eut allumé un grand feu si Dieu ne l'eut bientôt éteint par sa miséricorde comme

(1) Ce mot que nous avons déjà vu page 147 n'est point un nom d'homme, dans ce cas particulier au moins, mais un vieux mot franrjais signifiant lâche ou poltron et s'écrivant pagnole. (J. V:) M. Margry croyait le con- traire. Pigeon, était le nom de l'autre domestique do M. Closse. Il i^arait qu'il était de petite taille.

168

il fit : Le >> de mai il se lit un l>t':iu combat à Ste. Marie, Maison du Séminaire, laquelle u toujours exp«''rimenté les sinpfulières protections de sa bonne patrone qui lui a toujours conservé ses gens sans mort ni blessure, quoi- qu'ils aient été souvent attaqués et qu'ils aient toujours passé pour irens de cœur a])préh('ndés par les Iroquois ; mais voyons cette action dont je parle ; Le Sieur Rouillé, Trudante (1) et Langevin étant restés les derniers sur les lieux au travail, tous les autres domestiques de Ste. Marie, s'en étant déjà r»*tournés hormis le nommé So/fint. senti- nelle, lorsqu'il venoit dans un méchant trou nommé Redoute il faisoit des châteaux en Espagne : dans ce temps 50 Iroquois qui avoient passé tout le jour dans les frodorhea éloignées d'une bonne portée de fusil, quelque peu davantage, se levèrent et vinrent tout doucement sur ces 4 derniers hommes afin de les surprendre, lier et em- mener prisonniers, mais par bonheur quelqu'un d'eux ayant levé la tète il s'écria " aux armes, voici les enne- mis sur nous," à ce cri chacun sauta sur son iusil et l'esprit de la sentinelle se réveilla pour s'enfuir, les Iro- quois voyant n'avoir pas réussi en leur entreprise jette- rent hnirs colliers et firent une salve de ôO coups de fusils à brule-pourpoint, les 0 françois qui étoient dans le chami) s'encoururent à la redoute, d'où le soldat s'enfuyant, M. Trudeau, grand, fort et résolu gar(;on. voyant cette la- ch»'té, à coups de pieds, de poings rejetta le pauvre Soldat en sa redouta et le secoua tellement en ce moment qu'il le tint, qu'il lui fit nvciiir son cœur lequel commençoit déjà à s'exalh-r. M. Dcbolestre entendant ce choc sort au plus vite de Ste. Marie avec tout ce qu'il peut de monde pour soustraire les attaqués, par les chemins il rencontra ceux qui revenoient du travail dont une partie fuyoit et

(1) Trude'iu.

169

l'autre partie retournoit à ses camarades pour les défen- dre, mais il lit honte aux fuyards et tous allèrent à la corn- pagnie avec bonne intention et diligence à ces 4 assaillis qui encore que le lieu fût prêt avoient déjà essuyé 2 ou 3 cents coups de fusil avant leur arrivée, quand le monde de Ste. Marie fut venu on commença à répondre aux ennemis et à leur faire voir que nous savions mieux tirer qu'eux, car en toute leur décharge ils ne firent autre chose sinon que couper le fusil de M. Rouillé en deux avec une balle et nos François trouvèrent bien le secret de les atteindre, ce qu'ils eussent fait encore plus heureuse- ment sans que ces misérables appercevant qu'on les cou- poit ils s'enfuirent au plus vite dans les bois avec plusieurs blessés dont un mourut peu après de ses blessures ; au reste on tira tant dans cette attaque qu'on croyoit que tout fut pris lorsque du Montréal on vint au secours, mais on trouva tout le contraire car les ennemis avoient bien été vigoureusement repoussés, au reste la provi- dence fut grande à l'égard d'un prêtre de ce lieu qui agit tout le jour autour de cette embuscade venant à deux ou trois emjambées près, sans que pour cela personne bran- lât, on voulut allumer des feux qui eussent été favora- bles aux ennemis pour la fumée laquelle venant de leur côté leur auroit donné lieu de surprendre tous les Fran- çois sans en être vu, mais notre Seigneur permit que le bois se trouva si mal disposé pour brûler qu'à la fin on l'abandonna : plusieurs autres fois on a eu encore lieu de remarquer le bonheur de cette Maison, une fois en- tr'autre les ennemis y étant venus de nuit et ayant dressé une embuscade à la porte, M. de la Vigne qui demeuroit lors à cette Maison se levant pour quelque nécessité re- garda dehors et voyant ces traîtres venir il en avertit un chacun et on eut le plaisir de l'es voir se placer au clair de la lune, ou le lendemain on les débusqua et ceux qui

T

170

vouloient prendre furent pris et laits prisonniers au nom- bre de 15 ou IC qu'ils étoient : Ainsi Dieu a toujours été l'avorahle à cette Maison dans toutes les autres occasions, tant dans cette année que dans les autres : il y a bien eu d'autres attaques au Montréal j)endant ce temps-là, et il y a bien eu quelques François de tués en diliérentes rencontres, mais comme ces actions n'ont pas été lort considérables je ne me crois pas aussi obligé d'en re- chercher le détail.

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'automne \6Q1 jusqu'à l'.'uitomn'^ IC63 au départ des vaisseaux du Canadas.

Cette année ne nous donnera pas rien de bien remar- quable au sujet de la guerre, car encore bien que nous y ayons eu quelquefois du monde tué, il ne se trouve pas toutefois des faits qui méritent être touchés dans une histoire : Il y a bien quelque chose à remarquer sur le fruit d'un voyage que Mlle. Mance fit cette année-là en France, pour lequel elle étoit partie dans les derniers navires ; ayant su cette fâcheuse nouvelle que tous les biens de feu M. de la Doversière avoient été saisis et que partant toute la fondation des Religieuses hospitalières qu'il avoit entre ses mains étoit bien en risque d'être perdue, comme en effet elle l'a été, ou vous considérerez, s'il vous plait, que si ces bonnes filles avoient tardé de partir une année comme on souhoitoit, M. de la Dover- sière auroit été mort avant ce temps et leur fondation auroit été absorbée par ceux qui ont voulu faire voir que ce bon M. étoit mort ruiné, et partant ces filles n'au- roient eu que faire de songer à partir étant sans fonda- tion, mais Dieu qui les vouloit ici dans l'état ou elles se trouvent et qui savoit les choses, les a fait prévenir ce qui les pouvoit arrêter, c'est ce que je trouve de plus remarquable dans le voyage que la charité fait faire à Mlle. Mance cette année. Le 11 du mois d'août une petite Sauvagesse nommée Marie des Neiges, qui promet- toit beaucoup, est morte à la Congrégation chez la Sœur Bourgeois, laquelle l'avoit élevée depuis l'âge de 10 mois avec des soins et des peines bien considérables dont elle

172

a été payée par la satisfaction que ronfant lui donnoit (1) ; à cause de l'amiti»' qu'on i)ortoit à cet enlant, on a voulu resusciter son nom par une autre petite Sauva- gesse qu'on a eu en ce lieu à laquelle on a donné le même nom dans le ))aptème : cettf deuxième étant aussi décédée, on a pris une -V petite lille Sauvagesse vers la- quelle on s'est comporté d»- la même façon et à laquelle on a donné le même nom ; que si celle-ci ne meurt pas plus criminelle que les autres, après avoir demeuré ici bas toutes trois dans la Congrégation du Montréal, elles au- ront l'honneur d'être, j'espère, toutes trois au ciel pour toute l'éternité, dans cette Congrégation qui suit l'Aiineau immaculé avec des prérogatives toutes spé- ciales.

(I) V. App.-nflic-. No. \. .I.N

HISTOIRE DU MONTREAL.

Do raulomui' IGG3 Jusqui'i l"aulomne 1004 au ili''|iai"l des Viiisspan\ du (lanad.is.

La Seigneurie du Montréal ayant été donnée par Messieurs de cette Compag-nie à Messieurs du Séminaire de St. Sulpice (1) ils en ont pris possession cette année (1664), ce qui leur donna de l'exercice bientôt après ; et pour commencer, sans considération de l'autorité du Roi qui avoit donné une Justice à cette Seigneurie avec droit de ne ressortir par appel que devant une Souve- raine, on trouva à propos de ne lui pas même souffrir la moindre ombre de Justice aussitôt que Messieurs de la Conij^agnie du Montréal la leur eurent remise ; Il est vrai que cette insulte est assez grande et qu'il est assez inoui de voir telles entreprises sans fondement, ni pouvoir : C'étoit moins bien reconnoitre six ou sept cents mille livres de dépenses faites par les Seigneurs de Montréal pour le soutien de ce pays ou ils ont tant perdu de monde et ou il n'y aura d'ici à longtemps que de la dé- pense à faire : mais n'importe, Messrs. du Séminaire se consolent fort aisément d'un tel affront en ce que leur ôtant cette Justice extérieure qui regarde le barreau on leur a donné lieu d'anoblir et d'accroitre celle qui est intérieure et qui regarde le Ciel. Au reste M. Talion (2) trop équitable poiir souffrir telles injustices a rétabli les

(1) Cette donation, faite à Paris, est du 9 mars 1663, et le contrat en a été insinué au Chàtelet le 5 juin suivant ; puis ratifié par le Roi en Mai 1677.- Registré à Québec, le 20 sept. 1677. (J. V.) '

('2) M. Jean Talon, iraprès son autographe. Intendant. (J. V.)

174

SeiLrnours do ce lieu dans leurs droits et a lait évanouir un certain fantôme de Justice qui a réi^né quelque peu de temps se recouvrant du beau manteau de " Justice Royale," contre tout droit cl raison (1). Pour ce (jui regarde la g'uerre on a bien eu de la peine cette ann»''e, aussi bien que les autres il lalloit toujours être ici sur ses gardes ; de tous côtés on étoit en crainte à cause des em- buscades, même si on vouloit l'aire savoir des nouvelles à Québec ou aux Trois-lîivières de quelque chose im- portant la guerre, il lalloit chercher les meilleurs canot- teurs, les l'aire partir de nuit, et après, avec une diligence qu'aujourd'hui on ne voudroit pas croire, ils tachoient de se rendre au lieu déterminé et d'éviter par leur vitesse la rencontre des ennemis ; M. Lebert (2), un des plus riches et honnêtes marchands qu'il y ait ici et même dans tout le Canadas, a rendu en ceci de grands services à la Colonie, pour laquelle il s'est souvent exposé afin de don- ner ses avis soit en canot, soit sur les glaces, ou à travers les bois ; ce n'est pas l'unique secours qu'il ait rendu à ce lieu, d'autant que s'il a eu l'esprit d'y faire sa fortune par son commerce il a en même temps beaucoup servi le pu- blic dans la manière aisée et commode en laquelle il l'a fait touchant les laits de guerre. Je rapporterai ici deux coups faits par les Iroquois, afin de faire voir les peines et hazards ou l'on étoit ici alors, puisque à peine osoit-on paroitre à sa porte pour y aller chercher de quoi vivre. Feu Raguideau étant allé à la chasse avec plusieurs per- sonnes dont il avoit le commandement, M. Debellètre étant aussi sorti de l'Habitation avec un parti dans le même temps pour le même dessein, ces deux partis se

(1) C-lto Justice onlov<^p aux S'ipnfiirsdf rilo di'MonlrvQl par M. de Mesy en 16r>3, leur Tut rendue par M. Talon »'n IGG7. (.1. V.) (1) M. Jacques Le Ber ; j'ai son autographe. (J. V.)

175

joignirent à deux isles qui sont un peu audessous de ce lieu (1) ayant tué des bétes ils envoyèrent un canot devant eux chargé de viande à l'Habitation, Or comme on ne peut remonter ce fleuve à la rame sans être proche de terre pour éviter le courant, ce canot chemin faisant le long du rivage se trouva vis-à-vis d'une embuscade qui fit une décharge laquelle tua ou blessa 3 ou 4 hommes qui étoient dans le canot, cela fait un Iroquois accourut afin de tirer le canot de l'eau, mais un de nos gens qui étoit encore en état de se défendre jetta roide mort d'un coup de fusil l'Iroquois qui venoit à lui, cela fait il mit au large, les autres Iroquois s'encoururent à leur canot apparemment pour poursuivre ros gens moribonds et blessés, mais voyant M. Debellestre, Saint Greorge et autres françois lesquels venoient au secours ils changè- rent le dessein en celui de s'enfuir (2). Au mois d'août de cette année deux françois étant tout proche du Mont- réal en canot, tout d'un coup ils furent tués roides morts sans avoir le loisir de voir ceux qui les chargeoient (8) ; enfin on avoit tellement l'ennemi à craindre de toutes parts en ce lieu et il y auroit tant d'exemple fâcheux à rapporter que nous n'en manquerions pas d'en trouver d'aventage, mais ceux-ci suffiront pour donner une idée générale du tout. (4)

(1) Les îles Ste. Thérèse, selon M. de Belmont. (J. V.)

(2) " 1664, Mai 4. Michel Théodore dit Gilles, tué à la Longue-Pointe" (Registre de la Paroisse.) (J.V.)

(3) " 1664, Août 9. Jacques Dufresne et Pierre Maignan, tués à l'isle Ste. Hélène " (Reg. de la Par.) (J. V.)

<4) Il semble que notre écrivain n'aurait pas oublier de noter le retour de France de Melle. Mance, que le Journal des Jésuites fi.xe au 25 Mai 1664. (J. V.)

HISTOIRE DU MONTREAL.

De laulomne IGG'i jusqvià laulomiio 1G65 nu départ îles Vaisseaux du Canadas,

Plus de la moitié de cette année se passa sans qu'il y eut rien de funeste parceque on se tint toujours bien sur ses gardes, mais dans le mois de Juillet M. Lemoine ayant eu envie d'aller à la chasse, il demanda et obtint cong-é d'y aller avec quelques Sauvages de la Nation des Loups avec lesquels il alla nonobstant quelques avis qu'on lui donna particuliers, touchant les ennemis qu'on croyoit n'être pas loin, mais son peu de crainte empêcha d'examiner ce qu'on lui en dit ; il ne fut pas très loin qu'étant entré dans l'Isle Ste. Thérèse pour chasser, il fut attaqué par les Iroquois qui le surprirent seul, lui crièrent de se rendre, ce que ayant refusé et les ayant couché enjoué, reculant peu-à-peu, les ennemis avan- çoient toujours sur lui : ce que voyant résolut de vendre sa vie qu'il tenoit pour perdue, il tira son coup de fusil mais au lieu de frapper celui qu'il visoit, il n'atrappa que les branches des arbres à cause d'un chicot qui le fit cul- buter, s'étant relevé avec promptitude il s'enfuit de son mieux, mais il fut poursuivi si vivement qu'enfin il fut atteint, environné et pris : d'abord qu'on eut cette fâ- cheuse nouvelle au Montréal on envoya du monde après les Iroquois mais ne les ayant trouvé, on fut obligé de revenir ici, on ne faisoit aucun doute qu'il ne fut très- cruellement brûlé à cause que jusqu'alors ilsavoient fait tous leurs efforts tant par trahisons que par force ouverte afin de lattrapper et de satisfaire par à la dévotion de

177

leurs Vieillards qui, depuis plusieurs années, amassoient de temps en temps du bois pour le brûler, faisant toutes ces sottises devant eux afin de les animer à en faire cap- ture : que si il est réchappé ce fut par ce qu'il leur dit étant parmi eux: " ma mort sera bien vengée, je t'ai sou- vent menacé qu'il viendroit ici quantité de soldats fran- çois lesquels iroient chez toi te brûler en tes villages, ils arrivent maintenant à Québec, j'en ai des nouvelles as- surées ; " Cela leur fit peur et les obligea à le conserver afin de moyenner leur accommodement pour lequel sujet ils le ramenèrent à l'automne sans lui faire aucun mal, il est vrai que cela a été considéré comme un petit miracle à cause de la haine qu'ils lui portoient, aussi on peut dire que sa femme dont la vertu est ici un rare exemple peut bien avoir contribué tant par sa piété que par ses vœux pour cette délivrance si peu attendue ; Mais venons à l'arrivée des navires afin de dire un mot de ce grand mon- de qui vint cette année au Montréal et afin d'annoncer avec ingénuité que si la joie en fut extrême à cause de la bonté que le roi eut d'y faire briller ses armes victo- rieuses et de rendre désormais libre le passage de la mer aux lévites de J.C. qui la voudroient traverser, afin de venir en ces lieux desservir l'Arche de notre nouvelle al- liance : toute-fois ces joies dans les plus éclairés furent dé- trempées de beaucoup d'amertumes lorsqu'ils virent M. de Maison-neufve leur père et très-cher Grouverneur les quitter cette fois-là tout de bon et les laisser dans d'autres mains (1), dont ils ne dévoient pas espérer le

il) V. Appendice. No XI. ( J.V )

Extraits des Registres de Id Paroisse : " 1665, Avril, 24.-Rolin Basile, tué ; Guill. Jérôme, blessé à mort : Jacifues Petit et Montor, pris et emmenés pir les Iroquois."- (Voir App. No. XV.) " Mai, 29. Jeanne Osibanoche de la nation des Loups-prache les Anglois, morte de blessures reçues des Iro- quois ". " .\.oût, 28. Pierre Raguideau, tué par ces sauvages." (J.V.)

U

178

même dégap^ement, le même amour et la même fidélité pour réloii^îiement dos vices qui y ont pris en eltot, depuis ce temps, leurs maisons et leurs accroissements avec beaucoup d'autres misères et disgrâces, lesquelles n'a- voient point paru jusqu'alors, à ce point qu'on a vu de- puis.

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'automne 1GG5 jusqu'à l'aiitomno 1G6C au départ des Vaisseaux du Canadas.

Encore que le Montréal eut été cette année notable- ment fortifié de monde pour l'arrivée des troupes il y avoit de braves soldats et dignes officiers, toutefois com- me ils vouloient qu'on suivit la manière dont on se sert dans l'Europe pour se défendre, laquelle est très désa- vantageuse pour ce pays, aux expériences duquel ils y ajoutoient trop peu de foy : cela fit que les ennemis ne laissoient pas de nous tuer du monde tout comme aupa- ravant, même ils nous en auroient tué davantage dans ces commencemens si la multitude des gens ne leur eut fait peur et s'ils ne fussent point allé les chercher chez eux pour les combattre, ce qui les intimida : en quoi on a beaucoup d'obligation à M. De Courcelle, Grouverneur de ce pays, car il a pris des peines incroyables et risqué beaucoup sa vie nomément cet hiver parce que jugeant qu'il étoit très important de donner aux Iroquois une haute idée de nous, il se résolut d'aller chez eux aussitôt que les glaces seroient bonnes (1) : on ne sauroit expri- mer l'excès des peines qu'il eut en ce voyage pour le peu d'expérience qu'avoient alors nos françois, ce que je dé- crirai plus au long sans que ce soit m'étendre plus loin que je ne me suis prescrit dans cette histoire, suivant la- quelle je puis seulement «jouter que M. de Courcelle

(I) Cette expédition eut lieu du 9 Janvier 1666, que M. de Courcelle quitta Québec, au 17 Mars suivant, qu'il y rentra avec ses troupes (Journal des Jésuites, MS.) ( J.V.j

ISO

avoit 70 Montrealistes en cette exp(''dition sous le com- mandomoiit de M. Lemoine et que M. le Gouverneur les sachant les mieux agut'-ris il leur fit l'honneur de leur donner la tête en allant et la queue au retour ; y en ayant peu d'autres auxquels il eut pu lors confier ces marches honorables et pt-rilleuses parmi ces bois dont nos trou- pes avoient si peu d'instruction en ce temps là. Aussi M. le Gouverneur se reposoit beaucoup sur eux tous, il leur témoig-noit une confiance particulière et les cares- soit crandement, il les appeloit fies capots bleus, com- me s'il les eut voulu nommer les enfants de sa droite: que si tout son monde eut été de pareille trempe il eut été bien en état d'entreprendre d'avantage qu'il ne pût pas: au reste pour cette occasion et toutes les autres M. le Gouverneur a toujours trouvé le peuple de ce lieu plus prompts et prêts à marcher qu'aucun autre, ce qui a fait qu'il a toujours uniquement eu une affection toute particulière pour le Montréal ; ce que ayant été trouvé à redire par une personne, il lui répondit. "Que voulez- vous, je n'ai trouvé de gens qui m'aient mieux servi pendant les guerres et qui m'aient mieux obéi ; " L'été d'après on fit une seconde entreprise contre les Iroquois ou M. de Sorel eut le commandement (1) dans lequel parti il fut assisté d'environ 30 bons Montrealistes quoi- qu'il n'eut qu'environ 200 François; M. De Tracy allant pendant l'automne en cruerre contre les mêmes (^nnemis il eut 110 habitans du Montréal auxquels il accorda le même honneur allant chez les ennemis, les faisant mar- cher assez loin devant jusqu'à la vue des villages enne- mis, bravant les plus o-rands périls qu'on pouvoit encou- rir,—M. Lemoine eut l'honneur pareillement d'être Capi- taine des habitans en cette occasion et M. de Bellestre

(1, Oui ; on .Vofil IGOf, /Journal (!<-? .Tôsuilos MS). (J.V.)

181

celui d'en être Lieutenant (1) outre cette belle Compa- gnie nous avions encore trois autres Montrealistes-trois qui étoient près de M. de Courcelles (2) ou de certains Capitaines lesquels étoient leurs amis particuliers, ces trois étoient M. Dailleboust, M. Duhomeny (3) et M. de St. André ; quant à M. Dailleboust il ne vint pas jus- qu'au pays pour une morsure d'ours qui l'empêcha, quant à M. de Homeny il vint non seulement à ce voy- age mais encore en celui de l'hiver fait par M. de Cour- celles, où il pensa périr et aussi en celui de M. de Sorel; La troupe de Messieurs les habitans du Montréal dans l'expédition de M. de Tracy se peut encore grossir par la venue d'un prêtre de St. Sulpice lequel étant arrivé, cette année-là, de France, 5 ou 6 jours devant cette ex- pédition (4) y assista selon son ministère,ainsi que la Rela- tion du Canadas le manifeste sous le nom de M. Colson (5) ; au reste ce prêtre fit un bon noviciat d'abstinence sous un certain Capitaine qui peut être appelé le Grand Maître du jeûne, du moins cet officier auroit pu servir de Père-maître en ce point chez les Pères du Désert : (M. Tabbé Dubois (6) devoit faire pour (7) ). M. l'abbé Dubois

(1) L'expédition de M. de Tracy eut lieu du 14 Sept., qu'il quitta Québec, au 5 Nov. 1666, qu'il y rentra. (Journal des Jésuites) (J.V.)

(2) Son autographe fait foi qu'il signait " Courcelle " (J.V.)

(3) De Hautmesnil.

(4) Gharlevoix dit que M. de Tracy se mit en marche le] 16 Septembre 1666 ; le Journal des Jésuites dit la môme chose, et il annonce sous la date du 6 Septembre, l'arrivée de 4 Sulpiciens, sans donner leurs noms.

(5) On lit Cosson dans les Relations, 1665-66, p. 9, édit. de Québec.

(6) N. Dubois étoit arrivé le 10 Août 1G65 (Journal des Jésuites MS.)

(7) Il doit manquer quelques mots, ou tous les mots de cette parenthèse sont de trop. ( J.V. ) Ne pourrait-on pas lire : M. l'abbé Dubois devnit faire

pour ? Cette phrase incidente ne serait que la continuation do l'int.'ntion

maligne qui perce chez M. DoUier. Un nom propre, omis dans la parenthèse, pouvait facilement être suppléé par les lecteurs de cette histoire, laquelle n'é- tait point destinée à la publicité, comme nous l'avons déjà dit.

182

qui étoit de cette confrérie y pensa mourir absolument pour le même sujet. Pour r»'cclt'siastique de St. Sul- pice il étoit d'une comploxion plus forte, mais ce qui l'alibiblissoit beaucoup c'étoit les confessions de nuit, tra- vaux spirituels qu'il falloit faire pendant que les autres dormoient, ce qui lit qu'il ne put jamais sauver un hom- me qui se noyoit devant lui, ce qu'il eut fait aisément sans cette grande foiblesse et que un affronteur de cor- donnier lavoit mis nu-pieds pour une méchante paire de souliers qui n'avoit plus que le dessus, ce qui étoit bien rude surtout en ce lieu-là, à cause des pierres aiguës dont l'eau et le rivage sont pavés. Ces choses l'ayant rendu paresseux, quand ce fut à l'extrémité et qu'il se fut désabillé pour se jeter à la na^^e il n'en étoit plus temps, ce qui n'empêcha pas que sa tentative n'en eut une bonne récompense parce que cet homme étant en quelque façon aux KR. PP. Jésuites, un des Pères de la Compagnie l'ayant remercié de ce qu'il avoit voulu faire il lui répondit que la foiblesse de la l'aim l'avoit empêché de faire davantage. Ce bon Père entendant ce discours le tira à part et lui donna un morceau de pain assaisonné de deux sttrres foui /h'Jférents l'un de Madè- re et l'autre de l'appétit.

HISTOIRE DU MONTREAL.

D't lautoinni; 16G0 jasquà lautùiiine lG(j7, au (iéparl des vaiss''aux du Canadas.

Dans la fin de cet automne, M. Fremont (1\ prêtre de cette commnnatité se rendit aux Trois-Rivières afin d'y assister les habitans selon son ministère, mais il fit un voyage fort rude et dangereux, d'autant qu'il fut obligé de descendre fort tard dans une petite barque fort-mal provisionnée qui croyoit être bientôt rendue mais qu'un vent contraire fit tromper en son calcul, car elle fut long- temps à se rendre, et pardessus cela, on y souffrit du froid dans le dernier excès, tous les bords du fleuve se glacèrent jusqu'au courant qui, se trouvant moins fort lorsqu'ils furent dans le Lac St. Pierre se gela aussi bien que tout le reste, si bien qu'il leur fut impossible d'avancer ni de reculer, non plus que d'aller à terre par dessus les glaces, à cause qu'elles étoient trop foibles : ce qui rédui- soit tout le monde dans une extrême anxiété, surtout à cause que l'on n'avoit pas de quoi se couvrir et que l'on manquoit de bois pour faire du feu, ce qui eut été insup- portable à quelques-uns entr' autres pendant la nuit, si M. Fremont ne leur eut donné sa couverte par charitable compassion, d'autant qu'il n'en avoit f)oint et étoit fort mal vêtu : Après que Dieu les eut tenu assez longtemps en cette épreuve ou la diète étoit jointe aux rigueurs du froid, il fit enfin souffler les vents avec une telle impé- tuosité qu'ils firent sortir ce bâtiment du lac et le porta jusqu'à l'autre côté des Trois-Rivières ou ayant mis pied à

(I) Joan Fremont, et non Fic.n ni, vor.u en IGGG. (J. V)

184

terre ils firent un grand régale par le moyen d'un grand feu qu'ils allumèrent : ce que Messieurs des Trois-Ki- vicres ayant vu, s'imaginanl bien que ce prêtre dont nous venons de parler étoit dans cette Compagnie, à cause qu'ils l'attendoient pour leur servir de curé, ils se résolu- rent de hasarder le passage pour aller le chercher en canot d'écorce, ce qui réussit lort bien, parceque jamais ils n'eussent pu venir à eux en ce temps-là à cause des grosses glaces qui étoient aux Trois-liivières. Je ne vous dis point ici ce qu'ils iirent étant arrivés aux Trois-Ri- vières parceque vous jugerez bien qu'après avoir remer- cié Dieu ils ne manquèrent pas de se bien réchauffer et de bien faire voir leur ax>pétit ; Quant à ce qui regarde la guerre des Iroquois nous ne vous parlerons plus de leurs embuscades, car la peur de la précédente cam- pagne les avoit tellement effrayés que chaque arbre leur paroissoit un François et qu'ils ne savoient ou se mettre, néanmoins comme on n'étoit pas informé de leurs ter- reurs on se tenoit toujours fort ici sur ses gardes, ce qui donna beaucoup de peine aux ecclésiastiques de ce lieu pour aller secourir le Fort Ste. Anne qui étoit sans prêtre, encore quil fut le plus exposé aux ennemis comme étant beaucoup plus avancé que les autres qu'on avoit faits depuis la venue des troupes : M. de Tracy ayant bien considéré combien il étoit fâcheux de laisser ce lieu sans aucun secours spirituel, écrivit à M. Souart, lors supé- rieur du Séminaire, le priant d'y envoyer un prêtre; il n'y eut personne de cette Communauté qui n'estimât cette commission fort avantageuse, parce qu'on y devoit avoir l'occasion d'y bien souffrir et de beaucoup s'exposer pour Dieu; cependant M. Souard (1) qui devoit avoir de la i)rudence pour tous ne pouvoit pas se résoudre à

(l)Soùirl, d'après l'uulographe que j'u ici comme il est écrit plus haut. (J Vj

envoyer un prêtre dans un temps de guerre ou il y alloit d'être brûlé tout vif, sans une escorte considérable, ce Fort nouvellement fait étant à près de 25 lieues d'ici du côté des ennemis, c'est pour cela que tout demeura en suspens. M. Souard voyoit bien une lettre de M. de Tracy qui lui proposoit le secours spirituel de tous ses sol- dats et officiers qui étoient-là dans une état assez pitoya- ble, mais il n'avoit pas songé à donner aucun ordre pour y escorter un Missionnaire et les officiers de ce lieu ne jugèrent pas à propos de risquer leurs soldats et de leur donner une telle fatigue sans un commandement absolu de sa part : cela étant M. Souart se contenta de nommer l'ecclésiastique qu'il jugea à propos devoir aller à Ste. Anne (1) afin de se tenir prêt s'il s'en trouvoit l'occa- sion ; ce qui arriva dans un temps assez fâcheux pour lui quelque temps après ; parceque cet ecclésiastique étant allé à la guerre de l'automne il lui en avoit resté une grosse enflure en forme d'une loupe sur le genoux. Or après plusieurs remèdes il se fit seigner, mais le chi- rurgien mal à propos lui ayant tiré une furieuse quantité de sang, il s'évanouit entre ses bras, revenant à soi il vit entrer deux soldats en sa chambre qui le saluèrent et lui dirent qu'ils venoient du Fort St. Louis (2) qui est à 4 lieues d'ici, sur le chemin de Ste. Anne, entendant ces paroles, après leur avoir demandé des nouvelles de leur Fort, il s'enquit d'eux cjuand ils s'en vouloient retourner, ils lui répondirent que ce seroit le lendemain à quoi il repartit " donnez-moi un jour et je partirai avec vous pour Ste. Anne, ou je ne puis aller si vite à cause d'une •terrible seignée qu'on vient de me faire." Ce délai obtenu et écoulé il partit avec le congé du Supérieur qui fut

* 1 Voir Appendice No. XVII, ri) Fort Ghambly. (J. V.)

186

plus difficile à avoir, accompaifiié de Messieurs Lebert, Lemoine et Mijeoii (1) qui voulurent aller avec lui à St. Louis, il est vrai que dans cette route ce prêtre qui étoit nouvelliMuent arrivé de France trouva bien à qui i)arler tant pour l'inlirmitt' de son genou qut» pour la l'oiblesse que lui avoit causé sa seiiniée, que pour aussi la diffi- culté des neiges qui étoient pour lors très mauvaises surtout à un nouveau Canadien qui n'avoit jamais marché en raquette et qui avoit un bon fardeau sur ses épaules pendant une partie du chemin : Quand il fut à St. Louis on lui refusa de l'escorter 24 heures durant, mais à la iiu comme on le vit résolu de partir nonobstant, on lui donna 10 hommes dont un Enseigne demanda le com- mandement pour l'amitié qu'il lui portoit : La providence est admirable, il ne croit jamais avoir tant souUert que durant ces 24 heures ou il lui eut été impossible de marcher, ce qu'il dissimuloit de son mieux, crainte qu'on ne lui fit encore plus de difficultés à lui donner de l'es- corte et sans qu'on sût son mal on lui donna du temps pour se reposer, après quoi on lui donna ce monde et il partit, quoiqu'il eut ordre de son Supérieur de ne pas passer outre qu'il n'eut 25 ou 30 hommes, parcequ'il est vrai qu'il avoit un fort pressentiment des misères que nous verrons qu'il trouva au Fort Ste. Anne lors de son arrivée ; y allant il ne se trouva rien autre chose de remar- quable si ce n'est la difficulté des cclaces qui les mit beaucoup en péril et ou même une fois on croyoit un soldat perdu parce que la glace ayant rompu sous lui et s'étant retenu avec son fusil sans couler tout-à-fait à fond, il ne pouvoit remonter sur la glace à cause de ses ra- quettes qu'il avoit aux pieds ; l'ecclésiastique le voyant

(I) Ecrivons : Le B<t, I. .M'i\ n^ et Migoon «l- llransMrt, car cesl ainsi que CCS dignes chrétiens signaient. (J. V.)

187

en si proche et manifeste péril pour Tamour de lui crut qu'il se devoit hasarder pour le tirer de là, ce qu'il lit ; après s'être armé du signe de la croix il alla à lui et le prit par les bras, mais cet homme étant si pesant et embar- rassé avec ses raquettes qu'il ne le pouvoit tirer qu'à demi, c'est pourqvioi il demanda du secours mais per- sonne n'étoit d'humeur à lui aider en cette rencontre sans que ayant assuré M. Darienne [?] qui étoit l'Enseigne dont nous avons parlé, que la glace étoit fort bonne sur le bord du trou, il vint lui-même n'osant pas faire ce commandement à personne ; étant venu ils tirèrent tous deux ce grand corps et l'allèrent faire chauffer au plus vite remerciant Dieu de l'avoir tiré de (1) : Mais pas- sons outre et approchons du fort de Ste. Anne, car on y crie déjà depuis plusieurs jours et on y appelé un prêtre, déjà deux soldats sont morts sans ce secours et l'un d'eux en a demandé un huit jours entiers sans l'avoir pu obtenir, mourant dans ce regret: plusieurs moribonds jettoient vers le ciel la même clameur, lorsqu'à ce moment il leur en envoya un pour les assister ; Ces soupirs, ces atten- tes et ces désirs firent que tant loin qu'on le vit sur le lac Champlain qui environnoit ce fort, on en alla donner l'avis à M. Lamotte (2) qui commandoit en ce lieu-là, lui sachant cette nouvelle sortit incontinent avec Messrs. les officiers et les soldats qui n'étoientpas absolument néces- saires pour la garde du fort, allant tous avec une joie indicible audevant de lui, l'embrassant avec une affection si tendre qu'il ne peut s'exprimer, tous lui disoient '' Soyez le bienvenu, que n'étes-vous venu encore un peu plutôt, que vous étiez souhaité par deux soldats qui viennent de mourir, que vous allez apporter de joie à

(1) Voir App. No. XII. (J. V

(2) M. De La MoUe. (J. Y.)

188

tous nos malades, que la nouvelle de votre arrivée les réjouit, que nous vous avons d'obliu;-ation ; " Comme on lui laisoit ces oomplimens, l'un le déchargeoit de son sac, l'autre lui enlevoit sa chapelle et enhn l'ayant mis dans un état plus commode on le mena au Tort, ou après quel- ques prières faites il visita quantité de malades dans leurs cabanes, ensuite de quoi il s'alla ralraicliir avec Messrs. De Lamotte et Durantaye (1) et tous Messieurs les olR- ciers subalternes : au reste il étoit temps d'arriver, car de 60 soldats qui étoient dans ce fort en peu il s'en trouva 40 attaqués du mal de terre tout à la fois : maladie qui les infecte tellement et les mettoit dans un si dange- reux et pitoyable état qu'on ne savoit qui en réchapperoit tant ils étoient grandement malades, même on appré- hendoit que ceux qui restoient encore sains ne fussent saisis de ce mal contagieux,surtoutà cause qu'ils n'avoient aucun légume, qu'ils n'avoient que du pain et du lard, et que même leur pain étoit mauvais à cause que leur farine s'étoit corrompue sur la mer ; Ce qui leur causa toutes ces disgrâces à l'égard des vivres, fut que jusqu'à la fin de l'automne on avoit résolu d'abandonner ce lieu, qu'on ne pensa à garder que dans un temps ou l'approche de l'hiver rendoit (2) Mons. l'Intendant, nonobstant tous ses soins, à l'impossibilité de le mieux ravitailler, ce qui obli- gea un chacun à se contenter de la subsistance qu'on y put jetter en ce peu de temps qu'il y eut. Or malheureu- sement il leur échut la farine gâtée et de l'eau-de-vieque les matelots avoient remplie d'eau de mer en la traverse de France, ils avoient outrer cela une barique de vin ai- gre laquelle eut été excellente pour leur mal, mais mal- heureusement elle coula et se perdit entièrement, enfin

(1) De La DuranUy»;. (.1. V.)

(2) llciluisil.

189

tout étoit en un si pitoyable état que tout eut péri sans que M. de Lamotte voulant tout tenter alin de sauver la vie à un de ses Cadets l'envoya au Montréal avec quelques hommes qui en revinrent bien chargés, parce que M. Souard et Melle. Mance appréhendant surtout la mort de cet ecclésiastique qui étoit à Ste. Anne lui en- voyèrent plusieurs traisnes chargées de tous les rafrai- chissemens possibles, comme pourpier, salle, oignons, poulies et chapons avec quantité de pruneaux de Tours ; M. de Lamotte voyant entrer toutes ces provisions dans son fort et que ses amis lui en avoient envoyé fort peu pour n'en avoir pas pu trouver, il pensa y avoir une petite querelle entre lui et son missionnaire, il est vrai que comme ils étoient bons amis elle ne fut pas san- glante, il disoit à cet ecclésiastique,-"puisque nous man- geons ensemble, il faut que cela vienne chez moi." L'Ecclésiastique répondoit "je travaille assez pour les Soldats, le Roi me nourrira bien, quant à mes provisions je n'y goûterai pas, elles seront toutes pour les malades, car je me porte assez bien pour m'en passer ; " cela dit, il fit entrer cependant tout ce qui étoit venu dans sa chambre et il commença à donner tous les matins des bouillons qu'il faisoit à tous les malades sur lequel il mettoit un petit morceau de lard avec un morceau de volaille, le soir il donnoit à chacun 12 ou 15 pruneaux qu'il faisoit cuire, ce qui a sauvé la vie à quantité de sol- dats, parce que cela les faisant vivre plus longtemps on les transféroit au Montréal successivement sur des traînes, ce qui étoit l'unique moyen de les guérir parce que l'air étoit si infecté à Ste. Anne qu'il n'en réchappa pas un de ceux auxquels on ne put pas faire faire ce voyage : ces maladies duroient des 3 mois entiers, ils étoient des 8 jours à l'agonie, la puenteur en étoit si grande que même il s'en trouvoit dont l'infection s'en

190

ressentoit quasi jusqu'au mili.'u du fort, encore qu'ils fussent bien enfermés dans leur c'haml>re : ces moribonds étoient si abandonnés que personne ne les osoit quasi approcher hormis l'ecclésiastique et un nommé Forestier, chirurarien, lequel fit fort bien et n'auroit pas manqué de récompense si on avoit bien su la charité avec laquelle il s'exposa, qui fut jusqu'au point qu'on ne croyoit pas qu'il en réchappât, l'Ecclésiastique qui étoit toujours au- près des malades a rendu ce témoii^nage partout de lui, qui est que jamais il ne l'a appelé soit de jour, soit de nuit, qu'il n'ait été fort prompt à venir, il est vrai que sur la fin voyant qu'il étoit trop abattu craignant qu'il ne demeurât tout-à-fait il l'appeloit le moins qu'il pou- voit ; Les malades se voyant dans ce délaissement trou- vèrent un moyen admirable afin d'avoir quelques cama- rades à les aider, pour cela ils s'avisèrent de faire de o-rauds testamens comme si ils eussent été bien riches,. disant, " je donne tant à un tel à cause qu'il m'assiste dans cette dernière maladie, dans l'abandon je suis," tous les jours on voyoit de ces testamens et chacun de ceux qui étoient plus éclairés rioient de l'invention de ces pauvres cens qui n'avoient pas un sol dans ce monde et ne laissoient pas de se servir utilement de ses biens imacriiiaires : Ce qu'on peut dire de toutes ces misères est que si le corps y étoit abattu l'esprit y avoit de la satis- faction à cause de la sainte vie que l'on commença à me- ner dans ce lieu, les soldats vivoient sains et malades comme si ils eussent communié tous les jours, aussi le faisoiont-ils très-souvent, les messes et les prières étoient réirlées et chacun étoit soigneux de s'y rendre, les jure- mens et les paroles moins honnêtes ne s'y entendoient quasi point du tout, la piété y étoit si srrande que le mis- sionnaire qui les servoit s'en trouvoit abondamment payé de ses peines ; il assista à la mort 1 1 de ces soldats assu-

191

rément aussi bien disposés qu'on le pouvoit souhaiter ; « Tous les voyages du Montréal lui apportoient de nou- veaux rafraichissemens qui le rendoient bon orateur au- près de ces malades ; s'il n'étoit pas dans leur chambre ou bien dans la sienne à prendre un peu de repos, il étoit obligé pour éviter le mal d'aller entre les bastions du fort ou la neige étoit battue prendre Tair, et faire des courses afin d'éviter le mal, dont il se ressentoit un peu, ce qui l'auroit fait prendre pour fou si on l'avoit vu et on n auroit pas su combien un exercice aussi violent étoit nécessaire pour préserver de ce mal ; il est vrai que cela étoit plaisant de voir réciter un brcA'iaire à la course, mais comme il n'avoit point d'autre temps, il croyoit bien employer celui-ci à dire son office, sans que Messieurs les Casuistes y puissent trouver à redire, si sa chambre eut été plus commode, il l'eut fait dedans avec plus de bienséance, mais c'étoit un bouge si étroit, si pe- tit et si noir que le soleil n'y entra peut-être jamais et d'un si bas étage qu'il ne s'y put tenir debout. Un jour M. de Lamotte se voyant avec si peu de monde pour combattre et si avancé vers les ennemis il dit en riant à son Missionnaire, " Voyez-vous, M , je ne me rendrai jamais, je vous donnerai un bastion à garder ; " cet Ecclé- siastique, afin de rendre le change à sa raillerie, lui dit, "M., ma Compagnie est composée des malades dont le frater (1) est le lieutenant, faites-moi préparer des civières roulantes nous les conduirons dans le bastion que vous nous direz, ils sont braves maintenant, ils ne s'enfuiront pas comme ils ont fait de votre Compagnie et de celle de M. de la Durantaye, dont ils ont déserté pour venir en la mienne." Après ces railleries on se vit dans la croyance que nous allions être attaqués mais heureusement c'étoit

(I) Le garçon chirurgien.

192

des ambassadeurs Iroquois qui venoient demander la paix, accompagnés de quelques françois qu'ils rame-* noient de leur pays ; aussitôt que l'on les vit on fit faire grand feu par toutfs les cabannes, afin de leur faire ac- croire qu'il y avoit du monde partout, étant venu au fort on ferma toutes les cabannes afin de leur faire croire quelles étoient pleines de monde, outre cela on leur dit que c'étoit merveille (|uils n'avoient pas été tués à venir jusqu'à ce lifu. d'autant qu'il y avoit de tous côtés des soldats en parti, ce qu'ils crurent par après très- véritable à cause que s'en allant de au Montréal ils trouvèrent une troupe de convalescents qui en venoient au nombre" de 14 ou lô, qui vinrent sur eux le fusil ban- dé jusqu'à brùle-pourpoint, ils les eussent tirés sans que la Batard-Flamant (1) qui est un célèbre entre les Iro- quois, cria à un françois lequel étoit derrière de parler promptement, ce François ayant dit, " Ne tirez pas, ca- marades, ils viennent en paix," alors les convalescents cessèrent de les tenir couchés en joue et s'approchèrent comme amis, ce qui fit bien plaisir à messieurs les Iro- quois : Ce que nous avons encore à remarquer du Fort Ste. Anne au sujet du Montréal est que si l'ecclésiastique du Montréal n'y étoit allé en ce temps-là on n'auroit pas du moins sitôt tenté le voyage du Montréal parceque on ne le croyoit pas si tôt possible à cause des glaces, ce qui auroit causé la mort à bien desirensqui seroient morts sans confession : je dois dire outre ceci que l'hôpital du Montréal s'est signalé par une confusion de malades qu'il a reçu de celui-là. auquel il a rendu tant de services en cette maladie qu'il en mérite trop de louancre pour n'en pas parler ; comme aussi de la grande quantité de ma-

di Chef Agnier. fils fl'imo IrO'[tioiso do en canfoii t'i il'un Hollandois, d'où son nom Ualard-Flamind. II 'tail <l'un.- grande bravoure. [J. V.]

193

lades et blessés qu'il reçut tout l'an dernier des Forts de St Louis et de St. Jean, sans omettre ceux de cette pe- tite armée de M. de Courcelle, qui trouva heureusement ce lieu à son retour pour ses malades et blessés, après cette terrible guerre de V hiver que nous avons oublié de dire en son lieu.

Nous n'avons rien à dire du voyage que fit M. De Tra- cy cette année en l'Isle du Montréal (1) parceque il ne s'y passa rien d'extraordinaire, de telles courses n'étant pas surprenantes à M. De Tracy qui en a beaucoup en- trepris de semblables pour le service du Roi qui l'obligea de se transporter en ce lieu afin de se faire connoitre aux Sauvages, comme étant le lieu le plus avancé du fleu- ve où ils se rendent le plus communément ; M. Talion y monta aussi quasi dans le même temps, tant pour le même sujet que pour y exercer en qualité d'Intendant toutes les fonctions que le service du Roi pouvoit exiger de sa personne, lequel fit à la satisfaction d'un chacun et à l'édification de tout le public qui le vit marcher de maison en maison suivant les Côtes de cette Isle, afin de voir jusqu'au plus pauvre si tous étoient traités selon la justice et l'équité, et si la nécessité de quelques-uns n'exigeoit point la participation de ses libéralités et au- mônes, de quoi il s'est dignement acquitté. Nous ne de- vons pas oublier en cette année le passage de M. Souart en France, qui y alla exprès pour chercher des ouvriers évangéliques, parceque le nombre en étoit trop petit pour des Nations d'une aussi vaste étendue.

(1) Selon le Journal df>s Jésuites, MS. déjà cité, M. de Tracy quitta Québec le 4 mai, et M. Talon le 6 du môme mois, 1667, pour aller à Montreal.-(J.V.)

HISTOIRE DU MONTREAL.

Do l'aulomiiiî 1GG7 jusqu'à l'automne 1668 au dép?rt dos vaissi'aux du Canadas.

Il faut que nous commencions cette année par cette transmigration célèbre qui se lit de La Chine, en ces quartiers, en donnant son nom, pendant cet hiver, à une de nos Côtes, d'une façon si authentique qu'il lui est demeuré, si elle nous avoit donné aussi bien des oranges et autres fruits qu'elle nous a donné son nom, (quand nous aurions lui laisser nos neiges en la place,) le présent seroit plus considérable, mais toujours son nom en attendant est-il quelque chose de grand et fort con- solant pour ceux qui viendront au Montroyal, lorsqu'on leur apprendra qu'il n'est qu'à 3 lieues de La Chine et qu'ils y pourront demeurer sans sortir ce cette Isle qui a l'avantage de la renfermer, mais passons outre et disons que Messrs de St. Sulpice sachant que l'Océan leur étoit parfaitement ouvert pour le Canadas cette année ; aussitôt il y vint 4 Ecclésiastiques de cette maison, savoir: M. l'Ab- bé de Quélus, M. d'Urfé (1), Mr. Dalleq (2) et M. Galli- née (3) lesquels y arrivèrent tous quatre cet automne à la grande satisfaction d'un chacun, M. de Fenélon (4) et M. Trouvé (ô) prêtres demcurans en ce lieu sachant que M. de Quelus étoit arrivé pour Supérieur de cette maison,

M) PV". Sitnrnin d'L'rP-. 'J.V.)

(2) A. D'AIlft, di'-jà venu on I6.")7 et repassa en France. (J.V.)

(3) Urbain Brclmn do Galin'-e. (J. V.)

(4) Frs. de Salagnac, abbodeFénélon, frère de r.Vrchévêque de Cambrai, (J. V.)

(■i) M. Claude Trouvé. Ces deux derniers Messieurs étaient arrivés 27 Juin 1GG7. (J. V.)

195

ils s'offrirent aussitôt à lui pour commencer une Mission, de la part du [Séminaire de St. iSulpice dans le pays des Iroquois qui sont au nord du lac Nonlario (1), lesquels les étoient venus demander ; une telle proposition parut si belle d'abord à M. l'Abbé de Quelus qu'il témoigna l'avoir très-agréable pourvu que Mgr. l'Evêque en accordât la permission, ce qui étant octroyé par ce digne Prélat, ces deux missionnaires partirent d'abord pour entreprendre cet ouvrage qui a toujours subsisté depuis, et à qui j'es- père Dieu donnera la persévérance : mais disons un mot des troupes qui partirent cette année ici pour s'en, aller en France, ou après avoir été ici trois ans contre les Iroquois ils s'en retournèrent une partie chargés de leurs dépouilles que depuis ils ont changés en bons louis d'or et d'argent lesquels n'ont point la puanteur de pel- leterie, transmutation que jamais M. de Maison-neufve n'avoit pu apprendre ; il est vrai que ce secret n'est pas avantageux pour la Colonie qui demanderoit que la subs- tance du pays fut employée à avancer les travaux du pays, mais ils se sont moins mis en peine de son établissement que notre ancien Gouverneur, Dieu veuille que la leçon qu'ils ont laissée à la postérité se puisse bien oublier, car autrement on verroit ici la dernière misère, n'étant pas possible que des gens vivent ici sans avoir de quoi acheter aucuns ferremens ni outils, sans avoir de quoi acheter linge ni étoffe et autre chose nécessaire à son entretien : le tout dans un lieu ou le blé ne vaut pas un sol de débit sitôt qu'il y en a un peu, ou il n'y a encore aucun miné- raux ni manufacture qui donne rien aux habitans pour avoir leurs besoins : Tout cela bien considéré, on peut bien assurer le monde qu'on a plus à faire de bourses pleines qu'à remplir si on veut donner les moyens aux

(I) Ontario. (J.V.)

106

Collons de ces nouvelles terres de travailler à un établis- sement parfait au moyen des manufactures qui s'y peu- vent élever peu-à-peu, que silos habitans n'ont rien dans ces commencemens, comme produire de rien est un ou- vrage du Créateur et non de la Créature, il ne le faut pas^attendre d'eux, mais plutôt il l\iut s'attendre de les voir périr dans leur nudité et besoins à la grande com- passion des spectateurs de leurs misères qui n'ont moyen d'y subvenir ; au reste cette cupidité d'avoir est cause que tout le pays est sans armes d'autant que le monde n'ayant plus de pelleterie il a été obligé de les (1) vendre pour avoir de quoi se couvrir, si bien que tout y est exposé aujourd'hui à être la proie des Iroquois quand ils voudront recommencer à faire la guerre, le peuple n'ayant que les pieds et les mains pour toutes armes à se défendre ; Ainsi la cupidité réduit toutes les dépenses du Roi dans un extrême péril d'être perdues avec un assez bon nom- bre de sujets qu'il a déjàdans ces quartiers qu'on pourvoit rendre lleurissants, si on faisoit valoir ce qui en pourroit sortir aussi bien et avec autant de politique que font nos voisins, qui en usent avec tant de prudence tant au dehors qu'au dedans de leur pays qu'ils ont la plus grande partie des pelleteries du Canadas et que tout le monde est chez soi à son ais.', au lieu qu'ici il est communément miséra- ble : si les pelleteries ne valoient chez nous qu'un tiers moins que chez li's étrangers nos voisins, tous les Sau- vages viendroient ici et rien n'iroit chez les étrangers, car outre que les Sauvages nous aiment mieux qu'eux, c'est que la chasse se fait chez nous et qu'ils ont la peine de la porter chez les étrangers avec beaucoup de peine.

(I) Cest-à-dire, san^ >l ul-v quo l--. colons ont et- oblig.-s de vendre L-urs armes.

HISTOIRE DU MONTREAL.

D(^ l'automne 1668 jusqu'à l'automne 1669 a\i départ des vaisseaux du Canadas.

L'arrivée des Ecclésiastiques de l'an dernier ayant grossi le Clergé en ce lieu, M. l'Abbé de Quelus trouva bon que deux prêtres allassent hiverner dans les bois avec les Sauvages, afin de les instruire de notre religion et de s'instruire en même temps de leur langue ; ce qui réussit fort bien à l'un d'entre eux nommé M. Barthé- lémy (1) lequel a bien apris le langage des Algonquins et leur a rendu beaucoup de service pour le salut de plusieurs ; quant à l'autre prêtre (2) il y interrompit les premières instructions qu'il y reçut par une grande entre- prise qui fut faite suivant laquelle on espéroit au moyen d'un Sauvage lequel s'ofFroit pour guide, d'aller à 7 ou 800 lieues d'ici afin d'y annoncer l'évangile dans unpa^^s qu'on sait être très peuplé, les préparatifs de ce voyage encore qu'il ne se fit que dans l'été, empêchèrent beau- coup les progrès qu'il eut pu faire dans le bois avec les Sauvages à cause que cela lui fit rompre ses mesures, mais passons tous ces préparatifs et disons un mot de son départ, tant à cause des personnes avec lesquelles il lit le voyage qu'à cause d'une affaire qui arriva pendant ce temps. M. de Galinée (3) encore qu'il ne fut que

(I) M. Michel Barthélémy, venu en 1666. (J. V.) (1) M. Doliier lui-môme. (J. V.)

(3) Nous l'avons déjà vu, j). 194. (J. V.) Il était de la famille de Brehan dont la devise étoil : Foi de Brehan vaut mieux qu'argent. M. Margry écrit Gallinéc, mais aussi il ùcrll Saijhart ponv Satjai^d. (Les Norina7}iIs dans la vallée de VO'tio ci du X'ississipi. Jour. Gêné, de l'Inst. Pub. 166Î.)

198

diacre sachant les closseiiis qu'on avoit parla à M. l'Abbé de Qnelus alin qu'il jugeât s'il ne seroit pas à propos qu'il lut de la partie avec ce prêtre que nous avons parlé, M. l'Abbé ayant trouvé la chose l'ort à propos à cause des avantageuses et plusieurs belles connoissances qu'il a, il fut de la partie et lit avec cette Communauté trois canots, un nommé M. de la Salle ayant autrefois beaucoup oui par- ler des pays ou on alloit par les Iroquois, qui lui avoient fait venir la pensée de faire ce voyage, sachant qu'on l'alloit entreprendre tout de bon fit une dépense très considérable pour cette découverte il alla avec 4 canots qui étant joints avec les 3 des deux ecclésiastiques faisoient le nom- bre de 7 canots lesquels contenoient 22 franc ois : Tout ce monde s'étant disposé à un promfjt départ il arriva une fâcheuse atl'aire qui retarda le tout de 15 jours, c'étoit un assassinat fâcheux d'un considérable Iroquois commis par 3 soldats des troupes du Montréal, ce qui menaçoit d'un grand renouvellement de guerre si on n'y donnoit ordre au plutôt, à quoi on ne tarda pas à le faire, mais en attendant ces Messieurs ne pouvoient pas partir parce que ils dévoient passer chez les Iroquois ou il n'eut pas fait bon pour eux alors, et parce que d'ailleurs les 3 cri- minels étant saisis ils prièrent le prêtre qui devoit partir de ne les point abandonnerjusqu'à leur mort, qui fut le 6 de Juin, ou ayant Uni leurs jours en expiant leur crime avec une résignation admirable entre les mains de Dieu, on partit le même jour pour aller à la Chine (1), qui ter- mina la première journée : c'est tout ce que nous avons à dire de ce voyage jusqu'à un an nous en dirons la réussite.

( I ) Lo '• Voyage «le M M. Dollif-r et Galinéc de 1CG9 nu lac Ontario " dont M. l'Abbé Paillon m'a fourni copie en 1858, dit lo 6 Juillet, cl ce doit être la vraie dalo, d'ajirès un auip- dorum'-nl que j'ai on mains. (J. V.)

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'automne 1669 jusqu'à Tautomne 1670 au départ des vaisseaux du Canadas.

Il n'y a rien de considérable à mettre dans cette histoire pour le regard de cette année, si non le voyage que M. De G-alinée et moi (1) avons fait, vous le pouvez ici faire insérer si bon vous semble, je l'ai écrit tout du long de mon style, mais comme il est beaucoup inférieur à celui de M. de Gralinée, je n'ai pas jugé à propos de l'insérer, parceque la description qu'en a fait M. de G-alinée vous donnera plus de satisfaction. Nous conclurons cette année par M. Perrot (2) Gouverneur du Montréal, qui y est arrivé après avoir bien essuyé des hazards et périls sur la mer avec M. Talion, l'Intendant son oncle, tant cette année que la précédente année, ou il fut obligé de relâ- cher dans le Portugal ou ils firent naufrage : Comme c'est un gentilhomme fort bien fait et de naissance ; son arrivée nous a tous donné sujet d'en beaucoup espérer.

(1) Ce moi, c'est M. Frs. Dollier de Casson. ;J. V.)

(2. )M. François Marie Perrot, gouverneur de 1670 à 1684. [J. V.]

HISTOIRE DU MONTREAL.

De l'aulonine IGTO jusqu'à Inutonino IC71 au d<'[iarl des vaisseaux du Canodns.

M. de Courcelle ayant beaucoup imprimé de frayeur aux Iroquois, comme il est remarqué dans la Relation de PP. Jésuites (1) ; il lui amenèrent ici, afin de calmer quelque colère qu'il leur avoit fait paroitre avec raison le nombre de captifs qu'ils avoientpris du côté des Putuotamistes (2) dont Messrs. les ecclésiastiques de ce lieu profitèrent par ce qu'ils en obtinrent deux filles sous le bon plai- sir de M. le Gouverneur du Montréal en attendant la venue de M. De Courcelle au Montréal, qui fut le printemps suivant, c'est-à-dire environ 3 mois après, d'autant que nous étions assez avant dans l'hiver lorsque ces esclaves furent rendus et qu'ils promirent ces deux filles ; M. de Courcelle a ratifié agréablement ce don et ces 2 filles sont chez les Sœurs de la Congrégation bu elles ont appris la langue françoise et ont été élevées à l'Européenne, en sorte que la grande, qui a été la der- nière baptisée, est en état de se marier avec un françois, mais ce qui seroit à souhaiter ce seroit qu'on eut un peu moyen de la doter, afin qu'étant à son aise cela donnât exemple aux autres et les animât du désir d'être élevée à la françoise ; la plus petite des deux filles- dont nous parlons étant enlevée quelques temps après avoir été à la Conirrégation par sa mère laquelle l'avoit donné con- jointement avec les Iroquoi.s, une lille de la Congrégation

{I) Dans la H'>lation do IGO!), p. 5, Edit. «le Quf-bec. (J. V (îj Pouteouatamis ? iJ. V.)

201

courant après pour la faire revenir cette enfant quitta sa mère qui la tenoit à bras pour se jetter entre les mains des filles de la Congrégation. Feue Made. la Princesse de Conti a bonne part avec quelques autres personnes de qualité à l'instruction de ces 2 filles pour certaine somme de 12 ou 1300 liv. que leur charité avoit envoyé l'au- tomne dernier et qu'on eut soin d'employer suivant leur pieuse intention : au reste si l'eau de vie étoit bannie de parmi tous les Sauvages, nous aurions des milliers d'ex- emples de convertis à vous rapporter, je ne doute pas que la pluspart qui hantent les françois n'embrassent tous la religion, mais cette liqueur leur est un appas si diaboH- que qu'il attrape tous les Sauvages qui sont proches des françois à l'exception de quelques-uns d'entre lesquels sont quelques Hurons que Dieu conserve quasi miraculeuse- ment ; si un jour on voyoit le désordre de la traite des boissons passé on auroit ici de la satisfaction, mais com- me on voit tout périr par ce malheureux commerce cela donne beaucoup d'affliction à ceux qui sont le plus dans l'intérêt de Dieu, il n'y a quasi rien à faire qu'avec les enfans, les vieilles et les vieillards, les autres regardant l'eau de vie avec une telle avidité, soit qu'ils soient Al- gonquins, soit qu'ils soient Iroquois, qu'ils ne la peuvent quitter qu'après être ivres à n'en pouvoir plus ; enfin c'est une marchandise dont tous moralement parlant ils font le même usage que le furieux fait de son épée, jugez si selon Dieu on doit la leur distribuer sans discrétion au- cune et si celui qui donne et celui qui reçoit ne seront pas

égaux au i5oids de ce redoutable au jour terrible de la

mort qui sera bien étrange à tous ceux qui ici journelle- ment contribuent, sans se soucier, aussi librement qu'ils font au péché ; pour moi quelques certains casuistes en disent ce qu'il leur plaira, je ne crois pas que le plus har- di voulut mourir immédiatement après avoir donné à un

Y

202

Sauva2:e iiiio portion suffisante pour l'onivrer, ce qui est l'enivrer inlailliblement otl»' faire tomber en péché mor- tel, vu qu'il est écrit Malheur à celui par qui le scandale arrive : à cela on me dira, si la traite de boisson ainsi faite n'est pas permise aux uens de l>ien il faut qu'ils se ré- solvent à mourir de faim, de froid et de misère laissant tout aller aux gens sans conscience qui traitent des liqueurs sans discrétion : Je réponds à cela qu'il est vrai et qu'il leur faut continuer de souHVir jusqu'au toml>eau sans que l'amour des commodités ou du nécessaire leur permette jamais de consentir au péché pour leur intérêt propre ou celui de leur famille, qu'ils doivent tous également sacrifier à Dieu quelque compassion et peine naturelle qu'ils en aient ; mais à ceci je vas au delà de l'historien : passons au printemps de cette année, M. de Cour- celle étant monté au Montréal reçut les captifs que les Iroquois lui avoient amenés et y attendit les Othaouais se- lon la prière qu'ils lui en avoient faite et comme il leur avoit promis ; mais comme il jugea qvi'ils seroient en- core quelques temps auparavant que de venir, il se réso- lut de profiter du séjour qu'il avoit à faire hors de Qué- bec et de monter tout d'un coup sans que personne en fût averti jusqu'au grand lac Nonthario sur lequel sont placés les Iroquois, ce qu'il conçut avec beaucoup de prudence et exécuta avec beaucoup de résolution (1), Si les Iroquois eussent su sa venue comme c'est leur re- doutable, ils lui «'usseiit peut-être joué quelque mau- vais parti sur les chemins afin d'exécuter h'ur mauvaise volonté contre le pays après l'avoir défait, c'est pourquoi il fit prudemment de ne point découvrir son dessein, mais il lui falloit autant de vigueur que celle avec la- quelle il l'accomplit pour franchir aussi facilement et

(1) Du 2 au ICJuin 1671, d'après un journal MS. de ce voyago. (J. V.)

203

promptement qu'il fit les mauvais pas qu'il y a à faire pour aller jusqu'au lieu ou il vouloit aller, au reste cette résolution étoit considérable pour le pays parceque les Iroquois commençoient à murmurer et nous menacer par entre eux de la guerre, se confient (1) sur la difficulté de leur rapide qu'ils croyent indomptable à nos bateaux pour s'en aller chez eux, mais M. de Courcelle leur ayant fait voir par expérience en cette occasion comme ils se trompoient, cela les intimida beaucoup et rabattit même tellement leur audace qu'ils firent passer la frayeur que cette entreprise leur donna jusque chez les Européens qui leur sont voisins, lesquels suivant leur rapport ap- préhendoient l'arrivée de M. de Courcelle avec une mul- titude de gens de guerre que l'épouvante des Iroquois leur avoit fabriqué (2) ; Plusieurs personnes de mérite ac- compagnèrent M. le Grouverneur en cette belle entre- prise, entr'autre M. Perrot gouverneur du Montréal, lequel y pensa périr par un accident de canot ce qui est assez à craindre dans tant de diiférents périls, M. de Loubiat dont chacun sait le mérite fut aussi de la partie, M. de Yarenne, gouverneur des Trois-Eivières et autres officiers, comme aussi M. Lemoine, M. de la Vallière, M. de Normentville et autres habitans qui y alloient seule- ment pour accompagner M. le G-ouverneur et lui don- ner des marques de leur estime et bonne volonté ; Cham- pagne, Sergent de la Compagnie de M. Perrot y gouver- na un bateau plat il commanda pendant le voyage ou il eut des peines très considérables et risqua sa vie quantité de fois, donnant des preuves à tout le monde de son courage tant dans les travaux que dans les pé- rils : Un prêtre du Séminaire de St. Sulpice eut aussi

(1) Confiant [?]

(2) Voir Appendice No. XVIII.

204

rhonneur d'accompai^ner et d'assister M. le Gouver- neur avec toute sa troupe en ce voyage (1) dont je ne dirai pas davantage à cause que les IIK. PP. Jésuites l'ont écrit en leur relation : Si je l'ai touché après eux ; ça été par une pure obligation, à cause qu'il se trouve à propos dans l'histoire du Montréal que je décris : Passons à l'arrivée des vaisseaux laquelle amène une digne gouver- nante au Montréal en la personne de Madame Perrot (2) à la louange de laquelle nous dirons beaucoup sans nous écarter de ce qu'il lui est (|uand nous dirons qu'elle se l'ait voir en sa manière d'agir pour Nièce de M Talion l'intendant de ce pays et son oncle ; il n'est pas aisé de juger quelle fut la joie de M. Perrot son mari et celle d'un chacun en ce lieu quand on y eut les premières nouvelles de son arrivée, ma plume est trop ibible pour le pouvoir exprimer, j'aime mieux le laisser à penser à un chacun et venir au plus fâcheux point que nous ayons de cette année, qui fut la mort de M. Gallinier (3) très-digne prêtre dont la mémoire est dans une singulière vénération surtout parmi ses confrères qui soupirent après la bonne odeur de ses vertus, il est mort de la mort de son lit mais auparavant pour secourir le prochain et lui don- ner ses assistances spirituelles, il a exposé sa vie toutes les fois qu'il y a eu ici des alarmes l'espace d»- 14 ou 15 années, sans se soucier de toutes les cruautés que les Iroquois auroi<^nt exercé sur hii, ne demandant pas mieux que de périr dans ces charital)les emplois ; nous ajoute- rons à la perte de ce laborieux Serviteur de .1. C. le départ do M. l'ablié de Quolus rappelé en France pour

( 1) M. Do li«r lui mAme, i\ titre d'aumônier. (.V.S*. de Paris.) (J.V.) l2) " Dani 'is);liu Maf^deleino La Guide." (Rogistro do la pHroiss**.) (J. V.) (3) M. DominiqueGalinoe, fut enlcrrr le20()cl. 1071. à Muiitrétil, sansqus le Registre indique le jour rie son déc«;s. Il était au ji-iys di'puis W '29 Juillet

in-.T. - (.I.V..

20^

ses affaires domestiques et de deux autres ecclésiastiques de ce lieu, l'un appelé M. Dalbecq (l)qui est auprès de M. l'abbé de Quelus l'autre nommé M. de Gallinée dont nous avons parlé ci-devant.

(I) DaUccq.

On ne connaît ù l'Evèché de Québec, non plus qu'au Séminaire do Mont- réal, aucun prêtre du nom de Dalbecq, venu en Canada. C'est évidemment M. D'Allet, secrétaire de M. de Queylus, et dont nous avons vu l'arrivée p. 120. (J. V.)

HISTOIRE DU MONTREAL.

I)tj l'niitomno Wi71 jusqu'à l'autûnu.e IC72 nu dijparl dus vuissf.-aux tlu Canadas.

La précipitation avec laquelle je suis oblinré de con- clure cette histoire ne me permet pas de dire tout ce qui s'est passé en cette année ou d'ailleurs je m'étois résolu de passer sous silence plusieurs choses que la prudence ne permet pas à la vérité d'énoncer : ce qui fait que je me contenterai seulement de quelques réflections pour finir agréablement cette relation en laquelle je joindrai un petit Abré<j^é de celle de Qnenté (1), à cause que ce sont les Ecclésiastiques de ce lieu qui déservent cette Mis- sion. Première réflection, sur l'avantage qu'ont les fem- mes en ce lieu par dessus les hommes, qui est qu'en- core que les froids soient fort sains pour l'un et l'autre sexe il Test incomparablement d'avantage pour le féminin le- quel s'y trouve quasi immortel, c'est ce que tout le mon- de a remarqué depuis la naissance de cette habitation et ce que moi-mémo j'ai remarqué depuis six ans (2), car encore qu'il y ait ici bien 14 ou 1500 âmes, il n'y est mort qu'une seule femme depuis les six années dernières, encore peut-être ce lieu eut-il trardé ses privilèges à l'é- gard de cette vieille caduque si le siéire de la lîochelle elle avoit été renfermée n'eut imprimé quelques fâ- cheuses dispositions et qualités dans son corps cacoc h ime, qui ont donné à la mort une entrée que les avantages de

(l) Sur le lac Ontario. On 'cril aujourd'hui : Quint'-. (J. V.) (î) M. DoUier serait venu ici en août 1665. d'après la Liste <lu Clergé; mais il dit lui-m'ime que ce fut on IGG6. V. pape 181. (J. V.j

207

ce pays pour l'immortalité des femmes ne lui auroit point accordé.

La seconde réflection sera sur la facilité que les per- sonnes de ce même sexe ont à se marier ici, ce qui est apparent et clair à tout le monde par ce qui s'y pratique chaque année, mais qui se fera admirablement voir par un exemple que je vais rapporter qui sera assez rare, c'est d'une femme laquelle ayant perdu cette année son mari a eu un banc publié, dispense des deux autres, son mariage fait et consommé avant que son premier mari fut enterré ; Ces deux réflections à mon avis seront assez fortes pour faire déserter la pitié (1) et une bonne partie des filles de tous les hôpitaux de Paris si peu qu'elles aient envie de vivre longtemps ou de dévotion au 7e. de nos Sacremens : La troisième réflection sera sur un cé- lèbre prisonnier que nous avons eu cette année le- quel s'est sauvé dix ou douze fois tant ici qu'à Québec et ailleurs dans lesquels endroits les Serruriers ont per- du leur crédit à son égard, les charpentiers et maçons y ont tombé en confusion, les menottes lui étoient des mitaines, les fers aux pieds des chaussons et le carcan une cravate ; qu'on lui fasse des ouvrages de charpente propres à enfermer un prisonnier d'état il en sort aussi aisément qu'un Moineau de sa cage lorsque la porte en est ouverte, il trouvoit si bien le foible d'une maison qu'enfin il n'y a point de muraille à son épreuve, il tiroit les pierres aussi facilement des murailles que si les ma- çons y avoient oublié le ciment et leur industrie ; bref il s'est laissé reprendre plusieurs fois comme s'il avoit vou- lu insulter tous ceux qui vouloient se mêler de le garder, une fois devant 3 hommes qui Tavoient pris, lié, garotté,

(1) Sans doute VHôpila' df la Pilié Ftin recevait depuis 1G57 les jouneg filles pauvres.

208

les mains derrière le dos, il se délia sans qu'aucun des 3 hommes s'en apperçut, encore que celui qui l'avoit lié fut un Sergent lequel avoit été prisonnier en Barbarie qui se ventoit de savoir bien s'assurer d'un Esclave en pareil cas et qui m'a assuré n'avoir rien omis de sa scien- ce pour bien garotter celui-ci, bref cet athellette de la liberté a enfin si bien combattu pour elle qu'il semble s'être délivré une bonne fois pour toujours, aussi a-t-il fait un coup bien vigoureux en cette rencontre et on peut dire qu'il y a en quelque façon mérité sa liberté, car ayant été pris il y a quelques mois, et remis entre les mains de 6 ou 7 hommes bien armés de chacun son fusil, ces hom- mes ayant placé toutes leurs armes en un endroit pour jouer au pallot, leur prisonnier trouva à propos d'inter- rompre leur partie pour commencer la sienne ; il sauta sur les fusils, les prit tous sous son esselle comme autant de plumes provenues de ces oisons bridés et avec un des fusils il covicha tous ces gens en joue, protestant qu'il tueroit le premier qui approcheroit, ainsi reculant peu- à-peu en faisant face il a pris congé de la Compagnie et a emporté tous leurs fusils ; Depuis ce temps on ne l'a pu attraper et il est errant parmi les bois ; il pourra bien peut-être se faire le chef de nos bandits et faire bien du désordre dans le pays quand il lui plaira de revenir du côté des Flamands, on dit qu'il est allé avec un autre scélérat et une femme françoise si perdue qu'on dit qu'elle a donné ou vendu doux de ses enfans aux Sau- vages.

ABRÉGÉ DE LA MISSION DE KENTÉ.

Tout ce que nous avons à dire de plus considérable de cette Mission est renfermé dans une Lettre qui nous a été adressée par M. Trouvé, lequel a toujours été témoin oc- culaire de tout ce qui s'y est passé, ne l'ayant point aban- donnée depuis son commencement; Voici le rapport fidèle de ce qu'il m'a écrit. (1)

" Puisque vous désirez que je vous dise quelque chose par écrit de ce qui s'est passé dans notre chère Mission chez les Iroquois, je le ferai bien volontiers contre toute la répugnance que j'en ressens, n'ayant souhaité jusqu'ici rien de plus, si non que tout ce qui s'y est passé ne fut connu que de celui à la gloire duquel doivent tendre toutes nos actions, et voilà la raison pourquoi nos Mes- sieurs qui ont été employés à cette œuvre se sont toujours tenus dans un grand silence ; d'où vient que M. l'Abbé De Fenelon ayant été un jour interrogé par Monseigneur de Pestrée (2) notre Evêque, de ce qu'on pourroit mettre en la relation (3) touchant la Mission de Kénté, il lui fit réponse— "que la plus grande grâce qu'il nous pourroit faire étoit de ne point faire parler de nous. "

"Ce fut l'année 1668 qu'on nous donna mission pour partir pour les Iroquois et le lieu principal de notre Mission nous fut assigné à Kenté, parce que cette même

(1) Quoique clans le MS. cette phrase soit immédiatement lioe avec la .ui- vante, laquelle commence par une petite lettre, nous avons cru pouvoir les séparer, commencer un autre alinéa, et y ajouter de guillemets

(2) l'élrér.

(3) Sans doute la Relation de 1668, pour la Lettre qu'il y inséra.

Z

210

année plusieurs personnes de ce Village étoient venues au Montréal et nous avoientdemandt'' positivement pour les aller instruire dans leur pays, leur ambassade se lit au mois de Juin, mais comme nous attendions cette année de France un Supérieur, nos Messieurs trouvèrent à propos qu'on les priât de revenir, ne jui^eant pas qu'on dût entreprendre une affaire de cette importance sans attendre son avis, pour ne rien faire là-dedans que sui- vant ses ordres : Au mois de Septembre le Chef de ce Village ne manqua pas de se rendre au temps qu'on lui avoit prescrit afin de tacher d'avoir et de conduire des Missionnaires en son pays, alors M. L'Abbé de Quelus étant venu pour Supérieur de cette Communauté on lui demanda et il donna très-volontiers son agrément pour ce dessein, ensuite de quoi on alla pour ce sujet trouver Mgr. l'Evêque, lequel nous appuya de sa mission (1), quant à M. le Gouverneur et M. l'Intendant de ce pays on n'eut pas de peine à avoir leur consentement, vu qu'ils avoient d'abord jeté les yeux sur nous pour cette entre- prise ; ces démarches absolument nécessaires étant faites nous partîmes sans tarder par ce que nous étions déjà bien avancés dans l'automne ; enfin nous nous embarquâ- mes à la Chine pour Kenté le 2 octobre, accompagnés de 2 Sauvages duVillage ou nous allions,après avoir déjà avan- cé notre route et surmonté les dilîicultés qui sont entre le lac St. Louis et celui de St. >>an(,'ois, lesquelles con- sistent en quelques portages et traînages de canots, nous apperçumes de la fumée dans une des ances du lac de St. François, nos Iroquois crurent d'abord que c'étoient de leurs gens qui étoient sur ce lac, c'est pour(|Uoi ils allèrent au feu, mais nous fûmes bien surpris, car nous trouvâmes 2 pauvres Sauvagesses toutes décharnées qui se retiroient

(I) Voir Appenflico XIX.

211

aux habitations françoises pour se délivrer de l'esclavage elles étoient depuis quelques années, il y avoit 40 jours qu'elles étoient parties du Village Unneiou d'où elles étoient esclaves et n'avoient vécu, pendant tout ce temps là, que d'écureuils qu'un enfant âgé de 10 à 12 ans tuoit avec quelques flèches que lui avoient fait ces pativres femmes abandonnées ; nous leur limes présent à notre arrivée de quelques biscuits qu'elles jettèrentincontinant dans un peu d'eau pour les ramollir et pouvoir plutôt apaiser leur faim, leur canot étoit si petit qu'à peine pou- voit-on être dedans sans tourner; nos deux Sauvaces délibérant ensemble ce qu'ils avoient à faire se résolurent de mener chez eux ces deux pauvres victimes avec cet enfant, et comme elles craignoient qu'on ne les brûlât par ce que c'est le châtiment ordinaire des esclaves fugi- tifs parmi les sauvages, elles commencèrent à s'atrister, alors je tachai de parler aux Sauvages et de les obliger à laisser aller ces femmes qui dans peu seroient chez les François, je leur disois que s'ils les emmenoient M. le Grouverneur venant à le savoir seroit convaincu qu'il n'y avoit encore rien d'assuré pour la paix puisque un des points des articles de paix étoit de rendre les prisonniers ; toutes ces menaces ne purent rien sur leur esprit, ils nous disoient pour raisons que la vie de ces femmes étoit con- sidérable, que si les Sauvages du Village ou elles s'étoient sauvées venoient à les rencontrer ils leur casseroient la tête sur le champ : ensuite nous marchâmes quatre journées par les plus difficiles rapides qu'ils y aient sur cette route : après cela un de nos Sauvages qui portoit un petit baril d'eau de vie dans son pays en but et par- tant il s'enivra, puisqu'ils ne boivent point autrement ni pour autre sujet, à moins qu'on ne les empêche par force ; or comme ces gens sont terribles dans leur ivresse nos prisonnières crurent que c'étoit fait d'elles, par ce que

212

pour rordinaire les sauvai^os s'oiiivront pour faire leurs mauvais coups, cet Iroquois ayant })assé dans cet excès il entra dans un état furieux et inaccessible, et pour lors il se mit à poursuivre une de ces femmes, celle-ci épou- vantée s'enfuit dans le bois aimant mieux périr par la faim que par la hache de son ennemi, le lendemain ce brutal surpris de sa proie échappée l'alla chercher dans le bois mais en vain : voyant enfin que le tems nous pressoit de nous rendre à son villai»e et que nous avions déjà eu de la neige il se résolut de la laisser en ce lieu la avec son enfant, et afin de l'y faire mourir de faim ils voulurent rompre leur petit canot, à cause que cet endroit étoit une isle au milieu du Ik'uve St. Laurent, néanmoins à force de prière ils leur laissèrent à nos instances ce seul moyen de salut ; après notre départ et que la Sau- vagesse fut un peu rassurée elle sortit hors de sa cache et trouvant alors son canot que nous lui avions fait laisser, elle s'embarqua dedans avec son petit garçon et vint heu- reusement au Montréal, runcicn azile des malheureux fugitifs ; quant à nous ayant emmené l'autre Sauvagesse 5 ou G jours audessus de cette isle sans jamais avoir su ob- tenir sa liberté, à la iin ayant trouvé des hurons qui s'en alloient en traite au Montréal nos Sauvages réliéchirent sur ce que je leur avois dit que M. de Courcelle, qu'ils appréhendoient extraordinairement, trouveroit mauvais

leur (1) lorsqu'il le sauroit, cette réllection leur

fit remettre l'autre femme entre les mains de ces hurons pour la ramener au Montréal, ce qu'ils firent fidèlement comme nous l'apprimes l'année d'après nous sûmes aussi ce qui étoit arrivé à cette autre pauvre femme et à son petit enfant : à la fin à force de nager, le jour de la fête St. Simon et St. Jude (2j nous arrivâmes à Kenté ou

(I, Illisible.

(2) 28 octobre. (.1. V.)

I

213

nous serions arrivé la veille si ce n'avoit été la rencontre de quelques Sauvages qui ravis d'apprendre que nous allions à Kenté pour y demeurer nous iirent présent de la moitié d'un Orignal : au reste ce même soir après avoir retrouvé les hommes qui nous avoient fait ce présent étant tout près des cabanes, nous apperçûmes au milieu d'une belle rivière ou nous étions entrés ce jour-là pour accoursir notre chemin, un animal qu'ici on nomme Scononton et qu'en France on appelle chevreuil, ce qui nous donna le plaisir d'une chasse fort agréable surtout à cause de sa beauté et gentillesse qui surpasse de beaucoup ce que nous voyons en ceux de France, son goût aussi est bien meilleur et surpasse toutes les venaisons de la nouvelle France, étant arrivés à Kenté nous y fûmes régalés autant bien qu'il fut possible aux Sauvages du lieu, il est vrai que le festin ne fut que de quelques Citrouilles fricassées

avec de la graisse et que nous trouvâmes

bonnes, aussi sont-elles excellentes en ce pays et ne peuvent entrer en comparaison avec celles de l'Europe, même on peut dire que c'est leur faire tort que de leur donner le nom de citrouilles, il y en a d'une très-grande quantité de figures et aucune n'a quasi rapport avec celles de France, même il y en a de si dures qu'il faut avoir des haches lorsqu'elles ne sont pas cuites et qu'on les veut ouvrir, toutes ont des noms diflerents : un pau- vre homme n'ayant rien de quoi nous donner fut tout le long du jour à la pêche afin de nous attraper quelque chose, et n'attrapant qu'un petit brocheton nous le présenta tout déconforté et confus de n'avoir que cela à nous donner : il n'y a rien qui soit plus capable de mor- tilîer un Iroquois que quand il voit arriver quelqu'étran- ger dans son pays et qu'il n'a rien de quoi lui présenter ; ils sont fort hospitaliers et vont très-souvent convier

214

ceux qui arrivent à leur nation de venir loirer chez eux: Il est vrai que depuis qu'ils hantent les Européens ils com- mencent à se comporter d'une autre façon : Mais voyant que les Ancflois et Flamands leur vendent tout jusqu'à une lionnne, ils les aiment moins que les François qui ordi- nairement leur font présent de pain et autres petites choses- quand ils vont chez eux. Un ne peut pas être reçu avec plus d'amitié que nous reçurent ces barbares chacun fit tout ce qu'il put, jusqu'à une bonne vieille qui par grand régale jetta un peu de sel dans une sagamité^ ou bouillie de bled d'inde qu'elle nous faisoit ; après avoir un peu respiré l'air de ce pays, nous délibérâmes M De Fénélon et moi ce que nous avions à faire sur le sujet de la religion, nous convinmes pour cela de nous adresser au Chef du village appelé Rohiario lequel nous avoit obligé d'aller en son pays, ensuite de quoi nous lui

allâmes qu'il savoit assez qu'il nous étoit venu

chercher afin de les instruire, que nous n'étions venus que pour cela, qu'il commenceroit à nous aider en ce dessain, qu'il avertit dans son Village un chacun d'en- voyer ses enfans dans notre cabanne afin d'être ensei- gnés ; ce qui ayant réussi comme nous l'avions désiré, quelque temps après nous priâmes ce même Sauvage de trouver V>on et de faire agréer à sa Nation que nous baptisions (1) leurs enfans; à cela ce vieillard répon- dit— " On dit que ce lavement d'eau " (c'est ainsi qu'ils ap- pèlent le baptême) " fait mourir les enfans, si tu en bapti- ses et qu'ils m<'urent on dira que tu es un Ariflasfo'gufro- non' (2) (qui sont leurs ennemis), "lequel est venu dans no- tre Villaire pour nous détruire." " Ne crains point," lui dis-je, " ce sont des mal-avisés qui t'ont dit que ce baptême

Il Bai'lim'ixions.

(2) Voir Api'f»nd:ce No. XX.

215

tuoit les enfans car nous autres françois sommes tous bap- tisés et sans cela nous n'irions pas au ciel, et pourtant tu sais bien que nous sommes en grand nombre." Alors, il nous dit, " Fais comme tu voudras, tu es le maitre." Nous assignâmes donc le jour que nous devions conférer ce grand Sacrement ou plusieurs adultes se trouvèrent, et nous baptisâmes environ 50 petits enfans dont la fille de Rohario qui est unique fut la première et s'ap- pela Marie, mettant ainsi nos prémices sous la protection de la Ste. Vierge, ce qui est à remarquer c'est que n'é- tant mort aucun de ces 50 premiers baptisés, ils n'ont plus eu de peine contre le St. baptême, encore qu'il soit mort depuis plusieurs autres enfans après le St. baptême. Le printemps en 1669, M. De Fenelon étant descendu au Montréal pour la consultation des difficul- tés qu'il eut dans le voyage ou il traina lui-même son canot tant en montant qu'en descendant, au millieu des plus furieux rapides, il baptisa un enfant qui mourut tôt après, ce qui le réjouit beaucoup au milieu de ses pei- nes qui sont si grandes qu'on ne seroit pas cru si on osoit les rapporter, puisque en quantité d'endroits et très- souvent l'on monte des eaux plus impétueuses que la descente d'un moulin, y étant parfois jusque sous les esselles, marchant nu-pieds sur des pierre fort coupantes dont la plupart de ces eaux sont pavées : M. de Fenelon revenant du Montréal amena avec lui un autre mis- sionnaire qui fut M. D'Urfé, ensuite étant arrivé il s'en alla hiverner dans le Village de Gandafsetiagon, peu- plé de Sonontouans détachés lesquels étoient venu à la côte du Nord dont nous avons le soin ; ces gens nous ayant demandé pour les aller instruire, furent ravis qu'on leur accordât cette grâce sitôt après l'avoir deman- dée, quant à nous ayant été obligés d'aller avec les Sauvages dans les bois pour nous tirer de la nécessité

21 G

dos vivres dans laquelle nous étions à cause que notre établissement étoit nouveau ; je tombai par une provi- dence singulière dans le chemin de quelques Sauvages qui étoient passés il y avoit déjà un peu de temps, mais nous iïimes au soir surpris, nous voyant arrivés dans un lieu il y avoit de la lumée, c'étoient les mêmes Sauva- ges sur la piste desquels nous marchions parmi les neiges : Approchant do plus près nous vîmes quelques branches

d'arbres do desquelles il sortoitvin pou de iumée;c'é-

toit une pauvre Iroquoise laquelle avoit accouché de deux enfans qui étoient cachés sous ce méchant cabanage, avec quelques autres, alors son mari en s'éveillant me dit *' Viens voir, liobe noire, elle a accouché de trois enfans : " Ces pauvre gens étoient réduits dans la dernière néces- sité car ils n'avoient aucuns vivres et ils ne subsistoient que par le moyen de quelques porcs-épic qu'ils tuoient et qu'ils mangooient, tout n'étoit pas capable de rassasier deux quoiqu'ils fussent plus de neuf ou dix, Voyant cette pauvre femme j'en fus d'autant plus touché que je ne pouvois lui prêter aucun secours, car nous étions pour le moins aussi dépourvus qu'eux je lui demandai si ses en- fans étoient en bonne santé, le mari répondit qu'un des deux mourroit bientôt, la femme les démaillota tous doux devant moi et je vis qu'ils étoient à demi gelés et par- dessus cela il y en avoit un qui avoit la fièvre et étoit moribond, je pris delà occasion de leur parler de notre reliirion en leur disant,— '" Que j'étois bien fâché que ces deux enfans allassent mourir sans être ])aptisés et qu'ils n'iroient jamais au ciel sans cela ; " après quoi je leur expliquai ces choses plus en détail, jusqu'à ce que le mari in'intfrrompant dit : " Courage, l)aptises-les tous deux, mon frère, cela est fâcheux de n'aller pas au ciel." Ce consentement donné je h'S baptisai tous deux et peu après bon noml)r»' de ces nouveaux" chrétiens alla jouir

217

de la gloire ce même hiver, qui fut en 1670; Depuis cela il arriva à M. D'Urfé une chose qui lui pensa être fu- neste et que je veux bien remarquer ; après avoir dit la Ste. messe, il alla faire son action de grâce dans le bois, mais il s'y enfonça si avant qu'il s'y égara et ne pouvoit revenir, il passa le jour et la nuit à chercher son chemin sans le pouvoir trouver, et après enfin il fut obligé de se reposer, ce qu'il fit dans une attrape à loup qu'un Sauvage avoit fait, il y avoit déjà quelque temps, le len- demain au milieu de la sollicitude ou le mettoit son égare- ment il eut recours à feu M. Ollier auquel s'étant recom- mandé il poursuivit de marcher, et alors il alla droit au village, pour cela il croyoit devoir beaucoup à sa protec- tion ; pendant son absence les Sauvages avoient couru de toutes parts pour le chercher, étant de retour ils firent tous un festin pour remercier l'esprit de ce qu'il n'étoit pas mort dans le bois, il dit que pendant sa marche il s'étoit substanté de ces méchants champignons qui vien- nent autour du pied des arbres et il assure qu'il les trouva fort bons, tant il est vrai que l'appétit donne bon goût aux choses qui sont les plus mauvaises. En 1671, le même Missionnaire pensa périr par une autre dis- grâce, qui fut que venant au Montréal son canot tourna sous voile d'un gros vent-arrière, quasi au milieu du fleuve, mais par bonheur, encore qu'il ne sçut point nager. Dieu le préserva d'autant qu'il se tint si bien au canot qu'on eut loisir de le secourir, encore qu'on fut loin de lui. Cette dernière année, M. D'Urfé ayant fait quelque séjour à un village de notre Mission nommé Ganeraaké, il prit résolution d'aller visiter quel- ques Sauvages établis à 5 lieues de là, pour voir s'il n'y auroit pas quelque chose à faire pour la religion, le lendemain de son arrivée une pauvre Iroquoise se trouva en mal d'enfant, or comme ces pauvres Sauvagesses sont

A*

218

extrfmoiiKMit hontt'us»'s (|iuiiid elle sont on cet état lors- qu'il y 11 des étrangers, cette pauvre i'erame se résolut sans on rien tlire d'aller dehors sur les neiges pour cnlanter, quoique dans la plus grande rigueur de l'hiver : Kn eliet peu de temps après on entendit crier l'eniant, les femmes de cette cabanne toutes surprises y accoururent pour prendre cet enfant et secourir la mère, M. D'Urfé voyant que cette honte avoit i):(t(luit un si fâcheux eliet partit au plus vite pour retourner a Ganeraské, et laisser la cabane libre, mais le 3' jour il résolut de revenir à cette cabane avec quelques françois parce que sa chapelle y étoit restée, y étant de retour il trouva cette accouchée bien mal, les Sauvagesses lui dirent que depuis son départ elle avoit eu encore un autre enfant et qu'elle perdoit tout son sang ; trois quarts d'heure après la ma- lade criant à haute voix à quelqu'une de ses compagnes •"donne-moi de l'eau" et ell*' mourut au même instant, aussitôt après celles qui l'assistoient la poussèrent dans nn coin de la cabane comme une bûche et jettèrent au- près d'elle ses deux enfans, tous vivans qu'ils étoient, pour être dès le lendemain matin enterrés avec leur mère ; M. 1) l rfé (|ui étoit ass«'Z proche pour entendre mais non pas en commodité de voir ce qui se passoit, de- manda ce que c'étoit et pourquoi on remuoit tant, les Sauvages lui dirent, " C'est que cette femme est morte," alors ce M. ayant vu de ses yeux la perte de la mère il voulut irarantir les deux enfans par le baptême, ce qu'il iit incontinant et fort à propos, car il y en eut un qui mourut la même nuit, l'autre se portant très-bien le len- demain un Sauvage le prit pour l'enterrer tout vivant avec sa mère, à (juoi M. D'Urfé leur dit: "Est-ce votre manière d'agir, à quoi pensez-vous { " Un d'eux lui répartit : " Que veux-tu que nous en faisions, qui le nourrira ? " Ne trouvera-t-on j>as une Sauvagesse qui

219

l'allaitera ;" lui répliqua M. D'Urfé.— " Non," lui répartit le Sauvage. M. D'Urfé voyant ces choses demande la vie de l'enfant auquel il lit prendre quelque jus de raisin et quelque sirop de sucre de quoi il laissa une petite provision afin d'assister cet orphelin, pendant qu'il iroit à Kenté, éloigné de 12 grandes lieues, chercher une nourrice, mais il le fit en vain les Sauvagesses par une superstition étrange ne voudroient pas pour quoi que ce soit au monde allaiter un enfant d'une cédée. Ce Missionnaire revenant voir son orphelin il le trouva mort au monde et vivant à l'éternité, après avoir vécu de ces jus et sirop plusieurs jours. Voilà la misère dans la- quelle sont réduits ces pauvres Sauvages, ce qui ne s'étend pas seulement svir les femmes qui sont enceintes dont il en meurt une grande quantité faute d'avoir de quoi se soulager dans leurs couches, mais aussi sur toutes les malades, car ils n'ont aucun rafraîchissement, et un pauvre malade dans ces nations est ravi de la visite d'un Missionnaire espérant qu'après l'instruction qu'il lui va faire il lui fera présent d'une prune, de 2 ou 3 grains de raisin ou d'un petit morceau de sucre gros comme une noix.

" Nous avons eu de temps en temps des adultes que Dieu a tellement touchés dans leurs maladies, qu'après avoir obtenu le Saint Baptême ils sont morts entre nos mains avec d'admirables sentimens de douleur pour leurs péchés passés ; il est à remarquer que les Sauvages n'ayant pas reçu comme nous cette grande grâce de l'é- ducation chrétienne, ils ne sont pas en récompense punis comme nous à la mort de ce grand endurcissement qui se trouve ordinairement en nous pour lors, quand nous avons mal vécu ; au contraire, d'abord que les gens sont abattus du mal et par ce moyen plus en état de refléchir sur le peu qu'est cette vie et sur la grandeur de celui qui

220

est ainsi le Maître de nos jours, si la Providence dans ce temps le met entre les mains d'un Missionnaire, commu- nément il meurt dans les apparences d'un crrand regret de tout le passé. Il i'uut que je rapporte un exemple qui est arrivé cet année (1) sur ce sujet, aussi bien y a-t-il quelque chose d'extraordinaire qui mérite bien d'être mise au jour Un Sauvage un peu éloigné de nous et qui ne se soucioit guère de s'en approcher parcequ'il ne i'ai- soit pas grand estime de la religion, fut saisi cet hiver d'une maladie languissante et à la fin l'a conduit au tom- beau, longtemps auparavant son décès il rêva dans son sommeil qu'il voyoit une belle grande maison à Kenté toute remplie de Missionnaires et qu'un jeune d'entre'eux le baptisoit ce qui l'empêchoit d'aller brûler en un feu et le mettoit en état d'aller au ciel ; aussitôt qu'il fut ré- veillé il envoya à Kenté chercher un prêtre par sa fem- me pour le baptiser, M. d'Urfé ayant vu cette femme alla voir ce que c'étoit ; le malade lui ayant dit la chose comme je la viens de rapporter, il se mit à l'instruire fortement, ce que le malade écoutoit avec une grande attention ; après cela M. d'Urfé me vint trouver et j'y allai à mon tour, près de 3 mois durant nous lui fîmes successive- ment tous deux nos visites, toujours ce malade nous écoutoit avec des oreilles si avides que nous étions extrê- mement touchés en l'instruisant, ce n'étoit que des regrets du péché, des déplaisirs d'avoir offensé Dieu et des sou- pirs pour son service, incessamment il nous demandoit le baptême afin d'être en état d'aller voir son Créateur mais toujours nous différions de lui conférer, soit à cause d" la circonspection que nous y apportons, soit à cause des grands avantages que le malade tiroit de st?s ferv<'nts désirs pour la préparation à recevoir ce sacrement ; Enfin après

(I) tC72. (J. V.)

221

beaucoup d'importunités sur le même sujet nous lui avons accordé ses souhaits, lorsque nous avons vu qu'il étoit temps de le faire, et depuis avoir été lavé de cette eau salutaire ayant édifié un chacun de ceux qui le voyoient pratiquer tant de beaux actes de vertu il est mort pour vivre plus heureux, allant au lieu des soupirs du dernier temps de sa vie ; de pareilles bonnes œu\Tes font la seule consolation des missionnaires parmi toutes les peines qui se rencontrent dans l'instruction de ces pauvres abandonnés, je les appelé ainsi même à l'égard de leurs âmes, parce- que très-souvent ils n'ont pas pour le spirituel tout le secours qui leur seroit nécessaire, operaravy pauci missi veromulta (1). Nous avons 3 Villages dans cette étendue de notre Mission, sans compter les cabanes écartées. Il n'y pas un de ces Villages ou il n'y eut pour employer un bon Missionnaire. Nos principales occupations sont au- près des malades ou auprès des enfans qui écoutent vo- lontiers les instructions qu'on leur fait et même prient bien Dieu en leur langue et se croient bien récompensés si après leur instruction le missionnaire leur fait présent d'un pruneau ou d'une graine de raisin, ou quelqu' autre semblable rafraichissement, ce qui nous sert comme les agnus et les images servent en France à ceux qui y font le cathéchisme. Les pères et les mères n'ont aucune opposition à ce qu'on instruise leurs enfans, au contraire ils en sont vains et en prient même souvent les mission- naires. Je suis obligé de rendre ce témoignage à la vérité, que les Sauvages tous barbares qu'ils sont et sans les .lumières de l'évangile ne commettent point tant de péchés que la plupart des Chrétiens."

Voilà un petit crayon de tout ce qui s'est passé dans notre Mission, autant que la mémoire me l'a pu fournir,

(1) Je ne comprends point ce laliu. Et moi, je comprsond qu'on a du écrire : Operarii pauci, messis vro viulta. (J. V.)

222

c;ir jamais je me suis appliqué à en faire aiuune remar- que, sachant bien que Dieu est une grande lumière et que (juand il veut qu'on eonnoisse les choses qui regarde sa gloire, il leroit plustôt parler les arbres et les pierres Je ne me suis pas fort attaché à décrire les petites peines qu'ont pu ressentir les missionnaires de Kenté, ni les privations dans lesquelles ils se sont trouvés très-fréquem- ment depuis le temps que cette œuvre est entreprise : Ce que je puis ajouter à la lettre de M. Trouvé est que les missionnaires de Kenté souffriront beaucoup moins à l'avenir que par le passé, d'autant que Messieurs du Sé- minaire de St. Sulpice ont fourni le lieu de bestiaux, cochons et volailles et que Messieurs les Missionnaires ont transférés avec beaucoup de peines ; Que si le Roi fait faire un jour quelque entreprise sur Nontario, comme le lieu semble l'exiger pour tenir les Iroquois dans la dernière soumission et avoir toutes leurs pelleteries qu'ils viennent faire sur nos terres et qu'ils portent par après aux étrangers, ceux qui seront commandés pour cette exécution et établissement pourront recevoir de grands secours spirituels et temporels tout à la fois de Kenté, par le moyen des travaux et dépenses que font Messrs. du Séminaire de St. Sulpice en ce lieu : Je ne nomme pas en cette histoire ceux de ce Séminaire qui font les dépenses du Montréal et de Kenté, quoique grandes et considérables, parce que je l'ose pas faire : que si ceux qui liront ceci le trouvent à redire, qu'ils trouvent bon ({ue je me soumette à leur condamnation et que j»' n'encours point la disgrâce de ces Messieurs, qui auroit'iii bientôt raturé leur nom, si je le voulois mettre sur le papier.

Ayant conclu cette Relation, on m'a fait voir la lettre qui suit, elle est écrite par M. De Courcelles et est adressée

223

à Monsieur le Curé du Montréal (1) ; j'ai estimé à propos d'en mettre la copie ci-après, afin d'en sceler cette His- toire, par ce que j'ai cru ne pouvoir donner plus de poids et d'autorité aux vérités qui y sont renfermées qu'en usant d'une aussi digne main que la sienne pour faire connoitre quels sont ceux dont j'ai entrepris de parler.

" D.' Québec Ci' 256 7bre., !G72.

" Monsieur le Comte de Frontenac étant arrivé (2), que le Roi a pourvu de ce gouvernement pour me venir rele- ver, ayant eu mon Congé de la Cour pour m'en retourner, je me prépare à partir, et devant que de m'embarquer je suis bien aise de vous écrire celle-ci tant pour l'inclina- tion que j'ai pour vous que pour tous vos Messieurs, à cause de la fidélité au service du Roi que j'ai toujours reconnu en vous, pour vous en témoigner ma reconnois- sance.

" Je vous prie aussi de faire connoitre à tous nos habi- tans que je leur rends la justice qui leur est diie, recon- noissant qu'ils ont toujours été prêts et des premiers, quand il s'est agi du service de Sa Majesté, et qu'ils aient à continuer comme ils ont commencé, je témoignerai à Messieurs les Ministres, quand l'occasion s'en présentera, que Sa Majesté a dans votre quartier de véritables et fidèles sujets.

" Et comme je ne doute pas que les gens qui obéissent bien à leur Prince ainsi qu'ils le doivent, ne soient des Chrétiens dont les prières sont bien agréa-

(1i M. Gilles Pérot (d'après autographe), 2me curé de Montréal, du 1er Septembre 1664 au 17 Juillet 1680, qu'on le trouva mort d'apoplexie dans le Jardin du Séminaire : c'est le 1er jirêtre inhumé dans la vieille église pa- roissiale. (J. V.)

(2) Commission enregistrée à Québec le 12 Septembre 1672. (J. V.)

224

blés à Dieu, conviez-les,s'il vous plaît, à le prier pour mon heureux retour en France, je demande cette même grâce à tous vos Messieurs que je crois qu'ils ne me refuseront pas, et à vous particulièrement, de qui j'espère toute as- sistance par vos bons suffrages, sur lesquels je vous assure je fonde mes meilleures espérances, en vous disant adieu je vous prie de croire que je serai toujours de cœur et d'affection, etc."

" Monsieur

Monsieur Perot curé du Montréal,

par Monsieur De Courcelles.

Vraie copie.

Montréal, Novembre, 11 â 26, 1845.

Js, Viger. L. J Papineav,

APPENDICES.

No. I. p. 25.

Les A/niales (M>S.) f/e l'Hôtel Dieu de Motitréal ont sur ce sujet des renseiunements difierents de ceux-ci et fournissent des détails que nos lecteurs pourront lire avec intérêt : les voici

" Made. de Bullion demeura édifiée et très-satisfaite de l'entretien de Melle. Mance sa 1ère, visite) ; la pria d'y retourner pour sa consolation, ce qu'elle lit plusieurs fois, et s'ouvrit enfin sur le dessein qu'elle avoit de fonder un hôpital dans la nouvelle Colonie : et que, puisqu'elle avoit assez de courage et de vertu pour y vouloir aller, elle la chargeroit de tout, pourvu qu'elle lui promit un secret inviolable; ce qu'elle lit sur le champ

'• Melle. Mance retourna voir Mde. de Bullion et lui dit qu'elle étoit disposée à exécuter toutes ses intentions, con- vaincue qu'elle étoit que Dieu la vouloit en Canada pour y prendre soin de son hôx^ital. Enlin le contrat se lit dans les formes, à la réserve qu'elle ne parut que sous le nom d'une personne inconnue qui ne veut point nommer d'autre que celle à qui elle coniioit son secret ; laquelle reçut comp- tant dans son tablier pour se mieux cacher et à plusieurs reprises, la somme de 60,000liv. ; sur quoi elle assigna une pension de lOOOliv. à Mlle. Mance, sa vie durante. Elle lui donna en outre phisieurs bijoux de dévotion de grand prix, etc."

" Elle chargea en outre la d. 'Belle. Mance de l'Ad- ministration du liien temporel du d. hôpital jusqu'à

'2-26

sa mort, ce qu'elle a ext-cuté avec beaucoup de peines à cause de ses maladies continuelles qui l'ont obligé de garder le lit plusieurs ann»''«'s de suite. Elle ordonna par son contrat que la pension de lOOOliv. de Mlle. Mance retourneroit après sa mort à l'hôpital, qui a été fondé de mille écus de rente; que ce fonds seroit inaliénable, et que si à l'avenir l'Isle de Montréal venoit à périr par la guerre des Iroquois ou autres accidens, le d. fonds de 60,000liv., retourneroit à l'Hôtel-Dieu de Paris, qui jouiroit de la rente jusqu'au rétablissement du d. Montréal auquel

elle retourneroit "

" Mlle. Mance reçut son argent, comme je lai dit, à plusieurs reprises ou payments, crainte qu'on ne s'en apperçût, ne pouvant pas tout porter à la fois. Elle m'a raconté elle-même plusieurs fois agréable- ment, qu'elle s'y faisoit porter en chaise et qu'un soir ses porteurs lui dirent : "Mais ! d'où vient, Mlle., que quand qus venez ici vous êtes moins pesante que quand vous en sortez ? Assurément cette Dame vous aime et vous fait des présents. " Ceci lui donna beaucoup de crainte d'être volée et peut-être tuée, ce qui lui lit fort pru- demment changer de porteurs et aussi d'heure, pour aller voir Mde. de Bullion. Aussitôt qu'elle eut reçu toute la somme, elle la mit en fonds de rentes constituées, savoir : 2200liv. à l'Hôtel d'Angoulème, qui ont porté peu de profit, et point du tout depuis plus de 30 ans, que les propriétaires sont morts et leurs biens vendus par dé- crets : on nous fait e.spérer cependant que le fonds ne sera pas tout perdu, mais il ne produit plus de rente et on ne touch»». ri»Mi du fonds (1) ; ce qui obère notre pau- vre hôpital notablement et l'auroit ruiné, si notre bon Roi ne l'avoit soutenu par ses libéralités, lui ayant donné

(1) Notre Annalisl»' (^crit ceci en 1697. (.1. 'V^)

227

lOOOliv. chaque année, depuis 12 à 13 ans. Mlle. Mance fit un autre contrat de 22001iv. sur M. le Baron de Kenty qui les prit dans le désir de servir à cette œuvre qu'il aimoit et estimoit beaucoup, devant servir à la gloire de Dieu et au salut de plusieurs âmes dans le Canada. Il en a payé la rente 15 ou 16 ans, puis rendit le fonds qui a été employé à soutenir les dépenses de 100 hommes tra- vailleurs et artisans que Messr. de St. Sulpice (1) envoy- èrent et firent passer de France au Montréal en 1653, à quoi Mlle. Mance consentit, à cause, comme elle s'en est déclarée plusieurs fois et même par écrit, qu'elle croyoit que, sans ce secours, l'entreprise du Montréal auroitpéri et échoué entièrement, vu l'état il étoit alors réduit " "Les 16,000liv. restant furent mis sur M. Des- bordes qui en a payé la rente jusqu'aujourd'huy .'\A?inaIes de r Hôtel-Dieu de Montréal" MS. de la Sœur Blarie Morin.) J. V. No. II. p. 33.

Voilà enfin la confirmation (que je cherche depuis longtemps) de ce qu'avance Charlevoix sur ce voyage à Montréal de M. De Maisonneuve, dès l'automne même de 1641, lorsqu'il dit, Tom. I. page 227 de son Histoire de la Nouvelle-France : "M. de Maisonneuve arriva à Québec" (en 1641) " avec une fille de condition nommée Mademoiselle Manse "..."le Chevalier de Montmagny et le Supérieur G-énéral des Jésuites les conduisirent à Mont- réal ; et le 15 d'Octobre M. de Maisonneuve fut déclaré Grouverneur de l'Isle," Les Sœurs Juchereau, Bourgeoys et Morin ne parlent point de ce fait, qu'on me dit être cité, pourtant, dans la Relation du P. Vimont (2).

J. V.

(1) Non, mais MM. les Associés du Montréal. (J. V.)

(2) J'ai vu, depuis, cette Relation du Père Vimont. Je l'ai copiée à la p. 107 et suivantes du T. II de " Ma Saberdache, Lettre M." C'est un article

X.). 111. i>. M7.

L«^ " C^hàt«'au " d()iit])arlt' ici M. Dollicr t-st le syiioiiyiue (lu Forl-à-bnstioiis «Mi bois (juc construisit M. île Maison- lu'uvo i)tni après sou arriv«''»'. sur les plans et sous la di- ri'ction (It* M . i^ouis D'Aillt'honl <lc ('oulonLics ( 1 ). Tous les coiitcuiporaius s'accordent à «*n Jixer le site à la pointi', depuis appelée, Potn/f-à-Ca/firre, d'ai)rès le chevalier Hector de Callière. «rouvenicur (le Montréal, de l(jS4 à à lG!>i>. «juil devint (louvcrneur général. La Jlniso/i- du-Forl de M. de, Chouiedey (-)," dit la f^d'ur Morin. "a subsisté l'année ItiSli ou '8'^, qu'on acheva de la démolir, (luoicju'tdle lu' l'ùt (jue do bois, est à présent la Mai- son de M. de C.illieres ('>), notre ;2(»u\ ('r)icur d aujour- d'huy. (lt;'.»Tj."

Nous avons i)u voir dans notre jeune tenii)s les traces d«^ ctMte ancienne Muison foi-lifivt', à la l'ointe à Oallière ; elle avait été l>âtie en pierre par son pro- priétaire, ei)ncc.s>i()nnaii"c du site <|uellc a\ait «»ccu])é par acte notarié du - juillet l»;ss. ( )ii r;i|»pel;iit le Ch<Ur(ii(-Citllicri'. tant a cause de ses ailes servant de bas- tions, q,ue de riloi-' (jiii l'habitait: on en V(»it le i)lan con-

oiit-j'i-lail iiit-T-sfanl, 'pK' li- i»*lil vov.ij:»' fi Moiilnnl tlii I*. Viiimnl f\ de SCS coiii|»H^'iit)ti.s l'ii l«ii.'. .If (lf(;l,'iri' iiî-lriiL'Mili ()iiii-((M'(u<- II'- Ip lira |MnsnvPc jilaisir, IS'it). (.1. V.i

[Nmis iivi>n>iiii il<-vi»ir lais^t•^ «ftl»- iiotcilatis ^oii iiil<f.'rili'. Klli- iiii.iilr'' (lulionl !•• travail (!■• n>vi>iiiii ri tir cniiiriitiii /impiol sr livrait le Ccmi- mafi(l''ur Vi?»T ; iHi- fait voir i-nsiiili», «lu'à IV'jmhjuo oh il a coninD'iio*! à aniiotfr r«'tl«* ///.«/'(//'»• on n'avait pn< i-îicrtiv imis Jps ronsi'i;.MiennMit<8 <pip ri'Ui- «lumii'iil Jiiijtiiird'liiii lii piinpn'>hi"ri c'iMiifiiM<> il<'s ltrliili(in<i. M Viç(ir oi) avait copii- Ifs plus rai»--..]

<!) ViiV'/ aussi pa^'f .'»(».

r' *. ,.lpTii.--it j." . hn'.Mii .!.' M. Dftjli.-i .1 \

iiiliiprnpli»'. (J. \

229

serve dans toute son intéofritr, aux plans de Moiilrral de 1723 par M. de Catalon-iic, et de 17(51, par M. V. [>al)ros-

86.

J. V.

No. ly. p. 39.

Chaniplain est venu })lusieurs fois à Montréal et a même dressé une carte du lieu (1), il indique, à ne s'v pou- voir tromper, la Pot nfe-à-Calliùre comiae X)oint de son 1er dé]:)arqu(anent et de son 1er séjour. Il bâtit quelquc^s cabanes pour la traite, y sema des o-raines de jardin et y éb'va une petite muraille en briques. Il remar- qua à :20 toises de cette Pointe un petit ilet d'enviroîi cent pas de loni]^. Il appelle " Place Ruijale," mais jamais Monl-Ro/jnl ou Mont-Pi,6al\<i coin de terre qu'il défricha et habita ; et il est important, ce me semble, pour lintellioen- cèdes événements historiques de ré])<)quede Champlain, de bien serapi)eler que dans l'itinéraire des navii>-ateurs de ce temps, un " Voyaa'O à ^Montréal," était ap- pelé un •■ Voyan'e au Orand îSault ^^t. Louis.'' Au.><si tard enfin que ltj()3, on lit à l'acte notarié du 0 Mars, par le- quel les As.sociés de ^[ontréal l'ont donation de cette Ile au Séminaire (h» St. Sul])i('e de l'aris : ''l'Isle de Montréal, située en la Nouvelle-France sur la Kivière St. Laurent au Sault St. Louis, sous le 44(( deu'ré. etc." (2)

J. V. No. V. ]). 113.

Le documt^nt suivant a le mérite de relever deux erreurs du K. V. De C'harlevoix. Cet (\^timable historien semble lixcr ;iu In- Se])t. l(!;")t!le coiiibnt le 1*. L. (lar-

.! 1)111-^ sn., v.x I..' >i.- Itil 1. .1. \ ., -' Voir Eilils ol Onioniiaiicos. Vol. I. |iag'' .S"2. (.1. V.i

230

reau fut blessé à mort, et son décès au 4. Le Reg-istre de Paroisse contredit ces deux laits, et voici comment: " Anno 1). 1656, die 2 Septembris, circà undeciman " noctis horam, animam Deo reddidit P. Leonardus Gar- " reau, SacerdosSocietatisJesu, omnibus sacramentismu- " nitus, glande plombœâ percussus ab Irocacis die 30 " Augusti, dùm Evangelii prœdicandi causa Superiores " Regiones peteret. Vir eximiis Dei donis et virtutibus " prœditus. Postridie per me Claudium Pijart ejusdem " Societatis Jesu iSacerdotem sepultus est in Cœmeterio, " Loco Sacerdotibus designato." (Extrait.)

J. V. No. VI. 127.

Si l'on en devait croire M. Dollier sur son récit, ce petit voyage de nos deux hospitalières de Québec n'aurait rien que de bien naturel et de bien innocent, et M. de Maisonneuve comme Mlle. Mance auraient été joliment mystifiés. Ce voyage de nos RR. Mères de la Nativité et de 67. Paul se présente pourtant sous un bien différent aspect à l'esprit du lecteur, quand il voit le motif qu'en donne la li. Mère Juchereau de St. Ignace dans son " Histoire de C IIôtel-Dieu de Québec,''' ouvrage publié en 1754 avec l'approbation sans doute de sa Communauté, et toute mystilication disparait à la lecture de ce que disent sur ce même sujet les " Annales MS. de V IIôtel- Dieu de Montréal." Confrontons nos auteurs avant de prononc«'r <'t consultons pour cela, ma " Notice historique sur f AJjbé de Queulus.''

J. V.

No. VII. p. 134.

M. L'Abbé Faillon, Ptre. de St. Sulpice de Paris, a pu- blié, pour la 1ère fois peut-être, en 1841, la "Déclaration

231

de Melle. Jeanne Mance " par elle écrite et signée, comme il y est dit in fine, " de la même main dont j'ai reçu l'usage."— Elle porte la date du 13 février 1659. C'est la 2e attestation de cette demoiselle qui en avait donné une première le 2d du même mois, jour du miracle. (Voir " Vie de M. Olier," Paris, Poussielgue-Rusand, 1841, Tome II, p. 518.)

J. V.

No. VIII. p. 150.

Extrait du Registre de la Paroisse de Montréal.

" 1660, Juin 3. Nous avons reçu nouvelles par un Huron " qui s'étoit sauvé d'entre les mains des Iroquois qui l'a- " voient pris prisonnier au combat qui s'étoit fait huit jours " auparavant entre les d. Iroquois qui étoient au nombre " de 800 et 17 François de cette Habitation et 4 Algon- " kins et environ 40 Hurons, au pied du Long-Sault (1), " que 13 de nos François avoient été tués sur la place " et 4 emmenés prisonniers, lesquels du depuis nous " avons appris par 4 autres hurons qui se sont sauvés " aussi, ont été cruellement brûlés par les d. Iroquois en " leur pays. Or les noms des d. François étoient :

" Adam Daulat (2), commandt., Jacques Brassier, Jean Ta. " vernier d. Lacochetière, armurier, Nicolas Tiblemont, ser- " rurier, Alonce De L'Estre, chaufournier, Laurent Hébert " dit la Rivière, Nicolas Josselin, Robert Jurie. (Nous avons «' appris qu'il s'est sauvé par les Hollandois et retourné " en France,) Jacques Boisseau, Christophe Augier d. Des- ^^ jardins, Etienne Robi?i dit Desforges, Jean Le Compte^ " Louis Martin, Jean Valets, René Doucin, Frs. Crusson d. " Pilote et Simon Grenet."

(1) Rivière des Outaouais. (J. V.)

(2) Adam DoUard, Sieur Desormeau.x. (J. V.)

Je remarqurriii qu'aïufs ins.j)t'(ti()U du Ki'uistrr, j ;ii pu constater que iJoUarcl était un jmuu' honune dv 2r> ans et (jUf tcius les autres, à Ifxeeption de deux qui avaient oO et >i\ ans, étaient des jeunes gens de lil à 27 ans au plus. N'est-il pas extraordinaire que Charlevoix n'ait rien dit de cet étonnant fait d'armes ? Les Jésuites en parlent amplement dans leur " Relation de lôô!<- 1660." parle V. Laleur.int.

J. V.

^o. VIII. his, p. 151.

M. Vi'jer avait commencé sur la maison de Ste. Marie une note (juil n'a pu terminer. Pour y suppléer nous empruntons à l' Jlialoire île lu Colonie Fratiçaise en Ciinada t. 11, i>. -M^T. le passaire suivant : " M. de Queylus, avant " son déi)art du Canada, avait établi les maisons de ISt. '• Crahri<'l et de Ste. Marie. Sil lit ccmstruire cette dernière '• dans un lieu éloiiiiié de plus d'une demi-lieue de Ville- " Marie, et par conséquent si exposé aux pilleries des Jro- " quois, c'est qu'apparemment il y avait-là des g-raiids es- ■' ]>aces de terres, défrichées autrefois, probablement par " les sauvaii'es du village de Tiilona'^iii/. dont i)arle .îac- " ques Cartier, et qu'on ])ouvait b's remettre en culture " plus aisément et avec moins de dépenses ; car le Tillaî*-e " de TulonaLiUN" semble a\ oir été situé dans le lieu même "de Sic. Marie (aujourd'hui tMi dehors de Ja barrière du " ried-du-Courant), puis(pie, d'a^n-es Cartier, ce village " était environ à deux lieues au-dessous des C'hiites d'eau, '' appelées ensuite de la Chine, ce ((ui convient tré.s-bien " à la position de Sainte-Marie. "

Ajoutons a cela (|iu' M. haillon rapport»' aux terres de St (îabriel et de Ste. Marie ce que M. Dollier dit à la paire 128, et <iue le nom de la rue Ste. Marie vient évi- demiii-'iit de celui (le la Maison du Sémiiuiire.

233 No. IX. p. 161.

Pas tout-à-fait comme cela. M. l'Abbé de Queylus, qui ne voulait pas reconnaître ici l'autorité de Mgr. de Pétrée, mais y maintenir celle de l'Archevêque de Rouen dont il avait des lettres de G-rand-Vicaire, repassa un peu malgré lui, en France, dans l'automne de 1659. Il y était à peine arrivé, que le Roi lui fit l'honneur de lui écrire la lettre dont suit copie, conservée aux Archives du Diocèse de Québec :

" M. l'Abbé de Queylus. Ayant esté informé que " vous faisiez estât de partir au plus tost par le premier " vaisseau pour retourner en Canada, et ne désirant pas " pour bonnes considérations qus vous fassiez ce voyage, " je vous fais cette Lettre pour vous dire que mon inten- " tion est que vous demeuriez dans mon royaume vous " défendant tres-expressement d'en partir sans ma per- " mission expresse à quoy m'assurant que vous satisfe- " rez : Je ne vous ferez la présente plus longue que pour " prier Dieu qu'il vous ait M. l'Abbé de Queylus en sa " sainte garde.

" Ecrit a Aix, ce 27 février, 1660.

(Signé) "LOUIS."

et plus bas (Signé) " Le Tellier."

Ceci ressemble à une lettre de Cachet, à laquelle il ne convenait guère, pour un homme de la robe de l'abbé, de ne pas se soumettre. Il ne le voulut pas» néanmoins, car le 3 août 1661, M. de Queylus était à Québec, en dépit de la défense du Roi. Mgr. de Pétrée sachant son arrivée lui fit signifier, dans les formes ec- clésiastiques, de ne pas passer outre jusqu'à la venue du prochain vaisseau de France, et de n'aller pas surtout à

C*

234

Montroal, " sans iiostro permission, sous poino de déso- béissance et de suspeiitions ab o^irio Sarnrdotis, encourue ipso facto'\ Lettre du 5 août.

L'Abbé était en trop beau chemin pour s'arrêter, il partit, mais de nuit, pour Montréal, et l'Evoque lui écri- vit le 6 août, IDtJl : ..." Et d'autant que dei)uis nostre " Ordonnance Nous avons appris que non seulement " vous vous disposez à partir au plus tost, mais en- •' core que le jour d'hyer cinquiesme aoust, vous vous " estes embarqué de nuict, nous vous réitérons les dellen- '* ses cy dessus, et au cas que vous ne retourniez a " Québec pour y recevoir nos ordres et y obéir, nous vous " déclarons suspens ab ojjicio mrerdotis, encourue iji^n fnr- " to que vous passerez outre.

'• Ce sixième Aoust mil six cent soixante et un."

(Signé) " FliANÇOLS." " Evesque de Québec."

Il repartit pour France le 22 octobre 1661, sur Lettre de cachet adressée, dit l'Abbé de la Tour, au Baron du Bois d'Avauçour, Gouverneur général (Ij

.T. V.

No. X. p. 172.

Marie des Neiges est la première fille iroquoise baptisée à Montréal. Voici les entrées faites au Itegistre de Pa- roisse sur le baptême et le décès de cette enlant sauvage. " 1 658, Août 4.- A esté baptisée Marie, fille de Totinataghé- " Agnoron, ce qui signifie les deux Villages, et de Teon- " nhetharay, qui veut dire il y a des Pins, ses père et mère.

(I) " M. l'Abbô de Kéliis re<:>'l l'orflro de n-toumor en France, qu'on lui fit «ignilier .'i Monln-al [lar un commandant ol une escouade de soldats.'' (Abbo de Bolinout).

J

235

" laquelle mère étant venue en ce lieu au retour de sa " chasse avec d'autres Sauvag-es de son Village, a donné " volontairement sa ditte fille, âgée d'environ 10 mois à " M. de Maison-neufve, Gouverneur de ce lieu, pour en " disposer comme de sa propre fille, lequel l'a acceptée " en cette qualité ; et la ditte mère ayant, quatre jours " après, la d. donation et acceptation confirmé, promet- " tant de ne la redemander jamais, il l'a fait baptiser et " en a esté le parain, et la maraine, Damelle. Eliza- " beth Moyen, femme du Sieur Lambert Closse, Sergent- " Major de la garnison. La dite fille âgée d'environ neuf " mois."

" 1663, Août, 11. A esté enterrée Marie surnommée " des Neiges, âgée de 5 ans et 10 mois, prise à la Congré- " gation. Elle étoit Agnierone. Donnée pour fille à " M. de Maisonneufve par sa mère, à l'âge de 10 mois."

J. V.

No. XL p. 177.

U Histoire du Montréal nous révèle ici un fait icnoré jusqu'à présent (1845). Sur l'afiirmation de Charlevoix (Tom. 1er p. 407, édit. in 4 to.) on avait cru que M. de Maisonneuve s'était retiré de lui même et que son succes- seur immédiat avait été M. Perrot. M. Dollier nous ap- prend le contraire, sans cependant nous donner assez de détails pour nous permettre de trancher la question. Il faut donc l'examiner.

D'abord, il est certain, comme nous le ferons voir dans un travail que la Société Historique publiera bientôt, que M. de Maisonneuve a souvent été remplacé dans le gou- vernement de Montréal pendant les voyages qu'il faisait en France. Ainsi M. D'Ailleboust le remplaça en 1652, M. Closse en 1657, M. Dupui en 1662, Le remplaçant

23G

prenait ordinairement le titre de Commandant ; cepen- dant M. D'Aillehoust est désigné comme Gouverneur.

[Par lettre patente du 13 Fé\Tier 1G44, le lioi avait ra- tiiié l'acte de ceission de l'Isle à la Compa^^nie de Mont- réal, consenti par M. Jean de Lauson le 7e août ^ 640, et celui de confirmation de la dite cession par la " Compa- gnie des Cent Associés," du 17 décembre suivant. Ces lettres de ratification donnaient en même temps aux Associés du Montréal la justice de l'Ile et " le pouvoir de nommer le Gouverneur de la nouvelle colonie et d'y avoir du canon, etc". Ce pouvoir fut librement exercé jus- qu'en 16*33, et M. de Maisonneuve remplacé quelque- Ibis, comme nous venons de dire, fut tout le temps gouverneur de Montréal ; mais en 1663, M. de Mesy ôta au Séminaire et la Justice et le droit de nommer le gou- verneur : M. de Maisonneuve reçut de nouveaux pou- voirs (1) pour Montréal, de M. de Mesy avec cette clause " qu'ils cesseroient quand M. de Mesy le jugeroit conve- " nable' .

Enfin au mois de Juin 1664 M. de Mesy nomma M. de Latouche (2) à la placi- de M. de Maisonneuve " et *' fit commandement à celui-ci, dit la Sœur Morm, de " retourner en France, comme étant incapable de la

*' place et du rang de gouverneur qu'il tenoit ici

•' Il repassa en France."

Il ne paraît pas, cependant, que M, de Maisonneuve ait obéi immédiatement. M. Dollier ne met son départ qu'en 1660, et on voit son nom à certains actes des regis- tres de la paroisse de Montréal aux dates du 6, du 13 et

(t) Commission du "23 (Jclobr^, 18G3.

(2) Elienn»; IV-zanl <!.' la Touch»^, Srîipneur «le Chamjiluin. I)o liii sont vomis los La Toiich<! rl(* Champlain. dont (jnpl'iiK's-uns no s'iippol'Tont que Champlain et crurent avoir d«>s rap|)orts du paronb^ avrc l'illustro fnn<laleur de Québec. La commission du gouverneur Montréal est du 21 juin. iGG<.

237

du 20 avril, 1665. Le titre de gouverneur de Montréal lui est conservé dans ces actes. Il a pu être encore à Québec lors de la mort de M. de Mesy, 5 mai 1665,

Il semblerait que l'administration de M. de Maison- neuve doive se terminer au 21 juin 1665. Ce n'est pas cependant ce que Charlevoix donne à entendre. Cet historien ne parle ni des indignités prodiguées à M. de Maisonneuve, ni de la commission donnée à M. de Latouche en violation flagrante du droit in- contestablement admis à la '• Compagnie du Montréal " par la lettre de ratification du Roi. " 11 se fit alors (1670,) '• dit-il quelques changemens par rapport au Gouverne- " ment de Montréal. M. de Maisonneuve ayant souhaité " de se retirer, M. de Bretonvilliers Supérieur G-énéral du " Séminaire de St. Sulpice, nomma de droit pour le remjda- " cer M. Perrot, qui avoit épousé la Nièce de M. Talon. Ce " nouveau Gouverneur jugea que la Commission d'un " Particulier ne lui donnoit pas un caractère qui con- " vînt à un Officier du Roy, et craignit peut-être que les " services qu'il rendoit dans ce poste ne lui fussent pas " pas comptés. Il demanda donc et obtint des Provisions de " Sa Majesté, il étoit expressément marqué, qu'elles avoient " été données sur la nomination de M. de Bretonvilliers."

Telle est la version de Charlevoix qui tend à établir que M. de Maisonneuve a été gouverneur sans interrup- depuis 1641 jusqii'à 1670. Voyons celle de M. l'abbé Paillon (1): "Un des premiers actes de M. Talon " ce fut de rendre au séminaire la justice de l'ile de " Montréal. On lui rendit aussi le droit de ?iommer le ''gouverneur, et sur le choix que fit M. de Bretonvilliers " de la personne de M. Perrot (M. de Maisonneuve étant'

(1) Vie de lu Saur Bourgeois T. 1. pp. 174-175. M. Viger n'a ] as eu con- naissance de V IHsloire de la Colonie Française en Canada.

238

" trop âgé pour retourner en Canada), le roi expédia des " lettres pour ce gouvernement en déclarant qu'il " vaquait alors par la démission de M. de Maisonneuve (1); " ce qui donnait à entendre que la nomination du Sr. La- " touche était nulle, comme contraire au droit des Sei- " gneurs."

Peut-on maintenant dire que M. de Maisonneuve, eut pour successeur M. de Latouche ? Je ne le

crois pas Quelques recherches que j'ai faites au

Refj^istres de Paroisse, et laissé faire au Greffe de cette ville par le patient M. U. Beaudry, on n'a trouvé nulle part le nom de M. de Latouche, ni comme simple particulier, ni comme gouverneur, de 1664 à 1670. Au- cun acte d'administration de sa part n'est encore venu au jour. Il n'a donc pas succédé à M. de Maisonneuve, selon moi au moins, et je ne saurai le qualifier de 2me Gouverneur de 3Iontréal (2).]

Mais puisque M. de Maisonneuve était absent, et qu'il fallait à Montréal une autorité pour maintenir l'ordre, sur qui les fonctions de Gouverneur sont elles retom- bées ?

Non pas sur M. de Latouche. Sa commission était du 20 Juin 1664, et le 18 Juillet de la même année M. Souart présentait au Conseil Souverain la copie des pièces qui établissaient les droits du Séminaire. Il est assez proh)able que le Conseil ne voulut pas troubler M. de Maisonneuve jusqu'au moment de la production des oritrinaux. Mais suivant M. Faillon, M. de Tracy aurait destitué M. de Maisonneuve dès le mois d'Octobre 1665 et nommé à sa place M. Zacharie Dupui. La commis- sion de ce dernier porte cependant : " Ayant permis à M.

(I) Archives '!<■ la MiniKî. R ^^.slr.-s .k-s l-).'i,è.li.p, 1071, f..l .')'2. (î) Extrait du MS. intitulé : (jouveinanml ri Gouverneurs de Montréal, par J. Vi^-'cr. Cet opuscule sera prochainement publié.

239

" de Maisonneuve Gouverneur de Montréal de faire un " voyage en France pour ses affaires particulières, nous '• avons jugé ne pouvoir faire un plus digne choix, pour " commander en son absence que la personne du Sr. Du " Puis" (1).

Nous avions déjà constaté nous même que M. Dupui fût Commandant à Montréal. Il portait encore ce titre en 1668 à son contrat de mariage devant Eageot, le 22 octobre.

Mais en 1669, le commandement parut dévolu à M. de Lamotte {Greffe des Audiences, 1669) (2), qui le possédait encore le 10 mars 1670, il est qualifié, dans le contrat de mariage du Sr. Abraham Bouat, de : " Noble homme Pierre de St. Paul, Sieur de la Mothe, Commandant de cette isUr

Il est probable que M. de Lamotte fut le dernier remplaçant de M. de Maisonneuve, les droits de ce der- nier se trouvant implicitement reconnus jusqu'à la nomi- nation de M. Perrot.

Il n'est peut être pas inutile de dire que ce dernier prit d'abord lui aussi le titre de Commandant du lieu jusqu'en 1671, qu'il reçut une commission royale. En même temps on voit " Messire Sidrac Du Grué " s'appeller tantôt Commandant de ce lieu, tantôt Commandant des Armes du Roi.

No. XII. p. 187.

Voici une anecdote qui trahit notre auteur en nous faisant connaître que t Ecclésiastique dont il nous cèle ici le nom avec tant de modestie et de circonspection, était

(1) Histoire de la Colonie Franraiso, T. III, p. 111.

|2) Des le 14 janvier 1669, M. Dupai est désigne par son ancien titre de " Major de ce lieu" (Reg. de la Paroisse.)

240

M. Dollier de Casson, lui-même. Voici comment j'établis ce iait.

M. Crrandet, curé de Ste. Croix à Angers, a laissé une Notice manuscrite sur M. Dollier : j'en ai une copie et je lis ce qui suit :

'■ Sa charité éclata dans le service qu'il rendit aux " troupes françoises en qualité d'Aumônier dans la guerre " d'Agnié (1). Ce fut à peu près dans ce tems qu'il fit '■'• un acte de la charité la plus héroïque et digne d'une " mémoire éternelle Un soldat s'étoit enfoncé dans la " glace sur le lac Champlain et étoit prêt à se noyer. Le " trou dans lequel il étoit tombé étoit de très-difficile " abord ; les glaces étoient foibles et fort rompues par les " efl^brts que faisoit ce soldat pour se sauver, personne " nôsoit se commettre à un si grand péril, pour l'en dé- " liver. M. Dollier seul, armé du sifi^tie de la Croix, lui " tendit généreusement le bras, s'avançant sur le bord " du précipice ; et Dieu lui donna, comme par miracle, " toute la force, la dextérité et la vitesse nécessaires pour " le tirer de l'eau."

M. Grandet dit en outre de M. Dollier : " Qu'il a voit " une taille avantageuse et une force si extraordinaire " qu'il portoit deux hommes assis sur ses deux mains."

Encore: " Qu'avant d'entrer dans les Sts. Ordres"... il " suivit le parti des armes, fut Capitaine de Cavalerie, " servit sous le Maréchal de Turenne, et s'acquit par sa " V>ravoure l'estime de ce grand Général d'armée.

J. Y.

No. XIII. p. 160.

Extraits du Ivegistre de la Paroisse pour 1661. " 1661, Murs, 28. Vincent Boutereau, Sébastien Du " Tuy, Olivier Martin, Pierre Martin dit Larivière ont

(1) Expi lition do M. «le Tracy en 1666.

241

*' été enterrés, tués le 24 .par les Iroquois, et Michel " Messier, Pierre Cannin dit Le Grand Pierre, Pierre *' Pitre, hollendois, et Jean Millet, emmenés prisonniers •' le dit 24 Mars."

" Du depuis, nous avons appris que les Iroquois ont lue " le Grrand Pierre, que Pitre s'étoit sauvé d'entre leurs " mains, et comme on ne l'a pas revu ici, il y a apparence " qu'il est mort dans les bois, et qu'ils ont tué Jean " Millet à coups de bâtons."

" 1661, Août, 24. Jean Pichard, tué à la Pointe St. " Charles."

" Août, 29. Messire Jacques Le Maître, prêtre,

" Econome du Séminaire, et Gabriel Rié, tués. Les Iro- " quois ont emporté la tête de M. Le Maître. Enterrés " tous deux le 30 Août."

" Septembre, 28. François Bertrand, Sr. de la Fre-

minière, soldat, tué par les Iroquois."

J. V.

No. XIV. p. 165.

Extrait des Registres de la Paroisse.

" 1662, Mars, 13. Nous avons reçu nouvelle par des *' lettres du R.P. Lemoyne, estant en mission à Onontaghé, " que Messire G-uillaume Vignal qui avoit été pris par les " Iroquois à l'Isle-à-la-pierre, le 25 Octobre dernier " (1661), a été tué par eux deux jours après," (c'est-à- " dire le 27 ), " et que le Grenadier Claude de Brigard, *' Soldat et Secrétaire de M. le Gouverneur, qui fut *' pris en la même occasion, âgé de 30 ans, a été cruelle- " ment brûlé par eux dans leur Village."

Extrait des Annales de V Hôtel-Dieu de Montréal.

" Vers la fin de l'année 1661, M. Vignal fut tué par les *' Iroquois, à demi-lieue de V Habitation, en un lieu appelé " risle-à-la-pierre, il étoit allé afin d'en tirer d'une car-

242

" riùre qui est en ce lieu-là, pour bâtir le Stminaire, dont il " avoit été fait économe après la mort de M. Le Maître. " M. Vignal ne lut pas seulement tué, mais ces malheu- " Teuxjire/il rôtir ce qu'il avoit de chair en son corps et la " mangèrent " (MS. de la Sœur Morin, ItlOT)

J. V.

No. XY. p. 177.

C'est au Fief St. Joseph de nos jours, alors propriété de l'Hôtel-Dieu et maintenant celle de THon. F. A. Quesnel, que Rolin Bazile lut tué, et Guillaume Jérôme blessé à mort par les Iroquois, le 24 avril 1665, et que Jacques Pe- tit et Montor furent pris et emmenés par ces Sauvages, le même jour. Les Annales de C Hôtel-Dieu disent à cette occasion.

" Malgré toutes les caresses des Iroquois prisonniers «' dans notre hôpital, leur Nation ne laissa pas de faire '' coup à St. Joseph, qui ne faisoit que commencer à s'éta- " blir. De 4 travailleurs que nous y avions il en prirent •' deux, en tuèrent un sur la place et blessèrent l'autre à " mort : cela dans le désert qui étoit encore bien petit •' et tout proche de la cabane étoit le bonhomme Joi- " neau (1), qui apprêtoit le diner comme Maître de la mai- " son. Il eut la présence d'esprit de ne point sortir de- " hors, mais au contraire ferma sa porte et se mit en devoir •' de se défendre, monlrnnt les armes aux ennemis, qui " n'osèrent l'attaquer par un efiet de la providence de " Dieu toute pure. Quand on vint sonner la cloche et " qu'on dit que les ennemis étoient à St. Joseph, je n'eus

(I) " C'-toil lin vieux pari^nn, assez flévot, rlit la Sœur Morin, qi.i sV-toit donné à nous vers lOfil, avoc co qu'il nvoit de bien, savoir : 15 arpent^ de terre dont la moitié en valeur, un^ petite grange de bois et une cabanne sous lern-, dont la cheminée éloit une souche pourrie : plus, une vache et un cochon. (JV.)

243

" point d'envie de monter au clocher On dit d'abord

'• que tout étoit pris et tué, et la maison pillée. La mort du " bonhomme Joineau touchoit nos Sœurs plus que tout le " reste, par reconnaissance du bien qu'il leur avoit déjà " fait et qu'il leur pouvoit faire encore en prenant soin de " leurs travaux, et d'un autre côté, pour sa vertu et ses

" bonnes qualités Joineau vint lui-même apporter

" la nouvelle qu'il n'étoit ni pris, ni tué, et que la maison " étoit encore en son entier, les ennemis n'y étant point " entrés. Il en sortit à la faveur de ceux qui étoient venus

" au secours dont la vue avoit fait retirer les ennemis

•' Joineau redemanda d'autres travailleurs pour retourner «' avec lui à St. Joseph, ne perdant pas courage pour cette " perte et le péril qu'il avoit couru. On lui donna 4 autres •' hommes, en leur recommandant de se tenir mieux sur " leurs gardes." {MS. de la Sœur Morin.)

J. V.

No. XYI (1). p. 15.

Concession par la Compagnie de la N. F. de l'Ile de Montréal en faveur de Me. Jacques Girard, Seigneur de la Chaussée.

15 Janvier 1636. La Compagnie de la N'^''" France a t. près, et à venir Salut Le désir que nous avons d'accroitre la colonie en la N'^'i'? France nous faisant recevoir ceux qui peuvent nous assister en cette louable entre- prise et voulant afin de les y inciter davantage, les o-rati- fier de quelque portion des terres à nous concédées par le Roy après avoir été certifié des bonnes intentions de Messire Jacques Girard Chevalier, Seigneur de la

(I) G i'?t par erreur qu'à la page 16G on a oublié de mettre bis à la réfé- rence XVI. Pour cette note, voir plus loin No. XVI bis.

244

Chaussée, à iceluy pour ces cau/ses et autres à ce nous luouvans et en vertu du pouvoir à nous donné par Sa Majesté avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes l'étendue et consistance des terres ainsi qu'il en suit. C'est à savoir l'Ile de Montréal si- tuée en la Nouvelle France dans la rivière St. Laurent au dessus du Lac St. Pierre pour en jouir par le dit Sieur de la Chaussée ses successeurs ou ayant cause en toute propriété, justice et seii^neurie à perpétuité tout ainsi et à pareil droit qu'il a plu à Sa Majesté donner le pays de la N " ' France à la d. compagnie à la réserve toutefois de la foi et hommage que le dit Sieur de la Chaus- sée ses successeurs et ayant cause seront tenus de porter au Fort St. Louis de Québec, ou autre lieu qui sera désigné par ladite Compagnie par un seul hommage lige à chaque mutation de possesseurs des dits lieux avec une médaille d'or du poids de mi-once et le revenu d'une année de ce que le dit Sieur dt> la Chaussée se sera réservé après avoir donné en fief ou à cens et rentes tout ou parties

des dits lieux ressortiront pardevant le Prévost ou

baillitf qui sera établi par la compagnie en la rivière des prairies et par appel au Parlement du dit lieu que les hommes que le dit Sieur de la Chaussée et ses successeurs feront passer en la N '''" France tourneront à la dé- charge de la Compagnie et seront réputés du nombre de ceux qu'elle y doit faire passer selon l'Edit de son Etablissement et à cet effet ceux qui en feront les em- barquements seront tenus de faire tous les ans au Bureau de la Compagnie le rôle des hommes qui s'embarqueront dans les vaisseaux pour aller au dit pays, afin que la dite compagnie en soit certifié sans toutefois que le Sieur de la Chaussée ses successeurs ou ayant cause ni aucuns qu'ils auront fait passer au dit pays puissent trai- ter avec les Sauvages des peaux autrement qu'aux condi-

245

tions du dit Edit et en cas que le dit Sieur veuille faire porter à la dite étendue de terre quelque titre et nom plus honorable il se retirera à cet effet pardevant le Koy et Monseigneur le Cardinal de Richelieu pair de France, Grand Maître, chef et surintendant général de la naviga- tion et commerce de ce lioyaume pour lui être pourvu conformément au dit Edit. Mandons au Sr. de Montma- gny, chevalier de l'ordre de St. Jean de Jérusalem, Gou- verneur pour la dite Compagnie sous l'autorité du Roy et de mon dit Seigneur le Cardinal Duc de Richelieu de Québec et des autres lieux et place étant sur le fleuve St. Laurent que de la présente concession il fasse et souffre jouir le dit Sr. de la Chaussée, lui assignant les bornes et limites des clauses ci dessus ainsi qu'il appartiendra.

Fait en l'Assemblée générale de la Compagnie de la Nelie France tenue à Paris en l'Hôtel de M. de Lau- zon, Conseiller du Roy en ses Conseils, Intendant de la dite Compagnie le 15e jour de Janvier 1636.

Extrait des délibérations de la Compagnie signée par moi A. Cheffault Secrétaire.

Transport de la concession ci-dessus et de l'antre part à Mess. Jean de Lauzon 30 Avril 1638. Aujourd'hui est comparu pardevant les notaires, garde- notes du Roy en son Chatelet de Paris soiissignés Jac- ques G-irard, Escuyer Sieur de la Chaussée et de la Cal- lière demeurant ordinairement à la Gilardie pays de Poi- toUjlequel a reconnu et confessé et déclaré n'avoir prétendu et ne prétendre aucune chose en la concession qui luy a été faite le 15 du mois de Janvier 1636 au dit pays de la N''^^'' France, de l'Ile de Montréal, située au dit pays de la N'allé France, moyennant et aux charges amplement déclarées et mentionnées en la dite conces-

246

sion est et upparticnt à Messire Jean de Lauzoïi, Conseiller du Roi eu ses Conseils d'Etat et directeur de ses finances, n'ayant le dit Sieur de la Chaussée accepté la dite con- cession que pour faire plaisir et prêter son nom seule- ment au dit Sieur de Luuzon en la possession duquel elle est toujours demeurée et en tant Il lait la pré- sente déclaration et transport de la dite Concession terres et droits y mentionnés au dit Sieur de Lauzon et le su- broge en son lieu et droits noms, raisons, actions sans tou- tefois aucune garantie pour en jouir et disposer par le Sieur de Lauzon, ses hoirs et ayant cause comme de sa propre chose et à lui appartenant et acceptant pour le dit Sieur de Lauzon Maitre Nicolas Hardin garde et juge de la monnoie de Paris et demeurant en la dite Mon- noie, paroisse St Germain de l'Auxerrois à ce présent, promettant, obligeant &;c., renonçant «&c.

Fait est passé à Paris en l'Etude des Notaires Sous- signés l'an mil huit cent trente huit le trentième jour d'A- vril avant midi et ont signé ainsi Jacques GtIRard Hardin Huart et Haguenier Notaires.

Donation et transport de la concession de l'Ile de Mont- réal par M. Jean de Lauzon aux Sieurs Chovrier de Fouancant et le Royer de la Doversière

Pardevant le notaire Royal de la ville de Vienne sous- hWnv et en présence des témoins soussignés fut présent et personnellement établi Messire Jean de Lauzon, Con- seiller du Roy en ses Conseils d'Etat et Privé, Intendant de la justice police et finances en Dauphiné, lequel de son bon gré pure franche et libre volonté a cédé donné et transporté purement et simplement sans aucune chose en excepter se retenir et se réserver pour et que cy après à Pierre Chevrier, Ecuyer Sieur de Fouancant et à Jérârme

247

leRoyer Sieur de la Dauversière demeurant en la ville de La Flèche en Anjou, le dit Sieur Chevrier absent et le Sieur Le Royer tant en son privé nom que comme pro- cureur du dit Sieur Chevrier par acte passé au sujet des présentes par devant Maître de la Fousse et Jacques Gruillier notaires Royaux et tabellions au dit La Flèche le 12 de juillet dernier icelle procuration exhibée et jointe aux présentes en l'original présent et acceptant et avec le notaire soussigné stipulant à savoir l'Ile de Montréal située en la N'""*^ France dans la rivière St. Laurent au dessus du Lac St. Pierre, tout ainsi qu'elle a été don- née et octroyée par Messieurs de la Compagnie de la jq'-iie France à Messire Jacques Grirard Chevalier Sei- gneur de la Chaussée par acte du 15 janvier 1636 signé Lamy secrétaire de la dite Compagnie duquel Sieur Gi- rard le dit Sieur de Lauzon a droits de la dite Ile de Montréal par déclaration du treize d'avril 1638, reçu par Maître Haguenier et Huart Notaires au Châtelet de Pa- ris pour en jouir par les dits Sieurs Chevrier et Eoyer et autres ayant droit et cause comme de leur chose propre et à eux appartenant aux charges et conditions particu- lièrement exprimées et contenues au susdit acte du 15 janvier 1636 lesquelles charges et conditions le dit Sieur Royer a promis es d. nom d'acquitter et observer de point en point leur teneur et selon leur forme En sorte que jamais le dit Sieur de Lauzon ni les siens en soient recherchés : lequel Seigneur de Lauzon a remis et réelle- ment délivré au dit Sieur Le Royer le susdit acte de concession ensemble la déclaration du Sieur de la Chaus- sée pour s'en servir à l'effet des présentes et tout ainsi qu'en peut faire le dit Sieur de Lauzon par vertu des dits actes et les constitût procureurs irrévocables avec élec- tion de domicile suivant l'ordonnance sans toutefois au- cune garantie sinon que de ses faits et promesses Ainsi

248

convenu promis el juré par les parties d'avoir le contenu ci-dessus agréé ferme stable, observer maintenir et n'y contrevenir directement ny indirectement soit en juge- ment ou dehors à peine de tous dépens dommages et inté- rêts sur les obligations de tous leurs biens présents et à venir quelconques, soumissions à toutes cours renonçant à tous droits contraires et sous les autres clauses à ce re- quises et nécessaires.

Fait et récité au dit Vienne dans l'hôtel de Maugiron habite le dit Seigneur de Lauzon le 7ème d'août 1640 après-midi. Présent Sieur Polidor Duteil, Secrétaire du dit Sieur de Lauzon et Sieur Marc Justeau, Sieur de la Plaine du pays d'Angers, habit, au dit Vienne, témoins requis soussignés avec les parties. Ainsi signé De Lauzox Le Royer Duteil Justeau.

Acte qui prouve que les Sieurs Chevrier de Fancamps et Royer de la Dauversière n'ont stipulé qu'au nom de la Compagnie de Montréal et comme Membres d'icelle. Aujourd'hui date des présentes sont comparus par- devant les Not : Gard : Not : du Roy notre Sire, en son Châtelet de Paris les soussignés Pierre Chevrier sieur de f. et nobl. homme Jérôme le Royer Sieur de la Dau- versière d»*meurant en la ville de la Flèche étant de pré- sent en cette ville de Paris logés ensemblement rue des Marmousets en la maison est pour enseigne la fleur de lys paroisse de la Magdelaine de la cité lesquels ont déclaré reconnu et confe.';sé que l'acceptation qu'ils ont faite de la donation qui leur a été faite tant par Mr. de Lauzon, conseiller du Roy en ses Conseils, que par Mess, de la Compagnie de la N' "" France de l'Ile de Mont-

249

real en la dite N. F. et autres terres au d. lieu par trois

divers contrats dont l'un passé en la ville de Vienne,

le second et le 3e signé Lami Secrétaire de la

Compagnie de la N'" France a été et est pour et au nom de Messieurs les associés pour la conversion des Sauvages de la N«"f' France dans la dite Ile de Montréal auxquels partant ils en font en tant que besoin est ou serait cession et transport n'y prétendant aucune chose que comme étant du nombre des associés dont et de la- quelle présente déclaration les sieurs de Fancamps et de la Dauversière ont requis le présent acte aux d. Not. pour servir à la d. Compagnie en temps et lieu ce que de raison Ce fut ainsi fait et passé, &c., 25 Mars Signé PouRCELLE et Chaussière Notaires.

Acte par lequel ils se font donation mutuelle et entre- vifs au dernier survivant d'entr'eux à l'exclusion de leurs héritiers, des forts, habitations et dépendances concédés à la dite Société. Le 21e jour de Mars 1650, sont comparus par devant les d. Notaires les d. Sieurs Pierre Chevrier et Jérôme Le Royer, étant de présent en cette ville de Paris logés à la fleur de lys rue des Marmousets, paroisse St. Pierre aux Bœufs, lesquels ont déclaré que Messieurs les As- sociés pour la conversion des Sauvages de la Nouvelle France en l'Ile de Montréal ci-dessus désignés sont :

lo. Messire Jean Jacques Ollier, prêtre curé de Saint Sulpice.

2o. Mess. Alexandre le Eagois Ecclésiastique.

3o. Nicolas Barreau aussi Ecclésiastique.

4o, Messire Roger Duplessis, Seigneur de Liancourt, Duc de la Rocheguyon et autres lieux, chevalier des Ordres du Rov.

E*

2.50

0. M"' Henri Louis Habort, Seigneur de Montmort, Conseiller du lloy en ses Conseils et Maitre des Requê- tes ordinaire de son hôtel.

60. Bertrand Drouart, ïlcuyer.

7o. Louis Séguior, Sr. de St. Germain, au profit des- quels à ce présent et acceptant tant pour eux que pour 8 et 9 Louis D'ailleboust et Paul de Chaumedy, Ecuyers.

Les dits Sieurs de Chevrier etiloyer de laDauversière font en tant que besoin est ou seroit la déclaration ci- dessus à refiet de la plus grande validité d'icelle recon- noissant d'abondant iceux sieurs Fancamps et de la Dau- versière qu'ils ne prétendent aucune chose en la dite Isle de Montréal forts et habitations d'icelle et autres dépendances que comme associés avec les d. Sieurs ci- dessus nommés et tous ensemble s'en font en tant que besoin est ou seroit donation mutuelle et récii^roque irré- vocable et entrevifs au survivant les uns des autres en cas de prédecedés d'iceux et au survivant et dernier survivant de tous en excluant à jamais tous leurs héri- tiers et ayant cause pour quelque cause et occasion que ce soit donnant pouvoir au porteur en cas qu'il se trouvât nécessaire de faire insinuer les présentes partout besoin sera dont ils ont requis acte aux dits No- taires à eux octroyé es études des d. Notaires les dits jour et a7i que dessus et ont signé ainsi Chevrier Le Royek, L. Séguier, &c., &c.

No. XVI. bis, p. 166.

Voici ce que la Relation de 1661-62 nous apprend de la mort de MM. Viirnal et Brigeac.

"L'autre perte n'est pas moins considérable. C'est d'vn "bon ecclésiastique nommé M. Vignal, qui, dans le mois " d'Octobre de l'année passée, accomi^agnant des ouuriers

251

*' qui alloient quérir des pierres en vne isle voisine de "Montréal, comme ils mettoient à terre sans défiance, les " Iroquois qui se tenoient cachés dans les bois, se ruèrent l'improuiste sur eux, auec vn grand cri, et déslapre- " miere décharge de leurs fusils, ils en tuèrent trois sur la " place, blessèrent les autres, et se saisirent de M. YignaL " qui auoit delà reçu plusieurs plaies, desquelles il mourut " peu de temps après entre leurs mains. Sa vie estoit " d'vne très-douce odeur à tous les François par la prati- " que de l'humilité, de la charité et de la pénitence, ver- *' tus qui estoient rares en lui et qui le rendoient aimable à " tout le monde ; et sa mort a esté bien précieuse aux yeux " de Dieu, puis qu'il l'a reçue de la main de ceux pour " lesquels il a souuent voulu donner sa vie ; il auoit de " grandes tendresses pour leur salut, il s'est offert plusieurs " fois de nous venir joindre, quand nous estions à Onnon- "taghé, afin de trauailler coniointement à la conuersion " de ces Barbares ; et il Tauroit fait, si ga complexion et " ses forces eussent correspondu à son courage et à ses " ferueurs " (1<|

" Et, non seulement ceux qui sont auec le Père, ont " ces bonnes volontés pour leurs bourreaux ; mais les " autres qui sont esloignez de lui, escriuent dans les " mesmes sentiments, comme il paroist par vne lettre de " l'vn des deux François pris auec feu M. Vignal, et me- "né à Onneïout; celuy qui l'escrit, a eu le bras droit " cassé dans sa prise, et l'on croit que c'est celuy des " deux que ces barbares ont tué, pour n'estre pas plus •" longtemps chargez d'vn homme estropié. Voici la te- " neur de sa lettre, qiii a de trop bons sentiments, pour " n'estre pas couché dans ce Chapitre. Il escrit au P.

(!) Hdalion cl.' 1061-62 pp. Edit. de Québec.

"Simon Lt-moiiio, qu'il sauoit estre à Oiinoiitai,''hé, eiiui "roii vingt lieues esloigné de luy.

" Nous sommes deux prisonniers de Montréal à Onne- •'lout. M. Vignal a esté tu»' par ces barbares; n'ayant "pu marcher que deux iours j)our ses })lessures. Nous "sommes arrivés ici le premier dimanche de Décembre» en pauure esquipage : mon camarade a desia deux on- " gles arrachés; nous vous prions, pour l'amour de '' Dieu, de vous transporter iusques ici, et de faire vostre " possible, par présents, de nous retirer auprès de vous, " et puis nous ne nous soucions plus de mourir. Nous " auons fait alliance de faire et patir tout ce que nous " pourrons pour la conuersion de ceux qui nous tuent, " et nous prions Dieu tous les iours pour leur salut. " Nous n'auons trouué ici aucun François, comme nous " espérions ; ce qui nous auroit grandement consolez. le •' vous escris de la main gauche. Vostre seruiteur, " Brigeac." (1).

La Relation de DJ64-65 (2) donne des détails circons- tanciés sur la mort et les soullrances que les malheu- reux compagnons de M. Vignal eurent à endurer. M. Viger avait copié ce récit au long parce qu'il était peu connu alors ; mais comme les Relations ont depuis été imprimées nous y renvoyons nos lecteurs.

Xo. XVII. p. r>8. (3) Beatissimi: Patkk,

Ad vestrie sanctitatis pedes accedunt humillimi orato- res, christianissimi regni, pro conversione inlidelium no- vae Francitr solliciti. Et se suaque pro tanto nogotio vota fundentes, exponunt.

(1) Même anriAo, pago 9.

(2) Rfinlinn (i>- lGGi-65 pp. ÎO-22. Edil. do Québec. "

(3) Pour la note do la pago 185 voir plus loin No. XVII bis.

253

Quartum jam eftluere aiinum ex quo, Deo optimo Ma- xime authore, ex prœcipuis Grallia3 ordinibus, quamplu- res tara ecclesiastici quam sœculares utriusque sexûs, duces, comités, senatores ferè omnes Deo soli noti, seclu- so quocumque temporalis commodi, lucri, negotiationis intuitu, pro unius Dei gloriâ, fidei ac religionis in Novae Franciae plantatione, totque infidelium sainte procnrandâ solliciti, societati hinc nomen dedere, nt suis consiliis, cn- ris, sndoribns, opibns, elemosynis, transmarinis naviga- tionibns in eas nationes fidem indncerent.

Huic operi promovendo delegit societas locnm, cui nomen insulse Montis Regalis quod ipsa videtur natnra indidisse, quinquaginta milliarum ambitûs, in 45° latitudinis gradu, octoginta nationum barbararum quasi umbilicum ob confluentes omni ex parte fluvios alliciendis infîdeli- bus proprium, praedicandse autem singulis fidei ob flu- vium famosum sancti Laurentii cui trecentarum leuca- rum cursus, peropportunum, obque plura vitse huma- nae quibus abundat commoda, fovendis, et ad vitam tum civilem, tum christianam Ibrmandis infidelibus peropti- mum.

Insulam banc, quam Societas praefata jure possidebat propriam fecit immaculatse Deiparse ac sacellum dedica- vit, et couversionis infidelium patronam nominavit, om- niumque in insulâ habitantium matrem et dominam vo- luit, celebrantibus in eo RE,. PP. Societatis Jesu ac sa- cramentum divinum custodientibus ; jam ex supe- rioribus annis ad septuagenia viros nobiles, équités, ope- "rarios transvexit, pluresque etiam nunc transmittit qui terram excolant, barbaris ostium fidei ac civilis vitœ ape- riunt, sanis et infirmis, xenodochio quod jam extruunt, alimenta et pharmaca charitatis et pietatis exempla mi- nistrant, Christo eos pariunt, Ecclesiœ sanctœ catholicse

2ô4

apostoliccT romanrc et Sanctitatis vostrcr filios faciunt ob- sequioiitissimos.

Hisque ita expositis, et jampridem suœ Sanctitatis nuncio in Galliis résidente notis, quâ possunt humilitate, iidem oratores supplices à vestrâ Sanctitate ex j)oiinnt, ut concep- tum etiam Deo propitio lelicibus successibus approbatum negotium omnesque et singulos in eo incumbentes, Suâ apostolicâ benedictione faveat, novamque prolem Novœ Franciœ in dies per humiles nostrœ Societatis labores baptismate sacro tinctam ut pastor totius ovilis foveat.

Deinde ut societatem pnedictam tam in Galliis quam in Nova Franciâ et thesauro ecclesiœ sibi crédite ditare dignatur, plenariâ indulgentiâ et remissione omnium peccatorum diebus festivis Purificationis et Assumptionis Deiparœ, sicut in Gallià existentes, ubivis exstiterint ecclesiam visitantes, confessi et sacro pane, in Nova Franciâ qui sacellum prœfatum Deiparœ in insulâ Montis Regalis prœfatis diebus visitoverint tam nostri quam barbari Christiani pro vestrâ Sanctitate, ecclesiîc propa- gatione, pace principum et infidelium conversione preces fuderint, similiter confessi et sacramento cibati, prtpfatam lucrentur indulorentiam quot annis dio))Us prirdictis.

Insuper, pro fœliciori successu fidei, in dissitis adeo partibus, ut missionariis in prcefatis regionibus laboran- tibus et a domino illustrissimo Nuntio Galliaruni pro- batis, eas facultates spirituales concedere dignatur, quas iu simili casu missionariis ad infidèles euntibus solet elargire cum oœdem subsint rationes.

Tandem, ne qui in hac vineâ excolendâ accedunt ne- cessario careant subsidio, duo altaria privilegiata conce- dere placeat, alterum in prrefatâ insulâ Montis Regalis in sacello Deipara^, alterum in Parisiis in sacello a socie-

255

tate electo et erecto, ubi socii consueverunt de praefatâ fidei propagatione deliberare, collectas facere et secum- dum. Deum huic operi vacare.

(Au dos) AU PAPE pour Montréal, Canada. (1)

No. XVII. bis. p. 185.

Le Fort Ste. Anne fut construit à l'entrée du lac Cham- plain. C'était le cinquième que M. de Tracy faisait bâtir depuis son arrivée : il complétait la ligne de défense qui devait nous protéger contre les incursions des Iro- quois. Aujourd'hui, il n'y en a plus de traces ; mais nous savons qu'il s'élevait dans une île qui porte le nom de M. de Lamotte, capitaine du régiment de Carignan qui dirigea les travaux (2) et qui y commanda ensuite.

Il ne fut probablement commencé qu'au printemps de 1666. D'abord, je n'ai pas vu qu'il en soit question avant cette date. M. de Courcelle, au retour de sa mal- heureuse expédition, étant déjà vers le milieu du lac Champlain, est obligé d'envoyer chercher des provisions déposées par prudence dans une cache (3). Mais comme les provisions avaient été volées et que ses hommes mouraient de faim, il se serait propablement adressé au fort St. Anne, si celui-ci avait existé.

( l ) Ce document a été pris sur la copie des MS. du Parlement, à Outaouais, 1 vol., 2de. série. Il est intitulé : Mémoire écril au Pape par les RECOL- LETS au sujet de l'Eglise de la Nouvelle France, 1644-45. Ce qui a pu don- ner lieu à cette erreur c'est que Toriginal se trouve aux Archives Départe- mentales de Versailles, dans un carton intitulé : Recollels de St. Denis. UHist. de la Col. Fran. t. I, p. 468 rapitorte ce document à 1643. Nous avons cru néanmoins devoir le placer plus tard parce qu'il dit positivement

" qu'il s'est déjà écoulé quatre ans depuis, que plusieurs personnes

" sont entrée? dans le Compagnie," or celle-ci fut formée en 1640.

(2) Relation de 1666, p. 8, édit. de Québec.

(3) Journal des PP. JJ, 1666.

2ÔG

D'ailleurs, le Journul MS. dfs IT. JJ. semble assez précis : " 1666, Juillet, 20. Nouvelle arrive des Forts " delà basfisse du Fort Ste. Anne, dans le lac Champollain, " dans une isle à 4 lieues de rem})Ouchure."

La Relation do 1666 est aussi claire en parlant de l'ex- pédition do M. do Tracy : " Le rendez-vous général " estoit donné au 28 Septembre au fort Ste. Anne cons- " truit nouvellement dans une isle du lac Champlain (1)".

L'idée de construire un fort sur le lac Champlain entrait sans doute dans les plans de M. de Tracy ; mais le choix du site aura été vraisemblablement déterminé pendant l'expédition de M. Courcelle.

Pourquoi fut-il appelé Ste. Anne ? La dévotion à cette grande sainte était alors en pleine ferveur, et elle était justifiée par de nombreux miracles. M. M. de Tracy, de Courcelle et une trentaine d'autres personnes, parmi les- quelles devaient se trouver plusieurs officiers, venaient de faire le pèlerinage de Ste. Anne, à la côte de Beaupré (2) : rien de plus naturel, d'ailleurs, que de mettre la navi- gation du lac Champlain sous la protection de celle qui a toujours été regardée comme la patronne des marins.

Les travaux n'étaient pas pas encore terminés qu'un triste événement vint jeter le deuil dans lapetite garnison. Plusieurs officiers, croyant à la paix qui avait été signée avec quatre dos cantons iroquois, avaient formé un par- ti de chasse sur la terre forme, probablement du côté de la rivière Chasy. Uno troupe d'Agniers (3) lessurprit, en tua quelques-uns et fit les autres prisonniers. Parmi les

(1) Itrlalion d" IGf,6, p. S, ('■dit. d'^ Quf-hfC.

(2) Journal do<! PP. JJ., IfiGH, Mars.

(3) Marif d»; rincarnalion, l.rllre p. 612 dit qu'ils étaient commandés par le lialard-hlaniatid. La Poilicri", Histoire de l'Amrrique, t II, p. 8.i, met à leur tile un chfT do la ^alion neutre auquel il danno li^ nom d'Agariata.

257

premiers se trouvait M. de Chasy, et parmi les seconds, M. de Lerole, tous deux proches parents du Marquis de Tracy (1).

Le nom de M. de Chasy donné à la rivière près de la- quelle il tomba deA'ait rappeler la mort prématurée de ce brave officier et le souvenir de la perfidie des Agniers.

Les prisonniers heureusement ne furent pas longtemps dans l'incertitude de leur sort : la rapidité de la marche de M. de Saurel et de ses hommes, déjà sur le point d'envahir le territoire ennemi, força le Bâtard-Flamand de ramener sains et saufs M. de Lerole et ses compagnons.

C'est au fort Lamotte que M. de Tracy avait donné rendez-vous à ses troupes pour son expédition de 1666, dont on n'a peu su apprécier assez la conséquence. M. Dollier qui y assista, en parle assez brièvement pp. 180-81.

C'est encore à ce fort que se réfugiaient les voyageurs, surtout les missionnaires, c[uand ils étaient en route pour

(1) M. (le Chasy était son neveu, et M. de Lerole, son cousin.

Quant au nombre et aux noms des autres officiers, il est assez difficile de s'en assurer avec précision.

Le Journal des PP. JJ. à l'endroit cité plus haut ajoute : " Nouvelle

" de la mort de M. de Chasy avec deux autres, et 4 pris prisonniers, entre " autres M. de Lerole cousin de M. de Tracy."

La Relation de 16G6, p. 7, édit. de Québec : On apprit que '• quelques

" Frani^ois du Fort St. Anne avoient été surpris par les Agniehrono-

" nons, et que le Si-.nir de Iraversij, Capitaine au Régiment de Carignan " et le Sieur de Chasy en avoient esté tués.'

M. lie Tracy dans une lettre quil écrit aux commissaires d'Albany, le '22 juillet 1666 {Documeiis de Paris, traduits en anglais et publiés dans le V. î. Col : Hisl : t. III p. 131,) accuse les Agniers d'avoir '■ assassiné Sepl de " mes Jeunes gens, parmi lesquels étoient quatre gentilhommes."'

M. Talon, dans un mémoire à l'occasion de l'expédition de l'été de 16G6, (mêmes Documenfs, t. IX. p. bl) dit positivement : " La mort de MM. " Chasy et Travery et des Sieurs Chamot et Marin est une preuve, etc."

La Potherie, Histoire de V Amérique, t, II, p. 85, " Certains guerriers " (iroquois) rencontrèrent à la chasse Mrs. de Chasy, de Lerole, de Monlcgni, " dont les deux étoient parens de M. do Trasi. Agariata tua Mrs. 'le Chan

F*

2ô8

le pays des Iroquois, surpris par raiiiioiice d'une embus- cade ou d'une incursion ennemie (1). Mgr. Laval qui courait partout son zèle voyait du bien à l'aire s'y rendit en 1668, pour de descendre à Tadoussac (2).

A eehi pri's, se bornent les Annales du fort, qui «''tait cer- tainement abandonné en 16H1.

" et diî Mnntagni, quelriucs autres I'Yan<;ois et emmenèrent M. de Li-role.'

Perrot, dans ses Mémoire, doiil (Jharkvoix a eu le MS. ot <|ui ont été

publiés di'puisà Leijjzig \y.\r le P. Taillian, dit pp. Il 1-12 : '• Les Aniez

" avoienl de nos prisonniers chez eux, entr autres. M. de Noirolle, nepveu " de M. de Tracy. M. de Cliasy son cousin, fut tm- au nord du fort de la

" Motte M. de Tracy lit commamler l'esté suivant un j>arli de troiscents

" hommes Fraii<;oiset .\.lgonl<ins qui nmconln-rent le Bâtard Flamand ayant '' avec luy M. de Noyrolle et trois autn.'s Fran'jois, dont il y en avoit un " de ble.ss' au talon que M. «Je (lourcelles recommanda en parlant au Sieur " Corlard."

Charlevoix, Hisluire de la A^«"*'- France, t. II, ]•. 3«i, (-dit. in ilo. in- dique comiU'* tués •' MM. de (Jliasy. Cliamol et Marin " et ne parle jjas des autres.

Enlin M. Faillon, lli^t. de la Col. Fran., l. III, j). 135 : " Quelques

" Français tombèrent dans une embuscade de .«auvages Agniers qui

" en prirent q»/a/rc, du nombre desquels était M. de lioles et en tuèrent

" trois, M. de Cliasy, M. de Traversy, capitaine au n-gimentde Carignan et " un autre."

On peut conclure, il me somble, lo. Que le jiarti se composait de sept personnes, d'après le témoignage de M. de Tracy, qui devait être bien in- formé, et que quatre fup'nl tués, d'après M. Talon, également bien informé;

2o. Que des quatre gentilliommes et ofliciers deuv furent tués, MM. de Chasy et Traversy ; deux faits prisonniers MM. de Lerole et de Montagny, quoique la Potherit. dise ce dernier tué ;

3o. Que des trois autres, qui n'étaient sans doute que de simples soldats, deux furent tués : Cliamot et Morin. M. Talon a bien soin de les distinguer des gentilliommes ;

4o. Enfin, que le liàUrd Flamand ram<'na MM. de Lerole, de Montagny ot le 3e prisonnier. Le i»' fran'.ai.s de la troujie est fvidenimenl un des soldats (jue M. de Courcelle avait abandonner pour les faire soigner à Albany, à la suite de son <-xiK:'dilion.

(1) HeUUion IGG8, p. 4, «dit de Québec.

(2) Idem, p. 23.

259

M. de Lamotte me paraît y avoir commandé tout le temps qu'on y tint garnison : il méritait par sa bravoure, dont N. Perrot fait l'éloge dans ses Mémoires, qu'on lui confiât le poste le plus avancé, et partant, le plus ex- posé du pays. En 1670, il était commandant à Montréal. ( Appendice No XI. )

No. XVIII. p. 202.

Ce voyage de M. de. Courcelle n'était que la consé- quence des instructions de la Cour {N. Y. Col. Hiat. t. IX p. 62.). Fait à l'improviste par une voie encore plus difficile que celle du Richelieu, il dut surprendre et il surprit en effet entièrement les Iroquois qui virent leurs cantons exposés à nos attaques par deux côtés à la fois. Ils comprirent plus que jamais qu'il leur serait impos- sible de résister à une nation qui ne se laissait arrêter ni par les saisons, ni par les obstacles de la route. Mais je n'ai encore pu trouver aucun document officiel qui

confirme que "les Européens voisins" des Iroquois

conçurent des craintes à l'occasion de ce voyage de M. de Courcelle, comme ils en avaient eu dans l'hiver de 1666 ( N. Y. Col. Hist. t. III, p. 118). Voici cependant ce que dit la Mère Marie de Tlncarnation.

" Les Sonontouans ont remué pour faire la guerre aux outaouak, Monsieur nôtre Gouverneur a tellement inti- midé les uns et les autres, qu'il les a rendus amis. Néan- moins comme Ton ne se peut fier entièrement aux Sau- vages afin de leur faire voir, qu'on les pourra humilier quand on voudra, il a pris sans faire bruit une troupe de François, et s'est embarqué avec eux en des batteaux et en des canots qu'il a conduits par des rapides et bouil- lons où jamais les Sauvages n'avoient pu passer, quoiqu'ils soient très habiles à canoter. Il arriva heureusement à

200

Quinte, qui cstuno habitation triliioquois, dont ces lîar- bares lurent tellomontellVaie/, qu'après avoir long-teinps tenu la main sur la l>ou(ht' pour marque de leur étonne- ment, ils s'écrièrent que les Fran(,-ois étoient des Diables qui venoient à bout de tout ce qu'ils vouloient et qu'Onon- tio «''tait l'incomparable. Monsieur le Gouverneur leur dit (ju'il jx-rdroit tous ceux qui leroient révolte, et quil i>rendroit et détruiroit leur ]kus quand il voudroit. Vous remarquerez qu'avant ces troubles les tSonontouans étoient d'intellig'ence avec les Anglois pour leur mener les Outaouak, afin de truster la traite des François, ce qui eût perdu tout le commerce. Mais les Anij^lois aiant appris ce volage de Monsieur le Gouverneur chez les Sauvages, ne furent pas moins eftraiez que les Sauvages mêmes, et eurent crainte qu'on ne les allât attaquer pour les chasser de leur lieu (1)."

No. XIX. p. 210.

Les Instrit citons de Mgr. Laval à MM. de Fénélon et Trouvé font infiniment dhonneur à la main qui les à tracées et au cœur qui les a dictées. (.T. V.)

" INSTRUCTION pour nos bien aymez en nostre Sei- gneur Claude Trouvé et François de Sala- GNAC, P-'t's. allants en Mission aux Iroquois situez en la coste du nord du lac Ontario. " I. Qu'ils se persuadent bien qu'estant envoyez pour travailler a la conuersion des Infidelles, ils ont l'employ le plus important qui soit dans l'Eglise, ce qui les doit obliger pour se rendre dignes instrumens de Dieu, a se perfectionner dans toutes les vertus propres d'un

(I) .Marifl rlo ^Inc.l^niltillrl, Lettres, ]>\i. Gfi'J-TO.

261

Missionnaire apostolique, méditant souvent a l'imitation de St. François Xavier le Patron et Tidée des Mission- naires ces paroles de l'Evangile, Quid prodest homini si universum mundum lucretur, animœ vero suœ detrimen- tum patiatur.

" II. Qu'ils taschent d'éviter deux extremitez qui sont a craindre en ceux qui s'appliquent a la conuersion des âmes, de trop espérer, ou de trop désespérer ; ceux qui espèrent trop sont souuent les premiers a désespérer de tout a la veue des grandes difficultez qui se trouuent dans l'entreprise de la conuersion des Infidelles, qui est plustost l'ouvrage de Dieu que de l'industrie des hommes. Qu'ils se souuiennent que la semence de la parole de THexi—fructum affert in patientiâ, Ceux qui n'ont pas cette patience, sont en danger après auoir ietté beau- coup de feu au commencement de perdre enfin cou- rage, et de quitter l'entreprise.

" III. La langue est nécessaire pour agir avec les Sau- nages, c'est toutefois une des moindres parties d'un bon Missionnaire, de mesme que dans la france de bien parler françois n'est pas ce qui fait prescher avec fruit.

" lY. Les Talens qui font les bons Missionnaires, sont... lo. Estre remply de l'Esprit de Dieu, cet Esprit doit animer nos paroles et nos cœurs. Ex abundantiâ cordis os loquitur.

2o. Auoir une grande prudence pour le choix et l'ordre des choses qu'il faut faire soit pour esclairer l'en- tendemeut, soit pour fléchir la volonté ; tout ce qui ne porte point la sont paroles perdues.

3o. Auoir une grande application pour ne perdre pas les moments du salut des âmes et suppléer a la négligence qui souuent se glisse dans les Cathe- cumenes, car comme le Diable de son costé, circuit

2«32

IdiKjUdiH lei) rugicns (ji/a:n'/is qutm devoret, aiissy laut il que nous soyons rij^ilans contre ses eiibrts auec soin, douceur et amour. 4o. N'auoir rien dans nostro vie et dans nos mœurs qui paroisse» domontir ce que nous disons, ou qui mette de riiidisposition dans, les esprits et dans les cœurs de ceux qu'on veut gagner a Dieu.

5o. Il faut se l'aire aymer par sa douceur, sa patience et sa charité et se gagner les esprits et les cœurs pour les gagner a Dieu ; souuent une parole d'ai- greur, une impatienrc, un visage rebutant détrui- ront en un moment ce qu'on auoit fait en un long temps.

60. L'Esprit de Dieu demande un cœur paisible, re- cueilly, et non pas un cœur inquiet et dissipé, Il faut un visage ioyeux et modeste, il faut euiter les railleries et les ris déréglez et généralement tout ce qui est contraire a une sainte et ioyeuse

modestie mode^tid ves.tra nota sit omnibus ho-

minibus.

" V. Leur application })rincipale dans Testât présent ou ils se trouuent, sera de ne laisser mourir autant qu'il sera possible, aucun iSauuage sans baptesme ; qu'ils prennent garde néantmoins d'agir tousiours avec pru- dence et reserue dans les occasions a l'égard des bap- tesmes des adultes, et mesme des enfans hors des dan- gers de mort.

" VI. Dans le doute qu'un adulte aura esté autrefois baptisé, qu'il le baptise sous condition et pour asseurer d'auantage son salut, qu'il luy fasse faire en outre une confession générale de toute sa vie, l'instruisant aupa- rauant des moyens de la bien faire.

263

" VIL Qu'ils ayeiit un grand soin démarquer par escrit les noms des baptisez, des pères et mères, et mesme de quelques autres parens, le iour, le mois et l'année du baptesme.

" VIII. Dans les occasions qu'ils escriuent aux Pères Jésuites qui sont employez dans les missions Iroquoises pour la resolution de leurs doutes et pour receuoir de leur longue expérience les lumières nécessaires pour leur conduite.

" IX. Ils auront aussi grand soin de nous informer par toutes les voyes qui se présenteront de Testât de leur mission et du progrez qu'ils feront dans la conuer- sion des âmes.

" X. Qu'ils lisent souuent ces aduis et les autres mémoires des Instructions que nous leur auons donnez pour s'en rafraichir la mémoire et les biens obseruer, se persuadant bien que de la dépend l'heureux succez de leur Mission.

(Signé) FRANÇOIS,

Evesque de Petrée (1).

No. XX. p. 214. Les Andastogués (pluriel huron, Andastogueronon) ou Andastes étaient de la famille huronne. Les mission- naires les désignaient aussi par l'expression générale de Sauvages de la Nouvelle Suède, Ils paraissent avoir sur- tout habité sur les bords de la Susquehanna, qui est quelquefois appelée Rivière des Andastes. Ennemis na- turels des Iroquois, ils avaient su se rendre redoutables, malgré leur petit nombre. Mais ils durent enfin céder à la force toujours envahissante des Cinq Nations.

(1) Registres de rArchevùché do Québec.

265 ADDENDA.

I p. 15, Note (1).

M. de Lauson fut d'abord choisi par la Compagnie delà Nelie France, puis nommé par le Roi. Le document suivant nous fait connaître aussi les noms de ceux qui furent en même temps présentés au choix royal.

Pkovisions de Grouverneur de la N^He. France pour le Sr. de Lauzon.

Du deuxième jour de Janvier mil six cent cinquante un en l'assemblée de la Compagnie de la N'^"'-'- France tenue chez le Secrétaire de la compagnie au bureau d'icelle.

Aujourd'hui la Compagnie de la Nouvelle France ayant mis en délibération qu'attendu que les trois ans du gouvernement de M. D'Ailleboust Gouverneur et Lieu- tenant G-eneral pour le Roy en la N«''^ France étoient expirés il estoit nécessaire de pourvoir à luy donner un Successeur et suivant qu'il est accordé à la compagnie présenter au Eoy et à la Eeyne Régente trois associés en a d. Compagnie pour par l'un d'iceux faire et exercer la d. charge pendant trois ans. Il a esté résolu que les Sieurs de Lauzon conseiller ordinaire du Roy en son Conseil d'Estat et privé Duplessis Guerbodo etRobineau Becancour associés en la d. Compagnie seront présentés au Roy et à la Dame Reyne pour être l'un des trois qu'il leur plaira choisir pourveu du G-ouvernement de la Nelif^. France Conformément à la faculté accordée à la d. Compagnie par l'édict de l'établissement d'icelle.

Ext. des délibérations de la Comp. de la N^iJe. France.

Ainsi signé.

A. Chefï^ault,

Secret, de la Compagnie.

266 II.

La conc'^ssion do terr^ ipii suit parait êln; la |iri>niii>ri' fait"» à Montival : conuiii' oUt' eut lieu en IG4s, l'un It.ilil aussi le |iri'niioi' moulina Mont- réal, on pt'Ut la raiiporter ù la page (18.

PAUL DE CHOMEDEY Escuyer, Sieur de M AISON- NEUFYE gouverneur de l'Isle de Montréal et terres qui en despendent soubsigné suy vant les ordres que avons nous receus de Messieurs les Associés pour la conversion des Sauvages de la Nouvelle France en ladite isle de Montréal et Seigneurs d'icelle afin de donner et despartir les terres et héritages contenus en la dite isle a ceulx les- quels auroient affection de s'y establir et y faire leur demeure ordinaire afin par ce moyen de procurer l'es- tendue de la iby dans le pays, concède par les présentes à Pierre Gadoys laboureur, demeurant à Ville Marye, quarante arpens de terre mesure du pays savoir cent perches pour arpent à dix huict pieds pour perche, (2) proche du dit Ville Marye, a prendre pour la longueur suivant l'alignement de deux pieux, plantés sur pilotis establis su-est quart d'est et nord ouest quart d'ouest, le premier des dits pieux estant planté a 23 perches du milieu du pont basti sur pilotis proche du fort du dit Ville Marye, sur la petite rivière qui passe joignant le dit fort (3) ou sur ouest quart d'ouest du dit milieu du pont, les dits deux pieux et pilotis ayant été plantés (4) pour servir de borne et pour marquer le run de vent de la dite concession, et pour la largeur de la concession a prendre depuis la susdite borne et allignement susdit, a dix perches proche de la dite petite rivière en mon-

(•2) C'était l'anci-^nne mesure de Paris. Voir Dicl. Universel do Bouillet.

(3i .Maintenant couvert^ par le niar.'ho Sle. Anne.

lii Vraisemblablement par le milieu de la rue St. Pierre.

267

tant et côtoyant icelle a la ditte espace de dix perches jusc|nes a la quantité de vingt perches en droite ligne et continuer la dite largeur en tirant vers la montagne pour jouyr par le dit G-adoys ses successeurs et ayant cause de la dite concession aux charges clauses et con- ditions qui s'ensuyvent savoir : Premièrement que le dit Gadoys sera tenu et obligé de faire sa résidence ordi- naire en la ditte isle de Montréal et a default de quoy il ne pourra plus prétendre aucun droit de propriété sur les dites terres concédées et lequel cas arrivant seront les dittes terres vendues au plus offrant et der- nier enchérisseur a la diligence du procureur fiscal en la justice du dict Yille Marye et l'argent provenant de la ditte vente sera dellivré et mis es mains du procureur scindicq des habitans du dict Yille Marie pour estre employé au profict de la communauté des dicts habitans et dont il sera obligé de rendre bon et fidel conte par devant le gouverneur de Montréal ou aultre comman- dant en la ditte isle ; Et néantmoins si le dict gouver- neur donne un consentment par escript au dict Gradoys pour aller faire sa demeure ailleurs qu'en la dite isle, en ce cas pourra le dit G-adoys si bon luy semble vendre les dittes terres concédées nonobstant qu'il allast de- meurer ailleurs qu'en la ditte isle. Déplus le dict G-a- doys sera obligé d'avoir une maison dans sa ditte con- cession au lieu et place destinée pour la construction d'un bourg ou ville, et ne pourra le dict G-adoys vendre la totalité des dittes terres cy-dessus conceddées ny par- tyre d'icelles sans le consentement par escript du dict •gouverneur ou commandant en la ditte isle en default de quoy toutes les ventes qu'il pourroit faire seront de nul effect et valleur. Sera le dict G-adoys tenu et obligé de payer annuellement aux dicts Seigneurs de Mont- réal trois deniers de censive pour chascun arpan des

268

dittes terres cy-dessus conceddées (5) et en oultre a la charge des lots et ventes delaults et amendes, touteslbis et quantes que le cas escherra, le tout suyvant et con- formément a la coustume de la prevosté et vicomte de Paris qui sera observée en la ditte isle de Montréal. Sera le dit Gadoys obligé de laisser les terres que le gouverneur ou commandant on la ditte isle jugeront nécessaires pour les chemins et commodité publicque en remplassant au dict Gadoys pareille quantité de terre au bout de sa ditte concession proche de la monta"-ne, lesquelles terres le dict Gadoys tiendra aux mesmes conditions (^ue le surplus de sa ditte concession. Pourront les dicts Seigneurs de Montréal, quand bon leur semblera pour faciliter la construction d'un bourg ou ville au dict Ville Marye reprendre deux arpens de terre de la susdittc concession pour chasque habitant qui se voudra bastir au lieu destiné pour le dict bourg ou ville, à la réserve néanmoins de la maison principale du dict Gadois et de deux arpens aux environs d'icelle et en ce cas seront les dicts Seigneurs de Montréal obligés pour dédommager le dict Gadoys de luy donner pa- reille quantité de terres que celles qu'ils auront reprises, au bout de sa dite concession vers la montagne, que le dict Gadoys tiendra aux mesmes conditions que le surplus de sa ditto concession et en oultre seront les dicts Seigneurs de Montréal obligés de rembourser le dict Gadoys des frais qu'il pourroit avoir faits pour le deffrichemont des dittes terres .suyvant !<• dire de gens a ce coi^noissans.

Fait au iort de Ville Marye en l'isle de Montréal eu la Nouvelle France le quatriesme jour de janvier mil six cents quaranto-huict.

PAUL DE CHOMEDEY.

i'). CustHiwIip- lin quart du sou par arpt;nt.

269

Pardevant nous Jean de Sainct Père commis au greffe et tabellionage de Ville Marye soubsigné est comparu en sa personne Pierre Gadoys, laboureur demeurant au dict Ville Marye lequel en la présence de Louis Grou- deau Mtre. chirurgien du dict Ville Marye et Cezar Léger Mtre. taillandyer demeurant au dict Ville Marye tesmoins soubsio;nés a reco2:neu et confessé avoir ce- jourd'huy accepté la concession cy-dessus dont lecture luy a esté faitte aux charges clauses et conditions por- tées par icelle auxquelles il s'est obligé et obligé si comme, obligeant, etc., renonçant, etc., promettant, etc.

Faict et passé au dict Ville Marye le quatriesme jour de janvier mil six cent quarente huict et a le dict Gadoys signé.

PAUL DE CHOMEDEY.

P. Gadoys. L. Goudeau. Cezar Léger. J. de St. Père (6).

(6) Cet acte de St. Père porte le No. 1.

TABLE ALPIIEBETIQUE

DES

NOMS PROrRES.

PAGES.

Aaouandio 159

Abraham [Le Patriarche] 115

Agariata 256, 257

Agiiiez 111, 192, 240,256, 257, 258

Arouillon [M"" F] 21, 24

Ailleboust [D"] de Conlonges 30, 47, 50, 51, 54, 58, 59, 63, 64, 68, 69, 70, 82, 94, 120,^152, 153, 228, 235, 236, 250, 265 Ailleboust des Musseaux, voir Musseaux.

Aix 233

Albany 257, 258

Algonquins 43, 44, 144. 147, 150, 197, 231, 258

Alignon [F] 109

Allet [L'abbé D] 118, 194, 205

Andastes 263

Andastogués..... 214, 263

Anirers 137. 138, 240,248

Anglais 177,214, 260

Anfou 102, 153,247

Anontaha 94, 144, 145, 147,148, 150

Archambeault 77

Arg-enson 152

Arïentenay, voir Ailleboust de Coulonges.

Auffier [Christophe] 231

Auversiiat [Laforet dit.] 45

Aviiuîrour [Baron du Bois d'] 234

Barbarie 208

Barbeau 79

i

271

Barbier [Gilbert] 41

Bardin, 41

Barre [Delà] , 54, 58

Barreau [L'abbé] 41, 249

Barnque[La\ 107, 108

Barthélémy 197

Basset 142

Bastoin, ow Baston, o?< Bastom 87,89

Batar [Yves] 104

Bâtard-Flamand 192, 256, 257

Baugé 137

Bazile RoUin 177, 242

Bazire 112

Beaudoin 155

Beaudry, 41

Beaudry [M. le Juge] 238

Beaupré [Côte de] 256

Beauvoir [A. de] du Roure de Combalet 21

Bellestre [M. de] 141, 143, 151, 174, 175, 180

Belmout [De] 54, 59, 64, 76, 79, 85, 87, 90, 103

109, 112, 140, 142, 147 153, 158, 163, 165, 175,

234.

Bernard [St.] 68

Bertrand [Frs. ] 241

Bizot [P.] 53

Bochart voir Duplessis.

Boète [Bernard] 45

Boisseau (Jacques) 231

Boissier [Gruillaume] 45

Bonenfant [Matliurin] Q^

Borgne [Le] de fis/e 44

Boston voir Bastoin.

Bouat (Abraham) 239

272

l'AGKS.

Boucher [M.] ^^

Boudart [Jean] '^"^

Boulié, [Marie Renée] roîV Nativité.

Boullogne [Barbe de] 47

Boullogne [d H" de] ■*"'

Bourdon, Gouverneur à Trois-Rivières 68

Bourgeoys [Sœur] 82, 96, 100, 101, 102, 103, 136,

139, 171, 227, 237

Boutereau ^'^^

Brassier [Jacques] -^^

Brehcuf ""^

Brehan voir Galinée ^^^^

Bresoles 1'^"^

Bretagne

Bretonvilliers [De] 41, 129, 131, 132, 133, 134, 237

Brigard ouBrigear [Claude].. 163, 164, 165, 241, 250, 252

Brisson ^^^

Bullion [M- de] 23, 25, 29, 42, 225, 226

Callière [Hector de] 228

Carignan 255, 257, 258

Casson, voir Dollier.

Cartier [Jacques] -'^

Catalogne "*"

Cannin [Pierre] ""*

Chahue[M""] ^'^^

Chambly [Fort] ^^'^

Chamereau roiV Chauveau

Chamot 257,358

on Q Champacrne [Le sergent] -^"^

Champagne [La] -<^' ^^^

Champnour [M. doj - 68

Champlain[M. de] •^«' --;^

Champlain [Lac] 18Î, 240, 255, 256

273

PAGES.

Chancelière [Mme. la] 23, 41

Channeau [R. P.] 12, 13

Charlevoix 68, 147, 157, 158,181, 227, 229, 232,

235, 237, 258.

Charly [André] voir St. Ange. Charny, voir G. de Lauson.

Chasy, [M. de] 257, 258

Chasy, [Rivière de] 256

Chaudebonne [M. de] 41

Chaussée [M. Girard de la] 243, 244, 245, 246, 247

Chaussière 249

Chauveau [R. P.] ou Chauvet 12

Chavigny, voir Peltrie.

Cheffault 245, 265

Chesne [Du] 164

Chevalière [M'"^' la] 23

Chevrier voir Fancamps.

Chine [La] 44, 194, 198, 210, 232

Chiquot [Jean] 77, 78

Chomedey [Paul de] voir Maisonneuve Cicot voir Sicottc.

Closse [Lambert] 83, 89, 90, 91, 116, 166, 167, 235

Colson oî( Cosson 181

Combalet, 21

Conti [Princesse de] 201

Corlard [Le Sieur de] 258

Cosson 181

Courcelle 179, 181. 193, 200, 202, 203, 211, 212

222, 224, 255, 256, 258, 259.

Courpon -. 30, 31

Crusson [François] 231

274

Cuillérior un Cuillorier lt!4, Itîi;

Dalbocq, ou Dallet ou Dallocq, l'oir Allet. DaiiE^ers voir Angers

Darieniie 187

Darpeiitig-ny ; roir Ropentig-ny.

Dauhig-eou 1()1>

Daulac on Daulat, foir Dollard.

Dauphiné [Lv] 15, 82, 24(j

Dauversière [M. de la]. ..12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 25^

26, 27, 28, 29, 41, 60, 71, 115, 128, 137, 138,'

153, 171, 246, 247, 248, 249, 250.

David 86

Davost [R. P.] 45

Dég-uillon voir Aiuiiilloii.

Dequen 120

De.sbordes 227

Desforges voir Robin. De.smousseaux voir Musseaux. Désormeaux, voir Dollard.

Dieppe 25, 29, 30 164

Dirval 41

Dollard 142, 148, 144, 145, 14H, 149. 155, 231, 232

Dollier 102,103, 181, 197,

198, 199, 204, 206, 228, 230, 232, 235, 236, 240, 257

Dolu 77

Dominique [St.] 13

Doucin [René] 231

Doversiùre, voir Dauversière.

Drouart [B^-rtrand] 250

Dubois [L'abbé] 181

Ducnesne, voir Chesne.

Duclos [M.] 156

Dufresne [Jacques] 175

275

PAGKS.

Dugué [Sidrac] 112, 239

Duhérison voir Le Neuf. Duhomeny, voir Haumesnil.

Duplessis de Liancourt de 249

Duplessis Bochard 84,85, 265

Duplessis Guerbodo [le même que le précédent]

Duplessis Monbar 41

Dupui 235, 238, 239

Dupuy, Commandant à Onontahé 1 24

Dupuy [Sébastien] 240

Durantaye [De la] 188, 191

Duteil [Polidor] 248

Durai [Nicolas] 144

Espagne [N' ] 49

L'Espérance [Le vaisseau] 80

Estre [Alonce de 1'] 231

FafFart [Françoise] 104

Faillon [M. l'abbé] 13,

22, 82, 87, 118, 153, 230 231?. 237, 238, 258

Falconer, 60

Fancamp [M. le Baron de] 13,

14. 19. 25. 27, 41. 246, 247, 248, 249, 250

Fauls [L'abbé Antoine] 29

Fauquant, voir Fancamp.

Fénélon [L'abbé de] 194, 209, 214, 215, 260

Flamands [Les] 166, 208, 214

Flèche [La] 12, 125, 126. 127, 129, 130, 135, 137, 138,

147 153, 154, 247, 248.

Forestier [M"-'"] 190

Fouancamp voir Fancamp

Fousse [M"^- De la] 247

Foye [Notre Dame de] voir Ste. Foy .'

■216

PAKKS.

France 19, 41, 46, 48 54, 58, 59, 60, 61, 68. 64, 68, 69, 71 , 72, 80, 82, 86, 96, 102, 114, 117, 119, 129, 141, 143, 160, 161, 171, 175, 181, 193, 204, 210, 213. 221, 233, 234, 235, 236, 239.

Frémont [M. l'abbé] 183

Frontenac 223

Gallois [Pierre] 156,264, 267, 268, 269

Galinée [M. Brehan de] 194, 197, 198,199, 205

Galinier 118, 124

Gandafxetia^on 215

Ganeraské 217, 218

G-arreau [R. P.] 113, 229, 230

Gaufifre [M. Le] 41. 69,153

Gervais 104

Gilardie 245

Gilles 175

Girard, Sieur de la Chaussée 243, 244. 245, 246. 247

Godé [Nicolas] 67. 122

Goffre voir Gauffre

GoudeaufL] ' 269

GraufT Armée [Ln] 111

Grand Pierre [Le] 241

Grandet [M. l'abbé] 246

Grenet [Simon] 231

Grenoble 15

Gué [Sidracdu] 239

Guide [D' Marg-uerite La] 204

Guillaume [Jérôme ] 177

Guillier [M" ] 247

Habort de Montemort 41, 250

Haçuenier [M^^"- 246, 247

Hardin [Nicolas] 246

Hautmesnil [De] 181

277

PAGES.

Hébert [Laurent] 231

Hébert [Jean] 79

Hérisson [ Du ] voir Le Neuf.

Hcrode 157

Heth [les fils de] 115

Hollandais 231

Hollié voir (Jiier Honontaha voir Anontaha. Hotaouads voir Outaouais.

Huart [M'^-] 246, 247

Huault, voir Montmagny

Hurons 44, 45, 62, Qb, 70, 72, 73, 74, 75, 76, 94, 95

116, 144, 146, 147, 148, 150, 201, 231,

Ile-aux-Oies 108, 109

Ile-à-la pierre 162, 241

Iroquois, 9, 31, 32, 38, 39, 40, 43, 44, 45, 46, 50, 51, 53, 55, 59, 60, 62, 63, Qb, QQ, 67, 68, 70, 72, 73, 76, 77, 78, 79, 83 84, 85, 88, 89,90, 91, 92, 93, 94, 95, 97, 103, 104, 106, 108, 109, 110, 112, 113,120, 122, 123,139, 141, 142, 144, 145, 148, 149, 150, 151, 155, 156, 157, 158, 159, 162, 163, 164, 165, 166, 168, 174, 175, 176, 177, 178, 184, 192 198, 200, 201, 202, 203,204, 209, 210, 212, 213, 216, 217, 226, 230, 231, 232, 241, 242, 250, 251, 258, 260, 263.

Isaac lis

Jérôme [G-uillaume] 177, 242

Joineau 242, 243

Josselin [Nicolas] 231

Juchereau [Sœur] 227, 230

Judée 157

Juillet [Biaise] dit Avignon 144

Jurie [Eobert] 231

278

Justeau [Marc] 248

Kebec, ro/r Québec. Kt-lus, voir Queylus. Kcnté, t'o/V Quinte.

Kikapous 70

Labrosse [P] 229

Lachapelle 83

Laforet dit l'Auvergnat 45

Lalemant [R. P. Charles]... 15, 16, 17, 18, 22, 28, 73 153

" [Jérôme] 73

[Pierre] 73

[Gabriel] 73

L igauchetière, Lagochetière, Lalochetière 87, 90

Lamothe voir le suivant.

Li^motte [M. de] 187, 188, 189, 191, 239, 255, 252, 259

Limouche 148

Lamoignon [M. de] 99, 100

Lamy.^ 247, 249

Lange vin 1 68

Langlois [Honoré] voir Lachapelle.

Langres 20, 28

Laperle 111

Laplace [R. P.] voir Place.

Latouche .^ 236, 237, 238

Lauson [Jean de] 15, 82, 96, 236, 245, 246, 247, 248, 265

Lauson [Charles de] Charny 15

Laval [Mgr. de] 135, 140, 195, 209, 210, 233, 234, 258, 260

Lavigne [Urbain Tessier dit] 78, 159, 169

Laviolette 88, 90

Lebeau[(l.] 53

Le Ber 174, 186

Lecompt(^ [Jean] 231

Leffer 269

279

PAGES.

Leipzic 258

Le Jeune [R. P.] 16

Lemaître voir Maître Lemoine (voir Le Moyne)

Le Moyne [R. P.] 159, 166, 241,252

Le Moyne [Charles] 60, 66,67, 74, 77,78, 79,94, 109,

110, 143, 156, 176, 180, 186, 203,

Lerole [M. de] 257, 258

Le Neuf [Michel], Sieur du Hérisson 93

Liancourt [Leduc de] 41, 74

Ligni-en-Barois 163

Long-Sault 142, 144 231

Longue-Pointe 175

Longueuil de [Baronie ] 60

Loson voir Lauson.

Loubiat [M. de] 203

Louis XIV 233

Louis [sauvage huron] 150

Loups [Nation des] 176, 177

Ludde 137

Lyon 22

Lyonnais [Le] 15

Macar [M] 108,111

Macar [M ■" ] 112

Macer 237

Maer voir Macer

Maignan [Pierre] 175

Maillet [Sœur] 137

Maillot voir Maillet. »

Maine [Le] 120

Maisonneuve [M. de] 16, 19,27,28, 29, 30, 31,32, 34, 35 36, 39, 40, 41, 43, 46, 48, 50, 51, 52, 53, 55, 58, 60, 61, 64, 65, 67, 69, 70, 72, 80, '82, 83, 85, 86, 92, 93, 94,

280

KG, 100, 101, 102, 103, 104, 10.3. 107, 109, 110, 114, 116, 117, 118,119, 126, 141, 143, 14Ô, 151, lô2, 162, 177, 195, 227 228, 234, 236, 237, 238, 239 250, 266, 269.

Maître [M. Le] 137, 157, 158,159, 160, 242,

Malice (M-"')... 21, 24, 25, 28, 29,30. 31, 36,37, 41,47, 49, 55, 56, 58, 69, 71, 72, 73, 74, 78, 79, 80, 83, 84, S5, 86, 92, 93, 96, 98, 100, 101, 103, 105, 115,117, 118,124,126, 127, 129, 130, 131, 133, 134, 135, 136.137. 139, 171,175, 189, 225, 226, 227, 230, 231,

Margry [M. Pierre] 3, 4, 167, 197

Mars-uerye [De la] 41,74

Marie des Neiges 171, 234,235

Marie de rincarnation 256, 259, 260

Marin 258

Marnart [R P] 153

Marmousets (Rue des) 248, 249

Martin [Louis] 231

Martin [Olivier] 240

Martin [Pierr.-] 240

Maten ac [.T. ] 53

MauQfiron [Hôtel de] 248

Mores Hospitalières 125, 126

Mcssier [Nîartino] 84. 8.Ô

Messier [Michel] 241

Mesy 174, 236, 237

Metcalfe [Le Gouvorneur] 3

Metiomècrue 144, 145

Miireon de Branssart 186

Millet [Jean] 241

Minime 40

Mississipi 197

281

PAGES.

Monmor [De] 41

Montagny 257, 258

Montmag-ny [De] 30, 31, 32. 36, 39, 46, 47, 60, 62, 68, 66,

68^ 227, 245. Montmort voir Habert.

Monter 177, 242

Montréalistes....57, 63,65, 70, 74, 91, 142, 151, 180, 181

Morangy 41

Moriii [Sœur] 227, 228, 236, 242, 243

Morin ou Marin 256

Mounier [Mathurin Le] 104

Mounier [Barbe Le] 104

Moyen 108, 111 164

Moyen [M'H'^] 111, 236

Musseaux [M. C. D'Ailleboust des]... 70, 81, 86, 94, 181

Nativité [Mère delà] 126, 230

Népissiriniens 62

Neuf [Michel Le] Sr. du Hérisson 93

Noël [Jacques] 122

Noila [Michel] 103

Nontario voir Ontario.

Normanville " 66, 67 203

Normandie 122

Notre-Dame [he nQx\T% La] 47

Ohio 197

Oleron [Ile d'] 77

Olier [J.J.] 13, 14, 15, 28, 41, 74, 114 115, 117, 118, 125^

126, 129, 131, 132, 133, 134, 157, 217, 23], 249.

Onneyouth 165, 211,251,252

Onnontagué 241.251, 252

Onontaga, Onontaha, voir Anontaha.

Onontahé 124

Onontio 260

'2H-2

PAGES.

Oniano r.<5, 198,202,206,222

Orléans (Ile d') 32, 120

Osibaiiocho [Jeanne] 177

Otiiuouais ruir Oulaouais.

Outaouais, Outaouas 18. 202, 260

OutaouaisuM Outaouak [llivière des] *J81

Oiitreouhati l.'îH

i\ipiiieau [lion. L. J.] 3, 4, 224

Paris 3,4. 22, 23, 25, 28, 29, 99,

118, 129, 130, 134. 135, 130, 164, 173, 207, 245

247. 248, 246, 249, 257

Punnanda 85

Pelletrio, voir le .suivant

Peltrie [>Pnle la] 21, 34,86,37, 39, 4!»

Pérot [M. l'abbé] 223, 224

Perrot [Gouverneur] 199, 203, 204, 235, 237, 239

Perrot ]M"'] voir La Guide.

Perrot [Nicolas] 258, 259

Petit [Jacques] l"^?, 242

Pétrée voii- Laval [Mgr. de]. Pi-zard [Etienne] voir Latouche.

Pichard [Jean] 241

Picoté, voir Belestre.

Pii:^eon 1'^^

Pijart 230

Pilote ^1

Pitié [Hôpital de lu] 207

Pitre 241

Pizeau voir Puiseaiix.

Place [R. P. Jacques De la] 25,26,29

Plaine [Jnsteau De la] 248

Plume [La] HO

Pointe-à-Callière 39. 228, 229

283

Poitou 102, 245

Poncet [R. P.] 93, 120, 121

Poner, voir Poncet.

Portugal 199

Poterie [De la],Gouv. de T. R 68

Potherie [Le Roy de la] 256, 257

Pourcelle 249

Pouteouatamis 200

Primot [M"*] voir Messier.

Primot [Antoine] 84

Princesse [M'"" la] 29

Prud'homme 88

Puiseaux 33, 34, 35, 36, 39, 40, 48, 49

Québec 16, 24, 30, 31, 33, 39, 40, 49, 60, 61, 64, 71,

74, 82, 83, 84, 91, 92, 93, 95, 96, 101, 102, 109, 112, 120, 121, 124, 125, 126, 127, 140, 146, 151, 173*, 174, 177, 179, 200, 202, 205, 207, 233, 236, 242, 251, 252, 255, 256, 257, 258, 263. Quélus, voir Qvieylus.

Quesnel [Hon.] 242

Queylus 41, 118, 120, 121, 124,

126, 140, 160, 194, 195, 197. 198, 204, 205, 21o!

230, 232, 283, 234 Quinte [Baie de].... 206, 209, 210, 212, 213, 219, 220, 222

Rageot JM^' '] 239

Ragois [Le] 249

Raguideau 174, 177

Rapin, voir Rapine

Rapine [R. P.] 23, 58, 71

Renty [Baron de] 41, 227

Repentigny [De] 40

Richelieu [Cardinal de] : 246

Richelieu [Fort] 62

PAGES.

Richelieu [lies] 146

Kichelieu [Rivière] 209

Rié [Gabriel] 241

Rivière [Laurent La] voir Hrl)ert.

Robin [Etienne] 2:n

Robinson de Bécancourt [M. de]. Rochejjuyon [De la] voir Liancourt. Rochelle [La] 19, 20, 25, 28, 41, 54, 77. 129, 185, 136.

137, 138, 139, 154, 206

Rohiario 214, 215

Rôles [De] voir Lérole

Rolin [Basile^ 177, 242

Rome 160

Roos [Antoine] 86

Rouen [L'Archevêque de] 120, 233

Rouillé 168,169

Roy [Le] 166

Royer [Le] voir Dauversière.

Saint André [M. de] 102, 138, 181

St. Anq-e 83

St. Charles [Pointe] 78, 241

St. François 13

St. François [Lac] 210

St. Françoi.*? Xavier 261

St Frcniin [De] 41

St. Gabriel [Ferme] 39.157.232

St. Georges 175

St. Germain de TAuxerroi.s 246

St. Jean [Fort] 193

St Jean Bte 157

St. Jean de Jérusalem 245

f^^t. Joseph 43

St. Joseph [Fief] 242, 243

285

PAGES.

St. Jure [R. P. de] 22, 27

St. Laurent [Fleuve] 39, 59, 120, 212, 229, 244, 245, 247,

253

St. Louis [Fort] de Chambly :. 185, 186, 193, 244

St. Louis [Fort] ou Québec 244

St. Louis, [Lac] 210

St. Louis [Sault] 44, 229

St. Louis [Village huron] 73

St. Michel [M. de.] 111

St. Paul [Jeanne Agnès de] 126, 230

St.Père [Jean] 122, 123, 266

St. Pierre [Lac] 32, 183, 244, 247

St. Pierre [Rue] 266

St. Pierre aux bœufs 249

St. Simon et St. Jude 212

St. Sulpice [Séminaire de] 4, 5, 13, 14, 41, 115, 119, 128,

129, 131, 133,134,138, 139, 140, 157,' 173, 181,

195, 203, 222, 227, 229, 237. Sainte Anne [Fort] 184, 185, 186, 187,189,

192, 255, 256, 257.

Ste. Anne [du Nord] 256

Ste. Anne [Marché] 266

Ste. Croix d'Angers 240

Ste. Foy 33, 34, 36

Ste. Hélène [Ile] 162, 175

Ste. Marie [Ferme] 151, 168, 169, 232

Ste. Marie [Rue] 232

Ste. Thérèse 33

Ste. Thérèse [Iles] 175^ 17(3

Sagard , 297

Salle [M. de la] 198

Sault Normand '. g7

Sault St. Louis 229

286

l'àCES.

Saurel [M. de] 180, 181, 257

Srutio?iton 213

Si'gnicr [Louis] 250

Siguin [M"'] (0 41

Seine [La] 6

Sicotte 77

Sillery 93

Soldat [Le nommé] 168

Sonoutouans, voir Tsonontouans.

Sorel [Rivière] 62

Sorel [M. de] voir Saurel

Soulard [Mathurin] 144

Souart [M. l'abbé]... 118, 124,125, 126, 184, 185, 189, 193, 238.

Suède [N*^'*] 263

Susquehanna [Rivière] 263

Tadoussac 30, 258

Tailhan [R. P.] 258

Talon [M.l'Intendant]173. 174, 193, 199,204, 237,257,258

Tavernier [Jean] 231

T-llier [Le] 233

Teonnhethary 234

Théodore [Michel] dit Gilles 175

Thibault [Etienne] 86, 87

Tibl.Mnont [Nicolas] 231

Totinatajrhé- Aernoron 234

Tour [L'abbé De la] 12, 30

Tracy [M. lo Marquis de] 180, 181

184, 185, 193, 238, 255, 256, 257, 258

Travery 257,

Travorsy 257, 258

T rois-Rivières 68, 83, 84, 85,

92, 93, 95, 94, 144, 14f;, 151. 174. 183, 184, 203

287

PAGES.

Trottier 111

Trouvé [M. l'abbé] 194. 209,222, 260

Troyes 100

Trudante 168

Trudeau 168

Truteau 41

Tsonontouans 215, 259

Tureniie [Maréchal de] 240

Tutonaguy 232

Vallière [M. de la] 203

Valets [Louis] 231

Varenne [M. de] 203

Versailles 255

Vienne 15, 246, 248, 249

Viennois [Le] 16

Viger [Le Commandeur] 224, 228,232, 227, 238, 252

Vignal [M. rabbé]139, 162, 164, 165, 241, 241, 250, 251,252

Vigne [Delà] 169

Vignerod [Marie Mag:] voir Aiguillon Villecerain voir Villersavin.

Ville-Marie 58,77,266,267,268, 269

Viller Chavin voir Villersavin.

Villersavin 22, 29, 41

Villesavin voir Villersavin.

Villiers [M. de] 112

Vimont[R. P.] 36, 37, 227, 228

Voyer [De] voir Argenson.

Urfé [M. l'abbé D'] 194, 215, 217, 218, 219, 220

Wignerod voir Vignerod.

Fin de la Table Alphabétique.

TABLE DES MATIERES.

Un mot d'explication, parSI. Viger 4

A Messrs. les Infirmes du Séminaire de St. Sulpice

[Dédicace de l'Auteur) 5

Au Lecteur 7

De l'an 1G40 à 1641, au départ des vaisseaux du Ca- nada pour France. Compagnie de Montré- al. M. de Maisonneuve à Québec. Son premier voyage à Montréal et son retour à Québec. M. de Puiseaux 9

De 1041 à 1642.— M. de Maisonneuve hiverne à Québec avec Mlle. Mance. Ils montent à Mont- réal en mai 1642, avec M. de Montmagiiy. Ire messe par le Tv. V. Vimont. Campement à la Pointe-à-Callière, environné de pieux. Nou- velles de France par M. de Eepentigny, etc., Le charpentier Minime et autres colons. Mme. de Bullion 36

De 1642 à 1643. Le Fort est achevé et armé de canons. Il est découvert par les Iroquois. Trahison des Hurons. Les Iroquois tuent ou en- lèvent 6 Français, puis massacrent les Hu- rons.— Eloue de M. de Maisonneuve. Nouvel- les de France par M. de Montmagny, puis par M. D'Ailleboust. M. de Puiseaux.— Made.de la Peltrie 43

De 1643 k 1644.— M D'Ailleboust revêt le Fort de bastions. La chienne Pilote. Combat de 30 Français contre 200 Iroquois : bravoure de M.

,#

289

de Maisonneuve. Bled récolté, Colons venus avec le Sienr de la Barre. Sa conduite hypo- crite.— Libéralité de Mde. Bullion. L'hôpital achcA'é le 8 oct. '44. Mlle. Mance s'y loge. Sa lettre à Mme. de Bullion 50

De 1644 à 1645. Diverses attacjues des Iroquois : anecdote. M. de Maisonneuve passe en France. Le Sr. de la Barre renvoyé. Mme. de Bullion donne 20,000 liv. M. D'Ailleboust, Gouver- neur 57

De 1645 à 1646. Paix fourrée. Fort à 4 bastions achevé ; réflexions sur son site. M. Chs. Le Moyne, interprète à Montréal. M. de Maison- neuve reA'ient de France et y repasse de suite... 59

De 1646 à 1647. Fort Richelieu brûlé par les Iro- quois.— Guerre. Mauvaise disposition des Hu- rons. Arrivée de M. de Maisonneuve et nou- velles qu'il apporte de France concernant M. D'Ailleboust 62

De 1647 à 1648. Guerre acharnée. Affaire des Iroquois à Montréal avec les Srs. Normanville, Le Moyne et Godé. Moulin bâti. Fâcheuses nouvelles de France. Garnison renforcée. M. D'Ailleboust, Gouverneur Général 65

De 1648 à 1649. Guerre entre les Irocjuois et les Hurons. M. Des Musseaux à Montréal avec 40 hommes. Tristes nouvelles de France. Melle. Mance y passe en conséquence 70

De 1649 à 1650. Défaite entière des Hurons par les Iroquois. Mort des PP. de Brebeuf et Lalement. Retour de Melle. Mance avec bon- nes nouvelles. M. Le Moyne et les Hurons.... 73

De 1650 à 1651. Fréquentes attaques des Ire-

290

quois sur Moiiirt-al. Actions viv^oureusos on- tr'eux et les Srs. Boudart, Chiquot, Le Moyne, Archambault, Lavigne, dans l'une desquelles les Iroquois sont repousses avec une grande perte. Melle. Mancesc rt'luiri»* au l'ort. Olires qu elle fait au Gouverneur pour le salut de la place. M. de Maisonneuve va en France, lais- sant M. des Musseaux commandant 76

De lOôl îi 1652. M. Jean de Lauson, Gouverneur Général; sa conduite envers M. de Maisonneu- ve et 10 soldats qu'il envoie à Montréal. Cou- ratre de la femme Primot, surnommée Parnmfln. Combat aux Trois-Kivières et mort de M. Du- plessis, gouverneur. Nouvelles de France re- çues par Melle. Mance 81

De 1652 à 1663. Combat à Montréal du 14e Cet. 1652: M. Closse et 24 Français défait 200 Iro- quois : éloge de M. Closse. Plaisante aventure d'une barque venue de Québec à Montréal Melle. Mance va à Québec Le P. Poncet pri- sonnier.— Blocus de Trois-Rivières. Il est levé et comment. Paix fourrée. Arrivée de M. de Maisonneuve avec 100 hommes. Nouvelles qu'il donne à Melle. Mance d'après une entre vue avec Mme. de Bullion. Arrivée de la Sœur Bourgeoys ; éloge de son Institut. M. de St. André 85

De 1653 à 1654. On bâtit l'église de rh6i)ital et autres biitiments. Gervais. Melle. Mance ren- tre dans son hôpital, qu'elle n'habitait plus depuis 1651 104

De 1654 à 1655. Sentinelle enlevée par un Iro- quois. Combat entre La Barriffuc et M. Closse.

291

La Barrique blessé et prisonnier : il contribue plus tard à la paix. M. Le Moyne. La Plume.

Combat. Paix. Echange de prisonniers 106

De 1655 à 1656. G-râce à la paix, on avance consi- dérablement les habitations. Les Iroquois en guerre avec les Outaouais. Meurtre du P. Grar- reau. M. de Maisonneuve va en France sollici- , ter des Prêtres de M. Olier. M. Closse com- mande en son absence...... " 113

De 1656 à 1657-. Melle. Mance se casse un bras. Arrivée de l'Abbé de Queylus et de 3 autres prêtres de St. Sulpice : leur réception à Québec. —Mort de M. Olier 117

De 1657 à 1658. Assassinatà Montréal par les Iro- quois.— Légende. M. Dupuy à Montréal avec 50 Français venant d'Onontagué. L'Abbé de Queylus résidant à Montréal. Melle. Mance parle de passer en France. M. de Queylus fait venir 2 Hospitalières de Québec : explications mensongères. Départ de Melle. Mance 122

De 1658 à 1659.— Terres de St. Gabriel et de Ste. Marie établies par le Séminaire aux deux extré- . mités de l'habitation. Melle. Mance en France: nouvelle à son sujet : sa guérison miraculeuse. Conférences de Mgr. de Pétrée avec les Asso- ciés de Montréal. Chute de Melle. Mance, sans suite pour son bras guéri. Trois Sœurs hospi- talières de la Flèche sont désignées pour Mont- réal : oppositions faites à leur départ surmon- tées.— Melle. Mance s'embarque à la Rochelle avec elles, 2 prêtres de St. Sulpice, la Sœur Bourgeoys et 22 filles pour la Colonie. Arrivée de Mgr. Pétrée dans un autre vaisseau. Départ

292

de l'Abbé de Queylus pour France. Arrivée de M. de Belestre. Le vaisseau de Melle. Mance infecté 128

De 1659 à 1660.— Le Sr. Dollard engage 16 autres Français à le suivre en parti de guerre contre les Iroquois. Ils vont au pied du Long-Sault delà Rivière des Outaouais pour y attendre l'ennemi. Ils y sont joints par 4 Algonquins et 40 Hurons. Cernés ensuite dans leur fort par 800 Iroquois et abandonnés par tous les Hurons à la seule exception d'Anontaha, leur chef, les 17 Français, et les Algonquins soutien- nent un siège de 8 jours. Le Fort est enfin emporté. Dispositions que prend M. de Mai- sonneuve, à la nouvelle de la défaite du parti de guerre français. Mort et ebsèques de Mr. D'Ailleboust à Montréal : son éloge. Mort de M. de la Dauversière en France 142

De 1660 à 1661. Les Iroquois à Montréal en jan- vier, février et mars 1661 : ils tuent ou enlèvent 33 français. Courage de Beaudoin, Gadois : la femme Duclos et Le Moyne. Détails du meur- tre de M. Le Maître, prêtre, tué par les Iroquois : merveille. L'abbé de Queylus à Montréal inroirnito : on le fait repasser en France 155

De 1661 à 1662. Plusieurs attaques des Iroquois. Bâtisse du 1er Séminaire. Détails sur le meur- tre de M. Vignal, ptre., à Vlle-à-la-piejre, vis-à- vis Montréal. Mr. Briirard fait prisonnier : son courairo, sa mort eruelle à ( )nneyouth. Combat du 7 fev. 1662, Mr. Clo.sse est tué. Combat du 6 mai à la maison Sfe. Marie. Mr. de Be- lestre.— M. de la Vicrno 162

De 1662 à 1663. Vovage de Melle. Mance en

293

France, à l'occasion de la mort de M. de la Dauversière. Marie des Neiges et 2 an- tres petites sanvagesses élevées à la Congréga- tion 171

De 1663 à 1664.— Messrs. de St. Snlpice— Seigneurs de l'île de Montréal : ils en prennent posses- sion.— Mr. Talon leur rend le droit de Justiciers, qu'on leur avait d'abord ôté. Craintes et gène qu'inspirent les Iroquois. Courage et services de M. Jacques Le Ber. Melle. Mance

De 1664 à 1665. M. Le Moyne étant à la chasse, à l'île Ste. Thérèse, est surpris par les Iroquois, qui le font prisonnier : inquiétude à son sujet : il est ramené à Montréal. Compliment fait à sa femme. Arrivée de troupes à Montréal. M. de Maisonneuve 176

De 1665 à 1666.— Expéditions de MM. de Courcel- le, de Sorel et de Tracy en 1666 contre les Iro- quois.—MM. Le Moyne, D'Ailleboust, De Haut- mesny et de St. André marchent dans ces expédi- tions avec des habitants de Montréal : éloge de ces milices. L'auteur suit M. de Tracy comme aumônier. Il plaisante sur lui-même et sur quel- ques autres 179

De 1666 à 1667.— Voyage de M. Frémont, ptre., à Trois-Rivières : incidents. L'auteur va avec fatigue et danger, au fort Ste. Anne dans l'île à Lamotte, lac Champlain. Il sauve, avec l'aide de M. Darienne, un soldat tombé à l'eau. Sa réception au Fort : maladie et mortalité parmi la garnison. Le poste est ravitaillé : cha- rité de l'auteur envers les malades. Conduite honorable et humaine du chirurgien Forestier. Testaments des malades : leur conduite chré-

294

tionno. Vie de ruuiour au fort Ste. Anne. Le Bâtard Flamand, chef Agnier. MM. de Tracy et Talon à Montréal : belle et louable con- duite de ce dernier Intendant, M. Souart va en France 183

De 1667 à 1668 Nom de La Chine donné à l'une des côtes de Montréal. Arrivéede 4 Sulpiciens, compris l'abbé de Queylus. M. de Fénélon et M. Trouvé vont étaV>lir une mission Iroquoise à la baie de Quinte. Les troupes repassent en France. Réflexions politiques de l'auteur 194

De 1668 à 1669.— M. Barthélémy, ptre. Sulpicien, hiverne dans le bois avec les Algonquins, pour apprendre leur langue. L'auteur et M. de Ga- linée nommés par M. de Queylus pour aller porter l'évangile à 7 ou 800 lieues d'ici. M. de la Salle se joint à eux. Ils partent le 6 juin 1669.. 197

De 1669 à 1670. L'auteur, parlant du voyage qu'il a fait avec M. de Galinée en 1669, renvoie à la relation que ce dernier en a faite. Mr. Perrot gouverneur de Montréal 199

De 1670 à 1671. Prisonniers rendus et amenés à Montréal par les Iroquois. Filles Sauvages mises à la Congrégation. La Princesse de Conti. Traite de l'eau de vie : réflexions con- tre.— M. de Courcelle à Montréal. Son voyage en bateaux au lac Ontario : il y est accompa- gné par MM Perrot, de Loubiat, de Varenne, Le Moyne, de la Vallière, de Normanville et autres. L'auteur est du voyage. Services du sergent Champagne. Mad. Perrot à Montréal. Mort et éloire de de Mr. Dominique Galinier, ptre. de Montréal. Départ pour France de l'Abbé de Queylus et de Messrs. D'Alet et de

295

G-alinée 200

De 1671 à 1672. De la longé^-ité chez les femmes, en Canada. De la facilité donnée à leurs ma- riages.— Des fréquentes évasions d'un certain prisonnier d'entre les mains de ses gardiens... 206 Abrégé de la Mission de Kenté pris d'une lettre de

M. Trouvé 209

Lettre de Mr. de Courcelle Gouvr. à Mr. Perot

Curé de Montréal 223

Appendice No. I 225

" No. II 227

No. III 228

No. IV 229

No. Y 229

No. YI 230

No. YII 230

No. YIII 231

No. YIII 6es 232

No. IX 233

No. X 234

No. XI 235

No. XII 239

No. XIII 240

No. XIV 241

No. XV 242

No. XVI 243

No. XVI où" 250

No. XVII 252

No. XVII />/.s- 255

No. XVIII 259

No. XIX 260

No. XX 263

Addenda 265

Table Alphabétique des noms 285

ERRATA.

Page 204, Note 3 : Galinée, lisez G-alinier.

Il s'est glissé quelques autres fautes d'impres-ion que le lecteur pourra facilement corriger.

OFi^lCîlKllW

SOCIETE HISTORIQUE DE MONTREAL.

['ATK0N8 :

Sih (. K (JAHTIEH ET lIIon. J. (J CHaUVEAU.

PRÉSIDENT:

M L'Abui!: h. a. VERUKAU.

Vice-PréKidenI : Son Hon. M. lk Juge BKAUDRY, Secrétaire: H. BELL,EMARE, Ecuier. Trésorier: W. MAHCIIAND, Ecuier, Bibliolliôcairij: L. A. H. LATOUM, Ecuier, Assistant-Secrétaire: J. R. DANIS, Ecl-jer,

IVIEMOIEES

r f

SOCIETE HISTORIQUE

DE MONTREAL.

CINQXJliï^MiE lL,IVrtAISOIV.

REGNE MILITAIRE

CA^NA_r)^.

MONTREAL :

DES PRESSES A VAPEUR DE LA MINERVE

RUE ST. VINLlîNT, lô. 1870

REGNE MILIÏAIRI-: EN CANADA

or

ADMINISTRATION JUDICIAIRE DE CE PAYS

PAR LES ANGLAIS

DU 8 SEPTEMBRE 1760 AU 10 AOUT 1764

JIAWUSCBITS BECUEILLIS ET ANNOTES

LE COMMANDEUR J. VIGER.

TO^klE 1er.

UN MOT D'AVIS AU LECTEUR.

Quoique les -SVa; LeUres nmv-ànies aient déjà vu le Jour, je crois néanmoins ne pouvoir me dispenser de les re- produire ici. Elles ont été publiées en 1827, de Jan- vier à Juin, dans la " Bibliothèque Canadienne, '' sous le titre de Matériaux pour P Histoire du Canada. Il n'est que juste que je lasse connaître, aujourd'hui, les deux habiles et zélés collaborateurs qui ont bien voulu, dans le temps, venir à mon aide, et, joignant leurs découvertes aux miennes, contribuer aussi puissamment qu'ils Font fait, à jeter de la lumière sur cette période alors si peu connue de notre Histoire.

" Le Règ-fie Militaire "' est le nom populaire sous le- quel nos pères ont cru pouvoir désigner la période des quatre années qui ont suivi la prise de Montréal et la conquête du Canada par les Anglais, c'est-à-dire l'espa- ce compris entre le 8 septembre 1760 et le 10 août 17H4.

Quoique possédé militairement, durant tout ce temps, par ses vainqueurs, le pays néanmoins fut régi par eux d'après les lois, formes et usages qui y avaient prévalu sous les Français, au moins quant au civil. Mais comme l'administration judiciaire fut remise entre les mains des Officiers de Milice et des Troupes Britanniques, par suite, peut-être, de ce que la plupart des hommes de loi étaient alors passés en France, il dut se commettre plus d'un acte arbitraire de la part de juges aussi peu. ou aussi imparfaitement maîtres des lois du Canada ; de là,

^aiis doute, le nom <l.»ini.- par nos aiicétivs à cette courte période de notre hisK.ire. Voilà, je crois, toute l'intro- duction que demandent la correspondance publiée en isJT »'t les documens inédits qui la suivent, .s'étendant enseml)b' au-delà di* <»' i>remier volume.

.1 VKIKK Montréal, 1er. Mars lH4ô.

MATERIAUX

POUR

L'HISTOIRE DU CANADA.

I.

M. BiBAUD,

Depuis que la Bibliothèque Canadienne est commencée, vous avez souvent invité vos abonnés et ceux qui ne le sont pas à devenir vos collaborateurs à cet intéressant Journal. Cet appel a été suivi d'un succès assez flatteur, pour devoir vous encourager dans la tâche patriotique que vous vous êtes imposée " d'accueillir et faire con- naître les talents de votre pays. " Chacun, devinant votre pensée, s'est empressé de répondre à votre invitation, en vous adressant des Essais littéraires de tous genres, en vous communiquant même des Manuscrits, t^r. Des com- mencements aussi heureux doivent vous faire présager un certain succès pour votre journal, comme ils de- vraient, il semble, porter ceux de vos concitoyens qui ne l'ont pas fait encore, à contribuer de tous leurs moyens à le rendre de plus en plus utile et honorable pour le pays et propre à faire naître chez l'étranger ( où, tel qu'il est, il a déjà reçu un accueil favorable ), une idée avantageuse de vos compatriotes. Qui peut douter, sous ce dernier rapport, que les écrits politiques de votre cor- respondant D. (1), toujours reconnaissable quoiqu'il ne signe pas toujours, ne soient capables d'ajouter ô la ré-

(li Llloii. I). B. ViL'..^r.

8

putatioii (!«' votro journal ^ Pourtant, il a un dé- faut, «lUf i»' ne lui druuiscrai pas il n't'*«rit pas assez

souvent sur ce sujet. (|u'il traite avec autant d'haliileté (juc ([•' sa\(>ir.

\'(>UN tloniu'Z à vos IccltMirs uiu' Histoire du Cana- da ' : il est l)i«'n connu (juc M. livr/lir/n/ iyArfi<^/éi/ a dcjà ras.seniblc de nombreux matériaux sur le même Kujet, et que le Dr. Jtirtptes Ltibric, (jui prépare aussi une histoire de ce pays, en était, au mois d'août dernier, ren- du à réi>o(|ue de la con(|uét»' Quelles consolantes ré- flexions CCS entreprises des l'hiftinls du sol ne sont-elles pas proi>res à iaive naître dans 1<' ctriir de tous les Canadiens ?

Qui'lques soins que vous et ces Mc.ssi»'urs, vous vous soyez donnés, quelques recherches que vous ayez pu laire. n"est-il jjas à craindre, que vous ne soyez pas eu possession de tous les matériaux nécessaires pour <-omi>léter rédilicc dont vous ave/ eu le mérite de concevoir le plan et d'entreprendre la construction? QuicoïKjue a les plus petits moyens de v(»us aider, doit s'empresser de seconder vos uénéreux ellbrts. Pour moi, je suis prêt à commencer, de ce jour ; en vous faisant part de ce (|ue la tradition m'a appris, i-u \ ous conimu- nifjiiaiit (juejijiies piil)lications aneinuics (mi i)i'u con- nues au i)ays, en vous adressant des extraits de quel- qiu's Mémoires et autr«'s Maintscrils aux([Uels je j)uis avoir accès, ou dont./r .s// /.s seul en j/ossessio/t. Parlez, M.

l)il»au(l, et /n//s mes Irésors sont à \'otre dispositi(»n :

mais au moins, (jue crhii <jui le peut, en lasse autant <|U«' moi.

Les quatre années (jui suivirent immédiatemenl la con(iuéte du Canada, forment une période vuljyairement connu»- sous le nom de Rè'^i c Dlililairt : parce que

durant tout ce temps, la justice fut administrée par des tribunaux auxquels présidèrent des Officiera de Milice et momo de l Armée, qui pourtant devaient juiivr d'après leii /ois, farines et t/sa<:;-es du pays, niais qui n'<'n étant pas trop instruits, comme on le peut aisément supposer, du- rent plus d'une fois, s'en éloigner pour suivre l'arbitrai- re, ou, suivant eux sans doute, /'équité. Je vous dirai d'abord ce que la tradition et l'histoire nous ont conser- vé de cette époque relativement à ces tribunaux, et vous donnerai à la suite un document historique inédit qui a particulièrement rapj)ort à leur organisation pour le Gouvernement de Montréal, du 13 octobre 1761 au 10 août 1764. Je pourrais le faire suivre, si vous le trou- viez bon, de 12 à 15 autres pièces ég'alement inédites et authentiques, qui se rattachent toutes à l'administration de la Justice, durant cette période, dans le Grouverne ment particulier de Montréal

DU REGNE MTLrTAIRE.

l'KNDAN r

Les Quatre Années on on r scivt la Con- quête DU Canada. 1760 64.

Toute personne instruite tk l'histoire de ce pays sait ({u'après la reddition de Montréal aux armes anglaises, le 8 septembre 1760, et la réduction du Canada qui en fut la suite, Sir Jeffery Amheraf. Lient. Grénl. et Com- mandant en chef des Forces britanniques de l'Amérique du Nord, avant son retour à New-York, divisa la partie habitée du Canada en troin GonvernemenU militaires, savoir, ceux de Québec, de Monfréa/ et des Trots-Rivières ; qu'il nomma pour Gouverneurs, au 1er., le général James Murray, au 2d., le général Thomas Gage, et au 8e., le Colonel Hal])h Burton ; qu'il établit dans ces gou- A''erner.ients des tribunaux ti^uns et ])résiJ'Vs par les offi- ciers de milice, qui devaient juger souverainement tous procès civils et criminels portés devant eux, avec appel aux gouverneurs, et que t^a Majesté en approuvant, plus fard, les arrangements de Sir Jeffery voulut qu'ils eus- sent force et effet jusqu'à la paix, et à l'établissement d'un gouvernement civil au pays, si le Canada devait demeuier à l'Ano-leterre.

12

La tradition et Mr. Smif/i (1) sont parlaitomont d'ac- cord sur tout ce que je viens de dire, mais Rai/nol difl'é- raiit sur lini de ces points, je reviendrai tout-à-rheure à cet historien.

On sait encore que le Canada ayant été cédé à l'Angle- terre par letraité déllnitilde paix du 10 lévrier 17G3 (2) dont les ratifications lurent échang-ées le 10 mars sui- vant, la paix lut proclamée à Westminster et à Londres le 20 du même mois ; qu'information officielle de cette cession lut donnée aux habitants de la colonie, au moins à ceux du gouvernemenl de Montréal, le 17 mai de la même année, par une proclamation du Gou- verneur Gage (3) ; et que celle du K(n George III, divi- sant les nouvelles possessions de l'Angleterre en quatre gouvernements civils, (ceux de Québec, d(^ la Floride orientale, de la Floride occidentale et de hi Grenade,) ne sortit et ne l'ut publiée à Londres que le 7 octo})re 1763.

Quoique la nouvelle de la cession du Canada à l'An- gleterre eût été signifiée aux ( 'luuiibres dr .lnslice de Montréal, le 17 mai 1763, comme je viens de le dire, et qu'on pût croire, dès lors ( d'après ce i{\\\ a été dit plus haut ) qu'au <^ouvernemen( tnililaire allait immédia- tement succéder le gouvernemenl tiri/, néanmoins la l'or- me de l'administration du pays et de ses divers tribunaux ne lut pas en même temps changée. Les C/ianibres de Jus- tice établies le 13 octobre 1761, ( Voir l'Ordonnance ci- après ), continuèrent d'exister jusqu'au 10 août 1764 (4); et les Cours civiles qui les remplacèrent ne leur

(1) Ilislnry ol Canada, QiU'boc, ,1. Nfilson, 181.'}, 2 V. in 8.

{1] lia sipnatiirp dps arliclfs itn'liminairos do la paix est du .1 novonibro 1762, à Fonlaincîblcau.

(3) ('••llf proclamation ( qiio j'ai maimscrit»» > fnt adr<'.«s*''o danslo temps jiar le Gouverneur (iage aux Cltamhrrs dr Juslice Sfuli-ment : c'est ainsi qu'on appelait Ifs (iours d'alors dans li- (janverncnieiil de Mnnirval.

i4) V. l'Ordonnance du Gouverneur et Conseil du 20 septembr»- 1764.

13

furent substituées que le 17 septembre de la même an- née, par l'Ordonnance de cette date du général Murray et de son Conseil, établissant des Co?irs du Banc du Roy et desPlaidoyers communs.

Ce délai peut s'expliquer ainsi. Le Major-général J. Murray avait été fait, il est vrai, ' Capitaine-général et Grouverneur en chef de la Province de Québec ", le 21 novembre 1763 ; mais il ne reçut et ne publia sa com- mission en Canada, que le 10 août 1764 : il est donc pro- bable que quoiqu'il dût connaître depuis longtemps la cession faite du Canada à l'Angleterre, il ne se crût pas autorisé à rien changer de l'administration du pays, avant qu'il eût reçu les instructions de Sa Majesté, et pu- blié sa commission.

Tels sont à-peu-près les seuls détails connus, ou du moins constatés par des pièces officielles, qui ont rap- port au Règ-nemilifaire. Revenons maintenant à Raynal, et parlons des documents ignorés et conservés dont la publicité pourrait jeter une plus grande lumière sur cette période de notre histoire.

J'ai dit plus haut que l'Abbé Kaynal différait sur nn seul point avec la tradition et Mr. Smith : c'est sur la composition des tribunaux établis par Sir Jefïery Amherst immédiatement après la prise de Montréal. En effet, cet écrivain dit, en parlant de ces tribunaux : " C'étaient des Officiers de troupes qui jugeaient les causes civiles et cri- minelles à Québec et aux Trois-Rivières, tandis qu'à Montréal ces fonctions augustes et délicates étaient con- fiées à des Citoyens.'' (1)

Malheureusement, je n'ai point l'Ordonnance, ou la Proclamation (je ne sais quel nom lui donner ) de Sir Jeffery, établissant l'ordre de choses qui a existé par

(l)Hist. Philos. T. VIII. Edition corriif<'^e de 1780.

!

u

tout 1«» pays, ou si'uU'mi-nt à Moutit'al, <'ntr»' lo H sept. 1760 et le 18 oct. 17H1. Il est clair. m«Mne d'après le préambule de !'( )i(loiniaiuM' de ectt»' dernière date, que dans ee uouverm'int'iit au inoins, ou a lait (juelque chan-

îjement à l'ordre de choseK existant avant ITtil Quel

♦'•tait-il donc ? La publication de l'Ordonnance de Sir Jettery pourrait seule donnrr la réponse à cette ques- tion ; et s'il est possible de le découvrir, on doit sen- tir combien il serait désirable de publier, en toutes lettres, ce document intéressant, la première loi que nos pères reçurent d«' leurs vainqueurs. Et comme Ray" nal est à-peu-près le .»,eul historien qui ait écrit sur cette époque de notr»' histoire, il serait aussi facile qu'impor- tant de redilier rerreur, s'il y est tombé, parla publica- tion d'un document historique qui doit exister en Canada. Au rt'ste. r(>rd(»nnance de Sir .Tetiéry ( relativement au irouvcrucnient d»* Montréal ), ne ])eut être nécessaire que pour ( oiistater quelle a été la forme de l'adminis- tration judiciaire du H septembre 1700 au 13 octobre ITtjl ; car, à com])ter de cette dernière date jusqu'au 10 août 1704, les dociiiiieiits oHiciels que je possède ne lais- sent amuii (loiite Mir la numiére dont la justice a été ad- niiiilNtiie dans Cl* i»ou\ enienieni.

Le pius lnii)ortant de ces «locuments historiques est, sans contredit. lOriloinninrp tlii (îonvrrfffttr (Taire i/ h \H nr/dhrf 1701. Le motif (jui y donna lieu fait sans doute l'éloi^e du (îéiicial ; mais les détails (hnis les(jU(.ls elle entre sur la <livisi<»n du uouvernement de Montréal, en ein(| jurisdictiojis civiles et criminelles j>our les canipa- içnes, indépendamment de celle de la ville ; sur les cours d'appel ambulante.^, qu'elle établit ; sur la classe (non équi- vo(jue. ) de citoyens (ju'elle app<»lle à composer les '• C'hambre> de .lustice. " comme elle les nomme : tout

15

en la rendant précieuse pour l'historien et curieuse pour l'habitant du pays, doivent en l'aire surtout désirer la pu- blication, dans un moment notre compatriote, M. L. Piamondon, avocat aussi éclairé qu'orateur distingué, paraît s'occuper d'approfondir en particulier V Histoire légale du Canada (1).

Je vous dois peut-être et à vos lecteurs, M. Bibaud, un mot sur la soiirce à laquelle j'ai puisé le document his- torique que je vous envoie aujourd'hui. Je l'ai copié, ainsi que quelques autres dont je vous ai dnjà fait offre, d'un des Registres (bxiem.^^ : ils sont donc authentiques. Chacune des cinq Chambres de Justice de campagne éta- blies par l'Ordonnance ci-dessous transcrite tenait un semblable registre, dont voici le titre : " Registre de la

" Chambre de Justice de établie par son Excel-

" lence Monsieur Thomas Grage, Gouverneur de Mon- " tréal et de ses dépendances, &c., le 13 octobre 1761. " par son Ordonnance enregistrée sur le dit registre, sur '' la page numérotée et paraphée première page, par un " des Capitaines de la dite Chambre." En marge de ce- lui qu'on m'a communiqué (2) sont les initiales Fr. G. initiales du nom du Capitaine de milice François Guy. Au haut il est écrit : " 1761, 1\ oct., " et immédiatement en tête de l'Ordonance est le signe religieux d'une f On n'y parle qu'vme seule langue, le Français

Montréal, 1er. Décembre 1826.

-S. II. (3)

(t) M. L. Piamondon, Avocat, venait d'ouvrir à Qué)ie>cun Cours de lec- tures sur le Droit du Canada. { V. Bibliot. Canad. T. 4. p. 36. i

(2) Ce Registre était dès lor.';, comme il est encore, en ma possession .: c'est celui de la Chambre de JuslUe de l.ongueial. Je le tiens avec quelques au- tres M^S. anciens, de mon ami M. P. Gauthier, notaire à Bouclierville.

(3) Pseudonyme de Jacques Viger.

16

(JOUVEUNEME.NT ) " ^''- ^'- Exlmit (1) de fOfdon^

DE . iianre et Règlement des Chambres de

MONTREAL. ^ .Justice du Gouveinement île Mont'

réul, pur S(tn Exiellence Monsieur

TiidM vs (ÎACE, d'uvrrneur du dit

Monirval it ses dépendanres, &C.

PAR SON EXCELLENCE THO- MAS GAGE, Gouvenu-ur de Montréal et de ses dépeudau» ces, &c., &:c., &c.,

'• ^çavuii : Nouk étant l'ait rendre compte de 1 état ac- tuel de l'administration de la justice dans les campagne» de notre Gouvernement, et recherchant avec zèle le« moyens de la rendre j^Ius pronij)Le, ])1uh aisée et moins, coûteuse à ceux qui seront dans l'obligation d'y recourir, Nous avons lait le présent Règlement que Nous vou- lons être suivi et exécuté suivant sa forme et teneur.

Notre Gouvernement sera divisé pour l'administra- tion de la Justice en cinq l^istricts, que nous avons pla- cés au centre des campagn»;s de chaque district, afin de faciliter ceux qui seront obligés d'y avoir recours.

'• Pour le premier District, la Chambre d'Audience se tiendra à la Pointe-Claire, t't les habitants d»*s Cèdres, Vaudreuil, Isle Perrault (2), Ste. Anne, Ste. Gene- viève, Sault-au-Récollet, La Chine et St. Laurent seront justiciables de cett»* Chambre.

Pour le second District, la Chamlire d'Audience se tiendra à Longueuil, pour les habitants de Chambly, ChA- teauguay, La Prairi»-. Boucherville et "\'arennes.

" Pour le troisième District, la Chambre d'Audience se tiendra à .S7. Antoine, pour les habitants de îSorel. St.

(Il O mol veuliljrc /''//»(>. (2) Perroi.

17

Ours, St. Denis, Contrecœur, St. Charles et Verchères. " Ponr le quatrième District, la Chambre d'Audience ^;^' tiendra à la Foinfe-iiux-Trei)ibles,po\u' les habitants de la Longue-Pointe, la Rivière-des-Prairies, Ste. Eose, St. Frs- <le Sales, St. Yincent-de-Paule. Terrebonne, la Mascou- che et La Chênaie.

*' Pour le cinquième et dernier District, la Chambre d'Audience se tiendra à la Valtrie, pour l'Assomption, La Nauraie, Repentigny, St. Sulpice, Berthier, Isle Dupas et autres isles dans cette partie.

" Dans chacune de ces Chambres il s'assemblera un corps d'Officiers de Milice, tous les premiers et quinze de chaque mois ; si ces jours arrivent Dimanche ou F été l'audience sera remise au lendemain.

"Ce Corps d'Officiers de Milice sera composé au plus de sept et au moins de cinq, du nombre desquels il y aura toujours un Capitaine : s'il s'en trou voit plu- sieurs, le plus ancien présidera.

" Les Officiers de Milice de chaque District s'assem- bleront avant toutes choses dans les paroisses ci-men. tionnées, pour le 24 octobre, afin de régler leurs assises aux Audiences à tour de rôles, afin qu'ils se trouvent toujours à leur tour le nombre de sept.

'' Chacune Chambre aura soin de tenir un Registre numéroté par première et dernière page, paraphé à cha- que page d'un des Capitaines de la Chambre ; dans le quel registre seront enregistrés tous les jugements de la dite Chambre et les Ordonnances qui seront par Nous rendues

" Lorsqu'il conviendra parvenir à quelques ventes par décrets ou retraits, il faut qu'elles soient faites dans les manières accoutumées.

3

'• Dans Ifs aHiiircs il v aura ik Li'.->it(' «l'avoir dos témoins, la partit» (|ui succomln'ra serateiiut» d»' les payer à raison do 3 liv, j)ar jour, ft si la distanco excède •) lieuos, les dits témoins seront payés (J liv. par jour. Les plaideurs de numvaise loi seront contraints de payer les dépenses de leurs parties adverses, suivant l'arbitraire qui en sera lait par les dites Chambres.

" Chacune Chambre est aulori.sée à l'aire i)aroitre les dits témoins malgré qu'ils demeurent dans un autre dis- trict, à peine contr»' chacun des témoins qui reluseroni d'obéir, de ô piastr»»s d'amende pour la 1ère lois, et de 10 en cas de ré< idive.

Lorsqu'il y aura des procès entre des particuliers de différents districts, le demandeur s'adressera à la Cham- bre d'où dépendra le défendeur.

" Nous exceptons cependant les habitants de Mont- réal, à qui Nous conservons le privilég-e de faire venir à leur Chambre les particuliers des campag-nes.

" Nous fixons le délai ])our ai)pt'ler des juiienients de chaque Chambre à un mois du jour qu'ils seront ren- dus, passé lequel temps tous les dits ju<;-ements seront exécutés ; en conséquence les Officiers des Chambres assemblés donneront ordre au Cap taine du perdant de le contraindre par corps ou par saisie de ses biens.

" Atin de décider sur les ap]>els qui seront faits, Nous prévenons que tous l(\s vinirt de chaque mois, il s'a«sem- Hlera un Consril ffO(^in'prs rfes Trnufies de Sa 3/<^(/V.n7^, sa- voir, un à Montréal, pour le 1er district, un autre à Va- ,enne> pour 2e. et 3o. district, et un autre à St. S'/l/n'rr pcmv le 4e. et .îe. district.

" Les i>arties qui voudront encore ai>peller du jutre- raeni des dits Olhciers, seront tenues de le faire dans la quinzaine, pardevant Nous, et à cet effet elles remettront

]9

leurs pièces en Notre Secrétariat dans le dit délai, lautc de quoi elles n'y seront plus reçues.

" Lorsqu'il se trouvera dans quelques ]:)aroisses des •uens sans aveu ou des scélérats, ils seront conduits de- vant la Chambre du district ils seront pris, laquelle les condamnera, soit au fouet, prison ou amende, suivant l'exigence du cas.

" S'il se commettoit quelques crimes atroces, comme assassin (1), viol ou autres capitaux, chaque Officier de mi- lices est autorisé à arrêter les criminels et les complices et les faire conduire, sous bonne et sure garde, à Montréal avec l'état du crime et la liste des témoins.

" Lorsqu'il s'agira de procès qui n'excéderont pas 20 liv., chaque Officier de Milices pourra seul les décider, et les parties ne pourront appeler de leurs décisions qu'à la Chambre du District seulement.

" Pour indemniser les Officiers de Milice des Cham- bres de chaque district, de la perte de leur temps, aban- don de leurs travaux, entretien de leur Chambre, et sub- venir aux dépenses d'icelles pour bois et chandelles né- cessaires,— Nous leur allouons ce qui suit :

" La partie qui aura succombé dans un procès de la valeur de 20 liv. jusqu'à 50 liv., payera une demi-piastre depuis 50 liv. jusqu'à 100 liv., une piastre depuis 100 liv. jusqu'à 250 liv. une piastre et demie depuis 250 liv. à 500 liv. deux piastres et demie -de 500 liv. à 1000 liv., quatre piastres de 1000 liv. à 3000 Ha., six piastres de 8000 liv. à 7000 liv., huit piastres— de 7000 liv. à 10,000 liv., dix piastres et au-dessus de 10,000 liv., vingt pias- tres.

" Les amendes que les particuliers auront encourues,

I i) Mot employé yoyiJ' os sassinat dan> Xous. les MS S. du temps en ma possession.

•20

l'autt» d'avoir satisfait à Nos Ordoiiiiaiiccs, lour seront al- louées.

'■ C'haque Chambre uoninitra un trésorier qui touche- •ra l'arj^ent des i)arties et des ditos amendes, en tiendr;i un eompte exact et en rendra compte, tous les trois mois, aux olïiciers des dites Chambres, t'utre lescjnels le total sera p.irtaiçé eu éy;^ard au nombre de leurs assises aux Au- diences, et à la distance du chemin qu'ils auront l'ait : les frais de l'entretien dt' b'ur Chambre préalabliMnenl déduits.

" Nous ne pouvons trop recommander aux dits Olii- ciers de Milices de maintenir le bon ordre dans leurs compag-nies, d'accommoder autant qu'il leur sera possi- ble tous lesditl'érends à ramiablc. enfin de tenir la main à l'exécution du présent Règlement, lequel sera enre- gistré en tête de leurs Registres. (1)

MANDONS que Notre présente soit hic. publié»» et af- fichée es lieux accoutumés.

" Fait à Montréal. le 18e. octobre ITtll. Signé de No- tre main, scellé du sceau de Nos armes et contresigné par Notre Secrétaire.

TIIOS. GAGE

J^(ir >'f'// K.rcrlleticr,

G. M.\TrKiN

(l) C]es mots m /f'/c <i'' leurs llnjislns indiquant bion la Ut»* o)»«>rnlioii il'un tribunal <lo noiivt^le cnvifion. Qwls cUiifiil donc les tribunaux ant'- rieurein'rnl tixislaiil»; ? La I'rni:lainnliou ou Onlonuanc»' di; Sir.l. .\nilior>r le iW-ail voir. Il l'sf doii<- birrià d'^sir'-i' qu'on lar<Mid<* publi<|U<*.

21

II

M. BiBAUD, J'apprends que la publication de mon premier écrit, ou plutôt de V Ordonnance et Règlement qu'il accompagne, a eu le bon effet de piquer la curiosité publique et de porter, de suite, plusieurs Messieurs du Barreau de Montréal, des Trois-Rivières et de Québec, à faire des recherches, dont quelques-unes ont été couron- nées du plus heureux succès. J'ai déjà reçu de Québec des documents précieux relatifs à l'organisation des Cours de Justice de ce Gouvernement {!), durant la pé- riode entière du " Règne Militaire, "' et qui datent d'aussi loin que du 31 Octobre 1760 : je vous les communique- rai prochainement.

Je ne désespère pas de recevoir aussi ceux qui ont rapport au Gouvernement des Trois-Rivières, sans trop oser m'en flatter néanmoins.

Quant à Montréal, je sais qu'un Monsieur de cette ville, dont la modestie égale le patriotisme et les lumiè- res, et que sa profession rend plus propre que bien d'au- tres à traiter ce sujet, a également eu le bonheur d'a- voir dernièrement accès à des Registres perdus de vue depuis longtemps (2). Cette découverte le mettra à mê- me, m.'a-t-on dit, de fournir quelques renseignements sur l'administration de la justice dans ce gouvernement, depuis 1760 jusqu'à 1761 : c'est exactement-là la partie du Rèsçne Militaire qu'il s'agit de faire connaitre, parce - que l'absence de tous documents officiels y relatifs la tient encore dans l'ombre.

(1) Pai M. J. F. Pen-ault, Protonotaire, dès le ô Janvier.

(2) M. Dominique Mondelet, Avocat alors, et maintonanl .Jur/e aux Trois Riv.

Pour moi. M. Bilniud, toul»'8 les inrorniations que jr puis vous il»)un»»r d»' jilus. aujourd'hui, ft toujours rela- tiviMUont au CicuvrinpnifHt th Mtnitiinl, consistent en cf (jui suit :

Montréal l'Ut deux ( î<>u\<i)ii'urN dur.mt le rè'j'Uf mi litaire.

M. Thomas (raii«*. iKannii- aussitôt ajtrès la reddi- tion de Montr«''Ml. le lut jns(ju'en octi>lii<' 1T<!-").

Durant ce temps il publia !> (nf/otntanres, '2 réi^lfineiit^ et 1 iniKlumaliun : je parle d'après !•• titre même dos piè- ces que j'ai en ma possession

M. lîalph {Ra/f/iaë/) Burtoii, d'ahord CJouverneur des Trois-Kivières, fut nomme à Montréal le 2^> octobre 1763.

ÎI demeura dans cette charufe jusqu'au 10 août 1704 ; époque à laquelle le rèi^tte //li/i/aire cessa, et le général .1. Murray tut proclamé " (louverneur en chef de la Province de Québec. "

Durant son administration. M IWirtun publia o/vA;//- iKiiires et 1 iilnrunl.

Vai\u\, Maitre Panet. notaire, lui nommé et ai>il com- me " Cî-relHer d»' Montréal.

Suivent les date, titre et sommaire des diHérents do- cuments plus haut mentionnés. (1)

S'il est aucune de ces pièces. M. llibaiid. qu'il vous plaise publier, ou que qu<'l<|at.* jurisconsulte désire con- naître pour l'aider dans ses rc(lier<hessur Y histoire lé*^ole lia CaïKidn, et ai)puyer ses opinions sur ce sujet intéres- sant, je vous l'ai déjà dit et je vou^ !•• répet.', elles sont toutes à votre di8positi<»n.

Montré;)]. 1er. l"<vricr 1S:27.

(1) Ji- ne 'TOis pas nrc''j»snire d»- n'copifr i<i cfU».' lislr, ^ u qu'on trouvera c> s pièces IrHiiscritPs au long »n p^u pins loin. \ <iir l'irrrs flfprlrllr\, p. 88.

23

III

Per^'e quo cepisti pede. M. BiBAUD,

Permettez-moi de vous féliciter sur rintérét croissant qu'acquiert votre Bibliothèque Canadienne^ depuis quel- ques mois ; car. sans parler de votre Histoire ""énérale du pays, les faits sont aussi bien choisis que fidèle- ment relatés, vous nous y avez donné plusieurs pièces qui feront conserver soigneusement votre livre, et lui donneront une place permanente dans toutes les biblio- thèques Canadiennes, et probablement aussi dans celles de nos voisins et ailleurs C'est surtout de la Saherdarhe et des Matériaux pour V Histoire que je veux parler.

Et pour commencer par la Saberdache (1), quelle délica- tesse dans les pensées, quelle élégance, quel enjoùment dans le style des lettres qu'elle contient ; qtte l'arrange- ment des faits y est naturel ! que la narration en est cou- lante ! que de goût dans les compliments î Pouvait-on mieux dire sur des sujets de ce genre ? Non, jamais deux amis ne furent plus capables de se rendre justice dans un commerce de lettres ; jamais personne ne mania mieux le badinage. Je vous assure, M. Bibaud, que sans la certitiide de l'histoire, qm m'apprend que Mme. De Sévigné est morte depuis plusieurs dixaines de lustres, je me serais livré à l'illusion de la croire Avenue rendre visite aux parages rustiques de notre Colombie Britan- nique. *

Au reste, il n'y a pas que cette correspondance qui nous plaise dans la Saberdache : toutes les anecdotes qu'elle contient respirent un air du pays qui doit les

(Il Ma !<aberdacfu'. nom donnt^ par Mr. .1. Viger à sa colle'-lion de do- cuments historiques.

24

it'iulrt' rln'it's à tous ses habitants. C'o «ont autant de traits (jui (l«nt»t«'nt K'uv carat't('ri' et peuvent nourrir en eux laniour de tout ce qui est l)on, juste, noble et diiiue de louanj^es. C'est en montrant ce qu'ont été nos ancêtres, que l'on peut inspirer à la uénération présen- te, comme à celles qui la suivront, le désir de l«*s imiter dans ce tpi'ils ont l'ait df ])ien et de remarcjuahle.

Ivien ne pouvait venir plus à propos (|ue les Maté- riaux piun- /'liisfoire du Canada, dans un temps, où, sortis depuis peu de leur condamnable apathie pour les choses de leur pavs, les canadiens semblent vouloir l'aire oul)lier leur néa:li«j;ence passée, par la diligence qu'ils apportent nuiinti'nant à en rechercher les plus minutieux détails : la pu))lication de l'Ordonnance de M. Thomas (rage, l>réiédée des remarques qui lui servent dintrodution, convenait admirablement à la présente conjoiulure. J'en dis autant des matéiiaux que vous donne/ au No. II : tout cela jette des lumières sur l'histoire légale et politi- ([ue d'une époque sur laquelle nous nous sommes, je crois, grandement trompés et (jue nous semblions avoir condamnée à l'oubli, par cela seul que son titre de " Mi- litairi' " paraissait devoir nous rendre peu curieux d'en divulguer les événements. Sous ce rapport, nous avons les plus grandes obligations a M. .S. R.

Quant à moi, M. l'Editeur, je n'ai pas le boniieur d'a- voir mis la main sur aucun document df l'imporlance de ceux que s'est procuré votre corresi)ondant S. R. ; mais J'ai réiléchi sur ceux qu'il nous a communiqués, et c'est du résultat mes observations, comparées avec quelques jui!:ementsdes "Cours Martiales tenues à Mont- réal, dans les années ITOl et ITOJ. ' que je \ eux vous entretenir aujourd'hui ; atin de parvenir, s'il est po.ssible, à une conclusion qui nous ai)prenn»*. d'une manière sure :

'Zo

lo. Quelle était l'étendue des pouvoirs donnés par rordonnance aux Chambres de Justice ;

2o. D'après quelles lois et quels princi])es on y ju- ueait ;

3o, se portaient les causes qui n'étaient pas de leur compétence.

D'abord. " Quelle a été l'étendue des pouA'oirs, &:c. ? " Sur ce chapitre, l'ordonnance est assez claire ; toute action pour dettes, compensation en dommages, exécu- tion de marché, ikc, pour un montant quelconque, était assurément du ressort des (h ambres de Justice ; elles étaient un vrai substitut aux " Cours Royales " que ve- nait d'interrompre la conquête. Elles avaient encore une certaine jurisdiction criminell*^ ; car il est dit à la clause 19e de l'ordonnance : " Lorsqu'il se trouvera " dans quelques paroisses des gens sans aveu, ou des •' scélérats, ils seront conduits devant la Chambre du •• District ils seront pris, laquelle les condamnera soit " au fotiet, prison ou amende, suivant l'exigence du " cas." Pour déterminer jusqu'où s'étendait la jurisdic- tion comprise dans cette clause, il faudrait voir les regis- tres des différentes Chambres de Justice, et y examiner les jugemens qui y sont consignés. Cet examen nous apprendrait, d'une manière rapprochée de la vérité au moins, quels délits se portaient devant les chambres.

Pour moi, je serais porté à croire qu'elles firent rare- ment usage de leur jurisdiction criminelle ; et la raison qui me range à cette opinion, c'est que n'ayant point de prison pour confiner les criminels, soit avant, soit après le jugement, non plus que d'exécuteur public, pour rapi)lication du fouet, quand elle aurait été ordon- née en conformité de l'ordonnance, il leur eût été assez inutile de condamner des gens auxquels ils n'avaient pas

•J()

les luoyoïis <rinlliiit'r lt\s punitions iiktiIits. Il »•«! bien ])lus prol):il)lo (ju.' pour les pi^tits dt-lits, comme pour les grands, les olhciers de milice, seuls ou réunis en chambre, renvoyaient les coupables aux jurisdictions de la ville, l'on avait toute lacililé de mettre les jug-e- mens à exécution. Nous en (lonn«»rons quehjues preu- ves, après avoir examiné la seconde (question, par la- quelle on demande " d'ai)rès quelles lois et quels prin- cipes on ju^-eait dans les chambres de justice."

La lie clause do l'ordonnaïK'e de M. Gag-Cidit: " lors- '* qu'il conviendra parvenir à quelques ventes par dé- " créts, ou retraits, il faut qu'elles soient faites dans les " manières accoutumées ; " ce qui signifie que l'on devait observer les mêmes formalités et les mêmes précautions que l'on observait, quand les tribunaux franvais étaient en opération : n'étant permis d'y dévier que pour cer- taines choses, énumérées dans les autres sections de l'or- donnance. Et comme il n'y est point donné de direction sur la manière de procéder dans les i)oursuites, soit en jjrand, soit pour un petit montant ; ei qu'il n'y est pas non plus mentionné comment devait s'eti'ectuer la vente des meubles, quand les chambres l'ordonneraient, on doit en conclure que le gouverneur ne prétendait faire à l'ordre de choses établi avant la conquête, d'autres changemens, que ceux que requerraient les circonstances se trouvait le pays, privé comme il l'était, de ses gens de loi, qui étaient j)t)ur la ])lupart re])assés en France avec M. de Vaudreuil.

Il laissa donc subsister les anciennes lois, aussi bien que la procédure ; et, de fait, si nous examinons bien sa position, nous trouverons qu'il n'était point en son pou- voir de faire davantage : car de tous les principes qui servent de règle à la conduite des nations (tivilisées, il

27

n'en est point de plus universellement respecté que ce- lui qui prescrit de laisser à un peuple conquis ses lois et ses institutions locales, et de se contenter de son alle- u-oance (1). Si le souverain conquérant se permet d'y taire quelques changemens, ce doit être avec la plus grande réserve, et jamais avant de s'être assuré que ces changemens seront du goût et ]30ur l'avantage certain de ses nouveaux sujets, dont il ne peut gagner l'estime et la fidélité, qu'en se montrant favorable à leurs préju- gés nationaux, quand bien même il ne les regarderait pas comme tout-à-fait raisonnables. Il doit en agir à cet égard avec lenteur et prudence, et leur laisser leurs lois et leurs coutumes, jusqu'à ce cj[u'ils soient eux-mêmes convaincus du besoin d'y faire des changemens. Que de flots de sang ont arrosé les plaines de l'Angleterre et de l'Irlande, pour avoir adhéré à des principes diffé- rents de ceux-ci ! La première dut son salut à l'énergie de ses habitans, qui contraignirent enfin leurs monar- ([ues à s'en départir : la seconde est peut-être pour tou- jours destinée à languir dans la misère et dans l'anarchie qu'y entretient la mise en pratique de ces principes, aussi erronés qu'ils sont inhumains et se ressentent des temps de barbarie ils ont pris naissance.

Dans le cas du îrouvernement de Montréal, M. Crage

(1) " There is not a maxiin ofthc cninmon law more certain, tlian that a •• coiiqui red people ri'lain th''ir aiicit'iil custom?. till Ihi' comjui'ror shal'. '• déclare new laws. To change at once the law? anil manners of setlled '• counlry. must be atlended witii liardship and violence: and llierefore ■• wise conqnerorï;, having provided l'or tlic security of their dominions, •• procced genlly, and indnlge their conquered subjects in ail their local •' customs. which are in their o\\ n nat\u-e indifl'erent and which hâve been •• received as rules of property, or hâve attained the force of laws.

•' It is the more mat^rial that this policy be pursued in Canada, because '• il is a great and ancient cnlony, long settlod." \c.

(Extrait d'un rapport adressé aux Lords du Commercr cl dfs Plantations, par M. York, Avocat -Général, et \Vm. DeGrey^ SoUidtnir-Général d'Angleterre, le 14 d' Avril 1776.) L.

28

n'aviiit point rautorit»- du roi pour y inlroduir.» di' uon- velles lois, et, quiind il l'eut eue, la mesure n'en eut pas été moins illéirale ; ciir If roi n'ayant point le pouvoir de statuer si»ul. ne pos.sédant même <e droit qu'en commun de eonet'rt avec les deux Chamhres du Parlement, il ne pouvait le transmettre à son (rouverneur. Ce dernier dut donc laisser subsister les anciennes lois ; elles seu- les, en autant au moins qu'elles furent connues des ju- ges, durent tonner dans les chaml)n's de justice la règ-le des décisions qui s'y rendirent ; et s'il fallait une nou- velle preuve pour nous confirmer dans cette opinion, nous la trouverions dans le choix que l'on fit des officiers de milice, pour v faire les fonctions de Juges.

En etfet, à l'époque dont nous parlons, les places de capitaines et d'olliciers de milice, dans les campasfues du Gouvernement de Montréal au moins, étaient crénéra- lement occui)ées par les seii^neurs et autres personnai^es notables qui y faisaient leur résidence ; et ces person- nes étaient les plus instruites, celles qui avaient le plus de connaissances générales et même légales. Après le départ des g-ens de loi, on ne put donc mieux faire que de les choisir pour administrer la justice ; et d'ailleurs, c'était aussi la chusse d'hommes que le vainqueur avait été plus à même d'ai)précier ; les ayant vus braves mili- taires, il put leur supposer l'honneur, inséparable de cette profesbion ; et par cons quent l'équité, nécessaire à des juges et qu'il savait faire h' partage ordinaire des cours et des conseils militaires. L'événement prouva qu'il ne s'était jioint trompé, car les chambres de justice don- nèrent une satisfaction assez générale à tous les habi- tans ; tellement que lorsque, quelques années plus tard, ils se décidèrent à redemander à leur nouveau souve- rain le rétablissement de leurs anciennes lois, qu'on

i

29

leur avait si cruellement otées, à l'époque de l'institu- tion du gouvernement civil, ils ne le firent qu'après avoir exprimé combien ils avaient été heurevix, quand leurs i^ropres concitoyens, leur avaient administré la jus- tice sous le Règne Militaire. Ecoutons-les eux-mêmes parler ; ils vont nous dire quelles lois furent en force et de quelle manière ils furent jugés, sous ce prétendu rè- gne militaire. " Loin de ressentir, au moment de

" la conquête, les tristes eifets de la gène et de la capti- " vite, le sage et vertueux général qui nous a conquis, " digne image du souverain glorieux qui lui confia le " commandement de ses armées, nous laissa en posses- " sion de nos lois et de nos coutumes. Le libre exercice " de notre religion nous fut conservé et confirmé par le " traité de paix ; et nos anciens citoyens furent établis " les juges de nos différends civils. Nous n'oublierons " jamais cet excès de bonté : ces traits généreux d'un si " doux vainqueur seront conservés précieusement dans " nos fastes ; et nous les transmettrons d'âge en âge à " nos derniers neveux." (Extrait de V Adresse des Cana- diens au Roi, pour demander le rétablissement de leurs lois, en 1773.)

Ce langage est positif et décide péremptoirement c|ue les Chambres de Justice du Grouvernement de Montréal jugèrent d'après les lois et usages anciens du pays, et non d'après les lois anglaises ou l'équité simplement, comme le prétendent ceux qui croient que tout fut pu- rement militaire dans les quatre années qui suivirent immédiatement la conquête. Dans quelques jours, M. Bi- baud, je tâcherai de vous prouver que, quoique la jus- tice fut rendue à Québec par les officiers des troupes, les mêmes lois et usages du pays n'y firent pas moins la règle de leurs décisions ; et cela en conformité même

no

nux (lict.'fs il»' l;i capitulation, coinni»' J\'sp«'r<» 1»' de- montror. Tour aujourd'hui, nous passerons, si vous vou- lez bien, à notrt' troisième question, qui est celle-ci : '• se portait'Ut les causes (|ui n't'-taient point de la compé- tence des CMiaml)re^ d»' Justice, oi (quelles ('«taient ces causes ? "

L'article "20 d«» l'ordonnance réserve (quoique indirec- tement) aux tribunaux de la ville la connaissance des «grandes félonies ; mais quels étaient ces tribunaux ? Etait-ce la chambre de cette ville ? Lui avait-on accor- dé i)lus de pouvoirs ([u'à celles des campai^nes ? C'est ce ([ue ne nous apprcmifut point les documens qui nous sont jusqu'ici parvenus par la voie de l'impression, et c'est peut-être «-e que les registres de cette chambre pourraient seuls nous faire connaître d'une manière cer- taine. Nous invitons donc M. S. R. à continuer là-dessus ses recherches : en attendant qii'il nous en communique le résultat, nous transcrirons ici quelques juiremeus des Cours Martiales tenues à Montréal dans les années 1761 et 17<>2 : ils ont, trouvons-nous, beaucoup de rapport à la (|U»'stion qui nous reste à résoudre, et s'ils ne la déci- «b'iit pas complèteiMt'iit. ils iorm«'nt au moins de trè.s- lirandes probabilités en faveur de l'opinion <pie nous ne tarderons pas à émettr»' comme résultat de la teneur de ces juuemens.

Extraits (Inhhu'ls) d' un •' Lirrt iForiIrv." ((uinnrHff- à M nu tri' ni nn \f'r (le Jn/trirr 1 T<il .

■] Juin. '• Cour martialr iiénérajc : rrésidcnl. Li«'Ut.- Col. r/w///'

Jean Mnn luni'l, de llouchcrvill»'. poursuivi pour le nifurtre de Jnseph ( 'nr/n-nlifr. Caïuidien, est acquitté.

" Cour Martiale de irarnison : rrési«b»nt le Capitaine Mnrtin "

31

Mardi, le 30 Juin William Bewen, accusé d'avoir eni- vré des soldats, et vendu du rum sans licence, est trou- vé coupable, ayant été accessoire à son associé Isaac Law- rence, lequel a pour habitude de vendre du rum aux sol- dats. Condamné à recevoir 200 coups de fouet et à être chassé de la ville au bruit du tambour.

La sentence approuvée par le général est exécutée le lendemain, 1er Juillet, par les tambours de la garnison, à la garde montante

Sibenberger,hahii-ànt de la ville, accusé d'avoir insulté une sentinelle, est acquitté.

1er Juillet. Isaac Laivrenre, associé de Bewen, est convaincu de la même ofFence que lui et condamné à la même punition, mise à exécution le lendemain, 2 Juillet.

" Cour martiale générale : Président Major (1) Munster."

6 Août. Joseph Lavallé et François Herpin, habitans de la ville de Montréal, poursuivis pour vol, sont acquittés.

Joseph Burgen, un de ceux qui sont venus à la suite de l'armée, est accusé et convaincu de vol : condamné â être pendu par son cou jusqu'à ce que mort s'ensuive :

Le général approuve la sentence mais lui pardonne, à la condition qu'il laisse sans délai ce Grouvernement.

" Cour martiale de^-arnison : Président, le Capitaine Martin.''

13 Août. Jean Eté. Lebr un, ^ouxsxxixi pour avoir blessé Charles Fishburg, avec un sabre, est trouvé coupable et condamné à payer le compte des chirurgiens, ainsi que 8 francs au dit Fishburg, pour l'indemniser de la perte de son temps et des douleurs que cette coupure lui a causées. 11 lui est fait défense de porter le sabre sous le gouvernement anglais.

(1) Il portail le lilre de Baron Munster. (H. V.)

32

Geof'^e Skip/ter cl Be/luir, l>'julaiii^ors. accusi's et tra- duits j)ar le Capitaine Disney, pour avoir vendu du pain i|ui n'avait p;i.s le poi<l> requis, sont acquittés.

Sf/iffhihrr. Jarqiifs Banift^er. (peut-être ont-ils voulu dire licllaiti^ r), autrement dit Laurier, Canadien, accusé d'avoir vendu des liqueurs fortes sans licence : c«)ndaniné à cinq louis sterliu'.; dainende. »'t m la pristni s'il ne i>av«' tout de suite.

•• Cour martiale de L'"arnis<)n : Président. Capitaine Martin de l'Artillerie Royale.'"

19 Septembre. Jean Charlelte et un nommé Lameure, Canadiens, sont traduits, pour avoir sollicité Joseph Mt/rt/, taml)Our. à déserter. Charlefte est acquitté, Lameu- re, trouvé coupable, est condamné à recevoir 800 coups de l'ouet. Le Général lui pardonne.

13 Décembre. Wm. Morris, accusé d'avoir tenu une maison de dé})auche, condamné à cinq livres sterling d'anieiide.

•24. Deux Canadiens sont poursuivis pour avoir eu des outils du roi en leur possession. L'un est acquitté ; l'autre, trouve coupable, est condamné à recevoir 400 (•oui>s de fouet.

Le Crénéral approuve la sentence, mais réduit les <-oups de fouet à ÔO ; il les reçut, le jour suivant.de la main du bourreau.

ITtrJ. " COUR MVWTl \i.i:.'

.;i Janvier. John Raab et Daviil Kiw^, domestiques du NL\j<>r Chrisfir. accusés d'avoir laissé le service de leur maître sans permission, d'avoir passé la nuit hors de chez lui. et «lavoir olft-rt de .^«'enrôler dans les réîçi- mens, nawX trouves coupables et <(»ndamnés à recevoir chacun 300 coups de fouet.

33

Le Grénéral approuve la sentence, mais leur remet la moitié de la peine : ils reçurent l'autre moitié, le lende- main, par les tambours de la garnison.

" Cour martiale générale : Major Munster, Président." 26 Février. M. Grant et Edward Chinn, Marchands de Montréal, accusés d'avoir insulté et assailli l'Enseigne Nott, du 4e bataillon du 6e régiment, ou Royal Américain, sont trouvés coupables et condamnés: M. Grrant à <£30 d'amende et M. Chinn à ,£20 ; " lesquelles sommes Le- " roient employées, d'après la direction du Grénéral, au " soulagement des pauvres malheureux du gouverne- " m.ent de Montréal, et aussi à demander solennellement *' pardon à l'Enseigne Nott, en présence de la garnison " de Montréal, dans les termes suivants, savoir :

" Enseigne Nott, je suis très-fâché de m'être rendu cou- " pable d'assault à votre égard, et je vous en demande " très-humblement pardon. "

Le Grénéral approuve la sentence, mais réduit l'amen- de de M. arant à £2.0, et celle de M. Chinn à .£13.

Un M. Forrest Oaks fut aussi poursuivi à la même cour, pour pareille offense, et condamné de même à deman- der pardon à l'Enseigne Nott, et à souffrir 14 jours d'em- prisonnement.

Le Grénéral réduisit l'emprisonnement à 24 heures et exempta M. Oaks de demander pardon, parce qu'il lui parut que les injures avaient été réciproques.

Je m'arrête ici, M. Bibaud : si ces extraits vous parais- sent mériter insertion dans votre Bibliothèque, ÏQ conti- nuerai dans quelles jours de vous donner la suite de ceux qui furent rendus, depuis la date de mon dernier extrait jusqu'au 10 Août 1764.

Quant à la conclusion que l'on doit tirer des extraits ci-dessus, elle me paraît fort aisée : les Chambres de

84

Justice ju2:eaient dos affaires purement civiles ; mais les délits, tant petits que u^rands, d'une nature criminellef se portaient au conseil de ifuerre, autrement dit Cour Martiale : c'est-là.pouvons-nous assurer, que se jugeaient les affaires qui ressortissent maintenant à nos îSessions de Quartier et à nos Cours criminelles du Banc-du-Roi : nous en serons pourtant i)lus certains, en continuant notre examen des jusremens de nos cours marlialos : ce que je ferai volontiers, M. Bibaud, si vous accueillez cette communication. L. (1)

(I) Pseudonyme du Dr. Jacques Lahrie.

35

IV.

Inventes illic et facta domesticn vobis ;

Sœpe tibi pater est, sœpe legendus aviis. Ovid.

M. BiBAUD,

Les recherches que l'on fait tous les jours sur l'his- toire du pays, et dont les résultats sont si satisfaisants dans l'intérêt de nos droits politiques, comme dans celui de notre honneur national, ont donné la preuve non- équivoque que notre goût se forme, et que nous avons le bon esprit de mettre dans l'ensemble des connaissan- ces que nous travaillons à acquérir, une méthode qui fait honneur à notre discernement et à notre cœur. Est- il, en eifet, une étude qui, dans l'ordre de nos occulta- tions, doive précéder celle de l'histoire de notre patrie ? S'il n'en était pas ainsi, nous mériterions ce reproche :

Qui manet in patriâ et patriam cognoscere temnit, /s mihi non civiSj sed peregrinus erit.

Pour n'en pas partager la honte, permettez que je contribue, autant qu'il est en moi, à dissiper les nuages qui, dans des temps reculés, ont obscurci notre horizon politique, en vous faisant part de quelques renseigne- ments capables de jeter de la lumière sur une ma- tière qui semble ne présenter que des notions dou- teuses et contradictoires. Si mes recherches et mes observations vous paraissent dirigées dans un sens uni- que et trop exclusif, n'en accusez que mon état, qui m'a porter à traiter ainsi le siijet, pour le faire d'une manière plus facile pour moi; persuadé, comme je le suis, que vous et a^os lecteurs éclairés saurez faire des faits relatés une application aussi étendue qu'il convient.

Connaissant quelques monumens sont consignés les actes des premiers tribunaux qui administrèrent la jus- tice, aussitôt que le Canada eut changé de souverain, je

86

ne fais que remplir un devoir eu m'ompressaut de publier les extraits que j'«ui ai laits. Si dans les observations qui les accompagnent vous n'appercevez pas le talent qui caractérise les spéculations ingénieuses de votre correspondant L. ni l'esprit admirable d'obser- vation auquel rien n'échappe, d'un autre collaborateur non moins éclairé, pardonnez au moins en faveur de ma bonne volonté.

Dans l'histoire du Règne militaire de 1760 à 1704, le dernier de ces correspondants (.S. R.) se plaint avec raison de l'absence d'une pièce importante : " Malheureuse- *' ment, dit-il, je n'ai point l'ordre général, l'Ordonnance "ou la Proclamation, ( je ne sais quel nom lui donner), '* de Sir Jeti'ery Amherst, établi-sant l'ordre de choses " qui a existé par tout le pays, ou seulement à Montréal, " entre le 8 septembre 1760 et le 13 octobre 1761. Il " est clair même d'après le préambule de l'Ordonnance " cy-après, " (Ordonnance du Gouverneur Gage du 13 octobre 1761,) " que, dans ce gouvernement au moins, " on a fait quelque changement à l'ordre de choses " préexistant à 1761 : quel était-il donc ? La publication " de l'Ordonnance de Sir .Telfery pourrait seule donner " la réponse à cette question, s'il était possible d'y " avoir accès."

Déplorant avec S. R., l'absence de ce document cons- titutit de quelques-uns des tribunaux établis après la conquête, je tâcherai d'y suppléer par une autre Ordonnance d'une date subséquente, ainsi que par des extraits des procédés des cours qui siégèrent immédiate- ment après la réduction du pays, et dont l'autorité éma- nait, il n'en faut pas douter, de quelque acte formel, et consigné en quelque endroit du pouvoir suprême.

L'inspection de sept registre^ déposés au greffe de

37

Montréal et auxquels j'ai eu accès, prouve que, dès l'ori- gine, le gouvernement de Montréal a été divisé en un nombre inconnu de Districts : (l'Ordonnance du Gouver- neur G-age du 13 octobre 1761, le divisa ensuite en 5 districts pour les campagnes, indépendamment de celui de la ville). A chacun de ces districts était préposé un " commandant militaire, " auquel on appelait des " Cham- bres de Justice, " et de ce commandant de district au gouverneur lui-même. On y lit des jugements rendus en première instance par des capitaines de troupes com- mandant dans certaines paroisses, telle que Lachine, St. Yincent de Paul, etc., dont l'appel se fait au gouver- neur. Quant à Montréal, la justice y était administrée par des ojftciers de milice, tous capitaines, siégeant tous les mardis, (sans compter les audiences extraordinaires) avec appel directement au gouverneur. Indépendam- ment de ces cours, le gouverneur s'attribuait juridiction originaire dans certains cas.

1er registre. Sur la période de 1760 à 1764, nous trouvons dans un registre intitulé : " Registre pour servir à enregistrer le sordonnances de Son Excellence le Grouverneur de Mont- réal, les sentences qui seront rendues par le Conseil des Capitaines de Milice, pourvus d'autorité, &c., commencé le 4 novembre 1760, etjini le 22 août 1761,"-d'abord l'Ordon- nance suivante du Gouverneur Gage, au 1er feuillet de ce registre.

" Par Son Excellence THOMAS GAGE, Colonel d'un Hégimeîit d'Infanterie de ligne, Brigadier-Général des Armées du Roi, dans f Amérique Septentrioncde, Gou- verneur de Montréal et de ses dépendances. Sçavoir faisons, qu'il est défendu à tous habitans, ou

autres, de garder chez eux aucuns déserteurs, ou favori-

88

sor Itnir iuite.sous peiiu' d»» ving-t écus d'amende. Il leur est enji)iiit de dénoncer tous ceux (ju'ils .soui)(,'onneront pour tels devant le Capitaine de Milice, ù qui il est or- donné, par ces présentes, de les l'aire conduire, sous nuiiii-lorte, devant l'oliicier commandant le bataillon de la ville.

" Il est aussi déi'endu à toutes personnes d'acheter ou troquer avec les soldats, leurs armes, habits, souliers, guêtres, fournitures, ch;ii>eaux'. ou autres choses fournies par le roi, sous peine aux contre veiians de 20 écus d'a- mende, et de punition corporelle, en cas de récidive.

" Qiic par Ir Placard du 2'2 Septembre, 1rs Officiers de Milice dans chaque paroisse sont rtmnis d'autorité de ti rminer les diffé- rends ([in pourraient survenir parmi les habituas de leurs parois- ses, mais que les parties intéressées pourraient raijpder de leurs juycmens pardevant les o/ficiers commandant les troupes du roi dans le dislricl ou canlonnemcnt les parties résident, et que non contens de celle seconde dérision. 1rs parlirs auroirnt droit d'en rappeler pardevant Nous.

" Nous faisoits sçavoir, en rnnséquriirr, qur laus appris faits pardevant Nous doivent être rédifjrs par écrit, et remis entre 1rs mains de notre Secrétaire : et Ir jour que naus drsfinrrnns à 1rs écouler et déterminer sera publié et nffu'hé, auqarijour les parties intéressées, arec leurs témoins. sero)it ouies.

"•• Nous dn)iiions avis à tous les habita as de Muntréal. (fur les Officiers de Milice de la ville .s'assembleront un jour de la semaine, SCaVOir. ''■ oinrdi. junir délriiiiinrr linilis Ciiiilrstitliiuis ili s niir/i- culiers.

" Etant nécessaire de faire des arranircmens qui re- «.^ardi'nt la police de la ville, Nous ordonnons que les pro- priétaires et locataires des maisons serout tenus de faire ramoner leurs cheminées, une fois par mois, à jx-ine de 6 livres d'amende. Si le feu prend à quelque cheminée après le mois de ramonage expiré, le propriétaire sera condamné à 12 livres d'amende : si le feu i)rend avant le

39

mois fini, le ramoneur sera condamné à la même peine. Que tous les charpentiers de la ville et faubourgs se trouvent avec leurs haches,(au premier) annonce du feu, il sera, à peine de 6 livres d'amende. Que tous les habitans sont tenus, en cas de feu, de s'y trouver, et de porter avec eux chacun une hache et un seau, à peine de 6 livres d'amende.

. " Que chaque particulier ait soin, quand il viendra de grands abats de neige, de la faire ôter, de manière que les chemins soient de niveau audevant de leurs maisons, à peine de 10 livres d'amende; et que chaque particulier ait soin également d'entretenir, le long des murailles de sa maison, un chemin de deux pieds de large, sous la même peine

" Que chaque particulier soit tenu, chacune jour, de faire ramasser audevant de son terrain, les fumiers, im- mondices et ordures qui s'y trouveront, les mettre en tas et les faire transporter au bord de l'eau, pour être jetés dans la rivière, à peine de 10 livres d'amende au con- trevenant.

" Que chaque particulier ait soin de tenir leurs che- mins et ponts en bon ordre. il se trouvera des che- mins et ponts impraticables, faute de les raccommoder, la paroisse sera condamnée à 20 écus d'amende, et chaque paroisse pourra choisir son Voyer ou inspecteur de grands chemins.

" Il est défendu à tous marchands, ou autres, d'acheter ou troquer pour leurs marchandises, les denrées de la campagne, pour les revendre en ville ou ailleurs. Les troupes ont ordre de s'emparer de ceux qui contrevien- dront, dont les marchandises seront confisquées. Ils seront de plus condamnés à un mois d'emprisonnement. Que toutes les denrées seront portées sur la place du

40

marché. Ceux à qui il :irrivora d'aller au-dovaut des canots, voitures ou habitans portant l«'urs denrées au marché, seront condamnés à 10 écus d'amende.

" Voulons et entendons que notre présente d'Oron- nance soit lut», publiée et affichée ès-lieux accoutumés. En foi de quoi nous avons siirné ces présentes, à icelles fait apposer le sceau de nos armes, et contresigné par notre Secrétaire. Fait à Montréal, le 28 octobre, 1760.

THOS. GAGE. " Par Son Excellence,

G. Maturin.

On voit que cette Ordonnance embrasse des objets di- vers : l'établissement de certains tribunaux évidemment civils, leur pouvoir étant "de déterminer toutes les con- testations des particuliers, " et des règlements sur la po- lice correctionnelle et municipale.

Il ne parait pas que les chambres des milices aient exercé aucune juridiction criminelle. Dans le Registre dont je viens de parler, on lit, au ISe. feuillet, une ordon- nance du Gouverneur Gage du 14 déc. 17G0, enjoignant à toutes personnes d'arrêter un individu comigné chez le Prévôt j)our cas de vol, et qui s'était échappé. Cette or- donnance est marquée, " signée, /nir ordre fie Son Excel- lence, G. Maturin, " et est signée plus bas par les Capi- taines de Milice. Que conclure de la présence de cette ordonnance dans le Registre des Capitaines de milice ? Rien autre chose, ce me sf^mble, sinon que c'était un moyen que l'on prenait de donner de la publicité à ce document

Tous lesjugements de ce registre de 107 feuillets, con- tenant 570 entrées, (presque chacune étant une procé- dure complète, composée de la demande, de la défense, de l'instruction et du jugement) et deux ordonnances,

41

sont rédigés en assez bon style, et motivés avec assez de clarté, probablement par Maître Pierre Pmief, notaire et g-refiier de cette cour Leurs dispositions sont assez gé- néralement équitables, et se fondent assez souvent iiur les lois positives. Les régies de la procédure n'y sont que rarement -v-iolées d'une manière essentielle, lorsque des femmes sous puissance de mari, ou des procureurs, sont portés à un procès, les premières sans l'assistance de leurs maris, et les seconds sans qu'ils agissent conjointe- ment avec leurs commettans (1).

Il ne faut pas une pénétration bien grande, pour se persuader, après avoir parcouru ces registres et presque tous les monumens judiciaires de ce temps, que les gou- verneurs de cette époque n'avaient rien tant à cœur que de nous attacher à eux, en conservant nos usages et nos lois. L'on n'apperçoit nulle pair la préten- tion dïntroduire les lois anglaises, et encore moins celle déjuger suivant la loi martiale : car si ces juges tombent parfois dans l'arbitraire, il faut bien se garder d'en con- clure que la cause s'en trouve dans leur adhésion à une loi qui n'est faite que pour des soldats, mais seulement que leur désir d'atteindre à la justice particulière de chaque cause les force à violer quelquefois les principes çfénéraux des lois. Ces cours n'avaient de militaire que le nom, qu'elles avaient pris des juges qui y présidaient (2).

il) Au reste, celte irrégiilariti' ne serait pas propre à ces IriJiunaux pou éclairés. Dans la Prévoté de Québec, sous la présidence de deux hommes de loi, MM. André DcLcigne et Daiii. deux des plus éminens lieutenans civils et criminels, suivant M. Perrault. Ton voit plusieurs exemples de semblables violations des premières régies. V. Extraits <?r.v registres Or Ju Prévôté de Québec, par/. F. Perrault, écr.. pp. 3i, etc.

(2) L'on s'abuse étrangement sur Tacception des termes iuilttaij'e et »?«/■- /ifl/ employés ici, de même que sur l'autorité de ces tribunaux composés de militaires et d'officiers de milice. Si l'on n'était bien convaincu par plu- sieurs actes du gouverneur Gage d'une volonté bien prononcé':' de donner à tous c^^s tribunaux les anciennes lois du pavs pour rèsrle de décision 6

\-2

(^u«»i(]iu' jt' puisse luuniir tl»'s preuves iuuhi])liéos à l'appui de ees opinions, je me honierai à (|U«'lques ex- traits, eu suivant rordir du registre.

Au f't'uilUl 4. se irouve l'inventairt- du 17 novembre lï^iO, du mobilier d'un individu dont le?» héritierKKont absents, et r«''tablissement d'un uardien à c»»s ejf'ets, jKtur la cou- seri'titiofi i/t' .sv'.s- hit'fi:i /njur ses lurilicrs (thsc/its. C'est un des capitaines do milict-, jui^e du tribunal, qui est prépo- sé à cette tâche, qui' remplissaient en l'rance " les i^e/is du roi.'

Aux l'fiiilhls. 1.') et 17, est une procédure en licita- tiou, des :20 et 'Id décembre 17G0. Elle est dans les for- mes les plus strictes voulues ])ar les lois. L'interlocutoire qui ordonne la visite d'experts pour constater si l'héri- tage est parlay^eable commodément et sans détérioration, est motivé en lanuage précis et technique.

On lit encore an feuillet 17.

•• Audience /'•//(/' ,uir l/l/. Dicdimi/iir. Ilnrirur. frh'ni. (iiij/. (îiiinrlin, }i''Zhn\ l\rinnni\ t.r ('iiiiitf-l)iiiir '■. Fuiihlanr/i/' ri Hiui'h/, II- .U) ilrrrinl/i'- I7ii(l.

"Entre M. D i/lh-hnttl, prêtre, missionnaire de Re- '• p'Mitiirtiy, demandeur, comi^arant par Damoiselle fJail- " lebnut (le la Mn'lehiine, l'cjiidée de son pouvoir, d'une " part, et Monsieur Daillehoul <lv Péri'^ny, Ecuier. déf'en- '' deur. comparant par Dame Corrtutlf-Lfirôfe, son épouse, " d'autre part. Après que la dite Damoiselle de la Ma- " delaine pour le dit Sieur demandeur a dit, (qu'elle nous " sui>plie de condaiinH-r b- dit Si«'ur Di* Périuiiy n lui

l'on n'**n floul<^rail jiliis apW's avtiir lu fniolfiuoç-uns (h» cps jupf'm<'ns. Onx qui ont intf'p'-t ù uionlifr «pi*- nos voinqUfMirs vonlnipnl nous fli^pouillnr fie loiil cf quf nous a\ions<|i' cb<T, pourraient «lire que ces lrii>unAux n'avaient aucune réKl" «'•* f'oniluite, avec plus de \Tais«>mblancc |iful-ùlre, en ju^r-anl sur quelques cas parliculi'-rs, que d'en fuirc les irilor[»rètes de la loi martiales, qui a des n-^les llxes. el <jui n'a rien de commun avec la jurisprudence de celle époque. \'nir lifllu' o\\ Mililui i) Imw, ]». '2i.

4^5

'' payer la somme de 150 liv., pour une année de la rente '' de son titre clérical qu'il lui doit, échu le 1er Nov. " dernier : la dite Dame épouse du dit Sieur de Périgny " a dit comme en son écrit non signé, dont lecture a été " faite. Nous, parties ouïes, attendu que suivant r usage '' ordînairej il n'y a compensation que de liqnide à liquide, '• condamnons le dit Sieur de Périgny à payer au dit '■ Sieur demandeur, en espèces sonnantes, la somme de " cent cinquante livres', pour une année do la rente de son " titre clérical, qu'il lui doit, échu au premier novembre '' dernier ; sauf au dit Sieur de Périgny son recours con- " tre le dit Sieur Daillebout. ainsi ciu'U avisera, pour rai- " son des comptes de la succession de feue Délie. Anne de " Musseau, avec dépens taxés à trente sols."

A la fin de chaque audience, le plumitif, ou plutôt le registre, est signé par tous les juges et le greffier.

Au feuillet 18, et en maint autre endroit, demande en insinuation d'actes portant donation, accordée par la cour.

Feuillet 50. "Entre la Dame épouse et procuratrice '• de M. Têtard, {Montigny, en interligne et d'une encre '• différente), écuier, Capt. d'Infanterie du roi très-chré- " tien, demandeur, d'une part, et Antoine Leduc, défen- '■ deur, d'autre part. A^^rès que la Dame demanderesse " nous a supplié de condamner le dit défendeur à lui " faire et parachever la maison qu'il lui a entreprise, et " dont il a reçu le paiement d'avance, conformément au " marché passé devant Me. Dauré, notaire, le 22 juin " 1760 ; le défendeur a dit que le fléau de la guerre l'a '• voit empêché de pouvoir satisfaire au dit marché ; " qu'il y avoit commencé à travailler, mais que par les " commandemens qu'il étoit obligé de faire à toute force " pour le service, en qualité de sergent, l'avoient em-

" pôfh«» di' pouvoir travailler; qu'il fst hors d'état de •• pouvoir fontinuor la dite bâtisse, dans ruidii^tMice " il t'st réduit : pourquoi ollro d'abuiidoiiin'r à la dite " Dame Moiitiiiuy les pièces de bois qui sont sur son " terrain, de perdre le temps qu'il a employé, et de lui " rembourser les ordonnances <ju'ellc lui a données. *' Nous, parties ouies, attendu (jUi' 1" dit défendeur n':> " pu être «Tarant des évènemens qui sont arrivés d'après " la passation de son marché, et l'impossibilité manifeste " il a été de travailler aux dits ouvra<>es à cause des ' commandemens, avons décliarrré le dérend<Hir de l'en- " treprise par lui liiite, en par lui. suivant ses ollres, '• abandonnant à la dite Dame de Montisfuy les pièces •' de bois qui sont sur son terrain et lui remboursant, en " ordonnances, la somme de quinze cents livres, au " moyen de quoi le dit marché demeurera nul: le con- *' damnons aux dépens, taxés à trente so]-^.

" Mandons, etc."

Dans un jui>"ement, motivé aw feuillet 12, on trouve b's expressions suivantes, qui peuvent donner la mesure des connaissances léi^ales de cette époque.

" Et attendu que conformément aux décisions des " lérrislateurs et particulièrement de Ferrière, dans la " srienie jKtrftiite des nof (lires,"" etc.

Le feuillet 10(î contient une sentenee d'ordre et de distribution.

OMF.^ 3MF. p.p 4MK REGISTRES.

Je viens de rendre compte, M. Bibaud, du 1er Regis- tre du " Conseil des Capitaines de MiHce de Montréal," commencé le 4 novembre, 17H0, se tenuinant le 22 août, 17 'Jl ; et je dois ajouter qu'il est accompai^né de trois autres, qui contiennent les procédures ultérieures de ce même tribunal (aussi appelé ''Chambre de Justice''

45

*' Chambre de Milice de Montréal,''') du 25 août 1761 au 26 avril 1764.

Ces trois derniers registres, comme le premier, sont entièrement écrits en français. Les noms anglais y sont écorchés pour les franciser.

5ME -prj, gMK REGISTRES.

J'ai également eu accès à deux registres, peu volumi- neux, renfermant les sentences rendues en appel, durant le Règne mi/itaire, tant par le " Conseil " ou la " Chambre Militaire de Montréal," que par le " Conseil " ou la " Chambre Militaire de St. Sulpice." C'étaient des tri- bunaux qui siégeaient le 20 de chaque mois, en vertu de l'ordonnance du gouverneur Grage du 13 octobre 1761, (V. Art. 18e.) et qui n'étaient composés que d'Offi- ciers de /'Armée, toujours au nombre de cinq. On appe- lait à eux des jugemens rendus par les chambres de mi- lice de districts, et on appelait d'eux au gouverneur.

Leurs jugemens étaient qualifiés d'Arrêts, comme on le voit par le titre de l'un de ces deux registres (1). De 81 arrêts rendus par cette cour de Montréal (du 21 nov. 1763 au 21 juillet 1764,) présidée tout ce temps par le capt. Thos. Fa/coner, du 44e régiment, 5 seulement sont en anglais et dans des causes les parties, ou l'une d'elles, sont d'origine anglaise. Le registre du Conseil Militaire de St. Sulpice, dont le 1er feuillet manque, se compose de 62 pages, et, commençant le 20 février 1762, se termine le 20 août 1763. Il contient 68 arrêts, dont un seul est en anglais, dans une cause entre un officier de l'armée et un canadien. M"^" C. F. Caron, notaire roval, et MM. Daquilhe et Demoulin ont successivement été les greffiers de ce tribunal.

(l) " Plumitif pour servir aux Arrêts par extrait du Conseil Militaire de Montréal,"

iùi partouniiit e«'s ciiuj cU'rnior.s rejjistios. on vomi <jii«* K's observations (jui' j'ai laites sur le premier leur sont ai>plic'ahles.

""* KKdlSTlCK.

Le septième registre don! jai eu communication nu irreile de Montréal, fst lelui des Appels au Gouver- neur."

Il est de 'Z'2'2 pages in-lolic» et contient 2i»î' jugemens par le irouverneur Gti'^t, et i>ar le gouverneur Buriott Ces juiiemens sont qualiliés à'ChdoiinuHces et Arrêts ; les jugemens en dernier ressort prenaient ce titre en France; ceux des cours dont l'appel était interjette : Seiitenres.

Le 1er arrêt du u(>u\erneuv Crage est du tl décembre ITtJU. et conlirme une sentence de la ' Chambre des Milices de Montréal" du 2 du mém«* Mois; le dernier arrêt est du '1\ octobre IT'I-).

L»* Ter arrêt ou ordonnanc<' du gouverneur lUirion ot du -n octo})re IT»'.:^ : le dernier du 10 août 17G4.

Ce reffistre contient, consétiuemment, tous les appels du i;(»uvt*rneraent de Montréal pendant le i?<'gwf inili- l<iir>

Des -VU ordonnances ou arrêts reiulus par ces deux LTOUverneurs. du «i décembre 17G0 au 10 août 17G4, trois seulement I ont été par le 'gouverneur et son Conseil""; tous les autres par le gouverneur seul. l.ie langage de ce retristre est encore le français; toutes les causes sont pour atiaires civiles, aucune pour affaires criminelles.

Je termiiu' par un seul extrait des jugemens d'appel, qui donnera de nouvelles lumières sur la jurisprudence de ce temps.

47

" 1762, 15 mai. j Par Son Excellence Entre Charle:^ Rohidon [ THOMAS GAGE, etc.

et Jacques Robidou." ) " Entre Charles Kobidou, rap- pelant d'une sentence rendue par le Conseil Militaire de cette ville, du 20 avril 1762, d'une part, et Jacques Robi- dou, défendeur, d'autre part. Après que le dit deman- deur nous a supplié de casser la dite sentence rendue par le dit conseil, qui condamne les dites parties à payer par égale portion la somme de 45 liv. pour les frais qu'elle alloue pour un procès intenté par esprit d'animO' site, et les condamne en outre à payer chacun six pias- tres d'amende.

" Il nous auroit été fait en outre des représentations par les Sieurs officiers de milice du district de la Pointe- Claire, qu'ils auroient été également condamnés par la dite sentence à payer les frais mentionnés aux pièces qu'ils nous ont présentées, il est spécifié qu'ils ont iugé " selon leurs lumières, n'ayant jamais étudié le droit ; " et qu'en outre ce n'a été qu'à la jiersécution des parties qu'ils ont ouï tant de témoins.

" Nous, parties ouïes, vu la justification des sieurs offi- ciers de milice et en outre l'extraordinaire qui n'est que suivant les intentions de notre placard de justice, et les papiers à Nous présentés, avons ordonné ce qui suit :

" Sçavoir, que les articles mentionnés dans ladite sen- tence qui condamne les dits officiers à des frais, sont cassés et annulés, ainsi que l'article qui spécifie de faire enregistrer la dite sentence sur le Registre de ta Pointe- Claire. Et pour à l'égard de Charles et Jacques Robidou avons ordonné ce qui suit :

" lo. Chaque partie payera les témoins qu'il a menés à la chambre de la Pointe-Claire et les significations des ordres donnés aux dits témoins, et les deux piastres par

48

la ilitt' chainUr.^ >.M(Hit i):i\ <••'> par nioitii' aux dites parties.

'• lu. Lo> huit piastres d aiu-'iidc coïKlaimn'i' par lu chamhrt» il»' la Pointe-Claire, (jui doivent s«'rvir à payer le teins des oiHciers asseni}>l«''s. aill^i (pif !«• lireliier. seront pavées par Jacques Uohidou. /tour tiroir eu île si nxmvdis ///•(irédés roiitre le demnmieiir.

" 3o. Charles Robidon payera un»' pia.viic d amcudi'. pour n'avoir point ex ''cuté les ordres du Capitaine pour tracer les chemins.

" Et pour les six piastres d'amende (IohI les parties sont éaalement condamnées à payer par le Conseil mili- taire, ordonnons qu'ils n'en payeront que chacun trois, pour les raisons y contenues, et (iéfenihns à l'avoiir niir fiites /mrdes de s'i//frtffrr f'/nir à l' m/Ire (im-un /n'ocrs .s7///v ffes misons so/iffes.

•• >Ian<lons, etc.

'• Donné au ChAte;ui d-' Montréal. K' mai 170l'.

THOS. (JA(rE.

•• rnr >(>// Errcllfnre.

.1. MATUltl.V."

Si ce juq'ement contient des sinirularités, on ne peut .sempecher d'y voir un désir bien prononcé de réprimer le despotisme de la -'Chambre Militaire."

Aveitissrnwnl el siiina/ement d'un n'enre siiiirulier qui .se trouve dans le Ueiiistre des Appels," avec quelques autres.

" Le nommé Truieis, < harrelit'r à Québec, a iissassiné

•" au dit lieu, le 20 du présent mçis, le nommé Sf, Louis.

" Ce Travers a cinq pieds de haut, les cheveux châtains,

" menu du corp.s, le nez croche, les yeux creux, barbe

*• rousse. visaq"e affreux, et àpré de '50 ans ou environ.

RALPH BUUTON. Etc.. Etc.

49

" Ordre circulaire à tous les capitaines de milice et " autres officiers du gouvernement de Montréal.

'• 11 vous est ordonné de faire appréhender et saisir " par corps le dénommé ci-dessus, en quelqu'endroit " qu'il se trouve dans le gouvernement de Montréal, et " de le faire conduire, sous bonne et sure garde ès-pri- " sons royaux de cette ville.

" Mandons, etc.

" Donné à Montréal, le 26 avril, 1764."

[Nun signé.)

En voilà bien long, M. Bibaud ; mais il convenait de réunir tout ce qui avait rapport à VHistoire légale du règne militaire, à laquelle il ne semble plus manquer que le " Placard du '22. septembrt^ 1760."

Montréal, 2 avril 1827.

E. T. (1)

(1/ P^fudonymti (Jp: .M. Iioiiri/u'qw .l/oyirfr/f^ alors avocat à ^^ontl■éal, et maintenant juge aux Trois-Rivières. On verra le " Placard du 21 sept. 1760." dont il est ici parlé, aux Pièces Officielles, Gouvernement des Trois- Riiiièrcs, sous la dat<' du lt>r oct." .T. \'.

50

\ .

Le [tnys doit i fiiiorrici' M. Ri- li.iiid t't ses nirn>s|i<iiitlauls d'avoir fait part i\r its litirufiimls au piildir- Ils iioiiiiont sf'ivir à ndfvcr j)lii- si«Mirs assertions mal foiiU^'cs et à (•oriif:t'rt|iud(]iH»s inexactitudes sur tes matières, eausées jiar réloif,'ne- meiil des leiiijis et riiicerlitudo dos cniuiaissaiices purement liadilinii- nelles." Lu Minrrrr.

Toi ost, M. Bibaud, le ju^-omc'iit porté par le patriotique éditeur de La Minerve (1) sur la correspondance relative au lièij^ne Militaire. Etait-il possible d'être, à la fois, plus poli, plus mesuré, plus concis, qu'il Ta été dans cette saçe critique si l)ien pensée et si convenable- ment exprimée ? S'il est persuadé (pie le travail de vos

correspondans L. E. T. et iS. R. doive être

utile ; s'il a le îroiit de l'analyse, comme il me paraît en avoir le talent, qu'il se charg-e d'indi(juer à l'histgrien " comment et de quels faits doit se composer, à l'avenir, la page véridique de C histoire légale du Canada" d'après les mouumens historiques fournis par votre Journal. Ce pourrait être une tâche «jui lui conviendrait, et dont il s'acquitterait, sans doute, avec honneur pour lui-même et pour son pays.

Je vous adresse aujourd'hui les derniers doiumms en ma possession, tant sur le Clouvernement de Monlrtal, que 8ur celui de Québec : il n'y a rien à avoir sur celui des Trois-Ilirières, [(^n donnerai bientôt la raison. L. et E. T., ne paraissent pas avoir fait de nouvelles découvertes

(1( A. N. Monn, Ecr.. Avural.

51

depuis mars et avril (1). Il conviendra donc de résumer au prochain numéro. Je laisse à L., et E. T.^ de le faire, en les priant d'agréer mes remercimens pour leurs précieux essais, publiés à mo>i aide dans ce journal, et pour les honnêtetés qu'ils m'y ont personnellement adressées.

Pourquoi me demandera-t-on, peut-être, faut-il un résumé ? Pourquoi faut-il qu'un autre le fasse ? Le voici :

lo. Un résumé est nécessaire ; pour constater en quoi et jusqu'où le but qu'on s'était proposé est, en effet, rempli : pour faire res.sortir, par la confrontation que l'on y doit faire des textes ou autres autorités, "les as- sertions mal-fondées qu'on a relevées." •' les inexacti- tudes que l'on a eu le bonheur de corriger," preuves qui se font en citant alors, en raccourci, les piècet justificatives publiées tout au long sous les signatures L. E. T. S. R., ou autres. Il est nécessaire : pour convaincre le lecteur, dans le moins de mots possible, qu'il a ac- quérir, par la lecture de ces pièces justificatiiies^ des no- tions certaines et positives, autres que les notions vagues et mensongères qu'il avait auparavant. Il est nécessaire : pour mettre en garde contre certain écri- vain inexact, et en faire apprécier un autre en qui, peut- être, l'on n'avait pas la même confiance. Il est surtout nécessaire ici, et dans ce moment plus particulièrement : afin de prévenir contre l'erreur ou l'incertitude ceux de

fl) Votre correspondant E. T., en a fait une très-importante ; c'est celle d'un extrait du Placard du Tl Sept., 1760 (page 38 plus haut).—

Sait-on si le général Amherst était en Canada à cette date? Smilh donne au moins à entendre qu'il y était encore le 17. Ce placard serait- il de ce général, et celui par lequel il établissait ses tribunaux de justice?

Oui; on verra ce Placard, trouvé en 1845, parmi les Pièces Officielles, Gouvernement des Trois-Rivières, 1 Octobre 1760.

52

nos rnni/Kifn'titt'^ q\ii s'occuppnt à t'-orin» VfJis/oirr t/u

( \imifnl.

'_'<». lin :iuti»^ (jiU' iiioi (l<»il se cliaru^»-!" de lain' <•♦' rcsu- nir : parr»' qu'un autre (|U«* inoi le Irva l>it*n «'t que jt» le ferais mal. Qiie peut-on m'opposera cette raison ! Quelle autre t'xii^era-t-on apr^s celle-là ? Qu'on examine les fnih jusqu'alors icrnorés ou perdus de vue. (si l'on sup- pose (juils t'taieut seeretement connus de quehjaun, au pays), ([ue les essais de L. et /J. T. ont lait ecomaitre ou reparaitre au jour, et (|ui ont donn»'- une tout autre di- rection aux re<'herches que d'abord j'avais en vue. Vove/ Tordre (ju'ils ont mis tous deux dans le sujet par- ticulier ({uils <»nt trait»' 1 le parti (ju'ils en ont su tirer, le premier comme politique et comme historien, le se- cond en jurisconsulte méditatii' et »''clair«'', et tous deux comme Canadiens, amis de leur pays. Knlin, la question, tell.' (ju'elle est actuellement devant le public, ^ràce au point de vue sous lequel ces messieurs ont eu le talent de la voir et de l'agiter, doit provoquer d'intéressantes observations, de plus d'un uenre, particulièrement sur la jouissance non interrompue de nos lois, de nos usag-es, de notre lanirue, etc., que nous avons toujours conser- ver, à compter de la Ca/fif/zlufion mt'me de Montréal^ dont on verra bientôt qu'on peut s'étayer, pour prouver <iue la possession de ces droits nous «'-tait «garantie par elle. 11 faut donc absolument (ju'un autre qu«' moi tra- vaille au r«''sumé en question: outre le talent, c.rtuins matériaux nécessaires me manquent.

Tas.sons maintenant aux derniers documents dont jai «lit plus haut, que je vous ferais part aujourd'hui.

lo. (ÎOT'VEUNEME.NT DE MONTREAL.

En vous envoyant, M. Bibaud, le 1er février, une liste de certaines ordonnances, etc., des Gouverneurs Gage et

53

Bnrton, alors en ma possession, j'ignorais qne j'en avais d'autres. J'ai trouvé ces papiers depuis lors. (î)

Toutes ces pièces, annoncez-le, M. Bibaud, sont comme les autres, au service de quiconque voudra y avoir accès pour l'avantage public.

Encore un document, qui montrera comment un Gou- verneur d'alors prenait possession de son gouvernement, et par quelle autorité il était nommé dans ces temps.

" Ralph Burton, Ecuier, Brigadier- " Général, Colonel d'Infanterie, C4ov- " verveur de Montréaf et de ses dépen- " danres, etc.

" Sa Majesté ayant jugé à propos d'appeler à la Nou- velle-York, pour le bien de son service. Son Excellence M. le Majjor-Grénéral Gage :

" Nous faisons sçavoir à tous bourgeois, marchands et habitants quelconques de la Ville et Gouvernement de Montréal, qu'il a plù à Son Excellence M. le Génl. Am- herst, de Nous nommer Gouverneur de cette A'ille et gouvernement (2).

" Vovilons que tous les Ordres et Règlements pour le bon ordre et la police de ce gouvernement, ci-devant donnés et publiés par Son Excellence, M. le Général Gage, soient exactement suivis en tous points et sous les peines y portées, à moins d'un ordre de notre part au contraire.

(1) Je me dispenserai de copier ici cotte lislr, vu qu'on doit tronv-'r ces Ordonnances, etc., transcrites en leur entier, un peujilus loin, Pièces Offi- cielles, etc.

(2) Le général Amherst, alors à New-York, partait pour l'Angleterre, sous congé, et appelait le général Gage pour le remplacer dans le •' com- mandement en chef des troupes de 1" Amérique du Nord", comme on le peut voir par un Ordre général daté de New-York, le 17 Novembre 176.3.

54

l'iileiuloiis ([Wi'Vd justice livile continuera à être admi- nistrée imrdevont /es Clninihres «le Milice et Militaires, et par ajijicl /larf/cvunt Xoits, accc les mi'mcs formes que ci- lle va ni .

" La présent»' Ordonnauor sera lue, publiée et affichée en la manière accontuniéc, afin qu<* personne n'en pré- tend»' (^aiise d'i«rnorante, slirn»- de notre main, scellé du sceau dt' nos armes et contresii^né par notre Secrétaire.

Mandons, etc., Doiii».' au Chaleau de Montréal, le 2î» o.'tohre 17G'Î.

RALPH lUlRTON

Par Mi)N<irur le (iouverneur,

J. r.RWYÈRES."

Cette Ordonnance ou Proclamation, offre bien une preuve certaine (jue \a Justice criminelle n'était point du ri's.sort des "Cliambres de Milice", lomme Ta déjà établi votr»' correspondant L.

L*0. Ool'VERNEMKNT DK QUKBKC.

Les Documents inédits que j'ai reçus de Québec et qni ont rapport <\ ce Gouvernement, sont au nombr»"! de trois. Je suis rt'ilcvable do ces copies authciiti(|ues à la poli- tesse obli'jfeante de M ./. /'\ Perreault, nn des protono- taires du District de Québec, et qui, en cette qualité, est le dépositaire du Uej;-istre d'où ils sont copiés.

Il parait que le, lan<^a<z:e de v;ette Ccur. civile et crimi- nelle à la fois, était le français ; que sa première séance est du 4 Novembre 1760 et sa dernière du 4 Août 1764 ; et qu'il n'y a point eu de " Chambres de Milices" dans ce Gouvernement (1). Voilà tout ce que je puis ajouter, pour le moment, aux connaissances que tout autre peut puiser, comme moi, dans les documens mêmes que je

>h Hayval <'Si 'loue «îio' l, «n Smilh '-ti (i<^raiii

55

vous envoie, et sur lesquels je m'abstiendrai de faire aucune observation. Mais je me flatte qu il se trouve- ra, à Québec, un autre E. T. qui voudra bien entrepren- dre un travail semblable au sien, et communiquer en- suite au i^ublic les détails intéressants sur VHistoire légale de ce Gouvernement, durant le " Règne Militaire, " qu'il aura pu puiser dans le Registre en question.

Extrait d'un Registre déposé dans les Archives de Québec, intitulé :

" Re(;istre du Conseil iiuIiJaire <(e Qafbec, conlfiianl les Ordon- nances, Règlements, sentences et Arrêts de la dite Cour de Justice el autres arlfs îles Notaires. "

"De la part de Son Excellence Monsieur Jacques MuRRAY, Grouverneur de Québec, etc.

" Notre principale intention ayant été, dans le Gou- vernement qu'il a plû Sa Majesté Britannique de nous confier, de faire rendre la justice à ses nouveaux sujets, tant Canadiens que François, élablis dans la Ville et Côtes de ce Gouvernemetit. Nous avons cru également né- cessaire d'établir la forme de procéder ; de fixer le jour de nos audiences, ainsi que ceux de notre Conseil Mili- taire que nous avons établi en cette ville : afin que cha- cun puisse s'y conformer, dans les affaires qu'ils auront à faire juger en nos audiences, ou celles que nous juge- rons nécessaire de renvoyer au dit Conseil. A ces cau- ses, nous avons réglé et ordonné par le présent Règle- ment comme suit:

" Art. 1er. Toutes plaintes ou aflTaires d'intérêt civil ou criminel nous seront faites par placets ou requêtes adressant à Nous, lesquels seront remis néanmoins à M. H. Cramahé, notre secrétaire, qui les répondra, pour que les assignations soient ensuite données par le premier huissier, aux parties adverses, aux fins de comparoître

.)0

pour d«''l«'iulit' iii iiotir aiuiioiuri' suivant U-ts délais iuai(iu»''> eu t'uanl a la di.slaïut* dt's li»'iix.

.1/7. 'liiin. L»'s jour.s d«' nu> au<li«'ini's «eront 1«* uiardi <l»' t hat|iu' M'inuiiU'. dfpui.s pi Ih-uits du mutin jusquà midi. »'l .«so tieudrout l'U noln* Uohl, à cummen- otT mardi prochain. 4 \o\fml»rr

•■ Arl. '-\iiir. Les plueets ou requeteis (]Ui auront été répondus par notre Secrétaire, dans la form»* expliquée par l'Article 1er signifiés aux parties adverses, et le dé- lai de l'assiu-nation expiré, seront remis à notre secrétai- re, la v»'illed«' l'audienee, c'est-à-dire le lundi, ])Our Tau- ilienct' du mardi : sans quoi, elles ne seront point ju- gées. »'t remises à la prochaine audience.

" Ail. Xiiir. Les parties adverses, qui auront quelques papiers ou écritures servant à la dél'ensede leurs causes, seront pareillement tenues de les remettre à notre se- crétaire la veille de l'audience, sin<»n. sera laii droit sur la demande de la partie.

Ail. ônif . .Si les parties assignées n"oni a\icune écri- ture à produire, elles seront tenues de comparoître en notre audience, au jour de rassijriu'ment, soit en person- ne ou par procureur, sinon il ne sera donné aucun déiaut. et sera pareillement l'ail droit sur la .seule assi- gnation tjui leur aura été donnée ; alin d'éviter la loii- irueuv <l«'> procédures et la multiplicité des Irais.

Al/. *)nitf. Si la trop uramle (jiuintilé d'aHaires ne pou\<>it permettre de les juuer toutes, dans une seule audience, elles seront remises à la i)rochaine, et les parties tenues d'y c:<ymj)ar<)iti f, sans aulïe assignation.

Ail. ~iiu'. Les jugemeiis <jui seront rendus en notre llùtel, à l'audience, .seront exécutés sans appel, et les parties contraini«'s d'y satislaire suivant ce qui sera pro- noueé ; a rexce]»tir »ii des alFaires «pie nous jui^erons à

propos de renvoyer au Co/tseï/ hiilitairc pour être jugées ; lesquelles seront remises à un des Conseillers que nous nommerons, qui en fera son rapport au Conseil, pour sur ieelui être fait droit à qui il appartiendra.

" Art. Sme. Le Conseil de g-uerre s'assemblera les mercredi et samedi de chaque semaine, et se tiendra en la maison de M. de Beavjeu, rue St. Louis.

Art. 9me. Les jugemens rendus en notre audience, ainsi que les arrêts militaires, seront inscrits sur le registre, par le greffier que nous avons commis pour cet effet, et les expéditions par lui délivrées aux parties.

" Art. lOme. Tout ce que dessus sera exécuté, tant pour la ^-ille que pour les campagnes; à l'exception néanmoins des différents que les habitants des côtes pourroient avoir entr'eux pour raison de clôtures, dom- mages, ou autres cas provisoires, dont nous renvoyons la connaissance au Comninndant de la troupe, dans chaque côte., qui les jugera sur le champ; sawî Appel au Conseil Militaire, si le cas y échêt et qu'il y ait matière.

" Et sera le présent Règlement lu.publié et affiché, tant dans les lieux et endroits accoutumés de cette ville, que dans chaque côte de ce gouvernement ; à ce que per- sonne n'en prétende cause d'ignorance, et ait à s'y con- former ; interdisons toutes autres Cours et jurisdictions qui auroient pu être établies tant dans la ville, que les faubourgs et campagnes (1).

(i) Je crois devoir faire observer ici: Que Québec ayant capitulé le 18 Septembre, 1759, cinq jours après la bataille dans laquelle Wolfc et Mont- ca/m perdirent la vie el gagnèrent l'immortalilé, le général TownsJundTprM possession de cette, ville le môme jour : que le Général Murray, qui lui succéda dans le commandement, demeura maître et Gouvertuur de cette place jus- qu'à la reddition entière du pays, le 8 Septembre 1760 ; qu'il dût y main- tenir, pendant tout ce temps, les tribunaux qu'il y trouva existants, ou en établir île sa façon, puisqu'on a de lui un Règl ment du 15 Janvirr 1760, (que SmWi, qui nous l'a conservé, qualifie de Proclamalion), conçu et ré- dige dans les formes usitées par les gouverneurs du Règne mitituwe, par lecjuel il lixe le prix du pain et de la viande, etc., et que c'est peut-être aux tribunaux par lui établis que le général fait ici allusion par cette or- donnance.

58

*' Fuit et doniu , .ous notr»» sccl vi \o ('oulroseing; de notre socrôtairo, à Qut'«})t»c. le '.U ( )i'to])r«' 1700.

.Ia. MlTliRAY.

Par Son ExrtUfni'f,

II. T. Ck.\m.\iik."

" Jacques Murrav, Ecuy»*r, Colonel d'infanterir, Bri- " gadier-Général des armées de S. M. B., Gouver- " neur de Québec et dépendances.

" Ayant établi une Cour et Conseil Supérieur à Québec, " pour rendre Li justice aux habitants de notre Crouver- *' neniHiit, coiiroriiiriiK'iil à Yarlicle 42 «le la cajiilitlation " générale de la lolonif, Il est nécessaire, pour compo- " ser ce Conseil, de commettre des Conseillers, pour don- " ner leurs voix délibératives dans les affaires qui se " présenteront à juger. A cet effet, étant pliMiiement " et suffisamment informé des bonnes vies, mœurs et " capacités de Messrs. le Major Augustin Prévost, les " Capitaines Hector Théophile Cramahé, Jacques Baz- " hiill, Ivichard Ji(n'/lie, Ilughvs Camcron, Edouard Malo- " ne, Jean Brairn h's avons nommés par ces présentes " pour Conseillers ; pour par eux jouir dfs droits, pré- *' émin«'nc<"s, prérogatives et honoraires attachés aux " dit«'s charges. Et ont, les dits sieurs Augustin Prévost *' Hector Théophile Cramahé, Jacques Bazbult, Richard " Baillie, Hugh»^s Cameron. Edouard Malone, Jean " Brown, l'ait serment rn nos mains, sur les Saints Evan- '• giles, de s'acquitter fiddenn-nt et noblement de» dites " charges : eu loi de (ju<ii nous leur avons délivré la ** présente Commission. <jue nous avons signée de notre

•• main, à icelle fait apposer le cachet de no>< armes et •' fait contresigner par notre secrétaire.

" Ja. MURKAY. '' A Québec, le 2 NoA^embre 1760. " Par Son Excellence,

H. T. Cramahé."

" Jacques Murray, Ecuyer,

" Colonel dlnfanterie, &c.

" N'ayant rien tant à cœur que de rendre une prompte

•' et bonne justice aux habitants de notre gouvernement

•' nous avons à cet effet étabU une Coter et Conseil Supé

i; rieur, dans la dite ville de Québec, ronforjnément à

/ article 42 de la Capitulntum générale de cette colonie (1)

et comme nous .jugeons avantageux pour la œ«.m;a/.oJ de, bien, des minems et absents, de commettre, dans Pé-

tendue de notre gouvernement deux Procureurs, dans a dite Cour et Conseil, l'un pour la Côte du Nord, l'au- - tre pour la Côte du Sud, faisant fonction de Commissai-

re a l apposition et reconnaissance des scellés, inventaire •' et procès-verbaux de vente des biens qui pomront apparies '' mr aux mineurs qui n'auront point de tuteurs, ou aux ab. •• sents, et aussi pour pourvoir à Ventretien des chemins ymbhcs dans les dites Côtes de notre gouvernement- '• a cet effet, étant suffisamment informé des bonnes vies ;• mœurs et capacité en fait des lois de Mons. Jacques Bell ' court de la Fontaine, nous l'avons commis et nommé le " commettons et nommons, par ces présentes, Procureur^ General en notre dite Cour et Conseil Supérieur, et ' Commissaire à l'effet de procéder dans toute retendue de

il) Gai.ilulat!on Wp Moiun-al, du S s..'pt,,m[.re 1760.

" ladite Côte du >«</ de notre dit cfouvtMiitMinMit. à toutes " appositions de scelh's et reconnoissance d'icfux. dans " lesquels actes il se l'era assister de notre Grellier en '* CheTou du (îrel'Her par lui eommis, dont il délivrera "commission: sera loisiMc à mou dit sieur Delà Fon- " taine, en cas d'éloiyfnemtMit des lieux, et pour rviter à " frais, de subdélé«^uer une personne capable ; lui don- " nous pareillement pouvoir de rendre les ordonnances " qu'il jugera convenables pour l'aire faire les chemins " publics nécessaires, lentretenemenl d'iceux, dans l'éten- " duc de la dite Cote du Sud ; pour par mon dit sieur De '• h\ l'ontaine jouir des dites charges, droits, honneurs, " prérogatives et honoraires y attachés ; et a mon dit sieur " De la Fontaine fait serment, entre nos mains, sur les " Saints Evanirib'S, de s'a<(|uitter bien et lidelement des " dites charges; en loi de quoi, lui avons délivré les pré- " sentes, que nous avons signées de notre main, à " icelle lait apposer le cachet de nos armes et lait con- " tresiirner par notre secrétaire.

.Ta. MUKUAY.

" A Québec, le 2 nov. ITtJo.

l*<li' Siifi l-l.rrrlhncf.

H. T. CllAMAHK.'

Mriii.' commission, ajoute M. Perrault, a été donnée à M Mtre J()sr/)/i IClienne Cuij^net, pour la Côte du Nord: même date.

Et une commission a été donnée à Mtre Jean Clnitde Panel de (rrr/fier en ihefde la Cour l<u//érieure de Québec et Justice en déj)endant, Dé/tositaire des Minutes, Actes et Papiers du (louvernenienl : même date.

61

3o. GOUVERNEMENT DES TROIS-RIVIÈRES.

Les Registres de ce aouvernement qui ont rapportai! Règne Militaire, n'ont pas encore pu être consultés.

L'Ordonnance du Gouvr. Murray et de son Conseil. du 17 septembre 1764, " pour rés^/er et établir les Cours de Justice, Jug-es-de-Paix, Séance de Quartier, Baillis et autres matières touchant la distribution de la Justice dans cette Province " de Québec, ayant temporairement aboli le Gouvert. des Trais-Rivières, et divisé la province dans les deux seuls districts de Québec et de Montréal, dont la rivière Godefroy au sud, et celle St. Maurice au nord du fleuve St. Laurent, devaient faire la ligne de sépa- ration (1) ; il paraît que les registres furent dès lors transportés à Québec et déposés au secrétariat de la Province. Je n'ai pu encore y avoir accès, faute d'en avoir sollicité communication. Au reste, les documens cités plus haut, de Québec, établissant la i?er«czYe de E-aynal et l'inexactitude de Smith, il est permis, ce semble, de croire, en l'absence de ces registres, ce que dit le pre- mier de ces écrivains relativement aux tribunaux qui ont dii exister aux Trois-Rivières, de 1760 à 1764.

Les Colonels Ralph Burton et Frederick Haldimand paraissent avoir été les deux gouverneurs des Trois-Ri- vières, durant le "Règne militaire."

S. R.

(l)La raison do l'abolition temporaire du gouvernement des Trois-Ri- vières, alors nommé Dislrict, est donnée dans ces termes mêmes : " Et " comme, à présent, il n'y a pas un nombre suffisant de sujets protestants " faisant leur résidence dans le District projeté des Trois-Rivières, quali- " fiés à être juges de Paix et tenir des séances de Quaitier ; il est ordonné, "etc." Le Dislrict des Trois-Rivières a été rétabli en 1790, par or- donnance de Lord Dorchester et Conseil, du 1 2 avril de cette année. (Voir ordonnance de la 30e G. 3, ch. 5.)

r,2

f*i>sfrn'/)//nti. Le pH-uiitT jt>uni;i| JUlMif ;iU l';iyfsll0 (laie (|iit' (lu iM Juin lT<î4 ; c'«»st la (nizrlh- île Qt/éhei\ alors lii propriéiô de M»'ssrs. Ilrnin/ ci (Hh/iorr. Ello ne dit rifu tlii UfiriH' militair»'. ]j'A/nmii/ I\r*rt's(f)\ Mnsères, Ciirvcr, Du Calvct, luunsai/ Jlfniof t't (quelques autres [mblic'istos, historiens et voyajj^r'iirs qui ont écrit sur le Cîiniula t't ([\\i' j'ai consultés, se taisent ép-alenicnt sur cette période de notre histoire.

Tout ce que je connais de /mh/ié sur le "Kéjrno mili- taire " consiste dans les trois seuls Extraits ci-dessous. Je crois qu'il convient de les consii^ner au lon^; dans ce journal ; ce sera le moyen de réunir ensemble "toutes les pièces du j^roces." D'ailleurs, tout lecteur n'a pas les ouvraL'cs dont ces extraits sont tirés : Le j)reniier en particulier est assez rare.

\rr. Ij.rtinil

C'oMiuie a la eduquelc de ce pays, le coiuiMandant

en chef des troupes de Sa Majesté en Amérique (Am-

heist) ordonna et ré^^la (|ue la justice seroit adminis-

trée aux habitants d'icelui par des cours établies dans

les dilléreiifs irouvernements en lesquels cette l'ro-

vince étoit pour lors diA'isée, dont Sa Majesté, par un

de ses secrétairi's d'étal, sinniiia son aj>i>robation roya-

le et commanda la continuation de cet arranirement

»

•'jusqu'à ce fju'on ju'J<»At a j)ropos d'y établir le irou-

veruennMit civil. "' etc. (]).

Va ]i1us bas : '■ Tons 1rs ordres, juuemens ou décrets •• du ('o)iscil militaire <!.• C^uébce (2), comme de toutes

I Ij (JfUf i>r<ioiiiiJiiKM- (Ju (,'•■"' Amltcrsl il s>on n/jHdbalinn parti Uni î'onl«'n'"«ir«»«|t's <lf)CiinH'nsf|iii noii"^ mnnqufnl ft dont on iiPf'onnait point l<»s Jalfs. (■)

(•) Voir, CH-rm (tntdiUrH, (invt. du T. H. !•) Murs 1702, lettre de Lord Egremnnt du 12 !'<■<• inb i Lut Ahlr J. Aiobenit, (MontréMi, avril IMâ.)

■1\ (J'fst 'O nifiiii'- " 0;nsril niilttairo fie (^iif^boc " que le niéin« général Mirray niipollo missi. ronim»' on a jm k remaripifT plu« haut. " Conseil de |/ucrr«', " i'.\ " Cour cl Conseil •«Ufx'Ti^'iir. '

\

V-i

" les antres cours de justice dans le dit gonvernment, " ou dans les gouvernements de Montréal et des Trois- " Kivières, etc." (F Ordonnance dv 20, Ibrc 1764 du Gouverneur Murray et de soti Conseil, poii^e 17 du " Re- cueil. ")

2nte Extrait.

" Immediately on the réduction of Montréal (8 sept. " 1760) gênerai Amherst established a military govern- " ment for the préservation of the publie tranquillity, " and divided the country into three districts, of Québec " Montréal and Three-Rivers ; over the first was placed " gênerai James Murray, gênerai Thomas Gage at the " head of the second, and Colonel Ralph Burton as " commandant of the third division. Within thèse dis- *' tricts he established several Courts of justice, compo- " sed of militia officers of the country, who decided " causes brought before them in a summary way, with " an appeal to the commanding officer of the district. " The order which constituted thèse courts was appro- " ved of by his Majesty, with a command that they " should exist iintil Peace was restored, and civil go- " vernment (on the event of Canada being relinquished " by France to G-reat-Britain) could be established. " {History of Canada, &c.. by "Wm Smith, Esq. Vol. 1er, p. 375.)

?ime Extrait.

" Pendant quatre années, (1760-1764), cette Colonie " fut divisée en trois gouvernements milii aires. C'étaient " des officiers des troupes qui jugeaient les causes civiles "• et crimhielles à Québec et aux Trois-Rivières, tandis qu'à " Montréal, ces fonctions augustes et délicates étaient '' confiées à des citoyens. Les uns et les autres iuno- " raient également les lois. Le commandant de chacjue

«4

" Distritl aiujiu'l on pouvait apin'hiv do l«Hirs .senten- '• ces, ne les eonnaissait i)a.s davantasT»' {llai/nal, Hist.

Montrt-al. Lm. mai 1.S2T. .S. R.

à

I

65 VI

M. BiBAUD, Dans ma communication du mois de mars dernier, je vous avais promis quelques nouveaux extraits du Livre d'ordre qui m'était tombé dans les mains ; alors je pensais que cela pourrait être nécessaire pour compléter la preuve de la proposition que j'avais émise au sujet du tribunal qui jugeait des délits crimi- nels, sous le Règne jnHitaire, dans ce gouvernement. Mais les extraits, faits des Registres des Cours des Capi- taines par votre correspondant E. T ayant mis hors de doute que ces cours jugeaient des affaires civiles, et les cours martiales des affaires criminelles, je crois inutile, ici, de grossir ma communication de nouvelles citations de jugements, qui. vu leur sévérité, ne pourraient qu'é- veiller en nous des sensations désagréables et mortifian- tes en même temps. L'esprit se révolte et s'indigne à la vue des deux domestiques du Major Christie, condam- nés à recevoir chacun 300 coups de fouet, pour s'être ab- sentés une nuit de chez leur maître et avoir offert de s'enrôler dans les troupes.

Il n'est guère plus consolé, lorsqu'il voit un honnête canadien condamné à 400 coups, parce qu'un hazard, dont il ne peut rendre compte, fait trouver dans sa Cour quelques chétifs outils du Roi, lesquels ne valaient peut- être pas autant de deniers qu'on le condamne à rece- voir de coups de fouet. Eloignons donc notre vue. et notre attention d'objets si propres à faire abhorrer ceux qui gouvernèrent Montréal durant cette époque sous d'au- tres rapports si intéressante pour nous. Ne nous attachons qu'à l'examen des nouveaux documens que nous four- nit S. R. dans votre dernier No.; et disons, avec les plus intelligens de vos lecteurs, qu'en même temps qu'ils font le plus grand honneur au zèle et au patriotisme de ce-

66

lui qui vi»^nt de les faire connaître, ils constatent un f:iit (|ui notait lï-uère que supposé par plusieurs, et iiit- par le plus «rrand nombre ; ils nous (U'couvr«Mit la manière dont nous devons entendre le 42e arlirle de la capitulation générale, en nous montrant le sens qu'y attachaient ceui- mêmes qui l'avaient accordée : savoir, les irénéraux Amherst, Mitrrai/, Gni^e et autres qui commandèrent aux trois districts, dans les quatre années qui suivirent im- médiatement la conquête Il est vrai que nous n'avons pas encore beaucoup de rensein;nements sur le district ou «rouvernement des Trois-Rivières ; mais, comme le remarque trés-})ien votre correspondant iS. /t., l'autori- té de Raynal qui est correct quant aux deux autres gou- vernements, doit suffire pour nous convaincre que les choses s'y passèrent comme dans celui de Québec ; au moins, en ce que les officiers des troupes y furent les ad- ministrateurs de la justice, en respectant toutefois et en suivant même les procédures, les lois et les usages an- ciens de la colonie, autant qu'ils les connurent, ou que le permirent les circonstances elle se trouvait.

Pour s'en convaincre, il suffit de comparer les tribu- naux du pays, leur procédure, et les lois qu'ils obser- vaient avant la conquête, avec les tribunaux établis par M. Murray, leur procédure, et les lois d'après lesquelles on y administrait la justice.

" .1 Qweôef, la cour inférieure portait le nom de Cour de Prévoté, et se composait d'un Lieutenant-Général, d'un Lieutenant-particulier, d'un Procureur du Roi, et d'un Greffier en Chef. Cette Cour siégeait deux fois par se- maine, le mardi et le vendredi, et la juridiction s'éten- dait au Criminel comme au Civil.

" Aux Trois-Rivières, cette Cour était connue sous le nom de Juridiction Royale, et siégeait aussi souvent qu'à

67

Québec ; mais elles n'avait point de Lieutenanl-particu- lier.

" Procédures dans les Cours inférieures. Le Procureur du Roi donnait ses conclusions, de vive voix dans des causes sommaires, et en écrit dans les autres. C'était pour lui un devoir de les étayer des points de lois, ou ordonnances du royaume, ou du prononcé des édits, déclaration ou ordonnances du roi, signifiés par lui être en force en ce pays. Les jugemens de cette juridiction étaient rendus par le Lieutenant-général, conjointement avec le Lieutenant-particulier, qui pouvaient se confor- mer aux conclusions prises, ou en diiférer. Les causes plaidées le mardi étaient jugées le mardi suivant : il fallait de grandes raisons pour qu'il fût accordé de plus longs délais.

" Devoirs des Procureurs. Le Procureur-général, dans le Conseil Supérieur, et ses substituts les Procureurs du Roi dans les cours inférieures, étaient obligés de plaider gratuitement pour le pauvre, la veuve, l'orphelin et les mineurs. Chargés de faire administrer la justice crimi- nelle, ils poursuivaient la condamnation des accusés; mais le Procureur-général avait droit d'appeler à minimâ au Conseil Supérieur, dans tous les cas qui entrainaient des punitions corporelles, ou la peine de mort.

'• On appelait des juridictions inférieures de Québec et des Trois-Rivières ainsi que de la Cour Royale de Montréal au "Conseil supérieur de Québec," institué pour toute la province, et composé de douze conseillers {dont les deux tiers devaient être des gens de loi) et d'un Procureur-Général. En sa qualité de chef de la jus- tice, V Intendant présidait cette Cour, dans laquelle le Gl-ouverneur et l'Evêque avaient droit de siéger.

" Des Conseillers-assesseurs et des Rapjwrteurs. On

ajouta encore à «x^tlt» cour suprénu' di's ('(tnsfi/lers-assrs' seurs ; hommes versi's ilaiis la connaissance des lois et qui n'avaient au Contseil que voix coiiBultative, excepté les cas ils a«;iKsaient comme Rapporteurs, ayant alors une voix délibérati\ e. iJans tous les can qui n'rtaient pas somnuiireis, les causas, jiiirties ouïes, se don- naient par le Président aux Conweillerb, ou aux ames- seurs, pour que, dans un temps lixé, ils lissent leur rai>- port par écrit au Conseil. Ces rapport«*urs devaient faire un extrait de tous les papiers })roduils dans lu cause, ainsi que des plaidoyers des parties, et le commu- niquaient ensuite au l'rocureur-Général, pour lui faci- liter les moyens de tirer ses <:onclusions. Quand ce pro- cureur le leur avait remis, ils y écrivaient leurs conclu- sions, autrement dit leur opinion, fondée sur les lois et autorités applicables à la question. On lisait alors publi- quement le rapport et les conclusions tant du Rappor- teur que du Procureur-Général, et le jugement suivait, conforme à leurs conclusions ou en ditféraut, suivant qu'il paraissait juste aux Conseiiiiers chargés de le pro- noncer. Lorsque leur jugement s'accordait avec les con- clusions du Rapporteur, celui-ci le sij^nait à la minute : en différaient-il ? c'était le Président qui y mettait sou nom. Le Conseil supéri^nir siégeait tous les lundis, les vacances exceptés. Il fallait cinq juges pour les causes civiles et sept pour les criminelles, à part du Procureur- Général qui ne manquait jamais de donner ses conclu- sions.

" Outre les appels qui lui venaient des trois cours in- férieures de Québec, de Montréal et des Trois-Rivières, le conseil supérieur jugeait des causes se trouveaient concernés le roi, les communautés et certains individus qui, ayant le droit de commiltimus au Conseil, n'étaient

69

pas tenus de comparaître en première instance dans les cours inférieures.

" De Vlntendant. L'Intendant, qui était toujours un homme de loi, comme " Chef de la justice et police, " pouvait évoqiier ou amener devant lui toutes les causes, tant civiles que criminelles, commencées dans les tribu- naux inférieurs ; et prononçait l'exclusion de tous les autres), dans toutes les affaires le Roi se trouvait in- téressé, et qui n'avaient pas été portées devant le conseil. Il réglait la police intérieure du pays, ainsi que toutes les difficultés qui s'élevaient entre les seigneurs, ou en- tre les seigneurs et leurs censitaires, et vice versa. Comme chef de la justice, il établissait, par ses commis- sions, des subdélégués de son choix : il nommait de même des juges inférieurs et des conseillers, qu'il char- geait de décider, d'une manière sommaire et sans frais, toutes les petites causes, depuis une livre (de 20 sols) jusqu'à cent, et aussi maintenir la police. On appelait à lui de leurs jugements.

" Dans les affaire de commerce, l'Intendant pouvait, sur réquisition de l'une des parties, juger toutes les cho- ses y relatives, à la manière du Juge Consul ; et alors il s'entourait de quelques marchands instruits, qui lui servaient d'Assesseurs. S'agissait-il d'affaires de fief? ce devoir était rempli par trois ou quatre conseillers, et le Procureur -Grénéral donnait ses conclusions.

" Toutes les juridictions de l'Intendant ne causaient aucuns frais aux plaideurs. Ces derniers exposaient eux- mêmes leurs causes, sans l'intervention d'aucun avocat, et les jugemens, que signait le Secrétaire, se rendaient gi'atis.

'' Du Conseil Supérieur on pouvait appeler au Roi en son Conseil d'Etat. Dans l'absence de l'Intendant, le

70

Conseiller en chel présidait le const'il ; et quand ce der- nier manquait, c'était le premier conseiller (1)."

l'assons maintenant à l'examen de ce qui se fit sous le gouvernement prétendu militaire de M. Murray ; voyons quels rapproehemeiis on i)eut laire d'un état à l'autre ; et si nous trouvons que le f^ouverneur anglais 8e soit efforcé d'imiter les français, tant dans l'établisse- ment de ces cours, que (l:ins la fixation de leurs procé- dures et des lois d'après lestjuelles elles rendaitoit leurs jugemeus, alors nous pourrons justement conclure que le gouvernement du général Murray n'était rien moins que militaire ; que l'opinion qu'on en a eue jusqu'ici est erronée, en même temps qu'elle l'ait injure à la mémoire de ce premier gouverneur, dont nous sommes loin, au reste, d'avoir l'opinion défavorable que plusieurs person- nes semblent en avoir. Il ne faut pourtant pas s'atten- dre à trouver l'ordre de choses qu'il établit parfaite- ment semblable à celui qu'il remplaçait : comment cela eût-il été possible, dans un pays que presque tons ses hommes de loi venaient de quitter, et le gouverneur put à peine trouver les grelliers et les procureurs néces- saires à l'administration de la justice, sur le plan qu'il le voulait. jKjur la satisfaction des Jiouveaux sujets de son maître ?

Nous trouverons cept;ndant qu il lit beaucouj) pour se rapprocher de la pratique française ; et si quelqu'un veut se donner la peine de liiire l'examen des registres de ces cours, il pourra, je pense, porter jusqu'à l'évidence les preuves de ce que j'avance ici sur l'autorité seule des trois pièces qui leur ont donné l'existence.

La rareté des hommes de loi fut, sans doute, ce qui engagea M. Murray à supprimer la " Cour de Prévôté : "

ih Smilh's Hislory of Canada. Vol. I. A|)pyrKlice. pp. 8-11 L.

71

il semble s'y être substitué, en prenant en même temps sur lui les principaux devoirs de l'intendant, et en s'at- tribuant la connaissance des aiiaires qui étaient de la compétence de cet officier. C'est au moins ce que nous croyons pouvoir inférer des six premiers articles de l'es- pèce d'ordonnance qui crée les tribunaux (1). Ce général n'y parle que de lui en première instance. Ce n'est qu'à fart. 7e. qu'il fait mention du Conseil Militaire, pour dire qu'il lui renverra certaines afiaires à juger ; ce qui nous porte à croire que ce conseil était destiné à tenir lieu du Conseil Supérieur, comme le prouve encore la teneur de la seconde pièce (2), M. Murray dit qu'il a établi une Cour et Conseil Supérieur, à Québec, pour rendre la jus- tice aux habitans de son gouvernement. Le style même et l'énoncé de ce document comportent l'idée de quelque chose de plus grand, de plus noble, et de plus perma- nent qu'une simple Cour Martiale, que l'on convoque et qu'on dissout d'un jour à l'autre, comme cela se prati- quait à Montréal. Les Conseilliers étaient choisis et nom- més, pour donner leurs voix délibéraiives dans les affaires à iuger, et ils devaientyoMtV des droits, préémine7ices, préro- gatives et honoraires attachés aux dites charges ; ce qui ré- férait évidemment à un ordre de choses déjà connu des gens et du pays auxquels le gouverneur s'adressait, ou pour lesquels il dictait les nouveaux arrangemens. Yoilà donc le " Conseil Supérieur " réprésenté par le '' Con- seil Militaire ou de Guerre, " car c'était, pensons-nous, la même chose. En limitant le nombre de ses membres à sept, il complétait le plus haut quorum requis dans l'ancien conseil : comme là, aussi, un des Conseillers, sur choix du gouverneur, (qui y fesait probablement le de-

(1) V. page 5â.

(2) V. page 58.

voir de Préaidenf ,) devait y agir comme Rapporteur. Vn firreffier, qui t«Mi!iit le registre tant de la Cour du gou- verneur que d»» (.'elle du Conseil, y inscrivait les jugi'- mens, et délivrait aux parties les expéditions sig-nifiées par le Premier Huissier.

Ces dispositions s'adressaient à la ville et aux cam- pagnes : mais à celles-ci il fut jugé expédient de donner de nouvelles facilités, pour éviter les frais qui seraient résultés de l'éloignement, dans les affaires relatives aux clôtures, fossés, chemins, dommages, ou autres ras provi- soires ; dont la connaissance fut renvoyée au " Comman- dant de la troupe dans chaque côte, " avec appel néan- moins au " Conseil militaire, " lorsque la matière en li- tige serait de nature à le justifier. Tel est le sens de l'article 10e au moyen duquel il nous paraît que ce commandant'de côte représentait ceux auxquels l'Inten- dant cou fiait autrefois le soin de régler les petites affai- res, dans les campagnes éloignées.

Il est donc clair que, sous le rapport des tribunaux et des moyens d'obtenir justice, les canadiens n'eurent rai- son de regretter l'ancien régime, qu'en autant que les nouveaux juges étaient moins éclairés que les anciens ; mais ce mal même ne fut pas laissé sans remède, puis- qu'il y eut de nommés deux Procureurs versés dans les lois (lu pat/s et familiers avec la langue que parlaient ses habitants (1), pour les éclairer et les guider dans leurs décisions.

De la procédure instituée par le général Murray. Pas- sons à la procédure. Sous l'ancien régime, le mode de procéder était simple et les frais extrêmement modi- ques. Les plaideurs n'étaient point astreints à em-

1, MM. Zy« la Fontaine ri Cugnel «laieiil memluo- ilii Cunseil Supe- r itur. à la daie de la capitulation de Québec. .1. V.

73

ployer d'avocats ; aucun délai de formes ni de termes n'interrompait le cours des affaires ; la décision d'une cause quelconque prenait rarement plus de huit jours.

Il en fut de même sous M. Murray. Lorsqu'on vou- lait instituer un procès, on lui présentait une requête, ou placet adressé à son secrétaire ; lequel sortait l'ordre d'assignation, pour qu'il fût signifié à la partie adverse par le Premier Huissier dont le rapport, ainsi que tous les papiers concernant l'affaire tant ceux du deman- deur que ceux du défendeur devaient être remis au Secrétaire, la veille du jour devait se tenir l'au- dience. Si le demandeur commettait, sous ce rapport, quelque défaut, sa cause était remise à l'audience sui- vante ; une pareille négligence de la part du défendeur n'empêchait pas de procéder et de faire droit ( arts 3 et 4 ) soit qu'il fût présent ou absent, qu'il eût fait, ou non, ses défenses, ( Art 5 ).

De même qu'il ne parait point y avoir eu d'appel des jugemens rendus par l'Intendant, ainsi Mr. Murray ne semble point en avoir permis dans les causes qu'il déci- dait, comme l'indique assez Vart 7, il est dit : " Les " jugemens qui seront rendus en notre hôtel, à l'audience " seront exécutés sans appel, et les parties contraintes d'y " satisfaire, suivant ce qui sera prononcé. "

Il avait cependant prévu que, dans certaines causes il pourait trouver bon de ne point prendre sur lui seul la responsabilité de la décision : dans ces cas, il s'était ré- servé le droit de les renvoyer devant le Conseil, il voulut qu'on procédât à-peu-près de la même manière qu'on le fesait au Conseil Supérieur, avant la con- quête ; suivant que nous l'indique la seconde partie de VArt. 7e qui prononce que " ces affaires seraient remi-

" ses à un des Conseillers qu'il nommerait lui-même, le-

lU

74

" quel devait en faire son rapport au Conseil, pour sur " icelui <Hre fait droit " Au rt*ste, si le crouverueur Mur- ray n'entre point là-dessus dans de LTands détails, c'est (^u'il voulait laisser subsister les anciennes formes de procédés, que tout le monde connaissait.

Il en lit de même à ré«?ard des lois qu'on serait ohligé de suivre, et qu'il ne désiyrnc (|u'en référant au •42me article de la capitulation, comme suit : " N'ayant rien " tant à cœur que de rendre une bonne et prompte jus- •' tice aux habitants de notre gouvernement, nous avons " à cet effet éta}>li une cour et conseil supérieur dans la " dite ville de Québec, conformément à l'article 42e de la " capitulation <j;énérale de cette colonie^ Mais que dit cette clause ? Quelles lois désigne-t-elle comme devant être en force après la capitulation ? Disons-le sans crainte d'errer, elle désigne les loii> en usage avant la con- quête ; car voici comment s'y exprime M. deVaudreuil pour toute la colonie.

" Art. 42me. Les François et Canadiens continue- " ront d'être gouvernés suivant la coutume de Paris et " les lois et usages établis pour ce pays ; et ils ne pour- " ront être assujettis à d'autres impôts qu'à ceux qui *• étoient établis sous la domination françoise. "

Remarquons ici que la seconde partie de l'article était nne demande absurde, pleine d'inconséquence, et qui méritait un r«^fus formel. Elle provoqua les paroles sui- vantes : " Répondu par les articles précédents, et particuliè- rement par le dernier. " Or, voici cet article :

Art. 41 me. Les François, Canadiens et Acadiens qui '* r('st«'ront dans la colonie, de quelqu'état et condition " qu'ils soient, ne seront ni pourront être forcés à pren- '• dre les armos contre sa Majesté très-chrétienne, ni ses " alliés, directement ni indirectement, dans quelque oc-

7.5

" casion que ce soit, le gouveTiiement britannique ne " pourra exiger d'eux qu'une exacte neutralité. "

Il est difficile d'imaginer que Mr. de Vaudreuil fût sé- rieux, lorsqu'il faisait cette demande ; on ne voit pas, au moins, sur quels principes du droit public il pouvait en montrer la plausibilité : chaque couronne doit pouvoir commander à ses sujets et exiger d'eux les services que requiert la sûreté commune. Aussi, le général Amberst sut-il le faire sentir à M. de Vaudreuil, en lui répondant fort à propos et avec une grande modération :

" Ils deviennent sujets du Roi ; " c'est-à-dire qu'ils par- tageront le sort des autres et qu'ils serviront comme eux quand le bien de la colonie pourra le requérir. Cette réponse, si juste et si méritée, convenait également bien à la seconde partie du 42me. article, le gouverneur français faisait une autre demande déplacée S'applique- rait-elle avec autant de raison à la première moitié de cet article ? Qu'on me permette de me déclarer pour la négative, y ayant plusieurs bonnes raisons pour justi- fier cette interprétation.

En effet, par le 37me. article, il était stipulé : " Que " les Canadiens conservaient leurs propriétés. Or, com- " me d'après l'opinion des plus savantsjurisconsultes, " conserver ses propriétés signifie conserver les lois qui les " régissent (1), il s'ensuit que l'espèce d'indépendance " que comportait la réponse : Ils deviennent sujets du Roi, " n'était point appliquable à la demande des lois, pour signifier qu'on les refusait, mais seulement pour dire qu'on réservait à Sa Majesté et à son parlement le droit d'y faire pour la suite des changements, s'ils le trou- vaient juste, La réponse convenait encore mieux à l'ex- ception demandée de servir et de payer les impositions.

(1)" Voir page 81 l'opinion de M. Masères. L.

76

Et il faut bien <ju»' les jGfénéraui rententlissent de même puisque, quelques jours après, ils s'accordèrent tous à établir des tribunaux et à nommer des officiers, pour l'administration de ces mêmes lois qu'avait demandées M. de Vaudreuil.

>5upposerons-nous que M. Murray, qui était présent à la capitulation et qui dût être consulté sur les réponses à faire à chacun des articles, n'en entendait pas la vraie signification ? C'est impossible. Les faits parlent d'une manière trop péremptoire. Les canadiens devenaient sujets ancflais et dans cette qualité obtenaient des droits à la protection que leur devait le gouvernement : mais quelle protection eût été celle qui les aurait privés de leurs lois, les seules qu'ils entendissent, les seu- les qui fussent adaptées à leur position, et qui pus- sent leur être de quelque utilité ? Sans aucunes notions de la langue anglaise, n'ayant pas la moindre idée des lois de l'empire, n'eût-ce pas été au contraire uji acte de vraie tyrannie que de les y assujettir ? En le faisant, les vainqueurs n'auraient-ils pas prolongé, envenimé même d'avantage la haine que leur portaient les canadiens ? Reportons pour un instant notre imagination sur cette époque, représentons-nous la position respective des deux peuples, également braves, également susceptibles aux impressions du malheur ou de la bonne fortune ; l'un le cœur ulcéré, accablé par le poids de son infor- tune, l'autre lier et exalté de ses succès, mais lamémoire encore pleine du souvenir des pertes qu'ils lui ont coûtées. Que de passions en jeu ! qu»' de craintes formées ! que d'espoirs anticipés ! que de conjectures inquiétantes ! Ne fallait-il pas la plus grande sagesse et une prudence consommée, pour appaiser tant d'agitations, tranquili- ser les esprits, faire naitre l'espérance du mieux

77

chez les-uns, restreindre les excès chez les autres ? Convenons-en, il fallut aux généraux vainqueurs une mesure plus qu'ordinaire de prudence et de modé- ration ; pour le bonheur de nos ancêtres, pour celui de leurs descendants, ils s'en trouvèrent doués ; et, loin d'ôter au pays ses lois et ses usages, ils les lui laissèrent dans toute leur force et avec leurs formes et leurs at- tributs, établissant des tribunaux et nommant des offi- ciers pour les administrer, comme le démontre l'aveu même des canadiens dans leur " Requête au Roi " en 1773 (1), et comme le prouve très-bien le registre du conseil, dans les trois documens que nous a communi- qués S. R. Car, à part de ce que nous avons déjà cité, nous y trouvons encore qu'il fut nommé deux Procu- reurs, l'un pour la " Côte du sud," M. Jos. Belcourt de la Fontaine, l'autre pour la " Côte du Nord," M. Jos. Et. Cu- gnet (2). Comme leurs prédécesseurs dans cet office, ces deux Messieurs devaient, dans tous les cas, prendre leurs conclusions, et étaient spécialement chargés de défendre la veuve et l'orphelin, ainsi que de veiller à la conservation des biens des mineurs, des absents et autres personnes pauvres et privées des moyens de faire valoir leurs droits. Leur charge était d'autant plus importante, que sur eux devait rouler toute la be- sogne, et que de leurs conclusions dépendaient le plus souvent les décisions du conseil, composé, comme nous l'avons vu, de personnes étrangères aux lois et aux usa- ges du pays. En réalité, ils étaient les juges destinés à conduire et surveiller l'administration de ces mêmes lois et non d'aucun autre code

Par la même raison, on dut aussi placer la charge de

(1) V. page 29

(2) y. page 59.

78

Greffier dans lot; mains d'un canadien ; et M. Jcan- Claiult' Pantt, (jui fii l'ut trouvé di<z;nt', devint le déposi- taire (/es winule^, iicies et pa/iiers du Gouvernement (1), tous écrits en français, comme h* lurent auHsi les a«si«rnations des parties et autres procédés des cours de justice : nou- velle marque du rtspect des vainqutuirs pour la lan«rue des vaincus et pour tout ce (jui avait rapport à leurs habitudes (2). Résumons.

M. Murray, ainsi que les autres Lrénéraui anglais qui avaient assisté à la capitulation, avait sans doute été consulté sur les réponses à lairt' aux articles dont elle se compose; il savait donc, comme eux, en quel sens il fallait entendre l'article 42me, or, comme en y réi'é- rant, M. Murray établit des cours et des oflSciers pour administrer les lois françaises du pays ; comme il l'énonce dans le préambule de la commission des deux procu- reurs ; comme dans la prati<|ue il y adhéra; il s'en suit donc, et l'on doit regarder comme vérité constante, (jue par la capitulation le pays avait la promesse de n'être point privé de son code civil.

En vain l'on objecterait que les ministres de Sa Ma- jesté britannique n'entendaient pas ainsi la capitulation, puisque, dès l'année 1764, ils substituèrent les lois an- glaises aux françaises. Je soutiens que ce raisoniuMuent, si c'en est un, ne prouverait rien contre la plausiinlité de ma proposition, appuyée, comme elle l'est, sur les faits et sur les autorités que j'ai citées.

Eblouis par l'avantage apparent d'établir un système uniforme dans toutes leurs colonies, les ministres et le roi même, purent croire que cette mesure contribuerait

(1) Voir pape 60. li.

(2) Voyez à la siiilo do ccUo communicalion l'cxlrail d'une IrUro de Québec, qui vinnl ù l'appui des observations judicinusos de notre cor- respoDdanl L. {Note de l'Editeur il'' la Hibliolhècjuu (^nadi^nno.)

79

à l'avancement du Canada, comme elle leur semblait avoir contribué à celui de leurs vieilles provinces. D'ail- leurs, les anciens sujets qui avaient déjà émigré ici, ou qui se proposaient d'y émigrer prochainement, sollici- taient fortement l'adoption de la mesure , il leur parais- sait que sans cela il n'y aurait pour eux ni accès ni con- tentement dans ces parages lointains, dont plusieurs n'avaient encore qu'une idée imparfaite et confuse : on se rendit donc à leurs vœux, et, en 1764, l'on imposa sur ce trop malheureux pays toute la masse ruineuse des codes civils et criminels de la métropole.

Muse de l'histoire, tire le rideau sur la surprise ex- trême où cette nouvelle jeta tous les nouveaux sujets de Sa Majesté, déjà revenus de bien des préjugés, déjà portés d'inclination pour un gouvernement qui s'était, pour ainsi dire nationalisé par quatre années d'une ad- ministration qui avait su respecter ce qu'ils avaient de plus cher et de plus précieux, leur religion, leur langue et leurs lois civiles : dérobe à nos regards les sensations déchirantes qu'éprouvèrent nos ancêtres, lorsque Thé- mis commença à leur parler un langage inconnu; lors- que ses oracles ne furent plus appuyés que sur des principes et des statuts entièrement ignorés de ceux qu'ils affectaient, sans être complètement connus de ceux qui les rendaient : répands des ombres sur cette partie affligeante des fastes du Canada, et n'expose à notre vue que les suites consolantes du retour des mi- nistres à la parole de leurs généraux ; à ces promesses en vertu desquelles nous derions jouir de nos propriétés et des lois qui les régissaient. Ce retour, il est vrai, fut un peu tardif; il fallut du temps et de la réflexion, pour persuader ces ministres de l'inconvenance d'une mesure qu'ils avaient adoptée dans la bonne foi de bien faire,

80

quoi qu'elle fut inique en elle-même et désastreuse pour les Canadiens. Telle est la marche de l'esprit ; il est prompt pour le mal, lent pour le bien. Mais enfin, les maux que soutirait ce pays étaient trop grands et trop sensibles, pour ne pas être connus au-delà des mers; pour ne pas frapper l'oreille d'un monarque ambitieux d'être appelé le jinre de ses sujetx.

Il avait ici un serviteur lidele, à qui rien n'échappait et qui ne lui cachait rien de ce qu'il savait. Amateur de la vérité, ce grand homme mit tout en œuvre pour la connaître, et, lorsqu'il la connut, ce fut toujours pour la faire servir au profit des nouveaux sujets de son maî- tre. Ami des canadiens, qu'il aimait parce qu'il s'était appliqué à les connaître, Carleton ne négligea aucune occasion de parler en leur faveur, et de faire valoir ce qu'il considérait comme une chose qui leur appartenait de droit. S'il n'eut pas été sans cesse contredit par les méchants, si les anti-Canadiens d'alors n'eussent pas cherché tous les moyens de le contrecarrer, le pays n'eût pas été dix ans sous la pire des oppressions, celle qui s'exerce au nom de la justice et par les tribunaux qui la dispensent. Mais, à la fin, les fausses représentations cédèrent à la vérité. Grâce à l'acti- vité et à la constance du vertueux général, les ministres furent éclairés ; et le roi, convaincu des désastres qu'a- vait causé au Canada l'introduction des lois anglaises, iil passer dans les deux branches de son Parlement le premier de nos actes constitutionnels, celui de la 14me année de son règne ; Quoique cet acte ne soit pas sans défaut, il est précieux pour nous et généralement honora- ble à la mémoire de ses auteurs et, en particulier, à celle de l'immortel gouverneur qui en avait fait le sujet de ses plus instantes sollicitudes.

81

L'opinion de Mr. Masères, Avocat G-énéral de la Pro- vince de Québec (1), depuis 1766 jusqu'à 1769, vient à l'appui de ce que j'ai avancé plus haut. S'adressant au Roi, il dit :

" On doit considérer les lois de tenure comme déjà " accordées par votre Majesté à vos nouveaux sujets " canadiens, par cet article de la capitulation générale " de 1760, le génréal de V. M. leur accorde la jouis- " sance de leurs biens-fonds, tant les nobles que les rotu- " riers, ainsi que par la permission que vous leur avez " donnée de continuer de les posséder et d'en jouir, dans " le traité définitif de 1763; ces lois étant absolument " nécessaires à cette possession et à cette jouissance. De " cette description sont les lois relatives aux rentes sei- " gneuriales, aux lods et ventes, au droit de préemption " (de retrait,) et à ceux d'aubaine, lesquels forment la " principale partie des propriétés seigneuriales."

Puis parlant un peu plus bas des lois qui règlent l'hy- pothèque, il dit: "qu'il ne les regarde pas comme aussi " nécessaires à la jouissance des biens-fonds ; cependant " il conçoit qu'elles ont beaucoup de rapport avec les " lois de tenure, et qu'elles en dépendent assez, pour ne " pouvoir pas souffrir de grands changemens, sans dimi- " nuer considérablement la valeur de ces mêmes biens- " fonds, au moyen des difficultés qui résulteraient, dans " la pratique des nouveaux modes de les transférer qui "seraient substitués aux anciens." Il dit, "qu'il faut " faire revivre ou continuer en force les lois françaises à " ce sujet, ne fût-ce que pour empêcher l'introduction

" des lois anglaises qui y ont rapport et cela, parce

" qu'elles sont remplies de tant de subtilités et de va-

(1) C'est une erreur de L. Le Baron Francis Masères ne fut pas Avocat- Général, mais Procureur Général du Roi, dans la Province de Qué- bec, de Septembre 1760 à Septemlire 1769. J. V.

il

82

" riétés, que, si elles étaient introduites dans cette pro- " vince, elles en jetteraient tous les hahitans, sans même " en excepter les avocats anglais, dans un labyrinthe " dont il leur serait impossible de savoir comment se " tirer" (1).

Pour les lois qui règlent le douaire, l'héritage des terres et la distribution des biens après la mort, il ne les considérait point comme liées aussi étroitement à la jouis- sance et à la valeur des propriétés: on ne pouvait donc pas, suivant lui, les regarder comme comprises aussi im- plicitement que les précédentes dans les articles précités de la capitulation et du traité de paix définitif. Il pen- sait néanmoins qu'il n'était point encore temps de les changer; et que si on en venait jamais là, il ne faudrait le faire que par degré et lentement, ayant la précaution d'avertir ceux des habitans qui n'aimeraient pas le ré- sultat de ces changemens, d'y obvier par des testamens qui conserveraient l'ancien ordre de choses.

L

Montréal, 4 Juin 1827.

ExTUAiT (TiDie lettre de Québec du 10 Juin 1827, adressée à notre correspondant S. R.

Je crois, mon cher monsieur, avoir trouvé la solution du problème qui vous occupe depuis quelque temps : •' Sur quelles lois les tribunaux militaires établis en ce pays, après la conquête, ont-ils fondé leurs jugemens ? " Sur les lois en force en ce pays, lors de la capitula- tion.— J'ai pour témoins du fait que je vous mentionne les juges Pierre Panet, Mabane et Dunn, dont le pre- mier a été greflier d'une de ces cours (2), et les deux

(h Voyz rc Happorl loiil au lonj? danslos " Québec Commissions," pp. 50-57, et plus particulièrement les pages 6i cl 55, dont co qui précèdo est extrait ou traduit.

(2) A Monlrt-ai— J. V.

83

autres avaient vécu avec les juges militaires, Yoici comme ces messieurs s'expriment dans un Mémoire adressé à Sa Majesté Britannique, au sujet de l'adminis- tration de la justice en ce pays, signé le 15 octobre 1787.

" Though Canada was conquered by His Majesty's " arms in the fall 1760, the administration in England " did not interfère with the interior government of it, " till the year 1763. It remained during that period " divided, as formerly, into three districts, under the " separate command of military oflB.cers, who established " in their respective districts, military court, under " différent forms, indeed, but in which, according to the " policy observed in ivise nations towards a conquered people, •' the laivs and usages of Canada were observed in the " rules of decisionr C'est-à-dire " Quoique le Canada ait été conquis par les armes de Sa Majesté, dans l'au- tomne de 1760, l'administration en Angleterre ne s'occu- pa de son gouvernement interne qu'en l'année 1763. Durant cet intervalle, le pays demeura divisé, comme il l'avait été auparavant, en trois districts (gouvernemens) sous le commandement séparé d'officiers de l'armée, qui établirent dans leurs différents districts des cours mili- taires, sous différentes formes, à la vérité, mais dans lesquelles, d'après les règles observées par les nations sages à regard d'un peuple conquis, les lois et usages du Canada servirent de règles de décision^

Ce document est d'une grande importance ; il décide une question sur laquelle il y avait des doutes. Je l'ai extrait pour vous d'un ouvrage intitulé : Québec Papers.

Yotre serviteur et ami,

S. N. (1) A M. & R.

(1) Pseudonyme de M. Louis Plamondon, avocat de Québec.

PIECES OFFICIELLES

PLACARDS, REGLEMENTS, ORDONNANCES, Etc.

PUBLIEES PAR LES

GOUVERNEURS DE MONTREAL

DURANT LK

REGNE MILITAIRE

â^8© a â^®^,

DOCUMENTS INEDITS

Extrait des Registres de V Epoque.

LEGISLATION

DU

O0UyERXEj\IEXT DE MONTREAL

DURANT LE

REGNE MILITAIRE

1760.

22 Septembre. Placaed de Son Excellence Monsieur le Grénéral Amherst.

Ce Placard que M. D. Mondelet cite, page 38, ne se trouve point aux Registres de Montréal, mais on le voit, en son entier, aux Registres du Grouvernement des Trois-Rivières ; on le trouvera plus loin, Gouvernement des Trais-Rivières, 1er Octobre 1760." C'est bien la première loi que nos pères reçurent de leurs vainqueurs et la première institution de Cours poui l'administration de la justice dans les deux gouvernements de Montréal et des Trois-Rivières, car il ne paraît pas qu'il fut adressé au Grénéral Murray, Grouverneur de Québec. Voici les titres et qualités que prend le général Amherst en publiant ce Placard, qu'il date de Montréal: " Par Son " Excellence Jeffery ^Im^ers/, Ecuier, Maréchal de Camp, " Commandant en Chef les troupes et forces de Sa Majesté " le Roy de la G-rande Bretagne dans l'Amérique Sep- ■" tenirionale, son Gouverneur-Grénéral pour la Province

17G1 88

" lie Virginie, &c. &c., &:c." Il le signe seul et sans coutreseinî^ de secrétaire.

28 Octobre. Ordonnance du Gouverneur Tiios. Gage, sur divers sujets, ou concernant les déserteurs, Vachat des armes, ^'c, des soldais, les appels à lui être faits, la Chambre de Milice de Montréal, la Police correc- tionnelle et municipale

Cette ordonnance étant transcrite tout au Ioul--, pp. 37-40 je ne la recopie i^as ici.

1 7G 1. 13 Octobre.

Ordonnance et Règlement des Chambres de Justice du Crouvernement de Montréal, par S. E. Mons. Thomas Gage, Gouverneur du dit Montréal et ses dépendances, etc.

C'est l'ordonnance qui divisait les campagnes du gou- vernement en cinq Districts, et qiii établissait un nouvel ordre de choses relativement à l'administration de la jus- tice, que l'on trouve copiée au long, plus haui, pp. IG- 20. J'y renvoie le lecteur.

8 et 17 Octobre. Règlement du " Conseil des Capitaines de Milice de Montréal," approuvé par e Gouverneur, le 17 Octobre 1761. Nou.s, Capitaines de Milice de ^Montréal, établis par Son Excellence le Gouverneur, pour administrer la jus- tice,— Etant nécessaire de perfectionner la justice dont

89 1761

S. E. nous a confié l'administration et pourvoir à des choses absolument utiles, sous son bon plaisir, Nous avons fait le présent Kèglement.

1— Nous administrerons la justice gratuitement ainsi que nous l'avons fait parle passé, demandant seulement comme une faveur à Son Excellence, qu'il luy plaise nous exempter du logement de gens de guerre, ainsy que de tous tems nous avons été exempts.

2.— Nous continuerons nos assemblées dans la cham- bre du greffe, qui sera destinée à cet effet.

3.— Comme il faudra que cette Chambre soit échauffée pendant l'hyver, il sera pris sur les amendes la somme nécessaire pour achepter six cordes de bois.

4.-Etant juste que M. Panet, notre greffier, soit dé- dommagé de ses travaux, ne jouissant plusdesavantao-es qui 1 en récompensoient, il luy sera payé trente-sols par chaque sentence, prix qu'il avoit cy-devant.

Les sentences qui par leur nature exigeront du tems seront taxées eu égard à leur longueur. ^ 5.-Comme nos sergents de milice ne sçavent point écrire, ou ne le font qu'imparfaitement, et par cette rai- son, ne peuvent point mettre nos jugemens à exécution Nous choisirons deux sergents capables, auxquels Nous teronsun tarif de leurs ouvrages capable de les faire vi vre sans molester le public.

Nous aurons chaque jour de nos audiences un de nos sergents de milice qui appellera les causes, et luy sera alloué deux sols par chaque appel de cause suivant le passage.

6.— Les amendes seront remises ès-mains de M Panet dont l'employ sera fait par la chambre pour les serments' qui seront employés tant pour ce qui regardera leurs corvées pour le service, que pour la justice.

12

ITiil î>0

7. Ayant dt-libéré «ur lu ch«M*té du bois, et craignant qu'il ii'uugmtMite encore, sur le rapport à Nous fait par M. Ilervieux des sentiments de Son Excellence à ce su- jet,— Nous croyons qu'il est indispen.sablement nécessaire de le taxer à neuf livres la corde de bois Irunc. Nous la supplions d'interposer son autorité à cet ell'et, pour faire publier cette taxe, et ceux qui excéderont ce prix seront coiulainnés à douze livres d'amende, avec confis- cation de leur bois. Laquelle :iin.')i.l.' ;iur:i pareillement lieu contre les achepteurs.

Fait à Montréal, le 8 Octobre ITiJl.

(8i-né) R. DECOUAGNE.

J'approuve les propositions cy-dessus de Messrs. les officiers de milice. Comme leur greflier no se croit pas suffisamment récompensé par les réglemens cy-menti(jn- nés, il est à ces messieur- de faire quelque changement à son égard, s'ils le jugent nécessaire. Au Château de Montréal, lo 17 Octobre 17G1.

TllOS. GAGE.

27 NovEMiiUi:.

OUDuN.XAN'CE contre les marchands qui, sans permi.s- sion du Gouverneur, alloient vendre des marchan- dises et boissons dans les campagnes.

Par Son Excellence THOMAS Gage, Gouverneur de Montréal et de ses dépendances i^-c, Sçc, Sçc.

.S'v/ro/r, sur les représentations qui nous ont été faites que plusieurs personnes se retirent dans les campagnes avec des marchandises et des boissons, sous prétexte de les vendre en gros, et voulant interdire l'abus qui pour- roit .s'v introduire.

91 1762

Nous ordonnons en conséquence à tous Capitaines de Milice des Côtes que lorsqu'il se présentera quelque nouveau marchand pour résider dans leurs paroisses sans une permission signée de Nous, de le faire avertir d'en sortir sous six jours, à peine de 200 livres d'amen- des et de 300 livres en cas de récidive, et s'il n'en est point sorty les six jours expirés, ils seront traduits de- vant la chambre du District.

Nous permettons cependant à tous maichands qui sont anciennement établis dans les campagnes d'y conti- nuer leur commerce tels qu'ils ont toujours eus.

Nous ordonnons pareillement à tous officiers de milice de faire arrêter tous pacotilleurs qui se présenteront en pacotille dans leurs environs, sans une permission signée de Nous, et les faire arrêter et conduire avec leurs mar- chandises confisquées à Montréal. Mandons, &c.

Fait et donné à Montréal le 27 Novembre (1761.) Signé de notre main, scellé du sceau de nos armes et contresigné par notre Secrétaire,

THOS. GAGE. Par So?i Excellence,

Gr. Matukin.

1762, 13 Janvier.

Ordonnance en explication de la dernière ; et en ou- tre, prohibant le débit des boissons tant avx soldats qiCaux sauvages, et fixant la quantité qu'il en sera permis de vendre, à la fois, aux habitants.

Par Son Excellence Thomas G-age, &c.

Sçavoir, Comme nous avons été informez :me plu- sieurs marchands et officiers de milice des côtes inter- prettent notre Placard du 27 Novembre dernier tout au

1762 92

contraire de nos intentions et de l'esprit du d. Placard au sujet des Boissons étant spécifié que tous marchands ancionut>ni«Mit établis dans les cfttos peuvent y conti- nuer leur commerce tel qu'ils ont toujours eus.

Nous faisons sçavoir, en conséquence, que cet article n'est uniquement que pour les marchandises sèches, et pour à l'ég-ard des Boissons, Nous doffendons à tout mar- chand d'en débiter au dessous d'une Velte aux habitants n'y d'en vendre n'y en gros n'y en détail sous aucun pré- texte au soldat, sous peine de 300 livres d'amende, et de double et d'emprisonnement au cas do récidive. Il leur est aussy dellendu ainsy qu'aux aubergistes et autres, d'en donner n'y vendre aux Sauvages, à peine de con- fiscation de liqueur et de pareilles amendes cy-mention- nées. Mandons, &c.

Fait et donné au Chat«^au do Montréal, le 13 Janvior 1762. Signé de notre main, scellé du sceau de nos ar- mes et contresigné par notre secrétaire.

THOS. GAGE. Par Son Excellence,

G. Maturin.

23 Maks.

Ordonnance concernant les Perdrix.

Par Son Excellence Thomas Gage. &c.

Srnvoir. Ayant trouvé à propos, pour le bien de cette colonie, de laisser multiplier le nombre des Perdrix qui dégénèrent de jour en jour par la chasse que l'on en fait dans le temps de leur accouplement, nous défendons en ronsiV|Uonce à toutes personnes quelque qualité et condition qu'elles soient, de tuer et faire tuer, achepter,

93 . 1762

prendre au collet ou à la tonnelle des perdrix, depuis le quinze du présent mois, jusqu'au quinze Juillet de cha- que année, sous peine de 100 livres d'amende, applica- ble moitié au Dénonciateur et l'autre moitié aux pau- vres de la paroisse sur lesquelles elles auront été prises, tuées ou emportées.

Mandons que notre présente soit lue, publiée et affi- chée ès-lieux accoutumé.

Fait à Montréal le 23 Mars 1762. Signe, &c.

THOS. GrAGrE. Par Son Excellence,

Gr. Maturin.

\

15 Avril. Ordonnance au sujet des contributions que font

payer aux miliciens divers officiers de milice. Par Son Excellence, Thomas GtAGE.

Sçavoir. Qu'il nous auroit été porté des plaintes que plusieurs officiers de milice de différentes paroisses au- roit fait payer contribution à leurs miliciens, sous diffé- rents prétextes.

Nous deffendons en conséquence à tous officiers de milices et autres que puisse être, de faire payer à l'ave- nir aucune taxe ni impositions sous aucun prétexte, sans en avoir une ordre positive signé de Nous et affiché dans les paroisses, à peines de deux milles livres d'a- mende, sans toutefois préjudicier aux amendes des Chambres. Mandons, etc.

Fait à Montréal le 15 Avril 1762. Signé, etc,

THOS. GAaE. Par' Son Excellence,

Or. Maturin.

17C2 94

12 Mai.

RlgleuE'ST pour le bois à fournir aux troupes can- tonnées daus les nnupa fortes, eu hiver et en été.

Par Son Excellence, ïiioMAS Gage, etc.

Faisons Sçavoir (|u';iy;int jugr à propo.s de faire un Règlement pour les fournitures des Bois qu'ils doivent être faites aux troupes dans les campagnes, Nous avuns ordonné ce qui suit :

Sçavoir :

Que chaque particulier fournira à rofficit,-!- ou .«soldat logés chez-lui un feu.

Chaque paroisse sera tenue de fournir i>oar l'utilité de la garnison de leur endroit proportionnément au Eéglement ci-dessus.

Pour le court de riiiver.

A chacpie garde il y aura un officier, pour son feu et celuy des soldats il

< OHDFS DE HOIS

Sera fourni, par semaine, 3

Celles commandées par sergent ou caporaux, H

Pour l'hôpital 2

Pour l'ordinaire des officiers, par semaine :

A un lieut.-colonel commandant, 3

A un major, 2

A un capitaine, 1

Pour les officiers subalternes de chaque compagnie 1

Pour l'aumônier, 1

Pour le chirurgien et son garçon, 1

Pour l'adjudant et cartier-raaitre, 1

95 1762

Pour VEté.

Cordes de Bois.

Il sera fournie à l'hôpital, par semaine 1

Au lieut-colonel,, 1

Au major, 1

An capitaine, -|

Aux officiers subalternes de chaque compagnie,... |

h l'aumônier, |

Au chirugien et son garçon, |

A l'adjudant et Quartier-maitre, |

Le chauffage de l'hiver commencera le 1er Novembre et finira le 30 Avril.

Celui de l'été commencera le 1er. may jusqu'au 31 Octobre.

Les officiers qui ont des commissions doubles ne pour- ront exiger du bois que pour une ; il n'en sera fourni même que pour le nombre des oflS.cierâ présent. Il sera permis à un Major commandant au Régiment de s'en faire fournir comme Lieutenant-Colonel, et un capitaine commandant un corps comme Major. Dans les endroits les compagnies seront divisées dans différentes parois- ses, chaque paroisse fournira à l'officier commandant une corde l'hiver et demy l'été, par semaine.

Sy l'hôpital, l'Etat-major et l'ofîicier-commandant se trouv oient dans la même paroisse, laquelle par un sem- blable accident seroit trop surchargée des fournitures de bois qu'elle seroit obligée de faire, l'officier commandant est autorisé de la soulagé en faisant contribuer le« pa- roisses voicines. La corde de bois sera de 8 pieds de lono: sur 4 de hauteur et de lars^eur.

Mandons que le présent Règlement sois ponctuelle- ment exécuter et de ne faire aucune autre fourniture de bois sous aucun prétexte, sans un ordre de Nous.

17G2 DC

Fait à Montréal, le 12 de Mai 17G2, Signé de notre main, &c.

THOS. GAGE. Par Son Excellence,

G. Maturin.

22 JUILLKT.

Lettre à MM. les Capitaines de Milices do la Chambre, à Montréal, concernant MM. les ïSei- g-ncurs do l'Ile de Montréal.

Messieurs,

Il nous a été représenté par Mrs. les »Seif^nours de risle de Montréal, que dans les contributions qu'on avoit coutume cy devant de lever pour le bien du uouvorne- ment, que le Roy de France ayant eu égard à leur qua- lité do Seigneur et membre du Clergé, avoit eu la bonté de les taxer luy-mème pour leur coste-part, et d'ordon- ner que le Supérieur du Séminaire, ou un délégué de Ba part, assisteroit aux assemblées qui se tiendroient pour la répartition qui seroit à faire sur les peuples, et ces Mrs. espèrent que nous voudrions bien avoir les mesmes bontés pour eux, et nous prient d'avoir égard à la convenance et à la justice de leur demande et aux usages cy devant observés, et d'ordonner que dans les répartitions publiques qui surviendront dans noire gou- vernement, ils seront obligés de supporter en leur parti- culier une taxe égale à celle des quatre plus riches Bour- geois.

Souhaitant dans ce temps d'incertitude de ne rien de- ranger des anciens usages, qui ne sont point opposés au service du Roy, Nous ordonnons que Mr. le Supérieur du Séminaire sera invité à assister aux assemblées qui

97 1762

se tiendront pour les répartitions publiques, et pour me mettre en état de bien juger de la taxe qut- Mrs. les sei- gneurs doivent supporter en leur particulier, aujourd'huy vous aurez la bonté de nous instruire des taxes que ces Messrs. ont supporté dans toutes les répartitions laites en diftérentes occasions et pour différents usages. Je suis, Messieurs, Votre très-humble serviteur,

TFOS. OAaE.

Au Château de Montréal, | le 22 Juillet, 1762. \

26 Juillet. Ordonnance concernant la A-aleur de la monnaie françoise. Par Son Excellence Thomas G-age, Colo7iel d'un régi- ment d'infanterie légère, Maréchal des camps et des armées du Roy, Gouverneur de Montréal, et de ses dépendances, etc. Sur les représentations qui nous ont été faites que la monnaie françoise avait été moins estimée que sa valeur dans notre gouvernement de Montréal, ce qui a porté les particuliers à la faire passer à d'autres endroits la valeur de la dite monnaie était plus haute, à l'inconvé- nient et le préjudice que cela cause à tous les négo- ciants et autres particuliers du dit gouvernement par la rareté de l'argent et surtout de la petite monnaie.

A ces causes après avoir mûrement examiné les dites représentations et pris toutes les connaissances et éclair- cissements les plus exacts, qui nous ont été possible, les avons trouvé juste et équitable, en conséquence ordon- nons que l'Ecus français de six livres tournois passera

13

J7»;l> 98

prt'stMih'ment et sera reçue dans tous les payements qui se feront dans notre dit q-ouvernemenl de Montréal à commencé du jour de la datte de Notre présente ordon- nance ù huit schelings et dix sols nionnai»' de Montréal. Le sol marqué vieux à une coppe et demi et le sol mar- qué neuf à dt'ux coppes juste.

ICnjolirnons par notre dite ordonnance à toute personne (lu (lit i^otivernement de s'y conformer sous peine de désobéissance. Mandons, etc.,

Donné au CMulteiiu de Montréal, le 2() Juillet 1702,

k^i^né, etc.,

TirOS. GAGE. Pur Son Excel lenre.

Ci. M.VTl'HIN

Ml .luiLI.ET.

Ordonnance concernant la réjiarnfion de l'enceinte de la ville de Montréal. Par Son Excellence ÏIIOMAS CJagk, Colonel du 22e. Re- nient (Flnfanlerie, Maréchal des camps, etc.,

Etant informé qu'il avoit été fait une imposition de six mille livres, par un arrêt de 8a Majesté le roi de France, rendu le b mai 171 »J, et renouvelle le 1er. du d. mois 1743, sur les habitants de Montréal, dont 2000 li- vres à payer par le Séminaire de St. Sulpice, établis en cette ville, j)our être la dite somme de GOOO livres em- ployé»' au remboursement des fonds avancés i^ar sa dite Majesté pour les dépenses de l'Etablissement de l'en- ceinte de cette dite ville, sur laquelle somme de COOO liv. étoit pris les fonds nécessaires pour l'employé de l'entretien d'icelle, et que la dite imposition a toujours continué dans la mesme forme jusqu'à l'année 17G0.

I

99 1762

En voyant aujourd'huy la dite enceinte tomber en ruine et qu'il seroit nécessaire de pourvoir à ses répara- tions et à y faire quelques ouvrages, ou changement pour le bien publique, et voulant dans ce temps d'incer- titude suivre les anciens usages qui ne sont point oppo- sés au service du Roy.

Nous ordonnons, qu'il sera imposé tous les ans, à com- mencer la présente année 1762, une somme dont le tiers sera payé par le dit Séminaire de St. Sulpice qui a des emplacements dans la dite ville de Montréal, dont il est seigneur direct aussi bien que de toute l'Isle du mesme nom, et les deux autres tiers restant, par les communautés régulières et ségulières, et les habitants de ladite ville de Montréal ; pour être la dite somme em- ployée à faire les réparations nécessaires à la dite en- ceinte, qui commenceront le printemps prochain ; mais que la porte à laquelle l'on travaille sera faite et parfaite cette année. Et que la dite imposition, dont les deniers seront remis à une personne nommée par la chambre des milices du dit Montréal, ne passera pas la somme de 6000 liv. par chaque année, et sera continuée jusqu'à l'entière réparation de la dite enceinte, à la fin desquel- les réparations la présente ordonnance demeurera nulle et sans effet. Les rolles de la dite imposition et taxe d'i- celle, seront fait par la dite Chambre de Milices et le su- périeur du Séminaire, ou un délégué de sa part. Les quelles rolles nous seront présentés pour être par nous arrestés.

Enjoignons à la dite Chambre et au dit S. Supérieur du Séminaire, qu'ils se trouveront présents aux marchés et redition des comptes faits des dits ouvrages ; et que la présente ordonnance sera exécutée nonobstant oppo- sitions ou appellations quelconques dont si aucuns in-

1762 100

tervionnent, nous nous réservons la connoissance. Sera onroufistrr au (irt'llt» <\o lu dit»* Chamhr»', soit lm\ pu- bliée *»t alfiehé partout ou hesoiii sera. Mandons, etc.

Donné au Chatt-au df Montr''al, le trentf-un Juillet mil sept cent soixante deux. Siûfué d«* notre main, et celle du sceau de nos anm-s et c(nitresi«_;n<' par notre Se- crétiiiro.

rilOS. (iA(JK. P(ir San E.r(f//e/irf\

G. M\Tui;i\.

•î Août. OuDtjN.NA.NCK réglant que les marchandises se vendront, à l'avenir, à la veriçe.

Par Son Errrihnre TlloMvs (r.4GE Colonel, du 22e. Kes;. etc.

Sur les représentations qui nous ont été faites, (jue plusieurs personms dans le commerce à Montréal, se ser- voit de diflTérentes mezures pour vendre, tant qu'en gros qu'en détaille, des marchandises sèches, à l'inconvénient et le préjudice que cela cause, tant pour les fraudes qui peuvent se glisser dans le dit commerce ; que la dilFiculté que cela occasionne au négociant anglois résidant en cette ville, pour la redition de leurs comptes avec leur com- mettant en Angleterre ; qu'il est ordinaire et mesme de nécessité dans toutes les villes d'avoir une seule et mesmo mesure, établie et hotorizé par justice, à laquelle tout le monde est obligé de se conformer pour la facilité du com- merce. En conséquence et pour oln-ier à l'avenir aux abus et difficultés qui pourroient subvenir à ce sujet. Ordon- nons que l'on fera usage en cette ville de Montréal, de la Kerg-e dAn};lelerre, conformément à un étalon qui sera

101 1762

déposé chez le Major de la Place, auquel étalon tous les négociants et marchands seront obligés de faire étalon- ner leur verge ou mezure, et pour ce. donnons vingt jours pour toute préfixion et delays, à compter du jour de la publication de notre présente ordonnance Faisons dès à présent comme dès lors inhibition et defïence à tous négociants et marchands qui vende de se servir d'autre mezure que de la d. verge étalonnée, à peine par le contrevenant d'une piastre d'amende et en cas de récidive de plus grande peine.

La présente ordonnance sera enregistrée au greffe de la chambre de cette ville. Lue, publié et affiché be- soin sera. Mandons, etc.

Donné au Château de Montréal, le 3 Août 17«]2. Si- gné de notre main, scellé du sceau de nos armes et con- tresigné par notre secrétaire.

THOS. GAGE. Par Son Excellence,

G. Matuhin.

12 Août.

Ordonnance défendant à d'autres qu'rtw proprié- taire du Bac entre Montréal et Longueuil, de traverser à prix d'argent.

Par Son Excellence Thomas G.A.GE, &c.

Sur les représentations qui nous ont été faites derniè- rement par le Mtre. du bac entre Montréal et Longue que plusieurs habitans contrevenants au Règlement que M. Çhrisiie, Maréchal des logis des armées du roy, avoit fait publier par nos ordres en datte du 22 juin der., traver- soient tous les iours à Montréal les allants et venants en se

17(Î2 102

luisant payer au pri' judice que cola cause au mtre. du cl. bac qui est obliii;é d'entretenir du inonde pour lairo les dites traverses, ou pasages, et à qui nos ordres ont été donnés. En conséquence pour obvier à l'avenir à pareils contra- ventions faisons très expresses inhibitions et defienses à tous les habitans ou autres personnes, de traverser en pa- yant aucun des dits allants et venants, sous(|uelquo pré- texte que se puisse être, sans un ordre expressément don- né, à peine d'une piastre d'amande, qui sera payé après preuve laite par serment du dénonciateur, devant au- cun Capitaine de Milices le cas arrivera, la dite amande applicable au Mtre du dit bac, et au cas de ré- cidive, de plus grandes peines, n'entendant point toutefois empêcher les dits hal^itans ou autres de se tra- verser comme à l'ordinaire, gratis. Enjoignons aux Capi- taines et autres officiers de milice du dit lieu de tenir la main à l'exécution de notre présente ordonnance, qui sera lue, publiée et affichée en la manière accoutumée. Mandons &c.

Donné au Chilteau de Montréal, le 12 Août 1702. Si- gné, cv:c.

TIIOS. GAGE. Par Son Excellence,

G. Maturin.

12 Octobre.

Ordonn.wce défendant aux officiers de milice do

se porter pourvoyeurs des officiers des Troupes. Par Sun Excellence TllOMAS Gage, &c. Sur les plaintes qui nous ont été porté par les habi. tans de Notre Gouvernement, que les capitaines et au- tres officiers de Milice, sans aucune authorité, alloient

103 1762

chez eux leur faire donner des provisions pour les offi- ciers des Troupes en quartier dans les différentes i:)a- roisses du dit gouvernement.

Nous ayant égard aux dittes plaintes faisons très ex- presse inhibition et défence aux officiers des d. milice •qui seront établie pour le service du Roy de se porter pourvoyeur des offici'^rs des dittes troupes sous peine de désobéissance, Mrs les officiers étant daijà avertis de se servir de leurs domestiques pour jïourvoyeurs. Man- dons &c.

Donné au Château de Montréal, le 12 Octobre 1762. Sig"né &c.,

THOS. GAGE.

Par Son Excellence,

G. Maturin

18 Octobre.

RÈGLEMENT ET ORDONNANCE fixant le prix auquel les Boulangers vendront le pain.

Par Son Excellence Thomas GtAGE &c., Sur les représentations qui nous ont été faites que les 13oulangers de cette ville vendent leur pain sur le pied lie Tannée dernière, quoique la récolte de cette année soit de beaucoup plus abondante que la précédente. En outre que dans les années qui ont précédées la redition du païs le Bois étoit monté à un prix exorbitant les d. Boulangers faisoient payer la fabrication du pain aux particuliers qui faisoient boulanger leur farine à raison de quatre livres le quintal, que depuis notre ordonnan- ce rendue pour la taxe du d. bois à neuf livres la corde, les d. Boulangers ont toujours continué à fabriquer sur le mesme pied de 4 Ib. le quintal de farine. A quoi

17r,2 104

ayiint tgard, et sur les certitudes que nous avons de r«''tut de cette Kécolte, voulant remédier ù pareil abus afin de soulager les citoyens de cette ville, il nous a paru convenable de taxer le pain «'t la Tabrication d'ycelui à un prix raisonnable.

liln consrquence les boulaimi r> de i-riiv ville iburni- ront le pain, à compter du 20 du présent mois jusqu'au premier Janvier prochain, sur le pied cy-i^près, sça- voir :

La pain blanc du poids de 4 livres pour 10 coppes, à raison de deux coppes et demy la livre.

Le pain bis-blanc du poids de 6 livres, pour 12 coppes, à raison de deux coppes la livre.

Le quintal de farine converty en pain à raison de deux schelins dix coppes de façon par quintal de farine.

Ordonnons aux dits boulangers de se conformer au présent règlement sous peine de confiscation du pain qui se trouvera de faux poids, et de trente piastres d'a- mende pour le contrevenant.

Mandons au Major de la place et aux Srs. Capitaines des Milices de la chambre de Montréal de tenir la main à l'exécution du présent règlement, qui sera lue, publiée et afïïchée en la manière accoutumée, et registrée au greffe de la dite chambre.

Donné au château de Montréal, le 18 Octobre 1762, Siirné de notre main, etc.

THOS. GAGE.

Par Son Exrdfenre,

G. Maturin

105 1762

15 Novembre. Ordonnance concernant la Douane de Montréal. Par Son Excellence THOMAS G-age SfC.

D'autant que les Très-Honorables Seigneurs les Com- missaires du Trésor Royal ont par leur ordonnance déli- béré et enjoint à Messieurs les Commissaires des Douanes de Sa Majesté, qu'il seroit à propos pour le bien de l'état et du bon ordre, d'établir une Douane dans la ville de Blontréal, et pour y parvenir ont les dits Srs Com- missaires jugés à propos de nommer et d'établir le S. Thomas Lamhs, Ecuier, en qualité de Directeur, et le S. Richard Oakes, visiteur de la dite Douane à Montréal : En conséquence ordonnons à tous les citoyens du dit Mont- réal et de ses dépendances, de regarder et reconnoître les dits Srs. Thomas Lambs et Richard Oakes en la dite qualité.

Mandons à tous officiers civils et militaires de prêter main-forte, toute fois et quand il en sera requis par les dits Srs. pour le dit service, et de les appaïer de toute leur authorité, conformément à nos ordres.

Tous armateurs et autres intéressés dans le commerce sont avertis que tous les bâtiments venant d'Europe ou des Colonies, chargés pour le compte des négociants de Montréal, et autres qui voudront y venir en commerce, pourront suivre leurs destinations jusqu'au dit Montréal, sans être obligé de décharger et recharger leurs marchan- dises à Québec, sous quelque prétexte que ce puisse être, à moins qu'ils ne soient soupçonnés de porter des mar- chandises de contrebande, dans le dessein d'y faire un commerce prohibé.

La présente ordonnance sera lue, publiée et affichée en la manière accoutumée et enregistrée au greffe de la

17C-2 10()

chambre des Milices de Montréal, sigiK- de notre main, scellé du sceau de nos armes, etc.

Donné au Château de Montréal, le Novembre 17G2.

THOS. GAGE. Par Son Ezceltetice,

G. Matukin.

20 X(A'E.MIÎUE.

i'uoc'L.vMATi" i\ à l'occasion des prélimniairt's do la paix, et de la cessation des hostilités par mer et par t'Tn'.

De par le Koy.

Ordonnance.

GEORGE lU) Y.

D'autant que les préliminaires pour rétablir la paix furent signés à Fontainebleau, le 3e jour du présent mois de Novembre, par nos ministres, ceux du Roy très-chré- tien et du Roy catholique, et pour mettre fin aux cala- mités de la «guerre, aussitôt et aus.si loin qu'il est possible, il a été convenu entre Nous, Sa Majesté très-chrétienne et Sa Majesté catholique, comme suit, c'est-à-dire, qu'aus- sitôt que les préliminaires seroient sig-nés et ratifiés, toutes les hostilités cesseroient par mer et par terre.

Et pour prévenir toutes les occasions de plaintes et de disputt'S qui pourroient naître au sujet des navires, marchandises et autres ellets qui peuvent être pris par mer, on est convenu mutuellement que les navires, marchandises et effets qui seront pris dans la Manche et dans les Mers du Nord, après l'espace de douze jours, à être comptés du jour de la ratification des prés«'nts ar-

107 1762

ticles préliminaires. Et que tous les navires, marchan- dises et effets qui seront pris six semaines après la dite ratification au-delà de la Manche et Mers du Nord aussi loin que les Iles des Canaries inclusivement, soit dans l'Océan la Méditerrannée, et pour l'espace de trois mois des dites Iles des Canaries jusqu'à la ligne Equi- noxtialc ou Equateur; et pour l'espace de six mois au- delà de la dite ligne Equinoxtiale ou Equateur, et dans toutes les autres parties du monde sans exception ou autres distinctions plus j)articulières de temps ou de lieu; seront restitués départ et d'autre.

Et d'autant que les ratifications des dits articles préli- minaires ont été échangés à Versailles, dans toutes les formes, par nos plénipotentiaires, ceux du Roy très- chrétien et dii Eoy catholique, le 22 de ce mois de No- vembre, duquel jour les termes respectifs cy-dessus mentionnés, de douze jours, de six semaines, de trois mois et de six mois pour la restitution de tous les navires, marchandises et autres effets pris sur mer, doivent être comptés. Nous avons jugé à propos, par l'avis de notre conseil privé, de notifier la mesme à tous nos fidèles sujets, et nous déclarons que tel est notre bon plaisir et volonté royale, et nous donnons ordre par ces présentes et nous commandons à tous nos officiers de mer ou de terre, et à tous nos autres sujets quelconques de faire cesser tous actes d'hostilités soit par mer ou par terre, contre Sa Majesté très-chrétienne et Sa Majesté catho- lique, leurs vaisseaux et sujets, depuis et après le temps res^Dectif cy-dessus mentionné, sous peine d'encourir notre plus haute disgrâce.

Fait et donné en notre Palais de St. James, le 26e

1763 108

jour de Novembre dans la troisième année de notre rècrne et dans l'an de notre Seicrneur 1702.

DiKr CONSERVE LE V\.n\ .

Pour n>/)ir, (r. MaTURIN.

1703. 7 Janvier.

lvi:<'>l.E.MENT dt'leiulant d'aller an iriaiid iroi dans les rues et faubourgs de Montréal, etc.

Par Son Excellence Thomas Ga(}E, Colonel, etc. Sur le compte qui nous a été rendu qu'an préjudice des différents règlements de police, les charretiers et autres personnes de cette ville, et mesme les habitants de la campagne qui y viennent, mènent leurs traines et cariolles avec une si grande vitesse que les gens de pieds, à qui ils ne donnent pas le temi:)S de se ranger, sont exposés à être dancrereuscmeut blessés, comme aussy les jours de dimanche et fêtes, la plus grande partie des personnes qui ont des voitures les laisse à la porte des églises pendant le service divin, avec une si grande confusion que ceux qui n'en ont point sont ex- posés, en sortant, à être estropiés par les chevaux. Et étant nécessaire de remédier à de pareils accidents, qui peuvent être fîicheux comme on l'a déjà vu.

Nous fai.sons deffence à toutes personnes qui condui- ront des cariolles, ou autres voitures, ou qui seront sur leurs chevaux, de les faire galoper ou trotter au grand trot, dans les rues et faubourgs de cette ville, ni de les tenir aux portes des églises. Leur ordonnons, lorsqu'ils trouveront des gens de pied dans leur chemin, de s'ar- rêter et mesme de se détourner, afin de leur donner le

109 1763

temps de se retirer. En. outre, aux charretiers et habi- tants qui ont des voitures à deux chevaux, d'avoir des cruides ou cordeaux, à chacun des dits chevaux, afin de les conduire sans aucuns accidents, Le tout à peine de 20 livres d'amende, payable sans déport, applicable moitié aux pauvres et l'autre moitié au dénonciateur, et de plus grandes peines en cas de récidive. Mandons au S. Major de la place et aux officiers de la chambre de Montréal de tenir la main à l'exécution de la présente ordonnance, laquelle sera lue, publiée et affichée en la manière accoutumée, à ce que personne n'en prétende cause d'ignorance, Signé de notre main, scellé du sceau de nos armes et contresigné par notre secrétaire. Donné au Château de Montréal, le 7 Janvier 1763.

THOS. GrAGrE. Par Son Excellence,

Gr. MaTURIX.

13 Janvier.

Ordonnance contre l'exportation des farines et du bled hors du G-ouvernement de Montréal.

Par Son Excellence Thomas G-age, «S:c.

Sur le compte qui nous a été rendu de la dernière ré- colte. Nous avons lieu de penser qu'il y a suffisament du bled pour faire subsister les habitants du Gouverne- ment, mais pour ne pas courir les risques de retomber dans une pareille disette que l'on a essuiez ses années dernières, que le gouvernement de Montréal ayant beaucoup souffert par la quantité que l'on en a tiré pour soulager les autres gouvernements. Il est à propos de ne pas en laisser sortir les bleds et farines afin de n'être pas dans le cas par la suite d'une seconde disette.

17G3 110

rourquoi Nous fuisoiis tn-s expresse inliiKiiiou et deflenso à tous partieuliors qui auront dessoiu de iïibri- quer des l'urine ou biscuits pour le commerce, non- seulement de les faire sortir du dit Gouvernement pour leur compte, l'Eté prochain, mais encore de les vendre à des capitaines de navires qui seront dans le cas d'en taire commerce.

Faisons pareille deflfencc à tous voituriers, Mtre. de barque ou autrt^s battiments de chargé des dits farine ou bleds dans quelque endroit que ce soit du dit g"ou- vernement de Montréal pour le transporter à Québec ou ailleurs par mer on par terre, sans une permission de nous par écrit, à peine par les dits particuliers, voitu- riers, Mtre. de barque, de cent piastres d'amende et de six mois de prisons, et contre les propriétaires des dits bleds et farine de confiscation d'yceux et de pareil amende de cent piastres et de six mois de prisons.

Sera la présente ordonnance enregistré au grefie de la chambre de cette ville, lue, publiée et affichée en la manière accoutumés. Signé de notre main, scellé du sceau de nos armes et contresigné de notre secrétaire.

Mandons, etc.

Donné au Château de Montréal, le 13 Janvier 17G3.

TIIOS. GAGE. Par Son Excellence,

G. Matuimn.

4 Avril.

Ordonnance établissant une Douane à Montréal.

Par Son Excellence Tlloi^fAS Gaoe, Colonel du 22e rés^ivient, etc.

D'autant que Sa Majesté auroit par son ordonnance

111 1763

jugé à propos, pour le bien de l'Etat et du bon ordre d'établir une Douane dans la ville de Montréal, pour l'imposition des droits d'entré et sorties du Gouverne- ment du dit Montréal, et que tous les navires et autres bâtiments venant d'Europe, Iles de l'Amérique, des Provinces voisines de ce continent, ou mesmes de Qué- bec et des Trois-Rivières, qui seront destinés pour cette dite ville ou pour autres endroits du dit Grouvernement, seront obligés d'aborder au port du dit Montréal, pour y faire dans les vingt-quatre heures de leur arrivée, au Bureau de la dite Douane, leurs déclarations des mar- chandises de leur chargement en entier, et d'y repré- senter les connoissemens et acquits à caution des diffé- rents ports de leur département. En conséquence Or- donnons aux capitaines de navires et autres bâtiments venant des ports mentionnés cy-dessus de faire au Bureau de la dite Douane, dans les vingt-quatre heures de leur arrivée au port du dit Montréal, une déclaration générale, exacte et fidèle de leur chargement en entier, tant de ce qui est sons connoissem.ent que sans connois- sement, et de tous les articles chargés dans les dits navires pour leur compte particulier et celuy de leurs officiers. Faisons en outre très expresse inhibition et deffence aux dits Cai)itaines, officiel «^ matelots et autres de descendre à terre, ou vendre à bord, le Ions- des costes du dit gouvernement, des marchandises, ou bois- sons, dans le dessein de frauder les droits imposés sur ycelles, avant la déclaration cy-dessus mentionnés. Le tout à peine par les contrevenants de confiscation des marchandises non déclarées et de cinquante piastres d'amende. Sera notre présente ordonnance lue, publiée et. affichée besoin sera, afin que personne n'en j^ré- tende cause d'ignorance. Mandons aux Srs. Directeur

17G3 112

de la dite Douane et Capitaines de Milices de Notre Gouvernement, de tenir la main à son exécution. Sign6 de notre main, scellé du sceau de nos armes et contre- signé i^ar notre secrétaire.

Donné au Château de Montréal, le 4 Avril 17G3.

TIIOS. GAGE.

Par Son Excellence,

G. Matuihn

17 Mai.

PuocL.vMATioN dc l'avtictc JV du Traite de Paix concernant la cession du Canada à S. Mté. Dritanni(iuc^ cl d'une Déclara- tion dc M. dc Choiseul par rapport aux dettes durs aux Canadiois.

Par Sun Excellence Thomas Gage, colonel du 22e. Régi- ment d'Infanterie, Maréchal des camps et armées du Roy, Gouverneur de Montréal, et de ses déj/endnnces. l'ifc.

D'autant que le traitté deffinitifde Paix entre leurs Majestés Britannique, très chrétienne, catholique et très fidèle, a été conclus et signé le dix février passé, et les ratiiications échangées le dix mars dernier. Et d'autant que par le dit traité, sa Majesté très chrétienne ayant cé- dé le Canada et toutes ses dépendances en plain droit de propriété à Sa Majesté Britannique.

Nous en conséquence, pour que tous le monde soit ins- truit de la dite cession, alin que ceux qui se trouvent le plus intéressés puissi;nt être averti au plutôt, et être en état dc prendre leur arraiigementà ce sujet. Nous avons jugé à propos de faire publier le quatrième article du dit Traité dont la teneur suit:

113 1763

Quatrième Article du Tiaité.

" Sa Majesté très chrétieiiue renonce à toutes les pré- " tentions qu'elle a formé autrefois, ou peut former à la " Nouvelle-Ecosse ou VAcadie, en toutes ses parties, et la " garantit toute entière et arec toutes ses dépendances au " Roy de la Grande Bretagne. De plus, Sa Majesté très " chrétienne cède et garantit à Sa dite Majesté Britanni- " que, en toute propriété, le Canada, avec toutes ses dé- " pendances, ainsy que l'Isle du Cap Breton et toutes " les autres isles et costes dans le golfe du fleuve St. " Laurent, et généralement tous ce qui dépend dés dits " païs, terres, isles et costes, avec la souveraineté, pro- " priété, pocession, et tous droits acquits par traité ou " autrement par le Roy très chrétien et la couronne de " France ont eus jusqu'à présent sur les dits païs, " isles, terres, lieux, costes et leurs habitans, ainsy que le " Roy très chrétien cède et transporte le tout au dit Roy " et à la Couronne de la Grande Bretagne, et cela dans " la manière et dans la forme la plus ample sans restiic- " tion et sans qu'il soit libre de revenir sous aucun pré- "' texte contre cette cession et garantie, ni de troubler " la Grande Bretagne dans les possessions susmen- " tionnées.

" De son costé, Sa Majesté Britannique convient d'ac- " corder aux habitans du Canada la liberté de la religion "catholique: en conséquence Elle donnera les ordres " les plus précis et les plus efiectifs pour que ses nou- " veaux sujets Catholiques Romains puissent professer " le culte de leur religion selon le rit de l'église romaine, " en tant que le permettent les lois de la Grande " Bretagne.

" Sa Majesté Britannique convient, en outre, que les

" habitans françois ou autres, qui auroient été sujets du

15

I7t);î 1 1 1

" liuy tii-i clirôtirii en Canada, puuriont .se retirer en tou- " te sûreté et liberté, bon leur semblera; et pourront " vendre leurs biens, pourvu que ee soit à des sujets de " Sa Majesté Britannique, et transporter leurs eflets " ainsi que leurs personnes, sans être gênés dans leur " émigration, sous quelque prétexte que ce puisse être " hors celuy de dette ou poursuite criminelle. Le terme " limité pour cette émigraiion sera fixé à l'espace de dix-huit mois, à comi^ler du jour de l'échana'e du •• dit Traité."

Nous voulons bien aussy informer les canadiens, que Sa Majesté toujours attcntil'au l)ien de ses sujets, a fait fair«' par son Embassadeur Monseigneur le Duc de Bed- t'ord, des r»'montrances les plus fortes auprès de Sa Majesté très chrétienne, par rapport aux dettes dues par la France à ses nouveaux sujets de Canada, fin consé- quence. Monseigneur de Choisei/l, Dur de Prasli?/, dîie- ment autorisé par Sa Majesté très-chrétienne, a fait, an nom du Ti,oy son maître, la déclaration cy-après.

" Dcr.laration du Plénipotentiaire de Sa Majesté " très-chrétienne par rapport aux dettes dues aux Canadiens.

" Le Roy de hi Grande Bretagne aiant désiré que le •* payement des lettres de change et billets qui ont été " délivrés aux canadiens pour les fournitures faites aux " troupes françoises, fût assuré, Sa Majesté très-cliré- *' tienne très disposée à rendre à chacun la justice qui " luy est légitimement due, a déclaré et déclare que les " dits l)illets et lettres de change seront exactement " payés d'après liquidation faite dans un temps conve- ' nable, selon la distance des lieux et la possibilité, en " évitant néanmoins que les billets et lettres de change " quo los sujets françois pourroient avoir au moment de

115 1763

" cette déclaration ne soient confondus avec les billets " et lettres de change qui sont dans la possession des " nouveaux sujets du Ko}'- de la Grande Bretagne.

" En foy de quoy Nous Ministre Soussigné de Sa Ma- " jesté très-chrétienne, à ce dûement autorisé, avons " signé la présente déclaration et à ycelle fait apposer le ''' sceau de nos armes.

" Donné à Paris, le 10e février 1763.

(Signé), " CHOISEUL, Duc de Pr.a.slin.

Le présent sera lu, publié et affiché en la manière accoutumée, et registre au G-reffe de la Chambre de cette ville. Signé de notre main, scellé du sceau de nos armes et contresigné par notre secrétaire. Mandons, etc. Donné au Château de Montréal, le 17 Mai 1763.

THOS. GAGE. Par Son Excellence,

Gr. MaTURIN.

27 Mai.

Règlement des Capitaines de milice de Montréal concernant le recouvrement des dettes cy-dessus mentionnées.

Nous Capitaines de milice ie Montréal, administrant la justice en vertu du pouvoir de Son Excellence Monsieur le gouverneur, &c.

Sa majesté très-chrétienne ayant rendu un arrêt le 24 dé- cembre dernier, pour obliger tous propriétaires et por- teurs de Lettres de Change et ordonnances du Canada d'en faire leur déclaration, et par le Traité de Paix ayant pro- mis de jîayer aux nouveaux sujets canadiens de Sa Ma- jesté Britannique ce qui seroit légitimement dû. Pour entrer dans ces vues, Nous avons cru indispensable de

iim 11»;

conuoitrL' à quelle isomiuo iiionto la moniioie d»; papier restée dans ce Gouvernoineiit, pour à quoy parvenir le présent Kéglemeiil enlin sous le ])()ii plaisir de Son Ex- lence.

Article \tr. Tous les partieuliers et habitants de ce Gouvernement sont avertis de remettre, depuis le 1er. juin jusqu'au 30 du dit mois inclusivement, ès-mains de Me. Tanet, Notaire et Greffier de Montréal, qui «'st commis à cet eilet, les lettres de change, Ordonnances, cartes et certiiioats visés de l'Intendant ou son subdélégué enCa. nada, qu'ils ont entre leurs mains, avec deux bordereaux : après cela, on n'en recevra plus.

Article 2nd. Chaque bordereau ne contiendra que ce qu'il ai^partient à une seule personne. Il sera fait men- tion des noms, ([ualité, domicile des propriétaires et mé- me du dépositaire ou commisionnaire. On y donnera par chaque nature de papiers les divers enseignements indiqués au modèle qui est mis à la fin des présentes.

Article 3p. L<' dit S. Panet remettra aux propriétaires ou porteurs, au bas du double de leurs bordereaux, son certificat des lettres de change, Ordonnances, cartes ou certificats y contenus ; lesquels, après vérification, leur seront remis à l'instant. Il gardera par devers lui un bordereau dont il fera Registre par Extraits.

Article 4e. Le dit S. Panet est autorisé à faire prêter serment aux porteurs et propriétaires, que la monnaye qu'ils apporteront leur appartient et qu'ils ne prêtent leurs noms pour personne. Ceux qui tomberont dans ce cas seront poursuivis extraordinairement comme faussaires.

Article be. Pour indemniser le dit S. Receveur de ses écritures et travaux immenses qu'une telle opération exigera, chaque particulier sera tenu de lui payer en es-

117 1763

pèces cinq sols par chaque mille livres ; les cinq sols se- ront payés au prorata.

Article 6e. On recevra depuis 7 heures du matin jus. qu'à midy, et depuis 2 heures après-midy jusqu'à 5.

Article 7e.— On sait assez que les jours de dimanche et fête ne sont point compris dans les jours pour recevoir.

Article Se. Si un même particulier a diverses sortes de papiers, comme Ordonnances, lettres de change, Car- tes et Certificats, il aura soin que les bordereaux soient distincts et séparés par chaque nature de papier.

Sera le présent Règlement lu, publié et afB.ché à l'issue de la messe paroissiale de chaque Eglise de ce Grouver- nement, afin que personne n'en ignore.

Fait à Montréal, le 27 may 1763.

R. Decouagne, L. Prudhomme, Le Comte Du^n-»'' Ignace Gamelin, Hervieux, Hery, Mésières, Ne- veu Sevestre, Jacques Hervieux, &c.

THOS. aAGE.

5 Août.

Ordonxaxce (Ufendant de transporter dans les pays d'en hauL aux sauvages., aucunes marchandises., munitions de guerre^ (kc, vu que ces sauvages avaient faits des incursions aux dits pays.

Par Son Excellence, Thomas GrAGE, &c.

Sur les avis que nous avons reçus des incursions com- mis par les sauvages dans les païs d'en haut ; et voulant leur couper toutes voies possibles de pouvoir continuer leurs brigandages, en les privant de tous secours. Nous faisons très expresses inhibitions et defienses à tous né- gociants, marchands, voyageurs, ou autres personnes, de transporter dans les dits païs aucunes marchandises, mu-

17C3 118

îiitions de g-ucrrc et de bouche, ou autres ed'ets à leurs usaçes, ny mesme y contribuer en prêtant quelques secours directement ou indirectement à ceux qui auroicnt dessein d'y passer, sous peine de j)unitions exemplaires. Mandons et ordonnons ù tous ofliciers civils et militaires de tenir la main à l'exécution de notre présente ordon- Jiance, laquelle sera lue, publiée et affichée partout besoin sera, et registrée au greffe de la Chambre de cette ville. kSigné de notre main, scellé du sceau de nos armes et contresigné par notre secrétaire. Fait et donné au Château de Montréal, le ô Août 17G3.

TIIOS. GAGE. F(ir Son Excellence.

(î. Maturix.

18 Août.

OnDûNNANcE défendant de vendre., dans les iiies et sur lex ijrèveSj des marchandises et autres effets ; excepté dis oxi- vraijes de terre cuite, ^r. fabrif/iiis par les artisans du pays. Par Son E.crellencc, TiioMAs tÎACE, &:c.

»Sur les représentations qui nous ont été laites par les négociants et marchands de cette ville, qu'au préjudice des anciens règlements de police, plusieurs artisans, journaliers et autres sortoient de leur estât, pour vendre journellement sur les places publiques de cette ville, dans les rues d'ycelle et sur les grèves, des marchandises et autres effets ; engageoient les habitants à acheter leur pacotille à des prix souvent au-dessous du cours, ce qui occasionne qu'ils ne vont plus que très-rarement dans les magazins de vos exposants, qui voient par étein- dre leur commerce : en outre, les mettent dans le cas,

119 1763

i^ous les jours, de payer la main d'œuvre à des i)nx exor- bitants, par la rareté des joiirnalliers. Nous aïant égard aux dites représentations et voulant mettre ordre à un abù aussy préjudiciable au commerce qu'à la police, fai- sons très expresse inhibition et deffense à tous particu- liers de quelque estât qu'il puisse être, de vendre à l'avenir sur les places publiques de cette ville et dans les rues d'ycelles, mesme sur les g-rôves et ba'nlieux, au- cunes marchandises, sous peine de confiscation d'ycelle ; à l'exception toutefois des ouvrages de terres cuites, &c. fabriqués par les artisans du pais. Mandons au S. Major de la place et aux Capitaines de la chambre des milices de cette ville, de tenir la main à l'exécution de notre présente Ordonnance, laquelle sera lue, publiée et affichée partout besoin sera, en la manière accoutumée, et re- gistrée au grefîé de la Chambre de cette dite ville. Signé de notre main, scellé du sceau de nos armes et contresi- gné par notre secrétaire. Donné au Château de Mont- réal, le 18 Août 1763.

THOS. GAGE. Par Son Excellence,

Gr. MaTURIN.

16 Septembre.

Ordonnance concernant certains terrains incultes dans les banlieues du Gouvernement dont on demandait la conces- sion.

Par Son Excellence Thomas GtAGE, &c.

Plusieurs personnes nous aïant représenté que des étendues de terre considérables restoient incultes dans les Baulieux du Grouvernement, faute d'être concédées, et sur ce nous ont supplié, sous le bon plaisir du Eoy, ■de leur accorder des concessions en fief et sei^rneurie.

1763 320

Nous aïant éûarJ luix dites représentations et voulant satisiaire à leurs denuuules, pour l'établissement et agrandissement de la colonie. Faisons sçavoir à toutes personnes qui ont des titres de concessions en fief, rele- vant cy-devant de Sa Majesté très-chrétienne et sur lesquels il n'y a encore aucun défrichement, ou qui en ayant eu ont été abandonnés pour causes de guerre ou autres événements, de les présenter en notre secrétariat, sous un mois de la datte des présentes pour toute préfixion, pour les présens en ce Gouvernement, et six semaines pour ceux qui résident dans les autres gouvernements de la colonie, sous peine d'en être déchu ; afin que dans les nouvelles concessions qui seront expédiées, l'on puisse éviter les employs qui pourroient porter préju- dice aux anciens concessionnaires.

En conséquence Ordonnons que la présente sera lue, publiée et alfichéc partout bcooin sera, afin que per- sonne n'en prétende cause d'ignorance, et registrée au Grefl'e de la chambre de cette ville. Signé de notre main, scellé du sceau de nos armes et contresigné par notre secrétaire.

Mandons, etc. Donné au Château de Montréal, le 10 Septembre 17G3.

THOS. GAGE. Pur Son Excellence,

G. Maturin.

121 1763

15 Octobre.

Lettre du Général Gage, lors de sa démission de Gouverneur.

A Messrs. les Capitaines de la ) Chambre de Milices de Montréal, \

Montréal, le 15 Octobre 1763. Messieurs,

Je ne dois pas garder le silence sur la satisfaction que j'ay toujours eu en votre conduite, depuis que j'ay eu l'honneur d'être votre chef; et il m'importe, avant que de quitter votre païs, de vous témoigner ma A^ve recon- naissance pour les services que vous avez rendus au Roy et à la Patrie. Continués les mesmes soins pour le bien publique, qui vous ont daijà acquis tant de réputa- tion parmis vos compatriotes, et qui ne manqueront certainement pas de vous attirer la bienveillance et la protection du Itoy.

Acceptés, Messieurs, mes remerciments pour l'adresse aftectionnée que vous avez eu la bonté de me présenter ; et je vous prie d'être persuadé que je suis et que je serai toujours,

Messieurs,

Votre très-humble

et obéissant serviteur.

THOS. GAGE.

16

29 Octobre.

Ordonnanck par la II utile le Uiiijadicr Géniial RALPH HL'IiTON annonce 711"// remplace le ip'nèral Thns. Oaijc dans le Uou- verncmenf de Monirral ri Je ses dcpendances. Du "29 Octo l.îv ITii:^ On trouvera cotte ordoniuiiice on son entier, aux pj) ô3 et 54, c'est pour cela que je ne crois pas devoir la re- copier ici.

0 NoVEMliRE. IvÉciLEMENT/fxa/i/ le prix du pain et de la viande.

Ralph BurtoN, Ecuicr, Colonel tC Infanterie, Bri'^ailier

Général des Armées du Ho//, (loarernenr de Montréal

et de ses dépendances, 6çc.

Sur les représentations qui nous ont été faites, que les

prix du pain et de la viande augmentent dans cette Aille

sans aucunes raisons apparentes, Nous aïant égard au

bien général et en particulier à celui des pauvres à qui

ces provisions sont indispensablement nécessaires, avons

ordonné que la chambre s'assembleroit et consulteroil

sur ces chel's, et nous feroit rapport de leur délibération,

vu, lesquelles, en conséquence avons lait le Réglemeni

qui suit.

ScAVoni :

Que les Bonlanii;ers de cette dite ville fourniront le pain, à compter du quinze, présent mois, jusqu'au 1er. février prochain, sur le pied cy-après.

Le pain blanc du poids de 4 livres, pour 7 sols, à rai- son d'un sol neuf deniers la livre.

Le pain bis-blanc du poids de G livres, pour 9 sols, à raison d'un sol six deniers la livre.

Les Bouchers fourniront la viande de bœuf, à raison d»'

123 1763

3 sols 6 deniers la livre, à commencer le dit jour quin- ze du présent mois jusqu'au 1er. Avril prochain, et de- puis le dit jour 1er. Avril jusqu'au 24 Juin suivant, a raison de 4 sols 6 deniers la livre.

Ordonnons aux dits Boulangers et Bouchers de se conformer au présent Kéglement, sous peine de trente piastres d'amande par le contrevenant.

Mandons au S. Major de la place et aux Capitaines des milices de Montréal de tenir la main à l'exécution du dit Règlement, qui sera lu, publié, et affiché en la ma- nière accoutumée, et registre au greffe de la chambre de Montréal. Signé de notre main, scellé du sceau de nos armes et contresigné par notre secrétaire.

Donné au Château de Montréal, le 9 Novembre 1763.

R. BURTON. Par Monsienr le Gouverneur^

J. Bruyères

20 DÉCEMBRE.

Règlement renouvellant celui du 7 Janvier 1763.

Ralph Burton, Ecuier, Colonel cVInfanterie, Sçc.

Aïant à cœur de maintenir les Règlements de police cy-devant faits et en particulier ceux mentionnés au Placard du 7 .Janvier dernier. Nous ordonnons que les charretiers de cette ville et autres qui ont des voitures, et mesme les habitans de la campagne fassent attention à ne point galoper ou trotter au grand trot dans les rues

t'I i'aiihour^^s do cotte villo, ot de no point tenir leurs voi- tures aux portos dos ôiilisos, pendant le seivice divin, les jours de dimanches et lotes. Voulant pour éviter la contusion aux portes des dites Eglises à la sortie, que les dites voitures ne se présentent qu'une à une, en Ibr- mant un cercle et observant de tenir la porte de l'Eglise sur leur droite. Ordonnons aux dils charretiers et ha- bitants qui ont des voitures à d«'ux clievaux davoir des cordeaux, ou guides, à chacun des chevaux, aiin do les conduire plus suroniont, et en outre pour obvier aux ac. cidents (^ui pouvi-nt arriver dans les rues de cette ville. Voulons que toutes les voitures qui se rencontreront ti. rent l'une et l'autre sur la droite, au moyen de quoy ils éviteront de s'entrechoquer. Le tout à peine de 20 li- vres d'amande payable sans déport, applicable moitié aux pauvres et l'autre moitié au dénonciateur, et de plus grandes peines en cas de récidivo.

Mandons au S. Mnjor de la place ci aux Capitaines di' la chambre de cotte ville de tenir la main à l'exécution de la présente ordonnance, laquelle sera lue, publiée et affichée en la manière accoutumée, afin que personne n'en prétendo cause d'ignorance. Signé de notre main, scellé du socaii do nos armes et contresigné par notre secrétai- ro.

A Mont irai, le 20 Décembre. 1763.

K. BURTON. Far Monsifi/r le Gouverneur,

.T. Bruyères.

125 1763

29 DÉCEMBRE.

RÈGLEMENT concernant la Police de la ville. Ralph Burton, Ecuier, Sfc

Sur les représentations qni nous ont été faites, que les voitures pour éviter les neiges, prenoient souvent leur route, dans les rues de cette ville, le long des pavés, et couroient risque de blesser les gens de pied, comme on a déjà vu.

En conséquence, pour éviter pareils accidents et pré- venir mesme les disputes cj[ue souvent cela occasionne, nous ordonnons aux charretiers, habitants et autres c[ui ont des voitures, de tenir leur route au milieu des rues, et leur faisons très-expresses deffences de passer avec leurs voitures le long des pavés, afin de les laisser libres aux gens de pied. Ordonnons pareillement aux gens de pied de tenir leur route sur les pavés, leur defiendant très-expressément de se tenir au milieu des rues, afin de laisser les j^assages libres aux voitures. Le tout à peine contre les contrevenants de six livres d'amande, laquel- le sera remise entre les mains du S. Major de la place. Mandons au dit S. Major de la place et aux Capitaines des milices de cette ville de tenir la main à l'exécution de la présente ordonnance, laquelle sera lue, publiée et affichée en la manière accoutumée, afin c|ue i)ersonne n'en prétende cause d'ignorance. Signé de notre main, scellé du sceau de nos armes et contresigné par notre secrétaire.

Donné au Château de Montréal, le 29 Décembre. 1763.

R. BURTON.

Par Monsieur le Gouverneur,

J. Bruyères.

12G I 5 Janvieu Ordonnance concernant la /tondre à tirer. Halph Burton, Ecnier, iVr.

Sur l»\s rapports certains qui nous ont été faits que quelques marchands, Bourgeois et autres de cette ville avoient actuellement dans leurs maisons, voûtes ou ma- uasins de la Poudre à tirer. Nous aïant égard à la sûreté publique et au ])ien du service, Ordonnons par ces pré- sentes à tous marchands et autres personnes quelcon- ques qui ont de la poudre à tirer en leur possession eu telle petite ou grosse quantité que ce soit, de la faire, sous trois jours de la publication des présentes, porter à la poudrière, pour y être logée et enregistrée sous leurs noms. Faisons en outre très-expresses deffenses à tous marchands et autres de vendre, débiter ou troquer à qui que ce soit de la poudre à tirer, à commencer du jour de la i)remière publication des présentes, sans une permis sion à cet effet signée de Nous, ou par notre ordre, sous peine par les contrevenants de cinq cents livres d'aman- de, monnaye de la Nouvelle- York, dont trente livres seront payées, preuves faites, au dénonciateur, et d'estre bannis de ce Gouvernement. Dellendons pareillement à tous voituriers, canoteurs et autres, de sortir de la pou. dre de cette ville, sans une permission signée de notre main, sous peine de punition corporelle et de six mois de prisons contre les dits voituriers et canoteurs, de confis- cation des voitures, chevaux et marchandises ; et en outre à l'amande et peine cy-dessus portée contre les propriétaires, au profit de >Sa Majesté. Et pour que per- sonne n'on ignore, voulons que les présentes soient lues et publiées dans les endroits accoutumées, pendant trois

127 1764

jours consécutifs, et ensuite affichées ainsy que de cou tume.

Mandons au S. Major de la place et aux Capitaines de la chambre de cette ville, de tenir la main à l'exécution de la présente Ordonnance. Signé de notre main, scellé du sceau de nos armes et contresignée par notre secrétai- re.

Donné au Château de Montréal, le 5 Janvier 1764.

E. BURTON.

Tar Monsieur le Gouverneur,

J. Bruyères.

11 Janvier.

Ordonnance à reffct de réunir au Domaine de la Seigneurie de Montarville^ plusieurs terres concédées^ faute par les te- nanciers d'avoir tenu feu et lieu.

IIalph Burton, Ecui/er, Colonel, Brigadier-général des ■urmées du Roy, Gouverneur de Montréal et de ses Dépen- dances, Sçc.

l'ordonnance rendue par Son Excellence le Géné- ral Gage du 21 Janvier 1763, sur la Kequête à lui pré- sentée par le S. De LaBrûères, Ecuyer, Seigneur et pro- priétaire de la Seigneurie de MontarviUe, contenant qu'il auroit concédé des terres dans la dite Seigneurie aux nommés Fierre Denis, une terre de deux arpents de front sur vingt cinq de profondeur,^/e. Décardon?iet idem, le S. Houtelas idem, Louis Languedoc idem, le Sr. Montar- viUe, quatre arpens sur idem, François Denoyon quatre arpens sur idem, les héritiers de Pierre St. Germain idem» François St. Germain idem, Jos. Bourgois idem, les héri- tiers de Jos. St. (Ter«2a?« idem, les héritiers Frenière idem Augustin Refiaud dit St. Jean idem, les héritiers Joseph

ITGl 128

Bernard icloni, les héritiers Lt<;cr Martin idem, les héri- tiers Simon Ladcroute idem, les héritiers de T/u>s. Onliam idem, les héritiers Charles Langevain idrin, Ju^e pli Robert idem, Joseph Reguindean idem, la veuve et les héritiers de Pierre De nia n quatre arpens sur idem, Louis Quintal deux arpens sur idem, Louis Reguindeau idem, Vcron- neau idem, Louis Délorier idem, Berlin père, idem, An- toine Ménard idem, Louis Robert idem, Charles Robert idem, François Mcnard idem, Charles Ménard idem. Les- pérance idem, Jean Robin idem, Miehel Viger trois arpens sur idem. François Laframboisc deux arpens sur idem, Marie Duludc trois arpens sur idem, Lahontc idem, Jos. Deniers dit Chedeville idem, Henri Deniers dit Chedeville idem, les héritiers François Poirier six arpens sur idem, les héritiers Charles Lebeau trois arpens sur idem ; par laquelle Ordonnance il auroit été accordé aux hahitans dénommés cy-dcssus un delay jusqu'au i^remier Janvier do la présente année.pour par eux se conformer à l'Ordon- nance et tenir feu et lieu sur les terres à eux concédées, et faute par les dits habitants de satisfaire à la dite Ordon- nance dans le delay cy-dessus et icelui passé, il seroit procédé définitivement à la réunion de leurs dites terres au domaine de la Seig-neuric de Montarville, sur les cer- tificats des Capitaines de Milice du dit lieu : Comme les dits habitants n'auroient tenu compte de profiter du delay à eux accordé par la dite Ordonnance, ni tenir feu et lieu sur les terres, il auroit été ordonné que la dite Or- donnance seroit publiée à la porte de l'éa-lise paroissiale, par trois dimanches consécutifs, à l'issue de la Messe pa- roissiale, afin que les dits habitants n'en prétendent cause d'iî^norance, le Certificat de Rarirot, serg-ent de la dite pa- roiîïse en date du 18 février 17C3 comme il a été publié en la dito paroisse la dite Ordonnance par trois diman-

129 1764

ches consécutifs, autres Certificats du dit jour dès Srs. Lebeaii et Robin, Capitaines de Milice comme la dite Or- donnance a été publiée comme dit est cy-dessus, antres Certificats du 4 Janvier présent mois du dit Robin et Paul Cristin, Capitaines, d'eux signé par laquelle il paroit que les dénommés cy-après n'ont point profité du delay qui leur étoit accordé pour tenir feu et lieu sur les dites terres, Sçavoir Pierre Denis, Bte. Décardonnet, le Sr. Houtelas, Louis Langedoc, le Sr. Montaryille, François Denoyon, les héritiers de Pierre St. G-ermain, François St. Germain, Joseph Bourgis, les héritiers ou ayant cau- se de Joseph St. G-ermain, les héritiers ou ayant cause de Freniôre, les héritiers d'Augustin Renaud, les héritiers de Joseph Bernard, les héritiers de Léger Martin, les héritiers de Simon Ladéroute, les héritiers ou ayant cau- se de Thomas Ouliam, Charles Lange vain, Joseph Ro- bert, les héritiers de Joseph Eeguindeau, la veuve et les héritiers de P. Deniau, Louis Quintal, Joseph Yeronnean, Charles Robert, Frs. Laframboise et Michel Viger.

Le tout considéré. Nous, en vertu du pouvoir à Nous donné, avons déclaré les nommés Pierre Denis {et autres noms ci-contre jusqu'à et compris celui de) Michel Viger, bien et duement déchus de la propriété des terres à eux concédées par le dit S. La Brùere, faute i)ar eux d'y avoir tenu feu et lieu dans le temps prescrit par l'Ordonnance de Sa dite Excellence le Général Gage sus datée, et icel- les terres avons réunies au domaine de la Seigneurie de Montarville.

Permettons au Sr. La Brùere de les concéder à d'autres habitants ainsi qu'il avisera bon être, et sera la présen- te Ordonnance lue et publiée à la porte de l'église parois- siale- du dit lieu, afin qu'aucuns des dits habitants n'en

prétendent cause d'ignorance.

17

17(54 130

Si<riu'' de notre inain, scellé du .scoaii de nos armes et contreKiî^né par notre Secrétaire.

Mandons. &c. Donné an Chati^au de Montréal, le 11 Janvier ITT)!.

1^ nURTON. Fur Ordre de Monsieur le lioiiverneiir, .T. Bkuyères.

22 Fkvkiek.

OiiDO.NNANCL il(' fciiiliDil <lr . ventlvr (hf. riomlfs aiUnirs qiir sur le Morcli'\

Kalph Burton, Kruirr, Gouvemevr de Montréal fi de ne a Dépendances, i^'c

Sur les représentations qui nous ont été faites, que les Bouchers et habitants négligeoient de garnir le Marché de cette ville de bœuf et autres viandes, comme ils le fesoient cy-devant, et qu'ils en disposaient clandestine- ment, Nous aïant égard aux dites représentations laisont deffenses aux dits Bouchers et habitants d'en disposer autrement que sur le Marché publique de cette ville, en la manière accoutumée, sous peine de saisie des dites vian- des et amende suivant l'exigoance du cas. Et afin d'en- courager les dits Bouchers et habitants à se conformer à la présente Ordonnance, Nous avons infirmée et infir- mons notre Ordojinanee du 0 Novembre dernier au chef qui regarde le prix de la viande de V>oucherie seu- lement, qui se trouvoit par ycelle taxée à Ss. 6d. la livre. Mandons au S. Major de la place et aux Capitaines des Milices de la chambre de cette ville, de tenir la main à l'exéution des présentes, laquelle sera liie, publiée et

131 1764

affichée en la manière accoutumée, signée de notre main, scellée du sceau de nos armes et contresignée de notre se- crétaire. Donné à Montréal, le 22 février 1764.

R.BURTON.

Par Monsieur le Gouverneur,

.T. Bruyères.

26 Mars.

Hki>ukskntation d'en Capilaiiies dr M/lire, coiiccnuiiU la inaaic- re accoutumée de procéder à la Liquidalion et vente des Biens des Mineurs et Absents^ à laqueUe le vendeur-public apportait r/uelque obstacle ; et Réponse du Gouve)-neuf.

A Son Excellence Ralph Burton, Ecuyer, Colonel d'In- fanterie, Brigadier Gréneral des Armées du Roy, Grouverneur de Montréal et ses Dépendances &c.&c.

Les Capitaines des Milices de Montréal y administrant la Justice prennent la liberté de représenter avec le plus profFond respect à Votre Excellence, que de tout temps' il a été d'usage, à l'ouverture des successions les Mi- neurs et héritiers absents sont intéressés, de procéder par encan à la vente des Biens en dépendants ;

Les premiers Juges ont eus toujours le droit d'ordon- ner ces sortes de ventes, et la permission de les faire an- noncer au son de la caisse n'a jamais été refiusôe.

Aujourd'hui qu'il s'agist de liquider plusieurs succes- sions de cette nature, et de faire procéder à la vente des Biens meubles en dépendants, il se trouve un obstacle : le Sieur vendeur-public se croit en droit de retirer une rétribution de 5 p. o/o. sur le produit de ces sortes d'en- cans.

Les Représentants croyent qu'il est de leur devoir de combattre une telle prétention Et pour y parvenir ils

suplioiit Votre Excellonco de vouloir bien observer qu'il ne s'agint point de l)imf]ueroute, le Veiid«>ur public est nécessaire, mais de simples arrani^ements de Inmille ; que le dit Vendeur i)ublic n'est point en état de tenir un procès-verbal de vente en l'rançais dr lu vmte de ces meubles ; ([u'il luy laut un huissier, ce qui aULMuente considérablement les frais ; Enfin les Keprésentants, jaloux de conserver des prérogatives qu'ils ne tiennent que de vos bontés et de celles de votre prédécesseur, sont flattés que personne n'y donne atteinte.

Les Keprésentants se feront toujours un devoir de sui- vre ponctuellement tout ce que Votre Excellence voudra leur prescrire Le devoir est bien doux, quand il est accompagné de l'attachement.

li. Deroua<Jcn(', L. pYtulhimime, Ilervieux, Ifçnave Game- lin, Ile.ry, Reaiane, Neveu. Sevestre, Jacques Ilervieux, Sf. Cleori^e Dujtré, Clieneville.

Uammi Burtox, iScc. kQ. &c.

Lu la Requête des autres parts, Ordonnons que lors- qu'il s'agira de la vente des effets de succession, proposée et faite à l'amiable par les hériters, pour arrangement d'affaires de famille, il sera par les tuteurs, héritiers ou autres parties principales fait serment pardevant Messrs, les Capitaines de la Chambre des Milices de cette ville, leur audience tenante, par lequel sermc-ntil sera déclaré que la vente demandée n'est point pour cause de Ban- queroute, et consistera des effets réellement appartenans à la succession, sans autre mélange, et sur l'attestation du dit serment signé d'un de Messieurs les Capitaines,

133 1764

il sera par Nous ordonné que ladite vente sera faite sans aucune molestation. Donné à Montréal ce 26 Mars 1764.

R. BURTOX.

Par Monsieur le Gouverneur,

J. BRUYÈREt

13 Avril.

Ordonnance prohibant le commerce avec les sauvages encov en guerre.

Ralph Burton, Ecuier, Gouverneur de Montréal et de ses dépendances, SfC, SfC, SfC.

Les outrages et les hostilités commises par les sauvages des pays d'en haut, pendant le cours de l'année derniè- re, doivent arrester nécessairement, pour le bien du ser- vice de Sa Majesté et suivant les usages de la guerre, le commerce qui se fait avec les différentes nations qui les composent, jusqu'à ce que la paix soit établie, et que le commerce avec ses sauvages soit libre et ou"\*ert ; ce que j'aurai le plaisir d'annoncer publiquement à tous les su- jets de Sa Majesté dans ce Grouvernement, aussitôt que je serai suffisamment autorisé pour le faire.

Mais afin que le commerce intérieur de cette Colonie pratiqué avec les sauvages domiciliés ne souffre point de cette interruption ;

On fait à sçavoir à tous marchands et autres, que pour la plus grande sûreté et la facilité du dit commerce inté- rieur, Il nous a plû établir un poste à Carillon, dans la G-rande Rivière, et un autre aux Cèdres, sur le fleuve St. Laurent, jusqu'où et en deçà desquels il est permis à tous les sujets de Sa Majesté de commercer et de trafi- quer avec les Sauvages librement et ouvertement, sans qu'il soit nécessaire de se munir de passeports à cet effet,

17«'.4 134

et sans néanmoins préjudicier aux droits resp3ctit's des t^eiirneurs et particuliers établis dans les différentes côtes do l'intérieur des dites postes.

Il est très expressément deir<'ndù à toutes personnes taisant ce commerce de vendre ou détailler aux sauvages et autres, aucune poudre à tiror. armes à l'eu et boissons, sous peine de confiscation de toutes les marchandises <?t effets qui se trouveront dans le canot, ou les canots, bat- teau ou batteaux de ceux qui seront pris sur le fait, ou convaincus d'avoir contrevenu au présent ordre, à moins d'une permission expresse signée de Nous à cet effet ; déclarons que la moitié des marchandises ainsy confis- quées sera aplicaV>le à Sa Majesté, et l'autre au dénoncia- teur.

Faisons pareillement très-expresse detfence à tous mar- chands et autres quelconques, de passer les postes éta- blis et cy-dessus mentionnés, à moins d'être munis d'un passeport à cet efi'et signé de notre main, à peine de con- fiscation moitié au proffit de Sa Majesté et moitié au profRt de ceux qui arresterontles dits canots oubatieaux, et autres peines portées aux placards cy-devant publiés au sujet du commerce avec les sauvages.

Et enfin nous faif-ons soavoir à tous marchands et au- tres qui ont actuellement des effets et marchandises à Chounffain, (1) que, sur la demande qu'ils nous en feront, accompagnée d'une liste des dits effets, il leur sera permis de faire descendre les dits effets gratis dans les batteaux du Roy, lorsqu'ils reviendront de ce poste pendant cet Été. Los dits effetset marchandises seront rapportées en droiture jusqu'en cette ville, sans déballer le long de la route, ne leur étint pas permis de trafiquer ou d'échan- L-^t r aucunes marchandises avec les sauvages.

(Il Ecrivons C/n'.vVuf <(.'>> l .'Osw 'go ilo< \n éAcaini^,\ac Uniano. .1. V.

135 1764

Sera le présent lu, publié et affiché en la manière accoutumée.

Mandons &c. Donné à Montréal, sous le sceau de nos armes, le treizième jour d'avril 1764.

R BURTON.

Par ordre de. Monsieur le Gouverneur J. Bruyères

26 AVRIL.

Ordre cnjoiynanl à tous Canadiens et François qui se propo- sent de quitter le pays et de se retirer en France^ ati.r ter- mes et dans les délais portés dans le traité de paix^ de si- gnifier au secrétaire leur intention de ce faire^ sous trois semaines de ta date de cet ordre.

Ralph BuRTON, Ecuier, Gauvemeur de Montréal et de ses dépendances, &c. &c. &c. En conséquence d'une Lettre de Mylord Halifax, iSe- crétaire d'Etat, datée de St. James le 14. janvier 1764, on fait à sçavoir à tous les Canadiens et François de Tun et de l'autre sexe, résidans actuellement dans la ville et Grouvernement de Montréal, qui se proposent de quitter ce pays et de se retirer en France, aux termes et dans les delays portés au 4. Art. du Traité définitif de la paix, ratifié entre les couronnes de la G-rande-Bretagne et de France le 10 mars 1763. Qu'ils aient à envoyer sans faute, et sous trois semaines de la date du présent ordre, au bureau du Secrétariat de cette ville, leur décla- ration de l'intention qu'ils ont de passer en France. Cette déclaration contiendra leurs noms, noms de baptêmes, profession (c'est-à-dire, Ofîicièr, Grentil-homme, Bourgeois Marchands ou Habitants,) femmes, nombre d'enfants

I

1TG4 I3ti

mâles ou lemelles, ot nombro de doinestiques-mriles ou femelles, et si ces derniers sont nés Canadiens ou Fran- çois, qu'ils se proposent d'emmener avec eux, afin (juil en soit fait et tenu un Kegistre exact.

Et afin que personne n'en prétende cause d'ignorance, voulons que le présent soit lu, publié et affiché, tant à la ville, qu'à la campairne. en la manière accoutumée.

Mandon.< cS:c. «.Vc. iJcc. Fait et donné à Montréal, le]2G avril 1704

\l. l'.URTON. /V//- M<i//siri/r If (!(un'erncur.

!t MAI !■'(. \(;.\ui) // / ('//r/ ilr fnirc IV part r Irs r/irmins. jkuiIs il fnssi'a.

K.\I,I'II BuRTON, Ecuier, Co/onel (C Infanterie. Brigadier (rénéral des armées du Ru//, Gouvernef/r de Montréal «l dp se.s Dépendanees, &c.

L'utilité du public en général et la commodité des voyageurs requiert que les chemins, ponts et chaussée- soient raccommodés et établis, maintenant que les se- mences et travaux du printemps doivent être finis.

Nous ordonnons trés-expressement à tous les Capitai- nes et officiers de Milices dans toute l'étendue de ce Crouvernemeait de commander incessamment, après la publication du présent Placard, que les chemins soient raccommodés, les ponts relevés et rétablis tant pour i' passage des ruisseaux que les mouillères et savannes, et que les fossés soient recallés ou de nouveaux faits par- tout où besoin .sera, chacun dans leur différent District ou Paroisse, et ce en la manière accoutumée, sous peine

137 1764

d'une amende arbitraire contre les Capitaines ou offi- ciers de Milice des Paroisses qifi auront négligé de faire raccommoder les dits chemins et rétablir les ponts dans leurs districts, lors de la visite dans un mois après la pu- blication de la présente. Voulons que les faubourgs et banlieue de Montréal soient compris dans la présente ordre. Mandons &c. Donné à Montréal, sous le sceau de nos armes et contreseing de notre secrétaire, le 9 may 1764.

R. BURTON.

Par ordre de Monsieur le Gouverneur. J. Bruyères.

7 Juin.

Ordonn.\nce contre les proprictnires franimaux qui seront ari'ètcs sur les terres de In Banlieue de Montréal.

Ralph Burton, Ecuier^ Gouverneur de Montréal et de ses dépendances, &c.

Sur les représentations qui nous ont été faites par plusieurs particuliers de cette ville, propriétaires de Terres dans la banlieue d'icelle, qu'au préjudice des an- ciens réglemens de police qui defFendent à toutes person- nes de laisser courir indifféremment sur les dites Terres, des chevaux, bœufs et vaches, il s'y en trouve continuel- lement que les particuliers auxquels ils apartiennent, ne veulent pas retenir enfermés, ou enfergés; Pourquoy ils nous suplient de vouloir bien pourvoir à ce désordre qui leur fait un tort considérable.

Nous ayant égard aux dites représentations, ordonnons à toutes personnes quelconques qui n'ont point de terres, de loiier des parcs pour y renfermer leurs animaux et y enferger leurs chevaux. Faute de quoy, condamnons

1704 138

dès à présent comme des lors les propriétaires des ani- maux qui seront arresté^sur les Terres de la Banlieue de cette ville, en l'amende de dix livres pour un cheval, et de trois livres pour un Ixinil' ou vache, aplicable au propriétaire de la terre sur la(|uelle ils seront pris, en outre aux dommages que les dits animaux auront pût faire sur la dite Terre, suivant l'estimation qui en sera faite pur arbitres ; Et faute par les propriétaires des ani- maux retenus, de les retirer dans deux jours après leur prise : il en sera vendu un ou plusieurs s'il est nécessai- re, m la manière accoutumée, pour sur le«provenû être déduit les amendes et dommages encourues, ainsy que les Irais de vente, et le surplus remis aux propriétaires des dits animaux.

Mandons aux Srs. Capitaines des Milices de la cham- bre de cette ville, de tenir la main à l'exécution de la présente ordonnance, qui sera lue, publiée et affichée partout besoin sera, et registrée au (irellede la cham- bre de cette dite ville. Donné au Château de Montréal, sous le sceau de nos armes et le contreseing de notre Secrétaire, le 7 Juin 1764.

R. BURTON. Far Monsieur le. Gouverneur.

J. Bruyères.

139

PROCLAMATION.

Aote. On trouve encore dans les Registres du temps du Gcuvernement de Montréal, mais sur des feuilles volantes, une Copie de la Proclamation royale du 7 octobre 1763, par laquelle George III. établissait la " P?o- vince de Québec" et lui donnait un gouvernement civil, 4c. Cetle copie porte, pour marque sans doute de son authenticité, la signature " 7?. Bur- lon," sans addition aucune qui indique quand elle a été communiquée ou promulguée par ce Gouverneur aux habitans de Montréal. Ce document est long, et si bien connu, que je ne crois pas devoir le recopier ici. Voilà donc toutes les pièces authentiques que les Registres du temps nous ont conser- vées concernant l'administration législative du Gowrrutmeni de Mont- réal, durant le Règne militaire.

Vraies copies.

Montréal, Mars 1845.

J. VIGER.

LEGISLATION

liV

GOUVERNEMENT DE TROIS - RIVIERES

DURANT I.K

REGNE M l L 1 T A I R E

LETTRES ET PLACARDS AFFICHÉS

GOUVERNEMENT DE TROIS-RIVÎÈRES

EN

1760, 1701. 176-2. 1763. 1764

143

DEUX MOTS D'AVIS.

Comme on a pu voir par tout ce qui précède sur Montréal et Québec, écrit et publié dans la Bibliothèque Canadienne en 1827, les Registres des Trois-Rivières se trouvoieut adhirés; eh bien, les voici, trouvés en 1845.

Le manuscrit, grand in-folio, sur lequel j'ai fait la copie suivante, n'est lui-même qu'une copie, mais exacte et fi- dèle, du MS original, qui se trouve adhiré ; ou, du moins, qui ne se retrouve point au greffe du District des Trois-Rivières, certainement il aurait être déposé en 1764. J'en dois la communciation, à moi faite en mars 1845, à l'Honorable Matthew Bell, du ci-devant Conseil Législatif du Bas-Canada, ancien habitant de la ville des Trois-Rivières et longtemps Fermier des For- ges de St. Maurice. Q>q..MS. lui appartient, comme lui ayant été donné par feu M. Munro, son associé pour un temps dans le commerce, et l'exploitation des Mines de St. Maurice.

M. Bell ne sait pas ce qu'est devenu le MS. original, et dit qu'il tient de son ancien Associé, " que la Copie " qu'il en possède a été faite sous ses yeux et par ses or- " dres, et qu'elle est fidèle à sa connaissance personnelle." M. Bell n'a pas pu me dire quand cette transcription avait été faite pour M. Munro.

Montréal, Avril, 1845. J. VIGER.

144 II

Par uiio ('.oiiicidtMice assez sint,aiiit'io. an moment nous livrions à l'impression les actes olliciels des Gou- verneurs de Trois-Kivières, notre ami, A. Garneau, Ecr., découvrait, à Québec, le registre oripnal dont M. Vi«^er rei^rettait la perte.

Ce registre nous parait original et ollieiel. D'abord, on y trouve, en plusieurs endroits, des corrections entre ligne ou à la marge : ce qui fait voir qu'une première rédaction a été ju2:«'e imparfaite, et retouchée. En second^lieu, il est facile de se convaincre que plusieurs ordonnances sont de l'écriture de M. Gugy, secrétaire du Gouverneur Haldimand ; que d'autres portent la signature autogra- phe de Haldimand : la dernière, même, est écrite toute entière de sa main.

Le cahier dans lequel ces ordonnances sont transcrites, avait été acheté en France, à Bordeaux, ainsi que l'indi- que une placjuette collée à l'intérieur du couvert. Les Anglais, en ellet, ne pouvaient trouver ici, au lendemain de la conquête, que des articles du commerce français.

Le nom de M. M. Bell, qui se trouve aussi à l'intérieur du couvert, me fait croire que c'est le cahier sur le- quel M. Viger a travaillé et qu'il a pris pour une copie. Ou pourrait objecter qu'en plus d'un endroit, on recon- naît la main calme et régulière d'un copiste. Mais chacun sait que dans les liurcaux les pièces oflicielles ne sont entrées dans les registres qu'après une rédaction complète, et le plus souvent par un clerc.

Voilà ce qui a pu tromper, d abord M. Munro, et en- suite MM. liell et Viger.

Quoiqu'il en soit, la Société Historique a été heureuse de faire l'acquisition de ce précieux manuscrit.

Montréal, Novembre 1870. II. V.

LÉGISLATION

DU

GOUVERNEMENT DES TROIS-RIVIERES

DURANT LE RÈGNE MILITAIRE.

" Lettres et Placards ailichés dans " le Gouvernement des Trois-Ri- ^' vières, 1760, 1761,176?, 1763'et '' 1764,"

1760.

19 Septembre.

.4 tous les Capitaines de Milice, pour empêcher qu'il )ie soit vendu aux passants aucune sorte de denrées.

b' par Son Excellence Monsieur h' Colonel Burton. Gouvern'ur des Trois-Biricres.

La molle Complaisance des habitans de ce Gouverne- ment, qui se Laissent persuader à se défaire de leurs mou- tons, volailles et autres choses nécessaires à la vie en fa- veur des passants qui traversent le gouvernement, pour- roit tirer à conséquence et épuiser le pays de ces rafrai- chissemens ; il est donc expressément défendu par ces présentes aux habitans du gouvernement des trois-Ri- vières, de se défaire de leurs volailles, moutons et autres choses nécessaires à la vie en faveur des passants, de telle qualité ou sous quelque prétexte que ce soit, sans

un orcln- sii^iir d»' Son Kxct'lltMifo, jusqu'à ce qu'il luy l>laiso d'eu ortlounor iiutremtMit. S'il arrivoit que l'ou usa de force pour les obliger à déisobéir à la préseute Ordonuauce, il leur est enjoint de faire connoître les contrevenans, en les dénonçant au Capitaine de Milice, qui aura soin d'en faire son rapport, pour (ju'ils soient punis avec rigueur.

Donné aux Trois-lvi\i<Tt's, le TJ Septembre 17GU.

(Signé) lî. r.TMÎTOX.

21 Septembre.

()|U)UK à lintslcs Cujnliiiiirs ilr Milirr dr In rnir du siitLiniiir inrltrr Ixix 1rs aniirs ri jirrirr Ir srr)iiriil ilr /iilt'litr.

Monsieur le Gouverneur des Trois-Kivières ne tarde- ra pas, Monsieur, à envoyer des officiers nommés par luy pour iaire passer en revue les miliciens de toute la côte du sud de son Gouvernement, pour leur faire mettre bas les armes et prêter le serment de fidélité ; il m'a en consé- quence ordonné de vous avertir de tenir prest 1 lîolle de votre compagnie et celuy des haliitans de la Paroisse et de faire sçavoir à tous vos Miliciens qu'il aient à se tenir prests au premier instant à paroitre à l'arrivée des dits otficiers.

Vous ferez passer la présente de paroisse en paroisse dans toute l'étendue du Gouvernement des Trois-Rivie- rcs sur la côte du sud. Je suis très sincèrement, Mon- sieur, votre très-buml)le serviteur.

(Signé) .T. Bruyère. (1)

Il II signait Iliii}i.'i<-> ; j'ai son nulogi-a|ili<\ .1. V

147 1760

22 Sei'tkmhrk.

OuDRK // Idus 1rs l\ijiiliiiiics (le Milice^ pour de/fendre à leurs habilans de recevoir ou donner en payement les Caries et Billels d'()rdnnn(inr/\ ref/ai'drs ranime monnaie imaginaire.

Monsieur, Je suis extrêmement surpris d'apprendre que malgré les déclarations publiques et publiées de Monsieur le Grénéral Murraij, et toutes les précautions prises pour faire connoitre aux Canadiens la non-valeur de leur monnoie de papier, depuis l'Edit du Roy de France datte le 15 8bre dernier, qu'il se trouve encore des habitans assez aveugles sur leurs interests particu- liers pour recevoir cette monnoie imaginaire en échange pour des marchandises réelles et utiles. Ce ne peut être que par mauvaise foye et ignorance de part et d'autre ; que cet argent est employé par les vendeurs et les ache- teurs, et comme j'ay résolu très fermement de ne pas souffrir le premier vice dans mon Grouvernement, et que je regarde comme j)artie de mon devoir d'éclairer ceux à qui l'ignorance feroit commettre des erreur.

Je vous donne ordre de faire assembler votre compa- gnie et les habitans de la paroisse, pour leur lire la pré- sente, et leur faire sçavoir de ma part, que je leur dé- fend de recevoir ou de donner, en payement pour leurs effets ou marchandises, les cartes, ou monnoie de papier connue sous le nom de Billets D'ordonnance, et que je ferai punir, dans toute l'étendiie de mon Gouvernement, ceux qui en imposeront à la crédulité des habitans, et les forceront de se contenter de ce payement fraudu. leux.

Vous ferôs passer la présente au Capitaine de milice

17C0 148

le plus voisin, qui ou lora autant, jusqu'à co que la Lettre ait passé dans toute l'étandue de notre province. Je suis, Monsieur, Votre ali'ectionné Serviteur.

(signé) K. BUKTOX.

22 Septembkk.

OiutiiK ù M. la fnnnboisr, ('iij)il(iiiti\ tic ftiin asscniblir les hahifans, pour li ur fiiirv nirttrf bas les aniies^ el prt^ter le si'riiK II! lie fuli'lit-'.

A M. la fraiiiboisr^ l'npitaini dis inilins di la villr ilrs ',\ nirii'irs.

11 vous est ordonne de la part de Monsieur le Colonel Burton, gouverneur des trois Rivières, de faire avertir Messieurs les Cî-entils-honimes et autres personnes habi- tants cette ville des trois Rivières, non incorporés dans le Rolle de vos milices, de se rendre avec leurs armes dans Le parloir des recollets de cette ville demain matin à 9 heures, pour y prêter Le serment de fidélité et de soumission Du à îSa Majesté Britannique Georges Second.

Donné au gouvernement, ce 22, 7bre 1760.

(Signé,) .T. Bruyère.

1 Octobre.

OiiDUi-; // M'jnsieur Cou'val^ pour lu réf/ie tirs t'ori/rs. A. M. Courrai^ aux for(,cs.

Monsieur, Son Excellence M. le Colonel Burton m'a ordonné de vous faire sçavoir, qu'en conséquence des instructions qu'il a reçu de Monsieur le général Amherst,

149 1760

il juge à propos de faire exploiter à Loisir La fonte qui est déjà tirée des mines, et pour Cette Effet voudroit re- tenir sur Le même Pied que ci-devant Les ouvriers dont vous trouvères les noms à la suite de la présente. Le Charbon étant un article indispensable, et dont les forges sont actuellement mal pourvues, et son Excel- lence ayant appris qu'il y en a plusieurs fourneaux déj à préparés ; il vous j)laira d'engager en qualité de journaliers Les Charbonniers et autres que vous jugerés absolument nécessaires pour faire La Cuisson et autres ouvrages dépendants de cette partie là.

Yous tiendrés, s'il vous plait, un compte exacte des gens que vous Emploirés, du temps que durera leurs travaux et de quantité de charbon qu'ils feront. Yous prendrés sur vous Le soin de faire graisser et relever les soufflets des forges, en un mot de faire les petites ré- parations qui sont absolument nécessaires pour mettre Les forges en état d'exploiter peu à peu la fonte dont il est parlé Ci-dessus.

J'ay l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

(Signé,) J. Bruyèke.

Noms des ouvriers retenus aux forges par ordre de Son Excellence M. le Gouverneur :

Delorme, Robiclwn, Marchand, Humblot, Terraut, Mi' rJielin, Belu.

171J0 150

1 ocToinii:.

I'lacaUT </<■ s. m Kixcll'itcr Monsinir Ir lintirnl Aiiihrrsl.

r„r S>n Ecrellence JRFFERY AMIIERf^T, Eniyer, inircch'il de camp, Commui'lant en chef Les troupes el for- ces de ^a Majesté le roi/ de hi 'grande Bretagne dans La- mirique Septentrionale, et son Gouverneur Général /lour lu Province de Virginie, i\c. ^^-c. Sf-r.

SçAVOiR raisons, quo nous avons constitué et établi Monsieur GAfJE, Bri^-adier des armés du Koy, (rouver- neur de la ville de Montréal et de ses dépendances : et que nous avons pareillement étably Monsieiir BuiîTON, Colonel des troupes de Sa Majesté, Gouverneur des trois Iviviéres et de ses Dépendances.

(^ue tous les hahitans du Gouvernement des trois-lvi- vières qui n'ont pas encore rendu les armes ayent à les rendre aux Endroits nommés par Monsieur Burton

(^ue pour D'autant mieux maintenir Le bon ordre et La police dans Chaque paroisse ou District, il Sera rendu aux officiers de milice leurs armes ; et si par La suite il y avoit quelques-uns des habitans qui Désireroient en avoir, ils devront en demander la permission au Gouver- neur, signée par le dit Gouverneur ou ses subdélégués, afin que L'ollicier des troupes, commandant au District ou ces haVjitans seront résidens, puisse sçavoir qu'ils r.ut Droit de porter les armes.

<^ue par nos instructions les gouverneurs sont auto- risés de nommer à tous employs vacans dans la milice, et de débuter par sicrner des commi.s.sions en faveur de Ceux qui en ont d<'rnièrement joui sous Sa Majeslé très- Chrétienne.

loi 17t)0

Que pour terminer autant qu'il sera j)Ossible tous dii- ferens qui pourroient survenir entre les habitans à l'a- miable, les dits Grouverneurs sont enjoints D'autoriser l'officier de milice Commandant dans chaque paroisse, ou District, d'écouter toutes plaintes, et si elles sont de natu- re qu'il puisse les terminer, qu'il ait à le faire avec toute La droiture et Justice qu'il convient ; S'il n'en peut pro- îioncer pour lors il doit renvoyer les parties devant l'of- ficier des troupes Commandant dans son district, qui sera pareillement autorisé de décider entre eux, si le cas n'est pas assés grave pour exiger qu'il soit remis devant le gouverneur même, c^ui, dans ce Cas, comme en tout au- tre, fera rendre Justice elle est due.

Que les troupes, tant dans les villes que dans leurs Cantonnemens sont nourries par le Roy en nature, et qu'il leur est ordonné expressément de payer tout ce qu'elles achètent de Thabitant en argent Comptant et esj)èces sonnantes.

Que tout propriétaire de Chevaux de Charettes, ou autres voitures qui seront employés, soit par les troupes, ou autres, seront également payés en Espèces sonnantes pour Chaque Voyage, on par Journée c^u'ils auront été ainsy employés, et Cela suivant Le tarif et sur le pied de dix schellings argent de la nouvelle York, par jour, pour chaque Charrette ou traineau portant un millier pe- zant; et une Journée de Cheval à raison de trois schel- lings D'york.

Les Maitres des postes auront attention de ne louer ny fournir, a cj^ui que ce soit, sans un ordre par Ecrit de nous, ou des G-ouverneurs Gage, Murray, et Burton, ny chevaux, ny calèches apj)artenantes aux Bureaux des dites postes, et Ceux à qui il en sera fournis comme ci- dessus, payeront pour un cheval a raison de 17 sols, ar-

ITUO lô2

firent de la nouvelle york, par chaque trois mille ani;loi- ses ou lieue de IVauce ; Ceux qui prendront cheval et calèche payeront le double, mais il leur sera permis d'y aller à deux personnes

Que le peu de secours (|ue le ("aiKuhi a re^u de la Iran- ce depuis deux années, l'ayant «'puisé de Bien de rairai- ehisseraent et de nécessaire, Nous avons pour le bien commun des troupes et de l'habitant recommandé par nos lettres aux dillereiis trouverneurs des Colonies angloises les plus proximcs du Canada d'afficher et pu- blier des avis à leurs Colons pour se transporter icy avec toutes sortes de denrées et de rafrachissemens, et nous nous flattons qu'on ne tardera pas de voir remplir ce Projet ; et, lorsqu'il Le sera, un chacun en sera ins- truit pour qu'il puisse y participer au prix courant et sans impots.

Le Commerce sera Libre ei .sans impôts a un chacun, mais les Commerçants seront tenus de prendre des pas- seports des gouverneurs, qui leur seront expédié gratis.

Comme il e.st expressément enjoint aux troupes de vi\Te avec l'habitant en bonne harmonie et intelligence, nous recommandons pareillement à l'habitant de rece- voir et de traiter les troupes en frères et Concitoyens. Il leur est encore enjoint d'écouter et d'obéir tout ce qui Leur sera ordonné tant par nous que par leurs Gouver- neurs, et Ceux ayant droit de nous et de Luy ; et tant que les dits habitans obéiront et se conformeront aux dits ordres, ils jouiront des mesmes privilèges que les enciens sujets dii Koy, et ils peuvent Compter sur notre protection.

Voulons Et entendons (|uc notre prés«»nt ordonnance soit lue, publiée et affichée es lieux accoutumés.

153 1760

Fait à Montréal, le 22 7bre. 1760, Signée de notre main et scellée du sceau de nos armes.

(Signé,) JEFFERY AMHERST Pour coppie». t J. Bruyère.

l^i-A'JCART de son Excellence Monsieur le Gouverneur Burton pour accompagner le placcart cy-dessus^ et pour empêcher que les fiabitans ne soient trompés sur la monoie Dijork.

Par Son Excellence Ralph Burton, Ecuyer, Colonel d'infanterie, Gouverneur des Trois-Rivières et de ses dé- pendances

Son Excellence, Monsieur le Maréchal de Camp Amherst, ayant par le Placurt ci-joint fait connoître ses intentions, et donné les règlemens qu'il a jugé les plus utiles, et les plus nécessaires pour maintenir le bon ordre et la police dans toute l'étendue du Canada.

Nous ORDONNONS et enjoignons atout Capitaine, ou autres officiers de milice. Commandant dans chaque pa- roisse du GrouYernement des trois-riYiôres, de faire com- prendre aux habitans des dites paroisses la teneur du placcart de Son Excellence, et de leur en expliquer les articles, en tant que besoin sera, pour qu'il ne puissent en prétendre cause D'ignorance.

Nous faisons aussi, par Ces présentes, sçaYoir à tous canadiens, ou autres personnes établies dans l'étendue de notre GouYernement des trois RiYières, que par les pouYoirs par nous donnés. Conformément aux instruc- tions de Son Excellence Monsieur Le Grénéral amheist,'

aux Capitaines, ou officiers de milice commandans dans

•20

1760

151

chaque paroisse, D'écouter toutes plaintes portées devant Kux, et de les terminer avec Justice et Droiture, il est par nous enjoint et ordonné aux dits ofliciersde remplir Cette partie de leur charge Gratis et sans, pour Cause de ce, pré- tendre à aucune recompense ou Emolunu'iit en ar<ient, ou autrement de telle façon quelconque.

E\ OUTRE, comme il a déjà Plus à Son Excellence Le General Amherst, de iixer le prix de Certains articles, et qu'il est ordonné de payer aux habitans leurs travaux, ou leurs Denrées en Espèces Sonnantes, pour obvier au tort que Gens mal intentionnés pourroient leur faire en pro- lilant du peu de Connoissance qu'ils ont de notre mon- noie sonnante ; Nous jugeons nécessaire de les instruire de La valeur des espèces les plus usitées tel qu'elles ont Cours à La nouvelle vork.

La pièce d'or ûp|iel<o portugaise vaut huit piastres, ou soixante qu.i- tr- chL'lings monnaie d'York, ou qua- rante huit livres de France

Lu piastre

Le demi piastre

L>> (juart de jMastre

I^a ein'|uii;me jiartie de piastre

Li huitième partie de piastre

Lfi seizième partie de piastre

Les pièces de cuivre valent

NoUVKLLft YoHK HKfONDANT A LA

Kiian<;aisk.

04 schelings 48 livres

H c,

4 3

v! l-IOs

I Te I- 4

1 (l-!ô

n.O n- 7-fid

0 U- I

Nous nous flattons que Le Présent placcart suffira pour Eclairer les habitans, et empêcher qu'on no leur en ini pose ; et Nous ordonnons à tous capitaines de milice de tenir La main à son Exécution, et de le lire et ex])liquer a leurs Concitoyens, après quoy ils L'afficheront anx En droits accoutumés.

Donné aux trois Kivières Le 18brc 17G0 et scellé du sceau de nos armes.

(Signé,) II. 15UUT0N.

155 1760

Jeudy, 2 Octobre.

Ohdue à tous les Capitaines de milice de se rendre au Gouver Hcmcnt pour y rccevoirs Les ordres de Son Excellence.

Monsieur, Yous aurés la bonté d'aider Monsieur l'of- ficier commandant les troupes de Sa Majesté Britani- que a faire Loger les soldats dans votre paroisse de la façon la plus commode, il vous dira combien il a d'hom- mes, et dans quelle paroisse il a ordre de les Cantonner.

Monsieur le Gouverneur a appris qu'il y avoit du Bois de Coupé dans vos Costes, il vous enjoint d'en faire Char- ger le bâtiment. qui porte les troupes, vous m'enverrés un état exacte de ce que vous mettrés à bord, pour que je puisse L'enregistrer.

Lundy prochain vous viendrés au gouvernement des trois Rivières a onze heure du matin, Yous n'y manque- rés pas, D'autant plus que C'est pour y recevoir Les ordres de Son Excellence ; Je suis. Monsieur, Yotre très-hum- ble serviteur,

(Signé,) J. Bruyère.

2 Octobre.

.-1 Monsieur CourvaL Inspecteur aux forges au Sujet des vivres.

Monsieur, Je viens de recevoir La marmitte que vous m'avés envoyée des forges, Je vais vous faire or- donner les vivres, que vous aurés La bonté de faire Dis- tribuer suivant Le détaille du dernier Compte, il y en a pour les sept familles que je vous ai nommé, et pour vous et le chapelin et vos deux domestiques pendant Sept jours.

Yous rcmettrés, s'il vous plait, au porteur les poêles

1760 156

(^ue vous tlevez nou.s fiivoyer, et h'« i'erés embarquer abord du batteau (|Uo je vous envoyé. J'ay L'honneur d'être, Monsieur, \'(jtre très humble Serviteur.

(Signé,) J. Bruteue.

li OCTOBUK

(jRbUE au Capitaine tirs milice de Macliiclie, pu a r faire cxeinp- l'^r (le la bandon des aniiiKtax Le prc de Ute. lo'jlandri.

Monsieur, Le bien du service et L'avantat^e du pu- blique voulant que les Chevaux des maîtres des postes soient toujours en Etat de marcher, vous auréssoin d'ex- empter les prés de Bte. LaL^laudrie de Labandon accor- dée après la St. michel, et de ne pas permettre que les Chevaux et autres animaux de ses voisins viennent dé- pouiller le fourage des dits Prés ; vous lerés conuoitre Cet ordre à vos paroissiens, et vous prendrés Garde que sous prétexte du présent ordre. Le dit Sr Laglandri n'étande pas ses prétentions plus Loing qu'il ne doit, vous devés Connoitre quels sont les prés, ou Le seul pré a luy appartenant, et C'est Cela seul que Mr le gou- verneur Prétend exempter. Je .suis. Monsieur, Votre très humble serviteur.

(Signé,) J. Ukuyerk.

t) OCTOBRE'

Letthe à tuus Us Oij/ilaines de uiilice pour accotiipaijJier 1rs placcarls de leurs Excellence Amhkiist et Blhto.n Et qui nomme hs dits Capitaines arbitres et Juijes Chacun dans Leur paroisse.

Monsieur, Je vous qiv oyc par le prosent Courier

157 1760

deux placarts, l'un de Sou Excellence Le Général Am- herst, et l'autre de moi. Yous aurés soin de lire l'un et l'autre avec attention, et d'en étudier Le sens pour le faire comprendre aux habitans de votre paroisse. Le premier placart vous instruira dos intentions de Mon- sieur le Grénéral Amherst au sujet de l'administra- tion de La Justice, et le second vous fera Connoitre que .Te veux qu'elle se rende sans intérest et Gratis. Je ne doute nullement que vous ne vous y pretiés avec tout le plaisir qu'un honnête homme ressent Lorsqu'il peut obliger ses Concitoyens. La bonne réputation dont vous jouisses me persuade que j'aurai lieu d'être Content de vos soins, pour f;iire régner la paix et l'harmonie dans votre paroisse.

Ainsi en vertu du pouvoir à moi donné, par son Ex- cellence le Général Amherst, Commandant en Chef les troupes et les forces de sa majesté britanique, je vous nomme et Etabli arbitre des difFérens et querelles qui pourroient Survenir entre les habitans de la paroisse

de , vous autorisant à recevoir et Ecouter toutes

plaintes portées devant vous, sans aucune partialité, et vous ordonnant de les terminer, et d'en décider à l'amia- ble, suivant les Lumières de votre raison, et en Cons- cience avec toute lajustice et la droiture qu'il Convient, et Le tout Gratis. Si L'entêtement des parties, ou La na- ture Embarassante des causes vous autoient Le pouvoir de terminer par vous-même, vous renverrés pour lors les parties devant L'officier des troupes Commandant dans votre dite paroisse de , qui en décidera sui- vant les instructions qu'il a reçu de moi à Ce Sujet.

Vous Garderés soigneusement la présente, qui voua

1760 158

servira d'instruction, et de pouv©*r do ma part pour agir Qii qualité d'arbitre vis-à-vis de vos Concitoyens. J'ay l'honneur d'être, &:c.,

(Signé) R. BURTON.

P. S. .T'oubliois de vous dire au sujet des Accadiens rependus dans mon gouvernement, que le Roy d'an- g-loterre n'entend pas j)ayer leur pension et par les Encourager à la fainéantise. Il faut doresnavant qu'ils travaillent ou se mettent en service, pour Gagner leur vie. Vous en avertirez vos paroissiens et les accadiens qui sont dans votre District ; si ils s'entrouvoient parmis eux que leurs infirmités ou vieillesse rendissent Réel- lement dignes de pitié, et de secours. Vous me les ferés Connoltre, Et après avoir examiné par moi-même leur Etat, j'en déciderai comme bon me semblera.

(Signé) R. BURTON-

7 Octobre

Au.v Capitaines de milice de la Rivière batiscant, Ste. anne Sle. marie et Si. Pierre les bequets, jiour ne s être point rendus aux ordres de Son Excellence.

Monsieur, J'ay ordre de vous témoigner la surprise de Mr. le Gouverneur, de ce que vous avés négligés de vous rendre aux ordres qui vous ont été signifiés de ve- nir hier matin au Gouvernement ; il s'attend à plus de ponctualité de votre part, et il seroit fâché que votre né- gligence à L'avenir, Le forçât à en venir à des remèdes qu'il sera toujours bien aise d'éviter. Partes aussitôt la

159 1760

présente reçue et veiiés recevoir les placarts et les or- dres que TOUS auriés du venir chercher hier.

Faites passer la présente aux Capitaines de Ste. marie, Ste. anne et St jîierre les bequets.

J'ay l'honneur d'être, &c.

(Signé) J. Bruyère.

11 Octobre.

De Par Son Excellence Ealph Burton Ecuyer Co- lonel d infanterie et Gouverneur des trois Riuières et de ses dépendances.

Placcart de Son Excellence Mr. le Gouverneur au sujet des Déserteurs, et pour Empêcher qu'on ne troque avec les Sol- dats leurs hardes, ny taffia, eau-de-vie, ou autre liqueur.

Comme il arrive quelquefois que des matelots, sol- dats, ou autres Engagés au service de Sa Majesté bri- tannique, s'absentent de leur régimens. Vaisseaux, ou Compagnies, avec intention de ne plus retourner à leur devoir, et de déserter, et qu'il est absolument nécessaire de faire punir des gens dont l'intention et la conduite ftont aussi criminelles.

Nous DEFFENDONS expressément à tous Canadiens et habitans de notre gouvernement des trois Rivières de tel rang et condition qu'ils soient, de retirer chez Eux, ou de favoriser dans leur fuite aucun déserteur soit matelot, ou soldat, et leur ordonnons et enjoignons d'arrêter ou faire arrêter tout soldat, matelot, ou autre

17C0 160

pnçagé au service de Sa Majesté qu'ils trouveront cou- rant les Côtes, ou séjournant dans les dillérentes pa- roisses de ce Crouvornoment, et qu ils auront lieu de soupçonner, ou regarder coninio vagabons, et déser- teurs, lesquels il leur est ordonné de mener à leur Ca- pitaine de milice, qui le? fera conduire sous main-forte en présence de l'oflicier commandant les troupes an- gloises, ou l'endroit le plus voisin ou il s'en trouvera qui aura ordre de les envoyer au Quartier Général.

Deffexdons aussi à tous Canadiens et habitans de re- tenir, acheter ou troquer avec les soldats de Sa Majesté ou autres personnes quelconques aucunes de leurs ar- mes, accoutremens, habits d'ordonnance, souliers. Guê- tres, chapeaux, ou autres fournitures faites aux dits sol- dats, par Sa Majesté.

Deffendons pareillement à toutes persones quelcon- ques habitantes dans notre Gouvernement de vendre ou troquer avec les soldats, leurs femmes ou Enl'ant.s, taffia, eau-de-vio, ou autre liqueur forte en gros ou en détaille, sans une permission par Ecrit de nous.

Voulons et ordonnons que la présente soit Exécutée en tout point, sous peine de, Désobéissance et punition Corporelle, ou pécuniaire à notre Gré, et pour que per- sonne n'en ignore, voulons qu'elle soit lue, publiée et aflichée es lieux accoutumés.

Aux trois llivières, ce lie 8'^'''^ 1760, signée de notre main, scellée du sceau de nos armes et contresignée par notre secrétaire.

(Signé) K. BURTON.

161 1760

15 Octobre.

De Par Son Excellence Ralph Burton Entier Co- lonel itinfanlerie, Gouverneur dea trois Rivières et de ses dépendances.

TIjA-CCAUT de Son Excellence Monsieur le Goiwerneur, cm sujet des incendies et pour Le ramonag'e des cheminées,

Les ravages affreux que les incendies ont plusieurs fois causés dans cette ville, devroient être des leçons suffisantes à tous ses habitans pour les engager à pren- dre les précautions nécessaires pour prévenir de pareils malheurs à-L'avenir. Il se trouve malgré cela toujours des paresseux qui s'exposent à Périr et à faire périr les autres, par une négligence Criminelle.

Nous AVONS donc pour La sûreté publique pourvu cette ville d'un Ramoneur, qui a nos ordres d'aller une fois en quinze jours netoyer et Ramoner toutes les che- minées de la ville des trois Rivières.

Voulons et ordonnons que tous les habitans de la dite ville se servent du dit ramoneur, Lorsqu'une fois, pendant la quinzaine, il ira pour Cet effet se présenter à leurs portes. Et Comme il est juste que la peine d'une personne aussi utile à toute La société, soit récompefi- sôe, tout proï)riétaire, ou Locataire de maison dans Cette ville, sera tenu sous peine d'exécution, de payer à rai- son de quatre sols pour Chaque Cheminée à simple éta- ge, et six sols pour Celle a double étage, tous les quinze Jours, Lequel p yement se fera de deux mois en deux mois es mains du Capitaine des milices de la ville des trois Ri'V'ières, à commencer du quinze d'octobre.

Voulons et ordonnons, en outre, que Chaque particu. lier dans sa maison donne au dit Ramoneur les secours

17G0 162

ot l'aidt» dinit il povirra avoir })esoiii, pour le netoyage et liauioiiago des dites cheminées.

Kt .sçav«)IU iaisons que si, par néiiliiTonce, on lanie d'avoir vonln iaire ramoner, lorsqne le dit ramoneur se présente dans sa tournée poiir Je faire, il arrivoit que le l'eu i)rit a quelques maisons. Le propriétaire ou Loca- taire de la dite maison ou le feu prendroit sera tenu de payer une amande de seize schelling-s, monnoie Dyork, qui sera payable es mains du dit Capitaine de milice, pour en disposer comme il en sera par nous ordonné. Lt en cas qu'il parut dans le fait de l'incendiaire une malice marquée, et une envie de nuire'au propriétaire de La maison (piil habite, ou à ses voisins, le dit Incen- diaire sera pour lors puni corporelleraent, avec toute la rigueur qu'une pareille méchanceté mérite.

Voulons que la présente soit lue, i^ubliée et affichée es Lieux accoutumés : aux trois Rivières, Le 15e S'^ro

17G0.

(.Signé) R BURTON.

Ue'TuEKi:.

A tous les CajiiUiints de milice, pour nccomjiagner le jilac cart de monsieur le gouverneur nu sujet des déserteurs. Monsieur,— Je vous envoyé Ci Joint un placart de son Excellence Monsieur le Gouverneur Vous le ferés Lire et publier en la manière ordinaire. Vous le feré» comprendre aux habilans de votre paroisse, après quoy vous L'afficherés es lieux accoutumés.

J'ay l'honneur, &c. (Signé) J Bruyère

163 1760

16 Octobre. Ordre à tous les Capitaines de milice, cVenvoijer au gou- vernement les fusils qui sont à leur garde. Monsieur, il tous est ordonné d'envoyer au gouverne- ment des trois Rivières, tous Les fusils qui sont à votre Grarde. Vous Les enverrés par Grens sûrs,

Je suis Monsieur, Votre très humble serviteur, (Signé) J. Bruyère.

18 Octobre.

ORDRE à tous les Capitaines de milice, pour faire fournir à 3IM. les officiers des troupes le bois qui leur est né- cessaire.

Monsieur, pour prévenir que les officiers de sa Ma- resté Britanique manquent du bois que le Roy leur Croit nécessaire, et pour empêcher en même temps qu'ils ne deviennent trop à Charge sur Cet article aux personnes chez lesquelles ils sont logés. Il vous est ordonné de leur faire fournir, aux dépens de L'endroit ils sont cantonnés, à raison de cinq Cordes de Bois par mois à Mr. le major demeurant à St François, quatre Cordes à chaque Capitaine, et trois à Chaque officier au-dessous du rang de Capitaine.

Quand aux sergens. Caporaux et soldats, il est à pré- sumer que leurs difFérens hôtes auront soin de les main- nir chaudement ^Dendant La froide saison.

Vous aurés soin de faire Cotiser Chacun dans votre paroisse, suivant leurs facultés, le nombre de Leur fa-

17t)0 104

mille ot autres Considérations auxquelles vous aurrs Iv^ard, pour que personne n'aii lieu de se plaindre.

C'est un Commandement qui coûtera si peu de temps à Chaque particulier, pour l'exi'cuter, que Je suis per- suadé qu'ils obéiront aussitôt \:\ présente Keçue sans

Murmuî<\

.l'ay l'iionnour \'f.

(Signé) .1. l'.nTivKTîE.

•21 Of'TonRK.

Ordrk à (oua h-s Capitnincis de milire ti envoyer nu Eçnuver nement le nom des j)er^o>n?es ii^.es m/Je/s du Boy d'nfifj^le- terre et des oj/in'ers frafirois.

Monsieur, Vous m'enverres aussitôt la présente re- çue, le nom de toutes les personnes nées sujets du Roy d'angleterre, de tel âge ou sexe qu'elles soient, vous me marquerés si Elles sont Etablies pour leur compte, ou seulement domestiques d'autrui, si elles sont mariées ou non, le nombre de leurs enfans, leur Age présent et Ce- lui qu elles avoient lorsqu'elles sont venues dans le pays, pour vous rendre ce détail plus facile, vous trou- vères ci-joint un modèle sur lequel vous n'aurés qu'a remplir les noms et les nombres, ainsi que vous le ver- res au premier Coup D'œil.

Vous profiteras de la même occasion pour mcnvoyer le nom des officiers françois qui ont la permission de Mr. de Vaudreuil de rester en Canada, pour affaires, et qui sont retirés dans votre paroisse, s'il y en a.

•l'ay l'honneur, t^c.

(Signé) J. Bruyère.

165 1760

22 OCTOBE.

a Blr. Courval., aux fbrg'es, pour L'envoi/ d'une barrique

de taffia.

Monsieur, Je vous envoyé la Barrique de tatEa que vous me demandés. Je ne peux pas vous en marquer le Contenu, parceque je n'ay pas encore vu Le Commis- saire des Vivres, qui L'a Livrée, je vous le ferai sçavoir à la première occasion, en attendant vous la distribuerés votre Gré aux ouvriers, en tenant registre {de ce) que vous leur en donné, sans doute que personne ne vous a pas encore demandé de fer, autrement vous m'auriés fait le plaisir de m'en parler. Il ne seroit peut être pas mal à propos de -faire sçavoir aux ouvriers de Montréal qu'il y en a à vendre, mais vous en ferés ainsy que vous le Jugerés a propos.

J'ay l'honneur d'être. Monsieur, «&c.

(Sio-né) J. Betjyèiik.

27 Octobre. Répondu au Cap'^e ^q maska, de garder le bois jus- qu'aux premières glaces, n'étant pas possible de L'avoir à présent en Cajeux, sans risqiier de Le perdre, et lui ai demandé La quantité qu'il en pourra fournir : à luy envoyé les permissions de Chasse.

(Signé) J. Bruyère.

27 Octobre.

Répondu au Cap^^^ de la Baye, de tâcher de trouver des œufs, et d'envoyer six Couples de volailles de cha- que espèce à luy envoyé six feuilles de papier.

(Signé) J. Bruyère.

1760 icr,

Formule de permission jiour fuire Commerce.

Il est permis au Sr Sous notre bon plaisir, de s'al- ler Etablir clans la Paroisse de , dans notre Gouver- nement des trois Ivivières, pour y faire un Commerce tixe. Si le peu d'encourai-ement, ou autres raisons, l'enîraireoient, à changer le lieu de sa résidence, il sera tenu de vous en faire part et d'obtenir notre permission à Cet reflet : et il est detîendu à qui que ce soit de L'in- terrompre ou molester dans Le présent Etablissement, en tant qu'il se Comportera Comme il le doit, et se Con- formera aux ordres qui peuvent être par nous donnés, suivant notre volonté, pour le bon ordre et la police de Notre Gouvernement. Aux trois Rivières, ce 1760.

1{. BURTON.

27 Octobre.

Aux yiMTJl'Eii lies postes, depuis Cette ville Jusqu'au Che- ndildii Xordj pour le]>uycmcnt des Couriers roi/aux a Eux envoyés pur Houle.

Monsieur, Le Sr. Houle de Machiche, est Chargé de vous remettre un Brevet comme maître de poste dans votre paroisse, il est défendu àiqui que ce soit d'oser in- tervenir à votre occupation, à moins que vous ne les nommiés pour vous assister. Vous recevrés aussy un es- pèce de liolle sur lequel vous enrégistrerés les Cou- riers qui passent, en suivant les Colonnes marquées ; Cela n'empêchera pas que vous ne Gardiés leurs uottes, et une fois par mois vous L'apporterés au Gouverne- ment, et vous serés payé pour les Couriers du Roy bien attendu que vous vous ferés payer par les autres à mesure qu'ils Passent.

167 1760

J'ay trouvé, parmi les billets qui ont été envoyés, qu'il y avoit Réellement quatre des Couriers Royaux, et jay donné au dit Houle ce qui vous est pour leur passage. Si c'est vous qui les avés menés, a'ous garde- rez le tout ; Si non, vous payerez ceux qui vous ont ai dés et Dorénavant, c[uand un Courrier sera dû, il vous sera payé à vous, sauf à vous à repayer vos assistans. Je suis. Monsieur, &c.

(Signé) J. Bruyère.

28 Octobre.

Idem, depuis le Cap la magdeleine jusquà Sle. anne

Idem pour Rocher au.

Monsieur, Le Sr. Rocherau, du Cap. Et le reste com- me ci-dessus Excepté, cj^u'il y avoit six des Couriers

Royaux.

(Signé) J. Bruyère.

28 OCTOBKE.

Pae Son Excellence Ralph Bukton Ecuyer Colonel d'infanterie Gouverneur des trois Rivières et de ses dé- pendances.

Placcart de son Excellence Monsieur Le i^ouvernenr,Pour faire défense aux Canadiens de vendre vin ou eau-de-vie aux soldats.

Nous SOMMES très surpris dd trouver dans cette ^dlle des personnes d'un caractère assez bas et assez méprisable, pour abuser de La permissions cpie nous avons Donnée à notre Marchand de vendre ; Eau-de-vie

1760 168

(»u autres Liqueurs aux Canadiens et habitauK. Ils ne peuvent ig-noier que nous avons defl'endu en même temps, qu'il en fût vendu aux soldats, dans la Crainte des désordres qui pourroient s'en suivre. Malgré notre précaution et nos ordres, L'appas sordide d'une Chétivo récompense ou La blâmable envie de boire avec nos soldats, a séduit quelques misérables, qui se sont Lais- sés persuader d'en aller acheter pour Eux, Ce qui a oc- casionné des Désordres. Nous avons même découvert et l'ait mettre un de ces Coupables à la grande Garde.

Xoi's FAISONS sçavon- à tous Canadiens ou habitans, que si pareille chose arrive à lavenir, nous détiendrons très expressément à notre marchand, ou tout autre, de vendre aucune sorte de liqueur à telle i^ersonne que ce soit.

y.T QUE TOUT CANADIEN, OU habitant, qui sera Con- vaincu d'avoir, sous tel prétexte que ce soit, procuré de L'eau-de-vie, ou Liqueur, à nos soldats, sera puni avec La même rigueur que le vendeui. Comme Désobéissant au présent ordre, que nous voulons qui soit lu, publié, et affiché aux Lieux accoutumés.

Aux trois-Tlivières, ce 28 Octobre 1760.

(Signé) R. BUllTON.

Forme Ue tommissio/i pour les mailres de jiostts.

IvAT.iMI BuRTON, Eri(i/cr Colonel d'infanterie, Cûitivrrneur des Trois-Ri vires et de ses dépendances.

Le rien du service et la Commodité du publique re- quérant qu'une Communication facile et prompte soit maintenue dans les difl'erens Lfouvernemens du Canada,

IGO 1760

Nous avons à Cet effet résolu d'établir des postes de dis- tance en distance dans L'étandue de notre Grouverne- ment des trois-Rivières, pour le passage des Couriers et Voyageurs. Ayant api^ris que Le nommé de la pa- roisse de , avoit déjà Exercé cet office sous la domi- nation françoise, et qu'il Etoit muni des chevaux et voi- tures nécessaires. Nous Etablissons Le dit en qualité

de Maitre de x^oste de la dite paroisse de , ou il sera

tenu de fournir aux couriers et voyageurs, munis de nos ordres à Cet effet, les chevaux ou voitures dont ils auront Besoin pour les mener en diligence au plus pro- chain Maître de poste par nous Etabli peur le même effet Pourra le dit , En cas de besoin, se faire as- sister par une ou deux personnes dont il déclarera les noms au Capitaine de milice de la dite Paroisse, afin de les luy faire connoitre comme assistans, et qu'il Juge de leur Capacité et nous envoyer les noms. Sera le dit maître de Poste paie par tous Couriers et voyageurs à raison du prix déjà fixé par Son Excellence le G-énéral Amherst, et deffendons à tous habitans du dit lieu, ex- cepté les assistans par luy nommés et enregistrés com- me tels, de mener qui que ce soit en poste, à peine d'a- mende arbitraire et de Dédommager le dit , du tort

qui lui seroit fait en le privant de la dite poste Etablie chez lui.

Aux trois-Rivières, ce 1760.

R. BURTON.

21

1760 170

29 Octobre.

Aux Sieurs DU NORD (1), du rhennih/u Xord, et MAIL- LOU GOUfN, de Sle. Anne, et JOACHIM GOUIN, au su- jet des Courier s venant de Québec et de Montréal.

Monsionr. .le m'apparçois quelquesfois que plu- sieurs personnes venans de québec et Montréal, traver- sent le Gouvernement sans être munies d'ordres à Ce su- jet ; Comme vous estes sur les frontières de notre Goiiver- nement vous devés avoir l'attention de leur demander à voir leurs ordres, et s'ils n'en sont munis vous devés pas ig-norer les ordres précis de Mr. le général am- herst. Vous devés aussi empêcher que personne ne mené les Couriers ou Voyageurs, sinon ceux que vous devés avoir déjà nommés pour vous aider, et qui doi- vent être enregistrés. Le tout suivant les ordres que vous avez reçus, incérés dans votre Commission de Maître de Poste.

Je suis. Monsieur, votre serviteur.

(Signé) J. Bruykiîe.

13 Novembre. A TOUS /es Capitaines de milice, pour empêcher qui! nr soit vendu aucune sorte de denrées aux Passans. ou Coureurs de côte.

Monsieur Son Excellence vous a enjoint par un pla- cart du 10 Sept, dernier, de ne pas soufl'rir que Los ha- bitans se défassent de leurs Volailles, moutons ou autres denrées, en faveur des passans. Vous devés être assuré

I Dubord ?

171 1760

que c'est eu conséquence de la Connoissance que Mr. le Grouverneur a de la rareté de ces Choses dans Son Gou- vernement, qu'il TOUS a fait publier le dit placart. Il est surpris d'apprendre que malgré des ordres aussi pu- bliques, quelques habitans s'exposent à vendre à des coureurs de Côtes, Il m'a chargé de vous avertir que c'est contraire à ses intentions et aux ordres déjà don- nés. Vous aurés soin, s'il vous plait, d'en rafraîchir la mémoire aux habitans, et leur faire connoitre qu'aucune permission pour se pourvoir dans les côtes, faite en fa- veur d'autres personnes que les habitans mêmes de ce Gouvernement, Doit être regardée comme nulle, à moins qu'elle ne soit ratifiée ici au Gouvernement,

Vous comprenés bien que cette defFense n'a lieu que pour les Etrangers, et qu'il est permis de droit et sans aucun écrit aux habitans de ce Gouvernement et aux officiers et soldats qui y sont Cantonnés de se pourvoir des Denrées qu'ils y consomment,

Vous lires la présente aux habitans de votre paroisse, le premier dimanche après sa réception, et Vous tien- drés exactement la main à son Exécution ; et vous la ferés voir à Messieurs les officiers des troupes, s'il y en a dans votre paroisse.

Je suis, Monsieur, &c.

(Signé) J, Bruyère.

24 Novembre,

A TOUS les Capitaines de milice, pour engager les habitans

à apporter leurs denrées en cette ville.

Monsieur. Les chemins sont maintenant fraïés. Il est aussi à présumer que les troupes répandues dans le Gou-

1700 17l'

v«Tjieiaciit ont fait leurs provisions D'hiver. Les Bour- i^i^ois de cette ville paroissent souhaiter que leshabitans y apportent des denrées. Il n'y a pas lieu de craindre (pu" les Conimandans dos troupes dans les difFérens districts s'y opposent. Mr. le Gouverneur s'est expliqué avec eux à ce îSujot. ÏAchés donc d'eng"agor les habitans de votie paroisse à apporter en ville ce dont ils veulent so défaire. Il en résultera un avantaî^e mutuel pour eux et pour les boursfeois de cette ville. Tour que la présente ait un effet plus sûr, vous tiendrés une main exacte au dernier ordre qui deffend aux habitans de se défaire de leurs denrées en faveur des Coureurs de Côte. Ce sont gens qui Communément leur en imposent, et qui font naitrc la disette dans des endroits sans eux file ne paroitroit jamais. Vous ferés connoitrc à vt)s habitans que ce qui est dit ci-dessus est L'intention de S<»>i l'\'(cll"n'e.

Je suis, Monsieur,

Votre très humble .serviteur, (Signé) .T. Bruykre

l'J DÉCEMBRE.

Monsieur —Vous aurés soin, aussitôt la présente re- çue, de faire avertir les nourices des enfans bâtards, envoyés dans votre paroisse par Mr. Tonnancour, de se rendre au Gouvernement des trois Rivières, avant la iin de ce présent mois, pour y rendre compte de leur Charge ; et pour y recevoir la récompense ordinaire des soins qu'elles en ont pris, et les engager à les continuer.

Je suis. "Monsieur, &c. (Signé) J. Bruykre.

173 1760

28 Décembre. Signalement de Pierre Lnhoi.r, deserleur des prisoni^ de Montréal.

Pierre Lahoix, coiisig'iié chez le Prt'vot pour vol, s'est échapé l'onzième de décembre,

Voici le signalement du dit Pierre Lahoix.

Il est grand environ de 5 pieds, 5 pouces, le visage basané, parle un peu d'anglois, et se dit marinier appar- tenant à un vaisseau de Gruerre de G-aspée, on le sup- pose marqué d'un fer chaud sur l'épaule gauche, pour un Crime précèdent. Il étoit habillé, lorsqu'il a déser- té de la prison, d'un capot de couverte blanche, avec une perruque Brune, et n'avoit pas de chapeau.

Il est enjoint à toutes personnes quelconques d'arret- ter le dit Pierre Lahoix, partout il se trouvera, sous peine de désobéissance.

Par ordre de son Excellence Mons. le Gouverneur.

(Signé) .T. Beuyère.

28 Décembre

A TOUS /es Capitaines de m ilire, j'onr accovipagner ie signa- lement ci-dessiis.

Monsieur. Vous aurés pour agréable de faire afficher le signalement ci-inclus aux lieux accoutumés, après en avoir fait lecture. Si le criminel se découvre dans votre district, vous le ferés arretter et mener sous main-forte au plus prochain officier Anglois commendant les troupes de sa majesté.

J'ay l'honneur d'être, &c.

(Signé) J. Bruyère.

1761 174

10 Janvier, 1761

Signalement (fun déserteur du 48e Régiment.

Sip:nalenient du nommé George Chambers soldat du 48e. Régiment.

Le dit Chambers, natif d'Irlande, est âgé de 31 ans, a 5 pieds 6 pouces de haut, mesure de france, les che- veux noirs, le teint brun, la taille déliée et le visage pâle. Il portoit l'uniforme du dit 48e llegt., lorsqu'il quitta son Cantonnement vers la lin du mois de décem- bre dernier.

Il est enjoint à toutes personnes d'arrêter le dit Chambers, partout il se trouvera, et de le faire me- ner, sous main-forte, au plus prochain Cantonnement anglois, et le remettre à l'officier Commandant. Il est deifendu, sous peine de désobéissance de lui donner le Couvert, ou de le favoriser et cacher dans sa fuite. Ce- lui ou ceux qui l'arrêteront et le remettront sûrement es mains d'un officier anglois, recevront huit Piastres en outre de la récompense accordée en pareil cas par acte du Parlement d'Angleterre.

Fait aux 3 Rivières, le 10 Janvier 17G1.

Par ordre de Son Excellence.

(Signé) J. BiiuviLiiE.

17 Janvier.

Ordre à tous les Capitaines de Milice pour la recherche des grains.

Monsieur. Il vous est enjoint de par Son Excellence Mr. Le Gouverneur, de faire la recherche delà quantité

175 1761

actuelle de grains chez les différeiis habitaiis de votre paroisse, et de m'en envoler un état exact au Gouverne- ment avant le commencement du mois prochain. Vous distinguerés les différentes espèces de grains.

J'ai ordre de vous dire que cette recherche n'a pas pour but de priver les habitans de leur propriété, ny de les forcer à s'en défaire. S'il s'en trouve quelques- uns qui par cette crainte mal fondée et par autres rai- sons fassent un faux rapport de ce qu'ils ont, leur four- berie sera punie à la dernière rigueur.

Commencés de bonheure, et faites-vous aider par les officiers de votre compagnie, en leur donnant à cha- cun un district, ou partie de la paroisse, ils seront te- nus de faire la dite recherche.

Je suis, Monsieur, &c.

(Signé) J. Bruyèke.

S Rivières, ce 17 Janvier, 1761.

13 Février.

Signalement et lettres circulaires ainsi que dessus en- volées aux Capitaines de Milice, pour le nommé ^Iatb.I'E'U, soldat déserteur de la Compagnie de Mr. le Chevalier Co(J- BORX, au 48e. Re'j:t., le 13 février 1761.

19 FÉVRIER.

Ordre à Mr. Laframboise, pour faire assembler les gentils- hommes de la ville, pour répetter à G-EORGE Ille, le ser- ment de fidélité prêté à GrEORGE SecoNJ).

Il vous est ordonné de la part de Mr. le Colonel Bur- ton, Grouverneur des trois Ki^-ières, de faire avertir Messieurs les Gentilshommes et autres personnes ha-

1761 ITH

hitaiis ci'tte ville dos trois liivii'n-s, non incorporôes clans le lîoUo do vos milices, de se rendre au (îouverne- ment dimanche prochain à dix heures du matin, pour y répetter au Koy (ieorge Troisième, \c serment de fidélité et de soumission (jui avoit été prêté au feu Koy ('forgr- SicD/iiI. Donné au (louvi-rnement. le !!• lévrier 17G1.

(Si«,nié,) .T. BuuYÈRE.

19 Fevriek. Ordre circulaire «wx Capitaines de Milices, j/our répet- ter au Roy George 3e., le serment de fidélité qui avoit été prêté à Geoïice Second.

Monsieur. Son Excellence a donné ordre à un des

ofliciers de Sa Majesté de se transporter à , pour y

faire répette'r au Koy George Troisième, le serment de fi- délité qui avoit été prêté au feu Koy George Second. Vous aurés soin de faire avertir par les serc-ens de votre C'ompag-nie, tous les habitans de votre paroisse, de telle

qualité qu'ils soient, de s'assembler chez vous, le

pour y prêter le dit serment.

Je suis, Mons. &c.

(Siî^né; .T. Bruvkre.

^ Kiviéres, ce 11» février 17C1.

Proclam.\tion du Koy GEOKGES TOISIÈMi:. De par Son Excellence Kalph Burton, Ecuyer, Colonel if Infanterie, Gouverneur des Trois Rivières, ^-c

Comme il a plu a Dieu d'appeller au trône de sa mi- séricorde notre Souverain SciLrncur .1 Koy feu George

177 1761

Second, d'heureuse et glorieuse mémoire, et que x^ar son décès la Couronne Impériale des Royaumes de la Grande Bretagne, de France et d'Irlande, ainsi que la do- mination suprême et le droit de souveraineté sur le pays du Canada et toutes ses dépendances, de même que sur toutes les autres possessions de sa feue Majesté en Amérique, sont uniquement et légitimement dévolus à Très-Haut et Très-Puissant Prince Geoege, Prince DE Galles.

En conséquence, Nous Ralph Burton, Gouverneur des trois-Rivières, accompagné des officiers des troupes de Sa Majesté en garnison en cette ville, et d'un nombre considérable des principaux bourgeois et marchands de cette dite ville, publions et proclamons, d'une voix unanime et qui porte l'expression sincère de nos cœurs, Que le Haut et très puissant Prince George, Prince de Galles, est actuellement, par la mort de notre feu sou- verain d'heureuse et glorieuse mémoire. Notre seul et Lé- gitime Seigneur et Roy George Troisième par la grâce de Dieu, Roy de la Grande Bretagne, de France et d'Ir- lande, deffenseur de la Foy, seigneur Suprême du dit pays de Canada et de toutes les terres qui en dépen- dent, ainsi que de tous les autres territoires et Domaines de sa feue Majesté en Amérique. Et nous luy vouons et promettons une fidélité entière et une obéissance constante, accompagné du plus humbles et du plus sin- cère attachement : Priant Dieu par qui les Rois et les Reines régnent sur la terre, de répendre ses bénédic- tions sur sa Majesté le Roy George Troisième, et de luy accorder de régner sur nous et sur tous ses peuples pen- dant un long cours d'heureuses et glorieuses années.

(Signé) R. BURTON.

1761 178 "•«

30 Mars.

Placcart de Sun Excellence jiuur faire payer au Roi les droits de (juinf, de lods et ventes, tCéchan<^e de fief, et en roture.

Kalpii liURTux, Ecni/er, Colonel d'Infanterie, Gouver- neur de lu ville et Gouvernement des trois Rivières.

Etant inl'oniu' que plusieurs particuliers et habitans de la ville et Gouvernement des trois Rivières ont ache- té des fiefs et Seigneuries, et fait Divers Echanges, sans payer au Roy les droits de quint et de lots et ventes» dont ils sont tenus.

Not;.s ukdun.no.ns à toutes personnes et habitans de cette dite ville et gouvernement d'exhiber devant nous dans 20 jours de datte du présent, les contracts d'acquisi- tion et d'Echange qu'ils pourroient avoir fait, et de payer les droits de quints et de lots et ventes qu'ils doi- vent au Koy, à peine d'y être contraints par Saisie et confiscation de leurs biens.

Nous ORDONNONS à tous les notaires du dit Gouverne- ment de donner par extrait copie des Contracts de vente ou d'Echange de fief, ainsi que des Echanges en roture qu'ils peuvent avoir pas.sé depuis leur réception.

Fait aux 3 Rivières, le 30 Mars 1761,

(Signé,) R. BURTON.

Par Son Excellence.

J. liBUYERE.

179 1T61

30 Maes.

Lettre à tous les Capitaines de Milice, pour accompagner le Placcart ci-dessus.

Monsieur. Vous trouvères ci-inclus, un Placcart ten- dant à affermir et mettre en valeur les droits de Sa Ma- jesté dans l'étendue de ce Gouvernement. Yous le fe- rés publier en la manière accoutumée, et il vous est en- joint de veiller dans l'étendue de votre paroisse à ce qu'il ne se passe aucun contract de A^ente ou Echange, sans en donner avis au Gouvernement, au cas que les habitans négligent de le faire.

J'ai l'honeur, &c.,

(Signé,) J. Bruyère.

3 Eivières, ce 30 Mars 1T61.

26 Avril.

De par Son Excellence Ralph Burton, Ecujjer, Co- lonel en pied d'un Regt. d'infanterie, Gouverneur des trois Rivières, Sçc, Sçc.

Le retottr du doux temps rend le grand nombre de feux moins nécessaires, et les incendies conséquemment moins à craindre ; Son Excellence juge à propos d'épar- gner aux habitans de cette ville pendant le cours de la belle Saison les dépenses du Bamoneur, dont son atten- tion à la sûreté publique les avoit pourvu.

Il est donc enjoint à tous les bourgeois et habitans de cette ville de faire Ramoner par eux-mêmes leurs che- minées jusqu'à nouvel ordre.

1761 180

Si la NixiLUiENCE, oulamalice de certains particuliors cause quoique incendie, ils seront punis aux termes du riaccart de Son Excellence en date du 15 8'*''-' dernier, par amande pécuniaire, ou punition corporelle, suivant la nature de leur faute.

Donné aux trois Rivières, le -0 Avril 1701. Par ordre de Son Excellence,

(Si^né,) .T. Bruyère.

28 AvKii,.

Pliccart de son Excellence, qui fixe le prix du jjassa<2,e des chevaux.

De Par Son Excellence Ralph Burton Ecr., Colonel (C un Régiment, Sçc.,Sçc.

Ayant jugé nécessaire, pour la commodité du public, d'établir un Bacq et de fixer un Passage à Fond de Veaux sur la Rivière St. Maurice.

Nous enjoignons à tous ceux qui q\\ feront usage, sous peine de désobéissance, de payer le dit passage suivant le tarif ci-dossous, sçavoir :

Argent de France. L. S. D.

Pour chaque personne 3 0

Chaque soldat marchant par ordre 1 H

In cheval et son cavalier 4 0

Une voiture à un seul cheval ») 0

Idem à deux chevaux 8 0

Chaque bête à corne, ou 2 moutons 1 6

181 1761

On suivra le tarif ci-dessas pour tous les autres pas- sagers dans l'étendue de ce gouvernement.

(Signé) R. BURTOX.

Par Son Excellence.

J. Bruyère.

17 May.

Placcart de son Excellence portant deffense à toutes person- nes non qualifiées de passer aucun acte de Notaire. De Par Son Excellence Ealph Burton, Ecuyer, Sfc,

S,'C.

Les Changemens faits dans la forme d'administrer la Justice, en établissant les Capitaines de milice pour Juges, n'ont eu pour but que la Commodité et le Soula- gemens du public, cela ne regarde que la décision des procès que des prétentions mal assurées, ou mal fon- dées pouvoient faire naître entre les habitans de ce pays, on a tâché d'en accélérer la fin, et de retrancher les frais immenses qui les accompagnoient.

Les ACTES qui assurent les biens et les prétentions des particuliers, tels que contrats, donnations, ventes, clô- tures d'Inventaires, &c., sont assujétis à une formule qui doit être suivie. Si on la néglige, on se prépare des disputes et des procès.

Il Y A des gens avoués par le Gouvernement connus sous le nom de Notaires dont le devoir et l'étude sont en s'assurant des intentions des parties contractantes, de les revêtir de la forme ordonnée par les loix. ils y sont obligés par serment.

1761 182

Nous AVONS appris que plusieurs personnes non qua- lifiées se meloient de passer des actes, sans les soup- çonner de mauvaise foi, il est à craindre que leur igno- rance no donne niatierre ù des procôs, à des disputes, et, pour y obvier, nous deffendons à toutes personnes quelconques, dans l'étendue de ce Gouvernement, de s'iu'jrérer ù dresser les actes qui ont coutume d'être passés devant les notaires publics, sous peine d'amende envers les dits notaires, ou même de punition plus sévères si le cas le méritoit, ainsi qu'il nous plaira en ordonner.

Exceptons néantmoins les contrats de mariages qui peuvent, ainsi que ci-devant, se passer devant les curés en les faisant insinuer au Grefle des Trois-Tlivières, dans l'espace de deux mois de leurs dattes

Fait et Donné aux Trois Rivières, le 17 Mars 1701.

(Signé.) R. BURTON.

Et plus bas Par Sou Excellence,

(îSigné,) .T. Bruyeke.

17 May.

A tous /es capitaines de Milice pour accompas^ner le placart cidessus, et pour faire raccommoder les ponts et chemins.

Monsieur. Je vous envoie ci-joint un Placcart de Son Exellence, Il vous est enjoint de le faire publier en la manière ordinaire, de l'afiicher aux lieux accou- tumés et de tenir la main à son exécution.

Il TOUS est pareillement enjoint de faire raccommoder les ponts et les chemins qui sont dans votre district.

183 1761

C'est une chose absolument nécessaire tant pour la commodité du public, que pour l'utilité des couriers et voyageurs.

J'ai l'honneur d'être, &c.,

(Signé,) J". Bruyère.

31 May. Placcart de son Excellence qui ordonne à toutes personnes de déclarer aux Capitaines des Milices les noms de tous les Anglois, nés sujets de Sa Majesté Britannique, soit prisonniers ou déserteurs et pour la garde des ani- maux.

De par Son Excellence Ralph Burton, Ecuyer, Colonel d'un Régiment d'Infanterie, Gouverneur de la ville et Gouvernement des 3 Rivières.

Il est joint à toutes personnes, de tel rang ou condi- tion qu'elles soient, prêtres ou autres, de déclarer, dans la quinzaine de la publication du présent placart, le nom, l'âge et le sexe des enfans et domestiques anglois qui demeurent avec eux, soit qu'ils les ayent reçu en présent, soit qu'ils les ayent achettés des sauvages. Nous ORDONNONS aux dites personnes d'en faire leur dé- claration, dans le terme cy-dessus, aux Capitaines des Milices de la paroisse elles sont habituées de les leur faire enregistrer en y ajoutant s'ils le sça- vent, le nom de l'endroit et l'année les dits enfants et domestiques ont été pris par les François, ou Sauva- ges. Le tout, à peine de 400 Ibs. d'amende et 6 mois de prison contre quiconque négligera d'obéir aux ordres contenus en ce présent placart.

ITtU 1H4

ToL'TES LES TEUUEs soiit uiuiiilt'naiit ensemencées ; en conséquence. Nous deffendons à tous les habitans, ou autres de donner l'abandon à leurs animaux et bestiaux, depuis la présente publication jusqu'à la ,St. Michel pro- chaine, sous peines des amendes ordinaires.

Donné aux Trois-Kivières. .11 Muj 17(!1.

(.Signé,) J:. lU'KTOX.

Et plus bas. P/ir Son Exrrlh nrr.

(Signé,) J. Bruyère.

31 May.

Lettre à tous les Caj/ifaines de Milice, en conséquence du

Placart cy-dessus. Monsieur,

Vous avés déjà re(,'-u le '1\ Octobre 17G0, ordre d'en- voyer au gouvernement le nom de tous les Anglois nés sujets de S. M. B. retirés dans votre paroisse. Vous vous êtes conformé au dit ordre, eu envoiant les noms des AuLflois établis et autres qui étoient à votre connoissan- ce, M. le gouverneur a appris qu'il y avoit en outre plu- sieurs enfants et domestiques qui navoient pas été dé- clarés. A cet effet, il fait publier le placart cy-inclus, que vous ferés afficher en la manière accoutumée, pour obliger tous les habitans de vous faire des déclarations exactes dans la quinzaine.

Vous aurés donc pour agréable d'envoyer de rechef un nouveau rolle au gouvernement, pareil au premier avec les augmentations qui vous parviendront, vous en- verrés le dit Rolle dans tfois semaines aprùs la publica-

à

185 1761

tion du dit placart. Ton s enjoiiidrés aux personnes qui vous feront leurs déclarations de se rendre responsables des enfans ou domestiques demeurant avec eux, et vous les avei tirés de se tenir prêts à les représenter au premier ordre à cet efïet de la part de Son Excellence. Vous avertirés i:)areillement les Anglois qui sont établis pour leur comte dans votre paroisse, de se tenir aussi prêts à recevoir et excuter les dits ordres.

Aux Capitaines des milices de la F ointe du Lac, Bécanronr et St. François seulement.

Si vous avés connoissance de quelques Anglois habi- tué avec les sauvages de , il vous est enjoint

d'en faire votre rapport sur un papier séparé.

Les derniers ordres que vous avés reçus au sujet des ponts, regardent aussi les chemins, que vous aurés soin de faire aussi racommoder.

Vous exécuterés ponctuellement le contenu en cette lettre, sous peine de désobéissance.

J'ai l'honneur d'être. Monsieur, &:c.,

(Signé) J. Beuyère.

Ce 31 May 1761.

31 May

Aux Missionnaires de St. François et Bécancour,au sujet des Anglois prisonniers ou déserteurs, qui sont avec les sauvages.

Monsieur^

Son Excellence me charge de vous dire qu'il vous

enjoint de donner ordre de sa part aux Sauvages de

22

17G1 186

votn» mission de liver, dans l'ospaco de trois Bemainos de la présente, sous peine de désobéissance et de jnini- tions, tous les Ani^lois nés sujets do S. M. B., déserteurs ou prisonniers, qui vivent actuellement parmi eux, soit qu'ils les ayent adoptés ou uon. Vous leur donne- rés ordre d'amener les dits Ani^lois au gouvernement des Trois Rivières, et d'en faire leur déclaration au Se- crétariat, où vous les enverrés avec une liste de votre main contenant le nom des dits déserteurs ou prison- niers, avec celui de l'année et de l'endroit ils ont été pris, ou ont déserté.

J'ai l'honneur d'être, Monsieur,

(Signé) J. Bruyère.

Ce 31 May 17G1.

10 Juin.

Aux Capitaixe.s de Milice de Maskinotigé, Mnrhirhe, Trois-Rivière.f, Cap de la Mngdeleine, Bntiscant, Ste. Anne, Nirolelle, St. François et YanwKka.

Monsieur,

Il vous est enjoint d<' la part de Son Excellence de commender à quatre miliciens de votre compagnie, bons canoteurs, de se tenir prêts à s'embarquer dans le bat- teau de Roy qui doit porter le bagage des troupes de S. M., cantonnés dans votre paroisse. Vous donnerés leurs noms à l'oflicior commandant les troupes, qui les averti- ra du jour du départ. Ils doivent aller jusqu'à Cham- bli et de revenir aussitôt aux Trois Rivières, avec

187 1761

les batteaiix qui leur seront confiés. Ayés soin que vo- tre monde soit averti à temps et aussitôt la présente reçue.

J'ay l'honneur, &c,

(Signé) J. Bruyère.

Trois Rivières, ce 16 Juin 1761.

20 Juin.

Ordre à tous les Capitaines de Milice, pour faire rendre les armes à ceux à qui son Excellence avait permis de s'en servir pour la chasse.

Monsieur,

II vous est enjoint, de la part de son Excellence, de faire rendre les armes à ceux de votre paroisse à qui elle avoit permis de s'en servir, et de reprendre aussi les permissions. Vous enverrés les dites armes au Gouver- nement dans le courant de la semaine prochaine. Los officiers de milice peuvent garder les leurs.

Aussitôt que les troupes qui montent du Gouverne- ment de Québec seront passées, vous recueillerés les Billets que les officiers auront laissé dans votre parois- se pour les voitures et le j^assag-e des rivières et vous me les enverrés aussitôt, pour que j'en fasse un état qui sera envoie au général et que son Excellence vous fera payer.

Il n'y aura que les billets des officiers angiois qui se- ront reçus.

J ai l'honneur d'être, Monsieur,

(Signé) J. Bruyère.

Le 20 Juin 1761.

1761 188

N. lî. J't'iitens par les billets do voiturage et de pas- sai^e ceux des 3 rôgimens qui ont drja passés et des 3 autres qui passeront. Je n'entends par parler des voi- tures, ou corvées faites pendant le Quartier d'hivert.

-•j Juin.

Ordre aux Cupituines de milice cTenuot/er au Gouverneur les sujets de S. M. B., /frisn/niiers ou déseiteu^s.

Monsieur

Il vous est enjoint de la part do tSon Excellence.

d'ordonner aux nommés , habitués dans

votre paroisse de se rendre avec leurs familles et leur butin ici au gouvernement des Trois Rivières le Lundi, six du mois de Juillet prochain, pour y recevoir les or- dres de Son Excellence.

J'ai l'honneur, &c., &c.

(Signé) J. Bruyère.

Le 23 Juin 1761.

25 Juin.

Au Sieur Ls. Gouin, Capitaine de milice de Ste.Annr, au sujet d'un soldat déserteur.

Monsieur,

Le nommé Thomas Knce, soldat de la compagnie du Chevalier CocBORN, qui a passé l'hivert dans votre pa- roisse, s'est absenté depuis deux jours de sa compagnie. On a assuré Son Excellence qu'il étoit rétourné dans votre

189 1761

paroisse il a quelque attachement. 11 vous est en- joint très exi:)ressement d'en faire une exacte recherche et de le renvoyer ici sous main-forte. J'ai ordre de vous avertir que si par hazard il échappoit à votre vi- gilence et qu'il vint à être reconnu dans votre parois- se, sous quelque temps, vous serés personnellement blâmé. Ainsi, faites toutes vos diligences.

C'est un garçon de 5 pieds 1 pouce ou 2, âgé de 24 ans, assôs bien fait, le teint frais, le gros et les che- veux d'un brun clair.

J'ai l'honneur d'être, Monsieur, &c.

(Signé) J. Bruyère.

Le 25 Juin 1761.

Son Excellence m'ordonne de vous repetter ses or- dres au sujet de la reddition des fusils et des permis- sions de chasses dans votre paroisse. Faites aussi, aver- tir le Capitaine Loranger.

Même lettre que cy-dessus a été écrite au Sr. Mar- chand, Capitaine des milices de Batiscant, au sujet du nommé McKann, soldat de la compagnie de Christie, garçon de 5 pieds 3 ou 4 pouces, d'environ 35 ans, le teint brun et la taille menue.

30 Juin. Ordre ù tous les Capitaines de milice d'envoier du bois et de la Faillç pour les troupes, et pour ordonner aux habi- tans d'apporter leurs denrées au marché.

Monsieur,

Son Excellence a jugé à propos, pour le soulagement des habitans, de faire camper la plus grande partie des

iTf.i i:to

troupt^s do ce Gouvornemoit dans la commune des trois Rivières. Il est juste que les dillerentes parois- ses leur fournissent du bois et de la paille. Il vous est donc enjoint de faire aussitôt la présente reçue cou- per cordes de bois, d'en faire un cajeux et de

l'envoyer aux Trois Rivières, et le faire mettre en pile le lonç do la grève auprès du moulin. Vous fcrés aussi fournir bottes de paille.

Il vous est ausiii enjoint d'(.)ni(jiinvr aux iKiiuians de votre paroisse d'apporter de tems on tems en cette ville le plus de rafraichissemens qu'ils pourront, tels que veaux, mouton.*?, poissons, beurre, œufs et autres denrées, pour l'usa ire des troupes et autres personnes ; et pour leur en assurer le payement et le débit, il a plu à Son Excellence d'assigner le bord de l'eau, vis-à-vis fatu-ienne porte, pour Place de marcher, vous- ordonnant d'avertir vos paroissiens que les heures du dit marcher seront depuis sept jusqu'à neuf heures du matin pen- dant lequL'l ttMns il y aura un officier ou serjeant pré- sent, pour empêcher que les Soldats ou Bourgeois ne s'emparrent des dites denrées sans payer.

Pour plus grande sûreté, il scroit à propos que vos paroissiens à leur arrivée fassent un rapport des den- rée qu'ils apportent au major.

cordes de bois, bottes de paille.

Il a été demandé à Yamaska.. 20 100

A la Bave St. Antoine 0 lôO

A Nicoh'tte 24 0

A Maskinongé 0 200

liivière du Loup 20 0

Machiche 20 0

Peinte du Lac L'3 0

91) Î.'.O

191 1761

4 Juillet.

A TOUS les Capitaines de Milice, pour leur envoyer des per- mis de Chasse.

Monsieur,

Il plait à Son Excellence, pour le soulagement des habitaus de son Gronvernement, d'accorder à chaque pa- roisse un nombre fixe de fusils pour la Chasse. Son in- tention est qu'ils soient confiés aux plus pauvres et aux plus nécessiteux. Les permissions seront numérotées et ne feront mention d'aucun autre nom que celui de la paroisse, Son Excellence voulant que les dits fusils et permission se prêtent mutuellement et charitable- ment de l'un à l'autre entre les habitans d'une même paroisse. Il vous est ordonné de tenir la main que les dits fusils et les permissions se prêtent sans partia- lité et qu'ils passent tour à tour entre les mains de tous ceux qui sont en état de s'en servir, observant néantmoins de les laisser plus longtemps par preferance aux plus pauvres. Monsieur le Gouverneur en accorde

à votre paroisse, en outre, un pour le Seigneur

et un pour le Curé ; Tous trouvères cy-inclus les permis numérotés, et un ordre pour qu'on vous délivre en con- séquence fusils ici au gouvernement, que vousremet-

trés à la personne que vous enverrés pour chercher les dits fusils.

Avertisses vos parois.siens qu'il sera inutile d'em- ployer aucune personne pour obtenir un seul fusil de plus dans votre paroisse. Son Excellence étant résolu ' de n'en pas accorder davantage sous tel prétexte que ce soit.

Les ollkiers do milice et serifens contiiiuont de gar- der les leurs, sans aiiir.» ]i''niiissiôn «pi'' !'• ]>rivil«''ge de leurs commissions.

J'ai riionneur d'être, Monsieur. &c.

(Signé) .T. BuuYKRK.

Le 4 Juillet ITGl.

20 Juillet.

ORDRE à tons les Capitaines de milice (Tenvoier les habitans

bûcher aux forges. Monsieur,

11 vous est enjoint de la part de Son Excellence de

faire commander, aussitôt la présente reçue, habi-

tans de votre paraisse, pour bûcher chacun 15 cordes de bois aux Forges St. Maurice. Vous leur ordonuerés d'apporter avec eux leurs haches et des vivres pour le temps qu'ils mettront à bûcher leur bois. Vous les en- verrés en droiture à Mr. Courval, aux Forges, de qui ils recevront les ordres. Ce travail presse, donnés vos or- dres incessamment et avertissés-les qu'ils seront payés. J'ai l'honneur, &<•.

(Signé) .]. BRUYhiRE

Le 20 Juillet 17G1 Aux Capitaines de milice de la Côte du Nord.

P. S. J'ai ordre de vous avertir que le payement des Billets pour les voitures et passages des rivières des Kégts. qui ont passé à travers votre paroisse, et-t arrêté jusqu'à nouvel ordre, par A!ef^^sr8. les Généraux. Je vous les renvoyé, gardés-les.

193 17G1

26 Juillet.

Ordre à tous les Capitaines de mi/ice, pour deffendre de chasser à travers les terres ensemencées et les prairies.

De par Son Excellence Ralph Burton, Ecuyer Colonel d'un Régt. d'Infanterie^ Gouverneur de la ville et Gou- vernement de Trois Rivières, &c.

Malgré la bonne volonté avec laquelle chacun de- vroit être poi'té à conserver les grains et les fourages que la providence promet aux habitans de ce gouver- nement, il nous est parvenu que plusieurs personnes preiferant leur plaisir particulier au bien public, vont à travers les terres ensemencées et les prairies dont le foin est presque mûr, pour suivre leur gibier. C'est abuser do la permission que nous leur avons donné de se servir de leurs armes.

Nous DEFFENDONS donc à toutes personnes quelcon- ques sous peine d'amende et autre punitions, de chasser à travers les terres ensemencées, et les prairies dont le foin n'est pas encore coupé. Ordonnons à tous Officiers de milice de tenir la main à l'exécution du présent or- dre, et de nous faire un Rapport exact des contrevenans.

Donnée aux trois Rivières, le 26 Juillet 1761.

(Signé) R. BURTON.

Par Son Excellence,

(Signé) J. Bruyère

nul 1U4

20 JUILLET.

Lettre à /ous Us Cdjniuifies le mi/ire /mur (iccompa^ner le Phirra rt rif -dess u y .

NoNsicnr,

Vous aurés la bonté, aussitôt la présente reçue, de faire publier le présent ordre et de rafRcher aux lieux accoutumé.

J'ai l'honneur, &c.

(Signé) J. Bruykre.

Ce 26e Juillet 17t;i.

1 i AoU.ST.

PlaccakT «w sujet (lcs()(ficiers François de o Rivières, Mu- chiche, Masquinongé, Côte de Baliscant, Champlain, Becancour et St. François.

De par Son Excellence Ralph Burton, &c., &,

Messieurs les officiers François résidans actuelle- ment dans la ville et Gouvernement des 3 Rivières, qui sont restés dans cette colonie pour arranger leurs affaires, suivant les termes de la capitulation du 8 Sep- tembre 1700, et dont les Congés à cet eflct sont sur le point d'expirer, sont avertis et priés d'en- voyer au Secrétariat des Trois-Riviéres, avant le 18 du du présent mois, leurs noms et le nombre de personnes qu'ils se proposent d'emmener en France, afin que la liste en soit envoiée à Mr. I.nndrieve, commissaire de S. M. T. C, de qui ils recevront avis des arrangemens pris, et du tems fixé pour leur départ.

195 1761

Il est eu même temps ordonné par le présent à tout soldat François actuellement au service de S. M. T. C, dans toute l'étendue de ce gouvernement de paroître au Secrétariat des Trois Rivières avant l'expiration du terme cy-dessus, sçavoir, le 18 du présent, pour s'y faire enregistrer afin que la dite liste soit pareillement en- voyée à temps au dit Sr. Landrieve de qui- ils recevront leurs ordres.

S'il se trouvoit aussi quelques personnes dans ce gou- vernement qui souhaita passer en France, qu'elles ayent pour agréable de venir au dit Secrétariat se faire enregistrer et y donner leurs noms et le nombre des personnes qui doivent les accompagner, soit femm^es ou enfans.

Donné aux trois Eivières, le 14 Aoust 1761

(Signé) E. BURTON.

Par Son Excellence

(Signé) J. Brtjyèke.

14. Aoust.

Lettre pour accompagner le Placcart cy-desus.

Monsieur,

Yous ferés afficher le Placcart ci-inclus en la manière accoutumée. Yous aurés en outre soin d'envoyer un de vos sergens donner avis du contenu aux officiers françois, habitués dans votre parroisse, s'il y en a, aussi- tôt la présente reçue.

17»n lOG

Vous donnerés pareillement avis de la présente publi- cation aux parroisses voisines, d'autant plus qu'il n'a pas été jugé nécessaire d'en faire pour toutes.

J'ai l'honneur d'être, «S:c.

(SiLnié) .T. lÎRT'Vi^IKE.

Ce 14 Aoust 17G1.

P S. Vous voies que cette aflUire presse : il faut que j'aie réponse de ces Messrs. avant le dix huit du ])ré- sent.

14 AoUïST (1)

Signalement d'un iléacricur.

Signalement du nommé Henry Furlor, désert^-ur du du 4Ge. Kégt.

Il est grand d'oiiviruii ô pieds 2 pouces. Agé de 23 ans, fort et trapu, les cheveux et sourcils noirs, parle un assez mauvois ano'lois ; déserté avec habit, veste d'ordonnance et son fusil ; iTportoit des mitasses. En- joint à toutes personnes d'arretter le dit Henri/ Furloc, et le remettre sous la garde d'un officier anglois. Qua- tre piastres de récompense en outre de celle accordée par le parlement, pour ceux qui arretteront le dit dé- serteur.

Aux 3 Rivières, le 15 Août ITGl.

Par ordre de Son Excellence.

(Signé) .T. BRUYJiRE.

(1) Ainsi marqué à la marge ; mais la dal- au bas de laleltrcMl du l.'i Août.

197 1761

24 AousT.

Placcart povr deffendre aux habitaNS de vendre feurs den- rées aiix coureurs de côtes.

De par Son Excellence Ealph Burton, &c., &c.

Plusieurs vagabonds ont coutume de se répandre, à peu près dans ce tems-ci, dans les côtes de ce gouver- nement, et d'y faire des levées de denrées dont ils vont se deffaire ailleurs. Nous avons déjà tâché d'arretter cet abus par un placart du 19 7bre. 1760, renouvelle au mois de 9bre. suivant. Nous répettons ces mêmes ordres et defïendons, sous peine d'amende et de confiscation des denrées d'en vendre à aucun coureur de côtes, sans une permission de notre part, et ordonnons aux habitans, lorsqu'il s'en présentera pour achetter, d'en faire aussitôt avertir leur Capitaine ou plus proche officier de milice, afin que ces derniers examinent les permissions en vertu desquelles ils agissent.

Donné aux 3 Eivières, le 2-4Aoust, 1761.

(Signé) R. BURTON.

Par Son Excellence,

(Signé) J. Bruyère.

24 AousT.

Lettre à tous les Capitaines de milice pour accompagner le Placart cy -dessus.

Honneur,

La fin de la récolte pourra engager plusieurs cou- reurs de côtes a se répandre dans l'étendue de ce Grou- vernement, pour s'y pourvoir de denrées qu'ils vont

k

1761 198

consommer ailleurs. L'app;\s d'un crain présent porte- roit peut-être les habitans a oublier les défenses déjà faites à ce sujet. Sou Excellence juge à, propos de les renouveller, et de vous enjoindre à y tenir la main.

Pour que personne n'en puisse ignorer, vous ferés Lire et afficher le Placart cj' -joint.

J'ai l'honneur d'être, Monsieur, &c.,

(Signé) J. Bruyère.

Ce24 Aoustnci.

28 AousT.

Aux Capitaines des milices de Bécancour, Sf. François, Baye St. A/Uuine et Yamas/ca, au sujet de deux Déser- teurs.

Monsieur,

Il vous est ordonné, sous peine de désobéissance, de chercher et faire chercher par vos officiers et Sergens de milice, dans toutes les maisons de votre paroisse, s'il ne s'y trouveroit pas deux soldats déserteurs de cachés. Vous en trouvères la Description cy dessous. Vous aver- tirés vos habitans qu'ils soroient punis Corporellement, s'ils étoient trouvés di^z eux, après la recherche faite. 11 vous est aussi enjoint de vous informer s'ils ne seroient point retirés chez les sauvages de votre endroit (ou de vos environs.)

L'un est soldai du 4 le Régt., appelle Joseph Thomas Chapellier de son métier. Il a environ 27 ans, est de ') pieds 3 pouces de haut, assés bien fait, le teint clair, le visage rond, les yeux gris, les cheveux cendrés, et

199 1761

avoit sou habit d'ordonnance tout neuf, lorsqu'il a déserté.

L'autre est soldat du 43e Hégt. appelle Robert Cooper, de la même taille, c'est-à-dire 5 pieds 3 pouces de haut, bien fait, les cheveux bruns, et avoit une veste de drap brun, lorsqu'il a déserté.

J'ai l'honneur d'être, &c.

(Signé,) J. Bruyère. Ce 28 Aoust 1761.

19 Septembre.

Signalement cTîin déserteur.

Signalement du nommé Robert Lée, soldat du 46e Rég. déserté du Camp de L'Assomption, le 14 Septembre 1761.

Le dit Lee, anglois de naissance, est âgé de 27 ans haut de 5 pieds 5 ponces ; il a le visage brun, les yeux gris, la face large, le nez large et plat, il parle fran- çois et sauvage. Il étoit habillé lorsqu'il déserta, d'un capot de couverte, avoit une culotte de flanelle blanche des bas blancs de laine, point de chapeau. Il est en- joint, etc., etc., etc. Vingt cinq piastres de récompense à ceux qui le ramèneront ôs-mains d'un ofEcier anglois.

Aux 3 Rivières, le 19 Septembre 1761.

Par ordre de Son Excellence^

(Signé) J. Bruyère.

1761 200

20 Septembre.

PACCART^/e Son Excellence pour le départ des officiers fran- çois, soldats, matelots, etc.

De j>nr Son Excellence R vT.ru BuUTuN, Kcuyer, etc.

>5CAV0IR FAISONS à tout olficicrs, soldats, matelots François et autres qui doivent passer en France sur les bâtimens de Cartel, et qui sont actuellement résidans dans la ville et Gouvernement des trois Rivières, que les arranîjoinens sont pris pour leur procurer un passage de cette ville jusqu'à Québec, et Nous les avertissons qu'ils aient à se tenir prêts à s'embarquer ici le 27 du présent mois pour se rendre en la dite ville de Québec, d'où les dits biltimens de Cartel doivent faire voile pour France, pendant les premiers jours du mois d'octobre prochain. Ordonnons, que le présent soit lu publié et affiché, afin que personne ne puisse en prétendre cause d'icrnorance.

Donné aux Trois Rivières, le 20e jour de Septembre

17t>l.

(Signé) R. BURTON.

Par Son Excellence,

(Signé) .T. Bruyère.

22 Septembre.

Lettre awa; Capitaines de Milice, pour le bois de chauffage jiour les casernes.

Monsieur,

Son Excellence aiant jugé nécessaire d'égaliser au- tant que faire se peut entre les habitans de son Gou- vernement les dépenses occasionnées par le cantonne- ment des Troupes de Sa Majesté :

i'Oi 1761

11 lui u plu (l'ordonner que les habitans de votre pa- roisse naiaiit point de soldats logés chez eux, eussent à fournir pour le chauffag-e de ceux qui sont cazernés aux

3 Rivières cordes de bois pas mois, pendant

0 ou 7 mois, à commencer du 1er. octobre.

Aitx Cnj/ildines de Milirr du lour du Lac, \.

La commodité que vous avés de pouvoir envoler le vôtre en cajeux par eau, la porte à vous ordonner d'envoier au plutôt trois mois de votre taxe ; c'est à dire

cordes, et le reste à votre commodité et à votre

2Té, avant l'expiration des d. trois mois.

Avx Capitaines TouriiJi:)ii. Bnoiel et LnCroix.

Vous pouvés l'aire bûcher le bois à votre commodi- té, pour être en état d'envoier votre proportion en en- tier, lorsque la gelée ou les neiges auront rendu lesCha- roiages plus faciles, si mieux n'aimés faire autrement, et envoyer dès à présent au magasin. Il ne faut pas souflrir que vos hahitans apportent par cordes ou de- mie cordes, mais qu'ils viennent lorsqu'ils auront au moins un mois complet à délivrer eu même temps

Vous vous adresserés au sergent de ville pour rece- voir et tenir compte du bois que vous apportés. C'est à vous d'ordonner la proportion de chaque habitant dans votre paroisse, et de fixer la manière de Tenvoier. J'ai l'honneur d'être. Monsieur, votre &c.

(Siorné) J. Bruyère.

Ce'2-2 7bre 17G1. ■23

ITÙl

202

Bais d<Mn:indr' clans cIkuiuo p:\roisso par la k'ttro cy dessus.

Yaraaska par mois

Baie St. antoiiie...

Nicolette

Ivivière du Loup.

Maehieh»'

]*te. du Lac

Béeaneour

Gentillv

Cap Magdeleine do

mois

10

coMes

do

4

do

</.

do

('}

do

o

do

«;

do

u

do

4

do

'ji

do

4

do

7

do

t)

do

o o

do

8

do

do

2

do

11 Octobre. Placcakt pour annoncer le mariage du lioi/. De par Son Excellence Ralph Burtox, Ecui/cr, Colonel,

SçAVOiR FAISONS, &:c.,à tous Canadiens, et autres sujets de Sa Majesté dans toute l'étendue de notre Gouverne- ment, qu'il a plii à Sa dite Majesté Notre Souvt'raiii Seigneur et Roy de faire la déclaration suivante à son Conseil assemblé au Palais de St. James à Londres le 8e jour de Juillet 17G1, on ces termes :

" N'aiant rien tant à cœur que de procurer l'avantage " et le bonheur do mes peuples et d'y donner toute la " stabilité qui peut l'assurer à leur postérité, je me suis " occupé, dt'puis mon avènement à la couronne, du soin |- de choisir une Princesse pour partager mon trftne. " J'ai la satisfaction de vous apprendre aujourd'huy, " qu'après les informations les plus amples, et la délibé- •' ration la plus réiléchie, je suis résolu de demander en •' mariage la Princesse Charlotte Mecklenburg Stielitz

203 1761

" Princesse distinguée par toutes les vertus et les quali- " tés aimables du cœur et de l'esprit, dont l'illustre mai- " son a donné des preuves constantes de son zèle sincè- " re pour la religion protestante, et de son attachement " particui.er à ma famille. J'ai jugé à propos de vous. •' faire [part] de mes présentes intentions, pour que vous " n'ignoriés pas d'une chose dont l'importance est aussi " considérable pour moi et mes Eo^^aumes, et qui, je " me flatte, fera plaisir à tous mes bons et fidèles su- " jets. "

Ensuite de quoi tous les Conseillers du Conseil Privé, à ce présens suplièrent très-humblement Sa Majesté de permettre que la susdite déclaration qu'il avoit plù à Sa Majesté de leur faire, fût rendue publique, ce qui leur fut accordé.

En conséquence voulons et ordonnons que le pré- sent placcart soit lu, publié et affiché en la manière ac- coutumée, afin que personne ne puisse en prétendre cause d'ignorance.

Donné aux Trois Rivières, le lie. jour d'octobre 1761,

(Signé) E. BURTON.

Par Son Excellence,

(Signé) .T. r)EUYF.RE.

17(11 204

11 Octobre.

Placart pour deffendre daller au devant des Tètes de Boule avec des Marchandises.

IvALPll BuRTON, Ecuyer, Colonel, Sçc S^-c, S^-r.

SçAVOIR FAISONS, &c. qi^'il nous est parvenu quo qu»*]- ques particuliers de cotte ville et gouvernement avoient envoie des marchandises au devant de la nation tSau- vage appelée testes de boule, dans les profondeurs, et avoient par ce moyen empêché cette nation de descen- dre faire la traite ouvertement aux trois lîivières. La visite que nous avons reçue ces jours derniers de quel- ques uns de ces sauvages nous a confirmé la vérité du rapport qui nous a voit été fait.

Une pareille conduite est contraire à l'intention du Gouvernement Anglois qui veut que le commerce soit libre et ouvert à toutes personnes. Nous sommes de plus persuadés que Ceux dont l'avarice les a porté à à faire ce Commerce avoient en vue de tirer avantage .de l'ignorance de ces peuples, et que, pour y parvenir et retenir cette nation crédule et craintive, ils luy ont tenue des discours injurieux à l'honneur de La nation Angloise, crime qui mériteroit une punition exemplaire, et qui seroit sûrement puni, si les Coupables étoient connus avec certitude.

Pour empêcher que pareille chose n'arrive à l'avenir, nous defTendons très-expressement a toutes Personnes quelconques de remonter avec des marchandises les riviè- res par lesquelles le.s/e.s/p.« de boule ont coutume de des- cendre pour faire la traite de leurs pelleteries, sous peine de Confiscation des dites marchandises et autres puni- tions.

205 1761

Voulons que le commerce avec la dite nation soit libre et ouvert à tontes personnes, ainsi que nous l'avons fait entendre aux dits sauvages, dans la dernière visite qu'ils nous ont rendu.

Ordonnons que le présent Placart soit lu, publié et affiché à la manière cccitumée, afin que personne ne puisse prétendre en ignorer.

fait aux trois Rivières, ce 11 octobre 1761

(Signé) R. BURTOX.

Par Son Excellence,

(Signé) J. Bruyère,

25 OCTOBRE

Signalement de deux soldats déserteurs du 44e Régt.

Le nommé Isaac Cannon, soldat de la compagnie d'in- fanterie légère de Capt, Dunbar a 5 pieds 5 pouces | de haut, le teint brun, le visage long, les che"\«eux brun- foncé, les yeux gris, anglois de naissance, tisserand de son métier. On pense cjue, lorsqu'il a déserté, il avoit un vieux capot brun de cadis et un bonnet d'infanterie lé- gère.

Et Le nommé Philipe Chancelier, du même Régt. et de la même Compagnie, a cinq pieds cinq pouces et demi de haut, marqué de la petite vérole, le visage long, le teint Clair, les Cheveux cendrés, les yeux gris, allemand de naissance, journallier ; il avoit, lorsqu'il a déserté un habit rouge tout uni.

Ils ont emporté leurs armes et leur amunition.

11 est enjoint, &c., &c., &c., huit piastres de récom-

17 1.1 206

pense pour ceux qui iirn'tteroiit les d. Déserteurs, ou quatre piastres pour un des deux. Aux trois KiviO-r.'s, le 23 8'"^' ITGl.

(Siuiir) K. iu;rtox.

P(ir Sun Excellenir,

(.SiofUé) J. lillUVÈUK.

1er. Novemhue. AxxoNCE delà réduction de Po/iticlicri/,dd la prise de l'istr St. Domini(jue, et d' une victoire remportée jxir le Prince Ferdinand sur //'.< armées de la France.

De par Son E.ccellence IIalpH Burton, Ecui/er, i^f-, tV'-. A'' En conskquence d'une Lettre de Son Excellence Mr. le Ch^ Jeffery Amherst, Major-Général et Com- mandant en Chef les armées de Sa Majesté Britanique en Amérique, Son Excellence le Clouverneur a le plai- sir et la satisfaction de faire sçavoir aux Sujets de Sa Ma- jesté, Canadiens, et autres résidans dans la ville et gou- vernement^des trois lîivières, la réduction de Pontiche- ry dans les Indes orientales, La prise de TIslc de St. Do- minique dans les Isles occidentales, et la victoire glo- rieuse remportée en Allemagne par les troTupes de Sa Majesté et de ses alliés, commandées par Son Altesse Sérénissisraî lePrinc-3 Ferdinand, dont il a plu à la pro. vidence de favoriser ses armes le 16 du mois de juillet dernier par la défaite des armées réunies de la Franc»».

commandées pnr Messrs. le Prince de Soubi.se et Le Ma-

'■ I

réchal Duc de Broglio. Aux trois liivières, ce 1 Nov. 1701.

(Signé,) IvV BURTOX.

Par Son F.rcellcnce,

(Signé,) J. Bruyère, Vive le Roy.

207 1761

14 NOVEMBRE.

Aux Capitaines de Milice de la Côte du Nord, pour faire et entretenir un Chemin d^hivert de 12 ou 15 pieds,

De PAR Son Excellence, &c., &:c.

Pour remédier à rincommodité des Chemins de terre' pendant l'hivert, et prévenir Le retard que Cela occasion- ne aux Couriers et voiageiirs pendant cette saison. Il est enjoint aux habitans des différentes paroisses de ce G-ou- vernement sur la Côte du Xord, de tracer avec leurs traînes et Cariolles, dès que la neige Couvrira la terre, un chemin de 12 ou 15 pieds de large, à peine de 20 pias- tres d'amende contre les paroisses qui négligeront de faire et entretenir un tel chemin. Et pour rendre L'en- tretien du dit Chemin plus facile, Voulons et ordonnons que toutes voitures faisant route de Québec à Montréal, ou partie de la dite route, soient tenues de marcher sur la droite du dit chemin, c.-à.-d., vers les terreset que celles qui descendront de Montréal à Québec soient tenues de marcher sur la G-auche, c.-à.-d., vers la grève, à peine d'une piastre d'amende Contre les habitans ou Maîtres de poste qui mèneront les dites voitures, dont moitié sera donnée à la personne qui aura pris les Contre ve- nans sur le fait, et l'autre moitié aux pauvres de la pa- roisse où la voiture aura été arrettée.

Ordonnons aux Capitaines de milices de la Côte du Xord de tenir la main à l'exécution du présent ordre, et, pour que personne n'en ignore, Voulons qu'il soit lu, publié et affiché au plutôt. Enjoignons aux Maîtres de postes de Ste. Anne et du Chenail du Nord de faire part du présent ordre aux Maîtres de poste des G-ron- dines et de Berthier, afin qu'ils n'en ignorent et aient à s'y conformer.

ITfn 208

Ordonnons parcilleiinMii <iuo K-s Clioiniiis soient ba- lisés à l'ordinaire, sitôt ({U*' l<'s noit^^os Lo permettront. I)onn<'' aux trois Ivivières, ce 14e. novembre ITGl.

(Sinfn.') i;. 15URT0N.

Par Son Kxrellcnrt',

(Siiiin'') .1. liUUVÈUK.

A'. B. II iuut (|uo les balises soient uu iiiuius do i) :c 7 pieds au dessus de la neige.

29 NOVEMBRE. Si(4NAr.EME.\T (le lieux (lotnestiques déserteurs.

Sk^nalement de dt-ux domestiques désertés de chez Mr. le Major Christie, à Montréal, la nuit du 24 au 25 du présent, ayant emporté avec eux quelques meubles de sa maison.

Le nommé Thomas Leoyd, anglois de naissance, jeu- ne homme d'environ 17 ans, de ô pieds 4 pouces de haut, as.sés bienfait, Les jambes menues, les Cheveux et Sourcils blonds. Le visage pâle et long-, et il parle un assés mauvois tVançois. Il avoit, lorsqu'il s'échajxi. nu habit de livrée de drap bleu dou])lé de serge rouge v\ paremens de panne rouge et boutons blancs, plats, un»' veste d'écarlatte et une Culotte de p;>au passée, avec un bonnet de velours noir.

Va Le nommé Jean Mora, Canadien de <.^uébec, d'en- viron 18 ans, de ô pieds 7 pouces de haut, bien l'ait, le visage blanc unis, le nez haut et retroussé, les Cheveux et sourcils blonds ; il avoit, lorsqu'il s'échappa, un ca- pot brun, une veste bleue dou})lée de blanc, une Cu- lotte verte, un Chapeau à bord haut et une radingottL* de drap gris.

209 1761

Il est enjoint, &:c. Dix piastre de récompenses pour ceux cj^ui arretteront les dits déserteurs, ou cinq piastres pour un des deux.

Aux trois Rivière, le 29e Nov. 1761.

(Signé) R. BURTON.

Et par Son Excellence,

(Signé) .1. Bruyère.

7 DÉCEMBRE.

]-*LA.CCART qui deffend de couper du bois sur la Seigneurie de St. Maurice.

Ralph Burton, &c., &c., &.

Sur le raport qui nous a été fait, que plusieurs Bourgeois et habitans de Oette ville alloient, sans au- cune permission de notre part, couper et enlever des bois de ChaufFage et autre sur les terres dépendantes de la Sei- gneurie et Fief St. Maurice : pour arretter cet abus, Nous defFendons très expressément à toutes personnes quelconques de couper à l'avenir et d'enlever les bois de la dite Seigneurie, sans une permission écrite de notre main, Sous peine contre les Contrevenans d'une piastre d'amende pour Chaque Charrette ou traine, et de punition arbitraire en cas de récidive. Voulons que le présent soit lu et publié en la manière accoutumée, afin que personne n'en ignore.

Donné aux trois Rivières, ce 7 Dec. 1761.

(Signé) R. BURTON.

Par Son Excellence,

(Signé) J. Bruyère.

1761 210

23 DÉCEMBRE.

Aux Capitaines des intlires dej/uis le Caji j u^quà Sle. Anne, au Sujet (les chcntins de nei^e.

Monsieur, Son Excellence ayant appris que vous ne vous Etiés point Conformé à son placcart au Sujet des Chemins de neiire, faute do l'avoir bien compris, elle m'a ordonné de vous l'expliquer.

C'est un Chemin de 1.") pieds de larj^e dans lequel les voitures puissent tenir la droite en montant et la (raiiche en descendant, et non pas deux Chemins sépa- rés et encore moins des balises au milieu : vous le fe- rés entendre aux habitans de votre paroisse, afin qu'ils ayent à s'y conformer, et vous leur ordonnerés d'appla- tir le banc de neige qui s'épare à présent les deux Che- mins et d'en oter par conséquent les Balise.s, pour n'en faire qu'un seul chemin.

J'ay l'honneur, iS:c.

Ce 23c Déceml)ve ITtîl.

(Siirné) .T. Bkuyèuk.

P. S. Ne né!,^liu-és pas Surtout de faire baliser en île, sous peine de l'amende portée par le placcart.

29 DKCKMlilIE.

Aux Capitaines des milices d' Yamasrn, Baye St. Antuinr, Nicolet et Bécanrour, pour le bois des Cazernes. Monsieur. En conséquence de l'ordre de S. E. du 2J 7brc dernier, il vous étoit ordonné de faire fournir })ar les habitans de votre paroisse.... cordes de bois de Chauf- fa!,^o par mois, pendant G mois, pour l'entretien des ca- zernes en cette ville, et Comme vous en avez fournis....

211 1762

pour votre taxe des 8 premiers mois, il vous est enjoint

d'envoyer incessamment, et au plutôt cordes

pour 3 autres mois. Ce transport vous est fort facile main- tenant que les chemins sont fraïés, ainsi profiités-en, J'ay l'honneur d'être, Monsieur,>&c,

(Signé) J. Bruyère.

Nota. Demandé à Bécancour 2 cordes par mois d'augmentation et autant à Bécancour (1).

1762. 23 Janvier.

Yamaska, St. François, Nicolette, Bécancour, Ste. Pierre,

St. Anne, C/iampIain, Trois Ricières, Machiche, Mas-

kinongé.

Signalement du nommé Thomas Hanter, Soldat dé- serteur du 44e ^Q^ï. de la Compagnie de Mr. Le Capi- taine Hervey.

C'est un homme d'environ 34 ans, de 5 pieds, G pou- ces de haut, le visage Long, le tein olivâtre, les yeux et les Cheveux d'un Brun foncé. Il est en Ecosse, et il est tisserant de son métier. Il avoit lorsqu'il est par- ti, son habit d'ordonnance, un capot de Couverte et une Bayonnette attaché à une Ceinture de Cuir. Il servoit, l'année dernière dans Le Régt. dés Ecossais de la gar- nison de Montréal, d'où il a été échangé et placé dans le 44e, Eégt.

Il est enjoint, &c. Quatre piastres de récompense pour ceux qui arretteront Le dit Déserteur, &c.

Par ordre de Son Excellence,

(Signé) J. Bruyère.

("1) Ainsi, à la copie du MS. que je transci'is. J, V

17fi2 212

.'i't Janvikk.

A luus IfS i'iijiittiincs dr ini/irrs du su/if des Coioriers de Côtes.

Monsieur, Vous dt'vri»'is avoir Compiis par les i>la- carts publiés, qui ont vii'. n'itért's, que S, Kx. ne veut point Souti'rir le Coinnierce qui se lait par le moyen des Coureurs de C6tes ; Cependant, on lui a lait rapport que, Maiç^ré son intention et ses deilenses, il s'en rependoit de tems en tems (|ui, avkic des permissions du Gouver- nement de Québec, trali([Uoi».'nt pendant une quinzaine dans une paroisse et de îS'en alloient dans une autre. Il vous est de rechef ordonné d'arrêter ce commerce-là. et de l'aire Exécuter les placarts de Son Excellence. Pour y parvenir. Lorsque vous apprendrés L'arrivée de quelques [unsjde ces Coureurs de Côtes dans votre parois- se, vous les ferés sommer de se rendre pardevant vous et vous leur lerés produire leurs permissions et passe- ports, et lorsque vous \\\'n verres j)oint de Sig^nés par i^î. Ex., ou par moi par son ordre Vous signilirés à cesgen.s- les ordres que vous avés et leur ordonnerés de quit- tor votre paroisse dans l'espace de 24 heures, leur del- fendant néantmoins de trafiquer pend' le dit tems ; Le tout sous peine de ^Saisie de Leurs effets. Si, après ces ordres de votre part, ils s'obstinoient à rester aude- du tems Limité, Il vous est Enjoint de faire saisir leurs effets et de les mettre en sûreté, en Quelque par- tie de votre maison ou ailleurs, vous jugerés néces- saire, sous Clef et d'envoyer aussitôt faire votre raj)- port ici de ce que vous aurés fait, accompagné de L'homme dont vous aurés Saisi les effets et d'une note de leur quantité et nature

Vous lerés attention que. S'il est ici donné des pcr-

218 1762

missions pour aller dans les paroisses, elles seront don- nées en françois, et que si les dits Coureurs de Côtes vous produisent une permission en ang-lois de Mr. Murray ou de son Secrétaire, et que la dite permission soit appostillée de moi pareillement en ang'lois, cette appostille contient une deffense de trafiquer et non pas une permission.

J'ay riionneur d'être, Monsieur, &c.

Ce 30 Janvier 1762.

(Signé) .T. Bruyère.

Si vous vous trouvés dans le cas d'avoir besoin de secours pour Exécuter les ordres cy-dessus, vous pou- vés vous adresser au Commandant des troupes Le plus voisin, qui vous donnera toute assistance nécessaire.

J. B.

4 FÉVRIER. Annonce du Mariage et Couromiement de leurs Majestés. De par Son Excellence, &c., &c., &c.

Nous AVONS reçu des Lettres de Mr. le ministre et Secrétaire d'Etat de Sa Majesté. Nous faisant part du ma- riage de Sa dite Majesté G-eorge Trois K,oy de la G-ran- de-Bretagne avec très haute et très puissante Princesse Charlotte de MeKlembourg Strelitz lequel a été heureusement célébré à Londres. Le 8 71^''^- 1761. Les di- tes lettres nous donnent pareillement avis du Sacre et Couronnement de Leurs Majestés, dans la Cathédrale de "W^esminster, le 22e du dit mois. En conséquence des dites Lettres Nous jugeons a propos défaire part et Congratuler tous les bons et Loyaux Sujets de Sa Ma

1702 214;

jostô clans l\''tondao de ce Gouvenicnicnt de cet heu- reux et ulorieux aveuomeut, qui ne peut manquer de les remplir de plaisir et de satisfaction,

Donné aux trois-liivières ce -le IV'vrier 17(52.

(Sii^né) M. lîURTOX.

/'<//• Son /J.nellenre,

fSiirnr) .1. liRrvKKK.

G Mars.

PuBLu':, que Le Nommé Martin, iVan(;oi.s de nais- sance, s'étoit noyé le 26e février dernier, à six heures du matin ; que Le scellé a été apposé Le même jour sur les effets du dit Martin, par ordre de Monsr. Le Député Juge-Avocat pour le Roy, et que le dit scellé sera levé dans dix jours. Enjoint a tous les Créanciers du dit Mar- tin d'envoyer leurs noms chez le ^^r. Diellt», Nof''- et le montant de ce qu'il leur est Par le dit Martin.

Par or<lro d<' Son Excellence.

(Signé) .1. P>nT-VKRK.

Le même jour Publié ET Enjoint au nommé i^f/r?- niut, (1) françois de Naissance, Cordonnier de son métier, ey-devant résidant en Cette Ville, et dont il est absent depuis plus d'un mois, de Comparoitre, sous 10 jours, dans La maison il demeuroit, a faute de ce faire, que leB effets qu'il a Laissés en Cette Ville seront saisis et vendus au profit de ses Créanciers.

(Signé) .T. BRUYhlRK.

M. Vifor avail lu Farinant.

215 1762

6 Mars. Au Sie?-:!' BRiS'E.BOls,faisant fond ion de Cap'^'- de Milice a Yamasca, au sujet des fusils.

Monsieur, Son Excellence apprend avec peine, qu'il y a plus de fusils rependus dans votre paroisse qu'il n'en a permis. Il vous est enjoint très expressé- ment, et Sous peine de Son déplaisir, de faire faire une recherche exacte et de faire apporter au Gouvernement Le surplus.

Vous n'ignorés pas qu'il lui a plut d'accorder un fusil a Chaque officier de Milice, c'est à dire Cinq personnes

faisant 5 fusils

Deux sergents.... 2 "

Mr.LeCuré 1 "

Et a aix habitans a tour de Rolle, suivant les

permissions numérotées 10 "

Faisant en tout 18 "

Vous ferés Saisir et vous enverrés, sans aucune excei> tion ni partialité Le Surplus, et vous avertirés vos habi- tans que si Son Excellence par information ou autrement, apprend qu'il y en ait cy-après plus que le nombre susdit il fera sévèrement punir les personnes chez qui les di- tes armes se trouA'eront.

J'ai l'honneur d'être, &c., (Signé) J. Bruyère.

P.t Maks.

Lettrk du St'crrfdirc il' Etat a Mr. Ir Cltrrr. AmukUs r, nu Sujet (1rs Canat/icNs,

De tau Son* Kxckllkxci:. «S:c., «S:f., iS:.

Il a plu ù Son Excellence Monsr. le chevalier .Tekfi:- RY Amiierst, Maréchal des Camps et armées, Comman- dant en Chef les troupes de Sa Majesté Britannique en Amérique, de nous envoyer copie d'une Lettre qui lui u étéaddressée par Mylord EoREMONT, Secrétaire d'Etat de la Cfrande-Bretaî]^ne, en datte do AVhitohall du 12ine. Décembre 1701.

l'aile renlerme les ordres a;-acieux de Sa Majesté pour ses Conquêtes dans l'Amérique Septentrionale. Sa bonté et sa bienveillance envers ses nouveaux Sujets y sont ex- primées d'une façon trop llateuse pour ne pas répan- dre Lajoye dans leurs Cœurs, et exciter en eux tous les sentimens de reconnoissance et d'attachement, qu'une pareille atteniion a leur ])onheur doit naturellemenl produire. C'est dans cette persuasion que Nous nous (ai.sons un plaisir sensible d'en donner Connoissance a tous les habitans de Notre Gouvernement, et que Nous voulons que les intentions de S. M. b-ur soient Commu- niquées dans Les propres tennesqui composent la Lettre cy-dessus mentionnée.

Mylord Eirremont, après avoir applaudi de la ma- nière la plus ample et la plus crracieuse, de La Part du Roy a la jirudence des arraniromens faits par Son l'excel- lence Mr. le chevr. Amherst pour le Ciouvernement du C!anada, et ses ordres donnés en Conséquence aux Gou- verneurs de Québec, de Montréal, et des trois-Tîivie- res. S'exprime ainsi :

217 1762

" Sa Majesté remarque, avec i^laisir, la douceur et

" la bénignité avec laquelle Yous offres également et

" sans partialité, sa protection Eoyalle a tous ses sujets.

" Les ordres que vous donnés particulièrement aux

" troupes de vivre en bonne intelligence et en bonne

" harmonie avec les Canadiens, méritent, avec justice,

" l'approbation dont je suis Chargé de vous faire part,

'* Et Comme rien ne peut être plus Essentiel au Service

" de S. M. Le Bon plaisir du Roy,- et que vous reiteriés

" aux difîerens G-ouverneurs des endroits cy-dessus nom-

" mes de Suivre les voies de douceur et de Conciliation

" qui font partie des Instructions que vous leur avés

" donné, et que vous recommandiés très expressément

" a leur vigiience et a leur attention, de se Servir des

" moyens les plus efficaces pour que les Canadiens

" soient traités avec douceur et avec humanités. Ils Sont

" maintenant en effet comme vous fexprimés fort bien,

" également sujets de Sa Maje.sté Britanniqiie, et comme

" tels ont également droit de reclamer sa protection et

" de jouir de tous les avantages de cette humanité et de

" Cette douceur de Gouvernement qui distingue déjà le

" Eegne propice de Sa Majesté, et fait Le bonheur parti-

" culier de tous les peuples sujets à l'Empire de la G-ran-

" de-Bretagne ; et vous avertirés les Gouverneurs cy-des-

" sus nommés de donner des ordres précis et très-ex-

" près, pour empêcher qu'aucun soldat, matelot, ou

" autre n'insulte les habitans françois qui Sont mainte-

" nant Sujets du même prince, deffendant a qui que ce

" soit de les off'enser en leur rappellant d'une façon peu

" généreuse cette infériorité a laquelle le sort des ar-

" mes les a réduits, ou en faisant des remarques insul-

" tantes sur leur Langage, leurs habillemens, leurs mo-

" des, leurs coiitumes et leur pays, ou des reflexions, ■24

ITÔ-J 218

" peu Chariliibles et ihmi Clin-licmifs sur l;i KcHirioii '• qu'ils prolossout.

Kt. comme il n'y a i)oint encore de Magistrature *' civile établie dans le dit pais Conquis. Le Koy veut '' que Messrs.* les Gouverneurs se servent de toute

l'autorité qui leur a é'é confiée pour punir toutes

personnes assés peu respectueuses pour oser manquer '• aux ordres de Sa Majesté en un point aussi essentiel a '• ses interests. FA vous donnerés vos ordres pour que les '• présentes intentions de S. M. soient nottifiées a tous '• ceux a (jui il appartiendra, afin qu'aucun Sujets An- •• cflois ne désobéisse par iornorance, et que tout sujet

l'rançois puisse ressentir et Goûter les doux efl'ets de la i)uissante protection de Sa Majesté dans toute leur

l'^tendiie.

Afin que Les Intentions favorables et Bienveuillantes de Sa Majesté ne soient ignorées d'aucun de ses Sujets, Voulons et Ordonnons que le présent Tlacartsoit lu, iJimanche prochain, a L'issu de la messe paroissiale de chaque église de Notre Gouvernement, et ensuite affiché a la (por/r) de chacune des dites Eglises.

l)i>XNK aux trois lîivières, ce 19e mars 1702.

(Si-né) K. BUKTOX.

Va plus lias. l*tir Son Excellence,

(Siirn.') .T. Bnuvi-:RE.

219 1762

19 Mars Placart au Svjet du commerce avec les Sauvages.

De par Son Excellence, &c., &c., &c.

Il nous a été rapporté, de façon a n'en pas douter, qu'il y a de petits marchands en Canada qui, pour Sa- tisfaire aux basses vues d'un interest personnel, sont assés méprisables pour mettre en usage toutes sortes d'artifices pour en imposer aux Sauvages et les trom- per dans les marchers qu'ils font ensemble. Cette Indi- gne Conduite est parvenue jusqu'aux oreilles de Sa Ma- jesté et n'a pasmanquée d'exciter toute son indignation.

Or, Comme les Sauvages sont maintenant Sujets de S M. et ont par conséquent le même droit de S'attendre aux avantages de sa protection, que de plus une Con duite aussi injuste en irritant leurs esprits les indispose contre le G-ouvernement, et leur donne des Idées fausses et déshonorantes des Commerçants Anglois.

Nous VOULONS ET ORDONNONS que tous Ics sujets de S. M. residans dans notre Grouvernement, soit Anglois ou François, traittent les Sauvages avec humanité, et fassent affaire avec eux' avec cette ouverture et cette probité a laquelle ils ont droit de s'attendre ainsi que tous les autres sujets de Sa Majesté Britanique et ils peuvent être assurés, au cas qu'ils aient de justes su- jets de plante, qu'on leur rendra la justice la plus exacte et que les Contrevenans au présent ordre seront punis avec Sévérité, suivant l'exigence des Cas. Donné aux trois Rivières, ce 19e Mars 1762.

(Signé) R. BURTON.

Et par Son Excellence,

(Signé) J. Bruyère.

ITC-J 220

r.« Mai:s

ri,\c\riT (jiii ilt(ftnil t/f fiier f/rs Pi rilii.i .

Dk PVK So\ ICxt'KIil.KNrK. \'c.. \-c.. c\:c..

A"\ ANT i-U' inroriiié quo, dopuis Le vinjrt Mars jusqu'au 1.'» juill«'t, il so lait une p^raiide destruction do perdrix, et notamment dans le toms qu'elles s'accouplent, par la facilité qu'il y a 'le les tuer, faisant alors Connoitrc par leur lîattement d'ailes les endroits elles Sont, et pour ''mpc-clier la Continuation de celte abus dont s'ensui- vroit intailliblement l'entière destruction de cesoiseaux, <'<M|ui pvivt'roit Le public 'l'une ofrande douceur a la vie.

Nous DEKFKXDONS à toutes personnes, de quelque qua- lité et Condition qu'elles soient, de tuer des perdrix, de- puis Le 1er. Avril jusqu'au 1er. Aoust, a peine de 2'J piastres d'amende, applicable au dénonciateur, comme aussi de Les prendre a la tonnelle et au Collet et d'en en- lever les œufs, sous peine d'une amende du double de celle cy-dessus marquée, applicable motié au Dénoncia- teur et moitié a la Fabrique de la Paroisse »^ur laquelle elles auront été prises et enlevées. Et, pour oter tout L'appas et l'envie que quelque-uns peuvent avoir d'en tuer a l'avenir, pendant l'espace de tems cy-dessus Mar- qué, Nous dépendons aussi, sous la même peine de 20 piastres d'amende, a toutes sortes de personnes d'en ven- clre ou achftter pendant le dit temps et d'en apporter •lans La Ville, ny autres lieux de ce Gouvernement.

M.\Ni)o\s aux Capt ' "^ et olliciers de milice tant de Cette Ville (jue des Côtes de ce Gouvernement, de tenir L:i iiiiiiii l'éxecution de la présente Ordonnanf^c. qui

221 17»»2

sera lue, publiée et afiichée partout Ix'soiu sorn, a ce que personne n'en ignore.

Donné aux trois Rivières ce 19e Mars 17G2.

(Signé) li. BUKÏON.

Et pKis Bas, Par Sou Excellence,

(Signé) .T. Bruyère.

19 Mars.

A tous les Capi'^''-- de milices, pour accompagner les Irais placcarts cij-dessus, et leur ordonner d'envoijer un nouveau rolle des habitans de leur paroisse.

Monsieur, Vous aurés Soin, aussitôt la présente re- çue, de faire publier et afficher les Placcarts cy-inclus, en la manière accoutumée.

Il vous est pareillement Enjoint d'envoyer au Gou- vernement, le plutôt que faire se pourra, un nou- veau Kolle des habitans de votre paroisse, suivant le model cy-inclus dont vous remplirés les Colonnes. Vous marquerôs au bas, ainsi que vous le verres le nom des nouveaux habitans, soit francois, ou autres, depuis l'an- née 1760, s'il s'en trouve, ainsi que des Accadiens, por- tant pareillement Le nombre de leurs familles.

J'ai l'honneur d'être Monsieur «S;:c ,

(Signé) .1. Bruyère.

Ce 19 Mars 1762.

17G2 222

G Avuiii.

OliDUK/i tous les Not''''^ (t envoi/ er les Extraits des contrats de vente ou Krh(inv!;c des biens relevons du domaine.

Monsieur, 11 vous est Enjoint d'onvoyor incessam- ment au Gouvernement les Extraits de Contrats de vente ou d'echançe de Fief, ainsi que des Echanges en roture, ou autres actes equipolens des biens relevans du Domaine, depuis le dernier appel, et de continuer de 3 mois en 3 mois, a compter du l^'''- avril de cette présente année a peine de 20 piastres et d'interdiction <'n cas de neg-li^-ence. Tel est l'ordre de Son Excellence qu'il m'a en- joint de vous Signifier.

.T'ai l'hoiineur, iS:c.,

(Signé) .T. BllTJYKRE

('" •;.> avril 17<';2.

23 AvTMT,.

Placcaiît pour La garde des animaux. De par Son Excellence, &c., &c., &c.

Les terres sont maintenant enseraeucées. Il est de l'intérest du public que les grains et autres Semences qui Sont confiés an sein de la terre y soient conservés autant que l'aire se pourra, en conséquence, nous def- fendons a tous habitans, ou autres, de donner l'abandon a leur*» animaux et Bestiaux, depuis la présente publica- tion jusqu'à la St. Michel prochain, sous peine d'une demie piastre d amende jiour chaque animal ou Béte-a- cornes.

223 1702

Ordonnons a tous les Capitaines de Milice détenir la main a l'exécution du [^present.

Donné aux T. Uivières, ce 2oe avril 1T02.

i^igné) U. lîURTOX.

El ])(()• Son Excellenee

(Signé) .T. lîiiUYKKi:.

23 Avril.

Ordres «MX- Cay>^ '-^' <^e Milice de faire racoi/imoder les ponts et Chemins.

Monsieur, Vous aurés soin, aussitôt La présente re- çue, de faire publier et afficher le Placcart cy-inclus, en la manière accoutumée. Tous aurés pareillement soin de faire racommoder les ponts et les Chemins à l'or- dinaire — c'est un3 Chose absolument nécessaire.

J'ay &:c (Signé) .T. Ukuyère

Ce 23e avril 1762,

28 AvEiLl

Déclaration ^/e guerre De Sa Majesté Brilanniq/fe contre Le Roy cV Espagne.

'• L'objet constant de notre attention depuis notre " avènement a la Couronne, n'a Cessé d'être, autant '■ qu il nous a été possible de mettre fin aux Calamités " de la Gruerre, et d'établir la tranquilité Publique sur " une ferme et Solide Base. Pour empêcher que ces Ca- •' lamités ne s'étendissent plus loin, et d'autant plus

•' <|iriinopart'îiitt' haniionii' t'iiiri- la raudo-Brotagfiio et " l'Espaî^ne est en tout temps do l'iutérost mutuel de ces " deux nations. Nous avons toujours ardemment sou- " hait'' entretenir L'amitié la plus étroittc avec le lioy " d'Espaçne, et arranger a l'amiable les difi'erens qui '• pou voient s'élever entre Nous et cette Couronne. *' Nous avons persisté Constamment dans cotte viie, " Mal2:ré la partialité Evidente des Espagnols pour les " François nos ennemis, pendant lo cours de cette " Guerre, qui ne s'accordoit nullement avec leur neu- •' tralité. Et la Cour de la Grande-Bretagne n'a Cessé " de donner des preuves es.sentielles de son amitié et •' de son Estime pour le lîoy d'Espagne et sa famille. " Après une Conduite au.ssi amicale et remplie de tant " de bonne foy de notre part, nous nous sommes trou- " vés extrêmement surpris a la viie d'un mémoire pre- ssente Le 23 de juillet dernier, par M. DE Bus.sY, Mi- " ni.strc Plénipotentiaire de France, a un de nos Prin- " cipauxSecretaired'Etat, au sujet des disputes qui Sub- " sisbent entre Nous et la Cour d']']spagne, portant que '* si ces disputes occasionnoient la Guerre entre les " deux Couronnes, la France se trouveroit obligée d'y *' prendre part. Notre Surprise augmenta ensuite lors- " que Le Ministre d'E.spagne avoua a notre Ambassa- " deur a la Cour de Madrid, qu'une démarche aussi '* extraordinaire et au.s.si in.sultante, faite par une Puis- " sance actuellement en Guerre avec nous, s'étoit faite " avec L'approbation et du Consentement du Koy d'Es- " pagne, en a.ssurant que ce mémoire n'auroit jamais été " presené, si l'on avoit pu prévoir qu'il eût été reçu •' Comme une insuite, qu'au reste, le Koy d'Espagne " étoit lo Maître d'arranger ses diflerens avec la Cour " de la Grande-Bretagne, sans l'Interposition de la

225 1762

France, et qu'il ôtoit très porté a Lo l'aire. Peu do temps après, nous eûmes la satisfaction d'apprendre, par Notre Ambassadeur a Madrid, que, sur les Bruits qui Curroient d'une rupture prochaine, Le Ministre d'Espagne avoit pris occasion de l'assurer que le Roy son Maître étoit, autant que jamais, disposé a Culti- ver sa bonne intelligence avec nous, Et Comme TAm- basseur Espagnol a notre Cour repetoit les mêmes Déclarations, nous avons crû qu'il étoit de notre Jus- tice et de notre Prudence de ne point en venir a au- cune Extrémités.

" Mais Le tendre Intérest que nous x)renons au bien de nos Sujets, en nous empêchant d'entrer avec pré- cipitation en Gruerre avec l'Espagne, s'il étoit possible de l'éviter, nous obligeoit nécessairement de nous in- former avec Certitude des Engagemens actuels et des intentions réelles de la Cour d'Espagne. En consé- quence, nous apprîmes qu'il s'étoit contracté depuis peu, des Engagemens entre les cours de Madrid et de Versailles, et peu après les Ministres de France eu- rent soin de répandre adroitement dans toute l'Eu- rope que le but de ces Engagemens étoit offensif envers la Grande Bretagne, et que l'Espagne étoit sur le point d'entrer en Gruerre, sur quoi nous ordonnâmes a notre Ambassadeur de demender, de la façon la plus amicale, Communication des traités Conclus de- puis peu entre La France et l'Espagne, ou des articles qui avoient particulièrement rapport aux Interests de la G-rande Bretagne, s'il y en avoit, ou enfin une as- surance positive qu'il n'y en avoit aucuns qui fussent incompatibles avec la bonne amitié qui existoit entre nous et la Couronne d'Espagne. Nous fumes extrê- mement Surpris et peines d'apprendre que Le Minis-

22(j 17G2

Ire Espagnol avoit cviti' do répondre u une demande •' aussi raisonnable, et s'étoit servi de raisonnemens et " d'Insinuations qui paroissoient découvrir des inten- " tions d'hostilité, et Connue nous revumes en niênn' •' temps des intelligences certaines que l'Espagne l'ai- " soit de Grands armemens par Mer et par terre, nous "ju'^eames qu'il étoit indispensablement nécessaire " d'essaier encore une lois, s'il seroit possible d'éviter " d'en venir a une rupture. En Conséquence, nous don- " nâmes ordre a Notre Ambassadeur de demander, d'une " façon polie, mais ferme, si la Cour de Madrid avoit '• intention de se joindre aux François, nos Ennemis, " dans leurs actes d'hostilité Contre la Grande Breta- " "-ne. ou si Elle se proposoit de se départir de sa neu- " tralité, et en Cas qu'il s'aperrut que le Ministre Espa- '* fiiol évita de donner une réponse claire et précise " il avoit ordre d'insinuer que son refus de repondre " précisément a une demande aussi raisonnable donne- " roit lieu de penser que le Roy d'Espagne avoit pris " parti contre Nous, ou qu'il étoit résolu de faire, ce qui " seroit regardé comme un aveu des ses Intentions En- '• nemies et équivalent a une déclaration de Guerre ; " auquel cas il avoit ordre de quitter incessamment la '• Cour de Madrid. Le refus positif que la Cour d'Es- " pa^-ne lit de donner La moindre Satisfaction a des de- " mandes aussi raisonnables de Notre part, et la Decla- '• ration Solennelle, que Le Ministre Espagnol lit rn mé- '• me temps, que l'on regardoit La Guerre Comme actut'I- " lement déclarée, prouve Clairement que La resolution " d'a""ir olfensivement étoit décidément et si fermement •' prise, (ju'il n'etoit plus possible de la Cacher, ou de la *' nier.

Le liuy d'Espagne ayant donc jugé a propos sans

227 1762

" aucune provocation de Notre part, de regarder La " guerre comme déjà commencée contre Nous, et L'ayant " en effet fait déclarer a Madrid, Nous Espérons que, " par la protection du Dieu Tout Puissant, eu égard a " la justice de Notre Cause, et L'aide de nos bons et fide- " les Sujets, nous nous trouverons en état d'arretter et de " deffaire les desseins ambitieux qui ont formé la présente " alliance entre les deux Branches de la Maison deBour- " bon, qui donnent naissance a une Nouvelle Guerre, et " Menacent l'Europe des plus fatales Suites. En Gonse- " quence Nous avons jugé a propos de Déclarer, et nous " DECLARONS dcs a présent La Guerre au Roy cVEspa- " gne, et conformément a cette déclaration, nous Som- " mes résolus de continuer avec vigueur cette G-uerre " qui interesse Si intimement l'honneur de notre Cou- " ronne, le bien de nos Sujets, et la prospérité de cette " nation, dont la Conservation et L'appui feront en tout " tems l'objet le plus cher de notre attention. Et Nous " Voulons et ordonnons par ces présentes a tous nos G-e " neraux et Commandans de nos troupes, aux person. " nés commises a l'exécution de la charge de G-rand '• amiral de la Grrande Bretagne, a nos Lieutenants dans " les différente provinces, a nos Gouverneurs des forts " et des Citadelles, et a tous autres officiers et soldats " soumis a leur commandement tant par mer, et par " terre, en conséquence de la présente guerre, de faire " et d'exécuter tous actes d'hostilité contre le Ro)^ " d'Espagne, Ses Yassaux, et Sujets, et de s'opposer " a leurs entreprises.

" Nous VOULONS ET ORDONNONS a tous nos sujets de " faire attention a la présente déclaration, leur deffen " dant très expressément, d'entretenir à l'avenir aucune " Correspondence, ou d'avoir Communication avec le

17»;J 228

Ivoy d'Kspairno ou si^s Sujets. Et nous Corauuuulons " par cos présentes a tous nos sujots, et donnons avisa " toutes autres personnes do telle nation qu'elles soient " de ne point transporter aucuns Soldats, armes, poudre, " amunition, ou autres effets do contre bande, sur les " terres, territoires, colonies, etablissemens et pais ap- " partenants au dt. Roy d'Espairne, Déclarant que tout " vaissau, ou Bâtiment qui sera trouvé Chargé de sol- " dats. armes, poudre, amunition ou autres effets de " contre bande destinés pour les terres, territoires, Co- " lonies, Etablissemens, et pais appartenants au dt. Roy " d'Espagne, seront pris, saisis et condamnés comme de '* bonne prise. Et comme il se peut trouver plusieurs " sujets de Sa Majesté Espagnole, habitués et établis " dans nos .Royaumes, Nous déclarons par ces presen- '• tes que Notre Royale Intention est, que tous les Su- " jets Espagnols qui se Comporteront envers nous avec " Respect, Soient protégés et maintenus tant en leurs " personnes que dans leurs effets.

" Donné a notre Cour de St. .Ta -(lucs, le 2 ' jour de '• .Tanvi'^r 1702, la 2 ' •"• année de notre Règne. "

Publié aax trois Rivières, le 28e. avril 17G2.

(Signé) R. BURTOX.

Et plus bas, Par Son Excellence,

(Signé) J. Bruyère.

229 17G2

8 May.

Placart qui annonce le départ de Son Excellence et encan- séquence des ordres remis a Mr. Frederick Haldim an Colonel d'Infanterie, etc.

De par Son Excellence Ralph Burton, &c., &c., &c.

Son Excellence Monsieur le Chevalier Amherst m'a instruit dernièrement des ordres de la Cour, portant qu'il plait a Sa Majesté que je m'absente pendant quel- que tems du Grouvernement des trois Rivières pour me rendre a L'armée, et Son Excellence voulant que les affaires de ce Gouvernement ne soient en aucune façon interrompues, m'a en Conséquence ordonné d'en remettre entièrement le soin, pendant la dite absence, a Monsi'- Frederick Haldim an Ecuyer Colonel d'Infan- terie, &c.

A ces fins nous faisons par ces présentes sçavoir a tous les sujets de Sa Majesté Canadiens, ou autres dans l'étendue de ce Grouvernement que nous avons remis et nous remettons en Conséquence des ordres cy des- sus a Monsieur Frederick Haldiman tous les pou- voirs dont nous sommes revêtus î)our fadministration de la justice et le Grouvernement des sujets de Sa Majes- té sous notre obéissance et afin que personne n'en puis- se ignorer. Voulons que la présente soit liie, publiée, et affichée en la manière accoutumée.

Donné aux trois Rivières ce 8'"*^ jour de May 1762

(Signé) R. BURTON.

Et plus bas, rPar Son Excellence,

(Signé) » .T Brityeiie.

17C2 230

1'.'. M AV.

Placart qui dt'fftnil de chasser sur la seii^neurie de St Mau- rirc, j'ublié aux 3 Rivières, MurJtirhe, /'•''" du Lac, Cap Mai^deleiuc et aux Fors^es.

De jiar Xous FREDERICK IIaldimand Ecuî/er Colovel (C Infanterie Commandant In Ville et Gouvernement des Trois [Rivières] et les troupes de Sa Majesté dans l'éten- due du dit Gouvernement.

Il est dekfexdu à toutes porsonnes qin'lconquos de chasser sur les terres de la ;Seigneurie de St. Maurice, et autres dépandantes des Forges, et dans les environs de la mine derrière la pointe du Lac, sans une permission Expresse Signée de nous, sous peine de vingt piastres d'a- mende pour la première lois, et de punition arbitraire en cas de récidive, La dite amande applicable moitié au dénonciateur ; et l'autre moitié aux pauvres de la par- roisse, et afin que personne n'en puisse ignorer, Vou- lons que La présente soit lue, publiée et aliichée en la manière accoutumée,

Donne aux trois Rivières ce 19e may 17G2.

(Signé) FRED. IIALDJMAM).

Et plus bas Par Mr. le Commandant.

(Signé) J. Bruyère.

231 1762

23 May.

Signalement de deux domestiques désertés de Chez Mr. le Blajor Chrisiie a Montréal.

Signalement de deux domestiques désertés de chez Monsieur le Major Ciiristie a Montréal La nuit du 20 au 21e du présent mois,

JoNHS Eaab allemand mince, d'environ cinq pieds sept pouces, les yeux rouges, fort noir, de longs Cheveux noirs ordinairement en tresse, porte un habit verd, et un morceau de Ruband verd pour cockarde à son cha- peau Bordé d'argent.

David King un allemend d'environ cinq pieds cinq pouces, bien fait, Cheveux rouges, Beaucoup de Rous- seurs ; Son habit rouge tout unis, et des Culottes de peau; tous les deux parlent françois Mais mauvais An- glois.

N. B. lis ont emporté avec eux une radingotte bleiie avec des Boutons blancs.

Aux 3 Rivières ce 23e may 1762.

Six piastres de recompense pour ceux qui les arrette- ront et les remettront à Mr. Le Major Christie à Mont- réal.

Par ordre de Monsr. le Colonel Haldimand.

(Signé) L. Metrat,

Major de Place

1TG2 232

25 MvY.

liois (le chauffuge dcmcndé dans lis jtarroisse de Yamasca, Nivolet et la Baye, Rivière du Loup et Marhirhe,

Monsieur. Comme il se trouve nécessaire de renou- veller les provisions de bois pour le cours de L'été pour la garnison de cette ville. Il vous est Enjoint de la part de Monsr. le Gouverneur de faire incessemment couper dans l'étendue de votre parroisse et par vos habitans (1) dans l'endroit que vous jugerés le plus convenable, cent cinquante Cordes de bois de Chauiliage que vous ferés descendre aux trois Rivières en cajeux, Vous ordonnerés qu'il soit arrangé sur la grève entre les deux Maicazins de provisions, pour vous faci- liter dans le Choix de l'endroit vous ferés faire la dte. Coupe et pour que le propriétaire du dt. endroit ne se croye pas lésé preferabloment a tout autre vous lui ferés iSçavoir que les dtes cent cinquante cordes de bois lui seront payées par moi a raison de dix sols de France pour Chacune des dtes Cordes prises sur pied.

J'ai Ihouneur détro. Monsr, «Jcc,

(Signé) J. Bruyère.

Ce 2r> Mav 17»;2.

(l) El coii\ <lo II li.'iyf. Ac. Vous cr)iniiiii[iii{ii.'rr<s la |ircsoiitf au ('.a|im' <li! Milice Je la Baye, l'I vous couvion-lr-'S avi'c lui «lu nonilni* (!<• Im- luMirs, Ac.

I.p ni>''iiie à 1.1 Hiv. ilu l. .iip

233 1762

28 May. Placart au Si/Jet du Commerce dea Sauvng'es têtes de houle.

De par Nous Frederick IIaldimand Ecni/er Cohue! d'Infanterie Commandant la Ville et Gouvernement des trois Rivières et les troupes de Sa Majesté dans l'étendue du dt. Gouvernement.

Le commerce des têtes de boule est iine des princi- pales resources des habitaiis de cette ville et Gouver- nement. Il seroit donc a x^ropos de tacher d'engager cette Nation Sauvage a y apporter leurs pelleteries. Il nous paroit que le moyen le plus sûr d'y parvenir est de donner a ce Commerce toute la sûreté et la liberté pos- sible.

A cet effet Nous réitérons les defFenses cy devant faites a toutes x)ersonnes d'aller a la rencontre des dits sauvages, et par les empêcher de venir au marcher j^u- blicde cette ville. Voulons en outre qu'aussitôt L'arri- vée des dits sauvages leurs pelleteries soient déposées en gros a l'endroit accoutumée sur le haut de la Côte vis a vis la maison du Sr. de Francherille, ou après avoir préalablement prélevé les Crédits qu'ils auront reçus dans les volages précédens, et qui seront duement enre- gistrés au Secrétariat, Elles seront exposées en vente public, et toute personne quelconque reçue et admise a faire avec les dits Sauvages tels Marchers qu'il jugera le plus convenable.

L'heure du marcher après l'arrivé des dits sauvages sera notiffi.ee a tous les Marchands et Bourgeois de cette ville par cry public.

Il est deffendu a qui que ce soit d'attirer avant l'heure du dt. Marcher les sauvages dans Sa Maison pour

17 r, 2 234

y faire aucun Marchor pnrticulioV, .sous peine de vinat l)iastres tramande, et d<' Coniiseali >n des pelleteriescju'i! aura ainsi aequises.

La roUDRE est un article n^-eessaire jxnir la traite des sauvaQfCS, et Comme la vente en est particulière- ment attribuée à un seul mareliand de cette ville ; Nous Taisons savoir a tous les Marchands et Ijourgeois de cette ville (^ue pour faciliter la dite traite et la rendre d'un avantag-e Commun à Ions, Nous lixerons a l'arrivée de Chaque parti Sauvage la quantité que nous ju- ii'erons a propos qu'il leur soit vendi'ie, laquelle sera également repartie entre les Commerçans de cette ville qui en Conséquence se jauniront a l'ordinaire d'ordres pour autoriser It* di marchand a leur en don- ner en payant le prix ordinaire la quantité qui sera spéciliée sur les dts, ordres.

Kt pour PREVENill les mauvaises suites de i'yvro- gnerie des dts Sauvages, défaut auquel ils ne sont que trop enclins, nous ueffendons sous peine de puni- tion arbitraire suivant l'exigence des Cas, à qui que ce soit de l«nir donner aucune liqueur forte avant la lin du dt Marcher Public, et même de leur en procurer une trop erande quantité en retour de leurs pelleteries, d'au- tant plus que cette sorte d'Echaime les empêche de se pourvoir des autres choses qui leur sont nécessaires pour la Chasse, qui seule peut établir et augmenter leur Com- merce avec les habitans de cette Colonie.

Donné aux 0 Ivivières ce 28e. May 17G2.

(Signé) FRED. IIALDH^ \M)

Ei phiN bas, P(ir Monsia/r le (hmrcrneiir,

(Signé) .T. lÎKUYERE.

235 . 1762

28 May. OilDRE à fo/n (eA Cap'^''^-(/e milice de se rendre un (Gouver- nement.

Monsieur, ïl vous est expressément Enjoint toute alïaire Cessante, de a^ous rendre au Gom^ernement des trois Eivieres Scimedy i:>rocliain Se. jour du mois de juin pour y prendre les ordres de Monsieur Le Gouver- neur. Hi quelqu'indispositionrous empe choit de pouvoir y venir vous même vous ordonnerés au plus ancien de vos olEciers de Milice d'y paroitre a votre lieu et j)]ace.

J'ai l'honneur d'être, Monsr. &:c.,

(Signé) .T. Bkuyeke.

Aux 3 Eivières ce 28e May 17G2.

31 May

Au Sr. Sicard Cap''^^- de& Milices de Masquinoiigé au svjet des Clôture.

Monsieur, Yous devés avoir reçu et publié le 23e d'avril dernier un placart par lequel il est defFendu de donner l'abandon aux animaux et Bestiaux juscju'à la St. Michel Sous joeine d'une demie piastre d'amande, Cela auroit naturellement engagé les habitans a faire faire les Clôtures de la Commune pour éviter de s'exposer à l'amande cy-dessus. J'ai été surpris d'ap- prendre \)'àY plusieurs lettres que la Clôture de votre Commune n'avoit point été faite et les guerets des en- virons se trouvoient exposés. Yous ferés donc som-

I

uiiM- sur l;i pr6soiito les habitans do laive ïixuo la ditto Clotiiro io plutôt (|U<>. faire se pourra sous les poinos ordinaires et vous les avertiras on niônio tonij)s quo los animaux qui so trouveront dans les champs voisins seront à l'avenir arrottés et retonus pour L'amande sans aucune remission ni distinction.

.rai rii(^nni'ur d'être M'-&c.,

(Sicile) .1. liKUVi-:i{E.

o Rivières ce 'M uinv ITtii!.

Juin.

rL.\.<'C.\.HT //.iitr Etablir des Chambres ■fdutlitdirc j)onr Cail- )ninislralio)i de la J iisticf.

De par Nou.^ Frederick 11.\ldi.m.\nd Ecuyefi Colonel d'Infanterie, Commandant la Ville et Gouvernement des tr.ii'i Ririeres, et les frouj/cs de Sa Ma/esté dans C (ten- due du dit Couvernement

Cherchant avec zèle les moyens de rendre l'admi- nistration de la Justice dans les Campagnes du Gouver- nement, qui Nous est coniiépour le temps présent, pluw prompte, plus aisée, et moins Coûteuse, a ceux qui se- ront dans jj'obligation d'y recourir. Nous avons l'ait le présent Règlement que Nous Vouions être suivi sui- vant sa l'orme et teneur. (1)

Article Icr. L^ Gouvernement des trois Rivières sera

ilj Iv; G'Mi.<;ag'' avait lail un scmlilablo llogl«m<'iil jiour son" Gou- vornemenl «J'J Montréal . " dès le 13e octobre 17CI. Voir pp. 16.

237 1762

divisé x^onr radministration de la Justice en quatre Districts que nous avons i^lacé au Centre des Campa- gnes de Chaque District pour la commodité de ceux qui seront obligés d'3" avoir recours.

Art. 2d.-rou:- le premier District, la Chambre d'audian- ce se tiendra à ( iHAMPLAix chez le Cap'-e. des milices, et les habitans de Champlain, Ste. anne, Ste. Marie, Ri- vière Batiscan, côte de Batiscan, et Cap Magdeleine, seront justiciables de Cette Chambre.

Art. Se. Pour le second District, La Chambre d'au- diance se tiendra à la Rivière du Loup, pour les ha bitans de la pointe du Lac, Machiche, Rivière du Lou}), Maskinongé, et chenail du Nord.

A^rt. 4e. Pour le troisième District La Chambre d'au- diance se tiendra à ^^t. François pour les habitans de Yamasca, St- françois. Baye 8t. antoine, et Nicolette.

Art. oe. Pour le quatrième District la Chambre d'audiance se tiendra a (xENTlLLY pour les habitant de St. Pierre les Bequets, Gentilly et Becancour.

Art. Ge. Quant a la justice et police de cette ville, elle Continura a être administrée par Mr. le Capt"*-'- des Milices, aidé d'un autre officier des Milices de cette ville, et Taudiance se tiendra tous les.lundis depuis neuf heures jusqu'à midi. L'appel s'en fera au Gouverne, ment a l'ordinaire. Les emolumens de la Chambre du Cap"*?- ainsi que Ceux cy dessus. (2)

Art. 7e. Dans chacune de ces chambres il s'assem- blera un corps d'officiers de milices tous les premiers et quinze de chaque mois. Si ces jours se trouvoient

(2) Ainsi au MS.

1TG2 238

Dinuiiulu's. ruudiiuioo scM-;i rciui.si' au liUiuli. La dto aiuliiince se tiendra aux d. jours et lieux depuis huit heures jusqu'à midi, oi depuis deux heures do relevée jusqu'à si\ heures.

-1/7. 8e. Ce corps d'oliicii'rs sera composé au plus de Cinq, et au moins de trois, dont le président sera tou- jours un Capitaine.

.1/7. î>e. Chacune des Chambres aura un Ecrivain qui sera nommé a cet effet, et dont les emolumens se- ront lixés par nous, et allichés dans l'intérieur de la Chambre d'audiance. Chaque Ecrivain aura soin de te- nir pour la Chambre a laquelle il est attaché, un liegistre numéroté par i)remiere et dernière page, et paraphé a Chaque page d'un des Capnes. de la Chambre, dans le- (|uel seront enregistrés tous les jugemens de la dte. Chambre et Lcsordonnaucos de justice et de police qui seront par nous rendues.

,1/7. 10e. Lorsqu'il conviendra parvenir a quelque vente par décret, ou par retrait, la dite vente sera faite avec les form dites essentielles et en la manière accou- tumée.

.4/7. Ile. :*.ius les alfaires il y aura nécessité d'a- voir des témoins, Ifl, partie qui Succombera sera tenue de les payer a raison de trois livres par jour, s'ils do- meurent dai:-; l'étendue du Di.strict de la chambre, et de six livres ;>ils demeurent dans un autre District, ou (rouvernem '.it a moins qu'ils ne se trouvent sur les lieux sans avoir été sommés de s'y rendre. Les plai. deurs de Mauvaise foy seront contraints de payer les dépenses de leurs parties adverses suivant l'arbitrage (jui t'ii sera i';iil par les d. Chaml/res.

1762 239

Art. 12e. Chaque chambre est autorisée a faire pa- roitre les témoins quoiqu'ils demeurent dans un autre District, a peine contre ceux qui refuseront d'obéir de cinq piastres pour La première fois et de dix en cas de récidive.

Art. loe. Lor&qu'il y aura des j)rocès entre des parti- culiers de difterens District, le Demandeur s'addrcp^era a la Chambre d'où dépendra le Défendeur.

Art. 14e. Xous exceptons cependant les habitans des trois Rivières a cj^ui nous conservons le priviieae de faire venir a la ville les i:>articuliers des Campagnes.

Art. 15e. On i:)ourra fair api^el de tous les jugemens prononcés jiar les Chambres susnommées au Conseil des officiers des troupes de Sa Majesté, et cet appel pourra se faire pendant un mois a compter du jour que les Ju- gemens seront rendus i:>ar la Chambre de milice, après lequel tems les dits jug-emens seront exécutés, en con séquence, les d. officiers des chambres assemblées donneront ordre au Capitaine du Perdant de le Con- traindre par corps, ou par Saisie de ses biens.

Art. 16e. Afin de décider sur les aj)i)els qui seront faiis. Nous faisons savoir, c[ue tous les vingt de chaque mois les officiers des troupes de Sa Majesté cantonnés dans chaque District s'assembleront, savoir, ceux du District deChamplaina Ste Anne, chez Mr. Le comman- dant, ceux du District de la liiv : du Loup, a Maski- nongé, chez Mr. Le Commandant, et ceux de St. Fran- çois, a St. François, aussi chez Mr. Le Commandant, ou l'Ecrivain des chambres de Chaque District sera tenu de se rendre avec le Registre de la Chambre de Milice, et d'en tenir un autre de décisions sur appel de la Charn- ière du Conseil des officiers de Sa Majesté.

17C-: 240

,1/7. ITo. Los parties <iui Vomlroiit encore appoUor du juîrement des dts. olUeiers seront lîeeus, Mais tenus de le faire pardevant nous dans la (quinzaine, et a cet ellet ils remettroiit leurs pièces et instruiront leurs causes a Notre Secrétariat dans le d. Delay, faute de (|Uoy, ils n'y seront plus reçus.

Art. 18e. Lorsqu'il se trouvera dans quelques parrois- ses des g-ens sans aveu, et Scélérats ils seront conduits prisonniers aux trois [Kivières]

Art. li'e. S'il se commettoit quelque Crime atroce, Comme assassin, viol, ou autres Crimes Capitaux, chaque officier de Milice est autorisé a arretter le Criminel, et les Complices, et a les faires conduire sous bonne et sure garde aux trois liivieres avec l'état du Crime et la liste des témoints

Art. 20c. Pour indemniser les officiers de Milice dos Chambres do Chaque District, delà perte de leurs tems, i^bandon de leurs travaux, et subvenir aux autres dé- penses nécessaires et indispensables dans les d. cham- bres, Nous leur allouons ce c[ui suit

Art. 21e. La partie qui aura succombé dans un j)ro- cès de la Valeur de 20 liv. jusqu'à 50 liv. paiera à la Chambre une demie piastre, depuis 50 liv. jusqu'à 100 liv. uuo j). istre, depuis 100 liv. jusqu'à 250 liv. une piastre et lemie, depuis 250 liv. ju.squ'à 500 liv. deux piastres et demie, de 500 liv. jusqu'à 1000 liv. quatre piastres, de 1000 liv. jusqu'à 3000 liv. six piastres, de 3000 liv. à 7000 liv. huit piastres, de 7000 liv. à 10,000 liv. dix piastres, et au-dessus de 10,000 liv. vingt pias- tres.

241 1762

jST. B. Ces dépens n'ont lien que pour la Chambre de Milice, les parties ne seront aacnnement tenues d'en payer de pareils aux Chambres d'appel.

Art. 22e. Dans le Cas il se troureroit des particu- liers qui méritassent d'être mis a l'amende faute d'exé- cution de nos ordonnances ; les Chambres pourront les y Condamner, mais elles seront teniies d'enyo^-er à No- tre Secrétariat tous les troisièmes jours de chaque mois la liste des amendes, leur montant, les raisons cjui les ont occasionnées, et le nom de ceux qui les ont en- couru?, pour sur les d. listes recevoir de nous le pou- voir de lever les d. amendes ainsi qu'elles seront par nous approuvées et le produit sera pareillement déposé dans la Bourse de chaque Chambre pour subve- nir aux frais d'icelles.

Art. 23e. L'Ecrivain de Chaque Chambre sera pareil- lement trésorier, il touchera l'argent provenant du Ee- glement porté a l'article 21e. du présent, et les amendes par Nous approuvées. Le tout sera porté sur le Eegistre des Causes, et arretté a la fin de la séance du premier de chaque mois, auquel jour il en rendra Compte aux offi- ciers de sa Chambre, entre lesquels le total sera partagé gu égard au nombre de leurs assises, aux audiances, et a la distance du Chemin qu'ils auront fait, les frais de l'entretien de la dite Chambre préalablement déduits.

Art. 24e. Nous ne pouvons trop recommander a tous officiers de Milices de maintenir le bon ordre dans leurs Compagnies, et d'y arranger autant qu'il leur sera possi- ble tous difFerens a l'amiable, et enfin de tenir la main a l'exécution du présent Règlement, lequel sera enre- gistré en tête de leurs Registres.

Art. 25e. Pour prévenir les abus qui pourroit se

1762 242

U'iissor dans la présente uilniiaisLratioji de la .1 ustico, Nous voulons que les lieufistres des Causes <|ui paroi- tront, et seront dreidées dans les dillérentes chambres susnommées soient envoyés tous les trois mois a commeneer de la datte du présent lleglcment, a Notre ^Secrétariat, pour y être par Nous cxaîninés et aprou- vés ainsi que de raison.

Mandons et Oudonn()N> a iwus les Cap'" -• ei ulii- ciers de milices des Côt(^s de ce Gouvernement de tenir la main à l'exécution du présent Ke^-lement qui sera lii, publié, et alFielié en la manière accoutumée.

Donné aux trois liivieres, ce ôe Juin 17G2.

(Signé) FliED. IIALDIMAND.

i'.i [>n[<, bis, Par Moiiiiicnr le (loiivcrneiir,

(Signé) .1. IÎKL'Yt;RE.

8 Juin

OlîDRE a tous les Cnji'i ■''■ île faire arrcller le nommé Giiillot ilil La Rose.

Monsieur, Il vous est enjoint de l'aire arretter Le. nommé Guillot dit La Rose, établi dernièrement aux trois Itivieres .s'il se trouve dans l'étendue de A'otre parroisse, et de le l'aire conduire en sûreté aux troisllivieres. Il est dt'il't'îidu a toute personne quelconque de lui donner a/ile, ou de favoriser sa fuite sous peine d'amende et punition corporelle, instruises vos ])arroissiens du prv.- sent ordre.

.l'ai riionneur d'être Mr. &c.,

(Siirné) .1, lîiiuvKiJE.

Ce 8o. Juin 1702.

243 1762

4 Juillet.

Placart qui deffenda toulcs personnes d'achetter de soldat, ou autres, aucun outil appartenant à Sa Majesté.

De par Nous Frederick Haldimand Ecuijer Colonel d'Infanterie, Gouverneur actuel de la ville et Gouverne- ment des Trois Rivières.

On fait a sçavoir a tous Bourgeois et liabitaiis de cette Yille et Gouvernement, qu'il leur est defFendu.sous peine de vingt piastres d'amende, d'achetter a Taveni, soit a prix d'argent, ou autrement, de soldats, ou autres personnes aucune pelle, pioches, ou autres outils ap- partenans a Sa Majesté ; et s'il se trouvoit quelque per- sonnes qui en eussent actuellement en leur possession 1 leur est expressément Enjoint de les envoyer chez Mr. le Capiis. des milices de cette ville dans La huitaine après la publication du présent, sous peine de L'amende cy dessus dénoncée, contre toutes personnes chez qui il pourroit se trouver aucun des dits outils, dans les vi- sites et recherches qu'il pourra nous plaire ordonner d'ê- tre faites de tems a autres, après l'expiration de la dite huitaine. Et pour que x^ersonne n'en ignore Voulons que Le présent placart soit lu, publié, et affiché en la manière accoutumée.

^Jonné aux trois Itivières ce 4e Juillet 1762,

(Signé) FRED. HALDIMAND.

Et plus bas,— P«r Monsieur le Gouverneur, (Signé) J. Bruyère.

170-2 244

8 Juillet.

Placaut public (Iiifis L(i Ville au si'Jcf d'-s incendies.

Dl-: PAU Nous FUEDERICK llALDLMAND, ^C, cS:C.. cScC

L'incendie malheureux qui vient de coiisummev une partie de la Basse Ville s'est passé sous vos yeux, les Craintes qui agitoient chaeun des habitans de cette ville pendant s(jn ravage, ont sans doute l'ait place a la Compassion pour ceux qui en ont été les victimes, et ont fait naitre dans le Cœur de tous un désir Sincère de les soulager chacun suivant ses l'acultés, trop heureux d'y être échapé soi-même, et de pouvoir en témoigner en partie sa reconnoissance a la providence qui vous a préservé par des œuvres de Charité. Nous pensons que vous n'attendes qu'a être instruits de l'endroit vous pouvés déposer les preuves de votre humanité et de votre compa.ssion pour les y porter avec empresse- ment. Nous vous FALSONS doiic s^-avoir avec plaisir que Messieurs Perrault grand-vicaire, Tonnancour et Cres. se le père se chargent de recevoir vos Chaiités et de voir qu'elles soient employées Suivant vos Intentions. Donné aux trois liivieres, ce 8e Juillet 1702,

(Signé) FRED. IIALUIMAXD

Et plus hns, P(ir Jlotisiei/r le Gunvcrneur,

(Sili-né) J. lÎRUYEUE.

245 1762

8 Juillet ThACA-UT publié dans les Campag)ies au Sujet des Incendies. De par Nous Frederick Haldimand, &c., &c., &c.

Le feu vient encore de passer par la ville des trois Rivières le 4e du présent mois, tonte la A'iirilence et L'activité que l'on a emi)loyée pour arretter le progrès de ce terrible fléau, n'ont pu empêcher que les flammes n'aient dévorées cinq maisons entierres, tous les han- gards et fournis qui en dependoient, ainsi que les meu. blés, Marchandises, et effets qui y étoient renfermées. Ces Maisons sont positivement celles qui par leur proxi- mité de la grève servoient de retraite aux habitans des campagnes lorsque leurs affaires les attiroient en ville. Le« propriétaires et Locataires sont réduits a la der- nière misère.

Nous sommes trop persuadés des sentimens d'huma- nité, de Religion, et de compassion qui doivent remplir le Cœur des habitans de ce Grouvernement envers leurs frères et Compatriotes pour Croire qu'il faille les exiter par des représentations étudiées : Nous pensons qu'il Suffit de leur annoncer que cet accident est arrivé, que X)lusieurs personnes en souffi-ent, qu'elles ont besoin d'un secours prompt et réel, et que nous avons donné nos Instructions a tous les Captes, de Milices de s'infor- mer chacun dans leur endroit des secours que leur par- roisse se propose d'envoyer aux Licendiés, soit en plan- ches. Madriers, Bois de Charpente, argent ou autre- ment dont ils Nous enverront la liste au plutôt.

Et pour que personne n'en ignore Voulons et Ordon- nons que le présent soit lu, et publié en la manière ac- coutumée.

Donné aux trois Rivières ce 8e Juillet 1762.

(Signé) FRED. HALDIMAND.

1702 -4(5

Va i>1us l);is, l^(tr Jln/isiciir le Oonvcrnrnr, (Sicrné) .T. Bkityeijk.

8 .TuiMii:T. LkttrE l'our (iv<o)H)i(tii;ncr le plai-drl cy dcssi/!^.

Monsieur, Vous iorés iucv\s.samiaoiit pul)li('r le i)la- cart ey inclus, ot aussitôt apros vous vous iniormorés par v</us mémo, par vos oliieiers, ot par vos sergents des secours que les dillerens habitans de votre parroisse se trouvent disposés a fournir ; et en quelle nature ; vous eu ferés un petit état que vous m'enverrés dans la hui- taine après la publication. C'est a dire que vous gar- derés pardevers vous Li note de ce que chacun vous pro- mettra, et que vous mécrirés seulement, :

-' Monsieur. Je trouve que les hal)itansde promet-

t.Mit de Iburnirpour Le secours des Incendiés....... plan- ches Madriers..... -.pièces de Charpente, et en outre

d'argent, " et sur cjt avis vous recevrés ordre de

le luire ramasser et de l'envoyer a telle personne qui sera préposé a la recette.

J'ai l'honneur d'être, Monsieur \ uire cS:c

(Signé) J. BuuvEiii:.

7 AorsT.

pLACAUi j'o'ii su^jiC'Jiclre r administration de la JnsHicJns- (jnau quinze Sejftembre prochain, et qni permet que le <rros Eru de France aie cours j/onr G le. 12 .v.

De TAi: Nous Frederick IIalDimaxd Ecnt/cr, ,yc., i\c.

La IvECOi/rE des Grains, la Coupe des foins, et les au- tres travaux indispensablemt nécessaires a la Campagne pendant cette saison doivent iixer et occuper tous les habitans do ce Gouvernement sur leurs terres. Pour

247 1762

provenir le dérangement que la malice, on riiumeur liti- gieuse de Certaines gens pourroit occasionner, Nous ju- geons a propos de suspendre l'administration de la Jus- tice confiée aux Chambres établies dans les diflerens dis- tricts de notre Gouvernement par notre placart du cinq Juin dernier, et Nous vouj^ons que les dites Chambres soient fermées et leurs Séances suspendiies jusc^u'au quinze du mois de Septembre i)rochain auquel jour elles reprendront l'exercice de leurs fonctions en la ma- nière accoutumée comme cy devant. Et nous faisons pareillement sçavoir a tous les habitans de ce Ctou- vernement Marchands et autres que XDOur faciliter le Commerce, et mettre la monoie Courrante sur le même pied que dans les Gouvernemens de Montréal et de Québec, Nous Permettons, a conter de ce jour, que le gros Ecu de France a Couronne qui s'est jusqu'à pré- sent donné pour une piastres, passe et aie cours dans toute l'étendue de ce Gouvernement pour la somme de six livres douze sols de France, ou cinc[ Schellings et six sols argent d'Halifax, ainsi qu'il est reçu dans les Gouvernement de Montréal et de Québec. Donné aux trois Kivières le 7'^- Aoust 1762.

(Signé) FRED. HALDIMAND.

Et, Par Monsieur le Gou^'ernenr,

(Signé) J. BllUYEEE.

27 Aoust.

Aux Cap'"^. de Blillce ]wur de la paille pour ha cazerne<i.

Monsieur, Il vous est enjoint de faire garder par les

differens habitans de votre parroisse le nombre de

17G2 248

Bottes do piiillo pour l'usaijfe des Cazernes de la vilK' •.iHn ([u'elles soient prêtes a rtre apportées eu ville, lors- qu'on vous lesdemendera, et que le lîesoin le requerera. J'ai l'honneur d'être, Monsieur Yotre cVc,

(Signé) .T. liuuYEllE.

( c 27e Aoust 17G2.

Faille dfnic/i'lcf t//ins clitKjfic Pairoissc Par I a lettre ry iles-

SHS.

3 Kivii-res ei lîanlioue 300 Bottes

rte. duLac 50 "

Machicho 400 "

Baye St. antoine 300 "

Nicolette 300 "

Becancour 40O

Champlain 200 "

Cap Magdeleino 100 "

Bottas de paille 2100

23 Septembre.

Ordke a /()/^^■ Ifs (-fi/f'^ "'• f/r niiliec pour taire racommniler

les po/tts et les ehemins.

Monsieur, Il vous est enjoint aussitôt la présente reçue de l'aire raconimodcr les ponts et les Chemins qui sont dans votre District, C'est une Chose absolu- ment nécessaire pour la commodité du Public et l'utilité des Couriers et voj^açeurs.

.T'ay l'honneur, d'être «S:c.,

(Signé) " .T. Bruyère. Ce 23e Sépare 1702.

249 1762

2 Octobre.

Placcart pour faire faire le chemin de Roy de 30 pieds de large avec des fossés aux côtés du dit chemin.

De par Nors Frederick Haldimand Ecmjer &c., &c., &c.

Sur les représentations qui Nous ont été faites, que le grand Chemin de Poste traversant le Gouver- nement des trois Rivières, pour aller de Montréal a Québec, étoit trop étroit en plusieurs endroits du Gou- vernement, ce qui Cause le retardement des Couriers et voyageurs, lorsque plusieurs voitures se rencontrent, et donne lieu a des Marres d'Eau et a des Bourbiers qui gâtent entièrement les Chemins après la Chute des pluies ou a la fonte des Neiges. Aiant considéré l'avan- tage du public Nous VOULONS et ordonnons que le grand chemin de Roy conduisant de Montréal a Québec, soit a l'avenir dans Tétendue de ce Gouvernement de trente pieds de large entre les clôtures ou les bois, et que pour l'Egoùt des Eaux il soit lait dans tous les endroits nécessaires un fossé sur les côtés du dit chemin, voulant que ces fossés,soient de trois pieds de large a fleur de terre, et de deux pieds et demi de profondeur observant d'en jetter la terre sur le milieu du grand chemin pour le re- lever et lui donner une pente douce pour l'écoulement des eaux vers les dits fossés. Mandons et Ordonnons a tous les Captes, ^ç. Milices des Côtes, de faire incessam- ment travailler au dit chemin par tous les miliciens de leurs compagnies, soit qu'ils demeurent sur le dit chemin

ou non jusqu'à ce qu'il soit fait et parfait, après quoy

:20 *

17G2 2-)0

chacun i'iMitretienclra sur su devaiituro dans celte ui<"-me proportion, ainsi que do coutume. 1)(>\Xk aux Trois lîivicrcs. co 2o 8'"'- 1762.

(Siffué) KRKl). ITALDIMAND.

El |>lus bas. P(ir M. Ir (louvcrneuf,

(SiiriiL') J. BRUYr:REs.

"1 Octobre.

Placart au sujet dts incendies, pour des érhelles. seaux et

béliers. Dk par Nous Frederick Hai^dimand, Erui/er ^v. ikc.

On ne sçauroit trop se precautionner contre les acci- dens du feu, et se mettre en état d'en arretter les pro- i^rès. Nous voyons avec peine que malgré les incen- dies réitérées auxquelles cette ville a été sujette, les maisons de plusieurs de ses habitans sont dégarnies d'é- chelles, sceaux et autres choses nécessaires pour arret- ter et éteiidre le feu. Nous VOULONS que chac'une des niaisons d' cette ville se pourvoyent incessamment d'é- chelles appliquées sur les couvertures en dehors, et d'une auti (! pour y monter que l'on gardera dans l'inté- rieur des cours, d'une couple de sceaux, et de deux bé- liers dans chaque grenier des maisons a peine de cinq piastres .l'amende contre ceux qui négligeront de le faire dan > l'espace de quinze jours, à compter de la pu- blication du présent, et de dix piastres contre ceux qui laisseront passer un mois. Maxdon.s et Ordoxxoxs au ('ai)itainc des milices de cette ville de tenir la main a l'ex- écution du présent, et de faire ou faire faire par ses ofii-

251 1762

ciers et sergens la visite de chaque maison, après l'expi- ration de chacun des delays cy-dessns, et de Nous faire son rapport de quiconque aura négligé de s'y conformer. Donné aux trois [Rivières], ce 2e Octobre 1762.

(Signé) FRED. HALDIMAND.

Et plus has. Par Monsieur le Gouverneur,

(Signé) J. Brijyèee.

29 OCTOBEE. Annonce delà Naissance du Dauphin. De par Nous Frederick Haldimand, Ecvyer, &fc., 4'-'

Salut. Sçavoir faisons a tous les bons et fidèles su" jets de Sa Majesté dans l'étendue de ce Gouvernement, qu'en conséquence d'une Lettre de Mylord Egremont, l'un des principaux Secrétaires d'Etat de Sa Majesté Brittanique, en datte de AVhitehaldu 14e aoust dernier, Nous avons le plaisir et la satisfaction de leur annoncer qu'il a plu a Dieu de bénir le marriage de Leurs Majes- tés Georges Trois, et très Puissante Dame Charlotte, Roy et Reine de la Grande Bretagne et autres lieux, et de donner a la nation un Prince héréditaire de la cou- ronne né au palais de St. James le 12e. Aoust 3762, en- tre sept et huit heures du matin.

Donné aux trois Rivières, le 29e Octobre 1762.

(Signé) FRED. HALDIMAND.

Et plus bas, Par Monsieur le Gouverneur,

(Signé) J. Bruyère.

Vive le Roy.

1762 252

NorEMHKE. Lkttke a /(<//>■ /f's <^ti/t""' (If hii/ircs /)()ur le rerenuvie7if

Monsieur, Vous auirs pour aiirt-able aussitôt la pré- sente reçue de faire le recensement des crains recueil- lis dans votre paroisse, dans la dernière moisson, et d'en envoyer le rapport au Cîouvernement 1" plutôt qui] vous sera jiossihj.'.

Cette recherche n'a pas pour l)ut de priver les hahi- tans de leurs grains, ou de les forcer a s'en deffaire, ce n'est uniquement que pour connoitre le succès de leurs travaux et juger si ce Gouvernement est en état de se passer du secours des autres, ce dont on se flatte.

\ ous aurés soin de tenir la main a ce que les rap- ports soient très exacts. Pour plus grande vigilence vous vous ferés aider par a'os officiers et sergents, a qui vous assignerés chacun une partie de la parroisse, ils feront le recensement et vous en feront rapport. Il suffira de marquer qu'il y a tant de_^minots de Idtd. tant d'avoine, tant d'oriro, et tant de pois.

.lai l'honneur d'être, ikc,

(Silillè) .T. l^RUYKRES.

Vf 1.") Xovcinhri'. Mi>2.

27 NovE.MimE.

Monsieur. Il faudra rfiiouvellt-r la j)r()vision du hois (If fhaulia'ji' jK)Ur la i^arnison <h' cctî»' ville, avant la

253 1762

lin dii mois de Janvier lournira cordes de

bois pour les mois de Janvier, Février, Mars. Avril et May ; Vous anrés pour agréable d'avertir vos habitans dès a présent afin qu'ils soient en état de voiturer leur part lorsque les ordres vous seront envoyés le 20 ou 24 de Janvier, lorsque les chemins d'hivert seront faits.

Monsieur le G ouverneur m'ordonne de vous avertir de leur recommander de n'amener que du bois franc, si- non, qu'il ne sera pas reçu au magasin. Ne souft'rés pas qu'aucun amène sa part avant les ordres que vous en recevrés en ce tems là.

J'ai l'honneur, d'être, (Jcc,

(Signé) J. Bruyère!^.

Ce 27e Novembre 1762.

Bois demendé dans chaque parroisse par la Lettre c/j-c/essas.

cordes.

Yamasca ôO

Baye St. Antoine 20

Nicolétte 80

Machiche 80

Rivière du Loup 80

pie. du Lac 25

Becancour 35

Grentilly 15

Cap Madeleine 20

Batiscant 30

R'^i-e- Batiscant 40

Total 325

1763 2.')4

15 Février 1763.

De par le Roy.

Proclamation de la suspension d'armes tant par terre

que par mor, convenue entre Sa Majesté Brittanique,

le Roy TrèsjChrétien, et Sa Majesté Catholique, avec

ordre de s'y conformer.

GEORGE R.

On fait a sÇAVoiR que les préliminaires de la paix ont été signés a Fontainebleau le troisième jour du pré- sent mois de Novembre par nos Ministres, ceux de Sa Majesté Très Chrétienne, et ceux de Sa Majesté Catholique, et pour mettre lin le plus promptement qu'il sera possible, aux malheurs de la guerre. Nous, Sa Majesté très Chrétienne, et Sa Majesté Catholique sommes convenus des articles suivans, sçavoir :

" Qu'aussitôt les préliminaires signés toutes hostilités ' cesseront tant par mer que par terre.

" Et pour prévenir tous les sujets de plainte et de dis- '• pute qui pourroient survenir pour les vaisseaux, mar- " chandises, et effets qui pourroient être pris en mer ; " Nous sommes mutuellement convenus que toutes les " prises de vaisseaux, marchandises, et effets, faites dans " la Manche, et dans les mers du Nord a compter douze " jours après la ratification des articles des presens pre- " liminaires, et six semaines après la dte. ratification par " delà la Manche, les mers Brittaniques ou mers du Nord " ju.squ aux Isles Canaries soit sur locéan ou la mer Me- " diterannée, et dans l'espace de trois mois par delà les " dtes. Isles Canaric-s jusqu'à la ligne Equinoxiale, " et enfin après l'espace de six mois dans tous les autres " endroits par delà la dte. ligne Equinoxiale dan^ toutes " les parties du monde sans aucune Exception, et sans

255 1763

" qu'il soit nécessaire de faire une distinction plus par- '' ticulière du tems, et des endroits, seront rendus de *' part et d'autre.

" On fait pareillement a scavoir que la dte. ratification " des articles préliminaires a été siirnée et passée en " bonne forme par Nos Plénipotentiaires, Ceux de S. M. '• T. C. et ceux de Sa Majesté Catholique à Versailles le " Vingt deux du présent mois de Novembre, duquel " jour commenceront le delays cy dessus mentionnés de " douze jours, six semaines, trois mois, et six mois pour '' la restitution de tous Vaisseaux, Marchandises, et au- '' très eflets pris en mer Nous avons jug-é apropos de •■ l'avis de Notre Conseil privé de faire publier la présente " a tous nos bons et Loyavix Sujets, et nous Enjoignons et " Commandons très Expressément a tous nos officiers " tant de mer que de terre et a tous nos autres sujets " quelconques, de cesser tous actes d'hostilité par mer " et par terre envers Sa Majesté très Chrétienne,. et Sa " Majesté Catholique, leurs Vasseaux ou Sujets depuis " et après les delays cy dessus marqués, et ce sous peine '• de toute Notre disgrâce. Car tel est Notre Rovalle •' volonté et notre bon plaisir.

" Donné a notre Cour de St. James le 26e Novembre '• de la troisième année de Notre Kegne, L'an de crace '•1762."

VIVE LE IlOY.

Lue, publiée et affichée en la manière accoutumée aux trois Rivières, ce 15e. février 1763.

iSigné) FRED. HALDIMAND.

Et plus bas, Par M. le Gouveriieur,

(Signé) J. Bkuyères.

17G3 256

11 Mars.

Lettre a tous les Cap"^''^- de milices nu sujet du retour de Monsr. Bu r ton.

Monsieur, Le Placart du huitième may dernier vous a annoncé, et a tous les habitans de votre parroisse qu'il plaisoit a la Cour que je m'absentasse pour quoique tems de mon Gouvernement des trois Rivières. J'ai mainte- nant la satisfaction de vous l'aire part de mon retour, et de rae réjouir avec vous du succès dont la Providence a couronné l'expédition j'ai eu l'honneur d'être appelle. Les témoig-nages que Monsieur le Colonel Ilaldimand, Gouverneur pendant mon absence, m'a rendu de la sou- mission et de la bonne conduite des habitans de votre par- roisse m'a rempli de joye. Je ne doute point que votre at- tention et votre vigilance pour prévenir et arretter tout ce qui pourroit porter atteinte au bon ordre, conjointe- ment avec vos officiers ne contribue efficacement a assu- rer cette tranquilité dont je souhaite sincèrement que tous les habitans de ce Gouvernement jouissent sans in- terruption, ils peuvent être assurés et particulièrement ceux de votre parroisse, que je me ferai toujours un de- voir et un plaisir de veiller a leur procurer tous les avantages qu'ils ont lieu d'espérer d'un Gouvernement juste et doux tant qu'ils continuront a le mériter par leur conduite.

Vous f'erés, ou ferés faire lecture de la présente Di- manche prochain, a l'issue de la messe parroissiale, ou par assemblée de votre compagnie chez vous au cas qu'il n'y ait point de service divin, ce jour-là, dans vo-

257 1763

tre parroisse, afin qu'aucun habitant n'en ignore, et vous leur donnerés les assurances sincères de ma pro- tection.

J'ai l'honneur d être, &c.,

(Signé) n. BURTON,

Ce lie Mars 1763.

15 Avril.

Placart au sujet des perdrix, des ponts et chemins et de la garde des animaux et bestiaux.

De par Son Excellence Ralph Burton", Ecuyer, Brigadier General, CoIo7iel du quatrevingt quinzième Régiment d'' Infanterie, Gouverneur de la ville et Gou- vernement des Trois Rivières, &c., &c., &c.

Jugeant nécessaire pour l'avantage public de renou- veller l'ordre que nous avons donné le 19^- mars 1762 pour la conservation des perdrix dans toute l'etendiie de ce Grouvernement,

Nous DEFFENDONS a toutes personnes, de quelque qualité et condition qu'elles soient, de tuer des perdrix depuis la présente publication jusqu'au premier aoust, a peine de vingt piastres d'amende applicable au dé- nonciateur, comme aussi de les prendre a la ton- nelle et au colet, et d'en enlever les œufs sous peine d'une amende du double de celle cy-dessus marquée applicable moitié au dénonciateur et moitié a la Fabri- que de la parroisse sur laquelle elles auront été prises et enlevées. Et pour oter entièrement l'envie que quelques-uns peuvent avoir d'en tuer a l'avenir, pen- dant l'espace de tems cy-dessus marqué, Nous deffen-

1763 238

DONS aussi SOUS la même peine de vingt piastres d'amen- dt' a toutes sortes de personnes d'en vendre ou acheter pondant le dit tems et d'en apporter dans la ville ny autres lieux de ce Gouvernement.

Nous DEFFENDONspareill«'m«Mit par cos présentes, pour la conservation des semences, a tous habitans ou autres, de donner l'abandon a leurs animaux et bestiaux, de- puis la présente publication jusqu'à la St. Michel pro- chain, sous peine d'une demi piastre d'amende pour cha- que animal ou bête a cornes.

1^]XFIN NOUS ORDONNONS qu'aussitôt que la terre sera découverte, les ponts, chaussées et chemins soient repa- rés ou refaits, dans toute l'étendue de ce Uouvernement en la manière accoutumée, observant néautmoins que le o-rand chemin de Roy allant de Québec a Montréal et passant a travers ce Gouvernement soit de trente pieds de larne entre les clôtures ou les bois, avec des égoux pour les eaux et fossés aussi sur les côtés du dit che- min, dans les endroits nécessaires, ainsi qu'il est ordon- né par le Placart du 2e Octobre dernier.

Mandons ET ORDONNONS a tous les Cap''^'^- de milices des côtes de ce Gouvernement de tenir exactement la main a l'exécution du présent placart. de faire travail- ler au dit chemin par tous les miliciens de leurs com- pagnies soit qu'ils demeurent sur le dit chemin, ou non, jusqu'à ce qu'il soit fait et parfait, après quoy chacun l'entretiendra sur sa devanture, dans cette même pro- portion, ainsi que de coutume.

Donné aux trois Kivieres ce 15e. avril 1703.

(Signé) R. BURTON.

Par Son Excellence,

(Signé) .r. Bruyères.

259 1763

8 May.

Ordre pour faire renfermer les cucJionx. De par Son Excellence,

Maintenant que les terres sont presque toutes ensemen- cées, et que les cochons, malgré les clôtures, ont déjà fait et peuvent faire du tort aux guerets qui sont aux envi- rons de cette ville Ilestdeffendu, soit qu'ils soient annel- lés ou non, de leur donner l'abandon, sous peine de l'a- mende portée par le placart, et de domage contre les propriétaires de ces animaux qui seront trouvés a faire le dégât dans les terres ensemencées a commencer du jour de demain Voulons que la présente soit lue, publiée, et affichée afin que personne n'en ignore.

Donné aux Trois Rivières, ce 8e May 1763.

(Signé) R. BURTON.

Et Par Son Excellence,

(Signé) J. Bruyères.

21 May.

Proclamation de la Paix.

De Par Son Excellence Ralph Burton, Ecui/cr, Brigadier General, Colonel, &c., &c., &c.

Son Excellence Monsieur le Grouverneur a la satis- faction de faire savoir a tous les bons et fidéls sujets de Sa Majesté Britanique, residans dans ce Gouverne- ment, que le Très Honorable Mylord Egremont, Secré- taire d'Etat, lui a donné avis par ses dernières dépê- ches, que le traité définitif de la paix entre leurs Ma- jestés Britanique, Très Chrétienne, et Catholique avoit

t'té sigiu' a l'aris. le dix du mois do IVvrier dornior, quf l'ambassadour do Sa Majostô le Ivoy de Portugal y avoit accédé le mémo jour, ot que les ratilications du dit trai- té avoieut été mutuelloraeut échanirées entre les quatro l'uissances cy-dessus nominéos lo dix du mois de mars aussi doniior.

AiANxdonc pi II au Tout-puissant de répandre l'esprit dunion et de concorde sur les Princes dont les divisions avoient porté le trouble dans les quatre parties du monde, ot de leur inspirer le dessein de l'aire succéder les dou- ceurs de la paix aux malheurs d'une longue et sanglante guerre. Il a été convenu qu'il y aura une paix chré- tienne, universelle et perpétuelle tant par mer quo par terre, et qu'une amitié sincère et constante sera re- lablie entre leurs Majestés Britanique, Très Chrétien- ne, Catholique, et très-lidele, et entre leurs héritiers suc- cesseurs, royaumes, états, sujets, et vassaux de quelques qualité et condition qu'ils soient, en sorte que les hautes parties centractantes apporteront la plus grande atten- tion a maintenir entre elles, et leurs dits états, et sujets cette amitié et correspondance réciproque, sans permettre que dorénavant ont commette de part ni d'autre aucune hostilité par mer ou par terre, sous quelque prétexte que ce puisse être, et qu'il y aura un oubli gênerai do tout ce qui a pu être l'ait, ou commis avant, ou depuis le commencenent de la guerre qui vient de finir.

l*ar un des articles du dt Traité Sa Majesté très Chré- tienne renonce a toutes les prétentions qu'elle a pu for- mer a la Nouvelle Ecosse, ou l'Acadie en toutes ses par- ties, et la garantit toute entière, et avec toutes ses dépen- dances au Iloy de la Grande Bretagne. De plus Sa Ma- jesté Très Chrétienne cède et garantit a Sa dte Majesté

261 1763

Britaniqiie en toute propriété le Canada avec toutes ses dépendances, ainsi que l'isle du Cap Breton, et toutes les autres Isles et Côtes dans le Cxolphe et fleure St. Laurent et généralement ce qui dépend du dt pays en toute souveraineté, propriété et possession, et tous droits acquis par traités, ou autrement que le Roy très Chré- tien cède et transporte au Roy et a la Couronne de la Grande Bretagne de la manière, et dans la forme la plus ample sans restriction, et sans qu'il soit libre de revenir contre cette cession et garantie.

De Son Côté Sa Majesté Britanique Convient d'ac- corder aux habitans du Canada la liberté de la Religion Catholique, et donnera les ordres les plus précis pour que ses nouveaux sujets Catholiques Romains puissent profFesser le Culte de leur Religion selon le rit de l'E- glise Romaine, en tant que le permettent les Loix de la Grrande Bretagne. Sa Majesté Britanique convient en oul;re que les habitans françois ou autres qui auroient été sujets du Roy très Chrétien en Canada pourront se retirer en toute liberté et sûreté ou bon leur semblera, et vendre leurs biens pourvu que ce soit a des sujets de Sa Majesté Britanique, et transporter leurs eiFets ainsi que leurs personnes sans être gênés dans leur émigra- tion sous aucun prétexte, hors celui des dettes, ou de procès Criminel. Le terme limité pour cette émigration est fixé à l'espace de dix huit mois a compter du dix de Mars dernier jour de l'échange des Ratifications.

Et par un article séparé il est marqué que le Roy de la Grrande Bretagne ayant désiré que le payement des Let- tres de change et Billets qui ont été délivrés aux Cana- diens pour les fournitures faites aux troupes françoises fut assuré. Sa Majesté très Chrétienne, très disposée aren-

1763 262

dro a chacun la justice qui lui est légitimement due, a déclaré etdcclaroquo losditsBillots et lettres de chano-c siéront exactement payés d'après une liquidation faite dans un tems convenable, selon la distance des lieux et a la possibilité, en évitant néantmoins que les billets et lettres de chani^e que les sujets françois pourroient avoir au moment de cette Déclaration ne soient confon- dus avec ceux qui sont dans la possession des nouveaux sujets de la G-rande Bretag-ne. Mandons et ordonnons a tous nos Cap*'-^ ou officiers de milices qu'ils aient a faire lire, publier et afficher le présent Placart, en la manière accoutumée.

Donné aux trois Rivières, le 21e May 1763 dans la troisième année du Règne de notre illustre et Souverain G-eorge Trois, Roy de la Grrànde Bretagne, &c., &c., &c.

(Signé,) R. BURTOX.

Et plus bas, Par Son Excellence,

(Signé,) J. Bruyères.

Vive le Rov.

23 Mav. V[4\.C\.MT (jiii (li'fff'irhl'allf.r (U(-devattt t/fs Tefcs dr hoi/lr.

De par Son Excellence, &c , &c.

Les Sauvages Têtes de Boule sont sur le point de des- cendre des terres et d'arriver en cette ville et Gouver- îiement. Son p]xcellence souhaitant sincèrement de don- ner au Commerce qui se fait avec cette nation toute la sûreté et toute la liberté possible, réitère les defîenses

263 1763

cy-deraut faites à toutes personnes quelconques d'aller à la rencontre des dits Sauvages, ce qui les empêcheroit de venir au marcher public de cette ville, sous les pei- nes portées par les Placarts déjà publiés à cet effet. En outre, veut que les Pelletries des dits Sauvages aus. sitôt leur arrivée, soient déposées en gros sur le marcher vis-à-vis la maison du Sr. de Fran cheville, les crédits dé- jà faits payés, les nouveaux enregistrés au Secrétariat, le tout ainsi qu'il s'est pratiqué, l'année dernière, et qu'il est porté au Placart du 28e may 1762, que Son Ex- cellence veut qui soit suivi en tout points, a l'exception de ce qui regarde la poudre à tirer.

A cet égard, pour assurer autant qu'il est possible l'é- galité du commerce entre toutes les personnes qui trai- tent avec les dits Sauvages. Monsieur le Grouverneur leur fait a savoir qu'il se propose de faire monter incessamment de Québec une certaine quantité de poudre a tirer qu'il fera déposer au Magasin, d'où les Marchands pourront la tirer sur les ordres qu'ils en demenderont pour cet usage seulement, et suivant la quantité que Son Excel- lence jugera a propos qui soit distribuée pour la traite.

Cette poudre sera payée par les dits Marchands, aux- quels seuls il en sera livré pour la traite en argent au prix coûtant a Québec, ainsi qu'il sera porté sur la fac- ture.

Donné aux trois Rivières, ce 23'-may 1763.

(Signé) E. BURTON.

Et plus bas, Par Son Excellence,

(Signé) J. Bkuyères.

1763 204

Kj Jrix.

I'lacaut au sujet tics aniinmi r qui roui fhnis. les i^rdins i( pour la levée de Vametulc

De par î:>o.\ Excellence, &c., &c., &c.

Pour prévenir ou arrotter les abus qui peuvent se commettre pour la levt'e de l'amende prononcée par li' IMacart du 15 avril dernier, contre les propriétaires des Chevaux ou Bètes a cornes dont les animaux s'écar- tent et passent dans les terres ensemencées faute d'enfer- ces, ou autres précautions usitées.

On a fait a avoir qu'il est delfendu, sous peine de punition arbitraire, a toutes personnes quelconques de lever les dites amendes de son autorité privée.

Lorsqu'il se trouve des Chevaux ou Bêtes a cornes dans les grains, ou a l'abandon sans enferges, celui qui les trouve est tenu de faire sommer le propriétaire de paroitre devant le Cap'ie. j^es milices, qui sur le rapport et l'examen prononcera l'amende, avec dommages si le cas le requiert.

Le Cap '' de milices est autorisé a faire payer l'a- mende sur le champ, dont il remettra aussitôt la moitié au Dénonciateur, et gardera l'autre qu'il enregistrera, et qui sera, suivant nos ordres appliquée a des œuvres cha- ritables. Pour que personne n'en prétende cause d'i- gnorance. Voulons et ordonons que le présent Placart soit lu, publié et affiché en la manière accoutumée.

DoNNK aux tiois lîivicres le IGe. juin 17G3.

(Signé) M. BURTOX.

Et plus bas, Far Son ExceJlenre,

(Sicrné) .T. Bruyères.

265 1763

22 Juillet.

Renouvelle les deffenses portées par le Placart du 19e May 17G2, de chasser sur les terres de la Seigneurie de St. Maurice, &c., &c.

30 Juillet. De par le Roy.

Proclamation de la paix.

" G-eorCtE R.

" Salut, sçavoir faisons— Que le traité définitif " de Paix et d'amitié entre Nous, le Roy très chrétien, " et le Roy d'Espagne, auquel le Roy de Portugal a ac- " cédé, a été conclu a Paris le dix de février dernier, et " que les ratifications solennelles du dit traité ont été " échangées le dix du présent mois de mars.

" En conséquence, Nous Ji^geons a propos de donner " ordre que ce traité soit publié dans toute l'étendue de " Nos Royaumes, et Nous déclarons a tous nos bons et " loyau.x sujets qu'ils aient a observer inviolablement " par mer et par terre et dans tous les endroits quel- " conques ce traité de paix et d'amitié Car tel est no- " tre bon plaisir, Et Nous recommandons et ordonnons " très expressément a tous nos bons sujets d'y faire at- " tention et de s'y conformer dans tous les points.

" Donné en notre Palais de St. James le 21^- jour de " mars, l'an de grâce 1763, et la troisième année de Notre

" Règne.— Yive le Roy. "

27

17G3 2^(1

Lu. publié ot afliché dans tout le Gouv»'rnoment des trois Ivivi.Tj's, ]o P.Oo. juillet 1703.

(Si^ni.-) K. Bi;UT(JN.

Ili /V/r >■/'// JJ.irc/lincf,

(Siijn.'') .1. r.iMVKKKs.

.'» AOUST OliDRE réitéré pour taire rrnferïiier frs coc/kh/s.

De par Son Excellence, iSrc, tVc.

MalorkIos placarts souvent publiés, et principab'- m«'nt celui du 8e. may dernier, la pluspart des proprié- taires de cochons continuent à donner l'abandon a ces animaux, sans avoir égard aux deffenses faites et au dégât (ju'ils peuvent faire, et qu'ils font journellement dans les bleds des environs de cette ville. Pour en arretter entiè- rement le cours, Nous Ordonnons a toutes personnes ([uelconques qu'elles aient a renfermer ces animaux aus- sitôt après la publication du présent, faisant sçavoirque Nous changeons l'amende prononcée par le placart du Se. may dernier en une permission de tirer dessus, et tuer sans aucun «lommage et interest ces- animaux, lorsqu'ils seront trouvés dans les Bleds, ou terres ensemencées Voulons que la présente soit iVie, publiée, et affichée. Mandons, &(•.

DoNNi': aux trois Kivières, le ô*'- Aoust 1763.

(Signé) R. BURTON.

\A. Fdi >'"// Excellence,

(Signé) J. Bruyères.

267 1763

23 AousT.

Ordre circulair a tous les maiires de postes, pour le prix des postes du Courier portant la Malle.

Par Son Excellence Ralph Burton, Ecuyer, ^-c,

Comme Sa Majesté a jugé à propos, pour l'avantage du Commerce, d'établir un Bureau de poste en Canada, sous la direction du Sr. Finlay, résidant a Québec, et que pour la commodité du public il y a un bureau déta- ché par ledit Sieur, ouvert en la ville des trois Rivières. Ordonnons a tous les maîtres de postes de ce G-ouver- nement sur la route de Québec, de fournir an Sr. Finlay, ou a celui qu'il pourra commettre a cet effet, les chevaux de selle dont il aura besoin pour porter la Malle conte- nant les lettres, a raison d'un demy Schelling par Lieue, argent de Québec, tant en allant qu'en revenant de Qué- bec, toutes les fois qu'ils en seront requis. Ordonnons aussi aux passagers des Rivières de ce Gouvernement de luy donner, ou au porteur de lettres passage dans les Bacs, Batteaux ou Canots qu'ils ont sur les rivières, sans rien exiger, et ce sans delay ou retardement, sous peine de punition a ceux qui seroient convaincus d'y contreve- nir.

Donné aux trois Rivières, ce 28e Aoust 1763.

(Signé) R. BURTON.

Et plus bas, Par Son Excellence,

(Signé) J. Bruyères.

Même ordre que cy-dessus a étc donné pour les pos- tes d'ici a Montréal.

1763 268

Sans date

Pj.AC.MîT (in s/i/'i't il II Bnicati île Pos!fs.

De PAU Son Kxcellen'ce Iîai.i'ii Iîurtun, ikc ikc Comme par acte tlu rarlomeut i)a.s.sr'. dans la iiciivième année du Kt'prne de la Jveine Anne, un Bureau gênerai de Postes a été etal)li pour les pays a]>partenants a l'Empire r.rittanni(iue. et le Suvinti-ndant du dit Bureau ayant ju- ij(é a propos, pour le l)ien geniM-al du commerce et plus particulièrement pour celui de cette Province, d'établir un Bureau de Poste a Québec et de commettre le S''- Fin- hiv pour le reuir, Conrormomcnl a la teneur du dit acte, Lequel a ouvert un Bureau de postes danscette ville des trois liivières en la maison du Sr. Hart Marchand, Ordonnons ce qui suit, s(,*avoir, que tous les Maîtres ou Commandants de Vaisseaux ou Bâtiments arrivants au port des trois Ixivières,ou dépendances d'icelui, aussi bien ([ue tous ceux qui composent Téquipane, ou ont passé sur les dits vaisseaux ou batiments,immediatement après leur arrivée remettent au ])irecteur du Bureau icy les lettres dont ils sont chargés, le dit Directeur leur payant un sol par lettre dont ils luy fourniront quittance, on excepte les lettres des négotiants ou propriétaires de bâtiments qui regardent les dits Bâtiments et leurs cargaisons que les Maîtres pourront rendre, ou par eux-mêmes, ou par ceux qu'ils voudront employer, aux personnes a qui elles seront addressées, en exceptant aussi toutes les pro- cédures de Loix,ou lettres envoyées par Amis voyageants, ou par messager exprès pour des aflaires particulières, sous peine de payer une amende de cinq livres mon. noie do la (rraude Bretagne, pour Chaque Contraven. tiona ce qui est ordonné par le dit acte.

En outre faisons defïenses. et ce conformément au dit

269 1763

acte a quiconque (le seul Directeur des postes excepté ou ses employés) de recevoir, prendre, ordonner, livrer, ou envoyer, par terre ou par eau, des lettres ou paquets (autres que les lettres ou paquets cy-dessus exceptés}, sous peine de payer une amende de cinq livres, monnoye de la G-rande Bretagne ; la moitié des dites amendes ap- partenant a Sa Majesté, ainsi qu'il est porté par le dit acte, l'autre moitié applicable au proffit de ceux qui feront les informations nécessaires et poursuivront les fautifs en justice, qui seront condamnés avec dépens en cas de conviction. Ordonnons aux officiers de milices et autres de ce Grouvernement d'avoir l'œil a l'exécution des pré- sentes. En foy de quoy nous les avons signé, a icelles fait apposer le cachet de nos armes, et le contreseing de notre Secrétaire.

Donné aux trois Rivières, le

{Ni date ni sig//ai/(re)

29 Septembre.

Envoyé un Placart aux Forges, pour detfendre aux ouvriers et autres de se servir du charbon dans leurs maisons, sous peine de punition.

{PoiiiL de signature)

30 Septembre.

De par Son Excellence Ralph Burton, Ecnyer, ikc, &c., &c.

Plusieurs personnes ayant représenté qu'il resloitdes étendiies de terre considérables incultes dans le ressort du Gouvernement de Montréal et autres lieux, lesquel-

1763 270

les n'ont point ^-té conceddéos. et cos personnes ayant ëupplié Monsieur le Gouverneur de leur accorder des concessions en fiefs et seigneuries sous le bon plaisir du Roy, (1) Son Excellence ayant ei^ard aux dites représen- tations et voulant satisfaire a leurs demendes qui tendent a l'établissement et à l'agrandiissenient de cette colonie, FAIT A sçAVoiR a toutcs persouues qui ont des concessions en iiefs relevants cy-devant de Sa Majesté Très chré- tienne dans retendue du Gouvernement de Montréal et autres lieux sur lesquelles ils n'ont fait aucun défriche- ment, ou qui en ayant fait les ont abandonné pour cau- se de eruerre ou autres événements, de les présenter a Notre Secrétariat sous trois semaines de la datte du pré- sent pour tout delay, sous peine d'en être déchu.

Ordonnons que le présent soit lu, publié, et affiché partout ou besoin sera afin que personne n'en ig-nore.

Donné aux 3 Rivières, le 30e Sept. 1763.

(Signé) R. BURTON.

Et Par Son, Excellence,

(Signé) .1. Bruyères.

N. B. A la suite de ce placart, on trouve le com- mencement d'une " lettre (du 13 janv. 1764) aux Capi- taines de milices, " au sujet de ceux qui vendent df>.s liqueurs dans les paroisses des Trois Rivières sans au- torisation. Cette lettre, non finie, est bâlonnée, et il y a en marge le moi " Néant." On la trouvera plus loin, à sa date.

(Ij V. Ordonnance <J" Mr. Gage du IG «oijlcinbro 1763, pogos 119 120

271 1Î64

Sans date. Le Géri. R. Burton est nommé Gouverneur de Montréal.

Monsieur, Comme il a plu a Son Excellence Mon- sieur le chevalier Jeffrey Amherst, d'appelier Mon- sieur le Colonel Burton au Gouvernement de Montréal (1) et m'ayant nommé pour luy succéder dans celuy des Trois Rivières, J'ai cru nécessaire de vous le faire savoir aiin que vous puissiés en instruire les sujets de Sa Majesté dimanche prochain a l'issue de la messe.

J'ai nommé Monsieur le lieutenant GtUGY pour suc- céder a Mons. Bruyères dans les charges de Secrétai- re et de Juge- Avocat, et je luy ai fait contresigner la présente afin que vous reconnoissiés les ordes qui vous seront addressés.

Je suis, Monsieur, Votre &c.,

(Signé) Fred. HALDIMAND.

Et Par ordre de Son Excellence,

(Signé) C. GuGY, Secre.

13 Janvier 1761. Lettre aux Cajj»-^- de Milices, au sujet de ceux qui font

commerce.

MoNSiEUR,-SoN Excellence étant informée que nom- bre de personnes vendent et détaillent des liqueurs dans les différentes parroisses de ce G-ouvernement sans y être autorisées, ce qui occasionne des desordres et des irre- o-ularités. Pour remédier a l'avenir a ces inconveniants, Monsr. le Gouverneur me charge de vous enjoindre, que

1) V. à cesuj'H l'Ord. de M. Burton du 1^ Oct. 1763, p.r)3.

ITiU 212

vous ayt's a ordoiiiuT aux ])orsonos qui sont dans votre parroisse faisant commerce de quelque espèce qu'il soit, ou qui y vendent des liqueurs, do se trouver avant midi 24e de ce mois, au Gouvernement avec leurs per- missions par lesquelles ils sont autorisées a vendre des boissons, ou marchandises, afin qu'elles y soient exami- nées et rafraichies si Son Excellence jug-e a propos de les continuer ; ceux qui négligeront de venir avec leurs permis, seront billes d«' la Liste et ne pourront faire aucun commercf

A la recepuoii de la i)n'.sente vous visiterés les mai- tons des particuliers, que vous croyés vendre des li- queurs sans permission, et si vous en trouvés chez de telles personnes, vous vous en saisirés et vous l'envoyerés ici le 24 du mois en y venant vous-même. Vous me manderés la réception de la présente aussitôt que vous l'aurés reçu.

J'ai l'honneur d'être, (^c,

(Signé) GuGY, Secre.

28 Janvier. De par le Ivoy

PROCLAMATION.

Pior.lamaliitu dn Roi/ dalée de St. Jfunea le 7 OcUilnc ITO-î, oe an/ice de son rci^tte.

George Rex.

Comme il nous a j)lû de prendre en notre consi- dération Koyale, les grandes et importantes acquisi- tions en Amep.ique, assurées n Notre Couronne par le

273 1764

Traitté définitif de Paix, conclu a Paris le dix de Fé- vrier passé, et souhaitant que tout nos aimés sujets, tant ceux de nos Royaumes, que ceux qui résident dans Nos Colonies en Amérique, puissent proffiter sans delay de l'utilité et des avantages qui en dérivent au Bien de leur Commerce, Manufacture, et Navigi^tion. Nous avons trouvé nécessaire arec l'avis' de Notre Conseil privé, de publier la présente proclamation Royale, pu- bliant et déclarant à tous Nos Bien aimés Sujets que Nous avons par l'avis de Notre susdit Conseil privé, ac- cordé Nos Lettres patentes passées sous le G-rand Sceau de la G-rande Bretagne, afin d'ériger dans les pays et Isles qui Nous ont été cédés, et confirmés par le dt. Traitté de Paix, Quatre Gouvernements distincts et séparés, et ap- pelles par les Noms de Québec, Floride Orientale, Floride Occidentale, et Grenade, dont les bornes et limites sont comme il suit.

lo. Le Gouvernement de Québec, borné sur la Côte de Labrador, par la Rivière St. Jean, et de par une ligne tirée depuis la source de la dite Rivière par le Lac St. Jean, au Sud du Lac Nipissin, d'où la dte. ligne cou- pant la Rivière St. Laurent et le Lac Champlain au 45e degré de Latitude Septentrionale, et suivant les monta- gnes qui divisent les Rivières qui se déchargent dans la Rivière St. Laurent, de celles qui se répendent dans la mer, et aussi le long de la côte du Nord de la Baye des Chaleurs, et de la côte du Golphe St. Laurent au Cap Des Rosiers, et de la passant par l'embouchure de la Rivière St. Laurent par le Ouest de l'Isle d'Anticostie va se terminer a la susdte. Rivière St. Jean.

2o. Le Gouvernement de la Floride Orientale, borné au Ouest au Golphe du Mexique et à la Rivière Apala-

17.;4 274

chifola, et au >soi\l par iiiu' lii^iio liréo par hi partie de la dte. KivitTO, le Chatahouchée, et la Eivière aux pierres a l'eu se joignent, jusqu'à la source de la Kivière ÎSte. Marie, et par le cours de la dte. Xvivière à l'Océan Atlanti(iue ; et au Sud et a TEsit par l'Océan Atlantique et le Oolplie de la Floride, en y comprenant toutes les , Lsles qui sont a six lieues des Côtes de la Mer.

3o. Le Gouvernement de la Floride Occidentale, borné au ^5ud par le Golphe Mexique, et y comprenant toutes les lsles a six lieues des Côtes depuis la llivière Apala- chicola au Lac Pontchartrain, au Ouest par le dt. Lac, le Lac Maurepas, et la lîivière Mississipi ; au Nord par une ligne tirée a l'Est de cette partie de la ]vivière Mis- sissipi qui est au 31e Degré de Latitude Septentrionale a la Rivière Apalachicola ou Chatahouchée, et à l'Est par la dite Kivière.

4o. Le Gouvernement dt; Grenade comprenant llsle de ce nom, avec les Grenades, et les lsles Dominique, Sf. Vincent et Toba^o. Et afin que l'entierre J^iberté de pêche, de Nos Sujets puisse s" étendre et se faire sur la Côte de Labrador, et les lsles adjacentes, Nous avons juiré propre par l'avis de Notre Conseil Privé, de mettre toute cette Côte depuis la liivière St. Jean, jusqu'au détroit de lludson avec les lsles d'Anticostie et de la Madelaine, et autres petites lsles situés sur la dte. Côte sous les soins et l'inspection de Notre Gouverneur de Terreneuve.

Nous avons aussi par 1 avis de Notre Conseil privé, jugé nécessaire d'annexer les lsles de St. Jean et du Cap Breton, ou Isle Royale avec les petites lsles des environs a Notre Gouvernement de la Nouvelle Ecosse. Nous avons en outre par lavis de Notre Conseil privé, jugé

275 1764

propre d'annexer a Notre Province de Géorgie tontes les terres entre les Rivières Attamaha et Ste. Marie.

Et comme il contribue beaucoup au prompt établisse- ment de Nos susdts. Grouvernements que Nos bien aimés Sujets soient informés de Nos soins paternels pour la Sûreté, Liberté et Biens de ceux qui sont, et qui en de- viendront habitans ; Nous avons jugé nécessaire de publier et déclarer par Notre présente proclamation, que Nous avons dans les Lettres patentes, sous le Grand Sceau de la Grande Bretagne par lesquels les dts. Gou- vernements sont constitués, donn3 pouvoir exprés, et instructions à Nos Gouverneurs de Nos dites Colonies respectivement qu'aussitôt que les Circonstances des dites Colonies le permettront, qu'ils feront par l'avis et le consentement des membres de Notre Conseil, ajourner, convoquer des Assemblées générales dans Nos dits Gou- vernements respectivement, en telle manière et forme usitée et enjointe dans les dtes. Colonies des Provinces de l'Amérique qui sont sous Notre Gouvernement im- médiat. Et Nous avons aussi donné pouvoir a Nos dts. Gouverneurs, avec l'aA'is de Nos dts Conseils et les re- présentans du peuple ainsi convoqués, comme ci-dessus de faire, constituer, passer des Loix, Statuts, et Ordon- nances, pour le Bien du Public, Conservation, et le Bon Ordre de Nos dites Colonies, et de ses habitans, autant que cela pourra convenir avec les Loix d'Angleterre, et sous tels règlements et restrictions qui sont en usa^-e dans les autres Colonies, Et en attendant, et jusqu'à ce que telles assemblées puissent être convoquées, comme il est dit cydessus, toutes pei sonnes habitant actuelle- ment, ou qui se rendront dans Nos dites Colonies, peuvent être assurées de Notre protection Roj^alle en la jouissan- ce des avantages des Loix du Eoyaume d'Angleterre ; A

17t;4 270

ces lias iSoiis ii\ tnis [cluiiiu-J pouvoir à Nos (Jouvei'iieurs de Nos dites Colonios respectivement, sous le Grand iSceiUK d't'-riiivr et de eoiistitucr, p:ir l'avis de Nos dits Conseils resi)eelivem''nt, des Cours d<i Judicature, et de justice publique, dans Nos dites Colonies, pour entendre et déterminer toutes causes tant criminelles, que civiles, suivant les Loix et l'Equité, et autant que faire se pourra suivant les Loix d'Angleterre, avec Liberté a toutes per- sonnes qui se croyent lezées par les sentences de telles Cours en matière civiles, d'en appeller sous les Limita- tions et restrii- lions usitées a Nous dans Notre Conseil privé.

Nous avons aussi juué propre avec l'avis de ^olre Conseil privé, comme ci-dessus, de donner à Nos Gou- verneurs, et Conseils de nos dtes. trois Nouvelles Colo. nies, sur le continent, plein pouvoir et authorité d'arran- q-er et convenir avec les habitans de Nos dites Nouvelles Colonies ou avec quelqu'autres personnes qui s'y ren- dront, pour telles terres, tenements, héritages qui sont actuellement, ou qui seront cy-après en Notre disposi- tion, de les accorder à telle personne, ou personnes, à tels termes, et redevance modique, services, et recon- nance (1) féodale, comme celles qui ont été réglées et ar- rangées dans nos autres Colonies, ef sous de telles autres Conditions qui nous paroitront nécessaires, et avanta- geuses pour le Bien des octroyés, et l'amélioration, et l'établissement de Nos dites Colonies.

Et comme Nous souhaitons, en toutes occasions, témoi- irnerNotreapprobation Koyallc à l'égard de la Conduitte ••t Bravoure des oliiciers et soldats de Nos armées, et alin de les recompenser. Nous commandons et authorisons

;l) Ainsi au iiiunuscril.

211 1764

par ces présentes Nos Gouverneurs de Nos trois Nou- velles Colonies, et tous les autres Gouverneurs de Nos différentes provinces de l'Amérique Septentrionale de concéder sans droits ni récompense à tels officiers refor- més qui ont servi dans TAmérique Septentrionale pen- dant la dernière Guerre, et à tels soldats qui ont été congédiés, et à ceux qui doivent l'être en Amérique, et qui y résident actuellement, et qui en feront personnel- lement la demende, les quantités suivantes de terres su- jettes à l'expiration de dix ans, aux mêmes rentes fon- cières, que le sont les terres dans la province dans la. quelle ces terres auront été concédées, et seront sujettes aux mêmes conditions d'amélioration.

A chaque officier de l'état Major, 5000 arpents, aux Capnes., 3000, aux Subalternes, 2000 ; aux sergents, 200, et à chaque soldat, 50 arpens. Nous authorisons et re- quérons pareillement les Gouverneur et Commaudans en Chef de Nos dites Colonies du Continent de l'Amé- rique Septentrionale, de concéder les mêmes quantités de terre, et aux mêmes conditions, à tels Ofiiciers refor- més de la Marine, de même rang qui ont servi abord de Nos Vaisseaux de Guerre dans l'Amérique Septentrio- nale à la réduction de Louisbourg, et de Québec pen- dant la dernière Guerre, et qui s'adresseront personnel- ement à Nos Gouverneurs pour de pareilles Concessions.

Et comme il est juste, raisonnable et essentiel à Nos intérêts et à la sûreté de Nos Colonies que les différentes Nations de Sauvages avec lesquelles Nous avons quelques relations, et qui vivent sous Notre protection, ne soient ni inquiétées, ni troublées dans la possession de telles parties de Nos Domaines, et territoires comme ne Nous ayant pas été cédés, ni achettés par Nous, leur sont réser- vés, ou aucun d'eux, comme leur pays de Chasse ;

]Tt;4 278

Vax conséquence, Nous déclarons par Tavis de Notre Conseil privé, que tel est Notre Bon i>liii.sir, et volonté Koyale qu'aucun Gouverneur, ou Commandant en Chei dans qu elles de Nos Colonies que ce puisse être, soit de Québec, l-'loride Orientale, Floride Occidentale, ne pré- sume sous (juelque prétexte que ce puisse être d'accorder des ordres pour l'aire arpenter, ou accorder des Lettres patentes pour terres hors des limites de leurs Gouverne- ments respectifs, Comme il est enjoint dans leurs com- missions, comme aussi qu'aucun Gouverneur, ou Com- mandant en Chef de nos Colonies, ou plantations en Amé- rique, ne x^resume pour le présent, et jusqu'à ce que No- tre Volonté soit plus amplement connu(\ d'accorder au- cunes Lettres patentes, ou permission, pour établir dos terres au delà des sources des Ivivières qui se déchargent dan? rOcean Atlantique du Ouest ou Nord Ouest, ou sur quel autre que ce puisse être qui ne nous aiant pas été cédés, ou autrement sont réservées pour les dts. Sauvages, comme il est dit cydessus.

Nous déclarons de plus que telle est notre volonté et notre bon plaisir pour le présent, comme cydessus, de reserver sous Notre Souveraineté, protection, et Gouvernement pour l'iisaî^e des dts.Sauvag'es,toutes les terres, ou territoi- res qui ne sont pas compris dans les Limites des trois Nou- veaux Gouvernements ci-dessus mentionnés, ou dans Cel- les des terres accordées à la Compie de la Baye de Hudson ; comme aussi toutes les terres et territoires qui se trou- vent au Ouest des sources des Ivivières qui se jettent dans le Mer depuis le Ouest au Nord Ouest comme il est mentionné ey-dessus ; VA Nous deffendons aussi expres- sément sous peine d'encourir Notre Déplaisir, à tous oSo lideles Sujets, d'acheter, cultiver, ou prendre possession

279 1764

d'aucunes des terres ci-dessus réservées, sans avoir pre- mièrement obtenu Notre permission a ce sujet.

Et Nous Enjoignons et ordonnons à toutes personnes quelconques, qui se sont établies volontairement, ou au- trement sur quelques terres dans les territoires cydessus mentionnés, ou sur quelques autres terres qui ne nous ont point été cédées ni vendues, et par la réservées aux dts. Sauvages, comme mentionné cydessus de se retirer immédiatement de dessus telles habitations.

Et comme il s'est commis de grandes fraudes et abus dans l'achat des terres fait avec les Saiivages au crrand préjudice de Nos intérêts, et au mécontentement des dits Sauvages ; pour prévenir de pareilles irrégularités, a l'a- venir, et afin que les Sauvages soient convaincus de Notre Justice et de la résolution que Nous avons prise d'écarter tout juste sujet de mécontentement, Voulons et ordonnons avec l'avis de Notre Conseil privé que per- sonne n'achète des terres des dts. Sauvages qui leur ont été réservées dans ces parties de Nos Colonies, ou Nous avons trouvé a propos de permetlre des Etablissements, Mais s'il arrivoit qu'aucun des dts. Sauvages voulut dis- poser des dittes terres Nous Voulons que l'achat en soit tait par Nous, et en Notre Nom. dans une assemblée des dts. Sauvages qui sera convoquée a ce dessein par les Grouverneurs ou Commandants en Chef de Nos différen- tes Colonies dans lesquelles elles pouront se trouver et dans le cas quelles fussent dans les Limites de quelque Gouvernement propriétaire, on ne pourra les achetter qu'au nom et pour l'usage uniquement de tel proprié- taire, suivant les directions et instructions que Nous, ou Eux trouverons a propos de donner à ce sujet ; Et avec l'avi-s de Notre Conseil Privé, Nous déclarons et enjoi'

1704 2«0

i»nons que le Commerce avec les dits Sauvages sera libre a tous Nos Sujets quelconques, pourvu que ceux qui ^souhaiterons commercer avec les tlts. Sauvaircs soient authorisés par permission du Crouverui'ur, ou du Com- mandant en Chel", de Celle de Nos Colonies ou la per- sonne réside ; l'aile devra aussi donner caution d'obserrer tels Keglements que Nous croirons nécessaires de donner par Nous mêmes, ou des Commissaires nommés pour veiller au Bien et a l'agrandissement du dt. Commerce ; Et Nous authorisons, enjoignons, et commandons par ces présentes tous Nos Gouverneurs et Commandans en Chef de chacune de Nos Colonies en particulier, aussi bien Celles qui se trouvent immédiatement, <:omme celles qui sont sous le Gouvernement et la Direction des pro- priétaires, d'accorder telles permission sans exiger de droits ni recompense, avec cette reserve, q ue telles per- missions deviendrons nulles et la Caution confisquée, au cas que la personne a qui on aura accordée une pareille permission, refuse ou negliire de se porter au règlement ({ue Nous jvin-oront a |)ropos de prescrire comme cyd«\s- sus.

En outre Nous enjoignons et requérons expressément tous ofliciers militaires, comme ceux qui sont chargés de la direction des allaires des Sauvages dans les territoires réservés, comme il est dit, a l'usage des dts. Sauvages, de se saisir et prendre tous ceux qui sont accusés de tra- hison, ou qui en auront eu connoissance sans en faire part; Ceux qui auront commis Meurtre, Crime, ou Mal- versation, et qui se relugieront dans les dts. territoires l)our evitter lespoursuittes de la justice, de les faire con- duire par une garde sure, a la Colonie dans laquelle le Crime dont on l'accu-se aura été commis, afin qu'ils puis- sent y être jugés en conséquence.

281 1Î64

Donné a Notre Cour de St. James le 7e. 8bre. 1763, dans la 3e année de Notre Règne.

15 Février 1764. Placard pour engager à ne point agioter le papier du Ca- nada.

Par Son Excellence Fred. Haldimand, Ecuyer, Colo- nel, &c., &c.. &c.

Sa Majesté Notre Auguste Souverain ayant com- mandé de nouveau à ses Ministres de travailler a obte- nir de la Cour de France l'entier accomplissement de ce qu'elle a stipulé dans le dernier Traité de Paix au sujet du papier du Canada. Nous exhortons vivement tous les propriétaires du dit papier, domiciliés en la ville, Gou- vernement et Dépendances des trois Hivieres, Province de Québec, de n'en point agioter ou escompter a vil prix, Mais plutôt d'attendre avec patience la définition de cette affaire. L'agiotage pouvant porter préjudice a leurs droits, et servir de prétexte pour empêcher ou reculer la liquidation qui doit s'en faire suivant la Déclaration du Ministre Plénipotentiaire de France du 10e Février 1763. (1)

Les Nouveaux Sujets de Sa Majesté doivent toujours s'attendre a ressentir les effets de ses soins paternels, comme tous ses autres peuples, autant qu'ils se com- porteront en bons et fidèles sujets, ainsi qu'ils l'on fait jusqu'à présent.

Fait et donné aux trois Rivières, sous le Cachet de Nos armes et le contreseing de Notre Secrétaire, ce 15e février 1761.

(Signé) FRED. HALDIMAND,

Et, Far ordre de Son Excellence,

(Signé) C. GuGY, Secre.

(.1) V^ celle déclaralion de M. de Choiseul aux paffcs 1 1 i cl 1 15.

17i;i 282

11 Mars.

l'i,\<'Mri' iioiir /'rt/r«'u;islrf'iiir/// .lu ijdjiin- ilii Canada.

Ih- par Son Kacllence FREDERICK. IIaLDIMAND, llrni/('i\ \i\. Av., \i-.

Avant reçu ordre de constater alitant qu'il seroit en \olre pouvoir, le montant des Lettres de Change du Ca- liada, Billets d'Ordonnances, Monnoye de Cartes, et Cer- liiicals résidants dans le pays, afin que le rembourse- ment en soit demendé suivant la déclaration du Mini.*-- tre rirnipott'ntiaire de France du 10e février 17G3, et en exécution des ordres de S;i Majesté .sirrnifiés par un de ses Secrétaires d'Etat,

Ordonnon.< et REQUERONS tous les sujets de Sa Majesté, tant Anglois que Canadiens et François rési- dants dans le (îouvernement des trois Kivieres, de don- ner immédiatement un Etat juste et fidèle des Lettres de Chanj^e du Canada, Billets d'Ordonnances, Monnoye de Cartes, et Certificats qu'ils possèdent, en y détaillant les moyens par lesquels ils les ont acquis.

Ordonnons de plus à Ceux qui par nécessité ou au- trement pouroient avoir été induits à vendre à bas jjrix partie de (•<> qu'ils possédoient de ces papiers, lors de la Cession du pays par le traité de Paix conclu à Pa- ris le 10e lévrier lTr.3, que les dites personnes ayent à donner un Etat .-iéparé et circonstancié du papier qu'ils ont vendu depuis ce tems là, \)'^T qui, à qui il a été vendu, et à ([uc] prix, lequel état ils alRrmeront par un serment soiemnel prêté entre les mains du Juge Avocat établi pour le présent dans ce Gouvernement. Et afin (]ue ce qui est ordonné parles présentes soit bien e^ due. inontexé^-uté, Nous avons jucréà propos que l'enregistre-

283 . 1764

ment se fit sous l'inspection de trois personnes de cette ville qui siég-eront tous les jours de la semaine (les diman- ches exceptés) à commencer du seize du présent mois de mars jusqu'au 30e avril inclusivement, depuis neuf heu- res du matin jusqu'à une heure après midi, auquel jour du oOe avril tout enregistrement finira, et on ne recevra plus de déclaration. Les bordereaux seront faits suivant la formule remise aux Commissaires. Et afin que tous les fidèles sujets de Sa Majesté connoissent ses bonnes intentions, ils- sont avertis que l'enregistrement des dits papiers se fera gratis.

Ordonnons expressément au Cap^^ de Milice de cha- que parroisse de faire lire la présente Ordonnance, à l'is- sue de la messe parroissiale les deux premiers diman- ches après sa réception, et ensuite de l'afficher en la ma- nière accoutumée, afin que personne n'en puisse pré- tendre cause d'ignorance.

Donné aux trois Rivières ce lie Mars 1764.

(Signé) FKED. HALDIMAND.

Et Par ordre de son Excellence.

(Signé) C. GuGY, Secre.

P. S. Les personnes nommées pour présider à l'en- registrement cy dessus ordonné, sont Mrs. de Tonnan. cour, de Rouville, et Bte. Perrault, Et le Bureau pour cet effet se tiendra pendant le temps prescript cy dessus, chez Mr. Baptiste Perrault. (4).

[k] Y. la manière de procéder sur ce sujet par le Général Gage, pp. 1 15 —117, dès 1763.

17(;4 284

1-J Maks.

LllTTliK ù tuiis les Caj/t '''^ de Mi/ircs //')//»• /" uro/lrmcnf tles Cdfiad l'eus en Cum/)ni:^nies.

Monsieur, Quoique je vous aie. déjà insUuit de bou- che des soins que Sa Majesté se donne pour assurer le bonheur de ses sujets, et de hi terme rC-solution qu'elle a prise de faire revenir a la raison quelques Nations kSauvages, dont la mauvaise volonté s'est manifestée par la trahison et la violence, et de les obliger à conclure une paix stable qui assure le retour d'un commerce avantageux, et la trnnquilité si nécessaire à ses peuples ; J'ai cru devoire vous informer qu'à cet elfet le Gouver- nement s'est déterminé de joindre cinq compagnies de Canadiens aux troupes qui doivent être employées à pro- curer ce but. Ces compagnies seront composées de soixante hommes chacunes. Deux seront levées dans le Gouvernement de Québec, deux dans celuy de Montréal, et une dans celuy des trois Rivières, et seront commandées par des officiers canadiens, ()i\ n'agré- gera dans ces compagnies que ceux qui de leur plain gré seront déterminés de rester sous l'empire de Sa Majesté Britanique.

Pour reconnoitre et récompenser la bonne volonté de ceux qui s'enrolleront, on donnera douze piastres en argent, à chaque volontaire, on leur délivrera un capot, deux paires de souliers sauvages, et une paire de mi- tasses ; on les pourvoira d'armes, d'amtmitions et de vivres, durant tout le temps de la campagne. La solde affectée pour eliaquc homme sera de six sols anglois]>ar jour, et on aura soin de les faire accompagner par un prêtre pour y exercer les fonctions de son ministère.

I

285 17 04

Le service de ces volontaires Unira avec la campagne, après laquelle chacun sera libre de retourner chez soy.

Une pareille démarche suppose dans le Gouverne- ment bien de la confiance envers les sujets de Sa Ma- jesté ; on est en droit d'attendre qu'ils y répondront non seulement par un grand empressement à s'en- roller, mais encore par une grande fidélité à soutenir leurs engagements dans toutes les circonstances le bien du service les placera, Du moins iis doivent le faire autant par honneur, et par devoir, que par re- connoissance, et par zèle pour leur propre intérest.

En attendant que vous soyés à même de publier cette Ordonnance dimanche prochain à la porte de l'Eglise, vous aurés soin autant qu'il dépendra de vous de la rendre publique, mais surtout parmy vos jeunes gens, afin qu'ils puissent être instruits de toutes les conditions qui leur y sont offertes.

Fait et donné aux trois Rivières, sous le sceau de Nos armes, le 12e mars 1764.

(Signé) FRED. HALDIMAND.

28 Maes

OnifU^ pour faire rendre les armes aux habitans de Batis-

cant, Rivière Batiscant,

Monsieur, Il vous est ordonné par la présente d'ap- porter immédiatement aux trois Rivières, .toutes les armes qui vous avoient été confiées pour l'usage des habi- tans de votre parroisse, des gens qui refusent aussi insol- lemment de s'en servir pour le bien du public, ne méri- tent pas d'en avoir l'usage pour leur intérest personnel.

17»; I 28(5

11 vous est enjoint do plus de laire une exacte recher- che parmis les habitans de votre parroisse, et de vous faire di'livror toutes les armes qu'ils pourroieut avoir ac- (|uis de quelle façon (pie ce .soit, pour être dr'livr«''S de même au magazin du Uoy ; et si après cette recherche vous, ou qui que ce puisse être, vient à découvrir au- cun fusil dans votre parroisse, le propriétaire de la mai- son où ce fusil se trouvera, ou celui entre les mains de qui on pourra le découvrir, est parle présent ordre con- damné à douze piastres d'amende pour la première fois, dont la moitié sera pour le délateur, et les six piastres restants pour les pauvres, et en cas de réci- dive, une telle personne ainsi contrevenant aux ordres sera punie suivant que la loi l'exige.

Je suis fâché d'en devoir venir à cette extrémité, mais la mauvaise volonté de vos habitans est trop manifeste, pour qu'il me soit permis de la tolérer davantage.

Vous aurés à apporter les armes vous même, ou à les envoyer par un de vos officiers, afin qu'il puisse être présent à la visite que l'armurier en fera. Je suis, Mr. &c. (Signé) FrtED.IIALDIMAND.

•21 Avril. PiiACARD nu sujet de la sor/ie des crains.

De par Son E.ccelle/ire Frederick IIaldimand, «S:c., &c., &c.

Comme il peut être d'une grande utilité aux habitans de ce Gouvernement d'être instruits à tems des mesures que Monsieur de Murray Gouverneur de Québec a prises pour la libre exportation du bled hors de cette

287 1704

ProTince ; J'ai jugé nécessaire de rendre la connoi.s- sance publique du Placard ci dessous, afin que chacun puisse se conformer aux restrictions et réserves men- tionnées sous lesquelles l'exportation de bled se doit faire au port de Québec.

Comme rien ne contribuera plus à encourager la ciiltu- re des terres, et de vivifier le commerce de cette Province, que la sortie libre du bled de froment, à présent- son pro- duit principal, pourvu que cette sortie soit assujettie à des règlements qui puissent efficacement prévenir les incon- véniens que le pays en a ci devant ressenti ; et comme il est uste et raisonnable que les vendeurs aussi bien que les acheteurs de cette marchandise précieuse puis- sent être informés de bonne heure des intentions du gou- vernement à cet égard, après avoir mûrement réfléchi sur cette afiaire, nous avons jugé à propos, et par ces présen- tes, Nous ORDONNONS,publions et déclarons que dès l'ins- tant que la navigation du fleuve St. Laurent sera ouverte, il sera libre à tout chacun de faire des envois de bled de froment, du Port de Québec aux Ports Etrangers li- mités par les actes du Parlement Brittannique, pourvu qu'au tems de cet envois, et pendant les quatorze jours XH-écédens, le prix du cours à Québec n'aura pas excédé trois schelings quatre sols, argent courant, par minot ; mais quand le prix du bled à Québec haussera au delà de trois schelings quatre sols, argent courant de Québec par minot, alors en vertu des présentes, l'exportation en est defiendue jusques à ce qu'il revienne au taux cy dessus spécifié, nommément de trois schelings quatre sols ou au-dessous, et qu'il y continue pendant quatorze jours consécutifs, avant qu'on puisse recommencer à en faire sortir ; Et afin de constater le prix courant, chaque

17G4 288

expoilati'ur sora ohligi-, avant renil>ai(jUoin«'Ut, di*. donner à Titré, le naval oflicier, ou a son député, un état de la (quantité qu'il doit embarquer, luy produiroct luy laisser pour prouve un certificat siijné de cinq négo- cians résidentaires à QuCdjec, gens de réputation, faisant loi que le prix courant du bled en cette ville, pendant les quatorze jours précédens celui-là, n'a point excédé trois 'schelings quatre sols par minot, et déclarants par serment qu'ils n'y oni aucun intérest directement ou in- directement ; et si quelqu'un est convaincu d'avoir em- barqué du bled de froment, le prix du cours étant au- dessus de trois schelings, quatre sols par minot, ou d'avoir manqué à produire le certificat et déclaration cy ordonnés, son bled sera confisqué moitié au proffit des pauvres, l'autre moitié à celuy du dénonciateur.

Ordonnons aux Keceveurs, Controlleurs et autres offi- ciers de la Douanne du Koy de tenir la main à l'exécu- tion des présentes.

DoNNt: aux trois llivières, le 21e avril 1704, en la quatrième année du Règne de Notre Souverain Seigneur George troisième, par la Grâce de Dieu, Roy de la Grande Bretagne, de France et d'Irlande, DefTenseur de la Foy, «Sec, «îtc, &:c.

(Signé) FRED. IIALDIMAND.

P>Y FTwEDERICK IIaldimand, Esqr. Col. uf J/i/antrj/, i^-r

WiiEREAS GovERNOR MuRRAY thought fit iu ordcr to promotc the Trade of this Country to issue Proclamation j)ermitting a frce exportation of wheat from the Port of Quebeck, undt^r su'^h restrictions as are therin men-

289 17G1

tion'd, I think it necessary to acc|naint Ilis Majesty's subjects in this Government of the contents of the same.

Whereas a free exportation of wheat, at présent the staple of this Province, mnst tend greatly to promote the Tillage and to encourage the trade thereof, provi- ded the same be made subjest to such Rules and Régu- lations as shall eflfectually prevent the inconveniencies under which this Country has formerly labour'd, and it being requisite and just both Yendors and Buyors of this most useful commodity, should be early apprised of the intents of Grovernment on that head, after ha- ving maturely consider d the same, I hâve thought pro- per, and do hereby order, publish and déclare, That from that instant the navigation of tlie St. Lawrence opens, it shall be free to any person whatsoever to ship wheat at the Port of Quebeck for any of the foreign Markets limited by the British Acts of Parliament, pro- vided that at the time of shipping said wheat, and for the fourteen days preceeding, the current price thereof at Quebeck has not exceeded three shillings and four pen- ce this currency the minot, the measure by which it is in gênerai sold at présent ; But whenever the price of wheat at Quebeck Market shall exceed three shillings and four pence the minot, then the exportation thereof is hereby prohibited, untill fourteen days after the same, shall hâve fallen again to or under the standard price herein specify'd, namely of three shillings and four pence the minot ; And in order to ascertain the current price, each and every exporter shall previously to the shipping thereof, be obliged to deliver into the N'aval Ofiicer of the Port, or his Deputy, a Keport of the quan- tity by'him to he shipped, produce to and leave with

hiiu as liis Voucher aCertilicate sijçued by livc creditable Merchants rosidiuî^ in Quebcck, specifyin^ that thc lurreiit inarket prie»» oi" \vheat, at saitl place, for the Iburteeii last procoedinp: days bas iiot exceeded three sbillinirs and ibur pence the minot. and declaring the. ii'iii, upon oath, that they bave no interest in the same cither dircctoloy or indirect loy ; and an y person wbo sliall l)e convictedof bavinnfsbipped wheat whcn the markct price exceeded three shillings and four pence the minot, or \vithout producins' the certiliçate and déclaration he- rein directed shall fovfoit the samo. One Moiety whereof to the Poor, the other to the inlormor. And I do here])y order and direct the Collecter, Coraptroller, naval or other officers of Ilis Majesty's Customs to see the same put in due exécution.

Given at Trois Ttivièrfs this 21.st. day oi" April IT*;^, in the fourth year of the Keign of Our Sovereign Lord George the Third, by the Grâce of God, King of Great Britain, France and Ireland, Defender of the Faith.

(Signed) FPvED. IIALDIMAND.

Countersigned.

C. GuGY, îSecy. (1)

20 Avril. PliACAIiD (uf sttjcl (les jiersonne^ (jui veulent jmsser en

France. De par son Excellence FREDERICK 1L\LDIM.\\D, .S:c.,

&c., &c.

Comme le terme fixé par le dernier traité de paix pour l'émigration des habitans de ce pays approche, et

(I) Toute ceU« proclamation est <lr la main «1'.' M. Gugy.

291 17G4

qu'il est nécessaire de savoir le nombre des personnes qui sont déterminées à passer en France, afin d'être a même de pourvoir à leur passage, avant la mauvaise saison ; Il est ordonné en conséquence à toutes person- nes, de quelque rang et condition qu'elles puissent être qui se trouvent dans ce cas, d'apporter leurs noms à notre Secrétariat, sous l'espace de quinze jours à compter de la datte de la présente ordonnance ; Il faudra qu'ils fassent aussi mention du nombre d'enfants et de Do- mestiques qui doivent passer avec eux ;. Ces personnes peuvent être assurées qu'on ne souffrira pas qu'il leur soit fait aucune imposition, ni vexation de la part des Capitaines des Vaisseaux, soit pour le prix de leur pas- sage ou celui de leurs effets. Le prix en sera réglé à Québeck, et ils peuvent être certains qu'ils seront traités à tous ces Egards, sur le même pied que le seroient les sujets nés de Sa Majesté.

Donné aux trois Rivières, ce 26e avril 1764. (Signé) FRED. HALDIMAND,

5 May.

Lettre à tom les Capt'i^^pour accompagner le Placard cy- dessus.

. Monsieur, Suivant les ordres de Son Excellence, je vous envoyé le Placard cy-inclus, que les Circonstances n'ont pas permis de vous faire tenir plutôt ; Vous aurés à demender à votre Curé d'en faire la lecture en Chaire, et vous à la porte de l'Eglise, Dimanche prochain ; après quoy vous m'enverrés le plutôt possible un Certificat signé de votre main du nombre de personnes de votre par-

lT.;i 202

roisso qui so {rt)U\"<Mil dans lo cas do jvi.sscr en Fraïu-c, t't s'il no s'en trouve aucune, vous m'en informeras de même par un autre certificat.

Vous avertiras en même tems vos lial)i(ans que Mon- sieur le Gouverneur ajuLjé à propos de prolong-er l'enre- iristrement des Oidonnances jusqu'au quinze du présent mois.

Je siiis, Monsieur, Voire, &c.

(Signé), C. GuGY, Secre.

IG Mav.

Lettre à tous les Capt'^'"' de Milite pour le delay de fen- rei;;istrement des Ordonnanies et jfour le buis de chaiifage.

Monsieur. Comme il peut se trouver encore des per- sonnes dans votre parroisse qui n'ont pas fait enregistrer leurs ordonnances et autres papiers du Canada en leur possession, et que les travaux ou maladies de quelques- uns et la négligence des autres ont jusqu'ici empêché de le faire, malgré les ordres réitérés à ce Sujet. Son Excel- lence, dans la vue de donner aux habitans de ce Gouver- nement tous les avantages qu'elle peut leur procurer, veut bien encore leur accorder un nouveau delay jus- qu'au dernier de ce mois, après lequel tout enregistre- ment cessera, et personne ne sera reçu.

Il vous est enjoint de rendre le présent ordre public, aussitôt que faire se pourra.

.l'ai l'honneur, tVc. (Signé) C. GuGY, Secre.

Ce ICe May 17(JI.

293 1764

Par la même Lettre, ordonné aux liabitans de Nicolette, Baye St. Antoine, Yamasca, Rivière du Loup. Machiche et Pointe du Lac d'amener en cette ville, dans le cours du mois prochain, chacun leur proportion de bois de chauffage pour six mois, à commencer du pr. de Juin.

18 May. Placard au sujet du Commerce des lêles de Boules.

Par son Excellence Frederick Haldimand, «fec, &c., &c.

Comme c'est bientôt le tems que les Sauvages du Nord descendent pour faire le commerce de Pelleteries avec les habitans de ce Grouvernement, j'ai jugé nécessaire pour le bien du dit commerce de rappeller et confirmer les ordonnances et Placards qui ont été plubliés à ce sujet depuis la réduction du pays, et par ces présentes confir- mons, en toute sa teneur, un Placard de Monsieur BuR- TON publié le 18 Octobre, 1761, par lequel il est deffen- du à toute personne d'aller au-devant des Sauvages têtes de Boule avec des Marchandises, par les rivières par les- quelles ils ont coutume de descendre, sous peine de con- fiscation des dites Marchandises, et autres punitions ; Ces mêmes deffenses sont réitérées par un Placard que nous avons fait publier le 28e May 1762, portant en outre qu'à l'arrivée des dits Sauvages leurs pelleteries seront dépo- sées en gros à l'endroit accoutumé, sur le haut de la côte vis-à-vis la maison de deffunt Fran cheville, après avoir préalablemen t prélevé les Crédits qu'ils auront reçu dans les voyages précédents, elles seront exposées en vente publique, et toute personne reçue et admise à faire avec les dits Sauvages les Marchers qu'il jugera le plus convenable ;L'heure du marcher, ai^rès l'arrivée des

I7.;4 ' 204

(lits Sauvag'os, sera noliliée à ions les Mavchaiulset Bour- pfeois de cetto villf \r.\Y un cry public : il «>st deffendu à qui ijUe ce soit d'attirer avant l'heure du dit marcher les Sauvag-es dans sa maison pour y faire aucun marcher par- ticulier, sous peine de 20 piastres d'amende et de conlisca- tion des Pelleteries ainsi acquises.

La Poudre étant un article nécessaire pour la traite des Sauvaî^es, et pour la faciliter et la rendre d'un avantai*-c commun à tous, nous fixerons, à l'arrivée de chaque parti Sauvage, la quantité que nous jugerons à propos qu'il leur soit vendue, laquelle sera égallement répartie entre les commerçants de cette ville, qui seront tenus d'avoir un ordre pour les authoriser à cet effet. Il est pareillement deffendu, sous peine de punition arbitraire, suivant l'exi- gence des cas, de leur donner aucune liqueur forte avant la fin du marcher public, et même de leur en procurer une trop grande quantité en retour de leurs pelleteries, d'autant que cela les empêche de se pourvoir des autres choses qui^leur sont n/icessaires y>o\xt laChasse et qui seule peut établir et augmenter leur commerce. Les ordres cy-dessus sont confirmés par un Placard du 23e May 1703

Donné aux 3 Rivières, sous le Sceau de Nos armes, ce 18e May 1704.

(Signé) FRED. HALDIMAND.

12 Aou.sT. IjETTRE. circulaire à tou^ les Capitaines de Milice, leur au.

nonçant l'arrivée des Commissions de Monsieur Murray.

Monsieur. Je viens de recevoir aujourd'huy une Let- tre de son Excellence Mr le Général Murray, par laquelle il me notifie qu'il a plu à Sa Majesté Notre Gracieux Souverain de le nommer son Capitaine Général et Gou-

295 . 1764

verneur en Chef dans et sur tonte l'étendne de la Pro- vince de Québec, dont le district des trois Eivières fait partie. Et m' ayant envoyé copie des dites Commissions qui luy ont été expédiées à cet effet, en datte du 21e No- vembre 1763, scellées du grand sceau de la Grande Bre- tagne. Je fais en conséquence publier demain cet évé- nement en place publique, avec les solemnités usitées, en^aisant faire lecture des dites Commissions, afin que tous les sujets de Sa Majesté soient instruits que Son Ex. cellence Mr. Jacques Murray est Gouverneur en Chef dans toute l'étendue de la Province de Québec. Et la présente est pour vous annoncer ce changement, afin que vous ayés à le publier à tous vos Parroissiens, parles voies accoutumées, afin que personne n'en puisse pré- texter cause d'ignorance.

Vous aurés aussi, en conséquence du changement cy- dessus, à suspendre l'assemblée des Chambres de Milices qui étoient établies dans vos Quartiers, jusqu'à ce que vous receviés les ordres ultérieurs de la part de Son Ex- cellence. Je demeure très parfaitement. Monsieur, &c., &c.

(Signé) FRED. HALDIMAND.

28 Septembre.

Lettre Circulaire aux Capitaines de Milice.

Monsieur, Par ma Lettre du 12e Août, je vous dou- ais avis de l'arrivée des Comissions de Son Excellence Monsieur le Gouverneur Murray, en vous disposant à recevoir par la suite les Ordres qui a'ous viendraient de sa part.

17r,4 . 296

Il envoyé aujourd'hui Monsieur Cramahé-, un des membres de son Conseil, auquel j'ai remis tous les Pou- voirs Civils qui m'avaient été conliés par Son Excellence Monsieur le Général en Chef.

Je demeure très parfaitement,

Monsieur,

(Signé) FRED. IIALDIMAND. (1)

LISTE

DES DIFFÉRENTS PERMIS DONNÉS PAR LES

GOUVERNEURS DES TROIS-RIVIÉRES.

lo. Ville des Trois-Ritières et banlieue

26 Octobre 1760.

Il est permis au Sieur Desbarras de s'établir dans la Ville des trois-nivières pour y faire un commerce fixe.

27 Octobre.

Donné une permission à Mr. de Tomianœin\ pour ifJcm.

28 Octobre.

Donné nue permission au Sr. Lnfrnmboise, pour idem.

17 May 1761.

Donné une permission au Sr. .Tidin nof/nrfiffd pour idem.

(1) Iy''Up' ft siiTiinliire niilot/r.iiiln's.

297 10 Juin.

Donné une permission au Sr. Sau^uincl pour idem

Le cit. Sr. Sanguinet de Québec.

25 Juin. Idem au Sr. Ménéclier de Québec.

25 Juin. Idem au Sr. Pefrimoiilx.

4 Juillet. Il a été accordé par Mr. le Grouverneur à la ville des 8 Rivières et Banlieue, en outre de ceux des Officiers de milice et de deax sergens,

10 fusils, ) , ,

m ^' ;-' } pour lâchasse.

10 permis numérotes, \ '

25 Aoust. Idem (pour commercer), au Sr. /. Nugent.

25 Aoust. Idem —au Sr. Laurent Lemelin.

22 Octobre. Donné permission à Frs. B.oy dt. Crepiti de faire com- merce dans la ville.

18 Novembre. Idem au Sr. Sansruinet.

2 Septembre 1762.

Accordé une permission de chasse à Volig'nt/, pour l'usage du Grouverneur.

29

208

.*> Janvier 17G.'^

Donne pM-niission à Panneton do tenir auborc-e publi- que.

4 .lanvicr. Idem au nommé Dnfrêne.

4 A oust.

Donné permission de l'aire commerce à Mr. Gilles Pommer (tu.

2o. PAROISSE DK MASKINOXni:.

4 Juillet 1701. Monsieur le Gouverneur a accordé à la parroisse de Jl(is(juinonL!^é,^in outre de ceux des Officiers de Milice et de deux sergens par Comp''' 1 i'usil et permis pour le Sr. Dnrheni, Seiiiiieur,

7 iusils pour les habitans, ) , ,

' j' }/onr la (liasse.

I permi.s numérotes, \ '

Omis sur sa place 13 Février. Permis au Sr. François Coffre, qui avoit épousé une Angloise, de passer dans les Colonies Angloises.

(sans date.) 1702. Donné permi.ssion à faire commerce au Chenail du Nord, parroisse de Maskinoni^é, au Sr. André Roy. Idem au Sr. Pierre liohinai/d. Idem à Nanon Sanioistf.

200

8 Octobre 1763. Idem à Ainable Be/air.

ûO. PAROISSE DE LA EIVIERE-DU-LOUP.

26 Février 1761.

Permis an Sr. Lonis Gober l père, de s'établir dans 1^ paroisse, pour y faire commerce.

4 Juillet. Monsieur le Grouverneur a accordé à la paroisse de la Rivicre-dii Loup, en outre de ceux des Officiers de Milice et de deux Sergens,

1 fusil et permis pour M. Petrimoux, Curé,

8 fusils pour les habitans, ) , ,

o ' J-' \ pour la chasse.

8 permis numérotes. ) '

4 Mars 1762.

Donné permission au Sr. Jea?i Dejarlais, de faire com- merce dans la parroisse.

Do. à Ambroise Laverg'ue, Lonis Gobert et AugustiH H ou de.

4o. PAROISSE DE MACHICHE.

4 Juillet. 1761.

Monsieur le Gouverneur a accordé à la paroisse de Machiche, en outre de ceux des Officiers de Milice et de

300

doux kSorirons,

1 fusil ot permis pour y] . Chef

(le ville, Curô, lOiusilspourloshabitans, ] . j^^ ^.,,^^^^^

10 permis numérotes, )

.')0. TAROISSE DE LA POINTE-DU-LAC.

4 Juillet 1761.

Monsieur le Gouverneur a accordé à la paroisse de la

Poifile (in Lue, en outre de ceux des Olliciers de Milice

et de deux Sergens,

') fusils pour les habitans, ) ^ ; i

.* ... ) jxmr la chasse.

0 permis numérotes, )

Go. PAROISSE DU CAP LA MAGDELELXE.

4 Juillet 1761. Monsieur le Gouverneur a accordé à cette parroisse, en outre de ceux des Officiers de Milice et de deux Ser-

gens,

o fusils pour les habitans, / , ,

} . ., \ pour la chasse,

0 permis numcrotes, ) '

(0. PAROISSE DE CIIAMPLAIN.

28 Octobre 1760. Donné une permission au Sr, Charetieràe s'établir dans

cette paroisse, pour y faire un commerce fixe à lia-

tiscan. (1)

(1) Ces deux 'Icrrii'^rs mots sont d'uru; ''crimr*' diir»'r''nt»*, ot ont rorlni- nomuni élé ajoutes plus lard, quand Charelicr, |>a'Sa à Balican. Vi.ir jMigo suivante.

301

28 Décembre.

î)onné permission à Jh.Marsereau pour faire commercô à Champlain.

4 Juillet 1761. Monsieur le G-ouverneur a accordé à cette parroisse, en outre de ceux dos Officiers de Milice et de deux Ser- gents,—

1 fusil pour Mr. Champlain^ Sei- gneur, 1 fusil pour Mr. Morissau, Curé,

7 fusils pour les habitans, ) , ,

rr _• ' i.' i vo2ir la chasse

7 permis numérotes, \ ^

7 Juillet.

Donné permission à Mr. Egoii. Chirurgien, habitué à

Champlain, de débiter vin, eau-de-vie, &c. et defïense à

lui faite d'eu vendre aux troupes.

16 Septembre 1763.

Donné permission au nommé Frs. Arcouette de dé* tailler de l'eau-de-vie, pendant le cours de cet hiver seulement.

7 Octobre.

- Même permission qu'au Sr. Egon donné au Sr. Fran- çois Davis.

8o. GRANDE COTE DE BATISCANT.

22 Avril 1761. Donné permission au Sr. Chartier pour faire commerce dans cette paroisse.

302

4 .luilK-i. Mdii.sieur It' (lt>uvenicur a accordé à cotto paroisso' l'ij outro do ceux clos Olliciers de Iklilice et de deux Sér- iions,—

1 insil et ponnis pour Mr. .'^7.

Oiiii;e, Clin'',

() fusils pour li's habitons, ) , ,

' , - iioitf la i/Kissr.

«) permis numérotes, ) '

5 Octobre 17 02. Permis au iwiinar T^^on d'avoir un l'usil à bord de son bâtiment.

r»0.— lîIViiÎRE I5ATISC.\.\T

4 Juillet 1761.

Monsieur le (louverneur a accordé à cette paroisse, en outre de ceux des ( )lliciers de Milice et de deux k>er- gens,—

1 fusil et permis pour !Mr.

Lacroix, Curo, 7 fusils pour les habitans, ) , ,

i permis numérotes, ) '

4 Février 17G2. Donné permission au Sr. 7iV//f/(f/^pour commercer dans la parroisse

I

20 Mars. Idem au Sr. S(ui}j;i(iiu'l, pour faire commorcf dans la dite parroisse.

31 Mars. Idem au Sr. Brouard et au Sr. Cliateminevf.

20 Septembre. Idem au Sr. Louis Gui lie t.

lOo PAROISSE STE. ANNE.

4 Juillet 1761, Monsieur le Gouverneur a accordé à la paroisse Ste, Anne, en outre de ceux des officiers de milice et de deux sergens,—

1 fusil et permis pour Made.

Gautier, Seigneuresse, 1 fusil et permis pour Mr.

Guai/, Curé,

7 fusils pour les liahitans, ) , ,

fj ' ir ( nour la chasse.

7 permis numérotes, ) ^

2 Septembre 1762.

Donné une permission au Sr. James Price de s'établir dans cette parroisse, pour y faire commerce.

24 Octobre 1762.

Donné une permission au Sr. François Faribault de faire commerce dans la parroisse Ste. Anne.

18 Octobre 1763. Do. au Sr. John Frazei\

304

Uo. PAROISSE STF.. :\IAIî!n

4 Juillet 17G1. Monsieur le Gouverneur a accordé à cette parroisse.en outre de ceux des ofTiciers de milice et de deux sergens,

C l'usils ]>our les habitans, ) , ,

0 permis numérotes, \'

12o. .ST. riEKRE-LES-BECQUETS.

4 Juillet.

Monsieur le Gouverneur a accordé à cette parroisse, en outre de ceux des Ofliciors de Milice et de deux Ser-

nens.

1 l'usil et permis pour Mr.

Levrard, Seigneur, 1 fusil et permis pour Mr.

Ga^iiietK Curé, S fusils pour les habitans, ) , ,

8 permis numérotes, \ '

13o. PAROLSSE DE GENTILLY

4 Juillet. Monsieur le Gouverneur a accordé à la parroisse de Gentill//, e!i outre de ceux des Officiers de Milice et de deux îSeri;en.s,

1 fusil ot permis pour Mr. Pois- son, Seigneur, ^ fusils i)our les halntans, / , ,

b permis numérotes, \ '

305

14o.— PAEOISSE DE BÉCANCOUK.

25 Octobre 17G). Donné une permission au Si*. Faribanll, de s'établir dans la paroisse de Bécanroicr, ponr y faire un commerce fixe (1).

4 Juillet 1761. Monsieur le Gouverneur a accordé à cette parroisse, en outre de ceux des Officiers de Milice et de deux Ser- g-ens,—

1 fusil et permis pour le P.

Gounou, Curé,

8 fusils pour les habitans, ) , ,

o ' - .' \ i)OHr la chasse.

8 permis numérotes, \ ^

1er. Avril 1762. Donné permission au Sr. Toretà^ s'établir dans la par- roisse, pour y faire commerce.

lÔO. PAROISSE DE NICOLETTE.

4 Juillet 1761. Monsieur le Grouverneur a accordé à la parroisse de

(l). Une feiiiHe ro/a.';/r, attachée par une épingle à l'une des feuilles de ce MS., nous fournit la formule de ces sortes de permis, dans celui même accord'i', ce jour, à M. FarihauU : en suit. la copie. J. V.

" Il est est jiermis au Sieur FarihauU, sous notre bon plaisir, rie s"aller '' établir dans la paroisse de Bécancourl, dams noire gouvernemet dos Trois- " Rivières, pour y faire un commerce fixe. Si le peu d'encouragement, ou " autres raisons l'engageoient à changer le lieu de sa résidence, il sera tenu " de nous en faire part et d'obtenir notre permission à cet effet ; el il est " deffenlu à qui que ce soit de Tinlerompre ou molester dans le présent " établissement, en tant qu'il se comportera comme il le doit, et se confor- " niera aux ordres qui peuvent cire par nous donnés, suivant notre volonté, " pour le bon ordre et la police de notre gouvernement. Aux Trois-Rivie- " res, le 25e. 8e. 1760."

306

Kiculetle, en outre de ceux des Olliciers de Milice et do deux Sergens,

1 fusil et permis ])our M.

Ferdinand, Cur»'', 9 fusils pour les habitaiis, 1 ,

y permis uumerotes, ) '

{sans (lutf.) Jacques Ilamel, se disant de Ste. Croix, établi 4 Niculet, Pierre Perrault chez Antoine Ourle.

I60. BAYE ST. ANTOINE.

4 Juillet.

Monsieur le Gouverneur a accordé ù cette parroisse, en outre de ceux des Officiers de Milice et de deux >Ser- gens,—

1 fusil et permis jiour M.

Lefevre, Seigneur,

8 fusils pour les habitans, ) , ,

o ' i.' 1 iiour la f/tasse.

8 permis numérotes, J '

17o. PAROISSE ST. FRANÇOIS.

4 Juillet. Monsieur le Gouverneur a accordé à cette paroisse, en outre de ceux des Officiers de Milice et de deux 8er. gens,—

1 fusil et permis pour M. St. Fran- çois, iSeigneur,

1 fusil et permis pour le P. Rou-

haud. Missionnaire des îSauvages,

8 fusils pour les habitans, ) , ,

o ' i' t i>our lu (liasse,

b permis numérotes, \ '

807

(Sans date.)

.^o^epk Briscbois, une permission de vend ro à .SV. Frd/i- çois.

1er Avril 17 G2. Idem au Sr. MoUdr. Idem au Sr. Claude Cartier.

24 Mars 1763. Idem au Sr. David Vander heyden, Marchand Ang-lois,

(Sans date). Mr. le Gouverneur a accordé au nommé Lausière mary de Melle. St. François., une exemption de toutes corvées et logement.

18o. PAROISSE DE YAMASKA.

4 Juillet 1761. Monsieur le Grouverneur a accordé à cette parroisse, en outre de ceux des Officiers de Milice et de deux Ser- gens,—

1 fusil et permis pour M. Parent., Curé,

10 fusils pour les liabitans, ) , ; ^ . ^

-,rt ' i.' ^ } pour la ciiasse.

10 permis numérotes, ) ^

14 Janvier 1762. Donné une permission au Sr. ///. Briseboia, pour commercer.

Traie Copie.

Montréal. Avril 1845. Js. YiOER.

TABLE

DES

NOMS PROPRES

(1)

Acadie 113 260

Acadiens 74, 158, i^l

Ailleboust, Voir D'Aillebout.

Allemagne 206

Anglais 144,183,184, 185, 186

Angleterre 12, 13,27,83, lOO, 158, 164, 174,275, 276

Anne (La Reine) 268

Annual Reyisler 62

Anticosti (lied") 273, 274

Apalacliicola 273, 274

Arconette (François) 301

Artigny (Berthelot d') 8

Assomption (Paroisse de 1") 17, 199

Altamaha (Rivière) 275

Baillie (Richard) :;8

Baningcr (Jac([nes) 32

Batiscan (Rivière).. 158, 186, 189, 194, 237, 253, 285, 302

Baye des Ghalenrs 273

Baye d'Hndson 278

Baye St. Antoine (Ic/r La Baie) 190, 198, 202, 210^ 237

248, 253, 293

Bazbnlt (Jacqnesi... 58

Beanjeu, De 57

Bécanconr 185, 194, 198, 202, 210, 211, 237, 248, 253, 305

Bedford, Dnc De 114

Bélair (Amable) 299

Belconrt de la Fontaine (Jacques) 5£, 60, 72, 77

(I) Les noms sont écrits avec l'orthographe des documents. Les noms d>'. t-M-re, qui commencent par De devront être cherchés par la lettre qui suif la particule.

310

n»'ll (Malh.'w li.'K l'«i

Hellair -^i

Hcllaii-fr :^2

H.'ll.'lrU' :w»2

Hrlil IW

H.Mnara 1-28, [•2\)

H.'rtli.'IotiVArti;-rny .ce ^ 8

Hi'iiliicr (Paroisse de) 17, '2U1

Ik'itin 128

Be-vven (Wiin ^il

Bibaud 8,13, 21, •2>, -2:5, ".Ml, 33, 3i, i'., 41), ô(l, .V2, Ô3, (i.j

liihliothcque Canadienne ô, 7, '23,33, 78, I '»3

Bondv 42

Bonnefleld (John) 2%

Boiiloau x 1 4 i

Bouclierville (Paroisse di.M 1 j, IG, 30

Bourbon _;• 227

Bourgeois (Joseph) 127, 120

B 1- i s e b 0 i s 210

Brisebois (Joseph) 307

Bro-lioiDj) 200

Brouard 302

Brown, (Jeani 38

Brown, Mr 02

Brunel, 201

Bnigen (Joseph) 31

Bruvère (J.) 34, 123, 27i

Burton, (Ualphi 8, 22,46, 33, 34, Gl, 63, 122, 271, 2î)3

Bnssy, De 224

Calvet. Voir Diu-alvef.

Canada. 3. 8. 11.12. 13. 22. 2'., 1 12, 113, Il i, 132, 133, lOi, 177

2 10, 2 1 0, 20 1 , 207, 28 1 . 282, 2i)2

Canieron (Hughes) 38

Canaries (Iles) 107, 234

Canuon 203

Cap Breton, 113, 201, 274

Cap la Madelaine...l07, 180, 2U2, 210, 230, 237, 'Vi^, 233, 300

Carillon 133

Caron (C. ¥.) 42

Carleton 80

Cnr[»entier (Jost'phi 30

Carlier (Claude» 307

Carver 02

Cadres, Los, 10, 133

311

Chamhprs (Georges) 1 7i

Cliaiiibly (Paroisse de) K',^ IHO

('Jianii)laiu (Paroisse de) lOî, 211, i>:j7, 23!), 248, :}()|

(^liamplain, Lae 273

(]liani[)laiii (Mr.) Seigneur 301

Clianeellor, (P) 205

Charlette (Jean) 32

Charlotte, Princesse, 202, 213, 251

Cliartier 300, 301

Ghataliouchée (Rivière) 274

GliAteaugnay (Paroisse de) jG

GhAteaniieuf 303

Ghedeville, dit Deniers 132

Ghef-de-Ville (Mr.) Garé 300

/^.henaie (Paroisse de la). Voir La Gli('nai(>

Ghenail-du-Nord lOG, 170, 207, 237, 298

Gheneville, 132

Ghine (Paroisse de la) Voir La Gliine.

Ghinn (Edward) 33

Glioiseul,Duc d(>, 112, 114, 281

Ghouagain (Ghonégueni 134

Ghristie (Le Major)'. 32, 05, 101, 208, 231

Gorhorn, 175, 188

Goiîre (Franrois) 298

Gontrecœur (Paroisse de) 17

Gooper 199

Gôte du Nord 207

Gonagne (De) 42, 90, 117, 132

(^ouranlt-Larosle 42

Gourval 148, 155, 165, 192

Gramahé (H. T.) 55, 58, 59, 60, 296

Grépin, Voir Roy.

Gristin ^ , 129

Gugnet (Joseph Etienne) 60,72, 77

D*** (pseudonyme de THon. D. B. Viger 7

D'Aillebout...^ \'. 42, 43

" de la Magdeleine 42

" de Musseau 43

" de Perigny 42, 43

D a g u i 1 h e ". 45

Dain (Daisne) 41

Dan 43

Davis (François) 309

312

Docanloimrt (nie.) i:7, IJI

D.'jarlais (.Icii)' ' -.".Ml

1 )rli'i .u'iu» André I il

I).'luri(>r \\j.) I2rt

ndornio 14!)

Domcrs (dit Chcdevillo) I2S

DoiiuTS, 11 1^8

Dciaouliïi 45

Doiiiau, P leH, !;>!)

Denis, P 1-27, 129

Donoyon iFrancoisi |-27, 12'.)

Desliànas, iLc Sr.) 29()

Diolle 214

Disney, Capitaine 32

Dominique ille) 274

Doirlie.sler, Lord 01

Duealvet ()2

Diieheni (Duchesnav ?i 298

Dufrène 298

Dulnde 128

Dnnbar 205

Dunord (l)uhord ?i 170

Dunn 82

Duiias (Ile) 17

K. T. ([iseiidonvinede Mr. Doinini(iue Mondelet) 49, 50.51

52, G5

Egon, Chirurgien 'M\\

K-reuiont, Lord 02,210,251,2.59

Kon 302

Espagne iRoi d) 223, 224, 225, 220, 227, 228, 205

Falconcr iTliouiasi 45

l-'arihaulL (François) 303

Faril)ault, Sr....'. 305

I-'arinaut, ou Farnianl 214

Ferdinand (Prinf(»i 200

Ferdinand iMr.)Curé 300

Fcrrière 4 4

Finlay, Le Sr 207, 208

Fisliburg (Charles) 31

Fiorid.' 12,273, 274. 278

Fonblanclie 42

F'ond-dc Veaux 180

313

b'oiilaiiif il'clcouil de l.i) cuir UcIcoidI

Fontaine])le;iii 12, lOC, •2''.\

Forgos (St. Maurice) .2;i(), 209

France, 5, 2(5, 42, 40, 03. '.)0, 98, 1 13, 13:). 14 4, 147. 152, 154,

177 180, 194, 19j, 2uO, 200, 22'i, 225. 232, 240, 247,

281,282,283/290, 291, 292,

Fraiicheville, Le Sr 233, 203, 293

Fi-azer (Johni 303

Frenière 127, 129

Furloc, li)0

Gage, (Tliomas,) 11,12, 14, 15, IG, 20, 22, 24, 20, 27, 30, 37, 40, 41, 45, 40, 47, 48, 52, 53, 03 00, 88, 90, 91, 92, 93, 9i, 90, 97. 98, 100, 101, 102, 103, 104, 105, 100, UH, 109, 110, 112, 115, 117, 118, 119, 121, 122, 129, 150,

151, 230, 270, 283

r.ameliu ilgnace) 42, 117, 132

(Tanieau, A 144

GasTjé T 173

Gassien, curé 304

Gautliier, Mme 303

Gauthier (P.) notaire ,-......£. 15

Gazelle de Québec 02

Gentilly (Paroisse de) 205, 237, 253, 304

Géorgie 275

Georges II 148, 175, 170

Georges HT, 12, lUO, 139, 175, 170, 177,213,218,251,254,

202, 205, 272, 288, 289, 290

Gilmore 02, 251

Gobert (Louis) 29!)

(iodefroy (Rivière) 01

(ïouiii (Joachim) 170

Gouin I Louis) 188

Gouiu (Maillou) 17U

Gouiion, Le P 305

Grande-Bretagne, 03, 87, 113, 114, 115, 135, 150, 177, 213, 210, 217. 224, 225, 220, 227, 251, 200, 201, 202, 208,

209, 273, 275, 288, 290, 295

Grande-Rivière 133

Grant, Colonel 30

Grant, Mr 33

Grenade (La) 12, 273, 274

Grey (Wm.de) 27

Grondines, Les 207

30

814

Gunv y\\: Ciiiv - 303

Clii-V .Conrad» Iii,-27l, '2~,-2, '281,283,290, 2*)-2

Ciiirint, dit L.i Uoso 2'r2

t;iiillol (Louis) 303

Guy (Fraiirois) 1"), 42

Haldiniaud (FivtlfMiclo 01, l'.l, 220, 200

Halifax, Lord 13.')

Halifax (Mf)iui.iio d') 2'»7

Haniel (Jac(iuos) 300

Hart 208

Hcrpin (Fraucois! 31

H.'iriot 02

H.'ivcy 211

Horvicux i.latciMesi i2, 1 17, 132

Hervieux, M i2, 00, 117, 132

Héry '..HT, 132

Houde (Augustin ) 200

lloulo : 100, 107

Houtelass 127, 120

Hudsou (Baie) 278

Hiidson (Délroil) 27 i

Huuil)lot 1(0

lluntcr iThomas) 21 1

Indes Oiiciilaji's 206

Irlande 27, 174, 177,288. 200

Islcs Occidentales 200

Isle Royale (Gap Breton) 274

King (David) 32, 231

Knee (Thomas) 188

L*'* (pseudonyme du Dr Lahrie) 27. 3i, 30, 50, 51, .V2,

ô'», 75, 78, 81, 82

La Baie, (Voir Baie St. Antoinei 232

Labouté 128

I^abrador 27 i

Laltrie (Dr. Jarqnes) 8, 3i

La Bruc-re, De 127, 120

Lac(Tour-dn-) 20 1. 2.8

La Chênaie 17

La Chine K;, 37

Lac roi X 201

ol.>

LadiM'uiilc (Siiiinm | -28, \y.)

Lafraiiihoiso (Fran^-ois) k'.S, r2'.l, I iK, |7.'>

Lifrain hni^o ( liO Sioiir) !><.)(;

Laglaiidri uT. lite.) lôG

i-ia.^roix (Mr.) curé ;5()2

Lalioix (Pierre) 17:5

J.ambs, (Thomas) Kj;,

J ja in(> 1 1 1(> ;-j2

La Naiiraie (Pai-oisse de) 17

L a n d r i è V e | ! ) ', ^ 1 î 1 ;,

Langevain (Ghs.i |-2,s, \->[)

Languedoc (Louis) 127, 1211

La Prairie (Paroisse de) K;^ ôl

Laurier, ;V2

Tjausières 307

Lavallée (Joseplil 31

La Valtrie,.... 17

La vergue ( Ambroise) 2nîl

Lawrence i Isaac ' 31

Lebeau (Charles) 128, 120

Lebrun (J. B.) 31

Le Comte Du pré 42, 1 17

Leduc (Antoine) 43

Lee (Pvoberl) 199

Lofèvre Mr 306

Lemelin (Laurent.) , 097

Leoyd (Thomas) 208

Lespérance 128

Levrard .■ 304

Londres 12, 202, 213

Longue-Pointe (Paroisse de) 17

Longueuil (Paroisse de) 15^ I(j n^n

Loranger, Capitaine IS9

Louisbourg 277

Mabane P2

Machiche, (Paroisse de), 136, lOO, 186, 190, 104, 202, 211

230, 232, 237, 248, 253, 203; 200

Madrid 224, 225, 226, 227

Magdek^ine (Cap de hu To//' Cap 167, 186,' 300

Magdeleine (lie de la) 274

Maillou-Gouin 170

Malone (Edouard 1 5g

Manche (La) '.. lOG, 107, 25i

310

MnivlKMi.l Uî), 180

>farchaii(l (.fcau) '.W

Marscreau (Joseph) HOl

Martin 214

Martin (Lôp:or) 12H, \'2\)

Martin (CapitaiiKM 30, 31, 32

Mascouchc (Paroisse de lai, 17

Masères, 02, 75, 81

Maska (Paroisse do) Klô

Maskinongé (Paroisse do) 18(;, lUd, ll)i, 211,235,237,231), 298

Mathieu, 175

Matiirin (G) 20, 40, 48, 01-120

Maiiropas (Lac) 274

McKann 180

Méditerranée 107, 254

Ménard (Antoino) 1J8

Ménard (Charles» 128

Ménard (Franeois) 128

Méneclier 207

Mers du Nord 106, 107, 254

Méfrat [L.\ 231

Mexique (GoUo diM 273, 274

Meziôro 42, 117

Michelin 140

Minerve (La) 50

Not 33

Nouvelle-Ecosse 113, 2G0, 274

Nugent. 207

Oaks (Foresl) 33

(Jaks iRichard) 33

Ontario (Lac) 134

Oswego 134

Onde (Antoine) 30(i

Ouliam (Thomas) 128, 120

Panel •. 22

Panel l.loan Claude) 00, 78,80, 110

Panet (Pierre) 41, H2

Panneton 08

Part-nt (M. le Curé) 307

Paris ,, 115, 205

Peri;înv, Voir d'Aillehcnt.

ait

Perrault ((Trand Vicaire) 2i'i

Perrault (Pierre) :i06

Perrault (Ile Perroli Ki

Perrault (J. F.) -21, 41, ôi, GO

Perrault (I3te) 283

Petrimoulx 297

Plamouclon (Louis) !'», 83

Poi u te-au.\-Trembles 17

Pointe-Claire 10, 47, 48

Poinle-du-Lac (Paroisse U^ la) 185, l'JU, 2U2, 230, 237, 248

253, 203, 300 Pointe (Longue). Vo/r Longue-Pointe.

Poirier (François) 128

Poisson (Mn.-. 304

Pommereaii 293

Pontchartraiii (Lac) 274

Ponticliéry ;jo«r Pondieheiv 200

Portugal ". 2G0, 205

Prévost (Augustin) , 58

Price (Jamesi 303

Prince de Galles 177

Prud'homme (Louis) 117, 132 .

Québec IL 12, 13, 15, 21, 22, 20, 4!, 48, 50, 54, 55, 57, 58, 59, 60, 61, ()2, 63, 66, 67, 68. 72, 74. 78, 81, 82, 83. 87, 105, 110, 111, 143, 144, 170, 187, 200, 207, 208, 212, 216, 247, 249, 258, 265, 268, 273, 277, 278, 281, 284,

286, •2S7, 288, 289, 290, 291, 295

Quinial (Louis) 128, 129, 187

Enab (John) 32, 231

Piacicùt (Le sergent) 128

Ramsav (L'historien! 62 63

Ravnal 12, 13, 14, 54, 61, 64, 66

Réàume 42, 132

Kécollets 148

lîi'rjnc Militaire 5, 8, 13, 21, 22, 29, 36, 45, 46,50, 55, 57,61,

64, 85, 87, 139, 145

Reguindcau (Joseph) 128. 129

'' (Louis) 128

Renaud (Augustin, dit St. Jean) :..127, 129

Repenligny (Paroisse de) 17, 42

Rivière-aiix-Pierres-à-feu 274

Rivière des Prairies 17

318

Rivi.Tt' (hi Loup 100, 202,, 2:V2, 237, 230, 2:)3, 293, 299

llivièreSt Jean 273

RobiTl iCli.irk's) 12S, 129

(.Iosoi)lii 128, 129

(I.oiiisi 128

Robk'hon 1 '»9

Robulon (Charles) 47, -W

Robidon (Jacques) 47

Robin (Jean) 128. 129

Robineaud (Pierre) 298

Rochereau I(i7

Rosier» (Cap d(;s ) 273

Roubeand (Le P.) 30G

Roy (André) 298

Koy dit Crépin 2*.l7

lioyal A mcrican ',V.\

Rouville (Mr. dei 283

Sahenlnche {La] 23

S. R. (pseudonvuiii de J. Vi^er) 15, 22, 2i, 30, 30, 50, 51,

01,04,(15,00,77,82, 83

Saint Antoine Voir La Baie

" (Paroisse de) 10

Saint Charles (Paroisse de) 17

'- Denis '' 17

'■ Dominique (Ue de) 200, 274

'' Franrois, Mr., Seigneur 300

" •' Melle 307

^^ François (Paroisse de) ..103, 185, 180, 194, 198, 211,

237, 239, 306, 307

" Franrois de Sales (Paroisse de) 17

'■' George Dupré 132

" Germain (Jose[»h) 127, 12!»

'' '' iFrancois) 127, 129

" '• iPierrî') 127, 129

'' James (L'î Caliinet dei.. 1(i7, 135, 202, 228, 251, 255,

205, 272, 281

" Jean (A. Renaud dil) 127, 129

" '• (lîivièrei 273, 274

" " (Ile) 274

" Laurent (Fleuve) 01, 113, 133, 261, 273, 287, 289

'' <-' (Paroisse) 10

'' Louife (Rue) 57

'' Louis (f e uonimf'M 48

m

Sailli Mam-ico CI. I'.:], IïHO, 10?, 200, 230. 2fo

" Ongo, Ciiiô 201

" Ours (Paroisse de) 17

'■'■ Pieri-e-Ies-BocqiK'ts (Païuisse (l.-i i:*8, l.")!!, 211, 2;{7

'■• Sulpice (Séiniiiairei ".)(», *.IM

" Sulpice (l*aroiss(; (le) 17, IH. 'i.')

Vincent de Paul (Paroisse) 17. :V

Vincent die).

274 Sainte Anne (Paroisse il ) 10, 158, 150, 107, 170, IHG, 1H8,

207, 210, 211, 237, 23Î), 303

" Croix 300

" 'Geniviève 1<»

" Marie (Paroisstî de) 138, 1.j9, 237

" ^[arie (RiviÎMe) 274, 27.>

" Rose '• 17

Samoiset (Nanon) 298

Sanguinet 2U7, 302

Saur-an-Récollet 10

Séminaire de St Snlrnce 07, 118, 90

Sevestre (Neveu).....*. 117 132

Sévigné (Mme de) 23

Si ben berger 31

Sicard (GapitainiM 235

Skipper (Georgci 32

Smith (L'historien) 12, 13, 54, 57, 01, 03, 70

S. N. (pseudonyme de Louis Plamondon) 83

Sorel (Paroisse de) 10

Soubise (Prince de) 200

Terrant l'jO

Terrebonne (Paroisse de) 17

Terrenenve 274

Téiard (Dame T. Montignv) , 43

Tcles de Boule ". 204, 233, 202, 293

Thomas (Joseph) 198

Titré 288

Tobago(Ile) 274

Tonnancour(M. De) 172.244, 283, 290

Toret 305

Tour-du-Lac 201, 2Î8

Tourigny 201

Townshend 57

Travers 48

Trois-Rivières 11, 13, 21, 22, 49, 50, 51, 01, 03, 00, 07, 08,

320

87, 111, 143, lii, li5, 140, li8, 1.^0, i:>3, 15i, 155, 159, 100, 1()1, 10-2, 103, 100, 107, 108, 100, 172, 1/4, 17.-), 170, 177, 178, 170, 180, 182, 183, 18i, 180, 187, 188,100,103, 104, l'.);-), 1<)0. 1!)7, 100, 200, 201, 203, 204,205, 200,208, 200,211, 214,210, 218,210, 221, 223, 228, 22",). 230,231,233,235,230,240 242, 244, 245, 247, 240, '250, 251, 250,257,258, 25!), 202, 203, :20'i, 200, 207, 208, 200, 270, 271, 281, 282, 284, 285,

288,200,201,204,205,200,207

Tytlcr 42

N'altrie (Paroisse). Vuir La \'altric.

Vaiennes (Paroisse de) 1G, 18

Vaudreuil (Le marquis de) 20, 74, 75, 70, 104

Vaudreiiil (Paroisse de) 10

Vender-heydeii (David) 3(i7

Verchères (Paioisse dei 17

Véronneau 128, 12'.)

Versailles 107, 255

Vi.aer, (Michel) 128, 120

Viger (D. B.) 7

Viger (Jacques). 0, 15, 23,40 72, 82, 81, 134, 130, 143,144,

140,211, 214

Virginie (Lai 88, 150

Voligny 207

Westminster 12, 212, 213

Whiteliall 210, 251

AVolfe (Général) 57

Yamaska ..180, 100, 108, 202, 210, 211, 232, 237, 253 203, 307

York (Monnaie d) 151, 152, 153, 154, 120

York M 27

TAlBT.lil DES MA-TIEHES

AnANDON dos animaux 1:}», lôO, 222, 235,258, 20'»

Absents. Scellés et garde de Inurs biens 42, 59, 60, 21 i

'' Manière de procéder à la vente de leurs biens... i:3l Achats d'armes : Vide Armks.

Allégeanck. Ordre de prêter le sei-meut d" l 'jH, 175, 17(5

Amende 10, .Si)

Ammerst divise le Cianada eu (lOuvernemenls Il

^' ses titres 87

'' approbation ({n'il reçoit 216

Anglais (sujets) dans les campagnes : ordre d'envoyer

leurs noms au gonvei-nement lOi, 183, 81 i

Animaux. l7(/e Abandon.

" errants dans les banlieues 137

'• Défense d'en vendre aux passants dans le gou- vernement des Trois-Rivières.. 145, 170, 197, 212

Appel. Gonrs d'appel 18

*' Vide ChamoPiE de justice, Chambiie de milice, Gou- verneur

" réglé par le gonveriieur Gage 88

^' ''• ' '' Haldimand 237, 239, 240

Armes. Leur acliat réglé par le gouverneur Gage 88

" Ordre de les déposer I i6, 148, 150, 163, 187

" Ordre de les retirer 215

'• Permission ponr en avoir 150

" Permission d'en avoir accordée à différentes per- sonnes 297, 307

Arrêts. Vide chambre de justice, CHAAfBRE de milice, cou- ve un eu r.

Arrestation des criminels .' 240, 280

" Vide aussi Déserteurs.

Assemblées à être établies dans les Colonies 275

Assignations données sur requête et par qui 55

ATTAM.4.HA. Terres entre Attamalia et Ste. Marie an- nexées à la province de Géorgie 275

Audiences. Règlement concernant les audiences 55, 150, 236 Avènement au trône de George II f 176

32â

B

BanliilIES, Rt'qleinent quant à la concession ûe lorrains

incultes dans les banlieues 1 10

" concornaut les animaux qui y sont errants \M

Bâtards Ordre aux nourrices d'en rendre compte 172

BujLioTHiÎQLE canadienne, encouragement qu'elle reçoit... 7 Billets d'ordonnance. Règlement pour leur recouvre- ment 11 i, 115

pour leur enregistrement 292

Défense de les donner ou recevoir en

paiement 1 i7

" " Conseil de ne point les agioter 281

Bled. Défense de l'exporter 109

Bois. Règlement qui en fi.xe le prix 90

" Gonlribnlion de Lois pour les troupes. 94, 163, 10.3,

232, 252, 293

" '• *•• pour les casernos 200

*•' Etat à fournir du bois coupé dans clia(iue côte I à;")

"• Défense d'en couper sur la Seigneurie St. Maurice. 209 FJoissoN. Règlement concernant le débit des boissons.... 91, 23 i BuRTON. Général Ralph, uonuué gouverneur à Montréal.

53, 122, 271 " " '• son retour aux T. R. annoncé 25G

G

Canada. Histoire publiée par Bibaud, auire préparée par

M. Berthelot, autre par le Dr. Labrie 8

" cédé à l'Angleterre 12

Canadiens et Français désirant se retirer en France, or- dre à eux d'en donner avis 135

Cap Breton annexé à la Nouvelle-Ecosse 274

Capitaines de milice. Ordre de se rendre chez le gouver- neur pour recevoir ses ordres 155, 235

" Peines pour désobéissance 158,235

Cartes (monnaie de ) Vide Billets d'ordonnance.

Chambres de Justice. Leur établissement IG, 37, 151

" " Leur composition 17

'"• " Manière de procéder 18

" "■ Étendue de leurs pouvoirs..25. 38, 40

" " Leurs registres 17,44,45, 4G

"• '' Leurs arrêts 45

Chambres de Milice. Leurs registres 44

" *' Leurs arrêts 45

323

Chamcuks Mililaircs. Leurs coiisliliitions cl ordonnanros

4."), 'tT

" " ApiiL'l (le leur détisioii 57

'' " Ucpiession de leur despotisme 'iH

Chapelain nu X Forges Si. Maui-ice I."),")

Chauhox* Défense aux ouvriiM-s des l'orges de s'en servir

dans leurs maisons îlV.)

Chasse. Permis exigé lill

" Défense de chasser à travers terres et prairies I',i;5

'" Défense de chasser sur la Seigneurie St. Mau- rice 2M(). 2i;.")

CuEMiNÉKS. Conc(M-nanl le ramonage des cheminées.. Kil, I 7'J Chemins publics, leur entretien 3*), GO, 13G, 18-3, 2-2:{, -JiM,

•2't'.j, ' 2.>8

" d"liiver à être faits et entretenus 207

Citoyens. Doivent vivre en bons rapports avec les soldats 135

Cochons. Ordn^ de les renfermer 251), 200

Colporteurs. Règlement (jni les concerne 00

Commandant de la troupe dans cluKjue côte établi juge

57, 151

Commekce libre 152

" Permis pour le faire 160,271, 200

'' avec les Sauvages, comment i-églé, 219

233, 262, 280, 203 Compensation de dettes, lorsqu'elles sont de même nature. 43

Concession de fiefs '. 119, 270

Conseil d'officiers siégeant en appel 18

•' siégeant en appel avec le gouverneur.. 40

•' militaire ou chambre militaire 45, 57

Conseillers nommés par le gouverneur Muiray 58

Construction, marché de, résilié pour cause de force ma- jeure 43

Contributions pour les troupes 94, 103, 105, 232, 252, 293

" défendu d'en exiger des miliciens 93

Criminels. Leur arrestation 240

" sur réserves des Sauvages 280

Coureurs des côtes, réglementa leur égard. 145, 170, 197, 212

Couronnement de George III annoncé 213

Cours martiales 34

D.

Dauphin. {Prince de Galles ?) Annonce de sa naissance.... 251 Démission du général Gage, lettre de lui à cette occasion 121

324

Dénuées. Coiicornanl ItMir importation 152

'■'■ Pour cMiuager les habitants à en apporter aux

T. R..^ 171, ISO

Instrnction pour on procurer l(»r>

Dkpositaiue (Greffier) des papiers. &c., du prouvernement. OU Déserteurs. Ré/^leuients à leur épard. 37, 88, 173, 174,

175, 185, 18G, 188, 180, lOG, 198, 191), 205, 208, 231

Despotisme des Chambres militaires réprimé 48

Domestiques déserteurs 2(J8, 231

Donation insinuée dans les tribunaux militaires 43

Douane établie à Montréal 105, 110

E

Eau-de-vie. Défense d'en vendre aux soldats I(i7

PIntrée en fonctions du général Ralph Burton 53, \2-2

Espagne. Déclaration de guerre à l'Espagne 223

Extraits du livre d'ordre du règne militaire 02

F

Farines. Exportation en est défendue 100

Feurière. Son parfait notaire invoqué au soutien d'un ju- gement de la Chambre de Milice 4i

Fiefs non défrichés 120

P^LORiDES. Leurs limites fixées 273, 27'i

Force majeure. Vide Construction.

Forges.. Ordre pour leur régie 148

" Ordre quant à leur approvisionnement 155, 1G5

'' Ordre d'y envoyer habitants pour bûcher j 102

Fortifications de Montréal, contribution pour les réparer. 98

Fouet. Peine du fouet ordonnée (15

Frais des procès 10

P^rancais. Viife Canadiens.

(Omciers.) VU/c Officiers.

G

Gardien nommé a\ix biens d'un absent 42, 214

ftfizetlc de (Jucher, date du 21 Juin 17G4 62

Géorgie, ttirres y annexées 275

Gouvernement Militaire continué après la paix 12

" '• " " pourquoi.. 13

" provinciaux, fixation de leurs limites 273

" leur administration 150, 270

325

GonvEitNian siégoanl on apiiul i.'», IC

" SOS anrts 'i7, (il

" (1(> Moiilrôal, api(''s la coïKjiir'lc Ji

'' leur cniif]nit(^ f^riiôrale îl

Ciii.MNS, onlro i)Oiir la rerlierclie dos gi-ains 17'j

'^ onlro il'eu faire lo rcconsonioiil ^'f2

(îiiKFFiER. Vide Dôposilaiio.

Grenade. Limites de ce gouvonieinont ^7»

Guerre déclarée à l'Espagne JJ.}

I

IsLE Royale anuexéi! à la Noiivellc-Keosse ^^7'!

TsLE St. Jean •' " -274

Incendies. Pour les prévenir 2ô0

Incendiés . l'oiir les secourir -Jii, 245

.1

Ji'DîCiAiP.E. Organisation, i"), 4(j, 47, 35. 00, 7'2, 87, 88,

l50, 133, 130, 230

.Iluisdictiox des Trois-Rivièrts abolie Cl

rétablie 01

Justice. Comment administrée après la eontjnète 3

L

Langue employée dans les Chambres de justice 3-i

Lettres de change, concernant leur recouvrement, &:r.,

114, 115, 147, 281, 292

LiciTATiON. Procédure suivie par la chambre de milice.... 214

Limites des Provinces fixées 273, 274

IjIVRe. d'ordre. P^xtraits de ce livre 02, 05

Lois françaises conservées 41, 81

'■' " observées par les cours militaires 82

M

Maîtres de Poste. Règlements à leur égard. 151, 100.207, 208

" Commissions 108, 170

''■ paiement de leurs attelages 151

Mariage du Roi George III annoncé ...202, 213

Marchandises. Ordonnance réglant qu'elles ne doivent

se vendre qu"à la verge 100

'' Défense d'en vendre sur les places publiques. 1 18

326

Mesure. Vide Mairhandisps.

Milice. Pouvoirs dos (illicierspour adiniiiislror la jiistico. 38 "■ Défense aux officiers de milice de se iiorler pour- voyeurs des officiers des troupes Kl.'

"• Nomination dans la milice lôU

'' Ordre aux capitaines de se rendie chez le (iouver-

nenr 1ô5, 158, 23.")

Mineurs. Scellés sur Liens des mineurs 50, 00

manière de procédera les vendre 131

Militaire. Gouvernement et règne 5, 1)2

MoNNOiE fran(;aise, sa valeur fixée 97, 247

" de cartes. Vide Cartes.

" d'York, fixation de sa valeur loi

■NfoNTRKAL. Fortificaùonsde OH

Montréal (District de,) divisé en cinq jurisdictions, 14, 10, 37

N

Notaire. Défense aux personnes non qualifiées de pas- ser actes de Notaire ISI

" Ordre aux notaires d'envoyer extraits des actes de vente et d'échange des terrains relevant du domaine 222

O

Officiers. F/r/e Milice, Français.

" de l'armée, leur récompense 277

Ordonnances des Gouverneurs 4{)

Ordonnances (hillets d'i. Vide Billets. Organisation judiciaire. Vide Judiciaire.

P

PAILLES requises pour les casernes 247

Pain. Prix réglé 57, 103, 122

Paix. Proclamation du traité de i7()3 112, 250, 2C5

Panet, Jean Claude, Greffier déclaré dépositaire des ])a-

piersdu Gouvernement 00

Perdrix. Règlement concernant 1. s i'erdrix 02, 22U, 257

Permis. Liste des permis donnés pour commerce, chasse

et armes 206

Places publiques. Défense d'y vendre des marchandises.. ilH

Plackts ou ret|uêtes ou obtenir assignation 55

Police do la ville de Montréal 38, 88, 125

327

" " " des Trois-Rivi(TOs 2i0

" correctionnell(M^t nmiiicipalo H8

PoNoiciiKui. Annonce de sa prise 20(3

Ponts. Réparation et entretien des ponts, 13G, 183, 22;î,

3'j8, 257

PounnE. Ordonnances concci-nant la pondre |-26, 2'.i\

Pnociîs. Rèj,'lenienl (juant anx procès intentés par aniiiio-

site 'i7

PitoviNCEs, Limites fixées 273, 27i

Q

Québec. Erection de la Province de Qnébec 130

'"■ Ses limites 273

R

Ramonage des cheminées IGl, 170

Recensenent des prrains 252

" des habitants des côtes et paroisses 221

Registres des conrs sij.ïnés par tons les jn?es 43

" des chambres de justice à Montréal 44

" St. Snlpice 45

Trois-Rivières 50, G!

Qnébec 50

" des T. R. transportés à Qnébec 61

Riîr.NE Militaire, ce que signifie ce mot 5, 8

Requêtes. Vide Assignation

Réserves des Sauvages 278, 270, 280

" de la Couronne 278

Réunion an domaine des terres non défrichées 127

S

Sabeudache. (Eloge de la) 23

Ste. Maiue. Terres entre Attamaha et Ste. Marie annexées

" à la province de Géorgie 275

Sauvages. Défense de limr porter des marchandises et

munitions de guerre 1 17, 133, 204

" Défense de leur vendre des boissons 234

" Terres réservées pour eux 278, 270, 280

S;:ELr,És sur biens des mineurs et abseîUs 50, (îO

sur les biens d'un noyé 21»

Skic.neuriks non défrichées 270

328

SivMiNAinr: do St. Riiliiice. Sa ({iiotc paii de l'éparalidiis

dos fortifications do Moiitiùal, fvo '.)(>, W

Si';uri;sTnK sur los bioiis d'un absout 42

Sii;naM':.ment do dôsortoiirs a\ix rt\i,'islro? -W

Soldats. Raiiporls ontro oux t»t los citoyoïis I.V2

"• Dofonse de leurs tro(iuor, armes, boissons, îkc. I.V.), '2V.i

" déserteur, signalement I7i, 17.)

'■'■ leur cantonnement 155, IH(>

Suspension d'arn?es entre rAngloteri-e et la Fraiict; 25 i

TuAiTE. Ville Sauvages. Commerce.

Translation du gouvernement des Trois-Rivières du Gé- néral Bnrton au Général Haldimand 25G

Traverses à prix d'argent permises seulement au pro- priétaire de bac 101

" taux de péage ISo

Terrains incultes, le\ir concession 1 19, 27(1

Titres du Général Amherst «7

Trêve entre rAngleterre et la France 25't

Trirlnaux établis après la conquête, leur composition... i:j Trois-Rivières. Vide Registres, Judiciaire, Gouverneurs,

Police 143

Trot. Défense d'aller au grand trot I(J8, 124

Troupes nourries en nature par le Roy 151

Viande. Règlemeut fixant le prix de la viande 57, 130

Verge imposée comme mesure de la marchandise 1U0

Volailles. Ordre d'apporter aux Trois-Rivières six cou- ples de volailles de chaque espèce 105

VûVER peut être choisi par chaque paroisse 3'J

i^

F Société historique de Montréal

5A50 Mémoires

S55

livr.1-5

CIRCULATE AS MONOGRAPK

PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET

UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY

..>jt/f.

■^w

.^^^;>^

'W^l

■^■■iHir ■^■■^^■^■^^^BHIHI

m>yry^'

►\#V#! VWv.V7> /•••* AV >•••> .V.v /A% A^

'»7^w*«\» ■•

' ♦!

A y

t*'

m^

v*v;é

4

A7XtS»-

^:^^>^^

^î^-